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JOAN OFARC
HARVARD COLLEGE LIBRÀRY
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MÉMOIRES
DE LA SOCIÉTÉ
D'ARCHÉOLOGIE LORRAINE
ET DU MUSÉE HISTORIQUE LORRAIN,
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MÉMOIRES
DE LA SOCIÉTÉ
D'ARCHÉOLOGIE
LORRAINE
ET DU MUSÉE HISTORIQUE LORRAIN.
TROISIEME SERIE. — XVII' VOLUME.
NANCY
RENÉ WIENER, LIBRAIRE -ÉDITEUR
RUE DES DOMINICAINS, 53.
MDCCCLXXXIX
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Harvard Collège Library
Nov 13, 1912
P. 0. Lowell f und
TYPOGRAPHIE DE G. CREP1N-LEBL0ND, PASSAGK DU CASINO.
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EXCURSIONS ÉPIGRAPHIQUES
L'ÉGLISE DE MAXÉVILLE
Par M. Léon GERMAIN
Par suite de la construction de la nouvelle église
paroissiale de Maxéville (1), l'ancienne et vénérable
petite église est devenue chapelle de cimetière, car elle
est au centre du lieu du repos, à une assez grande dis-
tance du village moderne. L'enlèvement de la plus
grande partie du mobilier permet de l'étudier mieux
qu'il n'était possible de le faire auparavant ; cette cir-
constance et d'autres considérations m'ont fait projeter
d'appeler de nouveau l'attention sur Tintérêt des détails
caractéristiques qu'elle possède, et sur les monuments
funéraires que l'on y remarque.
(1) En Lorraine, Vas correspondant au ch dans l'ortho-
graphe des noms de lieux, il convient de conserver la pro-
nonciation traditionnelle Machêville,
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— 6 —
PREMIÈRE PARTIE
L'ÉGLISE
J'aime à rappeler ce que d'autres, plus autorisés que
moi. <] nt dit des monuments sur la description ou l'his-
toire desquels des faits nouveaux m'obligent à revenir.
Voici donc ce que M. Beaupré écrivait en 1839, dans
son travail sur la fameuse légende relative à l'empri-
sonnement du duc FerrilII :
u 1 /église de Maxé ville est remarquable par sa situa-
tion à rai-côte, assez loin du village. Elle s'élève isolée
sur une espèce de terrasse qui domine au loin la vallée
de la Meurthe, et autour de laquelle des restes d'anciens
f'as^rs semblent indiqués par une dépression de terrain,
prolongée de l'ouest au sud, là précisément où des fos-
ses pouvaient être nécessaires à la défense d'une mai-
son Forte dont cette terrasse eût été l'assiette. C'est
peuL-être un reste de vieux château que cette tour ser-
vant aujourd'hui de clocher et dont les fenêtres bilobées
appartiennent à une architecture plus ancienne que les
ogives par lesquelles le jour pénètre dans l'église (1)?»
v On voit, dans cette église », ajoutait H. Lepage,
en 1848, dans la Statistique de la Meurthe , « les armes
^1 ) Beaupré, De la prison de Ferry III, dit le Chauve,
dm d* Lorraine, dans la tour de Maxêville ; Nancy, 1839,
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_ 7 —
de Lorraine, celles avec les alérions une fois, Jes
autres composées une fois, ce qui est un hommage
rendu aux ducs ; mais les armes des Lenoncnnrt se
retrouvent partout où on a pu les placer, à la voûte,
sur les pilastres, sur les vitraux, ce qui fait penser
que c'était la chapelle du château auquel elle était
adossée. Il y a, dans le chœur, des vitraux coloriés,
provenant en partie du couvent d'Ormes. Sur le vitrail
sont les armes de Lorraine, des croix dentelées, le bar-
beau de Bar, et le bouquet de pensées (1) rappelant
la devise : Plus penser que dire. Une tombe, sans date,
porte le nom de Richard Desarmoises. La pierre du
baplistère, de la forme d'une coupe de grande dimen-
sion, et ornée de sculptures gothiques, semble remon-
ter à une époque reculée (2). Le tableau de SUMartin,
qui décorait l'église , avait été peint par Girardet et
donné par Jean Lamour (3). »
Une trentaine d'années plus tard (1876), en discu-
tant l'authenticité de la légende, H. Lepage parlait en
ces termes du même monument :
« Cette église est isolée au milieu des vignes, à 333
(1) Je n'ai rien vu de tel.
(2) La cuve baptismale, qui peut dater du moyen -âge, est
octogone, forme assez usitée dans l'espèce et qui doit rap-
peler les huit béatitudes. Le socle ne me paraît point remon-
ter au-delà du xvi e siècle ; c'est un parallélipède rectangle
dont les trois côtés apparents offrent, dans un encadrement
mouluré : un losange, au centre taillé en pointe de diamant,
une bande, et un cercle, le tout enjolivé de moulures di-
verses ; on en trouve un dessin dans les cartons de la Société
d'Archéologie lorraine.
(3) H. Lepage, Statistique de la Meurthe, 1843, t. H,
p. 359, art. M axé ville.
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— 8 —
mètres du village, et son éloignement indique qu'elle
n'a pas été faite pour servir à une paroisse. Elle a dû
être une dépendance d'un château du moyen âge, dont
elle était la chapelle castraie. La tour seule, dont l'en-
trée a été remaniée, est antique, et appartient au style
roman. Une chapelle en cul-de-four y attenait certai-
nement dans l'origine ; mais l'église étant devenue pa-
roissiale, et la population s'augmentant , il fallut
l'agrandir et transformer cette chapelle en une nef, qui
forme la première travée; une seconde travée, qui
paraît être du xv e siècle, y fut ensuite ajoutée. Les cha-
piteaux des quatre petites colonnes qui supportent les
nervures de la voûte, sont ornés des armes des Lenon-
court, à la croix engrelée. Le chœur actuel est d'une
époque plus récente (1). La fenêtre qui l'éclairé est
garnie de vitraux coloriés, de la fin du xv a (2) siècle,
sur lesquels sont représentés : 1° au bas, l'Annonciation,
Tango tenant une banderole sur laquelle est inscrite la
légende : Ave Maria gratia plena (3). L'image de la
Sain te -Vierge ayant été probablement détruite, a été
remplacée par celle de sainte Barbe (4), qui provient du
(1} IL Le page y signalait, en note, « une fort intéressante
statue de U Sainte- Vierge, en marbre blanc, du xv e siècle,
en partio polychromée. Elle porte l'enfant Jésus qui, d'une
luaiu, lui tire un anneau du doigt, tandis que l'autre main
est appuyée sur un livre ». Cette statue a sans doute été
transportée dans la nouvelle église.
(2) Il y a * xvi e siècle » ; c'est évidemment une erreur
d'impression.
(S) J'ai crtt lire, en jolis caractères ornés de la Renais-
sance : Ave GRottA plena dowunvs tecvm.
(4) Elle a, pour caractéristiques, une palme et une haute
tour*
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- 9 —
couvent d'Ormes. 2° Au-dessus, saint Martin, patron de
la paroisse, à qui sainte Madelaine (1) présente un
prêtre agenouillé, au-dessous duquel on voit ses armes ;
d'azur à deux colombes d'or, qui sont celles de la famille
Pélegrin (2), dont un des membres, René, écolâtre de
la collégiale Saint-Georges (3), fut vraisemblablement
le donateur du vitrail. 3° Au-dessus de ce sujet, dans
deux compartiments, les armes des Lenoncourt (<i), et>
au sommet, les armes pleines de Lorraine (5). La répé-
tition des premières prouve qu'elles doivent ôtre
celles du seigneur qui fit reconstruire une partie de
F église (6). »
(1) Quelques personnes croient, à tort, que ce» *1rix per-
sonnages représentent sainte Anne avec la Vierge enfant ;
cela est impossible puisque le petit personnage est à genoux
et tourne le dos à l'autre ; d'habitude, dans les vitraux les
donateurs sont figurés de taille réduite, par humilité et parce
qu'ils ne sont point parvenus à la sainteté. D'ailleurs, nous
avons cru lire, sur le nimbe de la sainte : SanctaMa^dalena,
ora pro no&îs. — Il n'est sans doute pas exact Je dire que
la sainte présente son protégé à saint Martin ; les deux pan-
neaux doivent être indépendants.
(2) Originairement Thelot ; elle prit ensuite les noms de
Pélegrin et de Remicourt. Voir Dom Pelletier, Nobiliaire,
p. 770 ; les armes sont : a If azur à deux colombes affron-
tées d'or, les pattes d'argent, armées de gueules *,
(3) V. ibidem,?. 771.
(4) D'argent, à la croix engrelèe de gueules.
(5) Sans les quartiers de Gueldre et de Juliers ; ce sont les
armes des ducs René II et Antoine, telles qu'ils paraissent
les avoir portées de 1480 à 1538 environ.
(6) H. Lepage, Opinion de Dom Calmet sur l'emprison-
nement de Ferry III, dans les Mém. de la Soc. <VArch m torr,
de 1876, p. 189.
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— 10 -
La tour est placée, non dans Taxe de la nef. mais en
face de la moitié de droite en entrant (épître). A sa
base, deux des côtés se confondent avec les murs de
l'église; l'angle intérieur, — c'est-à-dire la retombée des
arcs brisés qui soutiennent les deux côtés internes, —
est supporté par un large pilier rond, à chapiteau carré
très caractéristique. La porte, assez étroite, est surmon-
tée d'un tympan rectangulaire : les nervures, qui se pé-
nètrent, indiquent le commencement du xvi* siècle ; au
bas du tympan, un petit corbeau devait soutenir une
statuette, sans doute celle du titulaire (saint Martin)
représenté en évêque. Des deux étages, formant chacun
une très légère retraite, le premier n'offre aucune baie ;
le second est percé de petites fenêtres en plein-cintre :
une seule sur la façade et à l'Opposé ; deux, géminées,
sur les côtés ; n'ayant pu monter dans le clocher, je ne
puis me prononcer sur l'époque à laquelle elles appar-
tiennent. Le toit est à quatre pentes.
Par suite de la position de la tour, la première travée
de la nef, percée de plusieurs fenêtres irrégulières et
de différentes époques, n'est voûtée qu'en partie et
porte les traces de remaniements successifs. Cette tra-
vée, représentant la partie primitive de l'église, a con-
servé un détail extrêmement intéressant et dont personne
encore n'a parlé : du côté de l'épître, à hauteur de la
tribune de l'orgue, existe une baie haute et assez étroite,
voûtée en accolade ; elle est fermée, au ras de l'inté-
rieur, par une cloison que perce un oculus rond, divisé
en parties égales par trois rayons ondulés, qui indiquent
le xv e siècle. Cet oculus répondait sans doute au taber-
nacle eucharistique, placé contre le mur, suivant un
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— 11 —
usage qui paraît avoir duré pendant la seconde moitié
du xv e siècle et la première du xvi* (1). Il a pu être
établi au moment, non précisément fixé, où l'église
devint paroissiale et où il fut permis d'y garder la sainte
Eucharistie. L'oculus permettait d'adorer de l'extérieur
la Présence réelle, lorsque l'église était fermée : ouvert
sur le cimetière, dont il rappelait les antiques lanternes,
il associait en quelque sorte les défunts à l'acte de véné-
ration et à la réception de la protection divine : dirigé
du côté du village, la lampe que Ton devait y tenir
allumée continuellement constituait un phare mystique,
montrant la voie du salut.
Il serait important de savoir jusqu'à quelle époque
on s'est servi de ce repositoire ; il n'y en a point de
tel dans le chœur, et ce n'est guère qu'au xvh* siècle
que le tabernacle est devenu une sorte d'armoire, non
ajourée, posée sur l'autel ou sur le gradin. Mai* peut-
être y avait-il, au xvi e siècle, l'un de ces grands reta-
bles , avec tabernacles au sommet , dont j'ai parlé
ailleurs (2).
La seconde travée, voûtée sur croisée d'ogive, est
intéressante par le développement inusité de la voûte et
par les petits piliers ronds engagés qui en reçoivent In
retombée ; étonnamment trapus, ils ne mesurent en
hauteur qu'environ m 90 (hauteur du fût, m 5Û}; les
chapiteaux, de forme octogone, sont ornés chacun de
deux écussons, l'un vers la nef, l'autre latéral ; ce* éciis-
sons sont frustes, à l'exception de celui que porte,
(1) Le plus souvent, le tabernacle était pratiqué <1ans Je
mur lui-même, l'oculus se trouvant au ras de l'extérieur.
(2) Baslieux, 1887, p. 17-18.
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- 12 —
(ace à la nef, la colonnette antérieure du côté de
l'évangile ; on y voit intacte la croix engrelèe de
Lenoneourt : une telle particularité est d'un très grand
intérêt, car l'emploi d'écussons héraldiques aux chapi-
teaux des piliers constitue, si je ne me trompe, un fait
insolite en Lorraine. Ces armoiries fixent un point
d'histoire important, en faisant connaître la famille des
constructeurs et en prouvant qu'ils appartenaient à la
grande maison de Nancy-Lenoncourt, chose qui pou-
vait ûtre contestée, tant demeure obscure la généalogie
des seigneurs de Maxéville aux xiv e -xv e siècles ; elles
permettent aussi de dater cette travée d'avant 1444,
puisqu'à cette époque. Valence de Nancy, héritière de
sa famille a Maxéville, avait déjà rendu son mari,
Simonin de Jaulny, seigneur de ce lieu (1). Un écusson
aux mômes armoiries existe à la clef de voûte.
Cette travée n'a qu'une fenêtre, du côté de l'épître ;
de forme gothique , elle est divisée par un meneau
vertical, surmonté d'une rose à quatre lobes dont le
vitrail offre Técu de Lorraine, incontestablement ancien ;
25.
(1) H. Lepage, l. c, p. 184 ; cf. du même, Communes y 1(,
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— 13 —
les alérions ont le vol abaissé, comme il fut de mode
jusque dans le xvi e siècle.
En enlevant la chaire, qui était du côté de l'êpîUv,
contrairement à, la règle liturgique (1), on a mis a
découvert une peinture du xvii e ou du xvin* siècle, bien
conservée, qui représente, posé sur un cartouche et
sommé d'une couronne de marquis, un écu ovale por-
tant : d'azur (2) au pal d'or chargé de six tourteaux (3)
de gueules, Hanche d'or à deux têtes délions d'azur (-1),
lampassées et couronnées de gueules (5). Ce sont indu-
bitablement, — mais avec des variantes non mention-
nées par les nobiliaires, — les armoiries de la famille
Fournier. Cet écusson doit rappeler « Antoine- Aï tri-
cain-Félix Fournier, connu sous le nom de comte de
Maxéville, etc., premier capitaine dans le régiment de
Hesse d'Armstat (6), puis chambellan de S. À. H. t
commandant une compagnie de chevaux-légers de sa
garde, gouverneur- commandant dans la Lorraine-
allemande et sur la Sarre», qui « épousa, le 20 décem-
bre 1706, Thérèse-Bernarde de Loppez-Gallo, cha-
noinesse de Remiremont, fille de Charles-Dieudonné
(1) La chaire doit être placée du côté de l'évangile, qui
est le plus honorable, dans toutes les églises, à l'exception
des cathédrales, où elle est mise au côté opposé pour hisser
la place d'honneur au siège de l'évêque. (Cf. Mgr X. Barbier
de Montault, Traité pratique, t. I, p. 230).
(2) La couleur a presque disparu ; il semblerait que 1*3
champ est d'argent.
(3) Dom Pelletier n'en indique que trois.
(4) Le bleu s'est presque entièrement effacé.
(5) Dom Pelletier dit d'argent.
(6) Darmstadt.
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- 14 -
de Loppez-Galio, baron de Malle, et d'Agnès de Cleron
de Saffre » ; il n'eut pas d'enfants. Ce gentilhomme
était fils de Claude II Fournier, seigneur de Maxéville,
etc., et de Claude Voillot de Valleroy. Sa famille,
anoblie en 1540, avait reçu pour armoiries, suivant
Doin Pelletier : « D'azur à un pal d'or, chargé de trois
tourteaux de gueules ; Hanche d'or, à une tête de lion
d'azur, armée, lampassêe et couronnée d 1 argent (1).
Le chœur, carré, à peine plus large que la nef, mais
beaucoup plus élevé, est voûté sur croisée d'ogive,
avec de minces colonnes d'angle, dépourvues de chapi-
teaux; la clef offre un écusson à la croix de Lorraine,
posée à l'envers ou ayant la traverse supérieure plus
longue que l'autre, ce qui est incorrect. La postério-
rité du chœur est très bien indiquée par la position
des contreforts qui. auparavant, soutenaient les angles
postérieurs de la seconde travée, et par une légère
déviation d'axe, vers l'épître, qui n'a rien d'intention-
nel. Conformément au symbolisme traditionnel, trois fe-
nêtres^), une pour chacun des côtés, éclairent le sanc-
tuaire ; celle du chevet, de genre gothique flamboyant,
est divisée en deux compartiments par un meneau
vertical, et la partie supérieure dessine une rose à
quatre lobes. On a vu précédemment quels sont les
beaux vitraux que Ton y retrouve. Les fenêtres laté-
(1) Dom Pelletier, p. 255; sur cette famille à Maxéville,
v. H. Lepage, Communes, II, 16, et Invent. somm. des
Archives, E. 95, 102, 103, 104.
(2) lux, beata Trinitas, chante l'Eglise dans Tune de ses
hymmes les plus anciennes, communément attribuée à saint
Ambroise.
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— 15 -
raies n'offrent chacune qu'un compartiment, guindé
vitraux dont quelques fragments paraissent anciens :
du côté de L'évangile, une Crucifixion et saint Nicolas ;
de l'autre, encore le même saint avec les trois jeunes
enfants sortant du eu veau, et, au-dessous, une Vierge
assise, avec l'enfant Jésus sur ses genoux.
Notons soigneusement que les armes pleines de la
grande fenêtre ne comportent pas les quartiers de
Gueldre et de Juliers ; ce sont donc les armoiries des
ducs René II et Antoine, telles qu'ils les porteront du
1480 à 1538 environ.
Le maître autel a été consacré : quatre croix se
voient encore aux angles ; mais il perdit sans doute sa
consécration, car on pratiqua, en son milieu, révide-
ment nécessaire pour la pose d'une pierre d'autel por-
tative.
A l'extérieur, tout au haut du chevet, on remarque
un grand crucifiée en bois, qui parilt d'un bon travail.
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— 16 —
La sacristie accoste le chœur du côté de l'épître ;
elle a dû être refaite à diverses époques ; une petite
fenêtre rectangulaire est surmontée d'un tympan en
accolade, orné d'un trilobé.
Une particularité des plus rares de l'église de
Maxéville et dont, — bien qu'elle existe au dehors de
Tédilice, — je veux parler avant de m'étendre sur les
inscriptions, ce sont les restes d'une litre funéraire tra-
cée en relief et peinte à l'extérieur le long des murs,
à environ 2 i\2 mètres de hauteur. Elle consiste en une
bande, haute d'environ m 30, ayant, à des distances
égales, des parties plus élevées, où se trouvent des
armoiries, qui comportent, ce semble, un écu ovale,
offrant l'image d'un oiseau et surmonté d'une couronne
de comte (1) , le tout sur un cartouche de style
Louis XV. — Les litres funèbres sont de toute rareté
en Lorraine ; je n'ai souvenir d'en avoir rencontré
qu'une autre, à Port-sur-Soille (2), dans un diocèse
différent (3).
Aucune, à ma connaissance , n'ayant encore été
signalée dans notre province, je rapporterai cette défi-
nition de Ducange qui, après avoir donné un certain
nombre d'étymologies du mot litre, dit ceci : « La
litre est une trace de peinture noire de largeur de pied
(1) Je n'ai pu identifier ces armoiries. L'oiseau serait-il
un coulon (pigeon), comme armes parlantes de Jean- Yves
Coulon, seigneur de Maxéville en 1772-1776 ? V., plus loin,
ce nom à l'article de la cloche, à propos de Nicolas-Bernard
Raulin. J'ignore quelles étaient ses armoiries.
(2) Canton de Pont-à-Moufson.
(3) Port-su r-Seille était du diocèse de Metz ; Maxéville, de
celui de Toul.
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- \1 —
et demy ou deux au plus, peinte à Pentour et sur la
surface du corps d'une église tant au dedans qu'au
dehors, pour marque de deuil après le décès du patron
ou seigneur justicier, sur laquelle litre sont peintes de
distance en distance les armes du deffunt avec tymbre,
lambrequins, tenans et cimier (1). »
Sur la litre de Maxéville, du côté de l'évangile, W
grafûte offre le monogramme de Jhesus, IHS, surmonté
d'une croisette et accompagné en bas d'un grand cœur,
qu'environne la date 1785. .
Inscriptions des bancs. — Il est temps de nous
occuper des inscriptions. Mais, avant d'en étudier de
plus importantes, notons celles des bancs, qu'il ne fout
jamais dédaigner ; elles rappellent utilement des noms de
familles du pays et témoignent que la population d'autre-
fois n'était pas illettrée. Les suivantes m'ont paru les
plus anciennes, leur gravure soignée les reporte, je
pense, au siècle dernier ; bien des places ont été rabot-
tées pour les changements de noms : on remarque
aussi des pièces rapportées en quelques endroits (2).
(1) Sur la question, voir A. Demarsy, Les litres et les cein-
tures funèbres ; Paris, 1866, extr. de la Rev. de VArt chré*
tien, t. IX. — En 1581, les religieux du prieuré de Froville
permirent à Humbert de Bilistein (Bildstein), seigneur du
lieu, de noircir l'église en signe de deuil, après la mort de
son père (H. Lepage, Invent, sommaire des Archives, de
M.-et-M. 9 H. 167, et Introd. à la série H, p. IV).
(2) Sur Tétude des inscriptions des bancs d'église, v. Mgr
X. Barbier de Montault, Une saison archéologique à Gon-
trexêville, dans les Annales de la Soc. d'EmuL des Vosges
de 1875, p. 193, et mon travail Pont-Saint- Vincent, dans
les Mêm. de la Soc, d'Arch. lorr. de 1888, p. 38. — J'avais
2
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- 18 -
G. André et sa famille. — Le S r Jorant (1) Et Sa
FAMILLE. — EUSTAGHE ET Sa FAMILLE. — M. PaTIN (2)
ET SA FAMILLE. — LE S r LELOUP ET SA FAMILLE. — N.
COLOT (3). — J. ANDRÉ ET SA FAMILLE. — A. M. R.
GHAILLY (4). — M K M D GUERIN (5). — L. B. A. J. N. P. D.
C. — P. Gollot (6). — Baillot (7).
UAve Maria. — Avant de passer aux épitaphes
funéraires, je reproduirai rinscription suivante ; elle
est gravée en majuscules romaines dorées sur une plaque
de marbre noir (H. : 0,40 : L. 0,76) qu'entoure un cadre
mouluré en pierre blanche ; on la voit du côté de
Tépître, encastrée dans le mur au-dessous de Toculus.
relevé les inscriptions des bancs de Maxéville avant leur
transport dans la nouvelle église, où on les voit aujour-
d'hui.
(1) On retrouvera ce nom à la fin du § Sépultures
diverses.
(2) Patin vient probablement du nom d'une chaussure,
transmis à celui qui la porte. Cf. Lorédan Larchey, Diction-
naire des noms.
(3) Colot est l'un des nombreux dérivés de Nicolas, qui a
formé Nicolet, Nicolot et, par aphérèse, Collot. Les dérivés
de ce nom sont particulièrement nombreux en Lorraine, dont
saint Nicolas est le patron.
(4) Chailly et ses nombreuses variantes proviennent ,
suivant M. L. Larchey, des noms de lieux dérivés, les uns
du celtique Caill, bois, forêt, et les autres de Chaille, pierre,
caillou.
(5) Cf. l'épitaphe n° XIII.
(6) Nom de même origine que Colot, ci-dessus.
(7) M. L. Larchey offre plusieurs étymologies pour ce
nom ; il signale, comme plus particulièrement propre à la
Lorraine, celle de « Baille... concierge de prison ».
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— 19 —
Virgo Mater Ave, qvam Replet
Gratu, Tecvm
Est Dominvs, te non Mvlier Benedictior
Vlla,
Est = que tvi Frvctvs ventris Benedigtvs
Iesvs.
La forme extrinsèque indique le xvii* siècle ; il wsfc
donc curieux de trouver, à une telle époque, cette pa-
raphrase de la première partie de Y Ave Maria, qui,
employée seule et terminée par le nom de Jésus, sem-
blerait se rapporter au xiv e siècle. Il est possible que
la présente inscription s'inspire d'un texte de la lin du
moyen-âge ; en tout cas, sa rédaction insolite la rend
très intéressante (1).
La cloche. — Les registres paroissiaux font mention
de plusieurs bénédictions de cloches. Depuis ta Révo-
lution, l'église n'en a conservé qu'une ; en attendant la
construction de la tour qui doit surmonter la façade de
la nouvelle église, cette cloche est installée, à proxi-
mité , sur son beffroi dans un cabanon provisoire ,
où j'ai pu l'examiner ; elle mesure environ m ,fi5 de
hauteur, non compris les anseaux, et m ,75 de dia-
mètre à la base. A la partie supérieure on lit, sur qua-
tre lignes, l'inscription suivante :
(1) Elle a été publiée d'une façon peu précise par Tabbra
Guillaume, dans le Journal de la Soc. aV Arch. lorr, de
1870, p. 149 ; Mgr X. Barbier de Montault a reproduit ce
texte, en le commentant, dans son travail sur h* Ave Maria^
Brives, 1884, p. 149 ; je l'ai enfin donné dans mes Note* sur
f Ave Maria en Lorraine, extr. de la Revue de fÂrt chré-
tien de 1886. — L'I de Iesvs est surmonté de deux points.
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- èo -
M r JEAN FRAMC01S MALARD CURE DE MAXEV1LLË MA BENIE
làn 1790* iai eut (sic) POUR parain | M un j" coster
AKC1EN P" COMMIS DES FINANCES PROPRIETAIRE DU FIEF DE
GËBTILLI ET POUR MARAINE DAME MADAME DOROTE (sic, DorO-
thée) | NÉE BARONNE DE MION EPOUSE DE MESS1RE NICOLAS
BERNARD RAULW SEIGNEUR DE MAXEVILLE ET | AUTRE LIEU
(sic, autres lieux).
Sur la panse on voit, d'un côté, 1 image d'un saint
évoque, saas attribut particulier, et de l'autre, un cru-
cifix : la tête du Christ est radiée ; les pieds sont sépa-
rés ; l'écriteau, qui se déroule en volute, porte, sur
deux lignes, les initiales IN | RI ; la croix pose sur un
support ; les branches supérieures se terminent par des
fleurs de lis. Plus bas, enfin, on lit : j b poirson
fondeur a nancy. Ce nom de fondeur est malheureuse-
ment très mal venu ou effacé, surtout aux extrémités ;
j'ai pu le rétablir avec certitude à l'aide des archives
communales»
Afin de déterminer le parrain de la cloche, j'ai con-
sulté V Armoriai de M. A. Georgel, qui fait descendre
cette famille d'Etienne Coster, né en 1596, en Savoie,
venu s'établir à Saint-Nicolas-de-Port, et mort à Nancy
eu 1G76, Il rn T a paru qu'il devait être question du second
fils de Jean-François Coster , « juge consul de
Lorraine * 7 ainsi désigné : « Joseph Coster, né en
1729, mort en 1813, ancien intendant des finances ».
Ayant recouru à la Biographie de Lorraine de
Michel, j'y ai trouvé un article important sur ce
personnage, où on lui donne les prénoms de Joseph-
François, On y lit qu' « il passa successivement
secrétaire des Etats de Languedoc en 1760 ; pre-
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— 21 —
mier commis du contrôle des finances, sous Nccker, en
1770 ; conservateur des médailles et professeur d'his-
toire de Nancy, en 1798 ; enfin, proviseur du collège
royal de Lyon en 1808. » On lui doit plusieurs ouvrages
relatifs au commerce, à la politique et à l'histoire. * Cet
écrivain, ajoute Michel, était tellement estimé de ses
compatriotes qu'ils lui décernèrent le surnom de
citoyen, bien avant qu'on ne donnât ce qualificatif à
tout le monde (1). »
(1) Michel, Biographie hisU et gênéal. des hommes mar-
quants de V ancienne province de Lorraine ; Nancy, 1829,
p. 119. — Joseph-François Coster, avocat au Parlement,
conseiller du Roy, secrétaire et greffier de Sa Majesté aux
états et commandement du Languedoc, acquit du ermite du
Hautoy, en 1768, la terre de Tichemont, qu'il revendit en
1769. (A. Durand, Les bords de VOrne, dans les Mèm. de la
Soc. d'hist. et d'archêol. de la Moselle, 1864, p. 158), — Il
est question du même comme acquéreur de biens à Sainto-
Marie-aux-Chênes, les 12 et 22 novembre 176S. (Ch er de
Sailly, Seconde excursion dans le Barrois mo&ellan, dans
les Mêm. de la même Société, 1869, p. 171.)
Un Eloge de M. Coster, par M. Blau, composé en 1814, a
été imprimé dans les Mêm. de la Soc. royale des Sciences,
Lettres et Arts de Nancy, en 1837. L'auteur dit que Coster
ne quitta les fonctions de premier commis au contrôle
général des finances que vers 1790 ; il y a là une in exacti-
tude prouvée par l'acte de son second mariage. Coster
épousa en 1752 E.-M. Cupers et en 1787 A.-Ch, Prugnon
(H. Lepage, Archives de Nancy, III, 311, IV, 50) ; tîans ce
dernier acte, il est qualifié écuyer. — On pmit aussi
consulter sur lui une excellente notice de Justin Lsunoureux
dans la Biographie générale de Hœfer et une uutre t\&
M. Weiss dans la Biographie universelle de Michaud. —
On voyait dans sa bibliothèque, à Gentilly, la statuette
équestre de Charles III placée aujourd'hui au Musée do la ville
de Nancy ; il l'avait reçue en présent du maréchal de Beau v au,
auquel il rendit d'é minent s services.
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— 22 —
L'un de ses neveux, Charles- Joseph Coster, préfet
de la Mayenne puis de la Haute-Vienne, né à Nancy en
1781, mort à Châlons-sur-Marne en 1870, dernier de sa
famille, fut créé écuyer et baron en 1827 ; armes :
D'azur à la côte humaine d argent posée en pal (1).
Michel parle d'autres membres de la famille, notam-
ment de Sigisbert-Etienne, frère de Joseph-François,
qui, étant vicaire général du diocèse de Verdun, fut
député du bailliage de cette ville aux Etats-généraux.
On a son portrait, gravé à cette occasion, où déjà
iigurent les armes de sa famille, ornée d'une couronne
de comte (2).
Quant à la marraine, la famille de Myon, originaire
de Franche-Comté, est connue depuis le xvi e siècle en
Lorraine, où elle posséda notamment la seigneurie de
Gombervaux : mais les généalogies que j'en ai pu trou-
ver ne vont pas jusqu'à Dorothée. La terre de Gom-
bervaux fut érigée en baronnie pour ce-te famille le
17 juin 1660 (S).
C'est évidemment l'époux de la marraine dont on voit
l'épi taphe gravée sur un marbre rectangulaire encastré,
avec un cadre de pierre ornementé, dans le mur de
(1) A* Georgel, Armoriai des familles de Lorraine..,, ti-
trées au XIX e stècle.
(2) S. Lieutaud, Liste alphabétique de portraits... ; Paris,
1862, jr* 47. — V. aussi A. Benoit, Les portraits des dépu-
tés du Barrois et du Verdunois... t dans les Mém. delà
Soc. des Lettres de Bar-le-Duc, t. VII, 1888, p, 20 (le
champ des armes est gravé : de gueules) .
(3) Husson-rEscossois, Simple crayon ; Hugo, Maison des
Salles, p. r., p . xxxix ; La Chesnaye-des-Bois ; J. Cayon, An-
cienne chevalerie ; F. de Chanteau, Notice hist. sur le châ-
teau de Gombcrvaux ; Bar-le-Duc, 1883, p. 15, 17, 30, 5^.
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— 23 —
façade de l'église, de Maxéville, du côté de l'évangile ;
elle est très haut placée et il est aujourd'hui difficile de
la lire; trop moderne pour que je la rapporte à¥av-
ticle des monuments funéraires, j'en donnerai ici le
texte, tel que Ta transcrit l'abbé Guillaume :
Ici repose M. Nicolas-Bernard Raulin, décédé le 10 février
1821, âgé de 85 ans.
Paix éternelle à l'homme juste qui a évité le mal et fait le
bien autant qu'il a été en son pouvoir.
Priez Dieu pour le repos de son âme.
L'abbé Guillaume a omis de mentionner une chose
importante, qui rattache le défunt à la descendance de
Philippe Roliin ou Raulin, conseiller secrétaire entrant
au conseil du comte de Vaudémont (1), anobli par
le duc Henri en 1610: c'est qu'au-dessus de l'épi-
taphe, on voit gravé un écusson aux armoiries de ce
dernier: dazur à une croix pattée d'argent, cantonnée
de quatre besans d'or (2), avec un casque et ses lambre-
quins ayant pour cimier la croix de l'écu. La famille
était originaire de Maxéville, car, selon toute apparence
l'anobli avait pour père Nicolas Roliin, mort en 1587,
dont nous retrouverons plus loin la tombe (n° VI).
Notre personnage était fils ou neveu d'un autre Nico-
las-Bernard Raulin, conseiller d'Etat en la Chambre
des Comptes de Lorraine, etc., mentionné par Dom Pel-
letier et qui, en 1716, fit construire la censé de
Léopoldval, sur le territoire de Bouxières-aux-
Ghênes (3).
(1) Nicolas de Lorraine, comte de Vaudémont, puis duc de
Mercœur, régent pendant la minorité du duc Charles 111,
(2) Dom Pelletier, Nobiliaire, p. 681.
(3) H. Lepage, Communes, I, 580. — Le même, dans I
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— 24 —
Celui dont nous nous occupons paraît être devenu
seigneur de Maxéville en partie au moyen de Tachât
fait sur Jean- Yves Coulon, de la portion que celui-ci
avait lui-même acquise d 1 Agnès - Thérèse du Pont,
épouse séparée de Dominique- Marc Anthoine (1).
Cependant le premier possédait peut-être, lui venant
d'ailleurs, d'autres parts de la seigneurie et ne dut pas
acquérir en entier celle du vendeur, car tous deux sont
mentionnés simultanément comme seigneurs de Maxé-
ville dans cette citation de H. Lepage (2) : « On a...
des actes de foi et hommage pour tout ou partie de la...
seigneurie de Maxéville, donnés par Nicolas-Bernard
Raulin, écuyer, avocat à la Cour (1771-1777), et par
Jean- Yves Coulon (3), écuyer, conseiller -secrétaire
honoraire du roi, maison et couronne de France (1772-
1776).
Archives de Nancy, III, 332, mentionne ainsi son acte de
décès, d'après les registres de la paroisse Saint-Sébastien,
en Tannée 1738 : « 20 novembre. Messire Nicolas-Bernard
Raulin, chevalier, comte de Bey, conseiller d'Etat du roi,
premier président en sa Chambre des Comptes de Lorraine ;
75 ans. Inhumé dans Téglise des Minimes. »
(1) H. Lepage. Invent, sotnm. des Archives, E, 96.
(2) Communes, II, 26.
(3) Sur J.-S. Coulon, v. CompL au Nobiliaire, p. 155. —
Cf. E. Michel, Biogr. du parlement de Metz, art. Las a lie,
p. 284.
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- 25 —
SECONDE PARTIE
LES MONUMENTS FUNÉRAIRES
La plupart des anciennes inscriptions funéraires tlo
l'église et du cimetière de Maxéville ont été publiées,
mais non toujours d'une manière satisfaisante, aï avec
méthode (1). Je vais tenter de les reproduire, en les
classant dans Tordre chronologique des monuments qui
les portent, et en m'arrêtant au commencement de notre
siècle. Quelques-unes ont pu être déplacées ; cependant
je noterai avec soin les endroits où elles se trouvent.
Tous les monuments antérieurs à la Révolution sont
en pierre.
I
Richard des Armoises,
écuyer.
1519 (?).
(H. : 1™,70 ; L. : 0*87.)
La plus ancienne des pierres tombales existe à l'avant
(1) Abbé Guillaume, Epigraphie tumulaire, dans le Jour-
nal de la Soc. d'Arch. lorr., 1870, p. 149-155 ; il n'a pas
connu les tombes n os Vil et XI, d'ailleurs il s'est borné il
transcrire les textes, en caractères ordinaires et pas toujours
exactement, sans s'arrêter aux monuments eux-mêmes ; il a
transcrit quelques épitaphes intéressantes de notre sîùcle,
que je ne reproduirai pas. MM. Beaupré et Le page, L t\ f ont
parlé insuffisamment des deux épitapbes concernant la
maison des Armoises.
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— 26 -
du chœur, du côté de l'évangile, et appartient à la
célèbre maison des Armoises. Dans le milieu, vers le
haut, est gravé un écu aux armoiries de la famille :
Gironné dor et dtazur de douze pièces ; sur le
tout, parti d'argent et de gueules. Le long des quatre
bords on lit cette inscription, dont je restitue quelques
parties effacées à Faide des copies plus anciennes. Le
sculpteur a employé la minuscule gothique en usage au
xv° siècle et au commencement du suivant ; toutefois
YR de Rkhart est majuscule, et les s finaux des deux
articles contractés « des » sont de genre Renaissance.
Cy gist nobit eécuter [ 9îicï)art (1) bes armotéeg fUj be
mettre Simo bes armoi | Se (2) cljeuaKet éeignewr | be
mantyv>ilk (3) enptie (4) q (5) tresjocrêSate in,., jour...
1519.
(1) Sic, et non Richard comme ont écrit mes devan-
ciers.
(2) Simon des Armoise, sans 5 à la fin comme la première
fois. Au lieu de Simon, l'abbé Guillaume avait lu François.
(3) Les lettres he de Marcheville sont liées.
(4) En partie.
(5) Qui.
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— 27 -
M. Beaupré dit que cette tombe portait La date 1519,
d'ailleurs très vraisemblable. « Cette date, ajoute
H. Lepage, est depuis longtemps effacée, ainsi que le
constatent des Notes historiques sur Maxéville, rédi-
gées, en 1840, par M. l'abbé Fèvre, curé de celte pa-
roisse (1). >
A propos de cette épitaphe, dont il ne connaissait
pas la date, feu l'abbé Guillaume écrivait, en 1870 ;
« Dom Calmet cite un Richard des Armoises, maré-
chal du Barrois, comme signataire d'un Iraité de paix
conclu entre le duc de Bar et celui de Luxembourg vers
l'an 1400. — Serait-ce le personnage dont les restes
ont été inhumés dans l'église de Maxéville ? Il serait
difficile de le déterminer, la date restant désormais
inconnue. D'un autre document, il résulte qu'un Richard
des Armoises nomma, le 2 mai 1454, à la cure de
Maxéville, le sieur Thiéry Méliane. Ce dernier serait
plus probablement celui que recouvre la tombe dont il
est en ce moment question. »
Le style des caractères aurait dû indiquer à l'abbé
Guillaume que cette tombe est fort postérieure à 1 454,
et la formule employée désigne suffisamment un gentil-
homme mort jeune, du vivant de son père, sans avoir
pu recevoir des charges considérables, ni la dignité de
chevalier. En outre, l'auteur aurait dû savoir que 3e
Richard de 1400 n'était pas fils d'un Simon ou d'un
François des Armoises : Dom Calmet nomme son père
Colart I tx des Armoises, chevalier, maréchal de Bar-
(1) H. Lepage,- /. c, p. 179, note. Ce manuscrit a malheu-
reusement disparu à la mort de M. le curé Husbgu, succes-
seur de l'auteur.
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— 28 —
rois (1) ; Richard n'était nullement seigneur de Maxé-
ville et n'aurait pu se faire enterrer en l'église de ce
lieu, dont le chœur n'existait pas encore. Quant au
Richard de 1454, il était fils de Simon des Armoises,
seigneur de Fléville, et d'Yolande de Morey ; il devint
seigneur de Maxéville par son premier mariage avec
Agnès de Jaulny, fille de Simonin de Jaulny et de
Valence de Nancy, héritière de sa branche. Richard
paraît avoir été seigneur de Fléville- en- Verdunois,
d'Hannoncelles et de Lixières ; Dom Galmet dit qu'il
était maréchal de Barrois en 1482, et mourut vers cette
époque. Husson-l'Escossois dit positivement qu'il « fut
inhumé en la chappelle du cloistre de Sainct-Pierre-
mont (2) », renseignement que confirme Dom Calmet.
Notre Richard mort en 1519, inconnu des généalo-
gistes, était donc indubitablement le petit-fils du précé-
dent et avait pour père Simon des Armoises qualifié
« Simo de Hannoncelle, miles, dans un acte de 1489 par
lequel il donne son consentement à la permutation de
la cure de Maxéville ». Ce Simon, fils aîné de Richard
et d'Agnès de Jaulny, fut seigneur de Fléville, etc., et
bailli de Saint-Mihiel (1477) ; il épousa successivement
Florei de Bouzey (1488), dont il n'eut pas d'enfants, et
Jeanne d'Icourt, qui fut la mère de notre défunt.
Ensuite, la terre de Maxéville passa à Thierry, frère
puîné de Simon (3).
(1) Dom Galmet, Généalogie de la maison des Armoises,
dans Hist. de Lorr., 2 e édit., t. V, dissert., col. clvij.
(2) Husson TEscossois, Simple crayon.
(3) Ces renseignements sont empruntés à Dom Calmet ;
mais il faut consulter avec beaucoup de précaution cette
généalogie, composée d'une manière extrêmement défectueuse
et qui renferme nombre d'erreurs.
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— 29 —
II
Famille Tabouret.
1534-1571.
(H.: 1,72 ;L. : 0,76.)
Cette pierre tombale est placée à l'avant du choeur,
du côté de Pépître, faisant pendant à la précédente ;
elle porte trois épitaphes en caractères romains, la
première gravée sur les quatre bords ; le milieu est
divisé en trois compartiments étages ; celui du centre
est resté vide ; les autres renferment les deux épiLaphes
postérieures. (La première lettre est gothique.)
GY • GIST ' HONNESTE ' PER | SONNE * LE ' VIEVLX ' IEHAN * TABOV-
RET *QVE' DIEV 'ABSOLVE. (1) QVY* DECEDA 'LAN 'MIL M:iNU | CENS
TRENTE * QVATRE * PRIEZ * DIEV * POVR Ivî.
CY'GYST" HONORABLE •:•
HOME ' IEHAN * TABOVRET
EN ' SON ' VIVANT * /MAIRE
DE ' MARCHEVILLE * QVI
DECEDA * LE ' PENVLTIE
ME-IOVR'DVMOIS
DAOVST ' 1549 * PRIEZ • : •
DIEV POVR LVY.
CY * GIST ' ENCORE ' HONORA
BLE FEME CLAVDE DO
TRENAL JADIS FEMME
AVDICT' MAIRE IEHAN
TABOVRET LAQVELLE
veceda le penvltieme
10 VR ' DE • 2FILLET " 157 1
PRIEZ 'DIEV POVR 'ELLE
(1) Les deux dernières lettres sont liées.
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— 80 —
Cette tombe se rapporte indéniablement, ce que per-
sonne n'avait encore entrevu, aux ancêtres de Domi-
nique Tabouret anobli en 1584, dont on lira plus loin
Tépitaphe (n° VII).
III
Olry «Pacobi,
curé de Maxéville.
1549.
(H. : 0,54 ; L. : 0,54.)
On remarque, encastré dans le mur méridional de
l'église, à l'extérieur, un fragment de tombe que l'abbé
Guillaume signalait, en 1870 , comme y ayant été
récemment scellé par le curé et dont l'épitaphe ,
suivant ses expressions, « rappelle un nom célèbre
dans les annales du pays ». Ce fragment consiste dans
les trois branches supérieures d'une croix, au centre
de laquelle, débordant aux angles, est un tableau carré
surmonté d'une queue d'aronde. Mon devancier a mis
en tête la dédicace D. 0. M. (1), dont je n'ai vu trace.
Le tableau offre cette inscription :
GY ' G1ST • D
P'M'OLtfVIÀCOBI
CVRE*DK'CE*LIEV
DE'MARCHUVILLE
QVI'DECEDÀ'LE
ZZ'DAPVRIL # 1549
PRIEZ 'DIEVPOVR
LVI
L'abbé Guillaume a omis les initiales D. P. M. qui
(l) Deo Optimo Maximo.
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- 31 -
précèdent le nom d'Obry Jacobi ; la troisième signifie
sans doute messire, mais je ne sais comment traduire
les deux premières. Le même a aussi écrit Marche-
ville, au lieu de Marchai/2 ville.
« Ce prêtre, ajoutait l'abbé Guillaume, ne pourrait-il
pas être frère de Pierre Jacobi, aussi prêtre, qui
imprima, en 1503, à Saint-Nicolas-de-Port, les Heures
de la Vierge (1), et, en 1518, le Liber Nanceidosl Le
rapprochement des dates permettrait de le supposer.
Et si Ton admet cette hypothèse, il deviendrait pos-
sible de déterminer le lieu de naissance du célèbre
imprimeur. On lit, en effet, dans un acte de la seigneurie
de Maxéville, aujourd'hui déposé aux archives dépar-
tementales, que : Olri Jacobi, de Nancy, a été nomme
à la cure de Maxéville, par Christophe Desarmoise*,
le 12 août 1532. Nancy aurait un nom de plus a
inscrire sur la liste des hommes remarquables qui ont
reçu le jour dans ses murs. »
Sans être dans l'intention d'affaiblir les présomptions
de l'abbé Guillaume, je dois faire observer que Jacob
était un nom fréquent en Lorraine (2) et que, au
xvi e siècle, une quantité de prêtres donnèrent à leur^
noms de famille une désinence en /, affectant la forme
italienne. Je compte appeler l'attention sur ce point
dans un putre travail.
Olry , maintenant abandonné comme prénom, est
(1) Hore virginis marie ,Ad vsum tullensis ecclesie ; v.
Beaupré, Recherches, p. 36, et J. Favier, Trésor du biblio-
phile lorrain, 1889, p. 16 et pi. 6. La marque de P. Jacobi
est reproduite dans ce dernier ouvrage, p. 4.
(2) Le Nobiliaire de Dom Pelletier cite trois familles
Jacob et une du nom de Jacobi.
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— tf2 —
devenu le nom de nombreuses familles lorraines :
Qlry* Ory, Olriet, etc. Il provient du latin Ulricus,
en patois Oury (Olry , suivant les lois de l'ancien
langage, devait se prononcer Ouri) ; c'est le nom d'un
saint très vénéré ; une chapelle qui lui est dédiée non
loin de Sarrebourg (1) ; constamment, des pèlerins la
visitent afin d'implorer le saint pour la guérison de
toute espèce de maladies et accidents (2).
IV
Hélène des Armoises*
1558.
(H. : 1,80 ; L. : 0,90).
Celte belle pierre tombale existe dans le chœur,
contre le mur du côté de l'épître ; l'inscription occupe
moins de moitié de la partie supérieure ; au milieu de
l'autre sont représentés sur un cartouche et entourés,
suivant l'usage de l'époque, d'une couronne de fleurs
ou chapeau de triomphe, deux écus en losanges, aux
armes des familles des Armoises et de Gustine, les
dernières d'argent à la bande de sable accompagnée de
deux cotices de même (3) . L'épitaphe , en caractères
de la Renaissance, Jiauts et étroits, (surtout les E,
qui en deviennent presque invisibles,) porte :
(1) Saint-Oury (Ulrich en allemand), territoire de Dol-
ving.
(2) Cf. H. Lepage, Bull, de la Soc. d'Arch. lorr. y t. I,
p. 65.
(3) Le losange était, en Lorraine, au xvi e siècle, la forme
spéciale pour les femmes, mariées ou non ; mais cette dis-
position des deux écus des parents, taillés de même et
réunis dans une seule couronne, me semble tout à fait parti-
culière ; je n'ai pas souvenir de l'avoir rencontrée ailleurs.
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- 33 -
Gy GIST HONESTE'DÀMOYSELLE
/tëLAINÉ DESARMOYSES. FILLE 'DE
F0VXPOFLE (ÎJ'DES'ARMOYSES'ET DE
ANNE * DE ' G VSTINE * SA * MERE # EN
LEVR ' VIVANT ' SEIGNE VR (2) * ET " DAME
DE ' HARNONCELLE (3) * ET * MERCHEV1LLE (4)
EN' PARTIE *& c . (5) LAQVELLE' DECEDA
LE * z8 E (6) ' IOVR ' DE * SEPTEMBRE
1 558 ' PRIE ' DIEV • POVR " ELLE (7) .
Il paraît qu'autrefois cette tombe se trouvait dans le
milieu du sanctuaire, car Dûm Calmet nomme, comme
le cinquième des enfants de Christophe des Armoises :
« Hélène, morte fille et inhumée en 1558, devant le
Maître-Autel de Marchéville devant Nancy (8) ». — La
qualification à'honeste au lieu de noble, devant celle de
damoyselle est à noter ; je n'ai pas souvenir de l'avoir
vu employer à l'égard des membres de la noblesse et
surtout delà chevalerie de Lorraine.
(1) xpistoFLE, pour Christophe ; telle était l'orthographe
de l'époque ; les deux premières lettres , empruntées à
l'alphabet grec, ont été d'usage, presque jusqu'à nos jours,
pour les mots Christ, Christophe, Chrétien, etc.
(2) Sic.
(3) Sic, et non Hamioncelle.
(4) Les deux premières lettres sont liées.
(5) Signe singulier, sans doute Etc.
(6) Le 2 est en forme de 2 ; le 8 a la tête aplatie.
(7) Cf. Abbé Guillaume, l. c, p. 150, et H. Lepage, l, ç.,
p. 168, note.
(8) Dom Calmet, Hist. de Lorr., 2 e édit, dissert., t, V\
clœxv ; cf. Abbé Guillaume et H. Lepage, loc. cit. Muia
peut-être Dom Calmet et ses copistes se sont-ils trompés.
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- 34 —
Christophe des Armoises, seigneur de Màxéville pour
a moitié, ainsi que d'Hannoncelle et autres terres,
était le neveu de Simon, vivant en 1489, dont il est
question plus haut, pt le fils de Thierry qui, apparem-
ment, avait hérité de son frère ; on trouve mention de
Christophe de 1532 à 1573. Il laissa plusieurs enfants.
— On sait que la famille de Custine, éteinte en notre
siècle, est Tune des plus illustres de la Lptharingie ;
l'histoire de ses origines a été complètement renou-
velée dans un travail publié il y a quelques années (1).
Jacques Maire Mengin
et Alizon, sa femme.
1567-1570.
(H. : 0,54 ; L. : 0,54.)
A l'extérieur de l'église, au-dessous de la première
fenêtre du côté de l'épître, on lit sur un cartouche
carré cette épitaphe :
CYGIST-HONESTE.HOE (2)
IACQVE-MAIRE-MÊGIN (3)
DEM • A • MARCHAI VILLE (4)
QV1- DECEDA -LE -21 (5) DO
CTOCRE- 1567-ET-ÂL1ZÔ(6)
(1) Hipp. Goffinet, Notice sur le village de Saint-Vincent.
Arlon, 1881.
(2) Honneste homme. Sigles en forme à' oméga.
(3) Mengin.
('a) Demeurant à Marchainville. L'abbé Guillaume a mis
de au lieu de demeurant à.
(5) Le second chiffre n'est pas tout â fait certain ; cepen-
dant l'abbé Guillaume l'a lu de même.
(6) Alizon, diminutif d'Alix. Sigle en forme Iomega.
k
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— 35 —
SA-FEME-LAQVELLE
DECEDA • LE -ZO- DE
IVILLET- 1570 PRIEZ
DIEV-POVR-EVLX.
Au lieu de 1567, l'abbé Guillaume a lu 1607 ; c'est
une erreur certaine, le troisième chiffre est bien un G,
et le 5, — dépourvu de l'appendice supérieur dirigé à
droite, en usage depuis le xvn c siècle, — - serait parfaite-
ment semblable à celui de 1570 } si ce dernier n'avait
l'appendice horizontal à gauche que l'on remarque chez
beaucoup de ses congénères du xvi e siècle et qui les
font souvent prendre pour des 3 par les personnes puu
expérimentées.
L'appellation du défunt par trois mots est un fait des
plus rares et tout à fait anormal. Jacquemaire est bien
connu en Lorraine comme nom de famille; toutefois il
est étonnant que cette combinaison d'un prénom simple
et de la désignation d'une fonction ait pu devenir un
prénom composé. Sans doute, Mengin se trouve comme
prénom aussi bien que comme nom de famille; mai y je
ne connais pas d'exemple de l'emploi du nom de famille
avant le prénom ; ce dernier doit toujours précéder les
autres noms, comme l'indique son étymologie pré-
nom ; donné au baptême, il est le seul auquel l'Eglise
attache de l'importance ; même dans l'histoire profane
et la législation laïque, le nom de famille est une insti-
tution toute moderne.
Mais Jacque Maire est-il bien la traduction de Jnro-
bus major î On est en dçoit de se poser cette question,
bien que l'étymologie du second membre ne soit guère
douteuse dans Jeamnkxm et GrandttkiRE, noms con-
nus en Lorraine ; la division de Jacque • Maire eu deux
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I
- 36 —
mois, sur la présente tombe, peut n'avoir pas grande
importance. Si donc il fallait voir dans Jacquemaire un
prénom, je serais porté à le considérer comme une
étrange variante augmentative de Jacques, aidée par la
proximité du nom de famille traduction de Jacobus
major et analogne à Jacquemard, usité dans d'autres
provinces (1). Littré dit que la syllabe finale de
Jaquemart reste inexpliquée. « Mais, remarque M. L.
Larchey, la lettre m doit être mise de côté, car elle
n'appartient pas à la désinence ; elle marche avec
Jacqueme, nom de saint (en latin Jacobus : Jacques), qui
a fait Jacquemard, comme Jacquemain, Jacquemot,
Jacquemet. Nous la rétrouvons encore, cette m, dans
les radicaux Jacomme (2) et Jame, signifiant tous deux
Jacques, qui ont fait Jacomin et Jamin, (de même que
Titalien Giacomo a fait Giacomino). On reste donc en
présence de la finale ard, qui aurait une valeur aug-
mentative, comme dans beuglard, criard, etc. (3) »
Quant au mot Mengin ou Mangin il provient, par
aphérèse et addition d'une désinence diminutive, de
Démange, forme romane de Dominique (Dominicus).
Cette forme primitive a donné naissance à un très grand
nombre de variantes, qui, après avoir été des prénoms,
(1) Dans l'ancien langage, a devient souvent ai ; d'où
Jacquemard a pu s'écrire Jacquemaird et, par corruption,
Jacquemaire, Il y aurait lieu de rechercher d'autres exemples
de ces prénoms en Lorraine.
(2) On possède le testament, en date du 29 avril 1*380, de
Jacomete, citain de Verdun (V. Mém. de la Soc. philoma*-
thique de Verdun, VI, p. 43.)
(3) Lorédan Larchey, Dictionnaire des noms.
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- 37 —
sont devenues les noms patronymiques d'une quantité
de familles lorraines : Démange, Demangin, Dtmian-
geot, Demangeon, Mangin, Mangeot, Mangeon f Mmijot,
Mangenoty Manginot (mêmes formes avec un e au lieu de
l'a), Mougenot, Mougeot, Petitmengin, Grandmougîn,
etc.
J'avais écrit ce qui précède lorsqu'un de mes
confrères a cru pouvoir m'affirmer que Mairemengin
est un nom connu en Lorraine, dans les Vosges. De la
sorte, c'est au troisième et non au premier mot qu'il
faudrait relier le second, et le mot rectifié serait Jac-
ques Mairemengin. Cette interprétation me paraît» eu
effet, plus naturelle.
VI
Nicolas Rolin,
Receveur de Son Altesse.
1587.
(H. : 0,72; L. : 0,64).
Un cartouche rectangulaire encastré dans le mur
méridional de l'église, à l'extérieur, offre cette épitaphe
en grands caractères, dont quelques mots désignant les
qualités ont été martelés, sans doute à la Révolu-
tion (1) :
CY-GIST-HONOR
ABLE- HOMME
NICOLAS -ROL
IN • EN • SON- VI V
ANT-recevevr (2)
(1) J'ai heureusement copié cette iascription il y a quel-
ques années ; aujourd'hui, elle est en grande partie caehôa
par une tombe récente.
(2) Le premier plein de FR est resté, ainsi que celui du
mot DE à la ligne suivante.
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..
de* SO altesse
Q VI -DECEDA •
LE -DERNIER- 10" (1)
DE-S«PTÊBRE-1587-
PRIEZ -DIEV- PO V R LVI
La lettre initiale et PR de Rolin sont de dimension
supérieure aux autres caractères.
Le défunt était sans doute recaveur des cens et rentes
pour la moitié de la seigneurie qui appartenait au do-
maine. Serait-il le même que « Nicolas Rollin..., huis-
sier du conseil, etc. », époux de Marie Pillart, nourrice
de la princesse Catherine (2), et père de Philippe Rollin
ou Raulin, « conseiller secrétaire entrant au conseil du
comte de Vaudémont (3) », qui fut anobli, par le duc
Henri , en 1610 (4) ? La chose est assez probable
puisque Ton retrouve cette famille Raulin parmi les
seigneurs de Maxéville à la fin du siècle dernier (5). Ce
nom est fort répandu en Lorraine ; six familles qui le
portaient furent anoblies ; il provient très vraisembla-
blement de la contraction de Raoulin, diminutif de
Raouly formé de Radulphus (6).
- (1) Jour ; un petit v est placé dans l'intérieur de l'O.
(2) Fille du duc Charles III, née en 1573, plus tard abbesse
de Remiremont.
(3) Nicolas, second fils du duc Antoine, régent pendant la
minorité du duc Charles III ; plus tard duc de Mercœur.
(4) V. Dom Pelletier, Nobiliaire, p. 681.
(5) V., plus haut, à l'article de la cloche.
(6) M. L. Larchey propose d'autres étymologies du nom de
Rollin, concurremment avec celle que j'indique ; mais elles
me paraissent moins probables par rapport à notre province,
dont un duc avait porté le nom de Raoul. — Dans la pro-
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— 39 —
VII
Noble Dominique Thabourei
seigneur de Maxéville.
1612.
(H. : 2,22 ; L. : 1,10.)
Cette pierre tombale importante, jusqu'ici cachée
par les stalles et demeurée inconnue, se voit il ans le
chœur, tout contre le mur du côté de l'évangile ; lo mi-
lieu, qui devait offrir des armoiries, ne porte plus aucune
trace de gravure ; l'épitaphe s'étend le long- des quatre
bords ; plusieurs mots ont disparu, même les noms du
défunt, mais je crois pouvoir les rétablir de la manière
suivante :
Cy gist noble homme messire Dominique \ Tlmhouret
seignevr de MarcheviLL& povr la moitee châtelain
grvyer et recepvevr de (1) la conte de | blamo^t qvy
DECEDA LE 15 IOVR DAOVST 1612 PRIEZ DIEV POVR SON
AME.
L'inscription qui précède rappelle sans doute Domi-
nique Tabouret, anobli en 1584, dont nous avons ren-
contré plus haut les ancêtres. Voici l'article de Dom
Pelletier sur cette famille ; je le reproduis h cause de
nonciation moderne, fondée sur l'orthographe dm mots et
non sur l'accent latin, le redoublement des coq sonnes rend
la syllabe antérieure brève et sonnante ; il n'en était pas
ainsi autrefois : l'effet était, au contraire, de rendre longue
cette syllabe : on écrivait controlleur pour prononcer con*
trôleur ; de même la prononciation de Rollin et de Raulin
était semblable.
(1) La place manquerait pour écrire ces qualifications tout
au long ainsi que je le fais ; on avait sans doute omis les
moins importantes, ou fait emploi de nombreuses abrévia-
tions.
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- 40 -
son grand intérêt pour l'histoire seigneuriale de
Maxéville :
« TABOURET (Dominique), au service de la maison
du grand duc Charles, fut annobli, sans finances, par
lettres de S. A., données à Nancy le 23 avril 1584. Porte
de gueules, au fleuve onde d'argent et mis en fasce,
accompagné de trois têtes de lion arrachées d'or, lam-
passées de gueules, allumées et armées d'argent, deux
en chef et une en pointe ; et pour cimier un lion d'or
assis entre un vol de l'écu, sortant d'un torti d'or et de
gueules, porté d'un armet couvert d'un lambrequin aux
métaux et couleur de l'écu, FoL 118, régist. 1584. Les
lettres de S. A. portant mandement aux gens de ses
comptes de Lorraine de procéder à l'enregistrement
desdites lettres de noblesse, sont du 28 juin 1584.
Layette cottée annoblissemens, num. 21 L
« Dominique Tabouret, fut dans la suite châtelain de Bla-
mont, et eut pour fils Dominique Tabouret de Maxéville,
châtelain, gruyer et receveur de ladite ville (Blamont)
qui épousa Marie Huguet, fille de Bertrand Huguet, et
d'Anne Bertrand, avec laquelle il vendit, en 1605, tout
ce qu'ils avaient en la seigneurie de Brin, provenant de
la succession d'Anne Bertrand sa belle-mère. Il eut,
selon quelques-uns, de son mariage, Charles Tabouret,
seigneur de Maxéville, châtelain, gruyer et receveur de
Blâmont, vivant en 1632. D'autres plus vraisemblable-
ment le disent fils de Dominiq. Tabouret de Maxéville,
et d'Isabelle Baudouin, et petit-fils de Dominique Ta-
bouret, et de Marie Huguet ; quoi qu'il en soit, Charles
épousa Elisabeth Fournier de Raon, fille aînée de.
François Fournier, seigneur des bans d'Anould et de
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— 41 —
Provenchères, et d'Elisabeth Chavenel, dont il eut ;
1° Dominique qui suit ; 2° Marguerite Tabouret, mariée :
1° à François Lescamoussier, adjudant général de
Charles IV; et 2°, le 22 février 1656, à Paul Dol-
maire.
« Dominique Tabouret de Maxéville, épousa Barbe
de Vellis, de laquelle il eut Charles, qui suit.
« Charles Tabouret, II du nom, seigneur de Maxé-
ville, lieutenant-colonel pour le service de S. M. I,,
épousa N. dont il eut N. Tabouret, élevé dans la com-
pagnie des cadets-gentilshommes de S. A. R,, puis
officier pour le service de S. M. L, et marié en
1730. »
, En 1619-1628. Charles Thabouret, châtelain et gmyer
du comté de Blâmont, possédait encore moitié de la
seigneurie basse et foncière de Maxéville (1).
Vers 1660, Dominique Tabouret (fils du précédent)
n'était plus seigneur de ce lieu que pour un quart, le
reste appartenant à la famille Fournier. C'est, du moins,
ce qui paraît résulter de cette mention de Y Inventaire
sommaire des Archives, par H. Lepage (E. 102) :
« 1659-1679. — Comptes rendus à Dominique Tha-
bouret, seigneur pour un quart en la seigneurie de
Maxéville ; à Claude Fournier, seigneur haut justicier
sans part d'autrui et foncier pour la moitié, et a An-
toine-Aflrican Fournier comme tuteur de Louis et
François, fils de Claude... »
Mais il semble que le second quart de la famille Ta-
bouret était échu à Marguerite, sœur de Dominique,
alors mariée à Paul Dolmaire, a Le 28 janvier l&fM,
(1) H. Lepage, Invent, sotnm. des Archives, E. 100.
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i
dit H. Lepage dans les Communes de la Meurthe
(II, 16), Gilles Macquart, au nom et comme fondé de
procuration de Dominique Tabouret et Paul Dolmaire,
fait ses reprises pour moitié de la seigneurie de Maxé-
viUe. (T. G., Nancy, 4.) »
La bibliothèque de la Société d'Archéologie lorraine
possède un « Extract (sic) des nobles de Lorraine »
manuscrit (1), dont l'auteur se désigne ainsi : « Goppié
par moy Dominique Thabouret baron de Macheuille en
Tannée 1687, le premier de Januier, à Heidelberg,
chambellant (sic) et capitaine lieutenant de la compa-
gnie des Dragons (2) de la garde de Son Altesse Elec-
torale pallatine Charle... »
Une autre famille du même nom fut anoblie en 1585
et en 1587 (3). Tabouret ou Thabouret vient de tabour,
surnom des batteurs de tambour ; Vm de ce mot ne se
prononçait pas (4).
VIII
Guillaume Tresco (?).
1615,
(H. : 1,20 ; L. : 0,59).
Contre le mur occidental du cimetière, vers le nord,
on remarque une intéressante tombe verticale de l'an-
née 1615. Elle est en forme de croix latine, munie au
(1) V. J. Favier, Catal. des manuscrits, n° 203.
(2) Suivant l'usage de la fin du xvn e siècle, Fauteur de ce
manuscrit faisait un abus étrange de l'apostrophe ; c'est
ainsi qu'il écrit les « N'obles de L'orreinnes », etc.
(3) Dom Pelletier, p. 763-T64.
(4) V. L. Larchey, Dict. des noms ; sur l'omission, dans
la prononciation des consonnes placées à la fin des syllabes,
v, F: Génin, Variations du langage français.
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- 43 -
centre d'un tableau carré pour inscription (H. : 0,40 ;
L. : 0,30), et dont la branche inférieure s'élargit <le
manière à constituer deux supports en S. Au sommet
pose un petit bénitier rond, disposition très curieuse,
que je Savais jamais rencontrée jusqu'alors (i). Ce
modèle était d'usage à Maxéville, car nous le retrouve-
rons dans la tombe suivante, et une autre, datée de
1802, est encore faite semblablement.
L'inscription, gravée peu profondément et presque
effacée, a exercé ma patience ; le mot le plus intéres-
sant m'échappe malheureusement; voici ce que j'ai cru
lire : _
CY GIST HON HOME (2)
GVILLAVME TRESC© (3)
EN SON VIVAT ME (4)
CHER1ER (5) A SON ALTE (6)
SSE (7) AV (8) DVCHE DE LORR.. (9)
(1) Sur les bénitiers des tombeaux, v. mon article Anciens
bénitiers lorrains, 1886, p. 12.
(2) Honneste homme.
(3) L'abbé Guillaume a lu a Tresc. » ; je n'ai pas bien
reconnu FS et il y a un petit o dans la bouche du C.
(4) L'abbé Guillaume a lu m[aît]re », mais j'ai simple-
ment vu me, sans indice d'abréviation.
(5) L'abbé Guillaume a lu « Chepier » ; je ne buis pas cer-
tain des deux premières lettres, mais la quatrième est uu
R et non un P. J'ai cherché en vain quelle pourrait ôtre la
signification de ce mot.
(6) Les lettres te sont liées.
(7) Altesse.
(8) Les deux lettres de ce mot sont liées.
(0) La dernière lettre n'est pas certaine ; Yq est placé
dans l'angle de l'L ; l'abbé Guillaume a lu « Lorr[am]e*.
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— 44 —
DEM (1) A (2) MAXEVILLE (3) LEQVEL (4)
DECEDA LE 14 DE
SEPTEMBRE EN LAN
1615 PRIEZ DIEV
POVR SON AME
L'abbé Guillaume n'a pas reconnu la dernière lettre
du nom de famille, qu'il lisait « Tresc. » ; quant à la
profession, il a cru voir « m[aî]tre Chepier », ce qu'il
explique ainsi, en note : « Chepier, geôlier, carceris
custos dérivé de cippus, ceps, entrave. (Dict. de Tré-
voux, t". I, col. 1722) >. Cette explication ne me paraît
point s'accorder avec le contexte tel que le donne
l'auteur ni surtout avec la lecture que j'ai faite moi-
même.
La présente épitaphe fournit, si je ne me trompe, le
premier exemple épigraphique de l'introduction de Yx
à la place de ch dans le nom de Maxéville ; ce nom y
apparaît intégralement sous sa forme moderne.
IX
Démange Douillot, vigneron,
et Anne Bichet, sa femme.
1621.
(H. : 1,24 ; L. : 0,62.)
Cette tombe analogue à la précédente, mais d'un
dessin un peu plus compliqué, se trouve plus loin,
(1) Demeurant ; l'abbé Guillaume a omis ce mot.
(2) Le même a lu de.
(3) Le dernier e se trouve dans l'angle de l'L et les deux
L sont liés ; Y X est de forme courbe.
(4) Le premier e est dans l'angle de F L.
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— 45 —
contre le mur septentrional du cimetière. Elle porte
l'inscription que voici :
Cy gist honneste
i HOME DEMANGE DOVILLO (i)
VIGNERON DEMT A
MAXVILLE QVI DECEDA
avssi gist clavde
bichet sa femme
qvi deceda le
dernier avril
1621 Priez diev
povr levrs ames
« Au-dessous , suivant les expressions de l'abbé
Guillaume, sont gravées les armes du vigneron : la
serpette et un raisin. »
Le nom Douillot est sans doute une variante de
Douillet, et a pour origine un surnom ; le changement
de Ve en o est très fréquent, témoin Pierret et Pîurrol,
Nicolet et Nicolot ou Niclot ; Didier et Didiot ; Claude
et Claudot ; Collenet et Collenot, etc. Bichet doit avoir
la même origine ; ce mot a désigné le petit de la biche t
c'est-à-dire le faon, mais en Lorraine c'est surtout le
nom d'une mesure de capacité. Quant à Démange, telle
était, comme je l'ai dit plus haut (n° V), la l'orme
romane de Dominique, qui est devenue très fréquente
comme nom de famille, avec de nombreuses variantes,
La date mortuaire de Démange Douillot paraît
(l) L'abbé Guillaume a lu Douillot, orthographe plus
rationnelle, mais je n'ai pas retrouvé le t qui a ^eut-être
disparu assez récemment.
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— 46 —
n'avoir jamais été gravée $ je pense qu'il avait fait pré-*
parer son épitaphe au moment de la mortdesa femme,
afin d'être nommé avant elle, comme il convient au
mari ; après son décès, nul n'aura eu le soin de com-
pléter l'inscription. Je pourrais signaler plusieurs
textes d'épigraphie funéraire restés ainsi incomplets (1).
X
Claude Petite.
1669.
(H. : 0,45; L. : 0,38).
Dans le cimetière, contre le mur septentrional, on
remarque un fragment de tombe en forme de croix
latine, dont le pied patte pose sur une base en trapèze
renversé ; elle porte cette courte inscription :
G Y GIST CLAVDE PETITE
FILLE A FLORENTIN PETIT
QVI DECEDA LE 17 IANVI
ER
1669.
Il semble qu'au-dessous, on ait voulu dessiner une
sorte de marteau.
Le nom Petit est très répandu ; trois familles qui le
portaient furent anoblies en Lorraine, mais je ne vois
pas qu'elles aient des attaches avec Maxéviile.
La mise au féminin du nom de famille de la défunte
est à noter ; elle est, du reste, conforme à l'usage
général, qui existait autrefois, d'accorder, autant qu'il
se pouvait, le nom patronymique avec le sexe des per-
(1) V. mon article Les êpitaphes de V église â?Etain t
1887, p. 12.
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sonnes citées. Cela se faisait aussi dans les familles «
nobles ; par exemple, Dom Pelletier dit que Philippe
Bardin épousa, en 1608, « Nicole Heuressièrè », qui
était fille de noble Jean Huressier (1). Le peuple for-
mait souvent des variantes très fantaisistes : j'ai vu la
femme d'un boucher, Polonais d'origine, n'être connue
que sous le nom de la Polonette. L'usage ancien, qui
avait bien son charme, présentait l'inconvénient de
donner parfois lieu à des confusions : ainsi, une femme
appelée la Maillette pouvait appartenir également aux
familles Maillet et Maillette, ces deux noms figurant
dans le Nobiliaire.
A défaut d'autre chose plus remarquable à faire res-
sortir dans l'épitaphe qui précède, j'appellerai l'atten-
tion sur l'emploi de la préposition à pour de, moins
illogique que le pensent quelques personnes ; l'usage
du datif au lieu du génitif pour indiquer les relations
de parenté et d'alliance régnait généralement en Lor-
raine ; à ce sujet, un savant archéologue ditav'ec raison :
« La règle Liber Pétri, formulée ainsi parLhomond,
n'a qu'imparfaitement passé dans Aotre langue. Ceux qui
écrivent et parient correctement n'omettent pas le géni-
tif, tandis que le peuple, se basant sur la tradition, s'en
tiendra au datif, qui exprime mieux la possession. Le
livre à Pierre se dit par contraction pour le livre qui
est à Pierre. L'ambiguité apparaît dès qu'on calque sa
phrase sur le latin : en effet, le livre de Pierre peut
aussi bien désigner un livre donné à Pierre ou com-
posé par Pierre.
» Pour montrer la persistance de cette locution, re-
(1) V. mon article Pont' Saint- Vincent, 1888, p. 80.
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- 48 —
connue vicieuse par la grammaire, je signalerai la dédi-
cace que porte sur ses plats un in-quarto imprimé en
Van IX: « A Madame Joséphine Bonaparte, épouse au
premier consul (1). »
XL
Marie David,
femme de Nicolas Willaume.
1678.
(H. : 2^,00 ; L. : 1™,00.)
L'épitaphe suivante, cachée jusqu'alors, se lit sur une
grande pierre tombale vers le milieu de la nef ; l'un des
côtés est fort usé, mais je crois être parvenu à rétablir
les mots qui faisaient défaut :
D M (2)
Cy ' GIST * SOVBS * CE • TOM
BEAV * LE ' CORPS * DHONESTE
femiïïE * MARIE * DAVID * ESPO
VSe * DE ' NICOLAS " WILLAVME (3)
qVY * APRES * AVOIR * ESTE * LESP
ace • de • 37 (4) • ans • ensembles (5) • et
avoir • consacre • levrs • enfan
a C&EVDONT • IL • EN ' REST
E ' ENCORE ' VN * VICAIRti * EN
(1) Mgr X. Barbier de Montault, Une saison archéolo-
gique à Contreœêville, dans les Annales de la Soc. d'Emu-
lation des Vosges, t. XV, 1875, p. 194.
(2) Deo Optimo Maximo.
(3) Les deux dernières lettres sont liées.
(4) Ces chiffres, mal formés et placés au-dessus de la ligne,
paraissent avoir été gravés après coup.
(5) Les lettres mb sont liées.
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- 49 -
C0TTE ' PAROISSE • AVPRBS (1) ' DE
qvi • ils • Festoient * retires
mVlllE * DES ' SAGREMENS (2)
MOVRVT • LE • 15 • AOVST * DE * LANEE
1678 • AGEE ' DE ' 60 ' ANS
PRIEZ ' DIEV * POVR * SON * AME
Cette épitaphe, qui a dû être pieusement composée
parle vicaire fils de la défunte, offre plus de développe-
ment qu'il n'était d'usage ; le rédacteur a ainsi voulu
honorer ses parents ; en tête, suivant une modo qui
commençait à se répandre, il a renouvelé, dans un sens
monothéiste et chrétien, la dédicace funéraire des
anciens.
Je n'ai pas souvenir d'avoir rencontré, en Lorraine et
antérieurement à notre siècle, le nom de David comme
nom de famille (3) ; on le trouve comme prénom, â
partir du xvi e siècle, dans les familles protestantes, qui
aimaient à choisir les noms de leurs enfants dans l'An-
cien Testament ; vers la fin du moyen-âge, le roi David
était l'un des trois preux empruntés à l'histoire du
peuple juif.
Le nom de Willaume est, au contraire, très répandu,
ainsi que ses dérivés, Willemin, Willemet, WiUemot,
Willermin ; parfois le W devient un V simple ou se
décompose en Vu ; d'autre part, le W tudesque corres-
pondant au G ou Gu latin, on voit naître Guillaume,
(1) Les lettres av sont liées.
(2) Les lettres me sont liées.
(3) Ce nom était connu dès le xv e siècle dans d'autres
provinces delà France. (Bull, de la Soc. héraldique t. HI,
col. 338).
4
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— 50 —
Guillemet, Guillemot, Guillemin, Guillermin, Guille-
minot, etc. ; tous ces noms proviennent de l'allemand
Wilhelm.
XII. •
Anne Monchot,
veuve de Didier Brochard.
1685.
(H. : 0,37 ; L. : 0,54.)
Contre le pilier de la première travée, du côté qui
fait face au chœur, un cartouche rectangulaire oblong,
encadré de moulures, offre celte inscription :
Gy devant est inhvme le
cors dhoneste femme anne
movchot vewe (1) de depfv
nct Didier Brochard de
maxeville laqvelle deceda
le 24 mb avril 1685 aageé (2) .
DE 69 ANS
Prié dieu pour leurs âmes
Il est singulier que cette épitaphe ne désigne point la
profession du mari de la défunte. Je ne sais quelle est
l'étymologie de Mouchot, ou de ses variantes Mou-
chet (3) et Mouchette (4) ; M. L. Larchey rapproche ces
noms de Mouchard qu'il fait dériver de mouche; il
signale aussi Monchet, avec le sens de monceau, mon-
(1) Veuve.
(2) Sic. A cette époque, il était d'usage, pour les mots
féminins en êe, de mettre l'accent sur la dernière lettre. Cf.,
notamment, mes Monuments funéraires de V église Saint-
Etienne à Saint-Mihiel , Bar-le-Duc, 1884, p. 22 et 52.
(3) Dom Pelletier, art. Thevenin, p. 772.
(4) Idem, art. Simony, p. 753.
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— 51 —
ticule ; mais je regarderais plutôt ce mot comme une
variante orthographique de Moucheté Vn devant être
muet, et Yo se prononcer ou (couvent devait se pronon-
cer couvent, comme de nos jours) ; n'y aurait-il pas
lieu de chercher Tune des origines de tous ces noms
dans le latin mungere ? En Lorraine, Mouchai signifie
aussi petit oiseau, qui se nourrit de mouches, syno-
nyme de moineau, etc.
Pour Brochard, le même écrivain rapproche ce mot
de Brochand, signifiant : « Qui pique, qui pousse en
avant (de brocher, oil) ». Je crois qu'en Lorraine, il
conviendrait aussi de remonter, pour l'origine de ce nom,
au prénom Brochard, ou Broquard, rendu célèbre au
xiv e siècle, par un seigneur de la maison de Féûé-
trange (1) et je le ferais dériver du nom germanique Bur-
kard(2).
XIII
Famille Guérin.
1783-1820.
(H. : 0,89 ; L. : 0,54.)
« Deux épitaphes, suivant les expressions de l'abbé
Guillaume, sont encastrées, à une hauteur relativement
considérable, dans le mur de face et à droite de la porte
d'entrée de l'église » ; l'une est celle de Nicolas-Ber-
nard Raulin, dont il a été question plus haut.
(1) Il fut lieutenant général du duché de Lorraine en I34ti
(H. Lepage, Offices, dans les Mém. de la Soc. d'Arch. iorr.
de 1869, p. 28).
(2) Je trouve les variantes suivantes du prénom lo ce per-
sonnage : Brocard, Broquard, Brochard, Brohair, But-
chart, Burckard et Burckhard.
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— 52 —
Sur la plus rapprochée du portail, gravée sur une
ardoise, ou un marbre noir, placé dans un encadrement
de pierre ornementé (1), on lit (2) :
D. 0. M.
Ici reposent les corps de M b
Pierre Charles Guérin, commis
aux recettes Générales (3) des
Finances de Lorraine et Barois (4),
décédé a maxéville, le 24 mai
1783, ÂGÉ DE 76 ANS.
Et de M R François Guérin, son fils,
ANCIEN GONSEILLIER (5) DU Roi, RECEVEUR
DE SES FINANCES (6), DÉCÉDÉ LE 22
9bre (7) 1810, ÂGÉ DE 70 ANS.
Leurs (8) conduite et leurs vertus,
LEUR ONT MÉRITÉ l' ATTACHEMENT
ET L'ESTIME DE LEURS CONCITOYENS.
ICI REPOSENT AUSSI (9) LES CORPS DE
(1) Les dimensions données plus haut sont celles du
cadre, sans la croix qui le surmonte ; le marbre mesure en-
viron m ,49 de haut sur m ,33 de large ; comme ce monu-
ment ne date évidemment que de notre siècle, il n'y a pas
lieu d'en détailler la description ; mais l'épitaphe se rapporte
à des personnages qui ont vécu avant la Révolution ; c'est
pourquoi je crois devoir la donner.
(2) Je noterai les formes qui diffèrent de la copie de
l'abbé Guillaume.
(3) Générales et non centrales.
(4) Barois et non Bàrrois*
(5) Conseillier et non conseiller.
(6) De ses finances et non des finances.
^7) 0brb et non novembre.
(8) Leurs et non Leur.
(9) Aussi ; l'abbé Guillaume a omis ce mot.
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— 53 —
Dominique François Guérin, fii.s
de M B François Guérin (1), décédé
le 24 Mai 1793, âgé de il ans.
Et de Dame Françoise Agathe
Isidore Hocquet, épouse de M*
François Guérin, décédé le
3 (2) Mai 1820, âgée de 66 (3) ans.
Pries dieu pour leurs âmes (4).
En note, l'abbé Guillaume donne, sur cette famille,
d'autres renseignements, trop modernes pour rjuo je les
reproduise ici. Le nom Guérin est très répandu ; cinq
familles qui le portaient furent anoblies en Lorraine
(Voir Dom Pelletier).
XIV
Alexandre-Louis, marquis de Itattter-Rjt?iiittri»»
1799.
Je n'ai pu retrouver, à ma dernière visite, répila phe
suivante que j'avais lue, il y a quelques années, sur un
marbre noir au milieu d'une tombe de pierre ; le monu-
ment ne datait, sans doute, que de la Restauration et je
n'en ai pas pris de description détaillée :
D. 0. M.
Cl GIT MESSIRE
Alexandre Louis
Marquis de Lattier
Bayanne, décédé
le 10 8*R* 1799 ÂGÉ
DE 69 ANS
Requiescat in pace.
(1) Fils de M* François Guérin; l'abbé lluillauma a
omis ces mots.
(2) 3 et non 30.
(3) 66 et non 61.
(4) Cette ligne est en caractère* penchés.
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1
- 54 —
On remarquait un écusson portant d'azur à trois
frettes, au chef d'argent, orné d'une couronne ducale ;
au-dessous, sur un listel, on lisait la devise là foi, le
roi, la loi et une banderole voltigeant sur l'écu offrait
les mots POUR TROIS.
D'après le Dictionnaire de la noblesse de La Ghes-
naye-des-Bois, la famille de Latier ou Lattier était ori-
ginaire du Dauphiné et sa généalogie remontait au
xm e siècle. « Ses armes, dit-il, étaient anciennement :
trois lacs d'amour d'argent sur un fond d'azur. Devise :
Pour trois. Depuis environ deux siècles, ces lacs
d'amour ont été changés en trois frettes pour la brisure
des branches cadettes. » Notre personnage est évidem-
ment celui que le même ouvrage mentionne à la fin
de la branche de Latier-Bayanne (degré XV) :
« Louis de Latier, appelé le Marquis de Latier,
Capitaine de Cavalerie, ensuite Colonel du Régiment
Provincial de Valence, depuis 1770, employé dans l'Etat
Major, de la Province de Dauphiné, et Chevalier de
Saint-Louis, a épousé, le 10 Octobre 1767, Angélique^
Adrienne-Elisabeth- Joséphine de la Porte. »
Le Dictionnaire héraldique de Ch. Grandmaison
confirme l'existence du chef de l'écu pour la branche de
Bayanne (col. 389) : « Latier de Bayanne — dazur à
trois frettés (sic) d argent, au chef du même. Dauphiné
et Valentinois (1). »
C'est vers 1794 que « M. de Coulon » vendit à « M. de
Lattier » le château-bas de Maxéville, qui, en J839,
appartenait à sa fille, « Madame de Rochefort » (2).
(1) Cf. aussi des mentions tirées de l'Armoriai de 1696,
dans le Bull, de la Soc. héraldique, t. III, col. 344, et t. IV,
col. 413.
(2) Beaupré, l. c, p. 57-59.
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XV.
Sépultures diverses.
J'emprunte à l'article de l'abbé Guillaume , en y
ajoutant des notes, cette liste d'inhumations faites dans
l'église ou auprès de ses murailles :
« Il résulte des extraits de registres paroissiaux faits
par un de MM. les curés de Maxéville, que plusieurs
inhumations, dont les indications tumulaires n'existent
plus, ont été faites dans l'intérieur de Péglise de ce
lieu ainsi: le 13 mars 1614, M. François Sébastien,
entrepreneur des fortifications de Marsal ; le 27 juillet,
Badel , maître des toiles en la vénerie de Son
Altesse (1). En 1615, Charlotte, fille de M. de La
Croix, seigneur en partie de Maxéville, dans le chœur,
du côté de l'Evangile (2) ; un enfant de M. de Blanche-
(1) À rapprocher de cette citation de H. Lepage (Com-
mune*, II, 25 ) : « Le 19 juin 1615, le duc Henri II assenée
à Jean Philippin, son maître de toiles (filets de chiisso),
demeurant à Maxéville, une pièce d'héritage faisant partie
d'un chemin appelé le chemin Monsieur, entre Maxévïtlo ot
Saint- Dizier (les Trois-Maisons). (T. C. Nancy 4.) »
(2) Le nom de Lacroix a été porté par plusieurs familles ;
je ne sais de laquelle il est ici question. L' Inventaire-
sommaire des Archives départ, mentionne (E. 100) :
« 1619-1628. Comptes rendus à Jean de Maimbourg de sa
moitié en la moitié de la seigneurie basse et foncière de
Maxéville, indivise avec Jean de la Croix, seigneur de
Gemaingoutte, gentilhomme de la chambre du roi et lieutû-
nant- colonel de cavalerie pour le service de S. M. L (puis
avec sa veuve Louise Barnet), l'autre moitié appartenant 4
Charles Thabouret, châtelain et gruyer du comté de Blâ-
mont... ? — « Le 25 avril 1625, Louise Barnet, veuve de Jean
de La Croix, donne ses reversâtes au duc et à la duchesse
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— 56 —
court, du côté de TEpître. En 1616, le 4 septembre,
Jean Gabriel, en son vivant pannetier à Sa Majesté (1),
de D'Annomary (2) et maistre eschevin en la justice
souveraine de Maxéville (3) . En 1619, Charlotte-Hen-
riette, fille à M. de la Croix, enterrée auprès de sa
sœur. En 1620, dame Alix Henry (4), âgée de 80 ans,
fille de feu M. M. Arnouit(5), en son vivant admodiateur
au priorat de Lay, enterrée au chœur devant la chaire
de prédicateur. En 1621, le 28 septembre, Nicolas
Simonin dict des Jardins, âgé de 88 ans. Yceluy en
son vivant homme de chambre (6) de M. d'Andiboy (7),
de Lorraine pour partie de la seigneurie de Maxainville. »
(H. Lepage, Communes, II, 25). — U Inventaire-sommaire
mentionne encore (E. 101) : a 1649-1650. — Comptes du
maire des seigneurs fonciers de Maxéville, savoir : Louise
Barnet, épouse de Louis de Marchéville, seigneur dudit lieu,
Abaucourt, etc. ; ladite seigneurie ob venue de Jean de la
Croix et d'acquêt fait par ladite dame du feu sieur Jean
Maimbourg. »
(1) Sans doute l'empereur ; pour le roi de France, on eût
dit Sa Majesté Très Chrétienne.
(2) Ce nom, qui m'est inconnu, paraît bien singulier. Il
désigne sans doute une localité.
(3) On voit que, en 1597, la haute-justice appartenait en
entier au duc de Lorraine (Communes, II, 25). Mais, en
1659, Claude Fournier est qualifié « seigneur haut justicier
sans part d'autrui et foncier pour la moitié ». (Invent.-
somm., E. 102.)
(4) Quatre familles Henry figurent dans le Nobiliaire de
Dom Pelletier, mais l'on n'y trouve pas le prénom d'Alix.
(5) Il se pourrait que ce personnage fût de la famille de
Nicolas Arnoult, anobli en 1618 (Dom Pelletier, p. 13), dont
les descendants eurent des alliances avec les familles Vallée
et d'Arbois, connues à Maxéville.
(6) Anciennement, les <c hommes de chambre » étaient
des privilégiés, honorés de cette qualité par les souverains ;
mais ici, il ne paraît pas en être de même.
(7) Ce nom m'est inconnu*
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— 57 —
mort en duel. Au reste pour avoir eheu le temps et le
loisir de se confesser et faire acte digne de chrétien,
par permission de Monseigneur de Toul, a été enterré
en terre saincte sans solemnilé toutefois et de nuit,
avec défense de ne faire aucun service solennel pour
son âme sans dispense de Sa Saincteté.
» Le 27 février 1786 , décès de M. Alexandre
Malriat, originaire de Bauzemont, curé de Mâxéville
depuis 46 ans. enterré le lendemain par M. Charles
Félix, curé de Champigneuies, vis-à-vis le chœur de
l'église, au cimetière, en présence de M. Pierre -
Charles Malriat, avocat au Parlement de Nancy, son
neveu.
> Le 23 août 1784 est mort M. Léopold-Clément-
Marc (1) de Roche, écuyer, seigneur du Teillois, origi-
naire de Lunéville, âgé de 70 ans, ancien capitaine de
dragons au service de S. M. I. (2), époux en premières
noces de dame baronne de Vallée (3) ; il a été enterré
(1) Sic ; ce serait Marie d'après la note suivante.
(2) « Roche (Lêopold-Clêment-Marie de), ancien capitaine
pour le service de S. M. I. dans le régiment de Kollowrat
dragons, fut maintenu en la possession et jouissance du
titre d'écuyer, par arrêt de la Chambre des Comptes du
27 juillet 1761... » (Compl. au Nobit., p. 181.)
(3) Apparemment petite-fille de « Philippe-François-
Henry... de Vallée... seigneur du fief de Ruttembourg, capi-
taine aux gardes de Son Altesse Royale », qui obtint des
lettres de gentillesse en 1714 et fut créé baron en 1725.
(Dom Pelletier, p. 802.) — La famille possédait, dès la fin
du XVI e siècle, des biens â Mâxéville. « Le 14 septembre
1598, Jean d'Arbois, demeurant à Nancy, et Louis Theillier,
au nom des enfants de Gaspard Vallée, marchand à Nancy,
vendant au duc Charles III une maison avec ses dépendances,
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— 58 -
vis-à-vis la porte de l'église, en présence des sieurs
Louis de Roche, auditeur en droit, son fils, Charles-
Antoine baron de Vallée, seigneur de Ruttenbourg,
son neveu par alliance, et Dominique-Louis Jorant,
avocat en parlement, conseiller en l'Hôtel- de- Ville de
Nancy... »
Prises séparément , quelques-unes des épitaphes
que je \iens de transcrire n'offrent qu'un intérêt
médiocre ; par le groupement, elles en acquièrent un
beaucoup plus considérable, parce que l'on peut en
comparer les formules et en dégager l'esprit général.
A l'exception de la dixième, dictée par un prêtre en
l'honneur de sa mère, et de l'avant-dernière, qui date
seulement de notre siècle, toutes sont conçues dans la
noble simplicité qu'affectionnait le moyen-âge. Les
noms du défunt et, s'il est utile, de ses parents ; ses
qualifications et profession ; son âge ; la date mor-
tuaire : tels sont les éléments du texte funéraire, avec
les mots Cy gist et la demande d'une prière ; « point
de louanges qui sentent les vanités de ce monde ; on
laisse le jugement à Dieu seul (1) ». Pour être com-
prises par tous, ces inscriptions sont rédigées en
langue vulgaire. La plus ancienne retient, des siècles
située au village de Maxainville en la Grande-Rue.,. (T. C.
Nancy 3.) » (H. Lepage, Communes, II, 25.) Ce Gaspard est
évidemment l'auteur de la branche de Charmes, dont la
veuve, Catherine Bouvron, lit son testament le 28 août
1598. (Dom Pelletier, p. 804.) Leur ûls, aussi prénommé
Gaspard, fut déclaré noble en 1623.
(1) Abbé Méchin, Les pierres tombales de V abbaye de
Saint-Urbain, dans les Mém. de la Soc. de l'Aube, 1879.
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— 59 —
antérieurs, le mot trespassa (1) et elle est en caractères
gothiques ; mais les autres se servent du terme plus
récent décéda, en employant la majuscule romaine, plus
ou moins modifiée par le goût de chaque époque* Priez
Dieu pour lui ou pour son âme disent-elles toutes au
lecteur, sauf la dernière qui répète le Reyuieseiï des
catacombes sous forme de vœu : RequiesmU in pace.
Combien ce laconisme n'est-il pas préférable aux éloges
puérils, souvent faux et exprimés d'une manière tri-
viale, que l'on regrette de voir sur tant de tombes mo-
dernes !
Au moment de l'inauguration de la nouvelle église,
il avait été question, — malgré l'avis de M. là curé et
de toutes les personnes qui ont contribué à lu construc-
tion, — de détruire l'ancien petit édifice afin d'en ven-
dre les matériaux et d'agrandir le cimetière. Mais eut
agrandissement ne s'impose nullement (2): le bâtiment
— récemment réparé et maintenu en excellent état, —
a si peu de valeur vénale que la vente des matériaux
ne couvrirait pas les frais de la démolition. Au reste, ne
serait-il pas sacrilège de profaner cette église qui fut
pendant quatre siècles et demi, sinon davantage .
le centre paroissial, et doi.t l'histoire se lie intimement
(1) Trans passus. Le chrétien passe, comme un ro^Agènt*
de la terreun séjour meilleur.
(2) Tout récemment le cimetière a été agrandi très consi-
dérablement du côté méridional ; il pourra ainsi suffire
longtemps, sinon toujours, aux besoins de la population.
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— 60 —
à celle de Maxéville, comme elle rappelle la légende si
célèbre de l'emprisonnement du duc Ferri III et de
l'origine des libertés communales dans le duché de
Lorraine?
Les vieilles églises sont rares le long de la Meurthe,
en aval de Nancy : la nôtre, qui évoque tant d'événe-
ments lointains, forme un heureux pendant à celle de
Malzé ville, où Bourdaloue fit ses débuts oratoires (1).
— De quel droit viendrait-on violer les sépultures des
défunts, nobles seigneurs et gens du peuple, dont les
corps reposent sous les dalles du pavé? C'est certai-
nement par des bienfaits que furent acquises ces places
privilégiées ; il y aurait injustice et ingratitude à en
déposséder ceux qui les ont obtenues.
Il est convenable et utile qu'une chapelle existe au
milieu d'un cimetière éloigné des habitations. A Mar-
ville (Meuse), dans la célèbre nécropole qui existe à un
demi- kilomètre du village, on est toujours satisfait de
retrouver la primitive église paroissiale Saint-Hilaire,
avec les nombreuses tombes anciennes qu'elle renferme :
il serait mal reçu de la population tout entière, celui
qui proposerait de détruire cet édifice, d'en vendre les
pierres et d'en disperser les monuments !
Dans des contrées voisines et amies, qui ne sont pas
moins avancées que la nôtre, en Suisse, en Belgique,
un mouvement général s'opère en faveur de la conser-
vation des monuments qui appartiennent à l'histoire :
par là, on évite de tomber dans la banalité des villages
modernes ; les localités rurales gardent la poésie des
souvenirs ; les habitants, en ^instruisant du passé,
(1) Voir H. Lepage, Statistique, art. Mate êvi lie.
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~ 61 —
apprécient plus exactement les avantages, mais aussi
les devoirs du temps présent, et l'étranger visite avec
plaisir une localité où il rencontre des objets dont
l'étude est pleine d'enseignements sur les époques
disparues et de jouissance pour l'esprit.
Ainsi, à Maxéville, pour des raisons mesquines, on
aurait sacrifié un vénérable édifice, un but aimé de
pieuses excursions, un abri nécessaire au centre d'un
cimetière éloigné. Mais je désire surtout être arrivé à
bien établir que cette église offre, pour l'archéologie
de la Lorraine et les souvenirs du passé, un intérêt
considérable, qui commande de la respecter et de la con-
server.
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I
MÉDAILLE DE SAINT LIVIER
DE 1625
PAR M. A. BRETAGNE
A la fin de l'article que notre regretté confrère Le
Mercier de Morière a consacré à saint Livier dans le
Journal de la Société d'Archéologie lorraine (1), est
reproduite une enseigne ou médaille du saint, que les
fidèles allant au tombeau primitif rapportaient de ce
pieux pèlerinage. Cette médaille, trouvée sur les lieux
mêmes, et qui fait partie dé notre collection, figure
également dans la Vie de saint Livier que M. l'abbé
de Tinseau, chanoine honoraire de Metz, a fait paraître
en 1885 chez Béha (2). Le saint y est représenté en
costume militaire de la fin du xvi e ou du commencement
du xvn e siècle, tenant, comme il est de tradition, sa
tête dans ses mains. De chaque côté du chef absent se
(1) Trente-deuxième année, (1883), p. 195.
(2) A la page 57.
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— 68 —
lisent simplement les initiales S. L. Au revers sont les
lettres IHS, l'H surmonté d'une croix, avec, au bas,
trois clous réunis par la pointe, monogramme du nom
de Jésus et emblème de la Passion popularisés par les
Jésuites, qui se les sont appropriés.
Depuis l'article de M. de Morière et depuis l'ouvrage
de M. de Tinseau, le hasard nous a mis en possession
d'une autre médaille de saint Livier, d'un caractère
tout différent et plus intéressant. Celle-ci ne provient
pas de Virival ; elle s'était égarée jusqu'à Nancy.
Dans le courant de l'hiver dernier, les travaux de
nivellement exécutés sur cette partie des anciens rem-
parts où s'élève en ce moment l'Institut chimique, ont
mis à jour la médaille reproduite ci-dessous.
La pièce est en étain, du poids de six grammes et
demi. Comme dans l'autre médaille, l'œillet pour
passer le cordon s'est ici conservé intact. Le saint est
représenté non pas en costume militaire, mais en sou-
tane et en surplis, ce qui indique, sans doute à quelques
années de distance seulement de l'époque où a été
fabriquée l'autre médaille, l'oubli complet des tradi-
tions primitives qui donnent constamment saint Livier
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1
- 64 -
[>our un militaire et P introduction d'une légende plus
vague faisant du martyr de Virival un ecclésiastique
comme saint Etienne. Sur les nombreuses monnaies
messines où figure le patron de la cité , le premier
martyr est représenté à peu près comme saint Livier
sur notre médaille, messine aussi très probablement
d'inspiration et de fabrication. Le saint soutient sa tête
nimbée, et tonsurée comme celle des clercs, de la main
gauche, tandis que la droite semble porter un objet qui
empiète sur la bordure réservée à la légende, et qui
doit être la palme du martyre. Au pourtour du champ,
qui est ovale, on lit : SAIN — GT — LINIER. « Li-
nier » pour Livier n'est pas une simple erreur du gra-
veur : le nom de notre saint s'était corrompu ainsi avec
le temps , comme il était devenu également saint
Levier. Mais ce qu'il y a de plus curieux, c'est la date
inscrite au milieu du revers, du reste complètement
nu ; cette date est 1623 (1), année du grand pèlerinage,
au cours duquel le nombre des visiteurs du tombeau du
saint et de la fontaine miraculeuse de Virival dépassa,
disent les rapports des commissaires et notaires apos-
toliques, le nombre de vingt-cinq mille, et qui fut
signalé par une quarantaine de guérisons dues à l'in-
tercession divine et constatées officiellement (2). Nous
avons donc dans notre médaille non seulement un
monument hagiographique précieux, mais encore un
témoignage historique précis aussi important pour
l'histoire de la Lorraine que pour celle de l'Eglise.
(1) Le 3 est écrit à rebours : g.
(2) M. de Tinseau, op. cit. p. 133.
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NOTE
SUR DES
STATIONS NÉOLITHIQUES
DANS LA
REGION DE PONT-A-MOUSSON
Par M. L. ROBERT
Des trouvailles qui prises isolément ne présentent
qu'un intérêt médiocre et souvent ne nous apprennent
rien de neuf aujourd'hui sur l'archéologie de l'époque
néolithique si connue et déjà si complète, peuvent
servir quelquefois, prises en groupe et surtout rappro-
chées des trouvailles précédentes, à donner des indica-
tions d'ensemble pour la région. C'est simplement à ce
seul point de vue que je présente les résultats de quel-
ques recherches que j'ai faites dans la région de Pont-
à-Mousson. Ces recherches n'ont porté encore que sur
un très petit nombre de points et déjà j'ai reconnu trot*
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- 66 -
emplacements de stations assez considérables et de plus
des traces de campements peu importants sur quatre
points. Les silex taillés qui indiquent d'une façon non
équivoque ces stations ou campements se rapportent
tous, comme ceux du reste qui ont déjà été trouvés dans
le pays, à la dernière période de l'âge de pierre connue
sous le nom de période de la pierre polie ou époque
néolithique. Une de ces stations se trouve dans la vallée
du Rupt-de-Mad, les autres sont à proximité de la ville
de Pont-à-Mousson.
Stations de la vallée do Rapt-de-Mad.
1° Comme c'est le cas habituel, l'emplacement de la
première de ces stations avait été très bien choisi sur les
lignes de raccord du plateau avec les pentes de la val-
lée du Rupt-de-Mad, des deux côtés d'une dépression
de terrain où coule un peu plus bas une belle source.
Ce point de la côte se trouve entre Rembercourt et le
vallon suivi par la ligne du chemin de fer d'Onville
à Longuyon . Cette station paraît avoir occupé une sur-
face considérable, car les silex que j'en ai réunis se
trouvaient répartis sur une vaste étendue dans les
champs aboutissant à la forêt qui recouvre les pentes
de la vallée (1). Comme ils se rencontrent aussi nom-
breux qu'ailleurs sur la lisière de cette forêt, il est à
supposer que la station se prolonge sous bois ; grâce à
cette étendue, j'ai récolté des éclats en assez grand
nombre pour le peu dô fois que j'ai x visité cette station.
Je n'ai encore pu y aller que quatre fois, aussi m'est-ii
impossible de dire en combien de parties ou groupes de
(1) C'est le bois de Saint-Julien-les-Gorze.
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— 67 —
cabanes pouvait se diviser cette station ou si cette sur-
face était occupée d'une manière égale et continue-
Je citerai dans les silex trouvés : une pointe de Jave-
lot épaisse, d'un type intermédiaire entre le type lusan-
gique et celui à pédoncule et ailettes ;
Une pointe de flèche du type en feuille al longée ;
une, du type triangulaire allongé à base légèrement
concave ;
Une du même type mais a base droite ;
Une du type en triangle équilatéral ;
Quatre grattoirs du type allongé et une flèche hors
de service transformée en grattoir ;
Deux racloirs ;
Trois fragments de haches polies ;
Un petit éclat retouché soigneusement à an^Ie
droit ;
Un grand éclat triangulaire ayant une arête retou-
chée sur le tiers supérieur de sa longueur et l'autre *ur
sa moitié inférieure. Ces deux séries de retouches sont
chacune sur une face différente.
t° Dans cette même vallée du Rupt-de-Mad, au-des-
sus de Vandelainville et près de la ferme de Mazagran,
j'ai recueilli sur une surface peu étendue un gros grat-
toir carré très usé et cinq éclats. J'ai été trois fois en
cet endroit où je n'ai plus trouvé que des débris île
quartz blanc insignifiants. Quelques recherches jjIlis
suivies seraient nécessaires vpour affirmer s'il n'j a eu
là qu'un petit campement isolé ou une station.
Stations de Korroy*
Trois stations ou parties de station étaient échelon*
nées sur les bords du plateau qui s'étend entre les vil-
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— 68 —
lages de Norroy et de Vandières. Ces endroits où Ton
ramasse des silex sont espacés d'environ cent cin-
quante mètres les uns des autres et chacun d'eux oc-
cupe une superficie d'environ 70 mètres de large sur 90
mètres de long. Dans les intervalles je n'ai rien trouvé.
La station qui occupait le sommet du coteau là où se
voit une croix de mission, réunissait assez de condi-
tions favorables pour avoir été en même temps un
camp retranché et un magnifique point d'observation.
C'est aussi la partie la plus riche en silex porportion-
nellement à sa superficie, celle qui paraît avoir été le
plus habitée. De ce sommet élevé, bien dégagée de tous
côtés, défendu par des pentes rapides, on embrasse une
étendue considérable de la vallée de la Moselle et on
pouvait s'y fortifier aisément.
La partie qui termine au nord la station finit là où
commence une pente assez rapide qui descend vers
Vandières, à peu près à 400 pas du village. '
Le menhir qui vient d'être classé dans les monu-
ments historiques n'est distant que de vingt minutes de
marche de cette station ; aurait-il été élevé par ses
habitants ?
Parmi les 435 silex de toutes formes et de toutes
grosseurs que j'ai recueilli depuis 1873 en cet endroit,
je citerai comme armes :
Une pointe de javelot épaisse du type losangique
retouchée également sur les deux faces (longueur
60 miilim.) ;
Une extrémité et un tronçon qui ont appartenu à deux
pièces semblables ;
Une autre extrémité cassée ayant appartenu à une
arme du type précédent mais beaucoup plus forte ;
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Une belle pointe de javelot retouchée très finement,
mince et large, d'un type triangulaire à bords con-
vexes, la face postérieure ne porte que quelques fines
retouches vers la pointe ;
Une pointe de flèche du type triangulaire à base
droite, elle est très allongée ;
Quatre petites, très légères du type i pédoncule et
ailettes ; sur une d'entre elles, le pédoncule n'est pas
séparé des ailettes par des encoches mais l'espace
entre la base du pédoncule et la base de chaque ailette
forme une ligne très peu concave ; une petite du type
triangulaire à base rectiligne ;
Un éclat retouché soigneusement sur ses deux faces
et des deux côtés, qui ressemble beaucoup aux scies
de l'époque, il pourrait cependant aussi bien être consi-
déré comme une pointe de javelot se rapprochant du
type en feuille allongée (longueur 60 millimètres) ;
Une scie ;
Huit grattoirs, dont deux très petits ;
Six éclats longs retouchés en racloirs ;
Sept éclats portant de nombreuses ébréchures ou
traces d'usage dont trois très petits ;
Ûeux éclats minces, irréguliers portant encoches re-
touchées ou petits grattoirs concaves ;
Un petit éclat épais présentant une arête convexe
dont la moitié est retouchée sur une face de l'éclat et la
seconde moitié sur l'autre face ;
Onze fragments plus ou moins importants de haches
polies dont une, portant de nombreuses traces de per-
cussion, semble être une ébauche de pointe de javelot
abandonnée. Quelques-unes de ces haches étaient d'un
poli remarquable.
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— 70 —
Quatre gros percuteurs en quartz ite bien déterminés ;
Deux broyons ;
Trois fragments de grès.
Stations autour de Ponl-à-Motissqn*
1° A l'ouest de Pont-à-Mousson se trouve un petit co-
teau qui domine la ville et dont les pentes descendent
dans la vallée suivie par la route de Commercy. Les
nombreux silex que renferme le sol de son plateau té-
moignent qu'il a été habité ou du moins très fréquenté
à l'époque de la pierre polie ; on y rencontre comme à
Norroy les conditions avantageuses qu'on recherchait
habituellement pour remplacement des stations, sources
abondantes, voisinage d'une rivière et de deux ruis-
seaux, lieu élevé d'où la vue s'étend au loin et sur
deux côtés des pentes abruptes faciles à défendre. Trois
parties de stations ou centres d'habitations se trou-
vaient là, contiguës, séparées seulement par de petits
intervalles dans lesquels je n'ai rien trouvé malgré de
nombreuses recherches. Une quatrième partie dont je
n'hésiterais pas à faire une station à part, à cause de
son écartement des trois autres (environ 500 mètres), se
trouvait sur le versant du coteau qui regarde l'ouest.
Elle est du reste proportionnellement plus étendue que
les autres. Quoiqu'il en soit, j'ai réuni ensemble les
silex ramassés dans ces différents endroits.
On y remarque : une pointe de lance prise dans un
éclat allongé et très épais, la pointe ainsi que le dos,
sur ses bords seulement, sont retouchés, le dessous
présente la face d'éclatement toute unie (longuem-
80 miiiim.) ;
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— 71 —
Une petite pointe de javelot du type lozangique
retouchée sur ses deux faces (longueur 45 mill.)
Quatre pointes de flèches du type en triangle équila-
téral à base rectiligne ;
Quatre du type triangulaire allongé dont un n'ayant
que 18 millimètres ;
Trois à pédoncule et ailettes représentant 3 variétés
bien tranchées de ce type ;
Un grattoir discoïde épais ;
Quatre grattoirs allongés; dont un gros a 37 mill. de
larg.;
Quatre grattoirs de forme irrégulière ;
Trois éclats rétouchés suivant leur longueur ou racloirs;
Deux petites scies ;
Sept éclats portant des traces d'usage c'est-à-dir*
ébréchés mais non retouchés ;
Deux éclats portant des encoches retouchées (es-
pèces de grattoirs concaves) ;
Un petit percuteur ;
Parmi les nucléus trouvés dans ces stations, il s'en
trouve un qui mesure 88 millimètres ;
Cinq fragments de haches polies dont une pointe
complète et dont deux retouchés en racloirs ;
Un gros galet de quartz ayant servi de broyon à un
bout et de percuteur à l'autre ;
Une molette;
Un fragment de meule dormante en grès ;
Trois autres menus fragments de grès qu'on peut
rapporter au même objet ;
2° Non loin de cette station est un petit mamelon
isolé qui domine le village de Montauville. J'y ai
trouvé deux grattoirs, deux silex portant quelques
retouches isolées, une dizaine d'éclats bruts et quel-
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— 72 —
ques éclats de quartzite et de quartz blanc. Je crois
pouvoir affirmer qu'il n'y a pas eu là de station, mais
seulement un campement temporaire ou peut-être une
habitation isolée, car je n'y ai rien trouvé de plus mal-
gré plusieurs recherches répétées.
8° Sur l'autre rive delà Moselle, presqu'en face de
la station de Norroy, sur le flanc sud-ouest d'un coteau
qui est entre la côte de Bouxières-sous-Froidmont et
celle de Mousson, j'ai recueilli récemment des silex sur
un espace d'environ 150 mètres : un grand grattoir du
type allongé, la moitié d'un éclat moyen retouché en
racloir, un petit éclat finement retouché, mais dont je
ne saurais déterminer l'usage ; 18 éclats bruts, quel-
ques fragments de quartz gris. C'est peu, il est vrai,
mais il faut ajouter que je n'ai encore été que deux fois
en cet endroit ; l'emplacement n'a rien de particulier ;
cependant, une belle source et surtout le repli de ter-
rain qui s'y trouve et qui, sur une longueur de 200 pas,
forme un abri contre les vents du nord, suffisaient pour
attirer l'attention d'une peuplade errante en quête d'un
endroit pour camper.
4° Enfin sur une surface considérable qui forme
comme une zone contournant le pied de la côte de
Mousson au sud et au sud- ouest, j'ai trouvé un certain
nombre d'éclats (92) et plusieurs nucléus de quartz et
de quartzites provenant de gros cailloux de l'alluvion
quaternaire de la vallée de la Moselle. Leur nombre,
leur rapprochement dans le même lieu, leur ressem-
blance, à part leur taille supérieure, aux éclats et nu-
cléus de silex, la minceur de la plupart, les nom-
breuses ébréchures qu'ils portent, quelques-uns surtout,
sur une même face, tout cela pourrait les faire attribuer
à une taille intentionnelle, d'autant plus qu'ils sont
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— 73 —
mêlés, sur deux points surtout, à des éclats de silex et
à des molettes ; mais je me représente difficilement
l'usage utile qu'ont pu produire de semblables outils,
surtout n'ayant pas connaissance dans le pays de pièces
analogues bien authentiques et classées qui puissent
servir de point de comparaison ; je pense donc qu'il est
prudent de ne pas se prononcer sur l'authenticité de ces
éclats comme documents archéologiques.
Parmi les 25 silex trouvés en cet endroit, je ne pour-
rais citer jusqu'alors que deux petits grattoirs, un éclat
retouché des deux côtés en racloir, un grand éclat
avec quelques retouches irrégulières, enfin trois frag-
ments retouchés qu'on peut rapporter à de petites scies.
Dans les pièces en quartz se trouvent 2 molettes bien
déterminées.
Je n'ai cité dans ces différentes stations que les silex
portant des traces de travail bien évidentes qui puissent
les faire ranger soit comme armes soit comme outils ;
les objets dont le travail était douteux et quelques frag-
ments retouchés trop incomplets pour pouvoir être rap-
portés sûrement à tel ou tel type n'ont pas été comptés.
D'autre part, on doit joindre aux pièces désignées,
avec quelques nucléus, un grand nombre d'éclats de
percussion de toutes formes et de dimensions très
variées, mais dont la plus grande n'excède pas sept
centimètres. Ces éclats ont le bulbe de percussion c'est-
à-dire qu'ils ont été enlevés intentionnellement d'un
nucléus ; ce ne sont donc pas des morceaux quel-
conques de silex, sans formes et sans but, mais des
ébauches d'armes ou d'outils ; on devait employer très
souvent comme pointes de trait, sans autre préparation,
ceux de ces éclats qui étaient minces et pointus. Les
couteau* aussi, étaient pris dans les éclate longs et
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- 74 —
prismatiques offrant des arêtes régulières. Ces éclats,
bruts pour la plupart, n'ont pas d'intérêt pris séparé-
ment, mais dans leur ensemble, ils prouvent, ainsi que
les nucléus qui les accompagnent, qu'on taillait sur
place la grande majorité du silex importé. Ils four-
nissent en outre des documents à une étude compara-
tive très intéressante des diverses'provenances des silex.
Avec ces éclats se trouvait aussi un grand nombre de
fragments informes de silex dont la taille n'a rien d'in-
tentionnelle. Ce sont des débris de nucléus ou de gros
éclats fragmentés soit par l'action du feu, soit par celle
des gelées.
Tous les fragments de haches polies qui proviennent
de ces différentes stations sont en silex. Aux silex étaient
mêlés un certain nombre d'éclats de quartz et de quart-
zite semblables à ceux dont il est question plus haut
mais un petit nombre : 15 dans les stations de Nor-
roy, 3 seulement dans celles à l'ouest de Pont-à-
Monsson et pas un seul dans la station de Rember-
court. Les fragments ou éclats de quartz blanc de filon
abondent dans ces stations à l'exception aussi de celle
de Rembercourt. Leur authenticité comme documents
archéologiqnes est encore plus suspecte que celle des
éclats de quartzite, quelques éclats cependant, à cause
de leur grande minceur, semblent difficilement pouvoir
être attribués à un choc accidentel.
J'ai ramassé enfin dans ces stations, à Norroy sur-
tout, un certain nombre de tessons de poterie grossière
faite à la main et sans aucun ornement ainsi que
quelques menus fragments de ces buccardes qu'on em-
ployait à faire des pendeloques ou des colliers.
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LES SÉPULTURES SOUSTUMULUS
DE
LA NAGUÉE
PAR
M. Le Comte Edmond de MARTIMPREY de ROMECOÏRT
La ferme de La Naguée (1) occupe une hauteur
située sur la ligne de partage des eaux de la Mortngne
et de FEuron. Elle doit son origine au défrichement
qui fut opéré vers 1845 de deux bois à peu près carrés,
dits La Naguée et le Petit-Fays, peu éloignés l'un de
l'autre et contenant, le premier 38 hectares ci le
second 9.
A l'époque dite le premier âge du fer, ce territoire
semble avoir servi de cimetière à la population locale.
Les tombes ou tumuli en forme de buttes ovales ko rit
encore en partie très apparentes, malgré les atlantes
(1) Commune de Clayeures, canton de Bayon, Meurthe-et-
Moselle.
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— 76 —
répétées de la charrue, qui finiront par niveler le sol
de façon à n'en laisser aucune trace. C'est ce qui a dû
arriver pour le terrrain compris entre les deux parties
dont se compose la ferme et peut-être aussi pour
d'autres terrains contigus ayant la même altitude ; là,
le sol ne présente aucune protubérance, tandis que le
Petit-Fays et le tiers environ des terres de La Naguée,
qui en est le plus rapproché, renferment un certain
nombre de tumuli placés sans ordre, les uns par petits
groupes de deux ou trois les autres isolés.
On se souvient dans le pays que lors du défriche-
ment de ces bois , on trouva beaucoup d'objets en
bronze, dont certains étaient volumineux ; ils furent,
paraît-il, vendus à Nancy. Depuis, on n'a cessé de
trouver sur cet emplacement d'autres objets antiques
mis au jour par la culture. Les pierres, dont l'amas
constitue ces tumuli, ont été en partie enlevées ou
entraînées par la charrue et la herse loin de leur posi-
tion primitive. De plus, on m'a assuré que plusieurs de
ces buttes avaient été complètement nivelées autant
pour en extraire de la pierre que pour rendre la culture
plus facile.
Malgré ces conditions défavorables je me décidai, au
printemps de 1883, à faire exécuter des fouilles, qui
me permirent de me rendre compte tout d'abord de la
façon dont les sépultures avaient été établies.
On a dû commencer par creuser le sol à une profon-
deur de 25 à 30 centimètres au plus sur une longueur
de 2 mètres et une largeur d'un mètre environ. Le
fond et les parois de cette fosse ont été garnis de
grosses pierres brutes de toutes les formes, puis, une
fpjs le corps placé, on l'a recouvert d'un monceau de
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— 77 —
grosses pierres, qui atteint souvent jusqu'à 60 centi-
mètres et plus d'épaisseur sur 3 et 4 mètres de dia-
mètre. C'est du moins en cet état que j'ai trouvé les
tombes qui n'avaient pas encore été dérangées ; je n T aï
pas remarqué trace d'un travail quelconque destiné à
soutenir au-dessus du mort cette couverture de pierres
qui devait nécessairement l'écraser ainsi que les objets
fragiles qui pouvaient l'accompagner. Il est difficile
toutefois de ne pas admettre qu'on a dû prendre cette
précaution, par exemple à l'aide de pièces de bois que
le temps aura détruites. Quoiqu'il en soit, les osse-
ments et les objets étaient toujours, dans les sépultures
intactes, comprimés entre les pierres du fond et celles
du dessus.
Cette quantité de pierres a lieu de surprendre en cet
endroit, car le sol n'en renferme point (1), si ce n'est
quelques pierres de sable, dont on ne s'est pas servi ;
de plus, il y en a d'un volume tel que deux hommes
peuvent à peine les déplacer. Je suppose qu'elle:*
avaient pour but de mettre le cadavre à l'abri dés
animaux sauvages, qui, sans cette précaution, n'eussent
pas tardé à s'en emparer.
Chaque sépulture ne parait avoir renfermé qu'un
seul corps, orienté, la tête du côté de Test et plus
rarement du sud-est, les ossements ont, du reste, à peu
près complètement disparu et c'est à peine si l'on en
retrouve des fragments, principalement du crâne et des
fémurs qui, avec quelques dents, suffisent à déterminer
la position des corps et des objets.
(1) On m'a assuré qu'il ne s'en trouve pas à moins d'un
kilomètre.
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- 78 —
I. — La première tombe que je fis fouiller était sans
cloute celle d'une femme. On avait ramassé dans les
environs, quelques années auparavant, deux bracelets
pareils en bronze (1) ; cependant le corps ne me parut
pas avoir été dérangé. A ses pieds gisaient les débris
d'un vase en terre noire, qui avait au moins 30 centi-
mètres de diamètre à en juger par la courbure des
fragments ; ceux-ci étaient devenus si friables par
suite de l'humidité, qu'ils s'écrasaient sous la pression
des doigts, remarque qui s'applique à tous les mor-
ceaux de poterie que j'ai trouvés (2). Ce vase était
orné de quelques traits circulaires réunis par séries de
trois, il ne me sembla pas avoir contenu quelque
chose. A la hauteur du poignet gauche était un bracelet
en fer fortement rongé par la rouille et privé de ses
extrémités, de sorte qu'il offre l'aspect d'un demi-cercle
mince légèrement elliptique ; vers la gorge ou peut-
être le haut d'un bras, se trouvait un anneau en bronze
de 87 millimètres de diamètre (3) et cassé en deux
morceaux ;comme les cassures sont très nettes, il est
évident que ce cercle ne s'ouvrait pas. Il est formé d'une
tige cylindrique aplatie sur la surface interne.
II. — Dans la sépulture suivante , je découvris,
entre les cuisses, une épée en fer. Cette arme étant en
(1) Il est probable que ces bracelets provenaient d'une
autre sépulture aujourd'hui disparu ou du tumulus IV,
situé à environ 50 mètres et dont il sera question plus
loin.
(2) Depuis, en séchant, ils ont repris une certaine soli-
dité.
(3) Pour les anneaux et les bracelets le diamètre sera tou-
jours pris à l'intérieur.
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partie détruite par la rouille, je ne pus la retirer que
par fragments dont le plus grand ne mesure que
180 millimètres. Il ne reste pas trace de la poignée,
mais la soie existe encore sur une longueur de 50 mil-
limètres et une largeur de 32 ; elle est traversée,
vers son milieu par un rivet en bronze de 5 milli-
mètres de diamètre, qui la dépasse aussi de 5 milli-
mètres par une de ses extrémités. La lame commence
par s'évaser obliquement de chaque côté jusqu'à
atteindre une largeur de 55 millimètres ; elle va ensuite
en diminuant de largeur et d'épaisseur et semble s'être
terminée par une pointe assez aigùe ; c'est l'aspect
qu'elle présente aujourd'hui, mais qu'elle n'avait peut-
être pas autrefois. On y remarque deux rainures qui
courent parallèlement à 11 millimètres l'une de l'autre ;
je ne sais si elles existaient stir les deux faces, car on
ne les distingue que sur quelques morceaux. Aux pieds,
se voyaient les restes d'un vase semblable au précé-
dent, mais plus petit et d'une pâte brunâtre ; il parais-
sait avoir contenu une terre granuleuse et chargée
d'oxyde de fer, mêlée à de petits morceaux de char-
bon. Tout auprès, (1) était un joli rasoir en bronze
{Fig. 1) d'une forme rappelant celle d'un croissant, long
de 90 millimètres et large de 31, muni sur sa partie
concave de deux anneaux espacés de .25 millimètres
qui servaient probablement à le tenir. Il est très mince,
(1) 11 était peut-être même placé dans le vase ; cette
tombe offre la plus grande analogie avec celle de Diarville
(V. Journal de la Soc. d'Arch. lorr. f mai 1888) qui conte-
nait une épée en fer et un vase dans lequel était un rasoir
de bronze. Diarville n'est pas a six lieues, à vol d'oiseau,
de La Naguée.
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— 80 -
surtout à son bord convexe, qui formait ie tranchant et
est orné sur ses deux faces de deux lignes circulaires
et parallèles de petits traits en dents de scie très
serrés ; d'autres lignes semblables s'entrecroisent avec
les premières en dessinant des triangles et des tra-
pèzes.
1U et IV. — Ces tombes ne renfermaient que des
débris de vases pareils à celui du n° 1, mais pas d'osse-
ments ; elles sont voisines de la suivante.
V. — Dans celle-ci, je ne trouvai absolument rien ;
les pierres même y étaient en petit nombre.
VI. — Cette sépulture avait déjà été dérangée ;
cependant des fragments importants des fémurs et des
tibias s'y trouvaient encore à leur place et dans un
meilleur état de conservation que les autres. A la hau-
teur des cuisses et sur une certaine longueur, quoique
non placés régulièrement Us uns à la suite des autres,
j'aperçus des morceaux de fer très oxydés, affectant
généralement une forme aplatie et larges de 20 â
10 millimètres ; je crois que ce sont les restes d'une
épée dont je n'ai pu déterminer la forme ni les dimen-
sions.
Tous ces tumuli sont sur le Petit-Fays, les suivants
se trouvent sur La Naguée.
VIL — Bien que ne présentant à l'œil qu'une butte
relativement petite, cette tombe était la plus riche. Elle
renfermait, aux pieds, un vase brisé, en terre noire, de
300 millimètres environ de diamètre et décoré de plu-
sieurs rangs de biliettes, de traits et de dents de scie
en creux et en relief, qui dénotent une soience du dessin
et un art déjà avancés (ûg. 1 bis)*
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— 81 -
Sur les cuisses et un peu obliquement, reposait une
belle épée de bronze (fig. 2) longue de 642 millimètres,
dont 610 pour la lame. Celle-ci a 42 millimètres de
largeur à la base ; elle se rétrécit d'abord pendant
40 millimètres environ et, à ce point, ne mesure plu£
que 32 millimètres, puis s'élargit insensiblement et
atteint 37 millimètres au tiers de sa longueur pour
diminuer de nouveau jusqu'à la pointe. Sa section
offrirait à peu près un lozange de 9 millimètres environ
dans sa plus grande épaisseur ; c'est dire qu'elle est à
deux tranchants. Ceux-ci sont formés d'une partie plus
mince, large de 7 millimètres , après laquelle le
métal augmente brusquement d'épaisseur, de manière à
donner l'aspect de deux rainures qui courent sur toute
la longueur. La soie, très courte, a la forme d'un tra-
pèze dont la petite base est à l'extrémité ; parai lèlernent
et à 10 millimètres de cette base, deux gros rivets la
traversent en débordant de 10 millimètres environ. Lis
servaient à fixer la poignée, dont j'ai retrouvé trois
petits clous à tête plate qui la décoraient sans doute, Eu
cet endroit, le sol renfermait une certaine quantité de
fragments de fil de bronze tors, les uns droits ayant
jusqu'à 75 millimètres, les autres terminés en crochet ;
deux de ces derniers étant soudés ensemble, on peut
en conclure que les autres étaient ainsi disposés ; il y
en a de 10 millimètres seulement repliés à chaque
bout ; quelques-uns forment une boucle. Tous parais-
sent cassés à leurs extrémités ; j'en ai recueilli une
cinquantaine et je suppose qu'ils proviennent de la
poignée qui en était couverte. Parmi ces débris se
trouvait une boucle composée d'une tige de bronze plus
grosse repliée en U et dont les extrémités tordues en
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— 82 —
volute sont rapprochées et reliées par un fil de même
mêlai, sa longueur est de 85 millimètres (F'iff. S).
Sur Tépéese trouvait posée, perpendiculairement à la
position du corps , une grande épingle en bronze
{Fig. 4), à tête conique, longue de 410 millimètres.
L'ornementation de cette belle pièce consiste en trois
séries de chacune six rondelles en relief et trois groupes
de nervures saillantes, réparties sur une longueur de
140 millimètres. La tige est unie et va en diminuant de
diamètre jusqu'à la pointe.
Vers la poitrine, je découvris une pince à épiler
(Fig. 5) faite d'une bande plate repliée de telle manière
que son centre forme presque le cercle en faisant ressort.
Ses dimensions sont : longueur 55 millimètres , lar-
geur au milieu 9 et aux extrémités 20. La partie
arrondie est décorée extérieurement de quelques traits
unis. Non loin se trouvait un grain de collier cylin-
drique (Fig. 6) en ambre ou en résine coulée, brun et
opaque, long de 27 millimètres. A part cet objet et le
vase, tout ce que j'ai recueilli dans cette tombe était
en bronze.
VIII. — Voisin du précédent, mais beaucoup plus
considérable, ce tumulus offrait une disposition tout à
fait particulière. L'ayant fait couper par le milieu, je
fus surpris de ne trouver de pierres qu'à chaque exti é-
milé de ma tranchée, laquelle avait un peu moins de
10 mètres de longueur; je fis alors fouiller aux endroits
où se trouvaient ces pierres et, après un long travail,
je pus reconnaître qu'elles formaient un mur ou plutôt
un amas circulaire d'environ 10 mètres de diamètre
surO m 70 de largeur et m 50 de profondeur. La surface
ainsi délimitée n'en renfermait point, mais seulement
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— 83 — •
quelques faibles débris d'une poterie noire indétermi-
nable et de la terre imprégnée d'oxyde de cuivre
prouvant qu'il y avait eu là des objets de bronze dont
l'enlèvement eut lieu sans doute lorsque le bois fut
défriché.
IX. — Presque complètement nivelée, cette tombe
renfermait très peu de pierres. Elle ne contenait que
deux bracelets de bronze (Flg. 7), à peine enterrés de
20 centimètres et, dans lesquels se trouvaient encore
passés des fragments des os du poignet, tellement
imprégnés d'oxyde de cuivre, qu'ils étaient de la même
couleur verte que les bracelets. Ceux-ci sont formés
d'un cylindre aplati à l'intérieur et terminé par deux
bourrelets saillants qui laissent entre eux une ouver-
ture de 15 millimètres. Leur surface extérieure est
décorée de filets en relief et striés, placés trois par trois
dans le sens de la largeur. Ils sont semblables et leur
diamètre est le même (62 millimètres), mais ils pèsent
l'un 261 grammes l'autre 246.
X et XI. — Placés l'un près de l'autre, ces deux
tumuli sont remarquables par leurs grandes dimen-
sions. Les pierres y étaient cependant peu nombreuses
et je n'y trouvai pas d'ossements , mais seulement,
dans le second, un fragment d'anneau en fer très oxydé
de la dimension d'un petit bracelet, et dans les deux
des restes informes de poterie épars sur tous les
points. Ces morceaux sont différents de ceux rencon-
trés jusqu'alors ; ils sont plus épais (presque 10 milli-
mètres) et la pâte en est jaune, grise ou noire sur la
moitié ou plus de l'épaisseur, tandis que la surface
extérieure est rouge brique. La courbure à peu près
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- 84 -
huile de ces fragments n'autorise pas à supposer qu'ils
proviennent de vases : l'un d'eux porte la trace de gros
Irails creux paraissant avoir été faits avec l'extrémité
d J un doigt.
Ces deux sépultures offrent tant d'analogie, que Ton
doit les croire contemporaines, mais peut-être d'une
autre époque que les précédentes dont elles ne sont
cependant pas éloignées.
Outre <:es objets, j'en possède plusieurs ayant la
même origine et trouvés par le fermier actuel, depuis
1875 jusqu'à l'époque de mes fouilles ; en voici la des-
cription:
1° Une paire de bracelets en bronze, du même type
et du même diamètre que ceux du tumulus IX {Firj. 7),
mais moins massifs ; l'ornementation en est la même,
de plus, les espaces compris entre chaque série de
iilets, qui sont unis dans les premiers, sont ici décorés
de petits cercles avec un point au centre. Ils sont forte-
ment tachés d'oxyde de fer et pèsent 164 grammes. Ce
sont eux qui ont été ramassés près du tumulus I.
2° Un bracelet en fer du même genre que les précé-
dents et d'un diamètre un peu plus faible ; les deux
extrémités sont aussi plus écartées. La rouille qui le
recouvre ne permet pas de savoir s'il était ornementé.
3 q Un petit bracelet en bronze du même type décoré
aussi de séries de trois filets en relief ; son diamètre
n'étant que de 38 millimètres, un jeune enfant pouvait
seul en orner son poignet.
4° Une paire de bracelets en bronze {Fig. 8), tout
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f.âeM.àl.
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- 85 —
différents des précédents. Ils sont formés d'une plaque
assez mince, large en son milieu de 22 millimètres et se
rétrécissant à chaque extrémité de façon à se terminer
presque par une pointe garnie d'un bourrelet. Leur
décoration consiste en trois filets striés, placés à égale
distance dans le sens de la longueur et se rejoignant à
l'extrémité. Le diamètre est de 82 millimètres et
l'ouverture de 42 ; on doit, il me semble, en conclure
qu'ils ne se portaient pas au poignet.
5° Un gros bracelet en bronze (Fjg. 9) de 60 milli-
mètres de diamètre, large de 35 et orné de neuf rangs
de stries en relief ; les extrémités se terminent par un
bourrelet plat. Ce bijou n'est pas massif, mais il est
évidé de telle sorte que le métal n'a qu'une épaisseur
variant de 1 à 3 millimètres ; son poids est de 214
grammes. Il proviendrait des environs des tumuli III,
IV et V, qui sont voisins, comme je l'ai dit.
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SIMON MOYCET
ET
L'ÉGLISE DE SAINT - NICOLAS (*)
PAR
M. Emile BADEL
« Deu Colas, faillon (I)
« Par St-Nicolas, compagnon ».
L'ANCIENNE EGLISE DE SAINT-NICOLAS
La première église où fut déposée la relique de
saint Nicolas (2), rapportée de Bari, par Albert de
Varangéville , remontait aux dernières années du
vm" siècle. Les Bénédictins de Varangéville, établis
dans un prieuré, dépendant de l'abbaye de Gorze, dès
Tannée 780, avaient élevé de l'autre côté de la Meurthe,
sur la lisière de la forêt qui couvrait remplacement
actuel de la ville de Saint-Nicolas de Port (3), une
(*) Nous renvoyons à la fin du présent travail pour les
notes historiques et bibliographiques.
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- 87 -
chapelle à la Vierge, Mère de Dieu; sous le titre de
Notre-Dame de Port.
Cette chapelle était située tout près de la rivière, en
un lieu appelé aujourd'hui le Tambois, et non loin
de la métairie de la Vacherie, la plus ancienne
maison de Port. Ce lieu, consacré à Marie, fut choisi
par les Bénédictins, dé concert avec Albert de Varan-
géville, pour y déposer, en 1098, dit Dom Calmet, la
précieuse relique gardée depuis quelque temps dans ta
demeure du noble seigneur lorrain.
Bientôt la chapelle de la Mère de Dieu, se trouva
trop étroite pour contenir la foule des pèlerins qui s'en
venaient voir sainet Nicholas de Warengeville.il fallut,
en 1101 , abattre l'humble sanctuaire et construire
plus grand. C'est en faveur de cette seconde construc-
tion, que le pape Urbain II publia, en 1105, une bulle
pour confirmer les privilèges octroyés à l'église en
construction à Port.
Pibon, évêque de Toul, assembla un synode dans sa
ville épiscopale et fit publier dans tous les lieux de
Lorraine soumis à sa juridiction, la bulle du souve-
rain-pontife. La publication de cette bulle était accom-
pagnée de plusieurs considérants: F évêque exhortait
vivement les fidèles à se montrer généreux envers
saint Nicolas, et il annonçait qu'il viendrait lui-même
consacrer le nouvel édifice, élevé sur les rives de la
Meurthe.
C'est Dom de l'Isle, ancien prieur de Saint-Nicolas
et prieur titulaire d'Haréville, qui nous raconte ces
faits, dans-son histoire de la vie et du culte de saint
nicolas, publiée en 1745. Le savant bénédictin se trompe
évidemment sur un point. Le pape des croisades, le
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— 88 —
champenois Urbaie II (4), était mort dès 1099 ; la bulle
adressée à Pibon n'a donc pu être envoyée que par son
successeur Pascal II.
Mais les prévisions des religieux du prieuré de
Varangéville (5), devaient être encore dépassées. Ils ne
songeaient pas, en 1101, aux accroissements successifs
du hameau de Port, pas plus qu'ils ne pouvaient pré-
voir la gloire du nouveau et déjà célèbre pèlerinage
lorrain.
Or, il arriva, que moins d'un siècle après la construc-
tion de la première église, dédiée à saint Nicolas, il
fallut en édifier une nouvelle, plus grande et plus apte
aux cérémonies du pèlerinage.
Le prieuré de Saint-Nicolas n'était pas encore fondé
et les religieux de Varangéville desservaient l'église du
pèlerinage , dont ils percevaient tous les bénéfices.
Celte dépendance du prieuré de Varangéville, pour la
cité nouvelle, subsista longtemps ; et même, pour la
question des sépultures, elle dura jusqu'en l'année
1862, époque où fut ouvert à Saint-Nicolas de Port le
premier cimetière de la ville (6).
Or, la troisième église — seconde dédiée au saint
protecteur — fut érigée sur l'emplacement de Tan-
cienne, là même où se trouvent la chapelle des Fonts
et ibside de la basilique actuelle.
Elle était presque achevée en 1193, puisque, en cette
année, Odon ou Eudes de Vaudémont, 46 e évêque de
Toul, vint en faire la solennelle dédicace. Ce temple,
qui devait être si fréquenté des Lorrains, fut encore
agrandi au siècle suivant ; et, dès le jour de son inau-
guration, l'évêque de Toul ordonna que toutes les
offrandes des pèlerins seraient entièrement consacrées
aux agrandissements prévus.
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- 89 -
Celte troisième église, où fut déposée la « phalange
du doigt bénissant » de saint Nicolas de Myre, était de
style roman ou de transition. Elle n'avait qu'une seule
tour, surmontée d'une lanterne à jour — lanterne où
fut placé le 4 janvier 1477, par ordre de René 11/ le
fanal annonçant aux assiégés de Nancy la venue des
troupes lorraines et des alliés.
L'intérieur était partagé en trois nefs ; au-dessus et
en arrière de l'autel principal, se dressait la' statue
vénérée du Patron de la Lorraine. C'est tout ce qu'on
sait de cette église de Saint-Nicolas, qui subsista jus-
qu'en 1495, et reçut les visites et les présents de tant
de rois, de princes et de princesses de la Maison de
Lorraine (7).
C'est là que vinrent, en effet, le comte Conon de
Réchicourt, après sa miraculeuse délivrance en 1240 ;
le sire Jean de Joinville, apportant, les pieds déchaux,
Y ex-voto de la reine Marguerite, femme de saint Louis :
la nef d'argent qui rappelait le vœu royal fait au milieu
de la tempête. C'est là que s'agenouillèrent tous nos
ducs de Lorraine depuis Mathieu II jusqu'à René II, *
toutes leurs épouses et leurs enfants ; là surtout que
vint en 1427, après sa visite au duc de Lorraine, la
glorieuse fille de Domremy, Jeanne d'Arc, qui bientôt
allait sauver la France (8).
Les dons des fidèles et les présents des souverains
» firent de cette église, aux xm e et xiv e siècles, l'une des
plus riches de toute la chrétienté. Successivement, on
put visiter dans le trésor du pèlerinage, le vaisseau de
saint Louis, le bras d'argent du duc Charles II, le bras
d'or, le célèbre bras d'or de René I er et de Jeanne de
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Laval (*) venu seulement en 1471 de Bar, où il était
conservé (9) ; l'ornement de la reine Marguerite d'An-
gleterre et les angelots d'argent massif offerts à saint
Nicolas, par toute princesse de Lorraine, après une
heureuse délivrance.
Il n'est plus rien resté de toutes ces merveilles : les
chaînes de Conon de Réchicourt ont disparu (il n'en
existe qu'un débris fort peu authentique) (10) ; le vais-
seau de saint Louis a dû être dérobé ou caché vers 1792,
car il n'en est pas fait mentiou dans l'inventaire dressé
au moment de la spoliation du trésor ; il est remplacé
aujourd'hui par un autre navire, donné par un cardinal
de la Maison de Lorraine (11) ; les calices et les nom-
breux objets d'art ont été portés à la Monnaie, et le
fameux bras d'or n'a pas échappé au vandalisme révo-
lutionnaire. Seuls , les camées antiques et quelques-
unes des pierres précieuses qui ornaient ce reliquaire
ont été conservés. L'un des grands camées est à Saint-
Nicolas ; il avait remplacé, sous Louis XIV, la Vénus
antique donnée an roi de France par les Bénédictins, et
conservée depuis ce temps au Cabinet des Médailles
i\ Paris,
Dans son travail sur le reliquaire de Saint-Nicolas,
publié en 1S78 dans les Mémoires de la Société cF Ar-
chéologie lorraine, à la suite du Mémoire de Mory
d'Eivange. M. Bretagne parie ainsi de cet émail,
que nous avons la bonne fortune de reproduire aujour-
d'hui pour la première fois.
« Les bénédictins ont enlevé la relique du doigt
{* ; Voir a l'appendice I, la description du Bras d'or de
U<ïiï6 1 er et de Jeanne de Laval.
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— 91 -
pour la placer dans le petit ostensoir dont parle Mary
d'Elvange, et ont fait pratiquer dans le reliquaire donné
par Charles II, et dans celui de René I er , une entailla
pour le placer, et la relique était ainsi montrée aux
fidèles, soit dans le premier, soit dans le second de ces
reliquaires, suivant l'importance des fêtes ou solen-
nités. L'image de saint Nicolas dont parle Dom Calmel
existe encore aujourd'hui ; elle a exactement les dimen-
sions du camée de Vénus dont elle tenait la place \
elle a ensuite été ôtée pour permettre de placer l'osten-
soir dont il vient d'être parlé. C'est une peinture en
émail fort bien exécutée ; aux pieds de saint Nicolas, à
l'opposé des trois enfants, on a fait figurer les arme?;
simples de Lorraine (d'or, à la bande de gueules,
chargée de trois alérions d'argent). Cet émail orne
aujourd'hui un reliquaire de bois doré, en forme de
bras, d'une exécution récente, qui renferme la relique
de saint Nicolas ; il n'est pas signé du côté de la pein-
ture, il l'est peut-être au revers, comme cela se voit
souvent sur les émaux de Limoges, mais nous n'avons
pu le vérifier. »
L'autre grand camée est aujourd'hui à la Bibliothèque
publique de la ville de Nancy ; il représente l'apothéose
d'Adrien, et a fait l'objet d'une savante étude de
M. Léon Germain.
Les petits camées, mis en dépôt avec le^ pierres et
les médailles, ont disparu vers 1793, et nous en savons
un, conservé dans une famille de Saint-Nicolas de
Port depuis cette époque. Le Musée lorrain en possède
aussi quelques moulages.
Nous pouvons ajouter, que; depuis 1879, un ftubtâ
camée, plus petit, fixé au-dessous de la itoïx de la
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gïaade sacristie, a disparu subitement pour aller orner
le cabinet d'un amateur.
Ce reliquaire, fidèlement décrit dans le travail
manuscrit de Mory d'Elvange, était assurément l'un
des plus magnifiques objets d'art de notre pays. Il est
grandement à souhaiter, que les efforts faits depuis
quelque temps pour le reproduire exactement en matiè-
re moins précieuse, soient couronnés d'un plein succès.
Une autre richesse de l'église de Saint-Nicolas ,
gardée avec soin jusqu'à la Révolution, c'était l'orne-
ment donné au pèlerinage lorrain, par la reine Margue-
rite d'Angleterre, femme de Henri VI, l'héroïne de la
guerre des Deux-Roses. Marguerite était fille de
René 1 er , duc de Lorraine et roi de Sicile ; elle était née
à Pont-à-Mousson en 1429 et mourut en 1482 après
une vie bien agitée. M. Louis Lallement a consacré à
Marguerite d J Anjou quelques pages émues, sous le
titre de: * Une héroïne oubliée des biographes lorrains;
Marguerite d* Anjou-Lorraine , reine d'Angleterre. »
L'ornement de la princesse, disparut on ne sait trop
comment à la tourmente révolutionnaire ; bien des
objets précieux furent enlevés avant la venue des com-
missaires, soit par les religieux, soit par des personnes
pieuses deia ville. Il est probable que les différentes
pièces ont été dispersées de côté et d'autre, après avoir
été dépouillées des plaques d'or, des perles et des
pierreries qui les décoraient.
Nous avons retrouvé récemment à Saint-Nicolas un
débris de cet ornement royal : c'est le côté extérieur
d'un manipule, en drap d'or tout usé, et orné de fines
broderies d J or. Au centre, au lieu de croix, sont bro-
dées en bosse les armes simples accolées de JjQmûae
et ^Angleterre, (12)
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— 93 -
Cet ornement, d'après la description que nous en ont
laissée les historiens bénédictins, devait avoir une très
grande valeur. Voici ce que raconte à son sujet Dom
de l'Isle :
« En Tannée 1444, une assemblée de princes se tint
à Nancy au sujet du mariage de la princesse Margue-
rite, fille du duc René I er , roi de Sicile avec Henri VI,
roi d'Angleterre. Charles VII, roi de France et M. le
dauphin, qui fut depuis Louis XI, s'y trouvèrent ac-
compagnés d'un grand nombre de princes et de prin-
cesses, des ambassadeurs d'Angleterre et de toute la
noblesse du Païs ; toute cette illustre assemblée alla en
pèlerinage à S. Nicolas, pour y faire ses dévotions, et
pour demander à Dieu, par l'intercession du Saint, qu'il
répandît ses bénédictions sur les nouveaux Mariés. »
Ce devait être un beau cortège, et la route qui va de
Nancy à la petite ville lorraine, devait présenter un
aspect bien curieux.
Marguerite d'Anjou, une fois reine d'Angleterre*
n'eut garde d'oublier le grand saint Nicolas, patron de
sa chère Lorraine. Bientôt, hélas ! les revers allaient
fondre sur elle et sa famille. Son jeune fils fut tué à
Tewksbury; son mari, le roi Henri VI, exécuté dans la
Tour de Londres en 1471 ; elle-même eut beaucoup de
peine à fuir l'Angleterre pour revenir en Lorraine,
trouver un asile sûr et chercher des secours.
Attribuant son salut à la protection de saint Nicolas,
patron des voyageurs sur terre et sur mer, elle y vint
en pèlerinage et fit don du magnifique ornement, ainsi
noté dans un titre conservé aux Archives {Bailliage de
Nancy, pour le domaine) : « plusieurs précieux vête-
ments (Tor, savoir : une chasible, deux tuniques^ trois
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— 94 —
chappes, deux estolles et deux fanons furnis de trois
ïdbes et trois sourpelis. »
Dorn de l'Isle, qui Pavait vu maintes fois et s'en était
survi lui-même, le décrit plus amplement :
« La reine Marguerite fit présent à l'Eglise de Port
dédiée sous l'invocation de S. Nicolas, d'un ornement
cumplet à fond d'or, enrichi de Perles, avec les Armes
uii-party d'Angleterre et de Lorraine, que Ton conserve
encore aujourd'hui (1745), et -qui consiste en une Cha-
suble, deux Tuniques, trois Chappes, et deux Etoles.
Ou trouve sur ces pièces des figures en soye très bien
faites, qui représentent les miracles du Saint. Le tout,
fut remis entre les mains du Prieur et des Religieux le
18 décembre 1472. Tous les connoisseurs font beau-
coup de cas de cet ornement. La même Princesse fit
encore présent de trois Aubes et de trois Surplis. »
Telle était, avec ses richesses et ses glorieux sou-
venirs, l'église du Patron de la Lorraine, élevée à
la fin du xn e siècle, quand parut Simon Moycet, le fon-
dateur de la basilique actuelle.
II.
SIMON MOTCET ET L'ÉGLISE ACTUELLE
La ville (13), qui s'était formée dès le xi e siècle,
autour de l'humble chapelle de Notre-Dame de Port,
avait grandi. Au quinzième, au moment où naquit
Moycet, Saint-Nicolas de Port était une des cités les
plus florissantes du duché de Lorraine. Plus considé-
rable que Nancy et Lunéville, grâce à son commerce,
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II
Armoiries de Saint-Nicolas Armoiries de Saint-Nicolas
en 1540 en 1546
III
Armoiries de la famille
Le Bègue.
IV
Armoiries de la famille
de Girmont.
LIT. H. CHRISTOPHE, NANCY
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— 97 —
aux nombreuses transactions, suite obligée des grands
pèlerinages, elle avait joué un rôle important dans la
lutte engagée entre René II et Charles le Téméraire,
lutte qui devait se terminer, le 5 janvier 1477, par la
victoire de Nancy et la mort du duc de Bourgogne.
En ce temps-là, vivait à Saint-Nicolas, un riche mar-
chand drapier, un de ces maîtres de corporation, si
puissants et si influents dans les affaires de la cité. Les
marchands de Saint-Nicolas étaient alors de vrais per-
sonnages, témoin la déférence de René II à leur endroit,
leurs richesses, leur libéralité à l'égard des troupes
lorraines, leur désintéressement patriotique à l'appel du
noble duc, leur seigneur. C'était un de ces marchands
qui, dès l'aube du 5 janvier 1477, avait, dit la Chro-
nique de Lorraine, défoncé pour les soldats lorrains
quatorze barriques de vin, et, assisté de ses voisins et
de ses serviteurs, avait offert à tous les braves « îe coup
du matin. »
— « Venez, enfants, beuvez le vin Sainct Jehan (14).
Les Alemans (les suisses, auxiliaires de René II) ne
faillirent mye ; tous beuvaient le vin ; car bon estoit... *
Le marchand drapier, dont le fils devait être le bien-
faiteur de sa ville natale, se nommait Didier Moycet,
Moûycet ou Moycette (15) (prononcez Moucet). Il était
fort riche, tant de son côté que de celui de son épouse,
Isabelle Baudoire (16). Deux enfants naquirent de cette
union : Simon Moycet, le fondateur de l'église, et Fran-
çoise, qui plus tard se maria avec un bourgeois de Saint-
Nicolas, nommé Travaux (17). Didier Moycet Fut gou-
verneur de Saint-Nicolas (18), charge honorifique très
onéreuse, et en l'année 1487, fut anobli par le duo
René II.
7
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- 98 -
Voici, du resté, ce qu'en dit le Nobiliaire de Dom
Pelletier :
« Moycette (Didier), marchand à Saint-Nicolas, fut
amiobli par lettres du duc René II, expédiées à Nancy,
te pénultième décembre 1487, sans spécification d'ar-
moiries ; mais Callot, hérault d'armes, dit qu'il porte :
d'azur, à un vannet d'argent. Fol... régist U85. 1489.
« Noble Didier Moycette, épousa Isabelle Baudoire,
qui était veuve en 1525, qu'elle fut présente au contrat
de mariage de Françoise Travaux, sa fille ; dans lequel
contrat elle est nommée veuve de Didier Moycette. »
Didier Moycet mourut avant 1508, car la fortune
considérable qu'il légua à son fils, passa tout entière
dans les premières constructions de la basilique
actuelle (19).
Quoi qu'il en soit, de concert avec son fils Simon et
d'autres bourgeois de Saint-Nicolas de Port, il agran-
dit et fit comme une nouvelle fondation de l'hôpital
Saint-François, qu'il dota richement dès l'année 1480.
Cet hôpital existait pourtant depuis longtemps, car
nous avons des titres de 1272 et de 1321 qui parlent de
V Hôtel-Dieu de Port.
Mais la fondation des Moycet contribua à relever et
a notablement agrandir la maison des pauvres et des
malades. Dans l'église de l'hôpital (plusieurs fois
démolie et reconstruite), Simon Moycet et sa mère,
Isabelle Baudoire, fondèrent une chapelle en l'honneur
de saint François d'Assise et de sainte Elisabeth de
Hongrie. Ce fut au pied de cet autel que furent in-
humés Didier Moycet et sa femme Isabelle.
Simon Moycet éjait prêtre et titulaire de la chapelle
Saint-Michel et Saint-Jacques, érigée dans l'ancienne
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— 99 —
église de Saint-Nicolas. Il rêvait, depuis de longues
années, de renverser l'église du patron de la Lorraine,
trop mesquine à ses yeux, et de la remplacer par un
temple magnifique, digne de l'opulence de la ville lor-
raine, digne surtout du grand saint Nicolas.
Mais des difficultés sans nombre vinrent arrêter les
projets du grand bâtisseur. Les guerres qui désolaient
la Lorraine, les subsides et les impôts, l'absence de
tranquillité, tout concourait à retarder l'entreprise.
Enfin, Simon Moycet, après des années d'attente, put
commencer les travaux, et jeter les fondements de l'ad-
mirable édifice, qu'il ne devait pas voir terminer, et
dont il fut peut-être l'architecte.
« C'était, dit la Chronique de Lorraine, ladicte
année 1481, que fut commencée la digne et belle édifice
de l'Eglise Monsieur sainct Nicholas en Loheregne. »
L'auteur de cette Chronique, qu'on croit être Edmond
du Boullay ou Chrétien de Châtenoy (20), se trompe
assurément. Il a pu vouloir indiquer la date annoncée
dès l'abord par Moycet ; mais les travaux réels n'ont
commencé qu'en 1495. Dom Calmet, Dom de l'Isle, le
père Benoît Picart, et, ce qui est plus probant, l'épi-
taphe de Simon Moycet, placent la fondation de l'église
de Saint-Nicolas en l'année 1495.
Dom Calmet dit expressément {Histoire de Lor-
raine, 2 e édition, tome II, col. 341) : « Simon Mouycet,
prieur de Warengéville et curé de Saint-Nicolas, le
14 avril 1495, jetta les fondemens de là magnifique
église de Saint-Nicolas, que nous voyons aujourd'hui,
et qui fut brûlée le 5 (sic) de novembre 1635. »
Dom Calmet donne ici la date du commencement du
pillage de Saint-Nicolas de Port ; il oublie que le feu ne
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— 100 —
fat mis à l'église que le jour de saint Martin, 11 novem-
bre*
Plus loin, il ajoute encore pour mieux préciser : « Ce
14 fl d'avril, fut avant Pâques de 1496, qui tomba le 3
avril »
Le père Benoît Picart, Pouillé de Tout, tome I p. 137,
dit : * Les fondemens de cette magnifique église qu'on
voit à présent, furent commencés par Simon Moùisey, le
il avril 1496. Ce Moûisey était prêtre séculier et curé
de S. Nicolas. On y voit l'épitaphe de ce vertueux
ecclésiastique. » Le même auteur, Histoire de Toul,
p. y 3 : <* Elle fut commencée en 1495 par Simon Moùycet,
décédé en 1520. »
Knfin, on peut lire sur l'épitaphe du fondateur, placée
dans l'église :
L'an de salut mille quatre cent et quinze >
Ei quatre-vingt, en dévote entreprinse...
Commencés en 1495, les travaux se poursuivirent
sans interruption jusqu'à la mort de Simon Moycet,
arrivée le 11 avril 1520.
Moycet y consacra sa fortune personnelle et se mit à
quêter, autour de lui d'abord, chez les riches bourgeois,
ses compatriotes, auprès des nombreux pèlerins qui
s'en venaient à Saint-Nicolas, et plus tard à Metz, en
France, en Suisse et en Allemagne. 11 fut puissam-
ment aidé clans son œuvre par les ducs de Lorraine, le
vaillant René II, et son successeur, le bon duc Antoine.
Simoa Moycet, avons-nous dit, était prêtre séculier.
Les historiens bénédictins, Dom Calmet et Dom de
Flsle, le réclament pour un des leurs. Nous persistons
néanmoins, avec M. Aug. Digot, à le revendiquer pour
le clergé séculier.
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x^^-z.--—^--
- 101 — ■
Voici du reste ce qu'en dit Dom de Plsle, après Dom
Galmet : « Simon Moyset, qualifié religieux de Saint
Nicolas de Port, sur l'inscription d'une cloche, eut assez
de zèle pour commencer cette admirable entréprise. Il
fut autorisé par Barthélemi de Lucey ou Lucy, qui était
tout à la fois prieur de Saint-Nicolas, abbé de Saint-
Arnoû de Metz et prieur de Flavigny. L'épitaphe de
Simon Moyset. que l'on voit encore aujourd'hui, gravée
sur une plaque de cuivre, attachée à un pilier de l'église,
nous apprend qu'il avait l'administration du prieuré et
qu'il recevait les oblations des fidèles. C'est que l'abbé de
Gorze, qui avait le droit de percevoir les offrandes de
Pâques, de Pentecôte et de Saint-Remy, les voulait bien
abandonner pour contribuer à l'édifice de la nouvelle
église. Un auteur, qui a laissé de petits Mémoires
manuscrits sur l'histoire de Saint-Nicolas, prétend que
Simon Moyset était fils de Didier Moyset, gouverneur
de Saint-Nicolas, qui fut anobli par René II, duc de Lor-
raine ; qu'il était prêtre, et qu'il fut chapelain de la cha-
pelle de Saint-Michel et de Saint- Jacques, érigée dans
l'ancienne église de Port. Il ajoute, que son père étant
fort riche, lui laissa beaucoup de bien. Quoi qu'il en
soit, on ne peut douter de sn sage conduite, puisqu'il
amassa, et de ses propres biens, supposé qu'«il en ait
eus, et des secours qu'on lui donna, ce qui suffisait pour
jeter les fondements d'un des plus beaux édifices du
monde, et qui est regardé par les connaisseurs comme
une merveille. Le dessein en fut conçu en 1495 et la
première pierre posée le 14 e d'avril. Soit que Simon
Moyset ait donné lui-même le plan, soit qu'il se soit
servi d'un architecte, l'auteur, quel qu'il soit, a poussé
l'art jusqu'à un degré supérieur. Le vaisseau est vaste,
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éclairé, délicat, proportionné ; s'il s'y rencontre quelques
difformités, elles ont leur mérite et paraissent être faites
à dessein. »
C'est assurément dans un but intéressé que les histo-
riens bénédictins ont voulu voir un religieux de leur
ordre dans Simon Moycet. Tous les auteurs (à l'excep-
tion de M. Aug. Digot) qui, en ce siècle, ont parlé de
l'église de Saint-Nicolas de Port, ont suivi cette opinion,
et partant de là, le vénérable curé de Saint-Nicolas,
M. le Bègue de Girmont (21), fit placer en 1866, en tête
de l'inscription de Moycet, copiée dans Dom de l'Isle,
ces mots : « Epitaphe du Révérend Père Dom Simon
Moyset, religieux bénédictin, trésorier de Fabbaye
de Gorze, fondateur de l'église de Saint-Nicolas en
Lorraine... »
Simon Moycet n'était pas religieux ; simple prêtre
séculier, il était resté attaché à sa chapelle de Saint-
Michel. Dom Calmet, pour étayer son dire, ajoute que
Moycet est qualifié de Cœnobiarcha (22), dans une ins-
cription, placée sur une cloche du prieuré de Saint-
Nicolas, cloche qui existait encore au temps de Dom de
l'Isle.
Dom Calmet traduit ce mol par prieur du monastère
de Saint-Nicolas de Port. Or, Moycet n'était pas prieur
conventuel ou claustral, puisque, à cette époque, il n'y
avait plus de prieuré à Saint-Nicolas. Il n'était pas
même prieur commendataire, car le titulaire était alors
l'abbé de Saint- Arnould de Metz, Barthélémy de Lucy.
Ce titre "de Cœnobiarcha peut fort bien s'expliquer,
ainsi que celui de trésorier de l'abbaye de Gorze. Simon
Moycet, en effet, avait été préposé pour gérer les inté-
rêts matériels et spirituels de la nouvelle église qu'il
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— 103 —
faisait construire. On donnait au trésorier, prêtre sécu-
lier, le titre honorifique de prieur.
Dans Tinscription d'une cloche de 1508, on lit ces
mots : « Je, Barbe, fut faite et créée fan 1508, le
29 e aoust., estant Damp Barthélémy de Lucy, abbé de
S. Arnould, prieur de céans, et messire Simon Meau-
set, maître et gouverneur de la fabrique de cette nou-
velle église ». Il l'avait prise en admodiation, c'est-à-
dire à ferme ; il en percevait tous les revenus, même
ceux qui, de droit, revenaient à l'abbaye de Gorze (les
mois abbatiaux).
Simon Moycet est appelé Sire et Messire, titres que
Ton réservait aux prêtres séculiers et non aux reli-
gieux.
c On voyait devant l'autel de saint Nicolas, dit Dom
Calmet, la statue du grand fondateur : il était revêtu
d'un surplis à très larges manches ; ses cheveux étaient
couppés en ronds, laissant les oreilles à demi-décou-
vertes ; et au-dessus sont des armes parlantes. » Il
ajoute que l'autel était à l'antique, sans gradins, retable,
ni chandeliers.
Simon Moycet avait pris des armoiries, en dehors de
l'écusson accordé en 1487 à sa famille : c Un saint
Simon; au-dessous, un amas cTéchalas, avec un C posé
en travers. » Ces échalas, placés en tas, forment ce
qu'on appelle encore en Lorraine une Moue : Mou-C
(Moucet).
Cette statue fut brisée à la Révolution, et l'on croyait
à tout jamais perdus les traits du fondateur de la basi-
lique de Saint-Nicolas. En 1887, nous avons retrouvé
le portrait de Simon Moycet, dans un médaillon sculpté
dans une frise au sommet d'une des tours. Moycet nous
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— 104 —
apparaît de profil : une tête énergique et noble, portant
les cheveux longs et la barbe, et revêtu du surplis des
prêtres séculiers.
Or, en Tannée 1520, alors que déjà les trois nefs du
temple étaient voûtées, celui qui avait tant fait pour la
gloire de saint Nicolas mourut paisiblement, laissant en
bonne voie d'achèvement les portails et les deux tours.
Ce fut le 11 avril 1520 que Simon Moycet s'endormit
dans le Seigneur, entouré de sa mère, de sa sœur et de
ses nombreux amis, assisté de ses collaborateurs et
sans doute aussi du savant Pierre Jacobi, qui avait
établi à Saint-Nicolas la première imprimerie du duché
de Lorraine (23), et venait, en 1518, de publier le
poëme de la Nancéïde, œuvre du chanoine de Saint-Dié,
Pierre de Blarru.
Il fut inhumé au milieu de la grande nef de son église,
devant l'autel à double tombeau (24) du patron de la
Lorraine. Depuis ce temps, l'énorme pierre tombale qui
recouvre ses restes n'a pas été soulevée. Le Conseil de
fabrique fait actuellement des instances pour l'ouver-
ture de ce sépulcre, qui renferme le cercueil du fonda-
teur. L'inscription sur cuivre, placée dès l'abord sur
la pierre tombale, fut reportée peu d'années après,
<t contre le second pillier, proche V autel de saint
Nicolas, du costé de fépistre ».
Cette plaque d'airain a disparu au temps de la Révo-
lution : l'inscription a été reproduite en 1866 sur un
pilier de la grande nef; les caractères romains sont
peints en or sur fond bleu. Malheureusement, on a
donné l'inscription, telle qu'elle est imprimée dans Dom
de l'Isle, avec des passages tronqués et obscurs, et
même un vers oublié,
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— 105 —
Nous la donnons ici dans son entier, d'après Dom
Galmet, qui l'avait copiée lui-même à Saint-Nicolas (â5) T
et telle qu'elle existe aux Archives départementales,
dans les papiers des Bénédictins de Saint-Nicolas
(série H, n° 282). Une ancienne tradition locale l'attri-
bue au chanoine Basin, celui-là qui fit imprimer à
Saint-Nicolas l'œuvre de son ami Pierre de Blarru :
Liber Nanceidos.
« Pour honorer Dieu Notre Créateur,
« Et Nicolas son très S* Serviteur,
« Van de salut mille quatre cent et quinze
« Et quatre-vingt y on dévote entreprinse,
« Sire Symon Moycet fut Fondateur,
« Et le premier de ce Temple Inventeur.
« Faisant plusieurs admodiations,
« Du Prieuré et des Oblations.
« Y exposant du sien grand 1 quantité,
« Pour ériger cette Eglise en beauté ;
« Dont le véant, René le très bon Roy,
« D'un S. vouloir fayda en noble aroy.
« Conséquemmenl grands Seigneurs et Prélats,
« Marchands, Bourgeois du lieu S. Nicolas,
« Et Pèlerins ont été Adiuteurs,
« Et de ce bien très dévots Promoteurs.
« Le bon ancien tousiours persévérant,
« Et de grand cueur achever espérant,
« Eut bon secours du dévot Duc Antoine,
« Lequel trouva en ce sainct fait ydoine.
« Puis en Apvril Van mil cinq cent et vingt,
c Débilité et maladie lui vint,
« Dont entendit à son salut pourvoir,
« Céans donnant son thrésor et avoir,
« Et en la an, pour vertueux soûlas,
« Du Cors prins lieu devant S. Nicolas,
« Où mort fut mis le iour d'Apvril onziesmv
« Jésus Juy doint la gloire bêatime, Amen. »
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- 106 -
Simon Moycet pouvait disparaître, sou œuvre était
fondée. Depuis 1495, époque où fut posée la première
pierre de l'édifice, jusqu'à Tannée de sa mort, les tra-
vaux ne discontinuèrent pas. L'église de Saint-Nicolas
ne fut pourtant achevée qu'en 1544. On avait mis 49 ans
pour l'édifier, l'orner et l'embellir. C'est peu, compa-
rativement aux autres cathédrales du moyen-âge, dont
la construction, maintes fois interrompue, dura parfois
des siècles.
L'inscription suivante a été placée au bas de la grande
rose du portail principal : Coepta, 1495 ; Perfecta, 1544 ;
Incensa, 1635; Refecta, 1710.
Tous les auteurs en ont parlé avec une admiration
parfois excessive, sans oublier le nom désormais célè-
bre de Simon Moycet. Dom Galmet y revient plusieurs
fois et dit entre autres choses : « Cette église de Saint-
Nicolas est une des plus belles,, des plus hardies, des
plus délicates et des mieux éclairées qui soient en
France, On assure que le roi Henri IV, l'ayant fait visi-
ter par d'habiles architectes, ils lui rapportèrent que la
hardiesse de l'entreprise était surprenante, et que sur-
tout, les deux piliers qui supportaient seuls le fardeau de
la croisée étaient une merveille de l'art. Ce grand édi-
fice fut construit dans l'espace de 49 années et fut achevé
en 1544. »
Ce n'est pas ici le lieu de faire la description détaillée
de ce monument, élevé par Simon Moycet à la gloire du
Patron de la Lorraine. En attendant qu'une Monographie
de PEglise de Saint-Nicolas de Port, vienne s'ajouter
à celles de la Cathédrale et de Saint-Evre de Nancy,
on peut consulter avec fruit l'excellente brochure pu-
bliée en 1848 par Aug» Digot.
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- 107 -
Rappelons seulement quelques particularités de sa
construction :
Dans une fenêtre à Côté de l'orgue, on voit sur un
vitrail la date de 1508; sur deux cloches, fondues en
1582, on lisait la même inscription. En 1880, nous avons,
sur plusieurs piliers de la grande nef, découvert d'an-
ciennes peintures, remontant à Tannée 151 1(*). Nous pen-
sons que ces diverses dates sont celles de la donation
du vitrail, des cloches et des ex-voto, mais que ces
divers objets n'ont été placés que bien plus tard (26).
Le chœur et les deux travées qui le précèdent, ont un
style bien plus sévère que le reste de l'église. On dirait
deux églises juxtaposées : Tune, destinée aux offices
conventuels (27) des bénédictins ; l'autre, plus ornée,
servant spécialement au pèlerinage et aux offices parois-
siaux.
Ces deux parties, jadis séparées en deux par le grand
autel patronal de Saint-Nicolas (28), sont évidemment
d'une époque différente. L'abside et les deux travées
suivantes ont été construites en premier lieu, usage très
fréquent au moyen-âge.
En 1520, après la mort de Simon Moycet, les habi-
tants de Saint-Nicolas poursuivirent activement la cons-
truction de leur église ; ils furent aidés par les ducs de
Lorraine, et obtinrent de l'empereur d'Allemagne,
Charles V, la permission de faire des quêtes dans tous
les diocèses de l'Empire.
Un diplôme du même empereur, en 1549, accorde
aux habitants de Saint-Nicolas, de lever et de recevoir
(*) Voir à l'Appendice II, la description des anciennes pein-
tures de l'église de Saint-Nicolas.
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— 108 -
« toutes les offrandes et aulmosnes provenansdu troncq
de h fabricque de Veglize de Sainct- Nicolas, de la
boite de F autel et du paalle, ensemble des mois abba-
tial/, de F abbaye de Gorze y et ce, durant le temps et
terme de trois ans, y comprins ceste année quarante-
neuf, pourveu qu'ils seront tenuz convertir et em-
ployer les deniers en procedans au parachèvement des
ouvrages (Ficelle eglize de Sainct-Nicolas, mesmement
de deux tours qui restent encoires à couvrir. . . » (29)
L'entier achèvement ne put guère avoir lieu avant
1658 ou 1553.
Il serait difficile d'évaluer de nos jours, les sommes
dépensées dans cette construction colossale, et de faire
à chacun la part de générosité qui lui revient.
Les habitants de Saint-Nicolas, si riches à cette épo-
que, y contribuèrent pour beaucoup. Simon Moycet y
mit toute sa fortune personnelle. Son épitaphe men-
tionne le généreux concours qu'il reçut des ducs René II
et Antoine. En reconnaissance, leurs armoiries furent
placées au grand portail, au-dessous de la première
galerie. On peut les y voir encore, de chaque côté du
grand Christ bénissant, supportées par deux anges,
tenants ordinaires à cette époque des armoiries de Lor-
raine. On les voit encore à l'intérieur de l'église, au-
dessous des images de René et d'Antoine, en diffé-
rentes verrières et dans la chapelle de sainte Barbe.
René II avait fait paver le chemin de Saint-Nicolas à
Vilerne pour le transport des pierres, extraites des car-
rières de ce pays. Il existe encore, près de Fléville,
quelques débris de cette vieille route, pavée au XVI e
siècle.
La ville de Mets, malgré son hostilité perpétuelle
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— 109 —
avec le duché de Lorraine, fournit toutes les dalles
pouç le pavé de l'église, et des bateaux, remontant la
Moselle et la Meurthe, les amenèrent jusqu'à Saint-
Nicolas.
« La dédicace du nouveau temple, dit Dom de Tlsle,
se fit en présence des princes, des seigneurs et de tout
le peuple des environs, avec une pompe d'autant plus
grande, qu'il n'y avait jamais eu de temple si magni-
fique dans le pais (30), de même quedepuisj il ne s'est
rien trouvé qui l'égalât. »
Dom de l'Isle et les autres chroniqueurs ont oublié
de mentionner le nom du consécrateur et Tannée même
de la* dédicace. Ce fut apparemment le cardinal de
Lorraine, abbé de Gorze, Charles, fils du premier duc
de Guise.
L'œuvre de Simon Moycet était achevée, mais il devait
y avoir pour elle, à la suite des siècles, de bien mauvais
jours. Néanmoins, la belle et grande église du prêtre
lorrain a résisté aux injures du temps, aux ravages du
terrible incendie de 1635, aux actes de vandalisme des
xvn e et xvm e siècles, et aujourd'hui, elle nous apparaît
encore dans toute sa beauté, dignement restaurée par
l'Etat, la commune et le département, et disant toujours
aux générations qui passent, la gloire de saint Nicolas,
le patron et le protecteur de notre Lorraine.
P. S. — Nous tenons à remercier ici M. J. Jacquot,
l'auteur des gravures du présent travail, du précieux
concours qu'il nous a donné. Les nombreux dessins
qu'il a offerts à la Lorraine illustrée, sur Sai rit-Nicolas
et Pont-à-Mousson, aux Etrennes nancéientics, à la
France Illustrée, etc.. lui avaient déjà assure urio
bonne place parmi nos jeunes artistes lorrains. — E, B,
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APPENDICE
li
LE BRAS D'OR DE SAINT NICOLAS f).
enk, duc de Lorraine, Marchis, Comte de Vaudémont
et de Harcour, Gouverneur du Duché de Bar, à tous
ceux qui ces présentes verront, Salut.
Comme le roi de Sicile, Duc de Bar, notre très re-
douté Soigneur et Grand-Père, meu de dévotion, eut
fait faire à ses dépens un bras et la main d'or et le pied
d'argent doré, orné de plusieurs pièces, pierres pré-
cieuses, pour enchâsser le précieux et digne Reliquaire
de Monsieur Saint Nicolas, étant en l'église de Saint-
Nicolas de Port, et leur envoyé par deçà et écris aux
gens de la Chambre des Comptes de Bar, et le délivrer
à notre redoutée Dame et Mère, pour en faire suivant
ce qu'il lui avait ordonné et enjoint ; lequel Reliquaire
était demeuré en la Chambre des Comptes de Bar, et
un coffre, fermé à trois cle fs, duquel coffre notre ami
et féal Conseiller et Chambellan, Philippe de Lenon-
court, notre Lieutenant audit Duché, gardoit l'une des
(*) Cet acte est mentionné tout au long dans les Preuves
de l'Histoire de Saint-Nicolas, par Pom de l'Isle. (p. 207 et
seq.) Une cojjie de cette lettre est conservée aux Archives
de la Meurthe (série H. n° 233 Prieuré de Saint-Nicolas).
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— lit
clefs ; vénérable notre très cher et bon ami le
Doyen de Saint Maxe, l'autre' clef ; et lesdites Gens des
Comptes l'autre, lequel Coffre et Bras étoit en icelle ;
nous, pour aucunes causes avons pris et mis eu vos
mains ; et parce que nous n'avons pu avoir la clef que
gardoit ladite Chambre des Comptes, avons fait en notre
présence rayer la serrure, de laquelle lesdites Gens des
Comptes avoient la clef, et fait ouvrir les deux autres
par notre dit Lieutenant et Doyen ; et d'icelui coffre
avons fait prendre le Bras et Main pour enchâsser le dit
Reliquaire ; lesquels Bras et Main sont d'or et le pied
d'argent doré, armorié des Armes du Roi de Sicile,
notre dit Seigneur et Père, et au premier doigt delà
main, y a un bon Rubis enchâssé et un anneau d'or,
qui se peut mettre et ôter du dit doigt ; en la manche
duquel bras, dehors et dedans y a deux gros camahus,
(camées), et sur le dedans trois autres moyens ca-
mahus, et les armes dudit Seigneur Roi ot de la Reine
en quatre lieux et au-dehors de la manche deux autres
camahus moyens et quatre petits, et en la bordure
d'icelle manche, y a huit camahus, quatre Saphirs,
quatre Balets (rubis balais), trente-deux trochaux
(fleurons) de perles, en chacun trochau cin<j perles ;
lequel bras ainsi ouvré par la manière qui est dit ; iceluï
notre Lieutenant, en présence dudit Doyen, nous a
baillé et délivré pour en faire selon la volonté du Roi
de Sicile, notre dit Seigneur et Père
Donné à Bar, le 19 e jour de novembre, mil quatre
cent soixante et quinze.)
Ainsi signé, Par Monseigneur le Duc,
René. Gauviu.
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8
— 112 -
IL
Anciennes peintures dans l'Église de Saint-Nicolas.
Au cours des années 1878 et 1879, des travaux impor-
tants furent exécutés au transept de la basilique de
Saint-Nicolas de Port. Sur les instances réitérées des
députés de Meurthe-et-Moselle, et particulièrement de
M. Berlet, le gouvernement et le conseil général avaient
affecté un crédit de 300.000 francs pour les restaura-
tions urgentes de l'église historique lorraine.
Sous la direction de M. Matuzinski, on commença par
les croisées du transept, et en 1879, on descendit
pierre par pierre, tous les meneaux et la grande rose
de la fenêtre, rapprochée de la chapelle sainte Jeanne
de Valois.
Quand il fallut, au bout d'un an, démonter les lourds
échafaudages, l'entrepreneur, M. Hilaire Legros, eut
l'idée de faire enrouler les cordages autour d'un gros
pilier de la grande nef. La corde, en se déroulant insen-
siblement, enleva le badigeon et mit à découvert des
restes de peinture murale. Cette peinture, débarrassée
avec soin par nous de tout le badigeon extérieur repré-
sente la sœur de saint Evre, sainte Aprône, guérissant
une pauvre femme, agenouillée devant elle. La peinture
peut avoir un mètre carré de superficie, comme toutes
les autres, du reste, que nous avons découvertes par
lia suite sur d'autres colonnes. La sainte est debout,
vêtue d'une robe verte à scapulaire, tenant une palme
d'une main et de l'autre un livre ouvert. La paysanne
est agenouillée, les mains jointes, habillée de noir avec
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— 113 —
une coiffe blanche et une sorte de guimpe. Au fond du
tableau, s'ouvre une fenêtre, par laquelle on aperçoit
un paysage. Au bas, dans la bordure bleue, on lit en
lettres jaunes (caractères gothiques) : saincte aprone.
Cette fresque et les suivantes, sont précieuses à plus
d'un titre : elles remontent aux années 1511 et suivantes,
époque de la construction du chœur et des premières
travées de la nef, et ont sans doute été placées là comme
ex-voto par des pèlerins reconnaissants.
Le père Benoit Picart, raconte ceci : € La légende
de l'église cathédrale de Toul, sur des témoignages
certains, rapporte un miracle fait par les mérites
de sainte Aprone, vierge touloise, dans le bourg de
Saint-Nicolas, sous Pépiscopat d'Olry de Blâmont. »
Or ce prélat siégea à Toul de 1495 à 1606.
D'autres piliers de la grande nef et des bas-côtés,
successivement visités par nous et débarrassés de la
couche épaisse de badigeon, ont montré les peintures
suivantes, malheureusement bien dégradées et qui
disparaîtront dans un avenir prochain.
1° Saint Yves, patron des avocats et des procureurs
ou avoués. Le fond du tableau est d'un vert sombre
avec des ornements dorés. Le saint est debout, revêtu
d'une robe bleue ; par- dessus est jeté un grand man-
teau fort bien drapé, de couleur ocre. Ce manteau,
relevé par la main gauche du personnage, est bordé
d'une bande assez large d'hermine mouchetée.
A ses côtés, se tiennent deux messagers solliciteurs,
munis de lettres de recommandation. L'un est reçu par
le saint, pendant que son compagnon attend paisible-
ment son tour, portant une manière de hàvre-sac, sans
doute rempli de procès Au-dessous de ce tableau, on
8
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— 114 —
ht ces mots tracés en caractères gothiques sur fond
bleu ; saïtict yves debretaigne. 1511.
"2* Le pilier, auquel se trouve actuellement adossée
la chaire, garde des traces nombreuses d'anciennes
peintures ; on distingue encore vaguement, les jours
d'humidité, des personnages agenouillés devant la
Vierge,
Malheureusement, les eaux pluviales descendant des
voûtes du second étage, ont détérioré ces peintures
aujourd'hui presque effacées. Ce pilier, de même que
celui qui lui fait face, était le plus rapproché de l'autel
patronal de saint Nicolas, placé au centre de l'église :
c'était là qu'on voyait appendues, l'image de bronze du
roi Louis XI et celle de Claude de Lorraine, frère du
duc Antoine, premier duc de Guise, qui s'en était venu
à Saint-Nicolas, au retour d'Italie, avec les armes
toutes bossuées, qu'il portait en 1515 à la fameuse
bataille de Marignan.
3° Le pilier qui, depuis vingt ans, porte malencon-
treusement l'épitaphe tronquée et fautive de Moycet,
garde aussi des traces d'anciennes peintures. Mais les
deux tiers d'une fresque sont cachés par l'inscription ;
la partie que nous avons pu dégager, nous a fait voir
un beau portrait d'évêque tenant, à hauteur de poitrine,
sa tète dans sa main droite. Cet évêque, nommé sur
l'auréole : saint didier n'est autre que l'évêque deLan-
greSj Desiderius (m e siècle), mis à mort en 264 près de
la ville qui porte aujourd'hui son nom: Saint-Dizier
(Haute-Marne). La chronique de Lorraine • rapporte
tout au long le sac de Saint Nicolas en 1441, par le
bâtard de Bourbon, qui fut arrêté près de Langres par
ies seigneurs lorrains.
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-115-
Il est probable qu'en reconnaissance de cette protec-
tion, le portrait du saint évêque de Langres fut placé
sur un des piliers de la nouvelle église pour perpétuer
le souvenir de ce grand fait.
Le saint est représenté vêtu de riches ornements
pontificaux : chasuble bleue , dalrnatique richement
brodée d'or, aube blanche à la romaine ; il tient la
crosse de sa main gauche , pendant que la droite
supporte une tête bien vivante, coiffée de la mître .
précieuse. Las deux, mains sont gantées.
A côté de ce personnage, devaient s'en trouver deux
autres, pour compléter le cadre du tableau. On aper-
çoit encore, près de la bordure d'or de l'épitaphe, un
autre saint, vêtu dune robe verte et d'un manteau
rouge, avec les pieds déchaux.
4° Proche le maître-autel, à la hauteur de la galerie
intérieure, et aux deux colonnes qui précèdent le
chœur, on retrouve de nombreuses traces de peintures
à fresque. Nous n'avons pu distinguer, dans ces ves-
tiges effacés, que de petits personnages agenouillés
devant sainte Barbe ; une inscription gothique encore
assez lisible, mais trop élevée, court au-dessous de ce
petit tableau.
5° Les murs du transept, au-dessus des portes du
trésor et de la sacristie du pèlerinage, étaient aussi
entièrement peints. Le tambour pseudo -gothique enlevé
récemment, a laissé voir tout un vaste pan de muraille,
enduit aux trois quarts de badigeon, et montrant par
ci, par là, des têtes de grandeur naturelle.
De l'autre côté, une station du chemin de croix
recouvre un tableau votif, dont nous n'avons pu décou-
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— 116 —
vrir que la partie inférieure et l'un des côtés. Au bas,
un ange supporte un écusson : a d'azur, aux lettres
d'or C. 0. entrelacées et traversées dune croix latine
paltéed'or ».
Près de l'encadrement de la station, nous avons
aperçu la tète d'un magnifique cheval blanc, tout har-
naché, traversant une forêt.
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NOTES
i.
Bibliographie de saint Nicolas»
(1) Vita S. Nicolai Myrensis episcopi, Lotkaringiœ pa*
troni, collecta ex probaiis autorib. distributèque sr.ripta a
Leonardo Perino stagnensi e Societate Jesu,dociore theologo.
Jussu illustriss. ac révérend, principes Nicolai Franciscî a
Lothar. episcopi Tullensis.
Mussiponti, apud Joan. Appier Hanzelet, sereniss. Ducîs
et Universit. Typog. etsculp. etJoannen Bernard, bibliop.
Ju. 1627, in-12, 326 p., avec un beau frontispice, orné d'une
image de saint Nicolas et des armes de Nicolas de Lor-
raine.
(2) Eistoria délia vita, miracoli, translatiûne.e gloria
delVillustris. Confe^sor di Chrislo san Nicolao il magna,
arcivescovo di Mirœ, patrono e protettore de lia citia di
Bari. Composta del padre Antonio Beatillo da Bari, délia
compagnia di Gesu. In Palermo y per Diego Bua. AfD, CL
VIII, in-4° (éditions successives en 1642, 1645 et 1672) .
(3) Sancti confessoris, pontificis et celeberriml thauma-
turgi Nicolai acta primigenia, nuper détecta et eruta ex
unico et veteri codice membran. Vaticano, ptr Nicolaum
Carmineum Falconium, ab eodem redditaetcum recentiori-
bus aliis sancti Nicolai actis grozco -latine cutn suis notis
édita. Neapoli. 1751, in- fol. de 145 p.
(4) Putignani, chanoine de Bari : Vindicte vitoe sancti
Nicolai. Neapoli 1755.
(5) Vie de saint Nicolas : Cy fine la Vie de saint Nicolas,
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— 118 —
Jmprimee à Rouen par Jaques le Forestier demourant
audit lieu a lenseigne de la Tuylle dor près les Augustis.
Petit in-4° goth. de 6 ff. avec une figure en bois sur le titre.
A la fin : Bitte de saint Nicolas en vers (s. date cf. Brune t).
(6) Vie de saint Nicolas. — Marque de Jacques le Fores-
tier sur le titre, petit in -4° goth. de 8 ff. Très rare» impri-
mée vers 1500 (antérieure à la précédente).
(7) Histoire de la vie, du culte, de la translation des reli-
ques et des miracles de saint Nicolas, évêqite de Myre, en
Lycie, par R. P. Dcm Joseph de Vfsle, prieur titulaire
oVHaréville, Ordre de S. Benoît, de la Congrégation de
S. Vanne et S. Hydulphe. Nancy, chez Abel Cusson, 1745.
Le même ouvrage in-12, imprimé à Paris, 1745.
(8) Richecourt, tr âge -comédie, represantee par les pen-
sionnaires des RR. Pères Bénédictins de Saint-Nicolas, 1628.
Imprimé à Saint- Nicolas, par Jacob François, à VEche-
quin y à la grand -rue. p. in-8° de 76 pages, réimprimé en
1860. P. Trenel, Saint-Nicolas de Port.
(9) La Vie du grand et incomparable Sainct Nicolas,
Evesque de Myre, patron de la Lorraine. Avec un abrégé
de plusieurs miracles arrivez par son intercession enV église
de Saint -Nicolas du Port en Lorraine et les litanies du
grand saint Nicolas, par N. Durmont, Nancy. Chariot,
1621, 62 pages in-8°.
(10) La vie du grand et incomparable saint Nicolas, évê-
que de Myre, avec un brief recueil des miracles faits par
son intercession en V église de Saint-Nicolas en Lorraine.
Epinal, chez Vautrin, 1788, 72 p. in-12.
(11) La vie du grand et incomparable saint Nicolas,
évesque de Myre et patron de la Lorraine, avec un brief
recueil, etc. A Toul, chez Estienne Rolin imprimeur et mar-
chand-libraire, in-12 de 72 pp. sans date, si ce n'est lY.ppro •
bation de Tévêque de Toul, 14 e jour de may, 1612.
(12) La vie de saint Nicolas, évoque de Myre, patron de
Lorraine. Toul, Rolin, in-$° (s. d.) Nancy, 1704 et 1737,
in- 12°.
(13) Notice historique sur la vie, le culte et les miracles
de saint Nicolas évêque de Myre et patron de la Lorraine,
dont les reliques reposent en ( 'église de la ville de Saint-
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— 119 —
Nicolas de Port, par M as s on, curé de Saint-Nicolas de
Port. Nancy, Hissette, in-2°, 1823.
(14) La vie du grand et incomparable saint Nicolas, é\ê"
que de Myre, imprimerie de Pellerin, à Epinal, in-18 de
2 feuilles.
(15) La vie du grand et incomparable saint Nicolas, êvê-
que de Myre, imprimerie de Pétri, à Neufchâteau, in- 12, de
2 f. 2/3.
(16) La vie du grand et incomparable saint Nicolas, à
Saint-Mihiel, 1799, in 16», 72 p.
(17) Les offices propres de saint Nicolas, evesque de
Myre, A l'usage de MM. les marchands de vin de la ville et
fauxbourgs de Paris, dont la confrérie est érigée en l'église
de Saint-Jacques de l'Hôpital, rue Saint-Denis, à Paris,
1717, in-12.
(1S) Offices propres de saint Nicolas, êvêque de Myre, à
l'usage de MM. les marchands épiciers et apoticaires-épi-
ciers de la ville et faux bourgs de Paris. Paris, 1726 pet.
in-8°.
(19) Notice historique sur la vie de sai'it Nicolas t archevê-
que de Myre et patron de la Lorraine, par Vabbê Husson,
vicaire de Saint-Nicolas de Port, avec approbation. Saint-
Nicolas, imp. de P. Trenel, 1852, in-16, 142 p.
(20) Vie de saint Nicolas, archevêque de Myre, recueillie
de différents auteurs anciens. Arras. 1857, in-16°, 151 p.
(21) La vie admirable de saint Nicolas, par le P. de Bra-
lion, prestre de V Oratoire de J. C. N. S. A Paris, chez
Estienne Danguy, 1646, 1 vol. in-16, très rare.
(22) La vie admirable de saint Nicolas, d'après le P. de
Bralion, nouvelle édition, revue et annotée par le prince
Augustin Galitzin. Paris, Techener, 1859, in-vol. in-8° 220
pages.
(23) Vie de saint Nicolas patron de la jeunesse et de la
Lorraine, par l'abbé J. Laroche, in-12. Paris, Féchoz, 1886.
(24) Le vie de saint Nicolas, évêque de Myre, patron de
Lorraine, avec un recueil des miracles faits par son inter-
cession en V église de Saint- Nicolas de Port, en Lorraine,
et l'Office du saint. Troyes, Garnier, in-12. Toul, Rolin,
in-8°.
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— 120 —
(25) De actis divi Nicolai utsinceris ac genuinis ex vati-
canû codice exscriptis ac nuper vulgatis, historico-crilica
dissertatio. Au -tore Ludovico abatino de Anfora, 1754,
in-4<\
(36) Dissertation sur saint Nicolas, êvêque de Myre
(Mémoires de littérature par le P. Desmolets). Paris, 1726-
1731» t. VI, part. 1.
(27) 5, Nicolas êvêque de Myre, histoire, légende, archéo-
logie j par Atnédée Aufauvre, 1856.
(28) Légende de saint Nicolas, par la comtesse Ida de
Habn-Hahii, traduit de l'allemand par le prince Aug. Ga-
Utxio, Tours, Ladevèze, 1855, in-18.
(29) Li livres de saint Nicholay, par Wace, publié par
M. de Montmerqné dans les Mélanges des Bibliophiles,
d'aprc» le manuscrit 7268 de la Bibliothèque Nationale, in-
fol. (fonda Colbert).
(30) Maistre Wace's saint Nicholas herausgegeben von
D r Nicôlnus Ddlius, Bonn, 1850, in-8°.
(31) C'est li Jus de saint Nicholai, par Jean Bodel (pu-
blié par MM, de Montmerqué et Francisque Michel, dans le
ThMtre-Françaiï au moyen-âge). Paris, F. Didot, 1839,
g* in 8°,
Le jeu de S. Nicolas se trouve dans le beau mauuscrit de
la Vallière qui est à la Bibliothèque Nationale, n° 81 anc.
273fi, fol. 60,
^32) La vie de Monsignour Nicolai, (d'après le manuscrit
de la bibl* naL 7023, in-fol. anc. fonds.) s. 1. n. d.
(33) Instruction sur la manière de prendre le pain bénit
et miraculeux de S. Nicolas de Tolentin, 1 p. in-fol. (que-
Tel le des jésuites et des bénédictins de S. Nicolas).
IL
Publications sur Saint-Nicolas de Port.
(1) Des Choses mémorables, escrites par Frère Richer,
moyne de Sennone, (publié en 1842 par J, Cayon), 1 vol.
in-4*, p. 75 et 76,
^
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— 121 —
La chronique de Richer, moine de Senones, a été traduite
du latin en français par ll&got (Murigothus) au xvn* «îècle;
cette traduction a été publiée en 1842 par J. Caycm :
« Chronique de Richer » Dom Calmet, Histoire de Lorraine
2 e édition, T. III, p. cxxxix, en a publié des extraits sous
ce titre : « Chronicon monasterii Senoniensis , ordinis
sancti Benedicti in Vosago. » Cette chronique avait été déjà
publiée dans le Spicilège de Dom d'Achéry. L'original en
latin a été savamment publié dans les Monumenta Germaniœ
historica, Scriptores. T. XXV, p. 249 et seq. par M* Waitz.
La bibliothèque publique de la ville de Nancy, (cf. catalogue
des manuscrits, par J. Favier, n os 542 et 543.) possède les
deux textes latin et français.
(2) Chronicon Mediani — monasterii ', auctore Johanne
de Bayon (1326). Cette chronique du dominicain Jean da
Bayon, a été publiée en 1724, par Dom Humbert Belhomme,
le savant abbé de Moyenmoutier, et ensuite par Dom Calmet,
Histoire de Lorraine, 2 e édit. T. III, preuves, p. ccxii.t.
(Catalogue des manuscrits de la bibliothèque de la ville
de Nancy, n os 537 et 538,2 copies en latin).
(3) Le Jeu et F este du glorieux sainct Nicholas, mis tore
de Jacquemin Berthemin, tabellion de Nancy, joué à Saint-
Nicolas de Port en 1478, devant René II (s. 1. n. d. .
(4) Histoire de Lorraine.... par le R. P. Dom Calmet,
abbé de Senones. 2 e édit. en 7 vol. in-fol. A Nancy, chez
Leseure, imprimeur ordinaire du Roy, proche la paraisse
Saint-Sébastien, à l'image Saint Jean l'Evangéliste, 1745.
(Saint-Nicolas de Port, passim , Biblioth. lorraine t art.
Moycet, p. 678 et seq.) — Notice de la Lorraine, tome 11, p.
142 et seq.
(5) Ordonnances, statuts, privilèges et règlemens, accor-
dés par les ducs de Lorraine à la ville de Saint-Nicolas de
Port, et confirmés par le traité de Meudon. Nancy, P.
Antoine, 1760.
(6) Notice d'un reliquaire célèbre qui se voyait à Saint -
Nicolas de Port, et qui a été détruit en 1792, par Mory
d'Elvange (manuscrit 1048 (216) de la Bibliothèque publique
de la ville de Nancy, avec gravures).
Ce travail a été publié, par les soins de M. Bretagne, dans
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122
les Mémoires de la Société oV Archéologie lorraine , 1873,
p, 330 , avec réductions du bras d'or.
(7) Rttcueil de documents relatifs à Saint-Nicolas de
Port iruaouscrits 938 (483), 939 (527), 940 (708) delà Biblio-
thèque de Nancy). — (Manuscrits 169, 237, 238 de la Soc.
d'Arch. lorraine).
(8) Recherches sur les commencements et les progrès de
l'imprimerie en Lorraine, jusqu'à la fin du xvji e siècle, par
M. Beaupré. Saint-Nicolas, P. Trenel, 1845, 1 vol. in-8°.
(9) Nouvelles recherches de bibliographie lorraine (1500-
1700) par M. Beaupré. Nancy, 1856, 1 vol. in-8°.
(10) Le grand pèlerinage de Saint-Nicolas de Port, en
Lorraine. Nancy, Hinaelin, 1847. ln-fol.
(M) Catalogue raisonné des collections lorraines de
M. Norl, tome III, (Saint-Nicolas, pages 43 et seq. avec
2 gravures à la fin, comme supplément).
(12) La Saint-Nicolas et Saint-Nicolas de Port , par
R. Lepage, * Journal de la Meurthe, 8, 12 et 14 déc.
1S38. a (
(13) La pierre du mariage à Saint-Nicolas, par H. Lepage,
* Journal de la Meurthe, 29-31 déc. 1839 — 4 et 8 janvi
1840 ».
(14) Inventaires du trésor de l'église de Saint-Nicolas
de Port, par H. Lepage. {Journal de la Soc. d'Arch. lor-
raine, 3 e année, 1854).
(15) Mémoires de la Soc. d'Arch. lorraine : Pèlerinage de
Saint-Nicolas, I. 76. Poésies, IV, 441-449.
(16) EgHse de Saint-Nicolas de Port, chez P. Trenel, par
/, Cayon, 1835, br. in-8° avec gravure.
(17) Histoire de la ville de Saint- Nicolas, par X. Maire,
membre de TU Diversité, avec gr., br. in-8°, 28 p. Saint-
Nicolas, P. Trenel, 1846.
(18) Notice historique et descriptive sur V église de Saint-
Nicolas de Port, par l'abbé Balthazar. Paris, 1S47, br. in-8°
avec gravures.
(19) Notice sur Véglise de Saint-Nicolas de Port, par
M. Aug* Digot. Nancy, Vagner, 1848, br. in-8° (imprimée
sans nom d'auteur, puis avec le nom, une gravure et un
supplément).
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"vT^n-
— 123 -
(20) Inventaire des objets contenus dans le trésor de
l'église de Saint- Ni colas de Port, publié avec des notes, par
M. Aug. Bigot , Caen, Hardel, avec 2 gr., br. in-8°.
(21) Le Pèlerinage de Saint- Nicolas de Port, par Aug
Bigot. {Espérance , 29 mai 1841).
(22) Le comte de Réchicourt, par M me Piet, in- 8° avec
gravures (s. 1. ni d.).
(23) La ville de Saint-Nicolas de Port et son imprimerie,
E. Lepage. L. Wiener, Nancy, 1867, br. in-8°, 24 pages.
(24) Le camée antique de la Bibliothèque de Nancy, par
M. Léon Germain, Tours, 1883, br. in-8° avec photogra-
vure.
(25) Episode de Vinvasion française à Saint-Nicolas en
1635 % par Tabbj Ch. Hyver. (Journal de la Soc. d'Arch.
lorr. f XXV, p. 31).
(26) Pillage et incendie de Saint-Nicolas de Port , par
l'abbé J.-F. Beblaye. Saint-Dié, 1872, br. in-8°.
(27) Manuel du pèlerin de Saint-Nicolas. Vie du saint,
culte, traditions. Saint-Nicolas, P. Trenel, 1866, br. in-18°.
(28) Les grands pèlerinages lorrains. Saint-Nicolas, par
Paul Bigot. Nancy, Collin, 1882, br. in-8°.
(29) La Lorraine illustrée. La Meurthe par Ed. Auguin*
(Saint-Nicolas, p. 580 à 590). Nancy, Berger-Levr9ult, in-4°.
(30) L'ancien Régime dans une bourgeoisie lorraine, par
/. Munier-Jolain. Paris et Nancy, Berger-Levrault, 1885,
1 vol. in-8°.
(31) Almanach historique de Saint- Nicolas, par E. Badel.
Saint-Nicolas, P. Boutillot, 1887, br. in-8°.
(32) Le 5 décembre à Saint- Nicolas , par E. Badel.
Nancy, Berger-Levrault, 1888, br. in-12 avec gravure.
(33) Les Maisons de Saint- Nicolas, par E. Badel. (Extrait
du Petit Courrier de Saint-Nicolas, 1887-1888, in-8*).
(34) La Sorcière de Saint-Nicolas, (épisode historique)
par E. Badel, orné de 82 gravures. Nancy, Borger-
Levrault, 1889, 1 vol. in-8°.
(35) Les trois Madeleine, près Saint-Nicolas , par E.
Badel. (Journal de la Soc. d'Arch» lorraine, 1889).
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— 124 —
(36) Archives départementales de Meurthe-et-Moselle.
(Inventaire sommaire publié par M. Lepage, 4 vol. in-4°).
Saint-Nicolas, t I. p. 114-115 ; tome III, p. 111 à 121, p. 17,
série C ; tome IV, série G, p. 37, 54, 55 ; série H, p. 28
à 31.
(a 7) Le département de la Meurthe (statistique historique
et administrative" 4 par H. Lepage. Nancy, 1843, 2 vol. in-8°«
Tome 11, p. 514 à 522.
38) Les communes de la Meurthe, par H. Lepage. Nancy,
1853, 2 vol. in*8<% Tome II, p. 476 à 499.
1 39) Factums divers au sujet du procès de 1708 entre les
bénédictins et Iob habitants de Saint-Nicolas. Nancy, 1706-
1708» in-4*.
(40) Un rosaire lorrain du xvn e siècle, par J. Rouyer»
in*. Nancy, 1881,
(41) Le testament de Pierre de Blzrru, par J. Rouyer 9
in-8 . Nancy, 1888- (Appendice. Lettres d'indulgences impri-
mées à Saint -Nicolas, avec photogravures).
III.
Notes historiques*
1. — Deu Colas, Faillon.
Pur Saint-Nicolas \divo Nicolao) soyons compagnons ou
faisons bons compagnons. Cette expression était employée au
xvr siècle par les pèlerins qui venaient à Saint-Nicolas de
Port. Nous la trouvons dans Rabelais, (IV, 6 éd. 1552)
« Deu Colas * faillon. *
Frédéric Godefroy : Dictionnaire de V ancienne langue
française, t. IV, p. 4 à l'art F Mon, dit :
« Filloii, faillon, s. m. petit garçon, compagnon. Deu
Colas t faillon. a
* Les Lorrains, ce dit-on, sont gens de bon affaire,
a rions Colas, bons faillons, bons hommes de maris. »
(Passerai, Œtiv., p. 305, éd. 1606).
Fillon sa disait aussi pour fillette :
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- 125 —
a Faces sadinettes,
« Plaisans godinettes,
« Belles à choisir
« Filions ou fillettes,
c Blanches, vermeillettes,
« C'est tout mon désir. »
(N. de la Chesnaye, Condamnation de Bancquet, p. 305, Jaeob).
Dans le Dictionnaire historique de Vancien langage
français, par La Cume de Sainte-Palaye, tome IV, p. 97,
au mot Colas, on lit :
« Colas, subst. masc, nom propre. Abrégé de Nicolas,
comme colart, colet, coleau, colin, collet, colinet, coliche,
etc..., (Falconnet).
Colas m* faillon, est un terme de caresse ou de raillerie
usité en Lorraine, pour dire : Nicolas, mon fillot, mon petit-
fils. (Le Duchat, notes sur Rabelais, t. IV, p. 22, note 4 et le
Dict. de Cotgrave).
2. — La Relique de saint Nicolas.
Cette relique, rapportée de Bari par Albert do Varangé-
ville, était une phalange de l'index de la maiu droite. La
légende de cette translation raconte tout au long l'entrevue
du seigneur lorrain avez le sacristain de Bari, la pieuse
fraude de ce dernier et le retour en Lorraine. Dans la récente
et intelligente restauration de la chapelle des Fonts à Saint-
Nicolas, chapelle où est déposé lo reliquaire du saint patron,
M. l'abbé Gondrexon, curé de Saint-Nicolas, a fait placer un
devant d'autel sculpté, où sont représentés les héros de
cette légende. D'un côté, saint Nicolas avec les trois enfants,
apparaît, porté sur des nuages ; au milieu, se trouve 1»
châsse qui renferme le corps du saint évêque de Myre ; et de
l'autre côté, Albert et son cousin le sacristain. Au-dessus,
court cette inscription, gravée sur une banderolle : Aufer
tecum partem digiti benedicentis. » La légende prête à
saint Nicolas ces paroles, adressées au seigneur de Varan-
géville.
Cette relique insigne, autrefois renfermée dans le bras
d'or, fut sauvée du pillage de 1635 avec le reliquaire de
René I er . Sa réintégration dans la basilique fut l'objet d'un
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- 126 -
curieux procès entre les bénédictins et les jésuites. En 1792,
la phalange de saint Nicolas était encore dans le bras d'or.
Mais à cette époque, les officiers municipaux s'emparèrent
du bras d'or pour le livrer à la Monnaie ; avant de l'envoyer
à Nancy, ils prirent soin de l'ouvrir pour en tirer le cylindre
de plomb, contenant la relique, qu'ils donnèrent à trois
dames pieuses de Saint-Nicolas de Port. Dans ce cylindre,
étaient plusieurs ossements de saint Nicolas, évèque de
Myre. Ces reliques furent placées dans une petite boîte ronde
en carton (conservée aujourd'hui au presbytère de Sainj<-
Nicolas), sur laquelle on écrivit ces mots : relique de saint
iïicolas. — Le 3 juin 1797, ces personnes remirent leur
dépôt au curé constitutionnel, Dom Jean-Baptiste Bonnard,
ex-bénédictin. Mais l'une d'elles garda la précieuse pha-
lange, donnée en 1098 par Albert de Varangéville, et ne se
dessaisit que des autres parcelles renfermées dans le cylindre
de plomb, provenant du bras d'or. Des personnes dignes de
foi nous ont affirmé que cette relique était encore conser-
vée aujourd'hui à Saint-Nicolas de Port, chez les descen-
dants de la dépositaire de 1792 ; mais les possesseurs ne
disent mot de cette affaire, Quoi qu'il en soit, en 1797, Dom
Bonnard dressa le procès- verbal de la reconnaissance des
reliques, qu'il fit signer à de nombreux témoins, notamment
aux officiers municipaux qui, en 1792, avaient ouvert le re-
liquaire et confié le cylindre en dépôt. Le procès-verbal de
ce fait est conservé au presbytère de Saint-Nicolas.
D'autres reliques de saint Nicolas de Myre furent don-
nées à notre église. En 1653, François de Gelnoncourt, sei-
gneur de Darnieulles, donna aux Bénédictins de Saint-Nicolas
un ossement de Tévêque de Myre, ossement qui se trouve
aujourd'hui dans le reliquaire en forme de bras. Une recon-
naissance authentique de cette seconde relique fut faite le
22 septembre 1736, par Dom Rémi Cellier et Dom Jérôme
Coquelin, abbé de l'ordre de saint Benoît. Le procès-verbal
de cette visite existe encore.
Enfin, l'inventaire le plus récent, fait à Saint-Nicolas, le
8 mai 1856, par l'abbé J.-F. Déblaye, le savant lipsano-
graphe dès diocèses de Saint-Diô et Nancy, parle ainsi des
reliques de saint Nicolas de Myre, conservées dans son
église lorraine :
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— 127 —
a 1° Deux petits fragments d'os indiquant pur leur con-
texturo qu'ils proviennent d'os longs du bras : — 2 D un
fragment paraissant provenir d'une portion lu câtà ; —
3° un fragment rugueux, spoagieux, provenant d'un 03
long et gros ; 4° un fragment aussi long que le petit doigt
d'un adulte et paraissant provenir d'une portion d'os dû
l'avant-bras ou du bras. »
Ces divers ossements sont renfermés dana loa deux reli-
quaires (le bras doré et le buste de métal) ot daaa l'autel
patronal érigé en 1866.
Le trésor de la basilique possède également une petite
urne de vermeil remplie de la Manne de saint Nicoffu, aorte
d'huile miraculeuse qui sort du tombeau de Tévéque de
Myre, à Bari.
3. — Le nom de Saint-Nicolas de I'oeit,
Doit-on dire Saint-Nicolas de Port ou du Port 2 La ques-
tion ne semble pas facile à résoudre. Nous avion» poncho
pour l'adoption générale et définitive de la particule dt\
fondé sur la presque totalité des anciens autours qui ont
parlé de Saint-Nicolas et écrivaient Saint-Nïcrdus de Port.
C'est seulement depuis 50 ans que la muni e i pal i te a fait
graver sur les sceaux de la commune : Saint-Nicolas du
Port.
Mais le plus ancien document typographique connu du
duché de Lorraine va à rencontre de notre opinion: Le
petit et rarissime volume de la Bibliothèque publique de
Nancy : « Hore vginis Marie ad usum tullensis ecclesie » ,
imprimé en 1503 à Saint-Nicolas par Pierre Jiicobi, termine
ainsi: * Faictes et imprimées à Saint- X ictttas du. Partie
XXVIII 9 tour de Juing Lan de grâce mil cinnq c*Hz et
trois »
Le Trésor du Bibliophile lorrain (pi. 6) a reproduit le
frontispice et la dernière page de ce volume des H pures de
la Vierge. 11 y aurait beaucoup à dire sur ce pujet et à l'ap-
pui du de. Le ^rappellerait l'existence «i'iri part pour les
bateaux; le de, celle du pays de Port (le Porto* s), ce qui est
plus logique. Jusqu'à plus ample informé, on peut donc a
la fois dire Saint-Nicolas de Port ou du Port,
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— 128 —
ê< — Le Champenois Urbain II.
Eudes de Châtïllon, fils du seigneur de Lagny, près Châ-
tillon-sur*Marne, fut élu pape le 12 mars 1088, et mourut à
Rame le 15 juillet 1099. Il prêcha au célèbre concile de
CteràQ&t, en 1095. En 1887, sur l'initiative ducardinal Lan-
génieus, archevêque de Reims, une statue colossale en
granit lui a été élevée sur le plateau de Châtillon. L'inau-
guration de ce monument d'Urbain II a eu lieu le 21 juillet
1887, en présence de 24 évêques et d'une foule immense.
Le Pape Urbain 11 a été béatifié d'une façon qu'on appelle
béatification équipollente ; tout procès canonique est clos
par le fait même, et il y a plus qu'un décret de cultu, ou
de reconnaissance de culte immémorial. Il est à présumer
que la future béatification de Jeanne d'Arc sera également
équipollente.
5. — Prieuré de Varangéville.
Varangéville fut fondé vers le IV e ou v e siècle. (Warengisi
villa) : Ce lieu est cité dans les actes de la translation du
corps de saint Gorgon, de Rome à l'abbaye de Gorze. Il y
est dit que le corps de saint Gorgon, envoyé par le pape à
saint Chrodegang, évêque de Metz, fondateur de l'abbaye de
Gorze, fut déposé temporairement en ladite église de Wa-
reoge ville, et que l'on détacha une esquille dudit saint
corps, pour en faire don à ladite église. Cette translation
eut lieu vers 761. Saint Angelramne, évêque de Metz, donna
à l'abbaye do Gorze le domaine de Varangéville. Sa charte,
citée par Dom Calmet, est datée de 780. Le prieuré fut fondé
à Ja fin du vm« siècle.
Les importants vestiges de l'ancienne église du prieuré,
les bâtiments de ce même prieuré, converti aujourd'hui en
ferme considérable, l'église actuelle et l'ancien couvent des
Capucins, fondé par Erric de Lorraine, méritent une étude
approfondie. Un travail d'ensemble sur Varangéville serait
des plus intéressants.
6. — Cimetière de Saint-Nicolas.
Les visiteurs de l'église de Saint-Nicolas de Port s'étonnent
souvent de n'y point rencontrer de pierres tombales, comme
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- 129 —
dans les anciennes basiliques de Toul, de Saint- Die et de
Metz. En effet, à part le fondateur Moycet et quelques per-
sonnages religieux qui y furent inhumés, l'église de Saint-
Nicolas ne reçut aucune sépulture. Le cimetière de la ville
de Saint-Nicolas fut, depuis le xi« siècle jusqu'en 1862,
l'église de Varangéville et le cimetière voisin. Là aussi j les
pierres funéraires ont en partie disparu : lors de la cons-
truction de la nouvelle église au xvi e siècle, les anciennes
pierres tombales furent employées dans les murailles et
dans les londations, et même dans la construction de l'an-
cienne vanne placée en amont du pont de Saint-Nicolas, sur
la Meurthe. Les inscriptions que nous avons relevées dans
l'église de Varangéville ne remontent pas au-delà du
xvn e siècle.
Il y eut pourtant à Saint-Nicolas, à diverses époques, des
cimetières ouverts pour les lépreux et les pestiférés. Le
plus important de ces champs de repos est situé dans un
vallon écarté, où se dressaient jadis les logettes, bâties par
la générosité d'Anne Fériet, pour les « bons hommes ma-
lades ».
7. — Visites et présents des princes de Lorraine,
On peut consulter à ce sujet les deux inventaires trôs
curieux du trésor de Saint-Nicolas, l'un de 1584, l'autre de
1613, conservés aux archives municipales. Us ont été publiés
l'un par M. Digot, dans une brochure citée plus haut, l'autre
par M. H. Lepage, dans le Journal de la Société d'archéo-
logie lorraine , 3 e année, 1854, p. 33 à 64.
8. — Jeanne d'Arc a Saint-Nicolas de Port .
Le souvenir du pèlerinage de Jeanne, la bonne lorraine,
s'est toujours conservé à Saint-Nicolas de Port. Au xvn*
siècle, alors que la mémoire de l'héroïne était loin d'ùtro
en honneur comme aujourd'hui, un vitrail, placé dans la
chapelle de sainte Marguerite, la représentait agenouillée
devant saint Nicolas. Ce vitrail a été remplacé en ce siècle
par un autre, qui montre la Pucelle à genoux devant sainte
Catherine. Enfin, dans ces dernières années, M. le comte de
Lambel a fait placer une statue de Jeanne d*Arc, auprès de
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— ISO -
Fautai patronal, statue qui fait pendant à celle de Claude
de Lorraine, due de Guise,
On a contacte la venue .le Jeanne à Saint-Nicolas de
Port. En 1861, dans un factum de 16 pages, imprimé à.
Orléans, M, lignant a longuement disserté sur cette question
de lieu. H opine pour un monastère de Saint-Nicolas de
Keptfonds, situa non loin de Vaucouleurs. D'autres auteurs,
notamment Lebrun dos Charmettes et l'abbé de Beaure-
gard, ont émis le même avis.
Mais tous Èes anciens auteur?, mais les auteurs contempo-
rains, Wallon, Quichorat, Siméon Luce, et bien d'autres,
ont reconnu que le pèlerinage de Jeanne d'Arc eut lieu à
Saint*Nicolas de Port,
Du reste, la déposition de Bertrand de Poulengy, au
procès de la Pucclle, est formelle à cet égard. Jeanne d'Arc,
après ou avant sa visite au duc Charles II, est réellement
venue placer sa mission sous la protection du patron de la
Lorraine! protecteur des voyageurs.
9, — Ll DATE DE LA REMISE DU BRAS D'OR.
M. II, Lepage a retrouvé aux Archives, dans une note des
comptes du receveur- général de Lorraine, la vraie date de
la rormae du bras d'or aux bénédictins de Saint-Nicolas.
* i47/-72, F*xyv à M. Hugues Bienfait, conseiilier de
* Monseigneur, pour estre venu de Metz à Nancey et du dit
a Nancey à Tout, pour... que Monseigneur le cardinal
i d'Âtbi^ abbé dt Gorse t dùibt faire délivrer pour le joyau
» que h Roy de Sicile volt envoyer à Saint- Nicolas de
» Port, *
Les bénédictins* dan q un factum contre les habitants de
Saint-Nicolas, qui les accusaient de dilapidations, préten-
dent n'avoir reçu le bras d T or que le 19 novembre 1475.
Us estiment îa valeur de cet objet d'art à 20,000 francs
barroU.
Î0. — Les chaînes t>tf êire de Réchicourt.
Ces chaînes, longtemps cunservées à part dans le trésor,
ont disparu, avec toutes celles qui garnissaient les piliers,
et que le* prisonniers délivrés laissaient en ex-voto à Saint-
i
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- i3i -
Nicolas. Il est vrai que ces chaînes, carcans et menottes,
encombraient tellement l'église, qu'on dut en distraire une
bonne partie, pour en forger une grille. Quant au débris,
présenté aujourd'hui aux visiteurs, comme une menotte du
comte de Réchicourt, il ne vient pas assurément des chaînas
du noble seigneur. Les trous en forme de croix, servant à ïa
fermeture par le passage des chaînes, ne devaient pas
exister dans les chaînes originelles.
11. — Le vaisseau de Saint-Nicolas.
La nef d'argent, donnée à sainct Nicholas de Warange-
ville, par le roi saint Louis et la reine Marguerite, et appor-
tée par le sénéchal de Joinville a disparu en 1792. Elle est
mentionnée dans les deux Inventaires de 1584 et 1613, con-
servés aux Archives : « une navire avec les chaînes d J ar*
genty pesant dix-neuf marcs. »
Le petit et curieux vaisseau actuel a été adonné par lu
cardinal de Vaudémont, qu'on voit représenté à l'arrière du
pont, assis sur un trône, pendant que des archers et des
mariniers sont disséminés sur le pont et dans les cordages.
Cet objet d'art est mentionné en 1584 : « un vaisseau avec
d une nacques (nacre) de perle, argent doré, pesant trois
> marcs et sept onces, appelé Vampole, mais la nacques de
» perle est rompue. » En effet, la conque du navire, forcu'-u
d'une belle coquille de nacre, portée sur des roues, est
brisée à sa partie supérieure. Enlevé à la Révolution, cet
objet d'art fut acheté par un brocanteur, et retrouvé k
Nancy, en 1850, par un amateur lorrain, qui s'empressa de
le racheter et de le faire réintégrer à Saint-Nicolas.
12. — Les armes de Lorraine et d'Angleterre.
Il serait plus exact de dire : les armes d'Anjou et d'An*
gletebre, bien que les armes simples de Lorraine, soïeis t
brodées en chef des armes d'Anjou.
L'écu d'Angleterre porte seulement sur notre manipula
de gueules à 3 léopards rf'cr, posés Vun sur Vautre. »
13. — La ville de Saint-Nicolas.
A proprement parler, Saint-Nicolas de Port, qui n'eut
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- 132 —
jamais ni remparts , ni enceinte fortifiée , ne devrait pas
porter le titre de ville. C'est ainsi que des cités bien moins
importantes! telles que Rosières, Blainville et Blâmont, ont
toujours été appelées villes. Parmi les auteurs anciens, la
plupart donnent a Saint-Nicolas le titre de ville, d'autres
celui de bourg. Mais dans tous les actes officiels, tant
anciens que modernes, le titre de ville est donné à Saint-
Nicolas, Ce titre < ; tait dû à l'opulence de la cité et au chiffre
élevé de sa population.
L'acte officiel de la régente Christine de Danemarck, qui
octroie des armes définitives à Saint-Nicolas, parle des
« manans, habitans, et communaultê die la ville de Saint-
Nicolas de Port jj. Ces armoiries venaient remplacer, en
1546, celles accordées en 1540, par le duc Antoine, et qui
étaient telles : * dû azur marine ; , au vaisseau d'or, ancré,
voilé d'argent, au chief cousu d'azur, chargé d'un alérion
d'argent. »
L'acte original de Christine de Danemarck est conservé à
la Mairie de Saint- Nicolas ; il mentionne ainsi les nouvelles
armoiries» gardées depuis cette époque par la cité lor-
raine :
* Ung champ d'or, à une navire maillée^ hunnée, voilée
et cordée de sable, flottant sur undes d'azur et d'argent
de cinq pièces, au chief de gueulle, à V alérion oV argent. »
Et pour devise ; <t Fluctuo nec mergor. » Cette devise n'a
été adoptée qu'à la fin du xvi e siècle par les marchands de
Saint-Nicolas, à l'imitation de celle de Paris « Fluctuât
nec mergitur. >
Ces armoiries août représentées dans un vitrail, au-dessus
du portrait de la régente de Lorraine.
14. — Le vin Sainct Jean.
Nous ii T avons pu trouver l'origine de ce dicton. En Alle-
magne, on appelle ainsi le vin qui se boit après dîner, la
bénédiction de saint Jean. Est-ce en souvenir de l'apôtre
saint Jean, qui brisa une coupe pleine de poison ? Toujours
est-il que, dans dos campagnes lorraine?, on garde encore
la souvenance d'une vieille oraison avant le repas : <c Au
nom du père, et de la mère, et de V enfant, et de saint Jean,
et de saint Christophe, fourre dans le coffre. »
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— 133 —
15. — Didier Moycet.
Nous avons adopté cette orthographe, donnée par Dom
Calraet et l'épitaphe de Simon. Le mot Moycet se prononçait
Moucet, ce qui explique les armes oarlantes du fondateur.
Sur la prononciation de Vo en ou, et; la non-prononciation
de i ou y après o ou w, on peut consulter F. Génin : Varia-
tions du langage français, qui donne de curieux exemples,
pages 163 et seq.
16. — Isabelle Baudoire.
Au sujet de la famille Baudoire, voici ce qu'on lit dans le
Nobiliaire de Dom Pelletier, page 37 :
« Baudoire (Colin) d'Einville, fut annobli le 18 févrior
1474, et ses descendans reconnus gentilshommes en 1584.
» Porte: « d'argent, au perroquet de sinople, membre et
becqué de gueules, sur une terrasse de sinople. »
» On trouve dans la laïette cottée, anoblissement, n° 17, une
requête de Roger Baudoire, lieutenant de Lunéville, au duc
Antoine, pour être confirmé dans son privilège de noblesse,
exempt de tous aides et d'impositions, avec le décret du
prince du 28 décemb. 1542 ; que sur la preuve qu'il a donné
d'être issu de noble lignée, veut qu'il jouisse de rédemp-
tion, etc. On trouve aussi une reprise faite par Baudoire, fila
de Jean Baudoire, â la duchesse Christienne, pour ce qu'il a
au Four-sacré de Nancy, etc., du 8 octobra 1549. »
17. — Travaux.
La famille Travaux est également signalée dans Dom
Pelletier.
Françoise, sœur de Simon Moycet, épouse un nommé
Travaux. Cette famille lorraine ne nous est connue que par
Simon Travaux, écuyer, qui épousa Didière de Rouzières,
née d'un premier mariage de Didier de Rouzières avec Marie
Vauthier en 1520, le 10 août.
Les Rouzières avaient été anoblis en 1486 par René H, et
portaient : a d'or, au chevron de gueules, accompagné en
chef de deux roses de même, et en pointe aVune grappe de
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-■^qrpFQ*-^
— 134 —
raisin pendante de gueules, tigêe et feuillèe de sinople, et
pour cimier une rose de Vécu. »
18 — Gouverneur de Saint-Nicolas.
On peut consulter sur les droits et prérogatives des gou-
verneurs de Saint-Nicolas de Port, l'intéressant ouvrage de
M. Munier-Jolain : « L'ancien Régime dans uns pour geoisie
lorrains * É — Livre II. La Commune. Livre III. Officiers du
seigneur. Administration.
19. — Basilique actuelle.
IL faut s'entendre une bonne fois sur le mot propre à don-
ner â réglée de Saint- Nicolas do Port. Les populations
lorraines lui donnent abusivement le titre de cathédrale, qui
(]ans leur esprit, signifie grande église. Ce titre est encore
trop souvent imprimé sur une foule de bilboquets locaux.
Le titre officiel à donner à notre église est celui inscrit
dans le bref de Pie IX : Insigne Eglise Patronale, Mgr La-
vigerie, alors évêque de Nancy, obtint du pape des faveurs
spéciales pour les cathédrales de Toul et Nancy, et l'église
de Saint- Nicolas ; et des brefs de Pie IX, en date des 28 mars
et 4 avril 1865, érigèrent l'église de Saint-Nicolas en Insigne
èg lise patronale, avec concession en sa faveur des indulgences
atationales des basiliques de Rome, des indulgences des sept
autels privilégiés, etc.
L'Eglise Saint-Epvre de Nancy porte seule le titre officiel
de basilique mineure.
Les sept autels de Saint-Nicolas sont reconnaissables par
l'inscription : « Unû ex VII altar.., » Cependant, il est
d'usage de donner à l'église du pèlerinage lorrain le nom de
basilique, et nous ne croyons pas qu'il y ait abus. Mais dans
les actes publics, on doit garder le titre officiel.
20. — La Chronique de Lorraine.
L'auteur de cette Chronique n'est pas connu. Le P. Benoît
Pïcart l'attribue à Emond du Boullay, héraut d'armes de
Lorraine, et Dom Calraet, dans sa Bibliothèque lorraine,
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PORTRAIT DE SIMON MOYCET
fondateur de l'église de Saint-Nicolas-de-Port
Armoiries de Didier Moycet,
bourgeois de Saint- Nicolas.
Armoiries de Simon Moycet,
son f?ls, fondateur de l'église de
Saint-Nicolas.
./ J*SP<JQ7 D£L.
Imp. H. Christophe» Nancy.
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— 135 —
semble être du même avis. L'abbé Marchai, dans la préface
qu'il a écrite, lors de la réimpression de cette curieuse chro-
nique dans le 5 e volume des Documents lorrains (1859),
l'attribue plutôt à Chrestien de Châtenoy, secrétaire du duc
René II, qui a assisté à la bataille de Nancy. Il exclut Jean
Lud, autre secrétaire^ particulier. L'opinion du savant curé
de Saint- Pierre est très- contestable.
21. — M. Le Bègue de Girmont.
Après M. l'abbé Gondrexon, le prêtre qui a le plus fait en
ce siècle, pour la rastauration de l'église de Saint-Nicolas,
est M. Charles-Gabriel Le Bègue de Girmont, né à Luné-
ville, en 1808, et qui fut curé de Saint-Nicolas de 1848 à
1867. M. de Girmont consacra une grande partie de sa for-
tune personnelle à la décoration intérieure de son église. En
souvenir de ses bienfait?, une plaque de marbre lui a été
érigée dans l'église, près de l'autel patronal. M. de Girmont
est mort le 27 septembre 1883, aumônier de la Visitation de
Nancy. Les armoiries de sa famille se voient dans notre
église : 1° Sur la plaque commémorative ; 2° au fond de la
niche où est placée la statne de saint Nicolas.
Les Lebègue, anoblis en 1596, portent : « d'azur, au
poisson nomma ombre, d'argent, posé en fasce. » Cette
famille s'est divisée en plusieurs branches, dont deux prin-
cipales ; 1° Le Bègue de Germiny ; 2° Le Bègue de Gir-
mont.
La branche de Germiny porte : c êcartelê au i #r et 4*
d'azur, à une ombre d'argent posée en fasce, qui est de
Le Bègue ; au 2 e et 5 e dazur, à un écusson d'argent, qui
est de Germiny, et sur le tout, d'argent, à une aigle éployêe
de sable, comme comtes du Saint-Empire.
La branche de Girmont, porte : « d'azur, à 2 lions
affrontés d'or, tenans une branche de rosier, portant sur la
cime une rose de même ; et pour cimier, une tête de lion
dor entre deux pennes dazur et dor, et une branche de
rosier et rose de même, naissante d'un orlet d'or et d'azur,
le tout porté, etc.. »
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— 136 -
22. — Cœnobiarcha.
La cloche dont il est question, avait été refondue en 1642 ;
c'est à dessein que les Bénédictins avaient introduit dans la
nouvelle inscription, le ternie amphibologique de cœno-
biarcha.
28 , — Première imprimerie du duché de Lorraine.
Nous disons â dessein du duché, et non pas de la Lor-
raine. Dca 1503, nous savons que les presses de Pierre
Jacobi fonctionnaient à Saint-Nicolas, grâce au rarissime
exemplaire conservé à la Bibliothèque publique de Nancy :
c Hore Vginis marie ad usum tullensis ecclesie. »
Mais, dans le duché de Bar, une autre presse fonctionnait
â LoDgevilla-devant-ttar, dès Tannée 1500, car il existe à la
Bibliothèque de Saint-Mihiel un incunable de 1501, sorti de
cette imprimerie : « Missale Tullense gothicum. »
24. — Autel a double tombeau.
Cet autel à double tombeau était placé au milieu de la
grande nef ; son emplacement est encore visible sur le
pavé ; un carrelage déjà ancien marque le pourtour de la
grille- Ou célébrait la messe des deux côtés, pour le peuple
et pour les religieux. C'était donc un autel double, pareil â
celui de la chapelle de la Visitation de Nancy. Une sacristie
spéciale, dont la porte donnait dans le transept, était affec-
tée A la desserte de cet autel patronal, où se faisaient toutes
les grandes cérémonies religieuses. Cet autel avait été dressé
au xvm siècle, aux frais d'Antoine de Lénoncourt, primat
de Lorraine, en remplacement de l'ancien autel démoli en
1610.
25. — Epitaphe de Simon Movcet.
Noua avons donné le véritable texte de l'épitaphe de
Moycet ; voici celui qu'on peut lire aujourd'hui à Saint-
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- 137 -
Nicolas, sur un des piliers de la nef, côté de l'épître, Il «st
copié textuellement d'après Dom de l'Isle :
« Pour honorer Dieu notre Créateur,
« Et Nicolas, son très saint serviteur ;
« L'an de salut, mil quatre cents et quinze
a Et quatre vingt en dévote entreprinse,
« Sire Simon Moyset fut Fondateur,
« Et le premier de ce Temple inventeur,
c Faisant plusieurs admodiations ,
« Bu Prieuré et des Oblations
a Y exposant du sien grande quantité,
a Pour ériger cette Eglise en beauté ;
« Dont se voyant, René le très-bon Roy,
« D'un saint vouloir, l'aida en noble arroy,
« Consèquement Grands Seigneurs et Prélats,
« Marchands, Bourgeois, du lieu saint Nicolas,
« Et Pèlerins ont été adjouteurs ,
« Et de ce bien très-dévots 'prometteurs.
« Le bien ancien, toujours persévérant,
« Et de grand cœur achever espérant,
« Eut bien secours du dévot duc Antoine,
« Lequel trouva en ce saint fait y doine ;
« Puis en avril, Van mil cinq cent et vingt,
« Débilité et maladie lui vint,
• Dont entendit à son salut pourvoir
a 4 , ♦
« Et à la fin, pour vertueux soûlas,
« Le corps prit jeu devant Saint-Nicolas t
« Où mort fut mis, d'avril le onzième jour.
c Jésus lui donne la gloire et son amour.
L'ancienne épitaphe, Rivons-nous dit, était gravée but une
plaque de cuivre, et fixée à un pilier de la grande nef. Une
semblable inscription lui faisait pendant, sur le pilier, côté
de l'Evangile. Elle rappelait en vingt vers français, une fon-
dation faite en 1530 par un bourgeois, Jehan He satine,
a Cet êcriteau était au côté de V Evangile du grand autel,
en une plaque de cuivre. »
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- 138 -
26. — Vitraux de 1508.
Plusieurs historiens pensent que le vitrail de 1503 a dû
âtre déplace et que le chœur et la portion de nef comprise
entre l'abside et la déviation do Taxe, étaient achevés avant
1508.
27. — Offices conventuels des religieux.
Les bénédictins avaient réservé le chœur pour leurs
offices particuliers ; on peut voir encore, derrière les hautes
boiseries, l'entrée particulière qui servait aux religieux.
Cette porte, ornementée de sujets gothiques, donnait accès
par la sacristie au monastère bénédictin. C'est aujourd'hui
l'armoire du trésor.
28. — Autel principal de saint Nicolas.
Il y avait primitivement à Saint-Nicolas deux Jubés. L'un,
situé à l'entrée du chœur, reliait le maître -autel aux cha-
pelles de la Vierge et du Rosaire.
Le chœur était complètement séparé de la nef et du sanc-
tuaire. IL n'y communiquait que par deux portes.
Quant à l'autel de saint Nicolas, c'était encore un véri-
table jubé qui se dressait par derrière, jubé qui coupait
l'église eu deux parties. Au sommet était une galerie, sur-
montée de la statue du saint patron. Là, se voyaient les
chaînée de Conon de Réchicourt, et un double escalier per-
mettait aux fidèles de monter et descendre.
Le xvm e siècle fit changer cette décoration intérieure : le
jubé du chœur fut détruit, le maître-autel gothique et à
reUble disparut pour faire place à un autel à la romaine,
en marbre (celui qui existe encore) ; à la place du jubé et
de l'autel patronal, on éleva un autel en marbre avec une
statue de saint Nicolas en marbre blanc.
Le F. Benoît Picart affirme que tous les offices paroia-
fuam &e faisaient à l'autel de saint Nicolas, qui est au bas
du chœur, au milieu de l'église, autel donné en 1617 par
le primat Antoine de Lenoncourt.
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— 131) —
29. — Diplôme de Charles V.
Ce diplôme, de 1549, est conservé aux Archives de la
Meurthe (fonds de la Primatiale). M. H. Lepage Ta publié
en 1854 dans le Journal de la Société oV archéologie lor-
30. — Temple si magnifique dans le pays.
Dom de l'Isle exagère un peu, et semble ignorer complè-
tement la cathédrale de Toul, la collégiale Saint-Gengoult,
Saint- Antoine de Pont-à-Mousson (aujourd'hui Suint-Martin},
églises qui ont chacune leurs mérites et leurs beauté*.
Au sens strict du mot Lorraine, il serait dans le vrai,
puisque la cathédrale de Toul n'était pas dans le duché de
Lorraine, et qu'en effet, l'église de Saint-Nicolas était lapina
belle de toutes celles de ce pays. Mais le vénérable prieur,
mettait au-dessus de tous les édifices religieux de l'ancienne
Lorraine la grande basilique de l'évêque de Myre, dont il
avait pu, pendant les années de son priorat, admirer jour-
nellement les beautés.
Postscriptum. — Ces pages étaient imprimées, quand nous
avons eu la bonne fortune de découvrir les fameux factums^
publiés de 1705 à 1708 par les Bénédictins et les habitants
de Saint-Nicolas de Port, au sujet des dilapidations com-
mises par les religieux, gardiens du sanctuairo et des
richesses du pèlerinage. Il en résulte que le vaisseau de
saint Louis existait encore en 1670, et qu'il n'avait pas été
enlevé par les pillards de 1635. Qu'est-il devenu par la suite
et durant le cours du xvm e siècle ; c'est ce que le procès
n'a pas dit. t
Quant au vaisseau actuel, il provient de la vente Butte,
où il est mentionné au catalogue imprimé. D'où M* Butte
l'avait-il obtenu, et quel brocanteur se Tétait approprié ?
On ne le sait. Mais il vient certainement de l'ancien trésor
de Saint-Nicolas, et il avait été donné en ex-voto par le
cardinal de Vaudémont, qu'on voit encore assis sur le
pont.
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— 140 —
Cette nef al curieuse, est aujourd'hui à Paris, à l'Exposi-
tion rétrospôctivo des Beaux-Arts français, et tous les jour-
naux artistiques en ont parlé avec éloge.
(Sur les nefs d'église ou de table, on paut consulter le
3 e volume du Dictionnaire de l'Ameublement, par Henri
Havard), On y verra que notre vaisseau n'est pas un surtout
de table, mais bien un véritable ex-voto. Dans un travail
postérieur, en étudiant le Mobilier artistique de l'église de
Saint- Nicolas de Port, nous reviendrons avec de plus
amples détails sur certaines notes de la présente étude, et
nous apporterons tous nos soins à rechercher la provenance
du vaisseau, de l'émail, du buste en argent et de la remar-
quable croix <Ie Conrad de Bâle.
En terminant ce travail, nous sommes heureux de men-
tionner la récente note de M. de Braux sur la venue de
Jeanne d'Arc à Saint-Nicolas de Port, note publiée dans le
numéro de juin du Journal de la, Société d'Archéologie lor-
raine, et qui est tout à fait conforme à nos conclusions et à
la tradition constante du pèlerinage lorrain.
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MATERIAUX
POUR SERVIR A L'ÉTUDE
DES
TEMPS PRÉ-ROMAINS
EN LORRAINE
PAR M. F. BARTHÉLÉMY
AVANT-PROPOS
Au-delà des données historiques, l'existence de
l'homme n'est révélée que par les restes de sou indus-
trie, recueillis soit à Ja surface du soi, soit dans les
grottes ou les alluvions anciennes des fleuves. Un grand
nombre d'objets intéressant ces époques reculées sont
disséminés, les uns dans les collections publiques,
d'autres, trop nombreux, dans des collections particu-
lières d'où ils ne sortent le plus souvent que pour
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- 142 -
s'éparpiller ou se perdre dans le creuset des fondeurs.
Ces objets, quelle que soit leur destinée, fournissent,
il est vrai, des indices certains de la présence de
l'homme, mais leur dissémination est un obstacle à
l'étude des industries et des races qui se sont succédées
sur notre sol, Ajoutons encore qu'il n'est pas de maté-
riaux impérissables, le malheureux incendie du Musée
lorrain est bien fait pour nous le rappeler, et Ton com-
prendra la nécessité des inventaires archéologiques, si
imparfaits qu'ils soient.
Nous avons voulu, dans ce travail, recueillir les
documents relatifs aux âges préhistoriques dans le
département de la Meurthe, inventorier et décrire som-
mairement les objets et leurs gisements, étudier enfin,
chemin faisant, les monuments les plus anciens du
pays.
Nous le terminerons par un répertoire paléoethnolo-
gique dans lequel sont relatées, par commune, les
découvertes faites dans le département. Une carte à
légendes coloriées, conformes aux types adoptés au
Congrès international de Stockholm, accompagnera ce
répertoire.
Une pareille enquête semblera d'autant plus utile, que
noire région s'est trouvée, au point de vue de l'habitat
humain et de ses gisements, dans des conditions très
différentes des contrées du Sud et de l'Ouest de la
France, dont les richesses archéologiques sont venues
appuyer tes conclusions des préhistoriens
Les ouvrages de vulgarisation et autres publications
de portée générale étant sensés connus du lecteur
nous bornerons notre étude aux seules constatations
relatives à notre province. C'est à l'aide de statistiques»
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- 143 -
appuyées de la reproduction des objets par le dessin,
que Ton peut espérer d'établir avec quelque certitude
les mœurs des peuples, leurs relations entre eux et les
industries spéciales à chaque région, en contrôlant les
caractères topiques par les données recueillies ailleurs.
Aussi l'examen abstrait des objets et la fréquence de
chaque type de produits industriels devront-ils occuper
une large place dans ce recueil de matériaux.
Une étude de ce genre doit paraître aride, la lon-
gueur des descriptions nécessaires à rétablissement de
statistiques peut sembler dépourvue d'inlérêt ; toute-
fois le lecteur se rappellera que nous n'avons point
voulu faire œuvre de vulgarisation, mais présenter les
résultats de recherches et d'explorations nouvelles,
amasser enfin des documents pour une archéologie
préhistorique de la Meurthe.
Nous avons été puissamment aidés dans ce travail
par les publications de MM. Godron, Husson, R. Gué-
rin, Olry, Gournault, Bleicher, auxquelles nous avons
fait de nombreux emprunts. M. Gh. Gournault nous a
permis de consulter ses magnifiques albums de dessins ;
MM. Beaupré, Guérin et l'abbé Merciol nous ont ouvert
leurs riches collections.
Sachant combien la représentation des objets a d'im-
portance probante pour l'étude qui nous occupe, nous
nous sommes attaché à multiplier les figures. La plu-
part de ces dessins sont dus au talent de M. Gh. Millot,
dont la collaboration nous a rendu d'inappréciables
services ; d'autres nous ont été offerts par M. de Mont-
joie et M. Beaupré, qui a bien voulu nous communiquer
les objets de sa belle collection.
Nous nous faisons un devoir de remercier publique-
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- 144 —
tuent toutes les personnes dont la gracieuse obligeance
a facilité notre tâche.
Les limites que nous avons choisies pour notre
champ d'études sont celles de l'ancien département de
la Meurthe, avant 1871. La situation topographique de
Nancy au centre du département, les travaux présentés
aux sociétés savantes et les objets recueillis dans les
collections de cette ville expliqueront notre détermi-
nation» à défaut de raisons d'un autre ordre.
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LES
ETUDES PALEOETHNOLOGIftUES
EN LORRAINE
Le problème de l'existence de l'homme pundaut la
période géologique quaternaire est certainement un de
ceux qui ont le plus vivement passionné l'opinion pu-
blique dans la seconde moitié de notre siècle. Vieille
de quarante années à peine, la science préhistorique est
arrivée, grâce à de nombreuses découvertes et aux
études qui en résultèrent, à prendre rang parmi les
sciences d'observation.
Est-il besoin de rappeler que bien des siècles avant
les découvertes modernes, des écrivains de l'antiquité
classique (1) faisant revivre les traditions îles temps
oubliés, donnaient des débuts de l'humanité une des-
cription dont les travaux récents ont prouve la vérité
et l'exactitude ?
Mais c'est de nos jours seulement, grâce à l'aide
puissante de la géologie, que la question de l'antiquité
de l'homme fut posée sur des bases scientifiques.
(1) Aristote, Platon. Horace, etc., et surtout Lucrèce dans
son De natura rerum.
10
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— 146 —
Les. découvertes de Boucher de Perthes dans les
alluvions de la Somme, en 1840, publiées quelques
années plus tard (1847), avaient été, malgré leur mé-
rite et la bonne foi de l'observateur, accueillies avec
dédain. Bientôt cependant les travaux de Schmerling et
de M, E. Dupont en Belgique, de Lyell, d'Evans, de
Lubbock, etc. en Angleterre, et surtout les explora-
tions de Lartet et de Christy dans les grottes du sud-
ouest de la France, accumulant les preuves, obligeaient
les plus sceptiques à s'incliner devant les faits dûment
constatés.
Peu à peu le grand nombre et la concordance d'ob-
servations exactes, recueillies de toutes parts, démon-
trèrent d'une façon indiscutable l'existence de l'homme
contemporain sur la terre d'animaux disparus. Depuis
lors, à mesure que des recherches heureuses amènent au
jour des restes de l'industrie de nos primitifs ancêtres,
des traits nouveaux se dessinent dans le passé mysté-
rieux/ * Les progrès des sciences préhistoriques sont un
des faits remarquables de notre époque, a dit M. de
Nadaillac (1) ; nous avons retrouvé des aïeux absolu-
ment oubliés et restitué à l'histoire des siècles incon-
nus. »
L'étude des civilisations antérieures à l'arrivée des
Romains dans les Gaules a donné lieu à un grand
nombre de publications en France et à l'étranger. Des
savants, souvent même de simples chercheurs se sont
intéressés à ces époques reculées, et dans notre pays,
on a vu successivement paraître, sous forme de réper-
(1} La Nature: Les monuments mégalithiques en Espagne
et en Portugal, par le marquis de Nadaillac.
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— 147 —
toires archéologiques, de comptes rendus ou de mono-
graphies, des travaux dont le résultat fut d'éclairer
d'un jour nouveau l'histoire primitive de la Gaule.
Nous ne nous arrêterons pas à ces ouvrages bien con-
nus du lecteur ; toutefois, avant de passer en revue les
mémoires publiés sur la région spécialement étudiée
dans ce travail, nous devons rendre hommage à l'oeuvre
d'un maître dont le nom est inséparable de l'archéologie
préhistorique.
Dès 1864, M. G. de Mortillet avait fondé, sous le
titre de Matériaux pour l'histoire de Thomme, une
revue périodique dont les colonnes ouvertes à tous,
quelle que fût leur opinion, ont centralisé les décou-
vertes des naturalistes et des archéologues de tous les
pays. Plus tard, dans son traité du Préhistorique, le
même auteur, condensant le résultat de toutes ces
études, a cherché à établir la succession des industries
humaines depuis l'apparition du premier outil, dû à la
main de l'homme, jusqu'à l'arrivée des métaux dans nos
régions.
Nous puiserons largement dans le livre de M. de
Mortillet, et si nous ne lui empruntons intégralement sa
classification, parce qu'à l'heure actuelle les matériaux
nous manquent encore, du moins aurons-nous plus
d'une fois l'occasion de ranger sous ses différents titres
quelques-uns des monuments du dernier âge de la
Pierre dans notre pays. Ce que M. de Mortillet fit
pour l'âge de la Pierre, M. E. Chantre l'a continué pour
l'âge des Métaux, par ses savantes recherches sur l'ori-
gine de la Métallurgie en France ; l'œuvre de M. Chantre
nous servira de guide dans la seconde partie de ce tra-
vail.
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1
— 148 —
La Lorraine n'est pas restée étrangère à ces études
nouvelles, ainsi qu'en témoignent de riches collections
et des publications déjà anciennes et nombreuses, dont
nous allons citer les plus importantes.
Depuis longtemps l'origine de ces curieux amoncel-
lements de briquettes en terre cuite, que l'on a appelés
le « Briquetage de la Seille », avait attiré l'attention.
Sur les instances de l'académicien Lancelot, d'Artezé
de la Sauvagère, ingénieur du roi, chargé de relever les
fortifications de Marsal, profita des fouilles nécessitées
par ses travaux pour étudier le Briquetage et en mesu-
rer le volume. Il publia ses découvertes en 1740, dans
un mémoire intitulé : « Recherches sur la nature et
l'étendue du Briquetage de Marsal » ; et Dom Galmet,
le savant abbé de Senones, le félicita du résultat de ses
travaux dans une lettre insérée en tête du mémoire.
La Sauvagère donna de cet ouvrage, qu'il attribue aux
Romains, une description exacte qui fut le point de
départ de toutes les études publiées plus tard sur le
même sujet.
Citons encore, à la fin du dix-huitième siècle, le natu-
raliste Buch'oz, qui énumère dans son Vallerius Lotha-
ringise, « les Cérannies en forme de flèches, que l'on
trouve sur le Chemin de Commercy », et le P. Le Bon-
neLier, dont le manuscrit mentionne des haches polies
trouvées à Scarpone.
En 1829, Dupré, directeur de la saline de Moyenvic,
reprenait, après La Sauvagère, la question controversée
du Briquetage ; il en attribue l'œuvre aux Mérovingiens,
mais sans appuyer cette opinion sur aucun document
certain. A la même époque, il recueillit à Marsal diffé-
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— 149 —
rents objets de bronze qui figurent aujourd'hui au Musée
de Verdun.
Une période longue et stérile venait de s'écouler quand
Beaulieu fit paraître, en 1840, sous le titre d'Archéo-
logie de la Lorraine, une suite de monographies et
de renseignements inédits sur les antiquités de la pro-
vince. Les Mégalithes du versant occidental des Vosges,
des sépultures de tous les âges, les camps sont l'objet
de relations coasciencieuses. Imbu des idées de son
temps, il attribue au génie romain bien des monuments
élevés avant la Conquête ; mais les matériaux qu'il a
accumulés sont du moins une mine féconde pour les
chercheurs.
A partir de 1848, une ère nouvelle s'ouvrit en Lor-
raine pour les études préhistoriques. S'affranchissant
du prestige exercé jusqu'alors par le nom romain, sor-
tant du domaine de la légende pour s'appuyer sur des
faits bien constatés, les archéologues admirent l'exis-
tence d'une population ayant occupé notre pays bien
longtemps avant les conquêtes de César, bien longtemps
même avant les Gaulois de l'histoire. Le regretté doc-
teur Godron, l'une des illustrations de la science lor-
raine, ouvrit la voie par d'importants travaux d'ethnolo-
gie ; le premier, il donna dans son « Age de la Pierre
en Lorraine », la nomenclature de tous les instruments
en pierre trouvés jusqu'alors dans le département. Une
phalauge de disciples zélés vint bientôt se ranger sous
sa bannière, enrichissant de ses découvertes nos col-
lections et les recueils des sociétés savantes.
Dès cette époque, un géologue d'un mérite incontes-
table, M. Husson, commençait l'étude stratigraphique des
terrains des environs de Toul et cherchait à déterminer
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•VTrT
* — 150 -
l'antiquité de l'homme, d'après les documents recueillis
par lui dans les aliuvions de la Moselle et dans les
Grottes de Pierre-la-Treiche.
De 1860 à 1870, MM. Gournault, Olry, D r Ancelon,
L. et A. Benoit, R. Guérin, Gaiffe et d'autres encore
publiaient sous forme de monographies et de réper-
toires, un grand nombre d'études archéologiques. C'est
grâce aux dons de M. Olry que fut commencée vers 1866
la collection de silex ouvrés du Musée lorrain. M. R.
Guérin explorait minutieusement les environs de Nancy,
dans un large rayon ; il eut la bonne fortune de dé-
couvrir en place et de recueillir lui-même plus de 6,000
silex taillés par la main de l'homme. Nous lui sommes
redevables d'une description avec planches des « objets
ântéhistoriques » qui figuraient au Musée Lorrain avant
l'incendie de 4871, et d'un répertoire détaillé de ses
trouvailles dans vingt-trois communes du département.
C'est pour nous un devoir de rendre un hommage parti-
culier à cet archéologue pour ses recherches fructueuses
et bien plus encore pour ses nombreux et importants
mémoires insérés dans les publications de la Société
d'Archéologie lorraine, de 1865 à 1872.
Plus récemment encore, des travaux éminents sont
venus éclairer les débuts de l'humanité sur notre sol, et
faire ressortir les conditions d'existence des premiers
habitants de notre pays. Les recherches scientifiques
de M. le Professeur Fliche et de notre maître M. le
D r Bleicher sur la Faune et la Flore quaternaires ont
démontré avec une grande précision les changements
climatériques intervenus au cours de ces périodes
reculées, en même temps qu'une enquête minutieuse
sur l'origine et la composition des matériaux, dont nos
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- 151 —
ancêtres se firent des armes ou des ornements, permit
d'estimer les relations déjà étendues des premiers Lor-
rains avec les contrées voisines.
Enfin, complétant l'œuvre de Godron par des re-
cherches du plus haut intérêt, M. le D r Collignon a ter-
miné cette série d'études par la description des races
qui se sont remplacées ou mêlées sur notre sol.
Tel est, à grands traits, le bilan des travaux concer-
nant les Temps Préhistoriques en Lorraine.
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TOPOGRAPHIE
DU DÉPARTEMENT DE LA MEURTHE
Modifications topographiques pendant l'époque
quaternaire.
La constitution géologique du sol, sa topographie
aussi bien que la nature des roches qui le composent,
sont en relation directe avec les conditions de dévelop-
pement de la vie animale. Soumise aux mêmes in-
fluences, la race humaine s'est répandue dans tes
diverses contrées, à des époques très différentes, sui-
vant les facilités offertes à son expansion. Nous verrons
que le peuplement tardif de la Lorraine est dû, selon
toute probabilité, autant à la sévérité de son climat a
l'époque quaternaire, qu'aux obstacles naturels qui ont
fait de notre pays une région fermée. Aussi semble-t-il
indispensable de décrire brièvement la physionomie
particulière de notre département, pour en déduire les
conditions qu'il présentait au début à l'habitat humain.
Le département de la Meurthe est limité à l'Est par
la chaîne des Vosges, obstacle presque insurmontable
qui dut longtemps entraver les relations commerciales
avec l'Alsace ; à l'Ouest, les falaises jurassiques qui
bordent les hauts plateaux de la Haye et de la Woëvre,
couverts de forêts et d'étangs, le séparent des côtes de
il
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- 162 —
la Meuse, La ligne de partage des eaux, connue sous le
nom de Monts Faucilles, forme la limite naturelle de la
Lorraine au midi ; enfin, au Nord, les départements de
la Meurthe et de la Moselle se partagent les plaines
basses arrosées par la Seille et la Sarre.
Si Ton examine le terrain compris entre ces limites,
on voit se succéder, en marchant de Test à l'ouest, une
série de dépôts géologiques, disposés en retrait les uns
sur les autres avec une inclinaison marquée vers l'occi-
dent. Et si l'on considère une carte à reliefs du dépar-
tement (1), on s'aperçoit qu'il se divise en zones d'as-
pect et d'altitude fort différents.
À partir de la chaîne des Vosges, dont quelques
contreforts se trouvent englobés dans les arrondisse-
ments de Lunéville et de Sarrebourg, le terrain s'abaisse
par une chute brusque de près de 200 mètres. A cette
première zone formée de grès vosgien et de grès
bigarré, succèdent une vaste plaine à ondulations régu-
lières qui appartient au Muschelkalk, puis le Keuper
dont les couches puissantes se relèvent en collines pro-
fondément ravinées, surtout au voisinage des rivières.
Plus loin apparaissent les plaines du Lias, qui s'étendent
jusqu'au massif oolithique occidental et dont l'altitude
moyenne n'est plus que de 200 mètres au-dessus du
niveau de la mer. Cette grande dépression semble indi-
quer qu'au début du travail de modelage de notre ré-
gion par les eaux diluviennes, celles-ci se creusèrent
en s 'écoulant un lit immense, entraînant sur leur pas-
sage des lambeaux des formations supérieures. Ainsi
ont disparu les sédiments oolithiques, dont quelques
(l) Carte au 200.000 e du Dépôt de la Guerre.
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— 163 —
témoins ont subsisté sous forme de buttes isolées au
milieu de la plaine ; qu'il nous suffise de ciler : la mon-
tagne de Sion (545 m ), les côtes d'Amauce (4iQ m ), de
Delme (403 m ) et de Tincry (390 m ).
La première chaîne des collines jurassiques, qui
s'étendent en ligne continue de Langres à Montmédy,
traverse la partie occidentale du département ; elle
borde la vallée de la Moselle et de la MeurLhe pur une
escarpe brusque dans laquelle s'ouvrent de profonds
ravins. A partir de la crête, dont l'altitude moyenne est
de 350 mètres, elle présente un vaste plateau incliné en
pentes douces vers les côtes de la Meuse. Ce plateau,
couvert de forêts aux environs de Nancy, forme en son
point le plus bas la plaine de Woëvre, région d'étangs
et de marais.
Ces trois zones d'aspect si différent sont assez Lieu
délimitées par des cours d'eau qui tous ont une ten-
dance à se diriger vers le nord-ouest. Là Sarre sépare
les collines sous-vosgiennes des plaines argileuses que
parcourent la Vezouze, la Seille, le Madon ; taudis que
vers le couchant, les plateaux oolilhiques sont compris
entre la Meurthe, la Moselle et les affluents de la
Meuse.
L'arête des Vosges d'une part, le relèvement impro-
prement appelé Monts Faucilles et l'escarpement des
hauts plateaux, d'autre part, ont imposé la direcLion
générale de nos rivières. La Sarre, la Vezouze, ta
Meurthe et la Moselle prennent leur source dans ïa
montagne, centre de divergence des eaux de notre pays;
après s'être dirigées d'abord vers l'ouest, rencontrant
le massif oolithique qui les arrête, elles changent leur
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I
— 164 —
cours, et c'est vers le nord que s'est établi le drainage
de notre région.
Au point de vue de l'habitat humain, la constitution
géologique du sol ne présente pas moins d'intérêt que
sa disposition orographique. En passant en revue la
succession des terrains qui le composent, on peut se
rendre compte des ressources qu'il offrit aux premiers
habitants de la Lorraine.
A l'extrême sud du département, au pied du Donon,
apparaît d'abord un affleurement fort restreint de
roches plutoniques : schistes, grauvacke et trapp, qui
ont fourni la matière première de la plupart des
haches polies.
Au-dessus, et adossé à l'arête granitique de la chaîne
des Vosges, s'élève un massif important de grès et de
poudingues, dont les éléments forment la majeure par-
tie des alluvions de la Meurthe, de la Vezouse et de la
Sarre* C'est au sommet du massif de grès vosgien
qu'on retrouve les mégalithes et les enceintes cyclo-
péennes dont l'histoire écrite n'a pu nous dire l'ori-
gine.
Au grès bigarré, qui disparaît entre Baccarat et Blâ-
ment, sont superposées les masses puissantes du Mus-
chelkalk et duKeuper, qui couvrent en surface presque
la moitié du département.
Du Muschelkalk, nous ne retiendrons qu'une chose
intéressante : ses couches calcaires renferment des
concrétions siliceuses, qui furent utilisées par les pre-
miers habitants de notre région, et dont on retrouve
aous forme d'éclats, des échantillons sur les plateaux
fort éloignes du lieu d'origine»
L*éuortae développement des marnes gypseuses et
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— J65 —
salifères de la formation keupérienne eut, à notre avis,
une influence capitale sur le peuplement de notre con-
trée , l'émergence des sources salines ayant attiré les
hommes de très bonne heure. C'est, en effet, dans le
voisinage de ces dernières, que nous retrouvons les
riches stations humaines de Morville-les-Vic et du
cours supérieur de la Seille. Le sel. dont les gisements
sont peu répandus dans la nature, fut, dans tous les
temps, un précieux élément d'échange ; sa rareté est
telle dans certaines régions, qu'il sert aujourd'hui
encore de monnaie à plus d'une tribu africaine.
Les marnes et calcaires du Lias occupent la zone
médiane du département, de Vézelise àNomeny; ils
s'étendent en larges nappes dans les plaines du Ver-
mois et de la Seille et disparaissent sur les revers des
coteaux, où ils ont constitué des dépôts ferrugineux,
exploités dès une très haute antiquité.
Toute la région occidentale du département, de
Colombey à Pagny- sur-Moselle, est recouverte par
les étages inférieur et moyen de l'oolithe, du Bajocien
au Corallien. En même temps que la nouvelle forma-
tion apparaît, les reliefs du terrain s'accentuent et les
plateaux formés par leur continuité atteignent une
altitude de trois ou quatre cents mètres.
Le Bajocien couronne les coteaux des environs de
Nancy et se termine au-dessus des vallées par des
falaises à pic, coupées de profondes échancrures. Les
fissures multiples, qui apparaissent de toutes parts
sur les escarpements et dans les carrières ouver-
tes dans cette formation, offrent un intérêt majeur en
raison des importantes découvertes qu'on y a faites.
Ces fractures se présentent sous deux aspects diffé-
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- 166 —
rents : tantôt remplies et comblées par des éboulis et
des matériaux provenant du lavage du sol superficiel,
elles ont conservé jusqu'à nous les restes d'animaux
disparus ; d'autres fois, rongées et élargies par les
eaux, protèges en outre par une voûte qui fit obstacle
au remplissage, elles forment de véritables grottes,
qui servirent d'abri et de lieu de sépulture aux hommes
d'un autre âge.
La crete des falaises bajocienresdont l'altitude atteint
généralement 150 mètres au-dessus du niveau des
rivières, offrait un refuge assuré aux premiers habi-
tants de la Lorraine; aussi ne doit-on point s'étonner
de rencontrer dans ces lieux d'élection le plus grand
nombre d'échantillons de silex ouvrés recueillis jusqu'à
ce jour sur notre sol. Là aussi s'élèveront à des
époques difficiles à déterminer, mais qui remontent
peut-être à la période néolithique, ces camps, ces
enceintes qui couronnent les hauts sommets de la
région.
Enfin, certaines couches calcaires du Bajocien supé-
rieur contiennent un silex concrétionné, assez homo-
gène et propre à la taille. Bien qu'on doive se défier
beaucoup de ^'apparence de cette roche qui se délite
naturellement en éclats anguleux sous l'influence des
agents atmosphériques, il n'en est pas moins évident
qu'elle n éLé souvent utilisée ; on en reconnaît un cer-
tain nombre d'échantillons nettement taillés et même
polis, dans les collections Husson, Guérin, du Musée
lorrain, etc.
Les autres formations oolithiques qui affleurent à
l'ouest du département ne doivent point nous arrêter ;
seul l'éiage corallien dont les couches calcaires couron-
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— 167 -
nent les massifs des côtes de Meuse détachés sur notre
territoire, fournissent un beau silex translucide, sou-
vent rubanné, qui fut largement employé pour la fabri-
cation des haches polies. Avec le Corallien se termine,
dans le département de la Meurthe, la série dés ter-
rains secondaires.
Limité à l'Est par les Vosges, qui le protègent du
côté de l'Alsace, séparé des vastes plaines de Meuse et
de Champagne par les crêtes jurassiques aux contours
abrupts, le pays que nous étudions forme une contrée
à part, bien distincte des régions voisines. Isolé par des
obstacles naturels qui le laissaient en dehors des voies
fréquentées, il dut rester longtemps inhabile. Aux
époques anciennes, les passages des Vosges étaient
peu nombreux et difficiles; les vallons de la Zorn et de
la Zintzel, qui traversent la chaîne sous la latitude de
Nancy, pouvaient seuls permettre l'accès de nos plaines
du côté de l'Est ; mais ces plaines, coupées de rivières
à pente insensible, couvertes de marécages, étaient
elles-mêmes impraticables. On sait du reste, d'après le
moine Richer de Senones (1), qu'au moyen-âge les
Vosges étaient presque inabordables ; on doit donc re-
noncer à retrouver de ce côté les routes suivies par les
groupes ethniques qui sont venus peupler la Lorraine.
La limite septentrionale, en raison de la direction et de
la pente des cours d'eau n'offrait point des conditions
meilleures. Il faut donc chercher à Touest et au midi les
centres de dispersion des premiers colons.
Le mode de répartition des stations de l'âge de la
pierre sur notre sol vient appuyer ces données* Àbon-
(1) Chronique de Richer , publiée par Jean Cayon,
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"*■ Ç UV*^|
- 168 —
dantes sur les hauts plateaux de l'ouest, rares dans la
plaine, elles deviennent de moins en moins nombreuses,
à mesure qu'on se rapproche des Vosges. Si Ton jette
les yeux sur la carte que nous avons dressée des gise-
ments de pierres ouvrées, on les voit se répandre
largement du sud au nord sur toute l'étendue des pla-
teaux oolithiques, puis s'égrener au sommet des côtes
de Sion, d'Amance, de Delme, de Morville, sentinelles
avancées de la chaîne jurassique ; tandis que plus à
Test on ne constate que des trouvailles d'objets isolés.
Ce n'est qu'à partir du premier âge des métaux, à l'au-
rore d'une civilisation nouvelle, qu'une population plus
dense et mieux organisée, s'installa définitivement dans
la plaine et sur les bords des rivières.
Telle est, dans ses grands traits, la topographie du
département de la Meurthe depuis la fin des temps géo-
logiques ; son étude a paru indispensable au sujet pro-
posé, puisqu'il est constaté que la nature et les reliefs
du sol sont en relation directe avec le mode de dis-
persion des premiers groupes humains qui peuplèrent
h Lorraine. Mais notre pays avait- il revêtu le même
aspect, présentait-il les mêmes reliefs, la même clima-
tologie pendant l'époque quaternaire ; en un mot, est-
il survenu des changements dans sa topographie, depuis
les temps qui doivent nous occuper ? Tels sont les pro-
blèmes qui se posent et qu'en vue de la clarté de l'ex-
position, nous sommes contraint d'étudier.
On verra plus loin que les preuves industrielles de la
présence de l'homme en Lorraine pendant l'époque
chelléenne font complètement défaut, au moins jusqu'à
ce jour. D'autre part, la faune toute spéciale, qui carac-
térise ailleurs le commencement de la période quater-
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— 169 —
naire, n'est représentée que par des restes peu nom-
breux. Il semblera logique d'attribuer l'absence de
l'homme chelléen et des animaux contemporains à des
modifications qui bouleversèrent profondément notre
sol au cours des périodes que nous allons passer en
revue.
D'après tous les géologues qui se sont occupés du
quaternaire, de grands changements sont intervenus
alors dans la géographie terrestre. La période quater-
naire est caractérisée surtout par des révolutions cli-
matériques qui, en imprimant une activité extra-
ordinaire aux précipitations atmosphériques, permirent
aux phénomènes d'érosion et d'alluvionnement de se
manifester avec une grande puissance.
Grâce aux sédiments abandonnés au passage par les
glaciers et les cours d'eau qui en provenaient, on pont
tenter d'établir la succession de ces phénomènes dans
notre pays.
Au début de la période, les plateaux oolilhiques
recouvraient presque sans discontinuité plus de la
moitié occidentale du département de la Meurthe. Des
nappes d'eau, des rivières à courant impétueux en
parcouraient la surface, abandonnant sur leur passage
des galets de quartzite arrachés à l'arête des Vosges.
Les gisements épars de ces alluvions couronnent les
plateaux qui séparent la Meuse de la Moselle, aussi bien
que le sommet des collines oolithiques d'Amance, de
Delme, de Tincry. L'œil cherche en vain les cours
d'eau qui ont pu accomplir ce travail et disperser sur
les sommets, jusqu'à une altitude de 500 mètres, les
débris roulés d'origine vosgienne. Pour avoir la clef de
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— 110 —
cette énigme, il faut faire Abstraction des vallées
actuelles de la Moselle, de la Meurthe et du laSeille et
rétablir par la pensée la surface continue des plateaux.
Aux phénomènes diluviens semble correspondre une
température douce, accompagnée de précipitations
aqueuses extrêmement abondantes ; la faune de grands
pachydermes à peau nue: elephus antîqiius, rhinocéros
major, hippopotamus arnphihiuSj retrouvée dans les
alluvions de S* Adieu!, Ghelles, le Pecq, probablement
contemporaine du diluvium des plateaux lorrains, con-
firme d'ailleurs ces données. En Lorraine, cette faune
n'est représentée que parmi éléphant qui, en raison de
Técartement des iames dentaires et de l'épaisseur de
Térnai! de ses molaires, paraît être plutôt e. àstiquus
Fnk.j que e. pïumigenius BJunu (1) ; l'homme n*a point
encore fourni de Lraces de son séjour. Cette pauvreté
de la Faune s'explique par l'immersion fréquente du
sol qui n'offrait aux animaux et aux plantes terrestres
que de rares îlots clairsemés*
Cette première phase prit fin par suite d'un change-
ment survenu dans La climat érie de l'Europe : la tem-
pérature toujours humide se refroidit progressivement,
la neige s'accumule eu masses énormes sur les mon-
tagnes ; l'époque glaciaire commence*
Le massif méridional des Vosges fut alors couvert
de glaciers qui s'étendirent jusqu'à une certaine dis-
tance de l'arête granitique ; on retrouve aujourd'hui les
moraines et les roches striées, témoins de leur marche
et de leur développement. L'influence du refroidi sse-
(1) Bleicher ; Guide du géologue en Lorraine l , p. 87 1
Nancy t Berger-Levrault, 1887.
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— 171 —
ment se manifeste d'ailleurs au loin, le volume des eaux
diminue par suite de la condensation et les plateaux
commencent à émerger. A ce moment, en raison fie
l'alternance des saisons, le sol de notre pays subit des
modifications dont résulte sa topographie actuelle. Los
chutes de neiges hivernales, fondues au soleil des étés,
produisirent des masses liquides qui, rencontrant au
pied des Vosges les plateaux jurassiques, et profitant
peut-être des grandes lignes de fracture, arrachèrent
au sol les sédiments superficiels et creusèrent les vallées
de nos fleuves.
A mesure que le courant s'établit dans un thalweg de
plus en plus profond, le niveau des eaux glaciaires
s'abaissa progressivement, modelant le profil des col-
lines par le lavage des pentes. Ces alternatives de
grandes crues et de calmes relatifs sont nettement ac-
cusées par des atterrissements en gradins, déposés a
flanc de coteau. L'une des manifestations des courants
glaciaires est représentée en Lorraine par le dépôt,
dans le retrait des vallées principales, de grouine cal-
caire provenant du remaniement des roches locales et
recouverte par le diluvium rouge des terrasses infé-
rieures.
La composition minéralogique des diverses alluvions
montre bien d'ailleurs leur ordre de succession. Alors
que le diluvium des plateaux est uniformément composé
d'éléments vosgiens identiques dans toute l'aire de dis-
persion de ses dépôts, les alluvions inférieures des cours
d'eau, au contraire, présentent des éléments minéralo-
giques qui varient en raison de la nature des terrains
parcourus et corrodés en amont.
Dès la fin de l'époque glaciaire, les fleuves ont pris
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— 172 —
leur direction définitive ; leur niveau s'abaissera gra-
duellement jusqu'à l'époque actuelle, où nous les voyons
contraints de se creuser un lit dans leurs alluvions les
plus profondes,
La première phase de la période quaternaire était
caractérisée par une faune composée d'animaux propres
aux climats chauds, dont les espèces se sont éteintes
ou ont disparu de nos contrées. Pendant l'époque gla-
ciaire, ils sont remplacés par des variétés à fourrure
épaisse, bien armées contre le froid, et dont les survi-
vants appartiennent en général aux régions boréales.
En Lorraine, la Faune glaciaire des grands animaux
est représentée par le mammouth, le rhinocéros à na-
rines cloisonnées. Tours et l'hyène des cavernes, la
marmotte, le renne (un seul échantillon), le cerf, le
chevreuil, le sanglier, le cheval, l'aurochs et le bœuf
primitif, La Flore des dépôts de lignites glaciaires de
Jarville, et Bois l'Abbé comprend exclusivement des
espèces boréales : épicéas, mélèze, bouleau, aulne
vert, qui forment de nos jours le peuplement des forêts
de la Finlande et de la Sibérie.
La lin de la période glaciaire est marquée par un
adoucissement de la température, qui permit aux espè-
ces animales et végétales actuelles, de s'installer défini-
tivement ; Tune des caractéristiques de cette dernière
phase en Lorraine est la formation d'une masse puis-
sante de tufs, déposés par les eaux qui jaillissaient à la
base du calcaire oolithique. La présence d'épaisses
couches de tourbe, intercalées dans certains dépôts de
tuf (Lasnez), indique, à n'en pas douter, la succession
de périodes de froid sec alternant, à de longs inter-
valles, avec des périodes d'excessive humidité.
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— 173 —
Nous avons cherché à retracer dans le tableau sui-
vant (1) la série des phénomènes physiques et des ma-
nifestations de la vie animale et végétale dans la région,
pendant l'époque quaternaire. Cette vue d'ensemble nu
renferme point la liste complète des flores et des faunes
lorraines, mais seulement les espèces les plus caracté-
ristiques ou les plus abondantes des gisements explo-
rés. (Tableau, page 175.)
Il semble résulter de ces données, que l'homme n'a
pu vivre ni se transporter en Lorraine pendant la pre-
mière période quaternaire , alors que les plaleaux
étaient parcourus et souvent recouverts jusqu'à une
altitude de 500 mètres par- les eaux diluviennes, La
Faune caractéristique de cette époque n'est d'ailleurs
représentée que par des restes d'éléphant de détermi-
nation incertaine.
Le régime glaciaire, auquel est due la topographie
actuelle de notre pays, vit au contraire se développer
une Faune et une Flore analogues à celles des autres
régions. Les plateaux et les collines ayant définitive-
ment émergé, l'homme aurait pu s'y installer, et cepen-
dant on n'a relevé jusqu'à ce jour aucune trace certaine
de son passage ; seules, la rigueur du climat dans le
voisinage immédiat des Vosges, la divagation des
cours d'eau et leur puissance en rapport avec les masses
glaciaires, peuvent expliquer cette absence.
Les seuls objets attribuables à la main de l'homme,
recueillis dans les dépôts de la période glaciaire en
Lorraine, sont : 1° un broyon en quartzite vosgienne.
(1) Nous avons dressé ce tableau d'après les travaux lea
plus récents de MM. les professeurs Fliche et Bleicher.
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- 174 —
manifestement usé à Tune de ses extrémités, découvert
par M. Fliche au pied du coteau de Maxévillc, dans un
dépôt de grouine recouvert par le diluvium rouge ;
2° Un fragment d'andouiller de cerf, dont la pointe
brisée présente des traces de travail humain, trouvé
dans la grouine aux environs de Golombey (Olry) ;
3° Un éclat de silex blanc laiteux, forme couteau,
recueilli par M. le D r Bleicher, dans le diluvium rouge
de Jarville ;
4° Enfin nous devons mentionner, avant de clore ce
chapitre, la trouvaille dans le parc de Lasnez, sous
une épaisseur de l m 80 de tourbe et de tuf calcaire,
d'un éclat de silex crétacé certainement taillé et apporté
par l'homme. Le tuf de Lasnez contient, il est vrai, une
Flore et une Faune entomologique composées d'espèces
vivant actuellement dans les stations froides ; mais
l'épaisseur du dépôt qui atteint trois mètres, et la pro-
fondeur à laquelle la trouvaille fut faite, indiquent des
modifications postérieures très importantes dans la
topographie des .lieux, modifications qui nous reportent
au-delà de l'époque actuelle.
Ces rares objets, peu caractéristiques d'ailleurs, sont,
on le voit, insuffisants pour servir de bases à des con-
clusions ; nous devons nous borner à constater et enre-
gistrer les faits, en attendant de nouveaux documents.
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— 175 —
FAUNE j DOCUMENTS II
ESPECES CARACTÉRISTIQUES j HUMAINS II
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PALÊOETHNOLOGIE
Époques de la pierre.
La Paléoethnologie ou ethnologie des anciens âges
a pour but l'étude des débuts et du développement de
l'humanité, depuis l'apparition de l'homme, constatée
par les restes de son industrie, jusqu'aux premiers
documents écrits. Gomme l'archéologie proprement
dite, dont elle est la base, elle a pour objet le passé,
mais un passé sans historiens et presque sans monu-
ments autres que des tombeaux ou quelques pierres
dressées. Gomme cette dernière encore, elle cherche à
restituer l'histoire de l'homme dans ses plus lointaines
origines ; à ce titre, nul n'a le droit de s'en désinté-
resser.
Depuis le jour où Boucher de Perthes découvrit, dans
les alluvions de la Somme, les restes les plus anciens
de l'industrie humaine, les travaux des préhistoriens
n'ont pas cessé d'apporter à la science des documents
nouveaux. L'auteur de « YHomme antédiluvien » avait
prouvé que notre ancêtre vivait en France dès le début
de la période quaternaire, en môme temps que des
éléphants, des rhinocéros et de grands ours disparus.
Poursuivant ces recherches, d'autres savants, Lartet
en tête, démontrèrent bientôt qu'à partir de cette
époque reculée, l'homme a toujours habité nos contrées.
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LIT H CHRISTOPHE, NANCY
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— 177 —
Aujourd'hui les documents abondent, de nombreux
gisements caractérisés par des types constants d'armes,
d'outils, d'ornements, en même temps que par la suc-
cession des faunes coexistances, ont jeté la lumière sur
les premiers temps de l'humanité.
Les fouilles pratiquées dans les grottes du midi de
la France surtout ont démontré, bien mieux que ne
pouvait le l'aire la meilleure théorie, que l'homme des
âges de la Pierre, perpétuant sa race sur notre sol, n'a
jamais cessé de perfectionner son industrie et d'amélio-
rer ses moyens de lutte pour la vie.
La comparaison des antiquités préhistoriques avec les
mobiliers industriels des populations sauvages du nord
de l'Asie, de l'Afrique centrale, de POcéanie, etc., qui
ne connaissaient pas les métaux avant l'arrivée des
Européens, éclaircit bien des points restés obscurs et
nexpliqués. La conclusion que les premiers habitants
de l'Europe occidentale avaient passé par les mêmes
civilisations devait en ressortir ; et il fut établi que nos
ancêtres avaient utilisé successivement pour leurs
instruments usuels : le bois, la pierre et l'os, puis ies
métaux, bronze et fer.
Dès lors on chercha à classer les découvertes sous
différents titres, concordant avec leur ancienneté ou
leurs caractères les plus saillants. La classification est
une tendance naturelle à l'esprit humain, elle facilite
du reste singulièrement l'étude d'une science ; aussi,
dût son cadre étroit parfois embarrasser, on se voit
toujours forcé de passer sous ses fourches caudines.
Les premiers auteurs, prenant l'industrie pour base,
désignèrent d'abord les âges de la pierre sous les noms
d'Epoque de la* pierre taillée et d'Epoque de la pierre
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— 178 -
polie. Mais ces termes trop vagues ne sont point l'ex-
pression de lu réalité. En effet, on constate des traces
de polissage vers la lin de la pierre taillée ; et, pendant
la période suivante, si quelques objets tels que les
haches, ciseaux, pendeloques, etc., subissaient un
polissage, les couteaux, les flèches étaient seulement
taillés.
Les savants anglais, pour éviter toute confusion,
proposèrent Jes termes de paléolithique, pour la période
la plus ancienne, et de néolithique pour la plus
récente : ces termes ont prévalu. M. de Mortillet y ajouta
l'expression Néolithique pour tout ce qui se rapporte au
terliaire.
Mais lo cadre parut trop large encore, les périodes
trop longues ; Lartet, s'appuyant sur la paléontologie,
proposa de diviser le Paléolithique en trois époques
caractérisées : la première par le grand Ours, la
seconde par le Mammouth et la troisième par le Renne.
Cependant ces trois divisions ont le tort de n'être pas
nettement délimitées ; car si l'on constate que chacune
des espèces animales a prédominé dans certains gise-
ments, il n'en est pas moins vrai qu'ailleurs elles ont
vécu cote à côte.
M, de Mortillet a adopté une méthode nouvelle, qui
consiste à classer les stations humaines, d'après les
spécimens typiques de l'industrie qu'on y retrouve.
Comprenant dans un même tableau : les phénomènes
géologiques, la paléontologie végétale et animale et les
documents humains, il a Iracé du paléolithique la clas-
siHculion suivante (Voir tableau p. 179).
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- 180 -
Sans nous étendre plus longuement sur les mérites
de ces classifications, nous ne pouvons que renvoyer
le lecteur aux publications précitées, et surtout à l'im-
portant ouvrage de M. de Mortillel : Le Préhistorique.
Pour i 'étude des âges de la pierre en Lorraine, nous
utiliserons les termes généraux de Paléolithique pour
Tépoque la plus ancienne, si pauvrement représentée
chez nous, et de Néolithique pour la plus récente, qui
laissa au contraire des traces fort nombreuses dans
notre pays.
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P^Tpyj"-
PALÉOLITHIQUE
Chelléen. — Si Ton examine les objets d'industrie
des âges de la pierre, recueillis jusqu'à ce jour en
Lorraine, et qu'on étudie en même temps leurs gise-
ments, leur mode de répartition, sur le sol ou dans les
grottes, leur rareté sinon leur absence dans les allu-
vions anciennes, on se rend compte des grandes diffé-
rences qui existent à ce point de vue entre notre pays
et les régions du Sud et de l'Ouest de la France, si
riches en documents d js premiers temps humains. A
Saint- Acheul, à Gheiles, au Pecq, etc., on a recueilli
des milliers de silex taillés, en place dans les alluvions
anciennes des fleuves, en compagnie d'ossements d'élé-
phants, de rhinocéros et d'autres animaux du commen-
cement de l'époque quaternaire. En Lorraine, les allu-
vions anciennes de nos rivières n'ont produit jusqu'à ce
jour aucun document humain, bien qu'on y rencontre
des restes des animaux quaternaires qui furent ailleurs
contemporains de l'homme.
En constatant ce fait, notre intention n'est pas de
nier l'existence du Chelléen dans notre région, et de
conclure de l'absence de découvertes à la non existence
d'instruments de cette époque sur les rives de la Mo-
selle. Rien ne prouve que nos vallées et les fissures de
nos plateaux ne renferment pas de traces de l'industrie
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— 182 —
des premiers hommes, que des chercheurs heureux
amèneront pcut-Otre au jour. Bien loin de là, nous
avons la conviction que des instruments de l'époque
chelléenne peuvent aussi exister en Lorraine ; et, pour
soutenir ceUe hypothèse, qu'il nous suffise de citer une
pièce bien caractéristique, découverte dans une région
qui nous touche de très près. C'est un coup de poing
chulléon (l), en roche locale (silex du corallien), trouvé
u Verdun pàv M. Liénard, dans un déblai pour le
creusement du canal de l'Est, en un point où ce canal
emprunte le lit de la Meuse. C'est là une pièce unique,
il est vrai, ut par conséquent insuffisante, mais qui
donne le droit d'espérer.
La recherche de documents paléolithiques nous a
entraîné récemment hors des limites territoriales qui
nous sont imposées. A peu de distance de Gommercy*
(Mouse), M. Recouvreur, pharmacien, avait, sur les
indications de M. le docteur Bleicher, recueilli un cer-
tain nombre d'échantillons de silex d'origine locale,
taillés Et grands éclats, qu'il a bien voulu nous remettre
en même temps qu'il dirigeait nos recherches sur le
terrain.
Le gisement qui les avait fournis est situé sur une
large terrasse, dominant d'environ cinquante mètres le
lit de la Meuse (Altitude du lieu : 290 mètres). Le
coteau appartient à la formation corallienne, dont les
bancs solides sont exploités en carrière dans le
voisinage; le sol superficiel est une terre végétale
Formée d'éléments locaux et mêlée de galets quartzeux
(1) Figuré, planche VII, tome II de l'Archéologie de la
Meuse, par M. Liëciard.
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— 183 —
du diluvium des plateaux, identiques comme composi-
Fig. i
tion à ceux des hauts plateaux lorrains. Dans la partie
cultivée qui avoisine le champ de manœuvres, au-
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— 184 —
dessous de la lisière de la forêt, on voit, disséminés
à la surface du sol, de nombreux fragments d'une
roche siliceuse provenant de la dénudation d'assises
coralliennes sous-jacentes, qu'il est facile de retrouver
dans les carrières voisines. On trouve là, pêle-
Fi n . a
mêle, de larges fragments de cette roche à noyau
siliceux dont la croûte extérieure s'écorce naturellement
en éclats conchoïdaux, des instruments grossiers, pré-
sentant des caractères positifs de taille intentionnelle et
enfm des éclats avec bulbe de percussion et éraillure.
Nous avons retenu un certain nombre d'échantillons,
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— 185 —
ayant quelque analogie avec des haches chelléennes et
Fig. 3
des éclats, ceux-ci plus nombreux ei montrant, à n'en
pas douter, les traces du travail humain.
Fi tj. i
Ces objets en pierre éclatée consistent en fragments
de silex à bords irrégulièrement amincis, n'offrant
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— 186 —
aucune de ces formes déterminées, particulières aux
dépôts quaternaires et que de fort nombreuses décou-
vertes ont si bien fait connaître.
Parmi ceux que nous possédons, provenant de Com-
mercy, quelques-uns présentent une forme allongée, à
tranchant périphérique grossier {Fig. 1), d'autres une
forme discoïde (Fig. 2 etS)\ d'autres enfin, instruments
brisés en cours d'exécution, montrent un tranchant
arrondi et semblent, à première vue, n'être autre chose
que ie tiers inférieur de haches préparées pour le polis-
sage [Fig. 4).
Si <-es derniers objets nous apportent les preuves
classiquement admises de l'action de l'homme (et tous
les silex qui nous occupent sont, de toute évidence, des
produits de l'industrie humaine), en revanche, ils ne
peuvent servir à caractériser une époque précise. A
défaut de formes déterminées, de tels éclats ne tirent
une signification, quant à leur âge. que du gisement
qui les a fournis, et au cas particulier, le gisement est
absolument superficiel. Rien n'indique donc une origine
plutôL paléolithique que néolithique.
Quelques-uns des grands silex de Gommercy font
songer par leur forme aux silex de la Somme aussi
bien qu'à ceux de la forêt d'Othe ; mais au lieu de se
trouver dans des couches sédimentaires, ils gisent à la
surface du sol, avec les rognons-matrices qui les ont
fourni^ en compagnie de roches siliceuses de la même
origine et d'éclats naturels de beaucoup plus nombreux.
Les données sont encore insuffisantes pour fixer notre
opinion, et nous resterons dans l'incertitude jusqu'au
jour où un chercheur plus heureux aura recueilli là
une pièce vraiment et bien caractérisée. Pour rester
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— 187 -
dans le domaine des faits, nous devons constater, qu'à
notre connaissance, il n'a pas été jusqu'à ce jour, trouvé
d'instruments nettement chelléens dans le département
de la Meurthe.
Moustérie 1. — M. de Mortillet a appelé moustérienne
la période industrielle qui a succédé au Ghelléen. Les
outils, pointes et racloirs, sont en général caractérisés
par une face retaillée sur les bords, tandis que l'autre
face, sans retouches, présente un plan d'éclatement
uni.
Schmerling et MM. Dupont, de Fuydt et Lohest ont
trouvé dans les grottes du bassin de la Meuse, région
qui nous touche, des instruments moustériens, aussi
bien déterminés par le mode de taille que par la faune,
E. primigenius, Rh. tichorinus, qui les accompagnait.
M. Liénard possède aussi une pointe moustérienne pro-
venant du voisinage de la même rivière à Verdun.
Les collections lorraines contiennent un certain
nombre de pointes et de racloirs, taillés à grands éclats
sur une seule face, que l'on pourrait rattacher à cette
période industrielle, mais qui tous ont été recueillis à
fleur du sol. Sous ce titre, on rangerait : 1° des éclats
de calcaire siliceux du plateau de la Treiche (collections
Husson, Guérin et du Musée lorrain) ; 2° quelques
racloirs plus ou moins retouchés, en silex étranger à la
contrée ; 3° enfin des galets éclatés intentionnellement,
recueillis par Olry, dans la plaine entre Golombey et
Allain. (PL /, Fig. 1, 2 et S.) Ces instruments sont en
quartzite rousse provenant du diluvium des plateaux,
formation très largement répandue dans le pays. Les
uns présentent une face d'éclatement avec bulbe de
percussion, tandis que l'autre côté montre la surface
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— 188 —
polie du caillou ; d'autres sont des sortes de disques
façonnés à grands éclats, absolument identiques à des
pièces provenant des bords de FAriège, signalées autre-
fois par M. Noulet, dans le deuxième volume des Maté-
riaux (page 42) (i).
Solutréen. —Le Solutréen manque absolument dans
nos collections, à moins qu'on n'attribue à cette période
quelques petites lames lancéolées, assez minces et fort
bien retaillées sur les deux faces, qui figurent dans les
catalogues sous le nom de pointes de dards ou de
flèches, et en particulier deux fragments de grandes
lances ou de poignards, à section elliptique, de la col-
lection de M. l'abbé Merciol. Mais les grandes lames en
feuille de laurier, aussi bien que les pointes à cran font
complètement défaut.
Magdalénien. — Le Magdalénien, qui termine In
chronologie industrielle de M. de Mortillet pour ]n
période paléolithique, n'est représenté que par quelques
lames de silex, une aiguille à chas, des poinçons d'os,
des coquilles et dents percées pour servir d'ornements.
Tous ces objets provenant des grottes de Pierre-la-
Treiche, ne peuvent être déterminés que par compa-
raison, en l'absence de données stratigraphique* per-
mettant d'établir leur âge.
L'industrie et l'art contemporains du grand développe-
ment du renne en Europe, dit M. Cartailhac (8), sont
spéciaux à une faible partie de ce continent. Si l'on
constate donc qu'un seul échantillon déterminabie du
(1) M. Th. Lalande a décrit des instruments analogues,
provenant du département de la Charente, dans le mémo
volume des Matériaux, p. 40.
(2) Matériaux, Février 1888.
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— 189 —
renne (fragment de palette), a été trouvé à Pierre, on
ne devra pas trop s'étonner que les chasseurs de rennes
n'aient point fréquenté notre pays, où leur gibier pré-
féré était au moins fort rare, tandis que, fait curieux,
il semble avoir été assez répandu en Alsace.
Si Ton étudie en détail et pièce par pièce les gise-
ments qui ont fourni les instruments de forme paléoli-
thique dont il vient d'être parlé, on constate :
i° Que les uns furent recueillis à la surface da sot> soit
isolés, soit mêlés à un grand nombre d'outil* néoli-
thiques, tel est le cas pour la plupart des pointes et
racloirs de forme moustérienne ;
2° Que d'autres, pouvant se rapporter au Magdalénien,
proviennent des grottes de Pierre-la-Treiche, simples
fissures du calcaire oolithique, qui n'ont jamais cessé
d'être en communication avec le sol superficiel.
Les trouvailles superficielles et dans des conditions
de mélangés n'ont de valeur que par leur forme
typique, et une distinction capitale s'impose eplre le
type d'un objet et le gisement qui l'a produit. Si un
échantillon en place dans des couches géologiques ou
archéologiques non remaniées peut être rapporté sans
hésitation à une période précise, osera-t-on attribuer
sans réserve à la même date une pièce, analogue de
forme, mais recueillie sur le sol ou isolée dans une
collection ?
Le type d'un objet donné, son mode de taille, la
matière première employée pour sa confection, repré-
sentent sa valeur intrinsèque ; et Ton peut bien ad-
mettre que le caractère des pièces, établi par compa-
raison avec des types de provenance certaine, de même
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— 190 —
que l'utilisation de matériaux trouvés sur place fourni-
ront des indices d'ancienneté relative ; mais ces carac-
tères ne sont pas exclusifs et ne peuvent sufiire pour
une détermination sure, si les données stratigraphiques
ne viennent apporter leur contingent de preuves posi-
tives, li n l est pas douteux que, même lorsque l'homme
sut tuilier le silex av3C art, pendant les périodes mag-
dalénienne et néolithique, il utilisa maintes fois des
galets grossièrement éclatés : le service qu'il avait à
demander à Y outil n'exigeant pas une plus grande per-
fection.
Il convient, en outre, de tenir compte du caprice ou
de la maladresse du fabricant ; si les objets de luxe et
les armes artistement retouchées sortaient des mains
d'ouvriers spécialistes fort habiles, les instruments
usuels, couteaux, haches grossières, etc., étaient la
plupart du temps l'œuvre de ceux-là mêmes qui de-
vaient les utiliser.
L'existence dans les grottes de la Belgique et surtout
du Midi de la France de couches archéologiques en
stratification régulière, qui ont produit des spécimens
du l'industrie humaine allant en progressant et s'amé-
liora nt de la couche la plus profonde à la plus super-
ficielle, présentent certes une base excellente pour la
chronologie industrielle. Mais de semblables témoi-
gnages n'existent pas en Lorraine : les cavernes de
Sainte-Reine et des Celtes, à Pierre-la-Troiche, ne sont
que des tissures dans les bancs calcaires de l'oolithe
inférieure, fissures plus ou moins larges et recouvertes
par le simple rapprochement des lèvres de la fracturé,
mais toujours en communication avec la surface du sol.
Le remplissage de ces grottes s'est surtout opéré par
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- 101 -
des évents, ainsi qu'il est facile de s'en convaincre par
la nature et la disposition des matériaux apportés:*
débris des parois, minerai de fer en grains et marnes
lavées des formations superficielles, galets du diluvium
des plateaux dont l'arrivée au niveau supérieur est
antérieure au creusement de la vallée.
Les conditions de gisement des pièces recueillies
dans ces fissures, quel que soit d'ailleurs leur type,
noua mettent donc dans un grand embarras, si nous
cherchons leur ancienneté relative, et l'on comprendra
notre réserve quand nous essayons de les faire rentrer
dans les classifications très justement adoptées ailleurs.
A quelle cause peut-on attribuer cette rareté pour ne
pas dire cette absence de documents paléolithiques en
Lorraine ? Au manque de chercheurs ? Mais M. Husson,
qui, pendant cinquante années d'explorations, a re-
cueilli, croyons-nous, tous les silex travaillés qu'il
rencontrait, ne possède que peu d'échantillons attri-
buables à la première période humaine. Et M. R. (îué-
rin, dont la collection comprend 6,700 silex lorrains,
parmi lesquels des pointes de forme moustérienne, a
trouvé ces dernières pièces en mélange dans des stations
où le néolithique prédominait.
Ce n'est pas non plus le désir de trouver des haches
chelléennes qui fit défaut à certain amateur qui eut un
our la fâcheuse inspiration d'en découvrir, coûte que
coûte. Ayant fabriqué assez adroitement plusieurs coups
de poing à l'aide d'un moellon de trapp des Vosges, il
les plaça dans une iissure des carrières de Maxéville ;
puis il en fit la découverte en présence du D r Godron.
Heureusement, le savant naturaliste reconnut bien vite
la supercherie.
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— 192 —
IL faut donc chercher ailleurs les raisons qui ne per-
mirent pas à nos ancêtres paléolithiques de vivre dans
notre pays. MM. de Mortillet et Chantre ont constaté
qu'en Suisse et eu France, les régions soumises à l'in-
iluence des glaciers ne fournissent aucune pièce pouvant
se rapporter au paléolithique ancien : il semblerait
qu'en Lorraine, les mêmes causes ont produit les mêmes
eiïets.
La chaîne des Vosges est limitée vers l'Alsace par
des pentes abruptes, tandis que le versant occidental
des montagnes se développe au loin dans les vallées
lorraines par des contreforts d'altitude décroissante.
Les glaciers, dont on reconnaît les traces sur les hauts
sommets et même les moyennes altitudes des Vosges,
s'écoulèrent vers loccident ; et c'est de ce côté que les
eaux sauvages de la fin des périodes glaciaires sont
venues couvrir nos plateaux d'un diluvium quartzeux,
puis creuser les vallées et tracer la route à nos rivières
actuelles. IL semblerait logique, a dit notre maître,
M. le D r Bleicher (1), d'attribuer à ces phénomènes
géologiques l'apparition tardive de l'homme en Lor-
raine.
On ne s'étonnera donc pas du peu de place accordé
au Paléolithique dans cette étude, puisque les docu-
ments relatifs aux industries de cette époque font,
jusqu'à ce jour du moins, absolument défaut.
(1) Essai d'ethnographie vosgienne.
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NEOLITHIQUE
(Période Robenhausienne de M. de Mortillet.)
Après les phases tourmentées de la période quater-
naire, de véritables révolutions climatériques s'accom-
plirent, qui sont venues transformer les conditions de
l'existence humaine. La fusion des glaciers terminée,
les eaux sauvages disparues, les plaines se desséché -
rent peu à peu, en même temps qu'un c'imat semblable
au climat actuel s'établissait, permettant à l'homme de
vivre et de se transporter à sa guise.
Vaincus par le climat nouveau, ou victimes de chas*
seurs devenus trop nombreux, le mammouth, le rhino-
céros tichorhinus, le grand ours, le mégacéros et les
grands félins ont disparu pour toujours ; le renne, le
saïga, le glouton, etc., se sont retirés vers le Nord ;
d'autres espèces enfin chercheront un refuge dans les
hautes montagnes.
Mais un événement autrement considérable marque
le début de la période néolitique, et l'aurore des temps
actuels. Partis d'un centre de dispersion oriental (1),
(1) Nous ne pouvons que nous ranger ici à l'opinion
d'éminents authropologistes : M. Alex. Bertrand : La
Gaule avant les Gaulois, M. de Mortillet : Le Préhisto-
rique,
13
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.— 194 -
des groupes d'immigrants sont venus successivement
apporter à l'Occident les progrès de leur civilisation et
leurs industries perfectionnées. A la vie nomade va
succéder une existence plus sédentaire : la chasse ne
sera plus la seule ressource de nos sauvages ancêtres,
les nouveaux arrivants connaissent la culture des
céréales, ils ont des animaux domestiques et savent
dresser des cabanes ; enfin ils élèvent à leurs morts de
véritables monuments qui sont arrivés jusqu'à nous.
Auparavant, les hommes, vivant dans la crainte con-
tinuelle de leurs semblables, sans relations entre eux,
n'avaient façonné de leurs mains que les galets ou la
roche qu'ils trouvaient sur place ; sous l'influence des
mœurs nouvelles , nous verrons leurs descendants
importer pour leur usage, des régions les plus loin-
taines, des silex choisis et des matériaux précieux.
De tels changements dans les mœurs font ressortir
les traits saillants qui différencient cette période des
précédentes ; ils démontrent un état social nouveau,
sans qu'il soit besoin de développer ce sujet plus lon-
guement après les travaux de MM. Alex. Bertrand et
de Mortillet.
Si Ton ne peut encore affirmer que l'homme a vécu
en Lorraine en même temps que l'éléphant et Tours
quaternaires, du moins, dès. le début du Néolithique, sa
présence est signalée sans aucun doute possible. Non
seulement il nous a laissé ses armes et les restes de
son mobilier, mais nous retrouvons même son sque-
lette pieusement enseveli.
Les roches, propres à être taillées en outils, faisant
défaut sur notre sol, nos néolithiques acquéraient par
le trafic les silex de la Meuse, de la Champagne, de la
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- 195 —
Brie, le trapp des Vosges, les serpentines et la jadéïte
de Suisse et d'Asie.
Dans le département de la Meurthe, on trouve par-
tout des traces de l'industrie néolithique, partout du
moins où il s'est rencontré des chercheurs» Si l'on
consulte la carte que nous avons dressée des stations
reconnues, on les voit se grouper autour des régions
explorées ; mais elles sont particulièrement riches et
nombreuses sur les hauteurs et dans le voisinage des
rivières. Le même fait a été précédemment constaté en
Alsace par MM. Faudel et Bleicher : de l'autre côté des
Vosges, comme en Lorraine, la plaine est stérile en
trouvailles, tandis que les stations abondent au som-
met des collines sous-vosgiennes.
Sans insister sur la question de défense , qui dut
influer dans le choix des positions, la configuration de
notre pays imposait peut-être cette préférence. M* Gh.
Guyot, dans sa monographie des Forêts Lorraines, émet
l'opinion que la forêt couvrait la plus grande partie du
territoire, aussi bien dans la plaine que dans la mon-
tagne. Sous la domination romaine seulement , les
plaines furent déboisées au profit des cultures perma-
nentes.
Nous nous rangeons volontiers à l'avis du savant
forestier : peut-être ferons-nous cependant une réserve
en ce qui touche nos environs.
Les différentes contrées du globe, suivant leur lati-
tude, leur topographie, la constitution géologique du
sol se présentent sous les faciès les plus divers.
Livrées à elles-mêmes, les régions tempérées se rou-
vriraient probablement de forêts ou de broussailles,
suivant la nature du sol. Plus au sud, en même temps
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— 196 —
que sous un climat plus sec, les forêts feront place à
une végétation herbacée, ce sera la pampa et T si la
sécheresse est exagérée f ie steppe arkle. Le voisinage
de la mer, l'altitude des lieux, la quantité d'eau atmos-
phérique soûl autant de causes de variations dans
l'aspect des terrains ; et il est évident que les condi-
tions de la vie animale sont eu connexité avec ces
variations,
Eu Lorraine, la forêt recouvrait les plaines du Keu-
per et du Lias» depuis les contreforts des Vosges
jusqu'aux hauts plateaux de l'ouest. Sans routes, et
parLant, sans relations faciles avec ses semblables ,
notre ancêtre néolithique ne pouvait guère s'y installer
à demeure ; tout au plus dut-il les parcourir à la
chasse ou à la suite de ses troupeaux. Sur les plateaux
au contraire, où les traces de son séjour sont le plus
nombreuses, les conditions d'habitat étaient autres ; la
terre arable emportée par les eaux sauvages, puis lavée
par les pluies, ne laissait plus qu'un soi sec et rocail-
leux, probablement couvert de broussailles, auxquelles
il lui suffit de mettre le feu pour se préparer une instal-
lation saine et à l'abri des surprises.
Telle est, pour la topographie rétrospective du pays
que nous étudions, notre impression personnelle; mais
nous nous garderons bien de vouloir l 1 imposer. Bien
loin de là, nous sommes prêt à admettre que le zèle et
le nombre des chercheurs sont, au mcme titre que la
nature des terrains, des facteurs importants pour une
statistique des découvertes. Sur les plateaux incuites,
les silex taillés sont demeurés en place, exposés à l'air,
sans que la culture soit venue les recouvrir, par couse-
quent faciles à retrouver ; il est tout naturel que les
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— 197 -
recherches se soient dirigées surtout vers ces régions
privilégiées. Si les grandes plaines cultivées n'ont pro-
duit que peu d'objets, rien ne prouve qu'elles ne ren-
ferment point d'autres traces de la présence de l'homme ;
et l'on doit reconnaître que la terre arable recouvrant
les silex, les conditions de recherche offrent moins de
chances de succès.
Quoi qu'il en soit, c'est vers le sommet des plateaux
et des collines qu'on a signalé le plus grand nombre
de stations néolithiques et quelquefois encore sur les
terrasses élevées, au voisinage des rivières poisson-
neuses. Il ne semble pas toutefois que les néolitiques
aient recherché précisément les points culminants des
plateaux ; au contraire, ils s'installaient de pré-
férence au pourtour, mais toujours dans des positions
dominantes, ayant des vues sur les pays d'alentour.
Le voisinage de l'eau n'est pas non plus une condi-
tion qui leur parut indispensable ; souvent' la rivière ou
la source sont à plus d'un kilomètre du gîte. Mais y a-
t-il là de quoi provoquer l'étonnement quand on voit
de nos jours les nomades de l'Algérie aller quérir la
provision d'eau journalière à des distances bien autres
sans paraître en souffrir ?
Quelles furent les habitations de ces peuplades ? La
Lorraine ne possède pas, comme la Suisse, la haute
Italie, le Danemark et l'Irlande, de ces lacs et tour-
bières qui ont conservé intacts les instruments usuels
et jusqu'aux demeures des tribus locales. Toutes nos
stations sont superficielles, exposées aux intempéries,
et partant, dans de mauvaises conditions, pour la
conservation d'objets périssables, tels que le bois et
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— 198 -
Tes. Il ne reste pas trace d'édifices ou de soubassements
en pierres appareillées ; probablement ces hommes à
demi civilisés et quelque peu nomades, comme tous les
peuples pasteurs, s'abritaient sous de simples gourbis
de terre et de feuillage, ou bien encore sous le couvert
de roches surplombantes et à l'entrée des grottes.
L'emplacement de nombreuses habitations isolées, se
révélant par la teinte noire de la terre et l'abondance
de matières charbonneuses et de silex, a été signalé
sur le plateau de Morville-ies-Vic par M. l'abbé
Merciol.
Quelques-unes des innombrables mardelles qu'on
retrouve sur nos collines, fonds de cabanes dont le toit
a disparu, semblent aussi leur avoir servi de demeures.
L'un de ces fonds de cabanes, au sommet de la côte
de Delme, nous a donné des éclats de silex en abon-
dance, de grands fragments d'un vase épais, à pâte
noire et grossière, deux meules à broyer le grain et
une très grande quantité d'os et de dents d'animaux
(porcs et ruminants), gisant au milieu de matières
charbonneuses. Autour de cette dépression, le sol était
littéralement couvert d'éclats de silex, indiquant qu'il
y avait eu là un atelier de taille. Au bord d'une autre
mordelle, près de Mittersheim, M. l'ingénieur Hirsch
a recueilli une hache polie en silex blanc laiteux ; le
fond vaseux de cette mare contenait en outre des
troncs de chênes grossièrement équarris, sur lesquels
on reconnaissait les traces d'instruments tranchants.
Les fouilles qui amenèrent ces découvertes, exécutées
pour le creusement du canal des Houillères, auraient
probablement donné d'autres objets, si elles eussent
été pratiquées dans un but archéologique. Nous ne
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— 199 —
croyons pas qu'il ait été fait d'autres recherches dans
ces innombrables cavités artificielles, qui sont connues
dans le pays sous le nom de Mares aux Payens,
Mais toutes les mardelies de notre région ne datent
pas du dernier âge de la pierre, et toutes n'ont pas
servi d'habitations. Le plus grand nombre ne remonte
pas au-delà de l'âge des métaux, c'était encore la
demeure des Gaulois au temps de César; et quelques-
unes qui ont jusqu'à 40 mètres de diamètre sont beau-
coup trop vastes pour être recouvertes d'un toit. Ces
dernières ne seraient que des réservoirs pour l'eau de
pluie, et on les rencontre précisément dans les plaines
argileuses dépourvues de sources a débit constant.
L'âge et la destination de ces mardelies ne peuvent être
établis que par des fouilles méthodiques qui sont
encore à faire.
Ainsi qu'on le voit, les traces d'habitations néolithi-
ques se retrouveraient assez nombreuses en Lorraine ;
mais l'œuvre de destruction du temps et les cultures né
permettent guère de s'en faire une idée exacte. Néan-
moins, l'abondance des débris accumulés sur certains
points laisse supposer que cette époque de la civilisa-
tion a duré fort longtemps et que la Lorraine était
habitée alors par des tribus déjà nombreuses.
L'exploration des palafittes de la Suisse et des
kjoekkenmoeddings du Danemark a montré que nos an-
cêtres néolithiques cultivaient le blé, l'orge et le seigle,
qu'ils savaient fabriquer le pain et préparer avec des
fruits sauvages des liqueurs fermentées, enfin qu'ils
tissaient pour leur usage le lin, la laine et Le liber du
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à
— 200 —
tilleul. L'eau et la tourbe ont préservé jusqu'à nous ces
précieux débris. Si le temps ne nous a pas légué de
semblables témoignages, du moins l'abondance des
meules et molettes à broyer le grain ne laisse subsister
aucun doute sur la pratique de l'agriculture dans nos con-
trées .
Les autochtones entretenaient probablement aussi des
troupeaux ; il n'est pas de gisement où l'on ne retrouve
en très grande abondance des ossements de porc, de
cheval et de plusieurs ruminants, à l'état de menus
fragments partiellement brûlés. La chair des animaux
domestiques était donc, avec le pain et les fruits, la
base de l'alimentation.
Le respect de la mort est un indice de civilisation :
c'est à l'époque néolithique qu'on voit apparaître tes
premiers tombeaux. Si les dolmens qui existaient en
Lorraine n'ont pas pu résister à l'action du temps ou à la
main de l'homme, il est cependant deux sépultures que
l'ont peut rapporter avec assez de certitude à cette
époque,
La première fut découverte au-dessus de Salone.
lieudit aux Cachettes, près de Morville-les-Vic, dans la
coupe d'une carrière à moellons. Le squelette était
accroupi dans un caisson étroit, creusé dans le calcaire
du Lias ; son mobilier funéraire se composait des pièces
suivantes, en silex pyromaque : une lame de couteau
longue et très mince (PL II, Fig. 6), une belle pointe
de lance (PL Il y Fig. 15) et vingt-six pointes de flè-
ches finement retouchées. (Voir : Station de Mo v ville-
Ies-Vie r p. 238).
Une sépulture d'un autre genre a été fouillée par
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— 201 —
M. Husson, dans la grotte des Celtes, à Pierre- la-
Treiche. Vingt-cinq^ à trente squelettes étaient rangés
accroupis le long des parois de cette caverne funéraire.
Ils étaient accompagnés de poteries, de pointes de
lances et de flèches en silex étranger au pays ; leurs
ornements consistaient en une dent canine et quatre
coquilles percées de trous de suspension, grains de
colliers en argile, etc. En mélange avec ces objets,
M. Husson recueillit encore quelques ornements de
bronze et de verre, des fragments de poterie fine et
même de fer, ce qui, en l'absence de données strati-
graphiques, diminue la valeur du gisement. Néanmoins,
il paraît ressortir de l'ensemble des faits, qu'il s'est
trouvé en présence de sépultures néolithiques. (Voir :
Station de Pierre-la-Treiche, p. 231).
Le mobilier industriel que nous ont laissé les néoli-
thiques lorrains est très analogue à celui de leurs
contemporains des autres régions de l'Europe. On
constate que, dès le début de la période, des échanges
s'étaient établis entre les populations, en même temps
qu'on remarque un progrès immense dans la taille
aussi bien que dans le choix des matières premières
employées. Alors que, durant l'époque quaternaire,
l'outillage était fabriqué le plus souvent à l'aide des
roches du pays même ; dès le début du néolithique, les
objets d'industrie ou d'ornement sent composés en
majorité de roches provenant de gisements étrangers.
L'importation dans notre pays de silex de la Brie, de
roches dures des Alpes et de l'Orient, de coquilles
brillantes de la Méditerranée et de l'Océan indiquent
clairement les relations de nos ancêtres avec leurs voi-
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- 202 -
sins et une nouvelle étape de la civilisation. Mais les
principales ca raclé ri cliques de la technologie indus-
trielle à l'époque néolithique sont surtout: le polis-
sage e' te forage des roches dures, la fabrication de la
poterie, et enlln la construction des premiers monu-
ments, menhirs et dolmens.
A l'époque néolithique comme dans tous les temps,
tes populations ont présenté des variations dans leurs
mœurs, leur industrie, etc., variations qui sont la con-
séquence naturelle, non seulement de l'habitat et des
conditions d'existence, mais encore du génie particulier
de chaque tribu et du but à atteindre. Il est important,
pour les déductions à venir, de noter tout ce qui inté-
resse ee particularisme.
Les caractères topiques des gisements et de l'indus-
trie néolithiques en Lorraine peuvent se résumer dans
le tableau suivant:
I. — STATIONS
1° Sur le bord des plateaux élevés (ce sont les plus
nombreuses et les plus riches) ;
2* Sur les revers des collines et sur les terrasses du
diluvium rouge, mais toujours à une certaine altitude
au-dessus du niveau actuel des rivières ;
3° Rares dans les plaines.
IL — INDUSTRIE
Formes et Types.
i° Abondance extraordinaire de pointes de flèches
des différents types ;
2° Pointes de lances et de dards nombreuses et d'un
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seul type, présentant une surface plane et un dos à
deux ou trois plans d'éclatement ;
3° Pas d'éclats ni de couteaux de grande laille, en
raison de l'absence de la matière première ;
4° Pour la même cause, on ne trouve que des nucléus
épuisés ;
5° Peu de marteaux forés ; ils sont surtout en roche
dioritique.
ESPÈCES MINÊRALOGIQUES
des matières premières employées, par ordre de préférence :
PIERRE TAILLÉE
1° Silex de la meulière de Brie ;
2° Silex de la craie de Champagne ;
3° Silex du Corallien (Meuse) ;
4° Silex du Bajocien (origine locale) ;
5° Silex du Muschelkalk (origine locale)
PIERRE POLIE
1° Trapp et Grauwacke des Vosges ;
2° Silex précités, surtout Corallien ;
3° Serpentine des Vosges ;
4° Serpentine des Alpes ; granité ;
5° Roches dioritiques, Euphotide, schiste silici fié,
lydienne ;
6° Jadéite, stéatite (un seul échantillon).
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- 204 -
Produits des industries de F^poqae néolithique en Lorraine
1' PIERRE TAILLÉE.
L'étude et la description des différents objets de
pierre ouvrée permettant jusqu'à un certain point de se
faire une idée des conditions d'existence des premiers
habitants de la Lorraine et de leurs relations avec les
peuples voisins, il est indispensable de passer ces objets
successivement en re^ue et d'en dresser la liste approxi-
mative*
Ateliers. — On reconnaît sur le sol l'emplacement
des ateliers de fabrication ou de taille des objets en
pierre à l'abondance extraordinaire d'éclats de silex
parmi lesquels on retrouve quelquefois des ébauches
de pièces brisées en cours d'exécution- En Lorraine, on
rencontre ces amoncellements d'éclats de taille dans
presque toutes les stations néolithiques importantes;
les outils de pierre se fabriquaient donc partout où il y
avait une agglomération humaine.
On observe .cependant que les déchets de fabrication
ne sont point groupés en assez grande abondance pour
indiquer la présence de spécialistes ayant travaillé
longtemps dans le même endroit. Ne pourrait-on con-
clure de ce fait que les fabricants de flèches et autres
pièces d'exécution difficile se déplaçaient, allant de
tribu en tribu t à mesure des besoins ; et que* d'autre
part, chaque individu savait produire les outils de
taille plus simple, lames, pointes et couteaux d'un usage
courant.
L'outillage des tailleurs de silex se' composait d'un
petit nombre d'objets indispensables ; le rmcléus t c'est-
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— 205 —
à-dire les fragments de roche destinés à fournir les
lames, les percuteurs et les retoucheurs.
Nucléus. — La nécessité où se sont trouvés nos
ancêtres lorrains de faire venir de loin le silex et les
roches propres à être taillées donnait à ces matières
premières une très grande valeur; aussi ne nous ont-
ils laissé que des Nucléus complètement épuisés et de
petit volume.
Percuteurs. — Les percuteurs ou marteaux de
pierre qui servaient à éclater le silex en fragments
réguliers sont extrêmement rares dans nos collections ;
tout au plus pouvons-nous en citer une douzaine qui
furent certainement employés à cet usage. Ce sont ;
1° Un galet cylindrique de quatzite vosgienne (PL
II, ûg. 4), de 63 milimètres de long sur 42 de diamè-
tre ; les deux extrémités sont également usées par
la percussion. Trouvé à Allain par Olry (Musée lor-
rain).
2° Au Musée lorrain, autre percuteur en même
roche ;
3° Dans la collection Merciol : trois percuteurs en
trapp, un en granit et cinq en silex (PL II, Rg. 4) t
tous sphériques et d'un faible diamètre, montrant su
pourtour des traces de percussion.
Retouchoirs. — La série de petits éclats destinés à
aviver le tranchant des pièces et à les modeler s'obte-
nait par une pression sur un corps dur, os ou pierre,
ou par petits coups successifs au moyen d'un percu-
teur plus léger. Soit que la matière en fut -détruite, soit
qu'ils aient passé inaperçus, aucun de ces derniers élé-
.ments d'outillage n'est signalé par nos chercheurs.
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"^^1
- 206 —
En dehors des nucléus, percuteurs et retouchoirs, la
série néolithique des objets de pierre ouvrée, recueillis
en Lorraine, comprend :
Pierre taillée. — Lames, couteaux et haches, racloirs
et grattoirs, pointes et perçoirs, pointes de flèches, de
javelots, de lances.
Pierre polie. — Haches, herminettes, gouges et
ciseaux, marteaux perforés, anneaux plats, pendeloques
et ornements divers.
Lames, couteaux, haches. — On désigne sous ces
différents noms un grand nombre de lames et'd'éclats
de silex, que leurs dimensions et leur forme ont permis
d'utiliser. La définition est vague, il est vrai ; mais la
variété de ces grossiers instruments ne permet point
une détermination plus exacte.
Cependant il faut faire une exception à l'égard des
couteaux : ce sont des éclats étroits et allongés, à
tranchant vif et sans retouches, Tune des faces est
plane avec le conchoïde de percussion, l'autre présente
deux ou trois pians d'éclatement. Les couteaux de ce
genre ne sont pas communs dans nos stations, il sem-
■blerait que toutes les lames tranchantes, quejle que fût
leur forme, étaient utilisées.
La plus belle pièce qui figure dans nos collections est
un couteau en silex pyromaque blond (PL 11 r , Fig. 6),
trouvé à Morville-les-Vic dans la sépulture néolithique
signalée page 238. La lame, dont le sommet est brisé,
mesure encore 134 millimètres de longueur sur 32 mil-
limètres de largeur et 4 à 5 millimètres d'épaisseur.
JL est impossible de dresser l'inventaire de semblables
objets ;, il suffira de constater que les éclats désignés
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— 207 —
dans nos collections sous le nom de couteaux, sout en
général de très petite dimension ; ce que Ton peut
attribuer aussi bien au volume réduit des échantillons
de matière première importée, qu'au fait que les nucléus
ayant perdu leur eau de carrière au moment où on les
employait, s'éclataient avec plus de difficulté.
Grattoirs. — Les grattoirs sont des éclats de silex
épais, dont la face inférieure est plane ou légèrement
concave et le dos plus ou moins régulier, tandis que le
bord arrondi a été retouché de manière à obtenir un
tranchant obtus. Ils servaient à préparer les peaux et à
amincir le bois et l'os ; dans ce dernier but, certains
d'entre eux sont retaillés dans les angles rentrants, de
telle sorte que la tranche utilisable figure une demi-
circonférence. Ces outils abondent dans toutes nos col-
lections (PL II, Fig. 7, 8, 9 et 10 et PL III, grattoirs
de la collection Merciol) ; les uns sont assez grossiers
pour rappeler l'industrie moustérienne et mériter le
nom de racloirs ; d'autres, minces et allongés, ressem-
blent aux grattoirs de la Madeleine ; en général, ils sont
de petite taille et bien retouchés sur les bords. Plu-
sieurs grattoirs concaves figurent dans les planches
photographiques annexées aux brochures de M. Hus-
son.
Nous avons compté : 15 grattoirs dans la collection
du Musée lorrain ; 43 dans la collection Merciol ;
M. Guérin en possède, nous a-t-il dit, des centaines.
Poinçons et perçoirs. — Ce sont des éclats, tou-
jours en silex, présentant une extrémité pointue et
l'autre obtuse, ou les deux extrémités en pointes aiguës.
La forme en est très variable : tantôt c'est un grossier
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- 208 —
fragment dont une seule extrémité est retaillée en
pointe fine ; tantôt de petits éclats longs et minces
retouchés partout et pointus aux deux extrémités. La
collection de M. l'abbé Merciol. comprend un certain
nombre de ces derniers. Le Musée lorrain en possède
quelques autres provenant d'Ailain et de Pierre-la-
Treiche. (PL IV, Fig. 11 et 12 et PL F, collection
MercîoL)
Scies. — Outil fort rare en Lorraine ; la belle col-
lection de M. l'abbé Merciol n'en comprend que trois
échantillons fragmentés, et d'autre part, parmi les six
mille silex recueillis dans notre région par M. R. Gué-
rin, on ne peut compter que trois lames de scies bien
détenu inables.
Lu seul outil de ce genre que nous puissions figurer
provient de Morville-les-Vic (PL IV, Fig. 13, collec-
tion Merciol). C'est une lame de silex, longue de 45
millimètres sur 23 de largeur ; les dents de scie ont été
produites par retouches sur un seul côté.
Pareil objet fut, dit-on, recueilli dans la sépulture
néolithique de Salone ; mais nous n'avons pu en retrou-
ver la trace.
Pointes de flèches. — Elles sont extrêmement
nombreuses dans les collections lorraines ; M. l'abbé
Merciol en possède à lui seul près de trois cents ,
complètes ou brisées, toutes recueillies sur le plateau
de Morville. La collection Guérin en compte deux cent
dix de provenance lorraine ; rappelons enfin que le
mobilier funéraire du squelette de Salone en compre-
nait vingt-six.
Sous le rapport des formes, on peut, d'après M. de
Mortillet, classer les pointes de flèches en :
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— 209 —
1° Triangulaires, à base rectiligne; convexe ou con-
cave ;
2° Amygdaloïdes, losangiques ou en forme de feuille ;
3° Pointes pédonculées , avec ou sans barbelures
récurrentes.
Beaucoup de pointes légères, simples éclats détaille,
affectant la forme d'un triangle allongé ont pu servir de
pointes de flèches ; nous n'avons pas à nous arrêter à
ce type, dont l'interprétation est quelquefois difficile.
Mais quelques-uns de ces éclats, retouchés sur les
bords d'un seul côté, ont certainement été utilisés ; ils
sont presque toujours triangulaires.
Pointes de flèches triangulaires (PL Vf, collée t.
Merciof). — Lames généralement en forme de triangle
isocèle, bien retaillées sur les deux faces ; la base eu
est tantôt rectiligne, tantôt elle forme une courbure
convexe, et quelquefois enfin elle est évidée en courbe
concave, jusqu'à donner aux ailes l'apparence de bar-
belures aiguës.
Assez rare dans le reste de la France, suivant M. de
Mortillet, mais commune en Suisse, cetle forme de
pointe de flèche est la plus abondamment répandue en
Lorraine. Les dimensions extrêmes varient ds 44 mil-
limètres de hauteur, sur 24 de base, à 23 millimètres
sur 19.
Les pièces sont généralement en silex tertiaire ou
crétacé ; nous n'en connaissons que deux en roche
d'origine locale (silex du Bajocien), l'une provient de la
butte Sainte-Geneviève près de Malzévilh*, l'autre du
plateau de Rosières-en-Haye.
La proportion des pointes triangulaires, comparée
M
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- 210 -
aux autres formes de flèches trouvées en Lorraine peut
être estimée au tiers de la totalité.
Pointes de flèches amygdaloïdes, losangiques ou
en feuille (PL VII, collection Merciol). — Ces trois
types, très voisins, peuvent se ranger sous le même
titre. Ce sont des pointes en silex, retaillées sur les
deux faces, plus ou moins épaisses au milieu (amygda-
loïdes), ou minces et allongées en losange (quand elles
présentent des angles latéraux), ou bien en forme de
feuille quand les côtés sont arrondis. Le procédé de
taille, comme la forme générale de ces flèches, rappel-
lent la pointe solutréenne et semblent être la continua-
tion de cette industrie. Ces pointes de flèches, dont la
dimension moyenne est de 40 millimètres de longueur
sur 20 de largeur, se rencontrent assez communément
en Lorraine, où leur proportionnalité relative atteint le
dixième de la totalité.
Pointes de flèches pédonculées, avec ou sans
barbelures (PL VIII, collection Merciol). — Les
pointes de flèches les plus perfectionnées sont munies
d'une soie ou pédoncule, qui permettait de les emman-
cher facilement dans une tige ligneuse. La longueur de
la soie est très variable ; quelquefois courte et trapue,
elle se détache à peine du reste de la lame ; d'autres
fois au contraire, fine et déliée, elle est plus longue que
la lame elle-même. La forme générale de la lame varie
de son côté, en raison de l'importance du pédoncule et
du développement ou de la direction des barbelures ;
les pointes à barbes récurrentes sont les plus parfaites
du genre.
Les dimensions moyennes des flèches pédonculées
atteignent 25 millimètres de hauteur, soie comprise,
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- 211 —
sur 22 de largeur. Toutes sont en rocîie étrangère à la
contrée : silex lacustre, crétacé ou corallien.
La proportionnalité relative du type représente la
moitié de la totalité des pointes de flèches recueillies en
Lorraine.
Pointes de dards ou de javelots. — On désigne par
ces noms des pièces analogues aux pointes de flèches
ou de lances, mais trop lourdes pour être lancées à
l'aide d'un arc, ou au contraire de dimensions trop
réduites pour être considérées comme de vraies pointes
de lance. Cette définition trop vague n'a d'autre mérite
que d'être consacrée par l'usage et aussi de bien repré-
senter le service que Ton pouvait demander à ce genre
d'objets. Toutes les pointes de dards que nous avons
pu examiner offrent un mode de taille identique, quelle
que soit d'ailleurs leur forme générale et leurs propor-
tions ; toutes présentent d'un côté une face d'éclatement
unie, et, de l'autre, un dos à une ou deux arêtes avec
retouches sur les bords. Le plan de section perpendi-
culaire à l'axe est donc un triangle ou un trapèze.
M. R. Guérin a figuré, dans son mémoire sur La sta-
tion de Boudonviile, une pointe de dard (PL IV, Ûg.
14) plane d'un côté, Tautre face à arête médiane est
retouchée sur les bords ; talon globuleux, légèrement
échancré latéralement ; dimensions : 80 millimètres de
longueur, sur 22 millimètres de largeur et 12 d'épais-
seur.
Une autre pointe de dard (PL V, collection Mêrcioî)
de même type, provenant de Morville-les-Vic, pré-
sente les dimensions suivantes : longueur 73 millimè-
tres, largeur 18, épaisseur 11.
Pointes de lances. — Les pointes de lances ne se
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— 212 —
distinguent des pointes de dards que par des dimen-
sions plus grandes surtout en longueur. Nous figu-
rons deux très belles pièces de ce genre, provenant de
sépultures néolithiques, elles présentent un côté plan
et l'autre face bombée avec retouches au pourtour.
1° (PL IV, Fig. 15), longueur 105 millimètres, lar-
gueur maxima 30 millimètres, talon, globuleux légère-
ment évidé latéralement ; fut recueillie dans la sépulture
néolithique de Salone ;
2° (PL IV, Fig. 16), lance en silex, dont le talon
coupé droit est brisé ou n'est pas façonné, pro-
vient de la caverne funéraire de Pierre-la-Treiche
(Collection Husson ; reproduite en réduction, d'après
la planche photographique XIIJ de l'ouvrage de M.
Husson).
L'authenticité de la lance de Salone, figurée déjà
dans le travail du D r Godron, « Age de la Pierre en
Lorraine » a été mise en doute par M. de Mortillet
(Matériaux, 4 e année, p. 277), en raison d'une échan-
crure latérale à la base, qui la fait ressembler aux flè-
ches et iances du Nord de l'Amérique. Cependant la
matière première de la lance de Salone est un silex
identique à celui du couteau et des flèches qui complé-
taient le mobilier funéraire, même coloration et même
patine. Le façonnage latéral du talon ne diffère pas sen-
siblement du talon, aussi échancré, d'une pointe de dard
précitée [PL IV, n° 14), recueillie par M. R. Guérin, sur
le plateau de Boudonville.
Si les pointes de lances et de dards complètes sont
rares en Lorraine, on rencontre assez fréquemment
les fragments de ces armes. M. R. Guérin possède
plusieurs pièces entières et de nombreux fragments ; la
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— 213 —
collection Merciol en compte 17 (PL V), toul es incom-
plètes; le Musée lorrain, 18 pièces ; deux figurent dans
les publications de M. Husson ; enfin toutes les autres
collections contiennent des fragments très détermi-
nables.
Récapitulation de quelques objets néolithiques en
silex taillé recueillis en Lorraine.
Les seules collections que nous ayons pu dénombrer
jusqu'à ce jour, celles de M. l'abbé Merciol et du Musée
lorrain, donnent les chiffres suivants :
Percuteurs : 1 1 ;
Grattoirs, 58 ; (M. R. Guérin en possède des cen-
taines) ;
Perçoirs et poinçons : 12 ;
Scies : 3 ; (M. Guérin : 3) ;
Pointes de lances ou de dards : 35 ;
Pointes de flèches 559 : (Collection Merciol : 288,
Mus. lorrain : 50, coliect. Guérin : 210 ; autres : H).
Telle est la nomenclature des principaux objets de
pierre taillée, pouvant se rapporter au néolithique de
Lorraine. Il ne semble pas utile d'ajouter à cette énu-
mération déjà trop longue un certain nombre de
pièces retouchées, mais dont l'usage est indéterminé.
Devons-nous enfin parler d'un nucléus et de trois
lames d'obsidienne, trouvés en 1864 entre Liméville et
Bertrichamps, dans les alluvions anciennes de la
Meurthe, dit-on, lors de la construction de la voie
ferrée? Le regretté Godron, qui eut les pièces entre les
mains, en donne la description suivante : tLe nucléus,
« de couleur noire et vitreuse, est long de 82 milli-
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L
— 214 —
a mètres, épais de 20 à 23 ; il présente tout autour la
« trace de dix éclats longitudinaux qui en ont été déta-
« cliés d'une manière très nette, ce qui donne à la coupe
« transversale de cet objet la forme d'un décagone
« irrégulïer. L'un des éclats a 60 millimètres de long
« sur 20 de large ; sa coupe est trapézoïdale et ses
a éclats sont tranchants ». Ces objets avaient été remis
à un géologue très distingué, M. Lebrun, par les
ouvriers qui en avaient fait la trouvaille à 6 mètres 70
centimètres de jirofondeur.
Malgré l'autorité et la bonne foi bien certaine des
observateurs r+ nous ne pouvons accepter qu'avec la
plus grande réserve, l'authenticité de cette découverte
contemporaine de la campagne du Mexique.
Produits des industries de l'époque néolithique en Lorraine
2° PIERRE POLIE.
L'industrie de la taille de la pierre émanait de
l'époque précédente, c'est le procédé le plus primitif
employé pour la fabrication des outils. La période
néolithique vit fleurir un art nouveau : le polissage,
grâce auquel l'outillage humain s'est grandement
amélioré.
L'industrie du polissage remonte cependant plus
haut que cette période ; on en trouve des preuves nom-
breuses dans les stations « Magdaléniennes » du Midi
de la France, qui nous montrent des aiguilles à chas ou
à encoche, des os et des bois de rennes et même des
instruments en silex partiellement ou complètement
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— 215 —
polis. Il semble, qu'au début, ce procédé industriel fut
utilisé surtout pour le travail de la corne, de l'os, de
l'ivoire et autres matières d'une dureté moyenne, jus-
qu'au jour où, perfectionné et vulgarisé par une longue
pratique, on l'appliqua aux roches les plus dures.
On pourrait admettre, ens'appuyant sur ces données,
que ce progrès dans l'industrie n'est fias dû à une im-
portation étrangère, qu'il fut au contraire universel,
c'est-à-dire qu'il apparut partout, § des dates variables,
selon le degré de civilisation de chaque groupe
ethnique ; en un mot, qu'il vint s'ajouter, à son jour,
aux industries déjà connues. Cependant, hatons-nous de
dire que l'opinion, qui attribue le polissage à une
influence étrangère, a pour elle des preuves dont on ne
saurait méconnaître la valeur. Si nous sommes disposé
à croire que cet art nouveau n'apparut pas brusque-
ment, mais qu'il progressa régulièrement dès l'époque
magdalénienne jusqu'au jour où commence pour les
auteurs l'époque néolithique, caractérisée industrielle-
ment par l'abondance des pierres polies; il n'en est pas
moins vrai que le plus grand développement du polis-
sage paraît coïncider avec l'apparition dans l'Occident
d'une race d'hommes étrangers, qui envahirent pacifi-
quement notre région, apportant avec eux les perfec-
tionnements de leurs industries et la première notion
des monuments : menhirs et dolmens.
La fabrication des instruments en pierre polie com-
portait d'abord la taille à grands éclats, pour dégrossir
la pièce, puis son modelage à l'aide de retouches, enfin
le polissage sur une meule dormante de grès ou de
pierre dure. Il n'est pas rare de trouver des objets,
brisés en cours d'exécution ou incomplètement polis,
démontrant cette progression du travail.
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— 216 —
A ces différentes opérations venait s'ajouter, pour
quelques pièces, le forage d'un trou d'emmanchure ou
de suspension. Deux procédés étaient employés pour le
percement de trous dans la roche dure ; tous deux
consistaient à faire tourner sur le point choisi un mor-
ceau de bois tendre, de corne ou de roseau, actionnant
du sable mouillé. Lorsqu'on se servait d'un bâton
pointu, ta pièce était attaquée successivement sur les
deux faces, et la section de l'ouverture a la forme de
deux troncs de cône dont les sommets se confondent.
Lorsque le forage a été pratiqué à l'aide d'une tige
creuse, roseau ou corne, la section du trou est cylin-
drique et il en est résulté un noyau central, qui est
éliminé.
Bien qu'on n'ait pas encore signalé en Lorraine de
meules à polir, il n'en est pas moins certain qu'un grand
nombre de pièces ont été fabriquées dans le pays,
puisqu'on y trouve, avons-nous dit, des haches taillées
à petits éclats, dans leur forme définitive et préparées
pour le polissage. C'est l'interprétation qu'on peut don-
ner à certaines pièces trouvées à Gommercy.
Armes, outils et ornements en pierre polie trouvés en
Lorraine.
On désigne sous le nom d'armes et d'outils polis les
haches, henninettes, gouges, ciseaux et les marteaux
perforés ; les ornements sont des anneaux plats, des
pendeloques et autres objets de parure en pierre.
Haches polies. — Les haches polies, improprement
appelées celts, bien connues de tous, présentent des
formes et des dimensions aussi variées que leur nature
rmnéralosique ; il eq est de si petites qu'elles n'ont pu
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servir que d'ornements ou de fétiches. En général plus
longues que larges, elles sont rétrécies et étroites nu
sommet, et leur plus grande largeur se trouve vers le
tranchant. Ce tranchant, obtenu par l'usure en biseau
des deux faces inférieures, est le plus souvent demi-
circulaire ou quelquefois oblique.
Nous avions espéré pouvoir donner une nomencla-
ture complète des haches et autres pierres polies trou-
vées en Lorraine ( Voir : PL IX, Fig. 17 à 23, et PL XI,
Fig. 26, 27 et 28) avec leur nalure minéralogiqui? : le
temps et les moyens nous ont manqué. Un pareil inveji-
taire nécessite de nombreux déplacements et suppose
une très grande complaisance de la part des collection-
neurs. En outre, sans parler de notre incompétence en
minéralogie, et malgré la bienveillante collaboration
des professeurs Bleicher et Schlagdenhauffen, la décom-
position superficielle des pièces rend souvent impossible
la détermination, de visu, de leur espèce minérale. La
conservation de précieux documents ne permettant pas
d'autre examen que celui de l'aspect extérieur et la
recherche de la densité, nous devons nous borner,
quant à la composition minéralogique, à des chiffres
approximatifs.
Par ordre de fréquence, les hacnes polies lorraines
sont :
1° Le plus grand nombre en trapp et grauwacke des
Vosges, dont il existe un gisement étendu aux environs
de Raon-1'Etape ;
■ 2° En silex : 1°, du Corallien de la Meuse ; 11°, du ter-
tiaire parisien ; 111°, du crétacé de Champagne; IV% du
Bajocien ;
3° En serpentine des Vosges ;
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4° En serpentine verte ou noirâtre* probablement des
Alpes ;
5° En schiste silicifié. passant à la lydienne (Vosges) ;
6° En roches dioritiques, probablement des Vosges ;
7° En Euphotide (Alpes) ;
8° Une seule en Jadéite.
Cette proportionnalité a été établie d'après un chiffre
de plus de trois cents haches lorraines, complètes ou
brisées, dont nous avons connaissance et qui se répar-
tissent ainsi :
, Musée lorrain : 35 pièces ;
Musée de Lunéville : 5 pièces ;
Musée de Sion : 3 pièces ;
Collection Merciol : 166 pièces ;
Collection R. Guérin: 100 pièces, environ;
Collection Beaupré : 3 pièces ;
Collection Quintard : 3 pièces ;
Collection Villatte : 3 pièces ;
Divers : 4 pièces.
La dimension moyenne des haches, sans parler des
petits objets votifs, est d'environ huit à douze centi-
mètres de longueur, sur quatre centimètres de largeur
au tranchant.
En général, les haches en trapp, par conséquent d'ori-
gine locale, présentent une forme allongée, à section
presque cylindrique ; la section des haches en silex est
plutôt elliptique, tandis que les haches en serpentine,
diorite, lydienne et autres roches pouvant provenir des
Alpes, sont plus plates, ou à section rectangulaire à
angles arrondis. Ces différences de formes paraissent,
on le voit, en relation avec l'origine des roches et évo-
quent l'idée d'une importation d'objets tout fabriqués.
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— 219 —
Une description détaillée d'un certain nombre de
haches prisas au hasard serait sans résultat pour une
appréciation de l'ensemble ; nous préférons n'en citer
que quelques-unes présentant des particularités dans
leur forme ou dans leurs dimensions :
Grande hache en trapp, à section presque circulaire
au milieu, longueur, 284 millimètres ; diamètre au
au centre, 50 millimètres, au tranchant, 47 millimètres
(trouvée à Dombasle — Musée lorrain),
Grande hache en silex gris opaque (corallien), sec-
tion elliptique, longueur, 210 millimètres; diamètre au
tranchant, 72 millimètres; provient, sauf erreur, rie
Mouacourt (Musée de Lunéville).
Hache en jadéite (PL X> Fig. 34% trouvée au pied
du Donon ; cette pièce remarquablement plaie, à
laquelle manquent le sommet et le tranchant, présente
encore une longueur de 190 millimètres ; largeur aux
deux extrémités du tronçon, 89/64 millimètres ; épais-
seur, 10 millimètres ; d'après ce qu il en reste, ou peut
estimer la longueur primitive à 30 centimètres. Etant
donnée cette faible épaisseur pour d'aussi grandes
dimensions, on peut croire que cette hache n'a jamais
servi d'arme ni d'outil (Musée lorrain).
Hache en serpentine verte (PL XI, Fig. Ê5), admira-
blement conservée, section elliptique; longueur, 129
millimètres ; largeur maxima, 52 millimètres ; sommet
aigu, côtés et tranchant mousses Cette pièce, comme la
précédente, était certainement une arme de luxe ■ elle
est intéressante surtout par la perfection remarquable
et la régularité de sa forme (collection Beaupré).
Herminettes, gouges. — L'herminette et la gouge
diffèrent de la hache par une facu presque recti ligne,
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— 220
le biseau n'existant que d'un seul côté. La collectu n
Mercioi comprend neuf instruments de ce genre, entiers
ou fragmentés ; ils sont en roches vosgiennes, surtout en
trapp et grauwaeke. Nous citerons entre autres : l°her-
minette en roche gneissique (PL XII, Fig. #0),longueur,
15^ millimètres * largeur, 89 millimètres, à sommet
aplati-; — 2" herminette en trapp (Fig. 31) à sommet
pointu, longueur, 77 millimètres ; largeur, 33 ; — 3° gouge
engrauwacke, longueur, 73 millimètres; largeur au tran-
chant, 45 millimètres ; — 4° herminette en roche dio-
ritique (Fig. 29, PL XI), longueur, 55 millimètres ;
largeur, 38 millimètres.
Ciseaux, — Le ciseau est plus long et plus étroit
que les outils précédents ; il peut avoir un seul ou bien
deux biseaux, mais sa forme générale indique claire-
ment l'usage auquel il était destiné ; M. l'abbé Mercioi
en possède quelques échantillons, tous incomplets et
fragmentés {PL XII, Fig. 32 et 33).
Marteaux forés. — Les marteaux ou casse-têtes à
douille sont des armes affectant grossièrement la forme
de haches, mais percés au centre d'un trou d'emman-
chure. Ils ont presque tous le tranchant mousse et un
trou de forage cylindrique ; de plus la matière première
dans laquelle ils ont été taillés est en général plus
tendre que celle qu'on choisissait pour les haches.
Les marteaux perforés ne sont représentés dans nos
collections que par quelques échantillons, la plupart
brisés à la hauteur du trou d'emmanchure ; tous sont à
un seul tranchant.
1° Marteau foré en diorite (PL XIII, Fig. 34), lon-
gueur, \2(> millimètres ; diamètre, 61 millimètres, trouvé
à Kosières aux- Salines (Musée lorrain) ;
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221
2° Marteau en diorite (PL XIII, Fhj. 35), longueur.
115 millimèti es ; largeur, 0,048 millimètres, trouvé
dans la vallée du Blanc-Rupt, au pied du Dooon
(Musée d'Epinal) ;
3° Marteau foré en diorite (PL XII L F*$- $&), lon-
gueur, 150 millimètres ; largeur, 44 millimètres, pro-
venance régionale (collection Beaupré} ;
4° Marteau en trapp, longueur, 180 millimètres ; lar-
geur, 60 millimètres, trouvé à Laneuveville-ies-Nancy
(collection Chariot, d'après Godron : Age de la pierre) ;
5° Marteau en serpentine, de petite dimension, trouvé
à Lorquin (collection du D r Marchai à Lorquin) ;
6° et 7° Deux fragments de marteaux forés en diorite,
dans la collection de M. l'abbé Mertuol (Morville-les-
Vie);
8° La moitié d'un marteau foré dans la collée Lion de
M. Gournault (Godron : Age de la pierre en Lorraine) ;
Enfin M. l'ingénieur Hirsch a signalé à la Société
d'Archéologie lorraine la trouvaille, en 1865, à Mitters-
heim, sur le bord d'une mare aux payens, d'un mar-
teau à douille qui fut brisé par les ouvriers.
Cette rareté des marteaux forés on Lorraine, en
comparaison de l'abondance des haches polies, est d'au-
tant plus remarquable que MM. Faudel et Bleieher on
signalent plus de quarante en Alsace ; il semblerait
que c'est au voisinage de la Suisse qu'est dû le plus
grand nombre de ces objets sur la rive gauche du Hhïn.
Avant de passer outre, il importe de constater que les
instruments connus sous le nom de haches polies et
congénères furent utilisés, sinon fabriqués, longtemps
encore après l'époque néolithique ; pendant le premier
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— 222 —
âge des métaux, le fait n'est pas douteux : qu'il nous
suffise de rappeler que M. l'ingénieur Schiumberger a
recueilli une hache en trapp dans une galerie antique
de la mine de fer de Ghaligny. Bien plus tard, on re-
trouve de jolies haches en serpentine, en jadéite, dans
lus tombeaux mérovingiens; aujourd'hui enfin, de nom-
breuses pièces sont conservées chez nos paysans, à
litre d'amulettes contre la foudre ou l'incendie. Il n'est
pas .sans intérêt de mentionner à ce propos une hache
en serpentine verte, déposée au Musée lorrain, et qui
porte l'attestation suivante :
« Pierre néphrétique qui a esté donnée avec une
« pareille à Monseigneur le prince François de Lorraine,
« évesque de Verdun, par Monsieur de Marcheville,
a ambassadeur pour le roi de France à Gonstantinople
« auprès duGrand Seigneuràson retour duditGonstan-
a tinople, laquelle portée au bras ou sur les reins a une
« vertu merveilleuse pour jetter et préserver de lagra-
* velle, comme Texpériance la faict voire journelle-
« ment, Ethaius la descritdans la version qu'il a faict
a d'Espagnol en latin de Nicolaus Monacus de l'hys-
« toire des simples médicaments apportés des nou-
* velles terres au feuillet 362. »
Ainsi donc, au xvn e siècle, la serpentine polie était
préconisée contre la gravelle, et sa vertu, dit-on, n'a
pas diminué de nos jours.
Ornements en pierre polie.
Anneaux plats. — Les anneaux plats ou disques
perforé», si nombreux en Alsace, n'ont élé rencontrés
en Lorraine qu'à l'état de fragments. La collection
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Merciol comprend trois fragments en Euphotide, dont
l'un est figuré (PL XIV. Fig. 37). M. Guérin en pos-
sède aussi un fragment et M. Beaupré un autre (PL
XIV, Fig. 38), qui est en serpentine. Ce dernier échan-
tillon seul est percé d'un trou de suspension à forage
tronconique. Il est intéressant de noter qu'ici, comme
en Alsace, comme à Gravanche, toutes ces pièces sauf
une sont en Euphotide. Dans un mémoire adressé à
l'Académie de Metz en 1841, Victor Simon signalait
deux anneaux plats trouvés vers cette époque dans le
département de la Moselle, l'un en serpentfne et l'autre
en granit, d'après ses propres déterminations. M. de
Mortillet estime que ces anneaux de pierre étaient des
bracelets ; on pourra s'étonner de cette destination,
étant donnée la fragilité de la matière ; mais si Ton
songe, qu'à l'heure actuelle, les Touareg portent tous à
l'humérus un bracelet en serpentine (1), on sera moins
surpris de cette mode de nos préhistoriques.
Pendeloques en pierre. — La pièce la plus remar-
quable est un joli ornement de forme losangique (PL
XIV, Fig. 39), en stéatite vert-clair, de 27 millimètres
de long, sur 17 millimètres dans sa plus grande lar-
geur, percé vers le milieu d'un trou de suspension Lrèâ
évasé des deux côtés. L'un des sommets est tronqué par
(1) Nous avons pu nous procurer récemment à Touggourt
un de ces ornements de bras ; M. le professeur Bleicher en
a déterminé la nature minéralogique d'après une coupe
microscopique, il est en serpentine vraie, noirâtre. D'après
les voyageurs, le gisement de la roche à bracelets touaregs
se trouverait aux environs de Taodeni, sur la route du
Maroc à Tombouctou ; mais jusqu'alors on les croyait en
calcaire.
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"Tï(*
— 224 —
suite d'une fracture au niveau d'un trou de forage
primitif, dont on voit encore la moitié en section
(recueilli par M. l'abbé Merciol, à Morville-les-Vic).
Ou peut ranger sous le même titre des cailloux plats
forés artificiellement (PL XIV, Fig. 40 et 41) (collec-
tion Merciol) et des grains de colliers en pierre, de
petites dimensions. Nous possédons un grain en cal-
caire oolilhique (PL XIV, Fig. 42) percé d'un troua
double évasemeut et orné de stries sur une face, qui
provient du plateau de Sion. M. Olry a offert au Musée
lorrain deux grains de calcaire, l'un orné de côtes
longitudinales, l'autre d'une rainure circulaire ; ils
proviennent Lous deux d'Allain. Dans le courant de
cette annèu, M. L. Quintard a recueilli plusieurs grains
aussi en calcaire, sur le territoire d'Haussonville : l'un*
deux, eu cours d'exécution, montre un commencement
de perforation avec noyau central (Collection Quin-
tard).
Pesons de fuseaux. — Des sphères perforées, de
plus grandes dimensions, désignées habituellement
sous les noms de pesons de fuseaux, de tisserands ou
de poids «le filets, figurent en grand nombre dans nos
collections. L'un d'eux (PL XIV, Fig. 43), de 48 milli-
mètres de diamètre, à trou cylindrique, de la collection
Merciol, est en calcaire bleu du Lias' moyen; deux
autres (PL XIV, Fig. 44), de la même collection, sont en
lave d'Audernach (Prusse rhénane), percés tous deux
de trous évasés. Une pièce absolument semblable à
ces dernières, et trouvée à Burthecourt-aux-Chênes,
appartient au Musée lorrain.
Hieu que les procédés de travail et de perforation de
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- 225 -
ces objets relèvent de l'industrie néolithique, il est
permis d'émettre quelques doutes sur leur âge, d'autant
plus que la lave d'Andernach , recherchée pour la
fabrication des meules à grains à l'époque gallo-
romaine, ne paraît pas avoir été connue et utilisée par
les néolithiques.
Broyons. — Les Broyons, innombrables, sont pres-
que tous en quartzites roulées du diluvium des plateaux ;
leur poids varie de 150 à 300 grammes environ. Les
traces d'usure se remarquent, soit aux extrémités ,
comme sur les percuteurs, soit sur les côtés larges.
Quelquefois aussi des fragments de haches polies ont
servi au même usage : tels deux fragments d'énormes
haches en granit de la collection Merciol, dont les plats
sont fortement usés.
Outils et Ornements polis en os, corne, coquilles et
ambre.
Les néolithiques utilisèrent de longs fragments d'os
durs, éclatés intentionnellement et qui abondent dans
toutes leurs stations ; malheureusement le mauvais état
de conservation de ces pièces ne permet pas toujours
d'y reconnaître des traces de travail. Il en est de
môme d'os minces de petits animaux, dont une extré-
mité fut appointie pour servir de perçoirs : M. Husson
en a recueilli plusieurs dans la grotte des Celtes, à
Pierre-la-Treiche (deux sont au Musée lorrain).
Des plaquettes discoïdes en os, taillées et percées en
forme de bouton, et de la même origine, figurent aussi
au Musée lorrain. On trouve encore dans les stations de
cette époque des tronçons sciés de bois de cervidés,
15
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— 226 —
dont les andouillers portent des traces de travail ou
d'usure ; un grand nombre ont été recueillis aux envi-
rons de Marsal et de Morville, d'autres à Sion et à
Barisey-au-Plain (PL XIV, Fig. 45). La corne de cerf,
solide et résistante à la fois, se prêtait à toute espèce
d'usages: instruments aratoires, emmanchures, armes
de jet, etc. ; elle est, du reste, encore largement utilisée
de nos jours.
Le Musée de Sion possède trois fragments d'os longs
présentant des essais de perforation et une rondelle
basilaire de bois de cerf, percée de trois trous de sus-
pension (1). On voit au Musée de Saint-Germain une
pièce identique à cette dernière : c'est une base de bois
de cerf, transformée en anneau de suspension, trouvée
dans la forêt de Coinpiègne.
Plusieurs canines à'Ursus spelœus et de petits car-
nassiers furent recueillies par M. Husson dans la grotte
de Pierre-la-Treiche ; une petite canine percée à la
racine, iigure dans les planches de ses ouvrages. Le
Musée lorrain possède une canine d'£/. spelœus percée
à la racine, trouvée par M. Olry, à Allain.
Coquilles percées. — Les seules parures en coquilles
recueillies en Lorraine proviennent encore de la grotte
sépulcrale de Pierre; ce sont: trois valves ftUnio
sinuatus et plusieurs valves de Pectunculus marmoratus
et de Cardium edule ; toutes sont percées d'un ou de
deux trous de suspension (collections Husson, Guérin
(1) Nous ne plaçons cette pièce dans la nomenclature de
riodustrie néolithique que sous toutes réserves ; la surface
sciée, parfaitement plane, semble indiquer l'emploi d'un
outil en métal.
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227
et Musée lorrain). Une perle d'ambre découverte dans
la grotte de Pierre pourrait peut-être se l'apporter au
mobilier néolithique ; mais, étant donnés les mélanges
de plusieurs âges dans le gisement et Y insuffisance des
renseignements, on ne peut que signaler la pièce, sans
autres commentaires.
Céramique. — Enfin un dernier groupe d'objets se
retrouve abondamment dans nos stations de l'âge de la
pierre, ce sont des pesons, des fusaïoles et tlt;s perles
en terre cuite. De forme conique ou sphérique, maïs
toujours percés d'un trou suivant leur axe, ils servaient
soit à tendre les fils sur le métier à tisser, sait à tordre
le fil du fuseau ; d'autres encore, trop petits pour ces
usages, étaient peut-être des grains de collier ou des
boutons pour attacher le3 vêtements.
On rencontre toujours de nombreux fragments de
poterie dans les mêmes stations. L'art de travailler
et de cuire la terre était connu et pratiqué dès le début
de la période néolithique ; mais il nous semblerait témé-
raire de dater les poteries, même les plus grossières,
autrement que d'après leur gisement. Aussi, et dans
cet ordre d'idées, ne pouvons-nous citer qu'un seul
échantillon de poterie incontestablement néolithique :
c'est un fragment de vase, à pâte noire et grossière,
recueilli par nous dans un fonds de cabane, au milieu
de matières charbonneuses, silex taillés et os brûlés
(Delme).
Gomme les caractères de la céramique du dernier
âge de la pierre se retrouvent dans les nombreuses
poteries de l'époque des métaux, l'industrie de la terre
sera l'objet d'un chapitre unique. (Voir plus loin Pro-
duits céramiques).
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Principales stations de l'époque néolithique en Lorraine
On nomme stations des points sur lesquels on
retrouve les traces d'un séjour prolongé de l'homme à
une époque archéologique donnée , époque que des
trouvailles caractéristiques permettent à? déterminer.
Les objets qui caractérisent habituellement les stations
néolithiques en Lorraine sont: des silex et autres roches
taillés ou polis, des fragments de poterie, des traces de
foyers ou d'habitations, enfin des fragments d'os d'ani-
maux ayant servi à la nourriture.
Le cadre déjà trop étendu de ce travail ne nous
permet pas de décrire toutes les stations néolithiques
reconnues en Lorraine ; pour établir cette suite de
monographies, bien des documents nous feraient
défaut, qui sont en la possession des seuls explorateurs
de chaque gisement. Nous nous bornerons à en signa-
ler quelques-unes, trop importantes pour être passées
sous silence: Malzéville, Pierre-la-Treiche,-Morville-
les-Vic, Delme.
Malzéville. — Le vaste plateau qui domine Malzé-
ville, exploré avec beaucoup de fruit par MM. Ch.
Cournault, R. Guérin, et postérieurement par d'autres
nombreux archéologues, a montré des traces de l'occu-
pation humaine, dès l'époque néolitique.
M. R. Guérin a reconnu sur ce vaste plateau treize
stations qu'il énumère dans différents mémoires in-
sérés au Journal de la Société d'archéologie lorraine.
Il y recueillit de très belles pointes de flèches en silex
de plusieurs types , des broyons de quartzites , des
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— 229 —
haches polies, de nombreux fragments de poterie et
une énorme quantité d'éclats de silex,
MM. Cournault et Guérin ont découvert et fouillé une
série de tombelles, dans le bois de l'Hôpital, sur Je
versant sud de la côte. Ces tombes produisirent en grand
nombre des os fendus longitudiualement, des poteries
grossières brisées, des débris de terre cuite, de bronze,
de jayet, des instruments en silex et en roches dures.
Dans l'une d'elles, M. Guérin trouva une hache formée
d'un galet usé latéralement el présentant un tranchant
façonné ; au-dessous d'un foyer, dans un mélange de
charbons et de cendres, une autre hachette, en serpen-
tine verte (B. Guérin, Journal de In Société d'nrchêo
logie lorraine y 1868).
Les stations antiques du plateau de Malzéville atten-
dent une monographie, que nul mieux que MM. Gour-
nault et Guérin ne peut établir.
Au pied du même massif, à l'Ouest, en face de l'usine
Xardel, les travaux d'excavation d'une grotiiniêre ont
amené au jour des silex taillés, accompagnés de pote-
ries de plusieurs époques, indiquant qu'il y eut là une
station de longue durée.
Au lieudit Ronchères, on découvrit lors des travaux
récents du génie militaire, une moitié de hache polie
en silex et plusieurs pointes de flèches.
Au point où la Butte Sainte-Geneviève se relie au
plateau par un col étroit, s'élève un énorme remblai
fait de main d'homme et qui détend d'un coteau à
l'autre. Cet ouvrage fut déjà signalé par Beaulieu dans
son Archéologie lorraine.
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— 230 —
Pierre-la-Treiche. — Au sud-est du village de
Pierre, s'étend un petit plateau cultivé, la Treiche»
resserré entre le chemin de Maizières et la rive gauche
de la Moselle. Elevé d'environ 20 mètres au-dessus du
Ht actuel de la rivière, il est limité par des cantons dont
il est curieux de relever les appellations : Aux Haches,
au Camp, le champ au Cercueil, etc. Le plateau de la
Treiche est recouvert de galets d'alluvions d'origine
vosgienne et aussi de nombreux fragments éclatés de
calcaire siliceux du Bajocien, dont les couches en place
affleurent non loin de là.
Quelques échantillons de cette roche présentent des
traces évidentes de travail humain, bulbes de percus-
sion, retouches ; les collections Husson, Guérin et la
nôtre contiennent un certain nombre de pièces de cette
provenance, qui furent certainement ouvrées par la
main de l'homme. Les collections du Musée d'Histoire
Naturelle de Nancy ne sont point aussi bien partagées ;
parmi plusieurs douzaines d'éclats de silex de la Trei-
che, qui y figurent, il ne nous a pas été possible de
reconnaître plus de deux échantillons présentant le
bulbe de percussion. MM. Husson et Guérin ont encore
recueilli à la Treiche, des instruments en silex étranger
au pays, des fragments de poterie primitive, enfin le
mobilier habituel des stations néolithiques. Mais ce
petit territoire de Pierre possède des gisements bien
autrement intéressants. Ce sont deux cavernes, dont
L'une, le trou des Celtes, a servi de grotte sépulcrale ;
tandis que l'autre, la grotte Sainte-Reine, qui lui fait
face sur l'autre rive de la Moselle, a produit des restes
nombreux d'animaux quaternaires émigrés ou dis-
parus.
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- 231 -
Grotte des Celtes. — Le trou des Celtes, découvert
en 1858 par M. Husson et fouillé dans les années sui-
vantes, s'ouvre à 20 mètres au-dessus de la rivière
dans les couches rocheuses du Bajocien, (Test une
fissure, large de l m 50 à l m 80, formant un long couloir de
section rectangulaire, peut-être élargi demain d'homme,
et qui s'enfonce sous le plateau île la Treiche sur une
longueur de 72 mètres.
Les objets recueillis dans les fouilles et dont nous
empruntons la nomenclature aux } publications de
M. Husson (1) et du D r Godmu ($) gisaient sous un
éboulis de roches, mêlé d'argik* et recouvert d'une
croûte épaisse de stalagmites.
« 1° Instruments en silex d'origine étrangère à la
« région :
« a) Lames de silex semblables aux pièces recueil-
« lies dans les grottes du midi de \n Frnnce (Eyzies) ;
« b) Plusieurs petites haches ellipsoïdales (les
instruments désignés sous ce nom sont, d'après les
photographies qui accompagnent les mémoires de
M. Husson, des grattoirs à tranchant convexe ou con-
cave, nettement retouchés sur les bords) ;
« c) Pointes de flèches triangulaires, ou à ailettes ;
€ d) Deux fragments de pointes de lances, convexes
€ d'un côté, plates et unies de l'autre ; l'une des pièces
« a 16 centimètres de long, sur M millimètres de lar-
« geur maxima ;
(1) Origine de V espèce humaine dans Us environs de
Tout, Pont-à-Mousson, 1864.
(2) Cavernes des environs de Toul, Nancy, 1ÉH9-
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— 232 —
a 2° Ebauches d'instruments en silex calcaire, dont
* le gisement se trouve sur le plateau voisin ;
i 3° Une dent canine d'U. spelœus, percée d'un trou
* de suspension à la racine ; dents de petits carnas-
* siers, également forées ;
« &* Qualre coquilles: Cardmm edule, pectunculus
« mavmoratm et unio sinualus, percées de trous de
« suspension ;
« 5° Défenses de sangliers, dents de bœuf, mouton,
* renard, lièvre, de castor, (les castors étaient encore
très communs en Lorraine au commencement du
xvi B siècle. — Pierre de Blarru et Pierre Belon) ;
« 6 P Poinçons d'os, portions de corne de cerf et os
« travaillés, trois boutons d'os, percés au centre et
« ornés de stries ;
« 7° Giains de collier et fusaïoles en argile, une
<f perle d'ambre ;
« 8* Objets en bronze :• un grain de collier, anneau
« ou bague uni, pendant d'oreilles avec perle de verre
« bleu t une portion de fibule, une monnaie ;
« 9° Des fragments de poteries, les unes de pâte
t grossière, épaisse, fabriquées à la main ; d'autres
< plus fines, tau lot unies, tantôt ornées de cercles ou
« de lignes brisées ;
* iO p Enfin des ossements humains, recouverts d'un
« enduit stalagmitique et souvent à l'état de brèche
« osseuse ; les squelettes auxquels ils ont appartenu
« paraissent avoir été déposés, accroupis, contre les
c parois de la grotte ».
i Les ossements humains sont très nombreux, dit
le D r Godron et se trouvent généralement le long
des parois latérales ; ils appartiennent aux deux
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— 233 —
sexes et à tous les âges. Les os longs sont souvent
brisés par la chute des pierres qui se détachent de
la voûte ; ils sont souvent empâtés d'enduit calcaire.
Je n'ai pu y rencontrer aucune tête entière, mais seu-
lement une mâchoire inférieure d'un sujet adulte, elie
a conservé à peu près toutes ses dents. L'écarteinent de
ses deux condyles est tel, qu'on peut en conclure que
la tête dont elle faisait partie était brachycéphale. Les
dents incisives des individus adultes, et notamment
celles de la mâchoire dont il est ici question, ont leur
couronne usée, comme on l'observe chez presque toutes
les antiques races des cavernes, qui se riourrisaieut
d'aliments végétaux el animaux présentant une plus ou
moins grande résistance à l'appareil masticateur
Sur un humérus, la cavité olécranienne est percée d'un
trou assez grand. .. Les ossements assez bien conser-
vés, à part leurs fractures, ne fourniraient par eux-
mêmes aucun autre indice certain pour déterminer
l'époque à laquelle les morts ont été déposés dans cette
sépulture souterraine ; c'est aux objets de l'industrie
humaine qui s'y trouvent associés, qu'il faut demander
des lumières (D r Godron) ». Malheureusement dans le
cas particulier ce moyen de contrôle ne peut donner de
résultats bien concluants. Les inventeurs du trou des
Celtes ont trouvé le mobilier industriel : silex, poteries,
etc., pêle-mêle avec les squelettes, sans qu'aucune
stratification ait été observée. D'autre part, la couche
stalagmitique qui recouvrait le tout, continue de nos
jours à se former très rapidement ; son épaisseur irrc-
gulière, mais qui atteint parfois jusqu'à 50 centimètres
n'est pas encore une preuve suffisante de haute anti-
quité.
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— 234 —
Cependant, bien que l'absence de stratification et le
mélange des objets interdisent de conclure avec certi-
tude, il n'en est pas moins vrai que la disposition
des squelettes rangés accroupis le long des parois,
l'abondance d'armes et d'outils néolithiques bien carac-
térisés : pointes de lances avec une face plane et l'autre
en dos d'âne, flèches barbelées, poinçons d'os, fusaïoles,
coquilles perforées, grattoirs, etc., donneront à penser
que plusieurs des sépultures au moins remontent à
l'époque néolithique.
Rien ne s'oppose à ce que d'autres cadavres aient été
apportés plus tard avec leurs ornements funéraires ;
et ainsi s'expliquerait la trouvaille de bijoux de bronze
et de verre, de monnaies, de poteries ornées et faites au
tour, qui ne sont pas antérieurs, d'après les figures, à
l'époque du fer.
Il ne semble pas opportun de faire entrer en ligne de
compte le cas où la grotte aurait servi d'habitation, ses
dimensions restreintes ne permettant guère une telle
supposition ; aucune trace de foyer n'a été signalée à
l'intérieur, pas plus qu'à l'entrée ; mais peut-être fut-
elle quelquefois l'abri passager d'un chasseur ou d'un
berger.
Grotte de Sainte-Reine. — En face du trou des
Celtes, sur la rive droite de la Moselle, s'ouvrent dans
le calcaire bajocien, de nombreuses fissures appelées
dans le pays « les trous de Sainte- Reine ».
Situés à 12 ou 13 mètres au-dessus et à peu de dis-
tance du lit actuel de la rivière, les trous présentent
une suite de couloirs et de chambres plus ou moins
spacieuses, communiquant entre elles et se continuant
sous le plateau couvert de forêts par d'étroites Assures
dans lesquelles on ne pénètre qu'en rampant.
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235 -
Sans tenir compte des éboulis provenant du toit ou
des parois, le sol de ces cavernes se compose ; surtout
d'argile, tantôt assez pure et très plastique, tantôt à
Tétât d'humus ou de terreau très riche en matières or-
ganiques, de diluvium caillouteux et sableux, enfin de
traces de minerai de fer, à l'état de limonite. Hormis
les éboulis, tous ces éléments proviennent de la surfnce
du sol du plateau et ont pénétré dans les grottes par
infiltration, pour ainsi dire, à travers les nombreuses fis-
sures qui se continuent jusqu'à la surface.
En ne tenant pas compte des preuves minéralogiques,
il suffit, pour reconnaître le mode particulier de rem-
plissage, de pénétrer dans la salle de la Fontaine, vaste
excavation qui a grossièrement la forme d'une nef ogi-
vale fort élevée. D'un point de la clef de voûte est
descendue une masse de boue, véritable cône de déjec-
tion, dont le sommet atteint le point d'émission du
ruisseau boueux qui lui a donné naissance. Appuyé
contre la paroi de la grotte, ce segment de cône est
entièrement recouvart d'une forte couche de stalagmite
terreuse, qui continue à se former actuellement. Là f il
n'est pas douteux que le remplissage est venu d'en
haut, constatation qui a une importance capitale pour le
résultat des recherches et pour les conclusions à eu
tirer, étant donné que le milieu dans lequel des objets
sont trouvés fait, à lui seul, la valeur de ces objets.
Un semblable mode de remplissage expliquera peut-
être la découverte dans un étroit couloir, à 12Û mètres
de l'entrée, « de silex et os taillés, d'une pointe de
t flèche en corne de cerf et d'une aiguille à chas » t
pêle-mêle avec des os de rhinocéros et d'ours, décou-
verte qui, sans cela, nous paraîtrait bien extraordinaire,
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— 236 —
étant donnée l'inhabitabilité du lieu où s'est effectuée
la trouvaille.
Nous avions cru, en commençant cette étude,' que les
découvertes de Pierre -la-Treiche seraient une base
excellente pour nos recherches, qu'elles permettraient
en particulier la comparaison de nos gisements avec
ceux du midi de la France et de la Belgique : le nombre
el la variété des trouvailles le faisaient espérer. Malheu-
reusement les publications que nous avons entre les
mains, aussi bien que les renseignements oraux recueil-
lis, sout tout à fait insuffisants pour nous éclairer. Il
nous fat impossible d'obtenir sur le gisement de
chaque objet, ces indications claires et détaillées sans
lesquelles une trouvaille n'a de valeur que comme objet
de vitrine. Quant aux objets eux-mêmes, qui, à défaut
de l.-i connaissance exacte de leur gisement, conservent
du moins une valeur intrinsèque, en raison du mode de
fabrication, de leur analogie de formes, comparés aux
trouvailles d'autres régions, nous ne pouvons les juger
que d'après de médiocres photographies. C'est avec
beaucoup de regrets que nous constatons l'impossibilité
de pousser plus loin nos investigations.
Les seules conclusions à tirer des fouilles pratiquées
jusqu'à ce jour dans les grottes de Pierre-la-Treiche
doivent se borner aux constatations suivantes :
1° Dans les trous de Sainte- Reine, restes d'animaux
disparus : Rhinocéros, ours, hyène, grand cerf, etc.,
ou émigrés : Renne, marmotte, mêlés à la faune actuelle
de la région ;
B* Dans le trou des Celtes : sépultures probablement
néolithiques, étant donnés la disposition des squelettes
et le mobilier caractéristique qui les accompagnait ;
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" — 237 —
3° Enfin, dans cette dernière grotte : fréquentation
humaine postérieure, accusée par des débris de toutes
époques.
Les grottes de Pierre-la-Treiche n'ont pas dit leur
dernier mot, le terrain est loin d'être épuisé eL Ton ne
peut que souhaiter de voir entreprendre de nouvelles
explorations méthodiques, dont les résultats, comparés
aux produits des gisements similaires de la Belgique et
du Midi de la France, pourraient, mieux que tous les
objets recueillis à la surface du sol, nous éclairer sur
les débuts de l'humanité en Lorraine. Le champ est
ouvert à des recherches que nous appelons de tous nos
vœux.
Morville-lès-Vic, Salivai et Salone, — La Seille
supérieure est formée par la réunion de deux cours
d'eau qui se rejoignent à peu d^ distance du village de
Salone. Les prairies marécageuses que cette petite
rivière parcourt depuis Dieuze et Château-Salins jus-
qu'à Brin, au point où elle se rapproche le plus de
Nancy, sont limitées par de hautes collines à pentes
rapides, dont l'altitude varie de 250 à 320 mètres au-
dessus du niveau de la mer. Le sol de la région est
constitué par les couches inférieures du Lias et les
marnes salifères du Keuper.
Au dire du naturaliste Buc'hoz (i), il existait autre-
fois de nombreuses sources salées, émergeant à pied
de coteau, à Salone, Château -Salins, Moyenvic, Marsaï,
Dieuze ; celles de Salone subsistaient encore au xiv Q
siècle. Il semble que toutes se sont perdues par le
(1) Vallerius Lotharingiœ, Nancy, 1768.
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i
— 238 —
mélange avec les eaux douces, à la suite des travaux
d'exploitation.
De nombreuses stations de l'âge de la pierre ont été
reconnues au sommet des collines et sur les terrasses
avoisinant la rivière et les sources à Château-Salins,
Morville, Fresnes-en-Saulnois, Moncel, etc. Les gise-
ments les plus importants par l'abondance des objets
recueillis, autant que par Fancieiineté des trouvailles,
ont été découverts aux environs de Morville-lès-Vic,
sur ie promontoire élevé qui sépare la Petite -Seille,
affluent septentrional, de la Vieille-Seille, avant leur
réunion en une seule rivière.
C'est à Morville, vers 1825, que furent recueillis les
premiers silex qui attirèrent l'attention des archéo-
logues lorrains. Dans un court travail sur l'âge de la
pierre en Lorraine (1867), le regretté docteur Godron
écrivait: * Depuis longtemps les habitants de Morville
ramassaient dans les champs des silex taillés dont ils
se servaient pour battre le briquet. M. Hugard, curé de
ceLte paroisse, en recueillit dès ce temps-là quelques-
uns que nous retrouvons dans différents musées de
Nancy ».
En 1842, des ouvriers extrayant des moellons sur le
coteau entre les vignes et le bois de Salone (1), en un
Heu nommé aux Cachettes, trouvèrent à un mètre de
profondeur un squelette humain accroupi, dont les
ossements étaient presque entièrement décomposés.
À côté de lui gisaient : une lame de couteau, une petite
scie, une pointe de lance et vingt-six pointes de flèches
(I) Lg bois de la Haute-Borne dont il est question ici, a
été défriché postérieurement.
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— 239 —
finement retouchées, le tout en silex pyroraaque (1).
Trois de ces objets recueillis par l'abbé Hugard figurent
aujourd'hui au Musée lorrain : 1° une pointe de flèche
triangulaire, retaillée sur les deux faces, dimensions,
43 millimètres sur 24 millimètres ; 2° une grande lame
en forme de couteau, longue de 133 millimètres sur
30 de largeur moyenne et 4 à 5 millimètres d'épais-
seur, cette lame, d'une légèreté remarquable, présente
d'un côté trois plans d'éclatement, et de l'autre une
surface unie avec le bulbe de percussion ; il n'existe
aucun objet de pierre taillée d'aussi grandes dimen-
sions dans les collections du pays ; 3° une pointe de
lance, longue de 112 millimètres sur 30 millimètres de
largeur au fort et 7 millimètres d'épaisseur. Gomme la
précédente, cette pièce est plane du côté du bulbe de
percussion ; le dos présente aussi trois plans d'éclate-
ment, les bords sont retouchés à petits éclats, et le
talon a été jévidé au moyen de retailles pour faciliter
l'emmanchement.
La rareté des documents humains de Fépoque néoli-
thique en Lorraine nous fait regretter que les osse-
ments de cette sépulture, brisés et éparpillés par les
carriers, n'aient point été examinés ni soumis à une
étude spéciale.
Après le docteur Godron, M. Schmidt consacra
quelques pages à ce coin de terre privilégié, si riche
en trouvailles archéologiques, qu'il n'est pas de saison
que la charrue et la houe du laboureur n'amènent au
jour de nouveaux objets.
Plus récemment, M. l'abbé Merciol, curé actuel de
(1) Beaulieu, Archéologie lorraine, 2 e volume.
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...
— 240 -
Morville, qui depuis de longues années consacre ses
loisirs à la science archéologique, a recueilli sur son
territoire une collection fort remarquable de silex ouvrés
et d'autres objets de l'époque néolithique. Grâce aux
observations exactes de cet explorateur, qui a récolté
avec soin tous les vestiges apparents de l'antiquité pré-
h^Lonque dans la région qui l'entoure, on peut se faire
une idée de l'industrie, du mobilier, et presque du
genre de vie des anciens habitants du Saunois à l'époque
néolithique. Ayant épuisé complètement ces gisements,
on peut conclure de la proportion relative de chaque
genre d'objets recueillis, à ce que l'on peut trouver
dans les stations analogues de notre pays.
Les silex taillés ou polis, nous dit M. l'abbé Merciol,
ne se trouvent point éparpillés au hasard sur toute la
surface du sol, mais groupés en des points nombreux,
isolés les uns des autres et bien délimités, souvent
remarquables par la teinte noire de la terre. Les silex
gisent le plus souvent dans la couche arable superfi-
cielle ; quelquefois on peut reconnaître en superposi-
tion régulière : des silex taillés, à la base, puis des
poteries de l'époque des métaux, enfin, à la surface,
des débris gallo-romains. Mais il est un canton qui n'a
produit que des instruments en silex, sans mélange
d T é|>oques postérieures : c'est la Haute-Borne, dont le
nom conserve, selon toute apparence, le souvenir d'un
mégalithe disparu.
Les richesses archéologiques, découvertes aux alen-
tours de Morville-les- Vie, prouvent jusqu'à l'évidence
qu'une population nombreuse s'installa, dès les temps
les plus reculés, dans le voisinage des sources salées
et y vécut pendant une longue période.
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— 241 --
En raison de la multiplicité des trouvailles, cette
station peut donc être considérée, en quelque sorte,
comme le type des gisements néolithiques de notre
région ; aussi nous a-t-il paru utile de donner ici le
dénombrement de la collection locale de M. l'abbé
Merciol.
Inventaire de la collection néolithique de M. l'abbé
Herciol.
Provenance: Morville-les-Vic et les Territoires
limitrophes-
Pierre taillée :
Percuteurs : 9 (3 en trapp, 5 en silex, 1 en granit) ;
Grattoirs (en silex) : 43 ;
Perçoirs (en silex) : 4 ;
Poinçons et burins (en silex) : G ;
Scies (en silex) : 3 ;
Couteaux (en silex) : 12 entiers et nombreux frag-
ments ;
Pointes de lances ou de dards (silex) : 17, presque
toutes brisées ;
{entières ; 219
brisées: JÏ9
Total : 288
Sous le rapport de la forme, on peut les diviser en ;
^ . . , «* , , . [ à base concave : 31.
Pointes de flèches tnan- \ iet% „ ft
{ — rectihgne : 63.
gulaires: 104 J jrb
l — convexe : 10.
Pointes de flèches sans
pédoncule : 36
amygdaloïdes : 15.
losangiques ou en feuille i
21.
16
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-**?■ mmm
24%
Pointes de flèches à pédoncule, et barbes non récur-
rentes : 45 ;
Pointes de flèches à pédoncule, et barbes récur-
rentes : 64.
Pierre polie :
Haches polies : 166 complètes ou brisées ;
Herminettes, gouges, ciseaux : 9 (surtout en grau-
wacke et lydienne) ;
Marteaux perforés: 2 fragments, l'un en roche diori-
lique, l'autre en schiste chiori tique avec grenat ;
Anneaux plats : 3 fragments en euphotide ;
Pendeloques : 3 fragments de cailloux perforés ;
Pendeloques : 1 en stéatite verte (densité : 3,18);
Pesons : 3 (2 en lave, 1 en calcaire du lias) ;
Fusaïoies et grains, en calcaire et argile cuite, po-
teries.
Composition minéralogique des pièces, par ordre de
fréquence : 1° trapp et grauwacke des Vosges ; 2 e silex,
corallien, crétacé, tertiaire ; 3° schiste scilicifié noir
(lydienne) ; 4° roches dioritiques ; 5° serpentine ; 6° Eu-
photide, Syénite, roches chloritiques.
La Côte de Delme. — A deux kilomètres au nord de
Delme (arrondissement de Château-Salins), Relève une
colline isolée de toutes parts, d'où la vue s'étend au
loin sur les plaines de la Seille et de la Nied française.
Le sommet forme un plateau, long de quatre kilomètres,
sur quelques centaines de mètres de largeur. L'altitude
varie de 403 mètres à son point culminant, au midi,
pour s'abaisser à 370 mètres vers le nord-ouest. L'ex-
trémité méridionale du plateau, étroite et limitée par
des pentes abruptes, porte le nom de camp romain et
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— 243 —
montre, en effet, de nombreuses ruines de constructions
gallo-romaines, sans qu'il soit possible cependant de
reconnaître sur ce terrain bouleversé la moindre trace
d'une muraille ou d'un rempart d'enceinte. Le sol, sec
et rocailleux, inculte par endroits, est constitué par des
bancs calcaires de l'ooiithe inférieure, exploités en car-
rière dès la plus haute antiquité.
Dans le voisinage du signal de Delme {403 mètres) ai
sur la pente ouest, vers la cote 390, on trouve ça et là
des éclats de silex mêlés à des fragments de poterie
noire, épaisse, faite à la main, et à des ossements
brûlés et brisés en menus fragments. Au cours de nom-
breuses explorations, nous avons fait de semblables
trouvailles sur toute l'étendue du plateau, et noud re-
cueillîmes, en particulier, de belles pointes de flèches
triangulaires et barbelées, et des broyons en quarlzite
manifestement usés.
Bien qu'il existe, au centre du plateau de Delme, un
affleurement de silex calcaire identique à celui de
Pierre- la-Treiche, tous les échantillons de silex ouvré
que nous possédons sont en roches étrangères au pays :
silex de Champagne, silex du Corallien, silex de la
meulière de Brie, enfin silex corné du muschelkalk.
En face du petit village de Liocourt, la crête se relève
et forme un monticule, le Mont-d'Or (altitude 882 mètres),
où sont ouvertes de nombreuses carrières. Nous avons
trouvé là, sur un espace de quelques mètres carrés ,
une abondance extraordinaire d'éclats de silex indi-
quant, à n'en pas douter, remplacement d'un atelier de
taille.
La coupe d'une carrière voisine permit de recon-
naître dans le sol rocheux une excavation do ïï à 4 mètres
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— 244 —
de diamètre sur l m 50 de profondeur, presque entière-
ment comblée par une grouine terreuse. Etant donnés
les objets qu'elle contenait en mélange avec la grouine,
ceLie cavité, vraisemblablement creusée de main
d'homme, avait toute l'apparence d'un fond de cabane.
Nous y recueillîmes, au milieu d'une abondance de
matières charbonneuses et de menus fragments d'os :
1° un grand nombre d'éclats de silex ; 2° six fragments
d'une meule à broyer le grain, en grès rouge des Vosges;
3° un fragment d'une autre meule de peu d' épaisseur!
en grès du Keuper ; 4° plusieurs broyons de quartzite,
usés latéralement ; 5° enfin un vase brisé, à pâte noire
grossièrement Lriturée, fait à la main d'une argile très
ferrugineuse et par conséquent peu plastique. D'après
le profil des fragments, ce vase, d'environ 12 centi-
mètres de hauteur sur un diamètre à peu près égal,
affectait la forme d'un creuset à bords droits, à base
étroite et fond très épais. La présence de ces objets
dans un sol non remanié postérieurement a une grande
importance pour l'archéologie préhistorique de notre
pays, puisqu'elle indique l'existence de l'industrie céra-
mique pendant la dernière époque de la pierre, résultat
conforme* du reste, aux découvertes faites dans d'autres
régions.
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Monuments XtgaliHriqie!.
Tous les auteurs s'accordent à faire remonter â
l'époque néolithique l'édification des premiers monu-
ments mégalithiques. Ce sont tantôt de grandes pierres
brutes dressées sur la terre et isolées : les menhirs ;
quelquefois ces pierres debout, groupées en ligne droite
ou en cercle, forment des alignements ou des cromlechs :
d'autres fois enfin, de larges dalles placées horizonta-
lement sur des supports dressés, laissent à l'intérieur
une chambre : ce sont les dolmens, rentables grottes
sépulcrales artificielles.
« Rien dans la vieille histoire de l'homme o/ofire un
« intérêt plus considérable que ces monuments, à la
« fois d'une rude grandeur et d'une mystérieuse shn-
« plicité, a dit M. de Nadaillnc » (t). Ils sont la base et
le début de l'architecture, et de plus» leur distribution
sur le sol de l'ancien continent intervient dans la ques-
tion du peuplement de nos régions et de l'arrivée d'une
civilisation venue toute faite en Occident, L'Inde, la
Palestine et toutes les contrées méditerranéennes, le
Danemark, la Suède et les Iles britanniques possèdent
des mégalithes semblables; aussi fut-on tenté de voir
en eux l'œuvre de peuplades orientales, qui auraient
(1) Les monuments mégalithiques en Espagne et en l*or-
tugal, par le marquis de NadaillflA
s
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— 246 —
apporté à l'Occident, avec le génie de la construction,
teurs mœurs et leur industrie perfectionnée.
L'époque pendant laquelle ce courant civilisateur
s'introduisit en Gaule, est et demeurera longtemps
encore dans le domaine des suppositions ; le seul point
tout à fait certain aujourd'hui, est que les dolmens ne
furent pas élevés par les Celtes de César ni par leurs
druutas. Ils remontent à une date plus reculée que des
siècles séparent des temps historiques ; et Ton pourrait
ajouter sans crainte qu'à l'époque de la conquête des
Gaules, la destination primitive des dolmens et des
menhirs était depuis longtemps oubliée.
Les régions calcaires sont en général dépourvues de
monuments mégalithiques ; l'extraction de blocs de
forme appropriée à leur construction nécessitait des
fouilles; considérables ; il faut déplacer un volume
énorme de matériaux pour arriver à obtenir un mono-
lithe utilisable et un pareil travail se conçoit difficile-
ment avec les moyens dont disposaient les hommes de
Tàge de la pierre. D'autre part, les mégalithes cal-
caires t une fois édifiés, se délitent et se détruisent
rapidement. Au contraire, dans les régions où le granit
et le grès affleurent, de grands fragments de roche
détachés naturellement de la masse et gisant sur le sol
se présentaient tout préparés ; on n'avait là que l'em-
barras du choix, et la matière résistait mieux aux
éléments.
Néanmoins, il est bien certain qu'il exista, même
dans les régions calcaires de la Lorraine, un certain
nombre de menhirs et de dolmens. Sans parler des
noms de lieux : la Haute-Borne, la Haute-Pierre, la
large Pierre, la Pierre fichée, levée, qui se rencontrent
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— 247 —
dans un très grand nombre de terroirs, et semblent an
être un témoignage irrécusable, les historiens lorrains
signalent plusieurs mégalithes qu'ils ont vus, ou dont
la légende avait gardé le souvenir.
Dans une lettre à dom Tabouillotfi), prieur de Saint-
Arnould de Metz, Dupré de Geneste (2) dit avoir vu, au
sommet de la côte qui sépare Gorze d'Âncy, non loin
des limites du département de lu Meurthe et de la
Moselle « une pierre blanche d'au moins vingt pieds de
« long sur deux pieds d'épaisseur qui reposait sur des
« pieds très gros et enfoncés profondément ». À Metz,
les rues Haute-Pierre et Pierre- Hardie, au point culmi-
nant de la cité, tirent leurs noms selon toute vraisem-
blance de menhirs disparus.
Dans le département de la Meuse, l'inventaire des
monuments mégalithiques compte neuf menhirs. Il en
existerait un (calcaire) dans le cimetière de Soulosse,
canton de Neufchâteau (Vosges) * La région calcaire de
notre département ne possède plus qu'un seul menhir :
la Pierre au .Jô (3), sur le territoire de Norroy, près
de Pont-à-Mousson (PL XV), C'esLunbloc quadrangu-
laire, non taillé, de calcaire bajocien, qui mesure
2 mètres 50 de hauteur, sur 60 centimètres de côté, et
dont les faces sont exactement orientées suivant les
points cardinaux. Il se trouve sur le plateau qui domine
Norroy, à environ quinze cents mètres à l'ouest du
(1) Dom Tabouillot, prieur de Saint-Symphorien et île
Saint- Arnould, né en 1*734, mort en 17^2.
(2) Dupré de Geneste, numismate, ancien receveur des
finances du roi, mort à Metz en 1801.
(3) Signalé par M. Cournault dans le Dictiannaire archéoL
de la Gaule.
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KV^SfBggfH
— 248 -
village! sur la lisière de la forêt Le Presle; le canton de
terres voisin porte son nom. Quoique placé sur la limite
dus communes de Norroy et de Pont-à-Mousson, il ne
sert pas et n'a jamais servi de borne ; du reste, ses
faces ne sont point orientées suivant la ligne séparative
dos cantons.
D'après les renseignements que nous avons recueillis
sur place, il n'existe pas, à proprement parier, de
légendes à son sujet ; cependant on dit qu'on y brûla
des sorcières au moyen- âge. On rapporte encore qu'en
1814, pendant l'invasion, les habitants de Norroy s'étant
réfugiés dans les carrières du bois le Presle avec leurs
animaux domestiques, pour éviter les réquisitions de
l'ennemi, un coq échappé de leurs mains vint se per-
cher sur le menhir et son chant révéla aux alliés la
retraite des habitants: ce serait depuis ce jour que la
pierre levée porterait le nom de Jô (coq en patois lor-
rain). Mais un vieillard de plus de quatre-vingts ans,
l nterrogé au sujet de cette légende, répondait sans
hésitation « que le nom remontait bien plus haut, et
les plus anciens qu'il eût connus disaient de cette
pierre qu'elle n'avait jamais servi de borne et qu'elle
était d'une haute antiquité. » Du reste, point n'est
besoin de ce témoignage, puisque les titres antérieurs
à notre siècle appellent déjà le menhir et le canton : la
Pierre au Jô (1).
Dans la partie du département de la Meurthe recou-
(1) Lb motjau, de l'ancienne langue française, venant fe
GtUlux, il y aurait peut-être lieu de croire que, dans le
principe on a dit la Pierre- au- Jau, dans le sens de la
Pierre-aw Gaulois, (Communiqué par M. E. Pierron).
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::,.:UU
— 249 —
verte par le grès vosgien, les traces de mégalithes sont
plus positives et plus nombreuses ; Beaulieu et M. A.
Benoît ont signalé dans le seul arrondissement de
Sarrebourg :
« Le menhir dObersteigen, haut de 3 mètres sur 1
» de côté, orienté suivant les points cardinaux, (Beau-
» lieu;
» Le Fauteuil de Saint- Quir in, sur le chemin de
> Saint-Quirin au petit Donon , bloc de granit arrondi
» par le temps et présentant une cavité en forme de
» siège à dossier, où le saint se reposa en revenant de
» Palestine, (A. Benoit) ;
» La Quenouille ou Kunckel, monolithe de 7 mètres
» de hauteur à l'entrée du Soldatenthal, commune
d d'Abreschwiller. Il fut renversé par un violent orage
» vers le milieu du siècle dernier. D'après Schœpllin,
» deux menhirs plus petits se trouvaient de chaque
» côté ; une croix s'élève aujourd'hui à leur place,
» (Beaulieu);
» Le Kœnigstein, commune de Plaine-de-Vasch,
» mesurant l m 40 de hauteur, sur lequel les trois rois
» mages viennent, dit-on, s'installer le soir pour se
» livrer à de plantureux festins, (Benoît) ;
» Le Sac de Pierre, Pierre du Marché ou du Ser-
» ment, sur une piouse déserte au pied du Donon,
» commune de Saint-Quirin, où se tint un marché jus-
» qu'au commencement de ce siècle. Cette pierre, en
» forme de tronçon de colonne de l m 30 de haut, sur
» ra 38 do diamètre, servait d'étalon pour la mesure
» des sacs de grain. Quand une convention se traitait
» sur parole, les parties joignaient leur mains au-dessus
» d'elle et l'engagement devenait sacré ; (Beaulieu) ;
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— 250 —
» La Haute-Borne, pierre quadranguiaire de l m 56 de
» haut, dans une tranchée de forêt au ban de Romel-
» fing (Benoit) ».
Les renseignements relatifs aux dolmens sont plus
rares : Beaulieu rapporte qu'en 1820 on détruisit le seul
qui subsistait à cette époque en Lorraine. Il était sur le
plateau du Bollerstein, entre Dabo et Hazelbourg.
Le même auteur signale encore, non loin d'Abresch-
willer, une grande pierre plate posée de champ, le
Hangst, qu'il pense être un pilier de dolmen.
Ajoutons enfin, pour terminer cette maigre énumé-
ration, que dans un ravin à peu de distance de la Pierre
au Jô, gisait une énorme dalle, connue sous le nom de
Tabie du Diable, qui eut peut-être la même destination.
Elle fut brisée et enlevée il y a moins de trois ans, pour
faire place à la culture.
Les Cromlechs ont laissé moins de traces encore
dans l'Est. Nous ne parlerons pas ici des cercles de
pierre sous tumulus de Mackwiller, décrits par le pas-
teur Ringel et M. de Morlet, et de ceux de la Naguée,
au canton de Bayon, qui appartiennent à une époque
bien plus récente. Beaulieu mentionne d'après l'ingé-
nieur du Houx, un cercle de pierre de 30 pas de dia-
mètre au milieu de la forêt du Grand-Clos, territoire de
Neufmaisons, canton de Baccarat. On y arrivait par
deux longues avenues de moellons amoncelés et ali-
gnés, dont les matériaux ont servi récemment à la cons-
truction d'une route forestière. Etait-ce bien un crom-
lech ? Les seules trouvailles faites dans son voisinage,
bas-reliefs grossiers, fragments de pierre appareillés,
sont loin de le prouver.
Il serait oiseux de citer d'autres monuments plus
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- 251 —
douteux encore ou d'origine plus récente ; mais il est
permis d'affirmer, d'après des documents certains, qu'il
exista un grand nombre de monuments mégalithiques,
aussi bien dans la région calcaire du département de la
Meurthe que sur les montagnes qui forment sa limite
orientale. Peut-être en parcourant pas à pas le pays,
arriverait-on à découvrir quelques monuments encore
ignorés, ou du moins à établir la destruction de quelques
autres. Quoiqu'il en soit, dans l'état actuel de nos con-
naissances, nous devons reconnaître que, de nos jours
du moins, la Lorraine est fort pauvre en mégalithes.
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AGES de LA PIERRE
EN LORRAINE
*
PLANCHES
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Planche 1
Quarlzite
Allain
Musée Lorrain
QuartziU Allain . M. L
Quarlzite AHaiti JUL
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Planche II
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PL. 7.
Pliototypie J. Royer, Nancy.
Collection de M r l'Abbé MERCfOL
Réduction
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Planche 4
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PL. 5.
Pliototypie J. Royer, Nancy.
Collection de M r l'Abbé MERCIOL
Réduction
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PL. 8.
t*4*A444
> 4 4
W^ ^^ ^ ^ ^ ^ ▼ ^1%
Phototypie J. Royer, Nancy.
Collection de M r l'Abbé MERCIOL
Réduction
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Planche 9
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Planche 10
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Planche II
Grauwacke colLect Merci. I
5àrperitm&£Minorvillfl> ML
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Planehel2
&2
brapp Coll Merciol
Lydienne OoU Merciol
Grauwacke
coll Marciol
Roche ^neissiqut?
oll .Merciol
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i
Planche 13
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j
Planche 14
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Planche 15
^-T —
LA PIERRE au JÔ, à Norroy
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T
PREMIER AGE DES METAUX
Les travaux des préhistoriens ont établi que les pre-
miers humains n'eurent à leur disposition que des
armes et des outils de bois, d'os ou de pierre. Partant
des formes les plus simples, ils étaient arrivés, de pro-
grès en progrès, à produire un outillage compliqué,
avec un art si parfait, qu'aujourd'hui encore leur habi-
leté provoque notre étonnement.
A la fin des âges de la Pierre, une évolution indus-
trielle se manifesta en Europe, lorsque nos ancêtres
ajoutèrent à leur technique l'art du polissage, la fabri-
cation de la poterie, le tissage, etc. En même temps les
mœurs semblent avoir subi une transformation : la
stabilité, l'érection de monuments destinés à abriter les
morts, la domestication de quelques animaux utiles en
fournissent le témoignage. Mais une révolution plus
complète va se produire dans l'industrie avec la con-
naissance des métaux.
La succession de ces divers états de choses a été
depuis longtemps démontrée et paraît se confirmer
tous les jours.
La plupart des auteurs estiment que le premier
métal employé en Europe fut le bronze, le fer n'ayant
été connu ou du moins utilisé que plus tard (i).
(1) Vers le v e ou vi e siècle avant J.-C, suivant certains
auteurs (de Candolle, de V origine des plantes cultivées,
page 343).
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- 254 -
Le cuivre se présente dans certains gisements à l'état
natif ; sous cette forme, il se prête au martelage, il est
à la fois malléable et résistant, et Ton peut bien admet-
tre que, te premier d'entre les métaux, il attira Patten-
iion de l'homme. Si la métallurgie avait son origine en
Europe, la simple logique ferait présumer que l'usage
du cuivre pur fut antérieur à la fabrication plus com-
pliquée de son alliage. Cependant il est établi que si
quelques objets en cuivre pur ont été recueillis dans
l'Europe occidentale, mais toujours à l'état d'exception,
presque tous les produits* métalliques de l'époque qui
nous occupe, même les plus simples et les plus rudi-
mentaires, sont en bronze. La rareté des minerais
d'élain sur notre continent venant s'ajouter à ces don-
nées archéologiques, on est forcé- de conclure que la
métallurgie a vu ses débuts hors d'Europe, et que le
bronze fut introduit en Occident, à l'état d'alliage, par
des populations chez lesquelles l'art de traiter et de
fondre les minerais était connu et pratiqué depuis un
temps considérable.
D'après M. Chantre, dont les travaux font autorité en
la matière, les populations qui élevèrent les mégalithes
ont reçu, dans le sud de la France, la première révéla-
tion du bronze, d'un peuple probablement méditerra-
néen, en possession d'une civilisation déjà avancée.
Plus tard f cette industrie se répandit dans toute la
France par les différentes voies commerciales connues
alors.
A quelle époque le bronze vint-il en Lorraine sup-
planter La pierre et l'os dans l'outillage humain ? Les
dates proposées pour d'autres contrées ne pouvant être
qu'arbitraires, nous n'essayerons pas d'y rapporter nos
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- 255 —
trouvailles. Les périodes archéologiques ne sont point
synchroniques d'un pays à l'autre , et l'industrie
humaine a dû progresser dans chaque région suivant
un ordre à peu près semblable, mais à des dales diffé-
rentes en raison de la facilité, et partant, de l'activité
des relations commerciales. On ne saurait imaginer du
reste que le métal ait pu remplacer brusquement la
pierre et les autres matières dont les hommes dispo-
saient auparavant. Les éléments de l'outillage néolithi-
que se trouvant partout sous la main, ne représentaient
qu'une faible valeur marchande ; tandis que le bronze,
arrivant tout fabriqué des pays lointains, devait être
d'un grand prix. Le silex taillé continua donc à. être
employé à divers titres, concurremment avec le métal.
Les pointes de flèches en silex, aussi aptes à être lan-
cées et à produire de profondes blessures que les
pointes en métal, avaient sur ces dernières l'avantage
de provenir de mines inépuisables et de pays rappro-
chés. Aussi, la rareté des flèches en bronze venant
appuyer cette déduction, n'hésitons-nous pas à penser
que le silex ne fut pas dès lors abandonné.
Pour les haches polies, il est certain qu'elles subsis-
tèrent plus longtemps encore. Aux premiers temps des
métaux, elles furent des outils comme par le passé ;
plus tard, quand le fer se trouva dans toutes les mains,
l'abondance du nouveau métal dut faire négliger la
pierre aussi bien que le bronze dans la pratique indus-
trielle; mais alors cependant elles étaient religieuse-
ment conservées. Longtemps même après l'ère romaine,
pendant cette période de recul vers la barbarie, sous les
Mérovingiens , la flèche en silex et la hache polio
firent souvent partie du mobilier funéraire des guer-*
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à
— 256 —
riers* Est-il besoin d'ajouter que de nos jours les
paysans croient à la vertu protectrice des antiques
Géraunies et les gardent avec un soin jaloux ?
Chronologie industrielle du premier âge des Métaux
C'est en Danemark que furent publiés les premiers
travaux sur la métallurgie primitive. Thomsen, dès
1836, établit l'existence d'un âge du bronze, et peu
après, M. Worsae étudiait les caractères particuliers de
cette industrie dans le Nord de l'Europe. Puis la décou-
verte des palaflttes de la Suisse et de la Savoie et des
terramares de la Haute-Italie apportèrent des données
nouvelles. Bientôt enfin l'ensemble des documents
recueillis devait permettre d'étudier les transformations
successives de l'industrie du bronze et d'en présenter
une chronologie.
Les différentes classifications, proposées par MM. de
Mortillet, Chantre, de Trôltsch et le D r Gross, peuvent
se ramener à une seule qui est celle de M. Chantre :
l w phase, Transition de la pierre au bronze (Cébennien),
2 e — Age du bronze proprement dit (Rhodanien),
3 e — Transition du bronze au fer (Moeringien).
Les gisements les plus anciens, dans lesquels des
objets de bronze aient été recueillis, sont des dolmens ;
les fouilles du D r Prunières dans les sépultures dolmé-
niques de la Lozère et de i'Aveyron ont produit quelques
pointes de flèches, de lances, des poignards et surtout
des perles de bronze. Certaines palaflttes de l'âge de la
pierre, en Suisse, des gisements de la même époque
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(MIT!
Lf\ de la répartition des gisements
de brome ei do fer
''tf^^^^Jigarré et grès vosgien
LIT. H CHRISTOPHE, NANCY
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— 257 —
dans le Midi de la France et en Champagne, donnèrent
aussi de semblables résultats. Ces rares objets, acquis
par le trafic, gisaient en compagnie du mobilier habi-
tuel des stations néolithiques.
Mais bientôt le bronze fut connu de tous, les outils,
les armes de métal, fabriqués dans le pays même, sont
dans toutes les mains ; on retrouve les lingots, les
moules, marteaux et autres outils employés par les
fondeurs pour sa transformation sur place. En même
temps, les autres industries se développent parallèle-
ment ; la céramique, grossière à rage de la pierre,
acquiert des formes élégantes et présente des ornements
et des dimensions inusités jusqu'alors.
Puis des objets d'un type nouveau apparaissent : la
fibule, le torques, les vases d'airain et enfin le fer. Le
bronze sera longtemps encore employé pour les outils
et les armes ; au début, le fer ne sert qu'à l'ornementa-
tion et ce n'est que bien plus tard qu'il supplantera le
bronze dans la fabrication des armes offensives d'abord,
puis des outils et des autres objets d'industrie.
A cette succession de phases industrielles, corres-
pondent des gisements d'un caractère spécial :
1° Les dolmens et les palafittes de l'âge de la pierre,
dans lesquels apparaissent quelques rares échantillons
de bronze.
2° Les palafi ttes plus récentes, où la pierre ne se retrouve
plus qu'à l'état d'exception, tandis que le bronze com-
pose tout l'outillage. Les moules et autres appareils du
fondeur indiquent que le métal est travaillé sur place ;
les trésors et cachettes de marchands présentent du
reste les mêmes indications. A cette époque on constate
deux modes de sépultures employés concurremment : par
17
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— 258 —
inhumation, le squelette étendu ou accroupi, ou par
incinération ; dans ce cas, les restes humains sont sim-
plement enfouis ou bien renfermés dans un vase qui
contient le plus souvent les ornements de bronze du
mort.
3° Enfin le fer se révèle dans l'ornementation, en
même temps que l'industrie du bronze s'est modifiée en
progressant ; elle produit des objets de formes inusitées
jusqu'alors, nous avons nommé la fibule, le torques, et
va jusqu'à la représentation humaine.
Les sépultures de cette dernière période ont elles-
mêmes un caractère tout spécial : l'inhumation et l'in-
cinération sont encore toutes deux usitées, mais dans
certaines régions, les restes humains sont ensuite re-
couverts d'énormes tumulus. Les mobiliers funéraires
varient en raison de la condition du défunt ; il semble
que de grands honneurs funèbres étaient rendus aux
chefs, aux guerriers, il en est que l'on retrouve ense-
velis dans leur char avec les objets précieux qui leur
servaient pendant la vie. Ces monuments funéraires,
souvent grandioses, sont des indices certains d'une vie
sociale réglée et du groupement des individus en
familles, tribus et nations.
Pendant l'époque néolithique, les populations qui
occupaient la Lorraine s'installaient, à demeure de pré-
férence sur les hauteurs ; elles parcouraient évidem-
ment les plaines, mais les traces de leur séjour y sont
beaucoup plus rares. La densité de la populatiou était
déjà considérable ; et si l'on tient compte de la répar-
tition des instruments en pierre qui témoignent de la
présence de l'homme, on constate que l'agglomération
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— 259 —
humaine fut plus grande dans la partie occidentale du
département, sur les plateaux et les collines.
Dès l'apparition du bronze, des stations se sont dé-
placées ; Thomme, tout en gardant et fortifiant des
refuges sur les hauteurs, fréquenta les plaines dans
toute leur étendue, s'installant surtout au voisinage des
grandes voies commerciales suivies dès lors et que les
Romains et plus tard nos aïeux ont prises à leur tour.
Les immenses nécropoles de Hallstatt et les groupes
nombreux de tumulus de la Franche- Comté, de la Lor-
raine et de l'Alsace prouvent que la population aug-
menta à mesure que la civilisation s'avançait.
Ce sont les manifestations de ces progrès dans la
civilisation que nous allons passer en revue par l'étude
de l'outillage et des industries, des sépultures et des
stations de cette époque, enfin des monuments de
défense élevés par nos ancêtres du premier âge des
métaux.
Produits des industries du premier âge des métaux en
Lorraine.
L'homme avait su donner au silex toutes les formes
utiles que pouvait prendre cette matière difficilement
traitabie ; la dimension toujours réduite des objets
était proportionnelle à celle des cailloux employés,
et l'on ne cite qu'à l'état d'exception les grandes haches
votives de la Bretagne et les longues lames de Pres-
signy. Avec le bronze, non seulement une multitude
d'objets nouveaux font leur apparition, mais certaines
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— 260 -
pièces atteignent, des dimensions que n'ont pas dépas-
sées leurs similaires actuels.
Parmi les produits industriels nouveaux, quelques-
uns, très répandus, dénotent un emploi usuel, d'autres,
plus rares et inégalement répartis, semblent spéciaux
à certaines régions ; mais tous rappellent les formes
originelles d'armes et d'ornements encore usités de nos
jours.
Les caractères topiques de ces objets, dont quelques-
uns sont reproduits par le dessin, et leur répartition
dans les gisements constituent les bases indispensables
pour une étude comparative des mœurs et du génie
industriel des peuples qui nous ont précédés et de
leurs relations commerciales avec leurs voisins. L'énu-
mération suivante comprend tous les objets de cette
période industrielle récoltés, à notre connaissance, dans
le département de la Meurlhe. Cette liste, donnée à titre
d'essai, sera nécessairement incomplète ; bien des ma-
tériaux ont pu nous échapper et le malheureux incen-
die du Musée lorrain en 1811, en a fait disparaître un
grand nombre ; toutefois elle nous permettra d'établir
une statistique provisoire.
La Nomenclature des produits de la nouvelle période
industrielle comprend, suivant les catégories établies
par M. Chantre :
Produits métalliques : outils, armes et ornements de
bronze ;
Objets en matières diverses : cuivre, fer, or, étain,
ambre, corail, verre, jayet et lignite, etc. ;
Produits céramiques : poteries, moules, grains de
colliers et fusaïoles.
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— 261 —
Produits métallurgiques (Bronze),
Matériel de fondeur : Moules, creusets, lingots et
culots de bronze, marteaux.
On a retrouvé, dans les palafittes de la Suisse et dans
les fonderies des Alpes, tout le matériel qui constituait
l'outillage des fondeurs de bronze. Les moules sont eu
argile, en grès molassique ou en bronze ; un moule do
haches à ailerons, en bronze, faisait partie du trésor
découvert à Vaudrevanges, non loin de notre départe-
ment ; mais c'est le seul objet de ce genre signala dans
les régions qui nous touchent. MM. Ancelon et l'abbé
Merciol ont recueilli à Dieuzé et à Morvi lie-les- Vie des
culots de bronze provenant évidemment de fonderies
installées dans le pays. La trouvaille faite à Rosières-
aux-Salines en 1729, près de la métairie de Mortaw,
comprenait aussi des fragments de bronze non ouvré.
Marteaux. — Les Marteaux de bronze sont rares
partout; le Musée lorrain en possède un exemplaire
qui fait partie du trésor de Frouard ; il est h douille
et anneau latéral, avec plan de frappe en biseau.
Ustensiles et outils: hache, herminette, faucille,
couteau, tranchet, rasoir, ciseau, gouge, rivets et cro-
chets.
Hache. — La Hache est l'outil le plus communément
répandu ; elle présente divers types en raison du mode
d'emmanchement. La forme la plus simple diffère peu
des haches en pierre polie et semble en dériver; mais
le plus grand nombre se complique de rebords médians
et latéxmix, et d'ailettes ou de douilles.
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^w?5f3*r
On peut classer les haches de la façon suivante :
à) — Haches ou plutôt coins de bronze sans rebords
longitudinaux ou avec rebords peu développés.
i° Hache -coin (PL XVI, Fig. 46) avec rebords peu
saillants, trouvée à Toul (Musée Lorrain) ;
2° Hache-coin (PL XVI, Fig. 47) trouvée aux envi-
îons de Toul (Collection Qnintard) ;
3° Hache à main (PL XVI, Fig. 48), longueur 202
millimètres, à rebords peu marqués, provenance régio-
nale (Collection Beaupré) ;
4° Hache à main, semblable à la précédente, trouvée
à Marsal en 1838 (Musée de Verdun) ;
5° Hache à main (PL XVII, Fig. 49), longueur 189
millimètres, légers rebords longitudinaux, tranchant
mince et très élargi en demi-cercle, d'une forme assez
analogue à la paumelle de nos selliers (Musée lor-
rain).
b) — Haches à talons médians, dérivées du type
précédent dont elles diffèrent essentiellement par des
talons transversaux, saillant vers le milieu des faces
planes et contre lesquels venaient buter les lèvres
bifides du manche (forme très rare en Lorraine).
1° Hache à talons médians (PL XVII, Fig. 50), lon-
gueur 166 millimètres, trouvée aux environs de Toul
(Musée lorrain) ;
2° et 3° Deux haches du même type font partie de la
collection de M. Lemaire à Pont-à-Mousson.
o) — Haches à ailerons, présentant des rebords laté-
raux très développés, qui se rabattaient sur les lèvres
du manche, de façon à former de véritables douilles
latérales. On en reconnaît plusieurs types, distincts par
la disposition et le développement des ailerons. Le
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f
— 263 —
type allongé, de pian grossièrement rectangulaire et à
oreillettes courtes, est rare ou inconnu en Lorraine,
tandis que les haches à larges ailerons forment la ma-
jorité dans nos collections. Elles sont le plus souvent
munies d'un anneau latéral qui servait, soit à suspendre
l'outil, soit à consolider la jonction du bronze au
bois.
1° Hache à ailerons, sans annpau latéral (Collection
Beaupré) ;
2° Hache à ailerons, à anneau latéral (PL XVIII,
Fig. 52), trouvée aux environs de Toul (Collection
Quintard).
Les collections lorraines contiennent en outre 19
haches à ailerons de provenance régionale, qui se
répartissent ainsi :
Collection Beaupré : 2 (PL XVI, Fig. 51) ; Grand
Séminaire de Nancy : 2 ; Collection Merciol, Musée de
Lunéviile, Collections Quintard, Lemaire, Lebrun, de
Mahuet : 6 ; Musée lorrain : 9, dont 5 font partie du
trésor de Frouard.
d) Haches à douille pénétrante ; elles sont presque
toujours munies d'un anneau latéral.
1° Hache à douille ovale (PL XVIII, Fig. 53) avec
anneaux latéraux, longueur 94 millimètres (Musée
lorrain) ;
. 2° à 5° Quatre haches à douille ronde, deux avec
anneau et deux sans anneau, faisant partie du Trésor
de Frouard (Musée lorrain) ;
6° Hache à douille carrée, avec anneau, provenant de
Dieuze (Musée lorrain) ;
7° et 8° Une hache et une hachette votive, à douille
carrée et anneau latéral (collect. Beaupré) ;
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— 264.—
9" Hache à douille et anneau (collect. Quintard) ;
10° k 14° Cinq haches à douille carrée et anneau, de
00 et 52 millimètres de longueur, trouvées à Scarpone
(Musée d'Epiïial) ;
15 Q Une hache à douille carrée et anneau (PL XVIII,
Fig* 54), longue de 132 millimètres, trouvée en 1851 à
Rosières- aux-Sali nés (collect. Wiener).
Ciseaux, hermine ttes et gouges. — Aux haches des
divers types , correspondent plusieurs outils qui en
dérivent* Le ciseau n'est qu'une hache à tranchant très
étroit ; dans Vher minet te, le tranchant, au lieu d'être
dirigé selon Taxe du manche, forme un angle droit avec
celui-ci ; enfin, dans le même ordre d'idées, la gouge
est une hache dont la section du tranchant serait en
forme de croissant.
i° Gouge à douille ronde, du trésor de Frouard
(Musée lorrain) ;
2" Gouge à douille ronde, trouvée à Toul (Musée lor-
rain) ;
3* Gouge à douille ronde, du trésor de Gerbéviller
(Musée d'Epi nai).
Le Musée d'Epinal possède une herminette à aile-
rons, sans anneau latéral, qui fait, croyons-nous, par-
tie du trésor de Gerbéviller.
Faucilles- — Les Faucilles en bronze sont assez
communes dans toutes les régions ; la lame légère-
ment arquée, offre partout les mêmes caractères : plate
d'un côté et munie de nervures sur l'autre face. Elles
ne diffèrent entre elles que par le mode d'emmanche-
ment ; le talon est a bouton saillant, à rivets, à crochets
ou, exceptionnellement, à douille.
Le Musée lorrain possédait avant l'incendie de 1871,
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- 265 -
quatre faucilles dont deux à boutons, une à rivets et
une à languettes. L'ouvrage de M. Guérin (objets antê-
historiques du Musée lorrain) nous en a conservé le
dessin. Deux d'entre elles se trouvent encore au Musée,
n os 2 et 4, planche 8 de l'ouvrage précité (PL XIX,
Fiff.ôô et 56).
Le trésor de Frouard, au Musée lorrain, comprend
deux faucilles à rivets.
D'après M. Piérot-Olry (1), plusieurs faucilles fai-
saient partie du trésor de Gerbévilier, fune d'elles
(talon brisé), se trouve au Musée d'Epinal.
Dans le voisinage de notre département, V. Simon a
signalé deux faucilles provenant des environs de Metz
(Scy). et l'abbé Ledain, vingt-trois faucilles et onze
haches, trouvées ensemble à Pouilly (Moselle).
Couteaux. — Les couteaux de bronze sont assez
nombreux, ils présentent généralement une lame ondu-
lée, à dos renforcé, qui est quelquefois ornée de gravu-
res. Le mode d'emmanchure est très variable ; les uns
sont à soie ronde, d'autres à soie plate avec trous do
rivets ; quelquefois enfin, la lame et la poignée furent
coulées d'une seule pièce et le manche peut se termi-
ner par un anneau de béiière. Les couteaux à douille,
inconnus en Lorraine, paraissent spéciaux auxpalafittes.
1° Couteau à soie ronde, talon orné de nervures
(Musée lorrain) ;
2° Couteau à soie ronde (P7. XIX, Fig. ùl), trouvé
à Toul (Collect. Quintard) ;
3° Couteau à soie ronde, talon à nervures et lame
gravée, provenant des environs de Toui (Coll. Quin-
tard) ;
(1) Notice sur Gerbévilier, Paris, 1851.
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— 266 -
4 D Couteau à manche coulé d'une seule pièce avec
anneau de bélière (PL XIX \ Fig. 58) , la garniture du
mnnche était retenue par une série d'ailerons rabattus,
provient {le Toul (Musée lorrain). Des couteaux sem-
blables ont été trouvés à Larnaud (Chantre), à la Roche
à Nitou* près Genève (Bonstetten), à la Paltière, Côte
tfOf (Flouest), à Bovio, Italie (P. Castelfranco) et à
Courtavant, Aube (Morei) ;
5° Petit couteau à soie (PL XIX, Fig. 59), d'un type
spécial, très court, tranchant rectiligne, dos incurvé
orné d'encoches et d'un bouton saillant (provenance
régionale, coll. Beaupré).
Rasoirs en bronze. — Ces instruments assez rares
consistent en une lame de bronze très mince, de forme
circulaire ou demi-circulaire, munie d'anneaux ou d'une
tige servant de manche.
M. Morei a recueilli récemment un rasoir de bronze
accompagnant une épée de fer, dans un des tumulus
qu'il a fouillés à Diarville (Meurthe).
M. de Martimprey trouva en 1883, dans un tumulus
de la Naguée, un rasoir de bronze (PL XX> ûg. 60)
accompagnant aussi une épée de ter à soie plate. Ce
rasoir, demi-circulaire, est orné de gravures sur la lame
et muni de deux anneaux.
Enfin, il y a quelques jours, le garde forestier Gégout
recueillait auprès de Clairiieu, sous des tertres de pierres
utilisées pour l'empierrement d'une route, deux rasoirs
(PL XX, ûg. 61 et 62) et trois bracelets en bronze. Ces
deux rasoirs demi-circulaires sont munis, l'un, de deux
anneaux latéraux et l'autre, d'un seul anneau central.
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— 267 -
Armes et armures : Epées poignards, flèches, lances,
boucliers.
Épée. — L'Epée de bronze est, en raison de ses di-
mensions et da sa rareté, la pièce la plus recherchée des
collectionneurs. La longueur de ces armes indique une
grande habileté technique de la part du fondeur, et
l'exiguïté des poignées est l'un des caractères typiques
qui ont fait rechercher l'origine du bronze en Orient.
D'après la forme des poignées et le mode d'emmen-
chement de la lame, on a classé les épées de bronze
en :
a) Epées à poignée coulée d'une seule pièce avec la
lame ;
b) Epées à poignée pleine, reliée à la lame par des
rivets ;
c) Epées avec poignées à pommeau orné de bou-
tons, d'antennes ;
d) Epées à soie plate et longue, avec trous de rivels
pour fixer la garniture de bois ou de métal.
Les collections lorraines comptent cinq épées de
bronze :
1° Epée à soie longue (PL XXI, Fig. 63), huit trous
de rivets, lame avec cran à la base, tranchants biseau-
tés, sans nervures décoratives, brisée à la pointe, lon-
gueur du tronçon : 415 millimètres, trouvée en 1883,
dans le lit de la Moselle, à Pont-à-Mousson (Collection
Lemaire) ;
2° Epée à soie plate (PL XXII, Fig. 64), munie de
trois trous de rivets, lame à arête médiane arrondie,
longueur 695 millimètres, largeur moyenne 36 milli-
mètres, trouvée à Gugney-sous-Vaudémont, (Musée
lorrain) ;
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À
— 268 —
3° Epée courte a soie plate (PL XXI, Fig. 65), cinq
trous île rivets, longueur 57 centimètres, ornée de deux
filets longitudinaux, trouvée dans les berges de la
Moselle, :ï Scarpoae (Collection Quintard).;
i n Fragment d'une lame d'épée, sans nervures, pro-
venant des environs de Toul (Musée lorrain) ;
*> Epêô à soie courte, deux trous de rivets, rainures
latérales formées parmi amincissement de la lame, lon-
gueur 0,050 (PL XXI, Fij. 66), trouvée dans un tumu-
lus, â la Nnguée (Collection de Martimprey).
Il est intéressant de mentionner ici les autres épées
en bronze découvertes dans les régions qui nous tou-
chent :
1° L'épée de Yaudrevanges, à poignée pleine (Musée
de Si -Germain) ;
â° Epée aussi à poignée pleine et coulée d'un seul
jet, trouvée au Mièraple (Moselle), fit partie de la col-
lection de M. Cournault ;
3" Epée à soie plate, trouvée dans le lit de la Moselle,
à Mnntigny-les-Melz {Musée de Saint-Germain) :
4° Epée â soie plate, trouvée à Fains (Meuse), décrite
par M. Maxe-Verhly (Musée de Bar-le-Duc).
Eefin M. V* Simon rapporte (Mémoires de l'Acadé-
mie de Mate) qu'on a découvert autrefois plusieurs
êpées de bronze dans les départements de la Moselle
et de la Meurthe ; l'une provenait des environs de
Delme (Meurthe), M. Denis, dans son « Illustration res-
tituée à la montagne de Montsec », mentionne aussi des
sabres et des poignards de bronze, trouvés près de
Montc.iin (Meuse).
On pourrait ajouter à cette liste les épées en fer
recueillies à Diarville, par M. Morel, et celles que M.
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— 269 —
de Martimprey a exhumées des tumulus de la Naguée.
Ces dernières étaient malheureusement fragmentées et
recouvertes d'incrustations calcaires, qui ne permettent
pas d'en rétablir la forme et les proportions.
Poignards. — Les Poignards en bronze présentent à
peu près les mêmes formes et modes d'emmanchure
que les épées ; dans le type le plus simple, la soie plate
se raccordait au manche par des rivets ; la lame est
triangulaire, à côtes et nervures ou simplement à dos
arrondi. Les poignards ne sont point communs, cepen-
dant ils ont duré aussi longtemps que l'usage du
bronze a prédominé ; on en a recueilli dans les dol-
mens et on les retrouve encore dans certains tumulus
de l'âge du fer.
Il n'existe à notre connaissance, dansées collections
lorraines, qu'un seul échantillon de poignard, très ana-
logue à celui qui est figuré dans la planche LVIII de
l'ouvrage de M. Chantre :
Poignard à soie plate percée d'un trou de rivet
(PL XXIV, Fig. 61), longueur totale : 128 millimètres,
largeur au talon : 29, lame triangulaire à section ellip-
tique, trouvé à Toul (Musée lorrain).
Rappelons qu'une lame de poignard, à soie plate,
longue de 32 centimètres, et trouvée en 1847 à Gonsen-
voye, est figurée dans l'Archéologie de la Meuse par
M. Liénard (tome III, page 9).
Flèches. — Les Flèches en bronze apparaissent, com-
me les poignards, dans les gisements les plus anciens
et se retrouvent dans les plus récents ; elles ont, du
reste, la plus grande analogie avec les flèches en silex :
1° Pointe de flèche en bronze {PL XXIV, Fig. 68),
barbelée, à soie longue, provient, selon toute proba-
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— 270 —
hilité, des berges de la Meurthe, à Rosières-aux-Salines
(trouvaille de 1729) (Musée lorrain) ;
2 D Pointe de flèche en bronze (PI. XXIV, Fig. 69),
à soie et barbelures, trouvée à Favières en 1884 (Col-
lection Quintard) ;
3 q Pointe de flèche à soie, tranchant martelé, trouvée
à Art-sur-Meurthe (Collection Guérin) ;
4° et 5° M. Dufresne a recueilli, sur remplacement
du camp de Jaillon, deux pointes de flèches en bronze
(Collection Dufresne).
Par assimilation, on pourrait citer une autre pointe
du flèche en bronze, à soie longue et arête médiane,
provenant d'un tombeau mérovingien, à Liverdun
(Musée lorrain). Enfin les collections Olry et du Grand-
Sémiruure contiennent deux pointes de flèches en bronze,
provenant, Tune de Vie, et l'autre de Chanteheux.
Lance. — La lance de bronze, dit M. Chantre, a est
une arme des moins caractérisées comme époque ; elle
se trouve dans toutes les stations de l'âge du bronze, et
on la rencontre encore dans des milieux gaulois ou gallo-
romains » ; nous venons de voir que la même persis-
sistanee s'observe pour les pointes de flèches. Les
lances sont à douille percée de trous de rivets et ne
différent entre elles que par les dimensions de cette
douille, qui tantôt pénètre jusqu'à la pointe de l'arme
et plus rarement n'occupe qu'une partie de la tige.
Tous les spécimens recueillis en Lorraine appar-
lieuuent au premier type :
1° Lance à douille pénétrante, longueur totale 160
millimètres ; le métal, mal coulé, présente des soufflures
vers le sommet de la lame (Musée lorrain) ;
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— 271 r-
2° Lance du même type (PL XXIV, Fig. 70), Ion*
gueur 91 millimètres (Musée lorrain) ;
3 J Lance du même type et même longueur (Musée
lorrain) ;
4° Une autre lance semblable aux précédentes figu-
rait au Musée lorrain avant l'incendie de 1871 ; elle est
mentionnée et décrite par M. Guérin (Objets antéhis-
toriques du Musée lorrain) ;
5° Lance à douille (PL XXIV, fig. 71) ornée de,
cinq nervures à la base, longueur 145 millimètres,
trouvée en 1866 aux environs Sarrebourg (Collection
Quintard) ;
6° Lance à douille ornée de deux filets creux circu-
laires, longueur 121 millimètres, trouvée à Sion (Musée
de Sion) ;
7° Lance à douille, trouvée dans le sable de la Moselle
au pied de la Tour de Prague, à Pont-à-Mousson
(Musée de Pont-à-Mousson) ;
8° Grande lance (PL XXIV, Fig. 72) à douille péné-
trante, longueur 195 millimètres, trouvée en 1883 dans
le lit de la Moselle, à Pont-à-Mousson, avec une épée
de bronze (Collection Lemaire).
Boucliers. — Doit-on rapporter au premier âge des
métaux un fragment de bouclier en bronze (PL XXIII,
Fig. 7 S) y trouvé dans le lit de la Moselle, non loin du
camp d'Afrique, et dont nous possédons la partie cen-
trale ? Nous décrirons cette pièce sans commentaires.
Lorsque cet objet fut découvert à une faible profon-
deur dans le sable, il avait des dimensions beaucoup
plus grandes que le fragment qui nous est resté ; c'était
une feuille de bronze, représentant un segment de
cercle de 30 centimètres de rayon, de forme légèrement
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— 272 —
conique, et ornée de filets circulaires parallèles. La
partie extérieure fut malheureusement brisée et rejetée
dans l'eau ; la partie centrale qui nous est parvenue
représente un cône peu élevé, de 154 millimètres de
diamètre, épaisseur du métal : 1 millimètre. La face
supérieure est décorée de trois rangs de filets doubles,
circulaires, tracés au burin et régulièrement espacés,
décoration évidemment faite à l'aide du tour ou du
compas.
D'après les renseignements très précis de l'auteur de
la trouvaille, deux autres rangs de filets semblables
ornaient la portion qui manque ; le bord extérieur n'of-
frait pas de relief, et la figure de l'objet présen-
tait un cône régulier de 60 centimètres de diamètre.
M. Chantre a figuré, page 149 du premier volume de
son Age du bronze, un bouclier trouvé en Suède, très
analogue de forme et de dimensions ne différant du
nôtre que par l'ornementation.
Harnachement du cheval et pièces de chars. —
Les collections lorraines ne contiennent aucun objet en
bronze que l'on puisse rapporter sûrement au harnais
de cheval : seuls, des tubes à nervures, des groupes de
petits anneaux, des boutons-phalères et quelques an-
neaux fermés ont pu avoir cette destination. Des tubes
à nervures et pavillons ont été recueillis: quatre à
Toul et quatre dans le trésor de Frouard. A Frouard,
ils étaient accompagnés de groupes de petits anneaux
reliés par un fil de bronze et constituaient ainsi des
sonnailles. En Suisse, les traîneaux d'enfants sont au-
jourd'hui encore munis de sonnailles absolument sem-
blables.
Malgré cette pénurie d'objets de harnachement, on a
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te.. .
— 278 —
cependant constaté dans notre région plusieurs sépul-
tures à char. L'une fut signalée à Ambacourfc (Meurthe),
par M. Morel, et le tumulus de Plaisance (Meuse), con-
tenait deux bandages de roues, deux mors de chevaux
et divers ornements de bronze et de fer (Liénard,
Archéologie de la Meuse, tome III, pages 92 et suiv.).
Ornements et parures. — Le goût de la parure
était prodigieusement répandu pendant le premier âge
des métaux ; on pourrait compter par milliers les
-épingles, bracelets, torques, etc., recueillis en France
seulement. Il n'est guère de sépulture de cette époque,
qu'elle soit par incinération ou par inhumation, où l'on
ne retrouve de ces précieux ornements. Les parures de
bronze présentent les formes les plus variées, pour un
même genre d'objets, ce qui indique le génie personnel
d'un très grand nombre de fabricants ; en outre, cer-
taines formes appartiennent à des régions spéciales et
ce fait a été mis à profit par les auteurs pour la division
de l'Europe en provinces archéologiques.
Épingles. — LesEpinglesde bronze sonteertainement,
de tous les objets de parure, les plus fréquemment ren-
contrés : la statistique de M. Chantre en compte près de
4,800. Très abondantes dans les palafittes, elles appar-
tiennent plutôt à une époque antérieure aux tumulus;
c'est ce qui explique leur rareté relative en Lorraine,
où la période des tumulus est le mieux représentée.
Les épingles sont à tête ronde, plate, conique, à
antennes, à anneaux, etc., la tige s'orne de renflements,
de filets, de sphères ; leur longueur très variable atteint
en moyenne de 20 à 30 centimètres ; cependant M. Desor
a figuré une épingle qui mesurait 85 centimètres. Elle
18
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- 274 —
servaient plutôt à retenir le vêtement qu'à fixer les
cheveux ; aussi les trouve-t-on dans les sépultures, le
plus souvent sur le torse et sur les épaules du sque-
lette.
1° Epingle à tête ronde, tige unie, s'amincissant ré-
gulièrement, brisée, longueur 145 millimètres, Toul
(Musée lorrain) ;
2° et 3° Fragments d'épingles semblables, Toul
(Musée lorrain) ;
4° Epingle à tête ronde, quatre nervures au col, tige
brisée, provient d'une sépulture par incinération, Mor-
viile-les-Vic (Collection Merciol) ;
5° Grande épingle à tête conique (PL XXII, ûg. 74),
tige ornée sur 45 millimètres de longueur, de replis
annulaires, longueur 40 centim. Royaumeix (Musée
lorrain) ;
6° Grande épingle à tête conique (PL XXII, ûg. 75),
ornée sur 14 centimètres de longueur, de replis annu-
laires, longueur totale 410 millimètres, trouvée dans
un tumulus, avec une épée de bronze, à La Naguée, ter-
ritoire de Clayeures (Collection de Martimprey) ;
7° Epingle à tête plate (PL XXII, ûg. 76) et bords
crénelés, col orné de dessins et nervures, trouvée en
1875 à Chaudeney avec 4 bracelets; cette pièce n'est
autre chose qu'un torques déroulé (Collection Vivier) ;
8° à 20° Douze épingles de plusieurs types, trouvées
à Marsal en 1838 ; ces pièces qui doivent provenir de
différentes trouvailles n'appartiennent point toutes à la
môme époque (Musée de Verdun).
Fibule. — La Fibule n'est en somme qu'une épingle,
recourbée sur elle-même, dont la pointe vient se fixer
à la tête ; toutefois le corps même de la fibule présente
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— 275 —
des formes ornementales très diverses. On peut ima-
giner facilement les transformations successives de l'é-
pingle droite pour arriver à la fibule. Le ressort, obtenu
au début au moyen d'un simple repli du métal, se mul-
tiplie dans la suite de plusieurs tours de spire, répartis
des deux côtés ; puis les formes et l'ornementation
se compliquent : la tête, d'abord transformée en boucle
d'arrêt, s'allonge et s'augmente d'un prolongement
gracieusement recourbé. Enfin l'ornementation de la tête
se transporte sur l'arc de la fibule, qui, à l'époque du
fer, subira un dernier perfectionnement lorsque le res-
sort sera remplacé par une charnière à goupille de fer.
Il est assez difficile de classer les fibules ; elles appa-
raissent dans la fonderie de Larnaud, et les palafittes
(grand âge du bronze des auteurs), furent très répan-
dues pendant l'époque romaine et persistent de nos
jours sous forme d'épingles de nourrices. Toutes nos
collections contiennent. un certain nombre de fibules de
tous les types, néanmoins la majorité est à arc plein et
balancier, avec ressort bi-latéral. Le Musée lorrain pos-
sédait, avant 1871, cinquante-deux fibules, qui furent
détruites dans l'incendie. Nous mentionnerons aujour-
d'hui :
Musée lorrain : 2 fibules, de la sépulture de Villey-
Saint-Etienne (PL XXIX, fig. 20) ;
Musée lorrain : 1 fibule, de la sépulture de Domêvre
(PL XXX, fig. 4) ;
Musée lorrain : 6 fibules, provenant de l'arrondis-
sement de Toul ;
Collection Bretagne : 3 fibules, du département ;
Collection Quintard : 4 fibules, du département ;
Collection Merciol : 12 fibules, de Morville-les-Vic ;
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— 276 —
Collection Beaupré : plusieurs libules de différentes
époques, Tune de forme Scandinave est analogue à la
jjgure 114, I er volume de l'ouvrage de M. Chantre.
Bracelets. — Le nombre considérable de bracelets
de bronze recueillis en Gaule prouve que ces parures
furent longtemps en faveur ; on les trouve déjà dans
les sépultures sous dolmens ; ils abondent dans les
sépultures de l'Est de la France et font souvent partie
du mobilier funéraire des Mérovingiens.
Les bracelets sont ouverts, avec ou sans renflements
lux extrémités, ou bien fermés sans solution de conti-
nuité ; la lige est tantôt massive, de section ronde,
demi-circulaire ou aplatie, tantôt creuse à section cir-
culaire, ou quelquefois bombée à l'extérieur avec évide-
ment à l'intérieur. Il est impossible d'en décrire l'orne-
mentation, qui varia suivant le génie des fondeurs et
des graveurs. Le diamètre va depuis trois centimètres
pour certains bracelets d'enfants (virioles), jusqu'à neuf
centimètres et plus dans les bracelets de biceps (ar-
milles) ou de jambes. Les plus simples, dont on a
recueilli de nombreux exemplaires à Larnaud, sont à
lige circulaire massive, et consistent en une barrette de
bronze, recourbée en cercle après martelage et recuit ;
tels sont les bracelets trouvés en 1844 dans les sépul-
tures de Champigneulles. Le modèle le plus voisin pré-
sente une tige demi-circulaire, aplatie du côté interne;
puis viennent les bracelets plats en forme de ruban,
Ceux-ci généralement très ornés de gravures. Les bra-
celets à tige pleine terminée par des disques ou des
tfemi-sphères, plus récents, n'apparaissent guère qu'à
l'époque du fer, avec la plupart des bracelets creux.
Parmi ces derniers, les uns sont formés d'une feuille de
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— 277 —
bronze dont les bords se replient vers la concavité in-
térieure, d'autres consistent en un cylindre de métal,
souvent rempli et renforcé- par le sable de moulage ou
un mandrin de bois ; les extrémités s'emboîtent l'une
dans l'autre de façon à supprimer toute solution de
continuité.
Les bracelets sont tellement nombreux dans les
collections lorraines et si variés de forme, qu'il est
impossible de les décrire tous ; nous nous contenterons
de mentionner ceux qui présentent un type rare et
d'énumérer les autres, sous différentes rubriques :
1° Bracelet de Moncourt (PL XXV, Fig. 77). —
Bracelet ouvert, ovale, à dos creux et large, pourvu
d'oreillettes terminales ornées de nervures sur la
tranche. Le dos est divisé par cinq rubans en quatre
zones, décorées de rainures obliques; diamètre intérieur
75 millimètres, extérieur 124 millimètres. « L'analogue.
» dit M. Chantre (Age du bronze), ne peut se voir qu'au
» Musée de Bienne (Suisse), dont le nôtre ne diffère
que par l'ornementation » (1). Le bracelet de Moncourt
a été trouvé dans une sépulture, il était passé à la
jambe d'un squelette.
2° Bracelets de Gerbéviller. — Quatre bracelets
creux, ovales et ouverts, fondus à noyau perdu, se
terminant par de larges oreillettes, ornementation de
reliefs en biseau séparés par des gorges et des nervures
transversales (au Musée d'Epinal, ainsi que les quatre
suivants) ;
Quatre bracelets fondus (PL XXVI, Fig. 7<9),
(1) Nous avons remarqué récemment au Musée de Nevers
un bracelet creux, très semblable à celui de Moncourt, mais
sans indication d'origine.
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— 278 —
rie iiièiiiu modèle que les précédents, mais à la face
intérieure ouverte et concave ; un superbe bracelet
(PL XXVI, Fig. 79) analogue à ces derniers a été
recueilli par M. de Martimprey, à la Naguée (Collec-
tion tir Martimprey.
iï* Brawkfo de Domêvre. — Deux bracelets ovales
et cruux, à renflements semi-elliptiques, mais d'un
système dé fermeture à tenons dont on peut se rendre
compte facilement d'après la ligure {PL XXX t Fig. 2) ;
4 J Bracelet du tumulus de Clairlieu. — Bracelet à
tige pleine, de section elliptique, s'effilant aux extré- »
mités qui sont munies de renflements en forme de Jen- ?
tilles épaisses, recueilli par nous dans un tumulus
{PL XXV il Fig. 80). Cette forme, rare en France,
ne se rencontre qu'au-delà du Rhin où elle est caracté-
ristique de l'époque de Hallstatt.
Autres bracelets trouvés en Lorraine, 98 pièces :
Bracelets massifs, ovales et ouverts :
Musée lorrain {PL XXVII, XXVIII et XXIX,
Firj. Si, 82, 83, etc.), 43 pièces ;
Collection de Martimprey (PL XX VI, Fig. 84 et 85),
10 pièces (La Naguée) ;
Collection Beaupré : 5 pièces ;
Collection Quintard : 3 pièces ;
Collection Vivier {PL XXV, Fig. 86) : 2 pièces ;
Collection Lemaire : 2 pièces ;
Collection Merciol : 2 pièces (Morville) ;
Collection Bretagne : 1 pièce (Liverdun) ;
Musée de Verdun : 1 pièce (Marsal) ;
Musée d'Epînal : 4 pièces (Gerbéviller).
Bracelets creux et ouverts :
Musée lorrain : 1 pièce (Moncourt) ;
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— 27 ( J —
Musée lorrain (PL XXX, Fig. 2) : 2 pièces (Do-
mevre) ;
Collection Beaupré : 1 pièce ;
Collection de Martimprey : 1 pièce ;
Musée d'Epinal: 8 pièces (Gerbéviller).
Bracelets creux et fermés :
Musée lorrain (PL XXIX, Fig. 5,6 et 7): 11 pièces
(Villey-Saint-Etienne) ;
Collection Wiener : 1 pièce (Villey-Saint-Etienne).
Torques. — Les Torques ou colliers rigides, furent
très répandus pendant le premier âge du fer, comme les
fibules, qui les accompagnent presque toujours. Rares
dans certaines contrées, ils se trouvent communément
dans les sépultures de la Suisse, de l'Allemagne du
Sud, de l'Alsace, de la Lorraine et de la Marne.
Les torques se fabriquant de la même façon que les
bracelets, présentent les mêmes modèles et variétés
que ces derniers : massifs ou creux, ouverts ou com-
plètement fermés. En général, les torques et bracelets
ornant un même individu répondent à un seul modèle,
le torque ne différant des bracelets que par les dimen-
sions et l'importance proportionnelle des reliefs.
Certains torques massifs sont constitués par une
simple baguette de bronze repliée en cercle, sans reliefs
ni ornements (collection Henriot et sépulture de Villey-
Saint-Etienne (PL XXIX, Fig 1 et 2), au Musée lor-
rain). Le plus souvent les torques massifs sont ouverts,
fondus d'une seu,le pièce et ornés de gravures et de
renflements qui augmentent d'importance vers les extré-
mités (PL XXIX, Fig. 10 et 11) (Sépultures de Villey,
de Liverdun, etc., au Musée lorrain).
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7frm i *9fjp ■'
Les torques creux, peu communs en Lorraine, figu-
rent un cylindre de bronze recourbé en cercle parfait
et dont les extrémités s'emboîtent. La plupart du temps,
ils furent fabriqués à l'aide d'une feuille de bronze, em-
boutie, puis cintrée après remplissage du creux par du
sable de moulage fortement bourré. Il est cependant
quelques anneaux creux et fermés, venus de fonte à
noyau perdu ; toutefois ce procédé semble restreint à
des anneaux de faible diamètre. On a rencontré toutes
ces variétés réunies dans les sépultures de Villey-Saint-
Etienne (PL XXIX).
Les torques de provenance lorraine ne présentent,
oo le voit, aucune particularité topique ; rappelons ce-
pendant que la forme à tige massive, avec reliefs annu-
laires diamétralement opposés, si commune en Cham-
pagne, n'est représentée chez nous que par un seul
exemplaire d'une facture très simple:
Torques massif, fermé, présentant quatre zones sépa-
rées par des reliefs annulaires diamétralement opposés,
trouvé à Marsal en 1838 « dans des tombeaux an-
tiques » (Musée de Verdun).
C'est du même gisement que proviennent aussi deux
parures d'un modèle spécial, figurées par Beaulieu
dans son Archéologie de la Lorraine (fig. 9 et 10, pi. I* 6 ).
Ces deux objets, un torques et un bracelet, n'ont malheu-
reusement pas laissé d'autres traces.
Le bracelet, massif, ovale et ouvert, diamètre 60 mil-
limètres, montre, régulièrement espacés sur le pour-
tour, seize renflements ornés chacun de deux cercles
concentriques avec un point au centre. C'est la pre-
mière fois que nous relevons cette décoration sur un
bronze lorrain.
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— 281 —
Le torques, diamètre 135 millimètres, massif et ou-
vert, se termine par des demi-sphères légèrement con-
caves. La partie moyenne est décorée d'une volute en
S compliqué ; les deux segments antérieurs, augmen-
tant progressivement de volume vers les extrémités,
présentent six rosaces, « qui étaient, dit Beaulieu,
garnies d'un émail vert ou bleu, autrefois transpa-
rent... serti dans le bronze et revêtu en-dessous d'une
feuille d'or destinée à en augmenter le chatoiement. »
Ces objets ont été recueillis par M. Gauthier, alors
capitaine du génie et directeur des fortifications de
Marsal (1838) ».
Torques trouvés en Lorraine : 19 pièces.
Torques massifs et ouverts, Musée lorrain : (PL XXIX)
8 pièces (département) ;
Torques massifs et ouverts, Collection Quintard :
d pièce (département) ;
Torques massifs et ouverts, Collection Lemaire : 2
pièces (Li verdun) ;
Torques massifs et ouverts, Musée de Verdun : 2
pièces (Marsal) ;
Torques massifs et ouverts, Musée de Lunéville :
1 pièce ;
Torques creux et fermés, Musée lorrain : (PL XXIX)
5 pièces (département) ;
(La collection Husson, à Toul, comprend, croyons-
nous, plusieurs torques ; le Musée de Saint-Germain et
le Musée lorrain possèdent le moulage d'un superbe
torques massif à grosses sphères terminales, de cette
collection).
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282
Bagues et pendants d'oreilles. — On ne peut guère
ranger sous celte rubrique que les deux objets sui-
vant* :
i y Petit anneau (PL XXVI, Fig. 87) de 15 millimètres
de diamètre, formé d'un ruban de bronze enroulé et
dont les extrémités chevauchent ; ce peut être aussi
bien une perle de collier qu'une bague ;
2 n Un fil mince de bronze, recourbé en anneau
ouverl, "le 48 millimètres de diamètre, portant suspen-
due duo perle de verre bleuâtre (PL XXVI, Fig. 88) ;
Ces deux objets furent trouvés dans la grotte sépul-
crale des Celtes, ?. Pierre- la-Treiche (Musée lorrain).
Anneaux et fermoirs de ceintures et de colliers.
— Des anneaux en bronze, généralement à section
aplatie et de 2Û à 30 millimètres de diamètre extérieur,
se rencontrent fréquemment dans les sépultures où le
bronze domine ; on en voit dans toutes les collections.
Ils cunsti tuaient des chaînes de colliers ou de ceinture ;
cependant on les trouve rarement reliés entre eux, la
ligature qui tes joignait l'un à l'autre ayant disparu.
Dans la sépulture découverte en 1886 à Domèvre,
on a recueilli sur la poitrine du squelette vingt- trois
anneaux plais (PL XXX, Fig. 5 et suivantes), dont
quelques-uns portent des perles de verre ou d'argile
cuite suspendues par des fils de bronze. Sur l'un
d'eux, on remarque un prolongement brisé qui formait
probablement une agrafe de fermeture.
Lu sépulture de Domèvre a donné un très beau fer-
moir [Pt. XXX. Fig. 3 et 3 bis) de ceinturon, com-
posé d'un crochet et de l'anneau correspondant.
La collection Beaupré contient un crochet de ferme-
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ture (PI. XXV, Fig. 80), formé d'un anneau qui porte
sur une face un bouton d'arrêt relevé à angle droit.
Enfin un fermoir à crochet fait partie du trésor de
Frouard (Musée lorrain).
Pendeloques. — On range sous ce nom une foule de
plaques de bronze, de toutes formes, munies d'anneaux
de suspension ; telle une sorte de rosace composée de
quatre anneaux plats, joints tange.ntiellement à un cin-
quième anneau plus petit qui forme le centre de la
pièce : trouvée dans les tombeaux antiques découverts
à Marsal en 1838 (Musée de Verdun). D'autres objets
de ce genre font partie des mobiliers funéraires de
Villey-Saint-Etienne (PL XXIX, Fig. 22) et de Domè-
vre (PL XXX, Fig. 8).
On peut rattacher à ce groupe les grands disques
plats, avec manches à bélière, qu^n a désignés sous le
nom de tintinnabulum ; un de ces objets fait- partie du
trésor de Frouard et complète la ressemblance de ce
gisement avec celui de Vaudrevanges (1).
Le tintinnabulum de Frouard se compose d'un grand
cercle ajouré, muni d'un manche à bélières, diamètre
extérieur. 230 millimètres, intérieur, 110 millimètres ;
deux petits disques, aussi ajourés, sont suspendus dans
le vide intérieur du grand cercle ; l'ornementation
consiste en lignes circulaires parallèles, gravées au
trait.
(1) Lors de la réunion du Congrès scientifique à Metz, en
1837, M. le marquis de Vil lers, propriétaire à Burgeisch
(Moselle), présenta « un cercle en bronze, au centre duquel
étaient aussi suspendus deux autres petits cercles du même
métal ». (Victor Simon, Mém. Académ. de Metz, 1851-52)*
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— 484 -*-
Rouelles. — Lies Rouelles sont des cercles à axe plein
ou à trou central autour duquel rayonnent quatre à dix
raid, qui vont rejoindre la périphérie ; elles sont en bronze
ou en étain et abondent partout. Classées selon les uns
panai les ornements, considérées par d'autres comme
des agrafes, des crochets, quelquefois même comme
des monnaies, elles furent l'objet de toutes sortes de
suppositions, sans qu'une détermination aitplus de rai-
sons d'être adoptée que les autres. Notre érudit compa-
triote, M. Ch. Goumauit, estime que les rouelles ser-
vaient de boutons pour retenir les pièces du vêtement.
Gela est possible pour quelques-unes, mais on ne peut
étendre cette interprétation à toutes. Certaines rouelles
d'étaiïj et même de bronze sont si minces qu'elles
n'eussent point résisté au moindre effort ; il en est qui
présentent un segment coupé ou un crochet d'attache;
d'autres terminent de grandes épingles de bronze en
guise de tête. Ne semble-t-il pas naturel de penser que
- la forme générale de l'objet, la roue, était alors très
appréciée et employée dans l'ornementation, soit dans
une pensée religieuse, soit sous l'influence d'un senti-
ment plus simple, mais d'une puissance indiscutée et
qui est de tous les temps : la mode. Quoi qu'il en soit,
touLes les variétés de rouelles se retrouvent en Lor-
raine, où elles ont persisté, comme ailleurs, longtemps
encore pendant les âges du fer. (Musée lorrain PL XXX,
Fig, 6, Collection Beaupré, etc.). Beaucoup d'autres
petits objets de bronze, n'offrant pas grand intérêt,
n'exigeront pas une description spéciale ; les uns res-
semblent aux instruments analogues employés de nos
jours, comme les boutons à patte (Musée lorrain),
d'autres sont absolument indéterminables.
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— 285 —
Il nous reste à parler de deux figurines en bronze,
que leur rareté dans nos contrées met hors de pair
L'une est un bouc en bronze (PL XXV, Fig. 90),
haut de 24 millimètres sur 50 de longueur, muni sur le
dos d'un anneau de suspension venu de fonte ; sa fac-
ture et son analogie avec les représentations animales
de la fonderie de Bologne font présumer une origine
étrusque.
L'autre est une figurine humaine (PL XXX, Fig. 9),
haute de 48 millimètres, qui, par son attitude et ses
proportions, semble représenter un jeune enfant, paré
en guise de torques d'un fil de bronze enroulé autour
du cou. La pose est naïve, les mains sans traces de
doigts s'appuient sur le ventre, les bras sont écartés
et les jambes arquées. La face n'est nullement mode-
lée, mais les membres inférieurs présentent des plis
accusés, et un phallus disproportionné fait saillie à la
place du nombril. La pièce est tachée d'oxyde de fer
et l'on reconnait assez nettement la trace d'un fil de fer
qui, passant autour de la poitrine et sous les bras, ser-
vait à le suspendre.
Cette figurine, trouvée dans la sépulture de Domèvre,
où elle reposait sur la poitrine du squelette, présente
un certain intérêt, car elle est la représentation humaine
en bronze la plus ancienne qui ait été découverte, au
moins dans l'Est de la France. En effet, nous avons pu
nous assurer qu'il n'existe rien d'analogue au musée de
Saint-Germain ; seul, le musée de Zurich possède des
statuettes du même genre, trouvées dans un tumulus à
Lunkoffen. La trouvaille de Lunkoffen offre du reste
plus d'une analogie avec celle de Domèvre : Jes sta-
tuettes un peu moins grandes (40 millimètres) que la
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nôtre, sont mieux modelées et portent un anneau de
suspension soudé au sommet de la tête ; mais toutes
deux sont impudiques, et toutes deux, homme et femme,
ornées de torques. De plus, la pose générale, les bras
arrondis, est la même ; l'ensemble dénote seulement
un art plus avancé ou une main plus habile. Enfin le
tumulus de Lunkoffen a produit deux pieds en bronze,
amulettes munies d'anneaux pour les suspendre, et la
sépulture de Domèvre a donné également un objet
semblable sur lequel on reconnaît la trace de l'anneau
de suspension.
A Domèvre, la présence du fer fut constatée, non
seulement par les traces d'oxyde sur les bronzes, mais
par un fragment de tête d'épingle ou de clou en fer
(PL XXX, Fig. 7). Les objets appartiennent donc à une
période récenlc de l'époque qui nous occupe, période
correspondant selon toute vraisemblance, à la civilisa-
tion proto-étrusque, sans que pour cela elle dût lui être
nécessairement synchronique.
.Pour ne point sortir des limites qui nous sont assi-
gnées, nous ne dirons rien de certains bronzes d'ori-
gine absolument nationale, sangliers, monnaies gau-
loises, etc., mais dont l'usage paraît se rapporter aux
premiers temps de l'histoire.
Autres métaux utilisés pendant le premier âge du fer.
On a relevé des traces de fer sur beaucoup de bronzes
des gisements lorrains ; cependant peu d'objets de fer
se sont conservés, à peine pouvons-nous citer :
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Une épée trouvée dans un tumulus, à Diarville (col-
lection Morel) ;
Trois épées trouvées dans les tumulus, de la Naguée
(collection de Martimprey) ;
Trois bracelets de la même provenance (collection
de Martimprey) ;
Un fragment de bracelet, trouvé dans un tumulus de
la forêt de Haye (notre collection) ;
Une tige de fer formant jugulaire (même prove-
nance) ;
Une tête d'épingle en fer, sépulture de Domèvre
(Musée lorrain) ;
En dehors du fer, on a rarement constaté la présence
d'autres métaux accompagnant les mobiliers de bronze,
si ce n'est à Fétat d'alliage accidentel, dû vraisembla-
blement à l'impureté des minerais traités.
L'analyse chimique de l'un des bracelets creux et
fermés de la sépulture de Villey-Saint-Etienne, prati-
quée par M. le professeur Schlagdenhauffen, a donné
la composition suivante :
Cuivre: 88,3; — étain : 7,9; — plomb 3,4 ; —
densité : 5.953.
Il ne semble pas qu'ici le plomb ait été ajouté inten-
tionnellement à l'alliage, sa présence ne pouvant lui
donner de qualités nouvelles et ne changeant d'ail-
leurs que de bien peu son point? de fusion. Le creux de
ce bracelet était complètement rempli par un noyau de
sable siliceux très fin, si fortement imprégné d'oxyde
de cuivre, qu'il avait pris l'apparence du métal patiné.
L'aspect éclatant de F étain le désignait naturellement
pour servir à l'ornementation des objets de parade ;
les lacustres savaient décorer leurs vases précieux de
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rubans d'étain incrustés dans la pâle. Un très grand
nombre de rouelles, surtout parmi les plus petites, sont
en étain pur ou bien en alliage dans lequel rétain do-
mine.
La présence de l'or n'a été constatée qu'une seule
Ibis en Lorraine, sur un torques de Marsal dont nous
avons donné plus haut la description, d'après Beau-
lieu.
Plusieurs objets d'or faisaient, dit-on, partie du tré-
sor de Frouard ; on prétend que l'heureux auteur de
la trouvaille, après avoir vendu les objets en bronze à
un antiquaire de Nancy, aurait quitté le pays pour se
défaire au loin des bijoux d'or, sans danger de reven-
dications ultérieures. Mais n'est-ce point là une légende?
Il serait oiseux d'insister sur ce point, les preuves nous
manquant, et la découverte dite de Frouard, dont le
gisement exact est inconnu, restera longtemps encore
enveloppée de mystère.
Objets en matières premières autres que les métaux.
Après avoir passé en revue les produits de l'indus-
trie métallurgique primitive, recueillis en Lorraine, il
ruste à dire quelques mots des objets fabriqués à l'aide
d'autres matières.
En même temps que la métallurgie du bronze, floris-
saient d'autres industries ; les produits du tissage, de
la vannerie, de la charpente, etc., se retrouvent bien
BQnservés dans les tourbières et les palafittes. Nous
n'avons point à en parler, vu l'absence de semblables
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constatations dans notre département. Mais il est toute
une série d'ornements ou d'outils en diverses matières,
qui ont persisté dans l'usage après l'époque néolithique
ou qui sont apparus pendant la première période des
métaux ; tels sont : les perles d'ambre, de verre , cer-
tains instruments en pierre, en os ou en argile cuite.
Pierres à aiguiser. — Parmi les objets mobiliers
du premier âge des métaux, on rencontre souvent des
instruments en pierre polie, qui rappellent la facture de
l'époque précédente ; ce sont de longs fragments de
roche à faces rectilignes, d'un à deux centimètres de
diamètre, percés d'un trou de suspension à l'une des
extrémités. Le forage a été pratiqué, comme a l'époque
néolithique, au moyen d'un morceau de bois pointu,
attaquant successivement les deux faces.
Dans notre pays, ces instruments sont toujours eu
roche métamorphique verdâtre, à grain lin et homogène,
probablement d'origine vosgienne ; ils servaient d'aflî-
loirs, pour aviver le tranchant des couteaux, épéos ut
faucilles de bronze. La collection Merciol contient un
bel affiloir (PI. X, Fig. 91) de section carrée, et des
fragments de plusieurs autres ; un objet du même
genre appartient au Musée lorrain.
On retrouve aujourd'hui chez les indigènesdu Sahara
algérien le même objet, servant au même usage, de
semblables proportions et percé aussi d'un trou de sus-
pension. Là encore l'affiloir est en roche siliceuse ver-
dâtre, à grain lin ; les Arabes le portent suspendu à la
courroie du couteau.
Les sépultures sous lumulus ont souvent produit des
bracelets en lignite ou en autres substances de couleur
noirâtre. Les mobiliers funéraires des tumulus de
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Contrexétnlle, au Musée iTEpinal, comprennent de très
benux bracelets ou coulants cylindriques , bombés à
l'extérieur et plats à l'intérieur, qui sont en lignite.
Malgré le voisinage immédiat des stations vosgiennes,
nos tumulus n'ont point donné jusqu'à présent de ces
bracelets en forme de cylindre long. M. R. Guérin et
d'autres observateurs signalent bien des bracelets
noirs, trouvés à Malzéville et ailleurs ; mais c'étaient
de simples anneaux, de section arrondie, tels qu'on en
rencontre fréquemment dans tout le Nord-Est de la
France , aussi bien que dans les régions orientales
limitrophes.
Il y a quelques années, M. le professeur Fliche
recueillit dans un tumulus de la forêt de Haye, près de
Clairifeu, avec plusieurs bracelets massifs en bronze,
mi bracelet fait d'une matière qui n'a pas été signalée
jusqu'à ce jour {PL XXVIII, Fig. 92).
Ce bracelet est noir mat, très léger, de forme ovale,
à dos bombé et intérieur méplat ; diamètre intérieur :
53 millimètres, diamètre de la tige : 9 millimètres. Il est
brisé et la cassure montre, au milieu de. la section,
ruuverLure de trois canaux percés d'outre en outre
suivant l'axe de la tige. Ces canaux ne sont autre
chose que le passage de trois fils métalliques, tordus
eu hélice, qui servaient d'âme à la tige ; rongés par
l'oxydation, les fils ont disparu sans laisser d'autre
trace que leur moulage en creux. La matière consti-
tuante est d'une teinte noire rougeâtre, très différente
d'aspect du lignite et aussi beaucoup moins dure et
moïiiri résistante ; un petit fragment, exposé à la surface
d'une laine de fer rougie brûle en dégageant une odeur
de cire d'Espagne.
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M. le professeur Bleicher, à qui cette pièce fut sou-
mise à donné le résultat suivant de son analyse (1) :
« A la cassure, il se montre composé d'une matière
« d'un brun noir assez friable, avec taches noires visi-
« blés à la loupe ou même à l'œil nu. Cette matière,
« insoluble dans l'alcool, est soluble en partie dans le
« chloroforme, abandonnant par évaporation une forte
« proportion d'une substance résineuse jaune brûlant
« avec une odeur empyreumatique. Avec le procédé de
€ M. von Gumbel, aidé de l'action de la potasse, aucune
« trace d'organes végétaux n'apparaît sous le micros -
« cope, et il ne reste que des flocons de matière miné-
« raie. » Le bracelet de Clairlieu est donc composé
d'une poussière minérale siliceuse finement pulvérisée
et d'une matière résineuse noire formant liant, malaxées
ensemble et fortement comprimées sutour d'une tige
rigide constituée par trois fils métalliques tordus. Le
complément du mobilier funéraire : bracelets de bronze,
massifs et ouverts, de forme ovale, poterie noire et
ossements humains non incinérés, semble indiquer une
sépulture de la période moyenne des tumulus.
Ambre. — M. Husson a recueilli une perle d'ambre
dans la grotte des Celtes ; toutefois nous ignorons encore
si cette pièce gisait dans le milieu néolithique inférieur,
ou bien dans les couches superficielles remaniées.
L'un des tumulus fouillés à la Naguée par M. de
Martimprey a produit une perle d'ambre rouge (PL
XX, Fig. 93), de forme allongée et percée selon le
grand axe ; le mobilier de cette tombe comprenait, outre
(1) Matériaux pour une étude préhistorique de l'Alsace,
page 110, 5 e publication.
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un vase décoré de dents de loup, une épée, une grande
épingle et une pince à épiler (PL XX, Fig. 94), le tout
en bronze.
On n'a point signalé dans le département d'autres
trouvailles de ces bijoux en ambre, si répandus pour-
tant dons les tumulus de Haguenau et dans la nécro-
pole de Hallstatt. La provenance de l'ambre employé à
cette époque a été depuis longtemps discutée ; le chi-
miste Otto Helm lui attribue une origine baltique, opi-
nion très vrai semblable pour les sépultures germaines ;
d'autres le font venir par voie d'échange du littoral
méditerranéen ; niais il faut tenir compte aussi des gi-
sements dos Alpes, du Tyrol, et, plus près de nous, de
la Bavière et de la Champagne.
Dans un chapitre intitulé : Matières premières usitées
par les populations anciennes de I Alsace, de la Lorraine
al du Nord de l'Afrique, M. le professeur Bleicher a
excellemment étudié les ornements d'ambre, de corail,
de lignite, elc, trouvés dans les stations pré-romai-
nes : nous ne pouvons que renvoyer à cet intéressant
chapitre des Matériaux de MM. Faudel et Bleicher (4 e
publication),
Boutons en os ou en ivoire. — Ces objets peu carac-
téristiques se rencontrent aussi communément dans les
stations néolithiques que dans celles où le bronze
domine : disques découpés dans la diaphise des os longs
ou des cotes des grands animaux, ils se ressemblent
beaucoup, quelle que soit leur provenance. Cependant
quelques-uns, présentant sur le côté en vue une orne-
mentation de cercles concentriques avec un point au
centre, semblent, par analogie avec certains décors de
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poteries et de bronzes, se rapporter spécialement à Page
des métaux.
La grotte des Celtes, à Pierre, a donné un certain
nombre de boutons d'os; d'autres, déposés comme les
précédents au Musée lorrain, proviennent des recher-
ches du regretté Olry aux environs d 1 Alla in et de
Colombey.
Verre. — Le verre fut connu en Europe en même
temps que le bronze, du moins Pa-t-on trouvé en Franco
et en Italie dans des gisements contemporains du grand
développement de ce métal. Comme le bronze, la nou-
velle matière paraît être d'importation étrangère.^
orientale ; les Egyptiens connaissaient tous les secrets
de Pindustrie du verre et sa coloration au moyen
d'oxydes métalliques longtemps avant l'époque pro-
posée par le récit légendaire de Pline, qui attriblue
son invention à des marchands phéniciens.
Le verre commença à se montrer sous forme de perles
peu transparentes, le plus souvent colorées en bleu par
des sels de cuivre, quelquefois en jaune clair, rarement
ou jamais complètement incolores. Certains verres anti-
ques sont opaques,au point de ressembler à une porcelaine
vitreuse; on pourrait peut-être rattacher à ce genre
quelques-unes des pâtes céramiques destinées à L'orne-
mentation de bracelets et fibules et qu'on ne retrouve
généralement que très décomposées.
En Lorraine, Papparition du verre ne paraît pus anté-
rieure au premier âge du fer. Dans la grotte sépulcrale
des Celtes, dont les couches inférieures sont néolithi-
ques, tandis que les supérieures accusent des traces de
remaniements, on a recueilli une perle de verre bleu,
passée dans un fil de bronze (Musée lorrain) (Pi, XXVI,
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iifj. 88). La sépulture multiple de Villey-Saint-Etienne
a produit une perle de verre bleu- foncé, recouverte
d'une bande d'émail ^ris en zig-zag (PL XXIX,
fi g* 5) } qui se trouvait engagée dans l'ouverture d'un
grand bracelet creux et uni (Musée lorrain).
À Domèvre, plusieurs des anneaux plats, qui repo-
saient sur la poitrine et le col du squelette, portent des
perles de verre suspendues par des fils de bronze non
soudés ; elles sont bleues (PL XXX, ûg. 5 bis), sauf
une seule de plus grande dimension qui est légèrement
teintée de jaune (PL XXX, ûg. 5) (Musée lorrain).
Produits céramiques.
L'art de modeler et de cuire l'argile est de beaucoup
antérieur à la connaissance des métaux ; les néolithi-
ques savaient fabriquer des vases et des fusaïoles qui
ne diffèrent pas sensiblement des produits céramiques
de l'âge du fer ; toutefois, l'époque même de l'invention
soulève encore bien des doutes.
Les poteries néolithiques, si abondantes dans les sta-
tions de nos plateaux lorrains, aussi bien que dans les
dolmens de l'Ouest et du Midi de la France, ne sont
point la première expression de la céramique, les vases
à bords élevés ne pouvant logiquement être le résul-
tat des premiers essais. En raison de T uniformité rela-
tive des types de poteries du dernier âge de la pierre
et de leur abondance dans les stations, il convient
donc de faire remonter plus haut la découverte de cette
industrie.
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On admet généralement que l'art céramique fut intro-
duit en Europe par des populations venues d'Orient ;
mais n'est-ce point là une hypothèse très discutable,
acceptée surtout parce qu'elle simplifie la solution du
problème ?
La fabrication de poteries grossières n'implique pas
nécessairement, à notre sens, la connaissance de règles
techniques résultant d'une longue expérience ; au début
des civilisations, les découvertes industrielles sont dues
au hasard, et ne procèdent pas comme de nos jours, du
raisonnement et de la synthèse. La grossièreté et l'im-
perfection des produits céramiques, pendant le dernier
âge de la pierre, leur perfectionnement progressif au
cours des époques qui suivent, permettent de conjec-
turer que l'invention de la poterie émane d'un progrès
universel ayant apparu partout à son heure suivant
les règles de l'évolution industrielle, sans qu'il soit
besoin de reporter son origine à une influence exotique
déterminée.
Lorsqu'on voit un potier dresser en .quelques ins-
tants un vase sur le tour, on s'imagine difficilement
qu'il ait existé, et qu'il existe encore de nos jours, des
procédés de modelage nécessitant moins d'appareil. Et
pourtant le façonnage à la main précéda de longtemps
l'emploi du tour ; bien des populations actuelles, que la
civilisation a laissées en arrière, en sont restées au
procédé primitif.
Le façonnage à la main d'un vase de forme basse et
de dimensions réduites se conçoit facilement : « une
« poignée d'argile ramassée telle qu'elle dans une main
« et creusée avec l'autre, voilà le premier récipient de
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c terre (1) » ; mais lorsqu'il s'agit de produire des
poteries profondes, les difficultés augmentent. Les
populations primitives employèrent dans ce but des
procédés multiples : modelage de la terre autour d'un
moule solide, dressage des parois au moyen de rubans
d'argile, de colombins, superposés et reliés au fond par
la pression des doigts, etc. L'épaisseur variable des
côtés et l'irrégularité de la forme des vases primitifs
décèlent les différentes méthodes employées.
Si l'invention de la poterie n'est pas due nécessaire-
ment à une influence étrangère, il n'en est pas de même
de l'emploi du tour, qui apparaît en même temps que
les métaux. Dès que nos ancêtres sont en possession
du nouvel outillage, les poteries prennent des formes
élancées, le galbe se dessine et l'ornementation se mul-
tiplie. Le tour, facilitant et simplifiant l'opération du
modelage, produisit une révolution dans l'art céra-
mique ; affranchi de tout souci d'incertitude sur le
résultat utilitaire de son œuvre, le potier put dès lors
concentrer ses facultés sur le galbe et l'ornementation
de ses produits.
A partir de ce moment, il est impossible de distin-
guer, uniquement d'après le galbe, les poteries pré-
romaines des produits céramiques plus récents. Tou-
tefois, si l'on ne peut établir dès aujourd'hui des règles
certaines pour la détermination chronologique des po-
teries primitives, on est du moins en droit d'espérer
que les investigations, si modestes qu'elles soient,
pourront aider quelque jour à éclairer la question.
(1) Ph. Salraon. La Poterie préhistorique, Paris, Doin,
1887.
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Avant toutes choses, si Ton veut arriver à des con-
clusions logiques, lorqu'on étudie la céramique pré-
romaine, il est indispensable de limiter d'abord ses
recherches à une région donnée, et cela pour deux rai-
sons : d'une part, le goût décoratif est souvent localisù ;
d'autre part et surtout, la matière première, la pâte,
donne des résultats qui varient en raison de sa nature
et de sa composition chimique. En Lorraine, les pro-
duits de la céramique pré-romaine présentent des types
dont la variété correspond à chaque période indus-
trielle.
Les stations néolithiques produisent uniquement des
poteries faites à la main, d'une pâte mal épurée, do
formes simples, réduites et sans aucune ornementa-
tion.
La sépulture par incinération de Morville-les-Vic, qui
peut se rapporter à l'âge du .bronze des auteurs, a donné
un vase (1) d'une pâte noire et épaisse, mais d'un grand
diamètre et fait à l'aide du tour.
Enfin les tumulus qui représentent une périotie qui
se prolongea sans aucun doute jusqu'à notre ère, four-
nissent des poteries à pâte fine, d'un travail d'autant
plus parfait qu'elles appartiennent à une époque plus
récente.
Les poteries préhistoriques entières sont rares par-
tout, en Lorraine nous n'en connaissons qu'un seul
exemplaire; en revanche les fragments abondent, L'énu-
mération de ces débris ou de leurs gisements n'offrant
aucun intérêt, nous n'étudierons que quelques échantil-
(1) Cette urne funéraire renfermait des ossements carbo-
nisés, deux bracelets et une épingle en bronze.
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loris provenant de stations bien déterminées et qui
peuvent servir de types.
A) Vase en forme de creuset, à bords droits dressés
sur un fond épais, plat et étroit, pâte noire, grossière,
composée d'une argile peu plastique, mêlée de grains
oolithîques ; faces, intérieure noire et lustrée, exté-
rieure fruste et tachée de rouge (trouvé sur le plateau
do Delme, dans une grouine qui remplissait une dé-
pression du sol ; il était accompagné de silex néoli-
thiques, d'os fragmentés et de charbons). Cette poterie
représente bien le lype de tous les échantillons céra-
miques qu'on retrouve épars dans les stations de l'âge
do la pierre des plateaux lorrains ; elle est évidemment
façonnée à la main, d'une argile prise au hasard dans
le voisinage du campement et à peine malaxée. La
cuisson s'est effectuée à feu nu et à une température
assez basse pour n'avoir point occasionné la transfor-
mation des oxydes ferrugineux dans toute l'épaisseur.
B) Fragments d'un vase d'assez grandes dimen-
sions, à fond plat et parois rectilignes ; pâte noire rou-
geatre en argile très plastique du lias supérieur, mé-
langée d'une forte proportion de diluvium rouge local.
Sur plusieurs des fragments on distingue très nette-
ment ie mode de fabrication : parois rapportées sur un
fond plat à l'aide de la pression des doigts, dont la
trace s'est conservée sous forme de longues impres-
sions verticales (trouvés dans une station riche en
silex taillés, sur une terrasse inférieure de la Meurthe,
à Malzévillè).
Tels' sont les types de poteries qui, en raison de leur
gisement, paraissent se rapporter à la période néoli-
thique. Parmi des centaines d'échantillons analogues,
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recueillis dans les stations de cette époque, aucun ne
présente la moindre trace d'ornementation.
C) Dans une sépulture par incinération, exhumée à
Morville-les-Vic en 1883, on trouva une urne d'environ
20 centimètres de diamètre sur 0,15 de hauteur, qui
contenait, avec des ossements calcinés et des matières
charbonneuses, deux bracelets et une épingle en
bronze. Ce vase, de forme globulaire, à bords renver-
sés, est en pâte noire d'argile triturée avec des débris
de coquilles pilées.
D) En 1887, nous recueillîmes dans les déblais d'une
fouille pratiquée jusqu'à la surface du briquetage, à
Salone, un grand nombre de fragments de poteries de
plusieurs types ; le briquetage est recouvert là par les
alluvions vaseuses de la Seille :
1° Fragments d'un vase de grand diamètre, de forme
légèrement bombée, façonné à la main, intérieur lisse
et noir, extérieur rougeâtre et irrégulier orné d'une
baguette en relief avec impressions digitales ; pâte
d'argile peu travaillée mais très plastique, mêlée de
grains de sable du rhétien ;
2° Bord d'un vase avec trou de suspension en guise
d'anse ; pâte noire et épaisse contenant une forte pro-
portion de coquilles pilées ;
3° Tessons de poterie rougeâtre, faite d'une pâte tri-
turée avec des débris végétaux qui ont laissé leur em-
preinte en creux, et d'une facture très analogue à celle
du briquetage même ;
4° Nombreux échantillons de poterie noire d'une
épaisseur régulière, dénotant l'emploi du tour ; pâte
bien épurée et mieux cuite que les précédentes ; quel-
ques fragments sont ornés de lignes parallèles et de
traits entrecroisés.
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/?) l 'oteries des tumulus de la forêt de Haye et des
remparts du camp d'Afrique : vases de forme globu-
laire ou évasée, à parois minces, pâte bistrée et peu
euiLe, évidemment faits au tour ; ornementation cons-
tante do lignes circulaires, dents de loup et traits entre-
croisés.
F) Vase entier en terre brune, de forme hémisphé-
rique, diamètre t75 millimètres, sur 113 millimètres de
hauteur, probablement fait à l'aide de la tournette,
décoré de quatre traits parallèles au bord ; en outre, le
fond est orné à l'extérieur d'une fossette centrale
autour de laquelle rayonnent des groupes de traits en
'n taille figurant une croix. Cette superbe pièce dont
l'ornementation rappelle les vases à swastika des ter-
rai nares du Heggianais, fut trouvée, dit-on, à Dom-
hasle ; malheureusement rien ne prouve l'authenticité
de cette provenance, et nous ne la mentionnons que
sous toutes réserves parmi les trouvailles lorraines.
Enfin hi collection Beaupré comprend deux très beaux
vases entiers et bien conservés, à bords évasés et ornés
de nervures saillantes ; l'un mesure 120 millimètres de
hauteur, sur MO de largeur, l'autre 90 millimètres de
haut sur 10S rie large. Ces vases représentent un type
qui se montre déjà dans les sépultures gauloises de la
Champagne, mais que l'on retrouve plus communément
à l'époque mérovingienne ; aussi ne nous croyons-nous
Î>bs autorisé â les attribuer avec certitude à la période
pré-romaine.
Fusaïoles, Boutons, Pesons. — Aces différents pro-
duis céramiques , il faudrait ajouter les Fusaïoles,
Boutons et Pesons en argile qui se rencontrent aussi bien
dans les gisements néolithiques que dans les stations
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plus récentes ; mais leur fabrication n'offrant aucune
difficulté et leur technique aucun caractère spécial,
nous nous contenterons de les mentionner.
Briquetage. — Il en est de même des morceaux de
terre cuite qui servirent à édifier le Briquetage de la
Seille ; ce sont en général des cylindres d'argile, de
10 à 20 centimètres de long, grossièrement roulés
dans les deux mains et cuits à feu nu, à une haute
température. Nous aurons l'occasion d'y revenir en
parlant du Briquetage.
En résumé, les poteries ci -dessus énumérées et
datées d'après leurs gisements , choisies d'ailleurs
parmi des centaines d'échantillons identiques, nous
montrent :
1° Dans les stations néolitiques lorraines, des vases
de forme et de volume réduits, sans aucune ornemen-
tation, d'une pâte extrêmement grossière et irréguliè-
rement cuite.
2° Les poteries recueillies à la surface du briquetage
et l'urne cinéraire de la sépulture de Morville, façon-
nées les unes à la main, les autres sur le tour, présen-
tent des dimensions beaucoup plus grandes et une orne-
mentation de baguettes en relief ou de traits en intaille ;
la pâte en est aussi mieux choisie et plus habilement pré-
parée , mais la cuisson s'est opérée à basse tempéra-
ture ;
3° Enfin les vases des tumulus de l'âge du fer et des
fossés du camp d'Alïrique dénotent un grand progrès
dans la fabrication, par la faible épaisseur et le poli des
parois, l'élégance et la variété du galbe et de l'ornc-
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— 302 -
mentation ; mais dans tous ces échantillons encore ,
la pâte est noire dans toute son épaisseur.
Sans nous arrête;* à la forme et aux procédés de mode-
lage, dont on peut cependant apprécier les perfection-
nements successifs, et sans tenir trop dé compte de l'or-
nementation qui peut se retrouver dans certaines pote-
ries modernes faites à la main, il importe cependant de
noter comme un caractère spécial de toutes les pote-
ries préhistoriques lorraines, leur teinte noire constante,
résultant au début d'une température de cuisson insuffi-
sante et qui, dans la suite, semble imposée par l'usage.
Les vases néolithiques et autres, à pâte noire à l'in-
térieur et souvent tachée de rouge à l'extérieur, furent
cuits à l'air libre et certainement à feu nu, mais à une
température basse peu oxydante, soit en exposant les
objets autour d'un foyer, soit en les recouvrant de cen-
dres et de charbons ardents. Chez les nomades de
l'Algérie, les femmes façonnent à la main des poteries
identiques à celles-là, qu'elles cuisent en entassant tout
autour les charbons et les cendres d'un foyer préalable-
ment consumé. Nous avons recueilli un grand nombre
d'échantillons de cette céramique primitive ; presque
tous sont noirs à l'intérieur et rouges seulement à la
périphérie.
Il n'en est pas de même des poteries plus ou moins
Unes, mais-complètemejit noires,de l'âge du fer; celles-
ci furent certainement cuites en vases clos, au milieu
d'une épaisse fumée les imprégnant de bistre. Des foyers
recouverts de gazon humide ou des fosses remplies d'her-
bes et de branches vertes en combustion peuvent pro-
duire de semblables résultats.
Si l'on recherche les causes de cette cuisson à une
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— 308 —
faible température, qui est la caractéristique de toutes
les poteries pré-romaines de notre contrée, il ne sem-
ble pas qu'on puisse l'attribuer à l'impossibilité d'ob-
tenir le degré de chaleur nécessaire ; tandis qu'il est
logique de penser que le maintien d'xine température
régulière, qu'il est indispensable de ne pas dépasser,
sous peine de voir les objets détruits, présentait des
difficultés invincibles, étant donnés les moyens primitifs
dont nos ancêtres disposaient. Une conséquence de la
cuisson imparfaite des poteries est leur peu de résis-
tance aux agents atmosphériques ; presque toutes se
délaient plus ou moins complètement dans l'eau ou la
terre humide. Ce fait permet de les distinguer jusqu'à
un certain point des vases grossiers et bistrés de l'épo-
que mérovingienne, qui présentent souvent le même
aspect, mais furent rendus plus résistants par une
cuisson plus complète.
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— 304
Principaux gisements du premier âge des métaux
TRÉSORS ET OBJETS TROUVÉS EN GROUPE
Avant d'énumérer les gisements lorrains, il est
intéressant de rappeler quelques découvertes faites
dans notre voisinage. En 185t, on trouvait à Vaudre-
vtmges, près de l'ancienne frontière du département de
la Moselle, un trésor composé de soixante-et-un objets
en bronze : moule pour haches, épée à poignée pleine,
disque, pendeloques, bracelets, etc., qui sont déposés au
Musée de Saint-Germain. V. Simon, qui a publié cette
découverte dans les Mémoires de V Académie de Metz
(1S51-52), rapporte que, peu de temps auparavant, on
avait trouvé non loin de Vaudrevanges, au Hanselberg,
une autre cachette renfermant trente haches de bronze
rangées en cercle autour d'une autre plus grande.
Dans le département de la Moselle, le même auteur
signale encore la découverte, au sommet de la côte de
Scy, de deux faucilles, une épingle et une gouge à
douille en bronze, exhumées dans l'enceinte d'un camp
à remparts calcinés.
Plus récemment, l'abbé Ledain acquit onze haches et
vingt- trois faucilles trouvées en groupe sur le terri-
toire de Pouilly, près Metz. On pourrait citer enfin
pour le même département, les trouvailles de plusieurs
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— â05 —
objets de bronze sur remplacement des forts de Plap-
peville et de Saint-Julien-les-Metz.
Département de la Meurthe.
Trésor de Frouard. — Un groupe d'objets très
analogues à ceux de Vaudrevanges, et qui appartient
certainement à la même période industrielle, est déposé
au Musée lorrain sous le nom de Trésor de Frouard.
»
Cette belle collection, dont l'origine exacte est encore
inconnue, fut vendue, pendant la guerre de 1870, à un
marchand d'antiquités de Nancy par un paysan des
environs. On ne put obtenir de cet homme aucun ren-
seignement, sinon qu'il habitait les environs de Frouard;
on raconta, dans la suite, qu'il avait quitté le pays pour
aller se défaire à Paris d'objets en or qui faisaient partie
de la même trouvaille. M. Cournault, qui acquit immé-
diatement les bronzes pour le Musée lorrain, trouva les
objets couverts encore de terre très fraîche, ce qui met
dans tous les cas hors de doute la proximité du lieu de
la découverte. Les cinquante-et-un objets en bronze du
Trésor de Frouard, déposés au Musée, comprennent :
5 haches à ailerons et anneau latéral ;
2 haches à douille ronde, sans anneau ;
2 haches à douille ronde, avec anneau, Tune est
ornée de filets en relief;
1 gouge à douille ronde, décorée comme la hache
précédente ;
1 marteau à douille, à plan de frappe taillé en biseau ;
2 faucilles à rivets ;
1 grand disque résonnant, avec poignée à bélière et
deux petits disques suspendus au centre (semblable au
disque de Vaudrevanges) ;
20
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— 306 —
l'J bracelets creux, ovales et ouverts, section ronde,
oreillettes terminales ;
i tubes à nervures, renflements et pavillon terminal ;
12 groupes il anneaux réunis par trois (probablement
accessoires des tubes précédents) ;
1 grand anneau et un fermoir ou crochet de Cein-
turon.
Trésor de Gerbe viller. — Nous n'avons que des
renseignements très vagues sur l'ensemble de cette
trouvaille; M. Chantre rapporte qu'elle se composait
de quarante pièces formant quatre séries. Dans notre
pays, un seul auteur, croyons-nous, en a dit quelques
mots; dans sa Notice sur Gerbe viller (1), M. Pierot-
Olry raconte qu'on découvrit en 1848, entre Gerbéviller
et Xermaméni), des javelots, lances, flèches et faucilles,
qui furent vendus au Musée d'Epinal et à des amateurs
de la localité. Nous ne croyons pas qu'aucun objet de
cette provenance ligure dans les collections de Nancy.
Au Musée d'Epinal, on voit rangés sous l'étiquette
suivante : « Bracelets, serpe, gouge, kelts, lance en
m bronzé trouvés sur les bords de la Mortagne, près de
« Xermaménit (Meurthe) » :
4 bracelets de bronze, pleins, ovales et ouverts, dos
orné de nervures transversales (identiques à ceux de
la trouvaille de Hosières-aux-Salines (1884) ;
'* bracelets creux, fondus à noyau perdu, ovales et
ouverts, se terminant par des oreillettes plates, orne-
mentation de reliefs en biseau, séparés par des gorges
à trois nervures ;
(1) Paris, 1851,
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— 307 —
4 Bracelets creux, fondus, de même modèle que
les précédents, mais à face intérieure évidée et concave ;
Une gouge à douille ronde, ornée d'une simple ba-
guette saillante au rebord, longueur, 68 millimètres,
diamètre moyen, 16 millimètres ;
Une faucille (la serpe ?), talon brisé, longueur, %
millimètres ;
Une pointe de flèche, fondue, à soie ronde et arête
médiane ;
Une herminette à ailerons, sans anneau latéral, qui
est probablement l'objet désigné sous le nom de Kelt,
Les bracelets creux ou concaves de Gerbéviibr re-
présentent un modèle extrêmement rare dans notre
région ; seule la collection de M. de Martimprey on con-
tient un semblable.
Trouvailles de Rosières-aux-Salines. — Eu 172'J,
un débordement de la Meurthe mit à découvert, sur la
rive gauche de la rivière, près de la métairie de Mdrtaw
« un millier de petites flèches à soie, en broim>, de
« deux pouces de longueur, des manières d'espontons
a (lances), des talons de lances (?), une petite enclume
« et des fragments de métal. Le tout fut porté à la cour
« de François III de Lorraine où il fut dispersé » (Dont
Galmet).
L'une de ces flèches,, qui fît longtemps partie do la
collection de la bibliothèque de Nancy, appartient au-
jourd'hui au Musée lorrain ; elle est à soie longue et
barbes récurrentes, semblable aux flèches trouvées à
Larnaud.
La seconde trouvaille de Rosières date de 1884. En
creusant les fondations de la maison de M. Ancel s
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— 808 -
manufacturier, près de la rive droite de la Meurthe, les
terrassiers rencontrèrent à deux mètres de profondeur,
une couche de terre végétale reconnaissable à des
plantes de marais (carex) restées en place ; cet ancien
sol avait été recouvert par Féboulement d'une terrasse
diluvienne. A cette profondeur, un coup de pioche
amena au jour quatorze bracelets de bronze, tous sem-
blables «le forme et d'ornementation, massifs, ovales et
ouverts, décorés sur le dos de fines nervures transver-
sales. Ils étaient empilés les uns sur les autres, les
côtés ouverts successivement disposés en sens inverse,
de façon a former un cylindre.
Trois de ces bracelets ont été offerts par M. Ancel au
Musée lorrain, un fait partie de la collection de M. Beau-
pré ; les autres sont demeurés entre les mains du
propriétaire et de l'entrepreneur, M. Thouvenin.
Fié ville. — On relève l'annotation suivante dans le
Journal de lu Société d'archéologie lorraine :
<* M. R. Gué ri ii a donné un bracelet en bronze, trouvé
* avec six autres identiquement semblables quant à la
a forme et au diamètre, sans cependant sortir du même
* moulu ! entre Fié ville et Ludres, dans l'espace de
<* deux ans. »
Salivai. — Au Haut de Saint-Jean, plateau dominant
Moycnvic, qui fut occupé plus tard par une station
romaine, un paysan trouva, il y a environ soixante ans,
quatorze haches en bronze. Elles furent vendues par lui.
au prix inespéré de un franc la pièce, à un étranger de
passade à ClnUeau -Salins (communiqué par M. l'abbé
Mereiol. qui lient le renseignement de cet ouvrier,
morl dans sa paroisse il y a deux ans).
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SÉPULTURES
Sépulture par incinération de Morville-les-Vic. —
En 1883, les travaux de culture mirent h découvert, au
lieu dit les grandes Raies, territoire de Murville, un
vase contenant des ossements en partie carbonisés et
des ornements de bronze assez mal conserves. M. I abbé
Merciol, prévenu de la découverte, recueillit, les débris
éparpillés par la charrue et nous communiqua ses
observations.
Le vase, enfoui à une profondeur de 0,40 centimètres,
renfermait avec de menus fragments d'os et de charbon,
deux bracelets de bronze, massifs, ouverts et ovales,
diamètre intérieur, 58 millimètres, de section tms mince
(0 m ,005) sans aucune décoration, et la partie supérieure
d'une épingle en bronze, longue de 82 millimètres, â
tête sphérique, ornée de quatre nervures annulaires
en relief. Le vase, à bords évasés, paraît fait à l'aide du
tour, bien que l'épaisseur des parois ne soit pas régu-
lière ; à en juger par les fragments que nous possé-
dons, il devait avoir m ,20 centimètres de diamètre, sur
m ,15 de hauteur. La pâte enestnoire, grossière, mêlée
de grains de quartz assez volumineux et maculée de
rouge à la périphérie.
La sépulture par incinération de Morvilio est la seule
trace de crémation bien constatée dans notre départe-
ment et divulguée grâce à la présence d'un observa-
teur compétent. On ne peut douter cependant que
d'autres sépultures du même genre n'aient été exhu-
mées en Lorraine ; mais amenées au jour le plus sou-
vent par les travaux de la culture, qui bouleverse les
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— 310 —
cendres et les ossements, brise et disperse les pièces
de poterie, elles ne sont signalées qu'autant qu'elles
contiennent des objets de métal, attirant l'attention ou
la convoitise des hommes.
Sépultures de Blain ville. — En 1865, M. Joly,
de Lunêville, signalait à la Société d'archéologie lor-
raine de nombreuses sépultures « par incinération dans
des caissons de pierres sèches », entre Blainville-sur-
l'Eau et Damelevières, sur le coteau exposé au nord, au
pied duquel passe le chemin qui relie ces deux com-
munes. Eu le même auteur dit plus loin : « Il y a cin-
quante ans, on découvrit dans la même localité, au
Haut de Saint- Jean, de nombreuses sépultures avec
bracelets et colliers de bronze ». Aucun de ces objets
n'a laissé de traces dans nos collections.
Sépultures de Villey-Saint-Etienne, 1867. — Nous
extrayons d'une note communiquée à l'Académie des
Sciences (juin 1867), par M. Husson, de Toul, les lignes
suivantes qui paraissent bien se rapporter à des sépul-
tures par incinération :
* Découverte à Villey-Saint-Etienne, sur les dilu-
u vimn alpin et post-alpin, de restes de foyers, urne
« cinéraire avec ossements calcinés et autres vases
i funéraires g (Husson, Analyse chimique de divers
ossemenls quaternaires des environs de Toul, p. 5).
Sépultures par inhumation : Villey - Saint -
Etienne (1). -- Au mois de décembre 1885, des ou-
(1} VîHey-Saint- Etienne, Mémoires de la Société d'Ar-
chéologie lorraine, par le D r Bleicher et L. Wiener. Nancy,
1886.
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— 311 -
vriers trouvèrent, en décapant la surface d'une carrière
à moellons, près de Villey-Saint-Etienne, une station
funéraire, riche en objets de bronze. La carrière qui
donna lieu à cette découverte est située à l'angle ouest
du village de Villey, entre le talus d'escarpement qui
domine de 40 à 50 mètres la vallée de la Moselle et la
route de Toul. Les squelettes gisaient sous une couche
de 60 centimètres à un mètre de sable appartenant au
diluvium rouge.
Suivant M. Mailien, ingénieur, qui dirigeait les tra-
vaux, les sépultures consistaient en fosses rectangu-
laires, dont les parements étaient revêtus de menues
pierrailles grossièrement appareillées, sans dalles de
recouvrement.
Les ornements de bronze dont étaient parés les
squelettes, et que M. Mallien a bien voulu offrir au
Musée lorrain, indiquent la présence d'au moins cinq
individus ; ils comprennent (V. PL XXIX) ;
Fig. 1. — Un torques massif, ouvert, à tige cylin-
drique, sans ornementation, diamètre 212 milli-
mètres ;
Fig. S. — La moitié d'un torques massif, semblable
au précédent ;
Fig. 10. — Quatre torques, massifs et ouverts avec
extrémités à renflements aplatis, ornés de bourrelets
sphériques séparés par des losanges, filets, grénetis et
volutes en S, diamètre 138 millimètres ;
Fig. 11. — Cinq torques massifs et ouverts, du
même type que les précédents, mais avec huit bourre-
lets séparés et ornés comme plus haut, diamètre, 135
millimètres ;
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— 312 —
Fig. S. — Un torques fermé, à tige creuse, diamètre,
210 millimètres ;
Fig. S, — Un bracelet massif, ouvert et uni, légère-
ment aplati à l'intérieur ;
Fig. Î3 à 17. — Cinq bracelets massifs, ouverts et
ovales» diamètres 58 à 70 millimètres, avec extrémités
hémisphériques ;
Fig* 12. — Un bracelet orné de perles et volutes ;
les sphères creuses qui le terminent retenaient un petit
caillou déprimé ;
Fig, G et 7. — Cinq bracelets creux et fermés, sans
ornementation, diamètres, 75 et 80 millimètres ;
Fig. 4. — Un anneau de jambe ou de bras, massif,
ouvert et uni, diamètre, 120 millimètres ;
FJg. S* — Six anneaux creux, ouverts et unis, dia-
mètre, [%*! millimètres; l'un d'eux (ûg. 5) porte une
perle de verre bleu, contournée d'une bande d'émail
blanc retenue dans l'ouverture, (un anneau creux sem-
blable aux précédents, est déposé dans la collection de
M. Wiener) ;
Fig. 18 et 19. — Deux anneaux fermés, diamètres
50 et 86 millimètres, présentant les traces de pattes
d'attache, ou d'anneaux de bélière ;
Fig. 20 et 21. — Trois fibules en arbalète, à ressort
bilatéral, sans ornementation :
Fig. 22, — Une pendeloque composée de trois an-
neaux supportant un culot de bronze ; on distingue au
sommet la trace d'un anneau de suspension.
Aucun fragment de poterie n'accompagne le groupe
d'objets en hronze de Villey-Saint-Etienne ; est-ce à
dire pour cela que les tombes ne contenaient pas de
vases funéraires ? Il semble plus probable que les débris
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céramiques, souillés de terre, ont passé inaperçus et
furent rejetés avec le sable.
La plus grande partie des ossements humains
subit du reste le même sort ; M. Mallien ne put
recueillir que les débris de deux individus. Ces osse-
ments, remis à M. le docteur Bleicher, qui les a étudiés,
consistent en :
« Un frontal avec saillie sus-or bitaire assez forte,
« glabelle prononcée, front un peu fuyant ; une por-
« tion des deux pariétaux, fragments du crâne, qui,
« combinés avec le précédent, semblent indiquer une
« tête plutôt dolichocéphale que brachycéphale ; une
« rrâchoire inférieure complète, qui ne présente rien
« (> particulier à signaler, pas plus que les os longs
« des membres et les os de deux bassins, la plupart
« incomplets. »
L'ensemble des bronzes creux ou massifs de Villey
nous reporte au premier âge du fer, bien que la pré-
sence de ce métal ne se décèle que par quelques traces
d'oxyde à la surface des pièces ; il est vrai de dire que
ces traces ferrugineuses pourraient avoir pour origine
ici les oxydes de fer qui colorent le diluvium rouge.
Néanmoins, la technique des fondeurs , le type des
objets, aussi bien que la présence d'une perle de verre
émaillée indiquent une date assez récente dans la pé-
riode primitive des métaux. (Voir, page 286, l'analyse
des bronzes creux de Villey, par M. le professeur
Schlagdenhauffen).
Sépultures de Liverdun. — Pendant les derniers
mois de l'année 1886, les travaux d'exploitation d'une
gravière, sur les bords d'une terrasse élevée de six
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ttétres nu -dessus du lit de la Moselle, près du bac de
Liverdun, amenèrent au jour plusieurs sépultures ana-
logii'Jfi à celles de Villey. Les squelettes gisaient dans
des caissons de pierres sèches, sous 80 centimètres de
terre végétale ; malheureusement les sépultures furent
détruites par les ouvriers et les ossements éparpillés.
Cependant l'entrepreneur recueillit quelques ornements,
torques et bracelets, qu'il a offerts au Musée lorrain :
ce sonl des torques et des bracelets massifs et ouverts,
terminés par des segments de sphères aplaties. En
outre, plusieurs bracelets de la même provenance font
partie des collections Bretagne, Quintard et Lemaire.
Les quelques ossements humains que nous pûmes
retrouver dans les déblais appartiennent à des indivi-
dus d'une taille au-dessous de la moyenne.
Dans la coupe de la même gravière, sur le front Est,
nous avons reconnu les restes d'un fourneau à fondre
le fer, contenant encore d'abondantes scories incom-
plètement épuisées. De forme conique régulière et
revêtu intérieurement de pierres et de terre glaise, il
présentait à la base une ouverture pour l'écoulement
des matières en fusion.
Sépultures de Gondreville. — Dans sa note « Sur
* quelques antiquités trouvées dans T ancienne province
« Leukey 1849 », l'archéologue Dufresne a signalé la
découverte d'un cimetière à Gondreville. En 1835, dit-
il, un cantonnier, extrayant du sable au confin appelé
la croix Sainte-Anne, sur le chemin de Sexey à Gon-
dreville, trouva à un mètre de profondeur une vingtaine
de sépultures. Les squelettes, déposés dans des cais-
sons en pierres sèches, « portaient des bracelets, armil-
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— 315 —
laires et des colliers en bronze de formes variées, mais
la plupart à bombes espacées, avec fibules et débris de
chaînes ». Ces divers objets furent répartis entre la
Bibliothèque nationale et la Collection Dufresne.
Sépultures de Ghampigneulles. — M. R. Guérin a
consigné dans sa description des « objets antéhistori-
ques du Musée lorrain (Nancy, 1869) » les renseigne-
ments qui suivent, sur cette station :
Vers 1844, des ouvriers employés à une exploitation
de ballast, près de Champigneulles, entre le passage à
niveau du chemin de fer et la Meurthe, découvrirent à
50 centimètres à peine de profondeur, enfouis dans des
alluvions sableuses, un certain nombre de squelettes
disposés sans ordre et simplement dans le sol. Les
corps paraissaient avoir appartenu à des hommes d'assez
haute taille, les os profondément altérés s'évanouis-
saient au moindre attouchement ; près d'eux reposaient
des vases en terre qui furent brisés... A la place du
cou, une tige de métal (bronze), dont les deux extrémi-
tés rapprochées formaient un collier ; aux cuisses, un
anneau sans ouverture ; au poignet et à la jambe, un
bracelet à solution de continuité. Le nombre des objets
de bronze recueillis en différentes fois, par suite de
l'irrégularité de l'exploitation pendant une période de
vingt années, peut s'élever à une cinquantaine de pièces,
dont treize seulement sont arrivées au Musée lorrain.
L'incendie du Musée, en 1871, a détruit plusieurs de
ces objets et altéré les autres ; grâce aux figures qui
accompagnent le mémoire de M. Guérin, on peut cepen-
dant reconnaître encore : des bracelets massifs, ovales
et ouverts, de section arrondie avec intérieur méplat,
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— 316 -
dos orné de nervures transversales, très analogues aux
bracelets trouvés à Rosières en 1884, et des torques
massifs, de section ronde et sans ornements.
Sépulture de Moncourt. — Nous empruntons au
même ouvrage de M. Guérin les lignes suivantes (i) :
« On a trouvé il y a quelques années, près de Mon-
« court, dansles environs de la riche vallée de la Seille,
« une sépulture contenant un splendide anneau de
« bronze, au centre duquel reposaient les deux os de la
« jambe du squelette. »
Nous avons décrit plus haut (page 276) ce superbe
bracelet concave qui est aujourd'hui la propriété du
Musée lorrain (V. PI. XXV, fig. 77).
Sépulture de Marsal . — Beaulieu mentionne, dans
son « Archéologie de la Lorraine », une station funéraire
très riche en ornements de bronze, qui fut découverte à
Marsal en 1838.
Des ouvriers qui creusaient un nouveau lit à la Seille,
sous les murs de la forteresse, rencontrèrent à m 50 cen-
timètres sous le sol, une vingtaine de squelettes dont
les ossements étaient bien conservés. Ils avaient les
pieds tournés vers l'Orient et les bras croisés sur la
poitrine. Ils portaient au cou des torques en bronze, et
des anneaux de même métal ornaient leurs bras et leurs
jambes. L'un des torques présentait des rosaces d'un
émail vert ou bleu, serties sur un fond d'or ; cette pièce
est figurée avec un bracelet, n os 9 et 10, planche I du
premier volume de V Archéologie de la Lorraine. Les
(1) Même note insérée dans le Journal de la Société d'Ar-
chéologie lorraine, 1867, p. 76.
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objets furent recueillis par M. Gauthier, alors capitaine
du génie et directeur des fortifications de Marsal ; au-
cun d'eux ne figure dans nos collections.
Sépulture de Chaudeney. — Le 9 avril 1875, les
travaux pour la construction de la redoute de Chaude-
ney, près de Toul, mirent à découvert des ornements
de bronze renfermés dans un caisson en bois. D'après
un rapport détaillé, dressé par le lieutenant chargé des
travaux, la fosse, profonde de 0,80 centimètres, avait la
forme d'une pyramide tronquée d'environ l m 40 de lon-
gueur ; les faces étaient orientées N. S., E. 0.
Quatre bracelets massifs et ouverts, pesant ensem-
ble 450 grammes, et une épingle en bronze gisaient au
milieu de cendres, de charbons et de fragments de bois
d'essence feuillue provenant des débris du caisson. Le
rapport ne signale ni poteries, ni ossements.
Les quatre bracelets, identiques de forme, diamètre,
92 millimètres, à face interne plate, sont ornés de ner-
vures et de chevrons (PL XXV, ûg. 86) ; l'épingle
n'est autre chose qu'une portion, longue de 175 milli-
mètres, d'un torques déroulé et redressé (PL XXII,
fig. 76).
Les cinq pièces de la trouvaille de Chaudeney font
partie de la collection de M. Vivier, à Nancy,
Sépulture de Domèvre-en-Haye. — Le 26 avril
1886, la charrue mit à découvert, dans un terrain au
sud de Domèvre, une sépulture dont le mobilier funé-
raire présente des particularités fort intéressantes. Le
squelette, gisant sous 0,40 centimètres de terre, était
orienté la tête vers le Sud et les ornements de bras et
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— 318 -
de jambes occupaient leurs places respectives. Les cul-
tivateurs qui l'exhumèrent n'ont remarqué aucune trace
de cercueil de pierre ou de bois ; toutefois avec les
débris d'os qui nous sont parvenus, se trouvent un
petit fragment de bois d'essence feuillue et un tesson
de poterie noirâtre faite au tour.
Nomenclature des objets {PI. XXX) :
Fig. 1. — Quatre anneaux de jambe, massifs, pré-
sentant onze saillies ou olives en relief, diamètre, 68
millimètres, les deux extrémités de la tige se rejoi-
gnent sans soudure ;
Fig. 2. — Deux Bracelets à renflements hémisphéri-
ques creux, diamètre intérieur, 57 millimètres, munis
d'un système de fermeture à tenons avec segment mobile;
Fig. 3 et 3 bis. — Un crochet de ceinturon et son
anneau ornés tous deux de perles espacées ;
Fig. 4. — Une lourde fibule massive, à balancier et.
ressort bilatéral ;
Fig. 5, 5 bis, o ter. — Vingt- trois anneaux plats
trouvés dans la région du col et du thorax ; quelques-
uns portent, reliés par des fils de bronze non soudés,
des perles de verre blanc légèrement fumé {fig. 5), de
verre bleu et d'argile cuite {fig. 5 bis) ; sur l'un deux
on remarque un prolongement brisé, qui fut probable-
ment un crochet de fermeture {fig. 5 1er.); tous ces
anneaux sont fortement tachés d'oxyde de fer ;
Fig. 6. — Une rouelle en bronze à quatre branches,
plate et sans relief, percée d'un trou au centre, diamè-
tre 25 millimètres ;
Fig. 7. — Une tête sphérique d'épingle ou de clou
en fer ;
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— 319 —
Fig. 8. — Un petit objet de bronze, en forme de
pied minuscule et pouvant être suspendu, comme le
prouve la trace d'un anneau brisé à la partie supé-
rieure ;
Fig. 9. — Enfin une statuette impudique en bronze,
haute de 48 millimètres, le col orné en guise de torques
d'un fil de bronze non soudé. Cette pièce intéressante,
que nous avons déjà décrite (page 284). reposait sur la
poitrine du squelette ; elle est fortement encroûtée
d'oxyde de fer, ce qui semble indiquer qu'un fil de ce
métal la rattachait au collier.
Sans parler de cette statuette, dont nous ne connais-
sons pas d'autre spécimen en France, mais qui se rap-
proche des figurines de Hallstatt, de Bologne et du
Koban, les ornements de Domèvre présentent des types
spéciaux assez rares. Nous r,e croyons pas qu'on ait
signalé ailleurs de ces bracelets avec fermeture à
tenons : le Musée de Saint-Germain possède deux bra-
celets, de Jarry (Marne) et deux anneaux de jambes, de
Châlons-sur-Marne, d'un modèle identique, il est vrai,
mais avec une fermeture différente.
L'ensemble des objets recueillis à Domèvre nous
autorise à identifier cette sépulture à celles de la Marne,
où apparaissent les premières représentations de la
figure humaine en relief sur certains torques (collections
Morel, de Baye et Bosteaux).
En dehors de quelques sépultures par incinération,
insuffisamment étudiées et qui se sont du reste mon-
trées fort rares dans notre pays, la plupart des tombes
souterraines exhumées dans le département de la
Meurthe appartiennent à l'époque de cette grande
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— 320 —
évolution de la métallurgie, qui fut le premier âge du
fer.
L'âge du fer se signale par de nouvelles pratiques
funéraires : jusqu'alors Phomme avait enseveli les
restes des siens dans les grottes, dans les dolmens ou
dans la profondeur du sol ; dès le jour où le fer se
substitue au bronze pour la fabrication des armes, on
voit s'élever des tumulus.
En général, les tumulus recouvrent des squelettes
ou des urnes crématoires simplement déposés sur le
soi. Cependant les tertres de terre ou de pierre ne con-
tiennent pas tous des restes humains ; on ne trouve
souvent dans la couche inférieure que les charbons d'un
foyer funéraire , il en est même dans lesquels les
recherches les plus minutieuses n'ont point laissé aper-
cevoir la moindre trace d'os ou de charbons. Quelle
était la destination de ces derniers tumulus, en tout
semblables d'aspect aux autres ? n'est-ce point des mo-
numents élevés par la piété llliale à des membres de la
tribu morts au loin ?
SÉPULTURES SOUS TUMULUS
Les tumulus, connus sous les noms de tombelles,
tombes celtiques, hùnengraben, etc., dans les différents
pays, se trouvent en très grand nombre dans l'Est de
la France et sur les deux rives du Rhin. Ce sont des
tertres funéraires artificiels de terre ou de pierre, de
forme presque toujours circulaire, d'un diamètre et
d'une hauteur des plus variables, les dimensions
moyennes étant de 7 à 12 mètres de diamètre, sur 1 à 2
mètres de hauteur. Les tumulus se montrent en géné-
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— 321 -
rai groupés en nombre indéfini, vraisemblablement en
raison du chiffre de la population dont ils recouvrent
les restes. On sait qu'ils abondent dans les plaines de
F Alsace où ils forment une chaîne ininterrompue depuis
Huningue jusqu'à Seltz ; la forêt de Haguenau en con-
tient plusieurs centaines, dont M. Nessel a fouillé la
plus grande partie. On n'en a signalé aucun dans le
massif montagneux des Vosges ; mais nous les retrou-
vons, bien qu'en groupes moins nombreux, dans les
cantons orientaux de la Meurthe et de la Moselle. Enfin
des rives de la Moselle jusqu'à la Franche-Comté et la
Bourgogne, la série reprend sans interruption.
Les sépultures sous tumulus ont été jusqu'à ces
dernières années l'objet de peu de travaux dans notre
département. Tout près de nous, les fouilles métho-
diques pratiquées par MM. de Saulcy, Maud'heux, Tho-
mas et Renault, dans les Vosges, MM. de Ring et
Nessel, en Alsace, pour ne citer que les plus connus de
ces explorateurs, avaient fourni des renseignements
intéressants sur les mœurs et les pratiques funéraires
des Gaulois d'avant la Conquête. L'ère des tumulus
paraît s'être prolongée fort longtemps dans nos con-
trées de l'Est ; les tertres de Mackwiller et de la
Naguée, avec cromlechs et caissons de pierres renfer-
mant exclusivement des objets de bronze, se rapportent,
selon toute vraisemblance, aux débuts du nouveau
mode de sépulture; tandis que certains tumulus de
Haguenau, eh Alsace, de Bouzemont et de Martigny-
les-Gerbonvaux, dans les Vosges, qui ont fourni en
même temps des mobiliers de l'époque mérovingienne
et du premier âge du fer, témoignent de la persistance
des mêmes usages funèbres à travers les siècles*
21
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— 322 —
Dans le département de la Meurthe, bien que les
tumulus fussent très nombreux sur nos plateaux, aussi
bien dans la plaine, la plupart de ceux qui attirèrent
l'attention avaient été ouverts par la charrue ou dé-
truits par des travaux de terrassement, le plus souvent
sans profit pour l'archéologie. Cependant Beaulieu, au
camp d'Affrique, Oiry à Bagneux, MM. Cournault et
Guérin à Malzéville et au Noirval ont fait ouvrir un
certain nombre de tombelles et publié des comptes
rendus intéressants.
Plus récemment M. de Martimprey pratiquait des
fouilles dans les tombelles de son domaine de la
Naguée , M. Morel faisait de riches découvertes dans
les sépultures de Diarville et nous-même tentions de
semblables recherches dans les tumulus en pierres
sèches du plateau de Haye.
A la même époque, M. Pfister publia, dans la Revue
Alsacienne (i) , un travail d'ensemble sur les sépultures
sous tumulus de la Lorraine et de l'Alsace ; cet ouvrage
contient une description de ces monuments sur les deux
versants des Vosges et une analyse du résultat des
recherches. Les qualités éminentes du professeur se
retrouvent dans la clarté de l'exposition et en particu-
lier dans ses conclusions au sujet des peuplades gau-
loises. Il faut savoir gré à M. Pfister d'avoir comblé
une lacune et rappelé l'attention des archéologues sur
ces monuments qui resteront longtemps encore une
mine inépuisable de renseignements.
Beaulieu, en pratiquant des fouilles dans le camp
d^ffrique vers 1840, trouva, dans le fossé qui sépare
9
(1) Revue Alsacienne, 1886.
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les deux remparts, neuf tumulus de forme allongée et
de un mètre de hauteur. Les ayant ouverts, il en retira
« des ossements décomposés et des fragments de pote-
rie extrêmement grossière », qu'il pensa avoir appar-
tenu à quelques pauvres soldats romains. Des échan-
tillons de ces vases ont figuré au Musée lorrain jusqu'au
jour de l'incendie en 1871 ; d'après M. R, Guérin qui a
pu les examiner, ils étaient d'une pâte noirâtre et du
même type que toutes les poteries lorraines du premier
âge du fer.
En 1866, le regretté Olry signalait des groupes de
tumulus dans la forêt de Viterne et dans le hois com-
munal de Bagneux. Les fouilles produisirent peu de
choses ; cependant il fut constaté que, dans Tune des
tombelles de Bagneux, les funérailles avaient eu lieu
par incinération sur une aire d'argile battue que recou-
vrait le tumulus. Les autres tombes ne montrèrent pas
trace de feu, non plus que d'ossements humains ; à
peine y recueillit-on quelques fragments de poterie.
L'existence d'un foyer et l'absence d'ossements n'im-
pliquent pas nécessairement, à notre avis, l'idée de cré-
mation ; les squelettes peuvent avoir disparu avec le
temps, après avoir été placés sur le foyer préalable-
ment consumé.
En 1867, MM. Gournault et Guérin découvrirent sur
le. coteau de Malzéville, une quinzaine de tertres funé-
raires, en pierres sèches, de forme allongée tst de di-
mensions variant de deux à six mètres de longueur,
sur ra 60 à l m 40 de hauteur, lis trouvèrent ces tumulus
vides d'ossements humains ; mais l'un deux recouvrait
un large foyer et ils recueillirent au milieu Je ce foyer
deux haches polies, qui avaient subi l'action du feu*
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— 324 —
Les autres tombes étaient vides ; autour d'elles, des
rejets de cuisine, charbons, poteries brisées, éclats de
silex, et os d'animaux fendus en long formaient une
zone de quelques mètres de largeur. Les dessins que
donne M. Guérin de cette poterie et de son ornemen-
tation au trait, aussi bien que l'examen des fragments
déposés au Musée lorrain, permettent de constater une
identité absolue avec toutes les poteries recueillies par
nous dans les tumulus et au pied dés remparts du
Camp d'Affrique.
Il y a quelques années, lors de l'achèvement de la
route forestière de Villers, sur le plateau de Haye, les
terrassiers utilisèrent les pierres d'un tumulus voisin
pour l'empierrement du chemin. Lorsque leur carrière
fut épuisée, ils découvrirent sur le sol naturel, des
ossements humains. M. le professeur Fliche, prévenu
de la découverte, put observer les conditions d'inhu-
mation et recueillir quelques objets. Le corps était
couché au centre, sous 40 centimètres de remblai ; il
avait au bras un anneau fermé, fait d'une matière bitu-
mimeuse, moulée autour de trois fils de métal, et deux
bracelets en bronze, massifs et ouverts , de forme
ovale. L'un des bracelets présente des traces mani-
festes du voisinage d'objets en fer dont il ne restait
point d'autres traces. Aux pieds du squelette, étaient
les débris d'un vase à pâte noire fait au tour ; on ne
remarqua ni charbons, ni foyer.
C'étaient là, à notre connaissance, les seules recher-
ches pratiquées dans les tombelles de notre pays,
quand M. le comte de Martimprey entreprit dans les
tumulus de son domaine de la Naguée, au canton de
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— 325 —
Bayon, des fouilles fructueuses dont il a bien voulu
nous adresser le compte-rendu détaillé. Nous extrayons
de son mémoire les renseignements intéressants qui
suivent :
La ferme de la Naguée occupe, sur une hauteur
qui forme la ligne de partage des eaux de la Mortagne
et de l'Euron, un vaste terrain autrefois couvert de
bois, qui fut défriché vers 1845. Il existait là un certain
nombre de tumuius dont quelques-uns lurent peu à peu
nivelés par la charrue ; tandis que d'autres, isolés ou
dispersés sans ordre par petits groupes de deux ou
trois, se sont conservés intacts. On se souvient, dans le
pays, que lors du défrichement, on trouva beaucoup
d'objets en bronze, qui furent vendus par les ouvriers ;
d'autres, recueillis depuis par le fermier actuel, sont
aujourd'hui en la possession de M. de Martimprey.
Gomme ces derniers proviennent, selon toute pro-
babilité, de tumuius détruits, Pénumération en est inté-
ressante ;
1° Deux bracelets de bronze, massifs, ovales et
ouverts, diamètre intérieur, 64 millimètres, les extré-
mités se terminent par des bourrelets aplatis et l'orne-
mentation consiste en filets saillants ; d'un type très
commun en Lorraine, ils sont fortement tachés d'oxyde
de fer (PL XXVI, Fig. 84) ;
2° Un petit bracelet de bronze» de même modèle et
même ornementation que les précédents, mais de 38
millimètres seulement de diamètre ;
3° Deux bracelets ouverts, formés d'un mince ruban
de bronze, large de 10 à 12 millimètres dans la région
moyenne, qui se rétrécit vers les extrémités et se ter-
mine en cône tronqué ; ils sont ornés de trois filets
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- 826 —
perlés, courant dans le sens de la longueur, diamètre,
82 millimètres (PL XXVI, Fig. 85) ;
4° Un bracelet en bronze coulé, évidé à l'intérieur,
se terminant à l'ouverture par des segments de disques
aplatis ; l'ornementation consiste en neuf bourrelets
anguleux saillants et séparés par des groupes de trois
filets ; plusieurs bracelets identiques à celui-là font par-
tie du trésor de Gerbévillers, découvert sur les bords
de la Mortagne à moins de deux lieues de la Naguée
(PL XXVI, Fig. 79) ;
5° Enfin un bracelet en fer, à large ouverture, mais
dont l'état d'oxydation ne permet pas de reconnaître
l'ornementation.
En 1883, M. de Martimprey fit exécuter des fouilles
dans onze tumulus intacts. Il observa que le sol sous-
jacent avait été creusé à l'endroit'du corps, à une pro-
fondeur de 25 à 30 centimètres, le fond et les parois
avaient été ensuite garnis de pierres brutes ; puis le corps
était recouvert par un amas de grosses pierres qui
atteint parfois jusqu'à 0,60 centimètres d'épaisseur, sur
3 à 4 mètres de diamètre. Les pierres qui ont servi à
la construction des caissons funéraires ne proviennent
pas du lieu même, où Ton ne rencontre que du grès
sableux ; leur gisement le plus rapproché ne se trouve
pas à moins d'un kilomètre de là.
I. — La première tombe fouillée renfermait sans
doute les restes d'une femme; le corps était en place.
A ses pieds, gisaient les débris d'un vase en terre
noire, qui avait au moins 30 centimètres de diamètre, à
en juger par la courbure des fragments ; ceux-ci étaient
devenus tellement friables, par suite de l'humidité, qu'ils
s'écrasaient sous la pression des doigts, remarque qui
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— 327 —
s'applique à tous les morceaux de poterie recueillis par
l'observateur. Ce vase, vide d'ailleurs, était orné de
traits circulaires réunis par séries de trois.
A la hauteur du poignet gauche se trouvait un brace-
let en fer, fortement rongé par la rouille et privé de ses
extrémités, de sorte qu'il offre l'aspect d'un demi-cercle
mince légèrement elliptique. Vers le haut du bras un
anneau en bronze, fermé, de 87 millimètres de diamètre ;
il est formé d'une tige cylindrique aplatie à l'intérieur.
II. — Dans la sépulture suivante, une épée en fer
reposait sur les jambes du squelette. Cette arme en
partie détruite par la rouille, ne put être retirée que
par fragments dont le plus grand a 180 millimètres de
longueur. La lame commence par s'évaser obliquement
jusqu'à atteindre une largeur de 55 millimètres, elle
diminue ensuite de largeur et d'épaisseur et semblerait,
d'après l'aspect actuel, se terminer en pointe assez
aiguë. On remarque sur un des fragments deux rainures
longitudinales, qui courent parallèlement l'une à l'autre.
La poignée a disparu, mais une portion de la soie, lon-
gue de 50 millimètres, sur 32 de largeur, a conservé un
rivet de bronze de 5 millimètres de diamètre.
Aux pieds du mort, se voyaient les restes d'un vase
à pâte brune, qui parut avoir renfermé de la terre gra-
nuleuse, chargée d'oxyde de fer et mêlée de menus
charbons. Au milieu de ces débris se trouvait un rasoir
de bronze, demi-circulaire, de 90 millimètres de dia-
mètre, sur 31 de largeur, muni de deux bélières et orné
sur le plat de deux lignes parallèles réunies par des
dents de loup (PL XX, ûg. 60).
Les tombes III #t IV ne renfermaient que des frag-
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lïients de poterie, sans traces d'ossements ; la tombe V
était vide,
VI. — Cette sépulture avait été violée antérieure-
ment, ta partie supérieure du squelette manquait, mais
les fémurs et les tibias étaient restés en place. Le long
des jambes se trouvaient des morceaux de fer, plats et
larges de 20 à 40 millimètres. Bien que non placés régu-
lièrement X la suite les uns des autres, il devaient ap-
partenir à une épée, dont l'état de fragmentation ne
permit pas de reconnaître la forme et les dimen-
sions,
VïL — Cette tombe, qui ne présentait à l'œil qu'une
butte relativement petite, était cependant la plus riche.
Aux pieds du squelette gisaient les débris d'un vase en
terre noire, d'environ 30 centimètres de diamètre, dont
la décoration consiste en un large ruban formé de fos-
settes ovales, surmontées d'un rang de dents de loup
en relief sur champ levé. Sur les jambes et un peu obli-
quement, reposait une belle épée de bronze, longue
de 642 millimètres, dont 610 pour la lame. Elle est en
forme de feuille avec une largeur maxima de 37 milli-
mètres à la partie moyenne; la soie, plate et courte, a
conservé deux rivets de bronze qui débordent de 10
millimètres. La section de la lame présenterait la figure
d'un losange, épais de 9 millimètres au fort; les tran-
chants sont formés par un amincissement brusque des
côtés, dont le ressaut anguleux produit l'aspect de rai-
nures latérales (PL XXI, ûg. 66). Parmi ces débris
figurait encore un fil de bronze, replié en U, dont les
extrémités contournées en volute, sont réunies par un
fil de bronze d'un plus faible diamètre. Sur l'épée,
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— 829 —
perpendiculairement à la direction de la lame, se trou-
vait une belle épingle de bronze, à tête conique et tige
annelée, longueur totale, 41 centimètres (PL XXIl f
ûg. 75). Vers la poitrine on recueillit une pince à épi-
ier, formée d'un mince ruban de bronze, orné de quel-
ques traits en intaille sur la courbure et élargi aux extré-
mité s (PL XX, ûg. 94) , enfin une perle d'ambre brun
et opaque, percée dans Taxe et longue de 27 millimè-
tres (PL XX, ûg. 98).
VIII. — Voisin du précédent, ce tumulus recouvrait
un cercle de pierre de 10 mètres de diamètre , sur
70 centimètres de largeur et 50 centimètres de hau-
teur. Les déblais ne produisirent que quelques débris
de poterie et des traces nombreuses d'oxyde de cuivre.
IX. — La tombe, presque entièrement nivelée eL
renfermant peu de pierres, produisit deux bracelets
encore passés dans les bras. Ils sont en bronze plein,
de section cylindrique , ovales et ouverts (diamètre
intérieur 62 millimètres), ornés sur le dos de filets sail-
lants et terminés par des bourrelets plats.
X et XI. — Placés l'un à côté de l'autre, ces deux
tumulus sont de grandes dimensions et contenaient peu
de pierres. Il ne s'y trouva pas d'ossements, mais seu-
lement dans le second un fragment d'anneau en fer très
oxydé, du diamètre d'un petit bracelet et, dans les deux,
des restes informes de terre cuite, épars sur tous les
points.
Tels sont les résultats remarquables des fouilles
entreprises par M. de Martimprey. La Nécropole de la
Naguée s'est montrée exceptionnellement riche en
objets de métal : mobiliers de bronze pur, armes et
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bracelets de fer furent rencontrés dans une même sta-
tion, où nous relevons, en outre, un cromleck recou-
vert de terre. Le mode de sépulture le plus souvent
employé est l'inhumation ; on doit regretter seulement,
tout en rendant un hommage mérité aux travaux de
l'explorateur, que l'état de conservation des squelettes
n'en ait point permis l'étude anthropologique.
En présence de la diversité des modes de sépulture,
de la variété des mobiliers funéraires, doit-on conclure
à une période longuement prolongée ou à la coexistence
de coutumes et d'ornementations de genres si variés ?
En pareille matière, toutes les suppositions sont per-
mises, mais aussi toute conclusion affirmative semble-
rait aventurée.
Pendant les années 1885 et 1886 nous entreprîmes,
dans les tumuius si nombreux de la forêt de Haye, des
fouilles dont le résultat fut le plus souvent une décep-
tion pour nous. Dans plus de vingt tombes ouvertes,
nous ne trouvâmes la plupart du temps que des débris
de poteries et d'ossements indéterminables, quelques
charbons et des galets apportés des bords de la Moselle,
mais dont l'utilisation paraît fort incertaine. Un seul
tumuius avait conservé des squelettes en place dans
leur ordre primitif.
La nature du terrain, sur les hauteurs qui séparent
la Meurthe de la Moselle, explique jusqu'à un certain
point notre insuccès. Le plateau de Haye, constitué par
la masse rocheuse du Bajocien, est recouvert d'une
couche de terre végétale très mince ; les tumuius y
sont tous construits en pierres sèches, autour desquelles
l'air et l'eau circulent jusqu'au sol avec la plus grande
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— 331 —
facilité. 11 n'est pas étonnant que dans d'aussi mau-
vaises conditions, les ossements aient pu disparaître
en grande partie sous Faction dissolvante des agents
atmosphériques. La forme des tumulus est générale-
ment circulaire, quelquefois allongée ; leur hauteur
varie de 40 centimètres à 3 mètres. Les matériaux ont
été entassés sans aucun soin, et nulle part on ne ren-
contra ni dallage sur le sol, ni appareillage de blocs au
centre. Nous ne parlerons ici que d'un seul tumulus
dont les fouilles ont produit des résultats appréciables,
non point tant par la richesse du mobilier, que par le
nombre des squelettes enfouis et la disposition de la
sépulture.
C'était une butte de 12 mètres de diamètre sur 2 m 50
de hauteur, parfaitement circulaire, placée sous l'abri
d'une haute futaie, non loin de Glairlieu. Bien qu'en-
tièrement construite à l'aide de ces pierres de roche
irrégulières, que l'on rencontre éparses sur le sol de la
forêt, elle contenait, à la périphérie, une certaine pro-
portion de terre ou plutôt d'humus, due en grande par-
tie à la décomposition des feuilles, et qui contribua
puissamment à la conservation des ossements.
Assuré dès les premiers coups de pioche, que le
tumulus renfermait des sépultures multiples, nous prî-
mes le parti, non pas de l'ouvrir en tranchée, mais de
le raser complètement, en commençant par le sommet.
De cette façon, les ouvriers purent exhumer avant
d'arriver au sol, neuf squelettes étendus sans orienta-
tion constante et séparés les uns des autres par des lits
de moellons d'une épaisseur fort irrégulière. Aux pieds
de chaque mort se trouvait un vase en pâte brune, de
forme souvent élégante et fait autour, mais toujours
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brisé et dont les fragments avaient glissé dans les
interstices des moellons. La décoration peu variée des
poteries de cette station consiste uniquement en rubans
circulaires formés par des lignes creuses parallèles.
Tous les squelettes, à l'exception d'un seul dont il fut
impossible de retrouver la tête, étaient complets, mais
écrasés par le poids des matériaux. Les ossements ap-
partenaient à des individus de tout âge et des deux
sexes ; nous avons recueilli là une dent de lait et des
fragments de crâne d'enfant, une mâchoire atrophiée
de vieillard et un crâne de femme, dont les dents de
sagesse n'étaient point encore sorties de leurs alvéo-
les.
Sur le sol, au centre du tumulus, reposait un sque-
lette de grand taille, dont toutes les parties avaient con-
servé leurs relations anatomiques. Orienté la tête vers
t'Est, il avait les bras étendus le long du corps, la main
droite reposant sur la hanche du même côté. Entre
ses pieds se trouvaient les débris de deux vases
noirâtres d'environ 0,25 centimètres de diamètre, faits
au tour, d'une argile ferrugineuse, abondante sur le pla-
teau, et décorés de filets circulaires. L'une des poteries,
très évasée, nous sembla, d'après la position des frag-
ments, avoir servi de couvercle à l'autre. Avant nous,
MM. Pielte, Sacaze, l'abbé Cau-Durban et le colonel
PoUiier mit signalé cet usage de placer l'urne funéraire
rious une sorte de plat, propre à lui servir de couvercle.
Le vase inférieur contenait, avec les phalanges du pied
droit, qui y avaient glissé accidentellement, trois frag-
ments d'os paraissant avoir subi l'action du feu ou
une cuisson violente.
De nombreux charbons furent trouvés sur le corps,
surtout vers la partie gauche du bassin.
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— 333 —
Le squelette portait au bras gauche un bracelet de
bronze (PL XXVII, ûg. 80), au niveau de la clavicule
du même côté un petit anneau aussi en bronze (PL
XXVII) fig. 80 bis) ; enfin une tige en fer, très oxydée,
de 3 millimètres sur 7 d'épaisseur, partant du pariétal
gauche, contournait la mâchoire inférieure et rejoignait
un petit anneau de fer placé au-dessus de l'oreille
droite. Cette tige faisait évidemment partie de la jugu-
laire d'un casque dont il n'est pas resté trace.
En dehors de ces objets en métal, on ne recueillit
sur les autres squelettes, qu'un bracelet de bronze mas-
sif à nervures transversales, terminé par des sphères
aplaties qui ne laissent entre elles qu'une ouverture de
quelques millimètres . puis des traces nombreuses
d'oxyde de fer et les fragments d'un bracelet en fer
détruit par la rouille.
Le bracelet de bronze, diamètre 68 millimètres, qui
ornait le squelette inférieur, représente un type spécial f
éminemment hallstattien, moins commun en France que
sur la rive droite du Rhin (PL XXVII, Fig. 80). Mas-
sif, ovale et ouvert, il se termine par deux sphères épais-
ses ; la tige, à dos bombé et intérieur plat large, de 15
millimètres dans la région moyenne, se rétrécit et s'a-
mincit progressivement jusqu'au point où elle rejoint
les sphères terminales ; deux nervures longitudinales
en décorent la face extérieure.
Les ossements ne présentent aucun caractère parti-
culier, ils indiquent une race de taille moyenne : les
plus longs et les plus robustes appartenaient au sque-
lett3 inférieur. Les dents sont généralement usées à
plat; sur quelques-unes on remarque des traces de carie.
Tous les crânes qui furent observés en place nous paru-
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- 334 —
rent dolichocéphales; trois d'entre eux, qui purent être
reconstitués en partie, donnent les indices céphaliques
suivants :
1", celui de la sépulture centrale : 71.1 ;
2% un crâne de femme : 71.9 ;
3", un crâne d'homme : 73.8.
Cependant il convient d'observer que ces crânes sont
devenus asymétriques par suite de la pression des
matériaux dans un milieu humide, et par conséquent
difficiles à mesurer avec précision.
Au commencement de cette année, M. Morel, alors
receveur particulier des finances à Mirecourt, fit exécu-
ter des fouilles dans un certain nombre de tumulus, à
Diarville (Meurthe) et à Ambacourt (Vosges). Nous ne
connaissons les résultats de ses recherches que par le
compte rendu d'une communication à la dernière réu-
nion des Sociétés savantes (mai 1888). M. Morel re-
cueillit, dani Tune destombes de Diarville, des torques
et des poteries ; dans une autre, des haches en jadéite
et en calcaire ainsi qu'une épée de fer et un rasoir en
bronze.
Enfin les fouilles d'un tumulus de la même localité
ont permis de reconnaître l'existence d'une sépulture
gauloise à char. A notre connaissance, c'est la seconde
ibift que pareille constatation fut faite dans la région.
Le tumulus de Plaisance (Meuse), fouillé en 1882 par
M. Grucîs, contenait aussi des restes de char et de
harnachement, et notamment deux bandages de roues
et deux mors de chevaux, puis divers ornements de
bronze et de fer'(Liénard).
An sujet de l'association, dans un même mobilier
Itinéraire, dune épée en fer et d'un rasoir en bronze, il
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— 335 —
n'est pas sans intérêt de rappeler que M. de Martim-
prey fit une découverte analogue dans l'un des tumulus
de La Naguée.
Enfin, pour terminer ce compte rendu des fouilles
dans les tumulus du département de la Meurthe, men-
tionnons une trouvaille toute récente. Il y a quelques
mois, des terrassiers exploitant des tertres de pierres,
pour la construction d'une route forestière auprès de
Clairlieu, trouvèrent dans le déblai trois bracelets mas-
sifs et ouverts, et deux rasoirs demi-circulaires, à
anneaux, en bronze (Musée lorrain) (PL XX, Fig. Si
et 62).
Ainsi qu'il est facile de s'en convaincre par le résul-
tat des fouilles, on retrouve en Lorraine la plupart des
modes de sépultures sous tumulus et les divers mobi-
liers usités pendant le premier âge du fer, La tombe
avec cromleck, les sépultures renfermant , les unes un
mobilier de bronze- pur, d'autres dans lesquelles le fer
accompagne le bronze, les tumulus avec aire d'inciné-
ration, enfin la sépulture à char de Diarville, offrent la
série complète des coutumes funéraires à l'époque de
l'indépendance des Gaules.
Le plus souvent, il y a simple inhumation ; les
armes, les bijoux occupent leur place respective sur le
squelette, l'urne funéraire contenant le viatique repose
à ses pieds. Si la crémation fut parfois employée, en
aucun cas on n'a retrouvé d'ossements humains renfer-
més dans un vase après incinération.
Les objets en bronze sont plus abondants que ceux
en fer ; mais il est difficile d'établir un proportion cer-
taine, en raison de la différence de résistance à l'oxy-
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dation des deux métaux. L'ambre et le lignite sont
rares, toutefois le bracelet moulé recueilli par M. Fliche
a révélé une matière nouvelle, non encore signalée.
Quant aux haches polies découvertes par MM. Cour-
nauît et Guérin à Malzéville, par M. Morel à Diarville,
elles indiquent In persistance d'anciennes coutumes qui
se retrouvent à l'époque mérovingienne.
Malgré la destruction dont ils ont été et sont chaque
jour l'objet, il reste un grand nombre de tertres à
fouiller. Sans désespérer des trouvailles à faire dans
les tumulus de pierres des environs de Nancy, d'autres
sont signalés par M. du Ghâtelle, dans la forêt de Serres,
par M* de BizemonL dans la forêt d'Amance, qui sont
édifiés en terre argileuse et qui recèlent peut-être de
riches mobiliers funéraires. Il y a là pour les archéo-
logues une mine précieuse à exploiter, et pour d'autres
chercheurs de nombreux problèmes ethnogéniques à
résoudre.
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— mi —
Enceintes et Camps
ci)
Les historiens et les archéologues lorrains se sont
plu à énumérer, sous le nom de camps, un certain
nombre d'enceintes, de formes, de dimensions et peut-
être même de destinations variées.
Il y a cependant , une certaine .exagération dans le
nombre des enceintes signalées, car il est impossible
de retrouver la moindre trace de plusieurs d'entre
elles, soit que les. ouvrages de défense aient disparu
sous Faction de la culture, soit qu'ils n'aient jamais
existé que dans les légendes locales.
En général, ces enceintes, placées à la pointe extrême
des promontoires de nos plateaux, sont échelonnées le
long des rivières ; aussi Beaulieu, et avec lui plusieurs
archéologues, ont-ils voulu y voir un système de forts
d'arrêt, construits par les Romains, à la fin de l'occupa-
tion des Gaules. A cette époque, les passages des
Vosges étaient tombés au pouvoir des Germains, et les
légions refoulées auraient élevé sur les coteaux de la
Moselle une série de forts, pour défendre le passage de
la rivière. Sans parier des différences de forme et cer-
tainement d'âge des enceintes lorraines, il est bien
(1) Nous avons été puissamment aidé, dans cotte étude
spéciale, par les ouvrages et les conseils de M. le colonel da
la Noë. (Lieutenant-colonel de la Noë 7 Principes du la
fortification antique, 1 er fascicule; Fftrfo, Leroux, 1888)»
22
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— 338 -
difficile d'admettre qu'elles firent partie d'un système
de fortifications régulièrement disposées, dans le but
de défendre la frontière contre un ennemi déterminé.
Elles sont, en effet, distribuées sur notre territoire
d'une façon trop capricieuse, pour qu'il soit permis de
nous arrêter à cette opinion.
Parmi les vingt-six camps cités par les auteurs lor-
rains, nous ne nous occuperons que de ceux qui ont
conservé des retranchements bien reconnaissables, et
dont l'existence ne saurait par conséquent être mise en
doute : la F'ourasse, Guffney, Montenoy, la butte Sainte-
Geneviève, éperons barrés par une levée rectiligne,
Tincvy et la Cité d'Affrique, enceintes avec défenses
compliquées.
Enceinte de la Fourasse. — La colline boisée de la
Fourasse (altitude 325 mètres) se détache du plateau de
Haye et fait saillie sur la vallée de la Meurthe, entre
Champigneulles et Nancy. La pointe extrême du pro-
montoire est occupée par une enceinte demi-circulaire,
d'environ 6 hectares de superficie, limitée de trois côtés
par des pentes rai des et isolée du plateau par une levée
rectiligne, sans fossé extérieur, qui joint les deux flancs
du coteau. Longue de 338 mètres en ligne droite, la
levée décrit une légère courbe au point où elle atteint
la pente nord ; sa section est un triangle de 9 mètres
de base, surl m 30 de hauteur moyenne. A première vue,
elle semble construite en blocaille amassée à fleur du
sol ; mais, en réalité, les moellons superficiels recou-
vrent un massif central de calcaire calciné sur place.
Cette calcination des matériaux fut obtenue en empi-
lant par lits alternatifs la roche et le combustible, ainsi
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— 339 —
que le prouvent les nombreux charbons de hêtre répan-
dus dans la masse (1).
Deux routes traversent la levée, Tune nouvellement
construite suit la crête sud ; l'autre est un chemin
creux venant du plateau, qui descend à travers
l'enceinte sur le revers nord et représente peut-être
l'ancienne voie d'accès.
Plusieurs tumulus en pierres sèches, exploités de
longue date pour l'empierrement des routes, se voient
dans les environs ; l'un d'eux, situé à l'intérieur de
l'enceinte, tout près de l'épaulement, nous a donné
quelques os longs d'un squelette humain et un frag-
ment de vase funéraire. Ce tertre avait été antérieuie-
ment bouleversé et presque détruit par les cantonniers.
Enfin on remarque, au bord de la crête nord, dans
l'intérieur de Tenceinte, un puits non maçonné, creusé
dans le calcaire oolithique et qui avait dix à douze
mètres de profondeur. Il fut remblayé en partie, il y a
environ quinze ans, par ordre de M. le Maire de Cham-
pigneulles, de qui nous tenons ce renseignement.
Quelques fouilles, pratiquées en 1887 le long de la
levée, du côté intérieur, nous ont fait retrouver, dans
des foyers recouverts d'éboulis, des os brisés d'ani-
maux, des éclats de silex et des fragments de poterie
noirâtre et peu cuite, de tous points semblable à celle
qui fut recueillie plus tard au camp d'Affrique.
Enceinte de Gugney. — Au sommet de l'arête élevée
(altitude 524 mètres), qui sépare les villages de Gugney
et de Pulney, au sud de Vaudémont, un rempart d'en-
(1) Nous aurons plus loin l'occasion de parler des produits
de la calcination, à propos des remparts du camp d'Affrique.
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— 340 —
viron deux cents mètres de longueur, sans fossé exté-
rieur, fort semblable comme proportions au mur de la
Fourasse, isole l'extrémité de l'étroit plateau. La levée,
absolument rectiligne, joint les deux flancs abrupts de
la colline ; la superficie enserrée, actuellement en cul-
ture, paraît être d'environ 5 hectares.
Aucune fouille n'a été entreprise jusqu'à ce jour dans
l'intérieur de l'enceinte, toutefois les silex taillés abon-
dent sur le plateau et plusieurs sépultures avec mobi-
liers de bronze furent découvertes autrefois aux environs
de Gugney. Le Musée lorrain possède une belle lame
d'épée de cette provenance.
Enceinte de Montenoy. — L'emplacement d'une
enceinte aussi peu étendue que les précédentes est
facilement reconnaissable à la pointe nord-est de la
colline (altitude 417 mètres), qui domine le village de
Montenoy. Là, malgré les changements apportés par la
culture aux reliefs du sol, on peut encore distinguer le
tracé de deux épaulements qui se coupent à angle droit
et sont munis de fossés extérieurs. Sur le bord de la
crête nord, tout près du Signal, on voit une dépression
dans le sol, mardelle ou puits remblayé, autour de
laquelle abondent des fragments de poteries de tous
les temps. Les éclats de silex se retrouvent du reste
par milliers dans l'intérieur de l'enceinte ; M. R. Gué-
rin et nous y avons recueilli des fragments de haches
polies.
Enceinte de la Butte Sainte-Geneviève. — La Butte
Sainte Geneviève (altitude 365 mètres), est couronnée
par un plateau ovale, séparé du massif de Malzéville
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— 341 —
par un col étroit que traverse le chemin d'Agincourt a
Dommartemont. Le plateau, d'une superficie d'environ
vingt hectares, est limité au pourtour par des penles !
raides, tellement régulières, qu'elles semblent arran- j
gées de main d'homme. Les bords de la crête ne pré- I
sentent actuellement aucune trace de défenses ou de !
relèvements ; mais le point d'accès naturel de la Butte,
au-dessus du col, est barré par un énorme épauiement.
Partant du fbnc Est, cette levée est rectiligne sur une
longueur de 60 mètres ; puis elle se replie suivant un ;
angle de 50° sur une longueur de 10 mètres, avant de
rejoindre le flanc Ouest, formant ainsi un saillant que
côtoie le chemin d'accès de la Butte. La section de
Tépaulement figure un triangle irrégulier, de 24 mètres
d3 base, sur 15 mètres de côté, pour le revers extérieur
et 9 m ,10, pour le revers, intérieur, hauteur moyenne ;
3 ,n ,40 ; l'irrégularité de la figure est la conséquence de
la pente du terrain. Il n'existe pas de fossé extérieur, le
talus naturel le rendant inutile.
M. R. Guérin a recueilli sur le plateau de Sainte-
Geneviève : dix flèches, une pointe de lance, une
hachette et des fragments de haches polies, des grul-
toirs, couteaux, lances retouchées, etc , le tout tn
silex. Tout récemment, les travaux du Génie Militaire
nous ont permis de reconnaître, dans le voisinage du
rempart, des traces manifestes de l'exploitation ancienne
du fer : scories, charbons, etc... ; le minerai afileure du
reste à quelque pas de là, sous le calcaire oolitliique.
Aucune fouille n'a été pratiquée dans le rempart, ;
toutefois son profil régulier, peu affaisé, permet de sup-
poser qu'il ne renferme pas de matériaux calcinés.
On pourrait citer, d'après les descriptions des auteurs,
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— 342 —
bien d'autres enceintes du même genre dans notre pays,
celles de la montagne de Cuite, de Jaulny, de Vandelé-
vilte, par exemple ; mais leur situation au milieu des
forêts ne permet pas d'en déterminer facilement le tracé..
Toutes ces enceintes, si faiblement défendues, laissent
quelque incertitude sur leur véritable destination ; il
n'en est pas de même des deux ouvrages que nous
allons décrire et qui sont, sans aucun doute, des camps
fortifiés.
Camp de Tincry(l). — Le plateau boisé (altitude
371 mètres), qui domine le village de Tincry, est cou-
ronné par une enceinte elliptique d'environ 12 hectares
de superficie. La défense consiste en un épaulement de
3 mètres de hauteur, avec fossé extérieur d'une pro-
fondeur égale. Appuyées aux flancs Est et Ouest du
coteau, ces fortifications décrivent, du côté du plateau,
un demi -cercle de 600 mètres de développement, et
isolent ainsi l'extrémité de la colline. La crête du pla-
teau, qui limite l'enceinte vers le sud, ne présente aucun
ouvrage de défense, sauf de faihles relèvements en
quelques points isolés. Le seul obstacle de ce côté
consiste en un talus rapide, haut d'environ 4 mètres,
qui est bordé par une sorte de berme ou de fossé
extérieur, très large et peu profond, obstacle insuf-
fisant, du reste, pour empêcher l'escalade, si d'autres
défenses, palissades ou murailles, n'en eussent cou-
ronné le sommet.
Au point où l'épaulement et le fossé du front Nord
(i) Signalé par Beaulieu comme un camp romain, Archéo-
logie lorraine, 2 e volume, page 23.
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rejoignent le flanc Est, une seconde enceinte (1) par-
faitement circulaire, occupe le bord extrême du plateau,
à l'endroit le plus escarpé. Le diamètre de ce réduit»
entouré par une levée et un fossé de même profil,
mais plus importants que ceux de la première ligne, est
d'environ quatre-vingts mètres. L'intérieur du réduit,
parfaitement plat, ne montre aucun relief, ni traces de
constructions, sauf une dépression circulaire d'environ
3 mètres de diamètre en partie remblayée, au pied du
rempart.
L'épaulement de la ligne de défense extérieure s'ar-
rête à la rencontre du fossé de la citadelle ; tandis que
les fossés des deux ouvrages se confondent, au même
point, en un seul.
Deux chemins, venant du plateau, se rejoignent
avant de pénétrer dans la grande enceinte par une cou-
pure dans le rempart ; cette entrée peut être ancienne.
Un autre chemin traverse les lignes de défense de la
citadelle, du côté Ouest, mais il paraît créé ou du moins
élargi récemment pour les besoins de l'exploitation.
Deux sondages, pratiqués dans les épaulements,
n'ont laissé voir que des moellons mêlés de terre pro-
venant des déblais du fossé ; les talus extérieurs ne
présentent aucune trace d'appareillage ; s'il exista un
revêtement, il s'est éboulé dans les fossés.
Nous avons fait déblayer, sur un mètre de profon-
deur, la dépression qui se trouve dans l'intérieur du
réduit ; cette fouille trop superficielle dans les ébouïis
(1) M. Cournault a décrit, sous le nom de refuge de Tin-
cry, cette seconde enceinte, dans le Journal de la Société
d Archéologie lorraine, page 152, xxn e année.
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- 344 —
n'a produit aucun résultat. Ajoutons enfin à ces consta-
tations négatives quelques éclats de silex recueillis par
nous à diverses reprises sur le plateau et môme dans le
fossé de l'enceinte extérieure.
Là se bornent, croyons-nous, les recherches effectuées
jusqu'à ce jour dans le camp de Tincry, dont l'enceinte
extérieure est encore ignorée des habitants du pays
qui ne connaissent que le seul réduit intérieur, auquel
ils ont donné, comme c'est la coutume en pareil cas, le
nom de Camp Romain.
Camp d'Affrique. — (PL XXXI) L'importante forte-
resse connue sous les dénominations de Camp romain de
Ludres, Cité d'Affrique, Camp des Sarrasins, enfin Camp
de César de la carte de TEtat-Major, a depuis longtemps
attiré l'attention des archéologues lorrains. On la
trouve mentionnée par Dom Calraet dans sa Notice
sur la Lorraine (1), par Durival dans la Descrip-
tion de la Lorraine (2), et dans Y Annuaire de la
Meurthe pour 1822. En 1823, F. de Golbéry et un offi-
cier du génie, M. de Kersaint, y pratiquent des fouilles;
et plus tard, vers 1840, Beaulieu fait ouvrir quelques
tumulus dans l'intérieur de l'enceinte et enfin il la
décrit minutieusement et en donne un plan, dans ie
premier volume de son Archéologie de la Lorraine (3).
Le plateau de Haye, compris entre deux rivières, la
Meurthe et la Moselle, se termine au Sud, au-dessus
du village de Messein, par une falaise verticale de près
(1) Notice, tome I, page 694.
(2) Description, tome III, page 5.
(3) Archéologie de la Lorraine, tome I, page 81.
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— 345 -
de 20 mètres d'élévation ; puis le coteau s'abaisse en
lerrasses successives jusqu'à la vallée où la Moselle
s'étale et divague dans ses alluvions. L'altitude dans le
voisinage de la crête est de 415 mètres au-dessus du
niveau de la mer et d'environ 200 mètres au dessus de
la vallée.
Au bord du plateau, en un point où la falaise s'avance
en saillie, le Camp d'Affrique développe ses lignes de
défense qui se continuent en outre à flanc de coteau,
formant ainsi deux enceintes distinctes, entourées d'un
même rempart, mais séparées l'une de l'autre par un
ressaut du terrain.
Les remparts de l'enceinte supérieure, située au-
dessus de la falaise, tout au bord de l'abrupt, figurent
un trapèze aux angles arrondis, qui mesure 360 mètres
dans sa plus grande largeur, sur 225 mètres de pro-
fondeur. L'enceinte inférieure de forme rectangulaire,
appelée le Vieux-Marché, n'a que 70 mètres, sur 200 ;
elle occupe un petit plateau d'éboulement, au pied delà
falaise.
Les retranchements du camp supérieur, le vrai camp
d'Affrique, consistent en deux épaulements parallèles,
de 5 à 6 mètres de hauteur, précédés de deux fossés
d'une profondeur presque égale (voir à ce sujet la
coupe annexée au plan). Les levées, très semblables
de dimensions et de profil, diffèrent essentiellement
dans leur mode de construction. L'épaulement exté-
rieur a été élevé à l'aide des déblais du fossé ; tandis
que l'épaulement intérieur est constitué d'abord par un
remblai de terre d'un faible relief, au-dessus duquel
s'élève une couche, épaisse de deux à trois mètres, de
calcaire calciné ; le tout est recouvert de moellons et
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— 346 —
de terre qui n'ont pas subi l'action du feu. Nous avons
vu le même mode de construction à la Fourasse, mais
ici la masse calcinée est énorme et présente des traces
nombreuses de vitrifications, provenant tantôt des gra-
nités et porphyres du diluvium des plateaux, tantôt des
éléments siliceux de l'argile du Bajocien. Nous avons
constaté, par différents sondages, que la masse calcinée
existe en épaisseur régulière depuis le point E jus-
qu'en C du plan ; à partir de là, le rempart, fait de
moellons non brûlés, est moins élevé jusqu'au point où
il se termine en D.
L'épaulement extérieur, au lieu de s'arrêter au bord
de la falaise, se continue sur la pente et entoure le
Vieux-Marché.
Dans l'intérieur du camp d'Affrique, on voit plusieurs
alignements de pierres amoncelées et quelques tumulus
qui furent fouillés en 1823 par MM. de Golbéry et de
Kersaint ; ils renfermaient « des ossements humains et
quelques débris de poteries romaines ». On ne peut se
baser sur l'existence de ces tumulus pour assigner une
date à l'antique forteresse ; rien ne prouve, en effet,
qu'ils ne sont pas antérieurs à la construction de l'en-
ceinte. 11 n'en est pas de même des tumulus placés au
fond du fossé intermédiaire et qui, ouverts par Beau-
lieu, ont produit, nous dit-il, « des ossements décom-
posés accompagnés de fragments de poterie noirâtre,
très grossière ». La place qu'ils occupent prouve qu'ils
sont, sans aucun doute, postérieurs au creusement du
fossé ; et si, comme il est permis de le supposer, ils
appartiennent au premier âge du fer, leur présence fait
remonter avant notre ère la construction de l'enceinte
intérieure.
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- 347 — -
En 1887, nous entreprîmes quelques fouilles dans les
remparts et les fossés du Camp d'Affrique, dans le but
de retrouver le profil primitif des fossés et de constater
s'il exista des revêtements d'escarpe, afin de recueillir,
chemin faisant, quelques objets qui puissent aider à
déterminer l'époque probable de la construction. Une
tranchée transversale fut pratiquée depuis le niveau du
sol jusqu'au fond des deux fossés, qui furent ensuite
déblayés sur plusieurs mètres de largueur ; puis, par
différents sondages, nous avons recherché les emplace-
ments des foyers et le point où s'est arrêtée l'œuvre de
la calcination des matériaux de la levée intérieure.
Dans les tranchées transversales des fossés, on ren-
contre le sol vierge, sous l m ,65 d'éboulis, dans le fossé
intermédiaire, et sous m ,75 centimètres, dans le fossé
extérieur. On remarquera que le fossé extérieur n'ayant
eu à recevoir que les éboulis d'une seule face d'un
épaulement, le remblayage doit être évidemment de
moitié moindre que dans le fossé intermédiaire.
Le fond des fossés n'offre pas une section angulaire,
ainsi que le ferait supposer le profil actuel, il consiste
en un plafond d'environ deux mètres de largeur. Il
n'existe pas de trace de parements ayant revêtu les
faces. En outre, le profil pris du sommet des parapets,
au fond des fossés, n'est pas rectiligne, la pente des
épaulements en remblai, est de 55 à 60 degrés ; tandis
que celle de l'escarpe des fossés creusés dans le cal-
caire oolithique régulièrement stratifié, se rapproche
plus de la verticale.
Nous recueillîmes, au cours de ces fouilles : d'abord,
mais presque à la surface du sol, une moitié de fer à
cheval à crampons rabattus, étampures oblongues,
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- 348 -
clous à tête en rectangle allongé, objet récent et par
conséquent sans intérêt, puis, plus bas et surtout au
fond il es fossés, une grande quantité de fragments de
poterie grossière et des ossements d'homme, de bœuf,
de sanglier et de lièvre, tous plus ou moins brisés.
Dans le fossé extérieur gisait un squelette humain
Foplïô sur lui-même, auquel manquait la tête ; le tibia
est légèrement platycnémique (diamètres : 275 milli-
mètres sur- 210), les humérus sont brisés à la hauteur
de l'olécrane. La même fouille mit à découvert les
membres postérieurs d'un bœuf, dont le squelette
devait être complet, étant donnée la connexion par-
faite des os ; la menace d'un éboulement empêcha
malheureusement de recueillir le reste de ranimai.
A l'intérieur du camp, tout le long du parapet, on
rencontre des foyers recouverts de m 40 à m 80 de
Um\ Ces loyers, qui reposent sur le sol primitif, ren-
fermaient an grande abondance des os et de la poterie
brisés, plus quelques petits éclats de silex et deux
fragments d'anneaux en bronze. Tous les os longs de
cas foyers ont été intentionnellement fendus pour
l'extraction de la moelle. D'après notre ami M. Ph.
Thomas, qui a bien voulu les déterminer, ils appartien-
nent surtout au bœuf, semblable au bœuf actuel, et au
sanglier, ou porc : « Une canine ou défense supérieure,
présente lus cannelures dont la profondeur indique un
sanglier de taille ordinaire ; une autre canine infé-
rieure a semblé bien petite et bien peu prismatique
pour §tee d'un sanglier. La diaphyse d'un humérus
porta sur sa face interne deux entailles ou incisions,
paraissant avoir été faites avec un instrument tranchant
en métal *,
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— 349 —
La poterie recueillie dans les foyers, et c'est ici une
donnée intéressante, est identiquement semblable à
celle que nous rencontrons exclusivement dans les
tumulus du premier âge du fer, si nombreux sur le
plateau de Haye : même pâte noire et se délayant dans
feau, mêmes ornements au trait, figurant des lignes
parallèles, des dents de loup, ou des quadrillages qui
ne sont que la complication de la dent de loup ; quel-
ques fragments plus grossiers sont ornés d'impressions
digitales.
Toutes ces poteries sont faites d'argile très ferrugi-
neuse du bajocien, on peut y reconnaître des grains
d'oolithe ocreuse ; la pâte est plutôt enfumée que
cuite, car une température élevée eut fait ressortir en
rouge les combinaisons du fer.
A l'intérieur de l'enceinte on voit d'énormes amas de
moellons. Nous avions compté trouver, sous ces maté-
riaux quelques restes de murs d'habitations; cepen-
dant nulle part on ne vit apparence de murs ou d'as-
sises régulières de pierres, les moellons sont simple-
ment amoncelés sans ordre et dans un but encore
ignoré.
Un seul objet fut recueilli à la surface du sol, c'est
un fragment d'une sorte d'anneau en calcaire oolithi-
que, muni d'un reste de pied et qui dut servir de sup-
port à des vases apodes.
Trois sondages, pratiqués autour de la source qui
coule au pied des remparts du Vieux-Marché, n'ont
produit aucun résultat. Il convient de dire que le sol
argileux du lias supérieur, sur lequel émerge cette
source, a glissé à plusieurs reprises en larges lam-
beaux, ainsi qu'en témoigne le profil de la pente ; il
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— 350 —
faudrait probablement chercher les marnes qui entou-
raient ïe point d'émergence primitif beaucoup plus bas
flans lu colline.
Ce travail serait incomplet sans l'étude du mode de
construction du parapet intérieur du camp d'Affrique
et des roches calcinées ou vitrifiées qui en constituent
Tune des couches.
La coupe de ce parapet présente à la base un petit
remblai primitif d'environ l m 50 de relief, un peu excen-
trique à Taxe du rempart et qui n'a pas subi Faction du
feu ; au- dessus s'élève le massif calciné sur une épais-
seur de près de 3 mètres, recouvert lui-même d'une
couche de moellons et d'humus. La hauteur totale, à
partir du sol, est de 5 mètres en moyenne.
Pour £3 rendre compte de la variété des matériaux
employés, de leur état actuel, il est indispensable de
dire un moL de la nature minéralogique du terrain sur
lequel est assis le Camp.
Eu y comprenant le Vieux-Marché, l'emplacement
couvert par ce vaste système de fortifications se trouve
ûtre, vers le haut, un plateau bien nivelé, suivi d'une
pente assez raide ; le plateau bordé d'escarpements
porte le Camp lui-même, la pente porte le Vieux-
Marché.
Sur cet espace, qui en hauteur verticale atteint
50 mètres, alïleure l'oolithe inférieure presque toute
entière, les couches supérieures de l'étage manquent
seules. Dans le bas, ce sont surtout des calcaires mar-
neux et sableux, souvent ferrugineux; vers le haut,
des calcaires compacts plus ou moins cristallins de
l'horizon à polypiers, recouverts par place d'une argile
sableuse rouge, riche en cailloux roulés diluviens.
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— 351 —
Les calcaires compacts cristallins affleurent dans la
région du camp, avec les calcaires oolitbiques. Ces
roches se débitent facilement et naturellement en blocs
souvent irréguliers et cariés à la surface, qui ont servi
presque exclusivement, avec l'argile sableuse rouge, à
la construction du vallum, sans que d'ailleurs aucun
des blocs employés présente de traces de taille ou
d'appareillage.
A ces roches il faut ajouter, au moins pour le retran-
chement calciné et surtout pour sa face intérieure, une
forte proportion de cailloux diluviens, granité et quart-
zite. Constatons ici que le granité est si rare dans le
diluvium dit des plateaux de nos régions, qu'on peut
se demander s'il ne vient pas des alluvîons inférieures
de la vallée de la Moselle, dans lesquelles il abonde.
Quoiqu'il en soit, ces cailloux roulés diluviens, mêlés
aux matériaux calcaires, existent en proportion appré-
ciable dans la masse calcinée du vallum intérieur, et
cette couche toute entière a subi l'action d'un feu vio-
lent et prolongé. Le mélange se présente sous l'aspect
d'un mortier compact dans lequel apparaissent, sous
l'influence des intempéries atmosphériques, des scories
huileuses et des galets de granité fondus et vitrifiés dans
toute leur épaisseur. Le tout a été amené à cet état, à
grand renfort de combustible de bois de hêtre, dont on
trouve les traces à l'état de charbon bien reconnais-
sable et bien déterminé par M. le professeur Fliche.
En même temps que nous entreprenions au Camp
d'Affrique des recherches dans le but de restituer l'as-
pect primitif des travaux de défense et de retrouver
quelques traces des peuples antiques qui ont pu I édi-
fier ou tout au moins l'occuper, notre maître et ami
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— 352 —
M. le docteur Bleicher étudiait et déterminait la com-
position lithologique des matériaux calcinés et vitrifiés
du rempart. L'étude savante de M. Bleicher a permis
d'apprécier exactement la nature de la masse calcinée
et de reconnaître les différentes transformations dés
éléments minéralogiques sous Faction du feu.
Des recherches entreprises dans la cité d'Affrique est
sortie pour nous la conviction que cette enceinte, ran-
gée aujourd'hui encore par quelques-uns parmi les
camps romains, diffère essentiellement de ceux-ci par
son mode de construction. Cette calcination, cette vitri-
I) cation même partielle de certains éléments, fut sans
doute intentionnelle ; pour la production de roches
artificielles laviques, scoriacées, vitreuses qui s'y ren-
contrent abondamment, il a fallu un feu appliqué long-
temps aux matériaux employés, dont quelques-uns sont
difficilement fusibles. Or, et c'est par là que nous ter-
minons, y a-t-il dans les auteurs des indications d'un
pareil mode de construction à l'époque romaine ou aux
époques postérieures ?
Les enceintes que nous venons de décrire sont toutes,
sauf le Camp d'Affrique, établies sur des promontoires
aux flancs escarpés; la nature a fait la plus grande
partie des frais de la défense, il a suffi aux hommes,
pour constituer l'enceinte, de fermer le côté abordable
de ïa position par une levée de terre appuyée de part
et d'autre aux escarpements.
A Gugney, on se trouve en présence du genre de
fortification le plus primitif, ou tout au moins le plus
simple : la levée n'est point précédée d'un fossé ; des
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— 353 —
pierres et de la terre, ramassées sur le plateau voisin,
ont servi à l'édifier. Ce fut peut-être l'œuvre des hom-
mes de Tâge de la pierre, dont on retrouve les silex
taillés dans l'enceinte aussi bien que sur le plateau.
La levée de la Fourasse ressemble, comme aspect
extérieur, à celle de Gugney ; toutefois la calcination
des matériaux de construction ne permet pas de lui
attribuer une aussi haute antiquité.
L'état actuel des ouvrages de défense du Camp de
Montenoy, presque nivelés par la charrue, nous prive
de l'un des éléments de détermination; il semble que les
levées sont précédées d'un fossé; aussi, bien que le
sol soit couvert d'éclats de silex, tant dans l'intérieur
que hors de l'enceinte, croyons-nous devoir écarter
l'idée d'époque de la pierre. De l'abondance des silex
taillés ou polis sur le sol de ces refuges, on ne doit
point conclure, en effet, que leur édification remonte
nécessairement à l'époque néolithique ; ces restes d'in-
dustrie prouvent seulement que nos plateaux furent
habités dès cette époque reculée.
L'enceinte de la butte Sainte-Geneviève, barrée du
côté du plateau par un simple épaulement, comme les
précédentes, se distingue de celles-ci par différentes
particularités. Sa superficie est beaucoup plus impor-
tante, et surtout la défense extérieure se trouve consti-
tuée, sur la plus grande partie de son périmètre, par
des pentes qui paraissent avoir été rendues plus rapi-
des et régularisées de main d'homme. Nous ne serions
pas étonné de retrouver là tous les éléments de la forti-
fication gauloise et, dans l' épaulement, des restes de la
construction en pierres et poutres.
Il y a du reste fort longtemps que des vestiges de
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- 354 -
fortifications gauloises en pierres et poutres furent
signalés dans la région.
En 1834, M. Denis ayant pratiqué des fouilles dans
les remparts du Camp de Boviolles (Meuse), reconnut,
sous les éboulis superficiels, une muraille en pierres
brutes appareillées, au milieu de laquelle il recueillit
plusieurs grands clous de fer ; l'un d'eux, de 24 centi-
mètres de longueur, figure au Musée de Verdun (Ar-
chéologie de la Meuse, tome I, pages 36-37). Les
murailles gauloises de Boviolles ont été étudiées et
décrites en détail par M. Maxe-Werly (Notice sur
F oppidum de Boviolles, Nogent-le-Rotrou , 1879).
M. Liénard a mentionné, d'autre part, dans les remparts
du Camp de Moncel (Vosges), des clous semblables,
mais longs de 40 à 42 centimètres (ouvrage précité,
tome II, page 150).
L'ingénieur Jollois a fait connaître , dans son bel
ouvrage sur le département des Vosges : le Camp du
Châtelet de Bonneval, près Darney, avec murailles en
pierres et bois, le bois à l'état de poussière charbon-
neuse, et le Camp de Répit (1), près de Rambervillers
(superficie : 2 hectares, 05) , dont les murailles ont
fourni de grands clous de fer (Mémoire sur quelques
antiquités remarquables du département des Vosges,
Paris 1843).
Et pendant Tannée 1888, nous-même avons recueilli
dans les remparts du Camp du Châtelet, près de Sorcy,
plusieurs clous en fer de section carrée, longs de 25 à
28 centimètres. En outre, la tranchée, pratiquée dans
Tépaulement pour les besoins de la culture, permet de
(1) Répy, de la carte de FEtat-major.
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«ÀtiMÉiiihta
- 355 -
reconnaître plusieurs assises de pierres régulièrement
disposées,, alternant avec le massif de terres.
Le Camp de Tincry, séparé du plateau par un épau-
lement avec fossé, est limité au-dessus du coteau par
des pentes rapides, régularisées artificiellement et bor-
dées d'une berme ou fossé. L'enceinte renferme en
outre une véritable citadelle, entourée de défenses
semblables à celles du Camp, mais beaucoup mieux
conservées. Si nous n'hésitons pas à ranger le camp de
Tincry parmi les enceintes pré-romaines, il convient de
faire quelques réserves au sujet du réduit, qui peut
dater d'une époque postérieure.
Enfin le, Camp d'Affrique, avec son annexe le Vieux -
Marché, nous met en face de propositions plus diffi
ciles à résoudre encore. On voit là, en effet, un système
particulier de défenses doubles, et la muraille inté-
rieure à matériaux calcinés montre un procédé de
construction tout à fait inusité. Le même procédé fut
employé à la Fourasse, mais le tracé des enceintes est
très différent : là, un promontoire coupé par une levée
rectiligne et sans fossé ; ici, une enceinte circonscrite
par un trapèze, dans le but de suppléer à l'insuffisance
du saillant. De plus, la défense est renforcée sur le
plateau par une seconde ligne de murs et fossés, qui
englobe en outre un terrain en contrebas, doublant ainsi
la superficie entourée. En présence de cette complica-
tion de défenses, ne sernble-t-il pas rationnel de penser
que l'enceinte supérieure s'étant un jour trouvée trop
étroite pour abriter une population devenue plus riche
et plus nombreuse, un rempart nouveau a renforcé le
premier et élargi l'espace défendu ? Ce serait la preuve
d'un séjour humain longtemps prolongé et qui dura
peut-être jusqu'aux siècles barbares de notre ère.
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— 356 —
Quoiqu'il en soit, aucune de ces enceintes n'est
l'œuvre des Romaiqs, dont le système de fortification
était bien différent ; toutefois rien ne s'oppose à ce que
des garnisons romaines les aient occupées d'une façon
passagère. Elles n'appartiennent pas non plus au
moyen- âge, puisqu'elles ne renferment aucun sou-
bassement d'édifices, ni d'objets caractéristiques de
cette époque ; tandis que les maisons gauloises en tor-
chis ou en bois et recouvertes de chaume ( « more gal-
lico » nous dit Strabon) peuvent n'avoir laissé aucune
trace. Du reste, les seules trouvailles faites au pied des
remparts du Camp d'Affrique, et les silex recueillis par-
tout ailleurs, se rapportent à des civilisations plus an-
ciennes.
En résumé, les enceintes que nous venons d'étudier ont
été occupées à diverses époques, mais construites sans
aucun doute, bien avant la conquête romaine. Ce furent
d'abord des refuges où les populations néolithiques
cherchaient asile contre les incursions ennemies ; plus
tard, elles devinrent la forteresse des tribus du voisi-
nage, qui y enfermaient leurs richesses, et en même
temps, le séjour des fabricants et des chefs politiques
et religieux.
La domination romaine, apportant avec elle les exi-
gences de la nouvelle civilisation, causa l'abandon des
camps; ils furent délaissés pour le séjour des villes
nouvelles que les conquérants savaient entourer de
murailles autrement à l'abri de toute injure.
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— 357
Le Etiquetage de la Seille
(i)
« Les prairies de la Seille, dit Beaulieu (2), recou-
vrant un monument digne de fixer au plus haut degré
l'attention des antiquaires : C'est le Briquetage, ouvrage
unique en son genre et le plus extraordinaire de tous
ceux que nous connaissions en France ».
Bien avant Beaulieu, d'Artezé de la Sauvagère, ingé-
nieur du roi, envoyé à Marsal pour relever les fortifi-
cations de cette ville, avait appelé l'attention sur ce
curieux ouvrage dont la découverte fit, au dire de Dom
Calmet, « tant de bruit dans la province et jusqu'à la
Cour ». Profitant des fouilles profondes exécutées dans
le but d'asseoir les nouvelles murailles de la forteresse,
il mesura l'étendue et l'épaisseur des différents massifs
de briques et en détermina le gisement. Sur les ins-
tances de l'académicien Lancelot, La Sauvagère publia,
en 1740, le résultat de ses recherches dans un mémoire
accompagné de plans et de coupes stratigraphiques (8).
Après lui, Dupré, l'abbé Klein, Ancelon, de Saulcy et
d'autres encore, ont longuement disserté sur la nature
(1) Bibliographie du briquetage : Dom Calmet, La Sauva-
gère, Dupré, Grosse, Michel, Lepage, Hinzelin, Klein, An-
celon, Morey, Ch. Cournault. (Voir à la bibliographie
générale).
(2) Beaulieu, Archéologie de la Lorraine, I er vol., page 33.
(3) La Sauvagère, Recherches sur la nature et V étendue
oVun ancien ouvrage des Romains, appelé QQrnmun.ért\ent le
griquetage clé la $eill*< •*- Paris, IW.
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— 358 —
et l'antiquité «lu Briquetage, sans parvenir à fixer l'opi-
nion but son origine et sa destination.
La plupart des travaux de ces antiquaires étant con-
nus de tons, il n'est pas utile de les rappeler ici; nous
nous contenterons donc de présenter un exposé som-
maire des observations de nos devanciers, nous profi-
terons de leurs trouvailles et de leurs constatations,
sans discuter des conclusions qui ne sont pas toutes
acceptables,
La Seille parcourt, dès sa sortie de l'étang de Lindre,
une vallée étroite et marécageuse, bordée dans la
région supérieure de son cours par des collines dont
les couches inférieures appartiennent aux formations
sa! i Pères et «ypseuses du Keuper. De nombreuses
sources salines, qui jaillissaient autrefois dans les
prairies de la Haute-Seille, attirèrent, dès l'âge de la
pierre, des populations dont on retrouve les silex sur
les coteaux voisins. Les sources ont disparu à une
époque assez récente ; mais on continua d'exploiter
l'eau salée h Tnide de puits, jusqu'à ces dernières
années-
Le bras de la rivière, qui s'étend de Salone à Lindre,
sur une longueur de près de 30 kilomètres, coule à la
surlace d'un marais profond que l'eau envahissait
périodiquement, avant les rectifications du cours d'eau
et la création de l'étang de Lindre, vers la fin du
xi u° siècle- C'est dans cette partie de la vallée que l'on
rencontre, enfouis sous le sol autrefois mouvant et à
des profondeurs qui varient de deux à huit mètres, des
monceaux de terre cuite, entassés sans ordre au milieu
du marais et qui constituent des massifs solides, aux-
quels on a donné le nom de Briquetage. Ce n'est point
une masse continue, mais une série d'îlots répartis sur
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— 359 -
une distance de 18 kilomètres; une ville forte, Marsal,
et d'importants villages, Moyenvic, Vie, Salone et Bur-
thecourt sont bâtis sur des îlots du B piquetage.
Ces singuliers amas sont formés de morceanx d'ar-
gile cuite au rouge, grossièrement façonnés à la main,
en cônes, en cylindres, en parallélipipèdes de tous dia-
mètres et de 4 à 30 centimètres de longueur. La terre
employée n'a subi aucune épuration préalable ; les bri-
quettes renferment des traces de végétaux, de la cendre,
des charbons ; beaucoup d'échantillons ont conservé
l'empreinte des doigts des fabricants, quelquefois même
on reconnaît que la terre a été roulée autour de brin-
dilles de bois. Jetées pêle-mêle dans le marais, elles
forment une couche épaisse de t à 2 mètres, sur une
superficie difficile à déterminer, mais que Beaulieu
estime n'être pas inférieure à 550,000 mètres carrés
pour l'ensemble des stations reconnues.
Les îlots de briques constituaient primitivement des
aires solides, à la surface des marais ; peu à peu ils
s'enfoncèrent par leur propre poids dans la vase mou-
vante, les alluvions de la rivière les recouvrirent et un
second marais se forma au-dessus d'eux.
Aujourd'hui il faut creuser à deux, à trois et jusqu'à
huit mètres de profondeur, suivant les localités, pour
retrouver la surface du B piquetage. En certains en-
droits, on a reconnu l'existence de deux couches de
briques superposées et séparées par un marais renfer-
mant des herbes aquatiques ; ce fait indique que long-
temps après la disparition d'un îlot primitif, les descen-
dants des premiers constructeurs établirent un nouveau
lit de briques à la surface du marais reconstitué.
Si Ton peut s'en rapporter aux descriptions des au-
teurs, les îlots de Bpiquetage présentent des contours
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irréguliers et des dispositions topographiques diffé-
rentes selon les lïeux ; à Marsal et à Burthecourt, la
station jetée en plein marais est isolée de la terre
ferme ; à Moyenvic, à Vie et à Salone, au contraire, le
Briquetage rejoint la base des collines. L'étendue des
gisements est aussi variée ; à Marsal, le plan du massif,
de forme ovalaire, mesure près de deux kilomètres
dans son grand axe, tandis qu'à Burthecourt c'est un
carré d'un peu plus de cent mètres de côté. Partout
ailleurs les superficies ne sont point déterminées.
Grâce aux coupes stratigraphiques dressées par La
Sauvagère, nous connaissons la composition et l'épais-
seur du Briquetage, mais non l'époque à laquelle on
doit le rapporter ; toutefois les trouvailles faites par le
savant ingénieur au cours de ses fouilles, à des cotes
qu'il relève avec soin, permettent d'établir que l'ou-
vrage est antérieur à la conquête romaine.
En creusant les fondations d'un couvent dans l'inté-
rieur de la ville de Marsal, il trouva, à 7 mètres de
profondeur, un fragment d'une poterie fine portant la
marque du potier Cassius, puis une série de six fours,
maçonnés en briques et accolés les uns à la suite des
autres sur une seule ligne et dans un même bâtis. Au-
dessous, une couche de terre rapportée et de marais les
séparaient du Briquetage. Ces fours, dont l'auteur donne
le plan et la coupe, sont de forme elliptique, voûtés et
munis de carneaux et de cheminées ; Taire est bâtie
avec de larges briques de 30 centimètres de côté, tan-
dis que les briques des voûtes et de la maçonnerie en
élévation mesurent seulement 15 centimètres de lar-
geur, sur 30 de longueur. La destination de ces fours
était indiquée par des culots de cuivre, qu'ils conte-
naient encore et par des scories de ce métal, répandues
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- 361 —
dans le sol environnant. La poterie et les fours à fondre
le cuivre appartiennent évidemment à l'industrie gallo-
romaine, et La Sauvagère en conclut que le Brique-
tage est l'œuvre des Romains.
Plus tard, le D r Ancelon, qui a le mieux étudié de
nos jours la question du Briquetëge, signala des décou-
vertes d'un genre bien différent, à la suite desquelles
il se crut autorisé à vieillir considérablement ces ou-
vrages. On trouve communément à la surface des amas
de briques, dit-il, des tronçons de « bois de rennes et
de cerfs, teints en noir parla vase et partagés au moyen
de traits de scie en billots de 20 à 25 centimètres rie
longueur *. Partant de là, il fait remonter les stations à
l'époque du renne, puis il en attribue en même temps
l'édification aux constructeurs des enceintes cyclo-
péennes des Vosges, des menhirs et des dolmens de
Garnac.
Toutes les fois, il est vrai, que l'on creuse jusqu'à la sur-
face du Briquetage, dans l'un quelconque des gisements
connus, on recueille de ces tronçons de bois de cervi-
dés ; on en trouve également sur les coteaux voisins.
Les collections du Musée lorrain et de M. l'abbé Merciol
en contiennent plusieurs spécimens, mais tous ceux que
nous avons vus appartiennent au cerf commun et non
au renne. Le docteur Ancelon n'ayant soumis aucun de
ses échantillons à l'examen d'un naturaliste compétent,
il est impossible d'admettre, jusqu'à nouvel ordre, sa
propre et unique détermination. Sans parler de celte
singulière association du renne et de la céramique, il
convient de rappeler ici que la présence du renne en
Lorraine n'a été constatée qu'une seule fois, par un
fragment 4e palette, recueilli clans }es grottes do
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— 362 -
Pierre-Ia-Treiche et déterminé, cro\ons-nous par le
docteur Godron (Collection Husson, à Toul).
En IftGtt, des fouilles pour la fondation d'une maison
à Salone, ayant mis à nu le massif de briques sur lequel
est bâti le village, nousrecueillîmes dans les déblais une
grande quantité de fragments de poteries façonnées, les
unes à la main, les autres sur le tour ; nous les avons
décrites au chapitre de l'industrie céramique. Les unes
épaisses ci d'une pâte grossière, appartiennent à une
époque difficile à déterminer ; cependant la plupart des
échantillons présentent des baguettes en relief avec
impressions digitales et nous n'avons jamais constaté
d'ornementations sur les poteries néolithiques de nos
stations* D'autres fragments plus nombreux, faits au
tour, sont décorés de lignes circulaires, dents de loup
et quadrillages en intaille, ornementation qui semble
caractéristique, en Lorraine, des stations de l'âge du
fer. C'est là un document, mais sur lequel il est impos-
sible encore de baser des conclusions.
En résumé, les fouilles de La Sauvagère et les
recherches d'Ancelon ont établi les faits suivants :
Il existe dans les marais de la Haute-Seille d'énormes
massif* isolés de briques grossières, amoncelées pèle-
mèleet sans ordre, sorte d'îlots artificiels, qui se sont
enfoncés peu à peu sous le sol mouvant.
La coupe du terrain superposé au Briquetage pré-
sente, à partir du niveau actuel du sol :
i û Unr couche de marais, d'une épaisseur variant de
2 à H mètres, suivant les localités ;
2" Une couche archéologique gallo-romaine, d'où Ton
exhuma, à Marsal, des fours à fondre le cuivre, un vase,
et plus tard, mais à une profondeur non-indiquée, une
inscription votive, datée de l'an 44 de notre ère ;
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— 363 —
3° Enfin la surface des massifs de briques, sur laquelle
on retrouve des fragments de bois de cervidés et des
poteries grossières.
En l'absence de trouvailles caractéristiques, les
moyens de comparaison faisant d'ailleurs complètement
défaut, puisqu'on ne connaît aucun travail analogue,
l'époque de la construction est difficile à déterminer.
Néanmoins l'ouvrage est certainement pré-romain, étant
* donné que les restes de cette époque sont séparés du
Briquetage par une couche d'alluvion, stérile en trou-
vailles. C'est, dit M. de Saulcy, un ouvragé gigantesque
mais simple et grossier ; les empreintes des doigts, de
grandeurs diverses, conservées sur les morceaux d'ar-
gile qui le composent, témoignent qu'une population
entière d'hommes, de femmes et d'enfants a concouru
à son achèvement.
On pourrait le dater du premier âge des métaux,
période remarquable par l'exubérance de l'industrie
céramique, exubérance incomparable et sans analogie
chez les peuples civilisés, pendant laquelle tous les
individus fabriquaient des poteries usuelles et des pote-
ries funéraires.
La destination des îlots du Briquetage est moins
douteuse, on ne saurait y voir autre chose qu'un sol
artificiel destiné à asseoir des habitations, à l'abri de
toute attaque par leur isolement dans le marais. Ce se-
rait donc des constructions analogues en fait aux pala-
fittes de la Suisse, aux crannoges d'Irlande et à
quelques terramares de la Haute-Italie.
(A suivre.)
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— 365 —
LISTE DES SOCIÉTÉS SAVANTES
AVEC LESQUELLES LA SOCIETE d' ARCHEOLOGIE ÉCHANGE SES
PUBLICATIONS (1).
Amiens, t- Société des Antiquaires de Picardie.
Angers. — Société industrielle d'Angers et du dépar-
tement de Maine-et-Loire.
Angers. — Société nationale d'Agriculture, Sciences
et Arts d'Angers.
Annecy. — Société florimontane d'Annecy.
Arras. — Commission départementale des monuments
historiques du Pas-de-Calais.
Auxirre. — Société des Sciences historiques et natu-
relles de l'Yonne.
Bar-le-Duc. — Société des Lettres, Sciences et Arts de
Bar-le-Duc.
Beauvais. — Société académique d'Archéologie,
Sciences et Arts du département de
l'Oise.
Besançon. — Société d'émulation du Doubs.
Bordeaux. — Société archéologique de Bordeaux.
(I) Les présidents des Sociétés dont le nom est précédé
d'un astérisque, ont été nommés membres honoraires de la
Société d'Archéologie, en souvenir des preuves de sympathie
qu'elle a reçues de ces Compagnies à la suite de l'incendie
de 1871, qui a partiellement consumé le Palais ducal, aujour-
d'hui restauré.
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- 366 -
Bourges — Société des Antiquaires du Centre.
Cakn. — "Société française d'archéologie pour la con-
servation des monuments historiques.
Chalox sur-Saône. — Société d'Histoire et d'Archéo-
logie de Chalon-sur-Saône.
Chalons- su r- Marne. — Société d'Agriculture , Com-
merce, Sciences et Arts du
département de la Marne.
Chambéry, — Académie des Sciences, Belles-Lettres
et Arts de Savoie.
Chaiiukrw — Société savoisienne d'Histoire et d'Ar-
chéologie.
Chartres. — Société archéologique d'Eure-et-Loir.
Château-Thierry. — Société historique et archéolo-
gique de Château-Thierry.
GouïAH. — Société d'histoire naturelle de Colmar.
Gqmhègne, — Société historique de Compiègne.
Constantine. — Société archéologique de la province de
Constantine.
Dax. — Société de Borda.
Dijon. — * Commission des Antiquités du département
île la Côte-d'Or.
DjttGtnttrttft. — Société d'études historiques et archéo-
logiques de la ville de Draguignan.
Kpisal, - * Société d'Emulation du département des
Vosges.
FoNTàiNEiiLKAtT, — Société historique et archéologique
du Gatinais.
Ghesohle, — Académie delphinale.
Lrc Havre, — Société nationale havraise d'études di-
verses.
Langues. — Société historique et archéologique de
Langres.
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- 367 —
Limoges. — Société archéologique et historique du
Limousin .
Màcon. — Académie de Mâcon.
Le Mans. — Société historique et archéologique du
Maine.
Marseille. — Académie des Sciences, Belles-Lettres
et Arts de Marseille.
Marseille. — Société de Statistique de Marseille.
Metz. — * Académie de Metz.
Montauban. — Société archéologique de Tarn-et-Ga-
ronne.
Montbéliard — Société d'Emulation de Montbéliard.
Mulhouse. — Musée historique de Mulhouse. .
Nancy. — Académie de Stanislas.
Nancy. — Société de Géographie de l'Esl.
Nantes. — Société archéologique de Nantes et de la
Loire-Inférieure.
Nîmes. — ^Académie du Gard.
Orléans. — 'Société archéologique de l'Orléanais.
Paris, antérieurement Lyon. — Musée Guimet.
Paris. — Société nationale des antiquaires de France.
Paris. — Société des Etudes historiques.
Pau. — Société des Sciences, Lettres et Arts de Pau.
Poitiers. — "Société des Antiquaires de l'Ouest.
Reims. — Académie nationale de Reims.
Saint-Dié. — Société philomathique vosgienne.
Senlis. — Comité archéologique de Senlis.
Sens. — 'Société archéologique de Sens.
Strasbourg. — Société pour la conservation des monu-
ments historiques d'Alsace.
Toulon. — Société académique du Var.
Toulouse. — Société archéologique du Midi de la
France.
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— 368 -
Troyes. — Société académique de l'Aube.
Verdun. — Société philomathique de Verdun (Meuse).
Vitr y -le -François. — Société des Sciences et Arts de
Vitry-le-François.
SOCIETES ETRANGERES.
Anvers. — Académie d'Archéologie de Belgique.
Arlon. — Institut archéologique du Luxembourg.
Enghien. — Cercle archéologique d'Enghien (Bel-
gique).
Gand. — Comité central de publication des Inscriptions
funéraires et monumentales de la Flandre
orientale.
Liège. — Institut archéologique liégeois.
Liège. — Société libre d'Emulation de Liège.
Luxembourg. — 'Institut royal grand-ducal de Luxem-
bourg (section des sciences histo-
riques).
Modène. — R. Academia di Scienze, Lettere ed Arti
in Modena.
Namur. — Société archéologique de Namur.
Rome. — Commissione archeologica comunale di Roma.
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L'ÉGLISE' DE MAXÉVILLE
ADDITIONS ET CORRECTIONS
La rapidité avec laquelle j'ai dû composer l'article
sur l'église de Maxéville m'a empêché de consulter les
registres paroissiaux, qui remontent à 1600 environ et
renferment un grand nombre de très curieuses men-
tions.
J'y ai cependant recouru pour déterminer la signi-
fication du mot CHERIER (1), qui n'avait pu être
expliquée sur la tombe de Guillaume Tresco (p. 43),
et voici ce que j'ai découvert dans le premier des re-
gistres en question :
1615. « Du 4 (2) septembre mourut le sieur Guil-
laume Trescolle (3), natif d'Auergne (4), en son
viuant mre (5) cherins de S. A. au duché de Lorraine
(1) J'ai encore vérifié l'exactitude de cette leçon sur le
monument ; les lettres H et E ont un jambage commua.
(2) Avec l'abbé Guillaume, j'avais lu i4 sur la tombe.
(3) Sur l'épitaphe, on lit seulement trksc°, l'o dans la
boucle du c.
(4) Auvergne.
(5) Maistre.
24
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— 370 -
et tara escheuin en la justice de sadicte A. à Maxe-
vilJe ». Eu marge : « Obijt fondé ».
Or, me reportant au Dictionnaire des noms de
M. L. Larchey, j'y vois figurer cherrier et cherin,
etc., avec La signification de conducteur de chariot. Puis
prenant les Institutions militaires d'Henri Lepage, j'y lis
à la table (p. 291) : « Gharriers (martres), conduisant
l'artillerie et les munitions de l'armée » ; de plus, une
note (p. 101), dit ceci : « Le maître charrier de Lor-
raine, îiisLitué en titre d'office depuis 1475, avait, entre
autres attributions, celle de conduire les attelages que
les maisons religieuses, les prévôtés, les villes, etc.,
étaient tenues de fournir, en temps de guerre, pour le
service de l'armée et le transport des munitions (1) ».
Ainsi se trouve donnée d'une manière assez intéres-
sante r explication du mot cherier, que je n'avais pu
encore déterminer.
Le transport des vitraux au Musée lorrain (2), après
la démolition de l'église, m'a permis de les examiner
de plus près ; le nimbe de sainte Madeleine porte, en
mi nu. -.oui es gothiques : santa (sic) maria madalena or a
prq mbis. Sur Fun des vitraux, la crosse de saint
Nicolas est munie d'un vélum fort long, qui voltige ; le
pied du crucifix, dans le vitrail latéral, est accosté de
deux petits panneaux représentant deux saints debout ;
le premier, à demi-vêtu d'une peau d'agneau, ne peut
être que Jean-Baptiste ; le second, très jeune, imberbe,
dont la longue chevelure ondoyante se développe sur
(1) H, Lepage, Sur l'organisation et les institutions mili-
taires ds la Lorraine ; Nancy, Berger-Levrault et Cie, 1884.
(2) V, le Journal de sept.-oct. 1889, p. 248.
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les épaules, est vêtu d'une ample robe et tient un vase
à coupe hémisphérique ; il pourrait être pris pour une
femme, telle que sainte Madeleine ; je crois qu'il Faut
plutôt y voir saint Jean l'évangéliste. Ce petit vitrail
offre beaucoup d'intérêt par l'élégante hardiesse de son
dessin, sommaire, mais très gracieux.
P. 20, 1. 2, au lieu de « 4 H costkr », lire : a H nuwcois
COSTER.
P. 59, note 1,1. 2, au heu de « îerreun », lire : terre
en un.
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LISTE DES MEMBRES
DE LA SOCIÉTÉ D'ARCHÉOLOGIE LORRAINE
ET DU MUSÉE HISTORIQUE LORRAIN
au 1 er Janvier 1890
Bureau de la Société élu pour l'année 1880-1800.
Président, Ch. Guyot.
Vice -président, Léopold Quintard.
Secrétaire perpétuel, Bretagne père.
Secrétaire annuel, R. de Souhesmes.
Secrétaires adjoints : E. Duvernoy et Pierre de Lallemand
de Mont.
Bibliothécaire- Archiviste, Léon Germain.
Trésorier, René Wiener.
Conservateurs du Musée lorrain : Charles Cournault
et Lucien Wiener.
i
Membres honoraires (*).
Montesqniou (le vicomte dej; ancien préfet de Meurthe-et-
Moselle, ancien conseiller d'Etal; à Paris .
(*) La Société a conféré le titre de membre honoraire aux président*
des Sociétés qui, après l'incendie du Palais ducal en 1871, ont bien
voulu lui donner des témoignages de sympathie, soit en souscrivant pour
la reconstruction de l'édifice, soit en envoyant la collection de leurs
publications à la bibliothèque du Musée.
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n
Joybert (Madame la baronne de) au château de Saulxures-
lea-Nancy.
Le Directeur de la Société française d'Archéologie pour la
conservation des monuments historiques.
Le Président de l'Académie de Metz.
— de l'Académie du Gard.
— de la Commission archéologique du départe-
ment de la Côte-d'Or.
— de la Société d'Emulation des Vosges.
— de la Société des Antiquaires de l'Ouest.
— de la Société archéologique de Sens.
— de la Société archéologique d'Orléans.
— de la Société française de Numismatique et
d'Archéologie de Paris.
— de la Section historique de l'Institut royal
grand-ducal de Luxembourg.
Membre* titulaires (*).
* Abel (Charles), ancien député, président de la Société
d'Archéologie de la Moselle, rue Nexirue, 18, à Metz.
Adam, président de chambre à la Cour d'appel de Rennes
(Ille-et-Vilaine), boulevard Sévigné.
Adam, maire de Nancy, rue Victor Hugo, Nancy.
* Allavène (le général), rue de Rennes, 49, Paris.
* Alsace (le compte d'), prince d'Hénin, au château de Bour-
lémont, par Neufchâteau (Vosges).
Ambroise (Emile), avoué, docteur en droit, rue Gambetta,
16, à Lunévilie.
* André, père, ancien entrepreneur, rue du Manège, 6,
Nancy.
* André, architecte du Département, membre du Conseil
municipal, rue d'Alliance, 12, Nancy.
(*) Les noms précédés d'un astérisque sont ceux des membres abonnés
an Journal mensuel de la Société»
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Angenoux, président de chambre à la Cour d'appel, cours
Léopold, 49, Nancy.
* Arth, propriétaire, rue de Rigny, 7, Nancy,
* Asher, libraire, 5, Unter den Linden, à Berlin (Prusse).
* Auhry, propriétaire de la manufacture de faïence de Belle-
vue, près Toul.
Audiat, doyen des conseillers à la Cour d'appel, membre
de l'Académie de Stanislas, rue de la Ravinelle, 35,
Nancy.
Authelin, professeur au collège, rue Gengoult, 7, à Toul*
Avout (le baron Auguste d'), ancien magistrat, rue «le
Mirande, 14, à Dijon (Côte-d'Or).
Badel (Emile), bibliothécaire à la Bibliothèque publique,
rue Charles III, 37, Nancy.
* Baraban, avoué au Tribunal, rue Montesquieu, 13, Nancy,
Baradez, ancien adjoint au Maire de Nancy, ancien prési-
dent du Tribunal de commerce, rue du Moutet, 6,
Nancy.
Barbey (Adrien), rue Sainte-Catherine, 5, Nancy.
Barbier (l'abbé), curé de Saint- Vinceut-Saint-Fiaere,
impasse Saint- Vincent, 7, Nancy.
* Barthélémy (François), rue du Faubourg de» Troia-Mai-
sons, 22 bis, Nancy.
Bastien (Pierre), greffier en chef de la Cour d'appel, rue
Desilles, 4, Nancy.
* Bauffremont-Courtenay (le prince de), duc d'Atrisco, rue
de Grenelle-Saint-Germain, 87, à Paris.
Bausson (l'abbé), curé de Frolois, par Ceiutrey (M.-et-M.)
* Beau, avoué au Tribunal, Grand'Rue (Ville- Vieille), 35,
Nancy.
Beaudesson, directeur des contributions directes, rue de
la Source, 31, Nancy.
Beaupré (Emile), propriétaire, rue de Serre, 18, Nancy,
* Beauzée-Pinsart. sculpteur, à Stenay (Meuse).
Bénard (l'abbé), aumônier de la Chapelle ducale de Lor-
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IV
raine, rue du Point du Jour, 9, Nancy.
Bénaville (M m * de), rue des Loups, 12, Nancy.
' Benoit (Arthur), homme de lettres, à Berthelming, par
Fénétrange (Lorraine).
Benoît (Charles), doyen honoraire de la Faculté des lettres»
membre de l'Académie de Stanislas, rue Le Pois, 9,
Nancy,
Bernard, ancien notaire, membre du Conseil municipal,
rue d'Alliance, 7, Nancy,
' Bernard de Jandin, ancien magistrat, rue Montesquieu, 16,
Nancy.
É Berger -Levranlt (Oscar), imprimeur-libraire, rue des
Glacis, 7, Nancy,
* Bertier (Emile), avoué à la Cour d'appel, place de la
Carrière, 18, Nancy.
Berlin (Charles), propriétaire, rue Le Pois, 6, Nancy.
* Bibliothèque (la) de la Ville de Bar-le-Duc (Meuse).
* Bibliothèque ;la) du British Muséum, à Londres.
" Bibliothèque (la) de la Ville d'Epinal (Vosges).
* Bibliothèque (la) de la Ville de Lunéville.
* Bibliothèque (la) de TUniversity Library, Cambridge. .
* Bibliothèque (la) de la Ville de Verdun (Meuse).
* Bieler, pasteur» à Dieuze (Lorraine).
* Bigorgne, professeur au Lycée Condorcet, rue Lafayette,
188, â Paris,
* Bizeuiont (comte de), ancien officier supérieur, au château
de Tremldoye, commune de-Bouxières-aux-Chênes.
Blancheur, notaire honoraire, place de la Carrière, 18,
Nancy.
n Bleicher, prom^seur d'histoire naturelle médicale à l'Ecole
rupérieure de pharmacie, membre de l'Académie de
Stanislas, rue de Lorraine, 4, Nancy.
Blondlot, maître de conférences à la Faculté des sciences,
quai Claude le Lorrain, 8, Nancy.
Boiselle (l'abbé), curé de Cudot-Sainte-Alpaïs, par Saint-
JuHen-du-Sault (Yonne).
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Bollemont (Alfred de), rue de la Primatiale, 30, Nancy.
Bonnabelle, correspondant de la Société pour l'instruction
élémentaire, rue Nève, 37, à Bar-le-Duc (Meuse).
* Bonneau (l'abbé), curé d9 Burey-en-Vaux, par Yaucou-
leurs (Meuse).
■ Bonnej oy, docteur en médecine, à Chars-en«Vexin (Seine -
et-Oise).
Bonvalot, ancien magistrat, rue Cassette, 3, à Paris.
Boppe, sous-directeur de l'Ecole forestière, rue Girardet,
10, Nancy.
Bossert, bijoutier, rue Saint-Dizier, 45, Nancy.
* Bossu (Louis), procureur de la République, Sousse (Tunisie)*
* Bœswilwald, architecte, inspecteur général des monu-
ments historiques, rue Hautefeuille, 19, à Paris,
Boucher (Emile), Grand'Rue (Ville-Vieille). 76, Nancy.
* Boulangé, ancien magistrat, à Remiremont (Vosges).
. Bour (Charles), propriétaire, cours Léopold, 18, Nancy.
Bourcier (le comte Charles de), au château de Bathei
mont-sur-Seille (Lorraine).
* Bourgeois, archiviste-paléographe du Département de
Loir-et-Cher, avenue Paul Reneaulme, à Blois (Loir-et-
Cher).
Bourgogne (Frédéric de), propriétaire, rue Grande, à La-
marche (Vosges).
* Bourgon (Désiré), architecte, élève de l re classe de l'Ecole
des Beaux- Arts, rue des Michottes, 11, Nancy.
* Bouvet (le baron de), à St-Remy-en-Bouzemont (Marne),
Bouvier (de), conseiller honoraire à la Cour d'appel, rue
du Point du Jour, 7, Nancy.
* Brassait, archiviste de la Ville de Douai, rue du Cam ■
leux, 63, à Douai (Nord).
Brenier (l'abbé), curé d'Epinal (Vosges).
* Bretagne, directeur des contributions directes en retraite,
rue de la Pépinière, 7, Nancy.
Bretagne (Ferdinand), contrôleur des contributions di-
rectes, rue de la Ravinelle, 41, Nancy.
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VI
Briard (Emmanuel) , avocat» rue des Carmes, 36, Nancy.
Brice \le général), place de l'Académie, 8, Nancy.
Brincourt V J . I>.) T rue Blanpain, 2, à Sedan (Ardennes).
Brionval, avoua au Tribunal de Toul.
Brocard (l'abbé)* curé de Varangéville.
Bruyères {Ch. de), avocat, à Remiremont (Vosges).
Buffet (Aimé), inspecteur général des ponts et chaussées,
quai Heuri IV, 46, Paris.
BuHet ' Loin* , sénateur, ancien ministre, rue de Saint-
Pétarsbourg, â, Paris.
Buisson (l'abbé) , 14, rue Legendre, Paris.
Burtin (Y.) f avocat, rue Mably, 3, Nancy.
Bussienne* propriétaire, à Dieulouard.
Euvignier-Clouet (Mlle Madeleine), rue Saint-Maur, 11,
Verdun -sur-Meuse.
Carrière [le vicomte de), à Mouzorgues, par Briatexte
(Tarn),
Castex [le vicomte Maurice de), ancien officier d'état-
major, rue de Penthièvre, 6, Paris.
Caye, ancien avoué, suppléant de justice de paix, rue des
Michottes, 7, Nancy.
Cerf; notaire, à Rosières-aux-Salines.
Chanel (l'abbé) , professeur au pensionnat de la Malgrange.
Chapelier (l'abbé), curé de Jeanménil, par Ramber^rillers
(Vosges'.
Chapellier, bibliothécaire de la Ville d'Epinal (Vosges).
Cbassiguet, sous-intendant militaire en retraite, membre
de l'Académie de Stanislas, rue de Boudonville, 18,
Nancy.
Chariot 'Alexandre), ancien magistrat, rue des Domini-
cains, Ts, NiiQey,
Châtelain ;E.} T professeur de philosophie au Lycée, rue
île Boudouville, 34, Nancy.
Châtelain (l'abbé), ancien professeur de philosophie, à
Neuilly-aur-Seine.
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VII
* Chatton (l'abbé), curé de Velaine-sous-Amance (M*-et-M»),
* Chennt (Emile), juge de paix du canton oui -si de Nancy,
rue de la Ravinelle, 16, Nancy.
Chevreux, archiviste, rue des Bourdonnais l â Paris,
Chicoulan, principal du collège de Lunéville.
Ghrestien de Beauminy, ancien avoué, pkrc de la Car-
rière, 45, Nancy.
* Christophe (Henri), lithographe, rue d* Amer val, 10, Nancy.
* Glande, ancien pharmacien, rue des Ponts, 57, Nancy.
* Glande (Auguste), propriétaire, rue Israël Sylvestre, 5,
Nancy.
Claudot, entrepreneur de bâtiments, rue du Joli-Cœur, :t,
Nancy.
Clesse, notaire honoraire, membre du Conseil général, à
Conflans, et rue des Dominicains, 18, Nancy.
* Cloud (Victor), négociant, Grande-Rue, 30, à Hlàrnont*
* Goliez (Emile), docteur en médecine, à Longwy.
* Collenot (Félix), ancien magistrat, rue d'Alliance, 9,
Nancy.
Collignon, médecin-major, rue de la Paix T k? t à Cher-
bourg (Manche).
Collignon, professeur à la Faculté des Lettres, rue Jeanne
d'Arc, 2 bis, Nancy.
Collin, notaire, rue de la Hache, 64, Nancy.
Condé (baron de), directeur d'assurances, rue fturabetta, 38,
Nancy.
* Contai (Edmond), avocat à la Cour d'appel, rue Sainte-
Catherine, 29, Nancy.
Gordier (Julien), député de l'arrondissement r|« Toul,
boulevard Latour-Maubourg, 19, à Paris.
* Gosté, ancien conseiller de Préfecture, rue Stanislas, 54 t
Nancy.
* Conrcel (Valentin de), rue de Vaugirard, 20, a Paris.
Courcelles (Emile), poêlier, rue des Dominicains, 2U*
Nancy.
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jOOQ
* Gournault (Charles), conservateur du Musée historique
lorrain, a, M^lzoville*
Courtois, avocat à la Cour d'appel, place de la Carrière, 41,
Nancy.
* Crëpin-Leblond, imprimeur, passage du Casino, Nancy.
Crevoisier dHurbache (de), avocat à la Cour d'appel,
place de la Carrière, 9, Nancy.
Cuny (V.), artiste peintre (chez M. Majorelle, rue Girar-
det, 4), Nancy,
* Guvier, ancien pasteur, membre de l'Académie de Sta-
nislas, faubourg Stanislas, 29, Nancy.
' D,umreuther. pasteur de l'Eglise réformée, rne de la
Manque, fil, à Bar-le-Duc (Meuse).
Dartein (l'abbé de), ancien professeur à l'école Saint-
Sigisbert, me de Rigny, 22, Nancy.
David (Louis), à Vaucouleurs (Meuse).
David (Paul), ancien sous- préfet, quai Claude le Lor-
rain, 12. Nancy.
Déblaye (l'abbé Alexandre), aumônier de la Maison de
retraite des Sœurs de la Doctrine chrétienne, rue de
Strasbourg, 150, Nancy.
Debnisson (Eugène), à Bayon.
* Degermain (Jules), rentier, à Sainte-Marie- aux-Mines
(Alsace'.
Déglin (Henri), avocat à la Cour d'appel, rue Saint-
fieurges, 7S>, Nancy.
Degcutin ^Maurice), château de Remonvaulx, près Bayon-
ville .M.-et-M.).
* Délavai v \lbertt , à Saint-Max, par Nancy.
Démange (l'abbé), directeur de l'école Saint-Léopold, rue
de la Pépinière, 26, Nancy.
r Démange (l'abbé), curé de Saulxerotte, par Favières.
Denis (Al bert) , président du Cercle sténographique de la
Lorraine, avocat, à Toul.
É Denis (Charles), élève-officier à l'Ecole militaire de Saint-
Mai x ont (Deui'Sèvres).
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IX
Denis (Paul), président du Tribunal de Toul.
Denys (Paul), ancien président du Tribunal civil de Mire-
court (Vosges).
* Depautaine, docteur en médecine, membre du Conseil
général de la Meuse, à Gondrecourt (Meuse).
* Didierjean (le comte), directeur général des cristalleries
de Saint-Louis, par Lemberg (Lorraine).
* Didier-Laurent (l'abbé), directeur de l'école Saint-Joseph,
à Reims (Marne).
* Dietz, ancien banquier, rue de la Monnaie, 8, Nancy.
Digot (Alfred), propriétaire, rue des Ponts, 48, Nancy.
Dinago, avocat à la Cour- d'appel, rue de la Monnaie, 5,
Nancy.
* Domgermain (le comte de), rue de Lille, 3, à Paris, et à
Phlin (M.-et-M.).
* Dorveaux (Paul), bibliothécaire de l'Ecole supérieure de
pharmacie, avenue de l'Observatoire, 4, à Paris.
Doyotte (l'abbé), curé de Haroué (M.-et-M.).
Dronin (Ch.), instituteur, à Saint-Julien, par Isches
(Vosges).
* Dumont (Paul), docteur en droit, place de la Carrière, 16,
Nancy.
* Dupont (Gustave), chemin du Sapin, 15, Nancy.
* Durand (G.), archiviste du Département de la Somme, rue
des Jacobins, 71, à Amiens.
* Duvernoy (Emile), archiviste du Département de Meurthe-
et-Moselle, hôtel de la Monnaie, Nancy.
Eau claire (l'abbé), curé de Saizerais (M.-et-M.).
Ebel (Charles), rue Saint-Dizier, 140, Nancy.
* Elie (Edmond), ancien juge au Tribunal de commerce,
rue Montesquieu, 29, Nancy.
* Elie-Lestre, ancien officier de cavalerie, cours Léopold, 43,
Nancy.
* Espée (le baron Marcien de L'), rue Casimir Périer, 11 bis,
à Paris. »
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Evrard Ali Auguste), à Epinal (Vosges).
Fabry. fabricant d'ornements d'église, rue St-Sulpice, 38,
à Paris,
' Favier, conservateur de la Bibliothèque publique, biblio-
thécairs-archiviste de F Académie de Stanislas, rue
c, 2, Nancy.
1 Ferry, notaire, à Saint-Loup (Haute-Saône).
* Feyen, ancien notaire, à Pont-à -Mousson.
* Fliche Paul), professeur à l'Ecole forestière, membre de
l'Académie de Stanislas, rue Saint-Dizier, 9, Nancy.
Florentin, ancien receveur des hospices, rue du Four, 64,
à Rar-Je-Duc (Meuse).
Florentin (L T abbé), curé-doyen de Badonviller (M.-et-M.).
Florentin (Jules), à Forcelles-sous-Gugney, par Diarville
^M.-et-M.).
Fohlant vM&uricede), ancien représentant, impasse Sain te-
Cècile, 9, Nancy.
' Fonld i, Al^h,), maître de forges, rue Girardet, 4, Nancy.
" Fourier de Bacouxt (le comte Etienne), au château de
Gentilly, par Sorgues-sur-Ouvèze (Vaucluse).
" Fournies locteur en médecine, à Rambervillers (Vosges).
François (Louis), ancien notaire, rue de Thionville, 2,
Nanry.
Franiatte (l'abbé), curé de Bouxières-aux-Dames, par
Chumpigneulles (M.-et-M.).
Fié billot (H.), instituteur, à Bleurviile, par Monthureux-
sur- Saône (Vosges).
Frémotte, peintre-verrier, rue Saint- Jean, 50, à Neufchâ-
î.eau Vosges).
Fringant (l'abbé), curé d'Allamps, par Vannes-le-Ghâtel
(M.-ot-MO
Fringnet ^Alphonse), proviseur du lycée Lakanal, rue
Houd^iK n Sceaux (Seine).
Friot, autour en médecine, rue Saint-Georges, 45, Nancy.
* Froment, ancien magistrat, à Epinal (Vosges).
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XI
Fruminet (l'abbé), curé-archipr. de St-Jacques, à Lunévil 1
Fnissotte (l'abbé), à Jouy-en-Argonne, par Dombasle
(Meuse).
Galle (Emile), industriel, avenue de la Garenne, 2, Nancy.
Gallois (l'abbé Théophile), vicaire à Montmédy (Meuse).
Gandelet (le comte Albert), chambellan de S. S. Léon XII f,
place d'Alliance, 5 bis, Nancy.
Ganier, juge au Tribunal civil de Nancy, rue du Monte t, 5.
Gargam (Louis), commandant d'infanterie en retraite rue
de Strasbourg, 87, Nancy.
Garnier, ancien juge au Tribunal civil, rue de Metz, 77 t
Nancy.
Ganchier (Christophe), peintre, à Moyenvic (Lorraine).
Gerbéviller (le marquis de), château de Gerbéviller. (M.-
et-M.)
Gegout (Emile-Heroard), à Vézelise.
Gegout, substitut du Procureur général, faubourg Saint-
Jean, 21, Nancy.
Genay, architecte, inspecteur des édifices diocésains, rue
Baron Louis, 21, Nancy.
Genay (Paul), agriculteur, à Bellevue-Chanteheux, par
Lunéville.
Génin (André), sou s- lieu tenant au 79 e de ligne, Nancy.
George (Amédée), faubourg Stanislas, 46, Nancy.
Gérard (Albert), avocat, àSaint-Dié (Vosges).
Gérard d'Hannoncelles, président de chambre honoraire
à la Cour d'appel, rue de la Source, 6, Nancy.
Gérardin (Julien), clerc de notaire, à Jarville.
Germain, conseiller à la Cour d'appel, rue de Metz, 18,
Nancy.
Germain (Léon), membre de l'Académie de Stanislas rue
Heré, 26, Nancy.
Gigont (Léopold,) architecte, rue Gambetta, 10, Nancy*
Gilbert, photographe, à Toul.
Gillant (l'abbé) , curé d'Auzéville, par Clermont-en-Àr-
gonne (Meuse).
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' Giron court (de), conducteur des ponts et chaussées, rue
Desilles, 5 t Nancy.
* Gomien (Paul), sous-intendant militaire, à Limoges (Hte-
Vienue),
Gondiecourt (le comte René de), ancien conseiller de
Préfecture, rue Saint-Michel, 26, Nancy.
* Gondrexon (l'abbé), ancien curé de Saint-Nicolas de Port,
à la Maison des prêtres auxiliaires, rue du Montet, 23,
Nancy.
* Gouy (Jules), ancien magistrat, membre de l'Académie de
Stanislas, à Renémont, commune de Jarville, et place
d'Alliance, 6, Nancy.
* Gotty de Bellocq-Feuquières (Albert), ancien officier
d'é Ut-major, rue d'Alliance, 9, Nancy.
" Goury (Gustave), avocat à la Cour d'appel, rue des Tier-
ce Lus» 5, Nancy.
Grandeau, professeur à la Faculté des sciences de Nancy,
<|uai Voltaire, 3, à Paris.
* Grande m ange (l'abbé), aumônier de la Maison de Secours,
rue Saint-Dizier, 133, Nancy.
" Grand-Eury (l'abbé), curé de Champigneulles (M.-et-M.)
" Grassot (l'abbé), curé de Choiseul, par Merrey (Haute-
Marne)*
Grosjean (Maurice), à Spincourt (Meuse).
Grosjean-Manpin, libraire, rue Heré, 20, Nancy.
* Guérin (Raoul), pharmacien aide-major au 1 er corps d'ar-
mée, rus Saint-Martin, 125, à Paris, et quai François I ep ,
au T réport (Seine-Inférieure).
Guérin (Edmond), rue des Capucins, 6, àLunéville.
* Guerrier de Dumast (le baron), conservateur des forêts de
Meurthô-et-Moselle, place de la Carrière, 38, Nancy.
É Guillon < Auguste), ancien sous-officier, voyageur de com-
merce, rue de la Place, à Cormolain (Calvados).
Guinet (A,), entrepreneur de bâtiments, rue de Serre, 8,
JSancy.
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Guiot de Saint-Remy, juge honoraire au Tribunal civil»
rue des Loups, 6, Nancy.
Gntton (Henri), architecte, rue Gambetta, 42, Nancy.
Gnyot (Charles), professeur de législation et de jurispru-
dence à l'Ecole forestière, membre de l'Académie de
Stanislas, rue Girardet, 10, Nancy.
Gnyot, contrôleur priucipal, chef de bureau des douanes,
rue de Guise, 3, Nancy.
Haldat du Lys (Charles de), cours Léopôld,36, Nancy.
Haillant, avoué; secrétaire perpétuel de la Société d'Emu-
lation, rue du Quartier, 17, à Epinal (Vosges).
Hamonville (le baron Louis d'), conseiller général, maire
de Manonville, au château de Manonville, par Noviant-
aux-Prés (M.-et-M.).
Hannequin, ancien magistrat, rue de la Ravin elle, 25,
Nancy.
Harbulot (Louis), avocat, rue Stanislas, 59, Nancy.
Harmànd (l'abbé), supérieur de l'Orphelinat agricole, a
Haroué (M.-et-M.).
Hausen (d*), au château de Sainte-Marie, par B la ni on t.
HaussonviUe (le comte d')) de l'Académie française, ancien
député, rue Saint-Dominique, 41, à Paris.
Hantoy (du), propriétaire, chaussée de Doullena, 45, à
Amiens (Somme).
' Heitz, percepteur de la circonscription de PuLligny, à
Vézelise (M.-et-M.)
Hennezel (le comte d'), rue des Tiercelins, 11 , Nancy.
Henry, professeur à l'Ecole forestière, quai Claude le
Lorrain, 8 bis, Nancy.
1 Héranle (de l'), # place de la Carrière, 27, Nancy*
r Hertz (Adrien), ancien magistrat, rue Gambetta, 41» a
Lunéville.
' Houx d'Henné court (du), propriétaire, à Pont-à-MouRsou
(M.-et-M.)
HouzeUe, instituteur, à Breux, par Montmédy (Meuse),
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* Huart (baron G. <T), ancien préfet, à La Bôle d'Escoublac
(Loire-Inférieure), et rue Chauveau-Lagarde, à Chartres.
* Huber (Emile), manufacturier, à Sarreguemines.
Hasaon (Auguste), sculpteur, à Blevaincourt (Vosges).
* Iohmann, bijoutier, rue des Carmes, 1, Nancy.
* Jacob, archiviste du Département de la Meuse et conser-
vateur du Musée, à Bar-le-Duc (Meuse).
Jacques (l'abbé Victor), agrégé de l'Université, professeur
à l'Ecole Saint-Sigisbert, place de l'Académie, 11, Nancy.
Jacquot (l'abbé), curé -doyen de Billy-lès-Mangiennes, par
Spincourt (Meuse).
* Jacquot (Albert), luthier, ruo Gambetta, 17, Nancy.
* Jaqniné, inspecteur général honoraire des ponts et chaus-
sées, place de la Carrière, 10, Nancy.
Jasson, architecte de la Ville, rue de la Monnaie, 8,
Nancy.
* Jeandel, greffier du Tribunal de commerce, rue Isabey, 89,
Nancy.
Joly de Morey (Henri), ancien magistrat, avenue Bugeaud
(place d'Eylau), à Paris.
Joly de Morey (Alexandre-Léon), 24, rue de la Ville-
l'Evêque, à Paris.
* Jouffrey, principal clerc de notaire, à Fauville (Seine-
Inférieure).
' Jouré (E.), maraîcher, faubourg Saint-Mansuy, à Toul.
* Jouve, professeur, impasse Boileau, 5, À Paris- Auteuil.
Joybert (le baron Gaston de), propriétaire, rue de l'Hos-
pice, 49, Nancy.
Kauffer (Ferdinand), bijoutier, rue Saint-Dizier, 40, Nancy.
* Keller (Edmond), propriétaire, à Lunéville.
Kesseling (le baron de), rue de Guise, 17, Nancy.
Klopstein (le baron Antoine de), conseiller général de
Meurthe-et-Moselle, au château de Châtillon, près Cirey-
sur-Vezouse (M.-et-M.)
* Kools (l'abbé), curé de Lorquin (Lorraine).
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Konarski (Wladimir), vice-président du Conseil do Pré-
fecture de la Meuse, à Bar-le-Duc.
Krug-Basse, conseiller à la Cour d'appel, rue de Serre, 7,
Nancy.
Kuhn (l'abbé Hermann), curé de Guéblange, par Dieuze
(Lorraine).
Labourasse, inspecteur de l'enseignement primaire en
retraite, à Arcis-sur-Aube (Aube).
Lacaille (Edmond), avocat à la Cour d'appel, rue Dom
Cal met, 13, Nancy.
La Chapelle (de), rue de Boudonville, 14, Nau
Lâchasse, secrétaire de la Faculté de droite rue Sainte-
Catherine, 1, Nancy.
Lacour (l'abbé), chanoine honoraire, secrétaire particulier
de Mgr l'Archevêque de Bourges (Cher),
Lagrange, ex-administrateur de la manufactura de glaces
de Ciray, rue Bergère, 18, à Paris.
La Granville (de), au château de Tumejus, commune de
Bulligny.
Lahaut (de), directeur des contributions indirecte» en
retraite, rue de la Rivière, à Verdun (Meuse)*
Lallemand, conseiller à la Cour d'appel de Besancon, quai
Veil-Picard, 55 (Doubs).
Lallemand de Mont (Frédéric de), au château de Lupeourt,
et rue Girardet, 8, Nancy.
Lallemand de Mont (Pierre de), ancien secrétaire général
de Préfecture, rue des Carmes, 9, Nancy.
Lallemant de Liocourt (Charles de), ancien notaire T rue
Stanislas, 62, Nancy.
Lallemant de Liocourt (Frédéric de), rue da Boudon-
ville, 24, Nancy.
Lallement (Louis), avocat à la Cour d'appel, rue de la
Pépinière, 27, Nancy.
Lamasse, peintre, à Lunéville.
Lambel (le comte Alexandre de), maire de FléviLle, ancien
conseiller général.
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:
* Lambel (le vicomte Paul de), au château de Fié ville, par
Nancy.
* Lambertye (le comte Gaston de), à Compiègne (Oise).
Landreville (le comte de), ancien conseiller général, rue
Stanislas, 51, Nancy.
Landrian (le comte de), baron du Monte t, rue Bailly, 7,
Nancy*
* Langlard, directeur d'assurances, rue des Tiercelins, 30,
Nancy.
Lanternier, architecte, faubourg Stanislas, 38, Nancy.
* LaprevQto (Léon), ancien inspecteur-adjoint des forêts,
quni Claude le Lorrain, 20, Nancy.
k Laryuillon (le commandant), faubourg Saint-Georges, 49,
Nancy.
* Laroche ^l'abbé), curé de Damas-devant-Dompaire (Vosges).
* Latouche (le baron Georges de) ancien sous-préfet, rue
Girurdet, £, Nancy.
È Laurent ;A.), médecin-major au 12 e cuirassiers, à Luné-
ville.
* Laurent aiaé (Jules), sculpteur, rue du Montet, 19, Nancy.
Lazar-Nathan, professeur, rue de l'Equitation, 48, Nancy.
Le Bègue, directeur de la Société nancéienne de Crédit
industriel et de Dépôt, place Saint-Georges, 78, Nancy.
* Le Bègue de Germiny (le comte Marcel), avenue d' An-
Lin, 37 (Champs-Elysées), à Paris, et au château de
Kôaaville, à Bavent (Calvados).
1 Leblanc (Henri), marchand d'antiquités, rue Stanislas, 94,
Nancy.
' Lebrun (Léon), avocat, à Lunéville.
Leclerc René), ancien magistrat, avocat à la Cour d'appel,
rue <Je la Commanderie, 11, Nancy.
9 Lefebvre (Henri), contrôleur des contributions directes en
disponibilité, rue de Rigny, 17, Nancy.
Lederlin, doyen de la Faculté de droit, membre de F Aca-
démie de Stanislas, faubourg Stanislas, 12 bis, à Nancy.
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Legay, marchand d'antiquités, rue Stanislas, 26, Nancy.
Legin (l'abbé), vicaire à Saverne (Alsace).
Le jeune (Jules), secrétaire perpétuel de l'Académie de
Stanislas, rue de la Ravinelle, 22 bis, Nancy.
ternaire, chef de section aux chemins de fer de l'Est, rue
des Potiers, 38, à Pont-à-Mousson.
Lenglet (Paul), bauquier, place delà Carrière, 38, Nancy.
Lepezel, docteur en droit, juge de paix du canton de Lon-
guyon (M.-et-M.)
Leroy (l'abbé), curé do Taintrux (Vosges).
Lhôte (l'abbé), professeur au Grand-Séminaire de Saint-
Dié (Vosges).
Lhuillier, curé d'Abreschwiller (Lorraine).
L'Hnillier, curé de Damblain (Vosges).
Lhulière, ancien entrepreneur, rue des Carmes, 40, Nancy,
Ligniville (le comte Gaston de), rue d'Alliance, 15, Nancy.
Limon (l'abbé), prêtre habitué, Saint-Quirin (Lorraine).
Lombard (Paul), avocat, professeur à la Faculté de droit,
rue de la Ravinelle, 9, Nancy.
Loppinet, inspecteur des forêts, à Verdun (Meuse).
Loraux (l'abbé Arthur), curé de Grand-Verneuil, par
Montmédy (Meuse).
Lorrain (l'abbé), doyen du Chapitre de la Cathédrale,
rue de la Pépinière, 26, Nancy.
Lorrain (Aristide), îuge de paix du canton de Nomeny
(M.-et-M.)
Lorta, sous-directeur des contributions directes, à Saint-
Dié (Vosges).
Ladre (le comte Gaston de), membre de l'Acadénv, de
Stanislas, château de Ludres, à Richardménil (M.-et-
M.), et avenue Montaigne, 43, à Paris.
Luxer, conseiller à la Cour d'appel, rue Le Pois, 15,
Nancy.
Lnzoir, surveillant général au lycée Lakanal, à Sceau*
(Seine).
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Madelin Araédée), ancien magistrat, avocat, â Bar-le-Duc
(Meuse),
Magmenville (de), secrétaire-adjoint de la Société histo-
rique de Compiègne (Oise), rue Saint-Lazare, 15.
Magot, avocat, à Pont-à-Mousson (M.-et-M.)
Majorelle (Louis), industriel, place d'Alliance, 8, Nancy.
Malglaive (de), au château de Neuviller-sur-Moselle, par
Bayon (M.-et-M.)
Malhorty, chef d'escadrons au 9 e dragons, â Provins
(Seine-et-Marne).
Marchai (l'abbé), curé de Dieulouard (M.-et-M.)
Marchai (Eugène), docteur en droit et en médecine, ancien
adjoint au Maire de Nancy, rue Saint-Michel, 23, Nancy.
Marcel (Léopold), ancien maire de Réméréville, Grand'Rue
(Ville -Vieille), 13, Nancy.
Marco t (René), membre du Conseil municipal, rue de la
Ravinelle, 13, Nancy.
Margo Gaspard), membre de la Chambre de commerce,
rue des Tiercelins, 16, Nancy.
Margon (le comte de), chef d'escadrons au 8 e chasseurs, à
Verdun (Meuse).
Marichal (Paul), élève de l'Ecole des Chartes, rue Cail,29,
Pari s .
Marin ger ( adjoint au Maire de Nancy, conseiller général,
faubourg Saint- Jean, 28, Nancy.
Marly, ancien adjoint au Maire de Metz, rue Le Pois, 11,
Nsucy,
Marquis, sénateur de Meurthe-et-Moselle, conseiller géné-
ral, a Thiaucourt. et rue de Lille, 45, à Paris.
Marsal [1 abbé), curé de Dieuze (Lorraine).
Martin (l'abbé EugèDe), professeur à l'Ecole Saint-Sigis-
bert, place de l'Académie, 11, Nancy.
Martin (l'abbé Numa), vicaire à Montmédy (Meuse).
Marton (l'abbé), ancien aumônier militaire, place d'Al-
liance, 4, Nancy.
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XIX
Marx (Roger), homme de lettres, inspecteur des Beaux
Arts, rue Saint-Lazare, 24, à Paris.
Mathieu (Ch.), ancien magistrat, rue de la Ravinelle, 33
Nancy.
Mathieu (l'abbé D.), aumônier des Dames dominicaines.
membre de l'Académie de Stanislas, rue de Strasbourg,
160 bis, Nancy.
Mathieu, conservateur des forêts en retraite, faubourg
Saint- Jean, 19, Nancy.
Mathieu (l'abbé), curé de Sainte-Geneviève, par Pont-à*
Mousson.
Mathiot (Paul), rue de Metz, 6, Nancy.
Mathis de Grandseille (René), rue de l'Université, 25, à
Paris, et au château de Grandseille, par Blâmont.
Matthis, préposé en chef de l'octroi, rue Saint-Jean, 54,
Nancy.
Maxant (Eugène), greffier de chambre à la Cour d'appel
rue Saint-Dizier, 161, Nancy.
Maxe-Werly, correspondant du ministère de l'Instruction
publique, rue de Rennes, 61, à Paris.
Meixmoron de Dombasle (Charles de) directeur de la
fabrique d'instruments aratoires, président de la Société
centrale d'agriculture de Meurthe-et-Moselle, membre
de l'Académie de Stanislas, rue de Strasbourg, 19,
Nancy.
Mellier, inspecteur d'Académie, membre de l'Académie de
Stanislas, rue Saint-Dizier, 138, Nancy.
Mengin (Henri), avocat à la Cour d'appel, place des
Dames, 19, Nancy.
Mesmin, ancien magistrat, rue Sainte-Catherine, 6, Nancy,
Metz-Noblat (Antoine de), homme de lettres, membre de
l'Académie de Stanislas, rue de la Ravinelle, 27, Nancy.
Mézières (Alfred), professeur de littérature étrangère à la
Faculté des lettres de Paris, membre de l'Académie
française, député de l'arrondissement de Briey, conseil-
ler générai, boulevard Saint-Michel, 57, à Paris.
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Michaut (Gabriel^ ancien conseiller général, à Lunéville
Michel (F.), cultivateur, à Ugny, canton de Longuyon,
par Cutis -la-Granville.
Michon (Alfred), colonel d'artillerie, commandant le 8 e ré-
giment, rue La Fayette, 8, Nancy.
* Miette, ancien magistrat, rue Paisible, 6, à Pont-à-
Mousson (M .-et- M.)
" Millot (Charles), ancien officier de marine, chargé de cours
à la Faculté des sciences, membre de l'Académie de
Stanislas, rue des Quatre-Eglises, 28, Nancy.
* Mirbacn (le comte do), à Harff (Prusse rhénane).
Miscault (de\ rue d'Alliance, 5, Nancy.
Moidrey (Léon-Tardif de), ancien magistrat, au château
d'Hannuneelles, par Manheulles (Meuse).
* Montjoie (de) T au château de Lasnez, près Villers-les-
Nancy (M.~et-M0
* Moreau, brasseur, â Vézelise.
Morlain court (de), colonel d'artillerie en retraite, fau-
bourg Sainte Jean, 28, Nancy.
Mossmanu» archiviste de la Ville de Golmar (Alsace), rue
Saint-Martin, 1.
Mottet de la Fontaine, avocat à la Cour d'appel, rue
Sainte-Catherine, 3, Nancy.
* Mourot [l'abbé)* chevalier du Saint- Sépulcre, curé de
Saulcy, par Saïnt-Dié (Vosges).
' Munier (l'abbé), curé de Tronville, par Mars-la-Tour
(M.-ôt-M,)
Mnnier, ancien député, à Pont-à-Mousson.
* Munier-Jûlain, avocat à la Cour d'appel, rue Saint-Roch, 17 ♦
à Paris.
Nathan Picard, vice-président du Bureau de bienfaisance,
rue Saint-Dmer, 1 bis, Nancy*
* Ne ttancourt-Vaube court (le marquis de), au château de
Nettancourt, t»ar Revigny (Meuse).
* Nicévillô (Paul de\ avocat à la Cour d'appel, place de la
Carrière, 24, Nancy.
é.
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XXI
Noël, ancien magistrat, rue des Jardiniers, 2, Nancy.
Noël, dentiste, rue des Carmes, 33, Nancy.
Norberg, membre de la Chambré de commerce, rue dea
Glacis, 7, Nancy.
Norberg (Emile), de la maison Berger-Levrault, rue des
Glacis, 16, Nancy.
Olry (l'abbé), premier vicaire de la basilique Sainfc-Epvre,
place des Dames, 17, Nancy.
O'Gorman (le comte), rue Saint-Dizier, 19, Naoey.
Pange (le comte Maurice de), rue de Lisbonne, 53, à Paris.
Parisot (Louis), avocat, rue des Carmes, 44, Nancy.
Parisot (E.-S.), agrégé d'histoire, x rue des Tierce! lqb, 52,
Nancy.
Paul, notaire, rue de la Monnaie, 4, Nancy.
Pellot (Paul), principal clerc de notaire, à Rethel (Ar-
dennes).
Pernot, propriétaire, à Tramont-Emy (M.-et-M.)
Pernot du Breuil, ancien adjoint au Maire de Nancy, rue
du Haut-Bourgeois, 4, Nancy.
Pernot du Breuil (Auguste), ancien magistrat, à Mire-
court (Vosges).
Perot, intendant militaire on retraite, rue Saint-Léon, 14,
Nancy.
Perruchot, docteur en médecine, rue Sainte- Croix, 10, à
Chalon-sur-Saône (Saône-et-Loire) .
Petit, receveur de l'enregistrement en retraite, place
d'Armes, 75, à Verdun (Meuse).
Petitbien, ancien député, à Blénod-lès-Toul.
Petitot-Bellavène, avocat, rue Jacob, 44, à Paria.
Piister, professeur à la Faculté des lettres, membre de
l'Académie de Stanislas, rue du Bastion, 11, Nancy.
Piat de Braux (Gabriel de), à Boucq, par Foug (M.-et-M.)
Picard (l'abbé), chanoine titulaire de la Cathédrale, rue
Saint-Dizier, 92, Nancy.
Pierre (Paul), peintre, rue des Ponts, 46, Nancy.
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XXII
* Pierfittô (l'abbé), curé de Portieux (Vosges).
Pierron (H.), docteur en médecine, à Pont-à-Mousson.
Pierron , libraire, rue Saint-Dizier, 112, Nancy.
* Pierrugues (P.-D.), membre de la Société archéologique
do Fieaole, 5, via délia Piazzuola, à Florence (Italie).
Pierson de Brabois, propriétaire, rue de la Visitation, 1,
Nancy.
* Pierson, sculpteur-statuaire, à Vaucouleurs (Meuse).
* Pimodan (le marquis de), au château d'Echênay ' (Haute-
Marne), et rue de FUniversité, 18, à Paris.
Piquemal, ancien capitaine d'artillerie, au château de
Gentil ly, commune de Maxéville, par Nancy.
Poirel (Paul), ancien magistrat, à Rosières-aux-Salines
(M.-et^M.)
* Poirson receveur municipal, rue de la Constitution, 2,
Nancy,
Pommery (de), rne de Boudonville, Nancy.
* Prost (Auguste), membre de l'Académie de Metz, boule-
vard M désherbes, 19, à Paris.
* Puton (Bernard), substitut du procureur de la République,
SaïQt-Mihiel (Meuse.)
Quenet (Edmond), mécanicien â Beaumont, par Charny,
..Mouee).
* Quintard (Léopold), rue Saint-Michel, 30, Nancy.
Quintard (Lucien), rue Gilbert, 2, Nancy.
Rampont (E.j, avoué au Tribunal, rue des Michottes, 1,
Nancy*
Rance (l'abbé), ancien professeur à la Faculté de théologie
d'Aix, à Sainte-Magnance (Yonne).
Ravin el (le baron Charles de), ancien député, ' au château
de Ville, commune de Nossoncourt (Vosges).
Ravine! (Maurice de), ancien préfet, à Lunéville.
Remy (Farnand), à Saint-Nicolas de Port (M.-et-M.)
Renard (René), bâtonnier de l'Ordre des avocats, rue St-
Diaier, 142 bis, Nancy.
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XXIII
* Renauld (Albert), avoué, à Bar-le-Duc (Meuse).
* Renauld (l'abbé Félix), professeur d'histoire à l'Ecole
Saint-Sigisbert, place de Y Académie, 11, Nancy.
* Renauld, banquier, rue Saint-Dizier, 21, Nancy.
* Renés, inspecteur des forêts, à Alger.
* Richard, notaire, Grande-Rue, 81, à Remiremont (Vosges).
Ring (le baron de), conseiller à la Cour d'appel, place
Darcy, 25, à Dijon (Côte-d'Or).
* Rioconr (le comte Edouard du Boys de), commandant
d'artillerie en retraite, au château d'Aulnois (Lorraine).
* Riston (Victor), avocat, docteur en droit, rue Heré, 18,
Nancy.
* Robert (Louis), dessinateur, rue de la Poterne, 15,
Pont-à-Mousson.
* Robert, fondeur de cloches, rue Pichon, 12, Nancy.
* Robert (F. Des), membre de l'Académie de Stanislas, viha
de la Pépinière, 1, Nancy.
* Robinet (l'abbé), chapelain de la Cathédrale, place Made-
leine, 13, à Verdun (Meuse).
Roche du Teilloy (Alexandre de), professeur au Lycée,
rue de Rigny, 5, Nancy.
Rochel, ancien négociant, rue des Tiercelins, 46, Nancy.
* Rollin, propriétaire, à Gerbôviller (M.-et-M.).
Roquefenil (Mme la vicomtesse de), née Fourier de Ba-
court, place de la Carrière, 12, Nancy.
Rougieuz (Antoni), architecte, rue Dom Calmet, 5, Nancy.
* Ronyer, ancien dir. des postes, à Thiaucourt (M.-et-M,).
Roxard de la Salle (Ludovic), rue du Haut- Bourgeois, 35,
Nancy.
Royer (l'abbé), curé de Magnières (M.-et-M.).
* Rozi)res (Charles de), rue du Manège, 13, Nancy.
* Rozières (Antoine de), rue du Manège, 13, Nancy.
Sadonl procureur- général près la Cour d'appel, rue Victor
Poirel, 6, Nancy.
* Saint-Hillier (Henri de), sous-lieutenant au 18* régiment
de chasseurs, à Epinal (Vosges).
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XXIV
Saint* Joire (Paul), avocat à la Coup d'appel, rue Saint-
Di/ier, 25, Nancy.
* Saint-Joire (René), avocat à la Cour d'appel, rue Saint-
Dizier, 25, Nancy.
* Saint-Vincent (le baron de), président de Chambre hono-
raire à la Cour d'appel, rue Mazagran, 7, Nancy.
Salmon, conseiller honoraire à la Cour de Cassation, cor-
respondant <îe Vlastitut (Académie des sciences morales
et politique**), boulevard Saint-Germain, 168, à Paris.
Saussure ; Henri de), Cité, 24, à Genève (Suisse).
* Save (Gaston), artiste peintre, à Saint-Dié-des-Yosges, et
rue dos Domin icaras, 33, Nancy.
* Schaudel, lieutenant de douanes, à Thonne-la-Long, par
Montmédy (Msuae).
Schmidt (Ernest), maître des verreries, à Vannes-le-
ChûteU
* Schneider, avoun à la Cour d'appel, rue de la Ravin elle, 18,
Nancy.
Scholt, négociant, ancien membre du Conseil municipal,
rue de Metz, 54, Nancy.
* S chuler, architecte diocésain du département des Vosges,
faubourg Saint' Jean, 37, Nancy.
* Scitivaux de Greische (Anatole de), au château de Remi-
couri, commune de Villers-lès-Nancy (M.-et-M.).
* Seillière (le baron Frédéric), ancien manufacturier, avenue
rie IWlina, 61, â Paris.
* Serot Aimera s -La tour, conseiller à la Cour d'appel, rue
la ComnmncJerie, 11, Nancy.
" Serre (Mme la comtesse Marie de), rue Las Cases, 8, à
Paris.
Sicard (Camille), rue du Quartier-Neuf, 1, à Toul.
* Sidot (Louis), libraire, rue Raugraff, 3, Nancy.
Simette (Théodore), ancien adjoint au Maire de Nancy,
rue de Strasbourg, 5 bis, Nancy.
Simonin (Fernand), ancien magistrat, rue des Carmes, 29,
Nancy.
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Simonin (Henri), ancien lieutenant-colonel de l'armée
territoriale, place de l'Académie, 5, Nancy.
Simonin (Prosper), ancien magistrat, place de la Car*
rière, 36, Nancy.
Sonrier (le docteur), à Poussay (Vosges).
Souhaut (l'abbé), curé-doyen de Ligny-en- Barrais (Meuse),
Souhesmes (Raymond des Godinsde), plaça St-Georges, 93,
Nancy.
Spillmann (le docteur), professeur à la Faculté de méde-
cine, rue des Carmes, 40, Nancy.
Staemmel (l'abbé), secrétaire général de FEvéché, place
Stanislas, 4, Nancy.
Stainville (Edmond), conseiller à la Cour d'appel, place
de l'Académie, 8, Nancy.
Stein, architecte, à Toul.
Straten-Ponthoz (le comte de), de l'Académie de Metz,
rue de la Loi, 17, à Bruxelles (Belgique).
Thiéry (Emile), artiste peintre, rue de Metz, 33, à Nancy.
Thiriet (l'abbé), professeur d'histoire au Grand-Séminaire,
rue de Strasbourg, 94, Nancy.
Thomas (Gabriel), conseiller à la Cour d'appel, membre
de l'Académie de Stanislas, rue Stanislas, 82, Nancy.
Thomas (Stanislas), rue Charles III, 80, Nancy.
Thomas8in (l'abbé), curé de Villotte, par Lamarehe
(Vosges).
Thouvenin (Paul), à Rosières-aux-Salines (M.-et-M.).
Thouvenin (le docteur), maire de Vézelise (M.-et-M/ .
Tourdes (le docteur), doyen honoraire do la. Faculté de
médecine, membre de l'Académie de Stanislas, faubourg
Stanislas, 2, Nancy.
Tourtel (Charles), ancien notaire, rue de Metz, 46, Nanrp-
Trancart, ancien préfet, rue Sainte-Catherine, 27, Nancy.
Tuifier père, ancien bijoutier, rue du Mou te t, 22, Nancy.
Turinaz (S. G. Mgr), évêque de Nancy et de Tuul, place
Stanislas, 4, Nancy.
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XX VJ
Dbexi (René d')> ancien magistrat, rue du Haut-Bour-
geois, 31, Nancy.
* Vacant (l'abbé), professeur au Grand-Séminaire, membre
da FAcadémie de Stanislas, rue de Strasbourg, 94,
Nancy.
Vagner (René), gérant du journal Y Espérance, rue du
Manège, 3, Nancy.
* Valentin, docteur en médecine, »ue Saint-Jean, 8, Nancy.
Yanier (Charles), notaire à Blâmont.
Vanson (l'abbé), supérieur du collège de la Malgrange, de
i cole SaintpLéopold et de l'école Saint-Sigisbert, châ-
teau de la Malgrange, commune de Jarville(M.-et-M.).
* V«rûly (le général Chautan de), passage du Casino, Nancy.
Vienme (Henri de), ancien magistrat, rue d'Alliance, 6,
Nancy.
* Vienne (Maurice de), chef d'escadrons au 8 e régiment
d'artillerie, rue d'Alliance, 1, Nancy.
VUlofosie (Et. de), ancien archiviste de la Nièvre, rue
Foumorigny, 5, à Nevers.
* Viller, ingénieur en chef des ponts et chaussées en re-
traite, rue de la Monnaie, 4, Nancy.
* Vincent (Henri), docteur en médecine, rue des Moulins, 1,
Vouziers (Ardennes).
Vivier, conservateur des forêts en retraite, rue Stanis-
las, 55, Nancy.
4 Voirin (Jules), artiste peintre, rue des Michottes, 7,
Nancy.
* Volfrom, négociant, rue Saint-Dizier, 117, Nancy.
Volland, ancien maire de Nancy, sénateur de Meurthe-et-
Moselle, conseiller général, rue de la Ravinelle, 20,
Nancy, et cité Vaneau, 11, à Paris.
* Warren (le vicomte Lucien de), ancien capitaine d'artil-
i pie, place de l'Arsenal, 3, Nancy.
Welche (Charles), ancien maire de Nancy, ancien mi-
nistre, conseiller d'Etat honoraire, à Montauban-sur-
Houdemont (M.-et-M.), et avenue d'Antin, 67, à Paris.
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XX vu
* Weyland, curé de Guermange, par Langenberg (Lorraine) .
* Wiener (Lucien), conservateur du Musée historique lor-
rain, rue de la Ravinelle, 28, Nancy.
Wiener (René), négociant, rue des Dominicains, 53,
Nancy.
* Wolfram (le doctjur), directeur des archives, à Metz.
Xardel, ancien président de la Chambre de commerce, à
Malzéville (M.-et-M.).
* Zaepffel (Edgard), vice-président du Conseil de Préfec-
ture, rue Mazagran, 3, Nancy.
* Zanetti (E., aîné), artiste peintre, à Verdun (Meuse).
Zeller, recteur de l'Académie de Chambéry (Savoie).
Membres correspondant».
Barbier de Montault (Monsignor), prélat de la maison de
S. S. Léon XIII, à Poitiers (Vienne).
Bertolotti, directeur des Archives d'Etat, à Mantoue (Italie).
Boonin, inspecteur des monuments historiques pour le dé-
partement de l'Eure, à Evreux.
Bouille (le marquis René de), à Paris.
Bovet, président de la Société d'Emulation de Montbéliard,
à Valentigney (Doubs).',
Chai mbert (V. de), à Paris.
Herluison, libraire à Orléans (Loiret).
Juillac (le vicomte de), ancien officier supérieur, secrétaire
de l'Académie de Toulouse (Haute-Garonne).
Lory, bibliothécaire-archiviste de la Commission archéolo-
gique de la Côte-d'Or, à Dijon.
Marsy (le comte de), directeur de la Société française d'Aïs
chéologie, à Compiègne (Oise).
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Hignard, membre de la Commission archéologique de la
Côte-d'Or, à Dijon.
Misson (le baron), au château de Vieux- Waleffe, par Fallais,
province de Liège (Belgique).
Ponton d'Amécourt (le vicomte de), président de la Société
française de Numismatique et d'Archéologie, à Trilport
(Seine-et-Marne).
Soland (Aimé de), secrétaire-directeur de la Société lin-
néenne de Maine-et-Loire, à Angers.
Wagner, chef d'institution, à Philadelphie (Etats-Unis
ef Amérique).
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TABLE DES MATIÈRES
CONTENUES DANS CE VOLUME.
L'église de Maxéville (1\ par M. Léon Germain , . , .♦
Médaille de saint Livier, de 1623, parM, A. Bretaink ,
Note sur des stations néolithiques d^ns la râgJOIi dfl
Pont-â-Mousson, par M. L. Robert
Les sépultures sous tumulus de la N Liguée, par M. le
comte Edmond de Martimprey db Romècovri
Simon Moycet et l'église de Saint-Nicolas, par M.
Emile Badel » **• •*■
Matériaux pour servir à l'histoire îles temps prèru-
mains en Lorraine, par M. F. Barthélémy .,♦>...♦ 14 î
Liste des Sociétés savantes avec lesquelles la Société
d Archéologie lorraine échange ses publication. . Sfi5
Liste des membres delà Société, au l* r hmvi
(1) V. un appendice 4 ce travail, p. M\K
m
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PLANCHES & FIGURES
P8ges
Eglise de Maxéville 5
Armoiries de la Maison de Lenoncourt 12
— des ducs René II et Antoine 15
— de la famille des Armoises 26
Médaille de saint Livier, de 1623 63
i objets trouvés dans les sépultures de la Naguée 84
Peinture en émail du reliquaire de saint Nicolas 90
Eglise de Saint- Nicolas de Port 95
Armoiries relatives à Saint-Nicolas de Port 96
Objets du trésor de Saint-Nicolas de Port 131
Carte de la répartition des gisements de la pierre
ouvrée 176
Ubjeta en silex de la période paléolithique 183-185
nbjets de l'âge de la pierre en Lorraine ; 15 planches. 252
Carte de la répartition des gisements de bronze et
de fer 256
Nancy. — Imprimerie d«> G. Crépi n-Leblond, Passage du Casino.
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A
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