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GENERAL LIBRARY
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MÉMOIRES
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DU CÔTENTIN
(«■CHÉIUMIE, BEUES-lEniES, SCIEICES ET gaUMRTI)
TOME TROISIEME
COUTANCES
OIPRIMBRIE DE SALCTTES, UBRAIRE-ÉDITBUR
f
LISTE DES MEMBRES
DB LA
SOCIÉTÉ ACADÉMIQUE DU COTENTIN
«M*
BUREAU DE LA SOCIÉTÉ
Président M*' Germain, Evêque de Cou tances et
Avranches.
Vice-Président M. Quénault, sous-préfet honoraire,
Coutances.
Secrétaire H. Pigeon, chanoine titulaire, Cou-
tances.
^'' Secrétaire-adjoint . . M. Sarot, avocat à Coutances.
2® Secrétaire-adjoint . . M. Lehuet, Léon, de Coutances.
Trésorier M. Saillard, adjoint, Coutances.
Bibliothécaire- Archiviste. M. Levé, vice - président du Tri-
bunal, Coutances.
MEMBRES ADJOINTS AU BUREAU
POUR LA COMMISSION d'iMPRRSSION.
M. Lair, proviseur honoraire, Coutances.
M. Lefaverais, juge à Coutances.
IV
MH.
d'Auxais, ancien Sénateur St-Aubin-du-Perron.
Adeline, curé-archiprôtre de St-Pierre. . Coutances.
Barbier, avocat id.
Béat rix, aumônier du Sacré-Cœur . . . id.
Briens, sous-préfet id.
Cauvin, professeur au Lycée id.
Chevalier, avocat id.
Couraye du Parc, juge de paix .... Montmartin-sur-Mer.
Dandeville, notaire Coutances.
Delarue, notaire • . . . id.
Delauney, Nicolas id.
Desheulles, architecte ... .^ ... . id.
Dorabreval, maire id.
Duchemio, greffier du Tribunal civil . . id.
Durel, vicaire-général id.
Esnault, propriétaire id.
Fontaine, Auguste, libraire Paris.
Ganoe, expert-géomètre Gouville.
Galuski, propriétaire dans la lande de Lessay.
Gaslonde, député Périers.
Girard, conseiller municipal Coutances.
Goulet, professeur au Lycée id.
GuilloUy architecte id.
Helland, aumônier du Lycée id.
Isabet, ancien principal du collège d'A-
vranches Bricqueville-la-Bl.
Jambin, Charles Agon.
Jambin, propriétaire id.
Lair, proviseur honoraire du Lycée. . . Coutances.
Laisney, docteur-médecin id.
Lavoix, procureur de la République . . id.
Lecacheux^ aumônier des Augustines . . id.
Le baron du Mesnil id.
— V ^-
Lechevalier, propriétaire. ...... Coutances.
Lecordier, chanoine honoraire id.
Leclère, ancien maire Regnéville.
Lefaverais, juge Coutances.
Legoux, secrétaire particulier de. H^' . . id.
Lemare, professeur au Lycée id.
Lemoine, curé de Saint-Nicolas ..... id.
Lemuet, Léon id.
Lemuet, Alphonse id.
Lenoir, fils id.
Lepesant , conseiller général ..... id.
Levé, vice-président du Tribunal ... id.
L'Equilbec, receveur principal. ... id.
Lerendu, ancien maire Périers.
Lncas-Glrardville, vicaire-général . . Coutances.
Marie, fils id.
Montaigne, propriétaire id.
Plaine, conseiller général id.
Poret, conseiller d'arrondissement . . Denneville.
Poulain, ancien notaire Coutances.
Quesnel, père» professeur de dessin au
Lycée ' id.
Qaesnel, fils , profess'-adjoint au Lycée. id.
Salettes, imprimeur-libraire .... id.
Savary, député Cérisy-la-Salle.
Tanqueray, juge de paix de Lessay . . Coutances.
Tanqaerey, Ernest, licencié en droit. . id.
Tracy (de), ancien percepteur .... Gavray.
Varin de la Brunelière N.-D.-de-Cenilly.
Vialette, fils Coutances.
— VII —
MembreB oorrespondants.
Anger, instituteur Vaudrimesnil.
Bouet, artiste Caen.
Bouscaillou des Yalades Saiot-Lo.
Canivet Chambois (X)rne).
Caligny (de) Paris.
Chevrel Cherbourg.
Clouet, professeur au Lycée St-Brieuc.
Daniel, lieutenant de vaisseau Brest.
Daniel, capitaine au long-cours. . .
Delisle, Léopold, membre de l'Institut.. Paris.
Desmottes, professeur agrégé au Lycée. . Bordeaux.
Desdevises du Désert, professeur de fa-
culté Caen.
Desprez, proviseur du Lycée id.
Dieu, Jules, bibliothécaire St-Lo.
Didier, architecte Cherbourg.
Dolbet, archiviste St-Lo.
Dolley, fils Paris.
Dubosc St-Lo.
Dumesnil , inspecteur-général. . . .
Du Parc, archiviste
Dupont, conseiller à la cour d'appel. . Caen.
Durier, Charles, chef de bureau au mi-
nistère de la justice Paris.
Durier, Emile, avocat à la cour d'appel. id.
Faure - Beaulieu , conseiller à la cour
d'appel Agen.
Faure, Jules, professeur au collège Sta-
nislas Paris.
Feuardent id.
Fierville, pioviseur du lycée. . . . Havre.
VIII —
I
j FoDtaine, capitaine au long-cours . .
i Garanderie .(de la), juge de paix de
Tessy St-Romphaire.
I Gaillouard, professeur de la faculté de
I droit Caen.
I Hamelin, juge de paix Carentan.
Houel, ancien directeur des haras. . . Montrabot.
langlois, vice-président de la Société ar-
chéologique Jersey.
Lebeurrier, chanoine titulaire. . . . Evreux.
Lebiez, président de la Société archéolo-
gique . Valognes.
Lecaplain^ curé de Notre-Dame. . . Granville.
Le Gros, secrétaire de la Société archéo-
logique Jersey.
Lehéricher, ancien professeur de rhéto-
rique Avranches,
Leroy, juge d'instruction. , . . . Pont-l'Evêque.
Letellier Caen.
Loisel, président du tribunal. . . . Mayenne.
Lnce, Siniéon, archiviste aux archives
nationales Paris.
Mahaut, libraire. . Bricquebec.
Meunier, Stanislas^ directeur du Muséum
d'histoire naturelle (section de géolo-
gie) Paris.
Montbrun (de) Mortain/
Moulin . id.
Onfroy Lisieux.
Payen-Payne, commandant .... Londres.
Pontgibault (de) conseiller général. . St-Marcouf.
Prilleux Paris.
Refttveille, contrôleur des douanes. . Le Havre.
Renault, ancien conseiller à la cour
d'Appel Caen.
«
— VIII —
Salle Marigny.
Sauvage, ancien juge de paix. . . . Hortain.
Tardif, Adolphe, conseiller d'Etat, pro-
fesseur à l'Ecole des Chartes. . . Paris.
Tardif, Jules, sous-chef de section aux
Archives nationales id.
Tessero, supérieur du petit-séminaire. . Yalognes.
Tostain, ingénieur des chemins de fer. .
Travers, Emile Caen.
Trochon , anmônier du Lycée St-Louis. Paris.
Vaultier, ancien préfet St-Lo,
Yibert^ avocat à la cour d'appel. . . Paris.
SOCIÉTÉ iCADÉHIQUE DU COTENTIN
PROCÈS-VERBAUX
■NN»
ANNÉE 1878:
Séance du 4L Janvier.
Les oflSciers de la Société étant élus pour trois ans, d'après
l'article 6 des Statuts , et la période triennale étant terminée,
on procède à la réorganisation du Bureau. Sont élus, au scrutin
secret :
Mgr Germain, évéque de Coutances et Avranches, Président.
— M. QuBNAULT, Vice-Président. — M. Pigeon, Secrétaire. —
M. Sarot, \^ Secrétaire-Adjoint. — M. Léon Lemuet, 2* Secré-
taire-Adjoint. — M. Saillard, Trésorier. — M. Levé, Biblio-
thécaire. — Comme Membres associés au Bureau, et formant
avec lui la Commission d'impression : M. Lair, proviseur-
honoraire, M. Leloup, juge, et M. Le Paverais, juge.
Séance du l^* Février.
BI. Ernest Tanquerey, licencié en droit, est élu Membre titu-
laire; M. Louis Leroy, juge d'instruction à Pont-l'Evéque, et
M. Daniel, Emmanuel, capitaine au long-cours, sont nommés
Membres correspondants. La parole est donnée à M. Montaigne
qui lit une notice sur l'inscription lapidaire du grand-autel
de la cathédrale de Coutances,
On nomme une Commission, composée de six Membres, chargée
de faire un rapport sur la galerie du triforium de la cathédrale,
que les architectes ont résolu de détruire.
SéAoce du l""' Mars.
M. le Secrétaire remet, à M. le Bibliothécaire, plusieurs volumes
qui nous ont été envoyés. M. Marie, fils, de Coutances, est nommé
Membre titulaire. M. Fontaine, capitaine au long-cours^ Membre
correspondant.
M. Lefaverais lit un travail sur Tinchebray, qui possédait un
des principaux châteaux du comté de Mortain. M. Quenault
nous présente quatre débris de vases antiques et en bronze,
trouvés à laGalaisiëre, près de la ville de Coutances, et mis au
jour par les travaux du chemin de fer.
Séance du SS im^vril.
M. Lenoir, fils, de Coutances^ est nommé Membre titulaire, et
M. Tostain, ingénieur du chemin de fer, Membre correspondant.
Le Secrétaire remet plusieurs ouvrages pour la Bibliothèque.
M. Montaigne lit un travail sur les différents marbres de Tar-
rondissement de Coutances, et met sous nos yeux les spécimens
des principaux marbres du pays.
Séance du 4 Mai.
M. du Parc, élève de l'Ecole des Chartes, est élu Membre titu-
laire, et M. Leroux, employé dans l'enregistrement, Membre
correspondant. M. le Vice-Président dépose sur le bureau , pour
notre Bibliothèque, plusieurs bulletins de sociétés savantes. Il
nous donne ensuite lecture d'une lettre de M. Longperrier, sur
le buste antique de Torigni. On s'occupe des vases en bronze,
— XI —
trouvés aux environs de Coutances. M. Quenaultles croit antiques
et M. Pigeon, qui possède des dessins de vases semblables, dont
Torigine est celtique, les croit de Tépoque gallo-romaine.
La Compagnie vote une somme de cinquante francs pour la
statue de M. Leverrier.
M. Lefaverais fait l'histoire de la bataille de Tinchebray.
M. Levé lit une notice sur Guy-Chrétien, grand bailli de Cou-
tances, au xiv^ siècle.
Séance du 8 Julo.
M. Quesnel, père, professeur de dessin, s'engage à dessiner
les vases en bronze trouvés à la Galaisière. M. Levé cite quelques
types de médailles gauloises trouvées dans le pays de Coutances.
H. Sarot lit un travail sur la mort de M. Tabbé Toulorge, à
répoque de la Terreur.
Séance du £S «luillet.
H. Saillard, Trésorier, rend ses comptes à la Société. On s'oc-
cupe de la reconstruction de la flèche de la Cathédrale qui, depuis
un an, est restée découronnée, sans qu'on se soit occupé de la
relever. M. Quenault est chargé de porter des plaintes à qui de
droit, au nom de la Société. M. Sarot lit un travail sur les pour-
suites judiciaires qui eurent lieu^ au point de vue religieux, dans
les premières années de la Révolution.
Séance du 9^ Aoikt.
Regrets exprimés, par la Société, sur la perte d'un de ses
Membres les plus zélés, M. Richard Leloup, juge au Tribunal de
Coutances. M. DoUey nous lit une note sur quelques médailles
— XII
antiques trouvées à Coutances et dans les environs. H. Sarot
nous parle de différents procès relatifs à la Chouannerie, dans le
Département.
Séance du 8 IVovembre.
M. Onfroy, de Lisieux, est nommé Membre correspondant.
M. Dolley cède à la Société un petit vase romain, trouvé à Cou-
tances, et renfermant cinquante-six médailles en billon , mais
généralement frustes. H. Pigeon lit un compte-rendu de trois
brochures offertes aux Membres de la Société, par M. Desdevises
du Dézert, agrégé et professeur à la faculté de Caen. M. Chevrel
lit un projet de restauration de Torgue de la Cathédrale. Mon-
seigneur approuve tout ce que nous pourrons faire à ce sujet et
nous promet son concours dans la souscription. On forme une
commission pour étudier cette affaire et solliciter un secours
du gouvernement. Sont nommés : MM. Chevrel, Lair, Quenault,
Dombreval, maire delà ville, et Pigeon.
Séanoe du 6 Déoembre.
M. Mahaut, libraire à Bricquebec, est nommé Membre corres-
pondant.
M. Quenault exprime les regrets de la Société à l'occasion de
la mort de M. Croulebois, vicaire-général de Coutances, et
Membre de notr& Société. Il rappelle les services qu'il a rendus,
alors qu'il était doyen de La Haye-du-Puits, à la Commission
de la Topographie des Gaules, son dévouement pendant la guerre
de 4870, et son zèle pour nos réunions.
M. Chevrel rend compte, à la Compagnie, de ce qui a été fait,
par la Commission, pour la restauration de Torgue. M. Lair nous
lit une lettre de M. Tardif qui nous fait espérer toute la bien-
veillance du Gouvernement.
— XIII —
■ ■
II est admis qu'on ne tirera plus que cent cinquante exem-
plaires de nos futurs publications. M. Lemuet, Léon, offre à la
Société trois belles photographies, faites par lui, et représen-
tant les cratères du Vésuve, de l'Etna et du rocher appelé l'O-
reille de Denis de Syracuse.
&»•<
ANNÉE 1879
Séanoe du 3 Janvier.
M. Dumesnil, inspecteur-général des maisons d'aliénés, est
nommé Membre correspondant.
M. Quenault lit une notice sur M. Richard Leloup. M. Sarot
nous fait Thistoire des assignats.
Le buste de M. Leverrier est offert, à notre Musée, par M. Le-
duc, et M. Delaunay donne une belle vue de la Cathédrale de
Reims.
Séance du If Février.
M. Levé lit un travail de M. Dumesnil, intitulé : Commmtil
y a quararUe ans, on allaU de Coutances à Paris. M. Lebiez, de
Valogoes, est nommé Membre correspondant* On nous annonce
la création d'une Société Archéologique et Littéraire, à Yalognes.
M. Payen-Payne, commandant ano^i^, est nommé Membre cor-
respondant.
Séance du *T Mars. '
H. de Pontgibault, conseiller général, est nommé Membre cor-
respondant.
H. Pigeon donne connaissance d'une lettre de M. Payen-
— XIV —
Payne, qui nous promet l'envoi de quelques-uns de ses ouvrages.
M. Levé lit un travail sur les principaux fonctionnaires à Cou-
tances, au xiii® et au xiv® siècles.
Séance du S Avril.
Le Secrétaire remet plusieurs ouvrages envoyés à notre Société,
pour la bibliothèque. M. Pigeon lit un travail sur la famille
des de Geraldinqui ont occupé des places importantes dans notre
département après s'être alliés aux meilleures familles du pays.
Séance du S Mai.
H. Quesnel souhaiterait que la Compagnie s'occupât de prépa-
rer une exposition artistique. M. Lefaverais remet en mémoire le
projet de la Société d'avoir, de temps en temps, une séance
solennelle. La parole est donnée à M. Sarot qui nous fait
l'histoire du Tribunal révolutionnaire à Coutances. M. Quesnel
demande si la Société continuera de venir au secours du Musée?
On répond qu'elle a donné quatre cents francs, mais qu'elle ne
peut faire davantage, et que le Musée appartient maintenant à la
municipalité.
Séance du 6 «luin.
M. Helland, aumônier du Lycée , est nommé Membre titu-
laire.
M^ Levé, lit quelques not4» sur différentes parties de la
Cathédrale de Coutances. M. Quénault nous donne connaissance
d'un nouveau travail sur le buste antique du Musée de Cou-
tances.
Séance du ^ «luIUet.
M. Pigeon lit unehistoire abrégée ducomtéde Hortain. M. Levé
nous parle de l'existence de la Cabale dans les temps les plus re-
XV —
culés : chez les Juifs, chez les Chrétiens et dans les abbayes du
Moyen-Âge. H. Sarot lit également un travail sur la confisca-
tion des biens des émigrés et du clergé français.
(Séance du l^ Aatkt.
M. Sarot continue son travail sur la Révolution Française dans
notre pays. M. Pigeon nous fait l'histoire du grand bailliage de
Mortain. M. Quesnel demande de nouveau une exposition des
beaux-arts et des antiquités locales.
Séance du T Octobre.
M. Delarue, notaire à Coutances, et M. Fontaine, libraire à
Paris, sont nommés Membres titulaires.
M. Pigeon nous initie à quelques jugements rendus dans le
Tribunal de Mortain, au commencement du siècle dernier. Regrets
sur la mort de M. Dolley, Membre de la Société.
Séance du SS Décembre.
H. Lecacheux , aumônier des Augustines de Coutances, et
M. Goulet, professeur de troisième au Lycée de Coutances, sont
nommés Membres titulaires.
M. Pigeon lit un travail sur deux grands baillis de Mortain,
au xYiii* siècle. M. Sarot nous fait T histoire de son voyage à Jé-
rusalem et en Grèce. Il met, en même temps, sous nos yeux, une
foule de photographies qu'il a rapportées de ces contrées loin-
taines.
I
MÉMOIRE
SUR
T I NGHEBR AY
SON CHATEAU ET SON BAILLIAGE
ATAHT FAIT PAETIR , AU POINT DB TUE ADMINISTRATIF BT JVDICIAIRBi
DEPUIS LE XI* SIÈCLE, JUSQU*EN 1789 ,
i DU FATS QUI FORME AUJOURD'HUI LE DÉPARTEMENT DB LA MANCHB
LU PAR M. LEFAVERAIS
p t
A LA SOCIETE ACADEMIQUE DU COTE N TIN
DaiM les Séances des 5 Avril et 3 Jlfai 1878.
Tinchebray, qui appartient à Tarrondissement de DomfrorU
depuis la loi des 22 décembre 4 789-janvier 4790, a fait partie
du pays ies Bajocasses (Bayetus) , jusqu'à la conquête normande,
et du diocèse de Bayeux (doyenné de Condé), jusqu'à Torganisa-
tioo nouvelle, 4789-1790; mais depuis le xi® siècle jusqu'en
4789^ il a été, presque sans interruption, compris au point de
Tue judiciaire ou administratif, dans les territoires du Cotentin et
de rAvranchin.
Cest à ce dernier titre que nous nous proposons de vous
parler de Tinchebray, et de son château, en disant quelques mots
seulement de son bailliage.
4
Le nom de Tinchebray indiqixe une origine celtique, bray,
coname Cambrai, et primitivement acMw, Tenerchebracum, Tener-
chebraïcum , Tenechebraium , Tinchebragium , Tenichebray ,
Teneschbray ^*\
Quoiqu'il en soit de l'origine celtique de ce nom, Tinchebray
parait remonter aux plus lointains souvenirs et à la plus haute
antiquité.
La tradition nous apprend effectivement qu'au moment de la
conquête des Gaules (38-50 ans avant J.-C), Tinchebray avait
déjà une certaine importance et fut relié plus tard par une voie
romaine qui suivait la chaîne des rochers du Chàtelier (canton
de Messey, arrondissement de Domfront), avec le castrum de
Jublaius ^^K
Après l'invasion successive des Saxons, une route militaire
fut ouverte dans la direction de Port-en-Bessin et un camp dont il
reste encore des vestiges fût établi sur les hauteurs d'Escures
pour surveiller les mouvements des Saxons et défendre le pays
contre les invasions qui pouvaient être tentées de ce côté.
Tout porte à indiquer que Tinchebray, situé dans la vallée du
Noireau, et dont l'agglomération première s'est rapprochée à tra-
vers les âges de son château, était alors en communication avec
les forts et camp d'observation assis sur le territoire de Bayeux
qui formaient à ce moment, sons la domination romaine, une
véritable station militaire ^^\ Et il ne faut rien voir là de surpre-
(t) Huet, d'après Masseville (voir, de Masseville^ 1. 1*', p. 468), fait dériver
Tinchebray, de Tenec et de Hebratf, mais, ajoate de MasseviUe, le savant
Huet aurait bien dû donner la signification de ces deux mots.
(2) Voir notre histoire du canton de Messey,]». 19, ao, 21,46 et la note.—
M. Toulmouche (hist. de la ville de Rennes), indique aussi une voie de
Condate à Noviomagus comme devant prendre la direction de Landivy, le
Teilleul, Barenton et Lonlay-rÂbbaye).
(3) Depuis que nous avions terminé cette étude, il a paru dans le Bulletin
de la Société des Antiq. de Normandie du mois de septembre 1879, une
intéressante Notice de MM. Jules Appert et Jules Tirard, sur un embranche-
ment des voies de Bayeux et YietAx, vers le Maine, qui aurait servi à établir
une communication directe entre ces villes et la contrée située à l'Ouest de
Jublaios et du Mans, peut-être aussi avec Rennes. Cette voie romaine se serait
— 3 —
Dant comme on pourrait le penser tout d'abord, avec nos idées et
DOS habitudes, par rapport aux circonscriptions modernes, quand
OD Yoit que, au xiii® siècle (1235), lors de la division en trois
lots de Domfront, Tinchelî)ray et Mortain, entre le roi et la com-
tesse Mathilde, Lt TeilUul, BarmUm, CotUances, Créences,
CarefUiUy et des territoires plus éloignés, étaient compris dans
one circonscription se reliant à Tinchebray, comme forteresse
principale ^*\
Au rapport d'Hermant ^^\ la route qui conduisait de Tinche-
bray à Chanu (rancienne route de Paris en Bretagne) était pavée
de grandes pierres recouvertes de terre et était regardée comme
un ouvrage de l'empereur Antonin, qui l'aurait fait construire
ponpfaciliter la marche de ses troupes vers TAngleterre. Diverses
monnaies (argent et cuivre), des empereurs Auguste, Néron,
Vespasien , Constantin et autres, ont été aussi découvertes,
notamment en 1608, dans le voisinage de Tinchebray.
Mais on ne trouve dans aucune édition des Commentaires de
César le tandem advenimus Tenerchcbraïcum^ Tinchebrayum ,
Speluncam kUronum ou damonum dont on a parlé.
Seulement, dans le 4^ volume de l'histoire de Normandie, par
Trigan, on lit que Henri P', roi d'Angleterre, dans la conférence
qu'il eut à Gisors avec le pape Calixte II, en 4106, et après la
célèbre bataille de Tinchebray, qualifia cette ville de vraie
caverne de démons, speltmca dœmonum ^^\ Ce sont les paroles
qn'Orderic Vital met dans la bouche du roi Henri cherchant à
dirigée par la section comprise entre Pontécoulant et Pont-d'Hienne, Pont-
de-Guyenne, du nom de la rivière sur lequel il est établi, et où débouche la
roate de Condé à Tinchebray, avec une ligne à peu près droite jusqu'à
St-Comier (canton de Tinchebray) et passant à deux kUomètres environ du
centre actuel de cette ville. Ce même chemin, connu encore sous le nom de
Chemin-Chaussye, Chemin-Ghaussé ou de la Chaussée, traverse à la Brigau-
dière la route de Fiers à Tinchebray et passe par le hameau des Bruyères.
(1) Voir Infrà, p. 17 et 18, la Charte qui porte la composition de ces trois
loU.
'3) Uermant, hist. du diocèse de Bayeux , Mss. à la BibUothèque de Caen.
W CaUkbotte. Essai sur l'hist, de Domfront, V édit., p. IIS.
justifier, devant le Pape, dans cette conférence de Gisors, ses
attentats contre le malheureux Robert, son frère.
C'est de là sans doute qu'est venue chez quelques personnes,
la confusion qui aura été faite, d'abord avec les Cooimeotaires de
César, et^ qui depuis , aurait pris créance dans quelques esprits.
Maintenant, nous savons que lors des invasions des Saxons et
des Danois, la prise de Bayeux, de Sl-Lo ^*^ et d'Evreux, en
890-892, avait rendu Rollon maître d'un vaste terriioire. Dans
ce territoire se trouva compris notamment celui de Tinchebray.
Puis, en 911, la paix fut signée à Aix-la-Cbapelle, entre Rollon
et Cbarles-Ie-Simple, et la Neustrie fut érigée en Duché sous le
nom de Normandie. «
A ce propos, quelques historiens ont prétendu toutefois que
jamais sous Rollon, la Normandie n'eut de bornes plus reculées
que la Vire, et qu'une partie des terres qui forment aujourd'hui le
département de la Manche, étaient depuis les années 867 et 868,
la propriété de Salomon^ roi de la petite Bretagne et de Robert-le
Fort ou de leurs successeurs ^*'.
Ainsi Salomon, un des chefs Normands, aurait reçu, par l'in-
termédiaire de Paswithen, son gendre et son ambassadeur auprès
de Charles-le-Chauve, en août 867, le comté de Coutances avec
les domaines, métairies royales, abbayes, etc., sauf TEvôché, et
en outreJ'Avranchin ^^K Le donataire aurait pris à cette occasion
l'engagement de rester constamment fidèle à Charles-le-Chauve
et de lui prêter secours contre ses ennemis. D'un autre côté,
Robert-le-Fort aurait reçu en même temps les terres de Morlain.
Mais il ne faut pas oublier, par rapport à cette assertion^ qu'en
890, c'est-à-dire 25 ans plus tard, Rollon s'était emparé de St-La
et d'Evreux, et il nous parait donc loin d'être établi surtout que
(1) L'évêquc de Coutances, Liste ou Lista , suivant d'autres , Tévêque do
Coutances, Algéronde, fut tué lors de la prise du château de St-Lo, eu 880,
dont s'était emparé Harold, un des lieutenants de Rollon. Coutances ne
tomba au pouvoir des Normands qu'en 800.
(i) Voir en ce sens, Recherches sur Mortain, par M. Hipp. Sauvage, avocat,
qui indique le témoignage de BfM Licquet et Devilte.
(3) Voir M. Le Provost. Annuaire Normand» 1835, p. 87.
- 5 —
le Cotentin et l'Avranchin doot faisaient partie le val de Mortaing
et les terres de Mortain, n'aient pas été compris dans le traité
d'Aix-Ia-Chapelle, en 91 4 .
Cependant cette opinion a été soutenue et , d'après cette
opinion, c'est Guillaume-Longue-Epée, fils de Rollon, et deuxième
due de Normandie, qui aurait fait la conquête de l'Avranchin et
du Cotentin en 933.
A cette époque seulement, le comté de Mortain, dont Tinche-
bray releva plus tard , serait tombé entre les mains du duc
normand Guillaume-Longue-Epée qui y fit construire un château
et en tit le chef-lieu d'un comté, dans le ressort duquel, il créa
diverses seigneuries et barounies, qu'il attribua à ses plus fidèles
compagnons d'armes. Ceux-ci firent bientôt construire à leur
tour diverses forteresses, tant pour leur propre sécurité, que pour
la sécurité et la défense des frontières normandes. Telle fut
l'origine des châteaux d'Avranches, 1090, de St-Hilaire, comme
l'avait été précédemment celle du château de Tinchebray.
En 968, le Passais et une partie du Bessin étant devenus le
théâtre d'une guerre sanglante, qu'eut à soutenir Richard P%
troisième duc de Normandie, petit-fils de Rollon, contre Thi-
bault l^^ comte de Blois, et le comte d'Anjou, Tinchebray fut
ravagé et mis à contribution par les armées ennemies.
En 995, cemémeRichard P% visitant son duché, passait par Tin-
chebray, et Harold II®, comte de Kent, compétiteur de Guillaume-
le-Conquérant au trône d'Angleterre, y séjournait en 1 065.
Richard I^, troisième duc de Normandie et surnommé sans
Peur^ étant mort en 996, une année après son passage par
Tinchebray, son fils aîné, connu sous le nom de Richard IP, lui
succéda comme IV® duc de Normandie. Un fils de ce même duc
Richard 11% et le troisième de ses enfants, du nom de Mauger
ou Haugis, suivant quelques historiens, aurait eu en partage le
comté de Mortain ^''. Ce Mauger ou Maugis avait épousé Ger-
(1) Ce nom viendrait, d'après certains auteurs de Sïons Jovis, c'est-à-dire
consacré à roriginc du culte de Jupiter. — Au moment de la conquête des Gau-
les, Mortain était occupé par les Ambibards, Àmbibarii : leur territoire était à
peu près le même que celui qui fut assigné plus tard àu diocèse d'Avranches.
— 6 —
maine, comtesse de Corbeil, de laquelle il eut lui-même un fils
connu sous le nom de Guillaume Werleng ou Guerleng qui lui
succéda dans le comté de Morlaio. C'est ce Guillaume Guerleng,
comte de Mortain, qui avait fait construire ou réédifier le château
de Tinchebray dans la première moitié du xi® siècle.
Mais ayant été privé de son comté de Mortain sur le plus
futile prétexte, dit Orderic Vital, 1048, il se retira vers cette
même époque en Italie, et Guillaume-le-Bâtard ou le Conquérant,
duc de Normandie, disposa du comté de Mortain en faveur de
son frère utérin, Robert, fils d'Herluin, seigneur de Conteville,
et d'Harlette ^'K
La châtellenie de Tinchebray était alors entrée dans la mou-
vance du comté de Mortain. Cette terre et seigneurie de Tinche-
bray fut d abord possédée par la famille de Lusignan qui a
fourni des rois à Jérusalem, à Chypre, à la Petite-Arménie, et
qui eut pour chef Hugues P% dit le Veneur, qui vivait au
X® siècle. Hugues P' était né dans le Poitou; cette famille tirait
son nom du château de Lusignan. Les sires de Lusignan possé-
dèrent longtemps les comtés de la Marche et d'Angouléme acquis
par suite d'alliances. De cette maison sont sortis les seigneurs
de Lezay, les comtes d'Eu et les comtes de Pembroke. Selles de
Lusignan, sieur de la Roque, châtelain de Tinchebray, accom-
pagna le duc Guillaume à la conquête d'Angleterre, en 1066,
avec les seigneurs de la Lande Patry et de Cerisy (Cerisy-Belle-
Etoile). Treize hommes pour Tinchebray, paraît-il, sous la
conduite de Roger d'Amondeville, partagèrent les périls de
cette expédition. Gilles II, de la Roque, et les seigneurs de la
Lande et de Cerisy suivirent aussi Robert, duc de Normandie
(Robert-Courte-Heuse, huitième duc normand) à la première
croisade (1 096).
Ce même Robert, duc de Normandie, se trouvait être le neveu
(1) Nam postquam Giiillelmum cognomento Werlengum, Moritalii comi-
tem fiUum Malgerii comitis pro minimis occasionibus de Neustria propul-
saverat Roberto Herluini fillo , fratri suo , comitatum Moritalii dederat.
Ord. Vitalis, libr. VU, p. 660.
de Robert, comte de Mortain, surnommé TailUfer, ce dernier,
comme nous venons de le voir, étant en effet lui-même frère
utérin du duc Guillaume-Ie-Bâtard ou le Conquérant.
Robert Taillefer, incisor ferriy avait été F un des plus ardents
compagnons de son frère à la bataille d*Hastings (4066). ^
Le pays des Bajocasses, le Bessin (Baycux), qui devait voir
Caen lui succéder un jour^ comme capitale de la Basse-Norman-
die, après avoir eu lui-même une si grande importance et joué
on si grand rôle, avait vu s* éclipser sa grandeur passée.
Tinchebray était alors dans la suzeraineté du comté de
Mortain qui avait acquis, au point de vue féodal, sous le comte
Robert, au milieu du xi® siècle, une récente et immense éten-
due ^". Il comprenait dans sa juridiction seigneuriale non-
seulement les villes de Valognes, St-Sauveur-le-Vicomte, Cou-
tances, St-Lo, Falaise, Pont-l'Evêque, Villiers-Bocage, Aunay,
Argentan, maisCondé-sur-Noireau, Fiers, Tinchebray, Mortain;
puis St-Hilaire-du-Harcouet, St-James, Pontorson, Avranches,
Villedieu..., plusieurs seigneuries dans les environs de Lisieux,
de Ronfleur, de Gorron (aujourd'hui arrondissement de Mayenne)
etc.. Toutefois cette grande situation territoriale et de suzerai-
neté oe fut pas de longue durée et, après la bataille de Tinche-
bray, le comté de Mortain perdit non-seulement Timportance
très -grande qu'il avait acquise dans la dernière moitié du
XI* siècle ^'-j avec ce même comte Robert, fils d'Herluin et frère
utérin de Guillaume-le-Conquérant, mais, en même temps, il vit
diminuer son étendue, notamment de Coutances, et des terres
qui en dépendaient. Il en con3erva cependant encore une assez
grande étendue pendant le xii® et le commencement du xiii'' siècle.
Gilles II, de la Roque, était seigneur de Tinchebray et en
commandait le château pour Robert , comte de Mortain, quand
Henri I*', roi d'Angleterre, vint en faire le siège en 1106.
{{) Voir Mém, sur le comté de Jlf orimn, par M. L. Dubois, et Histoire du
duché de Normandie, par Goube, t. III, p. 367.
(i) Le comté de Mortain parait s'être trouvé, à cette époque, pendant un
moment, au deuxième rang parmi les grands fiefs Normands et avoir
compris dans cette suzeraineté éphémère près d'un tiers de la Normandie.
- 8-'
Guillaume-Ie-Conquérant , mort en 1087, avait laissé trois
fils. Robert Courte-Heuse, Guillaume-le-Roux et Henri P' dit
Beauclerc. Robert eut la Normandie, Guillaume les terres con-
quises en Angleterre, et Henri une somme considérable eu
argent avec divers châteaux et possessions tant en Angleterre que
dans l'Avrancliin et le Coientin.
Dès 1088, des rivalités s'élèvent entre Robert et Guillaume
relativement au trône d'Angleterre. Henri prend d'abord le parti
de son frère Robert, mais bientôt il revendique des droits héré-
ditaires plus importants que ceux qui lui avaient été concédés.
Une occasion favorable se présente pour lui. En 1091 ou 1092,
les bourgeois de Domfront, dit Du Moulin ^*^, « pour se retirer de
» la puissance et mettre à couvert des concussions et tyrannies de
» Robert de Belléme, envoyèrent un gentilhomme nommé Ha-
» chard ou Harecher, vers le prince Henry, demeurant au Vexin
» français, ou comme veulent quelques-uns en la cour du roi de
)> France, pour le convier à venir prendre possession de Dom-
» front, qu'ils promettaient livrer et lui délivrer argent et armes :
» Henry ne refuse leur offre, met une emplâtre sur l'un de ses yeux
» pourn'estrepointcognu, vaà Domfrout, est bien reçu et se voyant
» maistre d'une si bonne et si forte place, lève des troupes se met
» en possession du Passais, et d'une bonne partie du Costentin,
» l'Anglais lui donnait secours sous-main, Richard de Redvers,
» Roger de Granville et Hugues comte de Cesires, servirent
» bien à l'avancement de ses affaires : aussi ce dernier
» eut pour recognaissance de ses services le château de Saint-
» James de Beuvron, duquel il n'était que Gouverneur. »
Une fois en possession du château de Domfront, le duc Henri
en fit sa place d'armes, en augmenta les fortifications.
Mais bientôt le duc Robert-Cou rte-Heuse, à la sollicitation de
Robert de Belléme ^*\ qui se vi^yait dépossédé de son château de
(1) Voir, Hiitoirede Normandie, par Du Moulin, p. i61.
(2) Robert de Belléme, fils de Roger de MoDtgomery, Dit Robert II de
Belléme, surnommé le Diable. — Roger de Montgomery, seigneur de Belléme,
parent et ami de Guillaume le Conquérant , avait épousé Mabile , fille de
— 9 —
Domfront, marche sur le Passais avec l'aide sans doute de
Robert, comte de Hortain, et le Passais fut de nouveau, 4093,
1094, 101)5, livré au pillage comme il- l'avait éié un siècle
auparavant, 968, sous Richard J". Robert mit vaioement le siège
devant le château de Domfront; Henri se défendit si bien qu'il
força son frère de se retirep.
Sur ces entrefaites , Guillaume le Roux , roi d'Angleterre ,
étant venu à décéder ^'\ 2 août 1099, Henri P' songea à
s'emparer du royaume d'Angleterre et usurpa la couronne
au préjudice de Robert-Cou rte-Heuse, son frère aîné, en. Il 00.
Ce dernier réclama et les deux frères encouragés de part et
d'aulre, par leurs alliés, les seigneurs, comtes et barons, dont
les intérêts étaient en jeu, à des litres divers, se préparèrent à la
guerre.
Cette guerre entre les deux frères divisa en deux la Normandie
entière qui devint le théâtre de la guerre civile et fut de nouveau
incendiée et dévastée, de telle sorte que les champs abandonnés
restèrent sans culture.
Henri débarqua d'abord à Barfleur le Vendredi -Saint de
l'année 1105, à la tête d'une armée nombreuse et célébra à
Carentan, les fêtes de Pâques , en présence de Serlon , évêque de
Séez. Il s'efforça ensuite de mettre à profit le temps de son séjour
Gaillaume II* de BeUéme dit Tairas. Celui-ci était arrière-petit-fils d*Yves ,
premier du nom, seigneur de Belléme, auquel^ dit-on » le comté de Bellémo
avait été donné par Richard V, (Voir, Chronique Pereh , par Fret, t. I'%
p. S85.)
G^est à tort qu'on a écrit que Robert , comte de Mortain, était le neveu de
Robert de BeUême»
Roger de Montgoniery était lui-même le fils de Hugues , vicomte
d*Hyesmes, sire de Montgomery, et de Josceline de Pont-Eau-de-Mer, nièce
de la duchesse Gonnor, seconde femme de Richard , premier du nom , troi-
sième duc de Normandie. (La duchesse Gonnor et Richard T', auraient jeté
les premiers fondements de la cathédrale de Coutances, qui aurait eu pour
architecte Saint Jouvin. (Voir M. Lecanu , Mèm, de la Soc. Académ. du
Cotent^.)
(1) Etant à lâchasse dans la Forèt-Neuve (aujourd'hui parc de Southampton),
il fut atteint d'un coup de flèche par un des chevaliers de sa suite , Gautier*
Tirel, qui ajustait un sanglier.
— 10 —
pour gagner des partisans parmi les Seigneurs de Normandie
à force de promesses et d'argent. Puis, après avoir tiré de nou-
veaux subsides et de nouvelles forces d'Angleterre , il se rendit
à Domfront pour préparer ses plans d'attaque.
Voulant porter la guerre au cœ&r même d'un des châteaux les
plus forts de Normandie qui relevait en même temps de Tun des
plus redoutables alliés du duc Robert, le comte de Mortain,
Henri P^ résolut de mettre le siège devant le château de Tinche-
bray, à la fin du printemps de 1406.
Mais il s'aperçut bientôt que cette place n'était pas de celles
qu'on peut emporter du premier assaut. Il éleva donc à côté
un fort ou château de blocus, dans lequel il laissa de nombreux
corps de cavalerie et d'infanterie , sous les ordres de Thomas de
Saint-Jean, auquel il ordonna de réduire les assiégés par la
famine (Orderic Vital, livre X, p. 829).
Il rentra ensuite dans son château de Domfront pour y
prendre quelque repos et se préparer à livrer une bataille décisive.
Le château de Tinchebray s'élevait sur une colline défendue
au sud et à l'ouest par un marais profond et des rochers escarpés,
au nord et à l'est par des murs de plus de trois mètres d'épaisseur,
flanqués de tours et par des fossés. Des souterrains, dont il reste
encore des traces, le mettaient en rapport avec des forts avancés.
Gilles II, de la Roque, seigneur de Tinchebray, qui comme
nous l'avons vu, commandait le château, appela à son secours le
comte de Mortain, son suzerain.
Robert, comte de Mortain, se voyant ainsi non-seulement
menacé de la perte de son comté, mais heureux de tirer ven-
geance de Henri qui l'avait déjà dépouillé de tous ses biens en
Angleterre, rassemble à la hâte, dit Du Moulin ^'^ : « la fleur de
» ses amis et soldats, donne secours d'hommes et de vivres aux
» assiégez, et non content de cela, coupe les grains d'alentour
)) qui n'estoient encore meurs, et les porte dans le château pour
^ nourrir les chevaux.
(1} Du Moutin. Kut, de Normandie, p. S87.
— H —
> De SaiDt-Jean et ses anglais virent ses actions, et n'eurent
» jamais lecourage desortir de leur fort et s'opposer à ses desseins,
» tant le conaie de Hortain était renommé par sa valeur guerrière.
» Le roy Henri, grandement irrité de cela, quitte précipitam-
» ment le château de Domfront , revient avec ses troupes et
» enceint de toutes parts le château de Tincbebray. »
Mais le comte de Mortain appelle à son tour'son suzerain à
son aide, et Robert de Normandie sort du château de Falaise pour
venir dégager la place.
Arrivé sur les lieux , le duc Robert somma son frère de lever
le siège d'une place qui lui appartenait , à moins qu'il n aimât
mieux en venir aux mains avec lui.
Plusieurs personnages illustres par leurs dignités et leurs
vertus, voulant prévenir l'effusion du sang de tant de braves
chevaliers , cherchèrent à détourner les princes de cette guerre
fratricide. Saint Vital, le pieux religieux de Saint-Evroult , qui
était au premier rang parmi les personnages les plus vénérés de
la Normandie, se présenta devant le roi Henri, vêtu de grosse
bnre, la tête couverte de cendres, ceint d'une corde et les pieds
nos : 0 Roi , lui dit-il , considère Ténormité de Taction que tu
vas commettre. C'est ton frère que tu vas combattre ; et quel
frère I encore tout rayonnant de sa victoire sur les infidèles et de
l'éclat delà couronne de Jérusalem, qu'il a répudiée sans doute,
mais dont les émanations saintes ont laissé leurs traces glo-
rieuses sur son front, y^
Ces paroles firent impression sur Henri, roi d'Angleterre, il pa-
rut hésiter et nourrir un moment la pensée de rendre à son
frère toute la Normandie, mais il finit par subir d'autres in-
fluences et par faire des propositions qui furent trouvées inac-
ceptables. Il offrit la paix à la condition d'obtenir la moitié du
duché de Normandie avec le gouvernement de la province entière.
Le duc Robert ayant fait connaître : « ce qui estoit des volontez
» de son frère , met l'affaire en délibération , son conseil fut
» d'advis de ne prester l'oreille à la paix ^*^ »
il) Voir Du Moulin, Hist. de Norm. p. S88.
— «2 —
Parmi les seigneurs et comtés, ceux deBiilëme et de Mortain,
furent surtout d'avis de rejeter de telles conditions comme inju-
rieuses pour le duc Robert. La guerre fut donc décidée et la ba-
taille s'engagea \eil septembre 11 06, à l'ouest du château, à
l'endroit qui porte encore le nom de Champ Henriel, et aux en-
virons.
Henri, roi d'Angleterre, avait au moins trente mille hommes
dans ses rangs. Avec lui combattaient : Hélie, comte du Mans;
Guillaume, comte d'Evreux ; le comte d'Aumale ; Robert, comte
de Meulan; Guillaume comte deVarennes; Rechin, comte d'An-
jou; Renouf ou Ranulfe deBayeux; Raoul de Conches; Robert
de Montfopt; Robert de Grante-Mesnil.
Le duc Robert ne comptait guère de son côté que seize mille
hommes, c'est-à-dire un nombre presque moindre de moitié que
celui de son frère Henri. Sous sa bannière combattaient : le
comte de Mortain, Robert, comte de Bellême, Robert d'Estoute-
ville, Guillaume Perrière ou delà Perrière, ^*^ Guillaume Cres-
pin, avec leurs vassaux.
Au moment de la bataille apparut tout à coup, dit-on, une
comète dans les cieux. Cette étoile flamboyante répandit la ter-
reur dans les deux camps, et fit juger que cette guerre impie
avait attiré le courroux du ciel, pendant vingt-cinq jours consé-
cutifs on la vit chaque soir, à la même heure, entre le Midi et
rOccident, et elle paraissait petite et obscure, mais il en sortait
une clarté extraordinaire. On vit aussi s'élever du côté de l'Orient
et du Nord une clarté qui s'agrandit et vint se jeter sur l'étoile
(Hist. Anglicanae script.; t. 1*', p. 229).
Henri divise son armée en cinq corps dont les trois premiers
furent commandés par Ranulfe de Bayeux, Robert de Meulan et
Guillaume de Varennes; quant à lui il se réserva le commande-
ment de l'infanterie anglaise et normande et fit retirer à l'écart,
comme corps de réserve, les auxiliaires Manceaux et Bretons
sous la conduite du comte Hélie, qui avait Tordre de profiter
(1) Voir notre étude historique sur Lbs Communes du canton de Messey,
p. m.
- <3-
d'ttoe occasion favorable pour foodre sur rentiemi avec des
troupes frafches, et laire en sorte d'assurer ainsi la défaite.
Le duc Robert, d'autre part, divise les siens en trois corps;
Robert de Mortain, commandait en tête, le duc au milieu, et
Robert de Belléme à l'arrière-garde.
Au signal donné par les trompettes, le duc de Normandie re-
couvrant l'ardeur qu'il avait déployée contre les infidèles, et à la
télé d'une poignée de braves, s'élance sur les bataillons ennemis,
les enfonce et les disperse pendant que le comte de Mortain at-
taque avec vigueur le corps commandé par Ranulfe de Bayeux,
et jette partout le désordre dans les rangs anglais.
La victoire paraît se décider un moment en faveur du duc Ro-
bert, mais le comte d'Anjou a lutté avec avantage contrôle comte de
Belléme, le corps de réserve de l'armée royale sous la conduite du
comte Hélie vient fondre sur la cavalerie à découvert du duc,
qu'elle prend en flanc. La mêlée devient affreuse, on combat
corps à corps avec un acharnement épouvantable. Le duc Ro-
bert, le comte de Mortain et tous les siens se battent en désespé-
rés et font des prodiges de valeur bien qu'ils aient à lutter conti*e
des troupes fraîches et un contre deux ; mais Robert de Belléme
trouve prudent de prendre la fuite et entraîne avec lui une par-
tie des siens. C'en était fait désormais du sort de la bataille, le
nombre des morts fut considérable des deux côtés. Robert de
Mortain, Robert d'Estouteville, Guillaume de la Perrière,
Guillaume Crespin, Gilles de la Roque et grand nombre d'autres
preux chevaliers tombent au pouvoir du vainqueur avec leur su-
zerain ^'^.
Le duc de Normandie, Robert, se rendit à Baldric, aumônier et
chapelain du roi d'Angleterre^ qui le remit aux mains des cheva-
liers de la garde du roi, tandis que celui-ci faisait ses efforts pour
arracher des mains des Bretons, qui voulaient tirer eux-mêmes
Tcogcance de leur ennemi, Robert, comte de Mortain, dont il te-
nait à s'assurer.
(1) Dix mille piétons, a-t-on dit, et quatre cents chevaliers , seraient restés
entre les mains de l'ennemi.
- 44 -
Puis, bientôt après , Henri alla présider à Lisieux, une sorte
de Cour ou Assemblée plénière. Curieux essai , remarque rOrns
archéologique, de la souveraineté populaire ou plutôt de la sou-
veraineté aristocratique, procédant dès ces temps reculés, dans
les formes légales et pour ainsi dire constitutionnelles, à la dépo-
sition d'un prince I
Les prélats, les abbés, les eomtes, les barons et les person-
nages les plus importants de cette époque furent en effet convo-
qués à Lisieux vers le milieu d'octobre 1106, et il y fut arrêté
entr'autres choses ^^^\ que lés châteaux et places fortes bâtis de-
puis la mort du Conquérant seraient abattus et rasés;
Que tous les ennemis prisonniers de guerre seraient conduits
en Angleterre, ou Robert, comte de Mortain, Robert d'Estoute-
ville, Guillaume Crespin et quelques autres seraient mis en
prison perpétuelle.
La prison de Cardif, château du pays de Galles, fut le palais
destiné à Fancien souverain de la Fformandie. Il y jouit d'abord
d'une demi liberté, mais ayant tenté de s'évader ainsi que Ro-
bert, comte de Mortain , on a assuré que ces deux infortunés
avaient eu les yeux crevés par ordre du roi Henri ^*^ Après
vingt-sept ans de captivité, le duc Robert mourut à Cardif, et ses
restes mortels furent déposés dans l'église St-Pierre de Rochester.
« Prince plus malheureux que coupable, brave jusqu'à l'in-
» trépidité, indolent jusqu'à la faiblesse, mais prodigue, dissi-
» pateur et imprévoyant , ses bontés ne l'empêchèrent pas de
» devenir la victime du plus criminel des princes. » (L. Dubois,
Hist. cTAngl. p. 77, Chroniq. Neust. itinér. de Normandie).
Les résultats de la batailledeTiuchebray furent de priver à jamais
laNormandie desesmaîtres particuliers, et lecomté de Mortain de
l'importance véritablequ'ilavaiteuependantprèsd'undemi-siècle.
Henri était rentré en Angleterre dans les premiers jours de
(1) Voir Orderic Vital, lib. XI. p. 888.
(2) Quelques historiens ont prétendu que Robert avait été privé de la vue
au moyen d'un bassin de cuivre ardent qui avait été mis devant ses yeux.
(Voir en ce sens, IHct. 17niv. de Robert de Hesselin, t. Vi% p, 316.)
- 18 -
Tannée 1 107 '^\ La mort de son fils unique qui périt dans le nau-
frage de la Blanche-Nef, empoisonna le reste de ses jours. Il
mourut lui-même, peu après le duc Robert, son frère, en 1 134,
laissant la couronne de Guillaume le Conquérant à son neveu
Etienne de Blois, comte de Hortain, au préjudice de sa fille Ma-
thiide qu'il avait désignée.
Avant de retourner en Angleterre, Henri P' avait fait abattre et
raser un certain nombre de châteaux et de forteresses. Dans ce
nombre se trouvait le château de Tinchebray, mais il est pro-
bable qu'il ne fut détruit qu'en partie et reconstruit depuis,
comme plusieurs autres du reste , qui avaient eu le même sort.
Ainsi, en 1141, les rois d'Angleterre y tenaient encore gar-
nison, et Robert, comte de Glocester, s'en emparait, à cette
époque, pour Geoffroy V*, le Bel ou Plantagenet , comte d'An-
jou''^; en 1180,1e roi d'Angleterre Henri II, qui est devenu le
chef de la dynastie des Plantagenets, y faisait conduire quel-
ques tonneaux de vin d'Anjou et payait certaines sommes pour
travaux au château et au petit château, et pour lambrissage de
la chapelle; en 1202, Richard-de-Fontenni y établissait par
Tordre du Sénéchal de Normandie trois cavaliers et cent fan-
tassins qui y restaient pendant soixante-quatre jours ^^\
A cette époque toutefois, le château de Tinchebray ne semble
plus être ea état de soutenir un siège en règle comme en 1106.
Aussi, s'était-il rendu sans une longue résistance^ en 1141, à
Geoffroy, ainsi que les châteaux de Mortain, Crux et Le Teilleul ^*K
( I ) La Charte qu'il donna alors à ses barons est regardée comme la 1'" ori-
gine des libertés anglaises.
(2) Une guerre sanglante s'était allumée dès l'année 1186, entre Etienne
de Blois, comte de Mortain» et Geoffroy-le-Bel ou Plantagenet (surnommé de
la sorte parce qu'il portait à son casque une branche de genêt) ; Geoffroy pré-
tendit faire valoir les titres qu'il avait au trône d'Angleterre du chef de sa
femme Mathilde, fille de Henri I"*. 11 s'était emparé du château de Dom-
front en 1130. (Voir notre étude sur l'arrondissement de Domrront).
(3) Rotuli,p. 13, 131. Edit. de la Société des Antiquaires de Normandie,
li) Majori exercitu congregato pergensad Moritolium, redditum est ei et
Tinchebray, Cmces, Tiliolum scilicet quatuor castella propria comitis Mori-
totiensis. Inde Abricatenses se ei duci Chronica Nonnanniae. Voir M. Des-
roches, Biit. du Mont-^int'Michêl, tome r% p. 284.
^ <6 -
Après bien des alterDatives et des lutles diverses le château et
la vicomte de Tincbebray, de inéaie que le comté de Mortain,
passèrent définitivement aux mains du roi de France, Philippe-
Auguste, qui s'en rendit maître en 1203^ ainsi que de Dom-
front^'\ à la suite de la confiscation prononcée contre tous les
biens que Jean-sans-Terre possédait en France, comme s' étant
rendu coupable de l'assassinat de son neveu Arthur, à
Rouen.
Philippe-Auguste traita ensuite avec Berengère, femme de
Richard, roi d'Angleterre et duc de Normandie, des terres et
seigneuries de Domfront et de Tinchebray, puis elle les donna
en 1204, avec Uortain, à Renaud, comte de Boulogne. Mais ce
dernier s' étant ligué contre le roi de France, son donataire, Phi-
lippe-Auguste assiégea Domfront, en 1211, qu*il attribua alors
avec [Mortain et la seigneurie et vicomte de Tinchebray, en
apanage à son second fils, Philippe-Hurepel ou le Rude ^^K
A la mort de Philippe-Hurepel, 1233, Mathilde de Boulogne
fit hommage au roi des terres qu'elle conserva en douaire et lui
promit par écrit, selon l'usage du temps, de ne pas se remarier
sans son consentement. La reine Blanche lui ayant fait épouser
en 1236, le prince Alphonse de Portugal, trois lots furent alors
faits, de Domfront, Tinchebray, et Mortain, dont deux pour le
roi, et un pour la comtesse. Tinchebray, Domfront, et leurs
appartenances, furentpour le prince, Mortain restaàMalthilde^^^
La charte originale qui porte la composition de ces trois lots
se trouve aux archives nationales '^^ :
Ego Matheus de Tria et ego Symon de Leviis notum facimus
(1) Caillebotte. Essai sur Domfront.
{%) JSssai sur Domfront, p, 16 et 17.
(3) M. L. Dubois, Archives de Normandie; t824, p. 173.
(i) Original sceUé au trésor des Chartes, Normandie, II, n* 7, Cart J. 211
des Archives nationales, reproduit dans le registre xxxi du trésor des
Chartes et dans le manuscrit de Duchesne , à la Bibliothèque nationale,
vol. LXTi, p. 141, copie transmise par M. L. Delisle. — V. M. Sauvage^
Histoire de Mortain^ p. 175, 176.
- <7 -
1
uniyersis présentes litteras inspecturis quod nos fecimus très
lotias de comitatu Horitolii et Domnifrontis ;
Et hec est prima lotia : Tenechebraium sine forteritia , cum
totaforesta de Lande Putride, terra Marie de Bocelaio, terra
Gaillelmi de Nigra aqua, terra Pétri de Roquemonte, feodum
Roberti de Rosel, cum Braiolio et minutis feodis, Mesonceles,
Aodreium. Tilleium, Verroles, Barenion, Ger, Sanctus Clemens,
Mons Faotrel, Boscus Harac, terra Rogeri de Juvigneio^ Bailar-
reium,.... Constancie, Haia Banneville, Estra» Hegautier, Goe,
Baudrevilla, Flotemen villa, Contrerie, Campus ArnulR, Rautot,
Ansquetenvilla , Guinoufosse , Sanctus Salvator, Munevilla,
Grimoavilla, Bernevilla, Créencie, Foilleia, Livervilla, Goou-
villa, Hommeel. Ânsta villa , ifiTaran^iUt, Savigneium, auxilium
▼icecomitis in Constant, terra Ricardi Leriverenc apudCerencias,
Servigniacum, Sauceium, Barbefluctus, Heudoimesnillum, feo-
dum Michaelis et Ricardi de Haverlan, feria de Repast, feria de
Mulevilla, Appevilla, Oyreval, Maireium, Guinoufosse ultra vada.
Etsit ista lotia cum omnibus feodis, personagiis et aliis pertinen-
tibùs. Dominus rex cepit istam lotiam.
Hec est secunda lotia : Moritolium sine forteritia cum thelo-
nés et molend., Tiliolum, Charenceium, Breceium, Sellant^
Henseleria^ Mons Benedictus, Chivrevilla, Mesnillum Theobaldi,
Logie, piscaria Duxeii, Capella usta, auxilium vicecomitis in
valle Horitolii^ Parrigniacum, Buscus, Clarel, Bion, Estrees^
Alerc, RoDimaigneium , Mesnillum Oielardi, terra Guillelmi
de sancto Jeanne, terra Roberti Long! , Toscha Emmeline ,
Mesnillum Osane, terra Guillelmi Heudri, RuflTevielle, Mons Cha-
tonis, Cerencie, feodum Garneri venatoris apud Mantilleium,
Spinetom Comitis, Silva Drua cum secrelaria et tota valua sua,
boscus de Eiglevel , cum omnibus boscis et preticibus de valle
Moritolii. Etsit ista lotia cum omnibus feodis, personagiis et aliis
pertinentiis.
Domina Comitissa Bolonie cepit istam lotiam.
Hecesttertia lotia : Domfront cum omnibus redditibus et
pertinentiis sine forteritia^ Andena cum secretaria et tota valua
2
— 18 -
sua, feodum Haraelini Salsarii, boscus Bistol, feodum Baudet,
feodum de Luciaco, terra Roberti Monachi apud Goheres,
feodum Villanete^ Escaeta Beneiot Judei , et feodum Beroardi de
Chaable, terra Roberti Monachi apud Domfrontem, terra
ejusdem apud sanctum Fronlonem, Colerie, feodum Domine Ave-
line, feodum de Champeax, Condeium cum auxilio, Espinosa,
Rocherium, vacagium Perceii (peut-être Proceii), et rainuti reddi-
tus circa Condeium, Croisilles, Kahaignes, Oudonmaresc, Grin-
bouvillajuxta Grestain pum pertinentiis, feria Montis Martini cum
redditibus ville. Locia ista facta est cum omnibus feodis, perso-
nagiisetaliis pertinentiis. Dominus rex çepit istam tertiam lotiam.
Actum apud Rothomagum anno gracie mccxxxv, mense aprilis.
Il est à remarquer que dans ces trois lots ne se trouvent pas
comprises les trois forteresses de Tinchebray, Mortain et Dom-
front. C'est qu'en effet, elles n'étaient pas soumises au partage
et restaient indistinctement la propriété du roi.
Maintenant, il paraîtrait résulter de cette Charte que Domfront
aurait relevé pour un temps de la suzeraineté du comté de Mor-
tain, notamment au moment des dits lots. Peut-être, est-ce à l'é-
poque ou Mortain fut érigé en Pairie par Louis VIII en 1223,
que Domfront fut un moment compris dans la mouvance du comté
de Mortain. Nous n'avions point vu effectivement Domfront et le
Passais figurer au xi« siècle parmi les terres du fief de Mortain,
bien que pendant près d'un demi-siècle, ce dernier ait eu, comme
nous l'avons remarqué, une immense étendue. Tinchebray en
relevait alors, mais Domfront devait à ce moment relever des
comtes du Maine ou plutôt de Belléme.
Quoiqu'il en soit, cette suzeraineté parait ne pas avoir été de
longue durée et avoir pris fin en 1235, bien que 20 ans plus tard
St-Louis soit redevenu possesseur des terres de Mortain dont fai-
sait partie le lot de la comtesse Mathilde. Ce qui est certain, c'est
que, en 1343, le roi Philippe de Valois transférait la seigneurie de
Domfront et le Passais Normand à son neveu Philippe d'Alençon.
Il paraît résulter également de la Charte que nous avons
reproduite ci -dessus, page 17, que Coutances^ et des ter-
- <Ô -
riloires plus éloignés forent compris quelque temps, au
xm* siècle , dans une circonscription se reliant à Tinchebray,
eomme forteresse principale^*'. Au reste, plusieurs documents,
comme les suivants, semblent démontrer d'ailleurs les relations
existant alors entre ces deux régions: Preceptum est baillivo Cos-
tentioi quod hères et filius uxoris Guilleberti Bernart de Tinche-
breio habeat saisinam suam de quadam serjanteria in bosco et
foresta et quod yiridarius non habet potestatem removendi eum
sea ponendi sine baillivo domini régis. (Assises de Pasques i243
leoues à Caen). ^^K
Nous croyons également devoir reproduire, comme offrant
quelque intérêt, la Charte suivante datée de Tinchebray en
1246 ••^
« Tranchiens de Châtillon, sire de St-Aignan, en Berri, fait à
scavoir à tous ceux qui ces lettres verront que je ai donné pour
Time de aïoi et de ma famé et de nos ancêtres es frères prêcheurs
de Coutances ces choses sous écrit. C'était à scavoir une livre de
poivre que messire Robert Lescrivain me doit et Guillaume
Lehousier 12 sous ^*^ et 1 denier tournois et Lucas Delaroche
< 2 sous et 4 deniers et le service de foin et Geoffroy le Couvert et
Geoffroy leTruants3 sous de torueiset le service de foin et mestre
Aodren Lescrivain demi-boissel de fourment Pierre Crespin set
tomeis Richard le Hardi un quartier d'orge ; à faire de ce les
volontés en toutes choses. Et que ce soit ferme et chose estable, je
ai côferme ces lettres par mon scel. Ce fut fet en lan de lincarna-
tioQ nostre Seigneur mil dous cens quarante et six. A Teiiecke-
bray e mey davril. »
(I) Voir Suprà, p. 3 et p. 17.
(i) Le bailli de Ck)teQtiQ était alors Jean de Maisons (Johannes de Domibus.)
Cette famille de Maisons possédait au xyiii' siècle le vieux manoir de
Fredebise en Lonlay-L'Abbaye. Ce domaine de Fredebise qui avait appartenu
longtemps aux Lecourt était un arrière -fief relevant du marquisat de la
Bnsoiière.
(9) L'original de cette Charte se trouve aux Archives de la Mairie de Cou-
taaces.
ii) A cette époque, cette somme représentait environ 50 francs de notre
^finips; et on voit une barattée de froment vendue 3 sous.
— âo —
Le château de TiDchebray qui avait été démantelé en 1106, le
fut de nouveau en 1380 par ordre du roi Charles V. Voici en
effet ce qu'on trouve à cet égard dans une Charte du temps :
« A St-Germain-en-Laye, 9 août 1380). »
« Charles, par la grâce de Dieu, roy de France, a bailli de
Rouen et de Gisors et Guillaume d'Ënfernel, bailli des terres que
soûlait tenir le roy de Navarre en Costentin ou à leur lieutenant,
salut. Ordre de démolir la forteresse de Tinchebray par telle ma-
nière qu'il n'y demeure chose par quoy l'on puisse ramener la
dicte place a nulle forteresse et que aucun péril ou dommage ne
s'en puist ensuir a nous ne au pais. » Le 4 septembre 1380,
Guillaume d'Enfernel ordonnance le paiement des frais de démo-
lition.
Il ne paraît pas cependant que le château ait été alors complète-
ment démoli, mais seulement démantelé ^^K
Effectivement, en 1 401 , le roi Charles VI cédait à Pierre de
Navarre, troisième fils de Charles le Mauvais et de Jeanne,' dame
de Vire, fille et sœur des rois Jean II et Charles V, les chastel,
ville et châtellenie de Mortain et la seigneurie et châtellenie de
Tinchebray ^^K
A la suite de cette cession et 3 ans plus tard, la terre de Mor-
tain était érigée en Comté-Pairie. La reine Blanche, tante de
Pierre de Navarre, lui avait, dès le 1*' octobre 1398, donné
Con dé-su r-Noireau, mais Condé-sur-Noireau fit, en 1412, retour
à Charles III, roi de Navarre, qui le rétrocéda lui-même à Charles
deRohan, seigneur de Guemené, fils de Jeanne de Navarre, dite
la Jeune, et de Jean P', vicomte de Rohan.
(1) Le traité de Brctigny stipula l'évacuation de Tinchebray qui avait été
occupé en 1356 par les Anglais et le château de Tinchebray fut évacué
en 1360. V. Archiv. nat. JJ. 119, n* 84, fol. 216. Rymer, vol. m',
p. 536, 547.
(2) Ce fut en 1597, sous Henri lY ou postérieurement sous Richelieu, que
la ruine du vieux château de Domfront fut consommée; refTondrement du
donjon eut lieu à l'aide de la poudre. Catherine de Médicis avait donné ordre
de démolir cette place ainsi que ceUes de St-Lo et de Carenten dès le mois
d'août 1574.
- 21 —
Delà maison de Rohan cette terre passa, en 1593, dans celle
des Pellevé, comtes de Fiers, par le mariage d'Elisabeth de
Rohan, fille de Loais de Rohan, prince de Guemené, pair de
France, avec Nicolas de Pellevé, puis à la famille de Mati^rnon.
Au XI* siècle, Condé s'était trouvé placé sous la mouvance du
eomté de Mortain et y demeura, à part cependant quelque inter-
valle et changement passager ^^\ à peu près jusqu'en 1412^'\
époque à partir de laquelle la châtellenie de Condé releva ensuite
delà juridiction seigneuriale du comté de Fiers pendant longues
années:
D'un autre côté, depuis le milieu du xi* siècle également et
jusqu'à la Révolution de 1*789, la seigneurie et vicomte de Tin-
chebray, tout en conservant son existence propre et séparée, se
trouva presque constamment ^^^ placée dans la mouvance de la
jaridiction seigneuriale du comté de Mortain, lequel revint en
effet une vingtaine d'années, après les lots de 1235, en la posses-
sion du roi St-Louis.
Tinchebray était un siège de bailliage dès le xiii* siècle,
/après V Orne archéologique ^^K II est très-probable qu'il aurait
été érigé en bailliage, lors du partage en trois lots de Domfront,
Tinchebray et Mortain, en 1235.
En 1236, Philippe d'Evreux tenait ses Assises à Tinchebray ^'^
et adjugeait le patronage de St-Cyphorien-de-Courtines aux
religieux de Savigny.
L'existence ancienne d'un bailliage à Tinchebray parait
'1) Ainsi en U35, Condé faisait partie du 3« lot relevant de Domfront et
appartenant au roi. (V. Suprà, p. 18).
12) En 1529, après la bataille de Pavie et le traité de Cambrai, l'empereur
Charies-Qoint ayant pris en garantie les terres de Leuze et de Condé qui
appartenaient aux princes, fils de Louise de Bourbon. François 1*' leur avait
^•gagéen retour les terres d'Augeet du comté de Mortain. (V. hist. deMortain.)
(S) En 1^35, Tinchebray appartenait an roi, et Mortain à la comtesse
MathilAe de Boulogne. [\, Suprà^p. 17 et t8).
(i) Voir Orne archéologique, p. 210. — Voir Rotuli passim, édit. de la
Soc. des Antiq. de Normandie et Hermant, cités par ÏOrne,
i&} Apnd Tenebracbiam die sabbato post feslum beati Joannis Baptisti
aaoo Die mT g£c" yigesimo sexto. Archives de Mortain, citées par M. Sauvage .
-. 22 —
donc établie, de même qa'il parait résulter de ce qui s'est
passé lors de la convocation de TAsseniblée générale du
grand baillage du Cotentin, en 1614, et en 1789, que le
bailliage de Mortain aurait revendiqué le titre de grand
bailliage proprement dit et le droit d'élection directe, avec le
droit de suzeraineté et le droit exclusif de convocation du bailliage
de Tinchebray, à Mortain.
Quoiqu'il en soit , nous sommes portés à penser , avec
M. Léopold Delisle, que si le bailliage de Mortain est devenu au
x\f siècle un bailliage indépendant il n'a jamais été un grand
bailliage proprement dit, et a été compris au point de vue de la
division judiciaire, et de certaines prérogatives, dans le ressort
du grand bailliage du Cotentin, jusqu'à la Révolution de 1789,
comme nous le voyons par ce qui s'est passé en fait à cette
époque.
Dans tous les cas, le bailliage de Mortain et celui de Tinche-
bray relevaient vers le milieu du xtii*' siècle du grand bailliage
de Coutances ou plutôt du Cotentin qui se trouva définitivement
constitué, à cette époque, par l'incorporation de l'Avranchin et
du Val de Mortain qui avaient précédemment leurs administra-
teurs spéciaux.
Dès-lors, dit M. L. Delisle, le bailliage du Cotentin comprenait
tout le territoire du diocèse d'Avranches et de Coutances, moins
une quarantaine de paroisses qui appartenaient au bailliage de
Caen. Ce sont les limites qu'il a conservées jusqu'au xvin® siècle.
Seulement elles furent de temps à autre entamées par des cons-
titutions d'apanages. C'est ainsi qu'au xvi*' siècle nous trouvons
les baillis du duc d'Orléans et surtout ceux du roi de Navarre
administrer les vastes domaines de leurs maîtres sans dépendre
en rien des baillis 'du roi de France ^'^ C'est là sans doute ce qui
(1) Voir le Mém. sur les Baillis du Cotentiu, par M. L. Delisle, directeur
de la Bibliothèque nationale, membre de l'Institut, dans le xix* vol. de la
cpllect. de la Soc. des Antiq. de Normandie, p. 64, 65 et suiv. — D'après ce
mémoire, avant 1204, Padministration des baillis du Cotentin se bornait à
la partie septentrionale de la presqu'île seulement. En i\l% et lt89 on trouve
- 23 —
peut expliquer les revendicatioos du bailliage de Hortain au titre
de grand bailliage proprement dit, et la confusion qui a pu en
être faite volontiers par ses baillis ^^K
Le bailliage du Cotentin avait été partagé sous St Louis en
cinq vicomtes , Coutances , Valognes , Carenlan , Avranches ,
Mortain, et ces villes furent, à proprement parler, les seules où
nous voyons le bailli tenir les Assises.
Au XV® siècle, des considérations politiques firent, mais seule-
ment pour un temps, modifier cette division. Ces vicomtes, dit
M. L. Delisle, n'avaient que le nom de commun avec les vicomtes
de répoque de nos ducs indépendants.
Lors de la réunion des trois ordres du grand bailliage du
Cotentin en 1789, tiix bailliages se trouvaient compris dans son
ressort, Coutances, St-Lo, Avranches, Mortain, Tinchebray,
Carentan,, St-Sauveur-Lendelin , Cérences, St-SauveuHe-Vi-
comte, Valognes.
Oâbert de la Heuse et Guillaume Pantoul (WiUelmus Pantolf) comme baîUis
de la dite partie du GoteDlin. — On conjecture qu'une matrice de sceau en
plomb, pesant 272 grammes, ayant pour légende ^UlGuUUrmi PcaUotU et
([ui est actuellement au Musée de la Soc. Académ. du Cotentin. à Coutances,
a appartenu à ce dernier liaiUi. — On peut voir aussi dans le Mémoire sur les
baillis du Cotentin, le nom de quelques baillis de Mortain, au commence-
ment da XIII* siècle.
(1) Depuis ces recherches sur Tinchebray, et ces quelques mots, à propos
de son bailliage, notre savant confrère, M. Tabbé Pigeon, nous a tout der-
nièrement communiqué une partie d*un travail intéressant et spécial, qu'il
fait sur le bailliage de Mortain. De ce travail et de certains documents, il
résulterait, d'après lui, que le bailliage de Mortain a été séparé du grand
baiUiage du Cotentin pour être élevé lui-même au rang de grand bailliage
en 1551 ; qu'à partir de cette époque tout au moins, le bailliage de Tinchebray
ne faisait qu'un seul et même avec le bailliage de Mortain . dont celui de
Tinchebray aurait été démembré seulement au commencement du
zviii* siècle.
Nous ne pouvons, à ce moment, et quant à présent, que faire nos réserves
sur cette thèse, nous retranchant, par rapport à Fezistence, d'un grand
bailliage proprement dit, à Mortain, derrière Tautoritë de M. L. Delisle, et ce
qQi8'e.st passé, à cette occa<«ion, en 1614 et 1789. 11 ne faut pas oublier non
plus que le bailliage de Mortain n'avait pas de présidial, et que le siège de ce
bailliage, Alortain, qui ne comptait, en 1720, d'après Masseville. qu'une
population agglomérée de 1200 habitants environ, ne parait s'être trouvé
— 24 —
Lors de la rédaction en un seul de tous les cahiers des
différents bailliages, dix-neuf commissaires furent nommés pour
opérer cette rédaction. Le nombre fut fixé à deux par bailliage,
excepté pour le bailliage de Cérences, démembré de St-Sauveur-
Lendelin, séant à Périers, qui ne nomma qu'un seul commissaire
en raison de sa petite étendue.
Vainement lors de la convocation de l'Assemblée générale du
grand bailliage du Cotentin, en 4789, le bailliage de Mortain
voulut-il, comme en 1614, se poser en bailliage indépendant, et
protester contre sa convocation devant le grand bailli du Cotentin.
Il prétendait à la députation directe, et ceux qui comparurent ne
le firent pas sans protestation. On a même dit que ce fut une des
causes principales, pour lesquelles la noblesse de Tinchebray,
qui était attachée, pour une grande partie, par des relations
d'amitié et de parenté, avec celle de Mortain, avait fait défaut.
aucanement dans les conditions des sièges ayant un grand bailliage. C'est
en 1551, sous Henri II, que les Présidiaux furent affectés spécialement au
siège des grands bailliages. Le Présidial (nom donné originairement à tous
les baiUiages et sénéchaussées) fut alors attaché à une chambre du grand
bailliage qui jugeait les appels jusqu'à concurrence de 250 Uvres et 10 iiv.
de rente, et par provision, jusqu'à 500 livres et 20 Iiv. de rente. Ne serait-ce
point ce droit de compétence» bien qu'il n'y eut pas de présidial attaché à son
bailliage, qui aurait été donné extraordinairement» à cette époque, et par
l'influence des comtes de Mortain, au bailliage de Mortain, avec certains
privilèges particuliers, comme bailliage secondaire, et le droit à son baiUi
d'intituler ses actes, en son nom seulement, sans faire autrement mention du
grand bailli du Cotentin? — Quant au bailliage de Tinchebray il nous parait
bien également avoir eu, après cette époque de 1551, une existence propre et
séparée, comme bailliage secondaire, puisque, à part ce que nous savons,
on voit encore (voir Caillebotte, Essai sur V/âstoire de Dom front , p. 111 ;
voir également l'Orne archéolog.), qu'en 1649, pendant les troubles de la
Fronde les papiers du contrôle et greffe du bailliage de Tinchebray furent
brûlés ainsi que les minutes et meubles du greffier et commis-greffier du
bailliage. — Ce qui est possible toutefois, c'est que le bailliage de Tinchebray
ou du moins le lieutenant de ce bailliage, relevât alors du bailliage de Mor-
tain ; peut-être même, pendant un certain temps, les officiers du bailliage de
Mortain, quoique pourtant encore assez éloigné de Tinchebray, se transpor-
tèrent-ils à Tinchebray pour y rendre la justice, ce qui aurait cessé à partir
du iviii** siècle, ou le bailliage de Tinchebray aurait recouvré son bailli et
"es officiers de justice particuliers.
— 25 —
A cette époque, le bailliage de Tinchebray, compreDait trent«-
cioq paroisses dans sa juridiction, dont quelques dépendances du
faubourg Yaucelies de Caen seraient ressorties pour les matières
bénéficiales et les cas royaux ^*\ Le bailliage de Tinchebray
s'étendait au sud jusqu'à Lonlay-1' Abbaye, et à l'est jusqu'à
Condé.
Tinchebray, qui était une châtellenie royale au xv® siècle
portait dès le xiii* le nom de vicomte, titre, qui parait n'avoir pu
lui être attribué qu'à l'époque des ducs normands et qui confir-
merait encore son ancienne origine.
Le prenaier grand bailli du Cotentin, à l'origine proprement
dite de cette magistrature, futHilet de Levis en 1204 ; en 1238,
Jean de Biaisons, dont quelques-uns des membres de la famille,
ont été possesseurs de l' arrière-fief de Fredebise en Lonlay-
L'Abbaye; Pierre de Laroque, de la même famille que Gilles II
de Laroque, gouverneur de Tinchebray, en 1106, était grand
bailli du Cotentin en 1386 ^'^
Philippe de Chennevières, de la famille du marquis de Chen-
nevières, ancien directeur des Beaux-Arts, figure aussi parmi les
grands baillis du Cotentin, ainsi que Guillaume du Merle -^^
1358-1368, chevalier, sire de Hessey, capitaine général et bailli
de Caen et du Cotentin.
Le dernier grand bailli du Cotentin fut Maximilien- Marie-
Pierre le Vicomte, marquis de Blangy, seigneur et patron de
(1) Voir CaiUebotte, Essai sur VhUMre de Damfront, p. 111. — C'est à
tort que CaUlebotte porte à vingt le nombre des paroisses du baiUiage de
Tinchebray en 1789. Ce nombre était de trente-cinq, d'après le procès- verbal
des trois ordres. — Quant au baiUiage de Domfront qui ressortissait du grand
baiUiage d'Alençon, il comprenait avant la Révolution, quarante-trois pa-
roisses et 46,000 Ames. ^
(t) Voir M. L. Quenault, Recherches archéologUfues sur la viUe de Cou-
tances, p. 50. — Toutefois, M. L. Delisle ne fait point mention dans son
Hîude sur Us grands baiUis du Cotentin, de Pierre de Laroque. Ce dernier
D'auraii-il point été seulement lieutenant-général du grand bailli du Coten-
(io >
(3) Voir notre histoire sur les communes du canton de Messey, ch. m,
p. 4« et 47.
— 26 —
Fontaine, Etoupefour, Eterville, Aulage, St-Martin-rHortier, Fon-
tenai, St-Harcouf^ chevalier de St Louis, général des armées du roi.
Le duc d'Harcourl, était alors gouverneur de la Province ^^K
le gouverneur de la Province était représenté par un grand bailli,
qui avait à son tour un bailli pour subdélégué.
Cette juridiction, fut régularisée et étendue sous Philippe-
Auguste. Les baillis royaux, dit M. Léopold Delisle ^'^ : « Jouent
sans contredit, l'un des plus beaux rôles dans l'histoire du
gouvernement et de Tadministration au xiii® siècle et au com-
mencement du XIV®. Tout en effet rentrait dans leurs attributions,
domaine royal, finances, armées, marine, justice. Sans leur
habileté et leur dévouement Philippe-Auguste eût-il fait accepter
sans violence son gouvernement à la Normandie veuve de ses
ducs souverains et profondément blessée dans ses intérêts
commerciaux. St Louis eût-il introduit tant de sages réformes
dans l'administration de la justice. »
Néanmoins les abus que les baillis firent par la suite de leur
puissanceobligèrent les rois à la réduire. Vers lexvi® siècle, les bail-
lisn'étaientpluslégalementquedesoiBciersdejustice^^^ Toutefois
le titre de bailli, fut comme nous le savons, porté bien avant le
(1) D'après M. L. Delisle, voir Histoire du château de St-Sauveurle-
Vicomte, p.* 55, 1867, c'est dans une grande chasse à laquelle Godefroy
d'Harcourt avait invité ses amis, 1355, 1356, dans la forêt de la Lande-
Pourrie entre Mortain et Tmehebray , qu*auraient commencé les premiers
entretiens du complot ayant pour but de favoriser les desseins du roi d'An-
gleterre, Edouard 111, sur la Normandie, et tendant à mettre la couronne
ducale sur la tête de Godefroy d'Harcourt. Les bases de l'association auraient
été définitivement arrêtées dans la ville de St-Lo.
(2) Mém. de la Soc des Antiq. de Normandie, déjà cité.
(3] Voir le Dict. d'Expilly, au mot baUliage, 1. 1", p. 439. — On appelait
aussi baillis, baiUis seigneuriaux de robe longue, ou petits baillis> de simples
officiers de justice pour les distinguer des baillis royaux. A la fin du xvii* siècle
seulement, les fonctions de lieutenant-général d'un bailliage étaient deve-
nues à peu près exclusivement judiciaires. — Avant cette époque, et pendant
un assez long intervalle, les lieutenants-généraux des bailliages, sénéchaux,
et autres officiers de justice , avaient fini par occuper généralement les
fonctions yu(itctaire5 et mtmicipales. (Voir les édits de 1692,1704, 1709, 1783,
qui eurent surtout un but fiscal, mais non sans porter aussi une grave
atteinte aux libertés muMdpales,
- 27 —
commencement da xiii'' siècle par des commissaires royaux qui
rendaient déjà la justice, percevaient les impôts et recevaient au
nom de la couronne les plaintes du peuple contre les seigneurs.
Du reste, nous n'entendons parler que très-incidemment ici
du bailliage de Tinchebray, sauf à nous en occuper plus tard
séparément, s'il y a lieu, et lorsque nous étudierons dans un
travail à part^ en donnant, avec les paroisses qui en dépendaient,
et la liste de ses baillis, depuis son origine, le bailliage de
Domfront, qui abonde en nombreux documents. Aussi, nous
bornerons- nous présentement, par rapport au bailliage de Tin-
chebray, pour la liste des membres ^'^ des trois ordres de ce
bailliage appelés à prendre part à 1* Assemblée générale du grand
bailliage du Cotentin en 1789, à renvoyer au procès-verbal ^'^ de
cette assemblée générale.
Le procès-verbal de celte assemblée est daté du 16 mars 1789.
L'Assemblée se réunit en la nef de l'église Cathédrale* de la ville
de Coutances, huit heures du matin, devant Thomas -Louis-
Antoine Desmaretz, chevalier, seigneur de Montchaton, Bavent,
Faulx, la Motte, le Chàtel, la Giffardière et autres lieux, con-
seiller du roi, lieutenant-général civil au bailliage et siège pré-
sidial du Cotentin au dit Coutances ; présence de M. Le Brun,
procureur du roi es dits sièges, assistés de M* Pierre-Thomas
Blondel ^*\ greflSer.
En exécution des lettres du roi, données i^ Versailles, le 24 jan-
vier 1789, signées Louis, et plus bas, Laurent de Yilledeuil,
scellées du cachet de cire rouge adressées à M. Desmaretz, en
l'absence de H. le marquis de Blangy, grand bailli du Cotentin,
par H. le duc d'Harcourt, gouverneur de cette Province.
(\) On remarque, parmi les membres de la noblesse de Tinchebray, le
nom de messire Ducbastel, seigneur deSt-Pierre-de-Tincbebray. — Le comte
Ducbàtel, ancien ministre de l'Intérieur, sous Louis-Philippe, appartenait à
cette famille.
C2)yoir le procès-Terbal, de rassemblée générale des trois ordres, vol. in-8,
1789, à la Bibliothèque de la ville de Coutances.
(3) Un Jean Blondel, sans doute de la même famille, fut grand bailli du
Cptentin, de 1333 à 1338,
— 28 —
Tous les ordres s'y montrèrent relativement animés d'un esprit
de conciliation. Une délégation de partie de l'ordre du clergé no-
tamment, s'inspirant aux pures et véritables sources du christia-
nisme, faisait le 29 mars au tiers-état, la communication suivante,
en lui laissant copie de l'arrêté par lui signé à cet égard : « assure.
Tordre du clergé, l'ordre du tiers-état, que celui du clergé sera
tQujoursprétà faire le sacrifice entier de ses privilèges pécuniaires
et à lui donner les preuves du désir le plus sincère de maintenir
entre les différents ordres , l'union et la concorde si nécessaires
pour le bonheur de tous et la prospérité de l'Etat. »
L'ouverture de l'ÂssembléeGénérale eut lieu dans la grande nef
de la cathédrale; le procès-verbal dénomination des commissaires
désignés dans chaque bailliage, pour la rédaction des cahiers, et
dressé le 21 mars 1789, pour la noblesse, porte que M. de Gassé
fut nommé commissaire, à la pluralité des voix, par l'Assemblée,
pour le baiHiagedeTinchebray, vu l'absence de la noblesse dudit
bailliage.
Les commissaires du tiers-ordre nommés pour le bailliage de Tin-
chebray, afin de prendre part à la rédaction du cahier furent (pro-
cès-verbal du 20 mars 1789) : M** Antoine-François Le Lièvre de
la Prévotière, et Charles Jean Lainé-Deshayes, avocats au dit siège.
Seize députés furent alors envoyés aux Etats-Généraux par le
grand bailliage du Cotentin ^^^ : quatre pour Tordre du clergé,
quatre pour la noblesse et huit pour le tiers-état.
Les députés du clergé furent VL^^ de Talaru de Chalmazel, con-
seiller du roi en ses conseils , évéque de Coutances^ et HH. Jac-
ques-François Le Lubois, curé de Fontenay, diocèse de Coutances ;
François Bécherel, curé de Saint-Loup, au diocèse d'Avranches,
et François Le Rouvillois , curé de Carantilly, diocèse de Cou-
tances. (L'assemblée particulière du clergé s'était réunie dans
l'église du grand-séminaire.)
vl) On peut coii8uHer,,avec beaucoup d'intérêt une étude sur le Cotentin
et les Etats-Généraux, par M. Desdevises du Dezert , professeur à la faculté
des lettres de Caen, 1878^ étude que nous regrettons de n'avoir pas connue
plus tôt.
— 29 —
Poar Tordre de ]a noblesse : M^ Luc-René Achard de Perthus
de Bon vouloir, chevalier^ seigneur de Bon vouloir, Loyauté, du
Perthus , Achard , seigneur patron du Dezert et de Condé-sur-
Sarthe, du Feron, de Vervaine et d'Ancione, ancien capitaine de
cavalerie^ chevalier de Tordre royal et militaire de Saint- Louis,
demeurant en son château du Dezert , élection de Saint-Lo ;
Pierre-François de Beaudrap de Sotteville, chevalier, seigneur et
patron de Sotteville , le Buisson, Mesnil-Durand, Hébécrevon,
Angoville-sur-E , et autres lieux, ancien ofiScier au corps royal
de l'artillerie, demeurant en son châteaude Sotteville, paroisse
de Sotteville, élection de Valognes.
Jacques-René-Jean-Baptiste Artur, chevalier, seigneur de la
Tillarmois , Launay, Champagne , et autres lieux , demeurant à
Avranches ;
Et Léon -Marguerite Le Clerc, baron de Juigné, comte de
Courtomer, seigneur de Sainte -Hère- Eglise, et maréchal des
camps et armées du roi, demeurante Tarchevéché de Paris.
Les élections pour les députés de la noblesse furent ouvertes
le 28 mars à trois heures et demie de l'après-midi , dans l'église
des Révérends Pères Capucins (aujourd'hui la Halle au blé), et
ne furent terminées définitivement que le 31 mars pour Télection
du quatrième député.
Les Députés élus pour le tiers-état furent : Denis-Gabriel Le
Sacher La Pallière, avocat au bailliage de Mortain, né à Paris et
demeurant en la ville de Mortain ; Louis Burdelot , né en la ville
d'Avranches, vicomte et maire de. la ville de Pontorson et y
demeurant; Pierre- Jacques Viellard, fils, avocat à Saint-Lo,
originaire de la dite ville et y demeurant.
Guillaume Besnard-Duchesne , originaire de Montebourg,
lieutenant particulier au bailliage de Valognes et y demeu-
rant;
Jean Perrée-Duhamel, négociant , originaire de la ville de
Granville et y demeurant ;
Jean Thomas Desplanques-Dumesnil, originaire de la ville de
Carentan, maire de la dite ville ;
— 30 —
Louis Pourel-Roqiierie, originaire de la paroisse de Geffosses-
sur-Mer, procureur du roi au bailliage de Saint-Sauveur-Lendelin
séant à Périers, et y demeurant ;
Et Louis-André Angot, né à Versailles, bailli de Saint-Sau-
veur-le-Vicomte et y demeurant.
Les élections du Tiers-Ordre, commencées le 27 mars dans
l'auditoire du bailliage de Coutances (rué du Siège), furent ter-
minées le 30 du même mois, par la nomination de M. Louis-
Amédée Angot ; les électeurs , pour cette dernière élection , sont
indiqués comme étant au nombre de 301 . Le 27 mars, la réunion
se composait de 367 membres. Le nombre total des membres du
Tiers étant appelée à cette Assemblée générale , était de 44 1 ;
celui des membres de la Noblesse était de 589. Lors de l'organi-
sation nouvelle, Coutances devint le siège d'une Cour d'Assises,
et d'un Tribunal d'appel correctionnel qui a été transporté
depuis au chef-lieu de la Cour d'Appel ^'\
Le rôle qu'avait joué le grand bailliage du Cotentin et le Pré-
sidiaP^^ situé à Coutances, durent contribuer sans doute à
conserver à cette ville sa situation, comme chef-lieu judiciaire du
département de la Mancbe ^^K Du reste, le chef-lieu administratif
ne fut lui-nçiéme transporté de Coutances à St-Lo , que plusieurs
annéesaprès la nouvelle organisation administrative, en 4800^^^
Tinchebray, de son côté, devint, en 1791, le siège d'un tri^
bunal de commerce, qui lui a été enlevé par décret de 1872, et
transporté à Fiers.
Au XIV* siècle, la châtellenie de Tinchebray, proprement
dite, possédait les fiefs ou tènements de fiefs suivants :
(1) Voir le décret du 18 juin 1856.
(2) Les Présidiaox furent créés sous Henri II, 1551.
(3). C'est probablement tout d'abord au même souvenir, ensuite à la situa-
tion de bâtiments déjà appropriés, plus tard enfin au droit acquis, par Tha.
bitade et par l'usage, qu'il faut attribuer aussi la cause pour laquelle la
Cour d'Assises ne se trouve pas non plus réunie avec le cbef-lieu adminis-
tratif, dans quelques autres villes de France.
(4) Cela ne se fit pas sans difficultés.— On peut voir, à ce sujet, un travaU
de M. Lepingard, dans les Mémairet de la SoeiHé d'Archéologie de Saint-'Lo.
— 34 —
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Les vicomtes de Tiochebray furent, de 1717 à 1726, Jacques
Gauquelin, conseiller du roi ; en 1736, Jean-Jacques Gauquelin,
fils de ce dernier. On trouve également un Robert Guillouet^
conseiller du roi, vicomte de Tinchebray, en 1750.
A cette époque, la sergenterie de Tinchebray, élection de Mor-
tain, comprenait douze paroisses :
Beauchéne, la Bourgeoisie , Hesnil-Cibout, Saint-Christophe,
Saint-^ornier, Saint-Jean-des-Bois, Saint-Pierre-de-Tinchebray,
Saint-Quentin, Notre-Dame-de-Tinchebray (châtellenie), Trute-
mer. Le Village.
Saint-Pierre-de-Tinchebray que nous voyons figurer dans la
nomenclature des paroisses faisant partie de la sergenterie de
cette ville, n'était qu'une subdivision de Tinchebray en deux
paroisses, et la paroisse Saint-Pierre n'avait, à cette époque,
que très-peu d'étendue relativement à Notre-Dame-de-Tinche-
bray.
La ville de Tinchebray était effectivement divisée, au moment
de la Révolution , en deux paroisses , Notre-Dame et Saint-
Pierre.
Mais, malgré toutes les mutations et changements qui s'étaient
opérés dans les circonscriptions territoriales civiles, à travers les
siècles, depuis Tère chrétienne, bien que Condé, par exemple, fut
passé delà province du Bessin, sous la suzeraineté des comtes de
Hortain , plus tard sous la suzeraineté des comtes de
Fiers, et sous la juridiction du bailliage de Tinchebray, Condé
n'en resta pas moins d*une façon invariable, au point de vue re-
ligieux, dans la circonscription du diocèse de Bayeux, et le chef-
lieu hiérarchique, comme Doyenné, des paroisses de Tinchebray et
Fiers, quiont ainsi continué à faire partie du diocèse de Bayeux et
du doyenné de Condé, depuis l'ère chrétienne, jusqu'en 1790 ^*\
Toutes les autres paroisses,au contraire, du grand bailliage du Co-
tentin, réunies à Coutances en 1789, faisaient partie des dio-
(1) Cette règle da reste s'est reproduite à peu près invariAblement. Voir nos
Bâeherchei hUtariques sur VArr, de Domfiront et ses OrigweSf chap. III et V,
— 38 —
eèses de Coutances et Âvranches ^^K Aassi trouve- 1- on
daos le procès-verbal de TAssemblée générale des trois ordres,
CD 1789, alors qu'il fut question d*élire, par un premier vote, les
membres du clergé qui devaient être chargés à leur tour de dési-
gner les rédacteurs des cahiers : pour MM. les curés de Bayeux (et
poar le doyenné de Condé) Claude- François Josset, curé d'Athis.
Eq 1649, pendant les troubles de la Fronde, les minutes, re-
gisireset papiers du contrôle et greffe du bailliage de Tinchebray,
ainsi que les meubles du greffier et du commis-greffier, avaient
été brûlés par quelques soldats du régiment d'Harcourt en
garnison à Tinchebray (Caillebotte , Essai sur l'Histoire de
DmfrorU, p. Hi).
Le Parlement, par arrêt du 1 0 mai 1649, ordonna dMnformer
contre les auteurs de cet incendie qui ne fut qu'un des mille
excès auxquels les soldats se livrèrent alors par toute la Nor-
mandie ''^ (V. Orne arch.; Floquet , Histoire du Parlement
de Normandie, t. V, p. 309-390.)
La ville et le canton de Tinchebray furent aussi cruellement
éprouvés pendant la guerre de partisans et la chouannerie ^^K La
forêt de Sl-Jean-des-Bois servit souvent de retraite au comte
Louis de Frotté qui avait organiser insurrection royaliste dans la
Basse-Normandie et sur la frontière du Haine ^*K
(1) MorUin faisait partie du Diocèse d*Avranches et il ea fit partie
jQsqu*à la réunion de cet Evêcïhé à celui de Coutances, en 1790.
ii) La guerre civile de la Fronde eut lieu en France pendant la minorité
de Louis UV, 1648-1653, entre le parti de la cour, c'est-à-dire la régente»
Anne d'Autriche, et Mazarin, son principal ministre, et le parti de la Noblesse
etda Parlement. On nomma parti de la Fronde le parti opposé à la cour
(voir l'histoire de la Fronde par le comte de St-Aulaire, Paris 1841. S vol.
tn-8.
(3) Voirie chap. XI, Guerre de partisans et la Chouannerie, àànanoire Etude
*» le canton de Messey et La Révolution (2" édition), p. 195, 300 et 308.
(4) Le 9 germinal an III, la viUe de Tinchebray fut assiégée, le c|pcher et
PcgÛse avaient été fortifiés, quatre-vingt-quatre maisons devinrent la proie
des flammes. Une somme de quinze mille francs fut accordée à cette ville,
par arrêté des consuls du U pluviôse an IX, afin de la dédommager des pertes
qoeloifirent éprouver les guerres de l'an III et lY, VU etVIU. (Voir Caille-
botte, £«fat#tir ÇHiitoire de Domprontf p. 115
3
-34-^
toainteûant , pour compléter cet aperçu, ajoutons : que de
Pierre de Navarre , auquel furent cédés par Charles VI le comté
de Hortain et la seigneurie et vicomte de Tinchebray, Hortain et
Tinchebray étaient passés aux mains de la famille de Louis duc
de Montpensier et ensuite à la famille d'Orléans.
Louis duc d'Orléans, mort le 4 février 1753, laissa tous ses
biens à son fils Louis-Philippe, né en 1725 et mort en 1785. A
la mort de celui-ci, son fils, Louis-Pbilippe-Joseph d'Orléans,
père du roi des Français Louis-Philippe, en était devenu posses-
seur. Peu de jours après la première réunion deFAssemblée Con-
ventionnelle, il vendait à H. Collet, de St-James, pour huit cent
mille livres, Tancien domaine de Mortain, par adjudication pas-
sée à Paris le 16 octobre 1 792.
Cette vente comprenait à Tinchebray : 1^ la halle aux grains
et les bâtiments qui étaient à l'usage des anciennes juri-
dictions, contenant auditoire, chambre du conseil et du con-
cierge, prisons, chapelle ^^\ situés vers le milieu de la ville; 2'' la
halle aux boucheries; 3"* les rentes domaniales en grains, du
produit de 1 8 boisseaux de seigle, et 369 boisseaux d'avoine ;
4** les rentes en volailles, qui sont d'une geline et deux pigeons;
5^ les rentes d*une paire de gants et d'une bride à selle;
6° les rentes et deniers du produit de quatre cent deux livres
deux sols six deniers.
(1) U s'agit ici de la yieille chapeUe St-Rëmi» aise au milieu de la ville,
chapelle de coDatruction moitié religieuse et moitié militaire, avec un Oculus
assez élégant du xv* siècle et des fenêtres ogivales et romanes*
• t
LE
GRAND BAILLIAGE DE MORTAIN
EN 1789
CHAPITRE PREMIER.
LA FAMILLE DE 6ERALDIN.
A Saint-Romphaire, dans le chartrier de H. Payen de la Garan-
derie, juge de paix à Tessy, j*ai trouvé des chartes et des titres
fort intéressants sur les Geraldin qui s'allièrent aux plus nobles
maisons du pays et donnèrent à Mortain ses deux derniers grands
baillis.
Comme cette famille est aujourd'hui peu connue et que les
documents qui la rappellent concernent presque uniquement nos
contrées, j'ai cru qu'il ne serait pas indifférent, à notre compagnie,
de raviver le souvenir de ces illustres personnages, en donnant,
surtout, les documents inédits qu'ils nous ont laissés sur le Grand
Bailliage de Mortain.
Les Geraldin, qui ont tenu une large place dans notre Départe-
ment, n'en étaient pas originaires. Ils venaient de l'Irlande od
ils avaient un haut rang parmi la noblesse hibernienne. D'après
les titres généalogiques de cette famille, titres qui leur furent déli-
— se-
vrés, en 171 5, par Guillaume Haukens, roi d'armes de l'Irlande,
rex armorum totius Hibemiœ ^^\ nous voyons que les Geraldin
remontent jusqu'à la conquête d'Angleterre. Othon, leur ancêtre,
quitta la Normandie pour suivre GuilIaume-le-Conquérant, en
1066. Il devint comte de Windsor, et, en 1082, baron honoraire
du royaume. Il portait pour armés : d'argent au sautoir de
gueules. Son fils, Gautier Gerald, hérita de son comté. Il eut pour
successeur le comte de Pembrock, Gerald P' Geraldinus, dont la
seconde appellation, qui n'est que le diminutif de la première,
forma, dans la suite, le nom patronimique des Geraldin. Il laissa
plusieurs enfants : l'afné, Guillaume Geraldin, futcomtedeKerry,
en Irlande ; David, le plus jeune, dit aussi Fitz Gerald, devint
archidiacre de Cardignan , puis , en 1 1 48 , archevêque de
Saint-David, dans la principauté de Gall ^*K Maurice V^ fut le
père de la branche cadette des Geraldin ; la branche aînée se
distingua de la jeune, en prenant la dénomination de Fitz Gerald.
Maurice P', décédé en 1180, avait donné le jour à Gerald II
Geraldinus qui, en 1205, mourut vice-roi d'Irlande. Thomas!®',
son fils, lui succéda et conserva sa dignité de vice- roi jusqu'à sa
mort, arrivée en 1260. Il eut deux enfants, Thomas II Geraldin,
(1) Cette généalogie est écrite en latin sur un rouleau de parchemin de
plus de 5 mètres de long sur près de 0" 50 c. de large. Toutes les couleurs
du blason se reflètent sur cette briUante pancarte. Elle porte la date de 1715
et la signature du roi d'armes de PIrlande.
Au bas, on lit ce qui suit : « Omnibus et singulis ad quos présentes penre-
nerint, Guillelmus Haukens Armiger Ulster, rex armorum totius Hibemiœ»
salutem.
« Sciatis quod ego predictus rex armorum potestate et auctoritate Regia
majestate concessa sub magno sigillo Hibemiœ, certiores facio quod in supra
adscrlpta parenteta genealogiœ Geraldinornm Burgorum vel Burkorum,
Hacketorum, Lincolnorum ex antiquitatibus et autographis familiaram
Hibemicarum quœ apud me extant fldeliter describuntur. Insignia quœ sin-
gula stemmata adornant, oxqulsce adaptantur. In cujns rei testimonium
nomen titulumque bis ascripsi et sigiUum commune oficii mei apposui nono
die maii, anno regni Georgii Dei gratia Magnœ Britanniœ, Franciœ et Hiber-
niœ régis fldei defensoris, etc. Annoque Domini 1716. Guillelmus Haukens
Ulster rex armorum totius Hibemiœ.
(2) Bibliothèque Sacrée des Pères Richard et Giraud. Tom. IX, p. 69.
— 37 -
foodateor de Tabbaye de Tralée, au comté de Kerry, et Maurice
secoDd qui mourut, avec son frère, au siège de Callen, dans le
comté de Kilkenny. Les deux chevaliers furent inhumés dans le
monastère qu'ils avaient enrichi. De Maurice II naquit le seigneur
Géraldin, baron d'Ofalie^ dont le fils nommé Jean fut le premier
cooatede Kildare, en Irlande. Son frère, Maurice III, continua-
tear de la ligne des Geraldin, se distingua des comtes de
Desfflond, la branche afnée, en modifiant son blason. Il sema des
hermines sur son champ d'argent et ajouta une étoile du même
émail au centre du sautoir. Son fils, Thomas II, déposa, de nou-
veau, sur rétoile, une molette de sable. Ces armes ne subirent
plas de changements et, en 1731 comme en 1766, nous les
retrouvons ainsi décrites : d'hermines au sautoir de gueules,
chargé d*une étoile d'argent surchargée d'une molette de sable.
Thomas II avait épousé Catherine de Keretrix dlde, qui lui
apporta la terredesGurtins, dans le comté de Kilkenny, mais à la
condition de joindre au nom deGeraldin celui d'Ide ou Idea, pro-
priété qui renfermait les Gurtins. Aussi trouvons-nous les succes-
seurs de Thomas II, Jean l", Nicolas I", Thomas III, prenant tous
le titre de Geraldin d'Ide, dictus de Idea. Thomas III eut le titre
de sénateur, et, en cette qualité, il parut dans legrand Parlement
leoD à Poniane, en 1465. Les membres des Gerald ou Geraldin
s'étaient tellement multipliés, nous dit le roi d'armes d'Irlande,
qu'on compta, dans cette assemblée, plus de quarante grands
chefs tant spirituels que temporels, et quatre-vingt sénateurs de
la famille Geraldin : ibi adfuere plus quam 40 proceres spiri-
tuales et temporales et 80 senatores èfamilia Geraldinoriim.
Thomas IV fut encore un des sénateurs du grand Parlement
de 1490, tenu à Trim, en Lagénie. Son fils, Jean II, prend le
titre de Geraldin de Gurtins in Idea. Edmond Geraldin eut la
dignité de. chevalier d'or : equss an/ratm in Idea, et la même
qualité est attribuée à ses successeurs Thomas V, Thomas VI, et
l^licolas II qui, en 1S74, épousa Hélène Bourk ou de Gall. Il
eut deux fils, l'ainé, Théobald, fut seigneur de Niccholstonn ; le
cadet, simple écuyer, épousa, en 1622, Austrasie Backet, et prit,
- 38 —
comme beaucoup d'autres nobles de son pays, une part active
dans la guerre soutenue par l'Irlande contre Cromwell. Mais,
malgré tout le courage qu'il développa pour la défense de sa
patrie, il ne devait retirer que le bannissement et Texil.
La noblesse du comté, habité par les Geraldin , a toujours été
fort célèbre en Irlande et sa capitale, Kilkenny (cella seu fanum
Sancti Cama), avec 'son vieux chàteau-fort, sa cathédrale du
XII® siècle et sa population de 26,000 âmes, peut être considérée
comme le centre des agitations et des aspirations irlandaises.
C'est à Kilkenny que la noblesse des quatre provinces faisait
ses réunions, et c'est dans ses murs que, au xiv® siècle, sous le
règne d'Edouard îll (1327 à 1377), furent rédigées ces consti-
tutions qui assurèrent à l'Irlande d'importants privilèges.
Sous Henri VIII (1509 à 1547) et Elisabeth, (1568 à
1603) ayant refusé d'accéder à la réforme, l'Irlande vit
ses enfants dépouillés des charges publiques et son clergé
réduit à la misère, par la 'perte de ses|biens. Après des
efforts infructueux pour recouvrer sa liberté et son autonomie,
rirlande crut, en 1641, l'occasion favorable pour obtenir
au moins la paix et la liberté de son culte. Ses députés se
réunirent de nouveau à Kilkenny et résolurent de soutenir, contre
les Anglais, le roi Charles P^ Ils lui promirent fidélité et des
troupes nombreuses, si, en retour, il voulaitoublier leurs révoltes
et leur accorder la tolérance de leur religion. La proposition fut
acceptée, et les Irlandais, sous la conduite d'Ormond, gouver-
neur de leur île, coururent à la défense de leur prince. De ce
nombre fut Remond de Geraldin. Les premiers succès furent heu-
reux, mais Cromwell, après avoir triomphé en Angleterre, vint
lui-môme attaquer l'Irlande, en 1650. Il fut vainqueur à Dublin,
à Tredah et surtout à Kilkenny qui fut mise à feu et à sang, après
une défense des plus héroïques. L'union fut dès-lors complète-
ment brisée, et l'Irlande ayant été dévastée par Ireton, gendre de
Cromwell, qui s'empara de Waterford et de Limerick, les Irlan-
dais regardèrent alors le bannissement comme leur unique res-
source. Cromwell, heureux de se débarrasser de pareils ennemis,
— 3d —
leur laissa le temps et la liberté de s'embarquer. Quarante mille
Irlandais passèrent alors au service des étrangers et le vieux
Remond de Geraldin, vaincu de nouveau à Walerford, oii il
s'était retiré, prit lui-même ce parti. Après avoir fait ses prépa-
ratifs, il dit adieu au verdoyant comté de Gurtins, et, suivi des
siens, débarqua à Si-STalo, au commencement de Tannée 1 651 <*\
L'âge avancé du noble écuyer ne lui permit point de se mettre
au service de la France. Il mourut à Saint-Malo, en 1657, six
ans après son arrivée. Son fils^ Nicolas III, entra dans nos
armées et, par son courage et sa bravoure, mérita de prendre
rang parmi la noblesse française. Il avait épousé Hélène de Lincol,
qui mourut à quarante-cinq ans et fut inhumée dans la cathé-
drale de Saint-Halo. Son mari n'alla reposer près d'elle qu'en
1693, à Tâge de soixante-dix ans. Son acte mortuaire le désigne
sous le titre d' écuyer.
Nicolas IV, son fils, imita sa valeur et donna son cœur et son
courage à la patrie que son père avait adoptée. Cependant il
s'unit encore à une noble anglaise, et, en 1684, un prêtre ir-
landais , Edmond Eurard , dans la cathédrale de Saint-Malo ,
célébrait son mariage avec demoiselle Anne Malbranck, de la
ville de Londres. Il s'attacha néanmoins au sol français, en
achetant différentes propriétés en Normandie. Parmi ces terres^
situées dans l'élection de Mortain , nous citerons le château de
Saint-Symphorien, legrandfief de Lapenty qu'il acquit, en 1708,
de Charles de Yauborel, comte d'Imou ville, et les châtellenies de
Sainte-Anne et de Buais qui lui donnèrent le titre de seigneur de
ses deux localités. Après la mort de son père, Nicolas Ili, il
quitta définitivement Saint-Halo et vint habiter son château de
(1) Histoire (T Angleterre, de Hume, t. XXV, p. 130.— Archives de M. de la
Garanderie. — Bertrand Burke» roi d'armes de FUlster, en Irlande, qui nous
donne la généalogie des Fitz Gerald, comtes de Desmond, nous apprend que
les membres de cette illustre famille, comme celle des Geraldin, souffrirent
peut-être plus qu'aucune autre race noble de l'Irlande : Genealogical history
of the Dormant, Abeyant» Forfeited and Extinct, Peerages of the Britisb
Empire, by sir Bertrand Burke, p. 206. London, 1866.
— 40 —
&iint-Symphorien, où il décéda, après Tannée 1720, sans que
nous puissions positivement préciser la date. Sa veuve , Anne de
Malbranck, laissa le château de Saint-Symphorien à son fils aîné
et se retira à Avranches, sur la paroisse de Notre-Dame-des-
Champs. Elle y mourut, en 1734, âgée de quatre-vingt-deux ans.
Son inhumation fut faite par M. Dubois, curé de Vézins et vicaire
général du Diocèse.
Elle laissait une postérité nombreuse, dont les membres furent
des personnages distingués. Parmi ces enfants nous connaissons
trois filles et quatre fils. L'aînée des demoiselles, Ânne-Pélagie ,
épousa, en 1708, Messire François-Marie de Vassy, chevalier,
marquis de Brécé et de Pirou, châtelain de Touchet, seigneur et
patron du Grand-Celland , Espinay, Tesson, Ânneville, Saint-
Harcouf, Cartigny et autres seigneuries. Cest à Toccasion de ce
mariage que la mère du marquis de Brécé, Madame Marie-Angé-
lique de Motteville, fit restaurer le château de Pirou, et d'une
demeure féodale et guerrière en fit une habitation pacifique et
commode. Mais elle habita plus souvent avec ses enfants, à Brécé,
dont le château , un des plus beaux du déparlement , était une
demeure vraiment princière ^^K
La seconde demoiselle fut Anne de Geraldin qui entra de
bonne heure chez les Dames blanches de Mortain. Plus tard , en
1748, elle devint abbesse de ce célèbre monastère, en augmenta
les revenus et mourut en 1766, après avoir gouverné cette
abbaye pendant dix-huit ans ^^\
La troisième, Colette de Geraldin, épousa Louis de Pierrepont,
marquis des Biards. Elle n'eut qu'une fille, Anne-Louise-Margue-
rite, qui, en 1759, se maria à Jacques-Gabriel d'Oilliamson,
d'origine irlandaise, et dernier baron des Biards ^^\
Des quatre fils Geraldin, Jean, le second, et François, le plus
(1) Archives de M. de la Garanderie, contrat de mariage. — M. Renault,
Bévue monumentale et historique de V arrondissement de Coutanc.es , p. 727.
— Mémoires des 4ntiqtJiaires de Normandie, t. II, p. 247.
(%) GaUia ChHsttana, t. XI, p. 556.
(8) Histoire de la baronnie des Biards, par M. de Guiton de la VlUeberge.
— 41 —
jenne, devinrent capitaines distingués. Ils obtinrent tons les deux
le grade de lieutenant-colonel et méritèrent les éloges de
Louis XIV. Le troisième, Nicolas, fut grand prieur de l'ordre de
Saiot-Jean-de-Jérusalem, en Angleterre. En 1730, il fut pourvu,
eo France, de la commanderie du Petit-Saint-Jean, à Metz.
L'ainé de ces gentilshommes, Pierre - Nicolas - Remond Ge-
raldio, né à Saint-Malo, le 13 mars 1687, fut le plus illustre et
le plus connu. Après avoir longtemps servi dans nos armées et
assisté à plusieurs batailles, il se retira dans son château de
Saint-Symphorien. Eo récompense de ses nobles qualités, le roi
érigea ses terres en comté dont il portera désormais le titre. Voici
un extrait des lettres de Louis XIV, en 1713, par lesquelles il
accorde au sieur de Geraldin la réunion de plusieurs fiefs pour
Térectioû d'un comté, sous le nom de Lapenty.
« Louis, par la grâce de Dieu, roy de France et de Navarre,
à tous présent et advenir, salut. Notre très-cher et bien-amé
Pierre-Nicolas-Raimond Geraldin , chevalier, capitaine de dra-
gons'dans le régiment de Grandville, chevalier de l'Eperon d'or
d'Angleterre^ nous a fait remontrer qu'au moyen de l'adjudica-
tion à lui faite, par décret dejrannée 1708, sur Charles de Vau-
borel, comte d'Imouville, il est propriétaire des fiefs de Lapenty
Haute -Cour et Lapenty Basse-Cour, qui composent un plain
(sic) fief de haubert, dans la paroisse de Lapenty qui est de
grande étendue et dont il est patron honoraire et autres pa-
roisses, etc.
» En mettant en considération les bons et agréables services
que nous a rendus, depuis dix années, le dit Geraldin, en nos
armées où il a servi avec distinction, s' étant trouvé à plusieurs
si^es et batailles, et notamment à celle d'0udenarde(11 juillet
1708), de Vinaudey, et de Malplaquet (1709), où il a reçu plu-
sieurs blessures, et encore à l'attaque du camp deDenain (1712),
au siège de Marchienne et à celui de Douay, lesquels services
que deux de ses frères nous rendent pareillement dans nos
armées, luy font espérer que nous voudrons bien lui accorder
celte marque de distinction qu'il ne souhaite que pour pouvoir
- 42 —
décorer de ce titre sa famille qai est Irès-ancieDoe en Irlande.
Nicolas Geraldin, écuyer, et chevalier d'Epée^d'or, en Angleterre,
son père, natif de Saint-Malo, descendait de la très-ancienne
et noble famille de Geraldin deGurtins , dans le comté de Kil-
kenny, en Irlande, issu des Geraldin, comte de Desmond; et
dans Tespérance que le dit Geraldin exposant, étant revestu du~
titre conforme à celui de ses ancêtres, nous continuera ses ser-
vices avec le même zèle qu*il a témoigné jusqu'à présent. A ces
causes ^*^ »
Le chevalier de Geraldin, car tel est le titre qu'il avait
précédemment obtenu dans les armées, devenu comte de La-
penty, fit un maricage en rapport avec sa fortune et ses titres.
En 1716, il épousa demoiselle Françoise-Michelle-Eléonore de La
Luzerne. Elle était fille d'Aotoine de La Luzerne, chevalier, mar-
quis de Brévans, grand bailli deCotentin, et petite-fille d'un
ancien gouverneur du Mont-Saint-Michel, Richard de La Luzerne,
qui a laissé les meilleurs souvenirs ^*K Sa sœur ainée, Jac-
queline, s'était unie au marquis de Fontenay dont le fils, Henri
Le Berseur, devint également grand bailli de Cotentin (1726 à
1753). Les rapports du comte de Geraldin, avec son beau-père,
le marquis de Brévans ,' lui donnèrent sans doute la pensée de
devenir aussi grand bailli de Mortain , car nous le voyons dès
lors postuler cette charge,
Emmanuel du Bailleul, chevalier, seigneur de Montenay et de
Saint-Cyr-du-Bailleul , conseiller du roi, grand bailli d'épée de
Mortain , étant venu à mourir, en 1724, le comte de Geraldin
demanda cette place et l'obtint.
Mous donnons ici l'acte de nomination qui lui fut délivré par
Louis XV.
« Louis, par la grâce de Dieu, roy de France et de Navarre, à
tous ceux qui ces présentes verront, sainte Savoir faisons que par
(1) Archives de M. de la Garanderie.
(S) 11 décéda en 1636 et fut inhumé dans la chapelle de la Sainte Vierge,
d^ns la basilique du Mont-Saint-Michel .
— la-
ie plaisir et entière confiance que nous avons en la personne de
notre cher et bien-amé le sieur Pierre-Nicolas-Raimond de Ge-
raldin et en ses sens et suffisance, loyauté, prudommie, capacité,
expérience, fidélité et affection à notre service, nous lui avons
pour ces causes et autres, et en agréant et confirmant la nomi-
nation qui nous a été faite de sa personne par notre très-cher et
bien-amé oncle le duc d'Orléans, donne et octroyé, donnons et
octroyons par ces présentes Toffice de notre conseiller bailly du
comté et bailliage de Mortain que tenait et exerçait le sieur Em-
manuel du Bailleul, et vacant par son décès, aux revenus, casuels
de notre dit oncle le duc d'Orléans , ou le dit sieur Geraldin en a
payé la finance, pour le dit office avoir, tenir et exercer, en jouir
et user par le dit sieur tieraldio aux honneurs et pouvoirs, liberté,
fonction, authorité, privilèges, droits, exemption, franchise, im-
munités, prérogatives, prééminence, rang, séances, gages, et
autres droits , attribution de fruits , revenus et émoluments y
appartenant, ainsy qu'en a joui ou dû jouir le dit sieur du
Bailleul et qui en jouissent ou doivent jouir les autres pourvus de
pareils offices , à condition toutefois que le dit sieur Geraldin ait
atteint Tàge de vingt-cinq ans accomplis, suivant son extrait
baptislaire du 13 may 1687, deubment légalisé et cy, avec la dite
nomination et autres pièces, attachées sous le contre scel de notre
chancellerie, à peine de perte du dit office, nullité des présentes
et de sa réception de vingt-cinq ans accomplis. Donné à Fontai-
nebleau, le huitième jour d'octobre de Tan de grâce mil sept cent
vingt quatre et de notre règne le onzième. » Sur le repli de ce
parchemin, on lit encore : « Par le roy, signé Sanson, avec pa-
raphe. Vu aux archives et reçu trente-et-une livres dix-sept sols
quatre deniers, ce 8 août 1725, avec paraphe. -Si donnons en
mandement à nos amis et féaux conseillers les gens tenant notre
cour de Parlement à Rouen que leur étant apparu de bonnes vie
et mœurs et âge sus dite , conversation et religion catholique,
apostolique et romaine, du dit sus Geraldin et ayant pris de luy
le serment requis et accoutumé, ils le reçoivent. »
— 44 —
La cour répondit à ce mandat et la réception fut ainsi enre-
gistrée :
« Yu par la cour la requeste présentée à icelle par Nicolas-
Raimond Geraldin, chevalier, comte de Lapenty, pourveu par le
roy surla nomination de M. le duc d'Orléans à Tétat et office de
conseiller du roy, bailly du comté de Mortain , etc. La cour a
reçu et reçoit le dit Geraldin au dit état et office de conseiller du
roy, bailli du comté et bailliage de Mortain , icelui ayant préala-
blement fait et preste le serment à l'audience en tel cas requis et
accoutumé et autres chaînes ordinaires. A Rouen , en Parle-
ment, le vingt-septième jour de juillet, 1725. Fait comme cy
dessus, ainsi signé : Coste-Bosnière, avec paraphe, Auzanet, avec
paraphe. »
Pierre-Nicolas-Remond de Geraldin fut grand bailli de Mor-
tain de 1 725 à 1 768, c'est-à-dire pendant p)us dequarante-deux
ans. Mous dirons, en son lieu et d'après les titres qu'il nous a
laissés, ce qui se passa de remarquable pendant le cours de son
administration. Il eut deux fils, Antoine-Anne-Nicolas et François-
Marie -Thérèse. Le second, François, naquit le 8 juin 1720,
d'après l'extrait debaptéme qui lui fut délivré, le 9 juillet 1731 ^^K
A l'âge de dix ans, il fut reçu au rang des pages de son altesse
sérénissime, le grand-maître de Malte. En 1750, ayant atteint
(1) Voici cet extrait de baptême qui nous donne quelques noms de sa
famiUe : a François-Marie-Thérèse, fils naturel et légitime de messire Pierre-
Nicolas-Raimond de Geraldin, chevalieri seigneur comte de LApcnty, grand
bailli de la noblesse de Mortain, et de noble dame Eléonore-Françoiso-
Micheile de La Luzerne, son épouse, né du 8 juin t720 et baptisé le même
jour, a reçu par moi, curé soussigné, les cérémonies omises au dit baptême,
cejourd'hui, 10*" jour de juin 17i6; parrain a été messire Gérémie SuUman,
père et prieur d'Ârtre, et marraine » mademoiselle Julienne Pitois, stipulante
pour haut et puissant seigneur François-Marie de Vassy, marquis de Brécé,
et noble dame Elisabeth-Thérèse de Geraldin. vicomtesse de l'abbaye d'Oyar,
et plus bas ont signé : Eléonore de la Luzerne, Geraldin, Pitois, Gérémie
Suiiman, père et prieur d'Artre, Geraldin, Pracontal, Pitois curé. — Pour
extrait ce 9 juillet 1731, Bastard curé. Approuvé par Gabriel Artur, prêtre
docteur en théologie de la faculté de Paris, doyen de la cathédrale
d'Avranches et vicaire-général de Mgr TEvêque d'Avranches.
— 46 —
sa treotième année, il se fit recevoir au rang de frère chevalier de
Saint-Jean-de-Jérusalem. Hais, pour avoir les lettres de commu-
nion, il lui fallut faire les preuves de sa noblesse et les légitimer.
Ces preuves, fort nombreuses, demandèrent des recherches et for-
mèrent un dossier ou volume intitulé : « Preuves de noble Fran-
çois^Marie-Thérèse de Géraldin, page de S. A. S. faites par Mes^
sieurs les commandeurs de Curcy et de Mathan, à Coutances ^^K
Dans ce gros registre, on trouve des extraits de baptême de la
famille Geraldin, la lettre de page du présenté, différents con^
irats de mariage de la même maison, «r érection du comté de
Lapenty, la charge du grand bailli de Mortain, un décret du
grand-maitre de Malte pour la réception de Toncle du jeune pos-
tulant; du côté maternel on lit encore les actes d'alliance des de
La Luzerneavec lesRihouey, les de Yassy, lesdeFranctot, les d'Ar-
gouges; les généalogies de ces différentes familles, la nomination
de Richard de La Luzerne comme gouverneur du Mont-Saint-
Michel, celle d'un de Franctot comme capitaine des gen-
darmes de la reine, et celle, enfin, d'un autre membre de cette
famille comme président à mortier. On y indique aussi les ser-
vices rendus au roi par ses différentes maisons.
Le jeune page dût fournir en outre une longue généalogie de la
famille Geraldin, avec un certificat de plusieurs seigneurs an-
glais, concernant sa noblesse. Ce certificat est ainsi conçu :
« A la requête et prière de messire Nicolas Geraldin, chevalier,
et de messire Pierre-Nicolas-Rémond, seigneur comte de Lapenty,
Haute et Basse-Cour, chevalier, seigneur châtelain de Saint-
Symphorien, seigneur de Corsine et autres lieux.
» Nous, Mylords subssignés, certifions à son 41tesse Eminen-
tissime, le grand-maître de Tordre de.Saint-Jean-de-Jérusalem,
au Sacré Conseil et à la Vénérable langue de France, que les
sieurs Geraldin sont issus de la noble et très-ancienne maison des
Geraldin , comte de Dessemond {sic)^ qui ont possédé les pre-
(2) Archives de M. de la Garanderie.
- Ae —
mières charges du royaume d'Irlande^ que le roi les a honorés
en titre de chevalier (honneur que le roy n'accorde qu'aux per-
sonnes de distinction) tant par la parfaite connaissance qu'il a
de l'ancienne illustration de leur maison, que par leur zèle
et leur fidélité pour son service, dont ils ont donné des preuves, en
différentes occasions, depuis qu'ils sont en France, oii ils furent
obligez de se réfugier après la perte de Waterford, dans le
royaume d'Irlande, dont ils furent exilés par Ireton, pendant les
troubles excitées par Cromvvell.
» Certifions en outre que, depuis; Henry huitième, l'exercice
de la religion catholique ayant été interdit dans le royaume
d'Angleterre, d'Ecosse et d'Irlande, il n'y a point de registre pu-
blic de baptême ou célébration de mariage, les catholiques
étant obligez de se cacher pour faire les exercices de leur religion ;
que par conséquent ils n'ont d'autre moyen pour prouver leur
légitimation et leur noblesse que celui des certificats de personnes
dignes de foy, ou des extraits des registres idu roi d'armes, le-
quel roy d'armes, en vertu de sa charge, par lettres patentes du
roy passées soulz le grand sceau du royaume, à la garde duquel
on confie tous les titres concernant la noblesse et qui a le soin
d'inscriredans ses registres les enfantsdes nobles et leurs alliances
à mesure qu'il en nait; en vertu de son office, il est le seul en
droit de délivrer ou certifier les généalogies des nobles, qu'il
scelle du sceau de son office et qu'on doit ajouter une foi entière
à tout ce qu'il délivre^ étant le seul en droit de le faire et le seul
préposé pour cela, en vertu de quoy nous avons sîgné ces pré-
sentes de notre main et fait apposer à icelles le cachet de nos
armes. A Saint-Germain-en-Laye, ce 27 novembre <7i5. Ont
signé :
» Le comte deLucan, le duc de Perth, le' duc de Metford,
Mylord Jean Drummond, Mylord Edward Drummond. »
En lisant ce registre généalogique et toutes les pièces justifica-
tives qu'il renferme, on est vraiment frappé des difficultés qu'il
fallaitvaincre pour entrer dans cet ordre célèbre. Représenté subis-
sait encore un interrogatoire sur différentes questions concernant
-^ 41 -
sa iamille, et ses réponses, consignées par écrit, étaient de plus
soumises à la vérification ^'\
En 1791, François de Geraldin prononça ses vœux, mais,
auparavant, il traita avec son frère atoé « de tous droits qui pou-
vaierU lui compeUr et appartenir, comme puisné, dans la succession
de ses père et mère, ensemble des meubles dont il était actuellement
saisi. » Par un acte passé à Caen, le 20 juillet de la même année, il
abandonna ce qu'il possédait, moyennant onze cents livres exemp-
tes et sans aucune retenue de dixrof^s, vingtième ou autre taxe.
Nous ignorons la mort de ce chevalier, mais il est probable
qa*il fut un des derniers membres de cet ordre de Malte anéanti,
par Napoléon, en 1 778 <*^.
(1} Voici quelques-unes des questioDS qui lui furent adressées sur sa fa.
mÛle : < Enquis s'il n'a pas connaissance que ses ancêtres aient fait aucune
marchandise ou bancq, s'il n'ont point été imposés aux tailles et subsides du
roy et s'ils ont toujours vécu noblement. — A dit qu'ils n'ont fait aucun
trafic et qu'il ont toujours vécu noblement. — Enquis s'ils ont été appelés
aux bans et arrières-bans et autres assemblées de gentilshommes du pays? —
A répondu que non-seulement ils s'y trouvaient quand on assemblait la no-
blesse, mais que son père était grand bailli de Mortain et qu'en cette qualité
il conunandait dans le ban et l'arrière-ban. — Enquis quelles terres et sei-
gneuries possède son père ? — A dit qu'il possède la comté de Lapenty et les
paroisses de Saint-Symphonen et de Buais, dans le diocèse d'Avranches, dont
noble Nicolas Geraldin, ayeul du présenté, lui a fait cession. — Enquis s'il a
toujourslvécu et vit encore dans la religion catholique, apostolique et romaine.'
— A dit que oui, que lui et toute sa famille y avaient toujours été attachés et
même que ses ancêtres avaient abandonné leur pays pour elle »
(2) L'ordre de Malte ou mieux des Hospitaliers de Saint Jean-de-Jérusalem,
était à la fois religieux et guerrier. D'après la bulle du pape Pascal U, en 1 1 1 3,
on y prononçait les trois vœux d'obéissance, de pauvreté et de chasteté. Le but
principal de cet ordre fut d'abord de recevoir les pèlerinsqui visitaient la Terre-
Sainte; puis commeil fallait se défendre contre les Sarrasins, les chevaliers for-
mèrent en même temps un ordre militaire. Chassés de Jérusalem, puis successi-
vement de Chypre et de Rhodes, ils se retirèrent dans l'Ile de Malte que leur
céda Charles-Quint, en 1530. Bonaparte, allant en Egypte, la conquit sur eux
et mit fin à leur existence politique» en 1778. Cet ordre était divisé en trois
classes : les chevaliers devaient être nobles, les chapelains et les servants
d'armes prouvaient seulement qu'ils étaient nés de parents honorables et
et qui ne s'étaient point mêlés d'art et de professions mécaniques ou basses.
Cet ordre recx)nstitué en Italie et en Autriche, compte encore deux lan-
gues, quatre grands prieurés, deux bailliages et cent deux commanderies.
4
i
- 48-
Le grand bailli de Mortain, ayant établi son jeune fils, pensa,
de bonne heure^ à transntettre sa charge à son fils aine. Nous en
avons la preuve dans différents titres de ses archives.
En 4749, on apprit à Mortain que la vicomte de Saint-Hilaire
allait être supprimée. Cette nouvelle émut vivement le titulaire.
Il demanda alors Térection de sa vicomte en bailliage, comme on
venait de le faire pour Honfleur. Afin que sa proposition eut plus
d*autorité, il pria le grand bailli de vouloir bien transmettre ses
vœux au duc d'Orléans. M. de Geraldin accepta. Il profita môme
de cette occasion pour rappeler à Son Altesse la promesse qui lui
avait déjà été faite en faveur de son fils, et sollicita pour sa sœur,
Tabbesse de la Blanche, une portion de terre, qu'elle désirait
vivement obtenir, dans l'intérêt de sa communauté.
Voici la réponse qui lui fut adressée au château de Saint-
Symphorien :
« An Palais-Royal, ce 20 juin 1749.
» Dans le momentque Ton allait travailler. Monsieur, aux lettres
de survivance de la charge de grand bailli de Mortain, en faveur
de Monsieur votre fils, Ton s'est aperçu qu'il manquait son nom de
baptême. Voulez-vous bien me l'envoyer, avec ses qualités, afin
que rien ne retarde ce» qui vous a été accordé.
» Je ne crois pas. Monsieur, que l'on change rien dans Tédit,
pour ce qui concerne la suppression de la vicomte de Saint-
Hilaire. Les inconvénients ont été pesés lorsqu'il a été rédigé
avec beaucoup d'examen, et tout le monde conclut à la suppres-
sion. Le vicomte demande que l'on érige cette vicomte en bail-
liage, à l'instar d'Honfleur, mais l'endroit n'est pas assez
principal pour y établir un corps de bailliage.
» Je me suis mis à portée déterminer l'affairede Madame Tab-
besse de la Blanche sur la fieffé des six acres qu'elle demande.
Lorsque je serai sur les lieux , j'aurai l'honneur de la voir et de
conclure. Les propositions que j'ai à lui faire ne lui seront point
onéreuses, je puis même dire qu'elles seront avantageuses à sa
communauté. J'espère être à Mortain le 7 ou le 8 du mois d'août.
- 49 —
Je serai bien charmé de vous y renouveler l'inviolable et respec^
toeax attachement avec lequel j'ai l'honneur d'être^ Monsieur,
TOtre très-humble et très-obéissant serviteur.
« Lemoine de Bbluslb. »
La survivance étant ainsi assurée^ M. Geraldin fils servit dans
on régiment et obtint le titre de brigadier des armées du roi. En
1756, H. d'AmferDet, lieuteuant-colonel d'infanterie et capitaine
des grenadiers du régiment du Lyonnais, lui envoya une route
pour sa compagnie. Il la commandait encore, en 1760. Quelques
anoées après, en 1768, il fut pourvu à l'office de bailli de Hor-
taio, avec l'agrément du duc d'Orléans. Nous transcrivons la
lettre que M. de Larosière écrivait, en 4768, à H. de Parmentier
et qui fut remise à M. de Geraldin père.
« Monsieur de Geraldin, Monsieur, désirant faire recevoir son
fils à l'office de bailli de Mortain , dont il est pourvu, a
obtenu à cet effet l'agrément de Monseigneur. H. de Tillière
m'a remis une copie informe des dernières provisions. Je
lui ai promis d'avoir l'honneur de vous écrire aujourd'hui
pour vous prier d'engager M. de Geraldin à me faire passer ses
provisions, sa procuration ad resignandum et un extrait de
baptême de Monsieur son fils, affin de faire arrester le rolle
de quart deniers et faire courir d'autant les quarante jours
auxquels il se trouve assujeti, pour n'avoir pas acquitté le prest et
1 annuel. Le droit se monte à mille livres et les deux sols par
livre, sur l'évaluation anciennement fixée à quatre mille livres. Au
bout des dits quarante jours, M. de Geraldin père envoira son cer-
tificat de vie d'après lequel je ferai expédier la nomination de
Sa Seigneurie, et desuitte les provisions du Roy. La totalité de la
dépense pourra monter entre deux mille livres et deux mille deux
cents livres, mais quant à présent il ne faut que mille cent deux
livres quatorze sols pour le dit droit de quart deniers, quittance
et contrôle <*>. i>
«
(t) Arehives de M. de la Garanderie.
•- BO —
Antoine de Geraldin obtint ainsi ses provisions du roi et
fut reçu au parlement de Rouen. Il siégea de 1768 à 1790, c'est-
à-dire vingt-deux ans. Avant d'être promu à sa charge, Antoine
avait épousé Louise de Malherbe, fille et héritière de Jacques de
Malherbe^ patron d'Ange. Cette femme lui donna plusieurs enfants
qui moururent fort jeunes ; elle-même succomba à la fleur de
Tàge ^^K En 1767, Antoine s'unit de nouveau, avec Mademoiselle
Charlotte Blouet de Cahagnolles, demeurant à Saint-Sympho-
rien ^^K II en eut deux filles : Marie-Anne et Antoinette-Charlotte.
Cette dernière épousa M.Charles du Bourgblanc, marquis d' Apre-
ville et seigneur de Saint-Hilaire-du-Harcouet. Elle n'eut point
d'enfants et mourut de la petite vérole. Son mari l'ayant suivie de
fort près dans la tombe, la fortune d'Antoinette revint à sa sœur
Marie qui avait épousé M. de Villiers , officier de l'armée de
Yermandois, auquel elle apporta près de deux cents mille livres
de rente '^K Elle eut quatre fils et deux filles. L'atnée de ces de-
moiselles, nommée Rosalie de Villiers, se maria à M. du Quesne,
de Saint-Romphaire, qui a laissé une postérité nombreuse. Une
(i) Docteur Cousin, t. XVIII, p. 5. Bibliothèque d'Ayranches.
(S) Elle était fille de Michel-Jacques Blouet, seigneur de Cahagnolles (canton
de Balleroy, Calvados) et de Marie-Anne- Françoise Turgot. Parmi les signa-
tures de son contrat de mariage, on lit les noms de Turgot de Cahagnolles, de
Tassy, de Carbonnel de Canisy, du vicomte de Villy, et celui du marquis
d'OUliamson, baron des Biards.
(3) Vie de M. de Villiers, premier maire de Saint-Lo, ancien députe, par
M. Julien Travers, {Ànntiaire de la Normandie^ 1846, p. 859).
A la date du 2 septembre 1787, nous trouvons, ainsi conçues, les conven-
tions matrimoniales de M. Le Jolis de Villiers et de Mademoiselle de Geraldin :
« Les pactions du mariage qui, au plaisir de Dieu, sera célébré en face de notre
mère la Ste Eglise catholique^ apostolique et romaine, entre messire François-
Alexandre-Léonard Le Jolis de Villiers-Fossard, officier au régiment de Ver-
mandois, fils de feu messire Alexandre-Léonard Le Jolis, seigneur de ViUiers-
Fossard, pensionnaire de Sa Majesté, ancien chef de bataillon, et de noble
dame Marie-Anne-Mathurine de la Comté, de la paroisse de ViUiers-Fossardy
au diocèse de Bayeux, d'une part, - et entre demoiselle Anne-Marie-Pierrette-
Catherine de Geraldin, fille de messire Antoine-Marie-Anne, le comte de
Geraldin, chevalier de l'ordre royal militaire de Saint-Louis, brigadier des
armées du Roy, grand bailli d'épée du eomté de Mortain, seigneur de Saini-
Symphorien, Lapenty , Savigny, Buais et autres lieux, et de noble dame Char-
— 5< -
demoiselle du Qaesne, HorteDse, s'est alliée à M. Alexandre de
la Garanderie, le possesseur des titres de la famille de Geraldin.
Quant au dernier grand bailli, Antoine de Geraldin, il vécut
JQsqu'en 1793. Comme une grande partie de la noblesse du
temps^ il n'émigra point. Il vit la tourmente révolutionnaire,
mais, moins heureux que son gendre, il fut emporté par elle ^^\
Si nous en croyons les traditions de famille, il paraîtrait que ses
domestiques, au nombre de vingt-cinq, le rencontrant un jour
dans un de ses bois, se seraient jetés sur lui et l'auraient as-
sassiné, pour piller ensuite le manoir ^*\
lotte-Catherine Bloaet de CahagnoUes, de la paroisse de Saint- Symphorien,
d'autre part, etc.
Cet acte porte les signatures de : comte de Geraldin, Le Jolis de Yilliers, de
Prie de Créquy* parent des de Villiers, Biouet, sœur Le Maître de la Garlaye,
abbesse de Saint-Sulpice, le commandear de Geraldin, oncle de la future
Biariëe, Aimée de Livry, etc.
(1) M. Le Jolis de YiUiers imita la noble conduite de son beau-père, M. de
Geraldin, et resta dans sa commune ; pour lui la France ne pouvait être à
l'étranger.
(a) Un assez gros registre bien relié et dont toutes les feuilles sont en par-
chemin, porte ce titre : ^ Adjudication finallc du comté de Lapenty, 12 octobre
1708. * C'est une sorte de livre terrier où Ton fait, pour ainsi dire, l'histoire
de chacune des propriétés qui composaient cet immense domaine. Pour en
donner une idée, nous mettons sous les yeux du lecteur, le nom de toutes les
terres qui en dépendaient :
Paroisse de Lapbntt.
i*" Le manoir de Lapenty, Haute-Cour, s** Le moulin neuf. S** Le vieil
nioolin, 4** Le manoir de Lapenty, Basse-Cour, 5** La ferme des Chesnayes,
<*U ferme des Halliers, V La ferme du Hamel^ 8* La ferme de Chantepie,
r Une maison située au bourg de Lapenty.
Fief de la Haute^Cour. — Aînesses,
r Le bourg de Lapenty, a* La Chubriaye, 3* La Grande Boisnaye, 4* La
Basse Boisnaye. 5* La Repennerie, 6" Le Chàtelier, T La Meslinaye, dr La Beauté,
fLaBouverie, 10" Le Duianger, 11* La Hunaudaye, 12* Le ChampdoUant»
U* La Hotterie, \V* La MUUère, 15** Trousserie, 16* Le Franc domaine de la
Cohene, 17* Le champ Chupault, 18* La Foresterie, 19* La Jonnaye, 20* La
Cadoire, il* L'Hermitage, 92* Le grand moulin, 93* La Picannière, 24* La
Chetnaye des Landes, 95* La Bigotière, 96* Le Bois Bausson, 97* Chantepie,
9S*Le8 Blanches Pierres, 99* Le Champ au coq.
Fief de la Basse-Cour. — Aînesses.
l"" La Ghalange, 9* Le Creux, 3* La Grandaye, 4* La Duraudaye, 5* La Ha-
~ 82 -
Le château de St-Symphorien, admirablement restauré, ap^
partient aujourd'hui à M. de Rougé. C'est actuellement une des
belles propriétés de l'arrondissement de Horiain ^^^ Le fief ou
comté de Lapenty a été démembré, mais une des terres princi-
pales, la Basse-Cour, appartient encore à M. de la Garanderie ^*K
yUlonnière, 6* La Chausse Bouvaye, 7* La Pinsonnière, 8* Les Moires, 9* Le
Bois au prélre, 10* Lugeraye, 11'LaSagallaye» 12* La Fauterie, 13*LaJo8-
saye, ii* Le Bois Hervieu, 15* La Beliardaye, 16* La Grosserie, 17* La Bes-
Dardaye, l8*LaGeroudière, 19* La GoupiUière, 90* La Graudinière, ai" La
Vayassorerie de la Herissaye, S2* La Fauterie, 23" Les Ouches.
Fief de Samt-Sytnphorien,
i^ Le manoir seigneurial et domaine non fieffé, S° Maison du bourg de
Saint-Symphorien, 3* Ferme du Gaugray, i" La ferme de la Commune,
y Moulin de Boulard, 6** La ferme des Bouches, 7" La Ferme de Bahan et les
moulins, 8" L'étang de Bahan, v^*' La ferme de la Trémulière, 10" Le bois de la
Gaudine.
Aitiesses. i" La Caillonnière, %" Lorinière, 3" Le Gaugray, 4" Le boisAvenel,
5° La Bretonnière, f*" La Bouhndière.
Fief d'Etcorsines.
1" Laisnesse du domaine, 2" La Belleziore, 3" La Lucurlière, 4" La Faverie,
5* La Turgisière, 6 La Gavandière, 7' La Barillière, 8" La Grossinière, 9* La
Jeannière, 10* Le Tertre, 11* L'Aînesse de Geraud, 12* Le Bois moisy, 18* La
Coutière.
On ne trouve point, dansée registre, le nom des propriétés de Buais, de
Sainte Anne , des Quatre-Maisons, de Savigny-le- Vieux, etc.
(1) Le portrait du dernier grand bailli de Mortain se trouve chez M. de
Laubrie qui a épousé une demoiselle du Quesne. Celui de Mlle de Geraldin,
femme de M. Lejolis, est conservé chez M. de Villiers M. de la Garanderie
possède le portrait de Tabbesse de TAbbaye-Blancbe de Mortain, trois che-
valiers de Gerald in, et le grand tableau du marquis de Prie, ancien, am-
bassadeur à Turin, et depuis attaché à l'éducation du jeune roi Louis XV;
M. de Prie avait, comme on lésait, épousé, en 1718, la fille du seigneur de
Pleneuf, directeur général de l'artillerie, Agnès, qui exerça une si funeste
influence sur le duc de Bourbon, premier ministre de Louis XV.
(2) Pendant que M. de Geraldin mourait victime de l'esprit révolution-
naire, un de ses parents dirlande , lord Edward Fitz Gerald, membre du
parlement d'Irlande vint à Pari?, en 1793. Il y épousa la fille du duc
d'Orléans, comte de Mortain, la belle Pamela. Ayant adopté les principes de
la Révolution, il résolut de retourner en Irlande pour affranchir son pays.
Le Directoire lui ayant fourni une flotte et des troupes, en 1796, il tenta
un débarquement. Mais il échoua et fut trahi. Condamné à mort, il mourut
de ses blessures avant le supplice, le 4 juin 1798. Thomas Monre a écrit sa
vie, en 1888,
— 53 -^
CHAPITRE II
ORIGINES DU GRAND BAILLIAGE DE MORTAIN.
L'origine du grand bailliage de Mortain remonte à son comté
qai a eu ses trois époques bien distinctes et à peu près de même
durée : i^ celle des comtes rendant eux-mêmes la justice,
i^ celle des grands baillis de Cotentin, 3® celle des baillis
royaux et indépendants.
La période des comtes fut la plus glorieuse si on la considère
quant aux personnages administratifs et à l'étendue du territoire
qu'ils avaient à régir. Ces personnages sont en effet les frères
des ducs de Normandie, les fils des rois de France ou
d'Angleterre. Qu'il nous suffise de citer Mauger, fils de Ri-
chard I, troisième duc des Normands, Robert I, dit Taille-Fer,
frère de Guillaume-le-Conquérant, Eti^inne de Blois, neveu de
Henri I, roi d* Angleterre, et qui plus tard devint son successeur
sur le même trône, Jean-sans-Terre, qui fut aussi roi d'Angle-
terre après avoir été dépouillé, pendant quelques années, de son
comté de Mortain, ce qui lui valut alors le surnom de Sans-Terre;
Philippe Hurepel, fils de Philippe-Auguste, roi de France, enfin la
comtesse Maihilde, veuve de ce prince royal.
Le territoire de ces comtes occupa aussi pendant plusieurs
siècles le rang le plus élevé dans la constitution féodale du
pays : c'était le grand fief Normand. Il comprenait non-
seulement ce que représente aujourd'hui l'arrondissement de
Mortain, mais encore la vicomte de Coutances, la vicomte d'Auge
ou dePont-l'Evêque, les seigneuriesde Saint-Sauveur-le-Vicomte,
deValognes, de Saint-Lo, de Falaise, d'Argentan, deTinchebrayet
deCoodé-sur-Noireau;leschâtellenies de Villiers-Bocage, deFlers,
— 64 -
de Balleroy, d'Aulnay et de Vassy; près dePont-Audemer, la terre
de Grestaia, dont l'abbaye devint le compo sarUo des premiers
comtes. Ajoutez encore une foule de villes, de fiefs^ de châteaux
dans l'ancienne élection d'Avranches, dans le diocèse de Cou-
tances et les autres diocèses de Normandie. Enfin, pour complé-
ment, le grand comté de Cornouailles, en Angleterre, ou les neuf
cent quatre-vingt-treize manoirs que le comte Robert I, reçut,
comme récompense, après la conquête '*K
I.
Cette période brillante de Mortain laisse néanmoins beaucoup
à désirer au point de vue de la justice administrative. Elle rappelle,
en effet, cette époque féodale avec ses châteaux crénelés, placés
sur des mottes artificielles entourées d'eau, ou dominant des
roches altières et inaccessibles, comme les forteresses de Mortain
et des Biards ^^\ Le grand magistrat était le comte qui , délégué
(1) Chronique de Robert du Mont, abbé du Mont-St-Michel. ~ Guillaume de
Malmesbury, — Chronicon Rotomageuse, apud Labbe. — Domesday-book. —
Histoire de Bretagne^ de Dargentré. — Goube, Histoire du duché de Nor-
mandie, tome III, p. 367. — Histoire de Mortam, par Piron et parL. Dubois.
— Desroches, Histoire de Vancien diocèse d^Avranches. — Le comté de Mor-
tair^, par M. Lemaistre, 1" volume de la Société archéologique d'Avranches,
— M. Sauvage, Recherches historiques sur V arrondissement de Hiffrtain'
— Aristide Guilbert, Histoire des villes de France, — CarttUaires des Evéchés
de Normandie^ etc.
(S) Le château des Biards n'a conservé que son emplacement. Il était situé à
l'endroit appelé encore la Ville, sur la cime élevée d'un rocher taillé à pic,
au bas duquel coule la rivière de Selune De ses tours, on dominait le bassin
du fleuve et les berges élevées des alentours. Son site ne le cède guère à Celui
de Mortain. Aussi» son donjon fut-il un des plus importants du comté. 11 a son
histoire et ses légendes, et plusieurs fois on s'est battu sur ses tours ou dans
les plaines qui l'environnent. Etienne de Blois , comte de Mortain , puis roi
d'Angleterre, y fut vaincu par le baron des Biards et le seigneur de Vitré,
compétiteur d'Etienne pour le même comté. Etienne, devenu roi, ^détruisit le
château. Réédiûé de nouveau, il fut démoli, pourtla seconde fois, par les
— 55 —
des ducs ou des rois, rendait la justice en son nom et levait
même les impôts. Son domaine était une sorte de petit royaume
laissé complètement à l'arbitrage de ce souverain secondaire.
«Hormis le baise-main, dû au roi, nous dit Etienne Pasquier,
il ne dépendait que de sa grandeur. > Bientôt les comtes
eurent des baillis pour exercer la justice en leur place. Elle fut
mémerendue par les barons et les plus simples châtelains, qui,
presque toujours, étaient à la fois juges et parties : on ne con-
naissait alors que le droit du plus fort. Les crimes des grands
ressortissaient à la cour du comte, et si ces seigneurs étaient
condamnés, ils pouvaient racheter leurs fautes. Quant aux
peuples, hommes de Pôte, homines potestatis, réduits, en grande
partie à la condition de serfs ou d'esclaves, ils étaient à la
merci de leurs seigneurs qui trop souvent s'attribuaient le droit
de les opprimer et de les tyranniser.
Si des procès venaient à s'élever, on les réglait par le combat
judiciaire, procédure minutieuse mais sans appel et pour
laquelle on ne reconnaissait point aux hommes le droit
d'infirmer ce que Dieu était censé avoir consacré. Aussi, quand on
ne sortait point victorieux de l'épreuve, on était, selon la con-
testation, condamnée de fortes amendes, banni ou traîné au gibet.
Après la bataille de Tinchebray, en 1106, Mortain perdit ses
propriétés anglaises. Il n'en reçut compensation qu'en 1 204, en
recevant le territoire du Passais et la ville de Domfront, avec le
titre de comté-pairie, en faveur de Philippe Hurepel. A la mort
de ce prince, sa veuve, la comtesse Mathilde, divisa son comté en
trois lots qui furent ceux de Tinchebray, de Domfront et de Mor-
tain. Elle laissa les deux premiers au roi et ne se réserva que le
dernier, qui, après la mort de son fils, revint également à la cou-
ronne.
Anglais, vers la fin de 1418. Gaillaumele Soterel, baron des Biards» défendit
>a forteresse avec beaucoup d'énergie , mais vaincu par le nombre, il se re-
tira au Mont-Saint-Michel dont il fut un des principaux défenseurs. (M. Si-
Vkéon Lace, Chronique du Mont^Samt-MSichel, p. 99.) En U90 , la baronnie
à» Biards fat érigée en marquisat, en faveur des de Pierrepont.
— 66 —
Mais si le comté se modifie matériellement, il reste toujours à
peu près le même, au point de vue de la justice. L'Eglise , il est
vrai, tempère la rigueur des lois, autant qu'il est en son pouvoir,
mais ses efforts n'ont pas toujours le succès qu'elle désire. Au
ziii* siècle, 80US la domination française, cette justice devait
profondément s'améliorer.
IL
Après la conquête de la Normandie, par Philippe-Auguste , ce
prince, jaloux de son autorité , voulut réprimer celle des grands
qui rendaient la justice. Tous les ans il envoyait des commissaires
qui devaient connaître certains cas^ à l'exclusion des baillis, des
vicomtes et des seigneurs. Ces officiers, dont les fonctions étaient
à peu près les mêmes que celles des anciens Missi Dominici de
Charlemagne , furent appelés baillis royaux , parce qu'ils étaient
au-dessus des baillis dVdinaires. Ils devaient aussi examiner la
conduite des vicomtes, desviguiers, des prévôts etdes autres justi-
ciers, pour en faire un fidèle rapport au roi ''-. Bientôt ces offi-
ciers devinrent sédentaires et furent répartis dans différents
districts qui prirent le nom de baillie. Les baillis royaux furent
alors les premiers justiciers , et de leur tribunal on ne pouvait
en appeler qu'au roi. Ils jugèrent les nobles comme les vilains^
et portèrent par là une vive atteinte aux vicomtes qui furent
réduits à ne plus connaître que les procès des roturiers et les
causes subalternes.
Dès 1207, Coutances avait un bailli royal, Renaud de Cor-
nillon.
Son bailliage ne comprenait encore qu'une grande partie de
l'ancien diocèse de Coutances. La vicomte d^Avranches , d'abord
(1) AnHqtiUé dis la Neuitrie^ par RoorgaevUle, — Bezien ^ Chronologi9
des BaiiUi de Caên. — Piganiol de la Force, De$cription de la France,
— 57 —
administrée par d'autres baillis, ne lui fut donnée qu'en 1 228. Le
comté de Hortain, rentré dans le domaine royal, en 1256, fut bien*
tôt réuni au bailliage royal de Coutances, car, dès le 2 août 1 266,
le grand bailli, Renaud de Radepont, présidait les assises de Mor-
tain ^*\ Ce n'est en effet qu'en 1260 que Saint Louis fégularisa
la position des baillis, établis par Philippe-Auguste, et en fit
des hommes nouveaux, étrangers à l'ancienne routine, pour
rendre bonne justice à son peuple ^*K A la place des coutumes
féodales, ce grand roi propage la loi romaine dans son royaume,
en faisant traduire, en langue vulgaire , le Code Justinien ^^K
II fait davantage encore : il oppose le droit commun à l'exception,
le bon sens et Téquité à l'arbitraire et à la force. Saint Louis
donne lui-même l'exemple de la justice , et ce qu'il ne peut im-
poser rigoureusement, il Toblient par Ja persuasion et la puis-
sance de sa vertu. Il souffrait surtout de voir dans ses états des
serfs appartenant corps et biens à leur seigneur. Aussi Beauma-
Doir entra dans ses vues en faisant entendre ces belles paroles :
« Au commencement nous étions tous francs d'une même fran-
» chise, et c'est grand mal quand chrétien est 'de serve condi-
» tion ^*\ » Dès lors les communes sont affranchies et les peuples
recouvrent leur liberté individuelle. Ils forment déjà une classe
avec laquelle il faudra compter. Serfs la veille^ bourgeois le len-
demain , ils vont bientôt devenir le Tiers-Etat. A mesure que
leur nombre augmente; l'industrie , la richesse, l'instruction se
développent. Des intérêts nouveaux, inconnus du système féodal,
surgissent de toutes parts. Une classe de jurisconsultes et
d'hommes de loi s'élève, et avec elle l'esclavage antique et
absolu disparait. Le sujet ne sera plus serf ou esclave, mais
homme libre, pouvant posséder^ et cultiver de grand cœur^
(1) Mémoire sur les grands baillis du Gotentin, par M. L. Delisle, dans
les Mémoires de la Société des ArUiquairee de Normandie, XXIX* volume de
la coUection, p. 79.
(S) JoinviUe, édit. de Wailly, eh. xi.
(3) Montesquieu, Beprkt des UAs^ livre XXYll, ch. xzxvni et XLn.
(i) Beaumanoir^ eh. xlv, numéros 31 et 37, Coutumes du Bêauvotsis,
— 58 —
le champ qu'il a acquis ou reçu comme récompense de ses an-
ciens travaux.
Saint Louis supprima encore le duel judiciaire et le gage des
batailles, en leur substituant l'enquête et la preuve par témoins.
Il voulut surtout des juges intègres , instruits et vertueux. Des
jugements seigneuriaux tout le monde put rappeler aux tribunaux
du roi et se mettre sous la sauvt-garde du souverain. Aussi cette
nouvelle jurisprudence découragea les grands barons « plus
habitués, dit Etienne Pasquier, à vider leurs causes par la
pointe de leurs épées que par celle de leurs plumes ^^K »
N'entendant plus rien à cette procédure^ dont les termes leur
semblaient barbares , ils désertèrent peu à peu la cour^ laissant
tout faire aux légistes qui, d'assesseurs devinrent juges ^^K
D'après une ordonnance de 1287, ces mêmes barons, ne pou-
vant recourir au clergé pour former leur tribunal, se virent sou-
vent, faute de magistrats, dans l'impossibilité de composer leur
cour. Leurs sujets devinrent alors justiciables du souverain, et
les justices seigneuriales furent peu à peu désertées, au profit
des tribunaux de la couronne. Il n'y eut de bien suivi que deux
espèces de cours : celles des baillis royaux, qui prirent au sérieux
leurs fonctions, et celles des ecclésiastiques également éclairés
par la connaissance de la loi romaine et l'étude du droit canon.
Aussi les rois qui refusaient des clercs aux seigneurs, voulurent
toujours avoir des évêques et des abbés dans leurs assises, per-
suadés qu'ils en seraient la force et la lumière.
Après la mort de saint Louis, Tardeur des baillis ne connut
plus de bornes et, sous Philippe-le-Bel, ils furent à la fois magis-
trats, hommes d'Etat, receveur des deniers de la couronne et
généraux dans les armées.
Les baillis furent donc des hommes éminents qui rendirent les
plus grandis services à la royauté comme à la civilisation.
(I) Recherches de la France, liv. IX, ch. xli.
(i) M. Botreau-Roussel» Euai sur la cwtr€Uuatian judidatre en France^
p. 19.
— so-
ie territoire qui fut assigné aux grands baillis du Cotentin,
comprenait tout Tancien diocèse de Coutances, moins une centaine
de paroisses situées dans l'ancien archidiaconé du Val-de-Vire,
et dépendant du grand bailliage de Caen, tout le diocèse d'Avran-
ches, moins trois paroisses dont deux firent encore partie du
bailliage de Caen, et la troisième du bailliage d'Alençon, plus
trente-six paroisses disséminées dans les bailliages de Caen ou
les diocèses de Séez et de Bayeux , et appartenant, ou ayant ap-
partenu, au comté de Mortain.
Ce grand bailliage était partagé en cinq vicomtes royales où le
bailli allait tenir ses assises. Leurs chefs-lieux étaient : Coutances,
TalogneSyCarentan, Avranches et Mortain. Ces grandes divisions
formèrent plus tard neuf démembrenoents ou bailliages secon-
daires qui furent : I^Yalognes, comprenant cent trente-el-une
paroisses , Coutances , cent vingt - trois , Avranches, quatre-
vingt-dix-neuf, en comptant la paroisse de Cendres, en Bre-
tagne, dans révéché de Dol; Mortain, cent sept, Saint-
Sauveur-le-Vicomte, soixante-huit, Carentan, trente-six, Saint-
Lo, trente-deux, Saint-Sauveur-Lendelin, vingt-six, etCérences,
douze.
Le bailliage de Saint-Sauveur-le-Yicomte était compris dans la
grande vicomte ou bailliage de Yalognes, et, outre les paroisses
groupées autour de son chef-lieu, il comptait encore de nom-
breuses enclaves dans le doyenné de la Hague, dans celui du
Val-de-Saire, dans le bailliage de Carentan, et même dans celui
de Caen. Le bailliage de Saint-Sauveur-Leodelin, dont le siège
était à Périers, avait été établi sur les vicomtes de Carentan et de
Saint-Lo. Celui de Cérences était le plus singulièrement divisé.
Son agglomération se trouvait autour de la Haye-Pesnel,
et le chef-lieu était complètement .isolé. Il comptait encore
Bréhal parmi ses dépendances, mais Coutances revendiqua
cette localité.
Le bailliage de Mortain subissait des pertes. Avranches lui
prenait trois paroisses: Boisbenâtre elles deux Cresnays; Argen-
tan lui enlevait encore Hilly, et Vire, Gathemo et Saint-Martin-
—60 —
de-Cbaulieu ^*\ Quoiqu'il en soit de cette bizarre division des
bailliages secondaires, il est certain néanmoins que le grand
bailliage du Cotentin tenait un des premiers rangs parmi les
autres grands bailliages delà province, alors au nombre de sept :
Rouen, Gisors, Caux, Evreux, Alençon, Caen et Coutances.
Les bailliages secondaires ou démembrements du grand
bailliage renfermaient encore de petites vicomtes dont les chefs*
lieux étaient des villes ou des ch&teaux qui avaient possédé de
hautes justices; on les appelait vicomtes de plaids {placUa)^
pour les distinguer des vicomtes d'assises oii se rendait le grand
bailli <î).
Avant le XV" siècle, le grand bailli ne pouvait s'absenter plus
de six semaines de son bailliage; il ne pouvait non plusse marier
ou faire des acquisitions dans le territuire assigné à sa juridic-
tion. Quand il avait son changement, ce qui arrivait souvent, il
était obligé de rester cinquante jours dans son ancien chef-lieu,
après la nomination de son successeur, afin de répondre aux
plaintes qui pouvaient être formées contre lui. Ces sages règle-
ments tombèrent en désuétude^ quand, en 1467, Louis XI rendit
perpétuel l'office des grands baillis. On annexa aussi à leur titre
de grands justiciers, celui de gouverneur des villes ou des pro-
vinces de leur résidence. En retour ils n'eurent plus qu'à prési-
der la noblesse et àcommander le ban et l'arrière-ban ; la justice
était rendue par leurs lieutenants, dans chacun des bailliages se*
(1) Voir la carte générale des bailliages de Normandie et celle du grand
bailliage de Mortain.
(i) Beziers, Chronologie des BaiUis de Caen, — Ces vicomtes de plaids
étaient : Cherbourg, Beaumont, Barfleur, Gavray, Granviile, Pootorson,
Saint-James, Saint-Hilaire et le Teilleul. Quelques justices seigneuriales
avaient également survécu, comme celles de Queltetot, Brix, Montebourg, la
Haye-du-Puils, Blosville, Créaocesi Marigny,Moyon, Coigny, Beauple, Saint-
Pair, Saint-Poix, Villedieu, le Mont-Saint-Michel, Genêts, Ardevon, La-
penty, Mesnil-Tove, Les Biards, Sourdeval, Brécey, Les Cresnays, Saint-
Quentin, Saint-Martin-des-Champs, Curey, Marcey, etc. Plusieurs de leurs
auditoires sont encore debout, et, comme un des plus curieux, on peut citer
celui de Lapenly, présentant des cintres surbaissés, de hautes ogives à me-
neaux et croisillons en pierre; dans l'intérieur, une cheminée monumentale-
,/ •■»
CARTt DES HUIT GRANDS BAILl
NORMANDIE
^.^ . jft^iean' Si
/^otosravare Procédé YvesABarret
I
-04 -
condaires. Il lear resta encore la préséance , la voix honoraire et
rioscription de leur nom au commencement des sentences.
La mission des baillis de Cotentin fut souvent entravée dans le
comté de Hortain. Ce comté, plusieurs fois réuni à la couronne
et plusieurs fois détaché d'elle, devint Tapanage de difi'érents
princes. Ils le possédèrent avec un territoire qui varia souvent,
mais qui, toujours, fut bien inférieur au vaste domaine des xi*
et XII* siècles. Au début du xiv* siècle, nous y voyons les rois de
Navarre, et, sous l'administration anglaise, lés ducs de Bedford
et de Sommerset, ainsi que le comte d'Harcourt et le brave
Dunois. Mais, à partir de ce dernier comte, le bailli de Cotentin
ne paraît plus aux assises de Mortain. Il faut reconnaître aussi
qu'il y est venu moins souvent que dans ses autres districts.
Au XVI® siècle, son autorité disparaît complètement, car le comté
retrouve son indépendance, en devenant lui-même un grand
bailliage. Voici à quelle occasion :
III.
En 1525, François !•', ayant été vaincu à Pavie, fut pris et
conduit à Madrid. Pour se racheter, il consentit à donner à
Charles-Quint deux comtés de la Flandre : Leuze et Condé. Ces
deux villes, si célèbres dans nos annales militaires, appartenaient
à la princesse Louise de Bourbon de Montpensier et à ses enfants.
Ils consentirent à la cession, mais, en échange, ils réclamèrent
le comté de Hortain et la vicomte d'Auge. C'était, comme on le
voit, une grande partie du domaine des anciens comtes de Mor-
tain. La proposition fut acceptée. Dans le contrat d'échange^
conclu le 16 décembre, 1529, il fut stipulé que « icelles terres
seraient non-seulemeni tenues et possédées, par la dite dame,
perpétuellement et héréditalement, comme son vrai patrimoine et
héritage..., mais que les dites justices, sceaux, tabellionnages et
— 62 —
greffes seraient exercés au nom du dit seigneur et roi et demeu-
reraient de qualité royale... et quand les oiTiccs des dites terres
vaqueront par mort, résignation ou autrement, la nomination
d'iceux appartiendra à la dite dame, au dit nom, et le don et
l'institution au dit seigneur roi, lequel en pourvoira ceux qui
seront nommés par la dite dame, au dit nom et non autres. » Ce
contrat fut enregistré au parlement de Rouen le 21 mai 1530, et
le 8 juin suivant, la princesse fut mise en possession de son
comté en présence d'un grand nombre d'oiBciers, de gentils-
hommes et de bourgeois. Le bailli de Cotentin ne paraît point
dans cette affaire; cependant la rupture n'est pas consommée.
Les hommes de loi , comme le bailli et les autres officiers
sont simplement à la nomination de la comtesse ou de ses
successeurs.
En 1551 , lors de la création des présidiaux ^^\ par Henri II,
Louis de Montpensier, fils de la princesse de Bourbon ou de la
Roche-su r-Yon, obtint du roi des lettres-patentes pour l'indépen-
dance du bailliage de Mortain et le ressort immédiat de ses causes
au parlement de Normandie. Ces lettres-patentes, enregistrées à
Rouen, prouvent que le bailliage de Mortain a été démembré de
celui du Cotentin et qu'il forme désormais un grand bailliage
indépendant. Il pourra donc se mouvoir, comme tous les
autres grands bailliages de la province ^'^K
Le premier grand bailli fut Robert de La Bigne, ancien lieu-
tenant du grand bailli de Cotentin et comme lui portant encore
la robe longue des véritables juges.
En 1576^ la tauge fut interdite aux grands baillis, par une
ordonnance d'Henri III. Dès lors ils ne furent plus que des juges
honoraires, mais marchant à la tête de la noblesse et comman-
(1) Le Présidial était un tribunal établi dans chaque bailliage et séné-
chaussée (nom d'un bailliage dans le midi de la France). 11 se composait
d'un lieutenant-géoéral et particulier et de sept conseillers. Il jugeait en der-
nier ressort les procès dont l'objet en litige n'excédait pas une valeur de
S50 livres ou io livres de rentes ; mais ces sommes varièrent arec le temps.
(s) Registre du parlement de Rouen.
— 63 —
dant le ban et rarrière-ban. C'est ce que nous indique l'acte sui-
Yaot, ainsi conçu :
« Henri III, par ordonnance, à Blois, Tan 1576, articles 263
et 264, porte que nul ne serait pourvu des Etats de baillise et
sénéchaussée des provinces, qui ne fut de robe courte, gentil-
homme de nom et d*armes, âgé de 30 ans et qui auparavant n'eust
commandé en l'état de capitaine, lieutenant, enseigne ou guidon
de gendarmes des ordonnances. Lesquels offices ne pourroient
être vendus dorénavant directement ou indirectement.
» André Le Moine, seigneur de Sourdeval, Aspillé, etc.^ che-
valier de Tordre du roi , maréchal de camp de ses armées,
capitaine de cinquante hommes d'armes, gouverneur et lieute-
nant pour Sa Majesté au bailliage de Mortain, fut le premier
bailli de robe courte.
» Ce changement est arrivé par la poursuite que firent
Messieurs de Montpensier qui, après avoir obtenu que leur comté
ne reconnaîtrait point le présidial de Coutances, en obtinrent un
huitième bailliage séparé et indépendant de celuy de Cotentin
dont il faisait partie autrefois.
» Le seigneur de Poillé^ gendre du dit seigneur Le Moine, lui
succéda en qualité de gouverneur et de bailli de Mortain ^^K »
Nous donnerons d'autres titres émanant des rois et du parle-
ment et confirmant, de la manière la plus formelle, le démembre-
ment du bailliage de Cotentin et l'érection du comté de Mortain
en grand bailliage.
En 1700, ce comté fut divisé en deux bailliages secondaires.
Le principal , celui de Mortain, conse/va soixante-et-onze parois-
ses, et celui de Tinchebray n'en eut que trente-six. Ce fut la seule
modification que subit ce grand bailliage, de 1554 à 1789.
Nous finirons ce chapitre en donnant le tableau des grands
baillis de Mortain.
(1) Titre conservé dans les archives de M. de la Garanderie et provenant
du cbartrier de M. de Creraldin» grand bailli de Mortain.
— 64 —
Grands Baillis de Robe longue.
I.
Robert de la Bi6NE(<5i8 à 1558), écuyer, seigneur de
Larobosne, li<:;encié es lois. Présenté par le duc de Montpensier,
comme lieutenant du bailli de Cotentin dans le bailliage de Mor-
tain, il Tut nommé, par le roi Henri II, premier grand bailli de
Hortain, en 1551. Sa famille était originaire de la paroisse du
même nom, canton d'Anlnay, arrondissement de Vire, et portait
pour armes : d'or à trois roses de gueules posées 2, 1. (Nobi-
liaire de la généralité de Caen).
II.
Jean du Bailleul (1558-1560). Cette famille de Bailleul^ dit
aussi Grandin, était originaire de Saint-Cyr-du-Bailleul, canton
de Barenton, arrondissement de Mortain. Elle posséda le château
du Bailleul, situé'dans la commune deSaint-Cyr, sur une motte
artificielle, dont les fossés étaient arrosés par les eaux naissantes
de la Sélune, qui, là, prend le nom de Friette. Les de Bailleul-
Grandin portaient pour armes : d'azur, à la bande d'or, accom-
pagnée de deux molettes de même. Ils sont cités par : d'Aligre, en
1635, Chamillard, en 1666, Cousin, en 1767, et parle Nobiliaire
de la généralité de Caen.
III.
Robert de la Bigne (1561-1 568), écuyer, sieur de Lambosne
et de la Rochelle, commissaire du roi. Il était de la famille du
précédent.
Grands Baillis de Robe courte.
IV.
André Le Moine, seigneur de Sourdeval, chevalier des ordres
du roi, gentilhomme de sâ chambre, gouverneur et bailli de
Mortain. Il appartenait à une famille illustre et ancienne, lin de
ses membres est déjà cité, en 1 271 , dans la liste des nobles che-
Taliers du bailliage de Cotenlin, sous le nom de Richardus Mona*
chas. Mous retrouvons de nouveau cette famille, en 1338, dans
QD arrêt de l'Echiquier de Normandie. Les Le Moine succédèrent,
comme seigneurs de Sourdeval, aux de Carbonnel , et André
Le Moine qui, le premier, unit le titre de gouverneur de Mortain
à celui de grand bailli, fut aussi le dernier représentant de son
nom.
V.
Robert de la Bigne (1572-1586), écuyer, sieur de la Molte-
Lambosne, conseiller du roi, licencié es lois.
VL
Robert de la Bigne (1 586-1 588), écuyer, sieur de Lambosne,
licenciées lois^*\
VII.
Jean de Poillé (1591-1625), baron de Poillé, seigneur de
Saint-Hilaire-du-Harcouet , de Saint-Georges-de-Raintambaut,
Montault, etc., chevalier de Tordre du roi, son conseiller en ses
conseils d'Etat et privé, capitaine de cinquante hommes d'armes,
bailli et gouverneur du comté de Mortain et du fort de Tombe-
laine-sur-Mer. Ce gentilhomme, dont la famille succéda à celle
des La Perrière du Homme^ dans la seigneurie de Saint-Hilaire,
était, d'après le titre cité précédemment, gendre d'André Le
Moine. Ses successeurs possédèrent la seigneurie de Saint-Hilaire
jusqu'au siècle dernier; elle passa ensuite aux Bourgbianc
d'Apreville.
(I) Ces deux grands baillis, cites par M. Sauvage, dans ses Reeherehei Mito-
Tiques tur Parronduëement de Mortain, p. S60, ne sont peut^tre qu'un seul
et même personnage. Quoiqu'il en soit, ils appartiennent à la famille du pre-
Huer grand bailli, Jean delà Bigne.
5
— 66 —
vm.
Henri db Poillé (1626*1637), comte de Poillé, seigneur de
Saint-Hilâire-du-Harcouet, de SainuGeorges-de-Raintambaut,
Moûtault, etc., chevalier de l'ordre du roi, son conseiller en ses
conseils d'Etat et privé, capitaine de cinquante hommes d'armes,
bailli et gouverneur du comté de Mortain et du fort de Tombelaine-
sur-Mer. Cette famille de Poillé, qui avait obtenu, par alliance, la
seigneurie de Saint-Hilaire, dont elle habitait le beau château ^^\
était de Poilley-le-Lionnais, eh Bretagne, canton de Louvigné-
du-Désert, arrondissement de Fougères. Ces barons de Poillé
étaient célèbres en Bretagne et leur terre, désignée sous le nom de
baronnie, fut érigée en comté, en 1 636. C'est pour cette raison que
Henri, grand bailli de Mortain, se qualifie non plus du titre
de baron, mais bien de celui de comte de Poillé ou Poilley.
IX.
François de Poillé (1638-1 647), comte de Poillé, seigneur de
Saint-Hilaire-du-Harcouet, etc., capitaine d'une compagnie de
chevau-légers , bailli et gouverneur du comté de Mortain et du
fort de Tombelaine-sur-Mer. (Même famille que le précédent).
X.
Jean de Poilvilain (1652-1660), seigneur du Hesoiladeléeet
de La Boulouze, bailli et gouverneur du comté de Mortain et du
fortdeTombelaine-sur-Mer"\ Les de Poilvilain dits de Misoir, du
nom d'un fief qu'ils possédaient à Lolif, depuis 1174, sont cités,
par Duchesne, comme une famille renommée en Normandie, de
1066 à 1212. Elle devint plus tard propriétaire du comté de
Cresnay et a existé après la Révolution. Le dernier que nous con-
«
(1) Ce château est aujourd'hui détruit. L'église neuve, à trois nefs, occupe
une grande partie de remplacement de ses tours, de ses jardins et d^
ses fossés.
(2) Jean de Poilvilain de Misoir ou Misouard fut le dernier gouverneur en
titre de la forteresse deTombelaine, située, dans les grèves, en face du Mont^
SaintpMichel. Cette forteresse fut rasée, en 1669.
-^ 6? —
naissions est décédé à Âvrancbes, en 1835, chanoine de la
eathédrale ei vicaire-général de Monseigneur de Belbeuf, évéque
d*Avranches. Charles de Poilvilain, nnarquis de Mesnil-Rainfray,
comte de Cresnay, maréchal decampdes arméesdu roi, mourut en
4*767, et Sebatin de Poilvilain décédait en 1756, vice-amiral de
France. Les armes de cette famille étaient : parti d'or et d*azur.
XI.
Jean du Bailleul (1 660-1 697), écuyer, bailli et gouverneur du
comté de Mortain. (Famille déjà citée.)
XII.
René-Joseph du Bailleul (1697-1 706), chevalier, seigneur de
Hontenay, conseiller du roi, grand bailli d*épée de Mortain.
(Frère du précédent.)
XIII.
Emmanuel du Bailleul (1706-1724), chevalier, seigneur de
Hontenay, conseiller du roi, bailli d'épée du comté et bailliage
de Mortain. Ce grand bailli, de la famille des précédents, a été
oublié dans les listes des grands baillis de Mortain, données par
MM. Sauvage et Desroches. II est cependant cité dans un
acte royal touchant la nomination de son successeur, et daté de
Fontainebleau, le 8 octobre 1 72i.
XIV.
Pibrre-Nigolas-Raimond de Geraldin (1 725-1 768), comte de
lapenty, Buais, Saint-Symphorien , Corsine, etc., conseiller,
chambellan ordinaire du roi, grand bailli d'épée de Mortain.
XV.
Antoïne-Anne-Nicolas de Geraldin (1 768-1 790), comte de
Lapenty, Buais, Saint-Symphorien, etc., brigadier des arméesdu
roi, son conseiller, grand bailli d'épée de Mortain. Nous avons
fait, dans le chapitre précédent, l'histoire de ces deux derniers
baillis.
- 68 ~
CHAPITRE III.
ADMINISTRATION DE PIERRE-NIGOLAS-REMOND DE GERALDIIf,
GRAND BAILLI.
Quand, en 17^5, M. Pierre de Geraldin prit possession de son
grand bailliage, tout y était créé depuis longtemps. Il y trouva
donc les deux bailliages de Mortain et de Tinchebray, puis le
petit bailliage royal de Périers, établi sur la terre de Beauficel,
appartenant à M. le duc de Penthièvre. Le propriétaire de ce fief
était alors le fils du comte de Toulouse, M. Louis de Bourbon
duc de Penthièvre, si connu par sa piété, sa bienfaisance, sa
grande popularité et ses malheurs. Cette juridiction ne compre-
nait que les deux paroisses de Beauficel et de Périers. On Fappe-
lait vulgairement le billot de Périers, parce que^ dit-on^ ses oflS-
ciers siégeaient assis sur des billots ^'^ M. de Geraldin y trouva
aussi la vicomte royale de Mortain et les trois vicomtes secon-
daires de Saint-Hilaire, de Tinchebray et du Teilleul, avec quel-
ques hautes et moyennes justices.
Le grand bailliage de Mortain se composait, comme les prési-
(1) Le duc de Penthièvre nommait aux deux cures de Périers et de Beau-
ficel, comme seigneur de ces paroisses ; registre des visites de Mgr de Missy.
ëvéque d'Avrancbes, 1748. — Le duché de Penthièvre, comprenant les terres
de Guingamp, LambaUe, Moncontour, la Roche-Evrard, Loudéac etJugon,
fut d'ahord érigé en comté, en 1034, pour Eudes, deuxième fils de Geoffroy.
Réuni au duché de Bretagne, en 1272, il en fut détaché, en 1317, pour Guy,
deuxième fils d'Arthur II. Jeanne, fille de Guy, épousa Charles de Blois, célèbre
par sa guerre contre Jean de Mon tf or t. Jean Y de Montfort reprit ce comté»
en 1420. Charles IX, roi de France, érigea le comté de Penthièvre en duché,
en 1569, pour Sébastien de Luxembourg. En 1697, Louis XIV le donna au
fomte de Toulouse, son fils naturel, avec les deux paroisses de Beauficel et
de Périers qui en faisaient partie.
- 69-
diaox, d'un grand bailli, d'un lieutenant-général , d'un lieute-
nant particulier, de plusieurs assesseurs ou juges gradués, d*un
aTOcat du roi et d'un procureur du roi. La vicomte, qui remon-
tait au XII* siècle, comprenait aussi, outre le vicomte ou sénéchal
du comte, un lieutenant-général, un lieutenant particulier^ un
enquêteur, quatre assesseurs et un grand nombre d'avocats et
d*haissiers'*\ Ces deuxjuridictionsavaientdes rapports très-inti-
mes car, en Tabsencedu lieutenant-général du bailliageetdu lieute-
nant particulier, la justice était rendue par le vicomte, ses avocats,
ses procureurs et ses enquêteurs. Nous les voyons mêmes, dans
certaines procédures , paraître simultanément. Du reste, cette
cour du grand bailliage avait une réputation de science méritée.
Il suffit de citer Roupnel, qui a publié une nouvelle coutume de
Normandie, enrichiedenotesetdecommentaires,etles du Laurent,
seigneur de la Barre-en-Sourdeval , qui ont occupé différentes
places dans le barreau de Mortain, et dont l'un a composé un
Formulaire des Elus ou conseillers d'Election, ouvrage qui
a eu plusieurs éditions. Une lettre d' A rnauld d'Andilly, témoigne
hautement de la justice intègre de ces magistrats. En 1641, ils
avaient condamné des personnages illustres pour avoir op-
primé de pauvres veuves. Ces gentilshommes accusèrent les
juges d'avoir outrepassé leurs droits, et, usant de leur haute in-
fluence, firent casser, dit-on, la sentence dé condamnation qui
avait été portée contre eux. Cette afi^aire fit grand bruit, et attira
aax juges certains désagréments. Ils confièrent leurs ennuis à
M. d'Andilly, qui les consola par ces belles paroles :
< A Messieurs les officiers du bailliage de Mortain , en Nor-
mandie.
» Messieurs,
» Votre innocence a paru si clairement que je n'ai pu
voir sans un sensible déplaisir que vous n'ayez pas en tout ce que
(1) Le tribunal de l'Election qai connaissait en première instance, tant en
matière civile que criminelle^ de tous faits des aides et des tailles, se com-
posait de un président , un lieutenant^ deux conseillers ou élus , un proca-
reor dn roi, deux receveurs, un haissier-audiencier et un greffier en chef.
— 70 —
VOUS deviez attendre de la justice Hais je ne doute nullement
que vous n'exécutiez avec tant de constance et de félicité la réso-
lution que vous avez prise d'être à l'avenir plus que jamais,
dans l'étendue de votre pouvoir, les continuels défenseurs de
rinnocence opprimée, qu'il n'y aura point un lieu en France où
les veuves, les orphelins et les pauvres trouvent dans le courage
et l'invincible équité des juges un asile plus puissant contre la
violence des grands et des riches Et je vous avoue que je ne
saurais recevoir une plus grande joye que d'apprendre désormais
que les officiers de Mortain peuvent servir d'exemple à tous les
autres dans un ministère aussi saint que celui de la justice, qui
n'est pas seulement une portion de la puissance royale, déposée
en leurs mains, mais une portion de la puissance de Dieu même
qu'il a déposée entre les mains des rois pour le représenter sur
la terre ^*^ »
En cherchant dans les titres de M. le grand bailli de Gérai-
bin, nous avons trouvé un jugement assez long condamnant, à
différentes peines, six pauvres artisans de Savigny-le-Vieux et de
Lapenty. II nous a semblé que ce document était précieux pour
cette époque, et nous donnerait une idée delà sévérité des sen-
tences portées au siècle dernier. Il nous permettra aussi de pé-
nétrer dans l'intérieur de ce tribunal^ de voir les juges en fonc-
tion, de connaître les mœurs et les usages de leur temps.
Voici la substance de cette affaire, remontant à Tannée 1726.
« 1® Pierre Morel, de Savigny-le-Vieux et boucher de profes-
sion, écroué dans la geôle de Mortain, est accusé et convaincu
d'avoir enlevé, il y a environ dix ans, une brebis, dans la pa-
roisse de Villlechien, chez un nommé Fortin; plus tard, il prit
de nuit, avec effraction, du sarrasin dans le grenier de Julien
Jouaux, de Moulines. Il est convaincu de s'être introduit dans le
dit grenier au moyen d'un passage qu'il se serait fait en ôtant,
de sa place, une pierre ou carreau servant de seuil à la porte de
la grange; d'avoir, dans l'hyver, trois ou quatre mois avant
(I) Lettre t3l. Edition de 1679| de Pierre Le Petite imprimeur du Bol, p. 331.
— 71 —
d'élrearresté, voilé, avec effraction et de nuit, dans lamaisoa de
Madelaine Jammes, dit la Gaiiichesse, dans la paroisse de Savi-
{oy, vingt-huit livres (en argent) et deux livres de beurre salé;
d'avoir volé, avec effraction , dans la maison de Julien Bagot,
paroisse de Villechien, pendant la grande messe, le jour de Noël,
de Tannée 1725, une somme de cent vingt livres, deux chemises,
ODe coiffe» un mouchoir et un bonnet , ayant tenté de faire ce vol
peodant la messe de minuit.
» Pour punition et réparation de quoi et autres cas résultant
da procès, Nous avons condamné le dit Morel h faire cejour-
d'hui amende honorable, tête et pieds nus, nud en chemise,
tenant en ses mains une torche ardente du poids de deux
livres, la corde au col, conduit par Texécuteur des sen-
tences criminelles» à la principale porte de l'auditoire royal, et
ensuite devant la principale porte de l'église collégiale de cette
ville, et là, étant à genoux, dire et déclarer à haute et intelligible
voix que» mechantement et comme mal avisé, il a commis les
dits vols, qu'il en demande pardon à Dieu, au Roy et à Justice, ce
fait, conduit par le dit exécuteur en la place accoutumée en cette
ditte ville où se font les exécutions, pour y être pendu et étranglé
jusqu'à ce que mort s'ensuive, à une potence qui, pour cet effet,
sera dressée» à laquelle son corps mort restera vingt-quatre heu-
res exposé; ses biens scitués en pays de confiscation , acquis et
confisqués au profit de qu'il appartiendra, sur iceux et autres
DOD sujets à confiscation , préalablement pris la somme de
cent livres d'amende envers le Roy, en cas que confiscation n'ait
lieu au profit de sa majesté.
» 2* Avons pareillement déclaré Guillaume Giret, laboureur,
de la paroisse de Lapenty, atteint et convaincu d'avoir déposé le
faux devant Nous, le 28 août dernier, en faveur de Michel
Morel, de Tavoir soutenu lors de son recolement, le 7 septembre
suivant et lors de sa confrontation au dit Morel, le même jour.
Pour punition et réparation de quoy, Nous avons condamné le
dit Giret d'assister le dit Morel à l'amende honorable et à son
exécution à mort où il sera conduit par le dit exécuteur, et au
- 72 —
bannissement des provinces de Normandie, du Maine et de Bre-
tagne pendant sept années ; enjoint à lui de garder son ban,
â.ous peine de la hart ; le dit Giret condamné en outre à cinquante
livres d'amende envers le Rov. »
Après la condamnation de ce voleur public et de ce faussaire^
voici les sentences portées contre un autre voleur et ses complices,
qui, à différentes reprises, avaient pénétré dans Tabbaye de
Savigny et y avaient enlevé grand nombre d'objets.
« 1® Nous avons également, par jugement prévôtal et en der-
nier ressort, dit et déclaré Guillaume Laisné,ditOIlivier, pâtre ou
gardeur de vaches, de Savigny, deument atteint et convaincu de
s'être laissé aller et séduire dès Tâge de quinze et seize ans pour
commettre des vols avec effraction dans la maison abbatiale de
Savigny, avoir, à cet effet, percé et fait un trou à la complicité
d'un co-accusé, à la muraille de la grande écurie de la ditte
abbatiale, par le dit trou, d'enavoir,lui second, cassé et ouvert les
portes, forcé et enlevé les serrures, pris et enlevé les draps du
lit, nappes, serviettes , chacun leur charge , d'avoir continué de
voler en la dite abbatiale pendant deux autres nuits, lui second,
d'avoir porté et recelé les effets volés chez son complice, d'avoir
en outre voilé, toujours au moyen des mêmes effractions^ avec
son camarade; en la dite al)batiale, et un troisième complice pen-
dant quatre autres nuits , des nappes et serviettes , draps de lit,
graisse de toutes espèces , quantité de bouteilles de vin , de la
vaisselle d'étain, chaudron, hache et autres munitions au procès,
d'avoir recelé, avec ses deux complices, les effets provenant des
dits quatre derniers vols, chez le dernier venu des dits associés et
complices, d'avoir, de concert avec eux, vendu des grains, linges,
bleds et vin voilés. (Ils avaient, entre choses, vendu du linge à
la foire de Buais, à François Garnier, marchand de choux à
Sainte-Ânne-de-Buais), et d'en avoir fait son utilité et profit.
Pour punition et réparation de quoi Nous avons condamné et
condamnons le dit Guillaume Laisné à faire amende honorable
(même cérémonial déjà cité), et d'être battu et flagellé nud de
verges sur les épaules, dans les carrefours et lieux accoutumés de
— 73 —
cette Tille, à l'un d'icenx flétri d'un fer cbaud et marqué des trois
kttres G. A. L. sur l'épaule droite et, ce fait, conduit sur les
gallères du Roy pour servir à perpétuité comme forçat.
» 2^ Nous avons déclaré la dite Julienne Mouton, femme de
Jalien Fléaux dit Fiaux ou le Guerrier, journalier à Savigny,
deument atteinte et convaincue d'avoir reçu et recelé dans un
coffre, dans sa maison, les dits effets provenant des dits trois pre-
miers vols, fait son profit de partie des draps voilés , beu et
mangé en sa maison avec les complices des dits vols, et beu dans
ce temps sa part du dit vin voilé. Pour punition et réparation,
Noos avons condamné la dite Julienne Mouton à faire amende
honorable, etc., etc., (cérémonial connu) être ensuite fustigée et
battue nue de verges, sur les épaules, par le dit exécuteur, aux
carrefours et lieux accoutumés de cette ville et à l'un d'iceux
flétrie du fer chaud et marqué de la lettre Y, sur l'épaule droite,
et bannie à perpétuité du royaume, enjoint à elle de garder son
ban, sous peine de mort.
» 3® Nous avons également déclaré la dite Jeanne Le Breton,
deument atteinte et convaincue d'avoir fourni à l'un des complices
des dits vols, une poche à blé, le jour précédent le premier des
dits vols et laquelle auroit servi à tous et chacun des dits vols,
d'avoir reçu, chez la dite Julienne Mouton, le dimanche lende-
main du dit premier vol, de l'un des complices , les linges en
provenant , et d'avoir engagé le dit Guillaume Laisné de conti-
nuer les dits vols et de lui porter les linges et du vin qu'il voile*
rait et qu'elle les lui payerait, d'avoir dit aux dits voleurs qu'elle
ne se tairait pas des dits vols, si elle n'en avait sa part , d'avoir
acheté de l'un des dits voleurs du blé et un plat d'étain volé, la
somme de douze sols, d'avoir reçu du dit Guillaume Laisné, un
ballot de linge voilé consistant en chemises, serviettes et autres
linges, et de lui avoir payé huit sols, d'avoir pris et emporté de
chez chacun des dits voleurs, quantité de grains et linge, sachant
bien que le tout était volé à la dite abbatiale, d'avoir beu avec
les voleurs, chez eux, du vin volé, et d'avoir de tous les dits
effets, fait son utilité et son profit, ensemble d'avoir recelé, dans
— 74 —
sa maison, soixante ou quatre-vingts planches et limons de chêne
volé avec effraction, chez Pierre Miland, en la paroisse de Buais,
pendant une nuit, dans l'hiver de la dite année 1725. En puni-
tion et réparation de quoi Nous avons condamné la dite Jeanne
Le Breton. (Amende honorable et peine semblables à celles de
Julienne Mouton.)
4° Nous avons enfin déclaré le dit Marin Mouton, journalier à
Savigny-le-Vieux, atteint et convaincu d'être en mauvaise ré-
putation, d'avoir donné deux jetons jaulnis pour deux coins
d'or et d'en avoir reçu la monnaie, d'avoir eu connaissance des
dits vols commis à la dite abbatiale dès le second des dits vols,
d'y avoir participé, ayant eu sa part des grains et vins volés,
d'avoir porté des grains à l'un des dits complices pour l'engager
de voler, d'avoir acheté du dit Guillaume Laisné, une bou-
teille de vin volé, trois sols, d'avoir entretenu le dit Laisné dans
l'esprit de voler, buvant et mangeant avec lui, et de lui avoir dit
et aux dits co-accusés, parlant des dits vols de la dite abbatiale,
qu'ils péchaient un étangqu'ils n'épuiseraient pas. Pour punition
et réparation de quoi Nous avons condamné le dit Marin Mouton
à faire amende honorable. (Amende et punition également sem-
blables à celles des autres complices.)
Déclarons en outre tous et chacun des biens de chacun des
dits Guillaume Laisné, Julienne Mouton, Jeanne Lebreton et
Marin Mouton, situés en pays de confiscation, acquis et confis-
qués au profit de qui il appartiendra et sur iceux et autres biens
non sujets à confiscation, préalablement pris la somme de cha-
cun cinquante livres d'amende envers le roi, si confiscation n'a
lieu au profit de Sa Majesté. »
Fait et donné par nous, Michel-Pierre Régnier, écuyer, sieur
de la Motte, prévost général du département et généralité de
Caen, en la dite chambre du conseil, à Mortain, où présidait Ni-
colas du Bailleul, écuyer, seigneur et patron de St-Cyr-dû-
Bailleul, conseiller du roy, lieutenant-général civil et criminel
au bailliage de Mortain, et étaient présents : Emmanuel Fortin,
écuyer, seigneur de la Cohardière, conseiller du roi, lieutenant
— 75 —
particulier, civil et criminel au dit bailliage; Georges-François
de Chevrue, écuyer, seigneur de la BauiBère et du Hesoilhoue,
conseiller du roi, vicomte; Julien Roupnel sieur de la Héron-
nais, conseiller du roi, lieutenant-général de la vicomte; Pierre
Hesnage, écuyer, sieur de la Boutriëre, conseiller, secrétaire
du roy, maison couronne de France, enqoesteur au dit
bailliage et vicomte de Mortain; Jean de Laubrière^ conseiller
du roi, enqnesteur au dit bailliage; Jean-Baptiste du Laurent,
écuyer, avocat au dit bailliage, commissaire; le 14 jan-
vier 1730. La lecture du présent jugement faile aux dits cou-
pables, audience séante. Signé au-dessous : « Régnier. La pré-
sente expédition délivrée à M. deGeraldin, sur la minute ^^K »
Ainsi se termine ce fameux piocès.
Que nous sommes loin de ces temps où le vol était si sé-
vèrement puni I Si alors on n'était pas honnête par le sen-
timent du devoir, on pouvait l'être par celui de la crainte.
Cette crainte, il faut l'avouer, était salutaire et on com-
prend, qu'en Normandie, le vol était devenu rare. Dès le x* siècle
Rollon voulut qu'il ne se rencontrât plus, dans son duché, ni
on meurtrier ni un voleur, et il usa des moyens nécessaires pour
atteindre ce but. On était alors persuadé, comme on Ta été
depuis, que rien ne maintient tant les hommes dans la justice que
la pensée de l'infamie et de la peine. Aussi pût-on laisser, dans la
forêt de Rhoumare, un bracelet d'or suspendu à un chêne, et cela
pendant trois ans, sans qu'il se trouvât un larron pour le prendre.
Après cette longue procédure contre des voleurs, des faus-
saires, des receleurs et des complices, nous en trouvons une
autre plus longue encore et non moins difficile. Elle s'éleva à
l'occasion d'une des prérogatives de M. le grand bailli, dont ses
lieutenants ne semblaient tenir aucun compte. Les ordonnances
royales enjoignaient, à ces offficiei*s, de commencer tous leurs
actes en citant le nom, les titres et qualités du grand bailli qui
était le président né, de la justice dans son comté. A Cou-
(1) ArehiTeide M. de la Garaaderie, pièce originale bien conservée.
— 76 —
tances le lieutenant-géDéral ne manquait jamais à cette prescrip-
tion, et ceux de Saint-Lo, d'Avranches, de Valognes etc., en
faisaient autant dans les actes publics ou privée. Â Hortain et à
Tinchebray on méprisait cette ordonnance rigoureuse, et on
semblait tenir au maintien de cette conduite si anormale. Quelle
en était la cause? Le lieutenant-général était alors M. Nicolas du
Bailleul dont les ancêtres avaient été souvent grands baillis de
Mortain. Les prédécesseurs immédiats de M. de Geraldin étaient
encore des membres de la famille du Bailleul. Y avait-il de la
part du lieutenant-général un regret profond de n'avoir pu suc*
céder à son père, comme cela s'était pratiqué dans le passé, et
voulait-il en exprimer son mécontentement, en refusant à M. de
Geraldin ce qui lui était légalement dû? Nous ne jurions le
dire. Si ce sentiment ne fut pas sans valeur dans la conduite de
H. du Bailleul, nous pensons cependant que la cour de Mortain,
comme celle de Tinchebray, furent froissées de la négligence de
H. le grand bailli à faire visite aux oflSciers du bailliage^ à
prendre possession de sa charge et à se faire installer réellement
et personnellement. Il y avait cinq ans que M. de Geraldin avait
reçu ses provisions, et, sans se préoccuper de les faire enregistrer
à Hortain, il était resté paisible dans son château deSaint-Sym-
phorien, sans songer même à remplir aucune des formalités ac-
coutumées. C'était bien le grand et riche seigneur un peu in-
souciant de tout ce qui était au-dessous de lui. Présenté par le
duc d'Orléans, nommé par le roi, agréé par le parlement, devant
lequel il avait prêté serment, il lui sembla en avoir assez fait.
Nous ne savons si ses collègues de Caen ou de Coûta nces agissaient
avec autant de sans-façon avec leur cour, mais il est certain
qu'on n'oubliait pas d'inscrire leurs noms dans tous les actes ju-
diciaires. A Mortain, l'oiibli de ce devoir rigoureux finit par
blesser au vif le grand bailli. Il vit là une atteinte portée à la
dignité la plus élevée dans le bailliage, au magistrat qui marchait
à la tête de la noblesse, au représentant de la justice dans toute
l'étendue du comté. Avec un grand calme, qui est l'expression de
laforceetdu bondroit, il pensa alors à réparer ses torts. Le
— 77 -
49 avril, 1729, il fit insérer ses provisions dans le registre plu-
mitif du greffe, et, le 12 novembre de la même année, il en dé-
manda un extrait ainsi formulé :
«19 avril 1729.
» Aux assises mercuriales tenues à Mortain par Nqus, Nicolas
do Bailleul, écuyer, seigneur et patron de Saint-Cyr-du-Bailleul,
conseiller du roi, lieutenant-général civil et criminel au bailliage
de Mortain, le dix-neuvième jour d'avril, 1729, ouy le procureur
du Roy, acte accordé à messire Pierre-Nicolas-Raymond de
Geraldin, par mattre Hamelin, son avocat, de la lecture et repré-
sentation de la nomination faite par son Altesse Sérénissime,
Monseigneur le duc d*0rléans, de l'office de Bailly du comté et
bailliage de ce lieu, du 12 août 1724, des provisions obtenues
par le dit sieur de Geraldin de Sa Majesté dudit office, du 8
octobre suivant , et enfin de l'arrêt de la cour du 27 juillet
1725. Et ordonné que le tout sera enregistré sur le registre
plumitif du greffe, sur lequel le présent a été délivré, par extrait,
au dit sieur de Geraldin, le douzième jour de novembre, 1729. » '
Cet acte est signé, du Bailleul, Levesque, Gauquelin, Lemoine.
On lit en marge : Reçu six livres treize sols quatre deniers pour
le garde des archives, pour les réceptions d'officiers^ et six sols
huit deniers, de garde minute. Au bureau de Mortain, ce 12
novembre 1 729, signé Bonon. Et plus bas : « Scellé à Mortain ce
12 novembre 1729. Reçu trente sols, compris les droits du
Roy, signé Lemoine. »
Après cette première réparation, M. de Geraldin visita ses
officiers, mais en prenant son temps, et il finit, enfin, par se faire
installer réellement et personnellement. Il pensait, après toutes
ces démarches, avoir accompli ce qui était dû pour obtenir que
son nom fût désormais cité à la tête des actes judiciaires. Néan-
moins, on n'en fit rien^ et le lieutenant-général continua de rédiger
les actes en son nom. M. de Geraldin le somme alors, par voie
d'huissier de vouloir bien désormais intituler tous les actes ju-
diciaires au nom seul du grand bailli. Cette sommation est ainsi
conçue :
— 78 —
« Lan mil sept centtrenie-trois, ie quatrième joar de décembre,
avant midy, par moy, Charles Bourget, premier huissier audien-
tier royal de l'hôtel de ville d*Avranches, immatriculé au bailliage
du dit lieu, exploitant partout le royaume de France sans visa ny
autrement, résidant à laBarataie, paroisse de Montaux, province
de Bretagne, soussigné, à la requeste de messire Pierre-Nicolas-
Remond Geraldin, chevalier, seigneur comte de Lapenly, seigneur
de Saint-Symphorien, Ecorsine, Buais, Laumonne, Les Quatre-
Masures et Sainte-Anne, conseiller, chambellan ordinaire du
Roy, grand baillif de Mortain, stipulé et représenté par Julien
Leroy-Hamelinière, son procureur, résidant au château de Saint-
Symphorien, présent en personne, lequel a fait élection de domi-
cile en la maison et personne de Julien Fortin Harengère, résidant
au dit bourg de Saint-Symphorien, et d'abondant au banc et
personne de maître Jean François-Marie Grihault, advocat aux
juridictions de Mortain, pour Teffel du présent j'ai dit et déclaré
à Messieurs les officiers du bailliage de Mortain, en parlant au
sieur Lemoine, greffier du dit bailliage, trouvé h domicile en la
ditle ville et bourgeoisie dé Mortain, ce dit jour, quatre décembre
mil sept cent trente-trois, que l'intention du dit seigneur comte
est d'orenavant que touites ses sentences civiles et criminelles,
expéditions, appointements, commissions et générallement tous
les actes judiciaires qui se rendront au dit bailliage, soient inti-
tulés au nom seul du dit seigneur Comte^ avec toutes ses qualités
cy devant exprimées à faute de quoy il e()tend se pourvoir par-
tout où il advisera bien, contre les dits officiers, déclarant que la
présente sommation servira au greffier de notification de ses
qualités, lesquelles il sera^tenu d'employer à la teste de tous les
dits actes suivant et aux termes des règlements faits entre Mes-
sieurs les baillifset leurs sénéchaux ; coppie et relation baillée,
requête et parlant comme dessus dit, suivant Tordonnance. Signé
Bourget ^'\ Controllé à Sainl-Hilaire, ce sixième jour de décem-
bre, 4733. Reçu neuf sols six deniers, signé Lemonnier. »
(i) Actes du chartrier de M. de la Garanderie.
-• 79 —
Cet exploit de signification ne produisit aucun effet et* H. du
Bailleul ne changea rien à sa manière d*agir. Le 25 mai, 1735,
M. de Geraldin lui en envoya un second par le sieur
Chesnel, huissier royal en Télection de Mortain, bailliage du dit
lieu, « et exploitant par toutte la France. » Ce nouvel exploit^
conçu dans les termes du précédent, n'eut pas plus de succès que
le premier. Que faire en présence d'une si grande malveillance et
d'une si haute ténacité? M. de Geraldin ne vit rien de mieux que
de s'adresser au parlement de Rouen. Il expose son droit, indi-
que les moyens dont il a usé et demande de quelle façon il doit
s'y prendre, pour obliger les délinquants.
Nous donnons ici la consultation que M. de Geraldin adressa
à H. Legros, avec les pièces à Tappui, en le priant de vouloir
bien les examiner, afin d'obtenir un arrêt de la cour, contre ses
lieutenants de Mortain et de Tinchebray :
« MEMOIRE.
» H. le comte de Geraldin a obtenu des provisions, le 8 oc-
tobre 172i, de la charge de bailly du comté et bailliage de Mor-
tain, sur la nomination de Monseigneur le duc d'Orléans appa-
nagiste de cette comté (sic).
» H. le comte de Geraldin a preste serment et a été reçu
bailly de Mortain au parlement de Rouen, le 27 juillet, 4725.
» Le 9 février, 1729, il a fait enregistrer ses provisions au
bailliage dejllortain, et, dans la suite, il a fait ses visites aux offi-
ciers du bailliage, il s'est fait connaître, a pris possession et
séance, et, en un mot, il s'est installé dans sa charge réellement
et personnellement.
» Après ces démarches , M. le comte de Geraldin croit avoir
entièrement satisfait à toutes les formalités requises et néces-
saires pour jouir paisiblement et tranquillement de tous les
droits, privilèges et prérogatives attachées à sa charge de bailly
de comté et bailliage de Mortain.
» Or, un des droits les plus positifs et certains qu'il puisse
prétendre est celuy de faire employer son nom, ses titres et qaa-
— 80 -
lités au commencement des sentences que rendent ses lieutenants
et autres oiBciers du bailliage.
» Pour en être convaincu, il n'y a qu'à jetter les yeux sur les
ordonnances de François P' au portdeNeuilly, en mars 4518, sur
une autre ordonnance pareille, à Saint*Germain-en-Laye, le
3 mai, au dit an 1518, sur une autre ordonnance à Saint- Jean-
d'Angely, en février 1519, sur celle de Charles IX, à Moulins,
en 1566, article 21 , et enfin, sur l'ordonnance de Henri IIL aux
Etats de Blois, en 1579, article 266.
» Toutes ces ordonnances se réunissent pour établir que les
baillifs ont non-seulement droit d'entrer et présider en leurs
sièges tant à l'audience qu'au conseil, mais encore qu'ils ont
droit de faire employer leurs noms, titres et qualités au commen-
cement des sentences qui sont rendues par leurs lieutenants ou
autres officiers de leurs bailliages.
» On serait trop long si Ton voulait rapporter icy toutes les dis-
positions de ces ordonnances chacune en particulier ; on se con-
tente de rapporter fidellement les dispositions de celles de Fran-
çois I^ et de Charles IX; dont voici les termes :
» Ordonnons qu'en toutes et chacune les sentences, commis-
sions et apointements qui seront donnés et expédiés es sièges tant
généraux que particuliers de nos bailliages et sénéchaussées nos
baillifs et sénéchaux seront nommés et institués au commence-
ment des dits actes par leurs noms, titres et qualitez sans que les
lieutenants-généraux et particuliers des dits baillifs^et sénéchaux
et sièges qui en dépendent se puissent nommer et intituler eo
iceux au commencement, mais seulement seront les dits lieute-
nants qui auront donné les dites sentences et appointements,
nommés à la fin des dits actes.
» Après des ordonnances si positives, des lois si formelles et
des intentions de nos rois si bien marquées sur cette matière, per-
sonne ne peut douter que M. le comte de Geraldin n'ait droit, en
qualité de bailli de Hortain, de faire employer son nom, ses
titres et qualitez au commencement des sentences qui se rendront
au bailliage de Mortain. On ne peut cependant s'empêcher de
— 81 —
faire encore observer qae les ordonnances ci-devant eitées ont été
précédées et suivies de différents arrêts de la coar rendus en forme
de règlement qui tous jugent la même chose, tels sont les arrêts
de1516, de 4546, de 1559 et de 1575. On peut encore voir les
conférences de &enois sur cette matière» p. 299 et 31 1 , aux notes.
» Quoique le droit de M. le comte de Geraidin soit incon-
testable, cependant il ne parait pas inutile, pour joindre à toutes
les autorités ci-devant rapportées , de faire observer qu'elles ont
toujours été soutenues d'un usage inviplablement gardé au
bailliage de Cotentin, et dont celui de Mortain a été démembré,
d'intituler les baillifs par leurs noms, titres et qualités au com-
mencement des sentences, ce qui s'observe encore actuellement.
» Après ce détail, on ne met point en question si M. le comte
de Geraidin a droit de faire intituler les sentences qui se rendent
au bailliage de Mortain sous son nom, titres et qualités, puisque
DOS rois l'ont décidé de la sorte , puisque les règlements de la
cour portent, en termes formels, qu'es choses qui dépendent du
fait des armes, comme de la convocation du ban et arrière-ban,
les baillifs auront toute autorité, et que tous les autres actes de
justice publics et privés se feront sous leur nom et y seront in-
titulés, et puisqu'enfin tel a toujours été l'usage du bailliage de
CoQtaoces, dont Hortain est un démembrement, comme on vient
de le dire. Mais comme les lieutenants du bailliage de Mortain
n^ligent dele faire, quoique M. le comte de Geraidin ait fait si-
gnifier au greffe son nom, titres- et qualités (4 décembre 1733)
avec sommation à ses lieutenants de les employer dans leurs sen-
tences, conformément aux ordonnances royaux (sic), on demande
de quelle façon on doit s'y prendre pour les y obliger :
» Si la cour se porterait à donner un arrêt purement et simple-
ment sur une requête expositive de tout ce qui est contenu au
présent mémoire, sans faire appeler, devant elle, les lieutenants
de M. le comte de Geraidin, baiili de Hortain.
» Si la cour se porterait à accorder cet arrêt pendant les vaca-
tions et en l'absence de M. le premier président.
» Si la présence de M. le comte de Geraidin, qui a beaucoup
6
— 82 —
d^accez auprès de H. le Premier Président, ne serait pas néces*
saire pour obtenir cet arrêt sur règle, ou s'il suffirait de le faire
solliciter par ses amis?
» Si en cas que Ton puisse obtenir cet arrêt sur requeste, s*il
serait nécessaire d'envoyer à la cour les provisions de M. le comte,
son arrêt de réception et Tacte d'enregistrement de ses provisions
au bailliage de Mortain et la signification de son nom , titres et
qualités?
» Combien un tel arrêt sur requeste pourratt coûter?
» Ou si, enfin, M. le comte serait obligé purement et simple-
ment de demander, auparavant toutes choses, un mandement de
la cour pour y ajourner ses lieutenants, sans espoir de pouvoir
obtenir un arrêt sur requeste , au principal sans les y appeler.
» On attend, sans delay, des éclaircissements sur tout ce que
dessus. »
A la suite de ce savant mémoire, on lit : « M. Legros
est prié d'examiner ces pièces. On fait aussi remarquer que si
la cour lance un arrêt, il devra également concerner Tinche-
bray '*^ y>
Le dossier, envoyé par M. de Geraldin , parut suffisant ,
ainsi que son mémoire. Oi trouva ses raisons trop jusies pour
ne pas y donn*»r sii'te, ot. *lès le io dt^reinlire, 17lJ5, la cour, au
nom du roi, rendit le décret suivant :
« Louis, par la grâce de Dieu , Roy de France et de Navarre,
au premier des huissiers de noire cour ou autre notre huissier
ou sergent sur ce requis cejourd'huy, sur la requeste présentée
à notre cour, par Pierre-Nicolas-Remond Geraldin , chevalier,
comte de Lapenty, sieur de Saint-Symphorien et autres lieux,
notreconseilleret chambellan ordinaire^ Grand Bailly de Mortain,
expositive que le huit octobre mil sept cent vingt-quatre, il a esté
(1) Archives de M. de la Garanderie. Ce mémoire» en parfaite conser*
vation, est écrit sur deux grandes feuilles de papier.
— 83 —
par nous pourvu de TofiSce de bailly de Hortain, sur la nomina-
tioo de notre très-cher et trës-amé cousin, le duc d'Orléans,
premier prince de notre sang , comte de Mortain , le vingt-sept
jaillet rail sept cent vingt-cinq, l'exposant a esté reçu et a preste
serment à notre cour en la m.inière ordinaire et accoutumée^ le
Deufdercbvrier mil sept cent vini^'t neuf. L'acte de réception et ses
provisions ont esté enregistrées au bailliage de Mortain , il y a
pris séance et a esté installé, en sorte qu'il est sans difiSculté
qu'il doit jouir de tous les droits et honneurs , privilèges et pré-
rogatives attachées à son office et dontjouissent les autres baillifs
de notre province et de notre royaume, les articles viogt-et-un
de Tordonnance de Moulins, et deux cent soixante-six de Blois,
des années mil cinq cents soixante-six et mil cinq cents
soixante-dix-neuf, décident, en termes précis et formels, que les
prévosts, baillifs et sénéchaux, doivent entrer et présider et que
les sentences et commissions soient expé<iiées en leurs noms,
relativement à ce qui avoit esté décidé par François I , au mois
de mars et de may mil cinq cents dix-huit, par deux édits donnez
en faveur du bailly de Touraine et de ses successeurs contre leurs
lieutenants et conformément à ce qui avait déjà esté décidé en
faveur du sénéchal du Poitou et du sénéchal d'Anjou; le premier
ordonne, en effet, qu'en toutes sentences, appointements, commis-
sions, provisions et autres actes de justice, données et expédiées
dans rétendue du bailliage de Touraine, le bailly de Touraine et
ses successeurs baillis de Touraine, seront nommés et intitulés
au commencement des dittes sentences, appointements, commis-
sions et autres actes, par leur nom, titre et qualité sans que le
lieutenant général ou particulier du dit bailliage et des sièges
qui en dépendent, se puisse nommer ou faire nommer et inti-
tuler en iceux, au dit commencement, mais se nommeront et
pourront faire nommer à la fin, les lieutenants qui auront donné
et donneront icelles sentences, appointements, provisions, com-
missions ou autres actes, selon qu'il se fait en la sénéchausée de
Poitou, et arrest donné contre le lieutenant général du sénéchal
d'Anjou ; le second veut qu'au commencement des contrats et
— 84 -^
actes volontaires et publics qui se passent, sous le scel royal dans
toute l'étendue du bailliage de Touraine, le baillifen chef tant
présent que futur, et non autre, soit intitulé par son nom en titre
par les notaires et tabelions royaux au dit bailliage et deffend
aux dits notaires et tabelions d'intituler autre que le baillif , sans
entrer dans la distinction de ce qui concerne en particulier tous
les prévosts, baillifs et sénéchaux de notre royaume, on se fixera
à observer icy, à noire cour, quatre points qui ne peuvent être
contestez. Primo, Avant mil cinq cents dix-huit, les prévosts et
baillifs et sénéchaux avoient l'administration de la justice et com-
mettoient leurs lieutenants et depuis qu'en ce qui concerne l'ad-
ministration de la justice, accordée à leurs lieutenants de robe
longue créés en titre d'ofiSce, les ofiices de prévosts , baillifs et
sénéchaux ont été restraints à ce qui concerne les armes et le
commandement de la noblesse, les ordonnances leur ont con-
servé le titre de prévosts, baillifs et sénéchaux en chef dans
toute l'étendue de leur prévosté, bailliage et sénéchaussée, de
sorte que les dits juges de robe longue tant généraux que parti-
culiers n'ont d'autre titre que celui de lieutenants généraux ou
particuliers du prévost, baillif ou sénéchal en chef. Secundo.
Les ordonnances en conservant aux prévosts, baillifs et sénéchaux
d'épée et de robe courte le titre de seuls prévost, baillif et séné-
chal en chef leur ont pareillement conservé le droit d'entrer et
présider dans leurs sièges, tant aux audiences, qu'aux chambres
du conseil et dé faire intituler leur nom , titre et qualité , comme
seul juge en chef, dans toutes les sentences, commissions et autres
actes rendus dans leurs sièges , et leurs lieutenants généraux et
particuliers n'ont jamais eu d'autre droit que celuy de faire
mettre leur nom à la fin des sentences et jugements qu'ils ont
eux-mêmes rendus, comme lieutenants du prévost, baillifs ou
sénéchal en chef. Tertio. Le droit conservé aux prévosts, baillifs
et sénéchaux a été observé dans toute l'étendue de notre royauoie.
Les lieutenants généraux qui ont voulu le contester ont succombé
dans leurs prétentions avant mil cinq cents dix-huit et en mil
cinq cents dix-huit et ce qui avoit esté décidé contre quelques uns
- 85 -
d'entre eux a servi de fondement aux ordonnances généralles
dooDées en mil cinq cents soixante-six et mil cinq cents trente-
neuf, après les états de Moulins et de Blois par Charles IX et
Heory III ^ conformément à ce qui avait esté arresté dans ces
estats par tous les ordres de notre royaume, relativement à ces
ordonnances et à ce droit ancien , toutes les ordonnances nou-
velles, et en particulier les ordonnances de mil six cents soixante-
sept et mil six cents soixante-dix ne reconnaissent d'autres juges en
chef que les prévosts, bai 11 ifs et sénéchaux. Quarto, L'appel des sen-
tences rendues dans leurs sièges sont relevez (^) en notrechancel-
lerie, près de nos parlements, comme des sentences rendues par eux
oa leurs lieutenants, et nos parlements les confirment ou infirment
telles quelles sont qualifiées dans les reliefs d'appel, il n'y a
point de siège ou on ait refusé de les reconnoistre pour seuls
juges en chef. Le prévost de Paris, qui est le premier juge en chef
de cotre royaume, est seul intitulé au commencement dé toutes les
sentences et jugements rendus au Châtelet de Paris et dans tous
les contrats passez sous le sceau du Châtelet, et le bailly de
Costentin, dont le bailliage de Mortain a esté démembré, a toujours
joui et jouit actuellement des mêmes droits, en sorte qu'il n'y
peut avoir le moindre prétexte à les contester à Texposant par
nous pourvu de l'office de bailly de Mortain et reçu à notre
cour pour jouir des mêmes droits, honneurs, privilèges et préro-
gatives des autres baillifset sénéchaux de notre royaume et de
notre province de Normandie.
» Cependant les lieutenants de robe longue, au bailliage de Mor-
tain, se sont avisez de les contestera l'exposant et ils se sont oppo-
sez à ce que son nom et ses titres et qualitez soient insérées au com-
mencement des sentences et jugements rendus au bailliage de
Mortain y ce qui ne peut-être considéré que comme un attentat à
notre autorité et à celle de notre cour, puisque c'est de nous que
l'exposant tient le titre de son office et de seul juge en chef du
bailliage et comté de Mortain donné en apanage à notre très-cher
et très-amé Cousin le duc d'Orléans, et puisque notre cour en re-
cevant l'exposant à cet office la reçu et reçoit seul juge en chef
- 86 —
pour joair dans l'étendue du bailliage et comté de Hortain de
tous les droits, honneurs, privilèges et prérogatives et préémi-
nences attachées à cet office et dont jouissent les prévôts, baillis
et sénéchaux de notre royaume , l'exposant a fait une première
sommation au greflSer du bailliage de Hortain, le quatre décem-
bre mil sept cents trente-trois, en luy signifiant son nom et ses
qualitez, de les insérer au commencement de toutes les sentences
et actes expédiés dans le siège a protestation, en cas de refus de
se pourvoir contre les officiers du dit siège et de les faire ainsy ju-
ger conformément aux règlements faits entre les baillis et séné-
chaux et leurs lieutenants de robe longue. Cette première som-
mation n'ayant rien opéré, il en a fait une seconde le vingt-cinq
novembre dernier à laquelle les officiers et le greffier de Mortain
ont encore refusé de defférer. Les choses en cet estât, l'exposant
se trouve forcé de recourir à la justice et à l'autorité de notre
cour pour luy estre sur ce pourvu, tendante à ces causes la dite
requeste, à ce qu'il plaise à notre cour accorder à Texposant
mandement pour assigner à notre cour les lieutenants généraux
et particuliers de robe longue tant civils que criminels au dit
bailliagede Mortain aux fins de dire les raisons et les moyens sur
lesquels ils prétendent se fonder pour contester à l'exposant les
droits, honneurs, privilèges et prééminences attachées à son
office et déclarées par les ordonnances et règlements faits en con-
séquence, et dist où ordonne que l'exposant y sera m^iintenu avec
dommages-intérêts et dépens auxquels ils seront condamnez et
quel'arrestquiinterviendraseralu, l'audience séante du bailliage
de Mortain, enregistré au greffe d'iceluy, imprimé, publié et
affiché partout oii il appartiendra le tout à leurs dépens, et cepen-
dant par provision ordonne que les ordonnances de Moulins et
de Blois seront exécutées, enjoindre au greffier du bailliage de
Mortain, d'intituler toutes les sentences tant civiles que crimi-
nelles, commissions et autres actesjudiciaires rendus au bailliage
de Mortain du nom de l'exposant comme baillydu bailliage et
comté de Mortain, de mettre au commencement d'iceux son nom,
titre et qualitez tels qu'il les luy a fait signifier daiis les somma-*
— 87 —
tioos des qnatre décembre mil sept cents trente-trois et vingt-cinq
de Dovembre dernier, attachées à la diiereqaeste, à peine d'inter-
diction et de répondre personnellement des dépens, dommages et
iotéréts de l'exposant. Vu par notre dite cour la ditte reqaeste
signée Caruel p«v, pièces y énoncées et attachées, conclusions
de notre procureur général et ouy le r apport du sieur Hubert
conseiller commissaire à ce député, tout considéré Notre ditte
cour a accordé et accorde mandement au ditGeraldin aux fins de
la requeste et cependant par provision ordonne que les ordon-
nances de Moulins et Blois seront exécutées,, enjoint au greffier
da bailliage de Mortain d'intituler toutes les sentences tant civiles
qoe criminelles^ commissions et autres actes judiciaires rendues
aa dit bailliage, du nom du dit Geraldin, comme baitly du
bailliage et comté de Mortain , de mettre au commencement
d'iceux son nom, titre et quulitez tels qu'il les luy a fait signifier
dans les sommations des quatre décembre mil sept cents trente-
trois et vingt-cinq novembre dernier à peine d'interdiction et de
répondre personnellement des dépens, dommages et intérêts du
dit Geraldin.
» Pour ce est-il que nous te mandons faire pour l'exécution du
présent toutes diligences à ce nécessaires, de ce faire te donnons
pouvoir.
» Donnéà Rouen, en parlement, le vingt décembre l'an degrâce
mil sept cents trente-cinq et de notre règne le vingt-unième.
y> Par la Cour Collas , Pollin
» ViLDOR. con"® 6 liv. 7 sols.
» Scellé le 21 Décembre 1 735.
» 28 liv. 7 s. 6 d. CoUationné dix sols.
» Reçu trente sept sols deux deniers pour les archives ce
24 décembre 1735. »
Cet arrêt, parti de Rouen après le 21 décembre, 1735,
arriva au château deSaint-Symphorien dans les premiers jours de
janvier. H. de Geraldin après en avoir pris connaissance appela
— 88 —
SUD huissier de Mortain, qui alla en donner avis au grefiSer
du bailliage, en lui portant l'exploit qui suit :
« L'an mil sept cent trente-six, le samedi septième jour de
janvier, avant midy, à la requeste de messire Pierre-Nicolas-
Remond Geraldio, chevalier, seigneur comte de Lapenty, sei-
gneur de Saint-Symphorien, Ecorcines, Buays, Laumonne, les
Quatre-Mazures et Sainte-Anne, conseiller, chambellan ordinaire
du roy, grand bailli de Mortain stipulé et représenté par Vl^ Jullien
Leroy, sou procureur, résidant au château de Saint-Symphorien,
présent en personne, lequel fait son élection de domicile en la
maison et personne de Jullien-Fortio Herengère, résidant au
bourg de Saint-Symphorien et d'abondant au banc et personne de
M* Jean-François-Marie Grihaud, son avocat aux juridictions de
Mortain, pour l'effet du présent seullement, je Thomas Chesnel,
huissier royal audiencier, ancien et héréditaire en l'élection de
Mortain y reçu et immatriculé au bailliage du dit lieu et exploi-
tant par touttela France, résidant au dit Mortain soussigné, bien
et deument signifié au bailli copie avec autant du présent exploit
à M® Jean Lemoine, sieur de la Forge, grefiSer au bailliage de
Mortain, en parlant à sa personne tant pour luy trouvé en son
greffe au dit Mortain que pour messieurs les officiers du bailliage
de Mortain chargé de leur faire savoir de tout le contenu en un
arrest rendu en la cour du parlement à Rouen au bénéfice du dit
seigneur requérant le vingt de décembre dernier signé par la
cour le vingt-un du dit mois, deuement en forme afin que du tout
les dits sieurs officiers et greffiers n'en ignorent et ayent à y
garder estât, leur faisant sommation de mettre à exécution les
ordonnances de Moulins et en ce faisant, suivant et conformé-
ment au dit arrest de la cour intitulé : touttes les sentences tant
civiles que criminelles, commissions et autres actes judiciaires
rendus au dit bailliage de Mortain, au nom de mon dit seigneur
le comte de Geraldin comme bailly du dit bailliage et de mettre
au commencement d'ycelles sentences, titre et qualités telles qu'il
les a fait signifier dans ses sommations des 4 décembre 1733 et
25 novembre dernier à peine d'interdiction contre le greffier et
— so-
dé repondre personnellement des domages et interests du dît sei-
gneur requérant le tout au terme du dit arrest à laquelle fin
copie et rellation baillée aux' dits sieurs officiers et greffiers,
requeste et parlant comme dessus suivant Tordre, ce jour sept
janvier 1736, avant midy. L'original rendu.
» Signé : Le Roy. Contrôllé à Mortain , ce 7 janvier 1736.
)» Reçu neuf sols six deniers. Berton. »
Cet arrêt eut gain de cause et, à partir de ce jour, les lieu-
tenants-généraux et particuliers, ainsi que legreffier, n'oublièrent
plus d'intituler, au commencement de leurs actes, le nom, les
titres et qualités de M. de Geraldin.
CHAPITRE IV.
ADMINISTRATION DE M. ANTOINE DE GERALDIN, GRAND BAILLI.
L'administration de M. Antoine de Geraldin eut été calme et
sans événements graves, si les Etats-Généraux ne fussent venus
assombrir ses dernières années. La convocation de ces Etats fut,
à Mortain, l'occasion de vives protestations. Depuis 1551, le
grand bailliage, portant le nom de cette localité, avait député
directement aux Etats-Généraux et n'avait eu aucun rapport avec
GoQtances, depuis sa séparation. Or, en 1789, Mortain fut classé
comme une députation secondaire et fut réuni à Coutances, pour
dépoter directement aux grandes assises delà nation. Cette nou-
velle fut péniblement accueillie, et le lieutenant-général du grand
bailli, M. de Vaufleury, seigneur et patron deSaint-Cyr, de concert
avec ses juges elle collège des avocats, au nombredequarante-huit,
résolut de maintenir les droits du comté. 11 écrivit, à ce sujet,
— 90 -
à Neeker, ministre de Louis XYI. Malheureusement, la réponse
ne répondit point à ses espérances. Il pensa néanmoins qu'on
ne devait pas abandonner une cause aussi juste, et il engaga
H. le grand bailli d-envoyer un mémoire au roi, afin d'obtenir
un meilleur succès.
Comme ce mémoire est complètement inédit et qu'il est, en
même temps, une histoire abrégée du comté et du bailliage de
Mortain, nous le donnons in extenso^ avec ses notes , comme une
des pièces curieuses du chartrier de M. de la Garanderie. Il est
intitulé :
» MOYENS POUR M. LE GRAND BAILLI DE MORTAIN.
» Le comté de Mortain procède du partage de la Neustrie
entre les principaux chefs des Normands.
» Il écheiit k Guerlanrius, que nous traduisons Guerland ou
Guarlan, prince du sang royal danois, et l'un de ces fiers capi-
taines qui disoii^ot, en parlant de Raoul, qu*il n'étoit que le pre-
mier enlre ses égaux (A).
^ Les comtes de Mortain furent des grands vassaux de Nor-
mandie, comme les ducs de Normandie devinrent des grands
vassaux de la couronne.
» Ils relevaient et relèvent encore immédiatement du duché et
par conséquent leur comté n'avait jamais été ni pu être démembré
soit du Cotentin, soit d'aucune autre seigneurie. Il n'aurait été,
en ce cas, qu'un arrière-fief dans le vasselage d'un seigneur in-
termédiaire, ce qu'on ne peut supposer. La quantité des princes
qu^ ont successivement possédé le comté de Morlaiu et les monu-
ments qu'ils ont laissés, attestent le contraire.
» Comme chiefiains, ou grands vassaux du duché, ils avaient
(Â) « Est primu* inter pares. On sait que RaouL obligé de faire hommage
à Charli-8-le-Simple, se fit remplacer par un de ses officiers. Celui -cy. ne
voulant IMS se baisser pour baiser la bulle du roy» prit la jambe de Sa Majesté
pour la porter à sa bouche et te monarque» assis sur un banc« fut renversé. •
— 91 -
séance à l'Echiquier de Normandie. Les greffes du Parlement
peuvent en donner la preuve (B).
» Ils avaient leurs barons et leur justice souveraine, parce
qu'ils jouissaient des droits de souveraineté. Les noms de plu-
sieurs de ces barons nous ont été transmis par chartes et cartu-
laires. Le célèbre Fiiz-Osbern, l'un des meilleurs et des plus
sages ministres de Guillaume, duc de Normandie , devenu roi
d'Angleterre, était de Mortain, et l'un des barons du comté (C).
D La postérité de Guerland se réduisit à une fille, nommée
Idde ou Idda, qui fut mariée à Robert de Vitré, branche puînée
des ducs de Bretiigne, et lui porta le comté de Hortain.
» Robert de Vitré eut le malheur d'encourir la disgrâce du
duc Guillaume, conquérant de l'Angleterre. Il fut privé du
comté de Hortain, quil possédait du chef de sa femme, et
Guillaume le donna à son frère utérin., Robert. Ce frère était
tendrement aimé du duc Guillaume et fut investi, en Angleterre,
de neuf cent soixante-treize fiefs ou seigneuries, lors de la con-
quête de cette île (Z>).
»Robert de Vitré voulut se maintenir, par les armes, dans le
comté de Mortain. Quelques-uns de ses barons le secondèrent et
entre autres, celui des Biards; mais ils ne purent résister aux
forces de Robert, frère de Guillaume, aidé de celles du souve-
rain, ils furent vaincus. La ville des Biards fut détruite, et ne
s'est jamais relevée; il ne lui reste , de ce qu'elle était autrefois,
que le droit de bourgeoisie (E).
[B) Un imprimé sur l'état du Parlement de Roaen, lors de la révolution
de 1771» en fait mention.
(C) Voyez M Humes, III* tome de T^tf foire d'Angleterre, contenant la
conquête ùw Normands; voir aussi son appendix, à la fin de ce tome, où il
dëfioit ce qu'étaient les grands chief tains et l'établissement du régime féodal
en Angleterre.
(iJ) M. Humes le nomme comte de Mortagne; c'est une faute d'impression;
Mortain s'écrivait autrefois Mortaing et son traducteur a mal lu. Robert,
frère de Guillaume, était comte de Mortain, comme le dit M. Humes; celui
qui possédait Mortagne, s'appelait comte du Perche.
[E] La ville des Biards avait été originairement une peuplade de Gaulois»
Ambibarii, dans César.
— 98 —
» Robert, frère du duc Guillaume, s'étant assuré le comté de
Hortain, se conforma aux idées de son siècle, en faisant des fon-
dations religieuses. II fil construire, en 1082, une église nou*
velle, à Mortain, et y établit un chapitre. Les chanoines furent
ses chapelains, et il accorda au doyen et au chantre d'être ses
commensaux (F).
» L'église fut dotée aux dépens de ses possessions et de celles
de ses barons (G),
» Le comte concéda aux chanoines les droits de justice sur les
hommes et tenants du territoire attribué à chaque prébende, en
se réservant néanmoins le plaid de Tépée, dont il retint la com-
pétence (II).
y> Le comte de Mortain tenait donc lui-même son tribunal^
avec les barons, et comme il exerçait les droits de souveraineté
des grands vassaux ou chfeftains de son importance, sauf l'hom-
mage au duché, ce tribunal était souverain.
» Dans le régime féodal, il peut être le principe du bailliage
de Hortain, devenu royal dans la suite, le comté ayant plusieurs
fois passé dans les mains du roi.
» La fondation de la collégiale établie par le comte Robert,
en 1082, fut décrétée et solemnisée par un concile provincial
des Evêques de Normandie qui se rendirent sur le lieu, à l'invi-
tation du fondateur, et Michel d'Avranches, évêque diocésain,
remit aux chanoines quelques droits pour former entre eux une
juridiction correctionnelle,
» Dans la même année, 1082, le comte Robert attira d'un
(F) Ecclesiam novani in castro Moritonii in honore Dei et Sancti Ebrulphi
coDfessoriB constraiit.
{G De propiiîs et baronum suorum possessionibus et elemosiniis ins-
tituit.
(H) 1d hominibus vero prebendarum suarum redditus seculares et fore
facturas, quas in eis cornes habebat, canonicis concessit, praeler sanguinis
vindictam, qoam ad siisb justitiœ conservationem retinuit. Voyez dans
M. Hames, au volume et lieu cité, comment tes grands chieftaios (comtes
ou princes) au milieu de leurs barons, rendaient la justice. Il en reste encore
des traces, en Angleterre» dans ce qu'on appelle les juges de paix.
- ôâ -
autre côté, des moines de Marmoutiers daos sa ville de Hortain
et leur fit construire un monastère, nommé le prieuré du Rocher.
Il leur donna les mêmes droits de justice qu'il avait donnés à ses
chanoines, et les dota convenablement.
» Si le comté n'eut été qu'un arrière-fief démembré d'un autre,
dans le duché de Normandie, le prince Robert aurait été obligé
d'obtenir l'agrément de son seigneur suzerain. On le voit, dans
les chartes, permettre à ses barons ou vassaux de faire des au-
mônes aux chanoines de la collégiale ou aux moines du prieuré,
mais on nele voit, nulle part, requérir leconsentement de personne,
à l'exception de celui du duc Guillaume, roi d'Angleterre. Son
frère Robert était donc un chieftain de premier rang, un grand
vassal ou haut baron qui ne relevait que du souverain.
» Guillaume, duc et roi, confirma les donations de son frère. Elles
subsistent encore telles, à peu près, qu'elles étaient dans le prin-
cipe. Il en est peu qui se voient conservées aussi entières, depuis
un temps si reculé.
» Robert eut de Mathildeou Mahaut, sa femme, un fils nommé
Guillaume. Celui-ci fouda l'abbaye de la Blaoche-les-Mortain.
Ayant été fait prisonnier à la bataille de Tiochebray, qui fut
donnée en son propre comté de Hortain, sa prison lui fit perdre
ses domaines (•/) que Henri, roi d'Angleterre et duc de Norman-
die, par ses succès à cette bataille, douna à Etienne de Blois,
comte de Boulogne, petit-fils, par sa mère, de Guillaume-le-
Conquérant.
» Nous ne suivrons pas, au surplus, la chronologie de tous ceux
qui ont possédé le comté de Hortain. Il parait suflBsant d'obser-
ver qu'il a toujours appartenu à des princes, lorsqu'il a cessé
d'être aux mains du roi, puisqu'on le voit passer des comtes de
Flandre à d'autres maisons souveraines.
» Le comte de Duoois, le héros de la France et son libérateur,
fut aussi comte de Hortain, etc., etc.
(i) Cette bataille fat livrée en 1106, entre les deux fils de Gaillaunie'le-
Conquérant, Henri et Robert. Le comte de Mortain combattait pour celai-
cy , et fat fait primuiier comme lui.
— 94 —
»Le même comté passa enfin, parcontratdu moisd*avril, 1529,
avant Pâques à la maison de Bourbon-Montpensier, à laquelle le
roi François I, qui le tenaii alors, le céda, avecla vicomte d'Auge,
en échange de Leuze et de Condé en Hainaalt, que Tempereur
Charles-Quint lui fit abandonner, par le traité de Cambray,
pour partie du rachat des enfants de France.
» Il fut stipulé, par clause expresse, que les justices demeure-
raient de qualité royale, avec tous les privilèges et connaissances
des cas royaux, telles quelles étaient lors de l'échange en la
main du roi, sans innovation, soit dans les charges, soit dans
Tadroinistration de la justice; que les princes cessionnaires pré-
senteraient les sujets à sa majesté pour remplir les offices; le
don et institution de ces offices restant au roi, dont les provi-
sions émanent effectivement, et qui les a toujours fait ex-
pédier.
» Les conventions du contrat d'échange ont été entretenues avec
exactitude. Nos rois ont toujours excepté le comté de Hortain et
son bailliage de toute innovation.
» Les édits, déclarations et arrêts du conseil qu'ils ont donnés
pour maintenir cette exception, sont trop nombreux pour les
citer tous ici, mais nous ne pouvons omettre la déclaration du
mois de janvier, 1 603, qui porte la précaution jusqu'à enjoindre,
au parlement de Rouen, d'excepter, dans ses arrêts d'enregistre-
ment, le bailliage et comté deMortain, lorsque de nouvelles lois
établiraient quelques innovations dans les autres tribunaux ,
encore bien que l'exception n'ait pas été employée.
» Si la province a vu des présidiaux s'établir dans son sein, elle
a en même temps vu les princes de Bourbon-Montpensier main-
tenir l'indépendance de leur grand bailly et de leur bailliage, de
ces nouveaux sièges ; elle les a vus s'opposer à ce qu'ils fussent
assujettis à tout autre ressort qu'à celui du parlement ; et actuel-
lement encore il en est de même. Son Altesse Sérénissime, Mon-
seigneur le duc d'Orléans, rem^place la maison de Bourbon-Mont-
pensier et le comté de Mortain lui appartient, avec tous ses
droits.
— 95 —
»Le grand bailiy d'épée, actuellement M. le marquis de Gérai-
dJD, brigadier des armf^es du roi, esta la tête de la noblesse dans
son bailliage; il préside son si(^ge, et son lieutenant-géueral pré-
side aux assises mercuriales. Lesif^ge de Tinebebray a été dé-
membré de Mortain au commencemt^nt du présent siècle, sur la
demande même des officiers. Ce démembrement connaît des
cas royaux dans toute l'ancienne haute justice de Condé-sur-Noi-
reau, et cette extension se propage jusqu'aux portes de la ville
de Caen ; on cite notamment Sainte-Paix, partie du faubourg de
Vaucelles. .
»H. le grand baillydeMortain, ni son bailliage ne doivent rien
soit au bailliage de Coulances, soit au bailliage de Caen. Le
comté que nous habitons est borné par ces bailliages, de même
que par celui d'Alençon et la province du Maine, mais il n*a
rien de commun ni avec les uns ni avec les autres.
» Prétendrequ*ilapu être démembré du bailliagedeCoutances,
c'est contredire les monuments les plus respectables et heurter
les notions les plus communes en matière de féodalité.
» Il faudrait comsnencer par prouver ce démembrement et en
constater l'époque. Uais prouvera-t-on jamais que Guerlan ou
fiuerland, issu du sang des rois du nord, comme Raoul, et l'un
des chefs normands reconnu comme premier comte de Mortain,
eut voulu se faire un suzerain particulier et se reconnaître arrière-
vassal du duché? Parviendra-t-on à prouver que sa postérité ou
les princes de la famille des ducs de Normandie, qui ont eux-
toémes porté la couronne, les grandes et illustres maisons qui
leur ont succédé, se soient soumis à baiser la botte d'un simple
Sfigneur autre que le duc, ou à lui dire : je deviens votre
homme, etc.
» Comment répondra-t-on à ce que Robert, comte de Mortain,
et son fils ont fait pour l'établissement soit du chapitre collégial,
^it du prieuré de Notre- Dame- du -Rocher, soit de l'Abbaye-
Blanche, sans autre intervention que celle du souverain, dont ils
relevaient immédiatement?
» Serait-il possible que les comtes de Mortain ayant un suzerain
— 96 —
intermédiaire, eussent pris place à l'échiquier, comme les grands
vassaux chieftains, tandis que le suzerain lui-même n*y aurait
pas été admis (/Yi).
» Enfin, ce qui ne permet pasde réplique, c'est que le comtéde
Morfain a toujours relevé et relève encore Dûment et sans moyen,
du duché de Normandie, donc il n'a jamais été ni ne peut-être
la subdivision ou démembrement d'un autre fief.
)» II peut se faire que le comté ayant passé parintervalledans
les mains du roi et peut-être n'ayant pas de grand bailly, dans
quelques-unes de ces circonstances, celui de Cotentin ait fait des
entreprises ou soit intervenu pour y rendre la justice comme
gardien de la baillie (iV), dont il était, en effet, le plus proche;
mais cela n'influerait en rien sur la nature du comté de Mortain,
ni sur les privilèges du pays qui est fort étendu et contient un
grand peuple. Il faut toujours remonter aux principes et ils ne
laissent ni problème, ni apparence de difficulté.
» Nous prouverons d'ailleurs, s'il le faut, que le bailliage de
Hortain a toujours été présidé par le bailly de ce même comté,
qui avait au-dessous de lui ses vicomtes, comme ceux de Caen
ou de Coutances, et nous le prouverons par des actes incontes-
tables. Tels, entre autres, que des aveux qui constatent que les
propriétaires de certains tènements devaient des services auprès
de sa personne. Lespremièresinféodationsde ces fouds se perdent
dans la nuit des temps (0).
» Le comté de Mortain qui comprend le siège principal et celui
de Tinchebray qui a la compétence des cas royaux dans toute la
(ilf) Voyez encore M. Humes dans TAppendix du III* volume ci-dessus cité.
Voyez encore sur les services des grands vassaux ou chieftains, dans les con-
seils du souverain, p 30i, et autres.
{Ni Ancienne expression qui signifiait la juridiction du baiUy.
(O) Dans la paroisse de Saint-Pierre de Bion, près Mortain, sont sept ma-
zures ou ainestics qui doivent le service du guet et garde au château du comte,
dans des temps marqués. EUes devaient aussi apporter de la paille en hiver et du
jonc en été pour M. le bailly de Mortain , lorsqu'il tenait ses assises , de même
pour M. le vicomte lorsqu'il tenait ses plaids. On peut rendre la justice sur
une botte de paiUe comme sur les fleurs de lys. M. de Beauqaemare, premier
— 97 —
haote-jttstice de Condé-sur-Noireau, mérite par son étendue et sa
popalatioD d*avoir des députés aux Etats-Géuéraux du royaume.
Uo pays aussi considérable ne peut pas être oublié dans l'assem-
blée de la nation.
» Il ne peut être joint ni au bailliage de Coutances, ni à celui de
Caen; il est aussi étranger à l'un et à l'autre qu'à la province
do Maine, si on en excepte la foi et hommage qu'ils doivent tous
au duché de Normandie.
» Aussi voit-on, dans le procès-verbal de la reformation de la
coutume de Normandie, en 4582 et 1 583, le bailliage et comté de
Mortain compris dans le nombre des grands sièges de la pro-
vince, parce qu'il avait effectivement un bailly d'épée indépen-
dant des autres.
» On ne s'arrêtera pas à répondre à ce prétendu arrêt du 29 jan-
vier 1629, qui a du juger que les oflSciers du bailliage de Hortain
contribueraient aux affaires communes des officiers du bailliage
de Cotentin.
» On ne connaît point cet arrêt. Est-il contradictoire? A-t-il été
rendu sur requeste ou par défaut? La cause a-t-elle été bien dé-
fendue? Quelle contribution demandait-on? Il y avait même im-
possibilité de relations, le bailliage de Hortain ayant son grand
bailli non-seulement depuis 1529, mais de tout temps. Le pré-
tendu arrêt a-t-il été signifié et exécuté? Et quand les officiers du
siégey auraient induement consenti, leur acquiescement serait,
à tous égards , incapable de compromettre les droits des trois
Etats d'un pays entier; les ordres du clergé, de la noblesse et du
tiers l'attaqueraient par opposition aux autres voies légales, si on
pouvait l'exiber contre euîc.
» On ne dira pas aussi queJe bailliage de Hortain soit distrait
présideiit da parlement de Rouen, bien postérieur, puisqu'il vivait sous le
règne de Henry IV, avait retenu que son fermier amèneroitune charrette avec
de la paille, à Rouen, pour conduire Mme de Beauquemare et sa chambrière,
âia terre de Bourdeny, à quelques lieues de la ville. La simplicité exté-
Tieure des anciens ne les empêchait pas d'entreprendre et de faire de grandes
ehoses..
7
— 98 ^
du bailliage de Coutances par la seule raison qu il n^est pas sujet
à sa compétence présidiale.
» Il n'y est pas sujet parce qu'il ne pouvait y être assujeti, au-
trement il eut été lui-même érigé en présidial.
» S'il eut jamais fait partie du bailliage de Coutances, le bailly
du Cotentin ou son lieutenant n'auraient pas été privés du droit
do tenir les assises à Mortain, encore bien que ce dernier siège
n'en eut point relevé présidialement, à raison d'exception, mais
ils n'y ont jamais eu aucun droit, et auraient été mal reçus par
M. le grand bailly de Mortain ou les officiers de son tribunal.
» Ajoutons même que la comparence aux appaux de la cour
étant due, comme on le sait, par les principaux sièges de la pro-
vince, les officiers du bailliage de Hortain y sont appelés comme
ceux des sept autres, mais leur appel se fait à l'issue de la
Pentecôte, preuve que leur tribunal est considéré comme grand
bailliage et non comme siège démembré qui ne serait tenu ni de
répondre aux appaux, ni de se présenter à la comparence.
Lei^ extraits ci-joints prouvent, an surplus, que la possession
se réunit aux titres que M. le grand bailly de Mortain ou son
lieutenant ont convoqué , les différents ordres du comté de
Mortain pour députer aux Etats-Généraux, et notamment aux
derniers de 1S88 et 1614, que les député» y ont été nommés et
envoyés, avec les pouvoirs et procurations du pays. »
Ce mémoire est loin d'être sans mérite. Il révèle des connais-
sances précieuses sur l'histoire locale ^'^ et sur la justice. Ce-
(1) Aa point de vue de Thistoire, l'auteur du Mémoire ne parle pas de
Mauger, mais simplement de son fils, Guillaume I, Guerland ou Werlengus,
qui est cité, par Ordéric Vital, comme le premier comte de Mortain. Ce même
auteur fait encore une méprise en parlant d'André de Vitré. Ce seigneur n'é-
pousa point Idde ou Idda, fille de Guerland, mais bien Agnès, seconde fille
du comte Robert I, successeur de Guerland. Après la bataille de Tinchebray,
perdue en 1106, par Guillaume II, fils de Robert I, de Mortain, Robert de
Vitré, fils d'André, neveu par conséquent de Guillaume H, réclama le comté
- 99 —
pendant il nous semble trop s'appuyer sur la nature et l'origine
da comté et pas assez sur celle du bailliage. Il est bien certain
qne ce comté n'a jamais été démembré du Cotentin puisque,
c'est le Cotentin, au contraire, qui en fut distrait en grande partie.
Néanmoins, si les glorieuses origines de ce comté lui ont valu
son indépendance , ce n'est pas seulement sur lui , mais
encore sur le grand bailliage, que roule la discussion et c'est
sorce dernier point quePauteur ne s' est pas suffisamment étendu.
Les comtes de Mortain, comme tous les grands vassaux du
daché, rendirent d'abord la justice. Plus tard, ils se firent rem-
placer par des baillis qui présidèrent les assises en leur nom. A
l'instar des comtes, Philippe-Auguste, en 1196, créa des baillis
royaux. Saint Louis perfectionna l'œuvre de Philippe, en ren-
dant ces baillis sédentaires et en leur assignant un territoire dé-
terminé. Or, on ne peut nier que Mortain, rentré dans le domaine
royal, n'ait été, quant à la justice , incorporé au Cotentin , qui
de son oncle, emprisonné en Angleterre. Il vint même disputer ce comté à
Etienne de Boulogne qui en avait été investi par le roi d'Angleterre, Henri I.
Le baron des Biards soutint les prétentions de Robert de Vitré et battit le
eomte Etienne. Celui-ci, revenu avec une armée plus forte, chassa de ses
terres, Robert de Vitré, et rasa le château des Biards. Relevé peu après, ce
château fut plusieurs fois attaqué au xv* siècle, et en particulier, en 1418.
Les Anglais s'en étant emparés, le démantelèrent. Fut-il restauré quand on le
raidit à François le Soterel,fllB de GuiUaume, défenseur du Mon t-St-Michel?
Nous l'ignorons. Mais François, devenu chambellan de Louis XI, Phabita peu,
ses héritiers encore moins, et, avec le temps, la forteresse tomba complète-
ment en ruine. Ce fut, pour la localité, une perte considérable, car, après la
disparition de ce château, elle diminua de jour en jour d'importance et de
grandeur. De là ce dicton, souvent rappelé en présence d'une fortune qui
disparaît:
C'est comme la Ville des Biards
Qui décadit chaque jour d'un liard.
Par le mot Ville, il faut entendre, non la commune entière des Biards, mais
simplement le village du château qui porte encore le nom de Ville. On
donnait généralement ce nom aux anciennes forteresses, et nous le retrouvons
aux châteaux de Fougères, du TeiUeul, de Tinchebray et de Gondé-sur-
Noireaa.
— <00 —
avait alors un bailli du roi. Ce fait est prouvé par des assises
présidées à Mortain , par quelques baillis de Coutauces ; l'acte
royal, que nous avons donné en entier, au chapitre III , le dé-
clare aussi d'une manière formelle. Il est vrai que, lorsque le
comté fut cédé, de nouveau, à différents princes, l'autorité des
baillis de Cotentin fut fortement entravée , mais elle ne le fut
complètement qu'en 1551. Non - seulement on démembra le
bailliage de Mortain de celui de Cotentin, mais on fit plus, on lui
rendit ses droits constitutifs, ses prérogatives premières, de comté
et de bailliage indépendant.
On eut alors non tout le comté du xii® siècle, mais une partie
de cet ancien domaine où les grands vassaux rendaient^ au nom
du duc ou du roi, la justice souveraine C'est en sappuyant sur
ces constitutions primitives^ rétablies au xv!"* siècle, que l'auteur
du mémoire, déduit habilement ses conclusions, et on doit
ajouter qu'il est dans le vrai. Le comté de Mortain forme, on
peut le dire, un grand bailliage exceptionnel, puisque sa création
est antérieure à celle des bailliages de Philippe-Auguste et de
Louis IX, mais il n'en est pas moins un bailliage royal comme
tous les autres. Louis XY, dans l'acte déjà cité, l'assimile à tous
les grands sièges du royaume. Il a comme eux l'es mêmes attri-
butions, les mêmes privilèges, les mêmes droits. Son chef est
qualifié du titre de bailli d'épée, de bailli royal, de bailli de robe
courte. Comme tous ses collègues, il commande la noblesse, son
nom et ses qualités sont à la tête des actes judiciaires.
Ce comté, ainsi constitué, avait donc droit, comme tous les
autres grands bailliages, à la députation directe. Pourquoi donc
lui a-t-on refusé ce privilège? Etait-ce parce qu'il n'avait point
de prèsidial et qu'il était d'une petite étendue? Cette objection
ne saurait être sérieuse, puisqu'il existait des bailliages, avec
prèsidial, moins considérables que celui de Mortain, et que nous
voyons des bailliages secondaires, de simples démembrements,
demander, et quelquefois obtenir, la députation directe. Âvran-
ches , en 1789, sollicitait lui-même cette faveur.
Objectera-t-on que des géographes, des historiens, ont enclavé
— 101 —
le comté de Moruio dans le bailliage deCotentinTCes faits prou-
vent simplement que ces auteurs ignoraient la nouvelle constitu-
tion du comté. Aussi, pour réparer cet. oubli, nous donnons,
comme documents curieux, deux cartes manuscrites de ce grand
bailliage si peu connu et si singulièrement circonscrit.
La véritable cause de Tunion de Mortain à Coutances, en 1 789,
nous ne la chercherons pas dans une question de droit, car le droit
existe en faveur de Horlain, et Necker ne le conteste pas ; nous
iatrouveronsuniquement dans des antécédents mal définis, et dans
one tendance de l'Etat à centraliser, quand il le pouvait, afin
d'avoir un nombre moins considérable de députés ^^K
Mais revenons à notre mémoire, et voyons ce que le grand
bailli fit de ces Moyens que nous retrouvons si précieusement
conservés dans ses archives.
H. de Geraldin n'en usa point pour discuter ses droits. On
était déjà à la fin de février, les circonstances étaient pres-
santes, il fallait agir au plus vite et le moment n'était guère
favorable aux discussions.
Il attendit donc une occasion plus propice, mais il écrivit lui-
même à Necker, l'auteur de l'annexion des deux grands bailliages
en un seul, et le pria, dans une lettre fort énergique, de
vouloir bien porter ses plaintes au pied du trône, et d'ins-
truire le Roi de l'injustice qui a été faite au Grand Bailli de
loriain. Nous donnons cette lettre qui a été publiée par M. Hip-
peau dans : Le Gouioemement de la Normandie, Tome YI, p. 30,
et dont l'original est aux archives nationales.
(1) M. Th. DesdevisâS-Dudezert , agrégé d'histoire, professeur à la faculté
des lettres de Gaen, dans son Etude iur le Cotentin, en 1789, et les Etatê-
Généraux, a très-bien distingué le grand baiUiage de Mortain de celui du
Cotentin, quand il dit, p. 26 : k Le grand bailliage de Cotentin, l'un des plus
vastes et des plus populeux du royaume , comprenait un bailliage principal,
odoideCoutances, et les sept bailliages secondairesde Saint-Lo, d'Avranches, de
Carentan, de Cérences, de Saint-Sauveur-Lendelin , de Yalognes et de Saint-
Ssaveur-le-Vicomte. En 1789» on lui adjoignit le comté de Mortain et son
annexe le bailliage de Tinchebray, dont les protestations furent écartées. »
— 102 —
« 18 février 1789.
Monsieur le comte dé Géraldin à M. le Directeur général
des finances
» Monsieur,
» Permettez que je vous exprime toute ma surprise de trouver
dans l'état annexé au règlement pour la convocation des États
généraux le bailliage de Mortaiu , compris comme bailliage se-
condaire de celui de Coutances.
» Cette qualification réduit à un rôle subalterne un bailliage
au moins émule de celui de Coutances, porte la plus cruelle atteinte
aux privilèges et aux droits réels de tous les ordres et anéantit,
par le fait, la charge de grand-bailli d'épée, dont j'ai l'honneur
d'être pourvu ; je perds la plus belle de mes prérogatives , celle
de convoquer et de présider la noblesse dans tous les cas ob elle
peut se réunir en corps.
» Décoré alors d'un vain titre, forcé de céder un rang dont
Sa Majesté, par une injustice involontaire bien contraire à la
bonté paternelle de son cœur , me fait descendre sans l'avoir
mérité, je me trouve entièrement à l'écart , à jouer un rôle pu-
rement passif dans la circonstance la plus importante de mes
fonctions.
» Non, Monsieur, leRoi, mieux instruit, ne ferait point éprou-
ver une mortification aussi' déchirante à un ancien militaire dont
tous les moments de la plus tendre jeunesse ont été consacrés à
son service. Après la bataille de Fontenoy, présenté à Louis XV,
couvert de blessures, j'eus l'honneur de recevoir de sa main,
sur le champ de bataille, un témoignage flatteur de ses bontés.
Son auguste successeur aura sans doute les mêmes sentiments
pour un sujet fidèle, également attaché à sa personne sacrée.
» Si mon âge et mes infirmités guerrières me permettaient en-
core de porter moi-même au pied du trône mes justes plaintes,
— 103 —
de peindre à Sa Majesté avec Ténergie d'une âme vraietnent sen-
sible et délicate toute Tamertume d'un oubli aussi affligeant, et
les témoignages d'attachement que m'a montrés dans ce moment-
ci une noblesse brave et généreuse dont j'ai mérité dans tous les
temps l'estime et l'amitié, ma réclamation serait sûrement écou-
tée favorablement par un monarque dont toutes les actions sont
marquées par un nouveau trait de bienfaisance.
» Veuillez, Monsieur, suppléer à ma faiblesse et mettre sous
les yeux du Roi des droits qui vous sont parfaitement connus par
les différents mémoires qui vous ont été adressées par le lieute-
nant-général de mon baillage, la commission intermédiaire
provinciale de Caen et le bureau intermédiaire de ce département.
Je puis vous éviter la répétition de ces détails, mais je dois vous
rappeler. Monsieur, qu'en 1691 une erreur semblable occasionna
une discussion entre le bailli de Coutances et celui de Mortain,
qui fut terminée à l'avantage de ce dernier. Aujourd'hui on ac-
corde une députation directe aux bailliages qui ont nouvellement
acquis les qualités qui y donnent droit, pourquoi la refuserait-
on à celui qui a eu, de tout temps, ces qualités précieuses? Déjà
j'entends les trois ordres qui se refusent à un joug étranger, se
regarder comme privés de fait des droits de concourir à l'élection
des députés, qu'ils ne veulent exercer que sous la direction de
leur chef légitime.
» Je suis, etc. » Comte de Géraldin. »
Le samedi 21 février, 1 789, il y eut à Mortain une réunion
solennelle que le grand bailli vint présider. Là s'étaient réunis
les juges , les avocats et un grand nombre des représentants
des Trois Ordres. Le procureur du Roy, M. Passais de Mont-
benoit, donna lecture des lettres de Sa Majesté, du 24 avril,
touchant la convocation des Etats-Généraux, et d'une ordonnance
du bailli de Cotentin portant qu'il aurait reçu des pouvoirs du
— 104 —
Roi pour convoquer, à Coutances, les bailliages de Mortain et de
Tinchebray. À cette lecture on réclama vivement, et les avocats,
comme les trois ordres réunis, demandèrent la conservation du
droit de députer directement aux Etats-Généraux, avec la trans-
mission directe des ordres de Sa Majesté à H. le grand bailli de
Hortain. Us demandaient, en outre, que de nouvelles instances
fussent faites auprès de Louis XYI.
M. de Geraldin ayant déjà écrit à Necker , attendait une ré-
ponse qui pouvait être favorable, si le Ministre des finances
daignait la présenter à Sa Majesté. Cependant il crut bon de
faire une protestation en règle qui fut envoyée, au Grand-Bailli
de Cotentin. Nous la donnons ici, avec les signatures des trois
ordres, et l'exploit qui l'accompagne :
PROTESTATION.
« Par devant W Jacques-Antoine -François Restout, seul
Notaire Royal en titre, Garde-notes héréditaire du Bailliage et
pour tout le Comté de Mortain, soussigné.
»L'an mil sept cent quatrevingt neuf, le unziemejour de mars,
avant midy.
» Ont comparu Hessire Antoine-Anne-Nicolas de Geraldin, che-
valier, seigneur, comte de Lapenty, Saint Symphorien, Buais,
seigneur de La Vallée et autres Lieux, chevalier de L'ordre Royal
et militaire de Saint Louis, Brigadier des armées du Roi, Grand
Bailli d'Epée du Bailliage et Comté de Mortain» demeurant ordi-
nairement en son château de Saint Symphorien.
» Et Messire Gabriel-François de Vaufleury chevalier, sei-
gneur patron présentateur de Saint Cyr du Bailleul et de Saint
Jean du Corail, seigneur du Bailleul, La Motte, Bondé et autres
Lieux, Conseiller du Roi, Lieutenant-Général Civil et Criminel
et de Police dudit Bailliage demeurant en son hôtel audit Hor-
tain.
» Lesdits Seigneurs comparans présidens des trois Etats dudit
Bailliage de Mortain, savoire ledit Seigneur Comte de Geraldin
I _ 405 —
I
I da Clergé et de la Noblesse, et ledit Seigneur de Saint Cyr du
' Tiers-Etat.
» Lesquels, en cette qualité nous ont présentement déposé et
mis aux mains un acte écrit et signé sur deux feuilles de papier
oon timbré^ portant en substance, protestation contre la Convo-
cation desdits trois ordres dudit Bailliage et demembremens
dMcelui au Bailliage de Coutances et réclamation de leurs droits
et privilèges de députer directement aux Etats généraux, suivant
que le tout est plus au long énoncé audit acte, en date du neuf
de ce mois, signé desdits Seigneurs comparans et de plusieurs
autres personnes de leur ordre et de celui du Clergé, et de la
majeure partie des députés du Tiers État pour l'assemblée qui
vient d'être tenue audit Mortairf et contrôlée au bureau dudit
lieu cejourdhuy.
» Nous requérant lesdits Seigneurs comparans en leursdites
qualités, de joindre et annexer ledit acte à nos registres et mi-
nutes pour d'icelui et du présent être délivré toutes grosses et
expéditions requises et nécessaires, ce que nous leur avons
accordé, après avoir été contresigné, ne varietur par ledit Sei-
gneur de Saint Cyr, dont acte ; fait et passé aux présences des
sieurs Gilles-Harie Yauilegeard Notaire Royal du Bailliage de
Periers et Toussaint-Charles Jammes tous deux demeurans audit
Hortain, témoins signés avec lesdits Seigneurs comparans et
nousdit Notaire, après lecture faite, ainsi signés le C^*^ de Geral-
din. Brigadier des armées du Roi, Grand Bailli d'Epée du
Bailliage et Comté de Hortain ; Devaufleury de Saint Cyr, Yauile-
geard, Jammes avec Restent notaire à la minute du présent con-
trôlée audit Mortain cejourd'huy par le sieur Robillard qui a
reçu quinze sols et aussi signé à ladite minute.
» Suit la teneur dudit acte déposé :
» Les trois ordres du Clergé, de la Noblesse et du Tiers Etat
assemblés à Mortain cejourdhuy neuvième jour de mars mil sept
cent quatrevingt neuf, délibérant entr'eux sur les ordres donnés
par Sa Majesté de se rendre à Coutances le seize, devant le Bailli
dudit lieu pour l'Assemblée des trois Etats, à l'effet de concourir
— 406 —
à la nominatioa des Députés aux Etats Généraux du Royaume
pour lesdits trois Ordres.
» Et coDsidéraut quMl seroit à craindre que ces ordres ne
donnassent par la suite atteinte aux droits et privilèges que ce
Bailliage à de députer directement aux Etats Généraux, comme
Bailliage indépendant d'aucun des autres Bailliages de la Pro-
vince. •
» Que ce privilège est d'autant plus essentiel pour tous les
individus de ce Bailliage et demembremens d'icelui, qu'il pré-
vient le déplacement coûteux de près de vingt lieues.
)^Que le territoire de ce Bailliage est tout différent du sol de
celui de Coutances et de ses demembremens.
» Que d'un autre cAté la population de ce Bailliage est assez
considérable pour avoir des deputations directes, puisqu'on
compte plus de cent vingt mille habitans dans son Ressort.
» Que la ville de Coutances très bornée dans son étendue ne
peut facilement ni sans une rançon ruineuse, contenir un aussi
grand nombre de Députés.
» Que d'ailleurs à ces premiers moyens de fait se réunit encore
la disposition textuelle de l'article cinquante du Règlement du
quatorze janvier dernier qui conserve à chaque Bailliage son
droit réel et particulier de deputation directe, non obstant la for-
mation adoptée par ledit Règlement, reconnue par Monsieur le
Bailli du Cotentin lui-même dans l'article seize de son ordon-
nance du treize février dernier, qui porte qite c'est par ordre du
Roi et pour la convocation des EttUs généraux ^ulemerU qu'il en-
voyé son ordonnance à Monsieur le BaiUi de Mortain^ et qu'il a
d'ailleurs distingué très clairement le Bailliage de Hortain, de
celui de Saint Lô, Àvranches etc. dependans de son Ressort et
que relativement à ceux-ci, il a ordonné qus copies collatiotmées
des Lettres du Roi, du Règlement y annexé et de son ordonnance
seroient portées à Messieurs les CÀeutenans auxdils Bailliages et
qu'en ce qui regarde celui de Mortain il a ordonné au contraire
quelles seroient portées à Monsieur le Bailli de Mortain.
y^ L'Assemblée s'est déterminée à se rendre à Coutances, pour
— 107 —
obéir aux ordres da Roi seulement, et sans entendre se préjudi-
cier en ses droits et privilèges de députer directement aux Etats
généraux, se reservant expressément de supplier Sa Majesté d'y
maintenir ledit Bailliage de Hortain comme Bailliage principal
et indépendant, droit qu'il lui sera facile d'établir par la posses-
sion la plus constante et les titres les plus evidens.
» Pourquoi lesdits trois ordres réunis ont arrêté que la présente
protestation sera déposée devant l'un des Notaires ou Tabellions
de cette ville et expédition d'icelle délivrée et signifiée, en Uxni
que besoin à Monsieur le Bailli du Cotentin pour le maintien et
conservation dudit droit du Bailliage de Mortain et démembre-
mens d'icelui de députer directement auxdits Etats Généraux.
1» Ce que lesdits trois Ordres 'réunis ont signé et arrêté, après
lecture pour leur valoir ce qu'il appartiendra, ainsi signés :
■
» Clergé.
» B. R. Tanqueret curé du Mesnilthebault Doyen rural de Saint
Hilaire du Harcouet, Tabbé de Yaufleury curé de Barenton, Lan-
sard curé du Rocher, Le Bel curé de Mortain, Ledo chanoine de
Mortain, Le Roy curé du Neubourg, Houstin curé des Biards,
T. Jullien curé de Heussey, Fauchon curé de Bellefontaine, Du-
pont de la pemiere c. de St Georges, Gibon curé de Yiray,
Bouillon c. de St Barthélémy, Minier de la Blottais prieur curé
d'Escheris, Santerre curé de Sourdeval, Duhamel curé de Fon-
tenay, F. Dufour prêtre, Th. Duhamel c. de Beauficel, Boutry
de la Fresnaye curé de St Jean.
» Noblesse.
» Demarseul Sg' d'Erac Ch"^ de Saint Louis, Felix-Jean de St
Germain seignenr de la Bazoge, De la Broise du Boulvert Ch' de
St Louis pensionné du Roi, Radulph ancien Cap^ d'Infanterie, Ch'
de Saint Louis, Duhamel Milly, C. Duhamel de Boisleger, Des-
tanger de Heussé, Ch^ Le Breton Ch. de Saint Louis, Poret de la
Bouftiere, Avenel Sg' de la Touche, Le Breton, Le Breton de
Beauchéne, Devaufleury de la Durandiere, De Marseul, Hérault,
- 108 —
De la Chambre de Vauborel, Destanger Seig^ du Petit Husson et
du Bohioeust, G*^ Adigard, Henry de Lepine ch*^ S' du Helay,
Uené Hypolite Pierre de Beaumont Ecuyer, Poulain de la
Chevallerie, G. des Illes, Dauray, De Saint Paul deLaingheard,
Debonnechose, Duhamel de Moisscy, Dupontavice de Perrière,
De St Gilles, PouUain des Châteaux, Delatouche, Pouthaud du
Plessis, Ch*'' de Vauborel, Lentaigne de Montaudin, Verdun de
Barenton, Chevalier deVaufleury, le chevalier de la Tremblaies,
De la Houssaye, Débordes de Chalandré, Devaufleury Ch' de Saint
Cyr, Godard d'Isigny, Piton Seigneur de la Rousseliere et de
Cuves, Couture de Troismars, Mezenge, Achard de Leiuardiere,
Dumesnil S' de la Goudiniere, Le Forestier, Débordes de Fon-
tenay, Devaufleury de St Cyr, le C* de Geraldin Brigadier des
armées du Roy Grand Bailly d'Epée du Comté et Bailliage de
Hortain.
» Tiers^Etat.
» Le Sacher de la Palliere, Le Moine de Villeneuve, Bouillon de
la Lorerie, député^ Le Sacher du Mezeray, Mauduit, A. Le
Jemble, Jacques Le Tavernier, J. Le Perdriel, Henry, P.-F.
Norgeot, G. Bagot, J. Bochin, Michel Soûl, F. Le Rebours,
L. Dubois» J. Gasté, père, Abraham du Boisgobey, Jammes,
Besnier, m*, J. Crezel, F. Loisel, H. Poulain, E. Hedou, J. Le
Chartier, Thomas delà Chevalays, avocat, Champion, Jean de la
Noë, Gilles Le Sage, Cahour, R. Trictin, G. Deschamps, S. Su-
vigny, G. Eslier, Ja. Roussel, Guillaume Le Mardelé, Ju. Surville,
J. Millet, T. Vautier, J. Jullien, Couret des Ivets, avocat,
R. Juhé de Launay, G. Esneu, M. CaîUebotte, Ch. Pierre Le
Franc, J. Dumaine, B. Le Moing, G. Pallix, Moulin Le Bour-
donné, J. Juhel des Landes, Gilles Davy, Jacques Gobard, Le
Dieu Ruaudiere, D. Regnault, G. Macé, C.-G. Lamy, Trocbon,
F. Vaullegeard, Clouard, Anfray, Homo des Vallées, député,
P. Lemasson, R. Mauduit, P. Templer, F. Gandin, S. Poisson,
S.-J.-H. Bonùesœur Bourginiere, avocat, Postel du Hautval,
J.-B. Herbert, J.-Bte Boutry, Guesdon de Beaumont, avocat,
— 109 —
dépoté, J. Boisbeuron, L. Bourget, L. Normand, G. Foinet,
Gesbert, Pierre Segot, Jacques Noël, J.-Phe Hamon, P'*^ Marin
de Colibeanx, Le Pourcelet, Le Mercier, Cousin Deschamps,
J. Courteille, J. Noël Jouin, N. Coupe), Michel Gallon, Osouf,
N. J. Bechet, P. Bechet, F. Grêlé, Haye de la Divere, P. L.
BoDoesœur, G. S. Lenglois, J. Â. le Bourgetel, Julien Le Bor-
dais, Louis Fautrard, Gautier, Thebault l'aîné, Le Rebours de
La Pigeonniere, Delaroche Docteur en médecine, Brehier, M. J.
fiooel, Julien des Loges, Guilmau, Ozenne, Martin Cruel, Beche-
rel Docteur médecin, De la Gerardiere, Blanchet de Laumône,
HoQstin de Monthalé, G. Blouin, C. le Hericey, N. Lair,
J. Cordon, J. B. LeBocey, Le Mercier, J. Trochon, J. B. Pou-
lain, Michel OUivier, Laisné, Le Marchand, Cordon, J. Ladvoué,
Certain, J. Briere, J. C. Ruault, J. Hamel, A. Laisné, Pierre
Martin, F. Couette, M. Trehet, Michel Gillet, Jean Jamont, Giret,
Clouard, Le Carpentier, Delà Porte.. F. Martin, Julien Fauchon,
F. de Brecey, Poirier D. M., P. Frs Mûrie, C. F. J. Roussel,
LeFillàtre, F. Nicole, J. Pichon, Vincent Debon, Louis Dumont,
P. Jouvin, Gilles Chalier, Gilles Boutelou, J. A. P. de La Cou-
siniere, Jacques Couetil, Le Hericey, J. Anfray, Le Roux de
Laanay, Hardy, Roussel, m^, Pierre Hue, F. Le Landais, Fran-
çois Le Sage, G. Le Mardeley, G. J. Le Conte, J. Murcie, J. Le
Compagnon, Hardy, Le Clair, G. Lesage, Colibeaux, L. F. Hes-
louia, Anfray, Poisnel, J. Hardy, Jean Hue, J. Peslin, G. de
Cbamprepus, Jacques Le Tellier, J. Dubois, de la Rue, Chapin,
et Le Sacher de La Palliere député.
» Le tout audit acte de protestation déposé, et audessous de la
dernière signature ci-dessus est écrit : contrôlé à Mortain le unze
mars mil sept cent quatrevingt neuf, reçu quinze sols, signé Ro-
biUard.
» Sur tout quoi demeuré vers nous-d. Notaire La presenteGrosse
en six RoUes celui-ci compris, a été délivrée pour lesdits Sei-
gneurs Présidens , qui l'ont ainsi requise , figurée comme
audit acte de protestation pour les signatures.
» Rbstout. »
— no
EXPLOIT.
» Lan mil sept cent quatrevingt neuf le seize mars environ huit
à neuf heures du matin, à la requête de Messire Anthoine-Anne-
Nicollas de Geraldin, chevallier, seigneur comte de LaPenty,
Saint-Simphorien, Buais, seigneur Delavallée et aultres Lieux
chevallier de l'ordre Royal et militaire de Saint-Louis, Briga-
dier des armées du Roy, Grand-Bailly d'épée du Bailliage et
comté de Mortain et au nom des trois ordres du dit Bailliage,
demeurant mondit seigneur de Geraldin en son château de la
paroisse de Saint-Simphorien ou son domicilie est élu.
» Moi soussigné JuUien Laisné huissier a cheval pour le Roy
en son chatelet de Paris y reçu et immatriculé exploitant par
tout le Royaume de France demeurant en la ville et paroisse de
Mortain; j'ai signifBé baillé, et délivré la présente délivrance de
protestation et liste de signature atestée par icelle avec le présent
mon exploit à Messire Maximilien-Marie Pierre le Vicomte, che-
vallier marquis de Blangy, seigneur et patron de Fontainne,
Etoupefour, Eterville, Aulage, Saint-Martin, L'bortier^ Fontenay
etSaint-Marcott, Grand-Bailli du Gotentin, chevallier de Tordre
Royal et militaire de Saint-Louis et lieutenant général des ar-
mées du Roy. Et à Messire Thomas-Louis-Anthoinne Desmaretz,
chevallier, seigneur de Montchaton, le Chatel, Faulx, Lamotte,
Lagiffardière et autres lieux et ce en la personne du sieur Blondel
leur greffier^ en son greffe situé rue au Rat paroisse Saint-
Nicollasenla ville deCoutances, aujourdui transporté en parlant
au sieur Tarouilly commis de monsieur Blondel greffier du
Bailliage de Coutances ainsy qu'il ma dit estre et sappeler
trouvé audit greffe du Bailliage de Coutances chargé de faire
savoir audit sieur Blondel et ce dernier chargé le (aire savoir à
mes dits sieurs le Vicomte et Desmaretz affin qu'ils n'en ignorent
avec invitation et sommation dy tenir et garder état, relevant en
tant que besoin la ditte protestation pour les fins et jours des
reserves y énoncées ; — a la quelle fin les présentes copies et
eiploit baillées et délaissées a qui j'ai parlé après lecture faitte.
Sor six rolles de papier timbré cottes et paraphés celui-ci y
compris. Constat timbré (sic). » Laisnb. »
Après cette protestation, M. de Géraldin rédigea son Ordon-
naoccy dont un exemplaire fut adressé à H. de Blangy, grand
bailli de Cotentin. Nous la donnons ici dans son entier, avec le
nouvel exploit, de Thuissier royal de Mortain, écrit sur le der-
nier verso de l'ordonnance imprimée.
ORDONNANCE
DE MONSIEUR LE GRAND BAILLI
du Bailliage et Comté de Mortain
CONCERNANT LA CONVOCATION DES l^TATS-G^ÉRAUX
Du Samedi 24 Février 4789.
» Audience de Bailliage tenue à Mortain le samedi 24 Février
1789. Devant Nous Hessire Antoine-Anne-Nicolas de Géraldin,
Chevalier, Seigneur Comte de Lapeoty,Saint-Syphorieo, Buais :
Seigneur de la Vallée, et autres lieux; chevalier de l'Ordre Royal
et Militaire de Saint-Louis, Brigadier des armées du Roi , Grand
Bailli d'Epéedu Bailliage et Comté de Mortain, par Hessire Gabriel-
François de Vauileury, Chevalier , Seigneur Patron présentateur
de Saint-Cyr-du-Bailleul et de Saint-Jean-du-Corail, Seigneur du
Bailleui I^ Hotte, Bondé, et autres lieux. Conseiller du Roi,
Lieutenant-Général, Civil, Criminel et de Police du dit Bailliage,
oà étaient Messieurs Boiton, Lieutenant Particulier, Josset des
Teq;ées, Le Hoine de Villeneuve, et Vezard la Laire, Assesseur et
Conseillers au dit Siège, monsieur le Bailli séant, faisant droit sur
le RéquisitoiredttProcureur du Roi, ditet ordonne que les Lettres
— 112 —
de Sa Majesté du 24 avril 1789, signées Louis, et plus bas Lau-
rent de Yilledeuil, pour la Convocation et Assemblée des Etats-
Généraux du Royaume, ensemble le Règlement y annexé, le lout
envoyé à notre Lieutenant-Général et annoncé, par la lettre de
Mgr le Garde des Sceaux de France, du sept de ce mois, dont a
été donné lecture, seront lues, publiées présentement à T Audience
tenant, et enregistrées en notre Greffe, pour être exécutées sui-
vant leur forme et teneur, publiées à son de trompe et cri public,
dans tous les carrefours et lieux accoutumés, et imprimées,
publiées et affichées, ainsi que notre présente Ordonnance, tant
en cette Ville et Fauxbourgs, que dans les Bourgs, Villages et
Communautés de notre Bailliage, pour y être exécutées suivant
leur forme et teneur, à la diligence du Procureur du Roi.
» En conséquence et vu la réclamation présentement faite, et par
acclamation, tant par le Collège des Avocats, que par le Syndic
Militaire de Mortain, et les Habitants des Trois-Ordres présents en
grand nombre à cette Audience, aux fins de la conservation du
droit de députer directement aux Etas-Généraux, et à ce que les
ordres soient directement adressés à M. le Bailli de Mortain, dont
ils ont requis acte, demandant que nouvelles instances soient
faites auprès de Sa Majesté, en tous temps et circonstances, aux
fins de la conservation des dits droits ; M. le Bailli dit et ordonne,
vu la circonstance pressante et par respect et soumission pour
les ordres du Roi, que sans s'arrêter à. l'Ordonnance de M. le
Bailli du Cotentin, du 13 de ce mois, portant que Sa Majesté lui
aurait adressé les pouvoirs nécessaires, aux fins de la Convoca-
tion seulement, concernant le Bailliage de Mortain et celui de
Tinchebray qui en a été démembré, non plus qu'aux pièces et
actes y joints , lesquelles resteront cependant déposées en notre
Greffe, et protestant, en tant que besoin, contre la dite Ordon-
nance comme incompétemment rendue et contraire aux privilèges
du Comté de Mortain, d'envoyer directement ses Députés aux
Etats-Généraux, que pour cette fois seulement, et sans tirer à
conséquence, tous ceux qui ont, ou qui auront droit de se trouver
à l'Assemblée des Trois-Etats, sont avertis que l'Assemblée des
— us —
Trois-Etats se tiendra à Coutances le 16 Mars prochain, à huit
heores da matin ; auquel lieu ils seront tenus de se trouver
moDis de leurs titres et pouvoirs, s'il n'en est autrement ordonné
par Sa Majesté, le tout sauf et sans préjudice des réclamations
faites et à faire, auxquelles il n'est entendu déroger. Ordonné
qu'il sera procédé à la dite Convocation dans l'étendue de notre
Bailliage, en la forme qui suit :
» {""Qu'à la requête du Procureur du Roi, les Abbés séculiers
ou réguliers, les Chapitres, Corps et Communautés ecclésiastiques
reotés, réguliers ou séculiers, des deux sexes, les Prieurs, les
Curés, les Commandeurs, et généralement tous les Bénéficiers ;
que tous les Ducs, Pairs, Marquis, Comtes, Barons, Châtelains,
et généralement tous les Nobles possédant fiefs dans l'étendue de
ee Bailliage, seront incessamment assignés par un Huissier
Royal, au principal manoir de leurs bénéfices et fiefs, pour com-
paraître, savoir, les Chapitres, Corps et Communautés ecclésias-
tiques, par les Députés de l'Ordre du Clergé, dans la proportion
déterminée par les articles X et XI du Règlement de Sa Majesté ;
et tous les Bénéficiers, ainsi que tous les Nobles possesseurs de
fiefs, en personne ou par Procureurs de leur Ordre, à la dite
Assemblée générale qui sera tenue dans la ville de Coutances,
ainsi qu'il est dit ci-dessus, le 16 mars prochain, si autrement
fi*est ordonné.
» 3^ Que tous les Curés de notre Ressort seront tepus de se
faire représenter par Procureurs fondés de leur Ordre, à moins
qo'ils n'aient un Vicaire ou Desservant résidant dans leur Cure;
auxquels Vicaire ou Desservant nous défendons de s'absenter
pendant le temps nécessaire aux dits Curés pour se rendre à la
dite Assemblée, y assister et retourner à leurs Paroisses.
» 3° Que tous les autres Ecclésiastiques engagés dans les Ordres,
et tous les Nobles non possédant fiefs, ayant la Noblesse acquise
et transmissible, âgés de vingt-cinq ans, nés Français, ou natu-
ralisés, et domiciliés dans notre Ressort, sufiisamment avertis
par les publications, affiches et cri public, seront également
tenus de se rendre en personne, et non par Procureurs, à la dite
8
— H4 —
Assemblée, aux mêmes jour et heure, sauf et excepté les Ecclé-
siastiques résidans es Villes de notre Ressort, lesquels ser6nt
tenus de se réunir chez le Curé de la Paroisse dans laquelle ils
sont habitués ou domiciliés, au jour qu'il leur indiquera, pour
y élire un ou plusieurs d'entr'eux, conformément à Tarticle XV
du Règlement de Sa Majesté.
» 4"" Qu'a la diligence du dit Procureur du Roi, les Maires,
Echevjns, Syndics, et autres Officiers Municipaux des Villes,
Bourgs, Villages et Communautés situés dans toute retendue de
notre Ressort pour la connaissance des cas royaux, seront inces-
samment sommés par un Huissier ou Sergent Royal, en la per-
sonne de leurs Greffiers, Syndics, Fabriciens, Préposés, ou
autres Représentans ^ de faire lire et publier au prône de la.
Messe Paroissiale, et aussi à la porte de TEglise, après la dite
Messe, au premier jour de Dimanche qui suivra la dite notifica-
tion, la Lettre du Roi, le Règlement y joint, et notre présente
Ordonnance, dont un imprimé sur papier libre, coUationné et
certifié par notre Greffier, sera joint à la dite notification. II
sera de plus remis par THuissier autant dMmprimés qu'il y aura
de Paroisses dans chaque Ville, Bourg, Village ou Communauté.
» S"" Que le Dimanche premier mars prochain, tous les habi-
tans du Tiers-Etat des dites Villes, Bourgs, Paroisses et Commu-
nautés de campagne, nés Français ou naturalisés, et compris aux
rôles des impositions, seront tenus de s'assembler au lieu
accoutumé, ou à celui qui aura été indiqué par les Officiers
municipaux, et sans le ministère d'aucun Huissier, à l'effet par
eux de procéder d'abord à la rédaction du cahier des plaintes,
doléances et remontrances que les dites villes, bourgs et commu-
nautés entendent faire à Sa Majesté; et présenter les moyens de
pourvoir et subvenir aux besoins de l'Etat, ainsi qu'à tout ce qui
peut intéresser la prospérité du Royaume, et celle de tous et de
chacun les Sujets de Sa Majesté; ensuite de procéder à haute
voix à la nomination des Députés, dans le nombre déterminé par
l'article XXXI du dit Règlement, lesc^uels seront choisis entre les
plus notables habitants qui seront chargés de porter le dit cahier
— 415 —
à l'Assemblée des Députés du Tiers-Etat de ce bailliage que nous
tiendrons le 5 mars prochain dans TEglise Collégiale de Morlain.
» & Que les certifications des publications ci-dessus ordon-
nées, seront relatées dans le procès-verbal qui sera dressé de
rassemblée qui aura lieu pour la rédaction des cahiers et la no-
mination des dits Députés; que le dit procès-verbal signé par
rOfficier public qui aura tenu T Assemblée, et par son Grefiier,
sera dressé en double minute, dont une sera déposée dans le
greffe de la communauté, et Tautre remise aux Députés en même
temps que le cahier pour constater le pouvoir des dits Députés,
lesquels seront tenus de se rendre et de porter le cahier qui leur
aura été remis à la dite Assemblée particulière et préliminaire
ci-dessus ordonnée.
» 7^ Que les dits Députés , munis du dit procès-verbal et du
dit cahier, seront tenus de se rendre à notre Assemblée du Tiers-
Etat de ce Bailliage, le 5 Mars prochain, huit heures du matin ;
dans laquelle Assemblée, après avoir donné acte aux comparans
de leur comparution , et défaut contre les non comparants, nous
procéderons à la vérification des pouvoirs des Députés, et ensuite
à la réception, dans la forme accoutumée, du serment qu'ils
seront tenus de prêter, de procéder fidèlement en notre présence,
d'abord, ou par eux tous, ou par les Commissaires qu'ils auront
nommés, à la réunion en un seul cahier de tous les cahiers par-
ticuliers qu'auront apportés les dits Députés : ensuite à la nomi-
nation qui sera faite à haute voix du quart d'entr'eux pour as-
sister à l'Assemblée générale des Trois-Etats qui se tiendra dans
la ville de Coutances, de les y représenter, et y porter le cahier
de notre Bailliage.
> 8^ Qu'il sera dressé par Nous procès-verbal de ious les dits
actes , ensemble des instructions qui seront données aux dit$
Députés, pour conférer à ceux qui seront élus à l'Assemblée gé-
nérale pour les Etats-Généraux, des pouvoirs généraux et suffi-
sants pour proposer, remontrer, aviser et consentir tout ce qui
peot concerner les besoins de l'Etat, la réforme des abus, l'éta-
blissement d'un ordre fixe et durable dans toutes les parties de
— 116 -
rAdministration, la prospérité générale du Royaume , et le bien
de tous et de chacun les Sujets du Roi. .
» Et du dit procès-verbal qui restera déposé en notre greffe, il
sera donné copie diïement collationnée aux dits Députés , avec le
cahier du Tiers-Etat de ce Bailliage, pour les porter à T Assem-
blée générale où ils seront tenus de se rendre le 1 6 mars prochain,
huit heures du matin. Et sera notre présente Ordonnance exé-
cutée par provision, nonobstant appel ou opposition , et sous les
protestations ci-dessus exprimées , qui seront signifiées requête
du Procureur du Roi, à M. le Bailli du Cotentin, ou M. son Lieu-
tenant-Général , et au Lieutenant Civil et Criminel du Bailli de
Hortain, séant à Tinchebray; et Mandement au premier des
Huissiers de notre Siège, ou autre sur ce requis, mettre la pré-
sente en due, pleine et entière exécution, et faire pour cet effet
toutes diligences nécessaires.
» A Avranches, de T Imprimerie de Le Court. »
On lit à la suite de cet imprimé :
m Collationné à la minute duement signée et en forme, par
nous Greffier soussigné. Mortain, 21 février 1789.
» MONDRAT. »
Sur le verso, dans l'exemplaire adressé à M. le Grand Bailli
de Cotentin, on a ajouté :
« L'an mil sept cent quatre-vingt-neuf, le seize mars, environ
huit heures du matin; à la requête de M. Passais de Montbenoît,
procureur du Roi du Bailliage de Hortain , demeurant en son
hôtel, sis rue et paroisse du Rocher, fauxbourg de la ville du
dit Mortain , oii il fait son élection de domicile ; moi soussigné
JuUien Laisné, huissier à cheval pour le Roi en son Cbâtelet de
Paris, y reçu et immatriculé, exploitant par tout le royaume de
France, demeurant en la ville et paroisse de IKortain, j'ai signiffié,
baillé et délivré la présente ordonnance des autres parts sur quatre
roUes de papier libre , celui-ci compris , avec le présent, mon
— «n —
exploit à Ifessire Maximilien-Marie-Pierre Le Vicomte, chevalier,
marqais de Biangy, seigneur et patron de Fontaine, Etoupefour,
Eterville , Aulage , Saint-Martin , L'Hortier, Fontenay et Saint-
Marcou, Grand Bailli du Cotentin, chevalier de Tordre royal et
militaire de Saint Louis, et Lieutenant-général des armées du Roi.
Et à Kessire Thomas-Louis-Anthoinne Desmarets, chevalier,
seigneur de Montchaton, Le Chatel, Faulx, La Motte, La Giffar-
dière et autres lieux, et ce en la personne du sieur Blondel, leur
greffier, en son greffe, situé rue au Rat, paroisse Saint-Nicolas
en la ville de Coutances, où je me suis transporté, loin de Mor-
tain de quinze lieux, en parlant au sieur Tarouilly, commis de
M. Blondel^ greffier du Bailliage de Coutances, ainsy qu'il m*a
dit estre et s'appeler, trouvé au dit greffe du bailliage de Cou-
tances, chargé le faire savoir au dit sieur Blondel , et ce dernier
chargé le faire savoir à mes dits sieurs Le Vicomte et Desmarets,
affin qu'ils n'en ignorent avec invitation et sommation d'y tenir
et garder état et sous toutes réserves et exceptions de la part de
mon dit sieur Passais de Montbenoit , la présente copie colla-
tioonée et le présent exploit baillées et délaissées f>ioj, à qui
j'ai parlé après lecture faite.
» Laisné. »
En envoyant cette ordonnance à toutes les paroisses de son
ressort, le Grand Bailli de Mortain adressait en même temps, de
la part du roi, la lettre suivante :
« DE PAR LE ROY.
«Notre amé et féal, Nousavons besoin du concours denos fidèles
Sujets, pour Nous aider à surmonter toutes les difficultés où Nous
nous trouvons, et relativement à l'état fâcheux de nos finances,
et pour établir, suivant nos vœux, un ordre constant et inva-
riable dans tontes les parties du Gouvernement, qui intéressent
le bonheur de nos Sujets et la prospérité de notre Royaume. Ces
grands motifs nous ont déterminés à convoquer l'Assemblée des
— <<8 —
<
Etats de toutes les ProviDces de notre obéissance, tant pour nous
conseiller et nous assister dans toutes les choses qui seront mises
sous ses yeux, que pour nous faire connoître les souhaits et les
doléances de nos Peuples; de manière que par une mutuelle
confiance et par un amour réciproque entre le Souverain et ses
Sujets^ il soit apporté le plus promptement possible , un remède
efficace aux maux de TEtat, et que les abus de tout genre soient
réformés, et prévenus par de bons et solides moyens qui assu-
rent la félicité publique, et qui nous rendent à nous particulière-
ment le calme et la tranquillité dont nous sommes privés depuis
si long-temps.
»Aces causes. Nous vous avertissons et signifions que notre
volonté est de commencer à tenir les Etats libres et généraux de
notre Royaume au lundi 27 avril prochain, en notre ville de
Versailles, où nous entendons et désirons que se trouvent aucuns
des plus notables Personnages de chaque Province, Bailliage, et
Sénéchaussée : Et pour cet effet, vous mandons, et très-expres-
sément enjoignons qu'incontinent la Présente reçue, vous ayiez à
convoquer et assembler en votre ville de Coutances dans le plus
bref temps que faire se pourra, tous ceux des trois Etats du
bailliage de Coutances pour conférer et pour communiquer en-
semble, tant des remontrances, plaintes et doléances, que des
moyens et avis quMls auront à proposer à l'assemblée générale de
nos dits Etats; et ce fait, élire, choisir et nommer quatre du
Clergé, quatre de la Noblesse, et huit du Tiers-Etat, sans plus
de chaque^Ordre, tous Personnages dignes de cette grande marque
de confiance par leur intégrité et par le bon esprit dont ils seront
animés ; lesquelles convocations et élections seront faites djans
les formes prescrites par tout le Royaume, par le Règlement
annexé aux présentes Lettres. Et seront les dits Députés munis
d'instructions et pouvoirs généraux et suffisans, pour proposer,
remontrer, aviser et consentir tout ce qui peut concerner les
besoins de l'Etat, la réforme des abus, rétablissement d'un ordre
fixe et durable dans toutes les parties de l'administration, la
prospérité générale de notre Royaume, et le bien de tous et de
— H9 —
diacun de nos Sujets ; les assurant que de notre part ils troave-
roDt toute bonne volonté et affection pour maintenir et faire exé-
cuter tout ce qui aura été concerté entre Nous et les dits Etats,
soit relativement aux impôts qu'ils auront consentis, soit pour le
rétablissement d'une règle constante dans toutes, les parties de
TAdministration et de Tordre public, leur promettant de deman-
der et d'écouter favorablement leurs avis sur tout ce qui peut in-
téresser le bien de nos Peuples et de pourvoir sur les doléances
et propositions qu'ils auront faites, de telle manière que notre
Royaume et tous nos Sujets en particulier ressentent pour tou-
jours les effets salutaires qu'ils doivent se promettre d'une telle
et si noble assemblée.
» Donné à Versailles le 24 janvier 1789.
» Louis. »
Quand, au prône de l'église paroissiale, on a donné, dans
chaque communauté, lecture de la lettre du roi et de l'ordonnance
du Grand Bailli, les trois Ordres s'empressent d'obéir.
Les membres du Clergé se réunissent au chef-lieu de leur
doyenné respectif, et se mettent à lœuvre. Ces assemblées se com-
posent des curés des paroisses, des prieurs, des chapelains et
des prêtres habitués. On prend note des absents, de ceux qui ne
pourront se rendre à Coutances, mais qui doivent choisir un pro-
cureur. Les chanoines de Mortain ne sortent point de leur collé-
giale mais nomment leurs députés. Il en est de même à l'abbaye
de Savigny-le- Vieux et a celle d'Aulnay. Les religieuses de l'Ab-
baye-Blanche choisissent aussi leur mandataire. Ces prélimi-
naires accomplis, on s'occupe de la rédaction des cahiers. Mal-
heureusement ces premiers manuscrits n'ont point été déposés
au greffe du bailliage, et on ne sait trop ce qu'ils sont devenus.
On n'en connnaît la substance que par le cahier général, porté
à Coutances, -et qui a été publié. Ils demandent qu'on abolisse
les tribunaux d'exception, les douanes intérieures ; qu'on réforme
les Codes, que les ministres soient comptables à la nation et que
- <20 -
les bénéficiers observent la résidence. Ils ne veulent qu'un curé
par paroisse et souhaitent que leur revenu soit de quinze cents
livres en argent ou en essence : à ce prix ils renoncent au ca-
suer'^ Leurs vœux dénotent beaucoup d'indépendance et d'im-
partialité, et^ en beaucoup de cas, ils pensent et parlent comme
le Tiers-Etat.
Les membres de la noblesse ont désigné les châteaux où ils
doivent se réunir pour s'entendre et agir. Les cahiers de ces
réunions primaires ne sont pas mieux connus que ceux du clergé ,
mais ils ont été refondus et réduits en un seul manuscrit qui
nous est parvenu. On voit qu'ils sont disposés à s'imposer des
sacrifices et qu'ils connaissent la gravité de la situation. Aussi
sont-ils très-fermes en ce qui touche les lois de finances. Ils ne
veulent aucun emprunt, aucun imgôt sans le consentement for-
mel des Etats-Généraux ; plus de lettres de cachet ; plus de tri-
bunaux d'exception; responsabilité des ministre;; mais ils
craignent le vote par tête, redoutent la taille et tiennent à leurs
privilèges ^^K
Le Tiers-Etat est, des trois ordres, le mieux placé pour voir
les abus et le plus indépendant pour les signaler. Il n'a rien à
perdre et beaucoup à gagner. Après avoir fait une longue et dou-
loureuse enquête des malheurs dont il est la victime, il les con-
signe dans ses cahiers, indique les moyens de salut et, dans
chacune des municipalités, désigne les mandataires qui devront
porter ses doléances à l'assemblée de Mortain.
Au jour prescrit, ces députés se rendent au chef-lieu du bail-
liage. La réunion est nombreuse. On y compte un grand nombre
de laboureurs qui ont quitté, dans l'intérêt de l'Etat, leurs co-
teaux boisés, leurs modestes demeures, au sein d'ombreux ver-
gers ; des fabricants de papier venus des bords de la Sée et de
la romantique vallée de Brouains; des bourgeois vivant noble-
(1) Voir M. Desdevises -Dudeserl qui a profondément analysé et médité
ees cahiers, p. 4S.
(S) Ibidem, 48.
— <ai —
meot dans lears manoirs précédés de longues avenues de chênes
et de châtaigniers; des médecins, des avocats, des étudiants en
droit ^'\ un directeur des postes, des négociants et des auber-
gistes .
Réunis dans l'église collégiale de Mortain; ils commencent
leurs assises. Après la vérification des pouvoirs, le serment re-
quis, la remise des cahiers dont on donne lecture, ces députés
procèdent à la nomination du quart d'entre eux pour assister
à l'assemblée générale de Coutances. Ils désignent ensuite douze
mandataires pour réunir, en un seul cahier, les vœux et les do-
léances de toutes les paroisses. Le choix a été fait avec intelli-
geace; on a pris des hommes capables qui, sans faire des
phrases pompeuses ou des figures de rhétorique, rédigent dans
un style simple et concis, mais avec beaucoup d'ordre et de bon
sens, les vœux de leurs compatriotes.
En lisant ce long récit des abus qu'ils signalent, des réformes
qu'ils demandent, des moyens qu'ils suggèrent, on est frappé des
connaissances variées et profondes de ces habitants de petites
villes, de ces humbles agriculteurs perdus au fond des vallées,
retranchés à l'ombre des forêts, ou confinés au sein des bruyères
et des landes. On sent que ce n'est plus l'homme de Pôte, le
serf ignorant qui parle^ mais un peuple sage, instruit, versé dans
les affaires publiques, et qui, avec une logique qu'on ne lui
soupçonnait pas, a étudié la situation, les causes de l'affaiblis-
sement de rÊtaty et s'est préparé pour opérer la résurrection de
la France.
Les circonstances étaient solennelles et les temps étaient ve-
Bus de mettre à profit la sagesse et le bon sens du peuple. A la
suite de guerres dispendieuses, de gaspillages des fonds publics,
de fêtes ruineuses, de moyens despotiques et arbitraires, l'Etat
a fléchi sous le poids de sa dette. Seul, il sent son impuissance
(1) TiDcbebray comptait, dans sa réuaion, le fameux Lquis-JeaD Poisson,
imprimeur à Caen. Âvranches avait ud bon nombre de sauniers qui de-
vaient défendre la plus grande industrie de leur baUliage, la fabrication
da sel.
- 122 -
à se relever. C'est alors que le Roi fait appel à la nation et veut
désormais compter avec elle. Depuis longtemps le peuple attend
cet appel , il s'est réveillé^ il a étudié, réfléchi, et maintenant il
est prêt à opérer la plus étonnante révolution qui jamais ait été
tentée dans aucun royaume.
La Révolution est, en efl'et, dans ses cahiers de doléances,
non cette révolution hideuse et sanguinaire de 1793, mais cette
réforme sage, vraie, naturelle qui, mieux dirigée, se fut accom-
plie sans révolte et sans haine.
Les deux cahiers de doléances du grand bailliage de Mortain
embrassent pour ainsi dire, toutes les grandes questions poli-
tiques et sociales. Celui du bailliage principal a six chapitres,
tous sérieusement élaborés*: 1 "* Etats-Généraux et particuliers,
2® Egalité des impôts et charges publiques, 3^ Suppression et ré-
forme des impôts vicieux et arbitraires, i^ Administration de la
justice, 5^ Matières ecclésiastiques, 6^ Doléances locales.
Le premier vœu de Mortain est ainsi conçu : « Que les Etats-
Généraux soient formés par les trois ordres et que les suffrages
y soient comptés par léte. y> Cette demande est capitale , elle re-
médie aux abus qui eurent lieu aux Etats de 1614, dans les
quels on écarta les curés des paroisses et le Tiers-Etat; en sol-
licitant le vote par tête, et non par ordre, comme on le faisait
jadis, il transforme les Etats-Généraux , obtient une majorité ,
et une solution définitive. Il demande ensuite une ConstittUion
basée sur des principes fondamentaux, et qui concilie les libertés
et les franchises de la Nation avec le respect dû à Tautorité sou-
veraine du Roi. Il veut également que le Tiers-Etat ait un
nombre de représentants égal à celui des deux autres Ordres, et
que ces députés soient en proportion directe avec la population
et les contributions des bailliages. Tinchebray exige même la
suppression du cérémonial humiliant qui condamnait le Tiers-
Etat à parler en suppliant, c'est-à-dire à genoux, quand il .
voulait adresser une harangue. On applaudit à ce vœu qui fut
exaucé. Mortain en adresse un autre qui lui était cher et qui eut
le même succès, la députation directe; puis, il entre dans une
- 423 —
foule de considérations pleines de sagesse, sur la compétence des
Etals, les dépenses, les pensions, la suppression des charges
onéreuses et inutiles, la responsabilité des ministres, l'adminis-
tration des finances, la dette publique, les emprunts, les impôts,
les dépenses extraordinaires en cas de guerre, la publication
annuelle du budget, et le retour périodique des Etats-Généraux
et Provinciaux.
Touchant les charges publiques, il souhaite que les impôts
soient communs aux trois Ordres, et veut l'admission du Tiers-
Etat à tous les emplois civils et militaires , son entrée , avec
égalité d'avantage, dans les cours souveraines et dans les
maisons royales d'éducation. Il exige la destruction des bêtes
fauves, une nouvelle législation sur la chasse ; réforme le tirage
et le service militaire; abolit les francs-fiefs, les jurandes, les
maîtrises, les colombiers, les garennes, les péages, et les bana-
lités.
Quant aux impôts vicieux, il supprime les traites, les gabelles,
les aides, la taille et Timpôt sur l'exploitation des terres; de-
mande Tinféodation des terres domaniales ou incultes , une mo-
dération dans les droits de contrôle, et ne veut point de peines
infamantes, si on est pris en contravention.
Dans la justice, il exige la révision des Codes et la suppres-
sion des juridictions prévôtales, des jugements par exception ;
plus de vénalité des offices, plus de priseurs-vendeurs , mais une
égalité pour les poids et mesures , des notaires instruits , et un
Parlement à Caen, au centre de la province.
Une dernière motion passa difficilement à Tinchebray et peut-
être trop facilement ailleurs , ce fut le perfectionnement des ar-
rondissements judiciaires. Condéy tenait contre Tinchebray, qui
n'oubliait pas que son bailliage devait sa création au comté de
Hortain. Ce vote passa aux voix et amena bientôt une nouvelle divi-
sion géographique de la France. On supprima, non-seulement les
bailliages , mais les provinces , les antiques pagi ou pays si
populaires, et même les diocèses qui furent supprimés ou bou-
leversés.
— 434 —
Les matières ecclésiastiques subissent un changement non
moins considérable; plus de déport, plus d'annates, plus de plu-
ralité de bénéfices, plus de lettres de cachet; mais résidence des
titulaires, concours pour les cures, perfectionnement de l'éduca-
tion publique. On veut que les dîmes soient rendues à chaque
clocher, et, si on les supprime, que le traitement du curé ne soit
jamais inférieur à douze cents livres. La suppression des commu-
nautés d'hommes rentées est également votée, et le revenu affecté
aux hôpitaux et aux écoles de charité. Enfin on désire que la no-
blesse ne soit jamais vénale, mais accordée au mérite et pour de
notables senices rendus à la Nation.
Tinchebray ^^^ dépasse le but quand il demande que le clergé
n'ait plus de rapport avec le Pape. Le Tiers-Etat était incompé-
tent pour rémission de ce vœu malheureux. Il amena le schisme
et l'Eglise constitutionnelle, qui furent cause de tant de mal-
heurs I...
Dans les doléances locales, Mortain se plaint que la taille et
ses accessoires, pesant uniquement sur le roturier, affectent à
l'Etat plus de la moitié de ses revenus, sans compter la collecte
des deniers royaux et les rentes de fabrique ; que dans les im-
pôts communs avec la noblesse il est toujours le plus maltraité ;
que son bailliage a été taxé extraordinairement sans proportion
avec son étendue et ses revenus ; que dans ses vallons où l'exploi-
tation est pénible et dispendieuse, où l'engrais est rare, les com-
munications difiiciles, il n'a pas encore six lieues de route con-
venable, et que l'argent destiné à l'entretien de ses chemins a
été affecté à des districts étrangers "\
En finissant, il attend avec confiance le retour de ces Etats-Géné-
raux qu'on ne connaissait plus depuis cent soixante-quinze ans,
(\) Saint-Sauveur-le-Vicomtd , demandait L'élection des évéques et des
curés.
(s) La route commencée dans le bailliage était celle de Vire à Mortain et à
Saint-Hilaire; en 1789 elle n'était achevée complètement que de Vire à Sour-
devaloù se trouvait le bureau de poste pour tout le comté. En 1775, Vire,
Falaise et Domfront n'avaient encore ni route ni bureau.
-T 125 —
et il est convaincu que sous Louis XVI et H. Necker vont luire
enfln des jours de bonheur et de prospérité qu'Henri IV et Sully
n*eassent osé promettre à la Nation.
Nous donnons, du reste, dans le chapitre suivant, Fétat des
trois Ordres qui parurent à Uortain, puisa Coutances, avec les
(Gibiers des doléances du Tiers-Etat.
CHAPITRE V
!•'• Clerné du Bailliage de HortalB.
ÉTAT
•
Des Assignations données^ reqvâtt du Procu/rtwr du Roy du
Bailliage de Mortain auo? Ecclésiastiqites possédants Bé-
néfices, aux Chapitres séculiers d* hommes j aux Ecclésiastiques
attachés ava dits Chapitres ainsi quaux Abbés , Corps et
Communautés séculiers et réguliers des deux sexes.
NOMS DES ASSIGNÉS.
ARRONDISSEMENT DE MORTAIN.
Beauficel Discrète personne M. Jean-Henry Duhamel, curé
de la dite paroisse. 27 février 1 789. Abs.
Bion Discrète personne M. Pierre-Gabriel Mierre, curé de
la dite paroisse. 27 février. A.
Brouains Discrète personne H. Georges-Bertrand de Sonnet^
curé de la dite paroisse. 27 février. P.
Bellefontaine Discrète personne M. Michel Fauchon, curé delà
dite paroisse. 27 février, P.
— 426 -
Chasse^é Discrète personne M. Georges-Michel Bidaut, curé
de la dite paroisse. — Représenté par le sieur
François- Denis Bouillon, curé de St-Barthélemy,
devant le notaire de Mortain, 13 mars.
Cherencé Discrète personne M. Pierre Auguehard, curé de la
dite paroisse. — Représenté par le sieur Jean-
François Geffroy, curé du Mesniltove par procu-
ration devant le notaire de Juvigny du 13
mars.
Chevreville Discrète personne M. Laurent Vauday, curé de la
dite paroisse.
Juvigny Discrète personne H. Gilles J^enouvin, curé de la
dite paroisse. — Représenté par le sieur Jean-
François Geffroy, curé de Mesniltove, par procu-
curation devant le notaire de Juvigny le 12
mars.
La Bazoge Discrète personne M. Louis Bunel*, curé de la dite
paroisse. — Représenté par le sieur Michel Gau-
tier, curé de la Chapelle-Urée, par procuration
devant le notaire de Mortain, 11 mars.
Le Neuf- Discrète personne M. Jean-Michel Leroy, curé de
bourg la dite paroisse. — Représenté par le sieur
François-Denis Bouillon, curé de St-Barthélemy,
par procuration devant le notaire de Mortain,
le 1 1 mars.
Mesnil-Tove Discrète personne M. Jean-François Geffroy, curé
de la dite paroisse. 27 février.
Mesnil-Rain- Discrète personne M. Jean-François Philbert, curé
fray de la dite paroisse. — Représenté par le sieur
Michel Gautier, curé de la Chapelle-Urée, par
procuration devant le notaire de Mortain, du 12
mars.
Perriers Discrète personne M. Jacques-François Dominique
LeBourcier, curé de la dite paroisse. — Repré-
senté par le sieur Georges-Bertrand de Sonnet,
— <27 -
curé de Brouaios , par procuration devant le
notaire de Mortain, le 1 3 mars.
Romagny Discrète personne M. Jean-François Gahour, curé de
la dite paroisse. — Représenté par le sieur Fran-
çois-Marie Gauguelin, prêtre, par procuration
sous-seing du 12 mars.
St-Barthe- Discrète personne M. François-Denis Bouillon, curé
lemy de la dite paroisse. 27 février. P.
St-Jean-du- Discrète personne M. Laurent Boutry, curé de la
Corail dite paroisse. — Représenté par le sieur Etienne-
Julien Le Bel, curé de St-Guillaume de la ville
de Mortain, par procuration devant le notaire de
Mortain, le 14 mars.
Touchet Discrète personne M. Guillaume Mauduit, curé de
la dite paroisse. — Représenté par le sieur
François-Marie Gauvialin, prêtre, par procuration
sous-seing du 42 mars.
Ville 4® Discrète personne M. Etienne -Julien Le Bel,
de Mortain curé de la dite ville. 26 février. P.
2° MM. les Vénérables chanoines de T église collégiale
de Mortain. — Représentés par le sieur Le Poin-
teur, Tun d'eux, par acte capitulaire du 4 2 mars.
3® MM. les vicaires,* chapelains, prêtres habitués et
autres ecclésiastiques attachés au chapitre de la
dite collégiale de Mortain , assignés. — Repré-
sentés par M. Guillaume Boursin , prestre, un
d'eux, par délibération du 4 de ce mois.
Le Rocher 4^ Discrète personne M. Lansard-Desjardins, curé
de la dite paroisse. — Représenté par le sieur
Henry-Jean Dupont de la Presnière, curé de
Saint-Georges-de-Rouelley, par procuration de-
vant le notaire de Mortain, du 40 mars.
2'' Noble et discrète personne M. Laurent de Chan-
son , vicaire général de Troyes, et prieur du
Rocher. 27 février. A.
— «28 —
3® Noble et religieuse dame Marie-Jeanne de Les-
quin , abbesse de l'Abbaye de la Blanche et les
dames de la Blanche. — Représentées par le sieur
Dom Louis-Joseph-Marie du Quesne, prieur de
TAbbaye d'Aulney, par acte capitulaire du
4 mars.
Villechien 1^ Discrète personne M. Jacques Rivière, curé de
la dite paroisse. — Représenté par le sieur Louis
de Yaufleury, curé de Barenton, par procuration
devant le notaire de Mortain, le 10 mars.
2^ Discrète personne M. Yautier, chapelain de la
Bizardière. — Représenté par le sieur Guillaume
de la Brousse, curé de Saint-Ouen-de-rAppeniy,
par procuration sous seing du 12 mars.
ARRONDISSEMENT DE TINGHEBRAT.
Ger 1® Discrète personne M. Etienne Jolivet, curé de la
paroisse. 27 février 1789. A.
2^ Discrète personne M. Jean-Baptiste Dubois, cha-
pelain de la Croix-Robine. 12 mars. A.
Fréne-Poret Discrète personne M. Jean-Baptiste-Adrien Quernel,
curé de la dite paroisse. 27 février. A.
St'Clement Discrète personne M. Henry-François Lecrônier du
Theil, curé de la dite paroisse. — Représenté par
le sieur Nicolas Clouard^ curé de Moutons, par
procuration sous-seing du 1 2 mars.
Moutons M. Nicolas Clouard, curé. P.
Sourdeval 1^ Discrète personne M. Noèl-François Lenteigne,
prêtre desservant de la dite paroisse. — Repré-
senté par le sieur Georges-Bertrand de Sonnet^
curé de Brouains, devant le notaire de Mortain,
le 9 mars.
2^ Le sieur Jean-Baptiste Hiclard, titulaire de la
Photogravure Procède Yves & Barret
Imp. Saleltes
I
I
1^
— 129 —
Vengeons
chapelle de laGuinellière, en la paroisse de Sour-
deval. — Représenté par le sieur Etienne Lepein-
teur, chanoine de Mortain , par procuration
devant le notaire de Hortain, le 1 1 mars.
3® Le sieur René-Joseph Dulaurent, ancien curé de
Notre-Dame-de-Tinchebray, titulaire de la cha-
pelle SaintrGrégoire^ du château de Sourdeval.
— Représenté par M. Jean -François -Charles
Bidot, curé de Tinchebray, par procuration de-
vant le tabellion de Tinchebray, le 12 noars.
Discrète personne M. Thomas Temple , curé de la
dite paroisse. 27 février. A,
ARRONDISSEMENT DU TEILLEUL.
Barenton 1^ Noble et discrète personne M. Gilles-Louis de
Vaufleury, seigneur et patron de St-Patrice-du-
Teilleul, bachelier de Sorbonne, licencié ès-lois
de la faculté de Paris, curé de Notre-Dame de
Barenton^ et doyen rural du Teilleul. P.
2® Discrète personne M. Alin, chapelain de la
Prise-Bizet. — Représenté par le sieur Henri-
Jean Dupont de la Pesnière, curé de St-Georges-
de-Rouellé, par procuration devant le notaire de
Mortain, le 12 mars.
Discrète personne M. Godé , prieur - curé de la
dite paroisse. 27 février. A.
Discrète personne H. Julien Jouault, curé de la dite
paroisse, 27 février. P.
Discrète personne H. Thomas Jullien, curé de la
dite paroisse. 27 février. P.
Discrète personne M. Le Cois, curé. — Représenté
par le sieur Julien Le Franc, curé du Mesnil-
Ozenne, par procuration sous-seing, du 6 mars.
Discrète personne M. de la Brousse, curé de la dite
paroisse. 28 février. P.
9
Buais
Ferrîères
Haussé
Hasson
Lapenty
Le Bois
Le Teilleul
St-Cyr-du-
Bailleul
St-Georges-
de-Kouelley
St-Sympho-
rieo
— 130 —
Discrète personne H. Desmiers, curé. A.
Discrète personne M. Etienne Breillot, curé de la
dite paroisse. — Représenté par le sieur Tho-
mas Jullien, curé deHeussé, par procuration du
notaire du Teilleul, le 13 mars.
1^ Discrète personne M. Thomas Joubin, curé de la
dite paroisse. 27 février, A.
2® Discrète personne M Restou, chapelain du
Jarry. 11 mars. A.
Discrète personne M. Henry-Jean Dupont de la Pes-
nière, curé de la dite paroisse. 26 février. P.
Discrète personne M. Lerbourg, curé de la dite pa-
roisse. P.
ARRONDISSEMENT DE ST-HILAIRK.
Chalendrey Discrète personne M. Alexandre-Abraham du Bois,
curé de la dite paroisse. — Représenté par le
sieur Pierre Outrequin, curé de Boucey, par pro-
curation devant le notaire de Mortain, le T' mars.
Fontenay Discrète personne M. Siméon-Henry Duhamel, curé
de la dite paroisse. 26 février. A.
Isigny Noble et discrète personne M. Godard dlsigny, curé
de la dite paroiese. 28 février. P.
Les Biards 1® Discrète personne M. François Outin, curé de la
dite paroisse. — Représenté par le sieur Gilles
Gibon, curé de Viré, par procuration devant le
notaire de Périers-en-Beauficel, le 9 mars.
2^ Discrète personne M. ChoiBé, prieur du prieuré
des Biards. 27 février. A.
Le Buat Discrète personne M. François-André Hameline,
cure de la dite paroisse. 28 février. P.
Les Chéris 1^ Discrète personne M. Ménil de la Bretaye, prieur-
curé de la dite paroisse. 27 février. P.
2® MM. les religieux de Mont-Morel. 27 février. A.
Marcilly Discrète personne M. Salmon de la Roche, curé de
— 131 -
la dite paroisse. — Représenté par Louis-Gabriel
de la Roche, curé de la Boulouze, par procu-
ration devant le notaire d'Avfanches, le 1 3 mars.
Martigny Discrète personne M. Claude-Charles Duchesne,
curé de la dite paroisse. — Heprésenté par Jean-
Baptiste-Adrien de la Roche, curé des Loges-
Marchis, par procuration devant le notaire de
Saint-Hilaire, du 11 mars.
Mesnil-Thé- Discrète personne M. Nicolas-René Tanqueray, curé
bault du Mesnilthébault. — Représenté par H. Louis
Godard, curé d'Isigny, par procuration devant le
notaire de Chalandré, le 2 mars.
MesQÎlard Noble et discrète personne M. Guillaume-Michel
d'Auray-Paladimère, curé de la dite paroisse. —
Représenté par le sieur Etienne- Julien Le Bel,
curéde Mortain, par procuration devant le notaire
de Hortaio, le 5 mars.
Mesnil-Bœufs Discrète personnels. François-René Heslouin, curé
de la dite paroisse. — Représenté par M. Louis-
Jean Godard, curé d'Isigny , par procuration de-
vant le notaire de Chalandré, du 1 1 mars.
Moulines Discrète personne M. Julien Almin, curé de la dite
paroisse. 28 février. P.
Naflel Discrète personne H. Jean Blondel, curé de la dite
paroisse. — Représenté par le sieur Julien Gau-
tier, curé de Saint-Brice, par procuration devant
le notaire de Mortain, le 4 mars.
Parigny Discrète personne M. Eustache Bourget l'un des
curés de la dite paroisse. — Représenté par le
sieur Jean-Baptiste-Pierre Crespin, curé de Saint-
Hilaire-du-Harcouet , par procuration devant le
notaire de Saint-Hilaire-du-Harcouet, le 11 mars.
Savigny 1^ Discrète personne M. Charles Le Gemble, curé de
la dite paroisse. — Représenté par le sieur
Guillaume de la Brousse, curéde Brousse (.ne),
par procuration devant le notaire de Buais, le
3 mars.
2^ M. des Dies , abbé de Tabbaye de Savi-
gny. 27 février. A.
3* M. le prieur et religieux de Savigny. — Repré-
sentés par dom François Maurice, prieur du
Mont-Saint-Michel, par procuration devant le
notaire de Buais^ le 9 mars.
Saint-Hilairel® Discrète personne M. Jean- Baptiste Le Yoivenet,
prieur du prieuré de Saint-Hilaire. — Représenté
parle sieur Jean-Baptiste-Pierre Crespin, curé de
Saint-Hilaire-du-Harcouet, par procuration de-
vant le notaire de Vire, 3 mars.
2^ M. Jean-Baptiste Crespin, curé de la dite pa-
roisse. 26 février. P.
Yezins Noble et discrète personne M. Nicolas de Gaalon,
curé de la dite paroisse. — Représentépar M. Gilles
Gibon, curé de Virey, par procuration devant le
notai re de Morta in,lei*"mai. ^
Virey Discrète personne M. Gilles Gibon, curé de la dite
paroisse. 27 février. P,
ARRONDISSEMENT DE BRÉCEY.
Brécey Discrète personne M. Jean-Baptiste Noël, curé de
la dite paroisse. — Représenté par le sieur Louis
Bazin, curé de Saint -Laurent -de- Cuves, par
procuration devant le notaire de Brécey, 13 niars.
Coulouvray Discrète personne M. Michel Foubert, curé de la
dite paroisse. — Représenté par le sieur Bazin,
curé de St-Laurent-de-Cuves, par procuration
devant le notaire de St-Pois, le 10 mars.
Cuves Discrète personne M. Jacques-François Anquetil,
(St-Denis) curé de la dite paroisse. — Représenté par le sieur
Jean-Baptiste Ménard, curé duMesnil-Âdelée, par
procuration devant notaire de Brécey, le 10 mars.
- 133 -
Lafioulouze Discrète personne M. de la Roche, curé de la dite
paroisse. 28 février. P.
La Chapelle- Discrète personne H. Michel Gautier, curé de la
Urée dite paroisse. 27 février P.
La HaDcel- Discrète personne M. Levenard, prieur-curé de la
lière dite paroisse. ., 27 février. P.
Le Grand- Discrète personne M. Collibeaux, curé de la dite
Cellaod paroisse. — Représenté par le sieur Julien Le
Franc, curé du Hesnil-Ozenne, par procuration
sous-seing, du 14 mars.
Les-Loges- Discrète personne H. Jacques- François -Samson
SQf-Brecey Huard. — Représenté par le sieur Jean Maupas,
curé de Chérencey-le-Héron, par procuration de-
vant le notaire de Chérencey-le-Héron, le 1 1 mars.
Lingeard Discrète personne M. Jean-François de la Noë. —
Représenté par le sieur Jacques Lallemand, curé
de Montjoie, par procuration devant le notaire
deSt-Pois, 12 mars.
Mesnil- Discrète personne M. Georges Leclerc. — Repré-
Gilbert sente par le sieur Jean-Baptiste Ménard, curé du
Mesnil-Adelée, par procuration devant le notaire
deMortain, 5 mars.
Mesnil- Discrète personne M. Julien Lefranc, curé de la
Ozenne dite paroisse.
Hoaigoihier Discrète personne M. Guion, curé. — Représenté par
le sieur Charles Levenard, curé de la Mancellière,
par procuration sous-seing, 1 1 mars.
Monijoie Discrète personne H. Jean Lallemand, curé de la
dite paroisse. 27 février. P.
MoDtigny Discrète personne M. Pierre Boudier, curé. — Re-
présenté par le sieur Julien Mesnilde la Bretaye,
chanoine-prieur des Chéris , par procuration
devant le notaire de Mortain, pour le siège de la
Roche, le 10 mars.
Reffuveille Discrète personne M. Vatier, prieur-curé. — Re-
- 134 —
présenté par le sieur Jean-Baptiste Desroches de
la Gressille , curé de la paroisse des Loges-
Marchis, devan t le notaire de Mortain» lelOmars.
St -Laurent- Discrète personne M. Louis Bazin , curé de la dite
de-Cuves paroisse. 28 février P.
St-Martin-ie- Noble et discrète personne M.Joseph de Juvigny. —
Bouillant Représenté par M. Julien Fortin , curé de la
paroisse de Ste-Pience, par procuration devant
le notaire de Mortain, le *? mars.
Sl-Pois Discrète personne M. Eugène Lesage, curé. — Re-
présenté par le sieur Louis Bazin, curé de St-Lau-
rent-de-Cuves, par procuration devant le notaire
de St-Pois,le 10 mars.
ÉTAT
Des assignations données à la requête de Monsieur le Procun
reur du Roi du Bailliage de 9f or tain à Messieurs les Ducs^
Pairs, Marquis, Comtes, Barons, Châtelains et généralement
à tom les Nobles possédant fiefs.
NOMS DES ASSIGNÉS.
ARRONDISSEMENT DE MORTAIN.
Ville de Mor- Monseigneur le duc d'Orléans, premier prince da
tain sang, comte de Mortain. —ReprésentéparM. Louis-
Bernardin le Neuf, comte de Sourdeval, par pro-
curation devant le notaire de Paris, le 6 mars.
Beauficel M. le duc de Penthièvre. À.
Bion Noble dame 4nne-Charlotte du Yauborel, veuve de
M. Louis-François de Yauborel, seigneur du fief
de Moulines. — Représentée par M. Jacques de la
Broise, cheval®', seig*" de la Chapelle-Urée, par pro-
curation devant le notaire de Mortain, du 10 mars.
- 135 —
Brouains
fielIefoDlaine Noble dame Françoise -Aotoinette de la Roque^
marquise de Chevrue, veuve deH. Louisde Chevrue
chevalier, seigneur du Mesnil-Tove, Belle-Fon-
taine et autres lieux. 27 février A.
Cbasseguay Noble dame Charlotte - Joséphine de Vauborel,
veuve de Messire Emanuel-Alexandre-Victor De-
ricq, seigneur deChasseguay et autres lieux. —
Représentée par M. Leonord-Robert Danjou,
écuyer, garde du corps du roi. Par-devant le no-
taire de St-Hilaire du 12 mars.
Cherencey
Chevreville ^ . . .
Jovigny Noble dame Louise-Marie de Guiton, veuve deMessire
Léonard-Pierre de Clinchamps, chevalier, sei
gneur de Juvigny. 26 février. A.
LaBazoge Messire Félix de St-Germain, chevalier, seigneur
patron de La Bazoge, Estries et autres lieux. —
Représenté par Charles-François Duhamel, che-
valier, seigneur de Milly, chevalier de St-Louis,
ancien lieutenant-colonel d'infanterie. Par pro-
curation devant le notaire de St-Hilaiire-du-Har-
couet, 9 mars.
LeNeufbourg
Mesnil-Tove Messire Georges-François-Félix comte de Chevrue,
chevalier, seigneur, marquis du Mesnil-Tove,
Bellefontaine et autres lieux, seigneur châtelain
du Touchet, chevalier de Tordre royal et mili-
taire de St-Louis. — Représenté par Messire
René Payen, chevalier, seigneur de la Fresnaye,
devant le notaire de Mortain. 27 février.
Mesnil-Rain- r Messire Sébastien-Anne de Poilvilain, chevalier,
fray seigneur, marquis de Mesnil-Rainfray, comte de
Cresnay et autres lieux. — Représenté à Coutan-
ces, par Charles Le Forestier, sieur de Muneville-
— 136 —
Périers
Romagny
sur-Mer, par procuration devant le notaire de
Paris, 3 mars.
T Messire Gédéon-Joseph de la Houssaie, chevalier,
seigneur du Plessis. Â.
H. André-Georges-René Adigard , seigneur du fief
des Ganteries, situé en la paroisse de Périers. —
Représenté par M. Jacques de la Broise, chevalier^
seigneur de la Chapelle-Urée, par-devant le no*
taire de Périers-en-Beauficel, 9 naars.
1^ Messire Charles-Gui-Bonaventure Achard , che-
valier, seigneur de Bonvouloir, seigneur de
Chancey, en Romagny, major au régiment de
Médoc, chevalier de l'ordre militaire de Saint-
Louis. — Représenté par Messire Luc* René-
Charles Achard, son frère, seigneur de Bonvou-
loir, devant le notaire de Paris. 27 février,
2** Messire François-Pierre Mesnage de la Boutrière,
seign^'de la Grafardiëre, en la paroisse de Baren-
lonj et du Pillon en celle de Romagny. — Repré-
senté par Guy Poullain^seigMesChâteaux, par pro-
curation devant le notaire d'Harcourt, du 4 mars.
3® Messire Jacques-Augustin des Retours, chevalier,
seigneur et patron de Saint-Sauveur, de Saint-
Martin -de- Chaulieu, la Lande -Vaumonts, sei-
gneur des fiefs du Bas-Mesnil , la Bourdonnière
et la CohardièrCj ces derniers situés dans la pa-
roisse de Romagny. — Représenté par François-
Aimé de Cutare Lemet , sieur de Trois-Monts,
par devant le notaire de Mortain, du 7 mars.
4** Messire Charles-François de Ma rceuil, chevalier,
seigneur de la Touche et autres lieux en la pa-
roisse de Romagny. — Représenté par Charles-
Eugène - Narcisse de la Roque de Cahan, offi-
cier au régiment deRoyal-Navare, par-devant le
notaire de Mortain, le 11 mars.
- 137 —
5^ Noble dame Jacqueline - Suzanne Le Harivel »
veuve de Messire Gui-François de Vaufleury, che-
valier, seigneur de Saint-Patrice, tutrice de mes-
demoiselles ses filles, mineures, et, en cette qua-
lité, dame du Mont-Au4m et du TeiUeuletf ces
deux derniers fiefs dans la paroisse deRomagny.
— Représentée par Messire Jacques-Nicolas de.
Vaufleury, chevalier de Saint-Cyr, capitaine au
régiment de Bourbon, par-devant le notaire de
Hortain, 11 mars.
6" Noble dame Gilette - Renée - Genièvre - Marie-
Joseph-Marthe de Fleury, veuve de Messire Fran-
çois de Lenteigne, seigneur des fiefs nobles de la
BcnUeillère et des Aunays en Romagny. 27fév. A.
Saint- Jean- Messire Charles-François Duhamel, chevalier, sei-
du-Gorail. gneur et patron de Milly, seigneur de Massey et
la Morturre, en la paroisse de Saint-Jean-du-
Corail et Husson, chevalier de Tordre royal et mi-
litaire de St'Louis, ancien colonel d'infanterie. P.
Villechien Noble dame Anne Bâillon de Hoissay, veuve de Mes-
sire Louis-François du Hamel, chevalier, seigneur
àeMoissey, chevalier de l'ordre royal et militaire
de Saint-Louis, colonel d'infanterie, et Messire
Alexandre du Hamel, son fils, officier au régi-
ment du Royal-Roussi lion, seig' de VilUchien. P.
ABRONOISSEMENT DE TINGHEBRAY.
Ger
Fresne-Poret
St-Clément
Soardeval Messire Louis-Bernardin le Neuf, comte de Sour-
deval, chevalier, seigneur et patron de Saint-
Jean-du-Fresne, de Saint-Victor-de-Crétanville,
du Montenay et autres lieux, chevalier de Tordre
royal et militaire de Saint-Louis. 25 février. P.
YeDgeons
— 138 —
Noble dame Anne d'Argence, ,Yeuve de Messire
Jacques Lambert, seigneur patron de Vengeons,
la Graverie et autres lieux» et noble dame Lam-
*bert, sa fille, dame et patronne de Vengeons^
Beauchéne et autres lieux, civilement séparée
d'avec Messire Jacques-Louis Le Harivel, baron
de Fresne. — Représentées par Messire Jacques-
Louis deHarivel, baron de Fresne, seign' de Beau-
chesne, par-devant le notaire de Vire, du4 3 mars.
Barenton
Buais
Ferrrières
Heussey
ARRONDISSEMENT DU TEILLEUL.
4® Messire Charles-René Aà Verdun, chevalier, sei-
gneur patron présentateur de la paroisse de Ba-
renton. 27 février. P.
2^ Messire Charles-Louis, chevalier de Verdun, che-
. valier et seigneur de la Vavassorerie, du Bignon,
de Barenton. P.
3^ Messire Jacques-Alexandre de Toury, seigneur
de Bousentier, baron de Feugettes. — Représenté
par René Payen, chevalier, seigneur du Demaine,
par-devant le notaire de Mortain, 42 inars.
Messire Charles-Andiré du Pontavice, seigneur de
Ferrières. — Représenté par Messire Jean-Gabriel
de Bordes, chevalier, seigneur de Fontenay, che-
valier, seigneur de Reffuveille, Rifaudais, deTIsle,
etc., par-devant le notaire de Mortain, du 1 0 mai.
4** Messire Charles-Paul-Eugène marquis de Valory.
— Représenté par MessireCharles-Eugènede Saint-
Paul, seigneur et patron de Lingeard, chevalier
de Saint-Louis, colonel de cavalerie, par-devant
le notaire du Maine, du 4 mai.
2* Noble dame Marie-Olive de Malherbe, veuve de
Messire Jean Avenel de Nantray, seigneur de
Nanlray, Heussé, tutrice de Messire Frédérc-Au-
- 439 —
guste Avenel, son fils mineur. — Représentée par
Messire Jacques-François Payen de la Fermon-
niëre, capitaine de canonniers gardes-côtes, par-
devant le notaire de Mortain, 42 mai*s.
3® Messire Potitaud et Messire Mezange de Saint-
André, chevaliers, seigneurs par indivis du Pies-
sis. — Représentés par Messire Jacques-René-
Jean-Baptiste Ârtur^ chevalier^ seigneur de la
Villarmois, Launey, Champagne , par-devant le
notaire de Mortain, 40 mars.
4® Messire Charles d'Estanger de Heussé, seigneur
de la Haute-Guyardière. — Représenté par Messire
Jacques-Nicolas de Vaufleury, marquis de Saint-
Cyr, capitaine au régiment de Bourbon, infan-
terie, par-devant le notaire de Périers-en-Beau-
ficel, du 9 mars.
usson Messire Joseph-Uenri-Thérèse d'Estanger, cheva-
lier, seigneur des fiefs du Petit-Husson et du Bohi-
neux. — Représenté par Messire Charles-Antoine
Paven, chevalier, seigneur de la Fresnée, par pro-
curation devant le notaire de Mortain, le 27 fév.
Lapentv Noble dame Anne - Charlotte de Yauborel, veuve
de Messire de Gaalon, et Messire Charles-François
du Hamel, seigneur de la Fosse. — Représentés
par JacqUes-Louis Le Harivel, chevalier, baron
de Fresne, par procuration devant le notaire de
Mortain, du 9 mars.
Le Bois(S;«-Marie)
Le Teilleul 4"* Discrète personne Messire Gilles-Louis de Yau-
fleury , seigneur et patron de Saint-Patrice-du-
Teilleul, bachelier de Sorbonne, licenciées-lois
de la faculté de Paris et curé de Notre-Dame de
Bairenton. 27 février.
T Messfre Henri-Antoine de Yaufleory, seigneur de
Saînt-Quentin et de la Bissonnière et du fief de la
— 440 -
Garanterie, en Saint-Quentin des Chardonnets,
sous Tinchebray, et autres lieux. — Représenté
par Messire Jacques- Franco! s Payen de la Fer-
monnière, capitaine des Gardes-Côtes, par pro-
curation devant le notaire de Mortain, 10 mars.
3*" Messire Mathieu de la Chambre, chevalier,
seigneur du Mesnilcibout, duVauboul et Bauson.
— Représenté par Messire François-Louis-Aimé
Coutare, écuyer, seigneur de Tois-Monts, par
devant le notaire de Hortain, le 4 mars.
4"* Noble dame Anne-Françoise de Pennard, veuve
de Messire Louis de Yaufleury de Matterre, che-
valier, seigneur d'Ouessey, Poney, Boishallé et
autres lieux , tutrice de ses enfants mineurs. —
Représentée par Messire Gabriel de Yaufleury,
chevalier, seigneur et patron de Saint^Cyr, par-
devant le notaire de Paris, 4 mars.
Saint-Cyr Messire Gabriel-François de Yaufleury, chevalier,
seigneur patron présentateur de Saint-Cyr-du-
Bailleul et de Saint-Jean-du-Corail, seigneur du
Bautan, la Motte, Boudé et autres lieux, cons-
seiller du roi, lieutenant-général civil et criminel
et de police au bailliage de Mortain, P.
St-Georges Messire Guillaume-François d'Oissey , chevalier ,
seigneur et patron de Saint-Georges, conseiller
du roi en la grande chambre du parlement de
Normandie, seigneur d'Oissey. — Représenté par
Messire Charles-Louis Chevalier de Yerdun, par-
devant le notaire de Rouen, du 9 mars.
St-Sympho- Messire Antoine-Anne-Nicolas de Geraldin, cheva-
rien lier, seigneur comte de Lapenty, Saint-Sympho-
rien, Buais, seigneur de la Yallée et autres lieux,
chevalier de Tordre royal et militaire de Saint-
Louis, brigadier desarmées du roi, Grand-Bailli
d'Epée du bailliage et comté de Mortain. — Re-
— 144 —
présenté par Messire François-Alexandre-Eléonord
Lejolis, écuyer, sieur de VlUiers-Fossard, par-
devant le notaire de Buais, du 2 mars.
ARRONDISSEMENT DE SAINT-HILAIRE.
Chalandrey Messire Pierre Tesson , chevalier, seigneur de la
Fremondais. 27 février.
Fontenay 4"" Messire Jean-Gabriel de Bordes, chevalier, seigneur
patron de Fontenay et autres lieux. 26 février. P.
2** Messire Pierre-René Avenel de Boiserard , che-
valier, seigneur de la Touche, co-patron hono-
raire de la paroisse de Fontenay et autres lieux.
— Représenté par Messire Léonard-Charles-Louis
Poret, chevalier de Saint-Louis, par-devant le
notaire de Mortain. 26 février.
Isigny Noble dame David, veuve de Messire Louis-Nicolas
de Godard, chevalier, seigneur d'Isigny, et Mes-
sire Thomas-Henri Godard d'Isigny. — Repré-
sentés par Messire Thomas-Claude François du
Homme, chevalier, seigneur de Chassilly, par-
devant le notaire, de Mortain, du 44 mars.
Les Biards Messire le marquis d'Oiliamson, chevalier, seigneur
baron des Biards, seigneur des Chéris et autres
! lieux. — Représenté par Messire Léonard-Charles-
Louis Poret, chevalier de Saint-Louis, du 8 mai.
I Le Baat 4 ^ Nobledame Louise Tesson veuvede MessireCharles
du Buat, et Messire René du Buat, son fils, che-
valier, seigneur patron de la paroisse du Buat. A.
2"" Messire Jacques d'Estanger, chevalier, seigneur
de la Masure et de la Faverie, chef de division des
canonniers garde-côtes d'Avranches, chevalier de
Tordre royal et militaire de Saint-Louis. — Re-
présenté par Messire Gabriel-René de Lancesseur,
chevalier, seigneur de la Poliniëre, par-devant el
notaire d'Avranches, du 42 mars.
— 142 —
Les Chéris Messire Louis-Marie de Bordes, chevalier, seigneur
de Chalandré, Le Planty et autres lieux. — Re-
présenté par Messire Jean-Gabriel de Bordes,
chevalier, seigneur de Fontenay, chef seigneur
de Reffuveil, Rifaudois, par-devant le notaire de
Mortain, du 8 mars.
Marcilly 1^ Messire Henri de Camprond, chevalier, seigneur
de Marcilly et autres lieux. 27 février. A.
2° Messire Jacques-François Payen de la Fermon-
nière, chevalier, seigneur de la Fermonnière et de
la Garanderie. 26 février. P.
Martigny Noble dame Marie-Catherine-Jacqueline Lemasson
delà Masurerie, veuve de Messire Charles-René
Vivien, chevalier, seigneur patron de Martigny
et de la Champagne et autres lieux. ^ Repré-
sentée à Avranches, 27 février.
Mesnil-Thé- Messire Louis-Félix Tanquerède de Hauteville, cheva-
bault lier, seigneur des Genetets et du Mesnilthébault,
et du fief de Sienne, àPercy. — Représenté par
Messire Louis-Charles Poullain de Nerville, de-
vant le notaire de Coutances, du 46 mars.
Mesnilard Messire René Mathieu de la Faucherie, seigneur du
Corps et autres lieux. — Représenté par Messire
Louis-Charles Poullain, écuyer, seigneur de Ner-
ville, par-devant le notaire de Mortain, du 9 mars.
Mesnil-Bœufs Messire Henri Gandin de Vilaine, chevalier, sei-
gneur du Mesnilbœufs et autres lieux, 27 fév. A.
Moulines Noble dame Anne-Charlotte du Vauborel, veuve de
Messire Louis-François du Vauborel, chevalier,
seigneur du fief de Moulines et autres lieux. —
Représentée par Messire Jacques de la Broise, che-
valier, seigneur de la Chapelle-Urée, par-devant le
notaire de Mortain, 10 mars, portée à Bien.
Naftel Messire Charles -Gilles de Pracontal, chevalier,
seigneur de Naftel, 27 février. A.
— 443 —
Parîgny Messîre Jean-François-Toussaint de Lorgeril, che-
Talier, seigneur, comte de Lorgeril , seigneur
patron de Parigny, Chevreville et autres lieux,
capitaine des vaisseaux du roi, chevalier de
Tordre royal et militaire de Saint-Louis. — Re-
présenté par Messire Charles-René de Verdun,
chevalier, seigneur de Barenton, par-devant le
notaire de Saint-Hilaire, du 44 mars.
Savîgny
Saint-Hilaire Messire Pierre-François Marie, chevalier, comte de
Bourgblanc, d*Apreville, seigneur de Saint-Hi-
laire et autres lieux. < — Représenté par Messire
Charles-François du Hamel, chevalier, seigneur
de Milly, chevalier de Saint-Louis, ancien lieute-
nant-colonel d'infanterie,, par-devant le notaire
de Saint-Hilaire, du 4 3 mars, porté à Âvranches.
Vezins Messire Douénel, comte de Montecot, chevalier,
seigneur de Vezins, Leva ré et autres lieux. Re-
porté à Avranches, pour Boucey, 27 février.
Virey Messire Charles de Labbé, chevalier, seigneur pa-
• iron de Viré, chevalier de Tordre royal et mili-
taire de Saint-Louis. — Représenté par Mes-
sire Alexandre du Hamel, chevalier, seigneur de
Villechien, officier du Royal-Roussillon, infante-
terie, par-devant le notaire d'Argentan, duSmars.
ARRONDISSEMEMT DB BRÉGEY.
Brécey Messire Louis-Marie comte de Vassy, chevalier,
seigneur marquis de Brécé, mestre de camp de
cavalerie, baron de Landelle, seigneur de la Fo-
rêt de Cellant et autres lieux, chevalier de Tordre
royal et militaire de Saint-Louis. — Représenté
par Messire François-Claude-Harie vicomte de
Briqueville, major en second du régiment du
Vexin, par-devant le notaire deCaen, 40 mars.
- 144 -
Coulouvray 4® Hessire Gilles-Philippe-Marie-Emmanuel Daujou
du Houguey, chevalier, seigneur de Coulouvray,
chevalier de Saint-Louis. 28 février. P.
2^ Hessire Léandre-Louis-Urbain Danjou, cheva-
lier, seigneur de Beausault, ancien officier d'in-
fanterie, pour le fief deBeausault. — Représenté
par Messire Léonard - Robert Danjou, écuier,
garde du corps du roi, par-devant le notaire
d'Avranches. 9 mars.
Cuves Messire Jean-Bapbtiste Piton chevalier, seigneur de
la Rousselière, Champagnes, Cuves, La motte et
autres lieux. — Représenté par Messire Charles-
Eugène de St-Paul , seigneu r et patron de Lingeard ,
chevalier de Saint-Louis, lieutenant-colonel de
cavalerie par-devant le notaire de Mortain, 9 mars.
La Boulouze
La Chapelle- Messire Jacques- Baptiste de la Broise, chevalier.
Urée seigneur et patron de La Chapelle-Urée, cheva-
lier de Tordre royal de Saint-Louis, ancien capi-
taine-commandant du régiment de Monsieur,
pensionné de Sa Majesté. 27 février. P.
La Mancel- Noble dame Louise-Perrine-Françoise- Bonne de
liëre. Lorgeril, veuve de Messire Gabriel-Michel Tesson,
seigneur de La Mancellière, etMessires ses fils. —
Représentés par Messire Charles-René de Verdun,
chevalier^ seigneur présentateur deBarenton^
par-devant le notaire de Mortain, du 8 mars.
Le Grand -Cellant
Les Loges Messire Rodolphe-Henry Billeheust , seigneur des
Loges-su r-Brécé et autres lieux. 27 février P.
Lingehard Messire Charles-Eugène de Saiot-Paul, chevalier
et patron de la paroisse de Lingehard, seigneur
de la Provôtière et des Rousselières, chevalier de
Tordre royal et militaire de Saint-Louis, lieute-
nant-colonel de cavalerie. 25 février. P.
— 145 —
MesDÎI- Messire de Pontavice, comte de Rouffipy,
Gilbert chevalier^ seigneur de la Motte et autres lieux.
Reporté à Rouffigny, sous Avranches.
Mesnil-Ozenne
Montgotîer Noble dame comtesse du Quesnoy , dame et patronne
de Montgotier. — Représentée dans le bailliage
d' Avranches, par M. Payen.
Hontjoia
Montigoy
Reffuveille 4^ Messire Jacques- Augustin de la Barberie, che-
valier, seigneur patron de Reffuveille, brigadier
des armées du Roi , capitaine au régiment des
gardes-françaises. — Représenté par Messire Ga-
briel-François de Vaufleury, chevalier, seigneur
patron de Saint -Cyr, par-devant le notaire de
Paris, le 7 mars,
2° Messire Léandre-Louis-Urbain Danjou, seigneur
de Bansault et autres lieux, reporté à Coulouvray.
Saint-Laurent .•
Si-Martin-le-Bouillant
St-Pois. Messire Eugène Beuvc d'Auray, marquis de Saint-
Pois, chevalier, seigneur de Montjoie , Mesnil-
Gilbert, Goué et autres lieux. — Représenté par
Messire Jacques -Julien-René-Grégoire de Gou-
vets, chevalier, seigneur de Courlils, par procura-
tion devant le notaire de Caen, du 26 février.
ÉTAT
Des Gentilshommes non possédant fiefs, du bailliage de Moriain.
NOMS DES GENTILSHOMMES.
Mortain l"" Messire Charles-Eugène-Narcisse de la Rocque de
Cahan, officier de cavalerie au régiment royal. P.
40
— 446 —
2® Messire Jacques-Nicolas de Vaufleury, chevalier
de Saint-Cyr , seigneur de Boudé, capitaine-com-
mandant au régiment d'infanterie de Bourbon. P.
Les Chéris i"" Messire Charles-Antoine Payen, chevalier de la
Frennaye (sic). p.
2** Messire René-Ma rie Payen . P.
Neufbourg l"" Messire Jacques Gui Poulain, seigneur des Châ-
teaux. P.
S'' Messire Louis-Charles Poulain, seigneur de Ner-
ville. P.
Virey Messire François-Louis-Aimé Couture(sic), seigneur
de Trois-Monts. P.
LesBiards Messire Léonard-Charles-Louis Poret, chevalier de
Tordre royal et militaire de St-Louis. P.
{ UI. TIen-EUit.
» L'an mil sept cent quatre-vingt-neuf, le jeudi 5 mars, sur
les neuf heures du matin, devant nous Messire Gabriel-Fran-
çois de Vaufleury, chevalier, seigneur, patron présentateur de
St-Cyr-du-Bailleul, St-Jean-du-Corail, seigneur du Bailleul, La
Motte, Boudé et autres lieux, conseiller du Roy, lieutenant-|ré-
néral civil et criminel et de police au bailliage de Mortain, en
l'église collégiale du dit lieu, et adjonction de Monsieur Jean-
Julien Leconle.
» Se sont assemblés en conséquence des ordres de Sa Majesté
portés par les lettres données à Versailles le 24 janvier 1789,
pour la convocation et tenue des Etats-Généraux du Royaume et
satisfaire aux dispositions du règlement qui y est annexé dont et
du tout a été fait lecture, et de l'ordonnance de Monsieur le
grand bailly, du 21 février dernier, les seigneurs députés de
l'ordre du Tiers-Etat, choisis par les différentes communautés
dont l'état suit, savoir :
4^ Ville de Mortain et fauxbourg du Rocher : Les sieurs Denis-
Gabriel Le Sacher^ avocat, Jean-Angélique Lemoine de
— 447 —
Villeneuve, conseiller du roi au bailliage, J.-B. -François
Bouillon de la Lorerie, docteur-médecin, et Julien Le Sa-
cher du Meseray, docteur-médecin, députés pour la ville et
fauxbourg du Rocher.
V Beauiicel, 109 feux, députés : André Le Samble et Pierre
Hauduit^ laboureurs.
3° Bion, 435 feux, députés: Jacques Le Tavernier-Brocherie,
et Justin Leperdriel de Launay, laboureurs.
i^ Brouains, 70 feux , députés : Pierre - François Nougeot,
marchand papetier , et Guillaume-Henri Chaptiëre, maître
papetier.
5*" Bellefontaine, 73 feux, députés : Les sieurs Gilles Bagot,
laboureur, et Jean Bochin, fils Jean, laboureur.
6® Chassegué, 36 feux, députés : François Lerebours et Michel
Soûl, laboureurs.
V Cherencé, 180 feux, députés : Louis-J.-B. Dubois, labou-
reur, et Jacques Gasté, marchand papetier.
9" Chevreville, 66 feux, députés : les sieurs Germain-Henri
François Abraham, avocat, seigneur du Bois-Gobé, et
François Queslier, tanneur.
9^ Juvigny, 179 feux, députés : André James, avocat, et
Jacques Besnier, notaire.
10^ LaBasoge, 74 feux, députés : Georges-René Bore, con-
seiller du roi, élu en Télection deMortain, et Jacques Grezel,
laboureur.
11^ Meufbourg, 80 feux, députés: François Loisel, avocat, et
Henri-Simon Poulain, tanneur, et Jean-Angélique Lemoine
de Villeneuve, député pour une autre paroisse.
12^ Meniltove, 164 feux, députés : Etienne Hédou, et Jean Le-
chevalier, laboureurs.
13^ Mesnilreinfrey, 181 feux, députés : François- Julien-Tho-
mas de laChevallais et Julien Champion, laboureurs.
1i^ Périers, 150 feux, députés : Jean-André de la Noë, et
Gilles Le Sage, laboureurs.
15^ Romagny, 300 feux, députés : Siméon Survigny, Gui
— 148 -
Dechamps du Tertre, René Tuelin, et François Cahours,
laboureurs.
]&" St Barthélémy, 100 feux, députés : Guillaume Eslier, et
Julien-Âmbroise Roussel, laboureurs.
17^ St Jean, 100 feux, députés : Guillaume Lemardelé et Julien
Surville, laboureurs.
18® Le Touchet, 240 feux, députés : Jacques Millet, Jacques
Jullien, et Thomas Vautier, laboureurs.
19** Villechien, 150 feux, députés : Guillaume-J.-B. Cœuret
des Joets, avocat, et Robert Juhé de Launay, propriétaire-
20° Ger, 556 feux, députés : Mathieu Caillebotte, Gabriel Esneu,
Biaise Lemoing, Charles-Pierre Lefranc, Guillaume Pallix,
et Jacques Dumaine, laboureurs.
21 ^ Fresne-Poret, 162 feux, députés : Claude-Moullin Le Bour-
donné, négociant, et Etienne Juhel des Landes, aubergiste.
22** St Clément, 200 feux, députés : Jacques Gobard et Gilles
Davy, laboureurs.
23® Sourdeval, 715 feux, députés : Guillaume Macé, pro-
priétaire, Julien Clouard, avocat, Julien Denis, Jean
Ledieu de la Ruaudière, directeur des Postes, Charles-
François Anfray, chirurgien, Charles- Gabriel Lamy, né-
gociant, Denis Regnault, propriétaire, J.-B. Trochon ,
sergent, et Jean-François Vaullegeard Lespetits, vivant de
son bien.
24® Vengeons, 340 feux, députés : Michel Homo les Vallées,
fabriquant de papier, Pierre Templer, marchand, Pierre
Lemasson, marchand, et Pierre Mauduit, laboureur.
25® Barenton, 620 feux, députés : Siméon -Jacques -Henry
Bonne-Sœur Bourginière, avocat, J.-B. Herbert des Aul-
nais, avocat, Jacob -François Guesdon du Beaumont,
avocat, André-Mathieu Postel du Hauval, propriétaire,
J.-B. Boutry, chirurgien, François Gaudin Hatière, et
Maître Sebastien-Julien Poisson, avocat.
26® Buais, 326 feux, députés : Jean Bois-Busnon, Louis Lenor-
mand, Louis Bourget et Guillaume Poisnel, laboureurs.
- 149 —
27* Perrière, 46. feux, députés : Charles -François Gesbert,
avocat, et André Amette, étudiant en droit.
28* Haussé, 200 feux, députés : Pierre Segot et Jacques Noël,
laboureurs.
29* Hussoo, 175 feux, députés : Marin-Pierre Collibeaux de la
Gaudonnière, propriétaire, et Jean-Philippe Hamon, la-
boureur.
30** Lapenty, 200 feux, députés : J.-B. Lepourcelet de la Bou-
verie, Jacques- Belliard Segalais, propriétaire, et René
Lemercier de la Motterie.
31^ Bois, 70 feux, députés : J.-B. Gérard, avocat, et Gilles-
Louis-François Mocbarde la Rogeardiëre, vivant de son bien.
32*^ Teilleul, 500 feux, députés : Louis-Pierre Cousin , avocat,
Claude Lemercier, propriétaire, NicoIIas Coupet, Jacques-
Noël Jouio, propriétaire, Jean Courteille, propriétaire, et
Michel Gallon, propriétaire.
33* Saint-Cyr, 430 feux, députés : Louis-Paterne Ozouf, notaire,
Nicolas Bechet, Pierre Béchel Nicolas Bechet-Goudon-
nière et François Greslé Champsnoirs, laboureurs.
34* Saint-Georges, 325 feux, députés : Jacques-François Haye
Ladivère, chirurgien, Pierre-André Bonnesœur, propriétaire,
Jacques-André Lebourgelet et Georges Simon laboureurs.
33"^ Saint-Symphorien, 104 feux, députés : Julien Lebordais et
Louis Pautrard, laboureurs.
se"" Chalendré, 138 feux, députés.: Jean Busnel et Julien Des-
loges, laboureurs.
37° Fonlenay, 100 feux, députés : Jacques Ozannes, marchand,
et Henry Guillemanl, laboureur.
38* Isigny, 80 feux, députés : Martin Eruet et Jean Cordon, la-
boureurs.
39° Buat, 77 feux, députés : Guillaume Blouin et Charles Lehe-
ricé, laboureurs.
40° Les Biards, 220 feux, députés : Jean-Joseph Lair de la 6e-
rardiëre, avocat, Gilles Blanchet Laumône, propriétaire, et
Pierre-Joseph Houstin.
— 150 —
44"" Chéris, 86 feux, députés : Charles-François Aucher et Jean-
Baptiste Lebossé, laboureurs.
42® Harcilly, 484 feux, députés : Jacques Trochon et Jean-
Baptiste Poullaio , laboureurs.
43® MartigDy, 150 feux, députés : Louis Laisné et Michel Olli-
vier, laboureurs.
44'' Mesnilthebault, 102 feux, députés : Philippe-Julien Cordon,
laboureur, et Jacques Lemarchand, chirurgien.
45" Mesnilard, 180 feux, députés: François-Joseph-Gabriel-
Marie Thébault, avocat, et Jeau-Baptiste Guillaume Gautier,
avocat.
46'' Mesnilbœufs, 401 feux , députés : François-Paul Certain ,
seigneur du Bois-Tirel, et Julien-Madelaine Bière.
47" Moulines, 85 feux, députés : Jean-Charles Ruault et Jacques
Lavoué, laboureurs.
48® Naftel, 47 feux, députés : Jacques Uamel et Alexandre
Laisné, laboureurs.
49" Parigny, 220 feux , députés : Pierre Barbé , marchand ,
Pierre Martin et François Couette, laboureurs.
50* Savigny, 255 feux, députés : Michel Tréhée, Michel Gillet,
laboureurs, et Jean Jamont.
5r Saint-Hilaire, 429 feux, députés : Jacques- Anne Lerebours
delà Pigeonnière, avocat, Joseph Becherel, docteur-méde-
cin, Nicolas Lair, chirurgien, Denis-Gabriel Bréhier , no-
taire, et Jean-Marie Laroche, docteur-médecin.
52" Vezins, 150 feux, députés : Louis Giret et Nicolas Clouard,
laboureurs.
53* Viré, 340 feux, députés: Denis-François-Gabriel Lecarpen-
tier, étudiant en droit, Louis de la Porte, Julieu Fauchon^
et François Martin, laboureurs.
54" Brécé, 500 feux, députés : François-Bruno de Brécé de la
BrisoUière, vivant de son bien , Pierre Poirier, docteur-
médecin, Claude-François-Julien Roussel, chirurgien, Ju~
lien Fillatre, huissier, Pierre-François Marye et François
Mancel, laboureurs.
— 154 —
55° CouloQvray, 250 feux^ députés : François Nicolle, Julien
Pichon et Vincent Debon, laboureurs.
W Caves, 460 feux, députés : Louis Dumont et Pierre-Jouvin
Laderais, laboureurs.
57*" Laboulouze,. 42 feux, députés : Gilles Bouteloup et Gilles
Chalier, laboureurs.
SS"" La Chapelle-Urée, 68 feux, députés : Julien-Antoine-Pierre
delaCourinière et Jacques Couetil, fils Gabriel, laboureurs.
59° La HancelUère, 120 feux, députés : Michel Lehéricé et
Julien Anfray, laboureurs.
60° Grand-Celland, 420 feux, députés: François-Leroux De-
launay, vivant de son bien, et Pierre Hardy, laboureur.
6r Les Loges, 99 feux, députés : Gilles Roussel, docteur-
médecin, et Pierre Hue-Lacroix, laboureur.
62° Lingeard, iO feux, députés : François Lelandais et François
Le Sage, laboureurs.
63° Hesnil-Gilbert, 4 42 feux, députés : Gabriel Lemardeley et
Gabriel Leconte, laboureurs.
6i° Hesnil-Ozanne, 76 feux, députés : Joseph Lecompagnon et
Jacques Muriel, laboureurs.
65° Montgotier, 425 feux, députés : Jacques Hardy et Louis-
François Hardy, laboureurs.
66" Honijoie, 487 feux, députés : Guillaume Le Sage Laubrière
et Pierre Lecler, laboureurs.
6*7* Hontigny, 420 feux^ députés : Louis Heslouin et François
CoUibeaux, laboureurs.
es*" Reffuveille, 250 feux, députés : Charles Poisnel, Jean-
Michel-Marin Anfrây, et Julien Hardy Lepréche^ labou-
reurs.
69° St-Laurent, 250 feux, députés : Jean-Baptiste Hue Garti-
nière,JuIienPeslin et Georges de Champrepus, laboureurs.
70° Saioi-Martin-le-Bouillant , 150 feux, députés : Jacques
Letellier et Julien Dubois, laboureurs.
71° Saint-Pois, 135 feux, députés : Louis de la Rue et Etienne
Chapin, laboureurs.
— 452 —
y^ Lesquels députés nous ont représenté le procès-verbal de
leur nomination et leur cahier de doléances, à la réserve de ceux
de la paroisse de Brouains qui n*ont point de cahier, de ceux des
paroisses de Savigny, Saint-Laurent, Chassegué, Mesnilard et
Fontenay, dont les pouvoirs et cahiers sont réunis, et de ceux de
la paroisse de Montigny qui nous ont représenté leur procès-
verbal de nomination non signé, mais leur cahier signé avec
pouvoir ; auxquels sieurs députés nous avons accordé acte de leur
comparution, et procédant à la vérification de leurs pouvoirs et
les ayant trouvés suflSsants, nous avons d'eux pris le serment
dans la forme accoutumée et en tel cas requis, de procéder bien
et fidèlement, en notre présence, soit par eux tous ensemble ou
par commissaires, à la réunion, en un seul cahier, de tous les
cahiers particuliers par eux apportés; ensuite à la nomination
qui sera faite, à haute voix, du quart d'entre eux, pour assister
à l'Assemblée générale du Tiers-Etat qui se tiendra dans la ville
deCoutances, de les y représenter et y porter le cahier de notre
bailliage, ce qu'ils ont promis de faire.
» Les dits sieurs députés nous ayant représenté qu'il leur pa-
raissait convenable de nommer douze commissaires pour faire
l'extrait et rassembler les demandes des différentes commu-
nautés, ensuite rédiger et réduire tous les différents cahiers dans
un seul, ils ont, de notre consentement, procédé à la dite nomi-
nation, et les voix ayant été par nous recueillies, en la manière
accoutumée, la pluralité des suffrages s'est réunie en faveur des
dits sieurs Le Sacher de la Pallière, Lemoine de Villeneuve,
Bonnesœur-Bourginière , Lerebourg-Pigeonnière, Le Sacher-
Dumezeray, Thomas de la Chevalais, James Provotière , Gau-
tier Bois-Launay, Clouard de la Forétrie, Poirier, Moullin
Le Bourdonné et Cousin Deschamps, lesquels ont accepté la dite
commission et promis de s'en acquitter fidèlement, pourquoi
les cahiers des différentes paroisses leur ont été remis, et sur
leur déclaration qu'il leur fallait au moins deux jours pour ré-
duire les dits cahiers en un, nous avons de leur réquisition ren-
voyé la continuation du présent à lundi prochain, huit heures du
— 453 —
matin, auxquels jour^ lieu et heure, ils sont unanimement con-
venus de se retrouver.
Avant de se retirer Messieurs les députés ont par acclamation
donné plein pouvoir et autorité à Messieurs leurs commissaires
de répondre à toutes demandes des Messieurs du clergé et de la
noblesse faites et à faire, de se concerter soit avec les députés
des différents ordres, soit avec les ordres réunis, sur les moyens
propres à conserver et maintenir le droit du bailliage et comté
de Mortain d'envoyer directement ses députés aux Etats-Géné-
raux, de faire toutes et telles protestations qu'ils jugeront conve-
nables, agréant et ratifiant d'avance tout ce qui sera fait, géré
et consenti par Messieurs les commissaires, lesquels signeront
seuls le procès-verbal de cette présente séance.
» Fait et arrêté les dits jours et an, après lecture, sur les dix
heures du soir. El avant de signer, arrête que le sieur Henry-Si-
méon Poullain restera député pour la paroisse du Neufbourg,
Monsieur de Villeneuve ne voulant accepter, vu qu'il est nommé
député pour la ville de Mortain.
» Suivent les signatures des douze commissaires. »
«•^
«Etce jourd'huy, neuf mars 1789, sur les neuf heures du
matin, en l'église collégiale de cette ville, devant nous, sus dit
conseiller du roy, lieutenant-général civil et criminel au bail-
liage de Mortain, présence et admission de Jean-Julien Leconte,
greffier de notre bailliage et pris pour secrétaire de la présente
assemblée.
» Se sont présentés les sieurs députés ci-devant dénommés, à
l'exception de Louis-François Aucher, au lieu et place duquel a
été substitué^ vu sa maladie, par délibération du général de la
paroisse des Chéris, en date d'aujourd'hui, la personne de Pierre-
Charles Mazier, lequel a accepté la commission et dont nous
avons pris le serment en tel cas requis, et sera son nom substitué
à celui du dit Aucher, pour l'effet du présent.
-- 454 —
» Messieurs les commissaires nommés pour la rédaction de
tous les cahiers dans un seul nous ont représenté le dit cahier^
dont lecture a été donnée, et lequel, ayant été approuvé, a été
signé par ceux des dits députés qui savent signer, et par Nous et
notre grefSer, après l'avoir coté, signé et paraphé au bas de
chaque page, ne varietur.
» L*assemblée délibérant ensuite sur les ordres donnés par
Sa Majesté, de se rendre à Coutances pour se réunir à plusieurs
autres bailliages, aux fins de la rédaction d'un cahier commun et
de procéder à Télection des députés aux Etats-Généraux,
» A considéré qu*il serait à craindre que ces ordres ne
donnassent pour la suite atteinte aux droits et privilège qu'a le
bailliage de Mortain de députer directement aux Etats-Géné-
raux, comme bailliage indépendant d'aucun des autres bailliages
de cette province, privilège d'autant plus essentiel qu*il prévient
les peines et les frais d'un déplacement de près de vingt lieues ;
» Que le territoire de ce bailliage est d'un sol tout différent
de celui du bailliage de Coutances et de ses démembrements ,
que d'un autre côté la population de ce bailliage est assez con-
sidérable pour avoir des députations directes, puisqu'on compte
plus de cent mille habitants dans son ressort; mais parce que les
instants sont pressants, qu'une réclamation préliminaire ne
pourrait avoir lieu, que, d'ailleurs, par une disposition générale
qui se trouve à l'article cinquante du règlement, du 24 janvier
dernier, les droits de chaque bailliage sont conservés en ce qu'il
estdit : « que les députations directes ou indirectes n'apporteront
aucuns changements ou novations dans Tordreaccoutumé de supé-
riorité, infériorité ou égalité des dits bailliages,» conséquence sai-
sie parle bailly du Cotentin qui, dans son ordonnance, du 43 fé-
vrier dernier, se réduit à dire, dans l'article 1 6,<( que c'est par ordre
du Roy et pour la convocation des Etats-Généraux seulement qu'il
envoie son ordonnance à Monsieur le bailly de Mortain, » dis-
tinguant très-clairement le bailliage de Mortain de ceux de Saint-
Lo, Valognes, Avranches et autres, dépendant de son ressort.
Relativement à ceux-ci, il a ordonné que copies coUationnées des
— 455 —
lettres da Roy, da règlement y annexé et de son ordonnance, du
13fé?rier dernier, seront portées à Messieurs ses lieutenants aux ,
dits bailliages, mais pour ce qui regarde celui de Mortain, il
ordonne au contraire qu'elles seront portées à M. le bailly du dit
lieu.
» Toutes ces considérations déterminent l'assemblée à se
rendre à Cou tances pour les opérations qui lui sont ordonnées
par les règlements de Sa Majesté. Ainsi elle va présentement pro-
céder à la réduction au quart du nombre de ses députés, pres-
crite par l'article 33 du dit règlement, se réservant de supplier
Sa Majesté de maintenir le bailliage de ce lieu dans son droit de
députer directement aux Etats-Généraux, comme bailliage princi-
pal et indépendant, droit qu'il lui sera facile d'établir par la
possession la plus constante, les titres les plus évidents , pour
qaoy elle a arrêté que la présente protestation sera, en tant que
besoin, signifiée au bailli du Cotentin.
» Procédant ensuite à la nomination de quarante-huit députés,
formant le quart des cent quatre-vingt-douze députés, ci-devant
dénommés, en conformité des dites lettres du Roy et règlement
y annexé, les voix ayant été par nous recueillies, en la manière
accoutumée, la pluralité des suffrages, après mûre délibération,
s'est réunie en faveur des sieurs :
» Denis Le Saeber de la Pallière, avocat (Mortain], Jacques-
Anne Lerebours de la Pigeonnière, avocat (Saint-Hilaire-du-
Harcouet), Jean-Angélique Lemoine de Villeneuve, conseiller du
Roy, au bailliage de Mortain (Mortain), Siméon-Jacques-Henry
Bonne-Sœur de la Bourginière , avocat (Barenton) , Gilles
Roussel, docteur en médecine (Les Loges-su r-Brécé), Jean-
Baptiste-Guillaume Gautier Bois-Launay, avocat (Mesoilard),
Louis-Pierre Cousin-Deschamps , avocat (Le Teilleul), Pierre-
Poirier, docteur en médecine (Brécé), Michel Homo Les Vallées,
fabriquant de papier (Vengeons), Joseph Bécherel, docteur en
médecine (Saint-Hilaire-du-Harcouet) , Jean -Baptiste-François
Bouillon de la Lorerie, docteur en médecine (Mortain), Julien
Clouard, avocat (Sourdeval) , Bruno-François de Brécé de la j
— <86 —
Brisollière, vivant noblement (Brécé), André James, avocat
(Juvigny), Jean-Harie de la Roche, docteur en médecine (Saint-
Hilaire-du-Harcouet), François-Julien-Thomas de la Chevallais,
avocat (Mesnil-Rainfray) , François Leroux de Launay, vivant
noblement (Grand-Celland), Claude Moulin Lebourdonné, négo-
ciant (Fresne-Poret), Joseph-François-Gabriel-Marie Thébault ,
avocat(Mesnilard), Denis-Gabriel Brehier, notaire(Saint-Hilaire),
Julien-Denis-Jean Ledieu de la Ruaudière, directeur des postes
(Sourdeval), Jacob-François Guédon de Beaumoot, avocat (Baren-
ton], Jean-Baptiste Lair de la Gerardière, avocat (Les Biards),
Jean-Baptiste Boutry, chirurgien (Barenlon), Charles-François
Anfray, chirurgien (Sourdeval), Germain-Henry-François Abra-
ham, avocat, (Chevreville), Claude-François-Julien Roussel, chi-
rurgien (Brécé), Denis-François-Gabriel Lecarpentier , étudiant
en droit (Viré), André-Mathieu Poslel du Hauval, vivant noble-
ment (Barenlon), Gilles Le Sage, laboureur (Périers), François
Cahour, laboureur (Romagny), François-Paul Certain, vivant
noblement (Mesnilbœufs), Etienne Juhel Deslandes, aubergiste
(Fresne-Poret), Pierre-Joseph Houstin, laboureur (Les Biards),
François Gaudin Ratière, laboureur (Barenton), Jacques-Fran-
çois Haye Ladivère, chirurgien (Saint-Georges), Robert Juhé
deLaunay, propriétaire (Villechien), Denis Regnault, laboureur
(Sourdeval), Sebastien-Julien Poisson, avocat (Barenton), Gilles-
Louis -Henry Blanchet de Laumône, vivant noblement (Les
Biards), Charles-Gabriel Lamy, négociant (Sourdeval), Jean-
André Delanoë, laboureur (Périers), Jean-Baptiste Herbert des
Aulnais, avocat (Barenton), Jean-Baptiste Hue Gastinière, la-
boureur (Saint-Laureut-de-C), Gabriel Esneu-Hautebrousse, la-
boureur (Ger), Pierre-François Marye (Brécé), Gui des Champs,
laboureur (Romagny) , Pierre Mauduit, labourelir (Beauficel),
Marin-Jean Busnel, laboureur (Chalendré), Philippe-Julien Cor-
don, laboureur (Mesnil-Thébàult), Louis-Jean-Baptiste Dubois,
laboureur (Chérencé), Julien Surville, laboureur(Notre-Dame-du-
Bois), (ces trois derniers nommés pour adjoints et pour remplacer
ceux qui pourraient manquer par maladie ou autrement) Charles-
-. <57 —
François Gerbert, avocat (Ferrières), et Jacques Bernier, notaire
(Juvigny), au lieu et place des sieurs De la Chevalais et Thébault,
va leur démission.
» Ladite nomination des députés ainsi faite, il leur a été remis,
en notre présence , le cahier de doléances, afin de le portera
rassemblée qui se tiendra, le 16 de ce mois, dans la ville de
Coutances, et leur sont donnés tous pouvoirs requis et nécessaires,
à Teffet de les représenter à ladite assemblée, pour toutes les
opérations prescrites par Tordonnance susdite de Monseigneur le
Grand Bailly, comme aussi de donner pouvoirs généraux et suffi-
sants de proposer et remontrer, aviser et consentir tout ce qui
peut concerner les besoins de TEtat, la réforme des abus, l'éta-
blissement d'un ordre fixe et durable dans toutes les parties de
l'administration, prospérité générale du Royaume et le bien de
U>us et chacun les sujets de Sa Majesté.
» Et de leur part, lesdits sieurs députés qui se sont chargés du
cahier des doléances de notre bailliage, ont affirmé et promis de
le porter à ladite assemblée et de se conformer à tout ce qui est
prescrit et ordonné par lesdites lettres du Roy, règlement y an-
nexé et ordonnance sus dattée ; desquelles nominations de dé-
putés, remise de cahiers, pouvoirs et déclarations, nous avons à
tous les susdits comparants donné acte et avons signé cejour-
d'huy, dix mars 1789, avec les cy-dessus dénommés, autant que
ceux qui peuvent, signer notre présent procès-verbal qui restera
déposé en notre greffe, et dont copie duëment collationnée sera
donnée auxdits sieurs députés, pour les représenter et leur valoir
de pouvoir, et seront tenus, lesdits sieurs députés, de se rendre
à rassemblée générale des Tiers-Etats qui se tiendra dans la ville
de Coutances, le 16 du mois, huit heures du matin.
» Fait et arrêté ce dit jour 10 mars, audit an, après lecture.
» Et avant de signer, nous avons donné lecture à l'iissemblée
d'une lettre à nous adressée par monsieur Passais du Mont-Be-
noist, procureur du Roy du bailliage, relative à la comparution
par lui faite, en robbe, à l'assemblée de jeudi dernier, et lui en
avons accordé acte^ avons icelle paraphée, fait contresigner par
— 158 —
notre greffier et ordonné qu'elle restera annexée à la minute de
notre présent procès-verbal.
» Ordonnons, au surplus, que les délibérations des différentes
paroisses, leurs cahiers de doléances, ainsi que la minute réduite
du cahier général resteront également déposées en notre greffe,
et avons enfin accordé acte de la réclamation faite par acclama-
tion partons les députés en général, d'obtenir, sur le général
de l'élection, la levée d'une somme suffisante pour indemniser
les députés nommés des frais et dépenses de leur séjour et voyage,
lesquels ne pourront excéder six livres par jour, pour chaque
député, et ne pourra être compté plus de deux jours pour aller
et deux jours pour le retour de Coutances.
» Fait et arrêté cedit jour et an que dessus, après lecture. »
Suivent 190 signatures, c'est-à-dire celles de tous les députés
présents. Elles sont généralement très-lisibles, et prennent deux
grandes pages in-folio. — A* la suite on lit :
« Collationé conforme à la minute déposée en notre greffe et remis
à Monsieur Le Sacher de la Palière, avocat et syndic militaire de
cette ville, l'un des députés de Messieurs de l'ordre du Tiers-Etat.»
Ces dernières lignes sont écrites de la main de Messire de Yau-
fleury de Saint-Cyr, et signées par lui, ainsi que du greffier secré-
taire, Lecomte.
CUUBinBB DE DOLÉANCES
Plaintes et RemorUrances de V Assemblée préliminaire du
Bailliage de Mortain.
» Le vœu de l'Assemblée est :
» Que les délibérations de l'Assemblée des Etats-Généraux du
Royaume soient formées par les trois ordres réunis et que les
suffrages y soient comptés par tête.
» Que le premier objet de ces délibérations soit d'assurer inva-
— 459 —
riablement la constitution générale de l'Etat par des règles
fondamentales qui concilient les libertés et franchises de 1^
Nation avec le respect dû à l'autorité souveraine du Roi.
» Que dans cette constitution la composition, l'organisation,
la convocation et la compétence des Etats-Généraux soient fixées.
» Que l'ensemble de cette constitution soit complétée par l'éta-
blissement d'Etats particuliers dans toutes les provinces du
royaume.
» Que dans la composition des assemblées nationales , le
Tiers-Etat ait un nombre de représentants égal à celui des deux
autres ordres réunis et que ses représentants soient nécessaire-
ment pris dans son ordre.
» Que l'organisation des Assemblées nationales soit simplifiée.
» Que le nombre des représentants de chaque territoire soit
proportionné à sa population et à ses contributions, de manière
a établir, sur cette double base^ l'égalité de représentation entre
les provinces en général et leurs districts en particulier.
» Qu'il soit pourvu aux moyens de faire jouir toutela nation des
mêmes avantages dans la députation directe aux Etats-Généraux.
» Que le retour périodique des Etats-Généraux soit nécessai-
rement établi et fixé.
> Que chaque Assemblée nationale soit libre d'avancer le
terme de la suivante, sans pouvoir la retarder.
» Que l'époque de la tenue des Etats-Généraux qui suivra les
prochains, y soit déterminée à plus bref temps que la période
ordinaire.
» Que le moyen d'assurer à la nation l'exécution da retour de
chaque Assemblée, soit prévu et réglé.
> Que la compétence des Etats-Généraux sur toutes matières
relatives à la quotité, à la nature et à la perception des subsides,
ainsi qu'à la législation et administration générale du royaume,
soit réglée.
» Que la quotité de la dette nationale soil exactement vérifiée
parles Etats-Généraux.
> Que les impôts soient proportionnés aux besoins réels de
— <60 —
l'Etat et qu'à cet effet, les Etats-Généraux vérifient les dépenses
néce^aires à chaque département.
» Que dans cette vérification il soit remédié à l'abus des
pensions, avisé à la suppression des charges onéreuses à l'Etat et
inutiles dans l'administration du gouvernement civil et mili-
taire.
» Que la responsabilité des ministres envers la Nation soit établie.
y> Que l'ordre à observer dans l'administration des finances
soit réglé par les Etats-Généraux.
» Qu'aucun impôt établi ou à établir ne puisse être levé sans
le consentement des Etats-Généraux et par leur octroi formel.
» Qu'il ne puisse également être fait aucun emprunt sans le
consentement des Etats-Généraux, sans quoi il ne serait point
obligatoire pour la Nation.
» Que les moyens à employer pour le remboursement de
l'emprunt soient prévus, discutés et réglés parTAssemblée même,
avant que le consentement puisse être accordé.
y^ Qu'aucun impôt n'ait lieu qu'à temps et pour l'inten^alle
seulement d'une Assemblée à l'autre, de sorte qu'il cesse de droit
h l'expiration du terme fixé.
» Que l'enregistrement qui pourrait être fait dans les cours
d'aucun établissement ou prorogation d'impôt ou emprunt ne
puisse suppléer à l'octroi et consentement des Etats-Généraux.
» Qu'il soit néanmoins prévu aux besoins d'une guerre ou
autre cas de dépense extraordinaire qui pourrait arriver dans
l'intervalle d'une assemblée à l'autre.
» Que dans ces cas l'augmentation de la quotité de l'impôt
établi soit préférée à l'établissement d'un nouvel impôt.
» Que le tableau de la recette et de la dépense nationale soit
publié chaque année et que le compte en soit vérifié à chaque
tenue des Etats-Généraux.
y> Que chaque assemblée d'Etats-Généraux s'établisse une
commission intermédiaire, dont les membres seront pris dans
tous les ordres en même proportion que pour la composition des
Etats-Généraux, sauf à prévoir les moyens de la régénérer, soit
par la voie des Etats provinciaux ou de leurs commissions inter-
médiaires ou autrement.
» Que dans les Etats provinciaux et leurs commissions inter-
médiaires, les délibérations soient aussi formées par les trois
ordres réunis et les suffrages comptés par tête.
» Que le Tiers-Etat y ait, comme dans les Etats-Généraux, un
nombre de représentants égal à celui des deux autres ordres
réunis et pris nécessairement dans son ordre.
» Que le Tiers-Etat ait ses syndics particuliers.
» Que le nombre des représentants de chaque territoire y soit
également proportionné à la population et aux contributions.
» Qu'il soit avisé et pourvu aux moyens de faire jouir chaque
canton de la province de l'avantage d'être représenté immédia-
tement aux dits Etats provinciaux par des personnes instruites de
ses besoins locaux et de ses griefs particuliers.
» Que le retour péripdique de l'assemblée desdits Etats pro-
vinciaux soit également établi et fixé.
»Queles Etats provinciaux etleurs commissions intermédiaires
concourent, avec la commission intermédiaire des Etats-Généraux,
àTexécution des délibérations de l'assemblée générale de la Nation.
» Que chacun des dits Etats provinciaux fasse percevoirles im-
pôts de la province par qui il jugera à propos, en se conformant
au régime fixé par les Etats-Généraux.
» Que si les Etats provinciaux n'avaient pas universellement lieu
dans tout le royaume, ilssoient rendus à la province de Normandie.
» Qu'en attendant il soit sursis à l'exécution de tous projets
de construction de nouvelles routes et que iesdits projets ne
paissent être arrêtés sans avoir été préalablement rendus publics,
à l'avance, par des placards publiés et affichés dans les villes,
bourgs et paroisses du territoire dans lequel ils devront rece-
voir leur exécution.
iOALITÉ d'impôts ET CHARGES PUBLIQUES, ETC.
» Que tout impôt à conserver ou à établir soit commun aux-
40*
— <62* —
trois ordres de toutes les provinces du royaume, sans distinction^
avec abolition de tous privilèges pécuniaires.
» Que toutes les charges publiques, comme logement des gens
de guerre^ convois militaires, et toutes autres, soient également
supportées par tous les ordres.
» Qu'il ne subsiste aucune exclusion du Tiers-Etat dans les
emplois quelconques civils ou militaires.
» Que le Tiers-Etat entre pour moitié dans la composition des
cours souveraines.
» Qu'il entre également pour moitié dans les maisons royales
d'éducation, avec égalié d'avantages.
» Que les francs-fiefs soient supprimés.
» Que Ton avise à établir sur le fait de la chasse, regardée
comme droit domanial et non féodal , une législation moins
onéreuse et moins désagréable au Tiers-Etat, et qu'à tout événe-
ment les délits de chasse ne puissent être punis de peine affective
ou infamante, ni poursuivis par voie criminelle, ni constater
autrement que par le genre de preuve ordinaire seulement.
» Que Ton s'occupe de concilier les précautions politiques
que peut exiger la police générale de l'Etat concernant le port ou
usage des armes, avec les moyens de pourvoir à la sécurité par-
ticulière des citoïens de toutes les classes, tant au dedans qu'au
dehors des habitations.
» Qu'il soit avisé aux moyens de garantir les campagnes
voisines des forêts, de la dévastation de leurs moissons par les
dégâts qu'y causent les bêtes fauves, soit par une permission aux
communautés des paroisses de s'assembler et prendre les armes
sous la conduite et à l'ordre de leurs ofiSciers municipaux, ou
autrement.
» Que les levées de milice soient supprimées , autant que
faire se pourra, et que dans le cas où elles seraient indispen-
sables par le besoin d'hommes, il soit permis aux paroisses
d'acheter le nombre qu'elles devront fournir, duquel achat le prix
serait réparti entre tous les contribuables en général au marc la
livre des impositions communes à tous les ordres, parce qu'en
- 163* —
cas de tirage réel les valets et domestiques des nobles et autres
yseraient assujetis sans distinction ni exception, à charge aux
paroisses de délivrer au milicien tombé au sort, une somme fixe
aa moyen de laquelle il pouiTait se redimer du service en four-
nissant un homme à sa place, laquelle somme serait également
répartie comme dessus.
» Que le tirage soit fait gratuitement par les maire et échevins,
aux hôtels de ville.
» Que toutes les corvées et banalités soient rachetables, moyen-
nant indemnité.
» Que tous colombiers et garennes soient supprimés.
» Que les droits de coutume et péage soient supprimés.
SUPPRESSION ET REFORME D*IMPÔTS VICIEUX ET ARBITRAIRES.
» Que les traites à l'intérieur soient supprimées et que provi-
soirement on soit dispensé d'acquits à caution pour l'enlèvement
des denrées du crû du pais, comme cidres et autres, dans les
quatre lieues limitrophes de la Bretagne et autres provinces ré-
potées étrangères.
> Que la gabelle et les aides soient supprimées.
» Que la taille, taillon et accessoires, capitation noble et rotu-
rière et autres impôts arbitraires ou vicieux soient supprimés et
remplacés par un impôt réparti sur les trois ordres, à proportion
de leurs biens et par un rôle commun, en avisant aux moyens de
faire contribuer les capitalistes, les négociants et les marchands.
» Qu'il n'y ait aucun impôt sur l'exploitation des terres.
» Quelle taux des droits de controlle soit modéré.
» Que le tarif desdits droits soit réformé de manière à faire
cesser l'arbitraire dans leur perception et qu'il soit pourvu à
éviter l'inquisition fiscale qu'occasionnent les recherches des
préposés au recouvrement tant desdits droits que de ceux de
eentième denier, insinuation, etc., de tous lesquels droits la
connaissance du litige soit attribuée aux juges ordinaires.
» Qu'en matière d'impôt il n'y ait aucune peine afflictive ou
nfamante et qu'en modérant les amendes on en évite l'arbitraire.
— 164* —
ADMINISTRATION DE LA JUSTIGB.
» Que la procédure civile et criminelle soit réformée par des
commissaires pris dans toutes les provinces du Royaume.
» Qu'il n*y ait point de juridiction prévôtale ny de jugements
par commission.
» Que Ton réforme Tabus des emprisonnements qui se font par
ordre des gouverneurs des provinces sans connaissance de cause.
» Qu'il y ait nécessairement deux degrés de juridiction en
toute matière criminelle, et qu'on ne puisse en éprouver que deux
en matière civile.
» Que tous tribunaux d'exception soient supprimés et que leur
compétence, ainsi que celle attribuée aux intendants et subdélé-
gués, soit rendue aux juges ordinaires.
» Que l'arrondissement des tribunaux en première instance
et en cause d'appel soit perfectionné.
» Que la vénalité des offices de judicature soit supprimée et
qu'il y soit pourvu par élection.
» Que le nombre des juges dans les tribunaux de première ins-
tance soit augmenté et de suite leur compétence en dernier ressort.
y^ Que les privilèges de commiUimus — et autres privilèges at-
tributifs de juridiction soient supprimés, principalement en
matière réelle.
» Que les offices de priseurs-vendeurs et leurs droits soient
supprimés.
» Qu'on ne puisse être reçu à l'état de notaire sans avoir étu-
dié quatre ans chez un notaire ou avocat.
MATIÈRES ECCLÉSIASTIQUES.
» Que les déports des bénéfices cures soient supprimés^ ainsi
que les annates.
» Que les bénéfices cures en patronage ecclésiastique s'ob-
tiennent au concours.
» Que toutes dîmes ecclésiastiques soient rendues à leurs clo-
chers et appliquées à leur destination primitive.
— 465* —
» Que les dîmes soient fixéesà unequotité uniforme.de manière
à éviter les contestations qui s'élèvent journellement à ce sujet, et
qae les pailles ne puissent être vendues qu'aux paroissiens et au
tauxd'uneappréciation communèqui sera fixée dans les bailliages.
» Que les paroisses soient déchargées des réparations presbi-
térales.
> Que les communautés d'hommes reniées soient supprimées
en pourvoyant au sort des religieux actuels et que leurs biens,
autres que les dîmes, vertissent h l'acquit des dettes de l'Etat, ou
soient appliquées à d'autres objets d'utilité publique, tels que
bureaux et écoles de charité.
» Que la pluralité des bénéfices ne puisse avoir lieu.
» Que tout bénéficier, même sans charge d'âmes, réside dans
le lieu du bénéfice à peine de privation des fruits, dont le profit,
à l'égard des bénéfices sans charge d'âmes, sera appliqué aux
bureaux et écoles de charité et au soulagement en général des
pauvres des lieux, à la poursuite et diligence des officiers mu-
nicipaux.
» Que si les dîmes ecclésiastiques n'étaient pas rendues à leur
destination primitive, les portions congrues soient augmentées
à raison du nombre de feux, et cependant ne puissent être
moindre de douze cents livres.
» Que l'abus des lettres de cachet soit réformé.
» Que la presse jouisse d'une juste liberté.
» Que l'éducation publique soit perfectionnée et qu'il soit
remédié aux abus qui ont lieu dans les Universités.
» Que la noblesse ne puisse être vénale et soit seulement
accordée au mérite et pour considération de grands et notables
services rendus à la nation.
» Que les droits qui se perçoivent sur les contrats d'échange,
autres que ceux de controUe et d'insinuation, soient supprimés.
DOLÉANCES LOCALES.
» Si le Tiers-Etat en général a lieu de se féliciter de l'heureux
retour des Etats-Généraux, celui que fournit le bailliage de
Mortain a dû voir son salut dans ce grand événement. La masse
de ses impositions est effrayante en tous sens.
» D'abord, la taille et ses accessoires^ au nombre desquels est
la prestation en argent représentative de la corvée, pèsent uni-
quement sur le roturier, et affectent à TEtat plus de la moitié de
ses revenus. La collecte des deniers royaux et des rentes des
fabriques absorbent, en outre, tousles vingt ans, pour chaque par-
ticulier tant soit peu aisé, un capital de trots cents livres au moins.
» Dans les impôts communs avec la noblesse^ le roturier ne
jouit d'aucune modération ; il y est toujours le plus maltraité.
» Ensuite, dans Tordre de la contribution de la Généralité de
Caen, celle du bailliage de Mortain a été fixée sans proportioa
avec rétendue de son arrondissement et les diverses circonstances
qui concourent à lui assurer des ménagements dans la balance
générale des impôts.
» C'est un sol presque partout stérile, pierreux; montagneux,
il est rempli de landes, de bruières, de bois où se réfugient des
légions de lapins ; il est coupé par une vaste forêt, d'où les bêtes
fauves se répandent dans les campagnes et y portent les plus
horribles dégâts; il est hérissé de colombiers, dévasté par des
nuées de pigeons, surchargé de rentes seigneuriales qui se per-
çoivent sans diminution de droits royaux ; l'exploitation en est
pénible et dispendieuse. Ton y manque d'engrais; les communi-
cations y sont rares et difficiles, et cependant on lui a donné
plus d'importance qu'aux meilleurs fonds de la généralité et oq
l'a taxé avec plus de rigueur.
» Aucune compensation ne rachette ces désavantages locaux :
Quelques moulins à papier, une manufacture de poterie concen-
tréedans une seule paroisse et très languissante, sont toutes les
ressources industrielles du pais.
» On a achevé de combler sa détresse en distrayant les fonds
destinés à la construction et réparation de ses routes , qu'on a
appliqués à des districts étrangers et même, dit-on, à d'autres
provinces.
)» Quoique depuis la conversion des corvées en prestations
— 467* —
pécuniaires, TEIection de Hortain ait payé plas de douze cents
mille livres> elle n'a pas encore six lieues de route conduites à
leur perfection.
» Mais la destruction des abus est prochaine, Ton va voir
sons Louis XVI et Monsieur Necker luire des jours que Henri lY
et Snlly n'eussent osé promettre à la nation.
INSTRUCTIONS ET POUVOIRS AUX DÉPUTES.
» Se conformeront les députés, autant que faire se pourra, aux
articles suivants :
» 'He pourront être élus pour représentants du Tiers , aux
Etats-Généraux, aucuns ecclésiastiques, personnes nobles ou
jouissant des privilèges de la noblessse, uy leurs baillis, séné-
chaux, procureurs fiscaux, fermiers, régisseurs, gens d'affaires
on toutes autres personnes dans leur dépendance.
» Me pourront aussi être élus pour représentants du Tiers, les
subdélégttés des commissaires départis, leurs commis ou se*
crétaires, aucunes personnes pourvues d'offices ou emplois de
finance, ni entrepreneurs d'ouvrages publics.
Nommeront les députés autant d'adjoints qu'il y aura de re-
présentants du Tiers aux Etats-Généraux, lesquels adjoints rem-
placeront, suivant l'ordre de leur élection, ceux des représentants
qui manqueraient aux Etats-Généraux, soit pour maladie, autre
cause ou empêchement.
» Il sera recommandé, aux députés aux Etats-Généraux, d'en-
tretenir, autant qu'il sera possible, une correspondance suivie
avec les adjoints qui s'entretiendront, à leur tour, avec les maires
de ville de leurs districts, et ceux-ci avec les sindics municipaux
de leurs arrondissements.
» Alloueront les députés une somme quelconque aux repré-
sentants du Tiers aux Etats-Généraux, laquelle sera repartie
ainsi qu'il sera trouvé juste.
» Pourront, au surplus, les dits députés faire à l'assemblée
de Contances telles protestations^ soutiens et réclamations qu'ils
jugeront convenables à l'occasion des élections qui seraient faites
— 168* -
contre la teneur des instructions ci-dessus, ou pour tous autres
objets qui leur paraîtraient préjudiciables aux intérêts du Tiers,
s'en rapportant sur le tout à leur zèle, fermeté, âme et conscience.
» Le présent cahier fait et arrêté par les commissaires dé-
nommés pour cet effet, par les députés du Tiers-Etat, par le pro-
cès-verbal du cinq de ce mois, sous les protestations expresses
des dits députés qu'ils n*entendent nommer leurs députés au
bailliage de Coutances que provisoirement pour obéir aux
ordres du Roi et sans donner atteinte au privilège du bailliage
de Mortain de députer directement aux Etals-Généraux, comme
bailliage principal et indépendant d'aucun autre, pour la con-
servation duquel droit toutes reserves sont faites , conformé-
ment à la délibération qui en a été arrêtée, et relativement à la
protestation des trois ordres réunis, arrêtée ce jourd'hui, dont la
minute est déposée devant Maître Restout, notaire.
» Ainsi arrêté ce neuf mars mil sept cent quatre-vingt neuf, i»
Le tout signé de 482 signatures des députés du bailliage.
A la suite de ces noms, Monsieur de Vaufleury de St-Gyr ajoute:
» Le présent contenant seize pages, celle-ci comprise, a été
coté et paraphé par Nous Messire Gabriel-François de Vaufleury,
chevalier^ seigneur patron présentateur de Saint-Cyr-du-Bail-
leul et de St-Jean-du-Corail, seigneur du Bailleul, La Motte,
Boudd et autres lieux, conseiller du Roy , son lieutenant géné-
ral civil et criminel au bailliage de Mortain^ collationné à l'ori-
ginal déposé à notre greffe et remis par nous, président de
Messieurs de Tordre du Tiers-Etat, à Monsieur Le Sacher de la
Palierre, avocat et syndic militaire de cette ville, pour le porter,
comme Tun des députés, à l'assemblée des Trois Etats qui se
tiendra à Coutances, le 46 de ce mois.
» A Mortain, ce 40 mars 1789.
» de Vaufleury DE Saint-Cyr.
» Leconte, greffier secrétaire. »
(Voir la seconde partie du grand bailliage de Mortain, page 497.)
CATALOGUE RAISONNÉ
PLANTES VASCliLAlRES ET CfilLULO-VASCULAlRES
DU DÉPARTEMENT DE LA MANCHE {$uUe).
^mm
CLASSE DEUXIÈME.
OAIiICiriiOBBS.
Corolle poly ou monopétaie, insérée avec les étamines sur le
ealice quejiquefois siaminifère; ovaire libre ou adhérent au tube
ealicinal.
i^XAA/XAi
27« Fam. GÊLASTRINÊES. — CELASTRINEJE. R. Br.
PENTANDRIB MON06YN1E L. — AaBRE3 ROSACÉS Toum.
NERPRUNS JUSS.
Nom tiré 4tt gmf^ ÇelasPrWp du grec Mtmpê^, nçm d'un ar-
buste indéterminé.
Arbrisseaux à fevilles simples et à graines afiUées.
6. Evonymiie Toum. — Fasain.
De ^t biea et ^w^mi, nopi, bien Bosimé; allosion à cette
piaote dont le fruit simule jmd boanet de prêtre.
E. EUaOPiKUS. L.— F. ly EUROPE (E, mlgaris Scop. —
44
— 462 —
Tenuifolius. — Fusomus Cresc. — Anonymes Cord. Tetragonia
TheophrastiLngA,) Bonnet carré, depritre^ Bois carré, à lardoire^
Fusain, Garas, Garais, Fixais, Yricle. Bret. Boned Komek. Angi.
# _
Common Spindle-tree. Ail. Spindel-Baum. Ital. Fusagine. —
Lign. — Mai-juin. Haies, bois. AR. Arbrisseau vénéneux, surtout
pour les moutons et les chèvres. Il sert à préparer le charbon de
fusain pour le dessin.
On trouve parfois dans les parcs TE. LATIFOLIUS Scop., cul-
tivé comme ornement.
Le STAPHYLEA PINNATA. L. - STAPHYLIER PINNJÉ
(faya Pistachier, Nez coupé) se trouve aussi naturalisé dans
quelques-unes de nos haies, surtout dans les environs àeSourdeval,
Mortavn, CoutanceSySt-Ovmyetcr, c'est un arbrisseau d'ornemeat.
28« Fam. RHAMNÉE8. - BHAMNEM. R. BR.
PENTANDRIE MONOGYME L. — ARBRES ROSACÉS Toum.
NERPRUNS JUSS,
Nom tiré du genre Bhamnus, [Nerprun.
Arbres et arbrisseaux à feuilles simples, ordinairement al-
ternes et stipulées.
G. RhainiMiB Tourn* — IVerpran*
Du grec Paftvoç, nerprun, aubépine, ou de /w6îoç, baguette, c. à
d. arbrisseau à rameaux grêles.
R. FRANGULA L. — N. BOURVAINE (Frangula mUga-
mRchb. ÀlnurS nigra, bacdferaV^vk. Avomus Cresc.) Bourgène^
Bourdaine, Aulnenoir y Bois de noire femme, Pouveme, RhfjJnirbe
des paysans. Bret. Evl, Envor. kn%\,Buçk'sthom, Aider Buck*s
thom, BreadingBuch'sthom. — Lign.— Mai-juill. Bois, haies. AC.
— 463 —
R.CATHARTICUSL. -iV. PURGATIF. (R. solv^imsdtv.
Sfim cervina Gesn. Hort.) Bret. SpertirMelen. ÂDgl. Purging.
Buck's thom Ail. SUg DorUy Wegg Dom. Ital. Banno. Bour-
gipine, Epine de Cerf^ Quémoty Noirprun, Nerprun. — Lign. —
Kai-JQin. Haies, bois. RRR. Environs de ^Lo.
Ses baies ont été jadis très-employées comme purgatives.
Leur suc précipité par l'alun forme le veri de vessie.
C'est à tort que quelques personnes ont indiqué le R. Paliurus
L (Epine de christ) cpmme se trouvant à Bacilly et dans les en-
TiroDs dp Brécey; cette espèce de Syrie a été confondue avec un
Gkditschia iriacanthos L. ou Tun Aes Robiniers hispides^ qui sont
deox légumineuses papilionacées.
29e Fam. PAPILIONACÉES. — PAPILIONACEjE Tourn.
DIADE&PHUB DÊCANDRIE L. — LÉGUMINEUSES /USS.
Nom tiré de Papilio, papillon, à cause de l'aspect des fleurs.
Arbrisseaux et herbes à feuilles alternes, rarement simples,
généralement composées, bi-stipulées. Fruit désigné sous le nom
de légume.
"^ Feuilles simples.
6. UleiL L. — /ijone.
De Y^i) ou Yliv^ broussailles, ou de tvfi^ lance; à cause de
son aspect ou de la présence de ses piquants. >
D. EUROPiEUS. — J. D'EUROPE. (U. Europmus L. part.
--Demalis Thore. — grandiflorus Pourr.) Genêt épineux. Jonc
épimeuxy marine Jomarin^ Jan, Bois Jan, Jean Brusc^ haut
jonc, Hédin, Hudvn^ Landier, Jauge, Lande, Lande épineuse j Vi-
gneau, Vignon, Guignât, Sainfoin d'hiver y d'Espagne, Piquets.
Bret. Lama. Angl. Gorze, European Furze. AU. Meer Binson. Ital.
Ginestra spinosa. — Lign. — Décembre-mai. Landes, haies,
bois, TC.
-r. 104 —
U. 6ALLI1 Planch. — irf. DE LE GALL. {V. propinciàlM
Lois, parviflorus Pourr. Europœus L. p.) Dannèque. — Lign.
—Août-décembre. AR. Landes, coteaux, bots, falaises maritimes.
Yar. himilis Planch. TG. dans les landes de la Hague.
U. NANUS Sm. — J. NAIN. (V. autummlis Thore, minor
Roih, Evropaus L. p.) — Liaunet. — Lign. — Juîllet^octobre.
Coteaux secs, landes, falaises. AC.
Les deux premières espèces varient de ])ort, de couleur, selon
les stations et le terrain, ce qui a fait proposer par un botaniste
cberbourgeois des variétés ioflnies qui doivent être toutes rame*
nées aux deux premiers types. Les jeunes pousses sont utilisées
comme un excellent fourrage. Mauvais bois de chauffage ; cendres
maigres, très-peu potassées.
6. Gentota Toum. -- GionéHé
De Gen, boisson, en breton, ou Aeyow, genou; allusion aux
angles de la tige.
G. ANGLICA L. — G. D'ANGLETERRE. [G. minor Lamk.)
— Lign. — Avril-mai. Bois, bruyères, lieux marécageux. TR.
Je ne l'ai point observé dans l'arrondissement de Cherbourg après
plus de vingt-six ans d'herborisations. Erotidevilky près la gare
du Ham, Le Ham^ la lande, Lessay, la lande, Ste-Cécilet les
prés de Lâcherie, Ducey, bois d'Ardenne, Ckampeaiut, landes de
Beuvais, les cent-vergées, Tanis, landes de Noyant et Gfan-
champ, etc.
G. TINCTORIA L. — G. DES TEINTURIERS. (Spartiim
Roth.) GénestroUy Genéireikf Bois à jaunir. Angl. Dyer^s Genis-
iar^ Green Weed, Dyer*s Weed. AIL Fairbeinder genisUn,
Kleiner Deutscher Genister. It. Ginestra di tinctori. — Lign. —
Juillet-août. RRR. Grétille, la plaine, Montchaton, coteau do
- 466 —
camp romain, Pontorson^ chemÎD d'Aucey, Senan, la lande.
Celte espèce présente ûm variations éans les fenilles et les fruits.
■
Le 6. SA6ITTÀLIS L. se trouve sur les limites du départe-
ment, soit sur la route de Pontorson à Rennes y à quelques kilo-
mètres; il pourrait donc bien exister dans les cantons de Saint-
JatneSy Poniorzon, BarenUm et le T^It^I, que j*ai moins explorés.
G. PIL08A L. - G. FELU. — Lign. — Mars-mai. Bois.
TR. Mortain, bois vers BiywrbeTouge.
6. SarotbamnuB Wimm. — • Sarotbamne.
De ooLpoçj balai, et Oflcfivoc, buisson, allusion à ses usages.
S. SCOPARIUS Wimm. —S, A BALAiS (Spartium L. —
Genisia Lamk., Cytims Linck. Genista mUuyr Lon. — angur
loM C. B.) GenSlà balais. Bret. Balan, Banal, Benal, Benoi
Angl. Common Broom. Ail. Geni$ter. — Lign. — Avril-juin.
Bois, landes, talus des fossés, coteaux. TC.
Ses feuilles, ses fleurs et ses graines sont émétiques et pur-
gatives. Son bois donne des cendres très-riches en potasse, ex-
cellentes pour les lessives.
LeCytisa» LAbamainL. — Cytise à grappes (Ar-
tois, AiiboibrSy faux Ebenier) est souvent planté sur les haies,
dans les pares et les avenues.
Le Robbila P«eado-ilLoaeia L. (Breton Owez ou
Kamy vulgairement Robinier, faux Acacia. Acacia, se trouve
naturalisé abondamment sur nos haies des environs d'^/trancAes^
à lel point qu'on Ty dirait indigène.
— 166 —
G. Oiioiil« L. — IBugrane*
De 6ywvcç^ nom grec de la plante ou de ovoci âne» et ov^fu, être
utile, délecter; plante qui platt aux ânes.
0. PROCURRENS Wall. — B. DIFFUSE (0. repens L. —
mitis Lyst. Anonis viscosa Tourn. — sine spinâ Ger. — Natrix
Plinii Vdirk. ) Jrrêle-bœuf. Angl. Common Rest Harrow — Viv.
— Juin-sept. AC.
Var. 0. arvensis Lamk. AC. champs pierreux du littoral.
Var. 0. maritimaGr. etGodr. (0. repens L.) C. sables ma-
ritimes.
0. SPINOSA Wall. — B. EPINEUSE. (0, camjw5*im Koch
Anonis spinosa Tourn. Rémora arcUri Dod. Resta boms Trag.)
Râambeuf. Angl. Cammock, Best Harrow. Ail. Hau Hechel,
Stall-Krauty Oschen Bresch. It. Anonide, Bulicama. — Viv. —
Juillet-sept. Pâturages, bords des chemins. R. FlottemamilU'-
Hague^ route de Valognes, Les Pieux^ route de Flamanville,
Sioutilley Vauvilley Quinéville, DonviUe, Granville, Chav^ey^
sur le littoral. AC. sur les calcaires du Cotentin, Eroudeville^
Chef-du-Vont , le Ham; StrOven. '
Ces deux espèces sont confondues sous les noms vulgaires de
AgoUy ^gavon, Arc de bœuf, BougrainCy Botigrane, Bugave^ Bu--
grarcy Bugrande^ Carre bœuf y Epine de boeuf. Mâche noire y
Tendon.
6. Medlcago L. — LiUSEerne.
DeMiT^cxi^y nom grec de la luzerne par Théophraste et^roa herbe,
ou herbe de Médée.
M. SATIVA L. — L, CULTIFÉE. (Foin et Trèfle de Bour-
— 467 —
gogne) Angl. Pii/rple Medick Luceme. Ail. Schnehenkke. -^
Tiv. — Mai-juiU. Naturalisée dans la région maritime C.
Exeellent fourrage.
M. POLYCARPADc. et Le Maoût.— £. POLYCARPE—km.
— Mai-août. Lieux sablonneux, bords des chemins, surtout sur le
littoral. R.
Yar. M. derUicuUUa Willd. Angl. Toothed Mediek. R. Cher-
bourg y plage de F Est, Le Roxel, Les Piem, et sur le littoral Est
et Ouest.
Yar. U, apiculata Willd. R. Falaises, le littoral de Cherbowrg
à AvrancheSf avec la précédente.
M. LUPULINA L. — L. LUPULTNE - (M. fFilldmovii
Bcenng.) Luzerne houbhnnée. Minette^ Minette dorée, Triolet , '
Mirlirot des ChampSy Lotier, Trèfle noir^ jaune. Angl. BlackMe-
diek, Nonsuek. — Ann. — Mai-août. Prairies^ lieux sablonneux,
mars, chemins. TC.
Yar. M.^i/UenomBœnng. — Miellés du Rozel et de Surtain-
fiille,
' M. MINIMA Lamk. — L. NMNE, (Angl. Little bur Medick.)
— Ann. —Mai-juillet. Lieux secs, pierreux. — TR. Rédlle,
Pont-de-Saire, St-fVaast; plage marine.
M. MACULATA Willd.— L. MACULÉE (M. Arabica Ail.—
cordata Desr.) Maillettes. Angl. Spotted Medick. — Ann. — Mai-
août. Prés, pâturages, bords des chemins. TC. Toutes ces lu-
zernes sont d'excellents fourrages.
G. Xrigfonella DC. — Xrigonelle.
De TjMcc, trois , et vo^vcà ou yonia, angle ; à cause de la forme
angulaire de la fieur ou de rpt^ww^ eirptywM, dégénérer et 3® dé-
— 1«« — X
générefteence k causé de la petitesse ie la fleui* qui ressemble à
uû pciit trèfle dégénéré jusqu'à la 3^ génération.
T. ORNITHOPODIOIDES DC. — T. PIED D'OISEAU,
(THfoUumL. — Aporanthus trifoliastrum Bromf.) Angl. Bir^s-
fooi Fentégreek.) — Ann. — Jain-jnill. RRR. Pelouses sèches,
surtout sur le littoral. Cherbourg, remparts du port militaire,
glacis, Octevilley fort des Fourches, Tourlavilk, Haut-Mesuil,
Eqtièurdremlle, fort du Tôt, O'^^tfiTquemlle, littoral, Digosmlle, le
Becquet, collines maritimes, Tocquevilk, coteaux près Téglise,
Canmilie, la lande, FermarmlU, les miellés, f^rasf)ille, près la
mare, Néville^ à Cacret, la Houguette, environs de relise, Gat-
teville, chemin d'Imbranville, Beaumont, vallon au sud près
l'église, Flamanville, rochers Jouan, la Vigie, ÀvdervilU, les
' falaises, Si-Germain-des-Vaux, pelouses du littoral. Je ne Tai
point encore vue dans TAvranchin, ce qui me surprend d*autant
plus que je l'ai observée abondamment dans les falaises et coteaux
de Brçst.
» ,'
6. MelilotUB Toam. — Mélilot.
Du nom grec de la plante mcXiImtoç ou McX^Xurov, ou de fic^
miel, etWroç, lotier; plante recherchée des abeilles.
M. OFFICINALIS Wild. - M. OFFICINAL (M. aUissima
Lois, macrorhiza Pers. — o/^iwarwmffermaniéB C.B. — vulgaris
Park. TrifoHumodorattJtmDoà.) Couronne royale, Mélilot citrin,
Mirlirot^ Trèfle odorant, de cheval^ des mouches, Lotier jaune,
Trouillei. Bret. Melaouen. Angl. Common Yellow Melilot, Melilot
Trifoil. Ail. Melilotenklee, Sleinklee. Ital. Meliloto. — Lign.
Bisann.? -* liiUet-sept. Chatttps et bords des chemins du
littoral. TR. dans le nord du département; TourlavilU, la re-
doute, Portbail, miellés ; AC. dans les grèves et bords des champs
de la baie du Uon^St-Michely Murcey^ le bateau, Fains, littoral,
I —
— 469 ^
Gènêu, Céaux, FalrSP-Père, Cowîils, Ardmmy Moidrey^ Ptmr
torson,
H. ARVENSIS Wall. — M. DES CHAMPS. Angl. Field
Melilot, — Bisaan. — Juillet-sept. Champs et bords du littoral
TR. Cherbourg, glacis du port, Tourlavilk, fferquevilU, la
vallée, Les Pieux, miellés de Sciotot. RRR. dans les euvirons
à^Avranches; Fains, Gisors, Marcey, le pont.
M. LEUCANTHA Koch. — M,J FLEURS BLANCHES. -
(Jf. Ma Lamk.) Aogl. White Melilot. — Bisann. — Juiilei-sept. .
Champs et miellés du littoral. RRR. Cherbourg, littoral, Herque-
ville, la vallée, Àvranches, à rembranchement, Vains, St-
LéODard, Beauvoir, canal de Pon torson. Polder St-Michel, Céatuc.
M. PARVIFLORA Desf. — M. A PETITES FLEUJtS, —
Ânn. — Juillet-sept. Champs maritimes. RRR. St-Jean-de-la-
Haize, bords de la Sée, Fains, vers le rivage, le Grouin dn Sud,
Cowiils, la pointe, Ardevon, la rive.
Autrefois on faisait avec ces plantes une eau distillée dont
Todeur est assez délicate.
A Tétat sec, ces plantes répandent un parfum délicat, analogue
à celui de la Flouve odorante.
•
G. Xrifolium Tourn. -- Xrèfle.
De très, trois, et folium, feuille; plante à trois feuilles ou de
TpcfTi^ov, nom grec du trèfle, ou rpifuXkoçy à trois feuilles.
• ^^
T. REPENSL.— r. RAMPANT. (TrioUt, Trèfle blanc, Tri^
follet, Trauffe, Tranelle, Trianelle blanche. Fan Hoiissy.) An^].
Creeping Trifoil, fFhiteor Dutch Clover, Dutch Trifoil. — Viv.
— Mai-sept. Lieux incultes, chemins, prés. TC.
Var. interruptum Bréb. St-Hilaire-d^i-Harcouet.
T- GLOMERATUML. — r. AGGLOMÉRÉ. —Kngl.Smooth
— 170 —
fioundHeaded Trifoil. — Ann. — Mai-juin. Pelouses^ coteaux,
murs, bords des chemins du littoral surtout. PC.
T. SUFFOCATGM L. - T. ÉTOUFFE — Ang. Suffo-
cated Trifoil. — Ann. — Mai-juin. Vieux murs, pelouses du
littoral. KK^,, TourlavilUf près le Pont-Marest, Querqu&oille, le
polygone, Bar fleur, littoral. Le Rozel, la falaise» DigosviUe, le
Becquety Gatteville, près le phare.
T. INCARNATUML. — r. INCARNAT. - Farouche, Trèfle,
rouge, du RoussilUm, Férou, Lupinelle. Angl. Crimson Clover.
— Ann. — Avril-mai. Coteaux, lieux cultivés. Sub-spontanéî
çà et là. AC. Cultivé en grand comme fourrage.
T. ARVENSE L. — T. DES CHAMPS. — Pied de lièvre,
Patte de lièvre, de lion, Pluot, Mignonelte blanche, Mignonet
blanc, Minots, Minons. Angl. Raresfoot, AU. Haasenfuss. Ital.
Lagopo, — Ann. — Juin-sept. Falaises et champs des falaises
de Touest. TR. dans le nord ; moins dans le sud; çà et là quel-
ques échantillons, surtout sur le littoral.
Var. T. perpihsillum DC. — T. littorale Bréb. De la Hagne à
GranvilU. TR.
m
T. ANGUSTIFOLIDM L. - T. ^ FEUILLES ÉTROITES.
— Ann. — Juillet-août. Coteaux herbeux. RRR. Les Pietix.
T. BOCCONI Savi. — T. DE BOCCONE. — [T. collinum
Bast.) Angl. Boccorye'^ Tréfoil. - Ann. — Juin-juill. Coteaux,
falaises. RRR. Carteret, la falaise, Vains, Grouin du Sud, Gran-
ville à Donvilk, Chausey, la grande tle.
T. STRIATUM L. — T. STRIÉ. - Angl. Soft Knoted Tri-
foil. — Ann. — Mai-juin. Pâturages sablonneux, pelouses, che-
mins. R. Cherbourg, port militaire, Octeville, les Fourches,
Tourlaville, littoral, Equeurdrev^iUe, vallon de Grimesnil, Néville,
— 471 —
Herclat, Grécille^ la falaise, Carteret, St-JeanAe-Thomas^ coteaux
et falaises.
T. SCABRUM L. - T. SCABRE. Angl. Rmgh Rigid TrifoiL
— Aqd. ^ Mai-juill. Coteaux, pelouses du littoral. AR.
T. MARITIMUM Huds. — T. MARITIME. (T. irregulare
DC.) Angl. TeaselHeaded TrifoiL — Ann. — Mai-juill. Pelouses
sèches, coteaux du littoral. TR. Cherbourg, glacis et plages du
port militaire, Herquevilky falaises, Chausey, la ferme.
T. OCHROLEUCUM L. - T. JAUNATRE. Angl. Sulphur
Coloured TrifoiL — Viv. — Juin-août. Prés et pâturages calcai-
res. TR. Le Ham, sud de la lande, NewoiHe-au-Plain, les Noi-
res-Terres et la Périnerie.
T. MEDIUM L. — T, MOYEN. — T. flexuosum Jacq. alpestre
Dub. Angl. Zigzag Clover. — Viv. — Juin-sepl. Pelouses et
champs calcaires. RR. Le Ham, Erovdeville, les landes, Sainte-
CoUmbe, ferme de la Bergère, Montaigvrla-BriseUe , hameau
Troude, St-Sauveur-le-Vicomte, le marais, RRR. Marcey, Pont-
Gilbert, Ardevon, la rive, PorUorson, les Milardièresll
T. PRATENSE L. — T. DES PRÈS. — (T. majus Brunsf.
— m^lgare Park. purpureumpratense, purpureum vulgare, J. B.)
Trémaine, Trèfle rouge, de Hollande, de Flandre, de Normandie,
de Pienne, Pagnolee, Clave, Trianelle, Triolet, Herbe à vache,
grand Trèfle, Trèfle pourpre, Suçotte. Bret. Melchen. Angl.
Cominon TrifoU, Purple Clover. Ail. Geimeiner Klee. It. Trifo-
glio. — Viv. — Juin-juill. Prés, bois, chemins, TC. cultivé
comme fourrage journalier,
Var. sativum Kchb . (Pagnolée) TC.
T. SUBTERRANEUM L. — T. ENTERRÉ (Trèfle smmr.)
— Ht —
Angl. Subierranean Trifoii — Atm. — Mai-juin. Coteaux, pe-
louses, lieux sabloDueux, sur le littoral. AR.
T. RESUPIN ATUM L. — T. RETOURNÉ. Angl. Reversed
Trifoii. — Ann. — Juin-août. Lieux arides, pierreux du litto-
ral. Equeurdremlle, à Ste-kn^Qj. Cherbourg, intérieur du port
militaire, anciens bureaux des subsistances.
T. FRAGIFERUM L. — T. FRAISE. (Trèfle Capiton.) Xn^l.
Strawberry Headed TréfoiL — Viv. — Juin-sept. Pelouses, prés
humides, chemins sur le littoral surtout. AR.
T. FILIFORME L. et Sm. — T. FILIFORME, (T. micran-
thum Viv. — pauciflorum Guép.) Petite Brance. Angl. Sknder
Yelloïc Trifoii. — Ann. — Mai-juill. — Pelouses rases, murs,
bords des chemins. C.
T. MmUS Sm. ~ r. PETIT. (T. ySK/brme DC. — Dub. et
Koch. T. procumbens L.) Angl. Lesser Yellow Trifoii. — Ann.
— Mai-août. Prairies, bords des chemins, pelouses rases. C.
T. PATENS Schréb. — T. ÉTALÉ. (T. spadiceum Dub. —
T. parisiense DC. aureum Thuill.) — Ann. — Mai-août. TR.
dans le nord du département. Cherbourg, pelouses du Maupas,
Surtainville, vallon au sud de Téglise, prés de la ferme Guinfardy
AC. dans les prairies de VAvranchin.
T. CAMPESTRE Schréb. - T. CHAMPÊTRE, (T. agrarium
Soy. et VîUerra. — procumbens Nvit. majus Koch.^ Anglais Hop
Tréfoil. Bret. Mekhen. (Mignonnette jav/ne, petite, petit Trèfle^
jaime, brun, houblon. Minette dorée.) — Ann. — Juin-sept.,
champs, murs, bords des chemins. C.
Var. T. procumbens Gm. — T. procumbens Var. b. mintis
Koch.; lieux sablonneux du littoral. AC.
— «73 —
Le T. ALPESTRE indiqué dans le Guide du voyagetir à Cher-
bovrg et dans les environs à'Àvranches est sans doute V alpestre
Duby, ou le médium que j'ai signalé précédemment et non le
T. alpestre L. qu'il serait important d'y retrouver.
Tous c^ trèfles sont d'excellents fourrages.
6. Ix>tuB !«. — IjOller.
m
•
De Amoç^ nom donné à diverses légumineuses fourragères ;
Dom d'origine douteuse, car le Lotos des Egyptiens n'a nulle ana-
logie avec le Lotier ; Z.of, en hébreu, signifie caché, oublié ; alors
ce serait plante cachée, oubliée, négligée, malgré sa valeur
comme fourrage, s'il était plus répandu et cultivé.
L. CORNICULATUS L. — L. CORNlCULÉ. — (Pied d'oir
seau^ de pigeon^ de bon Dieu, -Lotier d'Allemagne, de$ prés^
Mariée, petit Sabot, de la mariée, PoisjoU^ Trèfle cornu.) Angl.
Common Bird's foot Trefoil. AH. KUiner Gœhœrtner Klee. It.
Trifoglio giello. — Viv. — Juin-sept. Pâturages secs , coteaux ,
landes, etc. TC.
Yar. L. vUlosm Thuill. R. Octeville, coteaux du Val.
Yar. crassifolim Bréb. Miellés, coteaux maritimes. AC.
L. TENUIS Kit. —L. GRÊLE. [L. tenuifolius Rchb. comi-
eulatus t&nuifoUus L. Sp.) — Viv. — Juin-sept. Terrains maré-
cageux du littoral. R. Cherbourg, environs de l'église de Saint-
Clément, Tourlavilley la redoute, Herqueville, champ de la
Vallée, St'Vaast-la-Hougue, littoral, Vai'ns, Grouin du Sud,
Courais, à la Cantine, Genêts, Àrdewm, Mcidrey, le littoral.
L. MAJOR Sm. — L. MAJEUR, — (L. uliginosus Schrk.)
Angl. GreaUr BirdCa foot Trifoil. — Viv. — Juillet-sept. Haies
fraîches, lieux couverts, humides, marécages. TC.
— 174 —
L. ANGUSTISSIMUS L. - Z. A FEUILLES TRÈS-
ÉTROITES,— (h. diffusus Sm. Qi Sohni , — gracilis Wald.
et Kîl.) Angl. Slmder Bird's foot TréfoiL — Ann. — Juin-juiil.
Coteaux, falaises; TR. Octemlk, coteaux de la Divette près le
pont de Martinvast, Jobourg, Carterei, DonxAllej Chausey^ Ca-
rolles, St-Jearirle-Thomas, les falaises.
Var. I. hispidus Desf. Cherbourg, petite Fauconnièré, les Four-
ches, la Polie, les Entes, Equeurdreville, le Tôt, Néoilk, CarUe-
loup, Jobourg, Herquevilky Nacqv^ilU, le littoral et les falaises,
MorUaigu-la-Brisette, etc.
On a indiqué à Carteret un L. irUermedius. C'est très-probable-
ment une variété des L. tenuis et angustissimus.
G. AskttkyUïm L. — i^ùatbyllide.
De «veoç, fleur, et fouXoç, duvet, poil, c'est-à-dire plante velue ;
allusion à la pubescence du calice.
A. VULNERARIA L.—J, rULNÉRMRE. —(A. Ugu-
minosa Ger. — kguminosa vulgaris Park. — Vulneraria An-
thyllisScof. — rustica Lamk. -^pratensis C.B. — RussicaTouvu .)
TrioUt jatme, Trèfle jaunt, des sables, Vulnéraire des paysans.
Angl. Kidney Vetch, Lady'sFinger. AU. Wund krauL Ital. Fui-
neraria. — Viv. — Mai-juill. Falaises de l'ouest. TR. Ango-
ville-aurPlain, champs calcaires, Fains^ Grouin du Sud.
Var. serioea Bréb. Jobourg^ les falaises, au CuUeron.
G. A.strcàfçalas L. -^ ilistragale*
De A(TT/)a7a>oç, nom grec de la plante, ou de àtrT/aoyaXoc, os du
talon ; allusion à la forme des graines et de la racine de quelques
espèces.
— 476 -
A. GLYCYPHTLLOS L. —A. RÉGLISSE. — [Réglisse saur
vage, fausse Réglisse, Chasse-vache, Malmaison, Réglisse bâtarde,
(hglisse, Racine sucrée^ douce. Angl. Sv)eet Milkvetch. — Viv.
— Juin-sept. Bois, lieux incultes, haies des terrains calcaires.
RRR. NewûilU-au-Plain, sur le bord du chemin, dans le bois
de la Germainerie, Martvtvoast, bois près la route de Briequebec,
Delachap. Je ne l'y ai point retrouvée.
6. OmltliopuB L. — Omitliope.
De ôpcc, oiseau, et^rovc, pied; pied d oiseau par allusion, à la
forme du fruit ou légume.
0. PERPUSILLDS L. — O. DÉLICAT. - [0. majus h R.
H.) Pied (t oiseau. Angl. Bird'sfoot, Ail. Fogelfuss. It. Piede
d'Uccello. — Ann. -- Hai-juill. Pelouses, landes, coteaux ,
murs. C.
Var. 0. intermedius Roth. çà et là avec le type.
Le 0. SATIYUS Broth. commence à être cultivé sous le nom
ieSerradelle; ÎA. de Brébisson semble le croire une variété de
VO. perjmsillus L. améliorée par la culture.
Je n'ai point encore trouvé l'O. COMPRESSUS L. que Bois-
dutal indique en Basse-Normandie dans .les champs sablon-
neux, ni rO. EBRACTEATUS Brot, {Artrolobium DC.) que j'ai
observé abondamment à Brest. Ces deux espèces sont du reste
très-rares.
6. BUppocrepis L. •— BUppocrépide.
De cmroc, cheval et *fmky semelle, chaussure; allusion à la
forme en fer à cheval de sa gousse ou légume.
— <76 —
H. COMOSA L. — H. EN TÊTE. — {H. perennis Lamk/
Fer à cheval m chevelure. Angl. Tufted Borse Shœ Vetch. MU
Pferd eisen. It. Sferro-Cavalla vivace. — Lign. — Mai-juill.
Pelouses rases, calcaires, miellés, dunes. RRR. dunes de Bivilk.
G. OnobryclilB Tourn. — Esparoette.
De ôvoêpx^f sainfoin, nom grec de la plante; de ôvoc, ftne et
6/»vx<»> braire^ plante recherchée par les ânes.
O.SATIVALamk. — £•. CULTIFÉEiHedysarumOnobrychis
L. Caput gallinaceum, Ger. Polygakm Gesneri i. B.) Esffarceiie,
Sparcette, Sainfoin, Bourgogne, foin de Bourgogne, gros Foin,
Fénasse, Herbe étemelle, Tête et Crète de coq, Chèpre, Pelagra,
Angl. Common Sainfoin. Cock's Head Fetch. Ail. Hahnen Topf.
— Yiv. — Mai-juin. Champs, bords des chemins. TR. çàetlà dans
Tarr. de Valognes surtout. RRR. dans ceux qui ne sont pas cal-
caires. Excellent fourrage, mais qui neréussitque sur les terrains
calcaires.
6. Erviim L. — Ers.
De Arm, guéréts, terres labourées; plante des cultures.
L. TETRASPERMUM L. — E. A QUATRE GRAINES.
[Ficia telrasperma Mœnch. jmsilla Muhl.) Angl. Slender tare. —
Ann. — Juin-août. Moissons, bords des champs. AC.
E. GRACILE DC. — £•. GRÊLE, [Fida Loisel.) — Ann. —
Juin-août. Haies, Ulus des fossés, T.R. St^eanrde-la-Haizey
roule de Subligny et de la Boulaye, Marcey, Clos-Hubert à l'é-
glise, Tani$, Ardevon, Macey, Les Pas^ St-James, etc. Je ne Tai
point notée dans les arr. de Valognes et de Cherbourg.
- 177 —
E. HIRSUTUM L. —E. FELUE. {Craccaminor(^T. elGodr).
Jargillene, Jar4riau, Jaraudé, Giierchel^ Jerzé. — Apn. — Jwn-
août. Champs do littoral, talus des fossés, TC. Huysnes. 4^e^^on,
Us Pas, MoUrey. Je ne l'ai point vue dans le nprd du départcr
ment.
Ces trois espèces sont sans importance agricole.
G. Vicia Tourn. — Vesce.
JQe Btti«, nom grec de la plante; d'autres de ûukoc» de porc, c.
à d. plante favorable à l'engraissement des porcs, ou de Vincire,
lier; allusion aa:iL tiges volubiles de quelques-unes.
V. CRACCA L. — r. MULTIFORE. (Cracca Major Gr.
etGodr.) Fe5ce en épi, Covesce, GazilUm, Jarseau^ Luiset des
pnà, Luiseau, Pois à crapaud. Angl. Tufted mtch. — Viv. —
Jnin-sept. Haies, buissons, bois, champs. AC.
Yar. kitaibeliana Rchb. — Gr. et Godr. Lieux secs.
Var. V. argmUea Coss et Germ. V. GerardiUC, TR.
V. SAUVA L. — ^. CULTIFJËE (Hivmwge, Voice, Vesche,
Pesette, Barbette, Bilkn, Vesce de Pigeon. Angl. Commonv^ch.
Bret. Bès, Bens, Piz-Logod.
Yar. cordala Wulf. Marccy^ chemin de la ferme.
Yar. albiflora. TR. avec le type.
Fourrage très-estimé, trop peu cultivé encore.
Y. ANGUSTIFOIIARollï. — ^. A FflUlLLflS ETROITES.
— [Fesceron, Vêcheron, Fiche ^ Vesce sauvq^e.) — Ann. —
Mai-juill. Haies, talus des fossés, champs. TC.
Yar. albiflora. — Tanis, Hmsnes,
Yar. F. nemoralis V2irs. R. Macey, près du château, Vain^,
St'Léonard, Fal-St-Père, Le Gué-de-Œ^bf^.
Yar. V. Bobartii Forst. F. nigra DiiH. AR. Haies, chemins.
Var^ F. metaUs Hmï^- Cb9nu}§. AC.
12
— 178 —
Yar. wncinata Desv. Lieux pierreux. ÂC.
V. LATHYROIDES L. — r. FAUSSE^ GESSE. Angl.
S'pri'ng vetch, — Ann. — Juin-août. Lieux sablonneux. RRR.
PonUiubauU, sur un mondrain de tangue^ Dragey, dunes, h St-
Jeartrle- Thomas y M. de GervUle la dit TC. où?
V. SEPIUM L. - F. DES HAIES. — {Vtsce des Bergeries.)
Angl. Bush Vetch. — Viv. — Juin -août. Bois, buissons,
haies couvertes. TR. dans le nord du département. Mauperiv^,
bois du Doux-Riant, Le Vasty vallée de la Saire, bois de Bou-
tron, Surtainmlk, vallée de la Scée, coteaux et vallon de la Ba-
ronnerie, Erovdeville, route de la gare à Montebourg, Theurthé-
vilk-Bocage, la Triflotterie, Alkaume, Valqgnes, bois de Prétot,
Prétoty AC. dans Tarr. i'Avranches : Marceyy Vains.
Yar. dumetorym Auct. fl. gris de lin.
Yar. ochroleuca. Bart. fl. jaune ochracée.
Cette espèce varie à fleurs jaunâtres et gris de lin.
Y. LUTEA L.— F. JAVNE. — Angl. Rough Podded yellm
vetch. — Ann. — Juin-sept. Pâturages sablonneux, naielles.
TR. Les PiewCy miellés de Sciotot, Seroon, la Brétêche, Tanis^
Moidrey, champs de traverse, petit chemin.
Yar. pallida Nob. çà et là avec le type.
M. de Gerville indique comme R. un Y. SYLYATICA se trou-
vant dans les bois et les haies. Me serait-ce pas le Y. SEPIUM
qui est très-rare dans le nord du département.
Si ce n'est la YESGE CULTIYÉE [Hyvemache), aucune de ces
espèces n'est assez abondante pour devoir être considérée comme
étant d'une valeur agricole sérieuse.
G. Pisum Toum. — Pois.
De son nom grec niffwy ou de nmçy lieu aquatique.
p. ARVENSE L. — P. DES CHAMPS. (P. Sativum V. or-
— 179 —
vente Poir.) Pitaille, pois gris^ de brebis, (fagneau^ de pigeon^
de nunUonj de porc, de Itèore, bisailk, — Ann. — Juin-juill.
Champs, moissons, TR. dans les blés du nord du département,
Beaumonty Bncquebosi, AC. dans le canton de PofUorson. Cultivé
çà et là comme fourrage.
Tar. elatius H. B. fl. cauc. — EkUum^ DC. Moissons RRR.
Maeey.
m
6. LAthymB Tonm. — Gesse.
Du nom grec AaOv/9oc, vesce, pois chiche.
L. SYLVESTRIS L. — G. SAUF AGE. Pénoyer, pois aux
Uètres. Angl. Corn Fetchling. — Viv. — Juin-août. RRR.
Falaises de Herquevilk, La Meauffe, la Germainerie, Carentan.
L. PRATENSIS L. - G. DES PRÉS. Angl. Meadow Veich-
Ung. — Viv. — Juin-août. Haies, buissons, prés, lieux frais.
AC.
L. TUBEROSDS L. — G. TUBÉREUSE. (L. AUenwUus
Viv.) Anotes, Gland de terre, aneUe, macrori, marjon, amoute,
anote de Bourgogne, chourks , favouetle , jacquereUe, louisette ,
maeion, magon, macusson, mégason, minson, miirouillet, moinr
iines,boulue, saignes. — Viv. — Juin-août. RRRR.fîenete^ bords
du sentier vers le bec d'Andaine.
Plante des terr. cale, dont les racines charnues sont comes-
tibles. M. de Gerville dit avoir trouvé sur les falaises de Herque-
«t/fe le L. PALDSTRIS L. ; c'est sans doute le L. SÏLVESTRIS
L. d'après la station qu'il indique, le premier aimant les marais
et non pas les terrains arides et secs.
L. NISSOLIA L. — G. DENISSOLE. Angl. Orimsm Fetch-
Ung. — Ann. — Juin-août. Haies fraîches. RRR. Marcey, route
— «8* -
de Gratmlle près le ebftteau, route du Bateau, Pontorsùn,
Boucey à Ducey, à Pteine-Fougères, Tanis, de Brée au bourg.
L. APHACA L. - G. SANS FEUILLES. (L. SegetumLumk.)
Pois au lièvre, de serpent, luiset, Imeau, georgiau, reluiseau^
Imet. Angl. Yellow Fetchling. — Ann. — Juin-août. Lieux cul-
tivés. TR. Cherbourg, près Tabattoir, Octemlle, la Prévalerie,
Avranches, jardins, Pontorson, près la ville. Toutes ces espèces
sont sans importance agricole^ etc.
6. OrobuB Toam. — Orobe.
De ôjQo^oç, nom grec de la plante, ou de ôpoçy bois, et ^v»,
couvrir, allusion à ses stations, ou de o/)»^ exciter, ^wç, bœuf.
0. TUBEROSUS L. — O. TUBÉREUX. [Lathyrus maoro^
rhixus Wimm. Angl. Tuberous Bitter Fetch. — Viv. — Avril-
juin. Bois et chemins couverts. AR.
Var. tenuifolim Willd. R. avec le type.
30e Fam. AIYBDALÈE8. — AMTGDALEJE Jiwb.
IGOSANDRIE MONOGTNIE L — ARBRES ROSACÉS Toum.
ROSACÉES Port, Juss.
Nom tiré du genre Àmygdalus, amandier. Arbres et arbris-
seaux à suc gommeux; feuilles alternes, stipulées; fruit charna
monosperme, à noyau ligneux ou osseux.
G. I^runuB Tourn. — Prunier.
■
De njoouMv, prune ou n/Mum, prunier, ou dePrtmen, en breton.
P. SPINOSA L. — P. ÉPINEUX. - (PruneHiet, Bhisiei;
— tsi ^
Efine ncire.) Bret. Spern-^Uy Hirinon. Angl. Slae-tre^^ BuUace-
tree. AH. Schlehen Buseh. It. Prugnoh. — Lign. — Matrs-œai.
Haies, buissons, bois, coteaux. TC.
P. FRUTICANS Weihe. - P, FRUTESCENT (P. spinosa
Tar. macrocarpa Wallr.) — Lign. — Mars-mai. Haies. TR.
Cherbourg, Condé-sur-Fire, Les Pieux, Sioucille, GourbesmUe,
Carquebuê^ TurqueviUe, Fains, Céaux, Dragey.
P. rasniTU L. —p. SA VF AGE. -^Lign. — Avril-mai.
Haies, buissons pierreux. TR. Cherbowg, le Roule, Ste-Croit"
Bague^ rue d'Azouville, Neuville-avr-Plain, \sillée de Misère et
des Noires-Terres, St-Brice, route de Brécey, Macey, village du
eiiâteau, Si-Lo, environs, CarUret, etc.
P, DOMESTICA L. - P. DOMESTIQUE. IP. Pruna Crântz.
P. domestica sylvestris Auct.) Prunier. — Lign. — Mars-avrii.
TR. à rétat subspontané. TC. sur les haies et les vergers. Fruit
alimentaire.
Les fruits des trois premières espèces sont connus sous les
noms de Prunelles, Blosse$. Ils sont acerbes et très-astringents.
M. de Gernitte. ^mn^i M P. PAOUfl i. ((krasm DC.) Bois-
joli, sur une haie à Savigny, chemin vicinal de Cérisy. Subspon-
tané? Od le trouve dans la Sartht ; il est cultivé dans les parcs
comme plante d'ornement.
6. CjeraAUB Jnss. — Cerisier.
De Ki^Meroç, nom grec du cerisier.
C. AVIUM Maench. — C. DES OISEAUX. (Prunus L. -
fûgra Mill.) Merisier. Angl. Wild Cfierry, Smal Qherryvtree. —
Lign. — Avril-mai. AG. Haies, bois.
C. VDLGARIS Mill. — C. COMMUN. {Prunus Cerasus L.
Cerasu^ acida Gaertn. — Caproniana DC.) Cerisier. Angl. Red
...
— 182 —
Cherry-Tree^ Morello Cherry. Ail. Rothers Kirch Baum. It.
Cvregio. — Lign. — Avril-mai. Haies. PC.
Les C. JULIANA DC. (Guignier). Bret. Babtien, et C. DURA-
CINA DC. [Bigarreautier, coeurs) se trouvent çà et là naturalisés
et à l'état subspontané.
Le C. LAURO-CERASUS Loisel. —Lauro-Cerasus C\ns, —
Cerasm Trapezuntina Bell. (^Latmer cerise , Laurier palme ^
Laurette à crème, Palme, Lotos, Laurier à lait,) Angl. Laurel
bay^ Cherry bay. Cherry Laurel, est presque toujours sous-pon-
tané et naturalisé. Les feuilles en sont vénéneuses. Employées en
petite quantité, elles sont calmantes; elles servent à aromatiser
les crèmes et aussi dans la parfumerie et la savonnerie.
Le C. MAHALEB Mill. {Prunus L.) Canon, Canonier, Bois
de Ste'Lv4:ie, se trouve aussi dans les parcs comme ornement.
Il est abondant dans le département de YEure.
31* Fam. P0IACÉE8. - POMACEJS Lindl.
IGOSANDRIE DIGYNIE, TR16YNIE ET PENTANDRlfi L. — ARBRES
ROSACES Toum. — ROSACÉES Port. Juss,
Nom tiré du fruit du genre Malus, pommier, ou de Pomum^
fruit à pépin.
Arbres quelquefois épineux ; feuilles alternes ; fruit charnu à
pépins.
6. CratceguB Toum. — iliubéplne.
De K/9^cr«((yec, azéroljer, néflier, sauvage.
C. MONOGYKA Jacq. — J. MONOGYNE. - {C. oxya-
— 183 —
canUia L. — Mespihs oxyacaruha Gaertn. — oxyacanthoides
Tbuill. Mespiltés spinosa sylvestris apiifolia Xourn. — Oxya-
caruha vulgaris J. B. Oxyacanihics Dod. Spina acuta Dod.
Spinus aciUiis J. B. ) Bret. Spem Gwenn. Ângl. Common
Hawthom. Epine blanche , sentllitr, bois de mai^ aubépine. —
Liga. — Mai-juin. Haies, buissoDs, bois. TC.
Vap. villosa. Pirou. R.
Var. loàniçUa Wallr.
Var. rosea AR. (Epine de Mahon.)
Fruits astringents connus sous les noms de Hagties, senelles^
poires d'oiseau.
Le C. PYR4CANTH4 Pers. est presque naturalisé dans les
environs de S^Lo.
G. MespUuB Tourn. — Néflier.
De Mionùv, néflier, ou fM(nri>ov, nèfle, ou de pn-oç, moitié, demi,
vcXoç, balle; allusion à la forme du fruit.
M. GERMANICA L. - M. D'ALLEMAGNE. — [M. ml-
garis Clus. — minor Park. — sylvestris Tourn.) Mêlier. Angl.
Cœntnon Medlar, Medlar-tree. Bret. Mespéren. — Lign. —
Mai-juin. Haies^ coteaux. AC.
Var. à fleurs de couleur capucine. Saussemesnil, Tamervilk.
Fruits acides, astringents, comestibles connus sous le nom de
nèfles.
G. Pyrus Toom. — Poirier.
De Peren, nom celtique de la poire; de wu/), flamme, allusion
à la forme pyramidale du fruit, ou de wv/)ov, encensoir ; également
à cause de la forme de la poire.
P. C0MMUNI8. — P. COMMUN, — (Pyrus sylvestris
Toiirn. Pyra, eylvêstris major Rab. Pyra$ê^ 6a)c. axp**^ Théoph.)
Angl. Pear tree, Wild tree. AU. Bim-Baum. Bret. Peren, Gwe-
zenrber. It. Pira. — Lign. — Avril-mai. Bois, haies. TR.
Var. P. aohras GaertD. TowrkmlU, terres feuiilées , Equewr-
dreville.
Var. P. pyraster Bor, OcteviUe, les Fourches.
Var. P. cordata Desv. Herqmville, bois de -Beaumon^, Pier-
revillôy vallée de la Scie, Céaitx, ancien poste de la douane.
6. JUaliÉs Tonrn. — Pommier.
De M19X0V ou MaXov, nom grec de la pomme.
M. COMMUNIS Poir. — P. COMMUN. [Pyrus malus L.)
Bret. Avalen. Angl. Apple-tree , crab appk. Ail. Apfel Baum,
IL Pomo, ilfeto.-^Lign. — Avril-mâ1« Haies, coteaux, bois. C.
M. ACERBAlbr.— />. ACERRE^-^iPyrus DC.) AAgU Pear-
tree. — Lign. — Mai-juin. Haies, bois. TR. Cherbourg^ le Roule»
Brillevast, bois de Blanqueville , Tonneville, bois de Percy,
SairUe-Croix'Hague, bois du Btgard, FbUemamiUe^ h lande,
Sidevilky bois du Mont-durRoc, Herqmville^ la campagne.
6. tSorbus Tourn. — Sorbier.
De Sarmet, Dom celtique dont on a fait Cormet, corme, ou de
Sorbere, boire, allusion à ses fruits fermentescibles.
S. AUCUPARIA L. — S. DES OISELEURS. - [Pyrm
Gaertn.) — Mespilus Ail. — Angl. ^ourUam Ash. — Lign. —
Mai-juin. Bois. AR.
Le S. DOMESTICA L. sorbm saliva Tourn. — LegiUma Clus.
sorbum ovatum Fuch, a été indiqué aux environs de Cherbourg
sans préciser de localités, c'est le Sorbier Cormier,
chier.
— ♦«» —
. ÀRIÀ Cranis. (oraMgfta
32<» Fam. ROSACÉES. — ROSACEM Juss.
IGOSANDBIB POLYGYNIft £. — ARBRES ROSAcMs Toum. — ROSÉES Bc.
Nom tiré du genre itosa, rosier, rose.
Plantes herbacées ou frutescentes; feuilles alternes, ordinaire-
ment pennati ou palmatiséquées ; à stipules plus ou moins sou-
dées au pétiole.
6. Rosa Tourn. *— Rosier.
' De to*i, rosier, ou fc»&v, rose.
R. ARVENSIS L. — iî. DES CHAMPS. — [Rost à àhim).
Bret. Agroazen. Angl. White dog rose /ield, Trollingdog rose. —
Lign. — Juin-juill. Haies, buissons, bois. TC.
Yar. R. bibracUcUa Bast. AC.
Var. R. leucochroà Desv. R. Sidevilk, bois du mont du roc.
Var. R. systgla Bast. R. Swêainville, près Hauteville.
Var. R. urbica Lém. R. Le Theil, bois de Barnavast.
Var. R. terebirUhacea Bess. R. Falognes, haies.
Var. R. dumoHs Bechest. (A. stipulatis Hér. — canina Lém.
I Rosier de chien. — Var. umbellaùa Nob. La Bucaille , Cher--
I bourg.
Var. R. ovoidea Bréb. Falognes, les haies.
Var. R. mo2Iissi?na Pries. OctevilUy les haies.
R. PIMPINELLIFOLIA L. — iî. PIMPRENELLE. — Lign.
— M»i-juiU. Haies, coteaux maritimes. RR. dans l'intérieur.
-. 486 —
R. çà et là dans les dunes et sur les falaises. Cherbourg^ Octe-
ville^ Bretteville, Fermanville, Gréville, Omonmlle-la-Pôtite,
St-Germai/nrdeS'F'aitx, Jobourg, Fauville, Biville, Str-Sauveur-
h-FiconUe, Granville à Dontnlle, etc.
Yar. spinosissima L. — Région maritime spécialement,
R. DUMETÔRUM Thuill. —B. DES BUISSONS. — Angl.
Thickset rose. — Lign. — Juin-juill. Haies , buissons. TR.
Pierref)ille, vallée de la Scie, Surtainville, près Hauteville.
R. RUBIGINOSA L. — B. BOUILLE. — Lign. — Juin-,
juin. Buissons, haies pierreuses. TR. Cherbourg, pied nord du
Roule, St-Germam-k-Gaillard, hameau du Chuquet, Faim,
St-Uomrd. R. LEMANII Bor. — B. DE LÉMAN. (R. hystrix
Lém.') — Lign. — Juin-juill. Haies, buissons. Oeltfoille, route
des Pieva, carrières, Pierref)ilk, coteaux de Téranne. R.
TOMENTOSA Sm. — B. TOMENTEUX. — Lign. —
Juin-juill. Haies, fourrés, Octemlle, le Féronnay, neurthemlle-
Hague, bois de Nérée, FloUemanvilk, le Mesnildot, Gréoille, la
Quiesce.
Tous ces rosiers et les autres variétés ou espèces de Jordan ou
de WeUie et Nées qui se trouvent çà et là sont désignées sous les
noms vulgaires d'églantiers, argalanciers, et leurs fruits sous le
nom de cynorrhodons. Ces fruits servaient autrefois en pharmacie
à faire une conserve très-astringente, très-employée, aujourd'hui
complètement délaissée.
6. Geum L. — Dénoite.
De revu, je goûte ; allusion à la saveur et à Tardme de la ra-
cine.*
G. URBANUM L. — B. UBBJINE. — {Garxophyllata
Brunsf. — sanamunda — herba benedicta Brunsf. Benedicta Gesn.
hort. UrbanumGesn, hori.) Bénoite officimle, Grippe, GarioUe,
— 487 —
GalioUe, Giroflée^ Caryophyllata , Herbe St-Benots^^ Récise,
Sanick femelle, de Montagne. Ail. Benedicten Wurzel, Smaraden
Kraut, Fiel fFurzel, Bmedicten agkin fFurx. Angl. Common
Avens. — Tiv. — Hai-août. Haies^ bois, lieux couverts. C.
Racine astringente, aromatique, très-recherchée, ayant une
saveur assez notable de Girofle.
6. RabuB Toorn. — Ronce.
Du nom latin Rubm, rouge, c'est-à-dire fruit rouge.
R. IDiEDS. L. —R. FRAMBOISIER. — Bret. Ftamhoezen.
Angl. Raspberry Bush, Raspberry tree. Ail. Nimber Stande. Ital.
Angelico Rotoô^Iida. — Lign. — Mai-juin. Collines boisées,
buissons rocailleux des vallons. TR. Octeville, la Fauconnière,
Cherbourg f le Roule, Martinoast, les bois. Spontanée?
R. FRUTICOSUSL. — Jî. FRUTESCENTE — H. an^ensis
Tab. — Bâtis Adv. — Morus And. — [Catimvron, mûrier des
bois). Angl. Common Brambk, Black Berry Bush. Ail. Bramn
ber Strauch. Bret. Drexen, Ital. Rovo, rogo. — Lign. — Mai-
juillet. Bois, haies. TC.
Var. R. hs&mosiylus Gerv. MorUaigu, bois de la Brizette.
Yar. R. conspicuus MuU. Urville-Hague, haies. TR.
Var. R. kjevmi Weih. et Nées. Vrvilh-Hague, haies. TR.
Var. R. fastigiatus W. et N. AC. Taillis.
Var. R. plicatus W. et N. Bois humides, tourbières. C.
Var. R. carpinifolius W. et N. Coteaux ombragés. AC.
Var. R. macTophyllus W. et N. Fourrés épais.
Var. R. niiidus Bell. Sart. Carrières, lieux pierreux.
Var. R. corylifolius Sm. AC.
Var. R. villicaulis W et N. C. Buissons épais.
Var. R. sylvaticus W. etN. R.
Var. R. rhamnifoHus W. et N. Bois montueux.
Var. R. discolor W. et N. — Babingi. TC.
— «» -
Var. R. Affrmitks Wimm. — camiiean/i ReùhbO C.
Yar. R, argeniws W. at N« Buissons pii^rreux. PCL
Var. A. Uucostachys Sm. Taillis rocailleax. R.
Var. R. radula W. et N. Cotea«x secs. TR.
Yar. R, lingua W. et N. Terrains quartzeux, collines.
Yar. jR. rudis W. et N. Fourrés oiQhca|[és. RR.
Yar. iJ. Kmhleri W. et N. Terrains quartzeux.
Yar. R. Guntheri Bell. Sart. Fourrés pierreux.
Yar. jR. infestus W. et N. PC. carrière.
Yar. R, scaber W. et N. Bois pierreux.
Yar. R. glandulostAs Bell. Sart. Terrains quartzeux.
Yar. R. kirtus Waldst et Kit. Rocailles, Le TheiL
Yar. R. Mmnchii W. et N. Rocailles.
Yar. R. dumetomm W. et N. Pied des murs.
Yar. R. nemorotm Haynes. R. Savssemesnil.
Yar. R. glandulosus Bernh. R. Satusemesnil.
Yar. £. clavatus Blox. R. SamsemesniL
Yar. il. tm^am W. et N. R. &iu«gem«sni/.
Yar. Jï. mmiiis Bor. R. ^au^sm^m/.
Yar. fi. pubesçms W. et N. R. Le àhenUrau-FaL
Yar. A. ma^oacaniAi»^ W. et N. Haies, L« Mesnil-<LUrVaL
Yar. R.nemocharis Mull. (Jî. Sprengelii Bor. nonGr. etGo4.
Bois, fossés, Le Mesml-au-F'al.
Yar. /{. fFafUembergii, Arrh. R. Haies, Cherbourg^ Biville.
Yar. Jï. IhyrsiflortAs God. R. Haies, fossés, bois, le TAeii.
R. CŒSIUS i- — R. BLEUATRE, — Angl. Dew-Berilf.
— Lign. — Juin-août. Littoral. TR. Amfrendlle, Picatmlle.
Nacq^icville, Ste-Mère-Eglise, Vabgnes, etc.
Yar. psmdo-saxcUilis Gr. et God. Fauville, les miellés, près la
mare. TR.
Yar. serpens Gr. et God. PofUorsony route duGouesnon à Vil-
lecherel.
Les fruits de ces diverses espèces de JftoHce^ portent les noms
de Mures sauvages, molles, mowes ; ils sont acides et aslrin-
— 4«9 —
geos ; exceltems rafratcbissaots, sait directement, soit convertis
en rirop, contre les maux de gorge. On en pent (aire des confi-
tures agréables.
Sans nul doute, on pourrait encore augmenter le nombre des
variétés, déjà bien trop considérables à mon avis. Si je les ai
longuement signalées, c'est afin de faire mnnattre la m«trche ac-
tuelle de certains auteurs, qui bientôt rendront Tétude impossible
et susceptible de 4ég(iAter les je»ties adeptes iqfui , du reste, ne
peuvent avoir les ouvrages nombreux nécessaires à leur détermi-
nation»
6. Fragaria Toum. — ITralsier*
De Fragrans, odoraat; allusion au parfum du fruit,
F. VESCAL. — F. COMESTIBLE. Fragum Tab. Fraguk
Cord. Trifolium Fragaria Brunsf. — Fragiferum Tab. Frai-
mer des Me. Bret. Bod ehi. Angl. Wood Siraw^Berry plant.
Ail. Erd-Beer Kraul. Ital. Fragolo. — Yiv. *^ Avril-juin. Boisi,
4alas des fossés. C. Chacu connaît la délicatesse 4e la fraise. La
racine du fraisier est astringente.
Je n'ai point vu le F. ELATIOR Ëhrh, («oyna 7%MÎii.) indi-
qué à Cherbourg sans localité précise^ dans le Guide du Voyagetar^
6. Gomaram Toum. — Gomaret»
!)e Kofw/Mv, fraisier; allusion à la ressemblance de la feuille,
de la forme de la~ corolle avec le fraisier , ou de w^m, cheve-
lure, etâ/9ocy prairies, c'est-à-dire ornement des prairies.
C. PALUSTRE L. — C. DES MARDIS. (PatentUla Coma-^
rum Scop.) (QuifUefeuille rouge des marais.) AngL Purple
Marsh Cvnquefoil. — Viv. — Juin-juill. Lieux tourbeux^ bords
des ruisseaux. TR. Hardinmst, 1)ords de TOuve, au moulin
Clair-Douet, et en face de l'église; SoitemlU, la Divette, sous le
- 490 —
château, Sainte-Cécile, Lâcherie, Sainte-Pience, queue de l'étang,
Vavm, douve de la Salelte, Marcey, prairies du Hameau-le-Ros,
Bacilly, prés sur la limite de Foins et Marcey, Bucey, petit
marécage en face de Hontmorel, à Tangle du bois Dardenne,
Saint-James, bord du Beuvron, Tanis, landes de Noyant, ^r(ie-
von, douves, près le bourg.
6. Potentilla Toum. — Potentille.
De Potens, puissant, diminutif; allusion à ses propriétés
médicales très-peu prononcées.
P. FRAGARIASTRUM Ehrht. — P. FAUX-FRAISIER.
(P. Fragaria Poir. — Fragaria sterilis L.) {Fraisier stérile.)
Bret. Pempez, Pempix. Angl. Straw berry kaved cinquefoiL —
Yiv. — Juin-sept. Bords des chemins, talus des fossés, etc. TC.
P. REPTANS L. — P. RAMPANTE. Quinguefolium Fui-
gare Trag. — majus repens Toum. Potentilla repens P.
(Quinçiiefolitim vulgare JB. {Quinte feuille.) Angl. Creeping
cinquefoil, Five leaf>ed Grass. Ail. FluenAlatt, Fein Fenger Kraut.
— Yiv. — Juin-sept. Pied des murs, bords des chemins, champs
incultes. TC.
P. PROCÙMBENS Sibth. — P. COUCHÉE. (P. nemoralis
Nestl.; Tormentilla reptans L.) — Viv. — Juin-août. Haies,
bords des chemins pierreux. AR.
Yar. P. mixta Host. RR. Mêmes stations, EqueurdreoiUe, les
Fourches, Tollevast, les Chèvres, Flottemanmlk-Hagus, vallon
de Herville, Helleville, vallon d'Etoupeville, SaifU-Christophe-
dU'Foc, environs de l'église, QiLerqu^lle, moulin des Yallées.
P. VERNA L. - P. PRINTANIÈRE. (Angl. Spring dnr
quefoil.) — Yiv. — Mars-mai. RRR. Surtainoille , coteaux
calcaires de la Godaillerie.
— 191 —
Yar. serotina Yill. qui refleurit à l'automne.
P. ARGENTEA L. — P. ARGENTÉE, (P. argerOata Jord.)
Angl. Hoary cinquefoiL — Viv. — Mai-juill. Carrières, murs,
coteaux secs^ rochers. TR. SairU-Lo, vieux murs, SairU-Jean-le-
Thomas à Cdrolles, Faim, Grouin du sud, Afyranches, tertre du
PoDt-Gilbert, carrière près la croix sur le vieux mur, Val-Sain^
Père, champ pierreux de la Nafrée à la Porte malheureuse,
ffuisneSy murs du presbytère.
Je ne Tai pas vue dans le nord du département.
P. RECTA L. — P. DROITE. (P. mlfurta Lamk.) Angl.
Upright cvnqutfoil. — Viv. — Juin-août. Lieux secs ; débris de
carrières et rocailles sous le jardin des plantes SAvramfihds.
Spontanée?
P. CANESCENS FI. Franc. — P. BLANCHATRE. -
Yiv. — Juin-août. Pelouses et environs du Jardin des plantes
A'Avranches. RRR.; elle en a disparu.
D'où provenaient ces deux espèces ; elles n'ont point figuré
dans les catalogues de ce Jardin depuis 4804, époque de sa
création.
P. ANSERINA L. — P. ANSÊRINE. Argentina Dod. Anse-
rina Trag« PoterUilla Peniaphylloides argenteum akUum Ehr.
— PefUaphylhides argerUeum alatum Ehr. Bret. Louzaotien or
Pwazi. Argentine, herbe aux oies , bec d'oie, Angl. Silver-Weed,
Ail. Silberkraut. Ital. Argentina. — Viv. — Mai-juill. Chemins
humides, mouillés, bords des routes. TC.
P. TORMENTILLA Nesl. — P. TORMENTILLE. {Tiyrmm-
alla erecta L. — offlcinalis Sm. T. Fulgaris Park. Heptaphyl-
Ion Fuch. Potentilla tetraptera Hall.) (Blodrot.) Angl. Common
Tormenlil. — *Viv. — Avril-sept. Landes, bruyères sèches. TC.
Les racines de toutes ces plantes sont tannifères et astrin-
gentes.
— 1M —
G. i%grliiioi|i«i TiiïknL — Algrenurfn^
De AY/Mfwvt taie 4e l'œil; allosioD i seg propriétés astringentes,
(NI de ^p^^, champêtre, sauvs^ge et povtfc?, solitaire, allusion à
rj^oloment et à la station de <;es plantes.
A. EUPATORIA L. - À. EUPATOmE. Ev/paiimum JB.
E. veterwn CB. [EuupaXûire des Gr^cs^ des anciens, Franconnier^
herbe Saint-Guillaume ^ Souèeirane.) Angl. Common Agrimony.
Ail. Odertnowiig. Ital. Àgrimonia. *** VIy. — Jain-atèt* Che-
mins, coteaux secs, bords des bois. PC.
A. ODORATA Mill. — ^. ODORANTE. — Viv. —Juin
sept. Bords des champs, chemins. AR.
Racines légèrement astringentes employées contre les opfathal
mies.
6. Soircea L. —
Du nom grec imtpKla , Spirée ; arbrisseau à bois flexible
servant à faire des coureones et dçs guirlandes.
S.IIUIARIAU-^5. ULMArRE.(Ulmariafraifinsis Msencb.
— /^mlgarifi Park. — Barba caprœ Lob. Barbula caprina prior
Tr^g* — 4^ymapra/iDod. (Ormière^ reine des prés, ulmaire,
Fignetie, herbe aux abeUies^ pied de b<mc, Barbe de botic, de
chèore.) Bret. Rotuinnex ar Fennek, Angl. MeadowSioeet, Medow
Quem. AH. Gtiss-bovi, fFeissin Kannigin/n. — Viv. -r- Juin-
9^. fiords des eaux, foadrières. TC.
V«ar. S. fflauca Sohute — ddscolarJiiKih. la plus comouine.
Tar. S. ideumdûÊa, Bbgue. TG.
iRactnejaslriBg«nte; flfiiirs nrM^tiques Mwiéesicoittm j'hydro-
pysie.
— 493 —
S. PILIPENDULA L. - S. FILIPENDVLE (Filipendula
Fulgar%s1i2iac\t.) Bret. Keit. Angl. Common Droftoort. — Viv.
— Juin-août. Lieux frais. TRR. Coteaux herbeux du Dogiviet à
iÊartmvast.
Od trouve çà et là naturalisé aux environs de Cherbourg le
S. SALICIFOLIA L. et non pas le S. HYPERICIFOLIA L.
33«Fam.0IIMIIARIÊE8.— ŒNOTHEREjB^M.
DUffDRlE y TÉTRÂNDRIE , OGTÂNDRIE MONOOTfflB L.
ROSAGÉBs 71mm. — onagres Ju$8.
Tire son wm du genre OEnothera, onagre.
Herbes à feuilles simples, souvent opposées.
6. Epnobiam L. — Epilobe.
De £ff<, dessus, sur >o€oçy gousse, fruit, allusion au fruit infère
ou de CTc>o69ç, nuisible» plante des mauvais terrains.
E. SPICATUM Lamk. — E. EN ÉPI. E. angusHfoUum L. —
G. GesneriWill. Chame&nerium spicatum Gv^y — angv^tifolium
Scop.) lysimachia speciosaiB. — L, Chamanerion CB. — ^rUo-
niana — Herba Saneti Antonii Ges. hor. Onagra Caesalp. Anto-
nin, AfUoniM^ herbe et laurier de SaivU- Antoine, Faux Laurier,
Laurier fleuri, Lav/rier nain, petit Laurier rose, Nériette, osier
fleuri, Antonine fausse. Angl. Rose bay, Willow herb. Ail. Gross
Weiderick Rœsselin. — Viv. — Juillet-août Bois, buissons
couverts, chemins ombragés. TR. Cherbourg, Hermitage de bas,
Tourlaville, la Roche au Chat, les prés Bazans, Tollevast,
Pierre Buttée, Brig, plateau de la Sorellerie, Fatognes, bois du
43
- 194 —
général Baillod^ St-Lo, route de CeDÎlly, Ste-Ptence^ bois du
Parc, St-HilaireniurHarcimei , route de Ditcey^ Les Biards^
bords de la Sélune.
E. PARVIFLORUM Scbréb. - E. A PETITES FLEURS. —
(E. molle Lamk. — HirsiUum L. Var. B. — Villosum Curt.)
Angl. Hairy mllcm herb , small flotoered willow. — Viv. —
Juio-sept. Lieux très-humides, bords des eaux. C.
Var. £. molU Lamk. AC. Var. vertidllatum. Eqv,eurdreville,
carrières de l'Est.
Var. E. intermedium Mér. C.
E. MONTANDM L. — E. DES MONTAGNES. — E. ton-
ceolatum Leb. et Hauri. — Chamœnerium montanum Scop. Angl .
Broad smooth leaved toillow herb. — Viv. — Juin-août. Lieux
ombragés, haies, C.
Var. verticillatum Koch. — R. Cherbourg, Octeville^ Valo-
gnes.
E. LANCEOLATUM Séb. et Maur. — E. LANCÉOLÉ. —
Angl. Spear leaved toillow herb. — Viv. — Juin-sept. Murs,
lieux pierreux. C.
E. DURLEI Gay. —E. DE DURIEU. — Viv. - JuîlK-sept.
Chemins, talus des fossés ombragés, RR. St-Oven, environs du
bourg à St'Quentin.
E. PALUSTRE L. - E. DES MARAIS. — Angl. Narrovc
leaved toillow herb. — Viv. — Juin-août. Bords des eaux, Tattr-
latTi/Ie, marais du Culpéreux, Za6r2acerie, Tolleeast, leCulpéreux,
marais d'Ombre, Fermanville, étang du Brik, Tonnevilley étang
de Percy, Ste-Crovc-Hague et Biville, ruisseau et vallon de
Clairefontaine, Frasmlk, la mare, Rav/oille-la-Bigot, St-Uartin-
deS'ChampSf étang du Grand Chien, St^James, val d'Andore.
E. TETRAGONUM L. - E. TÉTRAGONE. — (Angl.
- <96 —
Sqmre stalked tcillow herb.) — Viv. - Juin-août. Bois, lieux
frais. PC.
Var. E. vvrgatum Pries. St^ames.
E. OBSCDRUM Schréb. — E. OBSCUR. — (E. ambigmm
Fries, nrgatum Auct. — dod Pries.) — Viv. — Juin-sept.
Bords des eaux, lieux humides. C.
E. ROSEUM Schréb. - E. ROSE. — (AngL Pak smooth
leaved willow herb.) — Viv. — Juin-sept. Pelouses fraîches,
bords des routes. RRR. St-Sémer-sous-Avranches, Pont-Gan-
douin, Jvranches, pelouses du jardin des plantes où il abonde.
E. HIRSUTDM L. — E. f'ELU (S. ^mpkxicauU Lamk. —
GrandiflorumSchréh. — AqtmticumTibmU. — (NérieUcamplexir-
eaule.) Angl. Codlvas and cream willow herb, Great hairy tdllow
herb. — Viv. — Juin-sept. Possés, bords des eaux, marécages. AR.
Var. verticillatum. AR.
6. CMBnotliera L. — Onagre.
De OcvoOvjMç, nom grec de la plante, à odeur de vin, ou de
ànoç, vin, et ^pcLy chasse, qui chasse le vin. Les auteurs disent à
tort de Svoç, àne, et 0«/mc, chasse, qui chasse les ânes.
Œ. BIENNIS L. — 0. BISANNUELLE. (Onagra mlgaris
Tourn. Chrysantha Spach.) Lysimachia lutta comiculata C. B. ,
— Americana Col. — LiUea Ger. — Firginia/na Park. Axio-
ehioU Hermandez. Herbe aux dues. Angl. Biennal evening prim-
rose. Ail. Esekkraut. Ital. Onagran. — Bisann. — Juin-sept.
Bords des chemins, lieux frais. RRR. Falognes^ environs,
Â/areey, route de Ponts, St-Oven, la route. Plomb, les champs.
Plante d'ornement à parfum très-suave.
■
6. Isnardia L. *— Isnardle.
Genre dédié à Daniy d'Isnardj botaniste.
L PALUSTRIS L. — /. DES MARAIS. — Angl. Marsh w-
— 496 —
nardia. — Viv. — Juil.-octob. RRR. Bords des étangs, des
mares, fossés inondés. Bav/ville-la- Place, le marais, Thorigny-
sW'Fire, petit étang dit Descoqs, Bouillon, la mare, Fergon-
eeify Beaubisson.
6. CSlrcfiBa Toqm. — Giroée*
Du grec Ki/m^koa Ktpxaiov^ fleur d'amour, enchanteresse; du
nom de la magicienne Circé.
C. LUTETIANA L. - C. PARISIENNE — OdmaOnm
vernuxirium J. B. Gesn. — Lappa sylvesiris Trag. — Alsine
fluviatilis Thaï. — Berba Sancti Stephani Tab. (Herbe aux
sorcières, aux magiciermes, enchanteresse, de St-Etienne, Tierce]
Angl. Common enchanteras nightshade. — Viv.— Juin-août. Bois,
lieux frais et couverts. AC.
Sur mon observation, M. deBrébisson a supprimé, dans sa der-
nière édition, leTrapanatansL. Mâcrenageante, Cornue,
Tribule, Corne, Cornettes, Comifle, Cornu, Echardon, Galurier,
Marron et noix d'eau, Tribule aquatique, Trèfle d'wm, Sàligot,
comme se trouvant à St-Hilaire-du-Harcouet ;i\ n'a point été ob-
servé dans la Manche. Ses fruits abondent sur le marché de
Rennes. Il doit se trouver sur les confins de la Bretagne et de la
Mayenne.
34«Fam. HALORABIES. - HALORAGEjE R. Br.
MONOEGIE POLYANDRIE £. — CRUCIFORMES Toum. — fikYKDES JUSS.
m
Nom tiré du genre Haloragis, plantes exotiques ou de à>c, mer,
et de /BoÇ ou pvyoçj raisin ; allusion à T aspect du fruit.
Plantes aquatiques, nageantes; à feuilles verticillées ou oppo-
sées, très-divisées, fruit ou noix coriace.
- 197 —
6. Myrlopliylluiii L. — Myrlopliylle.
Du nom grec Mu/)co^»oy, mille feuilles; de pv/otoç, dix mille,
très-nombreux, etru^ov, feuille; allusion à la division extrême
des feuilles.
M. SPICATUM L. — M. ENÊPI. — FolarU (Teau. Angl.
Spiked Water Milfoil. — Viv. — Juin-août. Grandes mares du
littoral, douves, fossés. TR. Towrlaville, Nacquetille, Gatt^
ville, FrasvUk, FawoilU, Ste-Mère-Eglise, Néhou, la douve,
Bouillon, etc.
M. VERTICILLATUM L. —M. FERTICILLÊ - Angl. fFhir-
led Water Milfoil. — Viv. — Juin-août. Fossés, étangs, maré-
cages. R. Mares précédentes; Chef-dvr-Pontj St-Sau/œur-U-
F^icomUy HuysnfSy Àrdefoon, Marcey, les douves.
M. ALTERNIFOLIDM L.—M. A FEUILLES ALTERNES.
Angl. AUemaUd Wattr Milfoil . — Viv. — Mai-juillet. Fossés,
oiares, ruisseaux. TR. Digosville, étang de Bruneval, Came-
ville, landes, NévilU, la mare, FauvilU, ruisseau de la grande
vallée, Benoistmlle, étang de la Diélette, Grosville, ruisseau des
Foodaies, St-Sauveur-le-FiconUey les Vignettes, la Blonderie,
Plains, la Salette, Tanis, landes de Noyant, Huysnes, Ardewn,
les douves.
35» Fam. LYTHRARllES. — LYTHRARIM Juss.
DODÉCANDRIK M0N06YNIE L. — ROSAGÉBS ToU/m. — SALIGAIRES Ju$S.
Nom tiré du genre Lythrum, salicaire.
Herbes des lieux humides; à feuilles opposées ou alternes, non
stipulées.
— 198 —
G. Liytbruin L. — Sall€salre«
De >ve/Mv, sang soaillé de poussière, allusion à la couleur des
fleurs.
L. SALICARIA L. — S. COMMUNE.-^ [L. Spiccuta Lamk/
— Salicaria Yulgaris Tourn. Lysimachia spicatapurpurea C. B.
pwrpurea spicaùa Gesn. Pseudo Lysimachium purpureum Dod.
Lysimachie rouge. Angl. Purple Loosestrif mltoio herb. Ail.
Weiderick. Ital. Salicaria. — Vlv. — Juin-sept. Lieux humides,
bords des ruisseaux AC.
Var. aUemifoliumLorr. — nimmularieBfoliaVtTs. non Lois.,
çà et là.
Var. ptibeseens Cos%. et Germ. çà et là avec le type.
Var. bracteatum Bréb. RRR. *
L. HYSSOPIFQLItlM L. — S. A FEUILLES D'HYSOPE.
— Salicaria hyssopifolia Lamk. Angl. Hysop leaved purple Lo-
osestrif. — Ann. — Juin-juill. Chemins très-humides, inondés,
bords des flaques. RRR. BreUemlle, Gonwoille, ThéoiïU^ Came-
ville^ Fermanvillet Cosqtieville , Frasville^ P^arouville, Toc-
qusville, Arfriife, Goyèermlle^ GattefAlle, (Val de Saire) Saint-
Germain - des - Faïuc , Les Pietix , SoUeville , Bricquebosq ,
Hellemlle, Le Rozel, St-Germain-k-Gaillard ^ Svrùainville y
Biniville^ St- Georges, Poribail, Denneville, Gerville^ Tanis,
Ardevon, Beauvoir, Moidrey, Pontorson, Boucey.
Var. geminiflorum Lebel. St-Germain-le- Gaillard ^ Yveiot ,
RRRR.
6. PepliB L. — Pépllde.
bu nom grec nnrXiov, pourpier sauvage, en miniature.
P. PORTULA L. —P. POURPIER. —Angl. Common,
— 199 —
Watter Pvrslane. — Ann. — Juillet-août. Mares, flaques d'eau,
fossés. TC.
Yar. attemifolia Bréb. HuAervilk^ le mont, SideviUe, bois
du mont du roc.
M. l'abbé Tabard a signalé à St "Sauveur-- le -FiconUe le
P. BorœiJovA — Ammania Bormi Guép. Espèce rarissime III
i'XAA/V^i
36«Fam.TAMARI8CIRÉE8.-rilJirilil£SC/JV£iSA. Geoffroy-St-Hilaire
PENTANDRIE TRIGYNIB L. — GAMPANIFORMES Toum.
Nom tiré du genre Tamarix.
Arbustes à feuilles alternes ; fleurs en épis.
G. rramari:x Desv. — rTamarisc.
De Tamariscij peuple habitant le Tamaris sur le revers des
Pyrénées.
T. ANGLICA Webb. — T. D'ANGLETERRE, (T. Gallica Sm.
non L.) Tamaris. Angl. Common Tamarisk. Bret. BamL —
Lign. — Jaill.-sepi. Marécages, talus et fossés du littoral. AC.
GaUemlle^ Fawoilk^ Quinéville, Réville, St-fFaastj Lestre, Fon-
tenay, Lessay, de Granville à Pontorson dans toute la baie du'
MofU-SaiiU-Michel où, par son isolement, il semblerait être spon-
tané, notamment sur le Thar, après la mare de Bouillon.
Planté fréquemment en haies. Les Danois, dit-on, le substi-
tuent au houblon dans la fabrication de la bière. Plante amère et
tonique.
soo —
37e Fam. PQRTULACÉES. - PORTULÀCEJB Joss.
DODBGANDRIE ET TRIÂNDRIB DIGYNIE L — ROSACEES Toum.
Nom tiré du genre PoHulaca , poarpier^ et de Portula^ petite
porte.
Plantes annuelles» à feuilles charnues, entières, non stipulées,
dicothomes.
6. Montla Hich.i— IMIoiiUe*
Genre dédié à MorUi, botaniste espagnol.
M. RIVULARIS Gm. — M. DES RUISSEAUX. (M. /on-
tana L.) — Viv. — Juin-sept. Ruisseaux, fontaines, sources
vives. AC.
M. ARVENSIS Wallr. — M. DES CHAMPS. {M. foniana
L. — minor Gm.) — Ann. — Avril-juill. Pelouses, coteaux
humides, exondés. R. Ces plantes ne sont nullement caractéris-
tiques des terrains granitiques. La dernière espèce qui croit
plus spécialement sur les rochers et les coteaux granitiques y in-
dique la présence de Teau à peu de profondeur.
Le PORTULACA OLERACEA L. — Pourpier poiager. Bret.
Bara Ànneven^ se ressème de lui-même dans les jardins où il se
perpétue souvent et devient sous-spontané.
— iiOl —
38« Fam. PAROITCHIÊES. — PARONTCHIJB A. St-HUaire.
TRIÂNDRIB TRIGTIIIB, PBNTANDRI E M ON 0 DI ET TRIGTNIE
BT DÉGANDRIB DI6YNIE L. — STAMINÉES Toum.
PORTULACftBSy ÂMARANTHACiBS BT GÂRYOPHILLÉBS JtLS$.
Nom tiré -du genre Paronychia, Tourn. — De n«pMRixtft, pa-
naris, allusion à de prétendues propriétés médicinales.
Herbes à tiges étalées et couchées.
G. Gorrluflola L. — Gorrlcplole.
DtCorrigia, courroie, allusion au port de la plante filiforme,
ou de xo/9/»à, cheveu, tempe, tête, et uTt», guérir; c'est-à-dire propre
à guérir les affections de la chevelure et de la tête.
C. LITTORALIS L. - C. DES RIFAGES. — Ann. —
Juill.-août. Sables maritimes, surtout, RRR. Cosquevillle.
NétMle, Goubervitle^ GcUteoilk, Barfkwr, Biville^ miellés. Tho-
Tigny-swr-Firt, bord et queue de l'étang.
6. Heralarlci L. — Herniaire.
' De Htmiaj hernie; allusion à de prétendues propriétés médi-
cales.
H. GLABRA L. — H. GLABRE. — (ff. alpestn$ Aubry. —
Friaicosa Gouan, non L.) TurqueUe, Herniole^ herbe au cancer,
au Turc. — Viv. — Juin-août. Terrains sablonneux, miellés, RR.
PierreviUe, la lande, Annovilk, Lessay^ littoral, Granville,
St-Nicolas, Fainsi^ grouin du sud, Atranchet, Mont-^arry. TR.
- 202 —
H. HIRSUTA L. — H. FELVE. [TwqueUe velue.) — Viv.
— Juin-août. RRR. Mêmes stations.
Plantes sans propriétés aucunes.
6. lUecebrum L. — Illécèbre.
De Illecebra, charme, attrait, à cause de la gentillesse de la
plante.
I. VERTICILLATUM L. - /. FERTICILLÉ. — (Paronychia
De.) Panarine). Angl. Whirkd Knot grass. — Viv. — Juill.-
sept. Bords des étangs, chemins sableux, lieux humides. RRR.
Siouville, Diélette, Périers et Fesly, la lande, Pont Jouliman,
Ste-Cécile, moulin et étang de la Mollière, à la queue, St-Michel-
des-Lowps, la lande, cent vergées, St-Sauveur-ie'Ficomie^ lande
de Haut-Mesnil, Tanis, grand champ et lande de Noyant, ferme
du Rouvre. TR. dans le nord.
G. Polycarpon L. — Polyoarpe.
De 9roXuc, beaucoup, et xap^roç^ fruit; allusion à la fécondité de la
plante.
P. TETRAPHYLLUML.-/>. A QUATRE FEUILLES. —
[Mollugo L.) Angl. Four leaved all-^seed. — Ann. — Mai-août.
Murs, champs, lieux pierreux du littoral ; presqu'exclusivement.
PC.
y. alsi/noides Gr. et God. — AlsinmfoUum De, coteaux et
miellés; forme la plus commune.
G. SelerantliUB L. — Gnavelle*
De (jTûàipoçy dur, etoveoç, fleur; allusion au calice scarveux de
la plante.
S. ANNUUS L. — S. ANNUEIjLE. — Ann. — Juill.-sepl.
— 203 —
Lieax sablonneux, coteaux, murs. RR. Equeurdrmllôf les
Fourches, ThémUt, route du Yast, DigiUlevilk^ la Haizette,
Eculkvilk, près l'église, FlamanvilU , la vigie, Tamerville,
Carolles à Bouillon, ValrSi-Père, bois Guérin, etc. Tïrepied,
murs du presbytère.
Yar. hybemu$ Rchb. — Collvnus Bréb. H^quevilUf falaises.
s. PERENNIS L. — G. FIFJCE. - Viv. — Juill.-sept.
RRR. Murs granitiques de FlamantnUe, (De la Chapelle),
St-James, lieux sableux, granitiques (Besnard).
39* Fam. CM88ULACÊE8. — CMSSULACBJB. De.
TÉTRANDRIE TÉTRÀOTiNIE, PSNTÂNDRIE PENTA6YNIE, DÉGANDRIE
PONTAGYNIE ET DODÉGANDRIE
DÉCAGYNIE L. — ROSACÉES Toum. — JOUBARBES JU8$.
Nom tiré du genre Crassula, crassule.
Herbes succulentes, feuilles le plus souvent cylindriques,
épaisses.
G. Sempervlvuin L. — «Toùbarbes.
De semper, toujours, et vifoum, vivant ; allusion aux rejets
qui perpétuent l'espèce.
S. TECTORUM. L. — /. DES TOTTS, —(Jovibarba De. Se-
dum Scop.) Sempenrivum majus, Matth. Faux artichaut. Bret.
Heglo. Angl. Great Housekek Common House. Ail. Hanslawk,
Grosse Hausse Wwzel. Ital. Semfremva. — Yiv. — Juill. Toits,
vieux murs. AR.
- 804 -
Plante légèrement acide, employée avec avantage contre les
cors aux pieds. Souvent placée sur les faites des maisons cou-
vertes en chaume, fonr préserver du tonnerre, mêlée auxglayeuls
et aux iris. Effet réel, qui peut être expliqué facilement, par les
pointes et les feuilles en glaive des dernières espèces.
G. Sedam Tourn. — Orpin.
De sedere, être assis, allusion au port des principales espèces.
S. TELEPHIUM L. — 0. MEPRISE. (^Tekphium mlgare
C. B. P. Anacampseros J. B. — Sedumpy/rpurascens Kocb.)/^(;«to-
bulum allerumCord. Cotylédon aUerum Diose. Fabariu Matth.
Faba inversa Ad. Lob. Crassula inversa Ger. Cassula altéra
Dod. Scrofularia média tertia Brunsf. Orpin, fève grasse,
Grasset, herbe à la coupure, aux charpentiers, Herbe et feuille
grasse, St-Jean, Joubarbe des Fignes, Bret houxaouem ar
St'Jaann. Angl. Orpine, UveUmg. AH. fFund Krau4, Schme-
unirz felte Heune, Ital. Sopra vivola. — Viv. — Juill.-août.
Bois, fossés couverts, toits, murs. RRR. dans le nord du départe-
ment. Flamanville, Le Roxel, les bois, Tamerville, Falognes
quelques murs; C. dans les haies dans Tarrondissement
à'Avranches,
S. CiEPEA L. - 0. FAUX - FIGNON - Ann. -
Juillet-août. Bords des chemins pierreux. RRR. Pontorson,
Fillecheret à Pleine- Fougères.
S. ALBUM L. — 0. BLANC. — Si minus officinarum Ger.
cauda mûris — crassula minor Dod. — Illecebram^jor Lob. —
Sempervivum minus aUrnm Brunsf. — Fermicularis m>ajor
Lob. — flore albo Dark. {Tétine de chatte, de souris, petite Jou-
barbe, Souricette, Trique m,adams. AU. Kkine mauer, Pfeffer,
Kkine haut Wurxel. Ital. Sedo. — Viv. — Ang. fFhite stone-
crop. —Juillet-août. Toits, murs. RRR. dans l'arrondissement de
Cherbourg. C. dans le reste du département et surtout le Sud.
— 205 —
S. DASYPHYLLUM L. - 0. A FEUILLES EPAISSES.—
[S. glaucum Lamk. Angl. Thich leaved tUmecrop. — VIv. —
Juillet-août. Vieux murs, toits. Falognes, St-Lo^ les murs,
St-^eanrle'Thomas, les rochers, Pontars&n, Tieux murs, route
de Rox. RRR.
S. ANGUCUH Huds. — 0. ANGLAIS [Sedum Rubens ff.
Dau. — GwtUirdi Will.) Thym de Crapaud. Angl. English
stonecrop. — Viv. — Juin-juillet. Coteaux, rochers, murs. AC.
dans le nord du département, sur le littoral. R. dans le Sud.
St-Jean-h-Thomas, coteau de la côte, Tombelaine^ St-James^
La OroiX'Avranchinj Fergoncey ; RRR. dans l'intérieur.
S. STELLATUM L.' — S. ETOILE. — Ann. — Eté, coteaux.
RRRR. Octevilk, coteau des Houguettes, ferme du Val.
S. ACRE. L. — O. ACME. — Sedtm hemaUndes Tab. — mir
nuSf flore It^o J. B. — Sempervivum minus. — /Vtmum Dod.
Aizoon minus Lugd. — Hematoïdes Lob. lUecebra major Park.
Crassula minor Park. Vermieularis major. — F'ermiculairef
petite Joubarbe, Marqueta Illecebre, tétine de souris, thym de
Crapaud j Orpin brûlant , Pavn, dH oiseau , Poivre des murailles.
Angl. Biting stonecrop. — Viv. — Juin-juill. Murs, toits, lieux
sablonneux. AC. sur le littoral surtout.
S. SEXANGULARE. L. — S. SEXANGULAIRE. (S. Bo-
loniense Lois) Angl. Tasteless Yellow stonecrop. — Viv. —
Juin-août. RRR. Cherbourg^ lieux arides, Chcmsey, Genits.
S. REFLEXUM L. — 0. REFLECHI — (Orpin courbé)
Angl. Crooked Yellow stonecrop — Viv. — Juin-juillet. Toits,
murs, rochers. RRR. Campeaua, le bourg près Thorigny,
Tessy, murailles.
S. RUPESTRE L. -:: 0. DES ROCHERS. (S. glaucum Sm.)
Angl. Sp-Vincent rock stonecrop. — Viv. — Juillet-août. Toits,
rochers^ vieux murs. R. TowlavUki QuerquwiUef HoMinmUej
— 206 —
Digostfilk^ Canteloup, Tocqitef)ilk, Barfleur^ Brix^ Sottetxist,
FahgneSy Bricquebec, St-fFaasi, Bouillon, S^Jean-lt-ThomaSy
CarolUs, St-Aubinnie^Terregatte.
S. ELÊGANS Leg. - O. ÉLÉGANT. — [S. rupestre, Sm.)
— Viv. — Juin-août. Murs. RRR. OctemlU, murs à St-Sauveur,
Equmrdreûille^ murs près le manoir^ SottevUky chaumières,
route des Pietix^ Les Pieux, toit de chaume près la carrière de
kaolin.
Toutes ces plantes sont acres et suspectes.
6. Grcàssulfià L. -- Grassule.
De CrassuSf épais, c'est-à-dire plantes à feuilles succulentes.
C. RUBENS L. - C. ROUGEATRE. — {Sedum L.) -
Ann. — Juin-juill. Terres et talus des fossés arides. TRR. dans
le nord du département. RR. dans l'arrondissement A'Avra'nr
ches, Val-Sl-Père, la butte, vieux chemin, la Nafrée, murs des
premières maisons, Dragey, le bourg, St-Quentiny route avant
le Quesnoy, Servon, village Ménier, Courtils, bas de la côte
vers Huysnes, Huysnes, entrée du Port-Landais, Pontorson^
route d&Pleine-Fougères, Bouillon, à Quéron près le pont de la
Bruyère.
Je ne l'ai point vue dans les arrondissements de Cherbourg et
de Vahgnes.
G. TiUiea L. — TiUée.
Genre dédié à Till, botaniste italien.
T. MUSCOSA L. — T. MOUSSE. (kng\. Mossy TUloa. -
Ann..— Mai-juin. Lieux pierreux, granitiques, TR. AC. dans
Test de Cherbourg et dans l'ouest sur les terrains granitiques.
St- Pierre-Eglise, vallée de Hacouville, Angoville, plateau des
Monterres, Haut-Hameau, Tocquetille, les coteaux, Fermarmlle,
Cosqueûilkt Gatteville, chemins du rivage, Flamamnlk, cour
4
— 207 —
du château, la Vigie, les carrières et environs, Ze Roxel, la
falaise, Carteret, Lessay, vers Créances^ Ste-Cécile, la Molliëre,
queue de l'étang, carrières des Monts -Laberge, Val-St^Phre,
bois Guérin, et champ rocheux vers la Porte-Malheureuse avec le
Craxsula rubens, Bouille, sur la grève.
G. Umbilieus De. — Ombilics
De Umbilieus, ombilic ; allusion à l'excavation des feuilles.
U. PENDDLINUS De. — O.J FLEURS PENDANTES. —
{Cotylédon vmbilicus L. -r- VmbiUcus Feneris Blach.) Godets,
rondelles, nombril de Fénus, Bret. Tulé, Krampoex mouèzic.
Angl. fFall Penny fForl. — Viv. — Mai-juill. Vieux murs,
toits de chaume, rochers, haies humides, C.
Plante résolutive, émolliente, excellente pour cataplasmes.
■«AAAA«*<
40« Fam. aiOSSUURIÉES. - RIBESIACEjE Endl.
PENTANDRIB MONOGYNIB, ARBRES ROSACÉES Toum. — * CAGTBS JuSS.
Nom tirédui^nre Ribes, groseillier.
Arbustes, quelquefois épineux; feuilles alternes, fruits à
baies acides.
G. Rlbe» L. — Groseillier.
De Ribes, nom donné à une rhubarbe acide par les Arabes el
que Bauhin donna par erreur au Groseillier à cause de l'acidité
des fruits analogue à celle de cette rhubarbe ou Rheum Ribes L.
R. UYÀHCiaSPÂ L. — G. EPINEUX. — (Gfw«»Jono
— 888 —
Tourn.) G. sylvestris — spinosa Tourn. — Vwi erispaHoà. — Vw
spina Matt. Groseillier à maquereau. Angl. Common Goosberry
tree, AU. Siachel béer Strawh. Ital. Uva spina. — Lign. —
Mars-mai. Haies, bois, TR. çà et là.
R. RUBRUM L. — G. ROUGE. — (Grossularia Tourn.)
G. rubra Tourn. Bibes offidnarum Tourn. — Vulgaris, Ger. —
Fulgaris domesiica Malth. — Rièesium^ fructu ruiro Dod.
Groseillier à grappes, Gradillier, CasUllier. Angl. Hedcurrant,
currant tree. Ail. lohannisberg Strauch mii, rothen Trauben.
Ital. Uva de frati. — Lign. — Mars-avril. Bois, baies, bords
des eaux. RRR. çà et là.
Ces deux espèces sont-elles indigènes et autochtones T
Le R. GROSSULARIA qui D*est qu'une variété du R. uva
crispa et le R. RUBRUM L. [Cassis) se trouvent également à
l'état subspontané près des vergers et des habitations.
Chacun connaît la valeur et l'utilité alimentaire de leurs
fruits.
41« Fam. SAXIFlUfllES — SAXIFRAOEjE Yent
DÉGANDRIB DIGYFflE L. — INFUNDIBULIFORMES ET ROSACÉES foUTO.
SAXIFRAGES JlLSS,
Nom tiré^du genre Saxifraga, saxifrage. Herbes à feuilles
souvent charnues*
6» eaxlflraga Tourn. — Saxifïrage.
De&un^m, rocher, pierre et frangerez briser : allusion à la
station de ces plantes bien plutôt qu'à leurs propriétés lithon-
triptiques.
— 209 —
S. GRANDLATA L. — 5'. GRANULÉE. (Nephrophyllum
Gaud.) Casse-pierre, rompt-pierre, perce-pierre , herbe à la gra-
velle, saxifrage blanche, belle anglaise, sanicU de montagne. Bret.
yérmé, Archmé Torrean, Torvean. Angl. Stone break, saxifrage
Ail. Stein break. Ital. Saxifragia, — Viv. — Avril-mai. Co-
teaux maritimes, RRR. Flamanviïle, la falaise sous Déhu, Car-
teret, la falaise, Granmlk, le roc.
S. TRIDACTYLITES L. — S. TRIDJCTYLE. (Nephro-
phyllum Gaud. — Anu. — Mars-avril. Murs, toits, lieux
sablonneux, C.
Yar. pmilla Bréb. — S. minuta Poil. AC.
G. dirysospleiiliiiii L. — Dorloe.
De xF^y o^ ^^ <^^> ^^ ' allusion à la couleur et à la forme
des feuilles et à de prétendues propriétés médicales.
C. OPPOSITIFOUUM L. — D.J FEUILLES OPPOSÉES.
Hepatica pahistris Lyst. Saxifraga aurea Dod. — rotundifolia
aurea CB. (Saxifrage dorée. Angl. Opposite leaved saxifrage.
— Ital. Saxifraga aurea. — Viv. — Mars- mai. Chemins
creux, humides, bords des ruisseaux et des sources, AC.
M. de Gerville a indiqué à Cherbourg, sans préciser les loca-
lités, le C. ALTERNIFOLIUM L. (Hépatique dorée) comme y
étant commun dans les endroits ombragés. Je n'ai pu l'y re-
trouver.
42e Fam. 0HBELLIFÈRE8. - UMBELLIPEBJE Toum.
PENTANORIE DlGTNlE L.
Nom tiré de Vmbella, parasol; allusion au mode d'inflores-
cence des plantes de cette grande famille.
44
— SiO —
Herbes à feailles divisées, pétiole engamant; fleurs en
ombelles, avec involucre et involucelle le plus souvent. Tiges
striées et sillonnées.
6. i%.ii§^eliea Boffm. — .Ajig;élique*
De lyfùoç, ange divin, surnaturel. Allusion à ses propriétés
médicales.
A. SILVESTRÏS L. — ^. SA^UFÀGBi — (Imperatoria DC
— 5cKnMm Crantz.) Imipératoire. Angl. Wild angelica,, Ail,.
fFiesen Èngel wurz, Engel wurx^ Brus vmrx, Angelik.wurzel.
It. Angelica. — Viy.. — Juin-sepl. Bords .des rivières, des
ruisseaux, fossés, bois, près humides, marécageux. TC.
Plante aromatipe, très-excitante, tr{^i(tile.43ns.la médecine
vétérinaire.
On trouve çà et là dans les jardins l'A. ARGHANGELIGA^l. à
l'état sous-spoiitané, XAngéliqut proprement dite.
G. Heradeum L. ^ Beree*.^
De H/>ax>tta, nom d'une espèce de pariétaire, ou debpccxXAci
Hercule ; plante consacrée à Hercule.
H. SPONDÎLIUM L. — B. BRJNC-VRSINE. H. Brama-
ursina. Ail. Spondilium Hoffm. {Acofaitms vulgaris Fuch.
Germanica Fuch. Branca-ursina Torg. Germanica JB. Branc-
ursine, Acanthe d^ Allemagne , Angélique sauvage ^ Bibrmil,
FrenelU, Panaris de vache, sauvage, patte de loup, suelk, souf-
flou/re,) Angl. Cknc Parsnep. — Cock Parsnip, common cow
Parsley, liai. Spondiloa. — Bisann. — Juin-août. Prairies. TC.
Les espèces formées récemnient par le démémbremenV de
l'espèce Linnéenne sont fondées sur des caractères si peu tran-
chés que je n'ai pas cru (devoir Teé adopter.' C'est l'H. Occidentale
Jord. que nous possédons.
Plante duré'pôutr le bétait; sans utilité médicale; à détruire.
! iV .1
—^«1, —
6. Pastina^a Tourn. — Panais»
De Pastm, nourriture, c'est-à-dire plante alimentaire,
P. SYLVESTRIS Mill. —P. SAUFAGE:—P. pratensis
Jord. P. Germanica. — Elaphoboscum J. B. erraticum Tab.
Pastenade blanche, racine blanche, Brel. Panez. — Bisann. —
Juill.-sept. Chanops incultes, bords des chemins. AR. çà et là.
Le P. SATIYA Hill. (P4inais cultivé, Cherm cultivé, Bret.
Panez. Angl. fFildParsnep. Ail. Maren, Weisse Mceren^ Zahme
Mceren, se ressème et se trouve souvent à Tétat subspontané, sa
racine est alima&taire et constitue un précieux fourrage.
M. de Gerville indique le PEUCEDANUM OFFICINALE
L. {Fenouil de mer) dans les prés humides de St-Germain-sur-
Ay. C'est une plante de l'intérieur où elle est TR.
G. Selinnm Hoffm. — Selin.
De laivovy nom grec d'une ache ou grand persil.
S. CARVIFOLIA.L. — *S. A FEUILLES DE CARFI. —
(S. AngulaXum\AVû)k. — MembranaceumyiW, -^ Angeliea car-
vifolia Sprang. — Viv. — Mai-juill. Prés, bois humides, RRR.
Ravmlle-la-Bigot, taillis du Saussey.
Le S. OREOSELINUM L. a été indiqué à Cherbourg sans
indication de localité, je ne Ty ai pas observé.
G. Torilis Hoffm» — Torills.
De Topn», je ciselle, je tourne ; allusion à des fruits à côtes dé-
coupées ou par analogie avec le genre To/)5v>fov, Fenouil, Fenouil
de Crète.
T. ANTHRISCUS Gm. — T. ANTHRISQUE. (Caucalis"
Scofy Tordylium L.) Angl. Vpright Hedge Parsley. — Bisann. —
Juillet-sept. Haies, buissons, bords des chemins. A.C.
— 212 —
T. NODOSA Gaert. — T. NOUEUSE. (Caucalis nodi-
flora. Lamk. — Tordylium nodosum L. Angl. KnoUd Hedge
Parsley. — Ann. — Juin-août. Lieux secs pierreux, pied des
murs, bords des chemins. AC.
Var. NanaBréh. AR. Graviers maritimes.
T. HELVETICA Gm. — T. DE SUISSE. (Caucalis arvensis
Huds. Scandix ijifesta L.) — Ann. — Juin-juill. Moissons. TR.
Picauvilk. On le dit TC. dans les moissons calcaires; il est dif-
ficile d'y pénétrer.
G. Caucalis Hoffm. — Caucalide.
De KecvxaXiç, nom grec d'un persil sauvage.
C. DAUCOIDES L.—C.^ FEUILLES DE CAROTTE.
[Gratteau). Angl. Small Sur Parsley. — Ann. — Juin-juill.
moissons des terrains c^Acaires; RR. Ste-Mère-Eglise.
G. Daucue L. — Carotte*
De AoOxov ou Sauxoç, carottc sauvage.
D. CAROTA L. — C. SÀUFAGE. (D. vulgar%$ Neck.
Caucalis Carota, Crantz) Carota vulgaris Adv. — Pastmaca
tmuifolia CB. Chttri — Bret. Pingalet. Angl. Carots. AH. lHohr.
Mohr rube. It. Carota. — Bisann. — Juin-août. Prés secs, co-
teaux arides, bords des chemins, des champs, TC.
Var. Sativus. — Staphylinus Sativus Gai. (Angl. fTUd carot)
carotte cultivée. AC. à Tétat sous-spontané,' sa racine est ali-
mentaire; elle est connue sous le mm de PastenadCy ses fruits
sont très-excitants et font, dit-on, la base de la Crème de Fénus.
D. MARITIMUS With. — C. MARITIME. D. Gummifer
. Gr. et God. — Hispanûms DC. — Hispidus De la Ch. — Bisann. —
Juin-août. Falaises, coteaux maritimes, AC.
- 243 -
G. Gorlandmm L. — Coriandre.
De Kopûcyyov, nom grec de la plante, ou de Ko/>tc» punaise ; et
jkmpf mi^poç^ mâle. Allusion à Todeur de la plante, qui cependant
est un aromate agréable et recherché.
C. SATIVUM L. - C. CDLTIFÊE. (C. majus. C. B. P.)
Angl. Common Coriander. Ali. Coriander fFazendilk. Ital.
Coriandolo. — Ann. — Juill.-août. Bords des chemins des
miellés. BRR. Cherbourg, la Bucaille, fort Longlet, spontanée?
Sa semence fait partie des semences dites carminatives et elle
entre dans la liqueur dite Fespàro et dans quelques entremets.
G. Silaue Bess. — Silaue*
Nom donné par Pline à quelques ombellifères analogues ou
voisines.
S. PRATENSIS L. — S. DES PRÈS. (Peucedamm
sihm L. — Ligusticwfn siUms Duby. — Cnidium silaus Spreng.)
Persil bâtard f cumin des prés. Angl. Meadow pepper saxifrage.
— Viv. — Juin-août. Prairies calcaires, TR. même dans les
terrains du CoterUin. RRR. ailleurs. Céava, la Gargouille.
G. Grltlmiiiiii L. ~ Crltlmie.
Du nom grec XfnfiiMv, plante marine, à feuille grasse comme le
Pourpier.
C. MARITIMUM L. - C. MARITIME. — Cachrys Spreng.
Bâtis Gesnhort. Baticula Csesalp. Creta marina Lon. Crith-
mum marinum Dod. — Chretamum marinum Cord. Calcifraga
Lob. Empetrum marinum Ad. Lob. Fœniculum marinum J. B.
Herba Sancti Pétri J. B. Percepier Anglorum Lob. Perchepier
A'figlorum J. B. Polygonum selinoides Park. Alchimillam^mtana
-î344 —
minima Col. Bacille, criste-marine , Perce-pierre, Fenou/il de
mer.) BfeUtihimily 'T&rmean,<iaM3P(Kmen;*Sê^ kngl. Sea
Samphire. Ail. Meer-Fenchel. Ital. Baciucchio. — Viv. — Juin-
sept. Rochercret graviers maritimes, AC. sur toutes no^ falaises.
Plante alimentaire très-aromatique, condimentaire, quié^ l'on
confit au vinaigre et qu'il ne faut pas confondre avec la
Salicorne herbacée appelée aussi plus généralement Criste-
marine.
G. Œnantlie L.— Œnantlie.
De onMïi^ nom grec de la plante, ou de Ocvoç, vin, et âhiO>i, fleur ;
fleur de vigne, ou de vin; allusion à l'odeur enivrante de la
plante et à ses propriétés médicales très-énergiques.
Œ. PHELLANDRIUM Lamk. — OE. PHELLANDM. —
OE. aquatica Lamk. — PheUandrium aquaticum L. Cicutaria
aquaXica J. B. — palustris Lob.) Ciguë d'eau, Angl. Fine leaved
fFater Hemlock ou Dropwort, — Viv. — Juin-sept. Marais des
terrains calcaires, surtout. C. dans les grands marais du Co-
tenlin, TR. dans le sud du département. St-Jean-de-la-Haize,
chemin de la ferme du Jardin, dans la douve, Ardevon, Moidrey,
Huysnes, les marais, Fal-St-Père, chemin de la Marafcherie,
Fains, petite mare de la Salette et douves voisines, St-Hilaire,
bords de la Sélune, St-Jean-le-Thomas, Dragey^ les douves.
Œ. FISTULOSA L. — OE. FISTVLEUSE. - (Cherf>i des
marais, Persil des marais^ Gousse, Joncodorunt. Angl. Commun
Water Dropii'ort, — Viv. — Juill.-sept. Fossés, lieux et prés
marécageux. AC.
Œ. PEUCEDANIFOLIA Poil. — OE. A FEUILLES DE
PEUCEDANUM. (OE, PoUichii Gm.) - Viv. — Mai-juin.
Prés très-humides, TR. Cherbourg, prés du Troitebecq, Pierre-
villey vallée de la Scée, Surlainvillc, même vallée, ferme de
Guitifard, vallon deTéglise, Chef^a-PoiU, prairies des Mérieux,
— 2*5 —
M-
Picatmlk, Ile-Marie, Su-Colombe^ le château, VrviUe^ pont du
Ham, Fresvilky moulin de la ville, Ecawsetdlle^ BréfnUe et
Donfyilk, les marais.
Les enfants çn mangent, dil-on, les racines tuberculeuses sous
le nom A'AbemoUSj dans la Loire-Inférieure, il y a là un danger,
à cause des quelques plantes voisines dont les tubercules sont
vénéneuses.
Œ. LACHENÀLII Gm.—OE. LELACHENAL. (JOE. Rhfmam
DC. approximala Mér. OE. pimpinelloides Sm. non L. — peibce-
danifolia Poil.) Angl. Parsley Water Dropwort. — Viv. . —
Juin. -sept. Lieux marécageux, prés humides, surtout dans la
région littorale. TR. Tourlaville^ la mare, Querquetille , les
miellés, XesniUau-Valy vallée de la Saire, FermanvilU, Cosqut-
mite, Gattevilk, les mares, Hacquevilte, la douve, Surtaiwoilte,
ferme de Guinfard, Ourvilky les miellés. AC. dans les marais
du Cotentin. RR. Céatuc, prés de la Gargouille.
Œ. PIMPINELLOIDES L. - OE. BOUCAGE. — OEnarUhe
ckcerophylbides Pourr. Angl. Callom fFater Dropwort. — Viv.
— Juin-sept. Prairies marécageuses. TR. rourIat?i/fe, la mare,
Eroudeviltej près la gare, Négrevilte, St-Floxel, près Vandour,
St-Cyr, ruisseau et vallon de la Sinope, Sortosville, environs de
St-Cyr, Orgktndes, chemin de Rouvilette à Cinglais, Hauteviltef
près du château, YveU>t, Fresvilte, environ du Yal, Le Ham,
pâturage du haut, Hubervilk, le mont, St-Sauveur-k-Fkamte,
Rauvilk-la-Place, les marais.
Son tubercule est vénéneux ; ce qui justifie l'observation que
j'ai faite à l'occasion de celui de TŒ. PEUCEDANIFOLÏA.
«
Œ. CROCATA L. — OE. SAFRANÉE. — {OE. apiifolia
Brot.) Grande cigiie, Pensacre, Par sacre, Penfeu^ Painpain,
Persil laitetix. Angl. Hemlock kaved Water Dropwort. — Viv.
— Juin-juill. Rivières, ruisseaux, étangs, fossés. TC.
Les feuilles de cette espèce peuvent être broutées sans danger
par le bétail ; mais ses racines tuberculeuses sont très-Acres et
— 2<6 —
très-vénéneuses; il en est de même pour l'homme, du reste, il
faut éviter toutes les plantes de ce genre qui sont pour la plupart
extrêmement dangereuses.
G. PlmpinellA L. — - Itoaeage.
Altération de jPipennWa; allusion aux feuilles bipenni-sequées.
P. MAGNA L. - B. A GRANDES FEUILLES. — (P.
saxifraga major C. B. — Hircina major Park. — Saxifraga
major Dod. — Hircina major J. Bault. — Tragoselinum m>ajus
Lamk.) Angl. Bumet saxifrage. Grand boucage, Bouquetine,
Grand Bouquetm^ Pimpmtlle^ Pimprenelk .blanche^ Persil de
bouc, Grande saxifrage. AH. Ross Bibemell, Beck Pekrbein. —
Yiv. — Juin-juilL Haies , bords des chemins , des champs. TC.
Var. dissectifolia Nob. — dissecta Retz. — AR.
P. SAXIFRAGA L. - B. SAXIFRAGE. (P. nigra Willd.
— P. crispa J. B. — Saxifraga minor. — Hircina minor Park.
— Saxifraga minor. — Hircma minor J. B. — Minime Trag.
— Bipinella minor Ger. — Tragoselinum minu^ Lamk). Peiit
bouquetvn, Petit Boucage, Petite Pimpinelle, Petit Persil de bouc,
Petite saxifrage, Pied de bouc, de chèvre. Angl. Small Bumet saxi-
frage, Greater Bumet saxifrage. — Viv. — Juin-sept. Lieux
secs, pierreux, des terrains calcaires, TR. Neuville-au-Plain, la
Perrinerie, les Noires-Terres, Fresville, carrière des fontaines,
St'Waast, intérieur du fort la Hougue.
Var. dissectifolia Bor. AC. au fort la H&ugue avec le type.
P. DIOICA L. — B. VIOIQUE, (Trinia Fulgaris DC. Gla-
berrima Duby. — -Pwwiia Rchb.— Bisann. — Mai-juin. Coteaux
secs et pierreux, buissons. RRR. Jobourg, Auderville. (de Ger-
ville et De la Chap.) Je n'ai pu voir cette espèce alpine.
6. Gcurum Koch. — Carvi.
*
De Ka/>uoy, noix; allusion à la racine tuberculeuse de l'espèce
bulbo-castanum^ noix de t^rre.
- »I7 —
C. VERTICILLATUM Koch. - C. FERTICILLÊ. — [SUon
L. — Sium Lamk. — Bunium Gr. et Godr.) Angl. WirUd
Carateay^ Wvrltd Caraway. — Viv. — Juin-août. Landes, prés
marécageux. C.
M. de Gervillea indiqué le C. BULBOCASTANUM, Terre noix,
moinsony suron^ gemolU, comme étant commun dans nos bois et
buissons. Cette espèce appartient aux calcaires et pourrait se
trouver dans les moissons des environs de Valognes. Toutefois
n'a-t-il pas confondu cette espèce avec l'espèce qui suit et qui ne
figure pas dans son catalogue?
G. Gonopodlum Koch. — Gonopode*
De Kwvoc, cône, et tto^mv, pied ; allusion à la forme conique de
la base du style.
C. DENUDATDM Koch. — C, DÉNUDÉ. — (Bmium Lam.
— P. fkxuosum Sm. — Majus Gouan.) Angl. Comnum Earihr
n\U. — Viv. — Mai-juillet. Bois, prés, coteaux. C.
Sa racine tuberculeuse est mangée et recherchée par les
enfants sous le nom de Gênottes, quoiqu'elle ait ui^e certaine
àcreté.
G. i%.iiiiiil Tonrn. — - Amiiii*
De ofifioc, sable; allusion aux localités où croit cette plante.
A. MAJUS L. — j4. Majeur. — (Apium ammi Crantz.)
Angl. Small Bone tcort, Common Bishop fFeed. Ail. Ammy^
JUorren Kummel^ Greiisch. — Ann. — Juill.-août. Champs,
lieux stériles, RRRR. Oc^etn/fe, les Fourches, Querqueville, envi-
rons du polygone, Coutances, St-Lo, Montviron^ talus de la côte
du cimetière, Brouains, coteau près l'église.
Vàr. glaticifoliumL. Grève du lUorU-St-Michel , vers la rive.
LeFALCARIARIVINI Host. a été trouvé dans un champs d'Ur-
tille-Hagm, sur le littoral. Evidemment cette plante y a été in-
— '«<8 —
troduite. Je l'ai vue à l'état subspontané sur la place du Palet à
Awanches, ptè&àe& décombres du Jardin des plantes.
G. Apium L. — AcHie*
Du nom celtique Apon, eau; plante des eaux. Ache, en saxon,
signifie eau ainsi qu'en persan ; d'où jetante des eaux ou de
onrtoiy, maigre ; allusion à la sécheresse et aux cannelures de la tige.
A. GRAVEOLENSL. — ^. ODORANTE. (A. vulgare J. B.
— palîistre Matlh. — officinarum C. B. — paliulapium Ad.
Tab. — Ekoselinum Tur. Dod. Lob.) /iche piuinte, (Teau des
marais y ^piraut. Céleri sam>age. Aingl." Celery, SmallUge. AU.
ZelUry. liai. Sallen, — Bisann. — Juill.-sept. Lieux marécageux,
surtout sur le littoral. AC.
Var. purpurascens^ nobis.
Il présente une variété à fleurs et à tige pourprées.
Racine diurétique; semences excitantes et aromatiques. Plante
suspecte, quoique ce soit elle qui par la culture est devenue le
Céleri de nos tables ou (yJpium dulce ou Italorum Rai . — Be-
linum Park).
G. Petroselinmii Hoffro. — Persil.
De mrpKj pierre, etoiXwov, âche; allusion à sa station sur les
rocliers.
P. SATIVUM Hoffm. —P. CULTIFÊ. — (Apium petrose-
linum L. — Fulgare Lamk. — Horiense Ger. — Selimm
Théoph.)Bret. PdrichiL Angl. Common Parsley. Ail. Petersilien
Garteninepick. It. ^pio. — Ann. Bisann. — Juin -sept. Murs,
rochers, lieux cultivés. AR. Généralement cultivé.
Plante condimentairc, semences excitantes, aromatiques.
P. SEGETUM Koch. — P. DES MOISSONS. — (Sison L.
— Sium Lamk.) Angl. Corn Parsley. — Ann. — Juin-juill.
Bords des chemins, talus des fossés, murs, pelouses. ATI.
— 349 —
G.^ Sinon L. — (Mboh.
De iwwy nom grec delà plante; sison, en hébrea, signifie dé-
lectable; allasion à son odear aromatique agréable, ou de Siswn,
misseau, allusion à son habitat.
S. AMOMUM L. — S. AMOME. (Sium Rolh. — S. anma-
ticum Lamk. — Seseli amomum Scop.) Angl. Bastard stone
Parsley, AU. Shon. — Bisann. — Juillet-août. Lieux incultes,
bords des chemins. R. dans le nord du département. Tourlaville,
bords de la place, sur la grande route ^ TeurthéoUU-Bàgue, en-
virons de l'église, Nacqmville, route i'Omonville, Urville ^ le
cimetière, St-Germain-k-Gaillard , vallée de la Scie, Pierre-
vUk, le cimetière, le val Moitier, vallée de la Scie et de Téranne,
Surtainville^ le village, les carrières calcaires. AC. dans l'arron-
dissement de Falognes. Il abonde dans rarrondissemeot i'Avranr
ckes, Val-St-Père, et surtout Vains et Genêts,
Semences très-odorantes et fort épicées, pouvant être utilisées
pour aromatiser- la graisse et quelques autres aliments.
G. Sium L. et Koch. — Derle*
De 2coy, nom grec de la plante, ou du celtique SiWy eau ; allu-
sion à la station aquatique de ces plantes.
S. LATIFOLIUM L. — B. A LARGES FEUILLES. —
(Drepaviophyllum palustre Hoffm.) (Ache d'eau.) Angl. Broad
leaved Water Parsnep.) — Viv. — Juill.-sept. Grands marais.
TR. Chef'du-Pont ei Picauville , roule de Tlle-Marie, Néhou,
le marais, St-Fromondj marais de la Vire vers le Vey, St-Jean-
k'ThomaSj Dragey, Huysnes, Tanis, les fossés, petite rivière
près le bourg, chemin de Seroon, la Brétêche, Angey, le Creux,
le Fal-Sl'Père, environs de l'école.
S. ANGUSTIFOLIOM L. ~ B. A FEUILLES ÉTROITES.
- 220 —
— {Berula Koch). Angl. Narrow Leaved fTakr Parsnep) —
Yiv. — Juill.-sept. Grands marais du CotetUin, douves, foâsés.
RR. Picauville, marais, Orglandes, château de Grosley, Car-
teret, Neuvill&Hiu-Plain, FresmUe^ rivière du Brocq, Carque-
but, ruisseau du grand fossé, St-Sauveur-le-Ficonae, la Sangsu-
rière, St-Fromond, St-Jtan-k-Thomas et Dragey^ fossés, Bouil-
lon, la mare.
Plantes suspectes et acres.
6. Heloseisuliuiii Kock. — Hélosciadle.
Dec^oç, marais, eitnuoimy parasol, ombelle, c'est-à-dire om-
bellifère des marais.
H. NODIFLORUM Koch. - B. NODIFLORE. {Sium L. —
Stseli Scop.) Chut, Bêk, Cresson de cheval. Angl. Procumbent
Marsh'Wort. — Viv. — Juill.-oct. Lieux aquatiques. TC.
Yar. œhreatum DG. Sium hybridum Mer. AC. surtout dans la
région maritime.
Plante vénéneuse qu'il faut bien éviter de confondre avec la
variété de cresson [Nàsturtivm siifolium) qui l'accompagne sou-
vent.
H. REPENS Koch. - H. RAMPANTE (Sium L.) - Viv.
— Juin-août. Lieux marécageux, TR. Su/rtainville , la miellé,
Brévilky le marais, Botdllon, la mare, Tanis, Brée, la Cagerie,
Carterei, Falognes, Genêts.
H. INUNDATUM Koch. — H. INONDÉE. (SisonL) Sium
Roth. — Meim Spreng. HydrocotyU Sm.) Angl. Least Marsh-
Wort. — Viv. — Juill-août. Mares, ruisseaux lents, étangs. RR.
Tourlamlle, leMaupas, Digosville, étang de Bruneval, LeMesnil-
au-Falj la Saire, marais de Banville, Carneville, flaque dans la
lande, Gauberville, étang de Gattemare, Gonneville, étang, Ton-
nevilky étang de Percy, OmonvilU-la-Rogue, étangs de la Val-
lée, HerqwûUU, FawoiUe, Grosville, les ruisseaux, Picau-
— 221 —
vilk, Eroudeville^ Falognes, les marais, St-Satifloeur-U'
rieomte, landes des Vignettes et de la Blianderie, Tanis, petite
mare de Grandchainp et ruisseau du bois, St-Jamts^ dans le '
BeuvroD.
6. ifBgopodiimi L. — Egopode.
De AiyoMroSoo Dom de la plante ; de «<(, chèvre, et «roue, pied ; al-
lusion à la forme des feuilles.
Je. PODAGRARIA L. —E. des goutteux. SeselijEgo-
podium Scop. — Tragoselmum Angelica Lamk. — Pimpi-
ntUa angelicmfolia Lamk. - Herbe aux goutteux ^ à Gérard^
pied de chèvre, fausse ange'lique. Bret. Uwloueck. Angl. Comr-
monGouP-Weed. Ail. Klevne Wild Angelick, It. Angelica minore.
— Viv. — Juin-août. Haies couvertes, humides, vergers près
des habitations, AR. Jadis employée contre la goutte, sans action
sérieuse, plante très-difficile à détruire.
Smyrniuiii L. •— Maoeron.
De Zfcu/racov, nom grec de la plante, ou de 9iMpr»ia, Myrrhe.
S. OLUSATRUM L. — M. ACHE NOIRE. — [S. Matthioli
S. Dioscoridis CB. Tourn. .- Hipposelinum Theophrasti CB. —
Fulgare Park — Macerone Rai hist.) Ache noire, Poivre. Angl.
Common AUxanders. — Bisann. — Avril-juin. Lieux cultivés,
rochers. TR. Cherbourg^ le Roule, La Glacerie, Tourlavilkj
chemin de La Glacerie, Martvmasty le pont, NacquemUe, le ma-
rais de bas, Fastemlle, hamel ès-Gocharts, Montebourg , St-Mère-
Eglise, près de la Fière, Saussemesnil, Raumlle-la-Bigot^ Sebe-
t)i/fe, ferme de la Bourgeoise , Carentan, St-Lo, le rocher, Ge-
nêts, près le pont, FaUSt-Pire, la maratcherie, TomMaine,
Mont-Sp- Michel, rochers, Pontorson^ le pont.
Plante diurétique, excitante, aromatique, sans usage actuel.
— 22» —
G. li^œiiieulmii Hoffm. — Fenouil.
De fWttX9f perruque, faux cheveux, ou de TotWxeoç, de Phœnj€;i.e,
allusion à la finesse des feuilles ou à la provenance de la plante.
Quelques auteurs 1^ /poX dériveq ^ejflmnkt, foiQ^,j(,lIusion à la
finesse et à lodeur des feuilles.
F. OFFICINALE L. — F. OFFICINAL. — (Amhufn
famiculum L. — Fosniculum fmlgare Gartn.) Aneth doux, anis
de Frçinçe, de Paris, fenouil dt Florence, de Malte, des Vignes.
Bret. Fanil, fanoul, Losthuam, Louzaouen an Aer. Angl.
Common Fermel, Stoeet Fen/nel. Ail. Garton Fenchel, Frauen
FencheL — Viv. — Juin-sept. Lieux secs, pierreux, talus des
fossés, murs, surtout sur le littoral. AC. — R. dans l'intérieur.
Plante aromatique, excitante, condimentaire, qui fait partie
des quatre semences carminatives et du Fespetro.
G. Seseli L. — Sesell.
De zmXt, nom grec de la plante d'après Aristote et Dloscoride.
S. COLORATUM Enrht. — S. COLORÉ. —[S. annmm L.
Asienne Crantz.)— ^Vi^î — Juin-octobre. Coteaux, miell^svcARR.
Donville, miellés. C'est la Yar. minus Wallr.
Le S. HOmANUM indiqué par M. de la Chapelle à Befwistville,
puis, par M. de Gerville à Montcastre, dans le bois, et cehii de
Huppelande et du parc Paisnel sur Lithaire et GervilU: et dans
les haies de Falognes.. EsiAÏ le S. montanum L. ou celui des
auteurs S. glaucum L. — elatum Thuill. et glaucescens Jord.?
Nous 46 l'avons pas trouvé dans ces localités,
G. dooium h* -- Cigi^^
De Koiiviftov, nom grec de la plante.
C. BIACULATUM L.^ C. MAÙVLÉE. (dcuta^tnajar Lamk.)
i>
- 223
— Vulgaris Clas. Grande ciguë, cigtië d^JthèneSj de Socrate,
grande coci^^coç^^ cocuasse, C€(,mbrim9*^ Pénouil sauvage.
Bret. K^t, Pempez, Pempix. Angl. Common Bemlock. —
Bisap^j;— Juio-août. Haies, buissoQS, bords des chemii^S) dé-
combres. TC.
Plante trës-vénéoeuse; très-usitée en médecine.
G. iC^busa L. — Etliu«e»
De àt^wm^y j'existe, échauffa, allusion à ses propriétés .véné-
neuses.
M, CYNAPIDM L, - E. DES CHIENS, Cicuta minor C. B. P.
Cicutaria fatua Adv. Apium cicutarium Thaï. Peùroselinum
caninum Tab. — Sison Lon. (Petite ciguë, ciguë des jardins,
faux 'persil^ dche des chiens. Persil de chien, bâtard, de chai,
dcutaire folle, Angl. Lasser Hemlock, Pools Parsley. Ail. Kleiner
schirling, Garten schirlvng, Hunds peter silie. Ital. Cicnlaminore,
— Ann. — Juin. -sept. Lieux cultivés, jardins.
Var. pygmœa Koch. jE. Segetalis Bœnng. Moissons. A.C.
Plante très- vénéneuse qu'il faut éviter de confondre avec le
persil.
G. Soandlx Gœrtn. — - (gksandix.
De zxocvS^s, nom grec du cerfeuil.
S. PECTEN-VENERIS 1.-5. PEIGNE^ DE FJSNU^^s:^
(5. peden Hoffm. Scandix fœmina pecten Fenerisi. B. Chmro-
phyllum pecten y eneris Crantz. — RostraXum Lamk. Pecten
Feneris Rai.) Perce poche, aiguilles de berger, des dames, grande
dent^ aiguHktte^i herbe à (aiguillette, emporte peigne.) Angl.
Common sheperds-medk^ Venus comb. AU. Venus strahl^ Nadel
KerbeL, Ita),. Cardo sakatico. — Ann. — Hai-sept. Mois-
sons. TC.
— 224 —
G. /Lnthriscus Hoffm. — /Lntlirisque.
De flev6/9uerxov, Dom grec d'un cerfeuil sauvage et non wSpwrmç.
A. VULGARIS Pers. — A. FULGAIRE. (Caucalis scafin
dicma Rolh. — Scandix aruhrisciis L. — CaiLcalis scandixScoip.
— - Chmrophyllum anthriscus Lamk.) Cerfeuil des fous. Angl.
Wild ceceli/y cow tveed, Wild Beaked Parsley. Ail. WildKerbel
KraïU. Ital. Cerfoglio sahatico. — Ann. — Mai-juin. Pied
des murs, décombres, lieux incultes, surtout dans la région
maritime. C. , '
A. SYLVESTRIS Hoffm. - Al. SAUF AGE. (Chem-ophyllum
sylvestre L.) Persil (tdne. Angl. Common Beaked Parsley. —
Viv. — Avril-juin, haies. TR. OctevilU, chemin ombragé de
TAmont- Quentin à la Bufferie, Ste-Mère-Eglise ^ Neuville-avr
PlatUy Chef-dur-Pont.
Plante suspecte. Tige teignant les tissus en vert.
V X.CEREFOLlV^RoSm,— CERFEUIL CULTIFÊ. [Scan-
dix Crantz. ChœrtyphyllumsaiivumL^m. — Cerefolium sativum
Bess. C^re/b/mm Brunsf. CheerephillonJ.B. Gvngidium Fnch.
[Angl. Garden Beaked Parsley) appartient à ce genre. Il se trouve
çàet là à l'état sous-spontané, sous les haies, dans les jardins, etc.
G. GhaBrophylluin L.— Cerfeuil*
Du nom grec x^c/90fuA>ov, cerfeuil, et de x^P^* joyeux, gai, et
fMont^ feuille, plante à feuillage gai. 11 faut donc écrire par un m
et non par un œ qui donnerait x^^p^j cochon, xpi/oœ, écrouelle,
c'est-à-dire feuille ou plante à cochon ou à écrouelle.
C. TEMULUM L. — C. ENIFRANT {Scandix «utom
Msnch. — Temula Roth. Myrrhis temula Scop.] Bret. Serfll.
Angl. Rough Chervil. — Ann. — Hai-juill. Haies, buissons,
bords des chemins, talus des fossés. TC. plante vénéneuse.
- «6 —
6. MynrliiB Scop. — Mynrlits
4
De fi^pov, parfum, ou de fxv/^ff» myrrhe, à cause de son parfum
suave.
M. ODORATA Scop.— Jlf. ODORANTE. [Scœndix Scop.)
Myrrhis major Touru. Cicutaria tenuifolia Ger. — Tertia Caes.
Odorata C. B. T. Cerefoliummajm P^rk — magnumGrer. Cerfeuil
musqué, perpàueL Angl. Myrrh Sweet Scented, Sweet cicely. —
Viv. — Juin-sept. Naturalisé çà et là. TR. St-Otoix-Hague^
Cameùille, le cimetière, Sideville, près Téglise, Tamerville,
le cimetière, CoiUances, etc.
Plante condimentaire que Ton devrait propager pour rempla-
cer le cerfeuil qu'il faut semer très-souvent.
6. Buplevriim L. — Buplèvre*
De Bouc, bœuf, et ff>tu/9ov, ou TrXsu/say plèvre; allusion à la forme
des feuilles de quelques espèces.
B. AWSTATUM Barlh. — B. ARISTÊ, — [B Odontites.
Sm. — Divaricatum FI. Franc.) (Chu^se) Angl. Narrow leaved
Hare's ear. — Ann. — Juin-juill. Miellés, dunes, coteaux mari-
times, TR. Tourlamlle, environs de la mare et la redoute, Otier"
quemlle, bois de Ste-Anne, NaeqUfef}ille^ miellés près le marais.
Famille, miellé, BixAlle, Héauville, miellés et coteaux près la
la vieille église, Le Rozely la falaise. Les Moitiers-d'Allonne, co-
teaux, Dmville près le rocher sur la miellé, Fams^ St-Léonard,
à la Chaise.
C'est la forme naine qui est la plus commune.
B. PROTRACTUM Link. —B. ALLONGÉ. - Angl. Pro-
taàed Hare' s ear. — Ann. — Juin-juill. Moissons, coteaux. Oc-
teville» village de Quincampoix, RRRR.
16
— 226 —
B. ROTUNDIFOLIUM h.—B.^ FEUILLES RONDES.
B. perfoliatum rotundifolmn armuum Tourn. B. perfoliatum
Lamk. — latifoUum Tab. — Auricula leporis rigidior J. B. —
Elaphoboscum Ges. Hort. Perfoliata milgaris Ger. — AnmuiJ. B.
— Arvensis C. B. Angl. Common Hare'sear. Ail. Bruch Wurz.
Ital. Marabuto. Perce-feuille, bec^ oreille de lièvre. — Ann. —
Juin -août* Moissons calcaires^ RRR. Monimartin^Bwr-Mer ^
Montchatofif Orval.
B. TENUISSIMUM L. — B. TENU. - Angl. SlmUr Ha-
resear. — Ann. — Juin-août. Grèves, lieux sablonneux. RRR.
QuinéDilky embouchure de la Sinope, Le Ham^ environs de la
gare, route de MonUbourgy le Ham.
B. AFFINE Sald. — Kock. B. FOISIN. (B. Gerardi Mut.)
— Ann. — Juin-août. Pelouses arides. RRR. Sù-Lo, St-Sauveur-
le-Vicomte, Donmlle, plage marine.
G. Sanieula Tourn. — Saniele.
De ffovfe, planche, tréteau, ou de ca^im, jongleur, charlatan,
c'est-à-dire plante des charlatans, ou de Sanare^ guérir, à cause
de ses prétendues propriétés médicales.
S. EUROPiEA L. — 5. D'EUROPE. (S. officinalis Gouan,
officinarum C. B. P. — S. mas Fuchdii. B. — ÂstrarUia Dia-
pensia Scop. — Diapensia Matth.)Angl. Wood sanicle. AU. Sani-
chel. liaÀ. Saniœla. — Viv. — Mai-juin. Bois, chemins et talus
des fossés couverts. AC.
Cette plante a joui d'une célébrité imméritée; ses propriétés
médicales sont insignifiantes, mal définies et nulles.
L'il^strantia mcjor L. — s'est naturalisé dans les
petits flots de la Divette à Cherbourg, et dans quelques jardins.
- 227 —
6. Hydroootyle Tomn. — Hydrocotyle.
De vS»/9, eau, et TuMaoy écuelle , à cause de la forme de ses
feuilles et de sa station habituelle.
H. VDLGARIS L. - H. COMMUNE. Cotylédon aquaiica
J. B. Dod. Ranunculm aqvatims folio umbilicato. Col. — Àqtia'
tiùus cotyledonU folio C. B. (Ecuelk d'eaUy douve.) Bret. Peuda
Tuleaod. Angl. Common Fermy-twrt. AU. Frauen nabel. — Viv.
— Juin-sept. Marais, prés très-humides; bords des ruisseaux. T. C.
Jadis employée comme détersive à Tintérieur, aurait-elle
quelques-unes des propriétés attribuées à TH. ASIATICA L. par
mon collègue M. L^ne contre les affections cancéreuses et
lépreuses ?
G. Erynfsiiuii Toum. — Panicaut.
De à/Bvyywy» panicaut, ou de ip^rfpçj barbe de bouc; allusion à
la forme des feuilles, ou de ^/b^tt», je rote, ou àpvyymy éructation;
allusion à ses propriétés médicales.
E. CAMPESTRE L.— />. DES CHAMPS. CE. vulgare C. B. P.
Eryngu^ quilmsdam. — Erynginvm mo^iUinum. — CerUum
capita Plin. Iringus. Chardon Roland, Rouland^ d*âm, à cent
têtes, Erlache, Relâche, fouasseà Pdne, Poinchaud. Bret. Erygex.
Angl. Common ou field Eryngo. Ail. Manns-treu Geim^im
Drachendistel. Ital. Cardone cento copi. — Viv. — Juill.-sept.
Lieux arides de la région maritime, surtout, sablonneux et pier*
reux. AG. R. dans Tintérieur.
E. MARITIMUH L. - P. MARITIME. Angl. Eryngo. AIL
Drachendistel. Ital. Eryngio maritimo. — Viv. — Juill.-sept.
Champs arides, coteaux du littoral, sables, dunes, miellés. AC.
Les racines de ces plantes sont toniques et emménagogues.
— 22» —
43e Pam. ARALIACÊE8. — AMUACËM Jass.
TÉTRANDRIE ET PENTANDIUE MONOGYNIE I. — ARBRES ROSACÉS
T(mm, ~ CHEVREFEUILLES JuS$.
Nom tiré du genre Aralia, plante américaine.
Arbrisseaux à feuilles sans stipules, simples» fleurs ordinaire-
ment en cimes.
(k, ComnA Toum. — Coimouiller^
De Cornu, corne; allusion à la dureté du bois.
C. SANGUINEA L. — C. SANGUW. — (C. fœmina C. B. P.
et Lob.) FirgasanguirmiVLMh, Ligxtëtrum^mxï^î, Ossa L^m.
Cornouiller femelle, bois sanguin, punais, Angl. Wild Comel,
Dogvx)od Blood\f, Ital. Sanguine, Verga Sanguigna. — Lig. —
Mai-juin. Haies bois. AC.
Je n'ai point encore rencontré leC. MASL. dont les fruits sont
comestibles.
€r. Hedera L. — IL<ierre.
Du celtique Hedra, corde ou de hœrere, s'attacher, allusion à
ses rejetons et à ses racines aériennes.
H. HEUX L — L. COMMUN. (H. canommw Willd.)
Arborea C. B. P. Scandens Park. — nigra Fuch. — major Cast.
— ^ Communis J. B.) Lierre, bois grimpant, Glléru: Bret. Ilio.
Angl. Common Yvy. AU. Ephen. Ital. Edra, Edera. — Lign. —
Sept.-oclobtc. Vieux murs, rochers, troncs d'arbres. TC.
Yar. prostata Coss. et Germ. sur la terre et dans les bois. C.
Yar. variegata çà et là , surtout sur les murs des jardins.
Baies purgatives, supectes ; ses feuilles sont trës-utilisées et avec
avantage pour le pansement des vésicatoires.
Uo Fam. LORARTHACÉES. - LORANTHACEjE Lindl.
DHBGIE TÉTRÂNDRIE I. — ARBRES MONOPÉTALBS Toum,
CHEVREFEUILLES JW^.
Nom tiré du grec Xatpw, courroie, et «vGoç, fleur; allusion à la
corolle qui est découpée en lanières.
Plantes d'un vert jaunâtre, parasites sur les arbres; feuilles
entières, opposées, sans stipules; baie uniloculaire, monosperme.
G. Viseum Tourn. — Guy*
De Fiscvs, glu ; allusion au suc visqueux de Técorce, ou en-
core de Uoc, nom grec de la plante.
V. ALBUM L. — G. BLANC. — [F. Fulgan Park. —
Fiscus Brunf. — Qusrceus J. B.) Fi de pommier, Guy des
DruideSy vergues, sillon , pomm^ hém^orrhoidale, Angl. See, Comn
mon Mistktoe. AU. Mistel. Ital. Vischio, Bret. Huel-Var. —
Lign. — Mars-mai. Parasite sur les pommiers, les divers peu-
pliers , les faux acacias , le micocoulier, le chêne, etc. TR. dans
l'arrondissement de Cherbourg, sur un seul arbre à Sottemlk,
TC. dans tout le reste du département. Il existe à Isigny sur un
chêne dans la propriété de M. de Brée, M. de Brébisson dit qu'il
en existe un second dans la forêt A'Evreux. Je l'ai vu sur un
néflier, l'aubépine, l'orme. Je l'ai trouvé sur le houx commun à
la Normandière en la Goharmière.
— 230 —
■»AA/\A^
45* Fam. GUGURBITACÉE8. — CVCVRBITACEM Juss.
MONOBGIB SYNGÉNÉSIE L — C AM P ANIFORMES Tovm.
Nom tiré du genre Cttcurbita, courge.
Plantes herbacées grimpantes ou rampantes ; feuilles alternes,
hispides et vrilles.
6. Brionla L. — Bryone.
«
De ^jovwioc ou 6/nMAviç, nom grec de la plante, ou de 6/9u«cv, pous-
ser, jaillf^; allusion à la rapidité de la végétation de la plante ou
par ressemblance avec le MOMORDIA B)LATERIUM L. dont les
fruits lancent un liquide caustique quand on les touche.
B. DIOICA Jacq. — B. DIOIQUE. — (B. alba L. — Aspera
C. B. P.— VitisalbaVlaiih. — VitisalbasylvestrisGesn.Eori.)
Couleutyrée, Baisins du diable, feigne blanche. Herbe des femmes
battues, y Bret. Gwinien, fFenn bara an houch, Gmnien xtir-
kaol4u. Angl. Bryony. AH. Zaurèbe, stick tvurg. It. Bryonia.
— Viv. — Mai-sept. Haies, buissons, bois. PC. çà et là*
Plante à racine féculente, à suc acre, fortement purgatif. Em-
ployée par les vétérinaires de campagne pour débarrasser les
vaches.
J'ai trouvé à Cherbourg près de l'ancien hôpital \eMomordica
Elaterium L. — M. Fulgaris Tourn. — Balsamina m/is Park.
— Cucumsrvna J. Bauh. — Cv^cumis punicem Cord. — Cha-
rantia Dod. — Pomummirabile Trag. qui s'y est conservé assez
longtemps à l'état subspontané.
— 231 —
46« Fam. CAPRIF0LIACÊE8. - CAPRIFOLIACEM Rich.
PÂTAlfDRIB M0N06YRIE L. — ARBRES MONOPÉTALES Toum.
CHEVREFEUILLES Ju$$. •^- SAMBUGAGÉES^ Çq, AtU.
Nom tiré du genre Caprifolium, chèvrefeuille, d^capra^ chèvre,
et folium, feuilles; plante broutée par les chèvres.
Arbustes ou arbrisseaux à feuilles opposées; fleurs générale-
ment en cimes.
G. Lionloera Desf. — GhevrefenUle.
Dédié à Jean Lonicer, botaniste de Nuremberg.
L. PERICLYMENUM L.— C. DES BOIS. — [Periclymenum
Fulgare Mill. — Caprifolium Periclymenum Ram. — Sylva-
iicum Lamk.) Crauquilierj suçota broiute^Àquety chèvre fin. Bret.
Gtoivoud. Angl. Commun honey sv>ckle, tcoodbine. Ail. Geiss-
blatt. Ital. Vinci bosco. — Lign. — Juin-oct. Haies, buissons,
bois. TC.
6. Vil>uniuiii L. — Viorne.
De Fiere, faire des corbeilles, à cause de la flexibilité des
rameaux de l'espèce principale.
V. OPDLUS L. — F. OBIER. (F. lobatum Lamk. — Opur
Im Ruelli C. B. P. — Glandulosm Manch. — Sambv^ms aqua-
tica Matth. — Paliistris Dod. — AqiMtilis Ger.) Aubier y Caille-
bot, Sureau d'eau, des marais, aquatique, rose de Gu^eldre. Bret.
Gwez gwinien, gwenn-gout. Angl. Common Quelder Rose. Ail.
MasthoUer-Baum. — Lign. — Juin-juill. Bois, haies. TR.
dans le nord du département. SurtainvUle y vallée de la Scie,
Raumlle-la ' Place f taillis du Saussey, Reigneville, le bois , Any-
freville, bois des Landes, Ste-Cotombe^ St-Sauven/r-le-Ficomte.
AG. dans les bois et fourrés de VAvranchin.
V. LANTANA L. .-:- F. LANTAWE. rrrr {U^mm Ger. —
Spirœa Theophrasti. — Dalechampii Lugd. — Fiuma vulgi. —
Gallorum. — iRweWwLob. — Fibumum Tourn.) (Bordeau, har--
deau^ Bourdaine blanche^ cotidre mansiane, mofisienne, Cochène^
Barbaris , Mansarme, Marselle, Falinie,) Angl. fFayfaring
tree, Mealy Quelder-rose. — Lign. — Juin-juill. Bois, haies.
Or g landes.
Le V. TINUS L. — Fiorne-tm. Lav/rier-tm^ est naturalisé et
se rencontre quelquefois échappé des jardins.
II en est de même du SymplioricarpoB vul§;aris
Mich; Symphorim à petites fleurs.
G. Sambueus L. — Sureau.
De itxftSvxifi, instrument de musique fabriqué jadis avec la tige
creuse du sureau.
S. EBULUS L. —5. YÈBLE.—{S. humilis Lamk. —herba-
ceai.B. — EbulusBvnnsf. — Chammactm Diosc.) Euble, Eble, Gè-
ble, petit sureau, surtautnherbe, Yolles Bret. Skaa-Bihan, Tresçao
Angl. Dwarf Elder^ Danewort. AIL Nieder Holder Swergolhonr-
der. Ital. SambuGo minora. — Viv. — Juin-août. Bords des
champs, champs calcaires surtout. TR. dans Tarr. de Cherbourg,
Querquemlle, sous Téglise. TC. sur les calcaires du Cotenlin. R.
dans le sud du déparlement. Val-St-Père, au Grand-Chien, Mar-
cey, bord de la route de Gi^anville, Sartilly, même route, Tams,
le bourg, Moidrey à Ardevon, les champs, etc.
S. NIGRA L. - S. NOIB. - S. VulgarisS. B. - domestiea
Cast. Seu, stic, sus, suc^ grand sureau, supier, suseau, samber
quier. Bret. Skao, skav. Angl. Common Elder, Elder tree. AU.
Holder Baum. — Ligo. —Juin-juill. Haies, bords des champs. C.
Var. laciniatamW. RRR.
— £98 —
Les bai684*FâMe servent à ffélater \9$ m$thnts. Les fleurs
du sureau noir sont aromatises et trèsreinplayées cootire les iryr
sipèles et autres affections de la peau.
«
G. A.doxa — L. ilidoxe.
DeapriTHtif et SoSot, gloire, c'est-à-dire plante peu remarquable.
A. MOSCHATELLINA L. - A. MUSQUÉE. — Moscatella
Cord. Moscatellvna foliis fumarim tmJbosm Tourn. RanuiMulus
nufnerosvs minimiLS — septentrionalium flore muscoso Lob. Ron
dix cava minima Ger. — Viv. — Mars-avril. Haies ombragées,
chemins creux et couverts. RRR. Tessy, Thorigny-sur-Vire,
chemins vers la Vire, St-Oven, la Saulnerie, St-Louf^ village
de Beaumont, la haie derrière la maison et chemins creux au-
dessous. Marcilly, les Mouillets (ruette aux sauniers sous le
bourg), où je Tai recueillie sous la conduite de M. Tabbé Morin.
47« Fam. RUBIÂCUS — RUBIABEil Joss.
TÂTRANDRIE MONOGYNIE L. — GAMPANIFORMES Toum.
Nom tiré du genre Rubia, garance.
Plantes à tiges herbacées, tétragones; feuilles verticillées, sans
stipules.
G. lanMa Tourn. ^ CSaritfieep
De Ruber, rouge, à cause de se» propriétés tinctoriales.
R. PEREGRINA L. — G. VOYAGEUSE. — R. Ànglica
Huds. jBfTolica Trag. Sylvestris Diosc. Parck. Tinc^orum Var.
Lamk. erratica Trag. — Syktstris Parck. Angl, Wild Madder,
Madder TravelUr. — Viv. — Juin-août. Coteaux maritimes, fa-
laises. RRR. Herqueville, BwilUy Kawmite, Jobourg, Donville,
Granvilk^ Chausey^ Bouillon, CaroUes, Sù-Jean-le-Thomas ^
Tombelainôy Vains.
— 234 -
J'ai vu le R. TINCTORUM L. sur la miellé de Stmoilk à Hé-
auville; iotroduite sans doute par hasard.
il.sperula L. — il.spénile.
De asper, rude; allusion aux aspérités de la tige.
A. ODORATA L. —^. ODORANTE. —Aspergula odorans Ad.
nostrasad Lob. — RiibeolamontanaodoraC.B. — Hepatica StelkUa
Tab. — Matrisylw Trag. — Hepatica Stellaris J.B. — Aparine
Sykestris Diosc. — Latifolia humilior. Tourn. — AlyssosGesn.
Hort. Caprifolium Bruusf. {Hépatique étoilée, petit muguet, mu-
guet des bois, reine des bois, aspérule des bois, hépaJtique des
bois, odorante.) kxi%\, fFood ruff, sweet scented. AU. PTald-
meister. Mai-juin. — RRR.Boisdu Roxel, Varenguebec, vallée de
Limor; on la trouve çà et là aux environs de quelques jardins.
A. CYNANCHICA L.—A.à L'ESQUINANCIE. Aspergula
repens Gol. Galium tetraphyllum montanum eniciatum Col. Ru-
beola vulgaris quadrifolia Tourn. Rubia cynanchica G. B. —
SinonchicaLnà%. Saodfraga aitera Caesalp. — Viv. — Juin-juill.
Pelouses maritimes. RRR. Cosqitevilk, pelouses de la route,
Quifiévilk, embouchure de la Sinope, Str-Marie^vr-Mont ^ St-
Marcouf, Surtainmlk, Lestre, Ravenovilk, Cràsvilk.
Yar. densiflora Gr. et God. sables maritimes, Cosqvevilk^
Surtaimnlk.
Je n'ai pu la retrouver sur le littoral du sud.
6. SlierciiHlIa Dillen. — Shérarde.
Genre dédié à Shérard, botaniste anglais.
S. ARYENSIS L. —S. DES CHAMPS.— Angl. Elue Sherar-
dia. — Ann. — AvriUoct. Lieux incultes, talus des fossés. TC.
G. Galium, L. — Galiet.
De Taktov ou ToXeÉTtov, nom grec du genre, ou de 7«>a, lait;
allusion au galiet jaune, qui, dit-on, favorise la sécrétion du
lait des nourrices.
— 235 -
G. CRUCIATA Scop. — G. CROISETIE. (Vayntia L.)
Croix St-André, Eperonnelle. Angl. Cross wort, cross kawdBed
straw. AU. Krmshravt Madelgher. Ital. PeUimbrosia. — Viv.
— Mai-juin. Haies^ lieux incultes. RR. dans Tarrondissement
de Cherbourg, Bivilky FaumUe, VasUmlle, les coteaux, Les
Pieux f Héauvilky SiouviUe, Tréav/oille^ Flamanvillej les coteaux
et chemin du littoral, St-Germain-le-4jaillard, route de Bame-
ville. Je ne l'ai pas trouvée sur la côte est.
C. dans le reste du département, arrondissement de Falognes
et i*Avranches.
G. VERUM L. — G. JAUNE. (G. hOeum C. B. P. Rutheni-
cuwWilId.) Gaillet jatme, Caillelait jaune^ fleur de St-Jean,
petit muguet jaune.) Angl. Yellow Bed straw, Yelhw Lady's Bed
straw.) — Viv. — Juin-sept. Champs secs, coteaux, pâturages
maritimes. C.
Yar. littorale Bréb. Sables maritimes TC.
Var. decoloTOjns QlV . — G. Vero-Mollugoyf^W. RRR. Cosque-
ville^ Querquemllej Johourg^ Carteret.
G. ULIGINOSUM L. - C. DES TOURBIÈRES. (G. spinu-
losum Mér.) Angl. Rough Marsh Bed straw. — Viv. — Juill.-
août. RRB. Mare de Tourlaville.
G. PALUSTRE L. — G. DES MARAIS. (G. uliginosum
Thuil.) Angl. fThite vxUer Bed straw. — Viv. — Juin-juill.
Lieux marécageux. R. Le Mesnilrau^Valf Le Theil, vanté et
recommandé récemment contre Tépilepsie.
Var. G. elongaium Presb. C. dans les fossés et bords des
eaux.
G. ELATUM Thuill. — G. ÊLEFÉ. (G. Mollugo L. part. —
G. dristatum L. G. album vulgare C. B. P.] Caillelait blanc,
croiseUe noirCy grosse croisette, Angl. Gréai hedge Bed straw.
— Viv. — Juill.-août. Haies, buissons. TC.
Var. G. dumetorum Jord. plus précoce.
— «w —
G. ERBCTUH Hud». — G. PRESSÉ. (G. Hottugo L.l —
Seabrwn Witfa.) C&iilelait blanc, croisette noire, grosw troisette,
Ângl. Upright Bedstraw. Haies, buissoss. G. Espèce mal défiBÎe.
G. NEGLECTDM Le Gall. — G. NÉGLIGÉ. — Viv. -
Juin-juill. Sables maritimes. TR. Bivilk^ Vav/oille, les dunes et
dans l'ouest.
G. SAXATILE L. — G. DES ROCHERS. {G. Heràynicum
Weigg. Angl. Smooth Heath Bedstraw.) — Viv- — Juin-août.
Landes, coteaux, lisière des bois. AC. C'est sans doute cette
espèce que M. de Gervilk indique sous le nom de G. morUanum.
G. APARINE L. - G. GRATERON. {Aparint Hispida
JA^inch.) Asprèk y grateron, grattons j gratteau, gratelk, grappelle,
grippe, Capet à teigneux, herbe à la punaise, rable^ rèble, rièbk.
Angl. Goose grass ou ckavers. Bret. Sérégen vihan. — Ann. — 7
Mai-sept. Haies, buissons. TC.
Le G. SYLVESTRE Poil, indiqué à Cherbourg par M, de
Brébisson n'y a pas été retrouvé.
M. Le Héricher a signalé le G. TRICORNE With. sur le rivage
de Céaibx.
48« Fam. VALÉRIAMÈES. — VALERIANEjE DG.
TRlÀNDRIB MONOGYNIE L. — IMFUHDIBULIFORMES Toum.
DIPSAGÉES JUSS.
Nom tiré du genre Valeriana, Valériane.
Herbes à feuilles opposées, fleurs en corymbe ou en panicule.
6. Gemtrcmtliue DC. — GetitranUie*
De xfvT/ïov, éperon, et «vOoç, fleur; c'est-à-dire corolle à éperon.
C. LATIFOLIUS Duf. — C. À LARGES FEUILLES.
(C. rwècr DC. — Valeriana nt^hra L. Part.) Angl. Spw valerian.
— aa7 —
lAlas des mw$^ behen rouge, barbe de Jupiter, comacda. —
Viv. — Juin-sept. Vieux murs, carrières, rochers. Aft.
Cette espèce offre les trois couleurs, rose, rouge-ponceau et
blanche.
&. Valerlanck L. — Valériane*
De Vakre, être en santé; allusion à ses propriétés médicinales.
V. OFFICINALIS L. — F. OFFICINALE [Herbe aux chats,
à la meurtrie, aux œupu/res. Ângl. Falérian. Ail. Baldrian. It.
Valeriarui. — Viv. -^ Juîn^oût. Ptfés humides, bords des eaux.
AR. dans Tarr. de Cherbourg, C. dans celui de Valognes et dans
YAvranchin, surtout dans le canton iePofUorson. Plante stimu-
lante, anti-hystérique, emménagogue.
V. DIOICA L. — F. DIOIQUE. Angl. SmaU Marsh Fait-
rian. — Viv. — Avril-juin. Prés marécageux. Pont-l'Abbé, maraiS'
RRR.
6. Valerianella Tourn. — Valérlanelle.
Diminutif de Vàleriana.
V. OLITORIA Manch. — F. POTAGÈRE [F. Locusta L.
— Vakriana olitoria Willd.) Mâche, acroupie, blanquette, Aten-
chette, ckuquetle, clairette, bonnette, gallinette, coquille, doucette,
poule grasse, salade de blé, de chanome, verte, royale, de brebis,
grillette, raiponce , oreillette. Bret. Jalc ar Person. Angl. Corn
Sallet. — Ann. — Avril-juin. Lieux cultivés. PC.
Yar. pubescens, TR. St-James.
V. CARINATA. Lois. — F. à CARÈNE [Fedia Stev.) —
Ann. — Avril-jnlir. Lieux cultivés. TC.
V, AURICULA DC.-^ F à OREILLETTES. PediaMoH et
Kock. — Valeristnella Locusta L. Part.) — Ann. — Hai-juilleU
Moissons. R.
— 338 —
V. MORISONII DC. • F. de MORISON. (V. dentcUa Soy.
et Villerm. — Fedia Wallr. — Ann. — Juin-août. Moissons. C.
Var. mixta Duby. — Fedia Vahl. AC.
V. EMOCARPA Desv. -- f^. à FRUITS FELUS.—knu.—
Juin-août. Coteaux, moissons. TR. Stp^uveur-ie-Yic. St-Brice.
Toutes ces mâches sont comestibles, surtout la première. .
49« Fam. DIP8ACÉE8. — OIPSACEiE Jass.
TÉTRANDRIE MOlfOiïTNIE L. — FLOSCULBUSES Toum.
Du genre Dipsacus^ cardère.
Plantes herbacées à feuilles opposées, souvent connées, tiges
parfois chargées d'aiguillons.
G. Dlpsaicus L. — Cardère*
De ii^^'^f chardon, bonnetier, ou dc^^Kv et «PHOfucc, guérir la soif,
allusion à ses feuilles connées faisant réservoir.
D. SILVESTRIS Mill. - C. S AU F AGE (D. fullmwn L.
part.) Cabaret des oiseaux^ chardon à peignes^ peignety coupe de
Fénus, lavoir de Férms. Bret. Skouarden^ Louzaouen ar Chomm,
Angl. Common Teasel — Bisann. — Juill-sept. Bords des che-
mins, talus des fossés. AC.
Le suc de cette espèce a été récemment vanté comme propre
à guérir les blessures graves, comme cicatrisant et antiseptique.
D. PILOSUS L.- C. POILUE (Cephalaria Gr. et God.) Ffn-ge
àpasteu/r. Angl. Wild Teasel, Small Teasel, Shaggy Teasely She-
peris-Rod. AU. Karsten Distely Kleine Wilde. — Ann. — Juin-
août. Lieux ombragés, bords des fossés et des rivières. TR. Fa-
logneSf ruelle près la Croix-Horville, et la chapelle de la Victoire,
— 239 —
Yvet(a, les carrières, Tombelaine, St-JewnrdeAa-Haize, ferme du
jardia derrière la maison, Cherbourg^ bords de la Divette^ Towr^
laville, eaux minérales^ Roule.
Malgré Tabondance des calcaires dans le Cotentin, je n'ai
point vu le Z). FVLLONUM Willd. D. Fulhnum L. part.
(Chardon à bonnetier) cultivé en grand kElbeuf^^our Tindustrie.
G. ScMsiblosai L. — Scableuse.
De Scabies, gale, maladies de la peau, à cause de ses préten-
dues propriétés dépuratives et utiles dans ces affections.
S. COLUMBARU L. — 5. COLUMBMRE. Angl. Small
Scabious. — Viv. — Juin-sept. Prés secs calcaires. RRR, Ste-
Mère-Eglise.
S. ARVENSIS L. — S. DES CHAMPS. S. pratensis hirsuta
C. P. B. {Knautia aroensis Coult. — Communis Goàr. — Trichera
arvensis Schrad.) Languedevache^ Mirliton^ Oreilles (ïàne, Bluei.
Angl. Field scabiousy Corn scabiom. AU. Grint KratU, ScabÙH
sen. -* Viv. — Juin-sept. Bords des chemins, champs, haies TC.
Yar. pvtmatisecia Coss. et Germ. AC.
Yar. integrifolia Bréb. — Knautia indivisa Bor. TR. Lieux
secs, bords des bois, Egiteurdrevilley près le fort St-Anne, lande
Misère, Qu^queville, le fort, St-Germain-le-Gaillard^ coteaux
de la Scée, La Laceme, dans la forêt.
S. SUCaSA L. — S. SUCCISE. (Succisa pratensis Manch.)
Mors du diable, remors ou morsure du diable, herbe du diable,
tête de loup, succise. Bret. Louzaouen ar vreach, Louzaouen ar
Gai.) Angl. DeviFs bii scabious. Ail. Teuffelt abbis. Ital. Morso
del diavolo. — Yiv. — Août-sept. Bruyères marécageuses, prés
bùmides, bois frais. TC.
Yar. albiflord Cherbourg^ le Maupas.
Ces espèces ont été jadis employées comme amères, sudorifi-
ques et alexitères, surtout dans les maladies de la peau.
- 2*d -
•^A'NA/V-
50e Pam. C0IP08ÊE8. — COMPOSITJS Vent.
STNGÉNÉSIE POLYGAMIE L. — FLOSGULEUSES ^ SEMIFL0SGULEUSB8
ET RiWIÉ&S' ïaum*. — SY^AffFHÉRfiaS Hich.
Nom tiré de ieaP mode d'inflorescence en capitules, dé la
forme de- leur corolle et de la soudure de leurs étamines. Plantes
souvent à suc laiteux, feuilles alternes , rarement opposées,
stipules nulles; fleurs en calathides.
f Tribu. cnamBoimE» vam.
De leô/w^ç ou xBjOMfiSov, cime, bouquet, etf^jo», je porte, c'est-à-
dire inflorescence en cimes ou en bouquets.
G. EupaLtortuin. — L. Eupatolre.
De èmrmopiofj nom grec de la plante, ou de Evmcwp, issu d'un
père renommé, ou de Eupator, roi de Pont, auquel ce genre avait
été consacré.
E. CANNABINUM L. et C. B. P. — E. CHANFUIN. ~
(E. TrifoUatum EM.)£upatoire d' Amcennt, des marais, ParUa-
gruélion sauvage, herbe de Ste Cunégonde, Angl. Common hemp
Àgrimony. AU. Hamf-Odermenmg . Ital. Eupaioria. — Viv. —
Juillet-septembre, bords des eaux, des fossés, taillis humides.
TC.
G. TuesUago. — L. TussUage.
DetîAssim, toux, agere, chasser, agir; allusion à ses usages
pharmaceutiques.
- 241 —
T. FARFARA L. — T. PAS D'ANE. —(T. mlgaris. C. B. P.
et Laiûk.) [Pas d'âne, pied de poulain, Taconnet. Bret. Orfil^
andeledon, Pao Marché Louzaouen ar Paz. Angl. Common
ColCs foot. AH. Rosshufj Huf-hattich, Brand-Lattich-Brand-
KratU. Ital. Tussilagine, Farfaro. — Viv. — Mars-avril.
Champs humides, argileux, hors des chemins. AR. daus le nord
du département. TC. dans le sud, surtout dans le cantim de
Pontorson ou avec quelques au très fteurs pectorales, il est l'objet
d'une récolte spéciale. Plante adoucissante, très-usitée.
6. Petaelte» Tourn. — Pétasite.
4
De 7rsra(7er))ç, qui a la forme d'un chapeau, ou de inratroç, parasol ;
allusion à la forme et à la grandeur des feuilles.
P. VULGARIS Desf. — P. COMMUN. — [P. major C. B. P.
— Tussilago Petasites L. — Petasites offumalis Maench.) Cha-
pelière^ Herbe à la peste ^ contrepeste, à la teigne. Bret. Alan.
Angl. Common BtUter Burr. AU. Pestiknz-fFurz . Ital. PetasUe.
— Viv. — Mai-avril. Lieux humides, fossés. TR. Moon , Airel^
La Meauffè, à la Pigotière, Montcastre, Fahgnes^ Flamanmlley
derrière le couvent, Angoville-au-Plain , St-Côm^ à Ste-Marie-
dtk-Mont, Vergoncey, fossés du château de Bottcéel, Ardewn^
environs du bourg.
6. IVardoemla Cass. — IVardosmle.
De vct/}8oç, nard, et o<Tfàiy odeur, allusion au parfum exquis de
ses fleurs.
N. FRAGRANS Rchb. - .V. ODORANT. — (N. maveo-
lens Desf. — Denliculaia Cassin. — Ttissilago fragrans Gm.
— Sua'oeokm Desf.) Héliotrope d'hiver. Angl. Sioeet scented
colfs foot. — Viv. — Décembre-mars. Décombres , prés humi-
des. AC.
Cette plante est naturalisée dans tout le département.
16
G. OInerarla L. — Cinéraire*
De Cinisy CineriSy Cendre; à cause de la couleur cendrée de la
page inférieure des feuilles.
C. SPATULiEFOLIA Gm. — C, A FEUILLES SPATU-
LÊES. — (5. spatulmfolius DC. — Campestris Babingt. —
Tephroseris spatulœfolia Bor. — Cmeraria integrifolia With.)
-^ Viv. — Mai-juin. Bols , coteaux herbeux. TR. Urville-Hague,
la falaise, Sideville , bois du mont du roc , Regmvilk, le bois,
les landes, Hautetille, environs de la cour, RauviUe-la-Place ^
taillis du Saussey, Ste-Colombe, Kiillis du Saussey, Marceify
bords de la rivière près la Salette.
G. Senecio L. — Séneçon* \
De Semx, vieillard ; allusion aux aigrettes blanches, figurant
des cheveux blancs.
S. VULGARIS L. — S. COMMUN. — (5. minor mlgaris
C. B. P. — Serançon, Toute vernie, herbe à la CliardonnereUe,)
Bret. Aouérédal. Angl. Common Groundsel. It. Cardarina. —
Ann. — Toute Tannée. Partout. TC.
Var. 5. radiatm Koch. — R. miellés de Fauville et Biville.
*
S. JACOBiEA L. ~ S. JACOBÉE. - [Jacobœa mlgaris
lacmiata C. B. P.) Herbe St- Jacques , de Jacob, fleur de Jacob ,
de St' Jacques, dorée, herbe dorée, joncàmouchet, Angl. Common
Ragwort, Ail. St-Jacobs Knaut , St- Jacob' s Blume. liai. Gia-
cobœa. — Viv. — Juin-sept. Prés, bords des chemins, lieux
pierreux, haies, TC.
Var. condkans, R.
S. ERUCiEFOLIUS L. — S. A FEUILLES DE JtO-^
QUETTE. — Viv. — Juin-août. Prés des terrains calcaires.
- 243 —
RR. dans tout le département, excepté suf les calcaires du Co-
tefUm; La JUeauffe, St-Lo,
S. ERRATICUS Bert. — S, ERRATIQUE. - (5. barbareœ
folius Krock.) Séneçon vagabond, divariquc, — Bisan. Viv. .-
Juill.-août. Prés frais , bords des rivières , des ruisseaux. R.
mais moins dans l'arrondissement de Fahgnes et dans le sud
du département.
S. SYLVATICUS L. - S. DES BOIS. - Angl. Mountain
Groundsel. — Ann. — Juill.-sept. Coteaux secs, lieux pierreux.
AC.
S. VISCOSUSL. - S. VISQUEUX. — Bisann. - Juill.-
août. R. littoral de Test, Fermanville.
S. SARRACENICUS L. - S. DES SARRASINS. — Viv.
— Juin-août. Bois, haies, Hauteville, près i'Orglandes, le bois,
Montmartin-^n-GraigneSy haies, bois entre la Perrme et Téglise
du Désert^ Bohon^ au pied du Castel. (de Gerville).
Je ne Ty ai pas retrouvé. Il y a eu probablement erreur.
G. Doronlcum Tourn. — Doronlc*
De Doronidge, nom arabe de la plante, ou de^p, lance, ou
mieux ^/>oç, peau, et vc»?, triomphe; c'est-à-dire plante qui
guérit les plaies, à cause de ses propriétés alexitères analogues à
celles de YAmicaj qui lui ressemble un peu.
D. PARDALIANCHES L. — D. MORT AUX PANTHÈRES.
— (D. maximum C. B. P.) Angl. Great Leopard'9 bone. Ail.
Gemsen Wvrz, Swild-umrz. liai. Doronico Velenio, Bellidostro.
— Yiv. — Haj-juill. fiois, coteaux ombragés. RRR. Cherbourg^
le Cauchin, Octeville, le Val, Uartwoast, bois du château, Towr"
lavUle, le Roule, Croix-des-Monts entre Montcuit et Cambemon,
Falognes, Ma/rcey, bois du château, St-Martin-des-Champs ^ à
Baffé, FésinSy les coteaux, La ChapeUe-efrirJuger ^ bois.
— 244 —
M. de Brébisson indique dans les environs de St-Lo , le D.
PLANTâGINKUM L. Sa rareté aurait dû lui mériter une indica-
tion de localité bien précise. Je n*ai pas assez parcouru Tarron-
dissement de St-Lo pour avoir eu la bonne fortune de Ty re-
trouver dans les bois.
•
G. Uinoeyrta DC. — Lilnosyrta*
De Acvov^ lin, et wr^piç, plante citée par Pline cooime ayant des
feuilles analogues à celles du lin et de VOsyris.
L. VULGARIS DC. — L. COMMUN [Chrysocoma Linosyris
L. Vulgaris Cass. — Linosyris Nuperorum Lob. — CriniUiria
Lmosyris Less.) (Chevelure dorée, Angl. Flax leaved Gôldy locks).
— Viv. — Juill-août. Coteaux arides, RRRR. Si-Quentin^ Lille-
manière, Mont'St'MicheL (M. Vabbé Maheut, curé de St-Oven.)
«
G. il^ster L. — Aster.
De A(mj/9, nom de la plante, ou de a(m7/>, étoile; allusion au
capitule radié.
A. TRIPOLIUM L. —J. TRI PO LW M (Tripolium Vulgare
Nées. (Aster maritime) Angl. Tripoly, Sea Starwort, — Viv. —
Août-sept. Lieux aquatiques et vaseux du littoral, R. çà et là
dans les lieux vaseux de la côte, depuis les Feys à la baie du
Mont^St-MicheL
Var. albiflora, R. Vains, Gizors.
Var. brevi-radiatay Vains, St-Léonord.
L. Brumalie Nées. — Gr et Godr. est 'naturalisé sur
le bords des étangs de Martinvast.
G. Erlgeron L. — Vergerette.
Du nom grec kptyipm^ séneçon^ ou de Ijocovy poils, et Tt/suv,
vieillard, allusion aux aigrettes blanches de ce genre.
E. ACRIS L. —F. ACRE. Angl. Sharp Erigeron, Blue Flea-
— 245 —
Bane. — Bisann. — Juin-octobre. Lieux arides, champs pierreux,
murailles, R. Cherbourg, remparts du port militaire, OcteMle,
fort des Fourches JaJouannerie, Equeurdreville, les murs, Quer-
qneviUe, le château , le fort, les miellés , Biville, Surtainmlle,
les coteaux, et les miellés, Vabgnes, les murs, Lestre, Bouillon,
coteaux, murs, Marcey, littoral, Àvranches, les murs.
Var. serotinus'Weihe. TR. Tourlaville, la redoute.
E. CANADENSIS L. — F. DU CANADA. Angl. Camdiân
Erigeron, Canadian FUa-Bane. — Add. — Juîn-sept. Murs, lit-
toral, TR. St-Lo,mxiTS, Af>ranches, murs, Marcey, Vains, Céaux,
bords de la grève, Ducey, Si-James, murs, Fal-St-Père, laNafrée,
Bellevue.
E. ALPINUS L.-^F. DES ALPES. - Viv. —Juin-août.
Montagnes, St-Oven, verger et jardin près le bourg, où il s'est
perpétué 1876-77.
É
6. Solldago. L. *- Solldago.
hesolidum, agere^ rendre solide ; allusion à de prétendues
propriétés vulnéraires.
S. VIRGA AUREA L. — S. FERGE D^OR. {Firga area la-
tifolia semUa C. B. P.) Grande Verge d'or, dorée. Herbe des
Juifs. Angl. Common Golden Hod AH. Heydnichts Wund Kraut.
Ital. Firga aurea. — Viv. — Juill-oct. Bois, bruyères, talus des
fossés, T. C.
Var. ampla S. Saulii Bor. — AC.
L. S. CANADENSISL. se trouve çàet là à Tétat sous-spontané,
6. JRulIccuria GsBrtn. — JRalIcsabre.
(De Pukx, poux; allusion à ses prétendues propriétés, insec-
ticides, notamment contre les puces.)
P.DYSENTERICAGaertn. —P.DYSSENTÉRIQUE. Inula
- 246 —
L. -- ConyzaLdiXûk. — Aster Ail. Aster pratmsisl. RH. AngK
Common Flea^hane. AH. Gelbe mtmtz, Bv/rhalarU. Ital. HeUnio
Giallo. (Herbe St-Roch, MuUu, Pissat de chaty Aimée dyssenr
tériqvie. — Viv. — Juin-sept. Lieux exondés, chemins humides,
bords des étangs et des mares. C.
P. VULGARIS Gaertn. — P. COMMUNE. Imla Pulicaria
l^ Aster. AU. (Herbe aux jmces), Angl. Small FUa-bane —
Ann. —Lieux exondés, bords des flaques, vergers humides, AR.
surtout dans le nord du département.
G. Inula L. — Inule.
De ivoftv, purifier ; allusion à ses propriétés dépuratives, to-
niques.
J. CONYZA DC. — /. CONYZE. (Conyxa major vulgaris
C. B. P. Vulgaris Lamk. — Conyza sqvarrosa L. Inula squar-
rosa Berh. Angl. Flea-bane. Ail. Durwurz. Ital. Cunilagine. —
Bisan. — Août-oct. Lieux arides, pierreux, bords des chemins.
AR. surtout dans le nord du déparlement. Elle semble rechercher
les terrains schisteux.
J. HELENIUM L. — /. AUNÊE (Coroizariia Mér. — Aster
maximus L. R. H. — A. Heknium Scop.) Grande Aunée, Ermla
campanaj aillaume, ail de cheval, panacée ou lazer de chiron^
panacée des chûtes, aromate germanique,) Angl. Enula campane.
AIL Alav^, grosser alaut. It. Elenio. — Viv. — Juill.-sept.
Champs, bords des chemins, talus des fossés, TR. Cherbourg,
environs du port militaire, Octeville, St-Sauveur, Teurthéville-
Hagus, la Moulonnerie, Hamel-ès-Coutours, Les Pieux, roule de
Barneville, Benoistville, route des Pieux, JBaw%ny, St-Paul-des-
Sablons, Pirou, Geffosses, Falognes, St- Patrice, moulin des
Claids, Neufmesnil, près Téglise et le presbytère, Fély, près
Bricquebosq, Céaux, laProvostière, Sej*von , la Bréteche, ArJevon.
Plante tonique, trop négligée dans la médecine actuelle.
— 247 —
J. CRITHMOIDES L. — /. PERCE-PIERRE, Semcio crith-
mifolius Scop. — Limbarda triscuspis. Cass. — Viv. — Juill.-
sepl. Rochers et falaises de l'ouesr. TR. Auderoille, Jobourg^
Herqtieville, Les Pieux, Flamanville.
Je ne Fai point vue sur les falaises du sud.
Ses feuilles sont aromatiques comme celle de la Crithme ma-
rine; confites dans le vinaigre, elles forment un bon condiment.
G. Fllago L. — Cotonniëre.
De Filum, fil, colon, duvet, allusion au duvet de ce genre.
F. GERMANICA L. — C. D' ALLEMAGNE. (F. camscéns
Jord. — Fulgaris Lamk. — Impia Dod. Pempt.) Gnaphalium
Germanicum Huds.) Herbe à coion, cotonnière, Angl. Common
cudweed, common Filago, AH. Ruhr KrauX,) — Ann. — Juin-
sept. Lieux secs, pierreux, murs, talus des fossés. C.
Var. lanuginosa DC. — F. eriocephala Gus&, R.
Var. procera AC.
F. LUTESCENS Jord. — C. JAUNATRE. (F. Germanica L.
part. — Ann. — Juin-sept. Champs du littoral. AC. dans les
environs d'Avrancbes et coteaux de Mortain.
F. MONTANA L. — C. DES MONTAGNES (Gnaphalium
Huds.) — Ann. — Juin-sept. Lieux pierreux, coteaux arides, C.
Var. F. minima Fries. TR. Le Roule.
F. GALLICA L. — C. DE FRANCE (F. filiformis Lamk. -
Gnaphalium Gallicwn, Logfia Gallica Coss. et Germ. Subulata
Cass. Angl. Narrow leated Filago, — Ann. — Coteaux, terres
remuées, champs, TR CKerbowrg, Tivoli, Octemlle, les Fourches,
les Entes, St-Pierre-Eglise, vallon de Hacouville, Cosquevilley
ferme de Renouville, Angoville, plateau des Houtarres, Herque-
mile, Flama,nmlk^ Digosville, Fermanville, les falaises et bords
du littoral, Chausey, la grande île, Bouillon, Carollcs, Si-Jean-
le-Thomas, les falaises, Tanis, à Noyant, Carteret, les falaises.
— 248 —
Le F. ARYENSIS L. non Yahlem. — (Gnaphalium Lamk.) a
été indiqué dans le Guide du Foyageur à Cherbourg, sans pré-
ciser de localités. On trouve quelquefois des Filago avec écailles
violfltres qui ressemblent aux F. canescevis et hUescens Jord.
Serait-ce l'espèce F. iodolepis Bréb?
Ces cotonniëres sont confondues eu Angleterre sous le nom de
Common Cudweed et en Allemagne sous celui de Ruhr Kraut,
J'ai cru trouver à Thorigny-sur-Vire le F. spatulata Presl.-
Jord. y^rpurpurascensGr. elGod.
6. Gnaphcdlum L. — Gnaplicde*
Du nom grec rvà^Xiov, pied de chat, ou yvà^ecXcov, bourre, à
cause de Taspect cotonneux de ces espèces.
G. LUTEO-ALBUM L. — G. JAUNATRE. Angl. Jersey
Cudweed. — Ann. — Août-sept. Lieux sablonneux un peu
humides, R. dans le nord du département, surtout. TourlavillSy
leBéquet, GaUevilk, près Téglise, le Crabec, Imbrauville, Faur
ville, la mare, Biville, les miellés, Les Pieux, Sciotot, Fkmavr
mile, bois du château, Surèainville, les miellés, hameau Pouchin,
Valognes, Biicquebec, Denneville, villaged'Avarville, St-Germain-
sur-Ày, route A'Angoville, Céaux, Ardevon, Huysnes, Courtils,
Fal'St'Père, Tanis, champs du littoral, ferme du Rouvre,
St'James,
Var. prostratum Breb. Fauville, prairies de la Mare.
G. SYLVATICUM L.— G. DESBOIS.—(G.rectumS(n.) Angl.
Highland cudweed. — Yiv. — Août-sept. Bois, champs en friche.
TR. Surtainville, bois de la Baronnerie, Bricqu^bec, les bois,
Montcaslre, les bois, le Tanu, bois de Yaudereu près le viaduc ,
Tanis, lande du Rouvre, Morùain, côte St-Barthélémi.
G. DIOICUM L. - G. DIOIQUE.— [Elichrysummoruanum
C. B. P.) Angl. Cat's foot. Ail. Katzen-fuss, II. Gnafalio. [Pied
de chat). — Yiv. — Juill.-oct. Bruyères, bois. RRR. Sioimlle,
près l'église. (De la Chap.) Mortain. (de Bréb.)
— 249 —
G. ULIGINOSUM L. — G. DES FANGES, - (G. ramo-
sum Lamk.) Ângl. Marsh cudweed. — Ann. — Juill.-sept.
Fossés, ornières, lieux exondés. C.
Le G. FiETIDUM L. (Htlichrysum Maench.) a disparu de la
lande de TocquevilU où il était naturalisé.
Le G. UNDULATUML. —Naturalisé, croît à Cherbourg, à la
Bucaille et aux environs du port militaire^ à Odevilk, carrières des
Fourches et des Entes et dans les bois du château AeFlamanville.
On a aussi trouvé naturalisé à la Fauconnière, à Cherbourg, le
G. MARGARITACEUM L. ainsi que dans la forêt de Cerisy près
St'Lo .
Les Gnaphalium sont connus sous le nom d'Immortelles.
G. BeUte L. — PAquerette.
De Bellttë, joli, à cause de la gentillesse de la plante.
B. PERENNIS L. - P. FIFJCE. — (Bellis sylvestris
minor C. B. P.) (Pâquelle, petite m^rgu^erite, petite consyre,
fleur de tous les mois). Bret. Bieu/n-ham, Tro-heol. Angl.
Commondaisy. AU. Mass Lieben. It. Bellide, Margheritina. —
Viv. — Toute Tannée, et presque partout.
Var. proliféra. St-Sénier^ous-Apranches , Apilly, pointe est
delà prairie.
Var. brevi^adiata. AR. Coteaux maritimes.
Yar. rubriflora, çà et là dans les prairies.
G. Cbrysaintlieiiimii L. — GbryiiaiitliAine.
Du grec xp^^H^^ ou xp^^^^i^^» plante dont les fleurs sont
couleur d'or, ou de xp^^y or, et ovôïïfMt, bouquet.
C. SEGETUM L. - C. DES MOISSONS. - (Matricaria
Dest.) (Marguerite dorée, Mullu.) Bret. Bozen. Angl. Com Ma-
rigold. Ail. Korn Rougel Blum. Ital. Margherita Gialla. — Ann.
— Juin. -octobre. Champs cultivés du littoral, AC.
— 250 —
C. LEUCANTHEMUM L. — C. LEUCANTHÊME. - {Ma-
tricaria Dest. — Leucanthemum vulgare Lamk. et I. R. H.)
(Marguerite blanche , des champs , grande pâquerette , grande
fnargu>erite\ amauroqvs, grand-^il de heeuf, pdqiielte^ pétro,
herbe aux abeilles.) Brel. Pebr-Gweenn. Angl. Ox eye daUy.
Ail. Maslieben^ Monad-Blumlein. — Viv. — Mai-août. Prés,
cbteaux, talus des fossés. TC.
Vap. uniflorum Bréb. Surtainvillej bois de la Baronnerie, St-
Jean-le-Thomas, Avranches, murs.
Yar. pudicumLe Héricher, feuilles étroites au bas, élargies au
sommet, formant collerette ou involucre au-dessous de la calathide.
C. PARTHENIUM Pers. — C. MJTRICAIRE. — (Pyre-
thrum&xù, — Matricaria Parthenium L. — Odorata La m. —
Fulgaris C. B. P. — Leucanthemum Parthenium Gr. et Godr.)
(Matricaire commune)^ Angl. Common Feverfetc. AU. Morter,
Mertram, Uutter Kraut. Ital. Matricaria, m^tricale. — Viv. —
Juin-août. FJeux pierreux, murs, décombres. AR.
Plante amëre, aromatique, essentiellement tonique, emména-
gogue et anti-hislérique.
C. INODORUM. L. — C. INODORE. — (Pyi^ethrum Sm.
— Matricaria L. — Tripleurospermum^Q\i\x\\z.) (Tête de jument).
Angl. Scentless Mayweed. — Ann. — Juill. -octobre. Champs.
Var. maritimum Bréb. AR. littoral.
C. MARITIMUM Pers. — C. MARITIME. — (Pyrelhrum
Sm. Matricaria L. — Tripleurospermum Koch. — Ann. — Juill.-
octobr. Champs du littoral. TR. Cherbourg, Querquevillc, St-Ger-
main-4eS'FauXf Chausey, St-Pair^ Bouillon, Plains, Céaux.
m
6. Matrlccurla L. — Matricaire.
Allusion à ses propriétés emménagogues.
M. CHAMOMILLA L. — M. CAMOMILLE. — (Chrysan-
themum DC. — Chameemelum tulgare et Leucanthemum Diosco-
ridis C. B. P. — Chamomilla officinalis Koch. — SuaveolensL.)
— 251 —
Bret. Fanulgon , Louzaoîien an varm , Maron , Lauzaoum ar
mammen. ÂDgl. Wild camomile, Dog's camomile. Ali. fTilde
Camomilk, Itai. Camomilla. — Add. — Juin-août. Champs,
talus des fossés, sur le littoral, surtout, AC.
Yar. suaveolens L. AC. mêmes stations ;
Plante tonique, aromatique, excitante, emméoagogue.
G. A.ntliemis L. — Camomille.
De AvdfffAiç, nom d'une camomille.
A. N0BILI9 L. - C. NOBLE. — (À. odorata Lamk. —
Chamomilla Gr. et Godr. — Ormenis Gay. — Chamœmelum nobilt
C.B. P.) (Camomi/te romaine.^ Angl. Common Camomile. Ail.
KamillejKamUlenjItamische Camille. It. Camomilla romana. —
Viv. — Juin-sept. Pâturages secs, coteaux, bruyères, landes, AC.
Elle se pélorie facilement et se vend alors dans les pharmacies
sous le nom de Camomille romaine. Mêmes propriétés que les
espèces précédentes.
A. COTULA L. - C. FÉTIDE. (A. fœtida Lamk. —Ma-
ruta cotula DC. — Chammmelum coiula AU. — Cotula fœlida
et Chammmelum fmtidum J. Br) (MarcouU, Camomille puante.)
Angl. May-fFeed, Stinking Camomile. Ail. Krmten dill, Utmd's
dill^BundsKamille. Ital. Cota. — Ann. — Juin-sept. Champs, C.
Var. micranlha, Nab. Herqttetnlle^ falaise.
A. ARVENSIS L. - C. DES CHAMPS. — (OEilde vache,
fausse Camomille.) Xn%\. Corn Camomile. — Bisann. — Juill.-
août. Littoral de Tourlaville et de la baie du Mon^St-Michel, TR.
Var. brevi-radiata. Uuysnes.
G. ilLClillleci L. — ilLOliIllée.
De Axàhioç, nom grec de celle plante dont Achille fil usage
pour guérir la plaie de Téléphe.
A. MILLEFOLIUM L. — J. MILLE FEU/Lf^E. — (Mille-
folium vulgare C. B. P.) (Herbe au charpenti<?r, à la cov/pv/re ,
— 252 —
attx voiturierSj dent de loup, herbe St-Jean, militaire, saignerez,
sourcil de Vénus. Bret. Louzaouen ar chalvez. Angl. Milfoil ,
CommonYarroîo. Àll. TmUsenblaU^Gardenkraut, Schaffe garde.
Ital. Millefoglio, Achilka, — Viv. — Juiu-oct. Lieux incultes,
talus des fossés. TC.
Yar. compacta, AR.
Varie à fleurs blanches, carnées rose et rouge assez prononcé.
Depuis quelques années cette plante est très-reconamandée
comme emménagogue.
A. PTARMICA L. — ^. STERNUTATOIRE. — [Ptarmica
vulgaris Blackw. et J. B.) (Herbe à éternuer, saigne-nez , Ptar-
mique, boiUon d'argent, herbe sarrazine.) Angl. Sneeze Wort,
Yarrow. Ail. fFeisserrspitzer , Rheinfaren, Bertramachillen
kraut. Ital. Ptarmica. — Viv. — Juin-sept. Prés humides, bords
des eaux , TR. Prairies de la Soûle, à Cerisy-la-Forêt , Orval,
Ste-Cécile, prairies de Lacherie, Pont aux celliers, Pont-Hébert,
bords de la Vire, St-Senier-sous-y^vranches, bords de la Sée, Les
Biards, bords de la Sélune, Tanis, landes de Noyant et du Rouvre,
Pontorson, bords du Couesnon, etc.
Cette plante est un sternutatoire aussi actif que la précédente
et elle provoque le saignement de nez comme elle.
G. A.rteiiiielci L. — A.rmoise«
Du nom grec A/n-ffAîo-ia, armoise, ou de A/n-efteç, nom de Diane,
c'est-à-dire herbe des vierges, à cause de son emploi comme
emménagogue.
A. ABSINTHIUM L. — J. ABSINTHE (Absirdhium Ponti-
cum, Romanum, Dioscoridis C. B. P. — Fulgare Gsertn.)
Grande absinthe, aluyne, alvine, armoise amère, absinthe suisse,
herbe sainte. Bret. Huelen. Angl. Commxm Wormioood. Ail.
Wermuth. liai. Assenzio romano. — Viv. — Juill.-août. Lieux
pierreux, coteaux de la région maritime, surtout sur les granits.
AR. Canton de St-Pierre-Eglise, des Pieux, de Barfleur, Réville,
etc.. Falogn/es^ Montfarville, Fal-St-Père, Changeons, Avran--
chez. Changeons, Courtils.
— 253 —
A. MARITIMA Willd. — 4. MARITIME (SeHphidium Bess.)
(SangnenitU, herbe à vers^ abiinthe de mer.) Angl. Sea Worm-
toood. AH. See Fermouth, Ttal. Assenzio maritimo. — Viv. —
Jain-sept. Embouchure des rivières de nos grèves. TR. Lestre^
bords de la Sinope, Les Feys, St-Waast^ dunes de Carteret,
St- Germain-sur- Ay.
Var. A. gallica Willd. Lestre et Omnéville, la Sinope.
Yar. A. salina Willd. Lestre^ bords de la Sinope.
Cette plante est un excellent vermifuge, très-employé.
A. VULGARIS L. — A. COMNUNE {A. mlgans major.
I. R. H.) Herbe Si-Jean, à cent goûts , remise, couronne, ceinture,
fleur de Si-Jean. Bret. Huelen Wenn, Louzaouen an Ditcad.
Angl. Common Mugwort. Ail. Geymer Bryfus. Ital. Artemisia.
— Viv. — Juin. -sept. Lieux incultes, talus des fossés, haies. C.
Var. hUescens, forêt de Cerisy.
Plante tonique, très-employée comme emménagogue.
G. Xanac^etum L. — Xancdsie.
De Oflnwroc, mort; allusion à ses fleurs qui se flétrissent, tandis
que celles des immortelles ne se flétrissent pas; mieux de rahM,
Tœnia, et oxtofMcc, guérir; allusion à ses propriétés éminemment
vermifuges.
T. VDLGARE L. - T. COMMUNE (T. prœcox Eorinl. —
Fulgare luteum C. B. P.) Herbe à vers, amère, Barbotine, Lar^
mise. Remise, Tanacée. Bret. Jrwdd. Angl. Common Tansy,
Tansie. Ail. Rein-farrein, Rhein-fam. It. Tanaceto. — Viv. —
Août-sept. Bords des chemins, baies, talus des fossés, AR. çà et
là près des habitations; elle est souvent cultivée. Excellent
vermifuge, tonique, amer.
M. de Brébisson indique le T. BALSAHITA L. Menthe coq,
coq des jardins, Herbe au coq, sur la côte à RegnémUe, je ne l'y
ai pas vue. Du reste elle y aurait été introduite, c'est cette plante
à odeur et saveur anisée et non menthée, qui fait la base de
l'absinthe des cafés et liquoristes.
(a suivre.)
DE L'ORGANISATION
DES
POUVOIRS PUBLICS
DANS LE DEPARTEMENT DE LA MANCHE
PENDANT LA PI^BMlèRB RÉVOLUTION.
AVANT-PROPOS
^MMWMMMMi
La présente étude a pour but de compléter toutes nos pré-
cédentes.
Celles-ci, débutant par^un aperçu, historique et géographique,
de la situation politique du territoire ayant depuis formé notre
département, au moment où éclata la première révolution, ont
ensuite passé en revue, et dans leur organisation et dans leurs
principales opérations, les diverses juridictions répressives, tant
exceptionnelles que de droit commun, y établies pendant la dite
période.
A présent il s'agit de clarifier, en quelque sorte, cette œuvre
judiciaire multiple, et, parla, d'en graver mieux le fonctionne-
ment varié, dans Tesprit des lecteurs, en leur faisaoi voir, d'une
- 255 —
façon en quelque sorte synoptique, et, pour ainsi dire à vol (foi-
seau, comme du haut d'une éminence ad hoc^ toute la charpente
administrative lui ayant servi de support légal, et les divers res-
sorts gouvernementaux qui lui ont, alors, permis, et même im-
posé, de s'accomplir dans les conditions où nous lavons naguère
vue sa développer.
Il s'agit, en même temps, d'atteindre, à cette occasion, un ré-
sultat plus large : celui d'exposer, dans son ensemble, en ce qui
concerne particulièrement nos contrées, tout le système régle-
mentaire auquel celles-ci se sont, aux diverses époques de la
dite période, trouvées, en dehors de tout événement local spé-
cialement envisagé, successivement soumises.
A coup sûr, un pareil travail — qui comprend, d'une part
l'énoncé des lois principales de la matière, et, d'autre part,
rénumération du personnel administratif chargé, chez nous, de
leur exécution — présentera forcément, à sa lecture, quelque
chose de sec et d'aride, comme le fait nécessairement toute no-
menclature analogue.
Mais en revanche, il sera , — tout nouveau d'ailleurs qu'il est
jusqu'à présent, — d'un intérêt réel certain, et même d'une néces-
sité incontestable, non-seulement pour le parcours et la compré-
hension, plus faciles, de nos études locales antérieures, mais en-
core pour l'intelligence, en général, de toute histoire soit anté-
rieure soit future de la Révolution dans notre département et
même ailleurs, où il n'existe encore pas non plus, que nous
sachions, d'essai de ce genre.
On nous saura donc un peu gré d'avoir, au prix de longues et
pénibles recherches de toute sorte, tenté celui-ci ; et on voudra
bien, d'autre part, en présence des difficultés sans nombre d'un
pareil sujet, où les renseignements, tant de droit que de fait,
sont souvent des plus difficiles à obtenir, excuser les erreurs
quelconques, qui, malgré tous nos efforts pour les éviter, "se se-
raient glissées dans la rédaction de cette sorte de table histo-
rique : de même qu'on aura bien voulu le faire en ce qui concerne
notre exposition préliminaire, de Célat du pays en 1789, ci-
— 266 —
dessus mentionnée» dont elle n'est, en quelque sorte, par le fait,
que la continuation directe.
Nous devrons, du reste, dans racconoplissement de cette
nouvelle tâche, nous borner, naturellement, — sous peine de lui
voir prendre, aux dépens d'ailleurs de la clarté du sujet, des
proportions démesurées, — à ne traiter que les points prin-
cipaux de celui-ci, en élaguant tous ceux qui ne seraient que se-
condaires, et aussi en concentrant tous nos détails, tant géogra-
phiques que hiérarchiques, sur le pays de Coutances, auquel
nous appartenons, que nous connaissons par suite mieux que
toute autre partie du dépa rtement, et qui d'ailleurs, nous allons
le voir, fut alors, du moins pendant longtemps, la portion
la plus importante de ce dernier.
On sait, à présent, ce que nous nous proposons de faire ici.
Il est, désormais, temps de nous mettre à Fœuvre, pour cher-
cher à réaliser un semblable programme.
PLAN DU TRAVAIL.
Pour faciliter ici la bonne exécution de notre tâche, commen-
çons par la diviser, d'avance, en plusieurs parties distinctes.
Et d'abord, partageons-la dès le début — en suivant la nature
même des choses — en deux grandes fractions, qui resteront sé-
parées pendant toute sa durée, et en quelque sorte dans toute sa
UmguevTy à savoir : d'une part, Texposé des lois de la matière
appliquées a notre département, et, d'autre part, l'énuroération
des fonctionnaires, de celui-ci, sous leur empire successif.
Puis scindons-la, chronologiquement et pour ainsi dire tram-
wrsakment^ — d'après les modifications organiques introduites,
chez nous comme dans le reste de la France, par Tapparition d'é-
vénements politiques généraux d'une importance capitale et cons-
titutionnnelle dans la réalité juridique ou au moins effective de
ce terme, — en trois périodes historiques, susceptibles elles-
mêmes, quelquefois, de subdivisions analogues, et comprenant:
la première, l'époque comprise entre 1789 et la création, du Di-
rectoire exécutif^ par la constitution du 5 fructidor an III ; la
seconde , celle correspondant au gouvernement directorial, ter-
miné par la constitution nouvelle, et consulaire, du 22 frimaire
an VIII ; et la ^oisikne, celle postérieure à cette dernière date,
jnsqu^à l'installation, en Tan XII, de l'empire napoléonien.
Maintenant, dans chacune de ces périodes, reproduisons —
pour plus de simplificatien, — notamment quant à la première
des deux grandes fractions longitudinales, ci-dessus préalable-
17
ment constatées, et se répétant dans chacune des dites subdivisions
historiques, les trois catégories de faits : administratifs, judi-
ciaires et religieux^ déjà jadis par nous distinguées dans l'în-
traduction historique j de Fépoqne antérieure à 1 789, que nous
avons rappelée il n'y a qu'un instant.
Avec l'aide de ce premier fil conducteur, pénétrons, maintenant^
définitivement au cœur même de notre sujet.
C^^ÔQ-)
FBBMIÈBB FABTIB
LÉGISLATION
i^wxWMiiwxi
Première Période ttisTORiquE
ÉPOQUE ANTÉRIEURE A LA CONSTITUTION DE l'AN III
{ I^. — JkdnAmàmtnMou proprancat dite.
Nous avons, dans VlrUrodn^ction historique précitée,
jadis constaté l'existence, en France, et en particulier
dans nos contrées, d'un état de choses administratif, y
fonctionnant depuis longtemps, et totalement différent
de celui que nous y possédons aujourd'hui.
Mais désormais cet ancien régime va subitement dis-
paraître, avec la survenance et les progrès de la Révo-
lution, pour faire place aux institutions nouvelles in-
troduites par celle-ci et destinées à faire enfin rentrer,
dans le néant, la confusion comme l'arbitraire du
passé en cette matière.
Déjà, dans les derniers temps, il avait, nous le sa-
vons, reçu une atteinte importante, par la création, no-
tamment en Normandie, des Assemblées provinciales,
dont nous devons d'abord redire ici quelques mots.
C'étaient des espèces de chambres administratives,
— 260 —
édictées» d'une façon générale, poor tontes les pro-
Tinces dn royaume, à la suite de rassemblée, dite des
Notables, de ilHl; elle-même rétnit, sur la convocation
du Roi , qui en avait directement désigné les membres
— où ne figurent, d'ailleurs, aucun habitant du Coten-
tin — pour aviser aux moyens de venir au secours dn
trésor public obéré par une foule de gaspillages anté-
rieurs.
Composées, en principe, de députés d'une certaine
étendue de territoire, d'abord nommés, en partie du
moins, par le gouvernement royal, mais qui, plus tard,
devaient être tous issus, par le résultat de scrutins à
plusieurs degrés, du suffrage même des trois ordres po-
litiques de la contrée, elles avaient pour mission oflS-
cielie : de concourir désormais à l'administration, sur-
tout fioanciëre, de celle-ci, d'accord avec les intendants
de la province, dont on corrigerait ainsi l'ancien arbi-
traire, et à l'exclusion de son parlement, dont la
lo'ngue et si gênante ingérance en pareille matière serait
dorénavant entièrement neutralisée.
La Normandie, en particulier, s'en vit octroyer trois,
correspondant à ses trois généralités de : Rouen , Aknr
çon^ et Caen comprenant, comme nous le savons, le
Cotentin, c'est-à-dire à peu de chose près le département
actuel de la Manche, dans son ressort spécial.
Assemblée ^^^^® dernière — qui prit le nom d' Assemblée pro-
provinciale YirfciÀLE DE Cabn, OU de Bassb-Norhaàndib — se com-
^asfe-zvor- posa de quarante membres pris, tant dans le Clergé que
iiMndie. dans la Noblesse, et aussi le Tiers-Etat, des neuf élec-
tions, ou dq>arùemeniSf de : Caen, Bayeux^ Vire, Ca-
rentan, Falognes, Saint-Lo^ Coutances, Afmmches, et
Mortain^ qui, dès antérieurement, servaient de divisions
administratives à la dite généralité, et dont chacune fut,
d'ailleurs, à cette occasion, et aux fins de faciliter le
recrutement électif ultérieur de la réunion centrale pré-
V-
— 261 —
citée 9 sabdivisëe en arroTidissemenU (du reste entière-
ment dififérents de la circonscription portant aujour-
d'hui ce nom), comprenant chacun un certain nombre
de paroisses y situées, et qui, pour l'élection spéciale de
Cautances, étaient ceux de : Coukinces, Gratmlley Gn-
vray, Marigny et MofUmartin.
Elle devait, d'ailleurs, siéger à Caen, d'une façon
permanente, tant par l'ensemble total de ses membres,
que, dans l'intervalle de ses sessions périodiques — oh se
prenaient, sur les matières intéressant le territoire de la
généralité, ses décisions proprement dites — par une
délégation intérimaire, de six d'entre eux, dite Com-
mission INTERMÉDIAIRE, et Chargée, en principe, unique-
ment d'exécuter celles-ci, comme aussi de prendre, sauf
approbation ultérieure, toutes les mesures urgentes de
nature analogue.
Elle avait, du reste, au-dessous d'elle, comme subor- ^^«™w«««
données, et ne pouvant en tout cas agir que dans leurs
ressorts respectifs aux fins surtout d*y opérer l'applica-
tion locale des dites décisions, des o^^emél^ dites tf^^-
tûm;dont il y en avait une dans chaque subdivision de
ce nom, composée d'un nombre de membres variant selon
l'étendue spéciale de celles-ci , et siégeant elle-même,
d'une façon constante, au chef-lieu du ressort fraction-
naire dont s'agit, tant par sa convocation plénière an-
nuelle, que par une délégation intervallaire, de cinq
membres, iiieburmuvrUermédiaire, et dont les fonctions
étaient, miUatis miUandis, analogues à celles de la com-
mission intermédiaire sus-mentionnée.
El enfin, au-dessous encore des assemblées d'élection AssembléaB
— auxquelles devait, d'ailleurs, plus tard appartenir de '""^^'P**^*
recruter directement, par scrutin, l'assemblée provin-
ciale collective,— venaient, comme point dedépart admi-
nistratif nouveau, et aussi comme source future de forma-
tion élective des premières, à raison de quatre députés par
— 262 —
arrondissemefU tel que celui-ci a été plus haut défiai,
les dssemblées municipales, noD-seuIement de chaque
ville comprise dans les diverses élections sus dites,
mais encore de chaque paroisse y située ; qu'à cette oc-
casion le Gouvernement avait, pour la première fois
dans la plupart des unités territoriales de ce dernier
genre, pourvue d'une véritable représentation locale;
dont, saiif en ce qui concernait le seigneur et le cur^en
faisant de droit partie, la formation s'opérait par le
suffrage universel direct, et qui était d'ailleurs, natu-
rellement, astreinte, dans ses délibérations, à ne pas les
étendre au-delà de son ressort géographique spécial.
(Voir sur cette constitution, par ^to^M,derA8semblée provinciale
de Caen, l'ordonnance roycUe du t5 juillet 1787, et les règlemenis^
ampliatife, des 5 août et 3 novembre, suivants.)
Telle fut en Basse-Normandie <- comme, au reste,
partout ailleurs en général — l'organisation de cette
nouvelle institution, qui, à coup sûr, constituait déjà,
par elle-même, un grand progrès dans la voie libérale.
Opérations "Elle y débuta, dès l'année même de sa création, par
ù^^Sé^ la réunion, à Caen^ en novembre et décembre de la
sus dite, même année, des membres fondateurs de la dite assem-
blée, qui, après l'y avoir constituée sous la présidence du
duc de Coigny, grand bailli du lieu, et avoir aussi pro-
voqué la formation effective de celles, subordonnées,
d'élections et de municipalités, se livra de suite à une
série de travaux; dont, en se séparant, elle conféra
l'exécution à la Commission intermédiaire par elle, au
préalable, à ce désignée.
(Voir le procès^verbal imprimé» des dits travaux.)
Celle-ci s'empressa de l'opérer, et, comme l'assem-
blée dont elle n'était ainsi que l'émanation, ne devait
— 263 —
plas, en fait, se réunir, malgré les règles fondamentales
de son organisation à cet égard, force lui fat de conti-
nuer, avec le concours subalterne des bureauix inUrmé-
diaires des diverses élections de son ressort collectif, sa
gestion primitive, sans désemparer — et, naturellement
avec, en réalité, un accroissement marqué de ses attri-
butions premières — jusqu'à la suppression même des
assemblées provinciales par la loi du 22 décembre 1 789,
ci-après mentionnée, et même jusqu'à Tinstallation des
nouvelles assemblées départementales, devant désor-
mais administrer le territoire de la dite généralité, et
auxquelles, pour la circonscription respective de cha-
cune d'elles, la dite commission intermédiaire eut à
rendre, aux termes de la loi sus dite, compte de sa
longue administration : ce qu'elle fit, en efifet, le
4 août 4790.
(Voir ce eompU-rendu, (joi a été également imprimé).
C'était déjà là, au point de vue financier surtout,
un véritable progrès; qui, malgré les résistances in-
téressées, tant des intendants que des parlements, des
diverses provinces oii on l'avait introduit, ne manqua
pas d'amener bientôt d'importants résultats.
Mais son établissement — qui laissait, d'ailleurs ,
subsister, quant au fond, tous les abus multiples de
Tancien régime, — ne pouvait, un seul instant, sauver
celui-ci ; dont l'ouverture des ÉTATs-GÉNÉaA.ux de 1789
— convoqués, dès le 4 0 septembre 1 788, pour le l^'mai
suivant, aux fins, surtout, d'aviser aux moyens de
combler le déficit gouvernemental devenu d'un chiffre
effrayant surtout depuis les dernières années, — allait
de suite faire à jamais crouler l'antique et bizarre
échafaudage.
La dite convocation devant se faire par grands
— 264 —
Etats-Géné- ^^^^^i^^* ^^^ ^^ CoterUm dut» lai aussi, s'y préparer,
raaxdei789. de façoD à réaliser, conformément aux règles tracées
dans uDe instruction royale du H janvier M89, Télec-
tion des députés, tant du Clergé^ . que de la Noblesse et
aussi du Tiers-Eiat, de son ressort, quMI devait envoyer
à ces grandes assises nationales, chargés d*y aller avant
tout porter les cahiers de doléances et désirs de chacun
de ces trois ordres politiques demeurés jusqu'alors si
distincts.
Députés ^^^^ ^ff^^ s^ réunirent à Cauianees, chef-lieu judi-
àuCoteruin. ciairc du dit bailliage: d'abord, en général, tous les bé-
assemblée. néficiers ecclésiastiques du ressort : évêques, abbés et
abbesses, prieurs et prieures , curés et chapelains, au
nombre total de 829 ; puis tous les nobles quelconques,
possédant fief ou non, lui appartenant, en tout 599 —
les uns et les autres devant, respectivement, députer direc-
tement, c'est-à-dire sans intermédiaire, aux dits Etats-
Généraux, les quatre représentants alloués à chacun de
ces ordres— eteufin, lesdélégués, au nombre deil 4 , char-
gés de choisir, mais cette fois comme corps électoral de
second et même troisième degré, les huit députés, aux
mêmes Etats, attribués à celui du Tiers-Etat, du grand
bailliage en question, et à cepréliminairement désignés
dans des réunions préparatoires tenues naguère au chef-
lieu de chacun des dix bailliages second<iires entre les-
quels se subdivisait, comme nous le savons, le premier.
Ainsi réunis, ces 1829 électeurs, sous la présidence
collective du lieutenant-général du présidial du Coten-
tin remplaçant à cette occasion le grand bailli absent,
mais en se subdivisant aussitôt en trois assemblées de
vote correspondant aux trois ordres sus dits, procédèrent,
sans encombre, à l'élection triple dont ils avaient reçu
la mission; et se choisirent alors, pour représenter le
. grand bailliage précité, les seize députés dont nous in-
diquerons plus tard les noms, avec mission spéciale
— 366 —
d'aller porter, aux Etats*Oënéraax en perspective, trots
cahiers de doléances alors même rédigés : un par le
Clergé, Tautre par la Noblesse, et le troisième — simple
résultante, d'ailleurs, de ceux précédemment dressés,
pour cet ordre seulement, dans les divers bailliages se-
condaires susrmentionnés — par le Tiers-Etat, de la
contrée sus-définie.
(Voir à ce sujet, au greffe de Cautanceê, les divers procès-verbauz, ^
manuscrits, relatifs à la convocation, aux élections, et à la rédac- ^
tion de ecMen, sus dites. Voir également le procès-verbal, imprimé,
de la réunion générale, du 16 mars 1769, sus-mentionnée. Voir
encore le volume de documents pour servir à Vhistoire de Monie-
bourg ^ de M. l'abbé Lbcachbux, pages i92 et suivantes.Yoir enfin,
le Cotentm en 17S9, de M. Dbsdbtisrs du Dbibrt, pa^MSS et sui'
vantes.)
Désormais donc les Etats-Généraux de 1789 vont
enfin s'ouvrir, à la date sus-indiquée, et la grande Révo-
lution française va bientôt s'opérer.
Nous n'avons, bien entendu, nullement pour but innovations
d'en énumérer ici les immenses résultats, dans les divers ^. ^| ^g
détails deceux-ci, ni même dans leur ensemble général.
C'est là un sujet, qui, à force d'être traité, est devenu
par trop banal; et qui, d'ailleurs, dépasserait de beau-
coup, par ses énormes proportions, le cadre restreint et
spécial dans lequel nous devons ici nous renfermer.
Bornons-nous donc à en extraire ce qui est rigoureu-
sement utile à Taccomplissement de notre tâche actuelle,
et à rechercher, en cet endroit, les modifications admi-
nisiratives proprement dites auxquelles vint donner .
lieu, en particulier dans nos contrées, ce gigantesque
cataclysme; dont on peut dire, en résumé, qu'il trans-
forma radicalement les anciennes institutions fran-
çaises, après en avoir fait entièrement table rase.
Ces changements si profonds, et en particulier ceux
que nous aurons ici à constater, nous allons les rencon-
— 266 —
trer, pour la plupart, dès le début même de la Révolu-
tiou et accomplis par TAssembléb constituante, en la-
quelle se sont, tout en conservant, sans élections ni
mandats nouveaux , transformés de suite les Etats-
Généraux ainsi réunis pour un tout autre but.
Rôle des Dé- Quelle part y prirent spécialement les divers députés
d ^c^ f d^*^^^^'^^''^» nommés, comme nous l'avons vu, pour con-
àla courir à la formation de ceux-ci?
CoDstituaote. ç^^^^ ^^ ^^g ^^yg n'avons pas, non plus, à constater
ici. Bornons-nous à noter que : de même que la majo-
rité de pareilles représentations, la nôtre se montra, en
somme* alors , très-progressive en ce qui concerne les
mandataires du Tiers-Etat, et, au contraire, assez rétro-
grade en ce qui regarde ceux des deux autres ordres,
désormais du reste légalement confondus avec le pre-
mier moyennant leur abolition, au point de vue poli-
tique, par les premières lois de l'Assemblée nationale
sus dite et notamment par celle du 5 novembre 1789.
(Voir sur ce point le compte-rendu imprimé , adressé» après la
dissolution de la Constituante, par les députés de la Nobleue du
Cotentin, à leurs commettants.)
Arrivons-donc, de suite, aux modifications adminis-
tratives précitées, qui forment ici notre objet principal
et même exclusif.
Et d'abord, constatons, pour Tintelligence complète
^^"taïï.^**' du sujet, ce que la Révolution va introduire en ce qui
concerne le pouvoir central du gouvernement.
A l'origine, la RoyaiUé y est conservée en principe ; et
même la sanction de celle-ci y est reconnue nécessaire
pour la validité, du moins immédiate, des lois à rendre.
C*est ce que proclameront, notamment : et le décret
— 267 —
législatif du 3 septembre 1 789, et la première Constitu-
^ion révolutionnaire, An3 septembre 1 791 , par la promul-
gation de laquelle l'assemblée sus dite devait terminer
ses travaux.
Hais cela n'aura qu'un temps assez court, car, déjà
suspendue momentanément, en juin Ï79I, à la suite de
la tentative d'évasion de Louis XYI, la Royauté, dont le
prestige allait chaque jour décroissant, devait définiti-
vement sombrer, en fait, au 10 aodt 1792, pour se
voir, le 21 septembre suivant, en vertu d'une loi de la
nouvelle Convention, remplacée officiellement par la
forme Républicaine du futur gouvernement français.
Du reste, dès la Constituante même à ses débuts , ce
n'était plus le roi, si absolu naguère, qui exerçait^ en
réalité, légalement le pouvoir central.
Celui-ci était, effectivement, presque tout entier passé,
dès alors, aux mains de X Assemblée nationale, ayant
notamment de suite proclamé son droit exclusifà la red-
dition des lois proprement dites.
C'est ce qui résulte encore du décret précité, et
notamment de la Constitution sus dite, traçant, sur
ce point, à l'avance, les droits de la prochaine Assemblée
LÉGISLATIVE, qui — composéc d'ailleurs d'une seule
Chambre comme la Constituante, dont elle avait à déve-
lopper l'œuvre — devait se réunir'le V^ octobre suivant,
et dans les mains de laquelle ces droits ne pouvaient,
naturellement, que s'accrottre encore, du moins en fait,
grâce à la marche croissante des événements dans le
sens d'une semblable extension du pouvoir représen-
tatif; destiné, d'ailleurs, à devenir, plus tard, à partir
du 21 septembre 1792, dans celles de la Convention,
alors substituée à cette seconde assemblée pour donner
à la France, désormais débarrassée de la Royauté, sa
Constitution définitive, le seul élément effectif de direc-
tion gouvernementale.
- 368 —
Nous savons déjà comment furent nommés, notam-
ment pour notre contrée, les Députés à l'Assemblée
constituante, qui n'était autre, comme nous le savons,
que les Etats-Généraux convoqués dès 1 788 et ouverts le
^ *' mai de l'année suivante.
Il nous faut, maintenant, voir comment devaient-
Tétre ceux des deux assemblées nationales ultérieures
et d'abord ceux de la Législative.
Ceci nous amène à exposer de suite, une fois pour
toutes : et la nouvelle division politique de la France, et
les nouveaux procédés électoraux que la Constituante
s'était empressée d'introduire dès ses premières séances.
Nouvelle Cette division, d'abord, la voici : telle qu'elle résulte
tique ^ des lois, combinées, des 22 décembre 1 789, et 26 fé-
de la >rance. ^j,^ ^ 790
A la place de son ancienne distribution en provinces,
de grandeurs inégales, et d'administrations variables,
le territoire français, dans son entier, était désormais
divisé en quatre-vingt-trois parties à peu près égales et
dirigées, localement, 4'une façon uniforme que nous
aurons tout à l'heure à faire aussi connaître.
Départements Telle fut l'origine des Départbmbnts, qui, encore au-
jourd'hui, partagent notre territoireavecuneconfiguration
individuelle d'ailleurs, en général, identique à celle qui
leur fut alors donnée sur le rapport de commissaires
à ce délégués dans les diverses parties de celui-ci.
Telle fut en particulier celle du département de la
Manche, pour la formation duquel — d'ailleurs,
préalablement décrété en principe — avaient été spé-
cialement commissionnés, de la sorte, les deux syndics
du 6ureauin(erm^iaire de Coutances, encore alors exis-
tant : MM. Frémin de BeaumofU, maire de cette ville,
— 269 —
et LUuUierf conseiller en son Election , plus un avocat
du roi au bailliage de Saint-Lo» M. Bemard'-Duehesne.
Sur leur proposition, — combinée du reste, sans
doute, avec celles des commissaires analogues pour les
départements adjacents, — celui dont nous nous occu-
pons fut, dans son ensemble, constitué, tel qu'il existe
encore aujourd'hui, avec l'ancien territoire du grand
bailliage du Cotentin : toutefois, d'une part, privé,
désormais, de Tinchebray et dépendances alors rattaché
au département, nouveau, du Calvados, et, d'autre part,
en revanche, augmenté doVénavant, à l'est de la Vire,
des pays de Thorigny et Saint- Clair, jsLàis dépendant du
grand bailliage de Caen.
Maintenant, aux termes des lois sus dites — dont les Districts,
commissaires précités furent partout, et en particulier
chez nous, chargés, simultanément, de procurer, encore
à cet égard, l'exécution matérielle, — chaque départe-
ment devait se subdiviser en tin certain nombre de
fractions territoriales appelées Districts, et pourvues
désormais, elles aussi, d'administrations locales corres-
pondant à leurs ressorts respectifs et dont nous ferons
également bientôt connaître la nature.
En ce qui le concerne, celui de la Manche devait en
renfermer ^^, savoir, ceux de : Cherbourg ^ FalogneSf
Carentan, Saint-Lo^ CoiUarices, Jvranches^ et Mortain^
ainsi nommés du nom de leurs chefs-lieux respectifs
futurs, et dont la configuration individuelle fut encore
tracée par les soins des trois commissaires gouverne-
mentaux de la contrée, que nous avons plus haut cités.
Ces dernières divisions —qui» comme nous le verrons^
furent , plus tard , temporairement supprimées —
n'étaient autres que la première forme de nos arrondis-
sements actuels ; avec, toutefois, pour la Manche, cette
notable différence géographique , entre autres moins
— 270 —
importantes : qu'on y chercherait vainement, aujour-
d'hui , les traces officielles de l'ancien district de
Carentan, dont le territoire fut, en l'an VIII, lors de la
création de ces dernières divisions administratives ,
définitivement rattaché, partie à l'arrondissement de
Yalognes et partie à celui de St-Lo, et, surtout, partie à
celui de Coutances, avec lesquels il s'est confondu tota-
lement depuis lors.
Telles étaient les nouvelles circonscriptions qui de-
vaient désormais remplacer, sur toute la surface du
territoire français, les anciennes provinces, et, dans
chacunede celles-ci , les généralités et élections, de jadis,
dont les anciennes délimitations n'étaient, du reste, en
rien prises pour base des premières.
Hais elles n'étaient pas les seules du nouveau système
administratif, que nous devons ici faire connaître en
son entier.
Gantons Effectivement, chacun des districts sus dits devait
lui-même se fractionner en Cantons, dépourvus, dans
l'origine du moins, d'administrations spéciales, mais
jouant cependant dès alors, ainsi que nousallons le voir,
un rôle important notamment au point de vue électoral,
où se plaçait surtout la loi , précitée , du 22 dé-
cembre 1789, créatrice aussi de ce dernier genre de
morcellement territorial.
Le département de la Hanche — qui nous occupe
toujours principalement ici — reçut de la sorte, dans
l'ensemble des districts le composant, soixante-trois de
ceux-ci, qui, actuellement, grâce à des remaniements
ultérieurs de ces fractions géographiques — du reste
toujours maintenues en principe — ne sont plus qu'au
nombre total de quarante-huit, d'une étendue collective
d'ailleurs égale à celle des premiers.
— «71 —
Parmi eux, dix apiiartenaient au district spécial de
Coutances, savoir ceux de :
Coutànces(c\ie{Akn) comprenant les communes de:
Coutances (ville), StrPierre, St-Nicolas, de Coutances, La
Vandelée, Gratot, Bricqueville, Orval, Saussey, Nicorps,
Courcy, Cambernon et Monthuchon, — Cr^nc» (ac-
tuellement réuni à Lessay) — St-Sauveur-Lendelin, —
Cerisy4(P-Salle, — Gavray^ — St-Dmis-lt-Gast (au-
jourd'hui réuni à Gavray) — Bréhal, — Cérences
(maintenant réuni à Bréhal), — JlforUmar^in-swr-JIfer —
et BlainvUle (aujourd'hui portant le nom de St-Halo-
de-la-Lande); dont sept seulement, assavoir : le premier,
le troisième, le quatrième, le cinquième, le septième,
le neuvième, et le dixième, existent encore à présent —
où l'oif ne trouve plus, davantage, dans le ressort actuel
de l'arrondissement de Coutances , avec les cantons
encore subsistants de Le$say et de la Haye-du-Puits,
celui de Prétot qui existait aussi jadis dans la portion
du district de Carentanplus tard comprise^ avec l'ancien
territoire de celui de Coutances, dans le ressort précité.
Maintenant, et au dernier degré de l'échelle politique Goiamunes.
territoriale^ venaient, dans chacun de ces cantons^ un
certain nombre de communes, qui n'étaient autres que
les anciennes villes et. paroisses rurales, et qui, toutes^
devaient désormais^ aux termes des lois des 4 4 et 22 dé-
cembre 1.789 à ce relatives, se trouver désormais pourvues
d'une administration locale, identique encore en prin-
cipe, et dont nous aurons également bientôt à faire
connaître la nature.
Il y en avait dans notre département en tout sept
cent trois , qui, par la suite — sans du reste aucun
changement dans la contenance totale de celui-ci — se
sont, grâce à des suppressions et réunions partielles,
effectuées surtout en l'an IIL (Voir à cet égard, un arrêté du
— 272 —
District de CatOaneôi du 1 1 veotôie) trouvés réduites à 8%X
cerU quarafUe-quatrty leur chiffre actuel.
Ainsi composé et distribué, ce département devait,
d'ailleurs, aux termes de la loi, précitée, du 26 fé-
vrier \ 790, avoir pour centre administratif général, du
moins provisoirement, l'ancien chef-lieu du Grand-
Bailliage dont il occupait désormais à peu près Tancien
territoire : à savoir la ville de Coukmces; qui, confirmée,
d'ailleurs, dans cette dignité topographique, par les
délibérations ad hoc, en juin 4790, de la première
assemblée électorale de la contrée, — à laquelle la dite
loi avait réservé de Statuer définitivement sur cet objet,
— devait la conserver pendant toute la période histori-
que où nous sommes en ce moment placés, et jusfu'à la
loi du 19 vendémiaire an lY que nous aurons l'occasion
de citer plus loin .
(Voir sur Teosemble de son orgaDisation territoriale, aux divers
degrés de celle-ci, en outre des lois sus dites» aux Archives de la
Manche, les pièces manuscrites à ce relatives» et uotamment le
procès-verbal de délimitation du S6 février 1790. Voir aussi, à ce
sujet, les nomenclatures, imprimées alors, des divers districts,
cantons et communes de ce département, et enfin les Etrennes
CatUançcûses de l'abbé Piton-Dbsprés, année 1837 à 1838, p. 432
et suivantes. Voir enfin les cartes de géographie politique de
l'époque.)
A présent, nous allons voir cette formation et distri-
bution matérielle des divers départements, et en parti-
culier du nôtre, servir de base directe au système
électoral nouveau — qui, s'appliquant en général à
fautes les fonctions fmbliqties ultérieures, devait notam-
ment fournir les députés législateurs, à propos desquels
nous sommes entrés, dès à présent, dans Texposé de son
mécanisme légal ; dont nous aurons, du reste, bientôt à
constater aussi bien d'autres applications.
— 373 —
Ce système, qui, dans la plupart des cas, était^ du Nouveau
moins à Torigine, loin de se réduire au suflfrage universel *^ ^^i ^
pur et simple, ainsi qu'on se Timagine vulgairement,
était assez compliqué, et consistait notamment, aux
termes des lois, déjà sus-mentionnées, des 1 4 et 22 dé-
c&nbreM89j en ceci :
On dressait d'abord , dans chaque commune, la liste
des citoyens ac$if$ y résidant, c'est-à-dire : Français^
âgés de vingt-cinq ans, domiciliés dans l'endroit, ou au
moins dans le canton dont il dépendait, depuis plus
d'un an , et payant , chaque année , une contribution
d'un minimum de trois journées de travail.
Cette liste donnait , précisément, celle des individus
appelés à voter — et en cela diœctement — pour l'élec-
tion> des magistrats municipaux de chaque localité, dont
nous aurons bientôt à parler.
Hais, quand il va être question de nommer des fonc-
tionnaires d'un ressort plus étendu et embrassant plu-
sieurs communes, il est bien évident qu'il faudra
sortir, quant aux votants, du cercle exclusif de cha-
cune d'elles, et s'adresser, sur ce point, à tout leur
ensemble.
C'est ainsi que, pour l'élection du juge de paix de
chaque canton — dont il sera fait mention dans peu —
ce seront tous les citoyens actifs de toutes les communes
de cette première circonscription collective, qui devront
(directement encore, du reste) y procéder, comme nous
le verrons mieux par la suite.
Jusque-là le suffrage est resté au premier degré et
sans intermédiaire entre les votants et l'élu. Hais c'était
l'exception, car, dès-lors qu'il s'agissait d'élire un ad-
ministrateur d'un ressort plus grand que le canton, c'est
seulement au second degré et par le moyen d'un corps
électoral, lui-même choisi par les citoyens actifs du dit
ressort, qu'il se voyait alors choisi.
48
- 274 —
C'est ce qui avait d'abord lieu pour les fonctionnaires
généraux de chaque district.
Pour arriver à leur nomination, réunion avait, avant
tout, lieu, au chef-lieu de chaque canton de celui-ci^ de
tous les citoyens actifs y domiciliés, lesquels, y formant
une Assemblée électorale dite primaire — par opposi-
tion à celle à laquelle devaient ensuite se joindre ses
propres éluB, et qui, en effet, n'était que de second degré
— choisissaient un certain nombre de délégués satisfai-
sant, outre les conditions, susdites, de l'activité civique,
à celle de payer une contribution d'au moins dix jour-
nées de travail.
Mais ces délégués, au premier degré, de toutes les
assemblées primaires d'un district quelconque — et qui,
pour celui particulier de Coutances, étaient d'environ
150 — formaient, par leur réunion totale, ce que Ton
appelait le Corps électoral du district, chargé d'élire^
et cette fois directement, en s'assemblantà son chef-lieu,
les divers fonctionnaires supérieurs précités.
Maintenant, quand il sera question d'en choisir dont
la mission concerne tout le département , c'est à l'en-
semble des corps électoraux des, divers districts y com-
pris, formant ce que l'on appelle le Corps électoral du
département — comprenant dans la Manche environ
800 membres — qu'il faudra s'adresser, par voie for-
cée encore, et à fortiori, du vote à deux degrés au
moyen de sa convocation, à cette fin, dans un des
chefs-lieux, h ce désigné, des subdivisions administra-
tives sus dites.
C'est également ce dernier corps électoral collectif qui
doit désigner les députés de ce département, auxquels
nous voici désormais de la sorte arrivés.
Ceux-ci, d'après la constitution du 3 septembre 1791
-F 276 —
— qui fixait le nombre total des membres de la pro-
chaine Assemblée législative à 745, plas 248 suppléafUs
— devaient être de celui, proportionnel à l'étendue, la
population et aussi la contribution foncière du dit terri-
toire spécial, qui serait ultérieurement fixé; et chacun
d'eux devait, d'ailleurs, pour obtenir valablement son
mandat, dont la durée était de deux ans, remplir les
conditions ordinaires de tout citoyen actif , auxquelles
il n'en était pas, du reste» en cette circonstance, ajouté
d'autres.
La Manche, en particulier, dut en nommer treize, j^^^JïaBche
plus cinq suppléants, dont nous donnerons plus loin les à la
noms, et qui siégèrent tous, dans la dite assemblée, ^9**^^***^'
jusqu'à la séparation de celle-ci le 20 septembre 1 792 :
qu'elle fut remplacée par la Convention, dont la convo-
cation avait été décrétée dès le 10 août précédent à la
suite des événements politiques, si graves, du même
jour.
(Voir sur leur élection, aux .4rchivet de la Manche, le procès-
▼erbaldu i septembre 1791, de rassemblée électorale du départe-
ment.)
Pour la formation de cette nouvelle chambre repré-
sentative — qui, en droit, réunie à seule fin de donner,
au pays, désormais soustrait aux derniers vestiges de la
Royauté déjà tombée sans retour, une constitution en
rapport avec la iorme républicaine qu'on se proposait
dès-lors de substituer à la précédente, mais qui, en fait,
devait siéger, avec un pouvoir absolu, jusqu'à la fin de
Fan III, — il fallait nécessairement de nouvelles élections,
auxquelles notre département devait naturellement venir
prendre sa part.
C'est en effet ce que décida la loi du 4 1 août 1 792,
qui, en fixant, tant au total que pour chaque départe-
ment, le nombre des députés à élire., exactement
i
— 276 -*-
•
à celui naguère adopté pour la composition de la
Législative, vint , à cette occasion, et d'une façon
absolue, — tout en maintenant l'ancien système du
suffrage à deux degrés pour les cas auxquels il s'appli-
quait antérieurement, — supprimer désormais^ pour
être membre, soit d'une assemblée primaire, soit même
d*une assemblée électorale destinée notamment au choix
des nouveaux représentants, les conditions de paiement
d'un certain chiffre de contributions annuelles jusque-là
à cet effet exigées, et même réduire de vingt-cinq ans à
vingt-et-un l'âge jadis demandé pour faire partie des
dites assemblées.
çéputéB En conséquence, le département de la Manche dut
de la Blanche ^ ,^ \ - ix ^i . i j» -n
à la encore, cette fois-là, par son corps électoral — d ailleurs
Convennon. ^ (.^^ préalablement formé d'après les nouvelles bases
ci-dessus — désigner, pour le représenter à l'Assemblée
nationale en question, (/ia;-Am/ députés; savoir ^reûe
titulaires etcin^ suppléants, dont nous donnerons éga-
lement plus tard les noms, en indiquant aussi, alors,
pour faire connaître le degré de passion politique de
chacun des premiers, leurs votes respectifs dans la ques-
tion la plus palpitante qu'ait eue à traiter la Convention :
celle de la mort de Louis XVI; pour laquelle, disons-
le dès à présent, opinèrent, sans hésiter, Aui^ d'entre eux.
(Voir sur leur élection» qui eut lieu à Coutancet, le i septem-
bre t79:2, le proeés-verbal qui en fut alors dressé et de suite im-
primé à un grand nombre d^exemplaires).
Convoquée, théoriquement du moins, pour donner une
nouvelle constitution à la France, où elle avait, dès sa
première séance, institué le gouvernement républicain,
la Convention voulut, au moins, faire semblant de satis-
faire à cette mission principale, et, à vrai dire, unique,
de sa réunion en Assemblée nationale.
— 377 —
De là la promulgatioD, fe24 juin 1793, — alorsqu'elle
venait de se débarrasser dQ Topposition modérantiste
des Girondins jadis mélangés à la majorité jacobine de
ses membres — d'an acte constitutionnel, où, entre
autres dispositions, elle établit un nouveau corps légis-
latif annuel et composé de députés choisis indifférem-
ment-parmi tous les citoyens, c'est-à-dire parmi tous
les Français âgés de vingt -et-un ans, et non plus par les
assemblées électorales — conservées désormais seule-
ment pour rélection des fonctionnaires supérieurs des
départements et des districts y compris — mais directe-
metUf en vertu du suffrage universel pur et simple et au
premier degré de son emploi , par les diverses assem-
blées primaires des différentes parties du territoire na-
tional.
Mais ce n'était-là qu'une simple apparence destinée
à tromper un instant les naifs par le simulacre d'une
constitution que Ton était bien décidé à ne jamais ap-
pliquer, pour laisser régner, à sa place, dans l'intérêt
de l'omnipotence montagnarde, le Gouvernement dit
RÉVOLUTIONNAIRE, c'cst-à-dirc dictatorial, de la Conven-
tion ; qui, effectivement, après l'avoir longtemps exercé
en fait, devait finir par l'établir en droit, dans ses dé-
crets, à ce relatifs, des : 1 9 vendémiaire et 1 4 frimaire
an Ily abrogés seulement, à cet égard, par la constitu-
tion, réelle cette fois, du 5 fructidor an III, qu'enfin
cette assemblée, quittant désormais son trop long pou-
voir, se vit alors forcée dé léguer à la France ultra-
saturée de celui-ci.
A présent que nous en avons ainsi fini de l'organisa-
tion du gouvernement central aux diverses phases de
notre première période historique, descendons, de ces
hauteurs politiques, pour voir comment on y avait, dans
— 278 —
chaque département, et en particulier dans le nôtre,
constitué les autorités administratives locales; destinées
aux termes de la loi, précitée^ du 22 décembre 1789, à
remplacer immédiatement les anciennes et notamment
les intendants de généralité, leurs subdélégués et aussi
les Assemblées provinciales et d'élection^ instituées dans
ces derniers temps, comme nous l'avons vu naguère.
Ces administrations nouvellesdevaient se diviser entre
elles, quant à leur nature, d'une façon correspondante
aux fractionnements territoriaux politiques que nous
avons précédemment signalés.
t^n°dé^^ Et d'abord, à la tête de chaque département nous
mentale, voyons la loi, déjà citée, de la Constituante, du 22 dé-
cembre 1789, placer, pour en protéger les intérêts
généraux, une Administration centrale réunissant en
elle seule les pouvoirs divers; et actuellement distincts:
de la direction, de la gestion, et aussi de la juridiction,
départementales ; sans préjudice de la police politique,
dans toute l'étendue de son territoire, qui ne tardera pas
à lui être également, au moins en fait, attribuée.
Elle devait — ce qui^ du reste, était une nécessité
rigoureuse avec une compétence aussi multiple — se
composer, non pas d'un seul individu comme aujour-
d'hui quant à l'exécution proprement dite, mais bien
d'un corps collectif dit Assemblée départementale ou,
pour abréger, Département, de trente^six membres , en
total, choisis par celle des électeurs du département, qui
devaient, en outre, nommer un progureur-général-
sTNDic de la première, spécialement chargé, sans
d'ailleurs prendre part à ses délibérations, de provoquer
au besoin cellesrci, et, en tout cas, d'assurer toujours
leur prompte exécution.
Ainsi constituée dans son ensemble, et formée de
membres, qui, à| l'exception du procureur-syndic sus
— 279 —
dit^ — nommé pour un délai fixe de quatre aimées
entières — deyaient se renouveler, de la même façon, par
moitié tous les deux ans, cette administration ne devait,
telle, et en Conseil général, c'est-à-dire avec la totalité
de son personnel, siéger qu'une fois par an et pendant
un mois seulement, pour y prendre alors ses délibéra-
tions proprement dites : règle, que, toutefois, la déclara-
tion ^e la patrie en danger, du 1 1 juillet 1 792 , devait
bientôt matériellement abroger.
Mais elle devait, dans l'intervalle des dites sessions —
et même, aux termes d'un décret du 5 novembre 1790,
d'une façon continue — se faire, aux fins d'exécution
des dites délibérations et aussi de prise provisoire des
mesures urgentes, remplacer et assister par un Duusc-
ToiRE, c'est-à-dire par une délégation permanente, de
huit de ses membres, à ce par elle dès le début désignés
et renouvelables également par moitié tous les deux ans.
Délégation qui rappelait, d'ailleurs, singulièrement la
Commission intermédiaire des assemblées provinciales
par nous plus haut étudiées.
Quant aux présidents, tant du conseil général —
dont le directoire, n'était, du reste, toujours qu'une partie
intégrante venant s'y réunir au moment des sessions
annuelles sus dites — que de ce dernier considéré iso-
lément, ils étaient également élus, par l'un et pari* autre,
au moment même de l'installation respective de ceux-ci.
Telle fut, du moins à l'origine, l'organisation admi-
nistrative centrale des divers départements que la Révo-
lution s'était empressée de créer.
Elle s'opéra en particulier dans le nôtre, où, en juin
1790, nous voyons les électeurs de la Hanche, au
nombre total de 781 présents, se réunira Coutances,
dans la Cathédrale de la ville, et y choisir, pour la pre-
mière fois, les membres de l'administration départemen-
tale de la sorte édictée.
— 880 —
Voir le procéi'VêrbtU de cette nomiDatioii aux Archivei du dé'
portement, et aussi le eampte^rendu à ce relatif, du journal cou-
tançais de l'époque : VÀrgtu ou VhomtM aux cent yeux , rédigé
par le patriote Mithois, de grotesque mémoire.)
Nous donnerons, du reste, plus loin, les noms de ces
élus, en spécialisant ceux d'entre eux qui, le 20 juillet
1790, jour de Tinstallation solennelle de la dite admi-
nistration, furent, comme l'indiquent ses registres à cette
date, choisis comme membres de son premier directoire.
(Voir à cet égard, les dits registres, aux Archwes sus dites ; où
ils forment, pour la période en ce moment envisagée, une collec-
tion de huU volumes in-folio, auxquels viendront, dans la suivante,
s'en ajouter encore cinq autres. Voir aussi sur ce point le procès* ver-
bal imprimé de l'installation précitée.)
C'est, comme nous le savons déjà, à CoiUances qu'ils
devaient siéger.
C'est donc là qu'ils furent, de la sorte, inaugurés, et,
plus tard , ouvrirent leurs véritables séances, qui se
tinrent : d'abord dans les bâtiments des anciens Domini-
cains, de là récemment expulsés, (à l'emplacement du
grand-séminaire actuel); puis, en 1793, après la confis-
cation nationale du palais épiscopal de la ville, dans
les appartements de ce dernier local, où elles se conti-
nuèrent jusqu'au départ, en Tan lY, de la dite adminis-
tration pour une nouvelle résidence que nous ferons plus
loin connaître.
En principe, celle-ci ne devait se renouveler, comme
on Ta vu, qu'à commencer de Tannée 1 79!2, et alors
pour une moitié seulement.
Mais, à cet égard, la législation primitive devait bien-
tôt se gravement modifier.
Et d'abord, dès le 28 mai 1794, le renouvellement
— 281 —
partiel sus dit était, par anticipation^ décrété pour cette
année-là même'; et noas le voyons effectivement s'o-
pérer, en novembre suivant, dans la Manche, où pa-
raîtront alors, en conséquence, dans son administration
centrale, de nouveaux noms qae nous aurons également
soin de citer plus loin.
Ensuite la Convention ayant, le 19 octobre 1792, or-
donné—pour en modifier, dans un sens plus avancé, le
personnel, jadis élu sous la Royauté désormais pros-
crite, et dès-lors regardé, par celle-là, comme suspect
de conoivence possible avec cette dernière — le renou-
vellement général et complet de tous les corps adminis-
tratifs et judiciaires de la France, soumis, par suite,
ainsi, à des élections nouvelles, il en résulta forcément
celui de toutes les administrations départementales et en
particulier de la nôtre.
Aussi celle-ci se trouv&-t-elle, en effet, le 11 no-
vembre suivant, pourvue, à ce moyeu, d'un nouveau
personnel, dont nous citerons encore ultérieurement les
noms, et dont le Directoire avait été d'ailleurs, d'après
la dite loi, directement choisi par les électeurs eux-
mêmes.
(Voir aux archives précitées» leprocèi-verbal de la dite opération
et des séances tenues, à son occasion» par le corps électoral de
la Manche. Voir aussi les registres de la dite administration, à la
date du 2 décembre 1799).
Quoi qu'il en soit, l'institution dont s'agit, de la sorte
patriotiquement retrempée, s'était ensuite maintenue
dans ses conditions légales, primitives, de composition
élective et d'attributions multiples, en faisant la gérante
générale des intérêts collectifs du département, en
même temps que, comme nous le verrons mieux plus
loin, la tutrice, à cette occasion, des diverses admi-
nistrations spéciales des districts compris dans son
— 282 —
ressort. Et la constitution montagnarde du Ujum 1 793
n'avait, elle-même, fait que confirmer la législation
antérieure, en semblable matière.
Hais, dès avant cette date — grâce à la survenance,
après les événements du 31 mai précédent, de l'insur-
rection fédéraliste de la Province, et notamment de la
Normandie, en faveur des Girondine alors chassés de la
Convention et la plupart proscrits par sa majorité jaco-
bine; et au rôle considérable généralement joué par
les administrations départementales dans ce mouvement
séparatiste, d'ailleurs chez nous bientôt avorté et dé-
finitivement comprimé par la défaite des rebelles nor-
mands, à Vernon, le <2 juillet suivant, — celles-ci
avaient, dans Tesprit et dans les résolutions des vain-
queurs indignés d'une semblable complicité, reçu,
elles aussi, un coup mortel, qui, au premier moment,
allait leur être matériellement porté par ces derniers.
Ce qu'ils voulurent, avant tout, ce fut de les renou-
veler encore dans leur personnel, et non plus par le
moyen d'une élection populaire — dont le résultat, sur-
tout dans les contrées naguère insurgées, était loin
d'être certain ; — mais bien par l'arbitraire et le choix
individuel — bien plus rassurant au point de vue ja-
cobin — de proconsuls à ce envoyés en mission chez
celles-ci.
Le département de la Hanche — qui , dans la crise
précitée, s'était ouvertement montré fédéraliste, sinon
en prenant, lui aussi, les armes, du moins en donnant,
surtout par les délibérations réactionnaires de son ad-
ministration départementale, appuyée, du reste, en cela,
par un grand nombre de ses subordonnées et aussi de
simples citoyens, pleine adhésion à la rébellion gi-
rondine organisée en juin 1793 dans le Calvados, —
ne pouvait pas, naturellement, se voir épargner dans
l'opération ainsi projetée et qui, d'ailleurs, devait, ra-
— 283 —
tionneilement, s'étendre à toutes les autorités locales
quelconques ayant naguère trempé dans la même in-
fraction politique.
(Voir, sur ce rôle de la Manche dans la dite insurrection, notre
Etude sur les Kabitanis de la Manche traduits devant le Tribunal
révolutionnaire de Paris, page 1 14 et suivantes).
Ce fut un de ses députés, le trop fameux Lecarpeniier Mission
— déjà venu dans la contrée, en mars précédent, avec lÏ^^pbI?-
mandat d'y activer le recrutement militaire -* qui fut "«»
chargé d'y opérer ce nettoyage civique. la Blanche.
' Il s'en acquitta, à partir de septembre 1793 jusqu'en
frimaire an II — qu'il dut quitter, du moins provi-
soirement, nos parages pour aller terroriser la Bretagne
— avec un zèle radical dont on peut facilement se
rendre compte en parcourant, aux Archives nationales,
cartons A. F. 120 et 121, la longue série des arrêtés,
de destitutions et de remplacements de fonctionnaires,
alors par lui rendus.
Ce fut, par tout le département, une exécution, près- .
que générale, de ceux soupçonnés d*avoir jadis pris une
part, même simplement morale, au mouvement fédé-
raliste; auxquels l'on avait d'ailleurs, ensuite, soin de
substituer d'ardents et incorruptibles montagnards, de
la connaissance personnelle du proconsul ou à lui re-
commandés et garantis par ses propres fidèles.
Hais, ce qu'il commença, naturellement, par purger
de la sorte, ce fut l'administration départementale, qui
avait jadis commis l'imprudence — et, au point de vue
jacobin, le crime monstrueux — de donner, à toute la
contrée, l'exemple d'une révolte effective contre la Con-
vention nationale, et qu'en conséquence il était, à la
fois, juste et urgent, de remanier au plus vite en en
chassant les principaux coupables.
Aussi, le 3 septembre 1793, jour même de son arrivée
— 284 —
à Coutances, le missionnaire montagnard sus dit, en
destituait-ii tous les membres, y compris le procureur-
syndic, sauf six, moins compromis que les autres, qu'il
conservait, et auxquels il en ajoutait quinze de nouvelle
création : vingt-ei-un fonctionnaires, qui, avec un procu-
reur-syndic également nouveau, devaient désormais, sous
le nom de Commission administrativr départementale
— d'ailleurs divisée, elle aussi, en conseil général et en
directoire également choisi par le proconsul lui-même
— tenir lieu de l'ancienne administration centrale de
la contrée, et exercer, en conséquence, les mêmes
attributions.
Nous aurons, du reste, soin de donner, plus loin, les
noms de ces intrus, qui, dès le 7 du dit mois, entraient
en fonctions, comme on peut s'en convaincre en consul-
tant, à cette date, les registres de la dite administration.
Mais bientôt la loi terroriste, elle-même, allait bien
plus profondément encore modifier celle-ci.
En effet, le 14 frimaire an II, un décret conven-
tionnel — conséquence, d'ailleurs, d'un précédent du
19 vendémiaire proclamant officiellement l'installation,
jusqu'à la paix européenne, du gouvernement révolu-
tionnaire^ que personnifiait surtout dès alors le fameux
Comité de Salut public, — venait, entre autres disposi-
tions, et pour faciliter désormais niieux l'action centrale
et souveraine de celui-ci, détruire, au profit des divers
Districts de leur ressort, leurs anciens subordonnés, tout
l'ancien pouvoir politique des administrations départe-
mentales ; auxquelles on ne pouvait pardonner leur
récente intervention girondine, et dont on redoutait
toujours quelque récidive future du même genre, bien
moins à craindre des premiers à cause du peu
d'étendue du territoire et des ressources de chacun d'eux.
Comme conséquence de cette mesure capitale, et vu
d'ailleurs la diminution forcée de leurs occupations à
— 285 —
ce moyen, ces administrations étaient, par la dite loi^
désormais privées de leur procureur-syndic, et, déplus,
réduites à leur directoire, par la suppression de leur
ancien conseil général même épuré comme l'avait na-
guère été celui de la Manche.
Du reste, leur nouveau personnel ainsi réduit ne
devait pas nécessairement être pris dans celui alors
existant; car la dite loi confiait formellement, aux
représentants en mission, le soin de le choisir, eux-
mêmes, à leur arbitre; comme aussi de remanier de
nouveau , s'il y avait nécessité pour assurer mieux
l'exécution de celle-ci, toutes les autorités locales en
général.
Ce fut, chez nous, le conventionnel Bou/ret (des fJ^^J^^^^
Basses-Alpes) qui reçut ce mandat, dont Taccomplisse- Bourbt
ment multiple, par lui^ en nivôse et pluviôse an II, donna ^ i^he.
lieu à une série d'arrêtés nouveaux, fort nombreux, qui
complétèrent, et bonifièrent encore dans le sens monta-
gnard, l'œuvre précédente de LecarperUier^ et que l'on
trouvera , aux Archwes nationales , dans les earUms
mentionnés déjà à l'occasion de ceux analogues de ce
dernier.
Il remania, notamment, à cette occasion, le Départe-
ment, dont le directoire, auquel il se trouvait désormais
réduit, fut, par lui, composé d'un personnel mentionné,
pour la première fois, le 23 nivôse an II, sur les regis-^
très de la dite administration, et que nous ferons indi-
viduellement plus loin connaître.
Tel fut le dernier état des choses à cet égard jusqu'à
là fin de la Terreur, et l'arrivée du 9 thermidor an II.
Mais celle-ci devait, forcément, le modifier.
Et d'abord, une fois Robespierre tombé, la Convention
s'était empressée de détruire, autant que possible, partout,
Fhorrible système par lui surtout introduit; notamment
en rappelant, de province, les représentants terroristes
— 286 —
naguère y envoyés en mission persécutrice , et entre
autres, du département de la Hanche, le citoyen Lecar-
pentier sus dit, qui venait d'y reparaître en messidor
an II et d'y jeter un profond effroi par l'envoi, de nos
contrées, au tribunal révolutionnaire de Paris, de six
fournées de prétendus contre-révolutionnaires, au nombre
total de cent vingt-dem, dont dix-neuf, de Coutances et
environs, y avaient été condamnés à mort le 3 thermidor
suivant.
(Voir, sur ces fournées, notre Etude précédente, en dernier lieu
mentionnée, p. a09 et iu(vanie$.)
Mais il fallait aussi, dans le même but, effacer les
traces passées du séjour local de ces proconsuls exaltés,
et le plus souvent sanguinaires, en envoyant désormais,
à leur place, d'autres conventionnels plus modérés
d'opinions et ayant, d'ailleurs, mission expresse, entre
autres mesures analogues^ de remanier — sans du reste
avoir besoin, pour cela, de faire appel au suffrage élec-
toral, — cette fois dans un sens sagement réactionnaire,
les diverses autorités constituées de province ; naguère
recrutées si radicalement par les premiers, et où il
s'agissait désormais de substituer aux terroristes ainsi
jadis y introduits, des hommes, républicains toujours
sans doute, mais de la couleur adoucie, des seconds,
qui, dès alors, tendait dorénavant à prédominer.
^. . C'est ainsi qu'en frimaire an III, nous voyons, avec
rêactumnaire un mandat de ce genre, arriver chez nous le représen-
^® dins ^^ ^"' ^9^^ ('^^ Calvados), ayant jadis refusé de voter la
la Manche, mort de Louis XYI, et qui, parmi d'autres remplace*
ments de cette nature, s'empresse, en nivôse suivant, de
chasser, de l'administration départementale, plusieurs
anciens amis de Lecarpentier, et de les remplacer, illico^
par des gens plus modérés dont noils donnerons aussi
plus tard les noms.
— 287 -
(Voir sur les registres de celle-ci, leur installation, à la date du
15 de ce mois, en verta d'an arrêté de la veille) .
Mais bientAt une modifieation bien plus importante,
d'ailleurs toujours daus ce nouveau sens politique,
allait s'y opérer, en vertu d'une loi du 28 germinal
an III, qui , restituant désormais aux administrations
de cet ordre — en les reprenant, pour cela, aux Districts,
par abrogation, à cet égard, de la loi précitée du 14 fri-
maire an II — leurs anciennes attributions politiques,
venait, à cette occasion , leur rendre, sinon leurs an-
ciens conseils généraux, qu'elle ne jugeait pas à propos
de rétablir, au moins leurs procureurs-syndics de jadis;
et, de plus, décider qu'une épuration nouvelle de leur
personnel^ ainsi recomplété partiellement, serait inces-
samment faite par les soins de nouveaux délégués con-
ventionnels, sans y du reste, cette fois encore, aucun
recours aux anciennes élections populaires.
Ce fut chez nous le représentant Bourei, précité — de id. de bourbt
la sorte chargé désormais de venir y détruire une partie
de son œuvre terroriste de Tannée précédente, qu'il y
avait, du reste, il faut le dire, accomplie avec une sorte
de modération relative — qui fut investi de la mission
spéciale en question; à laquelle s'ajoutait, d'ailleurs,
forcément, en vertu de l'indéfini ordinaire des pouvoirs
de tels mandataires, la latitude d'y prendre toute autre
mesure en rapport avec les nouvelles circonstances poli-
tiques du moment.
Il s'en acquitta bientôt par un arrêté du 1 9 floréal
an III (consigné sur le®istres départementaux le sur-
lendemain)^ fournissant, à la dite administration, un
nouveau personnel que nous donnerons également par
la suite et qu'elle conserva, cette fois, avec les attri-
butions à elle ainsi légalement maintenues et restituées,
— 288 —
jusqu'à la fin de ia période historique ou nous nous
trouvons en ce moment placés.
tion^* dis- ^^ *y*"* ^^^^^ terminé, pour celle-ci, avec le pouvoir
trict. départemental supérieur, examinons, à présent^ les au-
torités locales à lui inférieures, et avant tout les Adminis-
trations dites : DB DISTRICT, ou, par abréviation, simple-
ment districts.
Effectivement , il y en avait d'après la loi , précitée,
du 22 décembre 1789 — en cela du reste aussi con-
firmée par bien d'ai\tres postérieures, — une dans cha-
cune de ses subdivisions politiques ; chargée des intérêts
spéciaux de celle-ci, mais uniquement dans les limites
de son ressort territorial, et d'ailleurs sous la constante
surveillance de Tadmipistration départementale susdite,
par laquelle elle devait toujours faire préalablement
ratifier ses délibérations à cet égard, et dont elle devait,
du reste, en général , exécuter, et faire exécuter par ses
propres subordonnés^ les décisions quelconques.
Composée de dimze membres, élus par le corps élec-
toral spécial de sa circonscription propre et renouve-
lables, comme ceux du département, par moitié tous les
deux anSj plus d'un progureur-syndig, choisi de même,
mais pour un délai fixe de qu^itre ans ; et se divisant
aussi en : Consril général, comprenant l'ensemble des
dits membres et ne siégeant que quinze jours par an, et
Directoire permanent^ de qiMtre de ceux-ci par eux dé-
signés (ainsi que , du reste , le président suprême de
la corporation totale) et remplissant, dans la dite cir-
conscription, des fonctions analogues à celles du Direc-
toire du département pour la totalité du territoire de
celui-ci — les administrations de districts présentaient
donc, à l'origine du moins, dans leur organisation, la plus
grande ressemblance avec celle centrale de ce dernier.
— 289 —
Nous les voyons, de même que celle-là , s'installer,
dès juillet 1790, dans la Manche, et en particulier dans
le district de Coûtâmes ; oh , naturellement, se concen-
trera surtout ici notre attention, même souvent à l'exclu-
sion des autres du département, qui nous intéressent
personnellement moins, et qu'il serait, d*ailleurs^ trop
long — en même temps que trop peu utile, vu leur ana-
logie forcée avec le premier pouvant ici leur servir
d'exact échantillon — de passer tous en revue dans ce
qui va suivre.
C'est le 1^*^ du dit mois, que le premier personnel du
District précité — préalablement élu dans l'assemblée
électorale du ressort à celui-ci spécial , — fut inauguré,
sauf à ne commencer ses véritables séances qu'à la fin
de l'année en question; ainsi que le prouvent ses re-
gûtres, qui, — de même que ceux des administrations
analogues du département^ à l'exception de celle de
Falognts dont les archives sont restées en la dite ville
— se trouvent, au nombre de huit^ aux Archives de la
Hanche.
Nous en donnerons plus loin la composition, avec
indication de ceux de ses membres qui furent immé-
diatement par lui désignés pour former son directoire
permanent.
Nous ferons également connaître ultérieurement les
modifications successives subies par cette première no-
menclature.
C'est qu'en effet, là encore, et pour des causes tant de
droit que de fait analogues à celles déduites précédem-
ment en ce qui concerne l'administration départemen-
tale elle-même, les changements seront nombreux; et
ils porteront, d'ailleurs, quelquefois, non-seulement sur
les fonctionnaires de telle ou telle création, mais encore
sur l'institution elle-même.
Et d'abord, la loi, déjà citée, du 28 mai 1791, étant
19
— 290 —
veDue, aussi en ce qui concerne les Districts, ordonner
leur renouvellement par moitié pour F année alors cou-
rante, en anticipation sur la, suivante, ceux de la
Hanche y et en particulier celui de Coutances^ durent
alors, eux aussi , Topérer.
Il eut lieu en octobre, et, le 45 du dit mois, nous
voyons celui en question, sur ses registres, installer, à
cette occasion, un personnel partiellement nouveau dont
on trouvera en son lieu la désignation individuelle.
Il seront, de même, en entier renouvelés — et celui-là
notamment — après le 10 août 1792, en résultance de
la loi déjà de nous connue, du 19 octobre smmnt ; dont
l'application à cet égard amènera, dans la dite admi-
nistration du district dé Coutances, un ensemble de
membres nouveaux, auxquels leur jacobinisme avancé
vaudra leur maintien continu, du moins en général,
pendant toute la phase terroriste ultérieure.
C'est le 30 novembre de la dite année que, sur les
registres précités, nous trouvons l'inauguration de
ceux-ci, dont les noms seront également plus loin
cités.
La nature sus-indiquée de leurs convictions politiques,
les empêchera, naturellement, de prendre part, en
juin 1793, au mouvement girondin local, dans lequel
trempèrent, au contraire, entièrement, à la suite de l'ad-
ministration départementale, les membres d'autres au-
torités analogues de la contrée et notamment des districts
de Carentan et de Valognes.
Aussi — tandis qu'en septembre 1 793, Lecarpentier^
dans ses épurations terroristes précédemment mention-
nées, n'avait garde de conserver ces derniers, — il ne
songea nullement à remplacer les premiers ; dont la
plupart étaient, du reste, ses intimes amis, et venaient
avec leurs collègues de la même administration spéciale,
de lui prouver, tout récemment, leur sympathie jacobine,
— 294 —
en ordonoant des poursuites actives contre les princi-
paux fédéralistes de la localité.
(Voir sur cellas-oi» notre étude précitée, relative au Tribunal ré-
volutionnaire de Paria, pt^e laa et swnantee.)
Du reste, le moment allait bientôt pour eux arriver,
de pouvoir légalement sans obstacle, et surtout sans le
contrôle officiel du Département — dont ils étaient
jusque-là, même à ce point de vue, restés les subordon-
nés, — manifester toute leur ardeur montagnarde,
notamment à rencontre des prétendus contre - révolu-
tionnaires du pays.
Effectivement, la loi, déjà mentionnée, du H frimaire
an II, étant venue, comme nous le savons, briser cette
entrave, et, de plus, transférer désormais, notamment
aux Districts, à l'exclusion de leur ancien supérieur hié-
rarchique local, et sauf la surveillance gouvernementale,
mais trop éloignée pour leur être gênante, du Comité de
Salut public de la Convention nationale^ tout ce qui con-
cernait la police politique, ceux-ci, et en particulier,
dans la Manche, celui de Cautances^ purent dès-lors
s'en donner librement à cœur joie en fait de persécu-
tions révolutionnaires; à ce excités officiellement,
d'ailleurs, par les Agents nationaux, délégués et agents
directs du pouvoir central, que la dite loi substituait,
près deux, — de même qu*on reste près des adminis-
trations communales — aux procurmrs-syndics^ locaux
et électifs, de jadis.
Ce dernier, entre autres, ne s'en fit faute; et il opéra, à
cetégard, si largement, que, sauf quelques changements in-
signifiants^dans le personnel tantdeson conseil général —
d'ailleurs naturellement conservé parla loi sus dite, qui
venait d'ajouter singulièrement aux anciens travaux des
autorités de ce genre, dont elle ne pouvait dès-lors songer
^ 292 —
^ diminuer les membres — que de son directoire, le
représentant Bouret crut devoir, au milieu de ses rema-
niements jacobins de nivôse an II, précités, maintenir en
général, lui aussi, son ancienne composition; alors que,
par contre, il modifiait gravement, dans le sens ultra-
montagnard, celle de la plupart des autres Districts de
notre département.
Et, cette composition était^ naturellement, encore la
même au moment où finit la Terreur; dont le dit per-
sonnel coutançais s'était ainsi montré le constant parti-
san, et à laquelle il venait encore, à ce moment-là, de
fournir une si triste adhésion, en aidant ardemment,
dans la ville même où il siégeait, à la formation et à l'en-
voi, de celle-ci, au tribunal révolutionnaire de Paris,
de la sanglante fournée dont dix-neuf, des vingt-quatre
victimes y comprises , devaient , devant ce dernier , le
3 thermidor an II, se voir condamnées , sous les prétextes
les plus futiles^ à la peine capitale.
Aussi, une fois le 9 thermidor arrivé, Legot, — en-
voyé, comme nous le savons, dans nos contrées, en
frimaire suivant, pour y favoriser une réaction modéran-
tiste et notamment y détruire les anciennes administra-
tions terroristes — s'empressa-t-il , en nivôse de la
mémeannée, d'y renouveler celles des districts en général,
et en particulier celle du district de Coutances, dont il
chassa, naturellement, tous les membresalors en exercice,
(et dont plusieurs se voyaient déjà l'objet de poursuites
judiciaires à raison de leurs exactions passées,) pour
leur substituer un nouveau personnel, d'allures toutes
différentes, et dont nous donnerons encore l'énuméra-
tion dans la suite.
(Voir sur ïesregiitresy précités, de la dite administration. Tins*
lallation de ceUen^i à la date du as nivôse an III.)
Ce remaniement réactionnaire devait, d'ailleurs, être
— 293 —
le dernier subi par les dites autorités, dont la composi-
tion, alors à elles à nouveau donnée, resta la même
jusqu'à la fin de la période historique où nous sommes
en ce moment placés et à laquelle ne devaient, d'ailleurs,
pas survivre ces institutions locales, en général de si
triste souvenir, que, sans doute pour ce motif entre
autres, supprimera définitivement, comme nous le
verrons, la nouvelle constitution du 5 fructidor de
l'an III.
Maintenant que nous en avons ainsi terminé des Dis-
tricts, ce serait, en suivant l'échelle descendante par
nous jusqu'ici hiérarchiquement adoptée, le cas de nous
occuper, au degré géographique subséquent, des adminis-
trations cantonalesy avant de passer à celles des diverses
municipalitéscomprises dans chaque canton d'un dépar-
tement quelconque et en particulier du nôtre.
Mais, pendant la période en question, ces administra-
tions — que nous verrons si importantes dans la sui-
vante— n'existaient pas encore à un titre tel quel; dételle
sorte que force est bien de franchir ici ce jalon, simple-
ment fictif au point de vue dont s'agit, pour arriver de
suite à ce qui concerne les Administrations commu-
nales.
Quant à celles-ci, elles y sont déjà bien réelles; plus Administra-
même que dans la période ultérieure, et nous les trouvons îi?!??i^
^ '^ ' municipales.
créées, ou du moins constituées, par la Révolution, dès
h ii décembre 1789, dans une loi, déjà citée, du même
jour; avec la mission toute naturelle de gérer — sous la
surveillance graduée, du District où chacune d'elle était
située, puis, en dernière analyse, du Département lui-
même — les intérêts spéciaux de la commune à laquelle
- 294 -
elles appartenaient individuellement. Mission que com-
plétera, du reste, bientôt, un décret du 14 août 1793,
en y joignant celle de remplir, sous la même sur-
veillance, et, à partir du 1i frimaire an II, sous celle,
exclusive, des Districts à cet égard, le rôle de la police
judiciaire en matière de délits contre-révolutionnaires
commis dans leurs ressorts respectifs.
En ce qui les concerne, nous retrouvons encore, du
moins à peu de choses près, une organisation analogue
à celle déjà signalée dans les administrations locales
supérieures.
Elles devaient, en effet, comprendre : tous élus par
les citoyens de la commune :
D'abord, un Maire, nommé pour deux ans; puis, un
nombre, variable selon la population de celle-ci,
d'OFFiGiERs MUNICIPAUX, uommés pour le même temps,
mais renouvelables par moûie'tottô les ans, — de même au
reste que les notables ci-après mentionnés, — et formant
avec le premier — qui d'ailleurs n'était que le président
de l'administration sans aucun pouvoir à lui spécial —
ce qu'on appelait le Corps municipal, chargé, comme une
sorte de directoire , de l'exécution des délibérations
prises en assemblées générales, et aussi de la prise de
toutes les mesures d'urgence, et, en outre, d'après la
loi du 20 septembre 1792, de la tenue future des actes
de Vétat civil; où, d'ailleurs, s'inscriront, désormais, en
plus des naissances, mariages et décès, de jadis, les di-
vorces, autorisés par une autre loi du même jour, et qui,
pour Coûtâmes, monteront à douze, de 1 793 à l'an XIY,
auxquels il s'en ajoutera neu/ après la Révolution.
Enfin un nombre, de Notables, double de celui du
corps municipal sus dit; dont la réunion, à celui-ci, qui
devait avoir lieu pour toutes les décisions d'intérêt col-
lectif et majeur, formait ce que l'on désignait sous le
nom de Conseil général de la commune.
— 295 —
Avec, eo outre, un Progursuii de celle-ci, nommé, loi
aussi, pour deux ans, et ayant mandat de conclure et
de requérir tout ce qui lui paraîtrait nécessaire à la
défense de ses intérêts locaux.
Telle est riastitution — désormais, elle aussi, uni-
forme, en son principe, pour toute la France — qui se
trouva bientôt établie, entre autres régions de celle-ci,
dans toutes les communes de notre département; et, en
particulier, dans celle de CoiUances où elle prit la place
d'une sorte de municipalité provisoire, dite CamiiénatiO'
fia/, qui s'y était, de fait, installée^ comme en bien d'autres
lieux du reste, dès les premiers jours de la Révolution,
et dont nous donnerons ultérieurement la composition,
malgré la disparition, des archives de la mairie de cette
ville, du registre qui avait dû recevoir ses diverses déli-
bérations.
C'est, naturellement, surtout et même presque exclu-
sivement, dans la localité en question, que nous aurons
à suivre en détail les péripéties historiques de cette
administration locale du dernier degré ; qui , du reste,
ne varia guère, à cet égard, d'une commune à toutes les
autres du département.
Nous aurons, pour cela, à consulter surtout ses re-
gistres^ de délibérations principalement; qui, pour la
dite localité, se retrouvent tous, en la dite mairie, à l'ex-
ception toutefois de l'époque antérieure au 6 septembre
4790, pour laquelle ils font entièrement défaut.
Elle reçut, d'après sa population — supérieure à trois
mille, et inférieure à dix mille, habitants — un maire,
huit oflSciers municipaux, dix-huit notables, et un pro-
cureur de la commune, pour composer son administra-
tion locale; qui, d'ailleurs, ne varia jamais, quant au
nombre, pendant toute la période en ce moment étu-
diée.
C'est le 30 janvier 4790, que celle-ci fut, la première
— 296 —
fois, élue; avec un personnel, que nous ferons ultérieure-
ment connaître, — de même qu'au reste tous les remanie-
ments auxquels il fut ensuite soumis, — et qui siégea :
d'abord, dans l'ancien bâtiment du théâtre actuel , puis,
à partir de 1793, dans celui du grand séminaire d'à
présent.
Ce personnel fut, lui aussi, plusieurs fois modifié.
Effectivement, d'abord il fut, aux termes de la loi,
sus dite, de la création des autorités nouvelles de cette
nature, renouvelé partiellement, tant en 1 790, vers la
fin de Tannée, qu'un an après, en 1791 .
Puis, en 1792, en vertu du décret général, de réélec-
tion de tous les corps administratifs, du 19 octobre de
la dite année, il reçut un entier renouvellement de ses
membres ; et naturellement la couleur politique de ceux
qu'il recruta de la sorte se ressentit de celle générale du
moment.
(Voir sur les registrei sus dits , leur installation, à la date du
9 décembre).
Mais voici venir, maintenant, des modifications de
personnes, d'une toute autre nature, puisqu'ils résulte-
ront, non plus du suffrage populaire, mais bien du seul
arbitraire, s'exerçant aussi à cet égard, des représen-
tants en mission dans la Manche, dont nous avons déjà
plusieurs fois cité les noms à propos d'opérations poli-
tiques analogues.
En effet, d'une part, la municipalité en question se
voit, sous prétexte de fédéralisme y ou au moins de mo-
dérantisme, de la plupart de ses membres actuels, re-
maniée dans un sens jacobin; d'abord, le 13 septem-
bre 1793, par Lecarpentier (voir registres susdits à la date
du 19), puis, le 22 nivôse an II, par Bouret (voir les dits
registres à celle du 94).
Et, d'autre part, une fois le 9 thermidor arrivé, Legot
— 297 -
ne manque pas de la renouveler, dans un sens absolu-
ment contraire, le 15 nivôse an III; et son œuvre à ce
sujet est ensuite complétée f^irBouret, précité, le 25 flo-
réal suivant.
C'est en ce dernier état de choses, que s'achèvera la
période historique oii nous raisonnons en ce moment.
Nous ne pouvons, toutefois, quitter les administra-
tions municipales et en particulier la nôtre — dont les
changements sus dits se reproduisent, du reste, oii à peu
près, en vertu de causes générales, dans presque toutes
les autres du département, — sans dire un mot d'une
autre institution communale, intimement liée avec celle
que nous venons d'étudier, et qui joua, partout, un rôle
si capital à Tépoque terroriste.
Nous voulons parler des Comités de surveillance, comités
établis, dans chaque localité, en vertu de la loi du 21 .^f
^ surveillance.
mars 1793, pour y épier, et au besoin y arrêter, les sus-
pects de contre-révolution ; dont la définition devait,
d'ailleurs, être officiellement donnée, en même temps
que l'incarcération générale expressément ordonnée, par
celle du 1 7 septembre suivant.
Ils devaient se composer de (/ouze citoyens, non nobles
ni ecclésiastiques, à ce choisis par leurs compatriotes
de la même commune.
Le département de la Manche, comme tous les autres,
dut en voir s'établir dans toutes celles de son ressort;
et la ville de Couta^icesy en particulier, en reçut un ,
dont nous indiquerons plus tard la composition et qui
fut élu en avril 1 793 (^oîi' sa mention sur les registres tnuni-
eipaïuBf à la date du Si).
Celui-ci ne manqua pas, comme ses semblables en
général, de se signaler bientôt par ses exploits terro-
ristes; qu'il couronna dignement, en messidor an II, en
— 898 —
concourant activement, lui aussi, à la formation de la
déplorable fournie de Coutaoces, sur les membres de
laquelle il fournit, de plus, des renseignements écrits
meurtriers, qui, sans nul doute, ne manquèrent pas de
contribuer puissamment à l'hécatombe horrible du
9 thermidor suivant.
Nous n'avons , du reste , pu retrouver le registre des
arrêtés de ce comité, qui, après la terreur, l'aura sans
doute fait disparaître.
Il n'était, d'ailleurs, pas le seul de cette nature qui
fonctionnât dans cette ville.
Effectivement, aux fins de faciliter Faction indivi-
duelle de chacun de ces corps policiers épars dans les
diverses municipalités de son ressort, et de les mettre
aussi, au besoin, en relations les uns avec les autres
dans rintérét de la surveillance révolutionnaire générale,
Tadministration départementale de la Manche av<iit, dès
ledébut, créé dans son propre sein, et en le composant
de quelques-uns de ses membres, un Comité dit de SaUu
fublic, destiné à se mettre directement en correspon-
dance avec un analogue, à créer dans chaque «district,
et notamment dans celui de CcnUances, par les soins de
son administration supérieure locale — qui dut le com-
poser, à son tour, de six membres, pris, tant chez elle-
même que dans la Municipalité et la Société populaijre
du chef-lieu de sa résidence officielle, — et qui se met-
trait, lui, en rapport immédiat avec tous ceux, sus-
mentionnés, des diverses communes comprises dans
cette dernière circonscription du second degré géogra-
phique.
(Voir, à ce sujet, une circulaire imprimée, du 20 avril 1793» du
District de Coutaoces, aux muoicipalités de son ressort. Voir aussi
les registres des dits comités collectifs, aux Archives de la
Manche.)
— 299 —
Il y avait donc, alors, à Coutances, pour concourir au
même but de persécution révolutionnaire, à la fois :
un comité local, et légal, de surveillance proprement
dit, dont l'action ne dépassait pas l'étendue même de
cette commune; et deux comités supérieurs, et extra-
légaux, de salut public, l'un de son district, atteignant
tout le ressort de celui-ci, et l'autre du département, en-
globant, dans sa portée centralisatrice, l'ensemble du
territoire général de ce dernier.
Au surplus, de pareilles institutions ne devaient guère
survivre au 9 thermidor, qui permit enfin d'en aperce-
voir et d'en signaler tout l'odieux.
Aussi, dès le 7 fructidor an II, une loi spéciale vint-
elle les supprimer partout, sauf dans les chefs-lieux de
district; oii les représentants en mission, chargés d'aller,
en province, organiser la réaction thermidorienne, de-
vaient en instituer un seul, de douze membres à caractère
naturellement rétrograde, ayant compétence, du reste,
pour tout le ressort de cette circonscription collective, et
dont, en fait, la principale occupation devait être (et fut
réellement) de dénoncer, et de poursuivre au moins ad-
ministralivement, les anciens agents de la terreur lo-
cale.
C'est encore ce dont s'acquitta, chez nous, le conven-
tionnel Legot, qui, le 11 nivôse an III, après avoir
préalablenient destitué les anciens membres du comité
de surveillance du district de Coutances, et même ceux
de celui de la ville du reste désormais légalement frappé
de mort définitive, recomposait, le premier, d'un per-
sonnel tout nouveau dont nous donnerons ultérieurement
les noms.
(Voir cet arrêté aux Archives de la Manehe,)
Mais bientôt une loi nouvelle, du 1^ ventôse suivant.
— 300 —
vint radicalement détruire toutes les créations de cette
nature, sans exception; et, de la sorte, faire, à jamais,
disparaître jusqu'à leurs derniers vestiges.
Sociétés N'oublions pas, non plus, de signaler, à présent,
populaires, l'existence, surtout pendant Fépoque terroriste, sinon
ordonnée, au moins encouragée, par la loi, dans presque
toutes les communes notamment de notre département,
d'une institution spéciale, qui, sans y avoir de caractère,
officiel à proprement parler, n'en jouait pas moins, alors,
en fait, un rôle des plus importants^ et souvent même en
arrivait à dominer toutes les autorités locales, de façon
à peser invinciblement sur leurs moindres décisions.
Nous voulons parler des clubs ou Sociétés populaires,
qui, copiant, tout en en dénaturant le véritable caractère,
les meetings anglais, avaient surgi, par toute la France,
dès le début de la Révolution, comme moyen de ren-
contre et d'entente des libéraux de chaque localité.
Ces réunions politiques permanentes, et à séances pu-
bliques, mais où Ton n'était admis, comme membre pro-
prement dit, qu'à certaines conditions d'entrée — bientôt
uniquement composées de tout ce que cette localité
présentait de plus exalté, et prenant pour type (auquel
elles s'affllièreTUy du reste, pour la plupart, d'une façon
complète) le fameux club des Jacobins de Paris, où
s'étaient trouvés, et résolus, presque tous les coups
d'état populaires de la capitale et entre autres celui du
31 mai contre les Girondins, — ne pouvaient manquer
d'être favorisées par le parti montagnard , qui s'en
servait, en tous lieux, comme d'un moyen, ex-
trême mais infaillible, de rompre, par les motions
sanguinaires y portées et au besoin la violence matérielle
y préparée, tout obstacle, même légal, à la réussite de
leurs plus audacieux projets.
— 30< —
Leiégislatear terroriste devait donc, après les avoir
d'abord simplement permises , finir : par leur venir
officiellement en aide, en défendant, à toute aatorité
constituée, de les troubler en quoique ce soit (lois des
1 3 juin et 25 juillet \ 793) ; et même par leur déléguer
certaines missions publiques, telles que la surveillance
locale des fournitures de l'armée (décrets des 29 9tp-
tembre 1 793, i 8 frimaire^ et 2 nivôse^ an II.)
CotUances, en particulier, posséda, dès 1790, un
club local de ce genre, dit : des Amis de la LiBEnrÉET
DE l'égalité^ qui, d'abord assez modéré, ne tarda pas,
en se recrutant de tous les patriotes exaltés du lieu et de
la banlieue — parmi lesquels figuraient là, du reste, au
milieu d'une plèbe assez déguenillée, les principaux
fonctionnaires de l'endroit — à prendre la couleur la
plus avancée, et même à devenir le principal foyer local
de la persécution révolutionnaire.
Nous ne possédons, de lui, aux archives municipales,
qu'un seul registre, commençant au 13 prairial an II, et
contenant les procès-verbaux, de ses séances^ depuis
cette date jusqu'à celle de sa fermeture sus-indiquée.
Mais on y trouve largement à suffire pour se renseigner
sur le caractère sanguinairement démagogique que nous
signalions tout à l'heure; lequel, à la fin de la Terreur,
devait s'accentuer encore davantage^ notamment par la
création, au sein de cette société ultra-jacobine^ d'un
Comité secret iii des cinq, dont nous donnerons plus loin
la composition , et qui , chargé par elle d'aider à la dé-
nonciation des contre-révolutionnaires locaux, devait
jouer, lui aussi, le plus triste rôle, dans la formation
de la lugubre fournée coutançaise , en messidor an II.
Mais, une fois le 9 thermidor arrivé, dépareilles ins-
titutions, qui avaient si puissamment aidé au succès du
terrorisme récent, ne devaient pas tarder, elles aussi, à
— 302 —
disparaître, ou du moins à se transformer complètement
dans leur personnel et leurs allures.
C'est ce qui arriva, avant tout, pour leur centre prin-
cipal , la société des Jacobins de Paris , fermée, le
1 0 brumaire an III, par décret de la Convention, qui, le
S5 du mois précéderU, l'avait déjà privée de ses an-
ciennes affiliations politiques avec les sociétés analogues
de la province.
C'est ce qui se réalisa, ensuite, pour celles-ci indivi-
duellement, grâce surtout à Tintervention des repré-
sentants y envoyés, alors en mission réactionnaire.
C'est ainsi que, par arrêté de Legoty du 24 ventôse
an III, fut dissous, à Coutances, le club local sus dit,
malgré tous les efforts naguère faits, par celui-ci, pour
trouver grâce devant la politique thermidorienne, no-
tamment au moyen d'une épuration faite, du 4*' au
2Cf vendémiaire an III (Voira cet égards son regiarê unique
sus dit), de son personnel du moment, — composé à%
deux cent qtuUre- vingt -- quatre membres y dont nous
donnerons, ci-après, les noms, avec indication des
douze d'entre eux à cette occasion exclus comme terro-
ristes trop compromis, par la dite société ; où l'on ne
pouvait, du reste, ni être primitivement admis, ni en
pareil cas conservé, qu'en obtenant l'assentiment des
deux tiers, au moins, de son personnel alors présent
(Voir à cet égard, d'une part, ses statuts imprimés. Collection IKs-
nard à Gaen; et, d'autre part, sur le registre précité, l'arrêté d'é-
puration, du 99 fructidor an II).
L'exécution de cette décision ayant été confiée à la
municipalité locale, celle-ci, alors elle-même renouvelée
par le dit représentant, s'empressa de faire fermer le
lieu des séances du club en question — qui siégeait pu-
bliquement, rue du Siège, dans l'ancien bâtiment du
présidial (le théâtre actuel), après un inventaire, fort
curieux à consulter, des divers objets mobiliers, et
— 303 —
notamment des archives, lui ayant naguère appar-
tenu.
(Voir, à cet égard» à celles de la Mairie de Couta$ie$$, le carton
U9, cote 10.)
Il est vrai que, peu de jours après, par permission
même de Legot, une nouvelle société populaire, dont
nous possédons (Voir carton sus dit) toutes les délibérations,
s'ouvrait, au même lieu, pour y durer jusqu'en fructidor
suivant.
Mais eelle-ci, presque uniquement composée d'an-
ciennes victimes de la terreur manchaise, ne ressembla,
en rien , à la précédente : ni par son personnel , que
nous indiquerons au moins partiellement plus loin, ni
par sas allures, qui furent, au contraire, toujours, si-
non royalistes, du moins ouvertement réactionnaires.
Cela, toutefois, ne devait pas, à elle non plus, assurer
une longue existence, car nous la voyons fermer, dès
fructidor an III, par les ordres d'un représentant du
peuple en mission (le citoyen Porcher, de Tlndre), à la
suite de son envahissement, le 23 thermidor précédent,
par les anciens Jacobins de la localité devenus furieux
par leur récente expulsion de toutes les fonctions pu-
bliques du pays.
(Voir sur cette sorte d'émeute populaire, aux Arehiws sus ditea,
le carton 149 cote 11).
Du reste, dès à ce momentrlà, une loi du 6 fructidor
de la dite année, venait de couper court, pour l'avenir,
à tout embarras causé par une société populaire quel-
conque, en interdisant désormais toute institution politi-
que de cette nature.
Telle était, dans son ensemble, et quant à ses princi-
paux traits, l'organisation administrative locale, à ses
divers degrés, introduite par la Révolution, notamment
— 304 -
dans nos contrées, pendant la première période histo-
rique ici envisagée.
Sans doute il faudrait, pour être à cet égard complet,
ajouter, à ce tableau principal , bien des détails acces-
soires, dont rintérét serait encore très-vif.
Par exemple, il nous faudrait étudier :
En matière de Finances :
La création, le 44 novembre 1790, dans chaque dis-
Receyenra trict des divers départements, d'un fonctionnaire spé-
dê trict. ^j^j^ appelé Receveur de district, nommé, pour six
ans, par les administrateurs de celui-ci, aux fins d'y
centraliser, pour le ressort y correspondant, le produit
des œntributions ^directes (les indirectes, abolies le
2 mars 1791, ne furent rétablies que sous le Con-
sulat), recueillies dans chacune des communes y si-
tuées ; où la perception individuelle devait, d'ailleurs,
s'en opérer par voie d'adjudication annuelle au rabais
(voir Ûnd. et loi du 26 septembre 1791).
Ce receveur devait également, du reste, toucher le prix
des ventes, dès alors décrétées ; des biens nationaux
dits de première origine — c'est-à-dire provenant de la
confiscation récente des biens ecclésiastiques, — situés
dans son ressort.
Car, quant à ceux dits de seconde origine — c*est-à-
Receveura ,. , ^ , ^ . . . /. i ^
des Domainei dire dont la confiscation, et ensuite la vente, furent ulté-
nationaux. fjeurement ordonnées, notamment sur les émigrés, —
dont la Manche en particulier fournit près A' un mille
(voir, aux Archives du département, les diverses ^fM officielles, im-
primées , qui en furent successivement dressées), — leur prix
d'adjudication, d'ailleurs effectuée, comme pour la pre-
mière catégorie ci-dessus , devant l'administration du
district (voir lois des 14 mai 1790, 9 juillet suivant, et
25 juillet 1793], devait être versé dans la caisse d'un
— 305 —
recevear spécial, existant également dans chaque dis^
trict , mais distinct du premier, . et appelé Receveur
DES DOMAINES NATIONAUX.
Celui-ci n'était, d'ailleurs, en réalité, qu'un des em-
ployés de l'administration spéciale de VenregistremefU et
des domaines, qui, organisée (ou plutôt réorganisée) le
18 mai 1791, avait, entre autres attributions de sa
compétence naturelle , reçu , les 1 9 août 1 791 et
i^5 juillet 1793, la régie générale des biens nationaux,
et notamment des biens d'émigré.
(Voir, pour le district de Couiances, relativement à ceux-ci, les
nombreux registres de recette existant aux arcMoes du bureau
d'ewregittrement des actetjudieiaires de la ville.)
En matière A'Instrmtion puèliqus :
Son organisation nouvelle, ou plutôt sa désorganisa-
tion, notamment en ce qui concerne l'enseignement secon- collèges.
daire, dont les établissements, — dépouillés de leurs
anciens revenus (lois du 28 octobre 1 790 et 8 mars 1 793),
et d'ailleurs privés bientôt de leurs professeurs, la
plupart ecclésiastiques réfractaires , que Ton essaya
vainement, comme à Coutances par exemple, de rem-
placer par des laïques dont nous donnerons aussi plus
loin les noms, — ne tardèrent pas, sans suppression
légale toutefois, à être complètement abandonnés ; ainsi
que cela arriva pour celui de la dite ville, si florissant
jadis. (Toir à cet égard, son histoire, par Fabbé Daniel, p. 71.)
Sans doute, la révolution chercha à conjurer ce fâ- Ecoles pri-
cheux état de choses, du moins en ce qui regarde ««re»
l'instruction primaire : d'abord, en définissant son objet
(loi du 12 décembre 1792); puis en ordonnant son éta-
blissement jmibV; , dont elle est du reste à vrai dire la
créatrice en France, dans toutes les communes de la
République (30 vendémiaire ^n II) ; ensuite, en réglemen-
20
— 306 —
i
tant (loi du 7 brimaire suivant) la réception , de ses
instituteurs, par un jury d'examen, dans chaque dis-
trict, et, ensuite, leur choix, dans chaque localité, par
le suffrage universel des habitants de celle-ci y compris
les veuves mères de famille, à condition toutiefois que
relu ne fût ni ecclésiastiqtie ni noble; et en ajoutant,
ou plutôt en substituant jusqu'à un certain point (le
29 frimaire an II), à ces dernières prescriptions, la
liberté générale du dit enseignement pour toute per-
sonne disposée à le donner, avec, promesse d'une
rétribution par chaque enfant éduqué de la sorte, et en
même temps obligation^ sous peine d'amende, pour les
parents, de le faire donner à leur progéniture par tel
instituteur du reste qu'il leur plairait de choisir. Enfin
en refondant toute cette matière, le 27 brumaire an III,
dans une loi, qui, en ordonnant la création d'une école
primaire par mille habitants, y place des instituteurs
reçus et choisis directement, par le jury sus dit, à ce
réorganisé; auxquels elle accorde, d'ailleurs, un trai-
tement annuel fixe.
Mais tout cela ne pouvait guère réussir en présence
de la dislocation générale ; et, d'ailleurs, cela ne con-
cernait guère l'instruction secondaire, à laquelle on
semblait alors complètement renoncer, et que nous ne
verrons tenter de rétablir que dans la période historique
suivante, ob nous continuerons, en quelques mots, la
mention de cet important sujet.
Enfin, en matière Militaire :
L'institution, sinon de l'armée régulière, qui n'avait
rien de local :
Garde D'abord de la Garde nationalb, qui, formée
de la masse même de tous les citoyens en général,
et levée, en quelque sorte spontanément, dès les
nationale.
— 307 —
premiers jours de la Révolntion pour en asurer par-
tout les premières conquêtes en même temps qu'y com-
primer le désordre populaire, ne fut définitivement or-
ganisée que par la loi du 29 septembre il9t] d'après
laquelle elle devait se distribuer, par cantons et dis-
tricts de chaque département, en : légions (de huit à
dix bataillons), baiaillons (de cinq compagnies), et en-
fin en compagnies de cent à deux cents hommes, qui
nommaient respectivement leurs chefs au suffrage uni-
versel direct.
Nous la voyons, entre autres régions du département
de la Manche^ se former, notamment, à Coutances et
dans son district ; où nous ferons connaître plus loin,
du moins partiellement, le personnel primitif de ses
officiers locaux, mentionné plusieurs fois sur les re-
gistres mu/nicipaux de cette ville.
Mais cette institution , à Torigine si florissante, ne
devait pas tarder à dépérir, chez nous comme
ailleurs, gr&çe surtout aux nombreux emprunts
de volontaires — plus ou moins forcés du reste, pour
une partie — qu'y firent bientôt, pour entrer en cam-
pagne contre Tennemi extérieur de la France : d'abord
les levées extraordinaires, encouragées seulement au
début (Voir loi du 28 décembre 1 791 }, puis exigées plus
tard (Voir celle du 20juilla 1 792, à propos de l'a décla-
ration récente de la patrie en danger), en présence de Ten-
vahissement du territoire; en 1792, par les Austro-Prus-
siens; et ensuite le recrutement militaire proprement dit,
ordonné, pour faire face à une coalition européenne, au
cours de l'année suivante (Voir lois des : 24 féyrier et
\6août 1793, sur la réquisition : d'abord, de trois cent
mille nouveaux soldats ; puis de tous les Français en
massCy pour le service militaire).
Delà, naturellement, une dislocation, plus ou moins
complète, de institution en question, dont, notamment
- 308 -
à Couianceiy les cadres primitifs se trouvèrent ainsi
complètement bouleversés et dégarnis.
(Voir, à cette occanon aux ÀrcMoês mtmieipaietf les divers ra-
giitriu d'enrôlements militaires opérés» dans cette lille, en 1791 et
1793).
Gendarmerie Ensuite la Gendarmerie dite nationale, qui, créée le
i6 janvier 4794 en remplacement de l'ancienne mare-
chamséôy et composée d'abord de soldats et oflSciers
choisis, par les directoires de département^ sur des listes
d'inscriptions passées par les divers candidats à cette
promotion (Voir, pour la Manche, ces listes, aux ÀrchUvei dépar*
rementatof), ne devait pas tarder, elle non plus, de séden-
taire et uniquement destinée à la police intérieure qu'elle
était à l'origine, à se voir enrôler comme supplément de
Tarmée régulière pour aller combattre, dans ses rangs,
l'ennemi du dehors(Voir loidu 26 aoûê 4792, autori-
sant d'ailleurs , en pareil cas, les directoires sus dits à
nommer des suppléants pour remplacer provisoirement
les titulaires ainsi partis aux frontières.)
De là, encore, notamment dans la Manche — qui se
trouvait comprise, avec V Orne et le CakadoSy dans la
3® division du dit corps (Voir loi du 4 6 Janvier 4 794 sus
dite), et où le seul district deCoutances vit de la sorte, en
septembre 4793, jémigrer militairement 70 membres du
dit corps (Voir, Arctàoêt départemmaolôt sus dites) — une
cause de désorganisation dont on se rend facilement
compte*
Mais, sur tous ces nouveaux points, plus ou moins ici
secondaires, nous devons, faute de place, nous borner
à ces simples notions élémentaires, pour en arriver,
maintenant, de suite, au second paragraphe de notre
première période historique d*examen .
— 300 —
in. — ilMltoe.
Nous savons déjà, par notre Inirodt^etion histariqiàe
sur CEUU du Cotmfi/n en \ 789, combien , en cette ma-
tière encore, il y avait à refaire, tant au point de vue de
la clarté du droit, que de l'équité vis-à- vis des justi-
ciables.
Sans doute, là encore, dans les derniers temps de
Tancien régime, des réformes partielles avaient été
tentées pour alléger la situation, souvent si fâcheuse,
de ceux-ci, notamment au point de vue de la nécessité
où ils se trouvaient , dans la plupart des cas, d'aller
plaider en appel, à une distance énorme de leur domi-
cile, devant l'unique parlement de leur province.
Ainsi, dès 1771 , le ministre Maupeou^ — plutôt, du Réformes
reste, par haine personnelle contre ce dernier genre de ^jf^^J^'®
juridiction, qui se permettait de refuser alors, à chaque
instant, ïtwregittremefU^ dans son ressort tel quel , des
édits royaux, que par amour pour le bien public — avait,
après avoir réservé exclusivement le droit de vaquer à
cette formalité, d'un usage alors depuis longtemps
traditionnel, à un tribunal suprême spécial , par lui
créé à Paris, et appelé bientôt le ParkmenS Maupeau^
supprimé violemment : tant l'ancien parlement de la
capitale, que plusieurs autres, en dépeçant leurs anciens
ressorts en diverses fractions judiciaires à la tête des-
quelles il avait institué ce qu'il appelait des Consuls
supÉRiBURS, ou Tribunaux d'Appel, destinés à y juger
en dernier ressort.
m'avait (ait, notamment, en Normandie , où, à la
place de l'ancien parlement de Rouen, il avait étaJUi
— 340 —
deux Conseils supérieurs : un à Rouen même, pour la
Haute-Normandie, et l'autre à Bayeux, pour la Basse
comprenant, à ce, notamment, dans son étendue, avec
ceux de Caen et à!AUnçon, le grand bailliage du Co-
tmtin; qui, de la sorte, se trouvait désormais, quant à
ses divers bailliages secondaires, ressortir, en appel,
de cette dernière juridiction, pour toutes les causes dé-
passant la. faible compétence en dernier ressort de son
présidial de Coutances.
Composée d'un premier président, de deux présidents,
de seize conseillers, d'un procureur-général, d'un avocat-
général, de deux substituts, et de deux greffiers, celle-ci
comprit, dans ce personnel, pris, en fait, chez les divers
sièges inférieurs de sa circonscription, plusieurs magis-
trats appartenant à notre contrée spéciale, et, entre autres,
Michel de Chambert, avocat à Coutances, qui y fut
nommé conseiller.
A coup sûr, une pareille mesure pouvait, en rappro-
chant, les plaideurs, de leur Tribunal d'Appel, cons-
tituer, à cet égard, un véritable progrès sur Tétat de
chose antérieur.
Mais, comme elle n'avait en, pour principe réel,
qu'un ressentiment personnel contre des Cours souve-
raines regardées d'ailleurs, à tort ou à raison, dans
chaque province, comme les premières protectrices des
privilèges locaux de celle-ci, elle fut partout, et notam-
ment en Normandie, reçue avec une défaveur marquée;
qui, en ce qui concerne spécialement le Conseil supé-
rieur de Bayena, -se traduisit aussitôt , non-seulement
par une protestation énergique, de plusieurs des juri-
dictions de son futur ressort, telles que le présidial de
Caen, contre sa création et son installation, mais en-
core par de véritables avanies populaires, à Bayeux
même, au moment de celle-ci et pendant longtemps
après.
— 311 —
Si bien que Louis ÎYI, lors de son avènement au
trône en 1774, crut devoir s'empresser d'abolir des in-
novations, et, à un certain point de vue, des améliora-
tions, si mal acceptées, et de rétablir, à leur place, les
anciens parlements, auxquels elles s'étaient un moment
substituées, et dont le retour fut, en Normandie
notamment, au contraire, accueilli par d'universels
transports de satisfaction publique.
(Voir sur cette tentative, avortée, de réforme judiciaire, spé-
ddement en ce qui regarde la Normandie, Floqubt, Bittoire du
Parlement de Rouen, tome Yl, pages 614 «( suivantee; et, plus
particulièrement en ce qui regarde le Conseil supérieur deBayeui,
PiZBT, Bittoire de la Juitice en Basie-Normandie, p. 323 et sui-
vantes.)
Un autre ministre, Loménie de Brienne, et son associé 'Réformes
à ce sujet, le grand chancelier de Lamoignon, ne devaient dn "j?j**®"
pas être plus heureux quand, dans une pensée semblable
à celle qui avait jadis guidé de Maupeou, ils essayèrent,
en 1788, sinon de supprimer entièrement les parlements
toujours réfractaires à l'autorité royale, au moins de
ruiner presque entièrement leur importance, non-seule-
ment politique mais encore judiciaire : d'abord, çn leur
enlevant radicalement, pour le transférer exclusivement
à une juridiction spéciale nouvelle dite cour plénière, le
droit d'enregistrer désormais les ordonnances du gouver-
nement ; et ensuite en transférant, notamment en Nor-
mandie , des parlements , à de nouveaux Grands
BAiLUAGES, à cc iustitués daus Icur ancien ressort ainsi
derechef morcelé, et qui, pour cette province, furent
au nombre de trois, correspondant à ses trois généralités
de : Rouen^ Aknçon, et Caen où se trouvait le Cotentin,
le droit de statuer dorénavant en appel des tribunaux
ordinaires de premier ressort lorsque le chiffre de la
contestation ne dépasserait pas vingt mille livres en
matière civile, — où le parlement ne devait plus statuer
— 3«2 —
que pour les appels d'un taux supérieur — et dans tous
les cas en matière criminelle — ob celui-ci n'avait plus
aucune compétence que ce soit.
Là encore, le projet de réforme, bien que présentant,
à certains égards, des améliorations certaines ^ur l'an-
cien état de choses , devait échouer , et même plus
complètement que le précédent, en présence de la résis-
tance générale que : son but réel — qui n'était pas de
pourvoir, comme nous le savons, à l'intérêt général, —
et aussi la suppression qu'il opérait, non-seulement de
l'omnipotence passée des parlements, mais encore de la
compétence telle quelle, antérieure, d'un grand nombre
de sièges secondaires, dès-lors qu*ils n'avaient pas la
qualité de présidiaiuc. — uniquement par lui maintenus
comme juridictions du premier degré — lui attirèrent
dans tout le ressort judiciaire des premiers.
Il en fut ainsi, notamment, en Normandie, oit, à ce
encouragé par le Parlement de Rouen lui-même, leur
ancien supérieur absolu, la plupart des bailliages secon-
daires et même des présidiaux y existant, s'empressèrent
— entrcf autres celui de Ccien, malgré la dignité nou-
velle dont il allait ainsi se trouver revêtu, — de pro-
tester de la façon la plus formelle, tant par des écrits
ad hoc, qu'en refusant carrément d'enregistrer les or-
dres officiels à eux en cette occasion adressés, et aussi
en s' abstenant — vu d'ailleurs ja complète désertion de
l'audience par les avocats et procureurs, complices tous
trouvés d'une semblable résistance, — de juger désor-
mais aucune affaire tant que les dits ordres ne seraient
pas retirés et le projet en question abandonné par ses
auteurs.
C'est ainsi que, si on consulte, à la dite époque, les
registres du bailliage présidial de Coutances, on y trou-
vera que — du 86 mai , date de la présentation de
celui-ci, au dit siège, pour y être enregistré, et du refus
— 343 —
formel de lui octroyer cette formalité par ce dernier en
chambre du conseil , et en délibération à ce rédigée^
jusqu'en octobre suivant, qu'y arriva la nouvelle de son
retrait par le ministère, — il n'y fut pas, vu la désertion
du prétoire par ses auxiliaires sus dits, jugé une seule
affaire quelconque ; tandis qu'avant, comme immédiate-
ment après cet intervalle, elles y affluèrent toujours en
grand nombre. Même phénomène, d'une explication
si facile par ce qui précède, dans les registres de la vi-
comte de Gavray, comprise en l'enclavedu dit bailliage.
(Voiries dits regiitres, de ces deax juridictioiis, au greffe de
Couiances),
Aussi, quelques mois seulement après la production
de cette nouvelle tentative entièrement mort-née,, ses
promoteurs étaient-ils obligés d'y renoncer, et même, à
raison de cet échec si complet, de donner la démission
de leurs fonctions officielles ?
(Voir, en ce qui la concerne, spécialement pour la Normandie,
Floqur, tome 7, p. 188 et nàoantes) .
Tout était donc, au commencement de 1789, en fait
de justice , retombé dans Tétat antérieur à ces vains
essais, d'ailleurs si partiels et si peu à la hauteur des
abus sans nombre que nous connaissons et qu'il était si
urgent de faire enfin généralement disparaître.
C'est ce dont se chargea, naturellement, encore, la
Révolution ; dont nous avons maintenant à rechercher
l'œuvre en semblable matière, surtout en ce qui con-
cerne notre propre contrée.
Elle voulut, à cet égard-là encore, faire entièrement
place nette de toutes les juridictions du passé, pour leur de la
en substituer d'autres dégagées de tous les inconvénients Révolution.
— 344 —
de celles-ci, et où, notamment, la justice serait désor-
mais égale en tous lieux et vis-à-vis de tous les plai-
deurs.
C*était là un objet des plus pressants. Aussi la verrons-
nous, en ce qui le concerne, se mettre promptement à
l'œuvre.
Dès le iaoût 1789, les y^^^ic^s seigneuriales dispa-
raissent, par une loi de la Constituante, en même temps
que les autres privilèges féodaux ; et, dès-lors, les juri-
dictions royales se trouvèrent débarrassées de la concur-
rence, si gênante, des premières.
Mais celles-ci ne devaient pas subsister davantage;
et, le 7 septembre 1 790, la même assemblée, à ce mo-
ment-là près de se dissoudre, les supprimait, à leur tour,
d*une façon générale.
Elle avait, du reste, eu soin déjà de pourvoir d'avance
à leur remplacement, par la création des nouveaux tri-
bunaux destinés à s'acquitter désormais, et mieux
qu'elles, de leur ancienne besogne.
C'est, à présent, le moment de faire connaître ces
derniers, en les divisant, préalablement, pour plus de
clarté, en deux grandes catégories : celle de la justice
civile, et celle de la justice répresstf)e.
JusncB Cl- C'^s^ celle-là qui fut, effectivement, organisée la pre-
viLB. mière, en prenant pour base, des nouveaux ressorts ju-
diciaires, la division politique récemment introduite
alors, ainsi que nous l'avons vu, dans les circonscrip-
tions de l'administration proprement dite.
Elle le fut , notamment , au début , danjs la loi du
1 6 août 4 790 ; dont nous devons analyser ici les dispo-
sitions, applicables à tous les départements français.
Il n'y a pas, d'après elle — et il en fut ainsi pendant
toute la période historique en ce moment envisagée —
— 316 -
de tribunal départemenkil en matière civile ; que nous
ne trouverons institué que dans la suivante.
./
Mais, en revanche, nous y voyons chacun des districts Tribunaux ;<
des divers départements pourvu d'un Tribunal dit de
DISTRICT, chargé de juger, en général, toutes les contes-
tations civiles de son ressort spécial, soit sur appel des
juges de paix — dont nous parlerons tout à l'heure,
— soit, surtout, directement : ou en dernier ressort, au-
-dessous de mille livres; ou en premier ressort seulement,
au-dessus de ce chiffre et sauf appel, alors, non pas
à une juridiction d'un degré supérieur — dont on eût
craint, par souvenir des parlements, la trop grande in-
fluence politique — mais bien à un autre tribunal de
district du voisinage.
Chacun de ces nouveaux sièges devait être composé de
imq Juges plus quatre Suppliants, nommés, pour six
ans, par les électeurs du district, parmi des hommes de
loi ayant exercé pendant cinq ans au moins : dernière
condition qui fut, du reste, plus tard supprimée par la
loi du i9 octobre 1792, ordonnant aussi, après la chute
définitive de la Royauté, le renouvellement, comme nous
le savons déjà , de tous les corps, non-seulement admi-
nistratifs , mais encore judiciaires , jadis élus sous
celle-ci.
Auprès de tous les dits sièges, — où la présidence
revenait d'ailleurs, de droit, à celui de leurs juges titu-
laires qui avait obtenu le plus de suffrages, — devait,
d'une façon permanente, sister un officier chargé de
jouer le rôle du ministère public, nommé directement
par le gouvernement, et appelé : d'abord , Commissaire
DU ROI, puis, après le 10 août 1792, Commissaire du
pouvoir exécutif, en vertu d'une loi du 15, ordonnant,
d'ailleurs, le remplacement, tout naturel en pareil cas,
des fonctionnaires de cette nature alors en exercice.
- 846 —
Tels devaient être désormais les tribunaux ordinaires
en matière civile.
Le département de la Mâoche ayant sept districts, en
reçut, naturellement, le même nombre, qui siégèrent
tous au chef-lieu administratif de ceux-ci ; à Texception,
toutefois, de celui du district de Carentan, qui, à cause
de la configuration particulière de ce dernier^ et aussi du
souvenir de l'ancien bailliage de Périers^ fut installé
dans cette bourgade, alors que l'administration du
même ressort résidait, elle, en la ville sus dite.
Nous ferons ultérieurement connaître, en ce qui
concerne celui de CotUances — à l'examen détaillé
duquel nous sommes bien forcé de nous borner ici, et
dont les registres de jugement se trouvent, au nombre
de quatre, au greffe de cette ville — son premier per-
sonnel élu en 1790^ et aussi ceux que lui fournirent
successivement les divers changements que ce dernier
eut à subir par la suite.
Il fut, effectivement, comme nous le savons déjà,
renouvelé en entier à la fin de i 798, par suite des élec-
tions nouvelles ordonnées dans le décret du 1 9 octobre
de la dite année.
Mais il devait bientôt être, dans cette dernière com-
position, remanié d'une autre façon.
Car, le 1 91 septembre 4 793, le proconsul LecarperUier,
ayant à caser trois de ses amis locaux — qui s'étaient
naguère signalés , d'ailleurs, parleur résistance au
mouvement girondin du département, — prenait sur lui,
dans ses épurations multiples du moment, de les nom-
mer, de son propre et seul estoc, juges au dit siège, dont
il chassait, pour leur faire place, pareil nombre des
anciens titulaires de celui-ci.
(Voir l'arrête à ce relatif, aux Archives naHantUes , dans les
cartons A F 190 et 121, parmi la collection de ceux du dit con-
ventionnel.)
- 317 —
Et, en revanche, an cours de nivôse an III» par suite
de la réaction générale postérieure au 9 thermidor an II,
le représentant Legot , chargé de Fopérer chez nous
comme nous l'avons vu déjà, s'empressait de destituer,
à leur tour, ces intrus, et de pourvoir — toujours sans
recourir, pour cela, aux anciennes élections, et par son
seul arbitraire — le tribunal en question, d'un nouveau
personnel que nous y trouverons jusqu'à la fin de la
période historique en ce moment étudiée.
Si la division par districts avait, ainsi — bien qu'in-
troduite surtout au point de vue administratif — servi
de première base géographique aux institutions judi-
ciaires nouvelles, la subdivision de chaque district en
cantons pour la formation des diverses assemblées
primaires, allait aussi motiver, ou du moins faciliter
l'établissement de celles-ci , à un degré inférieur de
leur échelle hiérarchique.
En effet, d'après la loi sus dite, devait être installé, Tribunaux
j , / j .. . ... ^ et bureaux
dans chacune de ces dernières circonscriptions, et , en de paix;
outre, dans toute ville ou bourgade de plus de deux
mille habitants, un Tribunal de paix, composé d'un
Juge de paix, plus de quatre Assesseurs de chaque mu-
nicipalité des dits ressorts ; élus, les uns et les autres,
pour deux ans, par les membres des assemblées pri-
maires de ceux-ci.
Assisté de deux quelconque des dits assesseurs, le
magistrat sus dit avait, au civil, pour mission :
d'abord, déjuger, en tribunal proprement dit, les con-
testations de minime importance, soit en dernier ressort
au-dessous de cinquante livres, soit, sauf appel, au-
dessus de cette somme, devant le Tribunal du district où
sa juridiction se trouvait enclavée ; et ensuite, en Bureau
DE PAIX, d'essayer d^ concilier les plaideurs se disposant
à introduire, au principal, une action devant le dit tri-
— 318 —
^"de'" ^^"^' — deroier rôle qui , toutefois , lorsque ceux-ci
condliAtioii étaient domiciliés dans des cantons différents, revenait
de dwtnct. ^ ^^^ institution spéciale, dite Bureau db Paix du
DISTRICT, siégeant au chef-lieu de celui-ci, et composée
de six membres choisis par le conseil général communal
du dit chef-lieu.
En venu de cette création législative, le département
de la Manche, entre autres, reçut, naturellement, autant
de justices de paix qu'il avait de cantons; avec, en plus,
un certain nombre de supplémentaires, dans les agglo-
mérations, assez nombreuses, de plus de deux mille
habitants, sus prévues.
C'est ainsi qu'il y en eut une dans le canton de Cou-
tances, dont nous connaissons déjà la composition;
avec, en outre, une spéciale à la dite ville, eu égard à sa
population supérieure au dit chiffre ; opérant : la pre-
mière, dans tout le ressort du canton en question , à
l'exception de la commune centrale , oh statuait exclu-
sivement la seconde — alors qu'actuellement ces deux
sièges se trouvent, depuis longtemps, confondus en un
seul.
Nous aurons soin de faire, plus loin, connaître le
personnel successif, aussi, de ces deux sièges inférieurs
spéciaux; auxquels, d'ailleurs, nous devons, à cet
égard, nous restreindre, et dont les registres respectifs
se trouvent aujourd'hui suigreffe de l'unique justice de
paix actuelle du dit territoire.
Nous indiquerons aussi les remaniements divers que
subit celui du bureau de paix du District de ' CoiUances
— dont les registres, au nombre de quatre, existent
encore au greffe de cette ville — en vertu : tant de la loi
du 4 9 octobre 1 792, qui en confia , comme pour toutes
les corporations analogues dont elle ordonnait aussi le
renouvellement général, la recomposition, non plus aux
membres du conseil général de la commune oii il sié-
— 3^9 —
geait , mais bien — ce qui était, du reste, plus ra-
tionnel ^ aux électeurs mêmes de la circonscription ;
que des arrêtés arbitraires des représentants en mission
dans le pays, c'est-à-dire de Lecarpeniier en septembre
4 793, de Bou/rei en nivôse an II, et ensuite, dans un
sens réactionnaire diamétralement opposé à celui adopté
en cela par ceux-ci, de Legot en nivôse an III.
La loi, précitée^ du 46 août 4790, décrétait, en Tribanaux
outre, pour les matières commerciales, la création, dans de commerce
les villes à ce désignées par Fadministration centrale de
chaque département , — avec compétence sur tout le
ressort du district de leur situation, et sauf celle, dans
les mêmes matières, des tribunaux civils ordinaires des
districts ob il n'en serait pas établi — de Tribunaux de
COMMERCE, composés ieeinq Juges élus, pour deux ans,
par les négoctants de la dite ville, et, plus tard, en vertu
de la loi générale précitée de renouvellement, des cor-
porations judiciaires entre autres, par les électeurs, en
général, du district de séance des dites juridictions spé-
ciales.
Il en fut, notamment, dans la Manche, établi une de
ce genre à CovJtances; dont nous indiquerons également,
plus tard, le premier personnel, avec les modifications
ultérieures, — dues à des causes que nous connaissons
déjà, — subies, par celui-ci, dans diverses conditions
la date des remaniements dont s'agit.
Maintenant, à côté de ces différents tribunaux de nou- Aoxilîaires
velle création, devait, ou du moins pouvait, en dehors de la justice,
de leurs magistrats respectifs, figurer à\vtt^,auxiliaires
destinés, par leurs fonctions ou leur profession usuelle,
à 7 venir au secours soit de la justice soit des parties
litigantes.
N
— 320 —
Sans doute, là encore, la Révolution allait, promener
sa faulx destructrice, en dissolvant certaines corpora-
tions séculaires de cette nature, bien que moins dange-
reuses, à ses yeux, que celles des anciennes magistra-
tures elles-mêmes.
Défenflean
officieux.
Ainsi, le 2 septembre 4790, à propos de dispositions,
de plus d'une sorte, sur divers détails de la nouvelle or-
ganisation judiciaire, la Constituante supprimait com-
plètement l'ordre des avocats^ qui ne devait être rétabli
qu'en Tan XII.
Seulement ceux-ci — dont on youlait aussi éviter la
coalition possible, eu égard à leurs longues relations
avec les anciennes juridictions, contre rétablissement
et le succès des nouvelles, — n'en continuèrent pas
moins en fait , sous le nom d'HomiES de loi, ou de Dé-
fenseurs OFFICIEUX, du moins ceux d'entre eux depuis
longtemps investis de la confiance publique, à exercer
leur ancien ministère, de consultation et 'de plaidoi-
ries, tant devant les nouveaux tribunaux civils sus dits,
que devant ceux en matière répressive, dont nous
donnerons Ténumération tout à l'heure.
Nous ferons, à cet égard, ultérieurement connaître
les principaux membres du barreau effectif de Coutances
pendant la Révolution, notamment dans la période en
question.
Avoués. D^ même, le 29 janvier 4791, elle supprimait les
anciens offices de Procurev/rs, Mais, en créant simulta-
nément , auprès des divers tribunaux de district, des
places, du reste gratuites, et d'un nombre indéfini,
d'AvouÉs, et en les accordant à tous ces anciens officiers
ministériels, et aussi aux autres hommes de loi, qui
s'inscriraient, dans ce but, aux greffes des dits sièges.
Elle furent, du reste, abolies, elles aussi, le 3 brumaire
— 321 —
an II, et, cette fois, sans aucune création nouvelle ana-
logue.
Inscription que nous ferons ultérieurement connaître
en ce qui regarde le tribunal de district de CotUances.
La même loi accordait aussi la latitude analogue, —
mais bien plus effective, puisqu'elle concernait une
fonction dont l'emploi resta toujours obligatoire,
— aux anciens Huissiers et sergents des juridictions
supprimées, de continuer d'exercer celle-ci auprès des
tribunaux de nouvelle création, tant civils que criminels.
Nous donnerons également leur énumération pour les
principaux de ceux exploitant, à Couiances, au cours de
la Révolution.
Huissien.
Quant à la Progédurb civile elle-même, celle-ci, —
qui avait eu, dès le début, le projet de la codifier à
nouveau pour la mettre au niveau de ses autres innova-
tions — ne devait, à aucune époque de sa durée,
réaliser ce projet, qui ne fut accompli que par l'Empire
en 1806; et elle se borna, en fait, à quelques réformes
partielles, en pareille matière, édictées par les lois des
6 mars i 791 et 3 brumaire an IL
Procédure
civile.
A la justice se rattache étroitement le notariat, qui,
en dépendant directement déjà dans l'ancien droit, ne
pouvait, naturellement, éviter d'être, lui aussi, remanié
par le nouveau.
En effet, le 29 septembre 1791, un des derniers dé- j^^^^^j^^
crets de la Constituante abolissait les anciens notaires, blics.
tant royaux que seigneuriax , en leur substituant à
l'avenir des Notaires publics, institués, par le gouverne^
ment lui-même, en tel nombre et à tel lieu que celui-ci
le jugerait nécessaire, et qui — en dehors des titulaires
actuels des offices ainsi disparus, auxquels on accordait,
31
— 322 —
comme mesure transitoire, le droit d'occuper les non-
veaux^ sans conditions — ne seraient, à Tavenir, admis
à obtenir ceux-ci, du reste entièrement gratuits, qu'a-
près avoir subi un concours public, dont la réussite pour
eux, ne leur donnait droit de les occuper que d'après
le rang de mérite qui leur aurait été, de la sorte, relati-
vement reconnu.
Il en fut, de ce genre, créé plusieurs à Coutances,
dont nous indiquerons les pourvus.
Voilà pour la justice civile proprement dite.
Nous pourrions y rattacher ici, jusqu'à un certain
point, la justice administrative, dont nous n*avons pas
fait, vu son importance secondaire surtout alors, une
catégorie à part.
Jdmirdstra- Elle appartenait, en générai, dans le système nouveau,
tifs. à l'administration elle-même; dont on ne l'avait pas
encore séparée.
C'est ainsi que, par exemple, les directoires de dépar-
tement étaient chargés, par la loi du 7 septembre 1790,
de statuer, tant sur les réclamations en matière de
contribiUionSf que sur les contestations en celle de tra-
vaitx pyAlics.
«
Mais ce qui doit, à présent, attirer notre attention
tout entière, ce sont les réformes de la Révolution en
matière dejmtice répressvoe.
Justice C'était là, en définitive, le point le plus important du
sujet ; et cependant ce ne fut pas celui qui fut, par elle^
organisé le premier.
Sans doute, dès le 8 octobre 1789, elle s'empressait
de pourvoir, sur ce point, au plus pressant, en modifiant
— sans, toutefois, abolir les anciennes juridictions ré-
pressives, qui, confondues, dans l'ancien régime, avec les
RfipRBSSlVB.
— 323 —
civiles, ne disparurent, comme elles, qae le 7 sep-
temhreM90, — la procédure criminelle alors existante,
dans ce qu'elle avait de plus dangereux et de plus
inique pour les accusés, tels quels, y soumis.
Mais ce n'était, là, qu'un simple prélude , destiné à
annoncer, — sans changement provisoire de compé-
tence comme de pénalité antérieures, — des modifica-
tions bien plus importantes, que Ton méditait dès alors,
mais que Ton n'était encore pas préparé à réaliser immé-
diatement.
Quelles furent-elles? •
C'est surtout au point de vue des nouveaux tribunaux
répressifs, que nous avons ici à les étudier.
Pour établir ceux-ci — destinés à faire désormais dis-
paraître, en matière aussi grave, la confusion comme les
inégalités multiples du passé, par T introduction, depuis
si longtemps désirée, de juridictions uniformes pour
toute la France, et appliquant le même droit à tous les
citoyens sans exception — on commença par partir du
principe, jadis à peu près méconnu d'une façon générale,
de la division des infractions à juger, en trois catégo-
ries formées par la nature même des choses : celle des
erimes, celle desdélits, et celle des simples covUraDentions,
selon l'importance intrinsèque du fait incriminé; à cha-
cune desquelles correspondrait une juridiction, comme
aussi une pénalité, spéciale.
Cela posé, la division administrative départementale
fournit, de suite, dans les diverses parties du territoire
national, le ressort des nouveaux tribunaux en ques-
tion.
En effet :
D'abord en matière de crimes proprement dits, on Tribunaux
établit, le 20 janvier 1794, pour les réprimer, dans
chaque département, et a?ec compétence sur tout le
criminels.
— 324 —
territoire de celui-ci, — au chef-lieu administratif duquel
la loi du 1 1 février suivant en fixait le siège — un tri-
bunal unique, dit Tribunal criminel de la dite circoDs-
cription.
Il comprenait, comme personnel, d'après le décret sas
dit de sa création, et aussi la loi du 16 septembre 4791 ,
qui en organisait la procédure :
D'abord, un Président permanent, élu, pour six ans,
par le corps électoral du département.
Puis trois Juges, non fixes mais pris, à tour de rôle,
parmi les divers tribunaux de district de celui-ci> tous
les trois mois.
Ensuite un ministère public double, savoir :
Un Accusateur public, choisi, par les électeurs sus
dits, pour six ans comme le président, et chargé exclusi-
vement de soutenir l'inculpation , au débat final de
l'affaire.
Et un Commissaire du roi et, plus tard, du pouvoir
EXÉCUTIF, nommé directement par le gouvernement pour
le service exclusif du dit tribunal, et ayant mission spé-
ciale de requérir, dans le dit débat, l'application de la
loi, comme aussi de faire exécuter la sentence rendue.
Fonctions primitivement distinctes, mais qui finirent
par être réunies, le 20 octobre il9%, sous le seul titre de
la première.
En outre, iin Greffier nommé, à me^ par les mêmes
électeurs sus dits.
Enfin un Jury de jugement^ composé de douze ci-
toyens, et tiré au sort, le 1^' de chaque mois, avant la
session du dit tribunal, qui devait s'ouvrir régulièrement,
chaque mois aussi, le 15 de celui-ci.
Ces jurés devaient, aux termes du Code d'instruction
criminelle du 16 septembre 1791 précité, statuer exclu-
sivement, selon la nature même de leur institution —
qui formait peut-être la plus grosse innovation, daus
— 325 —
cette matière, à l'ancien état de choses, — sur la cul-
pabilité, en fait , du prévenu ; auquel le Tribunal pro-
proprement dit, composé du président et de ses asses-
seurs, avait seulement à appliquer ensuite, au cas de
verdict affirmatif, la loi répressive nouvelle, qu'édictait
presque simultanément, pour le^^ divers crimes propre-
ment dits, le Code pénal du 25 septembre 4 791 , et à
rendre, ainsi, une sentence, contre laquelle il n'y avait
d'ailleurs^ aucun appel possible.
Mais, avant d'en arriver à l'audience, l'affaire crimi-
nelle devait avoir été l'objet d'une longue instruction préa- iMtruction
lable, commencée devant le juge de paix du lieu de l'in-
fraction — qui était l'officier ordinaire de la police judi-
ciairet en outre de ses fonctions de judicature proprement
dite, — continuée devant un des juges, du Tribunal de dis-
trict où le premier ressortissait, appelé directeur du jury
d'accusation y ei terminée par un verdict affirmatif rendu
par les huit citoyens, tirés également au sort, qui com-
posaient celui-ci dans chacune des subdivisions géo-
graphiques de cette dernière nature.
Avec observation toutefois :
D'une part , que la compétence normale des tri-
bunaux criminels — qui correspondaient plus ou
moins à nos Cours d'assises actuelles, — en matière de
crimes, se vit bientôt restreinte sur certains points en
vertu de lois postérieures à leur création.
Par exemple, ils se virent enlever, par celle du Haute cour
10 mai 1791, la connaissance de tous les faits que le natioiiale.
Corps législatif jugerait à propos de déférer à une Haute
COUR NATIONALE dcvaut siégcr à Orléans et composée :
de quatre magistrats du tribunal de cassation tirés au
sort par celui-ci — qui s'acquitta de ce soin le 30 no-
vembre suivant — plus de vingt-quatre jurés, dits hauU
— tW50 —
juTé$, tirés au sort sur une liste de cent soixanle-six,
fournie, à raison A^dtuxfar département et pour d^nx
ans, par les corps électoraux de tous ceux de la France
nouvelle et notamment du nôtre; dont nous ferons ulté-
rieurement, pour diverses époques^ connaître les dé-
légués spéciaux à cet égard.
De même, ils se trouvèrent privés, par la création,
le 1 0 mars 1 703, du Tribunal réwluùiofmaire de Paris,
à partir de cette date jusqu'à l'abrogation de celui-ci
le 12 prairial an III, du jugement des crimes de cons-
piration contre le gouvernement républicain français ;
qui effectivement furent dans le dit intervalle^ notam-
ment pour nos contrées (Voir notre étude spéciale à ce sujet),
exclusivement déférés à cette dernière juridiction.
Et même — en dehors de ces diverses diminutions lé-
gales de leurs attributions primitives absolues — ils se
virent fréquemment spoliés de Texercice plus ou moins
étendu de celles-ci, par l'établissement local, d'après les
ordres d'un représentant en mission, dune juridiction
exceptionnelle répressive, — telle que, par exemple, la
Commission militaire de GranmUey établie, en frimaire
an II, pour punir les complices de la récente invasion
vendéenne dans le département de la Manche (Voir notre
éetMie sur les opérations de ceUe-ci) — à laquelle il jugeait à
propos d'en transmettre une partie plus ou moins consi-
dérable.
Et, d'autre part : que, quant aux cas à eux cons-
tamment réservés, la procédure criminelle normale, ci-
dessus résumée, s'était, pour quelques-uns d'entre eux,
trouvéesuccessivement modifiée, par les dispositions
de diverses lois révolutionnaires — abrogées, du reste^
la plupart, peu après le 9 thermidor an II, — en vertu
desquelles l'accusé, que celles-ci voulaient arriver à
plus facilement faire condamner, se voyait privé de la
garantie du jury d'accusation, et quelquefois même, de
— 327 -
celle du jury de jugement, comme, par exemple, en
matière de faux assignais et cC émigration, (Lois des
28 mars 1 793, et 30 frimaire an IL )
Le département de la Hanche, comme tous les autres^ m v i •
'^ „ , ., . o • Tribunal cn-
reçut, naturellement, un de ces tribunaux, qui y fut ms- minei
tallé, comme de droit, à CoiUances, alors son chef-lieu de la Manche,
administratif; ou il resta, d'ailleurs, même après la
translation, en Tan IV, de celui-ci, à Saint-Lo, et jus-
qu'à la suppression, en 1810, des juridictions de ce
genre, alors remplacées par les cours d'assises actuelles
siégeant trimestriellement dans chaque département, et,
pour celui dont s'agit, toujours dans la première de ces
villes, demeurée encore aujourd'hui son centre judiciaire.
Nous possédons, au greffe de celle-ci, tous les registres
de jugements du tribunal en question, formant, en tout,
Am^ volumes in-folio, depuis le 16 janvier 1792, date
de son installation, jusqu'au 27 mai 1811, qu'il cessa
définitivement son exercice.
Et nous aurons ultérieurement soin de faire connaître
le personnel fixe que présenta, à diverses époques, no-
tamment dans la période historique dont s'agit en ce
moment, le dit tribunal, qui tenait d'ailleurs ses séances
dans les anciennes écuries de Tévéché de la ville.
Voyons, maintenant, comment y fut organisée, dans
chaque département, la juridiction nouvelle, chargée de
réprimer les simples délits, ou, en d'autres termes, la
police correctionnelle.
Ce furent, cette fois, les cantons de chacun des dis-
tricts y compris, qui fournirent le ressort naturel de
celle-ci ; ainsi que, du reste, les communes à eux, comme
nous l'avons vu, assimilées, eu égard à leur importante
population.
Effectivement, on la confia, par la loi du 1 9 juillet 1 791
1
Tribunaux
correction-
nels.
388 —
organisatrice de semblable matière, purement et sim-
plement Sinxjwtices de paix^ déjà par nous précédem-
ment définies ; sauf appel , toujours possible, devant le
tribunal de district dans le ressort duquel aurait été
rendue la sentence — à laquelle, du reste, aucun jury
ne venait prendre part; et dont la procédure antérieure,
naturellement bien plus simple que celle suivie en matière
criminelle proprement dite, se trouvait également tracée
par la dite loi, en même temps qu'aussi la ;^^ia/i^e spé-
ciale aux infractions en question.
Tel fut, sur ce point, l'état légal des choses pendant
toute la première période en question, c'est-à-dire jus-
qu'en l'an IV ; où il fut profondément modifié, comme
nous le verrons ci-après.
Nous ne pt)urrtons, bien entendu, l'étudier id dans
ses modifications de personnel, qu'en ce qui regarde les
deux tribunaux correctionnels des ressorts judiciaires,
alors séparés, de Coutances et de son canton rural ;
dont les registres se retrouvent, d'ailleurs, au greffe de
la justice de paix imiqve actuelle de cette contrée. Mais
nous n'avons même pas besoin de faire, à cet égard, des
recherches ni des constatations différentes de celles à
effectuer relativement aux juridictions civiles précédem-
ment mentionnées, dont ces tribunaux n'étaient, en défi-
nitive, qu'une des faces multiples.
Vient, à présent, la juridiction chaînée, au dernier
degré de l'échelle répressive, de statuer sur les simples
contraventions de police; et c'était, à cet égard, la sub-
division, du canton sus dit en commîmes, qui allait lui
fournir sa circonscription judiciaire individuelle.
Effectivement, par la même loi du 4 9 juillet i 794 ,
simolepolice ®"^ ^'^^» — ^^^' ^° ^^^^ dernière matière, réglementait
-^ encore, et la procédure, et h pénalité, — c'était, dans
chacune de celles-ci, la municipalité elle-même — auteur
Tribunaux
de
— 329 —
propre des arrêtés dont la violation matérielle donnait
lieu à de semblables poursuites — qui, sur celles
exercées par son procureur, devait statuer en ce qui les
concerne. De telle sorte que Tétude des tribunaux de
simple police, du moins à Torigine, ne se différenciait
nullement de celle des administrations mêmes dont elles
faisaient, en définitive, partie intégrante.
Toutefois, pour constater les jugements alors rendus
par cebx-ci, on avait soin, du moins en général, de
tenir des registres spéciaux, qui, pour CoiUanceSt se
retrouvent tous, encore aujourd'hui , à sa mairie.
Nous verrons, du reste, dès le début de Tan IV, dans
la période historique suivante, les règles^ de compétence
également changer en cette matière, pour faire place à
de nouvelles bien plus en rapport avec celles actuelles*
Voilà pour ce qui concerne, dans son ensemble, sur-
tout au début de la Révolution, la justice répressive
proprement dite de notre département; dont, en fait, les
opérations diverses, à tous les degrés, furent à la fois,
notamment en matière politique, si nombreuses et si
dignes d'intérêt pour l'histoire de la contrée, comme
nous espérons l'avoir prouvé dans notre récente étude
collective spéciale sur un tel sujet.
Nous y avons, du reste, en traitant celui-ci, naturelle-
ment négligé : non - seulement celle des juridictions
révolutionnaires exceptionnelles, telle que la Commission
militaire de GranvilU — par nous, du reste, précédem-
ment traitée dans un travail distinct — qui auraient été,
à un moment donné, instituées dans nos contrées ; à
l'organisation judiciaire desquelles elles ne se lient que
d'une façon purement accidentelle ou plutôt n'appar-
tiennent réellement pas. Mais encore celle de tribunaux,
plus constants et plus normaux, tels que les tribunal^
- 330 —
militaires, qui ne lui restent pas moins, en réalité,
étrangers vu leur défaut d'assiette fixe ; et dont nous
avons^ au surplus, et néanmoins, jadis raconté les prin-
cipales opérations^ par eux y effectuées, dans notre âude
sur la Chouannerie locale. ^
Naturellement, ici surtout^ nous devons observer la
même réserve, et nous borner, pour des raisons ana-
logues — et même à fortiori, vu les restrictions natu-
relles de notre présent travail, — à fournir, comme nous
Tavons fait plus haut, la charpente répressive ordinaire
alors introduite, par la législation de droit commun,
spécialement dans notre propre département.
En revanche, nous devons, à présent, éviter d'y
omettre, comme accessoires indispensables d'un sem-
blable sujet, et dépendances directes des juridictions
pénales sus dites :
Prisons D'abord la création, ou plutôt la réorganisation, en
de la Manche, vertu de la loi du 46 septembre 1791 , des Gbôlbs, de
chaque département, divisées désormais, par celle-ci : en
maisons de justice, auprès du tribunal criminel, pour
les accusés à lui traduits, et en maisons d'arrêt, dans
chaque chef-lieu de district, destinées à y détenir les
simples inculpés non encore frappés d*un verdict du
jury d'accusation ou non susceptibles, vu la faiblesse
de leurs infractions, d'être déférés à celui-ci ; avec en
outre, en divers lieux, des prisons proprement dites,
exclusivement consacrées à lexécution de peines cor-
rectionnelles de cette nature — devant, toutes, être: saines
de séjour, pourvues constamment des vivres suffisants, et
d'ailleurs, avant tout, séparées les unes des autres
quant aux trois catégories sus dites.
Prescriptions qui, en fait, n'existèrent que sur le pa-
pier, et, notamment dans la Manche, furent, pendant
toute la Révolution , constamment méconnues , faute
- 331 -
de ressources pour construire de nouveaux locaux, et
aussi alimenter convenablement les prisonniers — sin-
gulièrement multipliés, du reste, par l'application de la
loi des suspects du 4 7 septembre 1 793 ; en exécution de
laquelle il fallut, en maints endroits, créer des maisons
d'arrêts nouvelles.
C'est ce qui se passait, en particulier, à Coutances;
où, dans tout le cours de la Révolution — comme précé-
demment, du reste — les détenus judiciaires de toute
sorte demeurèrent toujours entassés, sans distinction
entre eux, et tant hommes que femmes, pourris de ver-
mine^ et manquant souvent de pain, dans Tunique pri-
son de la ville, sise Basse-Grande-Rue (à l'emplacement
de la maison Lepelletier actuelle) — et ce , malgré la
création, en 4793, d'une maison d'arrêt distincte, dite
Fofi'Colin^ située rue de la Mission, et même, un peu
après, de deux autres : une rue Fontaine-Jouan, dans
l'ancienne maison FarUigny (à l'angle de la Sasse-Riie
et de la rue Fontaine-Jouan), et la seconde/ dans l'an-
cien couvent des /aco^ins, (le séminaire actuel); toutes
les trois destinées à renfermer de simples suspects^ et
dont les deux dernières furent, une fois ceux-ci relâchés
après le 9 thermidor, immédiatement fermées.
Nous possédons, en grande partie du moins, tant au
greffe qu'à la mairie de cette ville, les registres d'écrou
de ces divers lieux de détention coutançaise, dont
nous aurons soin de nommer plus tard les gardiens
respectifs. «
Telli' était, du reste, aussi la situation générale des
autres districts à cet égard. Encore bien que, chez eux
aussi, on eût, pour renfermer les dits suspects, créé des
custodes nouvelles : par exemple, dans celui de Saint-Lo,
celle du château de TAorijrnj^, et, dans celui de Ca-
rentan , celle du donjon Ae Sainte-Marie-durMont;
l'un et l'autre séquestrés sur leurs anciens propriétaires.
— 332 -
(Voir sur cet état de choses, au grtfft de Coutances, une foule de
pièces éparaes, et, notamment, des plaintes, aux diverses autorités
administratives, de raccusateur public, à cet égard).
Exécuteur
des hautes
œuvres*
Ensuite, un personnage qui n'était4)as, non plus, à dé-
daigner, surtout à répoque terroriste, à savoir TExécu-
TBUR DES HAUTES OEUVRES de chaquo département ; au-
quel, par politesse, les procès-verbaux d'exécution du
temps donnent quelquefois le titre d'officier minis-
tériel.
La loi du 19 juin 4793 — qui ordonnait son exis-
tence dans toute circonscription de cette nature, où il
était nommé par le ministre de la justice — avait soin
de le pourvoir d'un traitement assez important, que
celle du 3 frimaire an II devait venir bientôt accroître.
La Manche, en particulier, en reçut un, dont nous
donnerons plus tard le nom, et qui fut, d'ailleurs, tou-
jours le même pendant toute la durée de la Révolution.
Tribunal A présent, que nous en avons ici fini de la justice ré-
de cassation, p^^ssive isolément envisagée, n'oublions pas, tant en ce
qui la concerne, qu'en ce qui regarde la civile, de men-
tionner, comme couronnement hiérarchique , collectif,
— et d'ailleurs présentant, dans sa composition de per-
sonnel, un certain intérêt local — de ce double édificéju-
diciaire, la création, par la loi du 27 novembre 1790,
en remplacement de l'ancien Conseil des parties , d'une
juridiction nationale suprême dite Tribunal de cassa-
tion, chargée : de relever toutes les violations, non pas
du fait, — dont elle n'avait pas à connaître — mais du
droit j soit civil, soit criminel, commises, par les di-
vers tribunaux français, dans leurs sentences en dernier
ressort; et d'annuler, h cette raison, celles-ci, sur le re-
cours ou pourvoi à elle adressé, dans ce but, par la
partie condamnée.
— 333 —
Ce tribunal — dont , au reste, des lois révolution-
naires, déjà sus-mentionnées, avaient, en enlevant, aux
accusés par elle visés, les garanties ordinaires de leur
défense devant la justice criminelle , également
ôté le bénéfice normal , à ceux - ci , tant qu'elles
ne se trouvèrent pas législativement rapportées, — se
composait de quarante - deux membres choisis, pour
qwUre ane^ à raison d'tm pour chaque département^ par
les électeurs, de quarante-deux départements : à ce tirés
au sort par le Corps législatif, et parmi lesquels, à ce
moyen, celui de la Manche dut alors fournir, comme
étant sorti par le dit tirage, un des magistrats en ques-
tion; dont nous ferons ultérieurement connaître le nom.
Nous indiquerons, également, plus tard, et même au-
paravant^ les modifications légales introduites, avec le
temps^ dans une semblable institution.
Avec celle-ci, nous en avons, à présent, fini, du
deuxième paragraphe de notre première période; et nous
pouvons, désormais , de suite aborder le troisième et
dernier de celle-ci.
|inu ^ Oali««
Au moment de la réunion des Etats-Généraux de 4 789,
le clergé, exclusivement catholique, du royaume, néces-
sitait aussi, tant en ce qui concernait la complication et
les iuégalités choquantes de son ancienne organisation^
qu'en ce qui regardait l'immense étendue de ses do-
maines et aussi la multiplicité démesurée de son per-
sonnel, — notamment celui que Ton appelait alors le
régulier ou monacal^ par opposition à l'autre, ou ordi-
naire, qui portait le nom de fiécfulier^ — de promptes et
importantes réformes de toute sorte.
— 334 —
La'pliipart de celles^;! eussent^ sans doate, dA seule-
meDt rentrer dans les attributions de (a discipline reli-
gieuse, sans appartenir en rien au gouvernement civil.
Mais la Révolution, empressée de tout réorganiser
aussi 4 cet égard, et ne comprenant pas la valeur mo-
rale d'une semblable réserve, n'eut rien de plus pressé
que de les essayer toutes, au risque même, souvent,
d'attaquer, ainsi, les consciences, non-seulement sacer-
dotales, mais encore individuelles et laïques.
^d"^K**^^" Elle sien prit, d'abord, sur ce point, aux biens ecclé-
du clergé. siaHiqiits en général, dont elle élimina, en l'abolissant,
la Mme, dès le 4 ooât 1789, et qu'elle finit par déclarer
tous biens nationaux le 2 nof>einbre suivant : sauf à four-
nir désormais, à leurs anciens propriétaires, un traite-
ment, national aussi, suffisant à assurer leur subsistance.
En vertu de ce second décret, puis de ceux des 28 du
même mois, i 4 mai et SlS/uin 1 790, les dits biens, ainsi
confisqués, furent, d'abord inventoriés par les diverses
municipalités des communes de leur situation (Voir, aax
Archivée munic^ale* de Coutaneêi, les répertoires, à ce dressés ea
février et mars 1790, de ceux des bénéfices ecclésiastiques de la dite
YiUe), puis vendus, au nom de la nation, sur enchères,
devant le directoire du district de la dite situation
(Voir à cet égard, pour le département de la Manche, aux ArcfùMs
de celui-ci, et, pour le district particulier de Coutances, à celles du
bureau actuel d'enregistrement des'.actes judiciaires de cette ville,
les minutes et taUes des aliénations, de ce genre, alors y réalisées).
Mais ce n'était là que le signal de bien d'antres des-
tructions, qui allaient, à cet égard, se succéder coup
sur coup, de l'ancien édifice ecclésiastique, considéré,
maintenant, sous un point de vue bien plus important
encore que ses richesses séculaires.
On voulait transformer le clergé lui-même, et, en
l'arrachant à ses traditions invétérées, le rallier forcé-
— 335 —
ment au succès des institutions nouvelles, ou, du moins,
l'empêcher, par des modifications intimes, de leur porter,
par son influence toute naturelle, un dangereux obstacle.
m
On trouvait, sur ce point, avant tout, urgent de sup-
primer radicalement le régulier; dont Texistence n'avait Suppression
rien de nécessaire, et qui, cependant, s'était multiplié mo^tiqu^
partout, à un effrayant degré, aux dépens du libéralisme
des idées /comme des besoins matériels de la popula-
tion civile.
C'est ce qu'on fit, effectivement, dès le 1 3 février M90,
en supprimant désormais les vœux monastiques, et en
provoquant, ceux qui les avaient jadis émis, à sortir de
leurs communautés pour rentrer dans la vie civile ; en
attendant, qu'après le 4 0 août 4 792, le décret dn il du
même moiSy vint les en expulser à jamais indistincte-
ment.
Mais le clergé séculier lui-même — que l'on entendait
bien, du reste, conserver, lui, en principe — ne devait
pas être à l'abri des sérieuses modifications dans son
ancienne organisation ; à laquelle on voulait substituer
désormais celle d'un véritable cUrgé national.
De là la promulgation, le 4 2 jml/e< 4 790, d'une loi constitution
capitale en cette matière, dite de la ConsTiTunoif civile ^"^'^^ ,
DU GLaaGB, dont nous devons ici faire connaître les
principales dispositions :
Et d'abord, elle interdit, comme une sorte de consé-
quence, du reste, des précédentes réformes sus dites,
chez le dit clergé lui-même : la possession de tons béné-
fices ecclésiastiques , tels que prébendes , abbayes et
prieurés, dès alors abolis d'une feçon absolue; et même
la réunion en corporations canoniales, telles que les
anciens chapitres épiscopaux, ainsi, eux aussi, complé-
Nouveaux
— 336 —
temeot anéantis — en attendant qu'une loi du 18
août 1792 vint opérer encbre plus radicalement sur ce
point, en abolissant désormais toutes congrégations sécur
lières ecclésiastiqiAes, telles que celles : des Eudistes, de
St-Sulpice^ et même des Frères delà doctrine chrétienne,
et en leur refusant aussi désormais le droit de vaquer
aux occupations de l'enseignement public.
Ensuite, voulant réduire le nombre, par trop considé-
diocèsës. rable, des évécbés et archevécbés alors existant et dont
certains n'avaient qu'un territoire tout-à-fait insignifiant,
en même temps que faire cadrer leur maintien, ou leur
établissement, futurs, avec la nouvelle division adminis-
trative du territoire français, elle décréta : que, désor-
mais, il n'y aurait, en tout, que quatre-vingt-trois
diocèses au lieu des cent trente-huit qu'il y en avait
jadis ; dont un pour chaque département, avec juridic-
tion seulement, du reste, sur le territoire exclusif de
celui-ci ; et dont dix d'entre eux , au lieu de dix-sept
antérieurement, formeraient des sièges métropolitains
ayant, en outre de cette compétence normale, une certaine
suprématie sur quelques sièges épiscopaux voisins com-
pris dans une province ecclésiastique spéciale à eux de la
sorte attribuée.
Grâce à cette première modification en pareille ma-
tière, le département de la Manche, jusque-là pourvu
des deux évéchés de CoiUances et à'Àf>randies, n*en dut
plus posséder qu'un, ayant pour siège la première de
ces villes, et pour territoire religieux l'étendue entière
de cette contrée y compris YÀtranchin; dont les récla-
mations à cet égard (Voir FulgeuceGouBD, Anntêaind^Avranr^
ckês, p. a54) furent écartées par le nouveau législateur.
Le dit évéché^ maintenant unique, pour tout
l'ensemble de la dite contrée, était d'ailleurs rattaché
à la métropole dite des côtes de la Manche, ayant
Rofien pour centre, et comprenant, en outre du
— 337 -
département de la Seine-Inférieure^ dont cette ville
était le cheMiea à ia fois administratif et religieux ,
ceux : de la Manche^ sus dit, du Calvados, de Y Orne,
de l\Eiire, de VOise, de la Somme^ et du Pas-de-Calais.
Dans chaque évéché^ et notamment dans le nôtre
sus dit, il ne devait, d'ailleurs, y avoir aucune autre
division ecclésiastique que celle des paroisses, corres-
pondant, en général, aux nouvelles communes, surtout
aux rurales, ei parmi lesquelles devait désormais figurer,
universellement, le ressort spécial de l'église cathédrale
elle-même; qui, dorénavant, prendrait, dans la ville
épiscopale> la qualité et Tusage d'édifice paroissial,
alors qu'elle ne l'aurait pas eu jadis, et cela à l'exclu-
sion, du moins en thèse ordinaire, des autres paroisses
de celle-ci, à cette occasion supprimées.
C'est ainsi qu'à Coutances en particulier, au lieu des
anciennes paroisses de St-Pierre et de St-Nicolas, —
dont les églises furent ainsi transformées en simples
oratoires sans clergé propre et sans cérémonies fixes^ —
il n'y en eut plus qu'une seule : celle de la cathédrale,
qui n'existait pas jadis ; et ce malgré toutes les pétitions
adressées, à cet égard, par les habitants notamment de
la seconde précitée. (Voir, sur ce point, le& registres del'admi-
nistratioD départementale de la Manche, à la date du ao mai 1791 ;
et ceux de la municipalité rurale de St'NicoUu'de-Coutances, dont
le territoire faisait jadis partie de la paroisse religieuse du même
nom» à celle du 20 octobre suivant)
Maintenant^ comme personnel nouveau, chacun de Nouveau
ces diocèses ainsi géographiquement délimités, devait ^"^ly^hés.*
uniquement comprendre, avec suppression de toutes les
autres dignités ecclésiastiques de jadis :
D'abord, et à sa tête, un Evèque; assisté de douze à
seize^ selon la population de la ville de sa résidence
officielle (à Coulances il y en avait douze), Yicairbs dits
&PISCOPAUX, choisis par lui, et chargés d'administrer,
sous ses ordres, au point de vue religieux, la dite ville,
22
— 338 —
en même temps que de former, avec le Supébieur et les
trois Directeurs, nommés de même, du Grand Sâminairb
diocésain, un conseil dit aussi épiscopal^ sans la délibé-
ration duquel le premier ne pourrait faire aucun acte
de juridiction ecclésiastique.
Nous donnerons bientôt, pour la Manche, les noms de
ces nouveaux dignitaires en dernier lieu mentionnés.
Ensuite, et au-dessous de lui, dans chacune des
autres paroisses du département, un Curé ayant, de son
côté, le droit de choisir ses Vicaires, et dont le rang
était, d'ailleurs, toujours égal à celui de ses confrères;
sans qu'aucun d'eux pût désormais prendre le titre de
doyen, pas plus qu'il n'y avait dorénavant, entre eux
tous et Tévéque ou son conseil, Tancien intermé-
diaire des archipréires ou des archidiacres.
• Maintenant, comment, cet évéque, d'une part, et ces
curés, de l'autre, se trouvaient-ils, à l'avenir, investis de
leurs sièges respectifs?
Serment • C'est ici le moment de faire connaître la principale
coo8tiiuiion- innovation de la dite loi, qui, voulant trouver désormais,
dans le clergé national, un auxiliaire officiel des insti-
tutions nouvelles en général, et une sorte de fofiction-
naire ayant reçu l'obligation solennelle de les défendre
personnellement, crut arriver heureusement à cette fin,
en exigeant immédiatement, de tous les titulaires futurs
des dits postes ecclésiastiques, le sermeni public : d'être
toujours fidèle, non-seulement à la nation, h la bi et au
roi, mais encore à la constUiUion française nouvelle en
général, devant comprendre, dans son ensemble, celle,
spéciale au clergé, dont il était en ce moment question.
Cela posé, de deux choses l'une :
Ou bien le titulaire actuel d'un siège ecclésiastique —
conservé d'ailleurs, par hypothèse, dans la législation
nouvelle — consentait à prêter le dit serment , dans
— 339 — ^
Téglise et devant la municipalité du lieu, aux termes
mêmes de ]a dite loil et, dans ce cas, il était, purement
et simplement, conservé, par celle-ci et aussi par de
postérieures sur la même matière, notamment par celle
du 27 novembre 1 790.
Ou bien il s'y refusait! et alors, d'après les mêmes Elections
lois, il y avait lieu de pourvoir à son remplacement , ®^*ij|'^*''
qui s'opérait désormais par la voie, générale alors pour nouvelles,
toutes les fonctions publiques, du suffrage populaire, eas de" refus
c'est-à-dire par un vote : des électeurs de Ums les dis- de serment.
iricts du départemerU, s'il s'agissait de l'évêque lui-
même^ et de ceux des (/û^ricTs respectifs de leur future ré-
sidence, s'il n'était question que de simples curés.
Du reste, nul besoin maintenant^ et, qui plus est, in-
terdiction formelle, même pour le premier, de recourir
au Pape, comme jadis en ce qui le concernait, aux fins
d'obtenir la confirmation de sa nouvelle promotion au
dit siège; désormais devenue, au point de vue extérieur
du moins, complètement indépendant de la cour de
Rome.
Même serment était, du reste — bien qu'il ne dussent
pas, en cas de refus, être remplacés par élection, — im-
posé aux divers vicaires, tant épiscopaux que curiaux,
et directeurs de grands séminaires sus-mentionnés —
auxquels on ajouta, d'ailleurs, plus tard, à cet égard
(voir lois ; des 27 novembre 1790 précitée, et 15
avril 1 791 ), en générai, tous les ecclésiastiques fonction-
naires publics, et, par exemple , en outre de ceux oi-
dessus enumérés, les professeurs des sémimaires et
collèges, et les chapelains des prisons, et des hôpitaux
— du reste entièrement sécularisés déjà, par l'abolition
des ordres monastiques qui généralement les possédaient
ou les géraient jadis, et par la substitution , à ceux-ci,
sur ce point, des administrations locales, et notamment
de celle des communes où se trouvaient ces derniers éta-
— 3*0 —
blissiments (voir sur ce sujçt spécial : lois des 44 d^
cembre 4 789 et 4 0 septemhrt 4 790 ; et aussi, aux archicts
municipales de Coutances, le registre de la gestion de
son hospice depuis les dites lois)
On comprend de suite quelle perturbation de sem-
blables innovations, — substituant, par le fait, à l'an-
cienne, et, en définitive, toujours régnante, disci-
pline ecclésiastique, une discipline purement civile,
d'ailleurs en complet désaccord avec la première sur les
chefs les plus capitaux — devaient de suite jeter dans
les esprits, des ecclésiastiques surtout; dont, au reste, les
doutes possibles à cet égard ne tardèrent pas à être tran-
chés, contre elles, par un bref du Pape en date du
20 mars 4791.
Refus ^^^^ 1^ Manche, notamment, elle fut grande, et cou-
de serment Nuisit uD grand nombre des titulaires des anciens postes
la Manche, ecclésiastiques y situés, à refuser le serment qu'on leur
imposait ainsi, et, par suite, à renoncer aux dits
postes.
Election ^^ ^^ nombre fut Vévêqîie même de l'ancien diocèse
do^nouvel de Coutances, qu'il fallut, en conséquence, au plus vite
^' remplacer par le choix, sur un nouveau pasteur départe-
mental, des électeurs de la Manche ; lesquels procédèrent,
effectivement, le 20 février 1791, à cette opération^
dont on a le procès-verbal imprimé, et qui fournit le ré-
sultat individuel que nous ferons ultérieurement con-
ifaitre.
Election ^^ même, la plupart des ecclésiastiques fonction-
de curés, naires publics delà ville épiscopale , refusèrent de le
prêter. Tels que les professeurs du collège et les chape-
lains de r Hôtel-Dieu (Voir deUbérattoni munMpaUi de Cou-
tancet, des i2avril et 0 juin 1791); auxquels il fallut, en con-
séquence, substituer un nouveau personnel que nous in-
diquerons également ci-après.
- 341 -
Et pareille chose, ou à peu près, se passa, du reste,
dans les autres parties du département, notamment dans
la portion rurale du district de Coutances ; où Ton dut,
par suite, le 12 mai 1791, procéder à V élection d'une
trentaine de nouveauic curés pour le dit ressort
(En voir le procis-verbiU aux Archives de la Manche)»
Mais, d'un autre côté, un certain nombre, d'anciens
titulaires ecclésiastiques du pays crurent pouvoir néan-
moins rester en fonctions ; et, sous le nom de junurs,
jointsauxin^ntô susdits, ils aidèrent tous, deleurmieux,
et quelques-uns même avec une exaltation patriotique
ultra ou anti-chrétienne dans sa manifestation violente
de chaque jour^ le premier de ceux-ci, à savoir Tévéque
départemental — qui, du reste, avait, naturellement,
parmi eux, facilement trouvé ses nouveaux vicaires ci-
après également indiqués — à desservir et adminis-
trer son nouveau diocèse, après avoir, le 10 avril 1791,
fait son entrée dans sa ville épiscopale; où il devait ha-
biter, d'abord, le palais actuel, puis, une fois celui-ci
nationalisé par la loi du \9 juillet 1792, une maison
par lui louée en face le grand portail de la cathédrale.
Cela ne fut pas, cependant, chose facile, en présence Persécution
de l'hostilité générale rencontrée, dans le dit diocèse, leTprètres
chez les populations locales, par ce nouveau clergé, en réfractaiws.
dépit (et peut-être niêmeà cause), delà proscription légale
dont finirent bientôt par être frappés les prêtres réfrac-
taires au serment constitutionnel ; auxquels la Révolu-
tion ne pouvait pardonner ni leur résistance à celui-ci
ni l'agitation que cette dernière entretenait forcément
dans le public contre leurs collègues ou leurs rempla-
çants assermentés, et qu'elle en arriva dès-lors à con-
damner en bloc à la déportation^ — avec peine de mort
au cas de rentrée sur le territoire français, — par leSlois
des 26 août 1 792 et 30vendémiaire an IL Exil qui, pour
- 342 —
nos contrées, frappa plus d'un millier de prêtres; dont la
plupart allèrent, en septembre 1792, chercher asile
dans les îles anglaises de Jersey et Guemesey^ et aussi
dans la Grande-Bretagne elle-tnéme, d'où nombre
d'entre eux ne sont jamais revenus (Voir, à ce soyet, notre
£t%êde récente sur les Juridictions révolutionnaires normales delà
Hanche, chapitre II).
La loi du 17 septembre 179*3, vint, d'ailleurs, ajouter
encore à ces premières sévérités extrêmes, par la con-
fiscation et la vente, nationales, des biens de ces malheu-
reux proscrits (voir, à cet égard, les pièces y relatives, pour ceux
de la Manche, aux Archives de celle-ci.)
Quoiqu'il en soit, et malgré de tels remèdes, qui,
naturellement, ne faisaient que surexciter partout le mal
en semblable matière, le culte constitutionnel se soutint
vaille que vaille, non-seulement en droit mais encore en
fait, notamment dans notre département; — où l'évéque
nouveau avait, d'ailleurs, soin d'en recruter à tout prix
les ministres futurs destinés à remplacer, au fur et à
mesure de leur disparition , ceux alors en exercice, au
moyen d'ordinations par fournées de postulants au
besoin anticipés, h c(^, dans leur stage canonique
(Voir aux Arehivet dkocéêoineSf le registre spécial de œUes-ci) —
jusque vers le commencement de l'an II, où allaient, à cet
égard, se produire d'importantes modifications à son
détriment.
Ce n'est pas qu'alors il dut, à vrai dire, être légale-
ment supprimé.
Décadence Mais, depuis longtemps déjà, lui aussi gênait Texpan-
ducuitcTcons- sion complète des idées, ou athées, ou en tous cas déistes,
titutionnei. de la Montagne conventionnelle désormais victorieuse
et avide d'exercer partout son omnipotence gouverne-
mentale.
Aussi voulût-elle, — sans oser l'abolir, du moins
immédiatement, en droit, et détruire, de la sorte, offi-
— 343 —
ciellement ce que Ton avait longtemps regardé comme
une des institutions les plus libérales de la Révolution,
— le ruiner progressivement, en fait, pour y substituer,
du reste, le culte purement civique dont nous parlerons
tout à l'heure.
Après y avoir déjà préludé en favorisant, par les lois
des \9 juillet 4793 et 17 septembre suivant y le mariage
des prêtres alors encore en exercice, elle s'empressa de
profiter de la scandaleuse abdication, de ses fonctions
épiscopales, par Tévéque de Paris Gobel, en brumaire
an II, au profit du prétendu règne de la déesse Raison^
pour provoquer législativement en tous lieux (Voir dé-
crets des : 23 brumairey et 2 frimaire^ an II) de sembla-
bles renoncements sacrilèges ; que, du reste, le proconsul
Lecarpenùier devait bientôt, dans notre département,
imposer directement, en frappant tous les résistants,
d'incarcération indéfinie, par un arrêté du 24 germinal
de la même année. (Il a été imprimé et, en tout cas, se
trouve aux Archives nationales, dans la collection de
ceux par lui rendus au cours de ses diverses missions
proconsulaires.)
Du reste, à cette dernière date, le culte catholique,
même constitutionnel, était, en fait, devenu partout
matériellement impossible, grâce aux arrêtés, prohibitifs
à cet égard, déjà depuis quelque temps pris, dans les
divers départements, par les conventionnels y envoyés
aux fins d'y appliquer — à l'aide de toutes les mesures
quelconques qu'ils croiraient, à ce, nécessaires, — le
gouvernement Révolutionnaire édicté oflBciellement par
les lois des \9 vendémiaire et 44 /nmatre, an II.
Ce fut, chez nous, aussi en ce qui concerne le culte,
surtout le représentant Bouret, déjà de nous connu, qui
en reçut la mission; pour l'accomplissement de laquelle,
en ventdse an H, il n'eut rien de plus pressé que d'or-
donner, par un arrêté qui se trouve également aux
— 344 —
Ardiives nationales, la fermeture générale, aux cérémo-
Dies catholiques, de toutes les églises du département»
et notamment de la cathédrale de CotUances — qu'il leur
avait même interdite dès nivôse. (Voir regiitra munuipaïuf^
à la date du S pluviôse), et qu'il avait, en revanche, quel-
ques jours après, entre autres usages profanes, affectée
au marché de grains de la localité. (Voir ibui. à celle du ti
du même mois.)
Le dit culte était donc alors, même dans son pur
fantôme constitutionnel, devenu complètement imprati-
cable, en dépit de la tolérance, sinon de la protection,
légale, que semblait lui continuer le décret sur la liberté
générale des religiom, du 1 8 frimaire an II ; et quand,
le 3 des sans-culoUides an II, un nouveau, du dit jour,
vint déclarer (bien qu'après la chute de Robespierre) :
qu'à l'avenir la France ne subventionnerait plus aucun
culte que ce soit, il ne fit^ en enterrant ainsi officielle-
ment l'église assermentée, que consacrer, en droit, un
état de choses qui, comme nous l'avons vu, existait
depuis longtemps déjà en fait, notamment dans nos
contrées.
On alla même, \eMplum6se an III, jusqu'à ordon-
ner la confiscation et la vente, comme biens nationaux,
des diverses églises ; dont, par complément de la sup-
pression légale mentionnée tout à l'heure, la Convention
trouvait tout naturel de s'emparer définitivement.
Toutefois, une fois la Terreur finie, l'ancien culte
constitutionnel — à la différence de celui des prêtres
réfractaires , restés alors, et jusqu'au Concordat de
l'an X, ou au moins les événements de brumaire
an VIII,^ proscrits comme par le passé — devait, natu-
rellement, se voir désormais toléré comme usage pur et
simple de la liberté privée.
Et c'est, effectivement, ce que ne manquèrent pas de
— 345 -
proelamer les lois des : 3 ventôse, et 4 prairial, an III»
lai permettant de reprendre ses anciennes cérémonies,
même dans rintériear des temples saints non encore
aliénés, mais en concurrence, du reste, avec la desti-
nation civique naguère reçue par ceux-ci ; pourvu que
— accomplies, avant tout, par un prêtre, se soumettant
expressément à la République — les premières ne s'o-
pérassent qu'au dedans des dils édifices, sans aucane
révélation au dehors, susceptible, dans la pensée du
législateur même thermidorien, — mais, toujours resté
et républicain et incrédule — d'y rallumer imprudem-
ment le fanatisme mal éteint des populations locales.
C'est sous l'empire de ces lois — refondues, d'ailleurs, Réor^aa-
plus tard, dans celle du 7 vendémiaire an IF sur le ^^ î^uae
même objet — que l'évéque de la Hanche, récemment sorti constitution-
de prison, oii on l'avait, de même qu'un grand nombre u Manche
de membres de son clergé, jeté comme non abdicataire, , ^P^
essaya de reconstituer, au moins en fait, en obéissant à
leurs diverses prescriptions, dans son ancien diocèse
désormais purement fictif aux yeux du législateur, leculte
qu'il y avait exercé et dirigé jadis avec une autorité épis-
copale officielle à la force morale de laquelle il continuait
encore de croire.
Mais, malgré tout son zèle à cet égard — du reste
encouragé par les lettres encycliques , recommandant
partout de semblables efforts, alors lancées par une sorte
de comité parisien, de l'église constitutionnelle, ayant à
sa tëteTévéque assermenté Grégoire, — c'était une tâche
absolument impraticable qu'il entreprenait là : vu le
discrédit populaire, toujours persistant, pour une sem-
blable institution ; et aussi l'impossibilité actuelle d'en
suivre les anciennes règles telles qu'elles, notamment
aux fins de remplir, par la voie, primitive et essentielle,
des élections de département ou de district — partout
— 346 —
désormais hors d'asage, et, d'aillears, ne pouvant plus,
rationnellement, s'appliquer à des promus qui ne
seraient plus des fonctionnaires comme jadis, — les
vides nombreux produits, dans les rangs de ses prêtres
subalternes, par tant de causes, et, entre autres, par
l'abdication et même le mariage scandaleux de beaucoup
d'eux. Aussi devait-ilyéchouer, comme nous le verrons,
du reste, mieux par la suite.
(Voir, sur cette tentative, un article de la JleinM catholique de
Coutancee, année 1867-1868, p. 756 eteuivatUes, par M. le vicaire-
général GlLBBET.)
Maintenant, pendant que le culte eo question avait,
Cultedvique. ^q [^ sorte, succombé d'épuisement non moins que
d'inimitié législative, sans pouvoir ensuite parvenir à se
ressusciter à un titre quelconque, la Révolution, dans
son outrecuidance irréligieuse, avait essayé de le rem-
placer par une création nouvelle, entièrement profane
cette fois, et, selon elle, éminemment propre à former
et stimuler de véritables citoyens.
Nous voulons parler, d'abord, du cuke de la Maison
— d'où le nom ietemple de la Maison^ pendant quelque
temps donné aux anciennes églises catholiques, — in-
troduit, après l'abdication, sus dite, de Gobel, dans
l'église métropolitaine de Paris, et que tout le monde
connaît; mais qui ne fut, en définitive, qu'un fait extra-
légal et isolé, qui, en tout cas, ne paraît pas s'être
reproduit dans notre département.
Mais nous voulons surtout signaler ici le Culte dit
DÉCADAIRE, — basé sur le nouveau calendrier républi-
cain du 4 brumaire an II, où les douze mois de l'année,
tous devenus de trente jours chacun, étaient désormais
divisés, non plus en semaines de sept jours chacune,
mais bien en trois décades de dix jours l'une — et con-
sistant dans une sorte de fête civique, avec discours
— 347 —
officiels de l'autorité civile et chants patriotiques de
tous les citoyens, à célébrer dans le temple, ou ancienne
église de chaque localité; sans préjudice d'autres so-
lennités analogues, mais plus importantes, à y accomplir
à certaines échéances, telles que celle du SI janvier de
chaque année, en mémoire pcUriolique de la mort de
Louis XVI.
Une loi du 18 floréal an II vint textuellement pres-
crire cette innovation, officielle cette fois^ et qui devait,
toute ridicule qu'elle était en réalité, durer^ légalement,
jusqu'à l'établissement du Consulat, ainsi que nous le
verrons plus loin.
Hais elle existait, du reste, dès avant cette première
date, en fait de moins, et dans les usages de la plupart
des communes, notamment de notre département; où,
en même temps qu'il y fermait les églises en culte cons-
titutionnel lui-même, Bouret, les ouvrait, au contraire,
toutes grandes, à la Décade — que, par exemple, nous
trouvons inaugurée, à Coutances, dès le 30 pluviôse
an II, dans la cathédrale de la ville; oii, depuis lors, elle
continuera de se célébrer, jusqu'à l'époque sus-indiquée
à cet égard, en concurrence, du reste, comme nous le
savons, à partir des lois précitées de l'an III, avec l'an-
cien culte constitutionnel, y toléré désormais, et qui,
d'ailleurs, s'y pouvait pratiquer à d'autres jours et à
d'autres heures que celle-là,
(Voir les procét-verbatix divers, des fêtes décadaires coutançai-
ses, sur les regiitres municipatix de cette vUie, à la date précitée/
et suivantes.)
Nous n'avons pas, du reste, besoin d'ajouter : que,
si la religion assermentée était^ dès le début, tombée à
jamais sous le mépris public, il en fut de même, à
fortiori, de la comédie bizarre ainsi à elle substituée, et
qui, notamment dans la Manche, fut, au plus fort même
— 348 —
de la Terreur, ou complètement désertée par le public,
ou, ce qui était encore plus significatif, ouvertement
accueillie par les rires de celui-ci; malgré tous les
efforts de l'autorité locale pour empêcher, ou faire
cesser, un pareil scandale anti-civique.
(Voir, à cet égard» notamment une MibêratUm de la nuinictpa-
Uti de CwUanceê, da 8 thennidor an II.)
PSUXIÂME I^ÉRIODB ttlSTORIQUB
DB LA CONSTITUTION DB l'aN Vl A GBLLB DB l'AN VÎII.
Noas entrons, maintenant, dans une phase toute nou-
velle, notamment au point de vue administratif propre-
ment dit.
Ed effet, arrivée à la fin de Tan III, la Convention a
fait, enfin, son temps. Tout le monde est excédé de sa
longue dictature, malgré les coups mortels qu^ sont
venus porter à la portion la plus exaltée de sa faction
montagnarde : et le 9 thermidor an y — qui, en provo-
quant un revirement modéré général dans Topinion pu-
blique, a permis de rappeler dans son sein une masse
de députés jadis expulsés par les terroristes du passé;
et le 1^ prairial an ni, qui, à la suite de l'insurrection
jacobine du même jour, en a, au contraire, banni un
grand nombre de complices , avoués ou du moins cer-
tains, de celle-ci. Elle même sent le besoin, d'en finir
d'une situation anormale et depuis longtemps perdue aux
yeux du public, et de se séparer après avoir enfin donné,
à celui-ci, la CanslUtUion réptAlicaine qu'elle lui avait
dès le début promise.
Cette Constitution, c'est celle du 5 fructidor an III,
dont nous devons donner ici , surtout en ce qui touche
notre matière présente, l'analyse succincte ; pour faire,
à cette occasion, ressortir les différences considérables
par elle introduites dans Tétat de choses antérieur, et y
chercher, aussi la base de la physionomie générale —
- 350 —
toujours, du reste, principalement au point de vue local
de la présente étude — de cette période historique dans
laquelle nous entrons à présent.
Elle commence par proclamer la continuation de la
forme répvAlicaine du gouvernement, que personne alors
ne songeait, du reste, à changer.
Puis elle organise à nouveau celui-ci.
Directoire A la tête — par laquelle nous devons naturellement
exécatif. toujours, en pareil cas, commenc,er, — elle place,
pour le représenter, comme pouvoir exécutif, un Direc-
toire EXÉCUTIF, — qui lui donnera effectivement désor-
mais son nom — composé de cinq membres choisis, par
le Conseil des Anciens, dont nous allons parler tout à
l'heure, sur une liste de cinquante membres formée par
le Conseil des Cinq-Cents, également ci-après mentionné,
et renouvelable, de même, tous les ans, par cinquième.
C'est le 4 brumaire an IV, jour de la première séance
du nouveau corps législatif composé, comme nous allons
le voir, de ces deux conseils , que fut choisi le premier
personnel de cette sorte de commission executive supé-
rieure ; dans laquelle nous voyons alors entrer un habitant
de la Manche dont nous indiquerons plus loin le nom
(Voir Moniteur da dit jour).
Quant à son renouvellement annuel , il n'amènera
aucun autre nom, nous intéressant localement, dans ce
premier rouage gouvernemental; dont le coup d'état du
48 fructidor an Y, sur lequel nous reviendrons tout à
l'heure, devait venir un instant bouleverser la composi-
tion normale, en causant, parmi beaucoup d'antres
mesures analogues, la proscription, et même la déporta*
tion, de deux de ses membres.
Corps lëgis- Mais, en dessous de lui, — ou plutôt à côté, et même,
'*^^'* comme pivot principal de la nouvelle organisation supé--
— 351 —
rienre, — venait une institation bien plas i ntéressante
pour nous, à savoir un Corps législatif, chargé de dé-
libérer les lois proprement dites.
Il devait désormais se composer, non plus d'une seule
chambre comme jadis, mais — comme garantie contre
les dictatures collectives futures, — de deux chambres ,
dont le concours était également nécessaire pour la va*
lidité des dites lois : L'une, dite Consbil des Cinq-Cents,
et comprenant, en effet, un pareil nombre de membres,
dont chacun — sans aucune condition de cens, du reste —
devait avoir au moins trente ans, et être domicilié depuis
au moins dix ans en France ; et l'autre , dite Conseil
DES Anciens, ne renfermant que deux cent cinquante
membres devant — sans aucune exigence de cens en-
core — être mariés ou veufs , avoir quarante ans d'âge ,
et être domiciles depuis quinze ans sur le territoire de
la République.
Telles étaient, en principe, les seules qualités exigées
respectivement de ces futurs législateurs.
Toutefois, voulant, en quelque sorte, conserver ainsi,
en fait , dans l'avenir, son pouvoir du passé qu'acné se
trouvait forcée de quitter, la Convention avait — par
une loi spéciale du même jowr que la dite constitution,
et qui fut, de même que celle-ci , acceptée par le peuple
français à cette fin réuni dans ses comices — décidé :
que, dans sa première composition, le Corps législatif
sus dit renfermerait au moins deux tiers de ses anciens
membres désignés, du reste, par les électeurs populaires
dont nous allons parler tout à l'heure ; sauf, à ces deux
tiers de conventionnels, à en sortir par moitié dans
chacun des deux prochaine renouvellements de la double
assemblée.
Quant à la distribution, entre les deux conseils, de
ceux qui devaient les respectivement composer, elle
devait résulter, en principe, de la désignation même des
— 36« —
dits éleet6ars et de la nature spéciale da mandat donné
à chaque élu.
Toutefois, comme mesure transitoire encore , c'était,
pour la première fois , le Corps législatif lui-même qui
devait Topérer parmi ses propres membres.
Ceux-ci étaient, d'ailleurs, à l'avenir, dans chaque
conseil, renouvelables, non plus en totalité comme jadis,
mais par tien Um$ fes ans , après un tirage au sort ad
Aoc; qui, toutefois, ne devait» d'après ce que nous avons
vu plus haut, porter, la première année , que sur les
deux tiers de conventionnels conservés légalement, pour
en déterminer la première moitié sortante et la dis-
tinguer de la seconde qui ne devait sortir que l'année
d'après, oii le dit tirage devenait^ d'ailleurs, forcément
inutile.
Maintenant comment étaient-ils, les uns et les autres,
désignés?
Naturellement par des élections faites dans les diffé-
rentes parties de la République.
Mais comment s opéraient-elles?
C'est ici le moment de faire connaître — pour n'y
plus revenir du reste, — et la division politique nouvelle
de celle-ci, et le mode nouveau de su&age introduit par
la constitution dont s'agit.
NouyeUe Et d'abord, la division politique :
TOUtimîe ^° y conservait le fractionnement primitif en dqwir-
territoriale. tements, dont la configuration originaire était, aussi,
maintenue.
Seulement, leur ancien chef-lieu administratif devait
être, pour plusieurs, modifié par la loi, d'organisation
détaillée des nouvelles administrations, du 49 vendé-
miaire an IV.
C'est ainsi que Cùutances — qui , comme nous ks sa-
vons, le possédait jadis pour la Manche — s'en vit
— 353 —
privé au profit de SaivU-Lo, où il est resté depuis lors;
et ce malgré toutes les protestations et réclamations
faites à ce sujet, tant alors que plus tard , par la pl*e-
mière de ces villes.
(Voir» sur ce point, une notice de M. Lepingahd, dans le 3** vo-
lume des Mémoiret de la Société ArehMogiqw de SairU-LOj p. 3t
et suivantes.)
Mais, ce qu'il y a de bien plus important à signaler, ^^^^^^u
c'est que, désormais, nous voyons disparaître, dans la
constitution nouvelle, l'ancienne subdivision de chaque
département en districts , désormais radicalement sup-
primés^ sans doute en souvenir des excès terroristes que
la loi du 14 frimaire an II avait jadis autorisé, et encou-
ragé, leurs administrations respectives, à y commettre
contre les prétendus contre-révolutionnaires de leurs res-
sorts individuels.
Quant aux cantons, ils étaient maintenus, et même,
comme nous le verrons bientôt, avec un accroissement
considérable de leur vie politique primitive aux dépens de
l'institution communale; du reste forcément, elle aussi,
conservée du moins en principe malgré tous les abus qui
s'y étaient aussi glissés jadis pendant la crise terro-
riste.
Cantons et communes gardant, d'ailleurs, géogra-
phiquement^ dans la Manche en particulier, la même
étendue respective que jadis ou du moins que dans le
dernier état de choses à cet égard.
Cela posé, le nouveau système électoral va s'expliquer ,, ,.^ .
Y ^ ^ ^ Modifications
sans peine. du système
La première base en sera toujours les Assemblées électoral.
piRMAiREs : une par canton, composée de tous les ci-
toyens, sans condition de cens , y domiciliés depuis plus
d'un an.
23
— 354 —
Et Ton conservera encore, pour le choix des fonction-
naires les plas importants, fait au nom d'un départe-
ment, le vote, an second degré, de la part d'électeurs
formant le Corps électoral de celui-ci.
Cette assemblée secondaire — qui n'est plus, du
reste, naturellement, comme jadis, composée de la réu-
nion des divers corps électoraux des districts de ce dé-
partement— est, comme par le passé, composée de délé-
gués des assemblées primaires sus dites des cantons y
situés, mais uniquement pris parmi les citoyens âgés de
vingt-cinq ans, et ayant, de plus, un certain revenu.
C'était elle, qui, entre autres attributions, nommait
les députés du département, tant au conseil des Cinq-
Cents qu'à celui des Anciens.
C'est donc elle qui, dans la Manche, fournit le pre-
mier contingent de la contrée au nouveau Corps légis-
latif.
Nous le ferons ultérieurement connaître, en signa-
lant ceux de ses membres ayant jadis fait partie de la
Convention, et la répartition alors faite, de son en-
semble, entre les deux assemblées législatives nou-
velles.
C'est le 4 brumaire an IV que le nouveau Corps
législatif s'installa, et que le gouvernement directorial,
— de suite organisé matériellement à son étage supérieur,
par la répartition intérieure, des députés nouveaux,
entre leurs deux chambres, et ensuite l'élection, par
eux, des cinq premiers directeurs (Voit le Moniteur du dit
jour) — vint remplacer la Convention, qui, ce jour-li
même, venait de clore définitivement ses séances.
A ce moment-là, aucun serment spécial n'était encore
imposé légalement aux dits députés. Ils n'eurent donc
pas à en prêter en prenant possession de leurs sièges.
— 355 —
Mais^ sur ce point, les choses ne tardèrent pas ^ se ^^
modifier. Car, le 23 nivô$e an IF, sur la motion et par de haine à la
le YOte des nombreux ex-conventionnels qu'ils comptaient '^^*****-
alors forcément parmi eux et qui voulaient, à ce moyen
encore, chercher à perpétuer l'ancienne domination de
leur parti, une loi vint, en établissant, ou plutôt en ré-
tablissant à nouveau — par réitération, à cet égard, de
celle du iS floréal an II — la fête civique en anniver-
saire joyeux du 21 janvier, les obliger tous à y figurer
officiellement, et à y jurer solennellement haine étemelle
à la Royauté. Serment que, du reste, un décret ultérieur,
du 1 9 ventôse anIV, devait bientôt imposer aussi, à peine
de destitution et même de déportation en cas de non dé-
mission immédiate, à tous les fonctionnaires publics de
Tordre administratif ou judiciaire, non-seulement dans
la même circonstance, se renouvelant d'ailleurs annuelle-
ment (Voir à ce sujet, pour Co\Uance$t Dotamment le procès-wrbal
municipal de la fête du 1*' pluviôse an IV), mais encore avant,
d'entrer en exercice de leurs postes respectifs ; en atten-
dant qu'un autre décret, du 1 9 fructidor an F, rendu en
conséquence du coup d'état directorial, jacobin, de .la
veille, et sur lequel nous aurons à revenir, étendit la
même formalité à bien d'autres individus et jusqu'aux
simples membres des assemblées tant électorales que
primaires.
C'était, comme nous le savons, en Tan V, que devait
sortir, du nouveau Corps législatif, le premier tiers de
celui-ci , composé forcément , d'après le décret de la
Convention à cet égard cité, de la moitié des membres de
celle-ci dont elle s'y était ménagé le maintien. Et c'est,
effectivement, ce qui eut lieu.
Il fallait le remplacer; sans que, d'ailleurs, les élec-
teurs fussent, désormais, obligés de choisir des membres
de la dernière assemblée.
On vota donc, à cette^fin, dans les divers départements,
- 356 -
et notamment dans la Manche, dont nous indiquerons
plus tard le contingent partiel y fourni dans cette occa-
sion. *
Mais, comme on pouvait s'y attendre, le nouveau tiers
ainsi élu était, en grande partie^ composé de rétrogrades,
qui, une fois introduits dans les deux conseils, et surtout
dans celui des Cinq-Cents, ne tardèrent pas, en se coa-
lisant avec les non-conventionnels nommés dès le début
du Directoire, à battre complètement en brèche, — à
Taide d'une majorité ainsi toute trouvée^ et des décisions
législatives qu'ils lui faisaient à volonté prendre — tant
le Conseil des Anciens, que, surtout, le pouvoir exécutif
lui-même, où, malgré les partisans qu'y avaient les pre-
miers, les opinions avancées, et en tout cas sincèrement
républicaines, continuaient àdominer.
Désormais, pour ce dernier principalement, dont
toutes les vues, ou actives ou prohibitives, se trouvaient
ainsi systématiquement contrecarrées par un parti oppo-
sant, qui, tout en se disant toujours gouvernemental,
n'était au fond, en grande partie du moins, qu'un roya-
lisme déguisé, la situation n'était plus tenable, et il
fallait, à tout prix, en sortir, du moment oii l'on tenait
à conserver les rênes de l'Etat.
Goap d'état C'est ce qu'il comprit, et, comme il ne trouvait pas, à
18 fructidor ^^ ™^' devenu déjà chronique en attendant qu'il devint
^ V. mortel, de remèdes légaux, il n'hésita pas à recourir au
moyen arbitraire et violent d'un véritable coup (téiat,
opéré, le 18 fructidor an V, à l'aide de la force armée;
qui, se saisissant des principaux députés de la faction
anti-républicaine, et ne laissant plus ainsi siéger que les
amis plus ou moins prononcés du directoire exécutif,
vint enfin débarrasser matériellement celui-ci d'agres-
seurs continuels qui depuis longtemps le mettaient
journellement à l'agonie.
Mais il fallait y à présent, régulariser la nouvelle
I
j
— 3B7 —
situation légale résultant de ce grave événement, et, en
même temps, prévenir désormais la réitération de dan-
gers semblables à ceux qui l'avaient rendu nécessaire.
C'est ce qui fut fait, le lendemain même, au moyen
d'une loi rendue par les membres du Corps législatif
non compris dans l'exécution de la veille, et destinés à
en continuer seuls, provisoirement, toutes les anciennes
fonctions délibératives.
D'après ce décret, à jamais fameux, qui commençait
par condamner à la déportation une soixantaine des
conspirateurs royalistes, dont cinquante environ —
parmi lesquels, du reste, il n'y en avait aucun de notre
département, — appartenaient jadis aux deux assem-
blées ainsi épurées, et par ratifier ainsi le coup d'état
de la veille, celui-ci recevait, Qntre autres dispositions,
toute sa portée, à la fois effective et légale, par Yannvr
lation, sous prétexte d'influences royalistes y ayant jadis
présidé, de toutes les opérations électorales effectuées,
au commencement de la dite année, dans une quaran-
taine de départements delà République.
De cette façon on se débarrassait définitivement, non-
seulement du nouveau tiers, presque entier, amené dans
le Corps législatif par les dites élections, mais, en outre,
de tous les autres fonctionnaires départementaux qui,
promus par elles, paraissaient présenter la même cou-
leur politique et, par suite, susceptibles, eux aussi,
d'entraver la marche future, et que l'on voulait désor-
mais sans obstacle^ du char, trop longtemps embourbé,
du Directoire exécutif.
Le département de la Manche, entre autres, fut com-
pris dans ce balayage législatif, dont nous n'aurons pas,
du reste, besoin d'indiquer plus loin spécialement les
victimes, puisque leurs noms seront identiques à ceux
des élus locaux de l'an Y.
Du reste, celles-ci, comme toutes celles analogues
— 358 —
d'autres parties de la France, ne devaient pas être de
suite remplacées. On renvoyait, sur ce point, aux élec-
tions de Tan VI, c'est-à-dire à quatre mois de là en-
viron.
Le résultat de ces dernières fut, notamment en ce qui-
regarde les députés , naturellement tout différent de
celui de Tannée précédente. £t ce furent, cette fois, con-
trairement à cequi fût certainement arrivé sans le 4 8 fruc-
tidor, tous, ou presque tous , des républicains , même
avancés , qui y furent partout choisis notamment pour
remplacer la dernière moitié, alors sortante, des ex-con-
ventionnels de l'an IV.
Mais, précisément, en agissant ainsi, les votants, qui
pensaient avoir favorisé les vues du Directoire, dépas-
saient la mesure de celles-ci, et venaient l'effrayer, en
sens inverse de leurs opérations de Tannée précédente»
par Tarrivée prochaine, au Corps législatifs sans lequel
il ne pouvait, un seul instant, marcher — d'une masse
considérable d'exaltés Jacobins, qui ne manqueraient
pas, à leur tour, de Tentraver, à chaque pas, de leur
intraitable purisme sinon de leurs motions incen-
diaires.
De là la nécessité, pour le pouvoir exécutif ainsi nou-
vellement menacé, d'assurer encore une fois son exis-
tence précaire^ au moyen d'une mesure, qui, sans mé-
riter d'être comparée au coup d'état sus dit, n'en était
pas moins une violation nouvelle de la Constitution
même à laquelle le premier devait, en définitive, toute
son autorité.
Il s'agit ici de Y annulation, du moins indirecte, pro-
du^iS floréal noncée, le 22 floréal de la dite année, par les membres
*" ^*' alors restant du Corps législatif,—- à ce conviés puis
entraînés par le gouvernement proprement dit, — de la
plupart des dites élections, m bloc, et sans discussion
individuelle de celles à cet égard signalées par celui-ci ;
— 359 —
qni ne fournissait, d'ailleurs, en ce qui les concernait,
du moins en général, aucun grief spécial pouvant en
entraîner légalement la nullité dans des conditions ordi-
naires.
(Voir, à cet égard, au Moniteur , les séances du conseil des Ctn^-
Cmiêt des 17, 18 et 19 floréal an VI . )
Le département de la Hanche devait, cette fois,
échapper à Tostracisme, du moins dans la loi sus dite
telle qu'elle fut rédigée en définitive; mais après l'avoir,
dans le projet de celui-ci, vu atteindre également un de
ses nouveaux élus au Corps législatif (Gttesdon) , qui ,
sans doute n'y échappa que grâce à l'intervention alors,
en sa faveur, d'un de ses compatriotes (Bourstn) déjà
députée celui-ci.
Nous ferons, du reste, également, plus tard, con-
naître quel fut, dans son ensemble, le personnel, ainsi
péniblement ratifié, alors à lui fourni par notre contrée.
Et, de même, celui que, pour la dernière fois, lui
procurèrent, de celle-ci , les élections de l'an VII; qui,
du reste, ne présentèrent, elles, aucun incident poli-
tique, et furent, bien que décidément républicaines
comme les dernières , universellement ratifiées en sui-
vant le mode normal de la vérification individuelle des
pouvoirs des nouveaux promus.
A présent que nous en avons ainsi fini de l'oi^anisation
centrale et principale du nouveau gouvernement répu-
blicain, voyons celle qui lui avait été ensuite donnée
dans chaque département et en particulier dans le
nôtre
Là on conserve, naturellement, une Administration Administra-
locale supérieure, — dite désormais centralb de dépar- ^'^?^
TBMENT, — chargée de gérer les intérêts collectifs de la taie.
— 360 —
circonscription tout entière, et de surveiller, à cette
occasion, les agissements des autorités administratives
subalternes.
Elleest toujourscomposée de plusieurs membres d*nne
même corporation; mais ceux-ci ne sont plus qu'au
nombre de cinq , et, par suite, il n*est plus question de
l'ancienne division de leur composition : en directoire et
en conseil général du département.
Us sont, du reste, comme on doit s'y attendre, choisis
par les électeurs réunis de celui-ci ; et ils le sont pour
ci/nq ans eh principe, refnouvelables par cinquième Ums
les ans.
Auprès d'eux le gouvernement doit, d'ailleurs, lui-
même nommer un fonctionnaire spécial , analogue aux
anciens agents nationaux de districts, et qui, sons le
nom de Commissaire du directoire exécutif^ doit sur-
veiller et faire exécuter leurs délibérations, o(^ il n'a
pas, bien entendu, le droit de voter.
C'est conformément à ces règles constitutionnelles
que fut composé, en particulier pour la Manche, le pou-
voir personnel de sa nouvelle administration départe-
mentale, sorti notamment des élections qui y avaient,
à cet effet, eu lieu le 26 vendémiaire an IV, et que, sur
les registres de celle-ci, nous voyons s'installer le 5 bru-
maire suivant.
Nous aurons soin de le faire ultérieurement con-
naître, ainsi que les modifications qu*il eut à subir par
la suite jusqu'à la fin de son existence, qui se clôt, sur
les dits registres, k la date du i^ germinal an VIII,
pour faire place à une nouvelle institution dont^ nous
parlerons en son lieu.
Ces modifications, sauf les conséquences momenta-
nées de la loi du 1 9 fructidor an V, seront, au surplus,
le résultat des règles mêmes de sa composition normale,
sans que Ton ait à y voir désormais en rien, comme
— 361 —
dans la précédente période, riotervention arbitraire de
représentants en mission; qui, dans celle-ci, ne se
rencontrent plus ou du moins ne s'y occupent jamais
d'opérations de ce genre.
C'est ce dont on se convaincra , notamment pour la
Manche, en parcourant les registres sus dits; qui se
trouvent naturellement aux Archives départementales ^
où, pour les délibérations proprement dites de l'admi-
nistration dont s'agit, ils forment une colletion de cinq
volumes in-folio.
Maintenant celle-ci avait forcément, sous elle, des su-
bordonnées. Quelles étaient-elles?
C'est ici que la différence , du nouveau système avec
l'ancien, va devenir particulièrement marquée.
En effet, d'abord, il ne faut plus parler, à présent, ^
j* j ' L .' j j- . • . • » * * Suppression
a admvnxstratums de district; puisque ceux-ci n existent des odminif-
plus politiquement. dTSu^îr.
Mais , en revanche, nous voyons désormais surgir, à
ce même point de vue, une création nouvelle, s'ap-
puyant d'ailleurs sur une division politique qui remonte,
géographiquement et sous d'autres rapports, aux pre-
miers temps de la Révolution.
Nous voulons parler d'administrations carUonaUs, Administra-
destinées à remplacer dorénavant, du moins en général, munlc^ales
— en les fusionnant dans leur nature mixte et pour ainsi àe canton,
dire amphibie, -*- tant celles, supérieures, des districts^
à présent disparus complètement, que celles, inférieures,
des diverses communes, qui, elles aussi, ne sont plus que
fort incomplètement conservées et n'existent plus guère,
dans la constitution nouvelle, que comme fragments in-
tégrants du canton dont elles dépendent
On les appelle, au moment od on les crée, Adminis-
trations MUNICIPALES DE CANTON.
Elles sont, comme on le devine, chaînées de gérer dé-
— 362 —
sormais et d'aae façon collective, tous les intérêts, soit
réunis et solidaires, soit individuels et isolés, des di-
verses communes comprises dans la dite circonscrip-
tion et qui, existant encore géographiquement, n'ont plus
de municipalités spéciales à chacune d'elles.
Ce qu'elles ont seulement, désormais, de personnel
administratif qui leur soit propre, c'est ce qu'on appelle
un Agent municipal, avec un Adjoint, nommés par les
membres des assemblées primaires appartenant à leurs
localités respectives.
Le premier de ces fonctionnaires — dont le second
n'est que le suppléant — reste, dans sa commune ,
chargé d'y tenir, pour celle-ci seule, les actes de Tétat
civil ; et encore, à partir de la loi du 4 3 fructidor an VI
•— qui ordonne, pour donner plus de solennité et d'at-
trait à la décade expirante, la célébration, au milieu
des cérémonies de celle-ci, rendue par elle obligatoire
au lieu central de la réunion des citoyens de chaque
canton, des mariages à effectuer entre ces derniers, —
y eut-il , pour ces sortes d'actes , désormais un registre
colleclif 2LIX dit canton; dont on pourra trouver , en ce
qui concerne celui de Coutances, un échantillon dM greffe
de celte ville.
Mais il n'a pas autre chose à y faire; et le reste de
son mandat n'est plus que de concourir, collectivement
avec ses collègues des autres communes de la circons-
cription cantonale, à la composition de l'administration,
dite municipale, de celui-ci.
Ce sont, effectivement, eux tous qui la constituent,
sous la présidence d'un personnage spécial, pris en
dehors d'eux, et élu, à cette fin, par l'assemblée p ri-
maire, intégrale, de toute la circonscription.
Ils sont d'ailleurs, dans leur ensemble, nommés
pour deux ansy et renouvelables par moitié tous les ans.
Ainsi donc, pendant la période en question, il ne faut
— 363 —
plus, en général^ chercher^ sur les registres mtmicipatix
de chaque commune, de délibérations proprement dites;
puisqu'il n*y a plus, chez elle , d'administration spéciale
qui en émette. Et c'est désormais au lieu de la réunion
de l'administration municipale du canton — en général
au centre ordinaire de celui-ci — qu'il faudrait cher-
cher, sur les livres collectifs qui y auraient été à ce
tenus, les résolutions, émanées à présent exclusivement
de cell&-ci, qui concerneraient telle ou telle localité de
son ressort administratif total.
C'est ainsi , notamment, qu'il faudrait en agir pour le
canton de Coutances; dont les réunions administratives
avaient lieu en la dite ville, ancienne église des Capucins
(halle au blé actuelle); sans que nous ayons , toutefois^
pu découvrir les registres constatant leurs délibérations
officielles.
Telle était la règle générale.
Toutefois , à celle-ci , il y avait une exception relati-
vement assez fréquente.
En effet, toute commune d'une population svférieure Administra-
â cinq mille habitants avait droit de conserver une Mu- tions
. , ,, , • ui • municipales
ificiPALiTE PROPRE, composée d un nombre, variable sut- decommunes
vaut la population (à CoiUances il devait, à ce compte, ^?''*"*...
y en avoir cing), à* officiers municipaux , élus et renou- âmes,
velables dans les mêmes conditions que celles ci-dessus
indiquées à propos des administrations cantonales, et se
choisissant, entre eux, un président pris parmi eux-
mêmes.
Tel était, précisément^ le cas de Coutances^ dont les
registres communaux de délibérations à lui propres, se
continuent effectivement pendant la dite période, pour y
consigner celles desa nouvelleadministration municipale;
qui, en fait de local, profita, du départ de l'administra-
tion départementale à Sainl-Lo, pour aller établir ses
— 364 —
séances dans celui de l'ancien évéché occapé naguère par
celle-cî .
Du reste, qu'il s'agisse de municipalité de canton ou
de communes de plus de cinq mille habitants , on n'y
trouve plus — davantage que dans la diie administra-
tion centrale, — l'ancienne distinction — désormais sup-
primée sans doute à cause de sa complication — entre
le corps gérant proprement dit et le conseil général de la
circonscription.
Seulement on y rencontrera, à la place de l'ancien
procureur de la commune, ou agent national de celle-ci,
— comme auprès de l'administration départementale
elle-même — un commissaire du directoire exécîUif,
chargé d'y exercer, par ses réquisitions et autres démar-
ches, des fonctions analogues à celles déjà signalées en
ce qui concerne cette dernière.
Nous donnerons également, plus loin, des noms de
membres divers du personnel de ces nouvelles institu-
tions municipales. Mais nous devrons, à cet égard,
forcément nous borner à la composition ^ distincte, du
reste, d'après ce que nous avons constaté plus haut, —
de l'administration : du canton rural, et de la com-
mune spéciale, de CoiUances ; cette dernière, située au
milieu même du premier.
Tels sont les principaux traits de l'organisation ad-
ministrative nouvelle ; surtout en ce qui concerne les
pouvoirs locaux des divers degrés hiérarchiques y
reconnus désormais.
Signalons, maintenant, accessoirement à cette pre-
mière donnée capitale en ce sujet , quelques autres
innovations secondaires appartenant au même système,
ou du moius à la même période historique.
— 366 —
Et d'abord, en matière Financière :
La suppression, du moins en droit et en général,
sauf des exceptions de fait, — par suite directe de celle
des districts dans les divers départements — des rece-
veurs de district] dont les anciennes fonctions — con-
sistant notamment dans la centralisation, au premier
degré , des produits communaux des contributions di-
rectes— vont désormais passer dans les seules mains
d'un fonctionnaire nouveau créé par la Constitution du
5 fructidor an III et par elle placé, dans chaque dépar-
tement, au chef-lieu même de celui-ci.
Nous voulons parler du Receveur général des Receveangé-
FINANCES, par elle y institué, et qui, nommé directement ^^ finances,
par le pouvoir exécutif, devra désormais réunir, dans sa
caisse exclusive, pour les transmettre ensuite à la tréso-
rerie centrale , les versements de tous les percepteurs
communaux de sa vaste circonscription.
Quant à ceux-ci^ ce sont toujours, comme dans la
période précédente, de simples adjudicataires au rabais
de la recette des impôts de leur localité et quelquefois
de plusieurs surtout depuis la fusion constitutionnelle de
la plupart des administrations communales en admi-
nistrations cantonales. (Voir loi du 29 frimaire an IV,
supposant, et même prescrivant, la continuation de cet
ancien système.) Et ce ne sera que bien plus tard, et
seulement dans la période suivante (le 5 ventôse an XII)^
que la dite charge deviendra enfin une fonction publique
véritable d'une durée indéfinie et à traitement fixe.
Pas plus , du reste , que les anciens receveurs de
district, ' le receveur général nouveau n'aura à toucher
le prix des biens d'émigré; dont les aliénations passées
sont loin d'être acquittées, et dont les ventes nationales
vonty d'ailleurs, se continuer à l'avenir pendant toute la
présente période, avec cette seule différence, que, désor-
— 366 —
mais, au liea d'avoir lieu, comme jadis, devant les
administrations de district elles vont maintenant se faire
devant celle de département aussi à cet égard entière-
ment substituée à celles-ci (Voir loi du 16 brumaire
an F,)
Ce prix, c'est toujours la Régie spéciale de VEnregis-
trement qui le recevra par ses proposés des domaines,
dont il y aura toujours plusieurs bureaux dans chaque
département.
Ensuite, en ce qui regarde V Instruction publique :
Diverses tentatives légales sérieusement faites pour
relever celle-ci, — que la Constittuion de /'an 2// déclarait
prendre sur sa protection spéciale, — de l'étal déplorable
où elle était alors, comme nous le savons, tombée.
Ecole» D'une part, pour l'enseignement primaire, — déjà si
primaires, souvent remanié, sans résultat satisfaisant, par la Révo-
lution, — une nouvelle loi , du 3 brumaire an IV, en
essayant derechef la réorganisation , au point de vue
surtout de l'application prochaine du nouveau système
administratif; et décrétant, à cette occasion, l'ouverture
d'écoles de ce genre dans tous les cantons de chaque dé-
partement, avec instituteurs, reçus par un jury spécial
d'examen, nommés directement par l'administration
supérieure de la contrée, et payés notamment par une
taxe fixe sur les divers enfants qui fréquenteront leurs
cours. Cours qui, du reste, — en outre de tout ce que
de pareilles dispositions innovaient déjà à l'état de
choses antérieur, — n'avaient, pas plus qu'aucuns
autres, d'ailleurs, désormais rien de forcé pour les pa-
rents; complètement rendus libres, d'envoyer leur pro-
géniture s'instruire ailleurs, dans des maisons d'éduca-
tion privées, que la Constitution sus dite permettait au
premier venu d'ouvrir à cet égard (voir aussi, sur ce
Ecoles
— 367 —
point, la loi da 27 pluviôse an VI), et même de ne pas
les faire instruire du tout, s'ils le jugeaient à propos.
D'autre part, et surtout , pour l'enseignement secon-
daire — si complètement anéanti dans la période précé-
dente, et qu'il fallait bien, à tout prix, sous peine de
perdre le rang de nation civilisée, essayer de ressusciter
enfin — la création des fameuses Ecoles centrales si
connues de nom et qui le sont si peu de fait.
Déjà une loi du 6 vewldse an III les mentionnait, et
même les décrétait théoriquement — en supprimant centrales,
cumula tivement les anciens collèges^ jusque-là fictive-
ment maintenus, même avec supposition de traitement
de leurs régents par l'Etat, mais, en fait, tous abandon-
nés, de leurs maîtres comme de leurs élèves, à la suite
deTborrible tourmente politique de naguère, et que l'on
pouvait, depuis longtemps déjà, considérer comme
n'existant plus dans le pays; qui, du reste, les avait,
comme nous le savons, dès le début de la Révolution,
privés des ressources séculaires auxquelles ils avaient
en grande partie dû leurs succès antérieurs.
Mais ce fut celle du 3 brumaire an IV, déjà citée, qui
les organisa réellement.
Il devait y en avoir, en général , une par départe-
ment.
Elle devait s'y composer d'un nombre plus ou moins
grand de professeurs, chargés d'y enseigner à peu près
le programme de nos lycées actuels, aux élèves inscrits
à leurs cours (non ouverts au public en général), et re-
partis d'ailleurs, selon leur âge, en trois sections qu'ils
avaient à parcourir successivement pour le parachève-
ment de leur instruction dans le dit établissement.
Elle devait, en outre, non-seulement être installée
dans un local convenable, mais, de plus, être pourvue
de tout le matériel scientifique nécessaire aux démons-
trations y faites , et notamment d'une bibliothèque pu-
— 368 -•
bliqae ; pour la composition de laquelle on devait mettre
à contribution , non-seulement les livres et documents
nationaux du lieu de sa situation , provepus la plupart
de récentes confiscations révolutionnaires, mais encore
les richesses analogues qui se trouvaient en grand
nombre dans d'autres dépôtsdu même département.
Un crédit départemental spécial devait, d'ailleurs^
pourvoir, aux frais de première fondation de ces sortes
de Lycées départementaux , dépourvus du reste d'in-
ternes; et aussi aux dépenses annuelles par eux néces-
sités, notamment au traitement fixe de leurs régents —
dont le choix devait être fait par l'administration dépar-
tementale après examen préalable des postulants par un
jury d'instruction à ce convoqué.
Le département de la Hanche dut , naturellement, en
recevoir un de ce genre ;^ qui fut, en vertu d'un décret du
même jour, 3 brumaire an /F, mais distinct du précé-
dent, fixé, non à son nouveau chef-lieu administratif, ni
même à l'ancien, mais bien à Avranches, pour indemni-
ser sans doute, cette ville, de la récente privation de son
évêch^ d'autrefois, et satisfaire enfin, de la sorte, aux
plaintes amères qu'elle en avait vainement adressées
dans le temps.
Il fallut, naturellement, quelque temps pour y prépa-
rer, avec accessoires y relatifs, le local à ce destiné, et,
du reste, dès le début tout trouvé, à savoir : le bâtiment
de l'ancien collège de la ville^ qui est aussi celui de son
collège actuel.
Aussi ne put-on y ouvrir le nouvel établissement en
question , que le 20 vendémiaire an Y, oit il fut, du
reste, inauguré avec une solennité tout exceptionnelle,
dont rend longuement compte un procès-wrbal ad hoc ,
imprimé sur-le-champ , et dont plusieurs exemplaires se
trouvent aux Archvotz de la Manche.
On trouvera également, là, une foule de pièces ma-
— 369 —
Duscrites concernant le dit établissement; qui sabsista
jasqa'en Tan XI, où il dut se dissoudre en vertu d'une
loi, du 1 0 floréal an X^ supprimant désormais tous ceux
de ce genre.
C'est- notamment à leur aide que nous donnerons,
plus loin, le personnel enseignant, de celui dont s'agit,
avec le genre du cours professé par chacun de ses mem-
bres.
•
Enfin en matière Militaire locale :
»
La réorganisation, par les lois des 2 germinal an IV,
et 25 thermidor an F, des Gardes nationales , si dis- nationale,
loquées, comme nous l'avons vu, dans les derniers temps
de notre première période historique , et qu'il était ce-
pendant si urgent de réinstaller — non plus, il est vrai,
par district comme jadis , mais désormais par canton
ainsi que cela fut effectivement y décrété — ne fût-ce
quepouraider à comprimer les mouvements cAotianiçties,
qui, en Tan IV surtout, faisaient rage tant en Bretagne
que dans une partie de la Normandie et en particulier
dans le département de la Manche.
C'est, sans nul doute, surtout en vue de ceux-ci, que
les lois sus dites édictèrent, à cet égard, leurs prescrip-
tions, et, surtout, qu'une autre, du 1 7 floréal an /F, vint
prescrire la formation, dans chaque canton, de colonnes
mobiles, de la dite garde, prêtes à se porter, au premier
signal, contre les rebelles; dont, effectivement, elles
arrêtèrent, en plus d'une circonstance, les tentatives
audacieuses, ainsi que nous avons jadis établi dans
notre Etude sur la Chouannerie dans la Manche.
Quant à la Gendarmerie, il était également, pour des Q^Q^armerie
raisons analogues, et aussi dans l'intérêt de la police en
général, pressant de s'en occuper aussi.
C'est ce que fit d'abord une loi du 25 pltmôse an F,
24
— 370 -
soumeilaDt désormais l'admission, comme simple soldat
du dit corps, à TapprédatioD d'uo jury départemental
mixte, et composé : non-seulement d'officiers de celui-ci,
mais encore de membres de Tadministration civile lo-
cale supérieure, et même de l'accusateur public du tri-
bunal criminel, sans doute à cause du besoin spécial
qu'il éprouvait fréquemment de semblables auxiliaires.
Mais, plus tard, une autre, du 28 germmal an F/,
vint changer ce système nouveau de recrutement de la
dite arme, en le remplaçant par une présentation, de la
part de l'administration départementale dans le ressort
de laquelle il y aurait un gendarme à nommer, de quatre
candidats pour la place en question; sur lesquels choi-
sirait , ensuite / l'état - major de la dite milice —
qui devait, du reste, conserver, jusqu'à la fin de la
période historique actuellement étudiée, ce dernier mode
de promotion.
Nous en avons, de la sorte, fini avec le premier para-
graphe de celle-ci, et devons, maintenant, passer à
Tétude du second.
• »• Jiistt«e.
Dans la phase historique que nous venons d'envisa-
ger ainsi au point de vue administratif surtout, l'organi-
sation judiciaire primitive introduite par la Révolution
va se trouver elle-même profondément modifiée ; et elle
le sera, en général, d'une façon correspondante aux
changements politiques déjà ci-dessus constatés, et aussi
en vertu de la même base législative.
Reprenons, pour exposer ce nouveau sujet d'examen,
notre distinction de jadis, entre la justice civiU et la
justice répressi/ce.
31< -
Pour la première, la coostitutiondu ^fructidor an 111^ Jusncs ci-
qoi eD fera un de ses divers chapitres, conserva, au bas ^''''
de l'échelle hiérarchique, Its juges de paix, de canton et
de commîmes importâmes, avec leurs assesseurs; qui,
toujours élus, pour deux ans, par les assemblées pri-
maires, continuent de jouir, en cette matière, des mêmes
attributions que par le passé— en succédant même forcé-
ment, comme conciliateurs^ au bu/reau spécial de paix
jadis établi, comme nous le savons^ pour certains cas
particuliers, par la loi du 16 août 4790, auprès de
chaque tribunal de district, et désormais implicitement
supprimé comme Tétait à présent celui-ci.
C'est qu'en effet, tout en respectant ainsi l'ancien
premier échelon judiciaire civil, la dite constitution (du
reste, en cela, fort logique) avait entièrement transformé
le second, destiné, à connaître quelquefois, en appel,
des décisions du premier, et surtout à juger lui-même,
en première instance, avec ou sans appel possible,
toutes les questions civiles d'une certaine importance et
constituant des procès proprement dits.
Elle était, à cet égard, partie de cette donnée : que
puisqu'il n*7 avait plus de districts, il ne devait plus y
avoir de tribunaux de district, et que, de même qu'il
n'y avait plus, dans chaque département, qu'une admi-
nistration supérieure, il ne devait, de même, plus y avoir
qu'un seul tribunal civil ; dès - lors exact pendant ,
d'ailleurs, du tribunal criminel unique, qui, depuis la
Révolution, y avait existé déjà, et qui, dans l'avenir,
allait y être continué ainsi que nous allons le voir tout
à l'heure.
Elle établit donc, — sans s'inquiéter, du reste, de la TribuMicivU
difficulté future, pour la plupart des justiciables, d'aller département.
— 372 -
désormais plaider à une énorme distance de leur domi-
cile, — dorénavant, à la place des anciens tribunaux de
district radicalement supprimés, dans chaque départe-
ment, un tribunal unique, dit Tribunal civil du dépar-
TEMBNT, composé d'au moins vingt juges, nommés, pour
cinq ans, par les ékcteurs de leur vaste circonscription,
et qui — assistés d'un Commissaire du directoire exé-
cutif y jouant le rôle de ministère public révocable, ad
nvzum, par le gouvernement d'oii il tenait seulement sa
mission — devaient, en se divisant, à cet égard, en
sections ow. chambres, dont chacune choisissait, son
président, expédiera l'avenir, tous les procès ordinaires
du dit département, soit en dernier ressort, soit à charge
d'appel devant une des trois juridictions semblables, du
voisinage, à ce ultérieurement désignées,
c «^-.- « La Manche vit donc alors se fermer ses anciens tri-
s>iippressioii
(lesiribunaux bunaux de districts, et notamment celui de Coutances,
1 A' • ■ *
dont la dernière audience est du 3 brumaire an IV; et
s'ouvrir, à la place, le prétoire unique d'un tribunal
départemental, que, d'ailleurs, la loi, d'organisation
administrative et judiciaire détaillée, du i ^' vendémiaire
an IV, avait placé dans la dite ville — peut-être pour
l'indemniser de la perte, simultanée, de son adminis-
tration centrale , alors transportée , comme nous le
savons, à Saint-Lo — avec appel portable devant ceux :
du Calvados, de la Mayenne, et de Vlk-et-Filaine.
Nous ferons ultérieurement connaître le personnel de
ce tribunal, qui, élu, à Saint-Lo, le 27 vendémiaire de
la dite année, s'organisa de suite, en se divisant en deux
sections — une A\x premier, et l'autre du dernier^
ressort, pour statuer : celle-là, avec, et celle-ci, sans,
appel — et en commençant au plus tôt ses audiences ;
qui, ouvertes dès brumaire an lY, ne devaient finir
qu'en floréal an YIII après la suppression de ce genre de
tribunaux par la nouvelle constitution consulaire, et
— 373 —
dont les sentences forment, au greffe de Ctmtances,
une collection de près de cinqumUe volumes in-folio,
Cest naturellement là que durent désormais aifluer la
plupart des Hommes de loi marquants de la contrée, Défenseurs
même de ceux que la présence du tribunal criminel ^''*^®"*'
n'avait pas suffi à y attirer.
Mais, du reste, aucun d*eux ne recevait encore, par
la Constitution nouvelle, la restitution de ses anciennes
fonctions officielles d'avoué^xk de son ancien titre d'ato-
caf; qu'elle ne songeait à leur rendre, et qu'ils ne devaient
retrouver que dans la période historique suivante; où,
seulement aussi ^ la procédure civile ^ également laissée
par celle-ci dans son dernier état de débris de l'ancien
régime, devait enfin se voir véritablement améliorée et,
finalement, codifiée.
On ne touchait pas davantage, du reste, aux principes
précédemment introduits en matière de juridiction soit
commerciale soit administrative.
En matière répressive — à laquelle nous arrivons à jugricB Ré-
présent — la dite Constitution introduisait aussi d'im- pi«s»ivk
portantes modifications. Mais, cette fois, au lieu de s'at-
taquer au degré hiérarchique supérieur, c'est en bas
qu'elles frapperont, du moins pour la plupart.
C'est qu'en effet il n'y a pas, pour elle, à se préoc- Tribunaux
cuper d'instituer un tribunal criminel départemental^ criminels,
puisqu'il existe déjà et qu'il lui suffira de le conserver.
Et c'est ce qu'elle fait.
Toutefois, comme modification secondaire à cet égard,
elle décrète : d'abord, que cette juridiction sera désormais
pourvue, non plus seulement de trois comme jadis, mais
de quatre, assesseurs du président, de façon à éviter,
autant que possible, les partages d'opinions; que ces
— 374 —
jages seront pris, non pins, naturellement, parmi ceux
de district, mais bien parmi le personnel du tribunal de
département, chacun pour six mois et à tour de rôle ;
qu'enfin à côté de V accusateur publicy il y aurait désor-
mais^ au dit siège, un Cohmissairb du Directoire exé-
cutif, chargé de fonctions analogues à celles de Tancien
commissaire du roi, et qui n'était, du reste, autre que
celui établi auprès du tribunal civil du département.
Au surplus, ledit tribunal est toujours, comme jadis,
avant tout, composé, comme personnel permanent, d*uD
président et d'un accusateur public, choisis par les élec-
teurs du département, et désormais, eux aussi, pour cinq
ans — réduits, du reste, à deux et trois, plus tard, par
une loi du 21 nivôse an FI, annulant, d'ailleurs, pour
les soumettre à un renouvellement immédiat avec la
nouvelle durée de fonctions sus dite, toutes les nomi-
nations antérieures aux dits postes.
Nous ferons, en ce qui regarde celui de la Hanche —
du reste, naturellement, maintenu à Coutances par la
loi précitée du 19 vendémiaire an IF — connaître, en
son lieu, le personnel successif qu'il dut recevoir pen-
dant cette nouvelle période, notamment en vertu des
élections de Tan IV et de l'an Yi.
Ce qui devait, relativement à cette juridiction, ainsi
forcément conservée dans son principe, être également
maintenu, par la nature même des choses, c'était son
ancienne compétence générale en matière de crimes
proprement dits.
Aussi la ConstitvJtion de Van III ne pense-t-elle pas ,
non plus, à modifier celle-ci. Et, il y a plus : la nouvelle
loi de procédwe répressive, du 3 brumaire an IF —
connue, néanmoins sous le nom de code des délits et
des peines, dont elle s'occupe beaucoup moins — s'em-
presse de la proclamer à nouveau ; et même de la garan-
tir, à l'avenir, contre les anciens empiétements, soit do
— 375 —
Tribunal révolutionnaire de Paris, soit de commissions
analogues de province, qui, effectivement, ne devaient
plus venir ultérieurement la restreindre comme cela
avait eu lieu dans le passé.
Toutefois, la dite constitution avait soin de réserver, u^^^e cour
exceptionnellement mais exclusivement, le jugement de de justice,
toute accusation, contre un membre soit du Corps légis-
latif soit du Directoire exécutif, préalablement autorisée
par le premier, à une Haute cour de justicb, rappelant,
à certains points de vue, l'ancienne Aati^ cotirnaiionale
— investie, du reste, d'une compétence bien plus large
— et composée, de cinq juges appartenant au Tribunal
de cassation, puis ie hauts jurés nommés, tous les ans,
à raison à* un par département, par les électeu/rs de tous
ceux de la République, pour en former une liste géné-
rale destinée à fournir, au sort, la composition du jury
de chaque affaire à soumettre à la dite juridiction.
Mais la compétence normale des Tribunaux criminels
n'en restait pas moins absolue, en fait comme en principe.
Ils devaient, d'ailleurs, continuer d'appliquer, aux
crimes à eux déférés, les peines du Code pénal du 25 sep-
tembre 4791; qui, pendant la période ici envisagée,
devait encore rester la base de la pénalité criminelle.
Seulement \euv procédure, tantaudébat que préalable,
se trouvait désormais celle, non plus de la première loi
de ce genre, du 46 septembre 1794, mais d'un code
nouveau, à ce relatif et déjà mentionné, du 3 brumaire
an /^; qui, du reste, reproduisait en somme, sauf des
modifications de détail , les principaux principes delà
première et notamment le maintien des àeuxjurys: A* ac-
cusation et iejugem^ent en formant les deux principaux
traits — que ne devaient plus, du reste, venir effacer,
comme jadis en nombre de cas , des lois terroristes, dé-
Nouveaux
- 376 -.
sormaispour toujours bannies de rinstrucUon, comme
de la pénalité, répressive.
Mais, en revanche, des changements radicaux allaient
être, par la Constitution sus dite, introduits dans les
juridictions pénales inférieures.
Et d'abord dans celles de la police correciiofmelle :
tribunaux Effectivement, celle-ci va passer, désormais, des juges
nels. ' de paix et assesseurs, à des Tribunaux spéciaux,
dits Correctionnels, exclusivement consacrés à cette
mission, et composés : d'un Président, pris, tous les
six mois, parmi les juges du tribunal civil du départe-
ment — et jouant, en même temps, le rôle de directeur
du jury d'accmation , non plus du district mais du
ressort judiciaire de chacun des dits tribunaux correc-
tionnels dans chaque département — plus de deux
assesseurs, qui ne sont autres que les juges de paix^
et assesseurs de ceux-ci, de la commune où sonté tablis
les sièges en question ; avec, en outre, pour ministère
public, un Commissaire du directoire exécutif à eux
spécialement attaché.
Il devait toujours y avoir trois, au moins, de ceux-ci^
par département; mais il pouvait y en avoir jusqu'à six,
s'en partageant, à cet égard, l'ensemble du territoire, et
y formant, à ce sujet» autant de ressorts distincts.
La Hanche, d'après la loi organisatrice, spéciale, du
19 vendémiaire an IF, ne devait en avoir que quatre,
à : Coutances, Saint-Lo, Falogncs, et Cherbourg; ce qui
négligeait entièrement, à cet égard, le sud du départe-
ment. Mais hieniài Avranches fut pourvu d'une institu-
tion semblable; et Mortainen reçut aussi une, un peu
plus tard, en vertu d'un décret du 23 messidor an IF.
Quel était le ressort géographique de chacun de ces
six tribunaux, qui portent, à raison de leurs lieux d'ins-
— 377 —
lallation, des noms identiques à ceux de nos arrondisse-
ments actuels?
On aurait, à cet égard, tort de supposer qu'il fût ab-
solument semblable à celui de son homonyme, à la
fois administratif et judiciaire^ d'aujourd'hui.
C'est ainsi qu'en particulier celui de CoiUances —
qui, naturellement, doit ici attirer surtout notre attention,
et dont nous avons, au greffe de cette ville, les trois re-
gistres de jugements, du 3 brumaire an IV à ventôse
an vni — avait, en vertu d'un arrêté réglementaire, à ce
spécial, du Directoire exécutif chargé de pourvoir aux
détails d'exécution de ce genre, pour circonscription in-
dividuelle, en outre du territoire actuel de l'arrondisse-
ment du même nom, les cantons de : Picauvilk^ Saint-
Eny, Carentan, Sainte-Marie-du-Mority et SairUe-Mère-
Eglise, appartenant, à présent, tant à celui de Valognés
qu'à celui de Saint-Lo.
(Voir cette composition géographique, du Tribunal correctionnel
en question, sur ses regUtre», à la dàU du 26 brumaire an IV.)
Maintenant, pour la compétence de chacun de ces
nouveaux sièges, elle restait la même, forcément, sauf
un ressort plus étendu, que celle de leurs prédécesseurs
de la période précédente.
Ils avaient aussi', d*après les termes mêmes de la loi
déjà mentionnée, du 3 brumaire anIF, à appliquer, aux
délits à eux soumis, l'ancienne pénalité de celle du
\% juillet 1791 ; du reste modifiée et refondue, par la
première, en ce qui concerne la simple procédure devant
les juridictions correctionnelles : dont l'appel devait,
d'ailleurs, désormais se porter devant le tribunal crimi-
nel du département.
Quant à la juridiction de simple police, elle ne restait Tribunaux
plus, davantage, aux mains de ses anciens magistrats gimpie^uce.
— 378 —
du début. Car, des municipalités communales, elle
passait désormais aux juge$ de paix et assesseurs, de
cantons ou de grandes communes, qui en connaîtraient
avec, à cet égard, pour ministère public, le commissaire
du directoire exécutif près l'administration municipale
de leurs ressorts respectifs.
C'est ce qui aura lieu, notamment, à Coutances et^an-
ton rural environnant; où nous trouvons désormais, de
la sorte, deux tribunaux de simple police : l'un urbain,
l'autre campagnard, à la piaee des deux sièges correc-
tionnels, analogues, de jadis ; et toujours avec registres
distincts, bien qu'à présent réunis au greffe de Tunique
justice de paix actuelle de la ville.
Quant à la compétence, à la pénalité, et à la procé-
dure, à ce relatives, mêmes observations ici qu'en ce qui
regarde la police correctionnelle, vu la complète simili-
tude des faits historiques à cet égard ; avec cette re-
marque, toutefois, que : désormais , les jugements de
police municipale ne sont plus, eux, susceptibles d'ap-
pel.
N'oublions pas, maintenant, de mentionner, au-dessus
de toutes ces juridictions, tant civiles que criminelles,
des divers degrés ainsi parcourus , l'existence, ou plu-
tôt la persistance, du Tribimal suprême de cassation,
composé désormais , par la ConstitiUion de l'an III,
de : cinquante juges , renouvelables par cinquième tous
les ans, et nommés alternativement par les assemblées
électorales des départements , à raison d'un — ac-
compagné d'ailleurs désormais toujours de son sup-
pléarU promu de même — pour chacun de ceux à ce an-
nuellement désignés.
- 879 —
i m. — Cmàtm.
En ce qui le concerne, nous aurons peu de chose à
dire.
Effectivement.
D'une part, en ce qui regarde la religion catholique,
même assermentée, la ConstUtUion de tan III, qui la
trouve déjà séparée complètement de l'état, notamment
parla loi du 2 sans-culottides an III que nous connaissons
de longue date, n'a garde de la rétablir comme culte
officiel; de crainte d'aller chercher ainsi, elle-même,
une nouvelle entrave à l'application de son propre sys-
tème gouvernemental.
Seulement , elle en tolère l'existence et l'exercice à
certaines conditions.
Sans doute elle continue de proscrire les anciens prêtres
re'fractaires à un serment, du reste depuis longtemps
hors de mise; et, s'ils rentrent en France après s'en être
ainsi fait exiler jadis, ils peuvent toujours se voir punir
de mort y en vertu d'une loi spéciale du 3 brumaire an /F,
renvoyante de précédentes ainsi maintenues en vigueur,
et que ra vivra, d'ailleurs, à son tour, celle du <9 fruc-
tidor an F, déjà de nous connue à d'autres points de
vue.
Hais le clergé Constitutionnel, lui, est toujours libre
d'y rester, et même d'y exercer publiquement son culte tel
quel, pourvu : qu'il déclare, formellement, se soumettre
à la souveraineté du peuple français, aux termes de la
loi nouvelle, sur la police des cultes, du 7 vendémiaire
an IF, et, de plus, en vertu de celle, du 1 9 fructidor
an F, précitée, jurer haine étemelle à la Royauté;
et, en tout cas ne fasse, au dehors de l'édifice à lui
— 380 —
«
ouvert pour ses cérémonies religieuses , aucune de
celles-ci, qui doivent, toutes, se passer à l'intérieur.
C'est en se conformant à ces prescriptions légales, et
en recommandant^ à son restant de clergé, de les ob-
server comme lui, que, dans la Manche, Tévêque asser-
merUé continuera , pendant la présente période , ses
efforts constants — de rétablissement, au point de vue
spirituel , de son ancien diocèse officiel — par lui
déjà commencés, ainsi que nous l'avons vu, à la fin de
la précédente.
Concile II y est, du reste, toujours encouragé par le comité
^"*neï,^^^' dit consti^u^ionnef, de Paris, qui, — après avoir adressé,
dit natumaiy de sa propre autorité, aux divers évêques, et principaux
curés, assermentés, de province, plusieurs lettres ency-
cliques, aux fins de les engager à réorganiser provisoi-
ment, au plus vite, les divers diocèses, notamment par
la formation , à Taide des ecclésisastiques les plus
marquants de ceux - ci , de Presbytères ou conseils
spirituels départementaux, destinés à assister, de leurs
conseils, les évéques encore existants comme tels, et
surtout à remplacer transitoirement ceux, en assez grand
nombre, qui auraient disparu, et dont nous trouvons
alors, en effet, la création d'un dans notre département
— finit, par convoquer, dans la capitale, aux fins
d'opérer ainsi la restauration définitive de Téglise cons-
titutionnelle, au moins comme institution religieuse géné-
rale, la réunion, d'un grand nombre de membres de
celles-ci, en concile dit national^ au cours de thermidor
anV.
Ce dernier y tint, en effet, un certain nombre de
séances, et y prit, un grand nombre de décisions, —
notamment sur la réorganisation des diocèses au point
de vue du personnel — dont les nombreuses lacunes lui
parurent pouvoir être, comme jadis officiellement, en
fait, comblés à Taide A* élections populaires? et pour
— 381 —
le gouvernement duquel il établit, au-dessous de celui
supérieur, de Tévéque, désormais assisté, ou plutôt
encombré, de son presbytère (d'ailleurs choisi par les
divers curés de son diocèse) , celui , intermédiaire,
A'archiprêtresj choisis par ceux d'une certaine circons-
cription destinée à subir la surveillance immédiate
d'un de ces sortes d'inspecteurs religieux.
(Voir sur cette matière iotéressante, mais peu connue, les L6ttr$$
encycliques sus dites; et ensuite les jfrocès-verbauXf imprimés, des
séances et décisions du concile sus-mentionné. Voir aussi Tagbm,
Histoire du Clergé français, tome XX, p. 231, 266 et 293 ; et dans
le Journal officiel des 9 et 23 janvier 1879, a^x procès-Tcrbaux des
séances de l'Académie des sciences morales et politiques, le compte-
rendu d'un Mémoire manuscrit, de M. du Chatbllirii, sur ce
sujet).
Voilà ce que l'évéque sus dit, qui avait lui-même pris synodes dio-
part au dit concile, — s'efforça ensuite d'appliquer — ^yf^x^
avec d'autres décisions de discipline et de morale ydelaManche.
prises également^ — dans le département de la Manche ,
où il réuniti, à cette fin, successivement, en l'an VU et
en Tan YIII, deux synodes diocésains, de ses subor-
donnés ; au cours desquels, il essaya vainement de ra-
mener à lui les prêtres non jureurs restés ou rentrés
furtivement dans le pays, et furent pris, en tout état
de cause, pour la réorganisation religieuse de celui-ci
— que Ton divisa préalablement, sous ce rapport, en
trente archvprêirés — une foule de mesures discipli-
naires, dont le texte fut aussitôt imprimé, et dont on .
trouvera, au surplus, l'analyse, ainsi que le récit gé-
néral des deux synodes en question, dans la Revue catho-
lique de Coutances, année 1867-1868, p. 759 et 769 :
article de M. le vicaire-général Gilbert.
Mais tout cela ne devait servir en rien à ramener, à
la vie, un corps frappé mortellement, dès sa naissance,
aux yeux de l'opinion publique, alors que cependant il
- 388 —
avait encore pour lai Tautorité civile, et qni, désormais
abandonoé par celle-ci , et ne pouvant arriver à con-
quérir celle-là, surtout après le scandale individuel
récemment fourni par un grand nombre de ses membres^
devait nécessairement terminer bientôt sa longue agonie
par un anéantissement total; que lui infligea, du reste,
seulement, d'une façon officielle, la période historique
suivante, mais que l'on peut, en fait, regarder comme
déjà consommé dans la présente.
Culte déca- Ce qui ne continua pas moins d'y périr, du moins
aux yeux du public, sous l'indifférence comme sous le
ridicule, c'est le culte Décadaire lui-même.
Fdtesciviques ^^ Constitution de Van III, le prend, cependant,
nouvelles, sous sa protection spéciale, et la loi , sur Tinstruction
publique, du 3 brumaire an IV, vient môme ajouter aux
fêtes exceptionnelles qu'il comportait déjà alors en vertu
de celle du 48 floréal an II, sept solennités nouvelles à
échéances annuelles, fixes, des : 1^ vendémiaire, 40 ger-
minal, 40 floréal, 40 prairial, 40 messidor, 9 thermidor,
et 40 fructidor; dont on pourra voir exécuter le gro-
tesque programme, aux dates sus dites, de l'an lY à
Tan YIII , notamment sur les registres municipaua de
Coutances où elles s'accomplirent alors rigoureusement,
sans préjudice de la solennité ordinaire et chronique de
chaque décade simple.
(Voir, aussi à ce sujet : tant Séguin, Hiitoén de <a Chouannerie^
tome II, livre XVIH, p. 285 et «ufoanCef; qu'un article de M. Gam-
PioH, sur les féie$ natUmalee à Ccien, pendant la Révolution, inséré
dans les Mémoires de V Académie de cette vWe , année 1877, p. 953
etiuiwmtee)»
Il y a plus I le législateur, voyant que, malgré tous ses
encouragements, la comédie civique en question ne
pouvait conquérir le moindre succè^ ni même s'assurer
la fr^uentation telle qu'elle du public, crut à propos.
— 383 —
le 1 7 thermidor an VI, de décréter en sa faveur, et pour
le protéger contre les profanations dont une foule A'mpies
ne manquait pas de la rendre obstinément Tobjel, une
véritable /ot iesacrik'ge: notamment, contre les mar-
chands (sauf ceux d'ornements décadaires, remplaçant
alors les chapelets de Lourdes), et les maîtres d'écoles,
qui se permettraient d'ouvrir leurs établissements un
jour de décade ordinaire ou de fête nationale extraor-
dinaire ; ok la présence au temple, pour concourir à la
célébration de la solennité, fut d'ailleurs imposée aux
fonctionnaires municipaux de chaque canton, ou de
chaque commune ayant une administration spéciale de
ce genre , par un décret ultérieur dn \ 3 fructidor de la
même année.
(Voir, à cette occasion, sar les registres de simpU poUce de la
commiuie de Coutances , une foule de condamnations , fort cu-
rieuses , y prononcées, en Tan VII , pour violation de la loi sus
dite du 17 thermidor an VI, et que nous avons, du reste, résumées
dans le chapitre ii de notre récente Etude sur les JuridUtUms ordi»
noires de la Manche pendant la Aévoitition}.
Hais tout cela ne pouvait rien à la chose, et retarder,
un seul instant, la décomposition de ce nouveau mortr-
né, encore moins viable que l'autre, et qu'il était grand
temps de se décider à inhumer. C'est ce dont se char-
gera encore, sans hésiter, la période historique sui-
vante; à laquelle nous voilà, maintenant, arrivés.
Troisième Période Historique
DE LA constitution DB l'aN VIII A l'eMPIRB.
I«r. ^ Adadntotmttoa pr MMVMeal dite.
Nous abordons, maintenant, une nouvelle et dernière
phase, complétenient différente des deux autres, dont
elle va radicalement modifier les institutions diverses,
pour conduire indirectement, mais sûrement, à substi-
tuer, au gouvernement républicain, celui de TËmpire,
enfin officiellement proclamé le 28 floréal an XII; date
où nous aurons aussi, naturellement, à nous arrêter
dans Texécution de la présente étude.
*^ **'^*^* Effectivement, le 18 brumaire est arrivé, et, aidé de
la majorité du Conseil des Anciens, Bonaparte, qui veut
enfin mettre la main sur le pouvoir suprême par lui
depuis si longtemps convoité et qu'il saura bientôt après
changer en couronne héréditaire placée sur sa propre
tête, a facilement, avec la force armée d'ailleurs pour le
seconder matériellement au besoin, jeté bas le Directoire
en expulsant violemment son Corps législatif; dont il n'a
gardé que deux comfnissions, de vingt-cinq membres
chacune, prises dans les deux conseils de celui-ci, et
composées, Tune et l'autre, de complaisants — parmi
lesquels figurent deux députés nés dans la Manche
(Caillemer, de Carentan, nommé par ce département
même, et Lebnm, de St-Sauveur-Lendelin, qui l'avait
été par celui de Seine-et-Oise), — qui ont mission impéra-
tive de préparer, à son profit personnel, une nouvelle
consiiHUion du pays.
^
— 385 —
Celle-ci, — enaitendant laquelle il se fait, provisoire-
ment en apparence, mais définitivement en réalité,
nommer par les dites commissions, chef consulaire delà
République, depuis longtemps agonisante mais qu*il
vient de tuer tout-à-fait> — paraît promptement, à la
date du 22 frimaire an FUI.
Elle présente^ au point de vue administratif, qui était
de beaucoup le plus important, le^ nouvelles bases sui-
vantes :
La France reste toujours sous l'étiquette républicaine,
pour l'obtention et la conservation de laquelle elle avait
jadis fait tant de sacrifices et qu'il eût été peut-être
imprudent de lui enlever tout d'un coup. Hais, la chose
à laquelle correspond ce mot, elle ne la possède déjà
plus, d'après les dispositions mêmes de la Constitution
en question .
A la tête du gouvernement, celle-ci place désormais Gonsuîs.
trois Consuls, par elle désignés, et oii Bonaparte figure
naturellement en première ligne. Ils sont nommés pour
dix ans d'abord ; en attendant qu'un sénatus-consulte du
1 6 thermidor an X vienne les proroger à vie, comme
acheminement du premier d'entre eux vers l'empire
auquel il a dès le début tendu.
Ces fonctionnaires sont investis d'un pouvoir énorme,
surtout le premier de leur triade, qui n'est déjà qu'un
roi déguisé.
C'est effectivement lui seul qui, désormais, jouant à
cet égard le rôle de grand électeur, et se substituant
ainsi à l'ancien suffrage populaire plus ou moins direct,
nommera à peu prèstous les principaux fonctionnaires des
administrations locales , y compris les membres mêmes
de celles-ci tels que nous allons les voir ci-après définies.
Sans doute, il ne peut pas faire de lois proprement
dites, mais il rend, en consultant seulement ses deux
25
— 386 —
autres collègaes, sur une foule de matières, des arrêtés,
qui, en fait, en ont toute la portée.
Quant aux premières, leur confection appartient, en
principe, à trois institutions nouvelles, du reste, com-
posées et agissant, forcément, de façon à être entière-
ment à la disposition du nàattre sus dit.
Ce sont :
D'abord, un Sénat dit conservateur, composé de
Sénat, quatre-vingts membres tî me, nommés, pour la première
fois par une commission consulaire, et ensuite recrutés,
par son propre choix, sur des candidats à lui présentés
tant par les Consuls que par le Corps législatif et le
Tribunal ci-après; et, chargé, entre autres attributions,
d'annuler les lois — à la délibération desquelles il ne
prend d'ailleurs aucune part — qui lui sembleraient
contraires à la présente constitution.
Ensuite un Corps législatif, non plus double, mais
Corps légis> unique, composé de trois cents membres nommés, sur
• une liste dite nationale, dont il sera ci-après parlé, non
parles électeurs des divers départements comme jadis,
mais par le Sénat sus dit, et renouvela blés par cinquième
tous les ans; et ayant mission de voter, sans du reste les
discuter lui-même, les lois en question.
Enfin un Tribi5nat, composéde cent membres, promus
TribuDat. 6t renouvelables de même, et ayant mandat de discuter
les projets de loi à lui soumis par le Gouvernement
c'est-à-dire par le premier consul — seul habile du
reste à en proposer — puis d'aller, s*il les approuvait
(ce qui devait naturellement se réaliser presque toujours),
les appuyer devant le Corps législatif précité.
Nous aurons soin d'indiquer, plus tard, quel contin-
gent devait fournir notre département au premier recru-
tement de ces divers éléments gouvernementaux.
Voilà pour le pouvoir central nouveau, — que corn-
— 387 —
plétait d'ailleurs, un Conseil d'État, composé de trente Conseil d'état
à quarante membres, nommés par U premier consul, et
chargés spécialement : tant de la rédaction des projets
de loi, que de l'interprétation ultérieure et officielle de
celles-ci au moyen d^ams qui auraient eux-mêmes, une
fois rendus selon les formes voulues, pleine force obli-
gatoire pour tous les citoyens.
Maintenant, comment étaient organisés désormais les
pouvoirs locaux?
La Constitution sus dite ne le disait pas encore. Mais
sa lacune volontaire sur ce point se trouva bientôt com-
blée par la loi du 28 pltmôse an VIII destinée à cet
objet.
Et d'abord, au point de vue géographique, par lequel Nouvelle di-
il faut toujours en pareil cas commencer, la France con- vision
tinuait, comme par le passé, à se diviser, au premier France,
degré, en départements; qui étaient précisément les
mêmes que ceux y existant déjà.
Mais désormais chacun d'eux se subdivisait, avant Arrondisse-
tout, désormais, en Arrondissements composés respec- "^^nts.
tivement de plusieurs cantons.
Le département de la Manche en particulier en rece-
vait cinq : ceux de— Valognes, comprenant Cherbourg qui
n'en eut un spécial qu'en 1811 (voir vérusmor, Hutoire cu
Cherbourg, p. 303) — Saint-Lo, — Coûtantes, — Avran-
ches — et Mortain; qui se retrouvent encore, sauf le
dédoublement du premier, absolument les mêmes au-
jourd'hui.
Chacun de ces arrondissements se fractionnait
d'ailleurs lui-même en cantons, tels que ceux-ci se cons-
tituaient jadis, mais qui furent bientôt généralement
réduits de nombre, sans pour cela changer d'étendue
— 388 —
totale, par la suppression de quelques-uns d'entre eux
avec réunion de leur ancien territoire à leurs voisins
survivants.
C'est ce qui arriva notamment dans la Manche ; où,
en vertu d'une loi du 33 vendémiaire an X, ils se trou-
vèrent , de soixante-trois , réduits aux quarante-huit
d'aujourd'hui.
Enfin, au-dessous des cantons^ et à T intérieur de
ceux-ci, l'ancien morcellement en communes était éga-
lement maintenu, et même, comme nous allons le voir,
accentué de nouveau après son effacement général dans
la précédente période.
Préfeis.
Conseils
généraux^
Conseils
de Préfecture
Cela posé, on pourvoyait , ainsi , à l'administration
tant supérieure que divisionnaire de chaque départe-
ment:
R
A la tête de celui-ci, — et dorénavant avec, désor-
mais , séparation , du reste fort rationnelle , entre :
Yaction, pour l'exécution des résolutions collectivement
prises, et aussi l'improvisation des mesures d'urgence;
la délibération des intérêts généraux de la circonscrip-
tion entière, ne devant plus, d'ailleurs, avoir désormais
aucun caractère politique comme jadis; et h juridic-
tion sur les questions administratives y soulevées — il
y avait :
D'abord un Préfet, organe direct du premier consul,
et un de ses cent bras locaux, nommé, par celui-ci lui-
même, sur la liste dite d^artemsntale dont il sera tout
à l'heure question.
Ensuite, un Conseil général, d'un nombre variable
de membres (vingt-quatre pour la Manche), nommés dt
mim^, eipour trois ans d'abord, mais déclarés renouve-
lables seulement par tiers Ums les cinq ans, dans une loi
du 1 6 thermidor an X.
Enfin, un Conseil de prépegturb , également plus ou
— 389 —
moins nombreux (cinq membres dans la Manche), promu
de la même façon encore.
Nous aurons soin de faire connaître quel fut le pre-
mier personnel de ces divers fonctionnaires dans notre
département; oii nous verrons, de la sorte, plus d'un
ancien jacobin accepter, à cette occasion , dès le début,
le joug du nouveau despotisme, et s'en faire même dé-
sormais le docile instrument.
Maintenant, à la tête de chaque arrondissement , on
trouvera, pour en gérer, mais d'une façon bien plus
effacée, les intérêts spéciaux :
Un Sous-PREFET, pâle réduction du Préfet, nommé, Sous-Préfets.
par le premier consul , sur une liste d'arrondissement
dont nous parlerons ci-après ; et qui se rencontrera , au
début, dans tous ceux du département, même dans celui
du chef-lieu de celui-ci, comme jadis cela se passait du
reste pour les administrations collectives de district :
état de choses qui ne cessera que par la loi du 20 (fe-
cembreiSibj venant le supprimer dans le dit chefrlieu,
pour réunir désormais ses anciennes fonctions à celles
du Préfet y résidant.
Et un Conseil d'arrondissement, sorte de conseil gé- Conseils
néral au petit pied, mais avec des attributions délibéra- ^'arrondisse-
tives presque insignifiantes, composé de onze membres
nommés , de méms , et pour trois ans à l'origine, mais
devenus seulement renouvelables par tiers toits les
cinq ansj en vertu de la loi, déjà citée, du 1 6 thermidor
an X.
Nous donnerons également, plus loin, le premier per-
sonnel de ces administrations secondaires en ce qui con-
cerne la Manche et surtout l'arrondissement de Covr
tances; et nous y verrons se glisser encore un bon
nombre d'anciens serviteurs de la République libre,
empressés de se redorer au nouveau soleil.
Quant aux chefs-lieux des administrations , tant cen-
— 390 —
traies que fractionnaires , sus dites, ils se trouvaient
fixés par une loi du l®' ventôse an VIII, qui, pour la
Manche, entre autres détails, plaçait sa préfecture à
Saint-Lo.
Eofin, au-dessous des arrondissements — sans ren-
contrer désormais, à cet égard, les cantom, dont les
administrations spéciales sont à présent supprimées, —
nous trouvons^ à la tête de chaque cœnmime quelle
qu'elle soit, pour en gérer les intérêts spéciaux :
Maires D'abord, un Maire, et un ou plusieurs Adjoints selon
et adjoints la population (deux à Coutances)^ nommés, par te pre-
mier consul encore , dès que la population dépassait
(comme dans la dite ville) cinq mille habitants, et, au-
dessous, far le préfet, sur la liste ci-après mentionnée,
et pour cinq ans d'après la loi, déjà plusieurs fois
mentionnée, du 16 thermidor anX.
y Et un Conseil MUNICIPAL, chargé des délibérations
municipaux, locales, et composé d*un nombre variable de membres
(trente à Couiances), nommés, par le Préfet, pour irais
ans d'abord, et déclarés renouvelables seulement par
moitié tous les dix ans, dans la dite loi.
Nous ne manquerons pas de faire, à celte occasion,
connaître les noms de ceux qui, dans cette ville, endos-
sèrent les premiers la nouvelle livrée.
Tel était l'ensemble principal de la nouvelle machine,
dont le directeur suprême s'était, comme il est facile de
Je voir, réservé le mouvement général médiat et im-
médiat.
Mais, pour la faire connaître d'une façon suffisante,
il nous faut encore indiquer où devait, d'après les règles
et en quelque sorte la recette de sa récente construc-
tion, se recruter le personnel divers sus dit; et quel
était le réservoir spécial oii il devait se puiser.'
— 394 —
La ConstiitUion de l'an FUI s'était elle-méine char-
gée de pourvoir à ce besoin, de la façon suivante :
Réunis dans des comices à ce formés — et se réité- yg^g
rant tous les trois ans pour reviser au besoin leurs pré- d'éligibilité,
cédentes opérations, — les citoyens de chaque arron-
dissement devaient*, par leurs suffrages, désigner un
dixième d'entre eux pour en composer ainsi une Liste
d'éligibilité locale; sur laquelle devaient ensuite être
pris, par lesdiverscollateurs ci-dessus désignés, les dif-
férents fonctionnaires du dit arrondissement ou fraction
de celui-ci.
Puis, eux-mêmes assemblés dans d'autres comices
analogues, les membres de la dite liste, ainsi que de
toutes celles ainsi formées dans chaque arrondissement
du même département , devaient pareillement désigner
un dixième d'eux tous , de la sorte choisi au second de-
gré de suffrage, pour former une autre Liste dite d'éli-
oiBiUTÉ DÉPARTEMENTALE ; sur laqucUc Seraient ensuite,
de même, pris les fonctionnaires destinés à la dite cir-
conscription totale.
Enfin , par une troisième opération , les membres de
cette dernière liste devaient indiquer, à leur tour, un
dixième d'entre eux comme les plus aptes à remplir les
fonctions dites nationales, c'estrà-dire : de député, de tri-
Inmon déjuge du trilnmal de cassation; Aoni la collation
se faisait, à ce moyen, sur une liste totale dite d'éligi-
bilité NATIONALE , forméo par la réunion générale de
toutes celles de cette dernière nature ainsi dressées dans
les divers départements.
Mais, le i& thermidor an X, au moment ou Bonaparte,
se faisant nommer, par le même décret, consul à vie,
voulait consolider encore mieux ^dans ses mains les
rênes ainsi par lui plus décidément appréhendées, ce
premier système de pépinière gouvernementale, se trou-
vait, tout en subsistant en principe, modifié de la façon
— 392 —
suivante, du moins relativement à certaines promotions
tant judiciaires qu'administratives :
dTcMiUm* ^ '^ ^^^® ^^ nouveau procédé, ou plutôt du perfec-
tionnement en question, se trouvent, à Tétat en quelque
sorte permanent — c'est-à-dire pouvant être au premier
moment convoquées — des Assemblées, dites db canton,
composées de tous les citoyens domiciliés dans tout res-
sort de ce nom.
«
Elles sontdirectement chargées de présenter, à qui de
droit, deux candidats, pour un d'eux être élu à diverses
fonctions locales du dernier degré, par exemple à celle
de conseiller municipal.
Mais elles ont surtout mission d'aider à former, par la
GoUéges réunion à cet égard de leurs résultats individuels à ceux des
d^ârrondii^ autres cantons du même arrondissement, ce qu'on appelle
ment. un Collège électoral d'arrondissement, composé d'un
nombre variable d'individus à ce désignés, à Dte, par
les diverses assemblées de canton ci-dessus dites.
C'est désormais ce collège qui , chacun pour sa cir-
conscription, présentera aux places du conseil d* arron-
dissement, par la désignation, de deux candidats pour
chacune d'elles, au premier consul qui en prendra for-
cément un.
éiect^aux Ii'assemblée de Canton, qui Ta ainsi partiellement
d' bf t ^^^^^* aidera aussi, de même, à composer, en concours
' avec ses semblables du même département, un autre
sorte de collège électoral dit Collège de département,
également nommé â vie, mais sur une liste spéciale de
grands propriétaires du dit département à ce désignés
par le ministre des finances.
C'est ce dernier collège qui dorénavant présentera,
d'une façon analogue, pour la nominatioo, soit des con-
seillers généraux, soit des membres du sénat ou du
corps législatif, appartenant à la contrée.
Nous avons, en ce qui concerne spécialement la
— 393 —
Manche, présentement sons les yeux un tableau, im-
primé^ de son coUége électoral du département d'alors ;
où nous trouvons trois cent soixante-deux noms, dont
soixante-et-un appartenant au seul arrondissement de
Coutances. Mais nous n'avons encore pu découvrir ceux
des collèges électoraux^-spéciaux, de ses divers arrondis-
sements, quK sans nul doute ont été cependant également
publiés.
Telle est en gros , et cette fois d'une façon compré-
hensive, la nouvelle œuvre administrative.
Mentionnons, maintenant, comme accessoires:
Au point de vue Financier :
L'établissement, le 27 ventôsean VJIJ^ dans chaque ar- Receveurs
rondissement,d'un Receveur particulier des finances, particuliers,
chargé de centraliser en premier lieu les versements de
tous les percepteurs des contributions de sa circonscrip-
tion, pour en verser ensuite le total dans la caisse du
* recetm^ général du département, qui est du reste con-
servé.
. Quant aux produits des ventes des biens d'émigrés,
ils sont toujours payables aux mains des divers rece-
veurs spéciaux des domaines. Hais désormais ce point
a bien peu d'importance, vu l'amnistie qu'à certaines
conditions, le premier consul va bientôt, pour s'en faire
des amis s'il le peut, accorder, à ces proscrits, par les
lois des : 13 ventôse an VIII, 28 vendémiaire an IX, et
surtout 6 floréal an X.
Ensuite, en matière d* Instruction publique :
La réorganisation générale de celle-ci, le 11 floréal Lycées.
an X, notamment par la création : d'EcoLEs primaires
COMMUNALES, SOUS la surveilUncc des sous-préfets, et
avec instituteurs choisis par les administrations muni-
— 394 —
cipales;et, à la place des écoles centrales, alors, du moins
implicitement, supprimées, des Ltgébs gouvernemen-
taux, avec professeurs nommés, par le premier consul,
sur la présentation d'inspecteurs généraux des études —
le tout sans préjudice des efforts tant des établissements
secondai res communaux, que de ceux quelconques de Y en-
seignement libre, encore alors toléré, jusqu'à l'établisse-
ment du monopole imiversitaire par les décrets des 10
mai 1 806, et 1 7 septembre 1 808.
Enfin, en matière MilUaire locale :
La réorganisation, ou plutôt la possibilité d'une con-
vocation instantanée, de la garde nationale dans les dif-
férents cantons, arrondissements et départements, réunis
ou isolés, au gré de l'Empereur, qui alors en nommera
lui-même les oflBciers, — par les décrets des 2 et 8 tj«n-
démiaire, an XIV; qui , du reste, devaient, pendant tout
l'Empire, qui se défiait du caractère éminemment popu-
laire d'un semblable élément de défense, rester, en fait,
lettres mortes.
Quant à la Gendarmerie, parla loi du 17 pluviôse
an FUI , l'admission, dans ses rangs , devenait 'du
seul ressort du ministre de la guerre; qui conserva,
d'ailleurs, cette attribution dans la loi, de réorganisation
du dit corps, du 12 thermidor an IX,
Nous en avons, de la sorte, fini avec les institutions
administratives proprement dites du Consulat, que le
prochain règne pouvait, comme il le fit, se contenter
d'adopter, une fois arrivé à s'installer par un simple
changement d'étiquette gouvernementale.
Voyons donc, à présent, le paragraphe suivant.
— 395 —
n. — Jwitlee.
Il était naturel que celle-ci participât largement aux
innovations du nouveau régime qui venait de s'ouvrir.
Et c'est ce qui, en effet, ne devait pas manquer d'ar-
river, tant en ce qui regarde la justice civile, qu'en ce
qui concerne la justice répressive^ en vertu, tant de la
Comùitution de tan FUI elle-même, que de la loi, à
ce spéciale^ du 27 ventôse sMiiDani.
Et d'abord, pour ce qui est de la justice civile.
On conserve au bas de Téchelle, avec leur ancienne
compétence, les juges de faix de chaque canton , et
même de chaque commune de plus de deux mille âmes,
établis dès 1 790 ; sauf suppression^ toutefois, bientôt
de ceux-ci, notamment dans la Manche et spécialement
à CoiUances, où, en l'an J, en vertu d'une loi, déjà citée,
du 23 vendémiaire, nous voyons réunir ensemble, sous
le titre de la première, les deux justices de paix du
canton et de la ville de ce nom , avec distraction ,
toutefois, de son ressort, des communes de : La Fendelée,
Gralot, Orval, et Monthuchon, en dépendant jadis.
Mais désormais ils sont choisis par le premier consul
lui-même, pour dix ans^ sur deux candidats à lui pré-
sentés, à cet égard, par l'assemblée des citoyens du
canton. C'est ce que décide la loi du \& thermidor an X,
modifiant à cet ^ard la constitution de Tan VIII, qui,
par exception, avait, en ce qui les concerne, conservé
les anciennes élections populaires directes.
De plus, dès le 39 ventôse an JX, on les débarrassera
de leurs assesseurs, alors supprimés et remplacés par
JUSTICK
CIVILE.
— 396 —
des suppléants ne devant siéger qu'à défaut du titulaire
empêché.
Nous aurons plus tard soin d'indiquer leur personnel
d'alors, pour le canton de CatUances,
En revanche, il n'y a plus de tribunal civil de dépar-
tement, pour le jugement des véritables procès.
Tribunaux II est en effet supprimé, et remplacé, dans ses an-
**'mi^"*' ciennes attributions judiciaires départementales, par des
Tribunaux dits d'ÂRRONoissEMENT , établis, avec un
ressort identique à celui de cette subdivision administra-
tive, dans chacun de ceux des divers départements, et
composés : d'un nombre variable de Jugbs et de Sup-
pléants (à Coutances, quatre des premiers et trois des
seconds) nommés, à vie, par le premier consul; plus d'uTi
Commissaire du gouvernement , chargé du rôle de
ministhe public.
Mous aurons soin de donner, pour Cou4ances — où
fut naturellement installé un tribunal de ce genre, dont
nous avons, à son greffe, les divers registres — le nom
des membres de son premier personnel.
Ces nouvelles juridictions , qui rappelaient assez les
anciens tribunaux de district, recevaient, comme eux —
en outre de leurs aitributions normales : de statuer direc-
tement sur les contestations principales de leur ressort,
— celle déjuger les appels des justices de paix com-
prises en celui-ci.
Mais ceux de leur propres décisions n'étaient plus,
comme jadis, soumis à une juridiction du même ordre.
s
Tribunaux Effectivement, désormais il est créé un Tribunal spé-
d'appel. ^i3i d'Appel — appelé Cour à partir du 28 floréal
an XII — dans chacune des dix-sept circonscriptions à
à ce établies dans toute la France et dont chacune com-
prend, à la fois, un nombre variable de départements,
dans son ressort de ce degré.
- 397 -
C'est ainsi qa il en est placé un à Caen, qui, dans
le sien, renferme, avec ceux du Calvados et de VOme, le
département de la Manche.
Chacun de ces tribunaux supérieurs se composait
d'un nombre variable de Juges (vingt-et-un à Caen),
nommés, à vie y par le premier consul y qui désignait
aussi \t\ïr président; plusd'un Commissaire du gouver-
nement, pour ministère public.
Ils n'avaient, du reste , encore aucune compétence en
matière correctionnelle, dont les appels étaient alors
portés ailleurs ainsi que nous allons le voir; de telle
sorte que Ton ne peut les comparer entièrement avec les
cours d*appels actuelles.
Ils statuaient toutefois aussi sur les appels des Tri-
bunaux decommerce; à la composition desquels il n'était,
du reste, rien innové.
De ces diverses juridictions , allaient , d'ailleurs ,
à présent, dépendre, non-seulement la corporation des
huissiers y mais encore celle des Avoués, à ce moment-
là rétablis ; nommés, les uns et les autres , par le pre-
mier consul, sur la présentation de leur futur tribunal.
Quant aux Avocats, ils ne devaient retrouver leur
ancien barreau, et même leur titre oflSciel, que le 22 ven-
iôsean XII, dans un décret relatif aux écoles de droit
alors aussi réorganisées.
Enfin les notaires jadis nommés au concours , le sont
désormais par le premier consul , en vertu de la loi du
25 venlôse an XL
Avoués.
Maintenant, quant à la justice répressive :
On conservait , d'abord , en matière de crimes , à Justicb
chaque département, son Tribunal crim,inel de jadis,
EiPRBSSIVB
— 398 —
Organisation qui, pour la Manche, devait contiûuer de siéger à Cou-
des ^ ^
Tribunaux tances,
criminel». ji^js désormais il se composait seulement d*un Pré-
«jsiDBNT et de dettx Juges assesseurs , avec deux Sup-
pléants de ceux-ci , plus d'un Commissaire du gouver-
nement, sans accusateur public.
Tous étaient nommés />ar fe premier consul, et pris : le
premier, pour un an, parmi les juges du Tribnnal
d'appel civil dont nous avons précédemment parlé et
dont celui-ci ne continuait pas moins de faire virtuelle-
ment partie ; et les autres , n'importe Ou , notamment
les assesseurs sus dits, désormais d'ailleurs attachés
d'une façon exclusive et permanente à la juridiction en
question, au lieu d'être, comme jadis, temporairement,
et à tour de rôle, simplement empruntés à une autre.
Ainsi transformés dans leur composition — dont nous
donnerons, du reste, bientôt le nouveau personnel en ce
qui regarde celui de la Manche, — ces tribunaux con-
servaient , d'ailleurs , et leur ancienne compétence et
leur ancienne manière d'opérer.
Toutefois, relativement à la première, une grave mo-
Tribunaux dification fut bientôt introduite en ce qui concerne cer-
s^aux! ^^^^^ crimes — tels que les incendies, et la fausse monnaie
— parla loi du i8 pluviôse an L¥, instituant, pour les
juger exclusivement, des juridictions exceptionnelles,
dites Tribunaux criminels spéciaux, composés: du pré-
sident et de deux juges du tribunal criminel ordinaire,
de trois officiers militaires , et de deux hommes de
loi; les cinq derniers à ce désignés par le premier
consul.
Là, plus de jury d^accusation, ni même de jugement,
ni de recours en cassation. C'était une sorte de conseil
de guerre modifié.
Il fttty dans la Manche notamment, établi un de ces
— 399 —
tribunaux, dont nous avons, au greffe de Coutaaces,
deux registres , allant de floréal an IX à 4 84 4, où de pa-
reilles juridictions furent abolies par la nouvelle charte.
Nous ferons également connaître le personnel à lui
propre.
Maintenant, quant à la procédv/re crimimUe à appli-
quer aux cas, du reste toujours les plus nombreux,
néanmoins restés de la compétence du Tribunal cri-
minel ordinaire, elle se trouva — tout en conservant en
principe ses anciens caractères, et notamment le double
jury^ A'accmation et Aq jugement, des codes de 1791 et
de Tan IV — sur certains points modifiée par une loi du
7 plumôse an IX, confiant désormais presque toute la
'police judiciaire à un substitut du ministère public près
le tribunal criminel.
Tel fut le dernier état ou devait rester cette juridiction
jusqu'au moment où elle fut, par le Code d'instruction
criminelle de 1808, supprimée définitivement, pour
faire place — avec une procédure différente, (notam-
ment au moyen de la disparition du jury d'accusation)^
et aussi un Code pénal nouveau — aux Cours d'assises
actuelles, composées, comme chacun sait, d'une toute
autre façon qu'elle.
La police correctionnelle fut, elle aussi, et d'une ma*
nière bien plus complète, remaniée en Tan YIII. tionneUe.
Effectivement, la loi du 27 ventôse, sus dite, la confie
désormais, — à charge d'appel devant le tribunal cri-
minel du département — non plus aux tribunaux exclu-
sifs de Tan IV, qu'elle supprime complètement, mais bien
aux tribunaux d^ arrondissement eux-mêmes, pour tous
les délits commis dans leur ressort, tels que les définit la
loi, à cet égard conservée encore, du 1 9 juillet 1 79 1 , et
sauf l'addition, par celle du 25 frimaire an FUI, à son
— 400 —
éDumération, de certains, crimes que celle-ci correctio-
nalise désormais pour eo assurer mieux la répression ul-
térieure.
Simple PoUce Enfin, la police municipale, telle du reste qu'elle se
trouvait alors définie déjà, était maintenue aux jtbges de
paix, sauf appel devant le tribunal d'arrondissement
dans le ressort duquel ils se trouvaient compris; avec,
pour ministèrepublic futur, soit \q commissaire de police,
soit l'adjoint au maire, de la commune de leurs sièges
respectifs.
Prisons Notons ici que les Prisons dépendant de ces diverses
juridictions répressives restèrent, encore longtemps
après l'avènement d$ Consulat, dans le plus déplorable
état, notamment pour la Hanche; comme le prouve
V Annuaire de ce département, de Tan XII, p, 69, cons-
tatant : qu'alors encore, l'exiguité du local empêchait d'y
séparer les sexes.
Terminons, à présent, cette double nomenclature, ci-
vile et répressive, en mentionnant que, d'après la loi du
27 ventôse an FUI, le Tribwuil de cassation devait dé-
sormais se composer de quarante-huit juges nommés,
par le Sénat, sur la liste nationale dont il a été parlé
déjà pour d'autres hypothèses.
• — Galie.
11 ne nous reste plus à traiter ici que la question reli-
gieuse. Et ce sera bref.
Effectivement :
D'une part, il n'y a plus à s'occuper, dans cette der-
nière période historique, de Véglise constùMionneUe^ qui
— 404 —
ne fait plus qu'y agoniser, malgré raQDODce d'une nouvelle
tentative de concile dit national; lequel, une fois réuni à
Paris, en Fan X, ne peut que constater le désarroi
complet de son schisme, et se trouve bientôt, du reste,
dissous par la signature du Concordat dont nous allons
parler tout à Theure.
D'autre part, il en est pire encore, peut-être, du culte
décadaire, qui, bien que d'abord toléré, et même au
début toujours prescrit, du moins aux autorités consti-
tuées, par la nouvelle loi (Voir celle du 7 thermidor an
VIII), était, en fait, tellement tombé dans le mépris
public, qu'à CotUances nous ne le retrouvons plus, sur
ses registres municipaux, après le 18 brumaire. Du
reste, le Concordat ci-après devait lyentôt le supprimer
officiellement; et même le Calendrier républicain, sur
lequel il se basait, allait, à son tour, disparaître, par la
loi du 22 fructidor an XIII.
Il fallait donc bien, désormais, renoncer à ces deux
fictions si bien usées Tune et l'autre; et, comme on ne
pouvait cependant se passer d'un culte quelconque,
revenir tout simplement, pour satisfaire d'ailleurs aux
vœux presque unanimes du public en cette matière, à
celui de la grande communauté des catholiques.
Celui-ci, du reste, était déjà rétabli en fait; car, grâce
au zèle des prêtres non jureurs — dont beaucoup étaient
toujours, notamment dans la Manche, restés secrètement
au pays, en correspondance étroite d'ailleurs avec les
anciens évêques exilés; et dont un plus grand nombre
encore y affluaient depuis peu, vu la tolérance complète
du gouvernement nouveau en ce qui concernait leur
retour, qu'il faisait semblant d'ignorer malgré l'illéga-
lité encore existante de celui-ci, — partout les autels
catholiques romains se redressaient devant des fidèles
— 402 —
s'y pressant en foule enthousiaste, et devenaient aussi
encombrés d'adorateurs que leurs concurrents de jadis
demeuraient déserts et avilis.
Le plus sage était donc d'en prendre son parti, et
même d'aller chercher une nouvelle force gouverne-
mentale dans le rétablissement oflSciel de cette religion
persécutée, que Ton ne pouvait arriver à étouffer en
JPrance, et qui, àTheure même, y révélait si triompha-
lement sa profonde influence morale.
Concordat. C'est ce que comprit Bonaparte; i|ui, — après avoir,
à cet égard , fait négocier un nouveau Concordat reli-
gieux, non-seulement avec le Saint-Siège, mais encore
avec : les anciens évêques réfractaires, d'une part, et,
de l'autre, leurs successeurs constitutionnels, de façon à
en obtenir, à cette occasion, des concessions réciproques,
sans lesquelles Taccord projeté devenait impossible au
moins dans son exécution, — vit enfin, le 23 messidor
an IX, s'accomplir, par la double signature, de lui et
du légat papal, au pied d'un acte en réglant les diverses
conditions, cette grande œuvre de pacification et de res-
tauration religieuse, dont les dispositions nous régissent
encore aujourd'hui sous la date du 1 8 germinal an X
qui est celle de leur promulgation législative en même
temps que des articles organiques y ajoutés unilatérale-
ment par le gouvernement consulaire.
D'aprèscet acte, qui divisait, aupoint de vue ecclésias-
tique nouveau, la France — désormais redevenue, par
decôutânces. lui, catholique de droit comme de fait, — en dix mé-
^ropo/es archiépiscopales, comprenant, dans leurs diverses
enclaves cinquante-deux évêchés en total, c'est-à-dire,
en moyenne, un pour deux des départements alors com-
pris dans l'ensemble du territoire, le département de la
Manche se trouvait former encore, à lui seul, un de
ceux-ci, dépendant de la métropole de Rouen; qui, da
Rétablisse-
ment
de Tévêché
— 403 -
reste, ne s'étendait plus, en dehors de celui-là, qu'aux
sièges de : Rtmen^ Evreux, Séex et Bayeux^ assis dans :
la Seine-Inférieure, l'Eure, l'Orne, et le Calvados.
Coutances^ — qui restait, dans celte nouvelle organi-
sation, le chef-lieu de la circonscription épiscopale, ainsi
rétablie, et où d'ailleurs l'ancien évéché d'Avranches ne
se trouvait pas restauré — vit bientôt, à la suite du
Concordat, lui arriver un nouvel évéque, légitime,
cette fois, en remplacement : tant de son ancien pasteur
réfractaire, récemment mort en Angleterre, que de' son
récent évéque Constitutionnel, qui, s'étant personnelle-
ment réconcilié avec le Saint-Siège, avait, dans le rema-
niement que Ton venait de faire des divers diocèses,
obtenu, de même que plusieurs de ses anciens collègues
assermentés jadis mais maintenant rentrés au bercail,
un autre de ceux-ci : celui de Faïence^ oii il mourut
quelques années après.
Nous donnerons plus loin le nom de son remplaçant
dans nos contrées.
Nous donnerons également celui de Tétat-major épis-
copal dont il s'entoura dès le début, c'est-à-dire, tant de
%^mcair es-généraux, que de son chapitre; dont le Con-
cordat sus dit autorisait aussi le rétablissement.
Celui-ci laissait , d'ailleurs , aux divers évéques , le
soin de fixer, d'accord avec l'autorité civile, le nombre
définitif, et les limites respectives, des paroisses spiri-
tuelles de leurs diocèses, qui seules devaient avoir des
curés en titre, et aussi des sibccursaks, ne devant recevoir
que de simples desservants; et, une loi, du 11 prairial
an Ail, vint bientôt les mettre en demeure d'y pro-
céder.
C'est ce qui eut alors lieu dans la Manche ; où, de Refonte des
cette façon, s'opéra, à cet égard, à peu de choses près, ae^Stmche,
la distribution ecclésiastique qui y règne encore aujour-
d'hui, notamment dans la ville épiscopale elle-même.
— 404 —
dont l'église cathédrale cessa , à nouveau , d'être
paroissiale, tandis que les deux églises : de Saira-Pierre,
d'abord, et de SaivU-Nicolas, ensuite, le redevinrent
comme avant la Révolution , mais , toutefois , avec des
#
délimitations spirituelles bien autres que celles qu'elles
avaient jadis.
Nous fournirons également le premier personnel nou-
veau de celles-ci.
Mais, de la sorte, la paix religieuse n'était pas encore
complètement rétablie dans nos contrées; où surgit alors,
comme au reste dans d'autres de l'ouest de la France,
une sorte de secte d'anti-concordataires, dite de la petite
église ou des bétoumés, qui, plus catholique que le pape,
ne voulait pas , comme lui , céder devant les circons-
tances de force majeure, et, prétendant ne pas recon-
naître les concessions qu'il s'était ainsi vu forcé de faire
tant à l'autorité civile qu'à l' ex-clergé constitutionnel,
refusait obstinément de se ranger sous les ordres de
nouveaux pasteurs de la sorte intronisés. .
Seulement le temps et le ridicule ne tardèrent pas à
avoir raison de ces illuminés , et, dès le Concordat, on
peut considérer la crise du culte catholique comme véri-
tablement terminée chez nous ; sans que l'on ait à s'y
inquiéter de ces dernières étincelles d'un désordre dont
le grand foyer est désormais, heureusement, pour tou-
jours éteint.
Mous en avons, ainsi, fini avec la première partie
de notre travail; et nous pouvons, maintenant, passer à
— 405 —
la seconde» où nous allons — à l'aide de documents au-
thentiques , mafô tellement nombreux et variés qu'il
nous sera impossible d'essayer d'en indiquer à cet égard,
— énumérer, en suivant le même ordre à la fois chro-
nologique et rationnel , les principaux personnages qui
ont, à l'époque révolutionnaire, dans les diverses phases
de celle-ci , occupé, sur ou pour le territoire de notre
département, et surtout à CotUances et dépendances, les
différents postes : administraUfs, judiciaires, et reli-
gieux^ que nous venons de passer ainsi en revue générale.
Personnages, parmi lesquels on retrouvera, d'ailleurs,
plus d'un nom déjà par nous cité dans notre irUroduc-
tion historiqm SUT le Colentin avant 1789; dont, au
surplus, la présente étude n'est, en réalité, comme nous
l'avons déjà dit, que le complément naturel et immédiat.
DEUXIËKE PARTIE
NOMENCLATURE
Première Période
DE 1789 A LA CONSTITUTION DE l'aN III
1 1«%— Adailniatratloii proprement dite.
MEMBRES DE L'ASSEMBLÉE PROVINCIALE
DE BASSE-NORMANDIE
APPARTENANT AU GOTBNTIN :
Ordre du Clergé.
DE Talaru de Chalmazel, évéque de Coutances.
Godard de Belbeuf, évéque d'Avranches.
d'Aj^ïneville de Chiffrevast, abbé de St-Sever.
de CussYy archidiacre de Coutances.
Yerdier, prieur de l'abbaye de Savigny-le-Vieux.
Hardy, prieur d'Englesqueville-en-rAitre.
Ordre de la Noblesse.
d'Anneville, marquis de Chiffrevast, seigneur de Tamerville.
d'Auxais, seigneur du Mesnil-Yéneron.
— 407 —
DU QuESNOYy marquis du Quesnoy.
DE Yassy, seigneur de Brécey.
Kadot de Sebbyille, seigneur de Savigny.
Ordre du Tiers-EtcU.
de Colleyille, maire de Yalognes. .
Le Yéel, de Lieusaint.
DE Bagilly, maire de Saint-Lo.
Bernard du Chesne, avocat du roi à Saint-Lo.
Desplanques du Mesnil^ maire de Carentan.
Heryieu de Pont-Louis, lieutenant particulier au bailliage de
Carentan.
DE Yaufleury de Saint-Cyr, maire de Mortain et lieutenant-
général du bailliage de cette ville.
Levesque, avocat du roi au bailliage de Mortain (probablement
le décapité du Tribunal révolutionnaire de Paris, men-
tionné dans notre Etude^ ad hoc, p. 85.]
Tesnière deBremesnil, maire d'Avranches.
Meslé, d'Avranches.
BuRDELOT, vicomte de Pontorson.
Fremin de Beaumont, maire de Coutances.
(Voir noHcey sur lui, dans l'Annuaire de la Manche^ année 1839, p. SI84.)
Gabriel de Cussy, de Coutances.
DE LA Lande-Mesnildrey, Rvocat à Coutances.
MEMBRES DE LA COMMISSION IRTERMÉDIAIRE
DE LA DITE ASSEMBLÉE PROVINCIALE ,
APPARTENANT AU COTENTIN :
DE Talaru, évéque de Coutances ; pour le Clergé.
DE Yassy, seigneur de Brécey ; pour la Noblesse.
DE la Lande-Mesmldrey, avocat à Coutances ; pour le Tiers-Etat.
déjà précédemment mentionnés.
-. 408 —
COMPOSITION DE L'ASSEMBLÉE D'ÉLECTIOR OU DE DÉPARTEMEIT
DE COUTANCES
SUBORDONNÉE A LA DITE ASSEMBLÉE PROVINCIALE.
Ordre du Clergé.
DE CussT, chanoine (une des victimes de la fournée coutançaise,
le 3 thermidor an II); président de la réunion.
GouiN, curé de la Lande-d'Airou.
PiGNET, prieur-curé de Saint-Denis-le-Gast.
BoNNiER, curé deMuneville-le-Bingard.
DE Beaudre, chanoine.
Ordre de la Noblesse,
de Cussy-Mandeville, de Coutances.
Lebougher de Yallefleur^, de Granville.
Leforestier de Mobegq, seigneur de Ver (une autre des vic-
times de la dite fournée).
Fraslin, seigneur du Lorey.
Des Marets, seigneur de Montchaton, lieutenant -général du
bailliage présidial.
Ordre du Tiers-Etat,
Alexandre^ échevin à Coutances.
Bonté, médecin à Coutances.
{Notice, sur lui, dans l'Annuaire de la Manche, année 1829, p. 303.)
Perrée- Duhamel, négociant à Granville.
HuGON de la Cour, id.
Roger-Beaudry, avocat et notaire à Hambye.
Lefèvre-Dubuisson, avocat à Gavrav.
Sadot, propriétaire à Savigny.
Leforestier, id. à Saint-Sauveur-Lendelin. ^
Leclerc, id. à Regnéville.
Lemonnier du Parc, négociant à Bréhal.
- 409 -
COMPOSITION DU BUREAU IRTERMÉDIAIRE
DE LA DITE ASSEMBLÉE D'ÉLECTION
Membres proprement dits :
BoNNiER, curé de Muneville-Ie-Bingard; pour le Cierge'.
Leforestier de Mobecq, seigneur de Ver; pour la Noblesse.
Bonté, médecin à Coutances ; \
HuGON DE LA CouR, négociaut à Granville ; 1 P^"** '^ Tiers-Etat.
m
précités.
Syndics :
Fremin de Beaumont, maire de Coutances, déjà mention-
na ; pour la Noblesse.
Le Tullier, procureur du roi au tribunal de TElection de
Coutances ; . pour le Tiers-Etat.
Greffier.
Caillard, receveur des décimes ecclésiastiques à Coutances.
DÉPUTÉS DU COTENTIN
AUX ÉTATS-GÉNÉRAUX DE 1789.
Ordre du Cierge'.
1 Le Lubois, curé de Fontenay.
2 BÉGHEREL, curé de Saint-Loup.
(Voir notice dans la Biographie normande de LoRiroN, au dit nom#
p. 84).
3 Lerouvillois, curé de Carantilly.
4 DE Talaru, évéque de Coutances.
— 410 —
Ordre de la Noblesse.
5 Aghard de Bonvouloir, seigneur du Dézert.
6 DE Beàudràp^ seigneur de Sotteville.
7 Arthur de la Yillarmois, d'Avranches.
8 Leglerg de Juigné, seigneur de La Baleine et de Ste-Mère-
Eglise.
Ordre du Tiers-Etat.
9 Lesagher la Pallière, avocat à Mortain.
(Voir fkotice^ sur loi, dans VEistoire de Mortain par Sactagb, p. 386.)
iO Burdelot, vicomte de Pontorson; précité.
11 Vieillard de Boismartin, avocat à Saint-Lo.
{Yoir Biographie normande sus-dite, p. 556,)
12 Bernard-Dughesne, avocat du roi au même lieu; précité.
1 3 Perrée-Dcham EL, négociant à Granville ; id.
14 Desplanques du Mesnil, maire de Carentan ; id.
15 PouRET-RoQUERiE, procurcur du roi au bailliage de Périers.
(Voir notice dans V Histoire de CotUances, de M. Quknault> p. 952.)
16 Angot, lieutenant-général au bailliage de Saint-Sauveur-le-
Vicomte.
DÉPUTÉS DE LA MANCHE
A l'assemblée législative.
Titulaires.
1 DuvAL LA Valette, de Gréville, administrateur du Dépar-
tement.
2 Poisson de Coudreville, de Saint-Lo, id., et juge du
tribunal de district de cette ville.
3 EuvREMER, de Périers, administrateur du Département.
4 Lemoine - Villeneuve , de Mortain, juge au tribunal de
district de cette ville.
(Voir Sauvage, i6ki., p. 384.)
— 411 —
5 Després, de Yalognes, administrateur du Département.
6 Sauvé, de Dacey, négociant et maire au dit Ûeu.
7 Tesson, de Monthuchon, administrateur du Département.
8 Le Tourneur, de Cherbourg, capitaine du génie en la dite
ville.
(Voir LBBftBTOR, ouwrage préeUé^ p. 564.)
9 Le Tellibr du Hutrel, de Saint-Lo.
I 10 GiROULT, de Yilledieu, avocat, et administrateur du Dis-
j trict d'Avranches.
I 14 Lerebours-Pigeonnière, de St-Hilaire-du-Harcouet^ juge
I au tribunal de district de Mortain.
(Voir Annuaire de la Manche, 1889, p. S95.)
12 Le Pigeon de Boisval , de Coutances, maire de la dite ville
(fils de Le Pigeon de Launay, un des décapités du
3 thermidor an II, à Paris),
1 3 Quesun, médecin à Barfleur.
Suppléants,
1 YvER, de Carentan, administrateur du District de cette ville.
2 BouRsiN, de Mortain, vicaire épiscopal à Coutances.
3 RiBET, négociant à Tourlaville.
(Voir Lebreton, ouvrage précUé, p. 910).
4 Pradier, de Cahors, adjudant militaire.
5 BuRDELOT, d'Avranches, receveur du District d'ibid. ; déjà
mentionné comme vicomte de Pontorson.
DÉPUTÉS DE LA MANCHE .
A LA CONVENTION NATIONALE
Titulaires.
1 Sauve, de Ducey, ex-député à la Législative; précité.
2 Poisson de Coudreville, de Sainl-Lo, id.
3 Le Moine Villeneuve, de Mortain, id.
4 Le Tourneur, de Cherbourg, id.
— 448 —
5 RiBET^ de Tourlaville, ex-suppléant à la Législative.
6 PmEL, de Saint r James , administrateur du District d*A-
vranches.
7 Lecarpentier, de Helleville^ chef de légion de la garde na-
tionale de Yalognes.
(Voir notice, sur lui, dans la Biographie universelle de Michacd.)
8 Hàvin, du Mesnil-Opac, avocat, administrateur du District
de Sainl-Lo-
9 BoNNBSOEUR-BouRGuiGMÈRE^ doBareuton, avocat, et adminis-
trateur du Département.
(Toir notice, Ânnumre de la Manche^ année 1863, p. 58).
1 0 Engerran-Deslandes, de Saultchevreuil^ avocat à Avranches.
1 1 Régnault DE Brétel , de La Haye-du-Puits , avocat , et
administrateur du Département.
12 Laurence, de Villedieu, administrateur du D.épartement.
13 Hubert du Manoir, de Saint-Gilles, administrateur du
Département.
Demies : 3*, 4% 5% 7% 8% 9% 12* et 13% votèrent pour la
condamnation à mort de Louis XYL
Suppléants.
1 JuHÉ de Launay, de Mortain , administrateur du Départe-
ment.
2 Carbonel, d'Àvranches, administrateur du District de la dite
ville.
3 Agnès, de Coutances, administrateur du Département.
4 Heudeline, de Saint-Romphaire, avocat à Torigny, id.
5 Hage, de Coutances, homme de loi au dit lieu.
— 4<3 -
ADMINISTRATION DU DÉPARTEMENT
DE LA MANCHE
Elections de 1790.
CONSEIL BÉRÉRAL.
1 Tesnière de Brbmesnil, maire d'Avraoches, déjà cité; pré-
sident.
% Lerebours-Piqeonnière, de Saint-Hilaire-du-Harcouet, avo-
cat; précité.
3 Yastel, avocat à Cherbourg.
4 LeCuanoinb, de Yarenguebec, laboureur.
5 Bernard-Dughesne, avocat du roi au bailliage de Saint-Lo ;
sus-meutionné.
6 Langlois, vicomte de Barfleur.
7 Euvremer, avocat au bailliage de Périers; précité.
8 BuHOT^ des Pieux, laboureur.
9 Desprês des Lonosghamps, lieuteuant de la maîtrise des
Cours et Forêts, à Yalognes.
10 Laloi de i.a Roque, du district de Yalognes, herbager.
11 Bonnesoeur-Bourouignière, de Barentou, avocat à Mortain ;
précité.
12 DuBosQ DU LoNGPRÉ, dc Saint-Martiu-lc-Hébert, laboureur.
13 Lafosse, de SaiDt-C6me-du-MoDt, id.
14 PouRBT-LoNouEVAL, dc Gcffosscs, id.
15 Loquet, maire de la Lande-d'Airou.
16 Piel-FerOnnière, du Mesnil-Amaut, conseiller en l'Election
de Coutances.
17 Lemaitre de la Houguette, de Clitourps, laboureur.
18 Ernouf, maire de Saint-Germain-sur-Ay.
19 DE Bréget la Yallëe^ du district d'Avranches, avocat.
20 Lemengnonnet, de Granville, négociant.
*•!
— 414 —
21 LoiSBL, avocat à Saint-James.
22 Duhamel, maire de Mortain.
23 Legorju-Lagrièhe^ de Saint-Yigor-des-Monts, laboureur.
24 Hubert du Manoir, de Saint-Gilles ; précité.
25 Poisson de Coudreville, de Saint-Lo, ancien procureur du
roi au bailliage d'Aleuçon ; précité.
26 JuHÉ, avocat à Mortain ; également sus-mentionné.
27 Regnault, de Saint-Michel-de-la-Pierre, avocat à Coutances,
■
28 DuBREuiL, ex -maire de Heugueville (massacré par les
chouans, le 12 germinal an YIII, au dit lieu).
29 DuvAL, de Gréville, laboureur; déjà cité.
30 Tesson, avocat à Coutances ; précité.
31 Le Magnen, de Carentan, maire de cette ville.
32 Regnault de Bretel, avocat à la Haye-du-Puits; précité.
33 Ernoul-Deslandbs, de Vengeons.
34 Cabart du Longprey^ du Vicel.
35 Heudeline, avocat à Thorigny; sus dit.
36 Brostain des Fontaines, du district de Yalognes.
Procureur général syndic.
Fremin de Beaumont, maire de Coutances; déjà plusieurs
fois cité.
Secrétaire
Letullier, procureur du roi à Félection de Coutances ;
également précité.
DIRECTOIRE.
DuvAL. — Desprès. — Euvremer. — Tesson. — Heudeline.
— Loisel. — JuHÉ. — Ernoul-Deslandes ; pré-
cités.
- 416 -
Elections de 1791.
A cause de la sortie, pour diverses causes, des : 1", 2®, 5% 7*,
8% 9% i\\ \6% 19«, 20", 22% 23% 25% 26% 29% 30% 31%
32% 34'' et 36®, membres du conseil général, ci-dessus énumérés ;
dont les 11% M^eî3^ sont alors réélus, de telle sorte qu'on n'a
à enregistrer, à cette occasion, comme entrants pour la première
fois, en remplacement des dix-huit autres sortants, que :
Lb Timonnier d£S Aunais, de Yernix, médecin.
Mesquin, de Granville, avocat, ex-sénéchal de la moyenne
justice de Saint-Pair.
Laurence, de Yilledieu, homme de loi ; précité.
CoRNAviN DE Chanvallon, dc Sainte-Maric-du-Mont , membre
du District deCarentan.
Avoine Chantereine, procureur de la commune de Cherbourg.
(Voirnottce, sur lui, Annttairedela Manche, 1886, p. 185.)
Pesnel, maire de Sottevilie.
Fernagu, de Querqueville, administrateur du District de Cher-
bourg.
RiBET, de Tourlaville, négociant ; précité.
Agnès, avocat à Coutances ; id.
Brohon, juge de paix à Bréhal.
Cousin des Champs, du Teilleul, juge de paix.
BouRsiN, de Mortain, vicaire épiscopal ; précité.
GoNFREY-GossEviLLE, avocat à Saint-Lo.
Le Jolis, maire de Yilliers-Fossard.
Le Chapon, juge de paix de Tessy.
Regnet, avocat à Bricquebec.
Lehieule, de Barneville, avocat.
Lebrun, du Cheffresne, juge de paix à Percy.
Qui, — avec : Loisel, Loquet, Lafosse, Ernouf, Leghanoine,
Yastel, Langlois, Dubreuil, Regnault, Pouret-Longubval,
— 416 —
Ernoul- Deslandes, Heddeline, Hubert du Manoir, Laloi de
La Roque et Dubosgq, non sortis, et : Juhé, Bonnesoeur-Bour-
6UI6NIÈRE et Regnault DE Bretel, rentrés, composent désormais
F administration totale^ sous la présidence de ce dernier.
Des nouveaux venus, entrent alors au directoire de celle-ci, en
remplacement de ses quatre premiers membres de 4790 désor-
mais sortis définitivement de l'administration départementale :
De Cbantereine. — Lehieule. — Cornavin-Chauvalon et
Brohon, précités; qui, — avec Loisel (bientôt disparu, du reste, vu
son élection au poste de président du tribunal criminel de la
Manche] Juhé, Ernoul et Heudeline, qui y étaient déjà, — vont
le constituer désormais.
Elections générales de 1792.
COHSEIL eÉHÉRAL.
1 RiouLT DE MoNTBRAY, jugc au tribunal de district d'Avran-
ches ; président de l'administration.
2 Vrac des Vacants, cultivateur à Surtainville.
3 AssELiN, prêtre et administrateur du District de Cherbourg.
(Voir notice, Annitairê sus dit, 1847, p. 522;.
4 Bernard, membre du District de Yalognes.
5 Prodhomme, de Trelly, id. de celui de Coutances.
6 Billard du Bamel, d*Annoville, id.
7 Roussel, administrateur du District de Mortain.
8 PoNTAS DU MÉRiL, id. dc celui de Yalognes.
9 Michel, id. de celui de Cherbourg.
(0 BouRSiN, administrateur du Département; précité.
11 CouEY DU LoNGPREY, administrateur du District de Cher-
bourg.
1 SI Le Cervoisier, homme de loi à Coutances.
13 Clément, duDézert, officier municipal à Saint-Lo.
(Voir notice Annuaire de la Manche, 1851, p. 117).
14 Rénaut-Prbmarais, négociant à Périers.
— 417 —
45 Pinot, juge au tribunal de district d'Avranches.
16 Desghamps, administrateur du District d'Avranches.
4 7 DE Perroghel , propriétaire à Lessay , ex - seigneur de
Créances.
18 Agnès, administrateur du Département; précité.
19 CuLLERON DES Marais, administrateur du District de St-Lo.
20 JouENNE, id. de celui de Coutances.
21 Moulin le Bourdonné, marchand au Fréne-Poret.
22 OuRY, administrateur du District de Cherbourg.
23 Heudbline, (*x-membre du Département; sus dit. ,
24 Jaqubmont, capitaine de la garde nationale à Mortain.
25 Le Brun, ex-membre du Département ; précité.
26 Ménard, de St -James.
27 Frémont, le jeune, propriétaire à Sainte-Marie-du-Mont.
28 GuiLLEBBRT, membre du District de Yâlognes.
29 Planghon, id. de celui de Coutances.
30 Le Peinteur, avocat à la Haye-Pesnel.
31 Legarpentier, ex-membre du District de Yalognes.
32 Lemaitre, id. de celui d'Avranches.
33 Tardif, id. de celui de Yalognes.
34 Loquet, administrateur du Département ; précité.
35 Lebrun, juge de paix de Saint-Floxel.
36 Cariot de LA Harderib, de Yesly, membre du District de
Carentan.
Procureur-général syndic.
Chanteretne, membre du Département.
Secrétaire.
Letullier, par continuation du passé.
DIRECTOIRE.
AssELiN. — Roussel. — Ménard. — Culleron. — Jouennb.
— Cariot. — Lebrun. — Agnès,
Sus-mentionnés.
27
- 418 —
COMMISSION ADMINISTRATIVE
Nommée, le 3 septembre 1793, parle représentant en mission,
Lecarpeniier, en remplacement de Tadministration départemen-
tale élective, par lui dissoute.
En outre de :
Heudeline, président futur de la dite commission , Boursin,
Clément, Jouenne, Roussel et Prodhomme, membres du Dépar-
tement, alors y conservés,
Elle comprend, comme membres de son Conseil général :
Lalandb, membre du conseil de surveillance de Coutances, et
sculpteur en la dite ville.
Lecène, procureur de la commune à Saint-Sauveur-Lendelin.
Laignel, maire de Saint-Eny.
TosTAiN, membre du District deCarentan.
Luge, maire de Bretieville-sur-Ay.
LÉGARD, officier municipal à Saint-Lo.
RoBiNE, de Granville.
Lecaplain, d'Avranches.
PiGHON, membre du District de Mortain.
Frigoult, officier municipal à Cherbourg.
Néel, de Gerville, administrateur du District de Cherbourg.
Risbegq, maire de Siouville.
Marion la Vallée, maire de Pierreville.
Le Petit des Monts, maire de Quettehou.
PÉPIN, de Montebourg.
En tout 21 membres.
Avec, pour Procureur-général syndic :
BuHOT, président du tribunal de district de Yalognes,
- 449 —
Et son Directoire se forme, aussitôt, de :
JOUENNE. — • LaLANDE. — LaIGNEL. — ClÉMENT. — ROBINE.
— Roussel. — Pépin, — et Frigoult; sus dits.
Composition nouvelle, par le représentant Bouret^ le 22 ni-
vôse an II, en vertu de la loi du 14 frimaire an II, réduisant,
d'ailleurs, désormais les administrations départementales à un
simple Directoire, dépourvu de procureur-général-syndic ou
fonctionnaire analogue.
En outre de : Lalande, Clément > Roussel, Robinb et
PÉPIN, précités, qui y sont conservés, celle de la Manche com-
prend alors, à la place de ses trois autres derniers membres
ci-dessus, et sous la présidence générale de Clément :
Regnault des Vergers, du district de Carentan.
Gauvain, négociant à Cherbourg.
DE la Carrière-Clamorgan, de Cherbourg, bientôt remplacé par
Janin, avocat à Hortain.
Avec, pour Secrétaire :
NiGOLLE, professeur au collège de Coutances.
Remaniement opéré, par Legot, en nivôse an III, dans ce
personnel; où, en excluant Lalande, Rosine et Nicolle, il fait
entrer, et siéger, à côté de ses autres membres d'ailleurs con-
servés :
Comme Administraieurs :
Paquet-Beauvais, ex-procureur de la commune de Coutances.
LouvEL, d'Avranches.
Et, comme Secrétaire :
Muriel, de Coutances,
- 420 -
Dernière refonte opérée, le 49 floréal suivant, par Bouret en
exécution de la loi du 28 germinal an III, qui réorganise les
administrations départementales, tout en laissant supprimés les
conseils généraux jadis y compris.
Elle amène :
Comme Membres du nouveau Directoire:
En outre de : Clément, Paquet-Beadvais, Louvel et Janin,
précités, alors conservés :
Lebrun, du district de Valognes, — Euvremer, de Périers, —
AssELiN, de Cherbourg; jadis, eux aussi, membres du Départe*
ment; — et Letullier, son ancien secrétaire.
Comme Procureur-général syndic , dont les fonctions
étaient désormais rétablies :
Frémond, membre du District d'Avranches.
Et comme Secrétaire :
HuRiELy sus dit.
ADMINISTRATION DU DISTRICT DE COUTANCES
Elections de 1790.
COHSEIL 6ÉNÉRAL
1 Duhamel, lieutenant de police au bailliage de Coutances,
(Voir sur lui, Annuaire précité, 1835, p. S88), président.
2 PiGNARD DU Haut-Bosq , dc Cércuccs , homme de loi à
Coutances.
3 Sadot, deSavigny; déjà mentionné.
4 Lefèvre du Buisson , homme de loi à Gavray ; égale-
ment précité.
— 421 —
5 Billard-Duhamel, d'Annoville; déjà cité.
6 Prodhommb, de Trelly ; id.
7 JoLY, de Pirou, avocat.
8 Bonté, conseiller au présidial (père da médecin sus dit).
9 BoiviN^ de Blainville, notaire.
10 Planchon, notaire à Cerisy-la-Salle ; déjà mentionné.
11 Lbgoq des Rochers, de Minières.
13 Yaultier, de Montpinchon.
Procureur-Syndic.
Dufouc-Maisongelles , de Gratot, avocat au parlement de
Rouen.
Secrétaire.
Lepesant, avocat à Coutances.
DIRECTOIRE.
Bonté, Jolt, Billard et Lbgoq; précités.
Renouvellement partiel, de 1791 , faisant alors entrer, — à la
place des 4% 5*, 7«, 8^ 9* et 11% administrateurs précités,
qui sortent aux termes de la loi :
Lbbastard-Delisle, officier municipal de Coutances.
GuiLLOT-DuvAL, procurcur au même lieu.
Lbmonnier-Lafontaine, de Bréhal.
Joubnne-Lagavée, de Cérences; déjà cité.
Almy-Lafontaine, de St-Sauveur-Lendelin.
Lebrun.
Qui, — avec : Duhamel continué, d'ailleurs, président, Pi-
GNARD, Sadot, Prodhomme, Planchon ct Vaultieb, sus dits, —
composent désormais V administration en question ; dans le Di-
rectoire de laquelle entrent alors, pour le reformer :
Prodhomme, Joubnne-Lagavée, Guillot-Duval et Lbmonnier,
sus dits.
— 422 -
Elections générales de 1792.
COHSEIL 6ÉNÉRAL.
1 Lefrang, notaire à Gavray, président.
2 LoNGiEN, maire de Muneville-le-Bingard.
3 Lefebure^ procureur à Gavray, en dernier lieu homme de
loi à Coutances.
i Brugère, de Bréhal.
0 FoNNARD-DuHAMEL, maire de St-Louet-sur-Sienne (Trelly).
6 Troussel-Doueterie , commandant de garde nationale à
Gavray.
7 Castel, id. à Cérences.
8 Sadot, de Savigny, précité, membre du District.
9 Ybert, procureur de la commune de Montcarville.
i 0 Frémin, de Bricqueville-sur-Mer.
1 1 Delamare, de Montchaton.
i 2 JouRDAN, de Muneville-sur-Mer.
Procureur-syndic, et plus tard Agent national :
GuiLLOT-DuvAL, membre du District; précité.
Secrétaire :
DuGLOux, commis au District.
DIRECTOIRE.
Brugère. — LoNGiEN. — Delamare. — Lefebure; sus-men-
tiennes.
Remaniement, le 29 nivôse an II, par Bouret, en vertu de la
loi du 1 4 frimaire an II :
Tout le personnel ci-dessus est conservé, sauf Ybert et Sadot^
alors remplacés par ;
j
- 423 -
JouENNE, ex-administrateur du Département; plus haut cité.
Et Colette des Bouillons, de Servi^ny
Et alors le Directoire se recompose de :
LoNOiEN. — Lbfebure. — Delamare — et Jouenne; déjà cités.
Enfin, le 16 nivôse an III, refonte nouvelle du personnel, par
Legotf qui lui donne :
Pour COHSEIL 6ËliËRAL.
En outre de Dblamare et Colette, précités ; seuls conservés de
l'ancienne administration.
Piton, officier municipal à Coutances.
Leboulanger, id., vitrier de profession.
Lavallée, avocat à Coutances.
Legervoisier, homme de loi à Coutances, ex-administrateur du
Département; précité.
Pezbril, ex-juge au tribunal de district de Coutances.
Lemaitre, homme de loi à Coutances.
Jourdain de Beaulieu , id.
Tesson, ex-membre de l'Assemblée législative ; précité.
Lebrun, ex-procureur du roi au bailliage de Coutances, puis
commissaire du roi au tribunal de district de cette ville.
Eguay la Motte, de Saint-Malo-de-la-Lande.
Pour Agent national :
Duhamel, ex-membre du dit District.
Pour Secrétaire :
LoYSON, commis aux écritures à Coutances, ex- greffier de
l'officialité de cette ville,
— 424 —
Et pour DIRECTOIRE nouveau :
Piton, — Lavallée, — Pezeril — et Legervoisibr ; pré-
cités.
ADMINISTRATION MUNICIPALE
DE COUTANCES.
MilIBRES DU COMITÉ NATIONAL DE 1789:
Fbemin de Beauhont, maire de la ville ; sus dit.
Bonté, médecio; également précité.
Legouyey de Condé.
Le Tullier, procureur du roi en l'élection de la dite ville ; déjà
cité.
ORGANISATION NOUVELLE
Elections de Janvier 1790.
Maire.
m
Fremin de Beaumont ; sus dit.
Officiers municipaiix (8) .
1 Tesson, avocat; précité.
2 Duhamel, lieutenant de police au bailliage, id.
3 Delalandb, Ujetmt^ avocat à Coutances.
4 DuBREuiL, curé de Saint-Pierre-de-Coutances.
5 Lemaitre, avocat à Coutances ; sus dit.
6 DuvAL, id.
7 Lavallée, id.
8 Coulomb, marchand (bisaïeul maternel de Tauteur de cette
étude).
.— 425 -
Notabks (48).
t Chapel, avocat à CoutaDces.
2 GuTARD, teinturier.
3 Leyivier, marchand mercier.
4 DuDOuiT^ tailleur.
5 Desmarbts de MoNTCHATONy lieutenant-général au bailliage;
précité.
6 Lecardonnel, épicier.
7 Henrt la Vauguerie, chirurgien.
8 Haudug, receveur des consignations au dit bailliage.
9 BoNTii, conseiller à celui-ci ; précité.
0 Hagé, avocat; sus-mentionné.
1 DupRBY dit d'Amérique, lieutenant particulier au bailliage.
2 GuiLLOT-DuvAL, procurcur à celui-ci ; précité.
3 Charbtte, architecte.
4 de Crux, avocat du roi au bailliage.
5 Dadure, parcheminier.
6 Bonnet, apothicaire.
7 DuvAL-MoNTiGNY, avocat.
8 Alexandre» id., et ancien échevin de la ville; précité.
Procureur de la Commune.
Lbmonnier, avocat à Coutances.
(Yoir à son égard, M. Quénault^ Histoire de Couiances, p. S5i.)
Elections partielles, en juillet 1790, pour remplacer :1e maire,
trois des offUiers municipaux alors en exercice, et les 1 ®^ 3®
(devenus eux-mêmes, dans Tintervalle, du nombre de ceux-ci, à
la place du T'et 2^ d'entre eux), 5% 9% 16* et 17% notables
plus haut indiqués; tous manquant par suite de circonstances
accidentelles et non en vertu d'une échéance légale de renou-
vellement de personnel.
Elles donnent, comme membres nouveaux :
— 426 —
Pour Maire,
DE CussY, ex-chanoine de la cathédrale de Coutances; déjà
mentionné.
Pour Officiers municipatix.
DupREY, notable; précité.
Lebastard-Dbusle, avocat à Coutances.
Drogy, avocat à Coutances.
Et, pour Notabks.
Daireaux, commis au District de Coutances.
Fremin de Lingreville (frère de Fremin de BeaumorU , pré-
cité), ancien officier de Tarmée, actuellement colonel
de la garde nationale de Coutances.
Desplanques - Vantigny , ex -chapelain de la cathédrale de
Coutances.
Ledran, ex-greflSer de Télection de Coutances.
Germain-Despallières, avocat à Coutances.
Jourdain de Beauueu, id.; déjà cité.
Autre renouvellement partiel à la fin de 4790, — tant en
vertu de la loi en imposant un de ce genre, chaque année, par la
sortie, après tirage ad hoc, de la moitié des membres de la mu-
nicipalité à ce désignés par le sort ; qui, dans l'espèce, tomba
sur les 4® et 8* de la première liste, et le 3® de la seconde liste,
ù* officiers municipaux susdits, et sur les : 6% 10% 44*, 15% 18*
de la première énumération, et r% 4% 5® et 6® de la seconde, de
notables, également ci-dessus fournies — qu*à raison d*autres
causes de lacunes dans le personnel en question.
Il donne :
Officiers municipaux nouveaux.
Drogy, sus dit, ainsi rentré sans intervalle.
Coulomb, id.
• — 427 —
Germain des Pallières, ex-notable, alors sortant comme tel.
DE LA Mare de Crux, id.
Jourdain de Beaulieu^ id.
Mage, id.
Paquet-Beauvais, de Yaudreville (près Hontebourg); déjà cité.
Notables nouveaux.
Daireaux^ ex-notable sortant, ainsi de suite réintégré.
DuBREuiL, ex-officier municipal, id.
Alexandre, ex-notable.
Lecardonnel, id.
Levivier^ ex-officier municipal ; précité, — rentré comme simple
notable.
Leloup, prêtre, vicaire épiscopal, ex-habitué de Téglise Saint-
Pierre-de-Coutances.
Lepigeon de Boisval, déjà mentionné.
Lbgrêle, prêtre, habitué de Saint-Pierre-de-Coutances.
DU Mesnil-Adelée, propriétaire à Coutances.
Le Prêtre d'Argences, ex-conseiller de l'Election de Coutances.
Cabaret, médecin à Coutances.
Piquet, officier de la garde nationale.
Marie, également officier de ladite garde.
Lecouvey de Lepinerie, ancien conseiller au présidial.
Varin-Franqueville, le jeune, id.
Renouvellement analogue, en novembre 1791, pour arriver à
remplacer : le Maire, alors manquant, — et qui avait été, depuis
deCussy, démissionnaire en avril de la dite année, Lepigeon de
BoisvAL, précité, jusqu'en octobre suivant, que venait, vu le
départ de celui-ci comme député à la Législative, d'être élu un
autre chef de la municipalité, savoir : un sieur Dusosoex-priseur-
vendeur à Coutances, bientôt abdicataire de sa nouvelle di-
gnité— sept officiers mmiicipanx, et neuf notables; les uns et les
autres, sortis par le tirage qui venait d'en être fait , ou faisant
— 428 -
défaut pour d'autres causes inutiles à indiquer ; et le Procureur
de la commune dont les fonctions étaient expirées.
Entrent alors :
Comme Maire.
Germain Despallièrbs, oflScier municipal^ sus dit.
Comme Officiers municipaux.
Piton, marchand à Coutances ; déjà mentionné.
Savary, avocat en la dite ville.
Leroux, id.
Lhermitte-Lafosserib, ex-conseiller au présidial.
Varin, Yatné, homme de loi à Coutances, frère de Tex-conseiller
au présidial précité.
Comme NotcAUs.
BÉGHEREL, évéque de la Manche, déjà mentionné comme député
aux Etats-Généraux.
Michel, vicaire épiscopal, (marié à Coutances, en septembre
1793.)
de Baudre, ex-chanoine; précité.
Leboeuf, ex-habitué à la Cathédrale de Coutances.
Chevreuil, avocat à Coutances.
Cariot, huissier, en la dite ville.
GuÉRiN, parfumeur, ibid.
Marie, ex-notable, ainsi rentré.
TiRMOY, officier de la garde nationale de Coutances.
Et comme Procureur de la Commmie.
Hervieu, ex-avocat ù Gavray.
- 429 —
Elections générales de 1792.
Mavre,
Gbrmain-Despalli6res, ainsi continué.
Officiers mvmdpaux.
1 Piton, ex-officier municipal.
2 Charbttb, ex-notable.
3 Lebastard-Delisle^ k jeune^ frère de l'ex-officier munici-
pal précité.
4 Lhermitte, ex-officier municipal.
5 Savary, id.
6 Coulomb, id.
7 Lbtivier, homme de loi, père du marchand précité.
8 TiRMOY, ex-notable.
Notabks.
i Duhamel, ex-officier mi^iicipal , juge au tribunal de distrcit
de Coutances ; précité.
2 Legardonnel, épicier, ex-notable.
3 Héon, chirurgien.
4 Marie, ex-notable.
5 GuÉRiN, id.
6 Begherel, id.
7 Chevreuil, id.
8 Delalande, ex-officier municipal, juge au tribunal de dis-
trict.
9 Alexandre, ex-notable, juge suppléant au même siège.
1 0 Le Prêtre d'Argbngbs, id. id.
1 1 Lemaitre, ex-officier municipal.
12 Leboeuf, ex-notable.
13 Hagé, ex-officier municipal.
14 Larue, avocat à Coutances.
15 Thélot, marchand épicier au même lieu.
— 430 —
46 Dblalande - Hesnildrby , avocat, ex -membre de l'assem-
blée provinciale de Basse-Normandie (supra).
17 PÉPIN, marchand sabotier à Coutances.
18 Drogy, ex-o£Bcier municipal.
Procureur de la Commune.
Paquet-Beauvais, ex-oflScier municipal.
Remaniement effectué, par Lecarpentier , le 8 septembre
1793.
A la place : des 3*, 4® et 5® officiers municipatbx, et des
1®', 7®, 14®, iS^ Notables, ainsi que du Procureur de la Corn-
mu/ne, ci-dessus énoncés en dernier lieu, et alors destitués,
entrent à cette occasion.
Comme Officiers municipaux :
Leboulanger, fils, vitrier.
OuLÈs, marchand.
Legluais, id.
Comme Notables :
Lbbarbier, huissier, et membre du Comité de surveillance.
Voisin, ferblantier.
Rapilly , menuisier.
Hue, membre du Comité de surveillance et perruquier.
Ei commQ Procureur de la commune^ puis, après le 14 frimaire
an II, comme Agent national près celle-ci :
Deshayes, ancien procureur au bailliage, puis avoué près le
tribunal de district de Coutances.
Nouveau remaniement, par Bouret, le 22 nivôse an IL
Grâce à cette opération, qui destitue le maire sus dit, tout en
— m —
lecoDservant comme notable, donne sa place à un des officiers mu-
nicipaux, et chasse du nombre des notables alors en exercice: les 2%
3», 5«, 6«(révêque Bécherel), 9% H«, ^2^ 13% 46« et 17% de
laliste de 1792, jusque-là conservés, et lesl^'et 4*de Tiraporla-
tion de Lecarpentier.
Entrent alors, à titre de membres nouveaux, dans la dite mu-
nicipalité :
Comme Maire.
Lbvivier , père^ officier municipal ; précité.
Comme Officier municipal.
Harbtte, ex-avoué.
Et comme Notables.
Germain, ex-maire.
Piquet, ex-notable.
BoissEL, huissier.
Conquérant, chirurgien.
Michel Lepelletier.
Agnès, imprimeur (fils de l'avocat plus haut mentionné.)
Leloup, tanneur.
Blughbt, tisserand.
Hardel, id.
GuiLLON, tailleur.
Briault, mégissier.
Carougb, officier de garde nationale.
Lalande, fiU, menuisier.
Mais, le 1 5 nivôse an III, Legot refond, à son tour, le dernier
personnel ainsi complété, y changeant le maire et l'agent na-
tional, en expulsant tous les officiers municipaux — sauf le
6"" de ceux élus en 1792 (CoiUomb), — et en chassant, de même,
tous les notables, — sauf : le 1 5^ de ceux nommés à la même époque
— 432 -
(Thélùt); le 2*" et le 3* de ceux introduits ensuite par Lecarpeniier
(Foisin et Rapilly) ; et les 1^', 2*, 4% T et lO'» de ceux amenés
enfin par Bourei (Germain, Piquet^ Conquérant, Leloup et
GuilUm).
A la place des destitués par lui, il fait alors entrer, dans la
dite municipalité :
Comme Maire.
Drogy, ex-notable, destitué par Lecarpentier.
Comme Officiers municipatus^
Lecarpentier, ex-conseiller au présidial.
Chapel, ex-officier municipal, puis juge au tribunal de district
deCoutances; précité.
Closet, ex-conseiller au présidial.
Savary, ex-officier municipal, destitué par Lecarpentier.
Ledran, ex-notable.
Briard.
Cabaret, ex-juge de paix du canton de Coutances, frère du
médecin sus-mentionné.
Comme Notables.
Tesson, aubergiste (hôtel d'Angleterre.)
JouBBRT, fils, imprimeur.
Lhermitte, ex-officier municipal destitué par Lecarpentier.
Lechevallier, cordonnier.
YiLLARD, marchand.
Bonté, médecin, ex-membre de l'Assemblée provinciale de Basse-
Normandie; déjà cité.
Larue, ex-notable, destitué par Lecarpentier.
Moulin^ maréchal.
Legeryoisier, ex-avoué à Coutances ; précité.
Lebrun, notaire à Coutances.
Et comme Agent national.
Lebreton, avocat à Coutances.
— 433 -
Enfin, le 25 floréal suivant, dernier remaniement, par Bouret,
qui — tout en conservant le reste du personnel recomposé par
Legot — expulse, des notables, en outre de-l'ex-maire Germain :
Rapilly^ Voisin, Thélot, Piquet, 6m7/(m, jadis laissés parmi eux
par ce représentant, et aussi Joubert et Lechevallier qu'il y
avait appelés.
À leur place, il met :
Dallet, marchand de vin.
QuÉNAULT, chirurgien.
(Voir notice à son sajet, dans V Annuaire de la Manche, 1837, p. 230.)
Dblalandb, ex-avoué (distinct du juge précité).
Blouet-Dcreauville, ex-conseiller au présidial.
Lagolley, peintre.
Chauvet, épicier.
TiERCELiN, ex-avoué.
Lansot^ parcheminier.
MEMBRES DU COMITÉ DE SURVEILLANCE
DE COUTANCES
Election du 21 avril 1798.
4 Lbgérais, filandier.
2 Lebrun, modiste.
3 Lebarbibr, huissier; précité.
4 Voisin, également huissier à Coutances.
5 Hue, perruquier; déjà cité.
6 Lefillastre, marchand.
7 Malobey, bourrelier.
8 Eudes les Cabbières.
9 Jean, perruquier.
28
— 434 —
40 Clément, organiste de la cathédrale.
1 1 CoRBET, ancien avoué à Coutances.
12 Cornet la Forêt; huissier en la dite ville.
Nouvelle composition formée par Legoè, le 11 nivôse an III;
pour en faire, d'ailleurs, désormais un Comité de surveillance
non plus seulement de la commune, mais in district, de Cou-
tances, aux termes de la loi du 7 fructidor an IL
Delalandb, ex-avoué; précité.
CARouGEy ex-notable.
OzouF, fripier.
BÉDOUIN, huissier.
Voisin, épicier.
PÉPIN, ex-notable, destitué par Bouret.
Lemaitre, id.
Prodhommb, de Trelly, ex-membre du Département.
ViARD, de Tourville.
Brohon-Courbeville, de Bréhal.
Piel-Ferronnière, du Mesnil-Amant, ex-membre du Départe-
ment.
CABARET-DoTHOiN, d'Orval.
MEMBRES DU CLUB JACOBIN DE COUTANCES
EN VENDÉMIAIRE AN lll
Au moment de f épuration des : 1*% 3, 4, 6, 7, 9, 11, 13, 14,
16, 17, 19, 21, 24, et 26 du dit mois.
1 Heym, marchand tailleur.
2 Robiquet, id.
3 Luermitte, père.
4 Foulon-Grandghamp, apothicaire.
— 43S —
5 Colas, huissier
6 Lefébure, membre du District.
7 Lalande, fils, k jeune, notable; précité.
8 BissoN, boulanger.
9 Basourdi.
0 Ernouf dit HoNTAUGiEL, ex-guichetier du Fort-Colin.
4 Baudet.
2 Langrofcne, ferronnier.
3 CosTiN, ex-bénédictin, archiviste du Département,
Voir sar lai, Annuain sua dit, p. i8i.)
i Lemoinb, menuisier.
5 Laiqnel, huissier.
6 GANiL,étamier.
7 Heryieu, ex -procureur de la commune de Coutaoces ,
juge au tribunal de district d'id.; déjà cité.
8 Lalande, administrateur du Département.
9 Legbrais, fiiandier, membre du Comité de surveillance.
20 Cousin, couvreur.
2t Bavard, marchand.
22 Lexeune, chirurgien.
23 Lelong, juge au tribunal de district.
2i Le Boulanger, père de Tofficier municipal.
25 Lemenigiek, père, maître de l'hôtel du Grand-Coq.
26 BicHUE, perruquier.
27 Lemaitre, chirurgien.
28 OuLÈs, officier municipal.
29 Lecêne, commis au Département.
30 Levivier, maire de la ville.
34 Lepelletier, salpétrier.
32 Frêmond, dépensier.
33 QuESNBL-MoNDREviLLE , commaudaut temporaire de la ville.
34 Dadure, ex-notable, et juge au Tribunal de commerce.
35 Thélot, notable.
36 Laurent, tailleur
37 Loquet, relieur.
— 436 —
38 Levivier , fils , fils du maire sus dit et juge au Tribunal de
commerce.
39 Lecerf«-Lacro!x, marchand mercier.
iO GiRET, jardinier.
il Hubert des Villettes.
43 Leroux, ^Is.
43 Lbghevallier, /EIs.
44 Làporte, gendarme.
45 HÉON, chirurgien, ex-notable.
46 BÉDOUIN, huissier; précité.
47 Leloup, capitaine de la garde nationale.
48 Leloup, tanneur et notable.
49 Le Beurrier, cbandellier.
50 Dubois, commis au Département.
51 Lebrun, membre du Comité de surveillance.
52 Vic, directeur d'hôpital.
63 GuiLLON, tailleur et notable.
54 Charette.
55 Beaumbr, parcbeminier.
56 Lepelletibr, notable.
57 Delamare, administrateur du District.
58 DuvAL, juge de paix de Coutances.
59 Brugère, membre du District.
60 DuBosQ^ sellier.
61 DupRATEAU, orfèvre.
62 Lbgourtois.
63 Leprançois, armurier.
64 BissoN.
65 Gires dit Deshates, cabaretier.
66 Laurent, huissier.
67 Lehaut, charpentier.
68 Lbcordier, huissier.
69 Harivbl.
70 Charles QuESNEL.
71 GuiSLB, adjudant.
^ 437 ^
72 Lbprang, membre du District.
73 Dblislb, fils.
7i Jacques Lbpellbtibr.
75 DupARC, gendarme.
76 Gautier, traiteor.
77 Laisnby, tanoear.
78 HiLAVBAUx, ex-vicaire épiscopal.
79 Règnaut, instituteur.
80 Laisnby» marchand de bois.
81 Conquérant, chirurgien; précité.
82 Lbloup, filandier.
83 Miguaut, salpétrier.
8i DoQUESNEY, lieutenant.
85 Agnès, imprimeur et notable.
86 TiGLiN, perruquier.
87 Leboulanger, fiU^ officier municipal.
88 Hedouin, concierge du District.
89 Lefrançois» ci-devanti Le Rot, gendarme (ayant changé son
nom comme rappelant Tancien régime).
90 Hébert, notaire.
91 Cornet-Lafor&t, huissier, membre du Coinité de surveil-
lance.
92 Badin, marchand.
93 Jean.
94 BoissEL, huissier ; précité.
95 Peignbt, boulanger.
96 Dbsmongbaux, ferblantier.
97 Dblalandr, juge au tribunal de district.
98 AuBEY, greffier de justice de paix à Coutances.
99 GoDEFROY, laboureur à Courcy.
100 DocHE, maître de musique, et instituteur.
101 Leyilain, capitaine.
1 02 Legaghbux, employé au timbre.
103 Lallemand, chirurgien.
104 Lelasquier, menuisier.
— 438 --
105 Sébire, mégissier.
106 Clément, membre do Comité de surveillance.
107 Gaillard.
1 08 DuGLOux, secrétaire du District.
109 Lemoine, commis, ibid.
110 HÉGT, juge au tribunal de district.
111 Barthélemi-Charette.
112 LoNGiEN, membre du District.
113 Laurent, commis au Département.
1 1 i Lemainigier, fils,
115 pRAT, ex-dominicain, et ex-professeur du collège de Cou-
tances.
116 QuESNEL, assesseur de juge de paix.
117 Campain, officier de santé.
118 Grandin, ex-avoué.
119 TiRMOY^ officier municipal.
120 Michel, greffier du Tribunal criminel.
121 Bonnet, receveur du Domaine à Coutances.
122 Marie, perruquier.
123 ViMOND, ex -avoué.
12i Colette.
125 Tmézeloup, gendarme.
126 Marie^ chef de légion de garde nationale, ex-notable.
127 HcjLMEL, imprimeur.
128 Brandin, ex-avoué.
129 Hinard, tailleur.
1 30 Harel, commis.
131 Julien Leloup.
132 Legluais, officier municipal.
133 Ledentu, ex-membre du Comité de surveillance, et bourre-
lier.
13i Bridelancb, orfèvre.
135 Hoquet, marchand de vin.
1 36 Rasasse, huissier.
137 Le Buffs, logeur.
' 1
— 439 -
138 Bergerac, marchand.
139 Lbpelletier, filandier.
140 JouBERT, imprimear.
141 HiFCET^ gendarme.
142 Lefèvre, capitaine de vétérans.
143 Thomas Leloup, canonnier.
144 Fauvel la Féronnière, maire de La Rondehaye.
145 Bon Leloup.
146 Guérard, perruquier.
147 BoDOT, officier de santé.
1 48 Le Rendu, commis au District.
149 François Leloup.
1 50 Jacques Legerais, archiviste du District, ex-curé de Saint-
Gabriel près Bayeux.
151 Danquelle, commis au Département.
152 Malorey, membre du Comité de surveillance.
153 Damame, apothicaire.
154 Cardin, laboureur à La Vendelée.
155 Le Bouché, d'Àubonne.
156 Fauvel, instituteur.
157 Lepelet, filandier.
158 Castel, administrateur du District.
159 Lepellet, juge au Tribunal de commerce.
1 60 Chasle, commissaire des guerres.
161 Hardel, notable.
162 GuiLLEMiN, agent militaire.
163 Lebouteiller, maréchal.
164 MÉGI, cafetier.
1 65 Varin , Talne , greffier au tribunal de district , ex-officier
municipal ; déjà mentionné.
166 Hédouin-Grandmaison, commandant de garde nationale, et
chirurgien.
167 Heulard.
1 68 PoTiGNY, cordonnier.
169 Harettb, officier municipal.
— 440 —
4 70 Lalande, père.
174 BouRsm, ex-prétre et ex-membre du Département ; précité.
172 JoREY, filandier.
173 Durand, élamier.
174 ViBBRT, capitaine de canonniers.
175 BoiviN, notaire et juge de paix à Blainville.
176 Marie, relieur.
177 Lafossb, mégissier.
178 Le Tullier, cotnmandant de place.
179 Carouge, notable.
180 Duval-Charbttb , capitaine de garde nationale (père de
Duval-Montigny , )
181 Hébert, sculpteur.
182 Piton, officier municipal.
183 Loisel, président du Tribunal criminel.
184 Lechevalier, laboureur.
1 85 Larouzée, employé aux ponts et chaussées.
186 Lebarbier^ membre du Comité de surveillance.
187 Février, ex-greffier de justice de paix.
188 Macé, juge au Tribunal de district; précité.
189 Daireadx, commis au Département; précité.
190 HÉBERT^ sellier.
191 Paris, ouvrier imprimeur.
192 Girard, chapelier.
193 Gain, id.
1 94 Legerais, membre du Comité de surveillance.
195 Hervieu, père, architecte.
196 FoNNARD, membre du District.
197 Beslon.
198 Lemonnier, curé-jureur de Hontmartin-en-Graignes.
199 CoRBET, chandellier.
200 Mauviel.
201 Rapilly, notable.
202 Janin, membre du Département.
203 DuDouvT, tailleur, ex-notable.
— 441 —
204 Dblmas.
205 LerÈvREy médecin.
206 Piquet, notable.
207 Jaqdet.
208 GuiLLOT-DuvAL» agent national du District.
209 Dadurb, fils.
210 Besnard, perruquier.
21 \ Le Menuet, accusateur public du Tribunal criminel.
212 BoiTOT, ^/^.
213 Carbsmel.
214 Paturel, horloger.
215 Sakson, archiviste.
216 Eudes LES Carrières, membre du Comité de surveillance.
217 Muriel, capitaine de gendarmerie.
218 Lecoq, gendarme.
219 Charette, architecte et notable.
220 ViLLARD, commissaire de police à Contances.
221 Voisin, membre du Comité de surveillance.
222 Clément, administrateur du Département.
223 Charles Guain.
224 Daireaux, fils.
225 Germain, ex-maire, et notable.
226 Sauvage, cafetier.
227 Ferbt, traiteur.
228 OzERAi, commandant de garde nationale.
229 Leghevallier, cordonnier ; déjà mentionné.
230 Lanhard, cafetier.
231 GuÉRiN, parfumeur, et président du Tribunal de commerce;
précité.
232 GuTOT, ex-avoué.
833 Deshayes, agent national près la municipalité de Contances;
sus-mentionné.
234 Lbfillastbe, membre du Comité de surveillance.
235 JouRDAN, membre du District.
236 Leglerg dit Beaujardin, épicier.
4
— 442 —
237 GuiLLEMETTE, huissicr.
238 JouANNE, tailleur.
239 Legardonnbl, épicier et ex-notable.
240 Le Birais, rouettier.
244 Michel Jean, membre du Comité de surveillance.
242 DESVAI.LÉES, chirurgien.
243 PÉPIN, administrateur du Département.
244 Launai^ timbreur.
245 Cabart d'Anneville.
246 Dairbacjx, père.
247 JouENNE, membre du District.
248 Leblanc, boucher.
249 Lemaréghal, commis.
250 Legardinier.
251 GuiLLON, notable.
252 Lepelletier, commis au District.
253 Poureï-Longueval, receveur du district.
25i Laville, huissier.
255 Levêque, ingénieur.
256 Blughet, déjà mentionné, notable.
257 Crespin^ huissier à Gavray.
258 Robin, mégissier.
259 CoRBET, ex-avoué, membre du Comité de surveillance.
260 Hasson, chapelier.
261 Gervaise, huissier du Tribunal criminel.
262 Legoulant, secrétaire à la municipalité.
263 Leguir.
264 Gilles Ledentu, bourrelier.
265 RÉGNAULT DES Vergers , membre du Département.
266 SucHETET, perruquier.
267 Leloup , filandier.
268 Menand, marchand.
269 Robinb, administrateur du Département.
270 VAUTIER^k,
271 HuLOT, adjudant.
- 443 -
272 Robin.
273 Hamelin, atn^'.
274 BÉGHERBL^ adjudant de place (neveu de TEvéque).
275 OzouF, fripier ; précité.
276 Frbmond, rouettier.
277 AuvRAY, juge de paix de Coutances.
278 Perron, commis au District.
279 Doré, concierge du Département.
280 PiGNARD, homme de loi à Coutances; précité.
281 Letenneur, commissaire du gouvernement au tribunal de
district.
282 Lbrivbrend, maire de Saint-Pierre-de-Coutances.
283 ViEL, agent militaire.
284 NicoLLE, secrétaire du Département.
En tout 284 membres— dont les 1 8% 29% 1 1 2% 239* et 284^» :
Lalande^Lbmaitrb, LoNGiRN, LEGARDONNELetNicoLLB formaient,
dans la dite Société populaire, le Comi^^' terroriste iiides Cinq,
fondé le 29 ventôse an II et précédemment mentionné — et
dont les 17% 18*. 41% 69% 87% 110% 112^, 123% 142% 231%
et 257^ furent rayés, faute d'y avoir obtenu assez de suffrages,
lors de l'épuration en question.
MEMBRES DU CLUB RÉACTIONNAIRE.
QUI A COUTANCES SUCCÉDA AU PRÉCÉDENT EN VENTOSE AN III
Notamment :
Cabaret, officier municipal; précité.
HoRiN^ commis d'enregistrement.
Lemonnier , avocat (échappé au Tribunal révolutionnaire de
Paris. Voir noire Etude sur celui-ci, p. 442); précité.
DuMONT, perruquier.
- 444 —
Quesnel-Ganveaux.
YiLLARD» commissaire de police; précité.
GuYON, marbrier.
Sarot, conducteur des ponts-et-chaussées (oncle paternel de
l'auteur de cette étude).
HoMMBRiL, tailleur.
Lbforbstier de Ver (fils du décapité du 3 thermidor an II,
dans la /bura&de Coutancesau Tribunal révolutionnaire
de Paris. Voir notre Eùtuie è cetégard, p. 241).
LoRiN, ex-officier de la garde nationale de Coutances (échappé da
dit Tribunal, ibid., p. 140); déjà cité.
Brohon, ex-membre du Département (id., ibid., p. 146).
LouYBL DES Monceaux, ex-seigneur de Contrières.
CouRATE DU Parc.
DU Mbsnil-Adblée, ex-notable de Coutances.
Varin - Franqueville , déjà mentionné sous le nom de Varin
lejemie.
Hasst, avocat.
Lefaudeux, marchand.
Bonté-Hartinièrb, ex-conseiller au présidial ; déjà mentionné.
Drogt, maire de Coutances.
TiERGELiN, ex-avoué ; précité.
Barbe, de Bricqueville-la-Blouette.
Delamare de Ceux, déjà cité (naguère poursuivi, mais acquitté,
devant le Tribunal révolutionnaire. Voir notre Étude
sur celui-ci, )t?. 88.)
Paquet-Beauvais, ex-procureur de la commune de Coutances,
jadis destitué par Lecarpeniier ; et, à présent, membre
du Département.
Lebrun, notaire; sus dit,
GoBiLLET, de Grimouville (acquité^ le 3 thermidor an II, par le
Tribunal révolutionnaire. Voir notre Etuds sus dite,
p. 255.)
445 —
RECEVEUR DU DISTRICT DE COUTANCES
En 1790.
LoRiN, ex-receveur des tailles, à Contances ; précité.
En 1791.
Lebrun, notaire ; déjà mentioDoé.
De 1792 à l'an IV.
PouRBT-LoNGUEYAL, de Gcffosses; déjà mentionné.
DIRECTEUR DE L'ENREGISTREMENT
DANS LA MANCHE
Pendant toute la période.
GUIGNON.
RECEVEUR DE L'ENREGISTREMENT
a coutances.
Charpbntibr.
VÉRIFICATEUR DES ASSIGNATS A COUTANCES
Charbtte, architecte; sus-mentionné.
— 446 -
PROFESSEURS DU COLLÈGE DE COUTANCES
Nommés, en 1791, vu le défaut de serment de leurs prédéces-
seurs, à l'exception toutefois du premier, qui le prêta.
De Philosophie.
Prat, ex-dominicain.
If Eloquence,
PlEL.
De Logique,
Grossin.
De Seconde.
NicoLLB, ex-avocat à Coutances ; précité.
De Troisième.
Le HiTHois, de Montchaton.
De Quatrième,
Gaslonde, de Créances.
De Cinquième.
Fauvkl.
De Sixième,
Leloup.
OFFICIERS DE LA GARDE NATIONALE-
%
A COUTANCES
Au commencement de 1791.
Colonel.
JuHEL DR Boisus^, d'Àucteville (un des décapités du 9 ther-
midor an IL Voir nolT^Eiude précitée, p. 229).
- U1
Lieutenant Colonel.
Fremin de LiNGRviLLE^ déjà mentionné comme notable de la
ville.
Major.
Michel d'ànnotille.
A partir du 25 avril de la dite année, vu la démission des
précédents :
Colonel.
DuvAL-MoNTiGNY, déjà cité.
LieutenarU- Colonel.
Quesnel-Hondreville^ précité.
Major.
Lbrond, frère de Tex-curé de Bricqueville-les-Salines dont il
sera ci-après parlé.
Le 31 décembre suivant, vu la démission des 1*' et 3^ en der-
nier lieu mentionnés :
Colonel.
Quesnel-Hondreville, précité.
Major.
DuBOSQ dit Basmesnil, du Hesnil-Saint-Jean, près Coutances,
fils d'un ex-greffier des insinuations ecclésiastiques.
4
En 1792.
Chef des qiuUre légions du district de Coutances.
Brohon, administrateur du Département.
f
- 448 —
Officiers subaliemes de FEtat-Major.
LoRiN, ex-recevear do district; précité.
OuLàs, marchaDd; également sus-mentionné.
QUESNEL-MONDRBVILLE ; SUS-dît.
Capitaines de Compagnies de la dite mile.
Hbon, chirargien ; précité.
SlQUBT.
Yarin-Franqubville, Fatne'; sus-mentionné.
Henrt la Vauouerib, chirurgien; id.
Coulomb, officier municipal; id.
Bonnet, receveur des domaines ; précité.
JORET.
Cacvin, couvreur.
Lbgardonnel.
Laisnâ, tanneur; id.
Legogq.
Alexandre, notable ; précité.
Closet, également sus-mentionné.
Lhermitte.
OFFICIERS DE GENDARMERIE A COUTANCES
Lieutenan^Colonel du départemewt
(Jusqu'à la fin de 1792)
Highbl de Honthughon, ancien officier de maréchaussée; alors
démissionnaire.
CapUavM
(Pendant toute la présente période)
Muriel, éx-gendarme du roi à Avranches.
— 449- -
LietUtnarU.
(^Jusqu'en septembre 1793.)
Gautron.
Ensuite, vu la desUtution, de celui-ci, par Lecarpentier.
Mbzièrbs, simple gendarme.
MarichaViit'' Logis.
(Avec les mêmes phases.)
Foison , puis Fournibr, gendarmes.
MEMBRES DU TRIBUNAL OE DISTRICT
DE COUTANCES.
Elections de 1790.
Juges TùiUaires.
Dbsmarbts DR Mo^rrcHATON, ex-lieutenant-général au présidial
de Coutances ; président.
Chapbl, avocat, ibid.
Pbzbril, id. , à Gavray.
DuYALy id., à Coutances.
Suppléants.
Lbmaitrb, avocat à Coutances.
Lavalléb, id.
Lbpigbon de Boisval.
Alexandre, notable.
Tous déjà cités.
29
— 450 —
Commissaire du roi.
Lebrun, ex-procureur du roi au présidial sus dit; déjà mentionné.
Commissaire du pouvoir exécutifs
En remplacement de celui-ci après le 10 août 1792.
Savart, officier municipal à Coutances.
Greffier,
Blondel.
' Elections de 1702.
Juges Titulaires.
Duhamel, officier municipal ; précité.
HÉOT, avocat à Gavray ; id.
Lebrun^ précité.
Delalande, lejeune^ officier municipal; sus-mentionné.
' Suppléants.
Lebastard-Delisle, officier municipal ; précité.
Lebrun, notaire à Coutances ; id.
Grandin, avoué au dit tribunal.
Hagé, avocat à Coutances ; id.
Commissaire naiionaL
Lbtenneur, avocat à Gavray.
Greffier.
Varin, Yatne\ ex-officier municipal sus-mentionné.
Remaniements de Lecarpentier le 12 septembre 1793.
Entrent alors :
Comme Titulaires.
Hacâ, sus dit.
■
I
— 451 —
Hervisu, ex-procureur de la commune de Coutances,
En remplacement de Duhamtl et Lebrun^ alors destitués.
Et^ comme Suppléants :
Lelong, assesseur du juge de paix de Coutances; à la place de
Lebastard-Delisle, également révoqué.
Et Helainb, avocat à Coutances ; à celle de Macéj sus dit.
Modification de Legot, du 1 1 nivôse an III.
Destitution de Macé, Hervieu, et LeUmg, remplacés :
Les deux premiers, comme juges titulaires, par :
Lelièvre, ex-avocat au présidial, président.
(Voir, notice dans V Annuaire de la Manche, 1838, p. 994,)
Lebrun, précité, jadis destitué par Lecarpentier.
Auxquels on ajoute, alors, comme juge titulaire de nouvelle
création :
Lbbastard-Desisle, un autre des destitués de Lscarpenlier.
Et le 3', comme suppléant, par :
Alexandre, précité.
Nouveau personnel, qui — avec : Delalande et Héot, comme
titulaires, et Hâlaine et Grandin, puis Lebarbier, huissier, égale-
ment alors à ce titre promu par Legot^ comme suppléants , et
Letenneur, toujours maintenu comme commissaire du gouverne-
ment,— formera la dernière composition de cette juridiction a^
moment de sa suppression ; sauf encore, toutefois, le remplace-
cément, le 25 floréal an III, en vertu d'un arrêté de Bourety de
Héatj sus dit, par Lepigeon de Boisval^ ex-député à la Législa-
tive.
— 452 -
PRINCIPAUX AVOUÉS
PRÈS LE TRIBUNAL DE DISTRICT DE COUTANCES
EN 1792 ET 1793.
YiMOND, ex-procureur au présidial.
CosTiN, id., frère du bénédictin.
CoRBET, déjà mentionné.
Marettb, ex-procureur au présidial ; id.
Lbgaudey, ex-substitut au présidial ; (un des exécutés du 3 ther-
midor an II, à Paris. Y., notre Etude, à ce sujet, p. 224 .)
TiERGBLiN, ex-procureur au présidial ; sus-mentionné.
Deshayes, id.
PiGNARD, de Cérences.
Poulain, ex-procureur, ibid.
Lemoine, ex-procureur à Gavray.
Brandin, id,
Olivier, ex-greffier de la vicomte du dit lieu.
Lecervoisier, ex-procureur au présidial; précité.
Delalande^ de Hyenville.
Grandin^ ex-clerc de procureur, à Coutances; déjà mentionné.
JUGES DE PAIX
DE LA VILLE DE COUTANCES
Elections de 1790.
AuvRAY, ex-avocat au présidial de cette ville.
Elections de 1702.
Le même.
Conservé , d'ailleurs , pendant toute la période , jusqu'en
l'an IV.
— 463 —
JUGES DE PAIX
I
DU CANTON RURAL DE C0UTANCE8
L
Elections de 1790.
Cabaret» ex-avocat au présidial ; déjà mentionné.
Elections de 1702.
Hbrpin, de Gratot.
Destitué, par Lecarpmtiery le 1 3 septembre 1 793 , et rem-
placé par :
DuvALy ex-greffier de la dite justice de paix.
Qui, lui-même, fut, en ventôse an III, en vertu d'un arrêté de
Legot^ à son tour, remplacé, par le premier, jusqu'en Tan IV.
, MEMBRES DU BUREAU DE CONCILIATION
DU DISTRICT DE GOUTANCES.
Nomination, par la MiAhicipalité de QnUances, en 1790 :
Dblalandb-Mbsnildrey, ex-avocat au présidial ; précité.
DupRET, ex-lieutenant particulier au dit siège ; id.
Delamare de Crux, ex-avocat du roi, ibid., et officier muni-
cipal ; id.
Drogy, ex-avocat au présidial; sus-mentionné.
Lbprêtre d' Arobngss, ex-conseiller en l'Election de Coutances; id.
Savary, ex-avocat au présidial; id.
Elections populaires de 1 792.
Dblalande-Hbsnildby, précité.
Savary, id.
- 454 —
Germain des Pallièrbs, maire de Coutances.
La VALLÉE, ex-avocat au présidial et ex-officier municipal à Cou-
tances.
Leprêtrb d'Argenges, précité.
Chevreuil, ex-avodat au présidial; déjà mentionné.
Personnel modifié, le 8 septembre 1793, par LtcarpefUier, qui
y plaçait :
SévERiE , procureur de la commune de Tourville, en remplace-
ment de Chevreuil, sus dit.
Et, à son tour, le 23 nivôse an II, Bou/ret , y retouchait et y
mettait, à la place de Samry et Séverie sus dits :
Lhérault, homme de loi à Coutances.
Piquet, notable de Coutances.
Puis, le 1^ nivôse an III, nouveau remaniement AeLegot, qui
à la place de Germain^ Lavallée^ Delalande-Mesnildrey et Lh^
rauUf sus dits.
Y met :
Jourdain de Beaulieu, ex-avocat au présidial et ex-officier mu-
nicipal.
DupREY, précité.
Lhermitte.
Et Cornet, huissier à Coutances; déjà mentionné.
Enfin, le 25 floréal suivant , Bouret y remplace Piqrie^ et
Cornet, sus dits, par :
FouGHER, ex-receveur des domaines.
EtLEBARBiER, huissicr, ex-membre du Comité de surveillance;
précité.
Qui, — avec Duprey , Jourdain de Beaulieu, Leprêtrb
d'àrgbnges, et Lhermitte — forment, jusqu'en Tan lY, le der-
nier personnel de ce siège.
f
I
— 465 —
TRIBUNAL DE COMMERCE
DE COUTANCES
Élection, par les négociants du lieu, le 20 novembre 1791.
CouLOM, marchand et officier municipal ; déjà mentionné. •
Legardonnel, épicier; id.
DupuiTs, marchand.
GuÉRiN, parfumeur, et notable de la ville ; sus-mentionné.
Lepelley, mercier.
Election par les Electeurs du district, en 1 792.
GuÉRiN, précité ; président.
Lepellet, précédemment mentionné.
Dadurb, mégissier, id.
ViLLÀBDy id.
Gaillard, modiste.
Ce dernier remplacé arbitrairement, le 13 septembre 1793,
en vertu d'un arrêté de Lecarpentier, par :
PfoiN, marchand et notable de la ville.
Plus tard, 1^ 11 nivôse an III, Legot destituait, à son tour, ce
remplaçant, ainsi que Gtiérin, sus dit ; à la place desquels il
mettait :
La VALLÉE, déjà plusieurs fois mentionné
Et DuDOurr, tailleur, et ex-notable de Coutances,
Qui, — avec Lbpblley, Dadure, et Villard, sus-mentionné^,
— demeurèrent en fonctions jusqu'à la fin de la présente période.
— 456 —
TRIBUNAL CRIMINEL DE LA MANCHE.
Elections de 1791.
Président.
LoisjsL, de Saint-James, membre du Département; déjà cité.
Àcet^sateur public.
Vieillard de Boismartin, de Saint-Lo, ex-député à la Consti-
tuante.
Commissaire du Roi,
Frémin de Beaumont, de Lingreville, procureur -général-syndic
du département; déjà souvent mentionné.
Remplacé un instant, après le 10 août 1792, comme Com-
missaire du pouvoir exécutifs par :
Lemaitre, ex-avocat au présidial de Coutances; précité.
Greffier.
Michel de Bonnepond^ ex-procureur du roi au bailliage de
St-Sauveur-le-Vicomte.
Elections de 1792.
Président.
LoisEL, précité.
Accusateur public.
Lemenubt de la Jugannière, de Yaudrimesnil» ex-avocat au
bailliage de Saint-Lo.
Voir Annnakre de la ManchSf 18S6, page 139).
— 457 —
Gtef^
Michel , sus dit.
Personnel qui ne reçut aucun changeaient nouveau pendant le
reste de la période dont s'agit.
JURÉS FOURNIS PAR LA MANCHE
A LA HAUTE COUR NATIONALE.
Elections de 1791.
RiouLT D^ HoNTBRAY, jugo au Tribuoal de district d'Avranches;
déjà mentionné.
DuPRBY, de Réville, suppléant au Tribunal de district de Cher-
bourg.
Elections de 1702.
RiouLT, sus dit.
BuHOT, juge de paix à Valognes; déjà mentionné.
CONCIERGES DES PRISONS DE COUTANCES
De la prison principale, contenant la Jfaiscm de Jwtice
Jusqu'en germinal an II.
D'abord :
Lagnbl.
Puis :
Blasset, du département de l'Oise, ex-sergent de l'armée.
Ensuite, vu la démission de celui-ci à la dite date :
Gallot.
— 458 — '
De la maison d'arrêt, priDcipale, da Fort-Colin,
Depuis 1 793, à frimaire an IL
Ernouf dit MoifTAUGiEL, déjà cité.
Ensuite, vu la destitution de ce dernier :
BONNEFOUSSB.
Des maisons d'arrêt, suj^lémentaires, de Va/rUigny et des Ja-
œbinSf
De septembre 1 793 à brumaire an III, qu'elles furent supprimées ;
Bazire.
EXÉCUTEUR DES HAUTES ŒUVRES
DANS LA MANCHE
Lac AILLE.
Qui le fut pendant toute la Révolution.
HUISSIERS
SE RATTACHANT AUX DIVERSES JURIDICTIONS DE COUTANGES
Gervaise, ex-sergent royal près leprésidial; déjà cité.
Laurent.
Spécialement attachés, l'un et l'autre, au Tribwml criminel^
et dressant, en conséquence, les procès-verbaux des exécutions
de ses sentences.
Laville, ex-huissier de Tamirauté de Coutances.
Laignel, id. id
Rabasse, id. de la police d'ibid.
- 489 -
BoissEL, 6x-huissier-aadiencier aa présidial.
Lebaebisr, ex-huissier de la Chancellerie du dit siège;
GUILLEMBTTE.
Tous déjà cités.
DÉFENSEURS OFFICIEUX OU AVOCATS
PRÈS DES DITES JURIDICTIONS.
Jourdain de Beaulieu, ex-avocat au présidial.
Lemonnier, id., et ex-procureur de la commune de Coutances.
Hervieu^ ex-avocat à Gavrày.
Drogy, ex-avocat au présidial.
Calenge.
Massy, ex-avocat à la vicomte de Gavray.
Lebreton, id.
Colas de Premare, ex-avocat à Valognes.
Les 4 premiers et les 6^ et 1% déjà cités.
NOTAIRES PUBLICS DE COUTANCES
Lebrun, ex-notaire royal.
HÉBERT, id.
Déjà mentionnés.
MEMBRES DU TRIBUNAL DE CASSATION
APPARTENANT A LA MANCHE.
Elections de 1790.
Titulaire :
Caillemer, de Carentan, ex -bailli de Coigny et procureur-
syndic du District de Carentan.
(Voir Annwarê sus dit, 1877, p. 41.)
— 460 —
SuppléafU :
MÉQUiN, de Granville, ex-sénéchal de la moyenne justice de
Saint-Pair; déjà cité.
L'un et l'autre y réélus en 1792.
|III«-€«lie.
ÉVÊQUE CONSTITUTIONNEL DE LA MANCHE
Elu en Février 1791. g
BÉGHSRBL, ex-curé de Saint-Loup, et député à la Constituante.
Ficaires épiscopaux de celui^ choisis en 1 791 .
1 BissoN, ex-chapelain de la cathédrale de Coutances.
2 Bissoif, curé deSt-Louet-sur-Lozon.
(Toir annuaire d» la Manchet année 1819, p. i9i. )
3 Caugharo, vicaire de Saint-Lo.
4 MiLAYEAUx, curé de Yindefontaine, et ex-jésuite; déjà cité.
5 Michel, curé deSt-Symphorien, près la Haye-du-Puits ; id.
6 Lemonyeb, vicaire de Ronthon.
7 Leloup, prêtre à Coutances ; précité.
8 BouRsiN, ex-habitué à la collégiale de Mortain ; id.
9 Legranp, curé de Barneville.
10 CosTiN^ ex - bénédictin , archiviste du Département; déjà
mentionné.
1 1 Lebceuf, ex-habitué à la cathédrale de Coutances; id.
1 2 DuGHEMiN^ curé de Périers.
(Voir notice ùensVÀnnuaire sas dit, ISSO, p. 290.)
Auxquels il faut ajouter, plus tard^ en remplacement de
quelques-uns des précédents, — par exemple des 8^ et 10^, bien-
tôt absorbés par leurs fonctions civiles ; — notamment :
— 461 —
Poisson, curé de Gerville,
L^ALLiER, ex-habitué à Yalognes.
SUPÉRIEURS DU GRAND- SÉMINAIRE
CONSTITUTIONNEL
Nommés, en 1791, en remplacement des anciens, qui avaient
refusé le serment.
HÉNAULT.
Bazirb.
CHAPELAINS CONSTITUTIONNELS
DE L'HOTEL-DIEU DE COUTANCES
Nommés de même.
Vincent.
JouRDAN, ex-habitué à la cathédrale de Coutances.
Cauchard.
■^ATUWi
V
DEUXlèMB j^^ÉRIODE
DE LA GOIfSnTDTION DE l'aN ni, A CELLE DE l'aN Vin.
2 !•'• — âkâaàÊ^ÊÊnOÊom profrcaiait dite,
MEMBRE DU DIREaTOIRE EXÉCUTIF
APPARTENANT A LA HANCHE.
De ran IV à l'an V.
Letournbur, de Cherbourg, ex-conventionnel, déjà mentionné;
élu, en Tan IV, par la Manche, au Corps Législatif ci-
après.
DÉPUTÉS AU CORPS LÉGISLATIF
APPARTENANT A LA MANCHE,
Elections de l'an IV.
Conseil des /anciens.
i RiBET, de Tourlaville, ex-conventionnel.
2 Havin, du Mesnil-Opac, id.
3 BoNNBscEUR-BouRGUioNiÈRE, dc Barentou, id.
i Letourneur, de suite sorti comme Directeur exécutif (voir
suprà).
5 Poisson, de Saint-Lo, ex-coniventionnel.
6 Sauvé, deDucé, id.
7 BÉ6NAULT de Brétel, dc la Haye-du-Puits , id.
8 Perrée-Duhamel, de Granville, ex-dé|)uté à la Constituante.
9 Loisel, de St-James, ex-président du Tribunal criminel de la
Manche.
— 463 —
Conseil des Cinq-Cents.
1 Lbmoine-Yilleneuve, de Hortain, ex-coDventionnel.
8 Laurence, de Yilledieu, id.
3 HuBERT-DuMANOiR, de Saint-Gilles, id.
i Engerran-Deslandes^ de Saultchevreail, id.
6 PiifEL, de St-James, id.
6 BouRsiN, de Mortain, ex-membre du Département de la
Manche; déjà cité.
7 Lehaignen, de Carentan, id.
8 Frémond, d'Avranche», ex-procureur - général - syndic du
dit Département.
Personnel, dont disparaissent, par tirage au sort^ au commen-
cement de Tan V,
Les numéros : 3, 6 et 7, de la liste ci-dessus, des Anciens ;ei
3 et 5 de celle des Onq-Cents, également précitée.
Mais alors et, par les élections de la dite année, entrent, en
revanche.
Aux Anciens.
Dufoug-Maisongellbs, de Gratot, ex -procureur -syndic du
District de Coutances ; déjà mentionné.
Et aux Onq-CefUs.
Collet des Gostils, ex-agent national du District de Valognes,
puis juge de paix de la dite ville.
Brohon, ex-administrateur du Département; déjà mentionné.
Et SivAAD de Beaulieu , de Valognes , ex-maire de la dite ville.
(Un des membres de la fournée dite de Valognes^ envoyée,
en thermidor an II, à Paris^ par Lecarpeniier. Voir
notre Etiule sdr le TrUnmal révoltUion/naire de Paris^
p. 297).
Seulement, les élections de la dite année ayant été, pour la
— 464 —
Manche notammenl, annulées en vertu de la loi du 19 fructidor
an F, les nouveaux membres sus dits cessèrent alors de siéger.
De plus^ dans les commencements de l'an YI, nous voyons
sortir encore, mais par la voie normale, du Corps Législatif,
savoir :
Des Anciens^ les 1*', 2* et 5* numéros de la première liste ei-
dessus, et des Cinq-CeniSy les numéros i^, V et 4* de Ténumé-
ration correspondante.
Mais^ par contre, y entrent alors — en outre du numéro 5 des
Anciens, ci-dessus (Poissofi), et du numéro 4 des Cinq-CenSs^
également sus - mentionné [Engerran)^ l'un et l'autre de suite
réélus; — comme membres nouveaux :
Aux Anciens.
Lbmbnubt db la JuGANifiÈRB, dcYaudrimesnil, ex-président du
Tribunal criminel de la Manche.
Aux Cinq- Cents.
AssELiN, de Cherbourg, ex -membre du Département de la
Hanche.
Dbsplanqubs du MBSinL, de Carentan, ex-membre du District
de cette ville.
BiTOuz DES LiGNiiERBS, dc Bncqucbcc, ex-avocat au Parlement
de Rouen, et ex-membre du Conseil supérieur de Justice.
(Voir, notice, Annuaire sas dit, 1830, p. S7i.)
GuESDON, de Cherencé-le-Roussel, ex-agent national au District
de Hortain , et actuellement président de la municipalité
de cette ville.
PouRBT-RoQUERiE, déjà mentionné, alors commissaire du gou-
vernement au Tribunal civil de la Manche.
Enfin, en Tan VU, du personnel de la Manche ainsi recom-
posé pour le Corps Législatif, sortent, savoir :
— 463 —
Du Comeil de$ Ancietis, les numéros 8 et 9 de la liste de
Tan IV, ci-dessus.
Et, de celui des Cinq-Cents, les numéros 6, 7 et 8 de la liste
correspoudante.
Hais, en revanche, entrent alors :
Aux anciens.
Caillbmbr, de Carentan, ex-membre du Tribunal de Cassation,
et , en dernier lieu , président du Département d^ la
Manche ; déjà mentionné.
Frain, d*Avraoche$, ex-agent national du District de cette ville,
et actuellement commissaire du gouvernemeot près la dite
Administration départementale.
Qui, — avec Poisson et Lemenuet, — formeront le dernier per-
sonnel de la Manche dans la dite assemblée.
Et aux Cinq-Cents.
Où BouRSiN, qui en était déjà, se trouve alors réélu :
Lbfollet de Sorteval, de Yalognes, président du Tribunal
criminel de la Manche.
Qui, — avec : Engerran, Boursin^ Despanques, Gubsdon, Bi-
TouzB, AssELiN ct PouRET-RoQUERiE, précités, — composcrout le
dernier personnel, correspondant, de ce département à cette
dernière assemblée.
ADMINISTRATION DÉPARTEMENTALE
DE LA MANCHE
Elections de l'an IV.
Membres proprement dits.
AssBLiN, de Cherbourg, précité, alors maire de la dite ville.
Lebrun, de Saint-Floxel, ex-membre du Département.
30
— 466 —
Lbhurby, de Saint-James, ex-membre du District d'Avranches.
Caillbmer, de Careotan; précité, alors procureur-syndic du Dis-
trict de la dite ville; président.
Clément, du Dézert, ex-membre du Département.
Commissaire du Gou/oememerU.
FRAiif, d'Avranches, sus-mentionné.
Secrétaire-Général.
CosTiN, r ex-bénédictin; précité.
Election partielle de l'an V, pour remplacer Asselin sorti par
le tirage légal:
BouRÊE, homme de loi à Mortain, et ex-membre du District de la
dite ville.
Mais celui-ci dut se retirer bientôt, par application de la loi
précitée du 19 fructidor an V; qui rappela alors, -* par le choix
de Tadministration elle-même, — Asselin, précité.
Seulement ce rappel n'était qu'en attendant les élections de
l'an YI, qui fournissent, à sa place :
Champs, ex-membre du District de Mortain.
Puis, en l'an YII, les élections de Tannée confirment Clé-
ment, membre alors sortant, et appellent, en remplacement de
Caillcmsr, alors nommé député au Corps législatif :
Piton, de Coutances, alors commissaire du gouvernement, près
la municipalité de cette ville.
D'un autre côté, pour exercer cette dernière fonction près du
Département, vu la promotion de Frain, cette année là, à la dé-
putation, le Directoire nomme alors :
BoNNBscBUR, cx-député, alors substitut du Tribunal de départe*
ment.
- 467 —
Et, à ce moyen, on obtient le dernier personnel de la dite ad-
ministration jusqu'au 18 brumaire an YIII, où il est en consé-
quence encore composé de :
Lebrun, Lbhurey, Champs, Clément, Piton, comme membres
délibérants, et Bonnbsoeur, comme commissaire du Gouverne-
merU.
ADMINISTRATION MUNICIPALE
DE LA VILLE DE COUTANCES.
Elections de l'an IV.
Membres délU)érants.
Dbshaibs, ex-procureur de la commune ; déjà cité.
Joubert, imprimeur, non acceptant et alors remplacé de suite
par :
Marib, ex-notable; id.
Lerond, ex-curé de Bricqueville-les-Salines; président de la
nouvelle administration.
Badin, ex-notable.
Legérais, ex-archiviste du District de Coutances; déjà men-
tionné.
Avec, pour Commissaire du Directoire exécutif:
Piton, ex-membre du dit District.
Mais Deshaies, Badin, et Legerais, étant bientôt sortis aux
termes de la loi, furent remplacés par :
Loquet, de la Lande-Dairou, ex-membre du Département de la
Manche,
— 468 —
Lbglsrg, de Coatances,
Et Dallet, d*ibid, marchand de vin; déjà «ité.
Seulement, la loi du 19 /ructidor an f^ annulant aussi celte
élection, la municipalité restante rappela, pour les remplacer
provisoirement :
Deshaies, Lbgéràis et Badin, précités ,
En attendant les élections normales de Tan VI; qui — de-
venant en cette matière par le fait générales^ — donnèrent ici,
avec Legerais et Marié sus dits , dont le premier devint alors
président de Tadministration :
JouBERT/îb, imprimeur; déjà cité.
Marette, ex-avoué; id.
Et Blouet, ex-curé jureur de La Baleine.
Personnel ainsi recomposé, auquel les nouvelles élections de
Tan VU ne changèrent qu'un membre : Marie, alocs remplacé
parFouLON-GRANDGHAMPy pharmacicn ; déjà cité.
Piton, y étant, du reste, toujours resté Commissaire du gowcer-
nement.
Mais celui-ci ayant été, en Tan VU, nommé membre du
Département, fut, près la municipalité de Coutanees, rem-
placé par :
Blouet, sus dit.
Qui lui-même, le fut alors, comme membre délibérant de
celle-ci, par :
Gosselin, homme de loi à Coutanees.
Et tel fut le dernier état, à cet égard, jusqu'en Tan VUI.
— 469 -^
ADMINISTRATION MUNICIPALE
DU CANTON RURAL DE COUTANCES
Président.
m
En l'an IV.
Cabaret-Dotuon, d'Orval; déjà cité.
En l'an VI.
Tesson, ex-député à la Législative.
En ran VII.
DuBosQ dit Basmbsnil, ex-officier de la garde Datioaale de Cou-
tances ; déjà mentionné.
Commissaire du Directoire exéctstif.
En l'an VIL
GuÉRiN, président du Tribunal de commerce de Coutances; pré-
cité.
RECEVEUR GÉNÉRAL DE LA MANCHE.
En l'an VII.
Vieillard.
DIRECTEUR
DE l'enregistrement ET DES DOMAINES DE LA MANCHE
«
En l'an IV.
GuiGNON, déjà mentionné.
— 470 —
En l'an VII.
Vannier.
CONSERVATEUR DES HYPOTHÈQUES
A COUTANCES.
En l'an VII.
Charpentier, ex-receveur de renregistrement, au dit liea.
RECEVEUR DES DOMAINES NATIONAUX
A COUTANCES.
En l'an IV.
Bonnet, déjà cité.
Qui l'était déjà dans la période précédente, et qui le fut encore
dans la suivante.
INGÉNIEUR EN CHEF DU DÉPARTEMENT-
En l'an IV.
PiTRON.
Qui l'était depuis le commencement de la Révolution.
SofAS'Ingénieur à CoiUances.
Même année.
Maillard.
Condwteur principal au dit lieu.
Sarot, de Cérisy -la-Salle ; déjà cité.
— 474 —
DIRECTEUR DE LA POSTE AUX LETTRES
DE COUTANCES.
En l'an IV.
Danigan.
ÉCOLE CENTRALE D'AVRANCHES
(310 ÉLÈVES).
PROFESSEURS DE L'INSTITUTION
PREMIÈRE SECTION l
Dessin.
Lanoevin.
Histoire naturelle,
Perrin, puis Leghevalier.
Langues anciefimes,
Gardin.
deuxième section :
Mathémaiiques.
LaMARE, puis PODCHIN.
Physique el Chimie.
Robinet.
troisièm £ section:
Grammaire générale.
Pommeraye.
BelleS'Letlres.
Lambert, ex-régent au collège de Coutances.
— 474 —
Histoire.
Mauget.
LégisUUion.
Previllb; puis Costin, rex-bénédictio , précité.
DIRECTEUR DE LA BIBLIOTHEQUE
(à la tête de 9,386 volumes).
Cerisier.
directeur du cardin des plantes
dubuisson.
(Voir, sur lui» notice dans V Annuaire précité, 1830» p. 290).
CONCIEnOE
Paimblant.
GARDE NATIONALE DE COUTANCES
élections :
En vendémiaire an IV.
Capitaines de compagnies de : Grenadiers, Chasseurs
et Canonniers :
QUESNEL-HONDREVILLB , déjà Clté.
DupRATEAu, orfèvre; id.
Damame, pharmacieu; id.
En Floréal suivant.
Commandant en chef.
Carrouge, déjà mentionné.
*
i
- 473 -
Commandants dans les dioers quartiers :
Quartier de St-Nicolas.
Lebrun, notaire; précité.
Quartier de St-Pierrt.
Lbgérms, filandier, ex-membre du Comité de surveillance.
Quartier de la Grande-Rue au nord.
QUESNRL-MONDREVILLE^ SUS dit.
Quartier de la Grande-Rue au midi,
DUPRATBAU, id.
Quartier du Pont-de^SouUes.
SÉBiRE, mégissier.
Quartier des Piliers.
ViEL.
En germinal an V.
Chef de Bataillon.
DuvAL-MoifTiGNY, cx-notablc.
Capitaines ordinaires.
Quesnel-Can V A ux .
JORET.
Deshaies.
Varin-Franqueville.
Le Maître.
Legérais.
Beaumer.
Tous déjà cités.
Chefs de Fétérans.
GUYARD.
Legourtois.
— 474 -
En germinal an VL
Chtf de Bataillon.
Foulon-Grandghamp, pharmacien ; précité.
Capitaines.
Lepr^tre.
QuENAULT, chirurgien ; précité.
GOHIER.
Charles Quesnel.
Marie, administrateur municipal.
Caresmel.
Hrrvieu, ex-juge au Tribunal de district.
Lehaut.
in.— Juttee.
TRIBUNAL CIVIL DE LA MANCHE
Elections de l'an IV.
Juges Titulaires.
1 Yautier, ex-avocat au bailliage, puis juge au Tribunal de
district, de Périers.
2 Lehieulle, juge au Tribunal de district de Yalognes.
3 Lbsagher la Pallière, ex-député aux Etats-Généraux, et
depuis juge au Tribunal de district de Mortain.
4 Heryieu, ex-procureur-syndic au District de Cherbourg.
5 OuRY, de Digosville, ex-administrateur du Département.
6 Delalande, le jeune, ex-juge au Tribunal de district de Cou-
tances; déjà mentionné.
7 FouGHER, ex-juge , puis commissaire du gouvernement^ au
Tribunal de district de Saint-Lo.
j
— 475 -
8 DupREY, ex-commis^aire du gouyernement au Tribunal de
district de Périers.
9 Le TENNEURyid., au Tribunal de district de Coutances; déjà
cité.
10 Lefollet DE SoRTEYAL, id., à ccltti de Yalognes.
1 1 HouBL, de Saint-LOy ex-juge en la dite ville.
12 Cousin-Deschamps, duTeilleul» ex-membre du Département.
13 Lelièvre, ex-président du Tribunal de district de Coutances.
14 RiouLT DE MoNTBRAY, ex-administrateur du Département, et
juge au Tribunal de district d'Àvranches.
15 BoissBL-DuviviER^ ex-juge au même siège.
1 6 GoNFREY, de Saint-Lo, ex-secrétaire au District de cette ville.
17 AuvRAY, juge au Tribunal de district d'Àvranches.
18 Lesgot-Cretteville, juge à celui de Saint-Lo.
1 9 D'Orléans, juge à celui de Périers.
20 GuiFFARo, id., à Cherbourg.
21 PÉZERIL, ex-juge à celui de Coutances ; déjà cité.
22 Cherbonnel, id., à Àvranches. •
23 PouRET-RoQUERiE, cx-coustituant , et juge du Tribunal de
district de Périers ; sus-mentionné.
SuppléatUs.
Lavallée, ex-avocat, etjuge au Tribunal de district de Coutances.
Alexandre, id.
Greffier.
AuDRAN, d' Avranches.
Avec, pour Commissaire du GouvememerU.
(Provisoire.)
Drogy, avocat à Coutances.
Mais ce personnel est bientôt partiellement modifié, par Tim-
possibilité de plusieurs- de ses membres d'accepter, ou de
continuer, leurs fonctions.
- 476 -
C'est ce qui arrive successrvement aux 16^, 11% 12*, 14', <8*
20*, 21^ 33% titulaires ci-dessus éoumérés; qui» au ftir et à
mesure de leur disparition, se trwfent, dfe l'an lY à l'an VII,
remplacés par :
ÀDRAHAM-DuBors , d'Avrauches , ex-lieutenant particulier au
bailliage de cette ville.
Lemonnier.
Varin, tatr^y ex-juge de paix à Coutances; précité.
RoBBE DE Salles.
Leloup-Dbsperrblles, ex-homme de loi à Coutances.
Ddprey, ex-conseiller au présidial de Coutances ; déjà cité.
Plus, parles deux suppléants sus-mentionnés.
Quant au Commissaire gouvernemental sus dit, il fut auGcessi-
vement, comme titulaire définitif :
Bn frimaire an IV.
DÉNIER, ex-juge au Tribunal de district de Saint-Lo.
En frimaire an IV.
Vu la mort de celui-ci.
PouRET-RoQUBRiE , précité.
Lequel, en germinal suivant, — vu son départ pour le Conseil
des Cinq- Cents, — cède la place à
RlODLT DE MONTBRAY, précité.
En l'an VII, celui-ci avait^ en sa nouvelle qualité judiciaire,
pour substituts :
BoNNESQEUR, cx-mcmbre du Corps législatif; déjà cité.
Et HouBL, ex-juge au Tribunal de Département ; id.
Succédant eux-mêmes à CatAchardei Manger; et à un desquels
devait bientôt d'un autre côté faire suite :
LoYSBL, ex-président du Tribunal criminel de la Manche, et ex-
membre du Conseil des anciens d'où il revenait alors.
- 477 —
JUGES OE PAIX
DE LA VILLE DE COUTANCES.
Elections de Tan IV.
AoYRAY, le précédent titulaire.
Remplacé, en frimaire an Y^ par :
Yarln rainé, ex-greffier du Tribunal correctionnel de Coutances;
déjà cité.
Qui, en germinal même année, Test lui-même par :
Chapel, ex-juge au Tribunal de district de la ville.
Puis, en Tan VI, on trouve d'abord :
Marettb, ancien avoué et notable de Coutances.
Et ensuite :
Lbrond, ex-président de radministralioa municipale de Cou-
tances; précité.
Qui resta jusqu'à la fin de la période.
JUGES DE PAIX
DU CANTON DE COUTANCES
Election de l'an IV.
Hbrpin, qui l'était en dernier lieu.
Remplacé, à la fin de Tannée, vu sa démission, par :
Duval, greffier, et ancien magistrat, du siège.
— 478 —
Qui se démet en l'an VI ; entre alors à sa place
Bonnet, de Saint-Nicolas-de-Coutances.
Qui est le dernier titulaire jusqu'à Tan VIII.
TRIBUNAL DE COMMERCE DE COUTANCES.
En l'an IV.
Gu^m, présidefUf par continuation.
VaLARD.
DuDouiT, tailleur.
Voisin, épicier.
Dadure, parcheminier.
Tou& déjà cités.
En l'an VIL
Même composition, sauf que Dvdouit est remplacé par Lb-
PELLEY, également déjà mentionné.
TRIBUNAL CRIMINEL.
Election de l'an IV.
Président.
LfiMBifUBT, ex-accusateur public au dit siège.
Accusateur public.
HÉOT, ex-juge au Tribunal de district de Coutances.
Election de l'an VL
Président.
Lefollet de Sortbval, ex-juge au Tribunal civil de la Hanche.
Accusateur puJ)lic.
HéoT, sus dit. '
— 479 —
Greffier pendant toute la période.
Michel, qui Tétait déjà jadis.
Commissaires du Gouvernement.
Ceux, précités, du Tribunal civil de Département.
JURÉ DE LA MANCHE
A LA HAUTE COUR DE JUSTICE
En l'an VI.
Blanche, de Carentan , ex-receveur du district de cette ville.
(Voir sur lui notre Btude concernant la Chouannerie dans la Manche).
TRIBUNAL CORRECTIONNEL
DE COUTANCES
Commissaire du Gov/oemement^ à lui spéHaL
De l'an IV à l'an VlII.
BuRNoup, ex-avocat et ex-chef de bureau au Département.
Greffier.
Yarin, Vatné, ex-greffief du Tribunal de district de Coutances.
Puis, à partir de frimaire an Y, vu la nomination de celui-ci
comme juge de paix de la ville :
FÉVRIER, ex-greffier du juge de paix de la ville de Coutances.
CONCIERGES DES PRISONS DE COUTANCES-
Maison de Justice.
Gallot, déjà cité.
Maison d'arrêt du Fort^Colin.
Jusqu'en Tan IV.
BoNNSFoussE, également précité.
— 480 —
Qui alors est dcstilué et remplacé par :
Vattier.
HUISSIERS
PRÈS LES JURIDICTIONS DE CODTANCES
Aadieociers :
Du Tribunal Ciml de Dépanement.
Leroux. — Boissel. — Colas. — Lebarbibr.
De la Justice de Paix de la ville.
HéaN»uiN.
Du Tribunal de Commerce.
Laignel.
Du Tribunal Criminel.
Gervaise. — Laurent.
Du Tribu/nal Correctionnel.
Voisin. — Rabasse.
Huissiers libres :
Laville. — Guillemette. — Menand. — Lebaron.
La plupart déjà cités.
PRINCIPAUX DÉFENSEURS OFFICIEUX
ou AVOCATS
DEVANT LES DITS SIÈGES.
Hbrtibu. -- Leuonnibr. — Jourdain de Bbauliku. — LEBiinoN.
— Colas DE Prémare. — Calenge. — Massy. — Goutard.
— Sauvage ; la plupart déjà mentionnés.
NOTAIRES PUBLICS A COUTANCES
Lebrun et Hébert, également précités.
- 481 —
g m. Calte.
MEMBRES DU PRESBYTÈRE ÉPISCOPAL
CONSTITXJTIONNEL.
En l'an VII et VIII :
Vicaires épiscapatix.
Les deux Bisson. — Lbgrand. — LEMONNiBfi ; déjà men-
tionnés.
Simples Curés.
Ybert, curé de Nicorps.
Cabaret, curé de Saussey.
ARCHIPRÊTRES CONSTITUTIONNELS
A la même époque.
Notamment :
ArchiprStre' de Cherbourg.
Desquesnes, curé de la ville.
Archifrétré des Pieux.
PosTEL, curé diihid.
Archipritré de Quettehou.
CoRBET, curé de Montfarville.
Archiprêtré de Cerisy-la-Salle.
Lalouel. curé de Belval.
31
— 482 —
Avec, pour stibstUtU.
Roger, curé de Roncej.
Arckiprêtré de Percy.
Blouet, curé du Cheffresne.
Archiprétré d'Avrandies,
Lhbrmitte, curé de cette ville.
Archiprétré de Saint-Pierre-d'Arthenay.
GuiLLET, curé de Rémilly.
Archiprétré de Quettref)ille.
BouDiER, curé de Saint-Louet-sur-Sienne (substitut).
Archiprétré de CarerUan.
DanièrEi curé de Héautis, (id.)
Archiprétré de Falognes.
Raisnel, curé de Saint-Marcouf (id.)
DÉPUTÉ DU CLERGÉ CONSTITUTIONNEL
DE LA MANCHE
AU SYNODE METROPOLITAIN DE ROUEN DE l'aN VIII.
Desquesnes^ curé de Cherbourg; précité.
■\AAAAtf-
Troisième Période
DE LA GONSTITDTIOff DE l\n VU! À l'eMPIRI.
) I. AdmiaMMiloB proprement dite*
REPRÉSENTANTS DE LA MANCHE-
Au Sénat.
En ran VIII.
Pléyille le Pelet, de Granville, ex-amiral etex-miaistre.
(Voir notice, AnnwOrê sus dit, i845,p. 49iJ
Aa Corps Législatif,
En l'an VIII.
ËNGBBRAfi, de Saultchevreuil, ex-député aux Cinq-Cmis.
Poisson, de SaiDt-Lo, ex-membre des Anciens.
Auxquels il faut ajouter :
En l'an XII.
Fremin de Beaumont, ex-procureur-général-syndic du Dépar-
tement.
Et plus tard :
Lebrun de Roghemont, de Bretteville-sur-Ay.
Au Tribimat.
En l'an IX.
BiTOuzÉ DES Lignières, de Bricquebec, ex-député aux Cinq-Cents
Caillemer, de Carentan, ex-député aux Anciens.
Et Perreb-Duhamel, de Granville, id.
— 484 —
ADMINISTRATION DÉPARTEMENTALE
DE LA MANCHE
En Tan VIII.
Préfet.
DE MaGNITOT.
Secritairt-GénéraL
GlémenTi déjà mentionné.
Conseil Général.
Frémin du Mesnil, de Coutances, frère de Frémin de BeaumotU
et de Frémin de Lingreville , précités.
(Voir, notice sur lui, Annuain sus dit, 1845, p. 489.^
Lbbasnier, homme de loi à Saint-Lo.
AssELiN-DuvET, de Cherbourg,
Chantereine, d'ibid.
Vautier, de Saint- Vast.
Vrac, homme de loi à Valognes.
Desghesnées-Hauger^ id.
Collet des Costils , d'Yvetot, ex-agent national du District de
Valognes, et ex-député aux Anciens.
Chanteloup, ex-receveur du District de Valognes.
Hervieu de Pontlouis, administrateur de l'hospice de Carentan
et jadis lieutenant particulier au bailliage d'ibid.; déjà
cité.
Hulmel, homme de loi à Saint-Lo.
Caughard-Hoissonnier, id.
Culleron, id. à Thorigny, ex-membre du Département.
Bourée-Fougaudière, id. à Mortain; id.
Le Mengnonnet, de Granville.
Leglerg, propriétaire à Avranches.
Lbgourt, homme de loi, ibid.
Bloudel, ex-entrepreneur de tabac, ibid.
Lebrun, notaire à Coutances.
— 485 —
Letullikr, juge de paix, ibid., ex-membre du Département.
DE CussY, propriétaire, ibid.
CouRAYE DU Parc, juge de paix à Hontmartin-sur-Her.
Michel d'Annoville, de Coutances.
Conseil de Préfectwre.
Lebrun.
Lemarié, d'Àvranches.
Heudeline, de Thorigny^ ex-membre du Départemeot.
Desprès, de Yalognes, id.
Lbmaitre.
SOUS-PRÉFECTURE DE COUTANCES-
En l'an VIII.
Sous'Préfd.
Frémin de Beaumont, précité.
Bientôt nommé député au Corps législatif, et alors remplacé
par:
Paqubt-Beauvais, de Coutances , ex-membre du Département de
la Manche.
Conseil cC Arrondissement.
Leforestier de Muneville.
Hubert, notaire à Montmartin-sur-Her; ci -après mentionné
comme notaire à Coutances en l'an XIY.
Bonté, docteur-médecin à Coulances ; précité.
Lepigeon de BoisYAL, d'ibid., ex-député à la Législative.
DE Mary de Bagtot, d'ibid.
Fauvel la Raisinière^ de Périers.
Legervoisier, ex-procureur à Gavray; déjà cité.
Lbmougheux, ex-juge de paix à Lessay.
Faudemer-Desghamps, de la Haye-du-Puits.
Desmarest, de Heugueville.
Lbcarpentier, de Coutances.
!
— 486 —
MUNICIPALITÉ DE C0UTANCE8
Maire.
Duhamel, ex-juge au TribuDal de district de la ville; déjà cité.
AdjoirUs.
DE Mary de Bactot, précité.
Lemaitre, ex-notable.
Conseillers Municipaux (30).
Frémin du Hbsnil, déjà mentionné.
Varin-Franqueyille, lejeu/ne^ id.
MoRiN, médecin.
Basset, filandier; déjà cité.
Dallet, id.
Massy, avocat; id.
Benby la Vauguerie, chirurgien; id.
DU Mesnil-Adblée, précité.
Bonté-Mautinière, id.
Joubert, imprimeur, id.
Lbpesant, ex-secrétaire du District; id.
Damame, pharmacien, id.
Chapel, ex-juge au Tribunal de district; id.
Chauvet, lejeune^ marchand.
Haudug, déjà mentionné.
QuENAULT, chirurgien; id.
Leroux, huissier.
Bavard, marchand.
GuYARD, ex-notable.
Lebreton, avocat, déjà cité.
Duprateau , orfèvre, id.
DuDouYT, tailleur; id.
GossELiN, ex-notable.
Badin, marchand; déjà mentionné.
— 487 —
Cabaret, ex-juge de paix du canton de Goutances ; id.
Legarpenti£r, ex-notable.
Quesnel-Canvaitx, précité.
Leprêtre-Pontîvon .
Drogy, avocat^ et ex-maire de la ville.
Piton, ex-commissaire du gouvernement près le Département.
DIRECTEUR DES CONTRIBUTIONS DIRECTES
DANS LA MANCHE
En l'an VIII.
Walwin.
Contrôleur à CoiUances.
HoMMERiL, ex-curé-jureur de Geffosses.
RECEVEUR GÉNÉRAL
A la même époque.
BUNEL.
RECEVEUR PARTICULIER A COUTANCES
COUPARD.
DIRECTEUR DE L'ENREGISTREMENT
A COUTANCES.
PlPAUD.
VÉRIFICATEUR A COUTANCES-
Lkpellev.
— 488 —
CONSERVATEUR DES HYPOTHÈQUES
A COUTANGES.
RODLIN.
ÉCOLE CENTRALE D'AVRANCHES
De Tan VIII à sa suppression en Tan X.
Même personnel que précédemment.
ÉCOLES SECONDAIRES DE COUTANCES*
En Fan XII.
Institution de l'abbé Leniière y ex-vicaire de Saint-Pierre-de-
Coûta nces avant la Révolution :
(36 élèves, dont 4 pensionnaires.)
Bientôt après supprimée vu les développements de celle ci-
après.
Institution de Tabbé Desiplanquts-V avuigny , ex-chapelain de
la cathédrale de Coutances avant la Révolution, déjà cité.
(67 élèves dont 8 pensionnaires) :
PROFESSEURS
Lepatron, de Uontmartin-sur-Mer, ex-capucin.
GiSLETTE, prêtre,
OuRY, professeur au Collège de Coutances avant la Révolution.
Saintin, prêtre.
Lemarrois, id.
Levionnois, id.
NiOBEY, id.
BuRNoup, id.
Etablissement qui, se développant tous les jours, devint bien-
tôt, à partir de Tan XIY, le nouveau :
^ 489 -
COLLÉBE DE COUTANCES.
PRINCIPAL.
Aa début :
Desplanques-Yantigny, sus dit.
Bientôt remplacé par
DoYÈRB, curé de Contrières.
PROFESSEURS.
Au début :
Les sus nommés.
Bientôt après remplacés, sauf un (l'abbé Niobey), comme il
suit :
Philosophie.
DoYÈRE, sus dit.
Rhétoriqiie.
L'abbé Gambier, de Granville.
Seconde,
L'abbé Lachèyre.
L'abbé Godreuil.
L'abbé Voisin.
Troisihne.
Quatrième.
Cinquième.
L'abbé Niobey.
é Sixième.
Jourdan-Laporte.
Créances, de Heugueville.
Septième.
— 490 —
CAPITAINE
DE LA COMPAGNIE DE GENDARMERIE DE LA MANCHE.
(Comprenant 142 hommes groupés en : 23 brigades,
et 3 lieutenances.)
En ran XII.
Croizbau, à Saint-Lo.
2 IL JnsHee*
TRIBUNAL D'ARRONDISSEMENT DE COUTANCES
En ran VIII.
Président.
Vâultier, ex-membre du Tribunal civil de Département.
Jîtges Titulaires.
GONFREY, id.
Leloup-Desperrelles, id.
Lebrun, ex-membre du Parquet à Coutances.
Suppléants,
DupRET, ex-membre du Tribunal sus dit.
Alexandre^ id.
Commissaire du Gouvernement. I
Letenneur, ex-membre du Tribunal précité.
Substitut. 9 :
Lerond, ex-juge de paix de Coutances.
■
Greffier. *
Ferrând, ex-commis-greffier du Tribunal civil de Département. i
i
— 494 —
AVOUÉS
PRÈS LE DIT TRIBUNAL.
Au début :
Grandin,— Hamsun, — Dumont, — Philippe, — Harguerie,
PlQNARD, — LbFILLASTRE^ — LeGOULAND, — DuPONT, —
Blouet (r ex-commissaire du Gouvernement près la mu-
nicipalité de Coutances)^ — Marette, — Brandin, et
Ollitier.
Dont la plupart avaient jadis exercé à ce titre : d'abord près
du présidial, puis près du Tribunal de district de la ville.
JUGES DE PAIX
DE LA VILLE DE COUTANCES.
De l'an VIII à l'an X.
En remplacement de Lerond, promu, comme nous Tavons vu,
au parquet du Tribunal d'arrondissement.
BuRNouF, ex-homme de loi de la dite ville ; déjà cité.
JUGE DE PAIX DU CANTON DE COUTANCES
Dans le même intervalle.
Bonnet, qui Tétait déjà.
JUGES DE PAIX DE COUTANCES-
Comprenant, dans son ressort, à la fois la ville et le canton de
ce nom, désormaistéunis.
En ran X.
Titulaire.
Letuluer, ex-membre du Département.
- 492 —
SuppléafOs.
Bonnet, ex-joge de paix du canton.
Lerond.
TRIBUNAL DE COMMERCE DE COUTANCES
En l'an IX.
Même composition que précédemment.
En l'an XII.
Agnès, imprimeur, précité; président.
Dallet, marchand de vins ; déjà cité.
CHA0VET, déjà cité.
Depierre, tailleur.
Blouet, marchand.
Greffier.
Le VIVIER fiU.
TRIBUNAL CRIMINEL ORDINAIRE
DE LA MANCHE.
De l'an VIII jusqu'à l'Empire.
PrésidefU.
Lefollet de Sorteval, qui Tétait déjà , et fut toujours renou-
velé tel, bien qu'appartenant, aussi, au Tribunal d'appel
de Caen.
Juges titulaires.
LoisEL, ex-substitut au Tribunal civil de la Hanche.
Foucher, ex-juge, ibid. * i
Juges suppléants.
ÂuvRAY, ex-juge de paix à Coutances.
Lemaitre, ex-homme de loi, ibid.
— 493 —
Commissaire du Gouvernement.
PouRBT-RoQUERiB, qui l'était jadis près du Tribunal civil susdit.
Suhsi^ut.
(Depuis la loi, modificatrice de la procédure criminelle^ du 7p/t^
xÀtse an IX).
Lerond, sus dit, en même temps substitut au Tribunal d'arron-
dissement précité.
Greffier.
Michel, déjà mentionné.
TRIBUNAL CRIMINEL SPÉCIAL
DE LA MANCHE
Personnel — en outre de celui, qui en faisait de droit partie in-
té^nte, du Tribunal criminel ordinaire précité :
De l'an IX à l'Empire.
Dubois-Fresnây, chef de bataillon du génie à Granville.
Croizeau, capitaine de gendarmerie ; précité.
Drogy, avocat à Coutances, et ex-maire d'ibid.
GossBLiN, homme de loi en la même ville; déjà cité.
NOTAIRES A COUTANCES
En l'an VIII.
Lebrun, précité (étude actuelle de M^ Dandeville).
HÉBERT, aussi sus dit (étude réunie à la première en Tan XIV).
En ran XIV,
Outre Lebrun, précité :
Hubert (créé en Tan XII. — Etude actuelle de M^ Damecourt).
— 494 —
Auxquels il faut, en 1807, ajouter :
Letenneur, ex-notaire à Gavray (étude également nouvelle, for-
mée par le déplacement de la première de ce titulaire, et
aujourd'hui celle de M^ Delarue).
I m. CHUCe.
ÉVÊQUE CONCORDATAIRE DE COUTANCES
Rousseau, de Paris, chanoine de Chartres en 1789.
Ficaires- Généraux,
Bonté, frère du médecin et du conseiller au présidial précités,
chanoine de la Cathédrale de Coutances avant la Révo-
lution .
(Voir, sur loi, RewAè catholique de Coutances, année 1867-1868, p. 645.
Lhermitte, iils de Tex-conseillerau présidial, ex-curé jureur
de Saint-Michel-de-la-Pierre.
Chanoines.
Bertin-Duprat.
Closet, chanoine de la cathédrale avant la Révolution.
Dâncel, id.
Brébqeuf, id.
Leflâmand.
Gautier, ancien curé réfractaire de Granville.
LoNGOissEUR, id. de Saussey.
DESSERVANTS
DU CANTON DE COUTANCES
CURÉ de la paroisse Saint-Pierre-de-CoiUances :
DuBREuiL, qui l'était avant la Révolution.
— Quant à celle de SawU-Nicolas - de- Couiances, elle ne fut
t
■
i
— 495 —
rétablie qu'en 1806, et avec le titre de simple succursale seule-
ment, dont fut alors pourvu ;
L'abbé Yâlognes;
Sauf à devenir cure proprement dite en 4826.
SUCCURSALISTES du dit canton :
De Nicorps.
Ybkrt.
Lerendu^ atné.
Lerendu, jeune.
Almy.
Legrêle.
De Saussey.
De Coitrcy.
De Cambemon.
De Bricqt^ville'la'Blouelte.
Nous en avons, de la sorte, fini avec cette seconde partie de
notre œuvre^ qui a, par là, reçu le complément nécessaire, et,
pour ainsi dire, vivant, de la première, — destiné à faire mieux
comprendre celle-ci, et, en même temps, à permettre désormais,
à tout habitant de nos contrées : de retrouver, à travers les di-
verses transformations multiples qui se sont opérées depuis, la
filiation révolutionnaire, soit de sa famille soit de ses connais-
sances plus ou moins rapprochées; et de tirer souvent, de là^ ample
profit, non-seulement pour sa curiosité personnelle, mais encore
pour sa gouverne propre, et la réserve avec laquelle il devra sou-
vent dans l'avenir, soit apprécier, soit surtout citer tel ou tel
personnage d'un passé, qui, vu de près, n'a pas toujours été tel
qu'on se le figure dans la tradition ou les légendes d'un public
insuffisamment éclairé.
CONCLUSION
Désormais doncnous possédons, grâce au travail, aride, mais sur-
tout ardu pour son auteur, qui précède, un exposé, assez long sans
doute, absolument parlant, mais cependant relativement condensé
dans ses éléments les plus indispensables, de Torganisation ,
tant législative que nominative, de nos contrées, à une époque
dont nul ne peut nier la suprême importance.
Nous croyons avoir, en T accomplissant, rendu un certain ser-
vice, tant à Thistoire locale avant tout , qu'aussi à l'histoire gé-
nérale elle-même; en faisant voir quel était, à la dite époque, le
mécanisme gouvernemental, si compliqué quelquefois et en tout
cas si peu connu, qui y fonctionnait par toute la France indis-
tinctement et en particulier chez nous, et avec lequel le passé
est venu, au travers de tant de crises politiques diverses, se souder
à nos institutions actuelles, dont ce mécanisme est, malgré des mo-
difications plus ou moins profondes, en réalité l'origine directe.
Puissions-nous avoir quelque peu réussi dans cette modeste
tentative, où il se sera peut-être glissé ^ comme conséquence
presque inévitable de sa propre nature, quelque erreur, surtout
de noms, que nous serions, tout le premier, d'ailleurs, heureux
de voir rectifier; mais qui, telle quelle est, pourra, nous l'espé-
rons, présenter, pour l'étude future de ces temps si rapprochés
de nous encore et dont tous parlent, mais que peu connaissent en
réalité, un fil conducteur y manquant jusqu'à présent et sans
lequel néanmoins on ne peut en avoir une idée véritablement
sérieuse.
Si ce vœu se trouve rempli, nous nous trouverons, nous, am-
plement récompensé des nombreuses et difficiles recherches né-
cessairement entraînées par une semblable tâche ; et , bien que
nous n'ayons à en retirer personnellement aucun autre avantage,
nous nous féliciterons sincèrement de l'avoir entreprise.
E. SAROT.
SUITE DU GRAND BAILLIAGE DE MORTAIN
<ii I
CHAPITRE VI.
r'«Clergé dn BalUlase de TIaeliebMiy*
ROUB
Des Ecclésiastiques possédant Bénéfices au Bailliage de Tinche-
bray et dans la Haute justice de Condé qui en dépend pour les
cas royaux^ assignés à comparaître à V Assemblée des Trois-
Etats du Bailliage de CknUances indiquée au 1 6 mars, 1 789, à
la suite duquel est le rôle des Ecclésiastiques engagés dans les
Ordres, non résidents dans les villes.
NOMS DES ECCLÉSIASTIQUES.
N.-D.-de- M. Jeao-FraDçois-Charles Bidot, curé de Notre-
Tinchebray Dame-de-Tinchebray. P.
St-Pierre-de- M. Louis Auvray, curé de Saint-Pierre-de-Tin-
Tinchebray, chebray. — Représenté par Siméon Heuzée, curé
de Saint-Comier, par-devaot le notaire de Saint-
Cornier, 5 mars.
M. Oofray, chapelain des Genestés, paroisse Saint-
Pierre-de-Tinchebray. — Représenté par Guil-
laume Vallée, prêtre, par-devant le notaire de
Tinchebray, 9 mars.
Condé M. Jacques-Noël Lebourgeois, curé de Condé. —
Représenté par le sieur Charles Lebel, curé du
Mesnil-Cibout , par- devant le notaire de Vire,
12 mars.
H. Jean-Baptiste-Louis Letourneur, prieur de THô-
pital. — Représenté par Etienne Le Pointeur,
32
— 498 —
Athîs
Aulnay
Beauchesne
Bauquay
Balleroy
Berjou
Beraière
Bréel
Cahagnes
Coulvain
Croisille
Détroit
chanoine de la Collégiale de Hortain, par-devant
le notaire de Condé, 42 mars.
M. Claude-François Jossel, curé d'Athis. P.
M. Guillaume- Pierre Buot, curé d' Aulnay. P.
MM. les Religieux Bernardins de la paroisse d' Aul-
nay. — Représentés par dom Louis-Joseph-Harie
de Quesne, prieur, par acte capitulaire, 8 mars.
M. Jean - Baptiste Garnier , curé de Beauchesne.
— Représenté par Alexandre-Joseph- François
" Larcher de Cutteville, prêtre, par-devant le no-
taire de Saint-Cornier, 5 mars.
M. Georges-Jacques Bisson, curé de Bauquay. —
Représenté par Pierre Buot, curé de Saint-Sam-
son-d' Aulnay, par-devant le notaire d'AuInay,
10 mars.
JB. Letté, curé de Balleroy. A
M. Pierre-Antoine- François Quesnel , curé de
Berjou. — Représenté par Louis - François
Houvet, seigneur de la Huberdiëre, curé de
Sainte-Honorine-la-Chardonne , par - devant le
notaire de Condé, 42 mars.
M. Jacques Potel, curé de Bernière-le-Patrix. P.
M. Guillaume Rocher, curé de Bréel. — Représenté
par Pierre Renout, de Saint-Georges-de-Lyvoie,
par-devant le notaire de Falaise, 9 mars.
M. le prieur-curé de Cahagnes. A.
M. Pierre - René - Etienne Le Donney, curé de
Coulvain. — Représenté par Pierre-Guillaume
Buot, curé de Saint - Samson - d' Aulnay , par-
devant le notaire d' Aulnay, 10 mars.
M. Jean-François Briquet, curé de Croisille. — Re-
présenté par Guillaume-Pierre Le Saint, curé de
Saint-Georges-de-Montcocq, par-devant le notaire
deHarcourt, 42 mars.
M. Louis Blondel , curé du Détroit. A.
*
— 499 —
Durcet H. Biaise, curé de Durcet. Â.
Fresnes M. Vaultier, curé de Fresnes. A.
Landes M. Jacques-François Picard de Prebois , curé de
Landes. — Représenté par Pierre-François de la
Vigne, curé du Tanu , par-devant le notaire de
Hamard,7 mars.
Petil-Tnitemer M. Gilbert, curé du Petit-Trulemer. A.
Lonlay Monsieur le curé de Lonlay (dépend du bailliage de
Domfront).
Messieurs les Religieux Bénédictins de Tabbaye de
Lonlay, paroisse de Lonlay, idem de Domfront.
Mesuil-CiboutM. Lebel, curé du Mesnil-Cibout. P.
Méré M. Louis Herout, curé de Méré A.
Mont-Secret M. le Prieur de Mont-Secret. A.
Haisoncelle M. Pierre Lambateur, curé de Maisoncelle-la-
Jourdan. A.
Moutiers H. le curé de Moutiers. A.
Proucy M. Jacques Vautier, curé de Proucy. A.
M. Maclin, chapelain de Saint-Aubin. A.
Rully M. Jacq. Vallée, curé de RuUy. — Représenté par
Guillaume Vallée, curéd'Yvrande, par-devant le
notaire deTinchebray, 9 mars.
St-ChristopheM. Guillaume Avice, curé de Saint -Christophe-
d'Amphernet. — Représenté par Charles Lebel,
curé du Mesnil*Cibout, par-devant le notaire de
Tinchebray, 5 mars.
St-Cornier M. Siméon Heuzé,,curé de Saint-Cornier. P.
Saint-Jean- M. Louis Mondet, curé de Saint-Jean-des-Boiis. —
des-Bois Représenté par Siméon Heuzé^ curé de Saint-Cor-
nier, par-devant le notaire de Tinchebray, 5
mars.
Saint-Pierre- M. Pierre Durand, curé de Saint-Pierre-du-Regard.
du-Regard — Représenté par Claude - François Josset,
curé d*Athis, par-devant le notaire de Condé-sur-
Noireau, i i mars.
- 500 —
Ste-Honorine-H. Louis-François Houvel, curé de Sainte-Hono-
la-Chardonne rine-Ia-Chardonne. P.
St-Quentin M. Guillaume Vallée, curé de Saint-Quentio-des-
Chardonnets. — Représenté par Claude-François
Josset, curé d'Athis, par-deyant le notaire de
Tinchebray, 5 mars.
H. Le Peinteur, chapelain de la Garantrie, paroisse
de Saint-Quentin. P.
Tourailles M. Louvet, curé des Tourailles. A.
Yvrande M. Guillaume Vallée, curé d'Yvrande. P.
ECCLÉSIASTIQUES engagés dans les ordres sacrés, sans béné-
fice (on n'en cite aucim, mais simplement les noms des pa-
roisses suivantes) :
l*' Athis, 2° Aulnay, 3"" Beauchesne, 4^ Bauquay, 5* Balleroy,
e^Berjou, 7*Bernière-le-Patry,8^Bréel,9«Cahaignes, lO^Croi-
sille, i i « Détroit, 1 2*^Durcer, i 3° Fresne, i 4« Landes, 4 5*»LePetit-
Trutemer, 16® Lonlay, 1 7« Mesnil-Cibout, IS^Méré, 19* Mont-
Secret, 20® Maisoncelle-la-Jourdan, 2i^ Notre-Dame-des-
Moutiers, 22® Proucy, 23« RuUy, 24® Saint-Cbristophe-d'Am-
phernet, 25® Saint-Cornier, 26® Saint-Jean-des-Bois, 27® Saint-
Pierre-du-Regard, 28®Salnte~Honorine-la-Chardonne, 29®Saint-
Quentin-des-Cbardonnets, 30® Tourailles, 34®Yvrandes.
ROLE
De Messieurs Us Nobles possédant fiefs dans le bailliage de Tin--
chebray et dans la haute justice de Condé-sur-Noireau, qui en
dépend pour les cas royaux, qui sont assignés à comparaître
à Rassemblée des Trois-Etats du bailliage de Coutances, in-
diquée au 1 6 m^irs, 1 789.
NOMS DES DÉPUTÉS.
Tinchebray M. le duc d'Orléans^ cbâtelain de Tinchebray. —
Représenté à Mortain.
— 501 —
M. Du Châtel, seigneur de Sl-Pierre-de-Tinche-
bray. A.
M. Le Bret, propriétaire des fiefs de Monbahier,
dans les paroisses de Tinchebray, St-Jean-des-
Bois et Yvrande. A.
Condé M""® de Longaunay^ châtelaine de Condé, dame de
Bouteville, sous Carentan. A.
M. de Banville, possédant le fief du Mesnil, paroisse
de Condé, et celui du Rozel, paroisse de Fresne.
— Représenté par Charles-Antoine Payen, écuyer,
chevalier de la Fresnaye, par-devant le notaire de
Tinchebray, 10 mars,
Athis M. Pierre-André-Francois de St-Germain, seigneuret
patron d' Athis. — Représenté par M. Charles-
Jean-Pierre d'Auxais, capitaine d'infanterie, par-
devant le notaire d'Athis, 8 mars.
St-Samson-M. Charles- François -Casimir de Saulx, duc de
d'Aulnay Saulx-Tavanes, seigneur de St-Samson-d'Auloay,
maréchal des camps et armées du Roy. — Repré-
senté par François - Louis Bosquet de Grand-
Valle, chevalier de Tordre de Saint-Louis, par-
devant le notaire de Paris, 7 mars.
Bauchesne Noble dame de Lambert, dame de Beauchesne. —
Représentée à Hortain, sous Vengeons.
Balleroy Messire de Balleroy, seigneur de Balleroy. A.
Berjou Messire Joseph- François de Berjou, seigneur de
Berjou, chef d'escadron. — Représenté par
Pierre-François-CasimirSorin, écuier, seigneur de
Lepesse, par-devant le notaire de Paris, 27 février.
Bernières-le- 1*» M. Ferdinand -Georges- Aimable de la Roque-
Patry Mesnillet, seigneur de Bernières-le-Patry. —
Représenté par Constantin de Safi'ray, seigneur et
patron de Vauville, par- devant je notaire de
Caeu, 11 mars.
2® M. Pierre de Marceuil, chevalier de Saint-Louis,
- 502 -
seigneur du fief de la Haute-Rochelle, en Ber-
nières. — Représenté par Chs^rles-Eugène-Nar-
cisse de la Roque de Cabanes [sic), par-devant le
notaire de Mortain, 10 mars.
Bréel Messire Jacques-Philippe-Louis Lefrère de Maisons,
seigneur de la paroisse de Bréel et autres lieux. —
Représenté par Messire Antoine-Charles- Julien-
Jean Poupinel, chevalier, seigneur et patron
de Quettreville , suivant la procuration passée
par-devant le notaire d'Argentan, le 4 de ce
mois.
Cahagnes 1^ Messire Jean-Léonord du Bosq de Radapont,
seigneur de la paroisse de Cahagnes, maréchal
des camps et armées du roi. — Représenté par
Messire Constantin-Frédéric-Timoléon, comte du
Parc, seigneur du Mesnil-au-Val, Bareville, etc.,
officier du régiment du roi , par procuration
devant les notaires de Paris, 9 mars.
2^ M. Deuroges, possédant le fief de Yauvray, pa-
roisse de Cahagnes. A.
Moutiers M. J.-J.-Louis Poupoue de Manoury, possédant le
fief de Brieu et de Croisille, paroisses des Mou-
tiers et de Croisille. — Représenté par Monsieur
Jacques-Gui Poullain, écuyer, seigneur des Chi-
leaux, piar-devant le notaire de Fresmoy-le-Pu-
cheux, du 26 février.
Coulvain Noble dame Marie-Jacqueline-Françoise de Gobier,
veuve de Messire Charles-François de Ciresme,
dame et patronne de la paroisse de Coulvain. —
Représentée par M. Nicolas-Joseph-Jean-Adrien-
Louis de Gobier, écuyer, capitaine d'infanterie,
chevalier de Saint-Louis, par-devant le notaire de
Rouxeville, du 4 3 mars.
Croisille Messire de Baudouin, possédant le fief Avenelle, en
Croisille, Ab.
— 503 —
Les Pins Messire du Baudouin, possédant le fief des Pins,
paroisse des Pins. ^ A.
Le Détroit Ulessire Charles-François de Lalande de Sainte-Croix,
seigneur du Détroit. — Représenté par Léonord-
Honoré-François de Mons, seigneur et patron de
Carantilly, Cametours, par-devant le notaire de
Falaise, le 10 mars.
2^ Messire Grandin de la Galonnière, possédant le
fief du Corbet, paroisse du Détroit. A.
St-Cornier Messire Louis-Bertrand-Jeao-Julien deThoury, pos-
sédant les fiefs de Préaux et Ponthaye, en Saint-
Cornier et Fresne. -— Représenté par Gabriel-
François deCussy, chevalier de Saint-Louis, par-
devant le notaire de Tinchebray, 8 mars.
Fresnes Messire Georges-Anthoine deBeauville, possédant le
fief du Rossel,. paroisse du Fresnes.
Landes Messire de Saint -Denis, seigneur de la paroisse de
Landes. A.
Mesnil-CiboutMessirede la Chambre, seigneur duMesnil-Cibout.
— Représenté sous Mortain, arrondissement du
. Teilleul.
Messire Edmond-Louis Doulcet, seigneur de Méré. A.
(biffé de trois traits).
Maisoncelle- Messire Augustin Viel, seigneur de la paroisse de
la-jQurdan Maisoncelle. A.
Proucy 1 "" Messire Georges-François-Marin Levaillant de la
Perrière, chevalier, seigneur et patron de Proucy.
— Représenté par Jean-Marie-François de Fras-
lin, seigneur et patron du Lorey, par-devant
le notaire de Vire, 4 1 mars.
2® Messire de Boiseu, possédant le fief de la Fres-
naye, en Proucy. A.
Damphernet Noble dame de Lambert, dame de Saint-Christophle
d'Amphernel. — Représentée à Vengeons, sous
Mortain .
— 504 -
Saint-Pierre- 1 ^ Messire Levaillant, possédant le fief du Graod-Sa-
du-Regard moy, en Saint-Pierre, A.
2^ Philbert du Rosel, possédant le fief du Theil, en
Saint-Pierre. — Représenté par Charles-Hervé-
Yalentin-François de Bordes, par-devant le no-
taire de Caen, 9 mars.
Sainte-Hono- T Messire Pierre-Constantin de la Boderie, possé-
rine-la-Char- dant le fief de la Margerie, en Sainte - Hooo-
donne rine. A.
2^ Messire Claude -Nicolas Michel, baron de Saint-
Sauveur , seigneur de Sainte - Honorine , Epi-
nouze, etc. — Représenté par Guillaume -Rémy-
Charles Kadot, comte de Sebeville, seigneur de
Savigny, capitaine an régiment de dragons, par-
devant le notaire de Falaise, 10 mars.
3° Messire Louis-AndrédeBaudre, possédante fief de
la Poterie, en Sainte-Honorine-la-Chardonne. —
Représenté par Jean-Nicolas de Benuger de Gon-
neville, seigneur de Gonneville, par-devant le
notaire de Caen, 14 mars.
4° Messire Guy-François de Gonidec possédant le
fief de la Pouplière, enSainte-Honorine-la-Char-
donne. — Représenté par Louis-Bernardin Le-
Neuf, comte de Sourdeval, par-devant le notaire
de Condé-sur-Noireau, 6 mars.
St-Quentin- Messire de Vaufleury, possédant le fief de la Garan-
du-Chardon- terie, en Saint-Quentin. — Représenté sous Mor-
net tain, auTeilleul.
Tourailles Messire de Vaudichon de l'Isle , seigneur de Tou-
railles. A.
Méré Messire Edmond-Louis Le Doulcet , chevalier , sei-
gneur et patron de Méré, major de cavalerie,
chevalier de Saint- Louis. — Représenté par
Alexandre-Bernard Gigaut de Bellefond, capi- ..
taine au régiment des chasseurs de Franche- ||
— 505 —
Comté , par - devant le notaire de Condé,
3 mars ^^K
l m. TieM-EUU*.
« L'an mil sept cent quatre-vingt neuf, le 2* jour de mars,
devant nous Jean-Jacques Guilloiiet de la Guyonnière, conseiller
du roi, lieutenant-général civil et criminel au bailliage de Tin-
chebray, en présence de Julien Le Mansel, sieur Desvaux, con-
seiller du Roy, son avocat et procureur au dit siège.
» En conséquence de notre ordonnance du 16 février dernier et
de plusieurs assignations de différents jours et dattes commises
par les huissiers et sergents de notre siège, aux différentes pa-
roisses de notre ressort, pour comparaître devant nous, le dit
jour, lieu et heure, aux fins de réduire les différents cahiers de
doléances des différentes villes et paroisses en un seul et sur le
nombre des députés des dites paroisses en être choisi le quart, à
la pluralité des voix, au terme de l'article 33 du règlement du
26 janvier dernier, pour porter le dit cahier à Coutances, avons
procédé à faire l'appel des diles paroisses et députés, ainsi qu'il
en suit :
P La ville de Tinchebray, députés : M. Antoine-François Le
Lièvre de la Prévôtière, avocat. — M. François Lasne de
Beaulieu , docteur en médecine. — M. Louis Durand ,
avocat. — M. Jean-Bapliste Lesueur, avocat, tous pré-
sents, lesquels ont apparu du procès-verbal de leur Assem-
blée, du jour d'hier arrêtée, devant nous, également que du
cahier de pétitions et remontrances de la ditte ville.
2^ La ville de Condé-sur-Noireau, députés : M. Jacques-Sé-
bastien Lenormand, négociant, — le sieur Michel-Ëtienne-
(1) Nous donnons les noms propres comme ils sont écrits dans le manus-
crit ; il y a quelquefois des variantes.
— 506 —
Lebastard Leslongs-Champs, vivant de son bien. — M. Char-
les-Jean Laisné , sieur des Hayes , avocat, — et Louis
Vauloger, sieur de Beaupré, négociant, tous présents, etc.
3** La paroisse de Notre-Dame-de-Tinchebray, députés : Le
sieur Charles-Michel Signard. — Le sieur Charles-Nicolas
Leneveu, tous deux présents, lesquels ont apparu du procès-
verbal de leur assemblée, etc.
4** Paroisse Saint-Pierre- de - Tinchebray , députés : Julien
Lehamel. — Charles Lelièvre, sieur du Rocher.
5*^ La paroisse de Ruilly , députés : Georges - Thomas Pi-
gault, tabellion. — Michel Lefevre, laboureur.
6"* Bernière-le-Patry, députés : Julien LeMancel, sieur Des-
vaux, avocat et procureur du Roy en ce siège. — Le sieur
Charles Dumont. — M.Jean-Baptiste Dumont, avocat, tous
présents, etc.
T Saint-Quentin, députés : Philippe Pique, sieur des Demai-
nes, négociant. — Jacques Lepetit, sieur de la Dauphinière,
négociant, tous présents, etc.
8° Le Petit-Trutemer, députés : François Dupont, sieur de la
Morlière, arpenteur. — Guillaume Auvray-les-Jardins.
9^ Saint - Christophe -d'Anferney, députés : Jacques Galodé,
marchand. — Michel Boille, marchand.
10^ Le Mesnil-Cibout , députés : Gabriel Bouvet et Julien
Lepetit.
11® Saint-Jean-des-Bois , députés : Noël Lemeignen et Fran-
çois Moullin.
12® Notre - Dame -dlvrande, députés : Charles Le Teissier,
propriétaire, et Jacques Prével, laboureur.
\T Saint-Cornier, députés : M. Jean Roullier, docteur-médecin.
— François Le Cailletel du Tronchet, négociant. — M. Jean-
Jacques Durand, docteur-médecin, tous présents, etc.
1 4® Beauchesne , députés : Pierre Garnier , propriétaire. —
M. Jean-Thomas Roulleaux, avocat.
15® Maisoncelle-la-Jourdan, députés : le sieur Pierre Chemin des
Guesnets, négociant. — Christophe Lemonnier, propriétaire.
- 507 —
■
16" Fresoe, députés : Louis Gallet, sieur de la Croix, proprié-
taire. — Louis Amiard, propriétaire.
17^ MoDtsegré^ députés : vu leur non comparence^ quoique due-
ment assignés par exploit... ordonné qu'il sera passé outre
à la nomination des députés et rédaction des cahiers de do-
léances.
18^ Les Tourailles, députés : Vu leur non comparence, quoique
duement convoqués, etc.
19^ Durcet, députés : Vu leur non comparence quoique duement
convoqués par exploit, etc.
20" Saint-Pierre-du-Regard, députés : Jean-François Ruel. —
Jean Halbout et Georges RouUier.
21"Berjou, députés : Denis Chennevière. — Louis Lefevre, tous
deux présents, etc.
22® Athis, députés: Jean-Louis Lefevre. — Jean Huet. — Louis
Madeleine. — Louis Mousset. — Mathieu Brisset. — Pierre
Chauvin et Nicolas des Brocardières, tous présents, lesquels
ont apparu du procès-verbal, etc.
23® Sainte-Honorine-La-Chardonne, députés : Le ^ieur Jean
Levain Larivière. — Jean Lebailly. — Louis Leveneur.
— Jean Laferté, tous présents, qui ont représenté le
procès -verbal de leur assemblée et le cahier des plain-
tes, etc.
24® Bréel, députés : [Pierre Longuet — et Joseph Delarue, tous
deux présents, etc.
25® Méré, députés : Jean Loudel. — Charles Langlois, tous deux
présents, etc.
26® Proucy, députés : M. Davout-Dubourg, bailly de la haute
justice de Caligny et procureur fiscal des hautes justices de
Condé-sur-Noireau.— Pierre Martin^ fils Charles, tous deux
présents, etc.
27<^ Le Détroit, députés : Alexandre Gigou et Jean Verrier.
28" Notre-Dame-de-Moutiers , députés : Le sieur Louis-Jean
Poisson, imprimeur à Caen, — Jean du Yilleroy,
29" Croissille, députés : Charles Bellenger. — Michel Piédoux.
— 508 -
30® Les Pins, députés : Vu leur non comparence quoique duement
assignés par exploit, etc.
31** Aulnay, députés : Gilles Greslé. — Augustin Pastel. — Jean
Faucon. — Louis-Charles Andes. — Jacques Martin.
32" Coulvain, députés : Jacques Fiaust, — et Joachim Vergy.
33® Cahagnes, députés : Vu leur noo-comparence quoique due-
ment assignés, etc.
34® Landes, députés : Pierre Rousselin , — et Pierre Dupont.
Défaut des députés; la représentation faite par un envoyé
du procès-verbal de leur assemblée et du cahier des plain-
tes, doléances et réclamations de la dite paroisse.
35® Beauquey, députés : Charles-François Peltier , — et Pierre
Boscher.
36® Balleroy, députés : Vu leur non comparence quoique due-
ment assignés, etc.
» Après la lecture des différentes plaintes, doléances, vœux et
réclamations des différentes communautés et après avoir discuté
chaque article séparément ont, tous les députés ci-dessus, nommé
pour commissaires aux fins de rédiger le cahier suivant, les ar-
ticles paraphés par M. le lieutenant civil et criminel du bailliage
de Tinchebray : HH. Guilloûet de la Guyonnière, lieutenant
civil et criminel, Le Mansel Desvaux, procureur du roy, Lelièvre
de la Prévotière, avocat, Lasne de Beaulieu, médecin, Lesueur,
avocat, Durand, avocat.
» Après quoi a été procédé à la nomination des députés pour
Coutances, qui sont : M. Antoine-François Lelièvre, avocat (Tin-
chebray), M. François Lasne de Beaulieu, médecin de Monsei-
gneur le duc d'Orléans (Tinchebray), M. Charles-Jean Laisné-
Deshaye, avocat (Condé-sur-Noireau), le sieur Jacques-Sébastien
Lenormand (Condé-sur-Noireau), M. Jean -Baptiste Lesueur,
avocat (Tinchebray), le sieur Louis- Jean Poisson (Moutiers),
M. Roulleaux, avocat (Beauchesne), Jean du Velleroy (Moutiers),
le sieur Etieune Lebastard (Condé-sur-Noireau), le sieur Louis
Lefèvre (Berjou), le sieur Pierre Garnier (Beauchêoe), Jean
de la Ferté-Prépont (Sainte-Honorine), Louis-Charles Andes
— 509 -
(Aulnay), M. J.-B. Dumoni, avocat (Bernières), Charles-Michel
Signard (Tinchebray), Mathieu Brisset (Athis), le sieur Louis
Gallet-la-Croix (Fresne), le sieur Dupont de la Morlière (Petil-
Trutemer) , le sieur Cailletel du Tronchet (Sainl-Coroier) , le
sieur Charles Bellenger (Cfoisilles), le sieur Noël Le Mesgnen
(Saint-Jean-des-Bois), le sfeur Louis Mousset (Athis), le sieur
JuUien Lepetit (Mesnil-Cibout), le sieur JuUien Lehamel (Tin-
chebray).
y> Acte accordé aux députés de la délibéi^tion, nomination et
acceptation, lequel ils ont signé après lecture.
» Le présent coUationné à l'original par moi grefiSer soussi-
gné. A Tinchebray, le 42 mars 1789.
» Dubois, greflSer. »
81V.
Cahier de pétitions, doléances, vomx et réclamations
du Tiers-Etat du Bailliage de Tinchebray.
Article 4 . Le Tiers-Etat dudit bailliage 'demande le retour
périodique des Etats-Généraux du Royaume et la fixation de la
séance qui suivra ceux de 4789.
Article 2. Que la constitution de TEtat monarchique de la
France soit établie sur des bases fixes et permanentes, de manière
à assurer les droits du Souverain et ceux de la nation.
Article 3. Que la liberté individuelle de chaque citoyen soit
assurée par une loi solennelle qui le mette à Tabri des vexations
des gens en place et des ordres arbitraires des ministres.
Article 4. L'abolition des lettres de cachet et des prisons
d'Etat.
Article 5. Que la dette publique soit vérifiée et consolidée et
qu'elle soit réduite suivant les lois de l'équité.
— 510 —
Article 6. La vérification et réduction des pensions accordées
par le gouvefnement.
Articfe 7. Que la manière de haranguer aux Etats-Généraux
soit uniforme pour les trois ordres.
Article 8. Que nul impôt ne puisse être perçu, ni aucune loi
exécutée que l'un et l'autre n'aient été délibérés et arrêtés dans
l'assemblée des Etats-Généraux.
Article 9. Que les Etats particuliers soient rendus à la pro-
yince de Normandie et qu*ils soient organisés comme ceux du
Dauphiné.
Article 10. Qu'en conséquence le nombre des députés du
Tiers-Etat y soit égal à celui des députés du clergé et de la no-
blesse réunis et que les voix s'y comptent par tête.
Article 1 1 . Qu'il y ait un président pour le Tiers-Etat qui
sera par lui élu et dont l'exercice ne pourra, sous quelque pré-
texte que ce soit, durer au-delà de l'assemblée.
Article 12. Que la tenue desdits Etats Provinciaux soit fixée
au mois de septembre, à Caen, comme centre de la province.
Article 13. Que le parlement de Normandie soit transféré en
la ville de Caen.
Article 14. La réduction de tous les impôts de la province en
une somme unique qui sera répartie par les seuls Etats Provin-
ciaux et qui sera servie d'après le système qu'ils croient le plus
avantageux.
Article 15. La suppression delà taille, des impositions ac-
cessoires et des vingtièmes, et leur conversion en un impôt terri-
torial qui sera perçu sur tous les fonds du royaume sans excep-
tion ni distinction d'ordre, et qui sera compris dans un même
rôle pour chaque province.
Article 16. L'abolition de tous les privilèges pécuniaires de
tous particuliers et de tout impôt distinctif d'ordre.
Article 17. La suppression de la gabelle et son remplacement
sur le prix du sel.
Article 1 8. Que toutes les lois concernant les droits des aides,
de contrôle et d'insinuation soient réduites en un seul code clair.
— 511 —
Article 19. Que les droits d'insinuation et de contrôle des
contrats de mariage, des lots et des échanges soient réduits au
taux le plus bas.
Article 30. Que toutes les contestations relatives à la percep-
tion des droits de contrôle et d'aides soient portées devant les
juges ordinaires.
Article 21 . Qu'il soit permis de répertorier tous actes quoique
non revêtus des formalités de contrôle et d'insinuation /sans en-
courir aucunes amendes, ni être sujet à aucuns droits.
Article 22. La suppression des douanes, des traites, etc., dans
l'intérieur du royaume, et leur renvoi aux frontières.
Article 23. L'uniformité des poids, des mesures et aulnages
par tout le royaume.
Article 24. La suppression de toutes les jurandes, maîtrises
et communautés dans toutes les villes et bourgs du royaume.
Article 25. Qu'il soit permis à la noblesse d'exercer le com-
merce en gros et en détail, tous les arts, métiers et professions,
sans dérogeance.
Article 26. Que les gens du Tiers-Etat puissent être admis
dans les emplois civils et militaires.
Article 27. La création d'une banque nationale, dont les capi-
taux soient mis à l'abri de tous revers, sans que leur première
destination puisse être changée sous quelque prétexte que ce soit.
Article 28. Qu'il soit permis de constituer, pour un temps
limité, à un intérêt qui sera déterminé par les Etats-Généraux.
Article 29. LMnféodation de toutes les terres incultes et de
celles du domaine, à l'exception des forêts.
Article 30. La suppression de toutes les loteries publiques et
deffenses d'en faire de particulières.
Article 31 . La suppression de tous les tribunaux d'exception
et de toutes les juridictions ecclésiastiques.
Article 32. La suppression de la vénalité de tous les offices
de finance et de judicature.
Article 33. La suppression des vicomtes, des anciennes et
nouvelles hautes justices, des moyennes et des basses justices.
- 512 -
Article 34. La suppression des droits de francs-fiefs et la con-
version des banalités et des torvées seigneuriales en une presta-
tion en argent.
Article 35. La destruction des bétes fauves, des garennes non
closes et de tous les colombiers.
Article 36. L'arrondissement des bailliages, de sorte que
chaque paroisse aille plaider au tribunal le plus voisin.
Article 37. Que le nombre des juges de chaque bailliage se
puisse être au-dessous de cinq, non compris les gens du roy.
Article 38. Que chaque bailliage ait le pouvoir de juger sou-
verainement jusqu'à trois cents livres en toutes autres matières
que dans les réelles.
Article 39. La suppression des procureurs et des priseurs-
vendeurs, la réforme de la procédure civile et du code criminel.
Article 40. Qu'il soit établi dans toutes les villes et bourgs des
juges de paix devant lesquels le demandeur et le deffendeur
seront tenus de comparaître, à sa première réquisition par écril,
avapt de pouvoir être reçus à plaider au tribunal contentieux.
Article 41 . Que tous les juges soient à l'avenir pensionnés par
la nation et qu'ils ne puissent être choisis que parmi les avocats
qui auront au moins six ans d'exercice.
Article 421. La réforme des écoles de droit.
Article 43. La suppression de tous les droits de commitùimuSf
lettres de garde-gardiennes, de surséance, de répi et de tous lieux
privilégiés qui servent de retraites aux banqueroutiers.
Article 44. La suppression de toutes les dîmes ecclésiastiques
aux offres de payer aux curés, prieurs et vicaires une pension, de
quart en quart et par avance, proportionnellement à l'étendue et à
la population de chaque paroisse.
Article 45. Qu'à l'avenir les honoraires des archevêques, des
évêques, des abbés, des chanoines, des religieux de tous les
ordres soient fixés à une somme qui sera prélevée sur les biens
qu'ils possèdent et que le surplus soit appliqué aux besoins de
l'Etat et notamment à l'établissement des hôpitaux de distance
en distance pour les malades, les infirmes, les enfants et les
- 513 -
vieillards, tant des villes qae des campagnes, dans lesquels hô-
pitaux il sera établi des manufactures.
Article 46. L'interdiction de la pluralité des bénéfices.
Article 47. Que les bénéfices dont la nomination appartenait
aux ecclésiastiques , soient à l'avenir à celle de Tévéque dio-
césain.
Article 48. L'abolition des Annates.
Article 49. Que les archevêques, évéques et abbés nommés
par le roy soient à l'avenir dispensés d'obtenir des bulles du
pape.
Article 50. Que chaque archevêque etévêque accorde, à Tave-
nir, chacun dans son diocèse, les dispenses de parentés et qu'au-
cun français n'ait recours, dans aucun cas, à la cour de Rome.
Article 51 . Que l'établissement des grands chemins ne puisse,
à l'avenir, être ordonné que par les seuls Etats de la province.
Article 52. Que la réparation des chemins vicinaux et pu-
blics soit dorénavant à la charge de chaque communauté.
Artiole 53. Que les fonds de charité soient dorénavant em-
ployés aux constructions et réparations des chemins de bourgs à
villes et non , comme (A-devant, aux ch&teaux des grands sei-
gneurs.
Article 54. L'uniformité des droits de coutume pour toutes les
foires et marchés de la province.
Article 55. L'augmentation de la paye du soldat français et la
diminution du corps des officiers.
Article 56. Que la levée des milices soit rendue moins oné-
reuse au peuple et que le tirage soit fait en chaque paroisse.
Article 57. La réunion de la maréchausée en caserne, au centre
de chaque lieu.
Article 58. Que les inspecteurs de toutes les fabriques et ma-
nufactures soient pris dans les corps des marchands et fabriquants
de chaque fabrique.
Article 59. Qu'il soit fait deffense à tous juges, autres que les
consuls, de connaître des affaires de commerce, à laquelle pé-
tition H. le procureur du roi du bailliage de Tinchebray a déclaré
33
— 5U —
supposer comme contraire au bien général et aux articles ci-
devant consentis touchant la suppression de tous les tribunaux
d'exception et l'arrondissement des bailliages qui tend à rappro-
cher les justiciables des lieux ou la justice doit être rendue, égale-
ment qu'au contrat d'échange, de 1 529, passé entre François P'
et Madame la duchesse de Bourbon, représentée par S. Â. S. Mon-
seigneur le duc d'Orléans, pétition <iui a passé à la pluralité des
voix des justiciables de la haute justice de Condé, contre ceux de
Tinchebray, à Texception du sieur Chemin, député de la paroisse
de Maisoncelle.
Article 60 et dernier. Arrêté que les députés du bailliage de
Tinchebray, à Coutances, voteront conformément à ce qui est ins-
crit au présent cahier.
Fait le 1 2 mars 1 789.
GuiLLOiÎET DE LA GUYONNIÈRE, LeHANSBL-DeSVâUX,
lieutenant-général. avocat et procureur du roi.
Lasne. Durand. Lesueur. Lelièvre, avocat.
CHAPITRE VIL
les députés du grand bailliage de mortain a goutances.
La réunion générale étant fixée au 16 mars, les députés de
Mortain et de Tinchebray se dirigent vers la capital^ du Cotentin.
A la tête du clergé de Mortain se trouvent le curé et les repré-
sentants du chapitre de la collégiale Saint-Guillaume, le curé de
Barenton^ le plus riche bénéficier du diocèse d'Avranches, et celui
de Moutons, porteur delà procuration des Dames Bénédictines de
l'abbaye de Sainle-Anne-de-Moutons d'Avranches. Ils étaient
— 515 —
suivis des pasteurs de Bellefontaine, de Bronains, de Heussé, de
La Boulouze, de Lapenty, du Buat, de la Chapelle-Urée, de la
Maocellière, des Chéris, du Mesnil-Ozenne, du Mesnil-Tove, de
Hontjoie, de Moulines, de Saint-Barthélémy, de Saint-Georges-de-
Rouelley, deSaint-Hiiaire, deSaint-Laurent-de-Cuves, de Saint-
Syraphorien et de Virey. M. le curé de Sourdeval, qui devait être
du nombre des voyageurs, venait de mourir quelques jours avant
le départ.
Tinchebray envoie le prieur de l'Abbaye d'AuInay , dom du
Quesne, représentant sa communautéet celle de T Abbaye-Blanche,
de Hortain, MM. les curés de N.-D. de Tinchebray, d'Aulnay,
d'Athis, de Bernière, du Mesnil-Cibout, de Haisoncelle, deSaint-
Cornier, de Sainte-Honorine, de Saint-Quentin-du-Chardonnet,
d'Yvrande, et le titulaire de la Chapelle de la Garanterie, en
Saint-Quentin. Le curé de Bréel, au diocèse de Séez, envoie aussi
son procureur.
La noblesse, humiliée d'être séparée de son bailly royal, est
moins nombreuse. On y compte, cependant, MM. Louis Bernar-
din le Neuf, comte de Sourdeval et procureur de Son Altesse
Sérénessime Mgr le duc d'Orléans, premier prince du sang, comte
deMortain '*\ les deux frères de Verdun, seigneurs de Barenton,
Danjou, de Coulouvray, de Bordes, de Fontenay, de la Broise,
de la Chapelle-Urée, de Bilheust, des Loges-sur-Brécey, de Saint-
Paul de Lingeard, de Payen, seigneur de la Fermonnière et de la
Garanderie, en Marcilly, et de Duhamel de Yillechien. Ils sont
tous, comme les membres du clergé, porteurs de nombreuses
procurations des membres absents.
Le bailliage de Tinchebray n'envoie qu'un seul représentant
de sa noblesse, c'est M. Jacques-Louis Le Harivel , baron de
Fresne, seigneur de Beauchëne, avec dix-huit procurations, dont
(1) M. le comte de Sourdeval tenait un haut rang dans le comté de Mortain .
Le s novembre 1788, au nom de l'assemblée du département de Mortain, il
écrivit au duc d'Harcourt, gouverneur de Normandie, pour demander le ré-
tabUssement des Etats provinciaux» suspendus depuis 1634. Cette lettre a été
publiée par M. Hippeau, dans : Le gùwememènt de la Nùrmandie, t. V, p. 471 •
— 516 —
deux pour les paroisses du diocèse de Séez. Il y a treize absten-
tions volontaires.
Les députés du troisième ordre sont plus fidèles à leur
mandat : aucuù d'eux né fait défaut. Mortain en envoie quarante-
sept et Tinchebray vingt-quatre.
Plusieurs partent dès le 13 et le 14 mars, de grand matin, afin
d'arriver à Coutances, la veille de FAssemblée générale. Les
députés de Balleroy, de Cahaignes, d'Aulnay, de Landes et de
Croisille gagnent Torigni et Saint- Lo pour y prendre des voitures
de poste. Les représentants de Condé et de Tinchebray, qui n'ont
encore que les routes du Moyen-Age, se dirigent sur Yilledieu,
ainsi que la partie septentrionale du bailliage de Mortain. Là ils
trouvent une route sûre et facile. Les députés du sud se rendent
à Avranches où ils peuvent suivre nos belles routes actuelles
d'Avranches à Coutances par Granville et Villedieu. Ils y ren-
contrent aussi leurs compatriotes du mèmt pagu^ et du même
diocèse qui se rendent, comme eux, à l'assemblée de Coutances ^^K
(1) Les députes du baiUiage d'Avranches qui se rendirent à Coutances»
furent :
1** Clergé, Mgr de Belbenf, évêque d'Avranches et abbé commendataire de
Fabbaye de Bonneval, au diocèse de Chartres, MM. Mariette et Abraham du
Bois-Gobé, chanoines, Gautier de TEspagnerie, abbé réguUer de la Luzerne,
Louis Samson, prieur du même menastère, David et Patin, chapelains de la
cathédrale, dom Maurice, grand prieur du Mont-Saint-Michel, porteur de la
procuration des moines de Savigny-le-Yieux et de leur grand prieur, (le prieur
et les moines de l'abbaye de Montmorel n'envoyèrent aucun représentaat);
LelandaiSi curé de Saint-Saturnin, Genvresse» curé d'Ardevon, Lebas, curé
d'Argouges, Gamier, curé d'Aucey, Simon de Touffreville, curé de Bacilly»
Outrequin, curé de Boucey, Chardy, curé de BouUlon, pro majori, Jacqaes,
curé de Bois-Tvon, Lemeilleur, curé de Bonrguenolles, Calé, curé de Gamett
le plus riche curé, après celui de Barenton, Tesnière, curé de Céaux, Frestel,
curé de Champcey, llodon, prieur-curé de Champeaux, Auquetin, curé de
Champcervon, Maupas, curé de Cherencey-le-Héron, Lemeur, curé de Coar-
tils, Pichot, curé de Curey, Lechaptois, curé de la Mouche, Huvé, curé de la
Godefroy, Riverain, curé de la Luzerne, Iger, curé du Grippon, Mazier, curé
du Mont-Saint-Michel, Corbes, curé de Lolif, Hoche de la Grésille, prieor-
curé des Loges-Marchis, Lesplu, curé des Pas, Coupard, curé de Blaceyt
.Menard, curé du Mesnil-Adelée, Rauline, curé de Moidrey, Le Comte, curé
de Montviron, Hamel, curé de Notre-Dame-de-Cresnay, Mord, curé de Poilly»
— 517 —
Ils arrivent tous le même jour à Coatances , où ils trouvent
mille à onze cents appartements qui ont été retenus à l'avance.
La ville est dans la joie et l'allégresse. Jamais elle n'a vu un
encombrement aussi considérable de personnages illustres, ja-
mais ses murs n'ont renfermé un si grand nombre d'étrangers
venus de pays si divers. On court sur toutes les routes pour voir
arriver les voyageurs, on les salue avec des démonstrations pa-
triotiques. En les voyant, il semble qu'on aperçoit déjà l'aube du
beau jour qui doit enfin se lever sur la France. Les voies de
Helluin, curé de Plomb, Bœsset, caré de Pontorsoo, Fizel, curé de Saint-Âa-
bÎD-de-Terregatte, Gautier, curé de Saint-Brice-de-LandeUe, Herel, curé de
Sainte-Eugienne. Regnault, curé de Saint-6eorge»-de-Livoye, Bécherei, curé
de Saint-Loup , Levillain-la-Chesnée» curé de Saint-Martia-des-Champs ,
Baudry, curé de Saint-Nicoias-des-Bois, de Glinchamp, curé de Saint^enier-
souâ-Ayranches, Halençon, curé de Saint-Senier-de-Beuvron, Lansard, curé
de Saint-Quentin, Fortin, curé de Sainte-Pience, LetreguiUy, curé de Sacey,
Lecharpentier, curé de Tanis, Bazin, titulaire de la chapelle de Bouillie, et
Genvresse, titulaire de celle de Saint*>Gilles à Ârdevon. Les absents étaient
représentés par des procureurs.
t" Noblesse» Piton, seigneur de la Malesière et du Gault, à Ârgouges, le
marquis de Lambert, seigneur d'Aucey, Ernault de Chantoir, seigneur de
BacUiy, de Lancesseur, seigneur de la Polinière, en BaciUy, Martin, seigneur
de Bouillon, Bilheust, seigneur de Braffais, de la Hache, seigneur de Cham-
peaux, de Payen, seigneur de Ghavoy, de Gouvets, seigneur de Courtils ,
Leroy, seigneur de Brée et du fief de Curey, de la Roque, seigneur de la
Vallais, aux Loges-Marchis, Tardif de Moidrey, seigneur du fief des Pas, de
Poiilevilain, seigneur du Misouard, à Lolif» de Carbonnel, baron de Marcey,
Arturde la Villarmois, seigneur de Launay, en Plomb, de Cllnchamp, sei-
gneur de Brécey» du Homme, seigneur de Cbassilly, en Saint-Senier-de-
BeuvTon, le marquis du Quesnoy, à Saint-Martin des-Champs, de la Beslière,
seigneur de Vains, de Verdun, seigneur de Ballan, demeurant à Vessey, de
Verdun, seigneur de la Bourdonnaye et de Menard, à Vessey, etTuffin, sei-
gneur de Villiers.
3" Le Tiers'Etat : Jean-Victor Tesnière de Brémenil^ écuyer, conseiller du
Roi, lieutenant-général civil et criminel du bailliage, maire de la ville
d^Avranches et président du Tiers-Etat. — Morin, Fainé, avocat, et S3rndic
du c-ollégedes avocats du bailliage, Provost, conseiller du Roy et son avocat
au bailliage, Guérin, médecin à Avranches, Philippe de Gantilly, conseiller
du Roy, assesseur au bailliage. Sauvé, négociant à Ducey, Lesplu-Dupré,
marchand à Avranches, Legard-Lafosse, laboureur et marchand au Val-
Saint-Père, MasseUn-Foulerie, laboureur à Plomb, Pinot, l'alné, avocat à
— 518 —
Saint-Lo et de Périers sont couvertes de curieux ; mais la foule
se porte particulièrement sur celles de Granville et de Gavray.
Cest de ce côté que doivent venir les députés et les procureurs
de quatre diocèses : Dol, Avranches, Bayeux et Séez. Par là doit
passer Monseigneur de Belbeuf, évéque d'Avranches et abbé com-
mendataire de l'abbaye de Bonneval-Saint-FIorentin, ainsi que
dom Gautier de TEspagnerie, prélat de la Luzerne, et le seul abbé
régulier qui se trouve encore dans la Basse-Normandie. Un té-
moin oculaire ^^^ nous raconte ainsi rentrée de ses deux prélats :
« Monseigneur d*Avranches ar'riva dans une brillante berline,
traînée par trois chevaux. Les glaces de sa voiture étaient bais-
sées, et nous pouvions facilement le voir, avec les deux chanoines
Avranches, Delongrais-Desvaux, laboureur, à Lolif» Burdelot» yicomte et
maire de PontorsoDj Ferrey de Montitier, lieutenant d'élection et sabdélégué
à Ayranches (retenu par maladie), Morin-Delouche, avocat à Pontorson»
Lechevalier- Lambert» laboureur à Servon, Serel» notaire à Pontorson»
Hallais, fils, laboureur à Sacey, Pivert, laboureur à Gurey, Coupard, labou-
reur, marchand saulnier à Gourtils, Coudray, laboureur à Aucey, Jean
Bouffaré, marchand saulnier à Gourtils, Cosson, laboureur à Montanel (re-
tenu par maladie), Lehurey, docteur en médecine à St-James, Pinel, avocat à
Saint-James, Leroullier, marchand à Saint-James, Lesénécbal, laboureur à
La Ghapelle-Hamelin, Hirbec-Duplessis , laboureur aux Loges-Marchis ,
Théault des Orgeries, laboureur et licencié ès-lois à Saint-Aubin-de-Terre-
gatte, Roupenel, laboureur à Saint-Brice-de-LandeUe, Boessel-Dubuissonv
conseiller du Roi au bailliage d'Avranches, Louiche, avocat à Avranches, i
Navet, procureur du Roi au bailliage d'Avranches, Girout, avocat, demeurant •
à Villedieu, Boessel du Vivier, avocat à Avranches , Lechevalier, notaire }
à Tirepied, Abraham-Dubois, conseiller du Roi, lieutenant particulier cri-
minel au bailliage d' Avranches , de la Huppe de Larturière, président de
TElection d' Avranches, Gilbert, marchand à Saint-Nicolas-des-Bois, Porée»
procureur à Avranches, Letimonnier des Aunays, avocat, demeurant à
Vernix, Tetrel, licencié ès-lois, demeurant à là Trinité, Boursin, laboureur
et géomètre à Tirepied , Turgot de Pontoury , laboureur à Montviron,
Lebiguais, marchand saulnier à Vains, Deslongrays de la Saunerie, laboureur
au Grippon, Lemaltre-Davière, laboureur à Bacilly, Lechevaliçr, laboureur
à Saint-Jean-le-Thomas, Eude-Desmarais , laboureur- propriétaire à Genêts,
Bienvenu, l'alné, marchand saulnier, à Genest, Lemonnier de la Ghesnaye«
laboureur à Angey, Montier, laboureur à La Luzerne, Gohel, laboureur à
Dragey, Lampérière, marchand saulnier à Vains.
(t) Le père Desmoulins, de Coutances, qui nous a laissé plusieurs notes
intéressantes sur sa ville natale, avant et pendant la Révolution.
— 519 —
qui raccompagnaient. Des cheveux blonds ombrageaient son
visage plein de fraîcheur et de bonté. Ses traits gracieux, sa fi-
gure sympathique attiraient les regards du peuple, et dans le
Pont*de-Soule, comme dans la rue du Pilori (aujourd'hui rue
Geoffroy-de-MoDtbray), on s'inclinait pour demander sa béné-
diction. Il descendit au palais épiscopal oii Monseigneur de Ta-
laru Tattendait. Peu après, dans une voiture plus modeste, nous
vîmes passer l'abbé de La Luzerne et le prieur du même mo-
nastère.^ L'abbé et le prieur étaient complètement vêtus de
blanc, il n'y avait de couleur tranchante que la croix pectorale
du prélat, brillanl sur sa poitrine. Ils allèrent au couvent des
Dominicains, aujourd'hui le Grand-Séminaire. Le soir il y eut
illumination, et les députés, à la clarté des flambeaux, purent
visiter la ville, au milieu d'une population ivre de bonheur et
d'espérance. »
Le 16 mars, à huit heures du matin, les représentants des trois
ordres se réunirent dans la nef de la Cathédrale. Le Clergé avait
le côté droit, la Noblesse le côté gauche, le Tiers-Etat occupait le
bas de l'église et se trouvait en face des deux autres ordres. Ces
places étaient ainsi marquées dans le règlement royal. Avant de
commencer les assises, les députés assistèrent à la messe, pour
attirer, sur l'assemblée, les lumières de l'EsprU-SairU.
On comptait, dans la réunion, les lieutenants-généraux des dif-
férents démembrements et les baillis de robe longue de Saint-
Sauveur-le-Vicomte et de Saint-Sauveur-Lendelin , baillis se-
condaires qui conservaient ce titre comme un souvenir de
leurs anciennes vicomtes , mais qui n'avaient d'autres pri-
vilèges que ceux des lieutenants. Les grands baillis de robe
courte et d'épée faisaient complètement défaut. M. de Geraldin
s'était fait représenter par son gendre, H. de Yilliers, et H. de
Blangy se fit remplacer, dans Tordre de la Noblesse, par le mar-
quis de Caillebot-la-Salle, chevalier des ordres du roi et lieute-
nant-général de ses armées. Comme grand bailli, il céda ses
pouvoirs à son lieutenant-général, M. Desmarets de Montchaton.
C'est ainsi que, par une délicatesse exquise, il renonça, dans une
— 520 —
circonstance solennelle, à sa plus belle prérogative, pour com-
patir à la peine qu'éprouvait son confrère de Mortain d'être privé
de la sienne.
Après la messe, H. de Hontchaton, en présence des trois
Ordres, assisté de H. I^e Brun, procureur du Roi, et de M. Blondel,
son greffier, ouvrit la séance, en prononçant ce discours habile,
où il prêche la conciliation et la concorde :
« Messieurs,
» Nous touchons enfin à cette époque si importante et si dé-
sirée d'où va dépendre la régénération de ce vaste empire. Bientôt
les représentants de la nation, rassemblés autour du trône, vont
concerter avec un monarque bienfaisant et ami de ses peuples,
les moyens de réparer nos maux et d'assurer à jamais la pros-
périté de l'Etat. C'est pour concourir à former les éléments de
cette auguste assemblée que vous avez été appelés de toutes les
parties de ce bailliage. Àh! sans doute, vos âmes se sont élevées
jusquesà la hauteur de ses grands objets; vous n'avez envisagé,
qu'avec une vive émotion les biens inappréciables que vous êtes
chargés de préparer et à votre siècle et aux générations futures.
» Mais pourquoi faut-il que des pensées importunes viennent
se mêler à notre joie et troubler nos espérances, tandis que, pour
opérer la révolution désirable que nous nous promettons, la con-
corde et l'union des volontés étaient surtout nécessaires ! Ne
semble-t-il pas qu'un esprit de vertige ait été répandu, sur toutes
les contrées du royaume. Des dissensions funestes ont divisé tous
les intérêts. On a vu, dans tous les ordres de l'Etat, des hommes
inquiets et ardents, également égarés par l'esprit de parti, oa
soutenir, avec chaleur, les exemptions les plus abusives, oa
exalter, au-delà de toute mesure, les droits de l'homme et du
citoyen. Et jusques à quel excès n'a pas été portée l'animosité
des partis? La capitale d'une grande province a vu couler le
sang de ses habitants, des scènes affreuses, dont nous avons
presques été les témoins, ont laissé, dans nos âmes, une impres-
sion profonde de tristesse et de douleur.
^ 521 —
» Un inflexible égoïsmeëtouffera-t-il donc dans le cœur de tous
les Français cet amour pur et désintéressé du bien qui ramène-
rait toutes les opinions au centre commun t Quelles voyes de con-
ciliation pourront estre adoptées si, par une erreur opiniâtre, on
veut d'un côté ne rien céder, et de l'autre tout obtenir? Puisse
tous les ordres de TEtat, instruits par de trop funestes exemples
et guidés par un vrai zèle pour le bonheur public, faire, avec un.
noble désintéressement, tous les sacrifices que prescrira l'intérêt
général I
» Déjà les pairs du royaume ont porté au pied du trône le vœu
formel de contribuer aux charges de l'Etat, sans distinction et à
raison de leurs propriétés ; bientôt on a vu, dans différentes pro-
vinces, le clei^é et la noblesse imiter, à Tenvi, cet exemple de pa-
triotisme.
» Pénétrés de cette grande vérité que leur premier titre dans
l'Etat est celui de citoyen, ils ont contracté l'engagement hono-
rable de renoncer à tout privilège pécuniaire, et de consentir à
une égalle répartition des impôts. Nous ozons présager, avec
confiance, que partout où les deux premiers ordres se trouveront
réunis, ils s'empresseront égallement de souscrire à ce vœu si
conforme à la raison et à l'équité. D'une autre part, il étoit con-
venable, sans doute, que Tordre le plus nombreux et le plus utile
reprit, dans un siècle de lumière et de philosophie, la considé-
ration dont il a été privé dans les siècles barbares et sous l'anar-
chie féodale. Il étoit convenable d'accorder une plus juste in-
fiuance, dans les assemblées nationales, à cette classe précieuse
de citoyens de tous les Etats qui, partons les genres de talent,
par Tactivité de leur industrie, font la principalle force du gou-
vernement.
» Hais il est des bornes que prescrit une sage modération.
» L'antique constitution decette monarchiea mis entreles diffé-
rents ordres, des distinctions qui doivent être respectées. Il im-
porte au bonheur public, il importe au bien même du Tiers-Etat
de conserver les prérogatives de rang et d'honneur de toutes ces
gradations qui ont été établies entre le peuple et le souverain,
— 522 —
comme autant de barrières contre les entreprises da pouvoir ab-
solu.
» Qui de vous a pu supporter la licence decette fouled'écrivains
téméraires, dont les productions ont inondé la capitale et se sont
répandues dans les provinces? Vous avez distingué, sans doute,
un petit nombre d'écrits ou des hommes sages et modérés ont
développé, avec autant d'énergie que d'impartialité, des récla-
mations justes et dignes d'être accueillies par tous les bons ci-
toyens; mais je parle de ces novateurs audacieux qui, dans leurs
déclamations insensées^ n'ont pas respecté les droits les plus in-
violables et semblent n'avoir eu pour but que de tout confondre,
pour tout anéantir. Je parle de ces prétendues publicistes qui,
sous prétexte de consulter le code éternel de la raison et de la na-
ture^ s'efforcent d'ébranler, jusques dans les fondements, la cons-
titution sous laquelle nous existons avec gloire depuis tant de
siècles, et ne nous proposent d'autres règles et d'autres loix que
les sistèmes incohérents de leur imagination.
» Oui, Messieurs, dans le gouvernement des empires, comme
lorsqu'il s'agit de la fortune des particuliers, les droits de la
propriété sont inattaquables, et la possession est l'unique sauve-
garde de la tranquillité de l'Etat. Méconnaître ces saintes et im-
prescriptibles maximes du droit public, c'est renverser tous
les principes, c'est substituer la licence aux loix et livrer
le gouvernement à tous les désordres et à toutes les horreurs de
l'anarchie.
» Sans [doute, le cours des siècles a produit des alternatives
dans notre constitution, et il importe de rétablir un meilleur
ordre. Il y a des abus et il faut les réformer; mais c'est au sein
de la paix , c'est par l'accord le plus parfait des volontés, par
l'ascendant invincible de la raison et de la vérité que doivent être
opérées ces réformes salutaires, et non pas au milieu des dissen-
sions et dans l'agitation des partis, par la force et la contrainte,
par l'infraction de toutes les loix et par ces violentes commotions
qui entraînent la chute des empires les plus florissants.
» Mais pourquoi insister plus longtemps sur .des vérités dont
— 523 —
vous êtes tous également convaincus? Ne sont-ce pas ces vues
d'ordre et de justice qui ont maintenu jusques ici la tranquillité
dans notre province, qui Tont préservée de l'effervescence qui, par-
tout, a si violemment agité les esprits? Ce sont encore ces mêmes
vues qui, dans cette auguste assemblée, seront la règle invariable
de toutes les opinions. Elles entretiendront parmi vous la con-
corde et l'harmonie devenues plus que jamais nécessaires.
» Vous soutiendrez par la sagesse de vos délibérations cette
réputation de prudence que les habitants de cette province ont
méritée dans toutes les occasions importantes. Dégagés de toute
partialité, guidés uniquement par Tamour du bien, vous ouvri-
rez vos âmes à tous les sentiments de ce noble patriotisme au-
quel il appartient de rapprocher tous les esprits et qui peut seul
être le fondement de la félicité nationale. »
Après ce discours, on allait commencer l'appel des trois ordres,
lorsque le greffier remit, sur le bureau, la protestation du comté de
Mortain et l'ordonnance de son grand bailly. M. de Montchaton
donne lecture de ces deux actes à l'assemblée, les résume en trois
grandes pages de son procès-verbal, indique le nombre des si-
gnatures, et, protestant de nullité pour la circonstance, passe
à l'appel du Clergé, de la Noblesse et du Tiers-Etat. Les bailliages
viennentselon leur rang ainsi fixé, avec leur nombre de paroisses:
Coutances 425 paroisses, Saint-Lo 36, ÀvrancbeslOO, Carentan
49, Cérencesll, Mortain 71, Saint-Sauveur-Lendelin 51, Va-
lognes 131, Saint-Sauveur-le- Vicomte 67, Tinchebray 36 ^^K
Cette opération minutieuse ne fut terminée que le vendredi 19, à
une heure et demie de l'après-midi. Le soir du même jour on
se réunit, à trois heures, toujours dans la cathédrale, pour vérifier
les pouvoirs des députés, prêter serment de rédiger fidèlement
(1) Ces chiffres rectiûent les inexactitudes qui se sont glissées à la p. 37»
touchant le nombre de paroisses attribué à chaque baiUiage. Tinchebray, ne
convoqua point la paroisse de Sainte-Paix, située dans un des faubourgs de
Caen.
Le grand baiUiage de Coutances avait 570 paroisses; Mortain n'en comptait
que 108.
— 524 -
le cahier général de chaque ordre et de nommer, de méme^ les dé-
putés qui les représenteront aux Etats-Généraux.
Pour procéder à ces différents travaux, le lieutenant-général
indiqua, à chaque ordre, le local qu'il devrait occuper le lende-
main. Les Ecclésiastiques se réunirent alors dans la chapelle du
grand-séminaire (aujourd'hui chapelle du Lycée), sous la prési-
dence de Mgr de Talaru. La Noblesse, dans l'église des Capucins
(aujourd'hui la halle au blé), ayant à leur tête leur doyen d'âge,
H. de Servigny, et le Tiers-Etat vint occupée la grande salle de
l'auditoire ou du présidial (aujourd'hui le théâtre) , sous la di-
rection de M. de Montchaton , président-né du troisième ordre,
comme lieutenant-général.
On s'occupa d'abord de refondre les cahiers de chaque
bailliage en un seul ; pour y arriver plus facilement et plus vite,
on nomma des délégués chargés de ce travail important.
Les commissaires du Clergé furent au nombre de douze,
savoir :
l"* MM. de Cussy, chantre de la cathédrale de Coutan-
ces et chanoine honoraire, 2^ Le Lubois, curé de Fontenay
(bailliage deValognes}, 3^ Bisson, curéde Saint-Louet-sur-rLozon
(bailliage de Saint-Sauveur-Lendelin), 4* De Mons , chanoine'de
Coutances, 5^ d'Hauchemail, grand-chantre de la cathédrale de
Coutances, 6^ Mathieu, curé de Saint-Romphaire (bailliage de
Coutances), 7"* Le Rouvillois, curéde Carantilly (bailliage de Cou-
tances), 8^ de Fretel, curé de Saint-Floxel (bailliage de Valognes],
9® Bécherel, curé de Saint -Loup (bailliage d'Avranches),
lO^Lebel, curé de Mortain, ir Bazin, curé de Saint-Laurent-
de-Cuves (bailliage de Mortain), i 2^ l'abbé régulier de La Luzerne,
Bernardin Gautier de TEspagnerie (bailliage d'Avranches). Dans
cette commission , aucun des deux évêques n'est nommé. On y
rencontre trois chanoines^ le prélat de La Lucerne, tous les autres
sont des curés de paroisse. Ces premières élections étaient cepen-
dant très-significatives, car elles donnèrent, généralement, les
députés qui durent aller à Versailles.
On compta treize commissaires de la Noblesse :
— 525 —
1*" MM. d'Auxais de MoDtfarville (bailliage de Saint -Lo],
T Âchard de Bonvouloir (bailliage de Saint-Lo), 3^ Le Magnen
(bailliage deCarentan), 4^ deBeaudrap de Sotteville (bailliage de
Yalognes), 5® Le Forestier, comte de Mobec (bailliage de Cou-
taûces), 6® Michel de Chambert (bailliage de Coutances), T Le
Forestier de Muneville (bailliage de Coutances)^ S"" Artar de la
Villannois (bailliage d'Avranches), 9^ DaDoeville (bailliage de
Carentan), 40^ de Vaufleury de Saint-Cyr, lieutenam-géDéral
du bailliage de Hortain, 1 1 ® Lechevalier Gassé de Colas (bailliage
de Yalognes), 12® Plessard deServigny (bailliage de Saint-Sau-
veur-Lendelin), 43® Fremin de Beaumont (bailliage de Cou-
taoces).
Les dix-neuf rédacteurs du cahier du Tiers-Etat furent :
MM. Duhamel et Le Tuilier, procureurs du Roi, en Télection
de Coutances (bailliage de Coutances), Tesnière de Bremenil,
maire d'Avranches, et Morin l'ainé (bailliage d'Avranches),
Vieillard et Lemenuet de la Juganuière, avocat (bailliage de
Saint-Lo), Desplanques du Mesnil et Caillemer, maire de Çaren-
tan (bailliage de Carentan) , Brohon , lieutenant-général du
bailliage de Cérences, Le Sacher de la Palière et Lerebours de
la Pigeonnière (bailliage de Mortain), Bernard-Duchesoe , lieu-
tenant-particulier à Yalognes, et Courteaux des Fontaines^
avocat (bailliage de Yalognes), de Glatigny, syndic du collège
des avocats , à Saint-Sauveur-le-Vicomte, et Angot , bailli de
longue robe et lieutenant-général (bailliage de Saint-Sauveur-le-
Vicomte), Pouret-Roquerie, procureur du Roi à Saint-Sauveur-
Lendelin, et Euvremer du Manoir, conseiller au bailliage de
Saint-Sauveur (bailliage de Saint-Sauveur-Lendelin), Lelièvre de
la Prevotière, avocat à Tinchebray, et Poisson, libraire à Caen
(bailliage de Tinchebray).
Nous ne dirons rien des cahiers rédigés par ces trois commis-
sions. Ils ont été publiés par M. Hippeau dans : le gouvernement
de la Normandie, tome VIII, p. I à 22. Nous ferons seulement
remarquer que le cahier du bailliage de Mortain, pour le Tiers-
Etat, servit de modèle au cahier général. Aussi fût-il conservé
- 526 —
en entier. On y ajouta simplement les demandes quMl n'avait pas
faites. Son plan était, en effet, très-concis et on ne pouvait
mieux résumer, qu'il ne l'avait fait, ces longs traités que nous
voyons, souvent par un seul article, dans les cahiers de Saint-Lo,
de SaintrSauveur-le-Vicomte efde Périers.
Ces manuscrits offrent, il faut l'avouer, des descriptions cu-
rieuses, des considérations profondes, mais qui ne pouvaient
entrer dans un cahier général, à moins de faire un gros volume.
M. Le Sacher de la Palière eut donc la part la plus large , dans
la rédaction du cahier de Coutances.
Après la refonte de ces doléances, qui demandèrent quatre ou
cinq jours, on s'occupa de l'élection des députés. Le premier élu,
dans l'ordre du Clergé, fut M. Jacques-François-Louis Le Lubois,
curé de Fontenay (bailliage de Yalognes). Le second tour de
scrutin amena le nom de H. François Bécherel, curé de Saint-
Loup (bailliage d'Avranches). Ce dernier nom produisit un effet
assez fâcheux sur l'esprit des deux évéques. Ils purent se con-
vaincre que leur clergé avait une certaine défiance à leur égard,
et qu'ils préféraient des prêtres, sortis du Tiers -Etat, à des
grands seigneurs devenus pontifes. L'évêque d'Avranches, qui
s'attendait à être élu, fut particulièrement froissé de voir qu'on
lui préférait un simple curé de village , un prêtre , surtout , qui
avait procédé contre lui, au sujet d'un trait de dtme, et qui avait
eu gain de cause devant le Parlement. Le soir même, il annonça
à son confrère de Coutances qu'il partirait le lendemain et rega-
gnerait sa ville épiscopale. Plusieurs prêtres de son diocèse vin-
rent le prier de rester, en l'assurant qu'il serait nommé. Il ne se
fit point d'illusion , et après avoir fait ses adieux à Mgr de
Talaru, qu'il plaignit d'être obligé d'assister à de pareilles
élections, il monta dans sa voiture en disant à son cocher :
« Allez , et imprimez profondément sur la route toute l'indi-
gnation dont je suis pénétré ^^K »
(1) Paroles rapportées par un témoin oculaire, M. Lesplu-Dupré» ancien
curé de Saint<jervais-d*Ayranches.
(Note de M. Lucas-GirardviUe, vicaire général de Coutances.)
— 527 -
Le lendemain, on nomma M. François Le Rouvillois ^ curé de
Carantiily. Lémotion de Mgr de Coatances devint visible, le
clergé en fut témoin et, le soir, au dernier tour de scrutin , son
nom fut enfin nommé ^*^
Les députés de la Noblesse furent, selon Tordre de leur élec-
tion :
1® Messire Luc-René Àchard dePerthus de Bonvouloir, che-
valier, seigneur de Bonvouloir, Loyauté, du Perthus- Achard ,
seigneur patron duDezertet de Condé-sur-Sarthe, du Féron, de
Yervainne et d'Ancinne, ancien capitaine de cavalerie, chevalier
de Tordre royal et militaire de Saint-Louis, demeurant en son
château du Dezert, paroisse du même nom, élection de Saint-Lo.
2^ Pierre-François deBeaudrap de Sotteville, chevalier, sei-
gneur et patron de Sotteville, Le Buisson, Mesnil-Durant, Hébé-
crevon. Le Buisson à Angoville-sur-Ay et autres lieux, ancien
officier au cops royal de Tartillerie , demeurant en son château
de Sotteville, paroisse du même nom, élection de Valognes.
3^ Jacques-René-Jean-Baptiste Artur, chevalier^ seigneur de
la Villarmois, Launay, Champagne et autres lieux, demeurant à
Avranches.
4* Léon-Marguerite Le Clerc^ baron de Juigné, comte de Cour-
tomer, seigneur de Sainte-Mère-Eglise, et maréchal des camps et
(1) Mgr de Belbeuf restant^ il est douteux que les deux évêques eussent
été nommés^ mais il est à peu près certain que Mgr de Talaru ne l'eût point
été, si son confrère ne se fut retiré.
Le clergé, en général, ne voulait que des ecclésiastiques sortis du Tiers-
EUt.
M. Bécherel en rentrant dans sa cure, après les élections, alla rendre
visite à son Evoque, au palais épiscopald'Avranches. Il parait qu'il n'eut pas
à se louer de la réception qui lui fut faite. (Manuscrit intitulé : Etai ef con-
dwtedu clergé dam Vanâen dU}ciiûd^AvranchêMtde 1790 à 1806.)
Mgr de Talaru de Ghalmazel, né le U mai t7S5> au château de Ghaussin,
en Bourbonnais, avait été sacré évê^ue de Coutances, le 10 mars 1765. U
mourut à Londres, le ao mars i798> à l'âge de soixante-douze ans.— Mgr Go*
dard de Belbeuf, né le 9 mai 1730, au cb&teau de Belbeuf, près de Rouen,
avait été sacré évéque d'Avranches, le 15 mai t77i. U mourut à Hampstead,
près do LondreSi, le 26 septembre 1808» à l'âge de soixante-dix-huit ans.
— 528 --
armées du Roi, demeurant à rarchevêché de Paris, près de l'ar-
chevêque son parent ('^ (Bailliage de Carentan).
Les députés du Tiers-Etat, furent, selon leur rang de nomi-
nation;
1 ® Denis-Gabriel Le Sacher de la Palière, avocat au bailliage
de Mortain, né à Paris.
2^ Louis Burdelot, né à Avranches, vicomte et maire de Pon-
torson.
3^ Pierre-Jacques Vieillard^ né à Saint-Lo et avocat dans
cette ville.
4^ Guillaume Bernard-Duchesne , originaire de Hontebourg,
lieutenant particulier au bailliage de Valognes.
6® Jean Perrée-Duhamel, négociant à Granville, dont il était
originaire.
* 6^ Jean-Thomas Desplanques-Dumesnil , né à Carentan et
maire de cette ville.
7^ Louis Pouret-lloquerie, originaire de Geffosses, procureur
du Roi au bailliage de Saint-Sauveur-Lendelin, séant à Périers.
8^^ Louis-Hector-Âmédée Angot, né à Versailles^ bailli de
longue robe à Saint-Sauveur-le-Yicomte.
Les électionsdu Tiers-Etat furentmieux faites quecelles des deux
autres ordres. Il semble qu'on y fait la part de chaque bailliage
et on y sent déjà , comme le fait remarquer M. Desdevises, un
avant-goût des députés d'arrondissement. Cependant, il y eut
quelques bailliages qui ne furent point représentés et qui n'eurent
point lieu d'être satisfaits. DecenombrefurentCérences^'^etTin-
(1) M. Desdevises assure que le baron de Juigné n'assista point aux assises
de Coutances ; c'est inexact. Il fut présent, à toutes les séances, à l'appel
et au serment. Il remplaçait le marquis de Juigné^ son frère, et co-héritiers
représentant M. de St-Germain» seigneur de la Baleine (bailliage de Goa-
tances).
(2) Le bourg et la paroisse de Gérences appartenaient au bailliage de Goa-
tances et ne faisaient point partie du bailliage qui portait ce nom. Le chef-
lieu proprement dit eut dû être la Haye-Pesnel, car le petit district appelé
bailliage de Gérences, appartenait tout entier à La Haye. Son tribunal avait
été transféré k Gérences pour la commodité des avocats et autres juges qui,
les jours d'audience, se transportaient de Goutances à l'auditoire de Gérences.
— 529 -
chebray. Cérences ne pouvait guère espérer, puisqu'il n'avait que
onze paroisses et cinq familles nobles, dont aucune ne parut per-
sonnellement ^^K
Tinchebray avait des raisons sérieuses de ne pas être content.
Il s'était dérangé de fort loin, son bailliage était aussi considé-
rable que celui de Sainl-Lo, qui obtint deux députés. Mortain
en méritait également deux , quand Avr^nches en avait trois et
Garentan deux. Si les droits de ce bailliage principal eussent
été maintenus, on fui eut assurément accordé un député du
Clergé, un député de la Noblesse et deux députés du Tiers-Etat, et
il n'a qu'un seul mandataire, qu'un seul représentant du troi-
sième ordre. Il est vrai que Mortain et Tinchebray sont mieux
représentés dans les commissions de rédaction , surtout dans
elle du Tiers-Etat. Hais le seul avantage de Mortain, dans cette
assemblée, c'est d'avoir fourni, presque exclusivement, la subs-
tance du cahier général du troisième ordre. Aussi, en lisant ses
doléances particulières, on lira, sauf quelques articles qui
n'intéressaient pas son comté ^^\ les doléances des dix bailliages
(1) Si la cure de Gërences ne faisait point partie de son bailliage» on y
trouvait néanmoins des fiefs qui en dépendaient. Ainsi Messire Lecourt de
Sainte-Marie possédait le fief de GueUe, le comte de Saffrey, celui du Mesnil-
Vaudon et de la Mollière, et le prince de Monaco, celui de Pirou et le trait du
Val-Jouais. Le Tiers-Etat y estreprésenté par : MM. Brohon, Ueutenant-général,
LefeTre, procureur du roi, et Héot, avocat, tous demeurant à Cérences. A la
Haye-Pesnel on cite Messire de Guer, marquis de Pontcalé, En retour, ce
baUUage possède la cure de Sartilly, représentée par Charles Langlois, pour
le Clergé, et par Julien Le Breton, du Tiers-Etat. Le fief noble de Brequigny,
dont le seigneur était Louis du Homméel, appartenait au bailliage d*AvrancLes.
(2) Valognes et Goutances qui avaient, dans leurs bailliages, des villes
maritimes, demandaient qu'il fût pourvu : 1*" aux désavantages résultant du
traité de commerce fait avec FAngleterre* a** à Tarrét du conseil, de 1784,
relatif au commerce des colonies ; S" aux lettres patentes accordées k la
viUedeBayonne, concernant l'admission des morues et des huUresde pèches
étrangères, l" aux droits perçus, en Normandie» sur le poisson frais et salé.
Yilledieu, dans le cahier de Coutances, désirait que les manufactures d'ou-
vrages en cuivre fussent encouragées, et mises en état de soutenir la concur-
rence« en modérant les droits perçus sur les cuivres bruts.
Garentan» Valognes» Saint-Lo, Coutances» souhaitent qu'on fasse un règle-
ment pour autoriser le prêt d'argent à intérêt; que, pour le bien de l'agri*
34
— 530 —
réunis à Coutances. On a littéralement suivi son plan, sa méthode
et même son style.
Les élections furent terminées, le mercredi 4^ avril. Les trois
ordres se réunirent alors, de nouveau, dans la Cathédrale, à
culture, les communes, landes, bruyères, marais et grèves dont les [croisses
ont titre à possession, soient partagées; que la liberté de profiter des tangues*
varechs et autres engrais de mer» ne puisse être limitée sous prétexte de
droit de propriété ou de préférence, sauf indenmité qui pourrait être due.
On demande aussi la suppression de la loterie royale> et la remise en
vigueur des ordonnances sur les faillites et les banqueroutes; la suppression
des hautes justices, sauf l'indemnité des seigneurs haut justiciers.
Saint-Sauveur-le-Vicomte et Yalognes ne veulent pas qu'on émette des
vœux de religion avant que l'homme n'ait atteint l'âge de trente ans, et la
femme vingt-cinq. On s'occupe aussi des moyens de détruire la traite des
noirs et de préparer la destruction de l'esclavage. Périers ou Saint-Sauveur-
Lendelin et Cérences, veulent Tabolition de la servitude des main-mortables
et désirent qu'on prenne des mesures efficaces pour assurer aux pauvres une
portion des biens eccléB\astiques, en général, suivant leur destination primi-
tive, Avranches s'intéresse particulièrement à la prospérité de ses salines : » Le
» V09U de rassemblée ne peut être contraire au vœu général du Royaume pour
» la suppression de la gabelle ; cependant elle représente que de cette sup-
B pression résulterait une perte considérable pour le pals Avranchin en
B général et pour les propriétaires des salines en particulier, en ce que le sel
» blanc, qui y est fabriqué à grands frais, ne pourrait soutenir la eoncurrenee
» du sel gris de Bretagne que la nature seul produit. Et conune cette fabri-
9 cation est le seul commerce du pals, qu'elle procure la communication de
> ses denrées et augmente la valeur de ses fonds, l'anéantissement lui en
» serait infinimeul pr^udiciable, en même temps que les propriétaires des
» salines se trouveraient dépouiUés de la plus précieuse portion de leur for-
» tune. Pourquoi l'assemblée recommande à ses députés de demander pour
» eux une indemnité et pour l'élection d'Avranches une diminution d'impôts
B proportionnée à celles que ses revenus et son commerce en souffriraient.
» Le sort des propriétaires des salines se trouverait encore empiré s'il en
» était construit de nouvelles; pour les garantir de cet autre dommage,
B l'assemblée charge ses députés d'en soUiciter la prohibition, b
Le cahier général résume ainsi la demande d'Avranches et celle de Coa-
tances, concernant les cuirs et les aides (droits sur le vin) : a Que la gabelle»
les aides, droits sur les cuirs et autres de pareille nature soient supprimés
le plus tôt possible et remplacés par des impôts moins onéreux, sauf au pays
de quart bouillon en général et aux propriétaires des salines en particulier à
s'adresser aux Etats -Généraux pour y obtenir une juste indemnité. » Les
salines ont été supprimées, en 1864, au grand regret et malgré les récUma-
taons du pays.
— 531 -
huit heures du matin, sous la présidence de M. de Hontchaton.
Les secrétaires des différentes commissions lui remirent leurs
cahiers et les procès-verbaux des séances. Le lieutenant-général
proclama, en présence de l'assemblée générale, les noms des douze
députés. Séance tenante, ces nouveaux élus vinrent prêter ser-
ment : « de se bien et fidèlement comporter aux Etats-Généraux
» pour tout ce qui peut concerner les besoins de TEtat, la ré-
» forme des abus, l'établissement d'un ordre fixe et durable dans
» toutes les parties de Tadministration, la prospérité générale
» du royaume et le bien de tous et de chacun les sujets du roi. »
Ils s'engagent, en outre, « à ne consentir à aucun octroi d'im-
» pôt, que le principe de la constitution générale du royaume
» n'ait été reconnu, assuré et sanctionné, et que les Etats parti-
» culiers à la province ne lui aient été rendus; à demander que
» les impôts soient répartis également entre tons les ordres, et
» supportés individuellement par les membres de chacun, sur
» des rôles communs. » Messieurs les députés ne pouvaient, en-
core, se départir du présent mandat, sous quelque prétexte que
ce fût. (Procès-verbal des trois ordres réunis à Coutances.)
Cinq députés manquaient à cette dernière réunion : Mgr de
Talaru, retenu à son palais par une indisposition, et MM. Sacher
de la Palière, Louis Burdelot, Bernard Duchesne et Louis Àngot
qui, pour des affaires urgentes et indispensables étaient partis, la
veille, après avoir prêté serment, rue Saint-Nicolas, dans Thôtel
de M. de Montchaton. Le lieutenant-général remit ensuite les
cahiers aux députés de chaque ordre, et alla recevoir le serment
de Mgr TEvéque.
Les assises de Coutances étaient terminées. Elles avaient duré
plus de quinze jours. Les députés n'eurent que le temps de
rentrer chez eux pour aller à Versailles. On les y attendait
le 5 mars, l'ouverture des Etats-Généraux ayant été, heureuse-
ment, retardée d'une dizaine de jours ^^K
(I) L'Election, division aiministrative* était souvent plus grande qne la
division judiciaire, le baiUiage. Ainsi, depuis la création du bailliage secon-
daire de Tinchebray, Mortain n'avait plus, comme bailliage principal, que
— 532 —
CONCLUSION,
En remettaot aux députés les cahiers de leur ordre, M. de Hoot-
chatoD leur adressait ces paroles : « C'est à vous. Messieurs les
» députés qui, par la réunion des qualités les plus estimables et
» les plus précieuses, avez si justement mérité les suffrages de
» vos concitoyens, c'est à vous de remplir leur attente et de coo-
» sommer le grand œuvre de la félicité nationale. Puisse tous
» les membres qui composeront avec vous l'Assemblée, y porter
» comme vous un zèle ardent pour le bien public, et l'esprit de
» paix et de conciliation. »
Si ce dernier vœu n'était pas celui de chacun des députés de
Versailles, nous pouvons assurer qu'il était profondément formé
dans le cœur de nos représentants. Ils n'avaient tous qu'on
71 paroisses, taodis que son élection en avait 85. EUe était divisée en 6 ser-
genteries. 1° Ouessey (Le TeiUeul), 15 paroisses, a» Tinchebray, 1i, V Gor-
beUn (St-Hilaire), i7, i* Roussel (Sourdeval), 18, 5* Halle (Mortain), 11,
6* Martin (Ghérencey-le-Roussel), 12.
L'élection d'Avranches avait 99 paroisses , divisées en 8 sergenteries :
1* Avranches, 3, r Ponts, 6, S*" Pigace (Ducey), 17, 4* Le Val-de-Sée (Tire-
pied), 10, 5* Benoit (Marcey), 8, 6* Hérault (Genêts), 81, 7* Pontorson, 17,
8* Saint-James, 17.
La division ecclésiastique se rapprochait beaucoup de celle des élections.
Le diocèse d' Avranches était divisé en deux archidiaconés subdivisés en hait
doyennés, dont quatre pour Avranches, savoir : Avranches, La Groix-Avrao-
chin , Genêts , Tirepied ; et pour Mortain , quatre également : Mortaîn,
Saint-Hilaire, Cuves et Le Teilleul.
Gomme quelques-uns de ces doyennés étaient fort étendus, on les avait
subdivisés pour les conférences. Ainsi Barenton, Sourdeval, Pontorson,
■ Saint-James el Dueey étaient des centres de conférences ecclésiastiques.
Le collège de Bfortain était aussi le centre de l'instmction classique
dans tout le comté. Les chanoines de la collégiale en avaient la direction,
et si on tentait d'en ouvrir un autre, ils pouvaient en confisquer les ii*
Très. Ce collège avait été fondé en 108i, par le comte Robert. « Il n'y
» a pas en France de coUége qui remonte à une aussi haute antiquité. «
(Mgr Daniel, évéque de Goutances, et alors Recteur de TAcadémie de Gaea.
Notice sur le collège de Goutances, p. 10.)
— 533 —
désir : remplir fidèlement leur mandat et procurer la paix et le
bonheur de la nation. Une réforme juste et équitable était un
besoin reconnu nécessaire par la Cour, par le grand seigneur
comme par le plus simple roturier. Nos députés ne souhaitent
pas autre chose. Si leurs cahiers présentent quelques demandes
un peu téméraires ou qui dépassent le but, ils n*ont cherché, de
bonne foi, qu'un état meilleur et plus naturel ; mais ils s'en rap-
portent en tout à la justice et à !a bonté du roi. Le roi est bon,
justQ, fort instruit. Il aime son peuple d'un amour de père, et, On
peut le dire, il se confie en lui sans réserve et sans défiance. Nous
sommes loin, cependant, de lui faire une vertu de cet abandon
complet. Le peuple, comme un coursier fougueux, a toujours
besoin de sentir le frein qui le retient, le bras qui le dirige. Quand
on veut mettre la main à un vieil édifice, on l'élaie d'abord, dans
la crainte qu'il ne s'écroule et ne rende, par sa chute, la répara-
tion impossible. Louis XVI veut restaurer une monarchie vieille
de quatorze siècles et, pour en assurer la conservation, il n'use
même pas de ce ménagement indispensable. En donnant au Tiers-
Etat un nombre de voix égal aux députés des autres ordres, il
fait un grand acte de justice, mais il enlève, de prime abord,
cette majorité qui doit toujours appartenir au pouvoir, dans
toute assemblée délibérante.
Maintenant, n'est-il pas à craindre que ce troisième ordre,
travaillé par les jansénistes, les philosophes, les factions nom-
breuses qui l'environnent, ne veuille, sentant sa force, se cons-
tituer en assemblée nationale, et s'élever à la direction suprême
de l'Etat ?
Quoiqu'il en soit, l'horizon n'est pas rassurant.
Nous quittons désormais un vieux monde connu pour aller, au
milieu d'une ifter incertaine, souvent orageuse et semée d'écueils,
à la recherche d'une terre nouvelle et inconnue I...
Heureux I si le pilote qui va nous diriger, dans ce périlleux
voyage, est à la hauteur de son entreprise I
Heureux ! si, secondé par des politiques habiles, des ministres
prudents, il peut d'une main aussi ferme qu'énergique, diriger le
vaisseau vers des plages sûres et tranquilles I
— 534 —
Plus heureux encore I s'il sait, sans hésitation, imposer Tobéis-
sance à propos, accueillir avec discrétion les conseils des pas-
sagers, tempérer peu à peu, par de sages réformes qui en amë*
neront d'autres, avec le temps, l'impétuosité de leurs vœux, leur
désir immodéré d'arriver trop vite à cette terre de liberté qu'ils
convoitent.
S*il manque de ces qualités essentielles, qui nous assure, qu'aa
sein de ce vaste océan, entouré d'une nuit sombre et de flots cour-
roucés, sa nef n'ira point se briser contre les récifs, pour en-
gloutir, dans un triste naufrage, des espérances si glorieuses et
si belles?
Et alors, quand retrouverions-nous ce nouveau monde objet de
nos rêves incessants , cet hémisphère de liberté, de bonheur, de
concorde et de paix que nous souhaitons avec tant d'ardeur?...
Mais, n'anticipons pas sur des faits qui n'appartiennent plus
à notre sujet. C'est à l'histoire générale de nous redire les succès
ou les revers des députés de nos grands bailliages et de nos as-
sises coutançaises en particulier.
E.-A. PIGEON
SECRET AIRB DE LA SOCIÉTÉ.
GUY CHRÉTIEN
Grand Bailli de Cotentin (1871-1875).
Obligée de suivre les événements qui précipitent leur marche
rapide, de rechercher leurs causes et de montrer leurs consé-
quences, r histoire générale ne saurait s'appesantir sur les détails
sans surcharger son récit et nous empêcher de suivre, dans leur
enchaînement nécessaire, les faits qui se succèdent. Par une triste
fatalité, elle est obligée de ne s'occuper que des hommes qui
brillent au premier rang et de laisser de côté la foule des dévoue-
ments secondaires qui , pour se manifester dans une sphère mo-
deste, n'en ont pas moips été utiles à leur pays. Que de talents
restent cachés, que de dévouements obscurs sont ainsi laissés dans
un injuste oubli I Au nombre de ces morts, dont les qualités émi-
nentes n'ont pas suffi à faire vivre la mémoire, on peut placer Guy
Chrétien, un des grands baillis du Cotentin. Son nom est tombé
dans un tel oubli que plusieurs historiens n'ont même pas con-
servé son nom et que c'est à peine si M. L. Delisle, dans son re-
marquable ouvrage ^^\ signale son passage aux affaires en 1375,
par l'acte le plus insignifiant.
De son origine, nous ne connaissons rien, et son nom n'apparatt
dans l'histoire qu'en 1368. A cette époque il était bailli de Pon-
torson, et c'est par voie d'avancement qu'il fut appelé à remplir
à Coutances d'abord, puis bientôt à Rouen, les fonctions de grand
bailli. Les carrières de magistrature présentaient donc dès le
{i) Les Grands BaiUU du Co(enlin,par L. Delisle.
— 536 -
XIV" siècle cet inconvénient que beaucoup reprochent à notre
organisation actuelle. Probablement même la faveur y exerçait
déjà son influence. APontorson, Guy Chrétien avait dû connaître
et Duguesclin, et Tévéque Silvestre de la Cervelle : leur influence
ne fut probablement pas étrangère à sa promotion.
Il ne nous est pas possible de déterminer Tépoque exacte à la-
quelle Guy Chrétien fut appelé à exercer les fonctions de grand
bailli du Cotentin. Nous n'avons pas son acte de nomination,
et les chartes sont loin de s'accorder sur la date de la mort de
son prédécesseur Aimery Renout. Nous ne pouvons ajouter foi à la
mention contenue dans la requête ^^^ présentée au roi par Ro-
binet Duhamel, et qui porte que « le feu bailly (Aimery RenoiU)
est mort en v/ne ctssemblée contre les ennemis, le 7 janvier 1 370. »
Assurément cette dateesterronnée. Aimery Renout vivaitencoreles
1 3, 26 juillet, 28 août 1 370, puisque le roi luiadressait des man-
dements personnels ^*\ et le 7 septembre suivant, puisque Fran-
çois du Mesnil lui donne quittance d'une somme de 37 livres
1 0 sols, pour les frais de sa compagnie ^'\ Mais c'est là le dernier
acte connu de l'administration de ce bailli : sa mort arriva pro-
bablement le 7 janvier 1 371 .
Son successeur, Guy Chrétien, était certainement en fonctions
dans l'été de 1372.
C'était l'époque où les Anglais de Saint-Sauveur-le-Vicomte,
redoublant d'audace, multipliaient leurs ravages dans leCotentin»
déjà épuisé par trente années de guerre.
Les troupes de la province étaient trop faibles pour arrêter ces
pillages. Leur impuissance n'avait été que trop démontrée par
le récent échec du capitaine général du roi pour les bailliages de
Caen et de Cotentin, Guillaume du Merle, force fut donc de re-
courir à des moyens plus énergiques. Guy Chrétien se rendit alors
devant les Etats de Normandie, réunis au mois de juillet 1372, il
y plaida la cause de son malheureux ressort avec assez de bon-
(1) Charte publiée par M. Quénault. Les Grands BaiUis du Cotentin, p. 24.
ii) Actes et Mandements de Charles V, par M. U Delisle, Nos 704, 708,
(3) Charte publiée par M. Quénault, p. 24.
- 537 —
hear poar faire nommer une commission, chargée de représenter
au roi la misère du pays et la nécessité de chasser les Anglais de
Saint - Sauveur - le - Vicomte. Choisi par cette assemblée ,
notre bailli partit, le 13 juillet, avec les autres délégués,
qui, reçus parle roi, lui exposèrent la situation, le suppliè-
rent de venir au secours de la Basse*Normandie et d'envoyer
à Saint-Sauveur une armée commandée par le connétable Dugues-
clin. Le nom du héros breton était alors le synonyme de victoire,
en Normandie notamment, ou il avait commandé quelque temps
d'abord comme capitaine de Pontorson , puis comme capitaine
général en 1364. Il y avait déjà conquis cette gloire populaire
qui dès lors n'a cessé de s'attacher à son nom.
La commission était de retour à Caen le 1^' septembre 1372.
Le 12, elle rendait compte de sa mission, et communiquait les
promesse^ du roi à uoe assemblée des notables qui, après avoir
manifesté sa satisfaction du résultat obtenu, vdtait les subsides
nécessaires pour couvrir les frais de voyage des délégués. Notre
bailli recevait 140 francs d'or pour une absence de soixante
jours ^^K C'était, par jour, près de 24 francs de notre monnaie.
Toutefois la guerre ne commença pas immédiatement, ce ne fut
qu'après avoir employé l'automoe à s'assurer des alliances, que
Charles V donna enfin Tordre de mettre le siège devant Saint-
Sauveur, le 27 décembre 1372.
De ce jour, commença pour le bailli une période de travaux in-
cessants et multipliés, qui nedevaitse terminer qu'en juillet 1375,
après l'évacuation de la place par les Anglais. Une guerre dans
son ressort décuplait alors les devoirs d'un bailli. Il lui fallait réu-
nir les Etats de la province, exposer les besoins de l'expédition pour
obtenir les aides nécessaires, les faire voter et en assurer le recou-
vrement. C'était encore lui quijevait les troupes, pourvoyait à leur
subsistance et leur assurait les vivres et les munitions néces-
saires : si bien qu'il remplissait, en un mot, les fondions d'inten-
dant après celle de collecteur d'impôt.
(1) Hittoin du Château de Saint'Sauveur4e-Vicomte, par L. Delide,
preuve, 128.
— 538 —
Pour le siège de Saint-Saaveur, il n'y eut pas moins de cinq
votes de subsides spéciaux ^^K
Le 21 mai 1 375, la place se rendit sous condition. Guy Chrétien
signa la capitulation et s'obligea personnellement avec les prin-
cipaux seigneurs de l'armée à payer la somme de 50,000 écns
promise aux Anglais. Cette capitulation éventuelle augmenta
encore les charges du grand bailli du Cotentin. Il lui fallut parer
à la double éventualité prévue par le traité : d'abord empêcher
le ravitaillement de la place et multiplier les moyens d'attaque
pour assurer le triomphe de Tarmée, en cas de continuation
de la lutte. Puis rassembler la somme promise comme prix de
l'évacuation.
Ce n'était pas la moindre difficulté de sa tâche et il semble que
Chrétien se soit multiplié pour la remplir. Sans retard, il convoque
une assemblée des notables à Bayeux pour le 4 Juin, s'y rend et
sollicite le vote des subsides destinés à payer le départ des An-
glais; mais la Normandie, épuisée par les guerres et les impôts,
était dans l'impossibilité de supporter immédiatement cette
charge nouvelle. L'assemblée résolut de s'adresser au roi. Notre
bailli fut envoyé de nouveau auprès de Charles Y, avec Tévéque de
Coutances Silvestre de la Cervelle. Le roi accueillit les députés
avec bonté et compatissant à la misère de ses sujets, prêta la
moitié de la somme promise aux Anglais. Le reste fut levé dans
le pays et put être versé aux Anglais dans les délais fixés par
le traité. La prise de possession de Saint-Sauveur-le-Vicomie
par les Français terminait l'œuvre du bailli; pour apprécier
exactement les services qu'il rendit, il n'y a que ceux qui savent
calculer l'influence qu'un pourvoyeur vigilant exerce sur le suc-
cès d'une opération militaire.
Toutefois, l'heure de la récompense suivit de près celle du
triomphe. Le roi accorda à Guy Chrétien une gratification de
cinq cents francs d'or, et, le 3 octobre 4375, il l'appela à rem-
(1) Décembre 1372. — 8t août 1874.-* 16 octobre 1874.-19 jaoyier 1375.
— 14 mai 1875.
— 539 —
plir dans Timporlant bailliage de Roaea, les fonctions qu'il avait
exercées dans le Cotentin.
Quelque temps auparavant, Chrétien avait été chargé de ré-
partir entre tous les bailliages de Normandie, les impôts votés
pour le siège de Saint-Sauveur ^*K Ils profitaient du bienfait de
la paix, il était juste qu'ils supportassent leur part des sacrifices
nécessaires pour amener cet heureux résultat.
Les préoccupations militaires, quelque pressantes, qu'elles
fussent, n'avaient pu faire t)ublier au vigilant magistrat l'admi-
nistration générale de son bailliage. Il était attentif à tout et pro-
diguait ses soins assidus à tous les devoirs de sa charge que
l'époquQet les circonstances rendaient plus lourds et plus diffi-
ciles. La sécurité était tellement troublée dans le bailliage que
Chrétien dut obtenir du roi l'autorisation de se faire accompagner
d'une escorte armée, dans les courses que nécessitait sa charge.
La ville de Coutances lui doit une reconnaissance spéciale ,
avant lui elle ne possédait point d'édifice public appartenant au
roi, et destiné aux audiences des baillis lorsqu'ils rendaient la
justice. C'était probablement dans leurs maisons que ces magis-
trats statuaient sur les contestations qui leur étaient soumises,
parfois aussi peul-étre sur le terrain litigieux. On soupçonne ai-
sément les graves inconvénients d'un tel état de choses; Guy
Chrétien les comprit et obtint de Charles Y, le 6 janvier 4 375, les
sommes nécessaires pour pourvoir notre ville d'un palais de jus-
tice, comme on dirait aujourd'hui. C'est encore à ce bailli que pa-
raît remonter la première affectation d'un édifice public à Tusage
de prison permanente ^^K
Bailli de Rouen à dater du 3 octobre 1375 ^'\ Guy Chrétien
continua de se signaler dans cette nouvelle charge par les émi-
nents services qu'il rendit à son pays. Le 1 7 janvier 1 376, il
reçut l'ordre de m régler » l'emploi des subsides que le roi ac-
cordait aux bourgeois de Louviers, pour les fortifications de leur
•
(1) Histoire de Saint-Sauveur; preuves, p. 182.
(a) Actes de CKarks F. N« 1194. Mandement du a janvier 1375.
(8) id. 1171. id. 8 octobre 1875.
— 640 —
ville. Comme toujours en pareille occasion, Charles T ue lui
donna pas un pouvoir absolu , un a ésluz sur le fait des aides
votés » et deux bourgeois de la ville composaient avec lui une
commission administrative, dans laquelle nous voyons les con-
tribuables eux-mêmes surveiller l'emploi de leur argent, et en
assurer ainsi l'économie et la bonne gestion.
Est-ce trop induire de ce texte que d'en conclure que Guy
Chrétien fut l'ingénieur, chargé de dresser les plans et d'exécu-
ter le travail. Toute la discussion porterait sur l'emploi du mot
« régler » que nous trouvons dans cette charte du 7 janvier 1376,
mais n'oublions pas que notre bailli avait pu, au siège de Saint-
Sauveur, apprendre la fortification du grand ingénieur SilvQ^tre de
la Cervelle, évéquede Coutauces, et que dès lors, il n'aurait fait
qu'exécuter à Louviers, des travaux analogues à ceux que son mattre
avait précédemment accomplis à Honfleur et à Pont-de-l'Ârche.
Ce serait un nouveau mérite à ajouter à tant d*autre.s; car Guy
Chrétien aux qualités du bailli et del'intendant militaire, joignait
les qualités de l'homme d'action, ainsi que le prouve le mande-
ment du 1"^' juillet 1378 ^'\ qui le nomma capitaine de Bernay.
La conquête de la Normandie sur le roi de Navarre fut, pour le
bailli de Rouen, l'occasion de rendre de nouveaux services à son
pays.
Il prit une part des plus actives à cette nouvelle campagne, que
Duguesclin mena avec une rapidité si glorieuse, l^our assurer
la conquête et empêcher les révoltes, Charles V fit démanteler les
fortifications des villes dont il redoutait l'hostilité. A Guy Chré-
tien revint cette mission qui nécessitait tant de prudence. Nous
le voyons chargé de détruire leschâteaux dePont-Audemer,Orbec,
Breleuil, Ribbes, Mortain, Avranches, Gavray^^\ Tinchebray^'^
Pacy, Anet, Nonancourt ^^K Probablement il avait assisté à ces
divers sièges, comme il assista à celui de Cherbourg en 1378.
(1) Actes de Charles V,^" 1768. Mandement éa^i juillet 1378.
(2) id. 1947. id. 9 août 1880.
(3) id. 1782. id. 2 septembre 1378.
(4) id. 1786. id. 8 septembre 1378.
— 54< —
Dans ces différentes campagnes, notre bailli joua un rAle ana-
logue à celui que nous lui avons vu remplir au siège de Saint-
Sauveur. II est toujours Tintendant, chargé de fournir à Tarmée
les ressources dont elle a besoin, tant en vivres qu'en munitions
de guerre. Une charte lui donne mission de faire porter à Ca*
rentan etdelà à Cherbourg, pour le 8 novembre 1 378, tout le ma-
tériel nécessaire au siège de cette dernière ville. De tels services
ne pouvaient manquer d* attirer l'attention et la reconnaissance
du roi. Aussi nous ne saurions être surpris de voir Charles Y
saisir avec empressement l'occasion du mariage de Richette
Chrétien, nièce du bailli, pour lui témoigner sa bienveillance. Du
reste Guy n'était pas le seul membre de sa famille en faveur à la
cour. Gervaise Chrétien, son neveu probablement, était un phy-
sicien cher à Charles, ses services, comme ceux de Guy, le déci-
dèrent à doter leur nièce et cousine, Richette Chrétien, d'une
somme de 400 fr. d'or lorsqu'elle épousa Richard de Hérouville
en 1379 ^*^
 partir de cette époque les renseignements nous font défaut,
nous ne pouvons que mentionner avec H. L. Delisle ^'^ qu'en
1 400 et 1 401 , sous Charles VI, Guy Chrétien était trésorier de
France et conseiller ^u Roi.
Tels sont les renseignements que des documents certains nous
ont fourni sur Guy Chrétien. Les événements auxquels il a été
mêlé, les services qu'il a rendus au pays, et surtout à Coutances
et au Cotentin, nous ont paru mériter l'effort que nous tentons
pour arracher son nom à l'oubli dans lequel il était tombé.
A. LEVÉ.
(1) Actes de Charles F, N* 1864. Mandement du U septembre 1379.
(a) Grands baillis du Cotentin.
NOTICE BIOGRAPHIQUE
SUR
M. RICHARD LE LOUP
JV6B AU TRIBUNAL CITIL DB GOUTAITCBS
MBMBRB DB LA SOCIÉTÉ AGADÉMIQUK DU €OTBRTIN
GHBTALIBR DB LA LÉGIOH-D'HONHBUR
HÉ A GOUTAIfGBS, LB 24 NOYBMBRB 1808.
Messieurs,
•
Nous avons fait dernièrement une grande perte quand M. Le
Loup, notre excellent et laborieux confrère est mort dans la plé-
nitude de son intelligence et dans un âge très-voisin de celai de
la retraite pour les Magistrats.
C'était un de mes plus anciens camarades et mon meilleur
ami. J'avais ses confidences, et je savais qu'il avait amassé de
nombreux matériaux pour consacrer aux travaux de notre Société
les loisirs que sa retraite prochaine devait lui donner.
Personne ne connaissait mieux que lui Tancienne législation
normande qu'il avaijL eu Toccasion d'étudier comme avocat.
Aidé de ces utiles et rares connaissances, il avait déjà publré
des conférences et des mémoires remarquables^ sur l'Adminis-
tration et la Justice en Basse-Normandie avant 1789.
Cette source de travaux précieux, pour l'histoire de notre pro-
vince, s'est tarie, avec lui.
Des voix plus autorisées que la mienne ont fait connaître sar
le bord de sa tombe, ses éminents mérites comme magistrat.
— 543 -
Ils étaient bien supérieurs aux modestes fonctions qu'il occu-
pait dans la magistrature, fonctions pourtant dans lesquelles les
jurisconsultes les plus forts ne sont pas au-dessus de leur tâche
et peuvent briller assez pour laisser dans la magistrature un
nom qui ne périra pas.
Il aimait son pays, et il savait qu*au milieu de ses compa-
triotes, un magistrat éclairé, consciencieux et laborieux, peut
conserverson indépendance et trouver surtouten dehors des grands
centres du temps, du recueillement pour le travail abstrait du
jurisconsulte.
Aussi , parmi les hommes supérieurs qui ont brillé comme
auteurs de droit ou comme magistrats, combien sont restés toute
leur vie dans le pays qui les a vus naître.
Vous le savez, la Normandie en compte un grand nombre.
Je m'occuperai spécialement des services que M. Le Loup a
rendus à son pays natal et à notre compagnie, en mettant à profit
les connaissances jscientifiques et littéraires qu'il avait acquises
dans sa laborieuse jeunesse.
H. Richard Le Loup, né à Coutances, le 24 novembre 1 808,
tenait à une famille appartenant au barreau. Son grand-père
maternel, Lemonnier, était le plus brillant avocat du barreau de
Coutances , dans les dernières années du Présidial et pendant
répoque révolutionnaire. Son père, après avoir tenu le premier
rang au barreau de Coutances, est devenu un excellent juge au
Tribunal civil.
H. Le Loup, après avoir fait de brillantes études au collège de
Coutances, qui comptait de son temps de sept à huit cents élèves,
se destina au barreau et suivit les cours de la faculté de Paris de
1827 à 1830.
Il se rencontrait alors dans toutes les chaires scientifiques et
littéraires, une foule de célèbres professeurs parmi lesquels on
remarquait les Guizot, les Royer-Collard, les Cousin, les Cuvier,
lesArago, les Thenard, les Gay-Lussac, et bien d'autres, qui par
le charme et la valeur de leur enseignement, inspirèrent à la jeu-
nesse d'alors, qui n avait d'autre préoccupation que Tétude,
- 544 -
Tamour du travail, et formèrent cette vaillante génération d'ora-
teurs , de savants , de publicistes, dont les rangs s'éclarcissent
aujourd'hui et dont les rares survivants parmi lesquels domine
M. Dufaure , brillent encore d'un certain éclat dans leur verte
vieillesse.
C'est en suivant assiduement les cours de ces professeurs célè-
bres que M. Le Loup avait acquis une foule de connaissances
accessoires qui lui ont tant servi dans les fonctions rétribuées ou
gratuites qu'il a remplies.
A ces connaissances solides , il joignait des talents d'agré-
ment. Il était très -bon musicien, et parfaitement capable de
conduire un orchestre, ce quMI a fait avec succès quand il y avait
une société philharmonique à Coutances, et qu'elle se réunissait
à celle des villes voisines pour exécuter des symphonies sous sa
direction. Il exécutait parfaitement une partie de violon oa
d'alto, dans un quatuor ou une quintette.
M. Le Loup a été depuis bientôt trente ans conseiller muni-
cipal de Coutances. Ses collègues l'élisaient constamment secré-
taire de cette assemblée et il y a lu des rapports qui sont de
véritables traités approfondis sur les matières dont il s'occu-
pait.
Plein de dévouement pour son pays , et sans préoccupation
de ses opinions politiques, il partit comme volontaire en 1848,
pour défendre sous le drapeau de la République, la société mise
en péril par une insurrection anti-sociale.
Vous avez entendu les conférences qu'il a faites sur l'état de
notre pays, au point de vue financier et administratif dans l'an-
cien régime. Elles étaient fort instructives et très-intéressantes
parce qu'elles joignaient à la science le charme du style.
Vous l'avez entendu dans nos réunions mensuelles prendre
souvent la parole pour relever des erreurs avec une sûreté d'ap-
préciation qui témoignait d'un savoir étendu, varié et précis.
Il a produit plusieurs mémoires insérés dans nos comptes-
rendus, et notamment, une biographie de notre illustre et regretté
confrère Leverrier, dans laquelle^ n'ayant pas oublié les leçons
— 545 -
d'Arago, il a sa comprendre et expliquer la valeur du premier
astronome des temps modernes.
M. Le Loup a terminé une vie def labeur et de dévouement,
par une mort chrétienne, fiebiles muUis et nulli qiuim mihi fU-
bilior, car il avait un mérite rare que je place au-dessus des
autres, c'était un ami discret, désintéressé et absolument dévoué.
La croix d'honneur qu'il avait si bien méritée par ses travaux, son
dévouement à ses devoirs et son courage, ne lui a été accordée
qu'à son lit de mort, elle n'a orné que son cercueil.
QUENAULT.
36
LE stoïcisme
SOUS L'EMPIRE.
iMwtwwWww»»
L'empire romain tombait en dissolution ; ce vaste corps, dont
Montesquieu admire la puissante organisation, succombait sous
un double fléau. Une corruption qui ne prenait même plus la
peine de cacher ses hontes, avait gâté la source de toutes les
vertus publiques et privées, et d'autre* part, le despotisme des
Césars avait brisé tous les ressorts de ce caractère romain,
célébré par ses historiens, et qui pendant plusieurs siècles avait
conduit ce peuple à la conquête du monde connu. Sous Auguste^
réclat des lettres et des arts, cet hymne universel en T honneur
de celui que la poésie officielle chantait comme le nouveau Dieu
de la vieille Rome, cette pacification générale dont Bossuet a
vanté les splendeurs, avaient pu dissimuler ce qui fermentait déjà
au fond de la société de germes de mort; mais ces germes se dé-
velopperont rapidement quand on verra sous la pourpre des Mes-
saline, des Néron, des Caligula, des Claude et des Yitellius, pour
ne pas sortir même de la race d'Auguste. La dissolution se préci-
pitera comme un torrent impétueux qui franchit ses bords et va
répandre au loin les ruiqêset le désert.
Cependant il restait encore de bons esprits (et il en existe tou-
jours) que la contagion du siècle n'avait pas entamés ; ceux-là
surent garder leu rindépendance, alors que la masse du peuple,
comme dit Tacite, se ruait dans la servitude ; ils cherchèrent de
bonne heure une croyance autre que le paganisme ou la philo-
sophie d'Epicure, dont la société était pénétrée de toutes parts»
et qui fût pour eux un refuge et une consolation contre les mal-
— 547 —
heurs du temps; ils trouvèrent le stoïcisme de Zéoon, et iU s'y
attachèrent par cette pente naturelle à rechercher des remèdes
extrêmes dans des maux extrêmes; ils trouvèrent, dis-je, celte
morale d'un idéal faux et impossible, mais la meilleure qu'il y
e&t encore, et ils s'en firent comme une armure contre le despo-
tisme et la corruption de la Rome impériale.
Le christianisme, destiné à régénérer ce monde, quand son
heure sera venue, avait été dès son origine l'objet de défiances et
de persécutions incessantes, tant s'en faut qu'il pût être la reli-
gion à laquelle s'adressât, pour le moment, la conscience pu-
blique. Les hommes de la foi nouvelle faisaient peu de bruit et
avaient peu de crédit; c'étaient ces hommes dont Juvénal a décrit
l'un des nombreux supplices avec l'indifférence d'un homme
d'esprit qui voit torturer des fanatiques ; ces hommes dont Sé-
nèque, précepteur de Néron, n'a pas osé dire de bien quoique
beaucoup de choses prouvent qu'il en pensait ; ces hommes que
Quintilien n'a pas même nommés, et que Pline le Jeune voulait
bien reconnaître comme d'assez bonnes gens, de mœurs inoffen-
sives ; ces hommes enfin dont Trajan disait qu'il ne fallait pas les
rechercher, mais que, s'ils étaient accusés et convaincus, il les
fallait punir, à moins qu'ils ne consentissent à invoquer les Dieux
de l'empire et à se prosterner devant son image. Cependant
déjà les temples de la vieille religion étaient déserts, ceux qui
faisaient métier de vendre des victimes ne trouvaient plus d'ache-
teurs; et sous cette pourriture de l'empire, tantôt exposée à nu,
tantôt voilée de quelques victoires, il se faisait un travail de ré-
surrection lente, qui échappait aux esprits éclairés, et qui n'était
aperçu que de Dieu.
Or, pendant que ce mouvement de restauration morale s'opé-
rait dans l'ombre; aux sommets de la société, les philosophes et
les savants, les hommes qui avaient gardé les traditions du siècle
d'Auguste, plusieurs même de ceux qui ont porté la pourpre im-
périale, étaient allés aux doctrines du Portique. Dans ses lettres
à Lucilius, comme dans les tragédies qui lui sont attribuées. Se-
nèque, philosophe et poète^ est un pur stoïcien de l'école de Zé-
— 548 -~
non. C'est Tesprit du stoïcisme qui souffle dans ses doctrines sur
Tégalité des fautes , Tinsensibilité. dont doit être armé le sage
contre la douleur, la compassion, la prière; sur la conscience
humaine, comme sanction unique et suprême des vertus et des
crimes; sur le droit enfin qu a l'homme de disposer de sa vie,
quand il juge que le souci de sa dignité ou de son bonheur lui en
a fait un devoir. Burrhus, le précepteur de Néron, Thraséas, le
vertueux sénateur, étaient stoïciens dans leurs principes et leur
conduite, stoïcisme moins suspect que celui qui s'étale dans les
livres. Perse, dans un petit ouvrage de satires, qui ne vaut pas
les éloges que lui décerne Boileau, n'a pas d'autres armes pour
châtier la dépravation de son temps, et cette morale est formulée
dans un code aveugle et implacable qui est une protestation
amère contre les hommes et les choses de l'empire. Lucain , ne-
veu de Sénèque, élève, comme Perse, du stoïcien Cornutus, écrit
en vers héroïques tout un poème qui est comme un hommage
rendu à la vertu stoïcienne, par le prestige d'honnêteté et de gloire
dont il entoure les portraits de Caton, de Cornélie, de Marcia, de
Brutus, de tous les hommes qui ont gardé Taustérité républi-
caine, étroitement unie à l'austérité philosophique. Sur le trône,
Marc-Âurèle professe ouvertement la philosophie du Portique, et
couronne Zenon dans la personne de l'un des rares empereurs
dont r histoire n'ait pas à rougir; que dis-je ? Marc-Aurèle écrit
sur cette philssophie, un livre qu'il s'adresse à lui-même, et, de
toute l'antiquité profane, l'ouvrage qui approche le plus de la
morale de TËvangile. Ëpictète, enfin, pour ne citer que les prin-
cipaux^ Epictète, sous les empereurs "Trajan et Domitien, expose
dans ses Entreliens, non pas toute la philosophie, mais la partie
morale delà philosophie de Zenon, morale déjà épurée dans les
livres de Sénèque et peut-êU:e éclairée de quelques reflets de la
morale chrétienne. Car s'il y a lieu de croire, comme le fait est
très-soutenable, que Sénèque ait pu s'inspirer de ce qu'on appe-
lait déjà les idées nouvelles, par suite d'entretiens qu'on lui a
attribués avec saint Paul, est-il vraisemblable que, près d'un
siècle plus tard, ces mêmes doctrines aient échappé au philo-
- 549 —
sophe grec^ quand on retrouve daos ses livres maintes expres-
sions qui certainement n'appartenaient qu'au langage de la foi
nouvelle. Quoiqu'il en soit de cette question, qu'il est plus facile
de poser que de résoudre, la morale stoïcienne n'a pas eu de plus
beau monument que le livre des entretiens d'Epictète.
Le monde savant, et par moments le monde officiel, apparte-
naient donc à la philosophie de Chrysippe. Or, cette révolution
intellectuelle, pour le dire en passant, qui ne réussit pas à guérir
les plaies sociales, ne fut pas étrangère à la décadence qui em-
porta les lettres latines avec le reste. Nécessairement, ce mouve-
ment d'idées saines et fortes, qui forment le fond de la littérature
des grands siècles, ne pouvait sortir d'une société qui semblait
avoir perdu tout sentiment du beau, en perdant le respect de tout
ce qui est vrai et de ce qui est honnête. Mais d'autre part, ce déve-
loppement d'imagination et de sensibilité, cette chaleur d'inspi-
ration, première condition de toute littérature vivante et féconde,
étaient peu compatibles avec ces doctrines philosophiques, froides
et austères, qui tuent dans l'homme tout esprit d'initiative et de
création. Le stoïcisme n'est pas le père de ce que Cicéron appe-
lait humaniores litterm. Le christianisme, par une merveilleuse
puissance sur les imaginations et les intelligences, a toujours
favorisé le progrès de la civilisation dans les sociétés; il a parti-
culièrement donné deux grands siècles à l'histoire de la littéra-
ture : le siècle des Médicis, par un prodigieux essor imprimé aux
beaux-arts; le siècle de Louis XIV par le perfectionnement de la
plupart des genres littéraires alors connus. Le stoïcisme de l'Em-
pire n'a pas même su conserver les belles traditions du siècle d'Au-
guste ; avec Sénèque, stoïcien dans sa prose et dans ses tragédies,
commence la décadence qui se précipite avec Lucain et les autres
écrivains de celte période. Si on compose encore des poèmes à la
façon d'Horace et de Virgile, ce sont moins des œuvres dignes de
cette comparaison, que des traités en règle sur la philosophie à
la mode. Les personnages, que la passion n'anime plus, sont
autant de docteurs qui sentent l'école et passent leur temps à dis-
serter sur le néant qui suit cette vie, le droit qu'a l'homme de
- 550 —
finir ses maux par une mort volontaire et autres principes de la
morale courante. La dialectique a ckassé l'inspiration vraie.
Queli{ues règles de convention, tout l'appareil mythologique des
grands poèmes, de belles desoriptions, des caractères fortement
tracés, ne suffisent pas pour égaler les éternelles beautés des
poèmes de la Nature et de l'Enéide,
Mais au-dessus de cette question, qui est ici purement secon-
daire, le stoïcisme était-il capable de ranimer le vieux monde,
s'affaissant de plus en plus sous le poids de ses vices? L'événe-
ment a prouvé qu'il n'en fut rien, et il en devait être ainsi. Pour
guérir une société aussi malade, il fallait une foi neuve s'impo-
sant à elle avec une autorité toute divine, et par la sanction de
peines et de récompenses dans un autre monde; il lui fallait en-
core des apôtres animés de cette passion de l'humanité qui porte
des frères à secourir des frères, à étudier et panser leurs plaies,
à s'immoler même, s'il le faut, à force de leur vouloir du bien.
Or, la philosophie manquait de ce double caractère. Le stoïcisme
croyait à Dieu; Epictète avait même donné à cette idée une pré-
cision que ne connaissaient ni Platon, ni Cicéron, ni Sénèque, ni
aucun philosophe, quelle que fût son école; mais, comme toute
l'antiquité, il niait absolument l'existence d'une autre vie; pour
lui, le bien et le mal trouvaient toute leur sanction dans le for
de la conscience, toute leur compensation dans cette vie, rien de
plus^ rien au-delà. Nulle part, Epictète ne paraît attendre un
autre monde, avec ses récompenses et ses peines ; dans un endroit
même où il parle du châtiment attaché au péché, comme on lui
demande quel châtiment il veut dire, il répond : « Nul autre que
de n'avoir pas bien fait, d'avoir tué le juste, le pur, le sage qui
était en toi. Ne cherche pas de châtiment qui soit pire. » Il faut
convenir qu'une telle sanction était bien savante, bien idéale,
bien peu faite pour impressionner les contemporains de Domitien
ou d'Héliogabale.
Le stoïcisme fut moins encore, s'il se peut, un apostolat, dans
la belle et noble acception de ce mot. On était stoïcien par
égoïsme, non par philanthropie. On avait fait de cette phi-
— 554 -
losophie hautaine comme une citadelle inaccessible où se
renfermaient les bons esprits voalant rester libres et pars au
sein de la contagion générale. On allait au stoïcisme , sous
l'empire, pour braver de plus haut et de plus loin l'oppres-
sion de l'autorité. C'est là que s'étaient réfugiés, sous le costume
inoffensif de la liberté morale, les souvenirs et les regrets de la
liberté politique. On ne conspirait que là, on ne s'ouvrait les
veines que là. Quand Domitien chassa de Rome les philosophes,
ce ne fut point pour épargner aux gens de bon ton, la vue de leur
accoutrement ridicule, ni pour se donner le sauvage et imbécile
plaisir de persécuter les lettres et les sciences dans la personne de
quelques dialecticiens spéculatifs. Le motif de cette brutalité
était tout politique : Domitien avait peur, non sans sujet, d'une
secte discutante et militante, d'oii sortaient en définitive le peu
de grands esprits qui honoraient encore cette période, mais en
même temps quinourrissaient à l'ombredespriviléges delà science,
un profond et incurable mécontentement contre le régime des
prétoriens et des licteurs. On se faisait stoïcien, sous l'Empire,
pour pouvoir dire comme le Pharisien de l'Evangile : <c Voyez,
dans ce temps de langueur et de délices, de mollesses mons-
trueuses, d'appétits auxquels le monde peut à peine suffire, dans
ce temps de bains parfumés, de sommeil sur des rosés, d'amours
faciles et désordonnés, voyez, je suis chaste, je suis libre, je mé-
prise le monde et ses vices , je satisfais à tous mes devoirs , je
m'ouvre même les veines plutôt que de me souiller à cette fange. »
Plus même la société alla se gâtant, plus la philosophie devint
austère, par esprit de système et d'opposition. De Sénèque à Epic-
tète, le progrès est rapide. La morale devint alors, moins un code
de préceptes de conduite, qu'une protestation plus ingénieuse
souvent, que sensée. Il s'y mêla je ne sais quelle recherche pué-
rile qui en diminua l'austérité en l'exagérant, et lui ôta d'avance
toute sanction. Il y eut des inventeurs de vertu, comme il y en
avait en fait de vices, et ceux-ci ne restèrent jamais en arrière
de ceux-là. Ce fut comme la manie de l'impossible dans la vertu,
seule morale, après tout, qu'on pût opposer à la manie de l'im-
— 5 —
possible dans le vice dont cette époque était tourmeûtée. Que dis-
je? Cette morale à force de s'exagérer, cd était arrivée à on tel
degré d'exaltation — et cela non pas chez les moins honnêtes -*
qu'elle plaça dans le suicide la suprême vertu et la suprême jouis-
sance; rhistoire de l'empire est pleine de ces désespoirs philoso-
phiques : Sénèque, Thraséas, Pison, et tant d'autres trouvaient
à leurs ennuis cette issue toute naturelle. On s'était tué sur une
page de Platon, par opposition républicaine; on se tua à la suite
d'un banquet, d'un conseil d'amis, pour échapper aux malheurs
du temps. Dans une de ses lettres, Sénëque parle d'un grand de
Rome, Marcellinus, atteint d'une maladie grave, mais curable :
il est jeune^ il a des biens, des esclaves, des amis : n'importe ,
la fantaisie lui vient de mourir. Il assemble ses amis, il les con-
suite, comme pour un mariage à faire ou une place à accepter.
Il s'entretient avec eux de son projet de mourir ; il met la chose
aux voix : quelques-uns lui conseillent de faire comme il voudra;
un stoïcien, ami de Sénèque, l'exhorte bravement à mourir; sa
principale raison, c'est qu'il n'est pas besoin, pour vouloir mourir
d'être prudent, ni courageux, ni misérable ; il suffit qu'on s'en-
nuie de vivre. Personne ne contredit le stoïcien. Marcellinus re-
mercie ses amis; il distribue quelque argent à ses esclaves qui
pleuraient, et qui ne voulaient point l'aider à mourir; il les con-
sole avec bonté. Ces dispositions faites, il s'abstient pendant
trois jours de toute nourriture, et on le porte affaibli et languis-
sant dans un bain d'eau chaude, oii bientôt il s'éteint, après
avoir murmuré quelques paroles sur le plaisir qu'il avait à se
sentir mourir. Voilà l'aisance avec laquelle un stoïcien savait
sortir delà vie. Tels sont aussi les excès oii en était arrivée la
philosophie, faute de s'appuyer sur des principes tout au moins
raisonnables, et de proposer autre chose qu'une sanction imagi-
naire et puérile aux turpitudes de la société présente : Quelques
exemples d'une indépendance parfois rebelle vis-à-vis de Tauto-
rite ; des actes d'une vertu farouche et théâtrale, pouvaient satis-
faire la vanité des hommes qui en étaient les héros, mais durent
faire peu d'effet sur la masse du peuple, si tant est qu'il y prê-
tât même son attention.
— 653 —
Au surplus, je doute que cette philosophie se soit proposé une
tâche de réformation sociale; eût*elle même su proportionner
ses principes aux forces de Thomme et éviter les exagérations
qui l'ont discréditée, il lui eût toujours manqué d'être un ensei-
gnement pratique et populaire. Elle ne venait pas d'en bas; elle
ne savait pas donner une voix à tant de sentiments qui s'étaient
amassés dans le cœur de tous les petits. Les stoïciens — les
plus raisonnables du moins -- suivaient une voie droite et haute,
mais ils ne s'occupaient pas de la multitude qui cherchait sa
voie derrière eux. Us n'avaient pas l'élan de cœur par lequel les
plus grands se rapprochent des plus petits à force de leur vouloir
du bien. Ils étaient les hommes de Tordre ancien; ils l'auraient
sauvé, comme dit le vers de Virgile, s'il avait pu être sauvé;
mais il ne le pouvait plus, et il a entraîné avec lui cette sagesse
elle-même. Quand tout menaçait de s'écrouler autour d'elle, elle
demeurait intrépide, prête à faire son lit au milieu des ruines
sans s'en émouvoir; ce n'était pas assez pour l'humanité qui
cherchait avant tout des mains secourables et dévouées dans une
pareille crise.
Il me répugnerait pourtant de calomnier cette philosophie.
Elle fit peut-être pour cestemps malheureux tout ce que pouvait
faire une morale humaine. Certainement elle renferme de nobles
pensées, auxquelles il n'a manqué que de sortir de la spéculation
et d'entrer dans la conduite de la société. Epictète, en parlant de
Dieu et de la Providence dit : « Dieu veille sur tout ; ce qu'il y a
de plus petit n'échappe pas à ses soins. Il faut donc s'abandon-
ner à Dieu : s'il lui platt ainsi, qu'il soit ainsi (III. 22). Etant la
conscience, Dieu est la loi , loi universelle, qui embrasse tous
les rapports et tous les devoirs. )> Dieu est le père commun de
l'humanité. As-tu affaire à ton père? dit le même philosophe, les
pères sont de Dieu. A ton frère? les frères sont de Dieu, et ainsi
du reste ; il est Dieu de paternité, de fraternité, de tout aumonde ;
tout relève de lui (III. 41). Quand Pascal a dit : Je considère
J.-C. en toutes personnes et en nous-mêmes : J.-C comme père
en son père, J.-C. comme frère en ses frères, J.-C. comme
— 554 —
pauvre en les pauvres, J.-C. comme riche en les riches, etc.
(XXV. 44). Il n'est pas impossible qu'il n'y ait dans cette belle
pensée une inspiration d*Epictète.
Ce même philosophe répète dans maint endroit qu'un homme
doit voir des frères dans les autres hommes, et tirant de cette ex-
pression tout ce qu'elle contient, il recommande la condescen-
dance, la complaisance, les bonnes paroles; de ne rien disputer
aux autres, de se montrer prêt au contraire à tout céder. L'es-
clave est un homme, il ne le traite pas seulement avec bonté,
mais avec respect, en homme libre; il lui répugne autant défaire
peser sur d'autres la servitude que de la sentir peser sur lui.
Dans ses Fragments, il condamne le préJHgé brutal que l'instruc-
tion n'est pas faite pour l'esclave, ainsi que les législations qui
défendent de l'instruire. Il prend volontiers la vie de l'esclave, et
en général du pauvre, comme modèle de celle du philosophe.
Cette philosophie disait encore : « Le sage tratné au supplice,
souffrira, tremblera, pâlira, parce qu'il a un corps sensible; mais
la partie de lui-même qui est douée de raison ne se plaindra
pas. y^ Cette sagesse se liait ainsj au Christianisme ; elley préparait
les esprits; elle empêchait que la vertu ne périt par prescription ;
elleliaitles époques de grandeur aux époques de régéoération ; elle
facilitait la transition à cette ère nouvelle qui allait compléter ses
concessions honnêtes, mais timides, sur l'égalité des esclaves et
des maîtres, convertir en devoirs de chaque jour ses exhortations
à l'humanité, et monter sur le chevalet, tremblant aussi et pâlis-
sant, non pas son sage ingéoieux et gourmé, pour qui la morale
est tout à la fois une affaire d'érudition, de secte et de style, mais
l'homme du peuple ignorant, qui n'aura ni science, ni orgueil
pour soutenir les épreuves qu'il souffrira pour sa foi. N'eûl-elle
d'autre mérite qne celui-là, ce n'est pas une morale à mépriser
que celle qui a pu servir comme de lien entre le monde païen et
corrompu de l'empire, et le monde qui va être régénéré par la Foi
nouvelle.
Jules LEMARE.
Membre de la Société Académique.
CHRONIQUES
DU MONT-SAINT-MICHEL
(1348 à 1468)
Publiées avec Notes et Pièces diverses relatives au Mont -Saint-
Michel et à la défense nationale de la Basse-Normandie pendant
Voccupation anglaise,
PAR M. SIMÉON LUCE.
Tome P'.
Dans ce siècle où les sciences historiques et archéologiques ont
fait tant de progrès, la Basse-Normandie et le département de la
Manche en particulier, ont eu le rare bonheur de rencontrer
parmi leurs enfants des hommes de premier ordre pour recons-
tituer leur histoire:
Ce furent d'abord M. de Gerville et M. de Caumont qui consa-
crèrent à cette œuvre chacun 50 années d'une vie laborieuse ;
ce fut M. Alexis de Tocqueville, qui a tant puisé dans nos ar-
chives locales pour son histoire de l'Ancien Régime.
Plus tard, M. Léopold Delisle, élève de M. de Gerville, au-
jourd'hui un des savants les plus éminents de l'Europe, a, dans
une notice sur Saint-Sauveur-le-Vicomte et dans des mémoires
célèbres sur les grands baillis du Cotentin et la situation des
classes agricoles au moyen âge, fait voir quel parti on pouvait
tirer pour l'histoire locale et générale de recherches faites avec
soin et intelligence dans les archives départementales et munici-
pales.
— 556 —
M. Siméon Luce, dans son Histoire de Bertrand Duguesclin,
qui est si liée à celle du Cotentin pendant la guerre de Cent-Ans,
a bien fait connaître la situation véritable du Cotentin pendant
cette époque si troublée et si intéressante de notre histoire na-
tionale.
Il vient de faire paraître une nouvelle publication sur. la Nor-
mandie pendant l'occupation anglaise, pleine de révélations nou-
velles sur cette époque, sous le titre de Chroniques du Mont-
Saint-Michel ^'K
Dans la préface du livre, il manifeste Tintention de publier
l'histoire de notre pays pendant cette période, nous désirons bien
vivement qu'il mette bientôt ce projet à exécution, persuadés
qu'il sortira de sa plume une œuvre magistrale comme celles
qui lui ont valu tant de récompenses de l'Institut et le grand prix
Goberl.
£n attendant, il a accompagné la Chronique et les documents
qui la suivent de notes qui mettent le lecteur à même d'apprécier
l'importance historique de ces documents qu'il a puisés aux
archives nationales et départementales, ainsi qu'à la bibliothèque
nationale.
Déjà M. Léon Puiseux, dans plusieurs mémoires qui s'ap-
puyaient sur des pièces que Bréquigny avait découvertes à
Londres, et que les Anglais, conformément à leurs traités de
capitulation, emportèrent avec eux quand ils furent chassés de
France, avait établi que les Anglais n'avaient jamais été com-
plètement maîtres en Normandie ; que des révoltes fréquentes,
(1) Ce mouvement historique auquel ont pris une si large part les Sociétés
historiques et archéologiques de Normandie se continue ; des hommes labo-
rieux ont pris à tâche d'étudier l'histoire révolutionnaire dans notre pa3rB et
ont déjà rectifié bien des erreurs. Que ce mouvement s'accentue dans toutes
les provinces et on fera bonne justice de toutes les histoires publiées sur cette
intéressante époque qui ont créé et propagé des légendes fausses, qui, ayant
égaré et perverti les espritSi ont eu des résultats bien funestes pendant
la guerre et les troubles civils. Légendes qui en ont été quelquefois la cause ;
ces histoires, si briUantes par la forme, ne pourront plus être considérées que
comme des dissertations ou des pamphlets sur la Révolution française.
— 557 —
des assassinats de leurs fonctionnaires les avertissaient que la
revanche se préparait ; le vide se faisait autour des fonctionnaires
anglais^ et on considérait, en Angleterre, parmi les personnes
qui pouvaient obtenir un emploi du gouvernement, comme une
disgrâce d'être envoyé en Normandie.
La forteresse du Mont-Saint-Michel , qui n'avait pas subi le
joug du conquérant, était un lieu de refuge pour tous ceux qui
voulaient combattre les ennemis de la Patrie.
Des sorties des assiégés leur avaient quelquefois conquis pour
des années une grande partie de TAvranchin, les défaites assez
fréquentes des flottes anglaises rendaient souvent la mer libre.
On s'approvisionnait par cette voie, de vivres, de munitions, et
on recrutait des combattants.
Les Anglais avaient établi à Ardevon une bastille que com-
mandait Bourdet, grand bailli du Cotentin, pour le roi d'Angle-
terre. Il est établi par M. Siméon Luce, dans les pièces qu'il publie,
quil fut fait prisonnier.
Il semble aussi résulter de ces pièces, qu'il y a toujours eu,
comme je l'ai supposé dans mon mémoire sur les grands baillis
du Cotentin, un grand bailli du Cotentin, pour la France, et qu'il
a résidé au Mont-Saint-Michel pendant toute la durée de la guerre.
Ce bailli a dû être d'Estouteville, qui, comme Bourdet, a bien pu
cumuler à la fin le titre de grand bailli du Cotentin pour le roi de
France, et celui de capitaine du Mont-Saint-Micbel. Il est sou-
vent rendu compte, dans ces documents, de supplices cruels in-
fligés aux habitants qui résistaient à la domination anglaise, que
les autorités anglaises appelaient des brigands, comme les auto*
rites révolutionnaires appelaient les Vendéens en 1793.
Un grand nombre de ces prétendus brigands devaient apparte-
nir aux classes qui portaient le armes, puisqu'ils en décapitaient
la plus grande partie. On n'en pendait que très-peu.
La cruauté des supplices que les Anglais infligèrent aux vain-
cus, tel que de les faire enterrer vifs, prouve qu'effrayés de la ré-
sistance de la population tout entière, ils voulaient la dominer
par la terreur.
— 568 —
M. Pezet^ ancien président du Tribunal de Bayeux, a publié, sur
la résistance des Normands du Bessin et des plaines de Caen
et de leur souffrances, un éloquent tableau que nous repro-
duirons dans notre second mémoire sur Pouvrage de M. Siméon
Luce.
Il citeentr'autres actes importants de cette résistance, une atta-
que malheureusement infructueuse de la ville de Caen par une
troupe d'insurgés au nombre de plus de viogt mille, venant de
la plaine de Caen, de Honfleur et de Vire; et dans le Cotentin
une véritable Chouannerie organisée par un sieur Mistoudin, ce
qui fit donner à ces insurgés le nom de Mistoudins.
La seconde partie de la Chronique contient beaucoup de détails
sur la guerre du Bien Public en Normandie, et il y est établi que
les bourgeois et le bas peuple étaient en général favorables à la
cause du roi, qui leur semblait être un protecteur contre les abus
de la féodalité I
Les pièces originales du premier volume s'arrêtent à Tannée
1432. Ce n'est que dix-huit ans plus tard que la France fut déli-
vrée de la domination anglaise. Nous attendons avec impatience
la publication du deuxième volume, qui devra contenir sur cette
résurrection de la France, de précieux documents.
•
Coutances, le 27 novembre 1879.
L. QUENAULT.
QUELQUES NOTES
SSR LA MARBREBIE
DANS L'ARRONDISSEIENT DE GOOTANGES
PAR
M.. Montaigne Pore
Membre de la Société Académique du Cotentin.
DECOUVERTES DES MARBRES DU CANTON DE MONTMARTIN.
Vers l'an 1785, quatre frères, les siears Guion dits Desmou-
lins, natifs de Sablé-sur-Sàrthe, d'une famille de marbriers,
vinrent à Coutances pour exécuter des travaux de marbrerie à la
Cathédrale. Us firent les revêtements des piliers et de la colonnade
du chœur.
Le marbre employé pour ce travail fut extrait des carrières de
Regnéville, situées non loin de la propriété de feu M. Brohyer
de Littinière^ et appartenant aujourd'hui à M, Bucaille.
Ces carrières, depuis longtemps abandonnées, furent la pre-
mière découverte des frères Desmoulins.
Ils trouvèrent ensuite les .marbres de Montmartin et s'en
servirent pendant de longues années.
Le fils de Tun des frères Desmoulins découvrit de nouveau
les marbres de Montchaton ; puis ceux de Mesnil-Âubert, dans
les propriétés de M*** Desmonceaux ; mais on n'a pas continué
l'exploitation de cette dernière carrière.
— 560 —
Le fils DesmoulJDs a exercé l'état de marbrier, à Coutances,
jusqu'à 4850 ou 1855.
Les travaux les plus importants que je connaisse, exécutés par
les quatre frères, sont d'abord : le . revêtement des piliers de
la Cathédrale, dont il a été question ; puis, le naitre-autel de
l'Eglise Notre-Dame de Saint-Lo; enfin, la colonnade et Ks arcades
du tribunal de commerce de Granville. Ces travaux sont en
marbre de Regnéville et de Montmarlin.
De 4850 à 4853, M. Bunel établit à Regnéville une mar-
brerie importante, sur des terrain» peu éloignés du vieux château.
Plusieurs carrières furent ouvertes ; il y eut une scierie à vapeur ;
un nombre relativement considérable d'ouvriers furent employés
aux divers travaux de la marbrerie.
En 4853, M. Bunel obtint la médaille d'or à l'exposition qui
eut lieu à Coutances. Mais peu après l'entreprise tomba, et les
carrières de Regnéville ne furent plus exploitées.
Aujourd'hui les seuls marbriers de l'arrondissement sont
MM. Montaigne, fils, et Duccini.
Les seules carrières dont on use présentement sont celles
de Montmartin et de Montchaton : la première est exploitée par
des carriers qui en vendent les produits bruts aux marbriers; la
seconde m'appartient, et je l'ai cédée en partie à mon fils.
DIFFÉRENTES ESPÈCES DE MARBRE.
J'ai l'honneur de soumettre à la Société sept échantillons des
marbres de notre arrondissement :
4^ Marbre de Regnéville» première découverte des frères Des-
moulins. 11 est gris» avec de minces filets blancs et s'emploie
pour faire des tombeaux, des cheminées, etc.
On s'en est également servi, de même que de celui de Mont-
martin, qui est d'une couleur plus blanche, pour les travaux de
Saint*Lo et de Granville, dont j'ai parlé.
2^ Marbre de Montmartin, la deuxième découverte des frères
Desmoulins. Il est un peu plus foncé que le précédent, et s'em-
ploie pour les mêmes usages.
. — 561 —
3^ et 4^ Marbres de Montchatoo. Le premier échantillon est
presque noir; le second est noir avec des veines blanches plus
larges que dans le marbre de Regnéville; parfois ces veines sont
jaunâtres. Du reste, d'un bloc à un autre se présentent des dif-
%ence& notables.
&", e** et T Echantillons de marbres de Regnéville (M. Bunel).
Ce marbre est en général jaspé gris-bleu ;
Le n"" 5 présente de larges taches blanches se fondant bien avec
le gris-bleu.
Le n® 6 est d'un bleu un peu moins foncé.
Le n® 7 est jaune café au lait.
Dans une même carrière on rencontre cinq ou six variétés
qui sont presque des espèces différentes.
Le marbre de Regnéville s'emploie pour cheminées, tables de
toilette, ameublements, etc; mais ses carrières sont peu abon-
dantes^ et les marbriers les considèrent comme moins avanta-
geuses pour le commerce que celles de Montmartin et de Mont-
chaton.
Les carrières de Montmartin et de Montchaton sont donc les
seules qui soient exploitées aujourd'hui dans notre département.
Elles pourraient devenir une richesse pour notre contrée si
l'exploitation se faisait sur une grande échelle. Pour que ce vœu
se réalise, que faut-il? Un chemin de fer qui permette aux car-
riers d'expédier leurs blocs au-delà des limites de l'arrondisse-
ment, car actuellement ces produits ne dépassent pas Coutances.
Je sais bien que la mode en cette matière joue, elle aussi, un
rôle important. On préfère souvent un produit étranger au pro-
duit du pays, uniquement parce qu'il est étranger. Si donc nos
' marbres franchissaient les limites étroites où ils se trouvent au-
jourd'hui continés, ils pourraient nous revenir après avoir été
travaillés à Paris, et alors on pourrait les apprécier comme ils
le méritent.
36
LE inSÉE DOLLET
Un membre des plus assidas de la Société Académique du
Cotentin, H. Dolley, décédé dans le courant de l'année 1879, a-
laissé une collection fort intéressante, surtout au point de vue
local.
Depuis plus d'un demi-siècle , ce bon vieillard amassait des
débris de tous les âges. Il recueillait encore quelques jours avant
sa fin, lorsque la mort est venue le ravir à son trésor.
Malta feront anni yenientes commoda secum»
Multa recedentes adimunt. (An poetica y. 175)
L'amour de l'antiquité était arrivé chez lui à l'état d'une noble
passion. Il se serait volontiers privé du nécessaire pour se pro-
curer une médaille, un fragment des anciens jours I... S'il ap-
prenait qu'une fouille avait amené quelque découverte, il y cou-
rait au plus vite, se mettait en rapport avec les ouvriers et, usant
de sa bourse, se procurait l'objet trouvé. Nous l'avons vu ainsi
payer quelquefois une monnaie romaine trois ou quatre fois sa
valeur.
Lui-même allait, de temps en temps, à la recherche des
antiquités. Ayant entendu dire qu'on avait découvert dans le
camp ou exploratorium de Montchaton, une olla^ sorte de jarre
qui rappelle notre pot-au-feu, il va la voir et l'achète. Puis, s'ar-
mant d'une pioche, il fait de nouvelles fouilles et décou-
vre, à son tour, une corlina ou espèce de marmite en bronze. Son
bonheur est alors inexprimable. Il charge sur ses épaules ces
deux lourds objets et vient, couvert de sueur, mais triomphant^
les déposer dans son musée.
, - 663 -
Od ne poarrait dire qaelT. DoUey fut un véritable savant : il
n'avait point fait d'études sérieuses ; mais, on peut affirmer que
c'était un amant passionné de l'antiquité. Cependant, s' étant en-
touré de livres locaux, il avait appris l'histoire de son pays et des
personnages qui l'avaient illustré. Ses lectures ayant développé
son amour pour le sol natal, il parcourut le pays avec intérêt
et visita ses monuments :
..... Gapiturqae locis ; 6t singola lastas
Equiritque auditque yirum monumenta prioram.
[Enéide, liy. VIII. v. 811.
C'est ainsi qu'il avait recueilli beaucoup de notes sur nos ab-
bayes et sur quelques-uns de nos vieux donjons qui, foulant dé-
daigneusement la terre^ élèvent encore noblement leur front vers
lescieux.
On aimait donc à le consulter, et toujours, dans la mesure de
ses connaissances, il répondait , avec beaucoup de bonté, aux
questions qu'on lui adressait. Dans nos réunions académiques, il
venait même éveiller notre attention sur différentes questions lo-
cales qu'il connaissait spécialement. Son cabinet d'antiquités
était facilement ouvert à tous les savants « litteratis apertus »
et, avec une grande réserve, il donnait volontiers de curieuses ex-
plications sur les richesses dont il était l'heureux possesseur.
Dans son modeste local, sont venus d^ hommes tels que :
MM. de Gerville, Démons, curé de Cherbourg, Dubosc, de Cau-
mont, Feuardent, La Sicotière, Lebredonchel, curédeVarengue^
bec, le général Creuilly, Nos seigneurs Daniel et Bravard, Deli-
gand, etc., etc. Là, en effet, on trouvait de tout : vases et débris
antiques, statuettes en bronze et en bois, ustensiles culinaires des
âges reculés, bahuts, dressoirs, une collection céramique, une
quantité de médailles gauloises, grecques, romaines, françaises et
étrangères , des spécimens géologiques ; un grand nombre de
sceaux en cuivre, en plomb, en cire; des manuscrits; quelques
chartes , etc.
Mais le propriétaire a disparu et son musée n'existe plus !
- 564 — ^
Debemar morti, nos nostraqiie (Art poétique d'Horace, v. 68).
Nous avons suivi la voie prise par ces différents objets, et,
comme pl^usieurs d'entre eux peuvent jeter un certain jour sur
notre histoire coutançaise , nous allons indiquer les principaux
endroits ou nous pourrions les retrouver.
I. Musée de Cotttances.
Notre musée de Coutances possède : 1® Tous les objets gallo-
romains, comprenant trente ou quarante fragments en terre
brune, noire ou rouge, dite terre de Samos. Ce sont des débris de
coupes, d'urnes, d'amphores et de vases destinés à différents
usages. 3^ Des poids ou contre-poids en terre cuite, espèces de
petites pyramides tronquées et percées horizontalement à la par-
tie supérieure. 3*" Des bouchons qui rappellent nos bouchons à
l'émeri, des anses d'o/te (pot-au-feu), à*orcm (petite amphore) de
lagenœ (espèce de bouteille), de patinm (bol ou sorte d'écuelle),
des bases et des cols d'amphores, tous débris trouvés, les uns,
en 1833, dans la rue Tourville, les autres, en 1838, dans la route
de rOuest. i"* La cortina en bronze trouvée à Montchaton ; elle
ressemble un peu aux marmites romaines, mais M. de Caumont
n'a pas osé se prononcer sur la date. Il la croirait volontiers
du moyen-âge; il est certain qu'on en voyait de semblables il y a
moins de deux siècleSf et on en trouve même qui portent une
fleur de lis.
5** Une petite coupe (scyphus, calixjy sorte de gobelet, en terre
grossière et à deux anses. Elle était remplie d'as romains, mais
frustres; c'était probablement l'humble trésor d'un pauvre es-
clave.— 6** Une cortina complète, en terre vernissée, et probable-
ment du moyen-âge. Elle a été trouvée à la Vandelée. 7^ Un
casque en fer, de la même époque, retiré de la rivière de Soûles.
S"" Un relief en plâtre, pris sur un tombeau de la Mancellière-
sur-Vire, et représentant un des anciens maîtres de la monnaie,
à Saint-Lo. 9^ Des entraves de prisonnier, venues de l'ancienne
geôle de Coutances. 10^ Des tableaux en tapisserie faite à
— 566 —
Taipille. Il"" Ud petit crocodile. 12^ Des bas-reliefs eD terre
cuite, etc.
IP Un amateur de Coutances possède : 1® Y alla, rapportée de
Itfontchaton. 2"" Une tête de vierge, en pierre, probablement de la
renaissance, et trouvée dans la Cathédrale, en creusant le tom-
beau de Mgr Dupont. 3"" Deux hallebardes du moyen -âge.
4^ Plusieurs fossiles du pays. 5"* Une grande tuile romaine, et un
poids de la même origine, trouvés rue du Perthuis-Trouard.
IIP Un second amateur de la môme ville s'est procuré une
partie de la collection des coins celtiques, et plusieurs autres
objets, parmi lesquels nous citerons un petit vase romain, dont
la provenance est incertaine, mais portant cette curieuse ins-
cription :
AVG. Tl
CLAVDIVS
CABS. GBRMANiG :::
PONT. MAX. TBIB.
PALEST. (sic) V. IMP. XI
PP. CAS. IIII.
Au fond du vase on lit le mot svbina, qui est celui du potier.
IV^ Un troisième collectionneur coutançais possède : 1^ deux
mercures gaulois, statuettes en bronze, la plus grande trouvée à
Cherbourg, en 1830, la plus petite, à Coutances, en 1825.
2® Deux autres statuettes en terre cuite, représentant le dieu
Anubis, trouvées dans un tombeau égyptien. 3^ La collection si-
gillaire. Parmi ces sceaux, nous citerons :
r Un petit médaillon de forme ovale, reproduisant un ancien
camée. Il représente Diane au bain, avec ses nymphes, et Actéon
changé en cerf et dévoré par ses chiens, pour avoir jeté un
regard indiscret sur la déesse pudique. Le dessin est d'une
finesse remarquable et parfaitement rendu. Ce charmant objet à
été trouvé, dit-on, dans la rue Tourville, en 1833. Il avait
appartenu à H. Piton.
— 566 — .
2<^Le Siffillum^ en plomb, de Saint Bernard ; c*estune copie de
celui déposé aux 4rchiyes de Saint-Lo, et provenant de l'abbaye
de Savignj-le- Vieux. Le saint est assis dans une grande sedia^
tenant une crosse de la main droite. Dans l'exergue on lit :
SIGILLUM BBRNARDI ABBATIS GLARBVALL.
3^ Quatre autres sceaux provenant des archives du chapitre
de Coutances ; le premier représente Charles YI, assis sur un
trône, tenant le sceptre d'une main et de l'autre une main de
justice, avec cette légende : garolus dei gratia frangorum r£X ;
le second est un Louis XIII, également assis sur un trône à bal-
daquin ; le troisième rappelle Hugues de Morville , évéque de
Coutances, au commencement du xiii* siècle. Il est représenté
debout, en habits pontificaux, bénissant d'une main et tenant la
crosse de l'autre, on lit sur la face principale : sigillum hugonis
DEI GRATIA GONSTANTiENSis BPisGOP., ct sur Ic rcvcrs, eutouraut
le buste du même pontife : sbgretum hugonis gonstangiensis
EP. Le quatrième est le grand sigillum du chapitre de Bayeux.
On y voit la Sainte Vierge assise et couronnée. Elle tient un lis
dans la main gauche et l'enfant Jésus est sur ses genoux ; il est
vu de face, comme sa mère. Entre deux arcs curvilignes sont ces
mots : sigill. stb. mariae baioge. et ganonigorum. Sur le
revers, autour de la même image, mais plus petite : segreivh
GAPiTVLi BAioGENs. Ccs empreintes sont très-curieuses au point
de vue des costumes et des détails.
lisent été sauvés par M. Dolley, dans une circonstance bien
singulière. Un personnage qui se donnait comme paléographe,
ayant été chargé, vers 1840, par Mgr Robiou, de transporter de
la chambre capitulaire, dans les greniers du secrétariat, toutes
les archives du chapitre de Coutances , se mit en mesure de les
classer dans ce nouveau local. Trouvant que les sceaux, appen-
dus aux chartes, étaient fort incommodes pour former les liasses,
il prit des ciseaux, les coupa et en remplit un grand sac qu'il
emporta dans sa demeure. 11 était occupé à faire fondre ces effi-
gies de rois et de pontifes, lorsque M. Dolley, venant le voir, put
obtenir les quatres dernières qui restaient encore.
1
•I
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4^ Le cachet seigneurial ou sigill. gyilbrki pantovl , avec
ses armes. Il est en plomb et a été trouvé dans un tombeau du
XII* siècle, impasse de l'Evéché, près de la chapelle Saint-Jean,
de la cathédrale. H. Dubosc, archiviste de Saint-Lo, a fait un
travail assez considérable, à T occasion de ce curieux cachet.
Les armes qu'il porte sont : deux fasces représentées par de
simples lignes, accompagnées de quatre croissants posés 2. 2.
5^ Un cornet ou trompette de pèlerins michelots, en terre
cuite, du XVI* ou xvii* siècle. Il ressemble à ceux qui ont été
.trouvés au HontrSaint-Michel.
6* Des médailles de Saint Michel du Mont-Tombe, l'une en
pierre fine , l'autre en argent, et trouvées dans le puits Notre-
Dame, dans la cathédrale de Coutances, en 1839.
7* Une charte ou ParecUis de Louis XIV, avec un grand si^l-
lum où le roi est représenté assis sous un dais dont les draperies
sont retenues par des anges. Ce Pareatis confirme, dans sa pré-
bende et les honneurs du canonicat, Jean-Baptiste Corbet, ba-
chelier en théologie, chanoine et principal du collège de Gou-
taoces. L'acte est de 1658.
8*" Plusieurs monnaies consulaires et impériales avec une mé-
daille gauloise, trouvée en 1840, dans les fouilles de la cathé-
drale d'Avranches. M. DoUey se trouvait dans cette ville, chez ses
parents, lorsqu'on creusait les fondations de la sous-préfecture
actuelle, sur l'emplacement d'une partie de l'ancienne basilique.
Il put obtenir deux médailles gauloises trouvées par les ouvriers,
avec quelques pièces romaines.
La médaille celtique porte pn Apollon - Bélenus, représenté
avec des cheveux bouclés et enroulés , sur la face convexe , de la
pièce; sur le revers concave, on aperçoit un coursier andro-
céphale ou sorte de char lunaire dont on ne découvre que les
rênes du conducteur ; au-dessous, près des pieds du cheval , est
un sanglier. Ce type se retrouve souvent dans TAvranchin, avec
des S ou enroulements perlés, près de la tête d'Apollon.
Y. La grande collection des médailles, presque toutes décou-
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vertes dans le pays, a été vendue à M. Feuardent, Je célèbre nu-
mismate de Paris.
YI. Les livres et les manuscrits, parmi lesquels nous citerons
un beau Toustain deBilly, en quatre volumes in-8^ et bien reliés,
sont restés dans le pays. II en est de même des vieux meubles ,
et de la collection céramique.
VU. Les échantillons géologiques, envoyés à Cherbourg , en
1 81 4 , pour la reine Hortense, sont allés à Avranches , avec une
charmante boiserie représentant le char d'Apollon , ramenant le
jour et chassant les ténèbres.
YIII. La collection des coquillages et des oiseaux est allée à
Lisieux.
Ainsi a été dispersé ce musée curieux. M. Dolley l'avait formé
des débris de plusieurs autres, et, en particulier, de celui de
M. l'abbé Piton. De nouveau, ces richesses sont passées en d'autres
mains.
Qu'est-ce, en effet, qu'un musée? — Une réunion de différents
obje.ts qui ont appartenu à une foule de générations éteintes el^
depuis longtemps, ensevelies dans la poussière du tombeau. Avec
le temps, ces objets ont acquis une sorte de consécration qui nous
les rend vénérables, mais ils nous rappellent que nous n'appa-
raissons qu'un instant sur la scène du monde, et que, semblables
à ces athlètes qui couraient dans les cirques, nous nous trans-
mettons rapidement le flambeau de la science, comme le flambeau
de la .vie.
loque brevi spatio mutantur sœcla animantium,
Et quasi cursores, vit» lampada tradunt.
Lucrèce» de Rerum natura, lib* II, v. 77.
PIGEON,
Secrétaire de ia Société.
Table
Pages
Liste des Membres de la Société. ..... ni
Procès- Verbaux . • • . . ix
Mémoire sur Tinchebray 1
Le Grand Bailliage de Mortain, en 1789, première
partie 35
Catalogue raisouué des plantes vasculaires et cellulo-
vasculaires du département de la Manche (suite). 1 64
De l'organisation des pouvoirs publics dans le départe-
ment de la Manche, pendant la première révolu-
tion. Première partie 254
Deuxième partie du même travail, nomenclature . 406
Le Grand Bailliage de Mortain. Deuxième partie . . 497
Guy Chrétien, grand bailli de Cotentin (1371-1 375.) . 535
Notice biographique sur M. Richard Le Loup, juge au
Tribunal de Coutances 542
Le Stoïcisme sous l'Empire 546
Chroniques du Mont-Saint-Michel (1 348 à 1468) publiées
avec Notes et Pièces diverses./etc, par M. Siméon
Luce. . 555
Quelques notes sur la Marbrerie dans l'arrondissement
de Coutances 559
Le Musée Dolley 562
Coutances. — Imprimerie de Salettes, libraire-éditeur.