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Full text of "Mémoires .."

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GENERAL  LIBRARY 


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MÉMOIRES 


ta 


DU  CÔTENTIN 
(«■CHÉIUMIE,  BEUES-lEniES,  SCIEICES  ET  gaUMRTI) 


TOME    TROISIEME 


COUTANCES 
OIPRIMBRIE  DE  SALCTTES,  UBRAIRE-ÉDITBUR 


f 


LISTE    DES    MEMBRES 


DB   LA 


SOCIÉTÉ  ACADÉMIQUE  DU  COTENTIN 


«M* 


BUREAU  DE  LA  SOCIÉTÉ 

Président M*'  Germain,  Evêque  de  Cou  tances  et 

Avranches. 

Vice-Président M.  Quénault,  sous-préfet  honoraire, 

Coutances. 

Secrétaire H.  Pigeon,  chanoine  titulaire,  Cou- 
tances. 

^'' Secrétaire-adjoint  .    .  M.  Sarot,  avocat  à  Coutances. 

2®  Secrétaire-adjoint  .   .  M.  Lehuet,  Léon,  de  Coutances. 

Trésorier M.  Saillard,  adjoint,  Coutances. 

Bibliothécaire- Archiviste.  M.  Levé,  vice  -  président  du  Tri- 
bunal, Coutances. 

MEMBRES  ADJOINTS  AU  BUREAU 

POUR   LA   COMMISSION   d'iMPRRSSION. 

M.  Lair,  proviseur  honoraire,  Coutances. 
M.  Lefaverais,  juge  à  Coutances. 


IV    

MH. 

d'Auxais,  ancien  Sénateur St-Aubin-du-Perron. 

Adeline,  curé-archiprôtre  de  St-Pierre.   .  Coutances. 

Barbier,  avocat id. 

Béat rix,  aumônier  du  Sacré-Cœur  .    .    .  id. 

Briens,  sous-préfet id. 

Cauvin,  professeur  au  Lycée id. 

Chevalier,  avocat id. 

Couraye  du  Parc,  juge  de  paix  ....  Montmartin-sur-Mer. 

Dandeville,  notaire Coutances. 

Delarue,  notaire •    .    .    .  id. 

Delauney,  Nicolas id. 

Desheulles,  architecte  ...   .^  ...    .  id. 

Dorabreval,  maire id. 

Duchemio,  greffier  du  Tribunal  civil  .   .  id. 

Durel,  vicaire-général id. 

Esnault,  propriétaire id. 

Fontaine,  Auguste,  libraire Paris. 

Ganoe,  expert-géomètre Gouville. 

Galuski,  propriétaire  dans  la  lande  de  Lessay. 

Gaslonde,  député Périers. 

Girard,  conseiller  municipal Coutances. 

Goulet,  professeur  au  Lycée id. 

GuilloUy   architecte id. 

Helland,  aumônier  du  Lycée id. 

Isabet,  ancien  principal  du  collège  d'A- 

vranches Bricqueville-la-Bl. 

Jambin,  Charles Agon. 

Jambin,  propriétaire id. 

Lair,  proviseur  honoraire  du  Lycée.   .    .  Coutances. 

Laisney,  docteur-médecin id. 

Lavoix,  procureur  de  la  République  .    .  id. 

Lecacheux^  aumônier  des  Augustines  .   .  id. 

Le  baron  du  Mesnil id. 


—    V  ^- 

Lechevalier,  propriétaire.   ......  Coutances. 

Lecordier,  chanoine  honoraire id. 

Leclère,  ancien  maire Regnéville. 

Lefaverais,  juge Coutances. 

Legoux,  secrétaire  particulier  de. H^'  .   .  id. 

Lemare,  professeur  au  Lycée id. 

Lemoine,  curé  de  Saint-Nicolas  .....  id. 

Lemuet,  Léon id. 

Lemuet,  Alphonse id. 

Lenoir,  fils id. 

Lepesant ,  conseiller  général  .....  id. 

Levé,  vice-président  du  Tribunal  ...  id. 

L'Equilbec,  receveur  principal.    ...  id. 

Lerendu,  ancien  maire Périers. 

Lncas-Glrardville,  vicaire-général     .     .  Coutances. 

Marie,  fils id. 

Montaigne,  propriétaire id. 

Plaine,  conseiller  général id. 

Poret,  conseiller  d'arrondissement    .     .  Denneville. 

Poulain,  ancien  notaire Coutances. 

Quesnel,  père»  professeur  de  dessin  au 

Lycée  ' id. 

Qaesnel,  fils ,  profess'-adjoint  au  Lycée.  id. 

Salettes,  imprimeur-libraire   ....  id. 

Savary,  député Cérisy-la-Salle. 

Tanqueray,  juge  de  paix  de  Lessay  .     .  Coutances. 

Tanqaerey,  Ernest,  licencié  en  droit.     .  id. 

Tracy  (de),  ancien  percepteur  ....  Gavray. 

Varin  de  la  Brunelière N.-D.-de-Cenilly. 

Vialette,  fils Coutances. 


—   VII  — 


MembreB    oorrespondants. 

Anger,  instituteur Vaudrimesnil. 

Bouet,  artiste Caen. 

Bouscaillou  des  Yalades Saiot-Lo. 

Canivet Chambois  (X)rne). 

Caligny  (de) Paris. 

Chevrel Cherbourg. 

Clouet,  professeur  au  Lycée St-Brieuc. 

Daniel,  lieutenant  de  vaisseau Brest. 

Daniel,  capitaine  au  long-cours.     .     . 
Delisle,  Léopold,  membre  de  l'Institut..  Paris. 
Desmottes,  professeur  agrégé  au  Lycée. .  Bordeaux. 
Desdevises  du  Désert,  professeur  de  fa- 
culté   Caen. 

Desprez,  proviseur  du  Lycée id. 

Dieu,  Jules,  bibliothécaire St-Lo. 

Didier,  architecte Cherbourg. 

Dolbet,  archiviste St-Lo. 

Dolley,  fils Paris. 

Dubosc St-Lo. 

Dumesnil ,  inspecteur-général.     .     .     . 

Du  Parc,  archiviste 

Dupont,  conseiller  à  la  cour  d'appel.     .  Caen. 

Durier,  Charles,  chef  de  bureau  au  mi- 
nistère de  la  justice Paris. 

Durier,  Emile,  avocat  à  la  cour  d'appel.      id. 

Faure  -  Beaulieu ,  conseiller  à  la  cour 

d'appel Agen. 

Faure,  Jules,  professeur  au  collège  Sta- 
nislas   Paris. 

Feuardent id. 

Fierville,  pioviseur  du  lycée.    .     .     .  Havre. 


VIII    — 

I 

j       FoDtaine,  capitaine  au  long-cours    .    . 
i       Garanderie  .(de  la),  juge  de  paix  de 

Tessy St-Romphaire. 

I       Gaillouard,  professeur  de  la  faculté  de 

I         droit Caen. 

I      Hamelin,  juge  de  paix Carentan. 

Houel,  ancien  directeur  des  haras.     .     .  Montrabot. 
langlois,  vice-président  de  la  Société  ar- 
chéologique   Jersey. 

Lebeurrier,  chanoine  titulaire.     .     .     .  Evreux. 
Lebiez,  président  de  la  Société  archéolo- 
gique      .  Valognes. 

Lecaplain^  curé  de  Notre-Dame.     .     .  Granville. 
Le  Gros,  secrétaire  de  la  Société  archéo- 
logique    Jersey. 

Lehéricher,  ancien  professeur  de  rhéto- 
rique   Avranches, 

Leroy,  juge  d'instruction.     ,     .     .     .  Pont-l'Evêque. 

Letellier Caen. 

Loisel,  président  du  tribunal.     .     .     .  Mayenne. 
Lnce,  Siniéon,  archiviste  aux  archives 

nationales Paris. 

Mahaut,  libraire.    . Bricquebec. 

Meunier,  Stanislas^  directeur  du  Muséum 
d'histoire  naturelle  (section  de  géolo- 
gie)   Paris. 

Montbrun  (de) Mortain/ 

Moulin .        id. 

Onfroy Lisieux. 

Payen-Payne,  commandant    ....  Londres. 

Pontgibault  (de)  conseiller  général.     .  St-Marcouf. 

Prilleux Paris. 

Refttveille,  contrôleur  des  douanes.     .  Le  Havre. 
Renault,  ancien  conseiller   à   la  cour 

d'Appel Caen. 


« 


—    VIII   — 

Salle Marigny. 

Sauvage,  ancien  juge  de  paix.     .     .     .  Hortain. 

Tardif,  Adolphe,  conseiller  d'Etat,  pro- 
fesseur à  l'Ecole  des  Chartes.     .     .  Paris. 

Tardif,  Jules,  sous-chef  de  section  aux 
Archives  nationales id. 

Tessero,  supérieur  du  petit-séminaire.     .  Yalognes. 

Tostain,  ingénieur  des  chemins  de  fer.     . 

Travers,  Emile Caen. 

Trochon ,  anmônier  du  Lycée  St-Louis.  Paris. 

Vaultier,  ancien  préfet St-Lo, 

Yibert^  avocat  à  la  cour  d'appel.     .     .  Paris. 


SOCIÉTÉ  iCADÉHIQUE  DU  COTENTIN 


PROCÈS-VERBAUX 


■NN» 


ANNÉE  1878: 

Séance  du  4L  Janvier. 

Les  oflSciers  de  la  Société  étant  élus  pour  trois  ans,  d'après 
l'article  6  des  Statuts ,  et  la  période  triennale  étant  terminée, 
on  procède  à  la  réorganisation  du  Bureau.  Sont  élus,  au  scrutin 
secret  : 

Mgr  Germain,  évéque  de  Coutances  et  Avranches,  Président. 
—  M.  QuBNAULT,  Vice-Président.  —  M.  Pigeon,  Secrétaire.  — 
M.  Sarot,  \^  Secrétaire-Adjoint.  —  M.  Léon  Lemuet,  2*  Secré- 
taire-Adjoint. —  M.  Saillard,  Trésorier.  —  M.  Levé,  Biblio- 
thécaire. —  Comme  Membres  associés  au  Bureau,  et  formant 
avec  lui  la  Commission  d'impression  :  M.  Lair,  proviseur- 
honoraire,  M.  Leloup,  juge,  et  M.  Le  Paverais,  juge. 


Séance  du  l^*  Février. 

BI.  Ernest  Tanquerey,  licencié  en  droit,  est  élu  Membre  titu- 
laire; M.  Louis  Leroy,  juge  d'instruction  à  Pont-l'Evéque,  et 
M.  Daniel,  Emmanuel,  capitaine  au  long-cours,  sont  nommés 
Membres  correspondants.  La  parole  est  donnée  à  M.  Montaigne 
qui  lit  une  notice  sur  l'inscription  lapidaire  du  grand-autel 
de  la  cathédrale  de  Coutances, 


On  nomme  une  Commission,  composée  de  six  Membres,  chargée 
de  faire  un  rapport  sur  la  galerie  du  triforium  de  la  cathédrale, 
que  les  architectes  ont  résolu  de  détruire. 


SéAoce  du  l""'  Mars. 

M.  le  Secrétaire  remet,  à  M.  le  Bibliothécaire,  plusieurs  volumes 
qui  nous  ont  été  envoyés.  M.  Marie,  fils,  de  Coutances,  est  nommé 
Membre  titulaire.  M.  Fontaine,  capitaine  au  long-cours^  Membre 
correspondant. 

M.  Lefaverais  lit  un  travail  sur  Tinchebray,  qui  possédait  un 
des  principaux  châteaux  du  comté  de  Mortain.  M.  Quenault 
nous  présente  quatre  débris  de  vases  antiques  et  en  bronze, 
trouvés  à  laGalaisiëre,  près  de  la  ville  de  Coutances,  et  mis  au 
jour  par  les  travaux  du  chemin  de  fer. 


Séance  du  SS  im^vril. 

M.  Lenoir,  fils,  de  Coutances^  est  nommé  Membre  titulaire,  et 
M.  Tostain,  ingénieur  du  chemin  de  fer,  Membre  correspondant. 
Le  Secrétaire  remet  plusieurs  ouvrages  pour  la  Bibliothèque. 
M.  Montaigne  lit  un  travail  sur  les  différents  marbres  de  Tar- 
rondissement  de  Coutances,  et  met  sous  nos  yeux  les  spécimens 
des  principaux  marbres  du  pays. 


Séance  du  4  Mai. 

M.  du  Parc,  élève  de  l'Ecole  des  Chartes,  est  élu  Membre  titu- 
laire, et  M.  Leroux,  employé  dans  l'enregistrement,  Membre 
correspondant.  M.  le  Vice-Président  dépose  sur  le  bureau ,  pour 
notre  Bibliothèque,  plusieurs  bulletins  de  sociétés  savantes.  Il 
nous  donne  ensuite  lecture  d'une  lettre  de  M.  Longperrier,  sur 
le  buste  antique  de  Torigni.  On  s'occupe  des  vases  en  bronze, 


—  XI   — 

trouvés  aux  environs  de  Coutances.  M.  Quenaultles  croit  antiques 
et  M.  Pigeon,  qui  possède  des  dessins  de  vases  semblables,  dont 
Torigine  est  celtique,  les  croit  de  Tépoque  gallo-romaine. 

La  Compagnie  vote  une  somme  de  cinquante  francs  pour  la 
statue  de  M.  Leverrier. 

M.  Lefaverais  fait  l'histoire  de  la  bataille  de  Tinchebray. 
M.  Levé  lit  une  notice  sur  Guy-Chrétien,  grand  bailli  de  Cou- 
tances, au  xiv^  siècle. 


Séance  du  8  Julo. 

M.  Quesnel,  père,  professeur  de  dessin,  s'engage  à  dessiner 
les  vases  en  bronze  trouvés  à  la  Galaisière.  M.  Levé  cite  quelques 
types  de  médailles  gauloises  trouvées  dans  le  pays  de  Coutances. 
H.  Sarot  lit  un  travail  sur  la  mort  de  M.  Tabbé  Toulorge,  à 
répoque  de  la  Terreur. 


Séance  du  £S  «luillet. 

H.  Saillard,  Trésorier,  rend  ses  comptes  à  la  Société.  On  s'oc- 
cupe de  la  reconstruction  de  la  flèche  de  la  Cathédrale  qui,  depuis 
un  an,  est  restée  découronnée,  sans  qu'on  se  soit  occupé  de  la 
relever.  M.  Quenault  est  chargé  de  porter  des  plaintes  à  qui  de 
droit,  au  nom  de  la  Société.  M.  Sarot  lit  un  travail  sur  les  pour- 
suites judiciaires  qui  eurent  lieu^  au  point  de  vue  religieux,  dans 
les  premières  années  de  la  Révolution. 


Séance  du  9^  Aoikt. 

Regrets  exprimés,  par  la  Société,  sur  la  perte  d'un  de  ses 
Membres  les  plus  zélés,  M.  Richard  Leloup,  juge  au  Tribunal  de 
Coutances.  M.  DoUey  nous  lit  une  note  sur  quelques  médailles 


—    XII   


antiques  trouvées  à  Coutances  et  dans  les  environs.  H.  Sarot 
nous  parle  de  différents  procès  relatifs  à  la  Chouannerie,  dans  le 
Département. 


Séance  du  8  IVovembre. 

M.  Onfroy,  de  Lisieux,  est  nommé  Membre  correspondant. 
M.  Dolley  cède  à  la  Société  un  petit  vase  romain,  trouvé  à  Cou- 
tances, et  renfermant  cinquante-six  médailles  en  billon ,  mais 
généralement  frustes.  H.  Pigeon  lit  un  compte-rendu  de  trois 
brochures  offertes  aux  Membres  de  la  Société,  par  M.  Desdevises 
du  Dézert,  agrégé  et  professeur  à  la  faculté  de  Caen.  M.  Chevrel 
lit  un  projet  de  restauration  de  Torgue  de  la  Cathédrale.  Mon- 
seigneur approuve  tout  ce  que  nous  pourrons  faire  à  ce  sujet  et 
nous  promet  son  concours  dans  la  souscription.  On  forme  une 
commission  pour  étudier  cette  affaire  et  solliciter  un  secours 
du  gouvernement.  Sont  nommés  :  MM.  Chevrel,  Lair,  Quenault, 
Dombreval,  maire  delà  ville,  et  Pigeon. 


Séanoe  du  6  Déoembre. 

M.  Mahaut,  libraire  à  Bricquebec,  est  nommé  Membre  corres- 
pondant. 

M.  Quenault  exprime  les  regrets  de  la  Société  à  l'occasion  de 
la  mort  de  M.  Croulebois,  vicaire-général  de  Coutances,  et 
Membre  de  notr&  Société.  Il  rappelle  les  services  qu'il  a  rendus, 
alors  qu'il  était  doyen  de  La  Haye-du-Puits,  à  la  Commission 
de  la  Topographie  des  Gaules,  son  dévouement  pendant  la  guerre 
de  4870,  et  son  zèle  pour  nos  réunions. 

M.  Chevrel  rend  compte,  à  la  Compagnie,  de  ce  qui  a  été  fait, 
par  la  Commission,  pour  la  restauration  de  Torgue.  M.  Lair  nous 
lit  une  lettre  de  M.  Tardif  qui  nous  fait  espérer  toute  la  bien- 
veillance du  Gouvernement. 


—   XIII   — 


■  ■ 


II  est  admis  qu'on  ne  tirera  plus  que  cent  cinquante  exem- 
plaires de  nos  futurs  publications.  M.  Lemuet,  Léon,  offre  à  la 
Société  trois  belles  photographies,  faites  par  lui,  et  représen- 
tant les  cratères  du  Vésuve,  de  l'Etna  et  du  rocher  appelé  l'O- 
reille de  Denis  de  Syracuse. 


&»•< 


ANNÉE  1879 

Séanoe  du  3  Janvier. 

M.  Dumesnil,  inspecteur-général  des  maisons  d'aliénés,  est 
nommé  Membre  correspondant. 

M.  Quenault  lit  une  notice  sur  M.  Richard  Leloup.  M.  Sarot 
nous  fait  Thistoire  des  assignats. 

Le  buste  de  M.  Leverrier  est  offert,  à  notre  Musée,  par  M.  Le- 
duc, et  M.  Delaunay  donne  une  belle  vue  de  la  Cathédrale  de 
Reims. 


Séance  du  If  Février. 

M.  Levé  lit  un  travail  de  M.  Dumesnil,  intitulé  :  Commmtil 
y  a  quararUe  ans,  on  allaU  de  Coutances  à  Paris.  M.  Lebiez,  de 
Valogoes,  est  nommé  Membre  correspondant*  On  nous  annonce 
la  création  d'une  Société  Archéologique  et  Littéraire,  à  Yalognes. 
M.  Payen-Payne,  commandant  ano^i^,  est  nommé  Membre  cor- 
respondant. 


Séance  du  *T  Mars.    ' 

H.  de  Pontgibault,  conseiller  général,  est  nommé  Membre  cor- 
respondant. 
H.  Pigeon  donne  connaissance  d'une  lettre  de  M.  Payen- 


—   XIV    — 


Payne,  qui  nous  promet  l'envoi  de  quelques-uns  de  ses  ouvrages. 
M.  Levé  lit  un  travail  sur  les  principaux  fonctionnaires  à  Cou- 
tances,  au  xiii®  et  au  xiv®  siècles. 


Séance  du  S  Avril. 

Le  Secrétaire  remet  plusieurs  ouvrages  envoyés  à  notre  Société, 
pour  la  bibliothèque.  M.  Pigeon  lit  un  travail  sur  la  famille 
des  de  Geraldinqui  ont  occupé  des  places  importantes  dans  notre 
département  après  s'être  alliés  aux  meilleures  familles  du  pays. 


Séance  du  S  Mai. 

H.  Quesnel  souhaiterait  que  la  Compagnie  s'occupât  de  prépa- 
rer une  exposition  artistique.  M.  Lefaverais  remet  en  mémoire  le 
projet  de  la  Société  d'avoir,  de  temps  en  temps,  une  séance 
solennelle.  La  parole  est  donnée  à  M.  Sarot  qui  nous  fait 
l'histoire  du  Tribunal  révolutionnaire  à  Coutances.  M.  Quesnel 
demande  si  la  Société  continuera  de  venir  au  secours  du  Musée? 
On  répond  qu'elle  a  donné  quatre  cents  francs,  mais  qu'elle  ne 
peut  faire  davantage,  et  que  le  Musée  appartient  maintenant  à  la 
municipalité. 


Séance  du  6  «luin. 

M.  Helland,  aumônier  du  Lycée  ,  est  nommé  Membre  titu- 
laire. 

M^  Levé,  lit  quelques  not4»  sur  différentes  parties  de  la 
Cathédrale  de  Coutances.  M.  Quénault  nous  donne  connaissance 
d'un  nouveau  travail  sur  le  buste  antique  du  Musée  de  Cou- 
tances. 


Séance  du  ^  «luIUet. 

M.  Pigeon  lit  unehistoire  abrégée  ducomtéde  Hortain.  M.  Levé 
nous  parle  de  l'existence  de  la  Cabale  dans  les  temps  les  plus  re- 


XV  — 


culés  :  chez  les  Juifs,  chez  les  Chrétiens  et  dans  les  abbayes  du 
Moyen-Âge.  H.  Sarot  lit  également  un  travail  sur  la  confisca- 
tion des  biens  des  émigrés  et  du  clergé  français. 


(Séance  du  l^  Aatkt. 

M.  Sarot  continue  son  travail  sur  la  Révolution  Française  dans 
notre  pays.  M.  Pigeon  nous  fait  l'histoire  du  grand  bailliage  de 
Mortain.  M.  Quesnel  demande  de  nouveau  une  exposition  des 
beaux-arts  et  des  antiquités  locales. 


Séance  du  T  Octobre. 

M.  Delarue,  notaire  à  Coutances,  et  M.  Fontaine,  libraire  à 
Paris,  sont  nommés  Membres  titulaires. 

M.  Pigeon  nous  initie  à  quelques  jugements  rendus  dans  le 
Tribunal  de  Mortain,  au  commencement  du  siècle  dernier.  Regrets 
sur  la  mort  de  M.  Dolley,  Membre  de  la  Société. 


Séance  du  SS  Décembre. 

H.  Lecacheux ,  aumônier  des  Augustines  de  Coutances,  et 
M.  Goulet,  professeur  de  troisième  au  Lycée  de  Coutances,  sont 
nommés  Membres  titulaires. 

M.  Pigeon  lit  un  travail  sur  deux  grands  baillis  de  Mortain, 
au  xYiii*  siècle.  M.  Sarot  nous  fait  T histoire  de  son  voyage  à  Jé- 
rusalem et  en  Grèce.  Il  met,  en  même  temps,  sous  nos  yeux,  une 
foule  de  photographies  qu'il  a  rapportées  de  ces  contrées  loin- 
taines. 


I 


MÉMOIRE 


SUR 


T I NGHEBR AY 


SON  CHATEAU  ET  SON  BAILLIAGE 


ATAHT   FAIT    PAETIR  ,  AU  POINT  DB  TUE  ADMINISTRATIF  BT  JVDICIAIRBi 

DEPUIS  LE  XI*  SIÈCLE,  JUSQU*EN    1789 , 
i  DU    FATS      QUI     FORME     AUJOURD'HUI     LE      DÉPARTEMENT     DB     LA     MANCHB 


LU  PAR  M.  LEFAVERAIS 


p t 


A      LA     SOCIETE    ACADEMIQUE     DU     COTE N TIN 
DaiM  les  Séances  des  5  Avril  et  3  Jlfai  1878. 


Tinchebray,  qui  appartient  à  Tarrondissement  de  DomfrorU 
depuis  la  loi  des  22  décembre  4  789-janvier  4790,  a  fait  partie 
du  pays  ies Bajocasses  (Bayetus) ,  jusqu'à  la  conquête  normande, 
et  du  diocèse  de  Bayeux  (doyenné  de  Condé),  jusqu'à  Torganisa- 
tioo  nouvelle,  4789-1790;  mais  depuis  le  xi®  siècle  jusqu'en 
4789^  il  a  été,  presque  sans  interruption,  compris  au  point  de 
Tue  judiciaire  ou  administratif,  dans  les  territoires  du  Cotentin  et 
de  rAvranchin. 

Cest  à  ce  dernier  titre  que  nous  nous  proposons  de  vous 

parler  de  Tinchebray,  et  de  son  château,  en  disant  quelques  mots 

seulement  de  son  bailliage. 

4 


Le  nom  de  Tinchebray  indiqixe  une  origine  celtique,  bray, 
coname  Cambrai,  et  primitivement  acMw,  Tenerchebracum,  Tener- 
chebraïcum ,  Tenechebraium ,  Tinchebragium  ,  Tenichebray  , 
Teneschbray  ^*\ 

Quoiqu'il  en  soit  de  l'origine  celtique  de  ce  nom,  Tinchebray 
parait  remonter  aux  plus  lointains  souvenirs  et  à  la  plus  haute 
antiquité. 

La  tradition  nous  apprend  effectivement  qu'au  moment  de  la 
conquête  des  Gaules  (38-50  ans  avant  J.-C),  Tinchebray  avait 
déjà  une  certaine  importance  et  fut  relié  plus  tard  par  une  voie 
romaine  qui  suivait  la  chaîne  des  rochers  du  Chàtelier  (canton 
de  Messey,  arrondissement  de  Domfront),  avec  le  castrum  de 
Jublaius  ^^K 

Après  l'invasion  successive  des  Saxons,  une  route  militaire 
fut  ouverte  dans  la  direction  de  Port-en-Bessin  et  un  camp  dont  il 
reste  encore  des  vestiges  fût  établi  sur  les  hauteurs  d'Escures 
pour  surveiller  les  mouvements  des  Saxons  et  défendre  le  pays 
contre  les  invasions  qui  pouvaient  être  tentées  de  ce  côté. 

Tout  porte  à  indiquer  que  Tinchebray,  situé  dans  la  vallée  du 
Noireau,  et  dont  l'agglomération  première  s'est  rapprochée  à  tra- 
vers les  âges  de  son  château,  était  alors  en  communication  avec 
les  forts  et  camp  d'observation  assis  sur  le  territoire  de  Bayeux 
qui  formaient  à  ce  moment,  sons  la  domination  romaine,  une 
véritable  station  militaire  ^^\  Et  il  ne  faut  rien  voir  là  de  surpre- 

(t)  Huet,  d'après  Masseville  (voir,  de  Masseville^  1. 1*',  p.  468),  fait  dériver 
Tinchebray,  de  Tenec  et  de  Hebratf,  mais,  ajoate  de  MasseviUe,  le  savant 
Huet  aurait  bien  dû  donner  la  signification  de  ces  deux  mots. 

(2)  Voir  notre  histoire  du  canton  de  Messey,]».  19,  ao,  21,46  et  la  note.— 
M.  Toulmouche  (hist.  de  la  ville  de  Rennes),  indique  aussi  une  voie  de 
Condate  à  Noviomagus  comme  devant  prendre  la  direction  de  Landivy,  le 
Teilleul,  Barenton  et  Lonlay-rÂbbaye). 

(3)  Depuis  que  nous  avions  terminé  cette  étude,  il  a  paru  dans  le  Bulletin 
de  la  Société  des  Antiq.  de  Normandie  du  mois  de  septembre  1879,  une 
intéressante  Notice  de  MM.  Jules  Appert  et  Jules  Tirard,  sur  un  embranche- 
ment des  voies  de  Bayeux  et  YietAx,  vers  le  Maine,  qui  aurait  servi  à  établir 
une  communication  directe  entre  ces  villes  et  la  contrée  située  à  l'Ouest  de 
Jublaios  et  du  Mans,  peut-être  aussi  avec  Rennes.  Cette  voie  romaine  se  serait 


—  3  — 

Dant  comme  on  pourrait  le  penser  tout  d'abord,  avec  nos  idées  et 
DOS  habitudes,  par  rapport  aux  circonscriptions  modernes,  quand 
OD  Yoit  que,  au  xiii®  siècle  (1235),  lors  de  la  division  en  trois 
lots  de  Domfront,  Tinchelî)ray  et  Mortain,  entre  le  roi  et  la  com- 
tesse Mathilde,  Lt  TeilUul,  BarmUm,  CotUances,  Créences, 
CarefUiUy  et  des  territoires  plus  éloignés,  étaient  compris  dans 
one  circonscription  se  reliant  à  Tinchebray,  comme  forteresse 
principale  ^*\ 

Au  rapport  d'Hermant  ^^\  la  route  qui  conduisait  de  Tinche- 
bray à  Chanu  (rancienne  route  de  Paris  en  Bretagne)  était  pavée 
de  grandes  pierres  recouvertes  de  terre  et  était  regardée  comme 
un  ouvrage  de  l'empereur  Antonin,  qui  l'aurait  fait  construire 
ponpfaciliter  la  marche  de  ses  troupes  vers  TAngleterre.  Diverses 
monnaies  (argent  et  cuivre),  des  empereurs  Auguste,  Néron, 
Vespasien  ,  Constantin  et  autres,  ont  été  aussi  découvertes, 
notamment  en  1608,  dans  le  voisinage  de  Tinchebray. 

Mais  on  ne  trouve  dans  aucune  édition  des  Commentaires  de 
César  le  tandem  advenimus  Tenerchcbraïcum^  Tinchebrayum , 
Speluncam  kUronum  ou  damonum  dont  on  a  parlé. 

Seulement,  dans  le  4^  volume  de  l'histoire  de  Normandie,  par 
Trigan,  on  lit  que  Henri  P',  roi  d'Angleterre,  dans  la  conférence 
qu'il  eut  à  Gisors  avec  le  pape  Calixte  II,  en  4106,  et  après  la 
célèbre  bataille  de  Tinchebray,  qualifia  cette  ville  de  vraie 
caverne  de  démons,  speltmca  dœmonum  ^^\  Ce  sont  les  paroles 
qn'Orderic  Vital  met  dans  la  bouche  du  roi  Henri  cherchant  à 


dirigée  par  la  section  comprise  entre  Pontécoulant  et  Pont-d'Hienne,  Pont- 
de-Guyenne,  du  nom  de  la  rivière  sur  lequel  il  est  établi,  et  où  débouche  la 
roate  de  Condé  à  Tinchebray,  avec  une  ligne  à  peu  près  droite  jusqu'à 
St-Comier  (canton  de  Tinchebray)  et  passant  à  deux  kUomètres  environ  du 
centre  actuel  de  cette  ville.  Ce  même  chemin,  connu  encore  sous  le  nom  de 
Chemin-Chaussye,  Chemin-Ghaussé  ou  de  la  Chaussée,  traverse  à  la  Brigau- 
dière  la  route  de  Fiers  à  Tinchebray  et  passe  par  le  hameau  des  Bruyères. 

(1)  Voir  Infrà,  p.  17  et  18,  la  Charte  qui  porte  la  composition  de  ces  trois 
loU. 

'3)  Uermant,  hist.  du  diocèse  de  Bayeux ,  Mss.  à  la  BibUothèque  de  Caen. 

W  CaUkbotte.  Essai  sur  l'hist,  de  Domfront,  V  édit.,  p.  IIS. 


justifier,  devant  le  Pape,  dans  cette  conférence  de  Gisors,  ses 
attentats  contre  le  malheureux  Robert,  son  frère. 

C'est  de  là  sans  doute  qu'est  venue  chez  quelques  personnes, 
la  confusion  qui  aura  été  faite,  d'abord  avec  les  Cooimeotaires  de 
César,  et^  qui  depuis  ,  aurait  pris  créance  dans  quelques  esprits. 

Maintenant,  nous  savons  que  lors  des  invasions  des  Saxons  et 
des  Danois,  la  prise  de  Bayeux,  de  Sl-Lo  ^*^  et  d'Evreux,  en 
890-892,  avait  rendu  Rollon  maître  d'un  vaste  terriioire.  Dans 
ce  territoire  se  trouva  compris  notamment  celui  de  Tinchebray. 
Puis,  en  911,  la  paix  fut  signée  à  Aix-la-Cbapelle,  entre  Rollon 
et  Cbarles-Ie-Simple,  et  la  Neustrie  fut  érigée  en  Duché  sous  le 
nom  de  Normandie.  « 

A  ce  propos,  quelques  historiens  ont  prétendu  toutefois  que 
jamais  sous  Rollon,  la  Normandie  n'eut  de  bornes  plus  reculées 
que  la  Vire,  et  qu'une  partie  des  terres  qui  forment  aujourd'hui  le 
département  de  la  Manche,  étaient  depuis  les  années  867  et  868, 
la  propriété  de  Salomon^  roi  de  la  petite  Bretagne  et  de  Robert-le 
Fort  ou  de  leurs  successeurs  ^*'. 

Ainsi  Salomon,  un  des  chefs  Normands,  aurait  reçu,  par  l'in- 
termédiaire de  Paswithen,  son  gendre  et  son  ambassadeur  auprès 
de  Charles-le-Chauve,  en  août  867,  le  comté  de  Coutances  avec 
les  domaines,  métairies  royales,  abbayes,  etc.,  sauf  TEvôché,  et 
en  outreJ'Avranchin  ^^K  Le  donataire  aurait  pris  à  cette  occasion 
l'engagement  de  rester  constamment  fidèle  à  Charles-le-Chauve 
et  de  lui  prêter  secours  contre  ses  ennemis.  D'un  autre  côté, 
Robert-le-Fort  aurait  reçu  en  même  temps  les  terres  de  Morlain. 

Mais  il  ne  faut  pas  oublier,  par  rapport  à  cette  assertion^  qu'en 
890,  c'est-à-dire  25  ans  plus  tard,  Rollon  s'était  emparé  de  St-La 
et  d'Evreux,  et  il  nous  parait  donc  loin  d'être  établi  surtout  que 

(1)  L'évêquc  de  Coutances,  Liste  ou  Lista ,  suivant  d'autres ,  Tévêque  do 
Coutances,  Algéronde,  fut  tué  lors  de  la  prise  du  château  de  St-Lo,  eu  880, 
dont  s'était  emparé  Harold,  un  des  lieutenants  de  Rollon.  Coutances  ne 
tomba  au  pouvoir  des  Normands  qu'en  800. 

(i)  Voir  en  ce  sens,  Recherches  sur  Mortain,  par  M.  Hipp.  Sauvage,  avocat, 
qui  indique  le  témoignage  de  BfM  Licquet  et  Devilte. 

(3)  Voir  M.  Le  Provost.  Annuaire  Normand»  1835,  p.  87. 


-  5  — 

le  Cotentin  et  l'Avranchin  doot  faisaient  partie  le  val  de  Mortaing 
et  les  terres  de  Mortain,  n'aient  pas  été  compris  dans  le  traité 
d'Aix-Ia-Chapelle,  en  91 4 . 

Cependant  cette  opinion  a  été  soutenue  et ,  d'après  cette 
opinion,  c'est  Guillaume-Longue-Epée,  fils  de  Rollon,  et  deuxième 
due  de  Normandie,  qui  aurait  fait  la  conquête  de  l'Avranchin  et 
du  Cotentin  en  933. 

A  cette  époque  seulement,  le  comté  de  Mortain,  dont  Tinche- 
bray  releva  plus  tard ,  serait  tombé  entre  les  mains  du  duc 
normand  Guillaume-Longue-Epée  qui  y  fit  construire  un  château 
et  en  tit  le  chef-lieu  d'un  comté,  dans  le  ressort  duquel,  il  créa 
diverses  seigneuries  et  barounies,  qu'il  attribua  à  ses  plus  fidèles 
compagnons  d'armes.  Ceux-ci  firent  bientôt  construire  à  leur 
tour  diverses  forteresses,  tant  pour  leur  propre  sécurité,  que  pour 
la  sécurité  et  la  défense  des  frontières  normandes.  Telle  fut 
l'origine  des  châteaux  d'Avranches,  1090,  de  St-Hilaire,  comme 
l'avait  été  précédemment  celle  du  château  de  Tinchebray. 

En  968,  le  Passais  et  une  partie  du  Bessin  étant  devenus  le 
théâtre  d'une  guerre  sanglante,  qu'eut  à  soutenir  Richard  P% 
troisième  duc  de  Normandie,  petit-fils  de  Rollon,  contre  Thi- 
bault l^^  comte  de  Blois,  et  le  comte  d'Anjou,  Tinchebray  fut 
ravagé  et  mis  à  contribution  par  les  armées  ennemies. 

En  995,  cemémeRichard  P%  visitant  son  duché,  passait  par  Tin- 
chebray, et  Harold  II®,  comte  de  Kent,  compétiteur  de  Guillaume- 
le-Conquérant  au  trône  d'Angleterre,  y  séjournait  en  1 065. 

Richard  I^,  troisième  duc  de  Normandie  et  surnommé  sans 
Peur^  étant  mort  en  996,  une  année  après  son  passage  par 
Tinchebray,  son  fils  aîné,  connu  sous  le  nom  de  Richard  IP,  lui 
succéda  comme  IV®  duc  de  Normandie.  Un  fils  de  ce  même  duc 
Richard  11%  et  le  troisième  de  ses  enfants,  du  nom  de  Mauger 
ou  Haugis,  suivant  quelques  historiens,  aurait  eu  en  partage  le 
comté  de  Mortain  ^''.  Ce  Mauger  ou  Maugis  avait  épousé  Ger- 

(1)  Ce  nom  viendrait,  d'après  certains  auteurs  de  Sïons  Jovis,  c'est-à-dire 
consacré  à  roriginc  du  culte  de  Jupiter.  —  Au  moment  de  la  conquête  des  Gau- 
les, Mortain  était  occupé  par  les  Ambibards,  Àmbibarii  :  leur  territoire  était  à 
peu  près  le  même  que  celui  qui  fut  assigné  plus  tard  àu  diocèse  d'Avranches. 


—  6  — 

maine,  comtesse  de  Corbeil,  de  laquelle  il  eut  lui-même  un  fils 
connu  sous  le  nom  de  Guillaume  Werleng  ou  Guerleng  qui  lui 
succéda  dans  le  comté  de  Morlaio.  C'est  ce  Guillaume  Guerleng, 
comte  de  Mortain,  qui  avait  fait  construire  ou  réédifier  le  château 
de  Tinchebray  dans  la  première  moitié  du  xi®  siècle. 

Mais  ayant  été  privé  de  son  comté  de  Mortain  sur  le  plus 
futile  prétexte,  dit  Orderic  Vital,  1048,  il  se  retira  vers  cette 
même  époque  en  Italie,  et  Guillaume-le-Bâtard  ou  le  Conquérant, 
duc  de  Normandie,  disposa  du  comté  de  Mortain  en  faveur  de 
son  frère  utérin,  Robert,  fils  d'Herluin,  seigneur  de  Conteville, 
et  d'Harlette  ^'K 

La  châtellenie  de  Tinchebray  était  alors  entrée  dans  la  mou- 
vance du  comté  de  Mortain.  Cette  terre  et  seigneurie  de  Tinche- 
bray fut  d  abord  possédée  par  la  famille  de  Lusignan  qui  a 
fourni  des  rois  à  Jérusalem,  à  Chypre,  à  la  Petite-Arménie,  et 
qui  eut  pour  chef  Hugues  P%  dit  le  Veneur,  qui  vivait  au 
X®  siècle.  Hugues  P'  était  né  dans  le  Poitou;  cette  famille  tirait 
son  nom  du  château  de  Lusignan.  Les  sires  de  Lusignan  possé- 
dèrent longtemps  les  comtés  de  la  Marche  et  d'Angouléme  acquis 
par  suite  d'alliances.  De  cette  maison  sont  sortis  les  seigneurs 
de  Lezay,  les  comtes  d'Eu  et  les  comtes  de  Pembroke.  Selles  de 
Lusignan,  sieur  de  la  Roque,  châtelain  de  Tinchebray,  accom- 
pagna le  duc  Guillaume  à  la  conquête  d'Angleterre,  en  1066, 
avec  les  seigneurs  de  la  Lande  Patry  et  de  Cerisy  (Cerisy-Belle- 
Etoile).  Treize  hommes  pour  Tinchebray,  paraît-il,  sous  la 
conduite  de  Roger  d'Amondeville,  partagèrent  les  périls  de 
cette  expédition.  Gilles  II,  de  la  Roque,  et  les  seigneurs  de  la 
Lande  et  de  Cerisy  suivirent  aussi  Robert,  duc  de  Normandie 
(Robert-Courte-Heuse,  huitième  duc  normand)  à  la  première 
croisade  (1 096). 

Ce  même  Robert,  duc  de  Normandie,  se  trouvait  être  le  neveu 

(1)  Nam  postquam  Giiillelmum  cognomento  Werlengum,  Moritalii  comi- 
tem  fiUum  Malgerii  comitis  pro  minimis  occasionibus  de  Neustria  propul- 
saverat  Roberto  Herluini  fillo ,  fratri  suo ,  comitatum  Moritalii  dederat. 
Ord.  Vitalis,  libr.  VU,  p.  660. 


de  Robert,  comte  de  Mortain,  surnommé  TailUfer,  ce  dernier, 
comme  nous  venons  de  le  voir,  étant  en  effet  lui-même  frère 
utérin  du  duc  Guillaume-Ie-Bâtard  ou  le  Conquérant. 

Robert  Taillefer,  incisor  ferriy  avait  été  F  un  des  plus  ardents 
compagnons  de  son  frère  à  la  bataille  d*Hastings  (4066).  ^ 

Le  pays  des  Bajocasses,  le  Bessin  (Baycux),  qui  devait  voir 
Caen  lui  succéder  un  jour^  comme  capitale  de  la  Basse-Norman- 
die, après  avoir  eu  lui-même  une  si  grande  importance  et  joué 
on  si  grand  rôle,  avait  vu  s* éclipser  sa  grandeur  passée. 

Tinchebray  était   alors  dans    la  suzeraineté  du  comté  de 
Mortain  qui  avait  acquis,  au  point  de  vue  féodal,  sous  le  comte 
Robert,  au  milieu  du  xi®  siècle,  une  récente  et  immense  éten- 
due ^".  Il  comprenait  dans  sa  juridiction  seigneuriale  non- 
seulement  les  villes  de  Valognes,  St-Sauveur-le-Vicomte,  Cou- 
tances,  St-Lo,  Falaise,  Pont-l'Evêque,  Villiers-Bocage,  Aunay, 
Argentan,  maisCondé-sur-Noireau,  Fiers,  Tinchebray,  Mortain; 
puis  St-Hilaire-du-Harcouet,  St-James,  Pontorson,  Avranches, 
Villedieu...,  plusieurs  seigneuries  dans  les  environs  de  Lisieux, 
de  Ronfleur,  de  Gorron  (aujourd'hui  arrondissement  de  Mayenne) 
etc..  Toutefois  cette  grande  situation  territoriale  et  de  suzerai- 
neté oe  fut  pas  de  longue  durée  et,  après  la  bataille  de  Tinche- 
bray, le  comté  de  Mortain  perdit  non-seulement  Timportance 
très -grande  qu'il  avait  acquise  dans  la  dernière  moitié  du 
XI*  siècle  ^'-j  avec  ce  même  comte  Robert,  fils  d'Herluin  et  frère 
utérin  de  Guillaume-le-Conquérant,  mais,  en  même  temps,  il  vit 
diminuer  son  étendue,  notamment  de  Coutances,  et  des  terres 
qui  en  dépendaient.  Il  en  con3erva  cependant  encore  une  assez 
grande  étendue  pendant  le  xii®  et  le  commencement  du  xiii'' siècle. 

Gilles  II,  de  la  Roque,  était  seigneur  de  Tinchebray  et  en 
commandait  le  château  pour  Robert ,  comte  de  Mortain,  quand 
Henri  I*',  roi  d'Angleterre,  vint  en  faire  le  siège  en  1106. 

{{)  Voir  Mém,  sur  le  comté  de  Jlf orimn,  par  M.  L.  Dubois,  et  Histoire  du 
duché  de  Normandie,  par  Goube,  t.  III,  p.  367. 

(i)  Le  comté  de  Mortain  parait  s'être  trouvé,  à  cette  époque,  pendant  un 
moment,  au  deuxième  rang  parmi  les  grands  fiefs  Normands  et  avoir 
compris  dans  cette  suzeraineté  éphémère  près  d'un  tiers  de  la  Normandie. 


-  8-' 

Guillaume-Ie-Conquérant ,  mort  en  1087,  avait  laissé  trois 
fils.  Robert  Courte-Heuse,  Guillaume-le-Roux  et  Henri  P'  dit 
Beauclerc.  Robert  eut  la  Normandie,  Guillaume  les  terres  con- 
quises en  Angleterre,  et  Henri  une  somme  considérable  eu 
argent  avec  divers  châteaux  et  possessions  tant  en  Angleterre  que 
dans  l'Avrancliin  et  le  Coientin. 

Dès  1088,  des  rivalités  s'élèvent  entre  Robert  et  Guillaume 
relativement  au  trône  d'Angleterre.  Henri  prend  d'abord  le  parti 
de  son  frère  Robert,  mais  bientôt  il  revendique  des  droits  héré- 
ditaires plus  importants  que  ceux  qui  lui  avaient  été  concédés. 
Une  occasion  favorable  se  présente  pour  lui.  En  1091  ou  1092, 
les  bourgeois  de  Domfront,  dit  Du  Moulin  ^*^,  «  pour  se  retirer  de 
»  la  puissance  et  mettre  à  couvert  des  concussions  et  tyrannies  de 
»  Robert  de  Belléme,  envoyèrent  un  gentilhomme  nommé  Ha- 
»  chard  ou  Harecher,  vers  le  prince  Henry,  demeurant  au  Vexin 
»  français,  ou  comme  veulent  quelques-uns  en  la  cour  du  roi  de 
)>  France,  pour  le  convier  à  venir  prendre  possession  de  Dom- 
»  front,  qu'ils  promettaient  livrer  et  lui  délivrer  argent  et  armes  : 
»  Henry  ne  refuse  leur  offre,  met  une  emplâtre  sur  l'un  de  ses  yeux 
»  pourn'estrepointcognu,  vaà  Domfrout,  est  bien  reçu  et  se  voyant 
»  maistre  d'une  si  bonne  et  si  forte  place,  lève  des  troupes  se  met 
»  en  possession  du  Passais,  et  d'une  bonne  partie  du  Costentin, 
»  l'Anglais  lui  donnait  secours  sous-main,  Richard  de  Redvers, 
»  Roger  de  Granville  et  Hugues  comte  de  Cesires,  servirent 
»  bien  à  l'avancement  de  ses  affaires  :  aussi  ce  dernier 
»  eut  pour  recognaissance  de  ses  services  le  château  de  Saint- 
»  James  de  Beuvron,  duquel  il  n'était  que  Gouverneur.  » 

Une  fois  en  possession  du  château  de  Domfront,  le  duc  Henri 
en  fit  sa  place  d'armes,  en  augmenta  les  fortifications. 

Mais  bientôt  le  duc  Robert-Cou rte-Heuse,  à  la  sollicitation  de 
Robert  de  Belléme  ^*\  qui  se  vi^yait  dépossédé  de  son  château  de 

(1)  Voir,  Hiitoirede  Normandie,  par  Du  Moulin,  p.  i61. 

(2)  Robert  de  Belléme,  fils  de  Roger  de  MoDtgomery,  Dit  Robert  II  de 
Belléme,  surnommé  le  Diable.  —  Roger  de  Montgomery,  seigneur  de  Belléme, 
parent  et  ami  de  Guillaume  le  Conquérant ,  avait  épousé  Mabile ,  fille   de 


—  9  — 

Domfront,  marche  sur  le  Passais  avec  l'aide  sans  doute  de 
Robert,  comte  de  Hortain,  et  le  Passais  fut  de  nouveau,  4093, 
1094,  101)5,  livré  au  pillage  comme  il- l'avait  éié  un  siècle 
auparavant,  968,  sous  Richard  J".  Robert  mit  vaioement  le  siège 
devant  le  château  de  Domfront;  Henri  se  défendit  si  bien  qu'il 
força  son  frère  de  se  retirep. 

Sur  ces  entrefaites ,  Guillaume  le  Roux ,  roi  d'Angleterre , 
étant  venu  à  décéder  ^'\  2  août  1099,  Henri  P'  songea  à 
s'emparer  du  royaume  d'Angleterre  et  usurpa  la  couronne 
au  préjudice  de  Robert-Cou  rte-Heuse,  son  frère  aîné,  en.  Il  00. 

Ce  dernier  réclama  et  les  deux  frères  encouragés  de  part  et 
d'aulre,  par  leurs  alliés,  les  seigneurs,  comtes  et  barons,  dont 
les  intérêts  étaient  en  jeu,  à  des  litres  divers,  se  préparèrent  à  la 
guerre. 

Cette  guerre  entre  les  deux  frères  divisa  en  deux  la  Normandie 
entière  qui  devint  le  théâtre  de  la  guerre  civile  et  fut  de  nouveau 
incendiée  et  dévastée,  de  telle  sorte  que  les  champs  abandonnés 
restèrent  sans  culture. 

Henri  débarqua  d'abord  à  Barfleur  le  Vendredi -Saint  de 
l'année  1105,  à  la  tête  d'une  armée  nombreuse  et  célébra  à 
Carentan,  les  fêtes  de  Pâques ,  en  présence  de  Serlon ,  évêque  de 
Séez.  Il  s'efforça  ensuite  de  mettre  à  profit  le  temps  de  son  séjour 

Gaillaume  II*  de  BeUéme  dit  Tairas.  Celui-ci  était  arrière-petit-fils  d*Yves , 
premier  du  nom,  seigneur  de  Belléme,  auquel^  dit-on  »  le  comté  de  Bellémo 
avait  été  donné  par  Richard  V,  (Voir,  Chronique  Pereh ,  par  Fret,  t.  I'% 
p.  S85.) 

G^est  à  tort  qu'on  a  écrit  que  Robert ,  comte  de  Mortain,  était  le  neveu  de 
Robert  de  BeUême» 

Roger  de  Montgoniery  était  lui-même  le  fils  de  Hugues ,  vicomte 
d*Hyesmes,  sire  de  Montgomery,  et  de  Josceline  de  Pont-Eau-de-Mer,  nièce 
de  la  duchesse  Gonnor,  seconde  femme  de  Richard ,  premier  du  nom ,  troi- 
sième duc  de  Normandie.  (La  duchesse  Gonnor  et  Richard  T',  auraient  jeté 
les  premiers  fondements  de  la  cathédrale  de  Coutances,  qui  aurait  eu  pour 
architecte  Saint  Jouvin.  (Voir  M.  Lecanu ,  Mèm,  de  la  Soc.  Académ.  du 
Cotent^.) 

(1)  Etant  à  lâchasse  dans  la  Forèt-Neuve  (aujourd'hui  parc  de  Southampton), 

il  fut  atteint  d'un  coup  de  flèche  par  un  des  chevaliers  de  sa  suite ,  Gautier* 
Tirel,  qui  ajustait  un  sanglier. 


—  10  — 

pour  gagner  des  partisans  parmi  les  Seigneurs  de  Normandie 
à  force  de  promesses  et  d'argent.  Puis,  après  avoir  tiré  de  nou- 
veaux subsides  et  de  nouvelles  forces  d'Angleterre ,  il  se  rendit 
à  Domfront  pour  préparer  ses  plans  d'attaque. 

Voulant  porter  la  guerre  au  cœ&r  même  d'un  des  châteaux  les 
plus  forts  de  Normandie  qui  relevait  en  même  temps  de  Tun  des 
plus  redoutables  alliés  du  duc  Robert,  le  comte  de  Mortain, 
Henri  P^  résolut  de  mettre  le  siège  devant  le  château  de  Tinche- 
bray,  à  la  fin  du  printemps  de  1406. 

Mais  il  s'aperçut  bientôt  que  cette  place  n'était  pas  de  celles 
qu'on  peut  emporter  du  premier  assaut.  Il  éleva  donc  à  côté 
un  fort  ou  château  de  blocus,  dans  lequel  il  laissa  de  nombreux 
corps  de  cavalerie  et  d'infanterie ,  sous  les  ordres  de  Thomas  de 
Saint-Jean,  auquel  il  ordonna  de  réduire  les  assiégés  par  la 
famine  (Orderic  Vital,  livre  X,  p.  829). 

Il  rentra  ensuite  dans  son  château  de  Domfront  pour  y 
prendre  quelque  repos  et  se  préparer  à  livrer  une  bataille  décisive. 

Le  château  de  Tinchebray  s'élevait  sur  une  colline  défendue 
au  sud  et  à  l'ouest  par  un  marais  profond  et  des  rochers  escarpés, 
au  nord  et  à  l'est  par  des  murs  de  plus  de  trois  mètres  d'épaisseur, 
flanqués  de  tours  et  par  des  fossés.  Des  souterrains,  dont  il  reste 
encore  des  traces,  le  mettaient  en  rapport  avec  des  forts  avancés. 

Gilles  II,  de  la  Roque,  seigneur  de  Tinchebray,  qui  comme 
nous  l'avons  vu,  commandait  le  château,  appela  à  son  secours  le 
comte  de  Mortain,  son  suzerain. 

Robert,  comte  de  Mortain,  se  voyant  ainsi  non-seulement 
menacé  de  la  perte  de  son  comté,  mais  heureux  de  tirer  ven- 
geance de  Henri  qui  l'avait  déjà  dépouillé  de  tous  ses  biens  en 
Angleterre,  rassemble  à  la  hâte,  dit  Du  Moulin  ^'^  :  «  la  fleur  de 
»  ses  amis  et  soldats,  donne  secours  d'hommes  et  de  vivres  aux 
»  assiégez,  et  non  content  de  cela,  coupe  les  grains  d'alentour 
))  qui  n'estoient  encore  meurs,  et  les  porte  dans  le  château  pour 
^  nourrir  les  chevaux. 

(1}  Du  Moutin.  Kut,  de  Normandie,  p.  S87. 


—  H  — 

>  De  SaiDt-Jean  et  ses  anglais  virent  ses  actions,  et  n'eurent 
»  jamais  lecourage  desortir  de  leur  fort  et  s'opposer  à  ses  desseins, 
»  tant  le  conaie  de  Hortain  était  renommé  par  sa  valeur  guerrière. 

»  Le  roy  Henri,  grandement  irrité  de  cela,  quitte  précipitam- 
»  ment  le  château  de  Domfront ,  revient  avec  ses  troupes  et 
»  enceint  de  toutes  parts  le  château  de  Tincbebray.  » 

Mais  le  comte  de  Mortain  appelle  à  son  tour'son  suzerain  à 
son  aide,  et  Robert  de  Normandie  sort  du  château  de  Falaise  pour 
venir  dégager  la  place. 

Arrivé  sur  les  lieux ,  le  duc  Robert  somma  son  frère  de  lever 
le  siège  d'une  place  qui  lui  appartenait ,  à  moins  qu'il  n  aimât 
mieux  en  venir  aux  mains  avec  lui. 

Plusieurs  personnages  illustres  par  leurs  dignités  et  leurs 
vertus,  voulant  prévenir  l'effusion  du  sang  de  tant  de  braves 
chevaliers ,  cherchèrent  à  détourner  les  princes  de  cette  guerre 
fratricide.  Saint  Vital,  le  pieux  religieux  de  Saint-Evroult ,  qui 
était  au  premier  rang  parmi  les  personnages  les  plus  vénérés  de 
la  Normandie,  se  présenta  devant  le  roi  Henri,  vêtu  de  grosse 
bnre,  la  tête  couverte  de  cendres,  ceint  d'une  corde  et  les  pieds 
nos  :  0  Roi ,  lui  dit-il ,  considère  Ténormité  de  Taction  que  tu 
vas  commettre.  C'est  ton  frère  que  tu  vas  combattre  ;  et  quel 
frère I  encore  tout  rayonnant  de  sa  victoire  sur  les  infidèles  et  de 
l'éclat  delà  couronne  de  Jérusalem,  qu'il  a  répudiée  sans  doute, 
mais  dont  les  émanations  saintes  ont  laissé  leurs  traces  glo- 
rieuses sur  son  front,  y^ 

Ces  paroles  firent  impression  sur  Henri,  roi  d'Angleterre,  il  pa- 
rut hésiter  et  nourrir  un  moment  la  pensée  de  rendre  à  son 
frère  toute  la  Normandie,  mais  il  finit  par  subir  d'autres  in- 
fluences et  par  faire  des  propositions  qui  furent  trouvées  inac- 
ceptables. Il  offrit  la  paix  à  la  condition  d'obtenir  la  moitié  du 
duché  de  Normandie  avec  le  gouvernement  de  la  province  entière. 
Le  duc  Robert  ayant  fait  connaître  :  «  ce  qui  estoit  des  volontez 
»  de  son  frère ,  met  l'affaire  en  délibération ,  son  conseil  fut 
»  d'advis  de  ne  prester  l'oreille  à  la  paix  ^*^  » 

il)  Voir  Du  Moulin,  Hist.  de Norm.  p.  S88. 


—  «2  — 

Parmi  les  seigneurs  et  comtés,  ceux  deBiilëme  et  de  Mortain, 
furent  surtout  d'avis  de  rejeter  de  telles  conditions  comme  inju- 
rieuses pour  le  duc  Robert.  La  guerre  fut  donc  décidée  et  la  ba- 
taille s'engagea  \eil  septembre  11 06,  à  l'ouest  du  château,  à 
l'endroit  qui  porte  encore  le  nom  de  Champ  Henriel,  et  aux  en- 
virons. 

Henri,  roi  d'Angleterre,  avait  au  moins  trente  mille  hommes 
dans  ses  rangs.  Avec  lui  combattaient  :  Hélie,  comte  du  Mans; 
Guillaume,  comte  d'Evreux  ;  le  comte  d'Aumale  ;  Robert,  comte 
de  Meulan;  Guillaume  comte  deVarennes;  Rechin,  comte  d'An- 
jou; Renouf  ou  Ranulfe  deBayeux;  Raoul  de  Conches;  Robert 
de  Montfopt;  Robert  de  Grante-Mesnil. 

Le  duc  Robert  ne  comptait  guère  de  son  côté  que  seize  mille 
hommes,  c'est-à-dire  un  nombre  presque  moindre  de  moitié  que 
celui  de  son  frère  Henri.  Sous  sa  bannière  combattaient  :  le 
comte  de  Mortain,  Robert,  comte  de  Bellême,  Robert  d'Estoute- 
ville,  Guillaume  Perrière  ou  delà  Perrière,  ^*^  Guillaume Cres- 
pin,  avec  leurs  vassaux. 

Au  moment  de  la  bataille  apparut  tout  à  coup,  dit-on,  une 
comète  dans  les  cieux.  Cette  étoile  flamboyante  répandit  la  ter- 
reur dans  les  deux  camps,  et  fit  juger  que  cette  guerre  impie 
avait  attiré  le  courroux  du  ciel,  pendant  vingt-cinq  jours  consé- 
cutifs on  la  vit  chaque  soir,  à  la  même  heure,  entre  le  Midi  et 
rOccident,  et  elle  paraissait  petite  et  obscure,  mais  il  en  sortait 
une  clarté  extraordinaire.  On  vit  aussi  s'élever  du  côté  de  l'Orient 
et  du  Nord  une  clarté  qui  s'agrandit  et  vint  se  jeter  sur  l'étoile 
(Hist.  Anglicanae  script.;  t.  1*',  p.  229). 

Henri  divise  son  armée  en  cinq  corps  dont  les  trois  premiers 
furent  commandés  par  Ranulfe  de  Bayeux,  Robert  de  Meulan  et 
Guillaume  de  Varennes;  quant  à  lui  il  se  réserva  le  commande- 
ment de  l'infanterie  anglaise  et  normande  et  fit  retirer  à  l'écart, 
comme  corps  de  réserve,  les  auxiliaires  Manceaux  et  Bretons 
sous  la  conduite  du  comte  Hélie,  qui  avait  Tordre  de  profiter 

(1)  Voir  notre  étude  historique  sur  Lbs  Communes  du  canton  de  Messey, 

p.  m. 


-  <3- 

d'ttoe  occasion  favorable  pour  foodre  sur  rentiemi  avec  des 
troupes  frafches,  et  laire  en  sorte  d'assurer  ainsi  la  défaite. 

Le  duc  Robert,  d'autre  part,  divise  les  siens  en  trois  corps; 
Robert  de  Mortain,  commandait  en  tête,  le  duc  au  milieu,  et 
Robert  de  Belléme  à  l'arrière-garde. 

Au  signal  donné  par  les  trompettes,  le  duc  de  Normandie  re- 
couvrant l'ardeur  qu'il  avait  déployée  contre  les  infidèles,  et  à  la 
télé  d'une  poignée  de  braves,  s'élance  sur  les  bataillons  ennemis, 
les  enfonce  et  les  disperse  pendant  que  le  comte  de  Mortain  at- 
taque avec  vigueur  le  corps  commandé  par  Ranulfe  de  Bayeux, 
et  jette  partout  le  désordre  dans  les  rangs  anglais. 

La  victoire  paraît  se  décider  un  moment  en  faveur  du  duc  Ro- 
bert, mais  le  comte  d'Anjou  a  lutté  avec  avantage  contrôle  comte  de 
Belléme,  le  corps  de  réserve  de  l'armée  royale  sous  la  conduite  du 
comte  Hélie  vient  fondre  sur  la  cavalerie  à  découvert  du  duc, 
qu'elle  prend  en  flanc.  La  mêlée  devient  affreuse,  on  combat 
corps  à  corps  avec  un  acharnement  épouvantable.  Le  duc  Ro- 
bert, le  comte  de  Mortain  et  tous  les  siens  se  battent  en  désespé- 
rés et  font  des  prodiges  de  valeur  bien  qu'ils  aient  à  lutter  conti*e 
des  troupes  fraîches  et  un  contre  deux  ;  mais  Robert  de  Belléme 
trouve  prudent  de  prendre  la  fuite  et  entraîne  avec  lui  une  par- 
tie des  siens.  C'en  était  fait  désormais  du  sort  de  la  bataille,  le 
nombre  des  morts  fut  considérable  des  deux  côtés.  Robert  de 
Mortain,  Robert  d'Estouteville,  Guillaume  de  la  Perrière, 
Guillaume  Crespin,  Gilles  de  la  Roque  et  grand  nombre  d'autres 
preux  chevaliers  tombent  au  pouvoir  du  vainqueur  avec  leur  su- 
zerain ^'^. 

Le  duc  de  Normandie,  Robert,  se  rendit  à  Baldric,  aumônier  et 
chapelain  du  roi  d'Angleterre^  qui  le  remit  aux  mains  des  cheva- 
liers de  la  garde  du  roi,  tandis  que  celui-ci  faisait  ses  efforts  pour 
arracher  des  mains  des  Bretons,  qui  voulaient  tirer  eux-mêmes 
Tcogcance  de  leur  ennemi,  Robert,  comte  de  Mortain,  dont  il  te- 
nait à  s'assurer. 

(1)  Dix  mille  piétons,  a-t-on  dit,  et  quatre  cents  chevaliers ,  seraient  restés 
entre  les  mains  de  l'ennemi. 


-  44  - 

Puis,  bientôt  après ,  Henri  alla  présider  à  Lisieux,  une  sorte 
de  Cour  ou  Assemblée  plénière.  Curieux  essai ,  remarque  rOrns 
archéologique,  de  la  souveraineté  populaire  ou  plutôt  de  la  sou- 
veraineté aristocratique,  procédant  dès  ces  temps  reculés,  dans 
les  formes  légales  et  pour  ainsi  dire  constitutionnelles,  à  la  dépo- 
sition d'un  prince  I 

Les  prélats,  les  abbés,  les  eomtes,  les  barons  et  les  person- 
nages les  plus  importants  de  cette  époque  furent  en  effet  convo- 
qués à  Lisieux  vers  le  milieu  d'octobre  1106,  et  il  y  fut  arrêté 
entr'autres  choses  ^^^\  que  lés  châteaux  et  places  fortes  bâtis  de- 
puis la  mort  du  Conquérant  seraient  abattus  et  rasés; 

Que  tous  les  ennemis  prisonniers  de  guerre  seraient  conduits 
en  Angleterre,  ou  Robert,  comte  de  Mortain,  Robert  d'Estoute- 
ville,  Guillaume  Crespin  et  quelques  autres  seraient  mis  en 
prison  perpétuelle. 

La  prison  de  Cardif,  château  du  pays  de  Galles,  fut  le  palais 
destiné  à  Fancien  souverain  de  la  Fformandie.  Il  y  jouit  d'abord 
d'une  demi  liberté,  mais  ayant  tenté  de  s'évader  ainsi  que  Ro- 
bert, comte  de  Mortain ,  on  a  assuré  que  ces  deux  infortunés 
avaient  eu  les  yeux  crevés  par  ordre  du  roi  Henri  ^*^  Après 
vingt-sept  ans  de  captivité,  le  duc  Robert  mourut  à  Cardif,  et  ses 
restes  mortels  furent  déposés  dans  l'église  St-Pierre  de  Rochester. 

«  Prince  plus  malheureux  que  coupable,  brave  jusqu'à  l'in- 
»  trépidité,  indolent  jusqu'à  la  faiblesse,  mais  prodigue,  dissi- 
»  pateur  et  imprévoyant ,  ses  bontés  ne  l'empêchèrent  pas  de 
»  devenir  la  victime  du  plus  criminel  des  princes.  »  (L.  Dubois, 
Hist.  cTAngl.  p.  77,  Chroniq.  Neust.  itinér.  de  Normandie). 
Les  résultats  de  la  batailledeTiuchebray  furent  de  priver  à  jamais 
laNormandie  desesmaîtres  particuliers, et lecomté  de  Mortain  de 
l'importance  véritablequ'ilavaiteuependantprèsd'undemi-siècle. 

Henri  était  rentré  en  Angleterre  dans  les  premiers  jours  de 

(1)  Voir  Orderic  Vital,  lib.  XI.  p.  888. 

(2)  Quelques  historiens  ont  prétendu  que  Robert  avait  été  privé  de  la  vue 
au  moyen  d'un  bassin  de  cuivre  ardent  qui  avait  été  mis  devant  ses  yeux. 
(Voir  en  ce  sens,  IHct.  17niv.  de  Robert  de  Hesselin,  t.  Vi%  p,  316.) 


-  18  - 

Tannée  1 107  '^\  La  mort  de  son  fils  unique  qui  périt  dans  le  nau- 
frage de  la  Blanche-Nef,  empoisonna  le  reste  de  ses  jours.  Il 
mourut  lui-même,  peu  après  le  duc  Robert,  son  frère,  en  1 134, 
laissant  la  couronne  de  Guillaume  le  Conquérant  à  son  neveu 
Etienne  de  Blois,  comte  de  Hortain,  au  préjudice  de  sa  fille  Ma- 
thiide  qu'il  avait  désignée. 

Avant  de  retourner  en  Angleterre,  Henri  P'  avait  fait  abattre  et 
raser  un  certain  nombre  de  châteaux  et  de  forteresses.  Dans  ce 
nombre  se  trouvait  le  château  de  Tinchebray,  mais  il  est  pro- 
bable qu'il  ne  fut  détruit  qu'en  partie  et  reconstruit  depuis, 
comme  plusieurs  autres  du  reste ,  qui  avaient  eu  le  même  sort. 

Ainsi,  en  1141,  les  rois  d'Angleterre  y  tenaient  encore  gar- 
nison, et  Robert,  comte  de  Glocester,  s'en  emparait,  à  cette 
époque,  pour  Geoffroy  V*,  le  Bel  ou  Plantagenet ,  comte  d'An- 
jou''^; en  1180,1e  roi  d'Angleterre  Henri  II,  qui  est  devenu  le 
chef  de  la  dynastie  des  Plantagenets,  y  faisait  conduire  quel- 
ques tonneaux  de  vin  d'Anjou  et  payait  certaines  sommes  pour 
travaux  au  château  et  au  petit  château,  et  pour  lambrissage  de 
la  chapelle;  en  1202,  Richard-de-Fontenni  y  établissait  par 
Tordre  du  Sénéchal  de  Normandie  trois  cavaliers  et  cent  fan- 
tassins qui  y  restaient  pendant  soixante-quatre  jours  ^^\ 

A  cette  époque  toutefois,  le  château  de  Tinchebray  ne  semble 
plus  être  ea  état  de  soutenir  un  siège  en  règle  comme  en  1106. 
Aussi,  s'était-il  rendu  sans  une  longue  résistance^  en  1141,  à 
Geoffroy,  ainsi  que  les  châteaux  de  Mortain,  Crux  et  Le  Teilleul  ^*K 

(  I  )  La  Charte  qu'il  donna  alors  à  ses  barons  est  regardée  comme  la  1'"  ori- 
gine des  libertés  anglaises. 

(2)  Une  guerre  sanglante  s'était  allumée  dès  l'année  1186,  entre  Etienne 
de  Blois,  comte  de  Mortain»  et  Geoffroy-le-Bel  ou  Plantagenet  (surnommé  de 
la  sorte  parce  qu'il  portait  à  son  casque  une  branche  de  genêt)  ;  Geoffroy  pré- 
tendit faire  valoir  les  titres  qu'il  avait  au  trône  d'Angleterre  du  chef  de  sa 
femme  Mathilde,  fille  de  Henri  I"*.  11  s'était  emparé  du  château  de  Dom- 
front  en  1130.  (Voir  notre  étude  sur  l'arrondissement  de  Domrront). 

(3)  Rotuli,p.  13,  131.  Edit.  de  la  Société  des  Antiquaires  de  Normandie, 
li)  Majori  exercitu  congregato  pergensad  Moritolium,  redditum  est  ei  et 

Tinchebray,  Cmces,  Tiliolum  scilicet  quatuor  castella  propria  comitis  Mori- 
totiensis.  Inde  Abricatenses  se  ei  duci Chronica  Nonnanniae.  Voir  M.  Des- 
roches, Biit.  du  Mont-^int'Michêl,  tome  r%  p.  284. 


^   <6  - 

Après  bien  des  alterDatives  et  des  lutles  diverses  le  château  et 
la  vicomte  de  Tincbebray,  de  inéaie  que  le  comté  de  Mortain, 
passèrent  définitivement  aux  mains  du  roi  de  France,  Philippe- 
Auguste,  qui  s'en  rendit  maître  en  1203^  ainsi  que  de  Dom- 
front^'\  à  la  suite  de  la  confiscation  prononcée  contre  tous  les 
biens  que  Jean-sans-Terre  possédait  en  France,  comme  s' étant 
rendu  coupable  de  l'assassinat  de  son  neveu  Arthur,  à 
Rouen. 

Philippe-Auguste  traita  ensuite  avec  Berengère,  femme  de 
Richard,  roi  d'Angleterre  et  duc  de  Normandie,  des  terres  et 
seigneuries  de  Domfront  et  de  Tinchebray,  puis  elle  les  donna 
en  1204,  avec  Uortain,  à  Renaud,  comte  de  Boulogne.  Mais  ce 
dernier  s' étant  ligué  contre  le  roi  de  France,  son  donataire,  Phi- 
lippe-Auguste assiégea  Domfront,  en  1211,  qu*il  attribua  alors 
avec  [Mortain  et  la  seigneurie  et  vicomte  de  Tinchebray,  en 
apanage  à  son  second  fils,  Philippe-Hurepel  ou  le  Rude  ^^K 

A  la  mort  de  Philippe-Hurepel,  1233,  Mathilde  de  Boulogne 
fit  hommage  au  roi  des  terres  qu'elle  conserva  en  douaire  et  lui 
promit  par  écrit,  selon  l'usage  du  temps,  de  ne  pas  se  remarier 
sans  son  consentement.  La  reine  Blanche  lui  ayant  fait  épouser 
en  1236,  le  prince  Alphonse  de  Portugal,  trois  lots  furent  alors 
faits,  de  Domfront,  Tinchebray,  et  Mortain,  dont  deux  pour  le 
roi,  et  un  pour  la  comtesse.  Tinchebray,  Domfront,  et  leurs 
appartenances,  furentpour  le  prince,  Mortain  restaàMalthilde^^^ 

La  charte  originale  qui  porte  la  composition  de  ces  trois  lots 
se  trouve  aux  archives  nationales  '^^  : 

Ego  Matheus  de  Tria  et  ego  Symon  de  Leviis  notum  facimus 


(1)  Caillebotte.  Essai  sur  Domfront. 

{%)  JSssai  sur  Domfront,  p,  16  et  17. 

(3)  M.  L.  Dubois,  Archives  de  Normandie;  t824,  p.  173. 

(i)  Original  sceUé  au  trésor  des  Chartes,  Normandie,  II,  n*  7,  Cart  J.  211 
des  Archives  nationales,  reproduit  dans  le  registre  xxxi  du  trésor  des 
Chartes  et  dans  le  manuscrit  de  Duchesne ,  à  la  Bibliothèque  nationale, 
vol.  LXTi,  p.  141,  copie  transmise  par  M.  L.  Delisle.  —  V.  M.  Sauvage^ 
Histoire  de  Mortain^  p.  175, 176. 


-  <7  - 

1 

uniyersis  présentes  litteras  inspecturis  quod  nos  fecimus  très 
lotias  de  comitatu  Horitolii  et  Domnifrontis  ; 

Et  hec  est  prima  lotia  :  Tenechebraium  sine  forteritia ,  cum 
totaforesta  de  Lande  Putride,  terra  Marie  de  Bocelaio,  terra 
Gaillelmi  de  Nigra  aqua,  terra  Pétri  de  Roquemonte,  feodum 
Roberti  de  Rosel,  cum  Braiolio  et  minutis  feodis,  Mesonceles, 
Aodreium.  Tilleium,  Verroles,  Barenion,  Ger,  Sanctus  Clemens, 
Mons  Faotrel,  Boscus  Harac,  terra  Rogeri  de  Juvigneio^  Bailar- 
reium,....  Constancie,  Haia  Banneville,  Estra»  Hegautier,  Goe, 
Baudrevilla,  Flotemen villa,  Contrerie,  Campus  ArnulR,  Rautot, 
Ansquetenvilla ,  Guinoufosse ,  Sanctus  Salvator,  Munevilla, 
Grimoavilla,  Bernevilla,  Créencie,  Foilleia,  Livervilla,  Goou- 
villa,  Hommeel.  Ânsta villa  ,  ifiTaran^iUt,  Savigneium,  auxilium 
▼icecomitis  in  Constant,  terra  Ricardi  Leriverenc  apudCerencias, 
Servigniacum,  Sauceium,  Barbefluctus,  Heudoimesnillum,  feo- 
dum Michaelis  et  Ricardi  de  Haverlan,  feria  de  Repast,  feria  de 
Mulevilla,  Appevilla,  Oyreval,  Maireium,  Guinoufosse  ultra  vada. 
Etsit  ista  lotia  cum  omnibus  feodis,  personagiis  et  aliis  pertinen- 
tibùs.  Dominus  rex  cepit  istam  lotiam. 

Hec  est  secunda  lotia  :  Moritolium  sine  forteritia  cum  thelo- 
nés  et  molend.,  Tiliolum,  Charenceium,  Breceium,  Sellant^ 
Henseleria^  Mons  Benedictus,  Chivrevilla,  Mesnillum  Theobaldi, 
Logie,  piscaria  Duxeii,  Capella  usta,  auxilium  vicecomitis  in 
valle  Horitolii^  Parrigniacum,  Buscus,  Clarel,  Bion,  Estrees^ 
Alerc,  RoDimaigneium ,  Mesnillum  Oielardi,  terra  Guillelmi 
de  sancto  Jeanne,  terra  Roberti  Long! ,  Toscha  Emmeline  , 
Mesnillum  Osane,  terra  Guillelmi  Heudri,  RuflTevielle,  Mons  Cha- 
tonis,  Cerencie,  feodum  Garneri  venatoris  apud  Mantilleium, 
Spinetom  Comitis,  Silva  Drua  cum  secrelaria  et  tota  valua  sua, 
boscus  de  Eiglevel ,  cum  omnibus  boscis  et  preticibus  de  valle 
Moritolii.  Etsit  ista  lotia  cum  omnibus  feodis,  personagiis  et  aliis 
pertinentiis. 

Domina  Comitissa  Bolonie  cepit  istam  lotiam. 

Hecesttertia  lotia  :  Domfront  cum  omnibus  redditibus  et 

pertinentiis  sine  forteritia^  Andena  cum  secretaria  et  tota  valua 

2 


—  18  - 

sua,  feodum  Haraelini  Salsarii,  boscus  Bistol,  feodum  Baudet, 
feodum  de  Luciaco,  terra  Roberti  Monachi  apud  Goheres, 
feodum  Villanete^  Escaeta  Beneiot  Judei ,  et  feodum  Beroardi  de 
Chaable,  terra  Roberti  Monachi  apud  Domfrontem,  terra 
ejusdem  apud  sanctum  Fronlonem,  Colerie,  feodum  Domine  Ave- 
line, feodum  de  Champeax,  Condeium  cum  auxilio,  Espinosa, 
Rocherium,  vacagium  Perceii  (peut-être  Proceii),  et  rainuti  reddi- 
tus  circa  Condeium,  Croisilles,  Kahaignes,  Oudonmaresc,  Grin- 
bouvillajuxta  Grestain  pum pertinentiis,  feria  Montis  Martini  cum 
redditibus  ville.  Locia  ista  facta  est  cum  omnibus  feodis,  perso- 
nagiisetaliis  pertinentiis.  Dominus  rex  çepit  istam  tertiam  lotiam. 
Actum  apud  Rothomagum  anno  gracie  mccxxxv,  mense  aprilis. 

Il  est  à  remarquer  que  dans  ces  trois  lots  ne  se  trouvent  pas 
comprises  les  trois  forteresses  de  Tinchebray,  Mortain  et  Dom- 
front.  C'est  qu'en  effet,  elles  n'étaient  pas  soumises  au  partage 
et  restaient  indistinctement  la  propriété  du  roi. 

Maintenant,  il  paraîtrait  résulter  de  cette  Charte  que  Domfront 
aurait  relevé  pour  un  temps  de  la  suzeraineté  du  comté  de  Mor- 
tain, notamment  au  moment  des  dits  lots.  Peut-être,  est-ce  à  l'é- 
poque ou  Mortain  fut  érigé  en  Pairie  par  Louis  VIII  en  1223, 
que  Domfront  fut  un  moment  compris  dans  la  mouvance  du  comté 
de  Mortain.  Nous  n'avions  point  vu  effectivement  Domfront  et  le 
Passais  figurer  au  xi«  siècle  parmi  les  terres  du  fief  de  Mortain, 
bien  que  pendant  près  d'un  demi-siècle,  ce  dernier  ait  eu,  comme 
nous  l'avons  remarqué,  une  immense  étendue.  Tinchebray  en 
relevait  alors,  mais  Domfront  devait  à  ce  moment  relever  des 
comtes  du  Maine  ou  plutôt  de  Belléme. 

Quoiqu'il  en  soit,  cette  suzeraineté  parait  ne  pas  avoir  été  de 
longue  durée  et  avoir  pris  fin  en  1235,  bien  que  20  ans  plus  tard 
St-Louis  soit  redevenu  possesseur  des  terres  de  Mortain  dont  fai- 
sait partie  le  lot  de  la  comtesse  Mathilde.  Ce  qui  est  certain,  c'est 
que,  en  1343,  le  roi  Philippe  de  Valois  transférait  la  seigneurie  de 
Domfront  et  le  Passais  Normand  à  son  neveu  Philippe  d'Alençon. 

Il  paraît  résulter  également  de  la  Charte  que  nous  avons 
reproduite  ci -dessus,  page  17,  que  Coutances^   et  des  ter- 


-  <Ô  - 

riloires  plus  éloignés  forent  compris  quelque  temps,  au 
xm*  siècle ,  dans  une  circonscription  se  reliant  à  Tinchebray, 
eomme  forteresse  principale^*'.  Au  reste,  plusieurs  documents, 
comme  les  suivants,  semblent  démontrer  d'ailleurs  les  relations 
existant  alors  entre  ces  deux  régions:  Preceptum  est  baillivo  Cos- 
tentioi  quod  hères  et  filius  uxoris  Guilleberti  Bernart  de  Tinche- 
breio  habeat  saisinam  suam  de  quadam  serjanteria  in  bosco  et 
foresta  et  quod  yiridarius  non  habet  potestatem  removendi  eum 
sea  ponendi  sine  baillivo  domini  régis.  (Assises  de  Pasques  i243 
leoues  à  Caen).  ^^K 

Nous  croyons  également  devoir  reproduire,  comme  offrant 
quelque  intérêt,  la  Charte  suivante  datée  de  Tinchebray  en 
1246  ••^ 

«  Tranchiens  de  Châtillon,  sire  de  St-Aignan,  en  Berri,  fait  à 
scavoir  à  tous  ceux  qui  ces  lettres  verront  que  je  ai  donné  pour 
Time  de  aïoi  et  de  ma  famé  et  de  nos  ancêtres  es  frères  prêcheurs 
de  Coutances  ces  choses  sous  écrit.  C'était  à  scavoir  une  livre  de 
poivre  que  messire  Robert  Lescrivain  me  doit  et  Guillaume 
Lehousier  12  sous  ^*^  et  1  denier  tournois  et  Lucas  Delaroche 
<  2  sous  et  4  deniers  et  le  service  de  foin  et  Geoffroy  le  Couvert  et 
Geoffroy  leTruants3  sous  de  torueiset  le  service  de  foin  et  mestre 
Aodren  Lescrivain  demi-boissel  de  fourment  Pierre  Crespin  set 
tomeis  Richard  le  Hardi  un  quartier  d'orge  ;  à  faire  de  ce  les 
volontés  en  toutes  choses.  Et  que  ce  soit  ferme  et  chose  estable,  je 
ai  côferme  ces  lettres  par  mon  scel.  Ce  fut  fet  en  lan  de  lincarna- 
tioQ  nostre  Seigneur  mil  dous  cens  quarante  et  six.  A  Teiiecke- 
bray  e  mey  davril.  » 

(I)  Voir  Suprà,  p.  3  et  p.  17. 

(i)  Le  bailli  de  Ck)teQtiQ  était  alors  Jean  de  Maisons  (Johannes  de  Domibus.) 
Cette  famille  de  Maisons  possédait  au  xyiii'  siècle  le  vieux  manoir  de 
Fredebise  en  Lonlay-L'Abbaye.  Ce  domaine  de  Fredebise  qui  avait  appartenu 
longtemps  aux  Lecourt  était  un  arrière -fief  relevant  du  marquisat  de  la 
Bnsoiière. 

(9)  L'original  de  cette  Charte  se  trouve  aux  Archives  de  la  Mairie  de  Cou- 
taaces. 

ii)  A  cette  époque,  cette  somme  représentait  environ  50  francs  de  notre 
^finips;  et  on  voit  une  barattée  de  froment  vendue  3  sous. 


—  âo  — 

Le  château  de  TiDchebray  qui  avait  été  démantelé  en  1106,  le 
fut  de  nouveau  en  1380  par  ordre  du  roi  Charles  V.  Voici  en 
effet  ce  qu'on  trouve  à  cet  égard  dans  une  Charte  du  temps  : 
«  A  St-Germain-en-Laye,  9  août  1380).  » 

«  Charles,  par  la  grâce  de  Dieu,  roy  de  France,  a  bailli  de 
Rouen  et  de  Gisors  et  Guillaume  d'Ënfernel,  bailli  des  terres  que 
soûlait  tenir  le  roy  de  Navarre  en  Costentin  ou  à  leur  lieutenant, 
salut.  Ordre  de  démolir  la  forteresse  de  Tinchebray  par  telle  ma- 
nière qu'il  n'y  demeure  chose  par  quoy  l'on  puisse  ramener  la 
dicte  place  a  nulle  forteresse  et  que  aucun  péril  ou  dommage  ne 
s'en  puist  ensuir  a  nous  ne  au  pais.  »  Le  4  septembre  1380, 
Guillaume  d'Enfernel  ordonnance  le  paiement  des  frais  de  démo- 
lition. 

Il  ne  paraît  pas  cependant  que  le  château  ait  été  alors  complète- 
ment démoli,  mais  seulement  démantelé  ^^K 

Effectivement,  en  1 401 ,  le  roi  Charles  VI  cédait  à  Pierre  de 
Navarre,  troisième  fils  de  Charles  le  Mauvais  et  de  Jeanne,'  dame 
de  Vire,  fille  et  sœur  des  rois  Jean  II  et  Charles  V,  les  chastel, 
ville  et  châtellenie  de  Mortain  et  la  seigneurie  et  châtellenie  de 
Tinchebray  ^^K 

A  la  suite  de  cette  cession  et  3  ans  plus  tard,  la  terre  de  Mor- 
tain était  érigée  en  Comté-Pairie.  La  reine  Blanche,  tante  de 
Pierre  de  Navarre,  lui  avait,  dès  le  1*'  octobre  1398,  donné 
Con dé-su r-Noireau,  mais  Condé-sur-Noireau  fit,  en  1412,  retour 
à  Charles  III,  roi  de  Navarre,  qui  le  rétrocéda  lui-même  à  Charles 
deRohan,  seigneur  de  Guemené,  fils  de  Jeanne  de  Navarre,  dite 
la  Jeune,  et  de  Jean  P',  vicomte  de  Rohan. 


(1)  Le  traité  de  Brctigny  stipula  l'évacuation  de  Tinchebray  qui  avait  été 
occupé  en  1356  par  les  Anglais  et  le  château  de  Tinchebray  fut  évacué 
en  1360.  V.  Archiv.  nat.  JJ.  119,  n*  84,  fol.  216.  Rymer,  vol.  m', 
p.  536,  547. 

(2)  Ce  fut  en  1597,  sous  Henri  lY  ou  postérieurement  sous  Richelieu,  que 
la  ruine  du  vieux  château  de  Domfront  fut  consommée;  refTondrement  du 
donjon  eut  lieu  à  l'aide  de  la  poudre.  Catherine  de  Médicis  avait  donné  ordre 
de  démolir  cette  place  ainsi  que  ceUes  de  St-Lo  et  de  Carenten  dès  le  mois 
d'août  1574. 


-  21  — 

Delà  maison  de  Rohan  cette  terre  passa,  en  1593,  dans  celle 
des  Pellevé,  comtes  de  Fiers,  par  le  mariage  d'Elisabeth  de 
Rohan,  fille  de  Loais  de  Rohan,  prince  de  Guemené,  pair  de 
France,  avec  Nicolas  de  Pellevé,  puis  à  la  famille  de  Mati^rnon. 

Au  XI*  siècle,  Condé  s'était  trouvé  placé  sous  la  mouvance  du 
eomté  de  Mortain  et  y  demeura,  à  part  cependant  quelque  inter- 
valle et  changement  passager  ^^\  à  peu  près  jusqu'en  1412^'\ 
époque  à  partir  de  laquelle  la  châtellenie  de  Condé  releva  ensuite 
delà  juridiction  seigneuriale  du  comté  de  Fiers  pendant  longues 
années: 

D'un  autre  côté,  depuis  le  milieu  du  xi*  siècle  également  et 
jusqu'à  la  Révolution  de  1*789,  la  seigneurie  et  vicomte  de  Tin- 
chebray,  tout  en  conservant  son  existence  propre  et  séparée,  se 
trouva  presque  constamment  ^^^  placée  dans  la  mouvance  de  la 
jaridiction  seigneuriale  du  comté  de  Mortain,  lequel  revint  en 
effet  une  vingtaine  d'années,  après  les  lots  de  1235,  en  la  posses- 
sion du  roi  St-Louis. 

Tinchebray  était  un  siège  de  bailliage  dès  le  xiii*  siècle, 
/après  V  Orne  archéologique  ^^K  II  est  très-probable  qu'il  aurait 
été  érigé  en  bailliage,  lors  du  partage  en  trois  lots  de  Domfront, 
Tinchebray  et  Mortain,  en  1235. 

En  1236,  Philippe  d'Evreux  tenait  ses  Assises  à  Tinchebray  ^'^ 
et  adjugeait  le  patronage  de  St-Cyphorien-de-Courtines  aux 
religieux  de  Savigny. 

L'existence   ancienne   d'un  bailliage  à  Tinchebray  parait 

'1)  Ainsi  en  U35,  Condé  faisait  partie  du  3«  lot  relevant  de  Domfront  et 
appartenant  au  roi.  (V.  Suprà,  p.  18). 

12)  En  1529,  après  la  bataille  de  Pavie  et  le  traité  de  Cambrai,  l'empereur 
Charies-Qoint  ayant  pris  en  garantie  les  terres  de  Leuze  et  de  Condé  qui 
appartenaient  aux  princes,  fils  de  Louise  de  Bourbon.  François  1*'  leur  avait 
^•gagéen  retour  les  terres  d'Augeet  du  comté  de  Mortain.  (V.  hist.  deMortain.) 

(S)  En  1^35,  Tinchebray  appartenait  an  roi,  et  Mortain  à  la  comtesse 
MathilAe  de  Boulogne.  [\,  Suprà^p.  17  et  t8). 

(i)  Voir  Orne  archéologique,  p.  210.  —  Voir  Rotuli  passim,  édit.  de  la 
Soc.  des  Antiq.  de  Normandie  et  Hermant,  cités  par  ÏOrne, 

i&}  Apnd  Tenebracbiam  die  sabbato  post  feslum  beati  Joannis  Baptisti 
aaoo  Die  mT  g£c"  yigesimo  sexto.  Archives  de  Mortain,  citées  par  M.  Sauvage . 


-.  22  — 

donc  établie,  de  même  qa'il  parait  résulter  de  ce  qui  s'est 
passé  lors  de  la  convocation  de  TAsseniblée  générale  du 
grand  baillage  du  Cotentin,  en  1614,  et  en  1789,  que  le 
bailliage  de  Mortain  aurait  revendiqué  le  titre  de  grand 
bailliage  proprement  dit  et  le  droit  d'élection  directe,  avec  le 
droit  de  suzeraineté  et  le  droit  exclusif  de  convocation  du  bailliage 
de  Tinchebray,  à  Mortain. 

Quoiqu'il  en  soit ,  nous  sommes  portés  à  penser ,  avec 
M.  Léopold  Delisle,  que  si  le  bailliage  de  Mortain  est  devenu  au 
x\f  siècle  un  bailliage  indépendant  il  n'a  jamais  été  un  grand 
bailliage  proprement  dit,  et  a  été  compris  au  point  de  vue  de  la 
division  judiciaire,  et  de  certaines  prérogatives,  dans  le  ressort 
du  grand  bailliage  du  Cotentin,  jusqu'à  la  Révolution  de  1789, 
comme  nous  le  voyons  par  ce  qui  s'est  passé  en  fait  à  cette 
époque. 

Dans  tous  les  cas,  le  bailliage  de  Mortain  et  celui  de  Tinche- 
bray relevaient  vers  le  milieu  du  xtii*'  siècle  du  grand  bailliage 
de  Coutances  ou  plutôt  du  Cotentin  qui  se  trouva  définitivement 
constitué,  à  cette  époque,  par  l'incorporation  de  l'Avranchin  et 
du  Val  de  Mortain  qui  avaient  précédemment  leurs  administra- 
teurs spéciaux. 

Dès-lors,  dit  M.  L.  Delisle,  le  bailliage  du  Cotentin  comprenait 
tout  le  territoire  du  diocèse  d'Avranches  et  de  Coutances,  moins 
une  quarantaine  de  paroisses  qui  appartenaient  au  bailliage  de 
Caen.  Ce  sont  les  limites  qu'il  a  conservées  jusqu'au  xvin®  siècle. 
Seulement  elles  furent  de  temps  à  autre  entamées  par  des  cons- 
titutions d'apanages.  C'est  ainsi  qu'au  xvi*'  siècle  nous  trouvons 
les  baillis  du  duc  d'Orléans  et  surtout  ceux  du  roi  de  Navarre 
administrer  les  vastes  domaines  de  leurs  maîtres  sans  dépendre 
en  rien  des  baillis  'du  roi  de  France  ^'^  C'est  là  sans  doute  ce  qui 

(1)  Voir  le  Mém.  sur  les  Baillis  du  Cotentiu,  par  M.  L.  Delisle,  directeur 
de  la  Bibliothèque  nationale,  membre  de  l'Institut,  dans  le  xix*  vol.  de  la 
cpllect.  de  la  Soc.  des  Antiq.  de  Normandie,  p.  64,  65  et  suiv. —  D'après  ce 
mémoire,  avant  1204,  Padministration  des  baillis  du  Cotentin  se  bornait  à 
la  partie  septentrionale  de  la  presqu'île  seulement.  En  i\l%  et  lt89  on  trouve 


-  23  — 

peut  expliquer  les  revendicatioos  du  bailliage  de  Hortain  au  titre 
de  grand  bailliage  proprement  dit,  et  la  confusion  qui  a  pu  en 
être  faite  volontiers  par  ses  baillis  ^^K 

Le  bailliage  du  Cotentin  avait  été  partagé  sous  St  Louis  en 
cinq  vicomtes ,  Coutances  ,  Valognes ,  Carenlan ,  Avranches , 
Mortain,  et  ces  villes  furent,  à  proprement  parler,  les  seules  où 
nous  voyons  le  bailli  tenir  les  Assises. 

Au  XV®  siècle,  des  considérations  politiques  firent,  mais  seule- 
ment pour  un  temps,  modifier  cette  division.  Ces  vicomtes,  dit 
M.  L.  Delisle,  n'avaient  que  le  nom  de  commun  avec  les  vicomtes 
de  répoque  de  nos  ducs  indépendants. 

Lors  de  la  réunion  des  trois  ordres  du  grand  bailliage  du 
Cotentin  en  1789,  tiix  bailliages  se  trouvaient  compris  dans  son 
ressort,  Coutances,  St-Lo,  Avranches,  Mortain,  Tinchebray, 
Carentan,,  St-Sauveur-Lendelin ,  Cérences,  St-SauveuHe-Vi- 
comte,  Valognes. 

Oâbert  de  la  Heuse  et  Guillaume  Pantoul  (WiUelmus  Pantolf)  comme  baîUis 
de  la  dite  partie  du  GoteDlin.  —  On  conjecture  qu'une  matrice  de  sceau  en 
plomb,  pesant  272  grammes,  ayant  pour  légende  ^UlGuUUrmi  PcaUotU  et 
([ui  est  actuellement  au  Musée  de  la  Soc.  Académ.  du  Cotentin.  à  Coutances, 
a  appartenu  à  ce  dernier  liaiUi.  —  On  peut  voir  aussi  dans  le  Mémoire  sur  les 
baillis  du  Cotentin,  le  nom  de  quelques  baillis  de  Mortain,  au  commence- 
ment da  XIII*  siècle. 

(1)  Depuis  ces  recherches  sur  Tinchebray,  et  ces  quelques  mots,  à  propos 
de  son  bailliage,  notre  savant  confrère,  M.  Tabbé  Pigeon,  nous  a  tout  der- 
nièrement communiqué  une  partie  d*un  travail  intéressant  et  spécial,  qu'il 
fait  sur  le  bailliage  de  Mortain.  De  ce  travail  et  de  certains  documents,  il 
résulterait,  d'après  lui,  que  le  bailliage  de  Mortain  a  été  séparé  du  grand 
baiUiage  du  Cotentin  pour  être  élevé  lui-même  au  rang  de  grand  bailliage 
en  1551  ;  qu'à  partir  de  cette  époque  tout  au  moins,  le  bailliage  de  Tinchebray 
ne  faisait  qu'un  seul  et  même  avec  le  bailliage  de  Mortain .  dont  celui  de 
Tinchebray  aurait  été  démembré  seulement  au  commencement  du 
zviii*  siècle. 

Nous  ne  pouvons,  à  ce  moment,  et  quant  à  présent,  que  faire  nos  réserves 
sur  cette  thèse,  nous  retranchant,  par  rapport  à  Fezistence,  d'un  grand 
bailliage  proprement  dit,  à  Mortain,  derrière  Tautoritë  de  M.  L.  Delisle,  et  ce 
qQi8'e.st  passé,  à  cette  occa<«ion,  en  1614  et  1789.  11  ne  faut  pas  oublier  non 
plus  que  le  bailliage  de  Mortain  n'avait  pas  de  présidial,  et  que  le  siège  de  ce 
bailliage,  Alortain,  qui  ne  comptait,  en  1720,  d'après  Masseville.  qu'une 
population  agglomérée  de  1200  habitants  environ,  ne  parait  s'être  trouvé 


—  24  — 

Lors  de  la  rédaction  en  un  seul  de  tous  les  cahiers  des 
différents  bailliages,  dix-neuf  commissaires  furent  nommés  pour 
opérer  cette  rédaction.  Le  nombre  fut  fixé  à  deux  par  bailliage, 
excepté  pour  le  bailliage  de  Cérences,  démembré  de  St-Sauveur- 
Lendelin,  séant  à  Périers,  qui  ne  nomma  qu'un  seul  commissaire 
en  raison  de  sa  petite  étendue. 

Vainement  lors  de  la  convocation  de  l'Assemblée  générale  du 
grand  bailliage  du  Cotentin,  en  4789,  le  bailliage  de  Mortain 
voulut-il,  comme  en  1614,  se  poser  en  bailliage  indépendant,  et 
protester  contre  sa  convocation  devant  le  grand  bailli  du  Cotentin. 
Il  prétendait  à  la  députation  directe,  et  ceux  qui  comparurent  ne 
le  firent  pas  sans  protestation.  On  a  même  dit  que  ce  fut  une  des 
causes  principales,  pour  lesquelles  la  noblesse  de  Tinchebray, 
qui  était  attachée,  pour  une  grande  partie,  par  des  relations 
d'amitié  et  de  parenté,  avec  celle  de  Mortain,  avait  fait  défaut. 

aucanement  dans  les  conditions  des  sièges  ayant  un  grand  bailliage.  C'est 
en  1551,  sous  Henri  II,  que  les  Présidiaux  furent  affectés  spécialement  au 
siège  des  grands  bailliages.  Le  Présidial  (nom  donné  originairement  à  tous 
les  baiUiages  et  sénéchaussées)  fut  alors  attaché  à  une  chambre  du  grand 
bailliage  qui  jugeait  les  appels  jusqu'à  concurrence  de  250  Uvres  et  10  iiv. 
de  rente,  et  par  provision,  jusqu'à  500  livres  et  20  Iiv.  de  rente.  Ne  serait-ce 
point  ce  droit  de  compétence»  bien  qu'il  n'y  eut  pas  de  présidial  attaché  à  son 
bailliage,  qui  aurait  été  donné  extraordinairement»  à  cette  époque,  et  par 
l'influence  des  comtes  de  Mortain,  au  bailliage  de  Mortain,  avec  certains 
privilèges  particuliers,  comme  bailliage  secondaire,  et  le  droit  à  son  baiUi 
d'intituler  ses  actes,  en  son  nom  seulement,  sans  faire  autrement  mention  du 
grand  bailli  du  Cotentin?  —  Quant  au  bailliage  de  Tinchebray  il  nous  parait 
bien  également  avoir  eu,  après  cette  époque  de  1551,  une  existence  propre  et 
séparée,  comme  bailliage  secondaire,  puisque,  à  part  ce  que  nous  savons, 
on  voit  encore  (voir  Caillebotte,  Essai  sur  V/âstoire  de  Dom front ,  p.  111  ; 
voir  également  l'Orne  archéolog.),  qu'en  1649,  pendant  les  troubles  de  la 
Fronde  les  papiers  du  contrôle  et  greffe  du  bailliage  de  Tinchebray  furent 
brûlés  ainsi  que  les  minutes  et  meubles  du  greffier  et  commis-greffier  du 
bailliage.  —  Ce  qui  est  possible  toutefois,  c'est  que  le  bailliage  de  Tinchebray 
ou  du  moins  le  lieutenant  de  ce  bailliage,  relevât  alors  du  bailliage  de  Mor- 
tain ;  peut-être  même,  pendant  un  certain  temps,  les  officiers  du  bailliage  de 
Mortain,  quoique  pourtant  encore  assez  éloigné  de  Tinchebray,  se  transpor- 
tèrent-ils à  Tinchebray  pour  y  rendre  la  justice,  ce  qui  aurait  cessé  à  partir 
du  iviii**  siècle,  ou  le  bailliage  de  Tinchebray  aurait  recouvré  son  bailli  et 
"es  officiers  de  justice  particuliers. 


—  25  — 

A  cette  époque,  le  bailliage  de  Tinchebray,  compreDait  trent«- 
cioq  paroisses  dans  sa  juridiction,  dont  quelques  dépendances  du 
faubourg  Yaucelies  de  Caen  seraient  ressorties  pour  les  matières 
bénéficiales  et  les  cas  royaux  ^*\  Le  bailliage  de  Tinchebray 
s'étendait  au  sud  jusqu'à  Lonlay-1' Abbaye,  et  à  l'est  jusqu'à 
Condé. 

Tinchebray,  qui  était  une  châtellenie  royale  au  xv®  siècle 
portait  dès  le  xiii*  le  nom  de  vicomte,  titre,  qui  parait  n'avoir  pu 
lui  être  attribué  qu'à  l'époque  des  ducs  normands  et  qui  confir- 
merait encore  son  ancienne  origine. 

Le  prenaier  grand  bailli  du  Cotentin,  à  l'origine  proprement 
dite  de  cette  magistrature,  futHilet  de  Levis  en  1204  ;  en  1238, 
Jean  de  Biaisons,  dont  quelques-uns  des  membres  de  la  famille, 
ont  été  possesseurs  de  l' arrière-fief  de  Fredebise  en  Lonlay- 
L'Abbaye;  Pierre  de  Laroque,  de  la  même  famille  que  Gilles  II 
de  Laroque,  gouverneur  de  Tinchebray,  en  1106,  était  grand 
bailli  du  Cotentin  en  1386  ^'^ 

Philippe  de  Chennevières,  de  la  famille  du  marquis  de  Chen- 
nevières,  ancien  directeur  des  Beaux-Arts,  figure  aussi  parmi  les 
grands  baillis  du  Cotentin,  ainsi  que  Guillaume  du  Merle  -^^ 
1358-1368,  chevalier,  sire  de  Hessey,  capitaine  général  et  bailli 
de  Caen  et  du  Cotentin. 

Le  dernier  grand  bailli  du  Cotentin  fut  Maximilien- Marie- 
Pierre  le  Vicomte,  marquis  de  Blangy,  seigneur  et  patron  de 

(1)  Voir  CaiUebotte,  Essai  sur  VhUMre  de  Damfront,  p.  111.  —  C'est  à 
tort  que  CaUlebotte  porte  à  vingt  le  nombre  des  paroisses  du  baiUiage  de 
Tinchebray  en  1789.  Ce  nombre  était  de  trente-cinq,  d'après  le  procès- verbal 
des  trois  ordres.  —  Quant  au  baiUiage  de  Domfront  qui  ressortissait  du  grand 
baiUiage  d'Alençon,  il  comprenait  avant  la  Révolution,  quarante-trois  pa- 
roisses et  46,000  Ames.  ^ 

(t)  Voir  M.  L.  Quenault,  Recherches  archéologUfues  sur  la  viUe  de  Cou- 
tances,  p.  50.  —  Toutefois,  M.  L.  Delisle  ne  fait  point  mention  dans  son 
Hîude  sur  Us  grands  baiUis  du  Cotentin,  de  Pierre  de  Laroque.  Ce  dernier 
D'auraii-il  point  été  seulement  lieutenant-général  du  grand  bailli  du  Coten- 
(io  > 

(3)  Voir  notre  histoire  sur  les  communes  du  canton  de  Messey,  ch.  m, 
p.  4«  et  47. 


—  26  — 

Fontaine,  Etoupefour,  Eterville,  Aulage,  St-Martin-rHortier,  Fon- 
tenai,  St-Harcouf^  chevalier  de  St  Louis,  général  des  armées  du  roi. 

Le  duc  d'Harcourl,  était  alors  gouverneur  de  la  Province  ^^K 
le  gouverneur  de  la  Province  était  représenté  par  un  grand  bailli, 
qui  avait  à  son  tour  un  bailli  pour  subdélégué. 

Cette  juridiction,  fut  régularisée  et  étendue  sous  Philippe- 
Auguste.  Les  baillis  royaux,  dit  M.  Léopold  Delisle  ^'^  :  «  Jouent 
sans  contredit,  l'un  des  plus  beaux  rôles  dans  l'histoire  du 
gouvernement  et  de  Tadministration  au  xiii®  siècle  et  au  com- 
mencement du  XIV®.  Tout  en  effet  rentrait  dans  leurs  attributions, 
domaine  royal,  finances,  armées,  marine,  justice.  Sans  leur 
habileté  et  leur  dévouement  Philippe-Auguste  eût-il  fait  accepter 
sans  violence  son  gouvernement  à  la  Normandie  veuve  de  ses 
ducs  souverains  et  profondément  blessée  dans  ses  intérêts 
commerciaux.  St  Louis  eût-il  introduit  tant  de  sages  réformes 
dans  l'administration  de  la  justice.  » 

Néanmoins  les  abus  que  les  baillis  firent  par  la  suite  de  leur 
puissanceobligèrent  les  rois  à  la  réduire. Vers  lexvi® siècle,  les  bail- 
lisn'étaientpluslégalementquedesoiBciersdejustice^^^  Toutefois 
le  titre  de  bailli,  fut  comme  nous  le  savons,  porté  bien  avant  le 

(1)  D'après  M.  L.  Delisle,  voir  Histoire  du  château  de  St-Sauveurle- 
Vicomte,  p.*  55,  1867,  c'est  dans  une  grande  chasse  à  laquelle  Godefroy 
d'Harcourt  avait  invité  ses  amis,  1355,  1356,  dans  la  forêt  de  la  Lande- 
Pourrie  entre  Mortain  et  Tmehebray ,  qu*auraient  commencé  les  premiers 
entretiens  du  complot  ayant  pour  but  de  favoriser  les  desseins  du  roi  d'An- 
gleterre, Edouard  111,  sur  la  Normandie,  et  tendant  à  mettre  la  couronne 
ducale  sur  la  tête  de  Godefroy  d'Harcourt.  Les  bases  de  l'association  auraient 
été  définitivement  arrêtées  dans  la  ville  de  St-Lo. 

(2)  Mém.  de  la  Soc  des  Antiq.  de  Normandie,  déjà  cité. 

(3]  Voir  le  Dict.  d'Expilly,  au  mot  baUliage,  1. 1",  p.  439.  —  On  appelait 
aussi  baillis,  baiUis  seigneuriaux  de  robe  longue,  ou  petits  baillis>  de  simples 
officiers  de  justice  pour  les  distinguer  des  baillis  royaux.  A  la  fin  du  xvii*  siècle 
seulement,  les  fonctions  de  lieutenant-général  d'un  bailliage  étaient  deve- 
nues à  peu  près  exclusivement  judiciaires.  —  Avant  cette  époque,  et  pendant 
un  assez  long  intervalle,  les  lieutenants-généraux  des  bailliages,  sénéchaux, 
et  autres  officiers  de  justice  ,  avaient  fini  par  occuper  généralement  les 
fonctions yu(itctaire5  et  mtmicipales.  (Voir  les  édits  de  1692,1704,  1709,  1783, 
qui  eurent  surtout  un  but  fiscal,  mais  non  sans  porter  aussi  une  grave 
atteinte  aux  libertés  muMdpales, 


-  27  — 

commencement  da  xiii''  siècle  par  des  commissaires  royaux  qui 
rendaient  déjà  la  justice,  percevaient  les  impôts  et  recevaient  au 
nom  de  la  couronne  les  plaintes  du  peuple  contre  les  seigneurs. 

Du  reste,  nous  n'entendons  parler  que  très-incidemment  ici 
du  bailliage  de  Tinchebray,  sauf  à  nous  en  occuper  plus  tard 
séparément,  s'il  y  a  lieu,  et  lorsque  nous  étudierons  dans  un 
travail  à  part^  en  donnant,  avec  les  paroisses  qui  en  dépendaient, 
et  la  liste  de  ses  baillis,  depuis  son  origine,  le  bailliage  de 
Domfront,  qui  abonde  en  nombreux  documents.  Aussi,  nous 
bornerons- nous  présentement,  par  rapport  au  bailliage  de  Tin- 
chebray,  pour  la  liste  des  membres  ^'^  des  trois  ordres  de  ce 
bailliage  appelés  à  prendre  part  à  1*  Assemblée  générale  du  grand 
bailliage  du  Cotentin  en  1789,  à  renvoyer  au  procès-verbal  ^'^  de 
cette  assemblée  générale. 

Le  procès-verbal  de  celte  assemblée  est  daté  du  16  mars  1789. 
L'Assemblée  se  réunit  en  la  nef  de  l'église  Cathédrale*  de  la  ville 
de  Coutances,  huit  heures  du  matin,  devant  Thomas -Louis- 
Antoine  Desmaretz,  chevalier,  seigneur  de  Montchaton,  Bavent, 
Faulx,  la  Motte,  le  Chàtel,  la  Giffardière  et  autres  lieux,  con- 
seiller du  roi,  lieutenant-général  civil  au  bailliage  et  siège  pré- 
sidial  du  Cotentin  au  dit  Coutances  ;  présence  de  M.  Le  Brun, 
procureur  du  roi  es  dits  sièges,  assistés  de  M*  Pierre-Thomas 
Blondel  ^*\  greflSer. 

En  exécution  des  lettres  du  roi,  données  i^  Versailles,  le  24  jan- 
vier 1789,  signées  Louis,  et  plus  bas,  Laurent  de  Yilledeuil, 
scellées  du  cachet  de  cire  rouge  adressées  à  M.  Desmaretz,  en 
l'absence  de  H.  le  marquis  de  Blangy,  grand  bailli  du  Cotentin, 
par  H.  le  duc  d'Harcourt,  gouverneur  de  cette  Province. 

(\)  On  remarque,  parmi  les  membres  de  la  noblesse  de  Tinchebray,  le 
nom  de  messire  Ducbastel,  seigneur  deSt-Pierre-de-Tincbebray.  —  Le  comte 
Ducbàtel,  ancien  ministre  de  l'Intérieur,  sous  Louis-Philippe,  appartenait  à 
cette  famille. 

C2)yoir  le  procès-Terbal,  de  rassemblée  générale  des  trois  ordres,  vol.  in-8, 
1789,  à  la  Bibliothèque  de  la  ville  de  Coutances. 

(3)  Un  Jean  Blondel,  sans  doute  de  la  même  famille,  fut  grand  bailli  du 
Cptentin,  de  1333  à  1338, 


—  28  — 

Tous  les  ordres  s'y  montrèrent  relativement  animés  d'un  esprit 
de  conciliation.  Une  délégation  de  partie  de  l'ordre  du  clergé  no- 
tamment, s'inspirant  aux  pures  et  véritables  sources  du  christia- 
nisme, faisait  le  29  mars  au  tiers-état,  la  communication  suivante, 
en  lui  laissant  copie  de  l'arrêté  par  lui  signé  à  cet  égard  :  «  assure. 
Tordre  du  clergé,  l'ordre  du  tiers-état,  que  celui  du  clergé  sera 
tQujoursprétà  faire  le  sacrifice  entier  de  ses  privilèges  pécuniaires 
et  à  lui  donner  les  preuves  du  désir  le  plus  sincère  de  maintenir 
entre  les  différents  ordres ,  l'union  et  la  concorde  si  nécessaires 
pour  le  bonheur  de  tous  et  la  prospérité  de  l'Etat.  » 

L'ouverture  de  l'ÂssembléeGénérale  eut  lieu  dans  la  grande  nef 
de  la  cathédrale;  le  procès-verbal  dénomination  des  commissaires 
désignés  dans  chaque  bailliage,  pour  la  rédaction  des  cahiers,  et 
dressé  le  21  mars  1789,  pour  la  noblesse,  porte  que  M.  de  Gassé 
fut  nommé  commissaire,  à  la  pluralité  des  voix,  par  l'Assemblée, 
pour  le  baiHiagedeTinchebray,  vu  l'absence  de  la  noblesse  dudit 
bailliage. 

Les  commissaires  du  tiers-ordre  nommés  pour  le  bailliage  de  Tin- 
chebray,  afin  de  prendre  part  à  la  rédaction  du  cahier  furent  (pro- 
cès-verbal du  20  mars  1789)  :  M**  Antoine-François  Le  Lièvre  de 
la  Prévotière,  et  Charles  Jean  Lainé-Deshayes,  avocats  au  dit  siège. 

Seize  députés  furent  alors  envoyés  aux  Etats-Généraux  par  le 
grand  bailliage  du  Cotentin  ^^^  :  quatre  pour  Tordre  du  clergé, 
quatre  pour  la  noblesse  et  huit  pour  le  tiers-état. 

Les  députés  du  clergé  furent  VL^^  de  Talaru  de  Chalmazel,  con- 
seiller du  roi  en  ses  conseils ,  évéque  de  Coutances^  et  HH.  Jac- 
ques-François Le  Lubois,  curé  de  Fontenay,  diocèse  de  Coutances  ; 
François  Bécherel,  curé  de  Saint-Loup,  au  diocèse  d'Avranches, 
et  François  Le  Rouvillois ,  curé  de  Carantilly,  diocèse  de  Cou- 
tances. (L'assemblée  particulière  du  clergé  s'était  réunie  dans 
l'église  du  grand-séminaire.) 

vl)  On  peut  coii8uHer,,avec  beaucoup  d'intérêt  une  étude  sur  le  Cotentin 
et  les  Etats-Généraux,  par  M.  Desdevises  du  Dezert ,  professeur  à  la  faculté 
des  lettres  de  Caen,  1878^  étude  que  nous  regrettons  de  n'avoir  pas  connue 
plus  tôt. 


—  29  — 

Poar  Tordre  de  ]a  noblesse  :  M^  Luc-René  Achard  de  Perthus 
de  Bon  vouloir,  chevalier^  seigneur  de  Bon  vouloir,  Loyauté,  du 
Perthus ,  Achard ,  seigneur  patron  du  Dezert  et  de  Condé-sur- 
Sarthe,  du  Feron,  de  Vervaine  et  d'Ancione,  ancien  capitaine  de 
cavalerie^  chevalier  de  Tordre  royal  et  militaire  de  Saint- Louis, 
demeurant  en  son  château  du  Dezert ,  élection  de  Saint-Lo  ; 
Pierre-François  de  Beaudrap  de  Sotteville,  chevalier,  seigneur  et 
patron  de  Sotteville ,  le  Buisson,  Mesnil-Durand,  Hébécrevon, 
Angoville-sur-E ,  et  autres  lieux,  ancien  ofiScier  au  corps  royal 
de  l'artillerie,  demeurant  en  son  châteaude  Sotteville,  paroisse 
de  Sotteville,  élection  de  Valognes. 

Jacques-René-Jean-Baptiste  Artur,  chevalier,  seigneur  de  la 
Tillarmois ,  Launay,  Champagne ,  et  autres  lieux ,  demeurant  à 
Avranches ; 

Et  Léon -Marguerite  Le  Clerc,  baron  de  Juigné,  comte  de 
Courtomer,  seigneur  de  Sainte -Hère- Eglise,  et  maréchal  des 
camps  et  armées  du  roi,  demeurante  Tarchevéché  de  Paris. 

Les  élections  pour  les  députés  de  la  noblesse  furent  ouvertes 
le  28  mars  à  trois  heures  et  demie  de  l'après-midi ,  dans  l'église 
des  Révérends  Pères  Capucins  (aujourd'hui  la  Halle  au  blé),  et 
ne  furent  terminées  définitivement  que  le  31  mars  pour  Télection 
du  quatrième  député. 

Les  Députés  élus  pour  le  tiers-état  furent  :  Denis-Gabriel  Le 
Sacher  La  Pallière,  avocat  au  bailliage  de  Mortain,  né  à  Paris  et 
demeurant  en  la  ville  de  Mortain  ;  Louis  Burdelot ,  né  en  la  ville 
d'Avranches,  vicomte  et  maire  de. la  ville  de  Pontorson  et  y 
demeurant;  Pierre- Jacques  Viellard,  fils,  avocat  à  Saint-Lo, 
originaire  de  la  dite  ville  et  y  demeurant. 

Guillaume  Besnard-Duchesne ,  originaire  de  Montebourg, 
lieutenant  particulier  au  bailliage  de  Valognes  et  y  demeu- 
rant; 

Jean  Perrée-Duhamel,  négociant ,  originaire  de  la  ville  de 
Granville  et  y  demeurant  ; 

Jean  Thomas  Desplanques-Dumesnil,  originaire  de  la  ville  de 
Carentan,  maire  de  la  dite  ville  ; 


—  30  — 

Louis  Pourel-Roqiierie,  originaire  de  la  paroisse  de  Geffosses- 
sur-Mer,  procureur  du  roi  au  bailliage  de  Saint-Sauveur-Lendelin 
séant  à  Périers,  et  y  demeurant  ; 

Et  Louis-André  Angot,  né  à  Versailles,  bailli  de  Saint-Sau- 
veur-le-Vicomte  et  y  demeurant. 

Les  élections  du  Tiers-Ordre,  commencées  le  27  mars  dans 
l'auditoire  du  bailliage  de  Coutances  (rué  du  Siège),  furent  ter- 
minées le  30  du  même  mois,  par  la  nomination  de  M.  Louis- 
Amédée  Angot  ;  les  électeurs ,  pour  cette  dernière  élection ,  sont 
indiqués  comme  étant  au  nombre  de  301 .  Le  27  mars,  la  réunion 
se  composait  de  367  membres.  Le  nombre  total  des  membres  du 
Tiers  étant  appelée  à  cette  Assemblée  générale ,  était  de  44 1  ; 
celui  des  membres  de  la  Noblesse  était  de  589.  Lors  de  l'organi- 
sation nouvelle,  Coutances  devint  le  siège  d'une  Cour  d'Assises, 
et  d'un  Tribunal  d'appel  correctionnel  qui  a  été  transporté 
depuis  au  chef-lieu  de  la  Cour  d'Appel  ^'\ 

Le  rôle  qu'avait  joué  le  grand  bailliage  du  Cotentin  et  le  Pré- 
sidiaP^^  situé  à  Coutances,  durent  contribuer  sans  doute  à 
conserver  à  cette  ville  sa  situation,  comme  chef-lieu  judiciaire  du 
département  de  la  Mancbe  ^^K  Du  reste,  le  chef-lieu  administratif 
ne  fut  lui-nçiéme  transporté  de  Coutances  à  St-Lo ,  que  plusieurs 
annéesaprès  la  nouvelle  organisation  administrative,  en  4800^^^ 

Tinchebray,  de  son  côté,  devint,  en  1791,  le  siège  d'un  tri^ 
bunal  de  commerce,  qui  lui  a  été  enlevé  par  décret  de  1872,  et 
transporté  à  Fiers. 

Au  XIV*  siècle,  la  châtellenie  de  Tinchebray,  proprement 
dite,  possédait  les  fiefs  ou  tènements  de  fiefs  suivants  : 


(1)  Voir  le  décret  du  18  juin  1856. 

(2)  Les  Présidiaox  furent  créés  sous  Henri  II,  1551. 

(3).  C'est  probablement  tout  d'abord  au  même  souvenir,  ensuite  à  la  situa- 
tion de  bâtiments  déjà  appropriés,  plus  tard  enfin  au  droit  acquis,  par  Tha. 
bitade  et  par  l'usage,  qu'il  faut  attribuer  aussi  la  cause  pour  laquelle  la 
Cour  d'Assises  ne  se  trouve  pas  non  plus  réunie  avec  le  cbef-lieu  adminis- 
tratif, dans  quelques  autres  villes  de  France. 

(4)  Cela  ne  se  fit  pas  sans  difficultés.—  On  peut  voir,  à  ce  sujet,  un  travaU 
de  M.  Lepingard,  dans  les  Mémairet  de  la  SoeiHé  d'Archéologie  de  Saint-'Lo. 


—  34   — 


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Les  vicomtes  de  Tiochebray  furent,  de  1717  à  1726,  Jacques 
Gauquelin,  conseiller  du  roi  ;  en  1736,  Jean-Jacques  Gauquelin, 
fils  de  ce  dernier.  On  trouve  également  un  Robert  Guillouet^ 
conseiller  du  roi,  vicomte  de  Tinchebray,  en  1750. 

A  cette  époque,  la  sergenterie  de  Tinchebray,  élection  de  Mor- 
tain,  comprenait  douze  paroisses  : 

Beauchéne,  la  Bourgeoisie ,  Hesnil-Cibout,  Saint-Christophe, 
Saint-^ornier,  Saint-Jean-des-Bois,  Saint-Pierre-de-Tinchebray, 
Saint-Quentin,  Notre-Dame-de-Tinchebray  (châtellenie),  Trute- 
mer.  Le  Village. 

Saint-Pierre-de-Tinchebray  que  nous  voyons  figurer  dans  la 
nomenclature  des  paroisses  faisant  partie  de  la  sergenterie  de 
cette  ville,  n'était  qu'une  subdivision  de  Tinchebray  en  deux 
paroisses,  et  la  paroisse  Saint-Pierre  n'avait,  à  cette  époque, 
que  très-peu  d'étendue  relativement  à  Notre-Dame-de-Tinche- 
bray. 

La  ville  de  Tinchebray  était  effectivement  divisée,  au  moment 
de  la  Révolution ,  en  deux  paroisses ,  Notre-Dame  et  Saint- 
Pierre. 

Mais,  malgré  toutes  les  mutations  et  changements  qui  s'étaient 
opérés  dans  les  circonscriptions  territoriales  civiles,  à  travers  les 
siècles,  depuis  Tère  chrétienne,  bien  que  Condé,  par  exemple,  fut 
passé  delà  province  du  Bessin,  sous  la  suzeraineté  des  comtes  de 
Hortain ,  plus  tard  sous  la  suzeraineté  des  comtes  de 
Fiers,  et  sous  la  juridiction  du  bailliage  de  Tinchebray,  Condé 
n'en  resta  pas  moins  d*une  façon  invariable,  au  point  de  vue  re- 
ligieux, dans  la  circonscription  du  diocèse  de  Bayeux,  et  le  chef- 
lieu  hiérarchique,  comme  Doyenné,  des  paroisses  de  Tinchebray  et 
Fiers,  quiont  ainsi  continué  à  faire  partie  du  diocèse  de  Bayeux  et 
du  doyenné  de  Condé,  depuis  l'ère  chrétienne,  jusqu'en  1790  ^*\ 
Toutes  les  autres paroisses,au contraire,  du  grand  bailliage  du  Co- 
tentin,  réunies  à  Coutances  en  1789,  faisaient  partie  des  dio- 

(1)  Cette  règle  da  reste  s'est  reproduite  à  peu  près  invariAblement.  Voir  nos 
Bâeherchei  hUtariques  sur  VArr,  de  Domfiront  et  ses  OrigweSf  chap.  III  et  V, 


—  38  — 

eèses  de  Coutances  et  Âvranches  ^^K  Aassi  trouve- 1- on 
daos  le  procès-verbal  de  TAssemblée  générale  des  trois  ordres, 
CD  1789,  alors  qu'il  fut  question  d*élire,  par  un  premier  vote,  les 
membres  du  clergé  qui  devaient  être  chargés  à  leur  tour  de  dési- 
gner les  rédacteurs  des  cahiers  :  pour  MM.  les  curés  de  Bayeux  (et 
poar  le  doyenné  de  Condé)  Claude- François  Josset,  curé  d'Athis. 

Eq  1649,  pendant  les  troubles  de  la  Fronde,  les  minutes,  re- 
gisireset  papiers  du  contrôle  et  greffe  du  bailliage  de  Tinchebray, 
ainsi  que  les  meubles  du  greffier  et  du  commis-greffier,  avaient 
été  brûlés  par  quelques  soldats  du  régiment  d'Harcourt  en 
garnison  à  Tinchebray  (Caillebotte ,  Essai  sur  l'Histoire  de 
DmfrorU,  p.  Hi). 

Le  Parlement,  par  arrêt  du  1 0  mai  1649,  ordonna  dMnformer 
contre  les  auteurs  de  cet  incendie  qui  ne  fut  qu'un  des  mille 
excès  auxquels  les  soldats  se  livrèrent  alors  par  toute  la  Nor- 
mandie ''^  (V.  Orne  arch.;  Floquet  ,  Histoire  du  Parlement 
de  Normandie,  t.  V,  p.  309-390.) 

La  ville  et  le  canton  de  Tinchebray  furent  aussi  cruellement 
éprouvés  pendant  la  guerre  de  partisans  et  la  chouannerie  ^^K  La 
forêt  de  Sl-Jean-des-Bois  servit  souvent  de  retraite  au  comte 
Louis  de  Frotté  qui  avait  organiser  insurrection  royaliste  dans  la 
Basse-Normandie  et  sur  la  frontière  du  Haine  ^*K 

(1)  MorUin  faisait  partie  du  Diocèse  d*Avranches  et  il  ea  fit  partie 
jQsqu*à  la  réunion  de  cet  Evêcïhé  à  celui  de  Coutances,  en  1790. 

ii)  La  guerre  civile  de  la  Fronde  eut  lieu  en  France  pendant  la  minorité 
de  Louis  UV,  1648-1653,  entre  le  parti  de  la  cour,  c'est-à-dire  la  régente» 
Anne  d'Autriche,  et  Mazarin,  son  principal  ministre,  et  le  parti  de  la  Noblesse 
etda  Parlement.  On  nomma  parti  de  la  Fronde  le  parti  opposé  à  la  cour 
(voir  l'histoire  de  la  Fronde  par  le  comte  de  St-Aulaire,  Paris  1841.  S  vol. 
tn-8. 

(3)  Voirie  chap.  XI,  Guerre  de  partisans  et  la  Chouannerie,  àànanoire  Etude 
*»  le  canton  de  Messey  et  La  Révolution  (2"  édition),  p.  195,  300  et  308. 

(4)  Le  9  germinal  an  III,  la  viUe  de  Tinchebray  fut  assiégée,  le  c|pcher  et 
PcgÛse  avaient  été  fortifiés,  quatre-vingt-quatre  maisons  devinrent  la  proie 
des  flammes.  Une  somme  de  quinze  mille  francs  fut  accordée  à  cette  ville, 
par  arrêté  des  consuls  du  U  pluviôse  an  IX,  afin  de  la  dédommager  des  pertes 
qoeloifirent  éprouver  les  guerres  de  l'an  III  et  lY,  VU  etVIU.  (Voir  Caille- 
botte,  £«fat#tir  ÇHiitoire  de  Domprontf  p.  115 

3 


-34-^ 

toainteûant ,  pour  compléter  cet  aperçu,  ajoutons  :  que  de 
Pierre  de  Navarre ,  auquel  furent  cédés  par  Charles  VI  le  comté 
de  Hortain  et  la  seigneurie  et  vicomte  de  Tinchebray,  Hortain  et 
Tinchebray  étaient  passés  aux  mains  de  la  famille  de  Louis  duc 
de  Montpensier  et  ensuite  à  la  famille  d'Orléans. 

Louis  duc  d'Orléans,  mort  le  4  février  1753,  laissa  tous  ses 
biens  à  son  fils  Louis-Philippe,  né  en  1725  et  mort  en  1785.  A 
la  mort  de  celui-ci,  son  fils,  Louis-Pbilippe-Joseph  d'Orléans, 
père  du  roi  des  Français  Louis-Philippe,  en  était  devenu  posses- 
seur. Peu  de  jours  après  la  première  réunion  deFAssemblée  Con- 
ventionnelle, il  vendait  à  H.  Collet,  de  St-James,  pour  huit  cent 
mille  livres,  Tancien  domaine  de  Mortain,  par  adjudication  pas- 
sée à  Paris  le  16  octobre  1 792. 

Cette  vente  comprenait  à  Tinchebray  :  1^  la  halle  aux  grains 
et  les  bâtiments  qui  étaient  à  l'usage  des  anciennes  juri- 
dictions, contenant  auditoire,  chambre  du  conseil  et  du  con- 
cierge, prisons,  chapelle  ^^\  situés  vers  le  milieu  de  la  ville;  2''  la 
halle  aux  boucheries;  3"*  les  rentes  domaniales  en  grains,  du 
produit  de  1 8  boisseaux  de  seigle,  et  369  boisseaux  d'avoine  ; 
4**  les  rentes  en  volailles,  qui  sont  d'une  geline  et  deux  pigeons; 
5^  les  rentes  d*une  paire  de  gants  et  d'une  bride  à  selle; 
6°  les  rentes  et  deniers  du  produit  de  quatre  cent  deux  livres 
deux  sols  six  deniers. 


(1)  U  s'agit  ici  de  la  yieille  chapeUe  St-Rëmi»  aise  au  milieu  de  la  ville, 
chapelle  de  coDatruction  moitié  religieuse  et  moitié  militaire,  avec  un  Oculus 
assez  élégant  du  xv*  siècle  et  des  fenêtres  ogivales  et  romanes* 


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LE 


GRAND   BAILLIAGE    DE    MORTAIN 


EN      1789 


CHAPITRE     PREMIER. 

LA    FAMILLE    DE   6ERALDIN. 

A  Saint-Romphaire,  dans  le  chartrier  de  H.  Payen  de  la  Garan- 
derie,  juge  de  paix  à  Tessy,  j*ai  trouvé  des  chartes  et  des  titres 
fort  intéressants  sur  les  Geraldin  qui  s'allièrent  aux  plus  nobles 
maisons  du  pays  et  donnèrent  à  Mortain  ses  deux  derniers  grands 
baillis. 

Comme  cette  famille  est  aujourd'hui  peu  connue  et  que  les 
documents  qui  la  rappellent  concernent  presque  uniquement  nos 
contrées,  j'ai  cru  qu'il  ne  serait  pas  indifférent,  à  notre  compagnie, 
de  raviver  le  souvenir  de  ces  illustres  personnages,  en  donnant, 
surtout,  les  documents  inédits  qu'ils  nous  ont  laissés  sur  le  Grand 
Bailliage  de  Mortain. 

Les  Geraldin,  qui  ont  tenu  une  large  place  dans  notre  Départe- 
ment, n'en  étaient  pas  originaires.  Ils  venaient  de  l'Irlande  od 
ils  avaient  un  haut  rang  parmi  la  noblesse  hibernienne.  D'après 
les  titres  généalogiques  de  cette  famille,  titres  qui  leur  furent  déli- 


—  se- 
vrés, en  171 5,  par  Guillaume  Haukens,  roi  d'armes  de  l'Irlande, 
rex  armorum  totius  Hibemiœ  ^^\  nous  voyons  que  les  Geraldin 
remontent  jusqu'à  la  conquête  d'Angleterre.  Othon,  leur  ancêtre, 
quitta  la  Normandie  pour  suivre  GuilIaume-le-Conquérant,  en 
1066.  Il  devint  comte  de  Windsor,  et,  en  1082,  baron  honoraire 
du  royaume.  Il  portait  pour  armés  :  d'argent  au  sautoir  de 
gueules.  Son  fils,  Gautier  Gerald,  hérita  de  son  comté.  Il  eut  pour 
successeur  le  comte  de  Pembrock,  Gerald  P'  Geraldinus,  dont  la 
seconde  appellation,  qui  n'est  que  le  diminutif  de  la  première, 
forma,  dans  la  suite,  le  nom  patronimique  des  Geraldin.  Il  laissa 
plusieurs  enfants  :  l'afné,  Guillaume  Geraldin,  futcomtedeKerry, 
en  Irlande  ;  David,  le  plus  jeune,  dit  aussi  Fitz  Gerald,  devint 
archidiacre  de  Cardignan  ,  puis ,  en  1 1 48  ,  archevêque  de 
Saint-David,  dans  la  principauté  de  Gall  ^*K  Maurice  V^  fut  le 
père  de  la  branche  cadette  des  Geraldin  ;  la  branche  aînée  se 
distingua  de  la  jeune,  en  prenant  la  dénomination  de  Fitz  Gerald. 
Maurice  P',  décédé  en  1180,  avait  donné  le  jour  à  Gerald  II 
Geraldinus  qui,  en  1205,  mourut  vice-roi  d'Irlande.  Thomas!®', 
son  fils,  lui  succéda  et  conserva  sa  dignité  de  vice- roi  jusqu'à  sa 
mort,  arrivée  en  1260.  Il  eut  deux  enfants,  Thomas  II  Geraldin, 


(1)  Cette  généalogie  est  écrite  en  latin  sur  un  rouleau  de  parchemin  de 
plus  de  5  mètres  de  long  sur  près  de  0"  50  c.  de  large.  Toutes  les  couleurs 
du  blason  se  reflètent  sur  cette  briUante  pancarte.  Elle  porte  la  date  de  1715 
et  la  signature  du  roi  d'armes  de  PIrlande. 

Au  bas,  on  lit  ce  qui  suit  :  «  Omnibus  et  singulis  ad  quos  présentes  penre- 
nerint,  Guillelmus  Haukens  Armiger  Ulster,  rex  armorum  totius  Hibemiœ» 
salutem. 

«  Sciatis  quod  ego  predictus  rex  armorum  potestate  et  auctoritate  Regia 
majestate  concessa  sub  magno  sigillo  Hibemiœ,  certiores  facio  quod  in  supra 
adscrlpta  parenteta  genealogiœ  Geraldinornm  Burgorum  vel  Burkorum, 
Hacketorum,  Lincolnorum  ex  antiquitatibus  et  autographis  familiaram 
Hibemicarum  quœ  apud  me  extant  fldeliter  describuntur.  Insignia  quœ  sin- 
gula  stemmata  adornant,  oxqulsce  adaptantur.  In  cujns  rei  testimonium 
nomen  titulumque  bis  ascripsi  et  sigiUum  commune  oficii  mei  apposui  nono 
die  maii,  anno  regni  Georgii  Dei  gratia  Magnœ  Britanniœ,  Franciœ  et  Hiber- 
niœ  régis  fldei  defensoris,  etc.  Annoque  Domini  1716.  Guillelmus  Haukens 
Ulster  rex  armorum  totius  Hibemiœ. 

(2)  Bibliothèque  Sacrée  des  Pères  Richard  et  Giraud.  Tom.  IX,  p.  69. 


—  37  - 

foodateor  de  Tabbaye  de  Tralée,  au  comté  de  Kerry,  et  Maurice 
secoDd  qui  mourut,  avec  son  frère,  au  siège  de  Callen,  dans  le 
comté  de  Kilkenny.  Les  deux  chevaliers  furent  inhumés  dans  le 
monastère  qu'ils  avaient  enrichi.  De  Maurice  II  naquit  le  seigneur 
Géraldin,  baron  d'Ofalie^  dont  le  fils  nommé  Jean  fut  le  premier 
cooatede  Kildare,  en  Irlande.  Son  frère,  Maurice  III,  continua- 
tear  de  la  ligne  des  Geraldin,  se  distingua  des  comtes  de 
Desfflond,  la  branche  afnée,  en  modifiant  son  blason.  Il  sema  des 
hermines  sur  son  champ  d'argent  et  ajouta  une  étoile  du  même 
émail  au  centre  du  sautoir.  Son  fils,  Thomas  II,  déposa,  de  nou- 
veau, sur  rétoile,  une  molette  de  sable.  Ces  armes  ne  subirent 
plas  de  changements  et,  en  1731  comme  en  1766,  nous  les 
retrouvons  ainsi  décrites  :  d'hermines  au  sautoir  de  gueules, 
chargé  d*une  étoile  d'argent  surchargée  d'une  molette  de  sable. 

Thomas  II  avait  épousé  Catherine  de  Keretrix  dlde,  qui  lui 
apporta  la  terredesGurtins,  dans  le  comté  de  Kilkenny,  mais  à  la 
condition  de  joindre  au  nom  deGeraldin  celui  d'Ide  ou  Idea,  pro- 
priété qui  renfermait  les  Gurtins.  Aussi  trouvons-nous  les  succes- 
seurs de  Thomas  II,  Jean  l",  Nicolas  I",  Thomas  III,  prenant  tous 
le  titre  de  Geraldin  d'Ide,  dictus  de  Idea.  Thomas  III  eut  le  titre 
de  sénateur,  et,  en  cette  qualité,  il  parut  dans  legrand  Parlement 
leoD  à  Poniane,  en  1465.  Les  membres  des  Gerald  ou  Geraldin 
s'étaient  tellement  multipliés,  nous  dit  le  roi  d'armes  d'Irlande, 
qu'on  compta,  dans  cette  assemblée,  plus  de  quarante  grands 
chefs  tant  spirituels  que  temporels,  et  quatre-vingt  sénateurs  de 
la  famille  Geraldin  :  ibi  adfuere  plus  quam  40  proceres  spiri- 
tuales  et  temporales  et  80  senatores  èfamilia  Geraldinoriim. 

Thomas  IV  fut  encore  un  des  sénateurs  du  grand  Parlement 
de  1490,  tenu  à  Trim,  en  Lagénie.  Son  fils,  Jean  II,  prend  le 
titre  de  Geraldin  de  Gurtins  in  Idea.  Edmond  Geraldin  eut  la 
dignité  de.  chevalier  d'or  :  equss  an/ratm  in  Idea,  et  la  même 
qualité  est  attribuée  à  ses  successeurs  Thomas  V,  Thomas  VI,  et 
l^licolas  II  qui,  en  1S74,  épousa  Hélène  Bourk  ou  de  Gall.  Il 
eut  deux  fils,  l'ainé,  Théobald,  fut  seigneur  de  Niccholstonn  ;  le 
cadet,  simple  écuyer,  épousa,  en  1622,  Austrasie  Backet,  et  prit, 


-  38  — 

comme  beaucoup  d'autres  nobles  de  son  pays,  une  part  active 
dans  la  guerre  soutenue  par  l'Irlande  contre  Cromwell.  Mais, 
malgré  tout  le  courage  qu'il  développa  pour  la  défense  de  sa 
patrie,  il  ne  devait  retirer  que  le  bannissement  et  Texil. 

La  noblesse  du  comté,  habité  par  les  Geraldin  ,  a  toujours  été 
fort  célèbre  en  Irlande  et  sa  capitale,  Kilkenny  (cella  seu  fanum 
Sancti  Cama),  avec 'son  vieux  chàteau-fort,  sa  cathédrale  du 
XII®  siècle  et  sa  population  de  26,000  âmes,  peut  être  considérée 
comme  le  centre  des  agitations  et  des  aspirations  irlandaises. 

C'est  à  Kilkenny  que  la  noblesse  des  quatre  provinces  faisait 
ses  réunions,  et  c'est  dans  ses  murs  que,  au  xiv®  siècle,  sous  le 
règne  d'Edouard  îll  (1327  à  1377),  furent  rédigées  ces  consti- 
tutions qui  assurèrent  à  l'Irlande  d'importants  privilèges. 

Sous  Henri  VIII  (1509  à  1547)  et  Elisabeth,  (1568  à 
1603)  ayant  refusé  d'accéder  à  la  réforme,  l'Irlande  vit 
ses  enfants  dépouillés  des  charges  publiques  et  son  clergé 
réduit  à  la  misère,  par  la 'perte  de  ses|biens.  Après  des 
efforts  infructueux  pour  recouvrer  sa  liberté  et  son  autonomie, 
rirlande  crut,  en  1641,  l'occasion  favorable  pour  obtenir 
au  moins  la  paix  et  la  liberté  de  son  culte.  Ses  députés  se 
réunirent  de  nouveau  à  Kilkenny  et  résolurent  de  soutenir,  contre 
les  Anglais,  le  roi  Charles  P^  Ils  lui  promirent  fidélité  et  des 
troupes  nombreuses,  si,  en  retour,  il  voulaitoublier  leurs  révoltes 
et  leur  accorder  la  tolérance  de  leur  religion.  La  proposition  fut 
acceptée,  et  les  Irlandais,  sous  la  conduite  d'Ormond,  gouver- 
neur de  leur  île,  coururent  à  la  défense  de  leur  prince.  De  ce 
nombre  fut  Remond  de  Geraldin.  Les  premiers  succès  furent  heu- 
reux, mais  Cromwell,  après  avoir  triomphé  en  Angleterre,  vint 
lui-môme  attaquer  l'Irlande,  en  1650.  Il  fut  vainqueur  à  Dublin, 
à  Tredah  et  surtout  à  Kilkenny  qui  fut  mise  à  feu  et  à  sang,  après 
une  défense  des  plus  héroïques.  L'union  fut  dès-lors  complète- 
ment brisée,  et  l'Irlande  ayant  été  dévastée  par  Ireton,  gendre  de 
Cromwell,  qui  s'empara  de  Waterford  et  de  Limerick,  les  Irlan- 
dais regardèrent  alors  le  bannissement  comme  leur  unique  res- 
source. Cromwell,  heureux  de  se  débarrasser  de  pareils  ennemis, 


—  3d  — 

leur  laissa  le  temps  et  la  liberté  de  s'embarquer.  Quarante  mille 
Irlandais  passèrent  alors  au  service  des  étrangers  et  le  vieux 
Remond  de  Geraldin,  vaincu  de  nouveau  à  Walerford,  oii  il 
s'était  retiré,  prit  lui-même  ce  parti.  Après  avoir  fait  ses  prépa- 
ratifs, il  dit  adieu  au  verdoyant  comté  de  Gurtins,  et,  suivi  des 
siens,  débarqua  à  Si-STalo,  au  commencement  de  Tannée  1 651  <*\ 

L'âge  avancé  du  noble  écuyer  ne  lui  permit  point  de  se  mettre 
au  service  de  la  France.  Il  mourut  à  Saint-Malo,  en  1657,  six 
ans  après  son  arrivée.  Son  fils^  Nicolas  III,  entra  dans  nos 
armées  et,  par  son  courage  et  sa  bravoure,  mérita  de  prendre 
rang  parmi  la  noblesse  française.  Il  avait  épousé  Hélène  de  Lincol, 
qui  mourut  à  quarante-cinq  ans  et  fut  inhumée  dans  la  cathé- 
drale de  Saint-Halo.  Son  mari  n'alla  reposer  près  d'elle  qu'en 
1693,  à  Tâge  de  soixante-dix  ans.  Son  acte  mortuaire  le  désigne 
sous  le  titre  d' écuyer. 

Nicolas  IV,  son  fils,  imita  sa  valeur  et  donna  son  cœur  et  son 
courage  à  la  patrie  que  son  père  avait  adoptée.  Cependant  il 
s'unit  encore  à  une  noble  anglaise,  et,  en  1684,  un  prêtre  ir- 
landais ,  Edmond  Eurard ,  dans  la  cathédrale  de  Saint-Malo , 
célébrait  son  mariage  avec  demoiselle  Anne  Malbranck,  de  la 
ville  de  Londres.  Il  s'attacha  néanmoins  au  sol  français,  en 
achetant  différentes  propriétés  en  Normandie.  Parmi  ces  terres^ 
situées  dans  l'élection  de  Mortain ,  nous  citerons  le  château  de 
Saint-Symphorien,  legrandfief  de  Lapenty  qu'il  acquit,  en  1708, 
de  Charles  de  Yauborel,  comte  d'Imou ville,  et  les  châtellenies  de 
Sainte-Anne  et  de  Buais  qui  lui  donnèrent  le  titre  de  seigneur  de 
ses  deux  localités.  Après  la  mort  de  son  père,  Nicolas  Ili,  il 
quitta  définitivement  Saint-Halo  et  vint  habiter  son  château  de 


(1)  Histoire  (T Angleterre,  de  Hume,  t.  XXV,  p.  130.—  Archives  de  M.  de  la 
Garanderie.  —  Bertrand  Burke»  roi  d'armes  de  FUlster,  en  Irlande,  qui  nous 
donne  la  généalogie  des  Fitz  Gerald,  comtes  de  Desmond,  nous  apprend  que 
les  membres  de  cette  illustre  famille,  comme  celle  des  Geraldin,  souffrirent 
peut-être  plus  qu'aucune  autre  race  noble  de  l'Irlande  :  Genealogical  history 
of  the  Dormant,  Abeyant»  Forfeited  and  Extinct,  Peerages  of  the  Britisb 
Empire,  by  sir  Bertrand  Burke,  p.  206.  London,  1866. 


—  40  — 

&iint-Symphorien,  où  il  décéda,  après  Tannée  1720,  sans  que 
nous  puissions  positivement  préciser  la  date.  Sa  veuve ,  Anne  de 
Malbranck,  laissa  le  château  de  Saint-Symphorien  à  son  fils  aîné 
et  se  retira  à  Avranches,  sur  la  paroisse  de  Notre-Dame-des- 
Champs.  Elle  y  mourut,  en  1734,  âgée  de  quatre-vingt-deux  ans. 
Son  inhumation  fut  faite  par  M.  Dubois,  curé  de  Vézins  et  vicaire 
général  du  Diocèse. 

Elle  laissait  une  postérité  nombreuse,  dont  les  membres  furent 
des  personnages  distingués.  Parmi  ces  enfants  nous  connaissons 
trois  filles  et  quatre  fils.  L'aînée  des  demoiselles,  Ânne-Pélagie , 
épousa,  en  1708,  Messire  François-Marie  de  Vassy,  chevalier, 
marquis  de  Brécé  et  de  Pirou,  châtelain  de  Touchet,  seigneur  et 
patron  du  Grand-Celland  ,  Espinay,  Tesson,  Ânneville,  Saint- 
Harcouf,  Cartigny  et  autres  seigneuries.  Cest  à  Toccasion  de  ce 
mariage  que  la  mère  du  marquis  de  Brécé,  Madame  Marie-Angé- 
lique de  Motteville,  fit  restaurer  le  château  de  Pirou,  et  d'une 
demeure  féodale  et  guerrière  en  fit  une  habitation  pacifique  et 
commode.  Mais  elle  habita  plus  souvent  avec  ses  enfants,  à  Brécé, 
dont  le  château ,  un  des  plus  beaux  du  déparlement ,  était  une 
demeure  vraiment  princière  ^^K 

La  seconde  demoiselle  fut  Anne  de  Geraldin  qui  entra  de 
bonne  heure  chez  les  Dames  blanches  de  Mortain.  Plus  tard ,  en 
1748,  elle  devint  abbesse de  ce  célèbre  monastère,  en  augmenta 
les  revenus  et  mourut  en  1766,  après  avoir  gouverné  cette 
abbaye  pendant  dix-huit  ans  ^^\ 

La  troisième,  Colette  de  Geraldin,  épousa  Louis  de  Pierrepont, 
marquis  des  Biards.  Elle  n'eut  qu'une  fille,  Anne-Louise-Margue- 
rite, qui,  en  1759,  se  maria  à  Jacques-Gabriel  d'Oilliamson, 
d'origine  irlandaise,  et  dernier  baron  des  Biards  ^^\ 

Des  quatre  fils  Geraldin,  Jean,  le  second,  et  François,  le  plus 

(1)  Archives  de  M.  de  la  Garanderie,  contrat  de  mariage.  —  M.  Renault, 
Bévue  monumentale  et  historique  de  V arrondissement  de  Coutanc.es ,  p.  727. 
—  Mémoires  des  4ntiqtJiaires  de  Normandie,  t.  II,  p.  247. 

(%)  GaUia  ChHsttana,  t.  XI,  p.  556. 

(8)  Histoire  de  la  baronnie  des  Biards,  par  M.  de  Guiton  de  la  VlUeberge. 


—  41  — 

jenne,  devinrent  capitaines  distingués.  Ils  obtinrent  tons  les  deux 
le  grade  de  lieutenant-colonel  et  méritèrent  les  éloges  de 
Louis  XIV.  Le  troisième,  Nicolas,  fut  grand  prieur  de  l'ordre  de 
Saiot-Jean-de-Jérusalem,  en  Angleterre.  En  1730,  il  fut  pourvu, 
eo  France,  de  la  commanderie  du  Petit-Saint-Jean,  à  Metz. 

L'ainé  de  ces  gentilshommes,  Pierre  -  Nicolas  -  Remond  Ge- 
raldio,  né  à  Saint-Malo,  le  13  mars  1687,  fut  le  plus  illustre  et 
le  plus  connu.  Après  avoir  longtemps  servi  dans  nos  armées  et 
assisté  à  plusieurs  batailles,  il  se  retira  dans  son  château  de 
Saint-Symphorien.  Eo  récompense  de  ses  nobles  qualités,  le  roi 
érigea  ses  terres  en  comté  dont  il  portera  désormais  le  titre.  Voici 
un  extrait  des  lettres  de  Louis  XIV,  en  1713,  par  lesquelles  il 
accorde  au  sieur  de  Geraldin  la  réunion  de  plusieurs  fiefs  pour 
Térectioû  d'un  comté,  sous  le  nom  de  Lapenty. 

«  Louis,  par  la  grâce  de  Dieu,  roy  de  France  et  de  Navarre, 
à  tous  présent  et  advenir,  salut.  Notre  très-cher  et  bien-amé 
Pierre-Nicolas-Raimond  Geraldin ,  chevalier,  capitaine  de  dra- 
gons'dans  le  régiment  de  Grandville,  chevalier  de  l'Eperon  d'or 
d'Angleterre^  nous  a  fait  remontrer  qu'au  moyen  de  l'adjudica- 
tion à  lui  faite,  par  décret  dejrannée  1708,  sur  Charles  de  Vau- 
borel,  comte  d'Imouville,  il  est  propriétaire  des  fiefs  de  Lapenty 
Haute -Cour  et  Lapenty  Basse-Cour,  qui  composent  un  plain 
(sic)  fief  de  haubert,  dans  la  paroisse  de  Lapenty  qui  est  de 
grande  étendue  et  dont  il  est  patron  honoraire  et  autres  pa- 
roisses, etc. 

»  En  mettant  en  considération  les  bons  et  agréables  services 
que  nous  a  rendus,  depuis  dix  années,  le  dit  Geraldin,  en  nos 
armées  où  il  a  servi  avec  distinction,  s' étant  trouvé  à  plusieurs 
si^es  et  batailles,  et  notamment  à  celle  d'0udenarde(11  juillet 
1708),  de  Vinaudey,  et  de  Malplaquet  (1709),  où  il  a  reçu  plu- 
sieurs blessures,  et  encore  à  l'attaque  du  camp  deDenain  (1712), 
au  siège  de  Marchienne  et  à  celui  de  Douay,  lesquels  services 
que  deux  de  ses  frères  nous  rendent  pareillement  dans  nos 
armées,  luy  font  espérer  que  nous  voudrons  bien  lui  accorder 
celte  marque  de  distinction  qu'il  ne  souhaite  que  pour  pouvoir 


-  42  — 

décorer  de  ce  titre  sa  famille  qai  est  Irès-ancieDoe  en  Irlande. 
Nicolas  Geraldin,  écuyer,  et  chevalier  d'Epée^d'or,  en  Angleterre, 
son  père,  natif  de  Saint-Malo,  descendait  de  la  très-ancienne 
et  noble  famille  de  Geraldin  deGurtins ,  dans  le  comté  de  Kil- 
kenny,  en  Irlande,  issu  des  Geraldin,  comte  de  Desmond;  et 
dans  Tespérance  que  le  dit  Geraldin  exposant,  étant  revestu  du~ 
titre  conforme  à  celui  de  ses  ancêtres,  nous  continuera  ses  ser- 
vices avec  le  même  zèle  qu*il  a  témoigné  jusqu'à  présent.  A  ces 
causes  ^*^ » 

Le  chevalier  de  Geraldin,  car  tel  est  le  titre  qu'il  avait 
précédemment  obtenu  dans  les  armées,  devenu  comte  de  La- 
penty,  fit  un  maricage  en  rapport  avec  sa  fortune  et  ses  titres. 
En  1716,  il  épousa  demoiselle  Françoise-Michelle-Eléonore  de  La 
Luzerne.  Elle  était  fille  d'Aotoine  de  La  Luzerne,  chevalier,  mar- 
quis de  Brévans,  grand  bailli  deCotentin,  et  petite-fille  d'un 
ancien  gouverneur  du  Mont-Saint-Michel,  Richard  de  La  Luzerne, 
qui  a  laissé  les  meilleurs  souvenirs  ^*K  Sa  sœur  ainée,  Jac- 
queline, s'était  unie  au  marquis  de  Fontenay  dont  le  fils,  Henri 
Le  Berseur,  devint  également  grand  bailli  de  Cotentin  (1726  à 
1753).  Les  rapports  du  comte  de  Geraldin,  avec  son  beau-père, 
le  marquis  de  Brévans ,'  lui  donnèrent  sans  doute  la  pensée  de 
devenir  aussi  grand  bailli  de  Mortain ,  car  nous  le  voyons  dès 
lors  postuler  cette  charge, 

Emmanuel  du  Bailleul,  chevalier,  seigneur  de  Montenay  et  de 
Saint-Cyr-du-Bailleul ,  conseiller  du  roi,  grand  bailli  d'épée  de 
Mortain  ,  étant  venu  à  mourir,  en  1724,  le  comte  de  Geraldin 
demanda  cette  place  et  l'obtint. 

Mous  donnons  ici  l'acte  de  nomination  qui  lui  fut  délivré  par 
Louis  XV. 

«  Louis,  par  la  grâce  de  Dieu,  roy  de  France  et  de  Navarre,  à 
tous  ceux  qui  ces  présentes  verront,  sainte  Savoir  faisons  que  par 


(1)  Archives  de  M.  de  la  Garanderie. 

(S)  11  décéda  en  1636  et  fut  inhumé  dans  la  chapelle  de  la  Sainte  Vierge, 
d^ns  la  basilique  du  Mont-Saint-Michel . 


—  la- 
ie plaisir  et  entière  confiance  que  nous  avons  en  la  personne  de 
notre  cher  et  bien-amé  le  sieur  Pierre-Nicolas-Raimond  de  Ge- 
raldin  et  en  ses  sens  et  suffisance,  loyauté,  prudommie,  capacité, 
expérience,  fidélité  et  affection  à  notre  service,  nous  lui  avons 
pour  ces  causes  et  autres,  et  en  agréant  et  confirmant  la  nomi- 
nation qui  nous  a  été  faite  de  sa  personne  par  notre  très-cher  et 
bien-amé  oncle  le  duc  d'Orléans,  donne  et  octroyé,  donnons  et 
octroyons  par  ces  présentes  Toffice  de  notre  conseiller  bailly  du 
comté  et  bailliage  de  Mortain  que  tenait  et  exerçait  le  sieur  Em- 
manuel du  Bailleul,  et  vacant  par  son  décès,  aux  revenus,  casuels 
de  notre  dit  oncle  le  duc  d'Orléans ,  ou  le  dit  sieur  Geraldin  en  a 
payé  la  finance,  pour  le  dit  office  avoir,  tenir  et  exercer,  en  jouir 
et  user  par  le  dit  sieur  tieraldio  aux  honneurs  et  pouvoirs,  liberté, 
fonction,  authorité,  privilèges,  droits,  exemption,  franchise,  im- 
munités, prérogatives,  prééminence,  rang,  séances,  gages,  et 
autres  droits ,  attribution  de  fruits ,  revenus  et  émoluments  y 
appartenant,  ainsy  qu'en  a  joui  ou  dû  jouir  le  dit  sieur  du 
Bailleul  et  qui  en  jouissent  ou  doivent  jouir  les  autres  pourvus  de 
pareils  offices ,  à  condition  toutefois  que  le  dit  sieur  Geraldin  ait 
atteint  Tàge  de  vingt-cinq  ans  accomplis,  suivant  son  extrait 
baptislaire  du  13  may  1687,  deubment  légalisé  et  cy,  avec  la  dite 
nomination  et  autres  pièces,  attachées  sous  le  contre  scel  de  notre 
chancellerie,  à  peine  de  perte  du  dit  office,  nullité  des  présentes 
et  de  sa  réception  de  vingt-cinq  ans  accomplis.  Donné  à  Fontai- 
nebleau, le  huitième  jour  d'octobre  de  Tan  de  grâce  mil  sept  cent 
vingt  quatre  et  de  notre  règne  le  onzième.  »  Sur  le  repli  de  ce 
parchemin,  on  lit  encore  :  «  Par  le  roy,  signé  Sanson,  avec  pa- 
raphe. Vu  aux  archives  et  reçu  trente-et-une  livres  dix-sept  sols 
quatre  deniers,  ce  8  août  1725,  avec  paraphe. -Si  donnons  en 
mandement  à  nos  amis  et  féaux  conseillers  les  gens  tenant  notre 
cour  de  Parlement  à  Rouen  que  leur  étant  apparu  de  bonnes  vie 
et  mœurs  et  âge  sus  dite ,  conversation  et  religion  catholique, 
apostolique  et  romaine,  du  dit  sus  Geraldin  et  ayant  pris  de  luy 
le  serment  requis  et  accoutumé,  ils  le  reçoivent.  » 


—  44  — 

La  cour  répondit  à  ce  mandat  et  la  réception  fut  ainsi  enre- 
gistrée : 

«  Yu  par  la  cour  la  requeste  présentée  à  icelle  par  Nicolas- 
Raimond  Geraldin,  chevalier,  comte  de  Lapenty,  pourveu  par  le 
roy  surla  nomination  de  M.  le  duc  d'Orléans  à  Tétat  et  office  de 
conseiller  du  roy,  bailly  du  comté  de  Mortain ,  etc.  La  cour  a 
reçu  et  reçoit  le  dit  Geraldin  au  dit  état  et  office  de  conseiller  du 
roy,  bailli  du  comté  et  bailliage  de  Mortain ,  icelui  ayant  préala- 
blement fait  et  preste  le  serment  à  l'audience  en  tel  cas  requis  et 
accoutumé  et  autres  chaînes  ordinaires.  A  Rouen ,  en  Parle- 
ment, le  vingt-septième  jour  de  juillet,  1725.  Fait  comme  cy 
dessus,  ainsi  signé  :  Coste-Bosnière,  avec  paraphe,  Auzanet,  avec 
paraphe.  » 

Pierre-Nicolas-Remond  de  Geraldin  fut  grand  bailli  de  Mor- 
tain de  1 725  à  1 768,  c'est-à-dire  pendant  p)us  dequarante-deux 
ans.  Mous  dirons,  en  son  lieu  et  d'après  les  titres  qu'il  nous  a 
laissés,  ce  qui  se  passa  de  remarquable  pendant  le  cours  de  son 
administration.  Il  eut  deux  fils,  Antoine-Anne-Nicolas  et  François- 
Marie -Thérèse.  Le  second,  François,  naquit  le  8  juin  1720, 
d'après  l'extrait  debaptéme qui  lui  fut  délivré,  le  9  juillet  1731  ^^K 
A  l'âge  de  dix  ans,  il  fut  reçu  au  rang  des  pages  de  son  altesse 
sérénissime,  le  grand-maître  de  Malte.  En  1750,  ayant  atteint 


(1)  Voici  cet  extrait  de  baptême  qui  nous  donne  quelques  noms  de  sa 
famiUe  :  a  François-Marie-Thérèse,  fils  naturel  et  légitime  de  messire  Pierre- 
Nicolas-Raimond  de  Geraldin,  chevalieri  seigneur  comte  de  LApcnty,  grand 
bailli  de  la  noblesse  de  Mortain,  et  de  noble  dame  Eléonore-Françoiso- 
Micheile  de  La  Luzerne,  son  épouse,  né  du  8  juin  t720  et  baptisé  le  même 
jour,  a  reçu  par  moi,  curé  soussigné,  les  cérémonies  omises  au  dit  baptême, 
cejourd'hui,  10*"  jour  de  juin  17i6;  parrain  a  été  messire  Gérémie  SuUman, 
père  et  prieur  d'Ârtre,  et  marraine  »  mademoiselle  Julienne  Pitois,  stipulante 
pour  haut  et  puissant  seigneur  François-Marie  de  Vassy,  marquis  de  Brécé, 
et  noble  dame  Elisabeth-Thérèse  de  Geraldin.  vicomtesse  de  l'abbaye  d'Oyar, 
et  plus  bas  ont  signé  :  Eléonore  de  la  Luzerne,  Geraldin,  Pitois,  Gérémie 
Suiiman,  père  et  prieur  d'Artre,  Geraldin,  Pracontal,  Pitois  curé.  —  Pour 
extrait  ce  9  juillet  1731,  Bastard  curé.  Approuvé  par  Gabriel  Artur,  prêtre 
docteur  en  théologie  de  la  faculté  de  Paris,  doyen  de  la  cathédrale 
d'Avranches  et  vicaire-général  de  Mgr  TEvêque  d'Avranches. 


—  46  — 

sa  treotième  année,  il  se  fit  recevoir  au  rang  de  frère  chevalier  de 
Saint-Jean-de-Jérusalem.  Hais,  pour  avoir  les  lettres  de  commu- 
nion, il  lui  fallut  faire  les  preuves  de  sa  noblesse  et  les  légitimer. 
Ces  preuves,  fort  nombreuses,  demandèrent  des  recherches  et  for- 
mèrent un  dossier  ou  volume  intitulé  :  «  Preuves  de  noble  Fran- 
çois^Marie-Thérèse  de  Géraldin,  page  de  S.  A.  S.  faites  par  Mes^ 
sieurs  les  commandeurs  de  Curcy  et  de  Mathan,  à  Coutances  ^^K 
Dans  ce  gros  registre,  on  trouve  des  extraits  de  baptême  de  la 
famille  Geraldin,  la  lettre  de  page  du  présenté,  différents  con^ 
irats  de  mariage  de  la  même  maison,  «r érection  du  comté  de 
Lapenty,  la  charge  du  grand  bailli  de  Mortain,  un  décret  du 
grand-maitre  de  Malte  pour  la  réception  de  Toncle  du  jeune  pos- 
tulant; du  côté  maternel  on  lit  encore  les  actes  d'alliance  des  de 
La  Luzerneavec  lesRihouey,  les  de  Yassy,  lesdeFranctot,  les  d'Ar- 
gouges;  les  généalogies  de  ces  différentes  familles,  la  nomination 
de  Richard  de  La  Luzerne  comme  gouverneur  du  Mont-Saint- 
Michel,  celle  d'un  de  Franctot  comme  capitaine  des  gen- 
darmes de  la  reine,  et  celle,  enfin,  d'un  autre  membre  de  cette 
famille  comme  président  à  mortier.  On  y  indique  aussi  les  ser- 
vices rendus  au  roi  par  ses  différentes  maisons. 

Le  jeune  page  dût  fournir  en  outre  une  longue  généalogie  de  la 
famille  Geraldin,  avec  un  certificat  de  plusieurs  seigneurs  an- 
glais, concernant  sa  noblesse.  Ce  certificat  est  ainsi  conçu  : 

«  A  la  requête  et  prière  de  messire  Nicolas  Geraldin,  chevalier, 
et  de  messire  Pierre-Nicolas-Rémond,  seigneur  comte  de  Lapenty, 
Haute  et  Basse-Cour,  chevalier,  seigneur  châtelain  de  Saint- 
Symphorien,  seigneur  de  Corsine  et  autres  lieux. 

»  Nous,  Mylords  subssignés,  certifions  à  son  41tesse  Eminen- 
tissime,  le  grand-maître  de  Tordre  de.Saint-Jean-de-Jérusalem, 
au  Sacré  Conseil  et  à  la  Vénérable  langue  de  France,  que  les 
sieurs  Geraldin  sont  issus  de  la  noble  et  très-ancienne  maison  des 
Geraldin ,  comte  de  Dessemond  {sic)^  qui  ont  possédé  les  pre- 

(2)  Archives  de  M.  de  la  Garanderie. 


-  Ae  — 

mières  charges  du  royaume  d'Irlande^  que  le  roi  les  a  honorés 
en  titre  de  chevalier  (honneur  que  le  roy  n'accorde  qu'aux  per- 
sonnes de  distinction)  tant  par  la  parfaite  connaissance  qu'il  a 
de  l'ancienne  illustration  de  leur  maison,  que  par  leur  zèle 
et  leur  fidélité  pour  son  service,  dont  ils  ont  donné  des  preuves,  en 
différentes  occasions,  depuis  qu'ils  sont  en  France,  oii  ils  furent 
obligez  de  se  réfugier  après  la  perte  de  Waterford,  dans  le 
royaume  d'Irlande,  dont  ils  furent  exilés  par  Ireton,  pendant  les 
troubles  excitées  par  Cromvvell. 

»  Certifions  en  outre  que,  depuis;  Henry  huitième,  l'exercice 
de  la  religion  catholique  ayant  été  interdit  dans  le  royaume 
d'Angleterre,  d'Ecosse  et  d'Irlande,  il  n'y  a  point  de  registre  pu- 
blic de  baptême  ou  célébration  de  mariage,  les  catholiques 
étant  obligez  de  se  cacher  pour  faire  les  exercices  de  leur  religion  ; 
que  par  conséquent  ils  n'ont  d'autre  moyen  pour  prouver  leur 
légitimation  et  leur  noblesse  que  celui  des  certificats  de  personnes 
dignes  de  foy,  ou  des  extraits  des  registres  idu  roi  d'armes,  le- 
quel roy  d'armes,  en  vertu  de  sa  charge,  par  lettres  patentes  du 
roy  passées  soulz  le  grand  sceau  du  royaume,  à  la  garde  duquel 
on  confie  tous  les  titres  concernant  la  noblesse  et  qui  a  le  soin 
d'inscriredans  ses  registres  les  enfantsdes  nobles  et  leurs  alliances 
à  mesure  qu'il  en  nait;  en  vertu  de  son  office,  il  est  le  seul  en 
droit  de  délivrer  ou  certifier  les  généalogies  des  nobles,  qu'il 
scelle  du  sceau  de  son  office  et  qu'on  doit  ajouter  une  foi  entière 
à  tout  ce  qu'il  délivre^  étant  le  seul  en  droit  de  le  faire  et  le  seul 
préposé  pour  cela,  en  vertu  de  quoy  nous  avons  sîgné  ces  pré- 
sentes de  notre  main  et  fait  apposer  à  icelles  le  cachet  de  nos 
armes.  A  Saint-Germain-en-Laye,  ce  27  novembre  <7i5.  Ont 
signé  : 

»  Le  comte  deLucan,  le  duc  de  Perth,  le' duc  de  Metford, 
Mylord  Jean  Drummond,  Mylord  Edward  Drummond.  » 

En  lisant  ce  registre  généalogique  et  toutes  les  pièces  justifica- 
tives qu'il  renferme,  on  est  vraiment  frappé  des  difficultés  qu'il 
fallaitvaincre  pour  entrer  dans  cet  ordre  célèbre. Représenté  subis- 
sait encore  un  interrogatoire  sur  différentes  questions  concernant 


-^  41  - 

sa  iamille,  et  ses  réponses,  consignées  par  écrit,  étaient  de  plus 
soumises  à  la  vérification  ^'\ 

En  1791,  François  de  Geraldin  prononça  ses  vœux,  mais, 
auparavant,  il  traita  avec  son  frère  atoé  «  de  tous  droits  qui  pou- 
vaierU  lui  compeUr  et  appartenir, comme puisné,  dans  la  succession 
de  ses  père  et  mère,  ensemble  des  meubles  dont  il  était  actuellement 
saisi.  »  Par  un  acte  passé  à  Caen,  le  20  juillet  de  la  même  année,  il 
abandonna  ce  qu'il  possédait,  moyennant  onze  cents  livres  exemp- 
tes et  sans  aucune  retenue  de  dixrof^s,  vingtième  ou  autre  taxe. 

Nous  ignorons  la  mort  de  ce  chevalier,  mais  il  est  probable 
qa*il  fut  un  des  derniers  membres  de  cet  ordre  de  Malte  anéanti, 
par  Napoléon,  en  1 778  <*^. 

(1}  Voici  quelques-unes  des  questioDS  qui  lui  furent  adressées  sur  sa  fa. 
mÛle  :  <  Enquis  s'il  n'a  pas  connaissance  que  ses  ancêtres  aient  fait  aucune 
marchandise  ou  bancq,  s'il  n'ont  point  été  imposés  aux  tailles  et  subsides  du 
roy  et  s'ils  ont  toujours  vécu  noblement.  —  A  dit  qu'ils  n'ont  fait  aucun 
trafic  et  qu'il  ont  toujours  vécu  noblement.  —  Enquis  s'ils  ont  été  appelés 
aux  bans  et  arrières-bans  et  autres  assemblées  de  gentilshommes  du  pays?  — 
A  répondu  que  non-seulement  ils  s'y  trouvaient  quand  on  assemblait  la  no- 
blesse, mais  que  son  père  était  grand  bailli  de  Mortain  et  qu'en  cette  qualité 
il  conunandait  dans  le  ban  et  l'arrière-ban.  —  Enquis  quelles  terres  et  sei- 
gneuries possède  son  père  ?  —  A  dit  qu'il  possède  la  comté  de  Lapenty  et  les 
paroisses  de  Saint-Symphonen  et  de  Buais,  dans  le  diocèse  d'Avranches,  dont 
noble  Nicolas  Geraldin,  ayeul  du  présenté,  lui  a  fait  cession.  —  Enquis  s'il  a 
toujourslvécu  et  vit  encore  dans  la  religion  catholique,  apostolique  et  romaine.' 
—  A  dit  que  oui,  que  lui  et  toute  sa  famille  y  avaient  toujours  été  attachés  et 

même  que  ses  ancêtres  avaient  abandonné  leur  pays  pour  elle » 

(2)  L'ordre  de  Malte  ou  mieux  des  Hospitaliers  de  Saint  Jean-de-Jérusalem, 
était  à  la  fois  religieux  et  guerrier.  D'après  la  bulle  du  pape  Pascal  U,  en  1 1 1 3, 
on  y  prononçait  les  trois  vœux  d'obéissance,  de  pauvreté  et  de  chasteté.  Le  but 
principal  de  cet  ordre  fut  d'abord  de  recevoir  les  pèlerinsqui  visitaient  la  Terre- 
Sainte;  puis  commeil  fallait  se  défendre  contre  les  Sarrasins,  les  chevaliers  for- 
mèrent en  même  temps  un  ordre  militaire.  Chassés  de  Jérusalem,  puis  successi- 
vement de  Chypre  et  de  Rhodes,  ils  se  retirèrent  dans  l'Ile  de  Malte  que  leur 
céda  Charles-Quint,  en  1530.  Bonaparte,  allant  en  Egypte,  la  conquit  sur  eux 
et  mit  fin  à  leur  existence  politique»  en  1778.  Cet  ordre  était  divisé  en  trois 
classes  :  les  chevaliers  devaient  être  nobles,  les  chapelains  et  les  servants 
d'armes  prouvaient  seulement  qu'ils  étaient  nés  de  parents  honorables  et 
et  qui  ne  s'étaient  point  mêlés  d'art  et  de  professions  mécaniques  ou  basses. 
Cet  ordre  recx)nstitué  en  Italie  et  en  Autriche,  compte  encore  deux  lan- 
gues, quatre  grands  prieurés,  deux  bailliages  et  cent  deux  commanderies. 


4 

i 


-  48- 

Le  grand  bailli  de  Mortain,  ayant  établi  son  jeune  fils,  pensa, 
de  bonne  heure^  à  transntettre  sa  charge  à  son  fils  aine.  Nous  en 
avons  la  preuve  dans  différents  titres  de  ses  archives. 

En  4749,  on  apprit  à  Mortain  que  la  vicomte  de  Saint-Hilaire 
allait  être  supprimée.  Cette  nouvelle  émut  vivement  le  titulaire. 
Il  demanda  alors  Térection  de  sa  vicomte  en  bailliage,  comme  on 
venait  de  le  faire  pour  Honfleur.  Afin  que  sa  proposition  eut  plus 
d*autorité,  il  pria  le  grand  bailli  de  vouloir  bien  transmettre  ses 
vœux  au  duc  d'Orléans.  M.  de  Geraldin  accepta.  Il  profita  môme 
de  cette  occasion  pour  rappeler  à  Son  Altesse  la  promesse  qui  lui 
avait  déjà  été  faite  en  faveur  de  son  fils,  et  sollicita  pour  sa  sœur, 
Tabbesse  de  la  Blanche,  une  portion  de  terre,  qu'elle  désirait 
vivement  obtenir,  dans  l'intérêt  de  sa  communauté. 

Voici  la  réponse  qui  lui  fut  adressée  au  château  de  Saint- 
Symphorien  : 

«  An  Palais-Royal,  ce  20  juin  1749. 

»  Dans  le  momentque  Ton  allait  travailler.  Monsieur,  aux  lettres 
de  survivance  de  la  charge  de  grand  bailli  de  Mortain,  en  faveur 
de  Monsieur  votre  fils,  Ton  s'est  aperçu  qu'il  manquait  son  nom  de 
baptême.  Voulez-vous  bien  me  l'envoyer,  avec  ses  qualités,  afin 
que  rien  ne  retarde  ce»  qui  vous  a  été  accordé. 

»  Je  ne  crois  pas.  Monsieur,  que  l'on  change  rien  dans  Tédit, 
pour  ce  qui  concerne  la  suppression  de  la  vicomte  de  Saint- 
Hilaire.  Les  inconvénients  ont  été  pesés  lorsqu'il  a  été  rédigé 
avec  beaucoup  d'examen,  et  tout  le  monde  conclut  à  la  suppres- 
sion. Le  vicomte  demande  que  l'on  érige  cette  vicomte  en  bail- 
liage, à  l'instar  d'Honfleur,  mais  l'endroit  n'est  pas  assez 
principal  pour  y  établir  un  corps  de  bailliage. 

»  Je  me  suis  mis  à  portée  déterminer  l'affairede  Madame  Tab- 
besse  de  la  Blanche  sur  la  fieffé  des  six  acres  qu'elle  demande. 
Lorsque  je  serai  sur  les  lieux ,  j'aurai  l'honneur  de  la  voir  et  de 
conclure.  Les  propositions  que  j'ai  à  lui  faire  ne  lui  seront  point 
onéreuses,  je  puis  même  dire  qu'elles  seront  avantageuses  à  sa 
communauté.  J'espère  être  à  Mortain  le  7  ou  le  8  du  mois  d'août. 


-  49  — 

Je  serai  bien  charmé  de  vous  y  renouveler  l'inviolable  et  respec^ 
toeax  attachement  avec  lequel  j'ai  l'honneur  d'être^  Monsieur, 
TOtre  très-humble  et  très-obéissant  serviteur. 

«  Lemoine  de  Bbluslb.  » 

La  survivance  étant  ainsi  assurée^  M.  Geraldin  fils  servit  dans 
on  régiment  et  obtint  le  titre  de  brigadier  des  armées  du  roi.  En 
1756,  H.  d'AmferDet,  lieuteuant-colonel  d'infanterie  et  capitaine 
des  grenadiers  du  régiment  du  Lyonnais,  lui  envoya  une  route 
pour  sa  compagnie.  Il  la  commandait  encore,  en  1760.  Quelques 
anoées  après,  en  1768,  il  fut  pourvu  à  l'office  de  bailli  de  Hor- 
taio,  avec  l'agrément  du  duc  d'Orléans.  Nous  transcrivons  la 
lettre  que  M.  de  Larosière  écrivait,  en  4768,  à  H.  de  Parmentier 
et  qui  fut  remise  à  M.  de  Geraldin  père. 

«  Monsieur  de  Geraldin,  Monsieur,  désirant  faire  recevoir  son 
fils  à  l'office  de  bailli  de  Mortain  ,  dont  il  est  pourvu,  a 
obtenu  à  cet  effet  l'agrément  de  Monseigneur.  H.  de  Tillière 
m'a  remis  une  copie  informe  des  dernières  provisions.  Je 
lui  ai  promis  d'avoir  l'honneur  de  vous  écrire  aujourd'hui 
pour  vous  prier  d'engager  M.  de  Geraldin  à  me  faire  passer  ses 
provisions,  sa  procuration  ad  resignandum  et  un  extrait  de 
baptême  de  Monsieur  son  fils,  affin  de  faire  arrester  le  rolle 
de  quart  deniers  et  faire  courir  d'autant  les  quarante  jours 
auxquels  il  se  trouve  assujeti,  pour  n'avoir  pas  acquitté  le  prest  et 
1  annuel.  Le  droit  se  monte  à  mille  livres  et  les  deux  sols  par 
livre,  sur  l'évaluation  anciennement  fixée  à  quatre  mille  livres.  Au 
bout  des  dits  quarante  jours,  M.  de  Geraldin  père  envoira  son  cer- 
tificat de  vie  d'après  lequel  je  ferai  expédier  la  nomination  de 
Sa  Seigneurie,  et  desuitte  les  provisions  du  Roy.  La  totalité  de  la 
dépense  pourra  monter  entre  deux  mille  livres  et  deux  mille  deux 
cents  livres,  mais  quant  à  présent  il  ne  faut  que  mille  cent  deux 
livres  quatorze  sols  pour  le  dit  droit  de  quart  deniers,  quittance 
et  contrôle  <*>.  i> 

« 

(t)  Arehives  de  M.  de  la  Garanderie. 


•-  BO  — 

Antoine  de  Geraldin  obtint  ainsi  ses  provisions  du  roi  et 
fut  reçu  au  parlement  de  Rouen.  Il  siégea  de  1768  à  1790,  c'est- 
à-dire  vingt-deux  ans.  Avant  d'être  promu  à  sa  charge,  Antoine 
avait  épousé  Louise  de  Malherbe,  fille  et  héritière  de  Jacques  de 
Malherbe^  patron  d'Ange.  Cette  femme  lui  donna  plusieurs  enfants 
qui  moururent  fort  jeunes  ;  elle-même  succomba  à  la  fleur  de 
Tàge  ^^K  En  1767,  Antoine  s'unit  de  nouveau,  avec  Mademoiselle 
Charlotte  Blouet  de  Cahagnolles,  demeurant  à  Saint-Sympho- 
rien  ^^K  II  en  eut  deux  filles  :  Marie-Anne  et  Antoinette-Charlotte. 
Cette  dernière  épousa  M.Charles  du  Bourgblanc,  marquis  d' Apre- 
ville  et  seigneur  de  Saint-Hilaire-du-Harcouet.  Elle  n'eut  point 
d'enfants  et  mourut  de  la  petite  vérole.  Son  mari  l'ayant  suivie  de 
fort  près  dans  la  tombe,  la  fortune  d'Antoinette  revint  à  sa  sœur 
Marie  qui  avait  épousé  M.  de  Villiers ,  officier  de  l'armée  de 
Yermandois,  auquel  elle  apporta  près  de  deux  cents  mille  livres 
de  rente  '^K  Elle  eut  quatre  fils  et  deux  filles.  L'atnée  de  ces  de- 
moiselles, nommée  Rosalie  de  Villiers,  se  maria  à  M.  du  Quesne, 
de  Saint-Romphaire,  qui  a  laissé  une  postérité  nombreuse.  Une 

(i)  Docteur  Cousin,  t.  XVIII,  p.  5.  Bibliothèque  d'Ayranches. 

(S)  Elle  était  fille  de  Michel-Jacques  Blouet,  seigneur  de  Cahagnolles  (canton 
de  Balleroy,  Calvados)  et  de  Marie-Anne- Françoise  Turgot.  Parmi  les  signa- 
tures de  son  contrat  de  mariage,  on  lit  les  noms  de  Turgot  de  Cahagnolles,  de 
Tassy,  de  Carbonnel  de  Canisy,  du  vicomte  de  Villy,  et  celui  du  marquis 
d'OUliamson,  baron  des  Biards. 

(3)  Vie  de  M.  de  Villiers,  premier  maire  de  Saint-Lo,  ancien  députe,  par 
M.  Julien  Travers,  {Ànntiaire  de  la  Normandie^  1846,  p.  859). 

A  la  date  du  2  septembre  1787,  nous  trouvons,  ainsi  conçues,  les  conven- 
tions matrimoniales  de  M.  Le  Jolis  de  Villiers  et  de  Mademoiselle  de  Geraldin  : 
«  Les  pactions  du  mariage  qui,  au  plaisir  de  Dieu,  sera  célébré  en  face  de  notre 
mère  la  Ste  Eglise  catholique^  apostolique  et  romaine,  entre  messire  François- 
Alexandre-Léonard  Le  Jolis  de  Villiers-Fossard,  officier  au  régiment  de  Ver- 
mandois,  fils  de  feu  messire  Alexandre-Léonard  Le  Jolis,  seigneur  de  ViUiers- 
Fossard,  pensionnaire  de  Sa  Majesté,  ancien  chef  de  bataillon,  et  de  noble 
dame  Marie-Anne-Mathurine  de  la  Comté,  de  la  paroisse  de  ViUiers-Fossardy 
au  diocèse  de  Bayeux,  d'une  part,  -  et  entre  demoiselle  Anne-Marie-Pierrette- 
Catherine  de  Geraldin,  fille  de  messire  Antoine-Marie-Anne,  le  comte  de 
Geraldin,  chevalier  de  l'ordre  royal  militaire  de  Saint-Louis,  brigadier  des 
armées  du  Roy,  grand  bailli  d'épée  du  eomté  de  Mortain,  seigneur  de  Saini- 
Symphorien,  Lapenty ,  Savigny,  Buais  et  autres  lieux,  et  de  noble  dame  Char- 


—  5<   - 

demoiselle  du  Qaesne,  HorteDse,  s'est  alliée  à  M.  Alexandre  de 
la  Garanderie,  le  possesseur  des  titres  de  la  famille  de  Geraldin. 
Quant  au  dernier  grand  bailli,  Antoine  de  Geraldin,  il  vécut 
JQsqu'en  1793.  Comme  une  grande  partie  de  la  noblesse  du 
temps^  il  n'émigra  point.  Il  vit  la  tourmente  révolutionnaire, 
mais,  moins  heureux  que  son  gendre,  il  fut  emporté  par  elle  ^^\ 
Si  nous  en  croyons  les  traditions  de  famille,  il  paraîtrait  que  ses 
domestiques,  au  nombre  de  vingt-cinq,  le  rencontrant  un  jour 
dans  un  de  ses  bois,  se  seraient  jetés  sur  lui  et  l'auraient  as- 
sassiné, pour  piller  ensuite  le  manoir  ^*\ 

lotte-Catherine  Bloaet  de  CahagnoUes,  de  la  paroisse  de  Saint- Symphorien, 
d'autre  part,  etc. 

Cet  acte  porte  les  signatures  de  :  comte  de  Geraldin,  Le  Jolis  de  Yilliers,  de 
Prie  de  Créquy*  parent  des  de  Villiers,  Biouet,  sœur  Le  Maître  de  la  Garlaye, 
abbesse  de  Saint-Sulpice,  le  commandear  de  Geraldin,  oncle  de  la  future 
Biariëe,  Aimée  de  Livry,  etc. 

(1)  M.  Le  Jolis  de  YiUiers  imita  la  noble  conduite  de  son  beau-père,  M.  de 
Geraldin,  et  resta  dans  sa  commune  ;  pour  lui  la  France  ne  pouvait  être  à 
l'étranger. 

(a)  Un  assez  gros  registre  bien  relié  et  dont  toutes  les  feuilles  sont  en  par- 
chemin, porte  ce  titre  :  ^  Adjudication  finallc  du  comté  de  Lapenty,  12  octobre 
1708.  *  C'est  une  sorte  de  livre  terrier  où  Ton  fait,  pour  ainsi  dire,  l'histoire 
de  chacune  des  propriétés  qui  composaient  cet  immense  domaine.  Pour  en 
donner  une  idée,  nous  mettons  sous  les  yeux  du  lecteur,  le  nom  de  toutes  les 
terres  qui  en  dépendaient  : 

Paroisse  de  Lapbntt. 

i*"  Le  manoir  de  Lapenty,  Haute-Cour,  s**  Le  moulin  neuf.  S**  Le  vieil 
nioolin,  4**  Le  manoir  de  Lapenty,  Basse-Cour,  5**  La  ferme  des  Chesnayes, 
<*U  ferme  des  Halliers,  V  La  ferme  du  Hamel^  8*  La  ferme  de  Chantepie, 
r  Une  maison  située  au  bourg  de  Lapenty. 

Fief  de  la  Haute^Cour.  —  Aînesses, 
r  Le  bourg  de  Lapenty,  a*  La  Chubriaye,  3*  La  Grande  Boisnaye,  4*  La 
Basse Boisnaye.  5*  La  Repennerie,  6"  Le  Chàtelier,  T  La  Meslinaye,  dr  La  Beauté, 
fLaBouverie,  10"  Le  Duianger,  11*  La  Hunaudaye,  12*  Le  ChampdoUant» 
U*  La  Hotterie,  \V*  La  MUUère,  15**  Trousserie,  16*  Le  Franc  domaine  de  la 
Cohene,  17*  Le  champ  Chupault,  18*  La  Foresterie,  19*  La  Jonnaye,  20*  La 
Cadoire,  il*  L'Hermitage,  92*  Le  grand  moulin,  93*  La  Picannière,  24*  La 
Chetnaye  des  Landes,  95*  La  Bigotière,  96*  Le  Bois  Bausson,  97*  Chantepie, 
9S*Le8  Blanches  Pierres,  99*  Le  Champ  au  coq. 

Fief  de  la  Basse-Cour.  —  Aînesses. 
l""  La  Ghalange,  9*  Le  Creux,  3*  La  Grandaye,  4*  La  Duraudaye,  5*  La  Ha- 


~  82  - 

Le  château  de  St-Symphorien,  admirablement  restauré,  ap^ 
partient  aujourd'hui  à  M.  de  Rougé.  C'est  actuellement  une  des 
belles  propriétés  de  l'arrondissement  de  Horiain  ^^^  Le  fief  ou 
comté  de  Lapenty  a  été  démembré,  mais  une  des  terres  princi- 
pales, la  Basse-Cour,  appartient  encore  à  M.  de  la  Garanderie  ^*K 

yUlonnière,  6*  La  Chausse  Bouvaye,  7*  La  Pinsonnière,  8*  Les  Moires,  9*  Le 
Bois  au  prélre,  10*  Lugeraye,  11'LaSagallaye»  12*  La  Fauterie,  13*LaJo8- 
saye,  ii*  Le  Bois  Hervieu,  15*  La  Beliardaye,  16*  La  Grosserie,  17*  La  Bes- 
Dardaye,  l8*LaGeroudière,  19*  La  GoupiUière,  90*  La  Graudinière,  ai"  La 
Vayassorerie  de  la  Herissaye,  S2*  La  Fauterie,  23"  Les  Ouches. 

Fief  de  Samt-Sytnphorien, 

i^  Le  manoir  seigneurial  et  domaine  non  fieffé,  S°  Maison  du  bourg  de 
Saint-Symphorien,  3*  Ferme  du  Gaugray,  i"  La  ferme  de  la  Commune, 
y  Moulin  de  Boulard,  6**  La  ferme  des  Bouches,  7"  La  Ferme  de  Bahan  et  les 
moulins,  8"  L'étang  de  Bahan,  v^*'  La  ferme  de  la  Trémulière,  10"  Le  bois  de  la 
Gaudine. 

Aitiesses.  i"  La Caillonnière,  %"  Lorinière,  3"  Le Gaugray,  4"  Le boisAvenel, 
5°  La  Bretonnière,  f*"  La  Bouhndière. 

Fief  d'Etcorsines. 

1"  Laisnesse  du  domaine,  2"  La  Belleziore,  3"  La  Lucurlière,  4"  La  Faverie, 
5*  La  Turgisière,  6  La  Gavandière,  7'  La  Barillière,  8"  La  Grossinière,  9*  La 
Jeannière,  10*  Le  Tertre,  11*  L'Aînesse  de  Geraud,  12*  Le  Bois  moisy,  18*  La 
Coutière. 

On  ne  trouve  point,  dansée  registre,  le  nom  des  propriétés  de  Buais,  de 
Sainte  Anne ,  des  Quatre-Maisons,  de  Savigny-le- Vieux,  etc. 

(1)  Le  portrait  du  dernier  grand  bailli  de  Mortain  se  trouve  chez  M.  de 
Laubrie  qui  a  épousé  une  demoiselle  du  Quesne.  Celui  de  Mlle  de  Geraldin, 
femme  de  M.  Lejolis,  est  conservé  chez  M.  de  Villiers  M.  de  la  Garanderie 
possède  le  portrait  de  Tabbesse  de  TAbbaye-Blancbe  de  Mortain,  trois  che- 
valiers de  Gerald  in,  et  le  grand  tableau  du  marquis  de  Prie,  ancien, am- 
bassadeur à  Turin,  et  depuis  attaché  à  l'éducation  du  jeune  roi  Louis  XV; 
M.  de  Prie  avait,  comme  on  lésait,  épousé,  en  1718,  la  fille  du  seigneur  de 
Pleneuf,  directeur  général  de  l'artillerie,  Agnès,  qui  exerça  une  si  funeste 
influence  sur  le  duc  de  Bourbon,  premier  ministre  de  Louis  XV. 

(2)  Pendant  que  M.  de  Geraldin  mourait  victime  de  l'esprit  révolution- 
naire, un  de  ses  parents  dirlande ,  lord  Edward  Fitz  Gerald,  membre  du 
parlement  d'Irlande  vint  à  Pari?,  en  1793.  Il  y  épousa  la  fille  du  duc 
d'Orléans,  comte  de  Mortain,  la  belle  Pamela.  Ayant  adopté  les  principes  de 
la  Révolution,  il  résolut  de  retourner  en  Irlande  pour  affranchir  son  pays. 
Le  Directoire  lui  ayant  fourni  une  flotte  et  des  troupes,  en  1796,  il  tenta 
un  débarquement.  Mais  il  échoua  et  fut  trahi.  Condamné  à  mort,  il  mourut 
de  ses  blessures  avant  le  supplice,  le  4  juin  1798.  Thomas  Monre  a  écrit  sa 
vie,  en  1888, 


—  53  -^ 


CHAPITRE    II 


ORIGINES    DU    GRAND   BAILLIAGE   DE   MORTAIN. 


L'origine  du  grand  bailliage  de  Mortain  remonte  à  son  comté 
qai  a  eu  ses  trois  époques  bien  distinctes  et  à  peu  près  de  même 
durée  :  i^  celle  des  comtes  rendant  eux-mêmes  la  justice, 
i^  celle  des  grands  baillis  de  Cotentin,  3®  celle  des  baillis 
royaux  et  indépendants. 

La  période  des  comtes  fut  la  plus  glorieuse  si  on  la  considère 
quant  aux  personnages  administratifs  et  à  l'étendue  du  territoire 
qu'ils  avaient  à  régir.  Ces  personnages  sont  en  effet  les  frères 
des  ducs  de  Normandie,  les  fils  des  rois  de  France  ou 
d'Angleterre.  Qu'il  nous  suffise  de  citer  Mauger,  fils  de  Ri- 
chard I,  troisième  duc  des  Normands,  Robert  I,  dit  Taille-Fer, 
frère  de  Guillaume-le-Conquérant,  Eti^inne  de  Blois,  neveu  de 
Henri  I,  roi  d* Angleterre,  et  qui  plus  tard  devint  son  successeur 
sur  le  même  trône,  Jean-sans-Terre,  qui  fut  aussi  roi  d'Angle- 
terre après  avoir  été  dépouillé,  pendant  quelques  années,  de  son 
comté  de  Mortain,  ce  qui  lui  valut  alors  le  surnom  de  Sans-Terre; 
Philippe  Hurepel,  fils  de  Philippe-Auguste,  roi  de  France,  enfin  la 
comtesse  Maihilde,  veuve  de  ce  prince  royal. 

Le  territoire  de  ces  comtes  occupa  aussi  pendant  plusieurs 
siècles  le  rang  le  plus  élevé  dans  la  constitution  féodale  du 
pays  :  c'était  le  grand  fief  Normand.  Il  comprenait  non- 
seulement  ce  que  représente  aujourd'hui  l'arrondissement  de 
Mortain,  mais  encore  la  vicomte  de  Coutances,  la  vicomte  d'Auge 
ou  dePont-l'Evêque,  les  seigneuriesde  Saint-Sauveur-le-Vicomte, 
deValognes,  de  Saint-Lo,  de  Falaise,  d'Argentan,  deTinchebrayet 
deCoodé-sur-Noireau;leschâtellenies  de  Villiers-Bocage,  deFlers, 


—  64  - 

de  Balleroy,  d'Aulnay  et  de  Vassy;  près  dePont-Audemer,  la  terre 
de  Grestaia,  dont  l'abbaye  devint  le  compo  sarUo  des  premiers 
comtes.  Ajoutez  encore  une  foule  de  villes,  de  fiefs^  de  châteaux 
dans  l'ancienne  élection  d'Avranches,  dans  le  diocèse  de  Cou- 
tances  et  les  autres  diocèses  de  Normandie.  Enfin,  pour  complé- 
ment, le  grand  comté  de  Cornouailles,  en  Angleterre,  ou  les  neuf 
cent  quatre-vingt-treize  manoirs  que  le  comte  Robert  I,  reçut, 
comme  récompense,  après  la  conquête  '*K 


I. 


Cette  période  brillante  de  Mortain  laisse  néanmoins  beaucoup 
à  désirer  au  point  de  vue  de  la  justice  administrative.  Elle  rappelle, 
en  effet,  cette  époque  féodale  avec  ses  châteaux  crénelés,  placés 
sur  des  mottes  artificielles  entourées  d'eau,  ou  dominant  des 
roches  altières  et  inaccessibles,  comme  les  forteresses  de  Mortain 
et  des  Biards  ^^\  Le  grand  magistrat  était  le  comte  qui ,  délégué 


(1)  Chronique  de  Robert  du  Mont,  abbé  du  Mont-St-Michel.  ~  Guillaume  de 
Malmesbury,  —  Chronicon  Rotomageuse,  apud  Labbe.  —  Domesday-book.  — 
Histoire  de  Bretagne^  de  Dargentré.  —  Goube,  Histoire  du  duché  de  Nor- 
mandie, tome  III,  p.  367.  —  Histoire  de  Mortam,  par  Piron  et  parL.  Dubois. 

—  Desroches,  Histoire  de  Vancien  diocèse  d^Avranches.  —  Le  comté  de  Mor- 
tair^,  par  M.  Lemaistre,  1"  volume  de  la  Société  archéologique  d'Avranches, 

—  M.  Sauvage,  Recherches  historiques  sur   V arrondissement  de  Hiffrtain' 

—  Aristide  Guilbert,  Histoire  des  villes  de  France, — CarttUaires  des  Evéchés 
de  Normandie^  etc. 

(S)  Le  château  des  Biards  n'a  conservé  que  son  emplacement.  Il  était  situé  à 
l'endroit  appelé  encore  la  Ville,  sur  la  cime  élevée  d'un  rocher  taillé  à  pic, 
au  bas  duquel  coule  la  rivière  de  Selune  De  ses  tours,  on  dominait  le  bassin 
du  fleuve  et  les  berges  élevées  des  alentours.  Son  site  ne  le  cède  guère  à  Celui 
de  Mortain.  Aussi»  son  donjon  fut-il  un  des  plus  importants  du  comté.  11  a  son 
histoire  et  ses  légendes,  et  plusieurs  fois  on  s'est  battu  sur  ses  tours  ou  dans 
les  plaines  qui  l'environnent.  Etienne  de  Blois ,  comte  de  Mortain ,  puis  roi 
d'Angleterre,  y  fut  vaincu  par  le  baron  des  Biards  et  le  seigneur  de  Vitré, 
compétiteur  d'Etienne  pour  le  même  comté.  Etienne,  devenu  roi,  ^détruisit  le 
château.  Réédiûé  de  nouveau,  il  fut  démoli,  pourtla  seconde  fois,  par  les 


—  55  — 

des  ducs  ou  des  rois,  rendait  la  justice  en  son  nom  et  levait 
même  les  impôts.  Son  domaine  était  une  sorte  de  petit  royaume 
laissé  complètement  à  l'arbitrage  de  ce  souverain  secondaire. 
«Hormis le  baise-main,  dû  au  roi,  nous  dit  Etienne  Pasquier, 
il  ne  dépendait  que  de  sa  grandeur.  >  Bientôt  les  comtes 
eurent  des  baillis  pour  exercer  la  justice  en  leur  place.  Elle  fut 
mémerendue  par  les  barons  et  les  plus  simples  châtelains,  qui, 
presque  toujours,  étaient  à  la  fois  juges  et  parties  :  on  ne  con- 
naissait alors  que  le  droit  du  plus  fort.  Les  crimes  des  grands 
ressortissaient  à  la  cour  du  comte,  et  si  ces  seigneurs  étaient 
condamnés,  ils  pouvaient  racheter  leurs  fautes.  Quant  aux 
peuples,  hommes  de  Pôte,  homines  potestatis,  réduits,  en  grande 
partie  à  la  condition  de  serfs  ou  d'esclaves,  ils  étaient  à  la 
merci  de  leurs  seigneurs  qui  trop  souvent  s'attribuaient  le  droit 
de  les  opprimer  et  de  les  tyranniser. 

Si  des  procès  venaient  à  s'élever,  on  les  réglait  par  le  combat 
judiciaire,  procédure  minutieuse  mais  sans  appel  et  pour 
laquelle  on  ne  reconnaissait  point  aux  hommes  le  droit 
d'infirmer  ce  que  Dieu  était  censé  avoir  consacré.  Aussi,  quand  on 
ne  sortait  point  victorieux  de  l'épreuve,  on  était,  selon  la  con- 
testation, condamnée  de  fortes  amendes,  banni  ou  traîné  au  gibet. 
Après  la  bataille  de  Tinchebray,  en  1106,  Mortain  perdit  ses 
propriétés  anglaises.  Il  n'en  reçut  compensation  qu'en  1 204,  en 
recevant  le  territoire  du  Passais  et  la  ville  de  Domfront,  avec  le 
titre  de  comté-pairie,  en  faveur  de  Philippe  Hurepel.  A  la  mort 
de  ce  prince,  sa  veuve,  la  comtesse  Mathilde,  divisa  son  comté  en 
trois  lots  qui  furent  ceux  de  Tinchebray,  de  Domfront  et  de  Mor- 
tain. Elle  laissa  les  deux  premiers  au  roi  et  ne  se  réserva  que  le 
dernier,  qui,  après  la  mort  de  son  fils,  revint  également  à  la  cou- 
ronne. 


Anglais,  vers  la  fin  de  1418.  Gaillaumele  Soterel,  baron  des  Biards»  défendit 
>a  forteresse  avec  beaucoup  d'énergie ,  mais  vaincu  par  le  nombre,  il  se  re- 
tira au  Mont-Saint-Michel  dont  il  fut  un  des  principaux  défenseurs.  (M.  Si- 
Vkéon  Lace,  Chronique  du  Mont^Samt-MSichel,  p.  99.)  En  U90 ,  la  baronnie 
à»  Biards  fat  érigée  en  marquisat,  en  faveur  des  de  Pierrepont. 


—  66  — 

Mais  si  le  comté  se  modifie  matériellement,  il  reste  toujours  à 
peu  près  le  même,  au  point  de  vue  de  la  justice.  L'Eglise ,  il  est 
vrai,  tempère  la  rigueur  des  lois,  autant  qu'il  est  en  son  pouvoir, 
mais  ses  efforts  n'ont  pas  toujours  le  succès  qu'elle  désire.  Au 
ziii*  siècle,  80US  la  domination  française,  cette  justice  devait 
profondément  s'améliorer. 


IL 


Après  la  conquête  de  la  Normandie,  par  Philippe-Auguste ,  ce 
prince,  jaloux  de  son  autorité ,  voulut  réprimer  celle  des  grands 
qui  rendaient  la  justice.  Tous  les  ans  il  envoyait  des  commissaires 
qui  devaient  connaître  certains  cas^  à  l'exclusion  des  baillis,  des 
vicomtes  et  des  seigneurs.  Ces  officiers,  dont  les  fonctions  étaient 
à  peu  près  les  mêmes  que  celles  des  anciens  Missi  Dominici  de 
Charlemagne ,  furent  appelés  baillis  royaux ,  parce  qu'ils  étaient 
au-dessus  des  baillis  dVdinaires.  Ils  devaient  aussi  examiner  la 
conduite  des  vicomtes,  desviguiers,  des  prévôts  etdes  autres  justi- 
ciers, pour  en  faire  un  fidèle  rapport  au  roi  ''-.  Bientôt  ces  offi- 
ciers devinrent  sédentaires  et  furent  répartis  dans  différents 
districts  qui  prirent  le  nom  de  baillie.  Les  baillis  royaux  furent 
alors  les  premiers  justiciers ,  et  de  leur  tribunal  on  ne  pouvait 
en  appeler  qu'au  roi.  Ils  jugèrent  les  nobles  comme  les  vilains^ 
et  portèrent  par  là  une  vive  atteinte  aux  vicomtes  qui  furent 
réduits  à  ne  plus  connaître  que  les  procès  des  roturiers  et  les 
causes  subalternes. 

Dès  1207,  Coutances avait  un  bailli  royal,  Renaud  de  Cor- 
nillon. 

Son  bailliage  ne  comprenait  encore  qu'une  grande  partie  de 
l'ancien  diocèse  de  Coutances.  La  vicomte  d^Avranches ,  d'abord 

(1)  AnHqtiUé  dis  la  Neuitrie^  par  RoorgaevUle,  —  Bezien  ^  Chronologi9 
des  BaiiUi  de  Caên.  —  Piganiol  de  la  Force,  De$cription  de  la  France, 


—  57  — 

administrée  par  d'autres  baillis,  ne  lui  fut  donnée  qu'en  1 228.  Le 
comté  de  Hortain,  rentré  dans  le  domaine  royal,  en  1256,  fut  bien* 
tôt  réuni  au  bailliage  royal  de  Coutances,  car,  dès  le  2  août  1 266, 
le  grand  bailli,  Renaud  de  Radepont,  présidait  les  assises  de Mor- 
tain  ^*\  Ce  n'est  en  effet  qu'en  1260  que  Saint  Louis  fégularisa 
la  position  des  baillis,  établis  par  Philippe-Auguste,  et  en  fit 
des  hommes  nouveaux,  étrangers  à  l'ancienne  routine,  pour 
rendre  bonne  justice  à  son  peuple  ^*K  A  la  place  des  coutumes 
féodales,  ce  grand  roi  propage  la  loi  romaine  dans  son  royaume, 
en  faisant  traduire,  en  langue  vulgaire ,  le  Code  Justinien  ^^K 
II  fait  davantage  encore  :  il  oppose  le  droit  commun  à  l'exception, 
le  bon  sens  et  Téquité  à  l'arbitraire  et  à  la  force.  Saint  Louis 
donne  lui-même  l'exemple  de  la  justice ,  et  ce  qu'il  ne  peut  im- 
poser rigoureusement,  il  Toblient  par  Ja  persuasion  et  la  puis- 
sance de  sa  vertu.  Il  souffrait  surtout  de  voir  dans  ses  états  des 
serfs  appartenant  corps  et  biens  à  leur  seigneur.  Aussi  Beauma- 
Doir  entra  dans  ses  vues  en  faisant  entendre  ces  belles  paroles  : 
«  Au  commencement  nous  étions  tous  francs  d'une  même  fran- 
»  chise,  et  c'est  grand  mal  quand  chrétien  est 'de  serve  condi- 
»  tion  ^*\  »  Dès  lors  les  communes  sont  affranchies  et  les  peuples 
recouvrent  leur  liberté  individuelle.  Ils  forment  déjà  une  classe 
avec  laquelle  il  faudra  compter.  Serfs  la  veille^  bourgeois  le  len- 
demain ,  ils  vont  bientôt  devenir  le  Tiers-Etat.  A  mesure  que 
leur  nombre  augmente;  l'industrie ,  la  richesse,  l'instruction  se 
développent.  Des  intérêts  nouveaux,  inconnus  du  système  féodal, 
surgissent  de  toutes  parts.  Une  classe  de  jurisconsultes  et 
d'hommes  de  loi  s'élève,  et  avec  elle  l'esclavage  antique  et 
absolu  disparait.  Le  sujet  ne  sera  plus  serf  ou  esclave,  mais 
homme  libre,  pouvant  posséder^  et  cultiver  de  grand  cœur^ 


(1)  Mémoire  sur  les  grands  baillis  du  Gotentin,  par  M.  L.  Delisle,  dans 
les  Mémoires  de  la  Société  des  ArUiquairee  de  Normandie,  XXIX*  volume  de 
la  coUection,  p.  79. 

(S)  JoinviUe,  édit.  de  Wailly,  eh.  xi. 

(3)  Montesquieu,  Beprkt  des  UAs^  livre  XXYll,  ch.  xzxvni  et  XLn. 

(i)  Beaumanoir^  eh.  xlv,  numéros  31  et  37,  Coutumes  du  Bêauvotsis, 


—  58  — 

le  champ  qu'il  a  acquis  ou  reçu  comme  récompense  de  ses  an- 
ciens travaux. 

Saint  Louis  supprima  encore  le  duel  judiciaire  et  le  gage  des 
batailles,  en  leur  substituant  l'enquête  et  la  preuve  par  témoins. 
Il  voulut  surtout  des  juges  intègres ,  instruits  et  vertueux.  Des 
jugements  seigneuriaux  tout  le  monde  put  rappeler  aux  tribunaux 
du  roi  et  se  mettre  sous  la  sauvt-garde  du  souverain.  Aussi  cette 
nouvelle  jurisprudence  découragea  les  grands  barons  «  plus 
habitués,  dit  Etienne  Pasquier,  à  vider  leurs  causes  par  la 
pointe  de  leurs  épées  que  par  celle  de  leurs  plumes  ^^K  » 

N'entendant  plus  rien  à  cette  procédure^  dont  les  termes  leur 
semblaient  barbares ,  ils  désertèrent  peu  à  peu  la  cour^  laissant 
tout  faire  aux  légistes  qui,  d'assesseurs  devinrent  juges  ^^K 

D'après  une  ordonnance  de  1287,  ces  mêmes  barons,  ne  pou- 
vant recourir  au  clergé  pour  former  leur  tribunal,  se  virent  sou- 
vent, faute  de  magistrats,  dans  l'impossibilité  de  composer  leur 
cour.  Leurs  sujets  devinrent  alors  justiciables  du  souverain,  et 
les  justices  seigneuriales  furent  peu  à  peu  désertées,  au  profit 
des  tribunaux  de  la  couronne.  Il  n'y  eut  de  bien  suivi  que  deux 
espèces  de  cours  :  celles  des  baillis  royaux,  qui  prirent  au  sérieux 
leurs  fonctions,  et  celles  des  ecclésiastiques  également  éclairés 
par  la  connaissance  de  la  loi  romaine  et  l'étude  du  droit  canon. 
Aussi  les  rois  qui  refusaient  des  clercs  aux  seigneurs,  voulurent 
toujours  avoir  des  évêques  et  des  abbés  dans  leurs  assises,  per- 
suadés qu'ils  en  seraient  la  force  et  la  lumière. 

Après  la  mort  de  saint  Louis,  Tardeur  des  baillis  ne  connut 
plus  de  bornes  et,  sous  Philippe-le-Bel,  ils  furent  à  la  fois  magis- 
trats, hommes  d'Etat,  receveur  des  deniers  de  la  couronne  et 
généraux  dans  les  armées. 

Les  baillis  furent  donc  des  hommes  éminents  qui  rendirent  les 
plus  grandis  services  à  la  royauté  comme  à  la  civilisation. 


(I)  Recherches  de  la  France,  liv.  IX,  ch.  xli. 

(i)  M.  Botreau-Roussel»  Euai  sur  la  cwtr€Uuatian  judidatre  en  France^ 
p.  19. 


—  so- 
ie territoire  qui  fut  assigné  aux  grands  baillis  du  Cotentin, 
comprenait  tout  Tancien  diocèse  de  Coutances,  moins  une  centaine 
de  paroisses  situées  dans  l'ancien  archidiaconé  du  Val-de-Vire, 
et  dépendant  du  grand  bailliage  de  Caen,  tout  le  diocèse  d'Avran- 
ches,  moins  trois  paroisses  dont  deux  firent  encore  partie  du 
bailliage  de  Caen,  et  la  troisième  du  bailliage  d'Alençon,  plus 
trente-six  paroisses  disséminées  dans  les  bailliages  de  Caen  ou 
les  diocèses  de  Séez  et  de  Bayeux ,  et  appartenant,  ou  ayant  ap- 
partenu, au  comté  de  Mortain. 

Ce  grand  bailliage  était  partagé  en  cinq  vicomtes  royales  où  le 
bailli  allait  tenir  ses  assises.  Leurs  chefs-lieux  étaient  :  Coutances, 
TalogneSyCarentan,  Avranches  et  Mortain.  Ces  grandes  divisions 
formèrent  plus  tard  neuf  démembrenoents  ou  bailliages  secon- 
daires qui  furent  :  I^Yalognes,  comprenant  cent  trente-el-une 
paroisses ,  Coutances  ,  cent  vingt  -  trois ,  Avranches,  quatre- 
vingt-dix-neuf,  en  comptant  la  paroisse  de  Cendres,  en  Bre- 
tagne, dans  révéché  de  Dol;  Mortain,  cent  sept,  Saint- 
Sauveur-le-Vicomte,  soixante-huit,  Carentan,  trente-six,  Saint- 
Lo,  trente-deux,  Saint-Sauveur-Lendelin,  vingt-six,  etCérences, 
douze. 

Le  bailliage  de  Saint-Sauveur-le-Yicomte  était  compris  dans  la 
grande  vicomte  ou  bailliage  de  Yalognes,  et,  outre  les  paroisses 
groupées  autour  de  son  chef-lieu,  il  comptait  encore  de  nom- 
breuses enclaves  dans  le  doyenné  de  la  Hague,  dans  celui  du 
Val-de-Saire,  dans  le  bailliage  de  Carentan,  et  même  dans  celui 
de  Caen.  Le  bailliage  de  Saint-Sauveur-Leodelin,  dont  le  siège 
était  à  Périers,  avait  été  établi  sur  les  vicomtes  de  Carentan  et  de 
Saint-Lo.  Celui  de  Cérences  était  le  plus  singulièrement  divisé. 
Son  agglomération  se  trouvait  autour  de  la  Haye-Pesnel, 
et  le  chef-lieu  était  complètement  .isolé.  Il  comptait  encore 
Bréhal  parmi  ses  dépendances,  mais  Coutances  revendiqua 
cette  localité. 

Le  bailliage  de  Mortain  subissait  des  pertes.  Avranches  lui 
prenait  trois  paroisses:  Boisbenâtre  elles  deux  Cresnays;  Argen- 
tan lui  enlevait  encore  Hilly,  et  Vire,  Gathemo  et  Saint-Martin- 


—60  — 

de-Cbaulieu  ^*\  Quoiqu'il  en  soit  de  cette  bizarre  division  des 
bailliages  secondaires,  il  est  certain  néanmoins  que  le  grand 
bailliage  du  Cotentin  tenait  un  des  premiers  rangs  parmi  les 
autres  grands  bailliages  delà  province,  alors  au  nombre  de  sept  : 
Rouen,  Gisors,  Caux,  Evreux,  Alençon,  Caen  et  Coutances. 

Les  bailliages  secondaires  ou  démembrements  du  grand 
bailliage  renfermaient  encore  de  petites  vicomtes  dont  les  chefs* 
lieux  étaient  des  villes  ou  des  ch&teaux  qui  avaient  possédé  de 
hautes  justices;  on  les  appelait  vicomtes  de  plaids  {placUa)^ 
pour  les  distinguer  des  vicomtes  d'assises  oii  se  rendait  le  grand 
bailli  <î). 

Avant  le  XV"  siècle,  le  grand  bailli  ne  pouvait  s'absenter  plus 
de  six  semaines  de  son  bailliage;  il  ne  pouvait  non  plusse  marier 
ou  faire  des  acquisitions  dans  le  territuire  assigné  à  sa  juridic- 
tion. Quand  il  avait  son  changement,  ce  qui  arrivait  souvent,  il 
était  obligé  de  rester  cinquante  jours  dans  son  ancien  chef-lieu, 
après  la  nomination  de  son  successeur,  afin  de  répondre  aux 
plaintes  qui  pouvaient  être  formées  contre  lui.  Ces  sages  règle- 
ments tombèrent  en  désuétude^  quand,  en  1467,  Louis  XI  rendit 
perpétuel  l'office  des  grands  baillis.  On  annexa  aussi  à  leur  titre 
de  grands  justiciers,  celui  de  gouverneur  des  villes  ou  des  pro- 
vinces de  leur  résidence.  En  retour  ils  n'eurent  plus  qu'à  prési- 
der la  noblesse  et  àcommander  le  ban  et  l'arrière-ban  ;  la  justice 
était  rendue  par  leurs  lieutenants,  dans  chacun  des  bailliages  se* 

(1)  Voir  la  carte  générale  des  bailliages  de  Normandie  et  celle  du  grand 
bailliage  de  Mortain. 

(i)  Beziers,  Chronologie  des  BaiUis  de  Caen,  —  Ces  vicomtes  de  plaids 
étaient  :  Cherbourg,  Beaumont,  Barfleur,  Gavray,  Granviile,  Pootorson, 
Saint-James,  Saint-Hilaire  et  le  Teilleul.  Quelques  justices  seigneuriales 
avaient  également  survécu,  comme  celles  de  Queltetot,  Brix,  Montebourg,  la 
Haye-du-Puils,  Blosville,  Créaocesi  Marigny,Moyon,  Coigny,  Beauple,  Saint- 
Pair,  Saint-Poix,  Villedieu,  le  Mont-Saint-Michel,  Genêts,  Ardevon,  La- 
penty,  Mesnil-Tove,  Les  Biards,  Sourdeval,  Brécey,  Les  Cresnays,  Saint- 
Quentin,  Saint-Martin-des-Champs,  Curey,  Marcey,  etc.  Plusieurs  de  leurs 
auditoires  sont  encore  debout,  et,  comme  un  des  plus  curieux,  on  peut  citer 
celui  de  Lapenly,  présentant  des  cintres  surbaissés,  de  hautes  ogives  à  me- 
neaux et  croisillons  en  pierre;  dans  l'intérieur,  une  cheminée  monumentale- 


,/  •■» 


CARTt     DES   HUIT    GRANDS    BAILl 


NORMANDIE 


^.^ .  jft^iean'  Si 


/^otosravare  Procédé  YvesABarret 


I 


-04  - 

condaires.  Il  lear  resta  encore  la  préséance ,  la  voix  honoraire  et 
rioscription  de  leur  nom  au  commencement  des  sentences. 

La  mission  des  baillis  de  Cotentin  fut  souvent  entravée  dans  le 
comté  de  Hortain.  Ce  comté,  plusieurs  fois  réuni  à  la  couronne 
et  plusieurs  fois  détaché  d'elle,  devint  Tapanage  de  difi'érents 
princes.  Ils  le  possédèrent  avec  un  territoire  qui  varia  souvent, 
mais  qui,  toujours,  fut  bien  inférieur  au  vaste  domaine  des  xi* 
et  XII*  siècles.  Au  début  du  xiv*  siècle,  nous  y  voyons  les  rois  de 
Navarre,  et,  sous  l'administration  anglaise,  lés  ducs  de  Bedford 
et  de  Sommerset,  ainsi  que  le  comte  d'Harcourt  et  le  brave 
Dunois.  Mais,  à  partir  de  ce  dernier  comte,  le  bailli  de  Cotentin 
ne  paraît  plus  aux  assises  de  Mortain.  Il  faut  reconnaître  aussi 
qu'il  y  est  venu  moins  souvent  que  dans  ses  autres  districts. 
Au  XVI®  siècle,  son  autorité  disparaît  complètement,  car  le  comté 
retrouve  son  indépendance,  en  devenant  lui-même  un  grand 
bailliage.  Voici  à  quelle  occasion  : 


III. 


En  1525,  François  !•',  ayant  été  vaincu  à  Pavie,  fut  pris  et 
conduit  à  Madrid.  Pour  se  racheter,  il  consentit  à  donner  à 
Charles-Quint  deux  comtés  de  la  Flandre  :  Leuze  et  Condé.  Ces 
deux  villes,  si  célèbres  dans  nos  annales  militaires,  appartenaient 
à  la  princesse  Louise  de  Bourbon  de  Montpensier  et  à  ses  enfants. 
Ils  consentirent  à  la  cession,  mais,  en  échange,  ils  réclamèrent 
le  comté  de  Hortain  et  la  vicomte  d'Auge.  C'était,  comme  on  le 
voit,  une  grande  partie  du  domaine  des  anciens  comtes  de  Mor- 
tain. La  proposition  fut  acceptée.  Dans  le  contrat  d'échange^ 
conclu  le  16  décembre,  1529,  il  fut  stipulé  que  «  icelles  terres 
seraient  non-seulemeni  tenues  et  possédées,  par  la  dite  dame, 
perpétuellement  et  héréditalement,  comme  son  vrai  patrimoine  et 
héritage...,  mais  que  les  dites  justices,  sceaux,  tabellionnages  et 


—  62  — 

greffes  seraient  exercés  au  nom  du  dit  seigneur  et  roi  et  demeu- 
reraient de  qualité  royale...  et  quand  les  oiTiccs  des  dites  terres 
vaqueront  par  mort,  résignation  ou  autrement,  la  nomination 
d'iceux  appartiendra  à  la  dite  dame,  au  dit  nom,  et  le  don  et 
l'institution  au  dit  seigneur  roi,  lequel  en  pourvoira  ceux  qui 
seront  nommés  par  la  dite  dame,  au  dit  nom  et  non  autres.  »  Ce 
contrat  fut  enregistré  au  parlement  de  Rouen  le  21  mai  1530,  et 
le  8  juin  suivant,  la  princesse  fut  mise  en  possession  de  son 
comté  en  présence  d'un  grand  nombre  d'oiBciers,  de  gentils- 
hommes et  de  bourgeois.  Le  bailli  de  Cotentin  ne  paraît  point 
dans  cette  affaire;  cependant  la  rupture  n'est  pas  consommée. 
Les  hommes  de  loi ,  comme  le  bailli  et  les  autres  officiers 
sont  simplement  à  la  nomination  de  la  comtesse  ou  de  ses 
successeurs. 

En  1551 ,  lors  de  la  création  des  présidiaux  ^^\  par  Henri  II, 
Louis  de  Montpensier,  fils  de  la  princesse  de  Bourbon  ou  de  la 
Roche-su r-Yon,  obtint  du  roi  des  lettres-patentes  pour  l'indépen- 
dance du  bailliage  de  Mortain  et  le  ressort  immédiat  de  ses  causes 
au  parlement  de  Normandie.  Ces  lettres-patentes,  enregistrées  à 
Rouen,  prouvent  que  le  bailliage  de  Mortain  a  été  démembré  de 
celui  du  Cotentin  et  qu'il  forme  désormais  un  grand  bailliage 
indépendant.  Il  pourra  donc  se  mouvoir,  comme  tous  les 
autres  grands  bailliages  de  la  province  ^'^K 

Le  premier  grand  bailli  fut  Robert  de  La  Bigne,  ancien  lieu- 
tenant du  grand  bailli  de  Cotentin  et  comme  lui  portant  encore 
la  robe  longue  des  véritables  juges. 

En  1576^  la  tauge  fut  interdite  aux  grands  baillis,  par  une 
ordonnance  d'Henri  III.  Dès  lors  ils  ne  furent  plus  que  des  juges 
honoraires,  mais  marchant  à  la  tête  de  la  noblesse  et  comman- 


(1)  Le  Présidial  était  un  tribunal  établi  dans  chaque  bailliage  et  séné- 
chaussée (nom  d'un  bailliage  dans  le  midi  de  la  France).  11  se  composait 
d'un  lieutenant-géoéral  et  particulier  et  de  sept  conseillers.  Il  jugeait  en  der- 
nier ressort  les  procès  dont  l'objet  en  litige  n'excédait  pas  une  valeur  de 
S50  livres  ou  io  livres  de  rentes  ;  mais  ces  sommes  varièrent  arec  le  temps. 

(s)  Registre  du  parlement  de  Rouen. 


—  63  — 

dant  le  ban  et  rarrière-ban.  C'est  ce  que  nous  indique  l'acte  sui- 
Yaot,  ainsi  conçu  : 

«  Henri  III,  par  ordonnance,  à  Blois,  Tan  1576,  articles  263 
et  264,  porte  que  nul  ne  serait  pourvu  des  Etats  de  baillise  et 
sénéchaussée  des  provinces,  qui  ne  fut  de  robe  courte,  gentil- 
homme de  nom  et  d*armes,  âgé  de  30  ans  et  qui  auparavant  n'eust 
commandé  en  l'état  de  capitaine,  lieutenant,  enseigne  ou  guidon 
de  gendarmes  des  ordonnances.  Lesquels  offices  ne  pourroient 
être  vendus  dorénavant  directement  ou  indirectement. 

»  André  Le  Moine,  seigneur  de  Sourdeval,  Aspillé,  etc.^  che- 
valier de  Tordre  du  roi ,  maréchal  de  camp  de  ses  armées, 
capitaine  de  cinquante  hommes  d'armes,  gouverneur  et  lieute- 
nant pour  Sa  Majesté  au  bailliage  de  Mortain,  fut  le  premier 
bailli  de  robe  courte. 

»  Ce  changement  est  arrivé  par  la  poursuite  que  firent 
Messieurs  de  Montpensier  qui,  après  avoir  obtenu  que  leur  comté 
ne  reconnaîtrait  point  le  présidial  de  Coutances,  en  obtinrent  un 
huitième  bailliage  séparé  et  indépendant  de  celuy  de  Cotentin 
dont  il  faisait  partie  autrefois. 

»  Le  seigneur  de  Poillé^  gendre  du  dit  seigneur  Le  Moine,  lui 
succéda  en  qualité  de  gouverneur  et  de  bailli  de  Mortain  ^^K  » 

Nous  donnerons  d'autres  titres  émanant  des  rois  et  du  parle- 
ment et  confirmant,  de  la  manière  la  plus  formelle,  le  démembre- 
ment du  bailliage  de  Cotentin  et  l'érection  du  comté  de  Mortain 
en  grand  bailliage. 

En  1700,  ce  comté  fut  divisé  en  deux  bailliages  secondaires. 
Le  principal ,  celui  de  Mortain,  conse/va  soixante-et-onze  parois- 
ses, et  celui  de  Tinchebray  n'en  eut  que  trente-six.  Ce  fut  la  seule 
modification  que  subit  ce  grand  bailliage,  de  1554  à  1789. 

Nous  finirons  ce  chapitre  en  donnant  le  tableau  des  grands 
baillis  de  Mortain. 


(1)  Titre  conservé  dans  les  archives  de  M.  de  la  Garanderie  et  provenant 
du  cbartrier  de  M.  de  Creraldin»  grand  bailli  de  Mortain. 


—  64  — 

Grands  Baillis  de  Robe  longue. 

I. 

Robert  de  la  Bi6NE(<5i8  à  1558),  écuyer,  seigneur  de 
Larobosne,  li<:;encié  es  lois.  Présenté  par  le  duc  de  Montpensier, 
comme  lieutenant  du  bailli  de  Cotentin  dans  le  bailliage  de  Mor- 
tain,  il  Tut  nommé,  par  le  roi  Henri  II,  premier  grand  bailli  de 
Hortain,  en  1551.  Sa  famille  était  originaire  de  la  paroisse  du 
même  nom,  canton  d'Anlnay,  arrondissement  de  Vire,  et  portait 
pour  armes  :  d'or  à  trois  roses  de  gueules  posées  2,  1.  (Nobi- 
liaire de  la  généralité  de  Caen). 

II. 

Jean  du  Bailleul  (1558-1560).  Cette  famille  de  Bailleul^  dit 
aussi  Grandin,  était  originaire  de  Saint-Cyr-du-Bailleul,  canton 
de  Barenton,  arrondissement  de  Mortain.  Elle  posséda  le  château 
du  Bailleul,  situé'dans  la  commune  deSaint-Cyr,  sur  une  motte 
artificielle,  dont  les  fossés  étaient  arrosés  par  les  eaux  naissantes 
de  la  Sélune,  qui,  là,  prend  le  nom  de  Friette.  Les  de  Bailleul- 
Grandin  portaient  pour  armes  :  d'azur,  à  la  bande  d'or,  accom- 
pagnée de  deux  molettes  de  même.  Ils  sont  cités  par  :  d'Aligre,  en 
1635,  Chamillard,  en  1666,  Cousin,  en  1767,  et  parle  Nobiliaire 
de  la  généralité  de  Caen. 

III. 

Robert  de  la  Bigne  (1561-1 568),  écuyer,  sieur  de  Lambosne 
et  de  la  Rochelle,  commissaire  du  roi.  Il  était  de  la  famille  du 
précédent. 

Grands  Baillis  de  Robe  courte. 

IV. 

André  Le  Moine,  seigneur  de  Sourdeval,  chevalier  des  ordres 
du  roi,  gentilhomme  de  sâ  chambre,  gouverneur  et  bailli  de 


Mortain.  Il  appartenait  à  une  famille  illustre  et  ancienne,  lin  de 
ses  membres  est  déjà  cité,  en  1 271 ,  dans  la  liste  des  nobles  che- 
Taliers  du  bailliage  de  Cotenlin,  sous  le  nom  de  Richardus  Mona* 
chas.  Mous  retrouvons  de  nouveau  cette  famille,  en  1338,  dans 
QD  arrêt  de  l'Echiquier  de  Normandie.  Les  Le  Moine  succédèrent, 
comme  seigneurs  de  Sourdeval,  aux  de  Carbonnel ,  et  André 
Le  Moine  qui,  le  premier,  unit  le  titre  de  gouverneur  de  Mortain 
à  celui  de  grand  bailli,  fut  aussi  le  dernier  représentant  de  son 
nom. 

V. 

Robert  de  la  Bigne  (1572-1586),  écuyer,  sieur  de  la  Molte- 
Lambosne,  conseiller  du  roi,  licencié  es  lois. 

VL 

Robert  de  la  Bigne  (1 586-1 588),  écuyer,  sieur  de  Lambosne, 
licenciées  lois^*\ 

VII. 

Jean  de  Poillé  (1591-1625),  baron  de  Poillé,  seigneur  de 
Saint-Hilaire-du-Harcouet ,  de  Saint-Georges-de-Raintambaut, 
Montault,  etc.,  chevalier  de  Tordre  du  roi,  son  conseiller  en  ses 
conseils  d'Etat  et  privé,  capitaine  de  cinquante  hommes  d'armes, 
bailli  et  gouverneur  du  comté  de  Mortain  et  du  fort  de  Tombe- 
laine-sur-Mer.  Ce  gentilhomme,  dont  la  famille  succéda  à  celle 
des  La  Perrière  du  Homme^  dans  la  seigneurie  de  Saint-Hilaire, 
était,  d'après  le  titre  cité  précédemment,  gendre  d'André  Le 
Moine.  Ses  successeurs  possédèrent  la  seigneurie  de  Saint-Hilaire 
jusqu'au  siècle  dernier;  elle  passa  ensuite  aux  Bourgbianc 
d'Apreville. 

(I)  Ces  deux  grands  baillis,  cites  par  M.  Sauvage,  dans  ses  Reeherehei  Mito- 
Tiques  tur  Parronduëement  de  Mortain,  p.  S60,  ne  sont  peut^tre  qu'un  seul 
et  même  personnage.  Quoiqu'il  en  soit,  ils  appartiennent  à  la  famille  du  pre- 
Huer  grand  bailli,  Jean  delà  Bigne. 

5 


—  66  — 

vm. 

Henri  db  Poillé  (1626*1637),  comte  de  Poillé,  seigneur  de 
Saint-Hilâire-du-Harcouet,  de  SainuGeorges-de-Raintambaut, 
Moûtault,  etc.,  chevalier  de  l'ordre  du  roi,  son  conseiller  en  ses 
conseils  d'Etat  et  privé,  capitaine  de  cinquante  hommes  d'armes, 
bailli  et  gouverneur  du  comté  de  Mortain  et  du  fort  de  Tombelaine- 
sur-Mer.  Cette  famille  de  Poillé,  qui  avait  obtenu,  par  alliance,  la 
seigneurie  de  Saint-Hilaire,  dont  elle  habitait  le  beau  château  ^^\ 
était  de  Poilley-le-Lionnais,  eh  Bretagne,  canton  de  Louvigné- 
du-Désert,  arrondissement  de  Fougères.  Ces  barons  de  Poillé 
étaient  célèbres  en  Bretagne  et  leur  terre,  désignée  sous  le  nom  de 
baronnie,  fut  érigée  en  comté,  en  1 636.  C'est  pour  cette  raison  que 
Henri,  grand  bailli  de  Mortain,  se  qualifie  non  plus  du  titre 
de  baron,  mais  bien  de  celui  de  comte  de  Poillé  ou  Poilley. 

IX. 

François  de  Poillé  (1638-1 647),  comte  de  Poillé,  seigneur  de 
Saint-Hilaire-du-Harcouet,  etc.,  capitaine  d'une  compagnie  de 
chevau-légers  ,  bailli  et  gouverneur  du  comté  de  Mortain  et  du 
fort  de  Tombelaine-sur-Mer.  (Même  famille  que  le  précédent). 

X. 

Jean  de  Poilvilain  (1652-1660),  seigneur  du  Hesoiladeléeet 
de  La  Boulouze,  bailli  et  gouverneur  du  comté  de  Mortain  et  du 
fortdeTombelaine-sur-Mer"\  Les  de  Poilvilain  dits  de  Misoir,  du 
nom  d'un  fief  qu'ils  possédaient  à  Lolif,  depuis  1174,  sont  cités, 
par  Duchesne,  comme  une  famille  renommée  en  Normandie,  de 
1066  à  1212.  Elle  devint  plus  tard  propriétaire  du  comté  de 

Cresnay  et  a  existé  après  la  Révolution.  Le  dernier  que  nous  con- 

« 

(1)  Ce  château  est  aujourd'hui  détruit.  L'église  neuve,  à  trois  nefs,  occupe 
une  grande  partie  de  remplacement  de  ses  tours,  de  ses  jardins  et  d^ 
ses  fossés. 

(2)  Jean  de  Poilvilain  de  Misoir  ou  Misouard  fut  le  dernier  gouverneur  en 
titre  de  la  forteresse  deTombelaine,  située,  dans  les  grèves,  en  face  du  Mont^ 
SaintpMichel.  Cette  forteresse  fut  rasée,  en  1669. 


-^  6?  — 

naissions  est  décédé  à  Âvrancbes,  en  1835,  chanoine  de  la 
eathédrale  ei  vicaire-général  de  Monseigneur  de  Belbeuf,  évéque 
d*Avranches.  Charles  de  Poilvilain,  nnarquis  de  Mesnil-Rainfray, 
comte  de  Cresnay,  maréchal  decampdes  arméesdu  roi,  mourut  en 
4*767,  et  Sebatin  de  Poilvilain  décédait  en  1756,  vice-amiral  de 
France.  Les  armes  de  cette  famille  étaient  :  parti  d'or  et  d*azur. 

XI. 

Jean  du  Bailleul  (1 660-1 697),  écuyer,  bailli  et  gouverneur  du 
comté  de  Mortain.  (Famille  déjà  citée.) 

XII. 

René-Joseph  du  Bailleul  (1697-1 706), chevalier,  seigneur  de 
Hontenay,  conseiller  du  roi,  grand  bailli  d*épée  de  Mortain. 
(Frère  du  précédent.) 

XIII. 

Emmanuel  du  Bailleul  (1706-1724),  chevalier,  seigneur  de 
Hontenay,  conseiller  du  roi,  bailli  d'épée  du  comté  et  bailliage 
de  Mortain.  Ce  grand  bailli,  de  la  famille  des  précédents,  a  été 
oublié  dans  les  listes  des  grands  baillis  de  Mortain,  données  par 
MM.  Sauvage  et  Desroches.  II  est  cependant  cité  dans  un 
acte  royal  touchant  la  nomination  de  son  successeur,  et  daté  de 
Fontainebleau,  le  8  octobre  1 72i. 

XIV. 
Pibrre-Nigolas-Raimond  de  Geraldin  (1 725-1 768),  comte  de 
lapenty,  Buais,  Saint-Symphorien ,  Corsine,  etc.,  conseiller, 
chambellan  ordinaire  du  roi,  grand  bailli  d'épée  de  Mortain. 

XV. 

Antoïne-Anne-Nicolas  de  Geraldin  (1 768-1 790),  comte  de 
Lapenty,  Buais,  Saint-Symphorien,  etc.,  brigadier  des  arméesdu 
roi,  son  conseiller,  grand  bailli  d'épée  de  Mortain.  Nous  avons 
fait,  dans  le  chapitre  précédent,  l'histoire  de  ces  deux  derniers 
baillis. 


-  68  ~ 


CHAPITRE  III. 


ADMINISTRATION   DE    PIERRE-NIGOLAS-REMOND    DE   GERALDIIf, 

GRAND    BAILLI. 


Quand,  en  17^5, M.  Pierre  de  Geraldin  prit  possession  de  son 
grand  bailliage,  tout  y  était  créé  depuis  longtemps.  Il  y  trouva 
donc  les  deux  bailliages  de  Mortain  et  de  Tinchebray,  puis  le 
petit  bailliage  royal  de  Périers,  établi  sur  la  terre  de  Beauficel, 
appartenant  à  M.  le  duc  de  Penthièvre.  Le  propriétaire  de  ce  fief 
était  alors  le  fils  du  comte  de  Toulouse,  M.  Louis  de  Bourbon 
duc  de  Penthièvre,  si  connu  par  sa  piété,  sa  bienfaisance,  sa 
grande  popularité  et  ses  malheurs.  Cette  juridiction  ne  compre- 
nait que  les  deux  paroisses  de  Beauficel  et  de  Périers.  On  Fappe- 
lait  vulgairement  le  billot  de  Périers,  parce  que^  dit-on^  ses  oflS- 
ciers  siégeaient  assis  sur  des  billots  ^'^  M.  de  Geraldin  y  trouva 
aussi  la  vicomte  royale  de  Mortain  et  les  trois  vicomtes  secon- 
daires de  Saint-Hilaire,  de  Tinchebray  et  du  Teilleul,  avec  quel- 
ques hautes  et  moyennes  justices. 

Le  grand  bailliage  de  Mortain  se  composait,  comme  les  prési- 

(1)  Le  duc  de  Penthièvre  nommait  aux  deux  cures  de  Périers  et  de  Beau- 
ficel, comme  seigneur  de  ces  paroisses  ;  registre  des  visites  de  Mgr  de  Missy. 
ëvéque  d'Avrancbes,  1748.  —  Le  duché  de  Penthièvre,  comprenant  les  terres 
de  Guingamp,  LambaUe,  Moncontour,  la  Roche-Evrard,  Loudéac  etJugon, 
fut  d'ahord  érigé  en  comté,  en  1034,  pour  Eudes,  deuxième  fils  de  Geoffroy. 
Réuni  au  duché  de  Bretagne,  en  1272,  il  en  fut  détaché,  en  1317,  pour  Guy, 
deuxième  fils  d'Arthur  II.  Jeanne,  fille  de  Guy,  épousa  Charles  de  Blois,  célèbre 
par  sa  guerre  contre  Jean  de  Mon  tf or  t.  Jean  Y  de  Montfort  reprit  ce  comté» 
en  1420.  Charles  IX,  roi  de  France,  érigea  le  comté  de  Penthièvre  en  duché, 
en  1569,  pour  Sébastien  de  Luxembourg.  En  1697,  Louis  XIV  le  donna  au 
fomte  de  Toulouse,  son  fils  naturel,  avec  les  deux  paroisses  de  Beauficel  et 
de  Périers  qui  en  faisaient  partie. 


-  69- 

diaox,  d'un  grand  bailli,  d'un  lieutenant-général ,  d'un  lieute- 
nant particulier,  de  plusieurs  assesseurs  ou  juges  gradués,  d*un 
aTOcat  du  roi  et  d'un  procureur  du  roi.  La  vicomte,  qui  remon- 
tait au  XII*  siècle,  comprenait  aussi,  outre  le  vicomte  ou  sénéchal 
du  comte,  un  lieutenant-général,  un  lieutenant  particulier^  un 
enquêteur,  quatre  assesseurs  et  un  grand  nombre  d'avocats  et 
d*haissiers'*\  Ces  deuxjuridictionsavaientdes rapports  très-inti- 
mes car,  en  Tabsencedu  lieutenant-général  du  bailliageetdu lieute- 
nant particulier,  la  justice  était  rendue  par  le  vicomte,  ses  avocats, 
ses  procureurs  et  ses  enquêteurs.  Nous  les  voyons  mêmes,  dans 
certaines  procédures ,  paraître  simultanément.  Du  reste,  cette 
cour  du  grand  bailliage  avait  une  réputation  de  science  méritée. 
Il  suffit  de  citer  Roupnel,  qui  a  publié  une  nouvelle  coutume  de 
Normandie,  enrichiedenotesetdecommentaires,etles  du  Laurent, 
seigneur  de  la  Barre-en-Sourdeval ,  qui  ont  occupé  différentes 
places  dans  le  barreau  de  Mortain,  et  dont  l'un  a  composé  un 
Formulaire  des  Elus  ou  conseillers  d'Election,  ouvrage  qui 
a  eu  plusieurs  éditions.  Une  lettre  d' A rnauld  d'Andilly,  témoigne 
hautement  de  la  justice  intègre  de  ces  magistrats.  En  1641,  ils 
avaient  condamné  des  personnages  illustres  pour  avoir  op- 
primé de  pauvres  veuves.  Ces  gentilshommes  accusèrent  les 
juges  d'avoir  outrepassé  leurs  droits,  et,  usant  de  leur  haute  in- 
fluence, firent  casser,  dit-on,  la  sentence  dé  condamnation  qui 
avait  été  portée  contre  eux.  Cette  afi^aire  fit  grand  bruit,  et  attira 
aax  juges  certains  désagréments.  Ils  confièrent  leurs  ennuis  à 
M.  d'Andilly,  qui  les  consola  par  ces  belles  paroles  : 

<  A  Messieurs  les  officiers  du  bailliage  de  Mortain ,  en  Nor- 
mandie. 

»  Messieurs, 

»  Votre  innocence  a  paru  si  clairement  que  je  n'ai  pu 

voir  sans  un  sensible  déplaisir  que  vous  n'ayez  pas  en  tout  ce  que 

(1)  Le  tribunal  de  l'Election  qai  connaissait  en  première  instance,  tant  en 
matière  civile  que  criminelle^  de  tous  faits  des  aides  et  des  tailles,  se  com- 
posait de  un  président ,  un  lieutenant^  deux  conseillers  ou  élus ,  un  proca- 
reor  dn  roi,  deux  receveurs,  un  haissier-audiencier  et  un  greffier  en  chef. 


—  70  — 

VOUS  deviez  attendre  de  la  justice Hais  je  ne  doute  nullement 

que  vous  n'exécutiez  avec  tant  de  constance  et  de  félicité  la  réso- 
lution que  vous  avez  prise  d'être  à  l'avenir  plus  que  jamais, 
dans  l'étendue  de  votre  pouvoir,  les  continuels  défenseurs  de 
rinnocence  opprimée,  qu'il  n'y  aura  point  un  lieu  en  France  où 
les  veuves,  les  orphelins  et  les  pauvres  trouvent  dans  le  courage 
et  l'invincible  équité  des  juges  un  asile  plus  puissant  contre  la 

violence  des  grands  et  des  riches Et  je  vous  avoue  que  je  ne 

saurais  recevoir  une  plus  grande  joye  que  d'apprendre  désormais 
que  les  officiers  de  Mortain  peuvent  servir  d'exemple  à  tous  les 
autres  dans  un  ministère  aussi  saint  que  celui  de  la  justice,  qui 
n'est  pas  seulement  une  portion  de  la  puissance  royale,  déposée 
en  leurs  mains,  mais  une  portion  de  la  puissance  de  Dieu  même 
qu'il  a  déposée  entre  les  mains  des  rois  pour  le  représenter  sur 
la  terre ^*^  » 

En  cherchant  dans  les  titres  de  M.  le  grand  bailli  de  Gérai- 
bin,  nous  avons  trouvé  un  jugement  assez  long  condamnant,  à 
différentes  peines,  six  pauvres  artisans  de  Savigny-le-Vieux  et  de 
Lapenty.  II  nous  a  semblé  que  ce  document  était  précieux  pour 
cette  époque,  et  nous  donnerait  une  idée  delà  sévérité  des  sen- 
tences portées  au  siècle  dernier.  Il  nous  permettra  aussi  de  pé- 
nétrer dans  l'intérieur  de  ce  tribunal^  de  voir  les  juges  en  fonc- 
tion, de  connaître  les  mœurs  et  les  usages  de  leur  temps. 

Voici  la  substance  de  cette  affaire,  remontant  à  Tannée  1726. 

«  1®  Pierre  Morel,  de  Savigny-le-Vieux  et  boucher  de  profes- 
sion, écroué  dans  la  geôle  de  Mortain,  est  accusé  et  convaincu 
d'avoir  enlevé,  il  y  a  environ  dix  ans,  une  brebis,  dans  la  pa- 
roisse de  Villlechien,  chez  un  nommé  Fortin;  plus  tard,  il  prit 
de  nuit,  avec  effraction,  du  sarrasin  dans  le  grenier  de  Julien 
Jouaux,  de  Moulines.  Il  est  convaincu  de  s'être  introduit  dans  le 
dit  grenier  au  moyen  d'un  passage  qu'il  se  serait  fait  en  ôtant, 
de  sa  place,  une  pierre  ou  carreau  servant  de  seuil  à  la  porte  de 
la  grange;  d'avoir,  dans  l'hyver,  trois  ou  quatre  mois  avant 

(I)  Lettre  t3l.  Edition  de  1679|  de  Pierre  Le  Petite  imprimeur  du  Bol,  p.  331. 


—  71  — 

d'élrearresté,  voilé,  avec  effraction  et  de  nuit,  dans  lamaisoa  de 
Madelaine  Jammes,  dit  la  Gaiiichesse,  dans  la  paroisse  de  Savi- 
{oy,  vingt-huit  livres  (en  argent)  et  deux  livres  de  beurre  salé; 
d'avoir  volé,  avec  effraction ,  dans  la  maison  de  Julien  Bagot, 
paroisse  de  Villechien,  pendant  la  grande  messe,  le  jour  de  Noël, 
de  Tannée  1725,  une  somme  de  cent  vingt  livres,  deux  chemises, 
ODe  coiffe»  un  mouchoir  et  un  bonnet ,  ayant  tenté  de  faire  ce  vol 
peodant  la  messe  de  minuit. 

»  Pour  punition  et  réparation  de  quoi  et  autres  cas  résultant 
da  procès,  Nous  avons  condamné  le  dit  Morel  h  faire  cejour- 
d'hui  amende  honorable,  tête  et  pieds  nus,  nud  en  chemise, 
tenant  en  ses  mains  une  torche  ardente  du  poids  de  deux 
livres,  la  corde  au  col,  conduit  par  Texécuteur  des  sen- 
tences criminelles»  à  la  principale  porte  de  l'auditoire  royal,  et 
ensuite  devant  la  principale  porte  de  l'église  collégiale  de  cette 
ville,  et  là,  étant  à  genoux,  dire  et  déclarer  à  haute  et  intelligible 
voix  que»  mechantement  et  comme  mal  avisé,  il  a  commis  les 
dits  vols,  qu'il  en  demande  pardon  à  Dieu,  au  Roy  et  à  Justice,  ce 
fait,  conduit  par  le  dit  exécuteur  en  la  place  accoutumée  en  cette 
ditte  ville  où  se  font  les  exécutions,  pour  y  être  pendu  et  étranglé 
jusqu'à  ce  que  mort  s'ensuive,  à  une  potence  qui,  pour  cet  effet, 
sera  dressée»  à  laquelle  son  corps  mort  restera  vingt-quatre  heu- 
res exposé;  ses  biens  scitués  en  pays  de  confiscation ,  acquis  et 
confisqués  au  profit  de  qu'il  appartiendra,  sur  iceux  et  autres 
DOD  sujets  à  confiscation  ,  préalablement  pris  la  somme  de 
cent  livres  d'amende  envers  le  Roy,  en  cas  que  confiscation  n'ait 
lieu  au  profit  de  sa  majesté. 

»  2*  Avons  pareillement  déclaré  Guillaume  Giret,  laboureur, 
de  la  paroisse  de  Lapenty,  atteint  et  convaincu  d'avoir  déposé  le 
faux  devant  Nous,  le  28  août  dernier,  en  faveur  de  Michel 
Morel,  de  Tavoir  soutenu  lors  de  son  recolement,  le  7  septembre 
suivant  et  lors  de  sa  confrontation  au  dit  Morel,  le  même  jour. 
Pour  punition  et  réparation  de  quoy,  Nous  avons  condamné  le 
dit  Giret  d'assister  le  dit  Morel  à  l'amende  honorable  et  à  son 
exécution  à  mort  où  il  sera  conduit  par  le  dit  exécuteur,  et  au 


-  72  — 

bannissement  des  provinces  de  Normandie,  du  Maine  et  de  Bre- 
tagne pendant  sept  années  ;  enjoint  à  lui  de  garder  son  ban, 
â.ous  peine  de  la  hart  ;  le  dit  Giret  condamné  en  outre  à  cinquante 
livres  d'amende  envers  le  Rov.  » 

Après  la  condamnation  de  ce  voleur  public  et  de  ce  faussaire^ 
voici  les  sentences  portées  contre  un  autre  voleur  et  ses  complices, 
qui,  à  différentes  reprises,  avaient  pénétré  dans  Tabbaye  de 
Savigny  et  y  avaient  enlevé  grand  nombre  d'objets. 

«  1®  Nous  avons  également,  par  jugement  prévôtal  et  en  der- 
nier ressort,  dit  et  déclaré  Guillaume  Laisné,ditOIlivier,  pâtre  ou 
gardeur  de  vaches,  de  Savigny,  deument  atteint  et  convaincu  de 
s'être  laissé  aller  et  séduire  dès  Tâge  de  quinze  et  seize  ans  pour 
commettre  des  vols  avec  effraction  dans  la  maison  abbatiale  de 
Savigny,  avoir,  à  cet  effet,  percé  et  fait  un  trou  à  la  complicité 
d'un  co-accusé,  à  la  muraille  de  la  grande  écurie  de  la  ditte 
abbatiale,  par  le  dit  trou,  d'enavoir,lui  second,  cassé  et  ouvert  les 
portes,  forcé  et  enlevé  les  serrures,  pris  et  enlevé  les  draps  du 
lit,  nappes,  serviettes ,  chacun  leur  charge ,  d'avoir  continué  de 
voler  en  la  dite  abbatiale  pendant  deux  autres  nuits,  lui  second, 
d'avoir  porté  et  recelé  les  effets  volés  chez  son  complice,  d'avoir 
en  outre  voilé,  toujours  au  moyen  des  mêmes  effractions^  avec 
son  camarade;  en  la  dite  al)batiale,  et  un  troisième  complice  pen- 
dant quatre  autres  nuits ,  des  nappes  et  serviettes ,  draps  de  lit, 
graisse  de  toutes  espèces ,  quantité  de  bouteilles  de  vin ,  de  la 
vaisselle  d'étain,  chaudron,  hache  et  autres  munitions  au  procès, 
d'avoir  recelé,  avec  ses  deux  complices,  les  effets  provenant  des 
dits  quatre  derniers  vols,  chez  le  dernier  venu  des  dits  associés  et 
complices,  d'avoir,  de  concert  avec  eux,  vendu  des  grains,  linges, 
bleds  et  vin  voilés.  (Ils  avaient,  entre  choses,  vendu  du  linge  à 
la  foire  de  Buais,  à  François  Garnier,  marchand  de  choux  à 
Sainte-Ânne-de-Buais),  et  d'en  avoir  fait  son  utilité  et  profit. 
Pour  punition  et  réparation  de  quoi  Nous  avons  condamné  et 
condamnons  le  dit  Guillaume  Laisné  à  faire  amende  honorable 
(même  cérémonial  déjà  cité),  et  d'être  battu  et  flagellé  nud  de 
verges  sur  les  épaules,  dans  les  carrefours  et  lieux  accoutumés  de 


—  73  — 

cette  Tille,  à  l'un  d'icenx  flétri  d'un  fer  cbaud  et  marqué  des  trois 
kttres  G.  A.  L.  sur  l'épaule  droite  et,  ce  fait,  conduit  sur  les 
gallères  du  Roy  pour  servir  à  perpétuité  comme  forçat. 

»  2^  Nous  avons  déclaré  la  dite  Julienne  Mouton,  femme  de 
Jalien  Fléaux  dit  Fiaux  ou  le  Guerrier,  journalier  à  Savigny, 
deument  atteinte  et  convaincue  d'avoir  reçu  et  recelé  dans  un 
coffre,  dans  sa  maison,  les  dits  effets  provenant  des  dits  trois  pre- 
miers vols,  fait  son  profit  de  partie  des  draps  voilés ,  beu  et 
mangé  en  sa  maison  avec  les  complices  des  dits  vols,  et  beu  dans 
ce  temps  sa  part  du  dit  vin  voilé.  Pour  punition  et  réparation, 
Noos  avons  condamné  la  dite  Julienne  Mouton  à  faire  amende 
honorable,  etc.,  etc.,  (cérémonial  connu)  être  ensuite  fustigée  et 
battue  nue  de  verges,  sur  les  épaules,  par  le  dit  exécuteur,  aux 
carrefours  et  lieux  accoutumés  de  cette  ville  et  à  l'un  d'iceux 
flétrie  du  fer  chaud  et  marqué  de  la  lettre  Y,  sur  l'épaule  droite, 
et  bannie  à  perpétuité  du  royaume,  enjoint  à  elle  de  garder  son 
ban,  sous  peine  de  mort. 

»  3®  Nous  avons  également  déclaré  la  dite  Jeanne  Le  Breton, 
deument  atteinte  et  convaincue  d'avoir  fourni  à  l'un  des  complices 
des  dits  vols,  une  poche  à  blé,  le  jour  précédent  le  premier  des 
dits  vols  et  laquelle  auroit  servi  à  tous  et  chacun  des  dits  vols, 
d'avoir  reçu,  chez  la  dite  Julienne  Mouton,  le  dimanche  lende- 
main du  dit  premier  vol,  de  l'un  des  complices ,  les  linges  en 
provenant ,  et  d'avoir  engagé  le  dit  Guillaume  Laisné  de  conti- 
nuer les  dits  vols  et  de  lui  porter  les  linges  et  du  vin  qu'il  voile* 
rait  et  qu'elle  les  lui  payerait,  d'avoir  dit  aux  dits  voleurs  qu'elle 
ne  se  tairait  pas  des  dits  vols,  si  elle  n'en  avait  sa  part ,  d'avoir 
acheté  de  l'un  des  dits  voleurs  du  blé  et  un  plat  d'étain  volé,  la 
somme  de  douze  sols,  d'avoir  reçu  du  dit  Guillaume  Laisné,  un 
ballot  de  linge  voilé  consistant  en  chemises,  serviettes  et  autres 
linges,  et  de  lui  avoir  payé  huit  sols,  d'avoir  pris  et  emporté  de 
chez  chacun  des  dits  voleurs,  quantité  de  grains  et  linge,  sachant 
bien  que  le  tout  était  volé  à  la  dite  abbatiale,  d'avoir  beu  avec 
les  voleurs,  chez  eux,  du  vin  volé,  et  d'avoir  de  tous  les  dits 
effets,  fait  son  utilité  et  son  profit,  ensemble  d'avoir  recelé,  dans 


—  74  — 

sa  maison,  soixante  ou  quatre-vingts  planches  et  limons  de  chêne 
volé  avec  effraction,  chez  Pierre  Miland,  en  la  paroisse  de  Buais, 
pendant  une  nuit,  dans  l'hiver  de  la  dite  année  1725.  En  puni- 
tion et  réparation  de  quoi  Nous  avons  condamné  la  dite  Jeanne 
Le  Breton.  (Amende  honorable  et  peine  semblables  à  celles  de 
Julienne  Mouton.) 

4°  Nous  avons  enfin  déclaré  le  dit  Marin  Mouton,  journalier  à 
Savigny-le-Vieux,  atteint  et  convaincu  d'être  en  mauvaise  ré- 
putation, d'avoir  donné  deux  jetons  jaulnis  pour  deux  coins 
d'or  et  d'en  avoir  reçu  la  monnaie,  d'avoir  eu  connaissance  des 
dits  vols  commis  à  la  dite  abbatiale  dès  le  second  des  dits  vols, 
d'y  avoir  participé,  ayant  eu  sa  part  des  grains  et  vins  volés, 
d'avoir  porté  des  grains  à  l'un  des  dits  complices  pour  l'engager 
de  voler,  d'avoir  acheté  du  dit  Guillaume  Laisné,  une  bou- 
teille de  vin  volé,  trois  sols,  d'avoir  entretenu  le  dit  Laisné  dans 
l'esprit  de  voler,  buvant  et  mangeant  avec  lui,  et  de  lui  avoir  dit 
et  aux  dits  co-accusés,  parlant  des  dits  vols  de  la  dite  abbatiale, 
qu'ils  péchaient  un  étangqu'ils  n'épuiseraient  pas.  Pour  punition 
et  réparation  de  quoi  Nous  avons  condamné  le  dit  Marin  Mouton 
à  faire  amende  honorable.  (Amende  et  punition  également  sem- 
blables à  celles  des  autres  complices.) 

Déclarons  en  outre  tous  et  chacun  des  biens  de  chacun  des 
dits  Guillaume  Laisné,  Julienne  Mouton,  Jeanne  Lebreton  et 
Marin  Mouton,  situés  en  pays  de  confiscation,  acquis  et  confis- 
qués au  profit  de  qui  il  appartiendra  et  sur  iceux  et  autres  biens 
non  sujets  à  confiscation,  préalablement  pris  la  somme  de  cha- 
cun cinquante  livres  d'amende  envers  le  roi,  si  confiscation  n'a 
lieu  au  profit  de  Sa  Majesté.  » 

Fait  et  donné  par  nous,  Michel-Pierre  Régnier,  écuyer,  sieur 
de  la  Motte,  prévost  général  du  département  et  généralité  de 
Caen,  en  la  dite  chambre  du  conseil,  à  Mortain,  où  présidait  Ni- 
colas du  Bailleul,  écuyer,  seigneur  et  patron  de  St-Cyr-dû- 
Bailleul,  conseiller  du  roy,  lieutenant-général  civil  et  criminel 
au  bailliage  de  Mortain,  et  étaient  présents  :  Emmanuel  Fortin, 
écuyer,  seigneur  de  la  Cohardière,  conseiller  du  roi,  lieutenant 


—  75  — 

particulier,  civil  et  criminel  au  dit  bailliage;  Georges-François 
de  Chevrue,  écuyer,  seigneur  de  la  BauiBère  et  du  Hesoilhoue, 
conseiller  du  roi,  vicomte;  Julien  Roupnel  sieur  de  la  Héron- 
nais,  conseiller  du  roi,  lieutenant-général  de  la  vicomte;  Pierre 
Hesnage,  écuyer,  sieur  de  la  Boutriëre,  conseiller,  secrétaire 
du  roy,  maison  couronne  de  France,  enqoesteur  au  dit 
bailliage  et  vicomte  de  Mortain;  Jean  de  Laubrière^  conseiller 
du  roi,  enqnesteur  au  dit  bailliage;  Jean-Baptiste  du  Laurent, 
écuyer,  avocat  au  dit  bailliage,  commissaire;  le  14  jan- 
vier 1730.  La  lecture  du  présent  jugement  faile  aux  dits  cou- 
pables, audience  séante.  Signé  au-dessous  :  «  Régnier.  La  pré- 
sente expédition  délivrée  à  M.  deGeraldin,  sur  la  minute  ^^K  » 

Ainsi  se  termine  ce  fameux  piocès. 

Que  nous  sommes  loin  de  ces  temps  où  le  vol  était  si  sé- 
vèrement puni  I  Si  alors  on  n'était  pas  honnête  par  le  sen- 
timent du  devoir,  on  pouvait  l'être  par  celui  de  la  crainte. 
Cette  crainte,  il  faut  l'avouer,  était  salutaire  et  on  com- 
prend, qu'en  Normandie,  le  vol  était  devenu  rare.  Dès  le  x*  siècle 
Rollon  voulut  qu'il  ne  se  rencontrât  plus,  dans  son  duché,  ni 
on  meurtrier  ni  un  voleur,  et  il  usa  des  moyens  nécessaires  pour 
atteindre  ce  but.  On  était  alors  persuadé,  comme  on  Ta  été 
depuis,  que  rien  ne  maintient  tant  les  hommes  dans  la  justice  que 
la  pensée  de  l'infamie  et  de  la  peine.  Aussi  pût-on  laisser,  dans  la 
forêt  de  Rhoumare,  un  bracelet  d'or  suspendu  à  un  chêne,  et  cela 
pendant  trois  ans,  sans  qu'il  se  trouvât  un  larron  pour  le  prendre. 

Après  cette  longue  procédure  contre  des  voleurs,  des  faus- 
saires, des  receleurs  et  des  complices,  nous  en  trouvons  une 
autre  plus  longue  encore  et  non  moins  difficile.  Elle  s'éleva  à 
l'occasion  d'une  des  prérogatives  de  M.  le  grand  bailli,  dont  ses 
lieutenants  ne  semblaient  tenir  aucun  compte.  Les  ordonnances 
royales  enjoignaient,  à  ces  offficiei*s,  de  commencer  tous  leurs 
actes  en  citant  le  nom,  les  titres  et  qualités  du  grand  bailli  qui 
était  le  président  né,  de  la  justice  dans  son  comté.  A  Cou- 

(1)  ArehiTeide  M.  de  la  Garaaderie,  pièce  originale  bien  conservée. 


—  76  — 

tances  le  lieutenant-géDéral  ne  manquait  jamais  à  cette  prescrip- 
tion, et  ceux  de  Saint-Lo,  d'Avranches,  de  Valognes  etc.,  en 
faisaient  autant  dans  les  actes  publics  ou  privée.  Â  Hortain  et  à 
Tinchebray  on  méprisait  cette  ordonnance  rigoureuse,  et  on 
semblait  tenir  au  maintien  de  cette  conduite  si  anormale.  Quelle 
en  était  la  cause?  Le  lieutenant-général  était  alors  M.  Nicolas  du 
Bailleul  dont  les  ancêtres  avaient  été  souvent  grands  baillis  de 
Mortain.  Les  prédécesseurs  immédiats  de  M.  de  Geraldin  étaient 
encore  des  membres  de  la  famille  du  Bailleul.  Y  avait-il  de  la 
part  du  lieutenant-général  un  regret  profond  de  n'avoir  pu  suc* 
céder  à  son  père,  comme  cela  s'était  pratiqué  dans  le  passé,  et 
voulait-il  en  exprimer  son  mécontentement,  en  refusant  à  M.  de 
Geraldin  ce  qui  lui  était  légalement  dû?  Nous  ne  jurions  le 
dire.  Si  ce  sentiment  ne  fut  pas  sans  valeur  dans  la  conduite  de 
H.  du  Bailleul,  nous  pensons  cependant  que  la  cour  de  Mortain, 
comme  celle  de  Tinchebray,  furent  froissées  de  la  négligence  de 
H.  le  grand  bailli   à  faire  visite  aux  oflSciers  du  bailliage^  à 
prendre  possession  de  sa  charge  et  à  se  faire  installer  réellement 
et  personnellement.  Il  y  avait  cinq  ans  que  M.  de  Geraldin  avait 
reçu  ses  provisions,  et,  sans  se  préoccuper  de  les  faire  enregistrer 
à  Hortain,  il  était  resté  paisible  dans  son  château  deSaint-Sym- 
phorien,  sans  songer  même  à  remplir  aucune  des  formalités  ac- 
coutumées. C'était  bien  le  grand  et  riche  seigneur  un  peu  in- 
souciant de  tout  ce  qui  était  au-dessous  de  lui.  Présenté  par  le 
duc  d'Orléans,  nommé  par  le  roi,  agréé  par  le  parlement,  devant 
lequel  il  avait  prêté  serment,  il  lui  sembla  en  avoir  assez  fait. 
Nous  ne  savons  si  ses  collègues  de  Caen  ou  de  Coûta nces  agissaient 
avec  autant  de  sans-façon  avec  leur  cour,  mais  il  est  certain 
qu'on  n'oubliait  pas  d'inscrire  leurs  noms  dans  tous  les  actes  ju- 
diciaires. A  Mortain,  l'oiibli  de  ce  devoir  rigoureux  finit  par 
blesser  au  vif  le  grand  bailli.  Il  vit  là  une  atteinte  portée  à  la 
dignité  la  plus  élevée  dans  le  bailliage,  au  magistrat  qui  marchait 
à  la  tête  de  la  noblesse,  au  représentant  de  la  justice  dans  toute 
l'étendue  du  comté.  Avec  un  grand  calme,  qui  est  l'expression  de 
laforceetdu  bondroit,  il  pensa  alors  à  réparer  ses  torts.   Le 


—  77  - 

49  avril,  1729,  il  fit  insérer  ses  provisions  dans  le  registre  plu- 
mitif du  greffe,  et,  le  12  novembre  de  la  même  année,  il  en  dé- 
manda un  extrait  ainsi  formulé  : 

«19  avril  1729. 

»  Aux  assises  mercuriales  tenues  à  Mortain  par  Nqus,  Nicolas 
do  Bailleul,  écuyer,  seigneur  et  patron  de  Saint-Cyr-du-Bailleul, 
conseiller  du  roi, lieutenant-général  civil  et  criminel  au  bailliage 
de  Mortain,  le  dix-neuvième  jour  d'avril,  1729,  ouy  le  procureur 
du  Roy,  acte  accordé  à  messire  Pierre-Nicolas-Raymond  de 
Geraldin,  par  mattre  Hamelin,  son  avocat,  de  la  lecture  et  repré- 
sentation de  la  nomination  faite  par  son  Altesse  Sérénissime, 
Monseigneur  le  duc  d*0rléans,  de  l'office  de  Bailly  du  comté  et 
bailliage  de  ce  lieu,  du  12  août  1724,  des  provisions  obtenues 
par  le  dit  sieur  de  Geraldin  de  Sa  Majesté  dudit  office,  du  8 
octobre  suivant ,  et  enfin  de  l'arrêt  de  la  cour  du  27  juillet 
1725.  Et  ordonné  que  le  tout  sera  enregistré  sur  le  registre 
plumitif  du  greffe,  sur  lequel  le  présent  a  été  délivré,  par  extrait, 
au  dit  sieur  de  Geraldin,  le  douzième  jour  de  novembre,  1729.  »  ' 
Cet  acte  est  signé,  du  Bailleul,  Levesque,  Gauquelin,  Lemoine. 
On  lit  en  marge  :  Reçu  six  livres  treize  sols  quatre  deniers  pour 
le  garde  des  archives,  pour  les  réceptions  d'officiers^  et  six  sols 
huit  deniers,  de  garde  minute.  Au  bureau  de  Mortain,  ce  12 
novembre  1 729,  signé  Bonon.  Et  plus  bas  :  «  Scellé  à  Mortain  ce 
12  novembre  1729.  Reçu  trente  sols,  compris  les  droits  du 
Roy,  signé  Lemoine.  » 

Après  cette  première  réparation,  M.  de  Geraldin  visita  ses 
officiers,  mais  en  prenant  son  temps,  et  il  finit,  enfin,  par  se  faire 
installer  réellement  et  personnellement.  Il  pensait,  après  toutes 
ces  démarches,  avoir  accompli  ce  qui  était  dû  pour  obtenir  que 
son  nom  fût  désormais  cité  à  la  tête  des  actes  judiciaires.  Néan- 
moins, on  n'en  fit  rien^  et  le  lieutenant-général  continua  de  rédiger 
les  actes  en  son  nom.  M.  de  Geraldin  le  somme  alors,  par  voie 
d'huissier  de  vouloir  bien  désormais  intituler  tous  les  actes  ju- 
diciaires au  nom  seul  du  grand  bailli.  Cette  sommation  est  ainsi 
conçue  : 


—  78  — 

«  Lan  mil  sept  centtrenie-trois,  ie  quatrième  joar  de  décembre, 
avant  midy,  par  moy,  Charles  Bourget,  premier  huissier  audien- 
tier  royal  de  l'hôtel  de  ville  d*Avranches,  immatriculé  au  bailliage 
du  dit  lieu,  exploitant  partout  le  royaume  de  France  sans  visa  ny 
autrement,  résidant  à  laBarataie,  paroisse  de  Montaux,  province 
de  Bretagne,  soussigné,  à  la  requeste  de  messire  Pierre-Nicolas- 
Remond  Geraldin,  chevalier,  seigneur  comte  de  Lapenly,  seigneur 
de  Saint-Symphorien,  Ecorsine,  Buais,  Laumonne,  Les  Quatre- 
Masures  et  Sainte-Anne,  conseiller,  chambellan  ordinaire  du 
Roy,  grand  baillif  de  Mortain,  stipulé  et  représenté  par  Julien 
Leroy-Hamelinière,  son  procureur,  résidant  au  château  de  Saint- 
Symphorien,  présent  en  personne,  lequel  a  fait  élection  de  domi- 
cile en  la  maison  et  personne  de  Julien  Fortin  Harengère,  résidant 
au  dit  bourg  de  Saint-Symphorien,  et  d'abondant  au  banc  et 
personne  de  maître  Jean  François-Marie  Grihault,  advocat  aux 
juridictions  de  Mortain,  pour  Teffel  du  présent  j'ai  dit  et  déclaré 
à  Messieurs  les  officiers  du  bailliage  de  Mortain,  en  parlant  au 
sieur  Lemoine,  greffier  du  dit  bailliage,  trouvé  h  domicile  en  la 
ditle  ville  et  bourgeoisie  dé  Mortain,  ce  dit  jour,  quatre  décembre 
mil  sept  cent  trente-trois,  que  l'intention  du  dit  seigneur  comte 
est  d'orenavant  que  touites  ses  sentences  civiles  et  criminelles, 
expéditions,  appointements,  commissions  et  générallement  tous 
les  actes  judiciaires  qui  se  rendront  au  dit  bailliage,  soient  inti- 
tulés au  nom  seul  du  dit  seigneur  Comte^  avec  toutes  ses  qualités 
cy  devant  exprimées  à  faute  de  quoy  il  e()tend  se  pourvoir  par- 
tout où  il  advisera  bien,  contre  les  dits  officiers,  déclarant  que  la 
présente  sommation  servira  au  greffier  de  notification  de  ses 
qualités,  lesquelles  il  sera^tenu  d'employer  à  la  teste  de  tous  les 
dits  actes  suivant  et  aux  termes  des  règlements  faits  entre  Mes- 
sieurs les  baillifset  leurs  sénéchaux  ;  coppie  et  relation  baillée, 
requête  et  parlant  comme  dessus  dit,  suivant  Tordonnance.  Signé 
Bourget  ^'\  Controllé  à  Sainl-Hilaire,  ce  sixième  jour  de  décem- 
bre, 4733.  Reçu  neuf  sols  six  deniers,  signé  Lemonnier.  » 

(i)  Actes  du  chartrier  de  M.  de  la  Garanderie. 


-•  79  — 

Cet  exploit  de  signification  ne  produisit  aucun  effet  et*  H.  du 
Bailleul  ne  changea  rien  à  sa  manière  d*agir.  Le  25  mai,  1735, 
M.  de  Geraldin  lui  en  envoya  un  second  par  le  sieur 
Chesnel,  huissier  royal  en  Télection  de  Mortain,  bailliage  du  dit 
lieu,  «  et  exploitant  par  toutte  la  France.  »  Ce  nouvel  exploit^ 
conçu  dans  les  termes  du  précédent,  n'eut  pas  plus  de  succès  que 
le  premier.  Que  faire  en  présence  d'une  si  grande  malveillance  et 
d'une  si  haute  ténacité?  M.  de  Geraldin  ne  vit  rien  de  mieux  que 
de  s'adresser  au  parlement  de  Rouen.  Il  expose  son  droit,  indi- 
que les  moyens  dont  il  a  usé  et  demande  de  quelle  façon  il  doit 
s'y  prendre,  pour  obliger  les  délinquants. 

Nous  donnons  ici  la  consultation  que  M.  de  Geraldin  adressa 
à  H.  Legros,  avec  les  pièces  à  Tappui,  en  le  priant  de  vouloir 
bien  les  examiner,  afin  d'obtenir  un  arrêt  de  la  cour,  contre  ses 
lieutenants  de  Mortain  et  de  Tinchebray  : 

«  MEMOIRE. 

»  H.  le  comte  de  Geraldin  a  obtenu  des  provisions,  le  8  oc- 
tobre 172i,  de  la  charge  de  bailly  du  comté  et  bailliage  de  Mor- 
tain, sur  la  nomination  de  Monseigneur  le  duc  d'Orléans  appa- 
nagiste  de  cette  comté  (sic). 

»  H.  le  comte  de  Geraldin  a  preste  serment  et  a  été  reçu 
bailly  de  Mortain  au  parlement  de  Rouen,  le  27  juillet,  4725. 

»  Le  9  février,  1729,  il  a  fait  enregistrer  ses  provisions  au 
bailliage  dejllortain,  et,  dans  la  suite,  il  a  fait  ses  visites  aux  offi- 
ciers du  bailliage,  il  s'est  fait  connaître,  a  pris  possession  et 
séance,  et,  en  un  mot,  il  s'est  installé  dans  sa  charge  réellement 
et  personnellement. 

»  Après  ces  démarches ,  M.  le  comte  de  Geraldin  croit  avoir 
entièrement  satisfait  à  toutes  les  formalités  requises  et  néces- 
saires pour  jouir  paisiblement  et  tranquillement  de  tous  les 
droits,  privilèges  et  prérogatives  attachées  à  sa  charge  de  bailly 
de  comté  et  bailliage  de  Mortain. 

»  Or,  un  des  droits  les  plus  positifs  et  certains  qu'il  puisse 
prétendre  est  celuy  de  faire  employer  son  nom,  ses  titres  et  qaa- 


—  80  - 

lités  au  commencement  des  sentences  que  rendent  ses  lieutenants 
et  autres  oiBciers  du  bailliage. 

»  Pour  en  être  convaincu,  il  n'y  a  qu'à  jetter  les  yeux  sur  les 
ordonnances  de  François  P' au  portdeNeuilly,  en  mars  4518,  sur 
une  autre  ordonnance  pareille,  à  Saint*Germain-en-Laye,  le 
3  mai,  au  dit  an  1518,  sur  une  autre  ordonnance  à  Saint- Jean- 
d'Angely,  en  février  1519,  sur  celle  de  Charles  IX,  à  Moulins, 
en  1566,  article  21 ,  et  enfin,  sur  l'ordonnance  de  Henri  IIL  aux 
Etats  de  Blois,  en  1579,  article  266. 

»  Toutes  ces  ordonnances  se  réunissent  pour  établir  que  les 
baillifs  ont  non-seulement  droit  d'entrer  et  présider  en  leurs 
sièges  tant  à  l'audience  qu'au  conseil,  mais  encore  qu'ils  ont 
droit  de  faire  employer  leurs  noms,  titres  et  qualités  au  commen- 
cement des  sentences  qui  sont  rendues  par  leurs  lieutenants  ou 
autres  officiers  de  leurs  bailliages. 

»  On  serait  trop  long  si  Ton  voulait  rapporter  icy  toutes  les  dis- 
positions de  ces  ordonnances  chacune  en  particulier  ;  on  se  con- 
tente de  rapporter  fidellement  les  dispositions  de  celles  de  Fran- 
çois I^  et  de  Charles  IX;  dont  voici  les  termes  : 

»  Ordonnons  qu'en  toutes  et  chacune  les  sentences,  commis- 
sions et  apointements  qui  seront  donnés  et  expédiés  es  sièges  tant 
généraux  que  particuliers  de  nos  bailliages  et  sénéchaussées  nos 
baillifs  et  sénéchaux  seront  nommés  et  institués  au  commence- 
ment des  dits  actes  par  leurs  noms,  titres  et  qualitez  sans  que  les 
lieutenants-généraux  et  particuliers  des  dits  baillifs^et  sénéchaux 
et  sièges  qui  en  dépendent  se  puissent  nommer  et  intituler  eo 
iceux  au  commencement,  mais  seulement  seront  les  dits  lieute- 
nants qui  auront  donné  les  dites  sentences  et  appointements, 
nommés  à  la  fin  des  dits  actes. 

»  Après  des  ordonnances  si  positives,  des  lois  si  formelles  et 
des  intentions  de  nos  rois  si  bien  marquées  sur  cette  matière,  per- 
sonne ne  peut  douter  que  M.  le  comte  de  Geraldin  n'ait  droit,  en 
qualité  de  bailli  de  Hortain,  de  faire  employer  son  nom,  ses 
titres  et  qualitez  au  commencement  des  sentences  qui  se  rendront 
au  bailliage  de  Mortain.  On  ne  peut  cependant  s'empêcher  de 


—  81  — 

faire  encore  observer  qae  les  ordonnances  ci-devant  eitées  ont  été 
précédées  et  suivies  de  différents  arrêts  de  la  coar  rendus  en  forme 
de  règlement  qui  tous  jugent  la  même  chose,  tels  sont  les  arrêts 
de1516,  de  4546,  de  1559  et  de  1575.  On  peut  encore  voir  les 
conférences  de  &enois  sur  cette  matière»  p.  299  et  31 1 ,  aux  notes. 

»  Quoique  le  droit  de  M.  le  comte  de  Geraidin  soit  incon- 
testable, cependant  il  ne  parait  pas  inutile,  pour  joindre  à  toutes 
les  autorités  ci-devant  rapportées ,  de  faire  observer  qu'elles  ont 
toujours  été  soutenues  d'un  usage  inviplablement  gardé  au 
bailliage  de  Cotentin,  et  dont  celui  de  Mortain  a  été  démembré, 
d'intituler  les  baillifs  par  leurs  noms,  titres  et  qualités  au  com- 
mencement des  sentences,  ce  qui  s'observe  encore  actuellement. 

»  Après  ce  détail,  on  ne  met  point  en  question  si  M.  le  comte 
de  Geraidin  a  droit  de  faire  intituler  les  sentences  qui  se  rendent 
au  bailliage  de  Mortain  sous  son  nom,  titres  et  qualités,  puisque 
DOS  rois  l'ont  décidé  de  la  sorte ,  puisque  les  règlements  de  la 
cour  portent,  en  termes  formels,  qu'es  choses  qui  dépendent  du 
fait  des  armes,  comme  de  la  convocation  du  ban  et  arrière-ban, 
les  baillifs  auront  toute  autorité,  et  que  tous  les  autres  actes  de 
justice  publics  et  privés  se  feront  sous  leur  nom  et  y  seront  in- 
titulés, et  puisqu'enfin  tel  a  toujours  été  l'usage  du  bailliage  de 
CoQtaoces,  dont  Hortain  est  un  démembrement,  comme  on  vient 
de  le  dire.  Mais  comme  les  lieutenants  du  bailliage  de  Mortain 
n^ligent  dele  faire,  quoique  M.  le  comte  de  Geraidin  ait  fait  si- 
gnifier au  greffe  son  nom,  titres- et  qualités  (4  décembre  1733) 
avec  sommation  à  ses  lieutenants  de  les  employer  dans  leurs  sen- 
tences, conformément  aux  ordonnances  royaux  (sic),  on  demande 
de  quelle  façon  on  doit  s'y  prendre  pour  les  y  obliger  : 

»  Si  la  cour  se  porterait  à  donner  un  arrêt  purement  et  simple- 
ment sur  une  requête  expositive  de  tout  ce  qui  est  contenu  au 
présent  mémoire,  sans  faire  appeler,  devant  elle,  les  lieutenants 
de  M.  le  comte  de  Geraidin,  baiili  de  Hortain. 

»  Si  la  cour  se  porterait  à  accorder  cet  arrêt  pendant  les  vaca- 
tions et  en  l'absence  de  M.  le  premier  président. 

»  Si  la  présence  de  M.  le  comte  de  Geraidin,  qui  a  beaucoup 

6 


—  82  — 

d^accez  auprès  de  H.  le  Premier  Président,  ne  serait  pas  néces* 
saire  pour  obtenir  cet  arrêt  sur  règle,  ou  s'il  suffirait  de  le  faire 
solliciter  par  ses  amis? 

»  Si  en  cas  que  Ton  puisse  obtenir  cet  arrêt  sur  requeste,  s*il 
serait  nécessaire  d'envoyer  à  la  cour  les  provisions  de  M.  le  comte, 
son  arrêt  de  réception  et  Tacte  d'enregistrement  de  ses  provisions 
au  bailliage  de  Mortain  et  la  signification  de  son  nom  ,  titres  et 
qualités? 

»  Combien  un  tel  arrêt  sur  requeste  pourratt  coûter? 

»  Ou  si,  enfin,  M.  le  comte  serait  obligé  purement  et  simple- 
ment de  demander,  auparavant  toutes  choses,  un  mandement  de 
la  cour  pour  y  ajourner  ses  lieutenants,  sans  espoir  de  pouvoir 
obtenir  un  arrêt  sur  requeste ,  au  principal  sans  les  y  appeler. 

»  On  attend,  sans  delay,  des  éclaircissements  sur  tout  ce  que 
dessus.  » 

A  la  suite  de  ce  savant  mémoire,  on  lit  :  «  M.  Legros 
est  prié  d'examiner  ces  pièces.  On  fait  aussi  remarquer  que  si 
la  cour  lance  un  arrêt,  il  devra  également  concerner  Tinche- 
bray '*^  y> 

Le  dossier,  envoyé  par  M.  de  Geraldin ,  parut  suffisant , 
ainsi  que  son  mémoire.  Oi  trouva  ses  raisons  trop  jusies  pour 
ne  pas  y  donn*»r  sii'te,  ot.  *lès  le  io  dt^reinlire,  17lJ5,  la  cour,  au 
nom  du  roi,  rendit  le  décret  suivant  : 


«  Louis,  par  la  grâce  de  Dieu ,  Roy  de  France  et  de  Navarre, 
au  premier  des  huissiers  de  noire  cour  ou  autre  notre  huissier 
ou  sergent  sur  ce  requis  cejourd'huy,  sur  la  requeste  présentée 
à  notre  cour,  par  Pierre-Nicolas-Remond  Geraldin ,  chevalier, 
comte  de  Lapenty,  sieur  de  Saint-Symphorien  et  autres  lieux, 
notreconseilleret  chambellan  ordinaire^  Grand  Bailly  de  Mortain, 
expositive  que  le  huit  octobre  mil  sept  cent  vingt-quatre,  il  a  esté 

(1)  Archives  de  M.  de  la  Garanderie.  Ce  mémoire»  en  parfaite  conser* 
vation,  est  écrit  sur  deux  grandes  feuilles  de  papier. 


—  83  — 

par  nous  pourvu  de  TofiSce  de  bailly  de  Hortain,  sur  la  nomina- 
tioo  de  notre  très-cher  et  trës-amé  cousin,  le  duc  d'Orléans, 
premier  prince  de  notre  sang ,  comte  de  Mortain ,  le  vingt-sept 
jaillet  rail  sept  cent  vingt-cinq,  l'exposant  a  esté  reçu  et  a  preste 
serment  à  notre  cour  en  la  m.inière  ordinaire  et  accoutumée^  le 
Deufdercbvrier  mil  sept  cent  vini^'t  neuf.  L'acte  de  réception  et  ses 
provisions  ont  esté  enregistrées  au  bailliage  de  Mortain ,  il  y  a 
pris  séance  et  a  esté  installé,  en  sorte  qu'il  est  sans  difiSculté 
qu'il  doit  jouir  de  tous  les  droits  et  honneurs ,  privilèges  et  pré- 
rogatives attachées  à  son  office  et  dontjouissent  les  autres  baillifs 
de  notre  province  et  de  notre  royaume,  les  articles  viogt-et-un 
de Tordonnance  de  Moulins,  et  deux  cent  soixante-six  de  Blois, 
des  années  mil  cinq  cents  soixante-six  et  mil  cinq  cents 
soixante-dix-neuf,  décident,  en  termes  précis  et  formels,  que  les 
prévosts,  baillifs  et  sénéchaux,  doivent  entrer  et  présider  et  que 
les  sentences  et  commissions  soient  expé<iiées  en  leurs  noms, 
relativement  à  ce  qui  avoit  esté  décidé  par  François  I ,  au  mois 
de  mars  et  de  may  mil  cinq  cents  dix-huit,  par  deux  édits  donnez 
en  faveur  du  bailly  de  Touraine  et  de  ses  successeurs  contre  leurs 
lieutenants  et  conformément  à  ce  qui  avait  déjà  esté  décidé  en 
faveur  du  sénéchal  du  Poitou  et  du  sénéchal  d'Anjou;  le  premier 
ordonne, en  effet,  qu'en  toutes  sentences,  appointements,  commis- 
sions, provisions  et  autres  actes  de  justice,  données  et  expédiées 
dans  rétendue  du  bailliage  de  Touraine,  le  bailly  de  Touraine  et 
ses  successeurs  baillis  de  Touraine,  seront  nommés  et  intitulés 
au  commencement  des  dittes  sentences,  appointements,  commis- 
sions et  autres  actes,  par  leur  nom,  titre  et  qualité  sans  que  le 
lieutenant  général  ou  particulier  du  dit  bailliage  et  des  sièges 
qui  en  dépendent,  se  puisse  nommer  ou  faire  nommer  et  inti- 
tuler en  iceux,  au  dit  commencement,  mais  se  nommeront  et 
pourront  faire  nommer  à  la  fin,  les  lieutenants  qui  auront  donné 
et  donneront  icelles  sentences,  appointements,  provisions,  com- 
missions ou  autres  actes,  selon  qu'il  se  fait  en  la  sénéchausée  de 
Poitou,  et  arrest  donné  contre  le  lieutenant  général  du  sénéchal 
d'Anjou  ;  le  second  veut  qu'au  commencement  des  contrats  et 


—  84  -^ 

actes  volontaires  et  publics  qui  se  passent,  sous  le  scel  royal  dans 
toute  l'étendue  du  bailliage  de  Touraine,  le  baillifen  chef  tant 
présent  que  futur,  et  non  autre,  soit  intitulé  par  son  nom  en  titre 
par  les  notaires  et  tabelions  royaux  au  dit  bailliage  et  deffend 
aux  dits  notaires  et  tabelions  d'intituler  autre  que  le  baillif ,  sans 
entrer  dans  la  distinction  de  ce  qui  concerne  en  particulier  tous 
les  prévosts,  baillifs  et  sénéchaux  de  notre  royaume,  on  se  fixera 
à  observer  icy,  à  noire  cour,  quatre  points  qui  ne  peuvent  être 
contestez.  Primo,  Avant  mil  cinq  cents  dix-huit,  les  prévosts  et 
baillifs  et  sénéchaux  avoient  l'administration  de  la  justice  et  com- 
mettoient  leurs  lieutenants  et  depuis  qu'en  ce  qui  concerne  l'ad- 
ministration de  la  justice,  accordée  à  leurs  lieutenants  de  robe 
longue  créés  en  titre  d'ofiSce,  les  ofiices  de  prévosts  ,  baillifs  et 
sénéchaux  ont  été  restraints  à  ce  qui  concerne  les  armes  et  le 
commandement  de  la  noblesse,  les  ordonnances  leur  ont  con- 
servé le  titre  de  prévosts,  baillifs  et  sénéchaux  en  chef  dans 
toute  l'étendue  de  leur  prévosté,  bailliage  et  sénéchaussée,  de 
sorte  que  les  dits  juges  de  robe  longue  tant  généraux  que  parti- 
culiers n'ont  d'autre  titre  que  celui  de  lieutenants  généraux  ou 
particuliers  du  prévost,  baillif  ou  sénéchal  en  chef.  Secundo. 
Les  ordonnances  en  conservant  aux  prévosts,  baillifs  et  sénéchaux 
d'épée  et  de  robe  courte  le  titre  de  seuls  prévost,  baillif  et  séné- 
chal en  chef  leur  ont  pareillement  conservé  le  droit  d'entrer  et 
présider  dans  leurs  sièges,  tant  aux  audiences,  qu'aux  chambres 
du  conseil  et  dé  faire  intituler  leur  nom ,  titre  et  qualité ,  comme 
seul  juge  en  chef,  dans  toutes  les  sentences,  commissions  et  autres 
actes  rendus  dans  leurs  sièges ,  et  leurs  lieutenants  généraux  et 
particuliers  n'ont  jamais  eu  d'autre  droit  que  celuy  de  faire 
mettre  leur  nom  à  la  fin  des  sentences  et  jugements  qu'ils  ont 
eux-mêmes  rendus,  comme  lieutenants  du  prévost,  baillifs  ou 
sénéchal  en  chef.  Tertio.  Le  droit  conservé  aux  prévosts,  baillifs 
et  sénéchaux  a  été  observé  dans  toute  l'étendue  de  notre  royauoie. 
Les  lieutenants  généraux  qui  ont  voulu  le  contester  ont  succombé 
dans  leurs  prétentions  avant  mil  cinq  cents  dix-huit  et  en  mil 
cinq  cents  dix-huit  et  ce  qui  avoit  esté  décidé  contre  quelques  uns 


-  85  - 

d'entre  eux  a  servi  de  fondement  aux  ordonnances  généralles 
dooDées  en  mil  cinq  cents  soixante-six  et  mil  cinq  cents  trente- 
neuf,  après  les  états  de  Moulins  et  de  Blois  par  Charles  IX  et 
Heory  III  ^  conformément  à  ce  qui  avait  esté  arresté  dans  ces 
estats  par  tous  les  ordres  de  notre  royaume,  relativement  à  ces 
ordonnances  et  à  ce  droit  ancien  ,  toutes  les  ordonnances  nou- 
velles, et  en  particulier  les  ordonnances  de  mil  six  cents  soixante- 
sept  et  mil  six  cents  soixante-dix  ne  reconnaissent  d'autres  juges  en 
chef  que  les  prévosts,  bai  11  ifs  et  sénéchaux.  Quarto,  L'appel  des  sen- 
tences rendues  dans  leurs  sièges  sont  relevez  (^)  en  notrechancel- 
lerie,  près  de  nos  parlements,  comme  des  sentences  rendues  par  eux 
oa  leurs  lieutenants,  et  nos  parlements  les  confirment  ou  infirment 
telles  quelles  sont  qualifiées  dans  les  reliefs  d'appel,  il  n'y  a 
point  de  siège  ou  on  ait  refusé  de  les  reconnoistre  pour  seuls 
juges  en  chef.  Le  prévost  de  Paris,  qui  est  le  premier  juge  en  chef 
de  cotre  royaume,  est  seul  intitulé  au  commencement  dé  toutes  les 
sentences  et  jugements  rendus  au  Châtelet  de  Paris  et  dans  tous 
les  contrats  passez  sous  le  sceau  du  Châtelet,  et  le  bailly  de 
Costentin,  dont  le  bailliage  de  Mortain  a  esté  démembré,  a  toujours 
joui  et  jouit  actuellement  des  mêmes  droits,  en  sorte  qu'il  n'y 
peut  avoir  le  moindre  prétexte  à  les  contester  à  Texposant  par 
nous  pourvu  de  l'office  de  bailly  de  Mortain  et  reçu  à  notre 
cour  pour  jouir  des  mêmes  droits,  honneurs,  privilèges  et  préro- 
gatives des  autres  baillifset  sénéchaux  de  notre  royaume  et  de 
notre  province  de  Normandie. 

»  Cependant  les  lieutenants  de  robe  longue,  au  bailliage  de  Mor- 
tain, se  sont  avisez  de  les  contestera  l'exposant  et  ils  se  sont  oppo- 
sez à  ce  que  son  nom  et  ses  titres  et  qualitez  soient  insérées  au  com- 
mencement des  sentences  et  jugements  rendus  au  bailliage  de 
Mortain  y  ce  qui  ne  peut-être  considéré  que  comme  un  attentat  à 
notre  autorité  et  à  celle  de  notre  cour,  puisque  c'est  de  nous  que 
l'exposant  tient  le  titre  de  son  office  et  de  seul  juge  en  chef  du 
bailliage  et  comté  de  Mortain  donné  en  apanage  à  notre  très-cher 
et  très-amé  Cousin  le  duc  d'Orléans,  et  puisque  notre  cour  en  re- 
cevant l'exposant  à  cet  office  la  reçu  et  reçoit  seul  juge  en  chef 


-  86  — 

pour  joair  dans  l'étendue  du  bailliage  et  comté  de  Hortain  de 
tous  les  droits,  honneurs,  privilèges  et  prérogatives  et  préémi- 
nences attachées  à  cet  office  et  dont  jouissent  les  prévôts,  baillis 
et  sénéchaux  de  notre  royaume ,  l'exposant  a  fait  une  première 
sommation  au  greflSer  du  bailliage  de  Hortain,  le  quatre  décem- 
bre mil  sept  cents  trente-trois,  en  luy  signifiant  son  nom  et  ses 
qualitez,  de  les  insérer  au  commencement  de  toutes  les  sentences 
et  actes  expédiés  dans  le  siège  a  protestation,  en  cas  de  refus  de 
se  pourvoir  contre  les  officiers  du  dit  siège  et  de  les  faire  ainsy  ju- 
ger conformément  aux  règlements  faits  entre  les  baillis  et  séné- 
chaux et  leurs  lieutenants  de  robe  longue.  Cette  première  som- 
mation n'ayant  rien  opéré,  il  en  a  fait  une  seconde  le  vingt-cinq 
novembre  dernier  à  laquelle  les  officiers  et  le  greffier  de  Mortain 
ont  encore  refusé  de  defférer.  Les  choses  en  cet  estât,  l'exposant 
se  trouve  forcé  de  recourir  à  la  justice  et  à  l'autorité  de  notre 
cour  pour  luy  estre  sur  ce  pourvu,  tendante  à  ces  causes  la  dite 
requeste,  à  ce  qu'il  plaise  à  notre  cour  accorder  à  Texposant 
mandement  pour  assigner  à  notre  cour  les  lieutenants  généraux 
et  particuliers  de  robe  longue  tant  civils  que  criminels  au  dit 
bailliagede  Mortain  aux  fins  de  dire  les  raisons  et  les  moyens  sur 
lesquels  ils  prétendent  se  fonder  pour  contester  à  l'exposant  les 
droits,  honneurs,  privilèges  et  prééminences  attachées  à  son 
office  et  déclarées  par  les  ordonnances  et  règlements  faits  en  con- 
séquence, et  dist  où  ordonne  que  l'exposant  y  sera  m^iintenu  avec 
dommages-intérêts  et  dépens  auxquels  ils  seront  condamnez  et 
quel'arrestquiinterviendraseralu,  l'audience  séante  du  bailliage 
de  Mortain,  enregistré  au  greffe  d'iceluy,  imprimé,  publié  et 
affiché  partout  oii  il  appartiendra  le  tout  à  leurs  dépens,  et  cepen- 
dant par  provision  ordonne  que  les  ordonnances  de  Moulins  et 
de  Blois  seront  exécutées,  enjoindre  au  greffier  du  bailliage  de 
Mortain,  d'intituler  toutes  les  sentences  tant  civiles  que  crimi- 
nelles, commissions  et  autres  actesjudiciaires  rendus  au  bailliage 
de  Mortain  du  nom  de  l'exposant  comme  baillydu  bailliage  et 
comté  de  Mortain,  de  mettre  au  commencement  d'iceux  son  nom, 
titre  et  qualitez  tels  qu'il  les  luy  a  fait  signifier  daiis  les  somma-* 


—  87  — 

tioos  des  qnatre  décembre  mil  sept  cents  trente-trois  et  vingt-cinq 
de  Dovembre  dernier,  attachées  à  la  diiereqaeste,  à  peine  d'inter- 
diction et  de  répondre  personnellement  des  dépens,  dommages  et 
iotéréts  de  l'exposant.  Vu  par  notre  dite  cour  la  ditte  reqaeste 
signée  Caruel  p«v,  pièces  y  énoncées  et  attachées,  conclusions 
de  notre  procureur  général  et  ouy  le  r  apport  du  sieur  Hubert 
conseiller  commissaire  à  ce  député,  tout  considéré  Notre  ditte 
cour  a  accordé  et  accorde  mandement  au  ditGeraldin  aux  fins  de 
la  requeste  et  cependant  par  provision  ordonne  que  les  ordon- 
nances de  Moulins  et  Blois  seront  exécutées,,  enjoint  au  greffier 
da  bailliage  de  Mortain  d'intituler  toutes  les  sentences  tant  civiles 
qoe  criminelles^  commissions  et  autres  actes  judiciaires  rendues 
aa  dit  bailliage,  du  nom  du  dit  Geraldin,  comme  baitly  du 
bailliage  et  comté  de  Mortain ,  de  mettre  au  commencement 
d'iceux  son  nom,  titre  et  quulitez  tels  qu'il  les  luy  a  fait  signifier 
dans  les  sommations  des  quatre  décembre  mil  sept  cents  trente- 
trois  et  vingt-cinq  novembre  dernier  à  peine  d'interdiction  et  de 
répondre  personnellement  des  dépens,  dommages  et  intérêts  du 
dit  Geraldin. 

»  Pour  ce  est-il  que  nous  te  mandons  faire  pour  l'exécution  du 
présent  toutes  diligences  à  ce  nécessaires,  de  ce  faire  te  donnons 
pouvoir. 

»  Donnéà  Rouen,  en  parlement,  le  vingt  décembre  l'an  degrâce 
mil  sept  cents  trente-cinq  et  de  notre  règne  le  vingt-unième. 

y>  Par  la  Cour  Collas  ,  Pollin 

»  ViLDOR.  con"®  6  liv.  7  sols. 

»  Scellé  le  21  Décembre  1 735. 

»  28  liv.  7  s.  6  d.  CoUationné  dix  sols. 

»  Reçu  trente  sept  sols  deux  deniers  pour  les  archives  ce 
24  décembre  1735.  » 

Cet  arrêt,  parti  de  Rouen  après  le  21  décembre,  1735, 
arriva  au  château  deSaint-Symphorien  dans  les  premiers  jours  de 
janvier.  H.  de  Geraldin  après  en  avoir  pris  connaissance  appela 


—  88  — 

SUD  huissier  de  Mortain,  qui  alla  en  donner  avis  au  grefiSer 
du  bailliage,  en  lui  portant  l'exploit  qui  suit  : 

«  L'an  mil  sept  cent  trente-six,  le  samedi  septième  jour  de 
janvier,  avant  midy,  à  la  requeste  de  messire  Pierre-Nicolas- 
Remond  Geraldio,  chevalier,  seigneur  comte  de  Lapenty,  sei- 
gneur de  Saint-Symphorien,  Ecorcines,  Buays,  Laumonne,  les 
Quatre-Mazures  et  Sainte-Anne,  conseiller,  chambellan  ordinaire 
du  roy,  grand  bailli  de  Mortain  stipulé  et  représenté  par  Vl^  Jullien 
Leroy,  sou  procureur,  résidant  au  château  de  Saint-Symphorien, 
présent  en  personne,  lequel  fait  son  élection  de  domicile  en  la 
maison  et  personne  de  Jullien-Fortio  Herengère,  résidant  au 
bourg  de  Saint-Symphorien  et  d'abondant  au  banc  et  personne  de 
M*  Jean-François-Marie  Grihaud,  son  avocat  aux  juridictions  de 
Mortain,  pour  l'effet  du  présent  seullement,  je  Thomas  Chesnel, 
huissier  royal  audiencier,  ancien  et  héréditaire  en  l'élection  de 
Mortain  y  reçu  et  immatriculé  au  bailliage  du  dit  lieu  et  exploi- 
tant par  touttela  France,  résidant  au  dit  Mortain  soussigné,  bien 
et  deument  signifié  au  bailli  copie  avec  autant  du  présent  exploit 
à  M®  Jean  Lemoine,  sieur  de  la  Forge,  grefiSer  au  bailliage  de 
Mortain,  en  parlant  à  sa  personne  tant  pour  luy  trouvé  en  son 
greffe  au  dit  Mortain  que  pour  messieurs  les  officiers  du  bailliage 
de  Mortain  chargé  de  leur  faire  savoir  de  tout  le  contenu  en  un 
arrest  rendu  en  la  cour  du  parlement  à  Rouen  au  bénéfice  du  dit 
seigneur  requérant  le  vingt  de  décembre  dernier  signé  par  la 
cour  le  vingt-un  du  dit  mois,  deuement  en  forme  afin  que  du  tout 
les  dits  sieurs  officiers  et  greffiers  n'en  ignorent  et  ayent  à  y 
garder  estât,  leur  faisant  sommation  de  mettre  à  exécution  les 
ordonnances  de  Moulins  et  en  ce  faisant,  suivant  et  conformé- 
ment au  dit  arrest  de  la  cour  intitulé  :  touttes  les  sentences  tant 
civiles  que  criminelles,  commissions  et  autres  actes  judiciaires 
rendus  au  dit  bailliage  de  Mortain,  au  nom  de  mon  dit  seigneur 
le  comte  de  Geraldin  comme  bailly  du  dit  bailliage  et  de  mettre 
au  commencement  d'ycelles  sentences,  titre  et  qualités  telles  qu'il 
les  a  fait  signifier  dans  ses  sommations  des  4  décembre  1733  et 
25  novembre  dernier  à  peine  d'interdiction  contre  le  greffier  et 


—  so- 
dé repondre  personnellement  des  domages  et  interests  du  dît  sei- 
gneur requérant  le  tout  au  terme  du  dit  arrest  à  laquelle  fin 
copie  et  rellation  baillée  aux'  dits  sieurs  officiers  et  greffiers, 
requeste  et  parlant  comme  dessus  suivant  Tordre,  ce  jour  sept 
janvier  1736,  avant  midy.  L'original  rendu. 
»  Signé  :  Le  Roy.  Contrôllé  à  Mortain ,  ce  7  janvier  1736. 

)»  Reçu  neuf  sols  six  deniers.  Berton.  » 

Cet  arrêt  eut  gain  de  cause  et,  à  partir  de  ce  jour,  les  lieu- 
tenants-généraux et  particuliers,  ainsi  que  legreffier,  n'oublièrent 
plus  d'intituler,  au  commencement  de  leurs  actes,  le  nom,  les 
titres  et  qualités  de  M.  de  Geraldin. 


CHAPITRE  IV. 


ADMINISTRATION    DE    M.    ANTOINE     DE    GERALDIN,    GRAND    BAILLI. 


L'administration  de  M.  Antoine  de  Geraldin  eut  été  calme  et 
sans  événements  graves,  si  les  Etats-Généraux  ne  fussent  venus 
assombrir  ses  dernières  années.  La  convocation  de  ces  Etats  fut, 
à  Mortain,  l'occasion  de  vives  protestations.  Depuis  1551,  le 
grand  bailliage,  portant  le  nom  de  cette  localité,  avait  député 
directement  aux  Etats-Généraux  et  n'avait  eu  aucun  rapport  avec 
GoQtances,  depuis  sa  séparation.  Or,  en  1789,  Mortain  fut  classé 
comme  une  députation  secondaire  et  fut  réuni  à  Coutances,  pour 
dépoter  directement  aux  grandes  assises  delà  nation.  Cette  nou- 
velle fut  péniblement  accueillie,  et  le  lieutenant-général  du  grand 
bailli,  M.  de  Vaufleury,  seigneur  et  patron  deSaint-Cyr,  de  concert 
avec  ses  juges  elle  collège  des  avocats,  au  nombredequarante-huit, 
résolut  de  maintenir  les  droits  du  comté.  11  écrivit,  à  ce  sujet, 


—  90  - 

à  Neeker,  ministre  de  Louis  XYI.  Malheureusement,  la  réponse 
ne  répondit  point  à  ses  espérances.  Il  pensa  néanmoins  qu'on 
ne  devait  pas  abandonner  une  cause  aussi  juste,  et  il  engaga 
H.  le  grand  bailli  d-envoyer  un  mémoire  au  roi,  afin  d'obtenir 
un  meilleur  succès. 

Comme  ce  mémoire  est  complètement  inédit  et  qu'il  est,  en 
même  temps,  une  histoire  abrégée  du  comté  et  du  bailliage  de 
Mortain,  nous  le  donnons  in  extenso^  avec  ses  notes ,  comme  une 
des  pièces  curieuses  du  chartrier  de  M.  de  la  Garanderie.  Il  est 
intitulé  : 


»  MOYENS  POUR  M.  LE  GRAND  BAILLI  DE  MORTAIN. 

»  Le  comté  de  Mortain  procède  du  partage  de  la  Neustrie 
entre  les  principaux  chefs  des  Normands. 

»  Il  écheiit  k  Guerlanrius,  que  nous  traduisons  Guerland  ou 
Guarlan,  prince  du  sang  royal  danois,  et  l'un  de  ces  fiers  capi- 
taines qui  disoii^ot,  en  parlant  de  Raoul,  qu*il  n'étoit  que  le  pre- 
mier enlre  ses  égaux  (A). 

^  Les  comtes  de  Mortain  furent  des  grands  vassaux  de  Nor- 
mandie, comme  les  ducs  de  Normandie  devinrent  des  grands 
vassaux  de  la  couronne. 

»  Ils  relevaient  et  relèvent  encore  immédiatement  du  duché  et 
par  conséquent  leur  comté  n'avait  jamais  été  ni  pu  être  démembré 
soit  du  Cotentin,  soit  d'aucune  autre  seigneurie.  Il  n'aurait  été, 
en  ce  cas,  qu'un  arrière-fief  dans  le  vasselage  d'un  seigneur  in- 
termédiaire, ce  qu'on  ne  peut  supposer.  La  quantité  des  princes 
qu^  ont  successivement  possédé  le  comté  de  Morlaiu  et  les  monu- 
ments qu'ils  ont  laissés,  attestent  le  contraire. 

»  Comme  chiefiains,  ou  grands  vassaux  du  duché,  ils  avaient 


(Â)  «  Est  primu*  inter  pares.  On  sait  que  RaouL  obligé  de  faire  hommage 
à  Charli-8-le-Simple,  se  fit  remplacer  par  un  de  ses  officiers.  Celui -cy.  ne 
voulant  IMS  se  baisser  pour  baiser  la  bulle  du  roy»  prit  la  jambe  de  Sa  Majesté 
pour  la  porter  à  sa  bouche  et  te  monarque»  assis  sur  un  banc«  fut  renversé.  • 


—  91   - 

séance  à  l'Echiquier  de  Normandie.  Les  greffes  du  Parlement 
peuvent  en  donner  la  preuve  (B). 

»  Ils  avaient  leurs  barons  et  leur  justice  souveraine,  parce 
qu'ils  jouissaient  des  droits  de  souveraineté.  Les  noms  de  plu- 
sieurs de  ces  barons  nous  ont  été  transmis  par  chartes  et  cartu- 
laires.  Le  célèbre  Fiiz-Osbern,  l'un  des  meilleurs  et  des  plus 
sages  ministres  de  Guillaume,  duc  de  Normandie ,  devenu  roi 
d'Angleterre,  était  de  Mortain,  et  l'un  des  barons  du  comté  (C). 

D  La  postérité  de  Guerland  se  réduisit  à  une  fille,  nommée 
Idde  ou  Idda,  qui  fut  mariée  à  Robert  de  Vitré,  branche  puînée 
des  ducs  de  Bretiigne,  et  lui  porta  le  comté  de  Hortain. 

»  Robert  de  Vitré  eut  le  malheur  d'encourir  la  disgrâce  du 
duc  Guillaume,  conquérant  de  l'Angleterre.  Il  fut  privé  du 
comté  de  Hortain,  quil  possédait  du  chef  de  sa  femme,  et 
Guillaume  le  donna  à  son  frère  utérin.,  Robert.  Ce  frère  était 
tendrement  aimé  du  duc  Guillaume  et  fut  investi,  en  Angleterre, 
de  neuf  cent  soixante-treize  fiefs  ou  seigneuries,  lors  de  la  con- 
quête de  cette  île  (Z>). 

»Robert  de  Vitré  voulut  se  maintenir,  par  les  armes,  dans  le 
comté  de  Mortain.  Quelques-uns  de  ses  barons  le  secondèrent  et 
entre  autres,  celui  des  Biards;  mais  ils  ne  purent  résister  aux 
forces  de  Robert,  frère  de  Guillaume,  aidé  de  celles  du  souve- 
rain, ils  furent  vaincus.  La  ville  des  Biards  fut  détruite,  et  ne 
s'est  jamais  relevée;  il  ne  lui  reste ,  de  ce  qu'elle  était  autrefois, 
que  le  droit  de  bourgeoisie  (E). 

[B)  Un  imprimé  sur  l'état  du  Parlement  de  Roaen,  lors  de  la  révolution 
de  1771»  en  fait  mention. 

(C)  Voyez  M  Humes,  III*  tome  de  T^tf foire  d'Angleterre,  contenant  la 
conquête  ùw  Normands;  voir  aussi  son  appendix,  à  la  fin  de  ce  tome,  où  il 
dëfioit  ce  qu'étaient  les  grands  chief tains  et  l'établissement  du  régime  féodal 
en  Angleterre. 

(iJ)  M.  Humes  le  nomme  comte  de  Mortagne;  c'est  une  faute  d'impression; 
Mortain  s'écrivait  autrefois  Mortaing  et  son  traducteur  a  mal  lu.  Robert, 
frère  de  Guillaume,  était  comte  de  Mortain,  comme  le  dit  M.  Humes;  celui 
qui  possédait  Mortagne,  s'appelait  comte  du  Perche. 

[E]  La  ville  des  Biards  avait  été  originairement  une  peuplade  de  Gaulois» 
Ambibarii,  dans  César. 


—  98  — 

»  Robert,  frère  du  duc  Guillaume,  s'étant  assuré  le  comté  de 
Hortain,  se  conforma  aux  idées  de  son  siècle,  en  faisant  des  fon- 
dations religieuses.  II  fil  construire,  en  1082,  une  église  nou* 
velle,  à  Mortain,  et  y  établit  un  chapitre.  Les  chanoines  furent 
ses  chapelains,  et  il  accorda  au  doyen  et  au  chantre  d'être  ses 
commensaux  (F). 

»  L'église  fut  dotée  aux  dépens  de  ses  possessions  et  de  celles 
de  ses  barons  (G), 

»  Le  comte  concéda  aux  chanoines  les  droits  de  justice  sur  les 
hommes  et  tenants  du  territoire  attribué  à  chaque  prébende,  en 
se  réservant  néanmoins  le  plaid  de  Tépée,  dont  il  retint  la  com- 
pétence (II). 

y>  Le  comte  de  Mortain  tenait  donc  lui-même  son  tribunal^ 
avec  les  barons,  et  comme  il  exerçait  les  droits  de  souveraineté 
des  grands  vassaux  ou  chfeftains  de  son  importance,  sauf  l'hom- 
mage au  duché,  ce  tribunal  était  souverain. 

»  Dans  le  régime  féodal,  il  peut  être  le  principe  du  bailliage 
de  Hortain,  devenu  royal  dans  la  suite,  le  comté  ayant  plusieurs 
fois  passé  dans  les  mains  du  roi. 

»  La  fondation  de  la  collégiale  établie  par  le  comte  Robert, 
en  1082,  fut  décrétée  et  solemnisée  par  un  concile  provincial 
des  Evêques  de  Normandie  qui  se  rendirent  sur  le  lieu,  à  l'invi- 
tation du  fondateur,  et  Michel  d'Avranches,  évêque  diocésain, 
remit  aux  chanoines  quelques  droits  pour  former  entre  eux  une 
juridiction  correctionnelle, 

»  Dans  la  même  année,  1082,  le  comte  Robert  attira  d'un 


(F)  Ecclesiam  novani  in  castro  Moritonii  in  honore  Dei  et  Sancti  Ebrulphi 
coDfessoriB  constraiit. 

{G  De  propiiîs  et  baronum  suorum  possessionibus  et  elemosiniis  ins- 
tituit. 

(H)  1d  hominibus  vero  prebendarum  suarum  redditus  seculares  et  fore 
facturas,  quas  in  eis  cornes  habebat,  canonicis  concessit,  praeler  sanguinis 
vindictam,  qoam  ad  siisb  justitiœ  conservationem  retinuit.  Voyez  dans 
M.  Hames,  au  volume  et  lieu  cité,  comment  tes  grands  chieftaios  (comtes 
ou  princes)  au  milieu  de  leurs  barons,  rendaient  la  justice.  Il  en  reste  encore 
des  traces,  en  Angleterre»  dans  ce  qu'on  appelle  les  juges  de  paix. 


-  ôâ  - 

autre  côté,  des  moines  de  Marmoutiers  daos  sa  ville  de  Hortain 
et  leur  fit  construire  un  monastère,  nommé  le  prieuré  du  Rocher. 
Il  leur  donna  les  mêmes  droits  de  justice  qu'il  avait  donnés  à  ses 
chanoines,  et  les  dota  convenablement. 

»  Si  le  comté  n'eut  été  qu'un  arrière-fief  démembré  d'un  autre, 
dans  le  duché  de  Normandie,  le  prince  Robert  aurait  été  obligé 
d'obtenir  l'agrément  de  son  seigneur  suzerain.  On  le  voit,  dans 
les  chartes,  permettre  à  ses  barons  ou  vassaux  de  faire  des  au- 
mônes aux  chanoines  de  la  collégiale  ou  aux  moines  du  prieuré, 
mais  on nele voit,  nulle  part,  requérir  leconsentement  de  personne, 
à  l'exception  de  celui  du  duc  Guillaume,  roi  d'Angleterre.  Son 
frère  Robert  était  donc  un  chieftain  de  premier  rang,  un  grand 
vassal  ou  haut  baron  qui  ne  relevait  que  du  souverain. 

»  Guillaume,  duc  et  roi,  confirma  les  donations  de  son  frère.  Elles 
subsistent  encore  telles,  à  peu  près,  qu'elles  étaient  dans  le  prin- 
cipe. Il  en  est  peu  qui  se  voient  conservées  aussi  entières,  depuis 
un  temps  si  reculé. 

»  Robert  eut  de  Mathildeou  Mahaut,  sa  femme,  un  fils  nommé 
Guillaume.  Celui-ci  fouda  l'abbaye  de  la  Blaoche-les-Mortain. 
Ayant  été  fait  prisonnier  à  la  bataille  de  Tiochebray,  qui  fut 
donnée  en  son  propre  comté  de  Hortain,  sa  prison  lui  fit  perdre 
ses  domaines  (•/)  que  Henri,  roi  d'Angleterre  et  duc  de  Norman- 
die,  par  ses  succès  à  cette  bataille,  douna  à  Etienne  de  Blois, 
comte  de  Boulogne,  petit-fils,  par  sa  mère,  de  Guillaume-le- 
Conquérant. 

»  Nous  ne  suivrons  pas,  au  surplus,  la  chronologie  de  tous  ceux 
qui  ont  possédé  le  comté  de  Hortain.  Il  parait  suflBsant  d'obser- 
ver qu'il  a  toujours  appartenu  à  des  princes,  lorsqu'il  a  cessé 
d'être  aux  mains  du  roi,  puisqu'on  le  voit  passer  des  comtes  de 
Flandre  à  d'autres  maisons  souveraines. 

»  Le  comte  de  Duoois,  le  héros  de  la  France  et  son  libérateur, 
fut  aussi  comte  de  Hortain,  etc.,  etc. 

(i)  Cette  bataille  fat  livrée  en  1106,  entre  les  deux  fils  de  Gaillaunie'le- 
Conquérant,  Henri  et  Robert.  Le  comte  de  Mortain  combattait  pour  celai- 
cy ,  et  fat  fait  primuiier  comme  lui. 


—  94  — 

»Le  même  comté  passa  enfin,  parcontratdu  moisd*avril,  1529, 
avant  Pâques  à  la  maison  de  Bourbon-Montpensier,  à  laquelle  le 
roi  François  I,  qui  le  tenaii alors,  le  céda,  avecla  vicomte  d'Auge, 
en  échange  de  Leuze  et  de  Condé  en  Hainaalt,  que  Tempereur 
Charles-Quint  lui  fit  abandonner,  par  le  traité  de  Cambray, 
pour  partie  du  rachat  des  enfants  de  France. 

»  Il  fut  stipulé,  par  clause  expresse,  que  les  justices  demeure- 
raient de  qualité  royale,  avec  tous  les  privilèges  et  connaissances 
des  cas  royaux,  telles  quelles  étaient  lors  de  l'échange  en  la 
main  du  roi,  sans  innovation,  soit  dans  les  charges,  soit  dans 
Tadroinistration  de  la  justice;  que  les  princes  cessionnaires  pré- 
senteraient les  sujets  à  sa  majesté  pour  remplir  les  offices;  le 
don  et  institution  de  ces  offices  restant  au  roi,  dont  les  provi- 
sions émanent  effectivement,  et  qui  les  a  toujours  fait  ex- 
pédier. 

»  Les  conventions  du  contrat  d'échange  ont  été  entretenues  avec 
exactitude.  Nos  rois  ont  toujours  excepté  le  comté  de  Hortain  et 
son  bailliage  de  toute  innovation. 

»  Les  édits,  déclarations  et  arrêts  du  conseil  qu'ils  ont  donnés 
pour  maintenir  cette  exception,  sont  trop  nombreux  pour  les 
citer  tous  ici,  mais  nous  ne  pouvons  omettre  la  déclaration  du 
mois  de  janvier,  1 603,  qui  porte  la  précaution  jusqu'à  enjoindre, 
au  parlement  de  Rouen,  d'excepter,  dans  ses  arrêts  d'enregistre- 
ment, le  bailliage  et  comté  deMortain,  lorsque  de  nouvelles  lois 
établiraient  quelques  innovations  dans  les  autres  tribunaux , 
encore  bien  que  l'exception  n'ait  pas  été  employée. 

»  Si  la  province  a  vu  des  présidiaux  s'établir  dans  son  sein,  elle 
a  en  même  temps  vu  les  princes  de  Bourbon-Montpensier  main- 
tenir l'indépendance  de  leur  grand  bailly  et  de  leur  bailliage,  de 
ces  nouveaux  sièges  ;  elle  les  a  vus  s'opposer  à  ce  qu'ils  fussent 
assujettis  à  tout  autre  ressort  qu'à  celui  du  parlement  ;  et  actuel- 
lement encore  il  en  est  de  même.  Son  Altesse  Sérénissime,  Mon- 
seigneur le  duc  d'Orléans,  rem^place  la  maison  de  Bourbon-Mont- 
pensier et  le  comté  de  Mortain  lui  appartient,  avec  tous  ses 
droits. 


—  95  — 

»Le  grand  bailiy  d'épée,  actuellement  M.  le  marquis  de  Gérai- 
dJD,  brigadier  des  armf^es  du  roi,  esta  la  tête  de  la  noblesse  dans 
son  bailliage;  il  préside  son  si(^ge,  et  son  lieutenant-géueral  pré- 
side aux  assises  mercuriales.  Lesif^ge  de  Tinebebray  a  été  dé- 
membré de  Mortain  au  commencemt^nt  du  présent  siècle,  sur  la 
demande  même  des  officiers.  Ce  démembrement  connaît  des 
cas  royaux  dans  toute  l'ancienne  haute  justice  de  Condé-sur-Noi- 
reau,  et  cette  extension  se  propage  jusqu'aux  portes  de  la  ville 
de  Caen  ;  on  cite  notamment  Sainte-Paix,  partie  du  faubourg  de 
Vaucelles.  . 

»H.  le  grand  baillydeMortain,  ni  son  bailliage  ne  doivent  rien 
soit  au  bailliage  de  Coulances,  soit  au  bailliage  de  Caen.  Le 
comté  que  nous  habitons  est  borné  par  ces  bailliages,  de  même 
que  par  celui  d'Alençon  et  la  province  du  Maine,  mais  il  n*a 
rien  de  commun  ni  avec  les  uns  ni  avec  les  autres. 

»  Prétendrequ*ilapu  être  démembré  du  bailliagedeCoutances, 
c'est  contredire  les  monuments  les  plus  respectables  et  heurter 
les  notions  les  plus  communes  en  matière  de  féodalité. 

»  Il  faudrait  comsnencer  par  prouver  ce  démembrement  et  en 
constater  l'époque.  Uais  prouvera-t-on  jamais  que  Guerlan  ou 
fiuerland,  issu  du  sang  des  rois  du  nord,  comme  Raoul,  et  l'un 
des  chefs  normands  reconnu  comme  premier  comte  de  Mortain, 
eut  voulu  se  faire  un  suzerain  particulier  et  se  reconnaître  arrière- 
vassal  du  duché?  Parviendra-t-on  à  prouver  que  sa  postérité  ou 
les  princes  de  la  famille  des  ducs  de  Normandie,  qui  ont  eux- 
toémes  porté  la  couronne,  les  grandes  et  illustres  maisons  qui 
leur  ont  succédé,  se  soient  soumis  à  baiser  la  botte  d'un  simple 
Sfigneur  autre  que  le  duc,  ou  à  lui  dire  :  je  deviens  votre 
homme,  etc. 

»  Comment  répondra-t-on  à  ce  que  Robert,  comte  de  Mortain, 
et  son  fils  ont  fait  pour  l'établissement  soit  du  chapitre  collégial, 
^it du  prieuré  de  Notre- Dame- du -Rocher,  soit  de  l'Abbaye- 
Blanche,  sans  autre  intervention  que  celle  du  souverain,  dont  ils 
relevaient  immédiatement? 

»  Serait-il  possible  que  les  comtes  de  Mortain  ayant  un  suzerain 


—  96  — 

intermédiaire,  eussent  pris  place  à  l'échiquier,  comme  les  grands 
vassaux  chieftains,  tandis  que  le  suzerain  lui-même  n*y  aurait 
pas  été  admis  (/Yi). 

»  Enfin,  ce  qui  ne  permet  pasde  réplique,  c'est  que  le  comtéde 
Morfain  a  toujours  relevé  et  relève  encore  Dûment  et  sans  moyen, 
du  duché  de  Normandie,  donc  il  n'a  jamais  été  ni  ne  peut-être 
la  subdivision  ou  démembrement  d'un  autre  fief. 

)»  II  peut  se  faire  que  le  comté  ayant  passé  parintervalledans 
les  mains  du  roi  et  peut-être  n'ayant  pas  de  grand  bailly,  dans 
quelques-unes  de  ces  circonstances,  celui  de  Cotentin  ait  fait  des 
entreprises  ou  soit  intervenu  pour  y  rendre  la  justice  comme 
gardien  de  la  baillie  (iV),  dont  il  était,  en  effet,  le  plus  proche; 
mais  cela  n'influerait  en  rien  sur  la  nature  du  comté  de  Mortain, 
ni  sur  les  privilèges  du  pays  qui  est  fort  étendu  et  contient  un 
grand  peuple.  Il  faut  toujours  remonter  aux  principes  et  ils  ne 
laissent  ni  problème,  ni  apparence  de  difficulté. 

»  Nous  prouverons  d'ailleurs,  s'il  le  faut,  que  le  bailliage  de 
Hortain  a  toujours  été  présidé  par  le  bailly  de  ce  même  comté, 
qui  avait  au-dessous  de  lui  ses  vicomtes,  comme  ceux  de  Caen 
ou  de  Coutances,  et  nous  le  prouverons  par  des  actes  incontes- 
tables. Tels,  entre  autres,  que  des  aveux  qui  constatent  que  les 
propriétaires  de  certains  tènements  devaient  des  services  auprès 
de  sa  personne.  Lespremièresinféodationsde  ces  fouds  se  perdent 
dans  la  nuit  des  temps  (0). 

»  Le  comté  de  Mortain  qui  comprend  le  siège  principal  et  celui 
de  Tinchebray  qui  a  la  compétence  des  cas  royaux  dans  toute  la 


(ilf)  Voyez  encore  M.  Humes  dans  TAppendix  du  III*  volume  ci-dessus  cité. 
Voyez  encore  sur  les  services  des  grands  vassaux  ou  chieftains,  dans  les  con- 
seils du  souverain,  p  30i,  et  autres. 

{Ni  Ancienne  expression  qui  signifiait  la  juridiction  du  baiUy. 

(O)  Dans  la  paroisse  de  Saint-Pierre  de  Bion,  près  Mortain,  sont  sept  ma- 
zures  ou  ainestics  qui  doivent  le  service  du  guet  et  garde  au  château  du  comte, 
dans  des  temps  marqués.  EUes  devaient  aussi  apporter  de  la  paille  en  hiver  et  du 
jonc  en  été  pour  M.  le  bailly  de  Mortain ,  lorsqu'il  tenait  ses  assises ,  de  même 
pour  M.  le  vicomte  lorsqu'il  tenait  ses  plaids.  On  peut  rendre  la  justice  sur 
une  botte  de  paiUe  comme  sur  les  fleurs  de  lys.  M.  de  Beauqaemare,  premier 


—  97  — 

haote-jttstice  de  Condé-sur-Noireau,  mérite  par  son  étendue  et  sa 
popalatioD  d*avoir  des  députés  aux  Etats-Géuéraux  du  royaume. 
Uo  pays  aussi  considérable  ne  peut  pas  être  oublié  dans  l'assem- 
blée de  la  nation. 

»  Il  ne  peut  être  joint  ni  au  bailliage  de  Coutances,  ni  à  celui  de 
Caen;  il  est  aussi  étranger  à  l'un  et  à  l'autre  qu'à  la  province 
do  Maine,  si  on  en  excepte  la  foi  et  hommage  qu'ils  doivent  tous 
au  duché  de  Normandie. 

»  Aussi  voit-on,  dans  le  procès-verbal  de  la  reformation  de  la 
coutume  de  Normandie,  en  4582  et  1 583,  le  bailliage  et  comté  de 
Mortain  compris  dans  le  nombre  des  grands  sièges  de  la  pro- 
vince, parce  qu'il  avait  effectivement  un  bailly  d'épée  indépen- 
dant des  autres. 

»  On  ne  s'arrêtera  pas  à  répondre  à  ce  prétendu  arrêt  du  29  jan- 
vier 1629,  qui  a  du  juger  que  les  oflSciers  du  bailliage  de  Hortain 
contribueraient  aux  affaires  communes  des  officiers  du  bailliage 
de  Cotentin. 

»  On  ne  connaît  point  cet  arrêt.  Est-il  contradictoire?  A-t-il  été 
rendu  sur  requeste  ou  par  défaut?  La  cause  a-t-elle  été  bien  dé- 
fendue? Quelle  contribution  demandait-on?  Il  y  avait  même  im- 
possibilité de  relations,  le  bailliage  de  Hortain  ayant  son  grand 
bailli  non-seulement  depuis  1529,  mais  de  tout  temps.  Le  pré- 
tendu arrêt  a-t-il  été  signifié  et  exécuté?  Et  quand  les  officiers  du 
siégey  auraient  induement  consenti,  leur  acquiescement  serait, 
à  tous  égards ,  incapable  de  compromettre  les  droits  des  trois 
Etats  d'un  pays  entier;  les  ordres  du  clergé,  de  la  noblesse  et  du 
tiers  l'attaqueraient  par  opposition  aux  autres  voies  légales,  si  on 
pouvait  l'exiber  contre  euîc. 

»  On  ne  dira  pas  aussi  queJe  bailliage  de  Hortain  soit  distrait 

présideiit  da  parlement  de  Rouen,  bien  postérieur,  puisqu'il  vivait  sous  le 
règne  de  Henry  IV,  avait  retenu  que  son  fermier  amèneroitune  charrette  avec 
de  la  paille,  à  Rouen,  pour  conduire  Mme  de  Beauquemare  et  sa  chambrière, 
âia  terre  de  Bourdeny,  à  quelques  lieues  de  la  ville.  La  simplicité  exté- 
Tieure  des  anciens  ne  les  empêchait  pas  d'entreprendre  et  de  faire  de  grandes 
ehoses.. 

7 


—  98  ^ 

du  bailliage  de  Coutances  par  la  seule  raison  qu  il  n^est  pas  sujet 
à  sa  compétence  présidiale. 

»  Il  n'y  est  pas  sujet  parce  qu'il  ne  pouvait  y  être  assujeti,  au- 
trement il  eut  été  lui-même  érigé  en  présidial. 

»  S'il  eut  jamais  fait  partie  du  bailliage  de  Coutances,  le  bailly 
du  Cotentin  ou  son  lieutenant  n'auraient  pas  été  privés  du  droit 
do  tenir  les  assises  à  Mortain,  encore  bien  que  ce  dernier  siège 
n'en  eut  point  relevé  présidialement,  à  raison  d'exception,  mais 
ils  n'y  ont  jamais  eu  aucun  droit,  et  auraient  été  mal  reçus  par 
M.  le  grand  bailly  de  Mortain  ou  les  officiers  de  son  tribunal. 

»  Ajoutons  même  que  la  comparence  aux  appaux  de  la  cour 
étant  due,  comme  on  le  sait,  par  les  principaux  sièges  de  la  pro- 
vince, les  officiers  du  bailliage  de  Hortain  y  sont  appelés  comme 
ceux  des  sept  autres,  mais  leur  appel  se  fait  à  l'issue  de  la 
Pentecôte,  preuve  que  leur  tribunal  est  considéré  comme  grand 
bailliage  et  non  comme  siège  démembré  qui  ne  serait  tenu  ni  de 
répondre  aux  appaux,  ni  de  se  présenter  à  la  comparence. 

Lei^ extraits  ci-joints  prouvent,  an  surplus,  que  la  possession 
se  réunit  aux  titres  que  M.  le  grand  bailly  de  Mortain  ou  son 
lieutenant  ont  convoqué ,  les  différents  ordres  du  comté  de 
Mortain  pour  députer  aux  Etats-Généraux,  et  notamment  aux 
derniers  de  1S88  et  1614,  que  les  député»  y  ont  été  nommés  et 
envoyés,  avec  les  pouvoirs  et  procurations  du  pays.  » 


Ce  mémoire  est  loin  d'être  sans  mérite.  Il  révèle  des  connais- 
sances précieuses  sur  l'histoire  locale  ^'^  et  sur  la  justice.  Ce- 

(1)  Aa  point  de  vue  de  Thistoire,  l'auteur  du  Mémoire  ne  parle  pas  de 
Mauger,  mais  simplement  de  son  fils,  Guillaume  I,  Guerland  ou  Werlengus, 
qui  est  cité,  par  Ordéric  Vital,  comme  le  premier  comte  de  Mortain.  Ce  même 
auteur  fait  encore  une  méprise  en  parlant  d'André  de  Vitré.  Ce  seigneur  n'é- 
pousa point  Idde  ou  Idda,  fille  de  Guerland,  mais  bien  Agnès,  seconde  fille 
du  comte  Robert  I,  successeur  de  Guerland.  Après  la  bataille  de  Tinchebray, 
perdue  en  1106,  par  Guillaume  II,  fils  de  Robert  I,  de  Mortain,  Robert  de 
Vitré,  fils  d'André,  neveu  par  conséquent  de  Guillaume  H,  réclama  le  comté 


-  99  — 

pendant  il  nous  semble  trop  s'appuyer  sur  la  nature  et  l'origine 
da  comté  et  pas  assez  sur  celle  du  bailliage.  Il  est  bien  certain 
qne  ce  comté  n'a  jamais  été  démembré  du  Cotentin  puisque, 
c'est  le  Cotentin,  au  contraire,  qui  en  fut  distrait  en  grande  partie. 
Néanmoins,  si  les  glorieuses  origines  de  ce  comté  lui  ont  valu 
son  indépendance ,  ce  n'est  pas  seulement  sur  lui ,  mais 
encore  sur  le  grand  bailliage,  que  roule  la  discussion  et  c'est 
sorce  dernier  point  quePauteur  ne  s' est  pas  suffisamment  étendu. 
Les  comtes  de  Mortain,  comme  tous  les  grands  vassaux  du 
daché,  rendirent  d'abord  la  justice.  Plus  tard,  ils  se  firent  rem- 
placer par  des  baillis  qui  présidèrent  les  assises  en  leur  nom.  A 
l'instar  des  comtes,  Philippe-Auguste,  en  1196,  créa  des  baillis 
royaux.  Saint  Louis  perfectionna  l'œuvre  de  Philippe,  en  ren- 
dant ces  baillis  sédentaires  et  en  leur  assignant  un  territoire  dé- 
terminé. Or,  on  ne  peut  nier  que  Mortain,  rentré  dans  le  domaine 
royal,  n'ait  été,  quant  à  la  justice ,  incorporé  au  Cotentin  ,  qui 

de  son  oncle,  emprisonné  en  Angleterre.  Il  vint  même  disputer  ce  comté  à 
Etienne  de  Boulogne  qui  en  avait  été  investi  par  le  roi  d'Angleterre,  Henri  I. 
Le  baron  des  Biards  soutint  les  prétentions  de  Robert  de  Vitré  et  battit  le 
eomte  Etienne.  Celui-ci,  revenu  avec  une  armée  plus  forte,  chassa  de  ses 
terres,  Robert  de  Vitré,  et  rasa  le  château  des  Biards.  Relevé  peu  après,  ce 
château  fut  plusieurs  fois  attaqué  au  xv*  siècle,  et  en  particulier,  en  1418. 
Les  Anglais  s'en  étant  emparés,  le  démantelèrent.  Fut-il  restauré  quand  on  le 
raidit  à  François  le  Soterel,fllB  de  GuiUaume,  défenseur  du  Mon t-St-Michel? 
Nous  l'ignorons.  Mais  François,  devenu  chambellan  de  Louis  XI,  Phabita  peu, 
ses  héritiers  encore  moins,  et,  avec  le  temps,  la  forteresse  tomba  complète- 
ment en  ruine.  Ce  fut,  pour  la  localité,  une  perte  considérable,  car,  après  la 
disparition  de  ce  château,  elle  diminua  de  jour  en  jour  d'importance  et  de 
grandeur.  De  là  ce  dicton,  souvent  rappelé  en  présence  d'une  fortune  qui 
disparaît: 

C'est  comme  la  Ville  des  Biards 
Qui  décadit  chaque  jour  d'un  liard. 

Par  le  mot  Ville,  il  faut  entendre,  non  la  commune  entière  des  Biards,  mais 
simplement  le  village  du  château  qui  porte  encore  le  nom  de  Ville.  On 
donnait  généralement  ce  nom  aux  anciennes  forteresses,  et  nous  le  retrouvons 
aux  châteaux  de  Fougères,  du  TeiUeul,  de  Tinchebray  et  de  Gondé-sur- 
Noireaa. 


—  <00  — 

avait  alors  un  bailli  du  roi.  Ce  fait  est  prouvé  par  des  assises 
présidées  à  Mortain  ,  par  quelques  baillis  de  Coutauces  ;  l'acte 
royal,  que  nous  avons  donné  en  entier,  au  chapitre  III ,  le  dé- 
clare aussi  d'une  manière  formelle.  Il  est  vrai  que,  lorsque  le 
comté  fut  cédé,  de  nouveau,  à  différents  princes,  l'autorité  des 
baillis  de  Cotentin  fut  fortement  entravée ,  mais  elle  ne  le  fut 
complètement  qu'en  1551.  Non  -  seulement  on  démembra  le 
bailliage  de  Mortain  de  celui  de  Cotentin,  mais  on  fit  plus,  on  lui 
rendit  ses  droits  constitutifs,  ses  prérogatives  premières,  de  comté 
et  de  bailliage  indépendant. 

On  eut  alors  non  tout  le  comté  du  xii®  siècle,  mais  une  partie 
de  cet  ancien  domaine  où  les  grands  vassaux  rendaient^  au  nom 
du  duc  ou  du  roi,  la  justice  souveraine  C'est  en  sappuyant  sur 
ces  constitutions  primitives^  rétablies  au  xv!"*  siècle,  que  l'auteur 
du  mémoire,  déduit  habilement  ses  conclusions,  et  on  doit 
ajouter  qu'il  est  dans  le  vrai.  Le  comté  de  Mortain  forme,  on 
peut  le  dire,  un  grand  bailliage  exceptionnel,  puisque  sa  création 
est  antérieure  à  celle  des  bailliages  de  Philippe-Auguste  et  de 
Louis  IX,  mais  il  n'en  est  pas  moins  un  bailliage  royal  comme 
tous  les  autres.  Louis  XY,  dans  l'acte  déjà  cité,  l'assimile  à  tous 
les  grands  sièges  du  royaume.  Il  a  comme  eux  l'es  mêmes  attri- 
butions, les  mêmes  privilèges,  les  mêmes  droits.  Son  chef  est 
qualifié  du  titre  de  bailli  d'épée,  de  bailli  royal,  de  bailli  de  robe 
courte.  Comme  tous  ses  collègues,  il  commande  la  noblesse,  son 
nom  et  ses  qualités  sont  à  la  tête  des  actes  judiciaires. 

Ce  comté,  ainsi  constitué,  avait  donc  droit,  comme  tous  les 
autres  grands  bailliages,  à  la  députation  directe.  Pourquoi  donc 
lui  a-t-on  refusé  ce  privilège?  Etait-ce  parce  qu'il  n'avait  point 
de  prèsidial  et  qu'il  était  d'une  petite  étendue?  Cette  objection 
ne  saurait  être  sérieuse,  puisqu'il  existait  des  bailliages,  avec 
prèsidial,  moins  considérables  que  celui  de  Mortain,  et  que  nous 
voyons  des  bailliages  secondaires,  de  simples  démembrements, 
demander,  et  quelquefois  obtenir,  la  députation  directe.  Âvran- 
ches ,  en  1789,  sollicitait  lui-même  cette  faveur. 

Objectera-t-on  que  des  géographes,  des  historiens,  ont  enclavé 


—  101  — 

le  comté  de  Moruio  dans  le  bailliage  deCotentinTCes  faits  prou- 
vent simplement  que  ces  auteurs  ignoraient  la  nouvelle  constitu- 
tion du  comté.  Aussi,  pour  réparer  cet. oubli,  nous  donnons, 
comme  documents  curieux,  deux  cartes  manuscrites  de  ce  grand 
bailliage  si  peu  connu  et  si  singulièrement  circonscrit. 

La  véritable  cause  de  Tunion  de  Mortain  à  Coutances,  en  1 789, 
nous  ne  la  chercherons  pas  dans  une  question  de  droit,  car  le  droit 
existe  en  faveur  de  Horlain,  et  Necker  ne  le  conteste  pas  ;  nous 
iatrouveronsuniquement  dans  des  antécédents  mal  définis,  et  dans 
one  tendance  de  l'Etat  à  centraliser,  quand  il  le  pouvait,  afin 
d'avoir  un  nombre  moins  considérable  de  députés  ^^K 

Mais  revenons  à  notre  mémoire,  et  voyons  ce  que  le  grand 
bailli  fit  de  ces  Moyens  que  nous  retrouvons  si  précieusement 
conservés  dans  ses  archives. 

H.  de  Geraldin  n'en  usa  point  pour  discuter  ses  droits.  On 
était  déjà  à  la  fin  de  février,  les  circonstances  étaient  pres- 
santes, il  fallait  agir  au  plus  vite  et  le  moment  n'était  guère 
favorable  aux  discussions. 

Il  attendit  donc  une  occasion  plus  propice,  mais  il  écrivit  lui- 
même  à  Necker,  l'auteur  de  l'annexion  des  deux  grands  bailliages 
en  un  seul,  et  le  pria,  dans  une  lettre  fort  énergique,  de 
vouloir  bien  porter  ses  plaintes  au  pied  du  trône,  et  d'ins- 
truire le  Roi  de  l'injustice  qui  a  été  faite  au  Grand  Bailli  de 
loriain.  Nous  donnons  cette  lettre  qui  a  été  publiée  par  M.  Hip- 
peau  dans  :  Le  Gouioemement  de  la  Normandie,  Tome  YI,  p.  30, 
et  dont  l'original  est  aux  archives  nationales. 


(1)  M.  Th.  DesdevisâS-Dudezert ,  agrégé  d'histoire,  professeur  à  la  faculté 
des  lettres  de  Gaen,  dans  son  Etude  iur  le  Cotentin,  en  1789,  et  les  Etatê- 
Généraux,  a  très-bien  distingué  le  grand  baiUiage  de  Mortain  de  celui  du 
Cotentin,  quand  il  dit,  p.  26  :  k  Le  grand  bailliage  de  Cotentin,  l'un  des  plus 
vastes  et  des  plus  populeux  du  royaume ,  comprenait  un  bailliage  principal, 
odoideCoutances,  et  les  sept  bailliages  secondairesde  Saint-Lo,  d'Avranches,  de 
Carentan,  de  Cérences,  de  Saint-Sauveur-Lendelin ,  de  Yalognes  et  de  Saint- 
Ssaveur-le-Vicomte.  En  1789»  on  lui  adjoignit  le  comté  de  Mortain  et  son 
annexe  le  bailliage  de  Tinchebray,  dont  les  protestations  furent  écartées.  » 


—  102  — 

«  18  février  1789. 

Monsieur  le  comte  dé  Géraldin  à  M.  le  Directeur  général 

des  finances 

»  Monsieur, 

»  Permettez  que  je  vous  exprime  toute  ma  surprise  de  trouver 
dans  l'état  annexé  au  règlement  pour  la  convocation  des  États 
généraux  le  bailliage  de  Mortaiu ,  compris  comme  bailliage  se- 
condaire de  celui  de  Coutances. 

»  Cette  qualification  réduit  à  un  rôle  subalterne  un  bailliage 
au  moins  émule  de  celui  de  Coutances,  porte  la  plus  cruelle  atteinte 
aux  privilèges  et  aux  droits  réels  de  tous  les  ordres  et  anéantit, 
par  le  fait,  la  charge  de  grand-bailli  d'épée,  dont  j'ai  l'honneur 
d'être  pourvu  ;  je  perds  la  plus  belle  de  mes  prérogatives ,  celle 
de  convoquer  et  de  présider  la  noblesse  dans  tous  les  cas  ob  elle 
peut  se  réunir  en  corps. 

»  Décoré  alors  d'un  vain  titre,  forcé  de  céder  un  rang  dont 
Sa  Majesté,  par  une  injustice  involontaire  bien  contraire  à  la 
bonté  paternelle  de  son  cœur ,  me  fait  descendre  sans  l'avoir 
mérité,  je  me  trouve  entièrement  à  l'écart ,  à  jouer  un  rôle  pu- 
rement passif  dans  la  circonstance  la  plus  importante  de  mes 
fonctions. 

»  Non,  Monsieur,  leRoi,  mieux  instruit,  ne  ferait  point  éprou- 
ver une  mortification  aussi' déchirante  à  un  ancien  militaire  dont 
tous  les  moments  de  la  plus  tendre  jeunesse  ont  été  consacrés  à 
son  service.  Après  la  bataille  de  Fontenoy,  présenté  à  Louis  XV, 
couvert  de  blessures,  j'eus  l'honneur  de  recevoir  de  sa  main, 
sur  le  champ  de  bataille,  un  témoignage  flatteur  de  ses  bontés. 
Son  auguste  successeur  aura  sans  doute  les  mêmes  sentiments 
pour  un  sujet  fidèle,  également  attaché  à  sa  personne  sacrée. 

»  Si  mon  âge  et  mes  infirmités  guerrières  me  permettaient  en- 
core de  porter  moi-même  au  pied  du  trône  mes  justes  plaintes, 


—  103  — 

de  peindre  à  Sa  Majesté  avec  Ténergie  d'une  âme  vraietnent  sen- 
sible et  délicate  toute  Tamertume  d'un  oubli  aussi  affligeant,  et 
les  témoignages  d'attachement  que  m'a  montrés  dans  ce  moment- 
ci  une  noblesse  brave  et  généreuse  dont  j'ai  mérité  dans  tous  les 
temps  l'estime  et  l'amitié,  ma  réclamation  serait  sûrement  écou- 
tée favorablement  par  un  monarque  dont  toutes  les  actions  sont 
marquées  par  un  nouveau  trait  de  bienfaisance. 

»  Veuillez,  Monsieur,  suppléer  à  ma  faiblesse  et  mettre  sous 
les  yeux  du  Roi  des  droits  qui  vous  sont  parfaitement  connus  par 
les  différents  mémoires  qui  vous  ont  été  adressées  par  le  lieute- 
nant-général de  mon  baillage,  la  commission  intermédiaire 
provinciale  de  Caen  et  le  bureau  intermédiaire  de  ce  département. 
Je  puis  vous  éviter  la  répétition  de  ces  détails,  mais  je  dois  vous 
rappeler.  Monsieur,  qu'en  1691  une  erreur  semblable  occasionna 
une  discussion  entre  le  bailli  de  Coutances  et  celui  de  Mortain, 
qui  fut  terminée  à  l'avantage  de  ce  dernier.  Aujourd'hui  on  ac- 
corde une  députation  directe  aux  bailliages  qui  ont  nouvellement 
acquis  les  qualités  qui  y  donnent  droit,  pourquoi  la  refuserait- 
on  à  celui  qui  a  eu,  de  tout  temps,  ces  qualités  précieuses?  Déjà 
j'entends  les  trois  ordres  qui  se  refusent  à  un  joug  étranger,  se 
regarder  comme  privés  de  fait  des  droits  de  concourir  à  l'élection 
des  députés,  qu'ils  ne  veulent  exercer  que  sous  la  direction  de 
leur  chef  légitime. 

»  Je  suis,  etc.  »  Comte  de  Géraldin.  » 


Le  samedi  21  février,  1 789,  il  y  eut  à  Mortain  une  réunion 
solennelle  que  le  grand  bailli  vint  présider.  Là  s'étaient  réunis 
les  juges ,  les  avocats  et  un  grand  nombre  des  représentants 
des  Trois  Ordres.  Le  procureur  du  Roy,  M.  Passais  de  Mont- 
benoit,  donna  lecture  des  lettres  de  Sa  Majesté,  du  24  avril, 
touchant  la  convocation  des  Etats-Généraux,  et  d'une  ordonnance 
du  bailli  de  Cotentin  portant  qu'il  aurait  reçu  des  pouvoirs  du 


—  104  — 

Roi  pour  convoquer,  à  Coutances,  les  bailliages  de  Mortain  et  de 
Tinchebray.  À  cette  lecture  on  réclama  vivement,  et  les  avocats, 
comme  les  trois  ordres  réunis,  demandèrent  la  conservation  du 
droit  de  députer  directement  aux  Etats-Généraux,  avec  la  trans- 
mission directe  des  ordres  de  Sa  Majesté  à  H.  le  grand  bailli  de 
Hortain.  Us  demandaient,  en  outre,  que  de  nouvelles  instances 
fussent  faites  auprès  de  Louis  XYI. 

M.  de  Geraldin  ayant  déjà  écrit  à  Necker ,  attendait  une  ré- 
ponse qui  pouvait  être  favorable,  si  le  Ministre  des  finances 
daignait  la  présenter  à  Sa  Majesté.  Cependant  il  crut  bon  de 
faire  une  protestation  en  règle  qui  fut  envoyée,  au  Grand-Bailli 
de  Cotentin.  Nous  la  donnons  ici,  avec  les  signatures  des  trois 
ordres,  et  l'exploit  qui  l'accompagne  : 

PROTESTATION. 

«  Par  devant  W  Jacques-Antoine -François  Restout,  seul 
Notaire  Royal  en  titre,  Garde-notes  héréditaire  du  Bailliage  et 
pour  tout  le  Comté  de  Mortain,  soussigné. 

»L'an  mil  sept  cent  quatrevingt  neuf,  le  unziemejour  de  mars, 
avant  midy. 

»  Ont  comparu  Hessire  Antoine-Anne-Nicolas  de  Geraldin,  che- 
valier, seigneur,  comte  de  Lapenty,  Saint  Symphorien,  Buais, 
seigneur  de  La  Vallée  et  autres  Lieux,  chevalier  de  L'ordre  Royal 
et  militaire  de  Saint  Louis,  Brigadier  des  armées  du  Roi,  Grand 
Bailli  d'Epée  du  Bailliage  et  Comté  de  Mortain»  demeurant  ordi- 
nairement en  son  château  de  Saint  Symphorien. 

»  Et  Messire  Gabriel-François  de  Vaufleury  chevalier,  sei- 
gneur patron  présentateur  de  Saint  Cyr  du  Bailleul  et  de  Saint 
Jean  du  Corail,  seigneur  du  Bailleul,  La  Motte,  Bondé  et  autres 
Lieux,  Conseiller  du  Roi,  Lieutenant-Général  Civil  et  Criminel 
et  de  Police  dudit  Bailliage  demeurant  en  son  hôtel  audit  Hor- 
tain. 

»  Lesdits  Seigneurs  comparans  présidens  des  trois  Etats  dudit 
Bailliage  de  Mortain,  savoire  ledit  Seigneur  Comte  de  Geraldin 


I  _  405  — 

I 

I        da  Clergé  et  de  la  Noblesse,  et  ledit  Seigneur  de  Saint  Cyr  du 
'        Tiers-Etat. 


»  Lesquels,  en  cette  qualité  nous  ont  présentement  déposé  et 
mis  aux  mains  un  acte  écrit  et  signé  sur  deux  feuilles  de  papier 
oon  timbré^  portant  en  substance,  protestation  contre  la  Convo- 
cation  desdits  trois  ordres  dudit  Bailliage  et  demembremens 
dMcelui  au  Bailliage  de  Coutances  et  réclamation  de  leurs  droits 
et  privilèges  de  députer  directement  aux  Etats  généraux,  suivant 
que  le  tout  est  plus  au  long  énoncé  audit  acte,  en  date  du  neuf 
de  ce  mois,  signé  desdits  Seigneurs  comparans  et  de  plusieurs 
autres  personnes  de  leur  ordre  et  de  celui  du  Clergé,  et  de  la 
majeure  partie  des  députés  du  Tiers  État  pour  l'assemblée  qui 
vient  d'être  tenue  audit  Mortairf  et  contrôlée  au  bureau  dudit 
lieu  cejourdhuy. 

»  Nous  requérant  lesdits  Seigneurs  comparans  en  leursdites 
qualités,  de  joindre  et  annexer  ledit  acte  à  nos  registres  et  mi- 
nutes pour  d'icelui  et  du  présent  être  délivré  toutes  grosses  et 
expéditions  requises  et  nécessaires,  ce  que  nous  leur  avons 
accordé,  après  avoir  été  contresigné,  ne  varietur  par  ledit  Sei- 
gneur de  Saint  Cyr,  dont  acte  ;  fait  et  passé  aux  présences  des 
sieurs  Gilles-Harie  Yauilegeard  Notaire  Royal  du  Bailliage  de 
Periers  et  Toussaint-Charles  Jammes  tous  deux  demeurans  audit 
Hortain,  témoins  signés  avec  lesdits  Seigneurs  comparans  et 
nousdit  Notaire,  après  lecture  faite,  ainsi  signés  le  C^*^  de  Geral- 
din.  Brigadier  des  armées  du  Roi,  Grand  Bailli  d'Epée  du 
Bailliage  et  Comté  de  Hortain  ;  Devaufleury  de  Saint  Cyr,  Yauile- 
geard, Jammes  avec  Restent  notaire  à  la  minute  du  présent  con- 
trôlée audit  Mortain  cejourd'huy  par  le  sieur  Robillard  qui  a 
reçu  quinze  sols  et  aussi  signé  à  ladite  minute. 
»  Suit  la  teneur  dudit  acte  déposé  : 
»  Les  trois  ordres  du  Clergé,  de  la  Noblesse  et  du  Tiers  Etat 
assemblés  à  Mortain  cejourdhuy  neuvième  jour  de  mars  mil  sept 
cent  quatrevingt  neuf,  délibérant  entr'eux  sur  les  ordres  donnés 
par  Sa  Majesté  de  se  rendre  à  Coutances  le  seize,  devant  le  Bailli 
dudit  lieu  pour  l'Assemblée  des  trois  Etats,  à  l'effet  de  concourir 


—  406  — 

à  la  nominatioa  des  Députés  aux  Etats  Généraux  du  Royaume 
pour  lesdits  trois  Ordres. 

»  Et  coDsidéraut  quMl  seroit  à  craindre  que  ces  ordres  ne 
donnassent  par  la  suite  atteinte  aux  droits  et  privilèges  que  ce 
Bailliage  à  de  députer  directement  aux  Etats  Généraux,  comme 
Bailliage  indépendant  d'aucun  des  autres  Bailliages  de  la  Pro- 
vince. • 

»  Que  ce  privilège  est  d'autant  plus  essentiel  pour  tous  les 
individus  de  ce  Bailliage  et  demembremens  d'icelui,  qu'il  pré- 
vient le  déplacement  coûteux  de  près  de  vingt  lieues. 

)^Que  le  territoire  de  ce  Bailliage  est  tout  différent  du  sol  de 
celui  de  Coutances  et  de  ses  demembremens. 

»  Que  d'un  autre  cAté  la  population  de  ce  Bailliage  est  assez 
considérable  pour  avoir  des  deputations  directes,  puisqu'on 
compte  plus  de  cent  vingt  mille  habitans  dans  son  Ressort. 

»  Que  la  ville  de  Coutances  très  bornée  dans  son  étendue  ne 
peut  facilement  ni  sans  une  rançon  ruineuse,  contenir  un  aussi 
grand  nombre  de  Députés. 

»  Que  d'ailleurs  à  ces  premiers  moyens  de  fait  se  réunit  encore 
la  disposition  textuelle  de  l'article  cinquante  du  Règlement  du 
quatorze  janvier  dernier  qui  conserve  à  chaque  Bailliage  son 
droit  réel  et  particulier  de  deputation  directe,  non  obstant  la  for- 
mation adoptée  par  ledit  Règlement,  reconnue  par  Monsieur  le 
Bailli  du  Cotentin  lui-même  dans  l'article  seize  de  son  ordon- 
nance du  treize  février  dernier,  qui  porte  qite  c'est  par  ordre  du 
Roi  et  pour  la  convocation  des  EttUs  généraux  ^ulemerU  qu'il  en- 
voyé son  ordonnance  à  Monsieur  le  BaiUi  de  Mortain^  et  qu'il  a 
d'ailleurs  distingué  très  clairement  le  Bailliage  de  Hortain,  de 
celui  de  Saint  Lô,  Àvranches  etc.  dependans  de  son  Ressort  et 
que  relativement  à  ceux-ci,  il  a  ordonné  qus  copies  collatiotmées 
des  Lettres  du  Roi,  du  Règlement  y  annexé  et  de  son  ordonnance 
seroient  portées  à  Messieurs  les  CÀeutenans  auxdils  Bailliages  et 
qu'en  ce  qui  regarde  celui  de  Mortain  il  a  ordonné  au  contraire 
quelles  seroient  portées  à  Monsieur  le  Bailli  de  Mortain. 

y^  L'Assemblée  s'est  déterminée  à  se  rendre  à  Coutances,  pour 


—  107  — 

obéir  aux  ordres  da  Roi  seulement,  et  sans  entendre  se  préjudi- 
cier  en  ses  droits  et  privilèges  de  députer  directement  aux  Etats 
généraux,  se  reservant  expressément  de  supplier  Sa  Majesté  d'y 
maintenir  ledit  Bailliage  de  Hortain  comme  Bailliage  principal 
et  indépendant,  droit  qu'il  lui  sera  facile  d'établir  par  la  posses- 
sion la  plus  constante  et  les  titres  les  plus  evidens. 

»  Pourquoi  lesdits  trois  ordres  réunis  ont  arrêté  que  la  présente 
protestation  sera  déposée  devant  l'un  des  Notaires  ou  Tabellions 
de  cette  ville  et  expédition  d'icelle  délivrée  et  signifiée,  en  Uxni 
que  besoin  à  Monsieur  le  Bailli  du  Cotentin  pour  le  maintien  et 
conservation  dudit  droit  du  Bailliage  de  Mortain  et  démembre- 
mens  d'icelui  de  députer  directement  auxdits  Etats  Généraux. 

1»  Ce  que  lesdits  trois  Ordres  'réunis  ont  signé  et  arrêté,  après 
lecture  pour  leur  valoir  ce  qu'il  appartiendra,  ainsi  signés  : 

■ 

»  Clergé. 

»  B.  R.  Tanqueret  curé  du  Mesnilthebault  Doyen  rural  de  Saint 
Hilaire  du  Harcouet,  Tabbé  de  Yaufleury  curé  de  Barenton,  Lan- 
sard  curé  du  Rocher,  Le  Bel  curé  de  Mortain,  Ledo  chanoine  de 
Mortain,  Le  Roy  curé  du  Neubourg,  Houstin  curé  des  Biards, 
T.  Jullien  curé  de  Heussey,  Fauchon  curé  de  Bellefontaine,  Du- 
pont de  la  pemiere  c.  de  St  Georges,  Gibon  curé  de  Yiray, 
Bouillon  c.  de  St  Barthélémy,  Minier  de  la  Blottais  prieur  curé 
d'Escheris,  Santerre  curé  de  Sourdeval,  Duhamel  curé  de  Fon- 
tenay,  F.  Dufour  prêtre,  Th.  Duhamel  c.  de  Beauficel,  Boutry 
de  la  Fresnaye  curé  de  St  Jean. 

»  Noblesse. 

»  Demarseul  Sg'  d'Erac  Ch"^  de  Saint  Louis,  Felix-Jean  de  St 
Germain  seignenr  de  la  Bazoge,  De  la  Broise  du  Boulvert  Ch'  de 
St  Louis  pensionné  du  Roi,  Radulph  ancien  Cap^  d'Infanterie,  Ch' 
de  Saint  Louis,  Duhamel  Milly,  C.  Duhamel  de  Boisleger,  Des- 
tanger  de  Heussé,  Ch^  Le  Breton  Ch.  de  Saint  Louis,  Poret  de  la 
Bouftiere,  Avenel  Sg'  de  la  Touche,  Le  Breton,  Le  Breton  de 
Beauchéne,  Devaufleury  de  la  Durandiere,  De  Marseul,  Hérault, 


-  108  — 

De  la  Chambre  de  Vauborel,  Destanger  Seig^  du  Petit  Husson  et 
du  Bohioeust,  G*^  Adigard,  Henry  de  Lepine  ch*^  S'  du  Helay, 
Uené  Hypolite  Pierre  de  Beaumont  Ecuyer,  Poulain  de  la 
Chevallerie,  G.  des  Illes,  Dauray,  De  Saint  Paul  deLaingheard, 
Debonnechose,  Duhamel  de  Moisscy,  Dupontavice  de  Perrière, 
De  St  Gilles,  PouUain  des  Châteaux,  Delatouche,  Pouthaud  du 
Plessis,  Ch*''  de  Vauborel,  Lentaigne  de  Montaudin,  Verdun  de 
Barenton,  Chevalier  deVaufleury,  le  chevalier  de  la  Tremblaies, 
De  la  Houssaye,  Débordes  de  Chalandré,  Devaufleury  Ch'  de  Saint 
Cyr,  Godard  d'Isigny,  Piton  Seigneur  de  la  Rousseliere  et  de 
Cuves,  Couture  de  Troismars,  Mezenge,  Achard  de  Leiuardiere, 
Dumesnil  S'  de  la  Goudiniere,  Le  Forestier,  Débordes  de  Fon- 
tenay,  Devaufleury  de  St  Cyr,  le  C*  de  Geraldin  Brigadier  des 
armées  du  Roy  Grand  Bailly  d'Epée  du  Comté  et  Bailliage  de 
Hortain. 

»  Tiers^Etat. 

»  Le  Sacher  de  la  Palliere,  Le  Moine  de  Villeneuve,  Bouillon  de 
la  Lorerie,  député^  Le  Sacher  du  Mezeray,  Mauduit,  A.  Le 
Jemble,  Jacques  Le  Tavernier,  J.  Le  Perdriel,  Henry,  P.-F. 
Norgeot,  G.  Bagot,  J.  Bochin,  Michel  Soûl,  F.  Le  Rebours, 
L.  Dubois»  J.  Gasté,  père,  Abraham  du  Boisgobey,  Jammes, 
Besnier,  m*,  J.  Crezel,  F.  Loisel,  H.  Poulain,  E.  Hedou,  J.  Le 
Chartier,  Thomas  delà  Chevalays,  avocat,  Champion,  Jean  de  la 
Noë,  Gilles  Le  Sage,  Cahour,  R.  Trictin,  G.  Deschamps,  S.  Su- 
vigny,  G.  Eslier,  Ja.  Roussel,  Guillaume  Le  Mardelé,  Ju.  Surville, 
J.  Millet,  T.  Vautier,  J.  Jullien,  Couret  des  Ivets,  avocat, 
R.  Juhé  de  Launay,  G.  Esneu,  M.  CaîUebotte,  Ch.  Pierre  Le 
Franc,  J.  Dumaine,  B.  Le  Moing,  G.  Pallix,  Moulin  Le  Bour- 
donné, J.  Juhel  des  Landes,  Gilles  Davy,  Jacques  Gobard,  Le 
Dieu  Ruaudiere,  D.  Regnault,  G.  Macé,  C.-G.  Lamy,  Trocbon, 
F.  Vaullegeard,  Clouard,  Anfray,  Homo  des  Vallées,  député, 
P.  Lemasson,  R.  Mauduit,  P.  Templer,  F.  Gandin,  S.  Poisson, 
S.-J.-H.  Bonùesœur  Bourginiere,  avocat,  Postel  du  Hautval, 
J.-B.  Herbert,  J.-Bte  Boutry,  Guesdon  de  Beaumont,  avocat, 


—  109  — 

dépoté,  J.  Boisbeuron,  L.  Bourget,  L.  Normand,  G.  Foinet, 
Gesbert,  Pierre  Segot,  Jacques  Noël,  J.-Phe  Hamon,  P'*^  Marin 
de  Colibeanx,  Le  Pourcelet,  Le  Mercier,  Cousin  Deschamps, 
J.  Courteille,  J.  Noël  Jouin,  N.  Coupe),  Michel  Gallon,  Osouf, 
N.  J.  Bechet,  P.  Bechet,  F.  Grêlé,  Haye  de  la  Divere,  P.  L. 
BoDoesœur,  G.  S.  Lenglois,  J.  Â.  le  Bourgetel,  Julien  Le  Bor- 
dais, Louis  Fautrard,  Gautier,  Thebault  l'aîné,  Le  Rebours  de 
La  Pigeonniere,  Delaroche  Docteur  en  médecine,  Brehier,  M.  J. 
fiooel,  Julien  des  Loges,  Guilmau,  Ozenne,  Martin  Cruel,  Beche- 
rel  Docteur  médecin,  De  la  Gerardiere,  Blanchet  de  Laumône, 
HoQstin  de  Monthalé,  G.  Blouin,  C.  le  Hericey,  N.  Lair, 
J.  Cordon,  J.  B.  LeBocey,  Le  Mercier,  J.  Trochon,  J.  B.  Pou- 
lain, Michel  OUivier,  Laisné,  Le  Marchand,  Cordon,  J.  Ladvoué, 
Certain,  J.  Briere,  J.  C.  Ruault,  J.  Hamel,  A.  Laisné,  Pierre 
Martin,  F.  Couette,  M.  Trehet,  Michel  Gillet,  Jean  Jamont,  Giret, 
Clouard,  Le Carpentier,  Delà  Porte..  F.  Martin,  Julien  Fauchon, 
F.  de  Brecey,  Poirier  D.  M.,  P.  Frs  Mûrie,  C.  F.  J.  Roussel, 
LeFillàtre,  F.  Nicole,  J.  Pichon,  Vincent  Debon,  Louis  Dumont, 
P.  Jouvin,  Gilles  Chalier,  Gilles  Boutelou,  J.  A.  P.  de  La  Cou- 
siniere,  Jacques  Couetil,  Le  Hericey,  J.  Anfray,  Le  Roux  de 
Laanay,  Hardy,  Roussel,  m^,  Pierre  Hue,  F.  Le  Landais,  Fran- 
çois Le  Sage,  G.  Le  Mardeley,  G.  J.  Le  Conte,  J.  Murcie,  J.  Le 
Compagnon,  Hardy,  Le  Clair,  G.  Lesage,  Colibeaux,  L.  F.  Hes- 
louia,  Anfray,  Poisnel,  J.  Hardy,  Jean  Hue,  J.  Peslin,  G.  de 
Cbamprepus,  Jacques  Le  Tellier,  J.  Dubois,  de  la  Rue,  Chapin, 
et  Le  Sacher  de  La  Palliere  député. 

»  Le  tout  audit  acte  de  protestation  déposé,  et  audessous  de  la 
dernière  signature  ci-dessus  est  écrit  :  contrôlé  à  Mortain  le  unze 
mars  mil  sept  cent  quatrevingt  neuf,  reçu  quinze  sols,  signé  Ro- 
biUard. 

»  Sur  tout  quoi  demeuré  vers  nous-d.  Notaire  La  presenteGrosse 
en  six  RoUes  celui-ci  compris,  a  été  délivrée  pour  lesdits  Sei- 
gneurs Présidens ,  qui  l'ont  ainsi  requise ,  figurée  comme 
audit  acte  de  protestation  pour  les  signatures. 

»  Rbstout.  » 


—  no 


EXPLOIT. 

»  Lan  mil  sept  cent  quatrevingt  neuf  le  seize  mars  environ  huit 
à  neuf  heures  du  matin,  à  la  requête  de  Messire  Anthoine-Anne- 
Nicollas  de  Geraldin,  chevallier,  seigneur  comte  de  LaPenty, 
Saint-Simphorien,  Buais,  seigneur  Delavallée  et  aultres  Lieux 
chevallier  de  l'ordre  Royal  et  militaire  de  Saint-Louis,  Briga- 
dier des  armées  du  Roy,  Grand-Bailly  d'épée  du  Bailliage  et 
comté  de  Mortain  et  au  nom  des  trois  ordres  du  dit  Bailliage, 
demeurant  mondit  seigneur  de  Geraldin  en  son  château  de  la 
paroisse  de  Saint-Simphorien  ou  son  domicilie  est  élu. 

»  Moi  soussigné  JuUien  Laisné  huissier  a  cheval  pour  le  Roy 
en  son  chatelet  de  Paris  y  reçu  et  immatriculé  exploitant  par 
tout  le  Royaume  de  France  demeurant  en  la  ville  et  paroisse  de 
Mortain;  j'ai  signifBé  baillé,  et  délivré  la  présente  délivrance  de 
protestation  et  liste  de  signature  atestée  par  icelle  avec  le  présent 
mon  exploit  à  Messire  Maximilien-Marie  Pierre  le  Vicomte,  che- 
vallier marquis  de  Blangy,  seigneur  et  patron  de  Fontainne, 
Etoupefour,  Eterville,  Aulage,  Saint-Martin,  L'bortier^  Fontenay 
etSaint-Marcott,  Grand-Bailli  du  Gotentin,  chevallier  de  Tordre 
Royal  et  militaire  de  Saint-Louis  et  lieutenant  général  des  ar- 
mées du  Roy.  Et  à  Messire  Thomas-Louis-Anthoinne  Desmaretz, 
chevallier,  seigneur  de  Montchaton,  le  Chatel,  Faulx,  Lamotte, 
Lagiffardière  et  autres  lieux  et  ce  en  la  personne  du  sieur  Blondel 
leur  greffier^  en  son  greffe  situé  rue  au  Rat  paroisse  Saint- 
Nicollasenla  ville  deCoutances,  aujourdui  transporté  en  parlant 
au  sieur  Tarouilly  commis  de  monsieur  Blondel  greffier  du 
Bailliage  de  Coutances  ainsy  qu'il  ma  dit  estre  et  sappeler 
trouvé  audit  greffe  du  Bailliage  de  Coutances  chargé  de  faire 
savoir  audit  sieur  Blondel  et  ce  dernier  chargé  le  (aire  savoir  à 
mes  dits  sieurs  le  Vicomte  et  Desmaretz  affin  qu'ils  n'en  ignorent 
avec  invitation  et  sommation  dy  tenir  et  garder  état,  relevant  en 
tant  que  besoin  la  ditte  protestation  pour  les  fins  et  jours  des 
reserves  y  énoncées  ;  —  a  la  quelle  fin  les  présentes  copies  et 


eiploit  baillées  et  délaissées  a  qui  j'ai  parlé  après  lecture  faitte. 
Sor  six  rolles  de  papier  timbré  cottes  et  paraphés  celui-ci  y 
compris.  Constat  timbré  (sic).  »  Laisnb.   » 


Après  cette  protestation,  M.  de  Géraldin  rédigea  son  Ordon- 
naoccy  dont  un  exemplaire  fut  adressé  à  H.  de  Blangy,  grand 
bailli  de  Cotentin.  Nous  la  donnons  ici  dans  son  entier,  avec  le 
nouvel  exploit,  de  Thuissier  royal  de  Mortain,  écrit  sur  le  der- 
nier verso  de  l'ordonnance  imprimée. 

ORDONNANCE 

DE   MONSIEUR   LE   GRAND   BAILLI 

du  Bailliage  et  Comté  de  Mortain 

CONCERNANT   LA   CONVOCATION    DES   l^TATS-G^ÉRAUX 

Du  Samedi  24  Février  4789. 

»  Audience  de  Bailliage  tenue  à  Mortain  le  samedi  24  Février 
1789.  Devant  Nous  Hessire  Antoine-Anne-Nicolas  de  Géraldin, 
Chevalier,  Seigneur  Comte  de  Lapeoty,Saint-Syphorieo,  Buais  : 
Seigneur  de  la  Vallée,  et  autres  lieux;  chevalier  de  l'Ordre  Royal 
et  Militaire  de  Saint-Louis,  Brigadier  des  armées  du  Roi ,  Grand 
Bailli  d'Epéedu  Bailliage  et  Comté  de  Mortain,  par  Hessire  Gabriel- 
François  de  Vauileury,  Chevalier ,  Seigneur  Patron  présentateur 
de  Saint-Cyr-du-Bailleul  et  de  Saint-Jean-du-Corail,  Seigneur  du 
Bailleui  I^  Hotte,  Bondé,  et  autres  lieux.  Conseiller  du  Roi, 
Lieutenant-Général,  Civil,  Criminel  et  de  Police  du  dit  Bailliage, 
oà  étaient  Messieurs  Boiton,  Lieutenant  Particulier,  Josset  des 
Teq;ées,  Le  Hoine  de  Villeneuve,  et  Vezard  la  Laire,  Assesseur  et 
Conseillers  au  dit  Siège,  monsieur  le  Bailli  séant,  faisant  droit  sur 
le  RéquisitoiredttProcureur  du  Roi,  ditet  ordonne  que  les  Lettres 


—  112  — 

de  Sa  Majesté  du  24  avril  1789,  signées  Louis,  et  plus  bas  Lau- 
rent de  Yilledeuil,  pour  la  Convocation  et  Assemblée  des  Etats- 
Généraux  du  Royaume,  ensemble  le  Règlement  y  annexé,  le  lout 
envoyé  à  notre  Lieutenant-Général  et  annoncé,  par  la  lettre  de 
Mgr  le  Garde  des  Sceaux  de  France,  du  sept  de  ce  mois,  dont  a 
été  donné  lecture,  seront  lues,  publiées  présentement  à  T Audience 
tenant,  et  enregistrées  en  notre  Greffe,  pour  être  exécutées  sui- 
vant leur  forme  et  teneur,  publiées  à  son  de  trompe  et  cri  public, 
dans  tous  les  carrefours  et  lieux  accoutumés,  et  imprimées, 
publiées  et  affichées,  ainsi  que  notre  présente  Ordonnance,  tant 
en  cette  Ville  et  Fauxbourgs,  que  dans  les  Bourgs,  Villages  et 
Communautés  de  notre  Bailliage,  pour  y  être  exécutées  suivant 
leur  forme  et  teneur,  à  la  diligence  du  Procureur  du  Roi. 

»  En  conséquence  et  vu  la  réclamation  présentement  faite,  et  par 
acclamation,  tant  par  le  Collège  des  Avocats,  que  par  le  Syndic 
Militaire  de  Mortain,  et  les  Habitants  des  Trois-Ordres  présents  en 
grand  nombre  à  cette  Audience,  aux  fins  de  la  conservation  du 
droit  de  députer  directement  aux  Etas-Généraux,  et  à  ce  que  les 
ordres  soient  directement  adressés  à  M.  le  Bailli  de  Mortain,  dont 
ils  ont  requis  acte,  demandant  que  nouvelles  instances  soient 
faites  auprès  de  Sa  Majesté,  en  tous  temps  et  circonstances,  aux 
fins  de  la  conservation  des  dits  droits  ;  M.  le  Bailli  dit  et  ordonne, 
vu  la  circonstance  pressante  et  par  respect  et  soumission  pour 
les  ordres  du  Roi,  que  sans  s'arrêter  à.  l'Ordonnance  de  M.  le 
Bailli  du  Cotentin,  du  13  de  ce  mois,  portant  que  Sa  Majesté  lui 
aurait  adressé  les  pouvoirs  nécessaires,  aux  fins  de  la  Convoca- 
tion seulement,  concernant  le  Bailliage  de  Mortain  et  celui  de 
Tinchebray  qui  en  a  été  démembré,  non  plus  qu'aux  pièces  et 
actes  y  joints ,  lesquelles  resteront  cependant  déposées  en  notre 
Greffe,  et  protestant,  en  tant  que  besoin,  contre  la  dite  Ordon- 
nance comme  incompétemment  rendue  et  contraire  aux  privilèges 
du  Comté  de  Mortain,  d'envoyer  directement  ses  Députés  aux 
Etats-Généraux,  que  pour  cette  fois  seulement,  et  sans  tirer  à 
conséquence,  tous  ceux  qui  ont,  ou  qui  auront  droit  de  se  trouver 
à  l'Assemblée  des  Trois-Etats,  sont  avertis  que  l'Assemblée  des 


—  us  — 

Trois-Etats  se  tiendra  à  Coutances  le  16  Mars  prochain,  à  huit 
heores  da  matin  ;  auquel  lieu  ils  seront  tenus  de  se  trouver 
moDis  de  leurs  titres  et  pouvoirs,  s'il  n'en  est  autrement  ordonné 
par  Sa  Majesté,  le  tout  sauf  et  sans  préjudice  des  réclamations 
faites  et  à  faire,  auxquelles  il  n'est  entendu  déroger.  Ordonné 
qu'il  sera  procédé  à  la  dite  Convocation  dans  l'étendue  de  notre 
Bailliage,  en  la  forme  qui  suit  : 

»  {""Qu'à  la  requête  du  Procureur  du  Roi,  les  Abbés  séculiers 
ou  réguliers,  les  Chapitres,  Corps  et  Communautés  ecclésiastiques 
reotés,  réguliers  ou  séculiers,  des  deux  sexes,  les  Prieurs,  les 
Curés,  les  Commandeurs,  et  généralement  tous  les  Bénéficiers  ; 
que  tous  les  Ducs,  Pairs,  Marquis,  Comtes,  Barons,  Châtelains, 
et  généralement  tous  les  Nobles  possédant  fiefs  dans  l'étendue  de 
ee  Bailliage,  seront  incessamment  assignés  par  un  Huissier 
Royal,  au  principal  manoir  de  leurs  bénéfices  et  fiefs,  pour  com- 
paraître, savoir,  les  Chapitres,  Corps  et  Communautés  ecclésias- 
tiques, par  les  Députés  de  l'Ordre  du  Clergé,  dans  la  proportion 
déterminée  par  les  articles  X  et  XI  du  Règlement  de  Sa  Majesté  ; 
et  tous  les  Bénéficiers,  ainsi  que  tous  les  Nobles  possesseurs  de 
fiefs,  en  personne  ou  par  Procureurs  de  leur  Ordre,  à  la  dite 
Assemblée  générale  qui  sera  tenue  dans  la  ville  de  Coutances, 
ainsi  qu'il  est  dit  ci-dessus,  le  16  mars  prochain,  si  autrement 
fi*est  ordonné. 

»  3^  Que  tous  les  Curés  de  notre  Ressort  seront  tepus  de  se 
faire  représenter  par  Procureurs  fondés  de  leur  Ordre,  à  moins 
qo'ils  n'aient  un  Vicaire  ou  Desservant  résidant  dans  leur  Cure; 
auxquels  Vicaire  ou  Desservant  nous  défendons  de  s'absenter 
pendant  le  temps  nécessaire  aux  dits  Curés  pour  se  rendre  à  la 
dite  Assemblée,  y  assister  et  retourner  à  leurs  Paroisses. 

»  3° Que  tous  les  autres  Ecclésiastiques  engagés  dans  les  Ordres, 
et  tous  les  Nobles  non  possédant  fiefs,  ayant  la  Noblesse  acquise 
et  transmissible,  âgés  de  vingt-cinq  ans,  nés  Français,  ou  natu- 
ralisés, et  domiciliés  dans  notre  Ressort,  sufiisamment  avertis 
par  les  publications,  affiches  et  cri  public,  seront  également 

tenus  de  se  rendre  en  personne,  et  non  par  Procureurs,  à  la  dite 

8 


—  H4  — 

Assemblée,  aux  mêmes  jour  et  heure,  sauf  et  excepté  les  Ecclé- 
siastiques résidans  es  Villes  de  notre  Ressort,  lesquels  ser6nt 
tenus  de  se  réunir  chez  le  Curé  de  la  Paroisse  dans  laquelle  ils 
sont  habitués  ou  domiciliés,  au  jour  qu'il  leur  indiquera,  pour 
y  élire  un  ou  plusieurs  d'entr'eux,  conformément  à  Tarticle  XV 
du  Règlement  de  Sa  Majesté. 

»  4""  Qu'a  la  diligence  du  dit  Procureur  du  Roi,  les  Maires, 
Echevjns,  Syndics,  et  autres  Officiers  Municipaux  des  Villes, 
Bourgs,  Villages  et  Communautés  situés  dans  toute  retendue  de 
notre  Ressort  pour  la  connaissance  des  cas  royaux,  seront  inces- 
samment sommés  par  un  Huissier  ou  Sergent  Royal,  en  la  per- 
sonne de  leurs  Greffiers,  Syndics,  Fabriciens,  Préposés,  ou 
autres  Représentans ^  de  faire  lire  et  publier  au  prône  de  la. 
Messe  Paroissiale,  et  aussi  à  la  porte  de  TEglise,  après  la  dite 
Messe,  au  premier  jour  de  Dimanche  qui  suivra  la  dite  notifica- 
tion, la  Lettre  du  Roi,  le  Règlement  y  joint,  et  notre  présente 
Ordonnance,  dont  un  imprimé  sur  papier  libre,  coUationné  et 
certifié  par  notre  Greffier,  sera  joint  à  la  dite  notification.  II 
sera  de  plus  remis  par  THuissier  autant  dMmprimés  qu'il  y  aura 
de  Paroisses  dans  chaque  Ville,  Bourg,  Village  ou  Communauté. 

»  S""  Que  le  Dimanche  premier  mars  prochain,  tous  les  habi- 
tans  du  Tiers-Etat  des  dites  Villes,  Bourgs,  Paroisses  et  Commu- 
nautés de  campagne,  nés  Français  ou  naturalisés,  et  compris  aux 
rôles  des  impositions,  seront  tenus  de  s'assembler  au  lieu 
accoutumé,  ou  à  celui  qui  aura  été  indiqué  par  les  Officiers 
municipaux,  et  sans  le  ministère  d'aucun  Huissier,  à  l'effet  par 
eux  de  procéder  d'abord  à  la  rédaction  du  cahier  des  plaintes, 
doléances  et  remontrances  que  les  dites  villes,  bourgs  et  commu- 
nautés entendent  faire  à  Sa  Majesté;  et  présenter  les  moyens  de 
pourvoir  et  subvenir  aux  besoins  de  l'Etat,  ainsi  qu'à  tout  ce  qui 
peut  intéresser  la  prospérité  du  Royaume,  et  celle  de  tous  et  de 
chacun  les  Sujets  de  Sa  Majesté;  ensuite  de  procéder  à  haute 
voix  à  la  nomination  des  Députés,  dans  le  nombre  déterminé  par 
l'article  XXXI  du  dit  Règlement,  lesc^uels  seront  choisis  entre  les 
plus  notables  habitants  qui  seront  chargés  de  porter  le  dit  cahier 


—  415  — 

à  l'Assemblée  des  Députés  du  Tiers-Etat  de  ce  bailliage  que  nous 
tiendrons  le  5  mars  prochain  dans  TEglise  Collégiale  de  Morlain. 

»  &  Que  les  certifications  des  publications  ci-dessus  ordon- 
nées, seront  relatées  dans  le  procès-verbal  qui  sera  dressé  de 
rassemblée  qui  aura  lieu  pour  la  rédaction  des  cahiers  et  la  no- 
mination des  dits  Députés;  que  le  dit  procès-verbal  signé  par 
rOfficier  public  qui  aura  tenu  T Assemblée,  et  par  son  Grefiier, 
sera  dressé  en  double  minute,  dont  une  sera  déposée  dans  le 
greffe  de  la  communauté,  et  Tautre  remise  aux  Députés  en  même 
temps  que  le  cahier  pour  constater  le  pouvoir  des  dits  Députés, 
lesquels  seront  tenus  de  se  rendre  et  de  porter  le  cahier  qui  leur 
aura  été  remis  à  la  dite  Assemblée  particulière  et  préliminaire 
ci-dessus  ordonnée. 

»  7^  Que  les  dits  Députés ,  munis  du  dit  procès-verbal  et  du 
dit  cahier,  seront  tenus  de  se  rendre  à  notre  Assemblée  du  Tiers- 
Etat  de  ce  Bailliage,  le  5  Mars  prochain,  huit  heures  du  matin  ; 
dans  laquelle  Assemblée,  après  avoir  donné  acte  aux  comparans 
de  leur  comparution ,  et  défaut  contre  les  non  comparants,  nous 
procéderons  à  la  vérification  des  pouvoirs  des  Députés,  et  ensuite 
à  la  réception,  dans  la  forme  accoutumée,  du  serment  qu'ils 
seront  tenus  de  prêter,  de  procéder  fidèlement  en  notre  présence, 
d'abord,  ou  par  eux  tous,  ou  par  les  Commissaires  qu'ils  auront 
nommés,  à  la  réunion  en  un  seul  cahier  de  tous  les  cahiers  par- 
ticuliers qu'auront  apportés  les  dits  Députés  :  ensuite  à  la  nomi- 
nation qui  sera  faite  à  haute  voix  du  quart  d'entr'eux  pour  as- 
sister à  l'Assemblée  générale  des  Trois-Etats  qui  se  tiendra  dans 
la  ville  de  Coutances,  de  les  y  représenter,  et  y  porter  le  cahier 
de  notre  Bailliage. 

>  8^  Qu'il  sera  dressé  par  Nous  procès-verbal  de  ious  les  dits 
actes ,  ensemble  des  instructions  qui  seront  données  aux  dit$ 
Députés,  pour  conférer  à  ceux  qui  seront  élus  à  l'Assemblée  gé- 
nérale pour  les  Etats-Généraux,  des  pouvoirs  généraux  et  suffi- 
sants pour  proposer,  remontrer,  aviser  et  consentir  tout  ce  qui 
peot  concerner  les  besoins  de  l'Etat,  la  réforme  des  abus,  l'éta- 
blissement d'un  ordre  fixe  et  durable  dans  toutes  les  parties  de 


—  116     - 

rAdministration,  la  prospérité  générale  du  Royaume ,  et  le  bien 
de  tous  et  de  chacun  les  Sujets  du  Roi.  . 

»  Et  du  dit  procès-verbal  qui  restera  déposé  en  notre  greffe,  il 
sera  donné  copie  diïement  collationnée  aux  dits  Députés ,  avec  le 
cahier  du  Tiers-Etat  de  ce  Bailliage,  pour  les  porter  à  T Assem- 
blée générale  où  ils  seront  tenus  de  se  rendre  le  1 6  mars  prochain, 
huit  heures  du  matin.  Et  sera  notre  présente  Ordonnance  exé- 
cutée par  provision,  nonobstant  appel  ou  opposition ,  et  sous  les 
protestations  ci-dessus  exprimées ,  qui  seront  signifiées  requête 
du  Procureur  du  Roi,  à  M.  le  Bailli  du  Cotentin,  ou  M.  son  Lieu- 
tenant-Général ,  et  au  Lieutenant  Civil  et  Criminel  du  Bailli  de 
Hortain,  séant  à  Tinchebray;  et  Mandement  au  premier  des 
Huissiers  de  notre  Siège,  ou  autre  sur  ce  requis,  mettre  la  pré- 
sente en  due,  pleine  et  entière  exécution,  et  faire  pour  cet  effet 
toutes  diligences  nécessaires. 

»  A  Avranches,  de  T Imprimerie  de  Le  Court.  » 

On  lit  à  la  suite  de  cet  imprimé  : 

m  Collationné  à  la  minute  duement  signée  et  en  forme,  par 
nous  Greffier  soussigné.  Mortain,  21  février  1789. 

»   MONDRAT.  » 

Sur  le  verso,  dans  l'exemplaire  adressé  à  M.  le  Grand  Bailli 
de  Cotentin,  on  a  ajouté  : 

«  L'an  mil  sept  cent  quatre-vingt-neuf,  le  seize  mars,  environ 
huit  heures  du  matin;  à  la  requête  de  M.  Passais  de  Montbenoît, 
procureur  du  Roi  du  Bailliage  de  Hortain ,  demeurant  en  son 
hôtel,  sis  rue  et  paroisse  du  Rocher,  fauxbourg  de  la  ville  du 
dit  Mortain ,  oii  il  fait  son  élection  de  domicile  ;  moi  soussigné 
JuUien  Laisné,  huissier  à  cheval  pour  le  Roi  en  son  Cbâtelet  de 
Paris,  y  reçu  et  immatriculé,  exploitant  par  tout  le  royaume  de 
France,  demeurant  en  la  ville  et  paroisse  de  IKortain,  j'ai  signiffié, 
baillé  et  délivré  la  présente  ordonnance  des  autres  parts  sur  quatre 
roUes  de  papier  libre ,  celui-ci  compris ,  avec  le  présent,  mon 


—  «n  — 

exploit  à  Ifessire  Maximilien-Marie-Pierre  Le  Vicomte,  chevalier, 
marqais  de  Biangy,  seigneur  et  patron  de  Fontaine,  Etoupefour, 
Eterville ,  Aulage ,  Saint-Martin ,  L'Hortier,  Fontenay  et  Saint- 
Marcou,  Grand  Bailli  du  Cotentin,  chevalier  de  Tordre  royal  et 
militaire  de  Saint  Louis,  et  Lieutenant-général  des  armées  du  Roi. 
Et  à  Kessire   Thomas-Louis-Anthoinne  Desmarets,  chevalier, 
seigneur  de  Montchaton,  Le  Chatel,  Faulx,  La  Motte,  La  Giffar- 
dière  et  autres  lieux,  et  ce  en  la  personne  du  sieur  Blondel,  leur 
greffier,  en  son  greffe,  situé  rue  au  Rat,  paroisse  Saint-Nicolas 
en  la  ville  de  Coutances,  où  je  me  suis  transporté,  loin  de  Mor- 
tain  de  quinze  lieux,  en  parlant  au  sieur  Tarouilly,  commis  de 
M.  Blondel^  greffier  du  Bailliage  de  Coutances,  ainsy  qu'il  m*a 
dit  estre  et  s'appeler,  trouvé  au  dit  greffe  du  bailliage  de  Cou- 
tances, chargé  le  faire  savoir  au  dit  sieur  Blondel ,  et  ce  dernier 
chargé  le  faire  savoir  à  mes  dits  sieurs  Le  Vicomte  et  Desmarets, 
affin  qu'ils  n'en  ignorent  avec  invitation  et  sommation  d'y  tenir 
et  garder  état  et  sous  toutes  réserves  et  exceptions  de  la  part  de 
mon  dit  sieur  Passais  de  Montbenoit ,  la  présente  copie  colla- 
tioonée  et  le  présent  exploit  baillées  et  délaissées  f>ioj,  à  qui 
j'ai  parlé  après  lecture  faite. 

»  Laisné.  » 

En  envoyant  cette  ordonnance  à  toutes  les  paroisses  de  son 
ressort,  le  Grand  Bailli  de  Mortain  adressait  en  même  temps,  de 
la  part  du  roi,  la  lettre  suivante  : 

«  DE   PAR   LE  ROY. 

«Notre  amé  et  féal,  Nousavons  besoin  du  concours  denos  fidèles 
Sujets,  pour  Nous  aider  à  surmonter  toutes  les  difficultés  où  Nous 
nous  trouvons,  et  relativement  à  l'état  fâcheux  de  nos  finances, 
et  pour  établir,  suivant  nos  vœux,  un  ordre  constant  et  inva- 
riable dans  tontes  les  parties  du  Gouvernement,  qui  intéressent 
le  bonheur  de  nos  Sujets  et  la  prospérité  de  notre  Royaume.  Ces 
grands  motifs  nous  ont  déterminés  à  convoquer  l'Assemblée  des 


—  <<8  — 

< 

Etats  de  toutes  les  ProviDces  de  notre  obéissance,  tant  pour  nous 
conseiller  et  nous  assister  dans  toutes  les  choses  qui  seront  mises 
sous  ses  yeux,  que  pour  nous  faire  connoître  les  souhaits  et  les 
doléances  de  nos  Peuples;  de  manière  que  par  une  mutuelle 
confiance  et  par  un  amour  réciproque  entre  le  Souverain  et  ses 
Sujets^  il  soit  apporté  le  plus  promptement  possible ,  un  remède 
efficace  aux  maux  de  TEtat,  et  que  les  abus  de  tout  genre  soient 
réformés,  et  prévenus  par  de  bons  et  solides  moyens  qui  assu- 
rent la  félicité  publique,  et  qui  nous  rendent  à  nous  particulière- 
ment le  calme  et  la  tranquillité  dont  nous  sommes  privés  depuis 
si  long-temps. 

»Aces  causes.  Nous  vous  avertissons  et  signifions  que  notre 
volonté  est  de  commencer  à  tenir  les  Etats  libres  et  généraux  de 
notre  Royaume  au  lundi  27  avril  prochain,  en  notre  ville  de 
Versailles,  où  nous  entendons  et  désirons  que  se  trouvent  aucuns 
des  plus  notables  Personnages  de  chaque  Province,  Bailliage,  et 
Sénéchaussée  :  Et  pour  cet  effet,  vous  mandons,  et  très-expres- 
sément enjoignons  qu'incontinent  la  Présente  reçue,  vous  ayiez  à 
convoquer  et  assembler  en  votre  ville  de  Coutances  dans  le  plus 
bref  temps  que  faire  se  pourra,  tous  ceux  des  trois  Etats  du 
bailliage  de  Coutances  pour  conférer  et  pour  communiquer  en- 
semble, tant  des  remontrances,  plaintes  et  doléances,  que  des 
moyens  et  avis  quMls  auront  à  proposer  à  l'assemblée  générale  de 
nos  dits  Etats;  et  ce  fait,  élire,  choisir  et  nommer  quatre  du 
Clergé,  quatre  de  la  Noblesse,  et  huit  du  Tiers-Etat,  sans  plus 
de  chaque^Ordre,  tous  Personnages  dignes  de  cette  grande  marque 
de  confiance  par  leur  intégrité  et  par  le  bon  esprit  dont  ils  seront 
animés  ;  lesquelles  convocations  et  élections  seront  faites  djans 
les  formes  prescrites  par  tout  le  Royaume,  par  le  Règlement 
annexé  aux  présentes  Lettres.  Et  seront  les  dits  Députés  munis 
d'instructions  et  pouvoirs  généraux  et  suffisans,  pour  proposer, 
remontrer,  aviser  et  consentir  tout  ce  qui  peut  concerner  les 
besoins  de  l'Etat,  la  réforme  des  abus,  rétablissement  d'un  ordre 
fixe  et  durable  dans  toutes  les  parties  de  l'administration,  la 
prospérité  générale  de  notre  Royaume,  et  le  bien  de  tous  et  de 


—  H9  — 

diacun  de  nos  Sujets  ;  les  assurant  que  de  notre  part  ils  troave- 
roDt  toute  bonne  volonté  et  affection  pour  maintenir  et  faire  exé- 
cuter tout  ce  qui  aura  été  concerté  entre  Nous  et  les  dits  Etats, 
soit  relativement  aux  impôts  qu'ils  auront  consentis,  soit  pour  le 
rétablissement  d'une  règle  constante  dans  toutes,  les  parties  de 
TAdministration  et  de  Tordre  public,  leur  promettant  de  deman- 
der et  d'écouter  favorablement  leurs  avis  sur  tout  ce  qui  peut  in- 
téresser le  bien  de  nos  Peuples  et  de  pourvoir  sur  les  doléances 
et  propositions  qu'ils  auront  faites,  de  telle  manière  que  notre 
Royaume  et  tous  nos  Sujets  en  particulier  ressentent  pour  tou- 
jours les  effets  salutaires  qu'ils  doivent  se  promettre  d'une  telle 
et  si  noble  assemblée. 

»  Donné  à  Versailles  le  24  janvier  1789. 

»  Louis.  » 

Quand,  au  prône  de  l'église  paroissiale,  on  a  donné,  dans 
chaque  communauté,  lecture  de  la  lettre  du  roi  et  de  l'ordonnance 
du  Grand  Bailli,  les  trois  Ordres  s'empressent  d'obéir. 

Les  membres  du  Clergé  se  réunissent  au  chef-lieu  de  leur 
doyenné  respectif,  et  se  mettent  à  lœuvre.  Ces  assemblées  se  com- 
posent des  curés  des  paroisses,  des  prieurs,  des  chapelains  et 
des  prêtres  habitués.  On  prend  note  des  absents,  de  ceux  qui  ne 
pourront  se  rendre  à  Coutances,  mais  qui  doivent  choisir  un  pro- 
cureur. Les  chanoines  de  Mortain  ne  sortent  point  de  leur  collé- 
giale mais  nomment  leurs  députés.  Il  en  est  de  même  à  l'abbaye 
de  Savigny-le- Vieux  et  a  celle  d'Aulnay.  Les  religieuses  de  l'Ab- 
baye-Blanche  choisissent  aussi  leur  mandataire.  Ces  prélimi- 
naires accomplis,  on  s'occupe  de  la  rédaction  des  cahiers.  Mal- 
heureusement ces  premiers  manuscrits  n'ont  point  été  déposés 
au  greffe  du  bailliage,  et  on  ne  sait  trop  ce  qu'ils  sont  devenus. 
On  n'en  connnaît  la  substance  que  par  le  cahier  général,  porté 
à  Coutances, -et  qui  a  été  publié.  Ils  demandent  qu'on  abolisse 
les  tribunaux  d'exception,  les  douanes  intérieures  ;  qu'on  réforme 
les  Codes,  que  les  ministres  soient  comptables  à  la  nation  et  que 


-  <20  - 

les  bénéficiers  observent  la  résidence.  Ils  ne  veulent  qu'un  curé 
par  paroisse  et  souhaitent  que  leur  revenu  soit  de  quinze  cents 
livres  en  argent  ou  en  essence  :  à  ce  prix  ils  renoncent  au  ca- 
suer'^  Leurs  vœux  dénotent  beaucoup  d'indépendance  et  d'im- 
partialité, et^  en  beaucoup  de  cas,  ils  pensent  et  parlent  comme 
le  Tiers-Etat. 

Les  membres  de  la  noblesse  ont  désigné  les  châteaux  où  ils 
doivent  se  réunir  pour  s'entendre  et  agir.  Les  cahiers  de  ces 
réunions  primaires  ne  sont  pas  mieux  connus  que  ceux  du  clergé , 
mais  ils  ont  été  refondus  et  réduits  en  un  seul  manuscrit  qui 
nous  est  parvenu.  On  voit  qu'ils  sont  disposés  à  s'imposer  des 
sacrifices  et  qu'ils  connaissent  la  gravité  de  la  situation.  Aussi 
sont-ils  très-fermes  en  ce  qui  touche  les  lois  de  finances.  Ils  ne 
veulent  aucun  emprunt,  aucun  imgôt  sans  le  consentement  for- 
mel des  Etats-Généraux  ;  plus  de  lettres  de  cachet  ;  plus  de  tri- 
bunaux d'exception;  responsabilité  des  ministre;;  mais  ils 
craignent  le  vote  par  tête,  redoutent  la  taille  et  tiennent  à  leurs 
privilèges  ^^K 

Le  Tiers-Etat  est,  des  trois  ordres,  le  mieux  placé  pour  voir 
les  abus  et  le  plus  indépendant  pour  les  signaler.  Il  n'a  rien  à 
perdre  et  beaucoup  à  gagner.  Après  avoir  fait  une  longue  et  dou- 
loureuse enquête  des  malheurs  dont  il  est  la  victime,  il  les  con- 
signe dans  ses  cahiers,  indique  les  moyens  de  salut  et,  dans 
chacune  des  municipalités,  désigne  les  mandataires  qui  devront 
porter  ses  doléances  à  l'assemblée  de  Mortain. 

Au  jour  prescrit,  ces  députés  se  rendent  au  chef-lieu  du  bail- 
liage. La  réunion  est  nombreuse.  On  y  compte  un  grand  nombre 
de  laboureurs  qui  ont  quitté,  dans  l'intérêt  de  l'Etat,  leurs  co- 
teaux boisés,  leurs  modestes  demeures,  au  sein  d'ombreux  ver- 
gers ;  des  fabricants  de  papier  venus  des  bords  de  la  Sée  et  de 
la  romantique  vallée  de  Brouains;  des  bourgeois  vivant  noble- 


(1)  Voir  M.  Desdevises -Dudeserl  qui  a  profondément  analysé  et  médité 
ees  cahiers,  p.  4S. 
(S)  Ibidem,  48. 


—  <ai  — 

meot  dans  lears  manoirs  précédés  de  longues  avenues  de  chênes 
et  de  châtaigniers;  des  médecins,  des  avocats,  des  étudiants  en 
droit  ^'\  un  directeur  des  postes,  des  négociants  et  des  auber- 
gistes . 

Réunis  dans  l'église  collégiale  de  Mortain;  ils  commencent 
leurs  assises.  Après  la  vérification  des  pouvoirs,  le  serment  re- 
quis, la  remise  des  cahiers  dont  on  donne  lecture,  ces  députés 
procèdent  à  la  nomination  du  quart  d'entre  eux  pour  assister 
à  l'assemblée  générale  de  Coutances.  Ils  désignent  ensuite  douze 
mandataires  pour  réunir,  en  un  seul  cahier,  les  vœux  et  les  do- 
léances de  toutes  les  paroisses.  Le  choix  a  été  fait  avec  intelli- 
geace;  on  a  pris  des  hommes  capables  qui,  sans  faire  des 
phrases  pompeuses  ou  des  figures  de  rhétorique,  rédigent  dans 
un  style  simple  et  concis,  mais  avec  beaucoup  d'ordre  et  de  bon 
sens,  les  vœux  de  leurs  compatriotes. 

En  lisant  ce  long  récit  des  abus  qu'ils  signalent,  des  réformes 
qu'ils  demandent,  des  moyens  qu'ils  suggèrent,  on  est  frappé  des 
connaissances  variées  et  profondes  de  ces  habitants  de  petites 
villes,  de  ces  humbles  agriculteurs  perdus  au  fond  des  vallées, 
retranchés  à  l'ombre  des  forêts,  ou  confinés  au  sein  des  bruyères 
et  des  landes.  On  sent  que  ce  n'est  plus  l'homme  de  Pôte,  le 
serf  ignorant  qui  parle^  mais  un  peuple  sage,  instruit,  versé  dans 
les  affaires  publiques,  et  qui,  avec  une  logique  qu'on  ne  lui 
soupçonnait  pas,  a  étudié  la  situation,  les  causes  de  l'affaiblis- 
sement de  rÊtaty  et  s'est  préparé  pour  opérer  la  résurrection  de 
la  France. 

Les  circonstances  étaient  solennelles  et  les  temps  étaient  ve- 
Bus  de  mettre  à  profit  la  sagesse  et  le  bon  sens  du  peuple.  A  la 
suite  de  guerres  dispendieuses,  de  gaspillages  des  fonds  publics, 
de  fêtes  ruineuses,  de  moyens  despotiques  et  arbitraires,  l'Etat 
a  fléchi  sous  le  poids  de  sa  dette.  Seul,  il  sent  son  impuissance 

(1)  TiDcbebray  comptait,  dans  sa  réuaion,  le  fameux  Lquis-JeaD  Poisson, 
imprimeur  à  Caen.  Âvranches  avait  ud  bon  nombre  de  sauniers  qui  de- 
vaient défendre  la  plus  grande  industrie  de  leur  baUliage,  la  fabrication 
da  sel. 


-  122  - 

à  se  relever.  C'est  alors  que  le  Roi  fait  appel  à  la  nation  et  veut 
désormais  compter  avec  elle.  Depuis  longtemps  le  peuple  attend 
cet  appel ,  il  s'est  réveillé^  il  a  étudié,  réfléchi,  et  maintenant  il 
est  prêt  à  opérer  la  plus  étonnante  révolution  qui  jamais  ait  été 
tentée  dans  aucun  royaume. 

La  Révolution  est,  en  efl'et,  dans  ses  cahiers  de  doléances, 
non  cette  révolution  hideuse  et  sanguinaire  de  1793,  mais  cette 
réforme  sage,  vraie,  naturelle  qui,  mieux  dirigée,  se  fut  accom- 
plie sans  révolte  et  sans  haine. 

Les  deux  cahiers  de  doléances  du  grand  bailliage  de  Mortain 
embrassent  pour  ainsi  dire,  toutes  les  grandes  questions  poli- 
tiques et  sociales.  Celui  du  bailliage  principal  a  six  chapitres, 
tous  sérieusement  élaborés*:  1  "* Etats-Généraux  et  particuliers, 
2®  Egalité  des  impôts  et  charges  publiques,  3^  Suppression  et  ré- 
forme des  impôts  vicieux  et  arbitraires,  i^  Administration  de  la 
justice,  5^  Matières  ecclésiastiques,  6^  Doléances  locales. 

Le  premier  vœu  de  Mortain  est  ainsi  conçu  :  «  Que  les  Etats- 
Généraux  soient  formés  par  les  trois  ordres  et  que  les  suffrages 
y  soient  comptés  par  léte.  y>  Cette  demande  est  capitale ,  elle  re- 
médie aux  abus  qui  eurent  lieu  aux  Etats  de  1614,  dans  les 
quels  on  écarta  les  curés  des  paroisses  et  le  Tiers-Etat;  en  sol- 
licitant le  vote  par  tête,  et  non  par  ordre,  comme  on  le  faisait 
jadis,  il  transforme  les  Etats-Généraux  ,  obtient  une  majorité , 
et  une  solution  définitive.  Il  demande  ensuite  une  ConstittUion 
basée  sur  des  principes  fondamentaux,  et  qui  concilie  les  libertés 
et  les  franchises  de  la  Nation  avec  le  respect  dû  à  Tautorité  sou- 
veraine du  Roi.  Il  veut  également  que  le  Tiers-Etat  ait  un 
nombre  de  représentants  égal  à  celui  des  deux  autres  Ordres,  et 
que  ces  députés  soient  en  proportion  directe  avec  la  population 
et  les  contributions  des  bailliages.  Tinchebray  exige  même  la 
suppression  du  cérémonial  humiliant  qui  condamnait  le  Tiers- 
Etat  à  parler  en  suppliant,  c'est-à-dire  à  genoux,  quand  il  . 
voulait  adresser  une  harangue.  On  applaudit  à  ce  vœu  qui  fut 
exaucé.  Mortain  en  adresse  un  autre  qui  lui  était  cher  et  qui  eut 
le  même  succès,  la  députation  directe;  puis,  il  entre  dans  une 


-  423  — 

foule  de  considérations  pleines  de  sagesse,  sur  la  compétence  des 
Etals,  les  dépenses,  les  pensions,  la  suppression  des  charges 
onéreuses  et  inutiles,  la  responsabilité  des  ministres,  l'adminis- 
tration des  finances,  la  dette  publique,  les  emprunts,  les  impôts, 
les  dépenses  extraordinaires  en  cas  de  guerre,  la  publication 
annuelle  du  budget,  et  le  retour  périodique  des  Etats-Généraux 
et  Provinciaux. 

Touchant  les  charges  publiques,  il  souhaite  que  les  impôts 
soient  communs  aux  trois  Ordres,  et  veut  l'admission  du  Tiers- 
Etat  à  tous  les  emplois  civils  et  militaires ,  son  entrée ,  avec 
égalité  d'avantage,  dans  les  cours  souveraines  et  dans  les 
maisons  royales  d'éducation.  Il  exige  la  destruction  des  bêtes 
fauves,  une  nouvelle  législation  sur  la  chasse  ;  réforme  le  tirage 
et  le  service  militaire;  abolit  les  francs-fiefs,  les  jurandes,  les 
maîtrises,  les  colombiers,  les  garennes,  les  péages,  et  les  bana- 
lités. 

Quant  aux  impôts  vicieux,  il  supprime  les  traites,  les  gabelles, 
les  aides,  la  taille  et  Timpôt  sur  l'exploitation  des  terres;  de- 
mande Tinféodation  des  terres  domaniales  ou  incultes ,  une  mo- 
dération dans  les  droits  de  contrôle,  et  ne  veut  point  de  peines 
infamantes,  si  on  est  pris  en  contravention. 

Dans  la  justice,  il  exige  la  révision  des  Codes  et  la  suppres- 
sion des  juridictions  prévôtales,  des  jugements  par  exception  ; 
plus  de  vénalité  des  offices,  plus  de  priseurs-vendeurs ,  mais  une 
égalité  pour  les  poids  et  mesures ,  des  notaires  instruits ,  et  un 
Parlement  à  Caen,  au  centre  de  la  province. 

Une  dernière  motion  passa  difficilement  à  Tinchebray  et  peut- 
être  trop  facilement  ailleurs ,  ce  fut  le  perfectionnement  des  ar- 
rondissements judiciaires.  Condéy  tenait  contre  Tinchebray,  qui 
n'oubliait  pas  que  son  bailliage  devait  sa  création  au  comté  de 
Hortain.  Ce  vote  passa  aux  voix  et  amena  bientôt  une  nouvelle  divi- 
sion géographique  de  la  France.  On  supprima,  non-seulement  les 
bailliages ,  mais  les  provinces ,  les  antiques  pagi  ou  pays  si 
populaires,  et  même  les  diocèses  qui  furent  supprimés  ou  bou- 
leversés. 


—  434  — 

Les  matières  ecclésiastiques  subissent  un  changement  non 
moins  considérable;  plus  de  déport,  plus  d'annates,  plus  de  plu- 
ralité de  bénéfices,  plus  de  lettres  de  cachet;  mais  résidence  des 
titulaires,  concours  pour  les  cures,  perfectionnement  de  l'éduca- 
tion publique.  On  veut  que  les  dîmes  soient  rendues  à  chaque 
clocher,  et,  si  on  les  supprime,  que  le  traitement  du  curé  ne  soit 
jamais  inférieur  à  douze  cents  livres.  La  suppression  des  commu- 
nautés d'hommes  rentées  est  également  votée,  et  le  revenu  affecté 
aux  hôpitaux  et  aux  écoles  de  charité.  Enfin  on  désire  que  la  no- 
blesse ne  soit  jamais  vénale,  mais  accordée  au  mérite  et  pour  de 
notables  senices  rendus  à  la  Nation. 

Tinchebray  ^^^  dépasse  le  but  quand  il  demande  que  le  clergé 
n'ait  plus  de  rapport  avec  le  Pape.  Le  Tiers-Etat  était  incompé- 
tent pour  rémission  de  ce  vœu  malheureux.  Il  amena  le  schisme 
et  l'Eglise  constitutionnelle,  qui  furent  cause  de  tant  de  mal- 
heurs I... 

Dans  les  doléances  locales,  Mortain  se  plaint  que  la  taille  et 
ses  accessoires,  pesant  uniquement  sur  le  roturier,  affectent  à 
l'Etat  plus  de  la  moitié  de  ses  revenus,  sans  compter  la  collecte 
des  deniers  royaux  et  les  rentes  de  fabrique  ;  que  dans  les  im- 
pôts communs  avec  la  noblesse  il  est  toujours  le  plus  maltraité  ; 
que  son  bailliage  a  été  taxé  extraordinairement  sans  proportion 
avec  son  étendue  et  ses  revenus  ;  que  dans  ses  vallons  où  l'exploi- 
tation est  pénible  et  dispendieuse,  où  l'engrais  est  rare,  les  com- 
munications difiiciles,  il  n'a  pas  encore  six  lieues  de  route  con- 
venable, et  que  l'argent  destiné  à  l'entretien  de  ses  chemins  a 
été  affecté  à  des  districts  étrangers  "\ 

En  finissant,  il  attend  avec  confiance  le  retour  de  ces  Etats-Géné- 
raux qu'on  ne  connaissait  plus  depuis  cent  soixante-quinze  ans, 


(\)  Saint-Sauveur-le-Vicomtd ,  demandait  L'élection  des  évéques  et  des 
curés. 

(s)  La  route  commencée  dans  le  bailliage  était  celle  de  Vire  à  Mortain  et  à 
Saint-Hilaire;  en  1789  elle  n'était  achevée  complètement  que  de  Vire  à  Sour- 
devaloù  se  trouvait  le  bureau  de  poste  pour  tout  le  comté.  En  1775,  Vire, 
Falaise  et  Domfront  n'avaient  encore  ni  route  ni  bureau. 


-T  125  — 

et  il  est  convaincu  que  sous  Louis  XVI  et  H.  Necker  vont  luire 
enfln  des  jours  de  bonheur  et  de  prospérité  qu'Henri  IV  et  Sully 
n*eassent  osé  promettre  à  la  Nation. 

Nous  donnons,  du  reste,  dans  le  chapitre  suivant,  Fétat  des 
trois  Ordres  qui  parurent  à  Uortain,  puisa  Coutances,  avec  les 
(Gibiers  des  doléances  du  Tiers-Etat. 


CHAPITRE    V 


!•'•  Clerné  du  Bailliage  de  HortalB. 


ÉTAT 

• 

Des  Assignations  données^  reqvâtt  du  Procu/rtwr  du  Roy  du 
Bailliage  de  Mortain  auo?  Ecclésiastiqites  possédants  Bé- 
néfices, aux  Chapitres  séculiers  d* hommes  j  aux  Ecclésiastiques 
attachés  ava  dits  Chapitres  ainsi  quaux  Abbés ,  Corps  et 
Communautés  séculiers  et  réguliers  des  deux  sexes. 

NOMS  DES  ASSIGNÉS. 

ARRONDISSEMENT     DE     MORTAIN. 

Beauficel      Discrète  personne  M.  Jean-Henry  Duhamel,  curé 

de  la  dite  paroisse.  27  février  1 789.  Abs. 

Bion  Discrète  personne  M.  Pierre-Gabriel  Mierre,  curé  de 

la  dite  paroisse.  27  février.  A. 

Brouains      Discrète  personne  H.  Georges-Bertrand  de  Sonnet^ 

curé  de  la  dite  paroisse.  27  février.  P. 

Bellefontaine  Discrète  personne  M.  Michel  Fauchon,  curé  delà 

dite  paroisse.  27  février,  P. 


—  426  - 

Chasse^é    Discrète  personne  M.  Georges-Michel  Bidaut,  curé 

de  la  dite  paroisse.  —  Représenté  par  le  sieur 
François- Denis  Bouillon,  curé  de  St-Barthélemy, 
devant  le  notaire  de  Mortain,  13  mars. 

Cherencé      Discrète  personne  M.  Pierre  Auguehard,  curé  de  la 

dite  paroisse.  —  Représenté  par  le  sieur  Jean- 
François  Geffroy,  curé  du  Mesniltove  par  procu- 
ration devant  le  notaire  de  Juvigny  du  13 
mars. 

Chevreville   Discrète  personne  M.  Laurent  Vauday,  curé  de  la 

dite  paroisse. 

Juvigny        Discrète  personne  H.  Gilles  J^enouvin,  curé  de  la 

dite  paroisse.  —  Représenté  par  le  sieur  Jean- 
François  Geffroy,  curé  de  Mesniltove,  par  procu- 
curation  devant  le  notaire  de  Juvigny  le  12 
mars. 

La  Bazoge    Discrète  personne  M.  Louis  Bunel*,  curé  de  la  dite 

paroisse.  —  Représenté  par  le  sieur  Michel  Gau- 
tier, curé  de  la  Chapelle-Urée,  par  procuration 
devant  le  notaire  de  Mortain,  11  mars. 
Le  Neuf-    Discrète  personne  M.  Jean-Michel  Leroy,  curé  de 
bourg  la  dite  paroisse.  —  Représenté  par  le  sieur 

François-Denis  Bouillon,  curé  de  St-Barthélemy, 
par  procuration  devant  le  notaire  de  Mortain, 
le  1 1  mars. 

Mesnil-Tove  Discrète  personne  M.  Jean-François  Geffroy,  curé 

de  la  dite  paroisse.  27  février. 

Mesnil-Rain-  Discrète  personne  M.  Jean-François  Philbert,  curé 

fray  de  la  dite  paroisse.  —  Représenté  par  le  sieur 

Michel  Gautier,  curé  de  la  Chapelle-Urée,  par 

procuration  devant  le  notaire  de  Mortain,  du  12 

mars. 

Perriers        Discrète  personne  M.  Jacques-François  Dominique 

LeBourcier,  curé  de  la  dite  paroisse.  —  Repré- 
senté par  le  sieur  Georges-Bertrand  de  Sonnet, 


—  <27  - 

curé  de  Brouaios ,  par  procuration  devant  le 
notaire  de  Mortain,  le  1 3  mars. 
Romagny      Discrète  personne  M.  Jean-François  Gahour,  curé  de 

la  dite  paroisse. —  Représenté  par  le  sieur  Fran- 
çois-Marie Gauguelin,  prêtre,   par  procuration 
sous-seing  du  12  mars. 
St-Barthe-  Discrète  personne  M.  François-Denis  Bouillon,  curé 
lemy  de  la  dite  paroisse.  27  février.  P. 

St-Jean-du-  Discrète  personne  M.  Laurent  Boutry,  curé  de  la 
Corail         dite  paroisse. —  Représenté  par  le  sieur  Etienne- 
Julien  Le  Bel,  curé  de  St-Guillaume  de  la  ville 
de  Mortain,  par  procuration  devant  le  notaire  de 
Mortain,  le  14  mars. 
Touchet        Discrète  personne  M.  Guillaume  Mauduit,  curé  de 

la  dite  paroisse.  —  Représenté  par  le  sieur 
François-Marie  Gauvialin,  prêtre,  par  procuration 
sous-seing  du  42  mars. 
Ville      4®  Discrète  personne  M.  Etienne -Julien  Le  Bel, 
de  Mortain      curé  de  la  dite  ville.  26  février.  P. 

2°  MM.  les  Vénérables  chanoines  de  T église  collégiale 
de  Mortain.  —  Représentés  par  le  sieur  Le  Poin- 
teur, Tun  d'eux,  par  acte  capitulaire  du  4  2  mars. 
3®  MM.  les  vicaires,*  chapelains,  prêtres  habitués  et 
autres  ecclésiastiques  attachés  au  chapitre  de  la 
dite  collégiale  de  Mortain ,  assignés.  —  Repré- 
sentés par  M.  Guillaume  Boursin ,  prestre,  un 
d'eux,  par  délibération  du  4  de  ce  mois. 
Le  Rocher    4^  Discrète  personne  M.  Lansard-Desjardins,  curé 

de  la  dite  paroisse.  —  Représenté  par  le  sieur 
Henry-Jean  Dupont  de  la  Presnière,  curé  de 
Saint-Georges-de-Rouelley,  par  procuration  de- 
vant le  notaire  de  Mortain,  du  40  mars. 
2''  Noble  et  discrète  personne  M.  Laurent  de  Chan- 
son ,  vicaire  général  de  Troyes,  et  prieur  du 
Rocher.  27  février.  A. 


—  «28  — 

3®  Noble  et  religieuse  dame  Marie-Jeanne  de  Les- 
quin ,  abbesse  de  l'Abbaye  de  la  Blanche  et  les 
dames  de  la  Blanche.  —  Représentées  par  le  sieur 
Dom  Louis-Joseph-Marie  du  Quesne,  prieur  de 
TAbbaye  d'Aulney,  par  acte  capitulaire  du 
4  mars. 
Villechien     1^  Discrète  personne  M.  Jacques  Rivière,  curé  de 

la  dite  paroisse.  —  Représenté  par  le  sieur  Louis 
de  Yaufleury,  curé  de  Barenton,  par  procuration 
devant  le  notaire  de  Mortain,  le  10  mars. 

2^  Discrète  personne  M.  Yautier,  chapelain  de  la 
Bizardière.  —  Représenté  par  le  sieur  Guillaume 
de  la  Brousse,  curé  de  Saint-Ouen-de-rAppeniy, 
par  procuration  sous  seing  du  12  mars. 


ARRONDISSEMENT   DE  TINGHEBRAT. 

Ger  1®  Discrète  personne  M.  Etienne  Jolivet,  curé  de  la 

paroisse.  27  février  1789.  A. 

2^  Discrète  personne  M.  Jean-Baptiste  Dubois,  cha- 
pelain de  la  Croix-Robine.  12  mars.  A. 

Fréne-Poret  Discrète  personne  M.  Jean-Baptiste-Adrien  Quernel, 

curé  de  la  dite  paroisse.  27  février.  A. 

St'Clement    Discrète  personne  M.  Henry-François  Lecrônier  du 

Theil,  curé  de  la  dite  paroisse.  —  Représenté  par 
le  sieur  Nicolas  Clouard^  curé  de  Moutons,  par 
procuration  sous-seing  du  1 2  mars. 

Moutons        M.  Nicolas  Clouard,  curé.  P. 

Sourdeval      1^  Discrète  personne  M.  Noèl-François  Lenteigne, 

prêtre  desservant  de  la  dite  paroisse.  —  Repré- 
senté par  le  sieur  Georges-Bertrand  de  Sonnet^ 
curé  de  Brouains,  devant  le  notaire  de  Mortain, 
le  9  mars. 
2^  Le  sieur  Jean-Baptiste  Hiclard,  titulaire  de  la 


Photogravure   Procède  Yves  &  Barret 


Imp.  Saleltes 


I 

I 

1^ 


—  129  — 


Vengeons 


chapelle  de  laGuinellière,  en  la  paroisse  de  Sour- 
deval.  — Représenté  par  le  sieur  Etienne  Lepein- 
teur,  chanoine  de  Mortain ,  par  procuration 
devant  le  notaire  de  Hortain,  le  1 1  mars. 

3®  Le  sieur  René-Joseph  Dulaurent,  ancien  curé  de 
Notre-Dame-de-Tinchebray,  titulaire  de  la  cha- 
pelle SaintrGrégoire^  du  château  de  Sourdeval. 
—  Représenté  par  M.  Jean -François -Charles 
Bidot,  curé  de  Tinchebray,  par  procuration  de- 
vant le  tabellion  de  Tinchebray,  le  12  noars. 

Discrète  personne  M.  Thomas  Temple ,  curé  de  la 
dite  paroisse.  27  février.  A, 


ARRONDISSEMENT   DU   TEILLEUL. 

Barenton      1^  Noble  et  discrète  personne  M.  Gilles-Louis  de 

Vaufleury,  seigneur  et  patron  de  St-Patrice-du- 
Teilleul,  bachelier  de  Sorbonne,  licencié  ès-lois 
de  la  faculté  de  Paris,  curé  de  Notre-Dame  de 
Barenton^  et  doyen  rural  du  Teilleul.  P. 

2®  Discrète  personne  M.  Alin,  chapelain  de  la 
Prise-Bizet. — Représenté  par  le  sieur  Henri- 
Jean  Dupont  de  la  Pesnière,  curé  de  St-Georges- 
de-Rouellé,  par  procuration  devant  le  notaire  de 
Mortain,  le  12  mars. 

Discrète  personne  M.  Godé ,  prieur  -  curé  de  la 
dite  paroisse.  27  février.  A. 

Discrète  personne  H.  Julien  Jouault,  curé  de  la  dite 
paroisse,  27  février.  P. 

Discrète  personne  H.  Thomas  Jullien,  curé  de  la 
dite  paroisse.  27  février.  P. 

Discrète  personne  M.  Le  Cois,  curé.  —  Représenté 
par  le  sieur  Julien  Le  Franc,  curé  du  Mesnil- 
Ozenne,  par  procuration  sous-seing,  du  6  mars. 

Discrète  personne  M.  de  la  Brousse,  curé  de  la  dite 

paroisse.  28  février.  P. 

9 


Buais 


Ferrîères 


Haussé 


Hasson 


Lapenty 


Le  Bois 
Le  Teilleul 


St-Cyr-du- 
Bailleul 


St-Georges- 
de-Kouelley 

St-Sympho- 


rieo 


—  130  — 

Discrète  personne  H.  Desmiers,  curé.  A. 

Discrète  personne  M.  Etienne  Breillot,  curé  de  la 
dite  paroisse. — Représenté  par  le  sieur  Tho- 
mas Jullien,  curé  deHeussé,  par  procuration  du 
notaire  du  Teilleul,  le  13  mars. 

1^  Discrète  personne  M.  Thomas  Joubin,  curé  de  la 
dite  paroisse.  27  février,  A. 

2®  Discrète  personne  M Restou,  chapelain  du 

Jarry.  11  mars.  A. 

Discrète  personne  M.  Henry-Jean  Dupont  de  la  Pes- 
nière,  curé  de  la  dite  paroisse.        26  février.  P. 

Discrète  personne  M.  Lerbourg,  curé  de  la  dite  pa- 
roisse. P. 


ARRONDISSEMENT   DE   ST-HILAIRK. 

Chalendrey  Discrète  personne  M.  Alexandre-Abraham  du  Bois, 

curé  de  la  dite  paroisse.  —  Représenté  par  le 
sieur  Pierre  Outrequin,  curé  de  Boucey,  par  pro- 
curation devant  le  notaire  de  Mortain,  le  T' mars. 

Fontenay      Discrète  personne  M.  Siméon-Henry  Duhamel,  curé 

de  la  dite  paroisse.  26  février.  A. 

Isigny  Noble  et  discrète  personne  M.  Godard  dlsigny,  curé 

de  la  dite  paroiese.  28  février.  P. 

Les  Biards    1®  Discrète  personne  M.  François  Outin,  curé  de  la 

dite  paroisse.  —  Représenté  par  le  sieur  Gilles 
Gibon,  curé  de  Viré,  par  procuration  devant  le 
notaire  de  Périers-en-Beauficel,  le  9  mars. 
2^  Discrète  personne  M.  ChoiBé,  prieur  du  prieuré 
des  Biards.  27  février.  A. 

Le  Buat        Discrète  personne  M.  François-André  Hameline, 

cure  de  la  dite  paroisse.  28  février.  P. 

Les  Chéris    1^  Discrète  personne  M.  Ménil  de  la  Bretaye,  prieur- 
curé  de  la  dite  paroisse.  27  février.  P. 
2®  MM.  les  religieux  de  Mont-Morel.  27  février.  A. 

Marcilly       Discrète  personne  M.  Salmon  de  la  Roche,  curé  de 


—  131  - 

la  dite  paroisse.  —  Représenté  par  Louis-Gabriel 
de  la  Roche,  curé  de  la  Boulouze,  par  procu- 
ration devant  le  notaire  d'Avfanches,  le  1 3  mars. 

Martigny      Discrète  personne  M.    Claude-Charles  Duchesne, 

curé  de  la  dite  paroisse.  —  Heprésenté  par  Jean- 
Baptiste-Adrien  de  la  Roche,  curé  des  Loges- 
Marchis,  par  procuration  devant  le  notaire  de 
Saint-Hilaire,  du  11  mars. 

Mesnil-Thé-  Discrète  personne  M.  Nicolas-René  Tanqueray,  curé 
bault  du  Mesnilthébault.  —  Représenté  par  H.  Louis 

Godard,  curé  d'Isigny,  par  procuration  devant  le 
notaire  de  Chalandré,  le  2  mars. 

MesQÎlard     Noble  et  discrète  personne  M.  Guillaume-Michel 

d'Auray-Paladimère,  curé  de  la  dite  paroisse.  — 
Représenté  par  le  sieur  Etienne- Julien  Le  Bel, 
curéde  Mortain,  par  procuration  devant  le  notaire 
de  Hortaio,  le  5  mars. 

Mesnil-Bœufs  Discrète  personnels.  François-René  Heslouin,  curé 

de  la  dite  paroisse.  —  Représenté  par  M.  Louis- 
Jean  Godard,  curé  d'Isigny ,  par  procuration  de- 
vant le  notaire  de  Chalandré,  du  1 1  mars. 

Moulines      Discrète  personne  M.  Julien  Almin,  curé  de  la  dite 

paroisse.  28  février.  P. 

Naflel  Discrète  personne  H.  Jean  Blondel,  curé  de  la  dite 

paroisse.  —  Représenté  par  le  sieur  Julien  Gau- 
tier, curé  de  Saint-Brice,  par  procuration  devant 
le  notaire  de  Mortain,  le  4  mars. 

Parigny        Discrète  personne  M.  Eustache  Bourget  l'un  des 

curés  de  la  dite  paroisse.  —  Représenté  par  le 
sieur  Jean-Baptiste-Pierre  Crespin,  curé  de  Saint- 
Hilaire-du-Harcouet ,  par  procuration  devant  le 
notaire  de  Saint-Hilaire-du-Harcouet,  le  11  mars. 

Savigny        1^  Discrète  personne  M.  Charles  Le  Gemble,  curé  de 

la  dite  paroisse.  —  Représenté  par  le  sieur 
Guillaume  de  la  Brousse,  curéde  Brousse  (.ne), 


par  procuration  devant  le  notaire  de  Buais,  le 
3  mars. 
2^    M.  des  Dies  ,    abbé  de  Tabbaye    de  Savi- 
gny.  27  février.  A. 

3*  M.  le  prieur  et  religieux  de  Savigny.  —  Repré- 
sentés par  dom  François  Maurice,  prieur  du 
Mont-Saint-Michel,  par  procuration  devant  le 
notaire  de  Buais^  le  9  mars. 

Saint-Hilairel®  Discrète  personne  M.  Jean- Baptiste  Le  Yoivenet, 

prieur  du  prieuré  de  Saint-Hilaire.  —  Représenté 
parle  sieur  Jean-Baptiste-Pierre  Crespin,  curé  de 
Saint-Hilaire-du-Harcouet,  par  procuration  de- 
vant le  notaire  de  Vire,  3  mars. 
2^  M.  Jean-Baptiste  Crespin,  curé  de  la  dite  pa- 
roisse. 26  février.  P. 

Yezins  Noble  et  discrète  personne  M.  Nicolas  de  Gaalon, 

curé  de  la  dite  paroisse. — Représentépar  M.  Gilles 
Gibon,  curé  de  Virey,  par  procuration  devant  le 
notai  re  de  Morta  in,lei*"mai.  ^ 

Virey  Discrète  personne  M.  Gilles  Gibon,  curé  de  la  dite 

paroisse.  27  février.  P, 

ARRONDISSEMENT  DE  BRÉCEY. 

Brécey  Discrète  personne  M.  Jean-Baptiste  Noël,  curé  de 

la  dite  paroisse.  —  Représenté  par  le  sieur  Louis 
Bazin,  curé  de  Saint -Laurent -de- Cuves,  par 
procuration  devant  le  notaire  de  Brécey,  13  niars. 

Coulouvray  Discrète  personne  M.  Michel  Foubert,  curé  de  la 

dite  paroisse.  —  Représenté  par  le  sieur  Bazin, 

curé  de  St-Laurent-de-Cuves,  par  procuration 

devant  le  notaire  de  St-Pois,  le  10  mars. 

Cuves     Discrète  personne  M.  Jacques-François  Anquetil, 

(St-Denis)      curé  de  la  dite  paroisse.  — Représenté  par  le  sieur 

Jean-Baptiste Ménard, curé  duMesnil-Âdelée,  par 
procuration  devant  notaire  de  Brécey,  le  10  mars. 


-  133  - 

Lafioulouze  Discrète  personne  M.  de  la  Roche,  curé  de  la  dite 

paroisse.  28  février.  P. 

La  Chapelle-  Discrète  personne  H.  Michel  Gautier,  curé  de  la 
Urée  dite  paroisse.  27  février  P. 

La  HaDcel-  Discrète  personne  M.  Levenard,  prieur-curé  de  la 
lière  dite  paroisse.  .,  27  février.  P. 

Le  Grand-  Discrète  personne  M.  Collibeaux,  curé  de  la  dite 
Cellaod        paroisse. —  Représenté  par  le  sieur  Julien  Le 
Franc,  curé  du  Hesnil-Ozenne,  par  procuration 
sous-seing,  du  14  mars. 

Les-Loges-  Discrète  personne  H.  Jacques- François -Samson 

SQf-Brecey     Huard.  —  Représenté  par  le  sieur  Jean  Maupas, 

curé  de  Chérencey-le-Héron,  par  procuration  de- 
vant le  notaire  de  Chérencey-le-Héron,  le  1 1  mars. 

Lingeard  Discrète  personne  M.  Jean-François  de  la  Noë.  — 
Représenté  par  le  sieur  Jacques  Lallemand,  curé 
de  Montjoie,  par  procuration  devant  le  notaire 
deSt-Pois,  12  mars. 
Mesnil-  Discrète  personne  M.  Georges  Leclerc.  —  Repré- 
Gilbert  sente  par  le  sieur  Jean-Baptiste  Ménard,  curé  du 
Mesnil-Adelée,  par  procuration  devant  le  notaire 
deMortain,  5  mars. 

Mesnil-    Discrète  personne  M.  Julien  Lefranc,  curé  de  la 

Ozenne         dite  paroisse. 

Hoaigoihier  Discrète  personne  M.  Guion,  curé. — Représenté  par 

le  sieur  Charles  Levenard,  curé  de  la  Mancellière, 
par  procuration  sous-seing,  1 1  mars. 

Monijoie  Discrète  personne  H.  Jean  Lallemand,  curé  de  la 
dite  paroisse.  27  février.  P. 

MoDtigny  Discrète  personne  M.  Pierre  Boudier,  curé. — Re- 
présenté par  le  sieur  Julien  Mesnilde  la  Bretaye, 
chanoine-prieur  des  Chéris ,  par  procuration 
devant  le  notaire  de  Mortain,  pour  le  siège  de  la 
Roche,  le  10  mars. 

Reffuveille  Discrète  personne  M.  Vatier,  prieur-curé.  —  Re- 


-  134  — 

présenté  par  le  sieur  Jean-Baptiste  Desroches  de 

la  Gressille ,  curé  de  la  paroisse  des  Loges- 

Marchis,  devan  t  le  notaire  de  Mortain»  lelOmars. 

St -Laurent-  Discrète  personne  M.  Louis  Bazin  ,  curé  de  la  dite 

de-Cuves       paroisse.  28  février  P. 

St-Martin-ie- Noble  et  discrète  personne  M.Joseph  de  Juvigny.  — 

Bouillant       Représenté  par  M.   Julien  Fortin ,  curé  de  la 

paroisse  de  Ste-Pience,  par  procuration  devant 
le  notaire  de  Mortain,  le  *?  mars. 
Sl-Pois  Discrète  personne  M.  Eugène  Lesage,  curé.  —  Re- 
présenté par  le  sieur  Louis  Bazin,  curé  de  St-Lau- 
rent-de-Cuves,  par  procuration  devant  le  notaire 
de  St-Pois,le  10  mars. 

ÉTAT 

Des  assignations  données  à  la  requête  de  Monsieur  le  Procun 
reur  du  Roi  du  Bailliage  de  9f or  tain  à  Messieurs  les  Ducs^ 
Pairs,  Marquis,  Comtes,  Barons,  Châtelains  et  généralement 
à  tom  les  Nobles  possédant  fiefs. 

NOMS  DES  ASSIGNÉS. 

ARRONDISSEMENT    DE   MORTAIN. 

Ville  de  Mor- Monseigneur  le  duc  d'Orléans,  premier  prince  da 
tain  sang,  comte  de  Mortain. —ReprésentéparM.  Louis- 

Bernardin  le  Neuf,  comte  de  Sourdeval,  par  pro- 
curation devant  le  notaire  de  Paris,  le  6  mars. 

Beauficel      M.  le  duc  de  Penthièvre.  À. 

Bion  Noble  dame  4nne-Charlotte  du  Yauborel,  veuve  de 

M.  Louis-François  de  Yauborel,  seigneur  du  fief 
de  Moulines. —  Représentée  par  M.  Jacques  de  la 
Broise,  cheval®',  seig*"  de  la  Chapelle-Urée,  par  pro- 
curation devant  le  notaire  de  Mortain,  du  10  mars. 


-  135  — 

Brouains       

fielIefoDlaine  Noble  dame  Françoise -Aotoinette  de  la  Roque^ 

marquise  de  Chevrue,  veuve  deH.  Louisde  Chevrue 
chevalier,  seigneur  du  Mesnil-Tove,  Belle-Fon- 
taine et  autres  lieux.  27  février  A. 

Cbasseguay  Noble  dame  Charlotte  -  Joséphine    de   Vauborel, 

veuve  de  Messire  Emanuel-Alexandre-Victor  De- 
ricq,  seigneur  deChasseguay  et  autres  lieux.  — 
Représentée  par  M.  Leonord-Robert  Danjou, 
écuyer,  garde  du  corps  du  roi.  Par-devant  le  no- 
taire de  St-Hilaire  du  12  mars. 

Cherencey     

Chevreville    ^ . . . 

Jovigny       Noble  dame  Louise-Marie  de  Guiton,  veuve  deMessire 

Léonard-Pierre  de  Clinchamps,  chevalier,  sei 
gneur  de  Juvigny.  26  février.  A. 

LaBazoge    Messire  Félix  de  St-Germain,  chevalier,  seigneur 

patron  de  La  Bazoge,  Estries  et  autres  lieux.  — 
Représenté  par  Charles-François  Duhamel,  che- 
valier, seigneur  de  Milly,  chevalier  de  St-Louis, 
ancien  lieutenant-colonel  d'infanterie.  Par  pro- 
curation devant  le  notaire  de  St-Hilaiire-du-Har- 
couet,  9  mars. 

LeNeufbourg 

Mesnil-Tove  Messire  Georges-François-Félix  comte  de  Chevrue, 

chevalier,  seigneur,  marquis  du  Mesnil-Tove, 
Bellefontaine  et  autres  lieux,  seigneur  châtelain 
du  Touchet,  chevalier  de  Tordre  royal  et  mili- 
taire de  St-Louis.  —  Représenté  par  Messire 
René  Payen,  chevalier,  seigneur  de  la  Fresnaye, 
devant  le  notaire  de  Mortain.  27  février. 

Mesnil-Rain-  r  Messire  Sébastien-Anne  de  Poilvilain,  chevalier, 

fray  seigneur,  marquis  de  Mesnil-Rainfray,  comte  de 

Cresnay  et  autres  lieux.  —  Représenté  à  Coutan- 

ces,  par  Charles  Le  Forestier,  sieur  de  Muneville- 


—  136  — 


Périers 


Romagny 


sur-Mer,  par  procuration  devant  le  notaire  de 
Paris,  3  mars. 

T  Messire  Gédéon-Joseph  de  la  Houssaie,  chevalier, 
seigneur  du  Plessis.  Â. 

H.  André-Georges-René  Adigard ,  seigneur  du  fief 
des  Ganteries,  situé  en  la  paroisse  de  Périers.  — 
Représenté  par  M.  Jacques  de  la  Broise,  chevalier^ 
seigneur  de  la  Chapelle-Urée,  par-devant  le  no* 
taire  de  Périers-en-Beauficel,  9  naars. 

1^  Messire  Charles-Gui-Bonaventure  Achard ,  che- 
valier, seigneur  de  Bonvouloir,  seigneur  de 
Chancey,  en  Romagny,  major  au  régiment  de 
Médoc,  chevalier  de  l'ordre  militaire  de  Saint- 
Louis.  —  Représenté  par  Messire  Luc* René- 
Charles  Achard,  son  frère,  seigneur  de  Bonvou- 
loir, devant  le  notaire  de  Paris.  27  février, 

2**  Messire  François-Pierre  Mesnage  de  la  Boutrière, 
seign^'de  la  Grafardiëre,  en  la  paroisse  de  Baren- 
lonj  et  du  Pillon  en  celle  de  Romagny.  —  Repré- 
senté par  Guy  Poullain^seigMesChâteaux,  par  pro- 
curation devant  le  notaire  d'Harcourt,  du  4  mars. 

3®  Messire  Jacques-Augustin  des  Retours,  chevalier, 
seigneur  et  patron  de  Saint-Sauveur,  de  Saint- 
Martin -de- Chaulieu,  la  Lande -Vaumonts,  sei- 
gneur des  fiefs  du  Bas-Mesnil ,  la  Bourdonnière 
et  la  CohardièrCj  ces  derniers  situés  dans  la  pa- 
roisse de  Romagny.  —  Représenté  par  François- 
Aimé  de  Cutare  Lemet ,  sieur  de  Trois-Monts, 
par  devant  le  notaire  de  Mortain,  du  7  mars. 

4**  Messire  Charles-François  de  Ma rceuil,  chevalier, 
seigneur  de  la  Touche  et  autres  lieux  en  la  pa- 
roisse de  Romagny.  —  Représenté  par  Charles- 
Eugène  -  Narcisse  de  la  Roque  de  Cahan,  offi- 
cier au  régiment  deRoyal-Navare,  par-devant  le 
notaire  de  Mortain,  le  11  mars. 


-  137  — 

5^  Noble  dame  Jacqueline  -  Suzanne  Le  Harivel  » 
veuve  de  Messire  Gui-François  de  Vaufleury,  che- 
valier, seigneur  de  Saint-Patrice,  tutrice  de  mes- 
demoiselles ses  filles,  mineures,  et,  en  cette  qua- 
lité, dame  du  Mont-Au4m  et  du  TeiUeuletf  ces 
deux  derniers  fiefs  dans  la  paroisse  deRomagny. 
—  Représentée  par  Messire  Jacques-Nicolas  de. 
Vaufleury,  chevalier  de  Saint-Cyr,  capitaine  au 
régiment  de  Bourbon,  par-devant  le  notaire  de 
Hortain,  11  mars. 
6"  Noble  dame  Gilette  -  Renée  -  Genièvre  -  Marie- 
Joseph-Marthe  de  Fleury,  veuve  de  Messire  Fran- 
çois de  Lenteigne,  seigneur  des  fiefs  nobles  de  la 
BcnUeillère  et  des  Aunays  en  Romagny.  27fév.  A. 

Saint- Jean- Messire  Charles-François  Duhamel,  chevalier,  sei- 
du-Gorail.      gneur  et  patron  de  Milly,  seigneur  de  Massey  et 

la  Morturre,  en  la  paroisse  de  Saint-Jean-du- 
Corail  et  Husson,  chevalier  de  Tordre  royal  et  mi- 
litaire de  St'Louis,  ancien  colonel  d'infanterie.  P. 

Villechien  Noble  dame  Anne  Bâillon  de  Hoissay,  veuve  de  Mes- 
sire Louis-François  du  Hamel,  chevalier,  seigneur 
àeMoissey,  chevalier  de  l'ordre  royal  et  militaire 
de  Saint-Louis,  colonel  d'infanterie,  et  Messire 
Alexandre  du  Hamel,  son  fils,  officier  au  régi- 
ment du  Royal-Roussi  lion,  seig'  de  VilUchien.  P. 


ABRONOISSEMENT  DE  TINGHEBRAY. 

Ger  

Fresne-Poret 

St-Clément    

Soardeval     Messire  Louis-Bernardin  le  Neuf,  comte  de  Sour- 

deval,  chevalier,  seigneur  et  patron  de  Saint- 
Jean-du-Fresne,  de  Saint-Victor-de-Crétanville, 
du  Montenay  et  autres  lieux,  chevalier  de  Tordre 
royal  et  militaire  de  Saint-Louis.    25  février.  P. 


YeDgeons 


—  138  — 

Noble  dame  Anne  d'Argence,  ,Yeuve  de  Messire 
Jacques  Lambert,  seigneur  patron  de  Vengeons, 
la  Graverie  et  autres  lieux»  et  noble  dame  Lam- 

*bert,  sa  fille,  dame  et  patronne  de  Vengeons^ 
Beauchéne  et  autres  lieux,  civilement  séparée 
d'avec  Messire  Jacques-Louis  Le  Harivel,  baron 
de  Fresne.  —  Représentées  par  Messire  Jacques- 
Louis  deHarivel,  baron  de  Fresne,  seign'  de  Beau- 
chesne,  par-devant  le  notaire  de  Vire,  du4  3  mars. 


Barenton 


Buais 
Ferrrières 


Heussey 


ARRONDISSEMENT  DU  TEILLEUL. 

4®  Messire  Charles-René  Aà  Verdun,  chevalier,  sei- 
gneur patron  présentateur  de  la  paroisse  de  Ba- 
renton. 27  février.  P. 

2^  Messire  Charles-Louis,  chevalier  de  Verdun,  che- 

.  valier  et  seigneur  de  la  Vavassorerie,  du  Bignon, 

de  Barenton.  P. 

3^  Messire  Jacques-Alexandre  de  Toury,  seigneur 
de  Bousentier,  baron  de  Feugettes.  —  Représenté 
par  René  Payen,  chevalier,  seigneur  du  Demaine, 
par-devant  le  notaire  de  Mortain,  42  inars. 

Messire  Charles-Andiré  du  Pontavice,  seigneur  de 
Ferrières.  —  Représenté  par  Messire  Jean-Gabriel 
de  Bordes,  chevalier,  seigneur  de  Fontenay,  che- 
valier, seigneur  de  Reffuveille,  Rifaudais,  deTIsle, 
etc.,  par-devant  le  notaire  de  Mortain,  du  1 0  mai. 

4**  Messire  Charles-Paul-Eugène  marquis  de  Valory. 
— Représenté  par  MessireCharles-Eugènede  Saint- 
Paul,  seigneur  et  patron  de  Lingeard,  chevalier 
de  Saint-Louis,  colonel  de  cavalerie,  par-devant 
le  notaire  du  Maine,  du  4  mai. 

2*  Noble  dame  Marie-Olive  de  Malherbe,  veuve  de 
Messire  Jean  Avenel  de  Nantray,  seigneur  de 
Nanlray,  Heussé,  tutrice  de  Messire  Frédérc-Au- 


-  439  — 

guste  Avenel,  son  fils  mineur. —  Représentée  par 
Messire  Jacques-François  Payen  de  la  Fermon- 
niëre,  capitaine  de  canonniers  gardes-côtes,  par- 
devant  le  notaire  de  Mortain,  42  mai*s. 
3®  Messire  Potitaud  et  Messire  Mezange  de  Saint- 
André,  chevaliers,  seigneurs  par  indivis  du  Pies- 
sis.  —  Représentés  par  Messire  Jacques-René- 
Jean-Baptiste  Ârtur^  chevalier^  seigneur  de  la 
Villarmois,  Launey,  Champagne ,  par-devant  le 
notaire  de  Mortain,  40  mars. 
4®  Messire  Charles  d'Estanger  de  Heussé,  seigneur 
de  la  Haute-Guyardière.  — Représenté  par  Messire 
Jacques-Nicolas  de  Vaufleury,  marquis  de  Saint- 
Cyr,  capitaine  au  régiment  de  Bourbon,  infan- 
terie, par-devant  le  notaire  de  Périers-en-Beau- 
ficel,  du  9  mars. 
usson        Messire  Joseph-Uenri-Thérèse  d'Estanger,  cheva- 
lier, seigneur  des  fiefs  du  Petit-Husson  et  du  Bohi- 
neux.  —  Représenté  par  Messire  Charles-Antoine 
Paven,  chevalier,  seigneur  de  la  Fresnée,  par  pro- 
curation devant  le  notaire  de  Mortain,  le  27  fév. 

Lapentv        Noble  dame  Anne  -  Charlotte  de  Yauborel,  veuve 

de  Messire  de  Gaalon,  et  Messire  Charles-François 
du  Hamel,  seigneur  de  la  Fosse.  —  Représentés 
par  JacqUes-Louis  Le  Harivel,  chevalier,  baron 
de  Fresne,  par  procuration  devant  le  notaire  de 
Mortain,  du  9  mars. 

Le  Bois(S;«-Marie) 

Le  Teilleul  4"*  Discrète  personne  Messire  Gilles-Louis  de  Yau- 

fleury ,  seigneur  et  patron  de  Saint-Patrice-du- 
Teilleul,  bachelier  de  Sorbonne,  licenciées-lois 
de  la  faculté  de  Paris  et  curé  de  Notre-Dame  de 
Bairenton.  27  février. 

T  Messfre  Henri-Antoine  de  Yaufleory,  seigneur  de 
Saînt-Quentin  et  de  la  Bissonnière  et  du  fief  de  la 


—  440  - 

Garanterie,  en  Saint-Quentin  des  Chardonnets, 
sous  Tinchebray,  et  autres  lieux.  —  Représenté 
par  Messire  Jacques- Franco! s  Payen  de  la  Fer- 
monnière,  capitaine  des  Gardes-Côtes,  par  pro- 
curation devant  le  notaire  de  Mortain,  10  mars. 
3*"  Messire  Mathieu  de  la  Chambre,  chevalier, 
seigneur  du  Mesnilcibout,  duVauboul  et  Bauson. 
—  Représenté  par  Messire  François-Louis-Aimé 
Coutare,  écuyer,  seigneur  de  Tois-Monts,  par 
devant  le  notaire  de  Hortain,  le  4  mars. 
4"*  Noble  dame  Anne-Françoise  de  Pennard,  veuve 
de  Messire  Louis  de  Yaufleury  de  Matterre,  che- 
valier, seigneur  d'Ouessey,  Poney,  Boishallé  et 
autres  lieux ,  tutrice  de  ses  enfants  mineurs.  — 
Représentée  par  Messire  Gabriel  de  Yaufleury, 
chevalier,  seigneur  et  patron  de  Saint^Cyr,  par- 
devant  le  notaire  de  Paris,  4  mars. 

Saint-Cyr     Messire  Gabriel-François  de  Yaufleury,  chevalier, 

seigneur  patron  présentateur  de  Saint-Cyr-du- 
Bailleul  et  de  Saint-Jean-du-Corail,  seigneur  du 
Bautan,  la  Motte,  Boudé  et  autres  lieux,  cons- 
seiller  du  roi,  lieutenant-général  civil  et  criminel 
et  de  police  au  bailliage  de  Mortain,  P. 

St-Georges    Messire  Guillaume-François  d'Oissey ,  chevalier  , 

seigneur  et  patron  de  Saint-Georges,  conseiller 
du  roi  en  la  grande  chambre  du  parlement  de 
Normandie,  seigneur  d'Oissey.  —  Représenté  par 
Messire  Charles-Louis  Chevalier  de  Yerdun,  par- 
devant  le  notaire  de  Rouen,  du  9  mars. 

St-Sympho-  Messire  Antoine-Anne-Nicolas  de  Geraldin,  cheva- 
rien  lier,  seigneur  comte  de  Lapenty,  Saint-Sympho- 

rien,  Buais,  seigneur  de  la  Yallée  et  autres  lieux, 
chevalier  de  Tordre  royal  et  militaire  de  Saint- 
Louis,  brigadier  desarmées  du  roi,  Grand-Bailli 
d'Epée  du  bailliage  et  comté  de  Mortain.  —  Re- 


—  144  — 

présenté  par  Messire  François-Alexandre-Eléonord 
Lejolis,  écuyer,  sieur  de  VlUiers-Fossard,  par- 
devant  le  notaire  de  Buais,  du  2  mars. 

ARRONDISSEMENT   DE   SAINT-HILAIRE. 

Chalandrey  Messire  Pierre  Tesson ,  chevalier,  seigneur  de  la 

Fremondais.  27  février. 

Fontenay  4""  Messire  Jean-Gabriel  de  Bordes,  chevalier,  seigneur 

patron  de  Fontenay  et  autres  lieux.  26  février.  P. 
2**  Messire  Pierre-René  Avenel  de  Boiserard ,  che- 
valier, seigneur  de  la  Touche,  co-patron  hono- 
raire de  la  paroisse  de  Fontenay  et  autres  lieux. 
—  Représenté  par  Messire  Léonard-Charles-Louis 
Poret,  chevalier  de  Saint-Louis,  par-devant  le 
notaire  de  Mortain.  26  février. 

Isigny      Noble  dame  David,  veuve  de  Messire  Louis-Nicolas 

de  Godard,  chevalier,  seigneur  d'Isigny,  et  Mes- 
sire Thomas-Henri  Godard  d'Isigny.  —  Repré- 
sentés par  Messire  Thomas-Claude  François  du 
Homme,  chevalier,  seigneur  de  Chassilly,  par- 
devant  le  notaire,  de  Mortain,  du  44  mars. 
Les  Biards    Messire  le  marquis  d'Oiliamson,  chevalier,  seigneur 

baron  des  Biards,  seigneur  des  Chéris  et  autres 
!  lieux.  — Représenté  par  Messire  Léonard-Charles- 

Louis  Poret,  chevalier  de  Saint-Louis,  du  8  mai. 
I  Le  Baat        4  ^  Nobledame  Louise  Tesson  veuvede  MessireCharles 

du  Buat,  et  Messire  René  du  Buat,  son  fils,  che- 
valier, seigneur  patron  de  la  paroisse  du  Buat.  A. 
2""  Messire  Jacques  d'Estanger,  chevalier,  seigneur 
de  la  Masure  et  de  la  Faverie,  chef  de  division  des 
canonniers  garde-côtes  d'Avranches,  chevalier  de 
Tordre  royal  et  militaire  de  Saint-Louis.  —  Re- 
présenté par  Messire  Gabriel-René  de  Lancesseur, 
chevalier,  seigneur  de  la  Poliniëre,  par-devant  el 
notaire  d'Avranches,  du  42  mars. 


—  142  — 

Les  Chéris    Messire  Louis-Marie  de  Bordes,  chevalier,  seigneur 

de  Chalandré,  Le  Planty  et  autres  lieux.  —  Re- 
présenté par  Messire  Jean-Gabriel  de  Bordes, 
chevalier,  seigneur  de  Fontenay,  chef  seigneur 
de  Reffuveil,  Rifaudois,  par-devant  le  notaire  de 
Mortain,  du  8  mars. 

Marcilly       1^  Messire  Henri  de  Camprond,  chevalier,  seigneur 

de  Marcilly  et  autres  lieux.  27  février.  A. 

2°  Messire  Jacques-François  Payen  de  la  Fermon- 

nière,  chevalier,  seigneur  de  la  Fermonnière  et  de 

la  Garanderie.  26  février.  P. 

Martigny      Noble  dame  Marie-Catherine-Jacqueline  Lemasson 

delà  Masurerie,  veuve  de  Messire  Charles-René 
Vivien,  chevalier,  seigneur  patron  de  Martigny 
et  de  la  Champagne  et  autres  lieux.  ^  Repré- 
sentée à  Avranches,  27  février. 

Mesnil-Thé-  Messire  Louis-Félix  Tanquerède  de  Hauteville,  cheva- 
bault  lier,  seigneur  des  Genetets  et  du  Mesnilthébault, 

et  du  fief  de  Sienne,  àPercy.  —  Représenté  par 
Messire  Louis-Charles  Poullain  de  Nerville,  de- 
vant le  notaire  de  Coutances,  du  46  mars. 

Mesnilard     Messire  René  Mathieu  de  la  Faucherie,  seigneur  du 

Corps  et  autres  lieux.  —  Représenté  par  Messire 
Louis-Charles  Poullain,  écuyer,  seigneur  de  Ner- 
ville, par-devant  le  notaire  de  Mortain,  du  9  mars. 

Mesnil-Bœufs Messire  Henri  Gandin  de  Vilaine,  chevalier,  sei- 
gneur du  Mesnilbœufs  et  autres  lieux,  27  fév.  A. 

Moulines      Noble  dame  Anne-Charlotte  du  Vauborel,  veuve  de 

Messire  Louis-François  du  Vauborel,  chevalier, 
seigneur  du  fief  de  Moulines  et  autres  lieux.  — 
Représentée  par  Messire  Jacques  de  la  Broise,  che- 
valier, seigneur  de  la  Chapelle-Urée,  par-devant  le 
notaire  de  Mortain,  10  mars,  portée  à  Bien. 

Naftel  Messire  Charles -Gilles  de  Pracontal,   chevalier, 

seigneur  de  Naftel,  27  février.  A. 


—  443  — 

Parîgny        Messîre  Jean-François-Toussaint  de  Lorgeril,  che- 

Talier,  seigneur,  comte  de  Lorgeril ,  seigneur 
patron  de  Parigny,  Chevreville  et  autres  lieux, 
capitaine  des  vaisseaux  du  roi,  chevalier  de 
Tordre  royal  et  militaire  de  Saint-Louis.  —  Re- 
présenté par  Messire  Charles-René  de  Verdun, 
chevalier,  seigneur  de  Barenton,  par-devant  le 
notaire  de  Saint-Hilaire,  du  44  mars. 

Savîgny         

Saint-Hilaire  Messire  Pierre-François  Marie,  chevalier,  comte  de 

Bourgblanc,  d*Apreville,  seigneur  de  Saint-Hi- 
laire et  autres  lieux.  < —  Représenté  par  Messire 
Charles-François  du  Hamel,  chevalier,  seigneur 
de  Milly,  chevalier  de  Saint-Louis,  ancien  lieute- 
nant-colonel d'infanterie,,  par-devant  le  notaire 
de  Saint-Hilaire,  du  4  3  mars,  porté  à  Âvranches. 

Vezins  Messire  Douénel,  comte  de  Montecot,  chevalier, 

seigneur  de  Vezins,  Leva  ré  et  autres  lieux.  Re- 
porté à  Avranches,  pour  Boucey,        27  février. 

Virey  Messire  Charles  de  Labbé,  chevalier,  seigneur  pa- 

•    iron  de  Viré,  chevalier  de  Tordre  royal  et  mili- 
taire de  Saint-Louis.  —  Représenté  par  Mes- 
sire Alexandre  du  Hamel,  chevalier,  seigneur  de 
Villechien,  officier  du  Royal-Roussillon,  infante- 
terie,  par-devant  le  notaire  d'Argentan,  duSmars. 

ARRONDISSEMEMT  DB  BRÉGEY. 

Brécey         Messire  Louis-Marie  comte  de  Vassy,  chevalier, 

seigneur  marquis  de  Brécé,  mestre  de  camp  de 
cavalerie,  baron  de  Landelle,  seigneur  de  la  Fo- 
rêt de  Cellant  et  autres  lieux,  chevalier  de  Tordre 
royal  et  militaire  de  Saint-Louis.  —  Représenté 
par  Messire  François-Claude-Harie  vicomte  de 
Briqueville,  major  en  second  du  régiment  du 
Vexin,  par-devant  le  notaire  deCaen,  40  mars. 


-  144  - 

Coulouvray  4®  Hessire  Gilles-Philippe-Marie-Emmanuel  Daujou 

du  Houguey,  chevalier,  seigneur  de  Coulouvray, 
chevalier  de  Saint-Louis.  28  février.  P. 

2^  Hessire  Léandre-Louis-Urbain  Danjou,  cheva- 
lier, seigneur  de  Beausault,  ancien  officier  d'in- 
fanterie, pour  le  fief  deBeausault.  —  Représenté 
par  Messire  Léonard  -  Robert  Danjou,  écuier, 
garde  du  corps  du  roi,  par-devant  le  notaire 
d'Avranches.  9  mars. 

Cuves  Messire  Jean-Bapbtiste  Piton  chevalier,  seigneur  de 

la  Rousselière,  Champagnes,  Cuves,  La  motte  et 
autres  lieux.  —  Représenté  par  Messire  Charles- 
Eugène  de  St-Paul ,  seigneu  r  et  patron  de  Lingeard , 
chevalier  de  Saint-Louis,  lieutenant-colonel  de 
cavalerie  par-devant  le  notaire  de  Mortain,  9  mars. 

La  Boulouze 

La  Chapelle- Messire  Jacques- Baptiste  de  la  Broise,  chevalier. 
Urée  seigneur  et  patron  de  La  Chapelle-Urée,  cheva- 

lier de  Tordre  royal  de  Saint-Louis,  ancien  capi- 
taine-commandant du  régiment  de  Monsieur, 
pensionné  de  Sa  Majesté.  27  février.  P. 

La  Mancel-  Noble  dame  Louise-Perrine-Françoise- Bonne  de 
liëre.  Lorgeril,  veuve  de  Messire  Gabriel-Michel  Tesson, 

seigneur  de  La  Mancellière,  etMessires  ses  fils. — 
Représentés  par  Messire  Charles-René  de  Verdun, 
chevalier^  seigneur  présentateur  deBarenton^ 
par-devant  le  notaire  de  Mortain,  du  8  mars. 

Le  Grand -Cellant 

Les  Loges     Messire  Rodolphe-Henry  Billeheust ,   seigneur  des 

Loges-su r-Brécé  et  autres  lieux.       27  février  P. 

Lingehard     Messire  Charles-Eugène  de  Saiot-Paul,  chevalier 

et  patron  de  la  paroisse  de  Lingehard,  seigneur 
de  la  Provôtière  et  des  Rousselières,  chevalier  de 
Tordre  royal  et  militaire  de  Saint-Louis,  lieute- 
nant-colonel de  cavalerie.  25  février.  P. 


—  145  — 

MesDÎI-        Messire de  Pontavice,  comte  de  Rouffipy, 

Gilbert  chevalier^  seigneur  de  la  Motte  et  autres  lieux. 

Reporté  à  Rouffigny,  sous  Avranches. 

Mesnil-Ozenne 

Montgotîer    Noble  dame  comtesse  du  Quesnoy ,  dame  et  patronne 

de  Montgotier.  —  Représentée  dans  le  bailliage 
d' Avranches,  par  M.  Payen. 

Hontjoia         

Montigoy        

Reffuveille  4^  Messire  Jacques- Augustin  de  la  Barberie,  che- 
valier, seigneur  patron  de  Reffuveille,  brigadier 
des  armées  du  Roi ,  capitaine  au  régiment  des 
gardes-françaises.  —  Représenté  par  Messire  Ga- 
briel-François de  Vaufleury,  chevalier,  seigneur 
patron  de  Saint -Cyr,  par-devant  le  notaire  de 
Paris,  le  7  mars, 
2°  Messire  Léandre-Louis-Urbain  Danjou,  seigneur 
de  Bansault  et  autres  lieux,  reporté  à  Coulouvray. 

Saint-Laurent .• 

Si-Martin-le-Bouillant 

St-Pois.  Messire  Eugène  Beuvc  d'Auray,  marquis  de  Saint- 
Pois,  chevalier,  seigneur  de  Montjoie ,  Mesnil- 
Gilbert,  Goué  et  autres  lieux.  —  Représenté  par 
Messire  Jacques -Julien-René-Grégoire  de  Gou- 
vets,  chevalier,  seigneur  de  Courlils,  par  procura- 
tion devant  le  notaire  de  Caen,  du  26  février. 

ÉTAT 

Des  Gentilshommes  non  possédant  fiefs,  du  bailliage  de  Moriain. 

NOMS  DES  GENTILSHOMMES. 

Mortain        l"" Messire  Charles-Eugène-Narcisse  de  la  Rocque  de 

Cahan,  officier  de  cavalerie  au  régiment  royal.  P. 

40 


—  446  — 

2®  Messire  Jacques-Nicolas  de  Vaufleury,  chevalier 
de  Saint-Cyr ,  seigneur  de  Boudé,  capitaine-com- 
mandant au  régiment  d'infanterie  de  Bourbon.  P. 
Les  Chéris    i""  Messire  Charles-Antoine  Payen,  chevalier  de  la 

Frennaye  (sic).  p. 

2**  Messire  René-Ma rie  Payen .  P. 

Neufbourg    l""  Messire  Jacques  Gui  Poulain,  seigneur  des  Châ- 
teaux. P. 
S'' Messire  Louis-Charles  Poulain,  seigneur  de  Ner- 
ville.  P. 
Virey           Messire  François-Louis-Aimé  Couture(sic),  seigneur 

de  Trois-Monts.  P. 

LesBiards    Messire  Léonard-Charles-Louis  Poret,  chevalier  de 

Tordre  royal  et  militaire  de  St-Louis.  P. 

{  UI.  TIen-EUit. 


»  L'an  mil  sept  cent  quatre-vingt-neuf,  le  jeudi  5  mars,  sur 
les  neuf  heures  du  matin,  devant  nous  Messire  Gabriel-Fran- 
çois de  Vaufleury,  chevalier,  seigneur,  patron  présentateur  de 
St-Cyr-du-Bailleul,  St-Jean-du-Corail,  seigneur  du  Bailleul,  La 
Motte,  Boudé  et  autres  lieux,  conseiller  du  Roy,  lieutenant-|ré- 
néral  civil  et  criminel  et  de  police  au  bailliage  de  Mortain,  en 
l'église  collégiale  du  dit  lieu,  et  adjonction  de  Monsieur  Jean- 
Julien  Leconle. 

»  Se  sont  assemblés  en  conséquence  des  ordres  de  Sa  Majesté 
portés  par  les  lettres  données  à  Versailles  le  24  janvier  1789, 
pour  la  convocation  et  tenue  des  Etats-Généraux  du  Royaume  et 
satisfaire  aux  dispositions  du  règlement  qui  y  est  annexé  dont  et 
du  tout  a  été  fait  lecture,  et  de  l'ordonnance  de  Monsieur  le 
grand  bailly,  du  21  février  dernier,  les  seigneurs  députés  de 
l'ordre  du  Tiers-Etat,  choisis  par  les  différentes  communautés 
dont  l'état  suit,  savoir  : 

4^  Ville  de  Mortain  et  fauxbourg  du  Rocher  :  Les  sieurs  Denis- 
Gabriel  Le  Sacher^  avocat,  Jean-Angélique  Lemoine  de 


—  447  — 

Villeneuve,  conseiller  du  roi  au  bailliage,  J.-B. -François 
Bouillon  de  la  Lorerie,  docteur-médecin,  et  Julien  Le  Sa- 
cher  du  Meseray,  docteur-médecin,  députés  pour  la  ville  et 
fauxbourg  du  Rocher. 

V  Beauiicel,  109  feux,  députés  :  André  Le  Samble  et  Pierre 
Hauduit^  laboureurs. 

3°  Bion,  435  feux,  députés:  Jacques  Le  Tavernier-Brocherie, 

et  Justin  Leperdriel  de  Launay,  laboureurs. 
i^  Brouains,  70  feux ,  députés  :  Pierre  -  François  Nougeot, 

marchand  papetier ,  et  Guillaume-Henri  Chaptiëre,  maître 

papetier. 
5*"  Bellefontaine,  73  feux,  députés  :  Les  sieurs  Gilles  Bagot, 

laboureur,  et  Jean  Bochin,  fils  Jean,  laboureur. 
6®  Chassegué,  36  feux,  députés  :  François  Lerebours  et  Michel 

Soûl,  laboureurs. 

V  Cherencé,  180  feux,  députés  :  Louis-J.-B.  Dubois,  labou- 

reur, et  Jacques  Gasté,  marchand  papetier. 
9"  Chevreville,  66  feux,  députés  :  les  sieurs  Germain-Henri 
François  Abraham,  avocat,  seigneur  du  Bois-Gobé,  et 
François  Queslier,  tanneur. 
9^  Juvigny,   179  feux,  députés  :  André  James,  avocat,  et 
Jacques  Besnier,  notaire. 

10^  LaBasoge,  74  feux,  députés  :  Georges-René  Bore,  con- 
seiller du  roi,  élu  en  Télection  deMortain,  et  Jacques  Grezel, 
laboureur. 

11^  Meufbourg,  80  feux,  députés:  François  Loisel,  avocat,  et 
Henri-Simon  Poulain,  tanneur,  et  Jean-Angélique  Lemoine 
de  Villeneuve,  député  pour  une  autre  paroisse. 

12^  Meniltove,  164  feux,  députés  :  Etienne  Hédou,  et  Jean  Le- 
chevalier,  laboureurs. 

13^  Mesnilreinfrey,  181  feux,  députés  :  François- Julien-Tho- 
mas de  laChevallais  et  Julien  Champion,  laboureurs. 

1i^  Périers,  150  feux,  députés  :  Jean-André  de  la  Noë,  et 
Gilles  Le  Sage,  laboureurs. 

15^  Romagny,  300  feux,  députés  :  Siméon  Survigny,  Gui 


—  148  - 

Dechamps  du  Tertre,  René  Tuelin,  et  François  Cahours, 
laboureurs. 

]&"  St  Barthélémy,  100  feux,  députés  :  Guillaume  Eslier,  et 
Julien-Âmbroise  Roussel,  laboureurs. 

17^  St  Jean,  100  feux,  députés  :  Guillaume  Lemardelé  et  Julien 
Surville,  laboureurs. 

18®  Le  Touchet,  240  feux,  députés  :  Jacques  Millet,  Jacques 
Jullien,  et  Thomas  Vautier,  laboureurs. 

19**  Villechien,  150  feux,  députés  :  Guillaume-J.-B.  Cœuret 
des  Joets,  avocat,  et  Robert  Juhé  de  Launay,  propriétaire- 

20°  Ger,  556  feux,  députés  :  Mathieu  Caillebotte,  Gabriel  Esneu, 
Biaise  Lemoing,  Charles-Pierre  Lefranc,  Guillaume  Pallix, 
et  Jacques  Dumaine,  laboureurs. 

21  ^  Fresne-Poret,  162  feux,  députés  :  Claude-Moullin  Le  Bour- 
donné, négociant,  et  Etienne  Juhel  des  Landes,  aubergiste. 

22**  St  Clément,  200  feux,  députés  :  Jacques  Gobard  et  Gilles 
Davy,  laboureurs. 

23®  Sourdeval,  715  feux,  députés  :  Guillaume  Macé,  pro- 
priétaire, Julien  Clouard,  avocat,  Julien  Denis,  Jean 
Ledieu  de  la  Ruaudière,  directeur  des  Postes,  Charles- 
François  Anfray,  chirurgien,  Charles- Gabriel  Lamy,  né- 
gociant, Denis  Regnault,  propriétaire,  J.-B.  Trochon , 
sergent,  et  Jean-François  Vaullegeard  Lespetits,  vivant  de 
son  bien. 

24®  Vengeons,  340  feux,  députés  :  Michel  Homo  les  Vallées, 
fabriquant  de  papier,  Pierre  Templer,  marchand,  Pierre 
Lemasson,  marchand,  et  Pierre  Mauduit,  laboureur. 

25®  Barenton,  620  feux,  députés  :  Siméon -Jacques -Henry 
Bonne-Sœur  Bourginière,  avocat,  J.-B.  Herbert  des  Aul- 
nais,  avocat,  Jacob -François  Guesdon  du  Beaumont, 
avocat,  André-Mathieu  Postel  du  Hauval,  propriétaire, 
J.-B.  Boutry,  chirurgien,  François  Gaudin  Hatière,  et 
Maître  Sebastien-Julien  Poisson,  avocat. 

26®  Buais,  326  feux,  députés  :  Jean  Bois-Busnon,  Louis  Lenor- 
mand,  Louis  Bourget  et  Guillaume  Poisnel,  laboureurs. 


-  149  — 

27*  Perrière,  46.  feux,  députés  :  Charles -François  Gesbert, 
avocat,  et  André  Amette,  étudiant  en  droit. 

28*  Haussé,  200  feux,  députés  :  Pierre  Segot  et  Jacques  Noël, 
laboureurs. 

29*  Hussoo,  175  feux,  députés  :  Marin-Pierre  Collibeaux  de  la 
Gaudonnière,  propriétaire,  et  Jean-Philippe  Hamon,  la- 
boureur. 

30**  Lapenty,  200  feux,  députés  :  J.-B.  Lepourcelet  de  la  Bou- 
verie,  Jacques- Belliard  Segalais,  propriétaire,  et  René 
Lemercier  de  la  Motterie. 

31^  Bois,  70  feux,  députés  :  J.-B.  Gérard,  avocat,  et  Gilles- 
Louis-François  Mocbarde  la  Rogeardiëre,  vivant  de  son  bien. 

32*^  Teilleul,  500  feux,  députés  :  Louis-Pierre  Cousin  ,  avocat, 
Claude  Lemercier,  propriétaire,  NicoIIas  Coupet,  Jacques- 
Noël  Jouio,  propriétaire,  Jean  Courteille,  propriétaire,  et 
Michel  Gallon,  propriétaire. 

33*  Saint-Cyr,  430  feux,  députés  :  Louis-Paterne  Ozouf,  notaire, 
Nicolas  Bechet,  Pierre  Béchel  Nicolas  Bechet-Goudon- 
nière  et  François  Greslé  Champsnoirs,  laboureurs. 

34*  Saint-Georges,  325  feux,  députés  :  Jacques-François  Haye 
Ladivère,  chirurgien,  Pierre-André  Bonnesœur,  propriétaire, 
Jacques-André  Lebourgelet  et  Georges  Simon  laboureurs. 

33"^  Saint-Symphorien,  104  feux,  députés  :  Julien  Lebordais  et 
Louis  Pautrard,  laboureurs. 

se""  Chalendré,  138  feux,  députés.:  Jean  Busnel  et  Julien  Des- 
loges, laboureurs. 

37°  Fonlenay,  100  feux,  députés  :  Jacques  Ozannes,  marchand, 
et  Henry  Guillemanl,  laboureur. 

38*  Isigny,  80  feux,  députés  :  Martin  Eruet  et  Jean  Cordon,  la- 
boureurs. 

39°  Buat,  77  feux,  députés  :  Guillaume  Blouin  et  Charles  Lehe- 
ricé,  laboureurs. 

40°  Les  Biards,  220  feux,  députés  :  Jean-Joseph  Lair  de  la  6e- 
rardiëre,  avocat,  Gilles  Blanchet  Laumône,  propriétaire,  et 
Pierre-Joseph  Houstin. 


—  150  — 

44""  Chéris,  86  feux,  députés  :  Charles-François  Aucher  et  Jean- 
Baptiste  Lebossé,  laboureurs. 

42®  Harcilly,  484  feux,  députés  :  Jacques  Trochon  et  Jean- 
Baptiste  Poullaio ,  laboureurs. 

43®  MartigDy,  150  feux,  députés  :  Louis  Laisné  et  Michel  Olli- 
vier,  laboureurs. 

44''  Mesnilthebault,  102  feux,  députés  :  Philippe-Julien  Cordon, 
laboureur,  et  Jacques  Lemarchand,  chirurgien. 

45"  Mesnilard,  180  feux,  députés:  François-Joseph-Gabriel- 
Marie  Thébault,  avocat,  et  Jeau-Baptiste  Guillaume  Gautier, 
avocat. 

46'' Mesnilbœufs,  401  feux ,  députés  :  François-Paul  Certain , 
seigneur  du  Bois-Tirel,  et  Julien-Madelaine  Bière. 

47"  Moulines,  85  feux,  députés  :  Jean-Charles  Ruault  et  Jacques 
Lavoué,  laboureurs. 

48®  Naftel,  47  feux,  députés  :  Jacques  Uamel  et  Alexandre 
Laisné,  laboureurs. 

49"  Parigny,  220  feux ,  députés  :  Pierre  Barbé ,  marchand , 
Pierre  Martin  et  François  Couette,  laboureurs. 

50*  Savigny,  255  feux,  députés  :  Michel  Tréhée,  Michel  Gillet, 
laboureurs,  et  Jean  Jamont. 

5r  Saint-Hilaire,  429  feux,  députés  :  Jacques- Anne  Lerebours 
delà  Pigeonnière,  avocat,  Joseph  Becherel,  docteur-méde- 
cin, Nicolas  Lair,  chirurgien,  Denis-Gabriel  Bréhier ,  no- 
taire, et  Jean-Marie  Laroche,  docteur-médecin. 

52"  Vezins,  150  feux,  députés  :  Louis  Giret  et  Nicolas  Clouard, 
laboureurs. 

53*  Viré,  340 feux,  députés:  Denis-François-Gabriel Lecarpen- 
tier,  étudiant  en  droit,  Louis  de  la  Porte,  Julieu  Fauchon^ 
et  François  Martin,  laboureurs. 

54"  Brécé,  500  feux,  députés  :  François-Bruno  de  Brécé  de  la 
BrisoUière,  vivant  de  son  bien  ,  Pierre  Poirier,  docteur- 
médecin,  Claude-François-Julien  Roussel,  chirurgien,  Ju~ 
lien  Fillatre,  huissier,  Pierre-François  Marye  et  François 
Mancel,  laboureurs. 


—  154  — 

55°  CouloQvray,  250  feux^  députés  :  François  Nicolle,  Julien 
Pichon  et  Vincent  Debon,  laboureurs. 

W  Caves,  460  feux,  députés  :  Louis  Dumont  et  Pierre-Jouvin 
Laderais,  laboureurs. 

57*"  Laboulouze,.  42  feux,  députés  :  Gilles  Bouteloup  et  Gilles 
Chalier,  laboureurs. 

SS""  La  Chapelle-Urée,  68  feux,  députés  :  Julien-Antoine-Pierre 
delaCourinière  et  Jacques  Couetil,  fils  Gabriel,  laboureurs. 

59°  La  HancelUère,  120  feux,  députés  :  Michel  Lehéricé  et 
Julien  Anfray,  laboureurs. 

60°  Grand-Celland,  420  feux,  députés:  François-Leroux  De- 
launay,  vivant  de  son  bien,  et  Pierre  Hardy,  laboureur. 

6r  Les  Loges,  99  feux,  députés  :  Gilles  Roussel,  docteur- 
médecin,  et  Pierre  Hue-Lacroix,  laboureur. 

62°  Lingeard,  iO  feux,  députés  :  François  Lelandais  et  François 
Le  Sage,  laboureurs. 

63°  Hesnil-Gilbert,  4  42  feux,  députés  :  Gabriel  Lemardeley  et 
Gabriel  Leconte,  laboureurs. 

6i°  Hesnil-Ozanne,  76  feux,  députés  :  Joseph  Lecompagnon  et 
Jacques  Muriel,  laboureurs. 

65°  Montgotier,  425  feux,  députés  :  Jacques  Hardy  et  Louis- 
François  Hardy,  laboureurs. 

66"  Honijoie,  487  feux,  députés  :  Guillaume  Le  Sage  Laubrière 
et  Pierre  Lecler,  laboureurs. 

6*7*  Hontigny,  420  feux^  députés  :  Louis  Heslouin  et  François 
CoUibeaux,  laboureurs. 

es*"  Reffuveille,  250  feux,  députés  :  Charles  Poisnel,  Jean- 
Michel-Marin  Anfrây,  et  Julien  Hardy  Lepréche^  labou- 
reurs. 

69°  St-Laurent,  250  feux,  députés  :  Jean-Baptiste  Hue  Garti- 
nière,JuIienPeslin  et  Georges  de  Champrepus,  laboureurs. 

70°  Saioi-Martin-le-Bouillant ,  150  feux,  députés  :  Jacques 
Letellier  et  Julien  Dubois,  laboureurs. 

71°  Saint-Pois,  135  feux,  députés  :  Louis  de  la  Rue  et  Etienne 
Chapin,  laboureurs. 


—  452  — 

y^  Lesquels  députés  nous  ont  représenté  le  procès-verbal  de 
leur  nomination  et  leur  cahier  de  doléances,  à  la  réserve  de  ceux 
de  la  paroisse  de  Brouains  qui  n*ont  point  de  cahier,  de  ceux  des 
paroisses  de  Savigny,  Saint-Laurent,  Chassegué,  Mesnilard  et 
Fontenay,  dont  les  pouvoirs  et  cahiers  sont  réunis,  et  de  ceux  de 
la  paroisse  de  Montigny  qui  nous  ont  représenté  leur  procès- 
verbal  de  nomination  non  signé,  mais  leur  cahier  signé  avec 
pouvoir  ;  auxquels  sieurs  députés  nous  avons  accordé  acte  de  leur 
comparution,  et  procédant  à  la  vérification  de  leurs  pouvoirs  et 
les  ayant  trouvés  suflSsants,  nous  avons  d'eux  pris  le  serment 
dans  la  forme  accoutumée  et  en  tel  cas  requis,  de  procéder  bien 
et  fidèlement,  en  notre  présence,  soit  par  eux  tous  ensemble  ou 
par  commissaires,  à  la  réunion,  en  un  seul  cahier,  de  tous  les 
cahiers  particuliers  par  eux  apportés;  ensuite  à  la  nomination 
qui  sera  faite,  à  haute  voix,  du  quart  d'entre  eux,  pour  assister 
à  l'Assemblée  générale  du  Tiers-Etat  qui  se  tiendra  dans  la  ville 
deCoutances,  de  les  y  représenter  et  y  porter  le  cahier  de  notre 
bailliage,  ce  qu'ils  ont  promis  de  faire. 

»  Les  dits  sieurs  députés  nous  ayant  représenté  qu'il  leur  pa- 
raissait convenable  de  nommer  douze  commissaires  pour  faire 
l'extrait  et  rassembler  les  demandes  des  différentes  commu- 
nautés, ensuite  rédiger  et  réduire  tous  les  différents  cahiers  dans 
un  seul,  ils  ont,  de  notre  consentement,  procédé  à  la  dite  nomi- 
nation, et  les  voix  ayant  été  par  nous  recueillies,  en  la  manière 
accoutumée,  la  pluralité  des  suffrages  s'est  réunie  en  faveur  des 
dits  sieurs  Le  Sacher  de  la  Pallière,  Lemoine  de  Villeneuve, 
Bonnesœur-Bourginière ,  Lerebourg-Pigeonnière,  Le  Sacher- 
Dumezeray,  Thomas  de  la  Chevalais,  James  Provotière ,  Gau- 
tier Bois-Launay,  Clouard  de  la  Forétrie,  Poirier,  Moullin 
Le  Bourdonné  et  Cousin  Deschamps,  lesquels  ont  accepté  la  dite 
commission  et  promis  de  s'en  acquitter  fidèlement,  pourquoi 
les  cahiers  des  différentes  paroisses  leur  ont  été  remis,  et  sur 
leur  déclaration  qu'il  leur  fallait  au  moins  deux  jours  pour  ré- 
duire les  dits  cahiers  en  un,  nous  avons  de  leur  réquisition  ren- 
voyé la  continuation  du  présent  à  lundi  prochain,  huit  heures  du 


—  453  — 

matin,  auxquels  jour^  lieu  et  heure,  ils  sont  unanimement  con- 
venus de  se  retrouver. 

Avant  de  se  retirer  Messieurs  les  députés  ont  par  acclamation 
donné  plein  pouvoir  et  autorité  à  Messieurs  leurs  commissaires 
de  répondre  à  toutes  demandes  des  Messieurs  du  clergé  et  de  la 
noblesse  faites  et  à  faire,  de  se  concerter  soit  avec  les  députés 
des  différents  ordres,  soit  avec  les  ordres  réunis,  sur  les  moyens 
propres  à  conserver  et  maintenir  le  droit  du  bailliage  et  comté 
de  Mortain  d'envoyer  directement  ses  députés  aux  Etats-Géné- 
raux, de  faire  toutes  et  telles  protestations  qu'ils  jugeront  conve- 
nables, agréant  et  ratifiant  d'avance  tout  ce  qui  sera  fait,  géré 
et  consenti  par  Messieurs  les  commissaires,  lesquels  signeront 
seuls  le  procès-verbal  de  cette  présente  séance. 

»  Fait  et  arrêté  les  dits  jours  et  an,  après  lecture,  sur  les  dix 
heures  du  soir.  El  avant  de  signer,  arrête  que  le  sieur  Henry-Si- 
méon  Poullain  restera  député  pour  la  paroisse  du  Neufbourg, 
Monsieur  de  Villeneuve  ne  voulant  accepter,  vu  qu'il  est  nommé 
député  pour  la  ville  de  Mortain. 

»  Suivent  les  signatures  des  douze  commissaires.  » 


«•^ 


«Etce  jourd'huy,  neuf  mars  1789,  sur  les  neuf  heures  du 
matin,  en  l'église  collégiale  de  cette  ville,  devant  nous,  sus  dit 
conseiller  du  roy,  lieutenant-général  civil  et  criminel  au  bail- 
liage de  Mortain,  présence  et  admission  de  Jean-Julien  Leconte, 
greffier  de  notre  bailliage  et  pris  pour  secrétaire  de  la  présente 
assemblée. 

»  Se  sont  présentés  les  sieurs  députés  ci-devant  dénommés,  à 
l'exception  de  Louis-François  Aucher,  au  lieu  et  place  duquel  a 
été  substitué^  vu  sa  maladie,  par  délibération  du  général  de  la 
paroisse  des  Chéris,  en  date  d'aujourd'hui,  la  personne  de  Pierre- 
Charles  Mazier,  lequel  a  accepté  la  commission  et  dont  nous 
avons  pris  le  serment  en  tel  cas  requis,  et  sera  son  nom  substitué 
à  celui  du  dit  Aucher,  pour  l'effet  du  présent. 


--  454  — 

»  Messieurs  les  commissaires  nommés  pour  la  rédaction  de 
tous  les  cahiers  dans  un  seul  nous  ont  représenté  le  dit  cahier^ 
dont  lecture  a  été  donnée,  et  lequel,  ayant  été  approuvé,  a  été 
signé  par  ceux  des  dits  députés  qui  savent  signer,  et  par  Nous  et 
notre  grefSer,  après  l'avoir  coté,  signé  et  paraphé  au  bas  de 
chaque  page,  ne  varietur. 

»  L*assemblée  délibérant  ensuite  sur  les  ordres  donnés  par 
Sa  Majesté,  de  se  rendre  à  Coutances  pour  se  réunir  à  plusieurs 
autres  bailliages,  aux  fins  de  la  rédaction  d'un  cahier  commun  et 
de  procéder  à  Télection  des  députés  aux  Etats-Généraux, 

»  A  considéré  qu*il  serait  à  craindre  que  ces  ordres  ne 
donnassent  pour  la  suite  atteinte  aux  droits  et  privilège  qu'a  le 
bailliage  de  Mortain  de  députer  directement  aux  Etats-Géné- 
raux, comme  bailliage  indépendant  d'aucun  des  autres  bailliages 
de  cette  province,  privilège  d'autant  plus  essentiel  qu*il  prévient 
les  peines  et  les  frais  d'un  déplacement  de  près  de  vingt  lieues  ; 

»  Que  le  territoire  de  ce  bailliage  est  d'un  sol  tout  différent 
de  celui  du  bailliage  de  Coutances  et  de  ses  démembrements  , 
que  d'un  autre  côté  la  population  de  ce  bailliage  est  assez  con- 
sidérable pour  avoir  des  députations  directes,  puisqu'on  compte 
plus  de  cent  mille  habitants  dans  son  ressort;  mais  parce  que  les 
instants  sont  pressants,  qu'une  réclamation  préliminaire  ne 
pourrait  avoir  lieu,  que,  d'ailleurs,  par  une  disposition  générale 
qui  se  trouve  à  l'article  cinquante  du  règlement,  du  24  janvier 
dernier,  les  droits  de  chaque  bailliage  sont  conservés  en  ce  qu'il 
estdit  :  «  que  les  députations  directes  ou  indirectes  n'apporteront 
aucuns  changements  ou  novations  dans  Tordreaccoutumé  de  supé- 
riorité, infériorité  ou  égalité  des  dits  bailliages,»  conséquence  sai- 
sie parle  bailly  du  Cotentin  qui,  dans  son  ordonnance,  du  43  fé- 
vrier dernier,  se  réduit  à  dire,  dans  l'article  1 6,<(  que  c'est  par  ordre 
du  Roy  et  pour  la  convocation  des  Etats-Généraux  seulement  qu'il 
envoie  son  ordonnance  à  Monsieur  le  bailly  de  Mortain,  »  dis- 
tinguant très-clairement  le  bailliage  de  Mortain  de  ceux  de  Saint- 
Lo,  Valognes,  Avranches  et  autres,  dépendant  de  son  ressort. 
Relativement  à  ceux-ci,  il  a  ordonné  que  copies  coUationnées  des 


—  455  — 

lettres da  Roy,  da  règlement  y  annexé  et  de  son  ordonnance,  du 
13fé?rier  dernier,  seront  portées  à  Messieurs  ses  lieutenants  aux  , 

dits  bailliages,  mais  pour  ce  qui  regarde  celui  de  Mortain,  il 
ordonne  au  contraire  qu'elles  seront  portées  à  M.  le  bailly  du  dit 
lieu. 

»  Toutes  ces  considérations  déterminent  l'assemblée  à  se 
rendre  à  Cou  tances  pour  les  opérations  qui  lui  sont  ordonnées 
par  les  règlements  de  Sa  Majesté.  Ainsi  elle  va  présentement  pro- 
céder à  la  réduction  au  quart  du  nombre  de  ses  députés,  pres- 
crite par  l'article  33  du  dit  règlement,  se  réservant  de  supplier 
Sa  Majesté  de  maintenir  le  bailliage  de  ce  lieu  dans  son  droit  de 
députer  directement  aux  Etats-Généraux,  comme  bailliage  princi- 
pal et  indépendant,  droit  qu'il  lui  sera  facile  d'établir  par  la 
possession  la  plus  constante,  les  titres  les  plus  évidents ,  pour 
qaoy  elle  a  arrêté  que  la  présente  protestation  sera,  en  tant  que 
besoin,  signifiée  au  bailli  du  Cotentin. 

»  Procédant  ensuite  à  la  nomination  de  quarante-huit  députés, 
formant  le  quart  des  cent  quatre-vingt-douze  députés,  ci-devant 
dénommés,  en  conformité  des  dites  lettres  du  Roy  et  règlement 
y  annexé,  les  voix  ayant  été  par  nous  recueillies,  en  la  manière 
accoutumée,  la  pluralité  des  suffrages,  après  mûre  délibération, 
s'est  réunie  en  faveur  des  sieurs  : 

»  Denis  Le  Saeber  de  la  Pallière,  avocat  (Mortain],  Jacques- 
Anne  Lerebours  de  la  Pigeonnière,  avocat  (Saint-Hilaire-du- 
Harcouet),  Jean-Angélique  Lemoine  de  Villeneuve,  conseiller  du 
Roy,  au  bailliage  de  Mortain  (Mortain),  Siméon-Jacques-Henry 
Bonne-Sœur  de  la  Bourginière ,  avocat  (Barenton) ,  Gilles 
Roussel,  docteur  en  médecine  (Les  Loges-su r-Brécé),  Jean- 
Baptiste-Guillaume  Gautier  Bois-Launay,  avocat  (Mesoilard), 
Louis-Pierre  Cousin-Deschamps ,  avocat  (Le  Teilleul),  Pierre- 
Poirier,  docteur  en  médecine  (Brécé),  Michel  Homo  Les  Vallées, 
fabriquant  de  papier  (Vengeons),  Joseph  Bécherel,  docteur  en 
médecine  (Saint-Hilaire-du-Harcouet) ,  Jean -Baptiste-François 
Bouillon  de  la  Lorerie,  docteur  en  médecine  (Mortain),  Julien 
Clouard,  avocat  (Sourdeval) ,  Bruno-François  de  Brécé  de  la  j 


—  <86  — 

Brisollière,  vivant  noblement  (Brécé),  André  James,  avocat 
(Juvigny),  Jean-Harie  de  la  Roche,  docteur  en  médecine  (Saint- 
Hilaire-du-Harcouet),  François-Julien-Thomas  de  la  Chevallais, 
avocat  (Mesnil-Rainfray) ,  François  Leroux  de  Launay,  vivant 
noblement  (Grand-Celland),  Claude  Moulin  Lebourdonné,  négo- 
ciant (Fresne-Poret),  Joseph-François-Gabriel-Marie  Thébault , 
avocat(Mesnilard),  Denis-Gabriel  Brehier,  notaire(Saint-Hilaire), 
Julien-Denis-Jean  Ledieu  de  la  Ruaudière,  directeur  des  postes 
(Sourdeval),  Jacob-François  Guédon  de  Beaumoot,  avocat  (Baren- 
ton],  Jean-Baptiste  Lair  de  la  Gerardière,  avocat  (Les  Biards), 
Jean-Baptiste  Boutry,  chirurgien  (Barenlon),  Charles-François 
Anfray,  chirurgien  (Sourdeval),  Germain-Henry-François  Abra- 
ham, avocat,  (Chevreville),  Claude-François-Julien  Roussel,  chi- 
rurgien (Brécé),  Denis-François-Gabriel  Lecarpentier ,  étudiant 
en  droit  (Viré),  André-Mathieu  Poslel  du  Hauval,  vivant  noble- 
ment (Barenlon),  Gilles  Le  Sage,  laboureur  (Périers),  François 
Cahour,  laboureur  (Romagny),  François-Paul  Certain,  vivant 
noblement  (Mesnilbœufs),  Etienne  Juhel  Deslandes,  aubergiste 
(Fresne-Poret),  Pierre-Joseph  Houstin,  laboureur  (Les  Biards), 
François  Gaudin  Ratière,  laboureur  (Barenton),  Jacques-Fran- 
çois Haye  Ladivère,  chirurgien  (Saint-Georges),  Robert  Juhé 
deLaunay,  propriétaire  (Villechien),  Denis  Regnault,  laboureur 
(Sourdeval),  Sebastien-Julien  Poisson,  avocat  (Barenton),  Gilles- 
Louis -Henry  Blanchet  de  Laumône,  vivant  noblement  (Les 
Biards),  Charles-Gabriel  Lamy,  négociant  (Sourdeval),    Jean- 
André  Delanoë,  laboureur  (Périers),  Jean-Baptiste  Herbert  des 
Aulnais,  avocat  (Barenton),  Jean-Baptiste  Hue  Gastinière,  la- 
boureur (Saint-Laureut-de-C),  Gabriel  Esneu-Hautebrousse,  la- 
boureur (Ger),  Pierre-François  Marye  (Brécé),  Gui  des  Champs, 
laboureur  (Romagny) ,  Pierre  Mauduit,  labourelir  (Beauficel), 
Marin-Jean  Busnel,  laboureur  (Chalendré),  Philippe-Julien  Cor- 
don, laboureur  (Mesnil-Thébàult),  Louis-Jean-Baptiste  Dubois, 
laboureur  (Chérencé),  Julien  Surville,  laboureur(Notre-Dame-du- 
Bois),  (ces  trois  derniers  nommés  pour  adjoints  et  pour  remplacer 
ceux  qui  pourraient  manquer  par  maladie  ou  autrement)  Charles- 


-.   <57  — 

François Gerbert,  avocat  (Ferrières),  et  Jacques  Bernier,  notaire 
(Juvigny),  au  lieu  et  place  des  sieurs  De  la  Chevalais  et  Thébault, 
va  leur  démission. 

»  Ladite  nomination  des  députés  ainsi  faite,  il  leur  a  été  remis, 
en  notre  présence ,  le  cahier  de  doléances,  afin  de  le  portera 
rassemblée  qui  se  tiendra,  le  16  de  ce  mois,  dans  la  ville  de 
Coutances,  et  leur  sont  donnés  tous  pouvoirs  requis  et  nécessaires, 
à  Teffet  de  les  représenter  à  ladite  assemblée,  pour  toutes  les 
opérations  prescrites  par  Tordonnance  susdite  de  Monseigneur  le 
Grand  Bailly,  comme  aussi  de  donner  pouvoirs  généraux  et  suffi- 
sants de  proposer  et  remontrer,  aviser  et  consentir  tout  ce  qui 
peut  concerner  les  besoins  de  TEtat,  la  réforme  des  abus,  l'éta- 
blissement d'un  ordre  fixe  et  durable  dans  toutes  les  parties  de 
l'administration,  prospérité  générale  du  Royaume  et  le  bien  de 
U>us  et  chacun  les  sujets  de  Sa  Majesté. 

»  Et  de  leur  part,  lesdits  sieurs  députés  qui  se  sont  chargés  du 
cahier  des  doléances  de  notre  bailliage,  ont  affirmé  et  promis  de 
le  porter  à  ladite  assemblée  et  de  se  conformer  à  tout  ce  qui  est 
prescrit  et  ordonné  par  lesdites  lettres  du  Roy,  règlement  y  an- 
nexé et  ordonnance  sus  dattée  ;  desquelles  nominations  de  dé- 
putés, remise  de  cahiers,  pouvoirs  et  déclarations,  nous  avons  à 
tous  les  susdits  comparants  donné  acte  et  avons  signé  cejour- 
d'huy,  dix  mars  1789,  avec  les  cy-dessus  dénommés,  autant  que 
ceux  qui  peuvent,  signer  notre  présent  procès-verbal  qui  restera 
déposé  en  notre  greffe,  et  dont  copie  duëment  collationnée  sera 
donnée  auxdits  sieurs  députés,  pour  les  représenter  et  leur  valoir 
de  pouvoir,  et  seront  tenus,  lesdits  sieurs  députés,  de  se  rendre 
à  rassemblée  générale  des  Tiers-Etats  qui  se  tiendra  dans  la  ville 
de  Coutances,  le  16  du  mois,  huit  heures  du  matin. 

»  Fait  et  arrêté  ce  dit  jour  10  mars,  audit  an,  après  lecture. 

»  Et  avant  de  signer,  nous  avons  donné  lecture  à  l'iissemblée 
d'une  lettre  à  nous  adressée  par  monsieur  Passais  du  Mont-Be- 
noist,  procureur  du  Roy  du  bailliage,  relative  à  la  comparution 
par  lui  faite,  en  robbe,  à  l'assemblée  de  jeudi  dernier,  et  lui  en 
avons  accordé  acte^  avons  icelle  paraphée,  fait  contresigner  par 


—  158  — 

notre  greffier  et  ordonné  qu'elle  restera  annexée  à  la  minute  de 
notre  présent  procès-verbal. 

»  Ordonnons,  au  surplus,  que  les  délibérations  des  différentes 
paroisses,  leurs  cahiers  de  doléances,  ainsi  que  la  minute  réduite 
du  cahier  général  resteront  également  déposées  en  notre  greffe, 
et  avons  enfin  accordé  acte  de  la  réclamation  faite  par  acclama- 
tion partons  les  députés  en  général,  d'obtenir,  sur  le  général 
de  l'élection,  la  levée  d'une  somme  suffisante  pour  indemniser 
les  députés  nommés  des  frais  et  dépenses  de  leur  séjour  et  voyage, 
lesquels  ne  pourront  excéder  six  livres  par  jour,  pour  chaque 
député,  et  ne  pourra  être  compté  plus  de  deux  jours  pour  aller 
et  deux  jours  pour  le  retour  de  Coutances. 

»  Fait  et  arrêté  cedit  jour  et  an  que  dessus,  après  lecture.  » 

Suivent  190  signatures,  c'est-à-dire  celles  de  tous  les  députés 
présents.  Elles  sont  généralement  très-lisibles,  et  prennent  deux 
grandes  pages  in-folio.  —  A*  la  suite  on  lit  : 

«  Collationé  conforme  à  la  minute  déposée  en  notre  greffe  et  remis 
à  Monsieur  Le  Sacher  de  la  Palière,  avocat  et  syndic  militaire  de 
cette  ville,  l'un  des  députés  de  Messieurs  de  l'ordre  du  Tiers-Etat.» 

Ces  dernières  lignes  sont  écrites  de  la  main  de  Messire  de  Yau- 
fleury  de  Saint-Cyr,  et  signées  par  lui,  ainsi  que  du  greffier  secré- 
taire, Lecomte. 

CUUBinBB  DE  DOLÉANCES 

Plaintes   et  RemorUrances   de    V Assemblée   préliminaire    du 

Bailliage  de  Mortain. 

»  Le  vœu  de  l'Assemblée  est  : 

»  Que  les  délibérations  de  l'Assemblée  des  Etats-Généraux  du 
Royaume  soient  formées  par  les  trois  ordres  réunis  et  que  les 
suffrages  y  soient  comptés  par  tête. 

»  Que  le  premier  objet  de  ces  délibérations  soit  d'assurer  inva- 


—  459  — 

riablement  la  constitution  générale  de  l'Etat  par  des  règles 
fondamentales  qui  concilient  les  libertés  et  franchises  de  1^ 
Nation  avec  le  respect  dû  à  l'autorité  souveraine  du  Roi. 

»  Que  dans  cette  constitution  la  composition,  l'organisation, 
la  convocation  et  la  compétence  des  Etats-Généraux  soient  fixées. 

»  Que  l'ensemble  de  cette  constitution  soit  complétée  par  l'éta- 
blissement d'Etats  particuliers  dans  toutes  les  provinces  du 
royaume. 

»  Que  dans  la  composition  des  assemblées  nationales ,  le 
Tiers-Etat  ait  un  nombre  de  représentants  égal  à  celui  des  deux 
autres  ordres  réunis  et  que  ses  représentants  soient  nécessaire- 
ment pris  dans  son  ordre. 

»  Que  l'organisation  des  Assemblées  nationales  soit  simplifiée. 

»  Que  le  nombre  des  représentants  de  chaque  territoire  soit 
proportionné  à  sa  population  et  à  ses  contributions,  de  manière 
a  établir,  sur  cette  double  base^  l'égalité  de  représentation  entre 
les  provinces  en  général  et  leurs  districts  en  particulier. 

»  Qu'il  soit  pourvu  aux  moyens  de  faire  jouir  toutela  nation  des 
mêmes  avantages  dans  la  députation  directe  aux  Etats-Généraux. 

»  Que  le  retour  périodique  des  Etats-Généraux  soit  nécessai- 
rement établi  et  fixé. 

>  Que  chaque  Assemblée  nationale  soit  libre  d'avancer  le 
terme  de  la  suivante,  sans  pouvoir  la  retarder. 

»  Que  l'époque  de  la  tenue  des  Etats-Généraux  qui  suivra  les 
prochains,  y  soit  déterminée  à  plus  bref  temps  que  la  période 
ordinaire. 

»  Que  le  moyen  d'assurer  à  la  nation  l'exécution  da  retour  de 
chaque  Assemblée,  soit  prévu  et  réglé. 

>  Que  la  compétence  des  Etats-Généraux  sur  toutes  matières 
relatives  à  la  quotité,  à  la  nature  et  à  la  perception  des  subsides, 
ainsi  qu'à  la  législation  et  administration  générale  du  royaume, 
soit  réglée. 

»  Que  la  quotité  de  la  dette  nationale  soil  exactement  vérifiée 
parles  Etats-Généraux. 

>  Que  les  impôts  soient  proportionnés  aux  besoins  réels  de 


—  <60  — 

l'Etat  et  qu'à  cet  effet,  les  Etats-Généraux  vérifient  les  dépenses 
néce^aires  à  chaque  département. 

»  Que  dans  cette  vérification  il  soit  remédié  à  l'abus  des 
pensions,  avisé  à  la  suppression  des  charges  onéreuses  à  l'Etat  et 
inutiles  dans  l'administration  du  gouvernement  civil  et  mili- 
taire. 

»  Que  la  responsabilité  des  ministres  envers  la  Nation  soit  établie. 

y>  Que  l'ordre  à  observer  dans  l'administration  des  finances 
soit  réglé  par  les  Etats-Généraux. 

»  Qu'aucun  impôt  établi  ou  à  établir  ne  puisse  être  levé  sans 
le  consentement  des  Etats-Généraux  et  par  leur  octroi  formel. 

»  Qu'il  ne  puisse  également  être  fait  aucun  emprunt  sans  le 
consentement  des  Etats-Généraux,  sans  quoi  il  ne  serait  point 
obligatoire  pour  la  Nation. 

»  Que  les  moyens  à  employer  pour  le  remboursement  de 
l'emprunt  soient  prévus,  discutés  et  réglés  parTAssemblée  même, 
avant  que  le  consentement  puisse  être  accordé. 

y^  Qu'aucun  impôt  n'ait  lieu  qu'à  temps  et  pour  l'inten^alle 
seulement  d'une  Assemblée  à  l'autre,  de  sorte  qu'il  cesse  de  droit 
h  l'expiration  du  terme  fixé. 

»  Que  l'enregistrement  qui  pourrait  être  fait  dans  les  cours 
d'aucun  établissement  ou  prorogation  d'impôt  ou  emprunt  ne 
puisse  suppléer  à  l'octroi  et  consentement  des  Etats-Généraux. 

»  Qu'il  soit  néanmoins  prévu  aux  besoins  d'une  guerre  ou 
autre  cas  de  dépense  extraordinaire  qui  pourrait  arriver  dans 
l'intervalle  d'une  assemblée  à  l'autre. 

»  Que  dans  ces  cas  l'augmentation  de  la  quotité  de  l'impôt 
établi  soit  préférée  à  l'établissement  d'un  nouvel  impôt. 

»  Que  le  tableau  de  la  recette  et  de  la  dépense  nationale  soit 
publié  chaque  année  et  que  le  compte  en  soit  vérifié  à  chaque 
tenue  des  Etats-Généraux. 

y>  Que  chaque  assemblée  d'Etats-Généraux  s'établisse  une 
commission  intermédiaire,  dont  les  membres  seront  pris  dans 
tous  les  ordres  en  même  proportion  que  pour  la  composition  des 
Etats-Généraux,  sauf  à  prévoir  les  moyens  de  la  régénérer,  soit 


par  la  voie  des  Etats  provinciaux  ou  de  leurs  commissions  inter- 
médiaires ou  autrement. 

»  Que  dans  les  Etats  provinciaux  et  leurs  commissions  inter- 
médiaires, les  délibérations  soient  aussi  formées  par  les  trois 
ordres  réunis  et  les  suffrages  comptés  par  tête. 

»  Que  le  Tiers-Etat  y  ait,  comme  dans  les  Etats-Généraux,  un 
nombre  de  représentants  égal  à  celui  des  deux  autres  ordres 
réunis  et  pris  nécessairement  dans  son  ordre. 

»  Que  le  Tiers-Etat  ait  ses  syndics  particuliers. 

»  Que  le  nombre  des  représentants  de  chaque  territoire  y  soit 
également  proportionné  à  la  population  et  aux  contributions. 

»  Qu'il  soit  avisé  et  pourvu  aux  moyens  de  faire  jouir  chaque 
canton  de  la  province  de  l'avantage  d'être  représenté  immédia- 
tement aux  dits  Etats  provinciaux  par  des  personnes  instruites  de 
ses  besoins  locaux  et  de  ses  griefs  particuliers. 

»  Que  le  retour  péripdique  de  l'assemblée  desdits  Etats  pro- 
vinciaux soit  également  établi  et  fixé. 

»Queles  Etats  provinciaux  etleurs  commissions  intermédiaires 
concourent,  avec  la  commission  intermédiaire  des  Etats-Généraux, 
àTexécution  des  délibérations  de  l'assemblée  générale  de  la  Nation. 

»  Que  chacun  des  dits  Etats  provinciaux  fasse  percevoirles  im- 
pôts de  la  province  par  qui  il  jugera  à  propos,  en  se  conformant 
au  régime  fixé  par  les  Etats-Généraux. 

»  Que  si  les  Etats  provinciaux  n'avaient  pas  universellement  lieu 
dans  tout  le  royaume,  ilssoient  rendus  à  la  province  de  Normandie. 

»  Qu'en  attendant  il  soit  sursis  à  l'exécution  de  tous  projets 
de  construction  de  nouvelles  routes  et  que  iesdits  projets  ne 
paissent  être  arrêtés  sans  avoir  été  préalablement  rendus  publics, 
à  l'avance,  par  des  placards  publiés  et  affichés  dans  les  villes, 
bourgs  et  paroisses  du  territoire  dans  lequel  ils  devront  rece- 
voir leur  exécution. 

iOALITÉ    d'impôts    ET   CHARGES    PUBLIQUES,    ETC. 

»  Que  tout  impôt  à  conserver  ou  à  établir  soit  commun  aux- 

40* 


—  <62*  — 

trois  ordres  de  toutes  les  provinces  du  royaume,  sans  distinction^ 
avec  abolition  de  tous  privilèges  pécuniaires. 

»  Que  toutes  les  charges  publiques,  comme  logement  des  gens 
de  guerre^  convois  militaires,  et  toutes  autres,  soient  également 
supportées  par  tous  les  ordres. 

»  Qu'il  ne  subsiste  aucune  exclusion  du  Tiers-Etat  dans  les 
emplois  quelconques  civils  ou  militaires. 

»  Que  le  Tiers-Etat  entre  pour  moitié  dans  la  composition  des 
cours  souveraines. 

»  Qu'il  entre  également  pour  moitié  dans  les  maisons  royales 
d'éducation,  avec  égalié  d'avantages. 

»  Que  les  francs-fiefs  soient  supprimés. 

»  Que  Ton  avise  à  établir  sur  le  fait  de  la  chasse,  regardée 
comme  droit  domanial  et  non  féodal ,  une  législation  moins 
onéreuse  et  moins  désagréable  au  Tiers-Etat,  et  qu'à  tout  événe- 
ment les  délits  de  chasse  ne  puissent  être  punis  de  peine  affective 
ou  infamante,  ni  poursuivis  par  voie  criminelle,  ni  constater 
autrement  que  par  le  genre  de  preuve  ordinaire  seulement. 

»  Que  Ton  s'occupe  de  concilier  les  précautions  politiques 
que  peut  exiger  la  police  générale  de  l'Etat  concernant  le  port  ou 
usage  des  armes,  avec  les  moyens  de  pourvoir  à  la  sécurité  par- 
ticulière des  citoïens  de  toutes  les  classes,  tant  au  dedans  qu'au 
dehors  des  habitations. 

»  Qu'il  soit  avisé  aux  moyens  de  garantir  les  campagnes 
voisines  des  forêts,  de  la  dévastation  de  leurs  moissons  par  les 
dégâts  qu'y  causent  les  bêtes  fauves,  soit  par  une  permission  aux 
communautés  des  paroisses  de  s'assembler  et  prendre  les  armes 
sous  la  conduite  et  à  l'ordre  de  leurs  ofiSciers  municipaux,  ou 
autrement. 

»  Que  les  levées  de  milice  soient  supprimées ,  autant  que 
faire  se  pourra,  et  que  dans  le  cas  où  elles  seraient  indispen- 
sables par  le  besoin  d'hommes,  il  soit  permis  aux  paroisses 
d'acheter  le  nombre  qu'elles  devront  fournir,  duquel  achat  le  prix 
serait  réparti  entre  tous  les  contribuables  en  général  au  marc  la 
livre  des  impositions  communes  à  tous  les  ordres,  parce  qu'en 


-  163*  — 

cas  de  tirage  réel  les  valets  et  domestiques  des  nobles  et  autres 
yseraient  assujetis  sans  distinction  ni  exception,  à  charge  aux 
paroisses  de  délivrer  au  milicien  tombé  au  sort,  une  somme  fixe 
aa  moyen  de  laquelle  il  pouiTait  se  redimer  du  service  en  four- 
nissant  un  homme  à  sa  place,  laquelle  somme  serait  également 
répartie  comme  dessus. 

»  Que  le  tirage  soit  fait  gratuitement  par  les  maire  et  échevins, 
aux  hôtels  de  ville. 

»  Que  toutes  les  corvées  et  banalités  soient  rachetables,  moyen- 
nant indemnité. 

»  Que  tous  colombiers  et  garennes  soient  supprimés. 

»  Que  les  droits  de  coutume  et  péage  soient  supprimés. 

SUPPRESSION    ET   REFORME    D*IMPÔTS    VICIEUX   ET   ARBITRAIRES. 

»  Que  les  traites  à  l'intérieur  soient  supprimées  et  que  provi- 
soirement on  soit  dispensé  d'acquits  à  caution  pour  l'enlèvement 
des  denrées  du  crû  du  pais,  comme  cidres  et  autres,  dans  les 
quatre  lieues  limitrophes  de  la  Bretagne  et  autres  provinces  ré- 
potées étrangères. 

>  Que  la  gabelle  et  les  aides  soient  supprimées. 

»  Que  la  taille,  taillon  et  accessoires,  capitation  noble  et  rotu- 
rière et  autres  impôts  arbitraires  ou  vicieux  soient  supprimés  et 
remplacés  par  un  impôt  réparti  sur  les  trois  ordres,  à  proportion 
de  leurs  biens  et  par  un  rôle  commun,  en  avisant  aux  moyens  de 
faire  contribuer  les  capitalistes,  les  négociants  et  les  marchands. 

»  Qu'il  n'y  ait  aucun  impôt  sur  l'exploitation  des  terres. 

»  Quelle  taux  des  droits  de  controlle  soit  modéré. 

»  Que  le  tarif  desdits  droits  soit  réformé  de  manière  à  faire 
cesser  l'arbitraire  dans  leur  perception  et  qu'il  soit  pourvu  à 
éviter  l'inquisition  fiscale  qu'occasionnent  les  recherches  des 
préposés  au  recouvrement  tant  desdits  droits  que  de  ceux  de 
eentième  denier,  insinuation,  etc.,  de  tous  lesquels  droits  la 
connaissance  du  litige  soit  attribuée  aux  juges  ordinaires. 

»  Qu'en  matière  d'impôt  il  n'y  ait  aucune  peine  afflictive  ou 
nfamante  et  qu'en  modérant  les  amendes  on  en  évite  l'arbitraire. 


—  164*  — 


ADMINISTRATION   DE    LA   JUSTIGB. 


»  Que  la  procédure  civile  et  criminelle  soit  réformée  par  des 
commissaires  pris  dans  toutes  les  provinces  du  Royaume. 

»  Qu'il  n*y  ait  point  de  juridiction  prévôtale  ny  de  jugements 
par  commission. 

»  Que  Ton  réforme  Tabus  des  emprisonnements  qui  se  font  par 
ordre  des  gouverneurs  des  provinces  sans  connaissance  de  cause. 

»  Qu'il  y  ait  nécessairement  deux  degrés  de  juridiction  en 
toute  matière  criminelle,  et  qu'on  ne  puisse  en  éprouver  que  deux 
en  matière  civile. 

»  Que  tous  tribunaux  d'exception  soient  supprimés  et  que  leur 
compétence,  ainsi  que  celle  attribuée  aux  intendants  et  subdélé- 
gués, soit  rendue  aux  juges  ordinaires. 

»  Que  l'arrondissement  des  tribunaux  en  première  instance 
et  en  cause  d'appel  soit  perfectionné. 

»  Que  la  vénalité  des  offices  de  judicature  soit  supprimée  et 
qu'il  y  soit  pourvu  par  élection. 

»  Que  le  nombre  des  juges  dans  les  tribunaux  de  première  ins- 
tance soit  augmenté  et  de  suite  leur  compétence  en  dernier  ressort. 

y^  Que  les  privilèges  de  commiUimus  —  et  autres  privilèges  at- 
tributifs  de  juridiction  soient  supprimés,   principalement  en 

matière  réelle. 
»  Que  les  offices  de  priseurs-vendeurs  et  leurs  droits  soient 

supprimés. 

»  Qu'on  ne  puisse  être  reçu  à  l'état  de  notaire  sans  avoir  étu- 
dié quatre  ans  chez  un  notaire  ou  avocat. 

MATIÈRES    ECCLÉSIASTIQUES. 

»  Que  les  déports  des  bénéfices  cures  soient  supprimés^  ainsi 
que  les  annates. 

»  Que  les  bénéfices  cures  en  patronage  ecclésiastique  s'ob- 
tiennent au  concours. 

»  Que  toutes  dîmes  ecclésiastiques  soient  rendues  à  leurs  clo- 
chers et  appliquées  à  leur  destination  primitive. 


—  465*  — 

»  Que  les  dîmes  soient  fixéesà  unequotité  uniforme.de  manière 
à  éviter  les  contestations  qui  s'élèvent  journellement  à  ce  sujet,  et 
qae  les  pailles  ne  puissent  être  vendues  qu'aux  paroissiens  et  au 
tauxd'uneappréciation  communèqui  sera  fixée  dans  les  bailliages. 

»  Que  les  paroisses  soient  déchargées  des  réparations  presbi- 
térales. 

>  Que  les  communautés  d'hommes  reniées  soient  supprimées 
en  pourvoyant  au  sort  des  religieux  actuels  et  que  leurs  biens, 
autres  que  les  dîmes,  vertissent  h  l'acquit  des  dettes  de  l'Etat,  ou 
soient  appliquées  à  d'autres  objets  d'utilité  publique,  tels  que 
bureaux  et  écoles  de  charité. 

»  Que  la  pluralité  des  bénéfices  ne  puisse  avoir  lieu. 

»  Que  tout  bénéficier,  même  sans  charge  d'âmes,  réside  dans 
le  lieu  du  bénéfice  à  peine  de  privation  des  fruits,  dont  le  profit, 
à  l'égard  des  bénéfices  sans  charge  d'âmes,  sera  appliqué  aux 
bureaux  et  écoles  de  charité  et  au  soulagement  en  général  des 
pauvres  des  lieux,  à  la  poursuite  et  diligence  des  officiers  mu- 
nicipaux. 

»  Que  si  les  dîmes  ecclésiastiques  n'étaient  pas  rendues  à  leur 
destination  primitive,  les  portions  congrues  soient  augmentées 
à  raison  du  nombre  de  feux,  et  cependant  ne  puissent  être 
moindre  de  douze  cents  livres. 

»  Que  l'abus  des  lettres  de  cachet  soit  réformé. 

»  Que  la  presse  jouisse  d'une  juste  liberté. 

»  Que  l'éducation  publique  soit  perfectionnée  et  qu'il  soit 
remédié  aux  abus  qui  ont  lieu  dans  les  Universités. 

»  Que  la  noblesse  ne  puisse  être  vénale  et  soit  seulement 
accordée  au  mérite  et  pour  considération  de  grands  et  notables 
services  rendus  à  la  nation. 

»  Que  les  droits  qui  se  perçoivent  sur  les  contrats  d'échange, 
autres  que  ceux  de  controUe  et  d'insinuation,  soient  supprimés. 

DOLÉANCES  LOCALES. 

»  Si  le  Tiers-Etat  en  général  a  lieu  de  se  féliciter  de  l'heureux 
retour  des  Etats-Généraux,  celui  que  fournit  le  bailliage  de 


Mortain  a  dû  voir  son  salut  dans  ce  grand  événement.  La  masse 
de  ses  impositions  est  effrayante  en  tous  sens. 

»  D'abord,  la  taille  et  ses  accessoires^  au  nombre  desquels  est 
la  prestation  en  argent  représentative  de  la  corvée,  pèsent  uni- 
quement sur  le  roturier,  et  affectent  à  TEtat  plus  de  la  moitié  de 
ses  revenus.  La  collecte  des  deniers  royaux  et  des  rentes  des 
fabriques  absorbent,  en  outre,  tousles  vingt  ans,  pour  chaque  par- 
ticulier tant  soit  peu  aisé,  un  capital  de  trots  cents  livres  au  moins. 

»  Dans  les  impôts  communs  avec  la  noblesse^  le  roturier  ne 
jouit  d'aucune  modération  ;  il  y  est  toujours  le  plus  maltraité. 

»  Ensuite,  dans  Tordre  de  la  contribution  de  la  Généralité  de 
Caen,  celle  du  bailliage  de  Mortain  a  été  fixée  sans  proportioa 
avec  rétendue  de  son  arrondissement  et  les  diverses  circonstances 
qui  concourent  à  lui  assurer  des  ménagements  dans  la  balance 
générale  des  impôts. 

»  C'est  un  sol  presque  partout  stérile,  pierreux;  montagneux, 
il  est  rempli  de  landes,  de  bruières,  de  bois  où  se  réfugient  des 
légions  de  lapins  ;  il  est  coupé  par  une  vaste  forêt,  d'où  les  bêtes 
fauves  se  répandent  dans  les  campagnes  et  y  portent  les  plus 
horribles  dégâts;  il  est  hérissé  de  colombiers,  dévasté  par  des 
nuées  de  pigeons,  surchargé  de  rentes  seigneuriales  qui  se  per- 
çoivent sans  diminution  de  droits  royaux  ;  l'exploitation  en  est 
pénible  et  dispendieuse.  Ton  y  manque  d'engrais;  les  communi- 
cations y  sont  rares  et  difficiles,  et  cependant  on  lui  a  donné 
plus  d'importance  qu'aux  meilleurs  fonds  de  la  généralité  et  oq 
l'a  taxé  avec  plus  de  rigueur. 

»  Aucune  compensation  ne  rachette  ces  désavantages  locaux  : 
Quelques  moulins  à  papier,  une  manufacture  de  poterie  concen- 
tréedans  une  seule  paroisse  et  très  languissante,  sont  toutes  les 
ressources  industrielles  du  pais. 

»  On  a  achevé  de  combler  sa  détresse  en  distrayant  les  fonds 
destinés  à  la  construction  et  réparation  de  ses  routes ,  qu'on  a 
appliqués  à  des  districts  étrangers  et  même,  dit-on,  à  d'autres 
provinces. 

)»  Quoique  depuis  la  conversion  des  corvées  en  prestations 


—  467*  — 

pécuniaires,  TEIection  de  Hortain  ait  payé  plas  de  douze  cents 
mille  livres>  elle  n'a  pas  encore  six  lieues  de  route  conduites  à 
leur  perfection. 

»  Mais  la  destruction  des  abus  est  prochaine,  Ton  va  voir 
sons  Louis  XVI  et  Monsieur  Necker  luire  des  jours  que  Henri  lY 
et  Snlly  n'eussent  osé  promettre  à  la  nation. 

INSTRUCTIONS  ET  POUVOIRS  AUX  DÉPUTES. 

»  Se  conformeront  les  députés,  autant  que  faire  se  pourra,  aux 
articles  suivants  : 

»  'He  pourront  être  élus  pour  représentants  du  Tiers ,  aux 
Etats-Généraux,  aucuns  ecclésiastiques,  personnes  nobles  ou 
jouissant  des  privilèges  de  la  noblessse,  uy  leurs  baillis,  séné- 
chaux, procureurs  fiscaux,  fermiers,  régisseurs,  gens  d'affaires 
on  toutes  autres  personnes  dans  leur  dépendance. 

»  Me  pourront  aussi  être  élus  pour  représentants  du  Tiers,  les 
subdélégttés  des  commissaires  départis,  leurs  commis  ou  se* 
crétaires,  aucunes  personnes  pourvues  d'offices  ou  emplois  de 
finance,  ni  entrepreneurs  d'ouvrages  publics. 

Nommeront  les  députés  autant  d'adjoints  qu'il  y  aura  de  re- 
présentants du  Tiers  aux  Etats-Généraux,  lesquels  adjoints  rem- 
placeront, suivant  l'ordre  de  leur  élection,  ceux  des  représentants 
qui  manqueraient  aux  Etats-Généraux,  soit  pour  maladie,  autre 
cause  ou  empêchement. 

»  Il  sera  recommandé,  aux  députés  aux  Etats-Généraux,  d'en- 
tretenir, autant  qu'il  sera  possible,  une  correspondance  suivie 
avec  les  adjoints  qui  s'entretiendront,  à  leur  tour,  avec  les  maires 
de  ville  de  leurs  districts,  et  ceux-ci  avec  les  sindics  municipaux 
de  leurs  arrondissements. 

»  Alloueront  les  députés  une  somme  quelconque  aux  repré- 
sentants du  Tiers  aux  Etats-Généraux,  laquelle  sera  repartie 
ainsi  qu'il  sera  trouvé  juste. 

»  Pourront,  au  surplus,  les  dits  députés  faire  à  l'assemblée 
de  Contances  telles  protestations^  soutiens  et  réclamations  qu'ils 
jugeront  convenables  à  l'occasion  des  élections  qui  seraient  faites 


—  168*  - 

contre  la  teneur  des  instructions  ci-dessus,  ou  pour  tous  autres 
objets  qui  leur  paraîtraient  préjudiciables  aux  intérêts  du  Tiers, 
s'en  rapportant  sur  le  tout  à  leur  zèle,  fermeté,  âme  et  conscience. 
»  Le  présent  cahier  fait  et  arrêté  par  les  commissaires  dé- 
nommés pour  cet  effet,  par  les  députés  du  Tiers-Etat,  par  le  pro- 
cès-verbal du  cinq  de  ce  mois,  sous  les  protestations  expresses 
des  dits  députés  qu'ils  n*entendent  nommer  leurs  députés  au 
bailliage  de  Coutances  que  provisoirement    pour   obéir    aux 
ordres  du  Roi  et  sans  donner  atteinte  au  privilège  du  bailliage 
de  Mortain  de  députer  directement  aux  Etals-Généraux,  comme 
bailliage  principal  et  indépendant  d'aucun  autre,  pour  la  con- 
servation duquel  droit  toutes  reserves  sont  faites ,  conformé- 
ment à  la  délibération  qui  en  a  été  arrêtée,  et  relativement  à  la 
protestation  des  trois  ordres  réunis,  arrêtée  ce  jourd'hui,  dont  la 
minute  est  déposée  devant  Maître  Restout,  notaire. 
»  Ainsi  arrêté  ce  neuf  mars  mil  sept  cent  quatre-vingt  neuf,  i» 
Le  tout  signé  de  482  signatures  des  députés  du  bailliage. 
A  la  suite  de  ces  noms,  Monsieur  de  Vaufleury  de  St-Gyr  ajoute: 
»  Le  présent  contenant  seize  pages,  celle-ci  comprise,  a   été 
coté  et  paraphé  par  Nous  Messire  Gabriel-François  de  Vaufleury, 
chevalier^  seigneur  patron  présentateur  de  Saint-Cyr-du-Bail- 
leul  et  de  St-Jean-du-Corail,  seigneur  du  Bailleul,  La  Motte, 
Boudd  et  autres  lieux,  conseiller  du  Roy ,  son  lieutenant  géné- 
ral civil  et  criminel  au  bailliage  de  Mortain^  collationné  à  l'ori- 
ginal déposé  à  notre  greffe  et  remis  par  nous,  président  de 

Messieurs  de  Tordre  du  Tiers-Etat,  à  Monsieur  Le  Sacher  de  la 
Palierre,  avocat  et  syndic  militaire  de  cette  ville,  pour  le  porter, 

comme  Tun  des  députés,  à  l'assemblée  des  Trois  Etats  qui  se 

tiendra  à  Coutances,  le  46  de  ce  mois. 

»  A  Mortain,  ce  40  mars  1789. 

»  de  Vaufleury  DE  Saint-Cyr. 

»  Leconte,  greffier  secrétaire.  » 

(Voir  la  seconde  partie  du  grand  bailliage  de  Mortain,  page  497.) 


CATALOGUE   RAISONNÉ 


PLANTES  VASCliLAlRES  ET  CfilLULO-VASCULAlRES 

DU   DÉPARTEMENT   DE   LA   MANCHE  {$uUe). 


^mm 


CLASSE   DEUXIÈME. 

OAIiICiriiOBBS. 

Corolle  poly  ou  monopétaie,  insérée  avec  les  étamines  sur  le 
ealice  quejiquefois  siaminifère;  ovaire  libre  ou  adhérent  au  tube 
ealicinal. 


i^XAA/XAi 


27«  Fam.  GÊLASTRINÊES.  —  CELASTRINEJE.  R.  Br. 

PENTANDRIB    MON06YN1E    L.  —  AaBRE3    ROSACÉS    Toum. 

NERPRUNS  JUSS. 

Nom  tiré  4tt  gmf^  ÇelasPrWp  du  grec  Mtmpê^,  nçm  d'un  ar- 
buste indéterminé. 
Arbrisseaux  à  fevilles  simples  et  à  graines  afiUées. 

6.  Evonymiie  Toum.  —  Fasain. 

De  ^t  biea  et  ^w^mi,  nopi,  bien  Bosimé;  allosion  à  cette 
piaote  dont  le  fruit  simule  jmd  boanet  de  prêtre. 

E.  EUaOPiKUS.  L.— F.  ly EUROPE  (E,  mlgaris  Scop.  — 

44 


—  462  — 

Tenuifolius.  —  Fusomus  Cresc.  —  Anonymes  Cord.  Tetragonia 
TheophrastiLngA,)  Bonnet  carré,  depritre^  Bois  carré,  à  lardoire^ 
Fusain, Garas,  Garais,  Fixais,  Yricle.  Bret. Boned Komek.  Angi. 

#  _ 

Common  Spindle-tree.  Ail.  Spindel-Baum.  Ital.  Fusagine.  — 
Lign. —  Mai-juin.  Haies,  bois.  AR.  Arbrisseau  vénéneux,  surtout 
pour  les  moutons  et  les  chèvres.  Il  sert  à  préparer  le  charbon  de 
fusain  pour  le  dessin. 

On  trouve  parfois  dans  les  parcs  TE.  LATIFOLIUS  Scop.,  cul- 
tivé comme  ornement. 

Le  STAPHYLEA  PINNATA.  L.  -  STAPHYLIER  PINNJÉ 

(faya  Pistachier,  Nez  coupé)  se  trouve  aussi  naturalisé  dans 
quelques-unes  de  nos  haies,  surtout  dans  les  environs  àeSourdeval, 
Mortavn,  CoutanceSySt-Ovmyetcr,  c'est  un  arbrisseau  d'ornemeat. 


28«  Fam.  RHAMNÉE8.  -  BHAMNEM.  R.  BR. 

PENTANDRIE  MONOGYME  L.  —  ARBRES  ROSACÉS  Toum. 

NERPRUNS   JUSS, 

Nom  tiré  du  genre  Bhamnus,  [Nerprun. 
Arbres  et  arbrisseaux  à  feuilles  simples,  ordinairement  al- 
ternes et  stipulées. 

G.  RhainiMiB  Tourn*  —  IVerpran* 

Du  grec  Paftvoç,  nerprun,  aubépine,  ou  de  /w6îoç,  baguette,  c.  à 
d.  arbrisseau  à  rameaux  grêles. 

R.  FRANGULA  L.  —  N.  BOURVAINE  (Frangula  mUga- 
mRchb.  ÀlnurS  nigra,  bacdferaV^vk.  Avomus  Cresc.)  Bourgène^ 
Bourdaine,  Aulnenoir  y  Bois  de  noire  femme,  Pouveme,  RhfjJnirbe 
des  paysans.  Bret.  Evl,  Envor.  kn%\,Buçk'sthom,  Aider  Buck*s 
thom,  BreadingBuch'sthom.  —  Lign.— Mai-juill.  Bois,  haies.  AC. 


—  463  — 

R.CATHARTICUSL.  -iV.  PURGATIF.  (R.  solv^imsdtv. 
Sfim  cervina  Gesn.  Hort.)  Bret.  SpertirMelen.  ÂDgl.  Purging. 
Buck's  thom  Ail.  SUg  DorUy  Wegg  Dom.  Ital.  Banno.  Bour- 
gipine,  Epine  de  Cerf^  Quémoty  Noirprun,  Nerprun.  —  Lign.  — 
Kai-JQin.  Haies,  bois.  RRR.  Environs  de  ^Lo. 

Ses  baies  ont  été  jadis  très-employées  comme  purgatives. 
Leur  suc  précipité  par  l'alun  forme  le  veri  de  vessie. 

C'est  à  tort  que  quelques  personnes  ont  indiqué  le  R.  Paliurus 
L  (Epine  de  christ)  cpmme  se  trouvant  à  Bacilly  et  dans  les  en- 
TiroDs  dp  Brécey;  cette  espèce  de  Syrie  a  été  confondue  avec  un 
Gkditschia  iriacanthos  L.  ou  Tun  Aes  Robiniers  hispides^  qui  sont 
deox  légumineuses  papilionacées. 


29e  Fam.  PAPILIONACÉES.  —  PAPILIONACEjE  Tourn. 

DIADE&PHUB  DÊCANDRIE  L.  —  LÉGUMINEUSES  /USS. 

Nom  tiré  de  Papilio,  papillon,  à  cause  de  l'aspect  des  fleurs. 

Arbrisseaux  et  herbes  à  feuilles  alternes,  rarement  simples, 
généralement  composées,  bi-stipulées.  Fruit  désigné  sous  le  nom 
de  légume. 

"^  Feuilles  simples. 

6.  UleiL  L.  —  /ijone. 

De  Y^i)  ou  Yliv^  broussailles,  ou  de  tvfi^  lance;  à  cause  de 
son  aspect  ou  de  la  présence  de  ses  piquants.  > 

D.  EUROPiEUS.  —  J.  D'EUROPE.  (U.  Europmus  L.  part. 
--Demalis  Thore.  —  grandiflorus  Pourr.)  Genêt  épineux.  Jonc 
épimeuxy  marine  Jomarin^  Jan,  Bois  Jan,  Jean  Brusc^  haut 
jonc,  Hédin,  Hudvn^  Landier,  Jauge,  Lande,  Lande  épineuse j  Vi- 
gneau, Vignon,  Guignât,  Sainfoin  d'hiver  y  d'Espagne,  Piquets. 
Bret.  Lama.  Angl.  Gorze,  European  Furze.  AU.  Meer  Binson.  Ital. 
Ginestra  spinosa.  —  Lign.  —  Décembre-mai.  Landes,  haies, 
bois,  TC. 


-r.   104   — 

U.  6ALLI1  Planch.  —  irf.  DE  LE  GALL.  {V.  propinciàlM 
Lois,  parviflorus  Pourr.  Europœus  L.  p.)  Dannèque.  —  Lign. 
—Août-décembre.  AR.  Landes,  coteaux,  bots,  falaises  maritimes. 

Yar.  himilis  Planch.  TG.  dans  les  landes  de  la  Hague. 

U.  NANUS  Sm.  —  J.  NAIN.  (V.  autummlis  Thore,  minor 
Roih,  Evropaus  L.  p.)  —  Liaunet.  —  Lign.  —  Juîllet^octobre. 
Coteaux  secs,  landes,  falaises.  AC. 

Les  deux  premières  espèces  varient  de  ])ort,  de  couleur,  selon 
les  stations  et  le  terrain,  ce  qui  a  fait  proposer  par  un  botaniste 
cberbourgeois  des  variétés  ioflnies  qui  doivent  être  toutes  rame* 
nées  aux  deux  premiers  types.  Les  jeunes  pousses  sont  utilisées 
comme  un  excellent  fourrage.  Mauvais  bois  de  chauffage  ;  cendres 
maigres,  très-peu  potassées. 

6.  Gentota  Toum.  --  GionéHé 

De  Gen,  boisson,  en  breton,  ou  Aeyow,  genou;  allusion  aux 
angles  de  la  tige. 

G.  ANGLICA  L.  —  G.  D'ANGLETERRE.  [G.  minor  Lamk.) 
—  Lign.  —  Avril-mai.  Bois,  bruyères,  lieux  marécageux.  TR. 
Je  ne  l'ai  point  observé  dans  l'arrondissement  de  Cherbourg  après 
plus  de  vingt-six  ans  d'herborisations.  Erotidevilky  près  la  gare 
du  Ham,  Le  Ham^  la  lande,  Lessay,  la  lande,  Ste-Cécilet  les 
prés  de  Lâcherie,  Ducey,  bois  d'Ardenne,  Ckampeaiut,  landes  de 
Beuvais,  les  cent-vergées,  Tanis,  landes  de  Noyant  et  Gfan- 
champ,  etc. 

G.  TINCTORIA  L.  —  G.  DES  TEINTURIERS.  (Spartiim 
Roth.)  GénestroUy  Genéireikf  Bois  à  jaunir.  Angl.  Dyer^s  Genis- 
iar^  Green  Weed,  Dyer*s  Weed.  AIL  Fairbeinder  genisUn, 
Kleiner  Deutscher  Genister.  It.  Ginestra  di  tinctori.  —  Lign.  — 
Juillet-août.  RRR.  Grétille,  la  plaine,  Montchaton,  coteau  do 


-  466  — 

camp  romain,  Pontorson^  chemÎD  d'Aucey,  Senan,  la  lande. 
Celte  espèce  présente  ûm  variations  éans  les  fenilles  et  les  fruits. 

■ 

Le  6.  SA6ITTÀLIS  L.  se  trouve  sur  les  limites  du  départe- 
ment, soit  sur  la  route  de  Pontorson  à  Rennes  y  à  quelques  kilo- 
mètres; il  pourrait  donc  bien  exister  dans  les  cantons  de  Saint- 
JatneSy  Poniorzon,  BarenUm  et  le  T^It^I,  que  j*ai  moins  explorés. 

G.  PIL08A  L.  -  G.  FELU.  —  Lign.  —  Mars-mai.  Bois. 
TR.  Mortain,  bois  vers  BiywrbeTouge. 


6.  SarotbamnuB  Wimm.  — •  Sarotbamne. 

De  ooLpoçj  balai,  et  Oflcfivoc,  buisson,  allusion  à  ses  usages. 

S.  SCOPARIUS  Wimm.  —S,  A  BALAiS  (Spartium  L.  — 
Genisia  Lamk.,  Cytims  Linck.  Genista  mUuyr  Lon.  —  angur 
loM  C.  B.)  GenSlà  balais.  Bret.  Balan,  Banal,  Benal,  Benoi 
Angl.  Common  Broom.  Ail.  Geni$ter.  —  Lign.  —  Avril-juin. 
Bois,  landes,  talus  des  fossés,  coteaux.  TC. 

Ses  feuilles,  ses  fleurs  et  ses  graines  sont  émétiques  et  pur- 
gatives. Son  bois  donne  des  cendres  très-riches  en  potasse,  ex- 
cellentes pour  les  lessives. 

LeCytisa»  LAbamainL.  —  Cytise  à  grappes  (Ar- 
tois, AiiboibrSy  faux  Ebenier)  est  souvent  planté  sur  les  haies, 
dans  les  pares  et  les  avenues. 

Le  Robbila  P«eado-ilLoaeia  L.  (Breton  Owez  ou 
Kamy  vulgairement  Robinier,  faux  Acacia.  Acacia,  se  trouve 
naturalisé  abondamment  sur  nos  haies  des  environs  d'^/trancAes^ 
à  lel  point  qu'on  Ty  dirait  indigène. 


—  166  — 


G.  Oiioiil«  L.  —  IBugrane* 

De  6ywvcç^  nom  grec  de  la  plante  ou  de  ovoci  âne»  et  ov^fu,  être 
utile,  délecter;  plante  qui  platt  aux  ânes. 

0.  PROCURRENS  Wall.  —  B.  DIFFUSE  (0.  repens  L.  — 
mitis  Lyst.  Anonis  viscosa  Tourn.  —  sine  spinâ  Ger.  —  Natrix 
Plinii  Vdirk. )  Jrrêle-bœuf.  Angl.  Common  Rest  Harrow  —  Viv. 
—  Juin-sept.   AC. 

Var.  0.  arvensis  Lamk.  AC.  champs  pierreux  du  littoral. 

Var.  0.  maritimaGr.  etGodr.  (0.  repens  L.)  C.  sables  ma- 
ritimes. 

0.  SPINOSA  Wall.  —  B.  EPINEUSE.  (0,  camjw5*im  Koch 
Anonis  spinosa  Tourn.  Rémora  arcUri  Dod.  Resta  boms  Trag.) 
Râambeuf.  Angl.  Cammock,  Best  Harrow.  Ail.  Hau  Hechel, 
Stall-Krauty  Oschen  Bresch.  It.  Anonide,  Bulicama.  —  Viv.  — 
Juillet-sept.  Pâturages,  bords  des  chemins.  R.  FlottemamilU'- 
Hague^  route  de  Valognes,  Les  Pieux^  route  de  Flamanville, 
Sioutilley  Vauvilley  Quinéville,  DonviUe,  Granville,  Chav^ey^ 
sur  le  littoral.  AC.  sur  les  calcaires  du  Cotentin,  Eroudeville^ 
Chef-du-Vont ,  le  Ham;  StrOven.  ' 

Ces  deux  espèces  sont  confondues  sous  les  noms  vulgaires  de 
AgoUy  ^gavon,  Arc  de  bœuf,  BougrainCy  Botigrane,  Bugave^  Bu-- 
grarcy  Bugrande^  Carre  bœuf  y  Epine  de  boeuf.  Mâche  noire  y 
Tendon. 

6.  Medlcago  L.  —  LiUSEerne. 

DeMiT^cxi^y  nom  grec  de  la  luzerne  par  Théophraste  et^roa  herbe, 
ou  herbe  de  Médée. 

M.  SATIVA  L.  —  L,  CULTIFÉE.  (Foin  et  Trèfle  de  Bour- 


—  467  — 

gogne)  Angl.  Pii/rple  Medick  Luceme.  Ail.  Schnehenkke.  -^ 
Tiv.  —  Mai-juiU.  Naturalisée  dans  la  région  maritime  C. 
Exeellent  fourrage. 

M.  POLYCARPADc.  et  Le  Maoût.— £.  POLYCARPE—km. 

—  Mai-août.  Lieux  sablonneux,  bords  des  chemins,  surtout  sur  le 
littoral.  R. 

Yar.  M.  derUicuUUa  Willd.  Angl.  Toothed  Mediek.  R.  Cher- 
bourg y  plage  de  F  Est,  Le  Roxel,  Les  Piem,  et  sur  le  littoral  Est 
et  Ouest. 

Yar.  U,  apiculata  Willd.  R.  Falaises,  le  littoral  de  Cherbowrg 

à  AvrancheSf  avec  la  précédente. 

M.  LUPULINA  L.  —  L.  LUPULTNE  -  (M.  fFilldmovii 
Bcenng.)  Luzerne  houbhnnée.  Minette^  Minette  dorée,  Triolet ,   ' 
Mirlirot  des  ChampSy  Lotier,  Trèfle  noir^  jaune.  Angl.  BlackMe- 
diek,  Nonsuek.  —  Ann.  —  Mai-août.  Prairies^  lieux  sablonneux, 
mars,  chemins.  TC. 

Yar.  M.^i/UenomBœnng. — Miellés  du  Rozel  et  de  Surtain- 
fiille, 

'  M.  MINIMA  Lamk.  —  L.  NMNE,  (Angl.  Little  bur  Medick.) 

—  Ann.  —Mai-juillet.  Lieux  secs,  pierreux.  —  TR.  Rédlle, 
Pont-de-Saire,  St-fVaast;  plage  marine. 

M.  MACULATA  Willd.—  L.  MACULÉE  (M.  Arabica  Ail.— 
cordata  Desr.) Maillettes.  Angl.  Spotted  Medick.  —  Ann.  —  Mai- 
août.  Prés,  pâturages,  bords  des  chemins.  TC.  Toutes  ces  lu- 
zernes sont  d'excellents  fourrages. 

G.  Xrigfonella  DC.  —  Xrigonelle. 

De  TjMcc,  trois ,  et  vo^vcà  ou  yonia,  angle  ;  à  cause  de  la  forme 
angulaire  de  la  fieur  ou  de  rpt^ww^  eirptywM,  dégénérer  et  3®  dé- 


— 1««  —  X 

générefteence  k  causé  de  la  petitesse  ie  la  fleui*  qui  ressemble  à 
uû  pciit  trèfle  dégénéré  jusqu'à  la  3^  génération. 

T.  ORNITHOPODIOIDES  DC.  —  T.  PIED  D'OISEAU, 

(THfoUumL.  — Aporanthus  trifoliastrum  Bromf.)  Angl.  Bir^s- 
fooi  Fentégreek.)  —  Ann.  —  Jain-jnill.  RRR.  Pelouses  sèches, 
surtout  sur  le  littoral.  Cherbourg,  remparts  du  port  militaire, 
glacis,  Octevilley  fort  des  Fourches,  Tourlavilk,  Haut-Mesuil, 
Eqtièurdremlle,  fort  du  Tôt,  O'^^tfiTquemlle,  littoral,  Digosmlle,  le 
Becquet,  collines  maritimes,  Tocquevilk,  coteaux  près  Téglise, 
Canmilie,  la  lande,  FermarmlU,  les  miellés,  f^rasf)ille,  près  la 
mare,  Néville^  à  Cacret,  la  Houguette,  environs  de  relise,  Gat- 
teville,  chemin  d'Imbranville,  Beaumont,  vallon  au  sud  près 
l'église,  Flamanville,  rochers  Jouan,  la  Vigie,  ÀvdervilU,  les 
'  falaises,  Si-Germain-des-Vaux,  pelouses  du  littoral.  Je  ne  Tai 
point  encore  vue  dans  TAvranchin,  ce  qui  me  surprend  d*autant 
plus  que  je  l'ai  observée  abondamment  dans  les  falaises  et  coteaux 
de  Brçst. 
» ,' 

6.  MelilotUB  Toam.  —  Mélilot. 

Du  nom  grec  de  la  plante  mcXiImtoç  ou  McX^Xurov,  ou  de  fic^ 
miel,  etWroç,  lotier;  plante  recherchée  des  abeilles. 

M.  OFFICINALIS  Wild.  -  M.  OFFICINAL  (M.  aUissima 
Lois,  macrorhiza  Pers.  —  o/^iwarwmffermaniéB  C.B.  — vulgaris 
Park.  TrifoHumodorattJtmDoà.)  Couronne  royale,  Mélilot citrin, 
Mirlirot^  Trèfle  odorant,  de  cheval^  des  mouches,  Lotier  jaune, 
Trouillei.  Bret.  Melaouen.  Angl.  Common  Yellow  Melilot,  Melilot 
Trifoil.  Ail.  Melilotenklee,  Sleinklee.  Ital.  Meliloto.  —  Lign. 
Bisann.?  -*  liiUet-sept.  Chatttps  et  bords  des  chemins  du 
littoral.  TR.  dans  le  nord  du  département;  TourlavilU,  la  re- 
doute, Portbail,  miellés  ;  AC.  dans  les  grèves  et  bords  des  champs 
de  la  baie  du  Uon^St-Michely  Murcey^  le  bateau,  Fains,  littoral, 


I — 


—  469  ^ 

Gènêu,  Céaux,  FalrSP-Père,  Cowîils,  Ardmmy  Moidrey^  Ptmr 
torson, 

H.  ARVENSIS  Wall.  —  M.  DES  CHAMPS.  Angl.  Field 
Melilot,  —  Bisaan.  —  Juillet-sept.  Champs  et  bords  du  littoral 
TR.  Cherbourg,  glacis  du  port,  Tourlavilk,  fferquevilU,  la 
vallée,  Les  Pieux,  miellés  de  Sciotot.  RRR.  dans  les  euvirons 
à^Avranches;  Fains,  Gisors,  Marcey,  le  pont. 

M.  LEUCANTHA  Koch.  —  M,J  FLEURS  BLANCHES.  - 
(Jf.  Ma  Lamk.)  Aogl.  White  Melilot.  —  Bisann.  — Juiilei-sept. . 
Champs  et  miellés  du  littoral.  RRR.  Cherbourg,  littoral,  Herque- 
ville,  la  vallée,   Àvranches,  à  rembranchement,   Vains,  St- 
LéODard,  Beauvoir,  canal  de Pon torson.  Polder St-Michel,  Céatuc. 

M.  PARVIFLORA  Desf.  —  M.  A  PETITES  FLEUJtS,  — 
Ânn.  —  Juillet-sept.  Champs  maritimes.  RRR.  St-Jean-de-la- 
Haize,  bords  de  la  Sée,  Fains,  vers  le  rivage,  le  Grouin  dn  Sud, 
Cowiils,  la  pointe,  Ardevon,  la  rive. 

Autrefois  on  faisait  avec  ces  plantes  une  eau  distillée  dont 
Todeur  est  assez  délicate. 

A  Tétat  sec,  ces  plantes  répandent  un  parfum  délicat,  analogue 
à  celui  de  la  Flouve  odorante. 

• 

G.  Xrifolium  Tourn.  --  Xrèfle. 

De  très,  trois,  et  folium,  feuille;  plante  à  trois  feuilles  ou  de 
TpcfTi^ov,  nom  grec  du  trèfle,  ou  rpifuXkoçy  à  trois  feuilles. 


•  ^^ 


T.  REPENSL.— r.  RAMPANT.  (TrioUt,  Trèfle  blanc,  Tri^ 
follet,  Trauffe,  Tranelle,  Trianelle  blanche.  Fan  Hoiissy.)  An^]. 
Creeping  Trifoil,  fFhiteor  Dutch  Clover,  Dutch  Trifoil.  — Viv. 
—  Mai-sept.  Lieux  incultes,  chemins,  prés.  TC. 

Var.  interruptum  Bréb.  St-Hilaire-d^i-Harcouet. 

T-  GLOMERATUML.  — r.  AGGLOMÉRÉ.  —Kngl.Smooth 


—  170  — 

fioundHeaded  Trifoil.  — Ann.  — Mai-juin.  Pelouses^  coteaux, 
murs,  bords  des  chemins  du  littoral  surtout.  PC. 

T.  SUFFOCATGM  L.  -  T.  ÉTOUFFE  —  Ang.  Suffo- 
cated  Trifoil.  —  Ann.  —  Mai-juin.  Vieux  murs,  pelouses  du 
littoral.  KK^,, TourlavilUf  près  le  Pont-Marest,  Querqu&oille,  le 
polygone,  Bar  fleur,  littoral.  Le  Rozel,  la  falaise»  DigosviUe,  le 
Becquety  Gatteville,  près  le  phare. 

T.  INCARNATUML.  — r.  INCARNAT.  -  Farouche,  Trèfle, 
rouge,  du  RoussilUm,  Férou,  Lupinelle.  Angl.  Crimson  Clover. 

—  Ann.  —  Avril-mai.  Coteaux,  lieux  cultivés.  Sub-spontanéî 
çà  et  là.  AC.  Cultivé  en  grand  comme  fourrage. 

T.  ARVENSE  L.  —  T.  DES  CHAMPS.  —  Pied  de  lièvre, 
Patte  de  lièvre,  de  lion,  Pluot,  Mignonelte  blanche,  Mignonet 
blanc,  Minots,  Minons.  Angl.  Raresfoot,  AU.  Haasenfuss.  Ital. 
Lagopo,  — Ann.  — Juin-sept.  Falaises  et  champs  des  falaises 
de  Touest.  TR.  dans  le  nord  ;  moins  dans  le  sud;  çà  et  là  quel- 
ques échantillons,  surtout  sur  le  littoral. 

Var.  T.  perpihsillum  DC.  —  T.  littorale  Bréb.  De  la  Hagne  à 
GranvilU.  TR. 

m 

T.  ANGUSTIFOLIDM  L.  -  T.  ^  FEUILLES  ÉTROITES. 

—  Ann.  — Juillet-août.  Coteaux  herbeux.  RRR.  Les  Pietix. 

T.  BOCCONI  Savi.  —  T.  DE  BOCCONE.  —  [T.  collinum 
Bast.)  Angl.  Boccorye'^  Tréfoil.  -  Ann.  —  Juin-juill.  Coteaux, 
falaises.  RRR.  Carteret,  la  falaise,  Vains,  Grouin  du  Sud,  Gran- 
ville  à  Donvilk,  Chausey,  la  grande  tle. 

T.  STRIATUM  L.  —  T.  STRIÉ.  -  Angl.  Soft  Knoted  Tri- 
foil.  —  Ann.  —  Mai-juin.  Pâturages  sablonneux,  pelouses,  che- 
mins. R.  Cherbourg,  port  militaire,  Octeville,  les  Fourches, 
Tourlaville,  littoral,  Equeurdrev^iUe,  vallon  de  Grimesnil,  Néville, 


—  471  — 

Herclat,  Grécille^  la  falaise,  Carteret,  St-JeanAe-Thomas^  coteaux 
et  falaises. 

T.  SCABRUM  L.  -  T.  SCABRE.  Angl.  Rmgh  Rigid  TrifoiL 
—  Aqd.  ^  Mai-juill.  Coteaux,  pelouses  du  littoral.  AR. 

T.  MARITIMUM  Huds.  —  T.  MARITIME.  (T.  irregulare 
DC.)  Angl.  TeaselHeaded  TrifoiL  — Ann.  — Mai-juill.  Pelouses 
sèches,  coteaux  du  littoral.  TR.  Cherbourg,  glacis  et  plages  du 
port  militaire,  Herquevilky  falaises,  Chausey,  la  ferme. 

T.  OCHROLEUCUM  L.  -  T.  JAUNATRE.  Angl.  Sulphur 
Coloured  TrifoiL  — Viv.  — Juin-août.  Prés  et  pâturages  calcai- 
res. TR.  Le  Ham,  sud  de  la  lande,  NewoiHe-au-Plain,  les  Noi- 
res-Terres et  la  Périnerie. 

T.  MEDIUM  L.  —  T,  MOYEN.  —  T.  flexuosum  Jacq.  alpestre 
Dub.  Angl.  Zigzag  Clover.  — Viv.  —  Juin-sepl.  Pelouses  et 
champs  calcaires.  RR.  Le  Ham,  Erovdeville,  les  landes,  Sainte- 
CoUmbe,  ferme  de  la  Bergère,  Montaigvrla-BriseUe ,  hameau 
Troude,  St-Sauveur-le-Vicomte,  le  marais,  RRR.  Marcey,  Pont- 
Gilbert,  Ardevon,  la  rive,  PorUorson,  les  Milardièresll 

T.  PRATENSE  L.  —  T.  DES  PRÈS.  —  (T.  majus  Brunsf. 
— m^lgare  Park.  purpureumpratense,  purpureum  vulgare,  J.  B.) 
Trémaine,  Trèfle  rouge,  de  Hollande,  de  Flandre,  de  Normandie, 
de  Pienne,  Pagnolee,  Clave,  Trianelle,  Triolet,  Herbe  à  vache, 
grand  Trèfle,  Trèfle  pourpre,  Suçotte.  Bret.  Melchen.  Angl. 
Cominon  TrifoU,  Purple  Clover.  Ail.  Geimeiner  Klee.  It.  Trifo- 
glio.  —  Viv.  —  Juin-juill.  Prés,  bois,  chemins,  TC.  cultivé 
comme  fourrage  journalier, 

Var.  sativum  Kchb .  (Pagnolée)  TC. 

T.  SUBTERRANEUM  L.  —  T.  ENTERRÉ  (Trèfle  smmr.) 


—  Ht  — 

Angl.  Subierranean  Trifoii  —  Atm.  —  Mai-juin.  Coteaux,  pe- 
louses, lieux  sabloDueux,  sur  le  littoral.  AR. 

T.  RESUPIN ATUM  L.  —  T.  RETOURNÉ.  Angl.  Reversed 
Trifoii.  —  Ann.  — Juin-août.  Lieux  arides,  pierreux  du  litto- 
ral. Equeurdremlle,  à  Ste-kn^Qj. Cherbourg,  intérieur  du  port 
militaire,  anciens  bureaux  des  subsistances. 

T.  FRAGIFERUM  L.  —  T.  FRAISE.  (Trèfle  Capiton.)  Xn^l. 
Strawberry  Headed  TréfoiL  —  Viv.  —  Juin-sept.  Pelouses,  prés 
humides,  chemins  sur  le  littoral  surtout.  AR. 

T.  FILIFORME  L.  et  Sm.  —  T.  FILIFORME,  (T.  micran- 
thum  Viv.  — pauciflorum  Guép.)  Petite  Brance.  Angl.  Sknder 
Yelloïc  Trifoii.  — Ann. — Mai-juill.  —  Pelouses  rases,  murs, 
bords  des  chemins.  C. 

T.  MmUS  Sm.  ~  r.  PETIT.  (T.  ySK/brme  DC.  —  Dub.  et 
Koch.  T.  procumbens  L.)  Angl.  Lesser  Yellow  Trifoii.  —  Ann. 
—  Mai-août.  Prairies,  bords  des  chemins,  pelouses  rases.  C. 

T.  PATENS  Schréb.  —  T.  ÉTALÉ.  (T.  spadiceum  Dub.  — 
T.  parisiense  DC.  aureum  Thuill.)  —  Ann.  —  Mai-août.  TR. 
dans  le  nord  du  département.  Cherbourg,  pelouses  du  Maupas, 
Surtainville,  vallon  au  sud  de  Téglise,  prés  de  la  ferme  Guinfardy 
AC.  dans  les  prairies  de  VAvranchin. 

T.  CAMPESTRE  Schréb.  -  T.  CHAMPÊTRE,  (T.  agrarium 

Soy.  et  VîUerra.  — procumbens  Nvit.  majus  Koch.^  Anglais  Hop 

Tréfoil.  Bret.  Mekhen.  (Mignonnette  jav/ne,  petite,  petit  Trèfle^ 

jaime,  brun,  houblon.  Minette  dorée.)  —  Ann.  —  Juin-sept., 

champs,  murs,  bords  des  chemins.  C. 

Var.  T.  procumbens  Gm.  —  T.  procumbens  Var.  b.  mintis 
Koch.;  lieux  sablonneux  du  littoral.  AC. 


—  «73  — 


Le  T.  ALPESTRE  indiqué  dans  le  Guide  du  voyagetir  à  Cher- 
bovrg  et  dans  les  environs  à'Àvranches  est  sans  doute  V alpestre 
Duby,  ou  le  médium  que  j'ai  signalé  précédemment  et  non  le 
T.  alpestre  L.  qu'il  serait  important  d'y  retrouver. 

Tous  c^  trèfles  sont  d'excellents  fourrages. 


6.  Ix>tuB  !«.  —  IjOller. 

m 

• 

De  Amoç^  nom  donné  à  diverses  légumineuses  fourragères  ; 
Dom  d'origine  douteuse,  car  le  Lotos  des  Egyptiens  n'a  nulle  ana- 
logie avec  le  Lotier  ;  Z.of,  en  hébreu,  signifie  caché,  oublié  ;  alors 
ce  serait  plante  cachée,  oubliée,  négligée,  malgré  sa  valeur 
comme  fourrage,  s'il  était  plus  répandu  et  cultivé. 

L.  CORNICULATUS  L.  —  L.  CORNlCULÉ.  —  (Pied  d'oir 
seau^  de  pigeon^  de  bon  Dieu,  -Lotier  d'Allemagne,  de$  prés^ 
Mariée,  petit  Sabot,  de  la  mariée,  PoisjoU^  Trèfle  cornu.)  Angl. 
Common  Bird's  foot  Trefoil.  AH.  KUiner  Gœhœrtner  Klee.  It. 
Trifoglio  giello.  —  Viv.  — Juin-sept.  Pâturages  secs ,  coteaux , 
landes,  etc.  TC. 

Yar.  L.  vUlosm  Thuill.  R.  Octeville,  coteaux  du  Val. 

Yar.  crassifolim  Bréb.  Miellés,  coteaux  maritimes.  AC. 

L.  TENUIS  Kit.  —L.  GRÊLE.  [L.  tenuifolius  Rchb.  comi- 
eulatus  t&nuifoUus  L.  Sp.) —  Viv.  — Juin-sept.  Terrains  maré- 
cageux du  littoral.  R.  Cherbourg,  environs  de  l'église  de  Saint- 
Clément,  Tourlavilley  la  redoute,  Herqueville,  champ  de  la 
Vallée,  St'Vaast-la-Hougue,  littoral,  Vai'ns,  Grouin  du  Sud, 
Courais,  à  la  Cantine,  Genêts,  Àrdewm,  Mcidrey,  le  littoral. 

L.  MAJOR  Sm.  —  L.  MAJEUR,  —  (L.  uliginosus  Schrk.) 
Angl.  GreaUr  BirdCa  foot  Trifoil.  —  Viv.  —  Juillet-sept.  Haies 
fraîches,  lieux  couverts,  humides,  marécages.  TC. 


—  174  — 

L.  ANGUSTISSIMUS  L.  -  Z.  A  FEUILLES  TRÈS- 
ÉTROITES,— (h.  diffusus  Sm.  Qi  Sohni ,  —  gracilis  Wald. 
et  Kîl.)  Angl.  Slmder  Bird's  foot  TréfoiL  —  Ann.  —  Juin-juiil. 
Coteaux,  falaises;  TR.  Octemlk,  coteaux  de  la  Divette  près  le 
pont  de  Martinvast,  Jobourg,  Carterei,  DonxAllej  Chausey^  Ca- 
rolles,  St-Jearirle-Thomas,  les  falaises. 

Var.  I.  hispidus  Desf.  Cherbourg,  petite  Fauconnièré,  les  Four- 
ches, la  Polie,  les  Entes,  Equeurdreville,  le  Tôt,  Néoilk,  CarUe- 
loup,  Jobourg,  Herquevilky  Nacqv^ilU,  le  littoral  et  les  falaises, 
MorUaigu-la-Brisette,  etc. 

On  a  indiqué  à  Carteret  un  L.  irUermedius.  C'est  très-probable- 
ment une  variété  des  L.  tenuis  et  angustissimus. 

G.  AskttkyUïm  L.  —  i^ùatbyllide. 

De  «veoç,  fleur,  et  fouXoç,  duvet,  poil,  c'est-à-dire  plante  velue  ; 
allusion  à  la  pubescence  du  calice. 

A.  VULNERARIA  L.—J,  rULNÉRMRE.  —(A.  Ugu- 
minosa  Ger.  —  kguminosa  vulgaris  Park.  —  Vulneraria  An- 
thyllisScof. — rustica  Lamk.  -^pratensis  C.B. — RussicaTouvu .) 
TrioUt  jatme,  Trèfle  jaunt,  des  sables,  Vulnéraire  des  paysans. 
Angl.  Kidney  Vetch,  Lady'sFinger.  AU.  Wund  krauL  Ital.  Fui- 
neraria.  —  Viv.  —  Mai-juill.  Falaises  de  l'ouest.  TR.  Ango- 
ville-aurPlain,  champs  calcaires,  Fains^  Grouin  du  Sud. 

Var.  serioea  Bréb.  Jobourg^  les  falaises,  au  CuUeron. 

G.  A.strcàfçalas  L.  -^  ilistragale* 

De  A(TT/)a7a>oç,  nom  grec  de  la  plante,  ou  de  àtrT/aoyaXoc,  os  du 
talon  ;  allusion  à  la  forme  des  graines  et  de  la  racine  de  quelques 
espèces. 


—  476   - 

A.  GLYCYPHTLLOS  L.  —A.  RÉGLISSE.  —  [Réglisse  saur 
vage,  fausse  Réglisse,  Chasse-vache,  Malmaison,  Réglisse  bâtarde, 
(hglisse,  Racine  sucrée^  douce.  Angl.  Sv)eet  Milkvetch.  — Viv. 
—  Juin-sept.  Bois,  lieux  incultes,  haies  des  terrains  calcaires. 
RRR.  NewûilU-au-Plain,  sur  le  bord  du  chemin,  dans  le  bois 
de  la  Germainerie,  Martvtvoast,  bois  près  la  route  de  Briequebec, 
Delachap.  Je  ne  l'y  ai  point  retrouvée. 

6.  OmltliopuB  L.  —  Omitliope. 

De  ôpcc,  oiseau,  et^rovc,  pied;  pied  d  oiseau  par  allusion,  à  la 
forme  du  fruit  ou  légume. 

0.  PERPUSILLDS  L.  —  O.  DÉLICAT.  -  [0.  majus  h  R. 
H.)  Pied  (t oiseau.  Angl.  Bird'sfoot,  Ail.  Fogelfuss.  It.  Piede 
d'Uccello.  — Ann.  --  Hai-juill.  Pelouses,  landes,  coteaux , 
murs.  C. 

Var.  0.  intermedius  Roth.  çà  et  là  avec  le  type. 

Le  0.  SATIYUS  Broth.  commence  à  être  cultivé  sous  le  nom 
ieSerradelle;  ÎA.  de  Brébisson  semble  le  croire  une  variété  de 
VO.  perjmsillus  L.  améliorée  par  la  culture. 

Je  n'ai  point  encore  trouvé  l'O.  COMPRESSUS  L.  que  Bois- 
dutal  indique  en  Basse-Normandie  dans  .les  champs  sablon- 
neux, ni  rO.  EBRACTEATUS  Brot,  {Artrolobium  DC.)  que  j'ai 
observé  abondamment  à  Brest.  Ces  deux  espèces  sont  du  reste 
très-rares. 

6.  BUppocrepis  L.  •—  BUppocrépide. 

De  cmroc,  cheval  et  *fmky  semelle,  chaussure;  allusion  à  la 
forme  en  fer  à  cheval  de  sa  gousse  ou  légume. 


—  <76  — 

H.  COMOSA  L.  —  H.  EN  TÊTE.  —  {H.  perennis  Lamk/ 
Fer  à  cheval  m  chevelure.  Angl.  Tufted  Borse  Shœ  Vetch.  MU 
Pferd  eisen.  It.  Sferro-Cavalla  vivace.  —  Lign.  —  Mai-juill. 
Pelouses  rases,  calcaires,  miellés,  dunes.  RRR.  dunes  de  Bivilk. 

G.  OnobryclilB  Tourn.  —  Esparoette. 

De  ôvoêpx^f  sainfoin,  nom  grec  de  la  plante;  de  ôvoc,  ftne  et 
6/»vx<»>  braire^  plante  recherchée  par  les  ânes. 

O.SATIVALamk.  — £•.  CULTIFÉEiHedysarumOnobrychis 
L.  Caput  gallinaceum,  Ger.  Polygakm  Gesneri  i.  B.)  Esffarceiie, 
Sparcette,  Sainfoin,  Bourgogne,  foin  de  Bourgogne,  gros  Foin, 
Fénasse,  Herbe  étemelle,  Tête  et  Crète  de  coq,  Chèpre,  Pelagra, 
Angl.  Common  Sainfoin.  Cock's  Head  Fetch.  Ail.  Hahnen  Topf. 
— Yiv. —  Mai-juin.  Champs,  bords  des  chemins.  TR.  çàetlà  dans 
Tarr.  de  Valognes  surtout.  RRR.  dans  ceux  qui  ne  sont  pas  cal- 
caires. Excellent  fourrage,  mais  qui  neréussitque  sur  les  terrains 
calcaires. 


6.  Erviim  L.  —  Ers. 

De  Arm,  guéréts,  terres  labourées;  plante  des  cultures. 

L.  TETRASPERMUM  L.  —  E.  A  QUATRE  GRAINES. 

[Ficia  telrasperma  Mœnch.  jmsilla  Muhl.)  Angl.  Slender  tare. — 
Ann.  — Juin-août.  Moissons,  bords  des  champs.  AC. 

E.  GRACILE  DC.  —  £•.  GRÊLE,  [Fida  Loisel.)  —  Ann.  — 
Juin-août.  Haies,  Ulus  des  fossés,  T.R.  St^eanrde-la-Haizey 
roule  de  Subligny  et  de  la  Boulaye,  Marcey,  Clos-Hubert  à  l'é- 
glise, Tani$,  Ardevon,  Macey,  Les  Pas^  St-James,  etc.  Je  ne  Tai 
point  notée  dans  les  arr.  de  Valognes  et  de  Cherbourg. 


-  177  — 

E.  HIRSUTUM  L.  —E.  FELUE.  {Craccaminor(^T.  elGodr). 
Jargillene,  Jar4riau,  Jaraudé,  Giierchel^  Jerzé. — Apn.  —  Jwn- 
août.  Champs  do  littoral,  talus  des  fossés,  TC.  Huysnes.  4^e^^on, 
Us  Pas,  MoUrey.  Je  ne  l'ai  point  vue  dans  le  nprd  du  départcr 
ment. 

Ces  trois  espèces  sont  sans  importance  agricole. 

G.  Vicia  Tourn.  —  Vesce. 

JQe  Btti«,  nom  grec  de  la  plante;  d'autres  de  ûukoc»  de  porc,  c. 
à  d.  plante  favorable  à  l'engraissement  des  porcs,  ou  de  Vincire, 
lier;  allusion  aa:iL  tiges  volubiles  de  quelques-unes. 

V.  CRACCA  L.  —  r.  MULTIFORE.  (Cracca  Major  Gr. 
etGodr.)  Fe5ce  en  épi,  Covesce,  GazilUm,  Jarseau^  Luiset  des 
pnà,  Luiseau,  Pois  à  crapaud.  Angl.  Tufted  mtch.  —  Viv.  — 
Jnin-sept.  Haies,  buissons,  bois,  champs.  AC. 

Yar.  kitaibeliana  Rchb.  —  Gr.  et  Godr.  Lieux  secs. 

Var.  V.  argmUea  Coss  et  Germ.  V.  GerardiUC,  TR. 

V.  SAUVA  L.  —  ^.  CULTIFJËE  (Hivmwge,  Voice,  Vesche, 
Pesette,  Barbette,  Bilkn,  Vesce  de  Pigeon.  Angl.  Commonv^ch. 
Bret.  Bès,  Bens,  Piz-Logod. 

Yar.  cordala  Wulf.  Marccy^  chemin  de  la  ferme. 

Yar.  albiflora.  TR.  avec  le  type. 

Fourrage  très-estimé,  trop  peu  cultivé  encore. 

Y.  ANGUSTIFOIIARollï.  — ^.  A  FflUlLLflS ETROITES. 

—  [Fesceron,  Vêcheron,  Fiche  ^  Vesce  sauvq^e.)  —  Ann. — 
Mai-juill.  Haies,  talus  des  fossés,  champs.  TC. 

Yar.  albiflora.  —  Tanis,  Hmsnes, 

Yar.  F.  nemoralis  V2irs.  R.  Macey,  près  du  château,  Vain^, 
St'Léonard,  Fal-St-Père,  Le  Gué-de-Œ^bf^. 

Yar.  V.  Bobartii  Forst.  F.  nigra  DiiH.  AR.  Haies,  chemins. 

Var^  F.  metaUs  Hmï^-  Cb9nu}§.  AC. 

12 


—  178  — 
Yar.  wncinata  Desv.  Lieux  pierreux.  ÂC. 

V.  LATHYROIDES  L.  —  r.  FAUSSE^  GESSE.  Angl. 
S'pri'ng  vetch,  —  Ann.  —  Juin-août.  Lieux  sablonneux.  RRR. 
PonUiubauU,  sur  un  mondrain  de  tangue^  Dragey,  dunes,  h  St- 
Jeartrle- Thomas  y  M.  de  GervUle  la  dit  TC.  où? 

V.  SEPIUM  L.  -  F.  DES  HAIES.  —  {Vtsce  des  Bergeries.) 
Angl.  Bush  Vetch.  —  Viv.  —  Juin -août.  Bois,  buissons, 
haies  couvertes.  TR.  dans  le  nord  du  département.  Mauperiv^, 
bois  du  Doux-Riant,  Le  Vasty  vallée  de  la  Saire,  bois  de  Bou- 
tron,  Surtainmlk,  vallée  de  la  Scée,  coteaux  et  vallon  de  la  Ba- 
ronnerie,  Erovdeville,  route  de  la  gare  à  Montebourg,  Theurthé- 
vilk-Bocage,  la  Triflotterie,  Alkaume,  Valqgnes,  bois  de  Prétot, 
Prétoty  AC.  dans  Tarr.  i'Avranches  :  Marceyy  Vains. 

Yar.  dumetorym  Auct.  fl.  gris  de  lin. 

Yar.  ochroleuca.  Bart.  fl.  jaune  ochracée. 

Cette  espèce  varie  à  fleurs  jaunâtres  et  gris  de  lin. 

Y.  LUTEA  L.—  F.  JAVNE.  —  Angl.  Rough  Podded  yellm 
vetch.  —  Ann.  — Juin-sept.  Pâturages  sablonneux,  naielles. 
TR.  Les  PiewCy  miellés  de  Sciotot,  Seroon,  la  Brétêche,  Tanis^ 
Moidrey,  champs  de  traverse,  petit  chemin. 

Yar.  pallida  Nob.  çà  et  là  avec  le  type. 

M.  de  Gerville  indique  comme  R.  un  Y.  SYLYATICA  se  trou- 
vant dans  les  bois  et  les  haies.  Me  serait-ce  pas  le  Y.  SEPIUM 
qui  est  très-rare  dans  le  nord  du  département. 

Si  ce  n'est  la  YESGE  CULTIYÉE  [Hyvemache),  aucune  de  ces 
espèces  n'est  assez  abondante  pour  devoir  être  considérée  comme 
étant  d'une  valeur  agricole  sérieuse. 

G.  Pisum  Toum.  —  Pois. 

De  son  nom  grec  niffwy  ou  de  nmçy  lieu  aquatique. 

p.  ARVENSE  L.  —  P.  DES  CHAMPS.  (P.  Sativum  V.  or- 


—  179  — 

vente  Poir.)  Pitaille,  pois  gris^  de  brebis,  (fagneau^  de  pigeon^ 
de  nunUonj  de  porc,  de  Itèore,  bisailk,  — Ann. —  Juin-juill. 
Champs,  moissons,  TR.  dans  les  blés  du  nord  du  département, 
Beaumonty  Bncquebosi,  AC.  dans  le  canton  de  PofUorson.  Cultivé 
çà  et  là  comme  fourrage. 

Tar.  elatius  H.  B.  fl.  cauc.  —  EkUum^  DC.  Moissons  RRR. 
Maeey. 

m 

6.  LAthymB  Tonm.  —  Gesse. 
Du  nom  grec  AaOv/9oc,  vesce,  pois  chiche. 

L.  SYLVESTRIS  L.  —  G.  SAUF  AGE.  Pénoyer,  pois  aux 
Uètres.  Angl.  Corn  Fetchling.  —  Viv.  —  Juin-août.  RRR. 
Falaises  de  Herquevilk,  La  Meauffe,  la  Germainerie,  Carentan. 

L.  PRATENSIS  L.  -  G.  DES  PRÉS.  Angl.  Meadow  Veich- 
Ung.  —  Viv.  —  Juin-août.  Haies,  buissons,  prés,  lieux  frais. 
AC. 

L.  TUBEROSDS  L.  —  G.  TUBÉREUSE.  (L.  AUenwUus 
Viv.)  Anotes,  Gland  de  terre,  aneUe,  macrori,  marjon,  amoute, 
anote  de  Bourgogne,  chourks ,  favouetle ,  jacquereUe,  louisette , 
maeion,  magon,  macusson,  mégason,  minson,  miirouillet,  moinr 
iines,boulue,  saignes.  — Viv. — Juin-août.  RRRR.fîenete^  bords 
du  sentier  vers  le  bec  d'Andaine. 

Plante  des  terr.  cale,  dont  les  racines  charnues  sont  comes- 
tibles. M.  de  Gerville  dit  avoir  trouvé  sur  les  falaises  de  Herque- 
«t/fe  le  L.  PALDSTRIS  L.  ;  c'est  sans  doute  le  L.  SÏLVESTRIS 
L.  d'après  la  station  qu'il  indique,  le  premier  aimant  les  marais 
et  non  pas  les  terrains  arides  et  secs. 

L.  NISSOLIA  L.  —  G.  DENISSOLE.  Angl.  Orimsm  Fetch- 
Ung.  —  Ann.  — Juin-août.  Haies  fraîches.  RRR.  Marcey,  route 


—  «8*  - 

de  Gratmlle  près  le  ebftteau,  route  du  Bateau,  Pontorsùn, 
Boucey  à  Ducey,  à  Pteine-Fougères,  Tanis,  de  Brée  au  bourg. 

L.  APHACA  L.  -  G.  SANS  FEUILLES.  (L.  SegetumLumk.) 
Pois  au  lièvre,  de  serpent,  luiset,  Imeau,  georgiau,  reluiseau^ 
Imet.  Angl.  Yellow  Fetchling.  —  Ann.  — Juin-août.  Lieux  cul- 
tivés. TR.  Cherbourg,  près  Tabattoir,  Octemlle,  la  Prévalerie, 
Avranches,  jardins,  Pontorson,  près  la  ville.  Toutes  ces  espèces 
sont  sans  importance  agricole^  etc. 

6.  OrobuB  Toam.  —  Orobe. 

De  ôjQo^oç,  nom  grec  de  la  plante,  ou  de  ôpoçy  bois,  et  ^v», 
couvrir,  allusion  à  ses  stations,  ou  de  o/)»^  exciter,  ^wç,  bœuf. 

0.  TUBEROSUS  L.  —  O.  TUBÉREUX.  [Lathyrus  maoro^ 
rhixus  Wimm.  Angl.  Tuberous  Bitter  Fetch.  — Viv.  —  Avril- 
juin.  Bois  et  chemins  couverts.  AR. 

Var.  tenuifolim  Willd.  R.  avec  le  type. 


30e  Fam.  AIYBDALÈE8.  —  AMTGDALEJE  Jiwb. 

IGOSANDRIE    MONOGTNIE    L  —  ARBRES    ROSACÉS     Toum. 

ROSACÉES  Port,  Juss. 

Nom  tiré  du  genre  Àmygdalus,  amandier.  Arbres  et  arbris- 
seaux à  suc  gommeux;  feuilles  alternes,  stipulées;  fruit  charna 
monosperme,  à  noyau  ligneux  ou  osseux. 

G.  I^runuB  Tourn.  —  Prunier. 

■ 
De  njoouMv,  prune  ou  n/Mum,  prunier,  ou  dePrtmen,  en  breton. 

P.  SPINOSA  L.  —  P.  ÉPINEUX.  -  (PruneHiet,  Bhisiei; 


—  tsi  ^ 

Efine  ncire.)  Bret.  Spern-^Uy  Hirinon.  Angl.  Slae-tre^^  BuUace- 
tree.  AH.  Schlehen  Buseh.  It.  Prugnoh.  —  Lign.  —  Matrs-œai. 
Haies,  buissons,  bois,  coteaux.  TC. 

P.  FRUTICANS  Weihe.  -  P,  FRUTESCENT  (P.  spinosa 
Tar.  macrocarpa  Wallr.)  —  Lign.  —  Mars-mai.  Haies.  TR. 
Cherbourg,  Condé-sur-Fire,  Les  Pieux,  Sioucille,  GourbesmUe, 
Carquebuê^  TurqueviUe,  Fains,  Céaux,  Dragey. 

P.  rasniTU  L.  —p.  SA  VF  AGE.  -^Lign.  —  Avril-mai. 
Haies,  buissons  pierreux.  TR.  Cherbowg,  le  Roule,  Ste-Croit" 
Bague^  rue  d'Azouville,  Neuville-avr-Plain,  \sillée  de  Misère  et 
des  Noires-Terres,  St-Brice,  route  de  Brécey,  Macey,  village  du 
eiiâteau,  Si-Lo,  environs,  CarUret,  etc. 

P,  DOMESTICA  L.  -  P.  DOMESTIQUE. IP.  Pruna  Crântz. 
P.  domestica  sylvestris  Auct.)  Prunier.  —  Lign.  —  Mars-avrii. 
TR.  à  rétat  subspontané.  TC.  sur  les  haies  et  les  vergers.  Fruit 
alimentaire. 

Les  fruits  des  trois  premières  espèces  sont  connus  sous  les 
noms  de  Prunelles,  Blosse$.  Ils  sont  acerbes  et  très-astringents. 

M.  de  Gernitte.  ^mn^i  M  P.  PAOUfl  i.  ((krasm  DC.)  Bois- 
joli,  sur  une  haie  à  Savigny,  chemin  vicinal  de  Cérisy.  Subspon- 
tané? Od  le  trouve  dans  la  Sartht  ;  il  est  cultivé  dans  les  parcs 
comme  plante  d'ornement. 

6.  CjeraAUB  Jnss.  —  Cerisier. 

De  Ki^Meroç,  nom  grec  du  cerisier. 

C.  AVIUM  Maench.  —  C.  DES  OISEAUX.  (Prunus  L.  - 
fûgra  Mill.)  Merisier.  Angl.  Wild  Cfierry,  Smal  Qherryvtree.  — 
Lign.  —  Avril-mai.  AG.  Haies,  bois. 

C.  VDLGARIS  Mill.  —  C.  COMMUN.  {Prunus  Cerasus  L. 
Cerasu^  acida  Gaertn.  —  Caproniana  DC.)  Cerisier.  Angl.  Red 


... 


—  182  — 

Cherry-Tree^  Morello   Cherry.  Ail.  Rothers  Kirch  Baum.  It. 
Cvregio.  —  Lign.  —  Avril-mai.  Haies.  PC. 

Les  C.  JULIANA  DC.  (Guignier).  Bret.  Babtien,  et  C.  DURA- 
CINA  DC.  [Bigarreautier,  coeurs)  se  trouvent  çà  et  là  naturalisés 
et  à  l'état  subspontané. 

Le  C.  LAURO-CERASUS  Loisel.  —Lauro-Cerasus  C\ns,  — 
Cerasm  Trapezuntina  Bell.  (^Latmer  cerise ,  Laurier  palme  ^ 
Laurette  à  crème,  Palme,  Lotos,  Laurier  à  lait,)  Angl.  Laurel 
bay^  Cherry  bay.  Cherry  Laurel,  est  presque  toujours  sous-pon- 
tané  et  naturalisé.  Les  feuilles  en  sont  vénéneuses.  Employées  en 
petite  quantité,  elles  sont  calmantes;  elles  servent  à  aromatiser 
les  crèmes  et  aussi  dans  la  parfumerie  et  la  savonnerie. 

Le  C.  MAHALEB  Mill.  {Prunus  L.)  Canon,  Canonier,  Bois 
de  Ste'Lv4:ie,  se  trouve  aussi  dans  les  parcs  comme  ornement. 
Il  est  abondant  dans  le  département  de  YEure. 


31*  Fam.  P0IACÉE8.  -  POMACEJS  Lindl. 

IGOSANDRIE   DIGYNIE,    TR16YNIE   ET   PENTANDRlfi  L.  —  ARBRES 

ROSACES  Toum.  —  ROSACÉES  Port.  Juss, 

Nom  tiré  du  fruit  du  genre  Malus,  pommier,  ou  de  Pomum^ 
fruit  à  pépin. 

Arbres  quelquefois  épineux  ;  feuilles  alternes  ;  fruit  charnu  à 
pépins. 

6.  CratceguB  Toum.  —  iliubéplne. 

De  K/9^cr«((yec,  azéroljer,  néflier,  sauvage. 

C.  MONOGYKA  Jacq.  —  J.  MONOGYNE.  -  {C.  oxya- 


—  183  — 

canUia  L.  —  Mespihs  oxyacaruha  Gaertn.  —  oxyacanthoides 
Tbuill.  Mespiltés  spinosa  sylvestris  apiifolia  Xourn.  —  Oxya- 
caruha vulgaris  J.  B.  Oxyacanihics  Dod.  Spina  acuta  Dod. 
Spinus  aciUiis  J.  B.  )  Bret.  Spem  Gwenn.  Ângl.  Common 
Hawthom.  Epine  blanche ,  sentllitr,  bois  de  mai^  aubépine.  — 
Liga.  —  Mai-juin.  Haies,  buissoDs,  bois.  TC. 

Vap.  villosa.  Pirou.  R. 

Var.  loàniçUa  Wallr. 

Var.  rosea  AR.  (Epine  de  Mahon.) 

Fruits  astringents  connus  sous  les  noms  de  Hagties,  senelles^ 
poires  d'oiseau. 

Le  C.  PYR4CANTH4  Pers.  est  presque  naturalisé  dans  les 
environs  de  S^Lo. 

G.  MespUuB  Tourn.  —  Néflier. 

De  Mionùv,  néflier,  ou  fM(nri>ov,  nèfle,  ou  de  pn-oç,  moitié,  demi, 
vcXoç,  balle;  allusion  à  la  forme  du  fruit. 

M.  GERMANICA  L.  -  M.  D'ALLEMAGNE.  —  [M.  ml- 
garis  Clus.  — minor  Park.  —  sylvestris  Tourn.)  Mêlier.  Angl. 
Cœntnon  Medlar,  Medlar-tree.  Bret.  Mespéren.  —  Lign.  — 
Mai-juin.  Haies^  coteaux.  AC. 

Var.  à  fleurs  de  couleur  capucine.  Saussemesnil,  Tamervilk. 
Fruits  acides,  astringents,  comestibles  connus  sous  le  nom  de 
nèfles. 

G.  Pyrus  Toom.  —  Poirier. 

De  Peren,  nom  celtique  de  la  poire;  de  wu/),  flamme,  allusion 
à  la  forme  pyramidale  du  fruit,  ou  de  wv/)ov,  encensoir  ;  également 
à  cause  de  la  forme  de  la  poire. 

P.    C0MMUNI8.  —  P.   COMMUN,  —  (Pyrus  sylvestris 


Toiirn.  Pyra,  eylvêstris  major  Rab.  Pyra$ê^  6a)c.  axp**^  Théoph.) 
Angl.  Pear  tree,  Wild  tree.  AU.  Bim-Baum.  Bret.  Peren,  Gwe- 
zenrber.  It.  Pira.  — Lign.  —  Avril-mai.  Bois,  haies.  TR. 

Var.  P.  aohras  GaertD.  TowrkmlU,  terres  feuiilées ,  Equewr- 
dreville. 

Var.  P.  pyraster  Bor,  OcteviUe,  les  Fourches. 

Var.  P.  cordata  Desv.  Herqmville,  bois  de  -Beaumon^,  Pier- 
revillôy  vallée  de  la  Scie,  Céaitx,  ancien  poste  de  la  douane. 

6.  JUaliÉs  Tonrn.  —  Pommier. 
De  M19X0V  ou  MaXov,  nom  grec  de  la  pomme. 

M.  COMMUNIS  Poir.  —  P.  COMMUN.  [Pyrus  malus  L.) 
Bret.  Avalen.  Angl.  Apple-tree ,  crab  appk.  Ail.  Apfel  Baum, 
IL  Pomo,  ilfeto.-^Lign.  —  Avril-mâ1«  Haies,  coteaux,  bois.  C. 

M.  ACERBAlbr.— />.  ACERRE^-^iPyrus  DC.)  AAgU  Pear- 
tree.  —  Lign.  —  Mai-juin.  Haies,  bois.  TR.  Cherbourg^  le  Roule» 
Brillevast,  bois  de  Blanqueville ,  Tonneville,  bois  de  Percy, 
SairUe-Croix'Hague,  bois  du  Btgard,  FbUemamiUe^  h  lande, 
Sidevilky  bois  du  Mont-durRoc,  Herqmville^  la  campagne. 

6.  tSorbus  Tourn.  —  Sorbier. 

De  Sarmet,  Dom  celtique  dont  on  a  fait  Cormet,  corme,  ou  de 
Sorbere,  boire,  allusion  à  ses  fruits  fermentescibles. 

S.  AUCUPARIA  L.  —  S.  DES  OISELEURS.  -  [Pyrm 
Gaertn.)  —  Mespilus  Ail.  —  Angl.  ^ourUam  Ash.  —  Lign.  — 
Mai-juin.  Bois.  AR. 

Le  S.  DOMESTICA  L.  sorbm  saliva  Tourn.  —  LegiUma  Clus. 
sorbum  ovatum  Fuch,  a  été  indiqué  aux  environs  de  Cherbourg 
sans  préciser  de  localités,  c'est  le  Sorbier  Cormier, 


chier. 


—  ♦«»  — 

.  ÀRIÀ  Cranis.  (oraMgfta 


32<»  Fam.  ROSACÉES.  —  ROSACEM  Juss. 

IGOSANDBIB  POLYGYNIft  £.  —  ARBRES  ROSAcMs  Toum.  —  ROSÉES  Bc. 

Nom  tiré  du  genre  itosa,  rosier,  rose. 

Plantes  herbacées  ou  frutescentes;  feuilles  alternes,  ordinaire- 
ment pennati  ou  palmatiséquées  ;  à  stipules  plus  ou  moins  sou- 
dées au  pétiole. 


6.  Rosa  Tourn.  *—  Rosier. 

'  De  to*i,  rosier,  ou  fc»&v,  rose. 

R.  ARVENSIS  L.  —  iî.  DES  CHAMPS.  —  [Rost  à  àhim). 
Bret.  Agroazen.  Angl.  White  dog  rose  /ield,  Trollingdog  rose. — 
Lign.  — Juin-juill.  Haies,  buissons,  bois.  TC. 

Yar.  R.  bibracUcUa  Bast.  AC. 

Var.  R.  leucochroà  Desv.  R.  Sidevilk,  bois  du  mont  du  roc. 

Var.  R.  systgla  Bast.  R.  Swêainville,  près  Hauteville. 

Var.  R.  urbica  Lém.  R.  Le  Theil,  bois  de  Barnavast. 

Var.  R.  terebirUhacea  Bess.  R.  Falognes,  haies. 

Var.  R.  dumoHs  Bechest.  (A.  stipulatis  Hér.  —  canina  Lém. 
I  Rosier  de  chien.  —  Var.  umbellaùa  Nob.  La  Bucaille ,   Cher-- 

I  bourg. 

Var.  R.  ovoidea  Bréb.  Falognes,  les  haies. 

Var.  R.  mo2Iissi?na  Pries.  OctevilUy  les  haies. 

R.  PIMPINELLIFOLIA  L.  —  iî.  PIMPRENELLE.  —  Lign. 
—  M»i-juiU.  Haies,  coteaux  maritimes.  RR.  dans  l'intérieur. 


-.  486  — 

R.  çà  et  là  dans  les  dunes  et  sur  les  falaises.  Cherbourg^  Octe- 
ville^   Bretteville,  Fermanville,   Gréville,    Omonmlle-la-Pôtite, 
St-Germai/nrdeS'F'aitx,  Jobourg,  Fauville,  Biville,  Str-Sauveur- 
h-FiconUe,  Granville  à  Dontnlle,  etc. 
Yar.  spinosissima  L.  —  Région  maritime  spécialement, 

R.  DUMETÔRUM  Thuill.  —B.  DES  BUISSONS.  —  Angl. 
Thickset  rose.  —  Lign.  —  Juin-juill.  Haies ,  buissons.  TR. 
Pierref)ille,  vallée  de  la  Scie,  Surtainville,  près  Hauteville. 

R.  RUBIGINOSA  L.  —  B.  BOUILLE.  —  Lign.  —  Juin-, 
juin.  Buissons,  haies  pierreuses.  TR.  Cherbourg,  pied  nord  du 
Roule,  St-Germam-k-Gaillard,  hameau  du  Chuquet,  Faim, 
St-Uomrd.  R.  LEMANII  Bor.  —  B.  DE  LÉMAN.  (R.  hystrix 
Lém.') —  Lign.  —  Juin-juill.  Haies,  buissons.  Oeltfoille,  route 
des  Pieva,  carrières,  Pierref)ilk,  coteaux  de  Téranne.  R. 
TOMENTOSA  Sm.  —  B.  TOMENTEUX.  —  Lign.  — 
Juin-juill.  Haies,  fourrés,  Octemlle,  le  Féronnay,  neurthemlle- 
Hague,  bois  de  Nérée,  FloUemanvilk,  le  Mesnildot,  Gréoille,  la 
Quiesce. 

Tous  ces  rosiers  et  les  autres  variétés  ou  espèces  de  Jordan  ou 
de  WeUie  et  Nées  qui  se  trouvent  çà  et  là  sont  désignées  sous  les 
noms  vulgaires  d'églantiers,  argalanciers,  et  leurs  fruits  sous  le 
nom  de  cynorrhodons.  Ces  fruits  servaient  autrefois  en  pharmacie 
à  faire  une  conserve  très-astringente,  très-employée,  aujourd'hui 
complètement  délaissée. 

6.  Geum  L.  —  Dénoite. 

De  revu,  je  goûte  ;  allusion  à  la  saveur  et  à  Tardme  de  la  ra- 
cine.* 

G.  URBANUM  L.  —  B.  UBBJINE.  —  {Garxophyllata 
Brunsf.  —  sanamunda  —  herba  benedicta  Brunsf.  Benedicta  Gesn. 
hort.  UrbanumGesn,  hori.)  Bénoite  officimle,  Grippe,  GarioUe, 


—  487  — 

GalioUe,  Giroflée^  Caryophyllata ,  Herbe  St-Benots^^  Récise, 
Sanick  femelle,  de  Montagne.  Ail.  Benedicten  Wurzel,  Smaraden 
Kraut,  Fiel  fFurzel,  Bmedicten  agkin  fFurx.  Angl.  Common 
Avens.  —  Tiv.  —  Hai-août.  Haies^  bois,  lieux  couverts.  C. 

Racine  astringente,  aromatique,  très-recherchée,  ayant  une 
saveur  assez  notable  de  Girofle. 

6.  RabuB  Toorn.  —  Ronce. 

Du  nom  latin  Rubm,  rouge,  c'est-à-dire  fruit  rouge. 

R.  IDiEDS.  L.  —R.  FRAMBOISIER.  —  Bret.  Ftamhoezen. 
Angl.  Raspberry  Bush,  Raspberry  tree.  Ail.  Nimber  Stande.  Ital. 
Angelico  Rotoô^Iida.  — Lign.  —  Mai-juin.  Collines  boisées, 
buissons  rocailleux  des  vallons.  TR.  Octeville,  la  Fauconnière, 
Cherbourg f  le  Roule,  Martinoast,  les  bois.  Spontanée? 

R.  FRUTICOSUSL.  —  Jî.  FRUTESCENTE —  H.  an^ensis 
Tab.  —  Bâtis  Adv.  —  Morus  And.  —  [Catimvron,  mûrier  des 
bois).  Angl.  Common  Brambk,  Black  Berry  Bush.  Ail.  Bramn 
ber  Strauch.  Bret.  Drexen,  Ital.  Rovo,  rogo.  —  Lign.  —  Mai- 
juillet.  Bois,  haies.  TC. 

Var.  R.  hs&mosiylus  Gerv.  MorUaigu,  bois  de  la  Brizette. 

Yar.  R.  conspicuus  MuU.  Urville-Hague,  haies.  TR. 

Var.  R.  kjevmi  Weih.  et  Nées.  Vrvilh-Hague,  haies.  TR. 

Var.  R.  fastigiatus  W.  et  N.  AC.  Taillis. 

Var.  R.  plicatus  W.  et  N.  Bois  humides,  tourbières.  C. 

Var.  R.  carpinifolius  W.  et  N.  Coteaux  ombragés.  AC. 

Var.  R.  macTophyllus  W.  et  N.  Fourrés  épais. 

Var.  R.  niiidus  Bell.  Sart.  Carrières,  lieux  pierreux. 

Var.  R.  corylifolius  Sm.  AC. 

Var.  R.  villicaulis  W  et  N.  C.  Buissons  épais. 

Var.  R.  sylvaticus  W.  etN.  R. 

Var.  R.  rhamnifoHus  W.  et  N.  Bois  montueux. 

Var.  R.  discolor  W.  et  N.  —  Babingi.  TC. 


—  «»  - 

Var.  R.  Affrmitks  Wimm.  —  camiiean/i  ReùhbO  C. 
Yar.  R,  argeniws  W.  at  N«  Buissons  pii^rreux.  PCL 
Var.  A.  Uucostachys  Sm.  Taillis  rocailleax.  R. 
Var.  R.  radula  W.  et  N.  Cotea«x  secs.  TR. 
Yar.  R,  lingua  W.  et  N.  Terrains  quartzeux,  collines. 
Yar.  jR.  rudis  W.  et  N.  Fourrés  oiQhca|[és.  RR. 
Yar.  iJ.  Kmhleri  W.  et  N.  Terrains  quartzeux. 
Yar.  R.  Guntheri  Bell.  Sart.  Fourrés  pierreux. 
Yar.  jR.  infestus  W.  et  N.  PC.  carrière. 
Yar.  R,  scaber  W.  et  N.  Bois  pierreux. 
Yar.  R.  glandulostAs  Bell.  Sart.  Terrains  quartzeux. 
Yar.  R.  kirtus  Waldst  et  Kit.  Rocailles,  Le  TheiL 
Yar.  R.  Mmnchii  W.  et  N.  Rocailles. 
Yar.  R.  dumetomm  W.  et  N.  Pied  des  murs. 
Yar.  R.  nemorotm  Haynes.  R.  Savssemesnil. 
Yar.  R.  glandulosus  Bernh.  R.  Satusemesnil. 
Yar.  £.  clavatus  Blox.  R.  SamsemesniL 
Yar.  il.  tm^am  W.  et  N.  R.  &iu«gem«sni/. 
Yar.  Jï.  mmiiis  Bor.  R.  ^au^sm^m/. 
Yar.  fi.  pubesçms  W.  et  N.  R.  Le  àhenUrau-FaL 
Yar.  A.  ma^oacaniAi»^  W.  et  N.  Haies,  L«  Mesnil-<LUrVaL 
Yar.  R.nemocharis  Mull.  (Jî.  Sprengelii  Bor.  nonGr.  etGo4. 
Bois,  fossés,  Le  Mesml-au-F'al. 
Yar.  /{.  fFafUembergii,  Arrh.  R.  Haies,  Cherbourg^  Biville. 
Yar.  Jï.  IhyrsiflortAs  God.  R.  Haies,  fossés,  bois,  le  TAeii. 

R.  CŒSIUS  i-  —  R.  BLEUATRE,  —  Angl.  Dew-Berilf. 
—  Lign.  —  Juin-août.  Littoral.  TR.  Amfrendlle,  Picatmlle. 
Nacq^icville,  Ste-Mère-Eglise,  Vabgnes,  etc. 

Yar.  psmdo-saxcUilis  Gr.  et  God.  Fauville,  les  miellés,  près  la 
mare.  TR. 

Yar.  serpens  Gr.  et  God.  PofUorsony  route  duGouesnon  à  Vil- 
lecherel. 

Les  fruits  de  ces  diverses  espèces  de  JftoHce^  portent  les  noms 
de  Mures  sauvages,  molles,  mowes  ;  ils  sont  acides  et  aslrin- 


—  4«9  — 

geos  ;  exceltems  rafratcbissaots,  sait  directement,  soit  convertis 
en  rirop,  contre  les  maux  de  gorge.  On  en  pent  (aire  des  confi- 
tures agréables. 

Sans  nul  doute,  on  pourrait  encore  augmenter  le  nombre  des 
variétés,  déjà  bien  trop  considérables  à  mon  avis.  Si  je  les  ai 
longuement  signalées,  c'est  afin  de  faire  mnnattre  la  m«trche  ac- 
tuelle de  certains  auteurs,  qui  bientôt  rendront  Tétude  impossible 
et  susceptible  de  4ég(iAter  les  je»ties  adeptes  iqfui ,  du  reste,  ne 
peuvent  avoir  les  ouvrages  nombreux  nécessaires  à  leur  détermi- 
nation» 

6.  Fragaria  Toum.  —  ITralsier* 

De  Fragrans,  odoraat;  allusion  au  parfum  du  fruit, 

F.  VESCAL.  —  F.  COMESTIBLE.  Fragum  Tab.  Fraguk 
Cord.  Trifolium  Fragaria  Brunsf.  —  Fragiferum  Tab.  Frai- 
mer  des  Me.  Bret.  Bod  ehi.  Angl.  Wood  Siraw^Berry  plant. 
Ail.  Erd-Beer  Kraul.  Ital.  Fragolo.  —  Yiv.  *^  Avril-juin.  Boisi, 
4alas  des  fossés.  C.  Chacu  connaît  la  délicatesse  4e  la  fraise.  La 
racine  du  fraisier  est  astringente. 

Je  n'ai  point  vu  le  F.  ELATIOR  Ëhrh,  («oyna  7%MÎii.)  indi- 
qué à  Cherbourg  sans  localité  précise^  dans  le  Guide  du  Voyagetar^ 

6.  Gomaram  Toum.  —  Gomaret» 

!)e  Kofw/Mv,  fraisier;  allusion  à  la  ressemblance  de  la  feuille, 
de  la  forme  de  la~  corolle  avec  le  fraisier ,  ou  de  w^m,  cheve- 
lure,  etâ/9ocy  prairies,  c'est-à-dire  ornement  des  prairies. 

C.  PALUSTRE  L.  —  C.  DES  MARDIS.  (PatentUla  Coma-^ 
rum  Scop.)  (QuifUefeuille  rouge  des  marais.)  AngL  Purple 
Marsh  Cvnquefoil.  —  Viv.  —  Juin-juill.  Lieux  tourbeux^  bords 
des  ruisseaux.  TR.  Hardinmst,  1)ords  de  TOuve,  au  moulin 
Clair-Douet,  et  en  face  de  l'église;  SoitemlU,  la  Divette,  sous  le 


-  490  — 

château,  Sainte-Cécile,  Lâcherie,  Sainte-Pience,  queue  de  l'étang, 
Vavm,  douve  de  la  Salelte,  Marcey,  prairies  du  Hameau-le-Ros, 
Bacilly,  prés  sur  la  limite  de  Foins  et  Marcey,  Bucey,  petit 
marécage  en  face  de  Hontmorel,  à  Tangle  du  bois  Dardenne, 
Saint-James,  bord  du  Beuvron,  Tanis,  landes  de  Noyant,  ^r(ie- 
von,  douves,  près  le  bourg. 

6.  Potentilla  Toum.  —  Potentille. 

De  Potens,  puissant,  diminutif;  allusion  à  ses  propriétés 
médicales  très-peu  prononcées. 

P.  FRAGARIASTRUM  Ehrht.  —  P.  FAUX-FRAISIER. 

(P.  Fragaria  Poir.  —  Fragaria  sterilis  L.)  {Fraisier  stérile.) 
Bret.  Pempez,  Pempix.  Angl.  Straw  berry  kaved  cinquefoiL  — 
Yiv.  — Juin-sept.  Bords  des  chemins,  talus  des  fossés,  etc.  TC. 

P.  REPTANS  L.  —  P.  RAMPANTE.  Quinguefolium  Fui- 
gare  Trag.  —  majus  repens  Toum.  Potentilla  repens  P. 
(Quinçiiefolitim  vulgare  JB.  {Quinte feuille.)  Angl.  Creeping 
cinquefoil,  Five  leaf>ed  Grass.  Ail.  FluenAlatt,  Fein  Fenger  Kraut. 
—  Yiv.  — Juin-sept.  Pied  des  murs,  bords  des  chemins,  champs 
incultes.  TC. 

P.  PROCÙMBENS  Sibth.  —  P.  COUCHÉE.  (P.  nemoralis 
Nestl.;  Tormentilla  reptans  L.)  — Viv.  — Juin-août.  Haies, 
bords  des  chemins  pierreux.  AR. 

Yar.  P.  mixta  Host.  RR.  Mêmes  stations,  EqueurdreoiUe,  les 
Fourches,  Tollevast,  les  Chèvres,  Flottemanmlk-Hagus,  vallon 
de  Herville,  Helleville,  vallon  d'Etoupeville,  SaifU-Christophe- 
dU'Foc,  environs  de  l'église,  QiLerqu^lle,  moulin  des  Yallées. 

P.  VERNA  L.  -  P.  PRINTANIÈRE.  (Angl.  Spring  dnr 
quefoil.)  —  Yiv.  —  Mars-mai.  RRR.  Surtainoille ,  coteaux 
calcaires  de  la  Godaillerie. 


—  191  — 
Yar.  serotina  Yill.  qui  refleurit  à  l'automne. 

P.  ARGENTEA  L.  —  P.  ARGENTÉE,  (P.  argerOata  Jord.) 
Angl.  Hoary  cinquefoiL  —  Viv.  —  Mai-juill.  Carrières,  murs, 
coteaux  secs^  rochers.  TR.  SairU-Lo,  vieux  murs,  SairU-Jean-le- 
Thomas  à  Cdrolles,  Faim,  Grouin  du  sud,  Afyranches,  tertre  du 
PoDt-Gilbert,  carrière  près  la  croix  sur  le  vieux  mur,  Val-Sain^ 
Père,  champ  pierreux  de  la  Nafrée  à  la  Porte  malheureuse, 
ffuisneSy  murs  du  presbytère. 

Je  ne  Tai  pas  vue  dans  le  nord  du  département. 

P.  RECTA  L.  —  P.  DROITE.  (P.  mlfurta  Lamk.)  Angl. 
Upright  cvnqutfoil.  —  Viv.  —  Juin-août.  Lieux  secs  ;  débris  de 
carrières  et  rocailles  sous  le  jardin  des  plantes  SAvramfihds. 
Spontanée? 

P.  CANESCENS  FI.  Franc.  —  P.  BLANCHATRE.  - 
Yiv.  —  Juin-août.  Pelouses  et  environs  du  Jardin  des  plantes 
A'Avranches.  RRR.;  elle  en  a  disparu. 

D'où  provenaient  ces  deux  espèces  ;  elles  n'ont  point  figuré 
dans  les  catalogues  de  ce  Jardin  depuis  4804,  époque  de  sa 
création. 

P.  ANSERINA  L.  —  P.  ANSÊRINE.  Argentina  Dod.  Anse- 
rina  Trag«  PoterUilla  Peniaphylloides  argenteum  akUum  Ehr. 
—  PefUaphylhides  argerUeum  alatum  Ehr.  Bret.  Louzaotien  or 
Pwazi.  Argentine,  herbe  aux  oies ,  bec  d'oie,  Angl.  Silver-Weed, 
Ail.  Silberkraut.  Ital.  Argentina.  — Viv.  — Mai-juill.  Chemins 
humides,  mouillés,  bords  des  routes.  TC. 

P.  TORMENTILLA  Nesl.  —  P.  TORMENTILLE.  {Tiyrmm- 
alla  erecta  L.  —  offlcinalis  Sm.  T.  Fulgaris  Park.  Heptaphyl- 
Ion  Fuch.  Potentilla  tetraptera  Hall.)  (Blodrot.)  Angl.  Common 
Tormenlil.  — *Viv.  —  Avril-sept.  Landes,  bruyères  sèches.  TC. 

Les  racines  de  toutes  ces  plantes  sont  tannifères  et  astrin- 
gentes. 


—  1M  — 


G.  i%grliiioi|i«i  TiiïknL  —  Algrenurfn^ 

De  AY/Mfwvt  taie  4e  l'œil;  allosioD  i  seg  propriétés  astringentes, 
(NI  de  ^p^^,  champêtre,  sauvs^ge  et  povtfc?,  solitaire,  allusion  à 
rj^oloment  et  à  la  station  de  <;es  plantes. 

A.  EUPATORIA  L.  -  À.  EUPATOmE.  Ev/paiimum  JB. 
E.  veterwn  CB.  [EuupaXûire  des  Gr^cs^  des  anciens,  Franconnier^ 
herbe  Saint-Guillaume ^  Souèeirane.)  Angl.  Common  Agrimony. 
Ail.  Odertnowiig.  Ital.  Àgrimonia.  ***  VIy.  —  Jain-atèt*  Che- 
mins, coteaux  secs,  bords  des  bois.  PC. 


A.  ODORATA  Mill.  —  ^.  ODORANTE.  —  Viv.  —Juin 
sept.  Bords  des  champs,  chemins.  AR. 

Racines  légèrement  astringentes  employées  contre  les  opfathal 
mies. 


6.  Soircea  L.  — 


Du  nom  grec  imtpKla ,  Spirée  ;  arbrisseau  à  bois  flexible 
servant  à  faire  des  coureones  et  dçs  guirlandes. 

S.IIUIARIAU-^5.  ULMArRE.(Ulmariafraifinsis  Msencb. 
—  /^mlgarifi  Park.  —  Barba  caprœ  Lob.  Barbula  caprina  prior 
Tr^g*  —  4^ymapra/iDod.  (Ormière^  reine  des  prés,  ulmaire, 
Fignetie,  herbe  aux  abeUies^  pied  de  b<mc,  Barbe  de  botic,  de 
chèore.)  Bret.  Rotuinnex  ar  Fennek,  Angl.  MeadowSioeet,  Medow 
Quem.  AH.  Gtiss-bovi,  fFeissin  Kannigin/n.  —  Viv.  -r-  Juin- 
9^.  fiords  des  eaux,  foadrières.  TC. 

V«ar.  S.  fflauca  Sohute  —  ddscolarJiiKih.  la  plus  comouine. 

Tar.  S.  ideumdûÊa,  Bbgue.  TG. 

iRactnejaslriBg«nte;  flfiiirs  nrM^tiques  Mwiéesicoittm  j'hydro- 
pysie. 


—  493  — 

S.  PILIPENDULA  L.  -  S.  FILIPENDVLE  (Filipendula 
Fulgar%s1i2iac\t.)  Bret.  Keit.  Angl.  Common  Droftoort.  —  Viv. 
—  Juin-août.  Lieux  frais.  TRR.  Coteaux  herbeux  du  Dogiviet  à 
iÊartmvast. 

Od  trouve  çà  et  là  naturalisé  aux  environs  de  Cherbourg  le 
S.  SALICIFOLIA  L.  et  non  pas  le  S.  HYPERICIFOLIA  L. 


33«Fam.0IIMIIARIÊE8.—  ŒNOTHEREjB^M. 

DUffDRlE  y     TÉTRÂNDRIE  ,     OGTÂNDRIE     MONOOTfflB    L. 

ROSAGÉBs  71mm.  —  onagres  Ju$8. 

Tire  son  wm  du  genre  OEnothera,  onagre. 
Herbes  à  feuilles  simples,  souvent  opposées. 

6.  Epnobiam  L.  —  Epilobe. 

De  £ff<,  dessus,  sur  >o€oçy  gousse,  fruit,  allusion  au  fruit  infère 
ou  de  CTc>o69ç,  nuisible»  plante  des  mauvais  terrains. 

E.  SPICATUM  Lamk.  —  E.  EN  ÉPI.  E.  angusHfoUum  L.  — 

G.  GesneriWill.  Chame&nerium  spicatum  Gv^y — angv^tifolium 

Scop.)  lysimachia  speciosaiB.  — L,  Chamanerion  CB.  —  ^rUo- 

niana  —  Herba  Saneti  Antonii  Ges.  hor.  Onagra  Caesalp.  Anto- 

nin,  AfUoniM^  herbe  et  laurier  de  SaivU- Antoine,  Faux  Laurier, 

Laurier  fleuri,  Lav/rier  nain,  petit  Laurier  rose,  Nériette,  osier 

fleuri,  Antonine  fausse.  Angl.  Rose  bay,  Willow  herb.  Ail.  Gross 

Weiderick  Rœsselin.  —  Viv.   —  Juillet-août    Bois,  buissons 

couverts,  chemins  ombragés.  TR.  Cherbourg,  Hermitage  de  bas, 

Tourlaville,  la  Roche  au  Chat,  les  prés  Bazans,    Tollevast, 

Pierre  Buttée,  Brig,  plateau  de  la  Sorellerie,  Fatognes,  bois  du 

43 


-  194  — 

général  Baillod^  St-Lo,  route  de  CeDÎlly,  Ste-Ptence^  bois  du 
Parc,  St-HilaireniurHarcimei ,  route  de  Ditcey^  Les  Biards^ 
bords  de  la  Sélune. 

E.  PARVIFLORUM  Scbréb.  -  E.  A  PETITES  FLEURS.  — 

(E.  molle  Lamk.  —  HirsiUum  L.  Var.  B.  —  Villosum  Curt.) 
Angl.  Hairy  mllcm  herb ,  small  flotoered  willow.  —  Viv.  — 
Juio-sept.  Lieux  très-humides,  bords  des  eaux.  C. 

Var.  £.  molU  Lamk.  AC.  Var.  vertidllatum.  Eqv,eurdreville, 
carrières  de  l'Est. 

Var.  E.  intermedium  Mér.  C. 

E.  MONTANDM  L.  —  E.  DES  MONTAGNES.  —  E.  ton- 
ceolatum  Leb.  et  Hauri.  —  Chamœnerium  montanum  Scop.  Angl . 
Broad  smooth  leaved  toillow  herb.  —  Viv.  —  Juin-août.  Lieux 
ombragés,  haies,  C. 

Var.  verticillatum  Koch.  —  R.  Cherbourg,  Octeville^  Valo- 
gnes. 

E.  LANCEOLATUM  Séb.  et  Maur.  —  E.  LANCÉOLÉ.  — 
Angl.  Spear  leaved  toillow  herb.  — Viv.  —  Juin-sept.  Murs, 
lieux  pierreux.  C. 

E.  DURLEI  Gay.  —E.  DE  DURIEU.  —  Viv.  -  JuîlK-sept. 
Chemins,  talus  des  fossés  ombragés,  RR.  St-Oven,  environs  du 
bourg  à  St'Quentin. 

E.  PALUSTRE  L.  -  E.  DES  MARAIS.  —  Angl.  Narrovc 
leaved  toillow  herb.  —  Viv.  —  Juin-août.  Bords  des  eaux,  Tattr- 
latTi/Ie,  marais  du  Culpéreux,  Za6r2acerie,  Tolleeast,  leCulpéreux, 
marais  d'Ombre,  Fermanville,  étang  du  Brik,  Tonnevilley  étang 
de  Percy,  Ste-Crovc-Hague  et  Biville,  ruisseau  et  vallon  de 
Clairefontaine,  Frasmlk,  la  mare,  Rav/oille-la-Bigot,  St-Uartin- 
deS'ChampSf  étang  du  Grand  Chien,  St^James,  val  d'Andore. 

E.  TETRAGONUM  L.    -  E.   TÉTRAGONE.  —    (Angl. 


-  <96  — 

Sqmre  stalked  tcillow  herb.)  —  Viv.  -  Juin-août.  Bois,  lieux 
frais.  PC. 

Var.  E.  vvrgatum  Pries.  St^ames. 

E.  OBSCDRUM  Schréb.  —  E.  OBSCUR.  —  (E.  ambigmm 
Fries,  nrgatum  Auct.  —  dod  Pries.)  —  Viv.  —  Juin-sept. 
Bords  des  eaux,  lieux  humides.  C. 

E.  ROSEUM  Schréb.  -  E.  ROSE.  —  (AngL  Pak  smooth 
leaved  willow  herb.)  —  Viv.  —  Juin-sept.  Pelouses  fraîches, 
bords  des  routes.  RRR.  St-Sémer-sous-Avranches,  Pont-Gan- 
douin,  Jvranches,  pelouses  du  jardin  des  plantes  où  il  abonde. 

E.  HIRSUTDM  L.  —  E.  f'ELU  (S.  ^mpkxicauU  Lamk.  — 
GrandiflorumSchréh.  —  AqtmticumTibmU. — (NérieUcamplexir- 
eaule.)  Angl.  Codlvas  and  cream  willow  herb,  Great  hairy  tdllow 
herb. — Viv.  — Juin-sept.  Possés,  bords  des  eaux,  marécages.  AR. 

Var.  verticillatum.  AR. 

6.  CMBnotliera  L.  —  Onagre. 

De OcvoOvjMç,  nom  grec  de  la  plante,  à  odeur  de  vin,  ou  de 
ànoç,  vin,  et  ^pcLy  chasse,  qui  chasse  le  vin.  Les  auteurs  disent  à 
tort  de  Svoç,  àne,  et  0«/mc,  chasse,  qui  chasse  les  ânes. 

Œ.  BIENNIS  L.  —  0.  BISANNUELLE.  (Onagra  mlgaris 
Tourn.  Chrysantha  Spach.)  Lysimachia  lutta  comiculata  C.  B. , 
—  Americana  Col.  —  LiUea  Ger.  —  Firginia/na  Park.  Axio- 
ehioU  Hermandez.  Herbe  aux  dues.  Angl.  Biennal  evening  prim- 
rose.  Ail.  Esekkraut.  Ital.  Onagran.  —  Bisann.  —  Juin-sept. 
Bords  des  chemins,  lieux  frais.  RRR.  Falognes^  environs, 
Â/areey,  route  de  Ponts,  St-Oven,  la  route.  Plomb,  les  champs. 
Plante  d'ornement  à  parfum  très-suave. 

■ 

6.  Isnardia  L.  *—  Isnardle. 

Genre  dédié  à  Daniy  d'Isnardj  botaniste. 

L  PALUSTRIS  L.  —  /.  DES  MARAIS.  —  Angl.  Marsh  w- 


—  496  — 

nardia.  —  Viv.  —  Juil.-octob.  RRR.  Bords  des  étangs,  des 
mares,  fossés  inondés.  Bav/ville-la- Place,  le  marais,  Thorigny- 
sW'Fire,  petit  étang  dit  Descoqs,  Bouillon,  la  mare,  Fergon- 
eeify  Beaubisson. 

6.  CSlrcfiBa  Toqm.  —  Giroée* 

Du  grec  Ki/m^koa  Ktpxaiov^  fleur  d'amour,  enchanteresse;  du 
nom  de  la  magicienne  Circé. 

C.  LUTETIANA  L.  -  C.  PARISIENNE  —  OdmaOnm 
vernuxirium  J.  B.  Gesn.  —  Lappa  sylvesiris  Trag.  —  Alsine 
fluviatilis  Thaï.  —  Berba  Sancti  Stephani  Tab.  (Herbe  aux 
sorcières,  aux  magiciermes,  enchanteresse,  de  St-Etienne,  Tierce] 
Angl.  Common enchanteras  nightshade. — Viv.— Juin-août.  Bois, 
lieux  frais  et  couverts.  AC. 

Sur  mon  observation,  M.  deBrébisson  a  supprimé,  dans  sa  der- 
nière édition,  leTrapanatansL.  Mâcrenageante,  Cornue, 
Tribule,  Corne,  Cornettes,  Comifle,  Cornu,  Echardon,  Galurier, 
Marron  et  noix  d'eau,  Tribule  aquatique,  Trèfle  d'wm,  Sàligot, 
comme  se  trouvant  à  St-Hilaire-du-Harcouet  ;i\  n'a  point  été  ob- 
servé dans  la  Manche.  Ses  fruits  abondent  sur  le  marché  de 
Rennes.  Il  doit  se  trouver  sur  les  confins  de  la  Bretagne  et  de  la 
Mayenne. 


34«Fam.  HALORABIES.  -  HALORAGEjE  R.  Br. 

MONOEGIE  POLYANDRIE  £.  — CRUCIFORMES  Toum.  —  fikYKDES  JUSS. 

m 

Nom  tiré  du  genre  Haloragis,  plantes  exotiques  ou  de  à>c,  mer, 
et  de  /BoÇ  ou  pvyoçj  raisin  ;  allusion  à  T  aspect  du  fruit. 

Plantes  aquatiques,  nageantes;  à  feuilles  verticillées  ou  oppo- 
sées, très-divisées,  fruit  ou  noix  coriace. 


-  197  — 

6.  Myrlopliylluiii  L.  —  Myrlopliylle. 

Du  nom  grec  Mu/)co^»oy,  mille  feuilles;  de  pv/otoç,  dix  mille, 
très-nombreux,  etru^ov,  feuille;  allusion  à  la  division  extrême 
des  feuilles. 

M.  SPICATUM  L.  —  M.  ENÊPI.  —  FolarU  (Teau.  Angl. 
Spiked  Water  Milfoil.  —  Viv.  —  Juin-août.  Grandes  mares  du 
littoral,  douves,  fossés.  TR.  Towrlaville,  Nacquetille,  Gatt^ 
ville,  FrasvUk,  FawoilU,  Ste-Mère-Eglise,  Néhou,  la  douve, 
Bouillon,  etc. 

M.  VERTICILLATUM  L.  —M.  FERTICILLÊ  -  Angl.  fFhir- 
led  Water  Milfoil.  —  Viv.  — Juin-août.  Fossés,  étangs,  maré- 
cages. R.  Mares  précédentes;  Chef-dvr-Pontj  St-Sau/œur-U- 
F^icomUy  HuysnfSy  Àrdefoon,  Marcey,  les  douves. 

M.  ALTERNIFOLIDM  L.—M.  A  FEUILLES  ALTERNES. 
Angl.  AUemaUd  Wattr  Milfoil .  —  Viv.  —  Mai-juillet.  Fossés, 
oiares,  ruisseaux.  TR.  Digosville,  étang  de  Bruneval,  Came- 
ville,  landes,  NévilU,  la  mare,  FauvilU,  ruisseau  de  la  grande 
vallée,  Benoistmlle,  étang  de  la  Diélette,  Grosville,  ruisseau  des 
Foodaies,  St-Sauveur-le-FiconUey  les  Vignettes,  la  Blonderie, 
Plains,  la  Salette,  Tanis,  landes  de  Noyant,  Huysnes,  Ardewn, 
les  douves. 


35»  Fam.  LYTHRARllES.  —  LYTHRARIM  Juss. 

DODÉCANDRIK  M0N06YNIE  L.  — ROSAGÉBS  ToU/m. — SALIGAIRES  Ju$S. 

Nom  tiré  du  genre  Lythrum,  salicaire. 
Herbes  des  lieux  humides;  à  feuilles  opposées  ou  alternes,  non 
stipulées. 


—  198  — 


G.  Liytbruin  L.  —  Sall€salre« 

De  >ve/Mv,  sang  soaillé  de  poussière,  allusion  à  la  couleur  des 
fleurs. 

L.  SALICARIA  L.  —  S.  COMMUNE.-^  [L.  Spiccuta  Lamk/ 

—  Salicaria  Yulgaris  Tourn.  Lysimachia  spicatapurpurea  C.  B. 
pwrpurea  spicaùa  Gesn.  Pseudo  Lysimachium  purpureum  Dod. 
Lysimachie  rouge.  Angl.  Purple  Loosestrif  mltoio  herb.  Ail. 
Weiderick.  Ital.  Salicaria.  —  Vlv.  — Juin-sept.  Lieux  humides, 
bords  des  ruisseaux  AC. 

Var.  aUemifoliumLorr.  — nimmularieBfoliaVtTs.  non  Lois., 
çà  et  là. 
Var.  ptibeseens  Cos%.  et  Germ.  çà  et  là  avec  le  type. 
Var.  bracteatum  Bréb.  RRR.  * 

L.  HYSSOPIFQLItlM  L.  —  S.  A  FEUILLES  D'HYSOPE. 

—  Salicaria  hyssopifolia  Lamk.  Angl.  Hysop  leaved  purple  Lo- 
osestrif. —  Ann.  —  Juin-juill.  Chemins  très-humides,  inondés, 
bords  des  flaques.  RRR.  BreUemlle,  Gonwoille,  ThéoiïU^  Came- 
ville^  Fermanvillet  Cosqtieville ,  Frasville^  P^arouville,  Toc- 
qusville,  Arfriife,  Goyèermlle^  GattefAlle,  (Val  de  Saire)  Saint- 
Germain  -  des  -  Faïuc  ,  Les  Pietix ,  SoUeville ,  Bricquebosq , 
Hellemlle,  Le  Rozel,  St-Germain-k-Gaillard  ^  Svrùainville  y 
Biniville^  St- Georges,  Poribail,  Denneville,  Gerville^  Tanis, 
Ardevon,  Beauvoir,  Moidrey,  Pontorson,  Boucey. 

Var.  geminiflorum  Lebel.  St-Germain-le- Gaillard ^  Yveiot , 
RRRR. 

6.  PepliB  L.  —  Pépllde. 

bu  nom  grec  nnrXiov,  pourpier  sauvage,  en  miniature. 

P.   PORTULA  L.  —P.  POURPIER.  —Angl.   Common, 


—  199  — 

Watter  Pvrslane. — Ann. — Juillet-août.  Mares,  flaques  d'eau, 
fossés.  TC. 

Yar.  attemifolia  Bréb.  HuAervilk^  le  mont,  SideviUe,  bois 
du  mont  du  roc. 

M.  l'abbé  Tabard  a  signalé  à  St  "Sauveur-- le -FiconUe  le 
P.  BorœiJovA  —  Ammania  Bormi  Guép.  Espèce  rarissime III 


i'XAA/V^i 


36«Fam.TAMARI8CIRÉE8.-rilJirilil£SC/JV£iSA.  Geoffroy-St-Hilaire 

PENTANDRIE  TRIGYNIB  L.  —  GAMPANIFORMES  Toum. 

Nom  tiré  du  genre  Tamarix. 

Arbustes  à  feuilles  alternes  ;  fleurs  en  épis. 

G.  rramari:x  Desv.  —  rTamarisc. 


De  Tamariscij  peuple  habitant  le  Tamaris  sur  le  revers  des 
Pyrénées. 

T.  ANGLICA  Webb. — T.  D'ANGLETERRE,  (T.  Gallica  Sm. 
non  L.)  Tamaris.  Angl.  Common  Tamarisk.  Bret.  BamL  — 
Lign.  — Jaill.-sepi.  Marécages,  talus  et  fossés  du  littoral.  AC. 
GaUemlle^  Fawoilk^  Quinéville,  Réville,  St-fFaastj  Lestre,  Fon- 
tenay,  Lessay,  de  Granville  à  Pontorson  dans  toute  la  baie  du' 
MofU-SaiiU-Michel  où,  par  son  isolement,  il  semblerait  être  spon- 
tané, notamment  sur  le  Thar,  après  la  mare  de  Bouillon. 

Planté  fréquemment  en  haies.  Les  Danois,  dit-on,  le  substi- 
tuent au  houblon  dans  la  fabrication  de  la  bière.  Plante  amère  et 
tonique. 


soo  — 


37e  Fam.  PQRTULACÉES.  -  PORTULÀCEJB  Joss. 


DODBGANDRIE  ET  TRIÂNDRIB   DIGYNIE  L  —  ROSACEES  Toum. 


Nom  tiré  du  genre  PoHulaca ,  poarpier^  et  de  Portula^  petite 
porte. 

Plantes  annuelles»  à  feuilles  charnues,  entières,  non  stipulées, 
dicothomes. 

6.  Montla  Hich.i—  IMIoiiUe* 

Genre  dédié  à  MorUi,  botaniste  espagnol. 

M.  RIVULARIS  Gm.  —  M.  DES  RUISSEAUX.  (M.  /on- 
tana  L.)  —  Viv.  —  Juin-sept.  Ruisseaux,  fontaines,  sources 
vives.  AC. 

M.  ARVENSIS  Wallr.  —  M.  DES  CHAMPS.  {M.  foniana 
L.  —  minor  Gm.)  —  Ann.  —  Avril-juill.  Pelouses,  coteaux 
humides,  exondés.  R.  Ces  plantes  ne  sont  nullement  caractéris- 
tiques des  terrains  granitiques.  La  dernière  espèce  qui  croit 
plus  spécialement  sur  les  rochers  et  les  coteaux  granitiques  y  in- 
dique la  présence  de  Teau  à  peu  de  profondeur. 

Le  PORTULACA  OLERACEA  L.  —  Pourpier  poiager.  Bret. 
Bara  Ànneven^  se  ressème  de  lui-même  dans  les  jardins  où  il  se 
perpétue  souvent  et  devient  sous-spontané. 


—  iiOl  — 


38«  Fam.  PAROITCHIÊES.  —  PARONTCHIJB  A.  St-HUaire. 

TRIÂNDRIB  TRIGTIIIB,  PBNTANDRI  E  M  ON  0  DI  ET   TRIGTNIE 
BT  DÉGANDRIB  DI6YNIE  L.  —  STAMINÉES  Toum. 
PORTULACftBSy    ÂMARANTHACiBS  BT  GÂRYOPHILLÉBS  JtLS$. 

Nom  tiré -du  genre  Paronychia,  Tourn.  —  De  n«pMRixtft,  pa- 
naris, allusion  à  de  prétendues  propriétés  médicinales. 
Herbes  à  tiges  étalées  et  couchées. 

G.  Gorrluflola  L.  —  Gorrlcplole. 

DtCorrigia,  courroie,  allusion  au  port  de  la  plante  filiforme, 
ou  de  xo/9/»à,  cheveu,  tempe,  tête,  et uTt»,  guérir;  c'est-à-dire  propre 
à  guérir  les  affections  de  la  chevelure  et  de  la  tête. 

C.  LITTORALIS  L.  -  C.  DES  RIFAGES.  —  Ann.  — 
Juill.-août.  Sables  maritimes,  surtout,  RRR.  Cosquevillle. 
NétMle,  Goubervitle^  GcUteoilk,  Barfkwr,  Biville^  miellés.  Tho- 
Tigny-swr-Firt,  bord  et  queue  de  l'étang. 

6.  Heralarlci  L.  —  Herniaire. 

'  De  Htmiaj  hernie;  allusion  à  de  prétendues  propriétés  médi- 
cales. 

H.  GLABRA  L.  —  H.  GLABRE.  —  (ff.  alpestn$  Aubry.  — 
Friaicosa  Gouan,  non  L.)  TurqueUe,  Herniole^  herbe  au  cancer, 
au  Turc. — Viv.  —  Juin-août.  Terrains  sablonneux,  miellés,  RR. 
PierreviUe,  la  lande,  Annovilk,  Lessay^  littoral,  Granville, 
St-Nicolas,  Fainsi^  grouin  du  sud,  Atranchet,  Mont-^arry.  TR. 


-  202  — 

H.  HIRSUTA  L.  —  H.  FELVE.  [TwqueUe  velue.)  —  Viv. 
—  Juin-août.  RRR.  Mêmes  stations. 
Plantes  sans  propriétés  aucunes. 

6.  lUecebrum  L.  —  Illécèbre. 

De  Illecebra,  charme,  attrait,  à  cause  de  la  gentillesse  de  la 
plante. 

I.  VERTICILLATUM  L.  -  /.  FERTICILLÉ.  —  (Paronychia 
De.)  Panarine).  Angl.  Whirkd  Knot  grass.  —  Viv.  —  Juill.- 
sept.  Bords  des  étangs,  chemins  sableux,  lieux  humides.  RRR. 
Siouville,  Diélette,  Périers  et  Fesly,  la  lande,  Pont  Jouliman, 
Ste-Cécile,  moulin  et  étang  de  la  Mollière,  à  la  queue,  St-Michel- 
des-Lowps,  la  lande,  cent  vergées,  St-Sauveur-ie'Ficomie^  lande 
de  Haut-Mesnil,  Tanis,  grand  champ  et  lande  de  Noyant,  ferme 
du  Rouvre.  TR.  dans  le  nord. 

G.  Polycarpon  L.  —  Polyoarpe. 

De  9roXuc,  beaucoup,  et  xap^roç^  fruit;  allusion  à  la  fécondité  de  la 
plante. 

P.  TETRAPHYLLUML.-/>.  A  QUATRE  FEUILLES.  — 

[Mollugo  L.)  Angl.  Four  leaved  all-^seed.  —  Ann.  —  Mai-août. 
Murs,  champs,  lieux  pierreux  du  littoral  ;  presqu'exclusivement. 
PC. 

y.  alsi/noides  Gr.  et  God.  —  AlsinmfoUum  De,  coteaux  et 
miellés;  forme  la  plus  commune. 

G.  SelerantliUB  L.  —  Gnavelle* 

De  (jTûàipoçy  dur,  etoveoç,  fleur;  allusion  au  calice  scarveux  de 
la  plante. 

S.  ANNUUS  L.  —  S.  ANNUEIjLE.  —  Ann.  —  Juill.-sepl. 


—  203  — 

Lieax  sablonneux,  coteaux,  murs.  RR.  Equeurdrmllôf  les 
Fourches,  ThémUt,  route  du  Yast,  DigiUlevilk^  la  Haizette, 
Eculkvilk,  près  l'église,  FlamanvilU ,  la  vigie,  Tamerville, 
Carolles  à  Bouillon,  ValrSi-Père,  bois  Guérin,  etc.  Tïrepied, 
murs  du  presbytère. 
Yar.  hybemu$  Rchb.  —  Collvnus  Bréb.  H^quevilUf  falaises. 

s.  PERENNIS  L.  —  G.  FIFJCE.  -  Viv.  —  Juill.-sept. 
RRR.  Murs  granitiques  de  FlamantnUe,  (De  la  Chapelle), 
St-James,  lieux  sableux,  granitiques  (Besnard). 


39*  Fam.  CM88ULACÊE8.  —  CMSSULACBJB.  De. 

TÉTRANDRIE   TÉTRÀOTiNIE,    PSNTÂNDRIE   PENTA6YNIE,    DÉGANDRIE 

PONTAGYNIE   ET   DODÉGANDRIE 
DÉCAGYNIE  L.  —  ROSACÉES  Toum.  —  JOUBARBES  JU8$. 

Nom  tiré  du  genre  Crassula,  crassule. 
Herbes  succulentes,  feuilles  le  plus  souvent  cylindriques, 
épaisses. 

G.  Sempervlvuin  L.   —  «Toùbarbes. 

De  semper,  toujours,  et  vifoum,  vivant  ;  allusion  aux  rejets 
qui  perpétuent  l'espèce. 

S.  TECTORUM.  L.  — /.  DES TOTTS,  —(Jovibarba  De.  Se- 
dum  Scop.)  Sempenrivum  majus,  Matth.  Faux  artichaut.  Bret. 
Heglo.  Angl.  Great  Housekek  Common  House.  Ail.  Hanslawk, 
Grosse  Hausse  Wwzel.  Ital.  Semfremva.  —  Yiv.  —  Juill.  Toits, 
vieux  murs.  AR. 


-   804  - 

Plante  légèrement  acide,  employée  avec  avantage  contre  les 
cors  aux  pieds.  Souvent  placée  sur  les  faites  des  maisons  cou- 
vertes en  chaume,  fonr  préserver  du  tonnerre,  mêlée  auxglayeuls 
et  aux  iris.  Effet  réel,  qui  peut  être  expliqué  facilement,  par  les 
pointes  et  les  feuilles  en  glaive  des  dernières  espèces. 

G.  Sedam  Tourn.  —  Orpin. 
De  sedere,  être  assis,  allusion  au  port  des  principales  espèces. 

S.  TELEPHIUM  L.  —  0.  MEPRISE.  (^Tekphium  mlgare 
C.  B.  P.  Anacampseros  J.  B.  —  Sedumpy/rpurascens  Kocb.)/^(;«to- 
bulum  allerumCord.  Cotylédon  aUerum  Diose.  Fabariu  Matth. 
Faba  inversa  Ad.  Lob.  Crassula  inversa  Ger.  Cassula  altéra 
Dod.  Scrofularia  média  tertia  Brunsf.  Orpin,  fève  grasse, 
Grasset,  herbe  à  la  coupure,  aux  charpentiers,  Herbe  et  feuille 
grasse,  St-Jean,  Joubarbe  des  Fignes,  Bret  houxaouem  ar 
St'Jaann.  Angl.  Orpine,  UveUmg.  AH.  fFund  Krau4,  Schme- 
unirz  felte  Heune,  Ital.  Sopra  vivola.  —  Viv.  —  Juill.-août. 
Bois,  fossés  couverts,  toits,  murs.  RRR.  dans  le  nord  du  départe- 
ment. Flamanville,  Le  Roxel,  les  bois,  Tamerville,  Falognes 
quelques  murs;  C.  dans  les  haies  dans  Tarrondissement 
à'Avranches, 

S.  CiEPEA  L.  -  0.  FAUX  -  FIGNON  -  Ann.  - 
Juillet-août.  Bords  des  chemins  pierreux.  RRR.  Pontorson, 
Fillecheret  à  Pleine- Fougères. 

S.  ALBUM  L.  —  0.  BLANC.  —  Si  minus  officinarum  Ger. 
cauda  mûris  —  crassula  minor  Dod.  — Illecebram^jor  Lob.  — 
Sempervivum  minus  aUrnm  Brunsf.  —  Fermicularis  m>ajor 
Lob.  —  flore  albo  Dark.  {Tétine  de  chatte,  de  souris,  petite  Jou- 
barbe, Souricette,  Trique  m,adams.  AU.  Kkine  mauer,  Pfeffer, 
Kkine  haut  Wurxel.  Ital.  Sedo.  —  Viv.  —  Ang.  fFhite  stone- 
crop.  —Juillet-août.  Toits,  murs.  RRR.  dans  l'arrondissement  de 
Cherbourg.  C.  dans  le  reste  du  département  et  surtout  le  Sud. 


—  205  — 

S.  DASYPHYLLUM  L.  -  0.  A  FEUILLES  EPAISSES.— 
[S.  glaucum  Lamk.  Angl.  Thich  leaved  tUmecrop.  —  VIv.  — 
Juillet-août.  Vieux  murs,  toits.  Falognes,  St-Lo^  les  murs, 
St-^eanrle'Thomas,  les  rochers,  Pontars&n,  Tieux  murs,  route 
de  Rox.  RRR. 

S.  ANGUCUH  Huds.  —  0.  ANGLAIS  [Sedum  Rubens  ff. 
Dau.  —  GwtUirdi  Will.)  Thym  de  Crapaud.  Angl.  English 
stonecrop. — Viv.  —  Juin-juillet.  Coteaux,  rochers,  murs.  AC. 
dans  le  nord  du  département,  sur  le  littoral.  R.  dans  le  Sud. 
St-Jean-h-Thomas,  coteau  de  la  côte,  Tombelaine^  St-James^ 
La  OroiX'Avranchinj  Fergoncey  ;  RRR.  dans  l'intérieur. 

S.  STELLATUM  L.'  —  S.  ETOILE.  —  Ann.  —  Eté,  coteaux. 
RRRR.  Octevilk,  coteau  des  Houguettes,  ferme  du  Val. 

S.  ACRE.  L.  —  O.  ACME.  —  Sedtm  hemaUndes  Tab.  —  mir 
nuSf  flore  It^o  J.  B.  —  Sempervivum  minus.  —  /Vtmum Dod. 
Aizoon  minus  Lugd.  —  Hematoïdes  Lob.  lUecebra  major  Park. 
Crassula  minor  Park.  Vermieularis  major.  —  F'ermiculairef 
petite  Joubarbe,  Marqueta  Illecebre,  tétine  de  souris,  thym  de 
Crapaud  j  Orpin  brûlant ,  Pavn,  dH oiseau ,  Poivre  des  murailles. 
Angl.  Biting  stonecrop.  —  Viv.  —  Juin-juill.  Murs,  toits,  lieux 
sablonneux.  AC.  sur  le  littoral  surtout. 

S.  SEXANGULARE.  L.  —  S.  SEXANGULAIRE.  (S.  Bo- 

loniense  Lois)  Angl.   Tasteless  Yellow  stonecrop.  —  Viv.  — 
Juin-août.  RRR.  Cherbourg^  lieux  arides,  Chcmsey,  Genits. 

S.  REFLEXUM  L.  —  0.  REFLECHI  —  (Orpin  courbé) 
Angl.  Crooked  Yellow  stonecrop  —  Viv.  —  Juin-juillet.  Toits, 
murs,  rochers.  RRR.  Campeaua,  le  bourg  près  Thorigny, 
Tessy,  murailles. 

S.  RUPESTRE  L.  -::  0.  DES  ROCHERS.  (S.  glaucum  Sm.) 
Angl.  Sp-Vincent  rock  stonecrop.  —  Viv.  —  Juillet-août.  Toits, 
rochers^  vieux  murs.  R.  TowlavUki  QuerquwiUef  HoMinmUej 


—  206  — 

Digostfilk^  Canteloup,  Tocqitef)ilk,  Barfleur^  Brix^  Sottetxist, 
FahgneSy  Bricquebec,  St-fFaasi,  Bouillon,  S^Jean-lt-ThomaSy 
CarolUs,  St-Aubinnie^Terregatte. 

S.  ELÊGANS  Leg.  -  O.  ÉLÉGANT.  —  [S.  rupestre,  Sm.) 
— Viv.  —  Juin-août.  Murs.  RRR.  OctemlU,  murs  à  St-Sauveur, 
Equmrdreûille^  murs  près  le  manoir^  SottevUky  chaumières, 
route  des  Pietix^  Les  Pieux,  toit  de  chaume  près  la  carrière  de 
kaolin. 

Toutes  ces  plantes  sont  acres  et  suspectes. 

6.  Grcàssulfià  L.  --  Grassule. 

De  CrassuSf  épais,  c'est-à-dire  plantes  à  feuilles  succulentes. 

C.  RUBENS  L.  -  C.  ROUGEATRE.  —  {Sedum  L.)  - 
Ann.  — Juin-juill.  Terres  et  talus  des  fossés  arides.  TRR.  dans 
le  nord  du  département.  RR.  dans  l'arrondissement  A'Avra'nr 
ches,  Val-Sl-Père,  la  butte,  vieux  chemin,  la  Nafrée,  murs  des 
premières  maisons,  Dragey,  le  bourg,  St-Quentiny  route  avant 
le  Quesnoy,  Servon,  village  Ménier,  Courtils,  bas  de  la  côte 
vers  Huysnes,  Huysnes,  entrée  du  Port-Landais,  Pontorson^ 
route  d&Pleine-Fougères,  Bouillon,  à  Quéron  près  le  pont  de  la 
Bruyère. 

Je  ne  l'ai  point  vue  dans  les  arrondissements  de  Cherbourg  et 
de  Vahgnes. 

G.  TiUiea  L.  —  TiUée. 

Genre  dédié  à  Till,  botaniste  italien. 

T.  MUSCOSA  L.  —  T.  MOUSSE.  (kng\.  Mossy  TUloa.  - 
Ann..—  Mai-juin.  Lieux  pierreux,  granitiques,  TR.  AC.  dans 
Test  de  Cherbourg  et  dans  l'ouest  sur  les  terrains  granitiques. 
St- Pierre-Eglise,  vallée  de  Hacouville,  Angoville,  plateau  des 
Monterres,  Haut-Hameau,  Tocquetille,  les  coteaux,  Fermarmlle, 
Cosqueûilkt  Gatteville,  chemins  du  rivage,  Flamamnlk,  cour 


4 


—  207  — 

du  château,  la  Vigie,  les  carrières  et  environs,  Ze  Roxel,  la 
falaise,  Carteret,  Lessay,  vers  Créances^  Ste-Cécile,  la  Molliëre, 
queue  de  l'étang,  carrières  des  Monts -Laberge,  Val-St^Phre, 
bois  Guérin,  et  champ  rocheux  vers  la  Porte-Malheureuse  avec  le 
Craxsula  rubens,  Bouille,  sur  la  grève. 

G.  Umbilieus  De.  —  Ombilics 

De  Umbilieus,  ombilic  ;  allusion  à  l'excavation  des  feuilles. 

U.  PENDDLINUS  De.  —  O.J  FLEURS  PENDANTES.  — 

{Cotylédon  vmbilicus  L.  -r-  VmbiUcus  Feneris  Blach.)  Godets, 
rondelles,  nombril  de  Fénus,  Bret.  Tulé,  Krampoex  mouèzic. 
Angl.  fFall  Penny  fForl.  —  Viv.  —  Mai-juill.  Vieux  murs, 
toits  de  chaume,  rochers,  haies  humides,  C. 
Plante  résolutive,  émolliente,  excellente  pour  cataplasmes. 


■«AAAA«*< 


40«  Fam.  aiOSSUURIÉES.  -  RIBESIACEjE  Endl. 

PENTANDRIB  MONOGYNIB,  ARBRES  ROSACÉES  Toum.  — *  CAGTBS  JuSS. 


Nom  tirédui^nre  Ribes,  groseillier. 
Arbustes,  quelquefois  épineux;  feuilles  alternes,  fruits  à 
baies  acides. 

G.  Rlbe»  L.  —  Groseillier. 

De  Ribes,  nom  donné  à  une  rhubarbe  acide  par  les  Arabes  el 
que  Bauhin  donna  par  erreur  au  Groseillier  à  cause  de  l'acidité 
des  fruits  analogue  à  celle  de  cette  rhubarbe  ou  Rheum  Ribes  L. 

R.  UYÀHCiaSPÂ  L.  —  G.  EPINEUX.  —  (Gfw«»Jono 


—  888  — 

Tourn.)  G.  sylvestris  —  spinosa  Tourn. —  Vwi  erispaHoà. — Vw 
spina  Matt.  Groseillier  à  maquereau.  Angl.  Common  Goosberry 
tree,  AU.  Siachel  béer  Strawh.  Ital.  Uva  spina.  —  Lign.  — 
Mars-mai.  Haies,  bois,  TR.  çà  et  là. 

R.  RUBRUM  L.  —  G.  ROUGE.  —  (Grossularia  Tourn.) 
G.  rubra  Tourn.  Bibes  offidnarum  Tourn.  —  Vulgaris,  Ger.  — 
Fulgaris  domesiica  Malth.  —  Rièesium^  fructu  ruiro  Dod. 
Groseillier  à  grappes,  Gradillier,  CasUllier.  Angl.  Hedcurrant, 
currant  tree.  Ail.  lohannisberg  Strauch  mii,  rothen  Trauben. 
Ital.  Uva  de  frati.  —  Lign.  —  Mars-avril.  Bois,  baies,  bords 
des  eaux.  RRR.  çà  et  là. 

Ces  deux  espèces  sont-elles  indigènes  et  autochtones  T 

Le  R.  GROSSULARIA  qui  D*est  qu'une  variété  du  R.  uva 
crispa  et  le  R.  RUBRUM  L.  [Cassis)  se  trouvent  également  à 
l'état  subspontané  près  des  vergers  et  des  habitations. 

Chacun  connaît  la  valeur  et  l'utilité  alimentaire  de  leurs 
fruits. 


41«  Fam.  SAXIFlUfllES  —  SAXIFRAOEjE  Yent 

DÉGANDRIB  DIGYFflE  L.  —  INFUNDIBULIFORMES  ET  ROSACÉES  foUTO. 

SAXIFRAGES  JlLSS, 

Nom  tiré^du  genre  Saxifraga,  saxifrage.  Herbes  à  feuilles 
souvent  charnues* 

6»  eaxlflraga  Tourn.  —  Saxifïrage. 

De&un^m,  rocher,  pierre  et  frangerez  briser  :  allusion  à  la 
station  de  ces  plantes  bien  plutôt  qu'à  leurs  propriétés  lithon- 
triptiques. 


—  209  — 

S.  GRANDLATA  L.  —  5'.  GRANULÉE.  (Nephrophyllum 
Gaud.)  Casse-pierre,  rompt-pierre,  perce-pierre ,  herbe  à  la  gra- 
velle,  saxifrage  blanche,  belle  anglaise,  sanicU  de  montagne.  Bret. 
yérmé,  Archmé  Torrean,  Torvean.  Angl.  Stone  break,  saxifrage 
Ail.  Stein  break.  Ital.  Saxifragia,  —  Viv.  —  Avril-mai.  Co- 
teaux maritimes,  RRR.  Flamanviïle,  la  falaise  sous  Déhu,  Car- 
teret,  la  falaise,  Granmlk,  le  roc. 

S.  TRIDACTYLITES  L.  —  S.  TRIDJCTYLE.  (Nephro- 
phyllum  Gaud.  —  Anu.  —  Mars-avril.  Murs,  toits,  lieux 
sablonneux,  C. 

Yar.  pmilla  Bréb.  —  S.  minuta  Poil.  AC. 

G.  dirysospleiiliiiii  L.  —  Dorloe. 

De  xF^y  o^  ^^  <^^>  ^^  '  allusion  à  la  couleur  et  à  la  forme 
des  feuilles  et  à  de  prétendues  propriétés  médicales. 

C.  OPPOSITIFOUUM  L.  —  D.J  FEUILLES  OPPOSÉES. 

Hepatica  pahistris  Lyst.  Saxifraga  aurea  Dod.  —  rotundifolia 
aurea  CB.  (Saxifrage  dorée.  Angl.  Opposite  leaved  saxifrage. 
—  Ital.  Saxifraga  aurea.  —  Viv.  —  Mars- mai.  Chemins 
creux,  humides,  bords  des  ruisseaux  et  des  sources,  AC. 

M.  de  Gerville  a  indiqué  à  Cherbourg,  sans  préciser  les  loca- 
lités, le  C.  ALTERNIFOLIUM  L.  (Hépatique  dorée)  comme  y 
étant  commun  dans  les  endroits  ombragés.  Je  n'ai  pu  l'y  re- 
trouver. 


42e  Fam.  0HBELLIFÈRE8.  -  UMBELLIPEBJE  Toum. 

PENTANORIE  DlGTNlE   L. 

Nom  tiré  de  Vmbella,  parasol;  allusion  au  mode  d'inflores- 
cence des  plantes  de  cette  grande  famille. 

44 


—  SiO  — 

Herbes  à  feailles  divisées,  pétiole  engamant;  fleurs  en 
ombelles,  avec  involucre  et  involucelle  le  plus  souvent.  Tiges 
striées  et  sillonnées. 

6.  i%.ii§^eliea  Boffm.  —  .Ajig;élique* 

De  lyfùoç,  ange  divin,  surnaturel.  Allusion  à  ses  propriétés 
médicales. 

A.  SILVESTRÏS  L.  —  ^.  SA^UFÀGBi  —  (Imperatoria  DC 
—  5cKnMm  Crantz.)  Imipératoire.  Angl.  Wild  angelica,,  Ail,. 
fFiesen  Èngel  wurz,  Engel  wurx^  Brus  vmrx,  Angelik.wurzel. 
It.  Angelica.  —  Viy..  —  Juin-sepl.  Bords  .des  rivières,  des 
ruisseaux,  fossés,  bois,  près  humides,  marécageux.  TC. 

Plante  aromatipe,  très-excitante,  tr{^i(tile.43ns.la  médecine 
vétérinaire. 

On  trouve  çà  et  là  dans  les  jardins  l'A.  ARGHANGELIGA^l.  à 
l'état  sous-spoiitané,  XAngéliqut  proprement  dite. 

G.  Heradeum  L.  ^  Beree*.^ 

De  H/>ax>tta,  nom  d'une  espèce  de  pariétaire,  ou  debpccxXAci 
Hercule  ;  plante  consacrée  à  Hercule. 

H.  SPONDÎLIUM  L.  —  B.  BRJNC-VRSINE.  H.  Brama- 
ursina.  Ail.  Spondilium  Hoffm.  {Acofaitms  vulgaris  Fuch. 
Germanica  Fuch.  Branca-ursina  Torg.  Germanica  JB.  Branc- 
ursine,  Acanthe  d^ Allemagne ,  Angélique  sauvage ^  Bibrmil, 
FrenelU,  Panaris  de  vache,  sauvage,  patte  de  loup,  suelk,  souf- 
flou/re,)  Angl.  Cknc  Parsnep.  —  Cock  Parsnip,  common  cow 
Parsley,  liai.  Spondiloa.  —  Bisann. — Juin-août.  Prairies.  TC. 

Les  espèces  formées  récemnient  par  le  démémbremenV  de 
l'espèce  Linnéenne  sont  fondées  sur  des  caractères  si  peu  tran- 
chés que  je  n'ai  pas  cru  (devoir  Teé  adopter.' C'est  l'H.  Occidentale 
Jord.  que  nous  possédons. 

Plante  duré'pôutr  le  bétait;  sans  utilité  médicale;  à  détruire. 


!  iV  .1 


—^«1, — 

6.  Pastina^a  Tourn.  —  Panais» 

De  Pastm,  nourriture,  c'est-à-dire  plante  alimentaire, 

P.  SYLVESTRIS  Mill.  —P.  SAUFAGE:—P.  pratensis 
Jord.  P.  Germanica.  —  Elaphoboscum  J.  B.  erraticum  Tab. 
Pastenade  blanche,  racine  blanche,  Brel.  Panez.  —  Bisann.  — 
Juill.-sept.  Chanops  incultes,  bords  des  chemins.  AR.  çà  et  là. 

Le  P.  SATIYA  Hill.  (P4inais  cultivé,  Cherm  cultivé,  Bret. 
Panez.  Angl.  fFildParsnep.  Ail.  Maren,  Weisse  Mceren^  Zahme 
Mceren,  se  ressème  et  se  trouve  souvent  à  Tétat  subspontané,  sa 
racine  est  alima&taire  et  constitue  un  précieux  fourrage. 

M.  de  Gerville  indique  le  PEUCEDANUM  OFFICINALE 
L.  {Fenouil  de  mer)  dans  les  prés  humides  de  St-Germain-sur- 
Ay.  C'est  une  plante  de  l'intérieur  où  elle  est  TR. 

G.  Selinnm  Hoffm.  —  Selin. 

De  laivovy  nom  grec  d'une  ache  ou  grand  persil. 

S.  CARVIFOLIA.L.  —  *S.  A  FEUILLES  DE  CARFI.  — 

(S.  AngulaXum\AVû)k.  —  MembranaceumyiW,  -^ Angeliea car- 
vifolia  Sprang.  —  Viv.  —  Mai-juill.  Prés,  bois  humides,  RRR. 
Ravmlle-la-Bigot,  taillis  du  Saussey. 

Le  S.  OREOSELINUM  L.  a  été  indiqué  à  Cherbourg  sans 
indication  de  localité,  je  ne  Ty  ai  pas  observé. 

G.  Torilis  Hoffm»  —  Torills. 

De  Topn»,  je  ciselle,  je  tourne  ;  allusion  à  des  fruits  à  côtes  dé- 
coupées ou  par  analogie  avec  le  genre  To/)5v>fov,  Fenouil,  Fenouil 
de  Crète. 

T.  ANTHRISCUS  Gm.  —  T.  ANTHRISQUE.  (Caucalis" 
Scofy  Tordylium  L.)  Angl.  Vpright  Hedge  Parsley.  —  Bisann. — 
Juillet-sept.  Haies,  buissons,  bords  des  chemins.  A.C. 


—  212  — 

T.  NODOSA  Gaert.  —  T.  NOUEUSE.  (Caucalis  nodi- 
flora.  Lamk.  —  Tordylium  nodosum  L.  Angl.  KnoUd  Hedge 
Parsley.  —  Ann.  — Juin-août.  Lieux  secs  pierreux,  pied  des 
murs,  bords  des  chemins.  AC. 

Var.  NanaBréh.  AR.  Graviers  maritimes. 

T.  HELVETICA  Gm.  —  T.  DE  SUISSE.  (Caucalis  arvensis 
Huds.  Scandix  ijifesta  L.)  —  Ann.  —  Juin-juill.  Moissons.  TR. 
Picauvilk.  On  le  dit  TC.  dans  les  moissons  calcaires;  il  est  dif- 
ficile d'y  pénétrer. 

G.  Caucalis  Hoffm.  —  Caucalide. 

De  KecvxaXiç,  nom  grec  d'un  persil  sauvage. 

C.  DAUCOIDES  L.—C.^  FEUILLES  DE  CAROTTE. 

[Gratteau).  Angl.  Small  Sur  Parsley.  —  Ann.  —  Juin-juill. 
moissons  des  terrains  c^Acaires;  RR.  Ste-Mère-Eglise. 

G.  Daucue  L.  —  Carotte* 

De  AoOxov  ou  Sauxoç,  carottc  sauvage. 

D.  CAROTA  L.  —  C.  SÀUFAGE.  (D.  vulgar%$  Neck. 
Caucalis  Carota,  Crantz)  Carota  vulgaris  Adv.  —  Pastmaca 
tmuifolia  CB.  Chttri  —  Bret.  Pingalet.  Angl.  Carots.  AH.  lHohr. 
Mohr  rube.  It.  Carota.  —  Bisann.  —  Juin-août.  Prés  secs,  co- 
teaux arides,  bords  des  chemins,  des  champs,  TC. 

Var.  Sativus.  —  Staphylinus  Sativus  Gai.  (Angl.  fTUd  carot) 
carotte  cultivée.  AC.  à  Tétat  sous-spontané,'  sa  racine  est  ali- 
mentaire; elle  est  connue  sous  le  mm  de  PastenadCy  ses  fruits 
sont  très-excitants  et  font,  dit-on,  la  base  de  la  Crème  de  Fénus. 

D.  MARITIMUS  With.  —  C.  MARITIME.  D.  Gummifer 
.  Gr.  et  God. —  Hispanûms  DC. — Hispidus  De  la  Ch.  —  Bisann. — 
Juin-août.  Falaises,  coteaux  maritimes,  AC. 


-  243  - 

G.  Gorlandmm  L.  —  Coriandre. 

De  Kopûcyyov,  nom  grec  de  la  plante,  ou  de  Ko/>tc»  punaise  ;  et 
jkmpf  mi^poç^  mâle.  Allusion  à  Todeur  de  la  plante,  qui  cependant 
est  un  aromate  agréable  et  recherché. 

C.  SATIVUM  L.  -  C.  CDLTIFÊE.  (C.  majus.  C.  B.  P.) 
Angl.  Common  Coriander.  Ali.  Coriander  fFazendilk.  Ital. 
Coriandolo.  —  Ann.  —  Juill.-août.  Bords  des  chemins  des 
miellés.  BRR.  Cherbourg,  la  Bucaille,  fort  Longlet,  spontanée? 

Sa  semence  fait  partie  des  semences  dites  carminatives  et  elle 
entre  dans  la  liqueur  dite  Fespàro  et  dans  quelques  entremets. 

G.  Silaue  Bess.  —  Silaue* 

Nom  donné  par  Pline  à  quelques  ombellifères  analogues  ou 
voisines. 

S.  PRATENSIS  L.  —  S.  DES  PRÈS.  (Peucedamm 
sihm  L. — Ligusticwfn  siUms  Duby.  —  Cnidium  silaus  Spreng.) 
Persil  bâtard f  cumin  des  prés.  Angl.  Meadow  pepper  saxifrage. 
—  Viv.  —  Juin-août.  Prairies  calcaires,  TR.  même  dans  les 
terrains  du  CoterUin.  RRR.  ailleurs.  Céava,  la  Gargouille. 

G.  Grltlmiiiiii  L.  ~  Crltlmie. 

Du  nom  grec  XfnfiiMv,  plante  marine,  à  feuille  grasse  comme  le 
Pourpier. 

C.  MARITIMUM  L.  -  C.  MARITIME.  —  Cachrys  Spreng. 
Bâtis  Gesnhort.  Baticula  Csesalp.  Creta  marina  Lon.  Crith- 
mum  marinum  Dod.  —  Chretamum  marinum  Cord.  Calcifraga 
Lob.  Empetrum  marinum  Ad.  Lob.  Fœniculum  marinum  J.  B. 
Herba  Sancti  Pétri  J.  B.  Percepier  Anglorum  Lob.  Perchepier 
A'figlorum  J.  B.  Polygonum  selinoides  Park.  Alchimillam^mtana 


-î344  — 

minima  Col.  Bacille,  criste-marine ,  Perce-pierre,  Fenou/il  de 
mer.)  BfeUtihimily 'T&rmean,<iaM3P(Kmen;*Sê^  kngl.  Sea 
Samphire.  Ail.  Meer-Fenchel.  Ital.  Baciucchio.  —  Viv.  —  Juin- 
sept.  Rochercret  graviers  maritimes,  AC.  sur  toutes  no^  falaises. 
Plante  alimentaire  très-aromatique,  condimentaire,  quié^  l'on 
confit  au  vinaigre  et  qu'il  ne  faut  pas  confondre  avec  la 
Salicorne  herbacée  appelée  aussi  plus  généralement  Criste- 
marine. 

G.  Œnantlie  L.—  Œnantlie. 

De  onMïi^  nom  grec  de  la  plante,  ou  de  Ocvoç,  vin,  et  âhiO>i,  fleur  ; 
fleur  de  vigne,  ou  de  vin;  allusion  à  l'odeur  enivrante  de  la 
plante  et  à  ses  propriétés  médicales  très-énergiques. 

Œ.  PHELLANDRIUM  Lamk.  —  OE.  PHELLANDM.  — 
OE.  aquatica  Lamk.  —  PheUandrium  aquaticum  L.  Cicutaria 
aquaXica  J.  B.  —  palustris  Lob.)  Ciguë  d'eau,  Angl.  Fine  leaved 
fFater  Hemlock  ou  Dropwort,  —  Viv.  —  Juin-sept.  Marais  des 
terrains  calcaires,  surtout.  C.  dans  les  grands  marais  du  Co- 
tenlin,  TR.  dans  le  sud  du  département.  St-Jean-de-la-Haize, 
chemin  de  la  ferme  du  Jardin,  dans  la  douve,  Ardevon,  Moidrey, 
Huysnes,  les  marais,  Fal-St-Père,  chemin  de  la  Marafcherie, 
Fains,  petite  mare  de  la  Salette  et  douves  voisines,  St-Hilaire, 
bords  de  la  Sélune,  St-Jean-le-Thomas,  Dragey^  les  douves. 

Œ.  FISTULOSA  L.  —  OE.  FISTVLEUSE.  -  (Cherf>i  des 
marais,  Persil  des  marais^  Gousse,  Joncodorunt.  Angl.  Commun 
Water  Dropii'ort,  —  Viv. — Juill.-sept.  Fossés,  lieux  et  prés 
marécageux.  AC. 

Œ.  PEUCEDANIFOLIA  Poil.  —  OE.  A  FEUILLES  DE 
PEUCEDANUM.  (OE,  PoUichii  Gm.)  -  Viv.  —  Mai-juin. 
Prés  très-humides,  TR.  Cherbourg,  prés  du  Troitebecq,  Pierre- 
villey  vallée  de  la  Scée,  Surlainvillc,  même  vallée,  ferme  de 
Guitifard,  vallon  deTéglise,  Chef^a-PoiU,  prairies  des  Mérieux, 


—  2*5  — 

M- 

Picatmlk,  Ile-Marie,  Su-Colombe^  le  château,  VrviUe^  pont  du 
Ham,  Fresvilky  moulin  de  la  ville,  Ecawsetdlle^  BréfnUe  et 
Donfyilk,  les  marais. 

Les  enfants  çn  mangent,  dil-on,  les  racines  tuberculeuses  sous 
le  nom  A'AbemoUSj  dans  la  Loire-Inférieure,  il  y  a  là  un  danger, 
à  cause  des  quelques  plantes  voisines  dont  les  tubercules  sont 
vénéneuses. 

Œ.  LACHENÀLII  Gm.—OE.  LELACHENAL.  (JOE.  Rhfmam 
DC.  approximala  Mér.  OE.  pimpinelloides  Sm.  non  L.  —  peibce- 
danifolia  Poil.)  Angl.  Parsley  Water  Dropwort.  —  Viv. . — 
Juin. -sept.  Lieux  marécageux,  prés  humides,  surtout  dans  la 
région  littorale.  TR.  Tourlaville^  la  mare,  Querquetille ,  les 
miellés,  XesniUau-Valy  vallée  de  la  Saire,  FermanvilU,  Cosqut- 
mite,  Gattevilk,  les  mares,  Hacquevilte,  la  douve,  Surtaiwoilte, 
ferme  de  Guinfard,  Ourvilky  les  miellés.  AC.  dans  les  marais 
du  Cotentin.  RR.  Céatuc,  prés  de  la  Gargouille. 

Œ.  PIMPINELLOIDES  L.  -  OE.  BOUCAGE.  —  OEnarUhe 
ckcerophylbides  Pourr.  Angl.  Callom  fFater  Dropwort.  —  Viv. 

—  Juin-sept.  Prairies  marécageuses.  TR.  rourIat?i/fe,  la  mare, 
Eroudeviltej  près  la  gare,  Négrevilte,  St-Floxel,  près  Vandour, 
St-Cyr,  ruisseau  et  vallon  de  la  Sinope,  Sortosville,  environs  de 
St-Cyr,  Orgktndes,  chemin  de  Rouvilette  à  Cinglais,  Hauteviltef 
près  du  château,  YveU>t,  Fresvilte,  environ  du  Yal,  Le  Ham, 
pâturage  du  haut,  Hubervilk,  le  mont,  St-Sauveur-k-Fkamte, 
Rauvilk-la-Place,  les  marais. 

Son  tubercule  est  vénéneux  ;  ce  qui  justifie  l'observation  que 

j'ai  faite  à  l'occasion  de  celui  de  TŒ.  PEUCEDANIFOLÏA. 

« 

Œ.  CROCATA  L.  —  OE.  SAFRANÉE.  —  {OE.  apiifolia 
Brot.)  Grande  cigiie,  Pensacre,  Par  sacre,  Penfeu^  Painpain, 
Persil  laitetix.  Angl.  Hemlock  kaved  Water  Dropwort.  —  Viv. 

—  Juin-juill.  Rivières,  ruisseaux,  étangs,  fossés.  TC. 

Les  feuilles  de  cette  espèce  peuvent  être  broutées  sans  danger 
par  le  bétail  ;  mais  ses  racines  tuberculeuses  sont  très-Acres  et 


—  2<6  — 

très-vénéneuses;  il  en  est  de  même  pour  l'homme,  du  reste,  il 
faut  éviter  toutes  les  plantes  de  ce  genre  qui  sont  pour  la  plupart 
extrêmement  dangereuses. 

G.  PlmpinellA  L.  — -  Itoaeage. 

Altération  de  jPipennWa;  allusion  aux  feuilles  bipenni-sequées. 

P.  MAGNA  L.  -  B.  A  GRANDES  FEUILLES.  —  (P. 

saxifraga  major  C.  B.  —  Hircina  major  Park.  —  Saxifraga 
major  Dod.  —  Hircina  major  J.  Bault.  —  Tragoselinum  m>ajus 
Lamk.)  Angl.  Bumet  saxifrage.  Grand  boucage,  Bouquetine, 
Grand  Bouquetm^  Pimpmtlle^  Pimprenelk  .blanche^  Persil  de 
bouc,  Grande  saxifrage.  AH.  Ross  Bibemell,  Beck  Pekrbein.  — 
Yiv.  —  Juin-juilL  Haies ,  bords  des  chemins ,  des  champs.  TC. 
Var.  dissectifolia  Nob.  —  dissecta  Retz.  —  AR. 

P.  SAXIFRAGA  L.  -  B.  SAXIFRAGE.  (P.  nigra  Willd. 

—  P.  crispa  J.  B.  —  Saxifraga  minor.  —  Hircina  minor  Park. 

—  Saxifraga  minor.  —  Hircma  minor  J.  B.  —  Minime  Trag. 

—  Bipinella  minor  Ger.  —  Tragoselinum  minu^  Lamk).  Peiit 
bouquetvn,  Petit  Boucage,  Petite  Pimpinelle,  Petit  Persil  de  bouc, 
Petite  saxifrage,  Pied  de  bouc,  de  chèvre.  Angl.  Small  Bumet  saxi- 
frage, Greater  Bumet  saxifrage.  —  Viv.  —  Juin-sept.  Lieux 
secs,  pierreux,  des  terrains  calcaires,  TR.  Neuville-au-Plain,  la 
Perrinerie,  les  Noires-Terres,  Fresville,  carrière  des  fontaines, 
St'Waast,  intérieur  du  fort  la  Hougue. 

Var.  dissectifolia  Bor.  AC.  au  fort  la  H&ugue  avec  le  type. 

P.  DIOICA  L.  —  B.  VIOIQUE,  (Trinia  Fulgaris  DC.  Gla- 
berrima  Duby. —  -Pwwiia Rchb.—  Bisann.  —  Mai-juin.  Coteaux 
secs  et  pierreux,  buissons.  RRR.  Jobourg,  Auderville.  (de  Ger- 
ville  et  De  la  Chap.)  Je  n'ai  pu  voir  cette  espèce  alpine. 

6.  Gcurum  Koch.  —  Carvi. 

* 

De  Ka/>uoy,  noix;  allusion  à  la  racine  tuberculeuse  de  l'espèce 
bulbo-castanum^  noix  de  t^rre. 


-  »I7  — 

C.  VERTICILLATUM  Koch.  -  C.  FERTICILLÊ.  —  [SUon 
L.  —  Sium  Lamk.  —  Bunium  Gr.  et  Godr.)  Angl.  WirUd 
Carateay^  Wvrltd  Caraway.  —  Viv.  —  Juin-août.  Landes,  prés 
marécageux.  C. 

M.  de  Gervillea  indiqué  le  C.  BULBOCASTANUM,  Terre  noix, 
moinsony  suron^  gemolU,  comme  étant  commun  dans  nos  bois  et 
buissons.  Cette  espèce  appartient  aux  calcaires  et  pourrait  se 
trouver  dans  les  moissons  des  environs  de  Valognes.  Toutefois 
n'a-t-il  pas  confondu  cette  espèce  avec  l'espèce  qui  suit  et  qui  ne 
figure  pas  dans  son  catalogue? 

G.  Gonopodlum  Koch.  —  Gonopode* 

De  Kwvoc,  cône,  et  tto^mv,  pied  ;  allusion  à  la  forme  conique  de 
la  base  du  style. 

C.  DENUDATDM  Koch.  —  C,  DÉNUDÉ.  —  (Bmium  Lam. 
—  P.  fkxuosum  Sm.  —  Majus  Gouan.)  Angl.  Comnum  Earihr 
n\U.  —  Viv.  —  Mai-juillet.  Bois,  prés,  coteaux.  C. 

Sa  racine  tuberculeuse  est  mangée  et  recherchée  par  les 
enfants  sous  le  nom  de  Gênottes,  quoiqu'elle  ait  ui^e  certaine 
àcreté. 

G.  i%.iiiiiil  Tonrn.  — -  Amiiii* 

De  ofifioc,  sable;  allusion  aux  localités  où  croit  cette  plante. 

A.  MAJUS  L.  —  j4.  Majeur.  —  (Apium  ammi  Crantz.) 
Angl.  Small  Bone  tcort,  Common  Bishop  fFeed.  Ail.  Ammy^ 
JUorren  Kummel^  Greiisch.  —  Ann.  —  Juill.-août.  Champs, 
lieux  stériles,  RRRR.  Oc^etn/fe,  les  Fourches,  Querqueville,  envi- 
rons du  polygone,  Coutances,  St-Lo,  Montviron^  talus  de  la  côte 
du  cimetière,  Brouains,  coteau  près  l'église. 

Vàr.  glaticifoliumL.  Grève  du  lUorU-St-Michel ,  vers  la  rive. 

LeFALCARIARIVINI  Host.  a  été  trouvé  dans  un  champs  d'Ur- 
tille-Hagm,  sur  le  littoral.  Evidemment  cette  plante  y  a  été  in- 


— '«<8  — 

troduite.  Je  l'ai  vue  à  l'état  subspontané  sur  la  place  du  Palet  à 
Awanches,  ptè&àe&  décombres  du  Jardin  des  plantes. 

G.  Apium  L.  —  AcHie* 

Du  nom  celtique  Apon,  eau;  plante  des  eaux.  Ache,  en  saxon, 
signifie  eau  ainsi  qu'en  persan  ;  d'où  jetante  des  eaux  ou  de 
onrtoiy,  maigre  ;  allusion  à  la  sécheresse  et  aux  cannelures  de  la  tige. 

A.  GRAVEOLENSL.  —  ^.  ODORANTE.  (A.  vulgare  J.  B. 

—  palîistre  Matlh.  —  officinarum  C.  B.  —  paliulapium  Ad. 
Tab.  —  Ekoselinum  Tur.  Dod.  Lob.)  /iche  piuinte,  (Teau  des 
marais  y  ^piraut.  Céleri  sam>age.  Aingl."  Celery,  SmallUge.  AU. 
ZelUry.  liai.  Sallen, — Bisann.  — Juill.-sept.  Lieux  marécageux, 
surtout  sur  le  littoral.  AC. 

Var.  purpurascens^  nobis. 

Il  présente  une  variété  à  fleurs  et  à  tige  pourprées. 

Racine  diurétique;  semences  excitantes  et  aromatiques.  Plante 
suspecte,  quoique  ce  soit  elle  qui  par  la  culture  est  devenue  le 
Céleri  de  nos  tables  ou  (yJpium  dulce  ou  Italorum  Rai .  —  Be- 
linum  Park). 

G.  Petroselinmii  Hoffro.  —  Persil. 

De  mrpKj  pierre,  etoiXwov,  âche;  allusion  à  sa  station  sur  les 
rocliers. 

P.  SATIVUM  Hoffm.  —P.  CULTIFÊ.  —  (Apium  petrose- 
linum  L.  —  Fulgare  Lamk.  —  Horiense  Ger.  —  Selimm 
Théoph.)Bret.  PdrichiL  Angl.  Common  Parsley.  Ail.  Petersilien 
Garteninepick.  It.  ^pio.  —  Ann.  Bisann.  —  Juin -sept.  Murs, 
rochers,  lieux  cultivés.  AR.  Généralement  cultivé. 

Plante  condimentairc,  semences  excitantes,  aromatiques. 

P.  SEGETUM  Koch.  —  P.  DES  MOISSONS.  —  (Sison  L. 

—  Sium  Lamk.)  Angl.  Corn  Parsley.  —  Ann.  —  Juin-juill. 
Bords  des  chemins,  talus  des  fossés,  murs,  pelouses.  ATI. 


—  349  — 

G.^  Sinon  L.  —  (Mboh. 

De  iwwy  nom  grec  delà  plante;  sison,  en  hébrea,  signifie  dé- 
lectable; allasion  à  son  odear  aromatique  agréable,  ou  de  Siswn, 
misseau,  allusion  à  son  habitat. 

S.  AMOMUM  L.  —  S.  AMOME.  (Sium  Rolh.  —  S.  anma- 
ticum  Lamk.  —  Seseli  amomum  Scop.)  Angl.  Bastard  stone 
Parsley,  AU.  Shon.  —  Bisann. — Juillet-août.  Lieux  incultes, 
bords  des  chemins.  R.  dans  le  nord  du  département.  Tourlaville, 
bords  de  la  place,  sur  la  grande  route  ^  TeurthéoUU-Bàgue,  en- 
virons de  l'église,  Nacqmville,  route  i'Omonville,  Urville  ^  le 
cimetière,  St-Germain-k-Gaillard ,  vallée  de  la  Scie,  Pierre- 
vUk,  le  cimetière,  le  val  Moitier,  vallée  de  la  Scie  et  de  Téranne, 
Surtainville^  le  village,  les  carrières  calcaires.  AC.  dans  l'arron- 
dissement de  Falognes.  Il  abonde  dans  rarrondissemeot  i'Avranr 
ckes,  Val-St-Père,  et  surtout  Vains  et  Genêts, 

Semences  très-odorantes  et  fort  épicées,  pouvant  être  utilisées 
pour  aromatiser- la  graisse  et  quelques  autres  aliments. 

G.  Sium  L.  et  Koch.  —  Derle* 

De  2coy,  nom  grec  de  la  plante,  ou  du  celtique  SiWy  eau  ;  allu- 
sion à  la  station  aquatique  de  ces  plantes. 

S.  LATIFOLIUM  L.  —  B.  A  LARGES  FEUILLES.  — 

(Drepaviophyllum  palustre  Hoffm.)  (Ache  d'eau.)  Angl.  Broad 
leaved  Water  Parsnep.)  — Viv.  —  Juill.-sept.  Grands  marais. 
TR.  Chef'du-Pont  ei  Picauville ,  roule  de  Tlle-Marie,  Néhou, 
le  marais,  St-Fromondj  marais  de  la  Vire  vers  le  Vey,  St-Jean- 
k'ThomaSj  Dragey,  Huysnes,  Tanis,  les  fossés,  petite  rivière 
près  le  bourg,  chemin  de  Seroon,  la  Brétêche,  Angey,  le  Creux, 
le  Fal-Sl'Père,  environs  de  l'école. 

S.  ANGUSTIFOLIOM  L.  ~  B.  A  FEUILLES  ÉTROITES. 


-  220  — 

—  {Berula  Koch).  Angl.  Narrow  Leaved  fTakr  Parsnep)  — 
Yiv.  — Juill.-sept.  Grands  marais  du  CotetUin,  douves,  foâsés. 
RR.  Picauville,  marais,  Orglandes,  château  de  Grosley,  Car- 
teret,  Neuvill&Hiu-Plain,  FresmUe^  rivière  du  Brocq,  Carque- 
but,  ruisseau  du  grand  fossé,  St-Sauveur-le-Ficonae,  la  Sangsu- 
rière,  St-Fromond,  St-Jtan-k-Thomas  et  Dragey^  fossés,  Bouil- 
lon, la  mare. 

Plantes  suspectes  et  acres. 

6.  Heloseisuliuiii  Kock.  —  Hélosciadle. 

Dec^oç,  marais,  eitnuoimy  parasol,  ombelle,  c'est-à-dire  om- 
bellifère  des  marais. 

H.  NODIFLORUM  Koch.  -  B.  NODIFLORE.  {Sium  L.  — 
Stseli  Scop.)  Chut,  Bêk,  Cresson  de  cheval.  Angl.  Procumbent 
Marsh'Wort.  — Viv.  — Juill.-oct.  Lieux  aquatiques.  TC. 

Yar.  œhreatum  DG.  Sium  hybridum  Mer.  AC.  surtout  dans  la 
région  maritime. 

Plante  vénéneuse  qu'il  faut  bien  éviter  de  confondre  avec  la 
variété  de  cresson  [Nàsturtivm  siifolium)  qui  l'accompagne  sou- 
vent. 

H.  REPENS  Koch.  -  H.  RAMPANTE  (Sium  L.)  -  Viv. 

—  Juin-août.  Lieux  marécageux,  TR.  Su/rtainville ,  la  miellé, 
Brévilky  le  marais,  Botdllon,  la  mare,  Tanis,  Brée,  la  Cagerie, 
Carterei,  Falognes,  Genêts. 

H.  INUNDATUM  Koch.  —  H.  INONDÉE.  (SisonL)  Sium 
Roth.  —  Meim  Spreng.  HydrocotyU  Sm.)  Angl.  Least  Marsh- 
Wort.  — Viv.  —  Juill-août.  Mares,  ruisseaux  lents,  étangs.  RR. 
Tourlamlle,  leMaupas,  Digosville,  étang  de  Bruneval,  LeMesnil- 
au-Falj  la  Saire,  marais  de  Banville,  Carneville,  flaque  dans  la 
lande,  Gauberville,  étang  de  Gattemare,  Gonneville,  étang,  Ton- 
nevilky  étang  de  Percy,  OmonvilU-la-Rogue,  étangs  de  la  Val- 
lée, HerqwûUU,  FawoiUe,  Grosville,  les   ruisseaux,  Picau- 


—  221  — 

vilk,  Eroudeville^   Falognes,    les  marais,  St-Satifloeur-U' 
rieomte,  landes  des  Vignettes  et  de  la  Blianderie,  Tanis,  petite 
mare  de  Grandchainp  et  ruisseau  du  bois,  St-Jamts^  dans  le  ' 
BeuvroD. 

6.  ifBgopodiimi  L.  —  Egopode. 

De  AiyoMroSoo  Dom  de  la  plante  ;  de  «<(,  chèvre,  et  «roue,  pied  ;  al- 
lusion à  la  forme  des  feuilles. 

Je.  PODAGRARIA  L.  —E.  des  goutteux.  SeselijEgo- 
podium  Scop.  —  Tragoselmum  Angelica  Lamk.  —  Pimpi- 
ntUa  angelicmfolia  Lamk.  -  Herbe  aux  goutteux ^  à  Gérard^ 
pied  de  chèvre,  fausse  ange'lique.  Bret.  Uwloueck.  Angl.  Comr- 
monGouP-Weed.  Ail.  Klevne  Wild  Angelick,  It.  Angelica minore. 
—  Viv.  —  Juin-août.  Haies  couvertes,  humides,  vergers  près 
des  habitations,  AR.  Jadis  employée  contre  la  goutte,  sans  action 
sérieuse,  plante  très-difficile  à  détruire. 

Smyrniuiii  L.  •—  Maoeron. 

De  Zfcu/racov,  nom  grec  de  la  plante,  ou  de  9iMpr»ia,  Myrrhe. 

S.  OLUSATRUM  L.  —  M.  ACHE  NOIRE.  —  [S.  Matthioli 
S.  Dioscoridis  CB.  Tourn.  .-  Hipposelinum  Theophrasti  CB. — 
Fulgare  Park  —  Macerone  Rai  hist.)  Ache  noire,  Poivre.  Angl. 
Common  AUxanders.  —  Bisann.  —  Avril-juin.  Lieux  cultivés, 
rochers.  TR.  Cherbourg^  le  Roule,  La  Glacerie,  Tourlavilkj 
chemin  de  La  Glacerie,  Martvmasty  le  pont,  NacquemUe,  le  ma- 
rais de  bas,  Fastemlle,  hamel  ès-Gocharts,  Montebourg ,  St-Mère- 
Eglise,  près  de  la  Fière,  Saussemesnil,  Raumlle-la-Bigot^  Sebe- 
t)i/fe,  ferme  de  la  Bourgeoise ,  Carentan,  St-Lo,  le  rocher,  Ge- 
nêts, près  le  pont,  FaUSt-Pire,  la  maratcherie,  TomMaine, 
Mont-Sp- Michel,  rochers,  Pontorson^  le  pont. 

Plante  diurétique,  excitante,  aromatique,  sans  usage  actuel. 


—  22»  — 

G.  li^œiiieulmii  Hoffm.  —  Fenouil. 

De  fWttX9f  perruque,  faux  cheveux,  ou  de  TotWxeoç,  de  Phœnj€;i.e, 
allusion  à  la  finesse  des  feuilles  ou  à  la  provenance  de  la  plante. 
Quelques  auteurs  1^  /poX  dériveq  ^ejflmnkt,  foiQ^,j(,lIusion  à  la 
finesse  et  à  lodeur  des  feuilles. 

F.  OFFICINALE  L.  —  F.  OFFICINAL.  —  (Amhufn 
famiculum  L.  —  Fosniculum  fmlgare  Gartn.)  Aneth  doux,  anis 
de  Frçinçe,  de  Paris,  fenouil  dt  Florence,  de  Malte,  des  Vignes. 
Bret.  Fanil,  fanoul,  Losthuam,  Louzaouen  an  Aer.  Angl. 
Common  Fermel,  Stoeet  Fen/nel.  Ail.  Garton  Fenchel,  Frauen 
FencheL  —  Viv.  —  Juin-sept.  Lieux  secs,  pierreux,  talus  des 
fossés,  murs,  surtout  sur  le  littoral.  AC.  —  R.  dans  l'intérieur. 

Plante  aromatique,  excitante,  condimentaire,  qui  fait  partie 
des  quatre  semences  carminatives  et  du  Fespetro. 

G.  Seseli  L.  —  Sesell. 

De  zmXt,  nom  grec  de  la  plante  d'après  Aristote  et  Dloscoride. 

S.  COLORATUM  Enrht.  —  S.  COLORÉ.  —[S.  annmm  L. 
Asienne  Crantz.)— ^Vi^î — Juin-octobre.  Coteaux,  miell^svcARR. 
Donville,  miellés.  C'est  la  Yar.  minus  Wallr. 

Le  S.  HOmANUM  indiqué  par  M.  de  la  Chapelle  à  Befwistville, 
puis, par  M.  de  Gerville  à  Montcastre,  dans  le  bois,  et  cehii  de 
Huppelande  et  du  parc  Paisnel  sur  Lithaire  et  GervilU:  et  dans 
les  haies  de  Falognes..  EsiAÏ  le  S.  montanum  L.  ou  celui  des 
auteurs  S.  glaucum  L.  —  elatum  Thuill.  et  glaucescens  Jord.? 
Nous  46  l'avons  pas  trouvé  dans  ces  localités, 

G.  dooium  h*  --  Cigi^^ 

De  Koiiviftov,  nom  grec  de  la  plante. 

C.  BIACULATUM  L.^  C.  MAÙVLÉE.  (dcuta^tnajar  Lamk.) 


i> 


-  223 

—  Vulgaris  Clas.  Grande  ciguë,  cigtië  d^JthèneSj  de  Socrate, 
grande  coci^^coç^^  cocuasse,  C€(,mbrim9*^ Pénouil  sauvage. 
Bret.  K^t,  Pempez,  Pempix.  Angl.  Common  Bemlock.  — 
Bisap^j;—  Juio-août.  Haies,  buissoQS,  bords  des  chemii^S)  dé- 
combres. TC. 
Plante  trës-vénéoeuse;  très-usitée  en  médecine. 

G.  iC^busa  L.  —  Etliu«e» 

De  àt^wm^y  j'existe,  échauffa,  allusion  à  ses  propriétés  .véné- 
neuses. 

M,  CYNAPIDM  L,  -  E.  DES  CHIENS,  Cicuta  minor  C.  B.  P. 
Cicutaria  fatua  Adv.  Apium  cicutarium  Thaï.  Peùroselinum 
caninum  Tab.  —  Sison  Lon.  (Petite  ciguë,  ciguë  des  jardins, 
faux  'persil^  dche  des  chiens.  Persil  de  chien,  bâtard,  de  chai, 
dcutaire  folle,  Angl.  Lasser  Hemlock,  Pools  Parsley.  Ail.  Kleiner 
schirling,  Garten  schirlvng,  Hunds peter silie.  Ital.  Cicnlaminore, 
—  Ann.  — Juin. -sept.  Lieux  cultivés,  jardins. 

Var.  pygmœa  Koch.  jE.  Segetalis  Bœnng.  Moissons.  A.C. 

Plante  très- vénéneuse  qu'il  faut  éviter  de  confondre  avec  le 
persil. 

G.  Soandlx  Gœrtn.  — -  (gksandix. 

De  zxocvS^s,  nom  grec  du  cerfeuil. 

S.  PECTEN-VENERIS  1.-5.  PEIGNE^  DE  FJSNU^^s:^ 
(5.  peden  Hoffm.  Scandix  fœmina  pecten  Fenerisi.  B.  Chmro- 
phyllum  pecten  y eneris  Crantz.  —  RostraXum  Lamk.  Pecten 
Feneris  Rai.)  Perce  poche,  aiguilles  de  berger,  des  dames,  grande 
dent^  aiguHktte^i  herbe  à  (aiguillette,  emporte  peigne.)  Angl. 
Common  sheperds-medk^  Venus  comb.  AU.  Venus  strahl^  Nadel 
KerbeL,  Ita),.  Cardo  sakatico.  —  Ann.  —  Hai-sept.  Mois- 
sons. TC. 


—  224  — 

G.  /Lnthriscus  Hoffm.  —  /Lntlirisque. 

De  flev6/9uerxov,  Dom  grec  d'un  cerfeuil  sauvage  et  non  wSpwrmç. 

A.  VULGARIS  Pers.  —  A.  FULGAIRE.  (Caucalis  scafin 
dicma  Rolh.  — Scandix  aruhrisciis  L.  —  CaiLcalis  scandixScoip. 
— -  Chmrophyllum  anthriscus  Lamk.)  Cerfeuil  des  fous.  Angl. 
Wild  ceceli/y  cow  tveed,  Wild  Beaked  Parsley.  Ail.  WildKerbel 
KraïU.  Ital.  Cerfoglio  sahatico.  —  Ann.  —  Mai-juin.  Pied 
des  murs,  décombres,  lieux  incultes,  surtout  dans  la  région 
maritime.  C.      ,  ' 

A.  SYLVESTRIS  Hoffm.  -  Al.  SAUF  AGE.  (Chem-ophyllum 
sylvestre  L.)  Persil  (tdne.  Angl.  Common  Beaked  Parsley.  — 
Viv. — Avril-juin,  haies.  TR.  OctevilU,  chemin  ombragé  de 
TAmont- Quentin  à  la  Bufferie,  Ste-Mère-Eglise  ^  Neuville-avr 
PlatUy  Chef-dur-Pont. 

Plante  suspecte.  Tige  teignant  les  tissus  en  vert. 

V  X.CEREFOLlV^RoSm,— CERFEUIL  CULTIFÊ.  [Scan- 
dix  Crantz.  ChœrtyphyllumsaiivumL^m.  —  Cerefolium sativum 
Bess.  C^re/b/mm  Brunsf.  CheerephillonJ.B.  Gvngidium  Fnch. 
[Angl.  Garden  Beaked  Parsley)  appartient  à  ce  genre.  Il  se  trouve 
çàet  là  à  l'état  sous-spontané,  sous  les  haies,  dans  les  jardins,  etc. 

G.  GhaBrophylluin  L.— Cerfeuil* 

Du  nom  grec  x^c/90fuA>ov,  cerfeuil,  et  de  x^P^*  joyeux,  gai,  et 
fMont^  feuille,  plante  à  feuillage  gai.  11  faut  donc  écrire  par  un  m 
et  non  par  un  œ  qui  donnerait  x^^p^j  cochon,  xpi/oœ,  écrouelle, 
c'est-à-dire  feuille  ou  plante  à  cochon  ou  à  écrouelle. 

C.  TEMULUM  L.  —  C.  ENIFRANT  {Scandix  «utom 
Msnch.  —  Temula  Roth.  Myrrhis  temula  Scop.]  Bret.  Serfll. 
Angl.  Rough  Chervil.  — Ann.  —  Hai-juill.  Haies,  buissons, 
bords  des  chemins,  talus  des  fossés.  TC.  plante  vénéneuse. 


-  «6  — 
6.  MynrliiB  Scop.  —  Mynrlits 

4 

De  fi^pov,  parfum,  ou  de  fxv/^ff»  myrrhe,  à  cause  de  son  parfum 
suave. 

M.  ODORATA  Scop.— Jlf.  ODORANTE.  [Scœndix  Scop.) 
Myrrhis  major  Touru.  Cicutaria  tenuifolia  Ger.  —  Tertia  Caes. 
Odorata  C.  B.  T.  Cerefoliummajm P^rk — magnumGrer.  Cerfeuil 
musqué,  perpàueL  Angl.  Myrrh  Sweet  Scented,  Sweet  cicely.  — 
Viv.  —  Juin-sept.  Naturalisé  çà  et  là.  TR.  St-Otoix-Hague^ 
Cameùille,  le  cimetière,  Sideville,  près  Téglise,  Tamerville, 
le  cimetière,  CoiUances,  etc. 

Plante  condimentaire  que  Ton  devrait  propager  pour  rempla- 
cer le  cerfeuil  qu'il  faut  semer  très-souvent. 

6.  Buplevriim  L.  —  Buplèvre* 

De  Bouc,  bœuf,  et  ff>tu/9ov,  ou  TrXsu/say  plèvre;  allusion  à  la  forme 
des  feuilles  de  quelques  espèces. 

B.  AWSTATUM  Barlh.  —  B.  ARISTÊ,  —  [B  Odontites. 
Sm.  —  Divaricatum  FI.  Franc.)  (Chu^se)  Angl.  Narrow  leaved 
Hare's  ear.  —  Ann.  —  Juin-juill.  Miellés,  dunes,  coteaux  mari- 
times, TR.  Tourlamlle,  environs  de  la  mare  et  la  redoute,  Otier" 
quemlle,  bois  de  Ste-Anne,  NaeqUfef}ille^  miellés  près  le  marais. 
Famille,  miellé,  BixAlle,  Héauville,  miellés  et  coteaux  près  la 
la  vieille  église,  Le  Rozely  la  falaise.  Les  Moitiers-d'Allonne,  co- 
teaux, Dmville  près  le  rocher  sur  la  miellé,  Fams^  St-Léonard, 
à  la  Chaise. 

C'est  la  forme  naine  qui  est  la  plus  commune. 

B.  PROTRACTUM  Link.  —B.  ALLONGÉ.  -  Angl.  Pro- 

taàed  Hare' s  ear.  —  Ann.  — Juin-juill.  Moissons,  coteaux.  Oc- 

teville»  village  de  Quincampoix,  RRRR. 

16 


—  226  — 

B.  ROTUNDIFOLIUM  h.—B.^  FEUILLES  RONDES. 

B.  perfoliatum  rotundifolmn  armuum  Tourn.  B.  perfoliatum 
Lamk.  —  latifoUum  Tab.  —  Auricula  leporis  rigidior  J.  B.  — 
Elaphoboscum  Ges.  Hort.  Perfoliata  milgaris Ger.  —  AnmuiJ.  B. 

—  Arvensis  C.  B.  Angl.  Common  Hare'sear.  Ail.  Bruch  Wurz. 
Ital.  Marabuto.  Perce-feuille,  bec^  oreille  de  lièvre.  —  Ann.  — 
Juin -août*  Moissons  calcaires^  RRR.  Monimartin^Bwr-Mer  ^ 
Montchatofif  Orval. 

B.  TENUISSIMUM  L.  —  B.  TENU.  -  Angl.  SlmUr  Ha- 
resear. —  Ann. —  Juin-août.  Grèves,  lieux  sablonneux.  RRR. 
QuinéDilky  embouchure  de  la  Sinope,  Le  Ham^  environs  de  la 
gare,  route  de  MonUbourgy  le  Ham. 

B.  AFFINE  Sald.  —  Kock.  B.  FOISIN.  (B.  Gerardi  Mut.) 

—  Ann.  — Juin-août.  Pelouses  arides.  RRR.  Sù-Lo,  St-Sauveur- 
le-Vicomte,  Donmlle,  plage  marine. 


G.  Sanieula  Tourn.  —  Saniele. 

De  ffovfe,  planche,  tréteau,  ou  de  ca^im,  jongleur,  charlatan, 
c'est-à-dire  plante  des  charlatans,  ou  de  Sanare^  guérir,  à  cause 
de  ses  prétendues  propriétés  médicales. 

S.  EUROPiEA  L.  —  5.  D'EUROPE.  (S.  officinalis  Gouan, 
officinarum  C.  B.  P.  —  S.  mas  Fuchdii.  B.  —  ÂstrarUia  Dia- 
pensia  Scop.  —  Diapensia Matth.)Angl.  Wood  sanicle.  AU.  Sani- 
chel.  liaÀ.  Saniœla.  — Viv.  — Mai-juin.  Bois,  chemins  et  talus 
des  fossés  couverts.  AC. 

Cette  plante  a  joui  d'une  célébrité  imméritée;  ses  propriétés 
médicales  sont  insignifiantes,  mal  définies  et  nulles. 

L'il^strantia  mcjor  L.  —  s'est  naturalisé  dans  les 
petits  flots  de  la  Divette  à  Cherbourg,  et  dans  quelques  jardins. 


-  227  — 


6.  Hydroootyle  Tomn.  —  Hydrocotyle. 

De  vS»/9,  eau,  et  TuMaoy  écuelle ,  à  cause  de  la  forme  de  ses 
feuilles  et  de  sa  station  habituelle. 

H.  VDLGARIS  L.  -  H.  COMMUNE.  Cotylédon  aquaiica 
J.  B.  Dod.  Ranunculm aqvatims  folio  umbilicato.  Col.  — Àqtia' 
tiùus  cotyledonU  folio  C.  B.  (Ecuelk  d'eaUy  douve.)  Bret.  Peuda 
Tuleaod.  Angl.  Common  Fermy-twrt.  AU.  Frauen  nabel.  —  Viv. 
— Juin-sept.  Marais,  prés  très-humides;  bords  des  ruisseaux.  T.  C. 

Jadis  employée  comme  détersive  à  Tintérieur,  aurait-elle 
quelques-unes  des  propriétés  attribuées  à  TH.  ASIATICA  L.  par 
mon  collègue  M.  L^ne  contre  les  affections  cancéreuses  et 
lépreuses  ? 

G.  Erynfsiiuii  Toum.  —  Panicaut. 

De  à/Bvyywy»  panicaut,  ou  de  ip^rfpçj  barbe  de  bouc;  allusion  à 
la  forme  des  feuilles,  ou  de  ^/b^tt»,  je  rote,  ou  àpvyymy  éructation; 
allusion  à  ses  propriétés  médicales. 

E.  CAMPESTRE  L.— />.  DES  CHAMPS.  CE.  vulgare  C.  B.  P. 
Eryngu^  quilmsdam.  —  Erynginvm  mo^iUinum.  —  CerUum 
capita  Plin.  Iringus.  Chardon  Roland,  Rouland^  d*âm,  à  cent 
têtes,  Erlache,  Relâche,  fouasseà  Pdne,  Poinchaud.  Bret.  Erygex. 
Angl.  Common  ou  field  Eryngo.  Ail.  Manns-treu  Geim^im 
Drachendistel.  Ital.  Cardone  cento  copi.  —  Viv.  — Juill.-sept. 
Lieux  arides  de  la  région  maritime,  surtout,  sablonneux  et  pier* 
reux.  AG.  R.  dans  Tintérieur. 

E.  MARITIMUH  L.  -  P.  MARITIME.  Angl.  Eryngo.  AIL 
Drachendistel.  Ital.  Eryngio  maritimo.  —  Viv.  —  Juill.-sept. 
Champs  arides,  coteaux  du  littoral,  sables,  dunes,  miellés.  AC. 

Les  racines  de  ces  plantes  sont  toniques  et  emménagogues. 


—  22»  — 


43e  Pam.  ARALIACÊE8.  —  AMUACËM  Jass. 

TÉTRANDRIE   ET    PENTANDIUE   MONOGYNIE   I.    —    ARBRES    ROSACÉS 

T(mm,    ~    CHEVREFEUILLES   JuS$. 

Nom  tiré  du  genre  Aralia,  plante  américaine. 
Arbrisseaux  à  feuilles  sans  stipules,  simples»  fleurs  ordinaire- 
ment en  cimes. 

(k,  ComnA  Toum.  —  Coimouiller^ 

De  Cornu,  corne;  allusion  à  la  dureté  du  bois. 

C.  SANGUINEA  L.  —  C.  SANGUW.  —  (C.  fœmina  C.  B.  P. 
et  Lob.)  FirgasanguirmiVLMh,  Ligxtëtrum^mxï^î,  Ossa  L^m. 
Cornouiller  femelle,  bois  sanguin,  punais,  Angl.  Wild  Comel, 
Dogvx)od  Blood\f,  Ital.  Sanguine,  Verga  Sanguigna.  —  Lig.  — 
Mai-juin.  Haies  bois.  AC. 

Je  n'ai  point  encore  rencontré  leC.  MASL.  dont  les  fruits  sont 
comestibles. 

€r.  Hedera  L.  —  IL<ierre. 

Du  celtique  Hedra,  corde  ou  de  hœrere,  s'attacher,  allusion  à 
ses  rejetons  et  à  ses  racines  aériennes. 

H.  HEUX  L  —  L.  COMMUN.  (H.  canommw  Willd.) 
Arborea  C.  B.  P.  Scandens  Park.  —  nigra  Fuch.  —  major  Cast. 
— ^  Communis  J.  B.)  Lierre,  bois  grimpant,  Glléru:  Bret.  Ilio. 
Angl.  Common  Yvy.  AU.  Ephen.  Ital.  Edra,  Edera.  —  Lign.  — 
Sept.-oclobtc.  Vieux  murs,  rochers,  troncs  d'arbres.  TC. 

Yar.  prostata  Coss.  et  Germ.  sur  la  terre  et  dans  les  bois.  C. 


Yar.  variegata  çà  et  là ,  surtout  sur  les  murs  des  jardins. 
Baies  purgatives,  supectes  ;  ses  feuilles  sont  trës-utilisées  et  avec 
avantage  pour  le  pansement  des  vésicatoires. 


Uo  Fam.  LORARTHACÉES.  -  LORANTHACEjE  Lindl. 

DHBGIE    TÉTRÂNDRIE     I.     —     ARBRES     MONOPÉTALBS     Toum, 

CHEVREFEUILLES  JW^. 


Nom  tiré  du  grec  Xatpw,  courroie,  et  «vGoç,  fleur;  allusion  à  la 
corolle  qui  est  découpée  en  lanières. 

Plantes  d'un  vert  jaunâtre,  parasites  sur  les  arbres;  feuilles 
entières,  opposées,  sans  stipules;  baie  uniloculaire,  monosperme. 

G.  Viseum  Tourn.  —  Guy* 

De  Fiscvs,  glu  ;  allusion  au  suc  visqueux  de  Técorce,  ou  en- 
core de  Uoc,  nom  grec  de  la  plante. 

V.  ALBUM  L.  —  G.  BLANC.  —  [F.  Fulgan  Park.  — 
Fiscus  Brunf.  —  Qusrceus  J.  B.)  Fi  de  pommier,  Guy  des 
DruideSy  vergues,  sillon ,  pomm^  hém^orrhoidale,  Angl.  See,  Comn 
mon  Mistktoe.  AU.  Mistel.  Ital.  Vischio,  Bret.  Huel-Var.  — 
Lign.  —  Mars-mai.  Parasite  sur  les  pommiers,  les  divers  peu- 
pliers ,  les  faux  acacias ,  le  micocoulier,  le  chêne,  etc.  TR.  dans 
l'arrondissement  de  Cherbourg,  sur  un  seul  arbre  à  Sottemlk, 
TC.  dans  tout  le  reste  du  département.  Il  existe  à  Isigny  sur  un 
chêne  dans  la  propriété  de  M.  de  Brée,  M.  de  Brébisson  dit  qu'il 
en  existe  un  second  dans  la  forêt  A'Evreux.  Je  l'ai  vu  sur  un 
néflier,  l'aubépine,  l'orme.  Je  l'ai  trouvé  sur  le  houx  commun  à 
la  Normandière  en  la  Goharmière. 


—  230  — 


■»AA/\A^ 


45*  Fam.  GUGURBITACÉE8.  —  CVCVRBITACEM  Juss. 

MONOBGIB  SYNGÉNÉSIE  L    —  C  AM  P  ANIFORMES    Tovm. 

Nom  tiré  du  genre  Cttcurbita,  courge. 
Plantes  herbacées  grimpantes  ou  rampantes  ;  feuilles  alternes, 
hispides  et  vrilles. 

6.  Brionla  L.  —  Bryone. 

« 

De  ^jovwioc  ou  6/nMAviç,  nom  grec  de  la  plante,  ou  de  6/9u«cv,  pous- 
ser, jaillf^;  allusion  à  la  rapidité  de  la  végétation  de  la  plante  ou 
par  ressemblance  avec  le  MOMORDIA  B)LATERIUM  L.  dont  les 
fruits  lancent  un  liquide  caustique  quand  on  les  touche. 

B.  DIOICA  Jacq.  —  B.  DIOIQUE.  —  (B.  alba  L.  —  Aspera 
C.  B.  P.—  VitisalbaVlaiih. —  VitisalbasylvestrisGesn.Eori.) 
Couleutyrée,  Baisins  du  diable,  feigne  blanche.  Herbe  des  femmes 
battues, y  Bret.  Gwinien,  fFenn  bara  an  houch,  Gmnien  xtir- 
kaol4u.  Angl.  Bryony.  AH.  Zaurèbe,  stick  tvurg.  It.  Bryonia. 

—  Viv.  —  Mai-sept.  Haies,  buissons,  bois.  PC.  çà  et  là* 
Plante  à  racine  féculente,  à  suc  acre,  fortement  purgatif.  Em- 
ployée par  les  vétérinaires  de  campagne  pour  débarrasser  les 
vaches. 

J'ai  trouvé  à  Cherbourg  près  de  l'ancien  hôpital  \eMomordica 
Elaterium  L.  —  M.  Fulgaris  Tourn.  —  Balsamina  m/is  Park. 

—  Cucumsrvna  J.  Bauh.  —  Cv^cumis  punicem  Cord.  —  Cha- 
rantia  Dod.  —  Pomummirabile  Trag.  qui  s'y  est  conservé  assez 
longtemps  à  l'état  subspontané. 


—  231  — 


46«  Fam.  CAPRIF0LIACÊE8.  -  CAPRIFOLIACEM  Rich. 

PÂTAlfDRIB     M0N06YRIE     L.      —     ARBRES     MONOPÉTALES     Toum. 
CHEVREFEUILLES  Ju$$.    •^-   SAMBUGAGÉES^    Çq,    AtU. 

Nom  tiré  du  genre  Caprifolium,  chèvrefeuille,  d^capra^  chèvre, 
et  folium,  feuilles;  plante  broutée  par  les  chèvres. 

Arbustes  ou  arbrisseaux  à  feuilles  opposées;  fleurs  générale- 
ment en  cimes. 

G.  Lionloera  Desf.  —  GhevrefenUle. 

Dédié  à  Jean  Lonicer,  botaniste  de  Nuremberg. 

L.  PERICLYMENUM  L.—  C.  DES  BOIS.  —  [Periclymenum 
Fulgare  Mill.  —  Caprifolium  Periclymenum  Ram.  —  Sylva- 
iicum  Lamk.)  Crauquilierj  suçota  broiute^Àquety  chèvre  fin.  Bret. 
Gtoivoud.  Angl.  Commun  honey  sv>ckle,  tcoodbine.  Ail.  Geiss- 
blatt.  Ital.  Vinci  bosco.  —  Lign.  —  Juin-oct.  Haies,  buissons, 
bois.  TC. 

6.  Vil>uniuiii  L.  —  Viorne. 

De  Fiere,  faire  des  corbeilles,  à  cause  de  la  flexibilité  des 
rameaux  de  l'espèce  principale. 

V.  OPDLUS  L.  —  F.  OBIER.  (F.  lobatum  Lamk.  —  Opur 
Im  Ruelli  C.  B.  P.  —  Glandulosm  Manch.  —  Sambv^ms  aqua- 
tica  Matth.  — Paliistris  Dod.  —  AqiMtilis  Ger.)  Aubier  y  Caille- 
bot,  Sureau  d'eau,  des  marais,  aquatique,  rose  de  Gu^eldre.  Bret. 
Gwez  gwinien,  gwenn-gout.  Angl.  Common  Quelder  Rose.  Ail. 
MasthoUer-Baum.  —  Lign.  —  Juin-juill.  Bois,  haies.  TR. 
dans  le  nord  du  département.  SurtainvUle y  vallée  de  la  Scie, 


Raumlle-la ' Place  f  taillis  du  Saussey,  Reigneville,  le  bois ,  Any- 
freville,  bois  des  Landes,  Ste-Cotombe^  St-Sauven/r-le-Ficomte. 
AG.  dans  les  bois  et  fourrés  de  VAvranchin. 

V.  LANTANA  L.  .-:-  F.  LANTAWE.  rrrr  {U^mm  Ger.  — 
Spirœa  Theophrasti. — Dalechampii  Lugd. —  Fiuma  vulgi.  — 
Gallorum.  —  iRweWwLob.  —  Fibumum  Tourn.)  (Bordeau,  har-- 
deau^  Bourdaine  blanche^  cotidre  mansiane,  mofisienne,  Cochène^ 
Barbaris  ,  Mansarme,  Marselle,  Falinie,)  Angl.  fFayfaring 
tree,  Mealy  Quelder-rose.  —  Lign.  —  Juin-juill.  Bois,  haies. 
Or  g  landes. 

Le  V.  TINUS  L.  —  Fiorne-tm.  Lav/rier-tm^  est  naturalisé  et 
se  rencontre  quelquefois  échappé  des  jardins. 
II  en  est  de  même  du  SymplioricarpoB  vul§;aris 

Mich;  Symphorim  à  petites  fleurs. 

G.  Sambueus  L.  —  Sureau. 

De  itxftSvxifi,  instrument  de  musique  fabriqué  jadis  avec  la  tige 
creuse  du  sureau. 

S.  EBULUS  L.  —5.  YÈBLE.—{S.  humilis  Lamk.  —herba- 
ceai.B. — EbulusBvnnsf. — Chammactm  Diosc.)  Euble,  Eble,  Gè- 
ble,  petit  sureau,  surtautnherbe,  Yolles  Bret.  Skaa-Bihan,  Tresçao 
Angl.  Dwarf  Elder^  Danewort.  AIL  Nieder  Holder  Swergolhonr- 
der.  Ital.  SambuGo  minora.  —  Viv.  —  Juin-août.  Bords  des 
champs,  champs  calcaires  surtout.  TR.  dans  Tarr.  de  Cherbourg, 
Querquemlle,  sous  Téglise.  TC.  sur  les  calcaires  du  Cotenlin.  R. 
dans  le  sud  du  déparlement.  Val-St-Père,  au  Grand-Chien,  Mar- 
cey,  bord  de  la  route  de  Gi^anville,  Sartilly,  même  route,  Tams, 
le  bourg,  Moidrey  à  Ardevon,  les  champs,  etc. 

S.  NIGRA  L.  -  S.  NOIB.  -  S.  VulgarisS.  B.  -  domestiea 
Cast.  Seu,  stic,  sus,  suc^  grand  sureau,  supier,  suseau,  samber 
quier.  Bret.  Skao,  skav.  Angl.  Common  Elder,  Elder  tree.  AU. 
Holder  Baum.  —  Ligo.  —Juin-juill.  Haies,  bords  des  champs.  C. 

Var.  laciniatamW.  RRR. 


—  £98  — 

Les  bai684*FâMe  servent  à  ffélater  \9$  m$thnts.  Les  fleurs 
du  sureau  noir  sont  aromatises  et  trèsreinplayées  cootire  les  iryr 
sipèles  et  autres  affections  de  la  peau. 

« 

G.  A.doxa  —  L.  ilidoxe. 

DeapriTHtif  et  SoSot,  gloire,  c'est-à-dire  plante  peu  remarquable. 

A.  MOSCHATELLINA  L.  -  A.  MUSQUÉE.  —  Moscatella 
Cord.  Moscatellvna  foliis  fumarim  tmJbosm  Tourn.  RanuiMulus 
nufnerosvs  minimiLS  —  septentrionalium  flore  muscoso  Lob.  Ron 
dix  cava  minima  Ger.  —  Viv.  —  Mars-avril.  Haies  ombragées, 
chemins  creux  et  couverts.  RRR.  Tessy,  Thorigny-sur-Vire, 
chemins  vers  la  Vire,  St-Oven,  la  Saulnerie,  St-Louf^  village 
de  Beaumont,  la  haie  derrière  la  maison  et  chemins  creux  au- 
dessous.  Marcilly,  les  Mouillets  (ruette  aux  sauniers  sous  le 
bourg),  où  je  Tai  recueillie  sous  la  conduite  de  M.  Tabbé  Morin. 


47«  Fam.  RUBIÂCUS  —  RUBIABEil  Joss. 

TÂTRANDRIE  MONOGYNIE  L.  — GAMPANIFORMES  Toum. 

Nom  tiré  du  genre  Rubia,  garance. 
Plantes  à  tiges  herbacées,  tétragones;  feuilles  verticillées,  sans 
stipules. 

G.  lanMa  Tourn.  ^  CSaritfieep 

De  Ruber,  rouge,  à  cause  de  se»  propriétés  tinctoriales. 

R.  PEREGRINA  L.  —  G.  VOYAGEUSE.  —  R.  Ànglica 
Huds.  jBfTolica  Trag.  Sylvestris  Diosc.  Parck.  Tinc^orum  Var. 
Lamk.  erratica  Trag.  —  Syktstris  Parck.  Angl,  Wild  Madder, 
Madder  TravelUr.  —  Viv.  —  Juin-août.  Coteaux  maritimes,  fa- 
laises. RRR.  Herqueville,  BwilUy  Kawmite,  Jobourg,  Donville, 
Granvilk^  Chausey^  Bouillon,  CaroUes,  Sù-Jean-le-Thomas ^ 
Tombelainôy  Vains. 


—  234  - 

J'ai  vu  le  R.  TINCTORUM  L.  sur  la  miellé  de  Stmoilk  à  Hé- 
auville;  iotroduite  sans  doute  par  hasard. 

il.sperula  L.  —  il.spénile. 

De  asper,  rude;  allusion  aux  aspérités  de  la  tige. 

A.  ODORATA  L.  —^.  ODORANTE.  —Aspergula  odorans  Ad. 
nostrasad  Lob. — RiibeolamontanaodoraC.B. — Hepatica  StelkUa 
Tab.  — Matrisylw  Trag.  —  Hepatica  Stellaris  J.B.  — Aparine 
Sykestris  Diosc.  —  Latifolia  humilior.  Tourn.  —  AlyssosGesn. 
Hort.  Caprifolium  Bruusf.  {Hépatique  étoilée,  petit  muguet,  mu- 
guet des  bois,  reine  des  bois,  aspérule  des  bois,  hépaJtique  des 
bois,  odorante.)  kxi%\,  fFood  ruff,  sweet  scented.  AU.  PTald- 
meister.  Mai-juin. —  RRR.Boisdu  Roxel,  Varenguebec,  vallée  de 
Limor;  on  la  trouve  çà  et  là  aux  environs  de  quelques  jardins. 

A.  CYNANCHICA L.—A.à  L'ESQUINANCIE.  Aspergula 
repens  Gol.  Galium  tetraphyllum  montanum  eniciatum  Col.  Ru- 
beola  vulgaris  quadrifolia  Tourn.  Rubia  cynanchica  G.  B.  — 
SinonchicaLnà%.  Saodfraga  aitera  Caesalp.  —  Viv.  — Juin-juill. 
Pelouses  maritimes.  RRR.  Cosqitevilk,  pelouses  de  la  route, 
Quifiévilk,  embouchure  de  la  Sinope,  Str-Marie^vr-Mont  ^  St- 
Marcouf,  Surtainmlk,  Lestre,  Ravenovilk,  Cràsvilk. 

Yar.  densiflora  Gr.  et  God.  sables  maritimes,  Cosqvevilk^ 
Surtaimnlk. 

Je  n'ai  pu  la  retrouver  sur  le  littoral  du  sud. 

6.  SlierciiHlIa  Dillen.  —  Shérarde. 

Genre  dédié  à  Shérard,  botaniste  anglais. 

S.  ARYENSIS  L.  —S.  DES  CHAMPS.—  Angl.  Elue  Sherar- 
dia.  —  Ann.  —  AvriUoct.  Lieux  incultes,  talus  des  fossés.  TC. 

G.  Galium,  L.  —  Galiet. 

De  Taktov  ou  ToXeÉTtov,  nom  grec  du  genre,  ou  de  7«>a,  lait; 
allusion  au  galiet  jaune,  qui,  dit-on,  favorise  la  sécrétion  du 
lait  des  nourrices. 


—  235  - 

G.  CRUCIATA  Scop.  —  G.  CROISETIE.  (Vayntia  L.) 
Croix  St-André,  Eperonnelle.  Angl.  Cross  wort,  cross  kawdBed 
straw.  AU.  Krmshravt  Madelgher.  Ital.  PeUimbrosia.  —  Viv. 

—  Mai-juin.  Haies^  lieux  incultes.  RR.  dans  Tarrondissement 
de  Cherbourg,  Bivilky  FaumUe,  VasUmlle,  les  coteaux,  Les 
Pieux f  Héauvilky  SiouviUe,  Tréav/oille^  Flamanvillej  les  coteaux 
et  chemin  du  littoral,  St-Germain-le-4jaillard,  route  de  Bame- 
ville.  Je  ne  l'ai  pas  trouvée  sur  la  côte  est. 

C.  dans  le  reste  du  département,  arrondissement  de  Falognes 
et  i*Avranches. 

G.  VERUM  L.  —  G.  JAUNE.  (G.  hOeum  C.  B.  P.  Rutheni- 
cuwWilId.)  Gaillet  jatme,  Caillelait  jaune^  fleur  de  St-Jean, 
petit  muguet  jaune.)  Angl.  Yellow  Bed  straw,  Yelhw  Lady's  Bed 
straw.)  —  Viv.  — Juin-sept.  Champs  secs,  coteaux,  pâturages 
maritimes.  C. 

Yar.  littorale  Bréb.  Sables  maritimes  TC. 

Var.  decoloTOjns QlV .  —  G.  Vero-Mollugoyf^W.  RRR.  Cosque- 
ville^  Querquemllej  Johourg^  Carteret. 

G.  ULIGINOSUM  L.  -  C.  DES  TOURBIÈRES.  (G.  spinu- 
losum  Mér.)  Angl.  Rough  Marsh  Bed  straw.  —  Viv.  —  Juill.- 
août.  RRB.  Mare  de  Tourlaville. 

G.  PALUSTRE  L.  —  G.  DES  MARAIS.  (G.  uliginosum 
Thuil.)  Angl.  fThite  vxUer  Bed  straw.  —  Viv.  —  Juin-juill. 
Lieux  marécageux.  R.  Le  Mesnilrau^Valf  Le  Theil,  vanté  et 
recommandé  récemment  contre  Tépilepsie. 

Var.  G.  elongaium  Presb.  C.  dans  les  fossés  et  bords  des 
eaux. 

G.  ELATUM  Thuill.  —  G.  ÊLEFÉ.  (G.  Mollugo  L.  part.  — 
G.  dristatum  L.  G.  album  vulgare  C.  B.  P.]  Caillelait  blanc, 
croiseUe  noirCy  grosse  croisette,  Angl.  Gréai  hedge  Bed  straw. 

—  Viv.  —  Juill.-août.  Haies,  buissons.  TC. 
Var.  G.  dumetorum  Jord.  plus  précoce. 


—  «w  — 

G.  ERBCTUH  Hud».  —  G.  PRESSÉ.  (G.  Hottugo  L.l  — 
Seabrwn  Witfa.)  C&iilelait  blanc,  croisette  noire,  grosw  troisette, 
Ângl.  Upright  Bedstraw.  Haies,  buissoss.  G.  Espèce  mal  défiBÎe. 

G.  NEGLECTDM  Le  Gall.  —  G.  NÉGLIGÉ.  —  Viv.  - 

Juin-juill.  Sables  maritimes.  TR.  Bivilk^  Vav/oille,  les  dunes  et 
dans  l'ouest. 

G.  SAXATILE  L.  —  G.  DES  ROCHERS.  {G.  Heràynicum 
Weigg.  Angl.  Smooth  Heath  Bedstraw.)  —  Viv-  —  Juin-août. 
Landes,  coteaux,  lisière  des  bois.  AC.  C'est  sans  doute  cette 
espèce  que  M.  de  Gervilk  indique  sous  le  nom  de  G.  morUanum. 

G.  APARINE  L.  -  G.  GRATERON.  {Aparint  Hispida 
JA^inch.)  Asprèk y  grateron,  grattons j gratteau,  gratelk,  grappelle, 
grippe,  Capet  à  teigneux,  herbe  à  la  punaise,  rable^  rèble,  rièbk. 
Angl.  Goose  grass  ou  ckavers.  Bret.  Sérégen  vihan.  —  Ann.  — 7 
Mai-sept.  Haies,  buissons.  TC. 

Le  G.  SYLVESTRE  Poil,  indiqué  à  Cherbourg  par  M,  de 
Brébisson  n'y  a  pas  été  retrouvé. 

M.  Le  Héricher  a  signalé  le  G.  TRICORNE  With.  sur  le  rivage 
de  Céaibx. 


48«  Fam.  VALÉRIAMÈES.  —  VALERIANEjE  DG. 

TRlÀNDRIB   MONOGYNIE  L.    —    IMFUHDIBULIFORMES    Toum. 

DIPSAGÉES   JUSS. 

Nom  tiré  du  genre  Valeriana,  Valériane. 

Herbes  à  feuilles  opposées,  fleurs  en  corymbe  ou  en  panicule. 

6.  Gemtrcmtliue  DC.  —  GetitranUie* 

De  xfvT/ïov,  éperon, et  «vOoç,  fleur;  c'est-à-dire  corolle  à  éperon. 

C.   LATIFOLIUS  Duf.  —  C.  À  LARGES  FEUILLES. 
(C.  rwècr  DC.  —  Valeriana  nt^hra  L.  Part.)  Angl.  Spw  valerian. 


—  aa7  — 

lAlas  des  mw$^  behen  rouge,  barbe  de  Jupiter,  comacda.  — 
Viv.  —  Juin-sept.  Vieux  murs,  carrières,  rochers.  Aft. 

Cette  espèce  offre  les  trois  couleurs,  rose,  rouge-ponceau  et 
blanche. 

&.  Valerlanck  L.  —  Valériane* 

De  Vakre,  être  en  santé;  allusion  à  ses  propriétés  médicinales. 

V.  OFFICINALIS  L.  —  F.  OFFICINALE  [Herbe  aux  chats, 
à  la  meurtrie,  aux  œupu/res.  Ângl.  Falérian.  Ail.  Baldrian.  It. 
Valeriarui.  —  Viv.  -^  Juîn^oût.  Ptfés  humides,  bords  des  eaux. 
AR.  dans  Tarr.  de  Cherbourg,  C.  dans  celui  de  Valognes  et  dans 
YAvranchin,  surtout  dans  le  canton  iePofUorson.  Plante  stimu- 
lante, anti-hystérique,  emménagogue. 

V.  DIOICA  L.  —  F.  DIOIQUE.  Angl.  SmaU  Marsh  Fait- 
rian. — Viv. — Avril-juin.  Prés  marécageux.  Pont-l'Abbé,  maraiS' 
RRR. 

6.  Valerianella  Tourn.  —  Valérlanelle. 

Diminutif  de  Vàleriana. 

V.  OLITORIA  Manch.  —  F.  POTAGÈRE  [F.  Locusta  L. 
—  Vakriana  olitoria  Willd.)  Mâche,  acroupie,  blanquette,  Aten- 
chette,  ckuquetle,  clairette,  bonnette,  gallinette,  coquille,  doucette, 
poule  grasse,  salade  de  blé,  de  chanome,  verte,  royale,  de  brebis, 
grillette,  raiponce ,  oreillette.  Bret.  Jalc  ar  Person.  Angl.  Corn 
Sallet.  —  Ann.  — Avril-juin.  Lieux  cultivés.  PC. 

Yar.  pubescens,  TR.  St-James. 

V.  CARINATA.  Lois.  —  F.  à  CARÈNE  [Fedia  Stev.)  — 
Ann.  —  Avril-jnlir.  Lieux  cultivés.  TC. 

V,  AURICULA  DC.-^  F  à  OREILLETTES.  PediaMoH  et 
Kock.  —  Valeristnella  Locusta  L.  Part.)  —  Ann.  —  Hai-juilleU 
Moissons.  R. 


—  338  — 

V.  MORISONII  DC.  •  F.  de  MORISON.  (V.  dentcUa  Soy. 
et  Villerm.  —  Fedia  Wallr.  —  Ann. —  Juin-août.  Moissons.  C. 
Var.  mixta  Duby.  —  Fedia  Vahl.  AC. 

V.  EMOCARPA  Desv.  -- f^.  à  FRUITS  FELUS.—knu.— 
Juin-août.  Coteaux,  moissons.  TR.  Stp^uveur-ie-Yic.  St-Brice. 
Toutes  ces  mâches  sont  comestibles,  surtout  la  première.  . 


49«  Fam.  DIP8ACÉE8.  —  OIPSACEiE  Jass. 

TÉTRANDRIE  MOlfOiïTNIE  L.  —  FLOSCULBUSES  Toum. 

Du  genre  Dipsacus^  cardère. 

Plantes  herbacées  à  feuilles  opposées,  souvent  connées,  tiges 
parfois  chargées  d'aiguillons. 

G.  Dlpsaicus  L.  —  Cardère* 

De  ii^^'^f  chardon,  bonnetier,  ou  dc^^Kv  et  «PHOfucc,  guérir  la  soif, 
allusion  à  ses  feuilles  connées  faisant  réservoir. 

D.  SILVESTRIS  Mill.  -  C.  S  AU  F  AGE  (D.  fullmwn  L. 
part.)  Cabaret  des  oiseaux^  chardon  à  peignes^  peignety  coupe  de 
Fénus,  lavoir  de  Férms.  Bret.  Skouarden^  Louzaouen  ar  Chomm, 
Angl.  Common  Teasel  —  Bisann.  —  Juill-sept.  Bords  des  che- 
mins, talus  des  fossés.  AC. 

Le  suc  de  cette  espèce  a  été  récemment  vanté  comme  propre 
à  guérir  les  blessures  graves,  comme  cicatrisant  et  antiseptique. 

D.  PILOSUS L.-  C.  POILUE (Cephalaria Gr. et God.)  Ffn-ge 
àpasteu/r.  Angl.  Wild  Teasel,  Small  Teasel,  Shaggy  Teasely  She- 
peris-Rod.  AU.  Karsten  Distely  Kleine  Wilde.  — Ann.  —  Juin- 
août.  Lieux  ombragés,  bords  des  fossés  et  des  rivières.  TR.  Fa- 
logneSf  ruelle  près  la  Croix-Horville,  et  la  chapelle  de  la  Victoire, 


—  239  — 

Yvet(a,  les  carrières,  Tombelaine,  St-JewnrdeAa-Haize,  ferme  du 
jardia  derrière  la  maison,  Cherbourg^  bords  de  la  Divette^  Towr^ 
laville,  eaux  minérales^  Roule. 

Malgré  Tabondance  des  calcaires  dans  le  Cotentin,  je  n'ai 
point  vu  le  Z).  FVLLONUM  Willd.  D.  Fulhnum  L.  part. 
(Chardon  à  bonnetier)  cultivé  en  grand  kElbeuf^^our  Tindustrie. 

G.  ScMsiblosai  L.  —  Scableuse. 

De  Scabies,  gale,  maladies  de  la  peau,  à  cause  de  ses  préten- 
dues propriétés  dépuratives  et  utiles  dans  ces  affections. 

S.  COLUMBARU  L.  —  5.  COLUMBMRE.  Angl.  Small 
Scabious.  —  Viv.  —  Juin-sept.  Prés  secs  calcaires.  RRR,  Ste- 
Mère-Eglise. 

S.  ARVENSIS  L.  —  S.  DES  CHAMPS.  S.  pratensis  hirsuta 
C.  P.  B.  {Knautia  aroensis  Coult.  —  Communis  Goàr. — Trichera 
arvensis  Schrad.)  Languedevache^  Mirliton^  Oreilles  (ïàne,  Bluei. 
Angl.  Field  scabiousy  Corn  scabiom.  AU.  Grint  KratU,  ScabÙH 
sen.  -*  Viv.  — Juin-sept.  Bords  des  chemins,  champs,  haies  TC. 

Yar.  pvtmatisecia  Coss.  et  Germ.  AC. 

Yar.  integrifolia  Bréb.  —  Knautia  indivisa  Bor.  TR.  Lieux 
secs,  bords  des  bois,  Egiteurdrevilley  près  le  fort  St-Anne,  lande 
Misère,  Qu^queville,  le  fort,  St-Germain-le-Gaillard^  coteaux 
de  la  Scée,  La  Laceme,  dans  la  forêt. 

S.  SUCaSA  L.  —  S.  SUCCISE.  (Succisa  pratensis  Manch.) 
Mors  du  diable,  remors  ou  morsure  du  diable,  herbe  du  diable, 
tête  de  loup,  succise.  Bret.  Louzaouen  ar  vreach,  Louzaouen  ar 
Gai.)  Angl.  DeviFs  bii  scabious.  Ail.  Teuffelt  abbis.  Ital.  Morso 
del  diavolo.  —  Yiv.  —  Août-sept.  Bruyères  marécageuses,  prés 
bùmides,  bois  frais.  TC. 

Yar.  albiflord  Cherbourg^  le  Maupas. 

Ces  espèces  ont  été  jadis  employées  comme  amères,  sudorifi- 
ques  et  alexitères,  surtout  dans  les  maladies  de  la  peau. 


-  2*d  - 


•^A'NA/V- 


50e  Pam.  C0IP08ÊE8.  —  COMPOSITJS  Vent. 

STNGÉNÉSIE   POLYGAMIE  L.    —  FLOSGULEUSES  ^    SEMIFL0SGULEUSB8 
ET   RiWIÉ&S'  ïaum*.    —    SY^AffFHÉRfiaS  Hich. 

Nom  tiré  de  ieaP  mode  d'inflorescence  en  capitules,  dé  la 
forme  de- leur  corolle  et  de  la  soudure  de  leurs  étamines.  Plantes 
souvent  à  suc  laiteux,  feuilles  alternes ,  rarement  opposées, 
stipules  nulles;  fleurs  en  calathides. 


f  Tribu.  cnamBoimE»  vam. 

De  leô/w^ç  ou  xBjOMfiSov,  cime,  bouquet,  etf^jo»,  je  porte,  c'est-à- 
dire  inflorescence  en  cimes  ou  en  bouquets. 

G.  EupaLtortuin.  —  L.  Eupatolre. 

De  èmrmopiofj  nom  grec  de  la  plante,  ou  de  Evmcwp,  issu  d'un 
père  renommé,  ou  de  Eupator,  roi  de  Pont,  auquel  ce  genre  avait 
été  consacré. 

E.  CANNABINUM  L.  et  C.  B.  P.  —  E.  CHANFUIN.  ~ 
(E.  TrifoUatum  EM.)£upatoire  d' Amcennt,  des  marais,  ParUa- 
gruélion  sauvage,  herbe  de  Ste  Cunégonde,  Angl.  Common  hemp 
Àgrimony.  AU.  Hamf-Odermenmg .  Ital.  Eupaioria.  —  Viv.  — 
Juillet-septembre,  bords  des  eaux,  des  fossés,  taillis  humides. 
TC. 

G.  TuesUago.  —  L.  TussUage. 

DetîAssim,  toux,  agere,  chasser,  agir;  allusion  à  ses  usages 
pharmaceutiques. 


-  241  — 

T.  FARFARA  L.  —  T.  PAS  D'ANE.  —(T.  mlgaris.  C.  B.  P. 
et  Laiûk.)  [Pas  d'âne,  pied  de  poulain,  Taconnet.  Bret.  Orfil^ 
andeledon,  Pao  Marché  Louzaouen  ar  Paz.  Angl.  Common 
ColCs  foot.  AH.  Rosshufj  Huf-hattich,  Brand-Lattich-Brand- 
KratU.  Ital.  Tussilagine,  Farfaro.  —  Viv.  —  Mars-avril. 
Champs  humides,  argileux,  hors  des  chemins.  AR.  daus  le  nord 
du  département.  TC.  dans  le  sud,  surtout  dans  le  cantim  de 
Pontorson  ou  avec  quelques  au  très  fteurs  pectorales,  il  est  l'objet 
d'une  récolte  spéciale.  Plante  adoucissante,  très-usitée. 

6.  Petaelte»  Tourn.  —  Pétasite. 

4 

De  7rsra(7er))ç,  qui  a  la  forme  d'un  chapeau,  ou  de  inratroç,  parasol  ; 
allusion  à  la  forme  et  à  la  grandeur  des  feuilles. 

P.  VULGARIS  Desf.  —  P.  COMMUN.  —  [P.  major  C.  B.  P. 

—  Tussilago  Petasites  L.  —  Petasites  offumalis  Maench.)  Cha- 
pelière^  Herbe  à  la  peste ^  contrepeste,  à  la  teigne.  Bret.  Alan. 
Angl.  Common  BtUter  Burr.  AU.  Pestiknz-fFurz .  Ital.  PetasUe. 

—  Viv.  —  Mai-avril.  Lieux  humides,  fossés.  TR.  Moon ,  Airel^ 
La  Meauffè,  à  la  Pigotière,  Montcastre,  Fahgnes^  Flamanmlley 
derrière  le  couvent,  Angoville-au-Plain ,  St-Côm^  à  Ste-Marie- 
dtk-Mont,  Vergoncey,  fossés  du  château  de  Bottcéel,  Ardewn^ 
environs  du  bourg. 

6.  IVardoemla  Cass.  —  IVardosmle. 

De  vct/}8oç,  nard,  et  o<Tfàiy  odeur,  allusion  au  parfum  exquis  de 
ses  fleurs. 

N.  FRAGRANS  Rchb.  -  .V.  ODORANT.  —  (N.  maveo- 
lens  Desf.  —  Denliculaia  Cassin.  —  Ttissilago  fragrans  Gm. 

—  Sua'oeokm  Desf.)  Héliotrope  d'hiver.  Angl.  Sioeet  scented 
colfs  foot.  —  Viv.  —  Décembre-mars.  Décombres ,  prés  humi- 
des. AC. 

Cette  plante  est  naturalisée  dans  tout  le  département. 

16 


G.  OInerarla  L.  —  Cinéraire* 

De  Cinisy  CineriSy  Cendre;  à  cause  de  la  couleur  cendrée  de  la 
page  inférieure  des  feuilles. 

C.  SPATULiEFOLIA  Gm.  —  C,  A  FEUILLES  SPATU- 
LÊES.  —  (5.  spatulmfolius  DC.  —  Campestris  Babingt.  — 
Tephroseris  spatulœfolia  Bor.  —  Cmeraria  integrifolia  With.) 
-^  Viv.  —  Mai-juin.  Bols ,  coteaux  herbeux.  TR.  Urville-Hague, 
la  falaise,  Sideville ,  bois  du  mont  du  roc ,  Regmvilk,  le  bois, 
les  landes,  Hautetille,  environs  de  la  cour,  RauviUe-la-Place ^ 
taillis  du  Saussey,  Ste-Colombe,  Kiillis  du  Saussey,  Marceify 
bords  de  la  rivière  près  la  Salette. 

G.  Senecio  L.  —  Séneçon*  \ 

De  Semx,  vieillard  ;  allusion  aux  aigrettes  blanches,  figurant 
des  cheveux  blancs. 

S.  VULGARIS  L.  —  S.  COMMUN.  —  (5.  minor  mlgaris 
C.  B.  P.  —  Serançon,  Toute  vernie,  herbe  à  la  CliardonnereUe,) 
Bret.  Aouérédal.  Angl.  Common  Groundsel.  It.  Cardarina.  — 
Ann.  —  Toute  Tannée.  Partout.  TC. 

Var.  5.  radiatm  Koch.  —  R.  miellés  de  Fauville  et  Biville. 

* 

S.  JACOBiEA  L.  ~  S.  JACOBÉE.  -  [Jacobœa  mlgaris 
lacmiata  C.  B.  P.)  Herbe  St- Jacques  ,  de  Jacob,  fleur  de  Jacob , 
de  St' Jacques,  dorée,  herbe  dorée,  joncàmouchet,  Angl.  Common 
Ragwort,  Ail.  St-Jacobs  Knaut ,  St- Jacob' s  Blume.  liai.  Gia- 
cobœa.  — Viv.  —  Juin-sept.  Prés,  bords  des  chemins,  lieux 
pierreux,  haies,  TC. 

Var.  condkans,  R. 

S.  ERUCiEFOLIUS  L.  —  S.  A  FEUILLES  DE  JtO-^ 
QUETTE.  —  Viv.  —  Juin-août.  Prés  des  terrains  calcaires. 


-  243  — 

RR.  dans  tout  le  département,  excepté  suf  les  calcaires  du  Co- 
tefUm;  La  JUeauffe,  St-Lo, 

S.  ERRATICUS  Bert.  —  S,  ERRATIQUE.  -  (5.  barbareœ 
folius  Krock.)  Séneçon  vagabond,  divariquc,  —  Bisan.  Viv.  .- 
Juill.-août.  Prés  frais ,  bords  des  rivières ,  des  ruisseaux.  R. 
mais  moins  dans  l'arrondissement  de  Fahgnes  et  dans  le  sud 
du  département. 

S.  SYLVATICUS  L.  -  S.  DES  BOIS.  -  Angl.  Mountain 
Groundsel.  —  Ann.  —  Juill.-sept.  Coteaux  secs,  lieux  pierreux. 
AC. 

S.  VISCOSUSL.  -  S.  VISQUEUX.  —  Bisann.  -  Juill.- 
août.  R.  littoral  de  Test,  Fermanville. 

S.  SARRACENICUS  L.  -  S.  DES  SARRASINS.  —  Viv. 

—  Juin-août.  Bois,  haies,  Hauteville,  près  i'Orglandes,  le  bois, 
Montmartin-^n-GraigneSy  haies,  bois  entre  la  Perrme  et  Téglise 
du  Désert^  Bohon^  au  pied  du  Castel.  (de  Gerville). 

Je  ne  Ty  ai  pas  retrouvé.  Il  y  a  eu  probablement  erreur. 

G.  Doronlcum  Tourn.  —  Doronlc* 

De  Doronidge,  nom  arabe  de  la  plante,  ou  de^p,  lance,  ou 
mieux  ^/>oç,  peau,  et  vc»?,  triomphe;  c'est-à-dire  plante  qui 
guérit  les  plaies,  à  cause  de  ses  propriétés  alexitères  analogues  à 
celles  de  YAmicaj  qui  lui  ressemble  un  peu. 

D.  PARDALIANCHES  L.  —  D.  MORT  AUX  PANTHÈRES. 

—  (D.  maximum  C.  B.  P.)  Angl.  Great  Leopard'9  bone.  Ail. 
Gemsen  Wvrz,  Swild-umrz.  liai.  Doronico  Velenio,  Bellidostro. 

—  Yiv.  —  Haj-juill.  fiois,  coteaux  ombragés.  RRR.  Cherbourg^ 
le  Cauchin,  Octeville,  le  Val,  Uartwoast,  bois  du  château,  Towr" 
lavUle,  le  Roule,  Croix-des-Monts  entre  Montcuit  et  Cambemon, 
Falognes,  Ma/rcey,  bois  du  château,  St-Martin-des-Champs ^  à 
Baffé,  FésinSy  les  coteaux,  La  ChapeUe-efrirJuger ^  bois. 


—  244  — 

M.  de  Brébisson  indique  dans  les  environs  de  St-Lo ,  le  D. 
PLANTâGINKUM  L.  Sa  rareté  aurait  dû  lui  mériter  une  indica- 
tion de  localité  bien  précise.  Je  n*ai  pas  assez  parcouru  Tarron- 
dissement  de  St-Lo  pour  avoir  eu  la  bonne  fortune  de  Ty  re- 
trouver dans  les  bois. 

• 

G.  Uinoeyrta  DC.  —  Lilnosyrta* 

De  Acvov^  lin,  et  wr^piç,  plante  citée  par  Pline  cooime  ayant  des 
feuilles  analogues  à  celles  du  lin  et  de  VOsyris. 

L.  VULGARIS  DC.  —  L.  COMMUN  [Chrysocoma  Linosyris 
L.  Vulgaris  Cass.  —  Linosyris  Nuperorum  Lob.  —  CriniUiria 
Lmosyris  Less.)  (Chevelure  dorée,  Angl.  Flax  leaved  Gôldy  locks). 
—  Viv.  —  Juill-août.  Coteaux  arides,  RRRR.  Si-Quentin^  Lille- 
manière,  Mont'St'MicheL  (M.  Vabbé  Maheut,  curé  de  St-Oven.) 

« 
G.  il^ster  L.  —  Aster. 

De  A(mj/9,  nom  de  la  plante,  ou  de  a(m7/>,  étoile;  allusion  au 
capitule  radié. 

A.  TRIPOLIUM  L.  —J.  TRI  PO  LW  M  (Tripolium  Vulgare 
Nées.  (Aster  maritime)  Angl.  Tripoly,  Sea  Starwort,  —  Viv.  — 
Août-sept.  Lieux  aquatiques  et  vaseux  du  littoral,  R.  çà  et  là 
dans  les  lieux  vaseux  de  la  côte,  depuis  les  Feys  à  la  baie  du 
Mont^St-MicheL 

Var.  albiflora,  R.  Vains,  Gizors. 

Var.  brevi-radiatay  Vains,  St-Léonord. 

L.  Brumalie  Nées.  —  Gr  et  Godr.  est 'naturalisé  sur 
le  bords  des  étangs  de  Martinvast. 

G.  Erlgeron  L.  —  Vergerette. 

Du  nom  grec  kptyipm^  séneçon^  ou  de  Ijocovy  poils,  et  Tt/suv, 
vieillard,  allusion  aux  aigrettes  blanches  de  ce  genre. 

E.  ACRIS  L.  —F.  ACRE.  Angl.  Sharp  Erigeron, Blue  Flea- 


—  245  — 

Bane.  —  Bisann. — Juin-octobre.  Lieux  arides,  champs  pierreux, 
murailles,  R.  Cherbourg,  remparts  du  port  militaire,  OcteMle, 
fort  des  Fourches  JaJouannerie,  Equeurdreville,  les  murs,  Quer- 
qneviUe,  le  château ,  le  fort,  les  miellés ,  Biville,  Surtainmlle, 
les  coteaux,  et  les  miellés,  Vabgnes,  les  murs,  Lestre,  Bouillon, 
coteaux,  murs,  Marcey,  littoral,  Àvranches,  les  murs. 
Var.  serotinus'Weihe.  TR.  Tourlaville,  la  redoute. 

E.  CANADENSIS  L.  —  F.  DU  CANADA.  Angl.  Camdiân 
Erigeron,  Canadian  FUa-Bane. — Add.  —  Juîn-sept.  Murs,  lit- 
toral, TR.  St-Lo,mxiTS,  Af>ranches,  murs,  Marcey,  Vains,  Céaux, 
bords  de  la  grève,  Ducey,  Si-James,  murs,  Fal-St-Père,  laNafrée, 
Bellevue. 

E.  ALPINUS  L.-^F.  DES  ALPES.  -  Viv.  —Juin-août. 
Montagnes,  St-Oven,  verger  et  jardin  près  le  bourg,  où  il  s'est 
perpétué  1876-77. 

É 

6.  Solldago.  L.  *-  Solldago. 

hesolidum,  agere^  rendre  solide  ;  allusion  à  de  prétendues 
propriétés  vulnéraires. 

S.  VIRGA  AUREA  L.  —  S.  FERGE  D^OR.  {Firga  area  la- 
tifolia  semUa  C.  B.  P.)  Grande  Verge  d'or,  dorée.  Herbe  des 
Juifs.  Angl.  Common  Golden  Hod  AH.  Heydnichts  Wund  Kraut. 
Ital.  Firga  aurea.  —  Viv.  — Juill-oct.  Bois,  bruyères,  talus  des 
fossés,  T.  C. 

Var.  ampla  S.  Saulii  Bor.  —  AC. 

L.  S.  CANADENSISL.  se  trouve  çàet  là  à  Tétat  sous-spontané, 

6.  JRulIccuria  GsBrtn.  —  JRalIcsabre. 

(De  Pukx,  poux;  allusion  à  ses  prétendues  propriétés,  insec- 
ticides, notamment  contre  les  puces.) 

P.DYSENTERICAGaertn.  —P.DYSSENTÉRIQUE.  Inula 


-  246  — 

L.  --  ConyzaLdiXûk.  —  Aster  Ail.  Aster pratmsisl.  RH.  AngK 
Common  Flea^hane.  AH.  Gelbe  mtmtz,  Bv/rhalarU.  Ital.  HeUnio 
Giallo.  (Herbe  St-Roch,  MuUu,  Pissat  de  chaty  Aimée  dyssenr 
tériqvie.  —  Viv.  —  Juin-sept.  Lieux  exondés,  chemins  humides, 
bords  des  étangs  et  des  mares.  C. 

P.  VULGARIS  Gaertn.  —  P.  COMMUNE.  Imla  Pulicaria 
l^  Aster.  AU.  (Herbe  aux  jmces),  Angl.  Small  FUa-bane  — 
Ann.  —Lieux  exondés,  bords  des  flaques,  vergers  humides,  AR. 
surtout  dans  le  nord  du  département. 

G.  Inula  L.  —  Inule. 

De  ivoftv,  purifier  ;  allusion  à  ses  propriétés  dépuratives,  to- 
niques. 

J.  CONYZA  DC.  —  /.  CONYZE.  (Conyxa  major  vulgaris 
C.  B.  P.  Vulgaris  Lamk.  —  Conyza  sqvarrosa  L.  Inula  squar- 
rosa  Berh.  Angl.  Flea-bane.  Ail.  Durwurz.  Ital.  Cunilagine. — 
Bisan.  — Août-oct.  Lieux  arides,  pierreux,  bords  des  chemins. 
AR.  surtout  dans  le  nord  du  déparlement.  Elle  semble  rechercher 
les  terrains  schisteux. 

J.  HELENIUM  L.  —  /.  AUNÊE  (Coroizariia  Mér.  —  Aster 
maximus  L.  R.  H.  —  A.  Heknium  Scop.)  Grande  Aunée,  Ermla 
campanaj  aillaume,  ail  de  cheval,  panacée  ou  lazer  de  chiron^ 
panacée  des  chûtes,  aromate  germanique,)  Angl.  Enula  campane. 
AIL  Alav^,  grosser  alaut.  It.  Elenio.  —  Viv.  —  Juill.-sept. 
Champs,  bords  des  chemins,  talus  des  fossés,  TR.  Cherbourg, 
environs  du  port  militaire,  Octeville,  St-Sauveur,  Teurthéville- 
Hagus,  la  Moulonnerie,  Hamel-ès-Coutours,  Les  Pieux,  roule  de 
Barneville,  Benoistville,  route  des  Pieux,  JBaw%ny,  St-Paul-des- 
Sablons,  Pirou,  Geffosses,  Falognes,  St- Patrice,  moulin  des 
Claids,  Neufmesnil,  près  Téglise  et  le  presbytère,  Fély,  près 
Bricquebosq,  Céaux,  laProvostière,  Sej*von ,  la  Bréteche,  ArJevon. 

Plante  tonique,  trop  négligée  dans  la  médecine  actuelle. 


—  247  — 

J.  CRITHMOIDES  L.  — /.  PERCE-PIERRE,  Semcio  crith- 
mifolius  Scop.  —  Limbarda  triscuspis.  Cass.  —  Viv.  —  Juill.- 
sepl.  Rochers  et  falaises  de  l'ouesr.  TR.  Auderoille,  Jobourg^ 
Herqtieville,  Les  Pieux,  Flamanville. 

Je  ne  Fai  point  vue  sur  les  falaises  du  sud. 

Ses  feuilles  sont  aromatiques  comme  celle  de  la  Crithme  ma- 
rine; confites  dans  le  vinaigre,  elles  forment  un  bon  condiment. 

G.  Fllago  L.  —  Cotonniëre. 

De  Filum,  fil,  colon,  duvet,  allusion  au  duvet  de  ce  genre. 

F.  GERMANICA  L.  —  C.  D' ALLEMAGNE.  (F.  camscéns 
Jord.  —  Fulgaris  Lamk.  —  Impia  Dod.  Pempt.)  Gnaphalium 
Germanicum  Huds.)  Herbe  à  coion,  cotonnière,  Angl.  Common 
cudweed,  common  Filago,  AH.  Ruhr  KrauX,)  —  Ann.  —  Juin- 
sept.  Lieux  secs,  pierreux,  murs,  talus  des  fossés.  C. 

Var.  lanuginosa  DC.  —  F.  eriocephala  Gus&,  R. 

Var.  procera  AC. 

F.  LUTESCENS  Jord.  —  C.  JAUNATRE.  (F.  Germanica  L. 
part.  —  Ann.  —  Juin-sept.  Champs  du  littoral.  AC.  dans  les 
environs  d'Avrancbes  et  coteaux  de  Mortain. 

F.  MONTANA  L.  —  C.  DES  MONTAGNES  (Gnaphalium 
Huds.)  —  Ann. —  Juin-sept.  Lieux  pierreux,  coteaux  arides,  C. 
Var.  F.  minima  Fries.  TR.  Le  Roule. 

F.  GALLICA  L.  —  C.  DE  FRANCE  (F.  filiformis  Lamk.  - 
Gnaphalium  Gallicwn,  Logfia  Gallica  Coss.  et  Germ.  Subulata 
Cass.  Angl.  Narrow  leated  Filago,  —  Ann.  —  Coteaux,  terres 
remuées,  champs,  TR  CKerbowrg,  Tivoli,  Octemlle,  les  Fourches, 
les  Entes,  St-Pierre-Eglise,  vallon  de  Hacouville,  Cosquevilley 
ferme  de  Renouville,  Angoville,  plateau  des  Houtarres,  Herque- 
mile,  Flama,nmlk^  Digosville,  Fermanville,  les  falaises  et  bords 
du  littoral,  Chausey,  la  grande  île,  Bouillon,  Carollcs,  Si-Jean- 
le-Thomas,  les  falaises,  Tanis,  à  Noyant,  Carteret,  les  falaises. 


—  248  — 

Le  F.  ARYENSIS  L.  non  Yahlem.  —  (Gnaphalium  Lamk.)  a 
été  indiqué  dans  le  Guide  du  Foyageur  à  Cherbourg,  sans  pré- 
ciser de  localités.  On  trouve  quelquefois  des  Filago  avec  écailles 
violfltres  qui  ressemblent  aux  F.  canescevis  et  hUescens  Jord. 
Serait-ce  l'espèce  F.  iodolepis  Bréb? 

Ces  cotonniëres  sont  confondues  eu  Angleterre  sous  le  nom  de 
Common  Cudweed  et  en  Allemagne  sous  celui  de  Ruhr  Kraut, 

J'ai  cru  trouver  à  Thorigny-sur-Vire  le  F.  spatulata  Presl.- 
Jord.  y^rpurpurascensGr.  elGod. 

6.  Gnaphcdlum  L.  —  Gnaplicde* 

Du  nom  grec  rvà^Xiov,  pied  de  chat,  ou  yvà^ecXcov,  bourre,  à 
cause  de  Taspect  cotonneux  de  ces  espèces. 

G.  LUTEO-ALBUM  L.  —  G.  JAUNATRE.  Angl.  Jersey 
Cudweed.  —  Ann.  —  Août-sept.  Lieux  sablonneux  un  peu 
humides,  R.  dans  le  nord  du  département,  surtout.  TourlavillSy 
leBéquet,  GaUevilk,  près  Téglise,  le  Crabec,  Imbrauville,  Faur 
ville,  la  mare,  Biville,  les  miellés,  Les  Pieux,  Sciotot,  Fkmavr 
mile,  bois  du  château,  Surèainville,  les  miellés,  hameau  Pouchin, 
Valognes,  Biicquebec,  Denneville,  villaged'Avarville,  St-Germain- 
sur-Ày,  route  A'Angoville,  Céaux,  Ardevon,  Huysnes,  Courtils, 
Fal'St'Père,  Tanis,  champs  du  littoral,  ferme  du  Rouvre, 
St'James, 

Var.  prostratum  Breb.  Fauville,  prairies  de  la  Mare. 

G.  SYLVATICUM  L.— G.  DESBOIS.—(G.rectumS(n.)  Angl. 
Highland  cudweed.  — Yiv.  —  Août-sept.  Bois,  champs  en  friche. 
TR.  Surtainville,  bois  de  la  Baronnerie,  Bricqu^bec,  les  bois, 
Montcaslre,  les  bois,  le  Tanu,  bois  de  Yaudereu  près  le  viaduc , 
Tanis,  lande  du  Rouvre,  Morùain,  côte  St-Barthélémi. 

G.  DIOICUM  L.  -  G.  DIOIQUE.—  [Elichrysummoruanum 
C.  B.  P.)  Angl.  Cat's  foot.  Ail.  Katzen-fuss,  II.  Gnafalio.  [Pied 
de  chat).  —  Yiv.  —  Juill.-oct.  Bruyères,  bois.  RRR.  Sioimlle, 
près  l'église.  (De  la  Chap.)  Mortain.  (de  Bréb.) 


—  249  — 

G.  ULIGINOSUM  L.  —  G.  DES  FANGES,  -  (G.  ramo- 
sum  Lamk.)  Ângl.  Marsh  cudweed.  —  Ann.  —  Juill.-sept. 
Fossés,  ornières,  lieux  exondés.  C. 

Le  G.  FiETIDUM  L.  (Htlichrysum  Maench.)  a  disparu  de  la 
lande  de  TocquevilU  où  il  était  naturalisé. 

Le  G.  UNDULATUML.  —Naturalisé,  croît  à  Cherbourg,  à  la 
Bucaille  et  aux  environs  du  port  militaire^  à  Odevilk,  carrières  des 
Fourches  et  des  Entes  et  dans  les  bois  du  château  AeFlamanville. 

On  a  aussi  trouvé  naturalisé  à  la  Fauconnière,  à  Cherbourg,  le 
G.  MARGARITACEUM  L.  ainsi  que  dans  la  forêt  de  Cerisy  près 
St'Lo . 

Les  Gnaphalium  sont  connus  sous  le  nom  d'Immortelles. 

G.  BeUte  L.  —  PAquerette. 

De  Bellttë,  joli,  à  cause  de  la  gentillesse  de  la  plante. 

B.  PERENNIS  L.  -  P.  FIFJCE.  —  (Bellis  sylvestris 
minor  C.  B.  P.)  (Pâquelle,  petite  m^rgu^erite,  petite  consyre, 
fleur  de  tous  les  mois).  Bret.  Bieu/n-ham,  Tro-heol.  Angl. 
Commondaisy.  AU.  Mass  Lieben.  It.  Bellide,  Margheritina.  — 
Viv.  —  Toute  Tannée,  et  presque  partout. 

Var.  proliféra.  St-Sénier^ous-Apranches ,  Apilly,  pointe  est 
delà  prairie. 
Var.  brevi^adiata.  AR.  Coteaux  maritimes. 
Yar.  rubriflora,  çà  et  là  dans  les  prairies. 

G.  Cbrysaintlieiiimii  L.  —  GbryiiaiitliAine. 

Du  grec  xp^^H^^  ou  xp^^^^i^^»  plante  dont  les  fleurs  sont 
couleur  d'or,  ou  de  xp^^y  or,  et  ovôïïfMt,  bouquet. 

C.  SEGETUM  L.  -  C.  DES  MOISSONS.  -  (Matricaria 
Dest.)  (Marguerite  dorée,  Mullu.)  Bret.  Bozen.  Angl.  Com  Ma- 
rigold.  Ail.  Korn  Rougel  Blum.  Ital.  Margherita  Gialla.  —  Ann. 
—  Juin. -octobre.  Champs  cultivés  du  littoral,  AC. 


—  250  — 

C.  LEUCANTHEMUM  L.  —  C.  LEUCANTHÊME.  -  {Ma- 
tricaria  Dest.  —  Leucanthemum  vulgare  Lamk.  et  I.  R.  H.) 
(Marguerite  blanche ,  des  champs ,  grande  pâquerette ,  grande 
fnargu>erite\  amauroqvs,  grand-^il  de  heeuf,  pdqiielte^  pétro, 
herbe  aux  abeilles.)  Brel.  Pebr-Gweenn.  Angl.  Ox  eye  daUy. 
Ail.  Maslieben^  Monad-Blumlein.  —  Viv.  —  Mai-août.  Prés, 
cbteaux,  talus  des  fossés.  TC. 

Vap.  uniflorum  Bréb.  Surtainvillej  bois  de  la  Baronnerie,  St- 
Jean-le-Thomas,  Avranches,  murs. 

Yar.  pudicumLe  Héricher,  feuilles  étroites  au  bas,  élargies  au 
sommet,  formant  collerette  ou  involucre  au-dessous  de  la  calathide. 

C.  PARTHENIUM  Pers.  —  C.  MJTRICAIRE.  —  (Pyre- 
thrum&xù,  —  Matricaria  Parthenium  L.  —  Odorata  La  m.  — 
Fulgaris  C.  B.  P.  —  Leucanthemum  Parthenium  Gr.  et  Godr.) 
(Matricaire  commune)^  Angl.  Common  Feverfetc.  AU.  Morter, 
Mertram,  Uutter  Kraut.  Ital.  Matricaria,  m^tricale.  — Viv.  — 
Juin-août.  FJeux  pierreux,  murs,  décombres.  AR. 

Plante  amëre,  aromatique,  essentiellement  tonique,  emména- 
gogue  et  anti-hislérique. 

C.  INODORUM.  L.  —  C.  INODORE.  —  (Pyi^ethrum  Sm. 
—  Matricaria  L.  —  Tripleurospermum^Q\i\x\\z.)  (Tête  de  jument). 
Angl.  Scentless  Mayweed.  —  Ann.  —  Juill. -octobre.  Champs. 

Var.  maritimum  Bréb.  AR.  littoral. 

C.  MARITIMUM  Pers.  —  C.  MARITIME.  —  (Pyrelhrum 
Sm.  Matricaria  L.  —  Tripleurospermum  Koch. — Ann. — Juill.- 
octobr.  Champs  du  littoral.  TR.  Cherbourg,  Querquevillc,  St-Ger- 
main-4eS'FauXf  Chausey,  St-Pair^  Bouillon,  Plains,  Céaux. 

m 

6.  Matrlccurla  L.  —  Matricaire. 

Allusion  à  ses  propriétés  emménagogues. 

M.  CHAMOMILLA  L.  —  M.  CAMOMILLE.  —  (Chrysan- 
themum  DC.  —  Chameemelum  tulgare  et  Leucanthemum  Diosco- 
ridis  C.  B.  P.  —  Chamomilla  officinalis  Koch.  —  SuaveolensL.) 


—  251  — 

Bret.  Fanulgon ,  Louzaoîien  an  varm ,  Maron ,  Lauzaoum  ar 
mammen.  ÂDgl.  Wild  camomile,  Dog's  camomile.  Ali.  fTilde 
Camomilk,  Itai.  Camomilla.  — Add.  —  Juin-août.  Champs, 
talus  des  fossés,  sur  le  littoral,  surtout,  AC. 

Yar.  suaveolens  L.  AC.  mêmes  stations  ; 

Plante  tonique,  aromatique,  excitante,  emméoagogue. 

G.  A.ntliemis  L.  —  Camomille. 

De  AvdfffAiç,  nom  d'une  camomille. 

A.  N0BILI9  L.  -  C.  NOBLE.  —  (À.  odorata  Lamk.  — 
Chamomilla  Gr.  et  Godr.  —  Ormenis  Gay.  —  Chamœmelum  nobilt 
C.B.  P.)  (Camomi/te romaine.^  Angl.  Common  Camomile.  Ail. 
KamillejKamUlenjItamische  Camille.  It.  Camomilla  romana.  — 
Viv.  —  Juin-sept.  Pâturages  secs,  coteaux,  bruyères,  landes,  AC. 
Elle  se  pélorie  facilement  et  se  vend  alors  dans  les  pharmacies 
sous  le  nom  de  Camomille  romaine.  Mêmes  propriétés  que  les 
espèces  précédentes. 

A.  COTULA  L.  -  C.  FÉTIDE.  (A.  fœtida  Lamk.  —Ma- 
ruta  cotula  DC.  —  Chammmelum  coiula  AU.  —  Cotula  fœlida 
et  Chammmelum  fmtidum  J.  Br)  (MarcouU,  Camomille  puante.) 
Angl.  May-fFeed,  Stinking  Camomile.  Ail.  Krmten  dill,  Utmd's 
dill^BundsKamille.  Ital.  Cota.  —  Ann.  — Juin-sept.  Champs, C. 

Var.  micranlha,  Nab.  Herqttetnlle^  falaise. 

A.  ARVENSIS  L.  -  C.  DES  CHAMPS.  —  (OEilde  vache, 
fausse  Camomille.)  Xn%\.  Corn  Camomile. — Bisann.  —  Juill.- 
août.  Littoral  de  Tourlaville  et  de  la  baie  du  Mon^St-Michel,  TR. 

Var.  brevi-radiata.  Uuysnes. 

G.  ilLClillleci  L.  —  ilLOliIllée. 

De  Axàhioç,  nom  grec  de  celle  plante  dont  Achille  fil  usage 
pour  guérir  la  plaie  de  Téléphe. 

A.  MILLEFOLIUM  L.  —  J.  MILLE FEU/Lf^E.  —  (Mille- 
folium  vulgare  C.  B.  P.)  (Herbe  au  charpenti<?r,  à  la  cov/pv/re , 


—  252  — 

attx  voiturierSj  dent  de  loup,  herbe  St-Jean,  militaire,  saignerez, 
sourcil  de  Vénus.  Bret.  Louzaouen  ar  chalvez.  Angl.  Milfoil , 
CommonYarroîo.  Àll.  TmUsenblaU^Gardenkraut,  Schaffe garde. 
Ital.  Millefoglio,  Achilka,  —  Viv.  —  Juiu-oct.  Lieux  incultes, 
talus  des  fossés.  TC. 

Yar.  compacta,  AR. 

Varie  à  fleurs  blanches,  carnées  rose  et  rouge  assez  prononcé. 

Depuis  quelques  années  cette  plante  est  très-reconamandée 
comme  emménagogue. 

A.  PTARMICA  L.  —  ^.  STERNUTATOIRE.  —  [Ptarmica 
vulgaris  Blackw.  et  J.  B.)  (Herbe  à  éternuer,  saigne-nez ,  Ptar- 
mique,  boiUon  d'argent,  herbe  sarrazine.)  Angl.  Sneeze  Wort, 
Yarrow.  Ail.  fFeisserrspitzer ,  Rheinfaren,  Bertramachillen 
kraut.  Ital.  Ptarmica.  —  Viv. —  Juin-sept.  Prés  humides,  bords 
des  eaux  ,  TR.  Prairies  de  la  Soûle,  à  Cerisy-la-Forêt ,  Orval, 
Ste-Cécile,  prairies  de  Lacherie,  Pont  aux  celliers,  Pont-Hébert, 
bords  de  la  Vire,  St-Senier-sous-y^vranches,  bords  de  la  Sée,  Les 
Biards,  bords  de  la  Sélune,  Tanis,  landes  de  Noyant  et  du  Rouvre, 
Pontorson,  bords  du  Couesnon,  etc. 

Cette  plante  est  un  sternutatoire  aussi  actif  que  la  précédente 
et  elle  provoque  le  saignement  de  nez  comme  elle. 

G.  A.rteiiiielci  L.  —  A.rmoise« 

Du  nom  grec  A/n-ffAîo-ia,  armoise,  ou  de  A/n-efteç,  nom  de  Diane, 
c'est-à-dire  herbe  des  vierges,  à  cause  de  son  emploi  comme 
emménagogue. 

A.  ABSINTHIUM  L.  —  J.  ABSINTHE  (Absirdhium  Ponti- 
cum,  Romanum,  Dioscoridis  C.  B.  P.  —  Fulgare  Gsertn.) 
Grande  absinthe,  aluyne,  alvine,  armoise  amère,  absinthe  suisse, 
herbe  sainte.  Bret.  Huelen.  Angl.  Commxm  Wormioood.  Ail. 
Wermuth.  liai.  Assenzio  romano.  —  Viv.  —  Juill.-août.  Lieux 
pierreux,  coteaux  de  la  région  maritime,  surtout  sur  les  granits. 
AR.  Canton  de  St-Pierre-Eglise,  des  Pieux,  de  Barfleur,  Réville, 
etc..  Falogn/es^  Montfarville,  Fal-St-Père,  Changeons,  Avran-- 
chez.  Changeons,  Courtils. 


—  253  — 

A.  MARITIMA  Willd.  —  4.  MARITIME  (SeHphidium  Bess.) 
(SangnenitU,  herbe  à  vers^  abiinthe  de  mer.)  Angl.  Sea  Worm- 
toood.  AH.  See  Fermouth,  Ttal.  Assenzio  maritimo.  —  Viv.  — 
Jain-sept.  Embouchure  des  rivières  de  nos  grèves.  TR.  Lestre^ 
bords  de  la  Sinope,  Les  Feys,  St-Waast^  dunes  de  Carteret, 
St-  Germain-sur- Ay. 

Var.  A.  gallica  Willd.  Lestre  et  Omnéville,  la  Sinope. 

Yar.  A.  salina  Willd.  Lestre^  bords  de  la  Sinope. 

Cette  plante  est  un  excellent  vermifuge,  très-employé. 

A.  VULGARIS  L.  —  A.  COMNUNE  {A.  mlgans  major. 
I.  R.  H.)  Herbe  Si-Jean,  à  cent  goûts ,  remise,  couronne,  ceinture, 
fleur  de  Si-Jean.  Bret.  Huelen  Wenn,  Louzaouen  an  Ditcad. 
Angl.  Common  Mugwort.  Ail.  Geymer  Bryfus.  Ital.  Artemisia. 
—  Viv.  —  Juin. -sept.  Lieux  incultes,  talus  des  fossés,  haies.  C. 

Var.  hUescens,  forêt  de  Cerisy. 

Plante  tonique,  très-employée  comme  emménagogue. 

G.  Xanac^etum  L.  —  Xancdsie. 

De  Oflnwroc,  mort;  allusion  à  ses  fleurs  qui  se  flétrissent,  tandis 
que  celles  des  immortelles  ne  se  flétrissent  pas;  mieux  de  rahM, 
Tœnia,  et  oxtofMcc,  guérir;  allusion  à  ses  propriétés  éminemment 
vermifuges. 

T.  VDLGARE  L.  -  T.  COMMUNE  (T.  prœcox  Eorinl.  — 
Fulgare  luteum  C.  B.  P.)  Herbe  à  vers,  amère,  Barbotine,  Lar^ 
mise.  Remise,  Tanacée.  Bret.  Jrwdd.  Angl.  Common  Tansy, 
Tansie.  Ail.  Rein-farrein,  Rhein-fam.  It.  Tanaceto.  —  Viv.  — 
Août-sept.  Bords  des  chemins,  baies,  talus  des  fossés,  AR.  çà  et 
là  près  des  habitations;  elle  est  souvent  cultivée.  Excellent 
vermifuge,  tonique,  amer. 

M.  de  Brébisson  indique  le  T.  BALSAHITA  L.  Menthe  coq, 

coq  des  jardins,  Herbe  au  coq,  sur  la  côte  à  RegnémUe,  je  ne  l'y 

ai  pas  vue.  Du  reste  elle  y  aurait  été  introduite,  c'est  cette  plante 

à  odeur  et  saveur  anisée  et  non  menthée,  qui  fait  la  base  de 

l'absinthe  des  cafés  et  liquoristes. 

(a  suivre.) 


DE  L'ORGANISATION 


DES 


POUVOIRS  PUBLICS 


DANS  LE  DEPARTEMENT  DE  LA  MANCHE 


PENDANT      LA     PI^BMlèRB      RÉVOLUTION. 


AVANT-PROPOS 


^MMWMMMMi 


La  présente  étude  a  pour  but  de  compléter  toutes  nos  pré- 
cédentes. 

Celles-ci,  débutant  par^un  aperçu,  historique  et  géographique, 
de  la  situation  politique  du  territoire  ayant  depuis  formé  notre 
département,  au  moment  où  éclata  la  première  révolution,  ont 
ensuite  passé  en  revue,  et  dans  leur  organisation  et  dans  leurs 
principales  opérations,  les  diverses  juridictions  répressives,  tant 
exceptionnelles  que  de  droit  commun,  y  établies  pendant  la  dite 
période. 

A  présent  il  s'agit  de  clarifier,  en  quelque  sorte,  cette  œuvre 
judiciaire  multiple,  et,  parla,  d'en  graver  mieux  le  fonctionne- 
ment varié,  dans  Tesprit  des  lecteurs,  en  leur  faisaoi  voir,  d'une 


-  255  — 

façon  en  quelque  sorte  synoptique,  et,  pour  ainsi  dire  à  vol  (foi- 
seau,  comme  du  haut  d'une  éminence  ad  hoc^  toute  la  charpente 
administrative  lui  ayant  servi  de  support  légal,  et  les  divers  res- 
sorts gouvernementaux  qui  lui  ont,  alors,  permis,  et  même  im- 
posé, de  s'accomplir  dans  les  conditions  où  nous  lavons  naguère 
vue  sa  développer. 

Il  s'agit,  en  même  temps,  d'atteindre,  à  cette  occasion,  un  ré- 
sultat plus  large  :  celui  d'exposer,  dans  son  ensemble,  en  ce  qui 
concerne  particulièrement  nos  contrées,  tout  le  système  régle- 
mentaire auquel  celles-ci  se  sont,  aux  diverses  époques  de  la 
dite  période,  trouvées,  en  dehors  de  tout  événement  local  spé- 
cialement envisagé,  successivement  soumises. 

A  coup  sûr,  un  pareil  travail  —  qui  comprend,  d'une  part 
l'énoncé  des  lois  principales  de  la  matière,  et,  d'autre  part, 
rénumération  du  personnel  administratif  chargé,  chez  nous,  de 
leur  exécution  —  présentera  forcément,  à  sa  lecture,  quelque 
chose  de  sec  et  d'aride,  comme  le  fait  nécessairement  toute  no- 
menclature analogue. 

Mais  en  revanche,  il  sera ,  — tout  nouveau  d'ailleurs  qu'il  est 
jusqu'à  présent,  —  d'un  intérêt  réel  certain,  et  même  d'une  néces- 
sité incontestable,  non-seulement  pour  le  parcours  et  la  compré- 
hension, plus  faciles,  de  nos  études  locales  antérieures,  mais  en- 
core pour  l'intelligence,  en  général,  de  toute  histoire  soit  anté- 
rieure soit  future  de  la  Révolution  dans  notre  département  et 
même  ailleurs,  où  il  n'existe  encore  pas  non  plus,  que  nous 
sachions,  d'essai  de  ce  genre. 

On  nous  saura  donc  un  peu  gré  d'avoir,  au  prix  de  longues  et 
pénibles  recherches  de  toute  sorte,  tenté  celui-ci  ;  et  on  voudra 
bien,  d'autre  part,  en  présence  des  difficultés  sans  nombre  d'un 
pareil  sujet,  où  les  renseignements,  tant  de  droit  que  de  fait, 
sont  souvent  des  plus  difficiles  à  obtenir,  excuser  les  erreurs 
quelconques,  qui,  malgré  tous  nos  efforts  pour  les  éviter,  "se  se- 
raient glissées  dans  la  rédaction  de  cette  sorte  de  table  histo- 
rique :  de  même  qu'on  aura  bien  voulu  le  faire  en  ce  qui  concerne 
notre  exposition  préliminaire,  de  Célat  du  pays  en  1789,  ci- 


—  266  — 

dessus  mentionnée»  dont  elle  n'est,  en  quelque  sorte,  par  le  fait, 
que  la  continuation  directe. 

Nous  devrons,  du  reste,  dans  racconoplissement  de  cette 
nouvelle  tâche,  nous  borner,  naturellement,  —  sous  peine  de  lui 
voir  prendre,  aux  dépens  d'ailleurs  de  la  clarté  du  sujet,  des 
proportions  démesurées,  —  à  ne  traiter  que  les  points  prin- 
cipaux de  celui-ci,  en  élaguant  tous  ceux  qui  ne  seraient  que  se- 
condaires, et  aussi  en  concentrant  tous  nos  détails,  tant  géogra- 
phiques que  hiérarchiques,  sur  le  pays  de  Coutances,  auquel 
nous  appartenons,  que  nous  connaissons  par  suite  mieux  que 
toute  autre  partie  du  dépa  rtement,  et  qui  d'ailleurs,  nous  allons 
le  voir,  fut  alors,  du  moins  pendant  longtemps,  la  portion 
la  plus  importante  de  ce  dernier. 

On  sait,  à  présent,  ce  que  nous  nous  proposons  de  faire  ici. 
Il  est,  désormais,  temps  de  nous  mettre  à  Fœuvre,  pour  cher- 
cher à  réaliser  un  semblable  programme. 


PLAN    DU    TRAVAIL. 


Pour  faciliter  ici  la  bonne  exécution  de  notre  tâche,  commen- 
çons par  la  diviser,  d'avance,  en  plusieurs  parties  distinctes. 

Et  d'abord,  partageons-la  dès  le  début —  en  suivant  la  nature 
même  des  choses  —  en  deux  grandes  fractions,  qui  resteront  sé- 
parées pendant  toute  sa  durée,  et  en  quelque  sorte  dans  toute  sa 
UmguevTy  à  savoir  :  d'une  part,  Texposé  des  lois  de  la  matière 
appliquées  a  notre  département,  et,  d'autre  part,  l'énuroération 
des  fonctionnaires,  de  celui-ci,  sous  leur  empire  successif. 

Puis  scindons-la,  chronologiquement  et  pour  ainsi  dire  tram- 
wrsakment^  —  d'après  les  modifications  organiques  introduites, 
chez  nous  comme  dans  le  reste  de  la  France,  par  Tapparition  d'é- 
vénements politiques  généraux  d'une  importance  capitale  et  cons- 
titutionnnelle  dans  la  réalité  juridique  ou  au  moins  effective  de 
ce  terme,  —  en  trois  périodes  historiques,  susceptibles  elles- 
mêmes,  quelquefois,  de  subdivisions  analogues,  et  comprenant: 
la  première,  l'époque  comprise  entre  1789  et  la  création,  du  Di- 
rectoire exécutif^  par  la  constitution  du  5  fructidor  an  III  ;  la 
seconde ,  celle  correspondant  au  gouvernement  directorial,  ter- 
miné par  la  constitution  nouvelle,  et  consulaire,  du  22  frimaire 
an  VIII  ;  et  la  ^oisikne,  celle  postérieure  à  cette  dernière  date, 
jnsqu^à  l'installation,  en  Tan  XII,  de  l'empire  napoléonien. 

Maintenant,  dans  chacune  de  ces  périodes,  reproduisons  — 

pour  plus  de  simplificatien,  —  notamment  quant  à  la  première 

des  deux  grandes  fractions  longitudinales,  ci-dessus  préalable- 

17 


ment  constatées,  et  se  répétant  dans  chacune  des  dites  subdivisions 
historiques,  les  trois  catégories  de  faits  :  administratifs,  judi- 
ciaires et  religieux^  déjà  jadis  par  nous  distinguées  dans  l'în- 
traduction  historique j  de  Fépoqne  antérieure  à  1 789,  que  nous 
avons  rappelée  il  n'y  a  qu'un  instant. 

Avec  l'aide  de  ce  premier  fil  conducteur,  pénétrons,  maintenant^ 
définitivement  au  cœur  même  de  notre  sujet. 


C^^ÔQ-) 


FBBMIÈBB    FABTIB 


LÉGISLATION 


i^wxWMiiwxi 


Première  Période  ttisTORiquE 

ÉPOQUE     ANTÉRIEURE     A    LA    CONSTITUTION    DE    l'AN    III 
{  I^.  —  JkdnAmàmtnMou  proprancat  dite. 

Nous  avons,  dans  VlrUrodn^ction  historique  précitée, 
jadis  constaté  l'existence,  en  France,  et  en  particulier 
dans  nos  contrées,  d'un  état  de  choses  administratif,  y 
fonctionnant  depuis  longtemps,  et  totalement  différent 
de  celui  que  nous  y  possédons  aujourd'hui. 

Mais  désormais  cet  ancien  régime  va  subitement  dis- 
paraître, avec  la  survenance  et  les  progrès  de  la  Révo- 
lution, pour  faire  place  aux  institutions  nouvelles  in- 
troduites par  celle-ci  et  destinées  à  faire  enfin  rentrer, 
dans  le  néant,  la  confusion  comme  l'arbitraire  du 
passé  en  cette  matière. 

Déjà,  dans  les  derniers  temps,  il  avait,  nous  le  sa- 
vons, reçu  une  atteinte  importante,  par  la  création,  no- 
tamment en  Normandie,  des  Assemblées  provinciales, 
dont  nous  devons  d'abord  redire  ici  quelques  mots. 

C'étaient  des  espèces  de  chambres  administratives, 


—  260  — 

édictées»  d'une  façon  générale,  poor  tontes  les  pro- 
Tinces  dn  royaume,  à  la  suite  de  rassemblée,  dite  des 
Notables,  de  ilHl;  elle-même  rétnit,  sur  la  convocation 
du  Roi ,  qui  en  avait  directement  désigné  les  membres 
—  où  ne  figurent,  d'ailleurs,  aucun  habitant  du  Coten- 
tin  —  pour  aviser  aux  moyens  de  venir  au  secours  dn 
trésor  public  obéré  par  une  foule  de  gaspillages  anté- 
rieurs. 

Composées,  en  principe,  de  députés  d'une  certaine 
étendue  de  territoire,  d'abord  nommés,  en  partie  du 
moins,  par  le  gouvernement  royal,  mais  qui,  plus  tard, 
devaient  être  tous  issus,  par  le  résultat  de  scrutins  à 
plusieurs  degrés,  du  suffrage  même  des  trois  ordres  po- 
litiques de  la  contrée,  elles  avaient  pour  mission  oflS- 
cielie  :  de  concourir  désormais  à  l'administration,  sur- 
tout fioanciëre,  de  celle-ci,  d'accord  avec  les  intendants 
de  la  province,  dont  on  corrigerait  ainsi  l'ancien  arbi- 
traire, et  à  l'exclusion  de  son  parlement,  dont  la 
lo'ngue  et  si  gênante  ingérance  en  pareille  matière  serait 
dorénavant  entièrement  neutralisée. 

La  Normandie,  en  particulier,  s'en  vit  octroyer  trois, 
correspondant  à  ses  trois  généralités  de  :  Rouen ,  Aknr 
çon^  et  Caen  comprenant,  comme  nous  le  savons,  le 
Cotentin,  c'est-à-dire  à  peu  de  chose  près  le  département 
actuel  de  la  Manche,  dans  son  ressort  spécial. 
Assemblée       ^^^^®  dernière  —  qui  prit  le  nom  d' Assemblée  pro- 
provinciale  YirfciÀLE  DE  Cabn,  OU  de  Bassb-Norhaàndib  —  se  com- 
^asfe-zvor-  posa  de  quarante  membres  pris,  tant  dans  le  Clergé  que 
iiMndie.     dans  la  Noblesse,  et  aussi  le  Tiers-Etat,  des  neuf  élec- 
tions, ou  dq>arùemeniSf  de  :  Caen,  Bayeux^  Vire,  Ca- 
rentan,  Falognes,  Saint-Lo^  Coutances,  Afmmches,  et 
Mortain^  qui,  dès  antérieurement,  servaient  de  divisions 
administratives  à  la  dite  généralité,  et  dont  chacune  fut, 
d'ailleurs,  à  cette  occasion,  et  aux  fins  de  faciliter  le 
recrutement  électif  ultérieur  de  la  réunion  centrale  pré- 


V- 


—  261  — 

citée  9  sabdivisëe  en  arroTidissemenU  (du  reste  entière- 
ment dififérents  de  la  circonscription  portant  aujour- 
d'hui ce  nom),  comprenant  chacun  un  certain  nombre 
de  paroisses  y  situées,  et  qui,  pour  l'élection  spéciale  de 
Cautances,  étaient  ceux  de  :  Coukinces,  Gratmlley  Gn- 
vray,  Marigny  et  MofUmartin. 

Elle  devait,  d'ailleurs,  siéger  à  Caen,  d'une  façon 
permanente,  tant  par  l'ensemble  total  de  ses  membres, 
que,  dans  l'intervalle  de  ses  sessions  périodiques — oh  se 
prenaient,  sur  les  matières  intéressant  le  territoire  de  la 
généralité,  ses  décisions  proprement  dites  —  par  une 
délégation  intérimaire,  de  six  d'entre  eux,  dite  Com- 
mission INTERMÉDIAIRE,  et  Chargée,  en  principe,  unique- 
ment d'exécuter  celles-ci,  comme  aussi  de  prendre,  sauf 
approbation  ultérieure,  toutes  les  mesures  urgentes  de 
nature  analogue. 

Elle  avait,  du  reste,  au-dessous  d'elle,  comme  subor-  ^^«™w««« 
données,  et  ne  pouvant  en  tout  cas  agir  que  dans  leurs 
ressorts  respectifs  aux  fins  surtout  d*y  opérer  l'applica- 
tion locale  des  dites  décisions,  des  o^^emél^  dites  tf^^- 
tûm;dont  il  y  en  avait  une  dans  chaque  subdivision  de 
ce  nom,  composée  d'un  nombre  de  membres  variant  selon 
l'étendue  spéciale  de  celles-ci ,  et  siégeant  elle-même, 
d'une  façon  constante,  au  chef-lieu  du  ressort  fraction- 
naire dont  s'agit,  tant  par  sa  convocation  plénière  an- 
nuelle, que  par  une  délégation  intervallaire,  de  cinq 
membres,  iiieburmuvrUermédiaire,  et  dont  les  fonctions 
étaient,  miUatis  miUandis,  analogues  à  celles  de  la  com- 
mission intermédiaire  sus-mentionnée. 

El  enfin,  au-dessous  encore  des  assemblées  d'élection  AssembléaB 
—  auxquelles  devait,  d'ailleurs,  plus  tard  appartenir  de    '""^^'P**^* 
recruter  directement,  par  scrutin,  l'assemblée  provin- 
ciale collective,— venaient,  comme  point  dedépart  admi- 
nistratif nouveau,  et  aussi  comme  source  future  de  forma- 
tion élective  des  premières,  à  raison  de  quatre  députés  par 


—  262  — 

arrondissemefU  tel  que  celui-ci  a  été  plus  haut  défiai, 
les  dssemblées  municipales,  noD-seuIement  de  chaque 
ville  comprise  dans  les  diverses  élections  sus  dites, 
mais  encore  de  chaque  paroisse  y  située  ;  qu'à  cette  oc- 
casion le  Gouvernement  avait,  pour  la  première  fois 
dans  la  plupart  des  unités  territoriales  de  ce  dernier 
genre,  pourvue  d'une  véritable  représentation  locale; 
dont,  saiif  en  ce  qui  concernait  le  seigneur  et  le  cur^en 
faisant  de  droit  partie,  la  formation  s'opérait  par  le 
suffrage  universel  direct,  et  qui  était  d'ailleurs,  natu- 
rellement, astreinte,  dans  ses  délibérations,  à  ne  pas  les 
étendre  au-delà  de  son  ressort  géographique  spécial. 

(Voir  sur  cette  constitution,  par  ^to^M,derA8semblée  provinciale 
de  Caen, l'ordonnance  roycUe  du  t5  juillet  1787,  et  les  règlemenis^ 
ampliatife,  des  5  août  et  3  novembre,  suivants.) 

Telle  fut  en  Basse-Normandie  <-  comme,  au  reste, 
partout  ailleurs  en  général  —  l'organisation  de  cette 
nouvelle  institution,  qui,  à  coup  sûr,  constituait  déjà, 
par  elle-même,  un  grand  progrès  dans  la  voie  libérale. 

Opérations  "Elle  y  débuta,  dès  l'année  même  de  sa  création,  par 
ù^^Sé^  la  réunion,  à  Caen^  en  novembre  et  décembre  de  la 

sus  dite,  même  année,  des  membres  fondateurs  de  la  dite  assem- 
blée, qui,  après  l'y  avoir  constituée  sous  la  présidence  du 
duc  de  Coigny,  grand  bailli  du  lieu,  et  avoir  aussi  pro- 
voqué la  formation  effective  de  celles,  subordonnées, 
d'élections  et  de  municipalités,  se  livra  de  suite  à  une 
série  de  travaux;  dont,  en  se  séparant,  elle  conféra 
l'exécution  à  la  Commission  intermédiaire  par  elle,  au 
préalable,  à  ce  désignée. 

(Voir  le  procès^verbal  imprimé»  des  dits  travaux.) 

Celle-ci  s'empressa  de  l'opérer,  et,  comme  l'assem- 
blée dont  elle  n'était  ainsi  que  l'émanation,  ne  devait 


—  263  — 

plas,  en  fait,  se  réunir,  malgré  les  règles  fondamentales 
de  son  organisation  à  cet  égard,  force  lui  fat  de  conti- 
nuer, avec  le  concours  subalterne  des  bureauix  inUrmé- 
diaires  des  diverses  élections  de  son  ressort  collectif,  sa 
gestion  primitive,  sans  désemparer  —  et,  naturellement 
avec,  en  réalité,  un  accroissement  marqué  de  ses  attri- 
butions premières  —  jusqu'à  la  suppression  même  des 
assemblées  provinciales  par  la  loi  du  22  décembre  1 789, 
ci-après  mentionnée,  et  même  jusqu'à  Tinstallation  des 
nouvelles  assemblées  départementales,  devant  désor- 
mais administrer  le  territoire  de  la  dite  généralité,  et 
auxquelles,  pour  la  circonscription  respective  de  cha- 
cune d'elles,  la  dite  commission  intermédiaire  eut  à 
rendre,  aux  termes  de  la  loi  sus  dite,  compte  de  sa 
longue  administration  :  ce  qu'elle  fit,  en  efifet,  le 
4  août  4790. 

(Voir  ce  eompU-rendu,  (joi  a  été  également  imprimé). 

C'était  déjà  là,  au  point  de  vue  financier  surtout, 
un  véritable  progrès;  qui,  malgré  les  résistances  in- 
téressées, tant  des  intendants  que  des  parlements,  des 
diverses  provinces  oii  on  l'avait  introduit,  ne  manqua 
pas  d'amener  bientôt  d'importants  résultats. 

Mais  son  établissement  —  qui  laissait,  d'ailleurs , 
subsister,  quant  au  fond,  tous  les  abus  multiples  de 
Tancien  régime,  —  ne  pouvait,  un  seul  instant,  sauver 
celui-ci  ;  dont  l'ouverture  des  ÉTATs-GÉNÉaA.ux  de  1789 
— convoqués,  dès  le  4  0 septembre  1 788,  pour  le  l^'mai 
suivant,  aux  fins,  surtout,  d'aviser  aux  moyens  de 
combler  le  déficit  gouvernemental  devenu  d'un  chiffre 
effrayant  surtout  depuis  les  dernières  années,  —  allait 
de  suite  faire  à  jamais  crouler  l'antique  et  bizarre 
échafaudage. 

La  dite   convocation   devant  se  faire  par  grands 


—  264  — 

Etats-Géné-  ^^^^^i^^*  ^^^  ^^  CoterUm  dut»  lai  aussi,  s'y  préparer, 
raaxdei789.  de  façoD  à  réaliser,  conformément  aux  règles  tracées 
dans  uDe  instruction  royale  du  H  janvier  M89,  Télec- 
tion  des  députés,  tant  du  Clergé^ .  que  de  la  Noblesse  et 
aussi  du  Tiers-Eiat,  de  son  ressort,  quMI  devait  envoyer 
à  ces  grandes  assises  nationales,  chargés  d*y  aller  avant 
tout  porter  les  cahiers  de  doléances  et  désirs  de  chacun 
de  ces  trois  ordres  politiques  demeurés  jusqu'alors  si 
distincts. 
Députés         ^^^^  ^ff^^  s^  réunirent  à  Cauianees,  chef-lieu  judi- 
àuCoteruin.  ciairc  du  dit  bailliage:  d'abord,  en  général,  tous  les  bé- 
assemblée.   néficiers  ecclésiastiques  du  ressort  :  évêques,  abbés  et 
abbesses,  prieurs  et  prieures ,  curés  et  chapelains,  au 
nombre  total  de  829  ;  puis  tous  les  nobles  quelconques, 
possédant  fief  ou  non,  lui  appartenant,  en  tout  599  — 
les  uns  et  les  autres  devant,  respectivement,  députer  direc- 
tement,  c'est-à-dire  sans  intermédiaire,  aux  dits  Etats- 
Généraux,  les  quatre  représentants  alloués  à  chacun  de 
ces  ordres— eteufin,  lesdélégués,  au  nombre  deil  4 ,  char- 
gés de  choisir,  mais  cette  fois  comme  corps  électoral  de 
second  et  même  troisième  degré,  les  huit  députés,  aux 
mêmes  Etats,  attribués  à  celui  du  Tiers-Etat,  du  grand 
bailliage  en  question,  et  à  cepréliminairement  désignés 
dans  des  réunions  préparatoires  tenues  naguère  au  chef- 
lieu  de  chacun  des  dix  bailliages  second<iires  entre  les- 
quels se  subdivisait,  comme  nous  le  savons,  le  premier. 
Ainsi  réunis,  ces  1829  électeurs,  sous  la  présidence 
collective  du  lieutenant-général  du  présidial  du  Coten- 
tin  remplaçant  à  cette  occasion  le  grand  bailli  absent, 
mais  en  se  subdivisant  aussitôt  en  trois  assemblées  de 
vote  correspondant  aux  trois  ordres  sus  dits,  procédèrent, 
sans  encombre,  à  l'élection  triple  dont  ils  avaient  reçu 
la  mission;  et  se  choisirent  alors,  pour  représenter  le 
.    grand  bailliage  précité,  les  seize  députés  dont  nous  in- 
diquerons plus  tard  les  noms,  avec  mission  spéciale 


—  366  — 

d'aller  porter,  aux  Etats*Oënéraax  en  perspective,  trots 
cahiers  de  doléances  alors  même  rédigés  :  un  par  le 
Clergé,  Tautre  par  la  Noblesse,  et  le  troisième  —  simple 
résultante,  d'ailleurs,  de  ceux  précédemment  dressés, 
pour  cet  ordre  seulement,  dans  les  divers  bailliages  se- 
condaires susrmentionnés  —  par  le  Tiers-Etat,  de  la 
contrée  sus-définie. 

(Voir  à  ce  sujet,  au  greffe  de  Cautanceê,  les  divers  procès-verbauz,  ^ 
manuscrits,  relatifs  à  la  convocation,  aux  élections,  et  à  la  rédac-  ^ 
tion  de  ecMen,  sus  dites.  Voir  également  le  procès-verbal,  imprimé, 
de  la  réunion  générale,  du  16  mars  1769,  sus-mentionnée.  Voir 
encore  le  volume  de  documents  pour  servir  à  Vhistoire  de  Monie- 
bourg ^  de  M.  l'abbé  Lbcachbux,  pages  i92  et  suivantes.Yoir  enfin, 
le  Cotentm  en  17S9,  de  M.  Dbsdbtisrs  du  Dbibrt,  pa^MSS  et  sui' 
vantes.) 

Désormais  donc  les  Etats-Généraux  de  1789  vont 
enfin  s'ouvrir,  à  la  date  sus-indiquée,  et  la  grande  Révo- 
lution française  va  bientôt  s'opérer. 

Nous  n'avons,  bien  entendu,  nullement  pour  but  innovations 
d'en  énumérer  ici  les  immenses  résultats,  dans  les  divers  ^.  ^|  ^g 
détails  deceux-ci,  ni  même  dans  leur  ensemble  général. 

C'est  là  un  sujet,  qui,  à  force  d'être  traité,  est  devenu 
par  trop  banal;  et  qui,  d'ailleurs,  dépasserait  de  beau- 
coup, par  ses  énormes  proportions,  le  cadre  restreint  et 
spécial  dans  lequel  nous  devons  ici  nous  renfermer. 

Bornons-nous  donc  à  en  extraire  ce  qui  est  rigoureu- 
sement utile  à  Taccomplissement  de  notre  tâche  actuelle, 
et  à  rechercher,  en  cet  endroit,  les  modifications  admi- 
nisiratives  proprement  dites  auxquelles  vint  donner  . 
lieu,  en  particulier  dans  nos  contrées,  ce  gigantesque 
cataclysme;  dont  on  peut  dire,  en  résumé,  qu'il  trans- 
forma radicalement  les  anciennes  institutions  fran- 
çaises, après  en  avoir  fait  entièrement  table  rase. 

Ces  changements  si  profonds,  et  en  particulier  ceux 
que  nous  aurons  ici  à  constater,  nous  allons  les  rencon- 


—  266  — 

trer,  pour  la  plupart,  dès  le  début  même  de  la  Révolu- 
tiou  et  accomplis  par  TAssembléb  constituante,  en  la- 
quelle se  sont,  tout  en  conservant,  sans  élections  ni 
mandats  nouveaux ,  transformés  de  suite  les  Etats- 
Généraux  ainsi  réunis  pour  un  tout  autre  but. 
Rôle  des  Dé-  Quelle  part  y  prirent  spécialement  les  divers  députés 
d  ^c^  f    d^*^^^^'^^''^»  nommés,  comme  nous  l'avons  vu,  pour  con- 

àla       courir  à  la  formation  de  ceux-ci? 
CoDstituaote.      ç^^^^  ^^  ^^g  ^^yg  n'avons  pas,  non  plus,  à  constater 

ici.  Bornons-nous  à  noter  que  :  de  même  que  la  majo- 
rité de  pareilles  représentations,  la  nôtre  se  montra,  en 
somme*  alors ,  très-progressive  en  ce  qui  concerne  les 
mandataires  du  Tiers-Etat,  et,  au  contraire,  assez  rétro- 
grade en  ce  qui  regarde  ceux  des  deux  autres  ordres, 
désormais  du  reste  légalement  confondus  avec  le  pre- 
mier moyennant  leur  abolition,  au  point  de  vue  poli- 
tique, par  les  premières  lois  de  l'Assemblée  nationale 
sus  dite  et  notamment  par  celle  du  5  novembre  1789. 

(Voir  sur  ce  point  le  compte-rendu  imprimé ,  adressé»  après  la 
dissolution  de  la  Constituante,  par  les  députés  de  la  Nobleue  du 
Cotentin,  à  leurs  commettants.) 


Arrivons-donc,  de  suite,  aux  modifications  adminis- 
tratives précitées,  qui  forment  ici  notre  objet  principal 
et  même  exclusif. 


Et  d'abord,  constatons,  pour  Tintelligence  complète 
^^"taïï.^**'  du  sujet,  ce  que  la  Révolution  va  introduire  en  ce  qui 
concerne  le  pouvoir  central  du  gouvernement. 

A  l'origine,  la  RoyaiUé  y  est  conservée  en  principe  ;  et 
même  la  sanction  de  celle-ci  y  est  reconnue  nécessaire 
pour  la  validité,  du  moins  immédiate,  des  lois  à  rendre. 

C*est  ce  que  proclameront,  notamment  :  et  le  décret 


—  267  — 

législatif  du  3  septembre  1 789,  et  la  première  Constitu- 
^ion révolutionnaire,  An3 septembre  1 791 ,  par  la  promul- 
gation de  laquelle  l'assemblée  sus  dite  devait  terminer 
ses  travaux. 

Hais  cela  n'aura  qu'un  temps  assez  court,  car,  déjà 
suspendue  momentanément,  en  juin  Ï79I,  à  la  suite  de 
la  tentative  d'évasion  de  Louis  XYI,  la  Royauté,  dont  le 
prestige  allait  chaque  jour  décroissant,  devait  définiti- 
vement sombrer,  en  fait,  au  10  aodt  1792,  pour  se 
voir,  le  21  septembre  suivant,  en  vertu  d'une  loi  de  la 
nouvelle  Convention,  remplacée  officiellement  par  la 
forme  Républicaine  du  futur  gouvernement  français. 

Du  reste,  dès  la  Constituante  même  à  ses  débuts ,  ce 
n'était  plus  le  roi,  si  absolu  naguère,  qui  exerçait^  en 
réalité,  légalement  le  pouvoir  central. 

Celui-ci  était,  effectivement,  presque  tout  entier  passé, 
dès  alors,  aux  mains  de  X Assemblée  nationale,  ayant 
notamment  de  suite  proclamé  son  droit  exclusifà  la  red- 
dition des  lois  proprement  dites. 

C'est  ce  qui  résulte  encore  du  décret  précité,  et 
notamment  de  la  Constitution  sus  dite,  traçant,  sur 
ce  point,  à  l'avance,  les  droits  de  la  prochaine  Assemblée 
LÉGISLATIVE,  qui  —  composéc  d'ailleurs  d'une  seule 
Chambre  comme  la  Constituante,  dont  elle  avait  à  déve- 
lopper l'œuvre —  devait  se  réunir'le  V^  octobre  suivant, 
et  dans  les  mains  de  laquelle  ces  droits  ne  pouvaient, 
naturellement,  que  s'accrottre  encore,  du  moins  en  fait, 
grâce  à  la  marche  croissante  des  événements  dans  le 
sens  d'une  semblable  extension  du  pouvoir  représen- 
tatif; destiné,  d'ailleurs,  à  devenir,  plus  tard,  à  partir 
du  21  septembre  1792,  dans  celles  de  la  Convention, 
alors  substituée  à  cette  seconde  assemblée  pour  donner 
à  la  France,  désormais  débarrassée  de  la  Royauté,  sa 
Constitution  définitive,  le  seul  élément  effectif  de  direc- 
tion gouvernementale. 


-  368  — 

Nous  savons  déjà  comment  furent  nommés,  notam- 
ment pour  notre  contrée,  les  Députés  à  l'Assemblée 
constituante,  qui  n'était  autre,  comme  nous  le  savons, 
que  les  Etats-Généraux  convoqués  dès  1 788  et  ouverts  le 
^  *'  mai  de  l'année  suivante. 

Il  nous  faut,  maintenant,  voir  comment  devaient- 
Tétre  ceux  des  deux  assemblées  nationales  ultérieures 
et  d'abord  ceux  de  la  Législative. 

Ceci  nous  amène  à  exposer  de  suite,  une  fois  pour 
toutes  :  et  la  nouvelle  division  politique  de  la  France,  et 
les  nouveaux  procédés  électoraux  que  la  Constituante 
s'était  empressée  d'introduire  dès  ses  premières  séances. 


Nouvelle        Cette  division,  d'abord,  la  voici  :  telle  qu'elle  résulte 
tique    ^  des  lois,  combinées,  des  22  décembre  1 789,  et  26  fé- 

de  la  >rance.  ^j,^  ^  790 

A  la  place  de  son  ancienne  distribution  en  provinces, 
de  grandeurs  inégales,  et  d'administrations  variables, 
le  territoire  français,  dans  son  entier,  était  désormais 
divisé  en  quatre-vingt-trois  parties  à  peu  près  égales  et 
dirigées,  localement,  4'une  façon  uniforme  que  nous 
aurons  tout  à  l'heure  à  faire  aussi  connaître. 

Départements  Telle  fut  l'origine  des  Départbmbnts,  qui,  encore  au- 
jourd'hui, partagent  notre  territoireavecuneconfiguration 
individuelle  d'ailleurs,  en  général,  identique  à  celle  qui 
leur  fut  alors  donnée  sur  le  rapport  de  commissaires 
à  ce  délégués  dans  les  diverses  parties  de  celui-ci. 

Telle  fut  en  particulier  celle  du  département  de  la 
Manche,  pour  la  formation  duquel  —  d'ailleurs, 
préalablement  décrété  en  principe  —  avaient  été  spé- 
cialement commissionnés,  de  la  sorte,  les  deux  syndics 
du  6ureauin(erm^iaire  de  Coutances,  encore  alors  exis- 
tant :  MM.  Frémin  de  BeaumofU,  maire  de  cette  ville, 


—  269  — 

et  LUuUierf  conseiller  en  son  Election ,  plus  un  avocat 
du  roi  au  bailliage  de  Saint-Lo»  M.  Bemard'-Duehesne. 
Sur  leur  proposition,  — combinée  du  reste,  sans 
doute,  avec  celles  des  commissaires  analogues  pour  les 
départements  adjacents,  —  celui  dont  nous  nous  occu- 
pons fut,  dans  son  ensemble,  constitué,  tel  qu'il  existe 
encore  aujourd'hui,  avec  l'ancien  territoire  du  grand 
bailliage  du  Cotentin  :  toutefois,  d'une  part,  privé, 
désormais,  de  Tinchebray  et  dépendances  alors  rattaché 
au  département,  nouveau,  du  Calvados,  et,  d'autre  part, 
en  revanche,  augmenté  doVénavant,  à  l'est  de  la  Vire, 
des  pays  de  Thorigny  et  Saint- Clair,  jsLàis  dépendant  du 
grand  bailliage  de  Caen. 

Maintenant,  aux  termes  des  lois  sus  dites  —  dont  les  Districts, 
commissaires  précités  furent  partout,  et  en  particulier 
chez  nous,  chargés,  simultanément,  de  procurer,  encore 
à  cet  égard,  l'exécution  matérielle,  —  chaque  départe- 
ment devait  se  subdiviser  en  tin  certain  nombre  de 
fractions  territoriales  appelées  Districts,  et  pourvues 
désormais,  elles  aussi,  d'administrations  locales  corres- 
pondant à  leurs  ressorts  respectifs  et  dont  nous  ferons 
également  bientôt  connaître  la  nature. 

En  ce  qui  le  concerne,  celui  de  la  Manche  devait  en 
renfermer  ^^,  savoir,  ceux  de  :  Cherbourg ^  FalogneSf 
Carentan,  Saint-Lo^  CoiUarices,  Jvranches^  et  Mortain^ 
ainsi  nommés  du  nom  de  leurs  chefs-lieux  respectifs 
futurs,  et  dont  la  configuration  individuelle  fut  encore 
tracée  par  les  soins  des  trois  commissaires  gouverne- 
mentaux de  la  contrée,  que  nous  avons  plus  haut  cités. 

Ces  dernières  divisions  —qui»  comme  nous  le  verrons^ 
furent ,  plus  tard ,  temporairement  supprimées  — 
n'étaient  autres  que  la  première  forme  de  nos  arrondis- 
sements actuels  ;  avec,  toutefois,  pour  la  Manche,  cette 
notable  différence  géographique ,  entre  autres  moins 


—  270  — 

importantes  :  qu'on  y  chercherait  vainement,  aujour- 
d'hui ,  les  traces  officielles  de  l'ancien  district  de 
Carentan,  dont  le  territoire  fut,  en  l'an  VIII,  lors  de  la 
création  de  ces  dernières  divisions  administratives , 
définitivement  rattaché,  partie  à  l'arrondissement  de 
Yalognes  et  partie  à  celui  de  St-Lo,  et,  surtout,  partie  à 
celui  de  Coutances,  avec  lesquels  il  s'est  confondu  tota- 
lement depuis  lors. 

Telles  étaient  les  nouvelles  circonscriptions  qui  de- 
vaient désormais  remplacer,  sur  toute  la  surface  du 
territoire  français,  les  anciennes  provinces,  et,  dans 
chacunede  celles-ci ,  les  généralités  et  élections,  de  jadis, 
dont  les  anciennes  délimitations  n'étaient,  du  reste,  en 
rien  prises  pour  base  des  premières. 

Hais  elles  n'étaient  pas  les  seules  du  nouveau  système 
administratif,  que  nous  devons  ici  faire  connaître  en 
son  entier. 

Gantons  Effectivement,  chacun  des  districts  sus  dits  devait 
lui-même  se  fractionner  en  Cantons,  dépourvus,  dans 
l'origine  du  moins,  d'administrations  spéciales,  mais 
jouant  cependant  dès  alors,  ainsi  que  nousallons  le  voir, 
un  rôle  important  notamment  au  point  de  vue  électoral, 
où  se  plaçait  surtout  la  loi ,  précitée ,  du  22  dé- 
cembre 1789,  créatrice  aussi  de  ce  dernier  genre  de 
morcellement  territorial. 

Le  département  de  la  Hanche  —  qui  nous  occupe 
toujours  principalement  ici  —  reçut  de  la  sorte,  dans 
l'ensemble  des  districts  le  composant,  soixante-trois  de 
ceux-ci,  qui,  actuellement,  grâce  à  des  remaniements 
ultérieurs  de  ces  fractions  géographiques  —  du  reste 
toujours  maintenues  en  principe  —  ne  sont  plus  qu'au 
nombre  total  de  quarante-huit,  d'une  étendue  collective 
d'ailleurs  égale  à  celle  des  premiers. 


—  «71  — 

Parmi  eux,  dix  apiiartenaient  au  district  spécial  de 
Coutances,  savoir  ceux  de  : 

Coutànces(c\ie{Akn)  comprenant  les  communes  de: 
Coutances  (ville),  StrPierre,  St-Nicolas,  de  Coutances,  La 
Vandelée,  Gratot,  Bricqueville,  Orval,  Saussey,  Nicorps, 
Courcy,  Cambernon  et  Monthuchon,  —  Cr^nc»  (ac- 
tuellement réuni  à  Lessay)  —  St-Sauveur-Lendelin,  — 
Cerisy4(P-Salle,  —  Gavray^  —  St-Dmis-lt-Gast  (au- 
jourd'hui réuni  à  Gavray)  —  Bréhal,  —  Cérences 
(maintenant  réuni  à  Bréhal),  —  JlforUmar^in-swr-JIfer  — 
et  BlainvUle  (aujourd'hui  portant  le  nom  de  St-Halo- 
de-la-Lande);  dont  sept  seulement,  assavoir  :  le  premier, 
le  troisième,  le  quatrième,  le  cinquième,  le  septième, 
le  neuvième,  et  le  dixième,  existent  encore  à  présent  — 
où  l'oif  ne  trouve  plus,  davantage,  dans  le  ressort  actuel 
de  l'arrondissement  de  Coutances ,  avec  les  cantons 
encore  subsistants  de  Le$say  et  de  la  Haye-du-Puits, 
celui  de  Prétot  qui  existait  aussi  jadis  dans  la  portion 
du  district  de  Carentanplus  tard  comprise^  avec  l'ancien 
territoire  de  celui  de  Coutances,  dans  le  ressort  précité. 

Maintenant,  et  au  dernier  degré  de  l'échelle  politique  Goiamunes. 
territoriale^  venaient,  dans  chacun  de  ces  cantons^  un 
certain  nombre  de  communes,  qui  n'étaient  autres  que 
les  anciennes  villes  et.  paroisses  rurales,  et  qui,  toutes^ 
devaient  désormais^  aux  termes  des  lois  des  4  4  et  22  dé- 
cembre 1.789  à  ce  relatives,  se  trouver  désormais  pourvues 
d'une  administration  locale,  identique  encore  en  prin- 
cipe, et  dont  nous  aurons  également  bientôt  à  faire 
connaître  la  nature. 

Il  y  en  avait  dans  notre  département  en  tout  sept 
cent  trois ,  qui,  par  la  suite  —  sans  du  reste  aucun 
changement  dans  la  contenance  totale  de  celui-ci  —  se 
sont,  grâce  à  des  suppressions  et  réunions  partielles, 

effectuées  surtout  en  l'an  IIL  (Voir  à  cet  égard,  un  arrêté  du 


—  272  — 

District  de  CatOaneôi  du  1 1  veotôie)  trouvés  réduites  à  8%X 

cerU  quarafUe-quatrty  leur  chiffre  actuel. 

Ainsi  composé  et  distribué,  ce  département  devait, 
d'ailleurs,  aux  termes  de  la  loi,  précitée,  du  26  fé- 
vrier \  790,  avoir  pour  centre  administratif  général,  du 
moins  provisoirement,  l'ancien  chef-lieu  du  Grand- 
Bailliage  dont  il  occupait  désormais  à  peu  près  Tancien 
territoire  :  à  savoir  la  ville  de  Coukmces;  qui,  confirmée, 
d'ailleurs,  dans  cette  dignité  topographique,  par  les 
délibérations  ad  hoc,  en  juin  4790,  de  la  première 
assemblée  électorale  de  la  contrée,  —  à  laquelle  la  dite 
loi  avait  réservé  de  Statuer  définitivement  sur  cet  objet, 
—  devait  la  conserver  pendant  toute  la  période  histori- 
que où  nous  sommes  en  ce  moment  placés,  et  jusfu'à  la 
loi  du  19  vendémiaire  an  lY  que  nous  aurons  l'occasion 
de  citer  plus  loin . 

(Voir  sur  Teosemble  de  son  orgaDisation  territoriale,  aux  divers 
degrés  de  celle-ci,  en  outre  des  lois  sus  dites»  aux  Archives  de  la 
Manche,  les  pièces  manuscrites  à  ce  relatives»  et  uotamment  le 
procès-verbal  de  délimitation  du  S6  février  1790.  Voir  aussi,  à  ce 
sujet,  les  nomenclatures,  imprimées  alors,  des  divers  districts, 
cantons  et  communes  de  ce  département,  et  enfin  les  Etrennes 
CatUançcûses  de  l'abbé  Piton-Dbsprés,  année  1837  à  1838,  p.  432 
et  suivantes.  Voir  enfin  les  cartes  de  géographie  politique  de 
l'époque.) 


A  présent,  nous  allons  voir  cette  formation  et  distri- 
bution matérielle  des  divers  départements,  et  en  parti- 
culier du  nôtre,  servir  de  base  directe  au  système 
électoral  nouveau  —  qui,  s'appliquant  en  général  à 
fautes  les  fonctions  fmbliqties  ultérieures,  devait  notam- 
ment fournir  les  députés  législateurs,  à  propos  desquels 
nous  sommes  entrés,  dès  à  présent,  dans  Texposé  de  son 
mécanisme  légal  ;  dont  nous  aurons,  du  reste,  bientôt  à 
constater  aussi  bien  d'autres  applications. 


—  373  — 

Ce  système,  qui,  dans  la  plupart  des  cas,  était^  du    Nouveau 
moins  à  Torigine,  loin  de  se  réduire  au  suflfrage  universel  *^  ^^i  ^ 
pur  et  simple,  ainsi  qu'on  se  Timagine  vulgairement, 
était  assez  compliqué,  et  consistait  notamment,  aux 
termes  des  lois,  déjà  sus-mentionnées,  des  1 4  et  22  dé- 
c&nbreM89j  en  ceci  : 

On  dressait  d'abord ,  dans  chaque  commune,  la  liste 
des  citoyens  ac$if$  y  résidant,  c'est-à-dire  :  Français^ 
âgés  de  vingt-cinq  ans,  domiciliés  dans  l'endroit,  ou  au 
moins  dans  le  canton  dont  il  dépendait,  depuis  plus 
d'un  an ,  et  payant ,  chaque  année ,  une  contribution 
d'un  minimum  de  trois  journées  de  travail. 

Cette  liste  donnait ,  précisément,  celle  des  individus 
appelés  à  voter —  et  en  cela  diœctement  — pour  l'élec- 
tion>  des  magistrats  municipaux  de  chaque  localité,  dont 
nous  aurons  bientôt  à  parler. 

Hais,  quand  il  va  être  question  de  nommer  des  fonc- 
tionnaires d'un  ressort  plus  étendu  et  embrassant  plu- 
sieurs communes,  il  est  bien  évident  qu'il  faudra 
sortir,  quant  aux  votants,  du  cercle  exclusif  de  cha- 
cune d'elles,  et  s'adresser,  sur  ce  point,  à  tout  leur 
ensemble. 

C'est  ainsi  que,  pour  l'élection  du  juge  de  paix  de 
chaque  canton  —  dont  il  sera  fait  mention  dans  peu  — 
ce  seront  tous  les  citoyens  actifs  de  toutes  les  communes 
de  cette  première  circonscription  collective,  qui  devront 
(directement  encore,  du  reste)  y  procéder,  comme  nous 
le  verrons  mieux  par  la  suite. 

Jusque-là  le  suffrage  est  resté  au  premier  degré  et 
sans  intermédiaire  entre  les  votants  et  l'élu.  Hais  c'était 
l'exception,  car,  dès-lors  qu'il  s'agissait  d'élire  un  ad- 
ministrateur d'un  ressort  plus  grand  que  le  canton,  c'est 
seulement  au  second  degré  et  par  le  moyen  d'un  corps 
électoral,  lui-même  choisi  par  les  citoyens  actifs  du  dit 

ressort,  qu'il  se  voyait  alors  choisi. 

48 


-  274  — 

C'est  ce  qui  avait  d'abord  lieu  pour  les  fonctionnaires 
généraux  de  chaque  district. 

Pour  arriver  à  leur  nomination,  réunion  avait,  avant 
tout,  lieu,  au  chef-lieu  de  chaque  canton  de  celui-ci^  de 
tous  les  citoyens  actifs  y  domiciliés,  lesquels,  y  formant 
une  Assemblée  électorale  dite  primaire  —  par  opposi- 
tion à  celle  à  laquelle  devaient  ensuite  se  joindre  ses 
propres  éluB,  et  qui,  en  effet,  n'était  que  de  second  degré 
—  choisissaient  un  certain  nombre  de  délégués  satisfai- 
sant, outre  les  conditions,  susdites,  de  l'activité  civique, 
à  celle  de  payer  une  contribution  d'au  moins  dix  jour- 
nées de  travail. 

Mais  ces  délégués,  au  premier  degré,  de  toutes  les 
assemblées  primaires  d'un  district  quelconque  —  et  qui, 
pour  celui  particulier  de  Coutances,  étaient  d'environ 
150  —  formaient,  par  leur  réunion  totale,  ce  que  Ton 
appelait  le  Corps  électoral  du  district,  chargé  d'élire^ 
et  cette  fois  directement,  en  s'assemblantà  son  chef-lieu, 
les  divers  fonctionnaires  supérieurs  précités. 

Maintenant,  quand  il  sera  question  d'en  choisir  dont 
la  mission  concerne  tout  le  département ,  c'est  à  l'en- 
semble des  corps  électoraux  des,  divers  districts  y  com- 
pris, formant  ce  que  l'on  appelle  le  Corps  électoral  du 
département  —  comprenant  dans  la  Manche  environ 
800  membres  —  qu'il  faudra  s'adresser,  par  voie  for- 
cée encore,  et  à  fortiori,  du  vote  à  deux  degrés  au 
moyen  de  sa  convocation,  à  cette  fin,  dans  un  des 
chefs-lieux,  h  ce  désigné,  des  subdivisions  administra- 
tives sus  dites. 


C'est  également  ce  dernier  corps  électoral  collectif  qui 
doit  désigner  les  députés  de  ce  département,  auxquels 
nous  voici  désormais  de  la  sorte  arrivés. 

Ceux-ci,  d'après  la  constitution  du  3  septembre  1791 


-F  276  — 

—  qui  fixait  le  nombre  total  des  membres  de  la  pro- 
chaine Assemblée  législative  à  745,  plas  248  suppléafUs 

—  devaient  être  de  celui,  proportionnel  à  l'étendue,  la 
population  et  aussi  la  contribution  foncière  du  dit  terri- 
toire spécial,  qui  serait  ultérieurement  fixé;  et  chacun 
d'eux  devait,  d'ailleurs,  pour  obtenir  valablement  son 
mandat,  dont  la  durée  était  de  deux  ans,  remplir  les 
conditions  ordinaires  de  tout  citoyen  actif ,  auxquelles 
il  n'en  était  pas,  du  reste»  en  cette  circonstance,  ajouté 
d'autres. 

La  Manche,  en  particulier,  dut  en  nommer  treize,  j^^^JïaBche 
plus  cinq  suppléants,  dont  nous  donnerons  plus  loin  les       à  la 
noms,  et  qui  siégèrent  tous,  dans  la  dite  assemblée,   ^9**^^***^' 
jusqu'à  la  séparation  de  celle-ci  le  20  septembre  1 792  : 
qu'elle  fut  remplacée  par  la  Convention,  dont  la  convo- 
cation avait  été  décrétée  dès  le  10  août  précédent  à  la 
suite  des  événements  politiques,  si  graves,  du  même 
jour. 

(Voir  sur  leur  élection,  aux  .4rchivet  de  la  Manche,  le  procès- 
▼erbaldu  i  septembre  1791,  de  rassemblée  électorale  du  départe- 
ment.) 

Pour  la  formation  de  cette  nouvelle  chambre  repré- 
sentative —  qui,  en  droit,  réunie  à  seule  fin  de  donner, 
au  pays,  désormais  soustrait  aux  derniers  vestiges  de  la 
Royauté  déjà  tombée  sans  retour,  une  constitution  en 
rapport  avec  la  iorme  républicaine  qu'on  se  proposait 
dès-lors  de  substituer  à  la  précédente,  mais  qui,  en  fait, 
devait  siéger,  avec  un  pouvoir  absolu,  jusqu'à  la  fin  de 
Fan  III, — il  fallait  nécessairement  de  nouvelles  élections, 
auxquelles  notre  département  devait  naturellement  venir 
prendre  sa  part. 

C'est  en  effet  ce  que  décida  la  loi  du  4 1  août  1 792, 
qui,  en  fixant,  tant  au  total  que  pour  chaque  départe- 
ment, le  nombre  des  députés  à  élire.,  exactement 


i 


—  276  -*- 

• 

à  celui  naguère  adopté  pour  la  composition  de  la 
Législative,  vint ,  à  cette  occasion,  et  d'une  façon 
absolue,  —  tout  en  maintenant  l'ancien  système  du 
suffrage  à  deux  degrés  pour  les  cas  auxquels  il  s'appli- 
quait antérieurement, —  supprimer  désormais^  pour 
être  membre,  soit  d'une  assemblée  primaire,  soit  même 
d*une  assemblée  électorale  destinée  notamment  au  choix 
des  nouveaux  représentants,  les  conditions  de  paiement 
d'un  certain  chiffre  de  contributions  annuelles  jusque-là 
à  cet  effet  exigées,  et  même  réduire  de  vingt-cinq  ans  à 
vingt-et-un  l'âge  jadis  demandé  pour  faire  partie  des 
dites  assemblées. 
çéputéB        En  conséquence,  le  département  de  la  Manche  dut 

de  la  Blanche       ^  ,^  \  -    ix  ^i    .      i       j»  -n 

à  la  encore,  cette  fois-là,  par  son  corps  électoral  —  d  ailleurs 
Convennon.  ^  (.^^  préalablement  formé  d'après  les  nouvelles  bases 
ci-dessus  —  désigner,  pour  le  représenter  à  l'Assemblée 
nationale  en  question,  (/ia;-Am/ députés;  savoir  ^reûe 
titulaires  etcin^  suppléants,  dont  nous  donnerons  éga- 
lement plus  tard  les  noms,  en  indiquant  aussi,  alors, 
pour  faire  connaître  le  degré  de  passion  politique  de 
chacun  des  premiers,  leurs  votes  respectifs  dans  la  ques- 
tion la  plus  palpitante  qu'ait  eue  à  traiter  la  Convention  : 
celle  de  la  mort  de  Louis  XVI;  pour  laquelle,  disons- 
le  dès  à  présent,  opinèrent,  sans  hésiter,  Aui^  d'entre  eux. 

(Voir  sur  leur  élection»  qui  eut  lieu  à  Coutancet,  le  i  septem- 
bre t79:2,  le  proeés-verbal  qui  en  fut  alors  dressé  et  de  suite  im- 
primé à  un  grand  nombre  d^exemplaires). 

Convoquée,  théoriquement  du  moins,  pour  donner  une 
nouvelle  constitution  à  la  France,  où  elle  avait,  dès  sa 
première  séance,  institué  le  gouvernement  républicain, 
la  Convention  voulut,  au  moins,  faire  semblant  de  satis- 
faire  à  cette  mission  principale,  et,  à  vrai  dire,  unique, 
de  sa  réunion  en  Assemblée  nationale. 


—  377  — 

De  là  la  promulgatioD,  fe24  juin  1793, — alorsqu'elle 
venait  de  se  débarrasser  dQ  Topposition  modérantiste 
des  Girondins  jadis  mélangés  à  la  majorité  jacobine  de 
ses  membres — d'an  acte  constitutionnel,  où,  entre 
autres  dispositions,  elle  établit  un  nouveau  corps  légis- 
latif annuel  et  composé  de  députés  choisis  indifférem- 
ment-parmi  tous  les  citoyens,  c'est-à-dire  parmi  tous 
les  Français  âgés  de  vingt -et-un  ans,  et  non  plus  par  les 
assemblées  électorales  —  conservées  désormais  seule- 
ment pour  rélection  des  fonctionnaires  supérieurs  des 
départements  et  des  districts  y  compris  —  mais  directe- 
metUf  en  vertu  du  suffrage  universel  pur  et  simple  et  au 
premier  degré  de  son  emploi ,  par  les  diverses  assem- 
blées primaires  des  différentes  parties  du  territoire  na- 
tional. 

Mais  ce  n'était-là  qu'une  simple  apparence  destinée 
à  tromper  un  instant  les  naifs  par  le  simulacre  d'une 
constitution  que  Ton  était  bien  décidé  à  ne  jamais  ap- 
pliquer, pour  laisser  régner,  à  sa  place,  dans  l'intérêt 
de  l'omnipotence  montagnarde,  le  Gouvernement  dit 
RÉVOLUTIONNAIRE,  c'cst-à-dirc  dictatorial,  de  la  Conven- 
tion ;  qui,  effectivement,  après  l'avoir  longtemps  exercé 
en  fait,  devait  finir  par  l'établir  en  droit,  dans  ses  dé- 
crets, à  ce  relatifs,  des  :  1 9  vendémiaire  et  1 4  frimaire 
an  Ily  abrogés  seulement,  à  cet  égard,  par  la  constitu- 
tion, réelle  cette  fois,  du  5  fructidor  an  III,  qu'enfin 
cette  assemblée,  quittant  désormais  son  trop  long  pou- 
voir, se  vit  alors  forcée  dé  léguer  à  la  France  ultra- 
saturée  de  celui-ci. 


A  présent  que  nous  en  avons  ainsi  fini  de  l'organisa- 
tion du  gouvernement  central  aux  diverses  phases  de 
notre  première  période  historique,  descendons,  de  ces 
hauteurs  politiques,  pour  voir  comment  on  y  avait,  dans 


—  278  — 

chaque  département,  et  en  particulier  dans  le  nôtre, 
constitué  les  autorités  administratives  locales;  destinées 
aux  termes  de  la  loi,  précitée^  du  22  décembre  1789,  à 
remplacer  immédiatement  les  anciennes  et  notamment 
les  intendants  de  généralité,  leurs  subdélégués  et  aussi 
les  Assemblées  provinciales  et  d'élection^  instituées  dans 
ces  derniers  temps,  comme  nous  l'avons  vu  naguère. 

Ces  administrations  nouvellesdevaient  se  diviser  entre 
elles,  quant  à  leur  nature,  d'une  façon  correspondante 
aux  fractionnements  territoriaux  politiques  que  nous 
avons  précédemment  signalés. 

t^n°dé^^  Et  d'abord,  à  la  tête  de  chaque  département  nous 
mentale,  voyons  la  loi,  déjà  citée,  de  la  Constituante,  du  22  dé- 
cembre 1789,  placer,  pour  en  protéger  les  intérêts 
généraux,  une  Administration  centrale  réunissant  en 
elle  seule  les  pouvoirs  divers;  et  actuellement  distincts: 
de  la  direction,  de  la  gestion,  et  aussi  de  la  juridiction, 
départementales  ;  sans  préjudice  de  la  police  politique, 
dans  toute  l'étendue  de  son  territoire,  qui  ne  tardera  pas 
à  lui  être  également,  au  moins  en  fait,  attribuée. 

Elle  devait  —  ce  qui^  du  reste,  était  une  nécessité 
rigoureuse  avec  une  compétence  aussi  multiple  —  se 
composer,  non  pas  d'un  seul  individu  comme  aujour- 
d'hui quant  à  l'exécution  proprement  dite,  mais  bien 
d'un  corps  collectif  dit  Assemblée  départementale  ou, 
pour  abréger,  Département,  de  trente^six  membres ,  en 
total,  choisis  par  celle  des  électeurs  du  département,  qui 
devaient,  en  outre,  nommer  un  progureur-général- 
sTNDic  de  la  première,  spécialement  chargé,  sans 
d'ailleurs  prendre  part  à  ses  délibérations,  de  provoquer 
au  besoin  cellesrci,  et,  en  tout  cas,  d'assurer  toujours 
leur  prompte  exécution. 

Ainsi  constituée  dans  son  ensemble,  et  formée  de 
membres,  qui,  à|  l'exception  du  procureur-syndic  sus 


—  279  — 

dit^  —  nommé  pour  un  délai  fixe  de  quatre  aimées 
entières  —  deyaient  se  renouveler,  de  la  même  façon,  par 
moitié  tous  les  deux  ans,  cette  administration  ne  devait, 
telle,  et  en  Conseil  général,  c'est-à-dire  avec  la  totalité 
de  son  personnel,  siéger  qu'une  fois  par  an  et  pendant 
un  mois  seulement,  pour  y  prendre  alors  ses  délibéra- 
tions proprement  dites  :  règle,  que,  toutefois,  la  déclara- 
tion ^e  la  patrie  en  danger,  du  1 1  juillet  1 792 ,  devait 
bientôt  matériellement  abroger. 

Mais  elle  devait,  dans  l'intervalle  des  dites  sessions  — 
et  même,  aux  termes  d'un  décret  du  5  novembre  1790, 
d'une  façon  continue  —  se  faire,  aux  fins  d'exécution 
des  dites  délibérations  et  aussi  de  prise  provisoire  des 
mesures  urgentes,  remplacer  et  assister  par  un  Duusc- 
ToiRE,  c'est-à-dire  par  une  délégation  permanente,  de 
huit  de  ses  membres,  à  ce  par  elle  dès  le  début  désignés 
et  renouvelables  également  par  moitié  tous  les  deux  ans. 
Délégation  qui  rappelait,  d'ailleurs,  singulièrement  la 
Commission  intermédiaire  des  assemblées  provinciales 
par  nous  plus  haut  étudiées. 

Quant  aux  présidents,  tant  du  conseil  général  — 
dont  le  directoire,  n'était,  du  reste,  toujours  qu'une  partie 
intégrante  venant  s'y  réunir  au  moment  des  sessions 
annuelles  sus  dites  —  que  de  ce  dernier  considéré  iso- 
lément, ils  étaient  également  élus,  par  l'un  et  pari*  autre, 
au  moment  même  de  l'installation  respective  de  ceux-ci. 

Telle  fut,  du  moins  à  l'origine,  l'organisation  admi- 
nistrative centrale  des  divers  départements  que  la  Révo- 
lution s'était  empressée  de  créer. 

Elle  s'opéra  en  particulier  dans  le  nôtre,  où,  en  juin 
1790,  nous  voyons  les  électeurs  de  la  Hanche,  au 
nombre  total  de  781  présents,  se  réunira  Coutances, 
dans  la  Cathédrale  de  la  ville,  et  y  choisir,  pour  la  pre- 
mière fois,  les  membres  de  l'administration  départemen- 
tale de  la  sorte  édictée. 


—  880  — 


Voir  le  procéi'VêrbtU  de  cette  nomiDatioii  aux  Archivei  du  dé' 
portement,  et  aussi  le  eampte^rendu  à  ce  relatif,  du  journal  cou- 
tançais  de  l'époque  :  VÀrgtu  ou  VhomtM  aux  cent  yeux ,  rédigé 
par  le  patriote  Mithois,  de  grotesque  mémoire.) 


Nous  donnerons,  du  reste,  plus  loin,  les  noms  de  ces 
élus,  en  spécialisant  ceux  d'entre  eux  qui,  le  20  juillet 
1790,  jour  de  Tinstallation  solennelle  de  la  dite  admi- 
nistration, furent,  comme  l'indiquent  ses  registres  à  cette 
date,  choisis  comme  membres  de  son  premier  directoire. 

(Voir  à  cet  égard,  les  dits  registres,  aux  Archwes  sus  dites  ;  où 
ils  forment,  pour  la  période  en  ce  moment  envisagée,  une  collec- 
tion de  huU  volumes  in-folio,  auxquels  viendront,  dans  la  suivante, 
s'en  ajouter  encore  cinq  autres.  Voir  aussi  sur  ce  point  le  procès*  ver- 
bal imprimé  de  l'installation  précitée.) 

C'est,  comme  nous  le  savons  déjà,  à  CoiUances  qu'ils 
devaient  siéger. 

C'est  donc  là  qu'ils  furent,  de  la  sorte,  inaugurés,  et, 
plus  tard ,  ouvrirent  leurs  véritables  séances,  qui  se 
tinrent  :  d'abord  dans  les  bâtiments  des  anciens  Domini- 
cains, de  là  récemment  expulsés,  (à  l'emplacement  du 
grand-séminaire  actuel);  puis,  en  1793,  après  la  confis- 
cation nationale  du  palais  épiscopal  de  la  ville,  dans 
les  appartements  de  ce  dernier  local,  où  elles  se  conti- 
nuèrent jusqu'au  départ,  en  Tan  lY,  de  la  dite  adminis- 
tration pour  une  nouvelle  résidence  que  nous  ferons  plus 
loin  connaître. 

En  principe,  celle-ci  ne  devait  se  renouveler,  comme 
on  Ta  vu,  qu'à  commencer  de  Tannée  1 79!2,  et  alors 
pour  une  moitié  seulement. 

Mais,  à  cet  égard,  la  législation  primitive  devait  bien- 
tôt se  gravement  modifier. 

Et  d'abord,  dès  le  28  mai  1794,  le  renouvellement 


—  281  — 

partiel  sus  dit  était,  par  anticipation^  décrété  pour  cette 
année-là  même';  et  noas  le  voyons  effectivement  s'o- 
pérer, en  novembre  suivant,  dans  la  Manche,  où  pa- 
raîtront alors,  en  conséquence,  dans  son  administration 
centrale,  de  nouveaux  noms  qae  nous  aurons  également 
soin  de  citer  plus  loin. 

Ensuite  la  Convention  ayant,  le  19  octobre  1792,  or- 
donné—pour  en  modifier,  dans  un  sens  plus  avancé,  le 
personnel,  jadis  élu  sous  la  Royauté  désormais  pros- 
crite, et  dès-lors  regardé,  par  celle-là,  comme  suspect 
de  conoivence  possible  avec  cette  dernière  —  le  renou- 
vellement général  et  complet  de  tous  les  corps  adminis- 
tratifs et  judiciaires  de  la  France,  soumis,  par  suite, 
ainsi,  à  des  élections  nouvelles,  il  en  résulta  forcément 
celui  de  toutes  les  administrations  départementales  et  en 
particulier  de  la  nôtre. 

Aussi  celle-ci  se  trouv&-t-elle,  en  effet,  le  11  no- 
vembre suivant,  pourvue,  à  ce  moyeu,  d'un  nouveau 
personnel,  dont  nous  citerons  encore  ultérieurement  les 
noms,  et  dont  le  Directoire  avait  été  d'ailleurs,  d'après 
la  dite  loi,  directement  choisi  par  les  électeurs  eux- 
mêmes. 

(Voir  aux  archives  précitées»  leprocèi-verbal  de  la  dite  opération 
et  des  séances  tenues,  à  son  occasion»  par  le  corps  électoral  de 
la  Manche.  Voir  aussi  les  registres  de  la  dite  administration,  à  la 
date  du  2  décembre  1799). 

Quoi  qu'il  en  soit,  l'institution  dont  s'agit,  de  la  sorte 
patriotiquement  retrempée,  s'était  ensuite  maintenue 
dans  ses  conditions  légales,  primitives,  de  composition 
élective  et  d'attributions  multiples,  en  faisant  la  gérante 
générale  des  intérêts  collectifs  du  département,  en 
même  temps  que,  comme  nous  le  verrons  mieux  plus 
loin,  la  tutrice,  à  cette  occasion,  des  diverses  admi- 
nistrations spéciales  des   districts  compris  dans  son 


—  282  — 

ressort.  Et  la  constitution  montagnarde  du  Ujum  1 793 
n'avait,  elle-même,  fait  que  confirmer  la  législation 
antérieure,  en  semblable  matière. 

Hais,  dès  avant  cette  date  —  grâce  à  la  survenance, 
après  les  événements  du  31  mai  précédent,  de  l'insur- 
rection fédéraliste  de  la  Province,  et  notamment  de  la 
Normandie,  en  faveur  des  Girondine  alors  chassés  de  la 
Convention  et  la  plupart  proscrits  par  sa  majorité  jaco- 
bine; et  au  rôle  considérable  généralement  joué  par 
les  administrations  départementales  dans  ce  mouvement 
séparatiste,  d'ailleurs  chez  nous  bientôt  avorté  et  dé- 
finitivement comprimé  par  la  défaite  des  rebelles  nor- 
mands, à  Vernon,  le  <2  juillet  suivant,  — celles-ci 
avaient,  dans  Tesprit  et  dans  les  résolutions  des  vain- 
queurs indignés  d'une  semblable  complicité,  reçu, 
elles  aussi,  un  coup  mortel,  qui,  au  premier  moment, 
allait  leur  être  matériellement  porté  par  ces  derniers. 

Ce  qu'ils  voulurent,  avant  tout,  ce  fut  de  les  renou- 
veler encore  dans  leur  personnel,  et  non  plus  par  le 
moyen  d'une  élection  populaire  —  dont  le  résultat,  sur- 
tout dans  les  contrées  naguère  insurgées,  était  loin 
d'être  certain  ;  —  mais  bien  par  l'arbitraire  et  le  choix 
individuel  —  bien  plus  rassurant  au  point  de  vue  ja- 
cobin —  de  proconsuls  à  ce  envoyés  en  mission  chez 
celles-ci. 

Le  département  de  la  Hanche  —  qui ,  dans  la  crise 
précitée,  s'était  ouvertement  montré  fédéraliste,  sinon 
en  prenant,  lui  aussi,  les  armes,  du  moins  en  donnant, 
surtout  par  les  délibérations  réactionnaires  de  son  ad- 
ministration départementale,  appuyée,  du  reste,  en  cela, 
par  un  grand  nombre  de  ses  subordonnées  et  aussi  de 
simples  citoyens,  pleine  adhésion  à  la  rébellion  gi- 
rondine organisée  en  juin  1793  dans  le  Calvados,  — 
ne  pouvait  pas,  naturellement,  se  voir  épargner  dans 
l'opération  ainsi  projetée  et  qui,  d'ailleurs,  devait,  ra- 


—  283  — 

tionneilement,  s'étendre  à  toutes  les  autorités  locales 
quelconques  ayant  naguère  trempé  dans  la  même  in- 
fraction politique. 

(Voir,  sur  ce  rôle  de  la  Manche  dans  la  dite  insurrection,  notre 
Etude  sur  les  Kabitanis  de  la  Manche  traduits  devant  le  Tribunal 
révolutionnaire  de  Paris,  page  1 14  et  suivantes). 

Ce  fut  un  de  ses  députés,  le  trop  fameux  Lecarpeniier     Mission 

—  déjà  venu  dans  la  contrée,  en  mars  précédent,  avec  lÏ^^pbI?- 
mandat  d'y  activer  le  recrutement  militaire  -*  qui  fut      "«» 
chargé  d'y  opérer  ce  nettoyage  civique.  la  Blanche. 

'  Il  s'en  acquitta,  à  partir  de  septembre  1793  jusqu'en 
frimaire  an  II  —  qu'il  dut  quitter,  du  moins  provi- 
soirement, nos  parages  pour  aller  terroriser  la  Bretagne 

—  avec  un  zèle  radical  dont  on  peut  facilement  se 
rendre  compte  en  parcourant,  aux  Archives  nationales, 
cartons  A.  F.  120  et  121,  la  longue  série  des  arrêtés, 
de  destitutions  et  de  remplacements  de  fonctionnaires, 
alors  par  lui  rendus. 

Ce  fut,  par  tout  le  département,  une  exécution,  près-  . 
que  générale,  de  ceux  soupçonnés  d*avoir  jadis  pris  une 
part,  même  simplement  morale,  au  mouvement  fédé- 
raliste; auxquels  l'on  avait  d'ailleurs,  ensuite,  soin  de 
substituer  d'ardents  et  incorruptibles  montagnards,  de 
la  connaissance  personnelle  du  proconsul  ou  à  lui  re- 
commandés et  garantis  par  ses  propres  fidèles. 

Hais,  ce  qu'il  commença,  naturellement,  par  purger 
de  la  sorte,  ce  fut  l'administration  départementale,  qui 
avait  jadis  commis  l'imprudence  —  et,  au  point  de  vue 
jacobin,  le  crime  monstrueux  —  de  donner,  à  toute  la 
contrée,  l'exemple  d'une  révolte  effective  contre  la  Con- 
vention nationale,  et  qu'en  conséquence  il  était,  à  la 
fois,  juste  et  urgent,  de  remanier  au  plus  vite  en  en 
chassant  les  principaux  coupables. 

Aussi,  le  3  septembre  1793,  jour  même  de  son  arrivée 


—  284  — 

à  Coutances,  le  missionnaire  montagnard  sus  dit,  en 
destituait-ii  tous  les  membres,  y  compris  le  procureur- 
syndic,  sauf  six,  moins  compromis  que  les  autres,  qu'il 
conservait,  et  auxquels  il  en  ajoutait  quinze  de  nouvelle 
création  :  vingt-ei-un  fonctionnaires,  qui,  avec  un  procu- 
reur-syndic également  nouveau,  devaient  désormais,  sous 
le  nom  de  Commission  administrativr  départementale 
— d'ailleurs  divisée,  elle  aussi,  en  conseil  général  et  en 
directoire  également  choisi  par  le  proconsul  lui-même 
—  tenir  lieu  de  l'ancienne  administration  centrale  de 
la  contrée,  et  exercer,  en  conséquence,  les  mêmes 
attributions. 

Nous  aurons,  du  reste,  soin  de  donner,  plus  loin,  les 
noms  de  ces  intrus,  qui,  dès  le  7  du  dit  mois,  entraient 
en  fonctions,  comme  on  peut  s'en  convaincre  en  consul- 
tant, à  cette  date,  les  registres  de  la  dite  administration. 

Mais  bientôt  la  loi  terroriste,  elle-même,  allait  bien 
plus  profondément  encore  modifier  celle-ci. 

En  effet,  le  14  frimaire  an  II,  un  décret  conven- 
tionnel —  conséquence,  d'ailleurs,  d'un  précédent  du 
19  vendémiaire  proclamant  officiellement  l'installation, 
jusqu'à  la  paix  européenne,  du  gouvernement  révolu- 
tionnaire^ que  personnifiait  surtout  dès  alors  le  fameux 
Comité  de  Salut  public,  —  venait,  entre  autres  disposi- 
tions, et  pour  faciliter  désormais  niieux  l'action  centrale 
et  souveraine  de  celui-ci,  détruire,  au  profit  des  divers 
Districts  de  leur  ressort,  leurs  anciens  subordonnés,  tout 
l'ancien  pouvoir  politique  des  administrations  départe- 
mentales ;  auxquelles  on  ne  pouvait  pardonner  leur 
récente  intervention  girondine,  et  dont  on  redoutait 
toujours  quelque  récidive  future  du  même  genre,  bien 
moins  à  craindre  des  premiers  à  cause  du  peu 
d'étendue  du  territoire  et  des  ressources  de  chacun  d'eux. 

Comme  conséquence  de  cette  mesure  capitale,  et  vu 
d'ailleurs  la  diminution  forcée  de  leurs  occupations  à 


—  285  — 

ce  moyen,  ces  administrations  étaient,  par  la  dite  loi^ 
désormais  privées  de  leur  procureur-syndic,  et,  déplus, 
réduites  à  leur  directoire,  par  la  suppression  de  leur 
ancien  conseil  général  même  épuré  comme  l'avait  na- 
guère été  celui  de  la  Manche. 

Du  reste,  leur  nouveau  personnel  ainsi  réduit  ne 
devait  pas  nécessairement  être  pris  dans  celui  alors 
existant;  car  la  dite  loi  confiait  formellement,  aux 
représentants  en  mission,  le  soin  de  le  choisir,  eux- 
mêmes,  à  leur  arbitre;  comme  aussi  de  remanier  de 
nouveau ,  s'il  y  avait  nécessité  pour  assurer  mieux 
l'exécution  de  celle-ci,  toutes  les  autorités  locales  en 
général. 

Ce  fut,  chez  nous,  le  conventionnel  Bou/ret  (des  fJ^^J^^^^ 
Basses-Alpes)  qui  reçut  ce  mandat,  dont  Taccomplisse-    Bourbt 
ment  multiple,  par  lui^  en  nivôse  et  pluviôse  an  II,  donna  ^  i^he. 
lieu  à  une  série  d'arrêtés  nouveaux,  fort  nombreux,  qui 
complétèrent,  et  bonifièrent  encore  dans  le  sens  monta- 
gnard, l'œuvre  précédente  de  LecarperUier^  et  que  l'on 
trouvera ,  aux  Archwes  nationales ,  dans  les  earUms 
mentionnés  déjà  à  l'occasion  de  ceux  analogues  de  ce 
dernier. 

Il  remania,  notamment,  à  cette  occasion,  le  Départe- 
ment, dont  le  directoire,  auquel  il  se  trouvait  désormais 
réduit,  fut,  par  lui,  composé  d'un  personnel  mentionné, 
pour  la  première  fois,  le  23  nivôse  an  II,  sur  les  regis-^ 
très  de  la  dite  administration,  et  que  nous  ferons  indi- 
viduellement plus  loin  connaître. 

Tel  fut  le  dernier  état  des  choses  à  cet  égard  jusqu'à 
là  fin  de  la  Terreur,  et  l'arrivée  du  9  thermidor  an  II. 

Mais  celle-ci  devait,  forcément,  le  modifier. 

Et  d'abord,  une  fois  Robespierre  tombé,  la  Convention 
s'était  empressée  de  détruire,  autant  que  possible,  partout, 
Fhorrible  système  par  lui  surtout  introduit;  notamment 
en  rappelant,  de  province,  les  représentants  terroristes 


—  286  — 

naguère  y  envoyés  en  mission  persécutrice ,  et  entre 
autres,  du  département  de  la  Hanche,  le  citoyen  Lecar- 
pentier  sus  dit,  qui  venait  d'y  reparaître  en  messidor 
an  II  et  d'y  jeter  un  profond  effroi  par  l'envoi,  de  nos 
contrées,  au  tribunal  révolutionnaire  de  Paris,  de  six 
fournées  de  prétendus  contre-révolutionnaires,  au  nombre 
total  de  cent  vingt-dem,  dont  dix-neuf,  de  Coutances  et 
environs,  y  avaient  été  condamnés  à  mort  le  3  thermidor 
suivant. 

(Voir,  sur  ces  fournées,  notre  Etude  précédente,  en  dernier  lieu 
mentionnée,  p.  a09  et  iu(vanie$.) 

Mais  il  fallait  aussi,  dans  le  même  but,  effacer  les 
traces  passées  du  séjour  local  de  ces  proconsuls  exaltés, 
et  le  plus  souvent  sanguinaires,  en  envoyant  désormais, 
à  leur  place,  d'autres  conventionnels  plus  modérés 
d'opinions  et  ayant,  d'ailleurs,  mission  expresse,  entre 
autres  mesures  analogues^  de  remanier  —  sans  du  reste 
avoir  besoin,  pour  cela,  de  faire  appel  au  suffrage  élec- 
toral, —  cette  fois  dans  un  sens  sagement  réactionnaire, 
les  diverses  autorités  constituées  de  province  ;  naguère 
recrutées  si  radicalement  par  les  premiers,  et  où  il 
s'agissait  désormais  de  substituer  aux  terroristes  ainsi 
jadis  y  introduits,  des  hommes,  républicains  toujours 
sans  doute,  mais  de  la  couleur  adoucie,  des  seconds, 
qui,  dès  alors,  tendait  dorénavant  à  prédominer. 
^.  .  C'est  ainsi  qu'en  frimaire  an  III,  nous  voyons,  avec 

rêactumnaire  un  mandat  de  ce  genre,  arriver  chez  nous  le  représen- 
^®  dins  ^^  ^"'  ^9^^  ('^^  Calvados),  ayant  jadis  refusé  de  voter  la 
la  Manche,  mort  de  Louis  XYI,  et  qui,  parmi  d'autres  remplace* 
ments  de  cette  nature,  s'empresse,  en  nivôse  suivant,  de 
chasser,  de  l'administration  départementale,  plusieurs 
anciens  amis  de  Lecarpentier,  et  de  les  remplacer,  illico^ 
par  des  gens  plus  modérés  dont  noils  donnerons  aussi 
plus  tard  les  noms. 


—  287  - 

(Voir  sur  les  registres  de  celle-ci,  leur  installation,  à  la  date  du 
15  de  ce  mois,  en  verta  d'an  arrêté  de  la  veille) . 


Mais  bientAt  une  modifieation  bien  plus  importante, 
d'ailleurs  toujours  daus  ce  nouveau  sens  politique, 
allait  s'y  opérer,  en  vertu  d'une  loi  du  28  germinal 
an  III,  qui ,  restituant  désormais  aux  administrations 
de  cet  ordre — en  les  reprenant,  pour  cela,  aux  Districts, 
par  abrogation,  à  cet  égard,  de  la  loi  précitée  du  14  fri- 
maire an  II  —  leurs  anciennes  attributions  politiques, 
venait,  à  cette  occasion ,  leur  rendre,  sinon  leurs  an- 
ciens conseils  généraux,  qu'elle  ne  jugeait  pas  à  propos 
de  rétablir,  au  moins  leurs  procureurs-syndics  de  jadis; 
et,  de  plus,  décider  qu'une  épuration  nouvelle  de  leur 
personnel^  ainsi  recomplété  partiellement,  serait  inces- 
samment faite  par  les  soins  de  nouveaux  délégués  con- 
ventionnels, sans  y  du  reste,  cette  fois  encore,  aucun 
recours  aux  anciennes  élections  populaires. 

Ce  fut  chez  nous  le  représentant  Bourei,  précité  —  de  id.  de  bourbt 
la  sorte  chargé  désormais  de  venir  y  détruire  une  partie 
de  son  œuvre  terroriste  de  Tannée  précédente,  qu'il  y 
avait,  du  reste,  il  faut  le  dire,  accomplie  avec  une  sorte 
de  modération  relative  —  qui  fut  investi  de  la  mission 
spéciale  en  question;  à  laquelle  s'ajoutait,  d'ailleurs, 
forcément,  en  vertu  de  l'indéfini  ordinaire  des  pouvoirs 
de  tels  mandataires,  la  latitude  d'y  prendre  toute  autre 
mesure  en  rapport  avec  les  nouvelles  circonstances  poli- 
tiques du  moment. 

Il  s'en  acquitta  bientôt  par  un  arrêté  du  1 9  floréal 
an  III  (consigné  sur  le&registres  départementaux  le  sur- 
lendemain)^ fournissant,  à  la  dite  administration,  un 
nouveau  personnel  que  nous  donnerons  également  par 
la  suite  et  qu'elle  conserva,  cette  fois,  avec  les  attri- 
butions à  elle  ainsi  légalement  maintenues  et  restituées, 


—  288  — 

jusqu'à  la  fin  de  ia  période  historique  ou  nous  nous 
trouvons  en  ce  moment  placés. 


tion^*  dis-  ^^  *y*"*  ^^^^^  terminé,  pour  celle-ci,  avec  le  pouvoir 
trict.  départemental  supérieur,  examinons,  à  présent^  les  au- 
torités locales  à  lui  inférieures,  et  avant  tout  les  Adminis- 
trations dites  :  DB  DISTRICT,  ou,  par  abréviation,  simple- 
ment districts. 

Effectivement ,  il  y  en  avait  d'après  la  loi ,  précitée, 
du  22  décembre  1789  —  en  cela  du  reste  aussi  con- 
firmée par  bien  d'ai\tres  postérieures,  —  une  dans  cha- 
cune de  ses  subdivisions  politiques  ;  chargée  des  intérêts 
spéciaux  de  celle-ci,  mais  uniquement  dans  les  limites 
de  son  ressort  territorial,  et  d'ailleurs  sous  la  constante 
surveillance  de  Tadmipistration  départementale  susdite, 
par  laquelle  elle  devait  toujours  faire  préalablement 
ratifier  ses  délibérations  à  cet  égard,  et  dont  elle  devait, 
du  reste,  en  général ,  exécuter,  et  faire  exécuter  par  ses 
propres  subordonnés^  les  décisions  quelconques. 

Composée  de  dimze  membres,  élus  par  le  corps  élec- 
toral spécial  de  sa  circonscription  propre  et  renouve- 
lables, comme  ceux  du  département,  par  moitié  tous  les 
deux  anSj  plus  d'un  progureur-syndig,  choisi  de  même, 
mais  pour  un  délai  fixe  de  qu^itre  ans  ;  et  se  divisant 
aussi  en  :  Consril  général,  comprenant  l'ensemble  des 
dits  membres  et  ne  siégeant  que  quinze  jours  par  an,  et 
Directoire  permanent^  de  qiMtre  de  ceux-ci  par  eux  dé- 
signés (ainsi  que ,  du  reste ,  le  président  suprême  de 
la  corporation  totale)  et  remplissant,  dans  la  dite  cir- 
conscription, des  fonctions  analogues  à  celles  du  Direc- 
toire du  département  pour  la  totalité  du  territoire  de 
celui-ci  —  les  administrations  de  districts  présentaient 
donc,  à  l'origine  du  moins,  dans  leur  organisation,  la  plus 
grande  ressemblance  avec  celle  centrale  de  ce  dernier. 


—  289  — 

Nous  les  voyons,  de  même  que  celle-là ,  s'installer, 
dès  juillet  1790,  dans  la  Manche,  et  en  particulier  dans 
le  district  de  Coûtâmes  ;  oh ,  naturellement,  se  concen- 
trera surtout  ici  notre  attention,  même  souvent  à  l'exclu- 
sion des  autres  du  département,  qui  nous  intéressent 
personnellement  moins,  et  qu'il  serait,  d*ailleurs^  trop 
long  —  en  même  temps  que  trop  peu  utile,  vu  leur  ana- 
logie forcée  avec  le  premier  pouvant  ici  leur  servir 
d'exact  échantillon  —  de  passer  tous  en  revue  dans  ce 
qui  va  suivre. 

C'est  le  1^*^  du  dit  mois,  que  le  premier  personnel  du 
District  précité  —  préalablement  élu  dans  l'assemblée 
électorale  du  ressort  à  celui-ci  spécial ,  —  fut  inauguré, 
sauf  à  ne  commencer  ses  véritables  séances  qu'à  la  fin 
de  l'année  en  question;  ainsi  que  le  prouvent  ses  re- 
gûtres,  qui,  — de  même  que  ceux  des  administrations 
analogues  du  département^  à  l'exception  de  celle  de 
Falognts  dont  les  archives  sont  restées  en  la  dite  ville 
—  se  trouvent,  au  nombre  de  huit^  aux  Archives  de  la 
Hanche. 

Nous  en  donnerons  plus  loin  la  composition,  avec 
indication  de  ceux  de  ses  membres  qui  furent  immé- 
diatement par  lui  désignés  pour  former  son  directoire 
permanent. 

Nous  ferons  également  connaître  ultérieurement  les 
modifications  successives  subies  par  cette  première  no- 
menclature. 

C'est  qu'en  effet,  là  encore,  et  pour  des  causes  tant  de 
droit  que  de  fait  analogues  à  celles  déduites  précédem- 
ment en  ce  qui  concerne  l'administration  départemen- 
tale elle-même,  les  changements  seront  nombreux;  et 
ils  porteront,  d'ailleurs,  quelquefois,  non-seulement  sur 
les  fonctionnaires  de  telle  ou  telle  création,  mais  encore 
sur  l'institution  elle-même. 

Et  d'abord,  la  loi,  déjà  citée,  du  28  mai  1791,  étant 

19 


—  290  — 

veDue,  aussi  en  ce  qui  concerne  les  Districts,  ordonner 
leur  renouvellement  par  moitié  pour  F  année  alors  cou- 
rante, en  anticipation  sur  la,  suivante,  ceux  de  la 
Hanche  y  et  en  particulier  celui  de  Coutances^  durent 
alors,  eux  aussi ,  Topérer. 

Il  eut  lieu  en  octobre,  et,  le  45  du  dit  mois,  nous 
voyons  celui  en  question,  sur  ses  registres,  installer,  à 
cette  occasion,  un  personnel  partiellement  nouveau  dont 
on  trouvera  en  son  lieu  la  désignation  individuelle. 

Il  seront,  de  même,  en  entier  renouvelés  —  et  celui-là 
notamment  —  après  le  10  août  1792,  en  résultance  de 
la  loi  déjà  de  nous  connue,  du  19  octobre  smmnt  ;  dont 
l'application  à  cet  égard  amènera,  dans  la  dite  admi- 
nistration du  district  dé  Coutances,  un  ensemble  de 
membres  nouveaux,  auxquels  leur  jacobinisme  avancé 
vaudra  leur  maintien  continu,  du  moins  en  général, 
pendant  toute  la  phase  terroriste  ultérieure. 

C'est  le  30  novembre  de  la  dite  année  que,  sur  les 
registres  précités,  nous  trouvons  l'inauguration  de 
ceux-ci,  dont  les  noms  seront  également  plus  loin 
cités. 

La  nature  sus-indiquée  de  leurs  convictions  politiques, 
les  empêchera,  naturellement,  de  prendre  part,  en 
juin  1793,  au  mouvement  girondin  local,  dans  lequel 
trempèrent,  au  contraire,  entièrement,  à  la  suite  de  l'ad- 
ministration départementale,  les  membres  d'autres  au- 
torités analogues  de  la  contrée  et  notamment  des  districts 
de  Carentan  et  de  Valognes. 

Aussi  —  tandis  qu'en  septembre  1 793,  Lecarpentier^ 
dans  ses  épurations  terroristes  précédemment  mention- 
nées, n'avait  garde  de  conserver  ces  derniers,  —  il  ne 
songea  nullement  à  remplacer  les  premiers  ;  dont  la 
plupart  étaient,  du  reste,  ses  intimes  amis,  et  venaient 
avec  leurs  collègues  de  la  même  administration  spéciale, 
de  lui  prouver,  tout  récemment,  leur  sympathie  jacobine, 


—  294  — 

en  ordonoant  des  poursuites  actives  contre  les  princi- 
paux fédéralistes  de  la  localité. 

(Voir  sur  cellas-oi»  notre  étude  précitée,  relative  au  Tribunal  ré- 
volutionnaire de  Paria,  pt^e  laa  et  swnantee.) 

Du  reste,  le  moment  allait  bientôt  pour  eux  arriver, 
de  pouvoir  légalement  sans  obstacle,  et  surtout  sans  le 
contrôle  officiel  du  Département  —  dont  ils  étaient 
jusque-là,  même  à  ce  point  de  vue,  restés  les  subordon- 
nés, —  manifester  toute  leur  ardeur  montagnarde, 
notamment  à  rencontre  des  prétendus  contre  -  révolu- 
tionnaires du  pays. 

Effectivement,  la  loi,  déjà  mentionnée,  du  H  frimaire 
an  II,  étant  venue,  comme  nous  le  savons,  briser  cette 
entrave,  et,  de  plus,  transférer  désormais,  notamment 
aux  Districts,  à  l'exclusion  de  leur  ancien  supérieur  hié- 
rarchique local,  et  sauf  la  surveillance  gouvernementale, 
mais  trop  éloignée  pour  leur  être  gênante,  du  Comité  de 
Salut  public  de  la  Convention  nationale^  tout  ce  qui  con- 
cernait la  police  politique,  ceux-ci,  et  en  particulier, 
dans  la  Manche,  celui  de  Cautances^  purent  dès-lors 
s'en  donner  librement  à  cœur  joie  en  fait  de  persécu- 
tions révolutionnaires;  à  ce  excités  officiellement, 
d'ailleurs,  par  les  Agents  nationaux,  délégués  et  agents 
directs  du  pouvoir  central,  que  la  dite  loi  substituait, 
près  deux,  —  de  même  qu*on  reste  près  des  adminis- 
trations communales  —  aux  procurmrs-syndics^  locaux 
et  électifs,  de  jadis. 

Ce  dernier,  entre  autres,  ne  s'en  fit  faute;  et  il  opéra,  à 
cetégard,  si  largement,  que,  sauf  quelques  changements  in- 
signifiants^dans  le  personnel  tantdeson  conseil  général — 
d'ailleurs  naturellement  conservé  parla  loi  sus  dite,  qui 
venait  d'ajouter  singulièrement  aux  anciens  travaux  des 
autorités  de  ce  genre,  dont  elle  ne  pouvait  dès-lors  songer 


^  292  — 

^  diminuer  les  membres  —  que  de  son  directoire,  le 
représentant  Bouret  crut  devoir,  au  milieu  de  ses  rema- 
niements jacobins  de  nivôse  an  II,  précités,  maintenir  en 
général,  lui  aussi,  son  ancienne  composition;  alors  que, 
par  contre,  il  modifiait  gravement,  dans  le  sens  ultra- 
montagnard,  celle  de  la  plupart  des  autres  Districts  de 
notre  département. 

Et,  cette  composition  était^  naturellement,  encore  la 
même  au  moment  où  finit  la  Terreur;  dont  le  dit  per- 
sonnel coutançais  s'était  ainsi  montré  le  constant  parti- 
san, et  à  laquelle  il  venait  encore,  à  ce  moment-là,  de 
fournir  une  si  triste  adhésion,  en  aidant  ardemment, 
dans  la  ville  même  où  il  siégeait,  à  la  formation  et  à  l'en- 
voi, de  celle-ci,  au  tribunal  révolutionnaire  de  Paris, 
de  la  sanglante  fournée  dont  dix-neuf,  des  vingt-quatre 
victimes  y  comprises ,  devaient ,  devant  ce  dernier ,  le 
3  thermidor  an  II,  se  voir  condamnées ,  sous  les  prétextes 
les  plus  futiles^  à  la  peine  capitale. 

Aussi,  une  fois  le  9  thermidor  arrivé,  Legot,  —  en- 
voyé, comme  nous  le  savons,  dans  nos  contrées,  en 
frimaire  suivant,  pour  y  favoriser  une  réaction  modéran- 
tiste  et  notamment  y  détruire  les  anciennes  administra- 
tions terroristes  —  s'empressa-t-il ,  en  nivôse  de  la 
mémeannée,  d'y  renouveler  celles  des  districts  en  général, 
et  en  particulier  celle  du  district  de  Coutances,  dont  il 
chassa,  naturellement,  tous  les  membresalors  en  exercice, 
(et  dont  plusieurs  se  voyaient  déjà  l'objet  de  poursuites 
judiciaires  à  raison  de  leurs  exactions  passées,)  pour 
leur  substituer  un  nouveau  personnel,  d'allures  toutes 
différentes,  et  dont  nous  donnerons  encore  l'énuméra- 
tion  dans  la  suite. 

(Voir  sur  ïesregiitresy  précités,  de  la  dite  administration.  Tins* 
lallation  de  ceUen^i  à  la  date  du  as  nivôse  an  III.) 

Ce  remaniement  réactionnaire  devait,  d'ailleurs,  être 


—  293  — 

le  dernier  subi  par  les  dites  autorités,  dont  la  composi- 
tion, alors  à  elles  à  nouveau  donnée,  resta  la  même 
jusqu'à  la  fin  de  la  période  historique  où  nous  sommes 
en  ce  moment  placés  et  à  laquelle  ne  devaient,  d'ailleurs, 
pas  survivre  ces  institutions  locales,  en  général  de  si 
triste  souvenir,  que,  sans  doute  pour  ce  motif  entre 
autres,  supprimera  définitivement,  comme  nous  le 
verrons,  la  nouvelle  constitution  du  5  fructidor  de 
l'an  III. 


Maintenant  que  nous  en  avons  ainsi  terminé  des  Dis- 
tricts, ce  serait,  en  suivant  l'échelle  descendante  par 
nous  jusqu'ici  hiérarchiquement  adoptée,  le  cas  de  nous 
occuper,  au  degré  géographique  subséquent,  des  adminis- 
trations cantonalesy  avant  de  passer  à  celles  des  diverses 
municipalitéscomprises  dans  chaque  canton  d'un  dépar- 
tement quelconque  et  en  particulier  du  nôtre. 

Mais,  pendant  la  période  en  question,  ces  administra- 
tions —  que  nous  verrons  si  importantes  dans  la  sui- 
vante— n'existaient  pas  encore  à  un  titre  tel  quel;  dételle 
sorte  que  force  est  bien  de  franchir  ici  ce  jalon,  simple- 
ment fictif  au  point  de  vue  dont  s'agit,  pour  arriver  de 
suite  à  ce  qui  concerne  les  Administrations  commu- 
nales. 


Quant  à  celles-ci,  elles  y  sont  déjà  bien  réelles;  plus  Administra- 
même  que  dans  la  période  ultérieure,  et  nous  les  trouvons îi?!??i^ 

^  '^  '  municipales. 

créées,  ou  du  moins  constituées,  par  la  Révolution,  dès 
h  ii  décembre  1789,  dans  une  loi,  déjà  citée,  du  même 
jour;  avec  la  mission  toute  naturelle  de  gérer  —  sous  la 
surveillance  graduée,  du  District  où  chacune  d'elle  était 
située,  puis,  en  dernière  analyse,  du  Département  lui- 
même  —  les  intérêts  spéciaux  de  la  commune  à  laquelle 


-  294  - 

elles  appartenaient  individuellement.  Mission  que  com- 
plétera, du  reste,  bientôt,  un  décret  du  14  août  1793, 
en  y  joignant  celle  de  remplir,  sous  la  même  sur- 
veillance, et,  à  partir  du  1i  frimaire  an  II,  sous  celle, 
exclusive,  des  Districts  à  cet  égard,  le  rôle  de  la  police 
judiciaire  en  matière  de  délits  contre-révolutionnaires 
commis  dans  leurs  ressorts  respectifs. 

En  ce  qui  les  concerne,  nous  retrouvons  encore,  du 
moins  à  peu  de  choses  près,  une  organisation  analogue 
à  celle  déjà  signalée  dans  les  administrations  locales 
supérieures. 

Elles  devaient,  en  effet,  comprendre  :  tous  élus  par 
les  citoyens  de  la  commune  : 

D'abord,  un  Maire,  nommé  pour  deux  ans;  puis,  un 
nombre,  variable  selon  la  population  de  celle-ci, 
d'OFFiGiERs  MUNICIPAUX,  uommés  pour  le  même  temps, 
mais  renouvelables  par  moûie'tottô  les  ans, — de  même  au 
reste  que  les  notables  ci-après  mentionnés,  —  et  formant 
avec  le  premier  —  qui  d'ailleurs  n'était  que  le  président 
de  l'administration  sans  aucun  pouvoir  à  lui  spécial  — 
ce  qu'on  appelait  le  Corps  municipal,  chargé,  comme  une 
sorte  de  directoire ,  de  l'exécution  des  délibérations 
prises  en  assemblées  générales,  et  aussi  de  la  prise  de 
toutes  les  mesures  d'urgence,  et,  en  outre,  d'après  la 
loi  du  20  septembre  1792,  de  la  tenue  future  des  actes 
de  Vétat  civil;  où,  d'ailleurs,  s'inscriront,  désormais,  en 
plus  des  naissances,  mariages  et  décès,  de  jadis,  les  di- 
vorces, autorisés  par  une  autre  loi  du  même  jour,  et  qui, 
pour  Coûtâmes,  monteront  à  douze,  de  1 793  à  l'an  XIY, 
auxquels  il  s'en  ajoutera  neu/ après  la  Révolution. 

Enfin  un  nombre,  de  Notables,  double  de  celui  du 
corps  municipal  sus  dit;  dont  la  réunion,  à  celui-ci,  qui 
devait  avoir  lieu  pour  toutes  les  décisions  d'intérêt  col- 
lectif et  majeur,  formait  ce  que  l'on  désignait  sous  le 
nom  de  Conseil  général  de  la  commune. 


—  295  — 

Avec,  eo  outre,  un  Progursuii  de  celle-ci,  nommé,  loi 
aussi,  pour  deux  ans,  et  ayant  mandat  de  conclure  et 
de  requérir  tout  ce  qui  lui  paraîtrait  nécessaire  à  la 
défense  de  ses  intérêts  locaux. 

Telle  est  riastitution  —  désormais,  elle  aussi,  uni- 
forme, en  son  principe,  pour  toute  la  France  —  qui  se 
trouva  bientôt  établie,  entre  autres  régions  de  celle-ci, 
dans  toutes  les  communes  de  notre  département;  et,  en 
particulier,  dans  celle  de  CoiUances  où  elle  prit  la  place 
d'une  sorte  de  municipalité  provisoire,  dite  CamiiénatiO' 
fia/,  qui  s'y  était,  de  fait,  installée^  comme  en  bien  d'autres 
lieux  du  reste,  dès  les  premiers  jours  de  la  Révolution, 
et  dont  nous  donnerons  ultérieurement  la  composition, 
malgré  la  disparition,  des  archives  de  la  mairie  de  cette 
ville,  du  registre  qui  avait  dû  recevoir  ses  diverses  déli- 
bérations. 

C'est,  naturellement,  surtout  et  même  presque  exclu- 
sivement, dans  la  localité  en  question,  que  nous  aurons 
à  suivre  en  détail  les  péripéties  historiques  de  cette 
administration  locale  du  dernier  degré  ;  qui ,  du  reste, 
ne  varia  guère,  à  cet  égard,  d'une  commune  à  toutes  les 
autres  du  département. 

Nous  aurons,  pour  cela,  à  consulter  surtout  ses  re- 
gistres^ de  délibérations  principalement;  qui,  pour  la 
dite  localité,  se  retrouvent  tous,  en  la  dite  mairie,  à  l'ex- 
ception toutefois  de  l'époque  antérieure  au  6  septembre 
4790,  pour  laquelle  ils  font  entièrement  défaut. 

Elle  reçut,  d'après  sa  population — supérieure  à  trois 
mille,  et  inférieure  à  dix  mille,  habitants  —  un  maire, 
huit  oflSciers  municipaux,  dix-huit  notables,  et  un  pro- 
cureur de  la  commune,  pour  composer  son  administra- 
tion locale;  qui,  d'ailleurs,  ne  varia  jamais,  quant  au 
nombre,  pendant  toute  la  période  en  ce  moment  étu- 
diée. 

C'est  le  30  janvier  4790,  que  celle-ci  fut,  la  première 


—  296  — 

fois,  élue;  avec  un  personnel,  que  nous  ferons  ultérieure- 
ment connaître,  —  de  même  qu'au  reste  tous  les  remanie- 
ments auxquels  il  fut  ensuite  soumis,  —  et  qui  siégea  : 
d'abord,  dans  l'ancien  bâtiment  du  théâtre  actuel ,  puis, 
à  partir  de  1793,  dans  celui  du  grand  séminaire  d'à 
présent. 

Ce  personnel  fut,  lui  aussi,  plusieurs  fois  modifié. 

Effectivement,  d'abord  il  fut,  aux  termes  de  la  loi, 
sus  dite,  de  la  création  des  autorités  nouvelles  de  cette 
nature,  renouvelé  partiellement,  tant  en  1 790,  vers  la 
fin  de  Tannée,  qu'un  an  après,  en  1791 . 

Puis,  en  1792,  en  vertu  du  décret  général,  de  réélec- 
tion de  tous  les  corps  administratifs,  du  19  octobre  de 
la  dite  année,  il  reçut  un  entier  renouvellement  de  ses 
membres  ;  et  naturellement  la  couleur  politique  de  ceux 
qu'il  recruta  de  la  sorte  se  ressentit  de  celle  générale  du 
moment. 

(Voir  sur  les  registrei  sus  dits ,  leur  installation,  à  la  date  du 
9  décembre). 

Mais  voici  venir,  maintenant,  des  modifications  de 
personnes,  d'une  toute  autre  nature,  puisqu'ils  résulte- 
ront, non  plus  du  suffrage  populaire,  mais  bien  du  seul 
arbitraire,  s'exerçant  aussi  à  cet  égard,  des  représen- 
tants en  mission  dans  la  Manche,  dont  nous  avons  déjà 
plusieurs  fois  cité  les  noms  à  propos  d'opérations  poli- 
tiques analogues. 

En  effet,  d'une  part,  la  municipalité  en  question  se 
voit,  sous  prétexte  de  fédéralisme  y  ou  au  moins  de  mo- 
dérantisme,  de  la  plupart  de  ses  membres  actuels,  re- 
maniée dans  un  sens  jacobin;  d'abord,  le  13  septem- 
bre 1793,  par  Lecarpentier  (voir  registres  susdits  à  la  date 
du  19),  puis,  le  22  nivôse  an  II,  par  Bouret  (voir  les  dits 

registres  à  celle  du  94). 

Et,  d'autre  part,  une  fois  le  9  thermidor  arrivé,  Legot 


—  297  - 

ne  manque  pas  de  la  renouveler,  dans  un  sens  absolu- 
ment contraire,  le  15  nivôse  an  III;  et  son  œuvre  à  ce 
sujet  est  ensuite  complétée  f^irBouret,  précité,  le  25  flo- 
réal suivant. 

C'est  en  ce  dernier  état  de  choses,  que  s'achèvera  la 
période  historique  oii  nous  raisonnons  en  ce  moment. 


Nous  ne  pouvons,  toutefois,  quitter  les  administra- 
tions municipales  et  en  particulier  la  nôtre  —  dont  les 
changements  sus  dits  se  reproduisent,  du  reste,  oii  à  peu 
près,  en  vertu  de  causes  générales,  dans  presque  toutes 
les  autres  du  département,  —  sans  dire  un  mot  d'une 
autre  institution  communale,  intimement  liée  avec  celle 
que  nous  venons  d'étudier,  et  qui  joua,  partout,  un  rôle 
si  capital  à  Tépoque  terroriste. 

Nous  voulons  parler  des  Comités  de  surveillance,     comités 
établis,  dans  chaque  localité,  en  vertu  de  la  loi  du  21         .^f 

^  surveillance. 

mars  1793,  pour  y  épier,  et  au  besoin  y  arrêter,  les  sus- 
pects de  contre-révolution  ;  dont  la  définition  devait, 
d'ailleurs,  être  officiellement  donnée,  en  même  temps 
que  l'incarcération  générale  expressément  ordonnée,  par 
celle  du  1 7  septembre  suivant. 

Ils  devaient  se  composer  de  (/ouze  citoyens,  non  nobles 
ni  ecclésiastiques,  à  ce  choisis  par  leurs  compatriotes 
de  la  même  commune. 

Le  département  de  la  Manche,  comme  tous  les  autres, 
dut  en  voir  s'établir  dans  toutes  celles  de  son  ressort; 
et  la  ville  de  Couta^icesy  en  particulier,  en  reçut  un , 
dont  nous  indiquerons  plus  tard  la  composition  et  qui 

fut  élu  en  avril  1 793  (^oîi'  sa  mention  sur  les  registres  tnuni- 
eipaïuBf  à  la  date  du  Si). 

Celui-ci  ne  manqua  pas,  comme  ses  semblables  en 
général,  de  se  signaler  bientôt  par  ses  exploits  terro- 
ristes; qu'il  couronna  dignement,  en  messidor  an  II,  en 


—  898  — 

concourant  activement,  lui  aussi,  à  la  formation  de  la 
déplorable  fournie  de  Coutaoces,  sur  les  membres  de 
laquelle  il  fournit,  de  plus,  des  renseignements  écrits 
meurtriers,  qui,  sans  nul  doute,  ne  manquèrent  pas  de 
contribuer  puissamment  à  l'hécatombe  horrible  du 
9  thermidor  suivant. 

Nous  n'avons ,  du  reste ,  pu  retrouver  le  registre  des 
arrêtés  de  ce  comité,  qui,  après  la  terreur,  l'aura  sans 
doute  fait  disparaître. 

Il  n'était,  d'ailleurs,  pas  le  seul  de  cette  nature  qui 
fonctionnât  dans  cette  ville. 

Effectivement,  aux  fins  de  faciliter  Faction  indivi- 
duelle de  chacun  de  ces  corps  policiers  épars  dans  les 
diverses  municipalités  de  son  ressort,  et  de  les  mettre 
aussi,  au  besoin,  en  relations  les  uns  avec  les  autres 
dans  rintérét  de  la  surveillance  révolutionnaire  générale, 
Tadministration  départementale  de  la  Manche  av<iit,  dès 
ledébut,  créé  dans  son  propre  sein,  et  en  le  composant 
de  quelques-uns  de  ses  membres,  un  Comité  dit  de  SaUu 
fublic,  destiné  à  se  mettre  directement  en  correspon- 
dance avec  un  analogue,  à  créer  dans  chaque  «district, 
et  notamment  dans  celui  de  CcnUances,  par  les  soins  de 
son  administration  supérieure  locale  —  qui  dut  le  com- 
poser, à  son  tour,  de  six  membres,  pris,  tant  chez  elle- 
même  que  dans  la  Municipalité  et  la  Société  populaijre 
du  chef-lieu  de  sa  résidence  officielle,  — et  qui  se  met- 
trait, lui,  en  rapport  immédiat  avec  tous  ceux,  sus- 
mentionnés, des  diverses  communes  comprises  dans 
cette  dernière  circonscription  du  second  degré  géogra- 
phique. 

(Voir,  à  ce  sujet,  une  circulaire  imprimée,  du  20  avril  1793»  du 
District  de  Coutaoces,  aux  muoicipalités  de  son  ressort.  Voir  aussi 
les  registres  des  dits  comités  collectifs,  aux  Archives  de  la 
Manche.) 


—  299  — 

Il  y  avait  donc,  alors,  à  Coutances,  pour  concourir  au 
même  but  de  persécution  révolutionnaire,  à  la  fois  : 
un  comité  local,  et  légal,  de  surveillance  proprement 
dit,  dont  l'action  ne  dépassait  pas  l'étendue  même  de 
cette  commune;  et  deux  comités  supérieurs,  et  extra- 
légaux,  de  salut  public,  l'un  de  son  district,  atteignant 
tout  le  ressort  de  celui-ci,  et  l'autre  du  département,  en- 
globant, dans  sa  portée  centralisatrice,  l'ensemble  du 
territoire  général  de  ce  dernier. 

Au  surplus,  de  pareilles  institutions  ne  devaient  guère 
survivre  au  9  thermidor,  qui  permit  enfin  d'en  aperce- 
voir et  d'en  signaler  tout  l'odieux. 

Aussi,  dès  le  7  fructidor  an  II,  une  loi  spéciale  vint- 
elle  les  supprimer  partout,  sauf  dans  les  chefs-lieux  de 
district;  oii  les  représentants  en  mission,  chargés  d'aller, 
en  province,  organiser  la  réaction  thermidorienne,  de- 
vaient en  instituer  un  seul,  de  douze  membres  à  caractère 
naturellement  rétrograde,  ayant  compétence,  du  reste, 
pour  tout  le  ressort  de  cette  circonscription  collective,  et 
dont,  en  fait,  la  principale  occupation  devait  être  (et  fut 
réellement)  de  dénoncer,  et  de  poursuivre  au  moins  ad- 
ministralivement,  les  anciens  agents  de  la  terreur  lo- 
cale. 

C'est  encore  ce  dont  s'acquitta,  chez  nous,  le  conven- 
tionnel Legot,  qui,  le  11  nivôse  an  III,  après  avoir 
préalablenient  destitué  les  anciens  membres  du  comité 
de  surveillance  du  district  de  Coutances,  et  même  ceux 
de  celui  de  la  ville  du  reste  désormais  légalement  frappé 
de  mort  définitive,  recomposait,  le  premier,  d'un  per- 
sonnel tout  nouveau  dont  nous  donnerons  ultérieurement 
les  noms. 

(Voir  cet  arrêté  aux  Archives  de  la  Manehe,) 

Mais  bientôt  une  loi  nouvelle,  du  1^  ventôse  suivant. 


—  300  — 

vint  radicalement  détruire  toutes  les  créations  de  cette 
nature,  sans  exception;  et,  de  la  sorte,  faire,  à  jamais, 
disparaître  jusqu'à  leurs  derniers  vestiges. 


Sociétés  N'oublions  pas,  non  plus,  de  signaler,  à  présent, 
populaires,  l'existence,  surtout  pendant  Fépoque  terroriste,  sinon 
ordonnée,  au  moins  encouragée,  par  la  loi,  dans  presque 
toutes  les  communes  notamment  de  notre  département, 
d'une  institution  spéciale,  qui,  sans  y  avoir  de  caractère, 
officiel  à  proprement  parler,  n'en  jouait  pas  moins,  alors, 
en  fait,  un  rôle  des  plus  importants^  et  souvent  même  en 
arrivait  à  dominer  toutes  les  autorités  locales,  de  façon 
à  peser  invinciblement  sur  leurs  moindres  décisions. 

Nous  voulons  parler  des  clubs  ou  Sociétés  populaires, 
qui,  copiant,  tout  en  en  dénaturant  le  véritable  caractère, 
les  meetings  anglais,  avaient  surgi,  par  toute  la  France, 
dès  le  début  de  la  Révolution,  comme  moyen  de  ren- 
contre et  d'entente  des  libéraux  de  chaque  localité. 

Ces  réunions  politiques  permanentes,  et  à  séances  pu- 
bliques, mais  où  Ton  n'était  admis,  comme  membre  pro- 
prement dit,  qu'à  certaines  conditions  d'entrée  —  bientôt 
uniquement  composées  de  tout  ce  que  cette  localité 
présentait  de  plus  exalté,  et  prenant  pour  type  (auquel 
elles  s'affllièreTUy  du  reste,  pour  la  plupart,  d'une  façon 
complète)  le  fameux  club  des  Jacobins  de  Paris,  où 
s'étaient  trouvés,  et  résolus,  presque  tous  les  coups 
d'état  populaires  de  la  capitale  et  entre  autres  celui  du 
31  mai  contre  les  Girondins,  —  ne  pouvaient  manquer 
d'être  favorisées  par  le  parti  montagnard ,  qui  s'en 
servait,  en  tous  lieux,  comme  d'un  moyen,  ex- 
trême mais  infaillible,  de  rompre,  par  les  motions 
sanguinaires  y  portées  et  au  besoin  la  violence  matérielle 
y  préparée,  tout  obstacle,  même  légal,  à  la  réussite  de 
leurs  plus  audacieux  projets. 


—  30<  — 

Leiégislatear  terroriste  devait  donc,  après  les  avoir 
d'abord  simplement  permises ,  finir  :  par  leur  venir 
officiellement  en  aide,  en  défendant,  à  toute  aatorité 
constituée,  de  les  troubler  en  quoique  ce  soit  (lois  des 
1 3  juin  et  25  juillet  \  793)  ;  et  même  par  leur  déléguer 
certaines  missions  publiques,  telles  que  la  surveillance 
locale  des  fournitures  de  l'armée  (décrets  des  29  9tp- 
tembre  1 793,  i  8  frimaire^  et  2  nivôse^  an  II.) 

CotUances,  en  particulier,  posséda,  dès  1790,  un 
club  local  de  ce  genre,  dit  :  des  Amis  de  la  LiBEnrÉET 
DE  l'égalité^  qui,  d'abord  assez  modéré,  ne  tarda  pas, 
en  se  recrutant  de  tous  les  patriotes  exaltés  du  lieu  et  de 
la  banlieue  —  parmi  lesquels  figuraient  là,  du  reste,  au 
milieu  d'une  plèbe  assez  déguenillée,  les  principaux 
fonctionnaires  de  l'endroit  —  à  prendre  la  couleur  la 
plus  avancée,  et  même  à  devenir  le  principal  foyer  local 
de  la  persécution  révolutionnaire. 

Nous  ne  possédons,  de  lui,  aux  archives  municipales, 
qu'un  seul  registre,  commençant  au  13  prairial  an  II,  et 
contenant  les  procès-verbaux,  de  ses  séances^  depuis 
cette  date  jusqu'à  celle  de  sa  fermeture  sus-indiquée. 
Mais  on  y  trouve  largement  à  suffire  pour  se  renseigner 
sur  le  caractère  sanguinairement  démagogique  que  nous 
signalions  tout  à  l'heure;  lequel,  à  la  fin  de  la  Terreur, 
devait  s'accentuer  encore  davantage^  notamment  par  la 
création,  au  sein  de  cette  société  ultra-jacobine^  d'un 
Comité  secret  iii  des  cinq,  dont  nous  donnerons  plus  loin 
la  composition ,  et  qui ,  chargé  par  elle  d'aider  à  la  dé- 
nonciation des  contre-révolutionnaires  locaux,  devait 
jouer,  lui  aussi,  le  plus  triste  rôle,  dans  la  formation 
de  la  lugubre  fournée  coutançaise ,  en  messidor  an  II. 

Mais,  une  fois  le  9  thermidor  arrivé,  dépareilles  ins- 
titutions, qui  avaient  si  puissamment  aidé  au  succès  du 
terrorisme  récent,  ne  devaient  pas  tarder,  elles  aussi,  à 


—  302  — 

disparaître,  ou  du  moins  à  se  transformer  complètement 
dans  leur  personnel  et  leurs  allures. 

C'est  ce  qui  arriva,  avant  tout,  pour  leur  centre  prin- 
cipal ,  la  société  des  Jacobins  de  Paris ,  fermée,  le 
1 0  brumaire  an  III,  par  décret  de  la  Convention,  qui,  le 
S5  du  mois  précéderU,  l'avait  déjà  privée  de  ses  an- 
ciennes affiliations  politiques  avec  les  sociétés  analogues 
de  la  province. 

C'est  ce  qui  se  réalisa,  ensuite,  pour  celles-ci  indivi- 
duellement, grâce  surtout  à  Tintervention  des  repré- 
sentants y  envoyés,  alors  en  mission  réactionnaire. 

C'est  ainsi  que,  par  arrêté  de  Legoty  du  24  ventôse 
an  III,  fut  dissous,  à  Coutances,  le  club  local  sus  dit, 
malgré  tous  les  efforts  naguère  faits,  par  celui-ci,  pour 
trouver  grâce  devant  la  politique  thermidorienne,  no- 
tamment au  moyen  d'une  épuration  faite,  du  4*'  au 

2Cf  vendémiaire  an  III  (Voira  cet  égards  son  regiarê  unique 

sus  dit),  de  son  personnel  du  moment,  —  composé  à% 
deux  cent  qtuUre- vingt -- quatre  membres  y  dont  nous 
donnerons,  ci-après,  les  noms,  avec  indication  des 
douze  d'entre  eux  à  cette  occasion  exclus  comme  terro- 
ristes trop  compromis,  par  la  dite  société  ;  où  l'on  ne 
pouvait,  du  reste,  ni  être  primitivement  admis,  ni  en 
pareil  cas  conservé,  qu'en  obtenant  l'assentiment  des 
deux  tiers,  au  moins,  de  son  personnel  alors  présent 

(Voir  à  cet  égard,  d'une  part,  ses  statuts  imprimés.  Collection  IKs- 
nard  à  Gaen;  et, d'autre  part,  sur  le  registre  précité,  l'arrêté  d'é- 
puration, du  99  fructidor  an  II). 

L'exécution  de  cette  décision  ayant  été  confiée  à  la 
municipalité  locale,  celle-ci,  alors  elle-même  renouvelée 
par  le  dit  représentant,  s'empressa  de  faire  fermer  le 
lieu  des  séances  du  club  en  question  —  qui  siégeait  pu- 
bliquement, rue  du  Siège,  dans  l'ancien  bâtiment  du 
présidial  (le  théâtre  actuel),  après  un  inventaire,  fort 
curieux  à  consulter,  des  divers  objets  mobiliers,  et 


—  303  — 

notamment  des  archives,  lui  ayant  naguère  appar- 
tenu. 

(Voir,  à  cet  égard»  à  celles  de  la  Mairie  de  Couta$ie$$,  le  carton 
U9,  cote  10.) 

Il  est  vrai  que,  peu  de  jours  après,  par  permission 
même  de  Legot,  une  nouvelle  société  populaire,  dont 
nous  possédons  (Voir  carton  sus  dit)  toutes  les  délibérations, 
s'ouvrait,  au  même  lieu,  pour  y  durer  jusqu'en  fructidor 
suivant. 

Mais  eelle-ci,  presque  uniquement  composée  d'an- 
ciennes victimes  de  la  terreur  manchaise,  ne  ressembla, 
en  rien ,  à  la  précédente  :  ni  par  son  personnel ,  que 
nous  indiquerons  au  moins  partiellement  plus  loin,  ni 
par  sas  allures,  qui  furent,  au  contraire,  toujours,  si- 
non royalistes,  du  moins  ouvertement  réactionnaires. 

Cela,  toutefois,  ne  devait  pas,  à  elle  non  plus,  assurer 
une  longue  existence,  car  nous  la  voyons  fermer,  dès 
fructidor  an  III,  par  les  ordres  d'un  représentant  du 
peuple  en  mission  (le  citoyen  Porcher,  de  Tlndre),  à  la 
suite  de  son  envahissement,  le  23  thermidor  précédent, 
par  les  anciens  Jacobins  de  la  localité  devenus  furieux 
par  leur  récente  expulsion  de  toutes  les  fonctions  pu- 
bliques du  pays. 

(Voir  sur  cette  sorte  d'émeute  populaire,  aux  Arehiws  sus  ditea, 
le  carton  149  cote  11). 

Du  reste,  dès  à  ce  momentrlà,  une  loi  du  6  fructidor 
de  la  dite  année,  venait  de  couper  court,  pour  l'avenir, 
à  tout  embarras  causé  par  une  société  populaire  quel- 
conque, en  interdisant  désormais  toute  institution  politi- 
que de  cette  nature. 

Telle  était,  dans  son  ensemble,  et  quant  à  ses  princi- 
paux traits,  l'organisation  administrative  locale,  à  ses 
divers  degrés,  introduite  par  la  Révolution,  notamment 


—  304  - 

dans  nos  contrées,  pendant  la  première  période  histo- 
rique ici  envisagée. 

Sans  doute  il  faudrait,  pour  être  à  cet  égard  complet, 
ajouter,  à  ce  tableau  principal ,  bien  des  détails  acces- 
soires, dont  rintérét  serait  encore  très-vif. 

Par  exemple,  il  nous  faudrait  étudier  : 

En  matière  de  Finances  : 

La  création,  le  44  novembre  1790,  dans  chaque  dis- 
Receyenra  trict  des  divers  départements,  d'un  fonctionnaire  spé- 
dê  trict.  ^j^j^  appelé  Receveur  de  district,  nommé,  pour  six 
ans,  par  les  administrateurs  de  celui-ci,  aux  fins  d'y 
centraliser,  pour  le  ressort  y  correspondant,  le  produit 
des  œntributions  ^directes  (les  indirectes,  abolies  le 
2  mars  1791,  ne  furent  rétablies  que  sous  le  Con- 
sulat), recueillies  dans  chacune  des  communes  y  si- 
tuées ;  où  la  perception  individuelle  devait,  d'ailleurs, 
s'en  opérer  par  voie  d'adjudication  annuelle  au  rabais 
(voir  Ûnd.  et  loi  du  26  septembre  1791). 

Ce  receveur  devait  également,  du  reste,  toucher  le  prix 

des  ventes,  dès  alors  décrétées  ;  des  biens  nationaux 

dits  de  première  origine  —  c'est-à-dire  provenant  de  la 

confiscation  récente  des  biens  ecclésiastiques,  —  situés 

dans  son  ressort. 

Car,  quant  à  ceux  dits  de  seconde  origine  —  c*est-à- 
Receveura     ,.      ,    ^  ,  ^        .  .     .  /.  i  ^ 

des  Domainei  dire  dont  la  confiscation,  et  ensuite  la  vente,  furent  ulté- 

nationaux.  fjeurement  ordonnées,  notamment  sur  les  émigrés,  — 

dont  la  Manche  en  particulier  fournit  près  A' un  mille 

(voir,  aux  Archives  du  département,  les  diverses  ^fM  officielles,  im- 
primées ,  qui  en  furent  successivement  dressées),  —  leur  prix 

d'adjudication,  d'ailleurs  effectuée,  comme  pour  la  pre- 
mière catégorie  ci-dessus ,  devant  l'administration  du 
district  (voir  lois  des  14  mai  1790,  9  juillet  suivant,  et 
25  juillet  1793],  devait  être  versé  dans  la  caisse  d'un 


—  305  — 

recevear  spécial,  existant  également  dans  chaque  dis^ 
trict ,  mais  distinct  du  premier, .  et  appelé  Receveur 

DES  DOMAINES  NATIONAUX. 

Celui-ci  n'était,  d'ailleurs,  en  réalité,  qu'un  des  em- 
ployés de  l'administration  spéciale  de  VenregistremefU  et 
des  domaines,  qui,  organisée  (ou  plutôt  réorganisée)  le 
18  mai  1791,  avait,  entre  autres  attributions  de  sa 
compétence  naturelle ,  reçu ,  les  1 9  août  1 791  et 
i^5  juillet  1793,  la  régie  générale  des  biens  nationaux, 
et  notamment  des  biens  d'émigré. 

(Voir,  pour  le  district  de  Couiances,  relativement  à  ceux-ci,  les 
nombreux  registres  de  recette  existant  aux  arcMoes  du  bureau 
d'ewregittrement  des  actetjudieiaires  de  la  ville.) 

En  matière  A'Instrmtion  puèliqus  : 

Son  organisation  nouvelle,  ou  plutôt  sa  désorganisa- 
tion, notamment  en  ce  qui  concerne  l'enseignement  secon-  collèges. 
daire,  dont  les  établissements,  —  dépouillés  de  leurs 
anciens  revenus  (lois  du  28  octobre  1 790  et  8  mars  1 793), 
et  d'ailleurs  privés  bientôt  de  leurs  professeurs,  la 
plupart  ecclésiastiques  réfractaires ,  que  Ton  essaya 
vainement,  comme  à  Coutances  par  exemple,  de  rem- 
placer par  des  laïques  dont  nous  donnerons  aussi  plus 
loin  les  noms,  —  ne  tardèrent  pas,  sans  suppression 
légale  toutefois,  à  être  complètement  abandonnés  ;  ainsi 
que  cela  arriva  pour  celui  de  la  dite  ville,  si  florissant 

jadis.  (Toir  à  cet  égard,  son  histoire,  par  Fabbé  Daniel,  p.  71.) 

Sans  doute,  la  révolution  chercha  à  conjurer  ce  fâ-  Ecoles  pri- 
cheux  état  de  choses,  du  moins   en   ce  qui  regarde      ««re» 
l'instruction  primaire  :  d'abord,  en  définissant  son  objet 
(loi  du  12  décembre  1792);  puis  en  ordonnant  son  éta- 
blissement jmibV; ,  dont  elle  est  du  reste  à  vrai  dire  la 
créatrice  en  France,  dans  toutes  les  communes  de  la 

République  (30  vendémiaire ^n  II)  ;  ensuite,  en  réglemen- 

20 


—  306  — 

i 

tant  (loi  du  7  brimaire  suivant)  la  réception ,  de  ses 
instituteurs,  par  un  jury  d'examen,  dans  chaque  dis- 
trict, et,  ensuite,  leur  choix,  dans  chaque  localité,  par 
le  suffrage  universel  des  habitants  de  celle-ci  y  compris 
les  veuves  mères  de  famille,  à  condition  toutiefois  que 
relu  ne  fût  ni  ecclésiastiqtie  ni  noble;  et  en  ajoutant, 
ou  plutôt  en  substituant  jusqu'à  un  certain  point  (le 
29  frimaire  an  II),  à  ces  dernières  prescriptions,  la 
liberté  générale  du  dit  enseignement  pour  toute  per- 
sonne disposée  à  le  donner,  avec,  promesse  d'une 
rétribution  par  chaque  enfant  éduqué  de  la  sorte,  et  en 
même  temps  obligation^  sous  peine  d'amende,  pour  les 
parents,  de  le  faire  donner  à  leur  progéniture  par  tel 
instituteur  du  reste  qu'il  leur  plairait  de  choisir.  Enfin 
en  refondant  toute  cette  matière,  le  27  brumaire  an  III, 
dans  une  loi,  qui,  en  ordonnant  la  création  d'une  école 
primaire  par  mille  habitants,  y  place  des  instituteurs 
reçus  et  choisis  directement,  par  le  jury  sus  dit,  à  ce 
réorganisé;  auxquels  elle  accorde,  d'ailleurs,  un  trai- 
tement annuel  fixe. 

Mais  tout  cela  ne  pouvait  guère  réussir  en  présence 
de  la  dislocation  générale  ;  et,  d'ailleurs,  cela  ne  con- 
cernait guère  l'instruction  secondaire,  à  laquelle  on 
semblait  alors  complètement  renoncer,  et  que  nous  ne 
verrons  tenter  de  rétablir  que  dans  la  période  historique 
suivante,  ob  nous  continuerons,  en  quelques  mots,  la 
mention  de  cet  important  sujet. 

Enfin,  en  matière  Militaire  : 

L'institution,  sinon  de  l'armée  régulière,  qui  n'avait 

rien  de  local  : 

Garde          D'abord  de  la  Garde  nationalb,  qui,  formée 

de  la  masse  même  de  tous  les  citoyens  en   général, 

et   levée,    en   quelque   sorte    spontanément,  dès  les 


nationale. 


—  307  — 

premiers  jours  de  la  Révolntion  pour  en  asurer  par- 
tout les  premières  conquêtes  en  même  temps  qu'y  com- 
primer le  désordre  populaire,  ne  fut  définitivement  or- 
ganisée que  par  la  loi  du  29  septembre  il9t]  d'après 
laquelle  elle  devait  se  distribuer,  par  cantons  et  dis- 
tricts de  chaque  département,  en  :  légions  (de  huit  à 
dix  bataillons),  baiaillons  (de  cinq  compagnies),  et  en- 
fin en  compagnies  de  cent  à  deux  cents  hommes,  qui 
nommaient  respectivement  leurs  chefs  au  suffrage  uni- 
versel direct. 

Nous  la  voyons,  entre  autres  régions  du  département 
de  la  Manche^  se  former,  notamment,  à  Coutances  et 
dans  son  district  ;  où  nous  ferons  connaître  plus  loin, 
du  moins  partiellement,  le  personnel  primitif  de  ses 
officiers  locaux,  mentionné  plusieurs  fois  sur  les  re- 
gistres mu/nicipaux  de  cette  ville. 

Mais  cette  institution ,  à  Torigine  si  florissante,  ne 
devait  pas  tarder  à  dépérir,  chez  nous  comme 
ailleurs,  gr&çe  surtout  aux  nombreux  emprunts 
de  volontaires  —  plus  ou  moins  forcés  du  reste,  pour 
une  partie  —  qu'y  firent  bientôt,  pour  entrer  en  cam- 
pagne contre  Tennemi  extérieur  de  la  France  :  d'abord 
les  levées  extraordinaires,  encouragées  seulement  au 
début  (Voir  loi  du  28  décembre  1 791 },  puis  exigées  plus 
tard  (Voir  celle  du  20juilla  1 792,  à  propos  de  l'a  décla- 
ration récente  de  la  patrie  en  danger),  en  présence  de  Ten- 
vahissement  du  territoire;  en  1792,  par  les  Austro-Prus- 
siens; et  ensuite  le  recrutement  militaire  proprement  dit, 
ordonné,  pour  faire  face  à  une  coalition  européenne,  au 
cours  de  l'année  suivante  (Voir  lois  des  :  24  féyrier  et 
\6août  1793,  sur  la  réquisition  :  d'abord,  de  trois  cent 
mille  nouveaux  soldats  ;  puis  de  tous  les  Français  en 
massCy  pour  le  service  militaire). 

Delà,  naturellement,  une  dislocation,  plus  ou  moins 
complète,  de  institution  en  question,  dont,  notamment 


-   308  - 

à  Couianceiy  les  cadres  primitifs  se  trouvèrent  ainsi 
complètement  bouleversés  et  dégarnis. 

(Voir,  à  cette  occanon  aux  ÀrcMoês  mtmieipaietf  les  divers  ra- 
giitriu  d'enrôlements  militaires  opérés»  dans  cette  lille,  en  1791  et 
1793). 

Gendarmerie  Ensuite  la  Gendarmerie  dite  nationale,  qui,  créée  le 
i6  janvier  4794  en  remplacement  de  l'ancienne  mare- 
chamséôy  et  composée  d'abord  de  soldats  et  oflSciers 
choisis,  par  les  directoires  de  département^  sur  des  listes 
d'inscriptions  passées  par  les  divers  candidats  à  cette 

promotion  (Voir,  pour  la  Manche,  ces  listes,  aux  ÀrchUvei  dépar* 

rementatof),  ne  devait  pas  tarder,  elle  non  plus,  de  séden- 
taire et  uniquement  destinée  à  la  police  intérieure  qu'elle 
était  à  l'origine,  à  se  voir  enrôler  comme  supplément  de 
Tarmée  régulière  pour  aller  combattre,  dans  ses  rangs, 
l'ennemi  du  dehors(Voir  loidu  26  aoûê  4792,  autori- 
sant d'ailleurs ,  en  pareil  cas,  les  directoires  sus  dits  à 
nommer  des  suppléants  pour  remplacer  provisoirement 
les  titulaires  ainsi  partis  aux  frontières.) 

De  là,  encore,  notamment  dans  la  Manche  —  qui  se 
trouvait  comprise,  avec  V  Orne  et  le  CakadoSy  dans  la 
3®  division  du  dit  corps  (Voir  loi  du  4  6  Janvier  4  794  sus 
dite),  et  où  le  seul  district  deCoutances  vit  de  la  sorte,  en 
septembre  4793,  jémigrer  militairement  70  membres  du 

dit  corps  (Voir,  Arctàoêt  départemmaolôt  sus  dites)  —  une 

cause  de  désorganisation  dont  on  se  rend  facilement 
compte* 

Mais,  sur  tous  ces  nouveaux  points,  plus  ou  moins  ici 
secondaires,  nous  devons,  faute  de  place,  nous  borner 
à  ces  simples  notions  élémentaires,  pour  en  arriver, 
maintenant,  de  suite,  au  second  paragraphe  de  notre 
première  période  historique  d*examen . 


—  300  — 


in.  — ilMltoe. 

Nous  savons  déjà,  par  notre  Inirodt^etion  histariqiàe 
sur  CEUU  du  Cotmfi/n  en  \  789,  combien ,  en  cette  ma- 
tière encore,  il  y  avait  à  refaire,  tant  au  point  de  vue  de 
la  clarté  du  droit,  que  de  l'équité  vis-à-  vis  des  justi- 
ciables. 

Sans  doute,  là  encore,  dans  les  derniers  temps  de 
Tancien  régime,  des  réformes  partielles  avaient  été 
tentées  pour  alléger  la  situation,  souvent  si  fâcheuse, 
de  ceux-ci,  notamment  au  point  de  vue  de  la  nécessité 
où  ils  se  trouvaient ,  dans  la  plupart  des  cas,  d'aller 
plaider  en  appel,  à  une  distance  énorme  de  leur  domi- 
cile, devant  l'unique  parlement  de  leur  province. 

Ainsi,  dès  1771 ,  le  ministre  Maupeou^  —  plutôt,  du  Réformes 
reste,  par  haine  personnelle  contre  ce  dernier  genre  de  ^jf^^J^'® 
juridiction,  qui  se  permettait  de  refuser  alors,  à  chaque 
instant,  ïtwregittremefU^  dans  son  ressort  tel  quel ,  des 
édits  royaux,  que  par  amour  pour  le  bien  public —  avait, 
après  avoir  réservé  exclusivement  le  droit  de  vaquer  à 
cette  formalité,  d'un  usage  alors  depuis  longtemps 
traditionnel,  à  un  tribunal  suprême  spécial ,  par  lui 
créé  à  Paris,  et  appelé  bientôt  le  ParkmenS  Maupeau^ 
supprimé  violemment  :  tant  l'ancien  parlement  de  la 
capitale,  que  plusieurs  autres,  en  dépeçant  leurs  anciens 
ressorts  en  diverses  fractions  judiciaires  à  la  tête  des- 
quelles il  avait  institué  ce  qu'il  appelait  des  Consuls 
supÉRiBURS,  ou  Tribunaux  d'Appel,  destinés  à  y  juger 
en  dernier  ressort. 

m'avait  (ait,  notamment,  en  Normandie ,  où,  à  la 
place  de  l'ancien  parlement  de  Rouen,  il  avait  étaJUi 


—  340  — 

deux  Conseils  supérieurs  :  un  à  Rouen  même,  pour  la 
Haute-Normandie,  et  l'autre  à  Bayeux,  pour  la  Basse 
comprenant,  à  ce,  notamment,  dans  son  étendue,  avec 
ceux  de  Caen  et  à!AUnçon,  le  grand  bailliage  du  Co- 
tmtin;  qui,  de  la  sorte,  se  trouvait  désormais,  quant  à 
ses  divers  bailliages  secondaires,  ressortir,  en  appel, 
de  cette  dernière  juridiction,  pour  toutes  les  causes  dé- 
passant la. faible  compétence  en  dernier  ressort  de  son 
présidial  de  Coutances. 

Composée  d'un  premier  président,  de  deux  présidents, 
de  seize  conseillers,  d'un  procureur-général,  d'un  avocat- 
général,  de  deux  substituts,  et  de  deux  greffiers,  celle-ci 
comprit,  dans  ce  personnel,  pris,  en  fait,  chez  les  divers 
sièges  inférieurs  de  sa  circonscription,  plusieurs  magis- 
trats appartenant  à  notre  contrée  spéciale,  et,  entre  autres, 
Michel  de  Chambert,  avocat  à  Coutances,  qui  y  fut 
nommé  conseiller. 

A  coup  sûr,  une  pareille  mesure  pouvait,  en  rappro- 
chant, les  plaideurs,  de  leur  Tribunal  d'Appel,  cons- 
tituer, à  cet  égard,  un  véritable  progrès  sur  Tétat  de 
chose  antérieur. 

Mais,  comme  elle  n'avait  en,  pour  principe  réel, 
qu'un  ressentiment  personnel  contre  des  Cours  souve- 
raines regardées  d'ailleurs,  à  tort  ou  à  raison,  dans 
chaque  province,  comme  les  premières  protectrices  des 
privilèges  locaux  de  celle-ci,  elle  fut  partout,  et  notam- 
ment en  Normandie,  reçue  avec  une  défaveur  marquée; 
qui,  en  ce  qui  concerne  spécialement  le  Conseil  supé- 
rieur de  Bayena,  -se  traduisit  aussitôt ,  non-seulement 
par  une  protestation  énergique,  de  plusieurs  des  juri- 
dictions de  son  futur  ressort,  telles  que  le  présidial  de 
Caen,  contre  sa  création  et  son  installation,  mais  en- 
core par  de  véritables  avanies  populaires,  à  Bayeux 
même,  au  moment  de  celle-ci  et  pendant  longtemps 
après. 


—  311  — 

Si  bien  que  Louis  ÎYI,  lors  de  son  avènement  au 
trône  en  1774,  crut  devoir  s'empresser  d'abolir  des  in- 
novations, et,  à  un  certain  point  de  vue,  des  améliora- 
tions, si  mal  acceptées,  et  de  rétablir,  à  leur  place,  les 
anciens  parlements,  auxquels  elles  s'étaient  un  moment 
substituées,  et  dont  le  retour  fut,  en  Normandie 
notamment,  au  contraire,  accueilli  par  d'universels 
transports  de  satisfaction  publique. 

(Voir  sur  cette  tentative,  avortée,  de  réforme  judiciaire,  spé- 
ddement  en  ce  qui  regarde  la  Normandie,  Floqubt,  Bittoire  du 
Parlement  de  Rouen,  tome  Yl,  pages  614  «(  suivantee;  et,  plus 
particulièrement  en  ce  qui  regarde  le  Conseil  supérieur  deBayeui, 
PiZBT,  Bittoire  de  la  Juitice  en  Basie-Normandie,  p.  323  et  sui- 
vantes.) 

Un  autre  ministre,  Loménie  de  Brienne,  et  son  associé  'Réformes 
à  ce  sujet,  le  grand  chancelier  de  Lamoignon,  ne  devaient  dn  "j?j**®" 
pas  être  plus  heureux  quand,  dans  une  pensée  semblable 
à  celle  qui  avait  jadis  guidé  de  Maupeou,  ils  essayèrent, 
en  1788,  sinon  de  supprimer  entièrement  les  parlements 
toujours  réfractaires  à  l'autorité  royale,  au  moins  de 
ruiner  presque  entièrement  leur  importance,  non-seule- 
ment politique  mais  encore  judiciaire  :  d'abord,  çn  leur 
enlevant  radicalement,  pour  le  transférer  exclusivement 
à  une  juridiction  spéciale  nouvelle  dite  cour  plénière,  le 
droit  d'enregistrer  désormais  les  ordonnances  du  gouver- 
nement ;  et  ensuite  en  transférant,  notamment  en  Nor- 
mandie ,  des  parlements ,  à  de  nouveaux  Grands 
BAiLUAGES,  à  cc  iustitués  daus  Icur  ancien  ressort  ainsi 
derechef  morcelé,  et  qui,  pour  cette  province,  furent 
au  nombre  de  trois,  correspondant  à  ses  trois  généralités 
de  :  Rouen^  Aknçon,  et  Caen  où  se  trouvait  le  Cotentin, 
le  droit  de  statuer  dorénavant  en  appel  des  tribunaux 
ordinaires  de  premier  ressort  lorsque  le  chiffre  de  la 
contestation  ne  dépasserait  pas  vingt  mille  livres  en 
matière  civile,  —  où  le  parlement  ne  devait  plus  statuer 


—  3«2  — 

que  pour  les  appels  d'un  taux  supérieur  —  et  dans  tous 
les  cas  en  matière  criminelle  —  ob  celui-ci  n'avait  plus 
aucune  compétence  que  ce  soit. 

Là  encore,  le  projet  de  réforme,  bien  que  présentant, 
à  certains  égards,  des  améliorations  certaines  ^ur  l'an- 
cien état  de  choses ,  devait  échouer ,  et  même  plus 
complètement  que  le  précédent,  en  présence  de  la  résis- 
tance générale  que  :  son  but  réel  —  qui  n'était  pas  de 
pourvoir,  comme  nous  le  savons,  à  l'intérêt  général,  — 
et  aussi  la  suppression  qu'il  opérait,  non-seulement  de 
l'omnipotence  passée  des  parlements,  mais  encore  de  la 
compétence  telle  quelle,  antérieure,  d'un  grand  nombre 
de  sièges  secondaires,  dès-lors  qu*ils  n'avaient  pas  la 
qualité  de  présidiaiuc.  —  uniquement  par  lui  maintenus 
comme  juridictions  du  premier  degré  —  lui  attirèrent 
dans  tout  le  ressort  judiciaire  des  premiers. 

Il  en  fut  ainsi,  notamment,  en  Normandie,  oit,  à  ce 
encouragé  par  le  Parlement  de  Rouen  lui-même,  leur 
ancien  supérieur  absolu,  la  plupart  des  bailliages  secon- 
daires et  même  des  présidiaux  y  existant,  s'empressèrent 
—  entrcf  autres  celui  de  Ccien,  malgré  la  dignité  nou- 
velle dont  il  allait  ainsi  se  trouver  revêtu,  —  de  pro- 
tester de  la  façon  la  plus  formelle,  tant  par  des  écrits 
ad  hoc,  qu'en  refusant  carrément  d'enregistrer  les  or- 
dres officiels  à  eux  en  cette  occasion  adressés,  et  aussi 
en  s' abstenant  —  vu  d'ailleurs  ja  complète  désertion  de 
l'audience  par  les  avocats  et  procureurs,  complices  tous 
trouvés  d'une  semblable  résistance,  —  de  juger  désor- 
mais aucune  affaire  tant  que  les  dits  ordres  ne  seraient 
pas  retirés  et  le  projet  en  question  abandonné  par  ses 
auteurs. 

C'est  ainsi  que,  si  on  consulte,  à  la  dite  époque,  les 
registres  du  bailliage  présidial  de  Coutances,  on  y  trou- 
vera que  —  du  86  mai ,  date  de  la  présentation  de 
celui-ci,  au  dit  siège,  pour  y  être  enregistré,  et  du  refus 


—  343  — 

formel  de  lui  octroyer  cette  formalité  par  ce  dernier  en 
chambre  du  conseil ,  et  en  délibération  à  ce  rédigée^ 
jusqu'en  octobre  suivant,  qu'y  arriva  la  nouvelle  de  son 
retrait  par  le  ministère, — il  n'y  fut  pas,  vu  la  désertion 
du  prétoire  par  ses  auxiliaires  sus  dits,  jugé  une  seule 
affaire  quelconque  ;  tandis  qu'avant,  comme  immédiate- 
ment après  cet  intervalle,  elles  y  affluèrent  toujours  en 
grand  nombre.  Même  phénomène,  d'une  explication 
si  facile  par  ce  qui  précède,  dans  les  registres  de  la  vi- 
comte de  Gavray,  comprise  en  l'enclavedu  dit  bailliage. 

(Voiries  dits  regiitres,  de  ces  deax  juridictioiis,  au  greffe  de 
Couiances), 

Aussi,  quelques  mois  seulement  après  la  production 
de  cette  nouvelle  tentative  entièrement  mort-née,,  ses 
promoteurs  étaient-ils  obligés  d'y  renoncer,  et  même,  à 
raison  de  cet  échec  si  complet,  de  donner  la  démission 
de  leurs  fonctions  officielles  ? 

(Voir,  en  ce  qui  la  concerne,  spécialement  pour  la  Normandie, 
Floqur,  tome  7,  p.  188  et  nàoantes) . 

Tout  était  donc,  au  commencement  de  1789,  en  fait 
de  justice ,  retombé  dans  Tétat  antérieur  à  ces  vains 
essais,  d'ailleurs  si  partiels  et  si  peu  à  la  hauteur  des 
abus  sans  nombre  que  nous  connaissons  et  qu'il  était  si 
urgent  de  faire  enfin  généralement  disparaître. 


C'est  ce  dont  se  chargea,  naturellement,  encore, la 
Révolution  ;  dont  nous  avons  maintenant  à  rechercher 
l'œuvre  en  semblable  matière,  surtout  en  ce  qui  con- 
cerne notre  propre  contrée. 

Elle  voulut,  à  cet  égard-là  encore,  faire  entièrement 
place  nette  de  toutes  les  juridictions  du  passé,  pour  leur      de  la 
en  substituer  d'autres  dégagées  de  tous  les  inconvénients  Révolution. 


—  344  — 

de  celles-ci,  et  où,  notamment,  la  justice  serait  désor- 
mais égale  en  tous  lieux  et  vis-à-vis  de  tous  les  plai- 
deurs. 

C*était  là  un  objet  des  plus  pressants.  Aussi  la  verrons- 
nous,  en  ce  qui  le  concerne,  se  mettre  promptement  à 
l'œuvre. 

Dès  le  iaoût  1789,  les  y^^^ic^s  seigneuriales  dispa- 
raissent, par  une  loi  de  la  Constituante,  en  même  temps 
que  les  autres  privilèges  féodaux  ;  et,  dès-lors,  les  juri- 
dictions royales  se  trouvèrent  débarrassées  de  la  concur- 
rence, si  gênante,  des  premières. 

Mais  celles-ci  ne  devaient  pas  subsister  davantage; 
et,  le  7  septembre  1 790,  la  même  assemblée,  à  ce  mo- 
ment-là près  de  se  dissoudre,  les  supprimait,  à  leur  tour, 
d*une  façon  générale. 

Elle  avait,  du  reste,  eu  soin  déjà  de  pourvoir  d'avance 
à  leur  remplacement,  par  la  création  des  nouveaux  tri- 
bunaux destinés  à  s'acquitter  désormais,  et  mieux 
qu'elles,  de  leur  ancienne  besogne. 

C'est,  à  présent,  le  moment  de  faire  connaître  ces 
derniers,  en  les  divisant,  préalablement,  pour  plus  de 
clarté,  en  deux  grandes  catégories  :  celle  de  la  justice 
civile,  et  celle  de  la  justice  répresstf)e. 

JusncB  Cl-       C'^s^  celle-là  qui  fut,  effectivement,  organisée  la  pre- 
viLB.       mière,  en  prenant  pour  base,  des  nouveaux  ressorts  ju- 
diciaires, la  division  politique  récemment  introduite 
alors,  ainsi  que  nous  l'avons  vu,  dans  les  circonscrip- 
tions de  l'administration  proprement  dite. 

Elle  le  fut ,  notamment ,  au  début ,  danjs  la  loi  du 
1 6  août  4  790  ;  dont  nous  devons  analyser  ici  les  dispo- 
sitions, applicables  à  tous  les  départements  français. 

Il  n'y  a  pas,  d'après  elle  —  et  il  en  fut  ainsi  pendant 
toute  la  période  historique  en  ce  moment  envisagée  — 


—  316  - 

de  tribunal  départemenkil  en  matière  civile  ;  que  nous 
ne  trouverons  institué  que  dans  la  suivante. 


./ 


Mais,  en  revanche,  nous  y  voyons  chacun  des  districts  Tribunaux  ;< 
des  divers  départements  pourvu  d'un  Tribunal  dit  de 
DISTRICT,  chargé  de  juger,  en  général,  toutes  les  contes- 
tations civiles  de  son  ressort  spécial,  soit  sur  appel  des 
juges  de  paix  —  dont  nous  parlerons  tout  à  l'heure, 
—  soit,  surtout,  directement  :  ou  en  dernier  ressort,  au- 
-dessous de  mille  livres;  ou  en  premier  ressort  seulement, 
au-dessus  de  ce  chiffre  et  sauf  appel,  alors,  non  pas 
à  une  juridiction  d'un  degré  supérieur  —  dont  on  eût 
craint,  par  souvenir  des  parlements,  la  trop  grande  in- 
fluence politique  —  mais  bien  à  un  autre  tribunal  de 
district  du  voisinage. 

Chacun  de  ces  nouveaux  sièges  devait  être  composé  de 
imq  Juges  plus  quatre  Suppliants,  nommés,  pour  six 
ans,  par  les  électeurs  du  district,  parmi  des  hommes  de 
loi  ayant  exercé  pendant  cinq  ans  au  moins  :  dernière 
condition  qui  fut,  du  reste,  plus  tard  supprimée  par  la 
loi  du  i9  octobre  1792,  ordonnant  aussi,  après  la  chute 
définitive  de  la  Royauté,  le  renouvellement,  comme  nous 
le  savons  déjà ,  de  tous  les  corps,  non-seulement  admi- 
nistratifs ,  mais  encore  judiciaires ,  jadis  élus  sous 
celle-ci. 

Auprès  de  tous  les  dits  sièges,  — où  la  présidence 
revenait  d'ailleurs,  de  droit,  à  celui  de  leurs  juges  titu- 
laires qui  avait  obtenu  le  plus  de  suffrages,  —  devait, 
d'une  façon  permanente,  sister  un  officier  chargé  de 
jouer  le  rôle  du  ministère  public,  nommé  directement 
par  le  gouvernement,  et  appelé  :  d'abord ,  Commissaire 
DU  ROI,  puis,  après  le  10  août  1792,  Commissaire  du 
pouvoir  exécutif,  en  vertu  d'une  loi  du  15,  ordonnant, 
d'ailleurs,  le  remplacement,  tout  naturel  en  pareil  cas, 
des  fonctionnaires  de  cette  nature  alors  en  exercice. 


-  846  — 

Tels  devaient  être  désormais  les  tribunaux  ordinaires 
en  matière  civile. 

Le  département  de  la  Mâoche  ayant  sept  districts,  en 
reçut,  naturellement,  le  même  nombre,  qui  siégèrent 
tous  au  chef-lieu  administratif  de  ceux-ci  ;  à  Texception, 
toutefois,  de  celui  du  district  de  Carentan,  qui,  à  cause 
de  la  configuration  particulière  de  ce  dernier^  et  aussi  du 
souvenir  de  l'ancien  bailliage  de  Périers^  fut  installé 
dans  cette  bourgade,  alors  que  l'administration  du 
même  ressort  résidait,  elle,  en  la  ville  sus  dite. 

Nous  ferons  ultérieurement  connaître,  en  ce  qui 
concerne  celui  de  CotUances  —  à  l'examen  détaillé 
duquel  nous  sommes  bien  forcé  de  nous  borner  ici,  et 
dont  les  registres  de  jugement  se  trouvent,  au  nombre 
de  quatre,  au  greffe  de  cette  ville  —  son  premier  per- 
sonnel élu  en  1790^  et  aussi  ceux  que  lui  fournirent 
successivement  les  divers  changements  que  ce  dernier 
eut  à  subir  par  la  suite. 

Il  fut,  effectivement,  comme  nous  le  savons  déjà, 
renouvelé  en  entier  à  la  fin  de  i  798,  par  suite  des  élec- 
tions nouvelles  ordonnées  dans  le  décret  du  1 9  octobre 
de  la  dite  année. 

Mais  il  devait  bientôt  être,  dans  cette  dernière  com- 
position, remanié  d'une  autre  façon. 

Car,  le  1 91  septembre  4  793,  le  proconsul  LecarperUier, 
ayant  à  caser  trois  de  ses  amis  locaux  —  qui  s'étaient 
naguère  signalés ,  d'ailleurs,  parleur  résistance  au 
mouvement  girondin  du  département,  —  prenait  sur  lui, 
dans  ses  épurations  multiples  du  moment,  de  les  nom- 
mer, de  son  propre  et  seul  estoc,  juges  au  dit  siège,  dont 
il  chassait,  pour  leur  faire  place,  pareil  nombre  des 
anciens  titulaires  de  celui-ci. 

(Voir  l'arrête  à  ce  relatif,  aux  Archives  naHantUes ,  dans  les 
cartons  A  F  190  et  121,  parmi  la  collection  de  ceux  du  dit  con- 
ventionnel.) 


-  317  — 

Et,  en  revanche,  an  cours  de  nivôse  an  III»  par  suite 
de  la  réaction  générale  postérieure  au  9  thermidor  an  II, 
le  représentant  Legot ,  chargé  de  Fopérer  chez  nous 
comme  nous  l'avons  vu  déjà,  s'empressait  de  destituer, 
à  leur  tour,  ces  intrus,  et  de  pourvoir  —  toujours  sans 
recourir,  pour  cela,  aux  anciennes  élections,  et  par  son 
seul  arbitraire  —  le  tribunal  en  question,  d'un  nouveau 
personnel  que  nous  y  trouverons  jusqu'à  la  fin  de  la 
période  historique  en  ce  moment  étudiée. 

Si  la  division  par  districts  avait,  ainsi  —  bien  qu'in- 
troduite surtout  au  point  de  vue  administratif  —  servi 
de  première  base  géographique  aux  institutions  judi- 
ciaires nouvelles,  la  subdivision  de  chaque  district  en 
cantons  pour  la  formation  des  diverses  assemblées 
primaires,  allait  aussi  motiver,  ou  du  moins  faciliter 
l'établissement  de  celles-ci ,  à  un  degré  inférieur  de 
leur  échelle  hiérarchique. 

En  effet,  d'après  la  loi  sus  dite,  devait  être  installé,   Tribunaux 

j         ,  /         j       ..  .  ...  ^  et  bureaux 

dans  chacune  de  ces  dernières  circonscriptions,  et ,  en  de  paix; 
outre,  dans  toute  ville  ou  bourgade  de  plus  de  deux 
mille  habitants,  un  Tribunal  de  paix,  composé  d'un 
Juge  de  paix,  plus  de  quatre  Assesseurs  de  chaque  mu- 
nicipalité des  dits  ressorts  ;  élus,  les  uns  et  les  autres, 
pour  deux  ans,  par  les  membres  des  assemblées  pri- 
maires  de  ceux-ci. 

Assisté  de  deux  quelconque  des  dits  assesseurs,  le 
magistrat  sus  dit  avait,  au  civil,  pour  mission  : 
d'abord,  déjuger,  en  tribunal  proprement  dit,  les  con- 
testations de  minime  importance,  soit  en  dernier  ressort 
au-dessous  de  cinquante  livres,  soit,  sauf  appel,  au- 
dessus  de  cette  somme,  devant  le  Tribunal  du  district  où 
sa  juridiction  se  trouvait  enclavée  ;  et  ensuite,  en  Bureau 
DE  PAIX,  d'essayer  d^  concilier  les  plaideurs  se  disposant 
à  introduire,  au  principal,  une  action  devant  le  dit  tri- 


—  318  — 

^"de'"     ^^"^'  —  deroier  rôle  qui ,  toutefois ,  lorsque  ceux-ci 

condliAtioii  étaient  domiciliés  dans  des  cantons  différents,  revenait 

de  dwtnct.  ^  ^^^  institution  spéciale,  dite  Bureau  db  Paix  du 

DISTRICT,  siégeant  au  chef-lieu  de  celui-ci,  et  composée 

de  six  membres  choisis  par  le  conseil  général  communal 

du  dit  chef-lieu. 

En  venu  de  cette  création  législative,  le  département 
de  la  Manche,  entre  autres,  reçut,  naturellement,  autant 
de  justices  de  paix  qu'il  avait  de  cantons;  avec,  en  plus, 
un  certain  nombre  de  supplémentaires,  dans  les  agglo- 
mérations, assez  nombreuses,  de  plus  de  deux  mille 
habitants,  sus  prévues. 

C'est  ainsi  qu'il  y  en  eut  une  dans  le  canton  de  Cou- 
tances,  dont  nous  connaissons  déjà  la  composition; 
avec,  en  outre,  une  spéciale  à  la  dite  ville,  eu  égard  à  sa 
population  supérieure  au  dit  chiffre  ;  opérant  :  la  pre- 
mière, dans  tout  le  ressort  du  canton  en  question ,  à 
l'exception  de  la  commune  centrale ,  oh  statuait  exclu- 
sivement la  seconde  —  alors  qu'actuellement  ces  deux 
sièges  se  trouvent,  depuis  longtemps,  confondus  en  un 
seul. 

Nous  aurons  soin  de  faire,  plus  loin,  connaître  le 
personnel  successif,  aussi,  de  ces  deux  sièges  inférieurs 
spéciaux;  auxquels,  d'ailleurs,  nous  devons,  à  cet 
égard,  nous  restreindre,  et  dont  les  registres  respectifs 
se  trouvent  aujourd'hui  suigreffe  de  l'unique  justice  de 
paix  actuelle  du  dit  territoire. 

Nous  indiquerons  aussi  les  remaniements  divers  que 
subit  celui  du  bureau  de  paix  du  District  de  '  CoiUances 
—  dont  les  registres,  au  nombre  de  quatre,  existent 
encore  au  greffe  de  cette  ville  —  en  vertu  :  tant  de  la  loi 
du  4  9  octobre  1 792,  qui  en  confia ,  comme  pour  toutes 
les  corporations  analogues  dont  elle  ordonnait  aussi  le 
renouvellement  général,  la  recomposition,  non  plus  aux 
membres  du  conseil  général  de  la  commune  oii  il  sié- 


—  3^9  — 

geait ,  mais  bien  —  ce  qui  était,  du  reste,  plus  ra- 
tionnel ^  aux  électeurs  mêmes  de  la  circonscription  ; 
que  des  arrêtés  arbitraires  des  représentants  en  mission 
dans  le  pays,  c'est-à-dire  de  Lecarpeniier  en  septembre 
4  793,  de  Bou/rei  en  nivôse  an  II,  et  ensuite,  dans  un 
sens  réactionnaire  diamétralement  opposé  à  celui  adopté 
en  cela  par  ceux-ci,  de  Legot  en  nivôse  an  III. 

La  loi,  précitée^  du  46  août  4790,  décrétait,  en  Tribanaux 
outre,  pour  les  matières  commerciales,  la  création,  dans  de  commerce 
les  villes  à  ce  désignées  par  Fadministration  centrale  de 
chaque  département ,  —  avec  compétence  sur  tout  le 
ressort  du  district  de  leur  situation,  et  sauf  celle,  dans 
les  mêmes  matières,  des  tribunaux  civils  ordinaires  des 
districts  ob  il  n'en  serait  pas  établi  —  de  Tribunaux  de 
COMMERCE,  composés  ieeinq  Juges  élus,  pour  deux  ans, 
par  les  négoctants  de  la  dite  ville,  et,  plus  tard,  en  vertu 
de  la  loi  générale  précitée  de  renouvellement,  des  cor- 
porations judiciaires  entre  autres,  par  les  électeurs,  en 
général,  du  district  de  séance  des  dites  juridictions  spé- 
ciales. 

Il  en  fut,  notamment,  dans  la  Manche,  établi  une  de 
ce  genre  à  CovJtances;  dont  nous  indiquerons  également, 
plus  tard,  le  premier  personnel,  avec  les  modifications 
ultérieures,  —  dues  à  des  causes  que  nous  connaissons 
déjà,  —  subies,  par  celui-ci,  dans  diverses  conditions 
la  date  des  remaniements  dont  s'agit. 


Maintenant,  à  côté  de  ces  différents  tribunaux  de  nou-  Aoxilîaires 
velle  création,  devait,  ou  du  moins  pouvait,  en  dehors  de  la  justice, 
de  leurs  magistrats  respectifs,  figurer  à\vtt^,auxiliaires 
destinés,  par  leurs  fonctions  ou  leur  profession  usuelle, 
à  7  venir  au  secours  soit  de  la  justice  soit  des  parties 
litigantes. 


N 


—  320  — 

Sans  doute,  là  encore,  la  Révolution  allait,  promener 
sa  faulx  destructrice,  en  dissolvant  certaines  corpora- 
tions séculaires  de  cette  nature,  bien  que  moins  dange- 
reuses, à  ses  yeux,  que  celles  des  anciennes  magistra- 
tures elles-mêmes. 


Défenflean 
officieux. 


Ainsi,  le  2  septembre  4790,  à  propos  de  dispositions, 
de  plus  d'une  sorte,  sur  divers  détails  de  la  nouvelle  or- 
ganisation judiciaire,  la  Constituante  supprimait  com- 
plètement l'ordre  des  avocats^  qui  ne  devait  être  rétabli 
qu'en  Tan  XII. 

Seulement  ceux-ci  —  dont  on  youlait  aussi  éviter  la 
coalition  possible,  eu  égard  à  leurs  longues  relations 
avec  les  anciennes  juridictions,  contre  rétablissement 
et  le  succès  des  nouvelles,  —  n'en  continuèrent  pas 
moins  en  fait ,  sous  le  nom  d'HomiES  de  loi,  ou  de  Dé- 
fenseurs OFFICIEUX,  du  moins  ceux  d'entre  eux  depuis 
longtemps  investis  de  la  confiance  publique,  à  exercer 
leur  ancien  ministère,  de  consultation  et  'de  plaidoi- 
ries, tant  devant  les  nouveaux  tribunaux  civils  sus  dits, 
que  devant  ceux  en  matière  répressive,  dont  nous 
donnerons  Ténumération  tout  à  l'heure. 

Nous  ferons,  à  cet  égard,  ultérieurement  connaître 
les  principaux  membres  du  barreau  effectif  de  Coutances 
pendant  la  Révolution,  notamment  dans  la  période  en 
question. 


Avoués.  D^  même,  le  29  janvier  4791,  elle  supprimait  les 
anciens  offices  de  Procurev/rs,  Mais,  en  créant  simulta- 
nément ,  auprès  des  divers  tribunaux  de  district,  des 
places,  du  reste  gratuites,  et  d'un  nombre  indéfini, 
d'AvouÉs,  et  en  les  accordant  à  tous  ces  anciens  officiers 
ministériels,  et  aussi  aux  autres  hommes  de  loi,  qui 
s'inscriraient,  dans  ce  but,  aux  greffes  des  dits  sièges. 
Elle  furent,  du  reste,  abolies,  elles  aussi,  le  3  brumaire 


—  321  — 

an  II,  et,  cette  fois,  sans  aucune  création  nouvelle  ana- 
logue. 

Inscription  que  nous  ferons  ultérieurement  connaître 
en  ce  qui  regarde  le  tribunal  de  district  de  CotUances. 

La  même  loi  accordait  aussi  la  latitude  analogue,  — 
mais  bien  plus  effective,  puisqu'elle  concernait  une 
fonction  dont  l'emploi  resta  toujours  obligatoire, 
—  aux  anciens  Huissiers  et  sergents  des  juridictions 
supprimées,  de  continuer  d'exercer  celle-ci  auprès  des 
tribunaux  de  nouvelle  création,  tant  civils  que  criminels. 

Nous  donnerons  également  leur  énumération  pour  les 
principaux  de  ceux  exploitant,  à  Couiances,  au  cours  de 
la  Révolution. 


Huissien. 


Quant  à  la  Progédurb  civile  elle-même,  celle-ci,  — 
qui  avait  eu,  dès  le  début,  le  projet  de  la  codifier  à 
nouveau  pour  la  mettre  au  niveau  de  ses  autres  innova- 
tions —  ne  devait,  à  aucune  époque  de  sa  durée, 
réaliser  ce  projet,  qui  ne  fut  accompli  que  par  l'Empire 
en  1806;  et  elle  se  borna,  en  fait,  à  quelques  réformes 
partielles,  en  pareille  matière,  édictées  par  les  lois  des 
6  mars  i  791  et  3  brumaire  an  IL 


Procédure 
civile. 


A  la  justice  se  rattache  étroitement  le  notariat,  qui, 
en  dépendant  directement  déjà  dans  l'ancien  droit,  ne 
pouvait,  naturellement,  éviter  d'être,  lui  aussi,  remanié 
par  le  nouveau. 

En  effet,  le  29  septembre  1791,  un  des  derniers  dé- j^^^^^j^^ 

crets  de  la  Constituante  abolissait  les  anciens  notaires,       blics. 

tant  royaux  que  seigneuriax ,  en  leur  substituant  à 

l'avenir  des  Notaires  publics,  institués,  par  le  gouverne^ 

ment  lui-même,  en  tel  nombre  et  à  tel  lieu  que  celui-ci 

le  jugerait  nécessaire,  et  qui  —  en  dehors  des  titulaires 

actuels  des  offices  ainsi  disparus,  auxquels  on  accordait, 

31 


—  322  — 

comme  mesure  transitoire,  le  droit  d'occuper  les  non- 
veaux^  sans  conditions  —  ne  seraient,  à  Tavenir,  admis 
à  obtenir  ceux-ci,  du  reste  entièrement  gratuits,  qu'a- 
près avoir  subi  un  concours  public,  dont  la  réussite  pour 
eux,  ne  leur  donnait  droit  de  les  occuper  que  d'après 
le  rang  de  mérite  qui  leur  aurait  été,  de  la  sorte,  relati- 
vement reconnu. 

Il  en  fut,  de  ce  genre,  créé  plusieurs  à  Coutances, 
dont  nous  indiquerons  les  pourvus. 

Voilà  pour  la  justice  civile  proprement  dite. 

Nous  pourrions  y  rattacher  ici,  jusqu'à  un  certain 
point,  la  justice  administrative,  dont  nous  n*avons  pas 
fait,  vu  son  importance  secondaire  surtout  alors,  une 
catégorie  à  part. 
Jdmirdstra-  Elle  appartenait,  en  générai,  dans  le  système  nouveau, 
tifs.  à  l'administration  elle-même;  dont  on  ne  l'avait  pas 
encore  séparée. 

C'est  ainsi  que,  par  exemple,  les  directoires  de  dépar- 
tement étaient  chargés,  par  la  loi  du  7  septembre  1790, 
de  statuer,  tant  sur  les  réclamations  en  matière  de 
contribiUionSf  que  sur  les  contestations  en  celle  de  tra- 
vaitx  pyAlics. 

« 

Mais  ce  qui  doit,  à  présent,  attirer  notre  attention 
tout  entière,  ce  sont  les  réformes  de  la  Révolution  en 
matière  dejmtice  répressvoe. 
Justice  C'était  là,  en  définitive,  le  point  le  plus  important  du 
sujet  ;  et  cependant  ce  ne  fut  pas  celui  qui  fut,  par  elle^ 
organisé  le  premier. 

Sans  doute,  dès  le  8  octobre  1789,  elle  s'empressait 
de  pourvoir,  sur  ce  point,  au  plus  pressant,  en  modifiant 
—  sans,  toutefois,  abolir  les  anciennes  juridictions  ré- 
pressives, qui,  confondues,  dans  l'ancien  régime,  avec  les 


RfipRBSSlVB. 


—  323  — 

civiles,  ne  disparurent,  comme  elles,  qae  le  7  sep- 
temhreM90,  —  la  procédure  criminelle  alors  existante, 
dans  ce  qu'elle  avait  de  plus  dangereux  et  de  plus 
inique  pour  les  accusés,  tels  quels,  y  soumis. 

Mais  ce  n'était,  là,  qu'un  simple  prélude ,  destiné  à 
annoncer,  —  sans  changement  provisoire  de  compé- 
tence comme  de  pénalité  antérieures,  —  des  modifica- 
tions bien  plus  importantes,  que  Ton  méditait  dès  alors, 
mais  que  Ton  n'était  encore  pas  préparé  à  réaliser  immé- 
diatement. 

Quelles  furent-elles?  • 

C'est  surtout  au  point  de  vue  des  nouveaux  tribunaux 
répressifs,  que  nous  avons  ici  à  les  étudier. 

Pour  établir  ceux-ci — destinés  à  faire  désormais  dis- 
paraître, en  matière  aussi  grave,  la  confusion  comme  les 
inégalités  multiples  du  passé,  par  T introduction,  depuis 
si  longtemps  désirée,  de  juridictions  uniformes  pour 
toute  la  France,  et  appliquant  le  même  droit  à  tous  les 
citoyens  sans  exception  —  on  commença  par  partir  du 
principe,  jadis  à  peu  près  méconnu  d'une  façon  générale, 
de  la  division  des  infractions  à  juger,  en  trois  catégo- 
ries formées  par  la  nature  même  des  choses  :  celle  des 
erimes,  celle  desdélits,  et  celle  des  simples  covUraDentions, 
selon  l'importance  intrinsèque  du  fait  incriminé;  à  cha- 
cune desquelles  correspondrait  une  juridiction,  comme 
aussi  une  pénalité,  spéciale. 

Cela  posé,  la  division  administrative  départementale 
fournit,  de  suite,  dans  les  diverses  parties  du  territoire 
national,  le  ressort  des  nouveaux  tribunaux  en  ques- 
tion. 

En  effet  : 

D'abord  en  matière  de  crimes  proprement  dits,  on    Tribunaux 
établit,  le  20  janvier  1794,  pour  les  réprimer,  dans 
chaque  département,  et  a?ec  compétence  sur  tout  le 


criminels. 


—  324  — 

territoire  de  celui-ci,  —  au  chef-lieu  administratif  duquel 
la  loi  du  1 1  février  suivant  en  fixait  le  siège  —  un  tri- 
bunal unique,  dit  Tribunal  criminel  de  la  dite  circoDs- 
cription. 

Il  comprenait,  comme  personnel,  d'après  le  décret  sas 
dit  de  sa  création,  et  aussi  la  loi  du  16  septembre  4791 , 
qui  en  organisait  la  procédure  : 

D'abord,  un  Président  permanent,  élu,  pour  six  ans, 
par  le  corps  électoral  du  département. 

Puis  trois  Juges,  non  fixes  mais  pris,  à  tour  de  rôle, 
parmi  les  divers  tribunaux  de  district  de  celui-ci>  tous 
les  trois  mois. 

Ensuite  un  ministère  public  double,  savoir  : 

Un  Accusateur  public,  choisi,  par  les  électeurs  sus 
dits,  pour  six  ans  comme  le  président,  et  chargé  exclusi- 
vement de  soutenir  l'inculpation ,  au  débat  final  de 
l'affaire. 

Et  un  Commissaire  du  roi  et,  plus  tard,  du  pouvoir 
EXÉCUTIF,  nommé  directement  par  le  gouvernement  pour 
le  service  exclusif  du  dit  tribunal,  et  ayant  mission  spé- 
ciale de  requérir,  dans  le  dit  débat,  l'application  de  la 
loi,  comme  aussi  de  faire  exécuter  la  sentence  rendue. 

Fonctions  primitivement  distinctes,  mais  qui  finirent 
par  être  réunies,  le  20  octobre  il9%,  sous  le  seul  titre  de 
la  première. 

En  outre,  iin  Greffier  nommé,  à  me^  par  les  mêmes 
électeurs  sus  dits. 

Enfin  un  Jury  de  jugement^  composé  de  douze  ci- 
toyens, et  tiré  au  sort,  le  1^'  de  chaque  mois,  avant  la 
session  du  dit  tribunal,  qui  devait  s'ouvrir  régulièrement, 
chaque  mois  aussi,  le  15  de  celui-ci. 

Ces  jurés  devaient,  aux  termes  du  Code  d'instruction 
criminelle  du  16  septembre  1791  précité,  statuer  exclu- 
sivement, selon  la  nature  même  de  leur  institution  — 
qui  formait  peut-être  la  plus  grosse  innovation,  daus 


—  325  — 

cette  matière,  à  l'ancien  état  de  choses,  —  sur  la  cul- 
pabilité, en  fait ,  du  prévenu  ;  auquel  le  Tribunal  pro- 
proprement  dit,  composé  du  président  et  de  ses  asses- 
seurs, avait  seulement  à  appliquer  ensuite,  au  cas  de 
verdict  affirmatif,  la  loi  répressive  nouvelle,  qu'édictait 
presque  simultanément,  pour  le^^  divers  crimes  propre- 
ment dits,  le  Code  pénal  du  25  septembre  4  791 ,  et  à 
rendre,  ainsi,  une  sentence,  contre  laquelle  il  n'y  avait 
d'ailleurs^  aucun  appel  possible. 

Mais,  avant  d'en  arriver  à  l'audience,  l'affaire  crimi- 
nelle devait  avoir  été  l'objet  d'une  longue  instruction  préa-  iMtruction 
lable,  commencée  devant  le  juge  de  paix  du  lieu  de  l'in- 
fraction —  qui  était  l'officier  ordinaire  de  la  police  judi- 
ciairet  en  outre  de  ses  fonctions  de  judicature  proprement 
dite, — continuée  devant  un  des  juges,  du  Tribunal  de  dis- 
trict où  le  premier  ressortissait,  appelé  directeur  du  jury 
d'accusation  y  ei  terminée  par  un  verdict  affirmatif  rendu 
par  les  huit  citoyens,  tirés  également  au  sort,  qui  com- 
posaient celui-ci  dans  chacune  des  subdivisions  géo- 
graphiques de  cette  dernière  nature. 

Avec  observation  toutefois  : 

D'une  part ,  que  la  compétence  normale  des  tri- 
bunaux criminels  —  qui  correspondaient  plus  ou 
moins  à  nos  Cours  d'assises  actuelles,  —  en  matière  de 
crimes,  se  vit  bientôt  restreinte  sur  certains  points  en 
vertu  de  lois  postérieures  à  leur  création. 

Par  exemple,  ils  se  virent  enlever,  par  celle  du  Haute  cour 
10  mai  1791,  la  connaissance  de  tous  les  faits  que  le  natioiiale. 
Corps  législatif  jugerait  à  propos  de  déférer  à  une  Haute 
COUR  NATIONALE  dcvaut  siégcr  à  Orléans  et  composée  : 
de  quatre  magistrats  du  tribunal  de  cassation  tirés  au 
sort  par  celui-ci  —  qui  s'acquitta  de  ce  soin  le  30  no- 
vembre suivant —  plus  de  vingt-quatre  jurés,  dits  hauU 


—  tW50  — 

juTé$,  tirés  au  sort  sur  une  liste  de  cent  soixanle-six, 
fournie,  à  raison  A^dtuxfar  département  et  pour  d^nx 
ans,  par  les  corps  électoraux  de  tous  ceux  de  la  France 
nouvelle  et  notamment  du  nôtre;  dont  nous  ferons  ulté- 
rieurement, pour  diverses  époques^  connaître  les  dé- 
légués spéciaux  à  cet  égard. 

De  même,  ils  se  trouvèrent  privés,  par  la  création, 
le  1 0  mars  1 703,  du  Tribunal  réwluùiofmaire  de  Paris, 
à  partir  de  cette  date  jusqu'à  l'abrogation  de  celui-ci 
le  12  prairial  an  III,  du  jugement  des  crimes  de  cons- 
piration contre  le  gouvernement  républicain  français  ; 
qui  effectivement  furent  dans  le  dit  intervalle^  notam- 
ment pour  nos  contrées  (Voir  notre  étude  spéciale  à  ce  sujet), 

exclusivement  déférés  à  cette  dernière  juridiction. 

Et  même  —  en  dehors  de  ces  diverses  diminutions  lé- 
gales de  leurs  attributions  primitives  absolues  —  ils  se 
virent  fréquemment  spoliés  de  Texercice  plus  ou  moins 
étendu  de  celles-ci,  par  l'établissement  local,  d'après  les 
ordres  d'un  représentant  en  mission,  dune  juridiction 
exceptionnelle  répressive, —  telle  que,  par  exemple,  la 
Commission  militaire  de  GranmUey  établie,  en  frimaire 
an  II,  pour  punir  les  complices  de  la  récente  invasion 
vendéenne  dans  le  département  de  la  Manche  (Voir  notre 

éetMie  sur  les  opérations  de  ceUe-ci)  —  à  laquelle  il  jugeait   à 

propos  d'en  transmettre  une  partie  plus  ou  moins  consi- 
dérable. 

Et,  d'autre  part  :  que,  quant  aux  cas  à  eux  cons- 
tamment réservés,  la  procédure  criminelle  normale,  ci- 
dessus  résumée,  s'était,  pour  quelques-uns  d'entre  eux, 
trouvéesuccessivement  modifiée,  par  les  dispositions 
de  diverses  lois  révolutionnaires —  abrogées,  du  reste^ 
la  plupart,  peu  après  le  9  thermidor  an  II,  — en  vertu 
desquelles  l'accusé,  que  celles-ci  voulaient  arriver  à 
plus  facilement  faire  condamner,  se  voyait  privé  de  la 
garantie  du  jury  d'accusation,  et  quelquefois  même,  de 


—  327  - 

celle  du  jury  de  jugement,  comme,  par  exemple,  en 
matière  de  faux  assignais  et  cC émigration,  (Lois  des 
28  mars  1 793,  et  30  frimaire  an  IL ) 

Le  département  de  la  Hanche,  comme  tous  les  autres^  m  v     i     • 

'^       „  ,  .,  .     o     •       Tribunal  cn- 

reçut,  naturellement,  un  de  ces  tribunaux,  qui  y  fut  ms-  minei 
tallé,  comme  de  droit,  à  CoiUances,  alors  son  chef-lieu  de  la  Manche, 
administratif;  ou  il  resta,  d'ailleurs,  même  après  la 
translation,  en  Tan  IV,  de  celui-ci,  à  Saint-Lo,  et  jus- 
qu'à la  suppression,  en  1810,  des  juridictions  de  ce 
genre,  alors  remplacées  par  les  cours  d'assises  actuelles 
siégeant  trimestriellement  dans  chaque  département,  et, 
pour  celui  dont  s'agit,  toujours  dans  la  première  de  ces 
villes,  demeurée  encore  aujourd'hui  son  centre  judiciaire. 

Nous  possédons,  au  greffe  de  celle-ci,  tous  les  registres 
de  jugements  du  tribunal  en  question,  formant,  en  tout, 
Am^  volumes  in-folio,  depuis  le  16  janvier  1792,  date 
de  son  installation,  jusqu'au  27  mai  1811,  qu'il  cessa 
définitivement  son  exercice. 

Et  nous  aurons  ultérieurement  soin  de  faire  connaître 
le  personnel  fixe  que  présenta,  à  diverses  époques,  no- 
tamment dans  la  période  historique  dont  s'agit  en  ce 
moment,  le  dit  tribunal,  qui  tenait  d'ailleurs  ses  séances 
dans  les  anciennes  écuries  de  Tévéché  de  la  ville. 

Voyons,  maintenant,  comment  y  fut  organisée,  dans 
chaque  département,  la  juridiction  nouvelle,  chargée  de 
réprimer  les  simples  délits,  ou,  en  d'autres  termes,  la 
police  correctionnelle. 

Ce  furent,  cette  fois,  les  cantons  de  chacun  des  dis- 
tricts y  compris,  qui  fournirent  le  ressort  naturel  de 
celle-ci  ;  ainsi  que,  du  reste,  les  communes  à  eux,  comme 
nous  l'avons  vu,  assimilées,  eu  égard  à  leur  importante 
population. 

Effectivement,  on  la  confia,  par  la  loi  du  1 9  juillet  1 791 


1 


Tribunaux 
correction- 
nels. 


388  — 

organisatrice  de  semblable  matière,  purement  et  sim- 
plement Sinxjwtices  de  paix^  déjà  par  nous  précédem- 
ment définies  ;  sauf  appel ,  toujours  possible,  devant  le 
tribunal  de  district  dans  le  ressort  duquel  aurait  été 
rendue  la  sentence  —  à  laquelle,  du  reste,  aucun  jury 
ne  venait  prendre  part;  et  dont  la  procédure  antérieure, 
naturellement  bien  plus  simple  que  celle  suivie  en  matière 
criminelle  proprement  dite,  se  trouvait  également  tracée 
par  la  dite  loi,  en  même  temps  qu'aussi  la  ;^^ia/i^e  spé- 
ciale aux  infractions  en  question. 

Tel  fut,  sur  ce  point,  l'état  légal  des  choses  pendant 
toute  la  première  période  en  question,  c'est-à-dire  jus- 
qu'en l'an  IV  ;  où  il  fut  profondément  modifié,  comme 
nous  le  verrons  ci-après. 

Nous  ne  pt)urrtons,  bien  entendu,  l'étudier  id  dans 
ses  modifications  de  personnel,  qu'en  ce  qui  regarde  les 
deux  tribunaux  correctionnels  des  ressorts  judiciaires, 
alors  séparés,  de  Coutances  et  de  son  canton  rural  ; 
dont  les  registres  se  retrouvent,  d'ailleurs,  au  greffe  de 
la  justice  de  paix  imiqve  actuelle  de  cette  contrée.  Mais 
nous  n'avons  même  pas  besoin  de  faire,  à  cet  égard,  des 
recherches  ni  des  constatations  différentes  de  celles  à 
effectuer  relativement  aux  juridictions  civiles  précédem- 
ment mentionnées,  dont  ces  tribunaux  n'étaient,  en  défi- 
nitive, qu'une  des  faces  multiples. 


Vient,  à  présent,  la  juridiction  chaînée,  au  dernier 
degré  de  l'échelle  répressive,  de  statuer  sur  les  simples 
contraventions  de  police;  et  c'était,  à  cet  égard,  la  sub- 
division, du  canton  sus  dit  en  commîmes,  qui  allait  lui 
fournir  sa  circonscription  judiciaire  individuelle. 

Effectivement,  par  la  même  loi  du  4  9  juillet  i  794 , 

simolepolice  ®"^  ^'^^»  — ^^^'  ^°  ^^^^  dernière  matière,  réglementait 
-^ encore,  et  la  procédure,  et  h  pénalité,  —  c'était,  dans 
chacune  de  celles-ci,  la  municipalité  elle-même — auteur 


Tribunaux 
de 


—  329  — 

propre  des  arrêtés  dont  la  violation  matérielle  donnait 
lieu  à  de  semblables  poursuites  —  qui,  sur  celles 
exercées  par  son  procureur,  devait  statuer  en  ce  qui  les 
concerne.  De  telle  sorte  que  Tétude  des  tribunaux  de 
simple  police,  du  moins  à  Torigine,  ne  se  différenciait 
nullement  de  celle  des  administrations  mêmes  dont  elles 
faisaient,  en  définitive,  partie  intégrante. 

Toutefois,  pour  constater  les  jugements  alors  rendus 
par  cebx-ci,  on  avait  soin,  du  moins  en  général,  de 
tenir  des  registres  spéciaux,  qui,  pour  CoiUanceSt  se 
retrouvent  tous,  encore  aujourd'hui ,  à  sa  mairie. 

Nous  verrons,  du  reste,  dès  le  début  de  Tan  IV,  dans 
la  période  historique  suivante,  les  règles^  de  compétence 
également  changer  en  cette  matière,  pour  faire  place  à 
de  nouvelles  bien  plus  en  rapport  avec  celles  actuelles* 

Voilà  pour  ce  qui  concerne,  dans  son  ensemble,  sur- 
tout au  début  de  la  Révolution,  la  justice  répressive 
proprement  dite  de  notre  département;  dont,  en  fait,  les 
opérations  diverses,  à  tous  les  degrés,  furent  à  la  fois, 
notamment  en  matière  politique,  si  nombreuses  et  si 
dignes  d'intérêt  pour  l'histoire  de  la  contrée,  comme 
nous  espérons  l'avoir  prouvé  dans  notre  récente  étude 
collective  spéciale  sur  un  tel  sujet. 

Nous  y  avons,  du  reste,  en  traitant  celui-ci,  naturelle- 
ment négligé  :  non  -  seulement  celle  des  juridictions 
révolutionnaires  exceptionnelles,  telle  que  la  Commission 
militaire  de  GranvilU  —  par  nous,  du  reste,  précédem- 
ment traitée  dans  un  travail  distinct —  qui  auraient  été, 
à  un  moment  donné,  instituées  dans  nos  contrées  ;  à 
l'organisation  judiciaire  desquelles  elles  ne  se  lient  que 
d'une  façon  purement  accidentelle  ou  plutôt  n'appar- 
tiennent réellement  pas.  Mais  encore  celle  de  tribunaux, 
plus  constants  et  plus  normaux,  tels  que  les  tribunal^ 


-  330  — 

militaires,  qui  ne  lui  restent  pas  moins,  en  réalité, 
étrangers  vu  leur  défaut  d'assiette  fixe  ;  et  dont  nous 
avons^  au  surplus,  et  néanmoins,  jadis  raconté  les  prin- 
cipales opérations^  par  eux  y  effectuées,  dans  notre  âude 
sur  la  Chouannerie  locale.   ^ 

Naturellement,  ici  surtout^  nous  devons  observer  la 
même  réserve,  et  nous  borner,  pour  des  raisons  ana- 
logues —  et  même  à  fortiori,  vu  les  restrictions  natu- 
relles de  notre  présent  travail,  —  à  fournir,  comme  nous 
Tavons  fait  plus  haut,  la  charpente  répressive  ordinaire 
alors  introduite,  par  la  législation  de  droit  commun, 
spécialement  dans  notre  propre  département. 

En  revanche,  nous  devons,  à  présent,  éviter  d'y 
omettre,  comme  accessoires  indispensables  d'un  sem- 
blable sujet,  et  dépendances  directes  des  juridictions 
pénales  sus  dites  : 
Prisons  D'abord  la  création,  ou  plutôt  la  réorganisation,  en 
de  la  Manche,  vertu  de  la  loi  du  46  septembre  1791 ,  des  Gbôlbs,  de 
chaque  département,  divisées  désormais,  par  celle-ci  :  en 
maisons  de  justice,  auprès  du  tribunal  criminel,  pour 
les  accusés  à  lui  traduits,  et  en  maisons  d'arrêt,  dans 
chaque  chef-lieu  de  district,  destinées  à  y  détenir  les 
simples  inculpés  non  encore  frappés  d*un  verdict  du 
jury  d'accusation  ou  non  susceptibles,  vu  la  faiblesse 
de  leurs  infractions,  d'être  déférés  à  celui-ci  ;  avec  en 
outre,  en  divers  lieux,  des  prisons  proprement  dites, 
exclusivement  consacrées  à  lexécution  de  peines  cor- 
rectionnelles de  cette  nature — devant,  toutes,  être:  saines 
de  séjour,  pourvues  constamment  des  vivres  suffisants,  et 
d'ailleurs,  avant  tout,  séparées  les  unes  des  autres 
quant  aux  trois  catégories  sus  dites. 

Prescriptions  qui,  en  fait,  n'existèrent  que  sur  le  pa- 
pier, et,  notamment  dans  la  Manche,  furent,  pendant 
toute  la  Révolution ,  constamment  méconnues ,  faute 


-  331   - 

de  ressources  pour  construire  de  nouveaux  locaux,  et 
aussi  alimenter  convenablement  les  prisonniers  —  sin- 
gulièrement multipliés,  du  reste,  par  l'application  de  la 
loi  des  suspects  du  4  7  septembre  1 793  ;  en  exécution  de 
laquelle  il  fallut,  en  maints  endroits,  créer  des  maisons 
d'arrêts  nouvelles. 

C'est  ce  qui  se  passait,  en  particulier,  à  Coutances; 
où,  dans  tout  le  cours  de  la  Révolution  —  comme  précé- 
demment, du  reste  —  les  détenus  judiciaires  de  toute 
sorte  demeurèrent  toujours  entassés,  sans  distinction 
entre  eux,  et  tant  hommes  que  femmes,  pourris  de  ver- 
mine^ et  manquant  souvent  de  pain,  dans  Tunique  pri- 
son de  la  ville,  sise  Basse-Grande-Rue  (à  l'emplacement 
de  la  maison  Lepelletier  actuelle)  —  et  ce ,  malgré  la 
création,  en  4793,  d'une  maison  d'arrêt  distincte,  dite 
Fofi'Colin^  située  rue  de  la  Mission,  et  même,  un  peu 
après,  de  deux  autres  :  une  rue  Fontaine-Jouan,  dans 
l'ancienne  maison  FarUigny  (à  l'angle  de  la  Sasse-Riie 
et  de  la  rue  Fontaine-Jouan),  et  la  seconde/  dans  l'an- 
cien couvent  des /aco^ins,  (le  séminaire  actuel);  toutes 
les  trois  destinées  à  renfermer  de  simples  suspects^  et 
dont  les  deux  dernières  furent,  une  fois  ceux-ci  relâchés 
après  le  9  thermidor,  immédiatement  fermées. 

Nous  possédons,  en  grande  partie  du  moins,  tant  au 
greffe  qu'à  la  mairie  de  cette  ville,  les  registres  d'écrou 
de  ces  divers  lieux  de  détention  coutançaise,  dont 
nous  aurons  soin  de  nommer  plus  tard  les  gardiens 
respectifs.  « 

Telli'  était,  du  reste,  aussi  la  situation  générale  des 
autres  districts  à  cet  égard.  Encore  bien  que,  chez  eux 
aussi,  on  eût,  pour  renfermer  les  dits  suspects,  créé  des 
custodes  nouvelles  :  par  exemple,  dans  celui  de  Saint-Lo, 
celle  du  château  de  TAorijrnj^,  et,  dans  celui  de  Ca- 
rentan ,  celle  du  donjon  Ae  Sainte-Marie-durMont; 
l'un  et  l'autre  séquestrés  sur  leurs  anciens  propriétaires. 


—  332  - 

(Voir  sur  cet  état  de  choses,  au  grtfft  de  Coutances,  une  foule  de 
pièces  éparaes,  et,  notamment,  des  plaintes,  aux  diverses  autorités 
administratives,  de  raccusateur  public,  à  cet  égard). 


Exécuteur 

des  hautes 

œuvres* 


Ensuite,  un  personnage  qui  n'était4)as,  non  plus,  à  dé- 
daigner, surtout  à  répoque  terroriste,  à  savoir  TExécu- 
TBUR  DES  HAUTES  OEUVRES  de  chaquo  département  ;  au- 
quel, par  politesse,  les  procès-verbaux  d'exécution  du 
temps  donnent  quelquefois  le  titre  d'officier  minis- 
tériel. 

La  loi  du  19  juin  4793  —  qui  ordonnait  son  exis- 
tence dans  toute  circonscription  de  cette  nature,  où  il 
était  nommé  par  le  ministre  de  la  justice  —  avait  soin 
de  le  pourvoir  d'un  traitement  assez  important,  que 
celle  du  3  frimaire  an  II  devait  venir  bientôt  accroître. 

La  Manche,  en  particulier,  en  reçut  un,  dont  nous 
donnerons  plus  tard  le  nom,  et  qui  fut,  d'ailleurs,  tou- 
jours le  même  pendant  toute  la  durée  de  la  Révolution. 


Tribunal  A  présent,  que  nous  en  avons  ici  fini  de  la  justice  ré- 
de  cassation,  p^^ssive  isolément  envisagée,  n'oublions  pas,  tant  en  ce 
qui  la  concerne,  qu'en  ce  qui  regarde  la  civile,  de  men- 
tionner, comme  couronnement  hiérarchique ,  collectif, 
—  et  d'ailleurs  présentant,  dans  sa  composition  de  per- 
sonnel, un  certain  intérêt  local —  de  ce  double  édificéju- 
diciaire,  la  création,  par  la  loi  du  27  novembre  1790, 
en  remplacement  de  l'ancien  Conseil  des  parties ,  d'une 
juridiction  nationale  suprême  dite  Tribunal  de  cassa- 
tion, chargée  :  de  relever  toutes  les  violations,  non  pas 
du  fait,  —  dont  elle  n'avait  pas  à  connaître  —  mais  du 
droit j  soit  civil,  soit  criminel,  commises,  par  les  di- 
vers tribunaux  français,  dans  leurs  sentences  en  dernier 
ressort;  et  d'annuler,  h  cette  raison,  celles-ci,  sur  le  re- 
cours ou  pourvoi  à  elle  adressé,  dans  ce  but,  par  la 
partie  condamnée. 


—  333  — 

Ce  tribunal  —  dont ,  au  reste,  des  lois  révolution- 
naires, déjà  sus-mentionnées,  avaient,  en  enlevant,  aux 
accusés  par  elle  visés,  les  garanties  ordinaires  de  leur 
défense  devant  la  justice  criminelle ,  également 
ôté  le  bénéfice  normal ,  à  ceux  -  ci ,  tant  qu'elles 
ne  se  trouvèrent  pas  législativement  rapportées,  —  se 
composait  de  quarante  -  deux  membres  choisis,  pour 
qwUre  ane^  à  raison  d'tm  pour  chaque  département^  par 
les  électeurs,  de  quarante-deux  départements  :  à  ce  tirés 
au  sort  par  le  Corps  législatif,  et  parmi  lesquels,  à  ce 
moyen,  celui  de  la  Manche  dut  alors  fournir,  comme 
étant  sorti  par  le  dit  tirage,  un  des  magistrats  en  ques- 
tion; dont  nous  ferons  ultérieurement  connaître  le  nom. 

Nous  indiquerons,  également,  plus  tard,  et  même  au- 
paravant^  les  modifications  légales  introduites,  avec  le 
temps^  dans  une  semblable  institution. 

Avec  celle-ci,  nous  en  avons,  à  présent,  fini,  du 
deuxième  paragraphe  de  notre  première  période;  et  nous 
pouvons,  désormais ,  de  suite  aborder  le  troisième  et 
dernier  de  celle-ci. 


|inu  ^  Oali«« 

Au  moment  de  la  réunion  des  Etats-Généraux  de  4  789, 
le  clergé,  exclusivement  catholique,  du  royaume,  néces- 
sitait aussi,  tant  en  ce  qui  concernait  la  complication  et 
les  iuégalités  choquantes  de  son  ancienne  organisation^ 
qu'en  ce  qui  regardait  l'immense  étendue  de  ses  do- 
maines et  aussi  la  multiplicité  démesurée  de  son  per- 
sonnel, —  notamment  celui  que  Ton  appelait  alors  le 
régulier  ou  monacal^  par  opposition  à  l'autre,  ou  ordi- 
naire, qui  portait  le  nom  de  fiécfulier^  —  de  promptes  et 
importantes  réformes  de  toute  sorte. 


—  334  — 

La'pliipart  de  celles^;!  eussent^  sans  doate,  dA  seule- 
meDt  rentrer  dans  les  attributions  de  (a  discipline  reli- 
gieuse, sans  appartenir  en  rien  au  gouvernement  civil. 

Mais  la  Révolution,  empressée  de  tout  réorganiser 
aussi  4  cet  égard,  et  ne  comprenant  pas  la  valeur  mo- 
rale d'une  semblable  réserve,  n'eut  rien  de  plus  pressé 
que  de  les  essayer  toutes,  au  risque  même,  souvent, 
d'attaquer,  ainsi,  les  consciences,  non-seulement  sacer- 
dotales, mais  encore  individuelles  et  laïques. 

^d"^K**^^"  Elle  sien  prit,  d'abord,  sur  ce  point,  aux  biens  ecclé- 
du  clergé.  siaHiqiits  en  général,  dont  elle  élimina,  en  l'abolissant, 
la  Mme,  dès  le  4  ooât  1789,  et  qu'elle  finit  par  déclarer 
tous  biens  nationaux  le  2  nof>einbre  suivant  :  sauf  à  four- 
nir désormais,  à  leurs  anciens  propriétaires,  un  traite- 
ment, national  aussi,  suffisant  à  assurer  leur  subsistance. 
En  vertu  de  ce  second  décret,  puis  de  ceux  des  28  du 
même  mois,  i  4  mai  et  SlS/uin  1 790,  les  dits  biens,  ainsi 
confisqués,  furent,  d'abord  inventoriés  par  les  diverses 
municipalités  des  communes  de  leur  situation  (Voir,  aax 

Archivée  munic^ale*  de  Coutaneêi,  les  répertoires,  à  ce  dressés  ea 
février  et  mars  1790,  de  ceux  des  bénéfices  ecclésiastiques  de  la  dite 

YiUe),  puis  vendus,  au  nom  de  la  nation,  sur  enchères, 
devant  le  directoire  du  district  de  la  dite  situation 

(Voir  à  cet  égard,  pour  le  département  de  la  Manche,  aux  ArcfùMs 
de  celui-ci,  et,  pour  le  district  particulier  de  Coutances,  à  celles  du 
bureau  actuel  d'enregistrement  des'.actes  judiciaires  de  cette  ville, 
les  minutes  et  taUes  des  aliénations,  de  ce  genre,  alors  y  réalisées). 

Mais  ce  n'était  là  que  le  signal  de  bien  d'antres  des- 
tructions, qui  allaient,  à  cet  égard,  se  succéder  coup 
sur  coup,  de  l'ancien  édifice  ecclésiastique,  considéré, 
maintenant,  sous  un  point  de  vue  bien  plus  important 
encore  que  ses  richesses  séculaires. 

On  voulait  transformer  le  clergé  lui-même,  et,  en 
l'arrachant  à  ses  traditions  invétérées,  le  rallier  forcé- 


—  335  — 

ment  au  succès  des  institutions  nouvelles,  ou,  du  moins, 
l'empêcher,  par  des  modifications  intimes,  de  leur  porter, 
par  son  influence  toute  naturelle,  un  dangereux  obstacle. 

m 

On  trouvait,  sur  ce  point,  avant  tout,  urgent  de  sup- 
primer radicalement  le  régulier;  dont  Texistence  n'avait  Suppression 
rien  de  nécessaire,  et  qui,  cependant,  s'était  multiplié  mo^tiqu^ 
partout,  à  un  effrayant  degré,  aux  dépens  du  libéralisme 
des  idées /comme  des  besoins  matériels  de  la  popula- 
tion civile. 

C'est  ce  qu'on  fit,  effectivement,  dès  le  1 3  février  M90, 
en  supprimant  désormais  les  vœux  monastiques,  et  en 
provoquant,  ceux  qui  les  avaient  jadis  émis,  à  sortir  de 
leurs  communautés  pour  rentrer  dans  la  vie  civile  ;  en 
attendant,  qu'après  le  4 0 août  4 792,  le  décret  dn  il  du 
même  moiSy  vint  les  en  expulser  à  jamais  indistincte- 
ment. 

Mais  le  clergé  séculier  lui-même  —  que  l'on  entendait 
bien,  du  reste,  conserver,  lui,  en  principe  —  ne  devait 
pas  être  à  l'abri  des  sérieuses  modifications  dans  son 
ancienne  organisation  ;  à  laquelle  on  voulait  substituer 
désormais  celle  d'un  véritable  cUrgé  national. 

De  là  la  promulgation,  le  4 2  jml/e<  4 790,  d'une  loi  constitution 
capitale  en  cette  matière,  dite  de  la  ConsTiTunoif  civile      ^"^'^^  , 
DU  GLaaGB,  dont  nous  devons  ici  faire  connaître  les 
principales  dispositions  : 

Et  d'abord,  elle  interdit,  comme  une  sorte  de  consé- 
quence, du  reste,  des  précédentes  réformes  sus  dites, 
chez  le  dit  clergé  lui-même  :  la  possession  de  tons  béné- 
fices ecclésiastiques ,  tels  que  prébendes ,  abbayes  et 
prieurés,  dès  alors  abolis  d'une  feçon  absolue;  et  même 
la  réunion  en  corporations  canoniales,  telles  que  les 
anciens  chapitres  épiscopaux,  ainsi,  eux  aussi,  complé- 


Nouveaux 


—  336  — 

temeot  anéantis  —  en  attendant  qu'une  loi  du  18 
août  1792  vint  opérer  encbre  plus  radicalement  sur  ce 
point,  en  abolissant  désormais  toutes  congrégations  sécur 
lières  ecclésiastiqiAes,  telles  que  celles  :  des  Eudistes,  de 
St-Sulpice^  et  même  des  Frères  delà  doctrine  chrétienne, 
et  en  leur  refusant  aussi  désormais  le  droit  de  vaquer 
aux  occupations  de  l'enseignement  public. 
Ensuite,  voulant  réduire  le  nombre,  par  trop  considé- 
diocèsës.    rable,  des  évécbés  et  archevécbés  alors  existant  et  dont 
certains  n'avaient  qu'un  territoire  tout-à-fait  insignifiant, 
en  même  temps  que  faire  cadrer  leur  maintien,  ou  leur 
établissement,  futurs,  avec  la  nouvelle  division  adminis- 
trative du  territoire  français,  elle  décréta  :  que,  désor- 
mais,   il  n'y  aurait,  en  tout,  que  quatre-vingt-trois 
diocèses  au  lieu  des  cent  trente-huit  qu'il  y  en  avait 
jadis  ;  dont  un  pour  chaque  département,  avec  juridic- 
tion seulement,  du  reste,  sur  le  territoire  exclusif  de 
celui-ci  ;  et  dont  dix  d'entre  eux ,  au  lieu  de  dix-sept 
antérieurement,  formeraient  des  sièges  métropolitains 
ayant,  en  outre  de  cette  compétence  normale,  une  certaine 
suprématie  sur  quelques  sièges  épiscopaux  voisins  com- 
pris dans  une  province  ecclésiastique  spéciale  à  eux  de  la 
sorte  attribuée. 

Grâce  à  cette  première  modification  en  pareille  ma- 
tière, le  département  de  la  Manche,  jusque-là  pourvu 
des  deux  évéchés  de  CoiUances  et  à'Àf>randies,  n*en  dut 
plus  posséder  qu'un,  ayant  pour  siège  la  première  de 
ces  villes,  et  pour  territoire  religieux  l'étendue  entière 
de  cette  contrée  y  compris  YÀtranchin;  dont  les  récla- 
mations à  cet  égard  (Voir  FulgeuceGouBD,  Anntêaind^Avranr^ 

ckês,  p.  a54)  furent  écartées  par  le  nouveau  législateur. 

Le  dit  évéché^  maintenant  unique,  pour  tout 
l'ensemble  de  la  dite  contrée,  était  d'ailleurs  rattaché 
à  la  métropole  dite  des  côtes  de  la  Manche,  ayant 
Rofien  pour  centre,    et  comprenant,  en   outre   du 


—  337  - 

département  de  la  Seine-Inférieure^  dont  cette  ville 
était  le  cheMiea  à  ia  fois  administratif  et  religieux , 
ceux  :  de  la  Manche^  sus  dit,  du  Calvados,  de  Y  Orne, 
de  l\Eiire,  de  VOise,  de  la  Somme^  et  du  Pas-de-Calais. 

Dans  chaque  évéché^  et  notamment  dans  le  nôtre 
sus  dit,  il  ne  devait,  d'ailleurs,  y  avoir  aucune  autre 
division  ecclésiastique  que  celle  des  paroisses,  corres- 
pondant, en  général,  aux  nouvelles  communes,  surtout 
aux  rurales,  ei  parmi  lesquelles  devait  désormais  figurer, 
universellement,  le  ressort  spécial  de  l'église  cathédrale 
elle-même;  qui,  dorénavant,  prendrait,  dans  la  ville 
épiscopale>  la  qualité  et  Tusage  d'édifice  paroissial, 
alors  qu'elle  ne  l'aurait  pas  eu  jadis,  et  cela  à  l'exclu- 
sion, du  moins  en  thèse  ordinaire,  des  autres  paroisses 
de  celle-ci,  à  cette  occasion  supprimées. 

C'est  ainsi  qu'à  Coutances  en  particulier,  au  lieu  des 
anciennes  paroisses  de  St-Pierre  et  de  St-Nicolas,  — 
dont  les  églises  furent  ainsi  transformées  en  simples 
oratoires  sans  clergé  propre  et  sans  cérémonies  fixes^  — 
il  n'y  en  eut  plus  qu'une  seule  :  celle  de  la  cathédrale, 
qui  n'existait  pas  jadis  ;  et  ce  malgré  toutes  les  pétitions 
adressées,  à  cet  égard,  par  les  habitants  notamment  de 

la  seconde  précitée.  (Voir,  sur  ce  point,  le&  registres  del'admi- 
nistratioD  départementale  de  la  Manche,  à  la  date  du  ao  mai  1791  ; 
et  ceux  de  la  municipalité  rurale  de  St'NicoUu'de-Coutances,  dont 
le  territoire  faisait  jadis  partie  de  la  paroisse  religieuse  du  même 
nom»  à  celle  du  20  octobre  suivant) 

Maintenant^  comme  personnel  nouveau,  chacun  de    Nouveau 
ces  diocèses  ainsi  géographiquement  délimités,  devait  ^"^ly^hés.* 
uniquement  comprendre,  avec  suppression  de  toutes  les 
autres  dignités  ecclésiastiques  de  jadis  : 

D'abord,  et  à  sa  tête,  un  Evèque;  assisté  de  douze  à 
seize^  selon  la  population  de  la  ville  de  sa  résidence 
officielle  (à  Coulances  il  y  en  avait  douze),  Yicairbs  dits 
&PISCOPAUX,  choisis  par  lui,  et  chargés  d'administrer, 

sous  ses  ordres,  au  point  de  vue  religieux,  la  dite  ville, 

22 


—  338  — 

en  même  temps  que  de  former,  avec  le  Supébieur  et  les 
trois  Directeurs,  nommés  de  même,  du  Grand  Sâminairb 
diocésain,  un  conseil  dit  aussi  épiscopal^  sans  la  délibé- 
ration duquel  le  premier  ne  pourrait  faire  aucun  acte 
de  juridiction  ecclésiastique. 

Nous  donnerons  bientôt,  pour  la  Manche,  les  noms  de 
ces  nouveaux  dignitaires  en  dernier  lieu  mentionnés. 

Ensuite,  et  au-dessous  de  lui,  dans  chacune  des 
autres  paroisses  du  département,  un  Curé  ayant,  de  son 
côté,  le  droit  de  choisir  ses  Vicaires,  et  dont  le  rang 
était,  d'ailleurs,  toujours  égal  à  celui  de  ses  confrères; 
sans  qu'aucun  d'eux  pût  désormais  prendre  le  titre  de 
doyen,  pas  plus  qu'il  n'y  avait  dorénavant,  entre  eux 
tous  et  Tévéque  ou  son  conseil,  Tancien  intermé- 
diaire des  archipréires  ou  des  archidiacres. 
•  Maintenant,  comment,  cet  évéque,  d'une  part,  et  ces 
curés,  de  l'autre,  se  trouvaient-ils,  à  l'avenir,  investis  de 
leurs  sièges  respectifs? 

Serment  •  C'est  ici  le  moment  de  faire  connaître  la  principale 
coo8tiiuiion-  innovation  de  la  dite  loi,  qui,  voulant  trouver  désormais, 
dans  le  clergé  national,  un  auxiliaire  officiel  des  insti- 
tutions nouvelles  en  général,  et  une  sorte  de  fofiction- 
naire  ayant  reçu  l'obligation  solennelle  de  les  défendre 
personnellement,  crut  arriver  heureusement  à  cette  fin, 
en  exigeant  immédiatement,  de  tous  les  titulaires  futurs 
des  dits  postes  ecclésiastiques,  le  sermeni  public  :  d'être 
toujours  fidèle,  non-seulement  à  la  nation,  h  la  bi  et  au 
roi,  mais  encore  à  la  constUiUion  française  nouvelle  en 
général,  devant  comprendre,  dans  son  ensemble,  celle, 
spéciale  au  clergé,  dont  il  était  en  ce  moment  question. 

Cela  posé,  de  deux  choses  l'une  : 

Ou  bien  le  titulaire  actuel  d'un  siège  ecclésiastique — 
conservé  d'ailleurs,  par  hypothèse,  dans  la  législation 
nouvelle  —  consentait  à  prêter  le  dit  serment ,  dans 


—  339  —  ^ 

Téglise  et  devant  la  municipalité  du  lieu,  aux  termes 
mêmes  de  ]a  dite  loil  et,  dans  ce  cas,  il  était,  purement 
et  simplement,  conservé,  par  celle-ci  et  aussi  par  de 
postérieures  sur  la  même  matière,  notamment  par  celle 
du  27  novembre  1 790. 

Ou  bien  il  s'y  refusait!  et  alors,  d'après  les  mêmes    Elections 
lois,  il  y  avait  lieu  de  pourvoir  à  son  remplacement ,  ®^*ij|'^*'' 
qui  s'opérait  désormais  par  la  voie,  générale  alors  pour    nouvelles, 
toutes  les  fonctions  publiques,  du  suffrage  populaire,  eas  de" refus 
c'est-à-dire  par  un  vote  :  des  électeurs  de  Ums  les  dis-  de  serment. 
iricts  du  départemerU,  s'il  s'agissait  de  l'évêque  lui- 
même^  et  de  ceux  des  (/û^ricTs  respectifs  de  leur  future  ré- 
sidence, s'il  n'était  question  que  de  simples  curés. 

Du  reste,  nul  besoin  maintenant^  et,  qui  plus  est,  in- 
terdiction formelle,  même  pour  le  premier,  de  recourir 
au  Pape,  comme  jadis  en  ce  qui  le  concernait,  aux  fins 
d'obtenir  la  confirmation  de  sa  nouvelle  promotion  au 
dit  siège;  désormais  devenue,  au  point  de  vue  extérieur 
du  moins,  complètement  indépendant  de  la  cour  de 
Rome. 

Même  serment  était,  du  reste  —  bien  qu'il  ne  dussent 
pas,  en  cas  de  refus,  être  remplacés  par  élection,  —  im- 
posé aux  divers  vicaires,  tant  épiscopaux  que  curiaux, 
et  directeurs  de  grands  séminaires  sus-mentionnés  — 
auxquels  on  ajouta,  d'ailleurs,  plus  tard,  à  cet  égard 
(voir  lois  ;  des  27  novembre  1790  précitée,  et  15 
avril  1 791  ),  en  générai,  tous  les  ecclésiastiques  fonction- 
naires publics,  et,  par  exemple ,  en  outre  de  ceux  oi- 
dessus  enumérés,  les  professeurs  des  sémimaires  et 
collèges,  et  les  chapelains  des  prisons,  et  des  hôpitaux 
—  du  reste  entièrement  sécularisés  déjà,  par  l'abolition 
des  ordres  monastiques  qui  généralement  les  possédaient 
ou  les  géraient  jadis,  et  par  la  substitution ,  à  ceux-ci, 
sur  ce  point,  des  administrations  locales,  et  notamment 
de  celle  des  communes  où  se  trouvaient  ces  derniers  éta- 


—  3*0  — 

blissiments  (voir  sur  ce  sujçt  spécial  :  lois  des  44  d^ 
cembre  4  789  et  4  0  septemhrt  4  790  ;  et  aussi,  aux  archicts 
municipales  de  Coutances,  le  registre  de  la  gestion  de 
son  hospice  depuis  les  dites  lois) 

On  comprend  de  suite  quelle  perturbation  de  sem- 
blables innovations,  —  substituant,  par  le  fait,  à  l'an- 
cienne, et,  en  définitive,  toujours  régnante,  disci- 
pline ecclésiastique,  une  discipline  purement  civile, 
d'ailleurs  en  complet  désaccord  avec  la  première  sur  les 
chefs  les  plus  capitaux  —  devaient  de  suite  jeter  dans 
les  esprits,  des  ecclésiastiques  surtout;  dont,  au  reste,  les 
doutes  possibles  à  cet  égard  ne  tardèrent  pas  à  être  tran- 
chés, contre  elles,  par  un  bref  du  Pape  en  date  du 
20  mars  4791. 
Refus  ^^^^  1^  Manche,  notamment,  elle  fut  grande,  et  cou- 

de serment  Nuisit  uD  grand  nombre  des  titulaires  des  anciens  postes 
la  Manche,  ecclésiastiques  y  situés,  à  refuser  le  serment  qu'on  leur 
imposait  ainsi,  et,    par  suite,  à    renoncer  aux  dits 
postes. 
Election        ^^  ^^  nombre  fut  Vévêqîie  même  de  l'ancien  diocèse 
do^nouvel  de  Coutances,  qu'il  fallut,  en  conséquence,  au  plus  vite 
^'     remplacer  par  le  choix,  sur  un  nouveau  pasteur  départe- 
mental, des  électeurs  de  la  Manche  ;  lesquels  procédèrent, 
effectivement,  le  20  février  1791,  à  cette  opération^ 
dont  on  a  le  procès-verbal  imprimé,  et  qui  fournit  le  ré- 
sultat individuel  que  nous  ferons  ultérieurement  con- 
ifaitre. 
Election        ^^  même,  la  plupart  des  ecclésiastiques  fonction- 
de  curés,  naires  publics  delà  ville  épiscopale ,  refusèrent  de  le 
prêter.  Tels  que  les  professeurs  du  collège  et  les  chape- 
lains de  r  Hôtel-Dieu  (Voir  deUbérattoni  munMpaUi  de  Cou- 

tancet,  des  i2avril  et  0  juin  1791);  auxquels  il  fallut,  en  con- 
séquence, substituer  un  nouveau  personnel  que  nous  in- 
diquerons également  ci-après. 


-  341   - 

Et  pareille  chose,  ou  à  peu  près,  se  passa,  du  reste, 
dans  les  autres  parties  du  département,  notamment  dans 
la  portion  rurale  du  district  de  Coutances  ;  où  Ton  dut, 
par  suite,  le  12  mai  1791,  procéder  à  V élection  d'une 
trentaine  de   nouveauic   curés    pour    le   dit    ressort 

(En  voir  le  procis-verbiU  aux  Archives  de  la  Manche)» 

Mais,  d'un  autre  côté,  un  certain  nombre,  d'anciens 
titulaires  ecclésiastiques  du  pays  crurent  pouvoir  néan- 
moins rester  en  fonctions  ;  et,  sous  le  nom  de  junurs, 
jointsauxin^ntô  susdits,  ils  aidèrent  tous,  deleurmieux, 
et  quelques-uns  même  avec  une  exaltation  patriotique 
ultra  ou  anti-chrétienne  dans  sa  manifestation  violente 
de  chaque  jour^  le  premier  de  ceux-ci,  à  savoir  Tévéque 
départemental  —  qui,  du  reste,  avait,  naturellement, 
parmi  eux,  facilement  trouvé  ses  nouveaux  vicaires  ci- 
après  également  indiqués  —  à  desservir  et  adminis- 
trer son  nouveau  diocèse,  après  avoir,  le  10  avril  1791, 
fait  son  entrée  dans  sa  ville  épiscopale;  où  il  devait  ha- 
biter, d'abord,  le  palais  actuel,  puis,  une  fois  celui-ci 
nationalisé  par  la  loi  du  \9  juillet  1792,  une  maison 
par  lui  louée  en  face  le  grand  portail  de  la  cathédrale. 

Cela  ne  fut  pas,  cependant,  chose  facile,  en  présence  Persécution 
de  l'hostilité  générale  rencontrée,  dans  le  dit  diocèse,    leTprètres 
chez  les  populations  locales,  par  ce  nouveau  clergé,  en  réfractaiws. 
dépit  (et  peut-être  niêmeà  cause),  delà  proscription  légale 
dont  finirent  bientôt  par  être  frappés  les  prêtres  réfrac- 
taires  au  serment  constitutionnel  ;  auxquels  la  Révolu- 
tion ne  pouvait  pardonner  ni  leur  résistance  à  celui-ci 
ni  l'agitation  que  cette  dernière  entretenait  forcément 
dans  le  public  contre  leurs  collègues  ou  leurs  rempla- 
çants assermentés,  et  qu'elle  en  arriva  dès-lors  à  con- 
damner en  bloc  à  la  déportation^  —  avec  peine  de  mort 
au  cas  de  rentrée  sur  le  territoire  français, —  par  leSlois 
des  26  août  1 792  et  30vendémiaire  an  IL  Exil  qui,  pour 


-  342  — 

nos  contrées,  frappa  plus  d'un  millier  de  prêtres;  dont  la 

plupart  allèrent,  en  septembre  1792,  chercher  asile 

dans  les  îles  anglaises  de  Jersey  et  Guemesey^  et  aussi 

dans  la  Grande-Bretagne  elle-tnéme,    d'où  nombre 

d'entre  eux  ne  sont  jamais  revenus  (Voir,  à  ce  soyet,  notre 
£t%êde  récente  sur  les  Juridictions  révolutionnaires  normales  delà 
Hanche,  chapitre  II). 

La  loi  du  17  septembre  179*3,  vint,  d'ailleurs,  ajouter 
encore  à  ces  premières  sévérités  extrêmes,  par  la  con- 
fiscation et  la  vente,  nationales,  des  biens  de  ces  malheu- 
reux proscrits  (voir,  à  cet  égard,  les  pièces  y  relatives,  pour  ceux 
de  la  Manche,  aux  Archives  de  celle-ci.) 

Quoiqu'il  en  soit,  et  malgré  de  tels  remèdes,  qui, 
naturellement,  ne  faisaient  que  surexciter  partout  le  mal 
en  semblable  matière,  le  culte  constitutionnel  se  soutint 
vaille  que  vaille,  non-seulement  en  droit  mais  encore  en 
fait,  notamment  dans  notre  département;  —  où  l'évéque 
nouveau  avait,  d'ailleurs,  soin  d'en  recruter  à  tout  prix 
les  ministres  futurs  destinés  à  remplacer,  au  fur  et  à 
mesure  de  leur  disparition ,  ceux  alors  en  exercice,  au 
moyen  d'ordinations  par  fournées  de  postulants  au 
besoin   anticipés,  h    c(^,    dans  leur  stage  canonique 

(Voir  aux  Arehivet  dkocéêoineSf  le  registre  spécial  de  œUes-ci)  — 

jusque  vers  le  commencement  de  l'an  II,  où  allaient,  à  cet 
égard,  se  produire  d'importantes  modifications  à  son 
détriment. 

Ce  n'est  pas  qu'alors  il  dut,  à  vrai  dire,  être  légale- 
ment supprimé. 
Décadence       Mais,  depuis  longtemps  déjà,  lui  aussi  gênait  Texpan- 
ducuitcTcons-  sion  complète  des  idées,  ou  athées,  ou  en  tous  cas  déistes, 
titutionnei.  de  la  Montagne  conventionnelle  désormais  victorieuse 
et  avide  d'exercer  partout  son  omnipotence  gouverne- 
mentale. 

Aussi  voulût-elle,  — sans  oser  l'abolir,  du  moins 
immédiatement,  en  droit,  et  détruire,  de  la  sorte,  offi- 


—  343  — 

ciellement  ce  que  Ton  avait  longtemps  regardé  comme 
une  des  institutions  les  plus  libérales  de  la  Révolution, 
—  le  ruiner  progressivement,  en  fait,  pour  y  substituer, 
du  reste,  le  culte  purement  civique  dont  nous  parlerons 
tout  à  l'heure. 

Après  y  avoir  déjà  préludé  en  favorisant,  par  les  lois 
des  \9  juillet  4793  et  17  septembre  suivant  y  le  mariage 
des  prêtres  alors  encore  en  exercice,  elle  s'empressa  de 
profiter  de  la  scandaleuse  abdication,  de  ses  fonctions 
épiscopales,  par  Tévéque  de  Paris  Gobel,  en  brumaire 
an  II,  au  profit  du  prétendu  règne  de  la  déesse  Raison^ 
pour  provoquer  législativement  en  tous  lieux  (Voir  dé- 
crets des  :  23  brumairey  et  2  frimaire^  an  II)  de  sembla- 
bles renoncements  sacrilèges  ;  que,  du  reste,  le  proconsul 
Lecarpenùier  devait  bientôt,  dans  notre  département, 
imposer  directement,  en  frappant  tous  les  résistants, 
d'incarcération  indéfinie,  par  un  arrêté  du  24  germinal 
de  la  même  année.  (Il  a  été  imprimé  et,  en  tout  cas,  se 
trouve  aux  Archives  nationales,  dans  la  collection  de 
ceux  par  lui  rendus  au  cours  de  ses  diverses  missions 
proconsulaires.) 

Du  reste,  à  cette  dernière  date,  le  culte  catholique, 
même  constitutionnel,  était,  en  fait,  devenu  partout 
matériellement  impossible,  grâce  aux  arrêtés,  prohibitifs 
à  cet  égard,  déjà  depuis  quelque  temps  pris,  dans  les 
divers  départements,  par  les  conventionnels  y  envoyés 
aux  fins  d'y  appliquer —  à  l'aide  de  toutes  les  mesures 
quelconques  qu'ils  croiraient,  à  ce,  nécessaires,  —  le 
gouvernement  Révolutionnaire  édicté  oflBciellement  par 
les  lois  des  \9  vendémiaire  et  44  /nmatre,  an  II. 

Ce  fut,  chez  nous,  aussi  en  ce  qui  concerne  le  culte, 
surtout  le  représentant  Bouret,  déjà  de  nous  connu,  qui 
en  reçut  la  mission;  pour  l'accomplissement  de  laquelle, 
en  ventdse  an  H,  il  n'eut  rien  de  plus  pressé  que  d'or- 
donner, par  un  arrêté  qui  se  trouve  également  aux 


—  344  — 

Ardiives  nationales,  la  fermeture  générale,  aux  cérémo- 
Dies  catholiques,  de  toutes  les  églises  du  département» 
et  notamment  de  la  cathédrale  de  CotUances — qu'il  leur 
avait  même  interdite  dès  nivôse.  (Voir  regiitra  munuipaïuf^ 
à  la  date  du  S  pluviôse),  et  qu'il  avait,  en  revanche,  quel- 
ques jours  après,  entre  autres  usages  profanes,  affectée 
au  marché  de  grains  de  la  localité.  (Voir  ibui.  à  celle  du  ti 

du  même  mois.) 

Le  dit  culte  était  donc  alors,  même  dans  son  pur 
fantôme  constitutionnel,  devenu  complètement  imprati- 
cable, en  dépit  de  la  tolérance,  sinon  de  la  protection, 
légale,  que  semblait  lui  continuer  le  décret  sur  la  liberté 
générale  des  religiom,  du  1 8  frimaire  an  II  ;  et  quand, 
le  3  des  sans-culoUides  an  II,  un  nouveau,  du  dit  jour, 
vint  déclarer  (bien  qu'après  la  chute  de  Robespierre)  : 
qu'à  l'avenir  la  France  ne  subventionnerait  plus  aucun 
culte  que  ce  soit,  il  ne  fit^  en  enterrant  ainsi  officielle- 
ment l'église  assermentée,  que  consacrer,  en  droit,  un 
état  de  choses  qui,  comme  nous  l'avons  vu,  existait 
depuis  longtemps  déjà  en  fait,  notamment  dans  nos 
contrées. 

On  alla  même,  \eMplum6se  an  III,  jusqu'à  ordon- 
ner la  confiscation  et  la  vente,  comme  biens  nationaux, 
des  diverses  églises  ;  dont,  par  complément  de  la  sup- 
pression légale  mentionnée  tout  à  l'heure,  la  Convention 
trouvait  tout  naturel  de  s'emparer  définitivement. 

Toutefois,  une  fois  la  Terreur  finie,  l'ancien  culte 
constitutionnel  —  à  la  différence  de  celui  des  prêtres 
réfractaires ,  restés  alors,  et  jusqu'au  Concordat  de 
l'an  X,  ou  au  moins  les  événements  de  brumaire 
an  VIII,^ proscrits  comme  par  le  passé —  devait,  natu- 
rellement, se  voir  désormais  toléré  comme  usage  pur  et 
simple  de  la  liberté  privée. 

Et  c'est,  effectivement,  ce  que  ne  manquèrent  pas  de 


—  345  - 

proelamer  les  lois  des  :  3  ventôse,  et  4  prairial,  an  III» 
lai  permettant  de  reprendre  ses  anciennes  cérémonies, 
même  dans  rintériear  des  temples  saints  non  encore 
aliénés,  mais  en  concurrence,  du  reste,  avec  la  desti- 
nation civique  naguère  reçue  par  ceux-ci  ;  pourvu  que 
—  accomplies,  avant  tout,  par  un  prêtre,  se  soumettant 
expressément  à  la  République  —  les  premières  ne  s'o- 
pérassent qu'au  dedans  des  dils  édifices,  sans  aucane 
révélation  au  dehors,  susceptible,  dans  la  pensée  du 
législateur  même  thermidorien,  —  mais,  toujours  resté 
et  républicain  et  incrédule —  d'y  rallumer  imprudem- 
ment le  fanatisme  mal  éteint  des  populations  locales. 

C'est  sous  l'empire  de  ces  lois — refondues,  d'ailleurs,  Réor^aa- 
plus  tard,  dans  celle  du  7  vendémiaire  an  IF  sur  le   ^^  î^uae 
même  objet — que  l'évéque  de  la  Hanche,  récemment  sorti  constitution- 
de  prison,  oii  on  l'avait,  de  même  qu'un  grand  nombre  u  Manche 
de  membres  de  son  clergé,  jeté  comme  non  abdicataire,  ,  ^P^ 
essaya  de  reconstituer,  au  moins  en  fait,  en  obéissant  à 
leurs  diverses  prescriptions,  dans  son  ancien  diocèse 
désormais  purement  fictif  aux  yeux  du  législateur,  leculte 
qu'il  y  avait  exercé  et  dirigé  jadis  avec  une  autorité  épis- 
copale  officielle  à  la  force  morale  de  laquelle  il  continuait 
encore  de  croire. 

Mais,  malgré  tout  son  zèle  à  cet  égard  —  du  reste 
encouragé  par  les  lettres  encycliques ,  recommandant 
partout  de  semblables  efforts,  alors  lancées  par  une  sorte 
de  comité  parisien,  de  l'église  constitutionnelle,  ayant  à 
sa  tëteTévéque  assermenté  Grégoire,  —  c'était  une  tâche 
absolument  impraticable  qu'il  entreprenait  là  :  vu  le 
discrédit  populaire,  toujours  persistant,  pour  une  sem- 
blable institution  ;  et  aussi  l'impossibilité  actuelle  d'en 
suivre  les  anciennes  règles  telles  qu'elles,  notamment 
aux  fins  de  remplir,  par  la  voie,  primitive  et  essentielle, 
des  élections  de  département  ou  de  district  —  partout 


—  346  — 

désormais  hors  d'asage,  et,  d'aillears,  ne  pouvant  plus, 
rationnellement,  s'appliquer  à  des  promus  qui  ne 
seraient  plus  des  fonctionnaires  comme  jadis,  —  les 
vides  nombreux  produits,  dans  les  rangs  de  ses  prêtres 
subalternes,  par  tant  de  causes,  et,  entre  autres,  par 
l'abdication  et  même  le  mariage  scandaleux  de  beaucoup 
d'eux.  Aussi  devait-ilyéchouer,  comme  nous  le  verrons, 
du  reste,  mieux  par  la  suite. 

(Voir,  sur  cette  tentative,  un  article  de  la  JleinM  catholique  de 
Coutancee,  année  1867-1868,  p.  756  eteuivatUes,  par  M.  le  vicaire- 
général  GlLBBET.) 

Maintenant,  pendant  que  le  culte  eo  question  avait, 
Cultedvique.  ^q  [^  sorte,  succombé  d'épuisement  non  moins  que 
d'inimitié  législative,  sans  pouvoir  ensuite  parvenir  à  se 
ressusciter  à  un  titre  quelconque,  la  Révolution,  dans 
son  outrecuidance  irréligieuse,  avait  essayé  de  le  rem- 
placer par  une  création  nouvelle,  entièrement  profane 
cette  fois,  et,  selon  elle,  éminemment  propre  à  former 
et  stimuler  de  véritables  citoyens. 

Nous  voulons  parler,  d'abord,  du  cuke  de  la  Maison 
— d'où  le  nom  ietemple  de  la  Maison^  pendant  quelque 
temps  donné  aux  anciennes  églises  catholiques,  —  in- 
troduit, après  l'abdication,  sus  dite,  de  Gobel,  dans 
l'église  métropolitaine  de  Paris,  et  que  tout  le  monde 
connaît;  mais  qui  ne  fut,  en  définitive,  qu'un  fait  extra- 
légal et  isolé,  qui,  en  tout  cas,  ne  paraît  pas  s'être 
reproduit  dans  notre  département. 

Mais  nous  voulons  surtout  signaler  ici  le  Culte  dit 
DÉCADAIRE,  —  basé  sur  le  nouveau  calendrier  républi- 
cain du  4  brumaire  an  II,  où  les  douze  mois  de  l'année, 
tous  devenus  de  trente  jours  chacun,  étaient  désormais 
divisés,  non  plus  en  semaines  de  sept  jours  chacune, 
mais  bien  en  trois  décades  de  dix  jours  l'une  —  et  con- 
sistant dans  une  sorte  de  fête  civique,  avec  discours 


—  347  — 

officiels  de  l'autorité  civile  et  chants  patriotiques  de 
tous  les  citoyens,  à  célébrer  dans  le  temple,  ou  ancienne 
église  de  chaque  localité;  sans  préjudice  d'autres  so- 
lennités analogues,  mais  plus  importantes,  à  y  accomplir 
à  certaines  échéances,  telles  que  celle  du  SI  janvier  de 
chaque  année,  en  mémoire  pcUriolique  de  la  mort  de 
Louis  XVI. 

Une  loi  du  18  floréal  an  II  vint  textuellement  pres- 
crire cette  innovation,  officielle  cette  fois^  et  qui  devait, 
toute  ridicule  qu'elle  était  en  réalité,  durer^  légalement, 
jusqu'à  l'établissement  du  Consulat,  ainsi  que  nous  le 
verrons  plus  loin. 

Hais  elle  existait,  du  reste,  dès  avant  cette  première 
date,  en  fait  de  moins,  et  dans  les  usages  de  la  plupart 
des  communes,  notamment  de  notre  département;  où, 
en  même  temps  qu'il  y  fermait  les  églises  en  culte  cons- 
titutionnel lui-même,  Bouret,  les  ouvrait,  au  contraire, 
toutes  grandes,  à  la  Décade  —  que,  par  exemple,  nous 
trouvons  inaugurée,  à  Coutances,  dès  le  30  pluviôse 
an  II,  dans  la  cathédrale  de  la  ville;  oii,  depuis  lors,  elle 
continuera  de  se  célébrer,  jusqu'à  l'époque  sus-indiquée 
à  cet  égard,  en  concurrence,  du  reste,  comme  nous  le 
savons,  à  partir  des  lois  précitées  de  l'an  III,  avec  l'an- 
cien culte  constitutionnel,  y  toléré  désormais,  et  qui, 
d'ailleurs,  s'y  pouvait  pratiquer  à  d'autres  jours  et  à 
d'autres  heures  que  celle-là, 

(Voir  les  procét-verbatix  divers,  des  fêtes  décadaires  coutançai- 
ses,  sur  les  regiitres  municipatix  de  cette  vUie,  à  la  date  précitée/ 
et  suivantes.) 

Nous  n'avons  pas,  du  reste,  besoin  d'ajouter  :  que, 
si  la  religion  assermentée  était^  dès  le  début,  tombée  à 
jamais  sous  le  mépris  public,  il  en  fut  de  même,  à 
fortiori,  de  la  comédie  bizarre  ainsi  à  elle  substituée,  et 
qui,  notamment  dans  la  Manche,  fut,  au  plus  fort  même 


—  348  — 

de  la  Terreur,  ou  complètement  désertée  par  le  public, 
ou,  ce  qui  était  encore  plus  significatif,  ouvertement 
accueillie  par  les  rires  de  celui-ci;  malgré  tous  les 
efforts  de  l'autorité  locale  pour  empêcher,  ou  faire 
cesser,  un  pareil  scandale  anti-civique. 

(Voir,  à  cet  égard»  notamment  une  MibêratUm  de  la  nuinictpa- 
Uti  de  CwUanceê,  da  8  thennidor  an  II.) 


PSUXIÂME  I^ÉRIODB   ttlSTORIQUB 


DB  LA  CONSTITUTION   DB  l'aN  Vl  A  GBLLB  DB  l'AN  VÎII. 


Noas  entrons,  maintenant,  dans  une  phase  toute  nou- 
velle, notamment  au  point  de  vue  administratif  propre- 
ment dit. 

Ed  effet,  arrivée  à  la  fin  de  Tan  III,  la  Convention  a 
fait,  enfin,  son  temps.  Tout  le  monde  est  excédé  de  sa 
longue  dictature,  malgré  les  coups  mortels  qu^  sont 
venus  porter  à  la  portion  la  plus  exaltée  de  sa  faction 
montagnarde  :  et  le  9  thermidor  an  y  —  qui,  en  provo- 
quant un  revirement  modéré  général  dans  Topinion  pu- 
blique, a  permis  de  rappeler  dans  son  sein  une  masse 
de  députés  jadis  expulsés  par  les  terroristes  du  passé; 
et  le  1^  prairial  an  ni,  qui,  à  la  suite  de  l'insurrection 
jacobine  du  même  jour,  en  a,  au  contraire,  banni  un 
grand  nombre  de  complices ,  avoués  ou  du  moins  cer- 
tains, de  celle-ci.  Elle  même  sent  le  besoin,  d'en  finir 
d'une  situation  anormale  et  depuis  longtemps  perdue  aux 
yeux  du  public,  et  de  se  séparer  après  avoir  enfin  donné, 
à  celui-ci,  la  CanslUtUion  réptAlicaine  qu'elle  lui  avait 
dès  le  début  promise. 

Cette  Constitution,  c'est  celle  du  5  fructidor  an  III, 
dont  nous  devons  donner  ici ,  surtout  en  ce  qui  touche 
notre  matière  présente,  l'analyse  succincte  ;  pour  faire, 
à  cette  occasion,  ressortir  les  différences  considérables 
par  elle  introduites  dans  Tétat  de  choses  antérieur,  et  y 
chercher,  aussi  la  base  de  la  physionomie  générale  — 


-  350  — 

toujours,  du  reste,  principalement  au  point  de  vue  local 
de  la  présente  étude  —  de  cette  période  historique  dans 
laquelle  nous  entrons  à  présent. 

Elle  commence  par  proclamer  la  continuation  de  la 
forme  répvAlicaine  du  gouvernement,  que  personne  alors 
ne  songeait,  du  reste,  à  changer. 

Puis  elle  organise  à  nouveau  celui-ci. 

Directoire      A  la  tête  —  par  laquelle  nous  devons  naturellement 
exécatif.   toujours,  en  pareil  cas,  commenc,er,  —  elle  place, 
pour  le  représenter,  comme  pouvoir  exécutif,  un  Direc- 
toire EXÉCUTIF,  — qui  lui  donnera  effectivement  désor- 
mais son  nom  — composé  de  cinq  membres  choisis,  par 
le  Conseil  des  Anciens,  dont  nous  allons  parler  tout  à 
l'heure,  sur  une  liste  de  cinquante  membres  formée  par 
le  Conseil  des  Cinq-Cents,  également  ci-après  mentionné, 
et  renouvelable,  de  même,  tous  les  ans,  par  cinquième. 
C'est  le  4  brumaire  an  IV,  jour  de  la  première  séance 
du  nouveau  corps  législatif  composé,  comme  nous  allons 
le  voir,  de  ces  deux  conseils ,  que  fut  choisi  le  premier 
personnel  de  cette  sorte  de  commission  executive  supé- 
rieure ;  dans  laquelle  nous  voyons  alors  entrer  un  habitant 
de  la  Manche  dont  nous  indiquerons  plus  loin  le  nom 

(Voir  Moniteur  da  dit  jour). 

Quant  à  son  renouvellement  annuel ,  il  n'amènera 
aucun  autre  nom,  nous  intéressant  localement,  dans  ce 
premier  rouage  gouvernemental;  dont  le  coup  d'état  du 
48  fructidor  an  Y,  sur  lequel  nous  reviendrons  tout  à 
l'heure,  devait  venir  un  instant  bouleverser  la  composi- 
tion normale,  en  causant,  parmi  beaucoup  d'antres 
mesures  analogues,  la  proscription,  et  même  la  déporta* 
tion,  de  deux  de  ses  membres. 
Corps lëgis-  Mais,  en  dessous  de  lui,  —  ou  plutôt  à  côté,  et  même, 
'*^^'*      comme  pivot  principal  de  la  nouvelle  organisation  supé-- 


—  351  — 

rienre, — venait  une  institation  bien  plas  i  ntéressante 
pour  nous,  à  savoir  un  Corps  législatif,  chargé  de  dé- 
libérer les  lois  proprement  dites. 

Il  devait  désormais  se  composer,  non  plus  d'une  seule 
chambre  comme  jadis,  mais  —  comme  garantie  contre 
les  dictatures  collectives  futures,  —  de  deux  chambres , 
dont  le  concours  était  également  nécessaire  pour  la  va* 
lidité  des  dites  lois  :  L'une,  dite  Consbil  des  Cinq-Cents, 
et  comprenant,  en  effet,  un  pareil  nombre  de  membres, 
dont  chacun — sans  aucune  condition  de  cens,  du  reste — 
devait  avoir  au  moins  trente  ans,  et  être  domicilié  depuis 
au  moins  dix  ans  en  France  ;  et  l'autre ,  dite  Conseil 
DES  Anciens,  ne  renfermant  que  deux  cent  cinquante 
membres  devant  —  sans  aucune  exigence  de  cens  en- 
core —  être  mariés  ou  veufs ,  avoir  quarante  ans  d'âge , 
et  être  domiciles  depuis  quinze  ans  sur  le  territoire  de 
la  République. 

Telles  étaient,  en  principe,  les  seules  qualités  exigées 
respectivement  de  ces  futurs  législateurs. 

Toutefois,  voulant,  en  quelque  sorte,  conserver  ainsi, 
en  fait ,  dans  l'avenir,  son  pouvoir  du  passé  qu'acné  se 
trouvait  forcée  de  quitter,  la  Convention  avait  —  par 
une  loi  spéciale  du  même  jowr  que  la  dite  constitution, 
et  qui  fut,  de  même  que  celle-ci ,  acceptée  par  le  peuple 
français  à  cette  fin  réuni  dans  ses  comices  —  décidé  : 
que,  dans  sa  première  composition,  le  Corps  législatif 
sus  dit  renfermerait  au  moins  deux  tiers  de  ses  anciens 
membres  désignés,  du  reste,  par  les  électeurs  populaires 
dont  nous  allons  parler  tout  à  l'heure  ;  sauf,  à  ces  deux 
tiers  de  conventionnels,  à  en  sortir  par  moitié  dans 
chacun  des  deux  prochaine  renouvellements  de  la  double 
assemblée. 

Quant  à  la  distribution,  entre  les  deux  conseils,  de 
ceux  qui  devaient  les  respectivement  composer,  elle 
devait  résulter,  en  principe,  de  la  désignation  même  des 


—  36«  — 

dits  éleet6ars  et  de  la  nature  spéciale  da  mandat  donné 
à  chaque  élu. 

Toutefois,  comme  mesure  transitoire  encore ,  c'était, 
pour  la  première  fois ,  le  Corps  législatif  lui-même  qui 
devait  Topérer  parmi  ses  propres  membres. 

Ceux-ci  étaient,  d'ailleurs,  à  l'avenir,  dans  chaque 
conseil,  renouvelables,  non  plus  en  totalité  comme  jadis, 
mais  par  tien  Um$  fes  ans ,  après  un  tirage  au  sort  ad 
Aoc;  qui,  toutefois,  ne  devait»  d'après  ce  que  nous  avons 
vu  plus  haut,  porter,  la  première  année ,  que  sur  les 
deux  tiers  de  conventionnels  conservés  légalement,  pour 
en  déterminer  la  première  moitié  sortante  et  la  dis- 
tinguer de  la  seconde  qui  ne  devait  sortir  que  l'année 
d'après,  oii  le  dit  tirage  devenait^  d'ailleurs,  forcément 
inutile. 

Maintenant  comment  étaient-ils,  les  uns  et  les  autres, 
désignés? 

Naturellement  par  des  élections  faites  dans  les  diffé- 
rentes parties  de  la  République. 

Mais  comment  s  opéraient-elles? 

C'est  ici  le  moment  de  faire  connaître  —  pour  n'y 
plus  revenir  du  reste,  —  et  la  division  politique  nouvelle 
de  celle-ci,  et  le  mode  nouveau  de  su&age  introduit  par 
la  constitution  dont  s'agit. 

NouyeUe        Et  d'abord,  la  division  politique  : 
TOUtimîe        ^°  y  conservait  le  fractionnement  primitif  en  dqwir- 
territoriale.  tements,  dont  la  configuration  originaire  était,  aussi, 
maintenue. 

Seulement,  leur  ancien  chef-lieu  administratif  devait 
être,  pour  plusieurs,  modifié  par  la  loi,  d'organisation 
détaillée  des  nouvelles  administrations,  du  49  vendé- 
miaire an  IV. 

C'est  ainsi  que  Cùutances  —  qui ,  comme  nous  ks  sa- 
vons, le  possédait  jadis  pour  la  Manche  —  s'en  vit 


—  353  — 

privé  au  profit  de  SaivU-Lo,  où  il  est  resté  depuis  lors; 
et  ce  malgré  toutes  les  protestations  et  réclamations 
faites  à  ce  sujet,  tant  alors  que  plus  tard ,  par  la  pl*e- 
mière  de  ces  villes. 

(Voir»  sur  ce  point,  une  notice  de  M.  Lepingahd,  dans  le  3**  vo- 
lume des  Mémoiret  de  la  Société  ArehMogiqw  de  SairU-LOj  p.  3t 
et  suivantes.) 

Mais,  ce  qu'il  y  a  de  bien  plus  important  à  signaler,  ^^^^^^u 
c'est  que,  désormais,  nous  voyons  disparaître,  dans  la 
constitution  nouvelle,  l'ancienne  subdivision  de  chaque 
département  en  districts ,  désormais  radicalement  sup- 
primés^ sans  doute  en  souvenir  des  excès  terroristes  que 
la  loi  du  14  frimaire  an  II  avait  jadis  autorisé,  et  encou- 
ragé, leurs  administrations  respectives,  à  y  commettre 
contre  les  prétendus  contre-révolutionnaires  de  leurs  res- 
sorts individuels. 

Quant  aux  cantons,  ils  étaient  maintenus,  et  même, 
comme  nous  le  verrons  bientôt,  avec  un  accroissement 
considérable  de  leur  vie  politique  primitive  aux  dépens  de 
l'institution  communale;  du  reste  forcément,  elle  aussi, 
conservée  du  moins  en  principe  malgré  tous  les  abus  qui 
s'y  étaient  aussi  glissés  jadis  pendant  la  crise  terro- 
riste. 

Cantons  et  communes  gardant,  d'ailleurs,  géogra- 
phiquement^  dans  la  Manche  en  particulier,  la  même 
étendue  respective  que  jadis  ou  du  moins  que  dans  le 
dernier  état  de  choses  à  cet  égard. 

Cela  posé,  le  nouveau  système  électoral  va  s'expliquer ,,  ,.^    . 

Y  ^  ^   ^       Modifications 

sans  peine.  du  système 

La  première  base  en  sera  toujours  les  Assemblées    électoral. 
piRMAiREs  :  une  par  canton,  composée  de  tous  les  ci- 
toyens, sans  condition  de  cens ,  y  domiciliés  depuis  plus 

d'un  an. 

23 


—  354  — 

Et  Ton  conservera  encore,  pour  le  choix  des  fonction- 
naires les  plas  importants,  fait  au  nom  d'un  départe- 
ment, le  vote,  an  second  degré,  de  la  part  d'électeurs 
formant  le  Corps  électoral  de  celui-ci. 

Cette  assemblée  secondaire  —  qui  n'est  plus,  du 
reste,  naturellement,  comme  jadis,  composée  de  la  réu- 
nion des  divers  corps  électoraux  des  districts  de  ce  dé- 
partement— est,  comme  par  le  passé,  composée  de  délé- 
gués des  assemblées  primaires  sus  dites  des  cantons  y 
situés,  mais  uniquement  pris  parmi  les  citoyens  âgés  de 
vingt-cinq  ans,  et  ayant,  de  plus,  un  certain  revenu. 

C'était  elle,  qui,  entre  autres  attributions,  nommait 
les  députés  du  département,  tant  au  conseil  des  Cinq- 
Cents  qu'à  celui  des  Anciens. 

C'est  donc  elle  qui,  dans  la  Manche,  fournit  le  pre- 
mier contingent  de  la  contrée  au  nouveau  Corps  légis- 
latif. 

Nous  le  ferons  ultérieurement  connaître,  en  signa- 
lant ceux  de  ses  membres  ayant  jadis  fait  partie  de  la 
Convention,  et  la  répartition  alors  faite,  de  son  en- 
semble, entre  les  deux  assemblées  législatives  nou- 
velles. 

C'est  le  4  brumaire  an  IV  que  le  nouveau  Corps 
législatif  s'installa,  et  que  le  gouvernement  directorial, 
— de  suite  organisé  matériellement  à  son  étage  supérieur, 
par  la  répartition  intérieure,  des  députés  nouveaux, 
entre  leurs  deux  chambres,  et  ensuite  l'élection,  par 
eux,  des  cinq  premiers  directeurs  (Voit  le  Moniteur  du  dit 
jour)  —  vint  remplacer  la  Convention,  qui,  ce  jour-li 
même,  venait  de  clore  définitivement  ses  séances. 

A  ce  moment-là,  aucun  serment  spécial  n'était  encore 
imposé  légalement  aux  dits  députés.  Ils  n'eurent  donc 
pas  à  en  prêter  en  prenant  possession  de  leurs  sièges. 


—  355  — 

Mais^  sur  ce  point,  les  choses  ne  tardèrent  pas  ^  se  ^^ 
modifier.  Car,  le  23  nivô$e  an  IF,  sur  la  motion  et  par  de  haine  à  la 
le  YOte  des  nombreux  ex-conventionnels  qu'ils  comptaient  '^^*****- 
alors  forcément  parmi  eux  et  qui  voulaient,  à  ce  moyen 
encore,  chercher  à  perpétuer  l'ancienne  domination  de 
leur  parti,  une  loi  vint,  en  établissant,  ou  plutôt  en  ré- 
tablissant à  nouveau  —  par  réitération,  à  cet  égard,  de 
celle  du  iS  floréal  an  II  —  la  fête  civique  en  anniver- 
saire joyeux  du  21  janvier,  les  obliger  tous  à  y  figurer 
officiellement,  et  à  y  jurer  solennellement  haine  étemelle 
à  la  Royauté.  Serment  que,  du  reste,  un  décret  ultérieur, 
du  1 9  ventôse  anIV,  devait  bientôt  imposer  aussi,  à  peine 
de  destitution  et  même  de  déportation  en  cas  de  non  dé- 
mission immédiate,  à  tous  les  fonctionnaires  publics  de 
Tordre  administratif  ou  judiciaire,  non-seulement  dans 
la  même  circonstance,  se  renouvelant  d'ailleurs  annuelle- 
ment (Voir  à  ce  sujet,  pour  Co\Uance$t  Dotamment  le  procès-wrbal 
municipal  de  la  fête  du  1*'  pluviôse  an  IV),  mais  encore  avant, 

d'entrer  en  exercice  de  leurs  postes  respectifs  ;  en  atten- 
dant qu'un  autre  décret,  du  1 9  fructidor  an  F,  rendu  en 
conséquence  du  coup  d'état  directorial,  jacobin,  de  .la 
veille,  et  sur  lequel  nous  aurons  à  revenir,  étendit  la 
même  formalité  à  bien  d'autres  individus  et  jusqu'aux 
simples  membres  des  assemblées  tant  électorales  que 
primaires. 

C'était,  comme  nous  le  savons,  en  Tan  V,  que  devait 
sortir,  du  nouveau  Corps  législatif,  le  premier  tiers  de 
celui-ci ,  composé  forcément ,  d'après  le  décret  de  la 
Convention  à  cet  égard  cité,  de  la  moitié  des  membres  de 
celle-ci  dont  elle  s'y  était  ménagé  le  maintien.  Et  c'est, 
effectivement,  ce  qui  eut  lieu. 

Il  fallait  le  remplacer;  sans  que,  d'ailleurs,  les  élec- 
teurs fussent,  désormais,  obligés  de  choisir  des  membres 
de  la  dernière  assemblée. 

On  vota  donc,  à  cette^fin,  dans  les  divers  départements, 


-  356  - 

et  notamment  dans  la  Manche,  dont  nous  indiquerons 
plus  tard  le  contingent  partiel  y  fourni  dans  cette  occa- 
sion.    * 

Mais,  comme  on  pouvait  s'y  attendre,  le  nouveau  tiers 
ainsi  élu  était,  en  grande  partie^  composé  de  rétrogrades, 
qui,  une  fois  introduits  dans  les  deux  conseils,  et  surtout 
dans  celui  des  Cinq-Cents,  ne  tardèrent  pas,  en  se  coa- 
lisant avec  les  non-conventionnels  nommés  dès  le  début 
du  Directoire,  à  battre  complètement  en  brèche,  —  à 
Taide  d'une  majorité  ainsi  toute  trouvée^  et  des  décisions 
législatives  qu'ils  lui  faisaient  à  volonté  prendre —  tant 
le  Conseil  des  Anciens,  que,  surtout,  le  pouvoir  exécutif 
lui-même,  où,  malgré  les  partisans  qu'y  avaient  les  pre- 
miers, les  opinions  avancées,  et  en  tout  cas  sincèrement 
républicaines,  continuaient  àdominer. 

Désormais,  pour  ce  dernier  principalement,  dont 
toutes  les  vues,  ou  actives  ou  prohibitives,  se  trouvaient 
ainsi  systématiquement  contrecarrées  par  un  parti  oppo- 
sant, qui,  tout  en  se  disant  toujours  gouvernemental, 
n'était  au  fond,  en  grande  partie  du  moins,  qu'un  roya- 
lisme déguisé,  la  situation  n'était  plus  tenable,  et  il 
fallait,  à  tout  prix,  en  sortir,  du  moment  oii  l'on  tenait 
à  conserver  les  rênes  de  l'Etat. 
Goap  d'état      C'est  ce  qu'il  comprit,  et,  comme  il  ne  trouvait  pas,  à 
18  fructidor  ^^  ™^'  devenu  déjà  chronique  en  attendant  qu'il  devint 
^  V.      mortel,  de  remèdes  légaux,  il  n'hésita  pas  à  recourir  au 
moyen  arbitraire  et  violent  d'un  véritable  coup  (téiat, 
opéré,  le  18  fructidor  an  V,  à  l'aide  de  la  force  armée; 
qui,  se  saisissant  des  principaux  députés  de  la  faction 
anti-républicaine,  et  ne  laissant  plus  ainsi  siéger  que  les 
amis  plus  ou  moins  prononcés  du  directoire  exécutif, 
vint  enfin  débarrasser  matériellement  celui-ci  d'agres- 
seurs continuels  qui  depuis  longtemps  le  mettaient 
journellement  à  l'agonie. 
Mais  il  fallait  y  à  présent,  régulariser  la  nouvelle 


I 

j 


—  3B7  — 

situation  légale  résultant  de  ce  grave  événement,  et,  en 
même  temps,  prévenir  désormais  la  réitération  de  dan- 
gers semblables  à  ceux  qui  l'avaient  rendu  nécessaire. 

C'est  ce  qui  fut  fait,  le  lendemain  même,  au  moyen 
d'une  loi  rendue  par  les  membres  du  Corps  législatif 
non  compris  dans  l'exécution  de  la  veille,  et  destinés  à 
en  continuer  seuls,  provisoirement,  toutes  les  anciennes 
fonctions  délibératives. 

D'après  ce  décret,  à  jamais  fameux,  qui  commençait 
par  condamner  à  la  déportation  une  soixantaine  des 
conspirateurs  royalistes,  dont  cinquante  environ  — 
parmi  lesquels,  du  reste,  il  n'y  en  avait  aucun  de  notre 
département,  —  appartenaient  jadis  aux  deux  assem- 
blées ainsi  épurées,  et  par  ratifier  ainsi  le  coup  d'état 
de  la  veille,  celui-ci  recevait,  Qntre  autres  dispositions, 
toute  sa  portée,  à  la  fois  effective  et  légale,  par  Yannvr 
lation,  sous  prétexte  d'influences  royalistes  y  ayant  jadis 
présidé,  de  toutes  les  opérations  électorales  effectuées, 
au  commencement  de  la  dite  année,  dans  une  quaran- 
taine de  départements  delà  République. 

De  cette  façon  on  se  débarrassait  définitivement,  non- 
seulement  du  nouveau  tiers,  presque  entier,  amené  dans 
le  Corps  législatif  par  les  dites  élections,  mais,  en  outre, 
de  tous  les  autres  fonctionnaires  départementaux  qui, 
promus  par  elles,  paraissaient  présenter  la  même  cou- 
leur politique  et,  par  suite,  susceptibles,  eux  aussi, 
d'entraver  la  marche  future,  et  que  l'on  voulait  désor- 
mais sans  obstacle^  du  char,  trop  longtemps  embourbé, 
du  Directoire  exécutif. 

Le  département  de  la  Manche,  entre  autres,  fut  com- 
pris dans  ce  balayage  législatif,  dont  nous  n'aurons  pas, 
du  reste,  besoin  d'indiquer  plus  loin  spécialement  les 
victimes,  puisque  leurs  noms  seront  identiques  à  ceux 
des  élus  locaux  de  l'an  Y. 

Du  reste,  celles-ci,  comme  toutes  celles  analogues 


—  358  — 

d'autres  parties  de  la  France,  ne  devaient  pas  être  de 
suite  remplacées.  On  renvoyait,  sur  ce  point,  aux  élec- 
tions de  Tan  VI,  c'est-à-dire  à  quatre  mois  de  là  en- 
viron. 

Le  résultat  de  ces  dernières  fut,  notamment  en  ce  qui- 
regarde  les  députés ,  naturellement  tout  différent  de 
celui  de  Tannée  précédente.  £t  ce  furent,  cette  fois,  con- 
trairement à  cequi  fût  certainement  arrivé  sans  le  4  8  fruc- 
tidor, tous,  ou  presque  tous ,  des  républicains ,  même 
avancés ,  qui  y  furent  partout  choisis  notamment  pour 
remplacer  la  dernière  moitié,  alors  sortante,  des  ex-con- 
ventionnels de  l'an  IV. 

Mais,  précisément,  en  agissant  ainsi,  les  votants,  qui 
pensaient  avoir  favorisé  les  vues  du  Directoire,  dépas- 
saient la  mesure  de  celles-ci,  et  venaient  l'effrayer,  en 
sens  inverse  de  leurs  opérations  de  Tannée  précédente» 
par  Tarrivée  prochaine,  au  Corps  législatifs  sans  lequel 
il  ne  pouvait,  un  seul  instant,  marcher  —  d'une  masse 
considérable  d'exaltés  Jacobins,  qui  ne  manqueraient 
pas,  à  leur  tour,  de  Tentraver,  à  chaque  pas,  de  leur 
intraitable  purisme  sinon  de  leurs  motions  incen- 
diaires. 

De  là  la  nécessité,  pour  le  pouvoir  exécutif  ainsi  nou- 
vellement menacé,  d'assurer  encore  une  fois  son  exis- 
tence précaire^  au  moyen  d'une  mesure,  qui,  sans  mé- 
riter d'être  comparée  au  coup  d'état  sus  dit,  n'en  était 
pas  moins  une  violation  nouvelle  de  la  Constitution 
même  à  laquelle  le  premier  devait,  en  définitive,  toute 
son  autorité. 
Il  s'agit  ici  de  Y  annulation,  du  moins  indirecte,  pro- 
du^iS  floréal  noncée,  le  22  floréal  de  la  dite  année,  par  les  membres 
*"  ^*'      alors  restant  du  Corps  législatif,—-  à  ce  conviés  puis 
entraînés  par  le  gouvernement  proprement  dit,  —  de  la 
plupart  des  dites  élections,  m  bloc,  et  sans  discussion 
individuelle  de  celles  à  cet  égard  signalées  par  celui-ci  ; 


—  359  — 

qni  ne  fournissait,  d'ailleurs,  en  ce  qui  les  concernait, 
du  moins  en  général,  aucun  grief  spécial  pouvant  en 
entraîner  légalement  la  nullité  dans  des  conditions  ordi- 
naires. 

(Voir,  à  cet  égard,  au  Moniteur ,  les  séances  du  conseil  des  Ctn^- 
Cmiêt  des  17,  18  et  19  floréal  an  VI .  ) 

Le  département  de  la  Hanche  devait,  cette  fois, 
échapper  à  Tostracisme,  du  moins  dans  la  loi  sus  dite 
telle  qu'elle  fut  rédigée  en  définitive;  mais  après  l'avoir, 
dans  le  projet  de  celui-ci,  vu  atteindre  également  un  de 
ses  nouveaux  élus  au  Corps  législatif  (Gttesdon) ,  qui , 
sans  doute  n'y  échappa  que  grâce  à  l'intervention  alors, 
en  sa  faveur,  d'un  de  ses  compatriotes  (Bourstn)  déjà 
députée  celui-ci. 

Nous  ferons,  du  reste,  également,  plus  tard,  con- 
naître quel  fut,  dans  son  ensemble,  le  personnel,  ainsi 
péniblement  ratifié,  alors  à  lui  fourni  par  notre  contrée. 

Et,  de  même,  celui  que,  pour  la  dernière  fois,  lui 
procurèrent,  de  celle-ci ,  les  élections  de  l'an  VII;  qui, 
du  reste,  ne  présentèrent,  elles,  aucun  incident  poli- 
tique, et  furent,  bien  que  décidément  républicaines 
comme  les  dernières ,  universellement  ratifiées  en  sui- 
vant le  mode  normal  de  la  vérification  individuelle  des 
pouvoirs  des  nouveaux  promus. 


A  présent  que  nous  en  avons  ainsi  fini  de  l'oi^anisation 
centrale  et  principale  du  nouveau  gouvernement  répu- 
blicain, voyons  celle  qui  lui  avait  été  ensuite  donnée 
dans  chaque  département  et  en  particulier  dans  le 
nôtre 

Là  on  conserve,  naturellement,  une  Administration  Administra- 
locale  supérieure,  —  dite  désormais  centralb  de  dépar-  ^'^?^ 
TBMENT,  —  chargée  de  gérer  les  intérêts  collectifs  de  la       taie. 


—  360  — 

circonscription  tout  entière,  et  de  surveiller,  à  cette 
occasion,  les  agissements  des  autorités  administratives 
subalternes. 

Elleest  toujourscomposée  de  plusieurs  membres  d*nne 
même  corporation;  mais  ceux-ci  ne  sont  plus  qu'au 
nombre  de  cinq ,  et,  par  suite,  il  n*est  plus  question  de 
l'ancienne  division  de  leur  composition  :  en  directoire  et 
en  conseil  général  du  département. 

Us  sont,  du  reste,  comme  on  doit  s'y  attendre,  choisis 
par  les  électeurs  réunis  de  celui-ci  ;  et  ils  le  sont  pour 
ci/nq  ans  eh  principe,  refnouvelables  par  cinquième  Ums 
les  ans. 

Auprès  d'eux  le  gouvernement  doit,  d'ailleurs,  lui- 
même  nommer  un  fonctionnaire  spécial ,  analogue  aux 
anciens  agents  nationaux  de  districts,  et  qui,  sons  le 
nom  de  Commissaire  du  directoire  exécutif^  doit  sur- 
veiller et  faire  exécuter  leurs  délibérations,  o(^  il  n'a 
pas,  bien  entendu,  le  droit  de  voter. 

C'est  conformément  à  ces  règles  constitutionnelles 
que  fut  composé,  en  particulier  pour  la  Manche,  le  pou- 
voir personnel  de  sa  nouvelle  administration  départe- 
mentale, sorti  notamment  des  élections  qui  y  avaient, 
à  cet  effet,  eu  lieu  le  26  vendémiaire  an  IV,  et  que,  sur 
les  registres  de  celle-ci,  nous  voyons  s'installer  le  5  bru- 
maire suivant. 

Nous  aurons  soin  de  le  faire  ultérieurement  con- 
naître, ainsi  que  les  modifications  qu*il  eut  à  subir  par 
la  suite  jusqu'à  la  fin  de  son  existence,  qui  se  clôt,  sur 
les  dits  registres,  k  la  date  du  i^  germinal  an  VIII, 
pour  faire  place  à  une  nouvelle  institution  dont^  nous 
parlerons  en  son  lieu. 

Ces  modifications,  sauf  les  conséquences  momenta- 
nées de  la  loi  du  1 9  fructidor  an  V,  seront,  au  surplus, 
le  résultat  des  règles  mêmes  de  sa  composition  normale, 
sans  que  Ton  ait  à  y  voir  désormais  en  rien,  comme 


—  361  — 

dans  la  précédente  période,  riotervention  arbitraire  de 
représentants  en  mission;  qui,  dans  celle-ci,  ne  se 
rencontrent  plus  ou  du  moins  ne  s'y  occupent  jamais 
d'opérations  de  ce  genre. 

C'est  ce  dont  on  se  convaincra ,  notamment  pour  la 
Manche,  en  parcourant  les  registres  sus  dits;  qui  se 
trouvent  naturellement  aux  Archives  départementales ^ 
où,  pour  les  délibérations  proprement  dites  de  l'admi- 
nistration dont  s'agit,  ils  forment  une  colletion  de  cinq 
volumes  in-folio. 

Maintenant  celle-ci  avait  forcément,  sous  elle,  des  su- 
bordonnées. Quelles  étaient-elles? 

C'est  ici  que  la  différence ,  du  nouveau  système  avec 
l'ancien,  va  devenir  particulièrement  marquée. 

En  effet,  d'abord,  il  ne  faut  plus  parler,  à  présent,  ^ 

j*  j       '  L  .'       j    j-  .  •  .        •  »       *     *  Suppression 

a  admvnxstratums  de  district;  puisque  ceux-ci  n  existent  des  odminif- 
plus  politiquement.  dTSu^îr. 

Mais ,  en  revanche,  nous  voyons  désormais  surgir,  à 
ce  même  point  de  vue,  une  création  nouvelle,  s'ap- 
puyant  d'ailleurs  sur  une  division  politique  qui  remonte, 
géographiquement  et  sous  d'autres  rapports,  aux  pre- 
miers temps  de  la  Révolution. 

Nous  voulons  parler  d'administrations  carUonaUs,  Administra- 
destinées  à  remplacer  dorénavant,  du  moins  en  général,  munlc^ales 
—  en  les  fusionnant  dans  leur  nature  mixte  et  pour  ainsi   àe  canton, 
dire  amphibie,  -*-  tant  celles,  supérieures,  des  districts^ 
à  présent  disparus  complètement,  que  celles,  inférieures, 
des  diverses  communes,  qui,  elles  aussi,  ne  sont  plus  que 
fort  incomplètement  conservées  et  n'existent  plus  guère, 
dans  la  constitution  nouvelle,  que  comme  fragments  in- 
tégrants du  canton  dont  elles  dépendent 

On  les  appelle,  au  moment  od  on  les  crée,  Adminis- 
trations MUNICIPALES  DE  CANTON. 

Elles  sont,  comme  on  le  devine,  chaînées  de  gérer  dé- 


—  362  — 

sormais  et  d'aae  façon  collective,  tous  les  intérêts,  soit 
réunis  et  solidaires,  soit  individuels  et  isolés,  des  di- 
verses communes  comprises  dans  la  dite  circonscrip- 
tion et  qui,  existant  encore  géographiquement,  n'ont  plus 
de  municipalités  spéciales  à  chacune  d'elles. 

Ce  qu'elles  ont  seulement,  désormais,  de  personnel 
administratif  qui  leur  soit  propre,  c'est  ce  qu'on  appelle 
un  Agent  municipal,  avec  un  Adjoint,  nommés  par  les 
membres  des  assemblées  primaires  appartenant  à  leurs 
localités  respectives. 

Le  premier  de  ces  fonctionnaires  —  dont  le  second 
n'est  que  le  suppléant  —  reste,  dans  sa  commune , 
chargé  d'y  tenir,  pour  celle-ci  seule,  les  actes  de  Tétat 
civil  ;  et  encore,  à  partir  de  la  loi  du  4  3  fructidor  an  VI 
•—  qui  ordonne,  pour  donner  plus  de  solennité  et  d'at- 
trait à  la  décade  expirante,  la  célébration,  au  milieu 
des  cérémonies  de  celle-ci,  rendue  par  elle  obligatoire 
au  lieu  central  de  la  réunion  des  citoyens  de  chaque 
canton,  des  mariages  à  effectuer  entre  ces  derniers,  — 
y  eut-il ,  pour  ces  sortes  d'actes ,  désormais  un  registre 
colleclif  2LIX  dit  canton;  dont  on  pourra  trouver ,  en  ce 
qui  concerne  celui  de  Coutances,  un  échantillon  dM  greffe 
de  celte  ville. 

Mais  il  n'a  pas  autre  chose  à  y  faire;  et  le  reste  de 
son  mandat  n'est  plus  que  de  concourir,  collectivement 
avec  ses  collègues  des  autres  communes  de  la  circons- 
cription cantonale,  à  la  composition  de  l'administration, 
dite  municipale,  de  celui-ci. 

Ce  sont,  effectivement,  eux  tous  qui  la  constituent, 
sous  la  présidence  d'un  personnage  spécial,  pris  en 
dehors  d'eux,  et  élu,  à  cette  fin,  par  l'assemblée  p  ri- 
maire,  intégrale,  de  toute  la  circonscription. 

Ils  sont  d'ailleurs,  dans  leur  ensemble,  nommés 
pour  deux  ansy  et  renouvelables  par  moitié  tous  les  ans. 

Ainsi  donc,  pendant  la  période  en  question,  il  ne  faut 


—  363  — 

plus,  en  général^  chercher^  sur  les  registres  mtmicipatix 
de  chaque  commune,  de  délibérations  proprement  dites; 
puisqu'il  n*y  a  plus,  chez  elle ,  d'administration  spéciale 
qui  en  émette.  Et  c'est  désormais  au  lieu  de  la  réunion 
de  l'administration  municipale  du  canton  —  en  général 
au  centre  ordinaire  de  celui-ci  —  qu'il  faudrait  cher- 
cher, sur  les  livres  collectifs  qui  y  auraient  été  à  ce 
tenus,  les  résolutions,  émanées  à  présent  exclusivement 
de  cell&-ci,  qui  concerneraient  telle  ou  telle  localité  de 
son  ressort  administratif  total. 

C'est  ainsi ,  notamment,  qu'il  faudrait  en  agir  pour  le 
canton  de  Coutances;  dont  les  réunions  administratives 
avaient  lieu  en  la  dite  ville,  ancienne  église  des  Capucins 
(halle  au  blé  actuelle);  sans  que  nous  ayons ,  toutefois^ 
pu  découvrir  les  registres  constatant  leurs  délibérations 
officielles. 

Telle  était  la  règle  générale. 

Toutefois ,  à  celle-ci ,  il  y  avait  une  exception  relati- 
vement assez  fréquente. 

En  effet,  toute  commune  d'une  population  svférieure  Administra- 
â  cinq  mille  habitants  avait  droit  de  conserver  une  Mu-       tions 

.  ,     ,,  ,  •  ui        •     municipales 

ificiPALiTE  PROPRE,  composée  d  un  nombre,  variable  sut-  decommunes 
vaut  la  population  (à  CoiUances  il  devait,  à  ce  compte,     ^?''*"*... 
y  en  avoir  cing),  à* officiers  municipaux ,  élus  et  renou-      âmes, 
velables  dans  les  mêmes  conditions  que  celles  ci-dessus 
indiquées  à  propos  des  administrations  cantonales,  et  se 
choisissant,  entre  eux,  un  président  pris  parmi  eux- 
mêmes. 

Tel  était,  précisément^  le  cas  de  Coutances^  dont  les 
registres  communaux  de  délibérations  à  lui  propres,  se 
continuent  effectivement  pendant  la  dite  période,  pour  y 
consigner  celles  desa  nouvelleadministration  municipale; 
qui,  en  fait  de  local,  profita,  du  départ  de  l'administra- 
tion départementale  à  Sainl-Lo,  pour  aller  établir  ses 


—  364  — 

séances  dans  celui  de  l'ancien  évéché  occapé  naguère  par 
celle-cî . 

Du  reste,  qu'il  s'agisse  de  municipalité  de  canton  ou 
de  communes  de  plus  de  cinq  mille  habitants ,  on  n'y 
trouve  plus  —  davantage  que  dans  la  diie  administra- 
tion centrale,  — l'ancienne  distinction  —  désormais  sup- 
primée sans  doute  à  cause  de  sa  complication  —  entre 
le  corps  gérant  proprement  dit  et  le  conseil  général  de  la 
circonscription. 

Seulement  on  y  rencontrera,  à  la  place  de  l'ancien 
procureur  de  la  commune,  ou  agent  national  de  celle-ci, 
—  comme  auprès  de  l'administration  départementale 
elle-même  —  un  commissaire  du  directoire  exécîUif, 
chargé  d'y  exercer,  par  ses  réquisitions  et  autres  démar- 
ches, des  fonctions  analogues  à  celles  déjà  signalées  en 
ce  qui  concerne  cette  dernière. 

Nous  donnerons  également,  plus  loin,  des  noms  de 
membres  divers  du  personnel  de  ces  nouvelles  institu- 
tions municipales.  Mais  nous  devrons,  à  cet  égard, 
forcément  nous  borner  à  la  composition  ^  distincte,  du 
reste,  d'après  ce  que  nous  avons  constaté  plus  haut,  — 
de  l'administration  :  du  canton  rural,  et  de  la  com- 
mune spéciale,  de  CoiUances  ;  cette  dernière,  située  au 
milieu  même  du  premier. 

Tels  sont  les  principaux  traits  de  l'organisation  ad- 
ministrative nouvelle  ;  surtout  en  ce  qui  concerne  les 
pouvoirs  locaux  des  divers  degrés  hiérarchiques  y 
reconnus  désormais. 


Signalons,  maintenant,  accessoirement  à  cette  pre- 
mière donnée  capitale  en  ce  sujet ,  quelques  autres 
innovations  secondaires  appartenant  au  même  système, 
ou  du  moius  à  la  même  période  historique. 


—  366  — 

Et  d'abord,  en  matière  Financière  : 

La  suppression,  du  moins  en  droit  et  en  général, 
sauf  des  exceptions  de  fait,  —  par  suite  directe  de  celle 
des  districts  dans  les  divers  départements  —  des  rece- 
veurs de  district]  dont  les  anciennes  fonctions  —  con- 
sistant notamment  dans  la  centralisation,  au  premier 
degré ,  des  produits  communaux  des  contributions  di- 
rectes—  vont  désormais  passer  dans  les  seules  mains 
d'un  fonctionnaire  nouveau  créé  par  la  Constitution  du 
5  fructidor  an  III  et  par  elle  placé,  dans  chaque  dépar- 
tement, au  chef-lieu  même  de  celui-ci. 

Nous  voulons  parler  du  Receveur  général  des  Receveangé- 
FINANCES,  par  elle  y  institué,  et  qui,  nommé  directement  ^^  finances, 
par  le  pouvoir  exécutif,  devra  désormais  réunir,  dans  sa 
caisse  exclusive,  pour  les  transmettre  ensuite  à  la  tréso- 
rerie centrale ,  les  versements  de  tous  les  percepteurs 
communaux  de  sa  vaste  circonscription. 

Quant  à  ceux-ci^  ce  sont  toujours,  comme  dans  la 
période  précédente,  de  simples  adjudicataires  au  rabais 
de  la  recette  des  impôts  de  leur  localité  et  quelquefois 
de  plusieurs  surtout  depuis  la  fusion  constitutionnelle  de 
la  plupart  des  administrations  communales  en  admi- 
nistrations cantonales.  (Voir  loi  du  29  frimaire  an  IV, 
supposant,  et  même  prescrivant,  la  continuation  de  cet 
ancien  système.)  Et  ce  ne  sera  que  bien  plus  tard,  et 
seulement  dans  la  période  suivante  (le  5  ventôse  an  XII)^ 
que  la  dite  charge  deviendra  enfin  une  fonction  publique 
véritable  d'une  durée  indéfinie  et  à  traitement  fixe. 

Pas  plus ,  du  reste ,  que  les  anciens  receveurs  de 
district,  '  le  receveur  général  nouveau  n'aura  à  toucher 
le  prix  des  biens  d'émigré;  dont  les  aliénations  passées 
sont  loin  d'être  acquittées,  et  dont  les  ventes  nationales 
vonty  d'ailleurs,  se  continuer  à  l'avenir  pendant  toute  la 
présente  période,  avec  cette  seule  différence,  que,  désor- 


—  366  — 

mais,  au  liea  d'avoir  lieu,  comme  jadis,  devant  les 
administrations  de  district  elles  vont  maintenant  se  faire 
devant  celle  de  département  aussi  à  cet  égard  entière- 
ment substituée  à  celles-ci  (Voir  loi  du  16  brumaire 
an  F,) 

Ce  prix,  c'est  toujours  la  Régie  spéciale  de  VEnregis- 
trement  qui  le  recevra  par  ses  proposés  des  domaines, 
dont  il  y  aura  toujours  plusieurs  bureaux  dans  chaque 
département. 

Ensuite,  en  ce  qui  regarde  V Instruction  publique  : 

Diverses  tentatives  légales  sérieusement  faites  pour 
relever  celle-ci,  —  que  la  Constittuion  de  /'an  2// déclarait 
prendre  sur  sa  protection  spéciale,  —  de  l'étal  déplorable 
où  elle  était  alors,  comme  nous  le  savons,  tombée. 
Ecole»  D'une  part,  pour  l'enseignement  primaire,  —  déjà  si 

primaires,  souvent  remanié,  sans  résultat  satisfaisant,  par  la  Révo- 
lution, —  une  nouvelle  loi ,  du  3  brumaire  an  IV,  en 
essayant  derechef  la  réorganisation ,  au  point  de  vue 
surtout  de  l'application  prochaine  du  nouveau  système 
administratif;  et  décrétant,  à  cette  occasion,  l'ouverture 
d'écoles  de  ce  genre  dans  tous  les  cantons  de  chaque  dé- 
partement, avec  instituteurs,  reçus  par  un  jury  spécial 
d'examen,  nommés  directement  par  l'administration 
supérieure  de  la  contrée,  et  payés  notamment  par  une 
taxe  fixe  sur  les  divers  enfants  qui  fréquenteront  leurs 
cours.  Cours  qui,  du  reste,  —  en  outre  de  tout  ce  que 
de  pareilles  dispositions  innovaient  déjà  à  l'état  de 
choses  antérieur,  —  n'avaient,  pas  plus  qu'aucuns 
autres,  d'ailleurs,  désormais  rien  de  forcé  pour  les  pa- 
rents; complètement  rendus  libres,  d'envoyer  leur  pro- 
géniture s'instruire  ailleurs,  dans  des  maisons  d'éduca- 
tion privées,  que  la  Constitution  sus  dite  permettait  au 
premier  venu  d'ouvrir  à  cet  égard  (voir  aussi,  sur  ce 


Ecoles 


—  367  — 

point,  la  loi  da  27  pluviôse  an  VI),  et  même  de  ne  pas 
les  faire  instruire  du  tout,  s'ils  le  jugeaient  à  propos. 

D'autre  part,  et  surtout ,  pour  l'enseignement  secon- 
daire — si  complètement  anéanti  dans  la  période  précé- 
dente, et  qu'il  fallait  bien,  à  tout  prix,  sous  peine  de 
perdre  le  rang  de  nation  civilisée,  essayer  de  ressusciter 
enfin  —  la  création  des  fameuses  Ecoles  centrales  si 
connues  de  nom  et  qui  le  sont  si  peu  de  fait. 

Déjà  une  loi  du  6  vewldse  an  III  les  mentionnait,  et 
même  les  décrétait  théoriquement  —  en  supprimant  centrales, 
cumula tivement  les  anciens  collèges^  jusque-là  fictive- 
ment maintenus,  même  avec  supposition  de  traitement 
de  leurs  régents  par  l'Etat,  mais,  en  fait,  tous  abandon- 
nés, de  leurs  maîtres  comme  de  leurs  élèves,  à  la  suite 
deTborrible  tourmente  politique  de  naguère,  et  que  l'on 
pouvait,  depuis  longtemps  déjà,  considérer  comme 
n'existant  plus  dans  le  pays;  qui,  du  reste,  les  avait, 
comme  nous  le  savons,  dès  le  début  de  la  Révolution, 
privés  des  ressources  séculaires  auxquelles  ils  avaient 
en  grande  partie  dû  leurs  succès  antérieurs. 

Mais  ce  fut  celle  du  3  brumaire  an  IV,  déjà  citée,  qui 
les  organisa  réellement. 

Il  devait  y  en  avoir,  en  général ,  une  par  départe- 
ment. 

Elle  devait  s'y  composer  d'un  nombre  plus  ou  moins 
grand  de  professeurs,  chargés  d'y  enseigner  à  peu  près 
le  programme  de  nos  lycées  actuels,  aux  élèves  inscrits 
à  leurs  cours  (non  ouverts  au  public  en  général),  et  re- 
partis d'ailleurs,  selon  leur  âge,  en  trois  sections  qu'ils 
avaient  à  parcourir  successivement  pour  le  parachève- 
ment de  leur  instruction  dans  le  dit  établissement. 

Elle  devait,  en  outre,  non-seulement  être  installée 
dans  un  local  convenable,  mais,  de  plus,  être  pourvue 
de  tout  le  matériel  scientifique  nécessaire  aux  démons- 
trations y  faites ,  et  notamment  d'une  bibliothèque  pu- 


—  368  -• 

bliqae  ;  pour  la  composition  de  laquelle  on  devait  mettre 
à  contribution ,  non-seulement  les  livres  et  documents 
nationaux  du  lieu  de  sa  situation ,  provepus  la  plupart 
de  récentes  confiscations  révolutionnaires,  mais  encore 
les  richesses  analogues  qui  se  trouvaient  en  grand 
nombre  dans  d'autres  dépôtsdu  même  département. 

Un  crédit  départemental  spécial  devait,  d'ailleurs^ 
pourvoir,  aux  frais  de  première  fondation  de  ces  sortes 
de  Lycées  départementaux ,  dépourvus  du  reste  d'in- 
ternes; et  aussi  aux  dépenses  annuelles  par  eux  néces- 
sités, notamment  au  traitement  fixe  de  leurs  régents  — 
dont  le  choix  devait  être  fait  par  l'administration  dépar- 
tementale après  examen  préalable  des  postulants  par  un 
jury  d'instruction  à  ce  convoqué. 

Le  département  de  la  Hanche  dut ,  naturellement,  en 
recevoir  un  de  ce  genre  ;^  qui  fut,  en  vertu  d'un  décret  du 
même  jour,  3  brumaire  an  /F,  mais  distinct  du  précé- 
dent, fixé,  non  à  son  nouveau  chef-lieu  administratif,  ni 
même  à  l'ancien,  mais  bien  à  Avranches,  pour  indemni- 
ser sans  doute,  cette  ville,  de  la  récente  privation  de  son 
évêch^ d'autrefois,  et  satisfaire  enfin,  de  la  sorte,  aux 
plaintes  amères  qu'elle  en  avait  vainement  adressées 
dans  le  temps. 

Il  fallut,  naturellement,  quelque  temps  pour  y  prépa- 
rer, avec  accessoires  y  relatifs,  le  local  à  ce  destiné,  et, 
du  reste,  dès  le  début  tout  trouvé,  à  savoir  :  le  bâtiment 
de  l'ancien  collège  de  la  ville^  qui  est  aussi  celui  de  son 
collège  actuel. 

Aussi  ne  put-on  y  ouvrir  le  nouvel  établissement  en 
question ,  que  le  20  vendémiaire  an  Y,  oit  il  fut,  du 
reste,  inauguré  avec  une  solennité  tout  exceptionnelle, 
dont  rend  longuement  compte  un  procès-wrbal  ad  hoc , 
imprimé  sur-le-champ ,  et  dont  plusieurs  exemplaires  se 
trouvent  aux  Archvotz  de  la  Manche. 

On  trouvera  également,  là,  une  foule  de  pièces  ma- 


—  369  — 

Duscrites  concernant  le  dit  établissement;  qui  sabsista 
jasqa'en  Tan  XI,  où  il  dut  se  dissoudre  en  vertu  d'une 
loi,  du  1 0  floréal  an  X^  supprimant  désormais  tous  ceux 
de  ce  genre. 

C'est-  notamment  à  leur  aide  que  nous  donnerons, 
plus  loin,  le  personnel  enseignant,  de  celui  dont  s'agit, 
avec  le  genre  du  cours  professé  par  chacun  de  ses  mem- 
bres. 

• 

Enfin  en  matière  Militaire  locale  : 

» 

La  réorganisation,  par  les  lois  des  2  germinal  an  IV, 
et  25  thermidor  an  F,  des  Gardes  nationales  ,  si  dis-  nationale, 
loquées,  comme  nous  l'avons  vu,  dans  les  derniers  temps 
de  notre  première  période  historique ,  et  qu'il  était  ce- 
pendant si  urgent  de  réinstaller  —  non  plus,  il  est  vrai, 
par  district  comme  jadis ,  mais  désormais  par  canton 
ainsi  que  cela  fut  effectivement  y  décrété  —  ne  fût-ce 
quepouraider  à  comprimer  les  mouvements  cAotianiçties, 
qui,  en  Tan  IV  surtout,  faisaient  rage  tant  en  Bretagne 
que  dans  une  partie  de  la  Normandie  et  en  particulier 
dans  le  département  de  la  Manche. 

C'est,  sans  nul  doute,  surtout  en  vue  de  ceux-ci,  que 
les  lois  sus  dites  édictèrent,  à  cet  égard,  leurs  prescrip- 
tions, et,  surtout,  qu'une  autre,  du  1 7  floréal  an  /F,  vint 
prescrire  la  formation,  dans  chaque  canton,  de  colonnes 
mobiles,  de  la  dite  garde,  prêtes  à  se  porter,  au  premier 
signal,  contre  les  rebelles;  dont,  effectivement,  elles 
arrêtèrent,  en  plus  d'une  circonstance,  les  tentatives 
audacieuses,  ainsi  que  nous  avons  jadis  établi  dans 
notre  Etude  sur  la  Chouannerie  dans  la  Manche. 

Quant  à  la  Gendarmerie,  il  était  également,  pour  des  Q^Q^armerie 
raisons  analogues,  et  aussi  dans  l'intérêt  de  la  police  en 
général,  pressant  de  s'en  occuper  aussi. 

C'est  ce  que  fit  d'abord  une  loi  du  25  pltmôse  an  F, 

24 


—  370  - 

soumeilaDt  désormais  l'admission,  comme  simple  soldat 
du  dit  corps,  à  TapprédatioD  d'uo  jury  départemental 
mixte,  et  composé  :  non-seulement  d'officiers  de  celui-ci, 
mais  encore  de  membres  de  Tadministration  civile  lo- 
cale supérieure,  et  même  de  l'accusateur  public  du  tri- 
bunal criminel,  sans  doute  à  cause  du  besoin  spécial 
qu'il  éprouvait  fréquemment  de  semblables  auxiliaires. 

Mais,  plus  tard,  une  autre,  du  28  germmal  an  F/, 
vint  changer  ce  système  nouveau  de  recrutement  de  la 
dite  arme,  en  le  remplaçant  par  une  présentation,  de  la 
part  de  l'administration  départementale  dans  le  ressort 
de  laquelle  il  y  aurait  un  gendarme  à  nommer,  de  quatre 
candidats  pour  la  place  en  question;  sur  lesquels  choi- 
sirait ,  ensuite  /  l'état  -  major  de  la  dite  milice  — 
qui  devait,  du  reste,  conserver,  jusqu'à  la  fin  de  la 
période  historique  actuellement  étudiée,  ce  dernier  mode 
de  promotion. 

Nous  en  avons,  de  la  sorte,  fini  avec  le  premier  para- 
graphe de  celle-ci,  et  devons,  maintenant,  passer  à 
Tétude  du  second. 


•  »•  Jiistt«e. 


Dans  la  phase  historique  que  nous  venons  d'envisa- 
ger ainsi  au  point  de  vue  administratif  surtout,  l'organi- 
sation judiciaire  primitive  introduite  par  la  Révolution 
va  se  trouver  elle-même  profondément  modifiée  ;  et  elle 
le  sera,  en  général,  d'une  façon  correspondante  aux 
changements  politiques  déjà  ci-dessus  constatés,  et  aussi 
en  vertu  de  la  même  base  législative. 

Reprenons,  pour  exposer  ce  nouveau  sujet  d'examen, 
notre  distinction  de  jadis,  entre  la  justice  civiU  et  la 
justice  répressi/ce. 


31<  - 


Pour  la  première,  la  coostitutiondu  ^fructidor an  111^  Jusncs  ci- 
qoi  eD  fera  un  de  ses  divers  chapitres,  conserva,  au  bas  ^'''' 
de  l'échelle  hiérarchique,  Its  juges  de  paix,  de  canton  et 
de  commîmes  importâmes,  avec  leurs  assesseurs;  qui, 
toujours  élus,  pour  deux  ans,  par  les  assemblées  pri- 
maires, continuent  de  jouir,  en  cette  matière,  des  mêmes 
attributions  que  par  le  passé— en  succédant  même  forcé- 
ment, comme  conciliateurs^  au  bu/reau  spécial  de  paix 
jadis  établi,  comme  nous  le  savons^  pour  certains  cas 
particuliers,  par  la  loi  du  16  août  4790,  auprès  de 
chaque  tribunal  de  district,  et  désormais  implicitement 
supprimé  comme  Tétait  à  présent  celui-ci. 

C'est  qu'en  effet,  tout  en  respectant  ainsi  l'ancien 
premier  échelon  judiciaire  civil,  la  dite  constitution  (du 
reste,  en  cela,  fort  logique)  avait  entièrement  transformé 
le  second,  destiné,  à  connaître  quelquefois,  en  appel, 
des  décisions  du  premier,  et  surtout  à  juger  lui-même, 
en  première  instance,  avec  ou  sans  appel  possible, 
toutes  les  questions  civiles  d'une  certaine  importance  et 
constituant  des  procès  proprement  dits. 

Elle  était,  à  cet  égard,  partie  de  cette  donnée  :  que 
puisqu'il  n*7  avait  plus  de  districts,  il  ne  devait  plus  y 
avoir  de  tribunaux  de  district,  et  que,  de  même  qu'il 
n'y  avait  plus,  dans  chaque  département,  qu'une  admi- 
nistration supérieure,  il  ne  devait,  de  même,  plus  y  avoir 
qu'un  seul  tribunal  civil  ;  dès  -  lors  exact  pendant , 
d'ailleurs,  du  tribunal  criminel  unique,  qui,  depuis  la 
Révolution,  y  avait  existé  déjà,  et  qui,  dans  l'avenir, 
allait  y  être  continué  ainsi  que  nous  allons  le  voir  tout 
à  l'heure. 

Elle  établit  donc,  —  sans  s'inquiéter,  du  reste,  de  la  TribuMicivU 
difficulté  future,  pour  la  plupart  des  justiciables,  d'aller  département. 


—  372  - 

désormais  plaider  à  une  énorme  distance  de  leur  domi- 
cile, —  dorénavant,  à  la  place  des  anciens  tribunaux  de 
district  radicalement  supprimés,  dans  chaque  départe- 
ment, un  tribunal  unique,  dit  Tribunal  civil  du  dépar- 
TEMBNT,  composé  d'au  moins  vingt  juges,  nommés,  pour 
cinq  ans,  par  les  ékcteurs  de  leur  vaste  circonscription, 
et  qui  —  assistés  d'un  Commissaire  du  directoire  exé- 
cutif y  jouant  le  rôle  de  ministère  public  révocable,  ad 
nvzum,  par  le  gouvernement  d'oii  il  tenait  seulement  sa 
mission  —  devaient,  en  se  divisant,  à  cet  égard,  en 
sections  ow.  chambres,  dont  chacune  choisissait,  son 
président,  expédiera  l'avenir,  tous  les  procès  ordinaires 
du  dit  département,  soit  en  dernier  ressort,  soit  à  charge 
d'appel  devant  une  des  trois  juridictions  semblables,  du 
voisinage,  à  ce  ultérieurement  désignées, 
c     «^-.-  «      La  Manche  vit  donc  alors  se  fermer  ses  anciens  tri- 

s>iippressioii 

(lesiribunaux  bunaux  de  districts,  et  notamment  celui  de  Coutances, 

1      A'    •    ■    * 

dont  la  dernière  audience  est  du  3  brumaire  an  IV;  et 
s'ouvrir,  à  la  place,  le  prétoire  unique  d'un  tribunal 
départemental,  que,  d'ailleurs,  la  loi,  d'organisation 
administrative  et  judiciaire  détaillée,  du  i  ^'  vendémiaire 
an  IV,  avait  placé  dans  la  dite  ville  —  peut-être  pour 
l'indemniser  de  la  perte,  simultanée,  de  son  adminis- 
tration centrale ,  alors  transportée ,  comme  nous  le 
savons,  à  Saint-Lo  —  avec  appel  portable  devant  ceux  : 
du  Calvados,  de  la  Mayenne,  et  de  Vlk-et-Filaine. 

Nous  ferons  ultérieurement  connaître  le  personnel  de 
ce  tribunal,  qui,  élu,  à  Saint-Lo,  le  27  vendémiaire  de 
la  dite  année,  s'organisa  de  suite,  en  se  divisant  en  deux 
sections  —  une  A\x  premier,  et  l'autre  du  dernier^ 
ressort,  pour  statuer  :  celle-là,  avec,  et  celle-ci,  sans, 
appel  —  et  en  commençant  au  plus  tôt  ses  audiences  ; 
qui,  ouvertes  dès  brumaire  an  lY,  ne  devaient  finir 
qu'en  floréal  an  YIII  après  la  suppression  de  ce  genre  de 
tribunaux  par  la  nouvelle  constitution  consulaire,  et 


—  373  — 

dont  les  sentences  forment,  au  greffe  de  Ctmtances, 
une  collection  de  près  de  cinqumUe  volumes  in-folio, 

Cest  naturellement  là  que  durent  désormais  aifluer  la 
plupart  des  Hommes  de  loi  marquants  de  la  contrée,   Défenseurs 
même  de  ceux  que  la  présence  du  tribunal  criminel    ^''*^®"*' 
n'avait  pas  suffi  à  y  attirer. 

Mais,  du  reste,  aucun  d*eux  ne  recevait  encore,  par 
la  Constitution  nouvelle,  la  restitution  de  ses  anciennes 
fonctions  officielles  d'avoué^xk  de  son  ancien  titre  d'ato- 
caf;  qu'elle  ne  songeait  à  leur  rendre,  et  qu'ils  ne  devaient 
retrouver  que  dans  la  période  historique  suivante;  où, 
seulement  aussi  ^  la  procédure  civile ^  également  laissée 
par  celle-ci  dans  son  dernier  état  de  débris  de  l'ancien 
régime,  devait  enfin  se  voir  véritablement  améliorée  et, 
finalement,  codifiée. 

On  ne  touchait  pas  davantage,  du  reste,  aux  principes 
précédemment  introduits  en  matière  de  juridiction  soit 
commerciale  soit  administrative. 


En  matière  répressive  —  à  laquelle  nous  arrivons  à  jugricB  Ré- 
présent  —  la  dite  Constitution  introduisait  aussi  d'im-    pi«s»ivk 
portantes  modifications.  Mais,  cette  fois,  au  lieu  de  s'at- 
taquer au  degré  hiérarchique  supérieur,  c'est  en  bas 
qu'elles  frapperont,  du  moins  pour  la  plupart. 

C'est  qu'en  effet  il  n'y  a  pas,  pour  elle,  à  se  préoc-  Tribunaux 
cuper  d'instituer  un  tribunal  criminel  départemental^  criminels, 
puisqu'il  existe  déjà  et  qu'il  lui  suffira  de  le  conserver. 

Et  c'est  ce  qu'elle  fait. 

Toutefois,  comme  modification  secondaire  à  cet  égard, 
elle  décrète  :  d'abord,  que  cette  juridiction  sera  désormais 
pourvue,  non  plus  seulement  de  trois  comme  jadis,  mais 
de  quatre,  assesseurs  du  président,  de  façon  à  éviter, 
autant  que  possible,  les  partages  d'opinions;  que  ces 


—  374  — 

jages  seront  pris,  non  pins,  naturellement,  parmi  ceux 
de  district,  mais  bien  parmi  le  personnel  du  tribunal  de 
département,  chacun  pour  six  mois  et  à  tour  de  rôle  ; 
qu'enfin  à  côté  de  V accusateur  publicy  il  y  aurait  désor- 
mais^ au  dit  siège,  un  Cohmissairb  du  Directoire  exé- 
cutif, chargé  de  fonctions  analogues  à  celles  de  Tancien 
commissaire  du  roi,  et  qui  n'était,  du  reste,  autre  que 
celui  établi  auprès  du  tribunal  civil  du  département. 

Au  surplus,  ledit  tribunal  est  toujours,  comme  jadis, 
avant  tout,  composé,  comme  personnel  permanent,  d*uD 
président  et  d'un  accusateur  public,  choisis  par  les  élec- 
teurs du  département,  et  désormais,  eux  aussi,  pour  cinq 
ans  —  réduits,  du  reste,  à  deux  et  trois,  plus  tard,  par 
une  loi  du  21  nivôse  an  FI,  annulant,  d'ailleurs,  pour 
les  soumettre  à  un  renouvellement  immédiat  avec  la 
nouvelle  durée  de  fonctions  sus  dite,  toutes  les  nomi- 
nations antérieures  aux  dits  postes. 

Nous  ferons,  en  ce  qui  regarde  celui  de  la  Hanche  — 
du  reste,  naturellement,  maintenu  à  Coutances  par  la 
loi  précitée  du  19  vendémiaire  an  IF  —  connaître,  en 
son  lieu,  le  personnel  successif  qu'il  dut  recevoir  pen- 
dant cette  nouvelle  période,  notamment  en  vertu  des 
élections  de  Tan  IV  et  de  l'an  Yi. 

Ce  qui  devait,  relativement  à  cette  juridiction,  ainsi 
forcément  conservée  dans  son  principe,  être  également 
maintenu,  par  la  nature  même  des  choses,  c'était  son 
ancienne  compétence  générale  en  matière  de  crimes 
proprement  dits. 

Aussi  la  ConstitvJtion  de  Van  III  ne  pense-t-elle  pas , 
non  plus,  à  modifier  celle-ci.  Et,  il  y  a  plus  :  la  nouvelle 
loi  de  procédwe  répressive,  du  3  brumaire  an  IF  — 
connue,  néanmoins  sous  le  nom  de  code  des  délits  et 
des  peines,  dont  elle  s'occupe  beaucoup  moins  —  s'em- 
presse de  la  proclamer  à  nouveau  ;  et  même  de  la  garan- 
tir, à  l'avenir,  contre  les  anciens  empiétements,  soit  do 


—  375  — 

Tribunal  révolutionnaire  de  Paris,  soit  de  commissions 
analogues  de  province,  qui,  effectivement,  ne  devaient 
plus  venir  ultérieurement  la  restreindre  comme  cela 
avait  eu  lieu  dans  le  passé. 

Toutefois,  la  dite  constitution  avait  soin  de  réserver,  u^^^e  cour 
exceptionnellement  mais  exclusivement,  le  jugement  de    de  justice, 
toute  accusation,  contre  un  membre  soit  du  Corps  légis- 
latif soit  du  Directoire  exécutif,  préalablement  autorisée 
par  le  premier,  à  une  Haute  cour  de  justicb,  rappelant, 
à  certains  points  de  vue,  l'ancienne  Aati^  cotirnaiionale 

—  investie,  du  reste,  d'une  compétence  bien  plus  large 

—  et  composée,  de  cinq  juges  appartenant  au  Tribunal 
de  cassation,  puis  ie  hauts  jurés  nommés,  tous  les  ans, 
à  raison  à* un  par  département,  par  les  électeu/rs  de  tous 
ceux  de  la  République,  pour  en  former  une  liste  géné- 
rale destinée  à  fournir,  au  sort,  la  composition  du  jury 
de  chaque  affaire  à  soumettre  à  la  dite  juridiction. 

Mais  la  compétence  normale  des  Tribunaux  criminels 
n'en  restait  pas  moins  absolue,  en  fait  comme  en  principe. 

Ils  devaient,  d'ailleurs,  continuer  d'appliquer,  aux 
crimes  à  eux  déférés,  les  peines  du  Code  pénal  du  25  sep- 
tembre 4791;  qui,  pendant  la  période  ici  envisagée, 
devait  encore  rester  la  base  de  la  pénalité  criminelle. 

Seulement  \euv procédure,  tantaudébat  que  préalable, 
se  trouvait  désormais  celle,  non  plus  de  la  première  loi 
de  ce  genre,  du  46  septembre  1794,  mais  d'un  code 
nouveau,  à  ce  relatif  et  déjà  mentionné,  du  3  brumaire 
an /^;  qui,  du  reste,  reproduisait  en  somme,  sauf  des 
modifications  de  détail ,  les  principaux  principes  delà 
première  et  notamment  le  maintien  des  àeuxjurys:  A* ac- 
cusation et  iejugem^ent  en  formant  les  deux  principaux 
traits  —  que  ne  devaient  plus,  du  reste,  venir  effacer, 
comme  jadis  en  nombre  de  cas ,  des  lois  terroristes,  dé- 


Nouveaux 


-  376  -. 

sormaispour  toujours  bannies  de  rinstrucUon,  comme 
de  la  pénalité,  répressive. 

Mais,  en  revanche,  des  changements  radicaux  allaient 
être,  par  la  Constitution  sus  dite,  introduits  dans  les 
juridictions  pénales  inférieures. 

Et  d'abord  dans  celles  de  la  police  correciiofmelle  : 

tribunaux  Effectivement,  celle-ci  va  passer,  désormais,  des  juges 
nels.  '  de  paix  et  assesseurs,  à  des  Tribunaux  spéciaux, 
dits  Correctionnels,  exclusivement  consacrés  à  cette 
mission,  et  composés  :  d'un  Président,  pris,  tous  les 
six  mois,  parmi  les  juges  du  tribunal  civil  du  départe- 
ment —  et  jouant,  en  même  temps,  le  rôle  de  directeur 
du  jury  d'accmation ,  non  plus  du  district  mais  du 
ressort  judiciaire  de  chacun  des  dits  tribunaux  correc- 
tionnels dans  chaque  département  —  plus  de  deux 
assesseurs,  qui  ne  sont  autres  que  les  juges  de  paix^ 
et  assesseurs  de  ceux-ci,  de  la  commune  où  sonté  tablis 
les  sièges  en  question  ;  avec,  en  outre,  pour  ministère 
public,  un  Commissaire  du  directoire  exécutif  à  eux 
spécialement  attaché. 

Il  devait  toujours  y  avoir  trois,  au  moins,  de  ceux-ci^ 
par  département;  mais  il  pouvait  y  en  avoir  jusqu'à  six, 
s'en  partageant,  à  cet  égard,  l'ensemble  du  territoire,  et 
y  formant,  à  ce  sujet»  autant  de  ressorts  distincts. 

La  Hanche,  d'après  la  loi  organisatrice,  spéciale,  du 
19  vendémiaire  an  IF,  ne  devait  en  avoir  que  quatre, 
à  :  Coutances,  Saint-Lo,  Falogncs,  et  Cherbourg;  ce  qui 
négligeait  entièrement,  à  cet  égard,  le  sud  du  départe- 
ment. Mais  hieniài  Avranches  fut  pourvu  d'une  institu- 
tion semblable;  et  Mortainen  reçut  aussi  une,  un  peu 
plus  tard,  en  vertu  d'un  décret  du  23  messidor  an  IF. 

Quel  était  le  ressort  géographique  de  chacun  de  ces 
six  tribunaux,  qui  portent,  à  raison  de  leurs  lieux  d'ins- 


—  377  — 

lallation,  des  noms  identiques  à  ceux  de  nos  arrondisse- 
ments actuels? 

On  aurait,  à  cet  égard,  tort  de  supposer  qu'il  fût  ab- 
solument semblable  à  celui  de  son  homonyme,  à  la 
fois  administratif  et  judiciaire^  d'aujourd'hui. 

C'est  ainsi  qu'en  particulier  celui  de  CoiUances  — 
qui,  naturellement,  doit  ici  attirer  surtout  notre  attention, 
et  dont  nous  avons,  au  greffe  de  cette  ville,  les  trois  re- 
gistres de  jugements,  du  3  brumaire  an  IV  à  ventôse 
an  vni  —  avait,  en  vertu  d'un  arrêté  réglementaire,  à  ce 
spécial,  du  Directoire  exécutif  chargé  de  pourvoir  aux 
détails  d'exécution  de  ce  genre,  pour  circonscription  in- 
dividuelle, en  outre  du  territoire  actuel  de  l'arrondisse- 
ment du  même  nom,  les  cantons  de  :  Picauvilk^  Saint- 
Eny,  Carentan,  Sainte-Marie-du-Mority  et  SairUe-Mère- 
Eglise,  appartenant,  à  présent,  tant  à  celui  de  Valognés 
qu'à  celui  de  Saint-Lo. 

(Voir  cette  composition  géographique,  du  Tribunal  correctionnel 
en  question,  sur  ses  regUtre»,  à  la  dàU  du  26  brumaire  an  IV.) 

Maintenant,  pour  la  compétence  de  chacun  de  ces 
nouveaux  sièges,  elle  restait  la  même,  forcément,  sauf 
un  ressort  plus  étendu,  que  celle  de  leurs  prédécesseurs 
de  la  période  précédente. 

Ils  avaient  aussi',  d*après  les  termes  mêmes  de  la  loi 
déjà  mentionnée,  du  3  brumaire  anIF,  à  appliquer,  aux 
délits  à  eux  soumis,  l'ancienne  pénalité  de  celle  du 
\%  juillet  1791  ;  du  reste  modifiée  et  refondue,  par  la 
première,  en  ce  qui  concerne  la  simple  procédure  devant 
les  juridictions  correctionnelles  :  dont  l'appel  devait, 
d'ailleurs,  désormais  se  porter  devant  le  tribunal  crimi- 
nel du  département. 

Quant  à  la  juridiction  de  simple  police,  elle  ne  restait   Tribunaux 
plus,  davantage,  aux  mains  de  ses  anciens  magistrats  gimpie^uce. 


—  378  — 

du  début.  Car,  des  municipalités  communales,  elle 
passait  désormais  aux  juge$  de  paix  et  assesseurs,  de 
cantons  ou  de  grandes  communes,  qui  en  connaîtraient 
avec,  à  cet  égard,  pour  ministère  public,  le  commissaire 
du  directoire  exécutif  près  l'administration  municipale 
de  leurs  ressorts  respectifs. 

C'est  ce  qui  aura  lieu,  notamment,  à  Coutances  et^an- 
ton  rural  environnant;  où  nous  trouvons  désormais,  de 
la  sorte,  deux  tribunaux  de  simple  police  :  l'un  urbain, 
l'autre  campagnard,  à  la  piaee  des  deux  sièges  correc- 
tionnels, analogues,  de  jadis  ;  et  toujours  avec  registres 
distincts,  bien  qu'à  présent  réunis  au  greffe  de  Tunique 
justice  de  paix  actuelle  de  la  ville. 

Quant  à  la  compétence,  à  la  pénalité,  et  à  la  procé- 
dure, à  ce  relatives,  mêmes  observations  ici  qu'en  ce  qui 
regarde  la  police  correctionnelle,  vu  la  complète  simili- 
tude des  faits  historiques  à  cet  égard  ;  avec  cette  re- 
marque, toutefois,  que  :  désormais ,  les  jugements  de 
police  municipale  ne  sont  plus,  eux,  susceptibles  d'ap- 
pel. 

N'oublions  pas,  maintenant,  de  mentionner,  au-dessus 
de  toutes  ces  juridictions,  tant  civiles  que  criminelles, 
des  divers  degrés  ainsi  parcourus ,  l'existence,  ou  plu- 
tôt la  persistance,  du  Tribimal  suprême  de  cassation, 
composé  désormais ,  par  la  ConstitiUion  de  l'an  III, 
de  :  cinquante  juges ,  renouvelables  par  cinquième  tous 
les  ans,  et  nommés  alternativement  par  les  assemblées 
électorales  des  départements ,  à  raison  d'un  —  ac- 
compagné d'ailleurs  désormais  toujours  de  son  sup- 
pléarU  promu  de  même  —  pour  chacun  de  ceux  à  ce  an- 
nuellement désignés. 


-  879  — 


i  m.  —  Cmàtm. 

En  ce  qui  le  concerne,  nous  aurons  peu  de  chose  à 
dire. 

Effectivement. 

D'une  part,  en  ce  qui  regarde  la  religion  catholique, 
même  assermentée,  la  ConstUtUion  de  tan  III,  qui  la 
trouve  déjà  séparée  complètement  de  l'état,  notamment 
parla  loi  du  2  sans-culottides  an  III  que  nous  connaissons 
de  longue  date,  n'a  garde  de  la  rétablir  comme  culte 
officiel;  de  crainte  d'aller  chercher  ainsi,  elle-même, 
une  nouvelle  entrave  à  l'application  de  son  propre  sys- 
tème gouvernemental. 

Seulement ,  elle  en  tolère  l'existence  et  l'exercice  à 
certaines  conditions. 

Sans  doute  elle  continue  de  proscrire  les  anciens  prêtres 
re'fractaires  à  un  serment,  du  reste  depuis  longtemps 
hors  de  mise;  et,  s'ils  rentrent  en  France  après  s'en  être 
ainsi  fait  exiler  jadis,  ils  peuvent  toujours  se  voir  punir 
de  mort  y  en  vertu  d'une  loi  spéciale  du  3  brumaire  an  /F, 
renvoyante  de  précédentes  ainsi  maintenues  en  vigueur, 
et  que  ra vivra,  d'ailleurs,  à  son  tour,  celle  du  <9  fruc- 
tidor an  F,  déjà  de  nous  connue  à  d'autres  points  de 
vue. 

Hais  le  clergé  Constitutionnel,  lui,  est  toujours  libre 
d'y  rester,  et  même  d'y  exercer  publiquement  son  culte  tel 
quel,  pourvu  :  qu'il  déclare,  formellement,  se  soumettre 
à  la  souveraineté  du  peuple  français,  aux  termes  de  la 
loi  nouvelle,  sur  la  police  des  cultes,  du  7  vendémiaire 
an  IF,  et,  de  plus,  en  vertu  de  celle,  du  1 9  fructidor 
an  F,  précitée,  jurer  haine  étemelle  à  la  Royauté; 
et,  en  tout  cas  ne  fasse,  au  dehors  de  l'édifice  à  lui 


—  380  — 

« 

ouvert  pour  ses  cérémonies  religieuses ,  aucune  de 
celles-ci,  qui  doivent,  toutes,  se  passer  à  l'intérieur. 

C'est  en  se  conformant  à  ces  prescriptions  légales,  et 
en  recommandant^  à  son  restant  de  clergé,  de  les  ob- 
server comme  lui,  que,  dans  la  Manche,  Tévêque  asser- 
merUé  continuera  ,  pendant  la  présente  période ,  ses 
efforts  constants  —  de  rétablissement,  au  point  de  vue 
spirituel ,  de  son  ancien  diocèse  officiel  —  par  lui 
déjà  commencés,  ainsi  que  nous  l'avons  vu,  à  la  fin  de 
la  précédente. 
Concile  II  y  est,  du  reste,  toujours  encouragé  par  le  comité 
^"*neï,^^^'  dit  consti^u^ionnef,  de  Paris,  qui,  — après  avoir  adressé, 
dit  natumaiy  de  sa  propre  autorité,  aux  divers  évêques,  et  principaux 
curés,  assermentés,  de  province,  plusieurs  lettres  ency- 
cliques, aux  fins  de  les  engager  à  réorganiser  provisoi- 
ment,  au  plus  vite,  les  divers  diocèses,  notamment  par 
la  formation  ,  à  Taide  des  ecclésisastiques  les  plus 
marquants  de  ceux  -  ci ,  de  Presbytères  ou  conseils 
spirituels  départementaux,  destinés  à  assister,  de  leurs 
conseils,  les  évéques  encore  existants  comme  tels,  et 
surtout  à  remplacer  transitoirement  ceux,  en  assez  grand 
nombre,  qui  auraient  disparu,  et  dont  nous  trouvons 
alors,  en  effet,  la  création  d'un  dans  notre  département 
—  finit,  par  convoquer,  dans  la  capitale,  aux  fins 
d'opérer  ainsi  la  restauration  définitive  de  Téglise  cons- 
titutionnelle, au  moins  comme  institution  religieuse  géné- 
rale, la  réunion,  d'un  grand  nombre  de  membres  de 
celles-ci,  en  concile  dit  national^  au  cours  de  thermidor 
anV. 

Ce  dernier  y  tint,  en  effet,  un  certain  nombre  de 
séances,  et  y  prit,  un  grand  nombre  de  décisions,  — 
notamment  sur  la  réorganisation  des  diocèses  au  point 
de  vue  du  personnel  —  dont  les  nombreuses  lacunes  lui 
parurent  pouvoir  être,  comme  jadis  officiellement,  en 
fait,  comblés  à Taide  A* élections  populaires?  et  pour 


—  381  — 

le  gouvernement  duquel  il  établit,  au-dessous  de  celui 
supérieur,  de  Tévéque,  désormais  assisté,  ou  plutôt 
encombré,  de  son  presbytère  (d'ailleurs  choisi  par  les 
divers  curés  de  son  diocèse) ,  celui ,  intermédiaire, 
A'archiprêtresj  choisis  par  ceux  d'une  certaine  circons- 
cription destinée  à  subir  la  surveillance  immédiate 
d'un  de  ces  sortes  d'inspecteurs  religieux. 

(Voir  sur  cette  matière  iotéressante,  mais  peu  connue,  les  L6ttr$$ 
encycliques  sus  dites;  et  ensuite  les  jfrocès-verbauXf  imprimés,  des 
séances  et  décisions  du  concile  sus-mentionné.  Voir  aussi  Tagbm, 
Histoire  du  Clergé  français,  tome  XX,  p.  231,  266  et  293  ;  et  dans 
le  Journal  officiel  des  9  et  23  janvier  1879,  a^x  procès-Tcrbaux  des 
séances  de  l'Académie  des  sciences  morales  et  politiques,  le  compte- 
rendu  d'un  Mémoire  manuscrit,  de  M.  du  Chatbllirii,  sur  ce 
sujet). 

Voilà  ce  que  l'évéque  sus  dit,  qui  avait  lui-même  pris  synodes  dio- 
part  au  dit  concile,  —  s'efforça  ensuite  d'appliquer  —      ^yf^x^ 
avec  d'autres  décisions  de  discipline  et  de  morale  ydelaManche. 
prises  également^  —  dans  le  département  de  la  Manche , 
où  il  réuniti,  à  cette  fin,  successivement,  en  l'an  VU  et 
en  Tan  YIII,  deux  synodes  diocésains,  de  ses  subor- 
donnés ;  au  cours  desquels,  il  essaya  vainement  de  ra- 
mener à  lui  les  prêtres  non  jureurs  restés  ou  rentrés 
furtivement  dans  le  pays,  et  furent  pris,  en  tout  état 
de  cause,  pour  la  réorganisation  religieuse  de  celui-ci 
—  que  Ton  divisa  préalablement,  sous  ce  rapport,  en 
trente  archvprêirés  —  une  foule  de  mesures  discipli- 
naires, dont  le  texte  fut  aussitôt  imprimé,  et  dont  on    . 
trouvera,  au  surplus,  l'analyse,  ainsi  que  le  récit  gé- 
néral des  deux  synodes  en  question,  dans  la  Revue  catho- 
lique de  Coutances,  année  1867-1868,  p.  759  et  769  : 
article  de  M.  le  vicaire-général  Gilbert. 

Mais  tout  cela  ne  devait  servir  en  rien  à  ramener,  à 
la  vie,  un  corps  frappé  mortellement,  dès  sa  naissance, 
aux  yeux  de  l'opinion  publique,  alors  que  cependant  il 


-  388  — 

avait  encore  pour  lai  Tautorité  civile,  et  qni,  désormais 
abandonoé  par  celle-ci ,  et  ne  pouvant  arriver  à  con- 
quérir celle-là,  surtout  après  le  scandale  individuel 
récemment  fourni  par  un  grand  nombre  de  ses  membres^ 
devait  nécessairement  terminer  bientôt  sa  longue  agonie 
par  un  anéantissement  total;  que  lui  infligea,  du  reste, 
seulement,  d'une  façon  officielle,  la  période  historique 
suivante,  mais  que  l'on  peut,  en  fait,  regarder  comme 
déjà  consommé  dans  la  présente. 

Culte  déca-  Ce  qui  ne  continua  pas  moins  d'y  périr,  du  moins 
aux  yeux  du  public,  sous  l'indifférence  comme  sous  le 
ridicule,  c'est  le  culte  Décadaire  lui-même. 
Fdtesciviques  ^^  Constitution  de  Van  III,  le  prend,  cependant, 
nouvelles,  sous  sa  protection  spéciale,  et  la  loi ,  sur  Tinstruction 
publique,  du  3  brumaire  an  IV,  vient  môme  ajouter  aux 
fêtes  exceptionnelles  qu'il  comportait  déjà  alors  en  vertu 
de  celle  du  48  floréal  an  II,  sept  solennités  nouvelles  à 
échéances  annuelles,  fixes,  des  :  1^  vendémiaire,  40  ger- 
minal, 40  floréal,  40  prairial,  40  messidor,  9  thermidor, 
et  40  fructidor;  dont  on  pourra  voir  exécuter  le  gro- 
tesque programme,  aux  dates  sus  dites,  de  l'an  lY  à 
Tan  YIII ,  notamment  sur  les  registres  municipaua  de 
Coutances  où  elles  s'accomplirent  alors  rigoureusement, 
sans  préjudice  de  la  solennité  ordinaire  et  chronique  de 
chaque  décade  simple. 

(Voir,  aussi  à  ce  sujet  :  tant  Séguin,  Hiitoén  de  <a  Chouannerie^ 
tome  II,  livre  XVIH,  p.  285  et  «ufoanCef;  qu'un  article  de  M.  Gam- 
PioH,  sur  les  féie$  natUmalee  à  Ccien,  pendant  la  Révolution,  inséré 
dans  les  Mémoires  de  V Académie  de  cette  vWe ,  année  1877,  p.  953 
etiuiwmtee)» 

Il  y  a  plus  I  le  législateur,  voyant  que,  malgré  tous  ses 
encouragements,  la  comédie  civique  en  question  ne 
pouvait  conquérir  le  moindre  succè^  ni  même  s'assurer 
la  fr^uentation  telle  qu'elle  du  public,  crut  à  propos. 


—  383  — 

le  1 7  thermidor  an  VI,  de  décréter  en  sa  faveur,  et  pour 
le  protéger  contre  les  profanations  dont  une  foule  A'mpies 
ne  manquait  pas  de  la  rendre  obstinément  Tobjel,  une 
véritable /ot  iesacrik'ge:  notamment,  contre  les  mar- 
chands (sauf  ceux  d'ornements  décadaires,  remplaçant 
alors  les  chapelets  de  Lourdes),  et  les  maîtres  d'écoles, 
qui  se  permettraient  d'ouvrir  leurs  établissements  un 
jour  de  décade  ordinaire  ou  de  fête  nationale  extraor- 
dinaire ;  ok  la  présence  au  temple,  pour  concourir  à  la 
célébration  de  la  solennité,  fut  d'ailleurs  imposée  aux 
fonctionnaires  municipaux  de  chaque  canton,  ou  de 
chaque  commune  ayant  une  administration  spéciale  de 
ce  genre ,  par  un  décret  ultérieur  dn  \  3  fructidor  de  la 
même  année. 

(Voir,  à  cette  occasion,  sar  les  registres  de  simpU  poUce  de  la 
commiuie  de  Coutances ,  une  foule  de  condamnations ,  fort  cu- 
rieuses ,  y  prononcées,  en  Tan  VII ,  pour  violation  de  la  loi  sus 
dite  du  17  thermidor  an  VI,  et  que  nous  avons,  du  reste,  résumées 
dans  le  chapitre  ii  de  notre  récente  Etude  sur  les  JuridUtUms  ordi» 
noires  de  la  Manche  pendant  la  Aévoitition}. 

Hais  tout  cela  ne  pouvait  rien  à  la  chose,  et  retarder, 
un  seul  instant,  la  décomposition  de  ce  nouveau  mortr- 
né,  encore  moins  viable  que  l'autre,  et  qu'il  était  grand 
temps  de  se  décider  à  inhumer.  C'est  ce  dont  se  char- 
gera encore,  sans  hésiter,  la  période  historique  sui- 
vante; à  laquelle  nous  voilà,  maintenant,  arrivés. 


Troisième    Période    Historique 


DE     LA     constitution     DB     l'aN     VIII     A     l'eMPIRB. 


I«r.  ^  Adadntotmttoa  pr  MMVMeal  dite. 


Nous  abordons,  maintenant,  une  nouvelle  et  dernière 
phase,  complétenient  différente  des  deux  autres,  dont 
elle  va  radicalement  modifier  les  institutions  diverses, 
pour  conduire  indirectement,  mais  sûrement,  à  substi- 
tuer, au  gouvernement  républicain,  celui  de  TËmpire, 
enfin  officiellement  proclamé  le  28  floréal  an  XII;  date 
où  nous  aurons  aussi,  naturellement,  à  nous  arrêter 
dans  Texécution  de  la  présente  étude. 
*^  **'^*^*  Effectivement,  le  18  brumaire  est  arrivé,  et,  aidé  de 
la  majorité  du  Conseil  des  Anciens,  Bonaparte,  qui  veut 
enfin  mettre  la  main  sur  le  pouvoir  suprême  par  lui 
depuis  si  longtemps  convoité  et  qu'il  saura  bientôt  après 
changer  en  couronne  héréditaire  placée  sur  sa  propre 
tête,  a  facilement,  avec  la  force  armée  d'ailleurs  pour  le 
seconder  matériellement  au  besoin,  jeté  bas  le  Directoire 
en  expulsant  violemment  son  Corps  législatif;  dont  il  n'a 
gardé  que  deux  comfnissions,  de  vingt-cinq  membres 
chacune,  prises  dans  les  deux  conseils  de  celui-ci,  et 
composées,  Tune  et  l'autre,  de  complaisants  —  parmi 
lesquels  figurent  deux  députés  nés  dans  la  Manche 
(Caillemer,  de  Carentan,  nommé  par  ce  département 
même,  et  Lebnm,  de  St-Sauveur-Lendelin,  qui  l'avait 
été  par  celui  de  Seine-et-Oise), — qui  ont  mission  impéra- 
tive  de  préparer,  à  son  profit  personnel,  une  nouvelle 
consiiHUion  du  pays. 


^ 


—  385  — 

Celle-ci,  —  enaitendant  laquelle  il  se  fait,  provisoire- 
ment en  apparence,  mais  définitivement  en  réalité, 
nommer  par  les  dites  commissions,  chef  consulaire  delà 
République,  depuis  longtemps  agonisante  mais  qu*il 
vient  de  tuer  tout-à-fait>  —  paraît  promptement,  à  la 
date  du  22  frimaire  an  FUI. 

Elle  présente^  au  point  de  vue  administratif,  qui  était 
de  beaucoup  le  plus  important,  le^  nouvelles  bases  sui- 
vantes : 

La  France  reste  toujours  sous  l'étiquette  républicaine, 
pour  l'obtention  et  la  conservation  de  laquelle  elle  avait 
jadis  fait  tant  de  sacrifices  et  qu'il  eût  été  peut-être 
imprudent  de  lui  enlever  tout  d'un  coup.  Hais,  la  chose 
à  laquelle  correspond  ce  mot,  elle  ne  la  possède  déjà 
plus,  d'après  les  dispositions  mêmes  de  la  Constitution 
en  question . 

A  la  tête  du  gouvernement,  celle-ci  place  désormais  Gonsuîs. 
trois  Consuls,  par  elle  désignés,  et  oii  Bonaparte  figure 
naturellement  en  première  ligne.  Ils  sont  nommés  pour 
dix  ans  d'abord  ;  en  attendant  qu'un  sénatus-consulte  du 
1 6  thermidor  an  X  vienne  les  proroger  à  vie,  comme 
acheminement  du  premier  d'entre  eux  vers  l'empire 
auquel  il  a  dès  le  début  tendu. 

Ces  fonctionnaires  sont  investis  d'un  pouvoir  énorme, 
surtout  le  premier  de  leur  triade,  qui  n'est  déjà  qu'un 
roi  déguisé. 

C'est  effectivement  lui  seul  qui,  désormais,  jouant  à 
cet  égard  le  rôle  de  grand  électeur,  et  se  substituant 
ainsi  à  l'ancien  suffrage  populaire  plus  ou  moins  direct, 
nommera  à  peu  prèstous  les  principaux  fonctionnaires  des 
administrations  locales ,  y  compris  les  membres  mêmes 
de  celles-ci  tels  que  nous  allons  les  voir  ci-après  définies. 

Sans  doute,  il  ne  peut  pas  faire  de  lois  proprement 

dites,  mais  il  rend,  en  consultant  seulement  ses  deux 

25 


—  386  — 

autres  collègaes,  sur  une  foule  de  matières,  des  arrêtés, 
qui,  en  fait,  en  ont  toute  la  portée. 

Quant  aux  premières,  leur  confection  appartient,  en 
principe,  à  trois  institutions  nouvelles,  du  reste,  com- 
posées et  agissant,  forcément,  de  façon  à  être  entière- 
ment à  la  disposition  du  nàattre  sus  dit. 

Ce  sont  : 

D'abord,  un  Sénat  dit  conservateur,  composé  de 
Sénat,  quatre-vingts  membres  tî  me,  nommés,  pour  la  première 
fois  par  une  commission  consulaire,  et  ensuite  recrutés, 
par  son  propre  choix,  sur  des  candidats  à  lui  présentés 
tant  par  les  Consuls  que  par  le  Corps  législatif  et  le 
Tribunal  ci-après;  et,  chargé,  entre  autres  attributions, 
d'annuler  les  lois  —  à  la  délibération  desquelles  il  ne 
prend  d'ailleurs  aucune  part — qui  lui  sembleraient 
contraires  à  la  présente  constitution. 

Ensuite  un  Corps  législatif,  non  plus  double,  mais 
Corps  légis>  unique,  composé  de  trois  cents  membres  nommés,  sur 
•  une  liste  dite  nationale,  dont  il  sera  ci-après  parlé,  non 
parles  électeurs  des  divers  départements  comme  jadis, 
mais  par  le  Sénat  sus  dit,  et  renouvela  blés  par  cinquième 
tous  les  ans;  et  ayant  mission  de  voter,  sans  du  reste  les 
discuter  lui-même,  les  lois  en  question. 

Enfin  un  Tribi5nat,  composéde  cent  membres,  promus 
TribuDat.  6t  renouvelables  de  même,  et  ayant  mandat  de  discuter 
les  projets  de  loi  à  lui  soumis  par  le  Gouvernement 
c'est-à-dire  par  le  premier  consul  —  seul  habile  du 
reste  à  en  proposer —  puis  d'aller,  s*il  les  approuvait 
(ce qui  devait  naturellement  se  réaliser  presque  toujours), 
les  appuyer  devant  le  Corps  législatif  précité. 

Nous  aurons  soin  d'indiquer,  plus  tard,  quel  contin- 
gent devait  fournir  notre  département  au  premier  recru- 
tement de  ces  divers  éléments  gouvernementaux. 

Voilà  pour  le  pouvoir  central  nouveau,  —  que  corn- 


—  387  — 

plétait  d'ailleurs,  un  Conseil  d'État,  composé  de  trente  Conseil  d'état 
à  quarante  membres,  nommés  par  U  premier  consul,  et 
chargés  spécialement  :  tant  de  la  rédaction  des  projets 
de  loi,  que  de  l'interprétation  ultérieure  et  officielle  de 
celles-ci  au  moyen  d^ams  qui  auraient  eux-mêmes,  une 
fois  rendus  selon  les  formes  voulues,  pleine  force  obli- 
gatoire pour  tous  les  citoyens. 


Maintenant, comment  étaient  organisés  désormais  les 
pouvoirs  locaux? 

La  Constitution  sus  dite  ne  le  disait  pas  encore.  Mais 
sa  lacune  volontaire  sur  ce  point  se  trouva  bientôt  com- 
blée par  la  loi  du  28  pltmôse  an  VIII  destinée  à  cet 
objet. 

Et  d'abord,  au  point  de  vue  géographique,  par  lequel  Nouvelle  di- 
il  faut  toujours  en  pareil  cas  commencer,  la  France  con-      vision 
tinuait,  comme  par  le  passé,  à  se  diviser,  au  premier         France, 
degré,  en  départements;  qui   étaient  précisément  les 
mêmes  que  ceux  y  existant  déjà. 

Mais  désormais  chacun  d'eux  se  subdivisait,  avant  Arrondisse- 
tout,  désormais,  en  Arrondissements  composés  respec-      "^^nts. 
tivement  de  plusieurs  cantons. 

Le  département  de  la  Manche  en  particulier  en  rece- 
vait cinq  :  ceux  de—  Valognes,  comprenant  Cherbourg  qui 
n'en  eut  un  spécial  qu'en  1811  (voir  vérusmor,  Hutoire  cu 
Cherbourg,  p.  303)  —  Saint-Lo,  —  Coûtantes,  —  Avran- 
ches  —  et  Mortain;  qui  se  retrouvent  encore,  sauf  le 
dédoublement  du  premier,  absolument  les  mêmes  au- 
jourd'hui. 

Chacun  de  ces  arrondissements  se  fractionnait 
d'ailleurs  lui-même  en  cantons,  tels  que  ceux-ci  se  cons- 
tituaient jadis,  mais  qui  furent  bientôt  généralement 
réduits  de  nombre,  sans  pour  cela  changer  d'étendue 


—  388  — 

totale,  par  la  suppression  de  quelques-uns  d'entre  eux 
avec  réunion  de  leur  ancien  territoire  à  leurs  voisins 
survivants. 

C'est  ce  qui  arriva  notamment  dans  la  Manche  ;  où, 
en  vertu  d'une  loi  du  33  vendémiaire  an  X,  ils  se  trou- 
vèrent ,  de  soixante-trois ,  réduits  aux  quarante-huit 
d'aujourd'hui. 

Enfin,  au-dessous  des  cantons^  et  à  T intérieur  de 
ceux-ci,  l'ancien  morcellement  en  communes  était  éga- 
lement maintenu,  et  même,  comme  nous  allons  le  voir, 
accentué  de  nouveau  après  son  effacement  général  dans 
la  précédente  période. 


Préfeis. 


Conseils 
généraux^ 


Conseils 
de  Préfecture 


Cela  posé,  on  pourvoyait ,  ainsi ,  à  l'administration 
tant  supérieure  que  divisionnaire  de  chaque  départe- 
ment: 

R 

A  la  tête  de  celui-ci,  —  et  dorénavant  avec,  désor- 
mais ,  séparation ,  du  reste  fort  rationnelle ,  entre  : 
Yaction,  pour  l'exécution  des  résolutions  collectivement 
prises,  et  aussi  l'improvisation  des  mesures  d'urgence; 
la  délibération  des  intérêts  généraux  de  la  circonscrip- 
tion entière,  ne  devant  plus,  d'ailleurs,  avoir  désormais 
aucun  caractère  politique  comme  jadis;  et  h  juridic- 
tion sur  les  questions  administratives  y  soulevées  —  il 
y  avait  : 

D'abord  un  Préfet,  organe  direct  du  premier  consul, 
et  un  de  ses  cent  bras  locaux,  nommé,  par  celui-ci  lui- 
même,  sur  la  liste  dite  d^artemsntale  dont  il  sera  tout 
à  l'heure  question. 

Ensuite,  un  Conseil  général,  d'un  nombre  variable 
de  membres  (vingt-quatre  pour  la  Manche),  nommés  dt 
mim^,  eipour  trois  ans  d'abord,  mais  déclarés  renouve- 
lables seulement  par  tiers  Ums  les  cinq  ans,  dans  une  loi 
du  1 6  thermidor  an  X. 

Enfin,  un  Conseil  de  prépegturb  ,  également  plus  ou 


—  389  — 

moins  nombreux  (cinq  membres  dans  la  Manche),  promu 
de  la  même  façon  encore. 

Nous  aurons  soin  de  faire  connaître  quel  fut  le  pre- 
mier personnel  de  ces  divers  fonctionnaires  dans  notre 
département;  oii  nous  verrons,  de  la  sorte,  plus  d'un 
ancien  jacobin  accepter,  à  cette  occasion  ,  dès  le  début, 
le  joug  du  nouveau  despotisme,  et  s'en  faire  même  dé- 
sormais le  docile  instrument. 

Maintenant,  à  la  tête  de  chaque  arrondissement ,  on 
trouvera,  pour  en  gérer,  mais  d'une  façon  bien  plus 
effacée,  les  intérêts  spéciaux  : 

Un  Sous-PREFET,  pâle  réduction  du  Préfet,  nommé,  Sous-Préfets. 
par  le  premier  consul ,  sur  une  liste  d'arrondissement 
dont  nous  parlerons  ci-après  ;  et  qui  se  rencontrera ,  au 
début,  dans  tous  ceux  du  département,  même  dans  celui 
du  chef-lieu  de  celui-ci,  comme  jadis  cela  se  passait  du 
reste  pour  les  administrations  collectives  de  district  : 
état  de  choses  qui  ne  cessera  que  par  la  loi  du  20  (fe- 
cembreiSibj  venant  le  supprimer  dans  le  dit  chefrlieu, 
pour  réunir  désormais  ses  anciennes  fonctions  à  celles 
du  Préfet  y  résidant. 

Et  un  Conseil  d'arrondissement,  sorte  de  conseil  gé-  Conseils 
néral  au  petit  pied,  mais  avec  des  attributions  délibéra-  ^'arrondisse- 
tives  presque  insignifiantes,  composé  de  onze  membres 
nommés  ,  de  méms  ,  et  pour  trois  ans  à  l'origine,  mais 
devenus  seulement  renouvelables  par  tiers  toits  les 
cinq  ansj  en  vertu  de  la  loi,  déjà  citée,  du  1 6  thermidor 
an  X. 

Nous  donnerons  également,  plus  loin,  le  premier  per- 
sonnel de  ces  administrations  secondaires  en  ce  qui  con- 
cerne la  Manche  et  surtout  l'arrondissement  de  Covr 
tances;  et  nous  y  verrons  se  glisser  encore  un  bon 
nombre  d'anciens  serviteurs  de  la  République  libre, 
empressés  de  se  redorer  au  nouveau  soleil. 

Quant  aux  chefs-lieux  des  administrations ,  tant  cen- 


—  390  — 

traies  que  fractionnaires ,  sus  dites,  ils  se  trouvaient 
fixés  par  une  loi  du  l®'  ventôse  an  VIII,  qui,  pour  la 
Manche,  entre  autres  détails,  plaçait  sa  préfecture  à 
Saint-Lo. 

Eofin,  au-dessous  des  arrondissements  —  sans  ren- 
contrer désormais,  à  cet  égard,  les  cantom,  dont  les 
administrations  spéciales  sont  à  présent  supprimées,  — 
nous  trouvons^  à  la  tête  de  chaque  cœnmime  quelle 
qu'elle  soit,  pour  en  gérer  les  intérêts  spéciaux  : 

Maires  D'abord,  un  Maire,  et  un  ou  plusieurs  Adjoints  selon 
et  adjoints  la  population  (deux  à  Coutances)^  nommés,  par  te  pre- 
mier consul  encore ,  dès  que  la  population  dépassait 
(comme  dans  la  dite  ville)  cinq  mille  habitants,  et,  au- 
dessous,  far  le  préfet,  sur  la  liste  ci-après  mentionnée, 
et  pour  cinq  ans  d'après  la  loi,  déjà  plusieurs  fois 
mentionnée,  du  16  thermidor  anX. 
y  Et  un  Conseil  MUNICIPAL,  chargé  des  délibérations 

municipaux,  locales,  et  composé  d*un  nombre  variable  de  membres 
(trente  à  Couiances),  nommés,  par  le  Préfet,  pour  irais 
ans  d'abord,  et  déclarés  renouvelables  seulement  par 
moitié  tous  les  dix  ans,  dans  la  dite  loi. 

Nous  ne  manquerons  pas  de  faire,  à  celte  occasion, 
connaître  les  noms  de  ceux  qui,  dans  cette  ville,  endos- 
sèrent les  premiers  la  nouvelle  livrée. 

Tel  était  l'ensemble  principal  de  la  nouvelle  machine, 
dont  le  directeur  suprême  s'était,  comme  il  est  facile  de 
Je  voir,  réservé  le  mouvement  général  médiat  et  im- 
médiat. 

Mais,  pour  la  faire  connaître  d'une  façon  suffisante, 
il  nous  faut  encore  indiquer  où  devait,  d'après  les  règles 
et  en  quelque  sorte  la  recette  de  sa  récente  construc- 
tion, se  recruter  le  personnel  divers  sus  dit;  et  quel 
était  le  réservoir  spécial  oii  il  devait  se  puiser.' 


—  394  — 

La  ConstiitUion  de  l'an  FUI  s'était  elle-méine  char- 
gée de  pourvoir  à  ce  besoin,  de  la  façon  suivante  : 

Réunis  dans  des  comices  à  ce  formés  —  et  se  réité-  yg^g 
rant  tous  les  trois  ans  pour  reviser  au  besoin  leurs  pré-  d'éligibilité, 
cédentes  opérations,  —  les  citoyens  de  chaque  arron- 
dissement devaient*,  par  leurs  suffrages,  désigner  un 
dixième  d'entre  eux  pour  en  composer  ainsi  une  Liste 
d'éligibilité  locale;  sur  laquelle  devaient  ensuite  être 
pris,  par  lesdiverscollateurs  ci-dessus  désignés,  les  dif- 
férents fonctionnaires  du  dit  arrondissement  ou  fraction 
de  celui-ci. 

Puis,  eux-mêmes  assemblés  dans  d'autres  comices 
analogues,  les  membres  de  la  dite  liste,  ainsi  que  de 
toutes  celles  ainsi  formées  dans  chaque  arrondissement 
du  même  département ,  devaient  pareillement  désigner 
un  dixième  d'eux  tous ,  de  la  sorte  choisi  au  second  de- 
gré de  suffrage,  pour  former  une  autre  Liste  dite  d'éli- 
oiBiUTÉ  DÉPARTEMENTALE  ;  sur  laqucUc  Seraient  ensuite, 
de  même,  pris  les  fonctionnaires  destinés  à  la  dite  cir- 
conscription totale. 

Enfin ,  par  une  troisième  opération ,  les  membres  de 
cette  dernière  liste  devaient  indiquer,  à  leur  tour,  un 
dixième  d'entre  eux  comme  les  plus  aptes  à  remplir  les 
fonctions  dites  nationales,  c'estrà-dire  :  de  député,  de  tri- 
Inmon  déjuge  du  trilnmal  de  cassation;  Aoni  la  collation 
se  faisait,  à  ce  moyen,  sur  une  liste  totale  dite  d'éligi- 
bilité NATIONALE ,  forméo  par  la  réunion  générale  de 
toutes  celles  de  cette  dernière  nature  ainsi  dressées  dans 
les  divers  départements. 

Mais,  le  i&  thermidor  an  X,  au  moment  ou  Bonaparte, 
se  faisant  nommer,  par  le  même  décret,  consul  à  vie, 
voulait  consolider  encore  mieux  ^dans  ses  mains  les 
rênes  ainsi  par  lui  plus  décidément  appréhendées,  ce 
premier  système  de  pépinière  gouvernementale,  se  trou- 
vait, tout  en  subsistant  en  principe,  modifié  de  la  façon 


—  392  — 

suivante,  du  moins  relativement  à  certaines  promotions 
tant  judiciaires  qu'administratives  : 

dTcMiUm*  ^  '^  ^^^®  ^^  nouveau  procédé,  ou  plutôt  du  perfec- 
tionnement en  question,  se  trouvent,  à  Tétat  en  quelque 
sorte  permanent  — c'est-à-dire  pouvant  être  au  premier 
moment  convoquées — des  Assemblées,  dites  db  canton, 
composées  de  tous  les  citoyens  domiciliés  dans  tout  res- 
sort de  ce  nom. 

« 

Elles  sontdirectement  chargées  de  présenter,  à  qui  de 

droit,  deux  candidats,  pour  un  d'eux  être  élu  à  diverses 

fonctions  locales  du  dernier  degré,  par  exemple  à  celle 

de  conseiller  municipal. 

Mais  elles  ont  surtout  mission  d'aider  à  former,  par  la 

GoUéges     réunion  à  cet  égard  de  leurs  résultats  individuels  à  ceux  des 

d^ârrondii^  autres  cantons  du  même  arrondissement,  ce  qu'on  appelle 

ment.       un  Collège  électoral  d'arrondissement,  composé  d'un 

nombre  variable  d'individus  à  ce  désignés,  à  Dte,  par 

les  diverses  assemblées  de  canton  ci-dessus  dites. 

C'est  désormais  ce  collège  qui ,  chacun  pour  sa  cir- 
conscription, présentera  aux  places  du  conseil  d* arron- 
dissement, par  la  désignation,  de  deux  candidats  pour 
chacune  d'elles,  au  premier  consul  qui  en  prendra  for- 
cément un. 
éiect^aux       Ii'assemblée  de  Canton,  qui  Ta  ainsi  partiellement 
d'     bf     t  ^^^^^*  aidera  aussi,  de  même,  à  composer,  en  concours 
'  avec  ses  semblables  du  même  département,  un  autre 
sorte  de  collège  électoral  dit  Collège  de  département, 
également  nommé â  vie,  mais  sur  une  liste  spéciale  de 
grands  propriétaires  du  dit  département  à  ce  désignés 
par  le  ministre  des  finances. 

C'est  ce  dernier  collège  qui  dorénavant  présentera, 
d'une  façon  analogue,  pour  la  nominatioo,  soit  des  con- 
seillers généraux,  soit  des  membres  du  sénat  ou  du 
corps  législatif,  appartenant  à  la  contrée. 
Nous  avons,  en  ce  qui  concerne  spécialement  la 


—  393  — 

Manche,  présentement  sons  les  yeux  un  tableau,  im- 
primé^ de  son  coUége  électoral  du  département  d'alors  ; 
où  nous  trouvons  trois  cent  soixante-deux  noms,  dont 
soixante-et-un  appartenant  au  seul  arrondissement  de 
Coutances.  Mais  nous  n'avons  encore  pu  découvrir  ceux 
des  collèges  électoraux^-spéciaux,  de  ses  divers  arrondis- 
sements, quK  sans  nul  doute  ont  été  cependant  également 
publiés. 

Telle  est  en  gros ,  et  cette  fois  d'une  façon  compré- 
hensive,  la  nouvelle  œuvre  administrative. 

Mentionnons,  maintenant,  comme  accessoires: 

Au  point  de  vue  Financier  : 

L'établissement,  le  27  ventôsean  VJIJ^  dans  chaque  ar-  Receveurs 
rondissement,d'un  Receveur  particulier  des  finances,  particuliers, 
chargé  de  centraliser  en  premier  lieu  les  versements  de 
tous  les  percepteurs  des  contributions  de  sa  circonscrip- 
tion, pour  en  verser  ensuite  le  total  dans  la  caisse  du 
*  recetm^  général  du  département,  qui  est  du  reste  con- 
servé. 

.  Quant  aux  produits  des  ventes  des  biens  d'émigrés, 
ils  sont  toujours  payables  aux  mains  des  divers  rece- 
veurs spéciaux  des  domaines.  Hais  désormais  ce  point 
a  bien  peu  d'importance,  vu  l'amnistie  qu'à  certaines 
conditions,  le  premier  consul  va  bientôt,  pour  s'en  faire 
des  amis  s'il  le  peut,  accorder,  à  ces  proscrits,  par  les 
lois  des  :  13  ventôse  an  VIII,  28  vendémiaire  an  IX,  et 
surtout  6  floréal  an  X. 

Ensuite,  en  matière  d* Instruction  publique  : 

La  réorganisation  générale  de  celle-ci,  le  11  floréal     Lycées. 
an  X,  notamment  par  la  création  :  d'EcoLEs  primaires 
COMMUNALES,  SOUS  la  surveilUncc  des  sous-préfets,  et 
avec  instituteurs  choisis  par  les  administrations  muni- 


—  394  — 

cipales;et,  à  la  place  des  écoles  centrales,  alors,  du  moins 
implicitement,  supprimées,  des  Ltgébs  gouvernemen- 
taux, avec  professeurs  nommés,  par  le  premier  consul, 
sur  la  présentation  d'inspecteurs  généraux  des  études  — 
le  tout  sans  préjudice  des  efforts  tant  des  établissements 
secondai  res  communaux,  que  de  ceux  quelconques  de  Y  en- 
seignement libre,  encore  alors  toléré,  jusqu'à  l'établisse- 
ment du  monopole  imiversitaire  par  les  décrets  des  10 
mai  1 806,  et  1 7  septembre  1 808. 

Enfin,  en  matière  MilUaire  locale  : 

La  réorganisation,  ou  plutôt  la  possibilité  d'une  con- 
vocation instantanée,  de  la  garde  nationale  dans  les  dif- 
férents cantons,  arrondissements  et  départements,  réunis 
ou  isolés,  au  gré  de  l'Empereur,  qui  alors  en  nommera 
lui-même  les  oflBciers,  —  par  les  décrets  des  2  et  8  tj«n- 
démiaire,  an  XIV;  qui ,  du  reste,  devaient,  pendant  tout 
l'Empire,  qui  se  défiait  du  caractère  éminemment  popu- 
laire d'un  semblable  élément  de  défense,  rester,  en  fait, 
lettres  mortes. 

Quant  à  la  Gendarmerie,  parla  loi  du  17  pluviôse 
an  FUI ,  l'admission,  dans  ses  rangs  ,  devenait  'du 
seul  ressort  du  ministre  de  la  guerre;  qui  conserva, 
d'ailleurs,  cette  attribution  dans  la  loi,  de  réorganisation 
du  dit  corps,  du  12  thermidor  an  IX, 

Nous  en  avons,  de  la  sorte,  fini  avec  les  institutions 
administratives  proprement  dites  du  Consulat,  que  le 
prochain  règne  pouvait,  comme  il  le  fit,  se  contenter 
d'adopter,  une  fois  arrivé  à  s'installer  par  un  simple 
changement  d'étiquette  gouvernementale. 

Voyons  donc,  à  présent,  le  paragraphe  suivant. 


—  395  — 


n.  —  Jwitlee. 


Il  était  naturel  que  celle-ci  participât  largement  aux 
innovations  du  nouveau  régime  qui  venait  de  s'ouvrir. 

Et  c'est  ce  qui,  en  effet,  ne  devait  pas  manquer  d'ar- 
river, tant  en  ce  qui  regarde  la  justice  civile,  qu'en  ce 
qui  concerne  la  justice  répressive^  en  vertu,  tant  de  la 
Comùitution  de  tan  FUI  elle-même,  que  de  la  loi,  à 
ce  spéciale^  du  27  ventôse  sMiiDani. 


Et  d'abord,  pour  ce  qui  est  de  la  justice  civile. 

On  conserve  au  bas  de  Téchelle,  avec  leur  ancienne 
compétence,  les  juges  de  faix  de  chaque  canton ,  et 
même  de  chaque  commune  de  plus  de  deux  mille  âmes, 
établis  dès  1 790  ;  sauf  suppression^  toutefois,  bientôt 
de  ceux-ci,  notamment  dans  la  Manche  et  spécialement 
à  CoiUances,  où,  en  l'an  J,  en  vertu  d'une  loi,  déjà  citée, 
du  23  vendémiaire,  nous  voyons  réunir  ensemble,  sous 
le  titre  de  la  première,  les  deux  justices  de  paix  du 
canton  et  de  la  ville  de  ce  nom ,  avec  distraction , 
toutefois,  de  son  ressort,  des  communes  de  :  La  Fendelée, 
Gralot,  Orval,  et  Monthuchon,  en  dépendant  jadis. 

Mais  désormais  ils  sont  choisis  par  le  premier  consul 
lui-même,  pour  dix  ans^  sur  deux  candidats  à  lui  pré- 
sentés, à  cet  égard,  par  l'assemblée  des  citoyens  du 
canton.  C'est  ce  que  décide  la  loi  du  \&  thermidor  an  X, 
modifiant  à  cet  ^ard  la  constitution  de  Tan  VIII,  qui, 
par  exception,  avait,  en  ce  qui  les  concerne,  conservé 
les  anciennes  élections  populaires  directes. 

De  plus,  dès  le  39  ventôse  an  JX,  on  les  débarrassera 
de  leurs  assesseurs,  alors  supprimés  et  remplacés  par 


JUSTICK 
CIVILE. 


—  396  — 

des  suppléants  ne  devant  siéger  qu'à  défaut  du  titulaire 
empêché. 

Nous  aurons  plus  tard  soin  d'indiquer  leur  personnel 
d'alors,  pour  le  canton  de  CatUances, 

En  revanche,  il  n'y  a  plus  de  tribunal  civil  de  dépar- 
tement, pour  le  jugement  des  véritables  procès. 
Tribunaux  II  est  en  effet  supprimé,  et  remplacé,  dans  ses  an- 
**'mi^"*'  ciennes  attributions  judiciaires  départementales,  par  des 
Tribunaux  dits  d'ÂRRONoissEMENT ,  établis,  avec  un 
ressort  identique  à  celui  de  cette  subdivision  administra- 
tive,  dans  chacun  de  ceux  des  divers  départements,  et 
composés  :  d'un  nombre  variable  de  Jugbs  et  de  Sup- 
pléants (à  Coutances,  quatre  des  premiers  et  trois  des 
seconds)  nommés,  à  vie,  par  le  premier  consul;  plus  d'uTi 
Commissaire  du  gouvernement  ,  chargé  du  rôle  de 
ministhe  public. 

Mous  aurons  soin  de  donner,  pour  Cou4ances  —  où 
fut  naturellement  installé  un  tribunal  de  ce  genre,  dont 
nous  avons,  à  son  greffe,  les  divers  registres  —  le  nom 
des  membres  de  son  premier  personnel. 

Ces  nouvelles  juridictions ,  qui  rappelaient  assez  les 
anciens  tribunaux  de  district,  recevaient,  comme  eux  — 
en  outre  de  leurs  aitributions  normales  :  de  statuer  direc- 
tement sur  les  contestations  principales  de  leur  ressort, 
—  celle  déjuger  les  appels  des  justices  de  paix  com- 
prises en  celui-ci. 

Mais  ceux  de  leur  propres  décisions  n'étaient  plus, 
comme  jadis,  soumis  à  une  juridiction  du  même  ordre. 

s 

Tribunaux  Effectivement,  désormais  il  est  créé  un  Tribunal  spé- 
d'appel.  ^i3i  d'Appel  —  appelé  Cour  à  partir  du  28  floréal 
an  XII — dans  chacune  des  dix-sept  circonscriptions  à 
à  ce  établies  dans  toute  la  France  et  dont  chacune  com- 
prend, à  la  fois,  un  nombre  variable  de  départements, 
dans  son  ressort  de  ce  degré. 


-  397  - 

C'est  ainsi  qa  il  en  est  placé  un  à  Caen,  qui,  dans 
le  sien,  renferme,  avec  ceux  du  Calvados  et  de  VOme,  le 
département  de  la  Manche. 

Chacun  de  ces  tribunaux  supérieurs  se  composait 
d'un  nombre  variable  de  Juges  (vingt-et-un  à  Caen), 
nommés,  à  vie  y  par  le  premier  consul  y  qui  désignait 
aussi  \t\ïr président;  plusd'un  Commissaire  du  gouver- 
nement, pour  ministère  public. 

Ils  n'avaient,  du  reste ,  encore  aucune  compétence  en 
matière  correctionnelle,  dont  les  appels  étaient  alors 
portés  ailleurs  ainsi  que  nous  allons  le  voir;  de  telle 
sorte  que  Ton  ne  peut  les  comparer  entièrement  avec  les 
cours  d*appels  actuelles. 

Ils  statuaient  toutefois  aussi  sur  les  appels  des  Tri- 
bunaux decommerce;  à  la  composition  desquels  il  n'était, 
du  reste,  rien  innové. 

De  ces  diverses  juridictions  ,  allaient ,  d'ailleurs  , 
à  présent,  dépendre,  non-seulement  la  corporation  des 
huissiers  y  mais  encore  celle  des  Avoués,  à  ce  moment- 
là  rétablis  ;  nommés,  les  uns  et  les  autres ,  par  le  pre- 
mier consul,  sur  la  présentation  de  leur  futur  tribunal. 

Quant  aux  Avocats,  ils  ne  devaient  retrouver  leur 
ancien  barreau,  et  même  leur  titre  oflSciel,  que  le  22  ven- 
iôsean  XII,  dans  un  décret  relatif  aux  écoles  de  droit 
alors  aussi  réorganisées. 

Enfin  les  notaires  jadis  nommés  au  concours ,  le  sont 
désormais  par  le  premier  consul ,  en  vertu  de  la  loi  du 
25  venlôse  an  XL 


Avoués. 


Maintenant,  quant  à  la  justice  répressive  : 

On  conservait ,  d'abord  ,  en  matière  de  crimes ,  à     Justicb 
chaque  département,  son  Tribunal  crim,inel  de  jadis, 


EiPRBSSIVB 


—  398  — 

Organisation  qui,  pour  la  Manche,  devait  contiûuer  de  siéger  à  Cou- 
des      ^  ^ 
Tribunaux    tances, 

criminel».  ji^js  désormais  il  se  composait  seulement  d*un  Pré- 
«jsiDBNT  et  de  dettx  Juges  assesseurs  ,  avec  deux  Sup- 
pléants de  ceux-ci ,  plus  d'un  Commissaire  du  gouver- 
nement, sans  accusateur  public. 

Tous  étaient  nommés />ar  fe  premier  consul,  et  pris  :  le 
premier,  pour  un  an,  parmi  les  juges  du  Tribnnal 
d'appel  civil  dont  nous  avons  précédemment  parlé  et 
dont  celui-ci  ne  continuait  pas  moins  de  faire  virtuelle- 
ment partie  ;  et  les  autres  ,  n'importe  Ou  ,  notamment 
les  assesseurs  sus  dits,  désormais  d'ailleurs  attachés 
d'une  façon  exclusive  et  permanente  à  la  juridiction  en 
question,  au  lieu  d'être,  comme  jadis,  temporairement, 
et  à  tour  de  rôle,  simplement  empruntés  à  une  autre. 

Ainsi  transformés  dans  leur  composition  —  dont  nous 
donnerons,  du  reste,  bientôt  le  nouveau  personnel  en  ce 
qui  regarde  celui  de  la  Manche,  —  ces  tribunaux  con- 
servaient ,  d'ailleurs ,  et  leur  ancienne  compétence  et 
leur  ancienne  manière  d'opérer. 

Toutefois,  relativement  à  la  première,  une  grave  mo- 
Tribunaux  dification  fut  bientôt  introduite  en  ce  qui  concerne  cer- 
s^aux!  ^^^^^  crimes — tels  que  les  incendies,  et  la  fausse  monnaie 
—  parla  loi  du  i8 pluviôse  an  L¥,  instituant,  pour  les 
juger  exclusivement,  des  juridictions  exceptionnelles, 
dites  Tribunaux  criminels  spéciaux,  composés: du  pré- 
sident et  de  deux  juges  du  tribunal  criminel  ordinaire, 
de  trois  officiers  militaires ,  et  de  deux  hommes  de 
loi;  les  cinq  derniers  à  ce  désignés  par  le  premier 
consul. 

Là,  plus  de  jury  d^accusation,  ni  même  de  jugement, 
ni  de  recours  en  cassation.  C'était  une  sorte  de  conseil 
de  guerre  modifié. 

Il  fttty  dans  la  Manche  notamment,  établi  un  de  ces 


—  399  — 

tribunaux,  dont  nous  avons,  au  greffe  de  Coutaaces, 
deux  registres ,  allant  de  floréal  an  IX  à  4  84  4,  où  de  pa- 
reilles juridictions  furent  abolies  par  la  nouvelle  charte. 
Nous  ferons  également  connaître  le  personnel  à  lui 
propre. 

Maintenant,  quant  à  la  procédv/re  crimimUe  à  appli- 
quer aux  cas,  du  reste  toujours  les  plus  nombreux, 
néanmoins  restés  de  la  compétence  du  Tribunal  cri- 
minel ordinaire,  elle  se  trouva  —  tout  en  conservant  en 
principe  ses  anciens  caractères,  et  notamment  le  double 
jury^  A'accmation  et  Aq  jugement,  des  codes  de  1791  et 
de  Tan  IV — sur  certains  points  modifiée  par  une  loi  du 
7  plumôse  an  IX,  confiant  désormais  presque  toute  la 
'police  judiciaire  à  un  substitut  du  ministère  public  près 
le  tribunal  criminel. 

Tel  fut  le  dernier  état  ou  devait  rester  cette  juridiction 
jusqu'au  moment  où  elle  fut,  par  le  Code  d'instruction 
criminelle  de  1808,  supprimée  définitivement,  pour 
faire  place  —  avec  une  procédure  différente,  (notam- 
ment au  moyen  de  la  disparition  du  jury  d'accusation)^ 
et  aussi  un  Code  pénal  nouveau  —  aux  Cours  d'assises 
actuelles,  composées,  comme  chacun  sait,  d'une  toute 
autre  façon  qu'elle. 

La  police  correctionnelle  fut,  elle  aussi,  et  d'une  ma* 
nière  bien  plus  complète,  remaniée  en  Tan  YIII.  tionneUe. 

Effectivement,  la  loi  du  27  ventôse,  sus  dite,  la  confie 
désormais,  —  à  charge  d'appel  devant  le  tribunal  cri- 
minel du  département  —  non  plus  aux  tribunaux  exclu- 
sifs de  Tan  IV,  qu'elle  supprime  complètement,  mais  bien 
aux  tribunaux  d^ arrondissement  eux-mêmes,  pour  tous 
les  délits  commis  dans  leur  ressort,  tels  que  les  définit  la 
loi,  à  cet  égard  conservée  encore,  du  1 9  juillet  1 79 1 ,  et 
sauf  l'addition,  par  celle  du  25  frimaire  an  FUI,  à  son 


—  400  — 

éDumération,  de  certains,  crimes  que  celle-ci  correctio- 
nalise  désormais  pour  eo  assurer  mieux  la  répression  ul- 
térieure. 
Simple  PoUce  Enfin,  la  police  municipale,  telle  du  reste  qu'elle  se 
trouvait  alors  définie  déjà,  était  maintenue  aux  jtbges  de 
paix,  sauf  appel  devant  le  tribunal  d'arrondissement 
dans  le  ressort  duquel  ils  se  trouvaient  compris;  avec, 
pour  ministèrepublic  futur,  soit  \q  commissaire  de  police, 
soit  l'adjoint  au  maire,  de  la  commune  de  leurs  sièges 
respectifs. 

Prisons  Notons  ici  que  les  Prisons  dépendant  de  ces  diverses 
juridictions  répressives  restèrent,  encore  longtemps 
après  l'avènement  d$  Consulat,  dans  le  plus  déplorable 
état,  notamment  pour  la  Hanche;  comme  le  prouve 
V Annuaire  de  ce  département,  de  Tan  XII,  p,  69,  cons- 
tatant :  qu'alors  encore,  l'exiguité  du  local  empêchait  d'y 
séparer  les  sexes. 

Terminons,  à  présent,  cette  double  nomenclature,  ci- 
vile et  répressive,  en  mentionnant  que,  d'après  la  loi  du 
27  ventôse  an  FUI,  le  Tribwuil  de  cassation  devait  dé- 
sormais se  composer  de  quarante-huit  juges  nommés, 
par  le  Sénat,  sur  la  liste  nationale  dont  il  a  été  parlé 
déjà  pour  d'autres  hypothèses. 


•  — Galie. 


11  ne  nous  reste  plus  à  traiter  ici  que  la  question  reli- 
gieuse. Et  ce  sera  bref. 

Effectivement  : 

D'une  part,  il  n'y  a  plus  à  s'occuper,  dans  cette  der- 
nière période  historique,  de  Véglise  constùMionneUe^  qui 


—  404  — 

ne  fait  plus  qu'y  agoniser,  malgré  raQDODce  d'une  nouvelle 
tentative  de  concile  dit  national;  lequel,  une  fois  réuni  à 
Paris,  en  Fan  X,  ne  peut  que  constater  le  désarroi 
complet  de  son  schisme,  et  se  trouve  bientôt,  du  reste, 
dissous  par  la  signature  du  Concordat  dont  nous  allons 
parler  tout  à  Theure. 

D'autre  part,  il  en  est  pire  encore,  peut-être,  du  culte 
décadaire,  qui,  bien  que  d'abord  toléré,  et  même  au 
début  toujours  prescrit,  du  moins  aux  autorités  consti- 
tuées, par  la  nouvelle  loi  (Voir  celle  du  7  thermidor  an 
VIII),  était,  en  fait,  tellement  tombé  dans  le  mépris 
public,  qu'à  CotUances  nous  ne  le  retrouvons  plus,  sur 
ses  registres  municipaux,  après  le  18  brumaire.  Du 
reste,  le  Concordat  ci-après  devait  lyentôt  le  supprimer 
officiellement;  et  même  le  Calendrier  républicain,  sur 
lequel  il  se  basait,  allait,  à  son  tour,  disparaître,  par  la 
loi  du  22  fructidor  an  XIII. 


Il  fallait  donc  bien,  désormais,  renoncer  à  ces  deux 
fictions  si  bien  usées  Tune  et  l'autre;  et,  comme  on  ne 
pouvait  cependant  se  passer  d'un  culte  quelconque, 
revenir  tout  simplement,  pour  satisfaire  d'ailleurs  aux 
vœux  presque  unanimes  du  public  en  cette  matière,  à 
celui  de  la  grande  communauté  des  catholiques. 

Celui-ci,  du  reste,  était  déjà  rétabli  en  fait;  car,  grâce 
au  zèle  des  prêtres  non  jureurs  —  dont  beaucoup  étaient 
toujours,  notamment  dans  la  Manche,  restés  secrètement 
au  pays,  en  correspondance  étroite  d'ailleurs  avec  les 
anciens  évêques  exilés;  et  dont  un  plus  grand  nombre 
encore  y  affluaient  depuis  peu,  vu  la  tolérance  complète 
du  gouvernement  nouveau  en  ce  qui  concernait  leur 
retour,  qu'il  faisait  semblant  d'ignorer  malgré  l'illéga- 
lité encore  existante  de  celui-ci,  —  partout  les  autels 
catholiques  romains  se  redressaient  devant  des  fidèles 


—  402  — 

s'y  pressant  en  foule  enthousiaste,  et  devenaient  aussi 
encombrés  d'adorateurs  que  leurs  concurrents  de  jadis 
demeuraient  déserts  et  avilis. 

Le  plus  sage  était  donc  d'en  prendre  son  parti,  et 
même  d'aller  chercher  une  nouvelle  force  gouverne- 
mentale dans  le  rétablissement  oflSciel  de  cette  religion 
persécutée,  que  Ton  ne  pouvait  arriver  à  étouffer  en 
JPrance,  et  qui,  àTheure  même,  y  révélait  si  triompha- 
lement sa  profonde  influence  morale. 


Concordat.  C'est  ce  que  comprit  Bonaparte;  i|ui,  —  après  avoir, 
à  cet  égard ,  fait  négocier  un  nouveau  Concordat  reli- 
gieux, non-seulement  avec  le  Saint-Siège,  mais  encore 
avec  :  les  anciens  évêques  réfractaires,  d'une  part,  et, 
de  l'autre,  leurs  successeurs  constitutionnels,  de  façon  à 
en  obtenir,  à  cette  occasion,  des  concessions  réciproques, 
sans  lesquelles  Taccord  projeté  devenait  impossible  au 
moins  dans  son  exécution,  —  vit  enfin,  le  23  messidor 
an  IX,  s'accomplir,  par  la  double  signature,  de  lui  et 
du  légat  papal,  au  pied  d'un  acte  en  réglant  les  diverses 
conditions,  cette  grande  œuvre  de  pacification  et  de  res- 
tauration religieuse,  dont  les  dispositions  nous  régissent 
encore  aujourd'hui  sous  la  date  du  1 8  germinal  an  X 
qui  est  celle  de  leur  promulgation  législative  en  même 
temps  que  des  articles  organiques  y  ajoutés  unilatérale- 
ment par  le  gouvernement  consulaire. 

D'aprèscet  acte,  qui  divisait,  aupoint  de  vue  ecclésias- 
tique nouveau,  la  France  —  désormais  redevenue,  par 

decôutânces.  lui,  catholique  de  droit  comme  de  fait,  —  en  dix  mé- 
^ropo/es  archiépiscopales,  comprenant,  dans  leurs  diverses 
enclaves  cinquante-deux  évêchés  en  total,  c'est-à-dire, 
en  moyenne,  un  pour  deux  des  départements  alors  com- 
pris dans  l'ensemble  du  territoire,  le  département  de  la 
Manche  se  trouvait  former  encore,  à  lui  seul,  un  de 
ceux-ci,  dépendant  de  la  métropole  de  Rouen;  qui,  da 


Rétablisse- 
ment 
de  Tévêché 


—  403  - 

reste,  ne  s'étendait  plus,  en  dehors  de  celui-là,  qu'aux 
sièges  de  :  Rtmen^  Evreux,  Séex  et  Bayeux^  assis  dans  : 
la  Seine-Inférieure,  l'Eure,  l'Orne,  et  le  Calvados. 

Coutances^  —  qui  restait,  dans  celte  nouvelle  organi- 
sation, le  chef-lieu  de  la  circonscription  épiscopale,  ainsi 
rétablie,  et  où  d'ailleurs  l'ancien  évéché  d'Avranches  ne 
se  trouvait  pas  restauré  —  vit  bientôt,  à  la  suite  du 
Concordat,  lui  arriver  un  nouvel  évéque,  légitime, 
cette  fois,  en  remplacement  :  tant  de  son  ancien  pasteur 
réfractaire,  récemment  mort  en  Angleterre,  que  de' son 
récent  évéque  Constitutionnel,  qui,  s'étant  personnelle- 
ment réconcilié  avec  le  Saint-Siège,  avait,  dans  le  rema- 
niement que  Ton  venait  de  faire  des  divers  diocèses, 
obtenu,  de  même  que  plusieurs  de  ses  anciens  collègues 
assermentés  jadis  mais  maintenant  rentrés  au  bercail, 
un  autre  de  ceux-ci  :  celui  de  Faïence^  oii  il  mourut 
quelques  années  après. 

Nous  donnerons  plus  loin  le  nom  de  son  remplaçant 
dans  nos  contrées. 

Nous  donnerons  également  celui  de  Tétat-major  épis- 
copal  dont  il  s'entoura  dès  le  début,  c'est-à-dire,  tant  de 
%^mcair es-généraux,  que  de  son  chapitre;  dont  le  Con- 
cordat sus  dit  autorisait  aussi  le  rétablissement. 

Celui-ci  laissait ,  d'ailleurs ,  aux  divers  évéques ,  le 
soin  de  fixer,  d'accord  avec  l'autorité  civile,  le  nombre 
définitif,  et  les  limites  respectives,  des  paroisses  spiri- 
tuelles de  leurs  diocèses,  qui  seules  devaient  avoir  des 
curés  en  titre,  et  aussi  des  sibccursaks,  ne  devant  recevoir 
que  de  simples  desservants;  et,  une  loi,  du  11  prairial 
an  Ail,  vint  bientôt  les  mettre  en  demeure  d'y  pro- 
céder. 

C'est  ce  qui  eut  alors  lieu  dans  la  Manche  ;  où,  de  Refonte  des 
cette  façon,  s'opéra,  à  cet  égard,  à  peu  de  choses  près,  ae^Stmche, 
la  distribution  ecclésiastique  qui  y  règne  encore  aujour- 
d'hui, notamment  dans  la  ville  épiscopale  elle-même. 


—  404  — 

dont  l'église  cathédrale  cessa ,  à  nouveau ,  d'être 
paroissiale,  tandis  que  les  deux  églises  :  de  Saira-Pierre, 
d'abord,  et  de  SaivU-Nicolas,  ensuite,  le  redevinrent 
comme  avant  la  Révolution ,  mais ,  toutefois ,  avec  des 

# 

délimitations  spirituelles  bien  autres  que  celles  qu'elles 
avaient  jadis. 

Nous  fournirons  également  le  premier  personnel  nou- 
veau de  celles-ci. 

Mais,  de  la  sorte,  la  paix  religieuse  n'était  pas  encore 
complètement  rétablie  dans  nos  contrées;  où  surgit  alors, 
comme  au  reste  dans  d'autres  de  l'ouest  de  la  France, 
une  sorte  de  secte  d'anti-concordataires,  dite  de  la  petite 
église  ou  des  bétoumés,  qui,  plus  catholique  que  le  pape, 
ne  voulait  pas ,  comme  lui ,  céder  devant  les  circons- 
tances de  force  majeure,  et,  prétendant  ne  pas  recon- 
naître les  concessions  qu'il  s'était  ainsi  vu  forcé  de  faire 
tant  à  l'autorité  civile  qu'à  l' ex-clergé  constitutionnel, 
refusait  obstinément  de  se  ranger  sous  les  ordres  de 
nouveaux  pasteurs  de  la  sorte  intronisés. . 

Seulement  le  temps  et  le  ridicule  ne  tardèrent  pas  à 
avoir  raison  de  ces  illuminés ,  et,  dès  le  Concordat,  on 
peut  considérer  la  crise  du  culte  catholique  comme  véri- 
tablement terminée  chez  nous  ;  sans  que  l'on  ait  à  s'y 
inquiéter  de  ces  dernières  étincelles  d'un  désordre  dont 
le  grand  foyer  est  désormais,  heureusement,  pour  tou- 
jours éteint. 


Mous  en  avons,  ainsi,  fini  avec  la  première  partie 
de  notre  travail;  et  nous  pouvons,  maintenant,  passer  à 


—  405  — 

la  seconde»  où  nous  allons  —  à  l'aide  de  documents  au- 
thentiques ,  mafô  tellement  nombreux  et  variés  qu'il 
nous  sera  impossible  d'essayer  d'en  indiquer  à  cet  égard, 
—  énumérer,  en  suivant  le  même  ordre  à  la  fois  chro- 
nologique et  rationnel ,  les  principaux  personnages  qui 
ont,  à  l'époque  révolutionnaire,  dans  les  diverses  phases 
de  celle-ci ,  occupé,  sur  ou  pour  le  territoire  de  notre 
département,  et  surtout  à  CotUances  et  dépendances,  les 
différents  postes  :  administraUfs,  judiciaires,  et  reli- 
gieux^  que  nous  venons  de  passer  ainsi  en  revue  générale. 
Personnages,  parmi  lesquels  on  retrouvera,  d'ailleurs, 
plus  d'un  nom  déjà  par  nous  cité  dans  notre  irUroduc- 
tion  historiqm  SUT  le  Colentin  avant  1789;  dont,  au 
surplus,  la  présente  étude  n'est,  en  réalité,  comme  nous 
l'avons  déjà  dit,  que  le  complément  naturel  et  immédiat. 


DEUXIËKE    PARTIE 


NOMENCLATURE 


Première      Période 


DE     1789      A     LA    CONSTITUTION     DE     l'aN     III 


1 1«%—  Adailniatratloii  proprement  dite. 

MEMBRES  DE   L'ASSEMBLÉE   PROVINCIALE 

DE   BASSE-NORMANDIE 
APPARTENANT     AU     GOTBNTIN    : 

Ordre  du  Clergé. 

DE  Talaru  de  Chalmazel,  évéque  de  Coutances. 
Godard  de  Belbeuf,  évéque  d'Avranches. 
d'Aj^ïneville  de  Chiffrevast,  abbé  de  St-Sever. 
de  CussYy  archidiacre  de  Coutances. 
Yerdier,  prieur  de  l'abbaye  de  Savigny-le-Vieux. 
Hardy,  prieur  d'Englesqueville-en-rAitre. 

Ordre  de  la  Noblesse. 

d'Anneville,  marquis  de  Chiffrevast,  seigneur  de  Tamerville. 
d'Auxais,  seigneur  du  Mesnil-Yéneron. 


—  407  — 

DU  QuESNOYy  marquis  du  Quesnoy. 

DE  Yassy,  seigneur  de  Brécey. 

Kadot  de  Sebbyille,  seigneur  de  Savigny. 

Ordre  du  Tiers-EtcU. 

de  Colleyille,  maire  de  Yalognes.     . 

Le  Yéel,  de  Lieusaint. 

DE  Bagilly,  maire  de  Saint-Lo. 

Bernard  du  Chesne,  avocat  du  roi  à  Saint-Lo. 

Desplanques  du  Mesnil^  maire  de  Carentan. 

Heryieu  de  Pont-Louis,  lieutenant  particulier  au  bailliage  de 
Carentan. 

DE  Yaufleury  de  Saint-Cyr,  maire  de  Mortain  et  lieutenant- 
général  du  bailliage  de  cette  ville. 

Levesque,  avocat  du  roi  au  bailliage  de  Mortain  (probablement 
le  décapité  du  Tribunal  révolutionnaire  de  Paris,  men- 
tionné dans  notre  Etude^  ad  hoc,  p.  85.] 

Tesnière  deBremesnil,  maire  d'Avranches. 

Meslé,  d'Avranches. 

BuRDELOT,  vicomte  de  Pontorson. 

Fremin  de  Beaumont,  maire  de  Coutances. 

(Voir  noHcey  sur  lui,  dans  l'Annuaire  de  la  Manche^  année  1839,  p.  SI84.) 

Gabriel  de  Cussy,  de  Coutances. 

DE  LA  Lande-Mesnildrey,  Rvocat  à  Coutances. 

MEMBRES    DE   LA  COMMISSION    IRTERMÉDIAIRE 
DE  LA  DITE  ASSEMBLÉE  PROVINCIALE , 

APPARTENANT      AU      COTENTIN     : 

DE  Talaru,  évéque  de  Coutances  ;  pour  le  Clergé. 

DE  Yassy,  seigneur  de  Brécey  ;  pour  la  Noblesse. 

DE  la  Lande-Mesmldrey,  avocat  à  Coutances  ;  pour  le  Tiers-Etat. 

déjà  précédemment  mentionnés. 


-.  408  — 
COMPOSITION   DE  L'ASSEMBLÉE   D'ÉLECTIOR    OU    DE    DÉPARTEMEIT 

DE    COUTANCES 
SUBORDONNÉE     A     LA     DITE      ASSEMBLÉE     PROVINCIALE. 

Ordre  du  Clergé. 

DE  CussT,  chanoine  (une  des  victimes  de  la  fournée  coutançaise, 

le  3  thermidor  an  II);  président  de  la  réunion. 
GouiN,  curé  de  la  Lande-d'Airou. 
PiGNET,  prieur-curé  de  Saint-Denis-le-Gast. 

BoNNiER,  curé  deMuneville-le-Bingard. 
DE  Beaudre,  chanoine. 

Ordre  de  la  Noblesse, 

de  Cussy-Mandeville,  de  Coutances. 

Lebougher  de  Yallefleur^,  de  Granville. 

Leforestier  de  Mobegq,  seigneur  de  Ver  (une  autre  des  vic- 
times de  la  dite  fournée). 

Fraslin,  seigneur  du  Lorey. 

Des  Marets,  seigneur  de  Montchaton,  lieutenant -général  du 
bailliage  présidial. 

Ordre  du  Tiers-Etat, 

Alexandre^  échevin  à  Coutances. 
Bonté,  médecin  à  Coutances. 

{Notice,  sur  lui,  dans  l'Annuaire  de  la  Manche,  année  1829,  p.  303.) 

Perrée- Duhamel,  négociant  à  Granville. 
HuGON  de  la  Cour,  id. 

Roger-Beaudry,  avocat  et  notaire  à  Hambye. 
Lefèvre-Dubuisson,  avocat  à  Gavrav. 
Sadot,  propriétaire  à  Savigny. 
Leforestier,    id.    à  Saint-Sauveur-Lendelin.  ^ 
Leclerc,  id.    à  Regnéville. 

Lemonnier  du  Parc,  négociant  à  Bréhal. 


-  409  - 
COMPOSITION   DU    BUREAU    IRTERMÉDIAIRE 

DE  LA  DITE  ASSEMBLÉE  D'ÉLECTION 

Membres  proprement  dits  : 

BoNNiER,  curé  de  Muneville-Ie-Bingard;  pour  le  Cierge'. 

Leforestier  de  Mobecq,  seigneur  de  Ver;  pour  la  Noblesse. 
Bonté,  médecin  à  Coutances  ;                    \ 

HuGON  DE  LA  CouR,  négociaut  à  Granville  ;  1  P^"**  '^  Tiers-Etat. 

m 

précités. 

Syndics  : 

Fremin  de  Beaumont,  maire  de  Coutances,    déjà   mention- 
na ;  pour  la  Noblesse. 
Le  Tullier,    procureur  du  roi  au  tribunal  de   TElection   de 
Coutances  ; .  pour  le  Tiers-Etat. 

Greffier. 
Caillard,  receveur  des  décimes  ecclésiastiques  à  Coutances. 

DÉPUTÉS  DU  COTENTIN 

AUX     ÉTATS-GÉNÉRAUX     DE     1789. 

Ordre  du  Cierge'. 

1  Le  Lubois,  curé  de  Fontenay. 

2  BÉGHEREL,  curé  de  Saint-Loup. 

(Voir  notice  dans  la  Biographie  normande  de  LoRiroN,  au  dit  nom# 

p.  84). 

3  Lerouvillois,  curé  de  Carantilly. 

4  DE  Talaru,  évéque  de  Coutances. 


—  410  — 

Ordre  de  la  Noblesse. 

5  Aghard  de  Bonvouloir,  seigneur  du  Dézert. 

6  DE  Beàudràp^  seigneur  de  Sotteville. 

7  Arthur  de  la  Yillarmois,  d'Avranches. 

8  Leglerg  de  Juigné,  seigneur  de  La  Baleine  et  de  Ste-Mère- 

Eglise. 

Ordre  du  Tiers-Etat. 

9  Lesagher  la  Pallière,  avocat  à  Mortain. 

(Voir  fkotice^  sur  loi,  dans  VEistoire  de  Mortain  par  Sactagb,  p.  386.) 

iO  Burdelot,  vicomte  de  Pontorson;  précité. 

11  Vieillard  de  Boismartin,  avocat  à  Saint-Lo. 

{Yoir  Biographie  normande  sus-dite,  p.  556,) 

12  Bernard-Dughesne,  avocat  du  roi  au  même  lieu;  précité. 

1 3  Perrée-Dcham  EL,  négociant  à  Granville  ;  id. 

14  Desplanques  du  Mesnil,  maire  de  Carentan  ;         id. 

15  PouRET-RoQUERiE,  procurcur  du  roi  au  bailliage  de  Périers. 

(Voir  notice  dans  V Histoire  de  CotUances,  de  M.  Quknault>  p.  952.) 

16  Angot,  lieutenant-général  au  bailliage  de  Saint-Sauveur-le- 

Vicomte. 

DÉPUTÉS    DE    LA    MANCHE 
A  l'assemblée  législative. 

Titulaires. 

1  DuvAL  LA  Valette,  de  Gréville,  administrateur  du  Dépar- 

tement. 

2  Poisson  de  Coudreville,    de  Saint-Lo,  id.,  et  juge  du 

tribunal  de  district  de  cette  ville. 

3  EuvREMER,  de  Périers,  administrateur  du  Département. 

4  Lemoine  -  Villeneuve  ,    de  Mortain,  juge   au  tribunal  de 

district  de  cette  ville. 

(Voir  Sauvage,  i6ki.,  p.  384.) 


—  411  — 

5  Després,  de  Yalognes,  administrateur  du  Département. 

6  Sauvé,  de  Dacey,  négociant  et  maire  au  dit  Ûeu. 

7  Tesson,  de  Monthuchon,  administrateur  du  Département. 

8  Le  Tourneur,  de  Cherbourg,  capitaine  du  génie  en  la  dite 

ville. 

(Voir  LBBftBTOR,  ouwrage  préeUé^  p.  564.) 

9  Le  Tellibr  du  Hutrel,  de  Saint-Lo. 

I  10  GiROULT,  de  Yilledieu,  avocat,  et  administrateur  du  Dis- 
j  trict  d'Avranches. 

I  14  Lerebours-Pigeonnière,  de  St-Hilaire-du-Harcouet^  juge 
I  au  tribunal  de  district  de  Mortain. 

(Voir  Annuaire  de  la  Manche,  1889,  p.  S95.) 

12  Le  Pigeon  de  Boisval  ,  de  Coutances,  maire  de  la  dite  ville 
(fils  de  Le  Pigeon  de  Launay,  un  des  décapités  du 
3  thermidor  an  II,  à  Paris), 

1 3  Quesun,  médecin  à  Barfleur. 

Suppléants, 

1  YvER,  de  Carentan,  administrateur  du  District  de  cette  ville. 

2  BouRsiN,  de  Mortain,  vicaire  épiscopal  à  Coutances. 

3  RiBET,  négociant  à  Tourlaville. 

(Voir  Lebreton,  ouvrage précUé,  p.  910). 

4  Pradier,  de  Cahors,  adjudant  militaire. 

5  BuRDELOT,  d'Avranches,  receveur  du  District  d'ibid.  ;  déjà 
mentionné  comme  vicomte  de  Pontorson. 

DÉPUTÉS  DE  LA  MANCHE  . 

A     LA     CONVENTION     NATIONALE 

Titulaires. 

1  Sauve,  de  Ducey,  ex-député  à  la  Législative;  précité. 

2  Poisson  de  Coudreville,  de  Sainl-Lo,  id. 

3  Le  Moine  Villeneuve,  de  Mortain,  id. 

4  Le  Tourneur,  de  Cherbourg,  id. 


—  448  — 

5  RiBET^  de  Tourlaville,  ex-suppléant  à  la  Législative. 

6  PmEL,  de  Saint  r  James ,  administrateur  du  District  d*A- 

vranches. 

7  Lecarpentier,  de  Helleville^  chef  de  légion  de  la  garde  na- 

tionale de  Yalognes. 

(Voir  notice,  sur  lui,  dans  la  Biographie  universelle  de  Michacd.) 

8  Hàvin,  du  Mesnil-Opac,  avocat,  administrateur  du  District 

de  Sainl-Lo- 

9  BoNNBSOEUR-BouRGuiGMÈRE^  doBareuton,  avocat,  et  adminis- 

trateur du  Département. 

(Toir  notice,  Ânnumre  de  la  Manche^  année  1863,  p.  58). 

1 0  Engerran-Deslandes,  de  Saultchevreuil^  avocat  à  Avranches. 

1 1  Régnault  DE  Brétel  ,    de  La  Haye-du-Puits ,  avocat ,  et 

administrateur  du  Département. 

12  Laurence,  de  Villedieu,  administrateur  du  D.épartement. 

13  Hubert  du  Manoir,  de  Saint-Gilles,    administrateur  du 

Département. 

Demies  :  3*,  4%  5%  7%  8%  9%  12*  et  13%  votèrent  pour  la 
condamnation  à  mort  de  Louis  XYL 

Suppléants. 

1  JuHÉ  de  Launay,  de  Mortain ,  administrateur  du  Départe- 

ment. 

2  Carbonel,  d'Àvranches,  administrateur  du  District  de  la  dite 

ville. 

3  Agnès,  de  Coutances,  administrateur  du  Département. 

4  Heudeline,  de  Saint-Romphaire,  avocat  à  Torigny,  id. 

5  Hage,  de  Coutances,  homme  de  loi  au  dit  lieu. 


—  4<3  - 
ADMINISTRATION  DU   DÉPARTEMENT 

DE  LA  MANCHE 

Elections  de  1790. 

CONSEIL  BÉRÉRAL. 

1  Tesnière  de  Brbmesnil,  maire  d'Avraoches,  déjà  cité;  pré- 
sident. 

%  Lerebours-Piqeonnière,  de  Saint-Hilaire-du-Harcouet,  avo- 
cat; précité. 

3  Yastel,  avocat  à  Cherbourg. 

4  LeCuanoinb,  de  Yarenguebec,  laboureur. 

5  Bernard-Dughesne,  avocat  du  roi  au  bailliage  de  Saint-Lo  ; 

sus-meutionné. 

6  Langlois,  vicomte  de  Barfleur. 

7  Euvremer,  avocat  au  bailliage  de  Périers;  précité. 

8  BuHOT^  des  Pieux,  laboureur. 

9  Desprês  des  Lonosghamps,   lieuteuant  de  la  maîtrise  des 

Cours  et  Forêts,  à  Yalognes. 

10  Laloi  de  i.a  Roque,  du  district  de  Yalognes,  herbager. 

11  Bonnesoeur-Bourouignière,  de  Barentou,  avocat  à  Mortain  ; 

précité. 

12  DuBosQ  DU  LoNGPRÉ,  dc  Saint-Martiu-lc-Hébert,  laboureur. 

13  Lafosse,  de  SaiDt-C6me-du-MoDt,  id. 

14  PouRBT-LoNouEVAL,  dc  Gcffosscs,  id. 

15  Loquet,  maire  de  la  Lande-d'Airou. 

16  Piel-FerOnnière,  du  Mesnil-Amaut,  conseiller  en  l'Election 

de  Coutances. 

17  Lemaitre  de  la  Houguette,  de  Clitourps,  laboureur. 

18  Ernouf,  maire  de  Saint-Germain-sur-Ay. 

19  DE  Bréget  la  Yallëe^  du  district  d'Avranches,  avocat. 

20  Lemengnonnet,  de  Granville,  négociant. 


*•! 


—  414  — 

21  LoiSBL,  avocat  à  Saint-James. 

22  Duhamel,  maire  de  Mortain. 

23  Legorju-Lagrièhe^  de  Saint-Yigor-des-Monts,  laboureur. 

24  Hubert  du  Manoir,  de  Saint-Gilles  ;  précité. 

25  Poisson  de  Coudreville,  de  Saint-Lo,  ancien  procureur  du 

roi  au  bailliage  d'Aleuçon  ;  précité. 

26  JuHÉ,  avocat  à  Mortain  ;  également  sus-mentionné. 

27  Regnault,  de  Saint-Michel-de-la-Pierre,  avocat  à  Coutances, 

■ 

28  DuBREuiL,   ex -maire  de  Heugueville  (massacré  par  les 

chouans,  le  12  germinal  an  YIII,  au  dit  lieu). 

29  DuvAL,  de  Gréville,  laboureur;  déjà  cité. 

30  Tesson,  avocat  à  Coutances  ;  précité. 

31  Le  Magnen,  de  Carentan,  maire  de  cette  ville. 

32  Regnault  de  Bretel,  avocat  à  la  Haye-du-Puits;  précité. 

33  Ernoul-Deslandbs,  de  Vengeons. 

34  Cabart  du  Longprey^  du  Vicel. 

35  Heudeline,  avocat  à  Thorigny;  sus  dit. 

36  Brostain  des  Fontaines,  du  district  de  Yalognes. 

Procureur  général  syndic. 

Fremin  de  Beaumont,  maire  de  Coutances;  déjà  plusieurs 
fois  cité. 

Secrétaire 

Letullier,  procureur  du  roi  à  Félection  de  Coutances  ; 
également  précité. 

DIRECTOIRE. 

DuvAL.  —  Desprès.  —  Euvremer.  —  Tesson.  —  Heudeline. 
—  Loisel.  —  JuHÉ.  —  Ernoul-Deslandes  ;  pré- 
cités. 


-  416  - 


Elections  de  1791. 

A  cause  de  la  sortie,  pour  diverses  causes,  des  :  1",  2®,  5%  7*, 
8%  9%  i\\  \6%  19«,  20",  22%  23%  25%  26%  29%  30%  31% 
32%  34''  et  36®,  membres  du  conseil  général,  ci-dessus  énumérés  ; 
dont  les  11%  M^eî3^  sont  alors  réélus,  de  telle  sorte  qu'on  n'a 
à  enregistrer,  à  cette  occasion,  comme  entrants  pour  la  première 
fois,  en  remplacement  des  dix-huit  autres  sortants,  que  : 

Lb  Timonnier  d£S  Aunais,  de  Yernix,  médecin. 

Mesquin,  de  Granville,  avocat,  ex-sénéchal  de  la  moyenne 

justice  de  Saint-Pair. 
Laurence,  de  Yilledieu,  homme  de  loi  ;  précité. 
CoRNAviN  DE  Chanvallon,  dc  Sainte-Maric-du-Mont ,  membre 

du  District  deCarentan. 
Avoine  Chantereine,  procureur  de  la  commune  de  Cherbourg. 

(Voirnottce,  sur  lui,  Annttairedela  Manche,  1886,  p.  185.) 

Pesnel,  maire  de  Sottevilie. 

Fernagu,  de  Querqueville,  administrateur  du  District  de  Cher- 
bourg. 
RiBET,  de  Tourlaville,  négociant  ;  précité. 
Agnès,  avocat  à  Coutances  ;  id. 

Brohon,  juge  de  paix  à  Bréhal. 
Cousin  des  Champs,  du  Teilleul,  juge  de  paix. 
BouRsiN,  de  Mortain,  vicaire  épiscopal  ;  précité. 
GoNFREY-GossEviLLE,  avocat  à  Saint-Lo. 
Le  Jolis,  maire  de  Yilliers-Fossard. 
Le  Chapon,  juge  de  paix  de  Tessy. 
Regnet,  avocat  à  Bricquebec. 
Lehieule,  de  Barneville,  avocat. 
Lebrun,  du  Cheffresne,  juge  de  paix  à  Percy. 

Qui, —  avec  :  Loisel,  Loquet,  Lafosse,  Ernouf,  Leghanoine, 
Yastel,  Langlois,  Dubreuil,  Regnault,  Pouret-Longubval, 


—  416  — 

Ernoul- Deslandes,  Heddeline,  Hubert  du  Manoir,  Laloi  de 
La  Roque  et  Dubosgq,  non  sortis,  et  :  Juhé,  Bonnesoeur-Bour- 
6UI6NIÈRE  et  Regnault  DE  Bretel,  rentrés,  composent  désormais 
F  administration  totale^  sous  la  présidence  de  ce  dernier. 

Des  nouveaux  venus,  entrent  alors  au  directoire  de  celle-ci,  en 
remplacement  de  ses  quatre  premiers  membres  de  4790  désor- 
mais sortis  définitivement  de  l'administration  départementale  : 

De  Cbantereine.  —  Lehieule.  —  Cornavin-Chauvalon  et 
Brohon,  précités;  qui, — avec  Loisel (bientôt  disparu,  du  reste,  vu 
son  élection  au  poste  de  président  du  tribunal  criminel  de  la 
Manche]  Juhé,  Ernoul  et  Heudeline,  qui  y  étaient  déjà,  —  vont 
le  constituer  désormais. 

Elections    générales    de    1792. 
COHSEIL  eÉHÉRAL. 

1  RiouLT  DE  MoNTBRAY,  jugc  au  tribunal  de  district  d'Avran- 

ches  ;  président  de  l'administration. 

2  Vrac  des  Vacants,  cultivateur  à  Surtainville. 

3  AssELiN,  prêtre  et  administrateur  du  District  de  Cherbourg. 

(Voir  notice,  Annitairê  sus  dit,  1847,  p.  522;. 

4  Bernard,  membre  du  District  de  Yalognes. 

5  Prodhomme,  de  Trelly,  id.  de  celui  de  Coutances. 

6  Billard  du  Bamel,  d*Annoville,  id. 

7  Roussel,  administrateur  du  District  de  Mortain. 

8  PoNTAS  DU  MÉRiL,  id.  dc  celui  de  Yalognes. 

9  Michel,  id.  de  celui  de  Cherbourg. 
(0  BouRSiN,  administrateur  du  Département;  précité. 

11  CouEY  DU  LoNGPREY,  administrateur  du  District  de   Cher- 
bourg. 
1  SI  Le  Cervoisier,  homme  de  loi  à  Coutances. 

13  Clément,  duDézert,  officier  municipal  à  Saint-Lo. 

(Voir  notice  Annuaire  de  la  Manche,  1851,  p.  117). 

14  Rénaut-Prbmarais,  négociant  à  Périers. 


—  417  — 

45  Pinot,  juge  au  tribunal  de  district  d'Avranches. 
16  Desghamps,  administrateur  du  District  d'Avranches. 
4  7  DE  Perroghel  ,  propriétaire  à   Lessay ,    ex  -  seigneur  de 
Créances. 

18  Agnès,  administrateur  du  Département;  précité. 

19  CuLLERON  DES  Marais,  administrateur  du  District  de  St-Lo. 

20  JouENNE,  id.  de  celui  de  Coutances. 

21  Moulin  le  Bourdonné,  marchand  au  Fréne-Poret. 

22  OuRY,  administrateur  du  District  de  Cherbourg. 

23  Heudbline,  (*x-membre  du  Département;  sus  dit.         , 

24  Jaqubmont,  capitaine  de  la  garde  nationale  à  Mortain. 

25  Le  Brun,  ex-membre  du  Département  ;  précité. 

26  Ménard,  de  St -James. 

27  Frémont,  le  jeune,  propriétaire  à  Sainte-Marie-du-Mont. 

28  GuiLLEBBRT,  membre  du  District  de  Yâlognes. 

29  Planghon,  id.  de  celui  de  Coutances. 

30  Le  Peinteur,  avocat  à  la  Haye-Pesnel. 

31  Legarpentier,  ex-membre  du  District  de  Yalognes. 

32  Lemaitre,  id.  de  celui  d'Avranches. 

33  Tardif,  id.  de  celui  de  Yalognes. 

34  Loquet,  administrateur  du  Département  ;  précité. 

35  Lebrun,  juge  de  paix  de  Saint-Floxel. 

36  Cariot  de  LA  Harderib,  de  Yesly,  membre  du  District  de 

Carentan. 

Procureur-général  syndic. 
Chanteretne,  membre  du  Département. 

Secrétaire. 
Letullier,  par  continuation  du  passé. 

DIRECTOIRE. 

AssELiN.  —  Roussel.  —  Ménard.  —  Culleron.  —  Jouennb. 
—  Cariot.  —  Lebrun.  —  Agnès, 

Sus-mentionnés. 

27 


-  418  — 


COMMISSION    ADMINISTRATIVE 

Nommée,  le  3  septembre  1793,  parle  représentant  en  mission, 
Lecarpeniier,  en  remplacement  de  Tadministration  départemen- 
tale élective,  par  lui  dissoute. 

En  outre  de  : 

Heudeline,  président  futur  de  la  dite  commission  ,  Boursin, 
Clément,  Jouenne,  Roussel  et  Prodhomme,  membres  du  Dépar- 
tement, alors  y  conservés, 

Elle  comprend,  comme  membres  de  son  Conseil  général  : 

Lalandb,  membre  du  conseil  de  surveillance  de  Coutances,  et 

sculpteur  en  la  dite  ville. 
Lecène,  procureur  de  la  commune  à  Saint-Sauveur-Lendelin. 
Laignel,  maire  de  Saint-Eny. 
TosTAiN,  membre  du  District  deCarentan. 
Luge,  maire  de  Bretieville-sur-Ay. 
LÉGARD,  officier  municipal  à  Saint-Lo. 
RoBiNE,  de  Granville. 
Lecaplain,  d'Avranches. 
PiGHON,  membre  du  District  de  Mortain. 
Frigoult,  officier  municipal  à  Cherbourg. 
Néel,  de  Gerville,  administrateur  du  District  de  Cherbourg. 
Risbegq,  maire  de  Siouville. 
Marion  la  Vallée,  maire  de  Pierreville. 
Le  Petit  des  Monts,  maire  de  Quettehou. 
PÉPIN,  de  Montebourg. 
En  tout  21  membres. 

Avec,  pour  Procureur-général  syndic  : 
BuHOT,  président  du  tribunal  de  district  de  Yalognes, 


-  449  — 
Et  son  Directoire  se  forme,  aussitôt,  de  : 

JOUENNE.  — •  LaLANDE.  —  LaIGNEL.  —  ClÉMENT.  —  ROBINE. 

—  Roussel.  —  Pépin,  — et  Frigoult;  sus  dits. 

Composition  nouvelle,  par  le  représentant  Bouret^  le  22  ni- 
vôse an  II,  en  vertu  de  la  loi  du  14  frimaire  an  II,  réduisant, 
d'ailleurs,  désormais  les  administrations  départementales  à  un 
simple  Directoire,  dépourvu  de  procureur-général-syndic  ou 
fonctionnaire  analogue. 

En  outre  de  :  Lalande,  Clément >  Roussel,  Robinb  et 
PÉPIN,  précités,  qui  y  sont  conservés,  celle  de  la  Manche  com- 
prend alors,  à  la  place  de  ses  trois  autres  derniers  membres 
ci-dessus,  et  sous  la  présidence  générale  de  Clément  : 

Regnault  des  Vergers,  du  district  de  Carentan. 
Gauvain,  négociant  à  Cherbourg. 

DE  la  Carrière-Clamorgan,  de  Cherbourg,  bientôt  remplacé  par 
Janin,  avocat  à  Hortain. 

Avec,  pour  Secrétaire  : 
NiGOLLE,  professeur  au  collège  de  Coutances. 

Remaniement  opéré,  par  Legot,  en  nivôse  an  III,  dans  ce 
personnel;  où,  en  excluant  Lalande,  Rosine  et  Nicolle,  il  fait 
entrer,  et  siéger,  à  côté  de  ses  autres  membres  d'ailleurs  con- 
servés : 

Comme  Administraieurs  : 

Paquet-Beauvais,  ex-procureur  de  la  commune  de  Coutances. 
LouvEL,  d'Avranches. 

Et,  comme  Secrétaire  : 
Muriel,  de  Coutances, 


-  420  - 

Dernière  refonte  opérée,  le  49  floréal  suivant,  par  Bouret  en 
exécution  de  la  loi  du  28  germinal  an  III,  qui  réorganise  les 
administrations  départementales,  tout  en  laissant  supprimés  les 
conseils  généraux  jadis  y  compris. 

Elle  amène  : 

Comme  Membres  du  nouveau  Directoire: 

En  outre  de  :  Clément,  Paquet-Beadvais,  Louvel  et  Janin, 
précités,  alors  conservés  : 

Lebrun,  du  district  de  Valognes,  —  Euvremer,  de  Périers,  — 
AssELiN,  de  Cherbourg;  jadis,  eux  aussi,  membres  du  Départe* 
ment;  —  et  Letullier,  son  ancien  secrétaire. 

Comme  Procureur-général  syndic ,  dont  les  fonctions 

étaient  désormais  rétablies  : 

Frémond,  membre  du  District  d'Avranches. 

Et  comme  Secrétaire  : 
HuRiELy  sus  dit. 


ADMINISTRATION   DU   DISTRICT   DE  COUTANCES 

Elections    de    1790. 

COHSEIL  6ÉNÉRAL 

1  Duhamel,  lieutenant  de  police  au  bailliage  de  Coutances, 

(Voir  sur  lui,  Annuaire  précité,  1835,  p.  S88),  président. 

2  PiGNARD  DU  Haut-Bosq  ,  dc  Cércuccs ,  homme  de  loi  à 

Coutances. 

3  Sadot,  deSavigny;  déjà  mentionné. 

4  Lefèvre  du  Buisson  ,    homme  de  loi    à  Gavray  ;  égale- 

ment précité. 


—  421  — 

5  Billard-Duhamel,  d'Annoville;  déjà  cité. 

6  Prodhommb,  de  Trelly  ;  id. 

7  JoLY,  de  Pirou,  avocat. 

8  Bonté,  conseiller  au  présidial  (père  da  médecin  sus  dit). 

9  BoiviN^  de  Blainville,  notaire. 

10  Planchon,  notaire  à  Cerisy-la-Salle  ;  déjà  mentionné. 

11  Lbgoq  des  Rochers,  de  Minières. 
13  Yaultier,  de  Montpinchon. 

Procureur-Syndic. 

Dufouc-Maisongelles  ,  de  Gratot,   avocat  au  parlement  de 
Rouen. 

Secrétaire. 

Lepesant,  avocat  à  Coutances. 

DIRECTOIRE. 
Bonté,  Jolt,  Billard  et  Lbgoq;  précités. 

Renouvellement  partiel,  de  1791 ,  faisant  alors  entrer,  — à  la 
place  des  4%  5*,  7«,  8^  9*  et  11%  administrateurs  précités, 
qui  sortent  aux  termes  de  la  loi  : 

Lbbastard-Delisle,  officier  municipal  de  Coutances. 
GuiLLOT-DuvAL,  procurcur  au  même  lieu. 
Lbmonnier-Lafontaine,  de  Bréhal. 
Joubnne-Lagavée,  de  Cérences;  déjà  cité. 
Almy-Lafontaine,  de  St-Sauveur-Lendelin. 
Lebrun. 

Qui,  —  avec  :  Duhamel  continué,  d'ailleurs,  président,  Pi- 
GNARD,  Sadot,  Prodhomme,  Planchon  ct  Vaultieb,  sus  dits,  — 
composent  désormais  V administration  en  question  ;  dans  le  Di- 
rectoire de  laquelle  entrent  alors,  pour  le  reformer  : 

Prodhomme,  Joubnne-Lagavée,  Guillot-Duval  et  Lbmonnier, 
sus  dits. 


—  422  - 

Elections  générales  de  1792. 

COHSEIL  6ÉNÉRAL. 

1  Lefrang,  notaire  à  Gavray,  président. 

2  LoNGiEN,  maire  de  Muneville-le-Bingard. 

3  Lefebure^  procureur  à  Gavray,  en  dernier  lieu  homme  de 

loi  à  Coutances. 
i  Brugère,  de  Bréhal. 
0  FoNNARD-DuHAMEL,  maire  de  St-Louet-sur-Sienne  (Trelly). 

6  Troussel-Doueterie  ,  commandant  de   garde  nationale  à 

Gavray. 

7  Castel,  id.  à  Cérences. 

8  Sadot,  de  Savigny,  précité,  membre  du  District. 

9  Ybert,  procureur  de  la  commune  de  Montcarville. 
i  0  Frémin,  de  Bricqueville-sur-Mer. 

1 1   Delamare,  de  Montchaton. 

i  2  JouRDAN,  de  Muneville-sur-Mer. 

Procureur-syndic,  et  plus  tard  Agent  national  : 
GuiLLOT-DuvAL,  membre  du  District;  précité. 

Secrétaire  : 
DuGLOux,  commis  au  District. 

DIRECTOIRE. 

Brugère.  — LoNGiEN.  —  Delamare.  —  Lefebure;  sus-men- 
tiennes. 

Remaniement,  le  29  nivôse  an  II,  par  Bouret,  en  vertu  de  la 
loi  du  1 4  frimaire  an  II  : 

Tout  le  personnel  ci-dessus  est  conservé,  sauf  Ybert  et  Sadot^ 
alors  remplacés  par  ; 


j 


-  423  - 

JouENNE,  ex-administrateur  du  Département;  plus  haut  cité. 
Et  Colette  des  Bouillons,  de  Servi^ny 

Et  alors  le  Directoire  se  recompose  de  : 
LoNOiEN.  —  Lbfebure.  —  Delamare  —  et  Jouenne;  déjà  cités. 


Enfin,  le  16  nivôse  an  III,  refonte  nouvelle  du  personnel,  par 
Legotf  qui  lui  donne  : 

Pour  COHSEIL  6ËliËRAL. 

En  outre  de  Dblamare  et  Colette,  précités  ;  seuls  conservés  de 
l'ancienne  administration. 

Piton,  officier  municipal  à  Coutances. 

Leboulanger,  id.,  vitrier  de  profession. 

Lavallée,  avocat  à  Coutances. 

Legervoisier,  homme  de  loi  à  Coutances,  ex-administrateur  du 

Département;  précité. 
Pezbril,  ex-juge  au  tribunal  de  district  de  Coutances. 
Lemaitre,  homme  de  loi  à  Coutances. 
Jourdain  de  Beaulieu  ,  id. 

Tesson,  ex-membre  de  l'Assemblée  législative  ;  précité. 
Lebrun,  ex-procureur  du  roi  au  bailliage  de  Coutances,  puis 

commissaire  du  roi  au  tribunal  de  district  de  cette  ville. 
Eguay  la  Motte,  de  Saint-Malo-de-la-Lande. 

Pour  Agent  national  : 
Duhamel,  ex-membre  du  dit  District. 

Pour  Secrétaire  : 

LoYSON,  commis   aux  écritures  à  Coutances,    ex- greffier  de 
l'officialité  de  cette  ville, 


—  424  — 

Et  pour  DIRECTOIRE  nouveau  : 

Piton,  —  Lavallée,  —  Pezeril  —  et  Legervoisibr  ;    pré- 
cités. 


ADMINISTRATION    MUNICIPALE 

DE  COUTANCES. 

MilIBRES    DU    COMITÉ    NATIONAL    DE    1789: 

Fbemin  de  Beauhont,  maire  de  la  ville  ;  sus  dit. 
Bonté,  médecio;  également  précité. 
Legouyey  de  Condé. 

Le  Tullier,  procureur  du  roi  en  l'élection  de  la  dite  ville  ;  déjà 
cité. 

ORGANISATION  NOUVELLE 

Elections    de    Janvier    1790. 

Maire. 

m 

Fremin  de  Beaumont  ;  sus  dit. 

Officiers  municipaiix  (8) . 

1  Tesson,  avocat;  précité. 

2  Duhamel,  lieutenant  de  police  au  bailliage,  id. 

3  Delalandb,  Ujetmt^  avocat  à  Coutances. 

4  DuBREuiL,  curé  de  Saint-Pierre-de-Coutances. 

5  Lemaitre,  avocat  à  Coutances  ;  sus  dit. 

6  DuvAL,  id. 

7  Lavallée,  id. 

8  Coulomb,  marchand  (bisaïeul  maternel  de  Tauteur  de  cette 

étude). 


.—  425  - 

Notabks  (48). 

t  Chapel,  avocat  à  CoutaDces. 

2  GuTARD,  teinturier. 

3  Leyivier,  marchand  mercier. 

4  DuDOuiT^  tailleur. 

5  Desmarbts  de  MoNTCHATONy  lieutenant-général  au  bailliage; 
précité. 

6  Lecardonnel,  épicier. 

7  Henrt  la  Vauguerie,  chirurgien. 

8  Haudug,  receveur  des  consignations  au  dit  bailliage. 

9  BoNTii,  conseiller  à  celui-ci  ;  précité. 

0  Hagé,  avocat;  sus-mentionné. 

1  DupRBY  dit  d'Amérique,  lieutenant  particulier  au  bailliage. 

2  GuiLLOT-DuvAL,  procurcur  à  celui-ci  ;  précité. 

3  Charbtte,  architecte. 

4  de  Crux,  avocat  du  roi  au  bailliage. 

5  Dadure,  parcheminier. 

6  Bonnet,  apothicaire. 

7  DuvAL-MoNTiGNY,  avocat. 

8  Alexandre»  id.,  et  ancien  échevin  de  la  ville;  précité. 

Procureur  de  la  Commune. 
Lbmonnier,  avocat  à  Coutances. 

(Yoir  à  son  égard,  M.  Quénault^  Histoire  de  Couiances,  p.  S5i.) 


Elections  partielles,  en  juillet  1790,  pour  remplacer  :1e  maire, 
trois  des  offUiers  municipaux  alors  en  exercice,  et  les  1  ®^  3® 
(devenus  eux-mêmes,  dans  Tintervalle,  du  nombre  de  ceux-ci,  à 
la  place  du  T'et  2^  d'entre  eux),  5%  9%  16*  et  17%  notables 
plus  haut  indiqués;  tous  manquant  par  suite  de  circonstances 
accidentelles  et  non  en  vertu  d'une  échéance  légale  de  renou- 
vellement de  personnel. 

Elles  donnent,  comme  membres  nouveaux  : 


—  426  — 

Pour  Maire, 

DE  CussY,  ex-chanoine  de  la  cathédrale  de  Coutances;  déjà 
mentionné. 

Pour  Officiers  municipatix. 

DupREY,  notable;  précité. 
Lebastard-Dbusle,  avocat  à  Coutances. 
Drogy,  avocat  à  Coutances. 

Et,  pour  Notabks. 

Daireaux,  commis  au  District  de  Coutances. 

Fremin  de  Lingreville  (frère  de  Fremin  de  BeaumorU ,  pré- 
cité), ancien  officier  de  Tarmée,  actuellement  colonel 
de  la  garde  nationale  de  Coutances. 

Desplanques  -  Vantigny  ,  ex -chapelain  de  la  cathédrale  de 
Coutances. 

Ledran,  ex-greflSer  de  Télection  de  Coutances. 

Germain-Despallières,  avocat  à  Coutances. 

Jourdain  de  Beauueu,       id.;  déjà  cité. 

Autre  renouvellement  partiel  à  la  fin  de  4790,  —  tant  en 
vertu  de  la  loi  en  imposant  un  de  ce  genre,  chaque  année,  par  la 
sortie,  après  tirage  ad  hoc,  de  la  moitié  des  membres  de  la  mu- 
nicipalité à  ce  désignés  par  le  sort  ;  qui,  dans  l'espèce,  tomba 
sur  les  4®  et  8*  de  la  première  liste,  et  le  3®  de  la  seconde  liste, 
ù* officiers  municipaux  susdits,  et  sur  les  :  6%  10%  44*,  15%  18* 
de  la  première  énumération,  et  r%  4%  5®  et  6®  de  la  seconde,  de 
notables,  également  ci-dessus  fournies  —  qu*à  raison  d*autres 
causes  de  lacunes  dans  le  personnel  en  question. 

Il  donne  : 

Officiers  municipaux  nouveaux. 

Drogy,  sus  dit,  ainsi  rentré  sans  intervalle. 
Coulomb,  id. 


•     —  427  — 

Germain  des  Pallières,  ex-notable,  alors  sortant  comme  tel. 

DE  LA  Mare  de  Crux,     id. 

Jourdain  de  Beaulieu^  id. 

Mage,  id. 

Paquet-Beauvais,  de  Yaudreville  (près  Hontebourg);  déjà  cité. 

Notables  nouveaux. 

Daireaux^  ex-notable  sortant,  ainsi  de  suite  réintégré. 

DuBREuiL,  ex-officier  municipal,  id. 

Alexandre,  ex-notable. 

Lecardonnel,     id. 

Levivier^  ex-officier  municipal  ;  précité,  —  rentré  comme  simple 

notable. 
Leloup,  prêtre,  vicaire  épiscopal,  ex-habitué  de  Téglise  Saint- 

Pierre-de-Coutances. 
Lepigeon  de  Boisval,  déjà  mentionné. 
Lbgrêle,  prêtre,  habitué  de  Saint-Pierre-de-Coutances. 
DU  Mesnil-Adelée,  propriétaire  à  Coutances. 
Le  Prêtre  d'Argences,  ex-conseiller  de  l'Election  de  Coutances. 
Cabaret,  médecin  à  Coutances. 
Piquet,  officier  de  la  garde  nationale. 
Marie,  également  officier  de  ladite  garde. 
Lecouvey  de  Lepinerie,  ancien  conseiller  au  présidial. 
Varin-Franqueville,  le  jeune,  id. 


Renouvellement  analogue,  en  novembre  1791,  pour  arriver  à 
remplacer  :  le  Maire,  alors  manquant,  —  et  qui  avait  été,  depuis 
deCussy,  démissionnaire  en  avril  de  la  dite  année,  Lepigeon  de 
BoisvAL,  précité,  jusqu'en  octobre  suivant,  que  venait,  vu  le 
départ  de  celui-ci  comme  député  à  la  Législative,  d'être  élu  un 
autre  chef  de  la  municipalité,  savoir  :  un  sieur  Dusosoex-priseur- 
vendeur  à  Coutances,  bientôt  abdicataire  de  sa  nouvelle  di- 
gnité—  sept  officiers  mmiicipanx,  et  neuf  notables;  les  uns  et  les 
autres,  sortis  par  le  tirage  qui  venait  d'en  être  fait ,  ou  faisant 


—  428  - 

défaut  pour  d'autres  causes  inutiles  à  indiquer  ;  et  le  Procureur 
de  la  commune  dont  les  fonctions  étaient  expirées. 

Entrent  alors  : 

Comme  Maire. 
Germain  Despallièrbs,  oflScier  municipal^  sus  dit. 

Comme  Officiers  municipaux. 

Piton,  marchand  à  Coutances  ;  déjà  mentionné. 
Savary,  avocat  en  la  dite  ville. 
Leroux,  id. 

Lhermitte-Lafosserib,  ex-conseiller  au  présidial. 
Varin,  Yatné,  homme  de  loi  à  Coutances,  frère  de  Tex-conseiller 
au  présidial  précité. 

Comme  NotcAUs. 

BÉGHEREL,  évéque  de  la  Manche,  déjà  mentionné  comme  député 

aux  Etats-Généraux. 
Michel,  vicaire  épiscopal,  (marié  à  Coutances,  en  septembre 

1793.) 
de  Baudre,  ex-chanoine;  précité. 
Leboeuf,  ex-habitué  à  la  Cathédrale  de  Coutances. 
Chevreuil,  avocat  à  Coutances. 
Cariot,  huissier,  en  la  dite  ville. 
GuÉRiN,  parfumeur,  ibid. 
Marie,  ex-notable,  ainsi  rentré. 
TiRMOY,  officier  de  la  garde  nationale  de  Coutances. 

Et  comme  Procureur  de  la  Commmie. 
Hervieu,  ex-avocat  ù  Gavray. 


-  429  — 

Elections    générales    de    1792. 

Mavre, 
Gbrmain-Despalli6res,  ainsi  continué. 

Officiers  mvmdpaux. 

1  Piton,  ex-officier  municipal. 

2  Charbttb,  ex-notable. 

3  Lebastard-Delisle^  k  jeune^  frère  de  l'ex-officier  munici- 

pal précité. 

4  Lhermitte,  ex-officier  municipal. 

5  Savary,  id. 

6  Coulomb,  id. 

7  Lbtivier,  homme  de  loi,  père  du  marchand  précité. 

8  TiRMOY,  ex-notable. 

Notabks. 

i  Duhamel,  ex-officier  mi^iicipal ,  juge  au  tribunal  de  distrcit 
de  Coutances  ;  précité. 

2  Legardonnel,  épicier,  ex-notable. 

3  Héon,  chirurgien. 

4  Marie,  ex-notable. 

5  GuÉRiN,       id. 

6  Begherel,  id. 

7  Chevreuil,  id. 

8  Delalande,  ex-officier  municipal,  juge  au  tribunal  de  dis- 

trict. 

9  Alexandre,  ex-notable,  juge  suppléant  au  même  siège. 

1 0  Le  Prêtre  d'Argbngbs,  id.  id. 

1 1  Lemaitre,  ex-officier  municipal. 

12  Leboeuf,  ex-notable. 

13  Hagé,  ex-officier  municipal. 

14  Larue,  avocat  à  Coutances. 

15  Thélot,  marchand  épicier  au  même  lieu. 


—  430  — 

46  Dblalande  -  Hesnildrby  ,  avocat,  ex -membre  de  l'assem- 
blée provinciale  de  Basse-Normandie  (supra). 

17  PÉPIN,  marchand  sabotier  à  Coutances. 

18  Drogy,  ex-o£Bcier  municipal. 

Procureur  de  la  Commune. 
Paquet-Beauvais,  ex-oflScier  municipal. 

Remaniement  effectué,  par  Lecarpentier ,  le  8  septembre 
1793. 

A  la  place  :  des  3*,  4®  et  5®  officiers  municipatbx,  et  des 
1®',  7®,  14®,  iS^  Notables,  ainsi  que  du  Procureur  de  la  Corn- 
mu/ne,  ci-dessus  énoncés  en  dernier  lieu,  et  alors  destitués, 
entrent  à  cette  occasion. 

Comme  Officiers  municipaux  : 

Leboulanger,  fils,  vitrier. 
OuLÈs,  marchand. 
Legluais,       id. 

Comme  Notables  : 

Lbbarbier,  huissier,  et  membre  du  Comité  de  surveillance. 

Voisin,  ferblantier. 

Rapilly  ,  menuisier. 

Hue,  membre  du  Comité  de  surveillance  et  perruquier. 

Ei  commQ  Procureur  de  la  commune^  puis,  après  le  14  frimaire 
an  II,  comme  Agent  national  près  celle-ci  : 

Deshayes,  ancien  procureur  au  bailliage,  puis  avoué  près  le 
tribunal  de  district  de  Coutances. 

Nouveau  remaniement,  par  Bouret,  le  22  nivôse  an  IL 
Grâce  à  cette  opération,  qui  destitue  le  maire  sus  dit,  tout  en 


—  m  — 

lecoDservant  comme  notable,  donne  sa  place  à  un  des  officiers  mu- 
nicipaux, et  chasse  du  nombre  des  notables  alors  en  exercice:  les  2% 
3»,  5«,  6«(révêque  Bécherel),  9%  H«,  ^2^  13%  46«  et  17%  de 
laliste  de  1792,  jusque-là  conservés,  et  lesl^'et  4*de  Tiraporla- 
tion  de  Lecarpentier. 

Entrent  alors,  à  titre  de  membres  nouveaux,  dans  la  dite  mu- 
nicipalité : 

Comme  Maire. 
Lbvivier  ,  père^  officier  municipal  ;  précité. 

Comme  Officier  municipal. 
Harbtte,  ex-avoué. 

Et  comme  Notables. 

Germain,  ex-maire. 

Piquet,  ex-notable. 

BoissEL,  huissier. 

Conquérant,  chirurgien. 

Michel  Lepelletier. 

Agnès,  imprimeur  (fils  de  l'avocat  plus  haut  mentionné.) 

Leloup,  tanneur. 

Blughbt,  tisserand. 

Hardel,       id. 

GuiLLON,  tailleur. 

Briault,  mégissier. 

Carougb,  officier  de  garde  nationale. 

Lalande,  fiU,  menuisier. 

Mais,  le  1 5  nivôse  an  III,  Legot  refond,  à  son  tour,  le  dernier 
personnel  ainsi  complété,  y  changeant  le  maire  et  l'agent  na- 
tional, en  expulsant  tous  les  officiers  municipaux  —  sauf  le 
6""  de  ceux  élus  en  1792  (CoiUomb),  —  et  en  chassant,  de  même, 
tous  les  notables, — sauf  :  le  1 5^  de  ceux  nommés  à  la  même  époque 


—  432  - 

(Thélùt);  le  2*"  et  le  3*  de  ceux  introduits  ensuite  par  Lecarpeniier 
(Foisin  et  Rapilly)  ;  et  les  1^',  2*,  4%  T  et  lO'»  de  ceux  amenés 
enfin  par  Bourei  (Germain,  Piquet^  Conquérant,  Leloup  et 
GuilUm). 

A  la  place  des  destitués  par  lui,  il  fait  alors  entrer,  dans  la 
dite  municipalité  : 

Comme  Maire. 
Drogy,  ex-notable,  destitué  par  Lecarpentier. 

Comme  Officiers  municipatus^ 

Lecarpentier,  ex-conseiller  au  présidial. 

Chapel,  ex-officier  municipal,  puis  juge  au  tribunal  de  district 

deCoutances;  précité. 
Closet,  ex-conseiller  au  présidial. 
Savary,  ex-officier  municipal,  destitué  par  Lecarpentier. 
Ledran,  ex-notable. 
Briard. 
Cabaret,  ex-juge  de  paix  du  canton  de  Coutances,  frère  du 

médecin  sus-mentionné. 

Comme  Notables. 

Tesson,  aubergiste  (hôtel  d'Angleterre.) 
JouBBRT,  fils,  imprimeur. 

Lhermitte,  ex-officier  municipal  destitué  par  Lecarpentier. 
Lechevallier,  cordonnier. 
YiLLARD,  marchand. 

Bonté,  médecin,  ex-membre  de  l'Assemblée  provinciale  de  Basse- 
Normandie;  déjà  cité. 
Larue,  ex-notable,  destitué  par  Lecarpentier. 
Moulin^  maréchal. 

Legeryoisier,  ex-avoué  à  Coutances  ;  précité. 
Lebrun,  notaire  à  Coutances. 

Et  comme  Agent  national. 
Lebreton,  avocat  à  Coutances. 


—  433  - 

Enfin,  le  25  floréal  suivant,  dernier  remaniement,  par  Bouret, 
qui  —  tout  en  conservant  le  reste  du  personnel  recomposé  par 
Legot — expulse,  des  notables,  en  outre  de-l'ex-maire  Germain  : 
Rapilly^  Voisin,  Thélot,  Piquet,  6m7/(m,  jadis  laissés  parmi  eux 
par  ce  représentant,  et  aussi  Joubert  et  Lechevallier  qu'il  y 
avait  appelés. 

À  leur  place,  il  met  : 

Dallet,  marchand  de  vin. 
QuÉNAULT,  chirurgien. 

(Voir  notice  à  son  sajet,  dans  V Annuaire  de  la  Manche,  1837,  p.  230.) 

Dblalandb,  ex-avoué  (distinct  du  juge  précité). 
Blouet-Dcreauville,  ex-conseiller  au  présidial. 
Lagolley,  peintre. 
Chauvet,  épicier. 
TiERCELiN,  ex-avoué. 
Lansot^  parcheminier. 


MEMBRES   DU   COMITÉ   DE  SURVEILLANCE 

DE    COUTANCES 

Election  du  21   avril  1798. 

4  Lbgérais,  filandier. 

2  Lebrun,  modiste. 

3  Lebarbibr,  huissier;  précité. 

4  Voisin,  également  huissier  à  Coutances. 

5  Hue,  perruquier;  déjà  cité. 

6  Lefillastre,  marchand. 

7  Malobey,  bourrelier. 

8  Eudes  les  Cabbières. 

9  Jean,  perruquier. 

28 


—  434  — 

40  Clément,  organiste  de  la  cathédrale. 

1 1  CoRBET,  ancien  avoué  à  Coutances. 

12  Cornet  la  Forêt;  huissier  en  la  dite  ville. 

Nouvelle  composition  formée  par  Legoè,  le  11  nivôse  an  III; 
pour  en  faire,  d'ailleurs,  désormais  un  Comité  de  surveillance 
non  plus  seulement  de  la  commune,  mais  in  district,  de  Cou- 
tances, aux  termes  de  la  loi  du  7  fructidor  an  IL 

Delalandb,  ex-avoué;  précité. 
CARouGEy  ex-notable. 
OzouF,  fripier. 
BÉDOUIN,  huissier. 
Voisin,  épicier. 

PÉPIN,  ex-notable,  destitué  par  Bouret. 
Lemaitre,     id. 

Prodhommb,  de  Trelly,  ex-membre  du  Département. 
ViARD,  de  Tourville. 
Brohon-Courbeville,  de  Bréhal. 

Piel-Ferronnière,  du  Mesnil-Amant,  ex-membre  du  Départe- 
ment. 
CABARET-DoTHOiN,  d'Orval. 


MEMBRES    DU   CLUB  JACOBIN    DE  COUTANCES 

EN  VENDÉMIAIRE  AN  lll 

Au  moment  de  f  épuration  des  :  1*%  3,  4,  6,  7,  9, 11,  13,  14, 
16,  17,  19,  21,  24,  et  26  du  dit  mois. 

1  Heym,  marchand  tailleur. 

2  Robiquet,        id. 

3  Luermitte,  père. 

4  Foulon-Grandghamp,  apothicaire. 


—  43S  — 


5  Colas,  huissier 

6  Lefébure,  membre  du  District. 

7  Lalande,  fils,  k  jeune,  notable;  précité. 

8  BissoN,  boulanger. 

9  Basourdi. 
0  Ernouf  dit  HoNTAUGiEL,  ex-guichetier  du  Fort-Colin. 

4  Baudet. 

2  Langrofcne,  ferronnier. 

3  CosTiN,  ex-bénédictin,  archiviste  du  Département, 

Voir  sar  lai,  Annuain  sua  dit,  p.  i8i.) 

i  Lemoinb,  menuisier. 

5  Laiqnel,  huissier. 

6  GANiL,étamier. 

7  Heryieu,  ex -procureur  de  la  commune  de  Coutaoces  , 
juge  au  tribunal  de  district  d'id.;  déjà  cité. 

8  Lalande,  administrateur  du  Département. 

9  Legbrais,  fiiandier,  membre  du  Comité  de  surveillance. 
20  Cousin,  couvreur. 

2t  Bavard,  marchand. 

22  Lexeune,  chirurgien. 

23  Lelong,  juge  au  tribunal  de  district. 

2i  Le  Boulanger,  père  de  Tofficier  municipal. 

25  Lemenigiek,  père,  maître  de  l'hôtel  du  Grand-Coq. 

26  BicHUE,  perruquier. 

27  Lemaitre,  chirurgien. 

28  OuLÈs,  officier  municipal. 

29  Lecêne,  commis  au  Département. 

30  Levivier,  maire  de  la  ville. 
34  Lepelletier,  salpétrier. 

32  Frêmond,  dépensier. 

33  QuESNBL-MoNDREviLLE ,  commaudaut  temporaire  de  la  ville. 

34  Dadure,  ex-notable,  et  juge  au  Tribunal  de  commerce. 

35  Thélot,  notable. 

36  Laurent,  tailleur 

37  Loquet,  relieur. 


—  436  — 

38  Levivier  ,  fils ,  fils  du  maire  sus  dit  et  juge  au  Tribunal  de 

commerce. 

39  Lecerf«-Lacro!x,  marchand  mercier. 
iO  GiRET,  jardinier. 

il   Hubert  des  Villettes. 
43  Leroux,  ^Is. 

43  Lbghevallier, /EIs. 

44  Làporte,  gendarme. 

45  HÉON,  chirurgien,  ex-notable. 

46  BÉDOUIN,  huissier;  précité. 

47  Leloup,  capitaine  de  la  garde  nationale. 

48  Leloup,  tanneur  et  notable. 

49  Le  Beurrier,  cbandellier. 

50  Dubois,  commis  au  Département. 

51  Lebrun,  membre  du  Comité  de  surveillance. 

52  Vic,  directeur  d'hôpital. 
63  GuiLLON,  tailleur  et  notable. 

54  Charette. 

55  Beaumbr,  parcbeminier. 

56  Lepelletibr,  notable. 

57  Delamare,  administrateur  du  District. 

58  DuvAL,  juge  de  paix  de  Coutances. 

59  Brugère,  membre  du  District. 

60  DuBosQ^  sellier. 

61  DupRATEAU,  orfèvre. 

62  Lbgourtois. 

63  Leprançois,  armurier. 

64  BissoN. 

65  Gires  dit  Deshates,  cabaretier. 

66  Laurent,  huissier. 

67  Lehaut,  charpentier. 

68  Lbcordier,  huissier. 

69  Harivbl. 

70  Charles  QuESNEL. 

71  GuiSLB,  adjudant. 


^  437  ^ 

72  Lbprang,  membre  du  District. 

73  Dblislb,  fils. 

7i  Jacques  Lbpellbtibr. 

75  DupARC,  gendarme. 

76  Gautier,  traiteor. 

77  Laisnby,  tanoear. 

78  HiLAVBAUx,  ex-vicaire  épiscopal. 

79  Règnaut,  instituteur. 

80  Laisnby»  marchand  de  bois. 

81  Conquérant,  chirurgien;  précité. 

82  Lbloup,  filandier. 

83  Miguaut,  salpétrier. 
8i  DoQUESNEY,  lieutenant. 

85  Agnès,  imprimeur  et  notable. 

86  TiGLiN,  perruquier. 

87  Leboulanger,  fiU^  officier  municipal. 

88  Hedouin,  concierge  du  District. 

89  Lefrançois»  ci-devanti  Le  Rot,  gendarme  (ayant  changé  son 

nom  comme  rappelant  Tancien  régime). 

90  Hébert,  notaire. 

91  Cornet-Lafor&t,  huissier,  membre  du  Coinité  de  surveil- 

lance. 

92  Badin,  marchand. 

93  Jean. 

94  BoissEL,  huissier  ;  précité. 

95  Peignbt,  boulanger. 

96  Dbsmongbaux,  ferblantier. 

97  Dblalandr,  juge  au  tribunal  de  district. 

98  AuBEY,  greffier  de  justice  de  paix  à  Coutances. 

99  GoDEFROY,  laboureur  à  Courcy. 

100  DocHE,  maître  de  musique,  et  instituteur. 

101  Leyilain,  capitaine. 

1 02  Legaghbux,  employé  au  timbre. 

103  Lallemand,  chirurgien. 

104  Lelasquier,  menuisier. 


—  438  -- 

105  Sébire,  mégissier. 

106  Clément,  membre  do  Comité  de  surveillance. 

107  Gaillard. 

1 08  DuGLOux,  secrétaire  du  District. 

109  Lemoine,  commis,  ibid. 

110  HÉGT,  juge  au  tribunal  de  district. 

111  Barthélemi-Charette. 

112  LoNGiEN,  membre  du  District. 

113  Laurent,  commis  au  Département. 
1 1  i  Lemainigier,  fils, 

115  pRAT,  ex-dominicain,  et  ex-professeur  du  collège  de  Cou- 

tances. 

116  QuESNEL,  assesseur  de  juge  de  paix. 

117  Campain,  officier  de  santé. 

118  Grandin,  ex-avoué. 

119  TiRMOY^  officier  municipal. 

120  Michel,  greffier  du  Tribunal  criminel. 

121  Bonnet,  receveur  du  Domaine  à  Coutances. 

122  Marie,  perruquier. 

123  ViMOND,  ex -avoué. 
12i  Colette. 

125  Tmézeloup,  gendarme. 

126  Marie^  chef  de  légion  de  garde  nationale,  ex-notable. 

127  HcjLMEL,  imprimeur. 

128  Brandin,  ex-avoué. 

129  Hinard,  tailleur. 

1 30  Harel,  commis. 

131  Julien  Leloup. 

132  Legluais,  officier  municipal. 

133  Ledentu,  ex-membre  du  Comité  de  surveillance,  et  bourre- 

lier. 
13i  Bridelancb,  orfèvre. 

135  Hoquet,  marchand  de  vin. 

1 36  Rasasse,  huissier. 

137  Le  Buffs,  logeur. 


'  1 


—  439  - 

138  Bergerac,  marchand. 

139  Lbpelletier,  filandier. 

140  JouBERT,  imprimear. 

141  HiFCET^  gendarme. 

142  Lefèvre,  capitaine  de  vétérans. 

143  Thomas  Leloup,  canonnier. 

144  Fauvel  la  Féronnière,  maire  de  La  Rondehaye. 

145  Bon  Leloup. 

146  Guérard,  perruquier. 

147  BoDOT,  officier  de  santé. 

1 48  Le  Rendu,  commis  au  District. 

149  François  Leloup. 

1 50  Jacques  Legerais,  archiviste  du  District,  ex-curé  de  Saint- 

Gabriel  près  Bayeux. 

151  Danquelle,  commis  au  Département. 

152  Malorey,  membre  du  Comité  de  surveillance. 

153  Damame,  apothicaire. 

154  Cardin,  laboureur  à  La  Vendelée. 

155  Le  Bouché,  d'Àubonne. 

156  Fauvel,  instituteur. 

157  Lepelet,  filandier. 

158  Castel,  administrateur  du  District. 

159  Lepellet,  juge  au  Tribunal  de  commerce. 

1 60  Chasle,  commissaire  des  guerres. 

161  Hardel,  notable. 

162  GuiLLEMiN,  agent  militaire. 

163  Lebouteiller,  maréchal. 

164  MÉGI,  cafetier. 

1 65  Varin  ,  Talne ,  greffier  au  tribunal  de  district ,  ex-officier 

municipal  ;  déjà  mentionné. 

166  Hédouin-Grandmaison,  commandant  de  garde  nationale,  et 

chirurgien. 

167  Heulard. 

1 68  PoTiGNY,  cordonnier. 

169  Harettb,  officier  municipal. 


—  440  — 

4  70  Lalande,  père. 

174  BouRsm,  ex-prétre  et  ex-membre  du  Département  ;  précité. 

172  JoREY,  filandier. 

173  Durand,  élamier. 

174  ViBBRT,  capitaine  de  canonniers. 

175  BoiviN,  notaire  et  juge  de  paix  à  Blainville. 

176  Marie,  relieur. 

177  Lafossb,  mégissier. 

178  Le  Tullier,  cotnmandant  de  place. 

179  Carouge,  notable. 

180  Duval-Charbttb  ,  capitaine  de  garde  nationale  (père  de 

Duval-Montigny ,  ) 

181  Hébert,  sculpteur. 

182  Piton,  officier  municipal. 

183  Loisel,  président  du  Tribunal  criminel. 

184  Lechevalier,  laboureur. 

1 85  Larouzée,  employé  aux  ponts  et  chaussées. 

186  Lebarbier^  membre  du  Comité  de  surveillance. 

187  Février,  ex-greffier  de  justice  de  paix. 

188  Macé,  juge  au  Tribunal  de  district;  précité. 

189  Daireadx,  commis  au  Département;  précité. 

190  HÉBERT^  sellier. 

191  Paris,  ouvrier  imprimeur. 

192  Girard,  chapelier. 

193  Gain,        id. 

1 94  Legerais,  membre  du  Comité  de  surveillance. 

195  Hervieu,  père,  architecte. 

196  FoNNARD,  membre  du  District. 

197  Beslon. 

198  Lemonnier,  curé-jureur  de  Hontmartin-en-Graignes. 

199  CoRBET,  chandellier. 

200  Mauviel. 

201  Rapilly,  notable. 

202  Janin,  membre  du  Département. 

203  DuDouvT,  tailleur,  ex-notable. 


—  441  — 

204  Dblmas. 

205  LerÈvREy  médecin. 

206  Piquet,  notable. 

207  Jaqdet. 

208  GuiLLOT-DuvAL»  agent  national  du  District. 

209  Dadurb,  fils. 

210  Besnard,  perruquier. 

21  \  Le  Menuet,  accusateur  public  du  Tribunal  criminel. 

212  BoiTOT,  ^/^. 

213  Carbsmel. 

214  Paturel,  horloger. 

215  Sakson,  archiviste. 

216  Eudes  LES  Carrières,  membre  du  Comité  de  surveillance. 

217  Muriel,  capitaine  de  gendarmerie. 

218  Lecoq,  gendarme. 

219  Charette,  architecte  et  notable. 

220  ViLLARD,  commissaire  de  police  à  Contances. 

221  Voisin,  membre  du  Comité  de  surveillance. 

222  Clément,  administrateur  du  Département. 

223  Charles  Guain. 

224  Daireaux,  fils. 

225  Germain,  ex-maire,  et  notable. 

226  Sauvage,  cafetier. 

227  Ferbt,  traiteur. 

228  OzERAi,  commandant  de  garde  nationale. 

229  Leghevallier,  cordonnier  ;  déjà  mentionné. 

230  Lanhard,  cafetier. 

231  GuÉRiN,  parfumeur,  et  président  du  Tribunal  de  commerce; 

précité. 

232  GuTOT,  ex-avoué. 

833  Deshayes,  agent  national  près  la  municipalité  de  Contances; 
sus-mentionné. 

234  Lbfillastbe,  membre  du  Comité  de  surveillance. 

235  JouRDAN,  membre  du  District. 

236  Leglerg  dit  Beaujardin,  épicier. 


4 


—  442  — 

237  GuiLLEMETTE,  huissicr. 

238  JouANNE,  tailleur. 

239  Legardonnbl,  épicier  et  ex-notable. 

240  Le  Birais,  rouettier. 

244  Michel  Jean,  membre  du  Comité  de  surveillance. 

242  DESVAI.LÉES,  chirurgien. 

243  PÉPIN,  administrateur  du  Département. 

244  Launai^  timbreur. 

245  Cabart  d'Anneville. 

246  Dairbacjx,  père. 

247  JouENNE,  membre  du  District. 

248  Leblanc,  boucher. 

249  Lemaréghal,  commis. 

250  Legardinier. 

251  GuiLLON,  notable. 

252  Lepelletier,  commis  au  District. 

253  Poureï-Longueval,  receveur  du  district. 
25i  Laville,  huissier. 

255  Levêque,  ingénieur. 

256  Blughet,  déjà  mentionné,  notable. 

257  Crespin^  huissier  à  Gavray. 

258  Robin,  mégissier. 

259  CoRBET,  ex-avoué,  membre  du  Comité  de  surveillance. 

260  Hasson,  chapelier. 

261  Gervaise,  huissier  du  Tribunal  criminel. 

262  Legoulant,  secrétaire  à  la  municipalité. 

263  Leguir. 

264  Gilles  Ledentu,  bourrelier. 

265  RÉGNAULT  DES  Vergers  ,  membre  du  Département. 

266  SucHETET,  perruquier. 

267  Leloup  ,  filandier. 

268  Menand,  marchand. 

269  Robinb,  administrateur  du  Département. 

270   VAUTIER^k, 

271  HuLOT,  adjudant. 


-  443  - 

272  Robin. 

273  Hamelin,  atn^'. 

274  BÉGHERBL^  adjudant  de  place  (neveu  de  TEvéque). 

275  OzouF,  fripier  ;  précité. 

276  Frbmond,  rouettier. 

277  AuvRAY,  juge  de  paix  de  Coutances. 

278  Perron,  commis  au  District. 

279  Doré,  concierge  du  Département. 

280  PiGNARD,  homme  de  loi  à  Coutances;  précité. 

281  Letenneur,  commissaire  du  gouvernement  au  tribunal  de 

district. 

282  Lbrivbrend,  maire  de  Saint-Pierre-de-Coutances. 

283  ViEL,  agent  militaire. 

284  NicoLLE,  secrétaire  du  Département. 

En  tout  284  membres— dont  les  1 8%  29%  1 1 2%  239*  et  284^»  : 
Lalande^Lbmaitrb,  LoNGiRN,  LEGARDONNELetNicoLLB  formaient, 
dans  la  dite  Société  populaire,  le  Comi^^' terroriste  iiides  Cinq, 
fondé  le  29  ventôse  an  II  et  précédemment  mentionné  —  et 
dont  les  17%  18*.  41%  69%  87%  110%  112^,  123%  142%  231% 
et  257^  furent  rayés,  faute  d'y  avoir  obtenu  assez  de  suffrages, 
lors  de  l'épuration  en  question. 


MEMBRES  DU  CLUB  RÉACTIONNAIRE. 

QUI  A  COUTANCES  SUCCÉDA  AU  PRÉCÉDENT  EN  VENTOSE  AN  III 


Notamment  : 

Cabaret,  officier  municipal;  précité. 
HoRiN^  commis  d'enregistrement. 

Lemonnier  ,  avocat  (échappé  au  Tribunal   révolutionnaire  de 
Paris.  Voir  noire  Etude  sur  celui-ci,  p.  442);  précité. 
DuMONT,  perruquier. 


-  444  — 

Quesnel-Ganveaux. 

YiLLARD»  commissaire  de  police;  précité. 

GuYON,  marbrier. 

Sarot,  conducteur  des  ponts-et-chaussées  (oncle  paternel  de 

l'auteur  de  cette  étude). 
HoMMBRiL,  tailleur. 
Lbforbstier  de  Ver  (fils  du  décapité  du  3  thermidor  an  II, 

dans  la  /bura&de  Coutancesau  Tribunal  révolutionnaire 

de  Paris.  Voir  notre  Eùtuie  è  cetégard,  p.  241). 
LoRiN,  ex-officier  de  la  garde  nationale  de  Coutances  (échappé  da 

dit  Tribunal,  ibid.,  p.  140);  déjà  cité. 
Brohon,  ex-membre  du  Département  (id.,  ibid.,  p.  146). 
LouYBL  DES  Monceaux,  ex-seigneur  de  Contrières. 
CouRATE  DU  Parc. 

DU  Mbsnil-Adblée,  ex-notable  de  Coutances. 
Varin  -  Franqueville  ,  déjà  mentionné  sous  le  nom  de  Varin 

lejemie. 
Hasst,  avocat. 

Lefaudeux,  marchand. 

Bonté-Hartinièrb,  ex-conseiller  au  présidial  ;  déjà  mentionné. 

Drogt,  maire  de  Coutances. 

TiERGELiN,  ex-avoué  ;  précité. 

Barbe,  de  Bricqueville-la-Blouette. 

Delamare  de  Ceux,  déjà  cité  (naguère  poursuivi,  mais  acquitté, 

devant  le  Tribunal  révolutionnaire.  Voir  notre  Étude 

sur  celui-ci,  )t?.  88.) 
Paquet-Beauvais,  ex-procureur  de  la  commune  de  Coutances, 

jadis  destitué  par  Lecarpeniier ;  et,  à  présent,  membre 

du  Département. 
Lebrun,  notaire;  sus  dit, 
GoBiLLET,  de  Grimouville  (acquité^  le  3  thermidor  an  II,  par  le 

Tribunal  révolutionnaire.  Voir  notre   Etuds  sus  dite, 

p.  255.) 


445  — 


RECEVEUR  DU  DISTRICT  DE  COUTANCES 

En  1790. 
LoRiN,  ex-receveur  des  tailles,  à  Contances  ;  précité. 

En   1791. 
Lebrun,  notaire  ;  déjà  mentioDoé. 

De  1792  à  l'an  IV. 
PouRBT-LoNGUEYAL,  de  Gcffosses;  déjà  mentionné. 


DIRECTEUR   DE   L'ENREGISTREMENT 

DANS  LA  MANCHE 

Pendant    toute    la    période. 

GUIGNON. 


RECEVEUR    DE   L'ENREGISTREMENT 

a  coutances. 

Charpbntibr. 


VÉRIFICATEUR    DES    ASSIGNATS   A  COUTANCES 
Charbtte,  architecte;  sus-mentionné. 


—  446  - 

PROFESSEURS  DU   COLLÈGE   DE  COUTANCES 

Nommés,  en  1791,  vu  le  défaut  de  serment  de  leurs  prédéces- 
seurs, à  l'exception  toutefois  du  premier,  qui  le  prêta. 

De  Philosophie. 
Prat,  ex-dominicain. 

If  Eloquence, 

PlEL. 

De  Logique, 
Grossin. 

De  Seconde. 
NicoLLB,  ex-avocat  à  Coutances  ;  précité. 

De  Troisième. 
Le  HiTHois,  de  Montchaton. 

De  Quatrième, 
Gaslonde,  de  Créances. 

De  Cinquième. 
Fauvkl. 

De  Sixième, 
Leloup. 

OFFICIERS  DE  LA  GARDE  NATIONALE- 

% 

A   COUTANCES 

Au  commencement  de   1791. 

Colonel. 
JuHEL  DR  Boisus^,  d'Àucteville  (un  des  décapités  du  9  ther- 
midor an  IL  Voir  nolT^Eiude  précitée,  p.  229). 


-  U1 


Lieutenant  Colonel. 

Fremin  de  LiNGRviLLE^  déjà  mentionné  comme  notable  de  la 
ville. 

Major. 
Michel  d'ànnotille. 


A  partir  du  25  avril  de  la  dite  année,  vu  la  démission  des 
précédents  : 

Colonel. 
DuvAL-MoNTiGNY,  déjà  cité. 

LieutenarU-  Colonel. 
Quesnel-Hondreville^  précité. 

Major. 

Lbrond,  frère  de  Tex-curé  de  Bricqueville-les-Salines  dont  il 
sera  ci-après  parlé. 

Le  31  décembre  suivant,  vu  la  démission  des  1*'  et  3^  en  der- 
nier lieu  mentionnés  : 

Colonel. 
Quesnel-Hondreville,  précité. 

Major. 

DuBOSQ  dit  Basmesnil,  du  Hesnil-Saint-Jean,  près  Coutances, 
fils  d'un  ex-greffier  des  insinuations  ecclésiastiques. 

4 

En  1792. 

Chef  des  qiuUre  légions  du  district  de  Coutances. 
Brohon,  administrateur  du  Département. 


f 


-  448  — 

Officiers  subaliemes  de  FEtat-Major. 

LoRiN,  ex-recevear  do  district;  précité. 
OuLàs,  marchaDd;  également  sus-mentionné. 

QUESNEL-MONDRBVILLE  ;  SUS-dît. 

Capitaines  de  Compagnies  de  la  dite  mile. 
Hbon,  chirargien  ;  précité. 

SlQUBT. 

Yarin-Franqubville,  Fatne';  sus-mentionné. 
Henrt  la  Vauouerib,  chirurgien;  id. 
Coulomb,  officier  municipal;  id. 

Bonnet,  receveur  des  domaines  ;  précité. 

JORET. 

Cacvin,  couvreur. 

Lbgardonnel. 

Laisnâ,  tanneur;  id. 

Legogq. 

Alexandre,  notable  ;  précité. 

Closet,  également  sus-mentionné. 

Lhermitte. 


OFFICIERS  DE  GENDARMERIE  A  COUTANCES 

Lieutenan^Colonel  du  départemewt 

(Jusqu'à  la  fin  de  1792) 

Highbl  de  Honthughon,  ancien  officier  de  maréchaussée;  alors 
démissionnaire. 

CapUavM 
(Pendant  toute  la  présente  période) 
Muriel,  éx-gendarme  du  roi  à  Avranches. 


—  449-  - 

LietUtnarU. 
(^Jusqu'en  septembre  1793.) 
Gautron. 

Ensuite,  vu  la  desUtution,  de  celui-ci,  par  Lecarpentier. 
Mbzièrbs,  simple  gendarme. 

MarichaViit''  Logis. 
(Avec  les  mêmes  phases.) 
Foison  ,  puis  Fournibr,  gendarmes. 


MEMBRES  DU  TRIBUNAL  OE  DISTRICT 

DE   COUTANCES. 

Elections    de    1790. 

Juges  TùiUaires. 

Dbsmarbts  DR  Mo^rrcHATON,  ex-lieutenant-général  au  présidial 

de  Coutances  ;  président. 
Chapbl,  avocat,  ibid. 
Pbzbril,  id. ,  à  Gavray. 
DuYALy   id.,  à  Coutances. 

Suppléants. 

Lbmaitrb,  avocat  à  Coutances. 
Lavalléb,  id. 

Lbpigbon  de  Boisval. 
Alexandre,  notable. 

Tous  déjà  cités. 

29 


—  450  — 

Commissaire  du  roi. 
Lebrun,  ex-procureur  du  roi  au  présidial  sus  dit;  déjà  mentionné. 

Commissaire  du  pouvoir  exécutifs 
En  remplacement  de  celui-ci  après  le  10  août  1792. 

Savart,  officier  municipal  à  Coutances. 

Greffier, 
Blondel. 

'  Elections  de  1702. 

Juges  Titulaires. 

Duhamel,  officier  municipal  ;  précité. 

HÉOT,  avocat  à  Gavray  ;  id. 

Lebrun^  précité. 

Delalande,  lejeune^  officier  municipal;  sus-mentionné. 

'     Suppléants. 

Lebastard-Delisle,  officier  municipal  ;  précité. 
Lebrun,  notaire  à  Coutances  ;  id. 
Grandin,  avoué  au  dit  tribunal. 
Hagé,  avocat  à  Coutances  ;  id. 

Commissaire  naiionaL 
Lbtenneur,  avocat  à  Gavray. 

Greffier. 
Varin,  Yatne\  ex-officier  municipal  sus-mentionné. 

Remaniements  de  Lecarpentier  le  12  septembre  1793. 

Entrent  alors  : 

Comme  Titulaires. 
Hacâ,  sus  dit. 


■ 

I 


—  451  — 

Hervisu,  ex-procureur  de  la  commune  de  Coutances, 
En  remplacement  de  Duhamtl  et  Lebrun^  alors  destitués. 

Et^  comme  Suppléants  : 

Lelong,  assesseur  du  juge  de  paix  de  Coutances;  à  la  place  de 

Lebastard-Delisle,  également  révoqué. 
Et  Helainb,  avocat  à  Coutances  ;  à  celle  de  Macéj  sus  dit. 

Modification  de  Legot,  du  1 1  nivôse  an  III. 

Destitution  de  Macé,  Hervieu,  et  LeUmg,  remplacés  : 
Les  deux  premiers,  comme  juges  titulaires,  par  : 

Lelièvre,  ex-avocat  au  présidial,  président. 

(Voir,  notice  dans  V Annuaire  de  la  Manche,  1838,  p.  994,) 

Lebrun,  précité,  jadis  destitué  par  Lecarpentier. 

Auxquels  on  ajoute,  alors,  comme  juge  titulaire  de  nouvelle 
création  : 

Lbbastard-Desisle,  un  autre  des  destitués  de  Lscarpenlier. 

Et  le  3',  comme  suppléant,  par  : 
Alexandre,  précité. 

Nouveau  personnel,  qui  — avec  :  Delalande  et  Héot,  comme 
titulaires,  et  Hâlaine  et  Grandin,  puis  Lebarbier,  huissier,  égale- 
ment alors  à  ce  titre  promu  par  Legot^  comme  suppléants  ,  et 
Letenneur,  toujours  maintenu  comme  commissaire  du  gouverne- 
ment,—  formera  la  dernière  composition  de  cette  juridiction  a^ 
moment  de  sa  suppression  ;  sauf  encore,  toutefois,  le  remplace- 
cément,  le  25  floréal  an  III,  en  vertu  d'un  arrêté  de  Bourety  de 
Héatj  sus  dit,  par  Lepigeon  de  Boisval^  ex-député  à  la  Législa- 
tive. 


—  452  - 


PRINCIPAUX  AVOUÉS 

PRÈS  LE  TRIBUNAL  DE  DISTRICT   DE  COUTANCES 

EN   1792   ET   1793. 

YiMOND,  ex-procureur  au  présidial. 
CosTiN,        id.,  frère  du  bénédictin. 
CoRBET,  déjà  mentionné. 
Marettb,  ex-procureur  au  présidial  ;  id. 
Lbgaudey,  ex-substitut  au  présidial  ;  (un  des  exécutés  du  3  ther- 
midor an  II,  à  Paris.  Y.,  notre  Etude,  à  ce  sujet,  p.  224 .) 
TiERGBLiN,  ex-procureur  au  présidial  ;  sus-mentionné. 
Deshayes,  id. 
PiGNARD,  de  Cérences. 
Poulain,  ex-procureur,  ibid. 
Lemoine,  ex-procureur  à  Gavray. 
Brandin,  id, 

Olivier,  ex-greffier  de  la  vicomte  du  dit  lieu. 
Lecervoisier,  ex-procureur  au  présidial;  précité. 
Delalande^  de  Hyenville. 
Grandin^  ex-clerc  de  procureur,  à  Coutances;  déjà  mentionné. 


JUGES  DE  PAIX 

DE     LA     VILLE     DE     COUTANCES 

Elections  de  1790. 
AuvRAY,  ex-avocat  au  présidial  de  cette  ville. 

Elections  de  1702. 
Le  même. 

Conservé ,  d'ailleurs ,  pendant  toute  la   période ,  jusqu'en 
l'an  IV. 


—  463  — 


JUGES  DE  PAIX 

I 

DU  CANTON  RURAL  DE  C0UTANCE8 

L 

Elections  de  1790. 
Cabaret»  ex-avocat  au  présidial  ;  déjà  mentionné. 

Elections  de  1702. 

Hbrpin,  de  Gratot. 

Destitué,  par  Lecarpmtiery  le  1 3  septembre  1 793 ,  et  rem- 
placé par  : 

DuvALy  ex-greffier  de  la  dite  justice  de  paix. 

Qui,  lui-même,  fut,  en  ventôse  an  III,  en  vertu  d'un  arrêté  de 
Legot^  à  son  tour,  remplacé,  par  le  premier,  jusqu'en  Tan  IV. 


,    MEMBRES  DU  BUREAU  DE  CONCILIATION 

DU  DISTRICT  DE  GOUTANCES. 

Nomination,  par  la  MiAhicipalité de  QnUances,  en  1790  : 

Dblalandb-Mbsnildrey,  ex-avocat  au  présidial  ;  précité. 
DupRET,  ex-lieutenant  particulier  au  dit  siège  ;       id. 
Delamare  de  Crux,  ex-avocat  du  roi,  ibid.,  et  officier  muni- 
cipal ;  id. 
Drogy,  ex-avocat  au  présidial;  sus-mentionné. 
Lbprêtre  d' Arobngss,  ex-conseiller  en  l'Election  de  Coutances;  id. 
Savary,  ex-avocat  au  présidial;  id. 

Elections  populaires  de  1 792. 

Dblalande-Hbsnildby,  précité. 
Savary,  id. 


-  454  — 

Germain  des  Pallièrbs,  maire  de  Coutances. 
La  VALLÉE,  ex-avocat  au  présidial  et  ex-officier  municipal  à  Cou- 
tances. 
Leprêtrb  d'Argenges,  précité. 
Chevreuil,  ex-avodat  au  présidial;  déjà  mentionné. 

Personnel  modifié,  le  8  septembre  1793,  par  LtcarpefUier,  qui 
y  plaçait  : 

SévERiE ,  procureur  de  la  commune  de  Tourville,  en  remplace- 
ment de  Chevreuil,  sus  dit. 

Et,  à  son  tour,  le  23  nivôse  an  II,  Bou/ret ,  y  retouchait  et  y 
mettait,  à  la  place  de  Samry  et  Séverie  sus  dits  : 

Lhérault,  homme  de  loi  à  Coutances. 
Piquet,  notable  de  Coutances. 

Puis,  le  1^  nivôse  an  III,  nouveau  remaniement  AeLegot,  qui 
à  la  place  de  Germain^  Lavallée^  Delalande-Mesnildrey  et  Lh^ 
rauUf  sus  dits. 

Y  met  : 
Jourdain  de  Beaulieu,  ex-avocat  au  présidial  et  ex-officier  mu- 
nicipal. 
DupREY,  précité. 
Lhermitte. 
Et  Cornet,  huissier  à  Coutances;  déjà  mentionné. 

Enfin,  le  25  floréal  suivant ,  Bouret  y  remplace  Piqrie^  et 
Cornet,  sus  dits,  par  : 

FouGHER,  ex-receveur  des  domaines. 

EtLEBARBiER,  huissicr,  ex-membre  du  Comité  de  surveillance; 
précité. 
Qui,  —  avec  Duprey  ,  Jourdain  de  Beaulieu,    Leprêtrb 
d'àrgbnges,  et  Lhermitte  —  forment,  jusqu'en  Tan  lY,  le  der- 
nier personnel  de  ce  siège. 


f 

I 


—  465  — 


TRIBUNAL    DE    COMMERCE 

DE  COUTANCES 

Élection,  par  les  négociants  du  lieu,  le  20  novembre  1791. 

CouLOM,  marchand  et  officier  municipal  ;  déjà  mentionné.   • 

Legardonnel,  épicier;  id. 

DupuiTs,  marchand. 

GuÉRiN,  parfumeur,  et  notable  de  la  ville  ;  sus-mentionné. 

Lepelley,  mercier. 

Election  par  les  Electeurs  du  district,  en  1 792. 

GuÉRiN,  précité  ;  président. 
Lepellet,  précédemment  mentionné. 
Dadurb,  mégissier,  id. 

ViLLÀBDy  id. 

Gaillard,  modiste. 

Ce  dernier  remplacé  arbitrairement,  le  13  septembre  1793, 
en  vertu  d'un  arrêté  de  Lecarpentier,  par  : 

PfoiN,  marchand  et  notable  de  la  ville. 

Plus  tard,  1^  11  nivôse  an  III,  Legot  destituait,  à  son  tour,  ce 
remplaçant,  ainsi  que  Gtiérin,  sus  dit  ;  à  la  place  desquels  il 
mettait  : 

La  VALLÉE,  déjà  plusieurs  fois  mentionné 

Et  DuDOurr,  tailleur,  et  ex-notable  de  Coutances, 

Qui,  —  avec  Lbpblley,  Dadure,  et  Villard,  sus-mentionné^, 
—  demeurèrent  en  fonctions  jusqu'à  la  fin  de  la  présente  période. 


—  456  — 


TRIBUNAL   CRIMINEL   DE   LA    MANCHE. 

Elections  de  1791. 

Président. 
LoisjsL,  de  Saint-James,  membre  du  Département;  déjà  cité. 

Àcet^sateur  public. 

Vieillard  de  Boismartin,  de  Saint-Lo,  ex-député  à  la  Consti- 
tuante. 

Commissaire  du  Roi, 

Frémin  de  Beaumont,  de  Lingreville,  procureur -général-syndic 
du  département;  déjà  souvent  mentionné. 

Remplacé  un  instant,  après  le  10  août  1792,  comme  Com- 
missaire du  pouvoir  exécutifs  par  : 

Lemaitre,  ex-avocat  au  présidial  de  Coutances;  précité. 

Greffier. 

Michel  de  Bonnepond^  ex-procureur  du  roi  au  bailliage   de 
St-Sauveur-le-Vicomte. 

Elections  de  1792. 

Président. 
LoisEL,  précité. 

Accusateur  public. 

Lemenubt  de  la  Jugannière,  de  Yaudrimesnil»  ex-avocat  au 
bailliage  de  Saint-Lo. 

Voir  Annnakre  de  la  ManchSf  18S6,  page  139). 


—  457  — 

Gtef^ 
Michel  ,  sus  dit. 

Personnel  qui  ne  reçut  aucun  changeaient  nouveau  pendant  le 
reste  de  la  période  dont  s'agit. 


JURÉS  FOURNIS  PAR  LA  MANCHE 

A  LA  HAUTE  COUR  NATIONALE. 

Elections  de  1791. 

RiouLT  D^  HoNTBRAY,  jugo  au  Tribuoal  de  district  d'Avranches; 
déjà  mentionné. 

DuPRBY,  de  Réville,  suppléant  au  Tribunal  de  district  de  Cher- 
bourg. 

Elections  de  1702. 

RiouLT,  sus  dit. 

BuHOT,  juge  de  paix  à  Valognes;  déjà  mentionné. 


CONCIERGES     DES     PRISONS     DE    COUTANCES 

De  la  prison  principale,  contenant  la  Jfaiscm  de  Jwtice 

Jusqu'en  germinal  an  II. 

D'abord  : 
Lagnbl. 

Puis  : 
Blasset,  du  département  de  l'Oise,  ex-sergent  de  l'armée. 

Ensuite,  vu  la  démission  de  celui-ci  à  la  dite  date  : 
Gallot. 


—  458  —      ' 

De  la  maison  d'arrêt,  priDcipale,  da  Fort-Colin, 
Depuis  1 793,  à  frimaire  an  IL 

Ernouf  dit  MoifTAUGiEL,  déjà  cité. 

Ensuite,  vu  la  destitution  de  ce  dernier  : 

BONNEFOUSSB. 

Des  maisons  d'arrêt,  suj^lémentaires,  de  Va/rUigny  et  des  Ja- 

œbinSf 

De  septembre  1 793  à  brumaire  an  III,  qu'elles  furent  supprimées  ; 

Bazire. 

EXÉCUTEUR    DES   HAUTES  ŒUVRES 

DANS   LA    MANCHE 
Lac  AILLE. 

Qui  le  fut  pendant  toute  la  Révolution. 


HUISSIERS 

SE  RATTACHANT  AUX  DIVERSES  JURIDICTIONS  DE  COUTANGES 

Gervaise,  ex-sergent  royal  près  leprésidial;  déjà  cité. 
Laurent. 

Spécialement  attachés,  l'un  et  l'autre,  au  Tribwml  criminel^ 
et  dressant,  en  conséquence,  les  procès-verbaux  des  exécutions 
de  ses  sentences. 

Laville,  ex-huissier  de  Tamirauté  de  Coutances. 
Laignel,       id.  id 

Rabasse,       id.  de  la  police  d'ibid. 


-  489  - 

BoissEL,  6x-huissier-aadiencier  aa  présidial. 
Lebaebisr,  ex-huissier  de  la  Chancellerie  du  dit  siège; 

GUILLEMBTTE. 

Tous  déjà  cités. 


DÉFENSEURS    OFFICIEUX     OU    AVOCATS 

PRÈS  DES  DITES  JURIDICTIONS. 

Jourdain  de  Beaulieu,  ex-avocat  au  présidial. 

Lemonnier,  id.,  et  ex-procureur  de  la  commune  de  Coutances. 

Hervieu^  ex-avocat  à  Gavrày. 

Drogy,  ex-avocat  au  présidial. 

Calenge. 

Massy,  ex-avocat  à  la  vicomte  de  Gavray. 

Lebreton,  id. 

Colas  de  Premare,  ex-avocat  à  Valognes. 

Les  4  premiers  et  les  6^  et  1%  déjà  cités. 

NOTAIRES    PUBLICS    DE    COUTANCES 
Lebrun,  ex-notaire  royal. 

HÉBERT,        id. 

Déjà  mentionnés. 
MEMBRES    DU    TRIBUNAL    DE    CASSATION 

APPARTENANT   A   LA   MANCHE. 

Elections  de  1790. 

Titulaire  : 

Caillemer,  de  Carentan,  ex -bailli  de  Coigny  et  procureur- 
syndic  du  District  de  Carentan. 

(Voir  Annwarê  sus  dit,  1877,  p.  41.) 


—  460  — 

SuppléafU  : 

MÉQUiN,  de  Granville,  ex-sénéchal  de  la  moyenne  justice  de 
Saint-Pair;  déjà  cité. 

L'un  et  l'autre  y  réélus  en  1792. 


|III«-€«lie. 

ÉVÊQUE  CONSTITUTIONNEL  DE  LA  MANCHE 

Elu  en  Février  1791.  g 

BÉGHSRBL,  ex-curé  de  Saint-Loup,  et  député  à  la  Constituante. 

Ficaires  épiscopaux  de  celui^  choisis  en  1 791 . 

1  BissoN,  ex-chapelain  de  la  cathédrale  de  Coutances. 

2  Bissoif,  curé  deSt-Louet-sur-Lozon. 

(Toir  annuaire  d»  la  Manchet  année  1819,  p.  i9i.  ) 

3  Caugharo,  vicaire  de  Saint-Lo. 

4  MiLAYEAUx,  curé  de  Yindefontaine,  et  ex-jésuite;  déjà  cité. 

5  Michel,  curé  deSt-Symphorien,  près  la  Haye-du-Puits  ;  id. 

6  Lemonyeb,  vicaire  de  Ronthon. 

7  Leloup,  prêtre  à  Coutances  ;  précité. 

8  BouRsiN,  ex-habitué  à  la  collégiale  de  Mortain  ;  id. 

9  Legranp,  curé  de  Barneville. 

10  CosTiN^  ex  -  bénédictin ,  archiviste  du  Département;  déjà 

mentionné. 

1 1  Lebceuf,  ex-habitué  à  la  cathédrale  de  Coutances;  id. 

1 2  DuGHEMiN^  curé  de  Périers. 

(Voir  notice  ùensVÀnnuaire  sas  dit,  ISSO,  p.  290.) 

Auxquels  il  faut  ajouter,  plus  tard^  en  remplacement  de 
quelques-uns  des  précédents, — par  exemple  des  8^  et  10^,  bien- 
tôt absorbés  par  leurs  fonctions  civiles  ;  —  notamment  : 


—  461  — 

Poisson,  curé  de  Gerville, 
L^ALLiER,  ex-habitué  à  Yalognes. 

SUPÉRIEURS    DU  GRAND- SÉMINAIRE 

CONSTITUTIONNEL 

Nommés,  en  1791,  en  remplacement  des  anciens,  qui  avaient 

refusé  le  serment. 

HÉNAULT. 

Bazirb. 


CHAPELAINS    CONSTITUTIONNELS 

DE  L'HOTEL-DIEU  DE  COUTANCES 

Nommés  de  même. 
Vincent. 

JouRDAN,  ex-habitué  à  la  cathédrale  de  Coutances. 
Cauchard. 


■^ATUWi 


V 


DEUXlèMB     j^^ÉRIODE 
DE   LA   GOIfSnTDTION   DE   l'aN   ni,    A   CELLE  DE   l'aN   Vin. 


2  !•'•  —  âkâaàÊ^ÊÊnOÊom  profrcaiait  dite, 

MEMBRE  DU  DIREaTOIRE  EXÉCUTIF 

APPARTENANT   A   LA  HANCHE. 

De  ran  IV  à  l'an  V. 

Letournbur,  de  Cherbourg,  ex-conventionnel,  déjà  mentionné; 
élu,  en  Tan  IV,  par  la  Manche,  au  Corps  Législatif  ci- 
après. 

DÉPUTÉS  AU  CORPS  LÉGISLATIF 

APPARTENANT     A     LA     MANCHE, 

Elections  de  l'an  IV. 

Conseil  des  /anciens. 

i  RiBET,  de  Tourlaville,  ex-conventionnel. 

2  Havin,  du  Mesnil-Opac,        id. 

3  BoNNBscEUR-BouRGUioNiÈRE,  dc  Barentou,     id. 

i  Letourneur,  de  suite  sorti  comme  Directeur  exécutif  (voir 
suprà). 

5  Poisson,  de  Saint-Lo,  ex-coniventionnel. 

6  Sauvé,  deDucé,  id. 

7  BÉ6NAULT  de  Brétel,  dc  la  Haye-du-Puits ,  id. 

8  Perrée-Duhamel,  de  Granville,  ex-dé|)uté  à  la  Constituante. 

9  Loisel,  de  St-James,  ex-président  du  Tribunal  criminel  de  la 

Manche. 


—  463  — 

Conseil  des  Cinq-Cents. 

1  Lbmoine-Yilleneuve,  de  Hortain,  ex-coDventionnel. 

8  Laurence,  de  Yilledieu,  id. 

3  HuBERT-DuMANOiR,  de  Saint-Gilles,        id. 

i  Engerran-Deslandes^  de  Saultchevreail,        id. 

6  PiifEL,  de  St-James,  id. 

6  BouRsiN,  de  Mortain,  ex-membre  du  Département  de  la 

Manche;  déjà  cité. 

7  Lehaignen,  de  Carentan,        id. 

8  Frémond,  d'Avranche»,  ex-procureur  -  général  -  syndic  du 

dit  Département. 

Personnel,  dont  disparaissent,  par  tirage  au  sort^  au  commen- 
cement de  Tan  V, 

Les  numéros  :  3,  6  et  7,  de  la  liste  ci-dessus,  des  Anciens  ;ei 
3  et  5  de  celle  des  Onq-Cents,  également  précitée. 

Mais  alors  et,  par  les  élections  de  la  dite  année,  entrent,  en 
revanche. 

Aux  Anciens. 

Dufoug-Maisongellbs,  de    Gratot,   ex -procureur -syndic   du 
District  de  Coutances  ;  déjà  mentionné. 

Et  aux  Onq-CefUs. 

Collet  des  Gostils,  ex-agent  national  du  District  de  Valognes, 
puis  juge  de  paix  de  la  dite  ville. 

Brohon,  ex-administrateur  du  Département;  déjà  mentionné. 

Et  SivAAD  de  Beaulieu  ,  de  Valognes ,  ex-maire  de  la  dite  ville. 
(Un  des  membres  de  la  fournée  dite  de  Valognes^  envoyée, 
en  thermidor  an  II,  à  Paris^  par  Lecarpeniier.  Voir 
notre  Etiule  sdr  le  TrUnmal  révoltUion/naire  de  Paris^ 
p.  297). 
Seulement,  les  élections  de  la  dite  année  ayant  été,  pour  la 


—  464  — 

Manche  notammenl,  annulées  en  vertu  de  la  loi  du  19  fructidor 
an  F,  les  nouveaux  membres  sus  dits  cessèrent  alors  de  siéger. 

De  plus^  dans  les  commencements  de  l'an  YI,  nous  voyons 
sortir  encore,  mais  par  la  voie  normale,  du  Corps  Législatif, 
savoir  : 

Des  Anciens^  les  1*',  2*  et  5*  numéros  de  la  première  liste  ei- 
dessus,  et  des  Cinq-CeniSy  les  numéros  i^,  V  et  4*  de  Ténumé- 
ration  correspondante. 

Mais^  par  contre,  y  entrent  alors  —  en  outre  du  numéro  5  des 
Anciens,  ci-dessus  (Poissofi),  et  du  numéro  4  des  Cinq-CenSs^ 
également  sus  -  mentionné  [Engerran)^  l'un  et  l'autre  de  suite 
réélus;  — comme  membres  nouveaux  : 

Aux  Anciens. 

Lbmbnubt  db  la  JuGANifiÈRB,  dcYaudrimesnil,  ex-président  du 
Tribunal  criminel  de  la  Manche. 

Aux  Cinq- Cents. 

AssELiN,  de  Cherbourg,   ex -membre  du  Département  de  la 

Hanche. 
Dbsplanqubs  du  MBSinL,  de  Carentan,  ex-membre  du  District 

de  cette  ville. 
BiTOuz  DES  LiGNiiERBS,  dc  Bncqucbcc,  ex-avocat  au  Parlement 

de  Rouen,  et  ex-membre  du  Conseil  supérieur  de  Justice. 

(Voir,  notice,  Annuaire  sas  dit,  1830,  p.  S7i.) 

GuESDON,  de  Cherencé-le-Roussel,  ex-agent  national  au  District 
de  Hortain ,  et  actuellement  président  de  la  municipalité 
de  cette  ville. 

PouRBT-RoQUERiE,  déjà  mentionné,  alors  commissaire  du  gou- 
vernement au  Tribunal  civil  de  la  Manche. 

Enfin,  en  Tan  VU,  du  personnel  de  la  Manche  ainsi  recom- 
posé pour  le  Corps  Législatif,  sortent,  savoir  : 


—  463  — 

Du  Comeil  de$  Ancietis,  les  numéros  8  et  9  de  la  liste  de 
Tan  IV,  ci-dessus. 

Et,  de  celui  des  Cinq-Cents,  les  numéros  6,  7  et  8  de  la  liste 
correspoudante. 

Hais,  en  revanche,  entrent  alors  : 

Aux  anciens. 

Caillbmbr,  de  Carentan,  ex-membre  du  Tribunal  de  Cassation, 

et ,  en  dernier  lieu ,  président  du  Département  d^  la 

Manche  ;  déjà  mentionné. 
Frain,  d*Avraoche$,  ex-agent  national  du  District  de  cette  ville, 

et  actuellement  commissaire  du  gouvernemeot  près  la  dite 

Administration  départementale. 
Qui,  —  avec  Poisson  et  Lemenuet,  — formeront  le  dernier  per- 
sonnel de  la  Manche  dans  la  dite  assemblée. 

Et  aux  Cinq-Cents. 

Où  BouRSiN,  qui  en  était  déjà,  se  trouve  alors  réélu  : 
Lbfollet  de  Sorteval,  de  Yalognes,  président  du  Tribunal 
criminel  de  la  Manche. 

Qui, — avec  :  Engerran,  Boursin^  Despanques,  Gubsdon,  Bi- 
TouzB,  AssELiN  ct  PouRET-RoQUERiE,  précités,  —  composcrout  le 
dernier  personnel,  correspondant,  de  ce  département  à  cette 
dernière  assemblée. 


ADMINISTRATION    DÉPARTEMENTALE 

DE  LA  MANCHE 

Elections    de    l'an    IV. 

Membres  proprement  dits. 

AssBLiN,  de  Cherbourg,  précité,  alors  maire  de  la  dite  ville. 

Lebrun,  de  Saint-Floxel,  ex-membre  du  Département. 

30 


—  466  — 

Lbhurby,  de  Saint-James,  ex-membre  du  District  d'Avranches. 
Caillbmer,  de  Careotan;  précité,  alors  procureur-syndic  du  Dis- 
trict de  la  dite  ville;  président. 
Clément,  du  Dézert,  ex-membre  du  Département. 

Commissaire  du  Gou/oememerU. 
FRAiif,  d'Avranches,  sus-mentionné. 

Secrétaire-Général. 
CosTiN,  r ex-bénédictin;  précité. 

Election  partielle  de  l'an  V,  pour  remplacer  Asselin  sorti  par 
le  tirage  légal: 

BouRÊE,  homme  de  loi  à  Mortain,  et  ex-membre  du  District  de  la 
dite  ville. 

Mais  celui-ci  dut  se  retirer  bientôt,  par  application  de  la  loi 
précitée  du  19  fructidor  an  V;  qui  rappela  alors,  -*  par  le  choix 
de Tadministration  elle-même,  —  Asselin,  précité. 

Seulement  ce  rappel  n'était  qu'en  attendant  les  élections  de 
l'an  YI,  qui  fournissent,  à  sa  place  : 

Champs,  ex-membre  du  District  de  Mortain. 

Puis,  en  l'an  YII,  les  élections  de  Tannée  confirment  Clé- 
ment, membre  alors  sortant,  et  appellent,  en  remplacement  de 
Caillcmsr,  alors  nommé  député  au  Corps  législatif  : 

Piton,  de  Coutances,  alors  commissaire  du  gouvernement,  près 
la  municipalité  de  cette  ville. 

D'un  autre  côté,  pour  exercer  cette  dernière  fonction  près  du 
Département,  vu  la  promotion  de  Frain,  cette  année  là,  à  la  dé- 
putation,  le  Directoire  nomme  alors  : 

BoNNBscBUR,  cx-député,  alors  substitut  du  Tribunal  de  départe* 
ment. 


-  467  — 

Et,  à  ce  moyen,  on  obtient  le  dernier  personnel  de  la  dite  ad- 
ministration jusqu'au  18  brumaire  an  YIII,  où  il  est  en  consé- 
quence encore  composé  de  : 

Lebrun,  Lbhurey,  Champs,  Clément,  Piton,  comme  membres 
délibérants,  et  Bonnbsoeur,  comme  commissaire  du  Gouverne- 
merU. 


ADMINISTRATION  MUNICIPALE 

DE     LA     VILLE     DE     COUTANCES. 

Elections  de  l'an  IV. 

Membres  délU)érants. 

Dbshaibs,  ex-procureur  de  la  commune  ;  déjà  cité. 

Joubert,  imprimeur,  non  acceptant  et  alors  remplacé  de  suite 
par  : 

Marib,  ex-notable;  id. 

Lerond,  ex-curé  de  Bricqueville-les-Salines;  président  de  la 
nouvelle  administration. 

Badin,  ex-notable. 

Legérais,  ex-archiviste  du  District  de  Coutances;  déjà  men- 
tionné. 

Avec,  pour  Commissaire  du  Directoire  exécutif: 
Piton,  ex-membre  du  dit  District. 

Mais  Deshaies,  Badin,  et  Legerais,  étant  bientôt  sortis  aux 
termes  de  la  loi,  furent  remplacés  par  : 

Loquet,  de  la  Lande-Dairou,  ex-membre  du  Département  de  la 
Manche, 


—  468  — 

Lbglsrg,  de  Coatances, 

Et  Dallet,  d*ibid,  marchand  de  vin;  déjà  «ité. 

Seulement,  la  loi  du  19  /ructidor  an  f^  annulant  aussi  celte 
élection,  la  municipalité  restante  rappela,  pour  les  remplacer 
provisoirement  : 

Deshaies,  Lbgéràis  et  Badin,  précités , 

En  attendant  les  élections  normales  de  Tan  VI;  qui  —  de- 
venant en  cette  matière  par  le  fait  générales^  —  donnèrent  ici, 
avec  Legerais  et  Marié  sus  dits ,  dont  le  premier  devint  alors 
président  de  Tadministration  : 

JouBERT/îb,  imprimeur;  déjà  cité. 

Marette,  ex-avoué;  id. 

Et  Blouet,  ex-curé  jureur  de  La  Baleine. 

Personnel  ainsi  recomposé,  auquel  les  nouvelles  élections  de 
Tan  VU  ne  changèrent  qu'un  membre  :  Marie,  alocs  remplacé 
parFouLON-GRANDGHAMPy  pharmacicn  ;  déjà  cité. 

Piton,  y  étant,  du  reste,  toujours  resté  Commissaire  du  gowcer- 
nement. 

Mais  celui-ci  ayant  été,  en  Tan  VU,  nommé  membre  du 
Département,  fut,  près  la  municipalité  de  Coutanees,  rem- 
placé par  : 

Blouet,  sus  dit. 

Qui  lui-même,  le  fut  alors,  comme  membre  délibérant  de 
celle-ci,  par  : 

Gosselin,  homme  de  loi  à  Coutanees. 

Et  tel  fut  le  dernier  état,  à  cet  égard,  jusqu'en  Tan  VUI. 


—  469  -^ 


ADMINISTRATION  MUNICIPALE 

DU     CANTON    RURAL    DE    COUTANCES 

Président. 

m 

En  l'an  IV. 
Cabaret-Dotuon,  d'Orval;  déjà  cité. 

En  l'an  VI. 
Tesson,  ex-député  à  la  Législative. 

En  ran  VII. 

DuBosQ  dit  Basmbsnil,  ex-officier  de  la  garde  Datioaale  de  Cou- 
tances  ;  déjà  mentionné. 

Commissaire  du  Directoire  exéctstif. 

En  l'an  VIL 

GuÉRiN,  président  du  Tribunal  de  commerce  de  Coutances;  pré- 
cité. 

RECEVEUR  GÉNÉRAL  DE  LA  MANCHE. 

En  l'an  VII. 
Vieillard. 


DIRECTEUR 

DE  l'enregistrement  ET  DES  DOMAINES  DE  LA  MANCHE 

« 

En  l'an  IV. 
GuiGNON,  déjà  mentionné. 


—  470  — 

En  l'an  VII. 


Vannier. 


CONSERVATEUR    DES    HYPOTHÈQUES 

A    COUTANCES. 

En  l'an  VII. 
Charpentier,  ex-receveur  de  renregistrement,  au  dit  liea. 


RECEVEUR  DES  DOMAINES  NATIONAUX 

A    COUTANCES. 

En  l'an  IV. 

Bonnet,  déjà  cité. 

Qui  l'était  déjà  dans  la  période  précédente,  et  qui  le  fut  encore 
dans  la  suivante. 


INGÉNIEUR  EN  CHEF  DU  DÉPARTEMENT- 

En  l'an  IV. 

PiTRON. 

Qui  l'était  depuis  le  commencement  de  la  Révolution. 

SofAS'Ingénieur  à  CoiUances. 

Même  année. 
Maillard. 

Condwteur  principal  au  dit  lieu. 
Sarot,  de  Cérisy -la-Salle  ;  déjà  cité. 


—  474  — 


DIRECTEUR  DE  LA  POSTE  AUX  LETTRES 

DE    COUTANCES. 

En  l'an  IV. 


Danigan. 


ÉCOLE    CENTRALE    D'AVRANCHES 

(310  ÉLÈVES). 
PROFESSEURS    DE    L'INSTITUTION 

PREMIÈRE   SECTION    l 

Dessin. 
Lanoevin. 

Histoire  naturelle, 
Perrin,  puis  Leghevalier. 

Langues  anciefimes, 
Gardin. 

deuxième  section  : 
Mathémaiiques. 

LaMARE,  puis  PODCHIN. 

Physique  el  Chimie. 
Robinet. 

troisièm  £    section: 
Grammaire  générale. 
Pommeraye. 

BelleS'Letlres. 
Lambert,  ex-régent  au  collège  de  Coutances. 


—  474  — 

Histoire. 
Mauget. 

LégisUUion. 
Previllb;  puis  Costin,  rex-bénédictio ,  précité. 

DIRECTEUR  DE  LA   BIBLIOTHEQUE 

(à  la  tête  de  9,386  volumes). 
Cerisier. 

directeur   du   cardin   des   plantes 
dubuisson. 

(Voir,  sur  lui»  notice  dans  V Annuaire  précité,  1830»  p.  290). 

CONCIEnOE 

Paimblant. 


GARDE    NATIONALE    DE    COUTANCES 

élections  : 

En  vendémiaire  an  IV. 

Capitaines  de  compagnies  de  :  Grenadiers,  Chasseurs 

et  Canonniers  : 

QUESNEL-HONDREVILLB ,  déjà  Clté. 

DupRATEAu,  orfèvre;  id. 
Damame,  pharmacieu;  id. 

En  Floréal  suivant. 

Commandant  en  chef. 
Carrouge,  déjà  mentionné. 


* 

i 


-  473  - 

Commandants  dans  les  dioers  quartiers  : 

Quartier  de  St-Nicolas. 
Lebrun,  notaire;  précité. 

Quartier  de  St-Pierrt. 
Lbgérms,  filandier,  ex-membre  du  Comité  de  surveillance. 

Quartier  de  la  Grande-Rue  au  nord. 

QUESNRL-MONDREVILLE^  SUS  dit. 

Quartier  de  la  Grande-Rue  au  midi, 

DUPRATBAU,  id. 

Quartier  du  Pont-de^SouUes. 
SÉBiRE,  mégissier. 

Quartier  des  Piliers. 

ViEL. 

En  germinal   an  V. 

Chef   de   Bataillon. 
DuvAL-MoifTiGNY,  cx-notablc. 

Capitaines  ordinaires. 
Quesnel-Can V A  ux . 

JORET. 

Deshaies. 

Varin-Franqueville. 
Le  Maître. 
Legérais. 
Beaumer. 

Tous  déjà  cités. 

Chefs  de  Fétérans. 

GUYARD. 

Legourtois. 


—  474  - 

En  germinal  an   VL 

Chtf  de  Bataillon. 
Foulon-Grandghamp,  pharmacien  ;  précité. 

Capitaines. 
Lepr^tre. 

QuENAULT,  chirurgien  ;  précité. 

GOHIER. 

Charles  Quesnel. 

Marie,  administrateur  municipal. 

Caresmel. 

Hrrvieu,  ex-juge  au  Tribunal  de  district. 

Lehaut. 


in.—  Juttee. 

TRIBUNAL  CIVIL   DE  LA   MANCHE 

Elections  de  l'an  IV. 

Juges  Titulaires. 

1  Yautier,  ex-avocat  au  bailliage,  puis  juge  au  Tribunal  de 

district,  de  Périers. 

2  Lehieulle,  juge  au  Tribunal  de  district  de  Yalognes. 

3  Lbsagher  la  Pallière,  ex-député  aux  Etats-Généraux,  et 

depuis  juge  au  Tribunal  de  district  de  Mortain. 

4  Heryieu,  ex-procureur-syndic  au  District  de  Cherbourg. 

5  OuRY,  de  Digosville,  ex-administrateur  du  Département. 

6  Delalande,  le  jeune,  ex-juge  au  Tribunal  de  district  de  Cou- 

tances;  déjà  mentionné. 

7  FouGHER,  ex-juge ,  puis  commissaire  du  gouvernement^  au 

Tribunal  de  district  de  Saint-Lo. 


j 


—  475  - 

8  DupREY,  ex-commis^aire  du  gouyernement  au  Tribunal  de 

district  de  Périers. 

9  Le  TENNEURyid.,  au  Tribunal  de  district  de  Coutances;  déjà 

cité. 

10  Lefollet  DE  SoRTEYAL,  id.,  à  ccltti  de  Yalognes. 

1 1  HouBL,  de  Saint-LOy  ex-juge  en  la  dite  ville. 

12  Cousin-Deschamps,  duTeilleul»  ex-membre  du  Département. 

13  Lelièvre,  ex-président  du  Tribunal  de  district  de  Coutances. 

14  RiouLT  DE  MoNTBRAY,  ex-administrateur  du  Département,  et 

juge  au  Tribunal  de  district  d'Àvranches. 

15  BoissBL-DuviviER^  ex-juge  au  même  siège. 

1 6  GoNFREY,  de  Saint-Lo,  ex-secrétaire  au  District  de  cette  ville. 

17  AuvRAY,  juge  au  Tribunal  de  district  d'Àvranches. 

18  Lesgot-Cretteville,  juge  à  celui  de  Saint-Lo. 

1 9  D'Orléans,  juge  à  celui  de  Périers. 

20  GuiFFARo,  id.,  à  Cherbourg. 

21  PÉZERIL,  ex-juge  à  celui  de  Coutances  ;  déjà  cité. 

22  Cherbonnel,  id.,  à  Àvranches.  • 

23  PouRET-RoQUERiE,  cx-coustituant ,  et  juge  du  Tribunal  de 

district  de  Périers  ;  sus-mentionné. 

SuppléatUs. 

Lavallée,  ex-avocat,  etjuge  au  Tribunal  de  district  de  Coutances. 
Alexandre,  id. 

Greffier. 
AuDRAN,  d' Avranches. 

Avec,  pour  Commissaire  du  GouvememerU. 

(Provisoire.) 
Drogy,  avocat  à  Coutances. 

Mais  ce  personnel  est  bientôt  partiellement  modifié,  par  Tim- 
possibilité  de  plusieurs-  de  ses  membres  d'accepter,  ou  de 
continuer,  leurs  fonctions. 


-  476  - 

C'est  ce  qui  arrive  successrvement  aux  16^,  11%  12*,  14',  <8* 
20*,  21^  33%  titulaires  ci-dessus  éoumérés;  qui»  au  ftir  et  à 
mesure  de  leur  disparition,  se  trwfent,  dfe  l'an  lY  à  l'an  VII, 
remplacés  par  : 

ÀDRAHAM-DuBors ,  d'Avrauches ,  ex-lieutenant  particulier  au 

bailliage  de  cette  ville. 
Lemonnier. 

Varin,  tatr^y  ex-juge  de  paix  à  Coutances;  précité. 
RoBBE  DE  Salles. 

Leloup-Dbsperrblles,  ex-homme  de  loi  à  Coutances. 
Ddprey,  ex-conseiller  au  présidial  de  Coutances  ;  déjà  cité. 
Plus,  parles  deux  suppléants  sus-mentionnés. 

Quant  au  Commissaire  gouvernemental  sus  dit,  il  fut  auGcessi- 
vement,  comme  titulaire  définitif  : 

Bn  frimaire  an  IV. 
DÉNIER,  ex-juge  au  Tribunal  de  district  de  Saint-Lo. 

En  frimaire  an  IV. 

Vu  la  mort  de  celui-ci. 

PouRET-RoQUBRiE ,  précité. 

Lequel,  en  germinal  suivant,  — vu  son  départ  pour  le  Conseil 
des  Cinq- Cents,  —  cède  la  place  à 

RlODLT   DE  MONTBRAY,  précité. 

En  l'an  VII,  celui-ci  avait^  en  sa  nouvelle  qualité  judiciaire, 
pour  substituts  : 

BoNNESQEUR,  cx-mcmbre  du  Corps  législatif;  déjà  cité. 
Et  HouBL,  ex-juge  au  Tribunal  de  Département  ;  id. 

Succédant  eux-mêmes  à  CatAchardei  Manger;  et  à  un  desquels 
devait  bientôt  d'un  autre  côté  faire  suite  : 
LoYSBL,  ex-président  du  Tribunal  criminel  de  la  Manche,  et  ex- 
membre du  Conseil  des  anciens  d'où  il  revenait  alors. 


-  477  — 


JUGES  OE  PAIX 

DE    LA    VILLE    DE    COUTANCES. 

Elections  de  Tan  IV. 
AoYRAY,  le  précédent  titulaire. 

Remplacé,  en  frimaire  an  Y^  par  : 

Yarln  rainé,  ex-greffier  du  Tribunal  correctionnel  de  Coutances; 
déjà  cité. 

Qui,  en  germinal  même  année,  Test  lui-même  par  : 
Chapel,  ex-juge  au  Tribunal  de  district  de  la  ville. 

Puis,  en  Tan  VI,  on  trouve  d'abord  : 
Marettb,  ancien  avoué  et  notable  de  Coutances. 

Et  ensuite  : 

Lbrond,  ex-président  de  radministralioa  municipale  de  Cou- 
tances; précité. 
Qui  resta  jusqu'à  la  fin  de  la  période. 


JUGES  DE  PAIX 

DU     CANTON     DE     COUTANCES 

Election  de  l'an  IV. 
Hbrpin,  qui  l'était  en  dernier  lieu. 

Remplacé,  à  la  fin  de  Tannée,  vu  sa  démission,  par  : 
Duval,  greffier,  et  ancien  magistrat,  du  siège. 


—  478  — 

Qui  se  démet  en  l'an  VI  ;  entre  alors  à  sa  place 

Bonnet,  de  Saint-Nicolas-de-Coutances. 
Qui  est  le  dernier  titulaire  jusqu'à  Tan  VIII. 


TRIBUNAL  DE  COMMERCE  DE  COUTANCES. 

En  l'an  IV. 
Gu^m,  présidefUf  par  continuation. 

VaLARD. 

DuDouiT,  tailleur. 
Voisin,  épicier. 
Dadure,  parcheminier. 
Tou&  déjà  cités. 

En  l'an  VIL 

Même  composition,  sauf  que  Dvdouit  est  remplacé  par  Lb- 
PELLEY,  également  déjà  mentionné. 

TRIBUNAL    CRIMINEL. 

Election  de  l'an  IV. 

Président. 

LfiMBifUBT,  ex-accusateur  public  au  dit  siège. 

Accusateur  public. 
HÉOT,  ex-juge  au  Tribunal  de  district  de  Coutances. 

Election  de  l'an  VL 

Président. 
Lefollet  de  Sortbval,  ex-juge  au  Tribunal  civil  de  la  Hanche. 

Accusateur  puJ)lic. 
HéoT,  sus  dit.    ' 


—  479  — 

Greffier  pendant  toute  la  période. 
Michel,  qui  Tétait  déjà  jadis. 

Commissaires  du  Gouvernement. 
Ceux,  précités,  du  Tribunal  civil  de  Département. 

JURÉ  DE  LA  MANCHE 

A    LA    HAUTE    COUR    DE    JUSTICE 

En  l'an  VI. 
Blanche,  de  Carentan ,  ex-receveur  du  district  de  cette  ville. 

(Voir  sur  lui  notre  Btude  concernant  la  Chouannerie  dans  la  Manche). 

TRIBUNAL  CORRECTIONNEL 

DE  COUTANCES 

Commissaire  du  Gov/oemement^  à  lui  spéHaL 

De  l'an  IV  à  l'an  VlII. 
BuRNoup,  ex-avocat  et  ex-chef  de  bureau  au  Département. 

Greffier. 
Yarin,  Vatné,  ex-greffief  du  Tribunal  de  district  de  Coutances. 

Puis,  à  partir  de  frimaire  an  Y,  vu  la  nomination  de  celui-ci 
comme  juge  de  paix  de  la  ville  : 

FÉVRIER,  ex-greffier  du  juge  de  paix  de  la  ville  de  Coutances. 

CONCIERGES    DES    PRISONS    DE  COUTANCES- 

Maison  de  Justice. 
Gallot,  déjà  cité. 

Maison  d'arrêt  du  Fort^Colin. 

Jusqu'en  Tan  IV. 
BoNNSFoussE,  également  précité. 


—  480  — 

Qui  alors  est  dcstilué  et  remplacé  par  : 
Vattier. 

HUISSIERS 

PRÈS  LES  JURIDICTIONS  DE  CODTANCES 

Aadieociers  : 

Du  Tribunal  Ciml  de  Dépanement. 
Leroux.  —  Boissel.  — Colas.  —  Lebarbibr. 

De  la  Justice  de  Paix  de  la  ville. 
HéaN»uiN. 

Du  Tribunal  de  Commerce. 
Laignel. 

Du  Tribunal  Criminel. 
Gervaise.  —  Laurent. 

Du  Tribu/nal  Correctionnel. 
Voisin.  —  Rabasse. 

Huissiers  libres  : 

Laville.  —  Guillemette.  —  Menand.  —  Lebaron. 
La  plupart  déjà  cités. 

PRINCIPAUX   DÉFENSEURS  OFFICIEUX 

ou     AVOCATS 
DEVANT  LES  DITS  SIÈGES. 

Hbrtibu.  --  Leuonnibr.  —  Jourdain  de  Bbauliku. — LEBiinoN. 

—  Colas  DE  Prémare.  — Calenge.  —  Massy.  —  Goutard. 

—  Sauvage  ;  la  plupart  déjà  mentionnés. 

NOTAIRES  PUBLICS  A  COUTANCES 
Lebrun  et  Hébert,  également  précités. 


-  481  — 


g  m.  Calte. 

MEMBRES    DU    PRESBYTÈRE   ÉPISCOPAL 

CONSTITXJTIONNEL. 

En  l'an   VII  et  VIII  : 

Vicaires  épiscapatix. 

Les  deux  Bisson.  —  Lbgrand.  —  LEMONNiBfi  ;    déjà    men- 
tionnés. 

Simples  Curés. 

Ybert,  curé  de  Nicorps. 
Cabaret,  curé  de  Saussey. 


ARCHIPRÊTRES  CONSTITUTIONNELS 

A    la    même    époque. 

Notamment  : 

ArchiprStre' de  Cherbourg. 
Desquesnes,  curé  de  la  ville. 

Archifrétré  des  Pieux. 
PosTEL,  curé  diihid. 

Archipritré  de  Quettehou. 
CoRBET,  curé  de  Montfarville. 

Archiprêtré  de  Cerisy-la-Salle. 

Lalouel.  curé  de  Belval. 

31 


—  482  — 

Avec,  pour  stibstUtU. 
Roger,  curé  de  Roncej. 

Arckiprêtré  de  Percy. 
Blouet,  curé  du  Cheffresne. 

Archiprétré  d'Avrandies, 
Lhbrmitte,  curé  de  cette  ville. 

Archiprétré  de  Saint-Pierre-d'Arthenay. 
GuiLLET,  curé  de  Rémilly. 

Archiprétré  de  Quettref)ille. 
BouDiER,  curé  de  Saint-Louet-sur-Sienne  (substitut). 

Archiprétré  de  CarerUan. 
DanièrEi  curé  de  Héautis,  (id.) 

Archiprétré  de  Falognes. 
Raisnel,  curé  de  Saint-Marcouf  (id.) 


DÉPUTÉ  DU  CLERGÉ  CONSTITUTIONNEL 

DE  LA  MANCHE 
AU   SYNODE   METROPOLITAIN    DE   ROUEN   DE   l'aN   VIII. 

Desquesnes^  curé  de  Cherbourg;  précité. 


■\AAAAtf- 


Troisième    Période 


DE   LA  GONSTITDTIOff   DE   l\n   VU!   À   l'eMPIRI. 


)  I.  AdmiaMMiloB  proprement  dite* 

REPRÉSENTANTS  DE  LA  MANCHE- 

Au  Sénat. 

En  ran  VIII. 
Pléyille  le  Pelet,  de  Granville,  ex-amiral  etex-miaistre. 

(Voir  notice,  AnnwOrê  sus  dit,  i845,p.  49iJ 

Aa  Corps  Législatif, 

En  l'an  VIII. 
ËNGBBRAfi,  de  Saultchevreuil,  ex-député  aux  Cinq-Cmis. 
Poisson,  de  SaiDt-Lo,  ex-membre  des  Anciens. 

Auxquels  il  faut  ajouter  : 

En  l'an  XII. 

Fremin  de  Beaumont,  ex-procureur-général-syndic  du  Dépar- 
tement. 

Et  plus  tard  : 
Lebrun  de  Roghemont,  de  Bretteville-sur-Ay. 

Au    Tribimat. 

En  l'an  IX. 

BiTOuzÉ  DES  Lignières,  de  Bricquebec,  ex-député  aux  Cinq-Cents 
Caillemer,  de  Carentan,  ex-député  aux  Anciens. 
Et  Perreb-Duhamel,  de  Granville,  id. 


—  484  — 
ADMINISTRATION     DÉPARTEMENTALE 

DE  LA  MANCHE 

En    Tan    VIII. 
Préfet. 

DE   MaGNITOT. 

Secritairt-GénéraL 
GlémenTi  déjà  mentionné. 

Conseil  Général. 

Frémin  du  Mesnil,  de  Coutances,  frère  de  Frémin  de  BeaumotU 
et  de  Frémin  de  Lingreville ,  précités. 

(Voir,  notice  sur  lui,  Annuain  sus  dit,  1845,  p.  489.^ 

Lbbasnier,  homme  de  loi  à  Saint-Lo. 

AssELiN-DuvET,  de  Cherbourg, 

Chantereine,  d'ibid. 

Vautier,  de  Saint- Vast. 

Vrac,  homme  de  loi  à  Valognes. 

Desghesnées-Hauger^  id. 

Collet  des  Costils  ,  d'Yvetot,  ex-agent  national  du  District  de 

Valognes,  et  ex-député  aux  Anciens. 
Chanteloup,  ex-receveur  du  District  de  Valognes. 
Hervieu  de  Pontlouis,  administrateur  de  l'hospice  de  Carentan 
et  jadis  lieutenant  particulier  au  bailliage  d'ibid.;  déjà 
cité. 

Hulmel,  homme  de  loi  à  Saint-Lo. 
Caughard-Hoissonnier,  id. 

Culleron,  id.  à  Thorigny,  ex-membre  du  Département. 

Bourée-Fougaudière,  id.  à  Mortain;  id. 

Le  Mengnonnet,  de  Granville. 

Leglerg,  propriétaire  à  Avranches. 

Lbgourt,  homme  de  loi,  ibid. 

Bloudel,  ex-entrepreneur  de  tabac,  ibid. 

Lebrun,  notaire  à  Coutances. 


—  485  — 

Letullikr,  juge  de  paix,  ibid.,  ex-membre  du  Département. 
DE  CussY,  propriétaire,  ibid. 
CouRAYE  DU  Parc,  juge  de  paix  à  Hontmartin-sur-Her. 
Michel  d'Annoville,  de  Coutances. 

Conseil  de  Préfectwre. 
Lebrun. 

Lemarié,  d'Àvranches. 

Heudeline,  de  Thorigny^  ex-membre  du  Départemeot. 
Desprès,  de  Yalognes,  id. 

Lbmaitre. 

SOUS-PRÉFECTURE    DE    COUTANCES- 

En    l'an  VIII. 

Sous'Préfd. 
Frémin  de  Beaumont,  précité. 

Bientôt  nommé  député  au  Corps  législatif,  et  alors  remplacé 
par: 

Paqubt-Beauvais,  de  Coutances ,  ex-membre  du  Département  de 
la  Manche. 

Conseil  cC Arrondissement. 

Leforestier  de  Muneville. 

Hubert,  notaire  à  Montmartin-sur-Her;  ci -après  mentionné 

comme  notaire  à  Coutances  en  l'an  XIY. 
Bonté,  docteur-médecin  à  Coulances  ;  précité. 
Lepigeon  de  BoisYAL,  d'ibid.,  ex-député  à  la  Législative. 
DE  Mary  de  Bagtot,  d'ibid. 
Fauvel  la  Raisinière^  de  Périers. 
Legervoisier,  ex-procureur  à  Gavray;  déjà  cité. 
Lbmougheux,  ex-juge  de  paix  à  Lessay. 
Faudemer-Desghamps,  de  la  Haye-du-Puits. 
Desmarest,  de  Heugueville. 
Lbcarpentier,  de  Coutances. 


! 


—  486  — 

MUNICIPALITÉ    DE    C0UTANCE8 

Maire. 
Duhamel,  ex-juge  au  TribuDal  de  district  de  la  ville;  déjà  cité. 

AdjoirUs. 

DE  Mary  de  Bactot,  précité. 
Lemaitre,  ex-notable. 

Conseillers  Municipaux  (30). 

Frémin  du  Hbsnil,  déjà  mentionné. 

Varin-Franqueyille,  lejeu/ne^  id. 

MoRiN,  médecin. 

Basset,  filandier;  déjà  cité. 

Dallet,  id. 

Massy,  avocat;  id. 

Benby  la  Vauguerie,  chirurgien;  id. 

DU  Mesnil-Adblée,  précité. 

Bonté-Mautinière,  id. 

Joubert,  imprimeur,  id. 

Lbpesant,  ex-secrétaire  du  District;  id. 

Damame,  pharmacien,  id. 

Chapel,  ex-juge  au  Tribunal  de  district;  id. 

Chauvet,  lejeune^  marchand. 

Haudug,  déjà  mentionné. 

QuENAULT,  chirurgien;  id. 

Leroux,  huissier. 

Bavard,  marchand. 

GuYARD,  ex-notable. 

Lebreton,  avocat,  déjà  cité. 

Duprateau  ,  orfèvre,  id. 

DuDouYT,  tailleur;  id. 

GossELiN,  ex-notable. 

Badin,  marchand;  déjà  mentionné. 


—  487  — 

Cabaret,  ex-juge  de  paix  du  canton  de  Goutances  ;  id. 

Legarpenti£r,  ex-notable. 

Quesnel-Canvaitx,  précité. 

Leprêtre-Pontîvon  . 

Drogy,  avocat^  et  ex-maire  de  la  ville. 

Piton,  ex-commissaire  du  gouvernement  près  le  Département. 


DIRECTEUR    DES    CONTRIBUTIONS    DIRECTES 

DANS  LA  MANCHE 

En  l'an  VIII. 
Walwin. 

Contrôleur  à  CoiUances. 
HoMMERiL,  ex-curé-jureur  de  Geffosses. 

RECEVEUR    GÉNÉRAL 
A  la  même  époque. 

BUNEL. 

RECEVEUR    PARTICULIER    A    COUTANCES 

COUPARD. 

DIRECTEUR     DE    L'ENREGISTREMENT 

A  COUTANCES. 
PlPAUD. 

VÉRIFICATEUR    A    COUTANCES- 
Lkpellev. 


—  488  — 


CONSERVATEUR    DES    HYPOTHÈQUES 


A  COUTANGES. 


RODLIN. 


ÉCOLE    CENTRALE    D'AVRANCHES 

De  Tan  VIII  à  sa  suppression  en  Tan  X. 
Même  personnel  que  précédemment. 


ÉCOLES  SECONDAIRES  DE  COUTANCES* 

En  Fan  XII. 

Institution  de  l'abbé  Leniière  y  ex-vicaire  de  Saint-Pierre-de- 
Coûta  nces  avant  la  Révolution  : 

(36  élèves,  dont  4  pensionnaires.) 

Bientôt  après  supprimée  vu  les  développements  de  celle  ci- 
après. 

Institution  de  Tabbé  Desiplanquts-V avuigny ,  ex-chapelain  de 
la  cathédrale  de  Coutances  avant  la  Révolution,  déjà  cité. 

(67  élèves  dont  8  pensionnaires)  : 

PROFESSEURS 

Lepatron,  de  Uontmartin-sur-Mer,  ex-capucin. 

GiSLETTE,  prêtre, 

OuRY,  professeur  au  Collège  de  Coutances  avant  la  Révolution. 

Saintin,  prêtre. 

Lemarrois,  id. 

Levionnois,  id. 

NiOBEY,  id. 

BuRNoup,      id. 

Etablissement  qui,  se  développant  tous  les  jours,  devint  bien- 
tôt, à  partir  de  Tan  XIY,  le  nouveau  : 


^  489  - 
COLLÉBE   DE   COUTANCES. 

PRINCIPAL. 

Aa  début  : 
Desplanques-Yantigny,  sus  dit. 

Bientôt  remplacé  par 
DoYÈRB,  curé  de  Contrières. 

PROFESSEURS. 

Au  début  : 

Les  sus  nommés. 

Bientôt  après  remplacés,  sauf  un  (l'abbé  Niobey),  comme  il 
suit  : 

Philosophie. 
DoYÈRE,  sus  dit. 

Rhétoriqiie. 
L'abbé  Gambier,  de  Granville. 

Seconde, 


L'abbé  Lachèyre. 


L'abbé  Godreuil. 


L'abbé  Voisin. 


Troisihne. 


Quatrième. 


Cinquième. 


L'abbé  Niobey. 

é  Sixième. 


Jourdan-Laporte. 


Créances,  de  Heugueville. 


Septième. 


—  490  — 


CAPITAINE 

DE  LA  COMPAGNIE  DE  GENDARMERIE  DE  LA  MANCHE. 

(Comprenant  142  hommes  groupés  en  :  23  brigades, 

et  3  lieutenances.) 

En  ran  XII. 
Croizbau,  à  Saint-Lo. 


2  IL  JnsHee* 

TRIBUNAL  D'ARRONDISSEMENT   DE  COUTANCES 

En   ran   VIII. 

Président. 
Vâultier,  ex-membre  du  Tribunal  civil  de  Département. 

Jîtges  Titulaires. 

GONFREY,  id. 

Leloup-Desperrelles,  id. 

Lebrun,  ex-membre  du  Parquet  à  Coutances. 

Suppléants, 

DupRET,  ex-membre  du  Tribunal  sus  dit. 
Alexandre^  id. 

Commissaire  du  Gouvernement.  I 

Letenneur,  ex-membre  du  Tribunal  précité. 

Substitut.  9  : 

Lerond,  ex-juge  de  paix  de  Coutances. 

■ 

Greffier.  * 

Ferrând,  ex-commis-greffier  du  Tribunal  civil  de  Département.  i 

i 


—  494  — 
AVOUÉS 

PRÈS     LE     DIT     TRIBUNAL. 

Au  début  : 
Grandin,—  Hamsun,  —  Dumont,  —  Philippe,  —  Harguerie, 

PlQNARD,  —  LbFILLASTRE^  —  LeGOULAND,  —  DuPONT,  — 

Blouet  (r ex-commissaire  du  Gouvernement  près  la  mu- 
nicipalité de  Coutances)^  —  Marette,  —  Brandin,  et 
Ollitier. 
Dont  la  plupart  avaient  jadis  exercé  à  ce  titre  :  d'abord  près 
du  présidial,  puis  près  du  Tribunal  de  district  de  la  ville. 

JUGES  DE  PAIX 

DE      LA      VILLE     DE     COUTANCES. 

De  l'an  VIII  à  l'an  X. 

En  remplacement  de  Lerond,  promu,  comme  nous  Tavons  vu, 
au  parquet  du  Tribunal  d'arrondissement. 

BuRNouF,  ex-homme  de  loi  de  la  dite  ville  ;  déjà  cité. 

JUGE  DE  PAIX  DU  CANTON  DE  COUTANCES 

Dans  le  même  intervalle. 

Bonnet,  qui  Tétait  déjà. 

JUGES  DE  PAIX  DE  COUTANCES- 

Comprenant,  dans  son  ressort,  à  la  fois  la  ville  et  le  canton  de 
ce  nom,  désormaistéunis. 

En  ran  X. 

Titulaire. 
Letuluer,  ex-membre  du  Département. 


-  492  — 

SuppléafOs. 

Bonnet,  ex-joge  de  paix  du  canton. 
Lerond. 

TRIBUNAL  DE  COMMERCE  DE  COUTANCES 

En  l'an  IX. 
Même  composition  que  précédemment. 

En  l'an  XII. 

Agnès,  imprimeur,  précité;  président. 
Dallet,  marchand  de  vins  ;  déjà  cité. 
CHA0VET,  déjà  cité. 
Depierre,  tailleur. 
Blouet,  marchand. 

Greffier. 
Le  VIVIER  fiU. 

TRIBUNAL     CRIMINEL     ORDINAIRE 

DE  LA  MANCHE. 

De  l'an  VIII  jusqu'à  l'Empire. 

PrésidefU. 

Lefollet  de  Sorteval,  qui  Tétait  déjà ,  et  fut  toujours  renou- 
velé tel,  bien  qu'appartenant,  aussi,  au  Tribunal  d'appel 
de  Caen. 

Juges  titulaires. 

LoisEL,  ex-substitut  au  Tribunal  civil  de  la  Hanche. 

Foucher,  ex-juge,  ibid.  *  i 

Juges  suppléants. 

ÂuvRAY,  ex-juge  de  paix  à  Coutances. 
Lemaitre,  ex-homme  de  loi,  ibid. 


—  493  — 

Commissaire  du  Gouvernement. 
PouRBT-RoQUERiB,  qui  l'était  jadis  près  du  Tribunal  civil  susdit. 

Suhsi^ut. 

(Depuis  la  loi,  modificatrice  de  la  procédure  criminelle^  du  7p/t^ 

xÀtse  an  IX). 
Lerond,  sus  dit,  en  même  temps  substitut  au  Tribunal  d'arron- 
dissement précité. 

Greffier. 
Michel,  déjà  mentionné. 

TRIBUNAL    CRIMINEL     SPÉCIAL 

DE  LA  MANCHE 

Personnel  —  en  outre  de  celui,  qui  en  faisait  de  droit  partie  in- 
té^nte,  du  Tribunal  criminel  ordinaire  précité  : 

De  l'an  IX  à  l'Empire. 

Dubois-Fresnây,  chef  de  bataillon  du  génie  à  Granville. 
Croizeau,  capitaine  de  gendarmerie  ;  précité. 
Drogy,  avocat  à  Coutances,  et  ex-maire  d'ibid. 
GossBLiN,  homme  de  loi  en  la  même  ville;  déjà  cité. 

NOTAIRES  A  COUTANCES 

En  l'an  VIII. 

Lebrun,  précité  (étude  actuelle  de  M^  Dandeville). 

HÉBERT,  aussi  sus  dit  (étude  réunie  à  la  première  en  Tan  XIV). 

En  ran  XIV, 

Outre  Lebrun,  précité  : 

Hubert  (créé  en  Tan  XII.  —  Etude  actuelle  de  M^  Damecourt). 


—  494  — 

Auxquels  il  faut,  en  1807,  ajouter  : 
Letenneur,  ex-notaire  à  Gavray  (étude  également  nouvelle,  for- 
mée par  le  déplacement  de  la  première  de  ce  titulaire,  et 
aujourd'hui  celle  de  M^  Delarue). 


I  m.  CHUCe. 

ÉVÊQUE  CONCORDATAIRE  DE   COUTANCES 

Rousseau,  de  Paris,  chanoine  de  Chartres  en  1789. 

Ficaires-  Généraux, 

Bonté,  frère  du  médecin  et  du  conseiller  au  présidial  précités, 
chanoine  de  la  Cathédrale  de  Coutances  avant  la  Révo- 
lution . 

(Voir,  sur  loi,  RewAè  catholique  de  Coutances,  année  1867-1868,  p.  645. 

Lhermitte,  iils  de  Tex-conseillerau  présidial,  ex-curé  jureur 
de  Saint-Michel-de-la-Pierre. 

Chanoines. 

Bertin-Duprat. 

Closet,  chanoine  de  la  cathédrale  avant  la  Révolution. 

Dâncel,  id. 

Brébqeuf,  id. 

Leflâmand. 

Gautier,  ancien  curé  réfractaire  de  Granville. 

LoNGOissEUR,       id.  de  Saussey. 

DESSERVANTS 

DU     CANTON     DE     COUTANCES 

CURÉ  de  la  paroisse  Saint-Pierre-de-CoiUances  : 

DuBREuiL,  qui  l'était  avant  la  Révolution. 

—  Quant  à  celle  de  SawU-Nicolas -  de-  Couiances,  elle  ne  fut 


t 

■ 


i 


—  495  — 

rétablie  qu'en  1806,  et  avec  le  titre  de  simple  succursale  seule- 
ment, dont  fut  alors  pourvu  ; 

L'abbé  Yâlognes; 

Sauf  à  devenir  cure  proprement  dite  en  4826. 

SUCCURSALISTES  du  dit  canton  : 

De  Nicorps. 


Ybkrt. 


Lerendu^  atné. 


Lerendu,  jeune. 


Almy. 


Legrêle. 


De  Saussey. 

De  Coitrcy. 

De  Cambemon. 

De  Bricqt^ville'la'Blouelte. 


Nous  en  avons,  de  la  sorte,  fini  avec  cette  seconde  partie  de 
notre  œuvre^  qui  a,  par  là,  reçu  le  complément  nécessaire,  et, 
pour  ainsi  dire,  vivant,  de  la  première,  —  destiné  à  faire  mieux 
comprendre  celle-ci,  et,  en  même  temps,  à  permettre  désormais, 
à  tout  habitant  de  nos  contrées  :  de  retrouver,  à  travers  les  di- 
verses transformations  multiples  qui  se  sont  opérées  depuis,  la 
filiation  révolutionnaire,  soit  de  sa  famille  soit  de  ses  connais- 
sances plus  ou  moins  rapprochées;  et  de  tirer  souvent,  de  là^  ample 
profit,  non-seulement  pour  sa  curiosité  personnelle,  mais  encore 
pour  sa  gouverne  propre,  et  la  réserve  avec  laquelle  il  devra  sou- 
vent dans  l'avenir,  soit  apprécier,  soit  surtout  citer  tel  ou  tel 
personnage  d'un  passé,  qui,  vu  de  près,  n'a  pas  toujours  été  tel 
qu'on  se  le  figure  dans  la  tradition  ou  les  légendes  d'un  public 
insuffisamment  éclairé. 


CONCLUSION 

Désormais  doncnous  possédons,  grâce  au  travail,  aride,  mais  sur- 
tout ardu  pour  son  auteur,  qui  précède,  un  exposé,  assez  long  sans 
doute,  absolument  parlant,  mais  cependant  relativement  condensé 
dans  ses  éléments  les  plus  indispensables,  de  Torganisation , 
tant  législative  que  nominative,  de  nos  contrées,  à  une  époque 
dont  nul  ne  peut  nier  la  suprême  importance. 

Nous  croyons  avoir,  en  T accomplissant,  rendu  un  certain  ser- 
vice, tant  à  Thistoire  locale  avant  tout ,  qu'aussi  à  l'histoire  gé- 
nérale elle-même;  en  faisant  voir  quel  était,  à  la  dite  époque,  le 
mécanisme  gouvernemental,  si  compliqué  quelquefois  et  en  tout 
cas  si  peu  connu,  qui  y  fonctionnait  par  toute  la  France  indis- 
tinctement et  en  particulier  chez  nous,  et  avec  lequel  le  passé 
est  venu,  au  travers  de  tant  de  crises  politiques  diverses,  se  souder 
à  nos  institutions  actuelles,  dont  ce  mécanisme  est,  malgré  des  mo- 
difications plus  ou  moins  profondes,  en  réalité  l'origine  directe. 

Puissions-nous  avoir  quelque  peu  réussi  dans  cette  modeste 
tentative,  où  il  se  sera  peut-être  glissé ^  comme  conséquence 
presque  inévitable  de  sa  propre  nature,  quelque  erreur,  surtout 
de  noms,  que  nous  serions,  tout  le  premier,  d'ailleurs,  heureux 
de  voir  rectifier;  mais  qui,  telle  quelle  est,  pourra,  nous  l'espé- 
rons, présenter,  pour  l'étude  future  de  ces  temps  si  rapprochés 
de  nous  encore  et  dont  tous  parlent,  mais  que  peu  connaissent  en 
réalité,  un  fil  conducteur  y  manquant  jusqu'à  présent  et  sans 
lequel  néanmoins  on  ne  peut  en  avoir  une  idée  véritablement 
sérieuse. 

Si  ce  vœu  se  trouve  rempli,  nous  nous  trouverons,  nous,  am- 
plement récompensé  des  nombreuses  et  difficiles  recherches  né- 
cessairement entraînées  par  une  semblable  tâche  ;  et ,  bien  que 
nous  n'ayons  à  en  retirer  personnellement  aucun  autre  avantage, 
nous  nous  féliciterons  sincèrement  de  l'avoir  entreprise. 

E.  SAROT. 


SUITE  DU  GRAND  BAILLIAGE  DE  MORTAIN 


<ii    I 


CHAPITRE  VI. 

r'«Clergé  dn  BalUlase  de  TIaeliebMiy* 

ROUB 

Des  Ecclésiastiques  possédant  Bénéfices  au  Bailliage  de  Tinche- 
bray  et  dans  la  Haute  justice  de  Condé  qui  en  dépend  pour  les 
cas  royaux^  assignés  à  comparaître  à  V Assemblée  des  Trois- 
Etats  du  Bailliage  de  CknUances  indiquée  au  1 6  mars,  1 789,  à 
la  suite  duquel  est  le  rôle  des  Ecclésiastiques  engagés  dans  les 
Ordres,  non  résidents  dans  les  villes. 

NOMS  DES  ECCLÉSIASTIQUES. 

N.-D.-de-  M.  Jeao-FraDçois-Charles  Bidot,  curé  de  Notre- 

Tinchebray     Dame-de-Tinchebray.  P. 

St-Pierre-de- M.  Louis  Auvray,  curé  de  Saint-Pierre-de-Tin- 

Tinchebray,    chebray.  —  Représenté  par  Siméon  Heuzée,  curé 

de  Saint-Comier,  par-devaot  le  notaire  de  Saint- 
Cornier,  5  mars. 
M.  Oofray,  chapelain  des  Genestés,  paroisse  Saint- 
Pierre-de-Tinchebray.  —  Représenté  par  Guil- 
laume Vallée,  prêtre,  par-devant  le  notaire  de 
Tinchebray,  9  mars. 
Condé  M.  Jacques-Noël  Lebourgeois,  curé  de  Condé.  — 

Représenté  par  le  sieur  Charles  Lebel,  curé  du 
Mesnil-Cibout ,  par- devant  le  notaire  de  Vire, 
12  mars. 
H.  Jean-Baptiste-Louis  Letourneur,  prieur  de  THô- 

pital.  —  Représenté  par  Etienne  Le  Pointeur, 

32 


—  498  — 


Athîs 
Aulnay 


Beauchesne 


Bauquay 


Balleroy 
Berjou 


Beraière 
Bréel 


Cahagnes 
Coulvain 


Croisille 


Détroit 


chanoine  de  la  Collégiale  de  Hortain,  par-devant 
le  notaire  de  Condé,  42  mars. 
M.  Claude-François  Jossel,  curé  d'Athis.  P. 

M.  Guillaume- Pierre  Buot,  curé  d' Aulnay.  P. 

MM.  les  Religieux  Bernardins  de  la  paroisse  d' Aul- 
nay. —  Représentés  par  dom  Louis-Joseph-Harie 
de  Quesne,  prieur,  par  acte  capitulaire,  8  mars. 

M.  Jean  -  Baptiste  Garnier ,  curé  de  Beauchesne. 
—  Représenté  par  Alexandre-Joseph- François 

"  Larcher  de  Cutteville,  prêtre,  par-devant  le  no- 
taire de  Saint-Cornier,  5  mars. 

M.  Georges-Jacques  Bisson,  curé  de  Bauquay.  — 
Représenté  par  Pierre  Buot,  curé  de  Saint-Sam- 
son-d' Aulnay,  par-devant  le  notaire  d'AuInay, 
10  mars. 

JB.  Letté,  curé  de  Balleroy.  A 

M.  Pierre-Antoine- François  Quesnel ,  curé  de 
Berjou.  —  Représenté  par  Louis  -  François 
Houvet,  seigneur  de  la  Huberdiëre,  curé  de 
Sainte-Honorine-la-Chardonne  ,  par  -  devant  le 
notaire  de  Condé,  42  mars. 

M.  Jacques  Potel,  curé  de  Bernière-le-Patrix.      P. 

M.  Guillaume  Rocher,  curé  de  Bréel.  —  Représenté 
par  Pierre  Renout,  de  Saint-Georges-de-Lyvoie, 
par-devant  le  notaire  de  Falaise,  9  mars. 

M.  le  prieur-curé  de  Cahagnes.  A. 

M.  Pierre  -  René  -  Etienne  Le  Donney,  curé  de 
Coulvain.  —  Représenté  par  Pierre-Guillaume 
Buot,  curé  de  Saint  -  Samson  -  d' Aulnay ,  par- 
devant  le  notaire  d' Aulnay,  10  mars. 

M.  Jean-François  Briquet,  curé  de  Croisille.  —  Re- 
présenté par  Guillaume-Pierre  Le  Saint,  curé  de 
Saint-Georges-de-Montcocq,  par-devant  le  notaire 
deHarcourt,  42  mars. 

M.  Louis  Blondel ,  curé  du  Détroit.  A. 


* 


—  499  — 

Durcet         H.  Biaise,  curé  de  Durcet.  Â. 

Fresnes        M.  Vaultier,  curé  de  Fresnes.  A. 

Landes         M.  Jacques-François  Picard  de  Prebois ,  curé  de 

Landes.  —  Représenté  par  Pierre-François  de  la 

Vigne,  curé  du  Tanu  ,  par-devant  le  notaire  de 

Hamard,7  mars. 
Petil-Tnitemer  M.  Gilbert,  curé  du  Petit-Trulemer.  A. 

Lonlay         Monsieur  le  curé  de  Lonlay  (dépend  du  bailliage  de 

Domfront). 
Messieurs  les  Religieux  Bénédictins  de  Tabbaye  de 

Lonlay,  paroisse  de  Lonlay,  idem  de  Domfront. 
Mesuil-CiboutM.  Lebel,  curé  du  Mesnil-Cibout.  P. 

Méré  M.  Louis  Herout,  curé  de  Méré  A. 

Mont-Secret  M.  le  Prieur  de  Mont-Secret.  A. 

Haisoncelle  M.  Pierre  Lambateur,  curé   de   Maisoncelle-la- 

Jourdan.  A. 

Moutiers       H.  le  curé  de  Moutiers.  A. 

Proucy         M.  Jacques  Vautier,  curé  de  Proucy.  A. 

M.  Maclin,  chapelain  de  Saint-Aubin.  A. 

Rully  M.  Jacq.  Vallée,  curé  de  RuUy.  — Représenté  par 

Guillaume  Vallée,  curéd'Yvrande,  par-devant  le 

notaire  deTinchebray,  9  mars. 
St-ChristopheM.  Guillaume  Avice,  curé  de  Saint -Christophe- 

d'Amphernet.  — Représenté  par  Charles  Lebel, 

curé  du  Mesnil*Cibout,  par-devant  le  notaire  de 

Tinchebray,  5  mars. 
St-Cornier    M.  Siméon  Heuzé,,curé  de  Saint-Cornier.  P. 

Saint-Jean-  M.  Louis  Mondet,  curé  de  Saint-Jean-des-Boiis.  — 
des-Bois       Représenté  par  Siméon  Heuzé^  curé  de  Saint-Cor- 
nier, par-devant  le  notaire  de  Tinchebray,  5 

mars. 
Saint-Pierre- M.  Pierre  Durand,  curé  de  Saint-Pierre-du-Regard. 
du-Regard      —  Représenté  par   Claude  -  François  Josset, 

curé  d*Athis,  par-devant  le  notaire  de  Condé-sur- 

Noireau,  i  i  mars. 


-  500  — 

Ste-Honorine-H.  Louis-François  Houvel,  curé  de  Sainte-Hono- 
la-Chardonne    rine-Ia-Chardonne.  P. 

St-Quentin    M.  Guillaume  Vallée,  curé  de  Saint-Quentio-des- 

Chardonnets. —  Représenté  par  Claude-François 

Josset,  curé  d'Athis,  par-deyant  le  notaire  de 

Tinchebray,  5  mars. 
H.  Le  Peinteur,  chapelain  de  la  Garantrie,  paroisse 

de  Saint-Quentin.  P. 

Tourailles    M.  Louvet,  curé  des  Tourailles.  A. 

Yvrande       M.  Guillaume  Vallée,  curé  d'Yvrande.  P. 

ECCLÉSIASTIQUES  engagés  dans  les  ordres  sacrés,  sans  béné- 
fice (on  n'en  cite  aucim,  mais  simplement  les  noms  des  pa- 
roisses suivantes)  : 

l*'  Athis,  2°  Aulnay,  3""  Beauchesne,  4^  Bauquay,  5*  Balleroy, 
e^Berjou,  7*Bernière-le-Patry,8^Bréel,9«Cahaignes,  lO^Croi- 
sille,  i  i  «  Détroit,  1 2*^Durcer,  i  3°  Fresne,  i  4«  Landes,  4  5*»LePetit- 
Trutemer,  16®  Lonlay,  1 7«  Mesnil-Cibout,  IS^Méré,  19*  Mont- 
Secret,  20®  Maisoncelle-la-Jourdan,  2i^  Notre-Dame-des- 
Moutiers,  22®  Proucy,  23«  RuUy,  24®  Saint-Cbristophe-d'Am- 
phernet,  25®  Saint-Cornier,  26®  Saint-Jean-des-Bois,  27®  Saint- 
Pierre-du-Regard,  28®Salnte~Honorine-la-Chardonne,  29®Saint- 
Quentin-des-Cbardonnets,  30®  Tourailles,  34®Yvrandes. 

ROLE 

De  Messieurs  Us  Nobles  possédant  fiefs  dans  le  bailliage  de  Tin-- 
chebray  et  dans  la  haute  justice  de  Condé-sur-Noireau,  qui  en 
dépend  pour  les  cas  royaux,  qui  sont  assignés  à  comparaître 
à  Rassemblée  des  Trois-Etats  du  bailliage  de  Coutances,  in- 
diquée  au  1 6  m^irs,  1 789. 

NOMS  DES  DÉPUTÉS. 

Tinchebray  M.  le  duc  d'Orléans^  cbâtelain  de  Tinchebray.  — 

Représenté  à  Mortain. 


—  501  — 

M.  Du  Châtel,   seigneur  de  Sl-Pierre-de-Tinche- 

bray.  A. 

M.  Le  Bret,  propriétaire  des  fiefs  de  Monbahier, 

dans  les  paroisses  de  Tinchebray,  St-Jean-des- 

Bois  et  Yvrande.  A. 

Condé  M""®  de  Longaunay^  châtelaine  de  Condé,  dame  de 

Bouteville,  sous  Carentan.  A. 

M.  de  Banville,  possédant  le  fief  du  Mesnil,  paroisse 
de  Condé,  et  celui  du  Rozel,  paroisse  de  Fresne. 
—  Représenté  par  Charles-Antoine  Payen,  écuyer, 
chevalier  de  la  Fresnaye,  par-devant  le  notaire  de 
Tinchebray,  10  mars, 

Athis  M.  Pierre-André-Francois  de  St-Germain,  seigneuret 

patron  d' Athis.  —  Représenté  par  M.  Charles- 
Jean-Pierre  d'Auxais,  capitaine  d'infanterie,  par- 
devant  le  notaire  d'Athis,  8  mars. 

St-Samson-M.  Charles- François -Casimir  de  Saulx,  duc  de 
d'Aulnay        Saulx-Tavanes,  seigneur  de  St-Samson-d'Auloay, 

maréchal  des  camps  et  armées  du  Roy.  —  Repré- 
senté par  François  -  Louis  Bosquet  de  Grand- 
Valle,  chevalier  de  Tordre  de  Saint-Louis,  par- 
devant  le  notaire  de  Paris,  7  mars. 

Bauchesne    Noble  dame  de  Lambert,  dame  de  Beauchesne.  — 

Représentée  à  Hortain,  sous  Vengeons. 

Balleroy       Messire  de  Balleroy,  seigneur  de  Balleroy.  A. 

Berjou  Messire  Joseph- François  de  Berjou,  seigneur  de 

Berjou,  chef  d'escadron.  —  Représenté  par 
Pierre-François-CasimirSorin,  écuier,  seigneur  de 
Lepesse,  par-devant  le  notaire  de  Paris,  27  février. 

Bernières-le- 1*»  M.  Ferdinand -Georges- Aimable  de  la  Roque- 

Patry  Mesnillet,   seigneur  de  Bernières-le-Patry.  — 

Représenté  par  Constantin  de  Safi'ray,  seigneur  et 

patron  de  Vauville,  par- devant  je  notaire  de 

Caeu,  11  mars. 

2®  M.  Pierre  de  Marceuil,  chevalier  de  Saint-Louis, 


-  502  - 

seigneur  du  fief  de  la  Haute-Rochelle,  en  Ber- 
nières.  —  Représenté  par  Chs^rles-Eugène-Nar- 
cisse  de  la  Roque  de  Cabanes  [sic),  par-devant  le 
notaire  de  Mortain,  10  mars. 

Bréel  Messire  Jacques-Philippe-Louis  Lefrère  de  Maisons, 

seigneur  de  la  paroisse  de  Bréel  et  autres  lieux.  — 
Représenté  par  Messire  Antoine-Charles- Julien- 
Jean  Poupinel,  chevalier,  seigneur  et  patron 
de  Quettreville ,  suivant  la  procuration  passée 
par-devant  le  notaire  d'Argentan,  le  4  de  ce 
mois. 

Cahagnes      1^  Messire  Jean-Léonord  du  Bosq  de  Radapont, 

seigneur  de  la  paroisse  de  Cahagnes,  maréchal 
des  camps  et  armées  du  roi.  —  Représenté  par 
Messire  Constantin-Frédéric-Timoléon,  comte  du 
Parc,  seigneur  du  Mesnil-au-Val,  Bareville,  etc., 
officier  du  régiment  du  roi ,  par  procuration 
devant  les  notaires  de  Paris,  9  mars. 
2^  M.  Deuroges,  possédant  le  fief  de  Yauvray,  pa- 
roisse de  Cahagnes.  A. 

Moutiers       M.  J.-J.-Louis  Poupoue  de  Manoury,  possédant  le 

fief  de  Brieu  et  de  Croisille,  paroisses  des  Mou- 
tiers  et  de  Croisille.  —  Représenté  par  Monsieur 
Jacques-Gui  Poullain,  écuyer,  seigneur  des  Chi- 
leaux,  piar-devant  le  notaire  de  Fresmoy-le-Pu- 
cheux,  du  26  février. 

Coulvain       Noble  dame  Marie-Jacqueline-Françoise  de  Gobier, 

veuve  de  Messire  Charles-François  de  Ciresme, 
dame  et  patronne  de  la  paroisse  de  Coulvain.  — 
Représentée  par  M.  Nicolas-Joseph-Jean-Adrien- 
Louis  de  Gobier,  écuyer,  capitaine  d'infanterie, 
chevalier  de  Saint-Louis,  par-devant  le  notaire  de 
Rouxeville,  du  4  3  mars. 

Croisille        Messire  de  Baudouin,  possédant  le  fief  Avenelle,  en 

Croisille,  Ab. 


—  503  — 

Les  Pins        Messire  du  Baudouin,  possédant  le  fief  des  Pins, 

paroisse  des  Pins.  ^  A. 

Le  Détroit    Ulessire Charles-François  de  Lalande  de  Sainte-Croix, 

seigneur  du  Détroit.  —  Représenté  par  Léonord- 
Honoré-François  de  Mons,  seigneur  et  patron  de 
Carantilly,  Cametours,  par-devant  le  notaire  de 
Falaise,  le  10  mars. 
2^  Messire  Grandin  de  la  Galonnière,  possédant  le 
fief  du  Corbet,  paroisse  du  Détroit.  A. 

St-Cornier  Messire  Louis-Bertrand-Jeao-Julien  deThoury,  pos- 
sédant les  fiefs  de  Préaux  et  Ponthaye,  en  Saint- 
Cornier  et  Fresne.  -—  Représenté  par  Gabriel- 
François  deCussy,  chevalier  de  Saint-Louis,  par- 
devant  le  notaire  de  Tinchebray,  8  mars. 

Fresnes        Messire  Georges-Anthoine  deBeauville,  possédant  le 

fief  du  Rossel,. paroisse  du  Fresnes. 

Landes         Messire  de  Saint -Denis,  seigneur  de  la  paroisse  de 

Landes.  A. 

Mesnil-CiboutMessirede  la  Chambre, seigneur  duMesnil-Cibout. 

—  Représenté  sous  Mortain,  arrondissement  du 
.   Teilleul. 

Messire  Edmond-Louis  Doulcet,  seigneur  de  Méré.  A. 

(biffé  de  trois  traits). 
Maisoncelle- Messire  Augustin  Viel,  seigneur  de  la  paroisse  de 
la-jQurdan        Maisoncelle.  A. 

Proucy         1  ""  Messire  Georges-François-Marin  Levaillant  de  la 

Perrière,  chevalier,  seigneur  et  patron  de  Proucy. 

—  Représenté  par  Jean-Marie-François  de  Fras- 
lin,  seigneur  et  patron  du  Lorey,  par-devant 
le  notaire  de  Vire,  4 1  mars. 

2®  Messire  de  Boiseu,  possédant  le  fief  de  la  Fres- 

naye,  en  Proucy.  A. 

Damphernet  Noble  dame  de  Lambert,  dame  de  Saint-Christophle 

d'Amphernel.  —  Représentée  à  Vengeons,  sous 
Mortain . 


—  504  - 

Saint-Pierre- 1  ^  Messire  Levaillant,  possédant  le  fief  du  Graod-Sa- 
du-Regard      moy,  en  Saint-Pierre,  A. 

2^  Philbert  du  Rosel,  possédant  le  fief  du  Theil,  en 
Saint-Pierre.  —  Représenté  par  Charles-Hervé- 
Yalentin-François  de  Bordes,  par-devant  le  no- 
taire de  Caen,  9  mars. 

Sainte-Hono-  T  Messire  Pierre-Constantin  de  la  Boderie,  possé- 

rine-la-Char-    dant  le  fief  de  la  Margerie,  en  Sainte  -  Hooo- 
donne         rine.  A. 

2^  Messire  Claude -Nicolas  Michel,  baron  de  Saint- 
Sauveur  ,  seigneur  de  Sainte  -  Honorine ,  Epi- 
nouze,  etc.  —  Représenté  par  Guillaume  -Rémy- 
Charles  Kadot,  comte  de  Sebeville,  seigneur  de 
Savigny,  capitaine  an  régiment  de  dragons,  par- 
devant  le  notaire  de  Falaise,  10  mars. 
3°  Messire  Louis-AndrédeBaudre,  possédante  fief  de 
la  Poterie,  en  Sainte-Honorine-la-Chardonne.  — 
Représenté  par  Jean-Nicolas  de  Benuger  de  Gon- 
neville,  seigneur  de  Gonneville,  par-devant  le 
notaire  de  Caen,  14  mars. 
4°  Messire  Guy-François  de  Gonidec  possédant  le 
fief  de  la  Pouplière,  enSainte-Honorine-la-Char- 
donne.  —  Représenté  par  Louis-Bernardin  Le- 
Neuf,  comte  de  Sourdeval,  par-devant  le  notaire 
de  Condé-sur-Noireau,  6  mars. 

St-Quentin-  Messire  de  Vaufleury,  possédant  le  fief  de  la  Garan- 

du-Chardon-     terie,  en  Saint-Quentin.  —  Représenté  sous  Mor- 
net  tain,  auTeilleul. 

Tourailles    Messire  de  Vaudichon  de  l'Isle ,  seigneur  de  Tou- 

railles.  A. 

Méré  Messire  Edmond-Louis  Le  Doulcet ,  chevalier ,  sei- 

gneur et  patron  de  Méré,  major  de  cavalerie, 
chevalier  de  Saint- Louis.  —  Représenté  par 
Alexandre-Bernard  Gigaut  de  Bellefond,  capi-  .. 

taine  au  régiment  des  chasseurs  de  Franche-  || 


—  505  — 

Comté ,   par  -  devant   le    notaire   de   Condé, 
3  mars  ^^K 


l  m.  TieM-EUU*. 


«  L'an  mil  sept  cent  quatre-vingt  neuf,  le  2*  jour  de  mars, 
devant  nous  Jean-Jacques  Guilloiiet  de  la  Guyonnière,  conseiller 
du  roi,  lieutenant-général  civil  et  criminel  au  bailliage  de  Tin- 
chebray,  en  présence  de  Julien  Le  Mansel,  sieur  Desvaux,  con- 
seiller du  Roy,  son  avocat  et  procureur  au  dit  siège. 

»  En  conséquence  de  notre  ordonnance  du  16  février  dernier  et 
de  plusieurs  assignations  de  différents  jours  et  dattes  commises 
par  les  huissiers  et  sergents  de  notre  siège,  aux  différentes  pa- 
roisses de  notre  ressort,  pour  comparaître  devant  nous,  le  dit 
jour,  lieu  et  heure,  aux  fins  de  réduire  les  différents  cahiers  de 
doléances  des  différentes  villes  et  paroisses  en  un  seul  et  sur  le 
nombre  des  députés  des  dites  paroisses  en  être  choisi  le  quart,  à 
la  pluralité  des  voix,  au  terme  de  l'article  33  du  règlement  du 
26  janvier  dernier,  pour  porter  le  dit  cahier  à  Coutances,  avons 
procédé  à  faire  l'appel  des  diles  paroisses  et  députés,  ainsi  qu'il 
en  suit  : 

P  La  ville  de  Tinchebray,  députés  :  M.  Antoine-François  Le 
Lièvre  de  la  Prévôtière,  avocat.  —  M.  François  Lasne  de 
Beaulieu ,  docteur  en  médecine.  —  M.  Louis  Durand , 
avocat.  —  M.  Jean-Bapliste  Lesueur,  avocat,  tous  pré- 
sents, lesquels  ont  apparu  du  procès-verbal  de  leur  Assem- 
blée, du  jour  d'hier  arrêtée,  devant  nous,  également  que  du 
cahier  de  pétitions  et  remontrances  de  la  ditte  ville. 
2^  La  ville  de  Condé-sur-Noireau,  députés  :  M.  Jacques-Sé- 
bastien Lenormand,  négociant,  —  le  sieur  Michel-Ëtienne- 

(1)  Nous  donnons  les  noms  propres  comme  ils  sont  écrits  dans  le  manus- 
crit ;  il  y  a  quelquefois  des  variantes. 


—  506  — 

Lebastard  Leslongs-Champs,  vivant  de  son  bien.  —  M.  Char- 
les-Jean Laisné ,  sieur  des  Hayes ,  avocat,  —  et  Louis 
Vauloger,  sieur  de  Beaupré,  négociant,  tous  présents,  etc. 

3**  La  paroisse  de  Notre-Dame-de-Tinchebray,  députés  :  Le 
sieur  Charles-Michel  Signard.  —  Le  sieur  Charles-Nicolas 
Leneveu,  tous  deux  présents,  lesquels  ont  apparu  du  procès- 
verbal  de  leur  assemblée,  etc. 

4**  Paroisse  Saint-Pierre- de  -  Tinchebray  ,  députés  :  Julien 
Lehamel.  —  Charles  Lelièvre,  sieur  du  Rocher. 

5*^  La  paroisse  de  Ruilly ,  députés  :  Georges  -  Thomas  Pi- 
gault,  tabellion. —  Michel  Lefevre,  laboureur. 

6"*  Bernière-le-Patry,  députés  :  Julien  LeMancel,  sieur  Des- 
vaux,  avocat  et  procureur  du  Roy  en  ce  siège.  —  Le  sieur 
Charles  Dumont.  —  M.Jean-Baptiste  Dumont,  avocat,  tous 
présents,  etc. 

T  Saint-Quentin,  députés  :  Philippe  Pique,  sieur  des  Demai- 
nes,  négociant. —  Jacques  Lepetit,  sieur  de  la  Dauphinière, 
négociant,  tous  présents,  etc. 

8°  Le  Petit-Trutemer,  députés  :  François  Dupont,  sieur  de  la 
Morlière,   arpenteur.  —  Guillaume  Auvray-les-Jardins. 
9^  Saint  -  Christophe -d'Anferney,  députés  :  Jacques  Galodé, 
marchand.  —  Michel  Boille,  marchand. 

10^  Le  Mesnil-Cibout ,  députés  :  Gabriel  Bouvet  et  Julien 
Lepetit. 

11®  Saint-Jean-des-Bois ,  députés  :  Noël  Lemeignen  et  Fran- 
çois Moullin. 

12®  Notre  -  Dame -dlvrande,  députés  :  Charles  Le  Teissier, 
propriétaire,  et  Jacques  Prével,  laboureur. 

\T  Saint-Cornier,  députés  :  M.  Jean  Roullier,  docteur-médecin. 
—  François  Le  Cailletel  du  Tronchet,  négociant. —  M.  Jean- 
Jacques  Durand,  docteur-médecin,  tous  présents,  etc. 

1 4®  Beauchesne ,  députés  :  Pierre  Garnier ,  propriétaire.  — 
M.  Jean-Thomas  Roulleaux,  avocat. 

15®  Maisoncelle-la-Jourdan,  députés  :  le  sieur  Pierre  Chemin  des 
Guesnets,  négociant. — Christophe  Lemonnier,  propriétaire. 


-  507  — 

■ 

16"  Fresoe,  députés  :  Louis  Gallet,  sieur  de  la  Croix,  proprié- 
taire. —  Louis  Amiard,  propriétaire. 

17^  MoDtsegré^  députés  :  vu  leur  non  comparence^  quoique  due- 
ment  assignés  par  exploit...  ordonné  qu'il  sera  passé  outre 
à  la  nomination  des  députés  et  rédaction  des  cahiers  de  do- 
léances. 

18^  Les  Tourailles,  députés  :  Vu  leur  non  comparence,  quoique 
duement  convoqués,  etc. 

19^  Durcet,  députés  :  Vu  leur  non  comparence  quoique  duement 
convoqués  par  exploit,  etc. 

20"  Saint-Pierre-du-Regard,  députés  :  Jean-François  Ruel.  — 
Jean  Halbout  et  Georges  RouUier. 

21"Berjou,  députés  :  Denis  Chennevière.  —  Louis  Lefevre,  tous 
deux  présents,  etc. 

22®  Athis,  députés:  Jean-Louis  Lefevre.  —  Jean  Huet.  — Louis 
Madeleine.  —  Louis  Mousset.  —  Mathieu  Brisset.  — Pierre 
Chauvin  et  Nicolas  des  Brocardières,  tous  présents,  lesquels 
ont  apparu  du  procès-verbal,  etc. 

23®  Sainte-Honorine-La-Chardonne,  députés  :  Le  ^ieur  Jean 
Levain  Larivière.  —  Jean  Lebailly.  —  Louis  Leveneur. 
—  Jean  Laferté,  tous  présents,  qui  ont  représenté  le 
procès -verbal  de  leur  assemblée  et  le  cahier  des  plain- 
tes, etc. 

24®  Bréel,  députés  :  [Pierre  Longuet  —  et  Joseph  Delarue,  tous 
deux  présents,  etc. 

25®  Méré,  députés  :  Jean  Loudel.  — Charles  Langlois,  tous  deux 
présents,  etc. 

26®  Proucy,  députés  :  M.  Davout-Dubourg,  bailly  de  la  haute 
justice  de  Caligny  et  procureur  fiscal  des  hautes  justices  de 
Condé-sur-Noireau.—  Pierre  Martin^  fils  Charles,  tous  deux 
présents,  etc. 

27<^  Le  Détroit,  députés  :  Alexandre  Gigou  et  Jean  Verrier. 

28"  Notre-Dame-de-Moutiers ,  députés  :  Le  sieur  Louis-Jean 
Poisson,  imprimeur  à  Caen,  —  Jean  du  Yilleroy, 

29"  Croissille,  députés  :  Charles  Bellenger.  —  Michel  Piédoux. 


—  508  - 

30®  Les  Pins,  députés  :  Vu  leur  non  comparence  quoique  duement 

assignés  par  exploit,  etc. 
31**  Aulnay,  députés  :  Gilles  Greslé.  —  Augustin  Pastel.  — Jean 

Faucon.  —  Louis-Charles  Andes.  —  Jacques  Martin. 
32"  Coulvain,  députés  :  Jacques  Fiaust,  —  et  Joachim  Vergy. 
33®  Cahagnes,  députés  :  Vu  leur  noo-comparence  quoique  due- 
ment assignés,  etc. 
34®  Landes,  députés  :  Pierre  Rousselin ,  —  et  Pierre  Dupont. 
Défaut  des  députés;  la  représentation  faite  par  un  envoyé 
du  procès-verbal  de  leur  assemblée  et  du  cahier  des  plain- 
tes, doléances  et  réclamations  de  la  dite  paroisse. 
35®  Beauquey,  députés  :  Charles-François  Peltier ,  —  et  Pierre 

Boscher. 
36®  Balleroy,  députés  :  Vu  leur  non  comparence  quoique  due- 
ment assignés,  etc. 
»  Après  la  lecture  des  différentes  plaintes,  doléances,  vœux  et 
réclamations  des  différentes  communautés  et  après  avoir  discuté 
chaque  article  séparément  ont,  tous  les  députés  ci-dessus,  nommé 
pour  commissaires  aux  fins  de  rédiger  le  cahier  suivant,  les  ar- 
ticles paraphés  par  M.  le  lieutenant  civil  et  criminel  du  bailliage 
de  Tinchebray  :  HH.  Guilloûet  de  la  Guyonnière,  lieutenant 
civil  et  criminel,  Le  Mansel  Desvaux,  procureur  du  roy,  Lelièvre 
de  la  Prévotière,  avocat,  Lasne  de  Beaulieu,  médecin,  Lesueur, 
avocat,  Durand,  avocat. 

»  Après  quoi  a  été  procédé  à  la  nomination  des  députés  pour 
Coutances,  qui  sont  :  M.  Antoine-François  Lelièvre,  avocat  (Tin- 
chebray), M.  François  Lasne  de  Beaulieu,  médecin  de  Monsei- 
gneur le  duc  d'Orléans  (Tinchebray),  M.  Charles-Jean  Laisné- 
Deshaye,  avocat  (Condé-sur-Noireau),  le  sieur  Jacques-Sébastien 
Lenormand  (Condé-sur-Noireau),  M.  Jean -Baptiste  Lesueur, 
avocat  (Tinchebray),  le  sieur  Louis- Jean  Poisson  (Moutiers), 
M.  Roulleaux,  avocat  (Beauchesne),  Jean  du  Velleroy  (Moutiers), 
le  sieur  Etieune  Lebastard  (Condé-sur-Noireau),  le  sieur  Louis 
Lefèvre  (Berjou),  le  sieur  Pierre  Garnier  (Beauchêoe),  Jean 
de  la  Ferté-Prépont  (Sainte-Honorine),  Louis-Charles  Andes 


—  509  - 

(Aulnay),  M.  J.-B.  Dumoni,  avocat  (Bernières),  Charles-Michel 
Signard  (Tinchebray),  Mathieu  Brisset  (Athis),  le  sieur  Louis 
Gallet-la-Croix  (Fresne),  le  sieur  Dupont  de  la  Morlière  (Petil- 
Trutemer) ,  le  sieur  Cailletel  du  Tronchet  (Sainl-Coroier) ,  le 
sieur  Charles  Bellenger  (Cfoisilles),  le  sieur  Noël  Le  Mesgnen 
(Saint-Jean-des-Bois),  le  sfeur  Louis  Mousset  (Athis),  le  sieur 
JuUien  Lepetit  (Mesnil-Cibout),  le  sieur  JuUien  Lehamel  (Tin- 
chebray). 

y>  Acte  accordé  aux  députés  de  la  délibéi^tion,  nomination  et 
acceptation,  lequel  ils  ont  signé  après  lecture. 

»  Le  présent  coUationné  à  l'original  par  moi  grefiSer  soussi- 
gné. A  Tinchebray,  le  42  mars  1789. 

»  Dubois,  greflSer.  » 


81V. 


Cahier  de  pétitions,  doléances,  vomx  et  réclamations 
du  Tiers-Etat  du  Bailliage  de  Tinchebray. 

Article  4 .  Le  Tiers-Etat  dudit  bailliage  'demande  le  retour 
périodique  des  Etats-Généraux  du  Royaume  et  la  fixation  de  la 
séance  qui  suivra  ceux  de  4789. 

Article  2.  Que  la  constitution  de  TEtat  monarchique  de  la 
France  soit  établie  sur  des  bases  fixes  et  permanentes,  de  manière 
à  assurer  les  droits  du  Souverain  et  ceux  de  la  nation. 

Article  3.  Que  la  liberté  individuelle  de  chaque  citoyen  soit 
assurée  par  une  loi  solennelle  qui  le  mette  à  Tabri  des  vexations 
des  gens  en  place  et  des  ordres  arbitraires  des  ministres. 

Article  4.  L'abolition  des  lettres  de  cachet  et  des  prisons 
d'Etat. 

Article  5.  Que  la  dette  publique  soit  vérifiée  et  consolidée  et 
qu'elle  soit  réduite  suivant  les  lois  de  l'équité. 


—  510  — 

Article  6.  La  vérification  et  réduction  des  pensions  accordées 
par  le  gouvefnement. 

Articfe  7.  Que  la  manière  de  haranguer  aux  Etats-Généraux 
soit  uniforme  pour  les  trois  ordres. 

Article  8.  Que  nul  impôt  ne  puisse  être  perçu,  ni  aucune  loi 
exécutée  que  l'un  et  l'autre  n'aient  été  délibérés  et  arrêtés  dans 
l'assemblée  des  Etats-Généraux. 

Article  9.  Que  les  Etats  particuliers  soient  rendus  à  la  pro- 
yince  de  Normandie  et  qu*ils  soient  organisés  comme  ceux  du 
Dauphiné. 

Article  10.  Qu'en  conséquence  le  nombre  des  députés  du 
Tiers-Etat  y  soit  égal  à  celui  des  députés  du  clergé  et  de  la  no- 
blesse réunis  et  que  les  voix  s'y  comptent  par  tête. 

Article  1 1 .  Qu'il  y  ait  un  président  pour  le  Tiers-Etat  qui 
sera  par  lui  élu  et  dont  l'exercice  ne  pourra,  sous  quelque  pré- 
texte que  ce  soit,  durer  au-delà  de  l'assemblée. 

Article  12.  Que  la  tenue  desdits  Etats  Provinciaux  soit  fixée 
au  mois  de  septembre,  à  Caen,  comme  centre  de  la  province. 

Article  13.  Que  le  parlement  de  Normandie  soit  transféré  en 
la  ville  de  Caen. 

Article  14.  La  réduction  de  tous  les  impôts  de  la  province  en 
une  somme  unique  qui  sera  répartie  par  les  seuls  Etats  Provin- 
ciaux et  qui  sera  servie  d'après  le  système  qu'ils  croient  le  plus 

avantageux. 

Article  15.  La  suppression  delà  taille,  des  impositions  ac- 
cessoires et  des  vingtièmes,  et  leur  conversion  en  un  impôt  terri- 
torial qui  sera  perçu  sur  tous  les  fonds  du  royaume  sans  excep- 
tion ni  distinction  d'ordre,  et  qui  sera  compris  dans  un  même 
rôle  pour  chaque  province. 

Article  16.  L'abolition  de  tous  les  privilèges  pécuniaires  de 
tous  particuliers  et  de  tout  impôt  distinctif  d'ordre. 

Article  17.  La  suppression  de  la  gabelle  et  son  remplacement 
sur  le  prix  du  sel. 

Article  1 8.  Que  toutes  les  lois  concernant  les  droits  des  aides, 
de  contrôle  et  d'insinuation  soient  réduites  en  un  seul  code  clair. 


—  511   — 

Article  19.  Que  les  droits  d'insinuation  et  de  contrôle  des 
contrats  de  mariage,  des  lots  et  des  échanges  soient  réduits  au 
taux  le  plus  bas. 

Article  30.  Que  toutes  les  contestations  relatives  à  la  percep- 
tion des  droits  de  contrôle  et  d'aides  soient  portées  devant  les 
juges  ordinaires. 

Article  21 .  Qu'il  soit  permis  de  répertorier  tous  actes  quoique 
non  revêtus  des  formalités  de  contrôle  et  d'insinuation /sans  en- 
courir aucunes  amendes,  ni  être  sujet  à  aucuns  droits. 

Article  22.  La  suppression  des  douanes,  des  traites,  etc.,  dans 
l'intérieur  du  royaume,  et  leur  renvoi  aux  frontières. 

Article  23.  L'uniformité  des  poids,  des  mesures  et  aulnages 
par  tout  le  royaume. 

Article  24.  La  suppression  de  toutes  les  jurandes,  maîtrises 
et  communautés  dans  toutes  les  villes  et  bourgs  du  royaume. 

Article  25.  Qu'il  soit  permis  à  la  noblesse  d'exercer  le  com- 
merce en  gros  et  en  détail,  tous  les  arts,  métiers  et  professions, 
sans  dérogeance. 

Article  26.  Que  les  gens  du  Tiers-Etat  puissent  être  admis 
dans  les  emplois  civils  et  militaires. 

Article  27.  La  création  d'une  banque  nationale,  dont  les  capi- 
taux soient  mis  à  l'abri  de  tous  revers,  sans  que  leur  première 
destination  puisse  être  changée  sous  quelque  prétexte  que  ce  soit. 

Article  28.  Qu'il  soit  permis  de  constituer,  pour  un  temps 
limité,  à  un  intérêt  qui  sera  déterminé  par  les  Etats-Généraux. 

Article  29.  LMnféodation  de  toutes  les  terres  incultes  et  de 
celles  du  domaine,  à  l'exception  des  forêts. 

Article  30.  La  suppression  de  toutes  les  loteries  publiques  et 
deffenses  d'en  faire  de  particulières. 

Article  31 .  La  suppression  de  tous  les  tribunaux  d'exception 
et  de  toutes  les  juridictions  ecclésiastiques. 

Article  32.  La  suppression  de  la  vénalité  de  tous  les  offices 
de  finance  et  de  judicature. 

Article  33.  La  suppression  des  vicomtes,  des  anciennes  et 
nouvelles  hautes  justices,  des  moyennes  et  des  basses  justices. 


-  512  - 

Article  34.  La  suppression  des  droits  de  francs-fiefs  et  la  con- 
version des  banalités  et  des  torvées  seigneuriales  en  une  presta- 
tion en  argent. 

Article  35.  La  destruction  des  bétes  fauves,  des  garennes  non 
closes  et  de  tous  les  colombiers. 

Article  36.  L'arrondissement  des  bailliages,  de  sorte  que 
chaque  paroisse  aille  plaider  au  tribunal  le  plus  voisin. 

Article  37.  Que  le  nombre  des  juges  de  chaque  bailliage  se 
puisse  être  au-dessous  de  cinq,  non  compris  les  gens  du  roy. 

Article  38.  Que  chaque  bailliage  ait  le  pouvoir  de  juger  sou- 
verainement jusqu'à  trois  cents  livres  en  toutes  autres  matières 
que  dans  les  réelles. 

Article  39.  La  suppression  des  procureurs  et  des  priseurs- 
vendeurs,  la  réforme  de  la  procédure  civile  et  du  code  criminel. 

Article  40.  Qu'il  soit  établi  dans  toutes  les  villes  et  bourgs  des 
juges  de  paix  devant  lesquels  le  demandeur  et  le  deffendeur 
seront  tenus  de  comparaître,  à  sa  première  réquisition  par  écril, 
avapt  de  pouvoir  être  reçus  à  plaider  au  tribunal  contentieux. 

Article  41 .  Que  tous  les  juges  soient  à  l'avenir  pensionnés  par 
la  nation  et  qu'ils  ne  puissent  être  choisis  que  parmi  les  avocats 
qui  auront  au  moins  six  ans  d'exercice. 

Article  421.  La  réforme  des  écoles  de  droit. 

Article  43.  La  suppression  de  tous  les  droits  de  commitùimuSf 
lettres  de  garde-gardiennes,  de  surséance,  de  répi  et  de  tous  lieux 
privilégiés  qui  servent  de  retraites  aux  banqueroutiers. 

Article  44.  La  suppression  de  toutes  les  dîmes  ecclésiastiques 
aux  offres  de  payer  aux  curés,  prieurs  et  vicaires  une  pension,  de 
quart  en  quart  et  par  avance,  proportionnellement  à  l'étendue  et  à 
la  population  de  chaque  paroisse. 

Article  45.  Qu'à  l'avenir  les  honoraires  des  archevêques,  des 
évêques,  des  abbés,  des  chanoines,  des  religieux  de  tous  les 
ordres  soient  fixés  à  une  somme  qui  sera  prélevée  sur  les  biens 
qu'ils  possèdent  et  que  le  surplus  soit  appliqué  aux  besoins  de 
l'Etat  et  notamment  à  l'établissement  des  hôpitaux  de  distance 
en  distance  pour  les  malades,  les  infirmes,  les  enfants  et  les 


-  513  - 

vieillards,  tant  des  villes  qae  des  campagnes,  dans  lesquels  hô- 
pitaux il  sera  établi  des  manufactures. 

Article  46.  L'interdiction  de  la  pluralité  des  bénéfices. 

Article  47.  Que  les  bénéfices  dont  la  nomination  appartenait 
aux  ecclésiastiques ,  soient  à  l'avenir  à  celle  de  Tévéque  dio- 
césain. 

Article  48.  L'abolition  des  Annates. 

Article  49.  Que  les  archevêques,  évéques  et  abbés  nommés 
par  le  roy  soient  à  l'avenir  dispensés  d'obtenir  des  bulles  du 
pape. 

Article  50.  Que  chaque  archevêque  etévêque  accorde,  à  Tave- 
nir,  chacun  dans  son  diocèse,  les  dispenses  de  parentés  et  qu'au- 
cun français  n'ait  recours,  dans  aucun  cas,  à  la  cour  de  Rome. 

Article  51 .  Que  l'établissement  des  grands  chemins  ne  puisse, 
à  l'avenir,  être  ordonné  que  par  les  seuls  Etats  de  la  province. 

Article  52.  Que  la  réparation  des  chemins  vicinaux  et  pu- 
blics soit  dorénavant  à  la  charge  de  chaque  communauté. 

Artiole  53.  Que  les  fonds  de  charité  soient  dorénavant  em- 
ployés aux  constructions  et  réparations  des  chemins  de  bourgs  à 
villes  et  non ,  comme  (A-devant,  aux  ch&teaux  des  grands  sei- 
gneurs. 

Article  54.  L'uniformité  des  droits  de  coutume  pour  toutes  les 
foires  et  marchés  de  la  province. 

Article  55.  L'augmentation  de  la  paye  du  soldat  français  et  la 
diminution  du  corps  des  officiers. 

Article  56.  Que  la  levée  des  milices  soit  rendue  moins  oné- 
reuse au  peuple  et  que  le  tirage  soit  fait  en  chaque  paroisse. 

Article  57.  La  réunion  de  la  maréchausée  en  caserne,  au  centre 
de  chaque  lieu. 

Article  58.  Que  les  inspecteurs  de  toutes  les  fabriques  et  ma- 
nufactures soient  pris  dans  les  corps  des  marchands  et  fabriquants 
de  chaque  fabrique. 

Article  59.  Qu'il  soit  fait  deffense  à  tous  juges,  autres  que  les 
consuls,  de  connaître  des  affaires  de  commerce,  à  laquelle  pé- 
tition H.  le  procureur  du  roi  du  bailliage  de  Tinchebray  a  déclaré 

33 


—  5U  — 

supposer  comme  contraire  au  bien  général  et  aux  articles  ci- 
devant  consentis  touchant  la  suppression  de  tous  les  tribunaux 
d'exception  et  l'arrondissement  des  bailliages  qui  tend  à  rappro- 
cher les  justiciables  des  lieux  ou  la  justice  doit  être  rendue,  égale- 
ment qu'au  contrat  d'échange,  de  1 529,  passé  entre  François  P' 
et  Madame  la  duchesse  de  Bourbon,  représentée  par  S.  Â.  S.  Mon- 
seigneur le  duc  d'Orléans,  pétition  <iui  a  passé  à  la  pluralité  des 
voix  des  justiciables  de  la  haute  justice  de  Condé,  contre  ceux  de 
Tinchebray,  à  Texception  du  sieur  Chemin,  député  de  la  paroisse 
de  Maisoncelle. 

Article  60  et  dernier.  Arrêté  que  les  députés  du  bailliage  de 
Tinchebray,  à  Coutances,  voteront  conformément  à  ce  qui  est  ins- 
crit au  présent  cahier. 

Fait  le  1 2  mars  1 789. 

GuiLLOiÎET  DE  LA  GUYONNIÈRE,  LeHANSBL-DeSVâUX, 

lieutenant-général.  avocat  et  procureur  du  roi. 

Lasne.        Durand.        Lesueur.        Lelièvre,  avocat. 


CHAPITRE  VIL 


les   députés  du  grand   bailliage  de  mortain  a  goutances. 


La  réunion  générale  étant  fixée  au  16  mars,  les  députés  de 
Mortain  et  de  Tinchebray  se  dirigent  vers  la  capital^  du  Cotentin. 

A  la  tête  du  clergé  de  Mortain  se  trouvent  le  curé  et  les  repré- 
sentants du  chapitre  de  la  collégiale  Saint-Guillaume,  le  curé  de 
Barenton^  le  plus  riche  bénéficier  du  diocèse  d'Avranches,  et  celui 
de  Moutons,  porteur  delà  procuration  des  Dames  Bénédictines  de 
l'abbaye  de  Sainle-Anne-de-Moutons  d'Avranches.  Ils  étaient 


—  515  — 

suivis  des  pasteurs  de  Bellefontaine,  de  Bronains,  de  Heussé,  de 
La  Boulouze,  de  Lapenty,  du  Buat,  de  la  Chapelle-Urée,  de  la 
Maocellière,  des  Chéris,  du  Mesnil-Ozenne,  du  Mesnil-Tove,  de 
Hontjoie,  de  Moulines,  de  Saint-Barthélémy,  de  Saint-Georges-de- 
Rouelley,  deSaint-Hiiaire,  deSaint-Laurent-de-Cuves,  de  Saint- 
Syraphorien  et  de  Virey.  M.  le  curé  de  Sourdeval,  qui  devait  être 
du  nombre  des  voyageurs,  venait  de  mourir  quelques  jours  avant 
le  départ. 

Tinchebray  envoie  le  prieur  de  l'Abbaye  d'AuInay ,  dom  du 
Quesne,  représentant  sa  communautéet  celle  de  T  Abbaye-Blanche, 
de  Hortain,  MM.  les  curés  de  N.-D.  de  Tinchebray,  d'Aulnay, 
d'Athis,  de  Bernière,  du  Mesnil-Cibout,  de  Haisoncelle,  deSaint- 
Cornier,  de  Sainte-Honorine,  de  Saint-Quentin-du-Chardonnet, 
d'Yvrande,  et  le  titulaire  de  la  Chapelle  de  la  Garanterie,  en 
Saint-Quentin.  Le  curé  de  Bréel,  au  diocèse  de  Séez,  envoie  aussi 
son  procureur. 

La  noblesse,  humiliée  d'être  séparée  de  son  bailly  royal,  est 
moins  nombreuse.  On  y  compte,  cependant,  MM.  Louis  Bernar- 
din le  Neuf,  comte  de  Sourdeval  et  procureur  de  Son  Altesse 
Sérénessime  Mgr  le  duc  d'Orléans,  premier  prince  du  sang,  comte 
deMortain  '*\  les  deux  frères  de  Verdun,  seigneurs  de  Barenton, 
Danjou,  de  Coulouvray,  de  Bordes,  de  Fontenay,  de  la  Broise, 
de  la  Chapelle-Urée,  de  Bilheust,  des  Loges-sur-Brécey,  de  Saint- 
Paul  de  Lingeard,  de  Payen,  seigneur  de  la  Fermonnière  et  de  la 
Garanderie,  en  Marcilly,  et  de  Duhamel  de  Yillechien.  Ils  sont 
tous,  comme  les  membres  du  clergé,  porteurs  de  nombreuses 
procurations  des  membres  absents. 

Le  bailliage  de  Tinchebray  n'envoie  qu'un  seul  représentant 
de  sa  noblesse,  c'est  M.  Jacques-Louis  Le  Harivel ,  baron  de 
Fresne,  seigneur  de  Beauchëne,  avec  dix-huit  procurations,  dont 

(1)  M.  le  comte  de  Sourdeval  tenait  un  haut  rang  dans  le  comté  de  Mortain . 
Le  s  novembre  1788,  au  nom  de  l'assemblée  du  département  de  Mortain,  il 
écrivit  au  duc  d'Harcourt,  gouverneur  de  Normandie,  pour  demander  le  ré- 
tabUssement  des  Etats  provinciaux»  suspendus  depuis  1634.  Cette  lettre  a  été 
publiée  par  M.  Hippeau,  dans  :  Le  gùwememènt  de  la  Nùrmandie,  t.  V,  p.  471  • 


—  516  — 

deux  pour  les  paroisses  du  diocèse  de  Séez.  Il  y  a  treize  absten- 
tions volontaires. 

Les  députés  du  troisième  ordre  sont  plus  fidèles  à  leur 
mandat  :  aucuù  d'eux  né  fait  défaut.  Mortain  en  envoie  quarante- 
sept  et  Tinchebray  vingt-quatre. 

Plusieurs  partent  dès  le  13  et  le  14  mars,  de  grand  matin,  afin 
d'arriver  à  Coutances,  la  veille  de  FAssemblée  générale.  Les 
députés  de  Balleroy,  de  Cahaignes,  d'Aulnay,  de  Landes  et  de 
Croisille  gagnent  Torigni  et  Saint- Lo  pour  y  prendre  des  voitures 
de  poste.  Les  représentants  de  Condé  et  de  Tinchebray,  qui  n'ont 
encore  que  les  routes  du  Moyen-Age,  se  dirigent  sur  Yilledieu, 
ainsi  que  la  partie  septentrionale  du  bailliage  de  Mortain.  Là  ils 
trouvent  une  route  sûre  et  facile.  Les  députés  du  sud  se  rendent 
à  Avranches  où  ils  peuvent  suivre  nos  belles  routes  actuelles 
d'Avranches  à  Coutances  par  Granville  et  Villedieu.  Ils  y  ren- 
contrent aussi  leurs  compatriotes  du  mèmt  pagu^  et  du  même 
diocèse  qui  se  rendent,  comme  eux,  à  l'assemblée  de  Coutances  ^^K 


(1)  Les  députes  du  baiUiage  d'Avranches  qui  se  rendirent  à  Coutances» 
furent  : 

1**  Clergé,  Mgr  de  Belbenf,  évêque  d'Avranches  et  abbé  commendataire  de 
Fabbaye  de  Bonneval,  au  diocèse  de  Chartres,  MM.  Mariette  et  Abraham  du 
Bois-Gobé,  chanoines,  Gautier  de  TEspagnerie,  abbé  réguUer  de  la  Luzerne, 
Louis  Samson,  prieur  du  même  menastère,  David  et  Patin,  chapelains  de  la 
cathédrale,  dom  Maurice,  grand  prieur  du  Mont-Saint-Michel,  porteur  de  la 
procuration  des  moines  de  Savigny-le-Yieux  et  de  leur  grand  prieur,  (le  prieur 
et  les  moines  de  l'abbaye  de  Montmorel  n'envoyèrent  aucun  représentaat); 
LelandaiSi  curé  de  Saint-Saturnin,  Genvresse»  curé  d'Ardevon,  Lebas,  curé 
d'Argouges,  Gamier,  curé  d'Aucey,  Simon  de  Touffreville,  curé  de  Bacilly» 
Outrequin,  curé  de  Boucey,  Chardy,  curé  de  BouUlon,  pro  majori,  Jacqaes, 
curé  de  Bois-Tvon,  Lemeilleur,  curé  de  Bonrguenolles,  Calé,  curé  de  Gamett 
le  plus  riche  curé,  après  celui  de  Barenton,  Tesnière,  curé  de  Céaux,  Frestel, 
curé  de  Champcey,  llodon,  prieur-curé  de  Champeaux,  Auquetin,  curé  de 
Champcervon,  Maupas,  curé  de  Cherencey-le-Héron,  Lemeur,  curé  de  Coar- 
tils,  Pichot,  curé  de  Curey,  Lechaptois,  curé  de  la  Mouche,  Huvé,  curé  de  la 
Godefroy,  Riverain,  curé  de  la  Luzerne,  Iger,  curé  du  Grippon,  Mazier,  curé 
du  Mont-Saint-Michel,  Corbes,  curé  de  Lolif,  Hoche  de  la  Grésille,  prieor- 
curé  des  Loges-Marchis,  Lesplu,  curé  des  Pas,  Coupard,  curé  de  Blaceyt 
.Menard,  curé  du  Mesnil-Adelée,  Rauline,  curé  de  Moidrey,  Le  Comte,  curé 
de  Montviron,  Hamel,  curé  de  Notre-Dame-de-Cresnay,  Mord,  curé  de  Poilly» 


—  517  — 

Ils  arrivent  tous  le  même  jour  à  Coatances ,  où  ils  trouvent 
mille  à  onze  cents  appartements  qui  ont  été  retenus  à  l'avance. 
La  ville  est  dans  la  joie  et  l'allégresse.  Jamais  elle  n'a  vu  un 
encombrement  aussi  considérable  de  personnages  illustres,  ja- 
mais ses  murs  n'ont  renfermé  un  si  grand  nombre  d'étrangers 
venus  de  pays  si  divers.  On  court  sur  toutes  les  routes  pour  voir 
arriver  les  voyageurs,  on  les  salue  avec  des  démonstrations  pa- 
triotiques. En  les  voyant,  il  semble  qu'on  aperçoit  déjà  l'aube  du 
beau  jour  qui  doit  enfin  se  lever  sur  la  France.  Les  voies  de 


Helluin,  curé  de  Plomb,  Bœsset,  caré  de  Pontorsoo,  Fizel,  curé  de  Saint-Âa- 
bÎD-de-Terregatte,  Gautier,  curé  de  Saint-Brice-de-LandeUe,  Herel,  curé  de 
Sainte-Eugienne.  Regnault,  curé  de  Saint-6eorge»-de-Livoye,  Bécherei,  curé 
de  Saint-Loup ,  Levillain-la-Chesnée»  curé  de  Saint-Martia-des-Champs , 
Baudry,  curé  de  Saint-Nicoias-des-Bois,  de  Glinchamp,  curé  de  Saint^enier- 
souâ-Ayranches,  Halençon,  curé  de  Saint-Senier-de-Beuvron,  Lansard,  curé 
de  Saint-Quentin,  Fortin,  curé  de  Sainte-Pience,  LetreguiUy,  curé  de  Sacey, 
Lecharpentier,  curé  de  Tanis,  Bazin,  titulaire  de  la  chapelle  de  Bouillie,  et 
Genvresse,  titulaire  de  celle  de  Saint*>Gilles  à  Ârdevon.  Les  absents  étaient 
représentés  par  des  procureurs. 

t"  Noblesse»  Piton,  seigneur  de  la  Malesière  et  du  Gault,  à  Ârgouges,  le 
marquis  de  Lambert,  seigneur  d'Aucey,  Ernault  de  Chantoir,  seigneur  de 
BacUiy,  de  Lancesseur,  seigneur  de  la  Polinière,  en  BaciUy,  Martin,  seigneur 
de  Bouillon,  Bilheust,  seigneur  de  Braffais,  de  la  Hache,  seigneur  de  Cham- 
peaux,  de  Payen,  seigneur  de  Ghavoy,  de  Gouvets,  seigneur  de  Courtils , 
Leroy,  seigneur  de  Brée  et  du  fief  de  Curey,  de  la  Roque,  seigneur  de  la 
Vallais,  aux  Loges-Marchis,  Tardif  de  Moidrey,  seigneur  du  fief  des  Pas,  de 
Poiilevilain,  seigneur  du  Misouard,  à  Lolif»  de  Carbonnel,  baron  de  Marcey, 
Arturde  la  Villarmois,  seigneur  de  Launay,  en  Plomb,  de  Cllnchamp,  sei- 
gneur de  Brécey»  du  Homme,  seigneur  de  Cbassilly,  en  Saint-Senier-de- 
BeuvTon,  le  marquis  du  Quesnoy,  à  Saint-Martin  des-Champs,  de  la  Beslière, 
seigneur  de  Vains,  de  Verdun,  seigneur  de  Ballan,  demeurant  à  Vessey,  de 
Verdun,  seigneur  de  la  Bourdonnaye  et  de  Menard,  à  Vessey,  etTuffin,  sei- 
gneur de  Villiers. 

3"  Le  Tiers'Etat  :  Jean-Victor  Tesnière  de  Brémenil^  écuyer,  conseiller  du 
Roi,  lieutenant-général  civil  et  criminel  du  bailliage,  maire  de  la  ville 
d^Avranches  et  président  du  Tiers-Etat.  —  Morin,  Fainé,  avocat,  et  S3rndic 
du  c-ollégedes  avocats  du  bailliage,  Provost,  conseiller  du  Roy  et  son  avocat 
au  bailliage,  Guérin,  médecin  à  Avranches,  Philippe  de  Gantilly,  conseiller 
du  Roy,  assesseur  au  bailliage.  Sauvé,  négociant  à  Ducey,  Lesplu-Dupré, 
marchand  à  Avranches,  Legard-Lafosse,  laboureur  et  marchand  au  Val- 
Saint-Père,  MasseUn-Foulerie,  laboureur  à  Plomb,  Pinot,  l'alné,  avocat  à 


—  518  — 

Saint-Lo  et  de  Périers  sont  couvertes  de  curieux  ;  mais  la  foule 
se  porte  particulièrement  sur  celles  de  Granville  et  de  Gavray. 
Cest  de  ce  côté  que  doivent  venir  les  députés  et  les  procureurs 
de  quatre  diocèses  :  Dol,  Avranches,  Bayeux  et  Séez.  Par  là  doit 
passer  Monseigneur  de  Belbeuf,  évéque  d'Avranches  et  abbé  com- 
mendataire  de  l'abbaye  de  Bonneval-Saint-FIorentin,  ainsi  que 
dom  Gautier  de  TEspagnerie,  prélat  de  la  Luzerne,  et  le  seul  abbé 
régulier  qui  se  trouve  encore  dans  la  Basse-Normandie.  Un  té- 
moin oculaire  ^^^  nous  raconte  ainsi  rentrée  de  ses  deux  prélats  : 
«  Monseigneur  d*Avranches  ar'riva  dans  une  brillante  berline, 
traînée  par  trois  chevaux.  Les  glaces  de  sa  voiture  étaient  bais- 
sées, et  nous  pouvions  facilement  le  voir,  avec  les  deux  chanoines 

Avranches,  Delongrais-Desvaux,  laboureur,  à  Lolif»  Burdelot»  yicomte  et 
maire  de  PontorsoDj  Ferrey  de  Montitier,  lieutenant  d'élection  et  sabdélégué 
à  Ayranches  (retenu  par  maladie),  Morin-Delouche,  avocat  à  Pontorson» 
Lechevalier- Lambert»  laboureur  à  Servon,  Serel»  notaire  à  Pontorson» 
Hallais,  fils,  laboureur  à  Sacey,  Pivert,  laboureur  à  Gurey,  Coupard,  labou- 
reur, marchand  saulnier  à  Gourtils,  Coudray,  laboureur  à  Aucey,  Jean 
Bouffaré,  marchand  saulnier  à  Gourtils,  Cosson,  laboureur  à  Montanel  (re- 
tenu par  maladie),  Lehurey,  docteur  en  médecine  à  St-James,  Pinel,  avocat  à 
Saint-James,  Leroullier,  marchand  à  Saint-James,  Lesénécbal,  laboureur  à 
La  Ghapelle-Hamelin,  Hirbec-Duplessis ,  laboureur  aux  Loges-Marchis , 
Théault  des  Orgeries,  laboureur  et  licencié  ès-lois  à  Saint-Aubin-de-Terre- 
gatte,  Roupenel,  laboureur  à  Saint-Brice-de-LandeUe,  Boessel-Dubuissonv 
conseiller  du  Roi  au  bailliage  d'Avranches,  Louiche,  avocat  à  Avranches,  i 

Navet,  procureur  du  Roi  au  bailliage  d'Avranches,  Girout,  avocat,  demeurant  • 

à  Villedieu,  Boessel  du  Vivier,  avocat  à  Avranches ,  Lechevalier,   notaire  } 

à  Tirepied,  Abraham-Dubois,  conseiller  du  Roi,  lieutenant  particulier  cri- 
minel au  bailliage  d' Avranches ,  de  la  Huppe  de  Larturière,  président  de 
TElection  d' Avranches,  Gilbert,  marchand  à  Saint-Nicolas-des-Bois,  Porée» 
procureur  à  Avranches,  Letimonnier  des  Aunays,  avocat,  demeurant  à 
Vernix,  Tetrel,  licencié  ès-lois,  demeurant  à  là  Trinité,  Boursin,  laboureur 
et  géomètre  à  Tirepied ,  Turgot  de  Pontoury ,  laboureur  à  Montviron, 
Lebiguais,  marchand  saulnier  à  Vains,  Deslongrays  de  la  Saunerie,  laboureur 
au  Grippon,  Lemaltre-Davière,  laboureur  à  Bacilly,  Lechevaliçr,  laboureur 
à  Saint-Jean-le-Thomas,  Eude-Desmarais ,  laboureur- propriétaire  à  Genêts, 
Bienvenu,  l'alné,  marchand  saulnier,  à  Genest,  Lemonnier  de  la  Ghesnaye« 
laboureur  à  Angey,  Montier,  laboureur  à  La  Luzerne,  Gohel,  laboureur  à 
Dragey,  Lampérière,  marchand  saulnier  à  Vains. 

(t)  Le  père  Desmoulins,  de  Coutances,  qui  nous  a  laissé  plusieurs  notes 
intéressantes  sur  sa  ville  natale,  avant  et  pendant  la  Révolution. 


—  519  — 

qui  raccompagnaient.  Des  cheveux  blonds  ombrageaient  son 
visage  plein  de  fraîcheur  et  de  bonté.  Ses  traits  gracieux,  sa  fi- 
gure sympathique  attiraient  les  regards  du  peuple,  et  dans  le 
Pont*de-Soule,  comme  dans  la  rue  du  Pilori  (aujourd'hui  rue 
Geoffroy-de-MoDtbray),  on  s'inclinait  pour  demander  sa  béné- 
diction. Il  descendit  au  palais  épiscopal  oii  Monseigneur  de  Ta- 
laru  Tattendait.  Peu  après,  dans  une  voiture  plus  modeste,  nous 
vîmes  passer  l'abbé  de  La  Luzerne  et  le  prieur  du  même  mo- 
nastère.^  L'abbé  et  le  prieur  étaient  complètement  vêtus  de 
blanc,  il  n'y  avait  de  couleur  tranchante  que  la  croix  pectorale 
du  prélat,  brillanl  sur  sa  poitrine.  Ils  allèrent  au  couvent  des 
Dominicains,  aujourd'hui  le  Grand-Séminaire.  Le  soir  il  y  eut 
illumination,  et  les  députés,  à  la  clarté  des  flambeaux,  purent 
visiter  la  ville,  au  milieu  d'une  population  ivre  de  bonheur  et 
d'espérance.  » 

Le  16  mars,  à  huit  heures  du  matin,  les  représentants  des  trois 
ordres  se  réunirent  dans  la  nef  de  la  Cathédrale.  Le  Clergé  avait 
le  côté  droit,  la  Noblesse  le  côté  gauche,  le  Tiers-Etat  occupait  le 
bas  de  l'église  et  se  trouvait  en  face  des  deux  autres  ordres.  Ces 
places  étaient  ainsi  marquées  dans  le  règlement  royal.  Avant  de 
commencer  les  assises,  les  députés  assistèrent  à  la  messe,  pour 
attirer,  sur  l'assemblée,  les  lumières  de  l'EsprU-SairU. 

On  comptait,  dans  la  réunion,  les  lieutenants-généraux  des  dif- 
férents démembrements  et  les  baillis  de  robe  longue  de  Saint- 
Sauveur-le-Vicomte  et  de  Saint-Sauveur-Lendelin ,  baillis  se- 
condaires qui  conservaient  ce  titre  comme  un  souvenir  de 
leurs  anciennes  vicomtes  ,  mais  qui  n'avaient  d'autres  pri- 
vilèges que  ceux  des  lieutenants.  Les  grands  baillis  de  robe 
courte  et  d'épée  faisaient  complètement  défaut.  M.  de  Geraldin 
s'était  fait  représenter  par  son  gendre,  H.  de  Yilliers,  et  H.  de 
Blangy  se  fit  remplacer,  dans  Tordre  de  la  Noblesse,  par  le  mar- 
quis de  Caillebot-la-Salle,  chevalier  des  ordres  du  roi  et  lieute- 
nant-général de  ses  armées.  Comme  grand  bailli,  il  céda  ses 
pouvoirs  à  son  lieutenant-général,  M.  Desmarets  de  Montchaton. 
C'est  ainsi  que,  par  une  délicatesse  exquise,  il  renonça,  dans  une 


—  520  — 

circonstance  solennelle,  à  sa  plus  belle  prérogative,  pour  com- 
patir à  la  peine  qu'éprouvait  son  confrère  de  Mortain  d'être  privé 
de  la  sienne. 

Après  la  messe,  H.  de  Hontchaton,  en  présence  des  trois 
Ordres,  assisté  de  H.  I^e  Brun,  procureur  du  Roi,  et  de  M.  Blondel, 
son  greffier,  ouvrit  la  séance,  en  prononçant  ce  discours  habile, 
où  il  prêche  la  conciliation  et  la  concorde  : 

«  Messieurs, 

»  Nous  touchons  enfin  à  cette  époque  si  importante  et  si  dé- 
sirée d'où  va  dépendre  la  régénération  de  ce  vaste  empire.  Bientôt 
les  représentants  de  la  nation,  rassemblés  autour  du  trône,  vont 
concerter  avec  un  monarque  bienfaisant  et  ami  de  ses  peuples, 
les  moyens  de  réparer  nos  maux  et  d'assurer  à  jamais  la  pros- 
périté de  l'Etat.  C'est  pour  concourir  à  former  les  éléments  de 
cette  auguste  assemblée  que  vous  avez  été  appelés  de  toutes  les 
parties  de  ce  bailliage.  Àh!  sans  doute,  vos  âmes  se  sont  élevées 
jusquesà  la  hauteur  de  ses  grands  objets;  vous  n'avez  envisagé, 
qu'avec  une  vive  émotion  les  biens  inappréciables  que  vous  êtes 
chargés  de  préparer  et  à  votre  siècle  et  aux  générations  futures. 

»  Mais  pourquoi  faut-il  que  des  pensées  importunes  viennent 
se  mêler  à  notre  joie  et  troubler  nos  espérances,  tandis  que,  pour 
opérer  la  révolution  désirable  que  nous  nous  promettons,  la  con- 
corde et  l'union  des  volontés  étaient  surtout  nécessaires  !  Ne 
semble-t-il  pas  qu'un  esprit  de  vertige  ait  été  répandu,  sur  toutes 
les  contrées  du  royaume.  Des  dissensions  funestes  ont  divisé  tous 
les  intérêts.  On  a  vu,  dans  tous  les  ordres  de  l'Etat,  des  hommes 
inquiets  et  ardents,  également  égarés  par  l'esprit  de  parti,  oa 
soutenir,  avec  chaleur,  les  exemptions  les  plus  abusives,  oa 
exalter,  au-delà  de  toute  mesure,  les  droits  de  l'homme  et  du 
citoyen.  Et  jusques  à  quel  excès  n'a  pas  été  portée  l'animosité 
des  partis?  La  capitale  d'une  grande  province  a  vu  couler  le 
sang  de  ses  habitants,  des  scènes  affreuses,  dont  nous  avons 
presques  été  les  témoins,  ont  laissé,  dans  nos  âmes,  une  impres- 
sion profonde  de  tristesse  et  de  douleur. 


^  521  — 

»  Un  inflexible  égoïsmeëtouffera-t-il  donc  dans  le  cœur  de  tous 
les  Français  cet  amour  pur  et  désintéressé  du  bien  qui  ramène- 
rait toutes  les  opinions  au  centre  commun  t  Quelles  voyes  de  con- 
ciliation pourront  estre  adoptées  si,  par  une  erreur  opiniâtre,  on 
veut  d'un  côté  ne  rien  céder,  et  de  l'autre  tout  obtenir?  Puisse 
tous  les  ordres  de  TEtat,  instruits  par  de  trop  funestes  exemples 
et  guidés  par  un  vrai  zèle  pour  le  bonheur  public,  faire,  avec  un. 
noble  désintéressement,  tous  les  sacrifices  que  prescrira  l'intérêt 
général  I 

»  Déjà  les  pairs  du  royaume  ont  porté  au  pied  du  trône  le  vœu 
formel  de  contribuer  aux  charges  de  l'Etat,  sans  distinction  et  à 
raison  de  leurs  propriétés  ;  bientôt  on  a  vu,  dans  différentes  pro- 
vinces, le  clei^é  et  la  noblesse  imiter,  à  Tenvi,  cet  exemple  de  pa- 
triotisme. 

»  Pénétrés  de  cette  grande  vérité  que  leur  premier  titre  dans 
l'Etat  est  celui  de  citoyen,  ils  ont  contracté  l'engagement  hono- 
rable de  renoncer  à  tout  privilège  pécuniaire,  et  de  consentir  à 
une  égalle  répartition  des  impôts.  Nous  ozons  présager,  avec 
confiance,  que  partout  où  les  deux  premiers  ordres  se  trouveront 
réunis,  ils  s'empresseront  égallement  de  souscrire  à  ce  vœu  si 
conforme  à  la  raison  et  à  l'équité.  D'une  autre  part,  il  étoit  con- 
venable, sans  doute,  que  Tordre  le  plus  nombreux  et  le  plus  utile 
reprit,  dans  un  siècle  de  lumière  et  de  philosophie,  la  considé- 
ration dont  il  a  été  privé  dans  les  siècles  barbares  et  sous  l'anar- 
chie féodale.  Il  étoit  convenable  d'accorder  une  plus  juste  in- 
fiuance,  dans  les  assemblées  nationales,  à  cette  classe  précieuse 
de  citoyens  de  tous  les  Etats  qui,  partons  les  genres  de  talent, 
par  Tactivité  de  leur  industrie,  font  la  principalle  force  du  gou- 
vernement. 

»  Hais  il  est  des  bornes  que  prescrit  une  sage  modération. 

»  L'antique  constitution  decette  monarchiea  mis  entreles  diffé- 
rents ordres,  des  distinctions  qui  doivent  être  respectées.  Il  im- 
porte au  bonheur  public,  il  importe  au  bien  même  du  Tiers-Etat 
de  conserver  les  prérogatives  de  rang  et  d'honneur  de  toutes  ces 
gradations  qui  ont  été  établies  entre  le  peuple  et  le  souverain, 


—  522  — 

comme  autant  de  barrières  contre  les  entreprises  da  pouvoir  ab- 
solu. 

»  Qui  de  vous  a  pu  supporter  la  licence  decette  fouled'écrivains 
téméraires,  dont  les  productions  ont  inondé  la  capitale  et  se  sont 
répandues  dans  les  provinces?  Vous  avez  distingué,  sans  doute, 
un  petit  nombre  d'écrits  ou  des  hommes  sages  et  modérés  ont 
développé,  avec  autant  d'énergie  que  d'impartialité,  des  récla- 
mations justes  et  dignes  d'être  accueillies  par  tous  les  bons  ci- 
toyens; mais  je  parle  de  ces  novateurs  audacieux  qui,  dans  leurs 
déclamations  insensées^  n'ont  pas  respecté  les  droits  les  plus  in- 
violables et  semblent  n'avoir  eu  pour  but  que  de  tout  confondre, 
pour  tout  anéantir.  Je  parle  de  ces  prétendues  publicistes  qui, 
sous  prétexte  de  consulter  le  code  éternel  de  la  raison  et  de  la  na- 
ture^ s'efforcent  d'ébranler,  jusques  dans  les  fondements,  la  cons- 
titution sous  laquelle  nous  existons  avec  gloire  depuis  tant  de 
siècles,  et  ne  nous  proposent  d'autres  règles  et  d'autres  loix  que 
les  sistèmes  incohérents  de  leur  imagination. 

»  Oui,  Messieurs,  dans  le  gouvernement  des  empires,  comme 
lorsqu'il  s'agit  de  la  fortune  des  particuliers,  les  droits  de  la 
propriété  sont  inattaquables,  et  la  possession  est  l'unique  sauve- 
garde de  la  tranquillité  de  l'Etat.  Méconnaître  ces  saintes  et  im- 
prescriptibles maximes  du  droit  public,  c'est  renverser  tous 
les  principes,  c'est  substituer  la  licence  aux  loix  et  livrer 
le  gouvernement  à  tous  les  désordres  et  à  toutes  les  horreurs  de 
l'anarchie. 

»  Sans  [doute,  le  cours  des  siècles  a  produit  des  alternatives 
dans  notre  constitution,  et  il  importe  de  rétablir  un  meilleur 
ordre.  Il  y  a  des  abus  et  il  faut  les  réformer;  mais  c'est  au  sein 
de  la  paix ,  c'est  par  l'accord  le  plus  parfait  des  volontés,  par 
l'ascendant  invincible  de  la  raison  et  de  la  vérité  que  doivent  être 
opérées  ces  réformes  salutaires,  et  non  pas  au  milieu  des  dissen- 
sions et  dans  l'agitation  des  partis,  par  la  force  et  la  contrainte, 
par  l'infraction  de  toutes  les  loix  et  par  ces  violentes  commotions 
qui  entraînent  la  chute  des  empires  les  plus  florissants. 

»  Mais  pourquoi  insister  plus  longtemps  sur  .des  vérités  dont 


—  523  — 

vous  êtes  tous  également  convaincus?  Ne  sont-ce  pas  ces  vues 
d'ordre  et  de  justice  qui  ont  maintenu  jusques  ici  la  tranquillité 
dans  notre  province,  qui  Tont  préservée  de  l'effervescence  qui,  par- 
tout, a  si  violemment  agité  les  esprits?  Ce  sont  encore  ces  mêmes 
vues  qui,  dans  cette  auguste  assemblée,  seront  la  règle  invariable 
de  toutes  les  opinions.  Elles  entretiendront  parmi  vous  la  con- 
corde et  l'harmonie  devenues  plus  que  jamais  nécessaires. 

»  Vous  soutiendrez  par  la  sagesse  de  vos  délibérations  cette 
réputation  de  prudence  que  les  habitants  de  cette  province  ont 
méritée  dans  toutes  les  occasions  importantes.  Dégagés  de  toute 
partialité,  guidés  uniquement  par  Tamour  du  bien,  vous  ouvri- 
rez vos  âmes  à  tous  les  sentiments  de  ce  noble  patriotisme  au- 
quel il  appartient  de  rapprocher  tous  les  esprits  et  qui  peut  seul 
être  le  fondement  de  la  félicité  nationale.  » 

Après  ce  discours,  on  allait  commencer  l'appel  des  trois  ordres, 
lorsque  le  greffier  remit,  sur  le  bureau,  la  protestation  du  comté  de 
Mortain  et  l'ordonnance  de  son  grand  bailly.  M.  de  Montchaton 
donne  lecture  de  ces  deux  actes  à  l'assemblée,  les  résume  en  trois 
grandes  pages  de  son  procès-verbal,  indique  le  nombre  des  si- 
gnatures, et,  protestant  de  nullité  pour  la  circonstance,  passe 
à  l'appel  du  Clergé,  de  la  Noblesse  et  du  Tiers-Etat.  Les  bailliages 
viennentselon  leur  rang  ainsi  fixé,  avec  leur  nombre  de  paroisses: 
Coutances  425  paroisses,  Saint-Lo  36,  ÀvrancbeslOO,  Carentan 
49,  Cérencesll,  Mortain  71,  Saint-Sauveur-Lendelin  51,  Va- 
lognes  131,  Saint-Sauveur-le- Vicomte  67,  Tinchebray  36  ^^K 
Cette  opération  minutieuse  ne  fut  terminée  que  le  vendredi  19,  à 
une  heure  et  demie  de  l'après-midi.  Le  soir  du  même  jour  on 
se  réunit,  à  trois  heures,  toujours  dans  la  cathédrale,  pour  vérifier 
les  pouvoirs  des  députés,  prêter  serment  de  rédiger  fidèlement 


(1)  Ces  chiffres  rectiûent  les  inexactitudes  qui  se  sont  glissées  à  la  p.  37» 
touchant  le  nombre  de  paroisses  attribué  à  chaque  baiUiage.  Tinchebray,  ne 
convoqua  point  la  paroisse  de  Sainte-Paix,  située  dans  un  des  faubourgs  de 
Caen. 

Le  grand  baiUiage  de  Coutances  avait  570  paroisses;  Mortain  n'en  comptait 
que  108. 


—  524  - 

le  cahier  général  de  chaque  ordre  et  de  nommer,  de  méme^  les  dé- 
putés qui  les  représenteront  aux  Etats-Généraux. 

Pour  procéder  à  ces  différents  travaux,  le  lieutenant-général 
indiqua,  à  chaque  ordre,  le  local  qu'il  devrait  occuper  le  lende- 
main. Les  Ecclésiastiques  se  réunirent  alors  dans  la  chapelle  du 
grand-séminaire  (aujourd'hui  chapelle  du  Lycée),  sous  la  prési- 
dence de  Mgr  de  Talaru.  La  Noblesse,  dans  l'église  des  Capucins 
(aujourd'hui  la  halle  au  blé),  ayant  à  leur  tête  leur  doyen  d'âge, 
H.  de  Servigny,  et  le  Tiers-Etat  vint  occupée  la  grande  salle  de 
l'auditoire  ou  du  présidial  (aujourd'hui  le  théâtre) ,  sous  la  di- 
rection de  M.  de  Montchaton ,  président-né  du  troisième  ordre, 
comme  lieutenant-général. 

On  s'occupa  d'abord  de  refondre  les  cahiers  de  chaque 
bailliage  en  un  seul  ;  pour  y  arriver  plus  facilement  et  plus  vite, 
on  nomma  des  délégués  chargés  de  ce  travail  important. 

Les  commissaires  du  Clergé  furent  au  nombre  de  douze, 
savoir  : 

l"*  MM.  de  Cussy,  chantre  de  la  cathédrale  de  Coutan- 
ces  et  chanoine  honoraire,  2^  Le  Lubois,  curé  de  Fontenay 
(bailliage  deValognes},  3^  Bisson,  curéde  Saint-Louet-sur-rLozon 
(bailliage  de  Saint-Sauveur-Lendelin),  4*  De  Mons ,  chanoine'de 
Coutances,  5^  d'Hauchemail,  grand-chantre  de  la  cathédrale  de 
Coutances,  6^  Mathieu,  curé  de  Saint-Romphaire  (bailliage  de 
Coutances),  7"*  Le Rouvillois,  curéde  Carantilly  (bailliage de  Cou- 
tances), 8^  de  Fretel,  curé  de  Saint-Floxel  (bailliage  de  Valognes], 
9®  Bécherel,  curé  de  Saint -Loup  (bailliage  d'Avranches), 
lO^Lebel,  curé  de  Mortain,  ir Bazin,  curé  de  Saint-Laurent- 
de-Cuves  (bailliage  de  Mortain),  i  2^  l'abbé  régulier  de  La  Luzerne, 
Bernardin  Gautier  de  TEspagnerie  (bailliage  d'Avranches).  Dans 
cette  commission ,  aucun  des  deux  évêques  n'est  nommé.  On  y 
rencontre  trois  chanoines^  le  prélat  de  La  Lucerne,  tous  les  autres 
sont  des  curés  de  paroisse.  Ces  premières  élections  étaient  cepen- 
dant très-significatives,  car  elles  donnèrent,  généralement,  les 
députés  qui  durent  aller  à  Versailles. 

On  compta  treize  commissaires  de  la  Noblesse  : 


—  525  — 

1*"  MM.  d'Auxais  de  MoDtfarville  (bailliage  de  Saint -Lo], 
T  Âchard  de  Bonvouloir  (bailliage  de  Saint-Lo),  3^  Le  Magnen 
(bailliage  deCarentan),  4^  deBeaudrap  de  Sotteville  (bailliage  de 
Yalognes),  5®  Le  Forestier,  comte  de  Mobec  (bailliage  de  Cou- 
taûces),  6®  Michel  de  Chambert  (bailliage  de  Coutances),  T  Le 
Forestier  de  Muneville  (bailliage  de  Coutances)^  S""  Artar  de  la 
Villannois  (bailliage  d'Avranches),  9^  DaDoeville  (bailliage  de 
Carentan),  40^  de  Vaufleury  de  Saint-Cyr,  lieutenam-géDéral 
du  bailliage  de  Hortain,  1 1  ®  Lechevalier  Gassé  de  Colas  (bailliage 
de  Yalognes),  12®  Plessard  deServigny  (bailliage  de  Saint-Sau- 
veur-Lendelin),  43®  Fremin  de  Beaumont  (bailliage  de  Cou- 
taoces). 

Les  dix-neuf  rédacteurs  du  cahier  du  Tiers-Etat  furent  : 

MM.  Duhamel  et  Le  Tuilier,  procureurs  du  Roi,  en  Télection 
de  Coutances  (bailliage  de  Coutances),  Tesnière  de  Bremenil, 
maire  d'Avranches,  et  Morin  l'ainé  (bailliage  d'Avranches), 
Vieillard  et  Lemenuet  de  la  Juganuière,  avocat  (bailliage  de 
Saint-Lo),  Desplanques  du  Mesnil  et  Caillemer,  maire  de  Çaren- 
tan  (bailliage  de  Carentan) ,  Brohon ,  lieutenant-général  du 
bailliage  de  Cérences,  Le  Sacher  de  la  Palière  et  Lerebours  de 
la  Pigeonnière  (bailliage  de  Mortain),  Bernard-Duchesoe ,  lieu- 
tenant-particulier à  Yalognes,  et  Courteaux  des  Fontaines^ 
avocat  (bailliage  de  Yalognes),  de  Glatigny,  syndic  du  collège 
des  avocats ,  à  Saint-Sauveur-le-Vicomte,  et  Angot ,  bailli  de 
longue  robe  et  lieutenant-général  (bailliage  de  Saint-Sauveur-le- 
Vicomte),  Pouret-Roquerie,  procureur  du  Roi  à  Saint-Sauveur- 
Lendelin,  et  Euvremer  du  Manoir,  conseiller  au  bailliage  de 
Saint-Sauveur  (bailliage  de  Saint-Sauveur-Lendelin),  Lelièvre  de 
la  Prevotière,  avocat  à  Tinchebray,  et  Poisson,  libraire  à  Caen 
(bailliage  de  Tinchebray). 

Nous  ne  dirons  rien  des  cahiers  rédigés  par  ces  trois  commis- 
sions. Ils  ont  été  publiés  par  M.  Hippeau  dans  :  le  gouvernement 
de  la  Normandie,  tome  VIII,  p.  I  à  22.  Nous  ferons  seulement 
remarquer  que  le  cahier  du  bailliage  de  Mortain,  pour  le  Tiers- 
Etat,  servit  de  modèle  au  cahier  général.  Aussi  fût-il  conservé 


-  526  — 

en  entier.  On  y  ajouta  simplement  les  demandes  quMl  n'avait  pas 
faites.  Son  plan  était,  en  effet,  très-concis  et  on  ne  pouvait 
mieux  résumer,  qu'il  ne  l'avait  fait,  ces  longs  traités  que  nous 
voyons,  souvent  par  un  seul  article,  dans  les  cahiers  de  Saint-Lo, 
de  SaintrSauveur-le-Vicomte  efde  Périers. 

Ces  manuscrits  offrent,  il  faut  l'avouer,  des  descriptions  cu- 
rieuses, des  considérations  profondes,  mais  qui  ne  pouvaient 
entrer  dans  un  cahier  général,  à  moins  de  faire  un  gros  volume. 
M.  Le  Sacher  de  la  Palière  eut  donc  la  part  la  plus  large ,  dans 
la  rédaction  du  cahier  de  Coutances. 

Après  la  refonte  de  ces  doléances,  qui  demandèrent  quatre  ou 
cinq  jours,  on  s'occupa  de  l'élection  des  députés.  Le  premier  élu, 
dans  l'ordre  du  Clergé,  fut  M.  Jacques-François-Louis  Le  Lubois, 
curé  de  Fontenay  (bailliage  de  Yalognes).  Le  second  tour  de 
scrutin  amena  le  nom  de  H.  François  Bécherel,  curé  de  Saint- 
Loup  (bailliage  d'Avranches).  Ce  dernier  nom  produisit  un  effet 
assez  fâcheux  sur  l'esprit  des  deux  évéques.  Ils  purent  se  con- 
vaincre que  leur  clergé  avait  une  certaine  défiance  à  leur  égard, 
et  qu'ils  préféraient  des  prêtres,  sortis  du  Tiers -Etat,  à  des 
grands  seigneurs  devenus  pontifes.  L'évêque  d'Avranches,  qui 
s'attendait  à  être  élu,  fut  particulièrement  froissé  de  voir  qu'on 
lui  préférait  un  simple  curé  de  village ,  un  prêtre ,  surtout ,  qui 
avait  procédé  contre  lui,  au  sujet  d'un  trait  de  dtme,  et  qui  avait 
eu  gain  de  cause  devant  le  Parlement.  Le  soir  même,  il  annonça 
à  son  confrère  de  Coutances  qu'il  partirait  le  lendemain  et  rega- 
gnerait sa  ville  épiscopale.  Plusieurs  prêtres  de  son  diocèse  vin- 
rent le  prier  de  rester,  en  l'assurant  qu'il  serait  nommé.  Il  ne  se 
fit  point  d'illusion ,  et  après  avoir  fait  ses  adieux  à  Mgr  de 
Talaru,  qu'il  plaignit  d'être  obligé  d'assister  à  de  pareilles 
élections,  il  monta  dans  sa  voiture  en  disant  à  son  cocher  : 
«  Allez ,  et  imprimez  profondément  sur  la  route  toute  l'indi- 
gnation dont  je  suis  pénétré  ^^K  » 

(1)  Paroles  rapportées  par  un  témoin  oculaire,  M.  Lesplu-Dupré»  ancien 
curé  de  Saint<jervais-d*Ayranches. 
(Note  de  M.  Lucas-GirardviUe,  vicaire  général  de  Coutances.) 


—  527  - 

Le  lendemain,  on  nomma  M.  François  Le  Rouvillois  ^  curé  de 
Carantiily.  Lémotion  de  Mgr  de  Coatances  devint  visible,  le 
clergé  en  fut  témoin  et,  le  soir,  au  dernier  tour  de  scrutin ,  son 
nom  fut  enfin  nommé ^*^ 

Les  députés  de  la  Noblesse  furent,  selon  Tordre  de  leur  élec- 
tion : 

1®  Messire  Luc-René  Àchard  dePerthus  de  Bonvouloir,  che- 
valier, seigneur  de  Bonvouloir,  Loyauté,  du  Perthus- Achard , 
seigneur  patron  duDezertet  de  Condé-sur-Sarthe,  du  Féron,  de 
Yervainne  et  d'Ancinne,  ancien  capitaine  de  cavalerie,  chevalier 
de  Tordre  royal  et  militaire  de  Saint-Louis,  demeurant  en  son 
château  du  Dezert,  paroisse  du  même  nom,  élection  de  Saint-Lo. 

2^  Pierre-François  deBeaudrap  de  Sotteville,  chevalier,  sei- 
gneur et  patron  de  Sotteville,  Le  Buisson,  Mesnil-Durant,  Hébé- 
crevon.  Le  Buisson  à  Angoville-sur-Ay  et  autres  lieux,  ancien 
officier  au  cops  royal  de  Tartillerie ,  demeurant  en  son  château 
de  Sotteville,  paroisse  du  même  nom,  élection  de  Valognes. 

3^  Jacques-René-Jean-Baptiste  Artur,  chevalier^  seigneur  de 
la  Villarmois,  Launay,  Champagne  et  autres  lieux,  demeurant  à 
Avranches. 

4*  Léon-Marguerite  Le  Clerc^  baron  de  Juigné,  comte  de  Cour- 
tomer,  seigneur  de  Sainte-Mère-Eglise,  et  maréchal  des  camps  et 


(1)  Mgr  de  Belbeuf  restant^  il  est  douteux  que  les  deux  évêques  eussent 
été  nommés^  mais  il  est  à  peu  près  certain  que  Mgr  de  Talaru  ne  l'eût  point 
été,  si  son  confrère  ne  se  fut  retiré. 

Le  clergé,  en  général,  ne  voulait  que  des  ecclésiastiques  sortis  du  Tiers- 
EUt. 

M.  Bécherel  en  rentrant  dans  sa  cure,  après  les  élections,  alla  rendre 
visite  à  son  Evoque,  au  palais  épiscopald'Avranches.  Il  parait  qu'il  n'eut  pas 
à  se  louer  de  la  réception  qui  lui  fut  faite.  (Manuscrit  intitulé  :  Etai  ef  con- 
dwtedu  clergé  dam  Vanâen  dU}ciiûd^AvranchêMtde  1790  à  1806.) 

Mgr  de  Talaru  de  Ghalmazel,  né  le  U  mai  t7S5>  au  château  de  Ghaussin, 
en  Bourbonnais,  avait  été  sacré  évê^ue  de  Coutances,  le  10  mars  1765.  U 
mourut  à  Londres,  le  ao  mars  i798>  à  l'âge  de  soixante-douze  ans.— Mgr  Go* 
dard  de  Belbeuf,  né  le  9  mai  1730,  au  cb&teau  de  Belbeuf,  près  de  Rouen, 
avait  été  sacré  évéque  d'Avranches,  le  15  mai  t77i.  U  mourut  à  Hampstead, 
près  do  LondreSi,  le  26  septembre  1808»  à  l'âge  de  soixante-dix-huit  ans. 


—  528  -- 

armées  du  Roi,  demeurant  à  rarchevêché  de  Paris,  près  de  l'ar- 
chevêque son  parent  ('^  (Bailliage  de  Carentan). 

Les  députés  du  Tiers-Etat,  furent,  selon  leur  rang  de  nomi- 
nation; 

1  ®  Denis-Gabriel  Le  Sacher  de  la  Palière,  avocat  au  bailliage 
de  Mortain,  né  à  Paris. 

2^  Louis  Burdelot,  né  à  Avranches,  vicomte  et  maire  de  Pon- 
torson. 

3^  Pierre-Jacques  Vieillard^  né  à  Saint-Lo  et  avocat  dans 
cette  ville. 

4^  Guillaume  Bernard-Duchesne ,  originaire  de  Hontebourg, 
lieutenant  particulier  au  bailliage  de  Valognes. 

6®  Jean  Perrée-Duhamel,  négociant  à  Granville,  dont  il  était 
originaire. 

*  6^  Jean-Thomas  Desplanques-Dumesnil ,  né  à  Carentan  et 
maire  de  cette  ville. 

7^  Louis  Pouret-lloquerie,  originaire  de  Geffosses,  procureur 
du  Roi  au  bailliage  de  Saint-Sauveur-Lendelin,  séant  à  Périers. 

8^^  Louis-Hector-Âmédée  Angot,  né  à  Versailles^  bailli  de 
longue  robe  à  Saint-Sauveur-le-Yicomte. 

Les électionsdu Tiers-Etat  furentmieux  faites quecelles des  deux 
autres  ordres.  Il  semble  qu'on  y  fait  la  part  de  chaque  bailliage 
et  on  y  sent  déjà ,  comme  le  fait  remarquer  M.  Desdevises,  un 
avant-goût  des  députés  d'arrondissement.  Cependant,  il  y  eut 
quelques  bailliages  qui  ne  furent  point  représentés  et  qui  n'eurent 
point  lieu  d'être  satisfaits.  DecenombrefurentCérences^'^etTin- 

(1)  M.  Desdevises  assure  que  le  baron  de  Juigné  n'assista  point  aux  assises 
de  Coutances  ;  c'est  inexact.  Il  fut  présent,  à  toutes  les  séances,  à  l'appel 
et  au  serment.  Il  remplaçait  le  marquis  de  Juigné^  son  frère,  et  co-héritiers 
représentant  M.  de  St-Germain»  seigneur  de  la  Baleine  (bailliage  de  Goa- 
tances). 

(2)  Le  bourg  et  la  paroisse  de  Gérences  appartenaient  au  bailliage  de  Goa- 
tances  et  ne  faisaient  point  partie  du  bailliage  qui  portait  ce  nom.  Le  chef- 
lieu  proprement  dit  eut  dû  être  la  Haye-Pesnel,  car  le  petit  district  appelé 
bailliage  de  Gérences,  appartenait  tout  entier  à  La  Haye.  Son  tribunal  avait 
été  transféré  k  Gérences  pour  la  commodité  des  avocats  et  autres  juges  qui, 
les  jours  d'audience,  se  transportaient  de  Goutances  à  l'auditoire  de  Gérences. 


—  529  - 

chebray.  Cérences  ne  pouvait  guère  espérer,  puisqu'il  n'avait  que 
onze  paroisses  et  cinq  familles  nobles,  dont  aucune  ne  parut  per- 
sonnellement ^^K 

Tinchebray  avait  des  raisons  sérieuses  de  ne  pas  être  content. 
Il  s'était  dérangé  de  fort  loin,  son  bailliage  était  aussi  considé- 
rable que  celui  de  Sainl-Lo,  qui  obtint  deux  députés.  Mortain 
en  méritait  également  deux ,  quand  Avr^nches  en  avait  trois  et 
Garentan  deux.  Si  les  droits  de  ce  bailliage  principal  eussent 
été  maintenus,  on  fui  eut  assurément  accordé  un  député  du 
Clergé,  un  député  de  la  Noblesse  et  deux  députés  du  Tiers-Etat,  et 
il  n'a  qu'un  seul  mandataire,  qu'un  seul  représentant  du  troi- 
sième ordre.  Il  est  vrai  que  Mortain  et  Tinchebray  sont  mieux 
représentés  dans  les  commissions  de  rédaction  ,  surtout  dans 
elle  du  Tiers-Etat.  Hais  le  seul  avantage  de  Mortain,  dans  cette 
assemblée,  c'est  d'avoir  fourni,  presque  exclusivement,  la  subs- 
tance du  cahier  général  du  troisième  ordre.  Aussi,  en  lisant  ses 
doléances  particulières,  on  lira,  sauf  quelques  articles  qui 
n'intéressaient  pas  son  comté  ^^\  les  doléances  des  dix  bailliages 

(1)  Si  la  cure  de  Gërences  ne  faisait  point  partie  de  son  bailliage»  on  y 
trouvait  néanmoins  des  fiefs  qui  en  dépendaient.  Ainsi  Messire  Lecourt  de 
Sainte-Marie  possédait  le  fief  de  GueUe,  le  comte  de  Saffrey,  celui  du  Mesnil- 
Vaudon  et  de  la  Mollière,  et  le  prince  de  Monaco,  celui  de  Pirou  et  le  trait  du 
Val-Jouais.  Le  Tiers-Etat  y  estreprésenté  par  :  MM.  Brohon,  Ueutenant-général, 
LefeTre,  procureur  du  roi,  et  Héot,  avocat,  tous  demeurant  à  Cérences.  A  la 
Haye-Pesnel  on  cite  Messire  de  Guer,  marquis  de  Pontcalé,  En  retour,  ce 
baUUage  possède  la  cure  de  Sartilly,  représentée  par  Charles  Langlois,  pour 
le  Clergé,  et  par  Julien  Le  Breton,  du  Tiers-Etat.  Le  fief  noble  de  Brequigny, 
dont  le  seigneur  était  Louis  du  Homméel,  appartenait  au  bailliage  d*AvrancLes. 

(2)  Valognes  et  Goutances  qui  avaient,  dans  leurs  bailliages,  des  villes 
maritimes,  demandaient  qu'il  fût  pourvu  :  1*"  aux  désavantages  résultant  du 
traité  de  commerce  fait  avec  FAngleterre*  a**  à  Tarrét  du  conseil,  de  1784, 
relatif  au  commerce  des  colonies  ;  S"  aux  lettres  patentes  accordées  k  la 
viUedeBayonne,  concernant  l'admission  des  morues  et  des  huUresde  pèches 
étrangères,  l"  aux  droits  perçus,  en  Normandie»  sur  le  poisson  frais  et  salé. 

Yilledieu,  dans  le  cahier  de  Coutances,  désirait  que  les  manufactures  d'ou- 
vrages en  cuivre  fussent  encouragées,  et  mises  en  état  de  soutenir  la  concur- 
rence«  en  modérant  les  droits  perçus  sur  les  cuivres  bruts. 

Garentan»  Valognes»  Saint-Lo,  Coutances»  souhaitent  qu'on  fasse  un  règle- 
ment pour  autoriser  le  prêt  d'argent  à  intérêt;  que,  pour  le  bien  de  l'agri* 

34 


—  530  — 

réunis  à  Coutances.  On  a  littéralement  suivi  son  plan,  sa  méthode 
et  même  son  style. 

Les  élections  furent  terminées,  le  mercredi  4^  avril.  Les  trois 
ordres  se  réunirent  alors,  de  nouveau,  dans  la  Cathédrale,  à 


culture,  les  communes,  landes,  bruyères,  marais  et  grèves  dont  les  [croisses 
ont  titre  à  possession,  soient  partagées;  que  la  liberté  de  profiter  des  tangues* 
varechs  et  autres  engrais  de  mer»  ne  puisse  être  limitée  sous  prétexte  de 
droit  de  propriété  ou  de  préférence,  sauf  indenmité  qui  pourrait  être  due. 

On  demande  aussi  la  suppression  de  la  loterie  royale>  et  la  remise  en 
vigueur  des  ordonnances  sur  les  faillites  et  les  banqueroutes; la  suppression 
des  hautes  justices,  sauf  l'indemnité  des  seigneurs  haut  justiciers. 

Saint-Sauveur-le-Vicomte  et  Yalognes  ne  veulent  pas  qu'on  émette  des 
vœux  de  religion  avant  que  l'homme  n'ait  atteint  l'âge  de  trente  ans,  et  la 
femme  vingt-cinq.  On  s'occupe  aussi  des  moyens  de  détruire  la  traite  des 
noirs  et  de  préparer  la  destruction  de  l'esclavage.  Périers  ou  Saint-Sauveur- 
Lendelin  et  Cérences,  veulent  Tabolition  de  la  servitude  des  main-mortables 
et  désirent  qu'on  prenne  des  mesures  efficaces  pour  assurer  aux  pauvres  une 
portion  des  biens  eccléB\astiques,  en  général,  suivant  leur  destination  primi- 
tive, Avranches  s'intéresse  particulièrement  à  la  prospérité  de  ses  salines  :  »  Le 
»  V09U  de  rassemblée  ne  peut  être  contraire  au  vœu  général  du  Royaume  pour 
»  la  suppression  de  la  gabelle  ;  cependant  elle  représente  que  de  cette  sup- 
B  pression  résulterait  une  perte  considérable  pour  le  pals  Avranchin  en 
B  général  et  pour  les  propriétaires  des  salines  en  particulier,  en  ce  que  le  sel 
»  blanc,  qui  y  est  fabriqué  à  grands  frais,  ne  pourrait  soutenir  la  eoncurrenee 
»  du  sel  gris  de  Bretagne  que  la  nature  seul  produit.  Et  conune  cette  fabri- 
9  cation  est  le  seul  commerce  du  pals,  qu'elle  procure  la  communication  de 
>  ses  denrées  et  augmente  la  valeur  de  ses  fonds,  l'anéantissement  lui  en 
»  serait  infinimeul  pr^udiciable,  en  même  temps  que  les  propriétaires  des 
»  salines  se  trouveraient  dépouiUés  de  la  plus  précieuse  portion  de  leur  for- 
»  tune.  Pourquoi  l'assemblée  recommande  à  ses  députés  de  demander  pour 
»  eux  une  indemnité  et  pour  l'élection  d'Avranches  une  diminution  d'impôts 
B  proportionnée  à  celles  que  ses  revenus  et  son  commerce  en  souffriraient. 
»  Le  sort  des  propriétaires  des  salines  se  trouverait  encore  empiré  s'il  en 
»  était  construit  de  nouvelles;  pour  les  garantir  de  cet  autre  dommage, 
B  l'assemblée  charge  ses  députés  d'en  soUiciter  la  prohibition,  b 

Le  cahier  général  résume  ainsi  la  demande  d'Avranches  et  celle  de  Coa- 
tances,  concernant  les  cuirs  et  les  aides  (droits  sur  le  vin)  :  a  Que  la  gabelle» 
les  aides,  droits  sur  les  cuirs  et  autres  de  pareille  nature  soient  supprimés 
le  plus  tôt  possible  et  remplacés  par  des  impôts  moins  onéreux,  sauf  au  pays 
de  quart  bouillon  en  général  et  aux  propriétaires  des  salines  en  particulier  à 
s'adresser  aux  Etats -Généraux  pour  y  obtenir  une  juste  indemnité.  »  Les 
salines  ont  été  supprimées,  en  1864,  au  grand  regret  et  malgré  les  récUma- 
taons  du  pays. 


—  531   - 

huit  heures  du  matin,  sous  la  présidence  de  M.  de  Hontchaton. 
Les  secrétaires  des  différentes  commissions  lui  remirent  leurs 
cahiers  et  les  procès-verbaux  des  séances.  Le  lieutenant-général 
proclama,  en  présence  de  l'assemblée  générale,  les  noms  des  douze 
députés.  Séance  tenante,  ces  nouveaux  élus  vinrent  prêter  ser- 
ment :  «  de  se  bien  et  fidèlement  comporter  aux  Etats-Généraux 
»  pour  tout  ce  qui  peut  concerner  les  besoins  de  TEtat,  la  ré- 
»  forme  des  abus,  l'établissement  d'un  ordre  fixe  et  durable  dans 
»  toutes  les  parties  de  Tadministration,  la  prospérité  générale 
»  du  royaume  et  le  bien  de  tous  et  de  chacun  les  sujets  du  roi.  » 
Ils  s'engagent,  en  outre,  «  à  ne  consentir  à  aucun  octroi  d'im- 
»  pôt,  que  le  principe  de  la  constitution  générale  du  royaume 
»  n'ait  été  reconnu,  assuré  et  sanctionné,  et  que  les  Etats  parti- 
»  culiers  à  la  province  ne  lui  aient  été  rendus;  à  demander  que 
»  les  impôts  soient  répartis  également  entre  tons  les  ordres,  et 
»  supportés  individuellement  par  les  membres  de  chacun,  sur 
»  des  rôles  communs.  »  Messieurs  les  députés  ne  pouvaient,  en- 
core, se  départir  du  présent  mandat,  sous  quelque  prétexte  que 
ce  fût.  (Procès-verbal  des  trois  ordres  réunis  à  Coutances.) 

Cinq  députés  manquaient  à  cette  dernière  réunion  :  Mgr  de 
Talaru,  retenu  à  son  palais  par  une  indisposition,  et  MM.  Sacher 
de  la  Palière,  Louis  Burdelot,  Bernard  Duchesne  et  Louis  Àngot 
qui,  pour  des  affaires  urgentes  et  indispensables  étaient  partis,  la 
veille,  après  avoir  prêté  serment,  rue  Saint-Nicolas,  dans  Thôtel 
de  M.  de  Montchaton.  Le  lieutenant-général  remit  ensuite  les 
cahiers  aux  députés  de  chaque  ordre,  et  alla  recevoir  le  serment 
de  Mgr  TEvéque. 

Les  assises  de  Coutances  étaient  terminées.  Elles  avaient  duré 
plus  de  quinze  jours.  Les  députés  n'eurent  que  le  temps  de 
rentrer  chez  eux  pour  aller  à  Versailles.  On  les  y  attendait 
le  5  mars,  l'ouverture  des  Etats-Généraux  ayant  été,  heureuse- 
ment, retardée  d'une  dizaine  de  jours  ^^K 

(I)  L'Election,  division  aiministrative*  était  souvent  plus  grande  qne  la 
division  judiciaire,  le  baiUiage.  Ainsi,  depuis  la  création  du  bailliage  secon- 
daire de  Tinchebray,  Mortain  n'avait  plus,  comme  bailliage  principal,  que 


—  532  — 


CONCLUSION, 

En  remettaot  aux  députés  les  cahiers  de  leur  ordre,  M.  de  Hoot- 
chatoD  leur  adressait  ces  paroles  :  «  C'est  à  vous.  Messieurs  les 
»  députés  qui,  par  la  réunion  des  qualités  les  plus  estimables  et 
»  les  plus  précieuses,  avez  si  justement  mérité  les  suffrages  de 
»  vos  concitoyens,  c'est  à  vous  de  remplir  leur  attente  et  de  coo- 
»  sommer  le  grand  œuvre  de  la  félicité  nationale.  Puisse  tous 
»  les  membres  qui  composeront  avec  vous  l'Assemblée,  y  porter 
»  comme  vous  un  zèle  ardent  pour  le  bien  public,  et  l'esprit  de 
»  paix  et  de  conciliation.  » 

Si  ce  dernier  vœu  n'était  pas  celui  de  chacun  des  députés  de 
Versailles,  nous  pouvons  assurer  qu'il  était  profondément  formé 
dans  le  cœur  de  nos  représentants.  Ils  n'avaient  tous  qu'on 

71  paroisses,  taodis  que  son  élection  en  avait  85.  EUe  était  divisée  en  6  ser- 
genteries.  1°  Ouessey  (Le  TeiUeul),  15  paroisses,  a»  Tinchebray,  1i,  V  Gor- 
beUn  (St-Hilaire),  i7,  i*  Roussel  (Sourdeval),  18,  5*  Halle  (Mortain),  11, 
6*  Martin  (Ghérencey-le-Roussel),  12. 

L'élection  d'Avranches  avait  99  paroisses ,  divisées  en  8  sergenteries  : 
1*  Avranches,  3,  r  Ponts,  6,  S*"  Pigace  (Ducey),  17,  4*  Le  Val-de-Sée  (Tire- 
pied),  10,  5*  Benoit  (Marcey),  8,  6*  Hérault  (Genêts),  81,  7*  Pontorson,  17, 
8*  Saint-James,  17. 

La  division  ecclésiastique  se  rapprochait  beaucoup  de  celle  des  élections. 
Le  diocèse  d' Avranches  était  divisé  en  deux  archidiaconés  subdivisés  en  hait 
doyennés,  dont  quatre  pour  Avranches,  savoir  :  Avranches,  La  Groix-Avrao- 
chin ,  Genêts ,  Tirepied  ;  et  pour  Mortain ,  quatre  également  :  Mortaîn, 
Saint-Hilaire,  Cuves  et  Le  Teilleul. 

Gomme  quelques-uns  de  ces  doyennés  étaient  fort  étendus,  on  les  avait 
subdivisés  pour  les  conférences.   Ainsi  Barenton,  Sourdeval,  Pontorson, 
■  Saint-James  el  Dueey  étaient  des  centres  de  conférences  ecclésiastiques. 

Le  collège  de  Bfortain  était  aussi  le  centre  de  l'instmction  classique 
dans  tout  le  comté.  Les  chanoines  de  la  collégiale  en  avaient  la  direction, 
et  si  on  tentait  d'en  ouvrir  un  autre,  ils  pouvaient  en  confisquer  les  ii* 
Très.  Ce  collège  avait  été  fondé  en  108i,  par  le  comte  Robert.  «  Il  n'y 
»  a  pas  en  France  de  coUége  qui  remonte  à  une  aussi  haute  antiquité.  « 
(Mgr  Daniel,  évéque  de  Goutances,  et  alors  Recteur  de  TAcadémie  de  Gaea. 
Notice  sur  le  collège  de  Goutances,  p.  10.) 


—  533  — 

désir  :  remplir  fidèlement  leur  mandat  et  procurer  la  paix  et  le 
bonheur  de  la  nation.  Une  réforme  juste  et  équitable  était  un 
besoin  reconnu  nécessaire  par  la  Cour,  par  le  grand  seigneur 
comme  par  le  plus  simple  roturier.  Nos  députés  ne  souhaitent 
pas  autre  chose.  Si  leurs  cahiers  présentent  quelques  demandes 
un  peu  téméraires  ou  qui  dépassent  le  but,  ils  n*ont  cherché,  de 
bonne  foi,  qu'un  état  meilleur  et  plus  naturel  ;  mais  ils  s'en  rap- 
portent en  tout  à  la  justice  et  à  !a  bonté  du  roi.  Le  roi  est  bon, 
justQ,  fort  instruit.  Il  aime  son  peuple  d'un  amour  de  père,  et,  On 
peut  le  dire,  il  se  confie  en  lui  sans  réserve  et  sans  défiance.  Nous 
sommes  loin,  cependant,  de  lui  faire  une  vertu  de  cet  abandon 
complet.  Le  peuple,  comme  un  coursier  fougueux,  a  toujours 
besoin  de  sentir  le  frein  qui  le  retient,  le  bras  qui  le  dirige.  Quand 
on  veut  mettre  la  main  à  un  vieil  édifice,  on  l'élaie  d'abord,  dans 
la  crainte  qu'il  ne  s'écroule  et  ne  rende,  par  sa  chute,  la  répara- 
tion impossible.  Louis  XVI  veut  restaurer  une  monarchie  vieille 
de  quatorze  siècles  et,  pour  en  assurer  la  conservation,  il  n'use 
même  pas  de  ce  ménagement  indispensable.  En  donnant  au  Tiers- 
Etat  un  nombre  de  voix  égal  aux  députés  des  autres  ordres,  il 
fait  un  grand  acte  de  justice,  mais  il  enlève,  de  prime  abord, 
cette  majorité  qui  doit  toujours  appartenir  au  pouvoir,  dans 
toute  assemblée  délibérante. 

Maintenant,  n'est-il  pas  à  craindre  que  ce  troisième  ordre, 
travaillé  par  les  jansénistes,  les  philosophes,  les  factions  nom- 
breuses qui  l'environnent,  ne  veuille,  sentant  sa  force,  se  cons- 
tituer en  assemblée  nationale,  et  s'élever  à  la  direction  suprême 
de  l'Etat  ? 

Quoiqu'il  en  soit,  l'horizon  n'est  pas  rassurant. 

Nous  quittons  désormais  un  vieux  monde  connu  pour  aller,  au 
milieu  d'une  ifter  incertaine,  souvent  orageuse  et  semée  d'écueils, 
à  la  recherche  d'une  terre  nouvelle  et  inconnue  I... 

Heureux  I  si  le  pilote  qui  va  nous  diriger,  dans  ce  périlleux 
voyage,  est  à  la  hauteur  de  son  entreprise  I 

Heureux  !  si,  secondé  par  des  politiques  habiles,  des  ministres 
prudents,  il  peut  d'une  main  aussi  ferme  qu'énergique,  diriger  le 
vaisseau  vers  des  plages  sûres  et  tranquilles  I 


—  534  — 

Plus  heureux  encore  I  s'il  sait,  sans  hésitation,  imposer  Tobéis- 
sance  à  propos,  accueillir  avec  discrétion  les  conseils  des  pas- 
sagers, tempérer  peu  à  peu,  par  de  sages  réformes  qui  en  amë* 
neront  d'autres,  avec  le  temps,  l'impétuosité  de  leurs  vœux,  leur 
désir  immodéré  d'arriver  trop  vite  à  cette  terre  de  liberté  qu'ils 
convoitent. 

S*il  manque  de  ces  qualités  essentielles,  qui  nous  assure,  qu'aa 
sein  de  ce  vaste  océan,  entouré  d'une  nuit  sombre  et  de  flots  cour- 
roucés, sa  nef  n'ira  point  se  briser  contre  les  récifs,  pour  en- 
gloutir, dans  un  triste  naufrage,  des  espérances  si  glorieuses  et 
si  belles? 

Et  alors,  quand  retrouverions-nous  ce  nouveau  monde  objet  de 
nos  rêves  incessants ,  cet  hémisphère  de  liberté,  de  bonheur,  de 
concorde  et  de  paix  que  nous  souhaitons  avec  tant  d'ardeur?... 

Mais,  n'anticipons  pas  sur  des  faits  qui  n'appartiennent  plus 
à  notre  sujet.  C'est  à  l'histoire  générale  de  nous  redire  les  succès 
ou  les  revers  des  députés  de  nos  grands  bailliages  et  de  nos  as- 
sises coutançaises  en  particulier. 


E.-A.  PIGEON 

SECRET  AIRB    DE    LA     SOCIÉTÉ. 


GUY  CHRÉTIEN 


Grand   Bailli   de   Cotentin   (1871-1875). 


Obligée  de  suivre  les  événements  qui  précipitent  leur  marche 
rapide,  de  rechercher  leurs  causes  et  de  montrer  leurs  consé- 
quences, r  histoire  générale  ne  saurait  s'appesantir  sur  les  détails 
sans  surcharger  son  récit  et  nous  empêcher  de  suivre,  dans  leur 
enchaînement  nécessaire,  les  faits  qui  se  succèdent.  Par  une  triste 
fatalité,  elle  est  obligée  de  ne  s'occuper  que  des  hommes  qui 
brillent  au  premier  rang  et  de  laisser  de  côté  la  foule  des  dévoue- 
ments secondaires  qui ,  pour  se  manifester  dans  une  sphère  mo- 
deste, n'en  ont  pas  moips  été  utiles  à  leur  pays.  Que  de  talents 
restent  cachés,  que  de  dévouements  obscurs  sont  ainsi  laissés  dans 
un  injuste  oubli  I  Au  nombre  de  ces  morts,  dont  les  qualités  émi- 
nentes  n'ont  pas  suffi  à  faire  vivre  la  mémoire,  on  peut  placer  Guy 
Chrétien,  un  des  grands  baillis  du  Cotentin.  Son  nom  est  tombé 
dans  un  tel  oubli  que  plusieurs  historiens  n'ont  même  pas  con- 
servé son  nom  et  que  c'est  à  peine  si  M.  L.  Delisle,  dans  son  re- 
marquable ouvrage  ^^\  signale  son  passage  aux  affaires  en  1375, 
par  l'acte  le  plus  insignifiant. 

De  son  origine,  nous  ne  connaissons  rien,  et  son  nom  n'apparatt 
dans  l'histoire  qu'en  1368.  A  cette  époque  il  était  bailli  de  Pon- 
torson,  et  c'est  par  voie  d'avancement  qu'il  fut  appelé  à  remplir 
à  Coutances  d'abord,  puis  bientôt  à  Rouen,  les  fonctions  de  grand 
bailli.  Les  carrières  de  magistrature  présentaient  donc  dès  le 

{i)  Les  Grands  BaiUU  du  Co(enlin,par  L.  Delisle. 


—  536  - 

XIV"  siècle  cet  inconvénient  que  beaucoup  reprochent  à  notre 
organisation  actuelle.  Probablement  même  la  faveur  y  exerçait 
déjà  son  influence.  APontorson,  Guy  Chrétien  avait  dû  connaître 
et  Duguesclin,  et  Tévéque  Silvestre  de  la  Cervelle  :  leur  influence 
ne  fut  probablement  pas  étrangère  à  sa  promotion. 

Il  ne  nous  est  pas  possible  de  déterminer  Tépoque  exacte  à  la- 
quelle Guy  Chrétien  fut  appelé  à  exercer  les  fonctions  de  grand 
bailli  du  Cotentin.  Nous  n'avons  pas  son  acte  de  nomination, 
et  les  chartes  sont  loin  de  s'accorder  sur  la  date  de  la  mort  de 
son  prédécesseur  Aimery  Renout.  Nous  ne  pouvons  ajouter  foi  à  la 
mention  contenue  dans  la  requête  ^^^  présentée  au  roi  par  Ro- 
binet Duhamel,  et  qui  porte  que  «  le  feu  bailly  (Aimery  RenoiU) 
est  mort  en  v/ne  ctssemblée  contre  les  ennemis,  le  7  janvier  1 370.  » 
Assurément  cette  dateesterronnée.  Aimery  Renout  vivaitencoreles 
1 3, 26  juillet,  28  août  1 370,  puisque  le  roi  luiadressait  des  man- 
dements personnels  ^*\  et  le  7  septembre  suivant,  puisque  Fran- 
çois du  Mesnil  lui  donne  quittance  d'une  somme  de  37  livres 
1 0  sols,  pour  les  frais  de  sa  compagnie  ^'\  Mais  c'est  là  le  dernier 
acte  connu  de  l'administration  de  ce  bailli  :  sa  mort  arriva  pro- 
bablement le  7  janvier  1 371 . 

Son  successeur,  Guy  Chrétien,  était  certainement  en  fonctions 
dans  l'été  de  1372. 

C'était  l'époque  où  les  Anglais  de  Saint-Sauveur-le-Vicomte, 
redoublant  d'audace,  multipliaient  leurs  ravages  dans  leCotentin» 
déjà  épuisé  par  trente  années  de  guerre. 

Les  troupes  de  la  province  étaient  trop  faibles  pour  arrêter  ces 
pillages.  Leur  impuissance  n'avait  été  que  trop  démontrée  par 
le  récent  échec  du  capitaine  général  du  roi  pour  les  bailliages  de 
Caen  et  de  Cotentin,  Guillaume  du  Merle,  force  fut  donc  de  re- 
courir à  des  moyens  plus  énergiques.  Guy  Chrétien  se  rendit  alors 
devant  les  Etats  de  Normandie,  réunis  au  mois  de  juillet  1372,  il 
y  plaida  la  cause  de  son  malheureux  ressort  avec  assez  de  bon- 

(1)  Charte  publiée  par  M.  Quénault.  Les  Grands  BaiUis  du  Cotentin,  p.  24. 
ii)  Actes  et  Mandements  de  Charles  V,  par  M.  U  Delisle,  Nos  704,  708, 
(3)  Charte  publiée  par  M.  Quénault,  p.  24. 


-  537  — 

hear  poar  faire  nommer  une  commission,  chargée  de  représenter 
au  roi  la  misère  du  pays  et  la  nécessité  de  chasser  les  Anglais  de 
Saint  -  Sauveur  -  le  -  Vicomte.  Choisi  par  cette  assemblée , 
notre  bailli  partit,  le  13  juillet,  avec  les  autres  délégués, 
qui,  reçus  parle  roi,  lui  exposèrent  la  situation,  le  suppliè- 
rent de  venir  au  secours  de  la  Basse*Normandie  et  d'envoyer 
à  Saint-Sauveur  une  armée  commandée  par  le  connétable  Dugues- 
clin.  Le  nom  du  héros  breton  était  alors  le  synonyme  de  victoire, 
en  Normandie  notamment,  ou  il  avait  commandé  quelque  temps 
d'abord  comme  capitaine  de  Pontorson ,  puis  comme  capitaine 
général  en  1364.  Il  y  avait  déjà  conquis  cette  gloire  populaire 
qui  dès  lors  n'a  cessé  de  s'attacher  à  son  nom. 

La  commission  était  de  retour  à  Caen  le  1^'  septembre  1372. 
Le  12,  elle  rendait  compte  de  sa  mission,  et  communiquait  les 
promesse^  du  roi  à  uoe  assemblée  des  notables  qui,  après  avoir 
manifesté  sa  satisfaction  du  résultat  obtenu,  vdtait  les  subsides 
nécessaires  pour  couvrir  les  frais  de  voyage  des  délégués.  Notre 
bailli  recevait  140  francs  d'or  pour  une  absence  de  soixante 
jours  ^^K  C'était,  par  jour,  près  de  24  francs  de  notre  monnaie. 

Toutefois  la  guerre  ne  commença  pas  immédiatement,  ce  ne  fut 
qu'après  avoir  employé  l'automoe  à  s'assurer  des  alliances,  que 
Charles  V  donna  enfin  Tordre  de  mettre  le  siège  devant  Saint- 
Sauveur,  le  27  décembre  1372. 

De  ce  jour,  commença  pour  le  bailli  une  période  de  travaux  in- 
cessants et  multipliés,  qui  nedevaitse  terminer  qu'en  juillet  1375, 
après  l'évacuation  de  la  place  par  les  Anglais.  Une  guerre  dans 
son  ressort  décuplait  alors  les  devoirs  d'un  bailli.  Il  lui  fallait  réu- 
nir les  Etats  de  la  province,  exposer  les  besoins  de  l'expédition  pour 
obtenir  les  aides  nécessaires,  les  faire  voter  et  en  assurer  le  recou- 
vrement. C'était  encore  lui  quijevait  les  troupes,  pourvoyait  à  leur 
subsistance  et  leur  assurait  les  vivres  et  les  munitions  néces- 
saires :  si  bien  qu'il  remplissait,  en  un  mot,  les  fondions  d'inten- 
dant après  celle  de  collecteur  d'impôt. 

(1)  Hittoin  du  Château   de  Saint'Sauveur4e-Vicomte,  par  L.  Delide, 
preuve,  128. 


—  538  — 

Pour  le  siège  de  Saint-Saaveur,  il  n'y  eut  pas  moins  de  cinq 
votes  de  subsides  spéciaux  ^^K 

Le  21  mai  1 375,  la  place  se  rendit  sous  condition.  Guy  Chrétien 
signa  la  capitulation  et  s'obligea  personnellement  avec  les  prin- 
cipaux seigneurs  de  l'armée  à  payer  la  somme  de  50,000  écns 
promise  aux  Anglais.  Cette  capitulation  éventuelle  augmenta 
encore  les  charges  du  grand  bailli  du  Cotentin.  Il  lui  fallut  parer 
à  la  double  éventualité  prévue  par  le  traité  :  d'abord  empêcher 
le  ravitaillement  de  la  place  et  multiplier  les  moyens  d'attaque 
pour  assurer  le  triomphe  de  Tarmée,  en  cas  de  continuation 
de  la  lutte.  Puis  rassembler  la  somme  promise  comme  prix  de 
l'évacuation. 

Ce  n'était  pas  la  moindre  difficulté  de  sa  tâche  et  il  semble  que 
Chrétien  se  soit  multiplié  pour  la  remplir.  Sans  retard,  il  convoque 
une  assemblée  des  notables  à  Bayeux  pour  le  4  Juin,  s'y  rend  et 
sollicite  le  vote  des  subsides  destinés  à  payer  le  départ  des  An- 
glais; mais  la  Normandie,  épuisée  par  les  guerres  et  les  impôts, 
était  dans  l'impossibilité  de  supporter  immédiatement  cette 
charge  nouvelle.  L'assemblée  résolut  de  s'adresser  au  roi.  Notre 
bailli  fut  envoyé  de  nouveau  auprès  de  Charles  Y,  avec  Tévéque  de 
Coutances  Silvestre  de  la  Cervelle.  Le  roi  accueillit  les  députés 
avec  bonté  et  compatissant  à  la  misère  de  ses  sujets,  prêta  la 
moitié  de  la  somme  promise  aux  Anglais.  Le  reste  fut  levé  dans 
le  pays  et  put  être  versé  aux  Anglais  dans  les  délais  fixés  par 
le  traité.  La  prise  de  possession  de  Saint-Sauveur-le-Vicomie 
par  les  Français  terminait  l'œuvre  du  bailli;  pour  apprécier 
exactement  les  services  qu'il  rendit,  il  n'y  a  que  ceux  qui  savent 
calculer  l'influence  qu'un  pourvoyeur  vigilant  exerce  sur  le  suc- 
cès d'une  opération  militaire. 

Toutefois,  l'heure  de  la  récompense  suivit  de  près  celle  du 
triomphe.  Le  roi  accorda  à  Guy  Chrétien  une  gratification  de 
cinq  cents  francs  d'or,  et,  le  3  octobre  4375,  il  l'appela  à  rem- 

(1)  Décembre  1372.  —  8t  août  1874.-*  16 octobre  1874.-19  jaoyier  1375. 
—  14  mai  1875. 


—  539  — 

plir  dans  Timporlant  bailliage  de  Roaea,  les  fonctions  qu'il  avait 
exercées  dans  le  Cotentin. 

Quelque  temps  auparavant,  Chrétien  avait  été  chargé  de  ré- 
partir entre  tous  les  bailliages  de  Normandie,  les  impôts  votés 
pour  le  siège  de  Saint-Sauveur  ^*K  Ils  profitaient  du  bienfait  de 
la  paix,  il  était  juste  qu'ils  supportassent  leur  part  des  sacrifices 
nécessaires  pour  amener  cet  heureux  résultat. 

Les  préoccupations  militaires,  quelque  pressantes,  qu'elles 
fussent,  n'avaient  pu  faire  t)ublier  au  vigilant  magistrat  l'admi- 
nistration générale  de  son  bailliage.  Il  était  attentif  à  tout  et  pro- 
diguait ses  soins  assidus  à  tous  les  devoirs  de  sa  charge  que 
l'époquQet  les  circonstances  rendaient  plus  lourds  et  plus  diffi- 
ciles. La  sécurité  était  tellement  troublée  dans  le  bailliage  que 
Chrétien  dut  obtenir  du  roi  l'autorisation  de  se  faire  accompagner 
d'une  escorte  armée,  dans  les  courses  que  nécessitait  sa  charge. 

La  ville  de  Coutances  lui  doit  une  reconnaissance  spéciale , 
avant  lui  elle  ne  possédait  point  d'édifice  public  appartenant  au 
roi,  et  destiné  aux  audiences  des  baillis  lorsqu'ils  rendaient  la 
justice.  C'était  probablement  dans  leurs  maisons  que  ces  magis- 
trats statuaient  sur  les  contestations  qui  leur  étaient  soumises, 
parfois  aussi  peul-étre  sur  le  terrain  litigieux.  On  soupçonne  ai- 
sément les  graves  inconvénients  d'un  tel  état  de  choses;  Guy 
Chrétien  les  comprit  et  obtint  de  Charles  Y,  le  6  janvier  4  375,  les 
sommes  nécessaires  pour  pourvoir  notre  ville  d'un  palais  de  jus- 
tice, comme  on  dirait  aujourd'hui.  C'est  encore  à  ce  bailli  que  pa- 
raît remonter  la  première  affectation  d'un  édifice  public  à  Tusage 
de  prison  permanente  ^^K 

Bailli  de  Rouen  à  dater  du  3  octobre  1375  ^'\  Guy  Chrétien 
continua  de  se  signaler  dans  cette  nouvelle  charge  par  les  émi- 
nents  services  qu'il  rendit  à  son  pays.  Le  1 7  janvier  1 376,  il 
reçut  l'ordre  de  m  régler  »  l'emploi  des  subsides  que  le  roi  ac- 
cordait aux  bourgeois  de  Louviers,  pour  les  fortifications  de  leur 

• 

(1)  Histoire  de  Saint-Sauveur;  preuves,  p.  182. 

(a)  Actes  de  CKarks  F.  N«  1194.  Mandement  du  a  janvier  1375. 

(8)  id.  1171.  id.  8  octobre  1875. 


—  640  — 

ville.  Comme  toujours  en  pareille  occasion,  Charles  T  ue  lui 
donna  pas  un  pouvoir  absolu ,  un  a  ésluz  sur  le  fait  des  aides 
votés  »  et  deux  bourgeois  de  la  ville  composaient  avec  lui  une 
commission  administrative,  dans  laquelle  nous  voyons  les  con- 
tribuables eux-mêmes  surveiller  l'emploi  de  leur  argent,  et  en 
assurer  ainsi  l'économie  et  la  bonne  gestion. 

Est-ce  trop  induire  de  ce  texte  que  d'en  conclure  que  Guy 
Chrétien  fut  l'ingénieur,  chargé  de  dresser  les  plans  et  d'exécu- 
ter le  travail.  Toute  la  discussion  porterait  sur  l'emploi  du  mot 
«  régler  »  que  nous  trouvons  dans  cette  charte  du  7  janvier  1376, 
mais  n'oublions  pas  que  notre  bailli  avait  pu,  au  siège  de  Saint- 
Sauveur,  apprendre  la  fortification  du  grand  ingénieur  SilvQ^tre  de 
la  Cervelle,  évéquede  Coutauces,  et  que  dès  lors,  il  n'aurait  fait 
qu'exécuter  à  Louviers,  des  travaux  analogues  à  ceux  que  son  mattre 
avait  précédemment  accomplis  à  Honfleur  et  à  Pont-de-l'Ârche. 
Ce  serait  un  nouveau  mérite  à  ajouter  à  tant  d*autre.s;  car  Guy 
Chrétien  aux  qualités  du  bailli  et  del'intendant  militaire,  joignait 
les  qualités  de  l'homme  d'action,  ainsi  que  le  prouve  le  mande- 
ment du  1"^' juillet  1378  ^'\  qui  le  nomma  capitaine  de  Bernay. 

La  conquête  de  la  Normandie  sur  le  roi  de  Navarre  fut,  pour  le 
bailli  de  Rouen,  l'occasion  de  rendre  de  nouveaux  services  à  son 
pays. 

Il  prit  une  part  des  plus  actives  à  cette  nouvelle  campagne,  que 
Duguesclin  mena  avec  une  rapidité  si  glorieuse,  l^our  assurer 
la  conquête  et  empêcher  les  révoltes,  Charles  V  fit  démanteler  les 
fortifications  des  villes  dont  il  redoutait  l'hostilité.  A  Guy  Chré- 
tien revint  cette  mission  qui  nécessitait  tant  de  prudence.  Nous 
le  voyons  chargé  de  détruire  leschâteaux  dePont-Audemer,Orbec, 
Breleuil,  Ribbes,  Mortain,  Avranches,  Gavray^^\  Tinchebray^'^ 
Pacy,  Anet,  Nonancourt  ^^K  Probablement  il  avait  assisté  à  ces 
divers  sièges,  comme  il  assista  à  celui  de  Cherbourg  en  1378. 


(1)  Actes  de  Charles  V,^"  1768.  Mandement  éa^i  juillet  1378. 

(2)  id.  1947.  id.  9  août  1880. 

(3)  id.  1782.  id.  2  septembre  1378. 

(4)  id.  1786.  id.  8  septembre  1378. 


—  54<  — 

Dans  ces  différentes  campagnes,  notre  bailli  joua  un  rAle  ana- 
logue à  celui  que  nous  lui  avons  vu  remplir  au  siège  de  Saint- 
Sauveur.  II  est  toujours  Tintendant,  chargé  de  fournir  à  Tarmée 
les  ressources  dont  elle  a  besoin,  tant  en  vivres  qu'en  munitions 
de  guerre.  Une  charte  lui  donne  mission  de  faire  porter  à  Ca* 
rentan  etdelà  à  Cherbourg,  pour  le  8  novembre  1 378,  tout  le  ma- 
tériel nécessaire  au  siège  de  cette  dernière  ville.  De  tels  services 
ne  pouvaient  manquer  d* attirer  l'attention  et  la  reconnaissance 
du  roi.  Aussi  nous  ne  saurions  être  surpris  de  voir  Charles  Y 
saisir  avec  empressement  l'occasion  du  mariage  de  Richette 
Chrétien,  nièce  du  bailli,  pour  lui  témoigner  sa  bienveillance.  Du 
reste  Guy  n'était  pas  le  seul  membre  de  sa  famille  en  faveur  à  la 
cour.  Gervaise  Chrétien,  son  neveu  probablement,  était  un  phy- 
sicien cher  à  Charles,  ses  services,  comme  ceux  de  Guy,  le  déci- 
dèrent à  doter  leur  nièce  et  cousine,  Richette  Chrétien,  d'une 
somme  de  400  fr.  d'or  lorsqu'elle  épousa  Richard  de  Hérouville 
en  1379  ^*^ 

  partir  de  cette  époque  les  renseignements  nous  font  défaut, 
nous  ne  pouvons  que  mentionner  avec  H.  L.  Delisle  ^'^  qu'en 
1 400  et  1 401 ,  sous  Charles  VI,  Guy  Chrétien  était  trésorier  de 
France  et  conseiller  ^u  Roi. 

Tels  sont  les  renseignements  que  des  documents  certains  nous 
ont  fourni  sur  Guy  Chrétien.  Les  événements  auxquels  il  a  été 
mêlé,  les  services  qu'il  a  rendus  au  pays,  et  surtout  à  Coutances 
et  au  Cotentin,  nous  ont  paru  mériter  l'effort  que  nous  tentons 
pour  arracher  son  nom  à  l'oubli  dans  lequel  il  était  tombé. 

A.  LEVÉ. 


(1)  Actes  de  Charles  F,  N*  1864.  Mandement  du  U  septembre  1379. 
(a)  Grands  baillis  du  Cotentin. 


NOTICE  BIOGRAPHIQUE 


SUR 


M.  RICHARD    LE  LOUP 


JV6B    AU   TRIBUNAL   CITIL  DB  GOUTAITCBS 

MBMBRB    DB    LA    SOCIÉTÉ    AGADÉMIQUK    DU    €OTBRTIN 

GHBTALIBR  DB  LA  LÉGIOH-D'HONHBUR 

HÉ    A    GOUTAIfGBS,    LB    24    NOYBMBRB    1808. 


Messieurs, 

• 

Nous  avons  fait  dernièrement  une  grande  perte  quand  M.  Le 
Loup,  notre  excellent  et  laborieux  confrère  est  mort  dans  la  plé- 
nitude de  son  intelligence  et  dans  un  âge  très-voisin  de  celai  de 
la  retraite  pour  les  Magistrats. 

C'était  un  de  mes  plus  anciens  camarades  et  mon  meilleur 
ami.  J'avais  ses  confidences,  et  je  savais  qu'il  avait  amassé  de 
nombreux  matériaux  pour  consacrer  aux  travaux  de  notre  Société 
les  loisirs  que  sa  retraite  prochaine  devait  lui  donner. 

Personne  ne  connaissait  mieux  que  lui  Tancienne  législation 
normande  qu'il  avaijL  eu  Toccasion  d'étudier  comme  avocat. 

Aidé  de  ces  utiles  et  rares  connaissances,  il  avait  déjà  publré 
des  conférences  et  des  mémoires  remarquables^  sur  l'Adminis- 
tration et  la  Justice  en  Basse-Normandie  avant  1789. 

Cette  source  de  travaux  précieux,  pour  l'histoire  de  notre  pro- 
vince, s'est  tarie,  avec  lui. 

Des  voix  plus  autorisées  que  la  mienne  ont  fait  connaître  sar 
le  bord  de  sa  tombe,  ses  éminents  mérites  comme  magistrat. 


—  543  - 

Ils  étaient  bien  supérieurs  aux  modestes  fonctions  qu'il  occu- 
pait dans  la  magistrature,  fonctions  pourtant  dans  lesquelles  les 
jurisconsultes  les  plus  forts  ne  sont  pas  au-dessus  de  leur  tâche 
et  peuvent  briller  assez  pour  laisser  dans  la  magistrature  un 
nom  qui  ne  périra  pas. 

Il  aimait  son  pays,  et  il  savait  qu*au  milieu  de  ses  compa- 
triotes, un  magistrat  éclairé,  consciencieux  et  laborieux,  peut 
conserverson  indépendance  et  trouver  surtouten  dehors  des  grands 
centres  du  temps,  du  recueillement  pour  le  travail  abstrait  du 
jurisconsulte. 

Aussi ,  parmi  les  hommes  supérieurs  qui  ont  brillé  comme 
auteurs  de  droit  ou  comme  magistrats,  combien  sont  restés  toute 
leur  vie  dans  le  pays  qui  les  a  vus  naître. 

Vous  le  savez,  la  Normandie  en  compte  un  grand  nombre. 

Je  m'occuperai  spécialement  des  services  que  M.  Le  Loup  a 
rendus  à  son  pays  natal  et  à  notre  compagnie,  en  mettant  à  profit 
les  connaissances  jscientifiques  et  littéraires  qu'il  avait  acquises 
dans  sa  laborieuse  jeunesse. 

H.  Richard  Le  Loup,  né  à  Coutances,  le  24  novembre  1 808, 
tenait  à  une  famille  appartenant  au  barreau.  Son  grand-père 
maternel,  Lemonnier,  était  le  plus  brillant  avocat  du  barreau  de 
Coutances ,  dans  les  dernières  années  du  Présidial  et  pendant 
répoque  révolutionnaire.  Son  père,  après  avoir  tenu  le  premier 
rang  au  barreau  de  Coutances,  est  devenu  un  excellent  juge  au 
Tribunal  civil. 

H.  Le  Loup,  après  avoir  fait  de  brillantes  études  au  collège  de 
Coutances,  qui  comptait  de  son  temps  de  sept  à  huit  cents  élèves, 
se  destina  au  barreau  et  suivit  les  cours  de  la  faculté  de  Paris  de 
1827  à  1830. 

Il  se  rencontrait  alors  dans  toutes  les  chaires  scientifiques  et 
littéraires,  une  foule  de  célèbres  professeurs  parmi  lesquels  on 
remarquait  les  Guizot,  les  Royer-Collard,  les  Cousin,  les  Cuvier, 
lesArago,  les  Thenard,  les  Gay-Lussac,  et  bien  d'autres,  qui  par 
le  charme  et  la  valeur  de  leur  enseignement,  inspirèrent  à  la  jeu- 
nesse d'alors,  qui  n avait  d'autre  préoccupation  que  Tétude, 


-  544  - 

Tamour  du  travail,  et  formèrent  cette  vaillante  génération  d'ora- 
teurs ,  de  savants ,  de  publicistes,  dont  les  rangs  s'éclarcissent 
aujourd'hui  et  dont  les  rares  survivants  parmi  lesquels  domine 
M.  Dufaure ,  brillent  encore  d'un  certain  éclat  dans  leur  verte 
vieillesse. 

C'est  en  suivant  assiduement  les  cours  de  ces  professeurs  célè- 
bres que  M.  Le  Loup  avait  acquis  une  foule  de  connaissances 
accessoires  qui  lui  ont  tant  servi  dans  les  fonctions  rétribuées  ou 
gratuites  qu'il  a  remplies. 

A  ces  connaissances  solides ,  il  joignait  des  talents  d'agré- 
ment. Il  était  très -bon  musicien,  et  parfaitement  capable  de 
conduire  un  orchestre,  ce  quMI  a  fait  avec  succès  quand  il  y  avait 
une  société  philharmonique  à  Coutances,  et  qu'elle  se  réunissait 
à  celle  des  villes  voisines  pour  exécuter  des  symphonies  sous  sa 
direction.  Il  exécutait  parfaitement  une  partie  de  violon  oa 
d'alto,  dans  un  quatuor  ou  une  quintette. 

M.  Le  Loup  a  été  depuis  bientôt  trente  ans  conseiller  muni- 
cipal de  Coutances.  Ses  collègues  l'élisaient  constamment  secré- 
taire de  cette  assemblée  et  il  y  a  lu  des  rapports  qui  sont  de 
véritables  traités  approfondis  sur  les  matières  dont  il  s'occu- 
pait. 

Plein  de  dévouement  pour  son  pays ,  et  sans  préoccupation 
de  ses  opinions  politiques,  il  partit  comme  volontaire  en  1848, 
pour  défendre  sous  le  drapeau  de  la  République,  la  société  mise 
en  péril  par  une  insurrection  anti-sociale. 

Vous  avez  entendu  les  conférences  qu'il  a  faites  sur  l'état  de 
notre  pays,  au  point  de  vue  financier  et  administratif  dans  l'an- 
cien régime.  Elles  étaient  fort  instructives  et  très-intéressantes 
parce  qu'elles  joignaient  à  la  science  le  charme  du  style. 

Vous  l'avez  entendu  dans  nos  réunions  mensuelles  prendre 
souvent  la  parole  pour  relever  des  erreurs  avec  une  sûreté  d'ap- 
préciation qui  témoignait  d'un  savoir  étendu,  varié  et  précis. 

Il  a  produit  plusieurs  mémoires  insérés  dans  nos  comptes- 
rendus,  et  notamment,  une  biographie  de  notre  illustre  et  regretté 
confrère  Leverrier,  dans  laquelle^  n'ayant  pas  oublié  les  leçons 


—  545  - 

d'Arago,  il  a  sa  comprendre  et  expliquer  la  valeur  du  premier 
astronome  des  temps  modernes. 

M.  Le  Loup  a  terminé  une  vie  def  labeur  et  de  dévouement, 
par  une  mort  chrétienne,  fiebiles  muUis  et  nulli  qiuim  mihi  fU- 
bilior,  car  il  avait  un  mérite  rare  que  je  place  au-dessus  des 
autres,  c'était  un  ami  discret,  désintéressé  et  absolument  dévoué. 
La  croix  d'honneur  qu'il  avait  si  bien  méritée  par  ses  travaux,  son 
dévouement  à  ses  devoirs  et  son  courage,  ne  lui  a  été  accordée 
qu'à  son  lit  de  mort,  elle  n'a  orné  que  son  cercueil. 


QUENAULT. 


36 


LE  stoïcisme 


SOUS  L'EMPIRE. 


iMwtwwWww»» 


L'empire  romain  tombait  en  dissolution  ;  ce  vaste  corps,  dont 
Montesquieu  admire  la  puissante  organisation,  succombait  sous 
un  double  fléau.  Une  corruption  qui  ne  prenait  même  plus  la 
peine  de  cacher  ses  hontes,  avait  gâté  la  source  de  toutes  les 
vertus  publiques  et  privées,  et  d'autre*  part,  le  despotisme  des 
Césars  avait  brisé  tous  les  ressorts  de  ce  caractère  romain, 
célébré  par  ses  historiens,  et  qui  pendant  plusieurs  siècles  avait 
conduit  ce  peuple  à  la  conquête  du  monde  connu.  Sous  Auguste^ 
réclat  des  lettres  et  des  arts,  cet  hymne  universel  en  T  honneur 
de  celui  que  la  poésie  officielle  chantait  comme  le  nouveau  Dieu 
de  la  vieille  Rome,  cette  pacification  générale  dont  Bossuet  a 
vanté  les  splendeurs,  avaient  pu  dissimuler  ce  qui  fermentait  déjà 
au  fond  de  la  société  de  germes  de  mort;  mais  ces  germes  se  dé- 
velopperont rapidement  quand  on  verra  sous  la  pourpre  des  Mes- 
saline,  des  Néron,  des  Caligula,  des  Claude  et  des  Yitellius,  pour 
ne  pas  sortir  même  de  la  race  d'Auguste.  La  dissolution  se  préci- 
pitera comme  un  torrent  impétueux  qui  franchit  ses  bords  et  va 
répandre  au  loin  les  ruiqêset  le  désert. 

Cependant  il  restait  encore  de  bons  esprits  (et  il  en  existe  tou- 
jours) que  la  contagion  du  siècle  n'avait  pas  entamés  ;  ceux-là 
surent  garder  leu  rindépendance,  alors  que  la  masse  du  peuple, 
comme  dit  Tacite,  se  ruait  dans  la  servitude  ;  ils  cherchèrent  de 
bonne  heure  une  croyance  autre  que  le  paganisme  ou  la  philo- 
sophie d'Epicure,  dont  la  société  était  pénétrée  de  toutes  parts» 
et  qui  fût  pour  eux  un  refuge  et  une  consolation  contre  les  mal- 


—  547  — 

heurs  du  temps;  ils  trouvèrent  le  stoïcisme  de  Zéoon,  et  iU  s'y 
attachèrent  par  cette  pente  naturelle  à  rechercher  des  remèdes 
extrêmes  dans  des  maux  extrêmes;  ils  trouvèrent,  dis-je,  celte 
morale  d'un  idéal  faux  et  impossible,  mais  la  meilleure  qu'il  y 
e&t  encore,  et  ils  s'en  firent  comme  une  armure  contre  le  despo- 
tisme et  la  corruption  de  la  Rome  impériale. 

Le  christianisme,  destiné  à  régénérer  ce  monde,  quand  son 
heure  sera  venue,  avait  été  dès  son  origine  l'objet  de  défiances  et 
de  persécutions  incessantes,  tant  s'en  faut  qu'il  pût  être  la  reli- 
gion à  laquelle  s'adressât,  pour  le  moment,  la  conscience  pu- 
blique. Les  hommes  de  la  foi  nouvelle  faisaient  peu  de  bruit  et 
avaient  peu  de  crédit;  c'étaient  ces  hommes  dont  Juvénal  a  décrit 
l'un  des  nombreux  supplices  avec  l'indifférence  d'un  homme 
d'esprit  qui  voit  torturer  des  fanatiques  ;  ces  hommes  dont  Sé- 
nèque,  précepteur  de  Néron,  n'a  pas  osé  dire  de  bien  quoique 
beaucoup  de  choses  prouvent  qu'il  en  pensait  ;  ces  hommes  que 
Quintilien  n'a  pas  même  nommés,  et  que  Pline  le  Jeune  voulait 
bien  reconnaître  comme  d'assez  bonnes  gens,  de  mœurs  inoffen- 
sives ;  ces  hommes  enfin  dont  Trajan  disait  qu'il  ne  fallait  pas  les 
rechercher,  mais  que,  s'ils  étaient  accusés  et  convaincus,  il  les 
fallait  punir,  à  moins  qu'ils  ne  consentissent  à  invoquer  les  Dieux 
de  l'empire  et  à  se  prosterner  devant  son  image.  Cependant 
déjà  les  temples  de  la  vieille  religion  étaient  déserts,  ceux  qui 
faisaient  métier  de  vendre  des  victimes  ne  trouvaient  plus  d'ache- 
teurs; et  sous  cette  pourriture  de  l'empire,  tantôt  exposée  à  nu, 
tantôt  voilée  de  quelques  victoires,  il  se  faisait  un  travail  de  ré- 
surrection lente,  qui  échappait  aux  esprits  éclairés,  et  qui  n'était 
aperçu  que  de  Dieu. 

Or,  pendant  que  ce  mouvement  de  restauration  morale  s'opé- 
rait dans  l'ombre;  aux  sommets  de  la  société,  les  philosophes  et 
les  savants,  les  hommes  qui  avaient  gardé  les  traditions  du  siècle 
d'Auguste,  plusieurs  même  de  ceux  qui  ont  porté  la  pourpre  im- 
périale, étaient  allés  aux  doctrines  du  Portique.  Dans  ses  lettres 
à  Lucilius,  comme  dans  les  tragédies  qui  lui  sont  attribuées.  Se- 
nèque,  philosophe  et  poète^  est  un  pur  stoïcien  de  l'école  de  Zé- 


—  548   -~ 

non.  C'est  Tesprit  du  stoïcisme  qui  souffle  dans  ses  doctrines  sur 
Tégalité  des  fautes ,  Tinsensibilité.  dont  doit  être  armé  le  sage 
contre  la  douleur,  la  compassion,  la  prière;  sur  la  conscience 
humaine,  comme  sanction  unique  et  suprême  des  vertus  et  des 
crimes;  sur  le  droit  enfin  qu  a  l'homme  de  disposer  de  sa  vie, 
quand  il  juge  que  le  souci  de  sa  dignité  ou  de  son  bonheur  lui  en 
a  fait  un  devoir.  Burrhus,  le  précepteur  de  Néron,  Thraséas,  le 
vertueux  sénateur,  étaient  stoïciens  dans  leurs  principes  et  leur 
conduite,  stoïcisme  moins  suspect  que  celui  qui  s'étale  dans  les 
livres.  Perse,  dans  un  petit  ouvrage  de  satires,  qui  ne  vaut  pas 
les  éloges  que  lui  décerne  Boileau,  n'a  pas  d'autres  armes  pour 
châtier  la  dépravation  de  son  temps,  et  cette  morale  est  formulée 
dans  un  code  aveugle  et  implacable  qui  est  une  protestation 
amère  contre  les  hommes  et  les  choses  de  l'empire.  Lucain ,  ne- 
veu de  Sénèque,  élève,  comme  Perse,  du  stoïcien  Cornutus,  écrit 
en  vers  héroïques  tout  un  poème  qui  est  comme  un  hommage 
rendu  à  la  vertu  stoïcienne,  par  le  prestige  d'honnêteté  et  de  gloire 
dont  il  entoure  les  portraits  de  Caton,  de  Cornélie,  de  Marcia,  de 
Brutus,  de  tous  les  hommes  qui  ont  gardé  Taustérité  républi- 
caine, étroitement  unie  à  l'austérité  philosophique.  Sur  le  trône, 
Marc-Âurèle  professe  ouvertement  la  philosophie  du  Portique,  et 
couronne  Zenon  dans  la  personne  de  l'un  des  rares  empereurs 
dont  r histoire  n'ait  pas  à  rougir;  que  dis-je  ?  Marc-Aurèle  écrit 
sur  cette  philssophie,  un  livre  qu'il  s'adresse  à  lui-même,  et,  de 
toute  l'antiquité  profane,  l'ouvrage  qui  approche  le  plus  de  la 
morale  de  TËvangile.  Ëpictète,  enfin,  pour  ne  citer  que  les  prin- 
cipaux^ Epictète,  sous  les  empereurs  "Trajan  et  Domitien,  expose 
dans  ses  Entreliens,  non  pas  toute  la  philosophie,  mais  la  partie 
morale  delà  philosophie  de  Zenon,  morale  déjà  épurée  dans  les 
livres  de  Sénèque  et  peut-êU:e  éclairée  de  quelques  reflets  de  la 
morale  chrétienne.  Car  s'il  y  a  lieu  de  croire,  comme  le  fait  est 
très-soutenable,  que  Sénèque  ait  pu  s'inspirer  de  ce  qu'on  appe- 
lait déjà  les  idées  nouvelles,  par  suite  d'entretiens  qu'on  lui  a 
attribués  avec  saint  Paul,  est-il  vraisemblable  que,  près  d'un 
siècle  plus  tard,  ces  mêmes  doctrines  aient  échappé  au  philo- 


-  549  — 

sophe  grec^  quand  on  retrouve  daos  ses  livres  maintes  expres- 
sions qui  certainement  n'appartenaient  qu'au  langage  de  la  foi 
nouvelle.  Quoiqu'il  en  soit  de  cette  question,  qu'il  est  plus  facile 
de  poser  que  de  résoudre,  la  morale  stoïcienne  n'a  pas  eu  de  plus 
beau  monument  que  le  livre  des  entretiens  d'Epictète. 

Le  monde  savant,  et  par  moments  le  monde  officiel,  apparte- 
naient donc  à  la  philosophie  de  Chrysippe.  Or,  cette  révolution 
intellectuelle,  pour  le  dire  en  passant,  qui  ne  réussit  pas  à  guérir 
les  plaies  sociales,  ne  fut  pas  étrangère  à  la  décadence  qui  em- 
porta les  lettres  latines  avec  le  reste.  Nécessairement,  ce  mouve- 
ment d'idées  saines  et  fortes,  qui  forment  le  fond  de  la  littérature 
des  grands  siècles,  ne  pouvait  sortir  d'une  société  qui  semblait 
avoir  perdu  tout  sentiment  du  beau,  en  perdant  le  respect  de  tout 
ce  qui  est  vrai  et  de  ce  qui  est  honnête.  Mais  d'autre  part,  ce  déve- 
loppement d'imagination  et  de  sensibilité,  cette  chaleur  d'inspi- 
ration, première  condition  de  toute  littérature  vivante  et  féconde, 
étaient  peu  compatibles  avec  ces  doctrines  philosophiques,  froides 
et  austères,  qui  tuent  dans  l'homme  tout  esprit  d'initiative  et  de 
création.  Le  stoïcisme  n'est  pas  le  père  de  ce  que  Cicéron  appe- 
lait humaniores  litterm.  Le  christianisme,  par  une  merveilleuse 
puissance  sur  les  imaginations  et  les  intelligences,  a  toujours 
favorisé  le  progrès  de  la  civilisation  dans  les  sociétés;  il  a  parti- 
culièrement donné  deux  grands  siècles  à  l'histoire  de  la  littéra- 
ture :  le  siècle  des  Médicis,  par  un  prodigieux  essor  imprimé  aux 
beaux-arts;  le  siècle  de  Louis  XIV  par  le  perfectionnement  de  la 
plupart  des  genres  littéraires  alors  connus.  Le  stoïcisme  de  l'Em- 
pire n'a  pas  même  su  conserver  les  belles  traditions  du  siècle  d'Au- 
guste ;  avec  Sénèque,  stoïcien  dans  sa  prose  et  dans  ses  tragédies, 
commence  la  décadence  qui  se  précipite  avec  Lucain  et  les  autres 
écrivains  de  celte  période.  Si  on  compose  encore  des  poèmes  à  la 
façon  d'Horace  et  de  Virgile,  ce  sont  moins  des  œuvres  dignes  de 
cette  comparaison,  que  des  traités  en  règle  sur  la  philosophie  à 
la  mode.  Les  personnages,  que  la  passion  n'anime  plus,  sont 
autant  de  docteurs  qui  sentent  l'école  et  passent  leur  temps  à  dis- 
serter sur  le  néant  qui  suit  cette  vie,  le  droit  qu'a  l'homme  de 


-  550  — 

finir  ses  maux  par  une  mort  volontaire  et  autres  principes  de  la 
morale  courante.  La  dialectique  a  ckassé  l'inspiration  vraie. 
Queli{ues  règles  de  convention,  tout  l'appareil  mythologique  des 
grands  poèmes,  de  belles  desoriptions,  des  caractères  fortement 
tracés,  ne  suffisent  pas  pour  égaler  les  éternelles  beautés  des 
poèmes  de  la  Nature  et  de  l'Enéide, 

Mais  au-dessus  de  cette  question,  qui  est  ici  purement  secon- 
daire, le  stoïcisme  était-il  capable  de  ranimer  le  vieux  monde, 
s'affaissant  de  plus  en  plus  sous  le  poids  de  ses  vices?  L'événe- 
ment a  prouvé  qu'il  n'en  fut  rien,  et  il  en  devait  être  ainsi.  Pour 
guérir  une  société  aussi  malade,  il  fallait  une  foi  neuve  s'impo- 
sant  à  elle  avec  une  autorité  toute  divine,  et  par  la  sanction  de 
peines  et  de  récompenses  dans  un  autre  monde;  il  lui  fallait  en- 
core des  apôtres  animés  de  cette  passion  de  l'humanité  qui  porte 
des  frères  à  secourir  des  frères,  à  étudier  et  panser  leurs  plaies, 
à  s'immoler  même,  s'il  le  faut,  à  force  de  leur  vouloir  du  bien. 
Or,  la  philosophie  manquait  de  ce  double  caractère.  Le  stoïcisme 
croyait  à  Dieu;  Epictète  avait  même  donné  à  cette  idée  une  pré- 
cision que  ne  connaissaient  ni  Platon,  ni  Cicéron,  ni  Sénèque,  ni 
aucun  philosophe,  quelle  que  fût  son  école;  mais,  comme  toute 
l'antiquité,  il  niait  absolument  l'existence  d'une  autre  vie;  pour 
lui,  le  bien  et  le  mal  trouvaient  toute  leur  sanction  dans  le  for 
de  la  conscience,  toute  leur  compensation  dans  cette  vie,  rien  de 
plus^  rien  au-delà.  Nulle  part,  Epictète  ne  paraît  attendre  un 
autre  monde,  avec  ses  récompenses  et  ses  peines  ;  dans  un  endroit 
même  où  il  parle  du  châtiment  attaché  au  péché,  comme  on  lui 
demande  quel  châtiment  il  veut  dire,  il  répond  :  «  Nul  autre  que 
de  n'avoir  pas  bien  fait,  d'avoir  tué  le  juste,  le  pur,  le  sage  qui 
était  en  toi.  Ne  cherche  pas  de  châtiment  qui  soit  pire.  »  Il  faut 
convenir  qu'une  telle  sanction  était  bien  savante,  bien  idéale, 
bien  peu  faite  pour  impressionner  les  contemporains  de  Domitien 
ou  d'Héliogabale. 

Le  stoïcisme  fut  moins  encore,  s'il  se  peut,  un  apostolat,  dans 
la  belle  et  noble  acception  de  ce  mot.  On  était  stoïcien  par 
égoïsme,  non  par  philanthropie.  On  avait  fait  de  cette  phi- 


—  554   - 

losophie  hautaine  comme  une  citadelle  inaccessible  où  se 
renfermaient  les  bons  esprits  voalant  rester  libres  et  pars  au 
sein  de  la  contagion  générale.  On  allait  au  stoïcisme ,  sous 
l'empire,  pour  braver  de  plus  haut  et  de  plus  loin  l'oppres- 
sion de  l'autorité.  C'est  là  que  s'étaient  réfugiés,  sous  le  costume 
inoffensif  de  la  liberté  morale,  les  souvenirs  et  les  regrets  de  la 
liberté  politique.  On  ne  conspirait  que  là,  on  ne  s'ouvrait  les 
veines  que  là.  Quand  Domitien  chassa  de  Rome  les  philosophes, 
ce  ne  fut  point  pour  épargner  aux  gens  de  bon  ton,  la  vue  de  leur 
accoutrement  ridicule,  ni  pour  se  donner  le  sauvage  et  imbécile 
plaisir  de  persécuter  les  lettres  et  les  sciences  dans  la  personne  de 
quelques  dialecticiens  spéculatifs.  Le  motif  de  cette  brutalité 
était  tout  politique  :  Domitien  avait  peur,  non  sans  sujet,  d'une 
secte  discutante  et  militante,  d'oii  sortaient  en  définitive  le  peu 
de  grands  esprits  qui  honoraient  encore  cette  période,  mais  en 
même  temps  quinourrissaient  à  l'ombredespriviléges  delà  science, 
un  profond  et  incurable  mécontentement  contre  le  régime  des 
prétoriens  et  des  licteurs.  On  se  faisait  stoïcien,  sous  l'Empire, 
pour  pouvoir  dire  comme  le  Pharisien  de  l'Evangile  :  <c  Voyez, 
dans  ce  temps  de  langueur  et  de  délices,  de  mollesses  mons- 
trueuses, d'appétits  auxquels  le  monde  peut  à  peine  suffire,  dans 
ce  temps  de  bains  parfumés,  de  sommeil  sur  des  rosés,  d'amours 
faciles  et  désordonnés,  voyez,  je  suis  chaste,  je  suis  libre,  je  mé- 
prise le  monde  et  ses  vices ,  je  satisfais  à  tous  mes  devoirs ,  je 
m'ouvre  même  les  veines  plutôt  que  de  me  souiller  à  cette  fange.  » 
Plus  même  la  société  alla  se  gâtant,  plus  la  philosophie  devint 
austère,  par  esprit  de  système  et  d'opposition.  De  Sénèque  à  Epic- 
tète,  le  progrès  est  rapide.  La  morale  devint  alors,  moins  un  code 
de  préceptes  de  conduite,  qu'une  protestation  plus  ingénieuse 
souvent,  que  sensée.  Il  s'y  mêla  je  ne  sais  quelle  recherche  pué- 
rile qui  en  diminua  l'austérité  en  l'exagérant,  et  lui  ôta  d'avance 
toute  sanction.  Il  y  eut  des  inventeurs  de  vertu,  comme  il  y  en 
avait  en  fait  de  vices,  et  ceux-ci  ne  restèrent  jamais  en  arrière 
de  ceux-là.  Ce  fut  comme  la  manie  de  l'impossible  dans  la  vertu, 
seule  morale,  après  tout,  qu'on  pût  opposer  à  la  manie  de  l'im- 


—   5      — 

possible  dans  le  vice  dont  cette  époque  était  tourmeûtée.  Que  dis- 
je?  Cette  morale  à  force  de  s'exagérer,  cd  était  arrivée  à  on  tel 
degré  d'exaltation  —  et  cela  non  pas  chez  les  moins  honnêtes  -* 
qu'elle  plaça  dans  le  suicide  la  suprême  vertu  et  la  suprême  jouis- 
sance; rhistoire  de  l'empire  est  pleine  de  ces  désespoirs  philoso- 
phiques :  Sénèque,  Thraséas,  Pison,  et  tant  d'autres  trouvaient 
à  leurs  ennuis  cette  issue  toute  naturelle.  On  s'était  tué  sur  une 
page  de  Platon,  par  opposition  républicaine;  on  se  tua  à  la  suite 
d'un  banquet,  d'un  conseil  d'amis,  pour  échapper  aux  malheurs 
du  temps.  Dans  une  de  ses  lettres,  Sénëque  parle  d'un  grand  de 
Rome,  Marcellinus,  atteint  d'une  maladie  grave,  mais  curable  : 
il  est  jeune^  il  a  des  biens,  des  esclaves,  des  amis  :  n'importe , 
la  fantaisie  lui  vient  de  mourir.  Il  assemble  ses  amis,  il  les  con- 
suite,  comme  pour  un  mariage  à  faire  ou  une  place  à  accepter. 
Il  s'entretient  avec  eux  de  son  projet  de  mourir  ;  il  met  la  chose 
aux  voix  :  quelques-uns  lui  conseillent  de  faire  comme  il  voudra; 
un  stoïcien,  ami  de  Sénèque,  l'exhorte  bravement  à  mourir;  sa 
principale  raison,  c'est  qu'il  n'est  pas  besoin,  pour  vouloir  mourir 
d'être  prudent,  ni  courageux,  ni  misérable  ;  il  suffit  qu'on  s'en- 
nuie de  vivre.  Personne  ne  contredit  le  stoïcien.  Marcellinus  re- 
mercie ses  amis;  il  distribue  quelque  argent  à  ses  esclaves  qui 
pleuraient,  et  qui  ne  voulaient  point  l'aider  à  mourir;  il  les  con- 
sole avec  bonté.  Ces  dispositions  faites,  il  s'abstient  pendant 
trois  jours  de  toute  nourriture,  et  on  le  porte  affaibli  et  languis- 
sant dans  un  bain  d'eau  chaude,  oii  bientôt  il  s'éteint,  après 
avoir  murmuré  quelques  paroles  sur  le  plaisir  qu'il  avait  à  se 
sentir  mourir.  Voilà  l'aisance  avec  laquelle  un  stoïcien  savait 
sortir  delà  vie.  Tels  sont  aussi  les  excès  oii  en  était  arrivée  la 
philosophie,  faute  de  s'appuyer  sur  des  principes  tout  au  moins 
raisonnables,  et  de  proposer  autre  chose  qu'une  sanction  imagi- 
naire et  puérile  aux  turpitudes  de  la  société  présente  :  Quelques 
exemples  d'une  indépendance  parfois  rebelle  vis-à-vis  de  Tauto- 
rite  ;  des  actes  d'une  vertu  farouche  et  théâtrale,  pouvaient  satis- 
faire la  vanité  des  hommes  qui  en  étaient  les  héros,  mais  durent 
faire  peu  d'effet  sur  la  masse  du  peuple,  si  tant  est  qu'il  y  prê- 
tât même  son  attention. 


—  653  — 

Au  surplus,  je  doute  que  cette  philosophie  se  soit  proposé  une 
tâche  de  réformation  sociale;  eût*elle  même  su  proportionner 
ses  principes  aux  forces  de  Thomme  et  éviter  les  exagérations 
qui  l'ont  discréditée,  il  lui  eût  toujours  manqué  d'être  un  ensei- 
gnement pratique  et  populaire.  Elle  ne  venait  pas  d'en  bas;  elle 
ne  savait  pas  donner  une  voix  à  tant  de  sentiments  qui  s'étaient 
amassés  dans  le  cœur  de  tous  les  petits.  Les  stoïciens  —  les 
plus  raisonnables  du  moins  --  suivaient  une  voie  droite  et  haute, 
mais  ils  ne  s'occupaient  pas  de  la  multitude  qui  cherchait  sa 
voie  derrière  eux.  Us  n'avaient  pas  l'élan  de  cœur  par  lequel  les 
plus  grands  se  rapprochent  des  plus  petits  à  force  de  leur  vouloir 
du  bien.  Ils  étaient  les  hommes  de  Tordre  ancien;  ils  l'auraient 
sauvé,  comme  dit  le  vers  de  Virgile,  s'il  avait  pu  être  sauvé; 
mais  il  ne  le  pouvait  plus,  et  il  a  entraîné  avec  lui  cette  sagesse 
elle-même.  Quand  tout  menaçait  de  s'écrouler  autour  d'elle,  elle 
demeurait  intrépide,  prête  à  faire  son  lit  au  milieu  des  ruines 
sans  s'en  émouvoir;  ce  n'était  pas  assez  pour  l'humanité  qui 
cherchait  avant  tout  des  mains  secourables  et  dévouées  dans  une 
pareille  crise. 

Il  me  répugnerait  pourtant  de  calomnier  cette  philosophie. 
Elle  fit  peut-être  pour  cestemps  malheureux  tout  ce  que  pouvait 
faire  une  morale  humaine.  Certainement  elle  renferme  de  nobles 
pensées,  auxquelles  il  n'a  manqué  que  de  sortir  de  la  spéculation 
et  d'entrer  dans  la  conduite  de  la  société.  Epictète,  en  parlant  de 
Dieu  et  de  la  Providence  dit  :  «  Dieu  veille  sur  tout  ;  ce  qu'il  y  a 
de  plus  petit  n'échappe  pas  à  ses  soins.  Il  faut  donc  s'abandon- 
ner à  Dieu  :  s'il  lui  platt  ainsi,  qu'il  soit  ainsi  (III.  22).  Etant  la 
conscience,  Dieu  est  la  loi ,  loi  universelle,  qui  embrasse  tous 
les  rapports  et  tous  les  devoirs.  )>  Dieu  est  le  père  commun  de 
l'humanité.  As-tu  affaire  à  ton  père?  dit  le  même  philosophe,  les 
pères  sont  de  Dieu.  A  ton  frère?  les  frères  sont  de  Dieu,  et  ainsi 
du  reste  ;  il  est  Dieu  de  paternité,  de  fraternité,  de  tout  aumonde  ; 
tout  relève  de  lui  (III.  41).  Quand  Pascal  a  dit  :  Je  considère 
J.-C.  en  toutes  personnes  et  en  nous-mêmes  :  J.-C  comme  père 
en  son  père,  J.-C.  comme  frère  en  ses  frères,  J.-C.  comme 


—  554  — 

pauvre  en  les  pauvres,  J.-C.  comme  riche  en  les  riches,  etc. 
(XXV.  44).  Il  n'est  pas  impossible  qu'il  n'y  ait  dans  cette  belle 
pensée  une  inspiration  d*Epictète. 

Ce  même  philosophe  répète  dans  maint  endroit  qu'un  homme 
doit  voir  des  frères  dans  les  autres  hommes,  et  tirant  de  cette  ex- 
pression tout  ce  qu'elle  contient,  il  recommande  la  condescen- 
dance, la  complaisance,  les  bonnes  paroles;  de  ne  rien  disputer 
aux  autres,  de  se  montrer  prêt  au  contraire  à  tout  céder.  L'es- 
clave est  un  homme,  il  ne  le  traite  pas  seulement  avec  bonté, 
mais  avec  respect,  en  homme  libre;  il  lui  répugne  autant  défaire 
peser  sur  d'autres  la  servitude  que  de  la  sentir  peser  sur  lui. 
Dans  ses  Fragments,  il  condamne  le  préJHgé  brutal  que  l'instruc- 
tion n'est  pas  faite  pour  l'esclave,  ainsi  que  les  législations  qui 
défendent  de  l'instruire.  Il  prend  volontiers  la  vie  de  l'esclave,  et 
en  général  du  pauvre,  comme  modèle  de  celle  du  philosophe. 

Cette  philosophie  disait  encore  :  «  Le  sage  tratné  au  supplice, 
souffrira,  tremblera,  pâlira,  parce  qu'il  a  un  corps  sensible;  mais 
la  partie  de  lui-même  qui  est  douée  de  raison  ne  se  plaindra 
pas.  y^  Cette  sagesse  se  liait  ainsj  au  Christianisme  ;  elley  préparait 
les  esprits;  elle  empêchait  que  la  vertu  ne  périt  par  prescription  ; 
elleliaitles  époques  de  grandeur  aux  époques  de  régéoération  ;  elle 
facilitait  la  transition  à  cette  ère  nouvelle  qui  allait  compléter  ses 
concessions  honnêtes,  mais  timides,  sur  l'égalité  des  esclaves  et 
des  maîtres,  convertir  en  devoirs  de  chaque  jour  ses  exhortations 
à  l'humanité,  et  monter  sur  le  chevalet,  tremblant  aussi  et  pâlis- 
sant, non  pas  son  sage  ingéoieux  et  gourmé,  pour  qui  la  morale 
est  tout  à  la  fois  une  affaire  d'érudition,  de  secte  et  de  style,  mais 
l'homme  du  peuple  ignorant,  qui  n'aura  ni  science,  ni  orgueil 
pour  soutenir  les  épreuves  qu'il  souffrira  pour  sa  foi.  N'eûl-elle 
d'autre  mérite  qne  celui-là,  ce  n'est  pas  une  morale  à  mépriser 
que  celle  qui  a  pu  servir  comme  de  lien  entre  le  monde  païen  et 
corrompu  de  l'empire,  et  le  monde  qui  va  être  régénéré  par  la  Foi 
nouvelle. 

Jules  LEMARE. 
Membre  de  la  Société  Académique. 


CHRONIQUES 

DU    MONT-SAINT-MICHEL 

(1348  à  1468) 

Publiées  avec  Notes  et  Pièces  diverses  relatives  au  Mont -Saint- 
Michel  et  à  la  défense  nationale  de  la  Basse-Normandie  pendant 
Voccupation  anglaise, 

PAR     M.     SIMÉON    LUCE. 


Tome  P'. 

Dans  ce  siècle  où  les  sciences  historiques  et  archéologiques  ont 
fait  tant  de  progrès,  la  Basse-Normandie  et  le  département  de  la 
Manche  en  particulier,  ont  eu  le  rare  bonheur  de  rencontrer 
parmi  leurs  enfants  des  hommes  de  premier  ordre  pour  recons- 
tituer leur  histoire: 

Ce  furent  d'abord  M.  de  Gerville  et  M.  de  Caumont  qui  consa- 
crèrent à  cette  œuvre  chacun  50  années  d'une  vie  laborieuse  ; 
ce  fut  M.  Alexis  de  Tocqueville,  qui  a  tant  puisé  dans  nos  ar- 
chives locales  pour  son  histoire  de  l'Ancien  Régime. 

Plus  tard,  M.  Léopold  Delisle,  élève  de  M.  de  Gerville,  au- 
jourd'hui un  des  savants  les  plus  éminents  de  l'Europe,  a,  dans 
une  notice  sur  Saint-Sauveur-le-Vicomte  et  dans  des  mémoires 
célèbres  sur  les  grands  baillis  du  Cotentin  et  la  situation  des 
classes  agricoles  au  moyen  âge,  fait  voir  quel  parti  on  pouvait 
tirer  pour  l'histoire  locale  et  générale  de  recherches  faites  avec 
soin  et  intelligence  dans  les  archives  départementales  et  munici- 
pales. 


—  556  — 

M.  Siméon  Luce,  dans  son  Histoire  de  Bertrand  Duguesclin, 
qui  est  si  liée  à  celle  du  Cotentin  pendant  la  guerre  de  Cent-Ans, 
a  bien  fait  connaître  la  situation  véritable  du  Cotentin  pendant 
cette  époque  si  troublée  et  si  intéressante  de  notre  histoire  na- 
tionale. 

Il  vient  de  faire  paraître  une  nouvelle  publication  sur. la  Nor- 
mandie pendant  l'occupation  anglaise,  pleine  de  révélations  nou- 
velles sur  cette  époque,  sous  le  titre  de  Chroniques  du  Mont- 
Saint-Michel  ^'K 

Dans  la  préface  du  livre,  il  manifeste  Tintention  de  publier 
l'histoire  de  notre  pays  pendant  cette  période,  nous  désirons  bien 
vivement  qu'il  mette  bientôt  ce  projet  à  exécution,  persuadés 
qu'il  sortira  de  sa  plume  une  œuvre  magistrale  comme  celles 
qui  lui  ont  valu  tant  de  récompenses  de  l'Institut  et  le  grand  prix 
Goberl. 

£n  attendant,  il  a  accompagné  la  Chronique  et  les  documents 
qui  la  suivent  de  notes  qui  mettent  le  lecteur  à  même  d'apprécier 
l'importance  historique  de  ces  documents  qu'il  a  puisés  aux 
archives  nationales  et  départementales,  ainsi  qu'à  la  bibliothèque 
nationale. 

Déjà  M.  Léon  Puiseux,  dans  plusieurs  mémoires  qui  s'ap- 
puyaient sur  des  pièces  que  Bréquigny  avait  découvertes  à 
Londres,  et  que  les  Anglais,  conformément  à  leurs  traités  de 
capitulation,  emportèrent  avec  eux  quand  ils  furent  chassés  de 
France,  avait  établi  que  les  Anglais  n'avaient  jamais  été  com- 
plètement maîtres  en  Normandie  ;  que  des  révoltes  fréquentes, 


(1)  Ce  mouvement  historique  auquel  ont  pris  une  si  large  part  les  Sociétés 
historiques  et  archéologiques  de  Normandie  se  continue  ;  des  hommes  labo- 
rieux ont  pris  à  tâche  d'étudier  l'histoire  révolutionnaire  dans  notre  pa3rB  et 
ont  déjà  rectifié  bien  des  erreurs.  Que  ce  mouvement  s'accentue  dans  toutes 
les  provinces  et  on  fera  bonne  justice  de  toutes  les  histoires  publiées  sur  cette 
intéressante  époque  qui  ont  créé  et  propagé  des  légendes  fausses,  qui,  ayant 
égaré  et  perverti  les  espritSi  ont  eu  des  résultats  bien  funestes  pendant 
la  guerre  et  les  troubles  civils.  Légendes  qui  en  ont  été  quelquefois  la  cause  ; 
ces  histoires,  si  briUantes  par  la  forme,  ne  pourront  plus  être  considérées  que 
comme  des  dissertations  ou  des  pamphlets  sur  la  Révolution  française. 


—  557  — 

des  assassinats  de  leurs  fonctionnaires  les  avertissaient  que  la 
revanche  se  préparait  ;  le  vide  se  faisait  autour  des  fonctionnaires 
anglais^  et  on  considérait,  en  Angleterre,  parmi  les  personnes 
qui  pouvaient  obtenir  un  emploi  du  gouvernement,  comme  une 
disgrâce  d'être  envoyé  en  Normandie. 

La  forteresse  du  Mont-Saint-Michel ,  qui  n'avait  pas  subi  le 
joug  du  conquérant,  était  un  lieu  de  refuge  pour  tous  ceux  qui 
voulaient  combattre  les  ennemis  de  la  Patrie. 

Des  sorties  des  assiégés  leur  avaient  quelquefois  conquis  pour 
des  années  une  grande  partie  de  TAvranchin,  les  défaites  assez 
fréquentes  des  flottes  anglaises  rendaient  souvent  la  mer  libre. 
On  s'approvisionnait  par  cette  voie,  de  vivres,  de  munitions,  et 
on  recrutait  des  combattants. 

Les  Anglais  avaient  établi  à  Ardevon  une  bastille  que  com- 
mandait Bourdet,  grand  bailli  du  Cotentin,  pour  le  roi  d'Angle- 
terre. Il  est  établi  par  M.  Siméon  Luce,  dans  les  pièces  qu'il  publie, 
quil  fut  fait  prisonnier. 

Il  semble  aussi  résulter  de  ces  pièces,  qu'il  y  a  toujours  eu, 
comme  je  l'ai  supposé  dans  mon  mémoire  sur  les  grands  baillis 
du  Cotentin,  un  grand  bailli  du  Cotentin,  pour  la  France,  et  qu'il 
a  résidé  au  Mont-Saint-Michel  pendant  toute  la  durée  de  la  guerre. 
Ce  bailli  a  dû  être  d'Estouteville,  qui,  comme  Bourdet,  a  bien  pu 
cumuler  à  la  fin  le  titre  de  grand  bailli  du  Cotentin  pour  le  roi  de 
France,  et  celui  de  capitaine  du  Mont-Saint-Micbel.  Il  est  sou- 
vent rendu  compte,  dans  ces  documents,  de  supplices  cruels  in- 
fligés aux  habitants  qui  résistaient  à  la  domination  anglaise,  que 
les  autorités  anglaises  appelaient  des  brigands,  comme  les  auto* 
rites  révolutionnaires  appelaient  les  Vendéens  en  1793. 

Un  grand  nombre  de  ces  prétendus  brigands  devaient  apparte- 
nir aux  classes  qui  portaient  le  armes,  puisqu'ils  en  décapitaient 
la  plus  grande  partie.  On  n'en  pendait  que  très-peu. 

La  cruauté  des  supplices  que  les  Anglais  infligèrent  aux  vain- 
cus, tel  que  de  les  faire  enterrer  vifs,  prouve  qu'effrayés  de  la  ré- 
sistance de  la  population  tout  entière,  ils  voulaient  la  dominer 
par  la  terreur. 


—  568  — 

M.  Pezet^  ancien  président  du  Tribunal  de  Bayeux,  a  publié,  sur 
la  résistance  des  Normands  du  Bessin  et  des  plaines  de  Caen 
et  de  leur  souffrances,  un  éloquent  tableau  que  nous  repro- 
duirons dans  notre  second  mémoire  sur  Pouvrage  de  M.  Siméon 
Luce. 

Il  citeentr'autres  actes  importants  de  cette  résistance,  une  atta- 
que malheureusement  infructueuse  de  la  ville  de  Caen  par  une 
troupe  d'insurgés  au  nombre  de  plus  de  viogt  mille,  venant  de 
la  plaine  de  Caen,  de  Honfleur  et  de  Vire;  et  dans  le  Cotentin 
une  véritable  Chouannerie  organisée  par  un  sieur  Mistoudin,  ce 
qui  fit  donner  à  ces  insurgés  le  nom  de  Mistoudins. 

La  seconde  partie  de  la  Chronique  contient  beaucoup  de  détails 
sur  la  guerre  du  Bien  Public  en  Normandie,  et  il  y  est  établi  que 
les  bourgeois  et  le  bas  peuple  étaient  en  général  favorables  à  la 
cause  du  roi,  qui  leur  semblait  être  un  protecteur  contre  les  abus 
de  la  féodalité  I 

Les  pièces  originales  du  premier  volume  s'arrêtent  à  Tannée 
1432.  Ce  n'est  que  dix-huit  ans  plus  tard  que  la  France  fut  déli- 
vrée de  la  domination  anglaise.  Nous  attendons  avec  impatience 
la  publication  du  deuxième  volume,  qui  devra  contenir  sur  cette 
résurrection  de  la  France,  de  précieux  documents. 
• 

Coutances,  le  27  novembre  1879. 

L.  QUENAULT. 


QUELQUES    NOTES 

SSR  LA  MARBREBIE 


DANS   L'ARRONDISSEIENT   DE    GOOTANGES 


PAR 


M..     Montaigne    Pore 

Membre  de  la  Société  Académique  du  Cotentin. 


DECOUVERTES   DES   MARBRES   DU    CANTON    DE   MONTMARTIN. 

Vers  l'an  1785,  quatre  frères,  les  siears  Guion  dits  Desmou- 
lins,  natifs  de  Sablé-sur-Sàrthe,  d'une  famille  de  marbriers, 
vinrent  à  Coutances  pour  exécuter  des  travaux  de  marbrerie  à  la 
Cathédrale.  Us  firent  les  revêtements  des  piliers  et  de  la  colonnade 
du  chœur. 

Le  marbre  employé  pour  ce  travail  fut  extrait  des  carrières  de 
Regnéville,  situées  non  loin  de  la  propriété  de  feu  M.  Brohyer 
de  Littinière^  et  appartenant  aujourd'hui  à  M,  Bucaille. 

Ces  carrières,  depuis  longtemps  abandonnées,  furent  la  pre- 
mière découverte  des  frères  Desmoulins. 

Ils  trouvèrent  ensuite  les  .marbres  de  Montmartin  et  s'en 
servirent  pendant  de  longues  années. 

Le  fils  de  Tun  des  frères  Desmoulins  découvrit  de  nouveau 
les  marbres  de  Montchaton  ;  puis  ceux  de  Mesnil-Âubert,  dans 
les  propriétés  de  M***  Desmonceaux  ;  mais  on  n'a  pas  continué 
l'exploitation  de  cette  dernière  carrière. 


—  560  — 

Le  fils  DesmoulJDs  a  exercé  l'état  de  marbrier,  à  Coutances, 
jusqu'à  4850  ou  1855. 

Les  travaux  les  plus  importants  que  je  connaisse,  exécutés  par 
les  quatre  frères,  sont  d'abord  :  le .  revêtement  des  piliers  de 
la  Cathédrale,  dont  il  a  été  question  ;  puis,  le  naitre-autel  de 
l'Eglise  Notre-Dame  de  Saint-Lo;  enfin,  la  colonnade  et  Ks  arcades 
du  tribunal  de  commerce  de  Granville.  Ces  travaux  sont  en 
marbre  de  Regnéville  et  de  Montmarlin. 

De  4850  à  4853,  M.  Bunel  établit  à  Regnéville  une  mar- 
brerie importante,  sur  des  terrain»  peu  éloignés  du  vieux  château. 
Plusieurs  carrières  furent  ouvertes  ;  il  y  eut  une  scierie  à  vapeur  ; 
un  nombre  relativement  considérable  d'ouvriers  furent  employés 
aux  divers  travaux  de  la  marbrerie. 

En  4853,  M.  Bunel  obtint  la  médaille  d'or  à  l'exposition  qui 
eut  lieu  à  Coutances.  Mais  peu  après  l'entreprise  tomba,  et  les 
carrières  de  Regnéville  ne  furent  plus  exploitées. 

Aujourd'hui  les  seuls  marbriers  de  l'arrondissement  sont 
MM.  Montaigne,  fils,  et  Duccini. 

Les  seules  carrières  dont  on  use  présentement  sont  celles 
de  Montmartin  et  de  Montchaton  :  la  première  est  exploitée  par 
des  carriers  qui  en  vendent  les  produits  bruts  aux  marbriers;  la 
seconde  m'appartient,  et  je  l'ai  cédée  en  partie  à  mon  fils. 

DIFFÉRENTES   ESPÈCES   DE    MARBRE. 

J'ai  l'honneur  de  soumettre  à  la  Société  sept  échantillons  des 
marbres  de  notre  arrondissement  : 

4^  Marbre  de  Regnéville»  première  découverte  des  frères  Des- 
moulins. 11  est  gris»  avec  de  minces  filets  blancs  et  s'emploie 
pour  faire  des  tombeaux,  des  cheminées,  etc. 

On  s'en  est  également  servi,  de  même  que  de  celui  de  Mont- 
martin, qui  est  d'une  couleur  plus  blanche,  pour  les  travaux  de 
Saint*Lo  et  de  Granville,  dont  j'ai  parlé. 

2^  Marbre  de  Montmartin,  la  deuxième  découverte  des  frères 
Desmoulins.  Il  est  un  peu  plus  foncé  que  le  précédent,  et  s'em- 
ploie pour  les  mêmes  usages. 


.    —  561   — 

3^  et  4^  Marbres  de  Montchatoo.  Le  premier  échantillon  est 
presque  noir;  le  second  est  noir  avec  des  veines  blanches  plus 
larges  que  dans  le  marbre  de  Regnéville;  parfois  ces  veines  sont 
jaunâtres.  Du  reste,  d'un  bloc  à  un  autre  se  présentent  des  dif- 
%ence&  notables. 

&",  e**  et  T  Echantillons  de  marbres  de  Regnéville  (M.  Bunel). 

Ce  marbre  est  en  général  jaspé  gris-bleu  ; 

Le  n""  5  présente  de  larges  taches  blanches  se  fondant  bien  avec 
le  gris-bleu. 

Le  n®  6  est  d'un  bleu  un  peu  moins  foncé. 

Le  n®  7  est  jaune  café  au  lait. 

Dans  une  même  carrière  on  rencontre  cinq  ou  six  variétés 
qui  sont  presque  des  espèces  différentes. 

Le  marbre  de  Regnéville  s'emploie  pour  cheminées,  tables  de 
toilette,  ameublements,  etc;  mais  ses  carrières  sont  peu  abon- 
dantes^ et  les  marbriers  les  considèrent  comme  moins  avanta- 
geuses pour  le  commerce  que  celles  de  Montmartin  et  de  Mont- 
chaton. 

Les  carrières  de  Montmartin  et  de  Montchaton  sont  donc  les 
seules  qui  soient  exploitées  aujourd'hui  dans  notre  département. 

Elles  pourraient  devenir  une  richesse  pour  notre  contrée  si 
l'exploitation  se  faisait  sur  une  grande  échelle.  Pour  que  ce  vœu 
se  réalise,  que  faut-il?  Un  chemin  de  fer  qui  permette  aux  car- 
riers d'expédier  leurs  blocs  au-delà  des  limites  de  l'arrondisse- 
ment, car  actuellement  ces  produits  ne  dépassent  pas  Coutances. 

Je  sais  bien  que  la  mode  en  cette  matière  joue,  elle  aussi,  un 
rôle  important.  On  préfère  souvent  un  produit  étranger  au  pro- 
duit du  pays,  uniquement  parce  qu'il  est  étranger.  Si  donc  nos 
'  marbres  franchissaient  les  limites  étroites  où  ils  se  trouvent  au- 
jourd'hui continés,  ils  pourraient  nous  revenir  après  avoir  été 
travaillés  à  Paris,  et  alors  on  pourrait  les  apprécier  comme  ils 
le  méritent. 


36 


LE  inSÉE  DOLLET 


Un  membre  des  plus  assidas  de  la  Société  Académique  du 
Cotentin,  H.  Dolley,  décédé  dans  le  courant  de  l'année  1879,  a- 
laissé  une  collection  fort  intéressante,  surtout  au  point  de  vue 
local. 

Depuis  plus  d'un  demi-siècle ,  ce  bon  vieillard  amassait  des 
débris  de  tous  les  âges.  Il  recueillait  encore  quelques  jours  avant 
sa  fin,  lorsque  la  mort  est  venue  le  ravir  à  son  trésor. 

Malta  feront  anni  yenientes  commoda  secum» 
Multa  recedentes  adimunt.  (An  poetica  y.  175) 

L'amour  de  l'antiquité  était  arrivé  chez  lui  à  l'état  d'une  noble 
passion.  Il  se  serait  volontiers  privé  du  nécessaire  pour  se  pro- 
curer une  médaille,  un  fragment  des  anciens  jours  I...  S'il  ap- 
prenait qu'une  fouille  avait  amené  quelque  découverte,  il  y  cou- 
rait au  plus  vite,  se  mettait  en  rapport  avec  les  ouvriers  et,  usant 
de  sa  bourse,  se  procurait  l'objet  trouvé.  Nous  l'avons  vu  ainsi 
payer  quelquefois  une  monnaie  romaine  trois  ou  quatre  fois  sa 
valeur. 

Lui-même  allait,  de  temps  en  temps,  à  la  recherche  des 
antiquités.  Ayant  entendu  dire  qu'on  avait  découvert  dans  le 
camp  ou  exploratorium  de  Montchaton,  une  olla^  sorte  de  jarre 
qui  rappelle  notre  pot-au-feu,  il  va  la  voir  et  l'achète.  Puis,  s'ar- 
mant  d'une  pioche,  il  fait  de  nouvelles  fouilles  et  décou- 
vre, à  son  tour,  une  corlina  ou  espèce  de  marmite  en  bronze.  Son 
bonheur  est  alors  inexprimable.  Il  charge  sur  ses  épaules  ces 
deux  lourds  objets  et  vient,  couvert  de  sueur,  mais  triomphant^ 
les  déposer  dans  son  musée. 


,    -  663  - 

Od  ne  poarrait  dire  qaelT.  DoUey  fut  un  véritable  savant  :  il 
n'avait  point  fait  d'études  sérieuses  ;  mais,  on  peut  affirmer  que 
c'était  un  amant  passionné  de  l'antiquité.  Cependant,  s' étant  en- 
touré de  livres  locaux,  il  avait  appris  l'histoire  de  son  pays  et  des 
personnages  qui  l'avaient  illustré.  Ses  lectures  ayant  développé 
son  amour  pour  le  sol  natal,  il  parcourut  le  pays  avec  intérêt 
et  visita  ses  monuments  : 

.....  Gapiturqae  locis  ;  6t  singola  lastas 
Equiritque  auditque  yirum  monumenta  prioram. 

[Enéide,  liy.  VIII.  v.  811. 

C'est  ainsi  qu'il  avait  recueilli  beaucoup  de  notes  sur  nos  ab- 
bayes et  sur  quelques-uns  de  nos  vieux  donjons  qui,  foulant  dé- 
daigneusement la  terre^  élèvent  encore  noblement  leur  front  vers 
lescieux. 

On  aimait  donc  à  le  consulter,  et  toujours,  dans  la  mesure  de 
ses  connaissances,  il  répondait ,  avec  beaucoup  de  bonté,  aux 
questions  qu'on  lui  adressait.  Dans  nos  réunions  académiques,  il 
venait  même  éveiller  notre  attention  sur  différentes  questions  lo- 
cales qu'il  connaissait  spécialement.  Son  cabinet  d'antiquités 
était  facilement  ouvert  à  tous  les  savants  «  litteratis  apertus  » 
et,  avec  une  grande  réserve,  il  donnait  volontiers  de  curieuses  ex- 
plications sur  les  richesses  dont  il  était  l'heureux  possesseur. 
Dans  son  modeste  local,  sont  venus  d^  hommes  tels  que  : 
MM.  de  Gerville,  Démons,  curé  de  Cherbourg,  Dubosc,  de  Cau- 
mont,  Feuardent,  La  Sicotière,  Lebredonchel,  curédeVarengue^ 
bec,  le  général  Creuilly,  Nos  seigneurs  Daniel  et  Bravard,  Deli- 
gand,  etc.,  etc.  Là,  en  effet,  on  trouvait  de  tout  :  vases  et  débris 
antiques,  statuettes  en  bronze  et  en  bois,  ustensiles  culinaires  des 
âges  reculés,  bahuts,  dressoirs,  une  collection  céramique,  une 
quantité  de  médailles  gauloises,  grecques,  romaines,  françaises  et 
étrangères ,  des  spécimens  géologiques  ;  un  grand  nombre  de 
sceaux  en  cuivre,  en  plomb,  en  cire;  des  manuscrits;  quelques 
chartes ,  etc. 

Mais  le  propriétaire  a  disparu  et  son  musée  n'existe  plus  ! 


-  564  —    ^ 

Debemar  morti,  nos  nostraqiie (Art  poétique  d'Horace,  v.  68). 

Nous  avons  suivi  la  voie  prise  par  ces  différents  objets,  et, 
comme  pl^usieurs  d'entre  eux  peuvent  jeter  un  certain  jour  sur 
notre  histoire  coutançaise ,  nous  allons  indiquer  les  principaux 
endroits  ou  nous  pourrions  les  retrouver. 

I.  Musée  de  Cotttances. 

Notre  musée  de  Coutances  possède  :  1®  Tous  les  objets  gallo- 
romains,  comprenant  trente  ou  quarante  fragments  en  terre 
brune,  noire  ou  rouge,  dite  terre  de  Samos.  Ce  sont  des  débris  de 
coupes,  d'urnes,  d'amphores  et  de  vases  destinés  à  différents 
usages.  3^  Des  poids  ou  contre-poids  en  terre  cuite,  espèces  de 
petites  pyramides  tronquées  et  percées  horizontalement  à  la  par- 
tie supérieure.  3*"  Des  bouchons  qui  rappellent  nos  bouchons  à 
l'émeri,  des  anses  d'o/te  (pot-au-feu),  à*orcm  (petite  amphore)  de 
lagenœ  (espèce  de  bouteille),  de  patinm  (bol  ou  sorte  d'écuelle), 
des  bases  et  des  cols  d'amphores,  tous  débris  trouvés,  les  uns, 
en  1833,  dans  la  rue  Tourville,  les  autres,  en  1838,  dans  la  route 
de  rOuest.  i"*  La  cortina  en  bronze  trouvée  à  Montchaton  ;  elle 
ressemble  un  peu  aux  marmites  romaines,  mais  M.  de  Caumont 
n'a  pas  osé  se  prononcer  sur  la  date.  Il  la  croirait  volontiers 
du  moyen-âge;  il  est  certain  qu'on  en  voyait  de  semblables  il  y  a 
moins  de  deux  siècleSf  et  on  en  trouve  même  qui  portent  une 
fleur  de  lis. 

5**  Une  petite  coupe  (scyphus,  calixjy  sorte  de  gobelet,  en  terre 
grossière  et  à  deux  anses.  Elle  était  remplie  d'as  romains,  mais 
frustres;  c'était  probablement  l'humble  trésor  d'un  pauvre  es- 
clave.— 6**  Une  cortina  complète,  en  terre  vernissée,  et  probable- 
ment du  moyen-âge.  Elle  a  été  trouvée  à  la  Vandelée.  7^  Un 
casque  en  fer,  de  la  même  époque,  retiré  de  la  rivière  de  Soûles. 
S""  Un  relief  en  plâtre,  pris  sur  un  tombeau  de  la  Mancellière- 
sur-Vire,  et  représentant  un  des  anciens  maîtres  de  la  monnaie, 
à  Saint-Lo.  9^  Des  entraves  de  prisonnier,  venues  de  l'ancienne 
geôle  de  Coutances.  10^  Des  tableaux  en   tapisserie  faite  à 


—  566  — 

Taipille.  Il""  Ud  petit  crocodile.  12^  Des  bas-reliefs  eD  terre 
cuite,  etc. 

IP  Un  amateur  de  Coutances  possède  :  1®  Y  alla,  rapportée  de 
Itfontchaton.  2""  Une  tête  de  vierge,  en  pierre,  probablement  de  la 
renaissance,  et  trouvée  dans  la  Cathédrale,  en  creusant  le  tom- 
beau de  Mgr  Dupont.  3""  Deux  hallebardes  du  moyen -âge. 
4^  Plusieurs  fossiles  du  pays.  5"*  Une  grande  tuile  romaine,  et  un 
poids  de  la  même  origine,  trouvés  rue  du  Perthuis-Trouard. 

IIP  Un  second  amateur  de  la  môme  ville  s'est  procuré  une 
partie  de  la  collection  des  coins  celtiques,  et  plusieurs  autres 
objets,  parmi  lesquels  nous  citerons  un  petit  vase  romain,  dont 
la  provenance  est  incertaine,  mais  portant  cette  curieuse  ins- 
cription : 

AVG.    Tl 
CLAVDIVS 

CABS.  GBRMANiG  ::: 

PONT.  MAX.  TBIB. 

PALEST.    (sic)    V.    IMP.    XI 

PP.    CAS.    IIII. 

Au  fond  du  vase  on  lit  le  mot  svbina,  qui  est  celui  du  potier. 

IV^  Un  troisième  collectionneur  coutançais  possède  :  1^  deux 
mercures  gaulois,  statuettes  en  bronze,  la  plus  grande  trouvée  à 
Cherbourg,  en  1830,  la  plus  petite,  à  Coutances,  en  1825. 
2®  Deux  autres  statuettes  en  terre  cuite,  représentant  le  dieu 
Anubis,  trouvées  dans  un  tombeau  égyptien.  3^  La  collection  si- 
gillaire.  Parmi  ces  sceaux,  nous  citerons  : 

r  Un  petit  médaillon  de  forme  ovale,  reproduisant  un  ancien 
camée.  Il  représente  Diane  au  bain,  avec  ses  nymphes,  et  Actéon 
changé  en  cerf  et  dévoré  par  ses  chiens,  pour  avoir  jeté  un 
regard  indiscret  sur  la  déesse  pudique.  Le  dessin  est  d'une 
finesse  remarquable  et  parfaitement  rendu.  Ce  charmant  objet  à 
été  trouvé,  dit-on,  dans  la  rue  Tourville,  en  1833.  Il  avait 
appartenu  à  H.  Piton. 


—  566  —     . 

2<^Le  Siffillum^  en  plomb,  de  Saint  Bernard  ;  c*estune  copie  de 
celui  déposé  aux  4rchiyes  de  Saint-Lo,  et  provenant  de  l'abbaye 
de  Savignj-le- Vieux.  Le  saint  est  assis  dans  une  grande  sedia^ 
tenant  une  crosse  de  la  main  droite.  Dans  l'exergue  on  lit  : 

SIGILLUM  BBRNARDI  ABBATIS  GLARBVALL. 

3^  Quatre  autres  sceaux  provenant  des  archives  du  chapitre 
de  Coutances  ;  le  premier  représente  Charles  YI,  assis  sur  un 
trône,  tenant  le  sceptre  d'une  main  et  de  l'autre  une  main  de 
justice,  avec  cette  légende  :  garolus  dei  gratia  frangorum  r£X  ; 
le  second  est  un  Louis  XIII,  également  assis  sur  un  trône  à  bal- 
daquin ;  le  troisième  rappelle  Hugues  de  Morville ,  évéque  de 
Coutances,  au  commencement  du  xiii*  siècle.  Il  est  représenté 
debout,  en  habits  pontificaux,  bénissant  d'une  main  et  tenant  la 
crosse  de  l'autre,  on  lit  sur  la  face  principale  :  sigillum  hugonis 
DEI  GRATIA  GONSTANTiENSis  BPisGOP.,  ct  sur  Ic  rcvcrs,  eutouraut 
le  buste  du  même  pontife  :  sbgretum  hugonis  gonstangiensis 
EP.  Le  quatrième  est  le  grand  sigillum  du  chapitre  de  Bayeux. 
On  y  voit  la  Sainte  Vierge  assise  et  couronnée.  Elle  tient  un  lis 
dans  la  main  gauche  et  l'enfant  Jésus  est  sur  ses  genoux  ;  il  est 
vu  de  face,  comme  sa  mère.  Entre  deux  arcs  curvilignes  sont  ces 
mots  :  sigill.  stb.  mariae  baioge.  et  ganonigorum.  Sur  le 
revers,  autour  de  la  même  image,  mais  plus  petite  :  segreivh 
GAPiTVLi  BAioGENs.  Ccs  empreintes  sont  très-curieuses  au  point 
de  vue  des  costumes  et  des  détails. 

lisent  été  sauvés  par  M.  Dolley,  dans  une  circonstance  bien 
singulière.  Un  personnage  qui  se  donnait  comme  paléographe, 
ayant  été  chargé,  vers  1840,  par  Mgr  Robiou,  de  transporter  de 
la  chambre capitulaire,  dans  les  greniers  du  secrétariat,  toutes 
les  archives  du  chapitre  de  Coutances ,  se  mit  en  mesure  de  les 
classer  dans  ce  nouveau  local.  Trouvant  que  les  sceaux,  appen- 
dus  aux  chartes,  étaient  fort  incommodes  pour  former  les  liasses, 
il  prit  des  ciseaux,  les  coupa  et  en  remplit  un  grand  sac  qu'il 
emporta  dans  sa  demeure.  11  était  occupé  à  faire  fondre  ces  effi- 
gies de  rois  et  de  pontifes,  lorsque  M.  Dolley,  venant  le  voir,  put 
obtenir  les  quatres  dernières  qui  restaient  encore. 


1 


•I 


-  567  - 

4^  Le  cachet  seigneurial  ou  sigill.  gyilbrki  pantovl  ,  avec 
ses  armes.  Il  est  en  plomb  et  a  été  trouvé  dans  un  tombeau  du 
XII*  siècle,  impasse  de  l'Evéché,  près  de  la  chapelle  Saint-Jean, 
de  la  cathédrale.  H.  Dubosc,  archiviste  de  Saint-Lo,  a  fait  un 
travail  assez  considérable,  à  T occasion  de  ce  curieux  cachet. 
Les  armes  qu'il  porte  sont  :  deux  fasces  représentées  par  de 
simples  lignes,  accompagnées  de  quatre  croissants  posés  2.  2. 

5^  Un  cornet  ou  trompette  de  pèlerins  michelots,  en  terre 
cuite,  du  XVI*  ou  xvii*  siècle.  Il  ressemble  à  ceux  qui  ont  été 
.trouvés  au  HontrSaint-Michel. 

6*  Des  médailles  de  Saint  Michel  du  Mont-Tombe,  l'une  en 
pierre  fine ,  l'autre  en  argent,  et  trouvées  dans  le  puits  Notre- 
Dame,  dans  la  cathédrale  de  Coutances,  en  1839. 

7*  Une  charte  ou  ParecUis  de  Louis  XIV,  avec  un  grand  si^l- 
lum  où  le  roi  est  représenté  assis  sous  un  dais  dont  les  draperies 
sont  retenues  par  des  anges.  Ce  Pareatis  confirme,  dans  sa  pré- 
bende et  les  honneurs  du  canonicat,  Jean-Baptiste  Corbet,  ba- 
chelier en  théologie,  chanoine  et  principal  du  collège  de  Gou- 
taoces.  L'acte  est  de  1658. 

8*"  Plusieurs  monnaies  consulaires  et  impériales  avec  une  mé- 
daille gauloise,  trouvée  en  1840,  dans  les  fouilles  de  la  cathé- 
drale d'Avranches.  M.  DoUey  se  trouvait  dans  cette  ville,  chez  ses 
parents,  lorsqu'on  creusait  les  fondations  de  la  sous-préfecture 
actuelle,  sur  l'emplacement  d'une  partie  de  l'ancienne  basilique. 
Il  put  obtenir  deux  médailles  gauloises  trouvées  par  les  ouvriers, 
avec  quelques  pièces  romaines. 

La  médaille  celtique  porte  pn  Apollon  -  Bélenus,  représenté 
avec  des  cheveux  bouclés  et  enroulés ,  sur  la  face  convexe ,  de  la 
pièce;  sur  le  revers  concave,  on  aperçoit  un  coursier  andro- 
céphale  ou  sorte  de  char  lunaire  dont  on  ne  découvre  que  les 
rênes  du  conducteur  ;  au-dessous,  près  des  pieds  du  cheval ,  est 
un  sanglier.  Ce  type  se  retrouve  souvent  dans  TAvranchin,  avec 
des  S  ou  enroulements  perlés,  près  de  la  tête  d'Apollon. 

Y.  La  grande  collection  des  médailles,  presque  toutes  décou- 


-  568  - 

vertes  dans  le  pays,  a  été  vendue  à  M.  Feuardent,  Je  célèbre  nu- 
mismate de  Paris. 

YI.  Les  livres  et  les  manuscrits,  parmi  lesquels  nous  citerons 
un  beau  Toustain  deBilly,  en  quatre  volumes  in-8^  et  bien  reliés, 
sont  restés  dans  le  pays.  II  en  est  de  même  des  vieux  meubles , 
et  de  la  collection  céramique. 

VU.  Les  échantillons  géologiques,  envoyés  à  Cherbourg ,  en 
1 81 4 ,  pour  la  reine  Hortense,  sont  allés  à  Avranches ,  avec  une 
charmante  boiserie  représentant  le  char  d'Apollon ,  ramenant  le 
jour  et  chassant  les  ténèbres. 

YIII.  La  collection  des  coquillages  et  des  oiseaux  est  allée  à 
Lisieux. 

Ainsi  a  été  dispersé  ce  musée  curieux.  M.  Dolley  l'avait  formé 
des  débris  de  plusieurs  autres,  et,  en  particulier,  de  celui  de 
M.  l'abbé  Piton.  De  nouveau,  ces  richesses  sont  passées  en  d'autres 
mains. 

Qu'est-ce,  en  effet,  qu'un  musée? — Une  réunion  de  différents 
obje.ts  qui  ont  appartenu  à  une  foule  de  générations  éteintes  el^ 
depuis  longtemps,  ensevelies  dans  la  poussière  du  tombeau.  Avec 
le  temps,  ces  objets  ont  acquis  une  sorte  de  consécration  qui  nous 
les  rend  vénérables,  mais  ils  nous  rappellent  que  nous  n'appa- 
raissons qu'un  instant  sur  la  scène  du  monde,  et  que,  semblables 
à  ces  athlètes  qui  couraient  dans  les  cirques,  nous  nous  trans- 
mettons rapidement  le  flambeau  de  la  science,  comme  le  flambeau 
de  la  .vie. 

loque  brevi  spatio  mutantur  sœcla  animantium, 
Et  quasi  cursores,  vit»  lampada  tradunt. 

Lucrèce»  de  Rerum  natura,  lib*  II,  v.  77. 

PIGEON, 

Secrétaire  de  ia  Société. 


Table 


Pages 

Liste  des  Membres  de  la  Société.       .....        ni 

Procès- Verbaux    .      • •     .       .        ix 

Mémoire  sur  Tinchebray 1 

Le  Grand  Bailliage  de  Mortain,  en  1789,  première 

partie 35 

Catalogue  raisouué  des  plantes  vasculaires  et  cellulo- 

vasculaires  du  département  de  la  Manche  (suite).      1 64 

De  l'organisation  des  pouvoirs  publics  dans  le  départe- 
ment de  la  Manche,  pendant  la  première  révolu- 
tion. Première  partie 254 

Deuxième  partie  du  même  travail,  nomenclature    .  406 

Le  Grand  Bailliage  de  Mortain.  Deuxième  partie     .       .       497 

Guy  Chrétien,  grand  bailli  de  Cotentin  (1371-1 375.)     .       535 

Notice  biographique  sur  M.  Richard  Le  Loup,  juge  au 

Tribunal  de  Coutances 542 

Le  Stoïcisme  sous  l'Empire 546 

Chroniques  du  Mont-Saint-Michel  (1 348  à  1468)  publiées 
avec  Notes  et  Pièces  diverses./etc,  par  M.  Siméon 
Luce.       . 555 

Quelques  notes  sur  la  Marbrerie  dans  l'arrondissement 

de  Coutances 559 

Le  Musée  Dolley 562 


Coutances. — Imprimerie  de  Salettes,  libraire-éditeur.