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Full text of "Mémoires de la Société nationale des antiquaires de France"

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Oli  ARLES    MINOT 


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MÉMOIRES 

m  Là 
SOCIÉTÉ   NATIONALE 

DES  ANTIQUAIRES 

DE   FRANCE 
TOME   QUARANTE-SEPTIÈME 

GINQUlàNB  StalB,  TOHB  vn 


Nogenl-le-Rotrou,  impriniene  Daupeley-Gouternbur. 


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MÉMOIRES 

DB   LA 

SOCIÉTÉ    NATIONALE 


DES  ANTIQUAIRES 

DE    FRANCE-. 


A 


CINQUIÈME     SÉRIE 
TOME  SEPTIÈME 


PARIS 
C.    KLINCKSIECK 

LIBRAIRE    DS   LA    SOCIÉTÉ 

ii,  RUE  DB  LILLE,  il 
M  DGGC  LXXXTI 


J\tc\oo.v 


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,    juL    26     ^n)i() 


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^ 


LA  JUSTICE  PRIVÉE 

ET 

L'IMMUNITÉ 

Par  M.  Aug.  Piost,  membre  résidant. 

Lu  dans  les  séances  des  22,  29  jnillet,  18,  25  noTombre 
et  23  décembre  1885. 


SOMMAIRE. 

I.  Préambule.  §  1.  La  justice  privée.  §  2.  L'immunité.  — 
II.  LHmmnntté.  §  3.  Les  capitulaires ,  les  formules,  les 
diplômes.— m.  Le  diplôme  dUmmunité.  §  4.  Le  préam- 
bule et  les  quatre  parties  du  diplôme.  §  5.  Première  par^ 
tie,  les  interdictions.  §  6.  Seconde  partie,  la  concession  de 
rimmunité.  §  7.  Troisième  partie,  l'obéissance  au  soutc- 
rain.  §  8.  Quatrième  partie,  la  concession  des  droits  du 
fisc.  —  IV.  Les  Freda.  §  9.  Texte  particulier  aux  lois 
des  Bipuaires  et  des  Lombards.  Première  explication. 
§  10.  Seconde  explication.  §  il.  Dernières  éditions  de  ces 
lois.  —  V.  Les  plaids.  §  12.  La  juridiction  de  droit 
commun.  §  13.  La  juridiction  dans  Fimmunité.  §  14.  Les 
locutions  jwtitiam  facere,  reddere  et  percipere  ;  les  justices, 
Justitis.  —>  VI.  La  mundeburde  royale.  §  15.  Ses  con- 
ditions originaires  et  ultérieures.  §  16.  Affaiblissement  de 
son  régime.  §  17.  Altération  de  sens  du  mot.  §  18.  Elle, 
n'implique  pas  ainsi  suppression  de  la  juridiction  des 
juges  ordinaires.  —  VII.  La  jnstioe  privée.  J^  19.  ElTe 
n'est  pas  substituée  par  l'immunité  à  la  justiflipublique. 
§  20.  L'opinion  contraire.  »  VIII.  L'origjpT  de  la  Jos- 

XLVII  f/  i 


LA  JUSTICE  PRlViE 

Uce  privée.  §  2\ .  Théories  diverses.  —  IX.  Les  Juristes 
du  XIII«  siècle.  §  22.  Considérants  d'un  jugement  de 
1275.  §  23.  Origine  de  Topinion  qui  s'y  manifeste  sur  la 
concession  des  droits  du  fisc.  —  X.  Loysean.  §  24.  C!on- 
ception  indépendante  des  Gonsidérations  sur  l'immunité. 
§  25.  Retour  à  ces  considérations.  —  XI.  Bignon.  §  26. 
Sa  théorie  fondée  sur  les  interdictions  de  Fimmunité. 
§  27.  Son  argumentation  sur  ces  interdictions.  §  28.  Sur 
le  caractère  ecclésiastique  des  juges  privés.  §  29.  Sur  le 
rôle  judiciaire  des  juges  privés.  §  30.  Résumé  de  ses  opi- 
nions. —  XII.  Montesquieu.  §  31.  Sa  théorie.  §  32.  Son 
argumentation  sur  les  formules  et  diplômes.  §  33.  Sur  les 
capitulaires.  §  34.  Résumé  de  ses  opinions.  —  XIII. 
MaJ>ly.  §  35.  Sa  théorie.  §  36.  Son  argumentation.  §  37. 
Résumé  de  ses  opinions.  — XTV.  Houard.  §  38.  Sa  théo- 
rie. §  39.  Son  argumentation.  §  40.  Résumé  de  ses  opi- 
nions. —  XV.  Gk>urcy.  §  41.  Sa  théorie.  §  42.  Son  argu- 
mentation. §  43.  Résumé  de  ses  opinions.  —  XVI.  Naudet. 
§  44.  Sa  théorie.  §  45.  Son  argumentation.  §  46.  Résumé 
de  ses  opinions.  —  XVII.  Pardessus.  §  47.  Ses  trois 
mémoires  sur  la  question.  §  48.  Sa  théorie  d'après  ses 
deux  premiers  mémoires.  §  49.  Son  argumentation.  §  50. 
Son  troisième  mémoire.  §  51.  Résumé  de  ses  opinions.  — 
XVIII.  Lehuerou.  §  52.  Sa  théorie.  §  53.  Son  argumen- 
tation. I  54.  Résumé  de  ses  opinions.  — -  XIX.  Gham- 
pionnière.  §  55.  Sa  théorie.  §  56.  Résumé  de  ses  opinions. 
— •  XX.  Boutaric.  §  57.  Sa  théorie.  §  58.  Résumé  de  ses 
opinions.  —  XXI.  Fustel  de  Goulanges.  §  59.  Sa  théo- 
rie. §  60.  Son  argumentation  sur  le  caractère  de  bénéfice 
de  l'immunité.  §  61.  Sur  l'interdiction  de  juger  dans  le 
privilège  d'immunité.  §  62.  Sur  les  autres  interdictions  et 
sur  la  mainbumie  royale.  §  63.  Sur  les  capitulaires.  §  64. 
Résumé  de  ses  opinions.  —  XXII.  J.  Flach.  §  65.  Sa 
théorie.  §  66.  Portée  précise  de  ses  idées.  §  67.  Résumé  de 
ses  opinions.  —  XXIII.  Vue  d'ensemble  sur  ces  théo- 
ries. §  68.  Résumé  des  idées  qu'elles  contiennent.  §  69. 
EUstoire  de  l'opinion  que  la  justice  privée  vient  de  l'im- 
munité, -r-  XXIV.  Conclusion.  §  70.  La  justice  privée  ne 
vient  pas  de  l'immunité.  §  71.  D'où  vient-elle? 


I.  Préambule. 

§  4 .  — ^  La  justice  dans  un  État  est  un  des  attri- 
buts de  Tautorité  souveraine.  La  justice  privée 
est  comme  un  démembrement  de  la  puissance 
publique.  Elle  date  de  loin,  et  s'est  conservée 
presque  jusqu'à  nos  jours  dans  les  justices  sei- 
gneuriales qui  n'ont  été  abolies  qu'en  1 789  seu- 
lement. 

La  justice  privée  a  eu  pendant  tout  le  moyen 
âge  une  grande  place  dans  le  mécanisme  de  la 
vie  sociale.  Tout  ce  qui  la  concerne  est  digne  de 
fixer  l'attention.  Le  problème  de  son  origine  s'est 
naturellement  présenté  à  ceux  qui  se  sont  occupés 
de  cette  institution,  à  ceux  surtout  qui,  pour  des 
causes  diverses,  en  ont  ou  attaqué  ou  défendu 
la  légitimité.  Ainsi  posée,  la  question  a  eu  long- 
temps une  portée  pratique.  Elle  n'a  plus  aujour^ 
d'hui  qu'un  intérêt  purement  historique.  Dans 
ces  termes,  cependant,  et  à  ce  point  de  vue  spé- 
dal,  elle  a  encore  de  l'importance  et  mérite  qu'on 
s'y  arrête. 

§  2.  —  Le  privilège  de  l'immunité,  diverse- 
ment interprété,  a  de  bonne  heure  été  considéré 
comme  ayant  joué  un  rôle  dans  les  origines  de 
la  justice  {>rivée.  Jusqu'ici,  cependant,  on  n'a  pu 
à  cet  égard  se  mettre  d'accord  ;  les  appréciations 
différent  notablement  sur  le  caractère  et  sur  les 
conséquences  du  privilège  ;  et,  tandis  que  les  uns 
considèrent  le  titre  de  concession  d'immunité 


4  LA  JUSTICE  P1IV<E 

comme  impliquant  en  même  temps  la  concession 
et  rinstitution  en  quelque  sorte  immédiate  de  la 
justice  privée,  d'autres  n'y  voient  que  rétablis- 
sement d'un  régime  de  bien  moindre  importance 
et  d'une  signification  tout  autre,  dans  le  prin- 
cipe surtout,  qui,  loio  d'être  la  source  originaire 
de  la  justice  privée,  a  simplement  contribué,  et 
pour  une  part  seulement  avec  d'autres  causes,  à 
ses  développements* ultérieurs. 

Malgré  de  nombreuses  et  savantes  études,  de 
nos  jours  principalement,  sur  cette  question,  en 
France  et  à  l'étranger,  elle  est  encore  ouverte. 
Diverses  causes  ont  de  tout  temps  concouru  à  la 
compliquer  et  à  en  retarder  la  solution.  Les  inté- 
rêts contradictoires  enfantés  par  le  régime  des 
justices  seigneuriales  y  ont  été  d'abord  pour  beau- 
coup, et  l'on  ne  s'est  longtemps  occupé  de  l'im- 
munité que  pour  emprunter  à  ses  conditions  des 
arguments  ou  favorables  ou  contraires  à  ce 
régime,  suivant  le  point  de  vue  auquel  on  se  pla- 
çait. Plus  tard,  les  justices  seigneuriales  ayant 
disparu,  on  a  continué  sur  le  même  terrain  le 
débat  dans  un  esprit  purement  scientifique,  en 
partant  des  conceptions  antérieurement  enfantées 
dans  un  intérêt  pratique.  En  un  mot,  des  idées 
préconçues  et  étrangères  à  la  question  de  l'im- 
munité elle-même  ont  généralement  dominé  dans 
les  travaux  dont  elle  a  été  l'objet.  Entrant  à  notre 
tour  dans  le  débat,  après  avoir  accepté  longtemps 
sur  ce  sujet  des  opinions  d'emprunt,  nous  avons 


vouhi,  avant  de  prendre  définitivânent  fMurti  sur 
les  points  en  discussion,  examiner  le  privilège 
sans  préoccupation  autre  que  celle  des  faits  cons- 
tatés et  de  la  teneur  précise  des  textes  dans  les 
formules,  dans  les  diplômes  et  dans  les  capitu- 
bdres.  Cet  examen  occupe  la  première  partie 
d'une  étude  publiée  en  1889^.  Nous*  allons  en 
rappeler  les  conclusions  essentielles.  Il  peut  être 
bon  de  les  remémorer  avant  d'aller  plus  loin. 

n.  L'omuiOTÉ. 

§  3.  —  Les  textes  relatifs  au  privilège  de  l'im- 
munité sont  très  nombreux  ;  ils  sont  fournis  sur- 
tout par  les  capitulaires,  par  les  formules  et  par 
les  diplômes.  Les  capitulaires  dont  on  a  de  nom- 
breuses éditions^  contiennent,  au  milieu  de  disposi- 
tions de  toute  sorte  relatives  aux  institutions  et  au 
régime  général  de  la  société,  du  vi*  au  ix*  siècle, 
de  nombreux  renseignements  sur  le  régime  par- 
ticulier de  l'immunité,  en  vigueur  dès  cette 
époque.  Ces  renseignements  sont  de  précieux  élé- 
ments de  discussion  pour  fixer  le  sens  des  indi- 
cations fournies  par  les  textes  spéciaux,  savoir 

0.  VImmunité.  Étude  iur  l'origine  et  les  développements  de 
cette  institution,  dans  la  Nouvelle  Revue  historique  du  droit 
français  et  étranger,  1882. 

1.  Celles  notamment  de  Baluze,  CapitulaHa  regum  fran- 
corum,  t.  I  et  II,  1780;  de  Pertz,  Monumenta  Germani»  his- 
torica.  Legum  t.  I  et  H,  1835-1837;  et  de  Boretius,  dans 
l'édition  in-4*  des  Monumenta.  Legum  1. 1  et  II,  1881. 


les  formules  et  les  diplAmes.  Geax-d  ne  oons- 
titneot  en  qudque  sorte  qu'une  seule  et  même 
classe  de  documents,  les  formules  n'étant  autre 
diose  que  des  modèles  de  rédaction  conformes 
au  texte  des  diplômes.  Les  formules  de  toute  ori- 
gine sont  réunies  dans  le  recueil  définitif  de  M.  de 
Rozîère^.  Quant  aux  diplômes,  il  en  existe  un 
très  grand  nombre.  Sans  parler  de  ceux  qui  sont 
encore  inédits  ou  qui  se  trouvent  dans  des  publi- 
cations que  nous  n'avons  pas  pu  consulter,  nous 
en  avons  relevé  un  millier  dans  les  grandes  col- 
lections du  Gallia  christiana^^  de  Dom  Bouquet^, 
de  Lunig^,  de  Muratori*  et  de  Pertz^. 

m.  Le  diplôme  D'ooiUNmÊ. 

§  4.  —  La  plupart  des  titres  d'immunité  que 
Ton  possède  concernent  des  domaines  ecclésias- 
tiques. Ce  n'est  pas  que  le  privilège  leur  fût  spé- 
cialement et  exclusivement  réservé.  Il  était  au 
contraire  accordé  aux  grands  possesseurs  laïques 

2.  Recueil  général  des  formules  usitées  dans  Vempire  des 
Francs,  du  F»  au  J«  siècU,  3  vol.  in-8»,  4859-1871. 

3.  Gallia  christiana,  t.  I  à  XYI,  in-fol.,  1715-1865. 

4.  Recueil  des  historiens  des  Gaules  et  de  la  France,  t.  IV  à 
XI,  1741-1767. 

5.  Reiehs-Archiv,  t.  I  à  XXIV,  1713-1722. 

*  6.  Antiquitates  Italien,  t.  I  à  VI,  1738-1742. 

7.  Monumenta  Germanis  historica.  JHplomatum  1. 1,  1872. 
NouB  avons  préféré  ce  recueil  à  celui  de  Pardesgus  (1843-1849), 
parce  qu'il  est  plus  récent  et  plus  facile  à  consulter,  ne  con- 
tenant que  des  diplômes,  tandis  que  l'autre  joint  à  ceux-ci 
un  certain  nombre  de  documents  de  nature  différente. 


ET  L'iMMHlini.   S  4.  7 

msà  Ikxk  qa'aux  églises^.  Les  cirooofltaiioeft  ont 
partH»lîèreiiieDt  fiivorisé  la  oonservatîoD  des 
titres  ecclésiastiques;  ainsi  s'exptique  en  partie  la 
prédominanoe  de  leur  nombre  dans  les  Recueils 
venus  jusqu'à  nous,  et  dans  les  dépôts  actuels. 

Les  textes  des  formules  et  des  dipUtanes  d*ini- 
munité  se  rapportent  tous  à  un  type  fixé  de  bonne 
heure,  que  beaucoup  de  titres  reproduisent  oom* 
plèteùient  et  uniformémant  dès  les  premiers 
temps  et  jusqu'à  la  fin,  c'estnànlire  du  v^  au 
XV*  âècle,  et  dont  les  autres  renferment  en  plus 
ou  moins  grand  nombre  les  diverses  dispositions 
(^  62,  note  S).  On  voit  par  là  comment,  dressés 
sur  un  même  plan,  les  diplômes  d'immunité  que 
nous  possédons  contiennent,  les  uns  le  type  com- 
plet, les  abtres  des  spécimens  incomplets,  à 
divers  degrés,  du  privil^e.  L'étude  de  ces  docu- 
ments^ permet  de  reconnaître  et  de  distribuer 
en  quatre  parties,  indépendamment  du  préam- 
bule, les  éléments  qui  constituent,  dans  leur 
ensemble,  le  privilège  de  l'immunité^. 

i.  L'Immunité,  4882,  §  3. 

2.  Le  traTail  publié  en  1882,  que  nons  venons  de  rappeler 
tout  à  rheure  et  d'où  se  dégagent  nos  conclusions,  porte  sur 
les  diplômes  surtout  extraits  du  Gallia  christiana,  au  nombre 
de  196,  compris  entre  les  dates  extrêmes  de  496  et  de  1473 
(V Immunité,  1882,  §  2).  Les  notions  fournies  par  ceux  que 
nous  ayons  relevés  ultérieurement  dans  les  autres  recueils 
mentionnés  tout  à  l'heure  (§  3,  dotes  4,  5,  6,  7)  sont  parfai- 
tement d'accord,  à  tous  les  points  de  vue,  avec  celles  qui 
résultaient  de  cette  première  enquête. 

3.  Nous  ne  reproduirons  pas  ici  le  texte  complet,  et  assez 


8  U  JUSTICE  PRIVil 

Le  préambule,  auquel  nous  ne  nous  arrêterons 
pas,  fournit  quelques  indications  sur  le  caractère 
du  privilège  ;  après  quoi  viennent  les  quatre  par- 
ties que  nous  venons  de  signaler  dans  le  corps 
même  de  celui-ci. 

r*  partie.  —  Interdiction  à  tout  officier  de 
justice,  fudex  publieuSy  vel  quislibet  ex  judiciaria 
potestatBj  d'entrer  dans  le  domaine  privilégié,  in 
possesmnes  ingredi  (§  5). 

V  partie.  —  Concession  de  Tinmiunité,  défense, 
protection  et  mundeburde  royale,  regia  immur 
nitasy  defensiOj  tuitio^  régis  mundeburdiunif  au 
possesseur  privilégié  (§  6). 

3^  partie.  —  Maintien  formel  de  la  sujétion  du 
privilégié  envers  le  souverain,  imperio  parère  (§7). 

4*  partie.  —  Concession  des  droits  du  fisc,  quid- 
quidjus  fisci  exigere  poterit,  au  privilégié  (§  8). 

Ainsi  se  classent  les  clauses  ou  constitutives 
ou  accessoires  du  privilège  d'immunité  relevées, 
en  plus  ou  moins  grand  nombre,  dans  les  titres 
qui  sont  venus  jusqu'à  nous. 


long,  du  titre  d'immunité,  nous  bornant  à  renvoyer  aux 
spécimens  qu'on  en  trouve  dans  des  recueils  qui  sont  partout 
(§  3,  notes  2  à  7),  et  particulièrement  à  celui  que  nous  avons 
publié  dans  notre  premier  travail  (L'Immunité,  1882,  §  4). 
Nous  ferons  observer  que  ce  dernier  texte  appartient  à  la 
catégorie  de  ceux,  relativement  assez  rares,  qui  contiennent 
toutes  les  parties  essentielles  de  la  formule  (§  62,  note  2)  ; 
sauf  qu'il  lui  manque  la  concession  accessoire  de  la  munde- 
burde royale,  qui  ne  se  trouve  exprimée  que  dans  un  très 
petit  nombre,  conune  nous  l'expliquerons  ({  15^  note  1). 


ET  L'nufimRl  S  5.  9 

§  5.  —  Des  quatre  parties  que  nous  venons  de 
signaler  dans  le  privilège  d'immunité,  la  première 
s'adresse  aux  agents  de  toute  sorte  de  l'autorité 
publique,  notamment  aux  comtes  qui  sont  les 
principaux,  pour  leur  défendre  de  pénétrer  dans 
le  domaine  privilégié.  On  y  trouve  mentionnés 
les  actes  que  l'interdiction  d'entrer  dans  les  lieux 
couverts  par  l'inununité  empêche  ces  ofiSciers  d'y 
accomplir,  savoir  :  juger  ou  tenir  leurs  plaids, 
causas  audire;  lever  les  produits  de  la  justice  et 
des  impôts,  freda  aut  trUmta  exiger e;  prendre 
gtte  et  provende,  mansiones  vel  paratas  facere; 
enlever  des  garants  ou  cautions,  fidejussares  tôl- 
ière; saisir  et  conti^aindre  les  hommes  libres  et 
non  libres  habitant  le  domaine,  hamines  tam  inge- 
nuas  quam  serves  super  terram  eommarantes  dis- 
trmgere;  percevoir  des  redevances  ou  tailles 
illicites,  redhUntiones  aut  illicitas  occasiones 
requirere. 

Nous  avons,  dans  notre  précédente  étude 
(1 882),  expliqué  ce  que  sont  les  actes  divers  que 
nous  venons  d'énumérer,  et  dont  l'immunité 
interdisait  aux  officiers  publics  l'accomplissement 
dans  le  domaine  privilégié.  Tout  le  monde  est  à 
peu  près  d'accord,  croyons-nous,  sur  le  carac- 
tère de  ces  actes,  sauf  pour  ce  qui  est  du 
premier  d'entre  eux,  lequel  nécessite  quelques 
expUcations  ;  nous  y  reviendrons  tout  à  l'heure 
(§§12,  13).  Nous  passons  donc  pour  le  moment 
sur  la  prohibition  exprimée  en  tète  de  toutes  les 


40  LA  lOmCB  nXTÉM 

autres,  celle  qui  interdit  aux  juges  publics  de 
juger  ou  tenir  leurs  plaids  sur  les  terres  de  l'im- 
munité.  La  seconde  leur  défend  de  venir  y  lever 
les  produits  de  la  justice,  freda^  et  ceux  des 
impôts,  trilmta.  Il  ne  peut  y  avoir  aucune  incertitude 
sur  la  signification  bien  connue  des  mots  freda  et 
tributa,  conune  nous  l'avons  montré  dans  notre 
premier  travail  (4  8SS) .  Cependant,  pour  ce  qui  est 
des  freday  nous  avons  quelque  chose  à  dire  encore, 
et  nous  le  dirons  un  peu  plus  loin  (§g  9  à  44),  à 
propos  de  la  manière  dont  il  en  est  parlé  dans  un 
texte  commun  à  la  loi  des  Ripuaires  et  à  celles  des 
Lombards,  qui  exige  certains  éclaircissements. 

On  comprend,  sans  qu'il  soit  nécessaire  d'y 
insister,  quelles  fadlités  offrait  à  l'arbitraire  et 
aux  abus  la  perception  des  freda  et  des  tributa 
par  les  officiers  publics  auxquels  l'enlevait  l'im- 
munité. La  même  observation  s'applique  à  plus 
forte  raison  aux  prises  de  gite  et  de  provende  qui 
leur  sont  aussi  interdites,,  ainsi  qu'à  la  saisie  par 
eux  des  hommes  de  l'immunité,  soit  pour  servir 
de  garants  ou  cautions,  fidejussores,  soit  pour  tout 
autre  motif  de  justice,  de  police  ou  d'administra- 
tion. Nous  rappelons  qu'en  cela,  pour  ce  qui  con- 
cerne les  fidejussares ^  il  est  question,  non  des 
cautions  volontaires,  mais  des  cautions  forcées, 
comme  nous  l'avons  expliqué  ailleurs^,  occasion 
d'excès  odieux  auxquels  il  était  mis  fin  par  le  pri- 

4.  U Immunité,  1882,  §  il. 


IT  L'iMMIUllfi.  i  5.  44 

vilège,  du»  les  domaines  oouTerts  par  rimmu- 
mté^ 

Plus  significative  enoc»*e  dans  le  même  sens  est 
rintotiiction  «gnifiée  après  toutes  les  autres  aux 
oflScîers  publics  de  lever  désormais  dans  le 
domaine  de  Fimmunité  des  redevances  et  des 
tailies  illidtes,  redhibitianes  et  illicUas  œeamnes. 
La  «mple  énondation  du  fait,  dans  de  pareils 
termes,  montre  qu'il  s'agissait  surtout  de  répri- 
mer des  abus,  et  donne  par  là  son  accent  vrai  et 
son  évidente  signification  à  l'article  tout  entier  qui 
défend  aux  ofi^ers  publics  d'entrer  sur  les  terres 
couvertes  par  l'immunité.  La  défense  d'y  tenir 
leurs  plaids,  à  l'examen  de  laquelle  nous  avons 
annoncé  que  nous  reviendrions,  n'a  pas  d'autre 
signification  ni  d'autre  portée  non  plus.  Nous  le 
fflontrenwiS  tout  à  l'heure  (§13). 

Les  interdictions  formulées  dans  la  première 
partie  du  privilège  sous  la  défense  générale  fiûte 

2.  Nous  avons  montré  dans  notre  premier  trayail  qu'un  de 
ces  abus  était  de  contraindre  des  /idtjussores  saisis  d'autorité 
à  répondre  personnellement  de  prévenus  qu'on  les  chargeait 
de  conduire  devant  la  justice.  L'immunité  interdisait,  dans 
le  domaine  privilégié,  cette  saisie  de  fidejussores,  déjà  illicite, 
ce  semble,  en  droit  commun;  car,  à  défaut  de  fid^ussares 
volontaires  offrant  de  garantir  la  comparution  des  prévenus 
au  mallum,  c'était  aux  officiers  publics  que  Tobligation  incom- 
bait de  les  y  conduire,  comme  on  peut  l'inférer  du  texte  sui- 
vant :  c  Ciomprehensus  autem  si  tidejussores  habere  potuerit 
c  per  fidejussores  ad  mallum  adducatur;  si  iidejussores 
f  habere  non  potuerit,  a  ministris  comitis  custodiatur  et  ad 
c  mallum  perducatur.  i  —  Garoli  Galvi,  Titul.  XLV,  an.  873, 
c.  3.  —  Baluze,  Capitularia,  t.  n,  p.  229. 


42  LA  JosviGi  pinrii 

à  tout  officier  public,  judex  publicus  vel  quislir 
bet  ex  judiciaria  potestate,  de  pénétrer  sur  le 
domaine  privilégié  sont  l'essence  même  de  Tim- 
munité.  Elles  ont  évidemment  pour  objet  avant 
tout  de  protéger  ce  domaine  et  ses  habitants 
contre  l'intrusion  sous  un  prétexte  quelconque  de 
ces  officiers,  et  de  supprimer  ainsi  toute  occasion 
pour  eux  d'y  commettre  les  abus  de  pouvoir  et 
les  exactionà  qu'on  avait  à  craindre  de  leur  part. 
Il  existe  de  nombreuses  preuves  des  excès  de  ce 
genre  dans  les  plaintes  qu'ils  provoquaient  ;  on  en 
a  maint  témoignage.  Â  défaut  d'autres  indices, 
ceux  qui  résultent  des  dispositions  prises  pour  y 
obvier,  comme  on  vient  de  le  voir,  dans  les 
diplômes  d'immunité,  suffiraient  pour  en  établir 
la  réalité. 

§  6.  —  Nous  venons  de  dire,  sous  la  réserve 
de  certaines  explications  à  fournir  ultérieurement 
touchant  le  caractère  des  freda  et  la  tenue  des 
plaids,  quelles  observations  il  y  a  lieu  de  faire  sur 
la  première  des  quatre  parties  de  la  formule  de 
l'immunité,  celle  qui  interdit  aux  officiers  publics, 
judices  publiciy  d'entrer  sur  les  terres  couvertes 
par  le  privilège.  La  seconde  partie  de  la  formule, 
qui  en  bonne  logique  eût  dû  être  la  première  — 
genre  d'interversion  dont  il  y  a  de  fréquents 
exemples  dans  les  anciens  documents  —  la 
seconde  partie  est  consacrée  à  renonciation  de  la 
concession  du  privilège,  regia  immunitas,  défera 
sio^  tuitiOf  régis  mundeburdium. 


ET  L'nnimnrf.  S  6.  19 

Ces  expresrions  ne  sont  pas  absoluiiient  équi- 
valentes. C'est  au  régime  que  mentionne  spéciale* 
ment  œlie  d^immunUaSy  que  se  rapporte  Timpor* 
tante  garantie  de  la  compositio  de  600  sols  édictée 
dans  les  lois  de  drmt  commun  contre  toute  infrac- 
tion au  privilège  d'ioomunité,  mmunUoê  fraeta^. 
Cette  compositio  de  600  sols  était  si  bien  devenue 
un  des  traits  essentiels  de  rinununité  qu'elle  sert 
quelquefois  à  la  qualifier.  Nous  pouvons  citer 
dans  un  diplôme  de  875  de  Charles  le  Chauve, 
pour  Tabbaye  de  Noirmoutier,  la  locution  Àmim- 
nitas  sexcerUorum  solidarum^. 

La  compositio  de  600  sols  était  considérable. 

i.  c  Si  quis  in  immanitate  damnam  aliquid  fecerit,  sex- 
c  oentos  solidos  componat.  >  —  Gapitul.  U,  an.  803,  c.  2; 
Capitularium  1.  IH,  c.  26;  1.  V,  c.  262  ;  1.  VI,  c.  291  ;  Caroli 
Calvi,  Titul.  XXXVI,  an.  864,  c.  48;  Titul.  XLV,  an.  873, 
c.  3.  —  Baluze,  Capitularia,  1. 1,  fol.  387, 759, 876,  972  ;  t.  H, 
p.  182,  229. 

c  Qaidqoid  intra  hujusmodi  mnnimenta  (immunitatis 
g  nomine)...  a  quolibet  homine,  nocendi  vel  damnum  iiffe* 
t  rendi  causa,  spontanea  voluntate  committitar,  in  hoc  facto 
c  immonitas  fracta  judicatur.  Quôd  vero  in  agros...  qu» 
c  nallo  modo  munitione  cinguntur...  damnum  factum  fue« 
t  rit...  non  in  hoc  immuni  tas  fracta  judicanda  est.  Et  ideo 
c  non  sexcentoram  solidorum  compositione...  is  muitandus 
t  est  qui  scandalum  vel  damnam...  fecisse  convictus  fuerit.  » 
—  Capitularium  1.  V,  c.  279.  —  Baluze,  CapitiUaria,  U  I, 
p.  881. 

2.  fl  Immunitatem  quoque  sexcentorum  solidorum  quam 
•  genitor  meus  Ludovicus  augustus  et  Garolus  avus  meus  et 
€  proavus  Pipinus  eis  concesserunt,  concedimus...  —  Gallia 
christ.,  t.  IV,  p.  224,  et  D.  Bouquet,  Recueil  des  historims, 
etc.,  t.  VUI,  p.  647. 


14  LA  JUmCB  PBIT^B 

C'était  celle  qui  était  due  pour  le  meurtre  d'un 
antrustion  du  roi^,  pour  celui  d'un  ï*ranc,  homo 
franeuê^y  pour  celui  d'un  prêtre^,  pour  l'homi- 
cide commis  dans  une  église,  pourvu  qu'on  pût 
prouver  cas  de  légitime  défense  ;  autrement,  il  y 
avait  peine  de  mort^.  La  compositio  due  pour  la 
violation  du  ban  royal  n'était  que  de  60  aols'^.  Ces 
rapprochements  permettent  de  se  faire  une  idée  de 
ce  qu'était  en  réalité  la  compositio  de  600  sols, 
celle  qui  frappait  la  violation  de  l'immunité,  et 
d'apprécier  par  là  quelle  garantie  elle  offrait  à 
l'exécution  des  clauses  de  ce  privilège.  Nous 
aurons  tout  à  l'heure  occasion  de  faire  valoir 
cette  considération  (§  13). 

On  se  demandera  peut-être  si  le  fait  de  viola- 
tion de  l'immunité,  immunitas  fracta^  entraînant 
la  compositio  de  600  sols,  comprenait,  avec  les 
crimes   et   délits   ordinaires   exécutés   dans   le 

domaikie  privilégié,  damnum  in  immunitate  foc- 

« 

3.  Marcalfi  formai.,  1.  I,  n«  18.  —  Baluze,  Capitularia, 
t.  n,  p.  386. 

4.  Capital,  m,  an.  813,  c  2.  —  Balaze,  Capitularia,  1. 1, 
p.  511. 

5.  Ripaar.  lex,  tit.  36,  c.  8;  Gapitulariam  1.  III,  c.  25  et 
1.  V,  c.  261.  —  Balaze,  Capitularia,  t  I,  p.  36,  759,  876. 

6.  Capital.  I,  an.  819,  c.  1;  Capital.,  an.  829,  Ut.  m, 
c.  1;  Capitalariam  1.  IV,  c.  13.  —  Baluze,  Capitularia,  t.  I, 
p.  597,  669,  776. 

7.  «  81  quis  infira  regnam  rapinam  fecerit...  in  triplo... 
c  legibas  componat^  et  insaper  bannam  nostram,  id  est 
«  sexaginta  solides  nobis  persolvat.  »  —  Capital.,  an.  826, 
cl.—  Balaze,  Capitularia,  1. 1,  p.  647. 


HT  VmiminL  |  6.  45 

tem,  les  înfractkms  ecHiimises  par  qui  que  ce  fiftt, 
notamment  par  les  oflfiders  publics^  aux  disposi- 
tioDB  de  la  lettre  d'kninunité.  L'affirmative  ne 
oottssendile  pas  douteuse,  d'après  la  manière 
dont  certaÎDS  textes  s'expliquent  sur  le  privilège, 
en  donnant  à  son  application  et  aux  pénalités  que 
sa  violation  entraîne  un  caractère  beaucoup  plus 
^éral  que  cekd  de  punir  des  crimes  et  délits 
ordinanres^.  La  campositio  de  600  sols  frappe  évi- 
demment toute  infraction  aux  diqM>8itîons  de 
Timmunité.  L'opinion  contraire  n'infirmerait  d'ail- 
leurs  en  rien  les  considérations  que  nous  présen- 
tons sur  le  régime  de  Tinmiunité,  notamment  en 
ce  qui  touche  l'exercice  de  la  juridiction  (§13). 

Un  fait  qui  semblera  peut-être  singulier,  c'est 
que  la  compasitio  de  600  sols  appliquée  à  la  viola- 
tion de  l'immunité,  immunitas  frçLCta^  ne  soit  pas 
stipidée  dans  les  chartes  constitutives  du  pri- 
vilège, et  que  la  première  mention  qu'on  en 

8.  c  Et  hoc  mstituimus  ut  emonitates...  in  omnibus  sic 
f  conservatas  esse  debeant,  sicut  est  jussio...  domini  nostri 
«  Karoli  régis.  •  —  Pippini  régis  Ital.  Capital.,  an.  793,  c.  8. 
—  Balnze,  Capitularia,  1. 1,  p.  537. 

«  PrsBdia...  Deo...  tradita...  sab  immunitatis  toitione  per- 
t  petua  finnitate  perdurent...  3i  quis  contra  hœc  ^enerit, 
«  componat  sicut  de  immunitate  constituimus.  »  —  Garoli 
Imp.  Gapitul.,  an.  814,  c.  4.  —  Ibid.,  t.  I,  p.  520. 

«  Que  ipsius  sanctas  ecclesi®  propria  sunt,  nemo...  sibi . 
fl  vindicare  prsesumat.  Quod  si  quisquam  fecerit...,  inunu- 
«  nitatem  ipsius  ecclesise  persoivat  et  bannum  nostrum  tri- 
c  pliciter componat...  »— Caroli  Galvi  imp.  Capital.,  an.  877, 
c  3.  —  Ibid.,  t.  n,  p.  239. 


46  LA  JirsnCB  PltT<B 

trouve  ne  remonte  pas  plus  haut  que  le  conunen- 
cernent  du  ix^  siècle  dans  le  capitulaire  II  de 
Tannée  803.  On  pourrait  tout  au  plus  inférer  de 
là  que  cette  sanction  pénale  de  Tinununité»  dont 
la  réalité  est  d'ailleurs  certaine,  ne  date  pas  de 
Tori^ne  de  Tinstitution,  et  que  la  nécessité  ne 
s*en  était  pas  fait  sentir  tout  d'abord. 

La  clause  pénale  de  la  camponUo  de  600  sols 
introduite  dans  la  législation  de  droit  commun 
n'est  nullement  une  des  clauses  constitutives  de 
l'immunité,  et  donne  seulement  un  supplément  de 
force  aux  diverses  dispositions  du  privilège,  aux 
interdictions  notanunent  qui  sont  son  essence 
même.  Il  ne  peut  y  avoir  aucune  conclusion  à  tirer 
de  là  touchant  le  caractère  reconnu  de  l'inmiu- 
nité,  lequel,  pour  ce  qui  regarde  particulièrement 
les  juges  ou  officiers  publics,  est  de  protéger  le 
domaine  privilégié  contre  les  entreprises  et  les 
excès  de  toute  sorte  que  pouvait  engendrer  ou 
favoriser  leur  intrusion  dans  ce  domaine  sous  un 
prétexte  quelconque. 

La  protection  royale,  defensiOj  tuitio,  dont  la 
mention  accompagne  celle  de  l'immunité,  immu- 
nitaSy  dans  beaucoup  de  textes,  ne  parait  pas 
avoir  un  caractère  particulier  et  précis,  mais  plu- 
tôt un  caractère  général  et  jusqu'à  un  certain 
point  indéterminé,  qui  accentue  simplement  la 
situation  créée  par  l'immunité.  Il  n'en  est  peut- 
être  pas  autrement,  à  un  certain  moment  au  moins, 
de  la  mundeburde  royale  elle-même,  régis  mutir 


BT  L'llllIUlfIT<.   i  6.  17 

deburdium  ou  mundeburdis.  Gependant,  en  prii^ 
cipe,  oemot  se  rapporte  conmie  celui  d'mmunitas 
à  un  régime  spécial  parfaitement  déterminé,  sur 
lequel  il  convient  de  s'expliquer.  C'est  ce  que  nous 
ferons  plus  loin  (§§  15  à  48).  On  ne  peut  guère, 
d'après  ces  considérations,  regarder  comme  abso- 
loment  équivalents  les  mots  mmunitaSy  defmsio^ 
tfidto,  mmndeiurdiufn  dans  les  diplômes  d'inunu- 
nité,  où  on  les  trouve  parfois  rapprochés  pour  la 
qualification  du  privilège. 

§  7.  —  La  troisième  partie  de  la  formule  de 
l'immunité  contient,  avec  la  recommandation  de 
garder  l'obéissance  due  au  souverain,  imperio 
parère^  celle  de  prier  pour  son  salut  et  pour  celui 
de  l'État,  pro  incolumitate  nostra  seu  etiam  totius 
imperii  Deum  exarare.  Nous  n'avons  rien  à  dire 
ici  de  ces  recommandations.  Bornons-nous  à  rap- 
peler qu'elles  peuvent,  la  prenuère  tout  particu- 
lièrement, être  opposées  à  ceux  qui  supposeraient, 
et  on  l'a  prétendu,  que  le  privilège  d'immunité 
avait  pour  objet  et  pour  conséquence  de  concé- 
der l'indépendance  à  ceux  qui  en  étaient  investis. 

§  8.  —  La  quatrième  partie  de  la  formule  de 
l'immunité,  celle  qui  contient  la  concession  des 
droits  du  fisc,  jus  fiscij  est  de  grande  importance. 
Ses  dispositions  sont  de  beaucoup  celles  de  tout 
le  privilège  d'immunité  qui  ont  eu  les  consé- 
quences les  plus  graves  et  les  plus  prolongées. 

XLYII  2 


48  LA  JQSTIGB  VUViB 

Cette  ooDcession  était  comme  le  complément  de  ia 
mesure  qui,  parmi  les  interdictions  énumérées 
dans  la  première  partie  de  la  formule,  défendait 
aux  officiers  publics  de  venir  dans  le  domaine  de 
rimmunité  pour  y  lever  les  freda  et  les  tributa 
(§  5).  C'était  là  en  effet  pour  une  part  notable, 
avec  des  revenus  divers,  ce  qui  constituait  le  droit 
du  fisc,  jus  fiscif  dont  il  est  ici  question.  Ces 
revenus  et  produits  de  la  justice  et  de  Timpôt, 
qui  ne  pouvaient  plus*  être  levés  par  les  officiers 
publics,  devaient  l'être  par  le  possesseur  et  par 
ses  agents  dans  ses  domaines,  au  profit  du  trésor 
royal  auquel  il  était  tenu  d'en  remettre  le  produit. 
On  a  la  preuve  qu'il  en  a  effectivement  été  d'abord 
ainsi,  et  que  le  possesseur,  avant  d'avoir  obtenu 
la  jouissance  de  ces  revenus,  en  devait  compte  au 
souverain^!  Plus  tard  seulement,  la  concession  lui 
en  étant  formellement  faite,  il  en  conserva  les 
produits.  Ces  particularités  s'accordent  très  bien 
avec  le  fait  que  la  concession  des  droits  du  fisc 
est  omise  dans  un  grand  nombre  de  diplômes 

1.  Uq  diplôme  sans  date  de  Ghildebert  UŒ  (v.  705  ou  706), 
pour  Saint-Serge  d'Angers,  confirme  à  cette  abbaye  son  pri- 
vilège d'immunité,  avec  Tinterdiction  aux  juges  publics  de 
percevoir  dans  son  domaine  les  droits  du  fisc,  dont  la  levée  et 
la  remise  au  trésor  royal  seront  faites  dès  lors  par  Tabbé  ou  son 
missus.  Deux  diplômes  de  Dagobert  III  (713)  et  de  Thierry  lY 
(722),  pour  Téglise  du  Mans  et  l'abbaye  d'Ânisole,  leur  con- 
firment l'immunité  et  leur  concèdent  la  jouissance  des  droits 
du  fisc  jusque-là  levés  et  transmis,  est-il  dit,  au  trésor  royal 
par  l'éTéque  et  ses  missi,  —  Dom  Bouquet,  Recueil  des  kis^ 
toriens,  etc.,  t.  IV,  p.  681,  688,  700,  n*»  92,  100  et  116. 


HT  h'mamnt.  S  S-  49 

d'immunité^.  Une  pente  naturdie  devait  conduire 
le  souverain  à  l'abandon  de  ces  droits,  que  Féloi- 
gnement  des  officiers  publics  ne  pouvait  que  lais- 
ser en  scMiffranoe»  et,  de  là,  à  leur  ooncessioD 
formelle  en  faveur  des  privilégiés.  Cette  conces- 
sion s'explique  d'autant  mieux  que  les  revenus 
cmrespondant  à  ces  droits  du  fisc  étaient  vrai* 
semblablement  d'abord  peu  considérables  dans 
des  domaines  qui,  à  l'origine  au  moins,  n'avaient 
probablement  pas  one  très  grande  étendue. 

Bien  des  causes,  comme  on  peut  facilement  s'en 
rendre  compte,  durent  contribuer  d'ailleurs  à 
généraliser  cette  concession,  ou  formellement,  ou 
par  un  consentement  tacite.  Sa  mention  dans  les 
diplômes  qui  la  contenaient  prêta  ultérieurement 
à  des  interprétations  abusives,  en  vertu  desquelles 
on  en  vint  à  tirer  de  cet  abandon  des  revenus, 
modestes  à  l'origine,  du  jus  fisci^  la  prétendue 
concession  du  droit  de  juridiction,  -^  nous  le 
montrerons  bientôt  (§  2S),  —  celle  des  regalia 
juta  eux-mêmes  pour  en  déduire  la  légitime  pos- 
session de  villes,  de  provinces  entières,  et  jusqu'au 
droit  de  souveraineté  enfin.  Nous  nous  sommes 
étendu  ailleurs  sur  l'appréciation  de  ces  déve- 
loppements du  privilège^.  Il  n'y  a  pas  lieu  de 
revenir  ici  sur  ces  considérations. 

2.  Parmi  les  196  diplômes  d'immunité  relevés  dans  le 
Gallia  ehrùttana,  56  seulement  contiennent  la  concession  des 
droits  du  fisc.  —  L'Immunité,  1882,  §  15. 

3.  L'immiuniié,  1882,  §§  15,  et  20  à  27. 


20  LA  JUSTICE  VmfiE 

Nous  venons  de  rappeler  les  points  essentiels 
mentionnés  dans  les  quatre  parties  constitutives 
du  privilège  d'immunité.  Nous  l'avons  fait  briève- 
ment pouc  conserver  à  leur  ensemble  Tunité  d'as* 
pect  qui  correspond  à  leur  groupement  dans  les 
formules  et  diplômes  de  concession  ou  de  confir- 
mation du  privilège.  Nous  allons  revenir  main* 
tenant  sur  quelques  particularités  qui  les  con- 
cernent» dont  nous  avons,  au  cours  de  cette 
rapide  exposition,  réservé  Fexamen  détaillé  pour 
le  faire  à  part  plus  librement.  Ces  particularités 
signalées  en  passant  sont  celles  qui  rc^rdent  le 
caractère  des  freda^  la  tenue  des  plaids  et  le 
régime  de  la  mundeburde  royale. 

lY.  Les  Freda. 

§  9.  *-  Nous  avons  annoncé  (§  5)  que  nous 
aurions  quelques  éclaircissements  à  donner  tou- 
chant les  freday  à  propos  de  la  manière  dont  il  en 
est  parlé  dans  un  texte  conunun  à  la  loi  des 
Ripuaires  et  à  celles  des  Lombards  ^  Les  freda^ 

1.  Nous  avons  déjà  présenté,  dans  notre  travail  de  1882, 
quelques  observations  à  ce  sujet.  Il  nous  semble  cependant 
d'autant  plus  opportun  d'y  revenir  aujourd'hui  que  nous  nous 
étions,  parait-il,  assez  mal  expliqué  alors  pour  donner  à  pen- 
ser que  cette  interprétation  d'un  cas  particulier  devait,  sui- 
vant nous,  s'appliquer  aux  freda  en  général,  dans  tous  les  cas 
où  il  en  est  question.  11  n'y  avait  dans  cette  appréciation  qu'une 
méprise,  à  laquelle  nous  regrettons  d'avoir  pu  induire  un 
savant  professeur,  qui  nous  prend  à  partie  à  ce  sujet  dans 
un  mémoire  sur  VimmuniU  mérovingienne  publié  en  1883 


BT  L'aaamni.  S  9.  34 

suÎTant  certains  interprètes,  seraient  une  amende 
due  au  fisc  pour  la  violation  du  droit  ou  de  la 
paix  publique  par  Tanteur  d'un  crime  ou  d'un 
délit '.  Dans  le  texte  particulier  que  nous  venons 
de  mentionner,  et  qui  forme  le  d^ap.  89  de  la  loi 
des  Ripuaires',  ainsi  que  Tun  des  articles  ajoutés 
aux  lois  des  Lombards  par  Gharl^nagne^,  et  le 
n""  XXXII  des  Excerpta  de  ces  lois  en  Fan  804  ^, 
les  freda  se  présentent,  ce  semble  à  première 
vue,  avec  une  signification  diffiirente.  de  texte  en 
outre,  dans  ces  trois  versions  et  dans  les  nom- 
breux manuscrits  qu'elles  représentent,  s'oSte 

par  la  Revue  historique,  M.  Pustel  de  Goulanges  n'avait  pas 
reconnu,  dans  le  texte  que  nous  discutions,  le  chap.  89  de 
la  loi  des  Ripuaires  et  une  addition  de  Gharlemagne  aux 
lois  des  Lombards,  dont  il  ne  soupçonnait,  parait-il,  pas  les 
incorrections;  et  il  avait  pris  ce  texte  pour  une  version  arbi- 
trairement modifiée  par  nous,  afin  d*en  tirer  argument  en 
faveur  d'une  conception  dénuée  de  fondement,  au  lieu  d'y 
voir,  comme  il  y  avait  lieu  de  le  faire,  les  données  d'un  pro- 
blème à  résoudre.  •—  Revue  historique,  1883,  t.  XXII,  p.  284, 
note  i  ;  et  1884,  t.  XXIV,  p.  357  à  360;  t.  XXV,  p.  356  à  358. 

2.  Bignon  relate  dans  ses  notes  cette  opinion,  sans  paraître 
du  reste  s'y  ranger  :  «  Fredum  Joacbimus  Vadianus  et 
c  Amerpachius  à  Grermanicà  voce  frid  deducunt,  quasi  dicas 
t  violât»  pacis  pœnam,*,  Quod  quidem  Germanis  expenden- 
c  dum  reUnqno.  •  —  Bignanii  notm,  dans  Baluse,  Capituta" 
ria,  t.  n,  col.  880, 

3.  Baluze,  Capitularia,  t.  I,  p.  52.  •—  Pertz,  Monumenta 
Germ.  hùtor.  Legum  t.  V,  fasc.  2, 1883. 

4.  Legis  Longobardorum  libri  très,  1.  n,  tit.  52,  c.  13, 
éd.  Lindenbrog,  1613.  —  I4ber  papiensis  Karoli.  M.  n«  125, 
éd.  Boretius ,  dans  Monumenta  Germ.  histor,  Legum  t.  IV, 
p.  510. 

5.  Baluze,  CapUularia,  1. 1,  p.  354. 


22  LA  lusriCB  nmriB 

avec  des  variantes  qui  dénotent  d'assez  graves 
altérations  apportées  à  leur  teneur  originaire. 

Suivant  le  texte  en  question»  il  est  défendu  au 
juge  public  de  lever  les  freda  avant  que  n'ait  été 
payée  la  campoHtio;  et  il  est  ordonne  en  outre 
que  ce  paiement  soit  fait  en  présence  de  témoins, 
non  par  le  coupable,  l'offenseur,  mais  par  la 
victime,  l'offensé,  préalablement  indenmisée  ainsi, 
aux  dépens  de  l'autre,  afin  d'assurer,  est-il  dit,  le 
maintien  de  la  paix  :  <  Nec  nullus  judex  fiscalis 

<  de  quacunquelibet  causa  freda  non  exigat,  prius* 

<  quam  facinus  componatur. . .  Fredum  autem  non 

<  illi  (ille)  judici  tribuat  cui  (qi^)  culpam  com- 

<  misit,  sed  illi  (ille)  qui  solutionem  redpit,  ter- 
€  tiam  partem  coram  testibus  fisco  tribuat,  ut  pax 

<  perpétua  stabilis  permaneat.  >  Les  corrections 
que  nous  proposons  entre  parenthèses  sont  justi- 
fiées par  le  rapprochement  des  textes  donnés  dans 
la  loi  des  Ripuaires  et  dans  celles  des  Lombards, 
et  par  les  variantes  fournies  pour  ces  textes  par 
les  manuscrits.  La  principale  d'entre  elles  est  de 
plus  confirmée  par  une  glose  citée  dans  l'édition 
de  Boretius  du  Liber  papiensis  Karoli  M.,  ainsi 
conçue  :  <  Fredum  autem  non  illi  judici  tribuat 

<  êcilicet  reus  qui  culpam  commisit,  sed  ille  qui 

<  solutionem  recepit.  > 

On  peut  croire  que  ces  dispositions  ont  pour 
objet  d'assurer  la  paix  ultérieure  entre  les  parties, 
et  tout  spécialement  la  sécurité  de  celle  des  deux 
qui,  ayant  eu  gain  de  cause,  et  qui,  ayant  été 


indasiDiflée,  paye  le  fredum  et  par  là  s'aaaore 
garantie  contre  toute  revendîcatîon  ou  yengeance 
de  la  part  de  cdle  qui  a  été  condamnée  à  Tin- 
demnifier.  Ainâ  s'expliquerait,  disions-nous  au 
paragraphe  9  de  notre  travail  de  4888,  le  paie- 
ment des  freda^  non  par  le  coupable,  mais  par 
la  victime^. 

Le  contraste  de  cette  singularité  avec  les  con- 
ditions ordinaires  du  fredum  nous  avait  suggéré 
la  pensée  qu'elle  pourrait  cmrespondre  à  un 
régime  particulier,  depuis  plus  ou  moins  long- 
temps di^Nuni,  et  dont  il  ne  subsisterait  plus 
que  cette  dernière  trace.  Dans  tQUs  les  cas,  nous 
semblait-il,  le  fredum  serait  le  prix  de  la  paix, 
paeis  peeuniaj  friedensgeld^  comme  disent  les 
Allemands.  Dans  les  cas  ordinaires,  il  s'agirait  de 
la  paix  publique,  violée  antérieurement;  dans  le 
cas  particulier  auquel  se  rapporteraient  les  dis- 
positions spéciales  de  la  loi  des  Ripuaires  et  des 
lois  des  Lombards,  il  serait  question  de  la  paix 
assurée  ultérieurement  entre  deux  parties,  c'estr 
ib-dire  d'une  paix  privée  en  quelque  sorte. 


6.  Montesquieu  ansti,  dont  l'attention  avait  été  attirée  par 
l'article  89  de  la  loi  des  Ripuaires,  considère  ie  fredum  non 
eomme  le  prix  de  la  paix  violée  antérieurement,  mais  comme 
celui  de  la  paix  assurée  ultérieurement  entre  les  parties  ;  il 
constate  que,  suivant  cette  loi,  le  fredum  devait  être  versé 
au  fisc,  non  par  le  coupable,  mais  par  la  partie  adverse;  tou- 
tefois, il  se  borne  à  mentionner  cette  singularité  ^  et  n'en 
fournit  aucune  explication  (§  li,  note  1).  —  Esijprii  des  Uns, 
1.  XXX,  c.  20. 


24  LÀ  JUSTICE  PHinfB 

§  1 0.  —  Telle  était  Texplication  à  laquelle  nous 
nous  étions  arrêté  dans  notre  étude  de  1 882.  Elle 
ne  nous  satisfaisait  pas  complètement  cependant^. 
Un  nouvel  examen  du  sujet  nous  en  a  fait  conce- 
voir une  autre  qui,  tout  en  tenant  compte  du  texte 
singulier  reproduit  et  dans  la  loi  des  Ripuaires  et 
dans  les  lois  des  Lombards,  aurait  le  mérite  de 
ne  rien  changer  à  la  signification  ordinaire,  ou 
pour  mieux  dire  aux  conditions  habituelles  du 
fredum.  Dans  ces  conditions,  le  fredum  est  à  la 
charge  du  cbupable.  Suivant  le  texte  en  question, 
il  doit  être  remis  au  fisc  en  présence  de  témoins 
par  la  partie  ac^verse,  préalablement  indemnisée 
aux  dépens  du  coupable  qui  lui  a  payé  la  compth 
sitio  dont  le  fredum  est  le  tiers.  Au  fond,  le 
fredum  est  toujours  ainsi  une  charge  subie  par  le 
coupable,  puisque  c'est  lui  qui  a  dû  payer  la 
eompositio  sur  laquelle  est  pris  ce  fredum. 

Gomment  expliquer  maintenant,  autrement  que 
nous  ne  l'avions  fait  une  première, fois,  la  subs* 
titution  de  la  victime  au  coupable  dans  l'obliga- 
tion d'effectuer  le  paiement  du  fredum  f  Cette 

1.  Cette  réserve  est  exprimée  dans  ane  lettre  écrite  à  ce 
sujet,  le  18  mars  1884,  au  directeur  de  la  Rwue  historique, 
et  qui  se  termine  ainsi  :  a  Je  ne  me  flatte  pas  d'avoir  épuisé 
«  la  discussion.  Loin  de  là.  Je  serais  désireux,  au  contraire, 
t  d'en  voir  proposer  —  une  faute  d'impression  me  fait  dire 
«  à  tort  d'avoir  proposé  —  une  explication  qui  serait,  je  le 
«  déclare,  plus  satisfaisante'que  la  mienne,  si  elle  permettait 
«  de  conserver  au  fredum,  dans  ce  cas,  de  même  que  dans 
ff  tous  les  autres,  sa  signification  ordinaire.  »  —  Revue  histo- 
rique, 1884,  tome  XXV,  p.  358. 


sT  L'mmini.  {  10.  25 

siibfitîtatioD  résulte  de  la  défense  expresse  au  juge 
public  de  percevoir  le  fredmn  avant  que  n*ait  âé 
payée  la  compomiio;  à  quoi  est  jointe  Tobligation 
dek  percevoir,  en  présrâce  de  témoins,  des  mains 
de  celui  qui  a  reçu  cette  eompoiiHo  dmit  le  fredwm 
est  le  tiers.  Ces  prescriptions  pourraient  bien 
avoir  pour  objet,  entre  autres  dioses,  d'empêdier 
le  juge  public  de  faire  payer  abusivement  deux  fois 
le  fredum  :  une  première  fois  directement  par  le 
coupable,  avant  paiement  de  la  eampontio^  et  une 
seconde  fois  par  l'indemnisé,  après  le  paiement 
de  cette  compoHtio.  Cette  explication  nous  a  été 
suggérée  par  un  article  de  la  loi.  salique  où  est 
mentionnés  Taltemative  de  ce  double  mode  de 
paiement  du  fredum*;  ce  qui  donne  à  penser 
qu'un  pareil  abus  était  possiÛe  et  qu'on  a  eu  par 
conséquent  quelque  raison  de  prendre  des  mesures 
pour  le  prévenir.  De  là,  la  prescription  d'effectuer 
le  paiement  du  fredum  en  présence  de  témoins, 
ce  qui  rendait  difficile  de  l'exiger  une  seconde 

2.  c  £t  si  fredas  antea  de  ipsa  causa  non  fuerat  datus, 
c  dnas  partes  ille  cnjas  causa  est  ad  se  revocet,  et  grafio  ter- 
«  tiam  partem  obtineat.  *  ^  Lex  salica,  titre  52,  §  3.  ^ 
Baluze,  Capitularia,  t.  I,  p.  316.  Cette  version  appartient 
à  la  Lex  emendata  de  Gharlemagne,  le  dernier  des  cinq  textes 
donnés  dans  Tonvrage  de  Pardessus,  Loi  saliqite,  1843.  Les 
versions  des  quatre  autres  textes  ne  diffèrent  pas  d^une 
manière  essentielle,  au  point  de  vue  de  la  présente  étude, 
de  celle-ci,  laquelle  est,  des  cinq,  la  plus  propre  à  être  rap- 
prochée de  Tarticle  89  de  la  loi  des  Ripuaires,  ainsi  que  de 
l'article  correspondant  des  lois  des  Lombards,  qui  sont  du 
même  temps,  comme  il  est  dit  un  peu  plus  loin. 


26  LA  JUSTICE  FinnfB 

fois»  Ainsi  s'expliquerait  pour  une  part  le  texte 
singulier  au  premier  abord  que  reproduisent  et 
la  loi  des  Ripuaires  dans  son  article  89,  et  les  lois 
des  Lombards  dans  une  des  additions  faites  à  ces 
lois  par  Gharlemagne  (le  n''  125  du  Liber  papten-^ 
sis  de  Boretius). 

Reste  à  rendre  raison  de  ce  qui  fait  la  prind- 
pale  singularité  du  texte  de  loi  que  nous  étudions, 
la  substitution  de  la  victime  au  coupable  dans  le 
paiement  du  fredum.  H  y  a  lieu  de  faire  observer 
à  cet  égard  que,  la  victime  en  possession  préalable 
de  la  campositio  prélevant  sur  celle-ci  en  présence 
de  témoins  le  fredum^  on  possédait  ainsi  tout  à  la 
fois,  non  seulement  la  preuve  que  celui-ci  était 
acquitté,  conune  nous  venons  de  le  dire,  mais 
celle  encore  que  la  campositio  l'avait  été  aussi,  et 
que  le  droit  de  vengeance  dont  elle  était  le  rachat 
se  trouvait  par  là  éteint.  Cette  considération  justifie 
le  rôle  imposé  par  la  loi  à  la  partie  offensée,  à 
la  victime,  à  laquelle  appartenait  ce  droit  de 
vengeance  authentiquement  satisfait  ainsi;  elle 
explique  en  outre  les  derniers  mots  de  Tarticle 
de  loi,  lesquels,  sans  cela,  ne  semblent  se  rappor- 
ter à  rien  de  précis  :  c  Ut  pax  perpétua  stabilis 
c  permaneat.  » 

Ces  appréciations  étant  admises,  le  texte  en 
question  ne  dénoterait  pas  autre  chose  qu'une 
procédure  particulière  introduite  dans  la  législa- 
tion ordinaire,  sans  y  apporter  au  fond  aucun 
changement  notable.  Ce  serait  une  simple  amélio- 


ET  L'nonnmtf.  S  40.  ST 

raticm  du  régime  en  vigueur,  une  réforme  de  détail 
apportée  à  ki  pratique  usitée  antérieurement.  Ces 
vues  nous  semblent  justifiées  par  ce  double  fait  que 
le  texte  qui  nous  occupe,  dans  l'article  89  de  la  loi 
des  Ripuaires,  appartient  à  une  époque  relative- 
ment tardive,  comme  le  dit  Sohm  dans  son  intro- 
duction à  cette  loi,  où  il  établit  que  les  articles  80 
à  89  de  ceQe-ci  constituent  une  addition  du 
vm^  siècle  à  la  rédaction  originaire,  laquelle  serait 
des  VI*  et  vo^  s.^,  et  que  le  même  texte  dans  les  lois 
des  Lombards  appartient  aux  additions  de  Char- 
lemagne,  qui  sont  du  même  temps^.  Ces  indices 
dironologiques  sont  bien  ceux  qui  conviennent  à 
une  innovation  introduite  après  coup,  comme  nous 
le  disons,  dans  des  lois  anciennes.  Les  considéra- 
tions qui  précèdent  sont  de  nature,  ce  nous 
semble,  à  donner  une  certaine  valeur  à  la  nou- 
velle explication  que  nous  venons  de  proposer 
pour  le  texte  qui  nous  avait  arrêté. 

§11.  —  Quoi  qu'on  pense  de  nos  hypothèses 
sur  le  petit  problème  dont  il  est  question  dans 
les  deux  paragraphes  précédents,  on  voudra  bien 
tenir  compte  à  ce  sujet  de  ce  fait  qu'aucune 
explication  n'avait  encore  été  tentée^  de  la  pres- 

3.  Leœ  Rilmaria,  in  editione  R.  Sohm.  Introd.  cap.  I,  §$  5, 
6.  —  Mùnumenta  Germ.  hist  Legum  t.  V,  fasc.  2,  1883. 

4.  Legis  Longobardarum  libri  très,  I.  Il,  tit.  52,  c.  13. 
Lindenbrog,  Codex  leg.  anUq.,  1613,  t.  I,  652.  —  Liber 
papUnsU  laroli  M.,  n«  125.  Monumenta  Germ,  hist.  Ugum 
t.  IV,  1868,  p.  510. 

1.  Montesquieu,  qni  avait  remarqué,  disions-nous  tout  à 


28  LA  IVSnCI  TÊXftE 

criptkm  singulière  de  bire  payer,  non  par  le 
coupable,  mais  par  la  partie  adverse,  le  freànm^ 
comme  le  veut  le  texte  relevé  tout  à  la  fois  dans 
la  loi  des  Ripuaires  et  dans  les  lois  des  Lombards. 
Les  dernières  éditions  de  ces  deux  documents  ne 
disent  rien  de  plus  à  cet  ^ard  —  quoiqu'un 
contradicteur  ait  prétendu  le  contraire  (§  68, 
note  1  )  —  que  celles  qui  les  ont  précédées. 

L'édition  de  la  loi  des  Ripuaires  donnée  par 
Sohm  en  1883  fournit,  d'âpre  les  manuscrits,  de 
nombreuses  variantes  qui  prouvent  assez  la 
nécessité  d'améliorer  le  texte  que  nous  avons  étu- 
dié et  qui  justifient  les  corrections  que  nous  avons 
proposé  d'y  faire  ;  mais,  ni  dans  l'introduction,  ni 
dans  les  notes  qui  accompagnent  le  document,  il 
n'est  fait  aucune  mention  de  la  substitution  de  la 
victime  indemnisée  au  coupable  condamné,  pour 
le  paiement  du  fredum.  L'introduction  ne  parle 
pas  du  tout  de  l'article  89,  où  il  est  question  de 
ce  fait,  et  les  notes  6,  7,  8,  9*  qui  se  rapportent 
à  cet  article  ne  disent  rien  pour  expliquer  la  sin- 
gularité qui  forme  la  principale  difficulté  de  son 
interprétation^. 

rheure,  Tarticle  89  de  la  loi  des  Ripnaires,  en  avait  très  bien 
compris  le  sens  littéral  ;  mais  il  n'avait  fait  aucune  observa- 
tion sur  la  singularité  de  ses  dispositions  et  n'en  avait  pro- 
posé aucune  explication  (§  9,  note  6). 

2.  Ge  qui  est  dit  dans  ces  notes,  c'est  que  l'article  89  est 
intimement  lié  à  l'article  88,  et  qu'il  a  pour  commune  ori- 
gine avec  lui  une  constitution  royale  (note  6)  ;  que,  chez  les 
Francs,  la  sonune  saisie  sur  le  débiteur  récalcitrant  allait 


R  L^UUIIIJIIIÏ*  S  i4,  M 

QBantaux  lois  des  Lombards,  bdenûère  édîtîoD 
qu'on  eo  possède  est  œlle  donnée  par  Bluhme  et 
BcNretius  en  4868*.  La  préface  qui  la  précède  ne 
dit  rien  de  la  question  qui  nous  occupe,  et  le 
texte  n'est  accompagné  d'aucune  nc^e  qui  puisse 
nous  éclairer  à  ce  sujet.  Boretius,  éditeur  du  Liber 
pofiensis^  où  se  trouve  notre  texte,  sous  le  n^  125 
des  additions  de  Gbarlemagne  à  ce  recueil,  Lege$ 
Caroli  Magni^  a  joint  à  cette  publication  des 
extraits  d'une  Expositio  ancienne  de.  la  loi,  tirée 
d'un  manuscrit  de  Naples  du  xi*  ou  du  xn^  siècle, 
laquelle  sert  de  commentaire  perpétuel  au  docu- 
ment originaire.  Mais  cette  ExpositiOy  dans  ce 
qu'elle  dit  de  l'article  125  des  additions  de  Ghar- 
lemagne,  ne  fournit  non  plus  aucune  explication 
de  la  singularité  en  question^.  Boretius  d'ailleurs 

ponr  les  deux  tiers  à  la  partie  adverse,  et  pour  an  tiers, 
eomme  flredum,  au  comte  (note  7)  ;  que  les  mots  illi  (ille) 
qui  solucionem  recipit  désignent  la  partie  adverse  (note  8)  ; 
que  le  firedum  était,  chez  les  Francs,  le  tiers  de  la  eampasitio, 
mais  que  chez  les  Ghameves  il  était  autre  (note  9). 

3.  Monumenta  Germanim  hisiorica,  Legum  t.  IV,  1868. 

4.  VBxpositio  ancienne  publiée  par  Boretius  ne  contient 
pas  autre  chose,  pour  l'article  125,  que  des  observations  sur 
les  variations  de  la  compasiiio  suivant  la  nationalité  des  inté« 
ressés;  sur  Tobligation  de  payer  la  oompositio  avant  le  fre- 
dum,  parce  que,  y  est-il  dit,  dans  le  cas  contraire,  le  fredum 
ayant  été  payé  d'abord,  il  pourrait  ne  plus  rester  de  quoi 
payer  la  eompositio  —  appréciation  d'une  valeur  contestable 
—  de  sorte  que  la  paix  ne  pourrait  être  rétablie  entre  les 
parties;  sur  la  prescription.de  payer  le  fredum  par-devant 
témoins,  pour  qu'il  ne  puisse  plus  être  réclamé  par  le  fisc 
dans  aucun  cas  ;  mais  il  n'est  rien  dit  de  satisfaisant  dans 


80  LA  jusnoB  nut^E 

donne  d'après  les  manuscs'its  pour  le  texte  des 
lois  des  Lombards,  comme  Sohm  le  fait  pour 
celui  de  la  loi  des  Ripuaires,  de  ncmibreases 
variantes  qui  permettent  d'améliorer  ce  texte  et 
prouvent  en  même  temps  la  nécessité  de  le  faire, 
il  reproduit  en  outre,  avec  ces  variantes,  une 
glose  ancienne  :  c  Judici  tribuat  sdlicet  rêus^  i 
qui  justifie  tout  particulièrement  la  principale  de 
ces  corrections. 

En  résumé,  les  derniers  éditeurs  de  la  loi  des 
Ripuaires  et  des  lois  des  Lombards,  pas  plus  que 
leurs  devanciers,  ne  fournissent  l'explication  de 
certaines  singularités  relatives  au  paiement  des 
freda,  que  contient  le  texte  commun  à  ces  deux 
codes  de  lois,  dans  l'article  89  du  premier  et  dans 
l'une  des  additions  de  Gharlemagne  au  second. 
Ils  démontrent  d'un  autre  côté,  par  les  variantes 
et  glose  qu'ils  fournissent,  la  nécessité  des  amé- 
liorations qu'exige  ce  texte  défectueux.  Nous 
croyons  suffisamment  justifiées  ainsi  les  correc* 
tiens  que  nous  y  avons  apportées  et  les  essais 
d'interprétation  que  nous  en  avons  tentés.  Les 
explications  nouvelles  que  nous  avions  à  donner 
à  ce  sujet  nous  ont  retenu  quelque  peu;  nous 
allons  entrer  maintenant  dans  celles  que  nous 
avons  annoncées  touchant  la  défense  faite  aux 


cette  ExposiUo  sur  l'obligation  transportée  du  coupable  à  la 
victime  de  payer  le  fredum;  obligation  qui  étendait  à  la 
eompositio  la  preuve  par  témoins,  assurée  spécialement  au 
fredum,  que  le  paiement  en  avait  été  réellement  effectué. 


ET  L'mnjHnrf.  S  44.  SI 

juges  pablks  de  tenir  leurs  plaids  sur  les  terres 
de  rinmuinité. 

V.  Les  Plaids. 

§  4  S.  —  L'interdiction  aux  juges  pubUcs  de 
juger  ou  tenir  leurs  plaids  sur  les  terres  de  Tim- 
munité  (§5)  mérite  une  attention  particulière» 
parce  que,  depuis  les  travaux  de  Bignon  au 
xvn*  siècle,  cette  interdiction  a  été  souvent  consi- 
dérée, éL  que  de  nos  jours  elle  Test  encore  par 
quelques-uns,  c(Hnme  impliquant  la  suppression 
de  la  juridiction  des  officiers  publics  de  justice, 
fudiees  publia^  sur  les  hommes  et  les  choses  de 
Timmunité,  avec  l'institution  à  sa  place  d'une 
juridiction  nouvelle,  la  juridiction  privée,  au  pro- 
fit du  possesseur  privilégié  et  de  ses  agents  ou 
officiers  particuliers,  Judices  prwati.  Pour  décider 
de  la  valeur  de  cette  appréciation,  il  convient  de 
rappeler  ce  qu'était  alors  Texercioe  de  la  juridic- 
tion, en  droit  commun,  et  d'examiner  ce  qu'elle 
devient  au  sein  de  l'immunité.  En  rapprochant 
l'un  de  l'autre  les  deux  régimes,  on  se  fera  une 
idée  de  ce  que  le  privilège  de  l'inununité  aura  pu 
introduire  de  nouveau  dans  l'administration  de 
la  justice,  s'il  a  en  effet  innové  à  cet  égard. 

En  droit  commun,  la  juridiction  appartenait 
aux  officias  publics  de  justice,  judices  publid, 
qui  l'exerçaient  sur  les  hommes  de  toute  condi- 
tion. Ces  honunes,  de  condition  diverse,  sont 
signalés  par  catégories  dans  un  texte  qui  explique 


•8  Li  insnci  nsHà 

Gommeiit  les  mis  et  les  autres  devaioit  être  maiH 
dés  an  plaid  do  ocHOte,  et,  s'il  y  avait  lieu,  omh 
traiots  d'y  comparaître.  Ce  sont  les  homiiies 
libres,  liberi  hamineSy  les  hommes  da  fisc,  fisea- 
lini,  les  hommes  d'immunité,  colani  de  immunir 
taJte^  les  hoomies  de  corps  enfin,  sertn^. 

I.  f  De  iliis  liberis  honUnibus  qui  infomes  vel  damodici 

«  flont...,  si...  res  et  mancipia  vel  mobile  habent,  fiât  de  illis 
c  sicut  in  quarto  libre  capitalar.,  c.  xxix  didtur,  cum  ad  mai- 
c  Inm  comitis  venerint.  81  autem  ad  maiiam  non  venerint 
c  banniantnr  (et  per  res  et  mancipia  vel  mobile  distringan- 
«  tur)  ut  veniant..  Et  si  post  secundam  comitis  admonitio- 
«  nem  ad  mallum  venire  noluerint,  rébus  eorum  in  bannum 
c  missis,  venire  et  justitiam  reddere  compellantur...  Et  qui 
c  res  et  mancipia  vel  mobile  non  habent,  per  qnœ  distringi 
c  possint  ut  ad  mallum  veniant,...  post  secundam  bannitio- 
«  nem  comitis,  si  ad  mallum  non  venerint  comprehendan- 
c  tur  secundum...  capitulare  libri  lU,  c.  lxi...  (quicumque... 
c  comprehenderit  nullum  damnnm  ezinde  patiatur)...  Si 
a  vero  taies...  ad  mallum  addud  non  potuerint  in  forban- 
c  nnm  mittantur...  Si  autem  fisoalinus  noster  ita  infamis 
c  in  fiscum  nostrum  confugerit,  vel  colonus  de  immunitate 
c  in  immunitatem  confugerit,  mandet  comes  judici  nostro 
c  vei  advocato  cnjuscumque  casse  dei  ut  talem  infamem 
c  in  mallo  suo  prsBsentet...  Si  autem  judex...  vel  advo- 
c  catus...  non  praesentaverit,  fiât  inde  secundum  capitulare 
a  libri  m,  c.  xxYi,  (ad  tertiam  inquisitionem  comes  ipse 
«  bominem  ubicumque,  etiam  in  fisco  aut  immunitate  quœ- 
«  rat).  Et  si  servus  alicujus  ita  clamosus  est,  comes  dominum 
c  servi  commoneat  ut  eum  in  mallo  prœsentet...  Si  autem 
«  doiûinus  servi  eundem...  comiti  in  mallo  preesentare  nolue- 
«  rit,  fiât  inde  secundum  capitulare  libri  m,  c.  xxvi  (ad 
«  tertiam  inquisitionem  comes  ipse  bominem  ubicumque 
«  etiam  in  fisco  aut  immunitate  quserat).  »  —  Garoli  Câlvi 
titul.  XLV,  an.  873,  c.  3.  —  Baluze,  Capitularia,  t.  II, 
p.  228.  -*  Si  l'on  ne  possédait  que  ce  texte,  on  pourrait 


R  L'i]fiiimiT<.  s  42.  M 

Les  juges  publics  exerçaient  leur  juridiclioa 
dans  des  plaids  de  deux  sortes  :  les  grands  plaids» 
placUa  majora^  tenus  solennellement  au  mallian 
dans  des  lieux  déterminés,  m€Ulidicia  loea;  les 
petits  plaids,  placita  minora,  tenus  exceptionnel- 
lement, suivant  le  besoin,  dans  des  lieux  quel- 
conques, sauf  dans  les  églises,  à  la  ocmdition 
toutefois  que  le  possesseur  du  lieu  le  permit,  si 
œ  lieu  avait  un  maître  particulier  autre  que  le 
juge  public  lui-même*.  Cette  dernière  prescrip- 
tion ne  semble  pas  différer  beaucoup,  il  est  bon 
de  le  faire  observer,  de  Tinterdiction  formulée 
dans  rimmunité.  Un  texte  de  cette  interdiction 
que  nous  citons  plus  loin  (§13,  note  3)  justifie 
cette  appréciation,  en  montrant  que  Timmunité 
n'a  pour  objet,  en  fait  de  justice,  que  d'empêcher 
le  juge  public  d'établir  son  siège  dans  un  lieu 
appartenant  au  domaine  privilégié. 

croire,  à  la  manière  dont  il  est  rédigé,  que  le  comte  n'avait 
juridiction  sur  les  hommes  de  fisc  ou  d'immunité  que  pour 
les  crimes  commis  hors  du  territoire  privilégié.  Un  autre 
texte  que  nous  donnons  plus  loin  (§  13,  note  i)  ne  permet 
pas  de  douter  qu'il  ne  les  jugeât  également  pour  les  crimes 
commis  dans  l'immunité,  et  dans  le  fisc  aussi  dût-on  t^roire 
par  analogie. 

2.  c  Mallus...  neque  in  ecclesià  neque  in  atrioejns  habea- 
c  tur.  Minora  vero  placita  comes,  sive  intra  suam  potestatem, 
«  Tel  ubi  impetrarepotuerit,  habeat.  >  •— Gapitul.  I,  an.  819, 
c.  14;  Gapitularium  1.  IV,  c.  28;  Garoli  Galvi  titul.  XLV, 
an.  873,  c.  12.  Baluze,  CapHuiaria,  t.  I,  p.  603,  782;  t.  II, 
p.  233, 1193.  —  Lez  Longobard.,  1.  U,  tit.  55,  c.  26,  édit. 
Lindenbrog,  Cod,  legum  antiq,^  1613,  t.  I,  p.  662. 

XLVII  3 


M  u  iirtTfCB  nvri% 

A  ces  plaids,  grands  et  petite,  tenus  par  les 
officiers  publics,  étaient,  sauf  le  cas  de  nuinde- 
burde  royale  doat  nous  parlerons  tout  à  Theure, 
débattues  et  jugées,  sans  distinction  des  choses 
d'ordre  civil  et  de  celles  d'ordre  criminel,  les 
affaires  qui  pouvaient  concerner  les  hommes  libres 
et  francs,  soit  directement,  parce  qu'ils  y  étaient 
personnellement  en  cause,  soit  indirectement, 
parce  qu'elles  regardaient  leurs  hommes,  libres 
et  non  libres,  dont  ils  étaient  responsables^,  étant 
tenus  en  conséquence  de  répondre  pour  eux  ou 
bien  de  les  amener  devant  le  comte  au  mallum^. 


3.  Ci-après,  note  6,  texte  2. 

4.  La  responsabilité  du  maître  pour  ses  hommes  est  clai- 
rement exprimée  dans  le  texte  suivant  :  «  Ut  servi...  qui... 
«  terram  ecclesiasticam  coiunt...  si...  de  aliquo  crimine 
c  aocusantur,  episcopus  primo  compelletnr;  et  ipse  per  advo- 
c  catum  suum  secundum  quod  lex  est;  juxta  conditionem 
«  singularum  personarum  justitiam  faciat...  Gaeteri  vero 
«  homines  qui  vel  commendationem  vel  beneficium  eccle- 
«  siasticum  habent,  sicut  reliqui  homines  justitiam  fadant.  » 
-~  Garoli  Magni  Gapitul.  excerpta  ex  Loge  Longobard.  circa 
an.  SOI,  c.  20.  —  Baluze,  Capitularia,  1. 1,  p.  352.  —  Dans 
ce  texte,  la  locution  justitiam  facere  (sicut  rêliqui  homines] 
ne  signifie  pas  juger,  mais  faire  droit,  et  correspond,  comme 
l'expression  eompeUetur,  à  la  situation  non  d'un  juge,  mus 
d'un  justiciable.  Nous  citons  plus  loin  quelques  exemples 
encore  de  la  locution  justitiam  faeere  dans  la  même  accep- 
tion (§  14,  notes  2,  3,  4,  5). 

5.  L'Immunité,  1862,  §  12.  Aux  exemples  cités  dans  ce 
travail,  on  peut  ajouter  les  suivants  : 

<  Quicumque  servum  criminosum  habuerit,  et  eî  judex 
c  rogaverit  ipsum  prœsentaro  et  noluerit,  suum  widrigil- 
«  dum  omnino  componat.  »  —  Decretum  Ghiideberti  circa 


Les  affaires  étaient  d'ailleurs  dassées  d'après  leur 
caractàre  et  leur  importaQoe  ;  ou  les  distinguait 
en  eoMm  majores  et  cous»  minores*»  Les  prasûères 

aiL  595,  c.  10.  Balaze,  O^inMaria,  t  I,  p.  19.  -«*  Gf.  QiSDli 
GalYi  Utul.  XLY,  c  3.  Baliue,  CapUularia,  t,  II,  p.  2^. 

c  Si  gais...  de  potentioribus  senris...  de  crimine  habetnr 
c  saspectns,  domino  secretiùs  cmn  testibufi  condioatar,  ni 
c  iuta  XX  noctes  ipsom  uite  jadieem  debeat  pnMeDtue. 
f  Quod  si...  non  fecerit,  dominos  status  sni  jnxta  modom 
c  cnlpae  inter  fredum  et  faidum  oompensabitur.  »  —  Ghlo- 
tharii  II  decretio  circa  an.  595,  c.  9.  —  Balnze,  Capitularia, 
U  I,  p.  20. 

c  De  ]îhens  hominibas  qui  super  aiterius  res  résident  et 
«  usqne  nanc  a  ministris  reipublicœ  contra  legem  ad  placita 
s  protrabebantar  et  ideo  pignorabantur,  constitaimus  ut 
t  secandum  legem  patroni  eorum  eos  ad  plaoitum  adducant.  > 
-^  Lndovici  II  Ck>nYeotu8  Ticinensifi  ni  an.  855,  c,  3.  — 
Pertz,  Monumenta  Germ.  hist.  Legum,  t.  I,  p.  435. 

6.  c  De  farto,  Yei  de  minoribus  causis  statuimus,  si  ille 
i  cajus  causa  faerit  jurata  dicere  voluerit  quod  ille  qui  jura* 
f  ^t  se  Bciente  perjurasset^  vel  campo  vel  cnice  contendat... 
c  De  majoribus  vero  causis  lex  qu»  a  longo  tempore  fuit 
«  observetur.  »  —  Karol.  imp.  in  lege  Longobard.  lib.  II, 
tit.  LV,  c.  25,  édit.  Lindenbrog,  Cod.  Uffum  antiq.,  1613, 
t,  I,  p.  661. 

c  Ipsi  (Hispani  profugi)  ...  pro  majoribus  causis,  sicut 
€  Bunt  bomicidia,  raptus,  incendia,  deprèdationes,  oiem** 
«  brorum  amputationes,  furta,  iatrocinia,  alienarum  rerum 
c  invasiones,  et  undecunqne  à  yicino  suo  aut  criœinaliter 
I  aut  ciTîliter  fuerit  accuaatus  et  ad  piacitnm  venire  jussus 
c  ad  comitis  sui  mallum...  venire  non  récusant.  Gceteras 
c  vero  minoras  causa»  more  guo...  inter  se  mutuo  définira 
I  non  probibeantur.  »  — •  Ludovici  Pii  pnecept.  I,  circa 
an.  815,  c.  2.  —  Baluze,  CapUul^ria,  U  I,  p.  550. 

c  Quispiam  eorum  (Hispanorum  profng.)..,  alios  hami**' 
c  nés...  adtraxerit...  in  portione  sua  (adprisioiie)...  lioeat 
c  ilU  eos  distringere  ad  justitiSA  faciendas,  quales  ipsi  inter  se 


36  LA  JUSTICE  PRIVEE 

appartenaient  nécessairement  à  la  juridiction  du 
comte  ou  juge  public  ;  parmi  les  autres  se  ran- 
geaient les  a&ires  de  minime  importance  relevant 
d'une  juridiction  d'ordre  secondaire  qui  pouvait 
être  laissée  aux  grands  possesseurs. 

  la  responsabilité  et  aux  obligations  du  maître 
correspondaient  en  effet  un  droit  indispensable  de 
contrainte,  et  même  une  juridibtion  inférieure,  la 
juridiction  patrimoniale,  exercée  sur  ses  hommes 
par  lui  et  par  ses  officiers  particuliers.  Telle  était 
la  situation  d'un  grand  possesseur  ayant  sur  sa 
terre,  et  dans  sa  dépendance  par  conséquent,  des 
honunes  de  condition  servile  tout  à  la  fois  et  des 
hommes  libres  qui,  n'ayant  pas  de  domaine 
propre,  vivaient  avec  son  agrément  sur  le  sien, 
placés  ainsi  comme  ses  hommes  propres  sous  son 
mundium.  Le  mundium  était  une  sorte  de  patro- 
nage légal  doublé  d'autorité,  fondé  sur  les  cou- 
tumes traditionnelles  les  plus  anciennes. 

On  voit  ce  qu'était  en  droit  commun  la  justice 
exercée  en  principe  sur  tous  par  les  comtes  ou 

c  definire  possunt.  Gœtera  Yero  judicia,  id  est  criminales 
c  actiones  ad  examen  comitis  reserventur.  »  —  Idem,  c.  3. 
—  Baluze,  Capitularia,  1. 1,  p.  551. 

c  Ut  nisi  pro  tribus  criminalibus  actionibus,  id  est  homi- 
c  cidio,  rapto  et  incendie  nec  ipsi  (Hispani  profug.)  nec 
c  eorum  homines  a  quolibet  comité  aut  ministro  judiciaris 
«  potestatis...  judicentur  aut  distringantur.  Sed  liceat  ipsis 
c  secundum  eorum  legem  de  aliis  hominibus  judicia  termi- 
c  nare  et...  de  se  et  de  eorum  hominibus  secundum  pro- 
c  priam  legem  omnia  mutuo  definire.-  >  —  Garoli  Galvi 
Titul.  VI  an.  844,  c.  3.  —  Baluze,  Capitularia,  t.  U,  p.  27. 


R  L'nonnmtf.  S  42.  37 

juges  publics;  mais,  exceptionnellement  dans  les 
grands  domaines,  partagée  entre  eux,  pour  les 
causes  qu'ils  retenaient,  et  les  possesseurs,  pour 
celles  qui  étaient  laissées  à  leur  décision  comme 
relevant  de  la  justice  patrimoniale. 

§  1 3*  —  Sous  le  régime  de  l'immunité,  les  traits 
essentiels  de  cette  situation  persistent.  Le  pos- 
sesseur privilégié  est  toujours  justiciable  des  juges 
publics  et  tenu  de  comparaître  devant  «eux,  soit 
pour  lui-même,  soit  pour  ses  hommes  libres  et 
non  libres,  ou  bien  de  conduire  ces  honunes  à 
leur  plaid^  dans  certains  cas  (§12).  On  a  des  rai- 
sons de  penser  que  le  comte  pouvait  d'aiUeurs, 
sans  violer  l'immunité,  saisir  lui-même  sur  le 


1.  «  Ut  latrones  de  infra  emanitatem  a  judice  ipsim 
«  emunitatis  in  comitis  placito  pnesentontur.  Et  qui  hoc 
t  non  fecerit  i)eQeficium  et  honorem  perdat.  Similiter  yassi 
c  nostri...  »  —  Gapitularium  I.  Y,  c.  195.  fialuze,  Capi^ 
tularia,  i.  I,  p.  860.  --  Cf.  GapituL,  an.  779,  c.  9;  Gapitnl. 
excerpt.  ex  lege  Longob.,  c.  18;  Gapitularinm  add.  IV, 
c.  iîS.  Baluze,  Capitularia,  t  I,  p.  197,  851,  1220.  — 
Lex  Longobard.,  1.  II,  lit.  XL,  c.  3,  édit.  Lindenbrog,  Cod. 
Ug.  arUiq,,  1613,  1. 1^  p.  636.  —  Ce  texte  concerne  Texer- 
cioe  de  la  juridiction  du  comte  ou  officier  public  sur  les 
hommes  de  l'immunité  pour  les  causes  réservées  à  sa 
compétence,  causa  me^ores.  Pour  ce  qui  est  de  Timmu- 
niste,  c'est-à-dire  du  maître  lui-même,  en  parlant  plus  loin 
de  la  mundeburde  royale,  nous  citons  des  textes  d'où  res- 
sort la  preuYe  que,  malgré  l'immunité,  le  possesseur  privi- 
légié restait  soumis  à  la  juridiction  des  juges  publics,  puisque 
dans  les  cas  exceptionnels  il  pouvait,  en  vertu  de  cette  mun- 
deburde, réclamer,  pour  y  échapper,  le  jugement  du  roi 
(I  16). 


3â  LA  n&ncE  nstti 

territoire  privilégié  rhonmie  qa'on  aurait  refusé 
de  lui  livrer^.  La  juridietion  du  comte  sur  le  pri- 
vilégié et  ses  hommes  subsistait  donc  malgré  Tim^ 

2.  c  Si  quis  in  immunitate  âamnum  aliqnid  feoeiit,  soli-* 
c  dis  DG  culpàbilis  judicatur  (aiias  :  dg  solid.  composât), 
c  Si  autem  homo  furtiim  aut  homicidium  fecerit,  vel 
«  quodlibet  crimen  foras  committens  infra  immnnitatem 
•  fagerit,  mandei  cornes  vel  episoopo,  vel  abbati  vel  vioe- 
c  domino...  nt  reddet  ei  reum.  Si...  eum  reddere  noluerit,... 
«  ad  tertiam  inqnisitionem...  damnum...  solvere  cogatur. 
t  Et  ipse  cornes  veniens  licentiam  habeat  ipsnm  hominem 
c  infra  immunitatem  ^œrendi,  ubicnnqne  eum  invenire 
a  potuerit...  »  Capital.,  an.  803,  n,  c.2;  Gapitularium  1.  V, 
c.  263;  1.  VI,  c.  291.  —  Baluze,  Capitularia,  t.  I,  p.  387, 
876,  972.  —  Ce  texte,  où  sont  visés  snecessivement  les 
faits  accomplis  an  dedans  et  au  dehors  de  Timmanité,  oon- 
ceme  :  l®  tout  homme  qui  aura  commis  dans  Timmunité 
un  crime,  furtum  aut  homicidium,  dont  le  jugement  appar- 
tient au  comte;  2*  tout  homme  qui,  ayant  commis  un  crime 
quelconque,  quodlibet  crimen,  hors  de  l'immunité,  s'y  sera 
ensuite  réfugié.  Il  est  difficile  de  croire  qu'il  doive  être 
interprété  différemment,  d'après  certaines  variantes  (Lex 
Longob.,  1.  n,  tit.  XL,  c.  4;  Garoli  Galvi,  tit.  XXXVI, 
c.  18;  Gapitular.  1.  lU,  e.  26),  et  qu'il  vise  exclusivement 
les  crimes  commis  au  dehors  de  l'immunité.  Quant  à  la  per- 
sonne du  coupable,  peut-on  admettre  que  ces  dispositions 
ne  concernent  que  celui  qui  était  étranger  à  l'immunité ,  de 
sorte  que  le  comte  ne  pût  saisir  que  celui-^ci,  en  cas  de  refus 
de  le  lui  livrer  ;  et  que  le  maître  pût  soustraire  à  sa  pour-' 
suite  ses  hommes  propres,  qu'il  était  tenu  cepeùdant  de  livrer 
à  sa  justice,  suivant  le  texte  donné  au  commencement  de  la 
note  précédente?  Quoi  qu'on  en  pense,  ce  dernier  texte  suf- 
firait, en  tout  cas,  à  la  justification  de  notre  thèse,  que  l'im- 
munité n'empêchait  pas  les  hommes  du  domaine  privilégié 
de  rester  soumis  à  la  juridiction  des  juges  publics  pour  les 
causes  qui  dépassaient  la  compétence  de  la  juridiction  patri- 
moniale. 


R  L*nnniifiTf.  §  43.  3t 

nmnîté,  Umte  réserve  fiiite  cependant  pour  leè 
oonséqoenoes  de  la  mnndeburde  royale  dont  il  va 
être  question*  Cette  exception  de  la  mundeburde 
royale  était  au  reste  d'usage  ancien  et  antérieure 
an  régime  de  l'imoiunité,  avec  laquelle  on  voit 
néanmoins  la  mundeburde,  après  certaines  modi- 
fications de  ses  conditions  originaires,  se  mêler  à 
la  longne   et  se  confondre  en  quelque  sorte 

Le  juge  public  continue  ainsi  de  juger  et  le  pri- 
vil^é  et  ses  hommes,  mais  il  ne  peut  toutefois, 
pour  le  faire,  tenir  son  plaid  sur  les  terres  défen- 
dues par  le  privilège.  En  droit  conmiun  déjà, 
nous  Tavons  fait  remarquer,  il  en  était  à  peu  près 
de  même,  le  juge  public  ne  pouvant  tenir  son  plaid 
sur  un  domaine  particulier  sans  la  permission  du 
possesseur  (§  12).  Le  droit  que  celui-ci  avait 
incontestablement  de  la  refuser  n'impliquait  assu- 
rément pas,  il  est  bon  de  le  faire  remarquer,  celui 
de  supprimer  ainsi  ou  de  suspendre  à  sa  volonté  la 
juridiction  du  juge  public  ;  d'où  l'on  peut  conclure 
que  l'interdiction  formulée  pour  le  même  objet 
par  l'immunité  ne  devait  pas  plus  avoir,  quoi 
qu'on  en  ait  dit,  cette  conséquence,  que  l'on  veut 
bira  à  tort  considérer  comme  forcée  en  quelque 
sorte. 

L'interdiction  absolue  qui  résulte  de  l'immu- 
nité ne  semble  pas,  à  première  vue,  différer  beau- 
coup de  la  prohibition  de  droit  commun.  Il  y  a 
grandement  lieu  cependant  de  tenir  compte  à  cet 


40  LA  lusncE  PKirfE 

égard  d'une  distinction  très  réelle  qu'il  conviait 
de  faire  entre  l'interdiction  absolue  de  tenir  le 
plaid  dans  le  domaine  privilégié,  laquelle  résulte 
de  l'immunité,  et  celle  beaucoup  moins  complète 
qui,  en  droit  commun,  laisse  au  juge  public  la 
faculté  de  l'y  tenir,  sous  la  condition  de  l'assenti- 
ment du  possesseur.  Cette  distinction  n'est  pas 
aussi  spécieuse  qu'on  pourrait  être  tenté  de  le 
croire  ;  car  il  y  a  loin  de  l'interdiction  formelle  de 
tenir  le  plaid  dans  ces  conditions,  à  une  simple 
défense  de  le  faire,  mitigée  par  la  faculté  d'y 
échapper  moyennant  la  formalité  d'une  autorisa- 
tion que  le  juge  public  pouvait  bien,  en  mainte 
circonstance,  ne  pas  même  daigner  demander,  et 
qu'en  tout  cas  il  eût  été  peut-être  parfois  difficile 
de  lui  refuser,  s'il  la  demandait.  C'était  là  cepen- 
dant déjà  quelque  chose.  Mais  l'introduction  dans 
le  privilège  d'immunité  d'une  interdiction  absolue 
conforme  du  reste  à  la  défense,  qui  était  de  droit 
commun,  avait  en  fait  une  incontestable  impor- 
tance. 

Il  était  paré  ainsi  dans  une  certaine  mesure  aux 
abus  qui  résultaient  de  la  violation  trop  facile  et 
probablement  fréquente  —  on  ne  saurait  en 
douter  —  des  prescriptions  de  droit  commun 
destinées  à  protéger  le  domaine  et  les  droits  du 
grand  possesseur.  Mais  ce  premier  résultat  de 
l'inununité  devait  être  encore  notablement  aug- 
menté, et  l'efficacité  de  l'interdiction  ainsi  formu- 
lée considérablement  renforcée  par  l'introduction 


R  i.'nDfimflrf.  S  ''8.  44 

de  la  eampositio  de  600  soi»,  édictée  en  outre  contre 
toute  iriolatîon  de  rimmunité,  tmmtmîtat  fraeta 

(§6). 

Voilà  quelle  est  la  ^signification,  voilà  quelle  est 
k  p<»rtée  de  la  dause  du  privilège,  nec  ad  causas 
waàiendas  ingredi.  C'est  la  consécration,  avec  un 
accent  plus  prononcé,  d'une  disposition  de  droit 
commun,  ayant  pour  objet  de  protéger  le  domaine 
privé  contre  l'intrusion  abusive  des  juges  publics, 
intrusion  déjà  refrénée  par  la  législation  ordi- 
naire, mais  absolument  interdite  en  cas  d'immu- 
nité, et  finalement  frappée  par  une  pénalité  spé- 
ciale de  gravité  exceptionnelle,  qui  ne  se  fit  pas 
beaucoup  attendre  et  ne  dut  pas  rester  sans  ^et. 
On  comprend  d'ailleurs  quelles  charges,  quels 
abus  et  excès  de  tout  genre  pouvaient  sans  cela 
résulter  d'une  facilité  laissée  aux  juges  publics 
de  s'introduire  par  cette  voie  dans  les  domaines 
privés;  sérieux  inconvénients  auxquels  coupait 
court  le  privilège  de  l'immunité,  sous  la  garantie 
d'une  campositio  énorme  en  cas  de  violation  du 
droit  (§  6). 

A  cela  se  boroait  l'innovation.  C'était  beaucoup; 
mais  il  ne  résultait  immédiatement  de  là  ni  sup- 
pression ni  même  modification  essentielle  de  la 
juridiction  des  officiers  publics  de  justice,  à 
laquelle  rien  n'était  changé  que  la  faculté,  dès 
.lors  supprimée,  de  tenir,  moyennant  permission, 
leurs  plaids  dans  le  domaine  privilégié.  Il  n'en 
résultait,  pas  plus  que  du  refus  permis  en  droit 


4i  u  luancs  pih^e 

ooimnun  au  propriétaire  d'empêcher  la  tenue  dea 
plaida  aur  son  terrain,  la  auppreasion  de  la  juri** 
diction  ordinaire.  Il  n'en  résultait  surtout  nulle 
introduction  d'une  juridiction  nouvelle  au  profit 
du  possesseur  investi  de  l'immunité,  dont  la  juri- 
diction patrimoniale  n'était  augmentée  en  rien, 
mais  simplement  raffermie  et  sauvegardée;  son 
exercice  habituel  étant  ainsi  affrandû  de  la  gène 
et  des  entraves  que  l'intrusion  des  juges  publics 
aurait  pu  y  apporter.  L'interdiction  faite  par  l'im- 
munité aux  juges  publics  de  tenir  leurs  plaids 
dans  le  domaine  privilégié  n'allait  pas  plus  loin. 
Me  ne  portait  donc  nullement  sur  le  droit  de 
juger  en  général,  pas  même  sur  celui  de  juger  en 
particulier  telle  ou  telle  nature  de  causes;  elle 
portait  simplement  sur  le  droit  de  le  faire  dans 
un  lieu  dépendant  du  domaine  privilégié. 

Cette  signification  de  l'interdiction  est  déter- 
minée avec  une  incontestable  précision  par  le 
texte  d'un  diplôme  de  697,  grâce  à  une  variante 
de  forme  qu'il  contient  dans  la  définition  de  l'acte 
interdit.  Il  y  est  dit,  non  pas  que  le  juge  public 
ne  pourra  pas  juger,  mais  qu'il  ne  pourra  pas 
avoir  un  lieu  pour  le  faire,  dans  l'immunité^;  par 
où  l'on  voit  clairement  quel'inmmnité  n'a  d'autre 

9.  ff  Neqtie  uilus  jadex  pnblioas  neque  officialis  ejne  ad 
c  judicandam  vel  distringendiim  locum  ibi  habere  audeai.  ■ 

—  Ghildeberli  régis  privilegium  Gaëoldo  Yiennensi  episcopo 
et  Ephibio  abbati,  de  villa  Geniciaco,  concessum,  an.  697. 

—  lyAchery,  Spieilège,  iû-4%  t.  XII,  p.  103. 


objet,  ea  œ  qui  concerne  k  justice,  que  d'em- 
pédier  le  juge  d'installer  son  »ège  dans  un  lieu 
dépendant  de  l'immunité,  ce  qui  n'implique  mA* 
lement  impossibilité  de  siéger  ailleurs  pour  exer* 
cer  sa  juridiction.  Tout  au  contraire,  pourrait-on 
dire.  L'existence  de  cette  juridiction  n'était  donc 
aucunement  mise  ainsi  en  question.  Ces  considé- 
rations font  évanouir  les  conclusions  qu'on  a  par^ 
fois  tirées  de  l'interdiction  de  tenir  les  plaids  dans 
le  domaine  privilégié  pour  étayer  le  système  qui 
fait  venir  de  l'immunité  la  justice  privée. 

L'exist^fice  signalée  dans  la  précédente  discus» 
son  de  la  justice  patrimoniale,  indépendante  de 
l'immunité  et  antérieure  à  son  institution,  implique 
nécessairement  l'existence  antérieure  aussi  des 
juges  privés  ou  agents  particuliers  des  posses- 
seurs chargés  d'exercer  cette  justice  patrimoniale. 
Le  r6lc  judiciaire  de  ces  officiers  et  la  juridiction 
qu'ils  exercent  dans  ce  cas  n*ont  aucun  rapport 
avec  l'immunité»  Il  ne  suffit  donc  pas  de  trouver 
dans  un  texte  la  mention  des  juges  privés  avec  un^ 
r5le  judiciaire  quelconque,  pour  conclure  de  là  à 
l'existence  d'une  juridiction  privée  procédant  de 
l'inununité,  puisqu'il  peut  n'être  question  dans  ce 
cas  que  de  la  juridiction  patrimoniale  qui  est  tout 
autre  chose.  Ces  observations  démontrent  l'inanité 
d'une  argumentation  fondée  sur  ces  appréciations 
et  souvent  invoquée,  à  tort  on  le  voit,  pour  établir 
que  la  justice  privée  vieni  de  l'immunité.  Nous 
aurons  occasion  de  le  rappeler  ultérieurement. 


44  LA  JUanS  FUT^B  / 

§  14.  —  Les  obeervatîoDft.  qui  terattDent  le 
paragraphe  précédent  montrent  qu'on  ne  saurait 
consîdérar  certains  actes  de  juridiction  inférieure 
exercés  de  tout  temps  par  les  agents  des  grands  pos- 
sesseurs* soit  laïques,  soit  ecdésjastiquesi  comme 
impliquant  la  substitution  de  la  ju^ce'  privée  à 
la  justice  publique  par  suite  de  Tinummité.  On  a 
sans  plus  de  raison,  pour  arriver  aux  mêmes 
conclusions,  attribué  souvent  le  caractère  d'actes 
de  juridiction  à  ce  qui  avait  une  tout  autre  signi- 
fication, chaque  fois  par  exemple  qu'on  trouvait 
le  rôle  de  ces  agents  particuliers  qualifié  à  l'aide 
de  la  locution  justitiam  facere^  ou  de  quel- 
qu'autre  analogue.  Cette  remarque  nous  amène  à 
fournir  quelques  explications  sur  cette  locution 
pour  n'avoir  pas  à  y  revenir  chaque  fois  que  nous 
rencontrerons  ces  appréciations. 

La  locution  justitiam  facere  signifie  quelquefois 
juger,  jtêdiearej  judicmm  facere;  mais  elle  signifie 
parfois  aussi  faire  droit,  rectum  ou  judicatum 
facere^  s' exécater  conformément  au  droit  ou  à  la 
sentence  du  juge.  Nous  avons  eu  déjà  occasion  de 
nous  expliquer  sur  cette  double  signification  ^ .  De 
nouvelles  investigations  nous  ont  mis  en  posses- 
sion d'arguments,  c'est-à-dire  de  preuves  que 
nous  n'avions  pas  encore  à  ce  sujet.  Nous  laissons 
de  côté  les  textes  où  justiciam  facere  peut  signi- 
fier judicare;  le  sens  de  ceux-là  n'est  cpntesté 

1.  L'ImmuniU,  1882,  §  30,  note  1. 


n  L'mnnifnf.  §  14.  45 

par  personne.  Parmi  ceux  où  Ton  doit,  croyons- 
nous,  interpréter  la  locution  dans  le  sens  de  rec^ 
ttm  ou  judieatum  facere^  il  en  est  qui  pourraient 
sembler  d'une  signilBoation  amlngué  ;  mais  il  en 
est  w^j  et  il  est  bon  de  les  rapprocher  des 
autres,  qui  ne  permettent  aucune  incertitude,  et 
où  le  sens  que  nous  croyons  devoir  leur  attribuer 
est  évident,  c'est-à-dire  nécessaire  et  forcé,  sous 
peine  d'absurdité.  Nous  en  avons  relevé  plusieurs. 

Dans  un  de  ces  textes^,  il  est  question  de  deuf 
individus,  Tun  devant  recevoir,  et  l'autre,  payer 
le  prix  de  la  faida^  qui  sont  les  parties  adverses 
engagées  dans  la  même  affaire.  Celui  des  deux  de 
qui  il  est  dit  qu'il  ne  veut  ni  racheter  la  faida,  le 
droit  de  vengeance  de  l'autre,  nec  pro  faida  pre- 
tium  solvere^  ni  faire  droit,  nec  justidam  exinde 
facere^  est  incontestablement  un  justiciable  et 
non  un  juge.  Justiciam  facere  ne  peut  donc  pas 
signifier  ici  juger,  mais  signifie  certainement  reo- 
tvm  ou  judieatum  facere. 

Dans  un  autre  texte',  il  est  parlé  de  refus  et 


2.  «  Si  qaîs  pro  faida  pretium  recipere  non  volt...  eum 
ff  dirigemus  ubi  damnom  minime possit  facere...  Et  qui  pro 
«  fidda  pretium  Bolyêre  nolaerit,  nec  jastitiam  exinde  facere, 
«  in  tali  loco  eum  mittere  Tolumus  ut  pro  eodem  majus 

•  damnum  non  crescat.  » —  GapituL,  an  779,  c.  22.— Baluze, 
Captularia,  t.  I,  p.  498. 

3.  c  Ut  ubicnnque  misai  nostri...  quemlibet  quocunque 
c  honore  prœditum  invenerint  qui  justitiam  facere  noluerit 

•  7€l  prohibuerit...  »  —  GapituL,  an.  793,  c.  13.  —  Baluae, 
Capitularia,  t.  I,  p.  545. 


4ft  u  fvnum  fvtriB 

même  d'empèchemeiit  sqpporlé  à  oe  que  justice  ne 
soit  faite.  Ce  texte  itérait  assurémeot  difliçile  à 
comprendre  si  Ton  voulait  y  voir  un  jug«^  coupable 
de  ne  pas  vouloir  juger  ou  d'empèdier  de  juger. 
Il  s'explique  au  contraire  tout  naturellement  s'il 
s'agit  non  d'un  juge,  mais  d'un  justiciable,  de 
qudque  rang  qu'il  fôt,  qui  refuserait  ou  empè* 
dierait  de  faire  droit,  c'est^-^re  d'exécuter  un 
jugement.  Ici  encore,  jwtidam  /a<^6  signifie 
nécessairement  rectum  pu  Judicatum  faœre. 

Ailleurs^,  les  comtes  et  les  centeniers  sont 
diargés  d'obliger  les  gens  à  faire  justice,  jusHUam 
facere.  Il  s'agit  évidemment  pour  ces  officiers  de 
contraindre  tout  le  monde,  non  pas  à  juger,  mais 
à  faire  droit  ou  justice  en  se  soumettant  aux  juge- 
ments. Dans  ce  texte,  justitiam  facere  signifie 
donc  également  rectum  on  judicatum  facere.  Nous 
avons  cité  précédemment  (§  4SI,  note  4)  un  spé- 
cimen encore  de  la  même  locution  dans  cette 
acception,  à  la  date  de  30f , 

Ces  exemples  suffisent,  çroyons-nous,  pour 
démontrer  que,  dans  la  langue  des  Gapitulaires, 
la  locution  justitiam  facere  peut  signifier  non  seu- 
lement juiicare^  mais  encore,  en  certains  cas, 
rectum  eu  judicatum  facere.  C'est  ce  dernier  sens 
que  nous  lui  donnons,  concurremment  avec  le 
sens  judicarcj  dans  plusieurs  autres  textes  aux- 

4.  c  Ut  comités  et  ce^tenarii  omnas  ad  justitiam  fi&cien« 
«  dam  campellant...  »  ^  Capital.,  an.  802,  c.  25.  -^Baluze, 
Capitularia,  t.  I,  p.  370. 


If  h'tmmatt.  S  44.  47 

qods  ncm  qoub  bornons  ici  à  renvoya,  sans  le» 
citer  m  esUenso^. 

La  locution  justitiam  faeere  se  retrouve  sous  ]• 
fonne  justitiam  redàerê^  avec  le  sens  rectwi^  ou 
jnéieatum  facere  dans  une  autre  locution  un 
peu  phis  complexe  qui  n'a  jamais  été,  que  nous 
sachionB»  bien  comprise,  dans  la  locution  jtêêtitiam 
perdpere  et  reddere  (faeere)  ^.  Cette  locution,  dans 
cette  forme  et  dans  d'autres  aoalogueSt  signifie, 
croyoDSpiious,  rectum  ou  judicatum  accipere  et 
reddere  alt^nativemeiA,  soit  comme  demandeur, 
scHt  coomie  défendeur,  soit  comme  ayant  eu  gain 
de  cause,  soit  comme  condamné,  dans  une  a&ire 
judiciaire;  ce  qui  te  rapporte,  dans  ces  divers 

5.  GapUul.,aii.  779,  c.  2i  ;  Capitol.,  an.  793,  c.  iO;Gapîtul., 
an.  800,  c.  52;  Capital.,  an.  802,  c.  13;  Capital.,  an.  815,  c.  3; 
Capital.,  an.  S49  V,  c  23;  Gapitiilarium  additio  IV,  c.  139. 
--  Baliue,  Capitularia,  1. 1,  p.  198,  544,  338,  366,  551,  617, 
1222.  — Additio  Caroli  M.  ad  legem  Longobard.  Tit.  XLIV, 
c.  2,  èdit.  Lindenbrog,  Cod,  legum  antiq,,  1613,  t.  I,  p.  642. 

6.  Tous  ceux  qai  ont  interprété  la  locution  en  question 
aWt  pas  bétité  à  faire  de  justUiam  reddere  l'équivalent  de 
justitiam  faeere,  mais  avec  le  sens  inexact  de  juger,  dans  le 
texte  notamment  si  souvent  cité  :  c  Episcopi  vel  potentes... 
etc.,  1  de  Tan  615,  donné  un  peu  plus  loin  dans  la  note  9  du 
présent  paragraphe.  On  trouvent  la  locution  avec  la  forme 
justidam  faeere  i^mt  justitiam  reddere,  dans  un  autre  texte 
de  812,  reproduit  également  ci-après,  note  10.  Quant  au 
sens  propre  de  justitiam  reddere  ponr  jwtitiam  faeere,  il  est 
nettement  déterminé  par  la  locution  justitiam  reddere  compel" 
lantur  (infâmes  et  damodiot),  qu'on  trouve  dans  la  première 
partie  d'un  texte  cité  ci-dessus,  g  12,  note  1,  et  par  le  rappro- 
chement des  textes  cités  dans  les  notes  9  et  10  du  présent 
paragraphe. 


48  Li  JvsnGB  FirnfB 

cas,  à  la  condition  de  justiciable  et  non  à  celle 
de  juge.  Nous  avons  des  textes  qui  ne  pera^ttent 
pas,  ce  nous  semble,  de  douter  que  tel  ne  soit  le 
sens  de  la  locution  en  question. 

Le  premier  de  ces  textes  est  fourni  par  une  for- 
mule relative  aux  délais  accordés  en  justice  à  un 
absent,  de  qui  il  est  dit  qu'à  son  retour  les  causes 
qui  le  concernent  seront  reprises  par  lui,  soit  à 
titre  de  défendeur,  soit  à  titre  de  demandeur, 
suivant  le  cas*^.  Il  ne  s'agit  évidemment  pas  pour 
rintéressé  de  prendre  ici  le  r6le  de  juge  dans  sa 
propre  cause. 

Dans  un  second  texte  emprunté  à  un  diplôme 
donné  en  845  par  Temp^^ur  Lothaire  à  l'abbaye 
de  Novalèse^,  il  est  dit  que  les  hommes  de  l'ab- 
baye, pour  tout  crime,  doivent,  suivant  le  cas, 
rendre  ou  recevoir  justice,  c'est-à-dire  être  pour- 
suivis ou  exercer  eux-mêmes  les  poursuites  devant 
le  comte  du  lieu.  H' s'agit  encore  là  de  justiciables 
et  non  de  juges. 

Ces  textes  ne  laissent  aucune  incertitude  sur  le 
caractère  de  justiciable  de  ceux  qui  y  sont  dits 
faire  ou  prendre  justice,  justitiam  ou  justitias 
reddere  aut  recipere,  devant  le  comte  notamment, 
ni  sur  la  signific^ition  de  la  locution  dans  ces  deux 

7.  c  In  suspenso  resedeant  (cansœ),  et  postea  unicuique 
«  justitiam  reddat  (absens  redox)  et  ab  aliis  simili  modo  reci- 
«  plat.  •  —  Rozière,  Rectteil  général  des  formules,  n^  455. 

8.  c  Pro  criminalibus  culpis...  ante  comitem  îLlias  loci... 
c  justitias  reddant  et  ab  aliis  recipiant.  »  —  Muratori,  ÀrUi" 
quitates  ilalicm,  t.  V,  p.  971. 


BT  Vmmmftti.  §  44.  49 

cas  et  dans  quelques  sûtres  analogues.  Tels  spot 
certams  cas  où  la  locution  est  appliquée  aux  agaits, 
aux  adfM)caH  par  exemple  des  grands  posses- 
seurs laïques  ou  ecclésiastiques.  Bien  que  ces 
agents  soient  parfois  investis  du  droit  d^exercer 
pour  le  mattre  une  sorte  de  juridiction ,  la  juri- 
diction patrimoniale,  comme  nous  Favons  dit  pré- 
cédemment (§§  4S,  13),  ce  n'est  pas  de  cela  qu'il 
s'agit  vraisemblablement  dans  deux  documents 
entre  autres  où  ces  advoeati  sont  signalés  comme 
devant  prendre  et  rendre  justice,  justitiam  perd- 
père  et  aliie  reddere^;  justitiam  suscipere  et  facere^^ . 
Leur  rôle  dans  ce  cas  n*est  pas  celui  de  juge,  mais 
cdui  de  justiciable,  conune  mandataires  chargés 
d'ester  pour  le  maître  en  justice,  soit  comme 
demandeurs  ou  comme  ayant  eu  gain  de  cause,  ad 
juetUiam  perdpiendam^  suseipiendam,  soit  comme 
défendeurs  ou  comme  condamnés,  ad  justitiam 
reddendam^  faciendam. 

Outre  les  observations  qui  précèdent  sur  l'in- 
terprétation  des  locutions  justitiam  facere  et 

9.  «  Ëpîscopi  vel  poteates  qui  in  aliis  possident  regioaibuB, 
c  judices  vel  missos  discassores  de  aliis  provinciis  non  îns- 
c  titnant  nisî  4e  loco,  qui  justitiam  percipiant  et  aliis  red- 
c  dant.  »  —  GapituL,  an.  615,  c.  19.  —  BÎduze,  Capitularia, 
1. 1,  p.  24. 

10.  «  Ut  qui  se  reclamaverit  super  pontificem,  qui  justi- 
c  tiam  habeat  ad  requirendum,  dirigat  illum  cornes...  ad 
c  ipsum  pontificem...  Et...  ubicunque  substantiam  pontifez 
c  habneht,  advocatum  habeat  in  ipso  comitatu,  ut  absque 
«  tarditate  justitiam  faciat  et  suscipiat.  »— Gapitul.,  an.  812, 
c.  29.  ~  Baluze,  Capituiaria,  t.  I,  p.  548. 

XLYII  4 


50  ht  JUSTICE  nvrÉE 

reddete,  onpercipere  et  aecipere^  îl  y  en  a  quelques^ 
unes  à  faire  encore  sur  le  sens  du  mot  jusHHa. 
Dans  les  capîtulaires  notamment,  ce  sens  est  mul- 
tiple et  varie  beaucoup .  Dans  les  locutions  que  nous 
venons  de  rappeler,  et  dans  quelques  autres  ana- 
logues, comme  justitiam  peter e^  redpere^  dilor- 
tare^^y  la  signification  de  justitia  peut  aller  de  Tidée 
du  jugement  prononcé  ou  subi  jusqu'à  celle  de  la 
compositio  adjugée  ou  perçue.  Il  eu  est  à  peu  près 
de  même  des  locutions  justitia  ou  justitiœ  eccle^ 
siarum^  viduarum,  orphanorum^  pupillorum,  paun 
perunij  où  la  signification  du  mot  justitia  irait  de 
ridée  de  droit,  de  procès,  de  cause  engagée  et 
vidéci  jusqu'à  celle  de  campositio  également.  De 
même  dans  justitiam  suam  recipere^  le  sens  de 
justitia  comprendrait  avec  l'idée  du  droit  reconnu 
et  proclamé  en  jugement  celle  de  la  campositio 
accordée  en  même  temps.  Dans  les  locutions  jus-- 
titia  régis,  imperatoris,  comitis^  le  mot  justitia 
correspond  aux  idées  de  juridiction,  de  compé- 
tence» ainsi  qu'à  celles  de  jugement  et  probable- 
ment de  jouissance  des  profits  de  la  justice,  freda. 
Ce  qui  montre  que  déjà  dans  les  capîtulaires  la 
signification  du  mot  justitia  pourrait  aller  jusqu'à 
l'expression  des  produits  ou  fi'uits  de  la  justice, 
eampositiones  et  freda,  c'est  que  cette  interpréta- 
tion s'accorde  avec  le  sens  des  textes,  et  que  par 

41.  Pour  leB  locations  que  nous  citons,  Toir  les  textes  visés 
d&ns  les  tables  de  Tédition  de  Baiuze  des  Capitulaires,  î  vol. 
in-fol.,  1780. 


n  L'nmmrrf.  S  44.  54 

la  suite  oq  ne  tarde  pas  à  trouver  la  juatifioatkn 
d'une  semblable  appi^iation  dans  de  nombreuses 
preuves  d'où  résulte  que  bientôt  il  en  est  évi- 
demment ainsi.  Les  justices,  justitiœ^  désignent  en 
mainte  droonstance  les  amendes  et  même  toute 
espèce  de  revenus»  prestations  et  impôts^*. 

JugHtia^  justitiœ^  ce  sont,  on  le  voit,  dans  beau- 
coup de  cas,  les  produits  de  la  justice.  C'est  là  le 
sens  propre  de  ces  mots  pendant  tout  le  moyen 
âge.  Montesquieu  le  leur  reconnaît  au  xvm*  siècle 
(^  31 ,  33)  ;  et,  quel  qu'en  soit  le  fondement,  il 
n'y  a  aucune  raison  pour  en  contester  la  réalité. 
C^  expressions  ainsi  entendues  ont  pu  n'être  pas 
étrangères  à  la  conception  de  la  théorie  que  la 
jouissance  des  fruits  de  la  justice,  justiticBy  était 
on  titre  suffisant  pour  légitimer  la  possession  de 
la  jusUce  seigneuriale,  comme  nous  le  verrons 
affirmer  au  xm^  siècle  (§  22)  :  doctrine  juridique 
qui  se  confond  avec  le  système  que  la  concession 
des  droits  du  fisc  a  pu  engendrer  la  justice  privée. 
Cette  opinion,  nous  le  reconnaîtrons,  remonte 
très  haut.  Elle  régnait  exclusivement  au  moyen 
âge.  Condamnée  implicitement  au  xvn^  siècle  par 
Bignon,  qui,  sans  s'expliquer  davantage  à  ce  sujet, 
substitue  à  la  thèse  ancienne  une  théorie  nouvelle 
(§  26)  ;  elle  est  reprise  encore  dans  une  certaine 
mesure  ultérieurement,  réveillée  par  Montesquieu 
(§  34),  relevée  par  Naudet  (§  44),  admise  acces- 

12.  Du  Gange,  Glossarium,  v»  Jusiitia, 


52  £A  IVdnCB  PElVlfE 

Mîi^emeût  par  Boutaric  (§  58),  par  H.  Fuatel  de 
Goulanges  (§  62)  et  par  H.  Flach  (§  65). 

YL  La  Mumdeburds  royale. 

§  1 5.  —  Les  expressions  immunitas^  defensio^ 
tuitio,  mundeburdium  ou  mundeburdis^  qui  figurent 
souvent  dans  les  qualifications  appliquées  au  pri- 
vilège, ne  sont  pas,  nous  Pavons  dit  (§  6),  tout  à 
fait  équivalentes,  quoiqu'elles  semblent  dans  ces 
qualifications  présentées  parfois  à  peu  près  comme 
telles.  La  dernière,  sous  les  deux  formes  mundebur- 
dium^ mundeburdis,  est  du  reste  beaucoup  plus 
rarement  employée  que  les  autres*.  Toute  réserve 
faite  pour  l'effacement  graduel  de  sa  significa- 
tion originaire,  comme  nous  le  montrerons,  dans 
des  diplômes  où  son  introduction  a  pu  finir  par 
n'être  plus  à  la  longue  que  de  style  seulement,  il 
y  a  lieu  de  se  demander  quel  était  en  principe  le 
sens  propre  de  cette  locution,  et  jusqu'à  quel 
point  ce  sens  primitif  a  pu  s'altérer,  dans  les  con- 
ditions que  nous  venons  d'indiquer. 

Les  deux  expressions  defensio  et  tuitio  se  corn- 

1.  Dans  les  196  diplômes  d'immunité  que  nous  avons 
empruntés  au  Gallia  christiana  (L'Immunité,  1882,  §  2), 
Texpression  mundeburdium  est  employée  8  fois  seulement  et 
Vexpression  immunitas  77  fois  pour  désigner  le  privilège. 
Dans  les  178  diplômes  d'immunité  tirés  du  Beichs  arehiv  de 
Lunig,  il  ne  s'en  trouve  que  18  mentionnant  le  mundebur" 
dium;  dans  les  202  diplômes  eztraiU  des  Antiquitates  Italie» 
de  Muratori,  22  ;  et  une  dizaine  dans  les  Diplomata  mercwtn- 
gica  de  Pertz. 


prernieot  aisément.  Elles  ont  un  caractère  général, 
une  signification  un  peu  flottante  sous  laqudle 
peuvent  se  ranger  diverses  idées  particulières.  II 
ne  parait  pas  devoir  en  être  au  fond  de  même  des 
mots  immunitas  et  mundeburdium  qui  correspon- 
daient originairement  à  des  notions  spéciales, 
distinctes  et  parfaitement  précises.  L'immunité, 
immumtaSy  était,  avant  tout,  Tinterdiction  oppo- 
sée à  tout  ofScier  public  de  pénétrer  pour  Tac- 
compUssement  d'un  acte  quelconque  sur  le 
domaine  privilégié  (§5).  La  mundeburde  royale, 
numd^mrdis,  mundeburdium ,  était,  conune  son 
nom  rindique,  un  régime  fondé  sur  le  mundium 
du  roi.  Nous  avons  dit  ce  que  c'était  que  le  m«ii- 
Hum  (§  12).  La  mundeburde  royale  était  origi- 
nairement une  institution  en  vertu  de  laquelle  la 
joridictioD  sur  ceux  qui  jouissaient  de  ce  privilège 
8e  trouvait  transportée  des  juges  publics  au  roi 
lui-même  et  aux  officiers  exerçant  près  de  lui  ce 
qu'on  appelait  la  justice  du  palais,  palatium. 

L'immunité  et  la  mundeburde  étaient  en  prin- 
cipe, on  le  voit,  des  institutions  tout  à  fait  dis- 
tinctes et  indépendantes  l'une  de  l'autre.  Elles 
appartenaient  même  dans  leurs  origines  à  des 
temps  différents.  La  mundeburde  était,  on  a  lieu 
de  le  croire,  plus  ancienne  que  l'inununité.  Plus 
tard,  cependant,  associées  l'une  à  l'autre,  elles 
tendent  à  se  confondre.  Dans  cette  confusion,  il 
convient  de  le  constater,  c'est  la  mundeburde  qui 
change  gradueUement  de  «caractère.  Associée  à 


M  LA  jcsaa  nifis 


rimmainté,  la  mnDdeburde  royile  ne  tarde  pas  à 
perdre  sa  portée  originaire^;  ce  qui  indique  dans 
son  régime  on  affidblissement  d'où  découle  Fef- 
tàoemeùL  de  esract^^  que  nous  signalons,  ten- 
tât, en  effist,  elle  n'a  plus  pour  coDséquaace  la 
substitution  complète  de  la  juridiction  du  roi  à 
celle  des  juges  puUics  en  faveur  du  privil^é. 
EDe  ne  donne  plus  à  ce  darnier  que  la  faculté  de 
réclamer  acddentellement,  dans  certains  cas,  cette 
substitution.  Bien  plus,  Toubli  rapide  du  -sens 
propre  de  l'expression  tnundehurdium  ou  munde- 
burdis  permet  de  penser  que  ce  recours  accidentel 
au  roi  était  peu  fréquent,  de  plus  en  plus  rare 
probablement,  et  qu'il  a  pu  tomber  graduellement 
dans  une  sorte  de  désuétude.  Ce  ne  sont  pas  là  de 
pures  suppositions.  Les  faits  justifient  ces  asser- 
tions, comme  il  est  aisé  de  le  constater. 

2.  Les  chartes  de  Tabbaye  d'Anisole  permettent  d'observer 
la  marche  suivie  par  ces  modifications.  Deux  de  ces  chartes 
des  années  528  et  546  montrent  la  mundeburde  royale  pro- 
duisant, ce  senible,  tous  ses  effets  ainsi  définis  :  «  Quaprop- 
c  ter...  jubemus  ut  neque  vos  (judices  publici)  neque  succès- 
c  sores  vestri  nec  aiiquis  de  fideiibus  nostris  in  causas  aut 
<  in  rébus  ipsius  sancti  viri  ingredere  non  prœsumatis.  ■ 
(Charte  de  528,  dans  Pertz,  Diplomatum  t  I,  p.  3,  n*  2.) 
c  Quapropter  jubemus  ut  neque  vos  neque  juniores  vestri  aut 
a  successores,  vel  missi  de  palatio  nostro  discurrentes...  nec 
c  condemnare  necinquietare...  non  praesumatis.  b  (Charte de 
546y  ibidem,  1. 1,  p.  6,  n«  4.)  —  Dans  deux  chartes  ultérieures 
de  562  et  681,  il  n'en  est  plus  de  môme.  La  défense  de  juger, 
condemnare,  n'y  est  pas  absolue,  mais  réduite  à  certains  cas, 
comme  on  peut  le  voir  par  les  extraits  de  ces  chartes  donnés 
dans  la  note  1  du  paragraphe  suivant  . 


ET  L'aofoimnf.  S  16.  m 

§  16.  -^  Poar  ce  qui  est  du  recours  non  per- 
maneut  coaune  à  rorigiue,  mais  fN^emeut  acd- 
dentel  du  privilégié  à  la  justice  du  roi,  en  vertu 
de  b  mundeburde  assodée  à  rioiimumté,  certains 
diplômes  où  les  deux  privilèges  sont  mentionnés 
expressément  montrent  que,  dans  cette  combi- 
naison, loin  de  substituer  absolument  à  la  juri-^ 
diction  des  oi&eiers  pubUcs  celle  du  roi,  c'est-è- 
dire  au  jugement  du  mallum^  le  jugement  du 
palatûim^  la  mundeburde  royale  n'entraîne  ce 
déplacement  de  compétence  que  dans  certains  cas 
seulement,  où  le  privilégié  a  la  faculté  de  se  sous* 
traire  exceptionnellement  ainsi  à  la  juridiction 
ordinaire  des  officiers  publics,  et  de  recourir  à 
celle  du  palais,  au  jugement  du  roi. 

Les  conséquences  modifiées  de  la  mundeburde 
royale  s'accusent  en  ces  termes  dans  des  chartes 
des  VI*,  vn®  et  vm®  siècles,  où,  la  mundeburde 
étant  formellement  associée  à  Timmunité,  il  est 
dit  que,  pour  cette  raison-,  dans  certains  cas  où 
une  cause  intéressant  le  privilégié  ne  saurait  être 
jugée  au  mallum  sans  préjudice  pour  lui,  cette 
cause  devra  être  réservée  à  la  juridiction  du  palon 
tum,  c'est-à-dire  à  celle  même  du  roi  ou  des  offi- 
ciers de  son  palais^. 

i.  c  Crallns  abbas...  ezpetiit  nt  eum  et.,  monasterinm 
«  (Âniflolam). . .  mandeburdio  noatro  recipere  deberemns.  Qna- 
c  propter...  liceat  eis  «ah  sermone  nostne  taitioais  vel  snb 
c  emunitate  nostra  quietos  Yivere...  et  si  aliqnaB  causa» 
c  adveream  ipsum  monastoriam...  surrexerint  (quas)  a  yobis 
c  (judic.  pnbl.)  aut  jnnioribus  yestris  absque  eorum  iniqao 


56  tk  josncE  nuvtfB 

Si,  après  s'être  modkiée,  la  mundeborde  royale 
associée  à  rimmuDité  avait  eu,  comme  à  l'origine, 
pour  conséquence  de  substituer  complètement  à 
l'égard  de  ceux  qui  jouissaient  de  ce  privilège  la 
juridiction  du  roi  à  celle  des  juges  publics,  le 
jugement  du  palatium  à  celui  du  tnallum,  il  n'y 
eût  eu  aucunement  lieu  de  stipuler,  ainsi  que  nous 
venons  de  le  voir,  cette  substitution  pour  les  cas 
spécialement  où  le  jugement  au  mallum  semble* 
rait  devoir  être  préjudiciable  aux  intérêts  du  pri- 
vilégié. Ces  dispositions  prouvent  que  tout  au 
contraire  celui-ci,  malgré  la  mundeburde  royale 

«  dispendio  terminatas  non  fuerint,  usque  in  presentia  nos- 
«  tra  omnimodis  servetur  et  ibidem  finidyam  sententiam... 
c  debeant  accipere...  »  —  562.  Ghilperici  régis  diploma  pro 
Ânisolensi  monasterio.  —  Pertz,  Diplomatum  i,  I,  p.  12, 
n*  9. 

a  ...  Liceat  eis  sub  sermone  tuitionis  nostrœ  vel  sub  emu- 
c  nitatis  nostre  quietos  vivere...  Et  si  alignas  causas  adver- 
«  sum  ipsum  monasterium  aut  mitio  ipsius  abbatis,  ortas 
«  fuerint  aut  surrexerint,  quas  a  vobis  aut  junioribus  yestris 
«  absque  eorum  iniquo  dispendio  terminatas  non  fuerint, 
a  manu  eorum...  (et)  vestra  quousque  in  presentiam  nostram 
c  omnimodo  servetur,  et  ibidem  finitivam  sententiam  per 
ff  legem  et  justiciam  debeant  accipere...  »  —  681.  Tbeoderici 
régis  diploma  pro  Anisolensi  monasterio.  —  Pertz,  Diplo- 
matum t.  I,  p.  45,  no  50. 

«  Et  si  taies  causœ  adversum  ipsum  Dubanum  (abbatem) 
ff  aut  homines  suos  prseceperint  aut  ortœ  fuerint,  qusB  in 
c  pago  absque  suo  iniquo  dispendio  recte  definitœ  non  fue- 
«  rint,  nos  omnimodis  jubemus  ut  sint  suspense  \el  reser- 
«  vats,  et  postea  per  nos  pro  lege  et  justicia  finitivas  acci* 
«  plant  sententias.  »  —  748.  Pippini  majoris  domûs  diploma 
pro  Hohenaugiensi  monasterio.  •—  Pertz^  ÎHplomatum  t.  I, 
p.  105,  n«  20. 


iT  L^umuaiTl  I  46.  57 

modifiée,  aussi  bien  que  malgré  Fimmunité  qui  le 
oouvrai^t,  oontinuait  à  ressortir  dans  les  cas  ordi- 
naires à  la  juridiction  des  officiers  publics,  à  la 
justice  du  comte,  au  tribunal  du  nuMum  pro- 
vincîaK 

Il  est  permis  de  conclure  de  là  qu'en  fait,  dans 
les  privilèges  où  eUe  est  associée  à  Timmunité,  la 
mundeburde  royale,  après  certaines  modifica* 
tiens,  ne  supprimait  pas  absolument  la  juridiction 
des  officiers  publics  sur  le  privilégié,  mais  per- 
mettttt  seulement  à  celui-ci  de  décliner  exception- 
neilanent  cette  juridiction,  dans  certains  cas, 
pour  recourir  à  la  justice  du  roi  lui-même,  exercée 
au  palatium. 

§  17.  —  Dans  son  association  à  l'immunité,  la 
mundeburde  royale,  nous  venons  de  le  constater, 
ne  donne  bientôt  plus,  comme  nous  Tavions 
aDDoncé,  au  privilégié  que  la  faculté  de  recourir 
accidentellement  et  dans  certains  cas  seulement 
à  la  juridiction  du  roi.  Nous  avions  ajouté  que, 
de  plus,  ce  recours  devait  être  rare  et  de  moins 
en  moins  fréquent,  et  qu'à  la  longue  il  avait 
enfin  dû  tomber  tout  à  fait  en  désuétude.  Ces 
oondusions  résulteraient,  avions-nous  dit,  de  cette 
observation  que  le  sens  propre  du  mot  munde^ 
hurdium  se  perd  rapidement.  La  signification  de 
cette  expression  parait  en  effet  de  bonne  heure 
assez  flottante,  et  elle  se  modifie  à  ce  point  qu'on 
finit,  ce  semble,  par  ne  plus  savoir  à  quoi  elle 
répondait  dans  le  principe.  Il  faut  bien  pour  cela 


58  u  jumgb  nnin 

que  rinstitutioo  elle-même  ait  été  oubliée  et  qu'a* 
près  avoir  été  de  moiiift  en  moiaa  mise  en  jeu» 
elle  ait  graduellement  à  peu  près  disparu.  On  ne 
saurait  guère,  en  présence  de  tek  faits,  se  refuser 
à  reconnaître  la  légitimité  de  ces  inductions. 

Les  documents  oit  se  trouve  mentionnée  la  mun- 
deburde  royale  ne  sont  pas,  nous  l'avons  fait 
observer,  très  nombreux.  Leur  rareté  estd*accord 
^vec  les  considérations  qui  précèdent.  Nous  avons 
relevé  une  soixantaine  seulement  de  documents 
ainsi  caractérisés  parmi  un  millier  de  diartes 
d'immunité,  dans  un  dépouillement  méthodique 
des  collections  du  Gallia  chrisHanaf  des  DipUmûxta 
merovingica  de  Pertz,  du  Reichs  arehiv  de  Lunig 
et  des  Antiquitates  italicm  de  Muratori  (§  15, 
note  1). 

Nous  y  trouvons  l'expression  mundeburdium 
rapprochée  de  celles  de  defensto,  tuitiOy  tutela^ 
jus  imperatofisy  immunitas:,  dans  des  énumérations 
dont  voici  des  exemples  :  9ub  imperatoris  munde- 
burdio  et  defenmne^  8311  ;  wb  immunitate  et  mutir- 
debufdio,  898;  mb  régis  tuitionis  defensione  et 
mundeburdio,  920;  sub  régis  tutela  et  mundeburdiOj 
988  ;  sub  régis  jure^  mundeburdio  et  defensimôj 
1013.  Dans  ces  exemples,  dont  on  a  des  spéci- 
mens répartis  entre  les  dates  extrêmes  de  800  à 
12313,  la  mundeburde  royale  pourrait  bien  s'en* 
tendre  parfois  avec  son  sens  propre,  déjà  modifié 
cependant  conformément  aux  observations  que 
nous  avons  faites  tout  à  l'heure  sur  sa  portée  res- 


freiiite,  quand  elle  est  associée  à  rimmunité  (§16)  ; 
ma»  souvent  aussi,  en  raison  de  la  désuétude  évi» 
dente  qui  attdnt  de  bonne  heure  c^te  institution, 
la  mention  qu'on  en  trouve  ne  doit  plus  être  pro* 
bablement  que  de  style  seulement,  crasme  cela  a 
lieu  dans  hôa  nombre  des  documents  où  elle  est 
nommée,  à  partir  du  x*  siède  notamment  et 
même  plus  tôt  peut-être. 

De  très  bonne  heure,  l'expression  mimd^f^ 
dium  perd  sa  signification  précise,  et  on  la  voit 
employée  conune  Téquivalent  à  peu  près  de  celles 
qui  sont  simplement  rapprochées  d'elle  dans  des 
énumérations  c<»nme  celles  que  nous  venons  de 
signaler.  Ainsi,  on  trouve  mundelmrdium  aive 
iefensio  en  773  et  en  850;  mundeburdium  vel  tui- 
tiodès  528;  mundeburdium  vel  immunitae  en  5S8, 
546,  56S,  681  ^  Dans  ces  locutions,  l'expression 

1.  «  Liceat  eis  per  haac  auctoritatem  a  nobis  firmatam, 
•  sub  immunitatis  nostrm  tuitione  vel  mundeburde  quietos 
«  resedere...  »  —  528.  Ghildeberti  régis  diploma  pro  Aniso- 
iensi  monasterio.  -*-  Pertz,  Diplomatum  1. 1,  p.  3,  n*  2.  —  Dans 
ce  texte,  il  faut  lire,  cToyons-oous,  non  pas  sub  tuitione  vel 
mundeburde  immunitatis  nostrg,  mais  sub  tuitione  immunitatis 
fuatras  vel  mundeburde,  c'est-à-dire  sub  immunitate  nostra, 
«d  mundeburde.  Cette  appréciation  eat  justifiée  par  troia 
aaties  chartes  données  à  la  même  abbaye  par  les  rois  Ghii- 
debert  en  546,  Ghilpéric  I*»  en  562,  Théodoric  m  en  681  ; 
d'où  ressort  l'équivalence  des  locations  sermo  tuitionis  régis, 
nmndeburdis,  et  immuniUu,  rapprochées  dans  cette  fonmde 
que  les  trois  documents  reproduisent  d'une  manière  à  peu 
près  identique  :  c  Âbba  de  monasterio  Anîpola  expetiit  ut 
<  monastarium  sub  strmone  tuitionis  nùstrs  vel  mundeburde 
«  redpere  deberemus...  quapropter  liceat  sub  senmme  lui* 


M  Ul  jiotigb  nmfB 

mundeburdium  ne  peut  avcw  âé  présentée  oonune 
réquivaleot,  ou  à  peu  près,  des  mots  defensio^ 
tuUio,  immunitas^  qu'à  la  condition  seulement 
d'avoir  perdu  la  précision  et  la  spécialité  de  son 
sens  originaire. 

Dans  d'autres  cas,  cette  modification  de  sens 
s'accuse  d'une  manière  plus  sensible  encore  par 
l'emploi  du  même  mot  mundeburâtum  avec  le 
sens  propre  des  mots  dont  il  semble  pris  conmie 
l'équivalent  dans  les  exemples  précédents.  On 
trouve  mundeburdium  defensionis  sous  les  dates 
de  898, 992, 1 022,  1 177,  au  lieu  de  dêfeMW  mun- 
deburdii  dont  on  a  des  exemples  de  683,  v.  870, 
896, 1 007.  On  trouve  mundeburdium  tuitianis  sous 
les  dates  de  943,  1055,  1177,  au  lieu  de  tuitio 
mundeburdiij  dont  on  a  des  exemples  de  896, 
1 1 1 7.  On  trouve  mundeburdium  imperialis  prateo- 
tianis  sou$  la  date  de  1 055,  au  lieu  de  protectio 
mundeburdii  donné  sous  la  date  de  1177. 

Dans  ces  dernières  locutions,  le  mot  mundebur- 
dium prend  le  sens  général  et  assez  vague  de 
défense,  garde,  protection,  qui  est  celui  des  mots 
defensiOj  tuitio,  protectio  y  auxquels  il  est  substitué, 
au  lieu  du  sens  précis  et  tout  spécial  de  la  mun- 
deburde  royale,  auquel  seul  il  répondait  originai- 
rement. Le  changement  d'acception  avec  passage 
d'une  signification  particulière  à  une  signification 
générale  est  encore  plus  marqué  dans  la  locution 

«  iùmis  nostr»  vel  sttb  emunitate  nostra.,,  vivere.  »  *—  Pertz, 
Diplomatum  1. 1,  p.  6,  i2,  45. 


nmndihuriiwm  imnmintaHê^  <pi'on  trouve  mAs  les 
dates  de  843,  850,  879^  et  qui  ae  peut  signifier 
que  la  défense  ou  protection  résultant  de  rimoiilH 
nité.  lie  iiiot.iiMiiMleiiffdMMi  ii*a  évidemmept  plus 
kâ  que  cette  signification  d'un  caractère  général, 
et  ne  curespond  plus  du  tout  à  la  mundeburde 
wjdit  et  à  ses  CQnsé(]piences  de  juridiction  exoep-» 
tîoondle  réservée  au  roi.  A  plus  forte  raison  en 
est-il  encore  ainsi  de  Temploi  du  même  mot  pour 
exprimer  par  exemple  la  protection  d*un  saint 
patron,  sub  mundeburdio  et  defensione  sancti  Petri^ 
dans  un  diplôme  de  Fabbaye  d'Andlau,  de  916^, 
où  il  D*est  certainement  pas  question  de  substituer 
la  juridiction  de  saint  Pierre  à  celle  des  juges 
publics. 

On  se  rappelait  alors  si  peu  ce  qu'était  jadis  la 
mundeburde  royale  qu'à  la  fin  du  x*  siècle,  dans 
une  diarte  de  961 ,  donnée  par  Otto  P'  à  l'église  de 
Mbden,  le  souverain  déclare  que  sa  mundeburde 
royale  place  les  bommes  de  cette  église  sous  la 

2.  t  Sub  nostr»  immunitatù  mundeburdio  ponimas.  » — 843. 
Lotharii  imp.  diploma  pro  Arelinensi  eoclesia.  —  Moratori, 
AfUiquiL  lUU.,  t.  T,  p.  941. 

t  Sub  nostrs  luitùmU  et  immuniUUis  mundeburdio  recepi- 
mus.  9  —  850.  Garoli  régis  diploma  pro  Lemoyicensi  ecclesia. 
—  Gallia  ehristiana,  t.  II,  Instnim.  p.  166. 

c  Sub  nostrs  immunitatis  mundeburdio  pooimos  ac  confir- 
mamtia.  »  —  879.  Garoli  régis  diploma  pro  Aretinensi  eccle- 
sia. -*  Moratori,  Àntiquit  Ital.,  t.  V,  p.  943. 

3. 916.  Garoli  régis  diploma  pro  £leoneiisi#ioiia8torio.  — 
Lnnig,  Reichs  archiv.  SpUsileg,  ecdesùui.,  t.  Vn,  pars  2, 
p.  119. 


(9  LA  JUflnCE  f iiffs 

juridieliaii  de  Févéque  et  de  ses  oflBciers^.  La 
muodeburde  du  roi,  mundeburdium  régale,  loin 
d^emporter  ici  le  droit  de  ressortir  à  la  juridictioD 
royale,  implique  simplement  celui  d'être  soumis 
à  une  juridiction  privilégiée,  celle  dans  ce  cas  d*an 
évéque.  Le  privilège  n'est  plus  autre  diose  dans 
ces  termes  qu'une  concession  ou  confirmation  de 
juridiction  à  cet  évéque;  ce  qui  diff^  notable- 
ment d'une  concession  de  la  mundeburde  du  roi. 

§  18.  —  Arrêtons-nous  dans  cet  examen.  Il 
permet  de  constater  l'efTacement  graduel  du  carac- 
tèrc  originaire  de  la  mundeburde  royale,  à  partir 
du  moment  où  on  la  voit  associée  à  rinununité  ; 
raffdiblissement  dans  ces  conditions  du  régime 
auquel  correspond  l'institution  ;  la  désuétude  enfin 
où  elle  tombe,  jusqu'à  produire  l'oubli  du  sens 
propre  longtemps  attaché  à  son  nom,  mundebur- 
dium. Ces  résultats  sont  d'accord  avec  le  fait, 
reconnu  d'ailleurs  d'après  des  témoignages  posi- 
tifs, que  pendant  cette  période  d'amoindrisse- 
ment la  mundeburde,  dans  son  association  à 
l'immunité,  n'a  bientôt  plus  sa  signification  abso- 
lue originaire,  mais  une  signification  restreinte; 
et  que,  dans  ces  termes,  le  privilège,  avant  de 
perdre  toute  valeur,  n  implique  la  mise  en  jeu  de 

4.  «  Hominibos  ttooaslaii  mundebnrdiom  el  taidonem 
«  iMMtlrau  coQslilQimus,  ni  conin  nuiU  jadkiam  potoBUte 
«  «"xandotMitu^  nisi  oortm  efùsoopo  aut  «dToetlo  qnem  ele- 
«  ^U..  »  -•  Laoifr.  Mdb  «rvAtr*  J^No^icy.  êœUsimsi.,  t.  Ili, 
par»  l>  p.  !«, 


kl  juridiGtion  royale  que  d'une  manière  aociden^ 
telle,  et  dam  certains  cas  seolemeat  {%  16). 

Alt  point  de  vue  de  la  présente  étude,  nous 
tirerons  de  ces  considénitioos  et  des  parlkmiarités 
qui  les  motivent  cette  conclusion  :  que  la  munde* 
bnrde  royale,  modifiée  dans  son  association  à 
rimnounité,  n'iaiplique  pas  plus  la  suf^ression 
absolue  de  la  juridiction  ordinaire  des  juges  publics, 
crantes  et  autres,  pour  y  substituer  la  justice 
directe  du  roi  au|»a{aliiim,  que  ne  le  fait  l'immu- 
nité elle-même  pour  instituer  à  sa  place  celle  des 
juges  privés,  agents  du  possesseur.  La  munde- 
burde  oppose  seulement  à  Taction  des  juges  publics 
quelques  exceptions  qui  limitent  et  suspendent 
dans  certains  cas  leur  compétence  à  Tégard  du 
privilégié  ;  situation  qui  semble  même  ne  s'être 
pas  beaucoup  prolongée,  et  qui  ne  supprime  nul- 
lement leur  juridiction*  Ce  résultat  est  analogue  à 
celui  de  l'immunité  elle-même,  dont  l'objet  était 
surtout,  rappelons-le,  d'interdire  aux  officiers 
publics  de  pénétrer  dans  le  domaine  privilégié  ; 
interdiction  qui  comprenait  celle  d'y  tenir  leurs 
plaids.  L'immunité  ne  contenait  rien  de  plus  tou- 
diant  l'exercice  de  la  juridiction,  laquelle  n'était 
par  là  nullemait  enlevée  aux  juges  publics,  pour 
être  attribuée  aux  juges  privés. 

VU.  La  Justice  privée. 

§  1 9«  «^  Nous  pouvons  regarder  c0mme  acquise 
la  démonstration  de  ce  fait  que  ni  l'institution  de 


64  hk  insmcB  PBiviB 

riminiiBitét  ni  l'adjonctioa  qui,  dans  certains 
termes,  a  pu  lui  être  faite  parfois  de  la  mundeburde 
royale  ne  visent  à  supprimer  la  juridiction  des 
juges  publics.  Q  ne  résulte  de  la  dernière  que  la 
substitution  accidentelle  des  juges  du  palais  à  eux  ; 
mais  de  la  première  on  ne  peut  déduire  rien  d'anar 
logue  au  bénéfice  des  juges  privés,  ni  à  plus  forte 
raison  lui  attribuer  le  remplacement  absolu  des 
juges  publics  par  ceux-ci,  et  y  voir  par  conséquent 
aucMne  concession  ni  institution  de  justice  privée. 
L'interdiction  notamment  aux  juges  publics  de 
tenir  leurs  plaids  dans  les  domaines  privilégiés 
n'a  pas  cette  signification  ni  cette  portée,  et  n'est 
autre  chose  que  le  rappel  et  la  confirmation  en 
termes  plus  absolus  d'une  prescription  de  droit 
commun  qui  ne  leur  laissait  pas  la  faculté  de  tenir 
plaid  à  leur  gré  dans  un  lieu  appartenant  à  un  par^ 
ticulier,  et  ne  leur  permettait  de  le  faire  que 
moyennant  l'autorisation  du  maître  ou  possesseur 
de  ce  lieu  (§  \%). 

L'immunité  laisse  donc  à  peu  près  intacte  la 
justice  ordinaire  rendue  par  les  officiers  publics 
(§  1 3)«  Quant  à  la  mundeburde  royale,  associée  à 
l'immunité  et  de  bonne  heure  modifiée  dans  cette 
association,  elle  atteint  un  peu  il  est  vrai  la  jus- 
tice des  officiers  publics  en  raison  du  droit  qu'elle 
confère  au  privilégié  de  réclamer  exceptionnelle- 
ment, dans  certains  cas,  la  justice  du  roi;  mais 
quelque  étendue  que  l'on  accorde  à  cette  faculté, 
probablement  fort  réduite  dans  la  pratique  — 


D  LinnniRi.  S  19.  m 

ravow  montré  (|g  45  à  18)  —  od  M  «M- 
rat  k  coiBkléi«' oonune  înipliqiiaiit  k  sappr^^ 
de  la  jostioe  ordinaire  exercée  par  le  comte  et  par 
les  antres  oflBksiers  pubUca  de  josHoe.  Elle  ne 
donne  en  tout  cas,  pas  plus  que  Timmunilé  elle» 
même  par  ses  intordictioos«  —  nous  insistons 
sisr  ce  fiât  —  aucun  droit  nouveau  de  juridietion 
an  possesseur  privilégié  ni  à  ses  agents  et  ctSckn 
partîculiera. 

De  ces  diverses  ccMDsîdéralions  ressort  cette  con- 
séquence que  rimmunité  n'avait  pas  du  tout  pour 
bot  et  ne  pouvait  avoir  pour  résultat  direct  d'intro- 
duire des  innovations  essentielles  dans  le  régime 
de  k  justice;  que  surtout  elle  n'emportait  nulle- 
ment constitution  de  la  justice  privée  aux  mains 
des  grands  possesseurs  et  de  leurs  agents.  Son 
objet  tout  autre  était  de  garantir  ces  possesseurs 
contre  l'intrusion,  et  les  exactions  qui  s'ensui- 
vaient, des  comtes  et  autres  officiers  publics  dans 
les  domaines  couverts  par  le  privilège.  Yoik  ce 
qa'était  l'immunité  dans  scm  principe.  Elle  a  pu 
devenir  par  la  suite  l'occasion  d'importantes 
acquisitions  au  profit  des  possesseurs  qu'elle  pro- 
tégeait, et  le  point  de  départ  d'empiétements 
accomplis  par  eux  au  delà  et  en  dehors  de  leurs 
droits  légitimes.  La  justice  patrimoniale,  qui  était 
antérieurement  déjà  un  de  ces  droits,  a  dû  à  l'im- 
munité un  affranchissement  immédiat  et  un  essor 
ultérieur  qui  ont  pu  favoriser  à  la  longue  la  cons- 
titution de  la  justice  privée;  mais  c'est  là  une 

XLYII  5 


u  u  jvmcM  nivtfs 

questioD  dont  nous  n'avons  pas  à  nous  occuper 
maintenant.  Nous  l'avons  étudiée  ailleurs^.  Nous 
n'avons  pas  ici  en  vue  le  développement  des  faits 
qui  par  la  suite  ont  pu  aider  à  la  constitution  de 
la  justice  privée,  mais  l'origine  seulement  de  cette 
institution,  et,  en  particulier,  la  part  qu'on  a  pré- 
tendu y  assigner  à  l'immunité, 

§  20.  —  La  justice  privée  ne  vient  pas  deTîna- 
munité.  Telle  était  déjà  la  conclusion  de  notre 
premier  travail  (1882).  L'opinion  contraire  que 
nous  heurtions  nécessairement  ainsi  a  été  relevée 
dans  les  termes  les  plus  précis  par  un  savant  pro- 
fesseur qui  se  porte  le  champion  de  cette  opinion, 
c  H.  Âug.  Prost  pense  et  dit  très  clairement, 
c  ainsi  s'exprime  M.  Fustel  de  Cioulanges,  que  la 
c  juridiction  du  comte  était  maintenue  (malgré 
c  l'immunité).  Mon  opinion,  au  contraire,  ajoute- 
c  t-il,  est  qu'elle  était  supprimée,  sauf  un  cas  que 
c  j'ai  signalé^.  >  Ce  cas  était,  suivant  M.  F.  de 
Cioulanges,  celui  où  un  homme  du  domaine  était 
en  conflit  avec  un  étranger'.  Il  existe  des  textes 

0.  L'Immunité,  1882,  §§  18  à  27  :  Développements  ultérieurd. 

1.  R0vue  hûtorique,  1884,  t.  XXIV,  p.  359. 

2.  Voici  comment  le  cas  est  signalé  par  M.  F.  de  Cou- 
langes  :  a  Les  textes  ne  veulent  pas  dire  que  l'immuniste  et 
«  ses  hommes  échappent  pour  toutes  sortes  de  procès  et  de 
c  délits  à  la  justice  du  comte...  Les  textes  marquent  bien 
«  que,  dans  tout  conflit  entre  un  homme  du  domaine  et  on 
c  étranger,  la  juridiction  publique  subsiste.  Oôs  lors,  quels 

c  peuvent  être  les  cas  où  cette  juridiction  disparait? Il 

€  nous  semble  que  ce  sont  les  affaires  où  les  deux  parties 


ET  L'mnmntf.  g  âO.  67 

montrant  que,  après  oorame  avant  rimmunité,  le 
oomte  jageait  les  hoaimes  des  grands  domaines 
amenés  devant  loi  au  plaid  public  par  leur  maître, 
par  le  possesseur  lui-même  ;  mais  sans  qu'il  soit 
dit  nulle  part  qu'il  ne  dût  s'agir  dans  ee  cas  que  de 
conBit  entre  ces  hcHumes  et  des  étrangers.  La 
distinction  ^aMie  à  ce  point  de  vue  entre  les 
causes  caractérisées  ainsi  et  celles  qui  n'intéres- 
flaiatit  que  des  honunes  seulement  du  domaine  est 
une  simple  opinion  qui  procède  évidemment  du 
préjugé  préalable  que  l'immunité  implique  créa- 
tic»  de  la  justice  privée.  L'opinion  en  question 
ne  semble  d'ailleurs  pas  correspondre  à  la  réalité 
du  mécanisme  judiciaire  alors  en  vigueur. 

Dans  celui-ci,  en  effet,  se  manifeste>plut6t,  nous 
l'avons  vu,  la  distinction  entre  les  causes  qui,  en 
raison  de  leur  importance,  sont  réservée  aux 
juges  publics  et  celles  qui,  pour  le  motif  con- 
traire, sont  abandonnées  à  la  compétence  du  pos- 
sesseur (§  12).  Le  possesseur  décidant  des  petites 
causes  qui,  d'ancienneté,  relevaient  de  la  juridio- 
tioQ  patrimoniale,  le  juge  public,  le  comte,  jugeait 
avant  l'immunité  et  juge  encore  après  l'immunité 
les  causes  plus  importiuites,  dont  la  connaissance 
lui  appartenait  exclusivement.  Elle  lui  appartenait 
vraisemblablement,  on  n'a  aucune   preuve  du 

•  appartiennent  également  au  domaine  privilégié;  il  ne  se 
<  peut  agir  que  des  procès  issus  sur  le  domaine  lui-môme 
(  ou  des  délits  qui  y  ont  été  commis.  »  —  Étude  sur  {ïm- 
muTnUé  méravingimne,  1883,  p.  34,  35. 


68  LA  JU9TIGB  nUVifi 

contraire,  soit  qae  le  fait  concernât  les  hommes 
seulement  de  l'immunité,  soit  qu'il  intéressât 
aussi  des  étrangers.  Ni  dans  les  capitulaires  ou 
les  formules,  ni  dans  les  diplômes  d'immunité, 
on  ne  trouve  rien  qui  implique,  par  suite  du  pri- 
vilège, un  changement  quelconque  à  cette  situa- 
tion. Les  hommes  de  l'immunité  devaient  toujours, 
quand  le  cas  l'exigeait,  être  amenés  au  plaid  du 
comte  par  leur  maître,  que  la  cause  intéressât 
ou  n'intéressât  pas  un  étranger.  Cette  distinction 
n'est  formulée  nulle  part.  Il  n'importait  nullement 
non  plus  que  ce  plaid  (Ùt  oui  ou  non  interdit  au 
dedans  et  tenu  au  dehors  du  domaine  privilégié, 
en  vertu  d'une  disposition  de  l'immunité  qui  après 
tout  ne  faisait  guère  que  confirmer  à  cet  égara 
un  usage  antérieur  de  droit  commun  (§  12).  Il 
n'y  avait  rien  là  qui  dût  modifier  le  régime  de  la 
juridiction.  Gomment  ne  pas  le  reconnaître? 

On  hésite  à  le  faire,  parce  que  l'explication  géné- 
ralement admise  de  l'immunité  y  est  intéressée. 
Sur  la  signification  et  les  conséquences  du  privi- 
lège, on  a  peine  évidemment  à  s'affranchir  d'une 
opinion  acceptée,  non  sans  contradictions  du 
reste,  depuis  longtemps;  préjugé  invétéré  dont 
nous  montrerons  les  origines  et  le  caractère  véri- 
table. On  veut  que  l'immunité  ait  modifié  absolu- 
ment, supprimé  même  l'exercice  de  la  juridiction 
ordinaire.  Il  n'en  est  rien  cependant.  Les  consé- 
quences elles-mêmes  de  la  mundeburde  royale, 
associée  parfois  à  l'immunité,  n'ont,  en  raison  des 


réaenres  signalées  plus  haut  à  oe  sujet,  que  très 
înqMfffiâtemeDt  uoe  portée  de  ce  genre  (§g  4  5  à  4  8) . 
Elks  scxit  d'ailleurs  conformes  au  droit  général 
de  Tépoque  et  ne  constituent  nullonent  une  non* 
veauté.  Quant  à  Timmunité  proprement  dtte,  elle 
n'iimove  pour  ainsi  dire  en  rien  dans  ce  qui  touche 
à  la  juridiction  ;  comme  le  prouvent,  nous  Tavons 
montré,  l'examen  des  textes  et  le  rapproch^nent 
des  faits  qui  ooncernent  l'administration  de  la  jus- 
tice tant  au  dehors  qu'au  dedans  de  l'immunité, 
ou  en  les  considérant  soit  avant,  soit  après  l'ins- 
titution du  privilège  (§§  4SI,  43). 

Tdles  sont  les  considérations  qui  reconmiandent 
r(4>inion  à  laqueOe  nous  nous  rangeons.  Les  doD- 
nées  n'en  sont  pas  nouvelles;  il  nous  semble 
opportun  de  le  faire  remarquer.  On  en  trouve 
efiectivement  des  manifestations  plus  ou  moins 
déddées,  plus  ou  moins  nettes,  dans  les  déclara- 
tions de  quelques-uns  de  ceux  qui  se  sont  précé- 
demment occupés  de  la  question.  Il  n'est  pas  sans 
btérèt  d'en  signaler  les  indices  là  où  ik  se  ren- 
coDtrent.  Leur  redierdie  dans  les  travaux  de  nos 
devanciers  nous  permettra  de  reconnaître  en 
même  temps  l'origine  et  les  phases  de  développe- 
ment de  l'opinion  que  nous  combattons.  U  peut 
être  utile  de  voir  comment  cette  opinion  s'est  for- 
mée et  d'où  elle  vient.  Nous  allons,  après  l'exa- 
men de  certains  faits  qui  se  rapportent  au  même 
sujet,  procéder  à  cette  sorte  d'enquête  par  une 
analyse  des  écrits  consacrés  jusqu'aujourd'hui  chez 


70  LA  JD8TICI  PUTJB 

nous  à  cet  objet.  Après  ce  tra^il  de  reoomiais- 
sanoe,  noUs  poorrons  dégager  de  nos  observations 
des  vues  sur  l'histoire  et  sur  le  caractère  d'une 
opinion  qui  nous  semble  n'avoir  d'autre  fonde- 
ment qu'un  préjugé. 

yill.  L'Originb  de  la  Justice  privée. 

§  31 .  —  Sur  la  question  de  l'origine  de  la 
justice  privée  et  du  rôle  qu'on  y  attribue  à  l'im- 
munité, les  études  véritablement  critiques  ne 
commencent  guère  qu'au  xvn*  ^ècle.  Il  convient 
néanmoins  de  remonter  plus  haut  et  le  plus  loin 
possible,  dans  la  période  qui  les  précède,  pour 
constater  ce  qu'on  pensait  avant  ces  travaux  sur  le 
sujet  qu'ils  concernent,  et  pour  signaler  les  idées 
en  présence  desquelles  se  trouvent  placés  leurs 
auteurs,  au  moment  où  ils  abordent  la  difficulté. 

Nous  pouvons  saisir  l'opinion  à  cet  égard  dès 
le  xm^  siècle.  Elle  s'ofire  alors  à  nous,  dans  les 
considérants  d'un  jugement  du  prévôt  de  Paris  sur 
la  matière,  en  1S75.  Ce  jugement  reflète  une  doc- 
trine qui  règne,  d'accord  avec  les  préjugés  du 
temps,  jusqu'aux  premières  tentatives  d'analyse 
et  de  discussion  historique  des  textes.  Il  ne  peut 
être  jusque-là  question  que  du  point  de  vue  pure- 
ment pratique  dans  la  manière  de  considérer  les 
choses.  Ainsi  sont  conçues  les  théories  admises 
par  les  jurisconsultes  du  moyen  âge.  Nous  en  trou- 
vons encore  l'impression  dans  les  écrits  de  Loy- 


h'OÊmni.  S  M.  74 


seao  qui  ^^vait  aux  x?i*  et  xya^  aièdw.  Aux 
doctrines  exposées  en  pratîcieii  par  Loyaeau  too- 
oèdeDt,  à  court  intervalle,  les  théories  sdenti- 
fiques  de  Bignon  ;  lequel  appartient  par  sa  nais- 
sanoe  au  xvi*  siècle,  mais  déjà  au  xyvf  par  ses 
études.  On  saute  ensuite  de  ces  spéculations  à 
celles  de  Montesquieu  au  xvm*  siècle  ;  après  les- 
qadles,  pendant  la  dernière  partie  de  ce  même 
siècle,  on  rencontre  les  travaux  de  Mably,  de 
Hcoard,  de  Gourcy  ;  puis,  au  cours  du  xix*  siècle 
et  jusqu'à  notre  traips,  ceux  de  Naudet,  de  Par- 
dessus, de  Lehuërou,  de  Ghampionnière,  de  Sou- 
tane et  des  contemporains  enfin  avec  lesquek  la 
discussion  est  ouverte  aujourd'hui,  M.  Fustel  de 
Goolanges  et  M.  Flach  entre  autres. 

L'examen  des  ouvrages  de  ces  savants  satisfera 
à  l'objet,  que  nous  nous  proposons  maintenant,  de 
voir  quelles  idées  ont  été  successivement  admises 
par  DOS  prédécesseurs  sur  la  question  qui  nous 
occape^  Il  nous  montrera  par  quelles  phases  a 
passé  l'opinion,  défendue  encore  aujourd'hui,  que 
l'immunité  a  engendré  la  justice  privée.  Aupara- 
vant, le  jugement  de  4SI75  du  prévôt  dé  Paris 
nous  permettra  de  remonter  jusqu'aux  origines 
de  cette  opinion.  L'histoire  d'un  préjugé  est  un 

1.  Dana  notre  travail  de  1882,  nous  avons  rendu  compte 
des  idées  émises  sur  le  sujet  de  Timmunité  par  quelques 
auteurs  allemands,  Waita  et  Heusler  notamment  (L7mm«- 
mu,  1882,  §  8).  Le  cadre  de  la  présente  étude  n'est  plus  le 
même,  et  nous  nous  bornons  à  y  parler  des  opinions  reçues 
par  les  savants  firançais  exclusivement. 


n 


des  phis  «ère  waycoB  de  le  oombattre,  d'^nrecoii- 
nattre  le  ctfactère  et  d*en  démontrer  rioanité. 


IX.  LB8  JCBffinS  DU  XBI*  SIÈGU. 

§  22.  —  Nous  avoDS  annoDoé  tout  à  Theure 
(§24)  qu'en  remontant  jusqu'au  xm*  siècle,  on 
trouve  dans  un  jugement  de  1 275  la  plus  ancienne 
manifestation  que  nous  possédions  d'une  opinion 
précise  sur  le  rôle  attribué  à  Timmunité  dans  les 
origines  de  la  justice  privée.  Par  ce  jugement, 
Renaud  Barbou,  prévôt  de  Paris,  reconnaît  à 
l'abbé  de  Saint-Haur  le  droit  de  haute,  moyenne 
et  basse  justice,  et  décide  en  conséquence  la  remise 
entre  ses  mains  de  deux  honunes  accusés  de  fabri- 
cation et  d'émission  de  fausse  monnaie  sur  les 
terres  de  l'abbaye.  Le  prévôt  de  Paris  se  prononce 
ainsi,  sur  le  vu,  dit-il,  des  chartes  de  deux  rois 
contenant  qu'ils  donnaient  à  l'abbaye  tout  ce  que 
le  fisc  pouvait  réclamer  sur  ses  domaines^.  On 
ne  saurait  méconnaître  dans  ces  indications  la 
prise  en  considération  de  deux  chartes  d'immu- 

1.  «  Yisis  cartis  ecclesie  de  daobus  regibas,  in  quibus  cod- 
c  tinebatar  qnod  quidquid  fiscus  sperare  ant  exigera  poterel 
c  de  reboB  ecclesie,  totam  dicte  ecclesie  dabant  et  coacede- 
c  bant...  dictam  justitiam  dicto  abbati  reddidit.  >  La  men- 
tion de  ce  jugement,  de  1275,  est  transcrite  en  ces  tennes 
dans  un  pouillé  de  l'abbaye  de  Saint-Manr  rédigé  vers  1280, 
qni  se  trouve  aux  Archives  nationales  à  Paris  (LL  112, 
fol.  191  v^).  Ce  curieux  document  est  signalé  par  M.  Bou- 
tarie  dans  un  mémoire  intitulé  :  Le  régime  féodal,  etc.  — 
Retme  des  questions  historiques,  1875,  t.  XVDI. 


ET  h'namofi.  §  32.  7S 

nité  Gontenant  la  dause  de  conoession  des  droits 
du  fisc,  géoéralenieiiit  annexée  à  ces  diplômes 

(§8). 
dette  présomption  est  pleinement  oonfirmée 

par  les  faits.  M.  Boutaric,  à  qui  Ton  doit  la 
découverte  du  jugement  de  1275  dans  un  pouillé 
du  xm*  siècle  de  l'abbaye  de  Saint-Maur,  a  trouvé 
outre  ce  pouillé,  dans  les  layettes  des  Archives 
nationales,  les  deux  diplômes  en  question  accor* 
dés  à  l'abbaye  de  Saint-Maur,  l'un  par  l'empereur 
Louis  le  Débonnaire  en  816,  l'autre,  qui  n'est  que 
la  confirmation  du  premier,  par  le  roi  Charles  le 
Chauve  en  8i1  ^.  Les  deux  chartes  d'inunum'té,  de 
816  et  8i1,  contiennent  en  effet  la  concession  à 
Fabbaye  des  droits  du  fisc,  jus  fisci.  L'induction 
que  tire  de  là  le  prévôt  Renaud  Barbou  est  d'ail- 
leurs tout  à  fait  abusive.  Nous  savons  parfaitement 
ce  que  sont  les  droits  du  fisc  dont  il  est  fait  men- 
tion dans  les  chartes  d'immunité.  Ce  sont  certains 
revenus,  les  produits  notamment  des  freda  et  des 
trUmta,  abandonnés  ainsi  au  privilégié.  Le  prévôt 
de  Paris  déclare  que  ces  droits  sont  ceux  de  la 
juridiction  elle-même.  C'est  là  un  préjugé  de  son 
temps,  nous  le  montrerons  tout  à  l'heure  en  disant 
d'où  il  vient. 

2.  Les  deux  âiplômea  sont  consenrés  en  originaux  aux 
ArchiTes  nationales  à  Paris,  cartons  des  Rois,  K  8,  n«  3; 
•  K  9,  n*  9.  Ds  ont  été  publiés  plusieurs  fois,  notamment  par 
Dom  Bouquet  dans  le  Recunl  des  historiens  de  France,  t.  VI, 
p.  491,  et  t.  VIU,  p.  430.  Ces  documents  sont  signalés  par 
M.  Boutarie  dans  son  travail  sur  Le  régime  féodal. 


74  LA  JUSnCB  FUHà 

Nous  retiendroDB  de  l'argumentation  de  Renaud 
Barbou  cette  observation  seulement  que,  pour 
justifier  au  xm*  siècle  la  possession  de  la  justice 
seigneuriale»  la  haute»  moyenne  et  basse  justice, 
il  suffisait  de  produire  un  diplôme  d'immu* 
nité  rédigé  dans  les  termes  usités  aux  ym*  et 
ix^  siècles,  avec  la  clause  accessoire  de  la  conces- 
sion des  droits  du  fisc.  On  considérait  donc,  chose 
à  noter,  le  diplôme  d'immunité  comme  impliquant 
la  concession  de  la  justice  sur  le  territoire  privi- 
légié et  sur  ceux  qui  l'habitaient,  non  pas,  ainsi 
qu'on  l'a  fait  depuis,  à  cause  de  l'interdiction  aux 
juges  publics  de  tenir  leurs  plaids  sur  ce  terri- 
toire —  on  ne  pensait  pas  alors  à  tirer  de  celte 
interdiction  de  semblables  conséquences  et  nous 
savons  qu'elle  ne  les  comporte  pas  (§19)  —  mais 
à  cause  de  la  concession  des  droits  du  fisc  inter- 
prétée d'une  manière  abusive  et  comprenant  en 
réalité,  avec  un  caractère  purement  fiscal,  la 
simple  jouissance  de  certains  revenus,  de  ceux 
entre  autres  produits  par  la  perception  des  freda 
et  des  tributa. 

Nous  avons  fait  observer  précédemment  (§  4  4) 
que  ces  perceptions  fiscales  avaient  été  de  bonde 
heure  appelées  des  justices,  justitis^;  que  cette 
dénomination  leur  est  restée,  et  qu'elle  a  bien  pu 
n'être  pas  étrangère  à  l'idée  que  leur  jouissance 
impliquait  la  possession  de  la  juridiction.  Cette 
opinion  paraît  avoir  été  celle  du  prévôt  de  Paris, 
en  4  375.  Il  attribue,  en  effet,  à  l'abbaye  de  Saint- 


Ihur,  eo  vertu  de  son.arguni^atation  sur  la  con* 
oessioD  des  droits  du  fisc  attachée  à  rimmunité, 
DOD  pas  ou  simple  droit  fiscal  de  perception,  mais 
Tezerdce  même  de  la  juridictloD,  puisque  Taffiadre 
qu'il  décide  en  sa  faveur  concerne  la  poursmte  et 
la  saisie  de  deux  mal&iteurs  prévenus  de  crimes 
commis  sur  les  terres  de  Tabbaye,  ce  qui  est  un 
cas  de  haute  justice. 

§  23.  _  D'où  peut  venir,  à  la  date  de  1275, 
UDC  interprétation  de  Fimmunité  si  éloignée  de  la 
signification  originaire  du  privilège  ?  On  peut,  sui- 
vant l'observation  que  nous  venons  de  faire,  expli- 
quer cette  singularité  par  une  confusion  d'idées 
résultant  assez  naturellement  de  la  qualification  de 
justices,  justitiœ^  donnée  depuis  longtemps  aux 
perceptions  fiscales  des  fruits  de  la  justice  et  même 
des  produits  de  l'impôt.  Elle  peut  venir  aussi, 
pour  une  part  au  moins  croyons-nous,  de  cer- 
taines opinions  qui  avaient  cours  à  cette  époque 
sur  la  portée  du  privilège  d'immunité,  d'accord 
avec  les  développements  plus  ou  moins  abusifs 
graduellement  pris  depuis  trois  ou  quatre  siècles 
par  le  régime  qu'avait  enfanté  le  privilège. 

Nous  avons  consacré  à  l'explication  de  cette 
évolution  une  partie  de  notre  travail  de  1882^. 
Nous  y  avons  fait  ressortir  l'importance  acquise, 
dans  ce  mouvement  d'expansion,  par  les  dévelop- 

1.  V Immunité,  1882,  §g  18  à  27  :  Développements  ultérieurs 
de  rimmunité. 


76  LA  JDSnCB  niv^E 

pements  tout  particulièrement  donnés  à  la  conoes- 
»on  originaire  des  droits  du  iBsc,  jus  fisà^;  et  nous 
avons  montré  qu'on  avait  fini  par  attribuer  à  cette 
locution,  dont  la  signification  était  d'abord  assez 
étroite  et  limitée  à  la  perception  de  certains  reve- 
nus, éi  celle  eptre  autres  des  freda  et  des  tributa^ 
un  sens  de  plus  en  plus  large;  qu'on  en  était  venu 
enfin  à  la  considérer  comme  équivalant  à  celle  de 
regalia  jura.  La  justice  pouvait  être  réputée  un 
de  ces  droits  du  souverain.  On  voit  sur  quel  fond 
de  doctrine  reposait  l'appréciation  faite,  en  4S75, 
par  le  prévôt  de  Paris,  de  la  concession  du  jus 
fisci.  Il  y  avait  un  siècle  et  plus  peut-être  qu'à  la 
chancellerie  même  du  roi,  d'après  un  diplôme  de 
1465,  jus  fisci  était  considéré  comme  synonyme 
de  regalia  jura^.  Les  conclusions  du  prévôt  de 
Paris  n'ont  rien  qui  doive  nous  surprendre. 

Elles  nous  montrent  comment,  en  réalité,  l'im- 
munité a  pu  contribuer  à  l'établissement  des  jus- 
tices privées.  Ce  n'est  nullement,  nous  l'avons 
déjà  dit  ailleurs^,  en  vertu  d^  ses  dispositions 
propres,  ni  dans  l'esprit  de  son  institution  origi- 

2. 1dm,  §§  20  à  25. 

3.  Cette  interprétation,  dae  aux  empiétements  abusifs  des 
privilégiés,  s'était  accréditée  graduellement  à  ce  point  qu'elle 
était  acceptée  par  le  souverain  même  dont  elle  sapait  l'auto- 
rité. On  trouve  dans  le  diplôme  de  1165  donné  par  le  roi 
Louis  Vn  à  l'église  de  Narbonne  :  «  Quidquid  jus  fisci.,, 
c  exigere  poterat,  boc  est  omnia  regalia  Jura.,,  concedimas, 
«  etc.  I  —  Gallia  christiana,  t.  VJ,  Instrum.,  p.  44. 

4.  VImmunité,  1882,  §§  18  à  27. 


ET  h'mmvnai.  {23.  77 

Daire.  C'est  eo  conséquence  deis  développeiDents 
idtériears  du  régime  enfanté  par  elle,  et  en  raison 
de  la  portée  gradueltement  et  abusivement  attri- 
buée à  ses  données  premières.  Ces  remarques 
suiBsent  pour  expliquer  comment  l'immunité, 
tout  en  n'étant  peut-être  pas  étrangère  aux  déve- 
loppements de  la  justice  privée,  Test  au  moins  à 
son  origine. 

Nous  avons  insisté  sur  les  observations  que 
provoque  l'interprétation  erronée  donnée  au 
xm*  siècle  à  la  concession  des  droits  du  fisc  qui 
accompagne  souvent  celle  de  l'immunité.  On 
n'avait  pas  hésité  à  déduire  de  cette  concession 
odie  de  la  juridiction.  Nous  avons  dit  comment. 
L'erreur  était  favorisée  par  cette  particularité  que 
la  juridiction  était  en  même  temps  de  la  part  des 
souverains  l'objet  d'aliénations  formelles,  dont  on 
a  des  exemples  de  plus  en  plus  nombreux,  à  par- 
tir du  x*  siècle '^. 

L'aliénation  de  la  juridiction  n'était  donc  pas 
un  fait  anormal.  Elle  était  moins  fréquente  cepen- 
dant que  la  concession  del'inmiunité,  avec  laquelle 
on  en  vient  à  la  confondre.  Bien  des  intérêts  con- 
oouraienlf  à  produire  et  accréditer  cette  confusion 
consacrée  par  une  doctrine  dont  on  saisit  certains 
éléments,  dès  la  fin  du  xn*  siècle,  dans  le  diplôme 
royal  de  4165,  et  qui  arrive  à  constituer  en 

5.  Noas  en  avons  cité  plusieurs  sous  les  dates  de  974, 
V.  1108, 1124,  1131,  1142,  v.  1145,  U87,  1230.  —  L'Immu- 
mu,  1882,  §  8. 


78  LA  joftncB  nurriB 

qudqiie  sorte  un  axiome  de  droit  au  xfli*,  comme 
le  montre  le  jugement  de  1S75  du  prévôt  de 
Paris.  L'idée  de  la  concession  de  juridiction  reste 
ainsi  attadiée  conuBe  conséquence  à  la  concession 
de  l'immunité.  Cette  opinion  délaissée  ensuite  par 
les  juristes»  nous  le  dirons  tout  à  l'heure,  reparait 
un  peu  plus  tard  et  s'impose  comme  un  fait 
acquis  en  quelque  sorte  aux  historiens,  le  jour  où 
à  leur  tour  ils  abordent  enfin  ces  questions.  Elle 
se  produit  alors  avec  une  appréciation  nouvelle 
d^s  documents.  C'est  bien  toujours  l'immunité  qui 
est  ditron  la  source  de  la  justice  privée,  mais  ce 
n'est  plus  en  vertu  de  la  clause  de  concession  des 
droits  du  fisc.  Cette  conséquence  est  attribuée  à 
une  autre  clause  du  privilège,  comme  nous  le  dirons 
bientôt  :  théorie  nouvelle  qui  ne  fait  pas  oublier 
cependant  tout  à  fait  la  vieille  doctrine  du 
xm®  siècle.  Efiacée  pour  un  temps,  celle-ci  renaît 
à  un  certain  moment;  ses  conclusions  sont  encore 
acceptées  par  quelques-uns  aujourd'hui  (§  H). 

X.  LOTSEAU. 

§  34.  —  Avant  d'arriver  à  l'examen  des  tra- 
vaux d'érudition  inaugurés  par  Bignon,  il  convient 
de  nous  arrêter  un  moment  à  l'œuvre  d'un  homme 
dont  les  théories  nous  montrent  où  en  était  l'opi- 
nion sur  la  question  de  la  justice  privée,  lorsque 
la  critique  historique  commence  sur  ce  sujet  son 
œuvre  de  discussion. 


nr  i.'iiiiimnf.  {  24.  n 

LoTseaa,  «pii  a  véoa  juqo'»  1687,  now  oftre 
dans  ses  éerits  le  dernier  mot  des  juristes  du 
vrf  siède  sar  les  matières  seigneuriales.  Il  ne  se 
tanoe  pss  dans  les  considérations  histmques  et 
dans  Tanalyse  des  textes,  oomme  le  feront  bientftt 
ceux  qui  vont  le  suivre.  U  est  avant  tout  juri»* 
oûnnlte,  vise  aux  résultats  (Modiques  et  ne  se 
reAue  pas  aux  conceptions  systématiques.  Dans 
800  Troàé  des  seigneuries  j  il  s'explique  ample* 
meot  sur  la  justice,  sur  celle  des  seigneurs  soit 
laiqaes  soit  ecclésiastiques  naturellement,  mais  il 
s'oodi^  fort  peu  des  origines,  lesquelles  nous 
iotéresseiA  ici  surtout.  Son  système  n'est  du  reste 
qu'une  pure  conception.  La  seigneurie,  suivant 
lui,  remonterait  à  la  conquête  du  territoire  par 
les  Francs,  et  elle  comprendrait  deux  parties,  le 
fief  et  la  justice,  unis  dès  l'origine,  mais  avec  des 
caractères  différents.  Le  fief  serait  la  terre  donnée 
au  guerrier  après  la  conquête.  Quant  à  la  justice 
sur  ce  domaine,  ce  serait  simplement  un  office 
oooféré  en  même  temps  au  fiévé  par  le  roi,  et 
plus  tard  seulement  retenu  et  conservé  abusive- 
m^t  à  titre  de  propriété  par  le  détenteur. 

La  justice  associée  ainsi  au  fief  dans  la  seigneu- 
rie, la  justice  sagneuriale,  ajoute  Loyseau,  est  la 
haute  justice  emportant  la  jouissance  des  droits 
du  fisc,  savoir  la  dévolution  suivant  lui  des  biens 
tombés  en  déshérence,  ainsi  que  des  biens  vacants, 
et  avant  tout  la  possession  des  fruits  judiciaires, 
c'estrà-dire  des  confiscations  et  des  amendes  appli- 


80  u  ^nsnoB  FUV^B 

quées  — *  indépendamment  des  peines  oorporelles, 
jusqu'à  la  peine  de  mort  même  —  avec  le  béné- 
fice de  ce  principe  qu'en  France,  cmnme  il  le  dit, 
les  peines  sont  arbitraires.  La  jouissance  des  droits 
du  fisc  n'est  plus  ici  une  cause,  comme  dans  la 
doctrine  admise  au  xm*  siècle  par  le  prévôt  de 
Paris  ;  c'est  une  conséquence.  Ce  n'est  pas  cette 
jouissance  qui  engendre  la  juridiction  ;  mais  ette 
en  résulte,  et  celle-ci  se  rattadie  originairement 
à  d'autres  principes. 

Ajoutons  que,  suivant  Loyseau,  la  justice  ne 
peut  guère  venir  aux  églises  que  d'usurpation, 
sauf,  en  certains  cas  dit-il,  par  suite  d'acquisition 
de  la  puissance  temporelle. 

Il  n'y  a  dans  une  semblable  théorie  aucune  place 
pour  l'immunité,  au  point  de  vue  du  rôle  qu'on  lui 
avait  antérieurement  assigné,  et  qui  lui  est  nous  le 
verrons  ultérieurement  rendu,  dans  l'origine  de 
la  justice  privée.  Aussi  p'est-il  guère  question  de 
l'immunité  dans  le  Traité  des  seigneuries  de  Loy- 
seau. Il  parait  même  ignorer,  ou  il  oublie  au  moins, 
qu'autrefois  on  justifiait  par  l'allégation  de  cef  pri- 
vilège la  possession  du  droit  de  justice.  Des  con- 
testations se  produisant  pour  cet  objet,  on  devait, 
suivant  lui,  juger  le  différend  d'après  l'état  de 
possession.  Il  n'est  donc  plus  question,  comme 
au  xm*  siècle  en  pareil  cas,  de  titres  contenant 
avec  la  concession  de  l'immunité  celle  des  droits 
du  fisc  et  impliquant, 'en  conséquence  —  ainsi 
l'avait-on  cru  précédenunent  —  la  concession  de 


sr  i.'nnnniif<.  {24.  M 

la  joridictMMi.  U  n'est  pas  «krantage  question  de 
diplAmes  portant  eoncession  formeUe  de  celle-ei. 
Nous  ssvoDs  cependant  qa'il  existait  des  chartes 
ayant  pour  objet  cette  concession  directe  de  la 
juridiction^. 

Tels  sont  les  traits  essentids  du  système  de 
Loyseaa,  touchant  Torigine  de  la  justice  privée. 
L'aotair  ne  contredit  pas  les  données  que  nous 
avons  tirées  de  Texamen  des  textes  (§§  1 8,  4  3, 1 9), 
puisqu'il  ne  rattadie  pas  cette  origine  à  rinununité  ; 
mais  il  s'éloigne  notablement  et  fort  arbitraire- 
ment de  la  réalité,  dans  la  Conception  où  il  associe 
rinstitation  en  quelque  sorte  de  la  justice  privée 
à  celle  du  fief,  pour  les  faire  commencer  ensemble 
à  la  conquête  des  Fnmcs. 

§  S5.  —  Nous  venons  dé  voir  ce  que  les  juristes 
avaient  fait  des  questions  d'origine  touchant  la 
justice  privée.  Leur  conception  se  réduit  à  cet 
égard,  en  théorie,  à  l'idée  d'une  usurpation  dans  le 
passé,  et  en  pratique,  pour  le  présent,  à  l'appré- 
ciation d'un  état  de  possession  couvert  par  la 
prescription.  Cette  conception  était  associée  à  une 
opinion  que  nous  avons  signalée  dans  le  traité  de 
Loyseau  et  dont  nous  retrouverons  encore  les 
traces  dans  le  livre  de  Montesquieu;  celle  de  cer- 
taines attaches  qui  relieraient  originairement  l'un 
à  l'autre  le  fief  et  la  justice. 

1.  Uïmmunité,  4882,  §  8. 

nvii  6 


8S  LA  JcrncB  nMvin 

.  Les  juristes  avaient  abandonné  l'idée  que  la  jus- 
tice privée  prooédàt  de  l'inmiuaité.  Ce  privil^e 
dès  longtemps  tombé  en  désuétude  était  laissé  par 
eux  dans  Tombre.  H  ne  devait  en  sortir  que  pour 
répondre  à  la  curiosité  et  aux  investigations  des 
historiens.  Au  point  où  s'étaient  arrêtés  les  der- 
niers praticiens  qui  s'en  étaient  occupés,  l'inmiu- 
nité  était  une  ocmcession  de  juridiction  résultant 
de  la  donation  des  droits  du  fisc.  C'est  avec  ce 
caractère,  admis  d'ancienneté,  qu'elle  s'offre  aux 
observations  et  aux  études  des  critiques,  à  Fouver- 
ture  du  xvn*  siècle.  L'évidence  les  obligeant,  au 
cours  de  ces  études,  à  renoncer  à  cette  opinion  par- 
ticulière que  ce  serait  la  clause  relative  à  la  con- 
cession du  jus  fisci  qui  aurait  originairement  pro- 
duit ce  résultat,  ils  tentent  de  le  rattacher  à  une 
autre  clause  qui  intéresse  spécialement  l'exercice 
de  la  juridiction  et  qui  semble,  à  première  vue,  se 
prêter  à  cette  interprétation.  La  clause  nouvelle 
qu'ils  invoquent  ainsi  est  celle  qui  contient  l'inter- 
diction nec  ad  causas  audiendaSj  par  laquelle  il  est 
défendu  au  juge  public  de  tenir  ses  plaids  dans  le 
domaine  privilégié.  Us  tâchent  de  sauvegarder 
autant  que  possible  dans  ces  nouvelles  conditions 
la  vieille  doctrine,  remise  en  crédit,  que  l'immunité 
est  la  source  de  la  justice  privée.  Les  subtilités  et  les 
artifices  d'une  savante  argumentation  sont  appli- 
qués à  la  défense  de  cette  thèse  préconçue  et  préa- 
lablement admise  en  principe.  C'est  ce  que  nous 
verrons  dans  l'examen  de  certains  écrits  consacrés 


Et  L'nomnrtf.  1  S5.  M 

après  hofjmm  à  la  quertioo.  Les  pnmkn  qui  se 
préseotent  à  nous  sont  ceux  de  Bignon. 

XL  Bionoif. 

§  S6.  —  Loyseau  vivait  encore  quand  Jérôme 
Bignon,  savant  préooœ,  publie  en  1613,  à  TAge 
de  vingtrdeux  ans,  le  célèbre  recueil  des  formules 
de  MûTcnlfe  avec  Timportant  c(»nmentaire  qu'il 
y  a  joint^.  A  propos  de  la  formule  De  emunitate 
regii^  la  trdsième  du  livre  I*',  Bignon  s'explique 
sur  le  caractère  de  l'immunité,  en  donnant  pour 
Ibodement  à  son  argumentation,  aveo  cette  for- 
mule et  plusieurs  autres  du  même  genre,  certains 
diplômes  de  concession  du  privilège  et  quelques 
autres  documents. 

Pour  ce  qui  est  des  inductions  tirées  jadis  de  la 
teueur  du  privilège,  les  juristes  avaient  abandonné 
dans  les  derniers  temps,  nous  l'avons  dit  (§  S5), 
la  théorie  en  vertu  de  laquelle  on  alléguait  au 
xm*  siècle  que  la  concession  des  droits  du  fisc, 
qui  accompagnait  ordinairement  Fimmunité,  impli- 
quait celle  du  droit  de  justice  privée.  Loyseau 
n'eu  avait  rien  dit.  Bignon  n'en  parle  pas  davan- 
tage; dans  ses  notes  sur  la  formule  de  l'immunité, 
il  ne  s'arrête  pas  à  la  concession  du  jus  fisci  que 
contient  cette  formule.  Il  ne  pouvait  ignorer  cepen- 
dant la  signification  précédemment  donnée  à  cette 

i.  Marculfi  monaehi  formulas,  1643.  —  Reproduit  dans 
Baluse,  Capitularia,  4780,  t.  II. 


84  U  JUffiCB  fUrtM 

oonoesaîoD.  Il  ne  la  combat  pas  néanmoÎDS,  mais 
ne  Tadop^Dt  pas  il  se  borne  à  la  passer  sous 
silence;  car  il  ne  la  signale  nullement,  tout  en 
citant,  sans  y  faire  aucune  allusion,  une  charte  qui 
mentionne  le  jus  fisci  (§  27)  ;  et  il  propose  une 
opinion  nouvelle  sur  la  manière  de  faire  sortir  de 
l'immunité  la  justice  privée.  La  concession  des 
droits  du  fisc  n'appartenait  d'ailleurs  pas,  à  pro- 
prement parler,  comme  clause  constitutive,  au 
privilège  d'immunité;  elle  ne  lui  était  même  pas 
toujours  annexée,  nous  l'avons  fait  r^narquer 
(§  8,  note  2). 

Bignon  emprunte  au  corps  même  du  privilège 
ses  arguments,-  et  c'est  en  vertu  de  la  clause  inter- 
disant aux  juges  publics  l'entrée  du  domaine  pri- 
vilégié, pour  y  accomplir  notamment  les  actes  de 
justice,  qu'il  lui  semble  possible  de  faire  de  la 
concession  de  l'immunité  celle  de  la  juridiction  ; 
mais  au  profit  des  domaines  ecclésiastiques  seu- 
lement :  €  Vides  banc  terrarum  ecclesiasticarum 
€  inmiunitatem  praecipuè  ad  jurisdictionem  et 
€  justitiam  pertinere,  ut  scilicet  eorum  subditi  et 
€  coloni  à  nullo  judice  distringi  possint...  Quo 
€  fit  ut  eo  nomine  in  subditos  jurisdicUo  eis 
€  concessa  videatur^.  > 


2.  Baluze,  Capitularia,  U  n,  col.  879.  A  prendre  au  pied 
de  la  lettre  la  déclaration  de  Bignon  c  quo  lit  ut...  juris- 
c  dictio  eis  concessa  videatur,  »  on  pourrait  la  croire  pure- 
ment dubitative  et  penser  que,  suivant  lui,  il  résultait  du 
privilège,  non  pas  que  la  juridiction  en  fût,  mais  seulement 


R  L'mnmRi.  |  96.  85 

Ce  texte  mentioDDe  exdusrvement  rimmonité 
eodésîastique.  Bîgnoa,  en  effet,  limite  aux  figlites 
les  coosécpieDoes  qu'il  tire  de  la  ooDoessioD  du 
pmilège,  touchant  la  jouissance  de  la  juridictîoD  ; 
en  contradiction  sur  ce  point,  remarquons-le  en 
passant,  avec  Loyseau,  qui  regardât  comme 
n'ayant  jamais  été  qu'exceptionnellement  le  réscd* 
tat  d'une  concession  et  comme  étant  particulière- 
ment entachée  d'usurpation,  la  possession  de  la 
juridiction  temporelle  par  les  ecclésiastiques 
(§  Ht).  Tel  n'était  pas  l'avis  de  Kgnon  qui  attri- 
iHiait  au  contraire  exclusivement  aux 'Églises  la 
jooissanoe  légitime  de  la  juridiction  fondés  sur  le 
privilège  de  l'inomunité. 

§  27.  —  BignoD  prétendait  trouver  la  conces- 
sion de  la  juridiction,  non  plus  avons-nous  dit 
(§  26),  comme  on  l'avait  voulu  jadis,  dans  la  con- 
cession des  droits  du  fisc,  mais  dans  la  clause  du 
privilège  d'immunité  qui  interdisait  aux  juges  et 
officiers  publics  d'entrer  dans  le  domaine  privilé- 
gié pour  y  tenir  leurs  plaids,  pour  y  lever  les  pro- 
duits de  la  justice,  freday  et  pour  y  saisir  des  cau- 
.tions,  fidejussores. 

Touchant  les   deux    premières    interdictions 

qu'elle  semblât  en  être  la  conséquence.  Il  y  a  lieu  de  remar* 
qner  cependant  que,  dans  les  diplômes  dont  la  lecture  était 
âunilière  à  Bignon,  Fexpression  fréquemment  employée  esse 
videhir  a  ordinairement  an  sens  absolument  affirmatif.  Il  en 
est  probablement  de  même  dans  l'usage  qu'il  fait  lui-même 
ici  de  cette  location. 


86  Là  lUfflCE  PlIVtfB 

signelées  ainsi  par  Fauteur,  c  ut  nuUns  judex 
c  puUious  ad  causas  audiendas,  aut  ireda  exi- 
c  geuda...  prœsumat  ingredi,  sed  hoc...  pou- 
c  tifex  vel  successores...  valeant  dominaTe,  >  il 
dit  qu'elles  impliquent  la  concession  de  la  juridic- 
tion au  possesseur  du  donoaine  :  €  quo  fit  ut... 
€  juriBdictio  eis  ccmcessa  videatur.  >  liais,  pour 
justifier  cette  appréciation,  il  invoque  assez  singu- 
lièrement, sans  en  donner  toutefois  le  texte,  une 
charte  de  1060,  où  le  roi  Henri  V\  au  lieu  de 
parler  de  ces  interdictions,  sauf  celle  de  lever 
aucune  rédhibition  accorde  simplement  à  Tabbaye 
de  8aint-Martin*<les-Ghamps  l'exemption  du  paye- 
ment des  droits  du  fisc,  thelanea^  freda^  justitiœ 
et  quœcunque  jus  exigit  fisci^.  Dans  ces  termes, 
la  charte  de  1 060  ne  correspond  pas  même  à  l'opi- 
nion, abandonnée  alors,  que  la  possession  des 
droits  du  fisc  impliquait  celle  de  la  juridiction, 
comme  on  le  prétendait  au  xm®  siècle  (§  %%)  ;  elle 
est  encore  moins  d'accord  avec  la  théorie  de 
Bignon  qui  fait  sortir  des  clauses  d'interdiction 
formulées  dans  le  privilège  d'immunité  la  conces- 
sion ou  au  moins  la  jouissance  de  la  juridiction. 
Ces  considérations  ôtent  toute  valeur  à  ce  diplôme 
pour  l'argumentation  de  Bignon. 
Sans  insister  autrement  sur  ces  observations, 

i.  Cette  charte,  publiée  par  Marrier  dans  son  lùstoire  de 
Pabbaye  de  Saint-Bdartin-des-Ghamps,  4636,  eat  reproduite, 
d'après  lui,  par  Dom  Bouquet,  ReeueH  dês  hùtarieni,  etc., 
t.  XI,  p.  605. 


ET  L'immiiii*  S  ^7.  g7 

nous  en  ferons  une  autre  qui  «iflBnit  pour  iofir- 
m^  les  déductions  tirées  par  Bignon  des  deux 
ifltardictions  que  nous  venons  de  signaler;  c'est 
que  ces  interdictions»  quoique  firéquentes  dans  les 
dipiômes  d'immunité,  y  font  cependant  quelque» 
fois  dé&ut',  et  qu'on  ne  saurait  par  conséquent 
en  déduire,  comme  prétend  le  faire  Bignon,  un 
caractère  général  du  privil^e. 

Pour  ce  qui  est  de  la  troisième  interdiction  prise 
en  considération  par  Bignon  à  l'appui  de  sa  thèse, 
celle  qui  défend  aux  juges  publics  d'entrer  dans 
le  diHuaine  privilégié  pour  y  saisir  des  cautions 
ou  garants,  fidejusêùre^  tollere^  il  donne  à  entendre 
qu'il  s'agit  en  cela  de  l'obligation  oii  étaient  les 
prévenus,  soit  de  se  rendre  immédiatement  au 
plaid  du  juge  public  sur  son  mandement,  soit 
après  condamnation  de  s'exécuter  sur  l'heure,  à 
moins  que,  dans  l'un  ou  l'autre  cas,  ils  n'ob- 
tinsfient  répit,  91  velint  dimUti  dit  l'auteur,  &à 
d(Huiant  des  garants,  fidejussores^  qui  enga- 
geassent pour  eux  leur  responsabilité.  Sans  qu'on 
saisisse  bien  nettement  comment,  suivant  Bignon, 
Tadmission  de  cette  pratique  pouvait  être  favo- 
rable, ou  son  interdiction,  contraire  à  l'exercice 
de  la  juridiction  par  les  juges  publics  dans  le 
domaine  privilégié  —  car  ce  n'est  pas  au  moyen 

^.  Sur  les  196  titres  d'immunité  relevés  dans  les  preuves 
^11  fiattia  ehristùma  de  496  à  4473,  8i  seulement  contiennent 
rinterâielion  c  nec  ad  causas  audiendas,  •  et  78  celle  «  nec 
<  ad  freda  exigenda.  »  ^  L'Immunité,  4882,  §§  8  et  9. 


88  Là  J1I8IICB  FllVfe 

de  garants,  fidejiUioreSy  qu'on  était  ordinsarement 
contraint  de  comparaître  au  mallum  (§§  5,  note  S, 
et  4S,  note  1)  —  il  suffit  de  constater,  pour 
apprécier  la  valeur  de  son  arjgumentation  sur  ce 
point,  que  les  garants  ou  cautions,  fidejussoreSj 
qu'il  a  en  vue  d'après  le  commentaire  donné  par  lui 
du  texte  en  question,  sont  ceux  qui,  à  la  prière 
d'un  homme  ou  prévenu  ou  condamné  et  deman- 
dant répit,  consentaient  à  s'engager  pour  lui  d'une 
manière  toute  volontaire  ;  tandis  qu'il  s'agit  sui- 
vant les  termes  du  privilège  d'immunité  non  des 
garants,  qui  répondaient  volontairement,  mais  de 
ceux  qui  étment  saisis  et  levés  malgré  eux  pour 
cet  objet  par  les  juges  publics,  dans  certains  cas 
bien  connus^.  Cette  méprise  ruine  l'argumenta- 
tion de  Bignon  sur  ce  point. 

L'interdiction  relative  à  Iqt  levée  des  fidejussores 
ne  se  trouve  d'ailleurs  pas  plus  que  les  deux  autres 
dans  tous  les  diplômes  d'immunité^  et  ne  pour- 
rait, pas  plus  qu'elles,  être  l'indice  d'un  caractère 
général  du  privilège. 

§  28,  —  Outre  ce  qui  résulte  de  l'argumenta- 
tion dont  nous  venons  de  rendre  compte,  sur  les 
clauses  d'interdiction  du  privilège  qui  concernent 
la  tenue  des  plaids,  la  levée  des  freda  et  la  saisie 

3.  U Immunité,  1882,  g  11. 

4.  Sur  les  196  titres  d'immunité  relevés  dans  les  preuves 
du  Gallia  diristianaée  496  à  1473, 71  seulement  contieooent 
l'interdiction  nec  fid^ussares  UOUndos.  ^  VJmmunUé,  1882. 
SU. 


ET  L'iMKunrri.  S  28.  89 

des  garaots,  fidefuss&resj  Bignon,  qui  tire  de  là 
comme  oooséqueiice  rinstitution  de  la  justice  pri- 
vée, se  demande  ce  qu'étaient  les  magistrats  dbar- 
gés  d'exercer  cette  juridictioD  particulière.  Ce  ne 
pouvaient  être,  pense*t-il,  que  des  juges  d'Ëglise; 
d'accord  en  cela  avec  le  caractère  ecclésiastique 
delà  plupart  des  titres  d'immunité  qu'on  possède 
et  avec  sa  propre  conception  que  la  justice  privée, 
qui  découlait  de  ce  privilège,  appartenait  exclusive* 
mentaux  Églises  (§  9S6).  Ainsi,  à  propos  des  agents 
partioiliers  que  l'éicignement  des  juges  pubUcs 
laissait  plus  ouonoins  libres  d'agir  dans  l'intérieur 
des  domaines  privilégiés,  Bignon  prétend  qu'il  ne 
saurait  être  question  en  ce  cas  que  de  juges  ecclé- 
siastiques et  non  de  juges  indistinctement  laïques 
(m  ecclésiastiques,  qu'on  pût  qualifier  d'une 
manière  générale  juges  privés,  judiees  prwati. 

Cette  opinion  de  Bignon  vient  d'une  interpréta- 
tion inexacte,'  ce  nous  semble,  d'un  texte  cité  par 
loi  à  cette  occasion.  Ce  texte  concerne  une  déci- 
sion adoptée  par  un  synode  de  755^,  confirmée 
à  Metz  en  756  ^  et  introduite  avec  quelques  modi- 
fications dans  le  recueil  d'Ansegise^.  Il  y  est  dit  : 
<  Ut  omnes  faciant  justitiam  tàm  publici  quàm 
c  ecclesiastici.  »  La  locution  justitiam  facere  a 
quelquefois  le  sens  judicarSy  mais  quelquefois 

1.  SynocU  Vememis  capitula,  755,  c.  29.  —  BalQze,  Capitul., 
1 1,  p.  167. 

2.  CapiMare  Metense,  756,  c.  9.  —  Ibid.,  t.  I,  p.  177. 

3.  Ânsegùi  capitularium  1.  V,  c.  16.  —  Ibid.,  t.  I,  p.  828. 


90  tk  JU8T1CB  PlIViB 

aussi  —  et  c'est  ici  croyons-oous  le  cas  -^  le  sens 
judicatum  facere^  comme  nous  l'avons  montré  pré- 
cédemment (§  1  i)  ;  ce  qui  fait  des  puhlid  et  des 
ecclesiastici  mis  en  présence  dans  le  texte  en  que&- 
ticm,  non  pas  des  juges,  mais  des  jugés,  des  jus- 
ticiables, comme  dans  un  autre  texte  appartenant 
à  Fédit  de  61 5  du  roi  Glotaire  II  et  ainsi  conçu  : 
€  Quod  si  causa  inter  personam  publicam  et  homi- 
€  nés  Ecclesiae  steterit,  pariter  ab  utraque  parte 
€  prœpositi  Ecclesiarum  et  judex  publicus  in 
€  audientia  publica  positi  ea  debeant  judicare^.  > 
Dans  ce  dernier  texte,  \esloctxtionsper8ona publica 
et  hamines  EceleHœ  désignent  évidemment  des 
justiciables  et  non  des  juges;  ce  qui  autorise, 
croyons-nous,  la  même  interprétation  pour  les 
termes  correspondants  publici  et  ecclesiastici  du 
texte  cité  par  Bignon. 

§  29.  —  Indépendanunent  de  sa  conception  évi- 
demment erronée  touchant  le  caractère  purement 
ecclésiastique  des  juges  privés  de  l'immunité, 
Bignon  présente  sur  ce  qu'il  considère  comme  leur 
rôle  judiciaire  et  sur  la  preuve  qu'il  en  déduit  de  la 
réalité  de  leur  existence,  liée  suivant  lui  à  celle  de 
la  justice  privée,  des  considérations  qu'il  prétend 
justifier  à  l'aide  de  textes  appartenant,  les  uns 
aux  capitulaires  des  vn*,  vni*  et  ix*  siècles,  les 
autres  à  des  documents  du  même  temps,  ou  même 

4.  Bdietum  Chlotharii  II  régis  in  oondlio  Parisiensi  V 
datum,  6i5,  c.  5.  —  Baluze,  Oapitul.j  L  I,  p.  21. 


ET  L'nannmt.  S  ^-  M 

de  date  postérieure.  Ces  documents  lui  sembleot, 
connue  ceux  que  nous  venons  d'expliquer  et  par* 
fins  sans  plus  de  raison,  mentionner  des  juges  par- 
ticuliers chargés  d'exercer  la  justice  privée»  en&n- 
tée  suivant  lui  par  l'immunité.  Nous  avons  dit 
précédemment  que  la  présence,  fût-elle  constatée, 
de  juges  privés  à  cette  époque  ne  saurait  avoir  la 
portée  qu'on  lui  attribue  en  faveur  de  l'opinion 
que  la  justice  privée  vient  de  l'immunité,  parce 
que  l'existence  de  pareils  juges  est  indépendante 
de  celle  du  privilège  et  antérieure  à  son  institu- 
tion (§13).  Nous  avons  montré  d'ailleurs  que  bien 
souvent,  comme  dans  le  cas  cité  tout  à  l'heure, 
on  s'abuse  dans  l'appréciation  qu'on  fait  du  rôle 
de  ces  agents,  en  croyant  voir  un  jugement  rendu 
là  où  il  n'est  en  réalité  question  que  d'un  juge- 
ment ou  sollicité  ou  subi,  dans  la  condition  de  jus- 
ticiable qui  est  tout  l'opposé  de  celle  déjuge  (§14). 
Les  textes  des  capihilaires  sont  au  premier  rang 
de  ceux  dont  on  discute,  comme  Bignon  en  donne 
l'exemple,  les  données  pour  rattacher  la  justice 
privée  à  l'immunité.  On  y  joint  encore,  ainsi  qu'il 
le  fait  également,  des  titres  contemporains  de  ces 
documents,  auxquels,  sans  raison  su£8sante  du 
reste,  on  en  mêle  d'autres  d'époques  postérieures 
—  il  le  fait  aussi  —  ayant  avec  les  précédents 
quelque  analogie.  Bignon  entrant  dans  cette  voie 
l'indique  à  ses  successeurs  qui  l'y  suivent.  On 
invoque  surtout  dans  ces  débats  les  formules  et  les 
diplômes  d'inunudité.  Quelques  auteurs  cep^i- 


$%  LA  jusncB  'ntriM 

dant,  oomme  Houard  (§  38),  Pardessus  à  un  cen- 
tain  moment  (§  48),  Lehuérou  (§  69),  et  M.  F.  de 
Ck)ulanges  lui-même  (§  61),  sont  d'accord  pour 
convenir,  malgré  la  diversité  de  leurs  conclusions, 
que  ces  textes  ne  parlent  pas  formellement  de  la 
concession  de  la  justice  privée. 

§  30.  —  Bignon,  qui  soutient  Topinion  con- 
traire, est  le  premier  qui,  rattachant  les  origines 
de  la  justice  privée  à  Timmunité,  la  fait  dériver 
non  plus  comme  on  l'avait  fait  précédemment  de 
la  concession  des  droits  du  fisc,  généralement 
annexée  au  privilège,  mais  des  clauses  constitu- 
tives de  celui-ci,  des  interdictions  qu'il  oppose  à 
l'action  des  juges  publics,  de  celle  entre  autres  de 
tenir  leurs  plaids  dans  le  domaine  privilégié  :  par- 
ticularité à  laquelle  surtout  s'attacheront  plus  tard, 
en  vue  des  mêmes  conclusions,  ceux  qui  suivront 
Bignon  dans  la  voie  ouverte  ainsi  par  lui. 

Rappelons  en  même  temps  que  Bignon  limite 
aux  Églises  seules  la  jouissance  de  la  justice  privée 
instituée  ainsi  (§  %S)  ;  réserve  qui  après  lui  sera 
encore  adoptée  par  quelques-uns,  rejetée  cepen- 
dant par  d'autres  et  notanunent  par  ceux  qui 
défendent  aujourd'hui  la  thèse  que  la  justice  privée 
a  été  engendrée  par  l'immunité,  mais  pour  tous 
également,  pour  les  laïques  aussi  bien  que  pour 
les  ecclésiastiques. 

Bignon  ne  fait  aucune  allusion  à  une  juridiction 
quelconque  de  caractère  privé  qui,  suivant  cer- 
taines appréciations,  se  rattacherait  comme  un 


ET  L'mmmoL  S  30.  M 

tttribat  naturel  à  la  propriété,  aÎDBi  que  le  donne 
à peoser  Montesquieu  au  siècle  suivant  {%  34). 

Xil.  MœfrBSQoiKu. 

§  31  •  —  Montesquieu  est  le  premier  qui,  après 
BignoD,  offre  à  notre  examen  une  théorie  nou- 
vc^e  sur  les  origines  de  la  justice  privée,  la  justice 
des  seigneurs,  il  Tappelle  ainsi,  et  sur  Timmunité. 
Avec  Loyseau,  il  regarde  la  justice  privée  exercée 
par  les  laïques  comme  une  fonction  ou  prérogative 
attadiée  au  fief,  ajoutant  pour  son  compte  qu'elle 
est  en  quelque  sorte  un  droit  propre  de  celui-ci. 
Eatre  les  mains  des  ecclésiastiques,  il  y  voit  une 
espèce  d'attribut  de  la  propriété^,  mis  en  vigueur 
aa  moyen  de  Tinmiunité,  dont  la  concession  est, 
suivant  lui,  le  mode  employé  pour  assurer  ainsi 
aux  terres  tenues  par  les  Églises  la  condition 
qu'elles  auraient  eue  à  cet  égard  en  devenant  des 
fiefs.  Le  droit  de  justice  serait  donc  originaire- 
ment, autant  qu'il  semble  suivant  Montesquieu, 
an  attribut  inhérent  à  la  propriété.  Il  resterait 

1.  Montesquieu  o'ezpose  pas  avec  une  parfaite  précision 
MB  idées  à  ce  sujet,  et  l*on  ne  voit  pas  bien  si  cet  attribut 
qu'il  reconnaît  aux  domaines  des  Églises  était,  suivant  lui, 
l'attribat  de  toute  propriété  ou  celui  des  terres  venant  du  fisc 
lealement.  Il  dit,  en  effet,  que  ce  privilège  suivait  la  terre 
da  fisc  doûnée  à  une  Église  ;  mais  il  a  dit  aussi  deux  lignes 
plas  baut  que  les  biens  des  ecclésiastiques,  c'est-à-dire  les 
domaines  des  Églises,  avaient  ce  privilège.  Or,  les  domaines 
des  Églises  se  composaient  de  donations  ou  acquisitions 
diverses  dont  les  terres  venant  du  fisc  n'étaient  qu'une  partie. 


naturellémeDt  attaché  à  ceHe-d  daM  le  fief,  lequel 
remonte,  dit-^0,  à  la  conquête;  et  il  la  suivrait, 
grâce  à  Timmunité,  dans  le  domaine  ecclésias- 
tique constitué  ultérieurement.  Gomment  Mon- 
tesquieu est-il  amené  à  cette  conception,  où  il 
rapproche,  sans  les  concilier  cependant  sur  cer- 
tains points  essentiels,  des  opinions  qui  repré- 
sentent plus  ou  moins  complètement  celles  de  ses 
devanciers,  Loyseau  et  Bignon?  C'est  ce  que  nous 
allons  dire. 

Dans  son  grand  ouvrage,  V esprit  des  lois, 
publié  en  1718,  Montesquieu,  au  cours  de  son 
travail,  arrive  à  la  justice  privée,  la  justice  sei- 
gneuriale, ainsi  s'exprime-t-il,  par  des  considéra- 
tions sur  la  compositio  et  le  fredum  des  lois  bar- 
bares :  la  compositio  due  comme  indemnité  par  le 
coupable  à  celui  qu'il  a  offensé;  le  fredum  dû, 
par  le  coupable  également,  au  détenteur  de  Tau- 
torité,  comme  prix,  suivant  Fauteur,  de  la  protec- 
tion dont  le  souverain  le  couvre  en  conséquence, 
et  qui  lui  rend  la  paix,  la  sécurité,  après  le  forfait 
qui  les  lui  a  fait  perdre.  Le  droit  de  faire  payer 
la  compositio  et  le  fredum  et  d'en  tirer  les  fruits, 
c'est  là  ce  qui  constituait  la  justice,  dit  Montes- 
quieu, les  jusiiceSj  justitÙBj  dit-il  aussi,  et  ce  droit 
passait  naturellement,  croit-il,  avec  le  territoire, 
des  mains  du  souverain  dans  celles  du  détenteur 
du  fief,  c  La  justice,  ajoute-t-il,  était  donc  un  droit 
c  inhérent  au  fief  même,  un  droit  lucratif  qui  en 
€  faisait  partie.  >  Quant  aux  terres  donnée^  aux 


If  L^oaranii.  S  34.  95 

Églises»  dks  éfadent  douées  des  prérogatives 
qu'elles  aoniieiit  eues  si  elles  avaient  été  données 
en  fief  à  un  laïque  :  c  de  droit  était  dans  la  nature 
€  de  la  chose  donnée  ;  le  bien  des  ecdésiastiques 
c  avait  ce  privilège  parce  qu'on  ne  le  lui  ôtait  pas.  > 

Tout  cda  est  prouvé»  dit  Tauteur,  c  par  les 
c  formules  qui  portent  la  confirmation  ou  la  trans- 
c  lation  à  peipétuité  d'un  fief  en  faveur  d'un 

€  leude ou  des  privilèges  des  fiefs  en  faveur 

c  des  Églises.  >  Les  formules  que  Montesquieu 
signale  ainsi  ne  sont  autres  que  les  formules 
d'immunité,  qu'il  vise  à  cette  occasion',  et  les 
diplâmes  par  conséquent  d'immunité  dressés  sui- 
vant les  termes  de  ces  formules,  qu'il  indique 
positivement  en  renvoyant,  pour  leur  examen,  au 
tome  Y  du  Recueil  des  historiens  des  Gaules  et 
de  la  France,  où  Dom  Bouquet  en  donne  en  effet 
00  certain  nombre. 

Les  juges  publics  étant,  suivant  ces  actes, 
exdus  des  domaines  qu'ils  concernent,  les  fonc- 
tions de  ces  officiers  passent  nécessairement,  dit 
M(Hitesquieu,  aux  maîtres  de  ces  domaines.  C'est 
ainsi  qu'il  résout  la  question  de  l'origine  de  la 

2.  LeB  quatre  formules  de  Marcnife  citées  pour  cet  objet 
par  Montesquieu  sont  celles  qui  portent  les  n<»  2,  3,  4, 17 
du  liyre  I;  les  trois  premières  pour  la  concession  ou  la  confir- 
mation de  Timmunité  à  une  Eglise,  la  quatrième  pour  une 
oonfirmation  du  môme  genre  à  un  laïque,  détenteur  d'une  villa 
proYenant  du  fisc  royal;  ce  qui  donne  à  cet  acte,  aux  yeux 
de  Montesquieu,  le  caractère  d'une  constitution  ou  plutôt 
d'une  confirmation  de  fief. 


96  LA  JUSnCB  FËÉfiE 

justice  privée,  oi^nisée  par  rîmmnnité  dans  les 
seigneuries  aussi  bien  laïques  qu'ecclésiastiques, 
en  vertu  de  droits  antérieurs  inhérents  à  la  pro- 
priété, semble-t-il  croire.  II  n'y  a  d'ailleurs,  fait-il 
observer,  dans  le  privil^e  constitué  ainsi  aucune 
trace  d'usurpation  conune  l'avait  prétendu  Loy- 
seau.  Quant  au  principe  et  aux  origines  lointaines 
de  l'institution,  ditril  encore,  c'est  dans  les  cou- 
tumes et  usages  des  Germains  qu'il  faut  les  cher- 
cher. Mably  combat  un  peu  plus  tard  cette 
dernière  opinion. 

Montesquieu,  il  y  a  lieu  de  le  faire  observer, 
admet  évidenunent,  sans  le  dire  formellement 
cependant,  que  la  perception  fiscale,  la  jouissance 
des  justices,  justitiœ^  constitue  en  quelque  sorte 
la  justice,  droit  de  juridiction  uni  au  fief  et  attri- 
bué ensuite  aux  églises  en  vertu  des  interdictions 
de  l'immunité,  qui  le  font  passer  des  juges  publics 
aux  possesseurs  ecclésiastiques  et  à  leurs  agents. 
On  voit  comment,  sans  répudier  absolument  la 
vieille  doctrine  en  crédit  au  xm*  siècle  (§§  SS,  33), 
Montesquieu  se  range  à  l'opinion  que  la  justice 
privée  est  engendrée,  au  profit  des  Églises  au 
moins,  par  les  interdictions  de  l'inmiunité,  tout  en 
la  regardant  d'ailleurs  comme  un  droit  naturel 
du  fief.  Nous  n'avons  pas  besoin  de  faire  remar- 
quer ce  qu'il  y  a  d'arbitraire  et,  jusqu'à  un  cer- 
tain point,  d'incohérent  dans  ce  système. 

Telle  est  la  théorie  de  Montesquieu  sur  les  ori- 
gines de  la  justice  privée  et  sur  le  rôle  que  peut  y 


R  L*UUIIUIlTi.  1  S4.  97 

jouer  le  privilège  de  rimmanité.  Les  deux  traits 
essentiels  de  soo  système  sont  rétroite  liaison  de  la 
justice  et  du  fief,  qu'il  emprunte  à  Loyseau  sans 
en  donner  plus  de  preuve  que  ne  Ta  fait  Loyseau 
Im-mème,  et  la  distinction  entre  Timmunité  laïque 
d;  Timmunité  ecclésiastique,  dont  Fidée  parait  lui 
venir  de  Bignon,  qui  ne  traite  que  de  la  seconde. 
Cette  théorie  n'^  d'ailleurs  pour  une  bonne 
part  qu'une  pure  conception,  malgré  l'appareil 
de  preuves  que  l'auteur  produit  pour  la  confir- 
mer, d'après  les  formules,  les  diplômes  d'immu- 
nité et  les  textes  empruntés  aux  capitulaires. 

§  38.  —  Pour  ce  qui  est  des  formules  et 
diplômes,  Montesquieu  ne  s'arrête  pas  à  faire  une 
étude  détaillée  de  ces  documents.  Il  se  contente 
d'expliquer  sommairement,  d'après  Bignon  ce 
semble,  mais  sans  le  citer  cependant,  les  trois 
points  de  la  clause  d'interdiction  du  privilège  qui 
OQucement  les  causœ^  les  freda^  les  fidejussares^ 
savoir  l'interdiction  aux  juges  publics  de  tenir  leurs 
plaids  dans  le  domaine  couvert  par  l'immunité, 
d'y  lever  les  freda  et  d'y  saisir  des  garants  ou 
cautions,  fidejussares. 

Sur  ces  trois  points,  Montesquieu  admet  pure- 
ment et  amplement  la  substitution  du  possesseur 
aux  juges  publics,  aux  juges  royaux,  dit-il,  dans 
l'exercice  des  fonctions  qui,  à  cet  égard,  incom- 
baient à  ces  derniers  avant  l'interdiction  qui  leur 
ferme  l'accès  du  domaine  privilégié. 

XITO  7 


98  u  iDsncE  PinnSE 

Pour  ce  qui  est  de  la  tenue  des  plaids,  on  voit, 
à  la  manière  dont  le  rôle  des  cautions,  fidejussores^ 
est  interprété  par  Montesquieu,  que  le  jugement 
au  plaid,  l'exercice  de  la  juridiction,  est  par 
excellence  à  ses  yeux  la  justice  même,  bien  qu'il 
ait  dédaré  en  commençant  que  ce  sont  les  percep- 
tions des  eompositiones  et  des  freda  ou  justices, 
justUuBj  qui  ont  ce  caractère.  Touchant  les  freda^ 
à  propos  de  l'interdiction  de  les  lever  opposée 
par  l'immunité  aux  juges  publics,  Montesquieu  dit 
que  leur  paiement  par  le  coupable  au  détenteur 
de  l'autorité,  au  souverain,  était  le  prix  de  la  paix 
assurée  ultérieurement  à  celui  qui  l'avait  violée 
par  son  forfait;  et  il  cite  en  même  temps,  sans 
expliquer  l'apparente  contradiction  qui  résulte  de 
ce  rapprochement,  l'article  89  de  la  loi  des 
Ripuaires  dont  nous  avons  parlé  précédemment 
(§§  9  à  <  <),  qui  prescrit  de  faire  payer  le  fredum 
non  par  le  coupable,  mais  par  la  victime^. 

Quant  aux  cautions,  fidejussores ;  à  propos  de 
l'interdiction  aux  juges  publics  de  les  saisir,  Mon- 
tesquieu dit  que  défen;se  leur  étant  faite  ainsi 
c  d'obliger  les  parties  de  donner  des  cautions  pour 

i.  Montesqaiea  comprend  bien  le  sens  littéral  de  ce  texte 
de  la  loi  des  Ripuaires,  mais  il  n'en  explique  pas  les  singu- 
lières dispositions,  c  La  loi  des  Ripuaires,  dit-il,  défendait 
f  (au  juge  territorial)  d'exiger  lui-môme  le  fredum;  elle  vou- 
€  lait  que  la  partie  qui  avait  obtenu  gain  de  cause  le  reçût  et 
i  le  por|àt  au  fisc  pour  que  la  paix,  dit  la  loi,  fût  éternelie 
«  entre  les  Ripuaires.  •  {Ueiprit  des  lois,  \,  XXX,  ç.  20.) 
Nous  avons  expliqué  ci-dessus  cet  article  (§§  9, 10). 


ET  L'omuimtf.  I  82.  M 

c  comparaître  devant  eux,  c'était  dès  lors  à  celai 
c  qui  recevait  le  territoire  à  les  exiger.  »  Cette 
appréciation  du  née  fidejussaree  tollere  dOSère  peu 
de  ceOe  qu'en  fait  Bignon.  EUe  vise  ccmune  elle  les 
garants  volontaires  et  non  les  garants  contraints 
A  forcés,  pris  d'autorité,  dont  il  est  en  réalité 
qaestion  dans  le  texte  du  privilège,  comme  le 
prouvent  et  l'expression  tollere,  et  les  exemples 
que  l'histoire  fournit  de  ces  abus^.  Reparaissant 
dans  l'œuvre  de  Montesquieu,  cette  opinion  déjà 
produite  par  Bignon  (§  SI7)  trahit,  avec  quelques 
autres  particularités,  la  source  à  laquelle  Montes- 
quieu a  pu  prendre  pour  une  part  au  moins  les 
vues  qu'il  expose  sur  le  privilège  de  l'immunité. 
L'auteur  joint  à  ce  qu'il  dit  des  trois  points  de 
la  clause  d'interdiction  du  privilège  étudiés  par 
BigDon,  une  brève  explication  qui  lui  appartient, 
touchant  la  défense  aux  juges  puUics  d'exiger  le 
gîte,  ifMftsiafieê  faeercj  dans  le  territoire  de  l'im- 
manité  :  prohibition  où  il  ne  voit  qu'une  simple 
conséquence  des  autres  interdictions  ;  le  juge 
public  qui  n'avait  plus  aucune  fonction,  dit-il, 
dans  le  domaine  n'ayant  plus,  suivant  lui,  besoin 
d'y  t  demander  de  logement.  » 

§  33.  —  Après  ce  qu'il  juge  à  propos  de  rele- 
ver dans  les  formules  et  les  diplômes  d'immunité, 
Montesquieu  emprunte  quelques  textes  aux  capi- 
tulaires  et  à  certaines  chartes  touchant  les  juges 

î.  Vlmmunité,  4882,  S  ii- 


400  u  JUSTICE  vwrriE 

privés  surtout.  Les  oonsidératioDS  sur  le  r6le  des 
juges  privés,  agents  des  grands  possesseurs, 
n*importent  pas  autant  qu'on  pourrait  le  croire  à 
la  discussion  des  origines  de  la  justice  privée, 
touchant  notamment  la  part  qui  peut  y  revenir 
à  rimmunité.  L'argumentation  fondée  sur  ces 
considérations,  inaugurée  par  Bignon  dès  le 
xvn*  siècle,  et  très  usitée  encore  aujourd'hui, 
déplace  au  contraire  beaucoup  plus  qu'il  ne  sem- 
blerait à  première  vue  la  question.  En  effet,  les 
conclusions  auxquelles  on  est  ainsi  conduit  peuvent 
bien  démontrer  l'existence  d'agents  particuliers 
susceptibles  d'être  qualifiés  juges  privés,  à  une 
époque  relativement  ancienne;  mais  elles  ne  sau- 
raient prouver  que  l'institution  de  ceux-ci  et  celle 
de  la  justice  privée  résultassent  de  la  concession 
de  l'immunité,  parce  que  le  rôle  de  ces  agents  des 
grands  possesseurs,  fût-ce  dans  l'exercice  d'une 
sorte  de  juridiction,  est  indépendant  de  Tiounu- 
nité  et  lui  est  même  vraisemblablement  antérieur. 
Nous  avons  déjà  fait  précédemment  cette  obser- 
vation (g  13). 

Montesquieu  entre  plus  avant  que  Bignon  dans 
les  considérations  relatives  à  l'existence  et  au 
r6le  desjtuiicesprivatij  pour  en  tirer  des  preuves 
à  l'appui  de  sa  théorie  sur  l'origine  de  la  justice 
privée,  soit  laïque,  soit  ecclésiastique.  Il  signale 
d'abord  la  mention  des  domaines  particuliers  pour 
lesquels  ces  juges  privés  ont  pu  être  institués  et 
croit  la  reconnaître  dans  des  textes  dont  les  termes 


n'indiquent  d'ailleurs  nullement  l'exercioe  psr 
oeox-ci  de  la  juridiction.  11  dte  ainsi  les  fideUum 
termim  présentés  comme  distincts  du  territoire  de 
la  emtenay  dans  Tédit  de  Ghildebert  donné  vers  595 , 
et  la  trustis  mentionnée  d'une  manière  analogue 
dans  un  édit  de  Glotaire  II  de  la  même  époque  à 
peu  près^  ;  les  potentis  alieujus  poteêtas  aut  prih 
prietas  et  les  aliorum  fotestates  que  mentionnent, 
après  les  immunités  et  les  terres  du  fisc,  les  capi- 
tulaires  de  Gharies  le  Chauve  de  857  et  864*; 
documents  qu'il  ne  reproduit  pas  d'ailleurs  dans 
ses  extraits  d'une  manière  suffisante  pour  pei^- 
mettre  d'en  faire,  d'après  ce  qu'il  en  donne,  une 
appréciation  exacte. 

Quant  aux  juges  eux-mêmes,  judiees  privatiy 
agents  particuliers  des  grands  possesseurs  laïques 
ou  ecclésiastiques  dans  leurs  domaines  ou  leurs 
immunités,  Montesquieu  reconnaît  pour  tels  les 
jiidices  et  les  missi  discussores^  des  évéques  et 
des  potentes;  les  prœpositi  EccleHarum  du  capitu- 
laire  de  Glotaire  II  de  615^;  les  advccati,  les 
ffiee  domini  et  leurs  ministeriales^  les  centenarii 

1.  Ghildeberti  régie  decfetio,  circa  an.  595,  c.  12;  et  Ghlo- 
thani  n  régis  decretio,  circa  an.  595,  c.  3  et  12.  •—  Baiuze, 
Capitularia,  1. 1,  p.  17  et  19. 

2.  Caroli  régis  titul.  XXTV,  an.  857,  c.  4,  et  titul.  XXXVI, 
an.  864,  c.  18.  —  Baiuze,  Capitularia,  t.  Il,  p.  96  et  181. 

3.  DiscQssores,  id  est  cognitores  renim  flscaiium.  ^  Du 
Gange,  Glossarium. 

4.  Edictnm  Ghlotharii  n  régis  an.  615,  c.  5,  7,  19.  — • 
Balnze,  Capitularia,  1. 1,  p.  21. 


4#2  LA  JUSTICE  PIIY^E 

des  capitulaires  de  Gharlemagne  de  802  et  de 
Charles  le  Chauve  de  861  ^.  La  plupart  semblent  en 
effet,  dans  certains  cas,  investis  du  droit  de  faire 
certains  actes  de  juridiction,  mais  quelquefois  ils 
sont  signalés  conune  soumis  à  la  juridiction  du 
juge  public  et  obligés  de  répondre  devant  lui, 
soit  pour  leur  patron,  soit  pour  ses  hommes,  dans 
la  condition  de  justiciables  plutM  que  dans  celle 
de  juges.  Telle  est,  en  effet,  la  signification  fré- 
quente de  la  locution  justUiam  facere^  que  Mon- 
tesquieu a  le  tort  d'interpréter  toujours  dans  le 
sens  de  juger,  judieare.  Cette  locution  a  quelque- 
fois, en  effet,  cette  dernière  signification,  il 
convient  de  le  rappeler  ;  mais  elle  a  souvent  aussi 
celle  toute  contraire  de  judicatum  ou  rectum 
facere^  conmie  nous  l'avons  montré  précédem- 
ment (§U). 

Les  textes  sur  lesquels  Montesquieu  fonde  son 
argumentation  sont  loin  d'être  péremptoires  en 
faveur  de  sa  thèse,  puisqu'il  en  résulterait  tout  au 
plus  que  les  agents  des  grands  possesseurs,  sou- 
mis dans  les  cas  ordinaires  à  la  juridiction  des 
juges  publics,  peuvent  cependant  exercer  parfois 
eux-mêmes  une  certaine  juridiction;  ce  qui  ne 
prouverait  pas  du  reste,  nous  l'avons  constaté 
(§  ^^)'  4^^  ^^te  juridiction  particulière  vint  de 
l'inununité. 

5.  Garoli  Magni  capitul.  an.  802, 1,  c.  13,  et  Garoli  Galvi 
titui.  XXXIII,  an.  861.  —  Baluze,  Gapitularia,  1. 1,  p.  366, 
et  t.  II,  p.  152. 


Il  Doas  reste  à  dire  deux  mots  d'un  dernier 
texte  visé  également  par  Montesquieu,  où  il  est 
ordoimé  que  les  ÉgUsM  aient  les  justioes  de  leurs 
hommes,  jusHtias  tâm  m  vUa  quam  m  peemms 
eomm^.  Ce  texte  ne  se  rapporte  vraisanblaUe- 
ment  pas,  comme  le  fait  obsenrer  Houard  (§  39), 
à  Texerdoe  proprement  dit  de  la  juridictîoD,  à 
l'acte  de  juger,  mais  plutôt  à  la  levée  des  justices, 
jwHHafy  c'estrà-dire  à  la  perception  de  la  campih 
sitio  et  du  fredum.  C'est  là,  il  est  vrai,  ce  que 
Montesquieu  déclare  être  proprement  la  justice 
mteie,  justitiœ;  mais,  dans  l'interprétation  de  ce 
texte  particulièrement,  il  semble  perdre  de  vue 
cette  appréciation  et  entrer  dans  un  ordre  d'idées 
différent,  Iwsqu'il  prétend,  conmie  d'autres, 
comme  Mably,  Gourcy  et  Pardessus  ce  semble 
l'ont  prétendu  aussi  après  lui,  y  trouver  la  preuve 
que  les  Églises  avaient,  aux  termes  mêmes  de  ce 
texte  du  capitulaire  de  806  (ou  810?),  la  justice 
oriminelle  et  civile  sur  tous  ceux  qui  habitaient 
leur  territoire. 

Entendrait-il  par  là  que  la  formule  justitiœ  in 
vita  habere  correspondit  suivant  cette  interpréta- 
tioD  à  ce  qu'on  appelle  le  droit  de  vie  et  de  mort? 


6.  f  In  primis  omnium  jnbendum  est  ut  habeant  Ecclesiae 
c  eanim  justitiaB,  tam  in  vita  iliorum  qui  habitant  in  ipsis 
•  Eoclesiis  quamque  in  pecuniis  et  snbstantiis  eoram.  >  — 
Gapitul.  an.  806,  IV,  c.  1,  et  Gapitnlarium  1.  VI,  c.  245. 
Baloze,  Capitularia,  t.  I,  p.  449  et  964.  —  Gapitnl.  Bai- 
waricum,  circa  an.  810  (?).  Boretins,  Capitularia,  1. 1,  p.  158. 


104  là  jïïsncB  nxftE 

Telle  n'est  pas  cq>eDdanty  selon  toute  vraisem- 
blance, le  sens  qu'il  convient  de  lui  donner.  On 
serait  probablement  plus  près  de  la  vérité  en 
cherdiant  sa  signification  dans  le  rapprodiement 
qu'on  peut  en  faire  avec  la  locution  eampûnere  de 
vUa  que  donne  un  texte  du  vi*  siècle''.  Nous 
aurons  occasion  de  rappeler  ultérieurement  ces 
considérations  à  propos  de  ce  qui  est  dit  par 
d'autres  encore,  après  Montesquieu,  à  ce  sujet 
(§§  36,  39,  42,  49). 

Montesquieu  ne  cite  pas  toujours  et  se  contente 
le  plus  souvent  de  viser  les  textes  dont  il  allègue 
Tau  tonte  dans  son  ai^umentation.  Nous  en  avons 
rapporte  quelques-uns,  d'après  ses  indications, 
ceux  surtout  pour  lesquels  nous  avons  éte  dans  le 
cas  de  contester  l'interprétation  qu'il  en  donne.  La 
mise  en  lumière  et  la  discussion  de  ces  documente 
nous  ont  semblé  d'autant  plus  nécessaires  que 
nombre  d'auteurs  après  Montesquieu,  en  le  citant 
ou  sans  le  citer,  se  sont  bornés  à  reproduire  ses 
appréciations  et  ses  assertions  en  ce  qui  les  con- 
cerne. Ils  y  ont  joint  cependant  parfois,  conune 
nous  le  verrons,  d'autres  titres  analogues  que 
Montesquieu  avait  ou  ignorés  ou  négligés,  et  dont 
nous  aurons  ainsi  occasion  de  parler. 

7.  f  Si  quis  in  domo  alterius  ubi  ciavis  est  fàrtmn  îutb- 
«  nerit  Dominus  domûs  de  vita  componat.  >  —  Décret. 
Ghiotharii  II  régis  circa  an.  595,  c.  4.  Baluze,  Capiiularia, 
t.  I,  p.  20.  —  Décret.  Ghiotharii,  an.  (?),  c.  10.  Boretias, 
Capiiularia,  1. 1,  p.  6. 


CT  h'mumni.  {  34.  4M 

§  34.  — -  En  réramé,  dam  on  spUm»  on  pen 
Qfmhs  (§  31  ),  Montefiquieu,  au  xvm*  siècle,  admet, 
omune  aux  x\i*  et  xyn*  l'avait  fiiit  Loyseau, 
que  la  justice  est  en  principe  intimement  liée  au 
fief;  mais,  contrairement  à  lui,  il  conteste  que 
cette  prérogative  soit  le  résultat  d*une  usurpa- 
tion. La  justice  est,  ce  semble,  suivant  Montes- 
quieu, une  sorte  d'attribut  de  la  propriété.  Pour 
oe  qui  est  de  l'immunité,  il  affirme,  avec  Bignon, 
qu'eUe  implique  jouissance  de  la  juridiction  ;  que 
oe  privilège,  sans  être  absolument  étranger  aux 
laïques,  est  surtout  propre  aux  %lises  ;  et  que  c'est 
tout  spécialement  la  forme  sous  laquelle  le  droit 


Mais  cette  justice,  droit  inhérent  au  fief  et,  grâce 
à  l'immunité,  reconnu  dans  les  mêmes  termes  aux 
%lises,  la  justice  des  seigneurs,  comme  il  le  dit, 
et  celle  des  %Iises  ne  seraient  en  iquelque  sorte 
pas  autre  diose  que  le  droit  de  faire  payer  la  cam^ 
fositio  due  à  la  partie  lésée  et  le  fredum  levé  au 
profit  du  détenteur  de  l'autorité,  au  profit  du  sei- 
gneur territorial,  du  maître  du  draaaine.  C'est 
cet  avantage  qu'aurait  assuré,  suivant  lui,  aux 
Églises  le  privilège  de  l'immunité,  qui  contient 
l'interdiction  à  tout  juge  public  ou  officier  royal 
d'entrer,  pour  cet  objet  non  plus  que  pour  au- 
cun autre,  dans  le  domaine  du  privilégié.  De  là, 
comme  conséquence,  pour  celui-ci  le  droit  et  en 
quelque  sorte  l'obligation  de  juger  lui-même  ou 
de  faire  juger  par  ses  agents,  par  les  juges  pri- 


406  LA  /Uni€B  P1IY<B 

vés,  à  la  place  du  juge  public.  Voilà  comment, 
suivant  Montesquieu ,  la  justice  privée  serait 
eogendrée,  mais  au  profit  des  Églises  surtout,  par 
rimmunité. 

Montesquieu  tàdie  ainsi  de  concilier  jusqu'à  un 
certain  point  les  idées  de  Loyseau  et  celles  de 
Bignon  sur  l'origine  de  la  justice  privée  et  sur 
la  part  qui  peut  y  revenir  à  l'immunité.  Il  n'en 
reconnaît  à  ce  privilège  qu'une  très  minime  et 
tout  à  fait  secondaire,  dans  la  dévolution  du  droit 
de  justice  au  grand  possesseur  laïque  :  à  peu  près 
d'accord  en  cela  avec  Loyseau,  qui  ne  lui  en  attri- 
buait aucune  pour  cet  objet.  Gonune  Bignon,  il  lui 
en  accorde  au  contraire  une  très  grande  dans  la 
constitution  de  la  justice  privée  au  profit  des 
Églises,  c'est-à-dire  des  ecclésiastiques.  Il  intro- 
duit en  outre,  assez  timidement  du  reste,  dans 
l'appréciation,  du  fait  une  opinion  nouvelle,  sui- 
vant laquelle  il  fait,  en  principe,  de  la  justice 
privée  une  sorte  d'attribut  de  la  propriété;  par- 
ticularité qu'il  rattache  pour  ce  qui  est  de  ses 
origines  aux  usages  des  peuples  germaniques 
(§  31  ).  Montesquieu  prend  place  ainsi  à  la  tète  en 
quelque  sorte  de  ceux  qui  considèrent  le  droit  de 
justice  privée  comme  une  sorte  de  corollaire  du 
droit  de  propriété. 

Telles  sont  en  définitive  les  opinions  de  Mon- 
tesquieu sur  la  question. 


R  h'mmntrL  i  35.  4d7 

XIII.  Mably. 

§  35.  —  Mably,  après  Montesquieu,  parle  à  son 
tour  de  la  justice  prirée  et  de  rinunuDité.  On 
trouve  ses  opinions  à  œ  sujet  au  livre  I  de  ses 
Observatianê  mr  Vkutaire  de  France  publiées  en 
1765,  dans  les  remarques  surtout  qui  accom- 
pagnent le  corps  de  Touvrage.  Ce  qu'il  en  dit  ainsi 
manque  un  peu  de  liaison;  de  Ûi  une  certaine 
ioconsistance  dans  le  système  qui  parait  se  dégager 
de  ses  écrits  ;  et,  sur  quelques  points,  l'absence 
de  précision  dans  les  notions  qui  le  constituent. 

Pas  plus  que  Loyseau,  Mably  ne  considère  la  jus- 
tice privée,  ce  qu'il  appelle  la  justice  seigneuriale, 
comme  devant  en  principe  son  origine  à  l'immu- 
nité. Il  n*admet  même  pas  avec  Bignon  qu'il  en 
soit  au  moins  ainsi,  exceptionnellement,  pour  ce 
qui  regarde  spécialement  les  Églises.  Tout  au  con- 
traire, Timmunité  soit  laïque,  soit  ecclésiastique, 
—  Mably  ne  les  distingue  pas  comme  Bignon  et 
Montesquieu  l'une  de  l'autre,  — -  aurait  été,  sui- 
vant lui,  la  suite  et  le  complément,  la  coosécra- 
ticHi  en  quelque  sorte  de  l'exercice  antérieur  de  la 
justice  privée  :  ce  qui  revient  à  peu  près  à  Topi- 
oion  de  Montesquieu  (§31).  Mably  conteste  d'ail- 
leurs à  celui-ci  que  la  justice  privée  se  rattache  aux 
usages  germaniques  (§  31)  et  ne  semble  pas  non 
plus  lui  accorder  qu'elle  ne  soit  jamais  le  résultat 
de  l'usurpation  :  les  détenteurs  des  seigneuries 
s'attribuent  de  bonne  heure,  dit-il,  le  droit  de 


408  LA  IVSnCB  PRIffi 

justice,  et  ce  droit  est,  lorsqu'il  apparaît,  étroite- 
ment lié  à  la  seigneurie  patrimoniale,  qui,  suivant 
lui,  a  commencé  presque  toujours  ainsi.  Quoi 
qu'il  en  soit,  voici  Texplication  que  donne  Mably 
des  origines  de  la  justice  privée. 

La  justice  privée,  démembrement  suivant 
Mably  de  la  juridiction  publique  des  comtes, 
résulterait,  croit-il,  des  pratiques  de  Tarbitrage 
librement  consenti  par  les  parties  engagées  dam 
un  litige,  pour  se  soustraire  aux  abus  de  pouvoir, 
à  la  tyrannie  des  oflBciers  et  juges  publics.  Les 
arbitres  choisis  étant  naturellement,  dit  Mably,  les 
seigneurs  eux-mêmes,  la  juridiction  acquise  par 
eux,  à  ce  titre,  du  consentement  des  justiciables, 
et  consacrée  par  Tusage,  leur  est  finalement  assu- 
rée par  les  décisions  de  €  l'assemblée  des  Leudes, 
c  ainsi  s'exprime-t-il,  qui  défendent  expressément 
c  aux  magistrats  publics  d'exercer  aucun  acte  de 
c  juridiction  dans  les  terres  des  seigneurs.  »  Voilà 
comment  se  trouvent  instituées,  suivant  Mably, 
les  fonctions  judiciaires  et,  partant,  le  droit  de 
justice  de  ces  derniers. 

La  pratique  très  ancienne  du  jugement  arbitral 
est  attestée  comme  un  usage  de  droit  commun 
par  des  documents  dont  Mably  aurait  pu  invo- 
quer l'autorité,  ce  qu'il  ne  fait  pas  toutefois^.  Mais 

i.  «  Dirimere  causas  nulli  licebit  nisi  aut  à  principibuB 
<  potestate  concessa,  aut  ex  consensu  partium  electo  judioe.  » 
Lex  Wisigoth.,  lib.  H,  titul.  I,  c.  14.  —  Dom  Bouquet, 
Recueil  de$  historiens  des  Gaules  et  de  la  France,  t.  IV,  p.  296. 


R  L'unioifivi.  I  85.  4M 

le  parti  qa'fl  tire  de  cet  usage  pour  expliquer 
Fongioe  de  la  justice  privée  parait  peu  acceptable. 
Qoant  au  r6le  qu'il  donne  à  rassemblée  des  Leudes 
dans  cette  institution,  c'est  une  conception  tout  à 
fait  singulière  qui  se  rattache  évidenunent  à  la 
théorie  bien  connue  de  Mably  sur  le  jeu  des  assem- 
blées publiques  dans  les  premiera  temps  de  la 
mooarchie'.  U  explique  ainsi  à  la  fois  Forigine  de 
la  justice  privée  et  celle  de  l'immunité,  puisque 
celle-ci  n'est,  suivant  lui,  que  le  complément  et 
oomine  la  consécration  de  celle-là. 

Gréée  de  cette  manière,  la  justice  privée  se 
généralise,  dit  l'auteur;  les  rois  en  font  l'accompa- 
gDement  de  toute  concession  de  bénéfice.  Cepen- 
dant Mably,  qui  ne  confond  pas  les  bénéfices  avec 
les  fiefs,  dit  que  les  premiera  bénéfices  étaient 
sans  justice;  mais  qu'il  n'en  est  pas  de  même  ulté- 
rieurement, c  Dès  que  les  rois,  en  conférant  des 
€  bénéfices,  leur  attribuèrent,  ajoute-t-il,  le  droit 
<  de  justice,  il  Ait  défendu  aux  juges  publics  d'y 
€  faire  aucun  acte  de  juridiction.  >  Cette  interdio^ 
tioo,  il  est  facile  de  le  reconnaître,  n'est  au  senti- 
ment de  l'auteur  .autre  chose  que  le  privilège 
d'immunité  lui-même  ;  et  dire  que  les  rois  donnant 
UQ  bénéfice  faisaient  suivre  la  donation  de  cette 
intmlietion,  c'est  dire  qu'à  la  collation  du  pre« 
niier  était  jointe  celle  de  l'immunité. 

Mably,  à  cette  occasion,  rend  compte  suc- 

2.  Mftbly,  Observations  sur  l'histoire  de  France,  1.  II,  c.  2, 
Remarques  et  preuves. 


440  LA  JUSTICE  PUT^B 

cinctenent  des  prohibitions  qui  sont  l'essence 
même  du  privilège,  tel  qu'il  est  formulé  dans  les 
diplômes  royaux  portant  concession  d'immunité  ; 
mais  il  n'entre  dans  aucune  explication  détaillée 
en  ce  qui  les  concerne. 

Pour  ce  qui  est  de  l'époque  à  laquelle  remon- 
teraient ces  faits,  dans  leurs  premières  manifesta- 
tions, Mably  est  peu  précis.  Il  y  a  même  quelques 
contradictions  dans  ses  déclarations  à  ce  sujet. 
La  justice  privée,  dont  l'immunité  serait  insépa- 
rable puisque  celle-ci  en  est  la  consécration  eo 
quelque  sorte,  aurait  été  attachée  à  la  seigneu- 
rie patrimoniale  postérieurement  au  vm^  siècle, 
par  Gharlemagne  dit-il  quelque  part.  Ailleurs  il 
avance  qu'elle  a  peut-être  commencé  au  vn*  siècle 
et  même  vers  la  fin  du  vi*,  sous  les  Mérovingiens. 
Quant  aux  Églises,  elles  auraient  eu,  dit-il,  justice 
et  plaids  dès  les  premiers  temps  de  la  monarchie. 
Il  y  a  désaccord  complet  entre  ces  indications. 
Mably  dit,  après  tout  cela,  qu'il  a  pu  se  tromper 
sur  les  causes,  mais  non  sur  l'époque  de  l'éta- 
blissement des  seigneuries,  établissement  solidaire 
de  celui  de  la  justice  privée  et  partant  de  l'immu- 
nité, dans  son  système.  Il  pourrait  bien  se  faire 
qu'il  s'abusât  sur  le  mérite  de  ses  allégations  dans 
l'un  aussi  bien  que  dans  l'autre  cas,  vraisembla- 
blement. 

On  voit  ce  que  peuvent  valoir  les  opinions  for- 
mulées ainsi  par  Mably  sur  les  origines  de  la  jus- 
tice privée  et  sur  l'immunité.  Elles  constituent  un 


R  L'nmmirf.  S  8S*  ^^* 

répme  mngÎDftîre  dont  il  laisse  ftottante  la  date 
ioitîale  et  dont  il  ne  justifie  par  aucune  preuve 
suffisante  la  conception. 

§  36.  —  A  ces  notions  imparfaites,  Mably  joint 
œpendant  la  citation  de  quelques  textes.  Mais  ces 
textes  ne  semblent  guère  propres  à  les  corrobo- 
rer. Ge  sont  deux  formules  de  Marculfe,  celles  qui 
portent  les  numéros  SI  et  3  au  livre  I  et  qui  con- 
cernent la  concession  de  Tinmiunité  à  une  Église; 
plus  trois  chartes  de  630,  636,  638,  empruntées 
à  Dom  Bouquet^  :  celle  de  630  pour  la  donation 
par  Dagobert  à  Tabbaye  de  Saint-Denis  de  cer- 
tains domaines,  villœ  cum  justitiis  et  dominiis; 
celle  de  636,  du  même  roi,  et  celle  de  638,  de 
Glovis  II,  pour  la  concession  de  l'immunité  à 
deux  autres  abbayes.  Rebais  et  Saint-Haur-des- 
Fossés.  Rapprochant,  comme  il  le  fait,  ces  cita- 
tions de  ce  qu'il  dit  de  la  défense  opposée  aux 
juges  publics  de  faire  acte  de  justice  dans  les 
domaines  concédés  en  bénéfice  par  le  roi,  ce  qu'il 
présente  comme  une  confirmation  en  quelque 
sorte  du  droit  de  justice,  Mably  peut  être  juste- 
ment soupçonné  de  prendre  dans  le  premier  des 
trois  diplômes  les  mots  cum  justitiis  pour  l'ex- 
pression de  ce  droit  de  justice,  du  droit  même  de 
juger,  au  lieu  d'y  voir,  comme  il  convient  ce 
semble,  le  privilège  de  recueillir  simplement  les 

1.  Dom  Bouquet,  RM*eil  des  historiens  des  Gaules  et  de  la 
— ^,  t.  IV,  p.  628,  630,  633. 


143  LA  nmruM  FUfiB 

firuits  de  la  jortioe,  c'est-^àrdire  les  amendes,  les 
confiscations,  etc.,  la  jouissance  des  droits  du  fisc 
en  un  mot  (§  14). 

Au  cours  de  ses  explications  touchant  l'cHrigioe 
et  le  caractère  de  la  justice  privée,  llably  cite 
encore  certains  textes  empruntés  aux  capitulaires 
et  à  d'autres  documents  du  même  temps,  où  il 
croit,  comme  Montesquieu  et  d'après  lui  peut- 
être,  trouver  des  preuves  de  l'exercice  de  cette 
juridiction  par  les  juges  privés.  Il  tire  ces  conclu- 
sions des  locutions  justUiam  ou  justitias  facere^ 
justitias  percipere  et  reddere  qu'il  trouve  dans  ces 
textes.  Nous  avons  expliqué  précédemment  la  véri- 
table signification  de  ces  expressions  (§  14)  sur  le 
sens  desquelles  Mably  se  méprend.  Il  en  est  de 
même  de  son  interprétation  de  la  proposition  c  ut 

c  habeant  Ecclesiae  justitias in  vita  illorum  qui 

c  habitant  in  ipsis  Ecclesiis  >  (§  33,  note  6),  où  il 
croit  voir,  comme  d'autres  l'ont  cru  aussi,  l'expres- 
sion du  droit  de  vie  et  de  mort,  mais  dont  le  sens 
ne  saurait  vraisemblablement  être  tel.  Nous  avons 
relevé  pour  la  première  fois,  chez  Montesquieu, 
cette  opinion  inacceptable;  nous  nous  contente- 
rons ici  de  renvoyer  aux  considérations  que  nous 
avons  présentées  alors  à  ce  sujet  (§33). 

§  37.  —  En  résumé,  dans  le  système  de  Mably, 
les  abus  de  pouvoir  des  juges  publics  et  le  besoin 
d'échapper  à  leur  tyrannie  auraient  généralisé 
parmi  les  honunes  des  domaines  privés  l'usage, 
conforme  à  d'anciennes  coutumes,  de  recourir 


du»  lêm  diftér«Mb  à  rarbîtrage,  et  oetaïUlnige 
remis  an  seigoair  aurait  bîentàt  coosâtné  à  aoa 
profit  une  juridiction  que  vient  compléter  ulté- 
rieurement l'interdictîfm  opposée  aux  ju^espubKca 
d'exeroer  aucun  acte  de  justice  dans  Tintérieur 
de  œs  domaines.  Les  rds,  pour  assurer  cet  avàn* 
tage  de  la  juridiction  privée  aux  possesseurs  des 
béoéices,  aussi  bien  ecdésîastiques  que  laïques,  le 
leur  auraient  garanti  au  moyen  de  la  même  intei^ 
diction,  formulée  dans  le  privilège  d'immunité 
qu'ils  confèrent  en  même  temps  que  le  bénéfice. 

La  justice  privée  aurait  ainsi  pour  origine  la 
pratique  de  l'arbitrage,  con^létée  ensuite  et  con* 
sa<a*ée  par  les  interdictions  de  l'immunité.^  Elle 
résulterait  ultérieurement  des  termes  en  quelque 
sorte  de  ce  privilège,  qui  l'engendrerait  alors  au 
profit  de  tout  détenteur  de  bénéfice  concédé  dans 
ces  conditions  par  le  roi.  Mably  regarde  en  défi* 
nitive  l'immunité  conosne  introduite  postérieure- 
ment à  la  constitution  de  la  justice  privée  ;  mais 
il  admet  que  par  la  §uite  celle-ci  est  assurée, 
garantie,  enfontée  en  quelque  sorte  par  le  privi- 
lège. On  pourrait  peut-^tre,  à  la  rigueur,  ranger 
d'après  cela  Mably  parmi  ceux  qui  considèrent 
l'immunité  comme  engradrant  la  justice  privée, 
bien  qu'il  reconnaisse  en  principe  à  celle-ci  une 
aotre  origine,  l'arbitrage. 

XIV.   HOUARD. 

§  38.  —  Houard,  contemporain  de  Mably, 
XLTn  8 


446  LA  insncB  ji^u^iE 

Gependant,  à  un  point  de  vue  plus  général, 
Houarçl  reconnaît ,  à  côté  de  la  juridiction  des 
juges  publics,  Tautorité  du  mattre  sur  ses  honupDes, 
dont  il  lui  appartenait  de  juger  à  ce  titre  certaines 
causes  par  l'intermédiaire  de  ses  agents  oa  offi- 
ciera particuliers  ;  régime  purement  laïque»  dont  le 
type  est  fourni,  dit4ly  par  celui  des  terres  du  fisc, 
tel  qu'il  ressort  des  dispositions  du  capitulaire  de 
vilUs.  Houard  se  rapproche  par  là  de  ropioion 
qu'il  combat  chez  Montesquieu.  On  ne  peut  pas 
ne  pas  relever  cette  contradiction.  C'est  aiasî 
qu'il  admet,  sans  tirer  néanmoins  de  là  les  consé- 
quences qui  peuvent  en  découler,  une  sorte  de 
juridiction  inférieure  exercée  par  le  possesseur 
sur  ses  hommes,  pour  la  police  intérieure,  le  nuùn- 
tien  de  Tordre,  Tadministration  et  la  bonne  direc- 
tion du  travail  dans  son  domaine  ;  droit  naturd, 
suivant  lui,  de  tout  homme  libre;  droit  du  maître, 
damnu&^  dans  son  alleu,  analogue  à  celui  qu'on 
voit  le  roi  exercer  dans  les  terres  du  fisc. 

§  39.  —  Au  cours  de  sa  dissertation,  Houard 
discute,  à  propos  de  sa  thèse,  quelques-uns  des 
textes  qui  avaient  déjà  fixé  précéd^nmeot  l'atten- 
tion de  ses  devanciers.  Il  en  fournit  à  son  toiu* 
l'interprétation  et,  sans  résoudre  toutes  les  diffi- 
cultés qu'elle  présente,  il  approche  en  quelques 
points  plus  cgx'on  ne  l'avait  encore  ùit  de  la 
vérité. 

C'est  ainsi  que,  dans  certains  textes  où  se 
trouvent  les  mots/Mfttia,  justitiœ^  qu'on  y  oonsi- 


CT  L'innmii<.  S  S9.  447 

déraft  avant  lai  oomme  exprimant  Texeraoe  même 

de  la  jarîdiotîont  c'est-è-dire  Tacte  de  juger,  il 

propose  de  ne  voir  autre  choae  que  la  mentimi 

des  amaMles,  freda.  Il  applique  notamment  cette 

appréciation  à  Texplication  de  la  locution /mIîNm 

m  vita  hâberêy  dans  un  texte  où,  avant  lui.  Montes* 

qnieu  (§  33),  Mably  (§  36)  et  après  lui  encore 

Gooncy  (§  4S)  et  Pardessus,  ce  semble  (§  49), 

veolent  trouver  l'expression  du  droit  de  vie  et  de 

mort  qui  suivant  eux  caractériserait  ainsi  Texer- 

cîce  de  la  justice  crimineUe/.  Il  applique  encore 

la  même  appréciation  à  la  locution  jugtitiam  ou 

jîutitias  perdpere  et.  reddere^^  qu'ailleurs  on 

expliquait  et  qu'on  explique  encore  quelquefois 

parjurer,  judicare  (§44)* 

Pour  ce  qui  est  du  texte  où  se  trouve  la  première 
de  ces  deux  locutions,  justiHas  in  vita  habere^ 
Houard  dit  nettement  qu'il  concerne  non  l'exercice 
de  la  juridiction,  mais  la  perception  des  freda 
accordée  aux  Églises  par  les  capitnlaires,  et  que  le 
mot  jusUtia  a  encore,  dans  dés  documents  ulté- 
rieurs, le  sens  de  redevance,  ce  qui  est  d'accord 
avec  la  signification  qu'il  lui  donne  ici. 

Quant  au  texte  qui  contient  la  seconde  locxk^ 
^on,  justitias  percipere  et  reddere,  Houard  est  sur 
la  voie  d'une  bonne  interprétation  qu'il  ne  trouve 
pas  cependant,  parce  que,  dans  l'alternative  expri- 
mée par  les  deux  verbes  percipere  et  rèddere^  il 

\.  Ge  texte  est  donné  ci-dessus,  %  33,  note  6. 
l.  Dans  un  texte  donné  ci-dessus,  §  14,  note  9. 


in  t 

donne  ABoeeMÎvcnieDl  an  luAjmttiUm  dem  sens 
différents.  Il  dit,  en  effet,  qoe,  dans  le  premier 
eus,  il  s'agit  des  msm  ^iêcûfêmm  vd  patentum 
ébvgés  de  percevoir  les  smôides, /mIÂîm  jmt- 
dpere;  en  qnm  il  est  dans  le  vrai,  mais  n*a  pas 
tout  à  fait  raison,  car  il  anrait  idlo  plnlM  dire 
éburgés  de  recevoir  la  campoiUio.  Dans  le  second 
cas  fl  s'agirait,  suivant  lui,  des  agents  de  la  jus^ 
tice  publique,  judiees  camitmmy  diargés,  ditril, 
de  juger  ou  rendre  la  justice,  jmtùiâê  reddere; 
et  id  il  a  tout  à  fiût  turt. 

Houard  aurait  dû  cependant  être  éclairé  dans 
cette  appréciation  par  le  rapprochement  qu'il  fait 
de  ces  textes  et  de  ccJui  d'une  ordonnance  de  4  309 
de  Philippe-Auguste'  qu'il  cite  ei  où,  il  aurait  pu 
le  voir,  k  locution  reddere  jutHtiam  signifie  payw 
une  redcTance  ;  ce  qui  prouve  qu'elle  ne  ccNcres- 
pond  pas  nécessairement  à  l'idée  de  juger.  Dans 
le  texte  qu'il  Radiait,  la  locution  complète  signi- 
fie, nous  l'avons  montré  (§  44),  ester  en  justice 
soit  comme  demandeur  (perdpere)  soit  comme 
défendeur  (reddere),  ou  li^en  recevwr  ou  payer 
indemnité,  eempoeitio. 

3.  c  Quilibet...  secuDdum  quod  de  feodo  illo  tenebit,  ser- 
c  vitium  tenebitar  exibere,  et  illi  domino  deservire,  et  red- 
c  dere  rachatum  et  omnem  justitiâm...,  »  où  le  moi  jiutitiû 
signiie,  dit  Laaiiôre  dans  une  note,  dmits,  deroiis  ou  rede- 
vances. ^  Philippns  rex,  de  feodalibns  tenementi»,  i*'  mai 
1209,  art.  2.  —  Ordonnances  des  roù  de  France,  1. 1,  1723, 
p.  29. 


§  iO.  —  Hooard,  dana  sa  dîasertatioD,  part,  on 
k  voit,  de  la  critique  des  opinions  de  Montesquieu 
av  let  joBtîees  eoclésiastiquM,  d'où  il  étend  ses 
obMmÉâoDS  au  régiioe  tout,  entier  de  la  justîoe 
privée. 

Ed  résumé,  suivant  hii,  les  Églises  exdnmre"- 
nmÉ  en  possession  de  la  justîoe  spiritu^e  u'iM 
pu  avoir,  sinon  exceptionnêllenient,  aucune  justice 
civfle;  pure  usurpation  entre  leurs  mains,  disait 
Lojseau*  Les  bénéfiders  non  plus  n'avaient,  oroit- 
il,  aucun  droit  de  justice,  bien  qu'il  reconoaisse 
à  tout  libre  possesseur  une  aorte  de  juridiction 
inférieure  sur  les  bonunes  de  son  alleu,  dans  des 
termes  analogues  à  celle  exeroée  par  le  roî  sur  les 
hommes  du  fisc.  Quant  à  Tiaununité,  elle  ne  ren- 
ferme, ditril,  aucune  concessiom  de  justice  (§  38), 
mais  empcMie  la  simple  jouissance  de  ses  fruits, 
en  raison  de  la  concession  des  amendes,  freda. 
EHe  laisse  aux  juges  publics  l'exercice  de  leur 
juridiction  habituelle. 

Cette  doctrine,  prise  dans  son  ensemble  et  fouit- 
lée  dans  tous  ses  détails,  permet  de  ranger  Hôuard 
panai  ceux  qui,  n'accordant  pas  à  l'immunité 
d'être  la  source  de  la  justice  privée,  vdent 
quelques  traits  de  celle-ci,  aabs  tirer  de  là  aucua^ 
oonclusioa  du  reste ,  dans  l^utorité  et  dans  un 
certain  droit  de  police  du  possesseur  sur.sa.tenie 
et  sur  ses  hommes. 


4M  LA  jomcB  nui^B 

XV.   GOURCY. 

§44  .---L'abbé  de  iJkMiPcy^api^  Houard,  ei^poee 
ses  idées  sur  les  origines  dîe  la  justice  privée  et  sor 
rimmuoité  dans  un  ouvrage  courooné  eu  176S 
par  TÂcadémie  des  iDsoriptioas  et  publié  l'année 
suivante  sous  oe  titre  :  Quel  fiU  VitëJt  des  perMtmes 
en  France  sous  la  première  ^t  la  seconde  race  de 
nos  raisf  L'auteur  identifie  les  justices  privées 
avec  les  seigneuries,  conune  il  le  marque  en  disant 
au  début  de  sa  discussion  sur  cet  objet  :  c  II  ne 
€  me  reste  plus  qu'à  examiner  s'il  y  avait  des  sei- 

<  gneuries  ou  justices  privées  sous  les  deux  pre- 

<  mières  races.  >  On  a  soutenu»  dit*-il  encore, 
qu'elles  n'avaient  commencé  que  vers  le  déclin  de 
la  seconde  race,  par  les  usurpations  des  ducs  et 
des  comtes,  qui  se  seraient  approprié  alors  les 
droits  dont  ils  n'avaient  que  l'exercice  par  délé- 
gation du  souverain.  Cette  c^inion,  ajoute-t-*ili  est 
celle  d'Adrien  de  Valois,  de  l'abbé  Dubos,  de  Tahbé 
Legendre,  de  Dom  Vaissette,  (fe  Ghaotereau* 
Lefebvre,  de  Fleury.  Et  il  continue  :  ces  usurpa- 
tions ne  sont  que  trop  vraies,  mais,  les  justices 
privées  commencent  bien  plus  tôt  et  poocèdent 
dès  tors  d'une  double -origine  ;  l'une  peu  régulière 
— *-  il  Testime  ainsi  -^  par  la  transformation  gra- 
duelle en  juridiction  de  l'autorité  particulière  du 
maître  sur  les  serfs  de  son  domaine,  aussi  bien  que 
sur  une  certaine  catégorie  d'hommes  libres  vivant 
également  sur  ses  terres,  et  à  ce  titre  volontaire- 


ment  somik  à  son  «itcNrité  pour  jouir  de  sa  pro- 
tection; fttttre,  plus  légitime  —  td  est  son  sentip 
meot  —  suite  de  Fexonptton  de  toute  juridiction 
des  juges  pnbbGs,  formeUement  accordée  par  les 
rois  dsns  des  dMoies  dont  on  a  des  âpécimras 
qui  remontent  aux  premiers  temps  de  la  monar- 
éie.  Ce  sont  les  diartes  d'immunité  qu'il  appré- 
cie et  mentionne  ainsi. 

Telle  est  en  deux  mots  la  théorie  de  Gourcy.  Il 
ooDteste  d'ailleurs  expressément  que  la  justice  soit« 
comme  le  veut  Montesquieu  (§31),  un  droit  inhé- 
rent au  fief,  car  il  y  a,  difc-il,  notamment  en  Nor- 
mandie, un  grand  nondi>re  de  fiefs  sans  justice; 
nais  le  privilège  de  l'exercer  est  ordinaimaent 
attadié  au  bén^ce  ;  le  droit  de  juger  accmnpagne, 
dit-il,  presque  toutes  les  concessions  royales. 
Attaquant  encore  Montesquieu  sur  un  autre  point 
(§31),  Gourcy  nie,  comme  Mably  (§  35),  qu'on 
trouve  aucune  trace  de  justice  territoriale  (justice 
privée)  chez  les  anciens  Germains,  ni  cl^  les 
Gaulois,  d'après  le  tableau  que  César  et  Tacite  ont 
donné  de  leurs  mœurs  el  de  leurs  usages. 

L'abbé  de  Gourcy  rapporte,  en  définitive,  à 
trois  sources  différentes  l'origine  de  la  justice 
privée  :  premièrement,  aux  développements  et  à 
la  transformation  de  l'autorité  du  nialtre  sur  ses 
hommes,  où  il  ne  voit  qu'abus  et  empiétements 
illégitimes,  et  sur  lesquels  il  n'insiste  pas  beau- 
coup; secondement,  aux  usurpations,  lesquelles 
se  multiplient  vers  la  firt  dQ  la  seconde  raoe^  de  la 


part  des  seignean,  (ks  ducs,  des  comtes,  qui 
s'attribuent  k  propriété  des  domaines  et  des 
offices  doDt  ils  étaient  investis,  ûisant  ainsi  de  k 
juridiction  royale,  qu'ils  exerçaient  dans  des  oon* 
ditîons  d'amovibilité,  une  juridiction  seigneuriale 
héréditaire;  troisièmement,  aux  eonoessioiis 
royales  surtout,  qui  en  sont  à  ses  yeux  le  prin- 
cipe le  plus  pur  et  qui  remontent,  dit*il,  aux  pre- 
miers temps  de  la  monarchie.  Ge  que  l'abbé  de 
Gourcy  appelle  des  concessions  de  juridiction,  ce 
sont,  rappelons-le,  les  diartes  d'immunité,  aux- 
quelles il  mêle  sans  le  distinguer  des  autres  un 
diplôme  qui  a  en  effet  le  caractère  qu'il  attribue  à 
toutes;  c'est  une  charte  de  815^  contenant,  en 
faveur  du  privilégié,  un  abandon  formel  du  droit 
de  juger  qu'on  ne  trouve  pas  dans  les  chartes 
d'inmiunité. 

§  42.  —  L'argumentation  de  l'abbé  de  Gourcy 
porte  principalement  sur  les  chartes  d'immunité. 

<  Ces  actes  contiennent  presque  tous,  dit- il 
c  d'après  Montesquieu,  une  défense  aux  juges  ou 
c  officiers  du  roi  d'entrer  dans  le  territoire  d'une 
€  Église  ou  d'un  Fidèle  pour  y  exercer  quelque 
c  acte  de  justice  ou  y  exiger  quelque  émolument  de 

<  justice  que  ce  fût.  Dès  que  les  juges  royaux  ne 

<  pouvaient  plus  rien  exiger  dans  un  district,  ils 

<  n'entraient  plus  dans  ce  district;  et  ceux  à  qui 
c  restait  ce  district  y  faisaient  les  fonctions  que 

1.  fialiise,  CapiMaria,  t.  H,  4406. 


fceu-^à  y  avment  fiâtes.  »<joorey,àoe8iqet,cite 
00  certaÎD  nombre  de  œs  diartes  d'imniumté  et 
meottoime  en  tête  de  rtoamà«tk>n  qu'il  en  fait 
celles  qu'cm  attritMie  à  Glovis  et  à  Qùbiite  l^  pour 
Tabbaye  de  Réomaux.  On  a  nié  leur  authenticité, 
dit41;  peu  importe  ;  ue  foule  de  pièeea  incontea- 
tables  du  même  g^ire  fournissent  des  témoignages 
évidents  de  Texistence  des  justices  privées  aux  Yl* 
et  vu*  siècles.  TeUes  sont,  suivant  lui,  trois  chartes 
notamment  données  à  l'abbaye  de  Saint-Cialais, 
soiis  les  dates  de  5S8,  598  et  567  (pour  547). 

A  la  mention  des  chartes  d'immunité,  l'abbé 
de  Gourcy  joint  ceUe  des  formules  de  Marculfe 
relatives  au  privilège;  puis  le  diplôme  de  815, 
que  nous  avons  signalé  tout  à  l'heure  (§41),  par 
lequel  Louis  le  Débonnaire  donne  expressément  à 
on  fideliSj  pour  lui  et  ses  successeurs,  le  droit  de 
juger  les  habitants  de  leur  domaine. 

Gourcy  joint  à  ces  documents,  pour  justifier  la 
signification  qu'il   leur   donne,  certains  textes 
empruntés  aux  capitulaires.  Ce  sont  ceux  allégués 
déjà  par  d'autres  en  faveur  de  là  même  thèse. 
L'auteur  prétend  tirer  de  ces  textes,  comme  on 
l'avait  fait  précédemment,  des  preuves  qui  éta- 
blissent, suivant  lui,  et  l'existence  et  le  rôle  judi- 
ciaire des  juges  privés  dès  le  vi*  «ècle,  pour  en 
déduire  la  conséquence  que  la  justice  privée  exis- 
tait aussi  à  la  même  époque.  Nous  avons  dit  ce 
que  peuvent  valoir  ces  considérations  pour  l'usage 
qu'on  en  fait  ainsi  (§13).  Gouroy  s'appuie,  dans 


434  LA  jusnci  raifit 

son  ar{;iiiiieDtatioD ,  sur  ces  textes,  onmoe  ses 
prédécesseurs  Tout  fidt  ayaut  lui,  oomme  d'autres 
le  feront  encore  après  lui.  Voici  rinterprétàtioD 
qu'il  en  d<xine. 

.  Dans  un  capitulaire  que  Tanteur  dte  sous  la  date 
de  552,  et  auquel  Baluze  assigne  cdlede  595  à  peu 
près,  l'expression  fidelium  termnU  opposée  à  celle 
de  eentena  doit  désigner,  dit  Gourcy  d'après  Mon- 
tesquieu  (§  33) ,  une  terre  à  laquelle  le  droit  de  jus- 
tice des  fidèles  était  attaché  ;  ce  qui,  dans  un  autre 
document  du  même  genre,  dans  une  constitution 
de  Glotaire  II  suivant  Baluze,  de  Glotaîre  V  sui- 
vant D.  Bouquet,  est  rendu  par  le  mot  truatis. 

Dans  des  capitulaires  de  779, 793,  803, 81 9  qui 
imposent  au  fideliSj  au  vassalluSj  au  FranùuSj  au 
Langobardus  l'obligation  de  faire  justice,  juHitiam 
facere^  Gourcy,  interprétant  par  fudicare  cette 
dernière  locution,  voit  la  preuve  que  les  person- 
nages désignés  ainsi  jouissent  de  la  juridiction. 

Le  capitulaire  de  61 5,  ordonnant  aux  évèques 
et  aux  puissants  laïques  d'instituer  des  oflSciers, 
judices  vel  missi  discussores  qui  justittam  perd' 
fiant  et  aliis  reddant  (§  1i,  note  9),  est  inter^ 
prêté  par  Gourcy  dans  le  même  sens  ;  il  prouve, 
suivant  lui,  que  le  droit  de  justice  privée  est 
alors  bien  établi  et  nécessairement  accordé,  fait-il 
observer,  par  le  roi,  qui  est  éminemment  le  seul 
justicier  du  royaume. 

Dans  le  capitulaire  de  806  (ou  810?),  la  locu- 
tion justitUta  in  vita  habere  (§  33,  note  6)  impli- 


qomnt,  crat41  a:vec  d'autres,  la  poatoaaiop  pw 
In^gbea  de  k  justice  erimiiidle  aussi  ïnen  que 
œlle  de  la  ju^îce  oîvUe  sur  tous  ceux  ijui 
halntent  leur  territoire. 

Iku»  PappréoiiÉioD  (pi*il  fiât  de  ces  doouflients 
CkMffcy  se'coofiMraie'à  oeUe  que  nous  en  avons 
déjà  TU  frire  par  d'autres  av»A  bu.  Nous  nous 
somaiesy  à  oette  ooeasion,  ex|diqi]^  à  leur  sujet. 
La  manière  dont  les  fideUtan  Urmm  sont  ib»h 
tîonnés  dans  le  capitulaire  dté  n'implique  néoes- 
sûrement  auoune  juridiction  aiyprofit  de  ces  fideUê 
(§  33).  JfêsHtiam  facete^  qui  signifie  quelquefois 
juger,  correspond  souvent  aussi  à  Tidée  toute 
eoofaraire  d'exécuter  ce  qu'un  jugement  a  prescrit 
ou  devait  presoire,  ce  que  le  droit  exige  :  %m 
judieare^  sed  judicatum  me  judieandmn  vel  rec- 
tum  fàcere  (§  1 4).  La  locution  a  toujours  ce  dernier 
sens  dans  la  proposition  ytMftttamp^f^^we  m/ ojtîs 
reddere  (faeeré),  exprimant  notanmiait  Taltema- 
tive  entre  les  deux  situations  de  demandeur  et  de 
défendeur  dans  une  affaire  judiciaire»  et  se  raj^x»^ 
tant  par  conséquent  au  rôle  de  justiciable  et  non 
à  celui  de  juge  (§14).  JustUiœ  désigne  non  l'exer- 
cice de  la  juridiction»  mais  la  levée  ou  la  joui»- 
aaooe  dea  revenus  ou  finiits  de  la  justice  (§  14). 
Dans  la  locutMm  ./Mtito  in  vita^  le  mot  juâtUim 
a  un  sens  qui  dérive  de  celui-là  (§  33).  C'est  éga- 
lement ainsi  qu'il  faut  interpréter  le.  même  iuot 
dans  on  dipl6iue  de  630  portant  donation  de 
domaines  par  Dagobert  V  à  l'abbaye  de  Saint- 


426  tk  luAns  ntïiz 

Benisv  èmn  0nmiiu&  justUHa  et  dMmm;  diplAme 
qui  a  évideiement  pourGeurcy,  d'après  lamamère 
dont  il  le  cite,  là  valeur  d^une  donation  de  jurîdii>- 
tion.  Celui  de  63S,  du  même  roi  an  même  monaft* 
tèl«,  aecable  èlreà ses  yci|K  ooe  ooa^nmtko  du 
ùàbr  par  Toppositioa  ^u'il  y  trouve  des  juUceê 
frin&ti  mÊX  judioês  publiée.  JMlaiaoQUsafWEiarino»- 
tfé  que,  de  Texiateiiee  des  judiees  privatif  on  ne 
peut  tirer  aucun,  argument  pour  OMcluré  à  oeUe, 
dès  le  mAme  temps,  de  jiBtîees  privées  constituées 
en  vertu  du  privil^e  de  l'immunité  (§43). 

§  43.  — *  Eh  résumé,  l'abbé  de  Gourcy  voit  dans 
les  diplômes  d'immunité  et  dans  les  textes  de  dîf* 
lérente  nature  qu'il  groupe  à  côté  d'eux  la  preuve 
de  l'existence  de  la  justice  privée  dès  les  premiers 
temps  de  la  monarchie,  et  regarde  son  institution 
comme  la  conséquence  nécessaire  de  ce  privilège 
de  riitimunité.  Gelninn  impliquait,  suivant  lui, 
exemption  de  la  juridiction  des  juges  publics,  et 
cette  exemption  équivalait,  croit-il  d'après  Mcmtes- 
quim,  à  la  concession  de  la  juridiction.  Telle  est, 
pour  Gourcy,  la  source  principiJe  et  légitime 
d'Cfù  provient  te  régime  de  la  justice  privée. 
D'autres  causes  cependant,  il  le  reconnaît,  ont  pu 
concourir  aussi,  mais  pour  une  moindre  part,  et 
moins  légitimement  ajoute-t-il,  au  même  résultat  : 
le  développement  de  l'autorité  très  ancienne  do 
miAtre  sur  ses  hommes  et  les  empiétements  et 
usurpations  qui,  au  déclin  de  la  seconde  race, 
immobilisent  à  titfê  de  propriété  entre  les  mains 


■r  h'mamfL  S  4S.  *« 

des  jqies  poUk»,  des  oomie»  notanuBeot,  les 
droits  de  juridiction  dont  ils  étaient  investis  à 
litre  d'i^Bfice  par  les  soutrerains. 

JBq  déimtive,  Gouroy  doit  être  rangé  parmi 
ceux  qui  regardent  le  privilège  d'ioumiaitéeoninie 
k  priacqpe  de  la  justioe  privée^  tout  en  OMotieiH 
ouït,  sans  y  insister  dn  rester  oertaios  droits 
ishéniats  à  la  propriété,  œux  du  maître  sor  ses 
hoflunes,  comme  ayant  eu  également  im  rôle  daas 
M8  origines. 

XVI.  Naudet. 

§  4&«  —  Naudet  reprend,  iprès  Goivey,  la 
question  de  Forigine  de  la  jastioe  privée  dans  son 
mémoire  :  De  Vétai  des  perwtmss  en  Fnmce  $<m$ 
ks  rois  de  la  fremière  race^  publié  en  18S7,  au 
Urne  VIII  des  Nouveaux  mémoires  de  TAcadéflue 
des  Inscriptions.  Son  opinion  diffère  sur  plus  d'un 
point  de  ccAe  de  son  prédécesseur,  en  ce  qui 
ooneeme  notamment  le  principe  de  la  juatioe  pri«- 
vée,  lecaradère  de  ceUe-ci,  et  fat  nalure  des  droits 
qu'e&e  conoporte. 

Pour  Naudet,  la  jastioe  est,  sous  la  première 
moe  d^,  un  des  attributs  du  bénéfice,  c  Le 
€  bénéfice,  ditp-il,  ajoutait  à  la  personne  du  leode 
c  des  privilèges  de  justice  résultant  de  la  pos- 
c  seflBÎon  d'une  terre  royale,  et  cet  usage  avait 
««a  racine  dans  les  mowrs  des  Germains.  > 
Ces  privilèges  n'étai«it  autres  d^ailleurs  que  le 
drat  de  percevoir  les  profits  de  la  ^tice,  in4>li* 


128  u  jv8n«fi  pinnfB 

quaût,  non  comnie  un  avantage,  mais  oomme  i 
charge,  Tobligation  déjuger.  Naudet  revient  ainsi 
à  peu  près  à  la  théorie  admise  sur  ce  sujet  au 
XBO^  siècle  (§  S2),  théorie  suivant  laqodJe  la  jus- 
tice privée  procédwait  bien  de  rîmanioité,  maia. 
tx>inmeune  suite  de  la  possession  des  droits  du  fisc 
qui  accompagne  ordinairement  le  privilège,  etnon 
comme  conséquence  de  TinterdictioB'Opposée  par 
celui-ci  aux  juges  publics  d'entrer  sur. le  terri- 
toire privilégié  et  d'y  tenir  leurs  plaids,  ainsi  qu'on 
le  prétendait  généralement  depuis  Bignon.  Nau- 
det se  rapproche  aussi  par  là  de  l'idée  initiale  de 
Montesquieu,  que  la  justice  était  surtout  i  un  droit 
lucratif,  »  le  droit  de  faire  payer  la  campontio  et 
le  fredmn  et  d'en  tirer  les  fruits  (§31). 

Au  début  de  sa  discussion,  Naudet  prend  à 
partie  les  opinions  de  Montesquieu  et  de  Mably 
sur  certains  points  du  sujet.  Il  conteste,  comnoie 
Gourcy,  au  premier  que  la  justice  soit  un  droit 
inhérent  au  fief,  et  il  constate  avec  Mably,  ce  qu'ad- 
met également  Gourcy,  que  c'est,  nous  l'avons  dit 
tout  à  l'heure,  un  attribut  du  bénéfice.  Il  devrait, 
à  cette  occasion,  reconnaître  que  l'apparente 
erreur  de  Montesquieu  vient  seulement  de  ce 
qu'il  confond  le  bénéfice  avec  le  JSef ,  ainsi  que 
Houard  le  fait  observer  (§  38). 

Pour  ce  qui  est  des  opinions  de  Mably  en  parti- 
euliery  Naudet  les  attaque  non  seulement  en  raison 
de  l'origine  qu'il  y  trouve  assignée  à  la  justice  pri- 
vée (§  36),  mais  encore  à  propos  de  la  omfiision 


Bf  t'nmimnHf.  S  ^'  *» 

qa^û  y  «giNJe  entre  le  bén^ee  et  la  tdgoeurie  à 
lâqoeÛe  aurait  été  originairemeot  attadiée,  dit  cet 
aoteor,  la  justice  privée;  ce  qui  pourrait  remon- 
ter, suivant  loi,  jusqu^au  VT  siède  (§  35).  i  Mais, 
ajoute  Nandet,  les  bénéfices  héréditaires  diffé- 
raient beaucoup  des  seigneuries,  parce  que  les 
partioitiiers  compris  dans  les  districts  de  jus- 
tices bâaéfidaires,  n^étant  point  les  hoounes  de 
ceux  à  qui  appartenaient  les  bénéfices,  ne  pou- 
vment  tomber  sons  leur  dépendance  que  par  an 
acte  de  violence  et  de  tyrannie,  non  par  un 
usage  légitime  ;  à  moins  qu'ils  ne  se  recomman- 
dassent aux  bénéficiera,  s'ils  étaient  hommes, 
libres  possédant  un  alleu,  ou  qulls  ne  tinssent 
d'eux  une  possession  à  cens  s'ils  étaient  libres 
sans  aUeu.  » 

Naudet  introduit  ainsi  la  distinction,  que  doit 
loi  emprunter  ultérieurement  Pardessus,  entre  la 
justice  attadiée  au  bén^ce  ou  justice  patrimo- 
niale, et  la  justice  sâgneuriale  proprement  dke; 
distinction  fondée  sur  cdle  qui  sépare  le  bénéfice 
héréditaire  de  la  seigneurie.  Nous  retrouverons 
ces  appréciations  dans  la  théorie  de  Pardessus, 
qd  reprend  cette  conception  après  Naudet  et  qui, 
fe  développant,  en  complète  l'expression  laissée 
imparfaite  par  son  auteur* 

Naudet  a  consulté  le  mémoire  de  Gourcy,  qu'il 
cite  quelquefois.  Il  lui  doit  certaines  idées  et  lui 
emprunte,  sans  les  vérifier  toutefois,  quelques- 
unes  de  ses  citations.  Les  trois  pièces  notamment 
xivii  9 


4M  U  iVtmSM  PEirb 

doDtiéeo  pw  Natidet»  squ9  les  datas  de  6^8,  538, 
557,  comme  chartes  d'immuDÎté  portant  conces- 
sîoa  des  droits  du  fisc,  pour  lesquelles  il  renvoie 
non  à  Gourcy  m^is  à  Dom  Bouquet.ayec  pagination 
inexacte,  sont  précisément  celles  qiie  mentionne 
Gourcy,  la  troisième  avec  une  faute  de  date  (557 
pour  647)  qui  n'existe  pas  chez  Dom  fiouqu^et  et 
qfxe  reproduit  Naudet*  U  e0t  bon  d$  faire  observer 
que  ces  chartes  sont  citées  par  Naudet  comme  des 
spécimens  de  concessions  royales  comportant  c  le 
<  privilège  de  percevoir  les  prc^ts  de  la  justice  efc 
c  en  même  temps  Fobligation  de  la  faire  rendre.  » 
C'est  ainsi  qu'il  rattache  la  concession  de  la  jua* 
tice  privée  à  l'immunité,  déclarant  que  ces  chartes 
de  concession  ou  de  confirmation  du  privilège 
sont  l'expression  de  cette  ^concession. 

§  46.  —  Nous  venons  de  mentionner  trois 
chartes  du  vi^  siède  citées  par  Naudet  dans  son 
mémoire,  sous  les  dates  de  5S8,  538,  557,  en  fai- 
Mût  remarquer  qu'il  parait  en  avoir  emprunté 
simi^ement  l'indication  à  Gourcy  sans  vérifier  sa 
citation,  peut-être  m^ne,*  pourrait-on  ajouter, 
sans  avoir  lu  les  pièces,  car  il  les  mentionne  toutes 
trois  comme  des  chartes  d'immunité,  et  la  seconde 
n'est  qu'une  confirmation  de  biens.  U  rappelle,  en 
outre,  après  Montesquieu  et  Gourcy  (§§  33  et4S), 
les  deux  textes  de  la  fin  du  vi*  siècle,  où  il  est 
question  des  fidelium  termini  et  de  la  trustis^  qui 
lui  semblent  non  pas  supposer,  comme  on  l'avait 
dit,  mais  prouver  certainement,  il  s'exprime  ainsi, 


R  L'mnmffli.  S  45.  iS4 

ime  jiiri(fictk»Q  étaUie  partout  dans  les  domaînes 
des  fidèles.  Naadet  cite  également,  comme  ses 
prédécesseurs,  le  texte  relatif  à  Tinstitution  des 
agents  particuliers  des  évèques  et  des  puissants 
hlqaes  :  c  Episoopi  Tel  potentes. .  *  judices  vel  mis- 
c  806 discussores...  instituant*. •  qui  justitiam  per* 
c  dpiant  et  aliis  reddant  »  (§  H»  note  9).  Pour 
Tinterprétation  de  ce  texte,  H  s*écarte  des  expli* 
cations  données  ju8qtte4à  par  tous  ceux  qui  pré- 
cédeounent  Tavaient  étudié.  Juititiam  percipere  et 
dm  reddere  ne  signifie  plus,  suivant  lui,  comme 
on  le  prétendait  auparavant,  juger,  judieare^  pure- 
meot  et  simplement,  mais  t  percevoir  les.profits 
€  de  la  justice  et  la  faire  rendre.  >  Par  cette 
interprétation,  Naudet  approdie  plus  qu'on  ne 
Favait  fait  précédemment  de  la  véiîté  ;  mais  il  ne 
l'atteint  cependant  pas  encore  complètement, 
paroe  qu'il  donne  successivement  au  mot  justUia^ 
dans  les  deux  termes  de  la  proposition,  deux  sens 
différents,  suivant  lesquels  justitiam  percipere 
serait  percevoir  les  profits  de  la  justice,  eampoei- 
tûmes  et  freda  percipere ,  tandis  que  Justitiam 
reddere  serait  juger,  judidum  reddere^  judieare. 
Or  CD  ne  peut  raisonnablement  admetbre  qu'un 
seul  et  même  sens  pour  le  mot  justitia  dans  les 
deux  termes  de  la  proposition  ;  et  ceux-ci  corres- 
poodent  à  la  double  situation  du  demandeur  et  du 
défendeur  devant  la  justice,  ou  du  gagnant  et  du 
perdant  après  chose  jugée,  comme  nous  l'avons 
dit  (§  U).  Ge  sens  unique  aérait  à  peu  près  celui 


4M  LA  JUmCE  fUfiM 

que  Naudet  avait  prq>06é,  mais  pour  le  premier 
des  deux  termes  seulement.  H  y  a  lieu  de  faire 
observer  cependant  qu'en  réalité,  dans  la  propo- 
sition, le  sens  de  justitiam  percipere  n'est  pas  tout 
à  fait  percevcHr  les  profits  de  la  justice,  comme 
le  dit  Naudet,  c'est-à-dire  lever  les  freda^  ce  qui 
est  le  droit  du  jugeur  ;  mais  réclamer  ou  recevoir 
la  composition  ce  qui  est  le  fait  du  justiciable. 

§  46.  —  Les  traits  essentiels  de  la  théorie  de 
Naudet  sont  que  la  justice  aux  mains  des  particu- 
liers, la  justice  privée,  est  un  attribut  du  bénéfice 
et  Taccompagnement  ordinaire  des  concessions  de 
terres  royales,  mais  que  cette  justice  est  en  principe 
bien  moins  une  juridiction  qu'une  jouissance  de 
droits  utiles,  en  conséquence  de  la  levée  de  la  com- 
positio  et  du  fredunty  qui  résulte  de  la  concession 
des  droits  du  fisc  jointe  à  celle  de  l'immunité. 
C'est  cette  jouissance  des  produits  de  la  justice  qui 
entraînerait  l'exercice  de  la  juridiction  ;  la  posses- 
sion des  fruits  de  la  justice  devant  emporter  avec 
elle,  suivant  lui,  l'obligation  de  juger.  Voilà  com- 
ment, dans  ce  système,  la  justice  privée  se  rat- 
tache, à  titre  de  conséquence,  à  l'immunité.  En 
définitive,  la  théorie  dé  Naudet  se  range  parmi  les 
systèmes  qui  font  sortir  la  justice  privée  de  l'im- 
munité; mais,  comme  on  le  croyait  au  xm*  siècle, 
en  vertu  de  la  concession  des  droits  du  fisc,  non 
plus,  comme  on  le  voulait  depuis  le  xvii*,  en  vertu 
de  l'interdiction  aux  juges  publics  de  tenir  leurs 
plaids  dans  l'intérieur  du  domaine  privilégié. 


nr  Vmmni.  S  47.  4St 

XYII.  Pardbssus. 

§  17.  —  Pardessus,  dont  Fœuvre  s'ofiBre  main- 
teoaot  à  nos  observations,  nous  fournit  pour  la 
première  fois  des  travaux  étendus,  spécialement 
consacrés  à  l'étude  de  la  justice  privée.  Sa  théo- 
rie sur  cet  objet  est  consignée  dans  trois  écrits 
publiés  dans  l'espace  d'une  dizaine  d'années,  de 
1840  à  1849;  savoir  :  deux  mémoires,  d'abord, 
qui  sont  à  peu  près  la  reproduction  l'un  de  l'autre, 
non  sans  quelques  modifications  cependant  d'une 
œrtaine  importance  pour  la  forme  au  moins, 
imprimés  en  1 840  et  en  1 843  ;  puis  un  troisième 
mémoire  composé  sur  un  plan  nouveau  et  donné 
en  1849.  Le  premier  mémoire  se  trouve  dans  la 
Bibliothèque  de  VÊcole  des  chartes,  où  il  est  inti*- 
tuié  :  Des  juridictions  privées  ou  patrimoniales 
sous  les  deux  premières  races^;  le  second,  sous  ce 
titre  Les  Juridictions  patrimoniales^  fait  partie 
du  grand  ouvrage  de  l'auteur  sur  la  Loi  salique^; 
le  troisième,  dans  lequel  le  savant  écrivain  dit 
son  dernier  mot  sur  la  question  de  la  justice  pri- 
vée, forme,  sous  ce  titre  Des  Justices  seigneur- 
riaXes^  la  seconde  partie  d'un  mémoire  lu  à  l'Aca- 
démie des  inscriptions  en  1846,  1847,  1848,  qui 
sert  d'introduction  au  tome  XXI  des  Ordonnances 
àes  rois  de  France^. 

1.  Bibliothèque  de  VÈooU  des  chartes,  t.  H,  1840-1841,  p.  97 

2.  Loi  mUque;  1843.  Dissertatfon  IX^  section  S,  p:  563^596:* 

3.  Mémoire  sur  l*&rgani9aiionjudieiairê  et  l'adtn^is(rat»M 


484  U  JUSTICE  PlIttfE 

Les  deux  preimers  mémoires  ne  se  distinguent 
guère  Tun  de  Tautre  que  par  la  forme,  avon&- 
nous  dit.  Leurs  conclusions,  en  effet,  sont  les 
mêmes  ;  mais  certaines  choses  contenues  dans  le 
premier  ne  se  retrouvent  pas  dans  le  second,  et 
celui-ci  en  renferme,  au  contraire,  qui  manquaient 
dans  le  premier.  Ainsi,  des  considérations  expo- 
sées dans  le  premier  ^mémoire  sur  le  compagnon- 
nage des  Germains  et  sur  la  vassalité  sous  la  pre- 
mière race,  avec  certains  extraits  des  capitulaires 
de  803,  807,  815,  864,  869  et  des  diplômes  de 
772,  775,  783,  8U,  815,  ainsi  que  des  textes 
empruntés  à  la  loi  salique,  à  la  loi  des  Ripuaires 
et  à  celles  des  Lombards ,  morceaux  jugés  avec 
raison  par  l'auteur  inutiles  ou  même  contraires 
parfois  à  ses  déductions,  ont  disparu  du  second 
mémoire.  Celui-ci  renferme,  en  revanche,  des 
choses  que  ne  contenait  pas  le  premier  travail  : 
des  observations  sur  Forigine  de  la  justice  seigneu- 
riale, la  mention  d'une  formule  de  Marculfe  et  celle 
de  deux  diplômes  de  497  et  71 7,  avec  le  rétablis- 
sement de  la  date  exacte  de  815  pour  une  charte 
citée  souvent  dans  le  premier  mémoire  sous  la 
date  fautive  de  806,  par  suite  d'une  inadvertance 
qu'on  ne  s'explique  pas;  correction  d'autant  plus 
nécessaire  que  le  document  —  qu'il  serait  sans 
cela  très  difficile  de  retrouver  —  ne  parait  pas 

de  la  justice  en  France,  depuis  le  commencetnent  de  la  troisième 
ram  jusqu'à  ki.fin  du  règne  de  louis  IIL  —  IntrodactîoiL  au 
tQCBa  XXI  des  Ordonnances  ^esrois  é/e  France,  1849. 


ET  i^'aonnnii.  g  47.  4W 

avoir  le  caractère  que  kii  anigne  l'auteur;  il  eat 
faon  qpi'oQ  piBsae  le  conatater.  Ce  n'est  effective- 
meirt  pas  une  charte  d'immuttîté,  comnne  seod^le 
rimpUqonr  rinterprétation  qu'il  en  donne  \  maia 
ime  oonceasicm  direele  de  justice,  ce  qui  eat  fort 


§  48.  —  Le  travail  de  Pardessus  est  essentiel- 
lement historique  et  purement  scientifique,  sur  un 
sujet  qui  ne  pouvait  plus  avoir  de  son  temps 
aucune  portée  pratique.  L'auteur  y  rappelle 
d'abord  les  opinions  émises  en  d'autres  temps 
sur  la  question  de  la  justice  privée,  dans  un  inté- 
rêt qui  alors  était  au  contraire  surtout  pratique, 
touchant  les  justices  seigneuriales,  dont  la  légiti- 
mité attaquée,  dit-il,  par  Loyseau  et  Houard  avait 
été  défendue  par  Montesquieu  et  par  l'abbé  de 
Gourcy. 

A  ce  sujet.  Pardessus  adopte  la  distinction 
introduite  par  Naudet  le  premier  (§  44)  entre  la 
justice  seigneuriale  qui  fleurit,  dit-il,  sous  la  troi- 
sième race,  et  la  justice  patrimoniale  qui  appar- 
tient au  régime  en  vigueur  sous  les  deux  pre- 
mières races.  La  justice  seigneuriale  était,  suivant 
lui,  fondée  sur  d'autres  principes  que  la  justice 
patrimoniale,  celle-ci  ayant  seulement,  comme  il 
ledit,  €  donné  l'idée,  fourni  le  prétexte  et  préparé 
€  rintrt>duction  »  de  l'autre.  La  différence  entre 

4.  Baluze,  CapUul,  t..  U,  p.  ikÇih.-^BiUMhèqw  d»  l'École 
des  chartes,  t.  H,  p.  100  et  110.  —  Loi  salique,  p.  585  et  592. 


486  Li  lusnoB  mvii 

068  deux  régimes  aorait  consisté,  suiYant  Tauteur, 
en  ce  que  la  justice  sagneuriale  s'exat^t  sof 
tout  ce  qui  était  compris,  hommes  et  choses,  dans 
la  circoDScription  de  la  seigneurie,  tandis  que, 
antérieurement,  la  juridiction  patrimoniale  c  con- 
c  cédée  par  les  diplômes  ne  portait  que  sur  les 
c  domaines  appartenant  à  Timmuniste,  soit  en 
c  propre  et  d'une  manière  absolue,  soit  en  béné- 
c  fice  et  à  un  titre  précaire  et  de  vassalité.  >  Il 
dit  en  outre  que  c  cette  juridiction  était  incontes- 
c  tablement  fondée  sur  un  titre  de  concession.  > 
  cette  dernière  déclaration  tout  à  fait  formelle. 
Pardessus  ajoute  ces  considérations^  que  la  justice 
dominicale  ou  justice  domestique  des  Francs  est 
le  principe  du  régime  de  justice  organisé  dans  les 
terres  du  fisc,  et  que  cette  justice  des  terres  du 
iBisc  n'est  autre  que  la  justice  patrimoniale  elle- 
même,  qui,  pour  les  domaines  privilégiés,  découle 
de  rimmunité.  La  concession  de  l'immunité,  voilà 
donc  le  titre  qui,  suivant  Pardessus,  sert  de  fon- 
dement à  la  constitution  de  ce  qu'il  nomme  la 
juridiction  patrimoniale,  le  modèle  de  celle-ci 
étant  fourni  par  le  régime  des  terres  du  fisc.  Ainsi 
viendrait  de  l'immunité,  —  telle  est  en  définitive 
son  opinion^,  —  la  justice  privée, 

1.  Telle  est  Bon  opinion  ou  au  moins  la  forme  qu'il  donne 
à  son  expression  ;  car,  en  serrant  de  près  son  argumentation, 
on  verrait  qu'au  fond,  dans  son  système,  le  point  de  départ 
du  régime  de  la  justice  privée  est  véritablement  la  justice 
domestique,  élément  essentiel  de  la  justice  domaniale  ou 
patrimoniale  (j$  71,  note  i). 


R  L'UMinri.  S  48.  487 

LaoQoœptic»  dePardefiBi»  est  ÎDgémeuae,  mais 
il  loi  enlève  loinnènie  toute  autorité  par  un  aveu 
qu'impose  à  sa  nncérité  Fétude  des  documenta  et 
qae,  dans  ses  deux  premiers  mémoires,  il  exprime 
eo  reconnaissant,  ocunme  l'avait  fait  Houard  ^  38), 
comme  devaient  le  faire  Aissi  Lehuërou  (§  5S)  et 
M.  F.  de  Goulanges  (§  61),  qu'il  n'était  dit  for- 
mellement  dans  aucun  texte  que  l'immunité  eût 
pour  accompagnement  nécessaire  l'institution 
de  la  justice  privée  au  profit  du  privilégié  et 
l'exercice  par  lui  dé  la  juridiction  :  c  Les  chartes 
c  (d'immunité) ,  dit-il ,  ne  déclaraient  pas  d'une 
c  manière  expresse  que  cet  exercice  appartien** 
€  drait  à  l'immuniste.  »  Mais  Bignon,  ajoute-t-il 
pom*  détrmre  ou  atténuer  au  moins  l'objection 
eamème  temps  qu'elle  s'ofire  à  lui,  c  Bignon 
«.  n'a  pas  hésité  à  dire,  que  ce  droit  était  une 
c  conséquence  légale  de  la  concession  d'immu* 
c  mté.  > 

L'observation  n'est  pas  tout  à   fait  exacte. 

Bignon,  qui  n'a  d'ailleurs  exclusivement  en  vue 

que  l'immunité  ecclésiastique,  celle  qui  concerne 

les  domaines  des  Églises,  ne  parle  pas  de  consé- 

qooice  légale,  comme  le  lui  fait  dire  Pardessus; 

mais  il  déclare  seulement,  à  propos  du  privilège 

octroyé  ainsi  aux  Églises,  que  leurs  sujets  ne 

peuvent  plus  être  actionnés  par  aucun  juge,  c  à 

<  nullo  judice  distringi  possunt,  »  et  que  par  là 

est  faite  à  ces  Églises  la  concession  de  la  juridic- 

boD,  c  ^o  fit  ut  eo  nomine,  in  rabditos  jurisdictio 


4S8  u  iusxiCB  nnrifB 

c  eis  ooDcessa  videatur^.  »  BigiK»i  n'ea  dit  pas 
davantage,  et  se  borne  à  la  déclaration  que  nous 
venons  de  reproduire  (§  26).  Quant  à  Pardessus, 
il  étend  notablement  hi  théorie,  comme  nous  le 
montrerons  tout  à  Theure  (§  49),  en  avançaDt 
que  la  charte  d'immij^iité  interdit  aux  juges 
publics,  non  seulement  de  tenir  leurs  plaids  dans 
le  domaine  privilégié,  mais  encore  d'appeler  les 
hommes  de  ce  domaine  devant  eux;  ce  qu'ils 
pouvaient  cependant  toujours  faire  dans  des  plaids 
tenus  au  dehors  du  territoire  où  ils  ne  devaient 
pas  pénétrer  (§  13).  Si  la  première  proposition 
n'est  pas  inadmissible,  la  dernière  est  absolument 
dénuée  de  fondement  (§§12,  43).  Les  allégations 
de  Pardessus  et  les  déductions  qu'il  en  tire  sont 
loin,  on  le  voit,  d'être  irréprochables,  pour  œ  qui 
regarde  l'origine  de  la  justice  privée  et  la  con- 
cession qu'il  croit  en  trouver  dans  le  privilège  de 
l'immunité. 

§  49.  —  Nous  venons  de  faire  connaître  la 
théorie  de  Pardessus  touchant  l'origine  de  la  jus- 
tice privée.  C'est  une  pure  conception  que  ne  ju^ 
tifie  nullement,  il  ne  peut  s'empêcher  de  le  recon- 
naître, la  teneur  des  documents  qui,  même  dans 
son  système,  doivent  avant  tout  décider  de  la 

2.  Il  semblerait  qu'on  put  £ure  qaelqtiee  réserves  sor  la 
signification  en  apparence  dubitative  de  la  forme  ctmoessa 
videatur.  Mais  nous  avons  reconnu  que,  sous  la  plume  de 
Bignon,  cette  forme  doit  vraisemblablement  avoir  un  sens 
fcancbement  affirmatif  (|  26,  note  2). 


n  t'inrami.  §  49.  4lt 

qnestioii,  les  diartes  d'immamtéw  Nous  avons  dit 
oomment  Tanteiir  use  de  ces  documents^  dool  il 
fait  le  fondement  de  sa  doctrine,  tout  en  dédarant 
qu'ils  ne  contîenneBt  expressément  rien  en  sa 
faveur.  Il  cite  avec  eux,  pour  la  corroborer, 
d'autres  documents  encore  que  nous  devons  signai 
1er  aussi.  On  en  trouve  dans  le  nombre  quelques* 
uns  invoqués  déjà  par  ses  devanciers,  dont  il 
adopte  généralement  les  appréciations  en  ce  qui 
les  concerne. 

A  prendre  dans  leur  ensemble  les  documents 
assez  nombreux  sur  lesquels  Pardessus  s'appuie 
dans  son  argumentation,  il  est  bon  de  signaler 
d'abord  ce  fait  que,  sur  vingtrs^t  titres  notam- 
ment  cités  dans  ses  deux  premiers  mémoires,  huit 
donnés  dans  le  premier  seulement  ne  reparaissent 
pas  dans  le  second  et  .deux  figurent  exclusivement 
dans  ce  dernier.  Six  de  ces  vingt-^sept  titres,  sous 
les  dates  de  497,  773,  775,  783,  814,  846,  sont 
de  simples  chartes  d'immunité,  ne  contenant  pas 
autre  chose  que  la  formule  du  privilège,  sans 
aucune  concession  de  juridiction,  ainsi  que  l'auteur 
l'a  reconnu  ;  les  autres  sont  des  édita  ou  capitu* 
laires  et  des  diplômes  divers. 

Touchant  les  chartes  d'immunité,  Pardessus 
résume  comme  il  suit,  oonformémast  à  ce  que  nous 
venons  d'exposer,  l'appréciation  qu'il  en  fait.  Les 
chartes  d'inununité  contiennent,  dit-il,  c  la  défense 
€  aux  juges  ordinaires  d'exercer  des  actes  de  jurî- 
c  diction  dans  les  domaines  ooncédés  (par  le  roi), 


440  LA  lusnoB  nnU 

c  d'appeler  en  jugement  devant  eux  et  de  pour^ 
€  suivre  les  hommes  qui  y  habitaient  >  ou  c  qd 
c  en  dépendaient  ^  >  Il  y  a  là  deux  assertîcms  dis- 
tinctes. Pour  la  première,  œ  n'est  pas  assez  de  dire 
que  les  chartes  d'immunité  défendent  aux  juges 
ordinaires  d'exercer  des  actes  de  juridiction  cbuis  le 
domaine  privilégié  ;  il  faut  dire,  pour  rendre  exac- 
tement la  nature  de  l'interdiction  formulée  dans 
ces  chartes,  qu'elles  défendent  aux  juges  ordi- 
naires d'entrer  dans  ce  domaine  pour  y  exercer 
une  fonction  quelconque,  soit  fiscale,  soit  adminis- 
trative, soit  judiciaire,  pour  y  tenir  leurs  plaids 
notamment.  Quant  à  l'autre  allégation,  il  est 
absolument  inexact,  nous  le  répétons,  de  dire, 
comme  le  fait  Pardessus,  que  les  chartes  d'inunu- 
nité  défendaient  aux  juges  ordinaires  d'appeler  en 
jugement  devant  eux  et  de  poursuivre  les  hommes 
de  l'immunité,  c'est-à-dire  leur  interdisaient  —  il 
s'exprime  encore  ainsi  —  <  l'exercice  de  la  juri- 
c  diction  ordinaire  >  sur  ces  hommes.  Les  témoi- 
gnages abondent  pour  prouver  au  contraire  que  les 
juges  publics,  les  juges  ordmeiireSj  judiees  publici, 
pouvaient  appeler  et  faire  comparaître  devant 
eux,  mais  dans  des  plaids  nécessairement  tenus 
au  dehors  du  territoire  privilégié,  les  hommes  qui 
l'habitaient  et  l'immuniste  même,  le  maître,  le 
seigneur;  celui-ci  étant  obligé  d'y  répondre  et 
pour  lui-même  et  pour  eux,  en  cas  de  besoin,  ou 

1.  Bibliothèque  de  VÉcok  des  chartes,  t.  U,  1840-1841,  p.  98. 
—  Lot  saliqtie,  1843,  p.  588. 


n  h*mitmni.  §  49.  444 

fie  les  jr  amener,  ainsi  qae  no»  Favoni  rappelé 
m  cocDinencement  du  présent  travail  (§§  18,  1 3, 
16,  <8,  49). 

Pour  ce  qui  est  des  textes  empruntéa  à  divers 
documents  autres  qoe  les  duirtes  d'inunanité, 
Pardessus,  comme  les  auteurs  qui  l'ont  précédé^ 
en  cite  beaucoup  qu'il  n'interprète  pas  toujours, 
000  plus  que  ses  devanciers,  très  exactement^. 
Il  rappelle  ainsi  divers  titres  des  vi*,  vn*,  vm* 
et  a*  siècles,  notamment  un  diplème  de  Ghilpé- 
rie  n,  717,  déclarant  que  toute  terre  concédée 
par  le  fisc  a  droit  à  l'immunité,  c  omnis  fiscus 
c  coDcessus  hoc  (immunitatis  privilegium)  habeat 
c  coDcessum  ;  »  l'édit  de  Ghildebert  de  596  men- 
tioonant  lesjidelium  termini;  des  titres  de  61 5, 755, 
775, 779,  81 9,  où  les  locutions  jmtitiam  facerCj 
reddere^perâpere  sont  employées  pour  qualifier  les 
actes  accomplis  par  les  grands  possesseurs  et  leurs 
agents  ou  officiers  ;  un  texte  de  802  mentionnant 
l'exercice  de  la  justice  par  ces  agents,  judidum 
exereentea;  le  capitulaire  de  806  (ou  810?),  où  se 
trouve  la  locution  justitiœ  in  vita^  qu'on  interpré- 
tait comme  impliquant  l'exercice  de  la  justice  cri- 
imnelle;  des  titres  de  803,  847,  864  signalant  le 
rôle  de  police  des  agents  du  possesseur,  reum 
iistringerBy  reum  judici publieo  reddere;  d'autres, 

2.  Nous  ayons  en  toute  circonstance  reooaru  au  texte  môme 
des  docaments  que  cite  Pardessus  et  pu  ainsi  contrôler  tou- 
jours, compléter  souvent  les  emprunts  qu'il  leur  fait,  et  rec- 
tifier parfois  les  appréciations  qu'il  en  donne. 


142  tA  mimm  ntrin 

de  8f&  et  8i4,  où  Fou  peut  reooimaltre  la  disliiic- 
tion  des  causes  jugées  par  les  comtes  de  celies 
qui  sont  laissées  au  jugemeut  du  possesseur  et  de 
ses  officiers;  un  diplôme  de  796  mentîonnaDt 
rexerctce  de  la  justitia  familiarisa  par  ceux-ci; 
deux  diplômes  de  846  et  8S3,  portant  concessioD 
de  la  juridiction,  une  notitia  de  870  d'un  pladr 
tum  tenu  par  les  agents,  misêij  d'un  évèque. 

On  s'explique  assez  bien  quel  parti  peut  tiret 
de  ces  documents  Pardessus,  dans  son  système, 
en  cherchant  à  les  expliquer  d'une  manière  favo- 
rable à  son  opinion.  Pour  ce  qui  est  du  diplôme 
de  Ghilpéric  II,  717,  déclarant  que  toute  terre 
concédée  par  le  fisc  a  droit  à  l'immunité,  les  don- 
nées d'un  pareil  document,  combinées  avec  l'idée 
préconçue  que  l'immunité  emporte  concession  de 
juridiction,  procurent  à  Pardessus  un  vaste  champ 
à  l'application  de  sa  théorie.  L'édit  de  Ghildebert 
de  595,  désignant,  suivant  lui,  sous  la  forme  fid&- 
lium  termini  les  bénéfices  concédés  aux  fidèles  du 
roi,  l'édit  lui-même  c  suppose,  >  dit-ii  comme 
d'autres  l'avaient  déjà  dit  avant  lui,  <  l'existence 
c  de  juridictions  privées  sur  ces  domaines,  t 
Pardessus  est  ainsi  amené  à  expliquer,  comme  ses 
devanciers,  dans  le  sens  de  juger,  judicare^  le$ 

3.  La  justitia  familiaris  mentionnée  dans  le  diplôme  de 
796  donné  par  Gharlemagnè  à  Téglise  du  Mans  n'est  pas 
signalée  en  ces  termes  dans  les  emprunts  que  fait  Pardessus 
à  ce  diplôme.  Cette  omission  d'un  texte  aussi  important 
pour  le  sujet  en  question  ne  saurait  passer  inaperçue. 


ET  L'uranl  §  i9.  U% 

kMxâkmjugtitiÊm  fmeêre^  rêddere^  fmwfere^  qu'il 
btHiTO  daos  des  titres  de  645,  755,  775,  77», 
819,  où  ils  servent  à  qualifier  les  actes  aoeoroplis 
par  les  grands  possesseurs  et  leurs  agents  ou  offi- 
ciers. Nous  avons  expliqué  précédenunent  que, 
si  la  fimne  jusUiiam  faeere  signifie  quelquefois 
juger,  juUciMm  faeere^  elle  n'implique  pas  néoes- 
surement  que  la  juridiction  dont  elle  exprime 
aiDfii  l'exwdee  soit  k  résultat  de  Timmunité  (g§  1 3, 
1 4);  mais  nous  avons  montré  en  outre  que  souvent 
juUtiam  faeere  signifie  simplement  judieatmm^ 
oa  redum  faeere;  que  oette  forme  de  langage  a 
notamment  toujours  ce  sens  dans  les  locutions 
complexes  juetitiampereipere  et  reddere  ou  faeere^ 
exprimant  Fidée  que  Ic  agents  du  possesseur 
doivent,  suivant  les  cas,  ester  pour  lui  ou  pour 
ses  hommes  en  justice,  soit  comme  demandeurs, 
fioit  comme  défendeurs,  ou  bien  comme  chargés 
de  recevoir  ou  de  payer  la  eempeeitio;  et  qu'elle 
conre8pond  ainsi  à  une  situation  passive,  et  non 
active  ocnnme  le  croit  avec  beaucoup  d'autres 
Pardessus,  à  la  situation  de  justiciable  et  non  à 
ceUe  de  juge,  dans  les  actes  concernant  l'exercice 
de  la  juridiction  (§  4  Jr).  L'observation  faite  à  pro*- 
pos  de  la  forme  de  langage  justiUam  faeere^  dans 
les  cas  où  elle  signifie  juger,  s'applique  également 
à  celle  de  judidum  exercerez  laquelle,  dans  le  titre 
de  SOS,  n'est  pas  davantage  la  preuve  qu'il  s'agisse 
eu  cela  de  l'exercice  d'une  juridiction  qui  résultât 
deVimmunité  (§§13,  14). 


444  Li  nsanoL  niriB 

Pardesaos  mentioime,  avons-noiis  dit,  avec  ces 
titres  relatifs,  suivant  loi,  à  la  juridiction  engen- 
drée par  rimmuntté,  le  capitadaire  de  806  (ou 
81 0?),  où  la  locution  justitim  m  vUa  avait  paru  à 
d'autres  déjà,  comme  il. le  rappelle,  à  Montesquieu 
{§  33),  à  Mably  (§  36),  à  Gourcy  (§42),  indiquer 
spécialement  Texerdce  de  la  juridiction  onmi- 
nelle;  conclusion  vers  laquelle  il  paraît  incliner 
aussi,  mais  sans  le  dire  formdlement  cependant. 

Sur  ces  divers  textes.  Pardessus  a  pu  être 
trompé  comme  ses  devanciers  par  les  apparences. 
Gomment  a-t-il  pu  se  méprendre  sur  le  sens  de 
quelques  autres  parmi  ceux  qu'il  cite  encore  à 
divers  points  de  vue,  avec  ceux-là,  en  faveur  de  sa 
thèse?  Tels  sont  les  titres  notamment  de  803, 847, 
864,  relatifs  au  rôle  des  officiers  de  l'immunité, 
reum  distringerey  reum  judid  publico  redderêj  où 
Pardessus  reconnaît  lui-même  le  caractère  subor- 
donné de  l'agent  du  possesseur  privilégié  et  la 
persistance  de  l'exercice  de  la  juridiction  par  les 
juges  publics,  sans  tirer  de  là  les  conséquences 
qui  ressortent  de  ce  fait  contre  sa  propre  théorie. 

Ciomment  d'autres  documents,  qu'il  cite  égale- 
ment, ne  l'éclairent-ils  pas  siir  la  situation  vraie  qui 
résulte  de  cette  coexistence  de  la  justice  publique 
exercée  par  les  comtes  et  d'une  justice  partica* 
lière  d'ordre  inférieur  réservée  au  possesseur  et  à 
ses  officiers?  Tels  sont  les  textes  de  815  et  .844, 
qui  consacrent  la  distinction  de  deux  juridictions 
et  celle  des  causes  qui  en  relèvent,  les  causes 


ET  L'iMKirNITi.  |  49.  145 

d'ordre  supérieur,  dont  la  couDaissance  apparte- 
nait aa  juge  public,  au  comte,  les  causes  d'ordre 
ioférieur  laissées  généralement  aux  mains  des  pos- 
sesseurs et  de  leurs  agents  (§12);  tel  est  surtout  le 
diplôme  de  796,  mentionnant  Texercioe  de  la/M- 
titia  familiaris  qu'il  ne  semble  pas  y  avoir  asseï 
remarqué,  et  qui  désigne  si  clairement  dans  une 
des  phases  de  son  développement  cette  juridio- 
tioD  inférieure. 

Quant  aux  deux  diplômes  de  81 5  et  823,  portant 
ou  impliquant  concession  de  la  juridiction,  on  ne 
saurait  les  confondre  avec  de  simples  diplômes 
d'immunité  où  l'on  ne  trouve  jamais,  quoi  qu'on  en 
dise,  rien  de  semblable  (§  70,  note  1).  Ces  con- 
cessions de  juridiction,  qui  commencent  de  bonne 
heure,  seraient  plutôt  que  celle  de  l'immunité  la 
source  première  de  la  justice  privée,  si  l'on  n'avait 
pas  de  celle-ci  des  traces  plus  anciennes  dans  la 
juridiction  restreinte  des  possesseurs  jugeant  de 
toute  ancienneté  les  causes  d'ordre  inférieur,  les 
causes  laissées  à  la  justitia  familiaris  (§§  12,  71)* 

Le  plaid  tenu  en  870  par  les  agents  d'un 
évèque  peut  se  rattacher  à  l'exercice  de  la  justice 
privée  omstituée  dans  une  quelconque  de  ces 
conditions,  sans  qu'il  soit  nécessaire  de  faire  inter- 
venir dans  son  institution  le  privilège  de  l'immu- 
nité (§13). 

Pardessus,  au  cours  de  ses  deux  premiers 
mémoires,  fait  entrer  dans  sa  discussion  les  textes 
que  nous  venons  de  signaler,  mais  en  leur  don- 

XLYH  40 


146  LA  JUSTICE  WÈXfiE 

nant  souvent,  comme  nous  Tavons  dit,  une  signi- 
fication qu'ils  n'ont  pas.  Il  en  tire  des  arguments, 
dont  la  valeur  est  par  conséquent  contestable,  en 
faveur  de  la  thèse  que  l'immunité  impliquerait  la 
substitution  de  la  justice  privée  à  la  justice 
publique  dans  les  domaines  investis  du  privilège. 

A  les  examiner  de  près,  on  n'y  voit  riea  de 
semblable.  Qu'y  voit-on  en  effSet?  La  mention,  il 
est  vrai,  de  ce  fait  que  le  régime  de  l'immunité 
suit  la  concession  de  tout  domaine  du  fisc  ;  mais 
le  rappd  ensuite  de  la  juridiction  ordinaire  des 
comtes  ou  juges  publics,  et  la  preuve  qu'ils  ne 
cessent  pas  de  l'exercer  sur  les  hommes  de  l'im- 
munité. On  y  voit  que,  de  leur  c6té,  les  grands 
possesseurs  et  les  agents  chaînés  par  eux  d'ester 
en  justice  soit  comme  demandeurs,  soit  comme 
défendeurs,  pour  le  maître  et  ses  honmies,  ont  l'obli- 
gation de  se  soumettre  pour  eux  au  verdict  des 
juges  publics,  tout  en  exerçant  eux-^némes,  dans 
certains  cas,  pour  le  maître  une  juridiction  propre, 
d'ordre  inférieur  vraisemblablement,  la  justitia 
familiaria.  On  y  reconnaît  enfin  que,  si  l'on  trouve 
parfois  le  privilégié  en  possession  de  la  juridiction 
tout  entière,  c'est  non  pas  plus  ou  moins  indirec- 
tement en  vertu  de  l'immunité,  mais  directement 
en  raison  de  concessions  formelles  dont  on  a  de 
bonne  heure  des  exemples  et  qui  se  multiplient 
avec  le  temps*. 

Tout  cela  s'accorde  parfaitement  avec  ce  que 

4.  UImmuniU,  1882,  §  8. 


nous  avcm  dit  préoédenunent  du  régime  ordi- 

nére  H  géoénl  de  la  jostioe»  en  tenant  oompte 
des  coDséqiienoes  du  régime  particulier  de  Tim- 
monité  (^  1S,  1 3).  Ces  coosidkérations  confirment 
en  outre  l'observation  feite  à  cette  occasion  que 
fexeraœ  par  les  juges  privés  d'une  jmîdictîon 
propre,  dans  les  domaines  pourvus  de  Timmunité, 
ne  prouve  pas  que  cette  juridiction  vienne  de  ce 
privilège  (§43). 

§  50.  —  Nous  pouvons  maintenant  nous  faire 
uoe  idée  de  ce  que  sont,  d'après  ses  deux  pre- 
miers niémoires,  les  opinions  de  Pardessus  tou- 
chant les  origines  de  la  justice  privée  et  le  rôle 
qa'il  y  assigne  à  l'immunité.  Il  nous  reste  main- 
tenant à  dire  deux  mots  de  son  troisième  mémoire 
sur  ce  sujet,  celui  qui  feit  partie  de  l'introduction 
au  tome  XXI  des  Ordonnances  des  rais  de  France. 
Cest  là  que  doit  naturellement  se  trouver  son 
dernier  mot  sur  la  question. 

On  ne  saurait  douter,  après  avoir  lu  ce  travail, 
que  le  savant  auteur  ne  se  soit  définitivement 
arrêté  à  l'idée  que  l'exercice  de  la  juridiction  était 
pour  le  privilégié  la  conséquence  de  Tinmiunité. 
Celle-ci  était,  dit-il, 'l'exemption  de  la  juridiction 
commune,  exemption  toujours  concédée  avec  le 
bénéfice.  Pas  plus  qu'auparavant,  il  ne  tient 
compte  de  ce  fait  incontestable,  méconnu  cepen- 
dant par  lui  dans  ses  premiers  travaux,  que 
les  hommes  du  grand  possesseur,  doué  même  de 
rimmunité,  continuaient  à  répondre  par  Tinter- 


448  LA  lusncB  rtivtfB 

médiaire  de  celui-ci  ou  de  ses  ofiScîers»  sinon 
par  eux-mèodes  au  tribunal  du  comte  ou  juge 
public.  Ses  conclusions  sont  accompagnées  de  la 
déclaration  que  le  fief  et  la  justice  ont  pu,  comme 
le  veut  Montesquieu,  être  unis  dans  le  principey 
contrairement  à  l'adage  :  <  fief  et  justice  n'ont  rieo 
€  de  conmiun,  >  ce  que  Loysel,  dans  ses  Itistitutes, 
rappelle  en  ces  termes  :  c  autre  chose  est  le  fief, 
c  autre  chose  est  la  justice.  >  Pardessus  accepte 
l'opinion  de  Montesquieu  pour  les  temps  anciens, 
tout  en  tenant  compte,  pour  les  temps  ultérieurs, 
de  l'adhésion  donnée  au  fameux  aphorisme  par  la 
plupart  des  feudistes  pour  en  faire  le  fondement 
de  leurs  doctrines  sur  ces  matières.  Nous  men- 
tionnons le  fait,  bien  qu'il  ne  se  rattache  que  d'une 
manière  indirecte  à  notre  sujet,  pour  montrer 
avec  quels  tempéraments  frisant  la  contradiction 
Pardessus  se  prononce  quelquefois  sur  les  ques- 
tions qui  s'offrent  à  son  examen.  Il  donne  un 
notable  exemple  de  cette  manière  de  procéder  à 
propos  du  problème,  qui  nous  occupe,  de  l'origine 
de  la  justice  privée  et  de  la  part  qu'on  y  a  sou- 
vent assignée  à  l'ioununité.  Pardessus  revendique 
ce  rôle  contestable  pour  l'immunité,  tout  en  recon- 
naissant que  les  chartes  les  plus  anciennes  qui 
confèrent  ce  privilège  n'en  disent  rien  (§§  48,  70). 
§  51 .  —  Le  problème  des  origines  de  la  justice 
privée  a  longtemps  préoccupé  Pardessus.  De  1 840 
à  1849,  il  a  écrit,  conune  on  l'a  vu,  plusieurs 
mémoires  sur  ce  sujet.  Nous  avons  fait  connaître 


les  arguments  qu'il  invoque  dans  ses  discussions 
à  oe  prc^fMM.  En  résumé,  la  justice  privée,  iâ 
justice  patrimoniale,  comme  il  l'appelle  d'après 
Nsodet,  dérive  suivant  lui  de  la  justice  dominicale 
ou  justice  domestique  des  Francs.  Cette  justice 
dominicale  ou  patrimoniale  est  le  régime  propre 
des  terres  du  fisc,  et  devient  par  suite  celui 
des  bénéfices  constitués  par  la  donation  de  ces 
doottines.  Pour  oe  qui  est  de  l'immunité,  tout  en 
reconnaissant  qu'elle  ne  contient  originairement 
ancone  disposition  constitutive  de  la  justice  pri- 
vée, Pardessus  dédare  néanmoins  qu'elle  a  pour 
conséquence  légale  l'institution  de  celle-<Â  ;  opinion 
qu'il  attribue  à  Bignon,  dont  il  force  quelque  peu 
en  cela  les  conclusions.  Il  fait  enfin  de  ce  privi* 
lège  la  forme  dans  laquelle  les  grands  possesseurs 
entrent  en  jouissance  de  la  juridiction  (§  48). 

En  définitive,  Pardessus,  d'après  les  conclusions 
énoncées  dans  son  dernier  ouvrage,  doit  être  mis 
au  nombre  de  ceux  au  jugement  de  qui  l'inunu* 
nité  engendre  la  justice  privée,  analogue  à  celle 
du  fisc  à  laquelle  il  reconnaît  pour  origine  la 
justice  domestique  des  Francs. 

XVIII.  LEmjÊROu. 

§  53.  •—  Ldiuërou,  presque  en  même  temps 
que  Pardessus,  traite  la  question  de  l'immunité  et 
des  origines^de  la  justice  privée  dans  son  livre 
de&  Inriitutians  ewrolingiennes,  publié  en  1843.  Il 


450  U  J^STICB  PBiriB 

énonce  à  ce  sujet  des  idées  qui,  malgré  des  diffé* 
renées  essentidies,  ne  sont  pas  sans  analogie  en 
certains  points  avec  celles  que  le  précédent  auteur 
émettait  à  la  même  époque  sur  ces  matières. 

La  justice  privée,  dans  le  système  de  Lehuërou, 
doit  beaucoup  au  développement  de  certaines  con* 
séquences  de  l'immunité,  maïs  elle  prend  ailleurs, 
croit-il,  son  origine.  Elle  a,  suivant  lui,  pour  fon* 
dément  ou  point  de  départ  la  justice  domaniale, 
attribut  naturel  de  toute  propriété,  la  justice 
dcMuestique  des  Germains,  dont  le  capitulràre  ie 
vUlis  fournit,  dit-il,  une  sorte  de  traité.  Ces  ori- 
gines germaniques  de  l'institution  avaient  été 
entrevues  par  Montesquieu  (§  34),  dont  l'opinion, 
combattue  par  Mably  (§  35)  et  par  Gourcy  (§  41  ), 
reparaît  dans  les  écrits  de  Naudet  (§  44)  et  de 
Pardessus  (§  48).  La  justice  domaniale  était  exer- 
cée par  le  possesseur,  par  le  maître,  patranus^ 
dcmrmSy  en  vertu  de  son  mundium  sur  les  hommes 
de  sa  dépendance.  Elle  avait  pour  compétence  le 
règlement  des  petites  affaires,  causœ  minaresj  et 
ne  s'étendait  pas  au  delà  des  limites  du  domaine 
et  des  intérêts  de  ses  hommes  (§  1SI). 

Quant  à  l'immunité,  privilège  concédé  par  le 
souverain,  elle  ne  contient  —  Lehuërou  le  recon- 
naît conune  Houard  (§  38)  et  sauf  réserves  Par- 
dessus (§  48)  avant  lui,  conmie  M.  F.  de  Goulaoges 
(§  61)  ultérieurement  aussi  —  aucune  disposition 
qui  confère  la  juridiction;  mais,  en  interdisant 
l'entrée  du  domaine  aux  juges  publics,  elle  pro* 


ET  L'uimiiflnf.  §  52.  454 

cure,  dît-il,  à  la  juridiction  domaniale  c'estràrdire 
aux  officiers  du  possesseur  diargés  de  Texercer, 
et  d'une  manière  générale  à  ce  dernier,  une  pré- 
cieuse indépendance,  grâce  à  laquelle  les  droits 
et  attributions  qui  leur  appartenaient  déjà  pren- 
Deot  gradueUement  un  notable  développement. 

Lehuërou  parait  croire  en  même  temps,  à  en 
juger  par  la  manière  dont  il  s'exprime,  que  dans 
la  ooDoession  d'immunité  il  s'agit  d'un  affranchis- 
sement  de  ressort  pour  la  juridiction  du  juge 
privé,  subordonnée  sans  cela,  suivant  lui,  à  celle 
du  comte  ou  juge  public,  c  L'inmiunité  était,  dit*il, 
€  non  la  concession  d'une  juridiction  patrimoniale 

<  et  domestique,  puisque  le  propriétaire  en  était 
c  déjà  investi  ;  mais  une  exemption  perpétuelle 
c  de  la  juridiction  du  comte,  à  laquelle  les  justices 
c  seigneuriales  restaient  toujours  sujettes,  à  moins 
€  que  le  prince  ne  renonçât  formellanent  à  son 
c  droit,  en  accordant  l'immunité.  Mais,  ajoute-lril, 
c  l'objet  de  la  concession  de  l'inununité  était  de 
€  placer  le  propriétaire  et  sa  propriété  sous  son 
€  mundeburd  (la  mundeburde  du  roi).  >  En  con- 
séquence, dit-il  encore,  <  les  justices  seigneuriales 
€  qui  ressortissaient  au  tribunal  du  comte...  ne 

<  ressortissant  que  du  tribunal  même  du  roi.  > 
Lehuërou  voit  juste  quand  il  dit  que  l'immunité 

ne  confère  pas  de  juridiction  au  privilégié.  Il  est 
moins  bien  inspiré  quand  il  avance  que,  par  la  con- 
cession du  privilège,  le  souverain  exempte  de 
la  juridiction  du  comte  le  privilégié,  sa  terre,  et 


452  LA  jusncB  furtM 

ses  hommes,  qui  restent  dès  lors  sous  son  mu$ir 
dium^  sous  sa  mundeburde  royale,  sous  sa  juri- 
diction directe. 

Pour  ce  qui  est  de  l'exemption  de  la  juridiction 
du  comte  ou  suppression  de  cette  juridiction,  le 
privilège  d'immunité  ne  dit  rien  de  semblable. 
Touchant  le  rôle  des  juges  publics,  il  se  borne  à 
leur  interdire  d'entrer  dans  le  domaine  privilégié 
afin  d'y  exercer  les  actes  ordinaires  de  justice,  de 
police,  d'administration  et  autres  qui  étaient  dans 
leurs  attributions,  et  d'y  commettre  les  exactions 
qu'ils  s'y  permettaient  trop  souvent.  Quant  à  la 
substitution  de  la  juridiction  du  roi  à  celle  des 
juges  publics,  en  raison  de  la  mundeburde  royale 
instituée  avec  l'immunité,  nous  rappellerons,  pour 
ce  qui  la  concerne,  ce  que  nous  avons  dit  précé- 
demment de  cette  mundeburde  royale,  dont 
l'adjonction  au  privilège  de  l'immunité  est  stipu- 
lée dans  quelques  chartes,  en  très  petit  nombre 
du  reste.  Nous  avons  montré  qu'il  ne  s'agit  nul- 
lement en  cela  de  la  mundeburde  royale  ori- 
ginaire, laquelle  soustrayait  absolument  le  pri- 
vilégié à  toute  juridiction  autre  que  celle  du  roi 
(§  15),  mais  seulement  d'un  régime  de  munde- 
burde profondément  modifié,  en  vertu  duquel  le 
privilégié  avait  simplement  la  faculté  de  réclamer 
exceptionnellement,  dans  certains  cas,  le  juge- 
ment au  palatium,  au  lieu  du  jugement  au  malUm 
{%  16)-  Dans  ces  termes,  le  privilège  de  la  mun- 
deburde royale  est  loin  de  permettre  l'interpréta- 


nr  L^iMMinnv<.  S  52.  49t 

&m  de  caractère  absolu  que  Lebuërou  lui  donne. 
Od  ne  peut  donc  pas  dire,  comme  le  fait  Lehué» 
roa,  que  le  privilège  d'immunité  ait  eu  pour  objet 
de  supprimer  la  juridiction  du  comte,  à  laquelle 
aurait  été  subordonnée  jusque-là  celle  du  posses- 
seur et  de  ses  agents,  pour  la  r^nplaoer  par  la 
juridiction  du  roi,  avec  cette  conséquence  que 
riiDOiunité  consacrait  c  la  souveraineté  des  jus- 
c  tices  seigneuriales  qui  dans  l'état  normal 

<  ressortîssaient  au  tribunal  du  comte  et  qui, 
€  dans  l'état  exceptionnel  créé  par  l'immunité, 
€  ne  ressortîssaient  que  du  tribunal  même  du 

c  roi ,  »  le  [Nrivilégié  se  trouvant  dès  lors  en 

possession  d'une  c  juridiction  absolue,  sans  res- 
€  trictions  et  sans  limites,  puisqu'elle  s'étendait  à 

<  tous  les  cas,  à  tous  les  lieux,  à  tous  les  temps, 
€  et  n'était  soumise  à  aucun  contrôle,  sauf  cdui 
c  du  roi  en  personne.  >  On  ne  saurait  non  plus 
ajouter,  avec  l'auteur,  que  <  la  terre  privilégiée 
c  était  soustraite  à  la  juridiction  ordinaire  du 
c  comte  pour  tous  les  cas  sans  exception  et  pla- 

<  cée  directancint  sous  la  direction  spéciale  et  le 

<  mundium  du  roi.  > 

Ces  déductions  sont  certainement  exagérées. 
Elles  laissent  intactes,  du  reste,  les  conclusions 
essentielles  du  système  de  Ldiuërou  sur  la  justice 
privée  et  l'immunité,  savoir  que  la  justice  privée 
n'est  autre  chose  que  la  justice  domaniale,  attribut 
mlurel  de  la  propriété,  et  que  l'immunité,  laquelle 

trouve  le  possesseur  en  jouissance  de  cette  juri- 


154  LA  JfimCM  PlIVâl 

diction  inférieure,  n'emporte  concession  d'aucune 
autre  en  sa  faveur. 

§  53.  —  Nous  venons  de  signaler  quelle  est, 
suivant  nous,  la  part  de  la  vérité  dans  le  système 
de  Lehuërou  sur  la  justice  privée  et  l'immunité. 
Nous  ne  répéterons  pas,  à  cette  occasion,  ce  que 
nous  avons  dit  précédenmient  sur  le  même  sujet 
d'après  la  teneur  des  documents  (§§  1S,  43). 
Quant  à  ce  qui  nous  semble  inacceptaJi)le  dans  le 
système  de  l'auteur,  le  caractère  de  ressort  supé- 
rieur qu'il  donne  à  la  juridiction  du  comte  sur 
celle  du  possesseur  ou  du  juge  privé,  son  agent, 
et  la  suppression  absolue  de  cette  juridiction  du 
comte,  avec  l'introduction  à  sa  place  de  celle  da 
roi,  nous  ne  pouvons  voir  là  qu'une  conception 
toute  gratuite  pour  le  premia^  point,  une  inad- 
vertance pour  le  second,  et  pour  le  troisième  une 
erreur.  Il  est  bon  de  montrer  conmieBt  Lehuërou 
essaie  de  justifier  ces  chinions. 

Touchant  le  premier  point,  le  caractère  de  ressort 
supérieur  de  la  juridiction  du  comte  sur  celle  du 
possesseur,  Lehuërou  a  dû  forcer,  dans  l'expres- 
sion au  moins,  ses  conclusions  sans  voir  en 
quelque  sorte  où  elles  le  conduisaient;  car  il  les 
établit  sur  des  textes  et  des  appréciations  qui 
concernent  simplement  la  compétence  distincte 
de  deux  juridictions  différentes,  celle  du  sou- 
verain et  celle  du  possesseur,  chose  sur  laquelle 
tout  le  monde  est  d'accord  et  qu'on  ne  saurait 
confondre  avec  la  subordination  de  ressort  de 


n  i'iionmiTtf.  S  58.  455 

Tooe  par  rapport  à  Taatre.  Il  s'agit  de  la  joridio- 
tion  du  sdgneur  sur  son  homme  et  de  oeUe  du  roi 
nr  tous  deux  en  cas  de  diffiérend^  c  Charles  le 
€  Chauve  retient,  dilnl,  jusqu'à  la  dernière  extré- 
€  mité  le  droit  de  relever  Tappel  des  juridictions 

<  seigneuriales.  >  —  <  Il  est  bien  constant,  dit-il 

<  encore,  qae  la  compétence  des  justices  seigneu- 
€  riales  était  limitée;  et  cela  suffirait  pour  mon- 
€  trer  qu'elles  n'étaient  pas  souveraines,  c'est-à* 

<  dire  indépendantes  et  sans  appel.  »  Il  ne  serait 
nullement  superflu  de  fournir,  en  plus  de  ce  rai- 
sonnement, des  preuves  que  la  juridiction  du  pos- 
sesseur était  soumise  en  appel  à  la  juridiction  du 
Ofxnte;  car  tdle  est  la  question.  C'est  ce  que  ne 
&it  pas  l'auteur,  qui  se  borne  à  rappeler  les 
limites  assez  étroites  de  la  compétence  assignée  à 
la  juridiction  patrimoniale  et  l'étendue  au  contraire 
presque  illimitée  de  celle  du  roi.  Il  montre  celui-ci 
maître  absolu  d'agir  par  ses  officiers  sur  le  posses- 
seur, scHt  pour  l'obliger  à  faire  justice ,  justitiam 
faeerêj  ce  qui,  d'ailleurs,  ne  signifie  pas  toujours 
juger  (§  14),  soit  pour  décider  entre  lui  et  ses 

1.  c  Et  si  aliquis  episcopus,  abbas  aut  abbatissa,  vel  cornes 
«  ac  Tassas  noster  sno  homini  contra  fectam  et  justitiain 
«  feeerit,  et  se  mde  ad  nos  redamaveiit,  sciât  quia'sicut 

<  ratio  et  lez  atque  justitia  est  hoc  emendare  faciemus.  »  — 
Caroli  Calvi  titul.  XL,  an.  869.  Adnunciatio  Caroli  régis, 
c.  2.  —  Baiuze,  Capitularia,  t.  II,  p.  215.  —  11  s'agit,  ce 
nous  semble,  dans  ce  texte,  non  pas  de  la  réforme  d'un 
jugement  par  voie  d'appel,,  mais  de  la  réparation  d*an  tort 
on  de  la  répression  d'un  abus  qualifié  «  contra  rectum  et 
«  justitiam  facere.  » 


456  LA  JDSnCB   PEIViE 

hommes  en  cas  de  plaintes  de  ceux-ci  contre  lui, 
indépendanunent  du  droit  du  roi  de  juger,  quand 
il  y  a  lieu,  les  causes  de  ceux  qu'il  a  reçus  dans 
sa  cammendatio  et  sous  sa  mundeburde.  Rien 
dans  tout  cela  ne  justifie  le  prétendu  ressort  de  la 
justice  du  comte  sur  celle  du  possesseur,  c'estrà- 
dire  la  connaissance  en  appel  par  le  premier  des 
causes  déjà  jugées  par  le  second. 

Pour  le  second  point,  la  suppression  absolue  de 
la  juridiction  du  comte  en  conséquence  de  l'im- 
munité, Lehuërou  cite  les  textes  qui  précisément 
servent  de  fondement  à  l'opinion  contraire,  celle 
de  l'exercice  persistant  de  la  juridiction  du  comte 
en  dépit  de  l'immunité  et  non  pas,  comme  consé- 
quence de  celle-ci,  la  suppression  de  cette  juri- 
diction. —  €  Que  les  hommes  ingénus,  dit-il,  qui 
c  demeurent  sur  la  terre  (douée  de  l'immunité) 
c  soient  tenus  nonobstant  de  répondre  devant 
c  nos  juges  (les  comtes)  de  leurs  négligences  sur 
€  les  trois  points  que  voici  :  4^  l'ost,  c'estrà-dire 
c  notre  ban,  lorsqu'il  a  été  publié;  S^  les  gardes 
c  d'obligation;  3*^  les  travaux  des  ponts.  »  *— 
c  Que  les  voleurs  réfugiés  dans  une  immunité 
c  soient  présentés  au  plaid  du  comte.  >  —  c  Si 
€  quelqu'un  commet  un  vol,  un  honâidde  ou  tout 
c  autre  crime,  et  qu'après  l'avoir  commis  il  se 
c  réfugie  dans  l'immunité...,  le  comte  est  auto- 
c  risé  à  envahir  l'immunité  à  main  armée  après 
c  trois  refus  consécutifs  de  livrer  le  coupable^.  » 

2.  Le  premier  de  ces  trois  textes  est  emprunté  par  l'auteur 


n  i/mmmti.  %M.  157 

Ges  textes  montrent  la  juridiction  du  comte  s'ezer- 
çàùt  Air  les  hcmiines  de  Fimmuoité  et  parfois  dans 
le  temloire  privilégié  loi-mènie.  Pour  échapper 
aox conclusions  qu'impose  l^ir  signification  réelle, 
Lehaêrou  veut  n'y  voir  que  des  exceptions,  dea 
réformes,  des  amélioraUons  introduites  après 
coup,  suivant  lui,  pour  corriger  les  inconvénients 
reconnus  du  r^me  de  l'immunité;  des  varia* 
tions  de  l^islation  sur  la  matière;  source  de  con- 
tradictions apparentes,  ditrih  Leur  significati<Hi 
est,  croyons-nous,  tout  autre.  Telles  sont  les 
objections  que  nous  avons  à  foire  valoir  contre 
la  proposition  de  Lehuërou  que  l'immunité  avait 
supprimé  absolument  la  juridiction  du  comte  sur 
les  hommes  et  les  choses  couverts  par  le  privi- 
lège. 

Le  troisième  point,  ce  nous  semble  inadmissible 
dans  la  conception  de  Lehuërou,  est  la  substitution 
absolue  de  la  juridiction  directe  du  roi  à  celle  du 
comte  dans  l'immunité,   <  la  terre  privilégiée 

<  étant,  dit  l'auteur,  soustraite  à  la  juridiction 

<  ordinaire  du  comte,  pour  tous  les  cas  sans 
f  exception,  et  placée  directement  sous  la  pro- 

à  un  diplôme  de  l'an  775  donné  par  D.  Bouquet  (Recueil  des 

kkt,,  etc.,  t.  V,  p.  727).  Le  second  texte  est  une  interpréta* 

tùm  ineiacte,  ce  nous  semble,  de  Tart.  9  d'un  capitnlaire  de 

119  cité  précédemment  avec  l'article  195  da  livre  V  des 

Captularia  (§  13,  note  1),  et  qui  serait  plutôt  d'accord  avec 

notre  explication  du  texte  suivant,  le  troisième  texte,  fourni 

pu  un  oapitalaire  de  Tan  803  que  nous  aivons  dté  également 

1}  13,  note  2). 


458  LA  lUSnCB  tPAlV<E 

c  tectîon  spéciale  et  le  mundium  du  roi.  »  Noas 
avoDs  répondu  tout  à  Theure  à  cette  propositioD 
(§  5S),  en  disant  qu'elle  repose  sur  une  exagéra- 
tion évidente  de  Tinterprétation  donnée  par  Le- 
huërou  à  la  mundeburde  royale,  privilège  assodé 
dans  quelques  diplômes,  en  petit  nombre,  à  celui 
de  l'immunité,  et  qu'il  a  d'ailleurs  le  tort  de  oonsi* 
dérer  dans  ce  cas  comme  ayant  tous  les  caractères 
du  régime  de  la  mundeburde  à  son  origine.  Pour 
la  discussion  détaillée  de  cette  question,  nous  avons 
renvoyé  et  nous  renvoyons  encore  à  l'exposition 
que  nous  en  avons  faite  précédemment  en  parfatnt 
de  la  mundeburde  elle-même  (§§  15,  16). 

  ses  conceptions  principales  sur  le  caractère 
de  l'immunité  et  sur  les  origines  de  la  justice  pri- 
vée, Lehuërou  en  ajoute  accessoirement  d'autres, 
qui  s'y  rattachent,  touchant  la  justice  palatine  et 
la  justice  féodale,  auxquelles  il  n'est  pas  de  notre 
sujet  de  nous  arrêter. 

§  54.  —  Avant  de  quitter  Lehuërou,  résu- 
mons en  quelques  mots  sa  doctrine.  Pour  ce  qui 
est  de  la  justice  privée,  de  la  justice  seigneuriale, 
il  la  rattache  par  ses  origines  à  la  justice  domini- 
cale ou  domaniale,  c'est-à-dire  patrimoniale, 
attribut  de  toute  propriété,  ajoutant  que  ses  élé- 
m^its  fondamentaux  appartiennent  en  principe  à 
l'ancienne  Germanie.  Cette  dernière  idée  avait  été 
formulée  déjà  par  Montesquieu,  combattue  ensuite 
par  Mably  et  Grotircy,  puis  rappelée  dans  les  écrite 
de  Naudet  et  de  Pardessus  (§  68,  note  8). 


ET  L'nnoifni.  f  M.  iW 

Quant  à  rimmunité»  die  n'a»  suivant  Lehoêrou, 
produit  aucune  juridictîon.  Son  unique  résuhat 
aurait  été,  dans  son  système,  <  d'imprimer  un 
c  caractère  de  souveraineté  et  d'indépendance 
c  (mais)  vis-à*>vis  de  la  justice  du  comte  seule* 
c  ment  a  la  justice  privée,  >  à  la  juridiction  du 
possesseur,  placé  en  même  temps  avec  ses  terres 
et  ses  hommes  sous  celle  du  rciy  en  vertu  de  la 
mondeiNirde  royale  dont  la  concession  aceom* 
pagne  celte  de  l'inmiunité;  adjonction  dont  on  a 
des  exemples,  il  est  vrai,  mais  qui  était  assez  rare, 
bien  loin  d'avoir  été  constante,  nous  l'avons  fait 
remarquer  (§  15). 

Lehuêrou,  on  le  voit,  doit  être  rangé  parmi 
ceux  qui  refusent  à  l'immunité  d'avoir  engendré 
la  justice  privée,  et  qui  reconnaissent  au  contraire 
les  origines  de  celle-d  dans  un  attribut  du  droit 
de  propriété. 

XIX.  GHAMPIOIimèRB. 

§  55.  «—  Ghampionnière  est  l'auteur  de  tra- 
vaux qui,  sur  la  question  de  la  justice  privée, 
se  placent  chronologiquement  après  ceux  de 
LebuArou.  Dans  son  livre  De  la  propriété  des 
eaux  courantes,  publié  en  1846,  l'auteur  est 
naturallanent  amené  à  parler  des  institutions  sei- 
gneuriales auxquelles  se  rattache  ce  qui  concerne 
k  justice  privée.  Il  ne  touche  cependant  à  celle-d 
que  par  queues  points.  II  s'applique  d'abord  à 


160  LA  lumcB  ranriB 

démontrer  que  ce  qui,  dans  les  doeumwts,  est 
appelé  jtutitiœ  et  généralement  apprécié  comme 
concernant  Texercice  d'une  juridiction,  est  en 
réalité  chose  toute  différente.  Il  énonce  ensuite 
ses  vues  sur  Torigine  des  juridictions  particuli^s 
qui  constituent  la  justice  privée  proprement  dite. 

hesjustitiœ  sont,  dit  Glûmpionnière,  des  droits 
purement  fiscaux  qui  font,  sous  le  nom  de  jus 
fisà^  l'objet  d'une  donation  jointe  ordinairement 
à  la  concession  d'immunité.  Telle  était  l'opinion 
des  légistes  du  xm^  siècle  qui  déduisaient  en  outre 
de  cette  donation  du  jus  fisà  la  mise  en  possession 
de  la  juridiction  au  profit  du  privilégié  dans  les 
conditions  de  la  justice  privée  (§§  2S,  23). 
Ghampionnière  cependant  ne  tire  pas  de  là  cette 
conséquence.  S'il  insiste  sur  ces  particularités, 
c'est  uniquement  pour  établir  sur  ce  fondement 
la  distinction  de  la  justice,  justUia,  justUiœ,  et  du 
fief,  point  capital  de  sa  théorie  et  objet  essentiel 
de  son  ouvrage.  Il  passe  ainsi,  sans  s'y  arrêter, 
à  côté  de  l'inmiunité,  dans  l'appréciation  qu'il 
fait  des  justitim  et  de  leur  concession  avec  celle 
de  ce  privilège. 

Il  ne  s'arrête  pas  davantage  aux  origines  de  la 
justice  privée,  dont  le  sujet  le  ramène  encore  par 
un  détour  assez  singulier  à  l'immunité.  Voici 
comment.  La  justice  privée  vient,  suivant  lui,  du 
droit  de  toute  corporation  d'administrer  la  justice 
à  ses  membres,  conformément  dit-il  aux  usages 
germaniques,  où  tout  homme  libre  avait  le  droit 


ET  L'umunni.  |  55.  461 

de  se  frire  jostioe  luinnème.  De  là,  le  régime  dès 
tmpasitianes  et  des  freda^  par  suite  des  premiers 
essais  de  régularisation  de  œ  droit  primordial, 
transporté  de  Tiodividu  à  la  corporation  à  laquelle 
il  appartenait,  sous  la  supériorité  et  l'action  pré- 
pondérante du  chef  de  cette  corporation,  tribu, 
association,  ghilde  ou  séniorat. 

Ainsi  a  pu,  dit  Ghampioonière,  se  consti- 
tuer la  justice  privée  dans  quelques  immuni* 
tés,  mais  non  dans  toutes,  c  Toutes  les  immu- 
nités, ajoute-t-il  à  cette  occasion,  n'étaient  pas 
CQQstituées  en  confédération;  cette  condition 
dn  moins  ne  se  manifesta  pas  dans  toutes  ;  elle 
ne  comprit  pas  même  tous  les  habitants  des 
terres  endavées  dans  le  tetritoire  de  Tim- 

mune D'un  autre  côté,  l'immune  conces- 

sioDnaire  des  droits  du  comte  exerça  deux  jus- 
tioes  :  l'une  dérivant  de  la  confédération  qu'il 
avait  établie  sur  l'immunité,  l'autre  qu'il  tenait 
de  la  concession  royale;  chacune  ayant  son 
caractère,  sa  compétence  et  ses  justidables 
propres  et  particuliers.  »  L'assodation  ecclé- 
siastique possède  au  même  titre  sa  justice  partir 
colière,  développée  ultérieurement  dans  ce  qu'on 
appelle  les  Cours  de  chrétienté.  L'association  com- 
munale possède  aussi  la  sienne.  On  trouve  dans 
ces  institutions  c  les  mêmes  pouvoirs,  les  mêmes 
c  r^les,  les  mêmes  éléments,  et  au  fond  le  même 
(  caractère  essentiel,  l'association.  > 
L'association,  tel  est,   dans  ce   système,  le 
zLTn  U 


I6t  LA  icaonGB  nPfiE 

régime  qui,  sous  tout»  les  formes,  dôme  nais- 
sance à  la  justiœ  privée.  On  ne  peut  ne  pas  être 
frappé  de  la  singularité  et  de  Toriginalité  de  cette 
doctrine  si  différente  de  celles  dont  nous  avons  eu 
à  rendre  compte  jusqu'ici  sur  ce  sujet.  Elle  ne 
diffère  pas  moins  de  celles  dont  il  nous  reste  à 
parler  encore.  Il  est  impossiUe  du  reste  d'y  voir 
autre  chose  qu'une  appréciation  toute  person- 
nelle,  une  conception  de  légiste.  Le  livre  de  Tau* 
teur  est  abondamment  pourvu  de  citations  de 
textes  .originaux  ;  mais,  dans  les  quelques  pages 
consacrées  à  l'exposition  de  ses  idées  touchant  la 
justice  en  particulier,  il  ne  s'en  trouve  à  peu  près 
aucune. 

§  56.  —  Résumons,  avant  de  passer  outre,  la 
théorie  de  Ghampionnière  sur  les  origines  de  la 
justice  privée,  et  sur  l'immunité.  Le  fondement 
de  la  première  est,  suivant  lui,  l'association,  et  la 
seconde  ne  concourt  à  son  organisation  que  par 
la  constitution  exceptionnelle  de  groupements  de 
ce  genre,  dans  le  sein  de  quelques-uns  seulement 
des  domaines  investis  de  ce  privilège.  Ge  résultat 
n'a  pas,  on  le  voit,  suivant  l'auteur,  un  caractère 
général  dans  le  régime  de  l'immunité,  et  il  ne 
procède  même  d'aucune  particularité  essentielle- 
ment propre  à  l'institution.  Ghampionnière  ne 
doit  donc  pas  être  compté  parmi  ceux  qui  font 
venir  des  dispositions  mêmes  de  l'inmiunité  Ja 
justice  privée,  pas  plus  que  parmi  ceux  qui  la  rat- 
tachent en  principe  aux  droits  inhérents  à  la  pro- 


R  l'ibiunit^*  f  56.  163 

priété.  Il  ne  fait  auoane  alhistoD  aux  considéra- 
tioos  de  œ  genre. 

XX.  BOUTARIG. 

§  57.  —  Bootario  succède,  après  un  assez  long 
iotervalie,  à  Oiampionnière  dans  Tétude  des  ques-^ 
tk)08  rdativesà  la  justice  privée.  Il  revient,  contre 
les  conclusions  forcées  suivant  lui  de  ce  der* 
mer,  à  la  vieille  opinion  que  l'immunité  impti-» 
qoerait  crniœsdon  de  la  justice  ;  et  il  y  revient, 
chose  qui  mérite  d'être  signalée,  par  les  deux 
voies  simultanément  qui.  Tune  après  l'autre,  y 
avaient  conduit  ses  devanciers,  en  tenant  compte 
à  la  fois  pour  cela  de  la  concession  des  droits  du 
fisc  (§§  9À,  S3)  et  des  interdictions  formulées  par 
l'immunité  contre  l'action  des  juges  publics  (§  916). 

Le  sujet  est  abordé  par  Boutaric  dans  un  tra- 
vail intitulé  :  Le  Régime  féodal^  son  origine  et 
s&n  établissement^  et  particulièrement  de  Fimmi^ 
fdté,  imprin^  en  4875  au  tome  XYIII  de  la  Revue 
des  fuestûms  historiques.  Contrairement  à  ce  qu'on 
serait  en  droit  d'attendre  de  l'auteur,  d'après 
le  titre  de  son  mémoire,  il  n'y  dR  pas  grand'- 
diose  et  n'y  fournit  que  fort  peu  d'explications 
sur  l'immunité  en  elle-mÊme.  Il  se  contente  de 
présater  quelques  faits  isolés  relatifs  à  son 
régime,  sans  prendre  même  la  préoaoticMi  d'avertir 
à  cet  égard  que  ces  faits  se  rapportent  aux  consé- 
quMiees  éloignées  et  tardives  de  TiBStitution,  et 


I 

I  IM  .  LA  insriGE  PiiirÉB 


nuDemeot,  coinine  on  pourrait  être  tenté  de  le 
croire  d'après  la  manière  dont  il  en  parle,  à  ses 
conditions  premières.  Ce  qu'il  a  d'ailleurs  en  vue, 
il  le  déclare,  ce  n'est  pas  la  discussion  à  fond  du 
sujet,  mais  une  simple  exposition  de  certaines 
conceptions  confirmées  par  des  textes  peu  nom- 
breux, mais,  croit*il,  décisifs,  c  Je  n'ai  pas  la 
c  prétention,  dit-il,  de  donner  à  mes  assertions 
c  toutes  les  preuves  qu'elles  comportent,  quand 
c  ces  assertions  ne  font  pas  intégralement  partie 
c  de  mon  sujet.  »  Or  son  sujet,  ce  n'est,  à  pro- 
prement parler,  ni  la  justice  privée,  ni  l'immunité, 
lesquelles  n'y  apparaissent  qu'incidemment.  Il 
s'agit,  surtout,  pour  lui,  des  origines  du  régime 
féodal.  Voici  comment  il  les  explique  et  com- 
ment elles  l'amènent  à  parler  de  la  justice  privée 
et  de  l'inmiunité. 

Le  besoin  de  protection  dans  ces  temps  trou- 
blés crée  entre  les  hommes  des  liens  volontaires. 
Tels  sont  ceux  de  la  recommandation  ;  et  la 
recommandation  devient  l'hommage  du  fiévé.  Peu 
à  peu  s'établit  ainsi  le  régime  féodal,  ou  plutôt, 
dit-il,  le  régime  seigneurial  que  caractérise  la 
confusion  de  la  propriété  et  de  la  souveraineté. 
La  concession  simultanée  de  l'une  et  de  l'autre  aux 
Églises,  c'est  là  suivant  Boutaric  l'immunité,  par 
laquelle  le  roi  donne  les  terres  du  fisc  en  se 
dépouillant  en  même  temps  de  ses  droits  souve- 
rains sur  elles.  Ce  privilège  prodigué  aux  Églises 
est  d'ailleurs,  il  le  reconnaît,  concédé  quelquefois 


ET  L'nmoHR^.  s  57.  465 

aussi  aux  laïques.  L'immunité  est  une  véritable 
seigoeurie  oii  le  maître  jouit  des  drmts  régaliens 
doDt  le  roi  s'est  dessaisi  en  sa  faveur,  et  où  les 
officiers  publics  n'ont  aucune  autorité,  ni  fiscale, 
ni  judiciaire,  pas  même  le  droit  d'y  entrer  :  situa- 
tion qui  implique  ce  lui  semble  pour  les  privi- 
légiés en  possession  de  Tininuinité  la  jouissance 
de  la  juridiction.  Le  régime  de  l'immunité,  ajoute 
Boataric,  est,  à  cet  égard,  le  même  que  celui  des 
terres  du  fisc  décrit  dans  le  capitulaire  De  VUliê. 
Au  xm*  siècle,  l'existence  d'une  charte  d'immu- 
nité suffisait  pour  prouver  concession  royale  de 
la  juridiction  et  assurer  la  jouissance  du  droit  de 
haute  justice. 

C'est  au  profit  de  cette  thèse  que  Boutaric  cite 
le  jugement  de  49175  du  prévôt  de  Paris,  dont 
nous  avons  parlé  précédenmient  (§§  S2,  S3); 
curieux  document  qui  nous  «  permis  de  recon- 
naître comment  s'est  introduite  originairement,  en 
remontant  au  xm*  siècle,  de  là  au  xn*  et  plus  haut 
encore,  l'opinion  que  la  justice  privée  avait  été 
engendrée  par  le  privilège  de  l'immunité.  Nous 
avons  vu  cette  opinion  bien  établie  au  xm*  siècle 
sur  cette  conception  que  la  justice  privée  était  une 
conséquence  de  la  concession  des  droits  du  fisc, 
jointe  souvent  à  celle  de  l'inoununité  et  estimée 
équivaloir  à  la  concession  des  droits  régaliens 
eux-mêmes,  regaliajura  (§§912,  S3).  Nous  avons 
vu  aussi  conmient  plus  tard,  au  xvii^  siècle,  cette 
conception  abandonnée  fait  place  à  celle  que  la 


466  11  IDBTICB  fftiVjfl 

justice  privée  est  une  conséquenoe  de  l'interdio^ 
tion  formulée  dans  le  privilège  contre  les  juges 
privés,  d'entrer  dans  Timmunité  et  d*y  tenir  leurs 
plaids  (§  SI6).  Il  y  a  là  une  succession,  ou  au 
moins  une  substitution  d'idées  très  remarquable, 
qui  montre  quel  a  été  le  mouvement  des  esprits 
sur  ces  questions.  Boutaric  néglige  tout  à  fait 
ces  vues  qu'il  nous  aide  à  démêler  sans  paraître 
même  les  soupçonner,  et  il  se  borne  à  mention- 
ner, comme  si  elles  se  confirmaient  simplement 
l'une  fautre,  ces  deux  manières  différentes  de 
faire  sortir  de  l'immunité  la  justice  privée.  On 
connaissait  l'interprétation  abusive  en  vartu  de 
laquelle  la  concession  dixjusfisci  est,  non  pas  dans 
les  premiers  temps,  mais  à  la  longue  assimilée  à 
odle  des  regalia  jura^.  Quant  aux  conséquences 
qu'on  en  a  tirées,  touchant  l'exercice  de  la  jus- 
tice privée,  c'est  pour  une  bonne  part  à  Boutaric 
qu'on  en  doit  la  connaissance,  avec  celle  des 
textes  si  instructifs  qui  ccmoerncnt  le  jugeaient 
de  1275  du  prévôt  de  Paris. 

§  58.  —  C'est  donc  plutôt  deux  fois  qu'une 
qu'on  est  fondé  à  ranger  Boutaric  parmi  ceux  qui 
regardent  l'immunité  comme  la  source  de  la  jus- 
tice privée.  Il  adopte  à  cet  égard  simultanément 
les  deux  opinions  qui  se  sont  succédé  sur  ce  sujet  : 
celle  qui  présente  la  justice  privée  comme  une 
conséquence  de  la  concession  des  droits  du  fisc, 

i.  L'hnmumité,  1862,  §g  20, 2i. 


ET  h'mmmi.  S  ^^-  4$r 

laqoeBe  accompagne  aouveot,  ainoii  toigouraf  le 
privilège,  et  celle  qui  la  fait  déceuler  dea  iiitav 
didîaiis  opposées  à  Vaction  des  juges  .piri>Ues 
par  ce  mteôe  privilège  dont  eUea  sont  reasenoe 
même. 

L'immumté,  suivant  Boutaric,  est  Tabandott 
par  le  roi  de  ses  droits  souverains,  les  droits 
régaliens,  aux  ÊgUses  surtout,  et  dans  (fuelques 
cas  aux  laïques  également.  À  cette  doctrine  il 
rattache  drâx  théories  :  celle  aoerédttée  au 
xm*  siècle  que  Texistence  d'une  diaiie  d'immu- 
oité  avec  abandon  des  droits  du  fisc  in^^liquait 
concession  ancienne  de  la  haute  justice,  et  œlle 
introduite  plus  tard,  au  xvn^  siède  seulement, 
que  Fexerciee  de  la  justice  privée  était  la  consé- 
quence de  rinterdiction,  édictée  dans  la  charte 
d'immunité  contre  les  juges  pubtics,  d'entrer  dans 
le  domaine  privilégié,  et  d'y  accomplir  aucun  des 
actes  de  leur  compétence  ordinaire,  aucun  acte 
judiciaire  notamment. 

XXI.  FUSTEL  DE  COULANGES. 

§  59.  — M.  Fustel  de  Goulanges,  à  son  tour, 
expose  ses  idées  sur  la  justice  privée  et  sur  Tinv- 
munité  dans  trois  publications  qui  ont  paru  en 
l'espace  d'une  dizaine  d'années^  les  deux  premières 
sur  les  Origines  du  régime  féodal,  sous  les  dates 
de  1873  et  187i,  la  troisième  sur  Y  Immunité 
mérovingienne  en  1 883.  Le  titre  des  deux  premiers 
ouvrages  indique  le  point  de  vue  où  s'était  placé 


4êi  hk  iUSTfCB  WËXfiB 

le  savant  professeur,  et  où  il  s'est  maintena  jusque 
dans  le  dernier  encore  pour  étudier  son  sujet.  A 
ses  yeux,  Finimunité  est  un  bénéfice  et  à  ce  titre 
une  des  institutions  génératrices  de  la  féodalité. 
Pour  donner  une  idée  de  ce  que  sont,  dans  leurs 
lignes  essentielles,  ses  conceptions,  nous  ne  pou- 
vons mieux  faire  que  de  renvoyer  aux  conclusions 
qu'il  formule  à  cet  égard  en  terminant  son  dernier 
travail. 

c  L'immunité,  dit-il,  est  une  faveur,  un  henefi^ 
c  eium.  Elle  est  accordée  par  le  roi  personnelle- 
c  ment  à  un  homme  qui  d'ordinaire  s'est  pré^ 
€  sente  en  personne.  Elle  ne  vient  qu'à  la  suite 
c  d'une  demande  ou  prière  dont  mention  est  faite 
c  dans  l'acte.  Puis  cette  prière  et  cette  faveur  se 
c  renouvellent  à  chaque  décès.  Tous  ces  traits, 
c  qui  semblent  de  pure  forme,  nous  font  pourtant 
c  saisir  le  lien  étroit  qui  unit  l'immunité  aux 
c  autres  institutions  génératrices  de  la  féoda- 
c  lité.  > 

c  Le  privilège  d'immunité  consiste  à  affranchir 
c  l'évéque,  l'abbé  ou  le  grand  seigneur  laïque  de 
c  l'autorité  administrative,  soit  pour  la  juridio- 
c  tion,  soit  pour  la  levée  de  l'impôt,  soit  pour  la 
c  police  locale.  Elle  ne  détruit  pas  d'une  manière 
c  générale  la  hiérarchie  des  ducs,  comtes  et  cen- 
c  teniers,  mais  elle  soustrait  des  milliers  de 
c  domaines  à  leur  autorité.  > 

c  Elle  ne  supprime  pas  l'autorité  royale;  le  roi 
c  ne  renonce  nulle  part  à  ses  droits,  il  renonce 


R  Vmmmrti.  $89.  I6t 

seideon^it  à  les  foire  exercer  par  rintermédiaire 
de  fies  agents.  Dès  lors,  U  arrive  que  Tautorité 
royale,  qui  ne  peut  plus  agir  adniiûstrative- 
ment,  prend  le  caractère  d'un  patronage  direct 
et  personnel  ;  le  sujet  n'est  pk»  qu'un  fidèle.  » 
c  L'immunité  est  toujours  accordée  à  un  grand 
propri^aire  foncier,  évèque,  abbé  ou  seigneur 
lidqoe.  • .  Tons  les  droits  dont  la  royauté  dessaisit 
ses  agents,  c'est  au  grand  propriétaire  qu'elle 
les  donne...  Ckmmie  conséquence  naturelle  de 
l'exclusion  du  fonctionnaîre  royal,  le  grand  pro- 
priétaire devient  le  juge  de  tous  les  hommes 
qui  sont  sur  ses  terres,  et  la  justice  publique  se 
diange,  dans  l'intérieur  des  domaines  privilé- 
giés, en  justice  privée...  Toutes  les  obligations 
que  les  hommes  des  domaines  avaient  eues 
auparavant  envers  l'État,  ils  les  ont  désormais 
envers  le  grand  propriétaire.  > 
D'après  ces  indications,  l'immunité  aurait  été, 
avant  tout,  un  bénéfice,  une  feveur  individuelle 
solicitée  et  renouvelée  à  chaque  changement  de 
personne,  soit  du  donateur,  soit  du  donataire, 
un  privilège  essentiellement  personnel  et  viager, 
c  L'immunité  est  toujours,  dit  l'auteur,  le  privi- 

<  l^e  d'une  personne...  Cette  concession  con- 

<  serve  toujours  la  forme  d'un  pur  bienfait,  et 

<  n'est  perpétuelle  que  par  le  renouvellement 
c  qu'on  en  fait  à  chaque  décès  du  concédant  ou 

<  du  concessionnaire.  > 

L'immunité   soustrayait  le   privilégié  et  son 


470  u  mmscB  ptnn<B 

domaine  à  raiitorité  des  officiers  publies,  notaiiH 
meot  pour  la  juridiction ,  Le  roi  n'en  conservait  pas 
moins  sur  eux  son  autorité;  mais  il  ne  pouvait  plus 
Texercer  que  directement,  à  titre  de  patronage, 
c'cst-è-dire  en  mainbumie.  La  mainbiumie  était 
à  peu  près  inséparable  de  rimmunité,  dit  ailleurs 
M.  F.  de  Goulanges.  L'autorité  des  officiers  pu* 
blics  étant  ainsi  écartée,  leur  juridiction  passe  au 
privilégié,  au  propriétaire  devenu  chess  lui  un  n» 
—  c'est  l'expression  dont  se  sert  l'auteur.  -^  U 
est  maître  absolu  sur  sa  terre  et  juge  de  t€Nis  les 
hommes  qui  y  résident,  c  La  justice  de  l'Étrt 
c  cesse  d'avoir  entrée  dans  l'intérieur  du  domaine; 
c  elle  ne  peut  même  pas  entendre  les  débats  qui 
c  y  naissent.  >  Les  officiers  publics  n'ont  plus  le 
drœt  de  venir  y  juger  les  hommes  de  l'immunité, 
ni  même  de  les  appeler  devant  eux  hors  de  ce 
territoire,  c  Nous  verrons,  est-il  ajouté,  certaines 
c  clauses  de  nos  diplèmes  qui  empédient  le 
c  comte  d'appeler  devant  lui  les  honunes  du 
c  domaine.  >  Néanmoins,  il  a  toiqours  le  droit 
de  les  juger  quand  ils  ont  à  r^ondre  de  crimes 
commis  hors  de  ce  domaine,  et,  dans  tous  hs  cas 
où  ils  sont  mis  en  cause  par  un  homme  qui  lui 
est  étranger. 

II  y  a  dans  ce  corps  de  doctrines  quelques  allé- 
gations qui  ne  s'accordent  pas  avec  ce  que  les 
documents  nous  apprennent  de  l'exercice  de  la 
juridiction  à  l'époque  où  s'introduit  l'immunité. 
Nous  renvoyons,  pour  la  plupart,  à  ce  que  nous 


ET  i^'wKmni.  I  M.  174 

anm  dît  précédemment  à  oet  égard  (gS  42,  43, 
19,  20)  ;  mais  noos  reviendrons  tout  à  Tbem^  sur 
qoelques^mes  d'entre  elles  qui  peuvent  réckuaer 
de  nouvelles  explications. 

Nous  venons  de  dire  œ  cpi'est  pour  M.  F.  de 
Gooianges  rimnmnilé,  et  comment,  suivant  lui, 
elk  engendre  la  justice  privée.  Pour  ce  qui  est  de 
l'origine  du  privilège,  il  dit  encore  :  rimmuoité 
mérovH^;ienne  n'est  ni  romaine  ni  germanique 
dans  son  principe,  c  II  faut  la  prendre,  ainai 
<  6  exprimo-tril,  comme  un  fait  qui  a  surgi  dans 
c  le  désordre  du  vi*  siècle  et  qui,  se  dévdop- 
€  pant  et  prenant  des  formes  de  plus  en  plus 
c  arrêtées,  est  devenu  au  vu*  siècle  l'institution 
«  que  nous  avons  vue*  > 

§  60.  —  Les  conceptions  de  M.  F.  de  Cou- 
iaoges  sur  rimmunité  et  la  justice  privée  sont  très 
bien  résumées  par  lui  dans  les  paragraphes  que 
nous  avons  empruntés  tout  à  l'teure  (§  59)  aux 
conclusions  de  son  mémoire  sur  l'immunité  méro- 
vingienne. Nous  voudrions  maintenant  examiner 
l'argumentation  sur  laquelle  il  en  fonde  les  points 
principaux .  Le  premier  de  ces  points  est  le  caractère 
de  bénéfice,  beneficium,  qu'il  assigne  à  l'immunité, 
caractère  auquel  se  rapporteraient,  suivant  lui^, 
avec  d'autres  traits  moins  importants,  deux  par- 

i.  Voir  la  première  des  citations  qne  nous  empruntons  au 
mémoire  de  M.  F.  de  Goulanges  en  tôte  du  paragraphe  pré- 
eédflnt. 


4712  mjl  JUBTicB  nrféE 

ticularités  significatives,  savoir  que  rianminité 
est  personnelle  et  qu'elle  est  viagère.  Ces  deux 
qualités  sont  présentées  conune  essentielles,  sem- 
ble-t-il.  Elles  sont  loin  pourtant  de  se  dégager 
nettement  de  l'observation  des  faits,  e'est«à«dire 
de  Tétude  des  textes.  M.  F.  de  Goulanges  en 
maintient  néanmoins  finalement  Taffirmation  à  la 
dernière  page  de  son  mémoire,  non  sans  avoir 
reconnu  pourtant  les  témoignages  nombreux  qu'il 
ne  peut  s'empêcher  de  relever  lui-même  dans  les 
documents,  contre  ses  propres  conclusions  à  cet 
égard. 

Et  d'abord,  pour  ce  qui  est  du  caractère  per- 
sonnel, suivant  lui,  mais  à  ce  qu'il  semble  plutôt 
réel  du  privilège,  c  si  l'on  observe,  dit-il,  la 
c  teneur  des  diplômes,  on  reconnaîtra  que  Tim- 
c  munité,  bien  qu'elle  soit  accordée  au  nom  per- 
c  sonnel  de  l'évéque  ou  de  l'abbé,  ne  porte 
c  jamais  sur  sa  personne,  mais  porte  toujours  sur 

c  les  terres  de  l'évêché  ou  du  couvent Mani- 

c  festement,  l'immunité  vise,  non  la  personne  du 
c  concessionnaire,  mais  les  terres  qu'il  possède.  » 

Quant  au  caractère  viager  assigné  au  privilège, 
M.  F.  de  Goulanges  ne  peut  méconnaître  dans 
l'immunité  les  preuves  toutes  contraires  de  son 
évidente  perpétuité,  c  Était-elle  viagère  ou  perpé- 
c  tueiie,  c'est,  dit-il,  ce  qu'il  est  assez  difficile 
c  d'établir.  D'une  part,  les  diplômes  sont  remplis 

€  d'expres3ions  qui  impliquent  la  perpétuité 

c  Mais,  d'autre  part,  la  série  des  diplômes  nous 


ET  L*nnnr!iiri.  S  M.  473 

€  montre  que  Ton  fiûsait  reoouveler  Tacte  à  chaque 

<  génération D'après  la  lettre  des  diplômes, 

c  rimmunité  est  perpétuelle;  d'après  la  pratique, 

c  il  sasiMe  bieo  qu'elle  soit  révocable Elle 

c  est  toujours  le  privilège  d'une  personne ,  et 

c  D*est  perpétuelle  que  par  le  renouvellement 

<  qu'on  en  fait  à  diaque  décès  du  concédant  ou 
t  da  concessionnaire.  » 

Ces  confirmations  même  renouvelées  du  privî* 
lëge  ne  nous  semblent  pas  avoir  la  portée  que  l'au- 
teur leur  assigne  ;  elles  n'ont  vraisemblablenoient 
pas  une  signification  autre  que  les  confirmations 
analogues  de  lûens  et  possessions,  dont  on  a  tant 
d'exraiples,  et  d'où  l'on  n'a  jamais  pensé  à 
induire  qu'elles  infirmassent  le  caractère  de  per- 
manence et  de  continuité  du  droit  de  propriété. 
Une  confirmation  de  ce  genre  était  tout  simple- 
ment un  acte  de  reconnaissance,  une  sorte  d'af- 
firmation du  fait  existant.  La  perpétuité  du  pri- 
vilège est  d'ailleurs  incontestable,  et  va  jusqu'à 
ooDcemer  non  seulement  les  biens  présentement 
possédés,  mais  encore  ceux  qui  seront  ultérieu- 
rement acquis  par  le  privilégié  et  ses  successeurs  : 
€  Possessiones  quas»  moderno  tempore,  possidet 
c  Ecclesia,  vel  ea  quœ  deinceps  in  jure  ipsius 
€  sancti  loci  voluerit  divina  pietas  augeri.  >  Rien 
n'est  plus  contraire  à  l'idée  que  l'immunité  soit 
essentiellement  personnelle  et  purement  viagère. 

H.  F.  de  Goulanges  dit  encore  de  la  concession 
de  l'immunité  :  c  II  faut  qu'elle  ait  été  réelle- 


174  LA  insTtcG  mviB 

c  ment  et  expreMémeot  demandée  par  le  conœs- 
€  aionnaire,  et  le  diplôme  ne  manque  pas  de 

€  constater  que  cette  condition  a  été  renapUe 

c  Pourtant  il  n'est  pas  sans  exemple  que  Tévèque 
c  ou  Tabbé  transmit  sa  demande  par  des 
€  envoyés.  > 

L'auteur  ne  se  dissimule  pas,  oa  le  voit^  les 
réserves  qu'il  y  a  lieu  de  foire  à  ses  appréciations 
touchant  le  caractère  qu*il  assigne  à  l'immunité. 
En  réalité,  l'immunité  est  bien,  conmie  il  le 
constate,  une  conces»on  gracieuse  du  souverain 
accordée  au  privilégié  par  qui  ou  pour  qui  elle  a 
été  sollicitée  ;  mais  elle  est  conférée  à  titre  perpé- 
tuel, pour  lui  et  pour  ses  successeurs,  et  attadiée 
expressément  à  leurs  domaines  présents  et  futurs^; 
ce  qui  est  loin  d'en  ftiire  un  privilège  personnel 
et  viager.  Il  est  difficile  de  justifier  par  des  indices 
aussi  peu  assurés  le  caractère  de  bénéfice  qai 
permettrait  de  rattacher  l'immunité,  comme  le 
propose  M.  F.  de  Goulanges,  aux  c  institutions 
€  génératrices  de  la  féodalité.  » 

§  61 .  —  Les  considérations  qui  précèdent  sur 
le  caractère  de  bénéfice  attribué  par  M.  F.  de 
Goulanges  à  Timmunité  portent  sur  les  termes  du 
préambule  reproduit  à  peu  près  uniformément 

î.  On  poeeôde  des  actes  de  cession  de  domaines  stipulant 
celle  en  môme  ten^ps  de  rimmunité  qui  y  était  attachée 
antérieurement.  M.  F.  de  Goulanges  lui-même  en  cite  deux 
spécimens  qu'il  emprunte  à  Pardessus,  Diplomala,  n^  f  08,  et 
à  Rozière,  Becueil  géftérûl  dei  fiprmules,  n*  571. 


BT  k^mnmiil  |  64.  I7S 


eo  tête  de  toas  les  diplAiiies  de  eonoestmi  oq  de 
ooDfimiation  du  privilège.  Ce  sont  là  les  oonditions 
extérieures,  diUiU  de  rimmunité.  Il  passe  ensuite 
à  rexameo  de  ce  qu'il  appelle  ses  oonditions 
lotîmes,  à  rappréciation  des  avantages  partico* 
iiefs  qu'elle  emportait^  C'est  le  ca*ps  même  du 
diplôoie  qui  lui  fournit  naturellement  la  matière 
de  œtte  étude. 

C'est  dans  cette  partie  de  son  travail  que 
M.  F.  de  Gmknges  développe  le  point  capital 
de  sa  théorie,  à  savoir  que  rinumnité  a  pour 
résottat  la  suppression  de  la  justice  des  comtes 
ou  officiere  publics  sur  les  privilégiés  et  sur  leurs 
iiommes,  et  à  sa  place,  quant  à  ceux*ci,  la  consti- 
tution de  la  justice  privée»  Voici  quelle  est  son 
ai^giunentation  à  ce  sujet. 

Ce  qui  domine  dans  rinumnité,  iait-il  observer 
avec  raison,  c^est  la  défense  à  tout  fonctionnaire 
poblic  d'^itrer  sur  les  terres  privilèges,  c  C'est 
c  ici  que  se  trouve,  ditril^  le  trait  principal  et  ce 
c  qui  fait  le  fond  de  l'immunité.  Toutes  les  autres 
c  clauses  peuvent  être  supprimées  ou  sous^nten^ 
i  dues,  et  elles  le  sont  en  effet  dans  beaucoup  da 
c  diplômes  ;  mais  la  clause  qui  interdit  aux  fonc- 
«  tionnaires  l'entrée  du  domaine  se  trouve  dans 
<  tous  nos  actes.  Il  n'y  a  pas  d'immunité  sans 

c  elle Abêque  introiiu  judicum.  Toute  l'immu* 

c  nité  est  comprise  dans  ces  trois  mots.  >  Rien 
n'est  plus  vrai  que  cette  déclaration  ;  mais  quelles 
conséquences  estril  permis  d'en  déduire?  C'est  là 


476  Li  JUSTIGB  FAIT<E 

qu'on  peut  errer  en  dépassant  la  portée  réelle  de 
la  proposition. 

Les  diplômes  contiennent,  pour  la  pliq)«rt,  le 
détail  des  actes  que  les  juges  publics  se  voient 
interdit  d'accomplir  dans  le  domaine  privilégié 
où  il  leur  est  défendu  de  pénétrer.  M.  F.  de 
Goulanges  les  énumère  :  c'est  d'entendre  les  pro- 
cès, c'est-à-dire  de  juger,  causas  audire;  de  per- 
cevoir les  fruits  de  la  justice  et, des  impôts,  fireda 
aut  tributa  exigera;  de  saisir  des  répondants, 
fidejuasores  tôlier e;  d'exercer  contrainte  sur  les 
hommes,  homines  distringere;  de  prendre  gîte  et 
fournitures,  mansianes  vel  parafas  faeere;  d'opé- 
rer des  perceptions  abusives  et  illicites,  nec  ullas 
redhibitiones  aut  illicitas  occamnes  requirere. 

S'attachant  avant  tout  à  l'objet  de  la  première 
interdiction,  celle  d'entrer  dans  le  domaine  privi- 
légié pour  y  juger,  causas  audire^  M.  F.  de  Gou- 
langes établit  d'abord  qu'il  s'agit  en  cela  de  toute 
justice,  aussi  bien  au  civil  qu'au  criminel,  dont 
l'exercice  enlevé  au  juge  public  passe  nécessai- 
rement, suivant  lui,  au  possesseur  :  c  Le  juge 
c  public  disparu,  il  ne  reste,  dit-il,  dans  l'inté- 
c  rieur  du  domaine  que  le  propriétaire.  Il  jugera 

c  donc  forcément ou  par  lui-même  ou  par 

c  ses  agents.  »  L'officier  royal  c  n'a  plus  aucune 
c  juridiction  sur  les  hommes  du  domaine  privi- 
c  légié,  et  toute  action  judiciaire  sur  eux  lui  est 
c  devenue  impossible.  >  Voilà  conunent  M.  F.  de 
Goulanges  arrive  à  cette  couception  que  la  juri- 


R  Vmmmrrt.  |  64.  177 

dictioD  est  eidevée  par  rimmuDité  au  juge  poUio 
et  donnée  au  propriétaire  du  sol.  c  II  est  bien 

<  yrai  que  les  diplômes  ne  le  disent  pas,  >  Tau* 
teur  ne  peut  se  défendre  de  le  reconnaître  en  ces 
ternies  —  Houard  (§  38),  Pardessus  (§  48), 
Lehuëron  (§  58)  Favaient  déjà  reconnu  et  déclaré 
aussi  —  c  mais,  ajoute-t-il,  les  diplômes  n'avaient 

<  pas  besoin  de  le  dire.  > 

Cette  déclaration  suffirait  pour  prouver  que 
dans  la  conception  de  M.  F.  de  Goulanges,  il  y  a 
uo  peu  plus  que  ce  que  contiennent  les  textes.  Il 
annonce  cependant.qu'il  veut  les  serrer  de  près, 
c  n  faut,  ditril,  nous  tenir  au  texte  littéral  des 
€  diplômes.  Us  ne  disent  pas...  le  juge  royal  ne 
c  jugera  jamais...  Ils  disent...  le  juge  royal  n'en- 
€  trera  pas  dans  les  domaines  (privilégiés) . . .  pour 
c  rendre  la  justice.  Ne  dépassons  pas  nos  textes; 
c  fls  ne  parlent  que  de  la  justice  qui  serait  à 
c  rendre  dans  l'intérieur  cki  domaine.   Ils  ne 

<  veulent  pas  dire  que  l'immunité  et  ses  hommes 
c  échappent  pour  toutes  sortes  de  procès  et  de 

c  délits  à  la  justice  du  comte Dès  lors,  quels 

c  peuvent  être  les  cas  où  cette  juridiction  dispa- 
c  ralt?  >  En  posant  cette  question,  M.  F.  de  Cou- 
langes  sort,  sans  paraître  s'en  apercevoir,  de  la 
teneur  des  textes  à  la  lettre  desquels  il  voulait, 
avec  raison,  se  tenir. 

Dans  ces  textes,  en  ^et,  il  est  question,  nous 
le  rappellerons,  non  pas  des  cas  où  le  juge  public 
peut  ou  bien  ne  peut  pas  juger,  mais  des  lieux 
uvii  43 


I7t  LA  lusncB  rinrtfE 

où  il  lui  est  interdit  de  le  faire;  savœr,  les  lieux 
situés  dans  Vintérieur  du  dcmiaine  privilégié.  Les 
diplômes  ne  disent  pas  autre  chose  à  œ  sujet.  La 
nature  des  causes  n'est  ici  nullement  mise  ea 
question  ^  L'auteur  dit  encore  que  <  les  diplômes 
c  et  les  formules  n'ont  pas  un  mot  qui  implique 
<  que  les  habitants  du  domaine  devront  se  rendre 
c  au  tribunal  du  comte  ;  »  à  quoi  il  eût  pa  «^* 
ter  qu'ils  n'ont  pas  un  mot  non  plus  impliquant 
qu'ils  ne  dussent  pas  le  faire.  Ils  le  faisai^it  aupa- 
ravant, ils  le  feront  après  ;  l'immunité  laisse  à  cet 
égard  les  choses  en  l'état  où  elle  les  trouve.  Tou^ 
chant  Fexercice  de  la  juridiction  ordinaire,  le 
diplôme  d'immunité  ne  contient  qu'une  prescrip- 
tion :  les  juges  publics  ne  pourront  pas  entrer 
dans  le  domaine  privilégié;  ils  ne  pourront  oocu* 
per  aucun  lieu  de  ce  domaine  pour  y  juger,  ^'est- 
à-dire  pour  y  tenir  leurs  plaids. 

Tout  ce  que  M.  P.  de  Goulanges  dit  de  plus  est 
étranger  aux  textes  dont  il  entend  ne  pas  s'écar- 
ter. H  s'en  écarte  cependant  ainsi,  et  il  en  dépasse 
le  sens,  tout  en  croyant  s'y  renferma,  quand  il 
ajoute  :  c  Nous  verrons  tout  à  l'heure  certaines 
c  dauses  de  nos  diplômes  qui  empêchent  le  oomte 
c  d'appeler  devant  lui  les  hommes  du  domaine. 


i.  La  portée  exacte  du  privilège  d'immanité  sar  ce  point 
eat  aettameat  indiquée  par  la  manière  dont  cette  interdiction 
est  exprimée  dans  un  texte  que  nous  avons  cité  précédem- 
ment :  a  Neque  uUus  judex  publicus...  ad  judicandum... 
«  locum  ihi  habere  audeat.  t  (§  13,  note  30 


c  AqiKN  eût-il  servi  d'aîlleors  à  rimmuniste  d'être 
€  exempté  d'avoir  le  juge  chez  lui,  s'il  eût  été 
<  tenu  d'aller  se  présenter  devant  ce  même  juge 
c  et  de  lui  amener  ses  hommes?  > 

Pour  ce  qui  est  de  la  prétendue  interdiction  aux 
juges  publics  d'appeler  devant  eux  et  le  privilégié 
et  ses  hommes,  c'est  une  allégation  tout  à  fait 
déinée  de  fondem^it,  et  formellement  contredite 
par  les  textes  (§18).  Nous  l'avons  fait  observer 
déjà  en  rencontrant  une  première  fois  cette  pro^ 
pcràioD  dans  les  mémoires  de  Pardessus  (§§  48, 
i9).  Est-ce  à  cette  source  que  M.  F.  de  Goulanges 
Ta  empruntée?  Quant  aux  clauses  de  diplômes 
aononcées  par  lui  à  cette  occasion,  ce  ne  peuvent 
tiie  que  les  dispositions  relatives  à  la  mainburnie 
royale  dont  il  parle  un  peu  plus  loin,  ou  bien 
cdies  qui  concenient  l'interdiction  d'enlever  des 
cautions,  ^jussoreêy  équivalant  suivant  lui  à 
l'empêchement  absolu  de  juger,  dont  il  parle 
également. 

La  mainburaie  royale  constitue  un  régime  spé^ 
àal  sur  lequel  nous  nous  sonnnes  expliqué 
(g  <5  à  18),  et  d'où  l'on  ne  peut  rien  inférer 
toâchant  le  régime  propre  de  l'immunité,  bien 
qu'il  lui  soit  parfois,  dans  une  certaine  mesure, 
assodé.  Quant  à  ce  qui  regarde  les  fidejussoreSy 
visés  peut-être  aussi  dans  le  passage  que  nous 
venons  de  citer,  nous  ne  croyons  pas  qu'on  doive 
interpréter,  comme  le  fait  M.  F.  de  Goulanges, 
les  particularités  qu'il  rdève  dans  les  diplômes,  à 


49ê  Là  icnfci  navfa 

leor  sujet.  Nom  v  reviendroos  toat  à  Theure 

(8  62)- 

Les  textes  abmideDt  pour  prouver  que  le  pos- 
sesseur, même  sous  b  protection  de  l'inmnimté, 
noD  seulement  pouvait  être  appelé  pour  son 
compte  devant  le  juge  public,  mais  était  de  plus 
toujours  taiu  d'y  conduire  ou  faire  conduire  ses 
hommes  lorsqu'ils  y  étaient  mandés  (§§12»  13). 
M«  F.  de  Goulanges  a  donc  tort  de  penser  qu'il  ne 
saurait  en  être  ainsi.  Il  n'en  a  pas  moins  de 
croire  que  le  privilège,  s'il  n'eût  supprimé  cette 
obligation,  eût  été  sans  objet,  et  de  se  demander 
à  quoi,  dès  lors,  aurait  servi  l'immunité.  Nous 
avons  répondu  d'avance  à  cette  observation  (§  5). 
L'immunité  était  destinée  à  protéger  le  privilégié 
contre  l'intrusion  et  les  exactions  des  officiers 
publics  dans  son  domaine.  C'est  pour  cela  surtout 
qu'elle  leur  en  interdisait  l'entrée  (§19). 

Voilà  à  quoi  servait  l'immunité.  Quant  à  la 
juridiction,  elle  y  touchait  à  peine,  bien  loin  de 
l'annuler.  Nous  avons  montré  que  M.  F.  de  Gou- 
langes se  trompait  en  disant  le  contraire,  même 
avec  le  correctif  d'une  exception  concernant  cer- 
taines causes  (§  âO).  L'immunité  n'avait  d'autre 
conséquence  pour  ce  qui  regarde  la  juridiction  des 
juges  publics  que  de  leur  interdire  absolument  de 
tenir  leurs  plaids  dans  le  domaine  privilégié,  où 
du  reste,  en  droit  commun,  ils  n'eussent  pu 
régulièrement  le  faire ,  non  plus  que  dans  tout 
autre  domaine  particulier,  sans  la  permission  du 


ET  L'imnmiTtf.  §  64.  484 

possesseur  (§12).  Nous  avons  dit,  en  rappelant 
œs  dispositions,  ce  que  le  régime  de  l'immunité 
ajoutait  sur  ce  point  au  régime  de  droit  commun 

(§<3). 

§  62*  —  Les  autres  actes  interdits  aux  juges 
publics  dans  les  domaines  couverts  par  Tinmiu- 
oité  ont  mcHns  d'importance  que  le  premier,  l'acte 
de  juger,  causas  audire,  pour  le  sujet  qui  nous 
occupe.  Nous  ferons  remarquer  que  M.  F.  de  Cou- 
langes  mentionne  à  peine  ceux  de  ces  actes  dont 
Fioterdiction  sert  peut-être  le  mieux  à  fixer  le 
caractère  véritable  de  l'inmiunité.  Il  ne  parle 
presque  pas  des  perceptions  illicites  défendues 
dans  le  domaine  privilégié,  redhibitiones  airi  illi- 
dtaê  occasiones  requirere.  Rien  cependant,  nous 
Tavons  fait  remarquer  (§  5),  ne  montre  plus 
dairemeot  que  le  privilège  a  pour  objet  d'empê- 
cher les  exactions  des  officiers  publics.  L'auteur 
ne  rappelle  qu'incidemment  ces  exactions,  à  pro- 
pos de  l'interdiction  de  lever  les  impôts  réguliers, 
inbuta^  et  en  mettant  comme  au  second  plan  les 
considérations  essentielles  relatives  à  ces  abus, 
c  Ainsi,  dit-il,  ce  que  le  roi  interdit  à  ses  agents, 
€  ce  ne  sont  pas  seulement  les  perceptions  abu- 
€  sives  et  arbitraires,  c'est  la  perception  des  véri- 

<  tables  impôts  publics,  des  impôts  les  plus  régu- 

<  liers.  >  S'exprimer  ainsi,  ce  n'est  évidemment 
pas  reconnaître  et  faire  sentir  quelle  importance 
a,  en  réalité,  pour  l'explication  du  privilège,  Ym- 
terdiction  des  perceptions  abuëives  ;  c'est  au  con- 


4S2  Là  JuftTicB  rinrfB 

traire  signaler  oonuue  plus  grave  en  quelque  sorte 
rempèchement  de  lever  les  impôts  réguliers. 
La  perception  des  freda^  enlevée  aux  ofificiers 


1.  Le  caractàre  général  dea  fir^da  payés  ao  fiac  pour  (ont 
crime  ou  délit  ne  fait  question  pour  personne.  Mais,  parmi 
les  textes  anciens  qui  les  concernent,  il  en  est  un,  donné  et 
par  la  loi  des  Ripuaires  et  par  les  lois  des  Lombards,  dont 
l'interprétation  soulève  quelques  difficultés  (§g  9,  iO,  11).  Ge 
texte  peu  remarqué  impose  le  paiement  du  flredum,  non  au 
coupable  condamné,  mais  à  la  partie  adverse  indemnisée  par 
lui.  Touchant  cette  singularité,  qui  n'a  jamais  été  que  nous 
sachions  expliquée,  nous  avions  dans  notre  travail  de  1862  sur 
l'immunité,  proposé  hypothétiquemont  une  interprétation 
que  nous  avons  rappelée  ci-dessus  quoiqu*ayant  à  en  présenter 
ensuite,  dans  les  mômes  conditions,  une  seconde  ^§S  9, 10). 
La  première,  qui,  en  1882,  n*avait  pas  été  exposée  avec  toute 
la  clarté  nécessaire,  avait  été  pour  M.  F.  de  CSoulanges  Toc- 
casion  d'une  méprise  dont  nous  avons  parlé  précédemment 
(§  9,  note  1).  Le  texte  que  nous  commentions  lui  avait  paru 
n'être  qu'une  version  sans  autorité,  modifiée  arbitrairemant 
pour  justifier  une  appréciation  nouvelle  du  caractère  géné- 
ral des  freda,  que  nous  n'avions  nullement  l'intention  de 
contester  cependant.  Ayant  bien  voulu  reconnaître  un  peu 
plus  tard  cette  méprise,  M.  F.  de  Goulanges  parait  s'en  tenir 
à  considérer  comme  superflue  toute  tentative  d*éclaircir  la 
difficulté  qui  nous  avait  arrêté,  une  explication  très  simple  en 
ayant  été  fournie,  croit-il,  par  8ohm  et  Boretius  dans  les 
éditions  données  par  eux  de  la  loi  des  Ripuaires  et  des  lois 
des  Lombards,  ou  mieux  encore,  dit-il,  dans  une  Expoiiiio 
ancienne  de  ces  dernières  lois,  jointe  à  l'édition  de  Boretias 
(Revue  hist.,  1884,  t.  XXV,  p.  358).  Il  était  en  effet  naturel 
de  penser,  comme  l'a  fait  M.  F.  de  Goulanges,  que  le  vieux 
commentaire  aussi  bien  que  ceux  des  modernes  éditeurs 
avaient  pu  élucider  la  question.  Il  n'en  est  rien  cependant. 
Si  notre  contradicteur  veut  bien  revoir  les  écrits  qu'il  cite, 
comme  nous  l'avons  fait  à  cette  occasion  (§  11),  il  pourra 
s'assurer  que,  ni  dans  les  préfaces,  ni  dans  les  notes  de  Sofam 


puUieft  et  leur  posaesfiîon  attribuée  de  bonne  heure 
au  pmilégié  par  la  concession  du  jus  fUci  sug- 
gèrent  à  M.  F.  de  Goulanges  cette  observation  : 
«  De  même  que  toute  juridiction  donnait  droit  à 
c  la  percq>tion  des  fireda^  de  même  la  perceptioa 
€  des  freda  supposait  nécessairement  la  juridic* 
c  tion.  Aux  yeux  des  hommes,  la  possession  des 
c  freda  était  comme  la  preuve  matérielle  de  la 
c  possession  légitime  de  la  justice.  »  Nous  recon- 
naissons dans  ces  appréciations  une  argumenta- 
tion très  voisine  de  celle  des  juristes  du  moyen 
âge,  lesquels  concluaient  de  la  possession  des 
droits  du  fisc  au  droit  d'exercer  la  haute  justice, 

et  de  Borotitts  (§  il,  notes  2,  3),  non  plus  que  dans  VSwpo* 
àUo  ancienne  jointe  au  Liber  Papiensis  des  lois  lombardes  et 
publiée  avec  elles  par  ce  dernier  (§  ii,  note  4),  s'il  est  parlé 
de  certaines  particularités  du  texte  en  question,  on  ne 
trouve  nullement  Fexplication  de  la  singularité  dont  nous 
aTODs  tâché  de  rendre  raison,  touchant  Tobligation  trans- 
portée du  coupable  à  la  victime- de  payer  le  fredum  :  savoir 
qu'en  prescrivant  le  paiement  du  fredum,  en  présence  de 
témoins,  par  celui  qui  avait  reçu  la  eomponlio  dont  ce  fre* 
dian  était  le  tiers,  on  étendait  de  fut  les  garanties  de  ce 
témoignage  à  Facquittement  préalable  de  cette  compositio 
qui  éteignait  le  droit  de  vengeance  de  Toffensé.  C'est  ainsi 
que  la  mesure  prescrite  assurait  la  paix  entre  les  parties, 
«  ut  pax  perpétua  stabilis  permanent,  »  était-il  dit.  Cette 
explication  n'avait  jamais  été  proposée  ;  on  voudra  bien  le 
reconnaître.  On  pourra  constater  en  môme  temps,  d'après  les 
variantes  admises  par  les  savants  éditeurs  dont  on  a  cité  les 
tr&Yaux,  que  le  texte  défectueux  étudié  et  interprété  ainsi 
nécessite  des  corrections  indispensables,  dont  ils  fournissent 
les  éléments  et  que  nous  étions  parfaitement  fondé  à  y 
introduire,  bien  qu'on  les  juge  abusives,  à  ce  qu'il  semble. 


484  LA  JUSTICE  PRIVES 

ainsi  que  nous  Tavons  constaté  dans  le  jugement 
de  4275  du  prévôt  de  Paris  (§  28).  M.  f.  de  Cou- 
langes  ne  s*y  arrête  d'ailleurs  pas  beaucoup.  C'est 
l'interdiction  de  juger,  causas  audire^  dans  l'im- 
munité qui  est  pour  lui  la  preuve  essentielle  que 
le  privilège  enlève  aux  juges  publics  la  juridiction 
sur  le  domaine  ainsi  défendu  contre  leur  intrusion, 
pour  la  faire  passer  au  possess^ir  et  à  ses  agents 
particuliers* 

Constatons  en  passant  que  M.  F.  de  Goulanges 
laisse  tout  à  fait  dans  l'ombre  l'interdiction  de 
lever  les  tributa,  qui,  dans  les  diplômes  d'immu- 
nité, est  jointe  à  celle  de  lever  les  freda.  Il  se 
borne  à  dire,  comme  nous  l'avons  reconnu  tout  à 
l'heure,  que  cette  levée  des  tributa  est  comprise 
dans  ce  qu'on  appelle  les  revenus  du  fisc  royal, 
dont  le  roi  interdit  la  levée  à  ses  agents.  Il  n'y  a 
du  reste  pas  lieu  d'y  insister  davantage. 

Pour  ce  qui  est  de  l'interdiction  de  saisir  des 
cautions,  fidejussores  tôlière^  M.  F.  de  Goulanges 
voit  très  bien  qu'il  s'agit  en  cela  non  des  cautions 
volontaires,  mais  des  cautions  forcées,  c  qui  font, 
€  dit-il,  une  sorte  d'office  de  police  et  même 
<E  quelque  chose  de  plus.  »  Cela  est  vrai.  Mais 
l'auteur  nous  semble  moins  bien  inspiré  lorsque, 
après  cette  observation,  il  ajoute  :  <  Supprimez 
c  la  saisie  des  cautions,  il  n'y  a  plus  de  justice. 
«  Le  comte  ne  pourra  plus  obliger  l'habitant  du 
«  domaine  privilégié  à  comparaître  à  son  tribu- 
<  nal La  clause  qui  défend  au  comte  de  saisir 


<  des  répondante  équivaut  pour  lui  à  la  défense 
€  déjuger...  On  lui  6te  le  moyen  d'appeler  à  lui 
c  les  hommes  de  ce  domaine  et  de  les  juger  dans 
c  800  plaid,  à  moins  qu'ils  n'y  viennent  volontaire- 
«  ment.  »  M.  F.  de  Goulanges  oublie  que  le  maître 
était  toujours  obligé  de  présenter  ses  hommes 
au  plaid  du  comte,  sur  son  mandement  (§13). 
Ce  n'est  donc  pas  seulement  au  moyen  de  cau- 
tions répondant  des  hommes  de  l'immunité  que  les 
jtÊgCA  publics  les  faisaient  comparaître  devant  eux . 
Qimnt  au  maitre  lui-même,  l^er  hamo,  ce  n'était 
pas  non  plus  toujours  ainsi,  nous  l'avons  vu  (§  1 2, 
note  1),  que  le  comte  le  forçait  à  se  présenter  à 
son  jugement,  pas  plus  dans  le  cas  où  il  avait  des 
biens  qu'on  pût  saisir  pour  l'y  contraindre  qu'en 
Fabseoce  de  biens  qui  permissent  de  le  faire  : 
situation  à  laquelle  pouvait  après  tout  se  rappor- 
ter celle  du  maitre  pourvu  d'immunité,  dans  le 
domaine  privilégié  duquel  l'officier  public  ne  pou- 
vait pas  pénétrer  pour  y  faire  des  saisies.  Le  for- 
bannissement  était,  à  la  rigueur  et  faute  d'autres 
moyens  quand  il  n'y  en  avait  pas,  le  terme 
extrême  auquel  on  pouvait  en  venir  pour  con- 
traindre ceux  qu'on  ne  pouvait  saisir.  Ces  obser- 
vations font  tomber  l'a^ument  que  l'auteur  semble 
tirer,  comme  nous  l'avons  dit  tout  à  l'heure  (§  61  ) , 
de  rinterdiction  d'enlever  des  cautions,  jidejwso- 
f€Sy  pour  établir  que  certaines  clauses  des  diplômes 
empêchaient  le  comte  de  juger  à  son  mallum  les 
bomraes  du  domaine  privilégié. 


181  LA  JUanCB  PtiVtfB 

Après  avoir  parlé  de  la  défense  faite  au  juge 
public  de  saisir  des  cautions,  M.  F.  de  Goolanges 
dit  :  c  Quelques  diplômes^  ajoutent  encore  une 
c  interdiction  qui  est  formulée  en  ces  termes  : 

€  neque  ad  hamines  distringendos Par  consé» 

c  quent,  si  Fun  des  honunes  de  Tiomiunité  est 
<E  accusé  d'un  crime  ou  d'un  délit,  le  comte  ne 
c  pourra  ni  se  saisir  de  sa  personne  ni  mettre  la 
c  main  sur  ses  biens.  >  Nous  rappellerons,  pour 
répondre  à  cette  observation,  ce  que  nous  avons 
dit  tout  à  l'heure  à  propos  de  l'interdiction  de  sair 
sir  des  répondants  ou  cautions.  Les  considérations 
présentées  alors  sur  l'obligation  pour  le  maître 
pourvu  d'immunité  de  soumettre  ses  hommes  au 
juge  public,  et  sur  celle  où  il  était  aussi  de  s'y 
soumettre  lui-même,  avec  l'indication  des  moyens 
qu'on  avait  pour  l'y  contraindre,  montrent  jus- 
qu'où l'on  pouvait  aller  pour  cela,  et  permettent 

2.  M.  F.  de  Goulanges,  en  parlant  ainsi,  semble  croire  que 
cette  interdiction  de  saisir,  homines  distringere,  qu'il  signale 
dans  six  diplômes  est  une  disposition  rare  et  en  quelque 
sorte  exceptionnelle  dans  les  chartes  d'immunité.  Tel  n'est 
pas  son  caractère.  Sur  les  196  diplômes  d'immunité  que  nous 
avons  relevés  dans  le  Gallia  christiana,  76  contiennent  cette 
interdiction  de  saisir,  homines  distringere;  71  contiennent 
celle  d'enlever  des  cautions,  /id^ussores  tollere;  78,  celle  d'exi- 
ger les  freda,  freda  et  tributa  exigersy-  79,  celle  de  prendre 
gite  et  fournitures,  mansiones  et  paratas  facere  ;  80,  celle  de 
percevoir  des  redevances  ou  tailles  illicites,  redMfiiiones 
aut  illicitas  ocoasiones  requirere;  81,  celle  de  juger,  oaïutu 
audire.  On  ne  trouve  d'ailleurs  que  dans  67  seulement  l'en- 
semble de  toutes  les  interdictions  à  la  fois.  —  U Immunité, 
1882,  §§  8  à  13. 


R  h'mrntmri.  %  e2.  4tT 

de  ne  pas  s'arrêter  à  cette  dernière  «éjection.  Il 
est  boa  de  rappder  eaowe  que  l'interdictioa 
opposée  «1  juge  poblic  de  faire  des  saisies  dans  le 
donuône  (HÎvilégîé  n'était  pas  absolue  et  qu'elle 
admettait  des  exceptions  dcmt  nous  avons  parlé 
précédemment  (§  13,  note  2). 

Noos  n'avons  rien  à  dire  de  la  manière  dont 
M.  F.  de  Goulanges  apprécie  l'interdiction  faite 
aux  officiers  pobUcs  d'user  du  droit  de  gite  dans 
les  domaines  couverts  par  l'immunite.  Pour  la 
dernière  interdiction,  celle  de  percevoir  des 
redevances  et  des  teilles  ilUcîtes,  redhibitUmes  aut 
iUicitas  oocanane^  requirere^  nous  avons  feiit 
observer,  au  conunencraaent  du  présent  para- 
graphe, qu'il  en  parle  à  peine,  malgré  son  impor- 
tance comme  indication  du  sens  véritable  et  de 
la  portée  rédie  du  privilège  lui-même. 

M.  F.  de  Goulanges  complète  l'exposition  de 
ses  idées  sur  les  interdictions  de  l'immunité  et 
SOT  leurs  conséquences  par  cette  déclaration  :  <  En 
c  résumé,  grâce  à  cette  série  de  précautions  que 
€  le  roi  prend  contre  son  propre  agent,  celui-ci 
«  o'a  plus  aucune  juridiction  sur  les  hommes  du 
c  doHMiine  privilégié,  et  toute  action  judiciaire 
c  sur  eux  lui  est  devenue  impossible.  »  C'est  là 
le  dernier  mot  de  l'auteur  sur  les  conséquences  de 
Fimmunité  et  sur  la  manière  dont  la  justice  privée 
est,  suivant  lui,  substituée  par  elle  à  la  justice 
publique. 

A  ces  observations  relatives  aux  interdictions, 


488  1*4  JUSriGB  »nrfB 

qui  sont  Tessence  même  de  l'immunité  et  qui,  aux 
yeux  de  M.  F.  de  Goulanges,  ont  pour  résultat  de 
soustraire  le  domaine  privilège  à  la  juridictîoo 
du  oomte,  il  en  joint  quelques  autres  encore  tau* 
chant  le  maintien  de  la  juridiction  royale  c  sous- 
€  entendu,  suivant  lui,  dans  les  chartes  d'immu- 
c  nité,  >  et  résultant  d'ailleurs  de  la  mainburnie 
ou  mainbour  royale  qu'on  y  trouve  étroitement 
liée.  €  On  ne  saurait  dire,  ajoute-t-il,  laquelle 
c  a  précédé  et  a  provoqué  l'autre.  Ce  qui  est 
c  certain ,  c'est  qu'elles  sont  à  peu  près  insépa- 
€  rables.  La  mainbour  royale  soustrait  la  per- 
c  sonne  du  concessionnaire  à  l'autorité  des  agents 
c  royaux.  L'immunité  soustrait  les  terres  du  oon- 
€  cessionnaire  à  l'autorité  de  ces  mêmes  agents, 
c  Entre  ces  deux  actes  si  semblables,...  la  confu- 
c  sion  s'est  bientôt  faite.  >  Sans  entrer  dans  l'ap- 
préciation détaillée  de  cette  conception  beaucoup 
trop  absolue,  croyons-nous,  des  conséquences 
engendrées  par  le  rapprochement  de  l'immunité 
et  de  la  mundeburde  royale,  nous  nous  contente- 
rons de  renvoyer  à  ce  que  nous  avons  dit  précé- 
denunent  de  cette  mundeburde,  de  son  r^ime 
originaire,  des  modifications  de  ce  régime  et  de 
ce  qu'il  est  devenu,  quand  on  le  trouve  associé  à 
celui  de  l'immunité  (§§  1S  à  18),  ce  dont  on  n'a 
pas  du  reste  d'exemples  très  fréquents  dans  les 
diplômes  (§  15,  note  1). 

§  63.  —  Nous  avons  fait  connaître  les  ali- 
ments tirés  par  M.  F.  de  Goulanges  des  diplômes 


ir  Vmumnt.  S  63.  4M 

d'inununité  poar  justifier  sa  théorie  sur  la  nature 
de  œ  privilège  et  sur  les  OMiséquenoes  qu'il  en 
déduit  touchant  l'institution  de  la  justice  privée 
(§§60-62).  Gonune  ses  devanciers,  il  en  ajoute 
à  œox-là  quelques  autres,  empruntés  aux  textes 
des  eapitnlaires  et  concernant  surtout  le  r6le 
des  juges  privés,  juiieeê  privatij  dont  l'existence 
hd  semble  une  preuve  de  plus  de  la  réalité  de 
cette  justice  privée,  engendrée  prétendH)ii  par 
riammoité,  qu'ils  sont  dwrgés  d'exercer.  Ces 
arguments  sont  loin  d'avoir  en  faveur  de  la  thèse 
en  question  l'importance  qu'on  leur  a  générale- 
meut  accordée  à  ce  point  de  vue.  Nous  l'avons 
fiât  remarquer  en  montrant  qae  l'existence  des 
juges  priv^  et  d'une  juridiction  exercée  par  eux 
ne  saurait  prouver  que  celle-ci  vint  de  l'inmiunité, 
puisqu'elle  pourrait  avoir  une  autre  origine  (§13)* 
M.  F.  de  Goulanges  s'arrête  cependant  aussi  à 
cette  argumentation.  Il  relève,  comme  la  plupart 
de  ceux  qui  l'ont  précédé,  la  mention  des  agentes 
/wtefitem,  des  juMeea  vel  missi  diseurêores  episco^ 
fmm  vel  potentum,  du  judex  immunitatis.  Ce 
sont  là  des  juges  privés,  judices  privatif  fait-il 
observer,  c  Nous  voyons  dès  ce  moment,  ditnl, 
€  les  évèques,  les  abbés  et  aussi  les  riches  laïques 
<  avoir  sur  leurs  différents  domaines  des  judices 
c  qu'ib  choisissent  eux-mêmes,  et  à  qui  ils  délè- 
€  guent  leur  autorité  judiciaire.  Chaque  domaine 
c  immuniste  eut  désormais  son  judex  privatus, 
c  qui  renqilaça  le  judex  publicus.  Au  foodion- 


I9#  lA  jxMMiE  pinnfB 

€  naire  da  roiose  subatitna  le  f<nctioiiimîre  ou 
c  TageDt  da  grand  propriétaire.  » 

Oui  sans  doute  les  grands  propriétaires  ont  d^ 
agents,  judices  prwaU^  chargea  de  juger  quelque- 
fois, dans  les  affaires  notamment  qui  relèvent  de  la 
juridiction  patrimoniale^  dont  l'exercice  est  un  des 
droits  du  maître  (§  4  S),  mais  chargés  souvent  aussi 
de  fonctions  toutes  différentes.  L'idée  de  ne  voir  eo 
enx  que  des  juges  a  ioduit  la  plupart  des  critiques 
à  interpréter  exclusivMiient  dans  ce  sens  tous  les 
textes  qui  les  concernent;  source  d'erreurs  (§  U) 
auxquelles  n'échappe  pas  plus  que  ces  derniers 
M.  F.  de  Goalanges.  Après  avok*  énoncé,  dans  les 
termes  que  nous  venons  de  rappeler,  la  thèse  que 
dans  diaque  domaine  d'inununité  le  juge  public 
est  remplacé  par  un  juge  privé,  le  fonctionnaire 
du  roi  par  un  agent  du  possesseur,  l'auteur,  pour 
prouver  la  réalité  de  ce  qu'il  dit  des  juges  pri- 
vés, judex  episeopi  vel  patêntiSy  judex  mmunàor 
tis^  renvoie  à  des  textes  qui  les  mentionnent,  3 
est  vrai,  mais  qui  leur  aangnei^  en  même  tmips 
un  rôle  tout  autre  que  celui  qu'il  leur  attribue. 
Ces  textes,  il  semble  ne  pas  s'en  apercevoir,  vont 
même  formellement  contre  sa  théorie.  Ils  ne  mou-* 
trent  nullement  les  juges  privés  en  possession  de 
la  juridiction  des  juges  publics  et  substitués  à  eux 
pour  l'exercer.  Us  prouvent  au  contraire  la  per- 
sistance de  la  juridicÂton  de  ces  derniers  et  dmoent 
à  côté  d'eux  aux  juges  privés  des  attributions  accès-* 
soires  tout  autres  que  celle  de  juger  eux-mêmes. 


Le  premier  texte  dté  par  Taotear  dans  eette 
circxxistaDoe  est  Tarticle  49  d'uo  édit  de  Glotaire  II 
par  leqod  il  est  prescrit  aux  évéques  et  aux 
grands  possesseurs,  Uâei  patentée^  d^avoir  dans 
leurs  domaîiiss  des  agents,  judices  et  ndsii  discÊU^ 
êarUy  char^  de  les  représenter  en  justice,  c'est-  ' 
sedffe  devant  le  oomteS  car  telle  est  la  véri* 
taUe  signifieation  des  actes  qualifiés,  juêHtiam 
fêràpefe  at  ahu  reddere^  nous  allons  le  montrer. 
Les  autres  textes  invoqués  ensuite  sont  empruntés 
àlartiele  9  d'un  capitubire  de  779  et  à  l'article 
t96  du  livre  V  de  la  ooUection  d'Ansegise;  et  il  y 
est  dit  que  les  juges  d'inununité  doivent  amener 
au  plaid  du  comte  les  voleurs  de  l'immunité*.  Ils 
ne  justifient  assurément  pas  plus  que  le  précédent 
k  prétendue  substituticn  des  juges  privés  aux 
juges  publics.  Tout  au  contraire. 

Les  deux  derniers  textes  ne  présentent  à  cet 
égard  aucune  ambiguïté.  Il  n'en  est  peut-être  pas 
de  même  du  premier,  et  M.  F.  de  Goulanges,  dans 

1.  •  E^isGopi  vel  potentes  qai  in  aliis  po8Bident  regioni*- 
«  bus,  judices  vel  misses  discussores  (alias  discursores)  de 

<  aliÎB  provlnciis  non  instituant,  nisi  de  ioco,  qui  justitiam 
•  perapi&nt  et  aliis  reddant  »  —  Edict.  Ghlotharii  II, 
an.  615,  c.  19.  —  Baliue,  Capitularia,  1. 1,  p.  24.  —  PerU, 
Legum  1. 1,  p.  15. 

2.  c  Ut  latrones  de  infra  emunitatem ,  illi  judices  ad 
(  eomitam  placita  pnesenteat,  etc.  »  —  Gapitul.,  an.  779, 
m.  9.  -«  Baluae,  Capituiaria,  1. 1,  p.  197.  —  i  Ut  latrones 
«  de  infra  emunitatem  a  judice  ipsius  emunitatis  in  comitis 

<  placito  prœsententur.  t  —  Gapitniarium  1.  V,  c.  195.  — 
Biltue,  Capitularia,  1. 1,  p.  8S0. 


492  LA  JUSnCB  PUT^B 

l'interprétation  qu'il  en  donne  aussi  bien  que  dans 
l'emploi  qu'il  en  fait,  pouvait  s'autoriser  de 
l'exemple  de  plusieurs  de  ses  devanciers,  qui, 
dans  des  écrits  antérieurs,  ont  conmiis  l'erreur 
avant  lui  et  qu'il  n'a  fait  que  suivre.  JuêiUiam 
percipere  et  aUis  reddere^  comme  il  est  dit  dans 
ce  texte,  signifie,  nous  l'avons  démontré  (§  U), 
recevoir  la  justice  qui  vous  est  due  et  rendre  celle 
que  vous  devez ,  c'est^-<lire  recouvrer  ou  payer 
la  composition  ou  bien  ester  en  justice  soit  comme 
demandeur  (percipere)  soit  comme  défendeur  (redr 
dere)^  situations  qui  sont  celles  d'un  justiciable  et 
non  celles  d'un  juge.  Les  exemples  que  nous  avons 
produits  à  ce  sujet  ne  laissent  pas  sur  ce  point  la 
moindre  incertitude.  Dans  l'un,  il  est  question  des 
délais  accordés  en  justice  à  un  absent,  de  telle 
sorte  que,  à  son  retour,  il  rende  et  reçoive  la  jus- 
tice due  par  lui  ou  à  lui  dans  les  affaires  restées 
en  suspens  :  c  Unicuique  justitiam  reddat  et  ab 
<  aliis  recipiat.  >  Dans  un  autre,  il  est  dit  des 
hommes  d'une  abbaye  qu'ils  doivent  rendre  et 
recevoir  justice  par-devant  le  comte  :  t  Pro  cri- 
c  minalibus  culpis...  ante  comitem  illius  loci... 
c  justitias  reddant  et  ab  aliis  recipiant.  >  Dans  un 
troisième  enfin,  qui  est  comme  le  conunentaire 
direct  de  celui  cité  par  M.  F.  de  Goulanges,  l'agent 
de  l'évèque  est  un  advocatus  chargé  de  répondre 
pour  lui  sur  toute  plainte  reçue  contre  le  prélat 
par  le  comte  :  c  Ut  qui  se  reclamaverit  super  pon- 
c  tificem...  dirigat  illum  comes...  ad  ipsum  poo- 


f  tifinm—  et...  pontifex...  advocatum  hàbett... 
€  in  ipso  oomitatu,  ut  abaque  tarditate  justitiam 
€  haûi  et  auadpîat.  v  Rapprochés  les  uns  des 
autres  ces  exempfes.ne  laisaent  aucun  doute  sur 
le  sens  de  la  looutiion  (§  44).  ;   . 

Aucun  des  teides  cités  par  M.  F.  de  Goulanges 
ne  justifie  donc  sa  proposition  que,  dans  rinoumi- 
vàié^lb  judes^frwatuê  est  substitué  mipidex  publia 
dtt.  Tout  au.  oontraîre,  ces  textes  montimit  Tageiik 
dttgraiid  possesseur  soit  eoclésiastique;,  amtlaïquo 
dans  la  situation  d'un  justiciable  devant  le  comte 
oa  oflkier  public,  dont  il  esidémontré  par  là  que, 
)m  à'Ute  supprimée^  la  juridictioa  persiste. 

§  64.  —  En  résumé^  M.  Fr  de  Goulanges,  parti 
de  l'iàée  peu  justifiée  ce  semble  que  l'immunité 
est  un  bénéfice  et  à  ce  titre  une  des  institutions 
génératrices  de  la  féodalité,  passe  de  cette  pre- 
mièce  conception  à  oelte-ci,  aussi  peu  fondée 
croyons-noiis,  que  l'immanhë  est  également  la 
source  de  la  justice  privée.  Il  arrive  à  cette  der^ 
ai^  conclusion. par  deux  voies.  Elle  est  en  effet, 
suivant  lui,  la  conséquence  de  deux  dispositions 
essentidlles  du  privilège  d'immunité  :  Finterdio- 
tioQ  au  juge  public  d'entrer  dans  le  domaine  pri- 
vflégié  pour  y  juger,  et  la  copcession  au  privilégié 
des  fr^  ou  produits  de  la  justice  impliquant, 
ditril,  la  jouissance  de  la  juridiction.  L'auteur  ne 
s'arrête  pas  beaucoup  cependant  à  cette  seconde 
considération;  c'est  la  première  qui  a  évidem- 

XLYU  iS 


194  XA  jomcB  fwriE. 

ment,  à  seg  yeux^  le  phis  d'iiQportaDGe  dans  sa 
théorie. 

Suivant  cette  théorie >  le  juge  public  est,  da 
fiit  de  l'kiumiQÎté,  «xdu  do  domaine  piivitégié,  et 
ce  domaine  se  trouve  aiom  soustrait  à  son  auto- 
rîti^  notamment  pour  la  juridîction;  l-interdietion 
d'y  entrer  équivdant,  semMe^fe-iliè  Fauteur,  à 
Finterdietioo  de  juger.  Bien  plus,  eertainea  danses 
des  diplômes  empochent,  croit«Jl  à  tort,  le  ôomte 
d'appeler  derpint  hii,  de  l'intérieur  du  dofinaine 
dont  l'entrée  lui  est  fermée,  les  hommes  de  ce 
d<Mrnaine.  Dès  lors,  dans  te  territoire  couvert  par 
l'inummité,  ta  justice;  publique  se  change,  dit 
M.  F.  de  Goubteges»  ^n  justice  privée^ 
'  En  même  ten^  que  la  terre  privilégiée  et  ses 
hoomies  sont  sounaâs  dnsi  au  juge  privé  par  l'im^* 
munité,  la  personne  du  possesseur  est  soumise, 
de  son  côté,  dit  l'auteur,  à  la  juridiction  directe 
du  roi  par  la  mondeburde  royale,  privilège  spè* 
cial  associé  et  intinaiôment  lié,  i^0ute«;t«4l,  à  l'anfcre. 
Mais  cette  association  est  loin  d'avoir  les  confié* 
quences  qu'il  y  attache  (§  46),  et  l'on  n'en  a  d-ai)* 
leurs  que  des  excuses  peu  nonA^reux,  nous 
l'avons  montré  (§  45,  note  t). 

M.  F.  de  Goulanges  doit  être  compté,  on  le 
vent,  parmi  c^ix  qui  font  procéder  derifflmuaité 
la  justice  privée. 


n  Limniiitf.  §  65.  4$ê 

XXII.  J.  FlACH. 

^  (Hk -^  M.  Flacà  n'a  paB  fiût,  coninie  M.  F.  de 
CoahngcBy  ud  ouvrage  spécial  sur  riBunaoïfté; 
mm  il  parle  amplement  de  cette  kulitutioD  dans 
UD  Ime  publié  en  1884  sur  Les  oriffineê  de  Vmr 
àeimeFnBHoe-^La  condition  des pêrsannea  etdeê 
totea,  de  Bmgaêâ  Cn/pet  à  Lamé  le  GroSy  ok  dewr 
dnpitrea^  les  chafMtres  Ym  et  n,  sont  eoosaorés 
à  ee  sQJet  particulier^.  Ge  que  considère  surtout 
Facteur  dûs  Tétude  qu'il  en  &it  ainsi ,  ce  sont 
les  points  par  lesquels  il  ha  parait  toucher  aux 
origines  de  la  justiee  privée.  Il  mtroduit  en  outre 
dans  son  trairail  des  considérations  nombreuses 
sur  toutes  les  parties  de  la  question  et  arrive 
«ni  à  un  système  en  apparence  asseï  cenapliqué 
dans  Texposîtion  qu'il  en  fait,  mais,  au  fond» 
beaneoop  pk»  simple  dans  sa  pensée  intimev 
eooane  nous  le  montrerons  d'fiqarès  ses  dedans- 
tioDs  mènses. 

IL  Flacb  part  de  ce  fait  que,  dans  le  principe, 
ooe  îaridiotion  domestique  allant,  dit--il,  jusqu'au 
dfwt  de  vie  et.de  mort  était  exercée  par  le  maître, 
par  le  profsnétaire,  sur  les  personnes  placées  sous 
son  mundmmf  en  raison  de  leur  résidence  sur  sa 

f .  Au  cours  de  notre  publication,  M.  Flach  a  complété  la 
siense  en  faisant  dn  liTre  imprimé  %n  1884,  et  sans  y  rien 
ebuiger,  in  pramière  partie  d'un  nouvel  ouvrage  donné  sous 
le  titre  Let  origines  de  Vancimne  France  —  Le  régime  sei^ 
gneurial  —  !•  et  XI*  siècles.  Paris,  1886. 


4M  tA  JUSTICE  PUT<B 

terre  ;  et  qu'il  les  représentait  daos  tout  débat  avec 
des  étrangers.  Cette  situation  persiste  même  après 
que-  s'est  développée  la  population,  du  domhine, 
composée  dès  lors  d'éléo^ents  de  toute  sorte, 
colons  et  tenanciers,  libres  et  non  libres;  le  imHi- 
diumj  lien  de  famille,  s'étant  changé  enmttum  oo 
supériorité  territoriale*  Pour  \e&  hommes  libres 
qui,  dans  cette  condition,  se  trouvent  sous  la 
dépendance  du  maître,  la  juridiction  du  grand 
propriétaire  se  transforme  dans  l'intârieur  da 
domaine  en  un  arbitrage  accepté  libranent  par 
eux  —  conception  analogue  à  celle  de  Mably  — * 
et,  au  dehors,  elle  est  remplacée  par  le  droit  qu'il 
a  de  représenter  ces  honunes  au  tribunal  du 
comte. 

La  juridiction  domaniale  n'excluait  nullen^nt 
celle  du  juge  public,  du  comte,  au  mMumj  mais 
celle-ci  n'sJlait  pas  sans  maints  abus  :  la  saisie 
arbitraire  par  exemple  des  garants,  fidejmsth 
reSj  pour  assurer,  dit  l'auteur,  soit  la  oomp- 
ration  des  prévenus  devant  lui,  soit  le  paiement 
des  amendes,  freda,  par  les  condanmés.  Le  grand 
possesseur  cependant,  toujours  libre  de  livrer 
pour  les  juger  ses  honunes  au  juge  public,  pouvait 
aussi  écarter  celui-ci,  dit-il  encore,  im  se  réser- 
vant les  causes  qui  intéressaient  exclusivement 
les  habitants  de  son  domaine  et  même  celles  où  un 
étranger  avait  part.  L'étranger,  néanmoins,  ayant 
à  se  plaindre  de  quelqu'un  des  hommes  du  grand 


BT  L'minnfiTi.  §  65.  «IfT 

pofisesaesr,  les  appelait  au  tribuDal  do  comte,  où 
le  maître  était  obligé  de  les  amener.  Seulement  il 
ne  pouvait  y  être  contraint,  suivant  M.  Flach, 
que  par  le  roi.  Cette  situation  était  de  droit  ancien  ; 
die  est  non  pas  concédée,  mais  simplement  garan- 
tie par  le  diplôme  d'immunité,  par  une  diarte 
accordant  le  miindtiimr&^  ou  Ymmunitas,  exprès- 
âons  synonymes,  ainsi  parie  M.  Flach.  De  là  le 
{Npivilëge  de  la  mundeburde  royale  pour  ceux  qui 
sont  en  possession  de  l'immunité. 

L'auteur  conçoit,  on  le  voit,  l'immunité  origi- 
nale comme  une  simple  confirmation  de  la  juri- 
diction domaniale.  La  sanction  et  la  garantie  de 
celle-ci  par  l'autre,  tel  est,  suivant  lui,  l'objet  de 
l'immunité  mérovingienne.  Quant  à  certains  pos- 
sesseurs laïques  et  aux  églises,  qui  ne  jouissaient 
pas  encore  de  ces  droits  affectés  à  la  grande  pro- 
priété, une  concession  formelle  était  nécessaire 
pour  leur  en  assura*  les  avantages  par  leur 
admission  sous  le  mundium  du  roi ,  avec  le  don 
de  l'immunité ,  conq>ortant  l'abandon  des  droits 
du  fisc,  in^ts  et  amendes,  tributa  et  freda. 

De  là,  trois  sortes  d'immunités  :  une  première 
immunité  laïque  et  confirmative  de  droits  anté- 
rieurs; une  seconde  immunité  laïque,  pour  con- 
céder ces  mêmes  droits  à  ceux  qui  pouvaient  ne 
pas  les  posséder  encore  ;  et  l'immunité  ecclésias- 
tique, pour  les  conférer  de  même  aux  Églises. 

L'immunité  ecclésiastique  comprenait  la  conces- 


lOT  LA  jusncB  fmiE 

sioD  des  redevaneeB  dues  au  fisc,  tfibuta^  freia, 
rinterdiction  aux  juges  publics  d'entrer  dans  les 
domaines  privilégiés,  et  î'obligatioii  pour  Vimnm- 
niste  de  conduire  ses  hommes  au  try^unal  du  comte 
ou  d'y  comparaître,  à  moins  que,  ^di  vertu  de  k 
mundeburde  royale,  il  ne  recourût  au  tribuaalda 
roi.  Les  adwcati4>u  defmsore^  étaient  les  agents 
diargés  d'aooomplir  ces  obligations  pour  les  pré- 
lats, évéques  ou  abbés,  et  de  remplir  pour  eux 
également  le  devoir  de  iâire  la  police,  diHrictWy 
et  les  exécutions  dans  les  domaineseoclésiastiques. 
Quant  au  droit  de  juger,  il  était  exarcé,  au  nom 
de  l'Élise,  par  le  judex  imnmmtatiSy  sous  la 
garantie,  est-il  dit,  de  la  clause  du  privilège  inter- 
disant au  juge  puUic  d'entrer  dans  i'inununité 
pour  y  juger,  pour  y  tenir  son  plaid,  ad  canuoê 
audiandas^  et  en  conséquence  dç  l'abaDdon  des 
freda;  car  la  jouissance  des  fruits  de  la  justice 
impliquait  la  possession  de  la  juridiction,  t  la 
<  levée  de  l'amende  judiciaire  emportant  en  règle, 
c  dit  M.  Flach,  le  àroU  de  juger.  >  NéanmcHos, 
dit-il  encore,  la  pratique  semble  s'être  conservée 
de  faire  conduire  parfois  les  hommes  de  l'inomu- 
nité  au  mallum  du  comte,  alors  même  que  les 
oontestations  ne  s'agitaient  qu'entre  eux;  et  le 
jugement  du  comte  ^it  d'ailleurs  de  droit  dans 
les  causes  où  des  bonunes  du  dehors  étaient  en 
querelle  avec  ceux  du  dedans. 
A  la  longue,  ajoute  l'auteur,  les  inGumaistes 


dévdoppeot  et  éteodeot  ieura  drmts  pnimtâ£i».Ik 
s'âttnbuent  jusqu'à  la  oounaissanoe  de  toot  ooûflit 
venant  à  naître  sur  leur  territoire,  non  seulemeot 
eidre  ceux  qui  Thahiteiit  et  des  étrangers,  mais 
peut-être,  dit  M.  Fladi,  entre  étrangers  eux» 
mêmes.  Dès  ie  ym^  siède  et  au  ix*  encore,  on 
rencontre,  assure-t-il,  des  dbartes  qui  consacrent 
ces  usages. 

§  66.  —  Te^  est,  dans  ses  traits  essentiels,  la 
thème  de  M.  Flach  sur  rimmunité  et  sur  son  rfrle 
dans  les  cnîgines  de  ta  justice  privée,  d'après  les 
deux  diapitres  de  son  Ûvre,  dont  le  paragraphe 
qui  précède  est  une  simple  analyse.  Cette  Uiéorie 
prend  en  omsidération  et  rapproche  deux  opi* 
nions,  dont  Tune  donne  pour  principe  à  la  justice 
privée  un  attribut  du  droit  de  propriété,  et  dont 
l'antre  la  fait  dériver  du  {H^ivilège  de  l'immunité, 
en  vertu  des  deux  clauses  à  la  fois  de  la  conces*- 
âon  des  fteda  ou  fruits  de  la  justice  et  de  l'inter^ 
diction  aux  juges  publics  de  pénétrer  dans  les  do- 
maines privilégiés  pour  j  juger.  Ces  deux  clauses, 
nous  l'avons  monh^,  avaient  fourni  l'une  après 
l'autre,  et  à  l'exclusion  d'abord  l'une  de  l'autre, 
les  preuves  invoquées  en  faveur  de  cette  thèse. 
Nous  avons  vu  la  première  en  possession  de  le 
faire  au  xm*  siècle  notamment  (§  %%)  ;  la  seconde 
substituée  à  celle-Jà  par  Bignon  au  xvn^  siècle 
(§  26).  La  première  avait  été  imparfaitement 
rappelée  ensuite  par  Montesquieu  (§  34),  puis 


200  hk  jinncE  riiv<E 

reprise  comme  ai^mnent  principal  par  Naudet 
(§  U).  M.  F.  de  Ckiulanges  enfin  (§  6%),  à  b  suite 
de  Boutarie  (§  58)»  avait  plus  tard  associé,  dans 
sa  discussion,  les  arguments  empruntés  aux  deux 
clauses  à  la  fois;  M.  Flach  fait  de  même  (§  65). 
Le  trait  caractéristique  et  tout  à  fait  original  de 
la  théorie  de  M.  Flach  réside  dans  la  distinction 
qu'il  admet  de  trois  espèces  dififérentes  d'immu- 
nités. Cette  singulière  conception  semble  procéder 
surtout  du  désir  de  concilier  certaines  notioos 
contradictoires,  celle  par  exemple  qui  rattache  au 
droit  de  propriété  les  origines  de  la  justice  privée 
avec  celle  qui  la  fait  venir  de  l'iomiunité.  Il  n'y 
a,  en  réalité,  qu'une  seule  espèce  d'immunité.  Les 
distinctions  introduites  par  M.  Flach  sont  tout  à 
fait  artificielles  ;  it  n'est  pas  loin  de  le  reconnaître. 
€  Au  fond,  il  n'existe  dans  sa  pensée  —  il  nous  l'a 
€  déclaré  de  vive  voix  —  qu'une  seule  sorte  d'im- 
c  munité,  dont  les  effets  sont  plus  ou  moins  éten- 
c  dus,  suivant  que  le  besoin  de  protection  l'exige; 

<  d'où  résultent  deux  types  de  concession  du  pri- 

<  vilège  :  l'un  où  l'on  assure  la  continuation  de 

<  l'exercice  des  droits  primordiaux  existants; 
€  l'autre  où  l'on  place  l'inununiste  dans  des  con- 
c  ditions  qui  rendent  possible  l'exercice  de  ces 
c  droits  en  levant  les  obstacles  qui  s'y  opposaient. 

<  C'est  le  cas  notamment  des  Églises.  >  Les  lignes 
que  nous  venons  de  marquer  de  guillemets  nous 
ont  été  dictées  par  M.  Flach  lui-même.  La  décla- 


R  L'nronmi.  %  M.  9M 

ntkm  qu'eKes  oontiennent  rédoît  à  peu  de  chose 
le  rôle  de  rimmunité  dans  les  origines  de  la  joa* 
tiœ  priirée,  que  l'auteur  rattadie  expressément  à 
certaÛMs  conditions  essentielles  du  droit  de  pro* 

prîété. 

§  67.  —  En  résumé,  la  théorie  de  M.  Flach, 
après  une  évolution  décisive,  perd  pour  une  bonne 
part  le  caractère  complexe  qu'elle  avait  dans  sa 
publication  de  1884.  L'immunité  n'y  est  plus,  à 
proprement  parler,  constitutive  de  la  justice  pri- 
Tée.  Gelle-ci  lui  emprunte  seulement  des  garanties, 
et  ses  origines  ne  sont  autres  que  la  justice  patri- 
mooiale,  attribut  de  la  grande  propriété.  Les 
garanties  données  par  l'immunité  à  ces  droits  du 
grand  possesseur  n'annulent  pas  la  juridiction  des 
juges  publics,  mais,  en  même  temps,  les  abus  et 
exactions  de  ceux-ci  sont  refrénés  soit  par  Timmu- 
mté,  qui  leur  interdit  l'entrée  des  domaines  ainsi 
défendus,  soit  par  la  mundeburde  royale  associée 
à  l'immunité,  avec  laquelle,  dit  M.  Flach,  elle  se 
confond,  et  qui  permet  le  recours  du  privilégié  à 
la  justice  du  roi,  quand  il  croit  nécessaire  ce  mode 
de  protection.  L'immunité  était,  en  somme,  sui- 
vant l'auteur,  un  bénéfice  accordé  par  le  roi  et 
emportant  concession  de  la  mundeburde  royale, 
avec  protection  contre  les  spoliations  et  les  abus 
de  pouvoir  des  fonctionnaires  ou  juges  publics. 
Les  éléments  essentiels  du  privilège  sont,  dit-il, 
la  dispense  des  impôts  et  l'inviolabilité  du  terri- 
toire par  les  officiers  de  justice. 


2i3  LA  lutncB  ntfiB 

M.  Flach  86  sépare  iooonteatablemeat  de  oeux 
qui  font  de  rimmunité  la  source  de  la  justioe  pii* 
vée.  C'est  au  développement  de  k  juridietioa  du 
maître,  l'un  des  attributs  du  drmt  de  prapriétéi 
qu'il  la  rattache. 

XXIII.  Vue  d'ensemble  sur  ces  théories. 

§  68.  —  Notre  enquête  est  terminée.  En  la 
commençant,  nous  annoncions  (§  SI)  qu'dle  nous 
permettrait  d'apprécier  en  connaissance  de  cause 
l'opinion,  inacceptable  ce  nous  semble,  que  la 
justice  privée  vient  de  l'immunité  et  de  recon- 
naître, d'après  l'origine  de  cette  opinion  et  les 
phases  de  son  développement,  le  caractère  et  la 
valeur  d'une  pareille  doctrine.  Reprenons  dans 
une  vue  d'ensemble  le  tableau  d^  différentes 
idées  adniises  à  ce  sujet,  en  disant  dans  quels 
term^  elles  se  fomàulent.  Nous  rappelleroos 
ensuite  coounent  elles  se  sont  produites  dans  le 
mouvement  d'évolution  dessiné  par  leur  succès* 
sion* 

Nous  avons  vu  ce  que  pensaient  de  la  question 
ceux  qui  nous  ont  précédés.  Au  xm*  siècle  on 
regardait  la  concession  de  l'immunité  avec  les 
droits  du  fisc,  assimilés  à  tort  aux  regalia  jura, 
comme  impliquant  aussi  la  concession  de  la  juridic- 
tion. Loyseau  traitant  plus  tard,  au  point  de  vue 
surtout  pratique,  des  justices  seigneuriales,  c'est- 
à-dire  de  la  justice  privée,  s'occupe  fort  peu  des 
origines  et  ne  parle  pas  de  l'immunité.  Bignon, 


tvee  q«  an  xya^  aiède  oonaneDoeirt  le»  études 
mtî|Be8,  acknet  eneore,  comnie  on  Fevût  fait  <k 
beoDe  heive,  que  k  joetiGe  pmée  vknt  de  Vkor 
moHlé,  meis  il  fende  en  nitaie  tmape  oette  opi- 
«ion  sur  des  eonôdératioiis  ncnw^esu  Le  pre<- 
nier,  il  attribue  ce  résultat  à  la  clause  du  prîvil^ 
qui  ioterdit  aux  juges  publics  de  tenir  leurs  plaids 
èuM  les  domaines  privilégiés,  abandonnant  ainsi 
ridée  li-ès  ancienne  que  oette  conséquence  appar- 
tenait, cumafee  nous  venons  de  le  dire,  à  la  diause 
toute  diflEérente  qui  porte  concession  des  droits  du 
fisc  anx  privilégiés  investis  de  Tinunumté.  Bignon 
d'ailleurs  limite  ces  considérations  à  ce  qni  regarde 
ksfiglises. 

Après  Bignon  viennent  Montesquieu,  Kably, 
Hoaard,  qni  s'éloignent  de  la  thèae  inaugurée  par 
hd  ;  KcnlMquîea  en  ^gnalant  dans  la  justice  privée 
one  sorte  d'attribut  de  la  propriétés  dont  les  ori- 
gines lointaines  la  rattacheraient,  croit-il,  aux 
usages  des  Germains';  Mably  en  la  faisant  déri- 
ver des  pratiques  de  l'arbitrage.  Houard,  sans 

t.  Telle  parait  être  an  fond  l'opinion  de  Monteegnien^ 
aouot  qu'on  peut  on  fiç^r  d'<4>rè8  uae  exposition  qui  n'a 
peut-être  pas  toute  la  précision  désirable  (§  31,  note  1). 

2.  Cette  opinion  touchant  les  origines  germaniques  de  la 
JQStiee  privée,  introduite  par  Montesquieu  {§  31),  oombattoe 
par  Mably  (§  3ô)  et  par  Gourcy  (§  41>»  repaiait  dans  les  écrite 
de  Naudet  (§  44),  de  Pardessus  (§  48),  de  Lehuërou  (§5  52, 
54)  et  de  Ghampionnière  (§  55)  ;  mais  chez  ce  dernier  à  un 
poïnl  dé  -vue  particulier. 


«e  prononcer  du  reste,  iaoluerait  à  la  faire  venir 
de  la  justice  patrimoniale,  qui  se  fonde  sor  les 
droits  de  la  propriété.  Gourcy,  Naudet  et  Par- 
dessus reviennent,  après  Houard,  à  Tidée  que  la 
justice  privée  estxnriginaireineot  une  oonséquenoe 
de  rimmunité;  Naudet  en  raison  de  la  jouissance 
des  freda  ou  droits  du  fisc,  comme  on  Tavait  cru 
d'ancienneté  ;  Gourcy  et  Pardessus  en  vertu  de  la 
clause  d'interdiction  opposée  aux  juges  publics 
d'entrer  et  de  juger  dans  le  domaine  privilégié, 
ainsi  que  l'avait  pn^osé  Bignon.  Lehuërou  et 
Ghampionnière  après  eux  n'admettent  pas  les 
attaches  de  la  justice  privée  à  l'imnuinité.  Lehuè- 
rou  reconnaît  comme  en  étant  la  source  la  justice 
patrimoniale,  attribut  de  la  propriété;  sohitioD 
entrevue  par  Houard,  à  laqudle  tendent  plus  ou 
moins  Gourcy  et  Pardessus.  Ghampiomiière  la 
fait  venir  d'un  certain  droit  de  juridiction  propre 
à  tout  chef  de  cwporation  ;  l'ensemble  des  sujets 
du  seigneur  privilégié  devant  être,  suivant  lui, 
considéré  comme  ayant  ce  dernier  caractère. 

Naudet  avait  repris  la  vieille  opinion  que  la  jus- 
tice privée  est  engendrée  par  l'inmiunité,  en  vertu 
de  la  jouissance  que  celle-ci  comporte  des  droits 
du  fisc,  des  freda  surtout.  A  la  suite  de  Naudet, 
Boutaric,  M.  F.  de  Coulanges  et  M.  Flaoh  accep- 
tent ses  conclusions  à  cet  égard,  quoiqu'ils  n'en 
fassent  pas  leur  argument  principal  pour  ratr 
tacher  la  justice  privée  à  l'immunité.  C'est  chez 


R  L'uHiuntf.  s  '68.  MS 

60Z,  à'Cèt.cffBt,  oomme  une  CMwkiéMtioii  anoss- 
smre,  à  dVté  de  cette  deJ'îiiterdîction  aux  jages 
pdblios  de  temr  lears  plùids  daos  les  donniiwn 
firitîtégiés  en  verta  d^uiie  aotoe  clause  de  Finn 
miwlé,  interdictîmi  qui  parait  être  anmottôut 
déteiiimiMaite  à  leurs  yeux  pour  cet  objel.  !  Lés 
deux  notûmas.  antèrieunnieitt  admises  à  l'exdu* 
sion  en  quelque  aorte  ruiie»de  l'antre,  soiil  rap- 
prochées, ainsi  que  nous  venons  de  la  dîire,  et 
adoptées  simultanéoient  par  les  trois  dwoiers 
autears  que  nous  avons  nouMnés.  M.  Hach  néaih-. 
mous  reconnaît  avant  tout  dans  la  juridiction 
domestique,  dans  la  justice  patrimoniaie»  attribut 
de  la  grande  propriâté,  la  source  première  de  la 
jasdce  privée. 

On  voit  d'un  coup  d'oail,  dans  cette  succincte 
analyse,  Tincertitude  des  opinions  et  leurs  varia- 
tioDs  sur  la  question  générale  des  origines  de  la 
justice  privée  et  même  sur  celle  toute  particulière 
qui  présente  l'immunité  comme  en  étant  le  principe; 
les  uns  accordant  ce  rôle  au  privilège  en  vertu  d^ 
la  dause  de  concession  des  droits  du  fisc,  lesquels 
impliquent  la  jouissance  des  freda;  les  loutres  en 
vertu  de  la  clause  d'interdiction  aux  juges  pubiKcs 
d'entrer  sur  le  territoire  privilégié  et  d'y  tenir 
leurs  plaids;  quelques-uns,  à  la  fin,  en  vertu  de 
ces  deux  clauses  à  la  fois.  Ces  vapiatioo^  ne  sont 
pas  faites  pour  recommander  la  thèse  qu'elles 
oonoernent.  Ce  qu'on  sait  des  conditions  oii  elles 


Me  U  JUÉBGB  mvtfB 

9fr  «oBtprdduitttBv  e'eskè-dâre  de  là  iHailîère  dont 
k  dièse  ea  queition  sfest  établie,  ne:  la  reeooH 
HWide  pts.  daTanlagé.  Goe  cerfaioe  doM  d'dribfr- 
taraire  panât  «a  a^mr  généfaleteent  décidé,  et  en 
étÉâe  ks  partieanB  Jes  pins  résdus  éeik  doetarine 
aiiisi  fonnulée'  ne  >  y  admettent  ftas  sansi  quelques 
réserves  ou  festrietîoH;  .Voû  en  deiix.  mots 
Fhiatoire  de  cette  évolution  dans  h  mouvement 
de&îdëee. 

§  0^.— *L*opinion,lie  préjugé  potfrrailH>Ddire, 
cfM  la  jfnstice  privée  vient  de  Tinimunibé  est,  m 
Xin^  sièole,  un  axiome  de  jurisprudence  fondé  Mr 
une  interprétation  abusive  du  privilège,  dont  on 
trouve  l^expression  dans  les  considérants  d'm 
jugement  du  prévôt  de  Paris  en  127S,  savoir  que 
la  concession  des  droits  du  fisc,  jointe  k  celle  de 
Fittimunité,  implique  concession  simultanée  de  1» 
juridiction  (§  SS^).  L'inexactitude  de  cette  appré- 
Cfstiôn  devail  nécessairement  sauter  aux  yeux  des 
premiers  qui,  dans  un  esprit  critique,  s^occupent 
nltérieuretnenl  de  la  question  en  consultant  les 
textes.  L'opinion  ainsi  motivée  est  donc  abandon- 
née  au  xvh*  siècle. 

L'examen  des  textes  ayant ,  venons-nous  de  dire, 
démontré  alors  TinanHé  de  la  conception  swvaDt 
kquelle  la  concession  des  droits  du  fisc,  accom- 
pagnement ordinaire  de  rimmunité,  aurait  eu  pour 
conséquence  celle  de  la  juridiction  avec  finstitu* 
tion  de  la  justice  privée ,  il  semblerait  que  cette 


noiiteck»  «fnie  «niMr  4]e|i^ 
cKtée  eût  élk  entraliier  la  mine  de  ropioioQ  cjin  s'y 
rattâdiaît,  à  savoir  qoe  rimiHumté  était  la  soane 
de  k  justîoe  privée,  fi  û^eii  téb  vimat  cgpeaJiwt* 

lie  fM^ogé  dont  nous  vimoDS  de  sigoûder  Tab»^ 
sÎTe  origifie  est  à  peme  ébranlé  par  la  perte  de 
BOB  mima  soutien.  La  elmee  relative  awL  dMÎIs 
da  fisc  ne  pâtissant  plus  4e?^r  être  invdqaée 
oomme  preuve^  en  sa  fevenr,  qnoiqae  des  adhé- 
sions  aient  encore  été  accordées  uhérieununaat  à 
cette  opinidn,  c'est  à  une  autre  clause  du  privilège 
qu'on  p^ise  alors  à  donner  ce  rèle.  On  l'attribue, 
sans  plus  de  raison,  à  la  clause  contenant  Tintei^ 
Acëon  fiûte  atK  juges  piMîcs  de  terâr  leurs  plaîd|B 
dans  le  domaine  couvart  par  riammnité.  GTesl 
sous  cette  fwme  rajeunie  que  le  préjugé,  auqud 
on  tient  emnine  par  une  swte  d'habitude,  se  ptr^ 
pétoe  jusqu'à  nous>  et  qu'il  est  encore  aujourd'hui 
recommandé  et  défendu  par  qqelquesmnsde  nos 
cofiteBporains. 

Le  prenûer  qui  propose  le  thème  nouveau, 
nous  l'avons  vu,  c'est  Bignon  au  xvn^  siècle.  Il  ne 
le  fart  pas  du  reste  sans  oertânes  réserves,  car  il 
limite  aux  Églises  ta  jouissancodu  droit  de  justice 
que  lut  8«]blent  impliquer  les  empôdi^ents 
af>p<xiés  p«r  Fimmanité  à  l'exerdce  de  la  juri^ 
didtion  des  juges  pubKes.  Bignon  avak*  repris 
dans  ces  termes  restreints  l'opinion  ancienne^ 
restaurée  et  maintenant  fondée  sur  d^s  oonsidé- 


rtttioBS'iMMivriled,  ^«e  rimimimté  ailraît  eagMidré 
la  justice  privée.  Montesquieu  non  plus  que  Mably, 
au  siède  suivaîDt,  ue  se  conforment  pas  encore 
complètement  à  sa  doctrine^  et  HoiUM*4  s'en  écarte 
aelablament,  mais  elle  est  accotée,  ensuite  par 
Gourisy  ;  et,  plus  près  de  nous.  Pardessus,  Bour 
tapîc.etll.  F.  de  Goulanges  Tadoptent  empalement, 
à  c6té^  de  eeox  qui  proposent  d'autres,  solutions 
de  la  question,  comme  le  font  Naudet,  Lehuërou, 
Gbampionnière,  et  finajkment  M.  Flach  après 
qpuelques  hésitations. 

Bignon  ne  s'était  paf»  prononcé,  nous  venons 
de  le  dire,  sans  mitiger  son  système  par  quel- 
qaes  réserves.  Il  limitait  en  effet  aux  inmumités 
ecclésiastiques,  c'estrà-dirç  à  celles  concédées 
aux  Églises,  le  rôle  qu'il .  proposait  ainsi  pour 
certaines  clauses  de  rinununité  dans  les  origines 
de  la  justice  privée.  Gomme  Bignon,  Montesquieu, 
dans  ce  qu'il  accote  de  sa  théorie,  puis,  en  se 
rapprochant  de  nous,  Boutaric  et  M.  Flach  admet* 
tent  jusqu'à  un  certain  point. la  distinction  qui 
donpe  à  l'immunité  ecclésiastique  un  râle  à  part 
dans  les  origines  dé  la  justice  privée.  Les  aiûres 
amoindrissent  de  différentes  manières  ce  r^e  du 
privilège  quand  ils  ne  le  lui  enlèvent  pas  complè- 
temçnU  Pour  tous,  le  vieux  pi^jugé,  dont  on  con- 
naît maintenant  le  caractère  et  l'origine,  ne  v^  pas 
sans  quelques  réserves  ou  sans  restrictions. 

De  nos  jours,  chose  digne  de  remarque,  on  eu 


R  h'mmmrri.  S  ^9-  M9 

trouve  encore  mêlées  à  la  théorie  d*UD  savant 
plus  explicite  cependant  que  nul  ne  l'avait  jamais 
été  dans  ses  aflBraiations  à  ce  sujet.  La  justice  pri<- 
vée,  suivant  M.  F.  de  Goulanges,  vient  nécessaire- 
mmt  de  rinmiunité,  dont  le  résultat  essentiel,  à 
ses  yeux,  est  de  supprimer  la  juridiction  du  comte 
et  des  officiers  puMics  sur  le  territoire  privilégié 
et  sur  les  hommes  qui  Thabitent,  aussi  bien  que 
sur  le  maître  hii-mème  soumis  dès  lors  à  la  juri- 
diction direct  du  roi,  il  le  déclare  expre^ment. 
c  Chaque  domaine  immuniste  eut  désormais,  dit-il, 
c  son  judex  privatus^  qui  remplaça  lejudexpubli- 
c  eus.  >  —  c  L'autorité  royale  prend  le  caractère 

c  d'un   patronage  direct   et   personnel La 

c  mainbour  royale  soustrait  la  personne  du  con- 
c  cessionnaire  à  l'autorité  des  agents  royaux.  » 

Du  reste,  pour  M.  F.  de  Goulanges,  ce  n'est 
pas  seulement  la  défense  de  tenir  des  plaids 
dans  le  domaine  privilégié,  c'est  l'ensemble  de 
toutes  les  interdictions,  formulées  avec  celle-là 
dans  le  privilège,  qui  produit  la  transformation  de 
la  justice  publique  en  justice  privée,  c  Grâce  à 
c  cette  série  de  précautions,  dit-il,  celui-ci  (le 

<  juge  public)  n'a  plus  aucune  juridiction  sur  les 

<  hommes  du  domaine  privilégié,  et  toute  action 

<  judiciaire  sur  eux  lui  est  devenue  impossible.  » 
Ailleurs  toutefois  il  ajoute  c  sauf  un  cas.  >  Ainsi  est 
introduite  la  restriction  admise  par  lui  aussi  dans 
la  théorie  dont  il  se  porte  le  champion.  Nous  avons 

xLvn  44 


S4§  LA  JGSTIGE  PUYÉE 

précédemment  apprécié  la  valeur  de  cette  excep- 
tion (§  %0).  Quoi  qu'on  en  pense,  die  a,  dans  le 
corps  de  doctrines  exposé  par  M.  F.  de  Goulanges, 
te  caractère  très  fonnel  d'une  réserve*  Elle  classe 
son  auteur,  malgré  ce  que  ses  idées  ont  d'absolu, 
parmi  ceux  qui  admettent,  mais  qui  ne  sauraient 
le  faire  sans  un  correctif  au  moins,  ropioion  que 
le  privilège  change  en  justice  privée  la  justice 
publique,  conformément  au  vieux  préjugé  que  la 
justice  [frivée  est  enfantée  par  l'immunité^. 

Telle  est  l'histoire  de  l'opinion  suivant  laquelle 
l'immunité  aurait  engendré  la  justice  privée.  Elle 
permet  d'apprécier  l'origine  et  le  mode  de  déve- 
loppement de  cette  opinion.  Ces  considérations 
ne  sont  pas  faites,  croyons-nous,  pour  la  recom- 
mander. 

XXIV.  Conclusion. 

§  70.  —  Nous  avons  vu  d'où  venait  et  comment 
s'était  formée,  en  passant  par  des  modifications 
successives,  non  sans  restrictions,  non  sans  plus 
d'une  réserve  toutefois,  l'opinion  que  l'immunité 

1.  Cette  opinioa  est  défendue  encore  dans  un  Qnvrage 
pjiblié  depuis  Tachèvement  de  la  présente  étude,  et  dont 
nous  n'avons  eu  que  tardivement  et  tout  récemment  con- 
naissance, VHistoire  de  l'organisation  judiciaire  en  France. 
Époque  franque,  par'  Ludovic  Beaachet,  professeur  à  la 
faculté  de  droit  de  Nancy.  Paris,  1886.  Nous  ne  pouvons 
que  mentionner  ici  cette  œuvre  importante,  nous  réservant 
de  Tôtudier  ultériearement,  comme  il  convient  de  le  faire. 


ET  L'imnncml.  S  70.  %U 

est  la  source  de  la  justice  priirée*  Noas  savons,  par 
Thistoire  de  cette  opinion,  ce  qu'il  est  permis  d'en 
penser.  Les  documents  lui  sont  d'ailleurs  tout  à 
fait  contraires. 

L'immunité,  nous  l'avons  reconnu,  n'a  nullement 
pour  objet,  d'après  les  titres,  de  constituer  une 
juridiction  et  de  donner  à  cet  effet  des  droits  non-* 
veaux  au  privilégié.  Elle  ne  tend  pas  à  autre  chose 
qu'à  protéger  odui-ci  dans  l'exercice  de  ses  droits 
antérieurs,  en  le  mettant  à  l'abri  des  entreprises 
et  des  exactions  des  juges  ou  officiers  publics, 
laissant  toutefois  à  peu  près  intacte  la  juridiction 
de  œs  derniers,  dans  les  limites  que  leur  imposait 
déjà  la  justice  patrimoniale  des  grands  possesseurs 
(§§  48,  1 3),  et  sous  la  réserve  de  ce  qui  pouvait 
résulter  en  outre  de  la  mundeburde  du  roi  dont 
rimmunité  comportait  accessoirement,  dans  une 
c^laine  mesure,  l'exercice  (§§  15  à  18).  La  mise 
en  jeu  de  cette  mundeburde  était  au  reste  peu  iré» 
qaente,  on  a  lieu  de  le  croire,  dans  ces  condi- 
tions, et  ne  concernait  guère  que  des  cas  excep- 
tionnels. Ajoutons  que  l'institution,  nous  l'avons 
fait  remarquer,  n'était  pas  une  innovation,  mais 
un  ressort  appartenant  d'ancienneté  au  droit 
général  de  ce  temps.  Pour  ce  qui  est  de  l'inmiu- 
nité  proprement  dite,  afin  de  discuter  en  connais- 
sance de  cause  ce  qui  en  a  été  dit  à  l'occasion  de 
la  justice  privée,  nous  avons  rappelé  ce  qu'on  peut 
déduire  àce  sujet  de  l'étude  des  textes  (§§  4  à  80). 


242  LA  JUSTICE  nvrtE 

Nous  regardons  comme  acquis,  d'après  ces 
documents,  que  les  dispositions  essentielles  de 
l'immunité  sont  les  interdictions  qu'elle  oppose  aux 
juges  publics,  d'entrer  pour  y  accomplir  aucun 
acte  judiciaire  ou  administratif  dans  les  domaines 
privilégiés,  et  que  ces  dispositions  ne  sont  constir 
tutives  d'aucune  juridiction  nouvelle.  Quant  à 
l'importante  concession  des  droits  du  fisc,  qui 
accompagne  ordinairement  l'immunité,  ce  n'est 
qu'une  disposition  accessoire  qui  lui  est  en  prin- 
cipe étrangère  et  qui,  avec  un  caractère  avant 
tout  fiscal  concernant  exclusivement  la  jouissance 
de  certains  revenus,  celle  notamment  des  produits 
de  la  justice  et  des  impôts,  n'implique  nullement 
dans  ses  conditions  originaires  l'exerdoe  de  la 
juridiction. 

Voilà  ce  que  nous  apprennent  les  textes.  Les 
objections  qui  en  ressortent  contre  les  systèmes 
que  nous  combattons  ne  sont  pas  nouvelles.  On 
en  trouve  l'expression  plus  ou  moins  précise  ou  au 
moins  des  indications  dans  les  écrits  des  auteurs 
de  tous  les  temps,  depuis  le  xvn^  siècle.  Sans 
s'expliquer  formellement  sur  la  part  assignée  par 
le  vieux  préjugé  à  l'immunité  dans  les  origines  de 
la  justice  privée,  plusieurs  se  montrent,  par  omis- 
sion au  moins,  contraires  à  l'opinion  qu'elle  en 
ait  été  la  source.  C'est  ce  qu'on  peut  conclure 
du  silence  qu'ils  gardent  à  cet  égard,  et  plus 
encore  de  ce  qu'ils  attribuent  ce  rôle  à  d'autres 


ET  L'nminiiTi.  S  70.  21 S 

causes.  Pardessus  va  plus  loin  et,  dans  ses  pre- 
miers écrits  sur  la  matière,  il  reconnaît,  quoiqu^il 
ait  défînitiveiiient  conclu  d'une  manière  toute 
contraire,  que  les  chartes  d'inomunité  ne  contien- 
nent l'expression  d'aucune  concession  de  juridic- 
tion :  c  Les  chartes  (de  la  première  race),  dit-il, 
c  ne  déclaraient  pas  d'une  manière  expresse  que 
c  cet  exercice  (celui  de  la  juridiction)  appartien- 
c  drait  à  l'immuniste^.  »  Un  semblable  aveu  a  de 
l'importance,  de  la  part  d'un  homme  qui  regarde 
la  justice  privée  comme  engendrée  par  l'immunité. 
Avant  Pardessus  et  après  lui,  des  déclarations 
analogues  sont  faites  par  Houard  (§  38)  et  par 
Lehuêrou  (§  52),  dont  elles  ne  contrariaient  pas, 
il  est  vrai,  les  systèmes.  Il  est  plus  extraordinaire 
et  plus  intéressant  de  relever  la  même  observa- 
tion dans  le  dernier  écrit  de  M.  F.  de  Goulanges 
@  61),  qui  admet  cependant,  comme  Pardessus, 
que  la  justice  privée  résulte  de  l'immunité.  Nous 

i.  Bibliothèque  de  l'École  des  chartes,  t.  II,  1840-4841,  p.  99, 
et  Loi  salique,  i843,  p.  584.  —  La  déclaration  de  Pardessus, 
dont  il  a  été  déjà  précédemment  question  ($§  48,  49),  vise 
spécialement  (une  inadvertance  nous  a  seule  empoché  de  le 
marquer)  les  chartes  d'immunité  les  plus  anciennes,  celles 
de  la  première  race.  Mais  les  chartes  subséquentes  ne  disent 
rien  de  plus  touchant  la  justice,  sauf  celles  en  très  petit 
nombre  qui  contiennent  en  outre,  comme  le  diplôme  de  815 
(Balnze,  Capitul.,  t.  Il,  p.  1405),  une  concession  expresse 
de  la  juridiction.  Elles  doivent  naturellement  dans  ce  cas 
être  appréciées  autrement  que  comme  de  simples  chartes  . 
d'immunité. 


V 


214  LA  JusncE  niWs 

n'avons  rien  de  plus  à  dire  de  ceux  qui  suivent 
cette  opinion. 

Quant  aux  conceptions  que  certains  auteurs 
substituent  au  thème  accrédité  par  le  vieux  pré- 
jugé, elles  semblent,  pour  ce  qui  est  de  quelques- 
unes  au  moins,  imaginées  à  priori  en  vertu  de 
théories  enfantées  indépendanunent  de  toute 
appréciation  préalable  des  textes  qui  concernent 
spécialement  la  question  (§  68),  et  plus  ou  moins 
li^ureusement  étayées  ensuite  sur  quelques-uns  de 
ces  textes,  détachés  des  autres  comme  se  prêtant 
plus  particulièrement  à  cette  application,  sans 
parler  des  inexactitudes  à  relever  dans  les  inter- 
prétations données  parfois  à  ceux  invoqués  ainsi. 

L'inununité  n'est  en  réalité  nullement  le  prin- 
cipe, la  source  première  de  la  justice  privée.  Elle 
n'a  exercé  quelque  influence  sur  Tinstitution  que 
dans  ses  développements  ultérieurs,  et  d'une 
manière  indirecte  seulement^.  Quant  à  en  avoir  été 

t.  Ces  résultats,  au  reste,  ont  pu  ne  pas  se  faire  beaucoup 
attendre.  De  là,  l'erreur  de  ceux  qui  ont  pris  ces  conséquences 
indirectes  et  plus  ou  moins  éloignées  du  privilège  pour  un 
régime  immédiatement  et  formellement  constitué  avec  lui. 
Dans  les  sociétés  où  est  institué  le  privilège  de  l'immunité,  le 
droit  de  justice  avait  pour  le  souverain  un  caractère  surtout 
fiscal.  Percevoir  les  fl^eda  en  était  l'attribut  essentiel.  Cette 
perception  étant  en  vertu  du  privilège  enlevée  au  comte, 
souvent  abandonnée  ensuite  par  le  fisc,  l'exercice  de  la  juri- 
diction n'était  plus  pour  le  souverain  et  ses  ofi&ciers  qu'une 
charge  sans  profit.  Asse»  naturellement  délaissée  par  eux 
dans  ces  conditions,  en  même  temps  qu'elle  était  recherchée 


ET  h^vmmai.  ^  70.  215 

en  quelque  sorte  le  code  oons^tutif ,  rîeo  a'egt 
nsoins  vrai.  On  tire  cette  condusîoo  de  certaines 
déductions  mal  établies.  Left  textes  œ  contiennent 
pas  un  mot  qui  ait  propreuMUt  une  semblable 


§  74 .  —  La  justice  privée  ne  vient  pas  or%i-* 
nairement  de  Timmunité.  Ce  point  admis,  une 
question  se  présente.  Si  la  justice  privée  ne  vient 
pas  de  l^inmiunité,  d'où  vient-elle?  La  justice  pri- 
vée vient  certainement  pour  une  bpnne  part  de 
coooessions  directes  du  droit  de  justice,  qu'il  ne 
faut  pas  confondre  avec  les  concessions  d'immu- 
nité et  dont  on  trouve  des  exemples  à  partir  du 
H*  siècle  an  moins.  Toute>éserve  faite  pour  cette 
source  très  positive  de-  la  justice  privée,  dans 
certains  cas  particuliers,  n'y  a-t-41  pas  quelque 

par  les  possesseurs  qui,  dans  les  limites  de  la  justice  patri* 
moniale,  en  avaient  déjà  uae  partie,  la  juridiction  devait 
tendre  forcément  à  passer  dans  les  mains  de  ces  derniers. 
Ainsi  a-t-il  pu  sembler,  ainsi  a*t^n  pu  dire  que  concéder 
les  fireda,  les  droits  du  fise,  c'était  ooiicéderla  juridiction.  U' 
n'en  est  rien  cependant.  L'entrée  en  jouissance  de  la  juridic- 
tion par  l'immuniste  n'est  pas  un  fait  normal,  mais  un  chan- 
gement irrégulier,  un  développement  accidentel  qui  se  pro- 
duit d'ailleurs  d'une  manière  inégale  suivant  les  temps  et 
suivant  les  lieux.  De  là,  bien  des  conséquences.  La  physlo*- 
nomie  de  Thistoire  sur  ce  point  en  est  profondément  affectée. 
Ce  n'est  donc  pas  chose  indifférente.  Ces  considérations 
s'adressent  à  ceux  surtout  qui,  dans  les  temps  modernes, 
ont  relevé  touchant  la  question  d'origine  de  la  justice  privée 
la  vieille  opinion  admise  au  moyen  âge  à  ce  sujet,  sur  les 
conséquences  de  l'aliénation  des  droits  du  fisc  (§  22).     ' 


216  LA  JUsncB  nrràE 

pratique  ou  usage  andeD  d'une  significatimi  moins 
précise,  mais  d'un  caractère  phis  général,  aux- 
quels on  puisse  la  rattacher? 

En  étudiant  dans  les  pages  qui  précèdent  ce 
qu'ont  dit  nos  devanciers  et  nos  contemporains 
.sur  cette  question,  nous  en  avons  trouvé,  à  c6té  de 
ceux  d'entre  eux  qui  font  procéder  de  l'immunité 
la  justice  privée,  un  certain  nombre  d'autrea  qui 
lui  assignent  des  origines  différentes.  Ce  serait, 
suivant  l'un,  la  justice  arbitrale  volontairement 
attribuée  au  maître,  au  seigneur;  suivant  un 
second,  l'autorité  qui  appartient  à  celui-ci  comme 
chef  d'une  corporation  ;  suivant  d'autres  encore, 
l'usurpation  pure  et  simple.  Pour  quelques-uns 
enfin,  le  principe  de  la  justice  privée  serait  un  des 
attributs  de  la  propriété.  Cette  dernière  opinion 
mérite,  ce  nous  semble,  tout  particulièrement 
d'être  prise  en  considération.  C'est  vers  elle  que 
nous  inclinons  finalement. 

Les  faits  eux-mêmes  recommandent,  croyons- 
nous,  cette  solution.  Revenons,  pour  nous  en 
rendre  compte,  au  point  de  départ  de  la  présente 
étude,  à  l'analyse  que,  à  son  début,  nous  avons 
donnée  des  textes  du  privilège  d'immunité,  avec 
le  tableau  de  ce  qu'était  le  régime  ordinaire  de  la 
juridiction  lorsqu'apparait  cette  institution  (§§  12, 
13).  La  juridiction  émanant  de  la  puissance 
publique  était  en  principe  exercée  par  le  souve- 
rain dans  sa  cour,  au  palatiurrij  et  dans  les  pro- 


R  L'oonmiTi.  |  71.  217 

viooes,  dans  lespagi,  par  ses  agents  et  délégaés,  les 
ocxntes  et  autres  officiers  publics,  an  maUum  dans 
les  plaeita  majora  ou  bîen  dans  les  plaids  de 
moindre  importance,  placUa  minora.  Ciette  juri- 
diction avait  un  caractère  général;  mais,  de  toute 
aDcienneté,  sans  qu'on  sût  commet  oda  avait 
oommaicé,  elle  s'arrttait  en  quelques  points 
devwt  les  droits  du  maître  investi  d'une  certaine 
autorité  sur  les  choses  de  son  domaine  et  sur  les 
hommes  qui,  à  divers  titres,  y  vivaient  soumis  de 
œ  fait  à  son  mundiumy  à  son  patronage^. 

Ces  droits  du  maître  dans  son  domaine  ne  sont 
contestés  par  personne*.  Un  de  leurs  corollaires 
bias  établi  était  la  req[>onsabilité  du  patron  pour 
ses  honunes,  l'obligation  où  il  était  de  répondre 
d'eca  et  pour  eux  devant  les  juges  publics,  de  les 
amener  même  à  lau*  tribunal,  lorsque  la  nature 
de  la  cause  le  comportait  ;  en  dehors  de  quoi,  les 
affaires  d'ordre  inférieur  qui  pouvaient  les  oon- 

1.  «  Une  charte  de  conceflaion  de  justice  n'était  pas  néces- 
«  saire  à  un  maître  pour  qu'il  exerçât  son  pouvoir  dômes- 
«  tique  et  économique  sur  les  esclaves,  sur  ce  que  le  cha- 
f  pitre  TV  en  capitnlaire  de  Mlis  appelle  familia.  »  Ainsi 
s'exprime  Pardessus  dans  ses  premiers  mémoires  (Bihl.  et 
i'Écok  des  chartes,  t.  U,  p.  104,  et  Loi  salique,  p.  591).  Cette 
déclaration  du  savant  auteur  est  d'accord  avec  une  opinion 
que  nous  avons  cru  ponvdr  dégager  de  son  argumentation 
sur  les  origines  de  la  justice  privée  (§  48,  note  i). 

2.  Quelques-uns  môme,  comme  Montesquieu  (§  31)  et 
comme  Houard  (|  38),  mentionnent  cette  notion,  sans  la  faire 
entrer  dans  leur  théorie  sur  les  origines  de  la  justice  privée. 


248  LÀ  JUSTICE  nrriE 

cerner  étaient  réglées  par  lui,  en  vertu  de  Tauto- 
rité  qu'il  avait ^sur  eux,  laquelle  allait  jusqu'à  les 
contraindre  et  à  les  punir  au  besoin.  Il  résultait  de 
là,  au  profit  des  détenteurs  de  la  grande  pro* 
priété,  une  sorte  de  juridiction  inférieure,  la  juri- 
diction patrimoniale,  justitia  familiaris  (§  49, 
note  8).  C'est  la  juridiction  du  maître,  patranus, 
exercée  soit  par  lui-même,  soit  par  ses  agents 
ou  officiers  particuliers  :  régime  indépendant  de 
l'immunité  et  antérieur  à  elle.  Ce  régime  est 
notamment  celui  des  terres  du  fisc,  sur  lequel  on 
est  suffîsanunent  renseigné  et  qui  offre  de  cette 
situation  un  tableau  auquel  il  n'y  a  que  peu  de 
chose  à  changer  pour  condure  de  ce  qui  se  passait 
dans  le  domaine  privé  du  roi,  à  ce  qui  existait 
d'une  manière  analogue  dans  cdui  de  tout  grand 
possesseur,  touchant  l'exercice  de  la  justice  patri- 
moniale. 

Tels  sont  les  faits.  Ils  sont,  croyons-nous,  au- 
dessus  de  toute  contestation.  Leur  examen  con- 
duit naturellement  à  des  inductions  qui  n'ont 
peut-être  pas  autant  qu'eux  le  caractère  de  la  cer- 
titude, mais  qui  leur  empruntent  au  moins  celui 
d'une  grande  probabilité.  Ces  inductions  donnent 
lieu  de  penser  que  les  droits  dont  ces  faits  sont 
la  manifestation,  et  dont  la  notion  se  dégage  de 
leur  appréciation,  doivent  remonter  loin.  Il 
semble  qu'ils  ont  pu  résulter  de  la  combinaison  de 
deux  éléments,  de  caractère  l'un  domestique, 


ET  L'iMHiniRi.  il4.  249 

rmtre  dcMnanml.  Le  premier  procéderait  de  Tau- 
torité  d'ordre  en  qudqœ  sorte  naturel  qui,  dès 
une  haute  antiquité,  appartient  dhez  tous  les 
peuples  au  père  sur  sa  famiUe,  au  maître  sur  ses 
esdayes;^  le  second  se  formulerait  comme  une 
espèce  de  corollaire  du  droit  de  propriété,  et 
impliquerait  pour  le  possesseur  autorité  dans  son 
domaine,  et  sur  le  fonds  et  sur  orax  qui,  de  son 
aveu,  y  vivent;  faifselon  toute  apparence  primor- 
dial, qui  semble  comme  la  propriété  elle-même 
ua  des  prindpes  essentiels  et  constitutifs  des 
sodétés  à  leur  naissance. 

Laferri^re,  dans  ses  études  sur  le  droit  français, 
signale  chez  nous  des  indices  très  apciens  de  ces 
droits  inhérents  à  la  propriété.  Il  les  reconnaît, 
avec  un  caractère  historique,  dans  les  coutumes 
galliques  notamment,  où  Ton  retrouve  des  traces 
do  régime  social  des  Gaulois,  nos  ancêtres  ;  puis» 
en  descendant  vers  nous,  dans  le  ptUrocmium 
gallo-romain  du  v^  siècle,  dans  les  coutumes  caro- 
lingiennes que  nous  révèlent  les  capîtukires  et  les 
formules;  et,  en  se  rapprochant  toujours  de  nous, 
dans  certaines  coutumes  de  nos  vieilles  provinces, 
comme  les  usances  du  domaine  congéable  en 
Bretagne,  la  juridiction  du  grand  propriétaire 
d'alleu  dans  le  midi  de  la  France,  usages  immé- 
moriaux, fondés  sur  une  tradition  qui,  en  remon- 
taot,  dépasse  les  premiers  jalons  des  connaissances 
historiques. 


3S0  LA  iUtnCB.  PEIVlfs 

On  trouve  là  quelques  traits  du  caractère  et  des 
origines  de  la  juridiction  patrimoniale,  devant 
laquelle  s'arrête,  à  l'entrée  du  domaine  privé,  la 
justice  publique,  dans  l'État  carolingien  comme 
sous  les  Mérovingiens  :  droit  antique  du  grand 
possesseur,  attribut  à  ce  qu'il  semble  de  la 
propriété  elle-même.  C'est  ce  droit  notamment, 
plus  ou  moins  compromis  par  les  empiétements 
abusifs  et  par  les  exactions  des  officiers  de  jus- 
tice, que  vient  garantir,  au  moyen  de  prescrip* 
tions  bientôt  renforcées  par  une  pénalité  spéciale, 
le  privilège  de  l'immunité.  Sous  cette  garantie, 
les  droits  du  possesseur  s'affermissent  et  se  déve- 
loppent de  plus  en  plus.  Gomment  ne  pas  recon- 
naître que  dans  cet  ensemble  de  faits  se  manifeste 
la  constitution  première  de  la  justice  privée  eUe- 
même  ;  que  l'immunité  a  pu  grandement  favoriser 
l'essor  de  ce  régime  spécial,  mais  qu'elle  n'en  est 
pas  le  principe  ;  et  que  ce  principe,  c'est  dans  cette 
autorité  reconnue  comme  un  attribut  de  la  pro- 
priété même,  dans  la  )uridiction  patrimoniale  dont 
on  voit  ainsi  l'origine,  qu'il  faut  le  chercher? 

Cette  solution  du  problème  n'est  pas  une  nou- 
veauté. Elle  a  été  entrevue  et  indiquée,  le  plus 
souvent  dans  les  considérations  accessoires  jointes 
a  leurs  conclusions,  par  plusieurs  de  ceux  qui  se 
sont  occupés  de  la  question.  Montesquieu  se  rap- 
proche de  cette  idée  en  disant  que  la  justice  est 
pour  les  laïques  un  droit  propre  du  fief,  pour  les 


R  h'mmvnni.  $  74.  224 

Églises  une  sorte  d'attribat  de  la  propriété  (§31); 
Houard,  en  reconnaissant  Texistenoe  d'une  juridic- 
tion inférieure  exercée  sur  les  honunes  de  son 
domaine  par  le  maître,  le  possesseur  (§  38).  La 
juridiction  du  maître  sur  les  hoomies  libres  et  non 
libres  vivant  dans  son  domaine  est  acceptée  aussi 
par  Tabbé  de  Gourcy  (§41).  Pardessus  n'admet 
pas  que  la  justice  patrimoniale  soit  autre  chose 
que  le  résuttat  d'une  concession,  mais  il  la  rap- 
prodie  du  régime  en  vigueur  sur  les  teires  du 
fisc,  dont  il  voit  le  principe  dans  ce  qu'il  appelle 
la  justice  dominicale  ou  domestique  des  Francs 
(§  48).  Lehuërou  déclare  formellement  que  la  jus- 
tice privée  a  son  origine  dans  la  justice  domaniale, 
attribut  naturel,  dit-il,  de  toute  propriété  (§  52). 
M.  Fladi  adopte  plus  tard  à  peu  près  les  mêmes 
idées  (g  65). 

Nous  pouvions,  on  le  voit,  nous  appuyer  sur 
des  précédents  de  quelque  autorité  en  rattachant 
à  certains  attributs  de  la  propriété  les  origines  de 
la  justice  privée.  C'est  ainsi  que  nous  avons  été 
amené  à  déclarer,  dans  notre  premier  travail, 

<  que  l'immunité  n'est  pas  la  source  des  justices 
c  privées,  et  que  c'est  à  un  développement  du 

<  droit  de  propriété  que  ce  rôle  appartient  vrai- 

<  semblablement^.  »  Après  la  nouvelle  enquête 
que  nous  venons  de  faire,  après  avoir  revu  et  les 

3.  Vîmmunité,  1882,  §  12. 


2^  Li  JUSTICE  PtrrtE 

textes  et  les  apprëeîatioDS  qu'ils  oDt  inspirées  à 
ceux  qui  ont  étudié  jusqu'aujourd'hui  la  question, 
cette  déclaration  se  présente  toujours  à  nous 
comme  la  sdution  cherchée.  Ce  sera  encore  la 
conclusion  de  notre  travail  actuel. 

Ces  considérations  n'infirment  pas  l'observation, 
con$ignée  au  commencement  du  présent  para- 
graphe, que  la  justice  privée  vient  pour  une 
bonne  part  des  concessions  directes  de  la  juridic- 
tion, dont  on  a  de  nombreux  exemples  à  partir  du 
IX*  siècle.  A  ces  concessions  se  rapporte  ce  que 
nous  avons  dit,  au  début  de  notre  travail,  que  la 
justice  privée  était  comme  un  démembrement  de 
la  puissance  pubUque  (§1).  C'est  là,  en  effet,  une 
des  sources  de  la  justice  privée,  c'en  est  la  source 
la  plus  abondante  peut--ètre,  mais  non  la  source 
primordiale.  Celle-ci  serait  plutôt  la  justice  patri- 
moniale, attribut  du  droit  de  propriété,  comme 
nous  l'avons  dit. 

En  se  rattachant  ainsi  à  la  justice  patrimoniale, 
aux  droits  du  possesseur  et  du  dief  de  famille, 
la  justice  privée  prend  un  caractère  inattendu.  Ce 
n'est  plus  celui  d'un  lambeau  arraché  aux  préro- 
gatives de  la  souveraineté  dans  ses. défaillances  et 
d'un  régime  institué  accidentellement  en  vertu 
de  dispositions  particulières.  C'est  celui  d'un 
mécanisme  en  quelque  sorte  autonome  résultant 
de  la  nature  des  choses.  A  ce  point  de  vue  et  dans 
ces  données,  la  justice  privée  s'élève;  son  origine 


s'enfonce  dans  le  passé  et  remonte  à  une  date 
plus  ancienne  peut-être  que  celle  où  commence 
la  justice  publique  elle-même,  si  l'on  considère 
que  l'existence  de  la  famille  et  la  constitution 
de  son  domaine  sont  des  faits  nécessairement 
antérieurs  à  l'institution  et  à  la  police  des  États. 
La  justice  privée  nous  apparaît  dès  lors  comme 
OD  des  ressorts  de  l'organisme  des  plus  anciennes 
sociétés  bumaines,  comme  un  débris  persistant  de 
leur  régime  originaire,  comme  une  de  ces  formes 
primordiales  qui  sont  destinées  à  s'effacer  graduel- 
leoient  et  à  disparaître  insensiblement  au  milieu  des 
améliorations  et  des  perfectionnements  dus  aux 
développements  de  la  civilisation.  Entraînée  sur 
la  pente  naturelle  qu'elle  descendait  ainsi,  la  jus- 
tice privée  se  serait  perdue  bientôt,  au  sein  de 
l'État  en  progrès,  si  les  désordres  du  moyen  âge 
n'étaient  venus  lui  rendre  fortuitement  une  vitalité 
qui  s'est  soutenue  presque  jusqu'à  nos  jours.  Les 
concessions  de  juridiction  dont  nous  avons  parlé 
ODt  été  un  des  agents  directs  de  cette  reprise  et 
de  cette  prolongation  d'existence.  L'immunité, 
par  ses  conséquences  plus  ou  moins  éloignées,  y  a 
aussi,  à  son  heure,  indirectement  contribué.  A 
cela  se  réduit  sa  part,  non  dans  l'origine  —  celle-ci 
lui  est  étrangère  —  mais  dans  les  développe- 
ments ultérieurs  et  dans  l'organisation  progres- 
sive de  la  justice  privée. 


224 


LA  iUSnCB  FETriE  ET  L'iHKUNlri. 


EMENDANDA. 


Au  iieu  de  : 
P.  30, 1.  30  :  e£fectué. 

P.  S6, 1.  4  :  secondaire 

P.  96,  i.  9  :  les  chercher. 
P.  130, 1.  25  :  de  biens. 


P.  137, 1.  8  :  aucun  texte 


P. 
P. 


137, 1. 12 
139, 1.  4  : 


:  (dlmmunité), 
qu'ils 


LisôM  : 

efifectué;  c'est  là  ce  qu'il  eût 

fiBdlu  montrer, 
secondaire,  justifia  fimiliaris 

m  49, 71), 

les  chercher  (g  68,  note  2). 

de  biens.  Les  deux  autres  sont 
des  concessions  de  munde* 
burde  plutôt  que  d'immu- 
nité. Dans  aucune  de  ces 
trois  chartes  il  n'est  ques- 
tion de  la  concession  du  jus 
fisci. 

aucun  texte,  à  l'époque  méro- 
vingienne au  moins  (§  70, 
note  1), 

(d'immunité  mérovingiennes), 

que  les  plus  anciens 


LES   SCEAUX 

DES    ÂRGHITBS 

DE  L'ORDRE  DE  SAINT-JEAN  DE  JÉRUSALEM 

A  MALTE 

Par  M.  J.  Dblatille  Le  Roolx,  assodé  eorrespondant 
national. 

Lu  dans  la  séance  du  21  avril  1886. 


L'attention  des  érudits  s'est,  depuis  quelques 
années,  pcHiée  avec  une  persistante  activité  vers 
l'histoire  des  croisades  et  des  établissements  latins 
du  Levant  au  moyen  âge.  La  sphragistique  n'est 
pas  restée  en  dehors  de  ce  mouvem^it,  et  l'on 
peut  prévoir  le  temps  où  la  sigillographie  de 
l'Orient  btin  aura,. comme  la  numismatique,  son 
Corpus  complet  et  définitif. 

Aucun  dépôt  d'archives,  dans  cet  ordre  d'idées, 
œ  semble,  plus  que  celui  de  Malte,  capable  de 
fournir  une  moisson  abondante.  En  peut-il  être 
autrement,  si  l'on  songe  que  l'ordre  de  Saint-Jean 
de  Jérusalem  a  joué,  durant  plus  de  quatre  siècles, 
en  Terre  Sainte  et  à  Rhodes,  un  rôle  prépondé- 
rant, a  été  intimement  méié,  durant  cette  période, 
à  tous  les  événements  qui  agitèrent  le  Levant,  et  a 

XLVII  45 


226  8GBAUX  DBS  ARCHIVES  DE  l'OBB&E 

conservé,  malgré  de  nombreuses  vicissitudes,  la 
plus  grande  partie  de  ses  archives? 

Malheureusement,  la  fragilité  des  monuments 
sigillographiques,  surtout  celle  des  sceaux  de  cire, 
auxquels  les  circonstances  dimatériques  ont  été 
funestes,  les  déplacements  successifs  des  Hospita- 
liers de  Palestine  à  Chypre,  à  Rhodes  et  à  Malte, 
Toubli  même  dans  lequel  ont  été  laissées  à  Malte, 
à  une  époque  récente,  les  archives  de  l'ordre 
de  fiaint-lean,  ont  cauaé  la  ruine  d'un  grand 
nombre  de  sceaux.  A  peine  un  quart  de  ceux  que 
S.  Pauli  avait  dessinés,  il  y  a  à  peine  un  siècle 
et  demi,  subsiste-t-il  aujourd'hui. 

Cependant,  malgré  de  pareilles  pertes,  les  sceaux 
conservés  à  Malte  méritent  à  tous  égards  d'être 
connus  et  publiés.  S'ils  sont  peu  nombreux,  ils 
radiètent  leur  petit  nombre  par  leur  importance  et 
leur  rareté.  Parmi  lesérudits  qui,  depuis  Paulî,  ont 
eu  acoès  aux  archives  de  Malte,  aucun  n'a  man- 
qué à  les  flîgualer  ^  ;  Pauli  les  a  presque  tous  repro- 

1.  8.  Pauli  (Codice  diplomatico  del  sacro  militare  ordim 
Gerosolimitano,  Lucques,  i733-7,  2  vol.  in-folio)  a  consacré 
9  planches,  8  à  la  fin  du  premier  volume  et  i  à  la  fin  du 
flODond,  à  la  reproduction  de  93  sceaux  ^t  bulles.  Piciaiidi 
{Memorie  de"  gran  maestri  del  sacro  militare  ordine  Gerosolim" 
iano,  Parme,  1780,  3  vol.  in-i*)  adonné  huit  sceaux  qui  servent 
à  l'omementation  de  son  ouvrage.  Dans  P.-Â.  Paoli  {Bdi*  ori' 
gins  êd  istituto  del  sacro  militare  ordine  di  S,  QiâmmMiitia 
GsrasoUmUano,  Rome,  1781,  in-4*)  figurent  les  reproductioas 
de  quatre  sceaux  de  Malte  et  d'un  sceau  du  prieur  anglais  de 
l'Hôpital,  Garnier  de  Naplouse.  M.  de  Mas  Latrie  (ffotice 
sur  iet  arthmês  de  MalU  à  CiU*la-ValetU,  dans  las  Ânekwei 


DE  tAflrr^BAW  DB  tWÊSSAMMÊÊ  A  KUTB.  927 

duitft,  maïs  ses  dessins  sont  trop  inexacts  pour 
permrttre  ane  étude  complète  et  raisonnée  de  ces 
roomnents. 

Il  ne  nous  a  pas  paru  sans  intérêt  de  refidrev 
«près  haàj  cette  publication,  en  la  limitant  aux 
•œsux  et  bidles  qui  conoemeot  spécûlenient 
rOrient  latjn;  aussi  bien  ceux««i  foment-ils  If 
majeure  partie  de  la  collection  «gillographiquQ  de 
Malte;  les  sceaux  d'Occident,  peu  nombreux,  sont, 
du  reste,  connus  des  sigillographes,  et  nous  ne 
leur  apprendrions  rien  en  leur  signalant,  par 
exemple,  un  sccigu  d'empereiir  d'Allemagne,  de 
m  de  France  ou  une  bulle  pontificale^. 

L'ensemble  des  sceaux  des  aftihÎTes  de  Malte 
tonœ  non  pas  une  suite,  mais  une  collection.  Sauf 
pour  la  série  des  bulles  magistrales  et  capitulaires 
de  l'ordre  de  l'Hôpital,  dont  nous  avons  déjà 
signalé  les  principaux  types',  les  représentations 
«gillographiques  appartiennent  aux  diverses  auto- 

^  miMSions  sdetUiflquês ,  YI,  1»  série,  1857,  p.  4-24#)  a 
ngDilé  quelques  exemplaires  échappés  à  Pauli  et  à  Padandi. 
Notts-m6]|ie  ILes  Archives,  la  BibliaÙUqiu  et  le  Trésor  de  l'ardre 
àe  SairU'Jean  de  Jérusalem  à  Malte,  Paris,  1883,  in-8o)  avons 
dressé  la  liste  des  sceaux  de  Malte  (p.  48-52). 

1.  Il  tàvX  cependant  faire  une  exception  en  faveur  d'une 
balle  4e  ^kmb  de  Guillaume,  évèque  d'Oraage  (1280)  (J^rch. 
de  Malte,  div.  I,  vol.  x,  n*  29),  inconnue  jusqu'à  présent  et 
qui  mérite  d'^étre  étudiée. 

%  Us  Àrthwee  de  Malte,  p.  48-52.  —  Nak  sur  k»  scêom  de 
tarare  de  SaM-Jsan  de  Jérusalem,  dans  les  Mémoires  de  la 
SûdéU  naièomU  des  antiquaires,  t.  XL{  (timge  à  part,  Bwis, 
1881,  34  p.  in-8*  et  3  planches  en  héUegsravuse). 


228  seiAUx  deb  abcbitbs  de  l'okdie 

ritéft  eodésiastiques  ou  laïques  de  Terre  Sainte,  et 
comme  les  rapports  des  Hospitaliers  s'étendaient 
à  tous  les  pouvoirs  latins  du  Levant,,  la  diversité 
est  le  caractère  dominant  des  sceaux  dont  nous 
donnons  ici  la  description  ;  nous  les  avons  grou-^ 
pésy  pour  en  faciliter  l'étude,  sous  deux  chefs 
principaux,  suivant  qu'ils  émanent  de  personnages 
laïques  ou  ecclésiastiques. 


SCEAUX  laïques. 

L  —  Baudoin  IV,  roi  de  Jérusalbm 

(1173-1183)^ 

Sceau  de  plomb,  de  0°^,045  de  diamètre.  Type 
ordinaire  des  rois  de  Jérusalem.  Au  centre,  le  roi, 
couronné,  de  face,  assis,  tenant  de  la  main  droite 
un  bâton  crucifère,  de  la  gauche  une  boule  cruci- 
fère. Légende  entre  deux  cercles  concentriques  : 
m  BALDVinVS  Oei  6*RAGIR  R6X  I€RVSAL6H 
—  Revers  :  le  Saint  Sépulcre.  Légende  entre  deux 
cercles  concentriques  :  *  GIVITAS  :  RGG'IS  : 
R6&VH  OIyMIVM 

Cette  bulle  est  appendue  à  un  diplôme  du 

1.  Lie  lecteur  remarquera  que  les  dates  données  iei  etplas 
loin  ne  sont  pas  absolues  ;  elles  se  réfèrent  aux  actes  extrêmes, 
aujourd'hui  connus,  dans  lesquels  fièrent  les  personnages 
dont  nous  nous  occupons,  mais  ne  doivent  pas  être  considé- 
rées comme  définitives. 


DK  SAINT-JIAH  DB  lEHDSALIV  A  MALTS.  Si9 

1"  mars  1484,  par  leqael  Baudoin  IV  fait  un 
édnoge  avec  l'abbé  du  Mont-Thabor  à  Acre 
(Arck.  de  Malte,  div.  I,  vol.  iv,  n*  9.  Ed.  Pauli, 
Cod.  d^Ly  h  n""  3,  p.  f»%).  Ce  sceau  n'a  pas  été 
publié,  mais  les  types  analogues  des  sceaux  de 
Baudoin  III  (Pauli,  Cod.  d^Ly  I,  planche  2,  n^  47, 
et  Pa(âaudi,  Memoriey  I,  p.  48),  de  Guy  de  Lusk» 
gnan  (Blancard,  Iconographie  des  sceaux  et  bulles. . . 
des  archives  départementales  des  Bouches^dur 
Vhèm,  p.  444  et  pi.  64,  n""  3),  d'Âmaury  I  (de 
Togoé,  Revue  de  numismatique^  4864,  p.  896  et 
planche  4  34 ,  reproduit  dans  les  Églises  de  Terre 
^aifiiey  du  même  auteur)  sont  connus. 

II.   —  BOHÉMOND  IV,  PRINCE  d'AnTIOGHE 

(4  4  98  M  233). 

Sceau  de  plomb,  de  0"',05  de  diamètre.  Type 
habituel  des  sceaux  des  princes  d'Antioche.  Au 
centre,  saint  Pierre  et  saint  Paul,  de  face,  debout, 
à  mi-corps,  nimbés.  Saint  Pierre  bénit,  saint  Paul 
tient  de  la  main  droite  un  bâton  crucifère.  Légende 
enJre  deux  grènetis  concentriques  :  *  SHNCTVS  ; 
P6TRVS  :  SHHCTVS  PHVLVS.  — Revers  :  type 
équestre  à  gauche.  Légende  entre  deux  grè- 
netis concentriques  :  «  BORœviy  :  PRICePS  : 
StIOCÇ*  y  COMES  tPE. 

1.  On  trouve  dès  1198  des  actes  au  nom  deBohémond  IV, 
prince  d'Antioche;  Bohémond  lU,  cependant,  ne  mourut 
(jue  vers  1201. 


Cette  bulle  scelle  un  aote  du  27  octobre  1231 , 
ptr  lequel  Bohémond  d'Autiocbe  assigne  asx  Hos- 
pitaliers une  rente  annuelle  de  316  besants  de 
Tripoli  sur  ta  ville  et  seigneurie  de  Tripoli  (Ateh. 
de  MaUe,  div.  I,  toK  y,  pièce  3.  Ed«  Pauli,  Coà. 
dipl.,  l,  n*  114,  p.  122).  Le  sceau  de  Bohé- 
mond IV  est  inédit^  mais  nous  connaissoos  les  tjrpes 
analogues  de  Bohémond  111  (Pauli,  Cod.  dipL^  1, 
pL  1  »  n""  1 0  ;  de  Vogiié,  Mélanges  de  numismatique^ 
1877,  p.  180  (p.  15  du  tirage  à  part)  et  pL  8, 
nMO),  de  Rayitiond  Rupin  (Pauli,  Cod.  dipl.,  I, 
ph  k,  nf"  46),  etc. 

III.  —  Raymond  III,  comte  de  Tripou 
(1163-1187). 

Sceau  de  plomb,  de  0",04  de  diamètre.  Type 
équestre.  Au  centre^  un  cheYalier^  cas<}ué^  tenant 
au  bras  gauche  un  bouclier  triangulaire;  le  bras 
droit  porte  Une  lance  à  gonftinon  tenue  horiionta- 


DE  &A»T-JKiJf   DE  JBIUSiUUl  à  MilTB. 


Ml 


lement;  le  cheval  est  tourné  à  gauçbe.  Légende 
entre  deux  cercle»  eoucentriques  :  «  RAOIVHDVS 
COMes  [TRlPO]LITAHI7S.  —  Revers  :  une  porte 
de  ville  onénelée,  surmoiitée  de  .trois  tours  créne- 
lées, celle  du  milieu  plus  haute  que  les  deu^ 
autres.  Légende  entre  deux  cercles  concentriques  : 
t  6T  H€E  SVR  QVITHS  TRIPOLIS. 


Âppendu  à  un  acte*du  19  janvier  1163,|par 
lequel  Raymond,  comte  de  Tripoli,  confirme  une 
vente  faite  aux  Hospitaliers  par  Guillaume  de 
Mareclée  (Arch.  de  Malte^  div.  I,  vol.  n,  pièce  25. 
Ed.  Pauli,  Cod.  dipL,  I,  n^  38,  p.  39).  Ce  sceau 
a  été  dessiné  par  Pauli  (Cod.  dtp/.,  I,  pi.  2,  n**  23) 
et  omis  dans  Mas  Latrie  {Notice j  p.  7). 

lY.  —  Gauthier  Granier  I,  seigneur  de  Gésarée 
(1131,  f  avant  1160). 
Sceau  de  plomb,  de  0"',03  de  diamètre.  Type 


282 


8GB1UX  VBS  AECHIVIS  DB  L^OEOIE 


équestre.  Au  centre,  un  chevalier,  r^ardant  de 
face.  Il  tient  horizontalement  de  la  main  droite 
une  lance.  Légende  assez  fruste  entre  deux  cercles 
concentriques  :  M  SI6*ILLVH  6*ALT6Rn  6*RA- 
HeRlI. 


Revers  :  l'enceinte  d'un  château  ayant  la  forme 
d'un  quadrilatère.  Un  des  angles  saillants  fait 


face  au  spectateur;  au  milieu  s'élève  une  tour; 


OB  SAnrrWEÂN  DB  IBftVSALBlI  A  H1I.TB.  288 

les  deux  angles  rentrants  de  gauche  et  de  droite 
sont  flanqués  diacun  d'une  tour  pkis  petite  que  la 
tour  centrale^.  Légende  entre  deux  cercles  om- 
œntriques  :  a»  EeSARGA  dVITAS. 

Il  est  scellé  sur  double  queue,  avec  lacs  de  soie 
rouge,  à  un  document  du  jeudi  19  décembre  4 1 35, 
par  lequel  Hysembard  vend  à  THôpital  le  casai 
Arthabec,  sis  au  territoire  de  Gésarée,  moyennant 
dOObesants  (Arch.  de MaUe^  div.  I,  vol.  i,  pièce  30. 
Ed.  Delaville  Le  Roulx,  Les  Archives^...  p.  7S).  11 
a  été  dessiné  assez  inexactement  par  Pauli  {Cod. 
(iip/.,  I,  pL  \,  nM2). 


SCEAUX  ECCLÉSIASTIQUES. 

V.  —  GuUiLAUME  1,   PATRIARCHE   DE   JÉRUSALEM 
(1130-45). 

Sceau  de  plomb,  de  O'^jOSS  de  diamètre.  Au 
droit,  le  patriarche,  de  face,  assis,  mitre,  bénis- 
sant de  la  main  droite,  et  tenant  de  la  main  gauche 

i.  Il  est  à  remarquer  que  nous  devons  avoir  ici  la  repré- 
sentation du  château  de  Gésarée;  nous  ne  connaissons 
aujourd'hui  que  les  ruines  des  murailles  élevées  en  1251 
par  saint  Louis.  L'ancien  château  devait  occuper  la  pres- 
qu'île avançant  dans  la  mer,  au  S.-O.  de  la  ville,  et  dont  la 
forme  générale  correspond  assez  hien  à  la  disposition  donnée 
sur  le  sceau.  La  tour  centrale  représenterait  le  donjon  dont 
M.  Rey  signale  les  traces  au  centre  de  cette  presqu'île  (Ë.  G. 
Rey,  Ètuâe  sur  les  monuments  de  Varchiteeture  militaire  des 
croUés  en  Syrie,  Paris,  1871,  p.  221-7,  et  pi.  22). 


294  8GIAUX  MS  ABGHITB8  DE  l'oIMB 

un  tau.  Dans  le  champ,  à  droite  et  à  gaudie»  deux 
roses  ;  au-dessous  de  celle  de  drmte  est  un  petit 
cercle.  Légende  entre  deux  grèâMtisconœntrkpies: 
«  SI&ILLVH  *  ^^ITlLeLMI  PATRIAROie. 

Revers  :  un  ange>  vêtu  et  nimbé,  montre  aux- 
trois  saintes  femmes,  qui  pcnrtent  des  parfums,  le 
sépulcre  vide*  Légende  entre  deux  grènetis  : 
«I  o  SePVLGRVH  OOHIHI  NOSTRI  IHY  XPI  o 

Ce  sceau,  sur  double  queue  et  lacs  de  soie, 
scelle  un  acte  du  1  S!  juillet  1 1 37,  par  lequel  Guil- 
laume, patriarche  de  Jérusalem,  autorise  la  vente 
par  Gautier  c  de  Lucia  >  à  Robert  le  Mire  d'uœ 
maison  sise  près  du  lac  des  Rains  (Arch.  de  Malte, 
div.  I,  vol.  I,  n""  34  b.  Ed.  Delaville  Le  Roulx,  Les 
Archives. . . ,  p .  73) .  Il  a  été  décrit  par  Douët  d'Ârcq 
(Collection  des  sceaux  des  archives  de  FEmpire, 
II,  n*  6281),  et  reproduit  par  Pauli  (Cod.  dipL, 
I,  pi.  2,  n""  1 3)  et  par  le  comte  de  Marsy  (Bulletin 
de  la  Société  des  antiquaires  de  France^  1878, 
p.  196-7). 

Le  même  prélat  avait  un  second  sceau,  plus  petit, 
aujourd'hui  perdu,  dont  Pauli  nous  a  conservé  le 
dessin  (Cod.  dipL,  I,  pi.  2,  n""  1i)  et  qui  figure 
dans  une  charte  de  1 1 43  ^  Au  droit,  le  patriarche 
est  vu,  de  face,  à  mi-corps,  mitre,  bénissant  et 
tenant  le  tau  de  la  main  gauche,  avec  la  légende  : 

i.  1143.  Ûon  par  Guillaume  I,  patriarche  de  Jérusalem,  à 
rH6pital  d'une  église  et  de  ses  dépendances  à  Acheldema^ 
{Aroh.  éU  MalU,  div.  I,  yoI.  i,  pièce  42.  Ed.  PauU,  Cad.  dipl., 
I,  n«  22,  p.  23). 


DB  SiUVT-iBi?!  DB  IBftlTSlLEH  1  HILTB. 


285 


•  ynuJBiMVB  PATMARClft  ;  au  revers,  la  cou- 
pole oeotrale  de  Fégliae  du  Saint-Sépulcre  avec 
la  légende  :  m  SePVLOlVH  DIM  IHV«XFI- 

VI.  ^  GUILLAIJIIE  n,  PATIUAKGHE  DE  JÉHUSALEII 

(1Î62.1267)^ 

Sceau  de  cire  rouge,  de  0*^,055  de  diamètre.  Au 
eeotre.,  le  patriarche  de  face,  mitre,  revêtu  du 
pallium^  bàliasant  de  la  main  droite  et  tenant  de 
la  gaudie  le  bâton  pastoral  à  double  croix.  Il  est 
assis  sur  un  trône  dont  les  pieds  et  les  bras  repré- 
sMoEit  des  pattes  et  des  tètes  de  chien.  Au^les^ 
sds  de  diaque  tète^  on  voit  une  fleur  de  lys^  acoos^ 


*.  II  mourut  en  1^70,  d*après  î)ucange,  Familles  d'outre- 


236     .  SCEAUX  DES  ABGHITE8  DB  L*QEOBE 

tée  de  deux  points.  Légende  entre  deux  oerdes 
concentriques  :  «(  :  S  G'UILLeRmi  DOI  6*RA  : 
PATRIARQI>e  II>eROSOLimiTARI. 

Revers  :  contre-sceau  de  0"",03  de  diamètre  ;  les 
saintes  femmes  au  sépulcre.  Le  Christ  est  étendu 
dans  un  tombeau  antique;  au  second  plan,  une 
des  femmes  tient  des  parfums  ;  elle  est  sous  un 
dais  d'architecture,  composé  de  deux  arcades 
surmontées  d'une  rose  ;  de  la  clef  de  voûte  des 
arcades  pendent  deux  lampes;  les  deux  autres 
personnages  sont  sur  la  même  ligne  que  celui  du 
milieu,  mais  en  dehors  du  dais.  Il  est  curieux  de 
comparer  ce  type  à  celui  des  sceaux  de  l'Hôpital  ; 
la  disposition  de  l'édifice,  du  personnage  couché 
au  premier  plan  est  identique  dans  les  deux  repré- 
sentations. Légende  entre  deux  cercles  concen- 
triques :  *  •  SGPVLCRVO)  [XPISTI  V]IVeHTIS. 


Ce  sceau,  appendu  à  un  acte  d'accord,  du 
1 4  mars  1 265,  entre  Pierre,  archevêque  d'Hébron, 


DE  8AiIfT-JBlN   DE  JElUSiliElI  1  lULTB. 


237 


et  Hugues  Revel,  grand  maitre  des  Hospitaliers, 
rebtiTement  au  casai  de  Naherie,  sis  au  territoire 
d'Antioche  (Areh.  de  Malte  y  div.  I,  vol.  xvm, 
n*^  5),  est  scellé  sur  le  repli  en  lacs  de  soie  rouge. 
Ud  meilleur  exemplaire,  décrit  par  Douét  d'Arcq 
(Colketian  des  sceaux  des  archives  de  Vempire^ 
n,  n"  638S),  a  servi  à  la  reproduction  ci-contre  ; 
0008  devons  à  l'exemplaire  de  Malte  la  restitution 
complète  des  légendes  de  Tavers  et  du  revers. 

VII.  —  Pierre,  archevêque  de  Césarée 
(1207-1235). 

Sceau  de  cire  brune,  ovale,  de  0'",04  sur  0"',03, 
saDs  contre-sceau.  L'évêque,  debout,  vu  de  face, 


286  MSÀVX  BIB  ilCIiyiB  DE  L^OBMIE 

revêtu  de  ses  oraements  saoerdoIjuiK,  béoit  de  la 
main  droite  et  tient  de  la  gauche  le  bâton  paato* 
rai.  Légende,  entre  deux  oerclea  :  [SqfflLLVœ 

[P]eTR{i  ces]ARieH  ARCHiep[i]: 

Il  est  scellé  sur  double  queue,  avec  lacs  de  soie 
blaoobe  et  rouge,  et  ooi^nitie  (entre  1 81 5  et  19S0) 
un  acte  du  4  5  juin  4  499  par  lequel  Bohémond  IV, 
oomte  de  Tripoli,  fait  uoe  concession  aux  Hospî* 
taliers  (Arûh.  de  Malte,  div.  I,  vol.  i,  pièoe  90. 
Ed.  Delaville  Le  Roulx,  Les  Archives,...  p.  166). 
Pauli  Ta  reproduit  {Cod.  dipl.,  I,  pi.  1,  n"^  6), 
d'après  un  exemplaire,  aujourd'hui  perdu,  des 
archives  de  Malte. 

VIII.  —  Pierre,  arcptevêque  d'Apaméb  (1254). 

Sceau  de  cire  brune,  de  0'",04  de  diamètre,  sans 
contre-sceau.  Le  prélat,  mitre,  revêtu  du  pallium, 
est  vu  de  face,  à  mi-corps;  il  béoit  de  la  main 
droite  et  tient,  de  la  gaudie,  la  crosse;  il  est 
accosté  à  droite  d'une  étoile. 

Légende,  très  fruste  :  m  S'PeTRI  :  ARCl^IâPI  : 
APAHieHSIS* 

Ce  sceau,  scellé  sur  lacs  de  soie  rouge  et 
blanche,  est  appeodu  à  un  acte  du  1 1  décembre 
1244  {Areh.  de  Malte,  div.  I,  vol.  iv,  pièce  31), 
vidimant  la  donation  de  Valftoie  et  de  Margat 
faite  à  l'Hôpital  par  Benaud  Mausuer  et  confirmée 
par  Bohémond  Ul  d'Aiitioebe  le  i  février  1 1 86 


DE  Uan^ElU  BB  JBWORAUm  A  MUTE.  2S0 

(Ed.  PauM.  Cad.  dipL,  I,  n^  77,  p.  77).  Il  a  été 
deMÎDé  PAT  Pauli  {Cod.  dipL,  l,  pi.  4,  n'  42)  ^ 

Le  prélat  auquel  il  appartiait  était  jusqu'à  pré- 
sent îoeoimu. 

IX.  ~  Pierre  ^  évéque  d'IIébron  (1865). 

Sceau  de  plomb,  de  0"",04de  diamètre.  L'évêque, 
mitré,  revêtu  de  aea  ornemeots  sacerdotaux, 
bénissant,  la  crosse  dans  la  main  gauche,  est  vu 
de  face  et  debout  ;  les  pieds  et  le  bas  de  la  sou- 


^^^^ 

''-'  ^5^'           ^9^ 

i.  Nous  avions  nous-même  (Les  Archives,,,,  p.  51)  attribué 
à  tort  ce  sceau  à  un  patriarche  d'Ântioche. 

ï.  Ge  prélat  semble  incouiiu.  M.  Ë.  G.  Rey  {SomnuUre  du 
sttfflémmt  wx  familles  d'outre  mer.  Chartrûs,  1881,  in-S», 
p.  22)  s'est  borné  à  l'indiquer  d'après  le  présent  document 
cité  dans  Pauli.  Il  n'était  plus  évêque  d'Hébron  en  1268 
(G.  Schlumberger,  Sceaux  et  bulles  de  l'Orient  latin  au  moyen 
âge.  Paris,  1879,  p.  20). 


240  SCBAUX  DES  ARCHIVES  DB  l'oRDEB 

tane  empiètent  sur  la  place  réservée  à  la  légende. 
Légende,  entre  deux  grènetis  concentriques  : 
«t  :  S  :  PGTRI  :  GPISCOPI  :  enRORORSIS. 

Revers  :  Abraham,  Isaac  et  Jacob,  nimbés, 
barbus,  assis,  de  face.  On  sait  que  la  sépulture 
de  ces  trois  patriardies  se  trouvait  à  Hébron  et  y 
était  l'objet  d'une  pieuse  vénération.  Légende, 
entre  deux  grènetis  concentriques  :  f»  :  ABRA- 
I^AO!  :  ISAAC  :  GT  :  IACOB-: 


Cette  bulle  appendue,  comme  le  sceau  de  Guil- 
laume II,  patriarche  de  Jérusalem  (v.  plus  haut. 
Sceaux  ecclésiastiques^  n**  VI) ,  à  un  acte  du  1 4  mars 
1265  (Delaville  LeRoulx,  Les  Archives^...  p.  229), 
est  scellée  sur  le  repli  en  lacs  de  soie  verte.  Elle 
a  été  dessinée  par  Pauli  {Cod,  dipL,  I,  pi.  7, 
n*^  71). 


DE  SlIIfT-JEAN  Dl  JBftIJSALBM   A   MUTE. 


244 


x.  —  eustokge  de  montaigu,  archevêque  de 
Nicosie  (1217-1250). 

Sceau  de  cire  rouge,  de  O'^^Oi  de  diamètre, 
sans  contre-sceau.  Au  centre,  Févèque,  mitre, 
assis,  de  face,  bénissant,  et  tenant  la  crosse  de  la 
main  gauche.  Légende,  entre  deux  grènetis  con- 
centriques :  lii  S  :  eVST0R61I  RIC0SI6R  : 
ARCI>ie[PI] 


Ce  sceau  est  appendu  à  un  vidimus  par  Eus- 
torçe,  archevêque  de  Nicosie,  et  P.,  archevêque 
de  Césarée  (vers  1220),  d'une  donation  faite  aux 
Hospitaliers  par  Bohémond  III,  d'Antioche,  le 
6  septembre  1199  {Arch.  de  Malte,  div.  I,  vol.  i, 
pièce  21.  Ed.  Pauli,  Cod.  dipl.,  I,  n^  82,  p.  88). 
Il  est  scellé  sur  lacs  de  soie  et  a  été  reproduit 
par  Pauli  {Cod.  dipL,  I,  pi.  1,  n"  7). 

XLVii  46 


2i2 


SCEAUX  1>£S  ARGUIVKS   DE  L  OftBRB 


XL  —  Cardinal  Elbe  de  Nabinaux,  arche- 
vêque DE  Nicosie  (1332-44). 

Grand  sceau  ovale  en  cire  rouge,  sans  contre- 
sceau,  de  0",08  sur  0'",05. 

Le  motif  central  représente  la  transfiguration. 
Le  Christ,  nimbé,  vêtu,  debout,  les  bras  levés 


pour  bénir,  entouré  de  rayons,  est  environné  d'un 
cercle  ovale.  Il  est  accosté  des  prophètes  Moïse  et 


DE  SAIinr-JBAlf  DE  iEUDSALKM  A  MAINTE.  MB 

Élîe»  agenouillés  sur  des  nuages  et  tournés  vers 
le  Christ.  Au-dessous,  les  trois  disciples  Pierre, 
Jacques  et  Jean,  celui  du  miUeu  prosterné,  les 
deux  autres  agenouillés  et  tendant  les  bras  vers 
ie  Christ.  Enfin,  dans  la  partie  inférieure,  le 
patriarche,  mitre,  tenant  un  bâton  crucifère, 
tourné  à  gauche,  est  à  genoux.  Deux  écus  Tac- 
costent  ;  Tun,  celui  de  gauche,  qui  porte  comme 
seule  pièce  une  croix,  semble  être  un  blason  ecclé- 
siastique ;  l'autre,  sur  lequel  on  croit  distinguer 
trois  têtes  de  chien  ou  farois  hures  de  sanglier, 
posées  S  et  1  et  accompagnées  de  trois  roses, 
devait  appartenir  à  la  famille  du  cardinal.  Le  haut 
du  sceau  est  formé  par  un  dais  d'architecture. 
La  légende,  entre  deux  grènetis,  est  :  S  ;  P* 

i)eLie«De-n A alis* AROi>iepi«niQi>o 

Ce  sceau  est  scellé  sur  deux  cordelettes  de  soie 
rouge,  et  appendu  à  un  document  du  22  janvier 
1337,  par  lequel  Tévêque  de  Nicosie  accuse  récep- 
tion d'une  protestation,  en  date  du  31  décembre 
1336,  émanée  du  grand  mattre  des  Hospitaliers, 
Roger  des  Pins,  au  nom  de  Fr,  Gérard  des  Bois, 
précepteur  de  Chypre,  à  l'occasion  d'usurpations 
commises  au  royaume  de  Chypre  contre  les  droits 
de  l'ordre  (Arch.  deMalte^  div.  I,  vol.  xxi,  n*'2). 

XII.  —  Abbaye  de  Sainte-Marie  latine 

(1267). 

Sceau  de  plomb,  de  0" ,  04  de  diamètre .  Au  centre , 
la  Vierge,  de  face,  tenant  dans  ses  bras  l'enfant 


244 


SCEAUX  DBS  ARCHIVES  DB  L  ORDRE 


Jésus  ;  à  droite,  dans  le  champ  :  HA  ;  à  gaudie, 
XC.  Légende,  entre  deux  cercles  concentriques  : 
«t  [S]  SilNCTe  HARI€  LflTIHe. 


Revers  :  l'abbé,  en  costume  bénédictin,  assis, 
reçoit  la  crosse  des  mains  de  saint  Etienne,  debout 
et  nimbé.  Dans  le  champ  se  lit  le  mot  ABAS. 
Légende  :  m  S*  [S]CI  5T€PHANI  P^T^HRIS. 


DB  SAIHT-JEAN  DE  JUITSAUM  A  MiLTE.  S45 

Ce  sœaa  est  scellé  avec  Jacs  de  soie  rouge  sur 
le  repli  d'uo  acte  d*aooord  du  29  octobre  1S67 
entre  le  grand  maître  des  Hospitaliers,  Hugues 
Revel,  et  Henri,  abbé  de  la  Latine  ^  au  sujet  des 
casaux  de  Mondisd^,  de  la  Tour-Rouge  et  de 
Caco  {Arch.  de  Malte ^  div.  I,  vol.  xvui»  n""  6. 
Ed.  Delaville  Le  Rouk,  Les  Archives,...  p.  330). 
11  a  été  reproduit  dans  Pauli  (Cad.  dipl.,  I, 
pi.  7,  n""  78),  qui  n'a  pu  déchiffi^r  la  légeiide  du 
revers. 

Quelque  réduite  que  soit  aujourd'hui  la  col- 
lection sigillographique  de  Malte,  elle  est  loin 
d'être  dépourvue  d'intérêt.  Si  les  sceaux  de 
Baudoin  lY  et  de  Bohémond  lY  ne  sont  pas  iné- 
dits, s'ils  se  rapprochent  des  exemplaires  déjà 
ooûDUS  des  prédécesseurs  ou  des  successeurs  de 
ces  personnages,  ils  n'en  sont  pas  moins  pré- 
cieux à  un  double  point  de  vue  :  ils  complè- 
tent heureusement  la  série  sigillographique  des 
rois  de  Jérusalem  et  des  princes  d'Antioche, 
et  un  observateur  attentif  ne  manquera  pas  de 
discerner  quelques  différences  avec  les  bulles  des 
mêmes  types.  Les  sceaux  de  Raymond  de  Tripoli 
et  de  Gauthier  Granier  de  Gésarée  se  distinguent, 
non  seulement  par  leur  exécution  artistique,  mais 

1.  Cet  abbé  n'est,  jusqu'à  présent,  connu  que  par  quelques 
lignes  que  lui  a  consacrées  Roccho  Pirri  {Sicilia  sacra,  éd. 
de  Païenne,  1739,  in-fol.,  II,  il 32).  Il  résidait  à  Messine, 
d'après  cet  auteur,  et  gouverna  Tabbaye  da  1260  à  1269. 


246  SGEiox  DES  mcaiTfis  de  l^oedbe 

Mssi  pëf  les  repréaeotatioos  topographtqaes,  tou- 
jours si  curieuses,  de  leurs  revers.  On  comparera 
avec  fruit  Tinterprétation  diverse  domée  à  une 
même  scène,  la  mise  au  tombeau,  à  plus  d'un 
siècle  de  distance,  dans  les  bulles  des  patriarches 
de  Jérusalem,  et,  dans  la  dernière  de  celles-ci,  la 
préoccupation  de  Tartiste  qui  a  cherché  à  rester 
Adèle  au  type  traditionnel  des  sceaux  des  Hospi* 
taliers. 

Si  Tarchevèque  Pierre  de  Gésarée,  dont  nous 
avons  étudié  le  sceau,  est  peu  connu,  la  bulle  de 
Vévèque  dHébron,  Pierre,  et  celle  de  Tarchevéque 
d'Âpamée  nous  révèlent  Texistence  de  deux  pré- 
lats jusqu'à  présent  ignorés.  Le  sceau  de  Fabbaye 
de  Sainte-Marie  nous  a  réservé  une  surprise  ana- 
logue ;  nous  ne  connaissions  que  par  un  dessin  de 
PauH,  dont  les  légendes  étaient  mal  lues,  la  bulle 
de  cet  établissement,  le  premier  que  les  Latins 
aient  possédé  en  terre  sainte  et  dont  rorigine 
remonte  à  Gharlemagne  ;  en  même  temps,  le  docu- 
ment auquel  appartenait  ce  sceau  nous  donnait  le 
nom  d*un  abbé  de  ce  monastère,  Henri,  que  per- 
sonne, si  ce  n*est  Pirri,  n'avait  encore  mentionné. 
Enfin,  si  les  récents  travaux  de  M.  de  Mas  Latrie 
ont  éclairct  d'une  manière  définitive  l'histoire  des 
archevêques  de  Nicosie,  les  sceaux  d'Eustorge  de 
Montaigu  et  d'Élie  de  Nabinaux,  —  ce  dernier 
surtout,  —  nous  ont  ofifert  des  spécimens  très 
remarquables  et  très  artistiques  de  la  »gillogra- 
phie  chypriote. 


B8  SlIIfT-IElN  Dl  mUSALni  A  HALTE.  247 

L'intérêt  qu'offrent  les  sceaux  des  ardiives  de 
Malte  est,  on  le  voit,  de  plus  d'une  sorte,  et 
justifie,   nous  fespérons  du  moins,  là  présente 

publication. 


LART    D'ENLUMINER 

TRAITÉ  ITALIEN  DU  XIV  SIÈCLE. 

Par  M.  Lbcot  de  la  Maaghe,  membre  résidanl. 
Lu  dans  les  séances  des  15  et  22  juillet  1886. 

Le  curieux  traité  dont  je  vais  donner  le  texte 
intégral,  après  en  avoir  communiqué  l'analyse  à 
la  Société,  existe  en  manuscrit  à  la  Bibliothèque 
nationale  de  NaplesS  où  j'ai  eu  l'occasion  de  le 
transcrire  en  1873.  Il  a  été  imprimé  en  1877  par 
M.  Salazaro,  inspecteur  du  Musée  de  cette  ville ^. 
L'édition  qu'il  en  a  donnée  est  surtout  intéres- 
sante par  les  rapprochements  établis  entre  cer^ 
tains  passages  du  traité  et  ceux  du  livre  de  Gen- 
nino  Gennini  portant  sur  les  mêmes  points.  Mais 
elle  est  fort  peu  connue  en  France,  et,  de  plus, 
elle  laisse  beaucoup  à  désirer  au  point  de  vue  de 
l'exactitude,  comme  l'indiquent  les  mauvaises 
leçons,  en  trop  grand  nombre,  que  j'aurai  à  rele- 
ver plus  loin,  et  dont  plusieurs  altèrent  grave- 
ment le  sens.  Il  y  avait  donc  une  double  raison 
pour  publier  ici  ce  manuel  technique  de  l'enlumi- 

1.  Ms.  Xn,  E,  27. 

2.  L'Arte  délia  miniatura  nel  secolo  XIV,  codice  delta  bihlio- 
teca  nazionale  di  Napoli,  messo  à  stampa  per  cura  di  DemetHo 
Salaxaro,  Napoli,  1877,  in-l». 


l'ibt  d'eulumuike.  249 

neiir,  doot  j'ai  signalé  ailleurs  l'importance  excep- 
tioanelle^. 

Quelques  mots  sur  le  manuscrit  et  sur  l'oeuvre 
en  elle-même  suffiront  comme  préambule.  liC 
pranier  est  vraisemblablement  un  original,  ou 
toot  au  moins  une  copie  contemporaine.  L'écri- 
lare  est  celle  dont  les  scribes  italiens  se  servaient 
daos  la  seconde  moitié  du  xiv^  siècle.  Le  traité 
est  complet,  quoi  qu'en  ait  pensé  M.  Salazaro  ;  il 
contient  même  trois  additions  successives,  fadles 
à  constater  au  moyen  des  formules  finales  par 
lesquelles  l'auteur  a  terminé  certains  chapitres, 
dans  la  pensée  qu'il  n'aurait  plus  rien  à  ajoutar 
{Deo  grattas;  Amen).  Le  titre  général  du  livre 
nous  mamque  seul;  toutefoîs  il  n'y  a  aucune  raison 
pour  ne  pas  adopter  celui  que  restitue  le  catalogue 
delaBiUiothèque  de  Naples  :  De  arte  illuminandi. 

L'auteur  ne  nous  a  point  fait  connaître  sa  per- 
aoime;  mais  il  a  suffisamment  trahi  sa  nationalité 
par  la  tournure  de  certaines  phrases,  par  son 
orthographe  et  par  des  idiotismes  significatifs. 
C'était  certainement  un  Italien,  et  sans  doute  un 
Napolitain,  ou  peut-être  un  Romain  :  les  rensei- 
gQements  particuli^^  qu'il  nous  donne  sur  quel- 
ques produits  du  pays,  sur  le  giallolinOj  sur  les 
prugnemerole^  confirment  absolument  les  indices 
fournis  par  sa  manière  d'écrire.  C'était,  de  plus, 
on  artiste  et  un  homme  du  métier  :  les  détails 

1.  V.  là  Gazette  des  Beaux-Arts,  n»»  des  l*'  novembre  1885, 
i«  janvier  et  i*  lévrier  4886. 


250  L'itT  D'EffLUMUflt. 

minutieux  dans  lesquels  il  entre  à  chaque  iostent, 
les  expériences  qu'il  déclare  avoir  faites  lui^mèiiie, 
la  haute  estime  qu'il  professe  pour  Tart  de  Teolu- 
minure  en  sont  la  preuve  irrécusable. 

Son  ouvrage  a  pour  but  de  présenter,  sous  une 
forme  claire  et  concise,  les  règles  à  suivre  pour 
illustrer  les  livres  au  moyen  du  pinceau  et  de  la 
plume.  Hais  c'est  plus  qu'un  simple  recueil  de 
recettes  comme  ceux  de  Tbéophilei  de  Pierre  de 
Saint-Omer  ou  d'Héradius.  C'est  une  explicatk» 
méthodique  (au  moins  dans  l'intention  de  l'auteur) 
de  la  composition  et  du  broiement  des  couleors, 
de  la  manière  de  s'en  servir,  de  la  façon  d'appli- 
quer l'or  sur  le  parchemin,  etc.  C'est,  en  un  mot, 
un  manuel  spécial  de  l'enluminure,  taudis  que  les 
auteurs  que  je  viens  de  nonuner  et  la  phipart  de 
leurs  congénères  s'occupent  de  tous  les  arts  à  la 
fois  et  ne  parlent  de  celui-là  qu'à  titre  accessoire. 
Ajoutons  que  certains  passages  de  son  livre  con- 
cernent également  la  grande  peinture  et  peuvent 
contribuer  à  éclairer  l'histoire  des  procédés  enn 
ployés  par  elle. 

Quant  à  la  forme  extérieure,  le  traité  de  l'en- 
luminure ne  tient  pas  toujours  tes  promesses  de 
l'écrivain  :  il  est  quelquefois  obscur;  il  est  un 
peu  décousu,  comme  le  veulent  les  additions  qu'il 
a  subies  ;  néanmoins  il  est  divisé  en  chapitres 
distincts,  portant  des  titres  clairs,  et  auxquels  je 
me  suis  contenté  d'assigner,  pour  plus  de  clarté, 
des  numéros  d'ordre.  Il  n'a,  bien  entendu,  aucune 


l'iBT  D'tlILVlItlIEft.  254 

prétention  littéraire,  puisque  c'est  un  guide  pra- 
tique. Mais,  tel  qu'il  est,  il  a  dû  rendre  de  grands 
services  aux  hommes  de  l'art,  aux  élèves  des 
maîtres  renommés  qui  tenaient  école  dans  l'Italie 
ee&tfale  et  mérîdîoQale,  et  dont  l'auteur  faisait 
peut-être  partie  luî«mème.  Il  peut  en  rendre  encore 
aôjoiird'hui ,  non  seulement  aux  archéologues, 
mais  à  ces  patients  artistes  qui,  séduits  par  l'édat 
et  la  finesse  des  miniatures  du  moyen  âge,  cher- 
cheot,  peur  les  imiter,  à  percer  les  mystères  de  nos 
ancieDS  ateliers.  Et,  de  fait,  il  en  a  déjà  rendu  à 
qadques-UDS  d'entre  eux;  c»r,  depuis  que  j'ai 
signalé  son  intérêt  technique,  d'habiles  praticiens, 
comme  MM.  Van  Driesten,  de  Lille,  et  Beaufils,  de 
Bar-]e4>uc,  ont  rois  à  profit  les  recettes  qu'il  ren- 
fenne  pour  l'application  de  l'or  en  feuilles,  et 
BoiA  arrivés,  soit  sous  le  rapport  de  l'éclat  métal- 
lique, soit  sous  celui  de  la  solidité  et  de  l'adhé- 
rence parfaite,  qualités  dont  le  secret  avait  été 
longtemps  cherché  en  vain,  à  des  résultats  véri- 
tablement surprenants.  Des  spécimens  de  leurs 
heureuses  imitations  ont  passé  sous  les  yeux  de 
la  Société,  qui  a  émis  le  regret  de  ne  pouvoir  les 
reproduire  ici  à  Taîde  de  la  chromolithographie. 
Il  faut  espérer  que  la  publication  de  ce  traité  sera 
encore  utile  de  plusieurs  autres  façons  aux  artistes- 
français,  et  qu'ils  prendront  peu  à  peu  la  bonne 
habitude  de  recourir  aux  sources  originales,  aux 
manuels . techniques  du  temps,  pour  retrouver 
les  admirables  procédés  des  maitres  anciens. 


252  Ii'aIT  d'jINI.I7]I1]IIE. 


[DE   ARTE  ILLUMINANDL] 


4.  [I]n  nomîne  sancte  et  individue  TrinîtaUs.  Amen. 
Inprimis  quidem  simpitcîter  et  sine  aliqua  atteslatione, 
caritaUve  tamen,  quedam  ad  artem  îlluminature  litNrorum 
tam  cum  penna  quam  cum  pineello  pertinentia  describere 
intendo,  et,  quanquam  per  multos  retroactis  temporibus 
sit  notiflcatum  per  eorum  scripta\  nichilominus  tamen, 
ad  lucidandum  magis  veras  et  breviores  vias  ',  ut  docU 
cônflrmeutur  in  suis  forte  melioribus  opinionibus,  et 
indocli  banc  artem  acquirere  volentes  plane  et  liquide 
intelligere  yaleant  ac  etîam  operari,  de  coioribus  et  tem- 
peramentis  eorum  bine'  sUccinte  describendo»  manlfes- 
tabo  res  exportas  et  probatas. 

[G]um,  inquio^,  secundum  physlcam'  1res  sint  colores 
principales,  videlicet  niger,  albus  et  rubeus,  omnes  ergo 
alii  colores  sunt  medii  istorum,  sicut  diffinitum  est  in 
libris  omnium  physicorum  ^,  etc.  Naturales  tamen^  colores 
ac  necessarii  ad  illuminandum  sunt  ?iii,  videlicet  niger, 
albus,  rubeus,  glaucus^,  azurinus,  violàceus,  rosaceus, 
viridis.  Et  ex  istis  quidam  sunt  naturales,  et  quidam  arti- 
ficiales.  Naturales  vero  sunt  azurium  ultramarinum  et 


i.  Seripturis,  dans  Tédition  Salazaro. 

2.  Magis  viam  et  breviorem  fnam,  Sal. 

3.  Hic,  Sal. 

4.  Pour  inqîMm.  fnquid,  ms. 

5.  Secundum  Plinium,  Sal.  Pline  ne  dit  cependant  rien  de 
semblable. 

6.  Philùsophorum,  Sal. 

7.  Tantum,  Sal. 

8.  La  suite  dn  texte  prouve  que  l'auteur  entend  par  oe 
mot  la  couleur  jaxme. 


l'ait  D*«n.inniia;  253 

azarium  de  Alamania  * .  Et  niger  color  '  est  quedam  terra 
nigra  sive  lapis  naturalis.  Rubeus  color  similiter  est  que- 
dam  terra  nibea,  alias  vulgariter  dicla  maera^.  Et  vtridis, 
terra  sîve  TÎride  azurium  *.  Et  giaueus  ^  est  terra  glauca, 
me  auripigmeotum  *,  yel  aunun  finum,  sive  crocum  ^. 
Artifleiato  Tero  sunt  omnes  alii  colores,  videlicet  niger 
qui  fli  ex  carbonibus  Tttum  aeu  aliorum  Ugnorum  yei  ex 
Ibmo  candetamm,  eere  vel  oM,  aut  9tfpi  *  in  baccino  aut 
sealeHa  Titreata  nooUeeto  ;  rubeas  oolor,  ut  est  cino- 
brium*,  quod  fit  ex  sniphure  et  argento  viro,  siTe  minium^  ^, 

i.  L'azur  d'Allemagne,  si  répandu  au  moyen  Age,  se  tirait 
d'une  pierre  particulière.  V.  plus  loin,  n«  10. 

2.  Après  le  mot  color,  il  faudrait  sons-entendre  9111,  d'après 
M.  âalazaroy  qui  place  une  virgule  après  le  mot  Alamania, 
On  ne  Toit  pas  la  néoeasité  de  cette  correction. 

3.  Les  Napolitains  appelaient  màcra  une  terre  maigre  et 
saUooiieuae,  analogue  à  notre  ocre  rouge,  et  qui  servait  en 
Italie  à  marquer  la  porte  des  gens  qu'on  voulait  outrager. 
Charles-Quint  dut  même  sévir,  en  1549,  contre  ce  genre 
d'insulte,  et  Philippe  II  alla  jusqu'à  prononcer  la  peine  de 
mort  contre  les  abus  de  la  macriata, 

4.  La  terre  verte  de  Vérone  était  employée  par  les  Grecs 
et  les  Romains  et  Test  encore  de  nos  jours,  ainsi  que  l'azur 
OQ  l'outremer  vert.  Ci  ci-apiès  le  n<»  il. 

5.  Bt  fflatteui  id  ssi,  Sal.  Addition  inutile. 

6.  Orpiment  ou  orpin,  minéral  jaune  composé  de  trisuU 
iure  d'arsenic. 

7.  Safran. 

8.  Ï4g9  sM  vel  iem,  dit  M.  Salazaro.  La  leçon  originale  est 
c^>endant  meilleare.  Ge  mot  désigne  ici  le  noir  extrait  de  la 
sècbe  («cfria  ou  $0ps), 

9.  Oinabriutn,  Sal.  Le  cinabre  est  le  vermillon. 

10.  Le  minium,  qui  a  donné  son  nom  à  la  miniature,  parce 
qu'il  formait  primitivement  l'élément  unique  de  Tornemen- 
tation  des  manuscrits,  est  un  rouge  tirant  davantage  sur 
l'orangé.  Sa  composition,  comme  celle  du  cinabre,  est  restée 
la  même  depuis  Tépoque  où  ce  traité  a  été  rédigé. 


254  hÀKt  0  BlfLUMimi. 

aut  alias  stoppiumS  quod  fit  ex  plumbo  ;  albus  eolor  qui 
fit  ex  plumbo,  \idelicet  cerusa,  sive  ex  ossibus  animaliôin 
combustis;  glaueus  qui  fit  ex  radice  curcumi'  ?el  ex  berba 
foUonum^  cum  cerusa^  et  aliter  fit  per  suUimatiOBem  et 
dicitur  purpurina  eive  aunim  musicum^  et  aliter  fit  ex 
vitro  et  vocatur  giallulinum^.  Azurium  etiam  artiflciale  fit 
ex  herba  que  dicitur  toma-ad-solem  *,  et  ex  eadem  herba 
pro  tempore  fit  violaceus  color.  Viridis  color  artiftcialie  fit 
ex  bere  et  ex  prunis  que  vulgariter  mincupantur  prugoa^ 
meroli  ^  et  reperiuntur  tempore  vindemîarum  juxta  sepes 
vinearum  ;  et  aliter  etiam  fit  ex  fioribus  lilîorum  azurino- 


1.  Ce  mot,  écrit  plus  loin  stupium,  et  donné  comme  l'équi- 
valent de  minium,  est  cité  par  Dieffenbacb  comme  dési- 
gnant, dans  la  basse  latinité,  une  variété  de  ronge  {tiùpp$us]. 
Il  était  peu  usité. 

2.  Gurcuma,  safran  des  Indes  ou  soacbet,  plante  très  riche 
en  couleur,  produisant  une  teinture  orangée  et  servant 
encore  à  la  composition  des  jaunes. 

3.  Follonum,  Sal.  C'est  peut-être  l'herbe  à  foulon. 

4.  Pour  musivum.  Or  mussif  ou  bisulfure  d*étain. 

5.  Giallulino,  Sal.  Le  giallulino  (diminutif  de  giallo,  jaune) 
était  une  spécialité  napolitaine.  Il  équivalait  au  jaune  pâle 
qu'on  nomme  encore  aujourd'hui  jaune  de  Napict.  Les 
traités  spéciaux  varient  beaucoup  an  sujet  de  sa  composi- 
tion ;  notre  auteur  semble  le  donner  ici  comme  fiait  avec  la 
guède  {vitrum), 

6.  Tournesol  ou  héliotrope,  plante  toujours  en  usage  ches 
les  teinturiers  et  appelée  plaa  loin  pesola  ou  peexola  (n«*  Î4 ,  fil 

7.  Espèce  de  prunelle  fort  commune  aux  «iviions  de 
Rome,  comme  on  le  voit  par  le  n»  11.  C'est  probablement 
une  variété  du  nerprun. 

8.  Iris,  appelé  aussi  lis  bleu.  Les  violettes  et  les  pensées 
fournissaient  aussi  une  couleur  verte  d'infiision  de  violettes 
oifre,  comme  l'on  sait,  la  même  nuance).  Le  vert  d'iris,  très 
fréquemment  employé  autrefois  dans  la  miniature,  a  été 
abandonné  comme  trop  fugace. 


l'âës  d'enlukotci.  255 

2.  De  Mtuminibus  adpanendum  aurum, 

[B]ittuiniiia  ad  ponendum  aurum  snnt  bee,  videlicet 
ooUa  drbuna^  aut  cartarum  seu  pisdum,  et  hiis  similia. 

3.  De  aquis  eum  qnibus  temperaniur  eohres  ad  ponendum 

in  caria. 

[A]que  vero  cum  quibus  ponuntur  colores  sunt  bec, 
videlicet  ovorum  gaUinaruoi  clara  et  vitella  eorum, 
gumme  arabice  et  gamme  draganti'  cum  aqua  pura  fontis 
reaolute.  Et  aqua  mellis  sive  aqua  zucchari  aut  candi  ' 
sunt  ad  dulcificandum  interdum  necessaria,  prout  in  pre- 
parationibus  eanim  particulariter  declarabo,  Domino  con- 
eedenle. 

4.  De  eohribus  ariificialibus  comodo  fiunt  ^,  et  primo  de 

nigro. 

[N]5ger  color  multiplicîter  fit.  Primo  et  communiter  fit 
optime  et  bene  de  sarmentorum  vitum  carbonibus,  vide- 
licet comburendo  sarmenta  vitum  de  quibus  vinum  orîtur  ; 
et  antequam  incînerentur,  prohiciatur  aqua  paulative 
super  ea,  et  permîctantur  extingui,  et  carbones  mundi  ^  a 
cineribus  reponantur*.  Item  fit  alio  modo,  videlicet  babea< 
tar  hacchinnm  de  auricalco^  mundum  vel  terre  vitrea- 

1.  Ge  mot,  écrit  ailleurs  eerbuna  (n«  16),  désigne  sans 
doute  une  colle  ûdte  avec  les  cartilages  de  certains  animaux, 
notamment  du  cerf,  qui  paraît  lui  avoir  donné  son  nom. 

2.  Gomme  adragant,  tirée  de  la  plante  nommée  dragan- 
tum  ou  tragaeanthum. 

3.  Sucre  candi,  appelé  plus  loin  cannidum  (conditum).  Gf. 
les  n«»  19,  23  et  32. 

4.  Bt  eomodo  fiuntur,  Sal. 

5.  Mundos,  Sah 

6.  Seponantur,  Sal. 

7.  Laiton. 


256  l'art  D'EirLUMIIIER. 

tum  \  et  subtus  pone  candelam  oere  mande  aeoensam,  et 
quod  flamma  ejus  perculiat  prope  concavitatem  bacehini, 
et  iilud  nigrum  quod  ex  fumo  generatur  coUîge  caute  et 
pone,  et  fac  de  illo  quantum  vis. 

5.  De  (Mo. 

[A]]bum  colorem^  pro  arte  illuminandi  unum  tantum  pro- 
bavi  esse  bonum,  \idelicet  album  plumbi  sive  aliter  cerusa, 
quia  album  de  ossibus  combustis  non  valet,  eoquod  nimis 
sit  pastosum.  Et  modum  faciendi  cerusam  non  expedit 
ponere,  cum  salis  sit  communiter  quasi  omnibus  mani- 
festum  quod  ex  plumbo  fit  et  ubique  satis  reperitur. 

6.  De  ruheo  colore  artifieiali. 

[R]ubeus  color  artifîcialis  fit  ex  sulfure  [et]  argento 
vivo,  et  Yocatur  cinobrium^.  Et  alio  modo  fit,  videlicetex 
plumbo,  et  vocatur  minium  sive  stupium.  Et  quia  etiam 
de  istis  coloribus  satis  ubique  reperiuntur,  ideo  modum 
conficiendi  non  posui. 

7.  De  glauco, 

[GJlaucus  color  artifîcialis  fit  multipliciter  ;  primo,  vide- 
licet,  ut  superius  dictum  est,  fit  ex  radice  cureumi  sive  ex 
herba  rocchia^  aliter  dicta  berba  lintorum.  Fît  ergo  sic  : 
Recipe  radices  cureumi  bene  et  subtiliter  incisas  cum  cul- 
tello,  unciam  i,  et  pone  in  média  peticta  "  aque  communis, 

1.  D'après  l'emploi  que  notre  auteur  fait  de  ce  terme  eu 
plusieurs  passages,  il  semble  désigner,  non  des  vases  en 
verre,  mais  des  poteries  en  terre  cuite  vernissée  ou  émailiée. 

2.  Allms  color,  ms>. 

3.  Cinabrium,  Sal. 

4.  Rocchia,  Sal.  Cette  herbe  des  teinturiers  n'est  sans  doute 
pas  autre  chose  que  la  garance  {rubia  tinctorum), 

5.  Pencta,  Sal.  Cette  forme  du  mot  pitUa,  pinte,  est  bien 
invraisemblable.   Du   Cange  cite,  au   contraire,  la  pelita 


l'ait  P^ENLCMINBa.  257 

et  intus  miete  unam  dragmam  aluminis  roeche%  in  vase 
terreo  vilreato  sustinente  ignem,  et  permicte  nnolUflcari 
per  diem  et  noctem,  et,  cum  fuerit  bene  glaucum,  micte 
intus  unciam  unam  eenise  plumbi  bene  oontriti^,  et  misée 
cum  baculo,  et  permitte  stare  ad  ignem  aliquantulum, 
semper  duoendo  cum  baeulo  ne  per  spumam  exeat'. 
Deinde  cola  per  paonum  Uni  in  vase  terreo  cocto  et  non 
vitreato,  et  permicte  residere,  et  aquam  eîce^  caute,  et 
sicca,  et  repone  ad  opus  tuum.  Fit  etiam  simili  modo  ex 
dicta  berba  tinctonim.  Recîpe  ergo  dictam  herbam,  et 
îTidde  mînutatim  cum  cultello,  et  pone  in  aqua  commuai 
sive  lixîvio  competenter  forti,  et  fec  quod  aqua  sive  lixi- 
Tjum  babundet  super  berbam  in  bona  quantitate;  fac  bene 
buliire  per  aliquod  spatium  ;  deinde,  si  de  berba  ftierit 
manipulum  unum,  pone  unciam  i'  cum  dimidia  de  cerusa 
bene  cootrita  intus,  sed,  ante  quam  mictas  cerusam,  oon- 
tere  unciam  i  aluminis  rocche  bene,  et  micte  in  dicto  vase 
cnm  decoctione  illius  herbe,  et  eam  fac  liqueflèri,  et,  cum 
fiierit  liquelkcta^  micte  cerusam  paulatire,  movendo  sem- 
per cum  baculo,  donec  sint  bene  incorporata  omnia  ista  ; 
et,  focto^  cola  per  pannum  lini  in  scutella  terrea  cocta*  et 
non  vitreata,  et  permicte  residere,  et  eice  aquam,  et  ite- 
nun^  micte  de  aqua  communi  clara,  et,  cum  materia 

comme  une  mesure  usitée  précisément  chez  les  Romains 
vers  Tan  1300,  et  dont  le  nom  serait  venu  d'un  certain 
Pœtus.  (Au  mot  Petitum.) 

i.  L'alun  de  roche,  tiré  de  certaines  pierres,  est  surtout 
commun  en  Italie.  On  le  nommait  aussi  alun  de  Rome. 

2.  Contriti,  8al. 

3.  Crescat,  Sal.  Le  manuscrit  porte  eseat  (prononciation 
italienne).  ' 

4.  Pour  ^ice. 

5.  Dans  l'original,  le  mot  unciam  est  représenté,  ici  comme 
plus  loin,  par  cette  abréviation  ;  ^  ,. 

6.  Copia  dans  le  ms. 

7.  Et  intus,  Sal. 

XLVn  47 


258  L'iEX  D'BNLUimigR. 

résident,  eice  aquam,  et  siccari  permitte,  et  rqK)ne.  Simi- 
liter  etiam  cerusa  potest  tingi  cum  croco.  Et  nota  quod,  si 
non  esset  bene  tincta,  potest  sibi  dari  plus  de  ooI(h«.  Et  si 
nimis  habeat^  de  colore,  pone  plus  de  cerusa. 

8.  De  purpuréo  colore, 

[Ë]st  etiam  ^  alius  color  artiflcialis  glaucus,  qui  vocator 
aurum  musicum^  sive  purpurina^,  et  fit  hoc  modo  :  vide- 
licet,  recipe  stangni  '  partem  unam,  et  funde,  et  proioe 
super  eo  partem  unam  argenti  vivi  puri,  et  statim  depone 
cfe  igné,  et  1ère  cum  aceto.  et  modico  sale  communi,  et 
lava  cum  aqua  clara  calida  vel  frîgida,  donec  exeat  aqua 
Clara  et  sine  sale,  et  deinde  iterum  funde  materiam  in 
igné,  et  pone  super  marmore  ;  et  postmodum  recipe  sul- 
phurius®  vivi,  mundi  et  puri  sicut  ambram,  partem  unam 
et  salis  armoniaci  ^  partem  unam,  et  contere  peroptime, 
et  totum  incorpora  simul  cum  supradicto  mercurio  et 
stangno,  donec  tantum  nigrescat  sicut  carbo  et  sit  bene 
incorporatum.  Deinde  habeas  unum  vas  vitri  ad  modum 
ampuUe  cum  largo  et  brevi  collo,  ita  quod  vas  sit  ita 
magnum  quod,  posita  intus  materia,  medietas  sit  vaeua 
ad  minus;  quod  vas  debetur  bene  lutari  de  bona  argilla, 
bene  speciata  cum  stercore  asinino  et  cum  cimatura  pan- 

1.  Et  si  minits  haberet,  Sal.  Le  sens  indique  que  cette 
leçon  est  fautive. 

2.  Est  et,  Sal. 

3.  Pour  musivum,  ainsi  que  plus  haut. 

4.  La  pourpre  allait,  comme  l'on  sait,  du  rouge  clair  au 
violet  foncé.  La  purpurine  dont  parle  ici  notre  auteur  devait 
être  une  nuance  se  rapprochant  de  l'orangé ,  puisqu'il  la 
range  parmi  les  jaunes  et  qu'il  en  fait  un  équivalent  de  l'or 
mussif. 

5.  Pour  stanni  (ital.  $iagno\  étain. 

6.  Sulphuris,  Sal. 

7.  Ammoniaque. 


) 


l'art  D'EIfLOlIlfll.  359 

oorujD^  adspixitudinem  uniusdigiU;  et  vas  débet  tantum 
esse  lutàtxm  quantum  materia  tenet.  Et,  posita  intus 
materfa  nipradicla,  loca  eum  in  ftirnelio  corn  pUa  forata, 
tântam  quantum  sit  partis  ampulle  lutate  eapax  ^,  et  obtura 
Janediras  intus^  et  pilam  que  est  in  fumello  eum  cineribus 
madeftetis  eum  aqua.  Et  suptus  aooende  inprimîs  ignem 
deUlem  de  lignis  salicis  sive  de  eandis^  yd  bajusmodi, 
fortjâeando  ignem  uaque  ad  ?nii  horas,  vei  plus  aut 
iDiiias,  usque  ad  sîgnum  inferius  descriptum.  Et  vas 
débet  esse  eooperium  eum  nna  tegula  libéra,  ita  quod 
poijt'  amoveri  et  reponi  ad  nutnm.  Et  primo  videbitur 
fiimus  niger,  deinde  albus,  postea  mistus.  Et  sepe  micta- 
tar  intus  baculus  unus  siccus  et  mundus,  hoc  est  in  vase 
ttbi  est  materia,  ita  quod  non  tangat  materiam,  et  semper 
paulative  vîgoretur  ignis,  donec  videantur  in  baculo  scin- 
tille auree  ;  et  tune  dimictatur  ignis,  quia  6ctum  est,  et 
infrigidato  vase  fracto  recipiatur  materia  aurea,  et  serve- 
tur-,  Deo  gracias  ^ 

9.  De  glauco  colore  naturali. 

[N]aturalis  color  glaucus  reperitur,  videlîcet  aurum 
flnum,  et  terra  glauca,  et  crocum,  ac  etiam  auripig- 

mentum. 

1.  Zimatura  pannorum,  Sal.  Il  s'agit  des  débris  provenant 
de  la  tonte  des  draps.  (V.  Du  Gange,  au  mot  Gimare.) 

1  Peut-être  faut-il  lire  :  quantum  sit  pars  ampulle  lutata 
eapax. 

3.  Internas,  Sal.  Le  ms.  porte,  par  erreur,  in  tuas. 

4.  Pour  cannîs,  suivant  M.  Salazaro. 

5.  Pour  possit.  Vx  et  Vs  sont  équivalents  dans  la  pronon- 
ciation de  Tanteur.  (Cf.,  plus  haut,  eseat  pour  exeat,  etc.) 

6.  Ici,  la  formule  Deo  gracias  ne  marque  pas  la  fin  du 
traité  ou  d'une  de  ses  parties  ;  elle  signifie  simplement  : 
«  Alors  l'opération  est  finie.  » 


260 

'lO.  De  azurio  sive  cetesti  colore  tMturali  et  artificiali, 

[A]zuriuin  multipliciter  reperitur,  videlicet  ultnunari- 
nuiD,  quod  ût  de  lapide  azuli,  cujus  moduoi  feciendî  in 
fine  hujus  iibri  ponamV  et  quod  etiam  omnibus  aliis 
prevalet.  Aliud  azurium  est  quod  fit  de  lapide  qui  nascitur 
in  Alamania';  et  aliud  etiam  fit  de  laminis  argenteis, 
sicut  ponit  Albertus  magnus  '.  Aliud  vero  fit  artiflcialiter 
et  grossum,  id  est  indico^  optimo  et  cerusa.  Item  fit  aliter 
de  herba  que  vocatur  torna-ad-solem,  et  durât  in  colore 
azurii  per  annum  ;  postea  conrertitur  in  violaceum  colo- 
rera. Modus  autem  faciendi  colorem  de  dicta  berba  talis 
est.  Recipe  ergo  grana  illius  herbe,  que  colliguntur  infra 

1.  M.  Saiazaro  a  cru  que  le  traité  était  incomplet  ou 
inachevé,  parce  que  la  recette  annoncée  ici  ne  se  trouvait 
pas  à  la  fin  même  du  livre,  comme  Fauteur  le  dit.  La 
manière  de  préparer  Foutremer  est  cependant  décrite  un  peu . 
avant  la  fin  (n^  20).  Ainsi ,  s'il  fallait  prendre  à  la  lettre  les 
mots  in  fine,  cela  prouverait,  au  contraire,  que  le  traité  a  été 
allongé  et  que  les  n»*  21  et  suivants  sont  des  additions  faites 
après  coup.  Il  semble  bien  que  les  derniers  chapitres  ont 
été,  en  effet,  ajoutés  successivement  ;  mais  le  fait  n*est  cer- 
tain qu*à  partir  du  n9  24,  le  no  23  étant  le  premier  qui  se 
termine  par  une  formule  finale  {Deo  gratias)^  sauf  l'exception 
constatée  au  u9  8,  où  ces  mots  signifient  autre  chose. 

2.  Le  nom  d'azur  d'Allemagne  s'est  étendu  depuis  à  la 
teinture  recueillie  sur  les  minerais  d'argent  de  tous  les  pays. 

3.  Avant  le  perfectionnement  et  l'extension  considérables 
donnés  de  nos  jours  à  la  fabrication  des  outremers,  on  faisait 
encore  un  azur  commun  avec  des  lames  d'argent  et  des  sels 
ammoniaques. 

4.  Ce  mot,  répété  au  n*  H,  prouve  que  l'indigo,  qui, 
d'après  certains  auteurs,  aurait  été  apporté  de  l'Inde  en 
Europe  vers  le  milieu  du  xvi»  siècle,  était  connu  bien  aupa- 
ravant. Du  reste,  Pline  et  Vitruve  parlent  d'un  bleu  indien 
qui  était  combustible  et  qui  devait  être,  par  conséquent,  une 
espèce  d'indigo. 


Vàxt  n'iNLiniiifn.  364 

medietatem  mensis  julii  osque  ad  medielatem  nuaMls 

seplembris,  et  habet  glauoosS  et  fructus  ejus,  id  est, 

ipsa  graoa  sont  trianglata  ^j  hoc  est  qood  sunt  tria  grana 

in  nno  conjancta  ;  et  debent  coUigl  quando  tempus  est 

xrenum;  et  grana  debent  esse  sine  ftiste  ubi  pendent,  et 

pm  in  pecia  iini  vei  canapi  antiqua  et  munda  ;  et  rednde 

paoDum,  el  dueas  per  manus  donec  pecia  inebrîetur  sueo, 

et  graDoram  nucilU  non  fraogantur  ;  et  habeas  scatellam 

vitreatam,  et  exprime  sucum  de  dicta  pecia  in  dicta  scii^ 

tella;  et  itenim  accipe  alla  grana  ipsius  herbe  reoentia,  et 

extrah^  sucum  per  eundem  modum,  donec  habeas  de  eo 

satis.  Deinde  recipe  alias  pecias  Uni  bene  mundas  et  usi- 

latas,  et  que  sint  primo  balneate  in  lixivio  facto  de  aqua 

et  calce  viva,  semel  vd  bis,  et  postea  cum  aqua  clara  la?a 

peroptime,  et  sicca;  et  etiam  simpliciter  sine  calce  possunt 

fîeri;  et  desiccatas  '  micte  in  dicta  scutella,  ubi  sucus  pre- 

dide  herbe  est,  et  fac  ut  pecie  recipiant  de  dlcto  suco  tan- 

lum  quod  bene  inebrientur,  et  permicte  stare  in  dicta 

acutella  per  diem  unam  vel  noctem.  Postea  habeas  locum 

ot»carum  et  [hjumidum,  obi  ponas  terram  bonam  de  orto 

in  uno  scbifo  sive  alio  vase  apto,  aut  supra  cellario,  ubi 

ventus,  sol  neque  pluvia  yel  aqua  pertingant,  et  super  qua 

terra  sit  projecta  de  multa  urina  sani  hominis  bibentis 

vinum,  et  super  qua  eUam  (àcias  magisterium^  de  candis' 


1.  Habeant  glaucos,  Sal.  Il  faudrait  plutôt  corriger  glauca, 

2.  Triangulata,  Sal.  Le  mot  qus,  que  le  môme  éditeur 
suppose  manquer  ici  {grana  qua  sunt)^  ne  ferait  que  déna- 
turer le  sens  de  ce  membre  de  phrase. 

3.  Desiccate,  ms.  et  Sal. 

4.  Ge  mot  est  ainsi  abrégé  dans  le  manuscrit  :  magrium. 
M.  Salazaro  a  lu  comme  nous  ;  et,  en  effet,  le  mot  magiste^ 
no  existe  en  italien  pour  désigner  un  ouvrage  ou  un  édifice 
de  maître.  (Gf.  Du  Gange,  MAOïsTsnruM.)  Peut-être  veut-il 
dire  ici,  par  extension,  un  échafaudage. 

5.  Pour  eannis,  suivant  le  même  éditeur. 


262  L^AET  D^BlfUmUIBB. 

sobiilibus  ?el  aliis  virgulis  *  lingneis,  ita  quod  pecie  isle 
ftic  balneate  de  dicto  suco  possint  extendi  supra  vaporem 
urine,  ita  quod  non  tangant  terram  balneatam  urina, 
gicul;  Bupra  dictum  est,  quia  degoastarentur  j  et  sic  postea 
stent  per  très  vel  quatuor  dies,  aut  quousque  ibi  desic- 
centur.  Deinde  dictas  pedas  pone  infra  ^  libros,  et  tene  in 
cassa',  vd  pone  in  vase  vitri,  et  obtura,  et  pone  infira^ 
calcem  rivam,  non  extinctam,  in  loco  remoto  et  sîcco,  et 
serva. 

U.  De  viridi  colore. 

[V]îridi8  color  naturalis  reperîtur  sic  :  vîdclicet,  terra 
viridis,  qua  communiter  pictores  utuntur,  et  virîde  azu- 
rium'.  Alie  autem  species  viridis  coloris  artiflcialiter 
extrahuntur  a  rébus  naluralibus  compositis,  in  quibus 
ipsa  natura  operata  est,  et  in  eis  est  potentialiter,  et  non- 
dum  ad  actum  productus*,  sed  per  debitum  artifîdum 
deducuntur  de  potentia  ad  actum,  verbi  gratta,  ut  apparet 
in  ère,  quod  est  rubeum  et  per  artificium  fit  viride  ;  et 
ctiam  apparet  in  prunis  merolis,  de  quibus  superius  feci 
mentionem^,  que  ita  vocantur  juxta  vulgare  romanum, 
in  cujus  territorio  habundant®.  Et  tertio  raanifestatur  in 
liliis*  azurinis,  que  vocantur  hyrcos  *^,  el  tamen  convertun- 

1.  Virguliis,  8al. 

2.  Inter,  Bal. 

3.  Gapsa,  Sal. 

4.  Mer,  Sal. 

5.  V.  ci-dessus,  n»  4. 

6.  Producta,  Sal. 

7.  V.  le  n-  1. 

8.  Halmndantur,  Sal.  Une  abréviation  qui  se  trouve  à  la 
fin  du  mot  peut  justifier  cette  leçon.  Ce  passage  est  une  des 
preuves  de  l'origine  italienne  du  traité. 

9.  Aliis,  ms.  Le  texte  du  n«  1  permet  do  rétablir  le  mot. 

10.  Hyrcos,  Sal.  Hy^reos  doit  être  une  variante,  défigurée  par 
le  copiste,  du  nom  moderne  de  cette  fleur  (iris). 


l'ait  B'BHumiiitt.  8M 

tar  in  porisaimiim  eolorom  viridon  per  arlifidom.  De 
quibas  liliis'  ooior  fit  sic  :  reeipe  flores  predictos  reoenti» 
tempore  veris,  quaiido  crescimt,  et  pista  in  mortario  mar^ 
moreo  vel  eaeo,  et  cum  una  peeia  exprime  sucum  in  scu* 
teUa  vitreata,  et  in  dieto  sueo  faalnea  aiias  peeias  Uni 
mondas,  et  semei  vel  bis  ])alneata8  et  desiecatas  in  aqua 
aiominis  roeche;  et,  com  bene  inebriate  fuerint  pecie 
hujusmodî  in  dieto  suco  iiliorum,  pennicte  sieeari  ad 
uinbram,  et  serva  inter  cartas  librorum,  quia  ex  isto  suoo 
sic  reservato  fit  cum  giallulino  poloerrimnm  viride  et 
nobite  ad  ponendum  in  carta.  Et  nota  quod,  postquam 
fuerint  desîccate  pecie,  si  iterum  balneantur  in  dieto.  suco 
et  desiccentur,  prevalebunt.  El  similiter  fit  de  dictis  prun- 
gamerolis  ',  que  reperiuntur  tempore  vindemîarum,  vide- 
licet  hoc  modo  :  reeipe  grana  sive  pruna  supradicta,  et 
micte  in  scutdla  yitreata,  et  firange  sive  contunde  bene 
cum  digitis  ;  deinde  distempera  in  lixivio  claro  non  minis 
forte  de  alumine  roeche  quantum  dissolvere  potest  juxta 
ignem,  et  de  isto  lixivio  cum  dieto  alumine  pone  super 
dictis  prunis  in  dicta  scutella  tantum  quod  cooperiat  dicta 
pruna  confracta,  ut  dictum  est;  et  permicte  stare  sic  in 
loco  remoto  per  très  dies,  et  postea  exprime  cum  manibus 
in  pecia  lini,  et  cola  sucum  in  alia  scutella  vitreata;  et 
si  vis  reservare  in  peciis  Uni,  potes;  fac  per  omnia  ut 
supra  dictum  est  de  suco  liUorum.  Sin  autem^  pone  îh 
ampulla  vitri,  et  serva  obturando  ampuUam.  Et  [si]  cum 
isto  sueo  poteris  conterere  es  viride,  est  optimum  -,  et  si 
contrîveris  azurium  de  Alamania,  convertetur  in  pulceri- 
mum  viride;  et  cum  giallulino  miscetur  vel  cerusa  ad 
opus  pinzelU,  et  investiuntur  folia,  etc.,  et  umbrantur 
cum  suco  liliorum  extracto  de  peciis  cum  clara  ovorum  \ 

1.  Aliis,  ms.,  comme  ci-dessus. 

2.  Prugnamerolù,  SaL  Le  nom  local  de  ce  Irait  est,  du 
reste,  écrit  par  Fautear  de  trois  façons  différentes.  (Cf.  ie 
Q*  1  et  le  commencement  de  celoi-ci.) 


264  l'ait  D'niLinaifBR. 

et  similiter  potest  umbrari  cum  suoo  pninomm  ipsocum 
aut  eum  puro  azarioc  coaverso  ia  viride  colore,  tempe- 
rando  dulciter  cum  aqua  gummata  aut  clara.  Aliud  viride 
fit  cum  auripigmento  et  indico  booo,  sed  non  est  bonum 
àuripigmento  uti  in  earta»  quia  ceruaam,  minium  et  viride 
es  odore  suo  reducit  ad  proprium  colorem  metallieum  ;  et 
idcirco  de  isto  nec  de  viride  ère  modum  fadendi  ponere 
non  curavi. 

'I2.  De  colore  rosiiceo^  alias  dicto  roieeia. 

[C]oIor  rosaceus,  videlicet  rosecta,  que  in  earta  commu- 
niter  eperatur,  tam  pro  investitura  pannorum  aut  folio- 
rum  nec  non  corporum  litterarum\  quam  etîam  ad 
faciendum  eam  liquidam^  absque  corpore,  ad  umbrandum 
folia  vei  corpora  Utterarum.  Rosecta  corporea  hoc  modo 
fit.  Recipe  lignum  brasiii  '  optimum,  çujus  bec  est  pro- 
bacio,  videlicet  quod,  posito  in  ore,  iit^  dulce  quando 
masticatur  et  vertitur  in  colorem  rosaceum,  et  rade  ex 
dicto  ligno  cum  cultello  vel  vitro  partem  quam  volueris, 
et  pone  in  lixivio  facto  de  lignis  vitum  vel  quercum^  et,  si 
est  antiquum  lixivium,  melius  est,  et  hoc  in  vase  vitrealo 
quod  sustineat  ignem,  et  lixivium  supernatet  supra  dio 
tum  brasile»  ita  quod  quicquid  est  in  eo  resolubile  poxil 
bene  resoivi  in  dicto  lixivio,  et  ad  molliflcandum  per  noc- 
tem  vel  diem  unam  permicte  stare  in  dicto  lixivio  ;  deinde 

1.  La  rosette,  d'après  ce  passage,  était  l'espèce  d'encre 
carminée  qui  servait  à  tracer  sur  le  vélin  le  contour  des 
lettres  ou  des  figures. 

2.  Bois  de  brésil.  On  voit  que  ce  bois  rouge  était  connu 
bien  avant  la  contrée  qui  porte  le  même  nom,  et  que  celle-ci, 
loin  de  lui  communiquer  le  sien,  a  dû,  au  contraire,  être 
appelée  ainsi  parce  qu'elle  produisait  une  grande  quantité 
de  bois  de  brésil.  Cette  substance  entre  encore  dans  la  com- 
position de  nos  laques  carminées. 

3.  SU,  8al. 


l'ait  d'bulvhiii».  265 

poM  juita  ignem,  et  caleOat  uaque  ad  buUiUoneiiiy  et  non 
buOiat  tamen,  et  fréquenter  moveas  cam  baeuio.  Poet  hee 
scias  quantum  (tait  brasUe  rasum,  et  tantum  habeas  de 
optimo  marmore  albo  bene  et  peroptime  trito  «ne  tactu 
super  porfiduoi'*  Yel  eum  coltello  raso,  et  tantum  [de] 
alumine  zuocbarino^  vel  alias  de  roocha  quantum  est 
etiam  brasiie,  et,  bene  stmul  oontritis,  micte  paulatim*  in 
dido  vase  duœndo  senper  cum  baculo,  donec  ait  spuma 
qoam  fadet^  sedata  et  bene  tinctum,  et  postea  coletur 
eom  peeia  Hni  vel  canapi  munda  in  scutella  vitreata  sive 
non  vitreata.  Et  nota  quod  aliqui  dicunt  quod,  postquam 
liiiviuffl  est  bene  tinctum ,  oolari  débet  per  pannum  in 
vase  vitreato,  et  calefkctum  modicum  mictunt  alumini  et 
marmori  ',  et  statim  redpiet  colorem,  et  separabitur  aqua 
quaà  Clara  superius^  quam  caute  eiee,  et  hoc  est  melius. 
Sed  liiivium  débet  esse  antiquum  per  xv  dies  ante  *,  aut 
factom  de  aqua  pluviali  putreÊicta  in  aliquo  lapideo  vase 
vel  coûcavitate  arborum,  sicut  pierumque  invenitur,  quia 
illa  aqua  nimium  opUma  est  et  trahit  pulcriorem  colorem  ; 
quod  alîqui  tenent  pro  meiiori  ut  humiditas  lixivii  reci- 
pialar  a  scutella  ;  aîii  vero,  qui  ponunt  in  vase  vitreato, 
permictunt  residere,  et  postea  paùlative  ac  suaviter  extra- 
huotlixivium  et  permictunt  siccari  materiam.  Item  aliqui 
cavant  mactonem  de  terra  coctum ,  et  in  illa  concavitate 
ponunt  materiam  ad  desiccandum.  Et  quando  vis^  quod 
duret  in  longum  tempus,  mole  cum  aqua  gummata,  et 
pennicte  siccari,  et  repone  in  frustis®.  Et  qui  [vult]  eam 

1.  Pour  porpiiyrium  (ital.  parfldo). 

2.  L'alun  succharin  est  une  composition  d'alun,  d'eau 
rose  et  de  blanc  d'œuf. 

3.  Paùlative,  Sal. 
*•  Fadt,  Sal. 

â-  Mictatur  alumen  et  marmor,  Sal. 

6.  AîUea,  Sal. 

7.  Vult,  ms. 

8.  Frustrii,  ms. 


266  l'ibt  d'enlumirbe. 

facere  nobiliorem,  quando  ponit  lignum  braaile,  ponat 
eum  eo  in  lixivio  octavam  partem  vel  sextam  partem^  aut 
plus  vel  minus  ad  libitum  ponderis  ipsius  brasilis  de 
grana  tinctorum,  si  haberi  potest,  quia  magis  perdurât  in 
stabilitate  coloris  etpulcnor  erit,  et  prosequatur  ut  supra; 
tamen  pulerioris  coloris  est  de  brasili  solo  quam  oûslo  ' 
cum  grana  ;  ikc  quod  volueris.  Item,  si  in  dicto  brasili 
soluto  in  lixivici,  ut  supra,  posueris  pro  corpore  coquillas 
ovorum  positas  per  noctem  in  aceto  forti  et  de  mane  pel* 
liculas  extractas  et  lotas  cum  aqua  clara  et  molitas  super 
porfidum  ^  sine  tactu  cum  alumine  in  pondère  supradicto^ 
et  mictas  ^  in  colatorio  panni  Uni ,  et  remictas  *  itertim 
quod  colat  in  colatorio  bis  vel  ter,  et  remanebit  in  oolato- 
rio  tota  materia  bona^  et  permîctas  ^  siocari  ad  aerem  in 
dicto  colatorio,  quod  non  tangat  eum  sol,  et  repone  et  fee 
ut  supra,  optimum  erit 

4 S.  De  colore  brasili  liquido  et  sine  corpore  ad  facien^ 
dum  utnbraturam. 

[RJecipe  ligni  predicti  quantum  volueris,  rasum  ut 
supra,  et  si  habes  de  grana  predicta  et  vis  ponere,  ponas; 
sin  autem,  simpliciter  fac  de  brasili  et  in  vase  vitreato,  et 
superpone  de  clara  ovorum  bene  fracta  cum  spongîa 
marina,  quod  bene  cooperiat  dictum  brasile^  et  sucus  ejus 
per  modum  mollificationis  bene  extrahatur,  et  peraiîcte 
stare  cum  dicta  clara  ovorum  per  duos  vel  très  dies*.  Et 

i .  Pour  mixto  (prononciation  italienne). 

2.  Ut  supra. 

3.  Micte,  Sal. 

4.  Remicte,  Sal. 

5.  PermicU,  Sal. 

6.  L'éditeur  a  vu  là  deux  membres  de  phrase  transposés 
et  propose  de  lire  ainsi  :  Et  permicte  stare  oum  dicta  dara 
ovorum  per  duos  vel  très  dies,  et  sucus  t^us  per  modum  moi^ 
lificationis  bene  extrahatur.  Cette  correction  ne  me  paraît 


l'ait  d'bitujhiiise.  267 

dcinde  habeas  modieum  de  alumine  zuccharîiio  vel  de 
roœba,  viddicet,  ad  mediam  unciam,  [et]  braaili  ad  quanii- 
tatem  duorum  granorum  commanium  fobarum  vel  trium 
ad  plus,  el  resohe  in  aqua  gummata,  et  commiace  cum 
dicto  brasili  et  eiara,  et  stet  adhuc  per  unam  diem,  et 
postea  eola  per  pannum  lineuin  in  vase  terreo  vitreato 
bene  amplo,  in  fundo  apeeialiter,  et  permitte  siocarî  ;  et 
aliqui  siocant  super  porfldum  ^  ut  citius  fiât;  et  reconde, 
et  quando  volueris  eo  uti,  accipe  modieum  de  eo  vd  aïeul 
est  tibi  oportunum,  et  micte  in  vasello  vitreato  vel  coquilla 
pisdum,  et  distempera  cum  aqua  communi,  et  pone  priu»- 
qoam'  fuerit  distemperatum  de  aqua  melis  modieum, 
quantum  eiun  asta  pînzelli  capere  poterîs  vel  quantum  est 
sibi  neeessarium  quod  non  fadat  post  dedceationem  cre- 
pâturas;  et,  sî  deest  sibi  temperamenlum,  quod  non  esset 
bene  relucens  propter  aquam  communem,  miete  plus  de 
Clara  ovorum  seu  aqua  gummata,  sed  melior  est  clara,  et 
caveas  quod  non  habeat multum  de  mêle,  quia  deguastaret 
sibi  colorem,  et  cave  etiam  ne  habeat  multum  de  tempe- 
ramento,  quia  carpet  alios  colores;  el  propter  hoc  ponitur 
aqua  mollis,  sicul  seiunt  omnes  expert!  ;  et  hoc  non  scribo 
Disi  causa  reducendi  ad  memoriam  illis  qui  incaute  labo- 
rant  interdum.  De  alaccha^  non  euro  :  dimitto  pictoribus. 

^Â.  De  assûa  adponendum  awrum  in  earta. 

[A]3sisa  ad  ponendum  aurum  in  carta  multipliciter  fit. 
Tamen  de  ea  aliquem  modnm  ponam  et  bonum  et  proba- 
tum.  Reeipe  ergo  gessum  eoctum  et  curatnm  quo  plctores 
ad  ponendum  aurum  in  tabulis  utuntur,  videlicet  de  sub- 
tiliori,  quantum  volueris,  et  quarlam  partem  ipsius  optimi 

pas  nécessaire,  et,  d'ailleurs^  le  mot  ^us,  qui  se  rapporte  à 
hrasile,  s'en  trouverait  ainsi  beaucoup  trop  éloigné. 

1.  Vt  supra. 

2.  Postquam,  Sal. 

3.  Pour  î/iccha,  la  laque. 


268  l'art  D'EfriumirER. 

boli  armenici  \  et  contere  super  lapidem  porfirieum  eam 
aqua  clara  usque  ad  summam  eoQtrictionem  ;  deinde  per- 
micte  siccari  in  dicto  lapide,  et  recipe  de  eo  partem  quam 
Yolueris,  alia  parte  reservata^  et  tere  cum  aqua  colle  cer- 
bune  ^  seu  cartarum,  et  micte  tantum  de  nielle  quod  con- 
sidères posse  dulcificari  ut  oportet  -,  et  in  hoc  te  oportet 
esse  cautum,  ut  neb  nimis  nec  parum  ponas,  sed  seoim- 
dum  quantitatem  materie,  tantum  quod  posita  modiea 
pars  malerie  in  ore  vix  sentiat  de  dulcedine.  Et  scias  quod 
ad  unum  panrum  vasellum  quo  pictores  utuntur  sufBcit 
quantum  vis^  cum  puncta  aste  pinzelli  accipias'*,  et,  si 
minus  esset,  degpastaretur  materia,  et  contricto  bene  mie- 
tas  in  vasello  vitreato,  et  statim  ponas  aquam  claram 
superius  cauto  modo  sine  misculatione  materie,  tanta 
quod  cooperiat  eam,  et  statim  ita  rectificabitur,  quod  non 
faciet'  anpullas  neque  foramina  postquam  fuerit  desiccata. 
Et  quando  volueris  ponere,  post  aliquam  moruiam  proioe 
aquam  desuper  natantem  sine  aliquo  motu  materie.  Et 
semper,  antequam  ponas  asaisam  in  loco  proprio  ubi  debes 
operari  in  carta,  debes  probare  in  aliqua  carta  oonsimiii 
si  est  bene  temperata,  et,  desiccata,  pone  modicum  de  auro 
superius,  et  videas  si  bene  brunitur.  Et  nota  quod,  si 
haberet  multum  de  tempera  aut  melie,  fac  remedlum 
ponendo  aquam  duicem  communem  super  eam  in  vase 
sine  motu,  et  çfficietur  melioris  tempérament!  si  stat  per 
ail  quod  spatîum,  et-postmodum  prohiciatur  aqua  etiam 
sine  motu.  Et,  si  indigeat  *  tempera  fortiori,  pone  plus  de 

i.  Le  bol  d'Arménie  ou  terre  arménienne  produit  une 
couleur  rouge  par  la  calcination.  Il  était,  employé  par  les 
anciens  et  l'est  encore  ;  mais  son  nom  s'applique  par  exten- 
sion à  quelques  argiles  de  nos  contrées. 

2.  Cf.  le  n^  2  et  la  note  qui  s'y  rapporte. 

3.  Bis,  Sal. 

4.  Àccipes,  Sal. 

5.  Faciat,  Sal. 

6.  Indigeret,  Sal. 


l'ait  D'ERLUHinift.  269 

coUa,  seilioet  aqna  sua*  aut  de  aqua  mellis,  si  Aierit  opus, 
ita  quod  tibi  placeat  materia.  Et  quia  in  hoc  magis  valet 
praliea  quam  scripla  documenta,  îdcirco  non  euro  parti- 
cuhriter  que  sentio  explanare  ;  saplenli  pauca,  etc.  ' 

45.  De  modo  utendi  ea. 

[Njotandum  est  quod,  quando  littere  sive  folia  aut  ima- 
gines in  carta  fuerint  designate,  in  locis  ubi  aurum  poni 
débet,  inungi  débet  cum  frusto  colle  cerbune  aut  piscium 
hoc  modo,  videlicet  madebciendo  fruslum  illius  colle  in 
ore,  gejuno  stomaco  vel  post  digestionem,  quousque  fuerit 
moilificatum  ^  et  sic  cum  eo,  sepe  madefaciendo  dictum 
frnstam  colle,  linla  '  locum  ubi  aurum  débet  poni,  quia 
carta  efBcietur  habilior  ad  recipiendum  assisam  ;  et  aliqui 
hoc  modo  cum  dicta  coUa  liniunt  totum  designamentum, 
at  omnes  colores  etiam  meiius  incorporentur  ;  sed  hoc 
omoimode  esset  neoessarium  quando  pergamenum  erit 
pilosum  vel  rude.  Et  etiam  similiter  potest  balneari  sive 
liniri  carta  ubi  débet  poni  aurum  et  colores  cum  aqua 
eolle  dulcificata  cum  modico  de  mêle,  et  liniri  cum  bom- 
maœ'  apto  modo,  sicut  decet,  vel  pinzeilo,  et  boc  est 
melins.  Deinde  recipe  dictam  assisam  bene,  ut  dictum  est, 
temperatam'*,  et  cum  pinzeilo  ad  hoc  apto  liquido  modo 
pone  primo,  et,  quasi  desiccata,  pone  alia  vice  super  ipsam 
assisam,  et  hoc  fac'  bis  vel  ter,  donec  videatur  quod  bene 
stet  et  quod  non  sit  nimis  grossa  neque  subtilis,  sed  com- 
petenter  ;  qua  ultimo  bene  desiccata,  duldter  cum  bono  et 
apto  culteiio  rade  superficiemi  et  munda  cum  pede  leporis. 

1.  Peut-être  fant-il  lire  ici  aqua  suechari,  comme  le  pro- 
pose l'éditeur  italien. 

2.  Pour  Uni,  suivant  Sal.  Mais  le  verbe  liniare  existait 
aussi  au  moyen  &ge. 

3.  Pour  bombace  (coton).  Bammaee,  Sal. 

4.  Tmperata,  Sal. 

5.  Facto,  ms. 


270  l'art  D^BNLOUmBR. 

Deinde  recipe  daram  ovorum  fraetam  cam  pinzdlo  sitolare* 
aut  eanna  gcissa  et  adaptata  ad  illud,  sicut  pietores  foerant, 
et,  postquam  tota  clara  facta  fuerit  spuma,  pone  desuper 
tantum  de  aqua  communi  sive  mista  cutn  vino  albo  optimo, 
vel  modicum  de  lixivio,  aut  simpliciter,  quod  utrumque  est 
bonum,  et  prohice  post  modicum  spacium  de  spuma  quam' 
superius  faciet,  et  sic  que  remanebit  erit  bona.  Recipe  ergo 
de  ipsa  cum  pinzello  apto  ad  hoc^  et  balnea  super  dictam 
assisam  sapienter  et  discrète,  ita  quod  dicta  assisa  habili- 
ter recipiat  aurum  vel  argentum,  ut  pietores  &ciuDt  in 
tabulis  quando  aurum  ponunt,  et  incide  aurum  cum  cul- 
tello  super  cartam,  ut  scis^  secundum  quantitatem  ioco- 
rum  ubi  aurum  poui  débet;  et^  si  opus  fuerit,  facias  plan- 
qum^  adherere  assise  cum  modico  de  bommice^  ;  et,  post 
aliquam  morulam,  cum  fuerit  quasi  desiccatum  et  poterit 
substioere  brunitiouem,  brunias  eum  cum  dente  lupi  vel 
vituie  aptato  aut  cum  lapide  amatiti'.  sicut  pietores  faciunt, 
super  tabulam  bussi  vel  alterius  iigni  bene  puliti  etsolidi. 
Et,  siiualiquo  loca  defecerit  aurum,  babiea  sapienter  cum 
dicta  Clara  illum  locum  ubi  aurum  déficit,  et  pone  aurum 
comprimendo,  si  oportet,  cum  bommace^;  et  postquam 
fuerit  totum  aurum  brunitum,  frica  modicum  cum  pede 
leporis,  et  quod  per  pedem  non  removetur  rade,  planaque^ 
cum  cultello  bene  acuto  superfluitates  tantum,  et,  remolis 

1.  Siiularum,  d*après  Téditeur,  qui  voit  dans  cet  instru- 
ment un  pinceau  fait  de  soies  (è  setis).  Mais,  suivant  Du 
Gange,  on  appelait,  au  moyen  âge,  situla  on  situlus  le  vase 
contenant  Tean  bénite;  ainsi  le  pincellum  siMare  serait 
plutôt  un  petit  goupillon. 

2.  Que,  8al. 

3.  Plane,  8al.  Ge  terme  s'applique  sans  doute  à  la  feuille 
d'or  découpée. 

4.  Pour  bombice. 

5.  Pour  amethysti.  On  disait  en  fVançais  amatitre. 

6.  Ut  supra. 

7.  Planeque,  ms. 


L*AET  D'aiLUUnlBB.  271 

superfluitatibus,  itenim  branias,  donee  tibi  optimeplaoeat^ 
Et  sie  cam  lapide  amaUti  vel  alionim  ferramentomm  ad 
boc  preparatorum  poteril  quis  super  tabulam  bussi  ant 
alterios  ligni,  etc^  aurum  sic  posilum  lineare  aut  graneo< 
tare,  et  sic  erit  completum.  Et  cum  pluribus  aliîs  modis 
aurum  vel  argentum  in  cartam  ponere  aede  [duribus  aliis 
rébus  assisam  facere  possit,  tamen  de  isto  modo  simplid* 
ter  posui,  eo  quod  videtur  michl  esse  de  melîorlbus  et, 
cum  apud  omnes  illuminatores  modus  iste  est  safis  com- 
munîs. 

46.  De  aquis  seu  bictuminUnu  ad  arlem  illiimmandi 
neecessariis  et  primo  de  aqua  colle. 

Redpe  ergo  coUam  cerbunam^  seu  cartarum,  id  est  de 
extremitatibus  pergamenorum  factam,  que  est  melior,  et 
nota  quod,  quanto  magls  carte  sunt  pulgriores,  tanto  magis 
colla  venît  albior  et  melior,  et  pone  in  vase  vitreato,  et 
desuper  funde  tantum  de  aqua  communi  dara  quod  coo- 
penat  ipsam  collam  bene  et  habundanter,  et  permicte  bene 
ffloUiâcari;  et  colla  débet  esse  clarissima;  et  deinde  dis- 
tempera ad  lentum  ignem,  et,  si  erit  nimis  fortis,  tempera 
cum  aqua  clara  commuai,  et  proba  hoc  modo  :  acdpe  de 
dicta  colla  liquefacta  cum  digito,  et  pone  digitum  super 
mauum  tuam;  si  accipit  inmediate  digitum,  est  nimis 
fortis  pro  hoc  opère;  si  vero  in  prima  vice,  quando  posue- 
ris  digitum,  non  accipit,  sed  in  secunda  yel  tertia  tune 
accipit,  bona  est,  utere  ea.  Et,  si  conservare  volueris  eam 
liquidam^  pone  plus  de  aqua  communi,  et  dimicte  stare, 
et  post  aliquos^  dies  stabit  liquida  sine  igné;  licet  det  feto- 

i.  Placiat,  ms. 

2.  Stiam,  Sal. 

3.  Colla  cerbuna,  Sal.  Cf.  les  n<»  2  et  14.  Cette  colle  est 
digtincte  de  la  colle  de  parchemin,  malgré  l'amphibologie  du 
texte. 

4.  Aliquot,  Sal. 


I  272  l'aET  D*KftUMINEft. 

I  rem,  tâmen  optima  est.  Et  nota  quod  colla  plsduni[quo]- 

I  que  bene  distemperatur  cum  aqua  communi  hoc  modo, 

I  excepto  quod  débet  habere  plus  de  aqua  communi  quam 

colla  cartarum.  Et  nota  quod  colla  cartarum  seu  cerbuna 

optime  molliflcatur  cum  optimo  aceto,  et,  mollificata,  éjecte 

'  ^    acéto,  pone  aquam  communem  et  distempera,  et  foc  ut  die- 

tum  est. 

47.  î)e  Clara  ovomm  et  quomodo  preparaiur, 

[Cjlara  ovorum  gallinarum,  que  meliora  sunt,  sic  fit. 
Recipe  ova  recentia,  unum,  duo  vel  plura,  secundum  quod 
opus  fuerit,  et  frange  caute,  et  extrae  clara\  et  sépara 
gallaturam  ab  eis,  et  vitellum  cum  ea  non  misceas  ;  et  micte 
in  scutella  vitreata,  et,  cum  spongia  marina  recenti,  quia 
melior  est,  si  habes,  sin  autem,  non  est  vix,  dummodosit 
bene  Iota*,  ducas  tan  tum  cum  manibus,  donec  tota  clara 
recipiatur  a  dicta  ;  et  spongia  débet  esse  in  tanta  quanti- 
tate,  quod  poxit  in  se  capere  dictam  quanti tatem  clarequam 
accepisti  ;  et  tune  tamdiu  exprime  in  dicta  scutella  et  reci- 
pia,  cum  spongia,  donec  non  faciat  spumam  et  currat  ut 
aqua-,  tune  operare'  cum  ea.  Et,  si  vis  quod  conservetur  in 
longum  sine  fetore  et  non  putrescat,  pone  in  ampulla  vitri 
cum  Clara  modicum  de  realgaro^  rubeo,  ad  quantitatem 
unius  fabe  vel  duarum  ad  plus,  aut  modicum  de  canfora, 
sive  duos  gariofolos*,  et  conservabitur.  Et,  quando  volueris 

1.  Extrahe  claram,  Sal.  Mais  les  mots  ah  eis,  qui  suivent, 
veulent  plutôt  clara  (pluriel  de  darum,  usité  dans  le  même 


2.  Sin  autem  non  est  (recens?),  vix  dummodo  sit  bene  Iota, 
Sal.  Ce  changement  de  ponctuation  produit  un  non-sens. 
Mais  l'éditeur  italien  ne  connaissait  peut-être  pas  la  locution 
française  «  Ce  n'est  pas  la  peine  i,  qui  est  simplement  cal- 
quée dans  ce  passage. 

3.  Operatur,  Sal. 

4.  Realgare,  Sal.  Réalgar  ou  réagal,  bisulfure  d'arsenic. 

5.  Gariofalos,  Sal.  Clous  de  girofle. 


l'aet  D*E!aitlnifSB.  273 

ponere  eum  ea  aunim,  fhmge  ipsa  cum  pinzello  silulare  * 
vel  canna  sdsaa,  sicut  superius  didum  est. 

48.  De  aqua  gimime  oratrice. 

Aedpe'  gummam  arabicam  albam  et  daram,  et  frange 
in  parvis  frustis,  sive  tere,  et  micte  in  vase  Yitreato,  et 
desoper  pone  tantum  de  aqoa  oommuni  quod  oooperiat  per 
duos  digitos,  et  permicte  stare  per  diem  et  noctem,  et  pos* 
tea  pone  super  eineres  calidos  per  aliquod  spacium,  donec 
solYaUir  -,  et  sicut  probasti  aquam  oolle,  proba  istam,  et,  si 
bene  est  in  bona  temperantia,  quod  non  sit  nimis  fortis  vel 
dulds,  cola  per  pannum,  et  serva  in  ampulla,  et  utere  ea. 
Et,  si  vis  aquam  gumme  draganti  habere,  redpe  de  dicta 
gamma  draganti  parum,  et  micte  in  vase  vitreato,  et  pone 
salis  de  aqua  communi,  et  permicte  stare  donec  molliQce» 
tur  et  crescet  nimium  ;  calefac  modicum,  et  ponas  tantum 
de  aqua  quod  stet  per  se  soluta,  et,  si  vis,  utere  ea-,  tamen 
modicum  est  utilis. 

\%,  De  aqm  mellis  vel  zuechari. 

[A]qua  meliis  vel  zucchari  est  plurimum  neccessaria  ad 
temperamentum  aque  colle  et  dare.  Fit  autem  sic.  Recipe 
mei  purum  et  album,  si  potes,  et  decoque  in  amplo  vase 
Tiireato  lento  igné,  et  spumam  eîce  donec  sit  darum,  et 
luDc  micte  in  eo  tantum  de  aqua,  et  fecias  buUire  eum  in 
?ase  vitreato,  ut  supra  dictum  est,  et  mictas  in  eo  modicum 
de  albumine  ovorum  fracto  cum  aqua  communi,  sicut 
bclunt  spedarii';  et  ponitur  modicum,  quia  modicum 
islius  mellis  satis  est;  et  micte  in  dicte  melle,  et  permicte 
bollire  insimul  miscendo,  donec  aqua  quasi  exaletur,  et 
deinde  cola  per  stamineam  sive  pannum  lineum,  et  serva 

i.  Sitularum,  Sal.  Ut  supra. 

2.  Rtcipe,  Sal. 

3.  Spesiali  (pharmaciens),  Sal. 

XLVU  4  S 


274  l'aat  D'ElfLUKUnOl. 

in  ampulla.  El  hoc  modo  etiam  potest  fleri  aqua  zuœhari. 
El  etiam,  si  non  vull  quis  habere  istos  labores,  ponat  mel 
aut  zuccharum  simpliciter  cumaquaaut  sine  aqua;  tamen 
boc  scripsi  quia,  quanto  magis  est  purum^  melius  est;  et 
sic  est  de  zuccaro  candi  loco  zuccari  communis. 

20.  De  cohribus,  quomodo  debent  moleri  et  inviem 
miseeri  ae  in  pergameno  pani. 

[S]ciendum  est  quod  niger  color  carbonum  aut  lapidis 
naturalis  débet  moleri  super  lapidem  porfiricum  aut  alte- 
rius  specieî  fortissime  cum  aqua  communi,  quousque  flat 
sine  lactu,  et  postea  miclî*  in  vasellis  terreis  vitreatis;  et, 
cum  resederit,  eiciatur  aqua  caute,  et  ponatur  de  recenti, 
et  sic  uno  etoptimo  modo  conservantur  quamdiu  placitam 
fùerit  operanti  ;  et,  si  aqua  defeceritaut  putréfiai^,  ponatur 
semper  de  recenti.  Et  simili  modo  conteruntur  promajori 
parte  omnes  colores  qui  habent  corpus,  excepto  viride  es, 
quod  teritur  cum  aceto,  sive  cum  suco  foliorum  liliorum 
azurinorum,  aut  cum  suco  prunorum  supradictorum, 
et  alii  conterunt  cum  suco  rute^  et  modico  croco,  et  tem- 
pérant eum  cum  vitello  ovorum.  Alii  vero  colores  conte- 
runtur et  conservantur  simili  modo,  ut  supra  dictum  est. 
Et  nota  quod,  si  azurium  ultramarinum  est  bene  subtile  et 
mundum,  potest  in  vasello  siye  in  cornu  cum  tempera  sive 
aqua  cum  digito  miseeri  ;  sin  autem  non  sit  bene  subtile, 
tune  molendum  est  super  lapidem,  qui  non  fodiatur  cum 
molitur,  quia  deguastarentur^  azurium  et  alii  colores  duri, 
videlicet  giallolinum',  quia  de  aliis  coloribus  moUioribus 
non  esset  tanta  vix  ^.  Redeo  ad  azurium  ultramarinum 

1.  Micte,  Sal. 

2.  Putrescat,  Sal. 

3.  Rue,  plante  médicinale. 

4.  Deguastaretur,  Bal. 

5.  Giallulinum,  Sal.  Gf.  le  nM. 

6.  Pour  vis,  dit  Téditeur,  qui,  comme  plus  haut,  n'entend 
pas  le  mot  vix. 


l'ut  D'inannina.  275 

grossam  et  non  bene  lotiim,  quod  teri  débet  cum  quarta 
parte  vel  minus  salis  armoniad,  et  postea  cum  aqua  corn- 
muni  vel  lixiyio  non  nimis  forti  ;  et,  molito  ad  placitum 
grossitadinis  et  subtilitatis,  micte  in  vase  terreo  vitreato  et 
amplo,  secundum  quantitatem  azurii,  et  desuper  pone  de 
aqua  commnm  clara,  ita  ut  dupernatet»  et  misce  cum  manu 
Tel  bacalo,  et  penniete  residere,  et  eiee  aquam  caute,  et 
pone  aliam  aquam  recentem,  et  misce,  et,  pausata,  itenim 
eîoe,  et  hoe  fiât*  donec  aqua  exeat  clara  et  azurium  rema- 
neatpurum  et  sine  salzedine,  et  sioca  ad  umbram,  et  serva. 
Et,  ai  vis  quod  sit  in  ullima  subtilitate,  tere  ipsum  sine 
taetu,  et  pone  in  vase  cum  multa  aqua  commun!,  et  misce 
bene,  et  cola  per  sindonem  sive  pannum  lineum,  donec 
eieat  iotum  illud  quod  poterit  exire,  et  permicte  residere, 
et  eiee  aquam,  et  quod  remanet  in  fundo  vasis  desicca  ad 
aerem  ateque  sole,  quia  optimum  erit  ad  omnes  operatio- 
nes  quoad  subtilitatem,  sive  cum  penna,  sive  cum  pin* 
zeUo. 

Et  deinde  dicendum  est  de  azurio  de  Alamania.  Sciendum 
est  [quod],  quando  azurium  [est]  grossum  et  turpe,  et  vis' 
eam  meliorari,  hoc  modo  faciès.  Becipe  azurium  de  Ala- 
fflania,  et  oontere  super  lapidem,  ut  supra,  quantum  tibi 
piacaerit  subtiiiare',  et  hoc  (àc  cum  aqua  gumme  compe- 
tenter  spissa,  et  deinde  pone  in  vase  vitreato  amplo,  et 
fonde  desuper  de  aqua  communi  clara,  et  misce  bene,  et, 
quando  competenter  residerit^  eicé  aquam  caute  in  alio 
Tase  vitreato,  ita  quod,  si  aliquid  iret  cum  aqua  de  bono, 
non  perdatur-,  et  iterum  pone  de  aqua  communi,  et  fiic 
similiter,  et  hoc  tociens  réitéra  donec  azurium  remaneat 
punim  et  mundum^  et^  lioet  diminuatur,  tamen  est  mul- 
tum  melioratum.  Et,  si  vis  &oere  sicut  de  azurio  ultra- 

i.  Foc,  Sal. 

2.  De  azurio  de  Alamannia,  quod  est  quoddam  axurium 
grmum  et  iurpe,  et  si  vis,  Sal.  Altération  manifeste. 

3.  Suhtiliore,  Bai. 


276  l'ait  D'BNLUinifEE. 

marino,  conterendo  et  âdeodo  tranâre  per  pannam  sive 
sericum^  potes;  sed  azurium  forte  istudalamanicamper- 
deret  nimium  oolorem,  ita  quod  sine  alio  adjutorio  pcMstea 
[non]  valeret*  ;  et  tune  desicca  et  serva.  Et,  quando  vis  azu- 
rium laborare  cum  pinzeUo,  distempera  eum  cum  aqua 
gummata;  et  atiqui  ponunt  duas  vei  très  guetasdareovo- 
rum;  fac  quod  melius  est,  ut  post  probationem  tibi  vide- 
bitur.  Item,  quando  vis  facere  corpora  litterarum  cum 
penna,  notiflco  quod  aliquidistemperant  azurium  cum  aqua 
gumme,  et  aiiqui  cum  clara  ovorum,  et  ponunt  modicum 
de  zuccaro,  quasi  granum  frumenti;  et  aiiqui  ponunt  très 
partes  aque  gummate  et  unam  partem  clare  :  fac  quod  ?is, 
quia  utrumque  bonum  est.  Ad  florizandum  azurium  ultra- 
marinum,  primo  sciatur  quod  débet  esse  bene  subUIe  et 
distemperari  cum  clara  ovorum,  et  aliquid  poni'  de  aqua 
zucchari  sive  mellis,  et  aliter  cum  aqua  gumme  et  dara; 
et  nicbilominus,  si  neccesse  fuerit^  poni  potest  aliquid  de 
aqua  zucbari  vel  meilis,  ut  supra  :  fkc  quod  vis,  quia,  si 
eris  cognoscens  naturas  istariim  rerum,  bene  tibi  veniçt. 
Nota  quod,  ubicumque  dicilur  de  aqua  meilis  vel  zucbari, 
potest  suppleri  cum  zucharo  candi,  sed  débet  poni  in 
modico^  majori  quanti tate,  distemperato  cum  aqua  vel 
[clara].  Et  nota  quod,  si  interdum  in  cornu  ingrossabitur 
tempera  azurii,  pone  aquam  claram,  seu  de  novo  tempe- 
ramento  mole  super  lapidem  ;  et,  [si]  erit  nimis  viscosa, 
pone  aquam  claram,  et  permicte  molliflcari,  et  eice,  et  pone 
novam  temperam,  et  semper  ducas  bene  cum  baculo  in 
cornu.  Et  nota  quod,  quando  cinabrium  ingrossatur,  teri- 
tur  similiter;  et,  [si]  clara  fuerit  grossa  et  viscosa,  pona- 
tur  una  gupta  vel  due^  lixivii,  secundum  quantitatem 

1.  Siricum,  Sal. 

2.  Sine  alio  acljutorio  pauca  valeret,  Sal. 

3.  Pone,  SaL 

4.  Modica,  Sal. 

5.  Duas,  Sal. 


L'ilT  D'BIfLmmfBl.  277 

materie,  et  eurret  velodter,  quia  lixivium  subtiliat  Tisco- 
sitatem  clare. 

24.  De  modo  operandi  colores. 

[I]tem,  si  vis  florizare  de  torna-ad-solem ,  vel  alias 
pezola  ^  redpe  de  pecia  ipsa  quantum  volueris,  et  micte  in 
coquilla  marina,  et  distempera  cum  dara  ovorum  bene 
lîracta;  et  non  exprimas  sucum,  sed  remaneat  pecia  mol- 
lificata  in  coquilla,  sicut  bommax'  in  calamario  cum 
incausto;  et,  quando  dessicatur,  mollifica  cum  aqua  vel 
dafa  temperata  cum  aqua. 

22.  Ad  flarizandum  de  azurio  de  Alamania, 

[R]ecipe'  azurium  de  Alamania  et  oontere  subtilissime, 
et  distempera  cum  clara  ovorum  fracta  cum  spongia^  et  in 
qua  Clara  si tdistemperatum'*  modicum  de  torna-ad-solem, 
sive  alias  peezola,  et  fac  sicut  de  azurio  ultramarlno.  Item, 
si  azurium  de  Alamania  esset  turpe,  tere  optime  super 
lapidem,  et  tere  cum  eo  modicum  de  cerusa,  et  deinde 
distempera  similiter  cum  clara  ovorum,  ut  supra,  et  in 
qua  sit  dîssoluta  de  dicta  peezola  blarea  '  vel  violata,  et  fac 
ut  supra. 

23.  Ad  ftorizandum  cinabrium, 

Recipe  cinabrium  optimum*  et  contere  bene  super  lapi- 
dem eum  lixivio  competenter  forti,  et,  postquam  fuerit 
bene  molitum,  sine  tactu,  micte  in  scutella  vitreata,  et 
desuper  iunde  satis  de  aqua  communi,  et  misce  bene  cum 

1.  Peezola,  Sal.  Cf.  le  n»  22. 

2.  Pour  bombax,  ut  supîra, 

3.  Accipe,  Sal. 

4.  Distemp&rata,  Sal. 

5.  Blanca,  Sal. 

6.  Cinabrium  bonum,  Sal. 


278  l'abt  d'euluiiiiise. 

digiUB,  et  cola  eam  per  pannum  sericum  ^  vel  Uni  subUle 
et  spissum  in  alio  vase  vitreato,  et  illud  grossum  quod 
remanet  iterum  mole  et  cola^  ut  supra,  et  deinde  permlcte 
résidera,  et  proloe  aquam,  et  desioca  ad  aerem,  et  serva.  Et 
aliqui  ponunt,  quando  conterunt  cinabrium,  modicum  de 
stuppio,  alias  minio,  videlicet  yiii*"'  partem  îpsius,  et 
ikciunt  ut  supra  de  simplici  cinabrio  ;  fac  quod  volueris,  et 
modum  tibi  placitum  rétine,  quia  utrumque  bonum  est.  Et 
quando  volueris  ex  eo  facere  flores,  distempera  cum  clara 
ovorum  super  lapidera,  et  micte  in  cornu  vitreo  vel  bovino  ; 
et,  si  Clara  facit  spumam,cerotum  aurium  hominum^  inme- 
diate,  si  modicum  de  eo  posueris,  destruet  eam;  et  hoc  est 
secretum.  Et  nota  quod  azurium,  et  potissime  ullramari- 
num,  et  cinabrium  faoc  modo  optime  florizatur,  sive  ex  eis 
flores  flunt  :  videlicet,  primo  tere  competenter  super  por- 
fidum  cum  gumma  vel  clara,  etc. ,  et  modicum  de  zuccharo 
sive  candi  ^,  et  permicte  siccari  super  lapidem,  cavendo  a 
pulveribus  ;  quo  desiccato,  azurium  iterum  molliflca  cum 
nova  clara,  et  cinabrium  cum  dara  et  aliquibus  guctis 
lixivii  beneclari  distempera,  et  micte  in  cornu,  et  utere; 
et  scias  quod  iste  modus  prevalet  omnibus  aliis  modis,  et 
etiam  pro  faciendis  corporlbus  litterarum.  Deo  gratias^. 

24.  Ad  faciendum  corpora  licterarum  de  cinabrio, 

[R]ecipe'  ergo  de  cinnabrio  optimo  et  tere  ad  siecum 
peroptime;  deinde  distempera  cum  dara  ovorum,  et,  post- 
quam  Aierit  sine  tactu,  permicte  siccari  super  eodem 
lapide;  deinde  distempera  cum  alla  nova  clara  ovorum,  et, 

1.  Siricum,  Sal. 

2.  Ge  singulier  cérat  est  la  matière  jaune  sécrétée  par 
Toreille  humaine.  Cf.  le  n<»  24. 

3.  Cf.  les  nw  3,  19  et  32. 

4.  Cette  formule  finale  donne  à  entendre  que  ce  qui  sait 
est  une  première  addition  faite  par  l'auteur  à  son  traité. 

5.  Accipe,  Bal. 


l'ait  D'naraoïEi.  279 

bene  molUOcata,  micte  in  corou,  et  micte  de  oerulo  aurinm, 
et  modicum  modicum  *  de  melle,  ita  quod,  quando  positum 
lùerit  in  carta,  cinabrium  reiacescat  et  non  fk*angatur.  Et 
nota  quod,  si  nraltum  ponerea  de  melle,  devastaretur.  Et 
hc  quod  cum  elara  ovoram  in  ampulla  semper  sit  modi- 
cum de  realgaro  *  Tel  alia  re,  que  h2d)et  ipsam  conservare 
a  putrefectione,  ut  dictum  est  superius. 

25.  De  eolaribus  ad  illuminandum  cumpisello^. 

[Tjtem  nota  quod  colores,  quando  sunt  bene  contriti  cum 
aqua,  et  qecta  aqua,  et  desiccati,  tune  poteris  eos  molere^ 
eam  aqua  gummata  \  et  permictantur  stare  in  vase  suo  ;  et^ 
si  desiccantur,  tune  molliûcari  possunt  eum  aqua  clara 
commuai,  et  iterum,  sive  super  lapidem,  sive  cum  digito, 
in  lase  distempera,  et  melius  operantur. 

26.  Ad  temperandum  eerusam  causa  pro/tlandi  folia  et 
alia  opéra  pizelli  '. 

[R]ecipe*  eerusam  molitam  primo  cum  aqua  clara,  et 
desiccatam,  et  iterum  mole  super  lapidem  cum  aqua 
'gumme  arabîce,  et  permicte  siccari  super  eodem  lapide; 
deinde  abrade  cum  cultello,  et  serva  ad  opus  tuum.  Et, 
quando  volueris  ex  ea  operari,  tune  aocipe  de  eo  quantum 
vis,  et  in  vasello  pone  cum  tanta  aqua  communi  quod  bene 
poxit  distemperari,  et,  moUiflcato,  contere  super  lapidem, 
et  repone  in  vasello,  et  utere  eo,  quia  bonum  est.  Et  est 
scieudum  quod,  [quando]  profilatur^  super  campum  sive 
folia  azurini  seu  rosacei  aut  alterius  coloris^  si  misceatur 

i.  C'est  la  locution  italienne  :  poco  poco, 

2.  Rêolçare,  Sal 

3.  Pinzelh,  Sal. 

4.  Miscere,  Sal. 

5.  Pinzelli,  Sal. 

6.  Aecipe,  Sal. 

7.  ProfUatB  signifie  ici  dessiner  au  trait. 


280  l'IBT  D'ENLirifllIBB. 

de  dicta  cerusa  dicto  oolori  *,  super  quo  debes  profllare, 
parum  parum^,  ita  quod  vix  appareat  mutare  colorem, 
multo  meliuB  profllatur,  quia  omne  simile  adplaudit  suo 
simili;  et,  si  hoc  ftceres,  oporteret  quod  pro  quolibet 
colore  profllando  haberesunum  vasellum  dealbo,  lieethoc 
non  oporteat  fàcere  nisi  super  azurium  et  super  rosectaac 
super  viride*.  Et,  si  hoc  erit  difQcile,  fac  simpliciter  corn 
cerusa,  ut  supra. 

27.  De  croco, 

[I]tem,  scias  quod  crocum  distemperatur  semper  cum 
Clara  ovorum,  et,  si  desiccatur,  uno  semel,  iterum  etiam 
cum  alia  clara  recenti  distemperetur,  et  relucebit  ut 
vitrum.  Et,  quando  datur  cum  pincello  super  licterasnigras 
sive  rubeas  elevatas^,  tantum  débet  habere  de  clara  quod 
color  sit  subtilis  et  ad  formam  auri.  Et,  quando  nimium 
haberet  de  clara,  potest  temperari  cum  aqua  pura.  Et  nota 
quod  giallolinum'  et  glaucus  coior*,  et  illud  quod  fit  ex 
herba  roeca^  tintorum,  semper  debent  stare  cum  aqua 
communi  in  vasellis;  et,  quando  voluerit  quis  ex  eis  ope- 
rari,  accipiat  et  temperet  ad  velle  suum.  Et  similiter  terra 
glauca  melius  servatur  cum  aqua  clara  quam  cum  tem- 
pera, licet,  si  esset  cum  tempera,  bene  posset^  sîcut  alii 
colores  conservari.  Faciat  quis  ut  melius  sibi  videbitur. 

1.  De  dicto  colore,  Sal. 

2.  Gomme  modicum  modicum  (pooo  poco). 

3.  Viridum,  ma. 

4.  c  Lettres  rouges  saillantes,  »  traduit  l'éditeur;  «  lettres 
enlevées  i  vaudrait  mieux,  je  crois. 

5.  Giallulinum,  Sal.,  comme  plus  bas.  Gf.  les  n^  i  et  20. 

6.  Glaucum  colorera,  ms. 

7.  Hocca,  Sal.  Gf.  le  n*  7. 

8.  Possent,  ms. 


l'ait  d  KifLimifSE.  284 

28.  Ad  faciendvm  $eribendum  de  eimUnio*, 

[RJeeipe'  einabrium  et  tere  peroptime  super  lapidem  ad 
sieeum,  et  distempera  emn  dara  OYorum  bèxie  fracta  cum 


29.  Ad  faeiendum  primam  investituram  cutnpwllo^. 

[I]tein,  quando  miscentur  colores  ad  faeiendum  primam 
myestîturam  cum  pizello,  azurium  et  rosecta  miscentur 
cerusa^  ;  cmabrium  et  minium,  aurum  musîcum  et  gial- 
loJinum  ponantur  simpliciier^  licet  bene  possînt  misceri, 
sed  meiius  et  pulcrius  apparent  simpllcîter  positi.  Viride  es 
miscetur  bene  cum  utroque,  Yidelicet  cum  giallolino  et  cum 
cenisa,  et  sic  quodlibet  aliud  viride.  Et,  si  vis,  bene  est 
quod  quamiibet  mixturam  serves  pro  se'  in  vasello  suo, 
el  temperatam  cum  aqua  gummata;  et,  si  desiccentur,  et 
efSduQtur  meliores,  et  semper  postea*  poteris  distempe- 
rare  cum  aqua  dara;  et  conteruntur  super  lapidem  ite- 
nim,  si  fuerit  opus,  aut  cum  digito  in  vasello;  et  additur 
interdum  de  tempera,  si  opus  erit.  Et,  si  vis  fiicere  bifftim^ 
colorem,  id  est  violatum  colorem,  recipe  torna-ad-solem 
mutatam  in  eodem  violato  colore,  et  distempera  cum  dara 
8i?e  gumma,  et  misée  cum  cerusa,  et  postea  fac  et  labora 
saper  primam  investituram  cum  pura  pezola^,  donec  tibi 

i.  Cum  cinabrio,  Sal. 

2.  Accipe,  Sal. 

3.  PinzelU),  Sal.,  comme  plus  haut  et  plus  bas. 

4.  Cum  cerusa,  Sai. 

5.  Per  se,  Sal. 

6.  Mot  omis  dans  l'édition  italienne. 

7.  Bissum,  Sal. 

8.  Peciola,  Sal.  Ce  passage  prouve  que  la  pezola  est  bien 
la  même  chose  que  le  tournesol.  On  ne  peut  expliquer  un 
tel  nom  que  par  le  morceau  de  soie  ou  le  mouchoir  (pezzolo) 
auquel  on  incorporait  quelquefois  la  teinture  extraite  du 
tournesol,  pour  l'employer  et  la  conserver. 


282  L*AI.T  D'iIfLUMllIBB. 

placueril  et  Aient  bene  operata  ad  complemenUim  operis. 
Item,  aliter  fit  violatus  color,  videlicet  cum  azurio  mixto 
cum  oerusa  ;  et  umbra  cum  rosecta  oorporata  vel  sîne  oor- 
pore,  et  bene  erit.  Item,  fit  ex  modieo  indioo  et  satis  deaUm 
cum  rosecta,  et  bene  est.  Item,  omnes  colores  mixti  cmn 
cerusa  possunt  et  debent  umbrari  in  fine  cum  puro  colore 
non  mixto  cum  albo.  Et  azurium  potest  augmentari  in 
colore  in  ultima  extremitate  umbre  cum  modieo  de  rosa 
sine  corpore,  cum  qua  umbratur  rosecta  et  dnabrium;  et 
illa  rosa  incorporea  est  quasi  communis  et  universalis 
umbra  ad  omnes  colores,  et  similiter  quasi  fadt  peczolA 
violata.  Item  aurum  musicum  umbratur  cum  croeoetver- 
zino^  sive^  rosecta,  et  sic  galliolinum.  Item,  ad  &ciendum 
criseum  colorem^,  recipe  de  nigroet  albo  et  glauco,  et,  si 
vis  quod  tendat  aliqualiter  ad  rubedinem,  pone  modicum 
de  rubeo. 

Si  vis  fkcere  ihcamaturam  faciei  vd  aliorum  membro- 
rum^,  primo  debes  investire  locum  totum  quod  debes 
incarnare  de  terra  viridi  cum  multo  albo,  ita  quod  modi- 
cum appareat  viriditas,  et  liquido  modo,  deinde  cum  ter- 
recta',  que  fit  ex  glauco  et  nigro  indico  et  rubeo,  liquido 
modo  reinvestiendo  proprietales  figurarum,  umbrando 
loca  débita;  deinde  cum  dbo  et  modieo  viride  releva^  vd 
clarifica  loca  elevanda,  sicut  pictore^fadunt.  PosUuodum 
vero  babeas  rubeum  cum  pauco  albo,  et  colora  loca  que 
debent  esse  colorata,  et  lento  modo  da  de  eadem  materia 


1.  Nom  italien  du  bois  de'brésil. 

2.  Sine,  Sal. 

3.  Couleur  grise. 

4.  Le  manuscrit  porte  id,  en  marge  :  Nota  fnodum  thcar- 
nandi  fades  et  alia  me7nbra. 

5.  La  terrette,  nom  qui,  dans  cette  acception,  parait  par- 
ticulier au  pays  de  l'auteur. 

6.  Terme  resté  avec  cette  signification  dans  la  langue  dee 
peintres. 


l'ait  B'Biiivimm.  288 

super  loca  umbnta,  et  finaditer  cum  multo  albo  et  paueo 
rolieOf  sicut  vis  colorare  incarnaturam,  liquidissimo  modo 
toUun  inearoationem  lineas^  sed  magis  loca  relevata^  quam 
ufflbrata.  Et,  si  figure  essent  nimis  panre,  quasi  non  tan- 
gas  nisi  loca  relevata,  et  in  fine  iterum  relefa  melius  cum 
albopuro^  si  vis;  et  fac  album  in  oculis  et  nigrum;  et  toc 
profîlaturas  in  locis  debilis  cum  rubeo  et  nigro  et^odico 
de  glauco  mixtis,  vel  cum  indico,  si  vis,  aut  nîgro^,  quod 
melius  est,  et  apta  ut  scis;  et  hec  superfldaliter  sufflciant 


30.  Ad  illustrandum  colores  post  operationem  eùrum. 

[A]d  luddandum  rames  colores  in  carta  positos  post 
operationem  eorum,  sive  in  extremitate  umbrarum,  vel 
etiam  per  totam  operationem,  et  potissime  in  opère  pin- 
zsUi,  boc  modo  fades.  Redpe  ergo  gomme  arabiœ  partem  i 
et  dare  ovorum  bene  fraete  cum  sp(»igia  partem  i,  et  misce 
aimai  in  vase  vitri  vel  vitreatO:,  et  permicte  siccari;  et 
qoando  via  lustrare  colores  ex  eo,  et  quod  relucescant  ad 
modom  vemidi  in  tabula  pictorum,  distempera  de  ista 
mistura  gumme  etclare,  ut  supra,  cum  aqua  dara  fontis; 
et,  si  neccesee  est  ponere  aliquid  plus  de  dara  ovorum, 
cuisa  miyoria  ludditatis,  pone;  et,  cum  distemperatum 
âve  resolutum  f uerit,  tune  pone  intus  modicum  de  melle 
corn  esta  pinzelli,  secundum  quantitatem  materie,  iia  quod 
sîDt  neque  mujtum  neque  parum,  et  da  cum  pinzello  apto^ 
modo  super  opus  tuum,  et,  desiccato,  rducebit  sicut  verni- 
cium.  Sed  nota^,  antequam  ponas  in  operationem,  pro- 
bare  debes  in  aliquo  loco  ubi  non  ait  dandum,  et,  siccato, 
vide  si  fadt  crepaturas  :  signum  est  quod  babet  parum  de 
melle;  et,  si  non  desiccaretur  et  adbereret  digito,  signum 

i.  Magis  bene  relevata,  Sal. 

2.  Nigrum,  ms. 

3.  Aeto,  ms. 

4.  Bt  nota,  Sal. 


284  l'aET  D'BNLUMnfBR. 

est  quod  multum  habet  de  melle.  Et  in  hoc  quilibet  débet 
esse  sollicitus  et  prudens,  ut  det  ei  pondus  et  mensuram, 
non  solum  in  hoc,  sed  in  omnibus  aliis  temp^ramentis. 
Deogratias.  Amen^ 

34 .  Ad  ponendum  aurutn  cum  mordente  qui  accipit  aunm 
per  seipsum. 

[R]ecipe  armoniacum  optimum  et  frange  in  frusta,  et 
micte  in  vase  vitri  vel  vitreato  ^  et  pone  de  aqua  communl 
tantum  quod  coperiat  bene  ipsum  et  quod  bene  poxitmol- 
liflcari,  et  permicte  stare  quousque  si t  bene  moUi&catum; 
deinde  cola  per  pannum  lineum  et  intus  dissolve  modicum 
de  zuccharo  candi  bene  contrito;  quo  facto,  micte  intus 
unam  vel  duas  guctas  aque  gumme  arabice,  et  misce  bene; 
deinde  scribe  cum  penna  vel  pinzello  quod  vis,  et,  desic- 
cato  aliquantulum,  pone  aurum,  et  munda  cum  bommace. 

[IJtem,  alio  modo  fit  cum  lîquore  inferius  descripto. 
Recipe  pecias  virides  factas  cum  lUio  azurino,  ut  supra 
dictum,  et,  si  sint  de  eodem  anno,  meliores  sunt,  et  dis- 
tempera cum  dicto  liquore,  et  permicte  stare  duos  aut  très' 
dies,  et  erit  valde  gummosus;  et  cum  ipso  scribe  litteras 
vel  quicquid  volueris,  et  permicte  siccari,  et  calefiicias 
cum  anelitu,  et  ponas  aurum  vel  argentum,  et  preme  cum 
bommace^-,  et  non  brunias  cum  dente,  quia  devastaretur, 
sed  cum  bummace  bruni  leniter,  ut  scis.  Deo  gratias. 
Amen*. 

i.  Après  ces  mots  commence  vraisemblablement  une 
deuxième  addition  au  traité. 

2.  Vitriaco,  ms. 

3.  Duos  vel  très,  8al. 

4.  Cum  bonitate,  Sal.  (I) 

5.  Troisième  formule  finale  et  troisième  addition. 


l'iet  d'bnlvmiïibr.  285 

32.  [Rjegla*  singularis  ad  faeiendum  gummam  aptitnam 
pro  iUtminatione  litterarutn^  tam  cum  pinzello  quant 
eliam^  eum penna. 

Et  primo  flat  dara  ovorum  cam  spongia,  sicut  didum 
est,  deinde  aqaa  gumme*,  ûeut  superius  est  enaratum,  et 
subsequenter  aqua  mellis,  et  in  dicta  aqua  resolvatur  tan* 
tom  de  cannido  *  zuocbaro  quantum  in  dicta  aqua  solvi 
polest.  Et  postea  recipe  i  partem  gumme  et  aliam  partem 
dare  ovorum,  et  misce  simul  in  ampulla,  et  intus  micte 
aoam  partem  vel  minus  aque  mellis  cum  zuccharo,  et  per- 
miete  stare  simul-,  et^  cum  dariflcata  fkierint,  cum  isto 
temperamento  colores  multo  pulcerrime  ponuntur,  si 
magister  scit  illo  uti.  Et  nota  quod  melius  est  quod  ponas  ' 
minus  de  aqua  mellis  quam  de  aliis  partibus  alîarum 
renmiy  et  ratio  est  quia,  si  nimis  poneretur,  resolveretur 
statim  in  humido,  et,  si  parum,  statim  colores  facerent 
crepa^uras.  Et  in  hoc  débet  quilibet  advertere  quod  acci- 
piat  temperantiam. 

[I]tem,  est  notandum  quod  cum  ista  compositione  aqua- 
rom  potest  possi  aurum  et  argentum  in  carta  mirabiliter. 
Et  primo  fit  sic  :  recipe  gissum  optimum  pictorum,  m  par- 
tes, et  boli  armenici  i  partem,  et  tere  super  lapidem  por- 
flricum  peroptirae  ;  postea  imbibe  et  tere  cum  dlcto  liquore, 
tantum  quod  sit  sicut  dnnabrium  quando  fis  sèribere-,  et 
tere  peroptime  in  dicto  lapide,  et  super  dictum  lapidem 
permicte  siccare  ad  solem,  et,  cum  siccatum  fuerit,  dele  de 
lapide  cum  cultello  et  repone  in  carta  in  loco  sicco;  et, 
quando  Yolueris  operari,  accipe  de  eo  quantum  vis,  et  pone 
in  cornu  vitreo,  et  micte  superius  de  aqua  commun!  clara 

1.  Régula,  Sal. 

2.  Mot  omis  dans  l'édition  italienne. 

3.  Gummi,  ms. 

4.  Pour  candito,  candi.  Y.  plus  haut,  n««  3,  19,  23,  etc. 

5.  Pomtur,  Sal. 


286  l'aET  O'ElfLVlimEE. 

quod  coperiat  ipsam  materiam,  et  permicte  moUifieari; 
postea  eice  tantum  de  aqua  quod  remaneat  materia  liquida; 
quam  iterum  tere  super  lapidem,  et  repone  in  cornu,  et 
scribe  sicut  cinabrium.  Et,  quando  ftierit  desiccatum,  cale- 
fac  parum  cum  anelitu,  el  pone  superius  panellum  de  auro 
vel  argento,  et  preme  cum  dente  ad  bruniendum,  et  bni- 
nias  super  tabuiam,  et  fac  sicut  ecis,  quia  optimum  erit. 
Deo  graUas.  Amen. 


LE  COMBAT 

D'ÉRËCHTHÉE   ET   D'IMMARADOS 

SUR  UNB  TBSSiRB  GRKOQUB  BN  PLOKB. 

Par  M.  Max.  Gollionon,  membre  résidant. 
Lu  dtms  la  séance  du  7  avril  1886. 


M.  Arthur  Ëngel  a  publié,  dans  le  Bulletin  de 
correspondance  hellénique  de  1884^  un  choix  de 
tessères  grecques  en  plomb  tirées  des  collections 
athéniennes.  Quelques-uns  de  ces  monuments 
doivent  figurer  parmi  les  documents  numisma- 
tiqoes  qui  peuvent  servir  à  l'histoire  de  la  sculp- 
ture grecque.  Ainsi,  sur  trois  de  ces  jetons^, 
dont  Tun   est  reproduit  ci-joint,  on  reconnaît 


1.  P.  l-îi  et  pi.  I*VI. 

1  PI.  n,  nw  38  et  48;  pi.  IV,  n*  111, 


288  LE  COMBAT  D'tflBGHTHtfB  ET  D^IMMAllDOS. 

FÂthéna  Parthénos  de  Phidias,  telle  qu^elle  est 
figurée  sur  des  monnaies  d'Athènes^.  Le  témoi- 
gnage de  ces  tessères  confirme  ce  que  nous 
apprenaient  les  monnaies  sur  la  position  de  la 
lance  ;  la  déesse  la  tenait  de  la  main  gauche,  qui 
posait  sur  le  rebord  du  bouclier.  Deux  autres  tes- 
sères^ représentent,  conmie  Ta  reconnu  M.  Engel, 
le  groupe  des  Tyrannicides  d'Ânténor,  copié  par 
Gritios  et  Nésiotès  ;  elles  viennent  s'ajouter  à  celles 


qu'ont  déjà  publiées  MM.  0.  Benndorf  et  Peter- 
sen^.  Enfin,  le  sujet  que  représente  la  tessère 
figurée  planche  VI,  n"*  224,  paraît  inspiré  par  une 
œuvre  de  sculpture.  M.  Engel  le  décrit  ainsi  : 
€  Enfant  nu,  debout,  levant  la  main  droite  pour 
prendre  une  grappe  d'une  treille  placée  au-dessus 
de  lui  et  saisissant  de  la  gauche  deux  épis.  » 
M.  Michaelis  a  réuni  tout  un  groupe  de  monuments 
qui  procèdent  de  la  même  conception,  et  parmi 
lesquels  il  place  une  statue  d'Ëros  du  musée  du 

i.  Beulé,  Monnaies  d'Athènes,  p.  258;  cf.  Michaelis,  Der 
Parthenon,  atlas,  pi.  XV,  fig.  20. 

2.  PL  m,  no»  71  et  72. 

3.  O.  Benndorf,  Arch.  Zeitung,  1870,  pi.  XXIV,  n«  1,  et 
Zeitschrift  fur  (ester.  Gymn,,  1875,  p.  618.  Petersen,  Areh. 
epigr.  Mittheilungen  aus  Œsterreich,  1879,  t.  m,  pi.  VI,  n»  2. 


U  COMBAT  D^âl£GfiTH<l  KT  d'iMHAIUDOB.  989 

Louvre,  et  un  groupe  de  la  galerie  de  Doughty 
House  à  Richmond^.  Le  type  d^Eros  cueillaot  le 
raisin  n^est  pas  antérieur  à  Tépoque  hellénistique, 
et  la  série  déjà  longue  de  monuments  qui  le  repré- 
sentent permet  de  supposer  qu'une  statue  célèbre 
avait  mis  ce  motif  en  faveur  auprès  des  artistes. 
La  tessère  publiée  par,  M.  Engel  reproduit  une 
variante  de  ki  même  idée  et  peut  être  rapprochée 
d'une  améthyste  du  cabinet  de  Berlin,  depuis 
longtemps  connue  et  décrite  par  Winckelmann  ^  ; 
mais  elle  o£fre  avec  les  statues  du  Louvre  et  de 
Richmond  une  analogie  plus  étroite  encore  que  la 
pierre  gravée  de  Berlin  ;  elle  semble  donc  plus 
voisine  de  Foriginal  conunun,  d'où  dérivent  toutes 
les  répliques  aujourd'hui  conservées. 

Ces  tessères  rentrent  dans  des  séries  déjà  for- 
mées; il  est  donc  inutile  d'y  insister.  Celle  qui 
est  figurée  sur  la  planche  lY  (fig.  133),  et  dont 
nous  donnons  ici  le  dessin,  nous  parait  offrir 
au  contraire  un  intérêt  tout  particulier,  en  nous 
révélant  l'ensemble  d'une  œuvre  à  laquelle  un 
texte  ancien  fait  allusion.  Elle  représente  deux 
personnages  combattant  l'un  contre  l'autre.  Celui 
de  gauche,  debout,  les  jambes  écartées,  dans  l'at- 
titude de  l'attaque,  lève  le  bras  droit  et  s'apprête 
à  frapper;  de  la  main  gauche,  il  maintient  son 
adversaire,  qui  est  tombé  sur  un  genou.  Ce  der- 

1.  Michaelis,  Eros  in  der  Weinlaube;  Arch,  Zeitung,  1879. 

2.  Winckelmann,  DesGr,  des  pierres  gravées  du  baron  de 
Stoseh,  cl.  n,  802;  Ql  Areh.  Zeitung,  1879,  pi.  XIV,  3. 

XLvii  49 


290  LE  COmkt  D'i&EGHTlrfE  ET  D'nnfAlADOft. 

nier  tient  encore  son  bouclier,  et,  le  bras  drcnt 
relevé  au-dessus  de  la  tète,  il  tente  de  se  défendre. 


Les  graveurs  qui  ont  exécuté  les  coins  de  ces  tes- 
sères  de  plomb  ont  fait  de  trop  fréquents 
emprunts  aux  œuvres  de  la  grande  sculpture 
pour  qu'on  ne  soit  pas  tenté  de  reconnaître  ici, 
au  premier  coup  d'œil,  l'imitation  d'un  groupe  en 
ronde  bosse.  Ce  qui  n'était  qu'une  hypothèse 
devient  presque  une  certitude,  si  l'on  se  rappelle 
qu'il  y  avait  sur  l'Acropole  un  groupe  très  en  vue, 
bien  placé  pour  être  copié,  et  dont  la  description 
offre  de  saisissantes  analogies  avec  le  sujet  figuré 
sur  la  tessère. 

Pausanias  signale  en  effet  sur  l'Acropole 
d'Athènes,  près  du  temple  d'Athéna  Polias,  deux 
grandes  statues  en  bronze,  représentant  deux 
hommes  combattant  :  c  à^àX^iara  fxeyàXa  joîk' 
xoO,  Sie^TTÔTÊÇ  ivSpe^  l^  H^'^Q^**  •  H  ajoute  :  <  On 
appelle  l'un  d'eux  Ërechthée  et  l'autre  Eumolpos; 
mais  tous  les  Athéniens  qui  connaissent  les  choses 
antiques  (xà  àjç>jfAfï)  n'ignorent  pas  que  c'est 
Immarados,  fils  d'Eumolpos,  qui  fbt  mis  à  mort 
par  Ërechthée.  »  La  réflexion  de  Pausanias  semble 

1. 1,  27,  4. 


U  COHIAT  D'nECaTBiB  BT  I>'llUflftAJ)06.  294 

indiquer  que  le  groupe  était  eo  place  depuk  long* 
tempe;  on  avait  eu  le  temps  d'eu  oublier  le  véri- 
table sujet. 

Si  ToD  examine  avec  soin  le  groupe  figuré  sur  la 
teesère,  on  n'hésitera  pas  à  l'identifier  avec  celui 
que  décrit  Pausanias.  Les  termes  dont  se  sert 
l'émvain  grec,  Scearûret;  i^  K^X'')^»  conviennent 
tout  à  fait  à  l'attitude  des  deux  combattants,  qui 
sont  en  effet  séparés  et  ne  forment  pas  un  groupe 
étroitement  lié.  Bien  que  Pausanias  n'indique 
aucune  date  pour  les  statues  de  bronze  de  l'Acro- 
pole, le  parti  qu'a  suivi  l'artiste  permet  d'en  pro- 
poser une  ;  ce  serait  la  première  moitié  du  v®  siècle. 
C'est  en  effet  une  convention  chère  à  la  sculpture 
grecque,  jusqu'au  milieu  du  v^  siècle,  de  compo- 
ser les  groupes  à  l'aide  de  figures  juxtaposées  et 
de  faire»  pour  employer  une  expression  technique, 
des  groupes  non  groupants.  Or,  cette  convention 
a  été  respectée  par  Fauteur  des  statues  copiées  sur 
la  tessère.  Il  y  a  plus;  nous  pouvons  rapprocher 
du  groupe  une  œuvre  de  sculpture  attique  dont  la 
date  est  certaine,  et  qui  n'est  pas  de  beaucoup  pos^ 
térieure  à  la  période  où  nous  plaçons  volontiers 
l'original  imité  par  le  graveur;  nous  voulons  parler 
d'une  des  métopes  de  la  façade  orientale  du  Parthé- 
non.  L'une  des  scènes  de  la  Gigantomachie,  repré- 
sentée sur  les  métopes  de  la  façade  est,  montre  une 
divinité  combattant  contre  un  géant^  ;  c'est  celle 

\.  Micbaelis,  Der  Parthenon,  atlas,  pi.  V,  n*  1. 


292  LB  COMBAT   D'iBECHTHÉE  ET  d'iMMIRIPOS. 

OÙ  M.  Robert  a  reconnu  Hennés^ .  L'adversaire  du 
dieu  est  tombé  sur  le  genou  gauche  dans  la  même 
attitude  que  l'Immarados  de  notre  groupe,  et  le 
mouvement  d'Hermès  ofiRre  de  grandes  analogies 
avec  celui  du  vainqueur,  Ërecbthée.  Nous  croyons 
donc  très  légitime  de  conclure  l'^que  le  groupe 
de  la  tessère  est  une  copie  des  deux  statues  de 
bronze  de  l'Acropole  ;  2^  qu'il  représente  le  com- 
bat d'Erechthée  contre  Immarados;  3^  que  le 
groupe  mentionné  par  Pausauias  est  une  œuvre 
attique  de  la  première  moitié  du  v^  siècle. 

Est-il  possible  d'aller  plus  loin  et  de  proposer 
un  nom  d'artiste  pour  le  groupe  de  l'Acropole? 
Avant  que  la  tessère  de  plomb  fiilit  publiée, 
M.  Micbaelis  avait  déjà  proposé  de  reconnaître  une 
œuvre  de  Myron  dans  les  statues  de  l'Acropole*. 
On  sait  en  effet  que  l'auteur  du  Discobole  avait 
exécuté  une  statue  d'Erechthée  qu'on  voyait  à 
Athènes.  Pausanias  en  fait  mention  à  propos  du 
Dionysos  de  Myron,  qui  était  placé  dans  l'hiéroQ 
des  Muses  sur  l'Hélicon,  et  il  la  désigne  comme 
l'œuvre  la  plus  remarquable  du  maître  d'Éleu- 
thères^.  M.  Micbaelis  a  développé  les  raisons  qui 
lui  font  penser  que  l'Erechthée  de  Myron  n'était 
pas  la  statue  du  héros  qui  occupait  la  cinquième 

1.  G.  Robert,  Die  Ostmetopen  des  Parthenon;  Àrch.  Zeitung, 
1884. 

2.  Mittheilungen  des  arch,  Inst,  in  Aihen,  t.  E,  p.  85-87; 
Der  Erechtheus  des  Myron. 

3.  ...  Spyov  TÛv  M^pfidvoç  O^c  (làXtora  2f(ov  iirràTe  iVv  'Â0^vv)9tv 
"Epe-fiéa,  IX,  30,  i. 


LE  COMBAT  D^ilECflTfl^B  R  D*UI]U«ADOB.  293 

place  daos  la  série  des  statues  des  Eponymes  consa- 
crées sur  l'Agora  d'Athènes^.  Pour  lui,  l'Erechlbée 
doDt  Pausanias  parle  avec  tant  d'éloges  serait 
celui  du  groupe  de  l'Acropole,  et  il  invoque  à 
l'appui  de  son  opinion  les  raisons  suivantes.  Les 
statues  d'Erechthée  et  d'Immarados  étaient  en 
bronze  ;  or,  c'est  la  matière  que  Myron  travaillait 
avec  prédilection.  En  outre,  les  grandes  dimen- 
sioos  de  ces  monuments  font  penser  aux  trois 
statues  colossales  exécutées  par  Myron  pour  l'Hé- 
raion  de  Samos^.  Enfin,  le  sujet,  où  l'intérêt  rési- 
dait surtout  dans  l'énergie  et  le  mouvement  des 
attitudes,  est  tout  à  fait  conforme  au  goût  de 
Myron,  le  maître  réaliste  par  excellence.  Il  est 
vrai  que  Pausanias  ne  dit  pas  que  l'Ërechthée  fit 
partie  d'un  groupe;  mais  H.  Michaelis  cite  des 
exemples  concluants  de  groupes  et  de  composi- 
tions d'ensemble  désignés  par  la  figure  principale, 
et  d'ailleurs  il  est  permis  de  croire  que  TErech- 
thée  était  de  beaucoup  la  figure  la  mieux  réussie. 
Les  arguments  de  M.  Michaelis  sont  fort  plausibles, 
et  rien,  croyons -nous,  n'ëmpèche  d'admettre 
l'identification  proposée  entre  l'œuvre  de  Myron 
et  le  groupe  de  l'Acropole^.  Si  Pausanias,  en  le 

1.  L'Ërechthée  de  l'Agora  est  signalé  par  Pausanias,  I,  5, 
2.  L'hypothèse  suivant  laquelle  cette  statue  serait  l'œuvre  de 
Myron  est  émise,  mais  avec  des  réserves,  par  M.  Engelmann  : 
art.  Ereehtheus,  dans  Roscher,  AusfûhrU  Lexikon  der  griech, 
und  rdm,  JUythologie, 

2.  Strabon,  XIV,  p.  637. 

3.  Une  inscription  trouvée  près  de  l'Acropole  porte  la  signa* 


décrivant,  n'en  nomme  pas  Tauteur,  il  n'y  a  pas 
lieu  d'en  être  surpris;  de  semblables  omissîoDS 
ne  sont  pas  rares  chez  l'écrivain  grec.  Il  est  hm 
prouvé  que  le  groupe  d'Athéna  et  de  MarsyaB, 
signalé  par  Pausanias  sur  l'Acropole,  est  une  œuvre 
de  MyronS  et  cependant  le  périégète  n'en  dit 
rien.  Même  silence  à  propos  de  la  statue  d'Athéoa, 
Hygieia,  dont  nous  connaissons  l'auteur,  Pyr- 
rhos,  par  le  témoignage  d'une  inscription.  Enfin, 
il  oublie  de  citer  l'auteur  du  cheval  Dourien,  qui 
est  Strongylion. 

Si  les  conclusions  de  H.  Hichaelis  sont  fondées, 
—  et  nous  n'avons  aucune  raison  de  les  révoquer 
en  doute,  —  l'intérêt  de  la  tessère  de  plomb 
publiée  par  M.  Ëngel  s'accrott  singulièrement. 
Elle  nous  révèle  les  lignes  générales  d'une  osuvre 
célèbre,  sur  laquelle  les  renseignements  nous  fai- 
saient défaut.  De  même  qu'on  a  reconnu  sur  une 
monnaie  d'Athènes  le  groupe  d'Athéna  et  de  Mar- 
syas',  nous  retrouvons  ici  un  autre  groupe  de 
Myron,  conçu  dans  le  même  esprit,  avec  Je  même 
goût  pour  les  oppositions  d'attitudes  et  pour  Tex- 
ture de  Myron  (C.  I.  A.,  I,  411  ;  cf.  E.  Lœwy,  JnsehriftBn 
grieck,  Bildhauer,  n»  417).  Mais  il  est  difficile  de  décider 
si  elle  se  rapporte  aa  groupe  d'Erechthée  ou  au  Persée  de 
Myron,  qui  se  trouvait  aussi  sur  TAcropole. 

1.  Cf.  notre  notice  sur  Marsyas,  dans  les  Monumen.U  de  Vcuri 
antique,  publiés  par  M.  O.  Rayet. 

2.  Ludwig  von  Sybel  :  Athena  und  Marsyas,  Bronzemûnse 
des  Berliner  Muséums,  Marbourg,  1879. 


LE  GOMBiT  D'tflSCHTH^I  ST  n'iHHilADOB.  295 

pression  des  sentiments  violents.  C'est  un  docu- 
ment précieux  pour  l'étude  de  Foeuvre  d'un  sculp- 
teur qui  compte  parmi  les  trois  plus  grands 
maîtres  du  y*  siècle. 


TABLE  DES  MATIÈRES 


CONTSmiBS 


DANS  CE  VOLUME. 


Pifes 

GoLLiaifON  (Max.)>  M.  R.  Le  combat  d'Érechthée  et 
d'ImmaradoB  sur  une  tessère  grecque  en  bronze.     .     288 

Lbgoy  de  la  Marche,  M.  R.  L'art  d'enluminer,  traité 
italien  du  xiv*  siècle •    .    .     248 

Dblavillb  Le  Roulx  (J.),  A.  G.  N.  Les  sceau^L  des 
archives  de  Tordre  de  SaintJean  de  Jérusalem  .    .     225 

Prost  (Auguste)y  M.  R.  La  justice  privée  et  l'immu- 
nité         i 


Nogent-le-Rotrou,  imprimerie  DAUPSLBr-GooTXRiixnB. 


BULLETIN 

DK  U 

SOCIÉTÉ    NATIONALE 

DES  ANTIQUAIRES 

DE  FRANCE 


Nogenl-le-Rotrou,  imprimerie  Daupelbt-Gootbambur. 


BULLETIN 


SB  I^ 


SOCIÉTÉ   NATIONALE 

DES  ANTIQUAIRES 

DE  FRANGE 

1886 


PARIS 

CHEZ  LB  LIBIUIBE  DE  LA  BOCrflJ 

G.   KLINGKSIECR 

SUE  DE  LnXE,  11 


BULLETIN 

DE  LA 

SOCIÉTÉ  NATIONALE 

DES  ANTIQUAIBES 

DE  FRANGE 


BURBAU   DE   LA   SOCIÉTÉ 

poua  L'ANNiB  1886. 

MM.  E.  Saglio,  Président. 

A.  HéRON  DE  V1LLEPO8SE,    Premier  Vice-Président. 

A.  LoNONON,  Deuxième  Vice-Président. 

R.  DE  Lastetrie,  Secrétaire. 

E.  Corroyer,  Secrétaire-Adjoint. 

Ed.  ÂUBERT,  Trésorier. 

PoL.  NiGARD,  Bibliothécaire-Archiviste. 

Membres  de  la  Gommlssion  des  Impressioiis. 

MM.  Ul.  Robert. 

Abbé  Thédenat. 

MlCHELAltT. 
H.  BORDIER. 

A.  SB  Barthélémy. 

Membres  de  la  Commission  des  Fonds. 

MM.  G.  DuPLBSsis. 
E.  Guillaume. 

L.  GOURAJOD. 


LISTE 

DES  MEMBRES  HONORAIRES 
Au  45  Juin  1886. 


MM. 

i.  NiEirwERKERKB  (le  comte  de),  G.  0.  ^,  membre  libre  de 
rinstitut  (Académie  des  beaux-arts)  (1854). 

2.  Maury  (Alfred),  G.  ^^  membre  de  l'Institut  (Académie 
des  inscriptions  et  belles-lettres),  directeur  général  des 
Archives  nationales,  professeur  au  Cîollège  de  France, 
au  palais  des  Archives,  rue  des  Francs-Bourgeois,  60 
(1842-1858). 

3.  Dbloghe  (Maximin),  G.  ^,  membre  de  Tlnstitut  (Aca- 
démie des  inscriptions  et  belles-lettres),  directeur  hono- 
raire au  ministère  de  l'Agriculture  et  du  Gommerce, 
avenue  de  Gravelle,  60,  à  Saint-Maurice  (Seine)  (1856- 
1879). 

4.  Barthélémy  (Anatole  de),  >|f(,  membre  du  Gomité  des 
travaux  historiques  et  scientifiques,  rue  d'AnJou-Saint- 
flonoré,  9  (1861-1882). 

5.  Le  Blant  (Edmond),  0.  ^,  membre  de  l'Institut  (Acadé- 
mie des  inscriptions  et  belles-lettres),  président  du 
Comité  des  travaux  historiques  et  scientifiques  (section 
d'archéologie) ,  directeur  de  TÉcole  française  d'archéo- 
logie de  Rome,  rue  Leroux,  7  (1859-1883). 


—  7  — 
MM. 

6.  Ghabouillet  (P.-M.-Anatole),  0.  ^  conservateur  sous- 
directeur  du  département  des  médailles  et  antiques  de 
la  Bibliothèque  nationale,  vice -président  du  Comité 
des  travaux  historiques  et  scientifiques,  rue  Golbert, 
12  (1861-1884). 

7.  Renan  (Ernest),  G.  jj^f,  membre  de  Tlnstitut  (Académie 
française  et  Acadéoiie  des  inscriptions  et  belles-lettres), 
bibliothécaire  honoraire  au  département  des  manuscrits 
de  la  Bibliothèque  nationale,  administrateur  du  Collège 
de  France,  place  du  Collège  de  France,  1  (1851-1884). 

8.  MiGHELANT  (Heuh- Victor) ,  ^,  membre  honoraire  du 
Comité  des  travaux  historiques  et  scientifiques  et  de  la 
Commission  du  catalogue  des  manuscrits  des  départe- 
ments, conservateur  sous-directeur  du  département  des 
manuscrits  de  la  Bibliothèque  nationale,  avenue  Tru- 
daine,  11  (1853-1885). 

9.  Dblisle  (Léopold),  C.  ^,  membre  de  l'Institut  (Académie 
des  inscriptions  et  belles-lettres),  président  du  Comité 
des  travaux  historiques  et  scientifiques  (section  d'his- 
toire), président  de  la  Commission  du  catalogue  des 
manuscrits  des  départements,  administrateur  général 
de  la  Bibliothèque  nationale,  rue  des  Petits-Champs,  8 
(1855-1885). 

10.  Passy  (Louis),  docteur  en  droit,  député,  rue  de  Clichy, 
45  (1861-1886). 


LISTE 

DES  MEMBRES  RÉSIDANTS 
Au  15  Juin  1886. 


MM. 

1.  MoNTAioLON  (Anatole  de  Goubds  de),  ^^  professeur  à 
rÉcole  des  Chartes,  membre  du  Comité  des  travaux 
historiques  et  scientifiques,  place  Royale,  9  (10  février 
1851). 

2.  BoRDiER  (Henri),  bibliothécaire  honoraire  au  département 
des  manuscrits  de  la  Bibliothèque  nationale,  rue  de 
Rivoli,  182  (9  avril  1851). 

3.  NiCARD  (Pol.),  rue  de  Sèvres,  38  (9  mai  1851). 

4.  Waddimgton  (William -Henry) y  membre  de  l'Institut 
(Académie  des  inscriptions  et  belles-lettres),  sénateur, 
ambassadeur  de  France  à  Londres,  rue  Dumont-d'Ur- 
ville,  31  (19  décembre  1853). 

5.  YoouÉ  (le  marquis  Melchior  de),  G.  ^,  membre  libre  de 
l'Institut  (Académie  des  inscriptions  et  belles-lettres), 
rue  Fabert,  2  (4  juillet  1860). 

6.  Bertrand  (Alexandre),  ^,  membre  de  Tlnstitut  (Aca- 
démie des  inscriptions  et  belles-lettres),  conservateur  du 
Musée  de  Saint-Germain-en-Lraye,  membre  du  Comité 
des  travaux  historiques  et  scientifiques,  rue  Soufllot, 
22,  et  au  château  de  St-Germain  (7  août  1861). 

7.  Rey  (A.-E.  Guillaume),  #,  rue  de  Vigny,  1  (5  fé- 
vrier 1862). 


—  9  — 

MM. 

8.  GoÉRiH  (Victor),  e)J»,  docteur  ès-lettres,  rue  du  Regard,  5 
(3  décembre  1862). 

9.  Riant  (le  comte),  membre  de  Tlnstitut  (Académie  des 
inscriptions  et  belles-lettres),  boulevard  de  Gourcelles,  51 
(2  mai  1866). 

10.  Reao  (Charles),  ^y  boulevard  Saint-Germain,  2  (6  mars 
1867). 

11.  Hbuzey  (Léon),  0.  ^,  membre  de  Tlnstitut  (Académie 
des  inscriptions  et  belles-lettres  et  Académie  des  beaux- 
arts),  membre  du  Comité  des  travaux  historiques  et 
scientifiques,  professeur  à  TÉcole  des  beaux-arts  et  à 
rËcole  du  Louvre,  conservateur  des  antiquités  orientales 
au  Musée  du  Louvre,  avenue  Montaigne,  5  (l^'  mai  1867). 

42.  AuBERT  (Edouard),  rue  d'Anjou-Saint-Honoré,  9  (3  juil- 
let 1867). 

13.  Pebrot  (Georges),  0.  ^,  membre  de  l'Institut  (Académie 
des  inscriptions  et  belles-lettres),  membre  du  Comité 
des  travaux  historiques  et  scientifiques,  directeur  de 
rÉcole  normale,  professeur  d'archéologie  à  la  Faculté 
des  lettres,  rue  d'Ûlm,  45  (8  janvier  1868). 

14.  Wbsgher  (Carie),  !j(^,  conservateur  sous-directeur  adjoint 
du  département  des  manuscrits  de  la  Bibliothèque  na- 
tionale, ruo  de  Yaugirard,  89  (3  juin  1868). 

15.  RoBBRT  (P.-Charles),  C.  ij^,  intendant  général  en  retraite, 
membre  libre  de  l'Institut  (Académie  des  inscriptions 
et  belles-lettres),  membre  du  Comité  des  travaux  histo- 
riques et  scientifiques,  avenue  de  "Latour-Maubourg,  25 
(3  mars  1869). 

16.  Prost  (Auguste),  ^,  rue  de  la  Banque,  21  (8  novembre 
1871). 

17.  DuPLESsis  (Georges),^,  conservateur  sous-directenr  adjoint 

du  département  des  estampes  de  la  Bibliothèque  natio- 
nale, rue  de  Madame,  31  (6  décembre  1871). 


—  40  — 

MM. 

18.  Dbmay  (Germain),  ^,  chef  de  section  aux  Archives 
nationales,  membre  du  Comité  des  travaux  historiques 
et  scientifiques,  place  Royale,  5  (2  avril  1873). 

19.  Guillaume  (Edmond),  ijfc,  architecte  du  palais  du  Louvre, 
membre  de  la  Commission  des  bâtiments  civils,  rae 
Jean-Bart,  3  (1<^  juillet  1874). 

20.  CouRAJOD  (Louis),  conservateur-adjoint  de  la  sculpture 
et  des  objets  d'art  du  moyen  &ge,  de  la  renaissance  et 
des  temps  modernes  au  Musée  du  Louvre,  membre  du 
Comité  des  travaux  historiques  et  scientifiques^  membre 
de  la  Commission  des  monuments  historiques,  rue 
Raynouard,  39,  à  Passy  (5  mai  1875). 

21.  RozièRE  (Eugène  ue),  O.  ^,  membre  de  l'Institut  (Aca- 
démie des  inscriptions  et  belles-lettres),  sénateur,  rue 
Lincohi,  8  (5  mai  1875). 

22.  Saolio  (Edmond),  i}(i,  conservateur  de  la  sculpture  et  des 
objets  d'art  du  moyen  âge,  de  la  renaissance  et  des  temps 
modernes  au  Musée  du  Louvre,  rue  de  Coudé,  24  (3  no- 
vembre 1875). 

23.  ViLLBFossB  (Antoine  HinoN  de),!^^,  membre  de  l'Institut 
(Académie  des  inscriptions  et  belles-lettres),  conserva- 
teur de  la  sculpture  grecque  et  romaine  au  Musée  du 
Louvre,  membre  du  Comité  des  travaux  historiques  et 
scientifiques,  maître  de  conférences  à  l'École  pratique 
des  Hautes-Études,  rue  de  Grenelle-Saint-Germain,  80 
(5  janvier  1876). 

24.  LoNONON  (Auguste),  ij/f^y  membre  de  l'Institut  (Académie 
des  inscriptions  et  belles-lettres),  archiviste  aux  Archives 
nationales,  membre  du  Comité  des  travaux  historiques 
et  scientifiques,  maître  de  conférences  à  l'École  pratique 
dee  Hautes-Études,  boulevard  des  Invalides,  34  (7  juin 
1876). 

25.  GmmBT  ( Juliee),  #,  archiviste  aux  Archives  nationales, 
membre  du  Comité  des  travaux  historiques  et  scienti- 
fiques, rue  d^Hauteville,  1  (7  février  1677). 


—  u  — 

MM. 

26.  SoHLuicBBEeBft  (Gnsta^e),  i||f,  membre  de  llnstitat  (Âc»* 
démie  des  inecriptions  et  belle»-lettrea),  membre  du 
Comité  des  trairaux  historiques  et  scientifiques,  me  du 
Faubouig-âaint-Honoré,  140  <7  féYrier  1877). 

27.  Ratbt  (  Olivier  ),  ^^  professeur  d'archéologie  près  la 
Bibliothèque  nationale,  membre  du  Comité  des  travaux 
historiques  et  scientifiques,  rue  Notrc-Dame-des*Ghamps, 
75  (4  avril  1877). 

28.  GAn>oz  (Henri),  directeur  à  FÉcole  pratique  des  Hautes- 
Études,  me  Servandoni,  22  (7  novembre  1877). 

29.  Mûnz  (£ugène),  ^^  conservateur  de  la  bibliothèque,  des 
archives  et  du  musée  de  TËcoie  des  Beaux-Ârts,  membre 
du  Comité  des  travaux  historiques  et  scientifiques,  me 
de  Gondé,  14  (8  mai  1878). 

30.  MowAT  (Robert),  0.  ^,  chef  d'escadrons  d'artillerie  en 
retraite,  rue  des  Feuillantines,  10  (6  novembre  1878). 

31.  GoRBOTKa  (Edouard),  ^^  architecte  du  gouvernement,  me 
de  Gourcelles,  14  (5  février  1879). 

32.  Lastbyrie  (le  comte  Robert  de),  ^,  secrétaire  du  Comité 
des  travaux  historiques  et  scientifiques  (section  d'ar- 
chéologie), membre  de  la  Commission  des  monuments 
historiques,  professeur  à  l'École  des  Chartes,  rue  du 
Pré-aux-Clercs,  10  Us  (5  novembre  1879). 

33.  DuGHESNB  (l'abbé  L.),  professeur  à  l'Institut  catholique  de 
Paris,  maître  de  conférences  à  l'École  pratique  des 
Hautes-Études,  me  de  Yaugirard,  66  (3  décembre  1879). 

34.  BoisLiSLB  (Arthur  db),  ^^  membre  libre  de  l'Institut 
(Académie  des  inscriptions  et  I)elles-Iettre8),  membre 
du  Comité  des  travaux  historiques  et  scientifiques,  me 
de  l'Université,  18  (4  mai  1881). 

35.  Assois  de  Jubaiitville  (Henri  d*),  ^,  membre  de  lins- 
titnt  (Académie  des  inscriptions  et  belles*lettres),  pro- 
fesseur au  Collège  de  France,  boulevard  Montparnasse, 
84  (5  avril  1882). 


—  42  — 

MH. 

36.  RoBBRT  (Ulysse),  ^,  inspectenr  général  des  archives  et 
des  bibÙothèques  départementales,  Grrande-Rue,  31,  à 
Saint-Mandé  (5  avril  1882). 

37.  Rouoé  (le  vicomte  Jacques  de),  rue  de  l'Université,  35 
(5  juillet  1882). 

38.  Thédenat  (l*abbé  Henri),  ancien  supérieur  du  collège  de 
Juilly,  quai  des  Gélestins,  2  (8  novembre  1882). 

39.  Ramé  (Alfred),  ^^  conseiller  à  la  Cour  d'appel,  membre 
honoraire  du  Comité  des  travaux  historiques  et  scien- 
tifiques, rue  de  Provence,  62  (4  avril  1883). 

40.  Flouest  (Edouard),  j)(i,  ancien  procureur  général,  rue  de 
Rivoli,  158  (5  mars  1884). 

41.  Bapst  (Germain),  boulevard  Haussmann,  153  (4  février 

1885). 

42.  MoLiNiER  (Emile),  attaché  au  département  de  la  sculp- 
ture et  des  objets  d*art  du  moyen  Age,  de  la  renaissance 
et  des  temps  modernes  au  Musée  du  Louvre,  quai  Bour- 
bon, 53  (4  février  1885). 

43.  Lbgoy  DE  LA  BIarghe  (Albert),  archiviste  aux  Archives 
nationales,  rue  du  Faubourg-Saint-Honoré,  222  (6  mai 
1885). 

44.  GoLLiONON  (Maxime),  professeur  à  la  Faculté  des  lettres, 
rue  Herschel,  6  (6  janvier  1886). 

45.  Babrlon  (Ernest),  attaché  au  Cabinet  des  antiques  à  la 
Bibliothèque  nationale,  rue  du  Regard,  9  (7  avril  1886). 


LISTE 

DES  ASSOCIÉS  CORRESPONDANTS 

NATIONAUX  ET  élUANOESS 
AU  15  Juin  1886. 


oofrespondants  iiit*l«niuix<. 

Jin. 
MJA.» 

Nyd  fl'abbé),  à  Sermoyer,  par  Pont-de-Vaux  (6  avril  1881). 

Aisne, 

Péchbdr  (Fabbé),  à  Crouy,  près  Soissons  (4  mars  1857). 
MoBBAD  (Frédéric),  ^,  à  Fère-en-Tardenois  (3  novembre 

1875). 
Phlot,  agent-voyer   d'arrondissement,  à   Saint -Quentin 

|13  février  1884). 

Alpes  (Basses-). 

Pabbb  (Marc),  notaire  honoraire,  à  Larche,  par  Gondamine- 
Ghâtelard  (4  juin  1879). 

HiPBBT-MoNGLAR  (le  marquis  de),  ^,  au  château  d'Alle- 
magne, par  Ries  (4  février  1885). 


1.  Le  CMoité  de  publiettion  croit  deToir  rappeler  qn'aax  termes  de  l'art.  8  du 
Règlemantf  la  qualification  à'Aisoeié  corretpondant  national  ou  étranger  est  la 
Mole  qui  puisse  être  prise  par  les  personoea  dont  les  noms  soireot.  La  qualificatioa 
fe  Hembre  de  la  Société  des  Antiquairei  de  France  est  réservée  aux  45  membres 
''■idaots  st  aux  10  membres  honoraires. 


—  44  — 

Alpei  (Hcmtei-). 
MM. 
Roman   (Joseph),  au  château  de  Picomtal,  près  Embnm 
(1«  mars  1876). 

Ardemut. 

Dblahaut  (Charles),  i  GharleviUe,  Soua-laS'Allées,  59  (12  dé- 
cembre 1883). 

Aube. 

PiOBOTTE  (Léon),  à  Troyes,  rue  du  Palais-de-Justice  (7  féyrier 

1872). 
Lalobe  (l'abbé  Charles),  ancien  professeur  de  théologie  an 

grand  séminaire,  à  Troyes  (3  février  1875). 
Babeàu  (Albert),  à  Troyes  (3  juillet  1878). 

Aveyron. 

GàBàs  (l'abbé),  directeur  du  Musée,  à  Rodez  (10  juillet  1872). 

Mfort  (Territoire  de). 

MossMANN,  à  Belfort  (6  février  1867). 

Bauches-^U'Rhâne, 

Pabrogel  (E.),  ^^  membre  de  l'Académie  de  Marseille,  à 
Marseille  (7  avril  1868). 

Pbnon  (C),  directeur  du  Musée  Borély,  i  Marseille  (8  no- 
vembre 1869). 

Teissush  (Octave),  ^,  membre  non  résidant  du  Comité  des 
travaux  historiques  et  scientifiques,  à  Marseille,  boule- 
vard Longcbamp,  135  (2  juin  1872), 

BlaMcabd  (Louis),  ^,  correspondant  de  l'Institut  (Académie 
des  inscriptions  et  belles-lettres),  archiviste  du  départe- 
ment, à  Marseille,  rue  Silvabelle,  2  (5  novembre  1878). 

BAtTHéLEMY  (lo  docteur),  i  Marseille,  boulevard  Chave,  Tilla 
Doria  (5  mai  1880). 

Rémusat  (Joseph  de),  à  Marseille,  rue  Grîgnan,  66  (2  juillet 
1884). 


—  45  — 

MM. 

Ghassl  (Eugène),  ancien  archimte  du  département,  membre 

de  rAcadéinie  de  Gaen,  à  Gaen  (4  février  1863). 
Du  FannB  ds  Bbaugouit  (le  marquis  6.),  au  château  de 

Morainville,  par  Blangy  (!«'  mars  1865). 
MoisT  (Henri),  i  lisieux  (3  janvier  1877). 
Travbbs  (Emile),  secrétaire  de  ia  Société  dee  beaux-arts,  à 

Gaen  (7  mars  1877). 
BsiDEBPAiBB  (Eugène  na  Robiujlrd  db),  ijj^^  secrétaire  de  la 

Société  des  Antiquaires  de  Normandie,  à  Gaen  (5  mai 

1879). 

Charente, 

LiàYBB,  président  du  Consistoire,  à  Angouléme  (7  juin  1876), 
Ghauvbt,  président  de  la  Société  archéologique  et  historique 
de  la  Charente,  à  Ruffec  (2  avril  1884). 

CharetUe-Inférùnre, 

Juubn-Lafbrbièbb  (l'abbé),  chanoine  de  la  cathédrale^  à  la 
Rochelle,  rue  des  Augustins,  8  (6  mars  1878). 

Md8sbt,  bibliothécaire  de  la  ville,  à  ia  Rochelle  (6  février 
1884). 

Cher. 

BuBOT  DB  Kbrskbs,  à  Bourges  (5  juin  1872). 

Lsion  (Louis),  ^^  à  Nohan,  commune  d'AUichamps  (3  fé- 
vrier 1875). 

GoT  (Pierre  de),  à  Bourges  (2  avril  1884). 

Gn&RE  (le  comte  Alphonse  de  la),  à  Bourges,  rue  de  Para- 
dis, 22  (5  novembre  1884). 

Corrège, 

Rup»  (Ernest),  vioe-président  de  la  Société  scientifique,  his- 
torique et  archéologique  de  la  Corrèze,  à  Brive,  boule* 
vard  des  Sœurs  (1"  février  1882). 


—  46  — 

MM, 

LAPÂRonsB  (Grustave),  ^,  à  Ghâtillon-eur-Seine  (3  juin  ' 

AaBAUMONT  (Jules  d'),  secrétaire  de  la  Commission  d'archéo- 
logie de  la  Gôte-d'Or,  à  Dijon  (15  noYembre  4865). 

AuBERTm  (Charles),  correspondant  du  ministère  de  ^instra^ 
tion  publique,  à  Beaune  (10  janvier  1866) . 

BEA0VOI8  (E.),  à  Gorberon  (28  juin  1871). 

Beaudouin  (Jules),  e^,  suppléant  de  la  justice  de  paix,  à 
Ghàtillon-sur-Seine  (4  décembre  1872). 

MoNTiLLE  (L.  de),  ^,  à  Beaune  (7  avril  1880). 

BouQOT,  professeur  à  la  Faculté  des  lettres,  à  Dijon  (1*  fé- 
vrier 1882). 

BiOABNE  (Ch.),  à  Chorey,  par  Beaune  (7  février  1883). 

Louis-Lucas  (Paul),  professeur  à  la  Faculté  de  droit,  à  Dijon, 
boulevard  Garnot,  5  (5  mars  1884). 

Wbiss  (André),  professeur  à  la  Faculté  de  droit,  à  Dijon, 
(5  mars  1884). 

MiLLON,-  vice-président  du  tribunal  civil,  à  Dijon  (2  juillet 
1884). 

Côieê-du^Nord, 

Rhoné  (Arthur),  à  Kéravel  en  Plouha  (5  janvier  1876). 

Creuse, 

Gbssac  (le  comte  P.  os),  au  château  du  Mouchetard,  près 
Guéret  (2  décembre  1868). 

Dordogne, 

Hardy  (Michel),  archiviste,  à  Périgueux  (17  mars  1875). 
Galy  (le  docteur),  0.  #,  conservateur  du  Musée,  à  Périgueux 

(10  décembre  1879). 
Gay  (Victor),  à  Labarde,  par  la  Coquille  (5  mai  1880). 
Fayolle  (le  comte  db),  au  château  de  Fayolle,  par  Tocane- 

Saint-Apre  (3  juin  1885). 


—  47  — 

Douhs, 

MM. 

Gastan  (Auguste),  ^,  oorreBpondant  de  l'Institut  (Académie 

des  inscriptions  et  belles-lettres),  bibliothécaire  de  la 

ville,  à  Besançon  (3  juillet  1872). 
Gauthier  (Jules),  archiviste  du  département,  à  Besançon 

(8  novembre  1882). 
DuTEBROY  (G.),   conservateur   du  musée,  à   MontbéUard 

(7  mars  1883). 

DrôtM. 

Ghevâluer  (le  chanoine  Ulysse),  ^^  membre  non  résidant 
du  Comité  des  travaux  historiques  et  scientifiques,  à 
Romans  (3  février  1869). 

Vallentin  (Ludovic),  juge,  à  Montélimart  (9  décembre  1874). 

Sqerakne  (le  comte  Fernand  de  la),  au  château  de  Beau- 
semblant,  par  Saint- Vallier  (11  mai  1881), 

Eure^et'Loir, 

Gouverneur  (Aristide),  à  Nogent-le-Rotrou  (2  mai  1877). 
Finistère. 

Bremokd  d'Abs  (le  comte  Anatole  de),  e^,  au  château  de  la 
Porte-Neuve,  par  Pontaven,  et  à  Nantes,  rue  Harroûys,  5 
(3  avril  1878). 

Ghatbllibr  (P.  du),  an  château  de  Kernuz,  par  Pont-FAbbé 
(7  janvier  1880). 

GOLLBVQ.LE  (le  vicomto  DE),  à  Quimperlé  (2  juin  1886). 

Gard, 

AuBÂs,  0.  ^,  ingénieur  en  chef  des  ponts-et-chaussées  en 

retraite,  à  Nimes  (11  janvier  1865). 
RÂYon.  (Henri),  0.  ^,  correspondant  de  Flnstitut  (Académie 

des  beaux-arts),  architecte  du  gouvernement,  à  Nimes 

(4  juin  1873). 

ANT.  BULLETIN.  2 


—  *«  — 

MM. 

ËspiBANDUBU  (Emile),  lieutenant  au  17«  régiment  d'infanterie, 
à  Alais,  rue  de  THôtel-de- Ville,  14  (29  juillet  1885). 

Garonne  {Ëaute-), 

RosGHAGH  (Ernest),  ^,  archiviste  de  la  Tille,  à  Tonlouse,  rue 

Baint-Rome,  21  (16  janvier  1867). 
MoREL  (Jean-Pierre-Marie),  bibliothécaire-archiviste,  à  Saint- 

Qattdens  (8  juin  1874). 
Lebègue,  professeur  à  la  Faculté  des  lettres,  à  Toulouse 

(14  novembre  1877). 
Sagaze  (Julien),  avocat,  à  Saint-Gaudens  (28  juillet  1880). 
SAlHT-PAùt  (Anthyme),  à  Toulouse,  rue  Montaudran,  31 

(9  février  1881). 

Gironde. 

BRumtr  (Gustave),  à  Bordeaux  (8  mai  1852). 

Drouyn  (Léo)i  ^9  ^  Bordeaux,  rue  Desfoumiel,  30  (2  dé- 
cembre 1859). 

Grellbt-Balouerie  (Charles),  à  Bordeaux,  rue  Ducan,  25 
(3  juin  1863). 

HéramU. 

RiGARo  (Adolphe),  secrétaire  de  la  Société  d'archéologie,  à 

Montpellier  (9  octobre  1852). 
AzAîs  (Gabriel),  secrétaire  de  la  Société  d'archéologie,  à 

BézierSf  descente  de  la  Citadelle  (4  mars  1863). 
Cazalis  de  Fondougb,  à  Montpellier,  rue  des  Études,  18 

(12  juin  1878). 
NoouiER  (Louis),  à  Béziers,  rue  de  la  Promenade,  5  (10  dé' 

cembre  1879). 

IHe-^t^VUtUne. 

RoBion  (Félix),  correspondant  de  Tlnstitut  (Académie  des 
inscriptioas  et  belles-lettres),  professeur  d'histoire  à  la 
Faculté  des  lettres,  à  Rennes  (5  mars  1879). 


—  19  — 

MM: 

JouON  DBS  LoNORÀis,  à  Roimes,  rae  du  GriffoDi  4  (11  avril 
i681). 

Indfê. 

Daiouson  (Maarice),  à  Ghàteauroux  (14  janvier  1885). 

Paldstrb  (Léon)y  directear  honoraire  de  la  Société  française 

d'archéologie,  à  Tours  (7  avril  1875). 
Dbuvillb  Lb  Rodli  (J.),  axchivist^paléographe,  à  Monta 

(5  février  1879). 

lière, 

Gariel,  ancien  conservateur  de  la  Bibliothèque,  à  Grenoble 
(4  juillet  1866). 

Jura. 

Bbbthelet  (Charles),  à  Arlay  (21  janvier  1885). 
Landes. 

Tabtièrb  (Henri),  archiviste  du  département,  à  Mon|-de* 

Marsan  (7  février  1872). 
Taillebois  (Emile),  archiviste  de  la  Société  de  Borda,  à 

ûaz  (12  décembre  1883). 

Loire. 

Ghaterondier  (Auguste),  ^,  archiviste  du  département,  à 

8amt-Ëtienne  (6  juin  1866). 
IHiBAHD  (Vincent),  secrétaire  de  la  Société  archéologique  du 

Fores,  à  Allieu,  par  Boên*8ur-Lignon  (7  juillet  1875). 
&ûraiAU),  à  Saint-Étienne,  rue  Saint-Louis,  52  (10  décembre 

1879). 
Jeamnez  (Edouard),  à  Roanne  (6  avril  1881). 
Brassabt  (Eleuthère),  à  THôpital-sous-Rochefort,  par  Boên- 

8ur-Lignon  (4  novembre  1885). 


—  20  — 

Loire  (Haute^), 
MM. 

Atmard,  conservateur  du  Musée,  au  Puy  (9  novembre  1848). 
GHASBAma  (Augustin),  {)(i,  juge  au  tribunal  de  première  ins- 
tance>  au  Puy  (21  février  1872). 

Loire-Inférieure. 

NiGOLuÈRE  (S.  DE  LA),  à  Nautes,  rue  Deshoulières,  1  (2  juin 

1869). 
WisMBs  (le  baron  de),  à  Nantes,  rue  Royale,  9  (7  juin  1876). 
Kervilbïi  (René  Pogaed-),  e^,  ingénieur  des  ponts-et-chaos- 

sées,  à  Saint-Nazaire  (6  décembre  1876). 
PrntB  de  Lislb,  secrétaire  de  la  Société  archéologique,  à 

Nantes,  rue  Félix,  12  (19  avril  1882). 

Loiret. 

PiBRAC  (Germain-Philippe-Anatole  du  Fauh,  comte  de),  an- 
cien élève  de  l'École  polytechnique,  à  Orléans,  rue  des 
Anglaises,  12  (15  mai  1865). 

Boucher  de  Molandon,  ^,  à  Orléans  (2  décembre  1868). 

LoiSELBUR  (Jules),  ^y  bibliothécaire  de  la  ville,  à  Orléans 
(16  février  1870). 

Dbsnoyers  (l'abbé),  président  de  la  Société  archéologique  de 
rOrléanais,  à  Orléans  (7  mai  1873). 

GouRBT  (Alphonse),  ancien  magistrat,  à  Orléans  (7  novembre 
1877). 

Loir-et-Cher, 

Du  Plessis  (G.),  à  Blois  (9  avril  1840). 

Roghambbau  (le  marquis  Achille  de),  ^,  au  château  de 

Rochambeau,  commune  de  Thoré  (6  novembre  1867). 
Storblli  (André),  conservateur  du  Musée,  à  Blois  (3  juillet 

1878). 

Lot. 
FoNTENiLLES  (Paul  de),  à  Gahors  (15  février  1882). 


—  24  — 

Lot-et-Garonne. 

MU. 

Magen  (Adolphe),  à  Agen  (1«  février  1865). 

Tholdi  (Georges),  archiviste  du  département,  à  Âgen,  nie 
Scaliger  (5  mars  4873). 

Tamizet  se  Labroqub,  e^,  correspondant  de  Tlnstitut  (Acap- 
démie  des  inscriptions  et  belles-lettres),  membre  non 
résidant  du  Comité  des  travaux  historiques  et  scien- 
tifiques, à  Gontaud  (6  février  1884). 

Losère. 

P&umàBBs  (le  docteur),  à  Marvéjols  (3  mai  1876). 
Gkbher-Duiiand  (François),  architecte  du  département,  à 
Monde  (15  décembre  1880). 

MaineTet''LoiTe. 

Godabd-Faultribr,  à  Angers  (11  avril  1866). 

PoKT  (Gélestin),  0.  ^,  correspondant  de  Tlnstitut  (Académie 
des  inscriptions  et  belles- lettres),  membre  non  résidant 
du  Comité  des  travaux  historiques  et  scientifiques,  archi- 
viste du  département,  à  Angers  (3  mars  1875). 

'PiETrE  (Edouard),  juge  au  tribunal  civil,  à  Angers,  rue 
de  la  Préfecture,  18  (8  novembre  1876). 

Fargy  (Louis  de),  à  Angers,  parvis  Saint-Maurice,  3  (30  jan- 
vier 1884). 

Marne. 

LoRiQUET  (Charles),  conservateur  de  la  Bibliothèque  publique 

et  du  Musée,  à  Reims  (6  juillet  1864). 
GivBLET  (Charles),  membre  de  TAcadémie  de  Reims,  à  Reims 

(9  janvier  1867). 

Barthélémy  (le  comte  Edouard  de),  ^,  membre  non  résidant 
du  Comité  des  travaux  historiques  et  scientifiques,  à 
Courmelois  (5  mars  1873). 


MM. 
Baye  (le  baron  Joseph  de),  à  Baye  (i»  avril  1874). 
LuGOT  (l'abbé),  chanoine  archiprôtre  de  la  cathédrale,  à  Ghâ- 

lons-Bur-Marne  (i^*  oeU>bre  1879). 
Dbmaiboit,  archivifita  de  la  ville,  à  Heims  (20  juillet  1881). 
NiGAiBE  (Auguste),  à  Gh&lons-suF-Mame  (12  juillet  1882). 
Jadart  (Henry),  à  Reims,  rue  des  Murs,  26  (5  novembre 

1884). 

Brocard  (Henry),  architecte,  k  I^ngres  (3  avril  1878). 
La  Boullaye  (E.  Jullten  de),  conservateur  de  la  biblio- 
thèque, à  Langres  (17  juillet  1878). 
Boooard  (le  docteur),  à  Bourbonne-les-Bains  (7  janvier  1880). 
Daquin,  à  Nogent-le-Roi  (3  décembre  1884). 

Mayenne, 

Farcy  (Paul  de),  à  Ghâteau-Gontier,  rue  Dorée  (10  octobre 
1877). 

Meurthe^êt'-MoseUe, 

Mouqenot  (Léon),  vice-consul  d'Espagne  à  Nancy,  à  Mahé- 
ville,  près  Napcy  (10  juin  1861). 

PuYMAïQRE  (le  comte  de),  au  ch&teau  d'Ingls^age,  pf^r  Metzer- 
visse,  et  à  Briey  (4  juin  1862). 

RouYER  (Jules),  à  Thiaucourt  (2  mars  1864). 

Durand  de  Distrofp  (Anatole),  avocat,  à  Briey  (5  avril  1865). . 

Gqdrnault  (Charles),  *,  conservateur  du  Musée  lorrain,  à 
Nancy  (9  février  1870). 

Germaiw  (Léon),  à  Nancy,  rue  Héré,  26  (7  mars  1883). 

Des  Robert,  à  Nancy,  terrasse  de  la  Pépinière,  1  (5  décem- 
bre 1883). 

Fayard  (Emile),  directeur  des  Cristalleries,  à  Baccarat 
(2  juin  1886). 


--  »- 

Meus^. 
MM. 

Maxb-Wbhly,  à  Bar-le-Duc  (10  octobre  4877). 
Jacob  (Alfred),  coD9eryateur  du  Muséei  à  Bar^le-Duc,  place 
Saint-Pierre  (g  juillet  1881). 

MofbiAam. 
BsakVD  (l'abbé  B.),  à  Gonrin  (2  mai  1883). 
Nièvre. 

^ouLTRAiT  (le  comte  Georges  db),  ^,  membre  non  résidant  du 
Comité  des  travaux  bistoriques  et  scientifii{De8,  à 
Toury-sur-Abron,  par  Doraes  (2  février  1864). 

Ls^FDussE  (René  Lbblanc  de),  arcbiviate-paléograpbe,  ^i| 
château  de  Luanges,  par  Guérigny  (!«'  juillet  1868). 

Nord. 

Maxrier  (E.),  ancien  notaire,  à  la  Bassée  (5  juin  1861). 
Van  Rende  (Ed.),  à  Lille,  rue  Masséoa,  50  (!«'  juillet  1866). 
(^rTÂBi),  doyen  de  la  Faculté   des  sciences  à  l'Institua 

catholique,  à  Lille  (6  mars  1872). 
Delattre  (Victor),  membre  de  la  Commission  bistorique  du 

département,  à  Cambrai  (2  juillet  1873). 
RiQATjx  (Henri),  à  Lille,  rue  de  l'Hôpital-Militaire,  112  (4  fé- 
vrier 1874). 
CAmAux  (Henri),  archiviste  de  la  ville,  à  Yalenciennes 

(l"  décembre  1875). 
FociDRiGNiER  (Ëdouard),  à  Maubeuge  (4  juin  1879). 
Dbhaisnes  (Fabbé),  secrétaire  de  l'Institut  catholique,  à  Lille 

(7  juin  1882). 
QuARai-REYBOUBBON,  à  LiUo,  boulevard  de  la  Liberté,  70 

(5  décembre  1883). 
FmoT  (Jules),  archiviste  du  département,  &  Lille  (12  décem« 

bre  1883). 
UffliAT  (René),  ehafgé  de  eovrs  à  la  Faculté  des  lettres,  à 

Ùonai  (9  janvier  1884). 


—  24  — 

Oise. 
MM. 

LoNapÉRTER-GRiMOARD  (le  comte  Alfred  Prévost  de),  à  Long- 
périer,  près  Lagny-le-Sec  (5  mars  1856). 

Marsy  (le  comte  de),  directeur  de  la  Société  française  d'ar- 
chéologie, à  Compiègne  (12  décembre  1866). 

Caix  de  Saint- Aymour  (Amédée  db),  membre  de  la  Commis- 
sion des  monuments  historiques,  à  Senlis  (13  décembre 
1876). 

LuQAY  (le  comte  de),  ^^  membre  du  Comité  des  travaux  bis* 
toriques  et  scientifiques,  au  ch&teau  de  Saint-Agnan, 
par  Mouy  (3  juillet  1878). 

LousTAu  (G.),  îjji,  ingénieur  civil,  à  Crépy-en- Valois,  rue  des 
Béguines,  4  (16  mars  1881). 

Du  Lac  (Jules),  à  Compiègne,  rue  des  Minimes,  10  (11  mai 
1881). 

Orne. 

JoussET  (le  docteur),  à  Bellesme  (6  janvier  1869). 

DuvAL  (Louis),  archiviste  du  département,  à  Alençon  (18  fé- 

xTier  1868). 
Letrône  (Ludovic),  à  la  Motte,  par  Ceton  (15  novembre  1882). 
DuRUFLé  (Gustave),  au  Renouard,  par  Vimoutiers  (10  février 

1886). 
Godet  (Fabbé),  au   Pas-Saint-Lhomer,   par  Moutiers-au- 

Perche  (7  avril  1886). 

PcU'de-Calaii, 

Desghamps  de  Pas  (Louis),  ^y  correspondant  de  Tlnstitat 
(Académie  des  inscriptions  et  belles-lettres),  ingénieur 
en  chef  des  ponts-et-chaussées  en  retraite,  à  Saint-Omer 
(19  février  1839). 

Van  Drival  (l'abbé),  chanoine  titulaire,  président  de  la 
Commission  des  antiquités  du  département,  à  Arras 
(9  janvier  1854). 


—  »  — 

BUft* 
Liras  (Gharlas  db),  ^^  membre  non  résidant  du  Comité  des 
travaux  historiques  et  scientifiques,  à  Arras  (2  mars 


Bkq  de  FouQvràBEs,  à  Ramecourt  (3  mars  1869). 
Dancoishb,  notaire  honoraire,  à  Hénin-Liétard  (5  mars  1873). 
Tebnihck  (A.),  à  Boisbernard,  par  Vimy  (2  juillet  1873). 
Mo!CŒCovB  (Félix  lu  Sbrgsant  de),  il^y  ancien  député,  à  Saint- 

Omer  (4  mars  1874). 
Da&d  (le  baron),  O.  ^,  à  Aire-sur-la-Lys  (25  juillet  1883). 
Paqabt  d'Hebmansart,  à  Saint-Omer  (13  février  18&4). 
Garobyacque  (Adolphe  de),  à  Arras  (2  juillet  1884). 

Puy-^'Dâme, 

Mallat  (Emile),  architecte,  inspecteur  des  travaux  d'achève- 
ment de  la  cathédrale,  à  Glermont-Ferrand  (7  avril  1875). 
BouROADE  La  Dabdtb  (de),  à  Lezoux  (8  février  1882). 
PucQUB  (le  docteur),  à  Lezoux  (20  juin  1883). 

Pyrénéts  (Basses-). 

Laoràzb  (Basgle  de),  ^^  conseiller-doyen  à  la  Cour  d*appel, 
à  Pau  (9  août  1847). 

Pyrénées  (Hautes^). 

FaossAju)  (le  pasteur),  à  Bagnéres-de-Bigorre  (6  juin  1883). 

Pothieb  (Edgard),  ^^  lieutenant-colonel  d'artillerie,  direc- 
teur de  rÉcole  d'artillerie  du  18*  corps  d'armée,  à  Tarbes 
(16  janvier  1884). 

Rhùne. 

AI.LMBB  (Auguste),  ^,  correspondant  de  l'Institut  (Académie 
des  inscriptions  et  belles-lettres),  à  Lyon,  quai  Claude 
Bernard,  47  (6  mars  1861). 

MoRiN-Poiis  (Henri),  à  Lyon  (4  janvier  1865). 

GmoDB  (M.-C.),  ^,  archiviste  du  département,  à  Lyon 
(5  février  1868). 


-  86- 

MM. 

CQAii9Rf]K  Ds  RosomoMT  (Art.  db),  à  la  Girar4iôrf ,  p«r  S^ 

Yille«sar-*6aône  (5  juillet  i876). 
Bayet  (Charles),  professeur  à  la  Faculté  des  lettres,  à  Lyon 

(2  juillet  1879). 
GiRAUD  (J.-B.),  conservateur  des  musées  d'archéologie  de  U 

ville,  à  Lyon  (7  avril  1880). 
Mabtha  (Jules),  maître  de  conférences  à  la  Faculté  dee 

lettres,  à  Lyon  (2  mai  1882). 
Lafate  (Georges),  professeur  à  la  Faculté  des  lettre,  i  Lyop, 

avenue  de  Noailles,  5  (4  avril  1883). 
Bloch  (G.),  professeur  à  La  Faculté  des  lettres,  i  Lyon 

(11  juin  1884). 

Saône-et' Loire, 

BuLtiOT  (G.),  ^^  président  de  la  Société  Ëduenn^,  ^  4utuû 

(6  novembre  1862]. 
Charmasse  (Anatole  de),  à  Autun  (14  mars  1866). 
FoNTENAY  (Harold  de),  à  Autun  (5  janvier  1870). 

8arthe. 

HucHER  (E.),  ^,  membre  non  résidant  du  Comité  des  tra- 
vaux historiques  et  scientifiques,  conservateur  du  Musée 
archéologique  de  la  ville,  au  Mans  (18  novembre  1863). 

Charles  (l'abbé  Robert),  au  Mans  (3  juillet  1878). 

]teiTRAND  (Arthur),  archiviste-paléographe,  vice^président 
de  la  Société  historique  et  archéologique  du  Maine,  au 
Mans,  rue  de  Flore,  48  (2  juillet  1879). 

Savoie. 

Rabitt  (Laurent),  professeur  au  Lycée,  à  Ghambéry  {i%  no« 
vembre  187^). 

Seine. 

Casati  (Charles),  conseiller  à  la  Cour  d'a^^  de  Paris 
(5  mars  1873). 


—  i7- 

MM. 

Mazaad  (H. -A.),  à  Neallly,  avenne  de  Nenilly,  85  (46  juin 
1875). 

Làuiiâiis  (Julw  db),  secrétaire  général  de  la  Société  fran- 
çaise d'archéologie,  à  Paris,  me  des  Sainta-Péres,  15 
(3  mai  1876). 

HoMouLE,  ^^  professeur  au  Collège  de  France,  boulevard 
Saint-Germain,  177  (7  avril  1880). 

Gjiubd  (Paul),  professeur  à  la  Faculté  des  lettres,  à  Pans, 
rue  Saint-Placide,  51  (15  février  1882). 

Bbububi  (l'abbé),  professeur  à  l'Institut  catholique,  à  Paris, 
boulevard  de  Vangirard,  4  (4  mars  1885). 

S€tiie-«/-Jf  ame. 

Poirroii  d'Amécodbt  (le  vicomte  de),  *,  à  Trilport  (21  dé- 
cembre 1864). 

Gràau  (Julien),  à  Nemours  (4  juin  1884). 

BoRDBs  (Fabbé),  censeur  au  collège  de  Juilly,  à  Juilly 
|4  mars  1885). 

TiLLEFossE  (Etienne  Héron  de),  à  Ghartronges  (2  juin  1886). 

Stinê^t-Oiêt7 

tfoOTii  (Auguste),  ^,  à  Rambouillet  (9  mars  1849). 

GoRBLBT  (le  chanoine  Jules),  !)((,  à  Versailles,  rue  Saint- 
Louis,  13  (12  mai  1858). 

Lebeurieb  (le  chanoine),  ancien  archiviste  du  département  de 
l'Eure,  à  Mantes  (4  juin  1862). 

CoDONY  (E.),  inspecteur  d'Académie,  à  Versailles  (4  janvier 
1865). 

Hekhebeat,  0.  ^,  lieutenant-colonel  du  génie,  professeur  de 
fortification  à  l'École  militaire  de  Saint-Gyr,  à  Versailles» 
rue  Saint-Honoré,  10  (3  janvier  1«72). 

Chabdin  (Paul),  à  Ville-d'Avray  (10  décembre  1873). 

Pécoxjl  (Auguste),  à  Draveil  (3  avril  1878). 

Garo»  (S.),  aux  Gamaldules,  par  Yerres  (6  avril  1881). 

Lktajllb  (Joseph),  à  Bellevue  (20  janvier  1886). 


—  28  — 

Sdne'InfMetire. 

MM. 

8BPTENVILLE  (le  baron  de),  au  château  de  Bois-Robin,  par 
Âumale  (!«'  mars  1865). 

Beaurepaire  (Gh.  de  Robillard  de),  ^,  correspondant  de 
l'Institut  (Académie  des  inscriptions  et  belles-lettres), 
archiviste  du  département,  à  Rouen  (6  avril  1870). 

Sauvage  (Fabbé  E.),  à  Ectot-l'Auber,  par  Yerville  (13  no- 
vembre 1872). 

EsTAiNTOT  (le  comte  Robert  d*)',  à  Rouen  (1«  décembre  1875). 

Allard  (Paul),  à  Rouen,  rue  du  Rempart,  4  (10  décembre 
1879). 

Le  Breton  (Gaston),  ^,  directeur  du  Musée  céramique,  à 
Rouen,  rue  Thiers,  25  6m  (!•'  février  1882). 

Kermaingant  (de),  4^,  au  Tréport  (3  janvier  1883). 

8lvr€9  {Deux-). 

Beauchet-Filleau,  juge  de  paix,  à  Ghef-Boutonne  (11  mai 
1865). 

Favre  (Louis),  à  Niort  (18  décembre  1878). 

Berthelé  (Joseph),  archiviste  du  département,  à  Niort  (7  no- 
vembre 1883). 

Piet^Lataudrie,  à  Niort  (2  décembre  1885). 

Somme, 

Garnier  (Jacques),  «)^,  secrétaire  perpétuel  de  la  Société  des 
Antiquaires  de  Picardie,  conservateur  de  la  Bibliothèque 
de  la  ville,  à  Amiens  (9  mai  1851). 

Gagny  (le  chanoine  Paul  de),  à  Amiens,  rue  Lemerchier,  36 
(5  mai  1858). 

Van  Robais  (A.),  à  Abbeville,  rue  Millevoye,  28  (12  no- 
vembre 1873). 

Janvier  (Auguste),  à  Amiens  (5  décembre  1877). 

Duhamel -DécÉjEAN,  à  Amiens,  rue  Saint -Fuscien,  7£ 
(28  juUlet  1884). 


—  a»  — 

JAnU 
PouoL  BB  FaÉGHBiiGouKT  (Femand),  i  Amiffl»,  rue  de  Glo- 
nette,  6  (7  ayril  1886). 

Tam. 

Glausabb  (Gustave  de),  avocat,  à  Rabastens  (9  juin  1847). 

Tam-et-Garaimê. 
M<iiMm.r.m  (Pabbé),  à  Montauban  (9  décembre  1843). 
Vauehue. 

DsLOTB  (Auguste),  ^^  conservateur  du  Musée  Galvet,  à  Avi- 
gnon (2  mai  1866). 

MoBSL  (Léon),  receveur  particulier  des  finances,  à  Garpen« 
tra8(l«'juiUetl874). 

Vendée. 

Vallbitb  (René),  secrétaire  de  la  Société  archéologique  de 
la  Vendée,  à  Fontenay-le43omte  (23  juillet  1884). 

Vienne, 

LEGonmB-Dopoirr  (G.),  à  Poitiers  (9  janvier  1844). 

ÂuBBR  (Pabbé),  chanoine  titulaire,  historiographe  du  diocèse, 

à  Poitiers,  rue  Sainte-Radégonde  (9  janvier  1851). 
La  Croix  (le  R.  P.  G.  de),  conservateur  du  Musée  des  Anti« 

quaires  de  l'Ouest,  à  Poitiers  (1«  juin  1881). 
Ledain  (Bélisaire),  à  Poitiers  (19  mai  1886). 

Vienne  (Haute-). 

MoMTéGUT  (de),  à  Limoges  (2  juillet  1884). 

Vosges. 

Lbclbrc  (Lucien),  ^,  médecin*major  en  retraite,  à  Ville«sur- 

Dlon,  par  Dompaire-Laviéville  (20  novembre  1851). 
Voulût,  conservateur  du  Musée,  à  Ëpinal  (5  février  1879). 
Baillant,  à  Ëpinal  (4  mars  1885). 


—  M  — 

Yonne. 
MM. 

Salmon  (Philippe),  à  Cerisiers,  près  8ens  (9  mai  1855). 

JuLLiOT  (G.),  à  Sens  (7  février  1872). 

Petit  (Ernest),  membre  du  Conseil  académique  de  la  Faculté 

de  Dijon,  à  Vausse,  par  Noyers-sur-Serein  (7  février 

1883). 

Algérie  et  Tunitie, 

Blanghère  (René  de  la),  délégué  du  Ministère  de  rinstrac- 

tion  publique,  ft  Tunis  (4  mars  1885). 
Prudhommb  (db),  capitaine  au  83*  régiment  d'infanterie,  à 

Sousse  (Tunisie)  (4  mars  1885). 

Assooléfl  oorrespondaais  nationaiix  résidant 
à  rétraager. 

ËNOBL  (Ârtbur),  ancien  membre  des  Écoles  françaises  de 

Rome  et  d'Atbènes,  à  Bàle  (Suisse)  (5  décembre  1877). 
Sàinte-Mabib  (Ë.  Pricot  de),  ^,  consul  de  France,  à  Saio- 

nique  (Turquie)  (5  février  1879). 
SoRtra-DoRiONT,  à  Constantinople  (l«  juin  1881). 
8aige,  conservateur  des  archives  et  de  la  bibliothèque  du 

Palais,  à  Monaco  (!«'  mars  1882). 
Lallemand  (l'abbé),  à  Vergavilie  (Alsace-Lorraine)  (7  février 

1883). 
Làioub  (Louis  de),  ^y  consul  de  France,  à  Livoume  (Italie) 

(5  décembre  1883). 

▲flsoolés  oorrespondants  étrangers. 

AngUterte, 

BmcH  (Samuel),  correspondant  de  l'Institut  (Académie  des 
t        inscriptions  et  belles-lettres),  conservateur  des  antiquités 
égyptiennes  et  assyriennes  du  Musée  Britannique,  à 
Londres  (9  décembre  1850). 


—  M  - 
MM. 

BoACH  SxiTH  (Charles),  membre  de  la  Société  des  Antiquaires 
de  Londres,  à  Rochester  (9  avril  1851). 

CoLLiNawooD  Bruce  (John),  membre  de  la  Société  des  Anti- 
quaires de  Londres,  à  Newcastle-sur-Tyne  (9  mai  1853). 

LoFTos,  à  Ettrich  (Ecosse)  (4  novembre  1857). 

Mâtbr  (Joseph),  à  Liverpool  (il  août  1858). 

Franks  (Augustus^WoUaston),  membre  de  la  Société  des 
Antiquaires  de  Londres,  conservateur  au  Musée  Britan- 
nique (5  février  1862). 

Hàbth  (William-Henri),  à  Londres  (6  juillet  1864). 

Lewis  (le  Rév.  Samuel  Savage),  fellow  et  bibliothécaire  de 
Ciorpus  Ghhsti  Collège,  à  Cambridge  (14  février  1872). 

BiniKBLL  Lewis,  membre  de  la  Société  des  Antiquaires  de 
Londres,  Queen's  Collège,  à  Cork  (Irlande)  (7  mars 
1883). 

Biwet-Carnag,  Esq'*,  à  Allahabad  (Lides  Orientales)  (10  dé- 
cembre 1884). 

Brique, 

WrrTE  (le  baron  J.  de))  ^y  associé  étranger  de  l'Institut 

(Académie  des  inscriptions  et  belles-lettres),  membre  de 

P Académie  royale  de  Belgique,  à  Anvers  (19  mai  1846). 
Ghalon  (Renier),  membre  de  TAcadémie  royale  de  Belgique, 

à  Bruxelles  (29  août  1851). 
Sghaepkens  (A.),  artiste  peintre,  à  Bruxelles  (2  juillet  1856). 
Dk  Mabiiol,  président  de  la  Société  archéologique  de  Namur, 

à  Namur  (20  mars  1861). 
Vam  dkr  Straten  Ponthoz  (le  comte  François),  à  Bruxelles, 

rue  de  la  Loi,  13  (18  janvier  1865). 
DooNéB  (Bugène-M.  0.),  !)((,  à  Liège  (6  juin  1867). 
Hblbto  (Jules),  directeur  de  la  Bemie  de  VArt  chrétte%  à 

Liège,  rue  de  Joie,  8  (2  mai  1883). 
GLoovn  (L.),  à  Tournai,  boulevard  Léopold  (3  décembre 

1884). 


Danemark. 
MM. 

WoRSAAB  (J.  J.  A.),  ancien  ministre,  inspecteur  général  des 

monuments  historiques  du  Danemark,  à  Copenhague 

(9  août  1854). 
MuLLER  (Louis),  inspecteur  du  Cabinet  royal  des  médailles, 

à  Copenhague  (25  mars  1858). 
ScmaDT  (le  professeur  Waldemar),  i}(i,  à  Copenhague  (3  juin 

1868). 

Espagne, 

Castellanos  de  Losada  (Basile-Sébastien),  membre  de  l'Aca- 
démie d'archéologie,  à  Madrid  (9  avril  1851). 

Martmez  y  REauERA  (le  docteur  Leopoldo),  à  Bujalance,  pro- 
vince de  Cordoue  (6  novembre  1867). 

Rahon-Soriano-Tomba,  à  Barcelone  (19  novembre  1879). 

GiRBAL  (Henri-Claude),  à  Gérone  (i*'  décembre  1880). 

EiatS'Unii, 

SouiER  (E.  G.),  à  New- York  (9  juillet  1851). 

EvBRETT  (Edward),  correspondant  de  l'Institut  (Académie 

des  sciences  morales  et  politiques),  à  Boston  (9  juillet 

1851). 

/  Grèce. 

Rahoabé  (A.  Rizo),  correspondant  de  l'Institut  (Académie 
des  inscriptions  et  belles-lettres),  à  Athènes  (19  octobre 
1849). 

Caeapamos  (Constantin),  ^^  correspondant  de  l'Institut  (Aca- 
démie des  beaux-arts),  à  Athènes  (10  avril  1878). 

Hollande. 

Wal  (J.  os),  professeur  à  l'Université,  à  Leyde  (10  décembre 
1849). 


—  33  — 
MM. 

Lbdiams  (le  doctear  Conrad),  directeur  du  Musée  d'anti* 

quités,  à  Leyde  (9  janvier  1852). 
Dnuu  (le  docteur  J.),  à  Leeu'vrarden  (3  mars  1869). 

Italie. 

BoNHEFOT  (Fabbé),  à  Jarsy  (9  mars  4842). 

FcsGO  (Giuseppe-Maria),  à  Naples  (9  décembre  1850). 

Rossi  (le  commandeur  G.-B.  de),  ^,  associé  étranger  de 
riastitnt  (Académie  des  inscriptions  et  belles-lettres), 
interprète  des  manuscrits  à  la  Bibliothèque  du  Vatican, 
membre  de  la  Ck)mmission  des  antiquités  chrétiennes  et 
du  collège  philologique  de  l'Université,  à  Rome  (10  jan- 
Tier  1853). 

Hbnzen  (le  docteur  Wilhem),  ^^  correspondant  de  Tlnstitut 
(Académie  des  inscriptions  et  belles-lettres),  à  Rome 
(16  janvier  1867). 

BBnoLom  (le  chevalier),  directeur  des  archives  d'État,  à 
Mantoue  (8  janvier  1879). 

Norwège. 
Unqbr,  professeur  à  l'Université,  à  Christiania  (28  juin  1871). 

Russie, 

KoBicB  (le  baron  Bernard  ni),  conseiller  d'État  actuel,  à 

Saint-Pétersbourg  (10  décembre  1849). 
SiSNNiGKi  (Stanislas-Joseph),  à  Varsovie  (3  février  1875). 

Suisse. 

QuiQDERBz,  à  Bellerive,  près  Oélémont,  canton  de  Berne 
(19  février  1847). 

VuLLiBMiN  (Louis),  à  Lausanne  (10  décembre  1849). 

ScHHBLLBR,  à  Lucome  {{^  juillet  1857). 

Fazy  (Henry),  membre  du  Conseil  d'État,  à  Genève  (4  fé- 
vrier 1863). 

ANT.   BULLETIN.  3 


—  S4  — 
MM. 

MoliBL-PiiTia  (AmoM),  eondervatear  du  Musée,  à  Lausanne 

(il  juillet  1866). 
GEYMiJLLBB  (te  baroii  Henry  db),  à  Ghampitet  près  Lausanne 

(6  février  1884). 
Briquet  (G.  M.),  à  Genève,  rue  de  la  Gité,  6  (23  décembre 

1885). 


LISTE 

DES  SOCIÉTÉS  SAVANTES 
«T8e  lesquelles  la  Compagnie  est  ea  eorre^ondance. 


Sociétés  françaises. 

ÂGAotMiE  des  inscriptions  et  belles-lettres  de  Flnstitut  na- 
tional de  France. 

AiSKB,  Scunt-Quentin,  Société  académique. 
Alusr,  Moulins.  Société  d'émulation. 
Alpes  (Hautes-),  Gap.  Société  des  études  historiques. 
Alpes-Mautimbs,  Nice.  Société  des  lettres,  soiences  et  arte. 
Aube,  Troyes.  Société  d'agriculture,  sciences,  arts  et  belles- 
lettres  du  d^artement. 
Belfort  (Territoire  de).  Société  Belfortaine  d'émulation. 
Calvados,  Caen.  Société  des  Antiquaires  de  Normandie. 

—  —     Académie  des  sciences,  arts  et  belles-lettres. 
^        Baymuc.  Société  d'agrieultnre,  sciences,  arts  et 

belles-lettres. 

Gharerte,  AngtmUme.  Société  d'agriculture,  arts  et  com- 
merce du  département. 

—  ^  Société  archéologique  et  historique 

de  la  Charente. 
GHiUkENTB-lRf  éaiEniE,  Saintes.  Société  archéologique  de  la 

Gharente^Ittférieure.  - 
—  —      Société  des  archives  histo- 

riques de  la  Sahitonge  ei 
de  TAvnis. 
•^  Sidnt'Jettnt^Angély.  Société  Itnnéenne 

de  la  Gharente^Inférieu^. 


—  36  — 

Cher,  Bourges.  Commission  historique  du  Cher. 

—  —       Société  des  Antiquaires  du  Centre. 
CoRRàzE,  Brive.  Société  scientifique,  historique  et  archéolo- 
gique de  la  Corrèze. 

C^te-d'Or,  Dijon.  Commission  des  antiquités  du  départe- 
ment. 

—  Beaune.  Société  d'archéologie,  d'histoire  et  de 

littérature. 

—  8emur.  Société  des  sciences  historiques  et  nata- 

relles. 

G6tes-du-Nord,  Saint'Brieuc.  Société  archéologique  et  his- 
torique des  Côtes-du-Nord. 

Creuse,  Guéret.  Société  des  sciences  naturelles  et  archéolo- 
giques de  la  Creuse. 

OoRBOONB,  Périffueux.  Société  historique  et  archéologique 
du  Périgord. 

DouBS,  Besançon.  Société  d'émulation  du  Douhs. 

Or6he,  Rowutns.  Société  d'histoire  ecclésiastique  et  d'archéo- 
logie. 

Eure-et-Loir,  Chartres.  Société  archéologique  du  départe- 
ment. 

Gard,  Nùnes.  Académie  du  Gard. 

—  AUtis,  Société  scientifique  et  littéraire. 

Garonne  (Haute-),  Toulouse.  Académie  des  sciences,  inscrip- 
tions et  belles-lettres. 
—  —       Société  archéologique  du  midi 

de  la  France. 
GmoNDB,  Bordeaux.  Commission  des  monuments  et  docu- 
ments historiques  de  la  Gironde. 

—  —         Société  archéologique  de  Bordeaux. 
Hérault,  Montpellier.  Société  archéologique. 

—  Béners,  Société  archéologique. 
Illb-et- Vilaine,  Rennes,  Société  archéologique. 
Indre-et-Loire,  Tours.  Société  archéologique. 

—  —      Société  française  d'archéologie. 

Landes,  Dax.  Société  de  Borda. 


—  87  — 

Lon-BT-GnsB,  Bhns^  Société  des  sciences  et  lettres. 

»  VendSme.  Société  archéologique  du  Vend6- 

mois. 
Loire,  Montbrùan,  La  Diana,  société  historique  et  archéo- 
logique du  Forez. 
LoiBB  (Hautb-),  Le  Puy.  Société  d'agriculture,  sciences,  arts 

et  commerce. 
Loibs-Infèbibure,  Nantes,  Société  archéologique. 
LoiBET,  (MéoMs,  Société  archéologique  de  l'Orléanais. 

—  Tombent.  Société  archéologique  du  Gfttinais. 
MADiB-ET-LoniB,  Angers.  Répertoire  archéologique  de  TAnjou. 

—  —      Académie  des  sciences  et  helles- 

lettres  d'Angers. 
Manche,  Cherbourg,  Société  nationale  académique  de  Cher- 
bourg. 
Mabue,  ChâUms-twT'Mame.  Société  d*agriculture,  commerce, 
sciences  et  arts. 
— •     Reims,  Académie  de  Reims. 
Màbme  (Haute-),  Langres,  Société  historique  et  archéologique. 
Mbubthb-et-'Mosbi.le,  Nancy,  Académie  de  Stanislas. 

—  —      Société  d'archéologie  lorraine. 

Meuse,  Bar^le-Ihic,  Société  des  lettres,  sciences  et  arts. 

—  Verdun^  Société  philomathique. 

Morbihan,  Vannes.  Société  polymathique  du  Morbihan. 
Nord,  LUÎe.  Société  des  sciences,  de  Tagricuiture  et  des  arts. 

—  Jvesnes.  Société  archéologique. 

—  Cambrai,  Société  d'émulation. 

—  Douai.  Société  centrale  d'agriculture,  sciences  et  arts. 

—  Dunkerque.  Société  Dunkerquoise  pour  l'encourage- 

ment des  sciences,  des  lettres  et  des  arts. 
Oise,  Beauvais.  Société  académique  d'archéologie,  sciences 
et  arts. 

—  Compiègne.  Société  historique. 
Pas-de-Calais,  Arras,  Académie  d'Arras. 

—  Saint'Omer,  Société  des  Antiquaires  de  la 

Morinie. 


—  38  — 

Rbônb,  Lyon.  Académie  des  sciences,  ))elle8«letire8  et  arto. 

SAÔRB-BT-LofflB,  Auivm.  Société  Éduenne. 

—  ChahnrturSaâne.  Société  des  sciences  nata- 

reiies  de  Saône-et^-Loire. 

Sabthb,  Le  MoMM.  Société  archéologique  du  Maine. 

Savoie,  Chambéry.  Société  Savoisienne  d'histoire  et  d'ar- 
chéologie. 

Savoie  (Hautb-),  Annecy.  Société  Florimontane. 

Sbine,  Pont.  Société  française  de  numismatique  et  d'archéo- 
logie, 
-r^       —    Société  de  l'histoire  de  France. 
-^       —    Société  des  études  historiques. 

—  -*    Société  philotechnique. 
SBmE-BT-MARNE,  Melun.   Société   d'archéologie,   sdences^ 

lettres  et  arta. 

—  Fontainebleau,  Société  archéologique  du 

Gàtiaais. 

Sbimb^bt-Oisb,  VersaUiês.  Société  des  sciences  morales,  des 

lettres  et  des  arts. 
—  Commission    des  antiquités  du 

département. 

—  Ramhoumei.  Société  archéologique. 

—  Pontoise,  Société  historique  et  archéologique 

de  Pontoise  et  du  Veidn. 
SEUfE-lNFéRiEUHE,   Rouen.  Académie  des  sciences,  belles- 
lettres  et  arts. 

—  —     Commission  dépaxtementale  des 

antiquités  de  la  Seine-Infé- 
rieure. 

Sèvbbs  Peux-),  Niort,  Société  de  statistique. 

Somme,  Amiens,  Société  des  Antiquaires  de  Picardie. 

—  —      Académie  du  département  de  la  Somme. 

—  AbbevUle.  Conférence  scientifique  d*Abbe¥ille  et  de 

Ponthieu. 
Vak,  Toulon.  Société  des  sciences»  belles-lettres  et  arts. 


—  a»  — 

Vaugluse,  Amguon.  Académie  de  Vauclasa. 
Vbhixéb,  I«t  JBoc^»«icr«  Jon*  Société  d'émulation  de  la  Vendée. 
ViEinfEy  PiriHen.  Société  dot  Antiquaires  de  l'Ouest. 
YiEKRE  (HAirrB-),  Limoges,  Société  arohéok)|;iqTte  et  bisto- 

rique  du  Limousin. 
Vosges,  Épinàl.  Société  d'émulation. 

—  Stnni'DU.  Société  philomathiqne  yosgienne. 
YoiiRB,  Auxerre,  Société  des  sciences  historiques  et  natu- 
relles. 

—     Sens.  Société  archéologique. 
Aloérie,  Algtt.  Société  historique  algérienne. 

—  .     CoiMtoMfàM.  Société  arohéologique  de  la  provlnee. 

—  Omn,  Société  de  géographie  et  d'archéologie. 
~~       BSne,  Académie  d'Hippône. 

Sociétés  étrangères. 

ÂLaAQB^LoaBAncE,  Colmar,  Société  d'histoire  natnieUe. 
^  Mets,  Académie. 

—  HtUàoHH.  Société  induatrielle. 

—  •  SirmihcfUTff,  Société  pour  la  conservation 

des  monum^ta  historiques  de  l'Alsace. 
Anoleterre,  Londres.  Société  royale  des  Antiquaires. 
^  -^        Institut  archéologique  de  Grande- 

Bretagne  et  d'Irlande. 
-^         Cambridge,  Société  des  Antiquaires. 
—         Edimbourg,  Société  des  Antiquaires  d'Ecosse. 
^  Société  nomiamatique. 

ÂuTBiGHB,  Vienne,  Académie  impériale  des  sciences. 

—  Grmtn,  Sodété  historique  de  Styrie. 

-<•       Loy&ocA.  Société  hiatoique  de  la  Gamiole* 

—  Zagrel'Agram,  Société  archéologique. 
Bade,  Manheim,  Société  hiaM^que. 

BaniiB,  ÊÊiÊàick,  Académie  royale  des  Beienoei< 

—  Bamberf»  Société  historiqneu 

—  Nuremberg,  Ktlseam  fCrmaniilue. 

—  Ratishonne,  Société  historique  du  Hant««Palatinat. 


—  40  — 

Belqiqub,  BruxeUêt.  Académie  royale  de  Belgique. 

—  *-        Société  royale  de  numismatique  hâ^. 

—  AnvêTi,  Académie  d'archéologie  de  Belgique. 

—  Gond.  Comité   central   des   publications  de  k 

Flandre. 

—  Liège,  Société  liégeoise  de  littérature  wallonne. 

—  Mans,  Société  des  sciences,  des  arts  et  des  lettres 

du  Hainaut 
Danemabk,  Copenhague.  Société  royale  des  Antiquaires  da 
Nord. 

—  Odensée.  Société  littéraire  de  Fionie. 
EsPAQNB,  Madrid,  Académie  royale  d'histoire. 

—  •—       Académie  royale  des  beaux-arts  de  San- 

Fernando. 

—  —       Société  libre  des  archives,  bibliothèques 

et  musées. 

—  Valence.  Société  archéologique. 

Etats-Unis,  Baltimore.  Université  de  John  Hopkîns  pour 
l'étude  des  sciences  historiques  et  politiques. 

—  Botton,  Société  des  Antiquaires. 

—  —      Institut  archéologique  d'Amérique. 

—  New-York.  Société  ethnologique  d'histoire  na- 

turelle. 
•—  Philadelphie.  Société  philosophique  américaine. 

—  Topeka.  Société  historique  de  l'état  du  Kansas. 

—  Urbana.  Association   centrale   scientifique  de 

rOhio. 

—  Washington.  Institut  Smihtsonien. 
Grègb,  Athènes.  Société  archéologique. 
Hesse-Darmstadt,  Magence.  Société  des  Antiquaires. 
Hollande,  Leeuwarden.  Société  d'histoire  et  des  antiquités 

de  la  Frise. 
Italie,  Rome.  Académie  des  Lincei. 

—  Modène.  Académie  royale  des  sciences,  lettres  et  arts. 

—  Turin.  Académie  royale  des  sciences. 
Luxembourg,  Luxembourg.  Institut  Royal  Grand-Ducal,  sec- 
tion historique. 


—  A4  — 

Nassau,  Wieibaden,  Société  des  Antiquaires. 
Portugal,  Liabonmê,  Académie  royale  des  sciences. 
Prukb,  Bonn.  Société  des  Antiquaires  du  Rhin. 

—  léna.  Société  d'histoire  et  d'archéologie  de  la  Thu- 

ringe. 

—  Trèœs.  Société  des  recherches  utiles. 

Russie,  8<dat^Pétenhourg.  Académie  impériale  des  sciences. 
8nÈDB,  Stockholm.   Académie  royale  des    inscriptions  et 

belles-lettres.     ^ 
SuisfiB,  Bâle.  Société  nationale  des  Antiquaires. 

—  Genève.  Société  d'histoire  et  d'archéologie. 

—  Lausanne.  Société  d'histoire  de  la  Suisse  Romande. 

—  Lnceme:  Société  historique  des  cinq  Gantons  pri- 

mitifs. 

—  Zurich.  Société  des  Antiquaires. 
Turquie,  Constantinople.  Société  centrale. 


LISTE  ALPHABÉTIQUE 

DES  ASSOaÉS  CORRESPONDANTS  NATIONAUX 
Au  15  Juin  1886. 


MM. 

Allard  (Paul),  Seine-Inférieure. 

Allher  (Auguste),  Rhône. 

Arbaumont  (Jules  d'),  Gôte-d'Or. 

AuBER  (l'abbé),  Vienne. 

AuBERTiN  (Charles),  Gôte-d'Or. 

AuRÈs,  Gard. 

Aymard,  Haute-Loire. 

AzAïs  (Gabriel),  Hérault. 

Base  AU  (Albert),  Aube. 

Barthélémy  (le  comte  Edouard  de),  Marne. 

Barthélémy  (le  docteur),  Bouches-du-Rh6ne. 

Baye  (le  baron  Joseph  de),  Marne. 

Bayet  (Charles),  Rhône. 

Bbaughet-Filleau,  Deux-Sèvres. 

Beaudouin  (Jules),  Côte-d'Or. 

Beaurbpaire  (Eugène  de  Rorillard  de),  Calvados. 

Beaurepaire  (Charles  de  Robillard  de),  Seine-Inférieure. 

Beauvois  (E.),  Côte-d'Or. 

Becq  de  Fouquières,  Pas-de-Calais. 

Bernard  (l'abbé  E.),  Morbihan. 

Berthelé  (J.),  Deux-Sèvres. 

Berthelst  (Charles),  Jura. 

Bertrand  (Arthur),  Sarthe. 

Beurlier  (l'abbé),  Seine. 

Biqarne  (Charles),  Côte-d'Or. 

Blangard  (Louis),  Bouches-du-Rhône. 

Blanghèrb  (René  de  la),  Tunis. 

Blogh  (G.),  Rhône. 

Bordes  (l'abbé),  Seine-et-Marne. 

Boucher  de  Molandon,  Loiret. 

Bouoard  (le  docteur),  Haute-Marne. 


—  43  — 

MM. 

BouGOT,  C6te-d'0r. 

Bourgade  La  Dardye  (de),  Puy-d&^Dôme. 

Brassabt  (£.),  Loire. 

BiiéMoirr  d'ârs  (le  comte  Anatole  iib)>  Finistère. 

Bbogard  (Henry),  Haute-Marne. 

Brunst  (Gustave),  Gironde. 

BuHOT  DE  Kebserb^  Cher. 

BuLLiOT  (G.),  Saône-et-Loire. 

Caffiaui  (Henry),  Nord. 

Gagnât  (René),  Nord. 

Caony  (l'abbé  Paul  de),  Somme. 

Gaix  de  Saint-Atuour  (Âmédée  de),  Oise. 

Gardeyacque  (Adolphe  de),  Pas-de-Calais. 

Gabon  (B.),  Seine-'et^^Oise. 

Gasati  (Charles),  Seine. 

Gastan  (Auguste),  Doubs. 

Gazalis  de  Fondouge,  Hérault. 

Gérés  (l'abbé),  Aveyron. 

Gessâc  (le  tomte  P.  db),  Creuse. 

GfiAHBRuN  DE  HoSEHONT  (Art.  db),  Khôse. 

Ghardw  (Paul),  Seine-et-Oise. 

Charles  (Vabbé  Robert),  Sarthe. 

Charmasse  (Anatole  de),  Saône-et*Laire* 

Chassaimo  (Augustin),  Haute-Loire. 

Ghatel  (Eugène),  Calvados. 

Ghatellier  (P.  du),  Finistère. 

Ghadtard,  Nord. 

Ghauvet,  Charente. 

Ghaverondier  (Auguste),  Loire. 

Chevallier  (le  chanoine  Ulysse),  Drème. 

Clausade  (Gustave  de),  Tarn. 

CoLLEvn.LE  (le  vicomte  m),  Finistèjee. 

GoRBLET  (le  chanoine  Jules),  Seine*et-Oise. 

CouoNY  (E.),  Seine-et-Oise. 

CouRBT  (Alphonse),  Loiret. 

GoDRHAULT  (Charlos),  Menrtbe^t-^MoseUe. 

Daguin,  Haute-Marne. 


—  44  — 

MM. 

Daiouson,  Indre. 

Dangoisne,  Pas-de-Calais. 

Dard  (le  baron),  Pas-de-Calais. 

Dehaisnbs  (l'abbé),  Nord. 

Delahaut,  Ardennes. 

Delattbb  (Victor),  Nord. 

Dblaville  Le  Roulx  (J.),  Indre-et-Loire. 

Dblote  (Auguste),  Yaucluse. 

Dehaison,  Marne. 

Deschamps  de  Pas  (Louis),  Pas-de-Calais. 

Dbsnotbrs  (l'abbé),  Loiret. 

Des  Robert,  Meurthe-et-Moselle. 

Drouyn  (Léo),  Gironde. 

Du  Fresne  db  Bbaugourt  (le  marquis  G.),  Calvados. 

DuHAHEL-DéCÉJBAN,  SoDUnO. 

Du  Lac  (Jules),  Oise. 

Du  Plessis  (G.),  Loir-et-Cher. 

Durand  (Vincent),  Loire. 

Durand  de  Distroff  (Anatole),  Meurthe-et-Moselle. 

Duruflé  (Gustave),  Orne. 

DuvAL  (Louis),  Orne. 

DuvBRNOY  (C),  Doubs. 

Engbl  (Arthur),  Suisse. 

EspÉRANDiBu,  Gard. 

EsTAiNTOT  (le  comte  Robert  d'),  Seine-Inférieure. 

Fabrb  (Marc),  fiasses-Alpes. 

Fargt  (Louis  DE),  Maine-et-Loire. 

Fargy  (Paul  db),  Mayenne. 

Favrb  (Louis),  Deux-Sèvres. 

Fayolle  (le  comte  de),  Dordogne. 

Finot  (Jules),  Nord. 

FoNTENAY  (Harold  de),  Sa6ne-et-Loire. 

Fontbnillbs  (Paul  de),  Lot. 

FouRDRiONiER  (Édouard),  Nord. 

Frossard,  Hautes-Pyrénées. 

Galy  (le  docteur),  Dordogne. 

Garibl,  Isère. 


—  45  — 

MM. 
Gabiokr  (Jacques),  Somme. 
Gautbibr  (Jules),  Donbs. 
Gat  (Victor),  Dordogne. 
Gbbiuin  (L.),  Meurthe-et-Moselle.  . 
Ggama-DuBAHD  (François),  Lozère. 
GmARD  (Paul),  Seine. 
GmAUB  (J.-B.),  Rhône. 
GivELBT  (Charles),  Marne. 
Godabo-Faultrier,  Maine«et*Loire. 
Godet  (l'abbé),  Orne. 
GoNNABD,  Loire. 

Gou^ERNEUB  (Aristide),  Eure-et-Loir. 
GoT  (Pierre  de),  Cher. 
GsÉAu  (Julien),  Seine-et-Marne. 
Grbllet-Balouerie  (Charles),  Gironde. 
Guère  (le  comte  Alphonse  de  la),  Cher. 
GuiQDE  (M.-C),  Rhône. 
Raillant,  Vosges. 
Hahdy  (Michel),  Dordogne. 
Henmebbbt,  Seine-et-Oise. 
HoMOLLB,  Seine. 
HuGHBB,  Sarthe. 
Jacob  (Alfred),  Meuse. 
Jadabt  (Henry),  Marne. 
Janvier  (Auguste),  Somiqe, 
Jeannbz  (Edouard),  Loire. 
JotJON  DES  Lonorais,  lUe-et-YUaine. 
J0D88ET  (le  docteur),  Orne. 

Jdlien-Laferrièrb  (le  chanoine),*  Cîharente-Inférieure. 
Jdlliot  (G.),  Yonne. 
Kermainoant  (de),  Seine-Liférieure. 
Keryileb  (René  Pogard-),  Loire-Inférieure. 
La  Boullatb  (ë.  Jullien  de),  Haute-Marne. 
La  Croix  (le  R.  P.  C.  de).  Vienne. 
Lafate  (Geoi^s),  Rhône. 
Laobâze  (Basgle  de),  Basses-Pyrénées. 
Laigdb  (Louis  de),  Livoume. 


—  46  — 

AIM. 

liALLEHAin)  (l'abbé),  Alsace-Lorraine. 

LijiOBE  (l'abbé  (Ibarles),  Aube. 

LiAPéBonsB  (Gustave),  Cîôte-d'Or. 

Laurièbs  (Jules  de),  Seine. 

Lebèoue,  Haute-Garonne. 

Lbbbueibr  (le  chanoine),  Seine^t^Oise. 

Le  Breton  (Gaston),  Seine-Inférieure. 

Leglerg  (Lucien),  Vosges. 

LBGoraTRs-DupONT  (G.),  Vienne. 

Ledàin  (Bélisaire),  Vienne. 

Lefort  (Louis),  Cher. 

Lbspdiassb  (René  Leblaro  de),  Niôtre. 

LETAHiLE  (Joseph),  Seine-ot-Oise. 

Letrônb  (Ludovic),  Orne. 

Lièvre,  (Parente. 

LniAS  (Charles  de),  Pas-de-Calais. 

LoiSELEUR  (Jules),  Loiret. 

LoNOPÉRiBR-GRniOARo  (l0  comto  Alfred  PaAvost  de),  Oise. 

LoRiQUET  (Charles),  Marne. 

Louis-LuGA.s,  Cîôte-d'Or. 

LousTAU  (G.),  Oise. 

LuçAT  (le  comte  de),  Oise. 

LuGOT  (Fabbé),  Marne. 

Maobn  (Adolphe),  Lot-et-(jaronne. 

Mallay  (Emile),  Puy-de-D6me. 

Mannier  (E.),  Nord. 

Margelle  (Fabbé),  Tam«ei-Garon&e. 

Marsy  (le  comte  de),  Oise. 

MAintA  (Jules),  Rhône. 

Maxe-Werly,  Meuse. 

Mazaro  (H.-A.),  Seine. 

MiLLOM,  C;6te-d'0r. 

MoisY  (Henry),  Calvados. 

MoNNEGovE  (Félix  le  gtattOdAUT  bb),  Pas-de^Galais. 

MoNTéauT  (de),  Haute- Vienne. 

MoNTiLLE  (L.  de),  Côte-d'Or. 

MoRBAu  (Frédéric)y  Aisne. 


—  47  — 

MM* 

MoRBL  (Jean-Pierre-Marie),  Hante-Garomie. 

MoRSL  (Léon),  Vaucluse. 

MoRDf-PoNs  (Henry),  Rhône. 

MossxAim,  Belfoft. 

MouGEHOT  (Ijéon),  Meurthe^**Mo9elle. 

MounÉ  (Angnste),  8eine-et-01se. 

Mdsset,  Charente-Inférieure. 

N1GAI8E  (Augoste),  Marne. 

NiGOLLiÈEiE  (S.  DE  la),  Loire-Inférieure. 

NoGuiEB  (Louis)^  Hérault. 

Ntd  (l'ahbé),  Ain. 

Pagaat  d'Hebmansart,  Pas-de-Calais. 

Palustre  (Léon),  Indre-et-Loire. 

Pabrogel  (Ë.),  fiouches-da-Rhône. 

Payard  (Emile),  Meurthe-eWMoselle. 

Pêgheur  (l'abbé),  Aisne. 

PécouL  (Auguste),  Seine-et-Oise. 

Penom  (C),  Bouches-du-Rhône. 

PsTn  (Ernest),  Yonne. 

PiBRAG  (Anatole  du  Faur,  comte  db),  Loiret. 

Piet-Lataudrie,  Deux-Sèvres. 

PiBTTB  (Edouard),  Maine-et-Loire. 

PiGEOTTE  (Léon),  Aube. 

PiLLOT,  Aisne. 

Pitre  db  Lisle,  Loire-Inférieure. 

Pligqub  (le  docteur),  Puy-de-Dôme. 

PoRTOH  n'AMécouRT  (le  vicomte  de),  Seine-et-Marne. 

Port  (Célestin),  Maine-et-Loire. 

PoTHiER  (Edgaid),  Hautes-Pyrénées. 

PoujOL  DE  Frâghbngourt,  Somme. 

Pruoeommb  (db),  Sousse  (Tunisie). 

Prunièbes  (le  docienr),  Lozère. 

Putmaiorb  (le  comte  de),  Meurthe-et-Moselle. 

QDARBâ-RmoDRBOii,  Nord. 

Rabut  (Laurent),  Savoie. 

RAmusat  (Joseph  de),  Bouches-4u-Rb6ne. 

Révoil  (Henry),  Gard. 


—  48  — 

MM. 

Rhône  (Arthur),  Gôtes-du-Nord. 

Ricard  (Adolphe),  Hérault. 

RiOAUx  (Henry),  Nord. 

RiPEar-MoNGLAR  (le  marquis  db),  Basses- Alpes. 

RoBiou  (Félix),  Ille^t- Vilaine. 

RoGHAMBBAu  (le  marquis  Achille  dk),  Loir-et-Cher. 

RoifAN  (Joseph),  Hautes-Alpes. 

RosGHAGH  (Ernest),  Haute-Garonne. 

RouYBB  (Jules),  Meurthe-et-Moseile. 

Rupin  (Ernest),  Ciorrèze. 

Sagaze  (Julien),  Haute-Garonne. 

Saige  (<^.),  Monaco. 

Saint-Paul  (Anthyme),  Haute-Garonne. 

Sainte-Marie  (E.  Prigot  db),  Turquie. 

Salmon  (Philippe),  Yonne. 

Sauyaqb  (rabbé  £.),  Seine-Inférieure. 

Septbnyillb  (le  baron  de),  Seine-Inférieure. 

SizBRANNB  (le  comte  Monnier  de  la),  Drôme. 

SoRLm-DoRioNY,  Cionstantinople. 

Soultrait  (le  comte  de),  Nièvre. 

Storelli  (André),  Loir-et-Cher. 

Taillbbois  (Emile),  Landes. 

Taiuzby  db  Larroqub,  Lot-et-Garonne. 

Tartière  (Henry),  Landes. 

Teissier  (Octave),  fiouches-du-Rhône. 

Tbrnuigk  (A.),  Pas-de-Calais. 

Tholin  (Georges),  Lot-et-Garonne. 

Travers  (Emile),  Calvados. 

Yallbntin  (Ludovic),  Dr6me. 

Vallbttb  (René),  Vendée. 

Van  Hendb,  Nord. 

Van  Drival  (le  chanoine),  Pas-de-Calais. 

Van  Rodais,  Somme. 

Villefosse  (Etienne  HéaoN  de),  Seine-et-Marne. 

Voulot,  Vosges. 

Wbiss  (André),  Côte-d'Or. 

WisMBs  (le  baron  de),  Loire-Inférieure. 


—  49  — 

EXTRAIT  DES  PROCÈS-VERBAUX 

DU  i«  TRIMESTRE  DE  1886. 


Séance  du  6  Janvier  1886. 

Présidence  de  MM.  L.  Gourajoo  et  E.  Saglio. 

M.  Gonrajody  président  sortant,  prend  la  parole  et  s'exprime 
an  ces  termes  : 

■  Messieurs, 

c  n  y  a  dix  ans,  tos  sofirages  m'ont  fait  votre  confrère.  U 
y  a  un  an,  les  mêmes  suffrages,  dans  leur  inaltérable  indul- 
gence, m'ont  appelé  à  Thonnenr  de  présider  votre  Compa- 
gnie. Je  vous  suis  vivement  reconnaissant  d'avoir  ratifié  et 
confirmé,  après  réflexion,  le  vote  trop  bienveillant  déjà  de  la 
première  heure.  Je  vous  remercie  de  m'avoir  conféré  ce  second 
baptême.  Les  liens  de  gratitude  qui  m'attachaient  à  vous 
s'en  trouveront  fortifiés;  désormais,  je  vous  appartiens 
deux  fois. 

c  Le  premier  devoir  de  la  charge  honorable  que  vous 
m'avez  confiée  et  que  votre  affectueux  concours  m'a  rendue 
si  fiuôle  et  si  douce  est  d'évoquer,  dans  cette  séance  d'adieu, 
le  souvenir  des  confrères  décédés  depuis  un  an.  La  mort  a 
été  cruelle  pour  nous  en  1885.  Elle  s'est  acharnée  sur  la 
Société,  et  c'est  à  la  tête  qu'elle  l'a  frappée  en  nous  enlevant 
Léon  Renier  et  Emile  Egger.  J'ai  réservé  à  deux  disciples, 
qui  siégeaient  ici,  à  côté  des  maitres  disparus,  le  soin  de  con- 
sacrer leur  mémoire  par  une  étude  biographique  définitive. 
Vous  lirez  prochainement  et  nos  publications  transmettront 
à  nos  successeurs  les  notices  approfondies  que  nous  devrons 
à  M.  Héron  de  Villefosse  et  à  M.  l'abbé  Thédenat.  C'est  là 
seulement  que  nos  confrères  pourront  trouver  les  éloges  dont 
ils  étaient  dignes.  Permettez  cependant,  Messieurs,  à  votre 
président,  si  peu  préparé  qu'il  soit  à  cette  tâche  difficile,  de 

AMT.  BULLETOf.  *  4 


—  50  — 

se  faire  dès  aujourd'hui  l'écho  de  votre  douleur  et  l'orgaDede 
vos  regrets. 

f  Gharlea-AiphoDse-Lôon  Renier,  né  à  GharleTiUe  le  2  mai 
1809,  est  mort  à  la  Sorbonne  le  11  juin  1885.  Admis  le 
9  mai  1845  dans  notre  8ooiété,  11  0n  fat  pendant  quarante 
ans  le  plus  dévoué  collaborateur.  J'ai  déjà  essayé,  Mes- 
sieurs, par  quelques  lignes  que  vous  avez  bien  voulu  insérer 
dans  votre  Bulletin*,  d'exposer  les  nombreux  titres  de 
M.  Renier  à  &ôtf&  reconnaissance.  Je  n'ai  pas  à  revenir 
non  plus  sur  la  glorieuse  carrière  du  grand  épigraphiste 
français.  Des  plumes  plus  autorisées  que  la  mienne  se 
dont  acquittées  dé  cette  honoMble  miseion^  Je  dois  seu- 
lement vous  rappeler  combien,  dans  le  deuil  universel 
éprouvé  par  la  science,  la  mort  de  M.  Léon  Renier  a  été, 
pour  la  Société  des  Antiquaires,  un  malheur  personnel.  Le 
fécond  rédacteur  du  Dictionnaire  encyclopédique  de  la  France, 
du  Journal  de  linsiruction  publique^  de  la  Revue  archMo- 
ffique;  le  fondateur  de  la  Hevue  de  phUoeophie,  de  littérature 
et  d^hiêtoire  ancienne;  le  directeur  de  V Encyclopédie moderm; 
le  bibliothécaire  devenu  plus,  tard  l'administrateur  de  la 
bibliothèque  de  la  Sorbonne  vous  avait  toujours  destiné  les 
plus  précieux  de  ses  travaux  et  avait  voulu  les  faire  paraître 
sous  vos  auspices.  Nommé  par  vous  secrétaire,  trois  ans  après 
son  élection,  il  publia  dans  VJnnuoire  de  1848  et  dans  celai 
de  1850  des  éditions  critiques  des  textes  les  plus  importants 
de  la  géographie  de  la  Gaule,  fin  1852,  il  vous  apportait  les 
prémices  de  soh  admirables  investigations  sur  l'Afrique 
romaine  et  vous  insériee  dans  un  volume  de  vos  JUémovet 
ses  Eeckerches  sur  la  tfiUe  de  Itombèee.  En  1865,  vous  éditiez 
ses  Mélanges  épigraphiques»  C'est  la  fleur  de  ses  découvertes 
qu'il  venait  ainsi  déposer  tous  les  ans  dans  le  trésor  commun 
de  la  Compagnie. 


1.  a*  irioMtf*  d«  IS85,  p.  sot. 

2.  VoyoE  BrM>  Rwue  eritigue  da  S2  jaw  188$;  «bbé  ThédMMl,  BidUtin 
critiquey  1"  juillet  1885;  Héron  de  VUleroBse,  Bévue  critiçue.  20  juillet  1885; 
Mowat,  BulUtin  épigraphique,  1885,  p.  154;  E.  Desjardins,  ibiéU,  p.  155;  Beou, 
i6td.,  p.  157;  £.  Leblant,  Bulletin  du  cûmité  dei  traoaH»  Mttorfquei  (leetioa 
d'arahéoloffie)  ;  SàlNbMi  Reltiàeh«  TfUieé  ««>*  Léen  JtBMfe^« 


—  54  — 

c  Léon  Hoiier  n'avait  eesdé  d'être  iBcrétaire  qne  pour  deve- 
nir membre  de  Totre  comité  de  paUication.  La  tàdie  ne  suf- 
fit pas  longtemps  à  son  activité,  à  son  sèle,  et,  bien  qne  sa 
nomination  à  l'Institnt  offrit,  dès  4856,  à  ses  écrits  une  pnblî* 
cité  pins  recherchée  et  plus  flattense,  il  fonda,  en  1857,  le 
BmIUHm  périodique  de  notre  Société.  Il  le  dirigea  pendant 
trois  ans  avec  un  talent  au-dessus  de  tout  éloge  et  ne  le 
quitta  que  malgré  lui,  quand  une  mission  en  Italie  et  son 
enseignement  au  Collège  de  France  ne  lui  laissèrent  plus 
aucun  loisir. 

«  Si,  à  partir  de  ce  jour,  Léon  Renier  ftit  un  peu  moins 
régulier  à  vos  réunions,  il  ne  cessa  jamais  de  prendre  part  à 
vos  études,  à  vos  discussions  et  aux  élections  qui  assuraient 
le  bon  recrutement  de  votre  Compagnie.  Quelque  lourdes  et 
quelque  nombreuses  qu'aient  été  les  charges  imposées  à  son 
dévouement,  le  professeur  sous  «directeur  du  Collège  de 
Pranee,  le  président  de  la  section  d'archéologie  du  Comité 
des  travaux  historiques  et  scientifiques,  le  directeur  de 
l'École  des  hautes  études  trouvait  toujours  un  moment  pour 
venir  de  temps  en  temps  honorer  de  sa  présence  la  Société 
qui  avait  encouragé  ses  débuts  et  rendu,  la  première,  hom* 
mage  aux  œuvres  de  sa  jeunesse. 

c  En  dépit  d'une  apparente  difficulté  de  parole,  la  vie  de 
notre  confère  a  été  à  la  fin  consacrée  tout  entière  à  l'ensei- 
gnement. Sa  vocation,  après  s'être  révélée  dans  les  nom- 
breuses oommunications  qu'il  faisait  à  vos  séances,  trouva 
une  vaste  carrière  à  remplir  dans  les  cours  professés  par  lui 
au  Collège  de  France,  k  l'École  des  hautes  études  et  par  le 
rôle  qu'il  fut  appelé  à  jouer  dans  la  direction  des  sciences 
archéologiques,  t  Léon  Renier  ne  fut  pas  utile  seulement  par 
c  ses  écrits,  i  disait  récemment  notre  confrère  M.  l'abbé 
Thédenat,  dont  j'emprunte  les  paroles,  t  il  est  tout  un  côté 
•  de  sa  vie  qu'on  ne  peut  passer  sous  silence.  Une  femme  émi- 
€  nente,  dont  la  haute  influence  fut  plus  d'une  fois  bienfai- 
c  santé  pour  l'archéologie.  M»*  Cornu,  présenta  Léon  Renier 
■  àNapoléonlII.  L'empereurarchéologue  s'éprit  pour  lesavant 
«  épigraphiste  d'une  amitié  aussi  honorable  pour  le  prince  que 
I  pour  le  sujet.  Léon  Renier  devint  vite  tout-puissant  sur  l'ee* 


—  52  — 

^  prit  du  soQveram  ;  jamais  il  n'usa  de  son  pouvoir  en  faveur 
€  de  ses  ambitions  personnelles  ;  la  science  seule  en  bénéficia. 
•  Il  refusa  le  portefeuille  de  Tinstruction  publique,  ne  Youbmt 
c  pas  renoncer  à  ses  études  pour  une  situation  politique, 
f  quelque  brillante  qu'elle  dût  être.  Des  missions  confiées  aux 
t  plus  savants  et  aux  plus  dignes,  les  fouilles  du  Palatin, 
<  Tacquisition  et  la  publication  des  papiers  de  Borgbesi  aux 
a  frais  de  la  liste  civile,  Tachât  de  la  collection  Gampana,  la 
€  création  d'une  chaire  d'épigraphie  romaine,  la  fondation 
t  et  la  direction  de  la  section  d'histoire  et  de  philologie  de 
«  rÉoole  pratique  des  hautes  études,  telles  sont  les  ceuvres 
«  fécondes  au  service  desquelles  Léon  Renier  mit  son  influence 
f  et  son  activité.  » 

f  Tous  les  instincts  généreux  du  maître  étaient  satisfaits. 
Cîomme  un  aïeul  qui  voit  grandir  et  prospérer  sa  famille. 
Renier  vieillit  doucement  et  mourut  heureux. 

c  Emile  Egger,  né  le  18  juillet  1813  et  décédé  à  Royat  le 
30  août  1885,  appartenait  à  la  Société  depuis  1858.  Parisien 
de  naissance  et  d'éducation,  il  était  sorti  d'une  famille  ori- 
ginaire de  Garinthie.  Aux  qualités  héréditaires  de  patience 
dans  les  investigations  scientifiques  et  de  volonté  dans  la 
poursuite  des  analyses,  il  joignit  de  bonne  heure  un  talent 
très  développé  d'exposition  et  le  sentiment  littéraire  de  la 
forme.  Rien  ne  lui  fut  indifférent  dans  le  domaine  des 
lettres  anciennes.  Tout  le  passionnait  dans  l'histoire  des 
lettres  grecques.  Sans  être  jamais  superficiel,  sans  cesser 
d*être  fidèle  à  la  plus  rigoureuse  méthode,  l'auteur  de  VHd- 
lénûme  en  France  ressemblait  aux  plus  brillants  humanistes 
d'autrefois.  Il  n'est  donc  pas  étonnant  qu'il  en  ait  si  bien 
parlé. 

a  Docteur  es  lettres  à  vingt  ans  sur  la  production  de  deux 
thèses  très  remarquées,  élève  puis  successeur  de  Boissonnade, 
par  des  éditions  comme  celles  qu'il  a  données  de  Longin,de 
Featus,  de  Varron,  de  la  Poétique  d'Aristote,  c  Egger,  »  a  fort 
bien  dit  un  de  ses  élèves  dans  une  récente  notice  ^  c  fut  le 


1.  Article  de  M.  l'abM  Pierre  Batiffol  dani  le  Bulletin  eritiçue  dn  i«  noremlm 
1885. 


-58-. 

c  tndt  d'union  entre  l'andenne  école  française  de  philologie 
f  et  la  nouvelle.  Par  son  ApoUoniui  Dyscole,  par  ses  Notùmê 
f  4UmMiUait€S  dé  grammaire  comparée^  il  inaugura  chez  nous 
■  l'étude  de  la  grammaire  historique.  La  paléographie  lui 
a  doit  en  grande  partie  la  publication  des  papyrus  grecs  de 
c  Paris  que  Letronne  n'avait  pu  terminer.  Ûépigraphie,  sur- 
fl  tout,  ne  saurait  oublier  ce  qu'il  fit  pour  elle,  depuis  ce  petit 
a  livre  qui  était,  en  1844,  quelque  chose  de  bien  nouveau,  les 
c  Epigraphices  graecojt  specimina  selecta  in  usum  praelectÛH 
f  num  academiearum^  jusqu'à  l'espérance  qu'il  eut  un  instant 
c  d'entreprendre  avec  l'Académie  l'édition  d'un  Corpus  des 
«  Inscriptions  latines,  projet  réalisé  depuis  par  l'Académie 
<  de  Berlin.  » 

f  Dans  cette  rapide  notice,  je  ne  puis  vous  parler  ni  de 
VEitioire  de  la  critique  chex  les  Grecs^  dont  notre  confrère 
préparait  une  édition  nouvelle  au  moment  de  sa  mort,  ni  de 
tous  les  livres  que  son  inépuisable  fécondité  nous  a  prodigués 
pendant  quarante  ans,  ni  de  son  enseignement  à  la  Sorbonne 
et  à  l'École  normale,  ni  des  innombrables  articles  insérés  dans 
les  Mémoires  de  V Académie  des  inscriptions,  dans  la  Revue 
archéologique^  le  Journal  des  Savants^  le  Journal  des  Débats^ 
ISL  Bévue  des  Deux-Mondes,  le  Journal  général  de  Vinstruction 
pubUque^  etc.,  etc.  Je  voulais  me  borner  à  vous  entretenir 
des  travaux  qu'il  consacra  spécialement  à  notre  Société.  J'en 
ai  dressé  la  liste,  la  voici.  Mais  cette  simple  table  des 
matières  est  devenue  si  longue  que  je  renonce  à  vous  la  lire 
en  ce  moment.  Elle  trouvera  son  emploi  plus  tard  dans  votre 
BuUetin  *  si  vous  le  jugez  convenable. 

1.  Void  U  liftts  des  mémoires  et  des  notes  de  M.  Egg^r  insérés  dsns  les  pnbli- 
ettions  de  1«  Société  des  Antiquaires  : 

Anciens  artistes  grecs  omis  dans  les  catalognes.  {Bulletin  de  18S8,  p.  95.) 

Explication  da  mot  çavrao'ix. 

Objets  antiques  tronrés  près  de  Melle  (Denx-Sérres) .  (BuUetin,  ibid.,  p,  138.) 

De  )a  falsification  des  eacbets  dans  l'antiqnité  an  moyen  d'empreintes  et  de 
rasage  de  reporter  récritore  d*ane  substance  sur  une  autre.  {Bulletin  de  1859, 
p.  105.) 

Les  lettres  de  ehsnge  des  Grecs.  {Bulletin  de  1860,  p.  95.) 

Obsenrations  sur  une  épitaphe  antique  et  sur  des  antiquités  trourées  dans  Téglise 
de  Saint-Pierre  de  Vienne  (isére).  {Bulletin,  ibid.,  p.  145.) 


—  54  — 

t  C'est  qu'en  effet  M.  Bgger  n'avait  voulu  entrer  dans  votre 
Société  que  pour  s'y  rendre  utile  et  e'associer  à  tous  sestn^i 
vaux.  Il  la  présida  pendant  Tannée  1863.  Aussi  assida  à  vos 
séances  que  ses  nombreuses  occupations  le  lui  permettaient, 

ImeriiiUM  «a  IM3  trouTé*  à  CoB|ilè«ie  nr  uim  pltqve  d« ptonb.  {BuUelm dt 
I9«l,  p.  72.) 

Notice  SOT  une  représanUtion  des  Perses  d'Esehyle  an  p«l«i8  épisoopsl  d'Or- 
léans. (Bulletin  de  1862,  p.  75-94.) 

Antiquités  recueillies  dans  des  puits  antiques  sur  remplaoement  de  râeole  des 
minM.  {Bulletin,  MfL,  p.  9S-97.) 

Bxplioatioo  d'un  papyrus  grée.  {Bulletin^  ibid«,  p.  128.) 

Conpte-rendu  d*une  excursion  archéologique  dans  la  fordl  de  Compiègoe.  {Bul- 
letin de  18C3,  p.  57.) 

Explication  d'une  Inscription  grecque  en  vers  déoourerte  dans  rarenue  de 
sphinx  qui  mène  au  Sarapeum.  {Bulletin,  ibid.,  p.  146.) 

Explication  d'inacriptiont  grecques.  {Bulletin^  ibtd.,  p.  160.) 

Rapport  sur  des  communications  épigraphiques  de  M.  AUmer.  {Bulletin  de  1864, 
p.  44.) 

Vases  de  fabrique  gallo-romaine  de  la  eoUeetion  de  M.  Loisel.  {Bulletin  de 
1865,  p.  30.) 

Empreinte  de  dans  monnaies  méroTingianoea  oomnnmqvéaa  au  nom  de  11.  de 
Cougny.  {Bulletint  ibid.,  p.  63.) 

Résumé  des  communications  de  M.  Allmer  sur  des  fouilles  exécutées  à  Vieon« 
(Isère).  {Bulletin,  ibid.,  p.  68.) 

RémiBé  des  i^sultata  obtemis  dane  laa  foaUlaa  da  Seulis.  {Bulletin,  1805,  p.  95.) 

Loterie  organisée  pour  entreprendre  des  fooillea  archéologiqaea  annoseées  par 
M.  Egger.  (Bulletin,  ibid.,  p.  178.) 

Note  sur  la  mosaïque  de  Trêves.  {Bulletin  de  1866,  p.  80.) 

Note  sur  la  géologie  de  TAttique.  {Bulletin,  ibid.,  p.  105.) 

Explication  da  l'inscriptioB  métriqQS  d'Arias.  {Bulletin,  ibid.,  p.  109.) 

Note  sur  les  anciennes  forêts  da  TAttique.  (Bulletin,  ibid.,  p.  132.) 

Fouilles  aux  arènes  de  Senlis.  (Bulletin  de  1860,  p.  101.) 

Note  sur  les  noms  grecs  qui  ont  servi  à  désigner  Tencre  chez  les  anciens  et  ta 
moyen  fcge.  (Bulletin  de  1870,  p.  151.) 

De  remploi  daa  pigeons  voyageurs  dans  rantiquilé.  (Bulletin,  iUd.,  p.  161) 

Trois  balles  de  fronde  trouvées  à  Marathon  par  M.  Lartai  et  rapportées  ai 
France  par  rinreatenr.  {Bulletin  de  1872,  p.  179.) 

Plaque  de  corporation  communiquée  par  M.  Egger.  (Bulletin  de  1876,  p.  124-) 

Observations  critiques  sur  divers  monuments  relatifs  à  la  métrologie  greeqvt  et 
à  la  métrologie  romaine.  (Mémoires  de  le,  Société,  troisiàase  série,  toaa  V,  p.  85, 
1862.) 

Note  sur  le  mot  Uisos  par  lequel  les  auteurs  grecs  traduisent  le  latin  Piium. 
(Mémoires  de  la  Société,  1865,  p.  285.) 

Un  sénatns-consulta  romain  eontre  las  industriels  qui  spécnloBt  sur  la  déœli- 
tiondes  édifices.  (Mémoires  de  la  Soeiélét  1872,  lone  XXXUl,  p.  I55J 


il  n'y  parât  jamais  sans  nous  teoir  aaos  le  ohariQ^  do  «on 
âéganfte  parâla  ei  sans  nooa  faire  profiter  de  son  uni^rseUe 
érudition.  Bien  qu'il  fi&t  depuia  longtemps  membre  de  corpa 
flavants  beaoeoap  plna  illustrée  qae  le  aôtre,  il  ne  dédaigna 
et  n'oublia  jamais  la  Société  des  Aatiquairea.  La  cruelle 
eédté  qui,  à  la  fin  de  sa  yie,  voila  ses  yeux  sans  altérer  la 
sérénité  de  son  àme,  ralentit  à  peine  sa  constante  assiduité. 
Dans  toutes  les  occasions  solennelles,  aux  jours  d'élections 
par  exemple,  il  se  faisait  guider  à  travers  nos  longs  corridors 
jusqu'à  la  salle  de  nos  séances,  nous  y  reconnaissait  tous  à  la 
tdIx,  prenait  part  à  nos  discussions,  et  c'était  ensuite  un 
honneur  disputé  entre  nous  que  de  reconduire  à  sa  demeure 
notre  confrère  aveugle. 

f  Ë^ger  ne  fut  pas  seulement  un  maître  par  Tautorité  du 
savoir,  mais  encore  par  tous  les  dons  du  cœur.  Possédant  au 
suprême  d^ré  la  première  des  qualités  que  l'Université  déve- 
loppe chez  les  jeunes  gens  qu'elle  reçoit  à  l'École  normale, 
l'aptitude  morale  à  l'enseignement,  il  fit  de  cette  qualité  une 
vertu,  et  du  culte  de  cette  vertu  La  passion  de  sa  vie.  Le 
cabinet  et  la  bibliothèque  du  professeur  étaient  toujours 
ouverts  au  plus  humble  étudiant.  On  voyait  le  nmitre  inter* 
rompre  de  la  meilleure  grâce  du  monde  les  plus  importants 
travaux  pour  corriger  le  thème  grec  d'un  candidat  à  la 
licence.  Un  de  nos  confrères,  M.  Benan,  dans  des  souvenirs 
intimes  remontant  à  1845,  s'est  complu  à  déposer  par  écrit 
sar  Egger  le  témoignage  suivant  :  «  Jeune,  pauvre  et  cher- 
•  chant  ma  voie,  je  trouvai  en  lui  un  guide  sûr.  9  £t  plus 
loin  :  «  M.  Egger  a  été  pour  une  foule  de  débutants  devenus 
«  ensuite  des  maîtres  le  meilleur  des  introducteurs  dans  la 
c  carrière  des  travaux  utiles.  »  Touchant  hommage,  Mes- 
sieurs, que  je  devrais  recueillir  pour  démontrer  qu'imitant 
la  doctrine  du  philosophe  grec  et  pratiquant  son  obstétrique 
intellectuelle,  notre  confrère  amena  à  la  lumière  scientifique 
quelques-uns  des  esprits  les  plus  éminenta  de  notre  temps  ^ 

1.  Il  faut  consulter  sur  ^Ue  Bggtr  :  Eniest  Reum,  Jovmai  de$  Débats  do 
4  septembre  1885;  Desjardins,  ibid.f  5  septembre;  Bréal,  le  TempSj  6  sep- 
tembre 1885;  raJ>bé  Pierre  Batiffol,  Bulletin  critique  da  i»  novembre  1885, 
et  vn  srtiele  aéorol<^qae  da  M.  Salomoa  Reinach,  1885,  in*8«. 


—  M  — 

c  II  m'est  facile,  Messieurs,  d'associer  dans  un  commua 
éloge  la  mémoire  des  deux  savants  dont  nous  déplorons  la 
perte.  Aucun  d'eux  ne  s'isola  dans  une  hautaine  supériorité 
intellectuelle.  Ils  aimaient  la  science  non  pas  en  avares, 
pour  les  avantages  qu'elle  procure  à  ceux  qui  la  cultivent 
avec  succès,  mais  pour  le  plaisir  qu'ils  éprouvaient  à  en 
répandre  autour  d'eux  les  résultats.  Plus  fiers  de  la  cohorte 
de  leurs  élèves  que  des  livres  dont  ils  avaient  grossi  nos 
bibliothèques,  ils  s'oubliaient  eux-mêmes,  en  véritables  pères 
de  famille,  ne  songeant  qu*à  la  jeunesse  studieuse  qu'ils 
entraînaient  à  la  conquête  de  la  vérité.  Un  de  leurs  plus 
anciens  disciples,  naguère  président  de  l'Académie  des  ins- 
criptions, a  prononcé  avec  émotion  sur  la  tombe  de  Léon 
Renier  ce  bel  éloge  :  «  Je  lui  dois  tout.  »  Bien  d'autres  dettes 
de  reconnaissance  ont  été  contractées  envers  ces  maîtres  dont 
les  débiteurs  ont  été  ou  seront  les  premiers  à  proclamer 
l'existence.  Enfin,  si  nos  deux  confrères  parvinrent  à  une 
haute  situation,  ils  ne  le  durent  absolument  qu'à  leur  mérite. 
Les  honneurs,  sans  avoir  été  sollicités  par  eux,  vinrent  les 
surprendre.  Gela  s'est  vu  même  de  notre  temps,  et  il  est  bon 
de  le  constater. 

c  Ces  traditions.  Messieurs,  qukont  toujours  été  celles  de 
la  Société  des  Antiquaires,  ne  s'éteindront  pas  avec  nos 
regrettés  confrères.  Elles  restent  vivantes  et  bien  vivantes 
encore  parmi  nous.  Je  n'en  veux  citer  aujourd'hui  qu'un 
représentant  que  vous  nommerez  tous  en  même  temps  qœ 
moi,  notre  éminent  doyen,  M.  Alfred  Maury.  Qui  donc, 
parmi  les  plus  jeunes  membres  de  la  Ciompagnie,  n'a  pas 
rencontré  aux  heures  pénibles  du  début  sa  bienfaisante  et 
paternelle  intervention  ?  Pour  moi,  je  n'oublie  pas,  en  ce 
jour  où  j'ai  le  droit  de  parler  au  nom  de  la  Société  des  Anti- 
quaires, ce  que  je  dois  au  savant  qui  m'a  ouvert  les  portes  de 
cette  Société  en  me  permettant  de  poursuivre,  en  dehors  des 
heures  réglementaires  et  dans  son  propre  cabinet,  des  tra- 
vaux que  sans  lui  je  n'aurais  jamais  pu  entreprendre.  Une 
seule  condition  fut  mise  au  bienfait  :  mon  silence.  Pardon- 
nez-moi, mon  cher  maître,  si  je  manque  à-  ma  parole.  Je 
crains  de  mourir  avant  d'avoir  rendu  publiquement  témoi- 


—  57  — 

gitane  à  des  vertas  qui  sont  d'un  antre  Age,  et  dont,  &  notre 
époqne  égoïste,  certaines  coteries  acides  et  personnelles 
Enraient  tant  besoin  de  s'inspirer.  Il  manque  nn  chapitre  an 
traité  de  Bénèqne  Dg  BenefMû.  C'est  l'art  de  faire  le  bien  en 
matière  d'érudition.  Ce  chapitre,  vous  poorriei  l'écrire,  car 
TOUS  pratiques  depuis  plus  de  quarante  ans  la  théorie  qu'il 
s'agit  d'y  enseigner.  Continuel  longtemps  parmi  nous  les 
nobles  habitudes  de  la  haute  génération  de  savants  à  laquelle 
vous  appartenez,  celle  de  vos  amis,  les  Jules  Quicherat,  les 
Renier  et  les  Egger. 

c  La  funèbre  liste  n'est  pas  close.  Noms  avons  encore  perdu, 
parmi  nos  associés  correspondants  nationaux,  MM.  le  comte 
de  Liesville,  Victor  Cauvel  de  Beauvillé,  le  comte  Bégouen, 
MasqneleK,  Tabbé  Barrère,  et,  parmi  les  associés  correspon* 
dants  étrangers,  M.  Worsaae  et  le  R.  P.  Garmcci. 

c  Membre  de  la  Société  des  antiquaires  de  Normandie,  M.  de 
LiesTille,  quittant  définitivement  \a,  province,  ayait  été  nommé 
depuis  quelques  années  conservateur  adjoint  de  la  Biblio- 
thèque de  la  ville  de  Paris.  Des  études  sur  la  céramique,  de 
curieuses  collections  sur  Thistoire  des  trois  républiques  fran- 
çaises (1792,  1848  et  1871),  un  dévouement  éprouvé  à  l'art  et 
i  ia  science,  après  l'avoir  fait  connaître,  lui  avaient  mérité 
vos  suffrages.  Ses  dernières  volontés  ont  montré  combien  il 
en  était  digne.  De  généreuses  et  intelligentes  donations  feront 
vivre  le  nom  de  ce  modeste  et  bieniaisant  amateur. 

c  M.  Victor  Cauvel  de  Beauvillé  était  correspondant  de 
votre  Compagnie  depuis  le  8  décembre  1858.  Membre  de  la 
Société  des  Antiquaires  de  Picardie,  très  dévoué  aux  inté- 
rêts arehéologiques  de  sa  province,  il  avait  publié,  en  trois 
volumes  in-4*,  une  Histoire  de  la  vUle  de  Manididier^  œuvre 
excellente  et  pleine  de  critique  qui  fut  très  louée  ici  même 
lorsque  l'auteur  posa  sa  candidature. 

c  Une  partie  des  travaux  publiés  par  le  comte  Bégouen  ont 
trait  à  la  philosophie  plutôt  qu'aux  sciences  historiques,  mais 
cet  esprit  curieux  et  éclairé  avait  déjà  révélé  ses  aptitudes  à 
Tarehéologie  dans  de  nombreuses  communications  présentées 
à  la  Société  archéologique  du  midi  de  la  France,  lorsque  vous 
l'avez  admis,  le  2  juillet  1884,  à  faire  partie  de  votre  Société 


—  M  — 

et  nommé  associé  correspondant  à  Gompiègne  (Oise).  Noos 
avions  le  droit  de  compter  longtemps  encore  sur  son  conooam. 

f  M.  Masqaelez,  bibliothécaire  de  FÉoole  de  SaintpCyr, 
décédé  le  i7  septembre  1885,  était  des  nôtres  depuis  le 
l*r  février  4865.  Ses  beaux  travanxsorla  castrametationdes 
Romains  et  snr  leurs  institutions  militaires  avaient  dapols 
plus  de  vingt  ans  marqué  sa  place  parmi  vous. 

a  M.  l'abbé  Joseph  Barrère,  né  à  Mésin  (LiOt-et-6«ionne), 
en  1809,  est  mort  en  juillet  1885.  Après  avoir  appartenu  pen- 
dant quelque  temps  au  clergé  de  Tile  de  la  Réunion,  il  fut, 
dès  son  retour  en  France,  nommé  professeur  d'archéologie 
au  petit  séminaire  d'Âgen.  Il  y  enseigna  pendant  une  dicaine 
d'années.  Il  a  publié  une  Sûtoire  nUgiemse  et  wumumetUéU 
du  dioche  d^Agen  (Agen,  1855-4856,  2  volumes  in«8*),  une 
Histoire  de  VEtmitage  dé  êednt  Vincent  de  Pompefae^  un 
volume  in-12,  et  plusieurs  articles  archéologiques  et  histo- 
riques sur  les  hommes  et  les  choses  de  son  pays  dans  les 
journaux  politiques  d'Agen  et  dans  la  Revue  de  G€M»gm4. 
Tous  ces  travaux  d'histoire  étaient  puisés  aux  meiiieares 
sources  locales,  notamment  aux  archives  des  communes  et 
des  paroisses.  Depuis  assez  longtemps  notre  confrère  n'éeri* 
vait  plus  et  ses  dernières  années  se  sont  passées  dans  la 
retraite. 

«  M.  J.-J.-A.  Worsaae  était  certainement  l'antiquaiie  le 
plus  distingué  et  le  plus  zélé  du  Danemark.  Membre  de  La 
Commission  des  antiquités  nationales  de  ce  royaume,  ancien 
ministre  et  homme  politique,  il  a  exploré,  avec  plus  d'atlen* 
tion  et  de  soin  qu'on  ne  Tavait  fait  jusqu'à  lui,  les  nombreux 
monuments  datant  du  moyen  âge  qui  se  trouvent  répandus 
dans  le  Jutland.  Ses  longues  et  méthodiques  explorations  du 
sol  danois  lui  permirent  d'écrire  un  ouvrage  curieux,  rempli 
d'aperçus  ingénieux,  intitulé  :  Lee  premiers  temps  du  Ihme^ 
mark  expliqués  par  les  antiquités  et  les  tumulus.  Ce  livre  a  été 
traduit  en  allemand  par  M.  Bertelsen  et  a  paru  à  Copenhague 
en  4844.  Le  Musée  des  antiquités  du  Nord,  à  Copenhague, 
œuvre  de  notre  confrère,  est  une  des  collections  les  plus 
curieuses  de  l'Europe  et  de  notre  temps. 

t  Ensuite,  M.  Worsaae  poursuivit  ses  investigatîoiis  sur 


—  5t  — 

rhistoîie  et  les  antiquités  des  Danois  dans  toutes  les  con- 
trées où  ees  hardis  navigatears  allèrent  s'établir.  Il  avait  élu-» 
dié  tont  d'abord  en  Angleterre  les  traces  du  passage  des 
popalatioDs  Scandinaves,  il  publia  à  cette  occasion  une  rela* 
tion  du  séjour  des  Danois  et  des  Norvégiens  en  Angleterre, 
en  Ecosse  et  en  Irlande;  ouvrage  qui  parut  en  anglais^  à 
Londres,  en  1852. 

■  M.  Worsaae  étudia  aussi  dans  notre  pays  et  sur  le  sol  nor« 
mand  les  vestiges  de  l'ancienne  civilisation  du  Nord,  et, 
pendant  eon  voyage  en  France,  il  fut  reçu  par  la  Société  des 
Antiquaires  de  France,  qui  n'apprécia  pas  moins  les  qualités 
ûmables  de  Tbomme  que  la  haute  valeur  du  savant. 

c  Décédé  à  Rome  le  6  mai  1885,  le  R.  P.  Raffaêle  Gar* 
racci,  ancien  professeur  au  collège  romain,  était  membre 
de  l'Institut  archéologique  de  Rome.  Je  ne  puis  citer  ici 
les  très  nombreux  ouvrages  et  toutes  les  dissertations  du 
célèbre  archéologue.  Je  rappellerai  seulement  sa  longue 
collaboration  au  BuUeiino  nqpoletano  d'Avellino  et,  après  la 
mort  de  ce  savant,  la  part  extrêmement  active  qu'il  prit 
à  la  rédaction  et  à  la  direction  du  recueil  en  compagnie 
de  Minervini.  Tous  les  amis  de  l'antiquité  classique  con* 
naissent  les  Questioui  pampeiame  (1853,  un  vol.  in-8*)  et  le 
beau  mémoire  sur  la  flotte  de  Mieène  ayant  pour  titre  ; 
Classas  praetoriae  MisenensU^  piae^  vindicis^  gordiemae,  pM* 
Uppiamae  monumenia  quae  extant  (in*4<>).  C'est  la  monographie 
très  intéressante  d'un  puissant  corps  militaire,  à  l'appui  de 
laquelle  le  P.  Garrucci  a  publié  «plus  de  260  inscriptions 
tn  extenso.  Je  signalerai  encore  :  La  Sioria  di  Isemia  Hea- 
vatadtù  monumenti  (1845,  un  volume  in-8*)  ;  les  Pltmhs  latiiu 
du  asrdmal  AUieri  (1847);  ttn  Mémoire  sur  Vorigine  et  la 
valeur  des  accents  latins^  couronné  par  Tlnstitut  en  1854  ;  les 
Verres  càréiiens  àjigure  dfor  (1858-1863)  ;  les  Sculptures  du 
Lairan  (1861);  deux  recueils  de  dissertations  archéologiques 
(1864-1866);  Sylioge  des  inscriptions  latines  antérieures  à 
VEmpire  (1875*1877)  et  enfin  la  Staria  dM'  arie  cristiana 
(1872-1881),  ouvrage  capital  composé  de  six  volumes  in-folio 
et  de  500  planches  et  qui,  quoi  qu'il  arrive,  restera  une  des 
principales  sources  de  l'archéologie  chrétienne. 


—  M  — 

c  Plueienre  des  ouvrages  du  P.  Garrueci  ont  été  publiés  en 
français  et  à  Paris  ;  ils  ont  pour  titre  :  Myttkreê  du  Syncr^ 
Htme  phrygien  et  Mélanges  d^épigraphie  ancienne^  1856.  Le 
plus  connu  a  été  traduit  par  un  membre  de  notre  Société,  le 
P.  Arthur  Martin;  c'est  le  livre  des  Graffltei  de  Pampéi,  1853, 
I  volume  in-4*.  Notre  associé  ne  cessa  jamais  d'être  en  cor- 
respondance avec  votre  Compagnie.  Ses  travaux,  qui  ont  été 
vivement  discutés,  ne  sont  pas  sans  doute  exempts  d'imper- 
fections ni  de  taches,  mais  ils  témoignent  d'une  rare  saga- 
cité, d'une  science  incontestable  alliée  à  une  prodigieuse  con- 
naissance des  monuments  ^ 

c  Le  rapport  d'Adrien  de  Longpérier,  rédigé  le  9  juillet 
4854  pour  faire  valoir  les  titres  de  l'éminent  archéologae  ita- 
lien dont  la  réputation  était  alors  naissante,  débutait  ainsi  : 
c  La  commission  chargée  de  vous  entretenir  des  travaux  do 
ff  R.  P.  Raphaël  Garrueci,  de  Naples,  à  qui  la  Société,  «mii< 
fl  de  son  initiative^  s'est  proposé  de  décerner  le  titre  d'associé 
«  correspondant,  a  une  tâche  fort  agréable,  celle  qui  consiste  à 
c  vous  parler  d'nn  antiquaire  plein  de  zélé  et  d'érudition  et 
ff  qui  justifie  chaque  année  davantage  les  espérances  que  ses 
f  premières  publications  avaient  fait  naître.  > 

€  En  ce  temps-là,  vous  le  voyez,  Messieurs,  l'article  10  de 
votre  règlement  actuel  n'existait  pas  et  n'imposait  pas  aux 
savants  étrangers,  contrairement  à  leurs  habitudes  natio- 
nales, l'obligation  de  solliciter  par  écrit  leur  admission  dans 
la  Société.  Grâce  à  l'esprit  libéral  de  cet  ancien  règlement, 
vous  avez  pu  inscrire  sus  vos  listes  quelques-uns  des  pins 
grands  noms  de  l'Europe  savante.  Mais  tous  les  ans  la  mort 
fait  des  vides  parmi  vos  associés  correspondants  étrangers,  et 
ce  sont  là  des  brèches  que  vous  ne  pouvez  plus  réparer  spon- 
tanément. Je  recommande  à  vos  méditations  le  danger  créé 
pour  votre  recrutement  international  par  ce  terrible  et  impru- 
dent article  10.  Si  vous  n'y  mettez  bon  ordre,  à  un  moment 
donné  et  qu'il  est  bien  facile  de  prévoir,  vous  vous  trouverez 
complètement  isolés  et  sans  aucune  relation  en  Europe. 


1.  Voyez  une  bonne  notice  nécrologique  sur  le  P.  O&rracci  publiée  dans  TAii- 
nuaire  de  la  Société  française  de  numitmatiçue  et  d'archéologie^  <8S5,p.  808. 


—  M  -. 

c  Je  ne  f^ndniB  pas,  j'«n  rais  sûr,  à  roê  ittteatioBs,  si 
je  laissais  partir  sans  un  mot  d*adiou  le  yieoz  libraire  de  la 
Société  des  Antiquaires.  M.  J.-B.  Dumoulin,  décédé  le 
20  septembre  dernier,  était  dépositaire  de  nos  publications 
depuis  Tannée  1846;  la  boutique  du  quai  des  Grands-Âugus- 
lins  était  familière  à  plusieurs  d'entre  nous.  C'est  de  là  que 
nous  sont  Tei^us  tant  de  bons  livres  que  nous  feuilletons 
quotidiennement  dans  nos  bibliothèques;  et  l'aimable  phy- 
sionomie du  maître  de  la  maison,  —  type  disparu  du  libraire 
d'autrefois,  —  ne  s'effacera  pas  de  la  mémoire  de  tous  les 
fureteurs  qu'il  a  obligés  dans  la  pénible  recherche  de  volumes 
introuvables. 

t  Ce  pieux  devoir  accompli  avec  les  morts,  je  me  tourne 
vers  les  nouveaux  confrères  auxquels  vous  avez  ouvert  vos 
rangs  pendant  l'année  qui  vient  de  s'écouler  et  je  leur  sou** 
haite  la  bienvenue.  Je  n'ai  pas  à  vous  les  présenter.  MM.  Ger- 
main Bapst,  Emile  Molinier  et  Lecoy  de  la  Marche  étaient 
connus  par  leurs  travaux  avant  d'entrer  dans  cette  enceinte. 
Depuis  qu'ils  y  siègent,  ils  se  sont  déjà  fait  apprécier  de  vous 
par  d'intéressantes  communicatious  que  votre  BuîleHn  s'est 
empressé  d'enregistrer.  Vous  avez  acquis  de  laborieux  col- 
laborateurs sur  lesquels  vous  pouvez  compter  pour  l'avenir. 
Dans  la  lotte  ardente  à  laquelle  ont  donné  lieu  la  multipli- 
cité des  candidatures  et  le  petit  nombre  de  places  vacantes, 
vos  portes  n'ont  pas  été  franchies  par  tous  ceux  que  vous 
désiriez  associer  à  vos  travaux.  Mais  les  jeunes  savants,  qui 
sont  encore  candidats,  n'ont  pas  longtemps  à  attendre.  Je 
puis  prévoir  facilement  leur  succès  et  j'envie  à  mon  succès* 
seur  le  plaisir  qu'il  éprouvera  à  les  proclamer. 

i  Je  dois  consigner  ici,  en  n^me  temps,  les  autres  modi- 
fications qu'il  conviendra  d'apporter  en  1886  à  la  liste  des 
membres  résidants  de  la  Société.  Deux  de  nos  plus  éminents 
confrères,  regrettant  de  ne  pouvoir  assister  comme  autrefois 
à  toutes  vos  séances,  ont  voulu,  sans  nous  quitter,  ménager 
à  de  jeunes  savants  plus  libres  de  leur  temps  Toccasion  d'en- 
trer dans  la  Compagnie,  et  ils  ont  demandé  à  passer  dans  la 
dasse  des  honoraires.  La  proposition  de  MM.  Michelant  et 
Delisle  a  été  accueillie  comme  elle  devait  l'être,  et,  depiMs 


que  j'ai  on  fhOBtidur  dd  proclatnâr  le  résultat  dé  votre  vote, 
nos  confk^res  aous  ont  déjà  donné  maint  témoignage  de  Hn* 
térôt  et  de  la  sympathie  qu'ils  <sontiiinent  de  nous  porter. 

«  Ija  liste  de  voe  associés  correspondants,  jamais  temée, 
s'est  augmentée  de  plusieurs  noms  honorables  qui  se  recom- 
mandaient particulièrement  à  vos  suffrages.  La  natalité,  ^ 
comme  on  dit  en  économie  politique,  —  a  été  bonne  cette 
année  pour  la  Société.  Le  nombre  des  naissances  à  été  supé- 
rieur à  celui  des  décès.  Il  y  a  lieu  de  s'en  réjouir.  Plusieurs 
de  mes  prédécesseurs  ont  exprimé  le  désir  de  voir  la  Société 
se  développer  et  répandre  au  loin  ses  doctrines  par  l'affilia- 
tion de  très  nombreux  correspondants.  Je  ne  puis  que  renou- 
veler ce  tœu,^  convaincu  que  vous  saurez,  en  môme  temps, 
maintenir  dans  l'examen  des  candidatures  nouvelles  la  sévé- 
rité indispensable  à  la  bonne  renommée  de  notre  Ciompagnie. 

«  Ont  été,  pendant  le  cours  de  l'année  4885,  proclamés 
associés  correspondants  nationaux,  MM.  Daiguzon,  à  Ghà* 
teauroux  (Lidre);  Berthelet,  à  Arlay  (Jura);  marquis  de 
Ripert*Monclar,  au  château  d* Allemagne,  près  Riez  (Basses- 
Alpes)  ;  Saillant,  à  Épinal  (Vosges)  ;  le  capitaine  de  Pru- 
dhomme,  à  Souse  (Tunisie);  Tabbé  Bordes,  à  Juilly  (Seîne- 
et-Oise)  ;  René  de  la  Blanchère,  à  Tunis  ;  l'al^  Beurlier,  à 
Dammartin  (Beine*et^ise);  le  comte  de  FayoUe,  au  château 
de  Fayolle,  par  Tocàne-Saint-Apre  (Dordognc);  Cai.  Rœss- 
1er,  au  Havre  (Seine-Inférieure);  Eleuthère  Brassart,  â  l'HÔ- 
pitaWsous-Rochefort,  par  Boen  (Loire)  ;  Piet  Lataudrie,  â 
Niort  (Deux-Sèvres).  M.  Briquet  a  été  élu  associé  correspon- 
dant étranger  à  (^enève  (Suisse). 

«  Les  travaux  de  votre  Ciompagnie  ont  marché  régalière- 
ment,  ainsi  qu'en  font  foi  les  excellents  procès*» verbaux  dans 
lesquels  votre  consciencieux  secrétaire  a  résumé  toutes  vos 
discussions.  L'augmentation  du  nombre  de  vos  séances,  par 
l'addition,  eonformément  à  votre  nouveau  règlement,  de  vos 
réunions  des  derniers  mercredis  du  mois,  n'a  ralenti  ni  votre 
assiduité  ni  votre  zèle.  Vos  publications,  échangées  depuis 
longtemps  avec  celles  de  nombreuses  compagnies  savantes, 
ont  été  recherchées  cette  année  par  de  nouvelles  sociétés.  Les 
principales  revues  scientifiques  et  les  journaux  d'art  de  Paris 


•- 6S  ~ 

insérant  tomles  las  flenuiaes  le  «uninai/e  de  vos  piocài- 
vedNMix. 

t  Mon  prédéceeaear  irons  a  enireteous  de  la  suite  qu'avait 
oomportée»  sous  sa  présideace,  la  décision  prise  le  25  juio 
1884  de  iK>us  associer  au  vœu  émiis  sur  la  proposition  de 
M.  Gh.  Bobert  par  rAcadémie  des  iascriptions  pour  la  co&r 
MTtatioii  et  la  protection  des  monuments  historiques  dans 
IsspQsiesBieas  françaises.  Unecommiision  nommée  par  yousi 
après  avoir  développé  ce  vœu  et  l'avoir  défini  dans  une  iof^ 
mole  précise^  Ta  communiqué  à  toutes  les  sociétés  savantes 
de  France  el  d'Algérie.  Un  très  grand  nombre  d'adjeiésions 
voBB  sont  parvenues.  CSes  adh^ions  ont  élé  groupée»  par  les 
soins  d'une  nouvelle  commission  présidée  par  notre  ^onirére 
M.  de  Rosières  et  seront  en  temps  utile  trsnsmises  à  M*  le 
Ministiede  Tlnstmction  publique.  Votre  intervention  contri* 
buera,  vous  pouves  en  étie  certains,  à  éclairer  le  législateur 
et  à  arrêter,  gréée  à  de  nouvelles  dispositions  insérées  dans 
le  ^et  de  loi  actuellement  à  Tétude,  les  progrès  effrayants 
du  vandalisme.  Deux  de  nos  associés  correspondants^ 
M.  fisperandieu  et  M.  Fallu  de  Lessert,  vous  ont  tracé 
récemment  un  tableau  épouvantable  du  triste  état  de  cboeeis 
soquel  il  s'agit  de  remédier. 

■  Le  UHne  XLV  de  vos  Mémsire»  a  paru  le  16  décembre 
1886.  li  contient  les  travaux  suivants  ^  dont  i^ous  evie? 
entendu  la  lecture  en  1884  et  1885  :  De  gaclgtiss  ^taxnypês  an 
6oÎ9  dé  VEcàU  de  Marim  SchançoMer^  par  M.  G*  Dupkessis. 
•-  Le  palais  pot^ieed  de  Sorgues,  1309-1395,  par  hi.  JSug. 
Mûntz;  Us  PeùUures  de  Simone  Martmi  à  Jvigiwm;  GwlUme 
ds  San  GaUo  et  les  monuments  antiques  du  midi  de  la  France^ 
par  le  même  auteur.  -^  Observations  sur  le  monument  de 
MeUebaude  à  PoUiers^  par  M.  Alfred  Ramé.  ^  Dœuments 
înMis  sur  les  manmscriU  et  les  ouvres  d^arckiieciure  de  la 
femUle  de  San  GaUo  ainsi  que  suf  plusieurs  memmenis  de 
VltàUsy  par  M.  le  baron  H.  de  GeymûUer,  associé  correspon- 
dant étranger.  —  Notice  sur  Vancienm  abbai^edeScànt-Remi^ 
Qisjourd'kei  VBétd^Dieu  de  Beims,  par  M.  Henry  Jadart*  — 
iVolt  sur  la  voie  auréUenne  à  Aix  et  sur  les  antiquités  de  la 
Roque  d'Anthéron  {Bouckes-diu-Bhône)^  par  M.  G.  Lafaye.  — 


—  64  — 

Obiêrvatknu  *ur  ie$  duiins  de  Oiàikmo  da  Satu  GaOo,  par 
M.  Jules  de  Laurière.  ^  FibuU  et  coUier  eu  or  inmk  h 
TotainiriUe  (Yosgee),  par  M.  Maxe-Werly.  —  Un  prMème 
tut  les  préludée  du  epneréHsme  gréco-éfiyptieny  par  M.  Robico. 

c  J*auraiB  voulu,  selon  l'usage,  rappeler  à  votre  mémoire 
les  principales  communications  que  vous  avez  reçnes  pea- 
dant  Tannée  1885.  Mais  vos  séances  ont  été  si  bien  remplies, 
les  lectures  si  fréquentes,  que  l'énumération  de  ces  travaux, 
quelque  brève  qu'elle  fût,  m'arrêterait  trop  longtemps.  Vous 
possédez  déjà,  d'ailleurs,  grâce  à  l'activité  de  votre  comité  de 
publication,  les  trois  premiers  fascicules  du  BuUetim,  de  4885. 
Le  quatrième  et  dernier  vous  sera  distribué  dans  quelques 
jours.  Ma  froide  analyse  serait  donc  bien  inutile. 

«  Je  résume  en  deux  mots,  pour  l'année  1885,  le  bilan  que 
tous  vos  présidents  doivent  dresser  à  la  fin  de  leur  exercice  : 
votre  passé,  tout  rempli  des  plus  nobles  souvenirs  et  recom- 
mandé par  des  noms  illustres,  est  marqué  par  de  longs  ser- 
vices rendus  à  la  science.  Votre  présent,  plein  d'ardeur  et 
de  zèle,  est  resté  fidèle  aux  exemples  qu'il  a  trouvés  chez  les 
ancêtres  et  chez  les  aines  de  la  Camille.  L'avenir  se  présente 
à  vous  avec  le  cortège  des  plus  flatteuses  espérances.  Tel  est 
le  patrimoine  social  dont  j'ai  reçu  la  gérance  des  mains 
expérimentées  de  mon  prédécesseur,  M.  Guillaume,  et  qu'en 
votre  nom  je  confie  au  dévouement  de  mon  successeur, 
M.  Edmond  Saglio. 

c  J'invite  votre  nouveau  président,  M.  Saglio,  et  votre 
nouveau  secrétaire,  M.  le  comte  de  Lasteyrie,  à  vouloir  bien 
prendre  place  au  bureau.  » 

Sur  la  proposition  de  M.  Saglio,  président  élu,  des  remer- 
ciements sont  votés  au  président  et  au  bureau  sortant. 

La  Compagnie  décide  que  le  discours  de  M.  Gourajod  sera 
imprimé  dans  le  Bulletin. 

Ouvrages  offerts  : 
Bulletin  critique^  publié  sous  la  direction  de  MM.  Duchesne, 
Ingold,  Lescœur,  Thédenat,  Vn«  année,  n'  1,  janvier  1886, 
in-8-. 


—  45  — 

Bê9ite  ci^HcotM,  29*  année,  n*  179,  8epi.H>ct.  1885,  in-8*. 
Rmme  helgt  de  mmitma/tgiM,  42*  année,  l^*  liv.  1886,  in-8*. 
AuBte.  NowhI  csfot  de  rêstUutiom  de  rvucrtpiian  amtique  de$ 

haÎMS  de  la  Foniamê^  2«  rapport.  Nîmes,  1885,  in-8». 
PniAnBL  (Antonio).  Ncmbree  çeograpkicos  de  Mexico,  Cala- 

loço  al/abetieo  de  lot  nombre»  de  Imgar  perteneciente»  oit 

moma  naktaiL  Mexico,  1885,  in4*. 

Travaux. 

L'ordre  da  jour  appelle  le  vote  ponr  procéder  à  Télection 
d'an  membre  résidant  en  remplacement  de  M.  L.  Delisle, 
promu  à  Thonorariat. 

Au  nom  des  commissions  nommées  à  cet  effet,  MM.  de 
Lasteyrie  et  Perrot  donnent  lecture  des  rapports  rédigés  sur 
les  candidatures  de  MM.  Babelon  et  Goliignon.  On  passe  au 
vote,  et  M.  Goliignon,  ayant  réuni  le  nombre  de  sufiTrages 
exigé  par  le  règlement,  est  proclamé  membre  résidant  de  la 
Société  nationale  des  Antiquaires  de  France. 

M.  Pol  Nicard  lit  ensuite  un  rapport  favorable  sur  la 
demande  de  M.  L.  Passy  tendant  à  être  admis  à  l'honora- 
riat.  On  passe  au  vote,  et  M.  Passy,  ayant  obtenu  le  nombre 
de  suffirages  exigé  par  le  règlement,  est  proclamé  membre 
honoraire.  —  Le  président  déclare  sa  place  vacante;  il  sera 
procédé  à  son  remplacement  dans  la  première  séance  de 
février. 

M.  G.  fiapst  expose  que  les  archéologues  sont  généralement 
portés  à  croire  que  Tétain  dont  on  se  servait  dans  l'antiquité, 
principalement  aux  temps  préhistoriques,  provenait  du  Cau- 
case. Or,  d'après  les  géologues  et  les  savants  russes  et  armé- 
niens, il  n'y  a  pas  de  mines  d'étain  dans  le  Caucase  ;  M.  Bapst 
pense  qu'il  faut  chercher  la  provenance  de  i'étain  dans  l'Ex- 
trème  Orient,  aux  environs  de  la  presqu'île  de  Malacca,  ainsi 
que  le  jade  blanc  dont  on  fabriquait  des  haches  dans  Tanti^ 
quité  la  plus  reculée. 

M.  Flouest,  sans  nier  l'idée  émise  par  M.  Bapst,  M% 
remarquer  que  d'autres  régions  moins  éloignées,  comme  le 

ANT.   BULLETIN.  5 


—  66  — 

plateau  de  rindoo-Konscfa,  inhabitables  aujourd'hui,  ont  pu 
être  exploitées  à  une  époque  reculée. 

M.  de  Lasteyrie  demande  pourquoi  on  n'admettrait  puque 
rétain  dont  on  se  servait  dès  les  temps  les  plus  antiques, 
dans  le  Gaucase  comme  dans  tout  le  bassin  méditerranéen, 
provenait  des  lies  Britanniques. 

M.  d'Arbois  de  Jubainvïlle  appuie  cette  hypothèse;  il 
ajoute  que  le  commerce  phénicien  s'étendait  jusque  sur  les 
côtes  de  TOcéan  à  une  date  très  reculée,  mais  qui  ne  peut 
être  fixée  par  les  textes;  elle  est  peut4tre  aussi  ancienne 
que  les  plus  anciens  objets  d*étain  que  l'on  possède  aujour- 
d'hui. L'Espagne  possédait  également  des  mines  d'étain  que 
l'antiquité  a  exploitées,  mais  Tétat  actuel  de  nos  connais- 
sances chronologiques  ne  permet  pas  de  deviner  à  quelle 
époque  les  habitants  des  côtes  orientales  de  la  Méditerranée 
ont  eu  leurs  premières  relations  avec  TËspagne. 

MM.  Flouest  et  Bapst  reconnaissent  que  les  mines  de 
Bretagne  et  d'Espagne  ont  pu  fournir  de  l'étain  à  tout  le 
bassin  de  la  Méditerranée  plusieurs  siècles  avant  l'ère  chré- 
tienne; mais,  lyoutent-ils,  tous  les  faits  concourent  à  établir 
que  la  métallurgie  a  son  berceau  dans  TËxtrème  Orient; 
c'est  donc  là  qu'il  faut  chercher  les  mines  d'où  l'on  a  tiré 
rétain  qui  a  servi  à  la  fiibrication  des  premiers  objets  en 
bronze. 


Séance  du  1 3  Janvier. 

Présidence  de  M.  E.  Saolio,  président 

Ouvrages  offerts  :  « 

AaMme  eu  «cteaess,  o^rtciUtert,  atU  et  bêUei4Htre9  éPAit. 

Séance  publique.  Aix,  1885,  in-8*. 
Annales  de  la  Société  d^émMlaiiom  du  département  de»  Vosga. 

Épinal,  1885,  in-8*. 
AtH  ddla  tedle   Accademia  dei  lAneei^  A^  série,  vol.  I, 

27«  fasc.  Roma,  1885,  in  4*. 
Bulletin  de  la  Société  archéologique  éPEure^t'^Loir^  n*  171. 

Chartres,  1885,  in-8<'. 


—  «»  — 

-^  de  ta  Société  d:éi9d4ide$Hamiu^Mpê$^  5*uuiée,  nM .  Gap, 

1886,  in-S*. 

—  d$  ia  Société  kiUorique  cl  archéologique  dm  Péngord^ 

t.  Xn,  6«  liyr.  Périgueax,  1885,  iii-8*. 
^dela  Société  induMtridlê  de  MMouse^  noY.-déc.  1885,  in-8*. 
Jounud  des  §avant$^  décembre  1885,  m-4*. 
Mémoires  de  la  Société  de§  antiquairm  du  Centre^  t.  XIII, 

2»  fasc.  Bourges,  1885,  ia-8». 
Société  archéologique  de  Bordeaux^  t.  IX,  l^^fasc.  fiordeanx, 

1882,  in-^\ 
LoucAGE^wiGH  (Platon).  De  rorigine  de  la  kmgue  A^rot^fiw, 

texte  ru88e.  Kief,  1882,  in-8*. 
—  Tables  météorologiques^  m-8*. 
Maxe-Wbrly  (L.).  De  la  classification  des  monmaies  gauloises, 

Brive,  1885,  in-8*. 

CorrespondoMce, 

M.  Collignon  adresse  une  lettre  de  remerciements  à  Toc- 
casion  de  son  admission  au  nombre  des  membres  résidants. 

Travaux. 

M.  Gourajod  donne  lecture  d'un  mémoire  sur  les  imitations 
d'osavres  antiques  fiiites  par  les  artistes  italiens  de  la  Renais- 
sance, et  en  particulier  sur  quelques  contr^çons  de  bronzes 
antiques  qui  sont  actuellement  conservées  dans  la  collection 
d'Âmbras  à  Vienne  et  dans  diverses  autres  collections.  Il 
ftit  ressortir  l'intérêt  de  ces  oeuvres,  qui,  dues  souvent  à  de 
grands  artistes,  ne  sont  pas  toujours  appréciées  à  leur  valeur 
dans  nos  musées. 

Plusieurs  membres  font  remarquer  que,  dans  les  reproduc- 
tions d'antiques  faites  par  les  artistes  de  la  Renaissance,  il  y 
a  |dut6t  imitation  que  contrefaçon.  M.  Mûntz  croit  que  les 
artistes  du  xv*  siècle  n'auraient  eu  aucun  profit  à  faire  de  ces 
imitations,  étant  donnée  la  petite  valeur  des  antiques  à  oette 
époque. 

M.  Saglio  présente  à  la  Compagnie  plusieurs  médaillons 


—  68  — 

de  la  RenaiMaiice.  M.  Molinier  fait  quelques  ohaerrUioiift 
sur  l'un  d'eux  qui  est  l'œuvre  de  Gavino,  et  dont  le  revers, 
copié  sur  une  estampe  de  Hans-8ebald  Beham,  représente 
Hercule  recevant  la  tunique  de  Nessus. 

M.  Maxe-Werly  communique  une  magnifique  boucle  de 
ceinturon,  d'une  remarquable  conservation,  découverte  dans 
une  sépulture  à  Fleury-sur-Aire,  dans  les  travaux  de  cons- 
truction du  chemin  de  fer  de  Bar  à  Glermont.  Cette  boucle 
est  aujourd'hui  la  propriété  du  Musée  de  Bar-le-Duc. 


Séance  du  20  Janvier. 

Présidence  de  M.  E.  Saolio,  président. 

Ouvrages  offerts  : 

Annuaire  de  la  Société  française  de  numiematiquë  et  d  archéo- 
logie^ 1885,  4*  trimestre,  in-8«. 

Bulletin  de  V Académie  impériale  des  sciences  de  Saint-Péters- 
bourg ^  t.  XXX,  fasc.  il  à  20,  in-4*. 

—  delà  Société  des  antiquaires  de  la  Morinie,  136*  livr.,OCt. 
à  déc.  1885,  in-8*. 

AuBBRTni  (Gh.).  Les  s^^ures  historiques  de  Véglise  Saml' 
Pierre  de  Beaune^  1885,  in-8*. 

Hasselberg  (B.).  ZurSpectrokopiedesStikstofs,  Saint-Péters- 
bouiig,  1885,  in-4*. 

LiLiENBEBO  (G.).  Beitrige  sur  Histologie  und  Histogenèse  des 
Knochengewebes,  SainUPétersbourg,  in-4«. 

LiNOBNTHAL  (E.  Zach.).  Ud>er  den  Verfasser  und  die  QusUen 
des  pseudo'photianischen  Nopsokanon.  Saint-Pétersbourg, 
1885,  in-4*. 

Oettinobn  (Arthur  von).  Die  thermodynamiscken  BeriekungeiL 
Saint-Pétersbourg,  in*4*. 

Sghmidt  (Garl).  Hydrologische  Untersuchungen  xliv.  Die 
Thermalwasser  Kamtschaikas.  Saint-Pétersbourg,  in-4*. 

Sghvidt  (Fr.).  Umsian  der  Osthaliischên  silurischen  Trilo- 
biten.  Saint-Pétersbourg,  in-4*. 


—  69  — 

COTTtipOMdtMCt, 

M.  L.  Pftssy  écrit  poar  remercier  la  Compagnie  à  ToccasioD 
de  son  admission  an  titre  de  membre  honoraire* 

M.  Gnstave  Duroflé,  présenté  par  MM.  Gh.  Read  et  Schlum- 
berger,  pose  sa  candidature  au  titre  d'associé  correspondant 
national.  Le  président  désigne  MM.  Héron  de  Villefosse, 
Thédenat  et  Flouest  pour  former  la  commission  chargée  de 
faire  un  rapport  sur  les  titres  scientifiques  du  candidat. 

TfOlMItfX. 

M.  de  Lasteyrie,  au  nom  de  la  commission  nommée  à  cet 
effet,  lit  un  rapport  favorable  sur  la  candidature  de  M.  Le- 
taille.  On  passe  au  vote,  et  le  candidat,  ayant  réuni  le 
nombre  de  suffrages  exigé  par  le  règlement,  est  proclamé 
associé  correspondant  national  à  Bellevue  (Seine). 

M.  Gourajod  présente  de  nouveau  un  médaillon  de  la 
Renaissance  qu'il  avait  déjà  montré  à  la  Société  en  1882  et 
dont  l'authenticité  avait  été  contestée.  Or,  cette  pièce  est 
gravée  dans  le  PrmnptuarÎMm  icanum  insigniorum^  publié  à 
Lyon  en  1553  ;  elle  y  figure  sous  le  nom  d'Antigone,  mais, 
en  réalité,  c'est  une  imitation  des  monnaies  de  Démétrius. 
H.  Gourajod  dépose  sur  le  bureau  d'autres  imitations  antiques 
qui  font  partie  de  son  cabinet.  A  cette  occasion,  M.  de  Mon- 
taiglon,  revenant  sur  la  discussion  engagée  dans  la  dernière 
séance,  conclut  que  les  artistes  de  la  Renaissance  faisaient 
des  imitations  et  non  des  contrefaçons  de  l'antique. 

M.  de  Montaiglon  entretient  ensuite  la  Gompagnio  du 
sceau  de  l'abbaye  de  Loya,  en  Espagne,  publié  récemment 
avec  un  intéressant  commentaire  par  M.  Emile  Travers, 
associé  correspondant.  Dans  ce  mémoire,  M.  Travers  cite 
un  sceau  padouan  dont  la  légende  a  été  jusqu'ici  déclarée 
indéchiffrable;  elle  est  ainsi  conçue  : 

MUSON  :  MONSATBS  :  MARE  :  CBRTOS  :  DANT  :  UICHIPINRS. 

M.  de  Montaiglon  fait  remarquer  que  le  sens  devient  très 
clair  si  on  rectifie  la  ponctuation  : 

Muson,  Minu^  Atties^  mare^  certo»  dant  michi  fines. 


—  70  — 

M.  Mowat  présente  au  nom  de  M.  Âurès  l'empreinte  an 
frottis  noir  d'une  inscription  récemment  découverte  à  Nîmes, 
près  de  l'usine  à  gaz  : 

D  M 
MAXIMIAE 
MARGELUNAE 
MARGmiA 
MÂTfiR 
PIENTI8////////// 

Z>(tû)  M(ambu»)  MaxkMOê  MarcèUinae  Marcùùa  wuUer  pie»' 
tii[nma]. 
L.  4,  les  lettres  N  et  I  sont  liées. 

M.  Mowat  présente  ensuite  de  la  part  de  M.  le  baron  de 
Bonstetten  Tempreinte  du  frottis  d'une  autre  inscription 
servant  de  pierre  d'angle  de  la  maison  presbytérale  d'ÂmsoI- 
dingen,  près  de  Thoune,  canton  de  Berne;  elle  est  an  ras  du 
sol  et  a  perda  une  lettre  au  commencement  de  chacune  de 
ses  lignes  : 

D  M 

..8EVERIC0M 
ifiENDATIDBN 
dROPHORAVGA 
pINVLA  •  CONIV* 

D{m)  MÇanilms)  [-]  Severi(%i  Com\m]endaHy  dendrophor(i) 
aug{usialis)y  J[]a]inula  conju[x]. 

La  restitution  du  nom  Apinula  est  rendue  possible  &L  même 
certaine  par  une  inscription  d'Auzerre  où  ce  nom  se  lit  inté- 
gralement. L'inscription  d'Amsoldingen  offre  le  premier 
exemple  d'un  dendrophore  augustal^  qualification  qui  se 
retrouve  aussi  sur  une  inscription  de  Lyon,  m|iis  qui  parait 
être  restée  inexpliquée  à  Wilmanns. 

Il  est  donné  lecture  de  la  suite  du  mémoire  de  M.  le  lieu- 
tenant-colonel de  la  Noë  sur  l'oppidum  gaulois. 


—  74  — 

Séance  du  S7  Janvier. 

Présidence  de  M.  E.  Saauo,  président. 

Ouvrages  offerts  : 
AtH  délia  reaU  Accademia  dei  Lincei,  4«  série,  t.  I,  fasc.  28. 

Rome,  1885,  in-8». 
BviUeHn  critique^  publié  sous  la  direction  de  MM.  Dachesne, 

Ingold,  Lescœur,  Thôdenat,  15  janvier  1886.  Paris,  itt-8». 
"delà  Diana^  t.  III,  n<*  5.  Mohtbrison,  1886,  in-8*. 
•^dela  Société  d^arehéoloffie  tt  de  statUtiqyLe  de  la  Dr&me^ 

janvier  1886,  in-8*. 
^dela  Société  historique  et  archéologique  de  Laingrei^  t.  Il, 

in-8*. 
--delà  Société  hel/ortaine  d'émulation,  n'  7,  in-8*. 
Mémoires  de  V Académie  de  Metx^  3'  série,  li«  année,  1885, 

in-8*. 

—  de  V Académie  de  VoMcluse,  t.  IV,  1885.  Avignon,  in-S». 
--  de  la  Société  d'histoire  et  d^archéologie  de  Beaune^  1885, 

in-8«. 

BecueU  de  la  commission  des  arts  et  monuments  historiques  de 
la  Charente'Inférieure,  3«  série,  t.  1, 5«  livr.  Saintes,  1886, 
in-8«. 

Revue  saooisienne^  juin  à  nov.  1885,  in-8o. 

RoHAN  (Joseph).  Dépouillement  du  registre  des  requêtes  pré- 
sentées au  roi  de  France  en  1586  et  1587.  Paris,  1885,  in-8o. 

—  Mémoire  d'Honoré  de  Bonne  sur  les  droits  du  Dauphin  dans 
Gap,  et  Vévêque  Gabriel  de  Sclaffanatis  (1510).  1885,  in-8<». 

—  Les  aventures  du  capitaine  J,'B,  Gentil  de  Florac^  1585- 
1650.  Grenoble,  1885,  in-8o. 

—  Expédition  projetée  par  le  comte  de  Provence  contre  la 
vUle  de  Gap,  en  1415.  Valence,  1885,  in-8o. 

Correspondance. 

La  Compagnie  apprend  la  mort  de  M.  le  comte  du  Faur  de 
Pibrac,  associé  correspondant  à  Orléans.  M.  le  Président  se 
&it  l'interprète  des  regrets  de  la  Compagnie. 


—  72  — 

Traoamx, 

M.  de  Laigue,  associé  correspondant,  signale  une  inscrip- 
tion trouvée  à  Ronda-la-Vieja  (Espagne). 

M.  Tabbé  Tbédenat  fait  observer  que  cette  inscription  a 
été  publiée  par  M.  Hûbner  dans  ses  Inscriptvme$  Hitpofdae 
chrùtianae^  n.  34. 

M.  Bapst  demande  que  la  Société  intervienne  ponr  la  con« 
servation  des  pierres  faisant  partie  des  diamants  de  la  Goa- 
ronne  qui  ont  un  intérêt  historique.  La  Compagnie  invite 
M.  Bapst  à  rédiger  une  note  dans  laquelle  il  réunirait  tous 
les  renseignements  que  Ton  possède  sur  ces  pierreries,  res^ 
seignements  dont  les  membres  des  commissions  parlemen- 
taires compétentes  ne  paraissent  pas  avoir  connaissance. 

M.  Ed.  Corroyer  présente  le  moulage  en  plâtre  et  le  des- 
sin d'une  bague  conservée  dans  la  sacristie  de  la  cathédrale 
de  Tours. 

Cette  bague  est  particulièrement  remarquable  par  le  nom 
qu'elle  porte,  gravé  en  deux  lignes  sur  le  chaton.  Son  exis- 
tence a  été  signalée  déjà  par  plusieurs  archéologues,  notam- 
ment par  M.  Noël  Ghampoiseau,  dans  les  tableaux  chrono« 
logiques  de  rhistoire  de  la  Touraine,  publiés  sous  les 
auspices  de  la  Société  archéologique,  et  par  M.  Edm.  Le 
Blant  dans  son  recueil  des  inscriptions  chrétiennes  de  la 
Gaule ,  —  dessins  de  Combrouse  ;  —  cependant  il  peut  être 
intéressant  de  donner  dans  le  Bulletin  de  notre  Société  un 


^5M^J3 


K^C-fTEl 


dessin  exact  de  ce  bijou,  désigné  comme  Tanneau  de  saint 
Lubais. 
li'anneau  sigillaire  de  TiOubacius  (saint  Lubais),  disciple 


—  73  — 

de  saint  Ours,  fondateur  de  l'abbaye  de  Sennevières,  près  de 
Loches,  avant  la  fin  du  t«  siècle  ^  parait  être  un  travail  d'or- 
ièvrerie  gallo- romaine  ou  mérovingienne.   L'anneau,  en 
argent,  est  formé  de  serpents  entrelacés,  grossièrement  ciselés, 
dont  les  tètes  viennent  affronter  le  chaton,  portant  en  deux 
lignes,  au  centre  de  l'anneau,  le  nom  : 
LEVBA 
GIV8 
A  l'opposé  du  chaton,  les  signes  gravés  représentent  pro- 
bablement la  formule  :  In  nomine  DanUni^  qui  se  rencontre 
8Qr  d'autres  bijoux  du  même  temps.  Les  ciselures  rudi- 
mentaires  qui  accompagnent  ces  signes  sont  intéressantes  à 


examiner,  parce  qu'elles  rappellent  naïvement  le  dessin  des 
entrelacs  et  des  palmettes  antiques,  vestiges  dégénérés  du 
grand  art  gréco-romain. 

M.  rabbé  Thédenat  fait  circuler  trois  plats  en  bronze  qui 
lai  ont  été  communiqués  par  notre  confrère  M.  Maxe-Werly. 
Ces  plats  ont  été  trouvés,  avec  de  nombreux  débris  antiques, 
dans  les  travaux  entrepris  à  Bar-le-Duc  sur  l'emplacement 
de  l'usine  à  gaz.  Ils  sont  creux,  de  dimensions  à  peu  près 
égales,  leur  diamètre  variant  entre  22  et  25  centimètres. 

L'un  de  ces  plats,  posé  sur  un  pied  peu  élevé,  a  été  autre- 
fois argenté  ;  le  pied ,  formé  d'une  feuille  de  enivre  très 
mince,  est  rapporté  ;  on  l'a  consolidé  en  y  coulant  du  plomb. 
Au-dessous,  on  voit  trois  lettres  cursives,  négligemment  tra- 
cées à  la  pointe  : 

MAS 

On  connaît  plusieurs  noms  commençant  par  cette  syllabe  ; 
il  serait  bien  inutile  de  chercher  lequel  on  a  voulu  graver  ici. 

1.  SoiTuit  dom  Rnin&rt,  saint  Oare  fonda,  en  491,  on  monutire  à  Loches,  «pris 
«Toir  luBié  à  Lrabados  1*  dinetion  de  i'abbtye  de  StfmeTières. 


—  741  — 

Le  second  plat,  monlé  eur  un  pied  adhérent,  porte  des 
traces  d'étamage.  Âu-deesons,  on  lit  le  graffîte  : 
SON 

Oa,  si  rinscription  est  rétrograde  : 
NOS 

Le  troisième  plat,  moins  profond  qne  les  deux  antres,  est 
sans  pied  ;  comme  le  précédent,  il  porte  des  traces  d'étamage, 
il  est  orné  au-dessous  de  plusieurs  cercles  en  creux.  Od  y 
reconnaît  avec  certitude,  quoiqu'elles  soient  très  effacées,  les 
lettres  suivantes,  tracées  à  la  pointe  : 
NIIRA  . 

C'est  probablement  le  commencement  du  nom  Neratm, 

Enfin,  avec  les  plats  précédents,  on  a  trouvé  des  fragments 
ayant  appartenu  à  un  quatrième  plat  étamé  et  sur  lesquels 
on  aperçoit  des  traces  de  graffites  d'où  il  est  impossible  de 
tirer  une  lecture  satisfaisante. 

La  Société  entend  ensuite  la  continuation  de  la  lectore  da 
mémoire  de  M.  le  colonel  de  la  Noë  sur  Toppidum  gaulois. 


Séance  du  3  Février. 

Présidence  de  M.  E.  Saouo,  président. 

Ouvrages  offerts  : 
Bulletin  de  V Académie  du  Var,  nouvelle  série,  t.  XII,  2*  Das- 

cicule.  Toulon,  1885,  in-8'. 
—  de  la  Société  historique  et  archéologique  de  VOrléoMiSy 
.   t.  Vm,  n'  125.  Orléans,  1885,  in-8'. 
"-delà  Société  d'histoire  naturelle  de  Colmar,  années  24-26 

(1883-1885).  Colmar,  1885,  in-8*. 
Jahrbûcher  des  Vereins  von  Alterthumsfreunden  in  Rheinlande^ 

Uvr.  LXXVni-LXXX.  Bon,  1885,  in-8v 
Journal  des  savants^  janvier,  1886.  Paris,  in-4*. 
Mémoires  de  la  Société  d^ émulation  du.Douhs^  5«  série,  t.  IX 

(1884).  Besançon,  1885,  in-8*. 


—  75  — . 

fkê  amfriam  Jammal  of  arckêof&gff  a»d  of  tÂe  kkiùty  of  ike 

pié  ùTts^  octobre  4885.  Baltimoie,  iii-8*. 
Viestmk  htvaUkoga  DrwUva,  t.  YIII,  n*  1.  Zagrel-Agram. 
Bbbtolotti  (â.).  Artisii  holognesiy  ferraresi  td  alcuni  altri 

d^  già  stato  p<mt%fie%o  in  Ratna,  n<t  secoli  XV ^  XVI ^  XVII, 

Bologne,  4885,  in-8o. 

—  àrtisti  suhaipim  in  ^ma  nei  aecoli  XV ^  XVI  e  XVII, 
Mantoue,  4884,  in-8*. 

—  Ariitti  sviMxeri  in  Rama  nei  ieeoli  XV,  XVI  e  XVII, 
1885,  in-8*. 

"  GimUo  agît  artisii  bdgi  ed  oîandm  in  Rama  nei  eecoh 

XVI  e  XVII,  Rome,  4885,  in.8*. 
DuïOUR  (Théophile).  Notice  de  Jean  Periesin  et  Jacques  Tôt- 

torel.  Paris,  4885,  in-8\ 
Hgmbeb  (Gh.).  Supplément  au  ImUetin  de  la  Sociéié  d'kistaire 

naturdle  de  Calmar,  4883-4885.  Golmar,  4885,  in-4*  oblong. 
Jaoart  {H.,),  La  maison  natale  de  dom  Mahillan  et  son  mon»- 

ment  dans  Véglise  de  SainUPierremont  (Ardennes).  GaeD,* 

1885,  in-8o. 
Laioue  (A.«-J.  de).  Les  famUles  françaises  considérées  sous  le 

rapport  de  leurs  prérogatives  hanori^ues  héréditaires,,. 

Paris,  4848,  m-8*. 
Pshafibl  (Antonio).  Nombres  geograficos  de  Mexico.  Catalogo 

al/abetico  de  las  nombres  de  Lugar  pertenecientes  ai  idioma 

na&uati.  Mexico,  4885,  in*8*. 

CorrespoTidance, 

M.  Watkin  écrit  pour  annoncer  la  mort  de  M.  Joseph 
Mayer,  associé  correspondant  étranger  à  Liverpool.  M.  le 
Président  exprime  les  regrets  de  la  Compagnie  {  M.  de  Mon- 
taiglon  rappelle,  à  cette  occasion,  les  titres  de  M.  Mayer  à 
la  reconnaissance  et  à  l'estime  des  archéologues. 

M.  Salomon  Reinacb,  présenté  par  MM.  G.  Perrot  et  A. 
Bertrand,  écrit  pour  poser  sa  candidature  à  la  place  de 
membre  résidant  laissée  Tacante  par  la  promotion  de  M.  Louis 
Passy  à  Phonorariat.  Le  Président  désigne  MM.  SchIambe^ 


—  76  — 

ger,  Gollignon  et  Mante  pour  former  la  oommlieion  chaiigée 
de  présenter  un  rapport  sur  les  titres  scientifiques  du  cm- 
didat. 

Travaux, 

M.  L.  Ciourajod  offre  à  la  Compagnie,  au  nom  de  l'antear, 
plusieurs  ouvrages  de  M.  A.  Bertolotti,  associé  correspondant 
étranger. 

M.  Flouest  présente  le  dessin  d'antiquités  gauloises  dont 
la  découverte  a  donné  lieu  à  d'intéressantes  remarques.  Elles 
ont  été  recueillies  par  MM.  Camille  et  Joseph  Royer,  de 
Langres,  à  Cusey,  sur  les  confins  des  départements  de  la 
Haute-Marne  et  de  la  Côte-d'Or  : 

c  En  explorant  les  restes  d'un  tumulus  aux  trois  quarts 
détruit  par  la  culture,  ces  messieurs  ont  rencontré,  au  niveaa 
du  sol  naturel,  quatre  squelettes,  dont  deux,  relativement 
voisins  du  bord  du  tumulus,  étaient  juxtaposés  de  manière 
à  faire  admettre  une  seule  et  même  sépulture.  Les  denx 
autres,  plus  rapprochés  du  centre,  gisaient  à  quelque  distance 
Tun  de  l'autre  et  dans  des  conditions  de  parfiaite  indépen- 
dance, mais  sur  une  même  ligne  transversale  de  Test  à 
Touest.  Les  corps  avaient  tous  été  inhumés  de  la  même 
manière  :  les  bras  allongés  sur  les  côtés,  les  pieds  au  nord, 
la  tète  au  sud.  Les  grosses  pierres  brutes,  choisies  pourTédi- 
fication  des  assises  concentriques  les  plus  inférieures  du 
tumulus,  avaient  été  disposées  de  manière  à  les  protéger. 
Leur  agencement  général,  leur  régulière  inclinaison  en 
recouvrement  les  unes  des  autres  dans  la  direction  du  centre, 
et  l'uniforme  tassement  de  la  terre  forcément  massée  dans 
les  interstices,  comme  un  mortier,  laissent  Timpression 
que  le  travail  d'inhumation,  accompli  d'une  seule  traite, 
n'avait  été  l'objet  d'aucun  remaniement  postérieur. 

f  L'un  des  squelettes  isolés  a  fourni,  pour  toute  dépooille, 
un  bracelet  en  fer  de  0"056  de  diamètre  intérieur,  formé 
d'une  tige  simple  à  section  torique. 

c  L'antre  squelette  isolé  et  ceux  qui  étaient  étendus  oéte  à 
c6te  avaient  reçu  une  parure  moins  rudimentaire.  Cette 


—  77  — 

parure  (et  c'est  ici  que  Tintérèt  commence)  était  la  jnIbm 
pour  tous,  disposée  de  la  m^e  façon  et  empruntée  aux 
mimei  éléments  :  on  est  tenté  de  dire,  afin  d'en  mieux  faire 
ressortir  le  caractère,  qu'elle  constituait  une  parure  d'iuu« 
farmê. 

f  Elle  se  composait  de  deux  bracelets  à  chaque  poignet  et 
de  quatre  péritcdù^  on  anneaux  de  cheville,  à  chaque  jambe. 

«  Des  deux  bracelets  garnissant  chaque  poignet,  l'un  était 
en  bronze,  l'autre  était  fait  de  cette  substance  encore  mal 
définie  qu'on  a  longtemps  appelée  bois  d^if  et  qui  a  fonrni 
aux  Gaulois  de  nos  régions  orientales,  pour  Fomement  des 
bras,  ces  larges  et  massifs  bandeaux  circulaires,  à  surface 
lisse,  qu'on  ne  peut  comparer  mieux,  sous  le  rapport  de  la 
forme,  qu'à  nos  ronds  de  serviette. 

c  Les  quatre  anneaux  ou  périêcéUê  recueillis  au  bas  de 
chaque  jambe  sont  tous  en  bronze,  tous  semblables  pour  le 
même  mort,  presque  tous  (22  sur  24)  brisés  en  menus  frag- 
ments, alors  que  les  bracelets  n'ont  subi  d'autres  détériora- 
tions que  celles  résultant  de  l'action  du  temps.  Ds  relèvent 
de  deux  types  seulement,  types  très  voisins  d'ailleurs  l'un  de 
l'autre,  si  bien  que  le  squelette  isolé  et  l'un  des  squelettes 
couchés  côte  à  c6te  fournissent  à  eux  deux  seize  anneaux 
alMolument  semblables. 

c  Tous  ces  cercles  de  bronze,  qu'ils  aient  été  rencontrés 
aux  bras  ou  aux  jambes,  ne  forment  pas  un  tour  continu  et 
fermé  :  ils  sont,  suivant  l'expression  usitée,  ouverts,  parce 
qu'il  existe  une  solution  de  continuité  entre  les  deux  extré- 
mités du  bandeau  métallique  qui  les  constitue,  mais  la  sec- 
tion transversale  tracée  par  le  petit  bourrelet  qui  caractérise 
ces  extrémités,  est  toujours  fort  étroite.  Dans  quelques  cas 
U  y  a  contiguïté  et  môme  chevauchement. 

c  Ils  sont  tous  très  massifs  d'aspect  et  de  matière  ;  ils  pré- 
sentent du  c6té  interne  un  plan  rectiligne,  à  surface  lisse,  et, 
à  l'extérieur,  un  renflement  en  arc  de  cercle,  large  de  0°>010 
à  (M)25,  destiné  à  recevoir  la  décoration.  De  légères  saillies 
verticales  ou  obliques,  dont  les  lignes,  insuffisamment  accen- 
tuées au  sortir  du  moule,  ont  été  ensuite  avivées  par  la  lime 
ou  la  burin,  font  tous  les  frais  de  cette  décoration.  Suivant  la 


—  T8  — 

façon  dont  on  lés  a  disposées,  ces  saillies  présentent  des  fois- 
ceaux  de  petites  côtes,  de?  croix  de  Saint- André  on  des  che- 
vrons, se  combinant  parfois  d'une  façon  plus  ou  moins 
heureuse  sur  le  même  anneau.  Somme  toute,  le  travail  orne* 
mental  est  sommaire  et  grossier  ;  il  trahit  la  même  main  et 
ne  laisse  supposer  aucune  délicatesse.  Il  y  a  loin  de  ces 
produits  courants  de  la  plus  vulgaire  industrie  locale  à  ces 
bijoux  de  bronze  élégants  et  raffinés  que  possédaient  les 
Gatalauni  et  les  Rémi,  si  voisins  des  Lingons. 

c  Les  bracelets  jugés  les  plus  flatteurs  sont  au  bras  gauche; 
s'il  existe  une  différence  entre  ceux  qui  étalait  destinés  à 
une  même  parure,  elle  parait  toujours  se  produire  an  détri- 
ment du  bras  droit.  On  ne  semble  pas  d'ailleurs  s'être  soucié 
d'en  appairer  les  éléments,  ni  d'établir  une  exacte  symétrie 
à  droite  et  à  gauche.  Les  deux  squelettes  contigus  portent 
chacun,  au  bras  droit,  un  petit  bracelet  à  chevrons,  dont  la 
réunion  constitue  exactement  la  paire  ;  mais  il  a  été  jn^ 
sans  intérêt  de  les  conserver  Tun  prés  de  l'autre,  puisqu'ils 
ont  été  portés  par  deux  personnes  différentes. 

«  Le  diamètre  des  bracelets  varie  entre  0»059  et  0»063; 
celui  des  périscelù^  entre  0»^073  et  0"075.  Si  délicates  qu'on 
puisse  supposer  les  attaches  dans  un  corps  masculin,  il  n'est 
pas  admissible  qu'elles  soient  susceptibles  d'admettre  d'aussi 
minimes  proportions.  C'est,  avec  le  caractère  d'ensemble  de 
la  parure,  une  raison  de  plus  pour  voir  des  sépultures  de 
femmes  dans  ces  quatre  inhumations. 

c  II  ne  paraît  pas  douteux  que  ces  femmes  aient  été  inhu- 
mées  en  même  temps,  et  leur  disposition,  comme  leur  situa- 
tion relative  dans  le  tumulus,  ne  leur  y  assigne  qu'un  rôle 
secondaire  et  accessoire.  Il  devient  ainsi  rationnel  de  les  rat- 
tacher à  la  sépulture  principale,  depuis  longtemps  détruite, 
qui  a  provoqué  l'érection  d'un  galgal  de  réelle  importance  et 
construit  avec  soin.  Mais  par  quelle  cause  expliquer  la  mort 
et  l'inhumation  simultanée  de  ces  quatre  femmes,  dont  trois 
au  moins  semblent  avoir  été  pendant  leur  vie  de  môme  con- 
dition? S'il  est  difficile  de  ne  pas  se  poser  cette  question  en 
présence  des  constatations  faites  par  les  explorateurs,  il  est 
plus  difficile  encore  d'y  répondre  avec  confiance.  On  a  soup- 


—  Tt  — • 

^oné  quelquefois  Inexistence  chez  les  grands,  an  temps  de 
à  Gaule  indépendante,  d'une  polygamie  plus  ou  moins 
égale,  ayant  eu  pour  conséquence  l'obligation,  de  la  part 
les  femmes,  de  suivre  leur  mari  jusque  dans  la  tombe.  Il 
311  aurait  été  d'elles,  sous  ce  rapport,  conune  de  ces  solduree, 
issociés  fidèles  pour  la  mort  comme  pour  la  vie,  que  men- 
ioDDent  certains  textes.  Ceux  qui  accordent  quelque  poids  à 
lette  hypothèse  inclineront  à  en  voir  la  confirmation  dans  la 
lécouverte  de  MM.  Royer;  mais  les  faits  si  attentivement 
^rifiés  par  eux  peuvent  être  retenus  sans  qu'il  devienne 
odispensable  d'en  tirer  dès  à  présent  une  conclusion. 

c  On  aura  une  notion  complète  des  résultats  de  leur  fouille 
orsqn'il  aura  été  ajouté  qu'ils  ont  encore  rencontré  confondus 
ans  la  masse  des  matériaux  et  sans  qu'il  ait  paru  possible 
e  les  rattacher  en  propre  à  une  sépulture  déterminée  : 

c  Deux  fragments  travaillés  d'un  silex  étranger  à  la  cons- 
itution  géologique  locale  et  dont  l'apport  volontaire  dans  le 
amulus  parait  inc(Mitestable  ; 

c  Une  petite  lancette  en  fer,  à  longue  soie,  à  lame  courte, 
)rte  et  obliquement  subquad'rangulaire ,  dont  on  connaît 
lusieurs  exemplaires  en  bronze  ; 

c  Des  débris  très  nombreux  de  poteries  de  diverses  natures. 

■  Quelques-uns  de  ces  débris  sont  d'une  grossièreté  extrême 
.  d'une  épaisseur  dépassant  parfois  deux  centimètres, 
^autres,  moins  épais,  à  pâte  plus  fine,  ont  une  belle  teinte 
}ire  paraissant  avoir  été  rehaussée  par  l'application  d'un 
iduit  graisseux.  D'autres  encore  ont  été  soumis,  lors  de  la 
lisson,  à  une  chaleur  aasez  intense  pour  avoir  rubéfié  sur 
s  deux  parois  une  couche  d'engobe  répandue  sur  la  pâte 
stée  noire  à  l'intérieur^ 

c  Certains  fragments  permettent  de  se  rendre  compte  de 
décoration  de  ces  poteries.  On  y  remarque,  en  outre,  des 
ions  contigus  et  parallèles  légèrement  tracés  au  dehors,  par 
xtrémité  du  doigt,  de  vives  incisions  à  la  pointe  sèche 
ant  dessiné  des  foisceaux  de  traits  ou  de  petits  vides  cir- 
laires  régulièrement  alignés,  remplis  ensuite  d'une  barbo- 
te de  couleur  claire  dont  la  teinte  tranchait  agréablement 
r  le  fond  noir  ou  brun  du  vase,  i 


—  80  — 

M.  L.  Ciourajod  met  sons  les  yeux  de  la  Société  la  photo- 
graphie d'ane  porte  de  tabernacle  en  bronze  conservée  à 
Vienne  dans  la  collection  d'Âmbras.  Dans  cette  plaque  de 
bronze  dorée  et  émaillée,  M.  Cîourajod  reconnaît  une  œuvre 
de  Giovanni  Turini,  Tun  des  artistes  qui  ont,  en  coUaboratioa 
avec  Ghiberti,  Donatello  et  Giacomo  délia  Quercia,  travaillé 
aux  fonts  baptismaux  du  dôme  de  Sienne. 

M.  Molinier  ajoute  qu'il  est  plus  que  probable  que  œ 
monument  est  la  porte  môme  exécutée  par  Turini  pour  le 
tabernacle  qui  s'élève  au  milieu  de  la  cuve  baptismale  de 
Sienne.  Cette  porte  est  décrite  dans  les  comptes  de  l'œuvre 
du  dôme  et,  des  renseignements  que  M.  Molinier  a  pu  se  pro- 
curer à  Vienne  même,  il  résulte  que  cette  porte  a  disparu 
depuis  de  longues  années  déjà. 

L'élection  d'un  membre  résidant,  en  remplacement  de 
*M.  Louis  Passy,  élu  membre  honoraire,  est  fixée  au  mercredi 
6  avril. 

M.  Â.  de  Barthélémy  continue  la  lecture  du  commandant 
de  la  Noê  sur  Toppidum  gaulois. 


Séance  du  10  Février. 

Présidence  de  M.  E.  Saolio,  président. 
Ouvrages  offerts  : 

Asiociacion  artistico'arquêologica  barceloneia.  Lista  de  los 
dres  socioi  quê  la  componen^  anno  1886.  Li-8*. 

Btdleitino  di  archeologia  e  storia  ddmata^  anno  VIE,  n*  12, 
décembre  1885.  Spalato,  in-8». 

John  Hopkins  University  Studies,  4«  série.  Irving  Eltng, 
Dutch  village,  communities  wd  the  Hudson  rwer.  Balti- 
more, in-8*. 

KorreepondenMatt  der  westdeutichen  Zeitschri/t  fér  Gf 
schichte  und  Kunet;  5«  année,  n*  1,  1886,  in-8'. 

Mémoiree  de  V Académie  des  sciences,  lettres  et  arts  ^Jrrat^ 
t.  XVI.  Arras,  1885,  in-8«. 


—  M  — 

Bitmê  de  rari  dkréikm^  nouvelle  série,  t.  IV,  l**  liTraiaoo. 

In-8*. 
GHAMBBinf  DB  RosEMONT  (A.).  Es$ai  (f  «Il  comMêntairê  icUnU* 

/fjve  de  ïa  Gtmàiê.  Paris,  1883,  iQ-8*. 
RoMAM  (J.).  C^wipiê  dê$  obêèqMêi  H  du  dtuU  de  Ckatiês^  àm 

(POrUaMt-Vaioù.  Paris,  1885,  ïn^B\ 
Yan  DtiYAL  (le  chanoine).  Hùtoirê  de  CkarUmagne.  Amiens, 

1885,  in-8*. 

Carrupondancê, 

M.  J.  de  Laorière,  présenté  par  MM.  R.  de  Lasteyrie  et 
L.  Gonrajod,  écrit  pour  poser  sa  candidature  à  la  place  de 
membre  résidant  laissée  libre  par  suite  de  la  promotion  de 
M.  L.  Passy  à  l'honorariat. 

Travaux. 

M.  de  Ghambrun  de  Rosemont  fait  hommage  à  la  Cîompa- 
gnie  d'un  commentaire  sur  la  Genèse,  dont  il  est  l'auteur. 

Au  nom  de  la  commission  nommée  à  cet  eflfet,  M.  A. 
Héron  de  Yillefosse  lit  un  rapport  sur  la  candidature  dé 
M.  G.  Duruflé  au  titre  d'associé  correspondant  national.  On 
procède  au  vote,  et  M.  Duruflé,  ayant  obtenu  le  nombre  de 
voix  exigé  par  le  règlement,  est  proclamé  associé  correspon- 
dant national  au  Renouard,  par  Yimoutiers  (Orne). 

M.  de  Laigue,  associé  correspondant  à  Livoume,  envoie 
des  renseignements  sur  les  fouilles  opérées  dans  une  nécro- 
pole étrusque  : 

«  Ces  temps  derniers,  sur  le  territoire  de  Gorchiano,  com- 
mune de  Cività  Gastellana  et  à  dix  kilomètres  de  cette  ville, 
rancienne  Paierie,  fut  découverte  une  nécropole  étrusque. 

c  Cette  découverte  m'ayant  été  signalée  il  y  a  une  quinzaine 
de  jours  environ,  j'avais  écrit  immédiatement  au  maire  de 
Cività  Gastellana,  qui  m'a  envoyé  la  liste  des  objets  jus- 
qu'ici rencontrés  et  pouvant  être  regardés  comme  d'origine 
étrusque. 

c  Parmi  les  objets  en  métal,  on  peut  signaler  un  anneau 

Airr.   BULLBTIIf.  6 


I 


—  «2  — 

d'er,  en  forme  d'étrier,  orné,  à  la  partie  snpérieare,  dhme 
petite  tête  ;  un  petit  anneau  d'or  formé  de  deux  iils  tresKS, 
un  anneau  d'argent,  un  trépied  en  bronse  haut  de  80  centi- 
mètres, un  miroir  non  gravé,  des  vases  et  coupes  en  hronxe 
de  différentes  capacités,  des  buUes,  brac^ets  en  bronze,  etc. 
Les  objets  en  bronze  ^ont  revêtus  d'une  patine  d'un  beau 
vert. 

c  Les  terres  cuites  se  composent  de  vases  et  de  coupes 
dont  un  certain  nombre  sont  ornés  de  sujets  peints,  de 
lampes,  de  briques,  etc. 

«  Cette  énumération  aura  au  moins  l'avantage  de  ramener 
à  ses  véritabies  proportions  une  trouvaille  dont  ii  avait  été 
fait  du  bruit  et  qui,  entre  autres  choses,  au  dire  des  jour- 
naux, contenait  90  lits  de  bronze  intacts.  En  réalité,  les 
découvertes  paraissent  peu  intéressantes,  si  Ton  excepte  Tan- 
neau  d'or  en  forme  d'étrier,  le  trépied  de  bronze  et  dix  vases 
grecs  figurés. 

c  Une  société  s'était  formée  à  Gività  Gastellana  pour  opé- 
rer des  recherches  méthodiques.  Mais  les  fouilles  durent  être 
suspendues  avant  qu'on  ait  obtenu  des  résultats  intéressants, 
vu  la  nécessité  d'attendre  l'autorisation  ministérielle  qui  n'a 
pas  encore  été  délivrée.  » 

Le  même  correspondant  envoie  la  note  suivante  : 

c  Au  nombre  des  objets  que  j'ai  rapportés  d'Espagne, 
figure  un  sceau  en  bronze  muni  d'un  anneau  faisant  office 
de  poignée  et  recouvert  d'une  bonne  patine. 

c  La  plaque  gravée  mesure  O^OGO  de  long  sur  0^026  de 
large,  et  son  épaisseur  est  d'environ  Qo^OOS. 

c  J'ai  acquis  cet  objet  d'un  bourgeois  campagnard  qui  me 
l'a  présenté  comme  trouvé  dans  les  environs  de  l'ancienne 
Munda,  au  pays  des  Turdétans.  Je  donne  cette  indication 
pour  ce  qu'elle  vaut. 

«  Sur  le  plat  de  la  plaque  est  gravée,  en  creux,  l'inscrip- 
tion suivante  rétrograde  : 

CGJP  MAR 
«  Notre  confrère  M.  Mowat,  à  qui  j'ai  soumis  ce  petit 
monument,  m'a  envoyé  les  renseignements  suivants  : 


—  $3  ^ 

c  DaaB  le  seem  G  *  G  *  F  MAR,  il  y  a  prol^ablemeat  un 
cfMMnt  qni  se  coafwd  avec  i'agrafe  du  F  et  qai  sépare 
c  cette  sigle  du  nom  suivant  MÂR  ;  quoi  qu'il  eu  soit,  je 
c  regarde  la  pcemiëre  lettre  G  comme  sigle  du  praeuomen 
I  G(ail)  ;  G  et  F  comme  sigles  de  deux  gentiiices ,  tels  que 

•  Gavii,  Gellii,  etc.,  et  Fannii,  Fabii,  etc.;  enfin  MÂR  comme 
I  abréviation  d'un  cogoomen  Marini,  Martini,  etc.  U  peut  se 
c  Mie  cependant  que  F  représente  un  premier  cognomen 
f  Felids,  Fausti,  etc.  Au  i*'  siècle,  Tusage  des  doubles  gen- 
c  ûlices  (paternel  et  maternel)  était  fréquent.  Je  trouve  dans 
c  le  Corpus  vucr.  Uuinar.y  t.  X,  n<>  8059  (80),  un  sceau  ana- 

•  logue  au  vôtre  l  G  G  M  VE  j  ;  en  voici  d'autres  où  les 


'♦r 


I 


i  noms  sont  en  entier;  voir  Corp,  Inscr.  Lat,^  X 


L  CASVRI  GA 
VI  8ABINI 


PATTIAVIT 
IVNIANI 


MANTATTAU 
VLPIANI 


0       LIGÏNI 

GORNVn 

GABINIANI 


M.  Maxe-Werly  communique  le  dessin  du  fragment 
d'un  support  en  pierre  trouvé  dans  des  ruines  romaines  à 
Bar-le-Duc  : 

«  Ge  support  est  haut  de  0»135  et  large  de  0»19  ;  les  faces 
latérales  sont  percées  de  trois  ouvertures  rectangulaires; 
celle  du  centre  est  placée  sous  une  baie  en  plein  cintre  ;  les 
angles  sont  ornés  de  petits  pilastres  cannelés,  qui  vont  jus- 
qu'à mi-hauteur  du  support. 

c  Dans  son  ouvrage  sur  les  Art$  et  métiers  des  anciens^ 
Grivaud  de  la  Vincelle  reproduit  les  dessins  de  deux  frag- 
ments identiques  à  celui-ci  ;  il  les  classe  dans  la  catégorie 
des  instruments  de  cuisine  et  n'en  indique  ni  la  matière  ni 
rasage.  Je  serais  disposé  à  regaider  ces  instruments  comme 
des  supports  destinés  à  recevoir  des  vases  sans  pied  comme 
les  amphores,  forme  assez  commune  dans  Tantiquité.  Le 


—  84  — 

Masée  d'Ëpinal  et  le  Mosée  de  Bar  poasèdent  des  firagmento 
de  supports  en  terre  coite  qui  paraissent  avoir  en  la  même 
destination;  mais  je  ne  crois  pas  qu'ils  soient  antiques; 
peut-être  même  ne  remontent-ils  qu'à  la  Renaissance.  » 

M.  P.  Nicard  continue  la  lecture  du  mémoire  du  comman- 
dant  de  la  Noé  sur  Toppidum  gaulois. 


Séance  du  17  Février. 

Présidence  de  M.  E.  Saqlio,  président 

Ouvrages  offerts  : 
BnUetim  criiiqmê^  publié  sous  la  direction  de  MM.  Duchesne, 

Ingold,  Lescœur,  Thédenat,  7«  année,  n«  3.  Paris,  Thorin, 

1886,  in-8'. 
^dela  SocUté  aeadémiqtu  de  Brut,  2«  série,  t.  X,  1884-1885. 

Brest,  in-8'. 
-^dêla  Société  archéologique  ^Ewre^-Loir^  n«  172,  février 

1886.  Chartres,  1886,  in-8o. 
—  delà  Société  industrielle  de  MMlkouse^  janvier-février  1886. 

Mulhouse,  1886,  in-8*. 
Mémoiree  de  f  Académie  nationale  de$  teieiice»,  art$  et  bdles- 

lettres  de  Caen.  Gaen,  1885,  in-8*. 
Renue  savoisienne^  26*  année,  décembre  1885.  Annecy,  1885, 

in-8». 
Numismatique  mérovingienne.  Un  tiers  de  sol  d^or  frtqppé  à 

Die,  Valence,  1886,  in.8*. 
Héron  db  Yillefosse   (A.).   Notes  d^épigrapkie  africaine, 

Mâcon,  1885,  in.8*- 
BiANT  (le  G*«).  Le  martyr  de  TMmnon  de  Sabibourg^  28  sep- 
tembre (1120).  Paris,  1886,  in-8o.  (Extrait  de  la  Rme  dm 

questions  historiques,) 
BoiCAN  (J.).  Tarif  des  droits  de  Lepde  et  de  Marche  perçus 

par  ordre  des  consuls  d^Embrun  à  la  fin  du  XIV*  ou  au 

commencement  du  XV*  siècle.  1886,  in-8*. 


—  85  — 

Correipfmdancê,      *' 

M.  de  la  Noê  écrit  pour  poser  sa  candidature  à  la  place 
vacaDte  de  membre  résidant. 

M.  Salomon  Reinach  écrit  pour  retirer  sa  candidature  à  la 
place  de  membre  résidant 

M.  6.  Duruflé  remercie,  par  lettre,  la  Compagnie  de  Tavoir 
admis  au  nombre  des  associés  correspondants. 

Travaux. 

M.  Âubert,  trésorier,  lit  un  rapport  sur  la  situation  finan- 
cière de  la  Compagnie  pendant  l'exercice  1885  ;  les  conclu- 
sions du  rapport  sont  adoptées  et  la  Compagnie  vote  des 
remerciements  au  trésorier. 

M.  G.  Duplessis  communique  à  la  Compagnie  un  portrait 
de  Tjouis  n  d'Anjou,  père  du  roi  René,  œuvre  originale  du 
zv«  siècle.  Cette  œuvre  intéressante  appartenait  à  M.  Miller, 
membre  de  Tlnstitut,  et  sa  veuve,  en  exécution  de  ses  der- 
nières volontés,  vient  d'en  faire  don  à  la  Bibliothèque 
nationale. 

M.  Gourajod  lit  une  note  sur  une  statue  conservée  au 
Musée  de  Versailles  sous  le  nom  de  Renaud  de  Dormans. 
£lle  y  est  entrée  avec  une  figure  de  femme  dont  on  a  fait  une 
sœur  de  Renaud  de  Dormans.  Or,  on  peut  voir  que  le  cos- 
tume n'est  pas  celui  d'un  chanoine  ;  c'est  celui  d'un  prési- 
dent au  Parlement  vêtu  de  la  robe  rouge,  —  le  monument 
original  porte  encore  de  nombreuses  traces  de  couleur.  — 
M.  Gourajod  démontre  que  cette  statue  est  celle  de  Philippe 
de  Morvilliers,  inhumé  à  Saint-Martin-des-Champs. 

M.  Emile  Molinier  communique  une  reproduction  d'un 
contrat  relatif  à  l'exécution  d'un  bas-relief  en  terre  émaillée 
par  le  dominicain  Mathias  délia  Robbia.  Sur  le  contrat 
figure  l'esquisse  du  monument  à  exécuter.  Ce  Mathias,  qu'il 
faut  sans  doute  ajouter  aux  sept  fils  déjà  connus  d'Andréa 
délia  Robbia,  ne  figure  sur  aucun  document  publié  jusqu'ici. 


—  w  — 

M.  Mowtt  oommaniqDe  un  croqoÎB  à  la  plame  qu'il  a 
reçu  de  M.  le  lieutenant  Espérandien  et  qni  représente  un 
dppe  conserré  à  Bordj-Messaoudl  (Tunisie).  Cest  un  dppe 
quadrangulaire  à  oomiche  sunnontée  de  deux  volutes  et  dont 
la  base  est  brisée.  Sur  la  face  antérieure,  on  voit  une  niche 
cintrée  renfermant  les  bustes  des  deux  personnages  ;  au-des- 
sus, le  tympan  est  orné  d'un  bas-relief  représentant  la  tète 
radiée  du  Soleil,  de  profil,  à  gauche  ;  en  avant,  une  étoile  à 
hait  rayons  précédée  d'une  petite  figure  ailée  tenant  un 
flambeau  (probablement  Phosphoros)  ;  plus  loin  encore,  en 
avant,  le  croissant  lunaire  supportant  le  profil  de  Diane. 
Cette  représentation,  qui  n'est  pas  sans  exemple,  emprunte 
son  intérêt  à  cette  circonstance  qu'elle  sert  ici  d'ornement 
à  un  monument  funéraire. 

M.  Letaille  dit  qu'il  a  signalé  à  la  commission  de  Tunisie, 
au  Ministère  de  l'instruction  publique,  deux  monuments 
analogues. 


M.  l'abbé  L.  Dnchesne  présente  quelques  observations  sur 
le  sens  du  mot  centenarium^  qui  se  rencontre  dans  certains 
textes  du  Liber  pontiflcalii  et  dans  quelques  inscriptions 
africaines  récemment  découvertes  (C.  /.  L.y  t.  Vin,  8713, 
9010;  Epkem.  epigr.,  t.  V,  n*  932).  Dans  le  Uber  pontili' 
colis  le  mot  centenarium  a  évidemment  le  sens  de  tuyau  de 
conduite  en  plomb.  La  Vie  du  pape  Hadrien  (p.  503,  édit. 
Duchesne)  parle  assez  longuement  d*un  centenarium  qui 
conduisait  Teau  de  l'aqueduc  de  Trajan  depuis  le  sommet  du 
Janicule  jusque  dans  l'atrium  de  la  basilique  de  Saint- 
Pierre;  c'était  un  tuyau  de  plomb  :  «  Centenarium  illud  qui 
ex  eandem  formam  (Traianam)  in  atrio  ecciesiae  beati  Pétri 
decurrebat,  dum  per  nimiam  negiectus  incuriam  plumbum 
conquassatum,  protinus  isdem  praecipuus  pastor  (Hadrienl*'), 
addita  multitudine  plumbi,  ipsum  centinarium  noviter  fecit, 
et,  Deo  auspice,  aqua  in  atrio  beati  Pétri...  sicut  antiqnitns 
abundanter  decurri  fecit  »  —  C<ii/«iartMi  dérive  ici  de 
l'expression  /Istula  cenienaria  (Vitruve,  VIO,  208),  qui  signi- 
fie un  tuyau  de  cent  doigts  de  circonférence  ou  de  O^^  de 
diamètre.  Dans  les  inscriptions  africaines,  le  même  mot 


—  87  — 

s'applique  anssi  à  des  trayaux  de  conduite  d'eaux,  maiâ  avee 
une  acception  on  peu  ^différente  :  Ctntenarium  Solis  a  $olo 
contiruxit  et  dediccanl...  Centenarium  ajundamenta  9uù  s^m^ 
tUmifêeU  et  cUtcavif...  CentemarmH  aqua  friçida  restituit 
alque  ad  meliorem  itatum  reformamt,..  Ces  trois  textes  par- 
lent de  magistrats  qui  construisent,  restaurent,  dédient 
roavrage  appelé  centenarium.  Un  tel  langage  suppose  que 
par  centenarium  on  entendait  non  pas  un  simple  tuyau  de 
conduite,  mais,  probablement,  la  fontaine  ou  piscine  à 
laquelle  il  aboutissait.  Le  sens  du  mot  est  donc  plus  éloigné 
ici  de  Tacception  primitive  qu'il  ne  Test  dans  la  phrase 
du  Liber  pontificaliSy  bien  que  le  texte  de  la  Vie  d'Hadrien 
soit  du  Yiu«  siècle  et  les  inscriptions  du  iv«. 

M.  Héron  de  Viilefosse  lit  la  note  suivante  de  M.  d*Arbois 
de  Jubainville  : 

f  L'Aeademjf  du  17  octobre  4885  a  publié,  page  257,  col.  1, 
nne  note  de  M.  Whitley  Stokes  qui  pourra  tout  particuliè- 
rement intéresser  les  archéologues.  Le  savant  auteur  y  a 
réuni  un  certain  nombre  de  textes  relatifs  à  Tusage  des  tom- 
belles  sépulcrales  formées  à  Paide  d'amas  de  pierres,  dans  les 
régions  celtiques.  Le  plus  connu  de  ces  textes  est  un  distique 
de  Virgile.  Ce  distique  est  une  épitaphe  proposée  pour  la 
tombe  d'un  brigand  nommé  Ballista  : 

Monte  sob  hoc  lapidum  tegltor  Ballista  sepultus  ; 
Nocte  die  totum  carpe,  viator,  iter^ 

I  Virgile  était  de  Mantoue,  ville  étrusque,  mais  iilimédia- 
tement  voisine  âes  régions  celtiques  do  la  haute  Italie.  Le 
nom  du  mort  oSre  le  môme  suf&xe  de  dérivation  que  Tolisto^ 
premier  terme  du  nom  des  TolUto-hoti^  peuple  gaulois  d'Asie- 
Mineure. 

«  On  doit  considérer  comme  plus  ancienne  l'inscription 
de  Todi  :  • 

Atêçnati  Drutieni  camitu  artvass  Coistê  DnUicnas. 
Ategnati  JDruticni  camitu  logan  CoisU  Druticnos. 


I.  Serrins,  éditlan  ThOo,  t.  I,  p.  il. 


i 

f 


—  88  — 
c'est-à-dire  : 

Ategnati  Droti  filii  congeMît  lapides  sq>iilchrale8  Gcrisis  Dniti 
filios. 
Ategnati  Drati  filii  congeflsit  tomnliiBi  Mais  Dniti  fiUos^ 

Bien  que  trouvée  dans  Tltalie  centrale,  sur  Tes  bords  du 
Tibre,  dans  l'ancienne  Ombrie,  cette  inscription  est  gauloise 
et  a  été  gravée  sur  la  tombe  d'un  Gaulois. 

c  Uépitaphe  suivante  nous  transporte  dans  le  pays  de  Galles, 
au  comté  de  Caernavon,  a  Penmachno,  et  vers  la  fin  du 
v«  siècle  de  notre  ère  : 

CarausHu  McJaeU  <n  hoc  concertes  topicfum'. 

c  Â  la  même  région  appartient  le  passage  suivant  de  Nen- 
nius,  §  73  :  Arthur  postea  congregavit  eongestum  lapidmm  tub 
lapide  quo  erat  veetigium  eamit  jus  et  vocaiur  Cam  Cahal. 

a  La  plus  vieille  littérature  irlandaise  nous  fournit  deux 
textes  analogues  ;  l'un  appartient  à  la  vie  de  saint  Golumba, 
mort  vers  598;  cette  vie  fut  composée  par  Âdamnan,  mort 
en  705.  Elle  rapporte  que  saint  Golumba  s'étant  rendu  dans 
riie  de  Skye,  une  des  Hébrides,  amena  au  christianisme 
un  personnage  qui  portait  le  nom  irlandais  d'Artbranan.  A 
peine  baptisé,  dit  Adamnan,  le  converti  meurt  et  on  l'en- 
terre :  ÛfiéUmque  eocU  congeeto  lapidum  acervo  sepdimd^. 
L'autre  texte  irlandais  que  nous  avons  annoncé  nous  con- 
duit des  Hébrides  en  Irlande  ;  il  est  emprunté  au  livre  d'Ar- 
magh,  manuscrit  bien  connu  du  ix«  siècle  :  et  aepelimt  Uium 
aurigam  Totum  Cahum,  id  est  Tôt  mad  et  congregavit  îapiàee 
erga  septUcrun.  » 

M.  Gaidoz  et  M.  Flouest  font  quelques  observations  an 
sujet  de  cette  communication  et  montrent  que  cette  coutume 
de  conserver  le  souvenir  d'une  sépulture  par  un  amas  de 


1.  WhiUey  Stokat,  Ceitie  deetenâonf  pp.  43-45.  Beitroege  de  Rohn,  t.  ID, 
pp.  65,  69.  73, 170.  FabreUi,  Glouaritm  UcUieum,  o*  86,  pluelM  XXI.  Uoaai- 
seo,  Corpus  inser^timum  latinamm,  t.  I,  n*  1408;  t.  V,  p.  719. 

2.  Rhys,  Leeturtt  on  welsh  phUology,  deuxième  édition,  p.  369.  HAbner,  /»• 
eriptUme»  Britamiae  ehrittianae,  n*  136.  Westwood,  Lapidarium  Gûltùe, 
pluiolM  LXXIX,  n*  S. 

3.  RatTat,  T%«  life  of  swU  Columba,  p.  63, 


—  89  — 

pierres  s'est  perpétuée  dans  divers  pays  jasqu'anx  tempe 
modernes. 

M.  l*abbé  Bernard  ftit  la  commnnioation  snWante  ; 

ff  Kergloff  est  une  petite  commune  du  Finistère,  à  quatre 
Mlomètres  de  Garhaiz.  Son  église,  avec  ses  nefs  à  toiture 
aplatie,  pour  prêter  moins  le  flanc  aux  vents  de  la  montagne, 
atteste  une  construction  gothique,  reprise  à  différentes 
époques,  vu  la  forme  des  piliers  et  des  fenêtres  ;  son  clocher 
ressemble  à  tous  les  clochers  bretons.  Rien  de  remarquable 
ne  parait  devoir  attirer  et  arrêter  sous  ces  modestes  voûtes 
l'attention  d'un  antiquaire. 

<  Derrière  le  maître-autel,  le  fond  de  Tabside  est  percé 
d'une  large  fenêtre  ogivale,  que  l'on  avait  eu  la  malencon- 
treuse idée  de  boucher  en  remplissant  la  baie  par  un  jpur 
de  maçonnerie  légère.  Un  jour,  la  pensée  vint  de  démolir  ce 
mur  pour  rendre  au  sanctuaire  sa  clarté  primitive,  et  l'on 
mit  en  lumière  une  magnifique  verrière  à  quatre  meneaux, 
datant  des  premières  années  du  xvi«  siècle.  Le  recteur  de 
Kergloff,  M.  l'abbé  Bernard,  a  chargé  M.  Hucher,  du  Mans, 
de  restaurer  cette  verrière;  l'artiste  a  bien  voulu  nous 
envoyer  la  maquette  pantographiée  que  nous  mettons  sous 
vos  yeux. 

f  De  la  partie  supérieure  de  ce  vitrail,  il  ne  reste  que  la 
mort  de  la  sainte  Vierge  ;  les  autres  sujets  ont  malheureuse- 
ment disparu,  mais  la  partie  inférieure  est  demeurée  à  peu 
près  intacte.  Elle  est  enfermée  dans  un  encadrement  archi- 
tectural d'une  grande  élégance  ;  au  sommet,  les  quatre  baies 
cintrées  présentent  une  figure  ailée  qui  tient  le  centre  de 
chaque  voussure ;^  à  la  base,  huit  figurines  disposées  en 
médaillons  alternent  avec  des  consoles,  les  unes  libres,  les 
autres  en  partie  engagées  dans  les  meneaux.  La  portion  du 
vitrail  comprise  entre  ces  motifs  d'architecture  a  échappé 
aux  injures  du  temps,  et  surtout  à  la  maladresse  des  ouvriers 
chargés  de  boucher  la  fenêtre  ;  elle  représente  la  Descente 
de  croix. 

f  La  scène  est  à  huit  personnages,  dont  deux  femmes 
vêtnes  et  coiffées  à  la  mode  du  temps  ;  la  première,  à  côté  de 


-*  fê- 


la ninte  Vierge,  d'un  itng  plus  èle^  comme  rindifn  It 
bande  d'or  qui  orne  m  coiffore,  s'essuie  les  yeux  «fee  an 
moochoir;  la  seconde  supporte  d'one  main  le  bras  inerte  da 
Sauveur.  Marie  Madeleine,  avec  le  vase  deparflima,  est  a^ 
nooillée  aux  pieds  do  Ghnsl.  Nioodème  se  reooiinait  à  la 
mixtnre  d'aloës  dont  parie  l'Évangile.  Auprès  de  la  sainte 
Vierge  apparaît  Joseph  d' Arimaihie,  avec  la  conroime  d'épines 
appuyée  contre  sa  poitrine.  Cette  descente  de  croix  se  dis- 
tingue par  on  grand  caractère  de  tristesse,  et  les  personnages 
sont  bien  gronpés  dans  l'espace  limité  par  les  deux  meneau 
du  centre. 

f  Les  deux  meneaux  extrêmes  sont  remplis,  l'un,  du  o6té 
de  l'Évangile,  par  le  portrait  de  Vincent  de  Ploeuc,  l'antre, 
du  côté  de  Tépître,  par  celui  de  son  épouse,  Jeanne  de  Ros- 
ma4ec,  tous  deux  seigneurs  de  Kerlégouan,  dont  les  mines 
subsistent  encore  à  un  kilomètre  du  bourg  de  Kergloff. 

c  Vincent  de  Ploeuc  figure  dans  la  réformation  des  fonagee 
de  la  paroisse  de  Kergloff,  en  1535.  U  avait  ^usé  en  1503 
Jeanne  de  Rosmadec. 

t  Le  vitrail  représente  Vincent  de  Ploeuc,  à  genoux,  les 
mains  jointes  devant  un  prie-Dieu  où  s'étale  ouvert  un  grand 
livre  àe  messe  in-4«.  Son  pourpoint  couvert  de  ses  armes 
laisse  dépasser  le  bas  d'une  cotte  de  mailles;  les  brassards, 
les  cuissards  et  les  jambards,  l'épée  et  les  éperons  sont  de 
l'époque  ;  le  casque  surmonté  d'un  panache  est  à  terre.  Un 
peu  en  arrière  se  dresse  la  figure  de  saint  Vincent  Ferrier, 
son  patron,  habillé  en  dominicain,  le  soutenant  d'une  main, 
et  de  Tautre  montrant  un  nuage  lumineux,  où  paraît  Notre- 
Seigneur,  les  mains  élevées  vers  le  ciel.  Saint  Vincent  Fer^ 
rier,  mort  à  Vannes  en  1419,  fut  canonisé^en  1455. 

f  Jeanne  de  Rosmadec  est  également  agenouillée,  les  mains 
jointes,  devant  un  prie-Dieu  et  son  livre  de  messe  ouvert 
Derrière,  saint  Jean-Baptiste,  debout,  la  soutient  de  la  mam 
gauche,  tandis  que  de  la  droite  il  porte  un  livre  avec  un 
agneau  couché  et  traversé  par  une  croix.  Saint  Jean  est  vètn, 
sous  son  manteau,  d'une  tunique  simulant  les  poils  de  cha^ 
meau. 

c  Jeanne  de  Rosmadec  est  en  grande  toilette  de  l'époque. 


—  w  — 

La  figure  seule  a  dû  être  refiûte  à  la  place  de  Fanâenne^  qui 
n'existait  plus.  Son  Toile,  gradeasementreleYé  et  retombant 
sur  les  épaules,  ne  laisse  point  Toir  les  cheveox,  mais  un 
bonnet  de  eoulear  jaune,  semé  de  petits  carrés  très  réguliers, 
STec  un  bord  formé  de  feuilles  de  trèfle.  Un  ooilier  de  perles 
s'enroule  autour  du  cou.  Les  manchettes  sont  à  tuyaux.  Le 
corsage,  d'hermines  comme  le  mantelet,  est  fermé  par  uo 
hffge  galon  d*or  ouvragé;  ils  descendent  (dus  bas  que  la  cein* 
tare.  Le  reste  du  corps  disparait  sous  un  éciwson  aux  armes 
de  Ploeuc  et  de  Rosmadec. 

•  Ploeuc  porte  d'hermines,  à  trois  cherrons  de  gueuler,  et 
Rosmadec  paie  d'argent  et  d'azur,  à  six  pièces. 

ff  La  famiille  de  Ploeuc  est  une  des  plus  anciennes  de  Bre^ 
tagne,  où  ses  alliances  lui  ayaient  donné  autant  de  puissance 
que  de  renom.  Tftnneguy  du  Ghàtel,  vicomte  de  la  Bellière^ 
conseiller  et  chambellan  du  roi,  grand  maître  de  l'écurie  de 
Charles  Vil,  en  1454,  grand  écuyer  de  F^nce  en  1455 ,  était 
fils  puîné  d'Olivier  du  Gh&tel  et  de  Jeanne  de  Ploeuc^ .  Tan- 
neguy  du  Gh&tel  épousa  une  fille  de  Jean  de  Malestroit^ 
maréchal  de  Bretagne >.  En  1443,  Guillaume  de  Maies  irait 
occupait  le  siège  épiscopal  de  Nantes.  •  Il  avait,  dit  l'auteur 
c  de  la  Gailia  ChrisHana,  Vkme  haute  et  les  sentimf^nts 
c  élevés  3.  »  En  1462,  il  abdiqua  en  faveur  de  son  Devau, 
Âmaury  d'Âcigné,  fils  de  Jean  et  de  Catherine  de  Male^troit. 

«  François  Hyacinthe  de  Ploeuc  du  Tymour  était  évoque 
deQuimper  en  1707*. 

t  La  famille  de  Rosmadec  n'est  pas  moins  illustre.  Sébas- 
tien de  Rosmadec  était  évéque  de  Vannes  en  1622*;  il  eut 
l'honneur  de  diriger  les  enquêtes  qui  amenèrent  le  rétablif;- 
sement  du  culte  de  sainte  Anne,  la  patronne  des  Bretons,  au 
village  de  Keranna,  près  Auray«.  En  1646,  il  se  démit  de  sa 
charge  en  faveur  de  son  neveu  Charles  de  Rosmadec.  * 

1.  Lettret  de  Louis  XI,  t.  II,  p.  213. 

2.  /»«.,  p.  302. 

3.  GalHa  ekristiana,  t.  XV,  p.  829  :  «  Altos  Gaillelmas  gerebat  animoB.  k 

4.  Ibid.,  p.  890. 

5.  Ibid.,  t  XV,  p.  938. 

6.  Les  Gloires  de  Sainte- Annf-é^Auray y  par    l'abbé  Euét.  Bernard,  In-ïB^ 
ehex  Leeoffn. 


—  M  — 

M.  A.  de  DarUiéleiny  Ut  une  note  de  M.  Berthelé,  aanciè 
correspondant  national,  sur  les  statues  équestres  de  Constan- 
tin placées  dans  les  églises  de  Touest  de  la  France  : 

c  Le  mémoire,  publié  Tannée  dernière  par  M.  l'abbé  Arbel* 
lot,  9ur  lê9  statvêi  éqHe$tr9$  de  Comtaniin,  plaeéei  datu  Um 
égUset  de  FOuest  de  la  France*^  a  porté  à  cinq^  le  nombre  des 
c  cavaliers  »  pour  lesquels  on  a  des  textes  précis  établissant 
que  le  moyen  âge  a  vu  dans  ces  sculptures  des  représenta- 
tions de  Constantin. 

c  M.  l'abbé  Largeault,  secrétaire-adjoint  de  la  Société  de 
statistique  des  Deux-Sèvres,  a  découvert,  il  y  a  quelques 
jours,  dans  deux  manuscrits  conservés  à  la  BibÛotbèque  poi- 
tevine des  arcbives  départementales  de  Niort,  la  preuve  que 
cette  appellation  de  Constantin  s'est  conservée  dans  le 
peuple,  à  Parlbenay-le-Vieux  et  à  Melle,  jusqu'au  commen- 
cement du  XIX*  siècle.  Le  total  des  Constantins  incontestables 
se  trouve  donc  actuellement  porté  à  sept. 

c  Les  deux  manuscrits  datent  de  1810.  Ils  sont  catalogués 
sous  les  no*  1460  et  1461. 

c  Le  premier,  anonyme,  est  intitulé  :  Notice  sur  la  vSie  de 
Parthenay,  son  château^  ses  $eiffneur$y  et  sur  le  château  de  la 
MetUeraie.  Le  passage  relatif  au  cavalier  de  Parthenay-le- 
Vieux  est  ainsi  conçu  : 

c  L'église  de  Saint-Pierre  [de  Parthenay-le-Vieux]  est  très 
c  ancienne.  C'était  la  sépulture  ordinaire  des  seigneurs. 
«  Hugues  III  y  fut  enterré  en  1230.  La  statue  équestre  que 
c  le  peuple  prend  pour  la  figure  de  l'empereur  Constautin 
•  n'est  autre  sans  doute  que  celle  du  fondateur  vers  le  ix«oo 
c  x«  siècle.  • 

t  Le  rédacteur  de  cette  notice  se  trompe  de  quelques  lustres 


f .  Bulletin  de  la  Société  archéologique  et  historique  du  Limousin,  t.  XXXn, 
p.  1  à  34  ;  tiré  à  part.  —  Cf.  le  Bulletin  du  Comité  de*  travaux  historiques, 
section  d'histoire,  d'arehéologie  et  de  philologie,  année  1882,  n*  2,  p.  138  i  140, 
et  Mémoires  de  la  Société  des  antiquaires  de  l'Ouest^  tome  VII  de  la  2*  série, 
année  1884,  p.  189  à  192. 

2.  1*  Notre-Dame-la- Grande  à  Poitiers;  2*  temple  Saint-Jean  i  Poitiers; 
3*  Notre-Dame  de  Saintes  ;  4*  église  d'Aubeterre  (Charente)  ;  5*  fontaioe  da 
Cheralet,  à  Limoges. 


—  w  — 

i  pnqpos  de  la  date  de  la  fondalion  de  PârtlieDay-l^VieaXf 
cette  fondation  ne  remontant  qu'à  la  fin  du  xi«  siède.  Uin- 
terprétation  qn'ii  donne  du  candier  n'est  qu'une  opinion  à  lui 
personnelle.  Mais  ceci  est  secondaire.  L'intéressant,  dans  ce 
texte,  c'est  de  savoir  qu'il  y  a  quatre-vingts  ans,  le  populaire 
prenait  encore  la  statue  équestre  de  Parthenay^le- Vieux  pour 
la  figure  de  l'empereur  Constantin. 

c  L'existence  de  cette  tradition  a  échappé  à  l'historien  de 
Parthenay  et  de  la  G&tine,  M.  Bélisaire  Ledain. 

ff  Le  second  manuscrit  a  pour  titre  :  Notu  dêfodU  kûio» 
Tiques,  etc.^  mKoayén  à  M,  U  jftàftt  dêi  IMmxSèvrmy  d^aij^èê  M 
émamdê  contenue  en  ta  lettre  du  ii  juin  1810  à  Jf.  Àymé^  pré- 
tident  du  tribunal  dml  de  Melle.  Voici  le  passage  où  il  est 
question  du  cavalier  placé  au-dessus  du  portail  latéral  de 
l'église  Baint-Hilaire  : 

<  On  voit  encore  à  l'extrémité  des  deux  faubourgs  de  Melle 
ff  les  églises  de  Saint-Pierre  et  de  Saint-Hilaire,  couvertes 

•  de  figures  gothiques  {sic)  avec  des  statues,  l'une  équestre, 

•  l'autre  pédestre,  des  empereurs  Constantin  et  Chariemagne, 
c  à  ce  que  l'on  rapporte.  Ces  deux  statues  ont  été  mutilées.  » 

t  La  conservation  de  la  tradition  de  Constantin  à  Melle 
n'est  pas  moins  curieuse  que  le  fait  analogue  relevé  à  Parthe- 
nay-le-Vieux. 

i  Les  deux  manuscrits  contenant  ces  renseignements  pro- 
viennent des  dossiers  réunis  par  le  préfet  Dupin  à  l'occasion 
des  enquêtes  statistiques  organisées  par  l'administration.  Il 
existe  des  pièces  analogues  dans  les  autres  dépôts  d'archives 
départementales  et  l'on  peut  espérer  y  trouver,  en  faveur  de 
Constantin,  des  arguments  nouveaux  qui  compléteront  ceux 
que  M.  l'abbé  Largeault  a  eu  la  bonne  fortune  de  rencontrer.  » 


Séance  du  3l4  Février. 

Présidence  de  M.  E.  Saglio,  président. 

Ouvrages  offerts  : 
Bulletin  critique,  publié  sous  la  direction  de  MM.  Duchesnei 
Ingold,  Lescœur,  Thédenat.  15  février  1886. 


—  u  — 

—  dê^Ui  SoeàéU  arckMogifÊtey  MÔmêifiqme  et  HUénân  d» 

Vendâmaû,  t.  XXIV.  Vendôme,  1885,  iii-8*. 
^^dêia  Société  dêê  âàencei  kiêtoriqiimtt.naturMmdeSemMt^ 

Côte^Vr^  2*  série,  n*  1, 1884,  iii-8«. 
Mémoit^  de  ht  Société  àMmkerquoiupomrrmeoÊoraf^^ 

oeiêuees,  du  kttnt  et  dês  oH»,  1881-1883,  t.  XXII.  Dnn- 

kerque,  1884,  m-8*. 
Be»me  delà  Société  duéimdei  kiêtorigwei^faûtmt  sniiêà  fli^ 

vêsiigateuf^  4*  série,  t.  III,  1885,  inp^. 
Bmme  do  Commmges.  BuUêtiM,  de  la  Société  des  étedm  de  Corn* 

mmgee^  t.  n,  1886,  l«r  trimestre.  Samt-Gandens,  1886, 

m-8«. 
Société  Goiif'Lueiac.  Bmme  dee  eàemcee^  n*  7. 
Third  oammei  report  oftke  huream  of  etkm^ogp  to  tke  eœr^ 

tory  ofthe  emUhsonian  inetitution.  1881-1882. 
Aubes  (Augaste).  Eeeai  eur  le  eifêtème  métrique  iitfjrrigs, 

fiisc.  5  et  6.  Paris,  1885,  in-8«. 

Travaux. 

M.  Flouest  présente  à  la  Société  deux  fascicules  de  VEseâ 
eur  le  système  métrique  assyrieuy  de  M.  Aurès,  correspondant 
de  la  Société  à  Nîmes.  U  fait  ressortir  l'intérêt  de  ce  traYail. 

M.  R.  de  Lasteyrie  lit  un  mémoire  sur  un  célèbre  émail 
de  Limoges,  provenant  de  l'autel  de  Grandmont  et  conservé 
an  Musée  de  Gluny.  Le  mémoire  de  M.  R.  de  Lasteyrie  est 
renvoyé  à  la  Commission  des  impressions. 

M.  de  Barthélémy  lit  au  nom  de  M.  Chardin  un  m^noire 
sur  de  curieuses  peintures  du  xv*  siècle,  conservées  sur  le 
lambris  qui  recouvre  la  nef  de  l'église  de  Kermaria-Nisqnlt, 
commune  de  Plouha  (C6tes-du-Nord). 


Séance  du  3  Mars. 
Présidence  de  M.  £.  Saqlto,  président. 

OnynigesxkflSBrts  e 

Aarbogerfar  nordùk  oldkywâighêd  og  hiiiorU,  1885,  8*  Uvr. 
Copenhague,  1886,  in-8*. 

Ammud  repari  of  thê  comptroUer  of  tke  eurreney  to  thé  fLttt 
$mùm  qf  6U  49«  OwgwM  ofJJU  UtiHèd  Bwu^  \^  dé- 
cembre 1885,  in-8*. 

MUtm  €i  mémmres  de  Ul  Société  archéologiguê  du  déporté* 
mmi  d'IUe^-VUniM,  t.  XVU,  l^*  partie.  Rennes,  1885, 
in-8*. 

—  kûiarique^  archéologique  et  artiftdqwi  de  Vaueimêe  et  dee 
départements  Umitrophei^  !•  année.  Avignon,  1885,  in-8<>. 

—  memeuel  de  la  Société  académique  de  Chauny.  Archéologie 
et  camféreecuy  L  I.  Ghanny,  in-S». 

—  momiemeKial^  dirigé  par  le  comte  de  Maisy,  6*  série,  1. 1, 
LI«  de  la  collection.  Paris,  1885,  in-8*. 

Congrès  archéologique  de  France^  11*  session.  Gaen-Paris, 

1885,  in-8\ 
Institut  canadien  français  d^OttaiDa^iSb2''iS71  y  célébration  du 

25«  anniversaire.  Ottawa,  1879,  in-8o. 
Korrespondensblatt  der  wsstdeutschen  Zeitschrift  fur  Ges* 

ckichie  undKunst.  Bonne,  février  1886,  in-8*. 
Proceedings  of  the  american  phUosophical  Society ^  t.  XXIIl, 

n«  121.  Janvier,  1886,  in-8». 
Beport  of  the  proceedings  of  the  nwmismaiic  and  antiquarian 

Society  of  PhiladelpMay  an.  1885.  Philadelphie,  1886,  in-8*. 
Bexme  savoisienney  27«  année,  janvier-février  1886,  in-8o. 
JuuEM-LAFBBBlÈas.  L'art  en  Saintonge  et  en  AuniSy  arrondis" 

sèment  de  Saintes^  n*  12.  Toulouse,  1884,  in-4'. 
LoDGACEWiGH  (Platon).  Origine  de  la  langue  grecque  (en  russe). 

Kief,  1869,  in-8-. 

—  Origine  de  la  langue  latine  (en  russe).  Kief,  1871,  in-8«. 
AiUrsy  (le  G^«  db).  Le  château  de  Montataire.  Gompiègne, 

1886, in-8\ 


—  «6  — 

—  Thomas  dé  Grouchy,  camtiUer  au  parUmeiU  de  MeiXy  16i0« 

1675.  Gand,  4886,  in-S*. 
QuARHÉ-REYBOURBOif  (L.).  Un  fégieidê.  Béthune,  1886,  in-iS. 
RoMAU  (J.).  Chartêê  de  liberté  ou  de  prwUègesdelarégùm  det 

Alpes,  Paris,  1886,  iii-8*. 
Saolio.  Dictionnaire  des  anHfuités  grecques  ei  rcmaimei , 

10*  fascicule,  Paris,  1886,  in^4*. 

Correspondance. 

M.  Poujôl  de  Fréchenoourt,  présenté  par  MM.  Rey  et  R.  de 
Lasteyrie,  écrit  pour  poser  sa  candidature  au  titre  d'associé 
correspondant  national  à  Amiens.  Le  présidât  désigne 
MM.  A.  de  Barthélémy,  Gourajod  et  Guiifrey  pour  fbmter 
la  commission  chargée  de  présenter  un  rapport  sur  les  titres 
scientifiques  du  candidat. 

TrifvcMx, 

M.  le  baron  de  Baye  fait  la  communication  suivante  : 

t  La  Société  des  Antiquaires  a  déjà  reçu  une  communica- 
tion relative  aux  urnes  funéraires  portant  trois  perforations 
sur  la  pansée  Ces  urnes,  d'origine  rémoise,  proviennent 
du  cimetière  situé  à  la  fosse  Jean-Fat,  territoire  de  Reims. 
Elles  ont  été  signalées  comme  inconnues  jusqu'alors  en 
Champagne^. 

c  L*examen  qui  en  a  été  fait  parait  avoir  eu  pour  résultat 
une  certaine  réserve  au  point  de  vue  de  l'authenticité  des 
pièces.  Une  interprétation  discutable  de  ces  perforations, 
proposée  par  Tauteur  de  la  communication,  était  propre  aussi 
à  faille  naître  des  doutes.  Il  y  a,  du  reste,  une  certaine 
hardiesse  à  chercher  trop  vite  Texplication  de  faits  nouveaux, 
et  la  Société  elle-même,  de  son  cétc,  n'avait,  pour  former  son 
opinion,  que  des  dessins  ou  des  photographies  qui  laissent 
toujours  à  désirer. 

«  J'ai  Thonneur  de  présenter  deux  spécimens  de  ces  urnes, 


1.  Bulletin,  iiSZ,  p.  150. 

2.  La  forme  est  celle  des  ornée  ftméniret  lei  plue  nombreoMs  à  répoqne  giUo* 
romaine. 


—  97  — 

trouvés  également  à  la  fosse  Jean-Fat.  Des  vases  ponrws  de 
perforations  ont  été  plusieurs  fois  mentionnés  et  diversement 
interprétés.  La  confusion  n*est  pins  possible  ;  je  soumets  les 
urnes  elles-mêmes  à  l'examen  de  mes  confrères. 

ff  L'authenticité  pour  moi  n'est  pas  à  mettre  en  doute.  Les 
perforations  sont  contemporaines  de  l'incinération.  La 
forme,  la  terre,  la  cuisson  de  ces  vases  s'harmonisât  parfai- 
tement avec  les  urnes  qui  ont  été  trouvées  en  grand  nombre 
dans  la  môme  région.  Mon  opinion  est  basée  sur  un  examen 
minutieux  et  sur  la  comparaison  avec  les  vases  nombreux 
que  j'ai  exhumés.  Un  homme  fort  compétent^  M.  Demaison, 
archiviste  de  Reims,  m'écrivait  à  une  date  récente,  au  sujet 
de  monuments  semblables  :  «  Je  n'ai  aucun  doute  sur  l'au- 
•  thenticité  des  urnes  funéraires  percées  de  trois  trous.  Depuis 
c  quelques  années,  de  nombreux  spécimens  de  ces  urnes  ont 
t  été  trouvés  à  Reims  par  divers  archéologues,  et  tous  offrent 
t  les  mêmes  caractères.  Notre  musée  vient  d'acquérir  cette 
t  semaine  un  lot  de  cinq  vases  de  cette  espèce.  On  nous  les 
f  a  apportés  sans  les  avoir  débarrassés  de  la  croûte  de  terre 
I  qui  était  restée  attachée  lorsqu'on  les  a  retirés  du  sol.  J'ai 
c  donc  pu  les  examiner  en  quelque  sorte  à  l'état  brut,  et  je 
c  n'y  ai  découvert  aucune  trace  de  supercherie.  » 

c  Les  urnes  étaient  remplies  de  restes  d'incinération.  Cette 
particularité  seule  démontre  leur  indiscutable  origine.  Les 
ossements  qu'elles  contenaient  appartiennent  à  l'espèce 
humaine  ;  il  est  superflu  d'insister  sur  ce  point. 

c  Les  perforations  sont  disposées  deux  et  une  ;  eUes  sont 
antérieures  à  l'inhumation.  Ces  trous,  grossièrement  prati- 
qués après  la  cuisson,  ont  été  nécessairement  percés  de 
dehors  en  dedans.  L'effet  de  la  pression  exercée  a  détaché 
intérieurement  des  éclats  plus  larges  que  la  perforation 
visible  à  l'extérieur.  La  couche  de  terre  adhérente  sur  toute 
la  surface  du  vase  présentait  partout  un  aspect  identique. 
La  temte  est  aussi  uniforme  et  la  patine  des  perforations 
ne  diffère  pas  de  celle  qui  recouvre  les  autres  parties  du 
vase.  On  ne  voit  pas  bien^  du  reste,  dans  quel  but  un  faus- 
saire aurait  pu  pratiquer  les  perforations  au  risque  de  cam- 

AltT.  BULLETIN.  7 


—  fi  — 


ée  tous  le»  cmctiras 


•  D  n'a  fÊM  Hé  wê/mê  «tilité  4e  teur  la  question  en  siw- 
pena.  De  nomelks  imaB  ont  été  Inarrées,  les  rechefchesse 
taatBaltipliéca,etdenuaiotieiins  précantions  ont  été  prises 
ponr  dÎMÎper  les  donlea.  Laa  étodea  âdtes  dans  le  calme 
foin  111  twt  aetnellHBflDt  dn  docomenta  qni  pennettent  de 
chwrhw  «ne  sohitiao  téneofleaient  motivée. 

c  L'inieqiréution  dea  pefforations  offre  hien  deadifficoltée. 
8à  Ton  oonaidère  à  on  poini  de  Toe  général  les  vases  poa> 
T1I5  de  tnms  qui  ont  été  étudiés  psf  les  archéologaes,  les 
explications  sont  fi^dles  et  asseï  nombreuses.  On  connaît, 
en  eflet,  bon  nombre  de  Tsses  munis  de  trons,  afifoctés  à  des 
emptiMs  domestiqnes  on  industriels.  L'antenr  de  la  première 
communication  ne  semble  pas  s'être  préoccupé  de  ces 
dïTerses  interprétations.  Son  silence,  qm  était  certainement 
intentionné!,  se  jastiiie  pleinement.  Les  vases  connus  por- 
tant des  perforations  ne  sont  pas  susceptibles  d'être  placés 
an  même  rang  que  les  urnes  funéraires  de  la  Fosse-Jean-Fat. 

«  liO  r6le  de  ces  dernières  est  bien  déterminé;  elles  rentrent 
incontestablement  dans  la  catégorie  des  vases  funéraires.  Il 
faut  donc  négliger  l'opinion  qui  leur  assignerait  un  usage 
pratique,  industriel  ou  domestique.  Les  perforations  doiTent 
avoir  quelque  rapport  avec  Tintroduction  des  restes  incinérés 
dans  l'urne,  on  bien  avec  un  rite  funèbre  observé  chez  les 
Rémi. 

t  L'hypothèse  qui  propose  de  voi^  un  rite  dans  les  triples 
perforations  parait  avoir  été  accueillie  avec  fiaveur  par  plu- 
sieurs savants  archéologues.  Le  culte  des  morts  a  toujours 
été  accompagné  de  rites  de  formes  symboliques.  Le  nombre 
<r<Hf,  par  son  r61e  remarquable  et  généralisé,  a  été  partout 
Tolijet  d'une  attention  qui  lui  injprime  le  caractère  d'une  tra- 
dition universelle  ;  ne  ppurrait-on  pas  cher<^er  là  Texplica' 
tion  du  fait  qui  nous  occupe?  Les  motifs  ne  manquent  pas. 
Cependant,  en  admettanjt  que  les  perforations  étaient  l'ex- 
pression d'un  rite  funèbre,  il  y  a  li^u  de  s'étonner  que  les 
urnes  ne  se  trouvent  pas  en  plus  grand  nombre  dans  les 
sépultures  qui  environnent  la  grande  cité  rémoise.  Enfin,  le 


-.co- 
lite étaat  pratiqué,  ne  peat-OE  pas  8s  demander  poarqaoi  les 
âmes  n'étaient  pas  préparées  d'avance  comaie  les  autres 
lases  foa«rairesy  et  pourquoi  les  perfiorations  étaient  fûtes 
après  la  caisson?  Âi  prévision  d'un  usage  quotidien,  il 
flemUe  que  les  urnes  auraient  dû  être  disposées  au  préalable 
pour  répondre  aux  cugenees  d*un  rite,  adopté  et  fréquem- 
ment usité. 

c  Quelques  archéologues  ont  pensé  que  les  trous  avaient 
élè  pratiqués  pour  donner  aecés  à  Tair,  actif?er  et  achever  la 
eombusIioQ  des  cendres  incandescentes,  au  moment  où  elles 
étaient  renfermées  dans  l'urne,  ou  empocher  que  cdle-ci 
n'éclatât  par  suite  de  la  chaleur. 

«  L'usage  de  vases  funéraires  percés  de  trous  s'est  conservé 
jusqu'au  moyen  âge.  On  rencontre,  dans  des  sépultures  de 
cette  période,  des  vases  perforés,  destinés  à  recevoir  des 
charbons  sur  lesquels  on  brûlait  l'encens;  bien  que  par  leur 
destination  ils  ne  puissent  pas  être  assimilés  aux  urnes 
fànéraires  à  perforations,  celles-ci  ont  pu  être,  dans  les 
deux  cas,  pratiquées  pour  le  même  motif. 

c  L'idée  de  voir  dans  les  trois  perforations  la  représenta- 
tion de  la  figure  humaine  semble  fort  aventurée.  On  con- 
naît des  vases  romains  ornés  sur  la  panse  de  la  figure 
humaine,  mais  ces  ornementa  sont  sans  rapport  avec  la  gros- 
sière ébauche  indiquée  par  les  perlwrations.  Les  époques  les 
plus  pi'imitives  n'ont  rien  donné  d'aussi  grossier  et  d'aussi 
rudimentaire.  » 

M.  Flouest  rappelle  les  découvertes  faites  en  Troade  et  en  - 
Belgique  de  vases  sur  lesquels  on  a  figuré  grossièrement  des 
visages  humains  à  l'aide  de  petits  points  en  relief  sur  la 
panse  du  vase. 

M.  Sagiio  dit  que  l'on  a  trouvé  depuis  les  découvertes  de 
Schliemann  en  Troade  beaucoup  d'autres  vases  à  représenta- 
tions humaines. 

M.  CioUignon  ne  croit  pas  qu'on  puisse  établir  aucun  rap- 
port entre  la  céramique  troyenne  et  les  vases  de  Reims. 

M.  Mowat  croit  que  ces  trous  servaient  à  faire  pénétrer 
jusqu'aux  cendres  du  défunt  les  libations  qui,  à  certains 
jours,  se  flBÛsaient  sur  sa  tombe. 


—  400  — 

M.  de  Lasteyjrie  demande  s'il  est  bien  certain  qu'on  n'ait 
jamais  trouvé  en  Champagne  d'autres  vases  percés  de  trous 
offrant  d'autres  dispositions.  I)  rappelle  qu'au  moyen  âge  on 
trouve  assez  souvent  dans  les  sépultures  des  vases  percés  de 
trous,  qui  étaient  destinés  à  faciliter  la  combustion  de  Ten- 
cens  qu'on  y  déposait.  Mais  ces  trous  n'ont  aucune  disposi- 
tion régulière. 

M.  Héron  de  Viilefosse  présente  une  petite  réglette  en 
bronze,  inscrite  sur  ses  quatre  faces,  affectant  la  forme  d'une 
tessère  de  gladiateur  et  récomment  découverte  à  Entrains 
(Nièvre).  Cette  tessère  appartient  à  M.  Julllen,  conservateur 
du  Musée  de  Clamecy. 

Les  inscriptions,  d'ailleurs  fort  obscures  et  difficiles  à  lire, 
surtout  sur  les  faces  3  et  4,  sont  ainsi  conçues  : 

i.  XII8AGTUM 

2.  CVRACONSUL 

3.  DBLGULERIRFIER 

4.  CAVEMULIAE 

La  longueur  comprise  entre  les  deux  extrémités  arron- 
dies en  forme  de  tète  de  clou  est  de  0b062.  L'épaisseur  des 
tranches  varie  entre  0"008  et  (H)09. 

M.  Héron  de  Viilefosse  considère  ce  petit  monament 
comme  absolument  suspect.  Sans  douter  de  la  bonne  foi  de 
M.  Jullien  et  môme  du  fait  de  la  découverte  du  monument 
à  Entrains,  il  rappelle  que  cette  localité  a  déjà  fourni  un  cer- 
tain nombre  d'inscriptions  douteuses  et  surtout  un  texte 
notoirement  faux  publié  au  siècle  dernier  par  l'abbé  Lebeaf . 

M.  Mowat  mentionne,  à  cette  occasion,  une  tessère  de 
gladiateur  en  bronze,  conservée  au  Cabinet  des  médailles  et 
qui  doit  être  classée,  comme  la  tessère  d'Entrains,  parmi  les 
monuments  suspects.  C'est,  du  reste,  l'opinion  de  M.  Gha- 


i.  Biat.  de  l'Âead.  de»  Inecr.,  t.  XXV,  1750,  p.  118;  ef. 
les  Antiquités  d'Entrains,  1879,  p.  23. 


HérOB  de  VQlefow, 


—  4(M  — 

bonillet,  qui  a  décrit  ce  petit  monument  dans  son  Catalogue 
80118  le  n*  3174. 

M.  Flouest  présente  de  la  part  de  M.  le  comte  de  la  Size- 
ranne,  associé  correspondant  national  dans  le  département 
de  la  Dréme,  un  fragment  d'une  plaque  d'ardoise  très  fine- 
ment sculptée,  récemment  découvert  à  Pact  * .  Le  plateau  qui 
8'éteDd  derrière  Téglise  du  village  a  été,  de  très  ancienne 
date,  un  lieu  de  séjour  pour  la  population  du  pays.  Des 
fouilles  entreprises  sous  la  direction  du  curé  de  la  paroisse 
ont  ramené  au  jour  des  antiquités  d'époques  très  diverses, 
attestant  une  longue  série  de  générations.  Les  unes,  notam- 
ment un  couteau  en  bronze,  à  douille,  du  type  de  ceux  des 
cités  lacustres  de  la  Suisse  et  de  la  Savoie,  peuvent  remonter 
i  ce  que  Ton  appelle  Vâge  du  hronse  ;  d'autres  descendent 
jusqu'à  la  fin  du  xvn*  siècle,  peut-être  môme  au  delà.  On  a 
recaeilli  au  milieu  d'elles  un  certain  nombre  de  pétrifications 
relevant  de  la  paléontologie  ou  constituant  quelques-uns  de 
ces  c  ludus  naturae  •  à  qui  les  curieux  d'autrefois  donnaient 
si  volontiers  place  dans  leurs  cabinets. 

L'époque  de  la  domination  romaine  a  laissé  à  Pact  des 
vestiges  particulièrement  abondants  et  caractéristiques.  Elle 
a  fourni,  outre  les  objets  qu'on  est  habitué  à  rencontrer  par- 
tout où  il  a  existé  un  centre  d'habitation  à  cette  époque, 
quelques  statuettes  en  bronze  ayant  vraisemblablement  appar* 
tenu  à  des  laraires.  Elles  ne  se  distinguent  ni  par  la  finesse 
du  travail,  ni  par  la  rareté  des  représentations,  mais  elles 
témoignent  une  fois  de  plus  de  la  faveur  dont  certains  types 
jouissaient  d'un  bout  à  l'autre  du  territoire.  Les  antiquaires 
ayant  gardé  mémoire  de  ce  passage  des  commentaires  : 
ff  deum  tÊoximê  Mereurnm  coluniy  »  ne  sont  pas  surpris  d'aper- 
cevoir ce  dieu  au  milieu  d'elles.  Presque  aussi  dégagée  que 
la  sienne  est  l'allure  de  ce  génie  adolescent  bien  connu,  cou- 
ronné de  pampres,  court  vêtu,  mais  portant  néanmoins  une 
tunique  et  une  chlamyde,  qui,  le  bras  gauche  levé,  dirige 


I.  Canton  de  Be&areptire,  arrondiiMment  de  Vienne  (Isère),  dans  le  roisinagre 
de  la  DrAme. 


—  402  — 

vers  ia  patère  placée  dans  sa  main  droite  le  jet  d'un  rhyUm 
qu'il  tient  de  l'autre  main.  On  l'a  déjà  rencontré  en  dinars 
lieux,  et  il  est  peu  de  collections  de  quelque  importance  où 
on  ne  le  Toie  figurer. 

Les  épaves  du  moyen  ige  ne  semblent  pas  de  grand  inté- 
rêt et  il  paraît  difficile  de  foire  remonter  jusqu'à  cette  période 
le  fragment  de  plaque  d'ardoise  qui  a  plus  particttlièrement 
déterminé  la  communication  de  M.  de  la  Sizeranne.  Ge  fnm^ 
ment  est  à  peine  la  huitième  ou  la  dixième  partie  de  Tobjet 
auquel  il  a  appartenu  ;  quelques  segments  de  cercles  nette- 
ment conservés  permettent  de  se  rendre  assez  bien  compte 
de  l'aspect  général  de  cet  objet. 

La  plaque,  dans  son  intégrité  originaire,  présentait  fort 
probablement  la  configuration  d'un  carré  de  0»2d0  de  edté, 
avec  une  épaisseur  d'environ  un  centimètre.  Le  carré  enfer- 
mait deux  cercles  concentriques,  distants  l'un  de  l'autre  de 
On033  et  dont  le  plus  grand,  par  ses  diamètres  dans  le  sens 
vertical  et  horizontal,  se  rapprochait  de  très  près  (0"003)  de 
la  ligne  marginale  du  carré,  sans  être  toutefois  tangente.  Le 
cercle  qui  s'y  trouvait  inscrit  n'était  pas,  comme  loi,  conttnn, 
il  s'interrompait  à  la  rencontre  de  courbes  transversales  des- 
sinant quatre  ellipses  à  court  foyer  et  absorbant  ensemble  on 
bon  tiers  de  la  surface  totale  de  la  plaque.  Ces  ellipses, 
symétriquement  disposées  dans  l'axe  des  diamètres,  for- 
maient à  la  partie  médiane  une  sorte  de  croix  équiiatérale 
sans  que  les  éléments  constitutifs  de  ses  bras  fussent  cepen- 
dant contigus. 

La  partie  subsistante  est  minutieusement  couverte  de  sculp- 
tures en  très  bas-relief,  dont  l'exécution  relève,  dans  son  prin- 
cipe, du  procédé  par  champlevé.  L'artiste,  après  avoir  enkfé 
le  champ  de  manière  à  donner  aux  sujets  figurés  un  relief  d'un 
millimètre  environ,  a  délicateikient  retouché  ceux-ci  au  burin 
pour  en  accentuer  les  détails  et  bien  faire  ressortir  chaque 
élément  du  motif  ornemental.  Grâce  au  soin  qu'il  a  pris,  U 
nature  s'en  reconnaît  sans  hésitation  et  la  critique  n'a  rien  à 
reprendre  à  son  œuvre. 

Elle  a  été  conçue  par  lui  dans  ce  style  oriental  qne  le 
butin  rapporté  des  croisades  a  particulièrement  fait  coonaitre 


—  408  — 

aux  pays  occideatanz.  L'inspiimUona'estpasdovteuBd)  BMie 
le  pastldie  n'est  pas  si  âhsohi  qa'il  n'ait  comporté  une  cer- 
taine liberté  d'allure  personnelle.  L'intérêt  de  la  jMèoe  s'en 
aceroit  peat*ôtre  an  pdnt  de  tue  artistique,  mais  il  devient 
d'autant  ji^los  difiiciie  de  trouver  dans  ses  caractère*  spéciaux 
le  moyen  d'indiquer  l'époque  à  laquelle  il  convient  de  la  rap« 
porter.  Le  fond  du  motif  est  l'affrontement  successif  de  deux 
animaux  se  dressant  plus  ou  moins  menaçants  en  face  Tun 
de  l'autre,  au  milieu  de  feuillages  touffus  dont  les  groupe- 
ments ascensionnels,  ou  disposés  en  rinceaux,  comportent 
invariablement  une  tige  uniformément  garnie,  de  droite  et 
de  gauche,  d'une  large  feuille  charnue,  à  court  pétiole,  avec 
une  fleur  largement  épanouie  à  son  extrémité.  Une  tige 
principale  ou  secondaire  s'interpose  toujours  entre  les  ani- 
maux qui  s'observent. 

Ces  animaux  semblent  avoir  été  exclusivement  choisis 
parmi  les  mammifères  et  les  oiseaux.  Dans  l'espace  triangu- 
laire déterminé  par  la  rencontre  de  deux  des  bords  de  la 
plaque  et  le  listel  qui  trace  le  grand  cercle,  un  gros  oiseau  au 
bec  puissant  et  de  forme  trapue,  paraissant  appartenir  à  la 
famille  des  corvidés,  surveille  les  mouvements  d'une  cigogne, 
dont  l'attitude  peut  à  bon  droit  lui  paraître  inquiétante  lùal- 
gré  raii)ri88eau  feuillu  qui  les  sépare.  Le  port  de  cet  arbris- 
seau et  le  développement  latéral  de  sa  ramure  relèvent  étroi- 
tement des  représentations  si  connues  du  h6me  ou  arbre  de 
vie  des  légendes  persanes. 

Une  autre  série  d'animaux  opposés  occupait  toute  la  zone 
délimitée  par  le  tracé  des  deux  cercles  concentriques.  On  y 
distingue  un  singe  assez  finement  rendu  qu'une  oie  ou  un 
butor  charge  avec  furie.  De  l'autre  côté  du  singe  et  derrière 
un  rameau  qui  sert  d'encadrement  à  une  nouvelle  scène,  se 
dresse  un  léopard  aux  griffeci^uissantes  et  de  tournure  héral- 
dique, que  la  cassure  de  la  plaque  a  séparé  de  son  antago- 
niste. 

Le  fragment  décrit  par  M.  Flouest  passe  sous  les  yeui  des 
membres  présents.  Leur  opinion  reste  assez  hésitante  sur 
l'époque  à  laquelle  il  convient  d'attribuer  la  plaque,  comme 
sur  sa  destination,  d'il  ne  paraît  pas  impossible  de  la  faire 


—  404  — 

remonter  jusqu'à  la  fin  du  moyen  âge,  rien  ne  s'oppose  non 
plus  à  ce  qu'on  lui  assigne  une  date  beaucoup  plus  réosnte. 
L'hypothèse  qui  parait  la  plus  vraisemblable  est  celle  qui 
attribue  ce  bas-relief,  d'un  trayail  si  soigné  et  si  fin,  à  La 
décoration  d'un  de  ces  meubles  dont  les  panneaux  de  bois, 
incrustés  de  métaux,  de  marbres,  de  pierres  précieuses,  se 
distinguaient  par  Téclat  de  la  couleur  ou  la  perfection  d'une 
mise  en  œuvre  artistique. 

M.  Molinier  lit  de  la  part  de  M.  de  Gessac  un  mémoire  sur 
une  épitaphe  qui  se  voyait  jadis  dans  Tabbaye  de  GrandmoDt 
et  que  les  auteurs  qui  Tout  publiée  ont  attribuée  à  tort  à 
Hugues  IX  de  Lusignan  ;  elle  se  rapporte  à  Hugues  XIII, 
mort  en  1303. 

Ce  mémoire  est  renvoyé  à  la  Commission  des  impressions. 


Séance  du  10  Mars. 
Présidence  de  M.  E.  Saqlio,  président. 

Ouvrages  offerts  : 
annuaire  de  la  Société  française  de  numismatiqMê  et  d^archèh 

logie^  janvier-février  1886.  Paris,  in-8*. 
AtH  délia  reale  Accademia  dei  Lincei,  an.  GGLXXXIU  (1885- 

1886),  série  IV,  t.  II,  fasc.  3.  Rome,  1886,  in-4'. 
Bulletin  critique^  publié  sous  la  direction  de  MM.  Duchesne, 

Ingold,  Lescœur,  Thédenat,  7«  année,  {•'  mars  1886,  in-8*. 

—  de  r Académie  d'Hippone,  n<>  21,  fascicule  3.  Bone,  1886, 
in-8<». 

—  de  la  Commission  des  antiquités  de  la  Seine-Inférieurt, 
t.  VI,  3«  livr.  Rouen,  1885,  ^-8*. 

•--delà  Société  des  Antiquaires  de  VOuest^  4»  trim.  Poitiers, 

1885,  in-8«. 
Bullettino  di  archeologia  e  storia  DalmcUa^  an.  IX,  n<*  1.  Spa- 

lato,  1886,  in-8*. 
Courrier  de  Vaugelas  (Le),  Onzième  année,  n*  1.  1886,  iii-8". 
Journal  des  Savants^  février  1886.  Paris,  in-4». 


_  405  — 

GoBBunr  (L'abbé  Jules).   L'MMtion  dm 
Amiens,  1885,  in-8*. 


^KM^w9m       ^^N^T^^^WMVr« 


Correspondance. 

M.  Bélisaire  Ledain,  présenté  par  MM.  Aubert  et  A.  de 
Barthélémy,  écrit  poar  poser  sa  candidature  à  la  place  d'as- 
socié correspondant  à  Poitiers.  Le  président  désigne  MM.  de 
MoDtaiglon,  Mûntz  et  Gourajod  pour  former  la  commission 
chargée  de  présenter  un  rapport  sur  les  titres  du  candidat. 

Travaux, 

M.  A.  de  Barthélémy  rend  compte  d'une  communication 
de  M.  de  Laigue,  relative  à  une  médaille  de  Néron,  sur  Teffigie 
de  laquelle  est  inscrite  la  contremarque  8.  P.  Q.  Il  y  a  lieu 
de  penser  que  l'empreinte  de  cette  contremarque  n'est  pas 
complète,  et  que  la  dernière  lettre  n*a  pas  marqué  sur  le  flan. 
Elle  devait  être  8.  P.  Q.  R.  8aulcy,  qui  s'est  beaucoup 
occupé  des  contremarques  des  monnaies  romaines  du  haut 
Empire,  a  constaté  que  cell&-ci  était  fréquente  sur  les  bronzes 
de  Néron.  Il  suppose  qu'aussitôt  après  la  mort  de  Néron  on 
s'empressa  de  la  placer  sur  ses  monnaies  en  signe  de  répro- 
bation ^ 

M.  Mowat  dit  qu'il  a  observé  dans  le  médaillier  de  la  ville 
de  Rennes  des  monnaies  de  bronze  frappées  par  d'autres 
empereurs  que  Néron  et  contremarquées  sur  l'effigie.  Il  a 
communiqué  cette  remarque  à  M.  de  8aulcy  après  la  publi- 
cation de  son  mémoire  sur  les  contremarques  paru  dans  le 
Journal  des  Savants. 

M.  de  Barthélémy  lit  une  autre  lettre  de  M.  de  Laigue 
relative  à  des  découvertes  qui  viennent  d'être  faites  sur  le 
territoire  de  Vico  Equense,  non  loin  de  Gastellamare.  Des 
travaux  de  voirie  exécutés  dans  cette  localité  ont  amené  la 
découverte  de  sépultures  contenant  des  vases  en  terre  cuite, 

I.  Cf.  JHevue  nwnitmatique,  1870,  p.  393  et  400.  —  Journal  det  Savante, 
i879,  p.  7S8.  —  Mélanges  de  numismatique,  1875,  p.  180.  —  Lenormant,  La 
monnaie  dans  ^antiquité,  t,  II,  p.  389. 


—  406  — 

en  bronze  et  en  verre  ;  entre  antres^  on  a  tronvé  un  Tase  eo 
verre  bleuâtre,  à  panse  arrondie,  muni  de  deux  anses  el 
d'un  couvercle,  plein  d'ossements  incinérés  et  renfermé  dans 
un  récipient  en  plomb,  à  couvercle  plat. 

M.  Pol  Nicard  lit  une  note  sur  des  fouilles  qui  ont  ét( 
faites  récemment  à  Woliishoffen,  auprès  de  Zurich.  Uik 
curieuse  palafitte  y  a  été  trouvée,  et  de  nombreux  objets 
dont  quelques-uns  sont  fort  élégamment  décorés,  y  ont  éU 
recueillis. 


Séance  du  1 7  Mars. 
Présidence  de  M.  Héron  de  Villbfosse,  vice-président. 

Ouvrages  offerts  : 

Annuaire  de  la  Société  (Témulaiion  de  la  Vendée,  Trente- 
deuxième  année,  1885,  in-8*. 

Atli  délia  reale  Accadenda  dei  Lincei,  an.  GCLXXXIII  (1885- 
1886),  série  IV,  t.  II,  fasc.  4.  Rome,  1886,  in-4«». 

—  délia  reale  Accademia  dei  Lincei.  Memorie  deUa  daue  à 
scienxe  moralij  storiche  e  fUologiche^  série  m,  t.  IX,  X, 
XI.  Rome,  1881,  in-4o. 

Bulletin  de  la  Société  scientijiquey  hittorique  et  arckéohgiqm 
de  la  Corrhe,  t.  VII,  4*  livr.  Brive,  1885,  in-8». 

Jokns  Hopkine  Universiiy  étudiée  in  historical  and  poUiiem 
science ,  4*  série  ;  II ,  Town  govemment  in  Rhode  IsUmd 
by  W.-E.  Forster;  in,  The  NarraganeHt  plantere^  bj 
Edward  Ghanning.  Baltimore,  1885,  in-8o. 

Mémoires  de  V Académie  de  VéNcluse^  t.  IV,  ann.  1885, 4«  trim. 
Avignon,  1885,  in-8<». 

—  de  r Académie  impériale  des  sciences  de  Saint-Pétershourg^ 
Vn»  série,  t.  XXXm,  n*  3.  Saint-Pétersbourg,  1885,  in-4«. 

Proceedings  of  the  Society  of  Antiquaries  of  London,  Nov. 

1884-juillet  1885.  Londres,  1885,  in-8«. 
Verhandlungen  des  kistoricken  Vereines  von  OberpfcUs  rnnd 

Eegensburg,  t.  XXXIX.  Stadtamhof,  1885,  in-^. 


-m-  X 


QHAfnLm  (Paal  su).  MtUMmx  pmur  ikùioért  primUwê  H 

imimiiê  dêPkommi.  i^86,  ift^*. 
*■*  PiMffc  êCMiptêê  f^êooÊtvttOit  MM  jÉynMnw  Mut  futwMf  » 

Chroffot,  Fmùière.  Paris,  1886,  ia-8*. 
Haionebé  (L'abbé  Daniel).  Les  charité  de  Saini-Bertin^  1. 1, 

848-4240.  SamUOmer,  t886,  ia.4«. 
Lastbtbib  (R.  db)  et  lAFàVBB-PoMTALis.  BUdiogrtq>hiê  dm 

trwMÉMX  kittonqueê  et  mtrehéohgiqitêi^  publiée  par  l$$  sœiétéi 

MMomitê  de  la  Framee,  2*  livr.  Paris,  1886,  iii-4*. 
LoBBAY  (Henri).  OrigiMm  froMqueê.  Paris,  1886,  in-8<».  |f 

Madldb  (R*  db).  Procédareê  poUHquei  du  règne  de  Louis  XII, 

Paris,  1885,  in-8<».  i|*^ 

I- 
Traoaux,  ^ 

M.  de  la  Guère  écrit  au  sujet  d'une  inscription  de  CSali-  ^^\ 

gula,  découverte  à  Bourges  et  publiée  en  1882  dans  les  ^ 

Mémoiree  de  la  Société  des  antiquaires  du  Centre.  Il  conteste 
la  lecture  qui  en  a  été  donnée  par  M.  Héron  de  Villefosse 
dans  le  Bulletin  de  la  Compagnie. 

M.  Héron  de  Villefosse  soumet  à  la  Société  un  moulage 
de  cette  inscription  qu'il  doit  à  Tobligeance  de  M.  de  la 
Guère  lai-4néme  et  sur  lequel  on  constate  la  trace  des 
lettres  martelées  qui  justifient  sa  lecture. 

M.  de  Geymûller  entretient  la  Société  d'un  dessin  de 

Ducerceau  représentant  un  temple  antique  ;  la  légende  de  ce 

dessin  nomme  ce  monument  le  temple  de  Diacolis;  M.  de 

Geymûller  ignore  quel  est  ce  nom,  et  demande  si  quelqu'un 

peut  lui  en  donner  l'interprétation. 

H 
M.  Joseph  Roman  lit  une  note  sur  les  renseignements  l 

archéologiques  que  Ton  trouve  dans  un  obituaire  de  Forçai- 

quier  récemment  découvert  par  M.  Auguste  Molinier  dans 

le  ms.  5248  de  la  Bibliothèque  nationale.  Cet  obituaire  donne 

la  date  de  la  consécration  de  l'église  de  Forcalquier  ;  elle  eut 

lieu  en  1408. 

1408,  21  avril. 
Anno  domini  millésime  CCCC®  VlUo  die  vicesima  prima 


—  108  — 

mensis  apiilis  reverendus  in  GhrîBto  pater  et  dominiiB  B 
Sistaricensis  episcopns  conflecravit  presentem  eocleaiam  beat 
Marii  exiatentibas  ibi  dominis  canonicis  dicte  ecdeaie. 

1416,  28  mai. 

Ânno  domini  millesimo  UH^  XVI,  die  ym  menais  madii 
fuit  factum  de  novo  brachinm  sanctissimi  Marii  in  civitat 
Avinionis  per  magistnim  Âniquinum  Lepot,  aarifabnn 
dicte  civitatià  Ayinionensis,  quod  brachium  aovnm  pondéra 
in  argento  sex  marches,  denarios  xv,  démpto  pede  deanrat 
qui  etiam  très  marchos  pondérât.  Habuit  magister  pro  fine 
tione  pro  quolibet  marche  argenti  florenos  très  et  fuit  depoi 
tatum  ad  ecclesiam  beati  Marii  in  presenti  loco,  die  xzyii 
dicti  mensis,  qui  erat  Assencio  domini,  per  venerabilen 
yÏTum  dominum  Anthonium  Rigaudi,  clericum  beneficiaton 
dicte  ecclesie. 

(Bibl.  nat.,  mss.  lat.  5248.  Obituaire  de  Saint-Mari  de  Forçai 
quier  et  de  Bodon.) 

M.  Mowat  revient  sur  la  question  des  monnaies  romain» 
contremarquées  ;  il  apporte  plusieurs  pièces  qui  prouvent  qu( 
la  contremarque  a  été  placée  sur  l'effigie  d'autres  empereun 
que  Néron,  il  en  montre  notamment  de  Tibère  et  d'Augusti 
contremarquées  sur  la  joue  ou  sur  le  cou. 

M.  Mowat  communique  ensuite  un  petit  bronze  romaic 
inédit,  d'origine  évidemment  africaine.  Il  a  pour  légende  : 

VAGAXA  •  T  •  TIRO  •  JSD 
et  au  revers  : 

MARATV8  •  PRiEF 

M.  Gh.  Robert  envoie  l'analyse  d'une  note  de  M.  Teminck 
relative  aux  marques  de  potiers  trouvées  dans  l'Artois  et  les 
fait  suivre  de  quelques  observations*. 

c  A  l'appui  des  observations  présentées  par  M.  Lièvre,  le 
4  juin  1884,  à  la  Société  des  antiquaires  de  France,  M.  Ter- 

1.  Voir  plus  loin  la  communication  de  M.  Bourgfade,  p.  Ii7.  [Note  de  la  Com- 
miition  dei  impresiions.] 


—  4H  — 

ninck  rappelle  les  observatiouB  formttléee  par  loi  en  1874 
dans  ficm  étude  «or  VMrébaiù  ei>  en  1880,  dans  celle  sar 
VArtois  Sfmterrain. 

f  D  fidt  remarquer  : 

c  1*  Que  les  noms  de  potiers  se  rencontrent  sur  les  vases 
des  trois  premiers  siècles  et  disparaissent  au  iv. 

f  2*  Que  les  noms  ALBV8  •  AVÏTV  •  VERBGVNDV8  se 
retrouvent,  le  premier  à  Rouvroi  et  à  Étaples  sous  la  forme 
ALBV8I,  le  deuxième  sur  une  poterie  de  Bavay,  le  troi- 
sième à  Rouen. 

*  •  3*  Que  rarement  le  môme  nom  se  trouve  répété  ou  4« 
moins  multiple  sur  les  vases  recueillis  dans  les  mêmes  lieux, 
cimetières,  dépôts  de  cuisine,  décharges  publiques. 

•  n  signale  la  rencontre  faite  au  vieil  Arras  de  moules  en 
pierre  calcaire,  de  coupes  élégantes,  ce  qui  le  porte  à  croire 
que  les  riches  propriétaires  fiusaient  fabriquer  dans  leurs 
domaines,  par  des  ouvriers  ou  des  esclaves  dressés  à  ce  tra- 
vail, les  vases  dont  ils  avaient  besoin. 

ff  H  rappelle  avoir  déjà  émis  l'opinion  que  tous  les  noms 
inscrits  sur  les  vases  ne  sauraient  être  ceux  des  fabricants  ; 
que  parfois  ils  désignent  le  propriétaire  ou  la  personne  à 
laquelle  on  voulait  les  offrir,  et  peut-être  dans  certains  cas 
l'esclave  chargé  de  cette  partie  du  service;  que  ces  noms  pré- 
cédés des  lettres  O.  OF  désignent  les  ateliers  publics,  ceux 
accompagnés  des  lettres  M.  ou  F.  indiquent  les  esclaves  X)u 
ouvriers  qui  les  ont  Mts;  les  autres  lui  paraissent  être  ceux 
du  propriétaire.  » 

Après  avoir  donné  l'analyse  qui  précède  de  la  note  de 
M.  Teminck,  M.  Gh.  Robert  fait  observer  qu'elle  renferme 
de  très  bonnes  observations,  mais  qu'il  n'est  pas  certain  que 
la  fabrication  de  la  poterie  en  Gaule  ait  été,  dès  le  i***  siècle 
de  notre  ère,  aussi  active  que  le  pense  l'auteur.  C'est  à  tort 
aussi  que  M.  Terninck  considère  l'abréviation  du  mot  OFFI- 
GLNA  comme  indiquant  un  atelier  public. 


M.  d'Arbois  de  Jubainville  entretient  la  Société  d'un 
ouvrage  irlandais  qui  vient  de  paraître  et  qui  prouve  que  les 
palafittes  ont  été  en  usage  dans  ce  pays  jusqu'au  xvu«  si,ècle. 


—  IH  — 

Des  fovilles  oui  pfrMi»  de  rttromver  dtns  le»  pdafiltes  éa 
objets  d»  to«4e  époque^  dspuie  ll^e  de  pierre  JQS^l  tnc 
date  toute  voisine  de  nous. 


Séaûoe  du  %i  Mare. 

Présidence  de  M.  E.  Sàqlio,  président. 

Ouvrages  offerts  : 
Ammtdf  en  JnbHothèqtiêê  1  dm  arekàfêê  pmtr  1886.  Paris 

1886,  in-12. 
Bulletin  crtHqmêy  publié  sous  la  direction  de  MM.  Dachesne 

Ingold,  Lescœur,  Thédenat,  7*  année,  15  mars.  Par»,  1885, 

in^*. 

—  des  hibUoihèquêi  et  êee  arekhei,  publié  sous  les  auspkei 
du  ministère  de  l'instruction  publique,  an.  188$,  n*  2 
Paris,  1886,  in-8*. 

'^dela  Diana^  t  III,  n*  5,  supplément.  Montbrieon,  1886, 
in-8^ 
^dtlà  Société  d^étude  de$  ihuiee-Alpes,  188Î. 

—  {{6  la  Société  historique  et  archéologique  du  Périgoré^  t.  XIII^ 
livr.  1.  Périgueux,  in-8-*. 

Le  Gay-Lussac,  Revue  des  sciences.  Paris,  hi-8*. 

Mémoires  de  P Académie  des  sciences^  inscriptions  et  Mlet- 

lettres  de  Toulouse,  VIII«  série,  t.  Vil,  1»  et  2»  semestres 

Toulouse,  1885,  in-8*. 
Proceediugs  ofthe  Canadian  TnsUtute,  t.  XXXI,  février  1886 

Toronto,  1886^  in-8". 
Revue  africaine^  XXI«  année,  n*  174,  novembre-décembre 

1885.  Alger,  1886,  in-8o. 
Travaux  de  V Académie  nationale  de  Reims^  t.  LXII,  année 

1884-1885,  n«»  3-4.  Reims,  1886,  in-8r 
Guillaume  (L'abbé  Paul).  Le  mystère  de  saint  Anihoine  dâ 

Vienne,  publié  diaprés  une  copie  de  Pan  1506.  Gap,  1884, 

in-8^ 
Laïque  (L.  de).  Une  excursion  aux  ruines  des  haine  romains  de 

Massaciuecoli.  Paris,  1^6,  in-8*. 


—  411  ^ 

Uber  iMHnumUonm  mmnêHaUiÊm.  Ctuffulmn  du  Gmilmitt 

de  MomtjftlUtr^  publié  par  U  Sociélé  «xehtelogîqu*  de 
Moa4»elUer,  2*  !aBC.  Montpellier,  1885,  ln-4*. 

CorrtspimiaMce, 

M.  Tabbé  Godet,  curé  du  Pas-Saint-Lhdmeff,  présenté  par 
MM.  de  MoBtaiglon  et  Gourajod,  écrit  poar  poser  sa  candi- 
daiare  au  titre  d'associé  correspondant  national.  Le  président 
désigM  MBI.  Fkmest,  Molinier  et  Corroyer  pour  former  la 
eomiaisiioii  chaînée  de  présenter  un  rapport  sur  les  titres 
scientifiques  du  candidat 

Traoa/ux. 

M.  Gaidoz  offre  à  la  Compagnie  une  notice  bibliographique 
snr  feu  M.  Birch,  ancien  correspondant  de  la  Société.  Cette 
notice  est  accompagnée  d'un  portrait. 

M.  Môntz  lit  une  notice  sur  quelques  artistes  avignonnais 
da  pontificat  de  Benoit  XIII  : 

c  Dans  la  dernière  séance,  notre  confrère  M.  Roman  a 
entretenu  la  Compagnie  d*un  orfèvre  du  nom  de  Hennequin 
Lepoft,  qui  travaillait  à  Avignon  en  1416.  Les  documents  que 
j'ii  recueillis  sur  Thistoire  des  arts  à  Avignon  au  xiv*  et  au 
XT*  siècle  me  permettent,  si  je  ne  m'abuse,  d'ajouter  quelques 
détails  à  la  biographie  de  ce  maître. 

c  Et,  tout  d'abord,  qu'il  y  ait  identité  entre  Torfèvre  Henne- 
^In  Lepot,  signalé  par  M.  Roman ,  et  l'orfèvre  Johannes 
Alpot,  mentionné  par  mes  documents,  c'est  une  hypothèse 
que  l'on  peut  produire  sans  trop  de  témérité.  Hennequin, 
oottaeon  sait,  est  la  forme  flamande  de  Jean.  Quant  à  Alpot 
au  lieu  de  Lepot,  cette  différence  surprendrait  plus  justement, 
sil'sBneconnaissait  kss  fantaisies  orthographiques  des  scribes 
du  moyen  âge  ou  de  la  Renaissance. 

«  Nos  documents  nous  montrent  qu'en  1405,  «  magister 
i  Johannes  Alpot  argentarius  i  travaillait  pour  la  cour  ponti- 
ficale; il  exécutait  à  ce  moment  pour  elle  le  harnachement  ou 
pbis  exactement  le  chanfrein  de  la  mule  du  pape,  véritable 
ouvrage  d'orfèvrerie,  car  il  était  orné  de  quarante  grands 


—  IIS  - 

émaux  et  de  treat^-eept  f>etit8,  non  compris^  quatre  émaux 
recouvrant  le  sommet.  Ge  chanfrein  était  destiné,  ainsi  que 
plusieurs  autres  ouvrages,  qui  avuent  également  pour  auteur 
Jean  Âipot,  à  être  envoyés  au  pape,  qui  se  trouvait  alors  à 
Nice.  L'émailleur  chargé  de  compléter  Tœuvre  de  maître 
Johannes  s'appelait  Guigon^ 

ff  1405.  —  31  mars,  liiartino  Pamperati.campsori  avinion. 
pro.  XVI  marchis  argent!  fiai  ab  eo  receptis,  precio  vn  flor. 
curr.  XV  s.  pro  inarcho,  traditis  mag»>  Johanni  Alpot  êig^' 
tario  avij».  pro  freno  mulari  (iic)  de  novo  per  eum  facto  pro 
servicio  dfii  firi  pape  cxxn  fl.  çurr. 

c  Et  pro  vn  marchis,  im  unciis,  xu  d.  argenti  curie  ab  eo 
receptis  precio  vn  flor.  curr.  vi  s.  pro  marco  et  traditis  pre- 
dicto  msiff^  Johanni  pro  dicto  freno  uiu  flor.  curr.,  xxi  s. 

c  Et  quos  dictus  Martinus  tradidit  eidem  magistro  Joanni 
pro  suo  labore  pro  factura  predicti  freni  quod  ponderavit 
xxui  march.,  un  une,  xu  d.  ad  racionem  mi  flor.  curr.  pro 
march.  xcim  fl.  curr.,  vim  s. 

c  Et  pro  xl  magnis  smaltis  pro  dicto  freno  fiictis  precio 
vmi  s.  pro  quolibet  smalto,  xv  fl.  curr.,  quos  dictus  Marti- 
nus solvit  dicto  mag~  Guiguoni  qui  fecit  dictos  smaltos  et 
quos  dictus  Martinus  solvit  dicto  magistro  Guiguoni  pro. 
factura  xxxvu  smaltorum  minorum  precio  xn  d.  pro  quo- 
libet pro  eodem  freno,  i  fl.  curr.  xiu  s. 

c  Et  pro  mî9'  aliis  smaltis  positis  supra  pomellum  testerie 
dicti  freni  xu  s. 

c  Et  pro  aliis  n.  smaltis  factis  pro  mostra  (me)  quos  habuit 
dfls  Johannes  Romani,  xvi  s. 

«  Et  pro  duabus  chapis  de  argento  fino  ponderis  v  une, 
xn  d.  factis  pro  mostra  et  quas  etiam  habuit  dfis  Johannes 
Romani,  v  fl.  curr.,  vi  s. 

«  Et  pro  feuîtura  earumdem  duarum  chaparum  ad  racionem 
nn<>''  fl.  curr.  pro  marco,  xvm  s. 

c  Et  pro  mossu  [sic)  ferreo  dicti  freni  xvi  s.,  que  omnia 

i.  Dei  nombreux  joyaux  commandéi  par  Banott  XIII,  e'ett  à  paina  ai  Toa  peut 
citer  encore  le  calice  que,  d'aprdi  la  tradition,  il  a  offert  à  la  cathédrale  de  To^ 
tosa,  en  Espagne.  Ce  précieux  petit  monument  a  été  gnré  dani  le  Magasin  pit- 
tortiçw,  t.  XXXI,  1868,  p.  101.      ' 


i 


—  448  — 

fuenmt  missa  apud  Niciam  predicto  Martino  recipienti  pre- 
cium  omniam  predictorum  :=  fl.  ca.  n^  xxxvin,  8.  m. 

«  Item  eadem  die,  ultima  dicti  mensis  marcii,  fuerunt 
solnti  eidem  Martino  Pamperati  pro  im^  spinolis  seu  acu- 
bus  retortis  de  argento  deaurato,  ponderis  xm  den.  quas  fecit 
fieri  pro  dao  firo  papa,  xxim  s. 

f  Et  pro  una  uncia  argenti  posiii  in  naveta  dfti  ftri  pape 
ultra  illud  quod  jam  erat,  xxiin  s. 

«  Et  pro  factura  smaltorum  ensis  hcii  pro  nocte  nativita- 
tis  dSi  proxime  preterite,  vi  sol.  Et  pro  factura  vi  smalto- 
nim  turribuli  et  navete  dili  Ari  pape  xvi  s. 

f  Et  pro  mior  boclis  seu  fevellis  et  uii«'  pendentibus  de 
argento  deaurato  pro  sotularibus  dili  firi  pape  ponderis  xxi 
deo.,  xxxYi  s. 

a  Et  pro  factura  un  parvorum  scutorum  de  argento  eum 
armis  dfii  firi  pape  et  ecclesie,  xvi  s. 

f  Et  pro  bruniendo  seu  mundando  amolas  (sic)  argenti  pro 
crismate  et  balsamo  dfii  firi  pape,  vm  s.  Et  pro  v  unciis,  vi  d. 
perlarum  ab  eo  emptis  pro  manipule  novo  dfii  firi  pape  xliii  fl. 
curr.  Ti  d. 

f  Et  pro  uno  saphiro  xv  flor.  curr.  Et  pro  tribus  bonis 
balassis  xli  fl.  curr.  vi  s.  Et  pro  aliis  tribus  balasiis  non 
ita  bonis  xm  fl.  carr.,  xn  s.,  pro  rosa  presentis  anni,  que 
omnia  fuerunt  missa  apud  Niciam  dicto  Martino  recipienti 
predum  omnium  flor.  ca.  Lxxxxnn  s.  xvi  d.  vi.  —  A.  8.  V. 
Int.  et  Ex.  Cam.  1404-1405,  n*  376,  fol.  187  et  188. 

c  30  juin.  Martino  Pamperati  factori  Johannis  Retron- 
chini  quos  solvit  Lancelucho  corraterio  pro  corretagiis 
m™  franc,  per  dfim  thesaurarium  hic  receptorum  et  sol- 
vendorum  Parisiis  per  dfim  coUectorem  Parisiensem  duo 
flor.  ca. 

«  Et  pro  quibusdam  tachetis  de  argento  deaurato  factis  per 
magistrum  Johannem  Alpot  argentarium,  pro  sella  dfii  firi 
pape,  ponderis  xi  unziarum,  xii  den.  precio  xxi  gross.  pro 
uncia,  xx  flor.  curr.  vi  s. 

a  Et  pro  una  cruce  de  crupo  (sic)  *  deaurata  facta  per  die- 

1.  Pour  tt  cQpro.  » 

▲NT.  BULLETIN.  8 


I 


tum  mag^i^  Johanaein  prq  freno  equi  dni  fin  pfype  u  fl. 
curr.,  iiM  gros. 

«  ^t  pro  iiii  unz.,  xyn  den.  de  argentp  ûno  pro  xv  smaitis 
faptis  pro  frepi^  et  cum  armis  dfii  hr\  pape  et  pro  factura 
eQrqm  vu  fl.  çurr.,  xt  s.,  yi  d. 

c  Et  pro  bruniendo  iiiio'  frena  de  predictis,  duo  flor.  curr. 

X  8. 

.  ff  Et  quos  tradidit  magro  jSuigoni  esmallatori  pro  y» 
miigois  smaitis  per  e^m  factis  pro  pede  ypiaginis  sancti 
Yinc^iicii,  très  fl.  ciipr*  Et  pro  portando  vaxellam  argenti 
quam  tenet  in  pignore  Jobannes  fletroncbini  de  palacio  ad 
dpmuin  su^m  m  s.,  dicto  Martine  recipjente,  yK[e^i  flor.  ca. 
x^x,  s.  ]^xui,  d.  yi.  —  Ibid.,  fol  237  v. 


c  ^e  ne  quitterai  pas  ce  sujet  sans  produire  quelques  docu- 
ments propres  à  montrer  quels  éléiiients  nouvei^ux  le 
déppuillement  des  i^rcl^iyes  du  Vatican  dpit  ajouter  à  l'his- 
toire de  Tart  a»  mpyen  4go. 

c  Qn  sait  CQQ^bien  fut  agité  le  pontiQcat  de  Pierre  de 
Luna,  devenu  l'antipape  Benoit  XIII.  Dans  le  cours  de  son 
existence  s|  avei^tureuse,  les  n^ocalinies  sont  rares,  {^a  période 
dont  je  in'occuperai  aujqurd'hui  est  celle  qui  s*étend  de  son 
arrivée  à  Ms^rseille,  eu  janvier  i404,  à  son  départ  pour 
Gênes,  en  mai  1405. 

ff  Les  maîtres  d'œuvres  attachés  au  service  de  Benoit  Xin 
sont  pendant  cet;te  période  : 

f  *  f  Jobannes  Garcie  canonicus  cordubensis  exercens  offî- 
ff  pium  Qperum  palacii  dfii  flri  pi^pe  (1404-1405).  •  Cet  artiste 
trf^vaille  successivement  aH  monastère  de  Saint-Victor,  à 
l^f^fseille,  au  cbàteau  de  Nice,  au  coi^yent  des  Franciscains 
de  Gènes  et  au  t  castelletum  i  de  la  même  ville. 

2*  <  Ppininu^  Didt^^us  Navarre,  Nayarri  ou  ^avarrii,  direc- 
«  tor  pperis  rupis  dominp  Qostre  de  Doi^is  »  ou  c  operis  mûri 
«  novi  super  rupem  Aviuipnensem  (1404-1405).  t  Le  travail 
confié  à  ce  maître  était  mené  avec  |)eauçoup  de  vigueur, 
comme  op  pei|t  juger  par  les  versements  qui  s'élevaient 
jusqu'à  480  florins  à  la  fois. 

t  Pour  la  peinture,  je  relève  les  noms  de  c  magister  Ber- 


—  4U  — 

•  trandns  pictor  avinionensis  (1404),  »  et  de  c  Nicolaus  pictor 
ff  Nide...  in  Castro  Nicie  (1405).  i 

<  Le  charpentier  c  Johannes  Gaufinet  fustarius  palacii  dfti 
f  Sri  pape  »  travaille  en  1405  pour  le  compte  de  Benoit  XIII 
à  Savone  et  à  Nice. 

•  Ciommo  orfèvres,  nous  rencontrons,  en  1404- 1405 ^ 
c  magister  Rubinus  de  Anelha  (ailleurs  Donelha)  aigenta- 
«hus,  9  l'auteur  d'une  des  roses  d'or  distribuées  par 
Benoit  XIII,  t  Crerardinus  qui  facit  relogia  (horologia)  pro 
f  una  acu  sive  spera  ad  cognoscendum  boras  pro  ddo  flro 
i  papa,  »  et  c  magister  (^aus  Rehauver  argentarius,  »  ou 
i  Nicolaus  Hauver.  i 

f  La  broderie  est  représentée  par  c  Petrus  Orge,  magister 
«  pannorum  et  velorum  de  sirico,  i  par  •  Andréas  de  Frezen- 

•  gis,  brondator  dfii  iiri  pape,  »  par  c  Henricus  Amoin  bron- 
c  dator.  i 

f  Si  ces  quelques  notes  paraissent  à  la  Compagnie  de 
nature  à  l'intéresser,  je  me  ferai  un  plaisir  de  les  compléter 
dans  une  de  nos  prochaines  séances  par  des  documents  sur 
les  autres  parties  du  pontificat  de  Benoît  XIII.  » 

M.  Gourajod  lit  un  mémoire  sur  un  groupe  de  marbre 
conservé  au  Musée  du  Louvre,  représentant  des  enfants,  que 
l'on  attribue  à  Pierre  Puget.  Il  démontre  que  ce  groupe,  que 
Ton  a  confondu  à  tort  avec  un  autre  morceau  de  sculpture 
provenant  du  Musée  des  Petits- Augustins  et  conservé  actuel- 
lement à  rÉcole  des  beaux-arts,  n'est  pas  de  Puget,  mais  de 
son  principal  collaborateur,  le  sculpteur  Veirier. 

M.  Mowat  revient  sur  la  communication  qu'il  a  faite  à  la 
dernière  séance  d'une  monnaie  inédite  d'Afrique.  Il  propose 
d'identifier  le  nom  de  VAGAXA  qui  s'y  lit  avec  celui  de 
Bagaxi,  ville  de  la  Maurétanie  Tingitane,  mentionnée  par 
Ptolémée. 

M.  l'abbé  Thédenat  fait  la  communication  suivante  : 
«  Un  assez  grand  nombre  d'auteurs  ont  introduit  dans  le 
panthéon  romain  une  déesse  Cura.  L'existence  de-  cette  divi- 
nité repose  sur  des  text^  d'auteurs  et  sur  un  monument 
épigraphique. 


—  446  — 

f  Hygin  raconte  que  Cura  traversant  un  fleuve  prit  du 
limon  et  en  forma  le  corps  de  i*homme,auqnelJQpiter  donna 
la  vie.  Cnra,  Jupiter  et  la  Terre  se  disputèrent  ensuite  Thon- 
nenr  de  dénommer  cet  être  nouveau.  Saturne,  pris  pour 
juge,  décida  que  Jupiter  posséderait  le  corps  de  l'homine, 
que  celui-ci  serait,  pendant  toute  sa  vie,  sous  la  dépendance 
de  Curay  enfin  que  la  Terre  (humus),  dont  il  était  formé,  loi 
donnerait  son  nom  (komo)*,^ 

ff  On  cite  aussi  plusieurs  textes  de  poètes  dont  le  princi- 
pal est  de  Virgile  : 

Vêstibulum  ante  ipsum  primitque  in  faucibus  Orci 
Luclui  et  uUricet  poiuere  cvbUia  Curae  '. 

«  La  fable  d'Hygin  ressemble  fort  à  un  apologue  ;  les  vers 
de  Virgile,  surtout  si  on  les  compare  au  contexte,  et  les 
autres  textes  allégués  ne  semblent  être  que  des  personnifi- 
cations poétiques. 

t  Le  texte  épigraphique  est  gravé  sur  une  de  ces  coupes 
qui  portent  les  noms  d'anciennes  divinités  du  Latium. 
M.  Mommsen,  qui  n'a  pas  vu  la  coupe,  donne  le  texte  de 
rinscription  sous  toute  réserve,  d'après  des  indications  indi- 
rectement fournies  par  le  P.  Garrucci  : 

œERAE  •  POGOLO» 
i  Mais  le  P.  Garrucci,  qui  a  publié  cette  même  inscription 
après  M.  Mommsen,  propose  sa  copie  comme  des  plus  incer- 
taines, le  monument  étant  perdu  : 

GOFRA  •  POCOLO 
peut-être  GOIRA^ 

s  M.  Zangmeister  a  trouvé,  chez  un  antiquaire  d'Horta, 
le  dessin  d'une  coupe  analogue  qui  donne  un  plus  grand 
crédit  à  la  lecture  GOERAE;  toutefois,  ajoute  sagement 
G.  Wilmanns,  c  ab  explicatione  satius  est  abstinere'.  » 

c  Dans  un  mémoire  récent,  M.  Jordan  a  réuni  toutes  les 


I.  Hygin,  Fabulae,  cxx. 
«.  jBn„  1.  VI,  T.  278. 

3.  Corp.  ifuer.  lot.,  t.  I,  n*  45. 

4.  SiUoge  inseriptionum  rotnanarum^  n*  478. 

5.  Bphemeris  «pigntphiea,  l.  1,  p.  8,  n»  6. 


—  447  — 

variantes  proposées  par  les  dilTéients  éditeurs  de  cette  ins- 
cription^; il  se  prononce  pour  la  lecture  GOERAË,  équiva* 
lente  à  GURÂE.  Son  choix  ne  saurait  être  regardé  comme 
absolument  certain  en  l'absence  du  monument  ;  il  est  tout 
au  moins  très  soutenable. 

c  En  tout  cas,  quand  même  la  lecture  curae  serait  admise, 
je  ne  crois  pas  qu'on  puisse  établir  le  moindre  rapport  entre 
la  Cura  des  poètes  classiques  et  cette  divinité  latine  archaïque, 
dont  le  nom  même  reste  incertain,  dont  la  nature  ne  peut 
être  établie  que  par  des  rapprochements  ingénieux,  mais 
hypothétiques^. 

«  Il  est  donc  fort  probable  que  la  déesse  Citra,  de  l'époque 
classique,  n'a  jamais  été  qu'une  personnification  poétique 
du  chagrin,  comme  dans  ce  vers  bien  connu,  imité  d'Horace  ; 
Le  chagrin  monte  en  croupe  et  galope  avec  lui.  » 

M.  de  Bourgade  demande  la  parole  et  s'exprime  en  ces 
termes  : 

«  M.  CJh,  Robert  a  communiqué  dans  la  dernière  séance 
une  note  dans  laquelle  M.  Temink  résume  les  observations 
qu'il  a  pu  faire  dans  ses  nombreuses  fouilles,  pratiquées  au 
N.-E.  de  la  France,  sur  la  poterie  gallo-romaine  rouge. 

c  Elles  peuvent  se  résumer  sous  deux  chefs  principaux  : 
1»  Fixation  de  la  période  durant  laquelle  ce  genre  céramique 
a  été  employé  dans  la  région  du  nord.  2»  Interprétation  des 
estampilles  relevées  sur  ces  poteries. 

c  Le  premier  point  présente  un  fort  grand  intérêt;  il  per- 
met de  contrôler  un  fait  important  établi  par  le  D^  Plicque 
dans  ses  fouilles  de  Lezoux.  En  effet,  la  région  explorée  par 
M.  Ternink  était  uniquement  approvisionnée,  ainsi  qu'il 
résulte  de  nos  recherches,  par  les  ateliers  céramiques  d* Au- 
vergne, durant  la  période  d'occupation  romaine  des  Gaules. 


1 .  TaxMa  voleente  eon  Uerisione  latina  arehaiea,  dans  Annalli  deW  intti- 
tuto  areheologieo  di  Koma^  L  LV1,  1884. 

2.  Id.,  ibid.^  p.  13-14.  —  Sur  la  déesse  cura,  cf.  Jacobi,  Dictionnaire  mytho- 
logique  y  traduit  par  Bernard,  t*  cura;  —  Pauly,  Bealeneyclopaedie  ;  —  Vincent  de 
Vit,  Onomastieon  ;  —  Aus/\trliches  Lexicon  der  grieçhitchen  und  rœmitche^t 
Mythologie. 


:i; 


—  448  — 

Il  en  résulte  que  lee  obeervations  relevées  par  les  explora- 
teurs de  cette  région  sur  la  poterie  rouge  ont  un  rapport 
direct  avec  les  fouilles  de  Lezoux. 

f  M.  Ternink  n'a  jamais  rencontré  de  poteries  rouges  en 
dehors  des  terrains  et  des  monuments  remontant  anx  trois 
premiers  siècles  de  notre  ère. 

«  Ainsi  formulée,  cette  proposition,  \raie  dans  son 
ensemble,  ne  peut  cependant  pas  être  admise  dans  toBte  sa 
riguenr. 

c  M.  Piicque  a  en  effet  démontré  d'une  manière  rigoureuse 
que  les  fabriques  arvemes  de  céramique  avaient  disparu  dans 
le  milieu  du  m*  siècle,  probablement  lors  de  l'invasion  de 
Ghrochus,  durant  laquelle  fut  détruit  le  temple  de  Vasso- 
Galate,  dont  on  a  retrouvé  les  restes  sur  le  sommet  da  Puy- 
de-Dôme.  Â  ce  moment,  du  reste,  la  poterie  rouge  touchait 
à  son  déclin  ;  la  mode  en  était  en  partie  passée  et  les  pro- 
duits des  fabriques  arvemes  qui  étaient  encore  en  circula- 
tion sentaient  la  décadence.  La  catastrophe  du  m*  siècle  mit 
donc  fin  à  une  situation  qui  n'aurait  pas  tardé  à  se  dénouer 
toute  seule,  par  Tarrèt  volontaire  de  la  fabrication,  ainsi  que 
cela  s'était  déjà  passé  à  Aretium. 

ff  II  faut  donc  diminuer  de  cinquante  ans  environ  la  période 
indiquée  par  M.  Ternink,  et  dire  que  la  poterie  rouge  ne  fut 
plus  employée  dans  le  Nord  d'une  manière  générale  après  la 
première  moitié  du  iii«  siècle.  Il  se  peut  que  d'antres  fabriques, 
comme  celle  de  Rheinzabem,  aient  expédié  à  ce  moment  de 
la  vaisselle  dans  cette  région,  mais  ce  fut  une  exception  qui 
ne  peut  en  aucune  façon  amoindrir  la  règle  générale  que  nous 
venons  de  poser. 

a  D'un  autre  côté,  M.  Piicque  a  démontré  que  la  fabrica- 
tion de  la  poterie  rouge  en  Auvergne  remonte  seulement 
aux  premières  années  du  h«  siècle.  Pendant  le  i*'  siècle,  on 
ne  fabriqua  que  des  poteries  à  pâtes  jaunes  ou  noires,  des 
poteries  blanches  à  peinture,  semblables  à  celle  dont 
M.  Piicque  a  publié  un  fac-similé  dans  la  Gazette  archéolo' 
gique,  et  enfin  les  admirables  poteries  que  nous  désignons 
sous  le  nom  de  poteries  roses  et  dont  le  fabricant  Atepamanu 
poussa  si  loin  la  perfection. 


^  449  — 


é  Là  poteiie  rouge  propretîietit  dite,  qui  fut  une  sorte  de 
renaissance  de  la  fabrication  d'Aretium,  ne  fil  son  apparition 
qu'au  n*  siècle,  probablement  avec  Id  pdtier  LQmrUu. 

c  II  fiiut  donc  restreindre  encore  la  proposition  de  M.  Ter- 
nink  et  dire  que  1&  poterie  rouge  gallo-romaine  ne  se  retrouve 
dans  les  régions  tributaires  des  fabriques  arvemes  que  pen- 
dant une  période  de  cent  cinquante  ans,  allant  des  premières 
années  du  n*  siècle  à  la  moitié  du  m*. 

■  Celles  d'une  autre  époque  n'appartiennent  pas  à  la  fabri- 
cation arreme  et  sont  alors  en  infime  minorité. 

c  Avant  peu,  nous  pourrons,  le  ]>  Plicque  et  moi,  établir 
dans  cette  période  des  sous-divisions  qui  permetth)nt  d'ap- 
porter encore  plus  de  précision  dans  la  filàiion  de  l'ftge  des 
différentes  variétés  de  poteries  rouges. 

c  La  seconde  partie  de  la  note  de  M.  Temink,  qui  a  trait 
à  l'interprétation  des  estampilles  relevées  sur  ées  poteries, 
appelle  de  nombreuses  critiques. 

c  M.  Temink  pense  qu'il  ne  faut  pas  toujours  voir  dans 
ces  marques  la  signature  du  potier,  mais  qu'on  a  souvent 
affaire  au  nom  du  propriétaire  du  vase.  Je  ne  crois  pas  que 
cette  manière  de  voir  puisse  être  admise  à  l'heure  actuelle. 
Il  est  aujourd'hui  démontré  par  de  nombreux  faits,  sur  les- 
quels il  serait  trop  long  d'insister  ici,  que  ces  marques  he 
sont  pas  autre  chose  que  la  signature  de  l'ouvrier  potier.  Le 
D'  Plicque  pense,  avec  de  nombreuses  preuves  à  l'appui,  que 
ces  marques,  très  souvent  réduites  à  l'état  de  sigles,  ser- 
vaient uniquement  à  différencier  l'ouvrage  des  employés  de 
la  même  fabrique,  afin  de  reconnaître  plus  facilement  pour  la 
paie  la  somme  du  travail  de  chacun  d'eux. 

c  Quant  à  la  terminaison  offibina  que  Ton  relève  sur 
quelques-unes  de  ces  estampilles,  et  où  M.  Ternink  voudrait 
voir  la  marque  d'ateliers  publics,  elle  désigne  des  ateliers 
particuliers  appartenant  à  des  fabricants  comme  Borillbs, 
Libertus,  Mammus,  etb...,  dont  nous  avoxls  retrouvé  de  nom- 
breuses traces  dans  nos  fouilles.  Nous  ne  croyons  pas  qu'on 
ait  jamais  signalé  l'existence  d'ateliers  publics,  et  du  reste  il 
serait  difficile  de  concilier  cette  opinion  avec  la  fbrihule 
même  de  ces  estampilles  où  le  mot  oficina  est  toujours 


lii 


—  420  — 

accompagné  du  nom  d'un  particulier,  évidemment  le  pro- 
priétaire de  Tatelier. 

«  Quant  aux  terminaisons  M  ou  MA,  il  ne  faut  pas  ton- 
jours  y  voir  une  abréviation  du  mot  MANV.  Dans  la  géaé- 
raiité  des  cas,  c'est  bien  là  la  véritable  interprétation  ;  mais, 
quelquefois,  ces  lettres  finales  appartiennent  au  nom  lui- 
même  de  l'ouvrier,  qu*on  a  abrégé  de  façon  à  faire  porter  la 
coupure  précisément  sur  ces  lettres.  Nous  en  trouvons  un 
exemple  dans  le  nom  d'ATEPOMARVS,  qui  eat  souveni 
libellé  ATEPOM.  et  ATEPOMA.  Il  serait  facile  de  citer  d( 
nombreux  faits  analogues. 

c  De  même  la  terminaison  0  ne  doit  pas  toujours  étn 
prise  comme  l'abréviation  à!offlcina.  Bien  au  contraire,  on  ne 
doit  la  considérer  comme  telle  que  lorsqu'une  estampille 
déjà  connue  vient  confirmer  la  lecture  ;  comme  dans  le  cat 
de  Testampille  BORILLIO,  dont  la  lecture  est  donnée  pai 
l'inscription  connue  BORILLI  OFFIGINA.  Mais  ces  &iU 
sont  très  rares.  La  lettre  0  est  souvent  Pabréviation  du  mol 
opus  employé  comme  similaire  de  la  formule  MANV.  Dans 
d'autres  cas,  la  lettre  0  appartient  au  nom  lui-même,  témoiD 
ATEPO  pour  ATEPOM ARV8.  Enfin,  dans  certains  cas,  0 
est  la  terminaison  même  du  nom,  comme  dans  ILLIXO, 
BILLICaSDO,  etc.  » 


Séance  du  31  Mars. 

Présidence  de  M.  E.  Saolio,  président. 

Ouvrages  offerts  : 
Aarboger  for  nardisk  oldkyndighêd  og  historié^  1886,  livr.  1. 

Gopenbague,  in-S». 
AUi  délia  reaU  Accademia  dei  Lincei,  ann.  GGLXXXIII,  1885- 

1886,  série  IV,  t.  II,  fasc.  5-6.  Rome,  1886,  in-8«. 
Bullelin  de  la  Société  des  antiquaires  de  Picardie,  t  XV, 

1885-1886.  In-8o. 
Bxdlettino  di  archeologia  e  storia  dalmata^  anno  IX,  n»  3.  Spa- 

lato,  1886,  in-8*. 


—  424  — 

Kmrtêtpimdmutblaii  der  WêHd€iit$chêm  Znlsckrift  fur   Ge- 

tehickte  mmd  Kwstj  5*  année,  mars  1886.  Trêves,  in-8«. 
Remie  hêlgt  de  muniitÊoUquê^  42*  année,  2*  livr.  Brnxelles, 

1886,  in-8o. 
Rime  poitmmê  et  saMongeoiiê^  n9  24,  février,  1886.  In-8<». 
SmitkâoniaM  institution;  ammo/  report  for  tke  ywr  1883. 

Washington,  1885,  in-8*. 
Robert  (Charles).  O^^uttii*,  dûn  d%  V éloquence^  flgure^t-U  sur 

les  monnaies  armoricaines?  Paris,  1886,  in-8*. 
—  Qudgues  mots  sur  le  mobilier  préhistorique  et  sur  le  (io»- 

ger  d^y  comprendre  des  objets  qui  n*en  /ont  pas  partie. 

Paris,  1886,  in-8». 

Travaux. 

M.  le  Président  fait  part  à  la  Compagnie  de  la  mort  de 
M.  Tabbé  Tourret,  associé  correspondant  à  Perpignan. 

M.  A.  de  Barthélémy  présente  à  la  Compagnie  deux 
notices  de  M.  Ch.  Robert  : 

•  Ces  deux  notices,  bien  que  très  courtes,  méritent  d'être 
signalées  à  cause  des  conseils  très  sensés  que  notre  confrère 
donne  aux  archéologues  qui,  entraînés  par  leur  imagination 
ou  par  des  partis  pris,  sont  conduits  à  poser  comme  prouvées 
des  déductions  tré»  hypothétiques.  Toutes  deux  ont  été  lues 
à  l'Académie  des  inscriptions  et  belles-lettres. 

t  La  première  notice  esta  l'adresse  des  numismatistes  qui 
supposent  trop  d'érudition  aux  graveurs  de  coins  des  Gau- 
lois. Certaines  monnaies  armoricaines  représentent  un  profil 
humain  entouré  de  deux  ou  trois  petites  tètes  qui  y  sont 
rattachées  par  des  cordons  de  perles;  des  numismatistes 
crurent  y  voir  une  image  de  TOgmius  de  Lucien  enchaînant 
à  sa  parole  ses  auditeurs;  Longpérier,  M.  Hucher,  moi- 
même,  je  le  confesse,  nous  avons  été  séduits  par  cette  hypo- 
thèse. M.  Robert  établit  que  nous  nous  sommes  trompés  et 
propose,  sous  toutes  réserves,  de  n'y  voir  qu'un  souvenir  de 
l'habitude  qu'avaient  les  Gaulois  de  faire  des  trophées  avec 
les  têtes  des  ennemis  tués  en  combattant. 

•  L'autre  notice  est  consacrée  à  un  vase  appartenant,  sui- 


vant  les  classifications  adoptées,  aux  temps  àii»  préhùtariqm^ 
et  contenant  un  trésor  de  montiaieS  gauloises  du  n«  siècle 
avant  Fëre  chrétienne;  puis  des  haches  en  pièrie  polie 
recueillies  dans  une  maison  byzantine  avec  des  inonnaies 
des  IX*  et  x*  siècles.  De  ces  detix  faits,  M.  Oh.  Robert 
conclut  que  Ton  se  presse  trop  de  partager  le  passé  en 
grandes  divisions  tranchées  au  point  de  vue  du  mobilier  et 
des  armes  ;  que  Ton  doit  admettre  que  des  objets  grossiers 
ont  continué,  pendant  de  longues  périodes,  à  être  fabriqués 
et  employés,  alors  môme  que  la  civilisation  créait  de  véri- 
tables objets  d'art  pour  les  classes  supérieures,  ({ui  pouvaient 
s'en  payer  le  luxe.  » 

M.  Gaidoz  dit  qu'on  a  employé  du  silex,  sous  le  nom  de 
pierre  de  tonnerre^  en  guise  d'amulettes,  jusqu'à  une  époque 
très  récente. 

M.  Molinier  communique  un  bronze  de  la  Renaissance 
qui  parait  être  l'empreinte  d'un  sceau  ayant  appartenu  an 
cardinal  Gibo,  dont  il  porte  les  armes.  Ce  bronze  est  la 
propriété  de  M.  Piette. 

M.  de  Montaiglon  ne  croit  pas  que  cette  pièce  puisse  être 
une  empreinte  de  sceau  ;  il  pense  qu'elle  a  dû  être  faite  pour 
orner  un  coffret.  M.  Molinier  admet  qu'elle  a  pu  être 
employée  pour  décorer  un  objet  quelconque,  mais  il  prouTe, 
par  d'autres  pièces  analogues  du  Musée  du  Louvre,  que  c'est 
bien  une  empreinte  de  sceau. 

M.  Gourajod  rapproche  de  cette  pièce  plusieurs  sceaux  de 
la  Renaissance. 


M.  de  Goy  communique  une  épée  et  d'autres  objets  de 
bronze  découverts  en  Berry,  et  notamment  une  fibule  d'une 
forme  assez  commune  en  Italie,  mais  très  rare  en  Gaule.  Il 
communique  aussi  les  photographies  d'un  petit  Mercure  et 
d'un  aigle  de  bronze,  de  très  basse  époque,  découverts  au 
château  de  Jouy. 

M.  de  Baye  fait  remarquer  que  l'épée  de  M.  de  Goy  est 
d'un  type  très  commun  en  Angleterre  et  en  Irlande. 

M.  Flouest  présente  quelques  observations  sur  cette  com- 


—  423  - 

municatioQ,  en  particalier  sur  un  poignard  de  bronse  très 
bien  conservé  et  sur  un  auM  poignard  qui  a  été  trouvé  en 
même  temps  qu'une  épée  de  fer.  L'emploi  siniultané  du  poi- 
gnard et  de  l'épée  indique  une  date  relativement  récente. 

M.  G.  Bapst  présente  le  mémoire  détaillé  des  travaux  ex^ 
catés  pour  le  bureau  de  Louis  XV,  conservé  au  Louvre. 
Grâce  à  cotte  pièce,  on  peut  déterminer,  avec  exactitude,  les 
restaurations  qui  ont  été  alites  à  ce  meuble. 

Quoique  ce  document  ne  se  rapporte  pas  aux  époques  dont 
s'occupe  la  CSompagnie,  Timpression  en  est  votée  à  cause  de 
9on  intérêt  exceptionnel. 

Mémoirt  détaillé  des  ouvrages  fait  pour  la  perfection  du  bureau 
fait  pour  8a  Majesté^  sous  les  ordres  de  M.  le  chevalier  de 
Foniameu  controUeur  général  des  garde-meubles  de  la  cou- 
ronne,  par  Riesener^  ébéniste  du  Roy  à  V Arsenal^  livré  à 
Versailles  en  may  1769. 

Premièrement. 
Avoir  £&it  un  model  en  petit,  fkit  en  cire  tous 
les  différents  objets,  des  bronzes,  fleurs,  figures 
et  autres  sujets,  avoir  fait  peindre  en  couleur 
naturel,  tous  les  projets  de  marqtteterie  ddmitie 
trophées  attributs  et  autres,  de  différentes  façons 
pour  donner  Tidée  dé  totlttes  lés  parties  qui 
doivent  le  composer.  Fait  deux  desseitis  en  pers- 
pectives pour  représenter  le  bureau  de  tous  les 
cotez.  Fait  un  bàty  en  grand  de  bois  de  Vaulge 
chantourné  et  ceintré  suivant  ledit  model  et  des- 
seins, l'avoir  assemblé  de  façon  qu'il  se  puisse 
démonter  à  cause  des  bronzes  et  figures,  avoir 
modelé  sur  ledit  bftty  tous  les  ôrnemens  figures, 
guirhindes,  fleurs,  vazes,  cassolette,  pendule, 
moulures,  carderond  et  palmes,  tel  que  la  chose 
devoit  être  en  bronze.  Avoir  fait  changé  plu- 
sieurs choses  audit  model  et  bâti,  pour  donner 
à  tout  un  tour  agréable,  avoir  fait  les  coupes  des 
diteé  sires,  les  avoir  moulée  en  pl&tre,  avoir  fait 


vant  les  classifications  adoptées,  aux  temps  dits  prékiàioriqu»^ 
et  contenant  iin  trésor  de  monnaies  gauloises  du  n*  siècle 
ayant  Tëre  chrétienne;  puis  des  haches  en  pièr^  polie 
recueillies  dans  une  maison  byzantine  avec  des  tnonnaies 
des  IX*  et  x«  siècles.  De  ces  deux  faits,  M.  Qh.  Robert 
conclut  que  l'on  se  presse  trop  de  partager  le  passé  en 
grandes  divisions  tranchées  au  point  de  Tue  du  mobilier  et 
des  armes  ;  que  l'on  doit  admettre  que  des  objets  grossiers 
ont  continué,  pendant  de  longues  périodes,  à  être  fabriqués 
et  employés,  alors  même  que  la  civilisation  créait  de  véri- 
tables objets  d'art  pour  les  classes  supérieures,  qui  pouvaient 
s'en  payer  le  luxe.  » 

M.  Gaidoz  dit  qu'on  a  employé  du  silex,  sous  le  nom  de 
pierre  de  tonnerre^  en  guise  d'amulettes,  jusqu'à  une  époque 
très  récente. 

M.  Molinier  communique  un  bronze  de  la  Renaissance 
qui  parait  être  l'empreinte  d'un  sceau  ayant  appartenu  an 
cardinal  Gibo,  dont  il  porte  les  armes.  Ce  bronxe  est  la 
propriété  de  M.  Piette. 

M.  de  Montaiglon  ne  croit  pas  que  cette  pièce  puisse  ôtre 
une  empreinte  de  sceau  ;  il  pense  qu'elle  a  dû  être  fkite  pour 
orner  un  coffret.  M.  Molinier  admet  qu'elle  a  pu  être 
employée  pour  décorer  un  objet  quelconque,  mais  il  prouve, 
par  d'autres  pièces  analogues  du  Musée  du  Louvre,  que  c*est 
bien  une  empreinte  de  sceau. 

M.  Gonrajod  rapproche  de  cette  pièce  plusieurs  sceaux  de 
la  Renaissance. 

M.  de  Qoy  communique  une  épée  et  d'autres  objets  de 
bronze  découverts  en  Berry,  et  notamment  une  fibule  d'une 
forme  assez  commune  en  Italie,  mais  très  rare  en  Gaule.  Il 
communique  aussi  les  photographies  d'un  petit  Mercure  et 
d'un  aigle  de  bronze,  de  très  basse  époque,  découverts  au 
château  de  Jouy. 

M.  de  Baye  fait  remarquer  que  l'épée  de  M.  de  Goy  est 
d'un  type  très  commun  en  Angleterre  et  en  Irlande. 

M.  FÎouest  présente  quelques  observations  sur  eMte  com* 


—  42S  - 

municatioii,  en  particulier  sur  un  poignard  de  bronze  très 
bien  conservé  et  sur  un  aulrt  poignard  qui  a  été  trouvé  en 
même  temps  qu'une  épée  de  fèr.  L'emploi  simultané  du  poi- 
gnard et  de  Fépée  indique  une  date  relativement  récente. 

M.  G.  BapsI  présente  le  mémoire  détaillé  des  travaux  ex^ 
entés  pour  le  bureau  de  Louis  XV^  conservé  au  Louvre. 
Grftce  à  cette  pièce,  on  peut  déterminer,  avec  exacttfeude,  les 
restaurations  qui  ont  été  âutes  à  ce  meuble. 

Quoique  ce  document  ne  se  rapporte  pas  aux  époques  dont 
s'occupe  la  Compagnie,  Fimpression  en  est  votée  à  cause  de 
son  intérêt  exceptionnel. 

Mémoire  détaUlé  des  ouvrages  fait  pour  la  perfection  du  bureau 
fait  pour  8a  Majesté^  sous  les  ordres  de  M.  le  chevalier  de 
FouUaiieu  controllear  général  des  garde-meubles  de  la  cou» 
romu,  par  Biesener^  ébéniste  du  Roy  à  l'Arsenal^  livré  à 
Versailles  en  may  1769. 

Premièrement. 
Avoir  fait  un  model  en  petit,  ildt  en  cire  tous 
les  différents  objets,  des  bronzes,  fleurs,  figures  ^ 

et  autres  sujets,  avoir  fait  peindre  en  couleur 
naturel,  tous  les  projets  de  marqueterie  edmuie 
trophées  attributs  et  autres,  de  différentes  façons 
ponr  donner  l'idée  de  totlttes  lès  parties  qui 
doivent  le  composer.  Fait  deux  desseitis  en  pers- 
pectives pour  représenter  le  bureau  de  tous  les 
cotez.  Fait  un  bàty  en  grand  de  bois  de  Vaulge 
chantourné  et  ceintré  suivant  ledit  model  et  des- 
seins, ravoir  assemblé  de  façon  qu'il  se  puisse 
démonter  à  cause  des  bronzes  et  figures,  avoir 
modelé  sur  ledit  bftty  tous  les  ornemens  figures, 
guirlandes,  fleurs,  vazes,  cassolette,  pendule, 
moulures,  carderond  et  palmes,  tel  que  la  chose 
devoit  être  en  bronze.  Avoir  fait  changé  plu- 
sieurs choses  audit  model  et  bâti,  pour  donner 
à  tout  un  tour  agréable,  avoir  fait  les  coupes  des 
diteè  sires,  les  avoir  moulée  en  pl&tre,  avoir  fait 


—  4M  — 


observé  que  le  tout  soit  aussi  bie&  rendu  et  oobré 
que  la  peintura  ce  qui  a  oouté  iin  te^p  consi- 
dérable, pour  troayer  les  assortiment  du  bois 
convenable  oa  qui  a  occasionné  à  recommencer 
plusieurs  fois  a  can^e  de  la  quantité  des  diffé- 
rentes teintes,  estimé  tout  ce  que  dessus  la 
somme  de 11,760  l 

Avoir  fait  diflEéientes  méchaniques  pour  trou- 
ver le  moien  de  faire  monter  et  déoendie  1^ 
cilindre  sans  toucher  ^vec  la  main  ny  monter  de 
ressort  ayant  fiait  pour  y  parvenir  plusieurs 
machines  pe^pendicuh^res,  composées  de  plu-: 
sieurs  rouages  et  ressort  qui  pour  les  premiers 
n'ont  pu  servir  a  cause  qu'il  iÎBilloit  monter  tous 
les  jours  les  ressorts  comme  le  mouvement  d'une 
pendule,  il  a  fallu  chercher  les  moiens  de  trou- 
ver une  méchanique  qui  ne  soit  pas  susceptible 
d'être  monté,  ce  qui  a  occasionné  une  quantité 
de  model  qui  ont  pouté  un  temp  considérable. 
Avoir  exécuté  la  méchanique  horisontalement 
suivant  quantité  de  mode!  que  j*ai  fait  pour  trou- 
ver régaiité  de  forée  pour  ouvrir  et  fermer  éga- 
lement, ce  qui  a  obligé  de  faire  une  quantité  de 
ressort  exprès  pour  trouver  le  point  certain 
estimé  tout  ce  que  dessus  la  somme  de     .    .    . 

Avoir  démonté  tpus  les  bronses  du  bureau  les 
avoir  fait  dérocher  et  limé  très  proprement  tout 
ce  qui  devoit  être  bruny,  et  avoir  fi^t  pointillé 
tout  ce  qui  devoit  être  n^àte,  avoir  fait  les  ragre- 
ments  de  touttes  les  bronses  en  place  avant  de 
les  faire  dorer,  avoir  fiiit  ajuster  la  boite  de  la 
pandule  pour  que  l'on  puisse  lever  tout  le  cou- 
ronnement d'une  seule  pièce,  le  tout  avec  beau* 
coup  de  soin,  fait  une  caisse  de  fer  pour  empê- 
cher que  le  balenoier  ne  touche  aucune  partie  de 
la  méchanique  avoir  ^t  florer  tous  les  bronzes 
dudit  bureau  en  pr  moulu,  sans  rien  épargner 
Le  tout  ce  que  dessus  vaut  la  somme  de  .    .    .     ii,84û  i. 


10,450  1. 


Avoir  £i4t  poUr  lout  le  corp  dudit  bureau  en 
marqueterie  Uni  m  dehors  qu'ei^  dedans  avqjr 
fait  garnir  tous  les  dedans  de  tiroir  en  ^noire 
bleu  avec  un  galon  d'aiigent  au  pourtour,  fait 
garnir  \^  dea^os  du  pupitjre  l^^  velours  vert  et  via 
galon  d'or  au  pourtour,  ayoir  fait  n^onter  tous  les 
brpnzeji  dpreç  avec  beaucQpp  de  «ujettion  pour 
évitar  d$  gat^r  le  poli  de  la  dor^r^  et  piarquete- 
rie,  fvqir  fait  les  i)eu^  épritoires  en  boi^  de 
sedce  i^e  avoir  fajt  garnir  de  si^  cproe^,  en 
argent  massif  avoir  ajusté  les  deu^  tiroir^  dans 
lesquels  sont  posés  lesd.  écritoires  de  façon  que 
Ton  liée  puisse  ouvrir  par  dehors  sans  avoir  la 
clef,  par  le  mpien  d'un  secret,  avoir  fait  une  clef 
d'aci0r  poli  garni  d'iine  fleur  de  Vyn  dans  la  tige 
et  le  pfinnetpn  avoir  fait  sciseler  Tanneau  du 
chiffre  du  Roy  couronné  de  laurier  et  palxpes, 
un  médaillon  dans  le  milieu  représentant  d'un 
côté  le  portrait  du  Roy  et  les  trois  fleurs  de  Tys 
de  l'autre,  damasquiné  en  or  en  avoir  fait  plu- 
sieurs pour  pouvoir  pjirvenira  en  avoir  une  par- 
faitte  avoir  démonté  et  remonté  le  bureau  pour 
pouvoir  être  transporté,  porté  par  une  quantité 
d'hommes  à  Versailles  sur  des  brancards,  em- 
mené quatre  ouvriers  avec  moy  pour  le  nètoyer 
monter  et  polir  en  place,  estimé  le  tout,  compris 
les  faux  frais  de  courses  et  démarches,  à  la 

somme  de 3,860  1. 

62,985  1. 

Je  soussigné,  Garde  Générai  des  meubles  de  la  Couronne, 
certifie  le  présent  mémoire  véritable  conformément  aux 
Registres  d'ordres  et  de  réception,  à  Paris,  le  20  janvier  4770. 

De  Pommery. 

Le  présent  ipi^^oire  a  été  arrêté  à  la  spfnp^  de  spix^te 
deux  mille  neuf  cent  quatre  vingt  pinq  livre»  par  nous 
Intendant  et  Contrôleur  Général  des  meubles  de  la  Gou- 
roni^e,  ^  Paris  le  21  janvier  1770. 

Fontanieu. 


—  428  — 

Garde  de  mon  Trésor  Royal,  M*  Pierre  Joseph  Micaolt 
d'HarveUty,  payez  comptant  au  Trésorier  Général  de  mon 
argenterie,  menas  plaisirs  et  affaires  de  ma  Chambre 
M*  Antoine  François  Hébert  la  somme  de  trente  nenf 
mille  sept  cent  soixante  et  quinze  livres  pour  employer 
au  fait  de  sa  charge ,  môme  iceile  délivrer  a  Riezener 
ébéniste,  ladite  somme  fusant  avec  zzxiij»  1.  reçues  par 
ordonnances  des  26  novembre  1766  et  28  may  1769  celle 
de  Ixijm  vij<>  Izxv  1.  pour  son  payement  d'un  secrétaire  de 
marqueterie  de  différons  bois  des  Indes  a  placages  garnis  de 
deux  écritoires  d'argent  orné  en  dehors  et  dedans  de  bronze 
cizelé  et  surdoré  d'or  moulu  avec  différents  ressorts  mécha- 
niques  pour  Touvrir  et  le  fermer,  ledit  secrétaire  ordonné 
pour  mon  service  personnel  a  deffunct  Oeben  ébéniste 
dès  l'année  1760  et  terminé  par  ledit  Riezener,  y  compris 
vijc  Ixxv  1.  pour  les  trois  deniers  pour  livre  de  Ixij»  1.  attri- 
bués audit  trésorier. 

Fait  à 


Noie  concernant  les  bronxes  du  bureau  du  Roy;  faits  etfoumy 
par  Hervieu  fondeur  ciseleur  a  la  veuve  Oeben  ou  au  sieur 
Riesener  son  mary  ebeniste  à  VArcenal. 

Livré  dapprés  lordre  du  11  may  1767,  signée  de  monsieur 
de  Pommery  les  bronzes  que  jay  fait  et  fourny  audit  bureau 
a  la  veuve  Oeben  ou  au  sieur  Riesener  son  mary  qui  par 
l'es  arbitres  nommés  et  leurs  extimation  faites,  c'est  trouvé 

dedliuites  a  la  somme  de 7644  1.  »i      >> 

sans  comprendre  la  fonte  que  jai 
fourny  de  307  1.  10  onces  fait  le  total 
de 565  1. 12  s.    6  d. 


sur  laquelle  somme  j'ay  reçu. 
A  Paris,  le  13  may  1769. 


8209  1.  12  s.    6  d. 
1665  1.  >»      » 


M.  Tabbé  Thédenat  donne  lecture  d'une  communication 
de  M.  de  Laigae,  associé  correspondant  national  à  Livoume  : 


—  419  — 

f  La  GomiMignie  aara  déjà,  sans  nul  doute,  été  inlècniée 
de  la  déooaYerte  de  deux  inacriptioiii  miees  ao  jour  tout 
réoemment  à  Vérone. 

«  J^ai  obtenu,  de  l'obligeanoe  de  M.  J.-*B.  Alberti,  maire 
de  Vérone,  les  cq>ie8  de  ces  inscriptions,  que  j'ai  l'honneur 
de  soumettre  à  la  Compagnie  : 

i. 
M • 8ELIV8 
8PERATV8 
8IBIET 
M8ELI0MAXIM0 
PATW  VIVIR  •  AVG 
8ELI  •  AEMILIAE 
MODESTAE 
MATRI 

t  Cette  inscription,  gravée  sur  une  pierre  haute  de  i»00  et 
large  de  O^SO,  est  encadrée  dans  une  moulure.  Elle  est  sur- 
montée d'un  fronton  triangulaire  sur  lequel  est  sculptée  une 
grappe  de  raisin  placée  entre  deux  lapins. 


P  •  8ATRIV8  •  P  •  F 

NIGER  *  SIBI  •  ET 

P  •  8ATRI0  '  C  •  P 


I  Je  profite  de  cette  occasion  pour  rendre  compte  d'une 
trouvaille  qui  a  eu  lieu  à  Naples,  il  y  a  quinze  jours  environ. 

f  Quoique,  grâce  aux  invasions  successives,  aux  dépréda- 
tions constantes,  la  Naples  antique,  grecque  ou  romaine,  n'ait 
guère  laissé  de  traces  durant  un  séjour  de  plus  de  cinq  ans, 
j'ai  pu  me  convaincre  que  l'ancienne  cité  devait  occuper  un 
emplacement  sensiblement  plus  oriental  que  celui  où  elle 
s'étend  aujourd'hui.  Ainsi,  les  deux  seules  colonnes  encore 
aujourd'hui  existantes  font  saillie,  en  hors-d'œuvre,  sur  la 
façade  d'une  des  églises  du  vieux  Naples  angevin. 

f  C'est  pourquoi  l'on  est  généralement  d'accord  pour  con- 
sidérer la  Piazza  municipio  actuelle,  sise  tout  près  du 

AXT.  BULLirm.  9 


—  180  — 

^léàtre  Saint-Charles,  comme  établie  sur  on  terrain  qui 
autrefois  était  situé  extra  muroê. 

€  C'est  sur  cette  place,  et  auprès  de  Thabitation  d'un  ban- 
quier suisse  du  nom  de  Meuricoffire,  qu'en  creusant  les  fon- 
dations d'une  nouvelle  maison,  on  a  rencontré,  à  4  mètrei 
au-dessous  de  la  chaussée  actuelle,  des  soubassements  ei 
maçonnerie,  et,  à  2  mètres  plus  bas,  une  suite  de  dix-sepi 
tombes  composées  toutes  de  trois  parois  de  dalles  en  tem 
cuite,  le  cadavre  reposant  naturellement  sur  celle  du  fond, 
tandis  que  la  partie  supérieure  était  formée  de  deux  plau 
incUnés  Tun  vers  l'autre  en  forme  de  toit.  Il  existe,  au  Musée 
municipal  de  Livoume,  un  sépulcre  affectant  précisémeni 
cette  forme. 

f  Sur  le  même  emplacement,  on  a  aussi  relevé  l'existence  d( 
plusieurs  urnes  coniques  renfermant  des  ossements  d'enfants. 

c  Une  découverte  de  môme  nature  a  eu  lieu,  quelque  tempt 
auparavant,  sur  la  montée  qui  conduit  à  Santa  Blaria  degli 
Angeli  aile  Groci. 

«  Enfin,  non  loin  du  Gastel  Nuovo,  des  ouvriers  ont  mis 
la  main  sur  un  amas  de  petites  monnaies  angevines  excessi- 
vement minces  ;  ces  monnaies  sont  si  intimement  soudées 
les  unes  aux  autres  qu'on  n'a  pas  pu,  jusqu'ici,  les  lire  ni 
en  faire  l'attribution.  • 

M.  l'abbé  Thédenat  fait  observer  que,  sur  la  première  ins- 
cription, la  sixième  ligne  est  certainement  mal  lue;  un 
nouvel  examen  de  la  pierre  serait  nécessaire  pour  déterminer 
les  lettres  qui  se  trouvent  à  la  place  du  mot  SELI  qui  n'est 
pas  admissible.  Il  ajoute  qu'on  a  trouvé  un  peu  partout,  en 
Gaule,  des  sépultures  formées  de  briques  plates  disposées  en 
forme  de  toit;  lui-même  et  notre  confrère  l'abbé  Bordes  en 
ont  trouvé  dans  le  tumulus  qui  supporte  les  ruines  de  l'église 
Saint-Hippolyte  (commune  de  Marquefave,  Haute-Garonne), 
curieuse  église  romane  qni  mériterait  une  étude  spéciale. 


Séance  du  7  Avril. 
Présidence  de  M.  E.  Saqlio,  président. 
Ouvrages  offerts  : 
BulUlin  critique^  publié  sous  la  direction  de  MM.  Duchesne, 


—  484  — 

Ingold,  Lescœar,  Thédenat,  VII*  année^  a*  7,  i«  ayril. 
Paris,  4886,  in-8o. 

—  de  correspandanee  africaine^  publié  par  PËoole  snpérieare 
des  lettres  d'AVer,  2*  année,  fascicules  I-II.  Alger,  1886, 
in-8». 

--delà  Société  de  Bordoy  XI*  année,  4«'  trimestre  de  l'an- 
née 4886.  Dax,  4886,  in-S*. 

—  monumental,  publié  sous  la  direction  de  M.  le  comte  de 
Marsy,  VI«  série,  t.  H.  Caen- Paris,  4886,  in-8^ 

Catalogue  de  la  collection  Merici  de  Rome.  Rome,  4886,  in-8*. 

Journal  de»  eavanti^  mars,  4886.  In-4«. 

Mémoire  de  la  Société  d^émulation  de  Monthéliard,  Uî*  série, 

t.  XVI.  Montbéliard,  4885,  in-8«. 
^  de   la  Société  nationale  é^ agriculture  y  ecienceê  et  artê 

d  Angers,  ancienne  Académie  d  Angers  y  nouvelle  période, 

t.  XX Vn.  Angers,  4885»  in.8*. 
Précis  analytique  des  trav€tux  de  F  Académie  des  Sciences  ^ 

hellee-lettres  et  arts  de  Rouen  pendant  4884-4885.  Rouen, 

4886,  in^o. 
Westdeutsche  Zeitschrift  fur  Gesckichte  und  Kunsty  V«  année, 

4«  livr.  Trêves,  4886,  in-8«. 
Babbau  (Albert).  Du  Bwisson-Auhenaf,  Voyage  d^un  archéologue 

dans  le  sud^uest  de  la  Champagne  en  4646,  publié  avec  des 

notes,  Troyes,  4886,  in-8«. 

—  Jacques  Juliot  et  les  bas-reliefs  de  Végliàe  SaUnt-^ean  de 
Troyes.  Troyes,  4886,  in-8». 

—  La  tour  Saint-Lambert  ;  l'ancienne  glaeihe  de  I*royes. 
Troyes,  4886,  in-8o. 

—  Voyage  de  du  Buisson^Aubenay  au  prieuré  de  Macherety  Â 
Saint'Just  et  à  Montmirail,  en  4646.  Troyes,  4885,  in-8o. 

Germain  (Léon).  La  chapelle  de  dom  Loupvent  et  les  Richier. 
Nancy,  4886,  in-8». 

—  Recherches  sur  la  famille  FesseAer  alias  Foêceleiy  Fasselet 
etc.,  Wisse  et  de  Wisse^  xv«-xvi«  siècle.  Nancy,  4886,  in-8«. 

—  Tomb$  â^ Isabelle  de  Musset^  femme  de  Gilles  de  Basleyden. 
Paris,  4886,  in-8». 

Sebrurb  (R.).  Monnaies  mérovingiennes,  Avranches^  Ambasac^ 
Arras,  eU.  ln-*>. 


—  IM  — 

âiéàtre  Saînt^-Gharles,  comme  établie  sar  on  terrain  qui 
autrefois  était  ntaô  étira  nmroê. 

f  (Test  sur  cette  place,  et  aaprès  de  Thahitatioii  d'un  han* 
qaier  saiaee  da  iumq  de  Bienricoffire,  qa'en  creusant  les  fon- 
dations d'une  nonveile  maison,  on  a  rencontré,  à  4  mètres 
au-dessous  de  la  chaussée  actuelle,  des  soubassements  en 
maçonnerie,  et,  à  2  mètres  plus  bas,  une  suite  de  dix-sept 
tombes  composées  toutes  de  trois  parois  de  dalles  en  terre 
cuite,  le  cadavre  reposant  naturellement  sur  celle  du  fond, 
tandis  que  la  partie  supérieure  était  formée  de  deux  plans 
inclinés  l'un  vers  l'autre  en  forme  de  toit.  Il  existe,  au  Musée 
municipal  de  LiTOume,  un  sépulcre  affectant  précisément 
cette  forme. 

f  Sur  le  même  emplacement,  on  a  aussi  relevé  l'existence  de 
plusieurs  urnes  coniques  renfermant  des  ossements  d'enfants. 

c  Une  découverte  de  même  nature  a  eu  lieu,  quelque  temps 
auparavant,  sur  U  montée  qui  conduit  à  Santa  Maria  degU 
Angeli  aile  Groci. 

«  Enfin,  non  loin  du  Gastel  Nuovo,  des  ouvriers  ont  mis 
la  main  sur  un  amas  de  petites  monnaies  angevines  excessi- 
vement minces  ;  ces  monnaies  sont  si  intimement  soudées 
les  unes  aux  autres  qu'on  n'a  pas  pu,  jusqu'ici,  les  lire  ni 
en  faire  l'attribution.  • 

M.  l'abbé  Thédenat  fait  observer  que,  sur  la  première  ins- 
cription, la  sixième  ligne  est  certainement  mal  lue;  un 
nouvel  examen  de  la  pierre  serait  nécessaire  pour  déterminer 
les  lettres  qui  se  trouvent  à  la  place  du  mot  SBU  qui  n'est 
pas  admissible.  Il  ajoute  qu'on  a  trouvé  un  peu  partout,  en 
Gaule,  des  sépultures  formées  de  briques  plates  disposées  en 
forme  de  toit;  lui-même  et  notre  confrère  Tabbé  Bordes  en 
ont  trouvé  dans  le  tumulus  qui  supporte  les  ruines  de  Téglise 
Baint-Hippolyte  (commune  de  Marquefove,  Haute-Garonne), 
curieuse  église  romane  qui  mériterait  une  étude  spéciale. 

Séance  du  7  Avril. 
Présidence  de  M.  E.  Saqlio,  président. 
Ouvrages  offerts  : 
BulUiin  critique^  publié  sous  la  direction  de  MM.  i>nchesne, 


—  484  — 

Ingoldy  Lescœnr,  Thédenat,  VU*  année,  n*  7,  i«  avril. 
Paria,  4886,  in-8«. 

—  de  eorresponéUmee  africaine^  publié  par  l'ËooIe  snpérienre 
des  lettres  d'AVer,  2*  année,  fascicules  I-II.  Alger,  1886, 
în-S». 

—  (2e  2a  Société  de  Borda^  XI*  année,  !«"  trimestre  de  Tan- 
née 1886.  Dax,  1886,  in-S». 

^  maniumental,  publié  sons  la  direction  de  M.  le  comte  de 

Marsy,  VI*  série,  t.  II.  Gaen-Paris,  1886,  in-8^ 
Catalogue  de  la  eoUectùm  Merid  de  Rome,  ^ome^  1886,  in-8*. 
Jfmmal  de»  savantSy  mars,  1886.  In-4*. 
Mémoire  de  la  Société  d^émnlation  de  MonthéHard,  III*  série, 

t.  XVI.  Montbéliard,  1885,  in-8*. 
^  de  la  Sodéié  nationale  S  agriculture^  ecienceê  et  arts 

^Angere,  ancienne  Académie  d^ Angers^  nouvelle  période, 

t.  XXVn.  Angers,  1885^  in-8*. 
Précis  analptiqne  des  travaux  de  V Académie  des  sciences  ^ 

belles-lettres  et  arts  de  Rouen  pendant  1884-1885.  Rouen, 

1886,  in-8o. 
Westdeutscke  Zeiischrift  fur  Gesekichte  und  Kunst^  V*  année, 

1"  livr.  Trêves,  1886,  in-8*. 
Babbau  (Albert).  Du  Buisson' Aubenay,  Voyage  d^un  archéologue 

dans  le  sud^^mest  de  la  Champagne  en  1646,  publié  avec  des 

notes.  Troyes,  1886,  in-8«. 

—  Jacques  Juliot  et  les  bas-reUe/s  de  V église  Saint-^ean  de 
Troyes.  Troyes,  1886,  in-8*. 

-^La  tour  Saint^Lambert  ;  l'ancienne  glaàkre  de  Troyes, 
Troyes,  1886,  in-8*. 

—  Voyage  de  du  Buisson^Aubenay  au  prieuré  de  Macheret^  à 
SaùU'Just  et  à  Montndrail,  en  1646.  Troyes,  1885,  iQ-8*. 

GEBMAnf  (Léon).  La  chapelle  de  dom  Loupveni  et  les  Richier. 
Nancy,  1886,  in-8«. 

—  Recherches  sur  la  famille  Fesseler  alias  Fascelet^  Fasselet 
etc.,  Wisse  et  de  Wisse^  xv«-xyi*  siècle,  Nancy,  1886,  in-8*. 

—  Tomber  d^ Isabelle  de  Musset^  femme  de  Gilles  de  Basleyien. 
Paris,  1886,  in-8*. 

SBaauftB  (R.).  MonndieeméroviingienneSf  Avranches^  Ambasac^ 
Arras^  etc.  In-^. 


—  434  — 

celte  de  rAmériqne  centrale  soigneusement  ouvrés,  oi 
remarque  des  exemplaires  encore  complets  ;  d'autres,  pla 
nombreux,  sont  des  moitiés,  des  quarts  ou  môme  de  ph 
petites  fractions  de  celts.  D  est  facile  de  Toir  que  ces  petit 
fragments  sont  des  parties  de  celt,  en  examinant  leur  form 
et  le  reste  de  biseau  subsistant  encore  sur  presque  tous  le 
exemplaires.  La  précision  avec  laquelle  deux  morceau 
s'adaptent,  formant  ainsi  une  moitié  de  celt,  vient  appuyé 
cette  opinion.  Cette  moitié  de  celt  elle-même,  munie  primi 
tivement  d'un  trou  pour  la  suspendre  comme  ornement, 
été  ensuite  séparée  en  deux.  Puis  les  deux  fragment 
devinrent  eux-mômes  deux  ornements,  et  chacun  d'eux  fa 
perforé  pour  la  suspension.  Huit  morceaux  de  jadéite  taillé 
de  la  sorte  ont  reçu  des  perforations,  et  un  neuvième  es 
muni  d'encoches. 

c  Ces  faits,  dit  M.  Putnam,  méritent  de  fixer  Tattentioi 
des  savants.  Car  on  y  trouve  un  argument  tendant  à  prouvei 
que  les  habitants  primitifs  du  centre  de  l'Amérique  avaient 
émigré  de  l'Asie.  » 

M.  Gaidoz  lit  une  note  de  M.  Rochetin,  associé  corres- 
pondant à  Avignon,  sur  une  inscription  en  caractères  grecs  : 


c  Cette  inscription  a  été  gravée  au  trait  sur  une' tablette 
de  bronze,  incomplète  en  haut  et  à  gauche  et  qui  fut  decou- 


—  485  — 

Yerte  il  y  a  quelques  aimées  sur  le  territoire  de  Montdragon 

(Vandiue),  en  creusant  le  canal  de  Pierrelatte.  Elle  a  été 

yendue,  il  y  a  quelques  mois,  à  M.  Rousset,  orlèvre  coUe&- 

tionneur  à  Uzès  (Gard),  et  c'est  avec  son  autorisation  que 

j'ai  pu  en  faire  prendre  des  moulages.  Le  quartier  où  cette 

ioscriptipn  a  été  trouvée  est  à  deux  kilomètres  au  midi  de 

Montdragon,  le  long  du  chemin  de  fer  de  Marseille  et  de  la 

grande  route  nationale  de  Paris  à  Ântibes.  Il  y  a  là  de  belles 

sources,  celle  de  la  Madeleine,  très  abondante,  et,  à  quelques  , 

pas  plus  au  midi,  plusieurs  autres  dites  de  Saint-Loup.  Sur  , 

chacun  de  ces  points  s'élève  une  chapelle. 

a  La  nature  de  l'objet  trouvé  et  la  visite  des  lieux  m'amènent 
à  conclure  ce  qui  suit  :  ces  belles  sources  ont  dû  être  ancien- 
nement divinisées.  Les  chapelles  de  la  Madeleine  et  de 
Saint-Loup  ont  probablement  remplacé  les  petits  temples 
élevés  à  la  divinité  de  la  source,  et  la  plaque  de  bronze  qui 
nous  occupe  était  sans  doute  une  tablette  votive  suspendue 
dans  un  de  ces  temples  par  un  dévot  gaulois. 

c  La  divinisation  de  ces  sources  et  l'existence  d'anciens 
temples  à  cet  endroit  s'expliquent  encore  plus  facilement  1   \ 

lorsqu'on  sait  qu'elles  sont  situées  le  long  de  la  rive  gauche  ,  i 

du  Rh6ne  et  qu'une  voie  secondaire  assurément  importante 
passait  là,  desservant  les  petites  localités  (vici)  qui  s'y  trou- 
vaient échelonnées  et  qu'on  appelle  aujourd'hui  Montdragon  ' 
et  Momas.  Dans  la  première,  on  vient  de  découvrir  un  cime- 
tière gaolois  (époque  de  lïncinération).  On  trouve,  à  la  hau- 
teur de  la  Croisière,  un  reste  de  cette  ancienne  voie  romaine 
se  dirigeant  vers  Montdragon  ;  c'est  un  tronçon  de  chemin 
que  n'a  pas  absorbé  la  route  nationale  actuelle  et  qui  porte 
le  nom  de  camin  ferrât  (chemin  ferré),  dénomination  caracté- 
ristique des  anciennes  voies  romaines  dans  la  partie  septen- 
trionale du  département  de  Vaucluse.  Cette  voie  suivait  le 
bord  d'un  massif  montagneux  sur  une  grande  partie  de  son 
parcours;  elle  était  surélevée  et  complètement  à  l'abri  des 
inondations  du  Rhône.  U  y  avait  donc  là  un  passage  impor- 
tant, et  naturellement  les  sources  qui  coulaient  au  bord  de 
la  voie  étaient  l'objet  de  la  vénération  d'un  nombre  considé- 
rable de  dévots,  i 


I  I 


—  484  — 

celte  de  rAmérique  centrale  soigneueement  onvrés,  on 
remarque  des  exemplaires  encore  complète;  d'antres,  pins 
nombreux,  sont  des  moitiés,  des  quarte  ou  môme  de  plus 
petites  fractions  de  celte.  D  est  facile  de  Toir  qne  ces  petits 
fragmente  sont  des  parties  de  celt,  en  examinant  leur  forme 
et  le  reste  de  biseau  subsistant  encore  sur  presque  tous  les 
exemplaires.  La  précision  avec  laquelle  deux  morceaux 
s'adaptent,  formant  ainsi  une  moitié  de  celt,  vient  appuyer 
cette  opinion.  Cette  moitié  de  celt  elle-même,  munie  primi- 
tivement d'un  trou  pour  la  suspendre  comme  ornement,  a 
été  ensuite  séparée  en  deux.  Puis  les  deux  fragmente 
devinrent  eux-mêmes  deux  ornemente,  et  chacun  d'eux  fut 
perforé  pour  la  suspension.  Huit  morceaux  de  jadéite  taillés 
de  la  sorte  ont  reçu  des  perforations,  et  un  neuvième  est 
muni  d*encoches. 

c  Ces  faits,  dit  M.  Putnam,  méritent  de  fixer  l'attention 
des  savante.  Car  on  y  trouve  un  argument  tendant  i  pronver 
que  les  habitante  primitifs  du  centre  de  l'Amérique  avaient 
émigré  de  l'Asie.  » 

M.  Gaidos  lit  une  note  de  M.  Rochetin,  associé  corres- 
pondant à  Avignon,  sur  une  inscription  en  caractères  grecs  : 


c  CSette  inscription  a  été  gravée  au  trait  sur  une' tablette 
de  bronze,  incomplète  en  haut  et  à  gauche  et  qui  fut  décoa« 


—  485  — 

verte  il  y  a  quelques  aimées  sur  le  territoire  de  Montdragon 
(VanelaBe),  ea  erensant  le  canal  de  Pierrelatte.  Elle  a  été 
vendue,  il  y  a  quelques  mois,  à  M.  Rousset,  orfèvre  coUeo- 
tionneur  à  Uzès  (Gard),  et  c'est  avec  son  autorisation  que 
j'ai  pu  en  faire  prendre  des  moulages.  Le  quartier  où  cette 
inscription  a  été  trouvée  est  à  deux  kilomètres  au  midi  de 
Montdragon,  le  long  du  chemin  de  fer  de  Marseille  et  de  la 
grande  route  nationale  de  Paris  à  Ântibes.  Il  y  a  là  de  belles 
sources,  celle  de  la  Madeleine,  très  abondante,  et,  à  quelques 
pas  plus  au  midi,  plusieurs  autres  dites  de  Saint-Loup.  Sur 
chacun  de  ces  points  s'élève  une  chapelle. 

a  La  nature  de  l'objet  trouvé  et  la  visite  des  lieux  m'amènent 
à  conclure  ce  qui  suit  :  ces  belles  sources  ont  dû  être  ancien- 
nement divinisées.  Les  chapelles  de  la  Madeleine  et  de 
Saint-Loup  ont  probablement  remplacé  les  petits  temples 
élevés  à  la  divinité  de  la  source,  et  la  plaque  de  bronze  qui 
nous  occupe  était  sans  doute  une  tablette  votive  suspendue 
dans  un  de  ces  temples  par  un  dévot  gaulois. 

ff  La  divinisation  de  ces  sources  et  l'existence  d'anciens 
temples  à  cet  endroit  s'expliquent  encore  plus  facilement 
lorsqu'on  sait  qu'elles  sont  situées  le  long  de  la  rive  gauche 
du  Rhône  et  qu'une  voie  secondaire  assurément  importante 
passait  là,  desservant  les  petites  localités  (vici)  qui  s'y  trou- 
vaient échelonnées  et  qu'on  appelle  aujourd'hui  Montdragon 
et  Momas.  Dans  la  première,  on  vient  de  découvrir  un  cime- 
tière gaulois  (époque  de  Tincinération).  On  trouve,  à  la  hau- 
teur de  la  Croisière,  un  reste  de  cette  ancienne  voie  romaine 
se  dirigeant  vers  Montdragon;  c'est  un  tronçon  de  chemin 
que  n'a  pas  absorbé  la  route  nationale  actuelle  et  qui  porte 
le  nom  de  camin  ferrât  (chemin  ferré),  dénomination  caracté- 
ristique des  anciennes  voies  romaines  dans  la  partie  septen- 
trionale du  département  de  Vaucluse.  Cette  voie  suivait  le 
bord  d'un  massif  montagneux  sur  une  grande  partie  de  son 
parcours  ;  elle  était  surélevée  et  complètement  à  l'abri  des 
inondations  du  Rhéne.  Il  y  avait  donc  là  un  passage  impor- 
tant, et  naturellement  les  sources  qui  coulaient  au  bord  de 
la  Toie  étaient  l'objet  de  la  vénération  d'un  nombre  considé- 
rable de  dévots,  t 


—  ISS  — 


Tcout  alimenter  m  TMte  léeertcir  sitaé  en  hee  du  poitaîl 
de  l'église,  dans  on  iM»-iDiid,  formé  jadis  par  une  firoioDde 
excaralioa,  et  dont  le  nom  trahit  encore  anjoardlmi  Uiii- 
cienne  origme. 

fl  Psumi  les  soaTenirs  laissés  là  par  la  dvilisation  romaiDe, 
OD  a  troQTé  ane  pièce  d'or  d'Âugnste  assez  bien  oonserrée^ 

fl  Le  réserroir  entretena  par  cet  aqoedac  fournissait  l'etn 
nécessaire  à  des  bains  dont  les  mines  s'étendent  dans  la 
propriété  de  M.  Nédélec,  maire  de  Caiiiaix.  Des  piscines,  des 
étnyes,  des  bypocaastes,  des  restes  de  payements  attestent 
l'importance  de  ces  bains.  Aux  environs,  le  sol  est  plein  de 
vestiges  de  poteries  romaines  de  tonte  sorte  et  de  tonte 
dimension.  Les  fooilies  très  superficielles  ont  fait  découTrir, 
ayec  des  médailles  de  bronze  de  divers  empereurs,  deux  cha- 
tons de  bague  gravés  en  creux. 

fl  L'un  est  un  jaspe  ovale  de  (Miit  de  long  sur  (M)10  de 
large,  d'une  exécution  grossière.  On  y  voit  un  homme  assis 
sur  un  rocher  et  tenant  à  la  main  une  tige  à  laquelle  un 
objet  est  suspendu. 

«  L'autre  chaton  est  également  ovale  :  il  mesure  0H)13  de 
long  sur  0^12  de  large,  d'une  pierre  brûlée,  blanche,  d'un 
grain  très  fin,  d'une  transparence  rougeàtre.  Ce  chaton 
représente  un  cavalier  montant  un  coursier  qu'il  enlève,  en 
se  penchant  pour  frapper  de  sa  lance  un  animal  qui  res- 
semble à  un  Ûon.  Le  travail  est  d'une  grande  perfection. 

fl  Â  quelque  distance  des  bains,  on  a  mis  au  jour  un  amas 
considérable  de  pointes  de  flèches  en  silex  de  différentes 
dimensions,  toutes  du  même  modèle,  qui  paraissent  signaler 
l'existence  d'une  fabrique  ou  d'an  dépôt  d'armes  de  ce  genre.  • 

M.  de  Baye  présente  quelques  observations  sur  cette  com- 
munication : 

«  La  découverte  de  flèches  en  silex  dont  M.  Tabbé  Bernard 
vient  d'entretenir  la  Société  me  semble  digne  de  fixer  l'at- 
tention. L'état  de  ces  projectiles,  entièrement  achevés  lors- 
qu'ils ont  été  enfouis,  prouve  qu'il  s'agit  plutôt  d'un  arsenal, 
d'une  provision  de  chasseur  que  de  la  cachette  d'un  fiibricanL 


I.  Cohen,  Detcript.  deê  wumnaie»  impérittin^  1880,  t.  I,  p.  69,  a*  41. 


—  489  — 

f  Ces  dépôts  de  flèches  sont  très  rares  en  France.  Cepen- 
dant, il  en  a  été  signalé  dans  le  département  des  Landes.  Ils 
sont  plus  nombreux  en  Italie  et  en  Grimée.  Les  vitrines  des 
mnsées  de  Stockholm  et  de  Copenhague  nous  montrent  que 
les  trouvailles  de  ce  genre  sont  fréquentes  en  Scandinavie  et 
en  Danemark  où  elles  ont  été  spécialement  étudiées.  Ces 
dépôts  de  flèches  sont  caractérisés  par  leur  situation.  Ils  ont 
été  généralement  découverts  sur  les  côtes.  C^est  là,  en  effet, 
que  les  populations  primitivM,  habiles  à  tirer  de  Tare,  pou- 
vaient abattre  un  nombre  considérable  "d'oiseaux  de  passage. 
Les  Kjôkkenmôdings,  ces  monticules  composés  de  débris  de 
repas,  explorés  sur  les  côtes  danoises,  ont  fourni  parmi  les 
coquilles  une  quantité  d'ossements  d'oiseaux. 

I  J'ai  été  moi-môme  assez  heureux  pour  découvrir  une 
cachette  de  chasseur  contenant  environ  75  flèches  en  silex. 
Cette  découverte  a  été  faite  en  Champagne,  par  conséquent 
dans  une  région  bien  éloignée  de  la  mer.  Cependant  les  chas- 
seurs primitifs  se  trouvaient  sur  les  bords  du  marais  de 
Saint^Crond,  à  peu  près  dans  les  mêmes  conditions  que  ceux 
des  r^ons  côtières.  A  cette  époque  reculée,  le  marais  était 
un  vaste  lac,  et  les  oiseaux  aquatiques  devaient  fournir  une 
abondante  nourriture  aux  anciens  habitants  de  cette  région. 
Le  mobilier  extrait  des  nombreuses  grottes  que  nous  avons 
explorées  dans  la  vallée  du  Petit-Morin  nous  a  prouvé  que 
les  populations  de  l'âge  de  pierre  utilisaient  soigneusement 
les  os  des  échassiers  tués  à  la  chasse.  Les  tibias  de  ces 
oiseaux  ont  été  appointés  et.  formaient  ainsi  des  poinçons 
fort  résistants. 

c  Je  me  borne  à  signaler  ces  quelques  faits,  dans  le  but  de 
faire  ressortir  tout  Pintérét  de  la  communication  de  M.  l'abbé 
Bernard,  i 


M.  Prost  communique  un  dessin  représentant  un  monu- 
ment découvert  à  Heddemheim,  près  Francfort,  qui  res- 
semble d'ujie  façon  frappante  à  la  colonne  de  Merten,  et  lit 
la  note  suivante  : 

c  Au  milieu  de  novembre  4884,  a  été  découvert  à  Heddem- 
heim, près  Francfort-6.-l.-M.,  un  monument  analogue  à 


—  440  — 

celui  qui  avait  été  trouvé  à  Merten  au  mois  de  janvier  1878,  â 
propos  duquel  j'ai  foit  à  la  Société  des  antiquaires,  les  3  avril 
et  il  décembre  de  cette  année,  des  communications  résuméef 
dans  une  note  qui  a  été  publiée  dans  son  Bulletin  sous  li 
date  du  8  janvier  4879.  Les  deux  monuments  comprenneni 
également  un  groupe  équestre  sur  une  colonne  qjie  supporU 
un  soubassement  composé  de  deux  étages,  Tétage  inférieoi 
quadrangulaire,  l'étage  supérieur  polygonal.  Défalcation  laiU 
des  socles  hypothétiques  proposés  pour  former  la  base  de  cet 
monuments,  celui  de  Merten  à  il "50,  celui  de  Heddembein 
4»96  de  haut. 

c  J'ai  donné  dans  la  note  imprimée  au  Bulletin  de  1879, 
et  avec  plus  de  détails  dans  un  mémoire  publié  par  la  Remu 
archéologique  de  1879,  une  description  du  monument  de  He^ 
ten,  à  laquelle  je  n'aurai  à  ajouter  que  celle  des  quatre  sta- 
tues qui  décoraient  l'étage  inférieur  de  son  soubassement  et 
qui  alors  étaient  encore  indéterminées.  Je  les  ai  reconstituées 
depuis  lors,  en  étudiant  les  fragments  malheureusement  très 
incomplets  qui  en  proviennent;  elles  représentaient,  conmie 
je  le  donnais  à  penser  dans  mon  mémoire  de  1879  (p.  33), 
Minêrvê^  Junon^  Apollon  et  Hercule.  Je  ne  sais  rien  de  plus 
que  ce  que  j'ai  dit  alors  sur  les  sept  statues  qui  décoraient 
l'étage  supérieur  du  soubassement  octogonal  que  je  suppo- 
sais avoir  pu  être  celles  des  divinités  de  la  semaine.  Quant 
aux  quatre  têtes  qui  ornaient  le  chapiteau  de  la  colonne,  je 
puis  confirmer  la  supposition,  énoncée  alors,  qu'elles  repré- 
sentaient les  saisons.  Celles  qu'on  connaît  se  rapportent  très 
bien  à  une  représentation  de  l'hiver  et  du  printemps.  Quant 
à  celles  qui  manquent,  on  en  a  retrouvé  le  front  couronné 
pour  l'une  de  fruits,  pour  l'autre  de  feuillages,  ce  qui  per^ 
met  d'admettre  qu'elles  représentaient  l'été  et  l'automne. 

ff  Le  monument  de  Heddernheim  vient  d'être  décrit  par 
M.  Otto  Donnez  von  Richter  dans  une  brochure  accompagnée 
de  planches  que  j'ai  sous  les  yeux  (Reddemheimer  Ausgndmt^ 
gen^  1885, 20  pages  in-4»  avec  5  planches).  Le  principal  inté- 
rêt de  ce  monument  est  qu'il  porte  deux  inscriptions  d'où 
l'on  peut  tirer  quelques  lumières  sur  la  date  de  son  érection 
et  sur  son  caractère.  Il  est  du  reste  composé  comme  celui  de 


/ 


—  U4  — 

Merten,  dont  il  diilère  cependant  par  ses  moindres  dimen- 
sions et  par  quelques  particularités.  La  principale  est  que 
rétage  supérieur  du  soubassement  y  est  hexagonal,  tan- 
dis qu'à  Merten  il  est  octogonal.  Les  deux  inscriptions  y 
occupent  l'une  un  des  côtés  de  l'étage  inférieur  quadrangu- 
laire  du  soubassement,  l'autre  les  six  côtés  de  la  plinthe  qui 
forme  à  la  fois  le  couronnement  de  l'étage  hexagonal  et  la 
base  de  la  colonne*  Les  six  faces  de  ce  tambour  hexagonal  sont 
ornées  de  statues  qui  semblent  représenter  :  i»  Mars  ;  2*  un 
personnage  masculin  tenant  une  corne  d'abondance  de  la 
main  gauche,  une  couronne  ou  une  patère  de  l'autre  ;  3<»  un 
personnage  féminin  tenant  une  corne  d'abondance  de  la  main 
gauche,  un  flambeau  renversé  de  la  droite  ;  4*  un  personnage 
féminin  portant  une  corbeille  de  fleurs  ou  de  fruits  de  la 
main  gauche,  un  objet  indéterminé  de  la  main  droite; 
5<»  Vénus  ;  6*  une  Victoire.  Les  trois  côtés  de  l'étage  infé- 
rieur autres  que  celui  qui  porte  l'inscription  sont  décorés  des 
statues  de  Minerve,  d'Hercule  et  de  Junon,  Le  groupe 
équestre  qui  surmonte  le  monument  est  moins  hardiment 
conçu  et  exécuté  que  celui  de  Merten.  Les  deux  jambes  de 
devant  du  cheval  y  reposent  sur  les  épaules  de  l'anguipéde 
au  lieu  de  poser  d'un  pied  seulement  sur  la  tête  du  monstre. 
Le  cavalier  est  également  revêtu,  dans  Tun  et  l'autre,  du 
costume  d'un  guerrier  romain. 

•  L'inscription  principale  du  monument  de  Heddemheim 
est  gravée  sur  il  lignes  en  lettres  de  0^03  de  haut.  Elle  est 
ainsi  conçue  : 

///  O  :  M  •  IVNONI  •  REGiNA  /// 
G  •  8EDATIV8  •  8TEPHANV8 
DEG  •  G  •  T  •  ET  •  GATURIGLA 
CRESGENTINA  •  EIV8  •  GVM 
8THEPflANll8  •  MAXIMO 
DECG-8-8TAEET-  FE8TA 
MAXIMINO  •  MAXIMINA 
HONORATA  •  FlLIl8 
IN  8V0  ///  RESTITVERVNT 
m  •  IDV8  •  MART  •  8ABIN0 
II  •  ET  •  VENV8Ï0  •  GOS 


—  440  — 

celai  qui  avait  été  trouvé  i  Merten  au  mois  de  janvier  1878,  & 
propos  duquel  j'ai  fait  i  la  Société  des  antiquaires,  les  3  avril 
et  11  décembre  de  cette  année,  des  communications  résumées 
dans  une  note  qui  a  été  publiée  dans  son  Bulletin  sous  la 
date  du  8  janvier  1879.  Les  deux  monuments  comprennent 
également  un  groupe  équestre  sur  une  colonne  qiie  supporte 
un  soubassement  composé  de  deux  étages,  l'étage  inférieur 
quadrangulaire,  l'étage  supérieur  polygonal.  DéMcation  fidte 
des  socles  hypothétiques  propoaés  pour  former  la  base  de  eei 
monuments,  celui  de  Merten  à  11"50,  celui  de  Heddemheim 
4»96  de  haut. 

c  J'ai  donné  dans  la  note  imprimée  au  Bulletin  de  1879, 
et  avec  plus  de  détails  dans  un  mémoire  publié  par  la  Revue 
archéohgique  de  1879,  une  description  du  monument  de  Mer- 
ten, à  laquelle  je  n'aurai  à  ajouter  que  celle  des  quatre  sta- 
tues qui  décoraient  l'étage  inférieur  de  son  soubassement  et 
qui  alors  étaient  encore  indéterminées.  Je  les  ai  reconstituées 
depuis  lors,  en  étudiant  les  fragments  malheureusement  très 
incomplets  qui  en  proviennent  ;  elles  représentaient,  comme 
je  le  donnais  à  penser  dans  mon  mémoire  de  1879  (p.  33), 
Minerve^  Juno»^  Apollon  et  Hercuie.  Je  ne  sais  rien  de  plus 
que  ce  que  j'ai  dit  alors  sur  les  sept  statues  qui  décoraient 
l'étage  supérieur  du  soubassement  octogonal  que  je  suppo- 
sais avoir  pu  être  celles  des  divinités  de  la  semaine.  Quant 
aux  quatre  têtes  qui  ornaient  le  chapiteau  de  la  colonne,  je 
puis  confirmer  la  supposition,  énoncée  alors,  qu'elles  repré- 
sentaient les  saisons.  Celles  qu'on  connaît  se  rapportent  très 
bien  à  une  représentation  de  l'hiver  et  du  printemps.  Quant 
à  celles  qui  manquent,  on  en  a  retrouvé  le  front  couronné 
pour  Tune  de  fruits,  pour  l'autre  de  feuillages,  ce  qui  per- 
met d'admettre  qu'elles  représentaient  l'été  et  l'automne. 

ff  Le  monument  de  Heddernheim  vient  d'ôtre  décrit  par 
M.  Otto  Donnez  von  Richter  dans  une  brochure  accompagnée 
de  planches  que  j'ai  sous  les  yeux  {ReddemheÎMer  AMegraJbmur 
geny  1885, 20  pages  in-4»  avec  5  planches).  Le  principal  inté- 
rêt de  ce  monument  est  qu'il  porte  deux  inscriptions  d'où 
l'on  peut  tirer  quelques  lumières  sur  la  date  de  son  érection 
et  sur  son  caractère.  U  est  du  reste  composé  comme  celui  de 


—  441  — 

ICerten,  dont  il  diilère  cependant  par  ses  moindres  dimen- 
sions  et  par  qnelqnes  particularités.  La  principale  est  que 
l'étage  sapérieur  da  soubassement  y  est  hexagonal,  tan» 
dis  qu'à  Merten  il  est  octogonal.  Les  deux  inscriptions  y 
occupent  Tune  un  des  o6tés  de  l'étage  inférieur  quadrangu- 
laire  du  soubassement,  l'autre  les  six  côtés  de  la  plinthe  qui 
forme  à  la  fois  le  couronnement  de  l'étage  hexagonal  et  la 
base  de  la  cobnne.  Les  six  faces  de  ce  tambour  hexagonal  sont 
ornées  de  statues  qui  semblent  représenter  :  i^  Mars  ;  2*  un 
personnage  masculin  tenant  une  corne  d'abondance  de  la 
main  gauche,  une  couronne  ou  une  patère  de  l'autre  ;  3»  un 
persoonage  féminin  tenant  une  corne  d'abondance  de  la  main 
gauche,  un  flambeau  renversé  de  la  droite;  4^  un  personnage 
féminin  portant  une  corbeille  de  fleurs  ou  de  fruits  de  la 
main  gauche,  un  objet  indéterminé  de  la  main  droite; 
5»  Vénus  ;  6*  une  Victoire.  Les  trois  côtés  de  l'étage  infé- 
rieur autres  que  celui  qui  porte  l'inscription  sont  décorés  des 
statues  de  Minerve,  d'Hercule  et  de  Junon.  Le  groupe 
équestre  qui  surmonte  le  monument  est  moins  hardiment 
conçu  et  exécuté  que  celui  de  Merten.  Les  deux  jambes  de 
devant  du  cheval  y  reposent  sur  les  épaules  de  l'anguipéde 
au  lieu  de  poser  d'un  pied  seulement  sur  la  tête  du  monstre. 
Le  cavalier  est  également  revêtu,  dans  l'un  et  l'autre,  du 
costume  d'un  guerrier  romain. 

c  L'inscription  principale  du  monument  de  Heddernheim 
est  gravée  sur  il  lignes  en  lettres  de  0^03  de  haut.  Elle  est 
ainsi  conçue  : 

///  0  :  M  •  IVNONI  •  REGiNA  /// 
G  •  8EDATIVS  •  8TEPHANV8 
DEC  •  G  •  T  •  ET  •  GATURIGLA 
GRE8GENTINA  •  EIV8  •  GVM 
8THEPHAN1I8  •  MAXIMO 
DBG  •  G  •  8  •  8TAE  •  ET  •  FE8T A 
MAXIMINO  •  MAXIMINA 
flONORATA  •  FILII8 
IN  8V0  ///  RE8TITVERVNT 
lu  •  IDV8  •  MART  •  8ABIN0 
II  •  ET  •  VENV8T0  •  G08 


—  441  — 

que  M:  0.  Donnez  von  Richter  propose  de  lire  : 

•/Im  opHmo  maximo^  Junani  reginoêj  |  C  Sûdaiius  St^^ 
met,  I  dêcurio  cwitatis  Tauitensium^  et  Caturigia  \  Cretcenima 
efus  (coi^uw)j  cum  \  Stephaniis  Maximo^  \  decurio\e  cwUaiis 
tupriucriptae  ^  et  Ftsta^  \  Maximino^  Maximina^  |  Hanoraia 
fUiis  I  in  iuo  (fundo)  restiiuerunt;  \  III  idtu  martiai^  Sabino 
I  //  et  Vemuto  cantuUbus. 

a  Le  second  consulat  de  Sabinus  avec  Venustus  pour  col- 
lègue correspond  à  Tannée  240  de  notre  ère,  le  3  des  ides 
de  mars  au  13  mars.  Telle  serait  la  date  de  Tinscription. 

a  La  seconde  inscription  comprend  les  noms  seulement 
des  cinq  enfants  et  de  la  femme  de  Sedatius  Stephanus  : 
i*  Mcucimus;  2*  Maximinus;  3^  Festa;  4<>  Maximina;  b^Hono* 
rata;  6^  Crescentinaj  correspondant  aux  figures  qui,  dans  le 
môme  ordre,  décorent  les  six  côtés  de  Tétage  hexagonal  et 
que  M.  O.  Donnez  von  Richter  suppose  représenter  les  divi- 
nités ou  génies  tutélaires  des  six  personnages. 

c  L'inscription  principale  rappelle,  on  Ta  remarqué,  non 
pas  rérection  primitive  du  monument,  mais  une  restitution 
qui  parait  môme  n'avoir  pas  été  la  première;  cette  inecrip- 
tion  en  efifet  est  accompagnée  de  traces  visibles  d'une  autre 
inscription  en  grande  partie  détruite,  dont  les  lettres  étaient 
un  peu  plus  grandes  (0bO47),  fragment  très  incomplet  où 
M.  O.  Donnez  von  Richter  croit  voir  : 

I  ///  ///  V  D  ///  A  ///  OT 
I/////////OVAVI/// 

qu'il  propose  de  lire  :  im  $uo  ex  voto  \  remfvamt» 

«  De  ces  particularités  résultent  diverses  notions  qu'il  est 
intéressant  de  signaler.  Avant  de  le  faire,  il  est  bon  de  rap- 
peler que  les  monuments  analogues  à  ceux  de  Merten  et  de 
Heddernheim  sont  nombreux  dans  la  région  du  Rhin  et  de 
la  Sarre,  et  qu'on  en  a  trouvé  aussi  quelques  rares  exem- 
plaires un  peu  plus  loin  et  jusqu'en  Bourgogne  et  en 
Auvergne^  En  1879,  j'en  signalais  23;  aujourd'hui  on  en 


I.  U.  F.  Hettner,  conserrateur  du  musée  de  Trères,  a  publié  l'an  dernier  m 
ces  monnmenti,  à  l'oeension  de  la  déeouTeiie  de  eelui  de  Beddernbeim,  un  néoioin 


—  us  — 

connaît  44.  Ajoutons  qu'on  ne  possède  de  la  plupart  que  des 
fngments  appartenant  au  groupe  équestre,  presque  tous  d'un 
style  très  barbare  et  d'assez  petites  dimensions.  Trois  seule- 
ment donnent  quelque  chose  des  autres  parties  du  monu- 
ment :  à  Gussy,  les  deux  étages  inférieurs  du  soubassement 
avec  la  partie  inférieure  du  fût  de  la  colonne;  à  Seltz,  le 
haut  du  f&t  de  la  colonne,  avec  son  chapiteau  décoré  de 
quatre  têtes,  et  le  groupe  équestre,  à  Portieux-la^Colonne. 

fl  L'inscription  du  monument  de  Heddemheim,  datée  de 
240,  prouve  qu'il  faut  faire  remonter  à  la  première  moitié  du 
m*  siècle  au  moins  l'érection  première  de  ce  monument  et 
probablement  aussi  celle  du  monument  de  Merten,  qui,  en 
raison  de  son  importance  et  de  son  style,  parait  devoir  être 
considéré  comme  le  prototype  des  autres.  J'avais  précédem- 
ment fait  descendre  la  date  de  celui-ci  à  la  seconde  moitié 
du  w*  siècle  et  proposé  de  l'attribuer  particulièrement  à  l'em- 
pereur Probus  à  la  suite  de  ses  victoires  sur  les  Germains 
en  277.  J'abandonne  cette  supposition.  Je  pense  en  outre 
que  ce  monument  et  tous  les  autres  analogues  ont  un 
caractère  général  plutèt  que  particulier.  Ils  auraient  pour 
objet  de  glorifier  non  pas  une  victoire  déterminée,  mais  le 
triomphe  des  armes  et  de  la  civilisation  romaines  sur  les 
Germains.  TelJe  serait  la  signification  du  groupe  équestre 
qui  est  le  morceau  principal  de  ces  monuments  ;  les  statues 
et  figures  distribuées  sur  les  autres  parties  seraient  surtout 
décoratives  et  n'auraient  aucun  rapport  direct  avec  l'objet 
commémoratif  de  celui-ci,  pas  même  avec  sa  dédicace  à  une 
on  plusieurs  divinités,  comme  à  Jupiter  et  Junon,  par 
exemple,  à  Heddemheim,  où  il  est  permis  de  croire  que  cette 
dédicace  avait  accompagné  la  première  exécution,  comme 
elle  accompagne  la  restauration  due  à  Sedatius  Stephanus. 

fl  Le  groupe  équestre  est  seul  en  rapport  direct  avec  le 
motif  d'érection  du  monument.  Sa  composition  est  bien 
d'accord  avec  cette  appréciation.  L'anguipède  terrassé  est 
l'image  symbolique  du  désordre  et  de  la  barbarie  révoltés  et 
vaincus.  Il  est  employé  avec  cette  signification  dès  une  haute  , 

intitiilé  /uppitert  Saûlen,  24  pt^  in-S»,  dani  la  Westdeutiche  Zeittchrift  ffkr 
Ge$ehiehte  fmd  Kmut,  1885,  p.  805-388. 


—  444  — 

antiquité  daiu  le  mythe  des  Titans  refoulés  par  les  dieux, 
mythe  dont  on  a  de  nombreuses  représentations  antiques  où 
les  Titans  sont  figurés  quelquefois  sous  la  forme  d*angui- 
pèdes.  Les  dieux  qui  les  combattent  et  en  triomphent  sont 
généralement  à  pied  ou  en  char,  rarement  à  cheval,  ce  qui 
ne  conviendrait  guère  qu'à  Neptune.  Pausanias  (I,  2)  cite  i 
Athènes  un  groupe  de  cette  sorte  où  il  croyait  voir  Neptune 
i  cheval  menaçant  de  sa  lance  le  géant  Polybotôs. 

c  M.  Wagner  de  Garlsruhe  (dans  un  mémoire  donné  en 
1882  à  la  IVeitdeÊU9cke  ZeitschrU  J%r  Ouehickte  wnd  Kjtut 
et  intitulé  :  NepiMM  m  Giganten  Kampf  auf  rcgmischen  Mmm- 
wumten)  se  fonde  sur  ce  fait  pour  déclarer  que  le  groupe  équestre 
observé  sur  nos  monuments  représente  Neptune  combattant 
Fanguipède.  Il  se  trompe  assurément.  Le  cavalier  vêtu  en 
guerrier  romain  n'est  pas  un  dieu.  Ce  n'est  pas  une  figure 
mythologique,  mais  une  figure  historique.  C'est  probable- 
ment une  représentation  impersonnelle  de  la  puissance 
romaine.  L'anguipède  terrassé  conserve  seul  dans  le  groupe 
son  caractère  propre  et  donne  à  la  composition  sa  sigmfica- 
tion  symbolique,  i 

M.  de  Rongé  communique  une  lettre  qu'il  a  reçue  de 
M.  Maspéro  et  qui  contient  l'annonce  d'une  intéressante 
découverte  qui  vient  d'être  faite  en  Egypte. 

Il  existe  au  Musée  de  Berlin  un  papyrus  très  ancien^  bien 
connu  des  savants  ;  malheureusement  le  début  manque  entiè- 
rement. Ce  papyrus  renferme  l'histoire  d'un  Égyptien  nommé 
Sincha,  qui  vivait  dans  la  XII*  dynastie.  Il  a  été  traduit  en 
dernier  lieu  par  M.  Maspéro  dans  son  volume  de  contes 
égyptiens.  Sincha  y  raconte  lui-même  ses  aventures.  Obligé 
de  fuir  l'Egypte  au  retour  d'une  mission  dont  il  avait  été 
chargé  en  Libye,  il  passe  la  frontière  orientale  du  Delta  et 
est  recueilli  dans  une  tribu  de  Bédouins.  Le  chef  de  la  tribu, 
reconnaissant  sa  valeur,  lui  fournit  des  tentes  et  des  trou- 
peaux et  lui  donne  plus  tard  sa  fille  en  mariage.  Après  des 
pourparlers  dont  le  papyrus  nous  donne  tout  au  long  les 
détails,  Sincha  rentre  en  grâces  auprès  du  Pharaon  et  revient 
en  Egypte  où  les  plus  grands  honneurs  l'attendent. 


—  445  — 

€Se  moroean  litléraiie  était  érndemment  classique;  car  il 
existe  au  Musée  britannique  un  ostrtUum  sur  lequel  est  traus* 
crit  une  portion  de  ce  même  récit^  la  partie  finale.  On  pou- 
vait donc  espérer  retrouver  un  jour  une  copie  de  la  partie 
manquant  au  papyrus  de  Berlin.  CTest  ce  qui  vient  d'arriver 
à  M.  Maspéro.  D  a  découvert  à  Thèbes,  sur  un  immense 
éclat  de  calcaire,  le  début  de  Thistoire  de  Sincha,  et  il  compte 
le  lîBûre  paraître  bientét  dans  le  second  volume  des  Mémoirtê 
âê  rinilUut  ég^titn. 

Cette  découverte  fera  connaître  sans  aucun  doute  les  rai- 
sons qui  avaient  forcé  Sincha.  à  s'expatrier,  raisons  qui  ne 
peuvent  manquer  d'intérêt,  car,  d'après  certains  passages 
du  papyrus,  elles  semblent  se  rattacher  à  une  conspiration 
de  palais  qui  faillit  faire  tomber  du  trône  le  Pharaon 
Ammemha  I**. 

M.  Mowat  entretient  la  Société  d'un  vase  découvert  à 
Gurium,  dans  Tile  de  Chypre,  et  sur  lequel  se  lit  une  ins- 
cription grecque  ainsi  conçue  : 

BASIAEOS  nrOAEUAIOT  «lAOIIATOPOD 

M.  Mowat  engage  ses  collègues  à  aller  voir  ce  vase,  qui  est 
déposé  chez  M.  Feuardent. 

M.  Gourajod  lit,  au  nom  de  la  Commission  des  fonds,  un 
rapport  sur  la  gestion  financière  de  l'année  4885;  les  comptes 
sont  approuvés  conformément  aux  conclusions  du  rapport, 
et,  sur  la  proposition  du  rapporteur,  des  remerciements  sont 
votés  à  l'unanimité  à  M.  Aubert,  pour  le  dévouement  avec 
lequel  il  gère  les  intérêts  de  la  Compagnie. 

M.  Maxe-Werly,  associé  correspondant  à  Bar-le-Duc, 
soumet  à  l'examen  de  la  Compagnie,  de  la  part  de  M.  L. 
Foucher,  qui  assiste  à  la  séance,  trois  vases  en  terre,  d'en- 
viron 0"2ô  de  hauteur,  rencontrés  dans  des  fouilles  ûiites 
sur  le  territoire  de  Reims,  aux  lieux  dits  c  la  fosse  Plan- 
tine  »  et  c  la  Maladrerie,  t  dans  des  champs  de  sépulture. 
Ces  vases,  qui  représentent  des  singes  assis,  ont  entre  eux 
une  ressemblance  telle  qu'il  devient  difficile  de  ne  pas  les 
croire  contemporains  et  peut-être  sortis  d'une  même  officine  ; 

AXn.  BULLBTDf.  iO 


i 


—  446  — 

la  pose  et  les  gestes  de  ces  animanx  sont  identiques;  chacun 
d'eox  tient  dans  la  main  droite  on  objet  de  ibrme  oblongne 
dont  il  serait  difficile  de  déterminer  la  nature,  mais  qui  pour- 
rait être  nn  grand  Terre  à  boire. 

Deux  de  ces  vases,  qui  renfermaient,  dit-on,  des  ossements 
incinérés,  auraient  été  découverts  à  une  profondeur  de  i"&0, 
contre  la  voie  romaine  de  Reims  à  Mouzon,  sous  des  frag- 
ments de  stèles  acquis  depuis  peu  par  le  Musée  de  Reims. 

La  forme  étrange  de  ces  vases  ne  permet  toutefois  de  se 
prononcer  qu'avec  une  grande  réserve  sur  leur  Age  et  leur 
authenticité. 


Séance  du  SI  Avril. 

Présidence  de  M.  £.  Saolio,  président. 

Ouvrages  offerts  : 
Bulletin  critiqué^  publié  sous  la  direction  de  MM.  Dachesne, 
Ingold,  Lescœur,  Thédenat,  Vil»  année,  n*  8.  Paris,  1886, 
in-8*. 

—  de  2a  Diana,  t  m,  n*  6.  Montbrison,  4886,  in-8*. 

—  delà  SocUÛ  archéologique  de  Nantes  et  du  département  de 
la  Loire-Inférienre,  t.  XXIV,  année  i885.  Nantes,  1885, 
in-8o. 

—  delà  Société  archéologique  de  Touraine^  t.  VI,  3«  et  4«  tri- 
mestres de  4885.  Tours,  4885,  in-8*. 

—  de  la  Société  départementale  d'archéologie  de  la  Drame, 
avril  4886.  Valence,  in-8o. 

—  delà  Société  de  statieiiquey  sciences  j  lettres  et  arts  du  dépar- 
tement des  Deux-Sèvres f  janvier-mars  4886,  in-8*. 

BouGHBR  UB  MoLANDON.  Notice  sur  la  découverte  par  M.  DeHsU 

d^une  complainte  orléanaise  du  XIII*  siècle  avec  sa  notation 

musicale  retrouvée. 
HoLGOMB  (William).  Pennsylvania  borings  {Johns  hopkÎMS 

unioersity  studies).  4886.  Baltimore,  in-8<». 
Lkdain  (Bélisaire).  Découverte  d'un  autd  portatif  et  de  reHqéet 

de  saÎMt  Bnêfin  dans  VégUse  de  Moutiers^  Deux^èvres,  In-8*. 


—  147  — 

—  Déeomeriê  éTunê  êtatu9  rawudm  à  Samt^oepui  de  Mcm^ 
tauboM.  Jnr%\ 

tdHers  en  Gaulé.  Poitiers,  1885,  in-8*. 

—  desorigime»  de  la  commune  de  Poitiers.  Poitiers,  1883,  in-8*. 
— Fouiliet  de  deux  tumuhu  et  d*un  dolmen  près  Brsssuire,  In-8*. 

—  FowUe  du  tombeau  de  Pierre  /«,  àbhé  dAirwmU,  In-8«. 
-^  Histoire  d^ Alphonse^  frère  de  saint  Lauis^  et  du  comté  du 

Poitou^  souê  son  admmistraiiony  1241-1271.  Poitiers,  1809, 
in-8*. 

—  Histoire  de  la  viUe  de  Parthena^^  de  ses  amàens  seigneurs 
et  de  la  Gâiine  de  Poitou,  Paris,  1858,  ki-8'. 

—  Journal  historique  de  Denis  GénèrouXy  notaire  à  Partkenojf, 
1567-1576.  Niort,  1885,  in-8'. 

—  L'tKûentairs  du  château  de  Thouars^  du  2  mars  1470.  Saint- 
Maixent,  1886,  in-8*. 

—  Mémoire  sur  Penceinte  galio^romaine  do  Poitiers,  Poitiers, 
1872,  in-8*. 

—  Musée  de  la  Société  des  antiquaires  de  VOuest^  catalogue  de 
la  galerie  lapidaire,  Poitiers,  1884,  in-8o. 

«  Notice  historique  et  archéologique  sur  V abbaye  de  Saint» 
Jouin  de  Marnes,  Poitiers,  1881,  in-8o. 

—  Notice  historique  sur  les  seigneurs  de  Vemay,  la  Bemair» 
dière  et  la  Ronde,  Poitiers,  1877,  in-8«. 

—  Trois  églises  antérieures  au  XI*  siècle  :  ChdtiUon^-sur- 
Thoué,  Saint-Cléwteutin  et  Voultegon.  In-8*. 

M6lt  (F.  de).  Le  trésor  de  Chartres^  1310-1793.  Paris,  1886, 

in-8*. 
RoBBRT  (P.-Gh.).  Les  médaUleurs  de  la  Renaissance,  par 

M,  Aïolis  Heiss. 

Travaux, 

M.  le  président  donne  lecture  d'une  note  de  M.  Pninières, 
associé  correspondant  national  à  Marvejols,  sur  des  antiqui- 
tés découvertes  dans  la  plaine  de  Ghanac  (Lozère). 

c  Dès  les  années  1859  et  1860,  j'avais  constaté,  sur  le  fiifte 
d'une  haute  croupe  allongée,  appelée  La  Boulène^  au  nord-est 
de  Grèses,  des  tumuli  placés  en  ligne  le  bng  d'un  sentier. 


—  448  — 

L'un  d'entre  eux,  appelé  Lou  Clamai  dés  pétsœnénio,  était 
légendaire  chez  les  paysans  des  environs.  Ce  tumulns  [terirt 
des  chagrms)  me  donna  un  vase  plein  d'os  humains  incinérés, 
qui  reposait  sur  une  épaisse  couche  de  charbon;  au  milieu 
du  vase  se  trouvaient  de  nombreux  bracelets  tordus,  fondus, 
agglutinés  par  le  feu  ;  des  débris  de  fibule  et  une  perle  en  or  : 
le  comte  Gonestabile  aurait  trouvé  une  perle  semblable  dans 
une  sépulture  étrusque. 

ff  L'étude  de  ces  divers  tnmuli  et  leur  direction  sur  le 
tracé  d'un  sentier  me  firent  découvrir  une  antique  voie,  ou 
DroMj  se  dirigeant  du  côté  du  nord  vers  Javols,  et  au  sud, 
par  la  plaine  de  Marijoulet,  vers  Ghanac,  après  avoir  envoyé 
un  embranchement  au  castrum  Gndonentê, 

a  Dans  cette  plaine,  la  plus  fertile  de  la  Lozère,  je  consta- 
tais la  présence  de  nombreux  débris  romains. 

c  J'inlerrogeai  les  habitants  du  pays  :  tous  me  dirent 
qu'il  y  avait  eu  là  une  ville...  une  villa?  Plusieurs  vieillards 
avaient  vu  longtemps,  et  encore  récemment,  une  pierre  avec 
plusieurs  lignes  de  lettres  dans  le  mur  d'un  champ  de  cette 
plaine.  J'ai  longuement  et  vainement  cherché  cette  pierre. 
On  croit  qu'un  paysan  l'aura  utilisée.  Serait-ce  Tinscriptioii 
de  Ghanac  éditée  récemment  dans  les  bulletins  de  la  Société 
des  Antiquaires  de  France  par  M.  l'abbé  Thédenat  *  ? 

<  Quoi  qu'il  en  soit,  ces  recherches  me  firent  découvrir  de 
nombreux  débris  de  colonnes  engagées  dans  des  murs,  et  des 
quantités  considérables  de  fragments,  de  tablettes  de  marbre, 
de  poteries,  d'amphores,  etc. 

i  Aidé  par  un  ingénieur  de  mes  amis,  je  fis  pratiquer  des 
tranchées  sur  un  point  qui  avait  donné  lieu  à  une  récente 
trouvaille.  Je  mis  au  jour  des  fondations  de  murs  encore 
couverts  de  peintures;  un  fragment  de  cariatide  en  pierre; 
des  monnaies  et  des  fragments  de  poteries  très  fines,  etc. 

«  Ges  découvertes,  jointes  à  l'étude  et  à  la  direction  de  la 
voie  de  la  Boulène,  me  firent  penser  à  un  chemin  indiqué 
par  Sidoine  Apollinaire  et  à  la  demeure  des  deux  frères  Jut- 
tinus  et  Sacerdos  (Carmen  24). 


1.  BuUêtin  de  1883,  p.  S36. 


—  149  — 

c  J'ingérai  à  ce  sujet  une  assez  longue  note  dans  les  bul- 
letins de  la  Société  d'agriculture  de  la  Loière^ 

«  Depuis  cette  époque,  j'ai  souvent  parcouru  la  plaine  de 
Marijoulet;  mais  je  n'ai  plus  eu  l'occasion  de  publier  mes 
trouYailles. 

«  Cependant  ces  trouvailles  m'avaient  donné  la  conviction 
que  c'était  ifien  là  qu'était  la  demeure  des  frères  Justinus  et 
Sacerdos.  J*ai  exprimé  cette  opinion  personnelle,  en  1875, 
dans  une  communication  à  la  Société  des  Antiquaires^.  Une 
trouvaille  récente,  et  c'est  là  le  motif  de  ma  lettre,  appor- 
tera-t-elle  un  nouveau  et  meilleur  commencement  de  preuve 
à  mon  opinion? 

«  Void  le  &it. 

c  II  y  a  quelque  temps,  en  creusant  un  trou  dans  cette 
plaine  de  Ghanac,  on  tomba,  comme  cela  arrive  fréquemment, 
sur  des  restes  gallo-romains,  plâtras,  poteries,  déÂ>ris  d'am- 
phores, etc.  Au  milieu  de  ces  déblais  gisait  une  bague  en  or 
jaune,  du  poids  de  10  grammes  et  dont  le  chaton  ovale  porte 
l'inscription  : 

iVSTINi 

L'anneau  est  très  petit,  le  jonc  est  orné  de  feuillages'. 

c  Je  continue  mes  fouilles  en  Lozère,  surtout  dans  les 
sépultures  antiques.  L'année  qui  a  fini  m'a  donné,  au.  point 
de  vue  archéologique,  quelques  beaux  résultats  :  une  épingle 
en  argent  trouvée  par  moi  sous  un  dolmen.  Dans  un  tumu- 
lus,  une  belle  épée  de  bronze  (avec  sa  bouteroUe)  fort  sem- 
blable, si  j'en  juge  par  des  dessins,  à  certaines  épées  de 
Mycènes;  ailleurs,  des  bracelets  en  bronze,  des  fibules,  etc., 
et  un  épais  mais  petit  anneau  en  or  grossièrement  festonné 
à  la  surface.  Ces  objets  pourraient  peut-être  intéresser  la 
Société  des  Antiquaires.  Je  les  ai  présentés  à  la  Société 
française  d'archéologie  pour  dater  des  crânes  et  des  débris 
de  squelettes  trouvés  en  même  temps,  t 

M.  E.  Molinier  présente,  au  nom  de  M.  Charles  Robert,  le 

1.  Année  1868,  p.  111  et  raiT. 

2.  Ce  mémoire  eet  mentionné  dtns  les  bulletins  de  eette  année  1875. 

3.  Le  dessin  de  eet  annean  sera  oltérieurement  donné  dans  le  Bulletin, 


—  450  — 

compte-rendu  du  6*  fascicule  des  MédaiUêun  de  la  i 
de  M.  Aloîs  Heiss.  Ce  compi&-reiidu  fait  connaître  un  docu- 
ment publié  depuis  plusieurs  années  déjà  en  Italie,  mais  qui 
parait  avoir  échappé  aux  numismatistes  français;  il  établit 
d'une  façon  indiscutable  que  le  célèbre  médailleur  Speran- 
dio,  au  sujet  duquel  on  a  beaucoup  discuté,  s'appelait  de 
son  vrai  nom  Savelli,  et  était  originaire  de  Rolhe. 


M.  Tabbé  Thédenat  fait  la  communication  suivante  : 
c  II  y  a  environ  un  an,  M.  Mireur,  archiviste  du  Var^  me 
signala  un  fragment  de  borne  milliaire  encastré  dans  le  mur 
d'une  «ncienne  chapelle  située  près  de  Trans  et  où  il  eut 
l'obligeance  de  m'accompagner.  Cette  chapelle  dépend  aujour- 
d'hui d'une  ferme,  au  quartier  Saint- Vincent,  à  droite  de  la 
route,  avant  d'entrer  à  Trans  en  venant  du  Muy. 

c  Ce  fragment  de  borne  est  large  de  56  centimètres,  liant 
de  36,  épais  de  31  ;  il  porte  les  lettres  suivantes  : 

///A.AU1 

///ESTlTVlTE/// 
REFECIT 

c  n  nous  fut  facile  de  reconnaître  que  ce  fragment  avait 
fait  partie  d'une  de  ces  bornes  rectangulaires  datées  des 
années  31-32  et  mentionnant  une  réparation  de  la  voie 
antique  par  Tibère. 

c  II  y  a  quelque  temps,  M.  Mireur  et  ses  confrères  de  la 
Société  d'études  scientifiques  et  archéologiques  de  Dragui- 
gnan  obtinrent  du  propriétaire  de  Tancienne  chapelle  l'au- 
torisation d'enlever  le  fragment  de  la  borne  milliaire  pour 
le  transporter  dans  leur  musée.  En  faisant  cette  opération, 
ils  découvrirent  dans  la  même  muraille  un  autre  fragment 
de  la  môme  borne.  M.  Mireur  fut  assez  aimable  pour  m'en 
adresser  un  estampage,  sur  lequel  je  pus  prendre  cette 
copie  : 

IAVGFA\ 
D///TMAXV 
raPOTES/// 
///vvnt 


—  IM  — 

c  Ge  second  fragment  est  haut  de  36  centimètres,  il  est 
brisé  à  droite  et  à  gauche. 

c  La  réunion  des  deux  fragments  nous  donne  le  texte 
presque  complet  du  milliaire  qui  doit  être  ainsi  rétabli  : 


2*  fragment. 


!•»  fragment, 
c  (Ma  copie.) 


tih.  caeiar 
dwIAYGFAV^ 
l>OiiTMAXVm 
<rIBP0TE8< 

xxxni 

rESTlTVlTE/ 
REFECIT 


année  31-32. 


[Tib{€riu8)  Caesar,  dw]i  A%g(u8Hj  /[iHus)^  Ju[g{u$lut\ 
p]o[n\t{ifex)  maxu[m(us) ,  tr]ib{uniHa)  potm[Haiê)  x]xxm^ 
[r^ttUuit  e[t]  rgjecii. 

c  Cette  inscription  est  inédite,  mais  je  ne  crois  pas  qu'elle 
soit  inconnue.  Fauchet  avait  sans  doute  eu  connaissance  du 
fragment  le  plus  apparent,  contenant  les  trois  dernières 
lignes  de  Tinscription,  et  c'est  lui  qui  le  signala  le  premier 
dans  le  passage  suivant  de  sa  StalitHçme  : 

c  Les  itinéraires  ne  font  point  mention  d'une  route  directe 
c  de  Fréjus  à  Riez,  qui  s'embranchait  à  Anteis  même  ;  son 
c  existence  est  cependant  prouvée  par  une  pierre*  milliaire 
f  trouvée  à  Trans,  près  du  chemin  du  Muy.  On  y  lit  encore 
f  les  mots  REFEGIT  ET  RESTITYIT.  Cette  route  passait 
c  par  Trans  et  Draguignan^  » 

c  Noyon,  de  son  côté,  signale  le  même  fragment  en  ces 
termes  : 

c  Les  deux  points  desquels  je  viens  de  parler,  une  borne 
c  milliaire  trouvée  à  Trans,  près  du  chemin  du  Muy,  où  on 
f  lisait  ces  mots  :  REFECIT  ET  RESXITVIT,  et  enfin  la 
i  disposition  des  lieux  ne  laissent  aucun  doute  sur  ce  second 
i  embranchement,  dont  il  ne  reste  plus  rien  aujourd'hui  3.  » 


1.  Statittique  généraie  de  la  Fnmeê,  pobliéa  ptr  ordre  de  Sa  Majesté  l'Bm- 
Ptfeur  et  Roi.  Département  du  Var,  par  M.  Fanehet  Paris,  1805,  io^,'  p.  195. 

2.  Sttttiitique  du  Var,  édit.  de  1888  et  de  1846,  p.  S82-S38. 


—  152  — 

«  Séguier^  Bouche^^  et  après  enx'de  nombreux  antean, 
ont  publié  un  milliaire  semblable,  trouvé  yers  le  milieu  du 
X7II*  siècle  dans  la  rivière  d'Argens  et  transporté  an  château 
du  Muy.  On  pourrait  être  tenté  de  supposer  que  la  pierre  de 
Trans  n'est  autre  que  celle  du  Muy;  il  n'y  a  pas,  en  effet,  da 
Muy  à  Trans  une  distance  assez  considérable  pour  que  le  &it 
puisse  paraître  improbable.  Mais,  comme  me  Va  fait  obser- 
ver avec  raison  M.  Mireur,  cette  supposition  doit  être  écar- 
tée, car  la  construction  de  la  chapelle  du  quartier  Saint-Vin- 
cent, dans  laquelle  la  pierre  de  Trans  a  été  utilisée,  remonte 
à  une  date  trop  ancienne.  En  effet,  les  auteurs  qui  se  sont 
occupés  de  la  borne  du  Muy  la  signalent  comme  existant 
encore  à  une  époque  beaucoup  plus  récente  que  celle  de  la 
construction  de  cette  chapelle. 

«  La  pierre  de  Trans  appartient  aux  bornes  de  Fembran- 
chement  de  la  voie  AuréUenne  qui  se  dirigeait  vers  Riez  et 
mentionne  une  restauration  de  cet  embranchement,  exécutée 
par  ordre  de  Tibère,  en  31-32  ap.  J.-G. 

a  On  connaît  deux  autres  bornes  de  cette  môme  série, 
appartenant  au  même  embranchement  : 

«  On  a  longtemps  conservé  un  fragment  de  la  première 
à  la  ferme  Saint-Uermentaire ,  à  un  kilomètre  environ  de 
Draguignan  ;  transporté  aujourd'hui  au  musée  de  la  Société 
de  Draguignan,  ce  fragment  est  brisé  de  tous  les  côtés;  il  a 
29  centimètres  d'épaisseur  et  porte  les  lettres'  : 

aIBP 
XXXI 

E8TIT 
c  (Copie  Villefosse-Thédenat.) 
a  II  doit  se  restituer  ainsi  : 

tih.  caeiar 

divi  aug.f.  aug 

pont  maxum 


1.  Bibl.  de  Ntmes,  ms.  13795. 

2.  La  ehoroçraphie  ou  deteription  de  Provence,  U  I,  p.  253-i54  et  470. 

3.  Ce  fkv^ent  a  été  lignalé  par  Bonetettan,  Carte  arehMogique  du  Ver, 
p.  17. 


W' 


—  4M  — 

tRÎB'Potêst 
XXXIft 

r£STIT«f  <  et 

refeeii. 

c  Peiresc  nons  a  conservé  la  copie  de  la  seconde  qui  exis- 
tait autrefois  pins  au  nord,  à  Âmpus  : 

c  Inscription  antique  tirée  sur  une  grosse  pierre  qu'une 
f  inondation  a  fait  découvrir  au  village  d' Ampus,  en  Tan 
f  1676,  par  M.  le  chanoine  Antelmi,  de  Fréjus...  La  pierre 
c  a  quatre  pieds  d'hauteur,  deux  pieds  de  largeur,  deux  pieds 
c  d'épaisseur. 

TI • CAE8AR 

DIVIAYGP-AVG 

PONT • MAXVM 

TRIB  •  POTEBT- 

XX  XIII   •    E  T 

RE8TITVIT  •  ET 

REFECaT 

I  Elle  est  présentement  brisée  en  deux  et  a  esté  tirée  en  un 
•  petit  valon  fort  proche  du  grand  chemin.  Ge  qui  me  fait 
c  croire  que  c'estoit  une  pierre  posée  sous  quelque  arche  d'un 
c  pont  pareille  à  celle  que  l'on  trouva  sous  celuy  d'Argens^  » 

f  Le  ET  de  la  cinquième  ligne  a  été  mis  là  par  inadver- 
tance ;  il  n'existait  pas  sur  la  pierre. 

I  C'est  la  môme  borne  qui  a  été  publiée  par  Muratori  avec 
la  mention  f  AmpurUs  tu  Provincia  ex  schedù  meis^T  »  La 
division  des  lignes  est  identique;  1.  5,  au  lieu  de  ET,  Mura- 
tori donne  PP.  Il  n'y  avait  ni  ET  ni  PP;  Tibère  a  toujours 
refusé  de  prendre  le  titre  de  pater  patriae. 

fl  Elle  n'a  été  signalée  par  aucun  des  auteurs  qui  se  sont 
occupés  des  inscriptions  romaines  de  cette  région. 

c  Deux  autres  bornes  du  même  empereur  et  de  la  même 
année,  dressées  à  l'occasion  d'une  restauration  de  la  voie  Auré- 
lienne,  ont  été  trouvées  à  peu  prés  dans  la  même  .région  : 

1.  Psirae,  huer^Honei  tmtiquoêt  ms.  eonMrré  à  U  BlUiottièqm  utionale, 
Comii  klia,  n»  8958,  fol.  198. 
S.  P.  CDXUn,  6. 


—  154  — 

a  L'une,  découverte  en  1856  au  golfe  Jouan^,  a  été  trans- 
portée à  Vallauris  (Alpef-Maritimes)  et  encastrée  dans  le 
mur  d'un  lavoir;  il  y  à  trois  ans  environ,  le  lavoir  ayant  été 
détruit,  la  pierre  fut  déposée  dans  le  vestibule  de  la  mairie, 
où  elle  est  encore.  De  nombreux  auteurs  l'ont  publiée;  les 
plus  récents  sont  MM.  Ed.  Blanc^  et  Allmer^. 

TiB  •  CAESAR 
DIVI  •  AVG  •  F  •  AVG 
PONTI  '  MAXVM 
TRI  •  POTE  •  XXXiK 
VIAM-  REFECIf 
c  (Ma  copie.) 

«  Hauteur,  1°»25;  largeur,  0"»60;  épaisseur,  0«30. 
c  L'autre  est  signalée  par  Muratori  comme  étant  à  Saint- 
Gannat,  près  d'Aix  :  c  In  agro  sancti  Canati  in  Provincia  ex 
P.  Ànt.  Pagioy  v,  el,*.  »  Elle  serait,  si  l'on  en  croit  la  copie 
suivie  par  Muratori,  de  la  XXn«  puissance  tribunitienne 
de  Tibère,  c'est-à-dire  de  l'année  20-21.  Il  est  absolument 
certain  que  la  copie  est  fautive,  et  que,  comme  toutes  les 
bornes  de  cette  série,  elle  marquait  la  XXXIU*  puissance 
tribunitienne  et  appartenait  à  Tannée  31-32. 

«  Enfin  j'ai  eu  occasion  de  copier  deux  autres  bornes  de 
Tibère,  appartenant  à  la  voie  qui  suivait  la  rive  gauche  du 
Rhône. 

«  La  première,  trouvée  près  de  Maillanne  (Bouches-du- 
Rhône),  est  conservée  à  la  mairie  de  cette  ville,  encastrée 
dans  le  mur  du  vestibule  : 

TIGAE  8 AR  DIVI 
AVGV8TI  •  F  •  AV^iif 
TVS   •   PONTIFEX 


1.  «  Cette  pierre  a  été  trouTée  ea  golfe  Jooan,  en  1856,  dans. la  propriété  de 
«  M.  Antoine  Goiol,  à  50  mètres  environ  de  la  route  impériale,  au  nord,  à  30  métret 
«  d*ane  maisonnette,  en  allant  rers  Tooest.  •  L'abbé  Alliez,  Les  tles  de  LérM% 
Cannes  et  les  rivages  environnants^  Paris,  1860,  iii-8%  p.  S6t  et  note  f  dtla 
même  ptge. 

S.  Épigrophiê  antique  des  Alpee-M^ritimes,  U  I,  p.  130,  ■•  108. 

8.  Rev.  ^igr,  du  midi  de  la  France,  t.  I,  p.  101,  n*  113. 

4.  P.  CDXLII,  ». 


—  «5  — 

MAXVMVSTRf 
BVNICIA  •  POTBS 
TaTE-  XXXIIIRe 
FEGIT  •  ET  •  RESTlTvrr 
I  (Ma  copie.) 

•  Hauteur,  1™;  largeur,  0»79. 

c  Ligne  1  :  la  partie  supérieure  des  trois  premières  et  des 
cinq  dernières  lettres  a  été  emportée  par  une  cassure.  — 
L.  2  :  les  lettres  T  et  I  sont  liées  dans  le  mot  AYGYSTI. 

c  M.  Ludoyic  Vallentin  conserve  la  seconde  dans  sa  belle 
collection  de  monuments  épigraphiques,  à  Moniélimar 
(Drôme).  Elle  a  été  publiée,  entre  autres,  par  son  fils,  le 
regretté  Florian  Vallentin*. 

c  La  pierre,  haute  de  in32,  large  de  O^GO  et  épaisse  de 
0»28,  est  entière;  elle  a  été  brisée  par  le  milieu  dans  toute 
sa  hauteur.  Les  deux  parties  ont  été  ajustées  et  rapprochées 
avec  soin,  mais  une  partie  des  lettres  a  disparu  et  beaucoup 
d'autres  ne  sont  visibles  que  par  quelques  traits  : 

TI  •  CA*  8AR 
DiVlAVGVSTF 
AVGPoNTIFEX 
M  A  X  «  m  V  S 
TRib  u  n  i  c  i  a 
PO  t  e  i  t  aTlË 
XXxtIIrcPECiT 
ET  •  R«fTITVIT 
f  (Ma  copie.) 

c  Cette  borne  a  été  trouvée  à  Rac,  au  sud  de  Montélimar, 
près  du  ruisseau  de  la  Réale,  à  Tendroit  où  se  trouvait  un 
pont  antique  3. 

<  Toute  cette  série  de  bornes  prouve  que  la  trente-troi- 
sième année  de  son  règne,  c*e8t-à-dire  en  31-32  après  J.-G., 
l'empereur  Tibère  fit  restaurer  la  voie  Aurélienne,  l'embran- 
chement de  cette  voie  qui  se  dirigeait  sur  Riez,  et  la  voie 
d' Agrippa,  qui  descendait  de  Lyon  à  Arles,  en  suivant  la 

1.  La  volé  d^Agrippa^  p.  t8,  n*  XVI. 

2.  RftnMignement  fourni  par  M.  L.  Villentin. 


—  156  — 

rive  gauche  du  Rhône.  Une  série  de  milllaires  semblables 
mentionne  une  restauration  de  la  voie  Domitienne*. 

a  Quoique  toutes  les  bornes  de  cette  série  soient  de  la  même 
année  et  mentionnent  la  môme  restauration,  les  formules 
finales  ne  sont  pas  identiques.  Sur  les  homes  de  Trans,  de 
Draguignan,  d'Ampus,  appartenant  à  l'embranchement  qui 
se  dirigeait  sur  Riez,  on  lit  : 

RE8TITVIT  ET  REFEGIT 
c  Sur  celle  de  Vallauris,  appartenant  à  la  voie  Aurélienne  : 

VIAM  REFEGIT 
c  Sur  celles  de  Maillanne  et  de  la  collection  Vallentin, 
appartenant  à  la  voie  qui  suivait  la  rive  gauche  du  Rhône  : 
REFEGIT  ET  RESTITVIT 

c  De  plus,  les  divisions  des  lignes  ne  sont  pas  toujours  les 
mêmes. 

«  Ges  exemples  nous  montrent  des  formules  variant  d'ime 
voie  à  l'autre,  mais  étant  uniformes  sur  les  bornes  de  la 
môme  voie.  G^est  un  fait  à  noter  et  qui  peut  avoir  un  certain 
intérêt  pour  l'étude  de  l'administration  des  voies  romaines. 

a  Tout  récemment,  on  vient  de  trouver  à  Brignoles  (Yar) 
une  borne  appartenant  à  une  autre  série  de  milliaires  plan- 
tés sur  la  voie  Aurélienne,  en  mémoire  d'une  restauration 
nouvelle,  faite  par  l'empereur  Néron  vingt-six  ans  plus  tard. 
Gette  pierre  fut  trouvée  dans  les  fondations  d'une  maison 
ancienne  d'environ  deux  ou  trois  cents  ans,  située  an  quar- 
tier des  Gapucins,  à  Brignoles,  et  que  M.  Victor  Giraud  a 
fait  démolir,  pour  la  reconstruire.  Le  milliaire  est  actuelle- 
ment dans  le  jardin  de  M.  Giraud. 

«  Gette  borne,  de  forme  rectangulaire,  comme  toutes  celles 
de  cette  série,  est  haute  de  84  centimètres,  large  de  60, 
épaisse  de  30.  Elle  porte  l'inscription  suivante,  que  j'ai  trans- 
crite d'après  un  estampage  que  je  dois  encore  à  l'inépuisable 
obligeance  de  M.  Mireur. 


1.  Cr.  Cutlii  d0  Fondonee,  Barnet  miUiûirêt  du  dépvimaU  de  FMéwM, 
H"  S,  5,  10,  il,  il,  U,  17,  19;  Aurto,  Bornêt  mUliairet  du  Gmtd,  ■>•  a,  M. 
»,  U,  M,  40,  41 ,  et  p.  175  et  enîT. 


—  157  — 

hEROGLAVDIVS 
DIVI •    CLAVDI • F 
6ERMANIGI  •  GAESARIt 
NEP  •  TI  •  CAE8 ARIS   AVG  •  PRo 
NEPDiViAVG-  ABNEP08 

GAEBAR  •  AVG  • 
GERMANIGV8P0NTIF; 

MAX  •  T  R  •  p  o  T  •  nn  •  I M  p  •  nn 

G08  •  m  •  P  •  P  •  RESTITVrr 

c  L.  i,  les  lettres  V  et  8  sont  liées. 

[N]êro  CUmdùu^  dkn  C2aiu2t(t)  fiUùu)^  Gemuuiici  (7asfa- 
ri{s]  nêp(a$),  Ti(beriij  C<tê$aris  A%g{uiHj  pr[o]n^(aê),  dm 
Augiusti)  abneposy  Caesar  Aug(uitus)  Gerwumicut^  p<mti/(ex) 
max(MmMs)y  tr{ihunic%a}  pot€t(tat€)  guarttanj  imp(erator)  quar- 
tmm,  eo(n)${ul)  tertiumj  p(ater)  p{airiae)y  resiUuii. 

c  A  la  partie  inférieure  de  la  pierre,  on  a  gravé  les  lettres 
soiTantes,  tracées  négligemment  et  mal  formées  : 

R  POTim 

M 

• 

c  Ces  lettres  ne  sont  pas  antiques;  elles  ont  dû  être  ajou- 
tées après  coup^  sans  doute  par  quelque  archéologue  qui, 
ayant  déchiffré  l'inscription,  a  transcrit  à  part  Tindication  de 
Tannée  de  la  puissance  trihunitienne,  parce  que  c'est  elle  qui 
donne  la  date  précise.  En  tout  cas,  le  fait  remonterait  au 
moins  à  deux  ou  trois  cents  ans,  c'est-à-dire  à  une  date  anté- 
rieure à  la  construction  de  la  maison  dont  la  pierre  formait 
la  fondation. 

c  Aussitôt  après  avoir  été  découverte,  cette  inscription  a 
été  publiée  dans  un  journal  locale 

c  Le  texte  donné  dans  cet  article  est  exact,  sauf  omission 
de  la  ligne  surajoutée,  qui,  d'ailleurs,  ne  fait  pas  partie  de 
Finscription  antique.  Mais  l'auteur  anonyme  commet  une 
grave  erreur  dans  le  commentaire  dont  il  a  fait  suivre  le 
texte. 

c  II  rapproche  avec  raison  la  nouvelle  pierre  de  Brignoles 

1.  Le  Cùurritr  ék  Var,  SI  man  1886. 


—  458  — 

d'nne  antre  borne  de  la  même  série,  trouTée  au  Luc  (Yar)^ 
et  connue  uniquement  par  une  copie  de  Peiresc  ^.  La  copie 
de  Peiresc  ofifre,  avec  la  pierre  de  Brignoles  et  toutes  lei 
autres  bornes  connues,  la  variante  suivante  : 
TRPOT-nïî-IMPITER 

a  Cette  variante  est  donc  en  contradiction  avec  le  texte  d( 
toutes  les  bornes  analogues  qui  mentionnent  non  la  seconde 
mais  la  quatrième  puissance  tribunitienne;  l'auteur  ajoat( 
foi  à  la  lecture  du  monument  qui  n'existe  plus,  et  pen» 
que,  sur  tous  les  autres,  on  a,  par  erreur,  gravé  DiP  *  III 
au  lieu  de  IMP  *  ITËR.  U  lui  a  sans  doute  smablé  impos- 
sible que  les  nombreux  auteurs  qui  ont  édité  la  piarre  di 
Luc  se  soient  tous  trompés.  Le  fait  lui  aurait  paru  moini 
improbable  si,  ayant  pu  consulter  tous  les  livres  où  ce  tezU 
a  été  publié,  il  avait  constaté  que  tous  les  textes  procèdent 
directement  ou  indirectement,  de  la  copie  de  Peiresc.  Il 
n'y  a  donc  eu,  en  somme,  qu'une  seule  erreur,  aveuglémeni 
répétée  par  les  éditeurs  qui  se  sont  succédé. 

a  La  thèse  soutenue  par  l'auteur  n'est  pas  nouvelle;  il  l'a 
vraisemblablement  empruntée  à  Papou,  qui,*  prenant  aussi 
comme  point  de  départ  la  copie  fautive  de  l'inscription  dv 
Luc,  veut  également,  sur  les  autres  bornes,  corriger  im  en 
ITERa. 

c  Dès  l'année  1818  cependant,  l'auteur  d'un  article  public 
dans  VAlmanach  du  Var  avait  compris  combien  il  était  diffi- 
cile de  supposer  une  même  erreur  de  date  reproduite  sui 
plusieurs  monuments;  et,  tout  en  proposant  une  explication 
inadmissible,  il  maintient  avec  raison,  contre  Papon,  la 
lecture  IMP  im  \ 

c  U  n'est  pas  nécessaire  d'aller  chercher  bien  loin  les 
explications  :  la  simple  comparaison  des  dates  diverses  men- 
tionnées sur  ces  pierres  suffit  pour  démontrer  l'erreur  de  la 
copie  de  Peiresc,  qui  devrait  être  redressée,  quand  bien 
même  on  n'aurait  pas  sous  les  yeux  les  textes  des  trois  bornes 
existant  encore.  En  effet,  sur  cette  inscription,  Néron  est  : 


1.  Mb.  8958,  fol.  20. 

1.  Histoire  générale  de  /Vomum,  1776-i78S,  t.  1,  p.  Ht, 

3.  Ahnanach  du  Var  pour  1818,  p.  197-199. 


—  «5f  — 

i*  dam  sa  quatrième  puissance  tribniUtieime,  2*  imperator 
pour  la  quatrième  fois,  3*  consul  pour  la  troisième  fois.  Or, 
la  quatrième  puissance  tribunitienne  de  Néron  court  du 
13  octobre  57  au  12  octobre  58;  au  premier  janvier  58,  il 
lut  consul  pour  la  troisième  fois  ;  cette  même  année,  il  fut 
iw^perator  guarium^  sans  doute  à  l'occasion  des  victoires  de 
Gorbulon  en  Arménie.  Dès  Tannée  suivante,  il  était  impera- 
tar  sextmm*.  Sur  une  inscription  de  l'année  57,  la  troisième 
de  sa  poissanœ  tribunitienne,  il  est  iMptroiar  tertùim^;  ce 
fut  aussi  Tannée  de  son  second  consulat. 

«  La  mention  de  la  seconde  proclamation  impératoriale, 
imperator  iterum^  devrait  donc,  sur  les  inscriptions  de  Néron, 
coïncider  avec  la  première  ou  la  seconde  année  de  la  puis- 
sance tribunitienne  et  avec  le  premier  consulat,  et  non  avec 
la  quatrième  puissance  tribunitienne  et  le  troisième  consulat. 

c  Sur  la  borne  du  Luc  et  sur  toutes  celles  de  la  série,  il 
faut  donc  lire  imperator  quartum^  la  seule  mention  qui  con- 
vienne à  Tannée  58,  date  de  Tinscription. 

c  Pas  plus  que  la  borne  de  Trans,  celle  de  Brignoles  n'est 
nouvelle.  C'est  évidemment  la  même  qui  fut  publiée  dans 
VAlnuMach  du'Var  avec  la  mention  suivante  :  c  On  ignore 
c  ce  qu^est  devenue  aujourd'hui  la  pierre  trouvée  à  Brignoles,  » 
Depuis  longtemps  déjà,  elle  était  dans  les  fondations  de  la 
maison  du  quartier  des  Capucins.  Pour  être  convaincu  de 
cette  identité,  il  suffit  de  comparer  le  texte  de  VAlmanach  du 
Var  avec  celui  de  la  borne  rendue  à  la  lumière.  La  division 
des  lignes  est  la  même,  ce  qui  ne  se  rencontre  pas  si  Ton 
compare  cette  borne  avec  les  autres  de  la  même  série.  De 
plus,  sur  les  deux  textes,  ligne  1,  V  et  S  sont  liés;  1.  2,  il  y 
a  un  point  après  le  F  ;  1.  3  et  4,  la  lettre  finale  a  disparu  ; 
1.  6,  il  y  a  un  point  après  AVG. 

c  Trois  autres  bornes  semblables  ont  été  trouvées  près  de 
Brignoles. 

«  L'une  se  voit  encore  non  loin  de  Brignoles,  sur  le 
Cannn  aureliany  au  lieu  dit  Candumy,  près  Gabasse,  à  Ten- 
trée  de  Tavenue  de  la  ferme  appelée  La  Grande'Piècey  appar- 
tenant à  M.  Gavoty. 

i.  Aeta  ArtmUwn,  Corp.  inter,  lot.,  t.  VI,  f.  48a,  1.  41. 
S.  Corp,  imer.  lat„  t.  U,  n«  4734. 


—  460  — 

NBR0CLAVDIV8 
DlYiGLAVDI  F- 

6EBMARMANIGIGAE     ^ 
NTIGAESARIS- AVG  •  PHO 
NEP  •  Dl VI  •  AVG  •  ABNEPOTI     {sié\ 

GABSAR  •  AVG 
GERMANIGV8  •  P  OJN  T  I  F 
MAXTRPOTimiMPiniGOS 
in  •  P  •  P  •  RBBTITVIT 
c  (Gopie  Viliefosse-Thédenat.) 

c  L.  1,  on  ne  voit  que  le  bas  du  8;  il  est  très  rapproché 
du  V,  et  semble  avoir  été  lié  avec  loi,  comme  sur  la  borne 
de  Brignoles. 

c  De  Tautre  côté  de  Brignoles,  entre  cette  ville  et  Tonnes, 
existait  un  autre  milliaire  de  Néron.  Gette  pierre,  trouvée 
en  1745  dans  le  territoire  de  Tourves^,  fut  transportée  par  le 
comte  de  Valbelle  dans  les  jardins  de  son  château.  Le  chl^ 
teau  de  Tourves  fut  brûlé,  mais  la  pierre  se  voit  encore,  à 
l'entrée  des  ruines,  sur  une  terrasse,  debout  à  l'endroit  où  le 
comte  de  Valbelle  la  fit  dresser. 

c  Elle  est  parfaitement  intacte,  le  texte  antique  est  suivi 
de  quelques  lignes  que  le  comte  de  Valbelle  fit  graver  : 

NBRO • GLAVDIV8 

DiVl  •  GLAVDI  •  P 
GERMANIGI • GAE8AR 
•NEPj_TI  •  GABSARIS  •  AVG 
PRON  •  dIvI  •  AVG  •  ABNEjp 
GAE8AR  •  AVG  *  GERMANIG  V8  (NI  liàf 
PONTIP  MAX  •  TR  j^T  •  IHI 
IMP  •  im  •  G08  •  m  •  P  •  P  • 

RESTITVrr 
ET    • ITERUM 
RESTITUIT/ 
A  N  N    0     1   7    6    5 
J08  •  ALPH  •  AUDOM  • 

1.  Abiumûek  du  Var  pour  l'aimée  iSiS;  cf.  Papou,  Voifûfff  de  Ptwtnett 
t.  I,  p.  90,  ot  Siat.  gén.  de  Promené»,  t.  I,  p.  112. 


—  464  — 


COMES  DE  VALBELLE 
DUX   MILITARI8 
a  (Copie  Villefosse-Thédenat.) 

c  Lors  de  notre  passage  à  Brignoles,  M.  Vian,  imprimear 
dans  cette  ville,  nous  a  montré,  à  M.  de  Yillefosse  et  à  moi, 
une  carte  manuscrite  de  Brignoles  et  du  {>ays  environnant. 
Elle  est  ainsi  intitulée  : 
c  Tableau  |  msroRiQUE  |  de  la  |  vigaibib  |  de  Brignolle  | 

AVEC  le    plan  I   SdÂNOGRAPHIQUE   |   DE    SON    TERRITOIRE  |   ROMB 

PBcrr  I  1773. 

c  Cette  carte  a  été  exécutée  par  ordre  de  M.  Toussaint 
Goujon,  curé  de  Brignoles  ^  Tout  autour,  il  a  fiait  repré- 
senter la  série  des  curés  de  Brignoles  ;  lui-môme  y  figure 
avec  cette  mention  :  i  Toussaint  Goujon,  prêtre  de  Brignolle, 
«  D'  en  Théologie,  pourveu  en  1765,  xxx«  curé.  »  Tout  à 
rheure,  nous  aurons  à  reparler  de  Toussaint  Goujon. 

c  A  gauche  et  à  droite  de  la  carte,  on  lit  le  texte  de  deux 
bornes  miiliaires  : 

a  Borne  de  gauche  : 


NBRO  •  CLAVDIV8 | dIvI  • 
CLAVDI  FI  GERMANICI 
GAE8AR  I  NEP  j^TI  •  GAESARI8 
AVG  •  I  PRON  •  DiVl  •  AVG 
ABNE-  I  GAESAR  •  AVG  • 
GERMANIGVS  |  PONTIF  • 
MAX  •  T^-  POT  •  IIII  I IMP  • 
lUI  C08  m  I  P  •  P  •  I 
RE8TITVIT 

Tramporiée  au  châteoM  de  Tourve». 

4 


«  L.  6  :  N  et  I  sont  liés  dans  GERMANICY8. 

1.  Cf,  Histoire  de  Brignoles t  aans  nom  d'aatear,  [J.  Raynooard,  Mcrétaire 
perpétuel  de  l'Académie  Traiiçaite,]  Brignoles,  1829,  p.  23^  réimpression  de  1883, 
même  p«ge. 

Am.  BULLBTIN.  H 


—  462  — 

f  Borne  de  droite  : 


NERO  •  CLAVDIV8  •  |  DIvI  • 
CLAVDl  •  F  •  j  GBRMANICI  • 
GAES ARIS  •  I  NËP  * 
TI  GAE8ARI8  AVG 
PROINEP  DiVl  •  AVG 
ABNEP08-  I  GAB8AR'AVG- 
GERMANICV8  PONTIF  • 
MAX  •  TR  j^OT  •  mi  IMP  • 
im  G08  •  lU  P  •  P  • 
RE8TITVIT 

Tramsportée  à  la  battidê  d» 

r  S^'MarguêHtêj  dite  La  Liêuê^ 

et  de  là  à  S^PUrrt. 

109 


c  Une  note  écrite  dans  la  marge  de  la  carte  mentionne 
ainsi  la  découTerte  des  deux  bornes  : 

c  On  ne  peut  douter  que  ce  ne  soit  [il  s'agit  de  Brignoles] 
«  le  Matavone  de  la  grande  voie  Aurellienne ,  depuis  la 
«  découverte  de  deux  pierres  milliaires  trouvées  demière- 
c  ment  à  chaque  extrémité  de  son  terroir,  sur  la  grande  route 
«  actuelle  f  exactement  semblables  à  celle  du  Luc,  dont 
«  Bouche  donne  aussi  l'explication.  » 

«  Nous  savons,  par  la  carte  même,  que  la  borne  de  gauche 
est  celle  qui  fut  transportée  au  château  de  Tourves;  elle  est 
désignée  par  le  numéro  4  qui  correspond  sur  la  carte  i 
un  point  de  la  route  de  Brignoles  à  Tourves,  situé  eaa.  face 
d'une  ferme  appelée  Gatel.  Vers  cet  endroit  existe  encore 
aujourd'hui  une  borne  portant  d'un  côté  les  armes  de  Bri- 
gnoles, de  l'autre  les  armes  de  Tourves,  et,  sur  la  face,  la 
date  1638.  On  voit  que  la  note  mentionnant  que  les  mil- 
liaires ont  été  trouvés  à  chaque  «  extrémité  du  terroir  i  de 
Brignoles  doit  être  prise  à  peu  près  à  la  lettre. 


—  168  — 

f  A  débat  d'autre  indicatioiif  la  comparaison  do  texte 
donné  par  la  carte  et  de  celui  qu'on  Ut  encore  sur  la  pierre 
de  Tourves  suffirait  pour  rendre  Tattribation  certaine.  Sn 
tenant  compte  des  traits  yerticaux  par  lesquels  est  marquée, 
sor  la  carte,  la  séparation  des  lignes,  on  voit  que,  sur  les 
deoz  pierres,  les  divisions  sont  exactement  les  mêmes.  En 
outre,  les  deux  textes  ont  des  particularités  communes  qui 
ne  se  retrouvent  pas  sur  les  autres  pierres  de  la  même  jérie  : 

c  Dans  le  mot  PRON,  la  ligne  horiiontale  marquant 
l'abréviation;  ligne  6  :  ABNE  au  lieu  de  ÂBNBP,  la  lettre  P 
ayant  disparu  sur  la  pierre  de  Tourves  ;  les  lettres  N  et  I 
liées  dans  le  mot  Otniamiau^ . 

«  Les  termes  dans  lesquels  Papon  raconte  la  découverte 
de  U  borne  de  Tourves  favorisent  aussi  cette  identification, 
si  on  les  rapproche  des  expressions  dont  se  sert  l'auteur  de 
la  carte  : 

t  Après  Saint-Maiimin,  en  suivant  la  grande  route,  Titi- 
t  néraire  fiiit  mention  de  T^rrtM,  aujourd'hui  Tourvm.  On  a 

•  trouvé,   A    L'BXTBéMITÉ  DU  TBRBOni,   DU   C&SÈ  DB   BftlOIlOLBS, 

c  QO  mîliiaire  qui  fut  élevé  la  quatrième  année  du  règne  de 
t  Néron,  l'an  58  de  J.-G.  Feu  M.  le  comte  de  Valbelle  le  fit 
«  placer  au  bas  d'une  rampe,  dans  le  parc  de  son  château,  qui 
«  est  un  des  plus  beaux  de  Provence'.  » 

«  Nous  pouvons  donc,  grâce  à  la  carte  de  M.  Vian,  con- 
naître l'endroit  précis  où  a  été  trouvée  la  borne  transportée 
par  le  comte  de  Valbelle  dans  son  château  de  Tourves. 

t  Quant  à  la  borne  de  droite,  trouvée  â  l'autre  extrémité  du 
territoire  de  Brignoles,  elle  était  située,  d'après  le  n*  109 
dont  elle  est  notée,  à  300  mètres  environ  au  delà  de  la  ferme 
dite  La  Lieue  (en  provençal  La  Lègue),  vers  les  confins  du 
territoire  de  Brignoles  et  de  Gabasse,  à  un  endroit  corres- 
pondant à  peu  près  au  cinquième  hectomètre  du  troisième 
kilomètre  de  la  route  de  Brignoles  à  Gabasse,  c'est-àp-dire  à 


•  • 


1.  U  faut  eependut  ftire  obaerrer  qae  la  séparation  des  lignes  et  quelques-unes 
àêt  partidilarités  signalées  ici  ont  été  ajoutées  sor  la  earte  vpré»  ooop;  quoique 
plos  récentes  que  la  earte,  elles  doirent  êtrs  eepeadant  andennes  ;  M.  Vian  les  y 
t  tODJoors  mes. 

S.  Voyage  de  Provence,  t.  I,  p.  90. 


—  464  — 

Bit  kilomètres  et  demi  de  Brignoles  *.  De  là,  nous  apprend 
la  carte,  elle  fût  transportée  à  la  ferme  La  lÀgwB^  pois  à 
Saint-Pierre. 

«  On  serait  tenté,  an  premier  abord,  de  regarder  cette  copie 
comme  celle  de  la  borne,  existant  encore  à  Gandamy,  dont 
j'ai  donné  le  texte  pins  haut.  Mais  nous  avons  des  données 
contraires,  outre  les  divergences  notables  qui  existent  entre 
les  deux  textes. 

«  Dans  sa  Statutiquê  d»  Var^^  Noyon  s'exprime  ainsi  an 
sujet  d'une  borne  de  Brignoles  : 

c  11*.  Borne  miliiaire  à  Brignoles.  De  nos  jours,  il  existait 
«  une  autre  pierre  miliiaire  à  très  peu  de  distance  de  la 
«  route  ancienne  d'Italie,  près  de  Tavenue  qui  conduit  de 
c  cette  même  ronte  à  la  maison  de  campagne  dite  La  Lieue, 
i  appartenant  à  M.  Bellon  de  Sainte-Marguerite.  Cette  pierre 
f  fut  demandée,  peu  avant  la  Révolution,  par  M.  Goujon, 
«  ancien  curé  de  la  paroisse  de  Brignoles,  qui  la  fit  trans- 
f  porter  à  sa  campagne,  dite  la  />îmm,  et  la  fit  placer  à 
«  Textiémité  nord  d'une  allée  qui  se  trouvait  en  fiàce  de  la 
c  principale  porte  de  la  maison  d'habitation.  Il  y  fit  placer 
c  au-dessus  un  assez  mauvais  buste  de  Néron.  La  tourmente 
c  révolutionnaire  a  fait  disparaître  cette  pierre. 

«  L'inscription  que  portait  cette  pierre  est  telle  qu'on  la  voit 

«  M.  Goujon  fit  ajouter  an  bas  ces  deux  lignes  : 
€  QVI  PBTRVM  TRVGIDAVrr 
«  PETRI  AEDES  EXORNAVIT  » 

c  La  borne  transcrite  à  gauche  de  la  carte  et  celle  que 
mentionne  Noyon  sont  les  mêmes.  Rome  et  Noyon  disent 
l'un  et  l'autre  que  la  borne  fut  transportée  à  Là.  Lieue; 
Rome  ajoute  qu'on  la  porta  ensuite  à  Saint-Pierre.  L'église 
Saint-Pierre,  aujourd'hui  détruite,  était  au  sud-est  de  la 
ville;  c'était  l'ancienne  paroisse  de  Brignoles*. 

«  Transportée  à  Saint-Pierre,  la  home  fut  destinée  proba- 
blement à  quelque  restauration  de  l'église.  On  s'explique  alors 

1.  La  ronte  de  Cahute  s'embranche  sur  oelle  de  Brigaolee  à  Flasaaiia,  deoz  eeaU 
mèlret  à  peu  prée  aprèa  le  troiiiAiiie  kilomètre. 
S.  Statittiquê  du  Vor,  éd.  de  1838  et  de  1848,  p.  tti. 
a.  Cf.  HUL  de  Brignolêt,  p.  19-tO. 


—  165  — 

que  le  coré  de  la  paroisse  de  firignolea,  Vàbhé  Toussaint 
Goujon,  ait  éprouYé  un  certain  plaisir  à  constater,  sur  la 
pierre  même,  que  le  milliaire  de  l'empereur,  sous  le  règne 
duquel  saint  F4erre  fut  martyrisé,  avait  servi  à  orner  une 
église  consacrée  à  saint  Pierre. 

«  Les  bornes  de  Brignoles  ont  été  publiées  souvent,  sans 
que  les  auteurs  se  soient  référés  les  uns*  aux  autres.  Les 
confusions  sont  faciles;  il  importe  d'en  bien  établir  le 
nombre.  On  connaît  quatre  bornes  de  Jïéron  trouvées  à  Bri- 
gnoles ou  aux  environs;  les  voici,  en  suivant  la  voie  Âuré- 
Uenne  de  l'est  vers  l'ouest  : 

c  1*  Celle  qui  se  trouve  actuellement  à  Gandumy,  sur  la 
voie  Aurélienne,  à  l'entrée  de  l'avenue  de  la  ferme  dite  La 
Grande-Pièce. 

«  2*  Celle  qui  fut  trouvée  près  de  La  Lieue,  sur  le  bord  de 
la  voie  Aurélienne,  confondue  en  cet  endroit  avec  la  route 
de  Gabasse. 
«  3*  Celle  de  Brignoles,  retrouvée  récemment, 
c  4*  Celle  de  Tourves,  trouvée  à  la  limite  de  Brignoles  et 
de  Tourves,  sur  le  bord  de  la  voie  Aurélienne ^ 

«  A  la  suite  du  texte  de  la  borne  du  Luc,  dont  j'ai  parlé 
plus  baut,  Peiresc^  donne  la  copie  d'un  autre  milliaire, 
trouvé  au  Cannet,  près  du  Luc.  Il  est  facile  de  reconnaître 
dans  cette  copie  le  fragment  d'un  milliaire  de  la  môme  série 
que  les  quatre  précédents. 

«  Il  n'a  pas  encore  été  signalé,  à  ma  connaissance  du 
moins. 

GIG 

AESAR 

NIIVIAV 

CAËSAR 

RMANI 

AXTRPOT 

COSUPPRESTip 

{sic) 

1.  Je  ii*ti  pas  à  parier  ici  des  bornes  de  Gabasse;  elles  appartiennent  à  une 
antre  série. 
S.  Loe.eit. 


I    ' 
I 


—  466  — 

«  Jd  D.  TrmUiUis  ogro  dé  CatmHo  ad  viam,  a»rûiamy,wnL  4 
a  Imoo.  » 

n  9  r  o  '  elaudiui 
d  i  V  i  *  e  l  a  u  d  i  *  / 
germa  niCl  *  C  a  ê  i 
%'  ti'  cÂES ARi»  *  aug  '  pro 
N   •    DIVI  •  AVy   •   ad» 

GAESAR  aug 
^«RMANIcicf  -  pontif 
«  AX  '  TR  •  POT  •  un  •  mp  •  tiu 
COS  •  m  •  P  •  P  •  RE8TI<«tf 

«  Les  borues  de  ces  deux  séries  ne  portept  aucune  indica- 
tion de  distance.  Faut-il  en  conclure  qu'elles  étaient  seule- 
ment destinées  à  rappeler  les  restaurations  de  la  route,  faites 
par  ordre  des  empereurs  Tibère  et  Néron,  et  le  nom  miîUaire 
qu'on  leur  a  toujours  donné  serait-il  impropre  ?  On  ne  peut 
le  croire;  les  milliaires  de  Tibère  de  la  voie  Domitienne 
portent  tous  des  chififres.  D'un  antre  côté,  je  ne  me  repré- 
sente guère  une  borne  milliaire  sans  indication  des  distances. 
Ce  fait  peut  quelquefois  s'expliquer  par  la  juxtaposition  d'une 
borne  plus  récente  à  côté  d'une  borne  ancienne  ;  mais  cela 
suffirait-il  pour  expliquer  l'absence  de  chiffres  sur  un  si  grand 
nombre  de  milliaires?  Peut-être  pourrait-on  supposer  que,  la 
formule  officielle  qui  ne  devait  pas  changer,  une  fois  gravée, 
on  plantait  quelquefois  les  bornes  indistinctement,  de  mille 
en  mille,  à  la  place  qu'elles  devaient  occuper;  puis  le  chiffre 
était  peint  sur  la  pierre  et  entretenu  par  les  cantonniers. 
Cette  idée  m'est  venue  quand,  parcourant  certains  de  nos 
départements  à  la  recherche  des  milliaires  de  l'époque 
romaine,  je  vis,  sur  le  bord  des  routes,  des  bornes  kilomé- 
triques dont  les  chiffres  étaient  peints  en  rouge.  Ce  qu'on 
fait  maintenant,  pourquoi  ne  Taurait-pn  pas  fait  autrefois? 
Les  hommes  se  copient  et  se  répètent  plus  souvent  qu'ils 
n'innovent.  L'usage  des  inscriptions  peintes  était  en  outre 
assez  répandu  dans  l'antiquité  et  chez  les  Romains  pour  que 
cette  hypothèse  ne  paraisse  pas  invraisemblable^;  toutefois, 

1.  Cf.,  sur  les  inscriptiou  peintes,  disaerUtion  de  Dreaael  daae  Im  CMunento- 


—  4«7  — 

elle  ne  swirait  ôtre  admise  sans  an  fait  on  na  texte  à  Pap- 
pni,  et  je  n*ai,  à  mon  grand  regret,  ni  l'on  ni  l'antre  à  pré* 
senter.  i 

M.  de  Rougé,  membre  résidant,  présente  à  la  Compagnie 
une  bague  en  or  du  xrv*  siècle,  dont  le  chaton  est  orné 
d'un  casque  surmonté  d'un  haut  cimier,  et  flanqué  des  deux 
lettres  R  et  G.  Il  présente  en  môme  temps  une  petite  boucle 
en  or  du  xv*  siècle,  portant  une  légende  en  minuscules 
gothiques  dont  la  lecture  semble  difficile  à  déchifi[ï«r.  Ces 
deux  objets  ont  été  découverts  aux  Essarts  (Vendée).^ 

M.  Maxe-Werly,  associé  correspondant  à  6ar-le-Duc, 
présente  une  balance  en  bronze,  de  l'époque  romaine,  trou- 
vée à  Reims.  Toutes  les  pièces,  verge,  anse,  chaînettes, 
anneau,  plateau  et  contrepoids,  conformes  à  la  description 
de  Vitmve,  présentent  certaines  particularités  qui  méritent 
d'être  examinées  en  détail. 

Cette  pièce  appartient  à  M.  Léon  Foucher,  dont  le  riche 
cabinet  mériterait  d'être  plus  connu  ;  le  bouton  qui  devait 
exister  à  l'extrémité  du  fléau  manque;  mais,  dans  toutes  ses 
autres  parties,  l'état  de  conservation  de  cet  objet  antique  ne 
laisse  rien  à  désirer.  Les  poignées  ou  crochets,  ansaêy  faites 
en  col  de  cygne,  sont  revêtues  d'une  belle  patine  vert-éme- 
raude;  le  plateau,  lancula^  supporté  par  quatre  chaînettes, 
maintenues  dans  leur  course  par  une  bague  ou  anneau,  pré- 
sente à  la  partie  inférieure,  tracées  à  la  pointe,  les  lettres 
K  B  ;  il  est  orné  au-dessus  et  au-dessous  de  cercles  concen- 
triques formant  gorges  et  moulures  ;  le  contrepoids,  aequip<m'' 
dnan^  de  forme  ovoïde,  du  poids  de  669  grammes,  présente, 
tracée  en  pointillé,  Tinscription  : 

1  •  XXVI  • 

La  verge  ou  fléau,  sc<qms,  dont  les  poignées  peuvent,  au  gré 
de  la  personne  qui  fait  usage  de  cette  balance,  permettre  de 
déplacer  le  centre  d'équilibre  et  d'obtenir  des  pesées  de  pré- 
cision différente,  porte  sur  chaque  flanc  une  graduation  spé- 

tkmei  in  honarem  Mommieni;  Hflbner,  Exempta  teripiurae  epigr^hient  laii- 
nae,  préfaee,  p.  xxri  «t  m. 


I 


—  468  — 

ciale  et  sar  diaque  arête  une  ponctuatioa  qai  se  rapporte  k 
Fna  ou  l'antre  des  deux  systèmes,  maximom  ou  minimum, 
dont  l'évaluation  est  indiquée  en  chifiûres  romains. 

Nous  devons  d'abord  faire  remarquer  que  le  poids  maximum 
que  peut  donner  cette  Jtlaière,  quand  on  la  tient  par  le  crochet 
le  plus  rapproché  de  l'extrémité  du  fléau  qui  porte  le  crochet 
double,  aux  branches  duquel  sont  suspendues  les  chaînettes 
du  plateau,  ne  saurait  dépasser  26  livres  romaines,  ainsi  que 
l'indique  l'inscription  gravée  sur  la  panse  de  VaequipondUm 
destiné,  en  glissant  sur  la  verge,  à  faire  équilibre  avec  l'objet 
à  peser;  cette  inscription,  que  je  n'ai  rencontrée  sar  aucun 
autre  poids,  doit  être  lue  :  P(ondu8)  Âfsses)  XXYI,  c'est-à- 
dire  :  poids  extrême  26  as  ;  le  poids  inférieur  ne  pouvant  être 
au-dessous  de  6  as  ou  6  livres  ^ 

Si,  pour  peser  des  objets  d'un  poids  moindre,  on  fait  usage 
de  cette  balance  en  se  servant  du  crochet  plus  éloigné  de 
l'extrémité  supportant  le  plateau,  les  divisions  inscrites  sur 
le  flanc  du  fléau  sont  différentes  et  permettent  d'obtenir  plus 
de  précision  dans  l'évaluation  du  poids,  les  subdivisions 
étant  plus  nombreuses.  Sur  cette  graduation  le  poids  maxi- 
mum est  de  9  as  et  le  poids  inférieur  ne  descend  pas  au-des- 
sous de  3  onces,  c'est-à-dire  3/12  d'as  ou  un  quart  de  livre; 
chaque  livre  est  marquée  par  un  chiffre  romain  et  par  un 
trait  sur  l'arôte  ;  chaque  demi-livre  par  la  lettre  S  entre  deux 
chiffres  romains  et  par  deux  points  :  sur  l'arête,  chaque  semis 
est  divisé  en  6  onces  marquées  par  des  points,  ce  qui  établit 
pour  chaque  livre  une  graduation  clairement  indiquée  en 
deux  semis  et  en  douze  onces. 

Cette  statère  n'est  point  assurément  un  instrument  de  pré- 
cision ;  de  plus  l'usure,  en  émoussant  les  arêtes  du  fléau  et 
le  couteau  du  curseur  auquel  est  suspendu  Vaequipondkm^  ne 
permet  point  de  demander  à  cette  balance  autre  chose  que 
des  poids  par  à  peu  près. 

M.  Delavilie  Le  Roulx  lit  un  mémoire  sur  des  sceaux  rela- 

1.  Lei  livres  sont  marqaéei  de  cinq  en  cinq  par  on  chiffire  romain  :  Vl,  X,  XV, 
XX,  XXV'XXVT.  Dans  l'intenralle,  chaque  livre,  indiquée  sur  l'arête  par  un  trait, 
estdiTÎBie  en  êextans  (1/6  de  la  liTre)  marqués  par  des  points. 


—  469  — 

tifs  à  l'Orient  latin  conservés  aux  archives  de  Malte.  Il  signale 
l'importance  de  ces  représentations  sigillographiques  et  nous 
fait  connaître  les  sceaux  de  Baudoin  IV,  roi  de  Jérusalenii 
de  Bohémond  IV  d' Antiocbe,  de  Raymond  III  de  Tripoli,  de 
Gautier  Granier  I  de  Gésarée,  de  Guillaume  I«'  et  de  Guil- 
laume II,  patriarches  de  Jérusalem,  de  Pierre,  archevêque 
de  Gésarée,  de  Pierre,  archevêque  d'Apamée,  de  Pierre, 
évèque  d*Hébron,  d'Eustorge  et  d'Hélie  de  Nabinaux,  arche- 
vêques de  Nicosie,  et  de  Tabbaye  de  Sainte-Marie-Latine. 
Ce  mémoire  est  renvoyé  à  la  Commission  des  impressions. 


M.  Moiinier  lit  une  note  de  M.  J.  de  Laurière  sur  deux 
inscriptions  relatives  à  la  bataille  de  Marignan,  récemment 
rétablies  dans  relise  de  Zivido  eu  Lombardie  : 

c  Les  deux  inscriptions  que  j*ai  Thonneur  de  communi- 
quer à  la  Société  des  Antiquaires  de  France  ont  été  installées 
récemment  dans  l'église  de  Zivido,  en  Lombardie,  par  les 
soins  de  Tabbé  Dom  Rafaël  Inganni,  curé  actuel  de  cette 
paroisse. 

t  Le  petit  village  de  Zivido  est  situé  sur  l'emplacement  où 
eut  lieu,  les  13  et  14  septembre  1515,  le  plus  fort  et  le  combat 
décisif  de  la  bataille  de  Marignan,  à  environ  deux  kilomètres 
de  Melegnano,  qui  est  aujourd'hui  le  nom  de  l'ancien  Mari- 
gnan. 

c  Dans  cette  même  église,  après  la  bataille,  les  15,  16  et 
17  septembre,  furent  célébrées,  par  ordre  de  François  I*', 
trois  messes  ;  la  première  en  actions  de  grâces  pour  la  vic- 
toire, la  deuxième  pour  les  âmes  des  morts  et  la  troisième 
pour  la  paix.  On  déposa  alors  dans  un  caveau  pratiqué  sous 
le  milieu  de  la  nef  les  ossements  des  morts  recueillis  sur  le 
champ  de  bataille. 

c  En  1518,  François  I»'  fit  acheter,  près  de  Zivido,  entre 
ce  village  et  le  bourg  de  San-Guiliano,  une  partie  du  ter- 
rain sur  lequel  eut  lieu  le  dernier  combat.  Il  y  fit  ériger  une 
chapelle,  dite  de  la  Victoire^  et  y  fit  transporter  les  osse- 
ments qui  avaient  été  provisoirement  déposés  à  Zivido.  Dans 
cette  chapelle  furent  placées  les  inscriptions  en  question. 


—  170  — 

c  Cette  chapelle  fat  démolie  en  i672^  Les  oseements  lurent 
transportés  de  nouveau  dans  l'église  de  ZiTido,  mais  les  ins- 
criptions furent  apportées  à  Melegnano^  dans  l'église  des 
Capucins. 

«  Au  siècle  dernier,  cette  chapelle  des  Capucins  de  Mele- 
gnano  fut  ruinée  elle  aussi,  et,  par  suite,  les  deux  inscrip- 
tions tombèrent  entre  les  mains  d'un  habitant  de  Melegnano, 
l'ingénieur  Gallina.  Elles  restèrent  oubliées  dans  un  endroit 
obscur  de  sa  maison,  sous  un  escalier,  jusqu'en  1880.  C'est 
alors  que  Tabbé  Inganni,  curé  de  Zivido,  appréciant  l'intérêt 
historique  qui  se  rattachait  à  ces  deux  marbres,  eut  la  bonne 
pensée  de  se  les  procurer  par  acquisition  et  de  les  faire  ins- 
taller dans  sa  modeste  église  sur  les  deux  murs  de  la  nef. 
C'est  là  que,  le  lundi  12  de  ce  mois,  j'ai  pu  les  copier  et  en 
prendre  des  estampages.  On  aperçoit  encore  dans  le  caveau 
établi  sous  l'église  un  certain  nombre  des  ossements  dont  je 
viens  de  parler. 

«  La  première  de  ces  inscriptions  concerne  François  de  Bonr* 
bon,  duc  de  Ch&tellerault,  fils  de  Gilbert  de  Bourbon,  comte 
de  Montpensier,  et  de  Claire  de  Gonzagues,  tué  à  la  bataille 
de  Marignan.  C'était  pour  lui  que  fut  érigé  en  duché,  l'année 
précédente,  la  vicomte  de  Chàtellerault,  d'où  le  titre  de  Com- 
triheraidit  ducûqui  figure  dans  l'inscription.  Quanta  Charles, 
son  frère,  c'est  le  duc  de  Bourbon,  le  connétable  qui,  plus 
tard,  se  tourna  contre  la  France  et  fut  tué  au  siège  de  Rome. 

a  L'inscription  se  continuait  au-dessous  de  l'écusson  sur 
plusieurs  lignes.  Mais  malheureusement  elle  est  effacée,  le 
marbre  étant  rongé.  On  distingue  seulement  à  la  première 
ligne  les  mots  :  FRANCS  DE  BOVRBONI 

ff  Au-dessus  d'un  écusson,  aux  armes  de  Bourbon-Mont- 
pensier,  on  lit  : 

FRANCISCI  •  DE  •  BORBONIO 
CA8TRI  HERALDI  •  DVGI8  •  FORTI 
SSIMI  •  BELLO  •  HELVETICO  •  AD 
MARIGNANV  •  EXTINGTI  •  CORDI 

i.  L'emplacement  est  courert  <riierb«get,  meJa  Fabbé  Ingaani,  qvi  m'y  a  aoeoBK 
pagné,  dit  qae  les  sabatractioue  de  la  chapelle  aont  riaiblea  à  flaor  de  tem. 


—  474  — 

ET  •  INTE8TINI8  •  GAR0LV8 

FRATER   •   HOC    •    MONVMENTV 

P08VIT 

c  La  seconde  de  ces  inscriptions,  accompagnée  d'un  écn, 
de  style  italien,  à  une  fasce  accompagnée  de  3  aigles  à  deux 
têtes  OMX  aOes  éployées,  porte  :  PRINGIPIS  6ILIBERTI 
LORRIS  PR.ESLES  CANDE  ET  PER0V8  DOMINI 
ARBilGERI  8TRENVI  QVESTORIS  BVRBONI  DVGIS 
PRE8IDIS  REGH  BELLO  HELVETIGO  EXTIGTI  RELI- 
QVIE  AD8VNT  DIE  14  8EPTEM  1515. 

c  Mais  je  n'ai  pas  avec  moi  les  éléments  nécessaires  pour 
établir  Tidentité  de  ce  personnage. 

f  Par  suite  de  leur  long  séjour  à  Melegnano,  dans  un 
endroit  obscur  d'une  maison  particulière,  il  y  a  beaucoup  de 
probabilités  pour  que  ces  inscriptions  soient  inédites.  En 
tout  cas,  elles,  peuvent  être  considérées  comme  retrouvées, 
après  avoir  disparu,  et  Ton  ne  saurait  trop  louer  le  zèle 
éclairé  et  tout  désintéressé  de  Tabbé  Dom  Inganni  qui  vient 
de  les  mettre  en  évidence  dans  son  église. 

c  Ces  deux  documents  de  notre  histoire  nationale,  conser- 
vés hors  de  France,  m'ont  paru  de  nature  à  intéresser  la 
Société  dont  j'ai  l'honneur  d'être  membre  correspondant,  et 
cette  pensée  m'a  engagé  à  lui  en  faire  la  communication, 
sauf  à  y  revenir  à  un  autre  momeiit  pour  lui  donner  plus 
d'éclaircissements. 

c  En  terminant,  j'adresserai  l'expression  de  ma  gratitude 
à  M.  Garovaglio,  l'érudit  archéologue  milanais,  qui  a  bien 
voulu  m'indiquer  l'existence  de  ces  monuments  et  m'accom- 
pagner  dans  cette  excursion  à  Zivido.  t 

M.  Mowat,  répondant  à  une  question  posée  par  M.  de  Gey- 
mûller  dans  la  séance  du  17  mars  dernier,  conjecture  que  le 
temple  de  Diacolis,  vu  et  dessiné  par  Ducerceau  dans  une 
localité  qu'il  ne  nomme  pas,  est  à  mettre  en  rapport,  sauf 
altération  orthographique  du  nom  de  la  divinité,  avec  l'inscrip- 
tion d'Antibes  :  [Iuî%\Pl  •  G  •  F  •  GARINA  ||  [/7a]MINIGA  • 
8AGER  I  [dos  cie]AE  THVG0LI8 1|  [/e»^]AMENTO  •  F  •  1 1| 


—  172  — 

Séance  du  28  Avril. 

Présidence  de  M.  E.  Saolio,  président. 

Ouvrages  offerts  : 
Bulletin  de  la  Société  archéologique^  scientifique  et  littéraire  de 

Béxiers^  2«  série,  t.  XIII,  !«••  livr.  Béziers,  1885,  in-8«. 
KorrespondenMatt   dex    Westdeutsche   Zeitschrift  fur  Ge^ 

schichte  und  Kunst^  Y*  année,  n<»  4.  Trêves,  1886,  in-8». 
Mémoires  de  la  Société  académique  d^archéologie^  sciences  et 

arts  du  département  de  VOise^  t  XII,  3«  partie.  Beauvais, 

1885,  in-8«. 

Revue  de  CommingeSj  Pyrénées  centrales^  t.  U,  année  1886, 

2«  trim.  Saint^Gaudens,  1886,  in-8*. 
Rwue  savoisienne,  XXVU*  année,  mars-avril  1886.  Annecy, 

1886,  in-4o. 

MuoNi  (Damiano).  Antichità  romane  nel  Basso  Bergamaseo  e 
cenni  storici  sopra  cakio  ed  antignate.  Milan,  1875,  in-8<*. 

—  Elenco  deUe  Zecche  âHtalia  dal  medio  evo  insino  a  noi, 
Gôrae,  1886,  în-S*.  (1"  et  2«  édition.) 

—  Gli  antignati  organari  insigni  e  série  dei  maestri  ai  Cc^pdla 
àel  duomo  di  Milano.  Milan,  1883,  in-8'. 

—  Iscrixioni  storiche  onorarie  e  Junerarie^  autori  oart,  iscri- 
noni  commemorative  délia  famiglia  Sfuoni  e  notisie  sul  Beaio 
Amedeo  ofondatore  degU  Amadeisti,  Milan ,  1886,  in-8«. 

Perrot  et  Gh.  Chipiez  ((reorges).  Histoire  de  Part  dans  ranti' 

quité,  t.  IV.  Paris,  1886,  in-8o. 
Prost  (Aug.).  La  cathédrale  de  Mets,  Metz,  1885,  in-8«. 

Travaux, 

M.  R  Molinier  communique  à  la  Société  une  plaquette  en 
bronze  appartenant  à  M.  G.  Duplessis,  plaquette  exactement 
semblable  à  un  nielle  signé  PeUegrino.  Par  le  rapprochement 
de  cette  plaquette  et  de  ce  nielle  avec  les  dessins  du  Musée 
de  Lille  signés  Giacomo  da  Bologna,  M.  Molinier  établit  que 
le  graveur  connu  sous  le  nom  de  PeUegrino  doit  être  iden- 


—  473  — 

tifié  avec  Giacomo  Francia,  fils  de  Francesco  Raibolini,  dit 
Francia. 

M.  Auguste  l^icaise,  associé  correspondant  à  Gh&lons* 
sur-Marne,  présente  une  statuette  de  Jupiter  Sérapis  en 
bronze  trouvée  à  Gemay*lès-Reims  ;  des  bracelets  "en  fer 
ouvré  trouvés  dans  le  cimetière  gaulois  de  Fontaine-sur- 
Gooles;  des  bracelets  en  argent  trouvés  dans  une  sépulture 
gauloise  contemporaine  de  la  conquête  romaine,  à  Yermand 
(Aisne)  ;  enfin,  les  débris  d*un  vase  gaulois  en  terre  brune, 
sur  la  panse  duquel  on  voit,  dessinée  au  trait,  une  série 
d'animaux  cornus  assez  semblables  au  bouquetin  ;  M.  Nicaise 
rapproche  ce  vase  en  terre  cuite  des  cistes  en  bronze  trou- 
vées  en  Italie  ;  il  pense  que  ce  vase,  unique  en  son  genre 
dans  les  trouvailles  de  Tépoque  gauloise,  était  probablement 
muni  d'une  anse  en  fer. 

M.  Demaison,  associé  correspondant  à  Reims,  commu* 
nique  un  cachet  d'oculiste  romain,  trouvé  à  Reims,  dans 
les  substructions  d'un  hypocauste. 
Sur  l'une  des  tranches  de  ce  cachet  on  lit  : 
SOLAVRE 
MYRNBSA 
Sol(mi)  Aure(îii)  [diaâ]myrnei  a(d)  [in^tvm]  (?) 
Dans  d'autres  fouilles,  M.  Demaison  a  découvert  un  petit 
godet,  creusé  dans  le  marbre,  semblable  à  ceux  dont  se  ser- 
vaient les  oculistes  pour  broyer  et  délayer  leurs  collyres. 

M.  Buhot  de  Kersers,  associé  correspondant  à  Bourges, 
communique  la  découverte,  faite  à  Bourges,  de  stèles 
romaines  portant  des  inscriptions  et  ornées  de  bas-reliefs. 

Sur  une  de  ces  stèles,  de  forme  rectangulaire,  on  lit, 
au-dessous  d*un  portique  simulé,  l'inscription  : 
PATERNO 
Une  autre  porte  les  mots  : 

D        M 
AVGVRINA 


—  171  — 

Une  troittème  r^résente  un  buste  de  femme  sons  une 
arcade. 

8ur  la  quatrième,  enfin,  on  a  représenté  un  en&nt  tenant 
un  petit  chien  sur  ses  genoux. 

Ces  stèles  sont  destinées  au  Musée  de  Bourges. 

M.  Flouest  rappelle  que,  sur  des  ex-^voto  trouvés  aux 
sources  de  la  Seine,  on  voit  aussi  des  enfants  tenant  un 
chien  dans  leurs  bras. 

M.  Buhot  de  Kersers  entretient  ensuite  la  Compagnie  d'une 
fontaine  existant  dant  le  département  du  Cher,  appelée  Le$ 
Baptisésy  qui  est  encore  l'objet  de  pèlerinages.  On  a  trouvé, 
dans  son  voisinage,  une  grande  quantité  de  petits  vases  en 
terre  fort  grossière  et  d'époque  certainement  très  ancienne. 

M.  Gaidoz  suggère  l'idée  que  ces  vases  avaient  pu  servir 
autrefois  aux  pèlerins  pour  boire  l'eau  sacrée  de  la  source  et 
ensuite  être  laissés  en  ex-^polo  comme  les  célèbres  vases  des 
Aqua9  JpoUÎMarei  en  Italie. 

M.  Juillet,  associé  correspondant  à  Sens,  présente  des 
boucles  d'oreille  en  argent  trouvées  dans  un  cimetière  méro* 
vingien. 

M.  Boucher  de  Molandon,  associé  correspondant  à  Orléans, 
signale  la  découverte,  dans  un  tumulus  de  Reuiliy,  près 
d'Orléans,  d^un  vase  en  bronze,  dont  les  parties  sont  rap- 
prochées au  moyen  de  rivets  et  non  soudées.  Ce  vase,  que 
l'on  croit  du  premier  âge  du  bronze  en  Gaule,  contenait  des 
ossements  humains  incinérés. 


Séance  du  5  Mai. 
Présidence  de  M.  E.  Saolio,  président. 
Ouvrages  offerts  : 
Annuaire  de  la  Société  française  de  numitmaiiquê  et  éTarekiO' 

logie^  mars-avril  1886.  Paris,  in-8«. 
Atti  délia  reaU  AccadenUa  dei  Uncei^  anno  GGGXXXIU, 
1885-1886,  série  IV,  t.  II,  &sc.  7.  Rome,  1886,  in-8». 


—  175  — 

U  Ccmrriêr  de  VomgéUu^  XI*  année,  h*  3.  1886,  in-8*. 
Mémoiret  de  la  Société  kùtarigite  et  archéologique  de  Vwtvm^ 

dissemaU  de  Ponloiêe  et  du  Vexim,  t.  IX.  Pontoise,  1886, 

in-8». 
Reçue  de  VAtt  chrétien^  nouvelle  série,  t.  lY,  %•  livr.  In-8*. 
Geutbl  (£ag.).  Notice  biogr^kique  sur  ÉmiU  Egger.  Gaen, 

1886,  in-4*. 
Dbpoin  (J.).  Cartulaire  de  l'Hâtel'Dieu  de  Poutoiee.  Pontoise, 

1886,  in-4% 
Gbuuih  (Léon).  La  crois  de  taxou^  1586.  Nancy,  1886,  in-8«. 
—  Notice  SUT  la  tombe  d Isabelle  de  Musset^  femme  de  Gilies  /« 

de  Busleydem^  à  Marmlle,  Nancy,  1886,  in-8*. 
Mjlxs-Werlt  (L.).  Monnaies  des  Pétrocores.  Paris,  1886,  in-8». 
Rbqiiibe  (Louis).  La  Benaissance  dans  le  Vexin  et  doMS  une 

partie  du  Parisis  à  propos  de  Vowrage  de  M,  L.  PaUustre, 

1886,  in-4*. 

Tra»aMX. 

Sur  la  proposition  de  M.  Nicard,  la  Société  décide  qu'elle 
remettra  au  département  des  mss.  de  la  Bibliothèque  natio- 
nale la  collection  de  documents  manuscrits  anciens  qu'elle 
possède.  Ce  sont,  pour  la  plupart,  des  quittances  du  xv«  au 
zini*  siècle. 

Sur  une  seconde  proposition  de  M.  Nicard,  la  Société  émet 
le  7œu  que  le  tracé  du  chemin  de  fer  métropolitain  respecte 
les  anciens  hôtels  du  quartier  du  Marais. 

M.  de  Barthélémy  lit,  au  nom  de  la  Commission  de  publi- 
cation, un  rapport  relatif  au  t.  XLYI  des  Mémoires,  qui  est 
en  préparation.  Les  conclusions  de  ce  rapport  sont  mises  aux 
voix  et  adoptées. 

M.  Dangibeaud  présente  divers  objets  appartenant  au 
Musée  de  Saintes. 

M.  Guillaume  annonce  la  découverte,  à  trois  kilomètres 
de  Périgueux,  des  substnictions  de  deux  théâtres  du  Bas- 


—  47«  — 

Empire  et  d'an  nynypkamm^  k  ce  que  lui  assare  un  de  ses  cor- 
respondants. 

M.  Tabbé  Thédenat  lit  une  note  du  marquis  de  Fàyolle, 
associé  correspondant  à  Péiigaenx,  sur  la  découverte  des 
substructîons  romaines  que  vient  de  signaler  M.  Guillaume. 

«  Le  propriétaire  d'une  usine  située  à  environ  trois  kilo- 
mètres de  Péhgueuz,  voulant  faire  planter  des  arbres  dans 
une  prairie  voisine^  fut  étonné  de  rencontrer  des  moniillesà 
peine  enfouies  sous  la  terre  végétale,  et,  avec  une  inteUi- 
gence  et  un  désintéressement  des  plus  louables,  il  a  mis  ses 
ouvriers  à  rœnyre  et  a  déjà  dégagé  un  ensemble  de  subs- 
tructions  très  étendu,  qui  ne  peut  manquer  d'être  le  pré- 
lude de  découvertes  intéressantes.  La  rivière  de  Tlsle  forme 
en  cet  endroit  un  coude  qui  embrasse  une  praîrie  d'en- 
viron six  hectares.  Cette  prairie  ofifre  à  l'œil  une  sorte  de 
ressaut  qui  recouvre  la  plupart  des  ruines.  Cependant,  les 
fouilles  faites  dans  le  reste  de  la  prairie,  ou  de  simples  son- 
dages, ont  mis  à  jour  d'autres  débris.  La  plaine  est  large  en 
cet  endroit;  au  contraire,  du  côté  opposé,  un  coteau  calcaire 
surplombait  jadis  l'autre  rive,  il  a  été  coupé  pour  laisser  pas- 
sage à  une  route  et  à  la  ligne  d'Âgen  à  Paris  par  Limoges. 
Il  parait  que  certains  vieux  paysans  savaient  qu'il  existait  là 
des  antiquités,  mais  personne  de  ceux  qui  ont  écrit  sur  l'ar- 
chéologie en  Périgord  n'en  avait  eu  connaissance.  W.  de 
Taillefer,  cependant,  avait  signalé,  dans  ses  Amiq%niés  de 
Vésone,  l'existence  d'un  pont  romain  reliant,  à  cet  endroit 
même,  les  deux  rives  de  l'Isle,  —  pont  aujourd'hui  absolu- 
ment disparu.  —  Le  lieu  où  sont  les  substructîons  est  dominé 
par  une  fontaine  très  abondante,  dans  laquelle  on  a  découvert 
l'ouverture  d'un  canal  antique  se  dirigeant  vers  les  ruines. 
Ces  substructîons,  orientées  vers  le  nord,  la  façade  regardant 
la  rivière,  se  divisent  en  trois  groupes.  Une  trop  rapide 
visite  ne  m'a  pas  permis  d'en  lever  un  plan  exact,  et  d'ail- 
leurs chaque  jour  en  augmente  l'importance;  je  crois  donc 
que,  jusqu'à  nouvel  ordre,  il  est  prématuré  d'afBrmer  caté- 
goriquement en  face  de  quel  genre  d'édifice  on  se  tronve, 
d'autant  mieux  que  nulle  part  on  n'est  arrivé  au  sol  antique, 


—  477  — 

excepté  dans  quelques  sondages,  qui  ont  établi  que  la  hau- 
teur de  ces  substructions,  sur  le  sol  ancien,  ou  plutôt  sur  le 
sol  qui  sert  de  base  aux  fondations,  est  d'environ  deax  mètres. 
Je  vous  ai  dit  que  les  substructions  formaient  la  base  de  trois 
édifices  différents.  Les  deux  premiers,  établis  parallèlement 
Fun  à  l'autre  et  identiques,  se  composent  d'une  sorte  d'ab- 
side double,  et,  sur  les  faces  latérales,  de  petites  absidioles, 
dont  il  est  aujourd'hui  très  difficile  de  reconnaître  l'enunan- 
chement.  H  sera  facile,  lorsqu'on  arrivera  au  sol,  de  déter- 
miner la  nature  de  ces  constructions  qui  me  paraissent  bien 
être  un  double  balnéaire  ou  n3rmpheum,  probablement  relié 
par  une  galerie.  Presque  au  bord  de  la  rivière,  et  placée  & 
égale  distance  du  centre  des  axes  de  chacune  des  absides  des 
grands  monuments,  on  a  mis  au  jour  une  construction  plus 
petite  et  d'une  forme  parfaite,  qui  me  parait  être  une  piscine  ; 
en  voyant  la  section  des  murs  au  niveau  du  sol,  on  se  croi- 
rait au  premier  abord  en  présence  de  l'un  des  parterres  de 
Versailles. 

«  Les  murs  sont  construits  en  moyen  appareil;  ils  devaient 
être  revêtus  de  carreaux  de  terre  retenus  au  moyen  de  cram- 
pons à  têtes  doubles  et  de  clous.  On  en  a  rencontré  un  assez 
grand  nombre.  On  a  aussi  rencontré  des  fragments  de  stuc 
ainsi  que  des  diébris  de  poteries  sigillées  et  d'amphores.  Un 
cube  de  pierre,  de  petit  appareil,  trouvé  au  milieu  des  débris, 
porte  sur  sa  face  extérieure  une  série  d'arêtes  de  poissons  ou 
de  stries,  qui  ressemblent  fort  à  la  taille  du  revêtement  inté- 
rieur du  grand  vomitorium  de  l'amphithéâtre  de  Périgueux. 

fl  La  décoration  devait  être  soignée,  si  on  en  juge  par  des 
débris  de  fûts  de  colonnes  cannelées  et  surmontées  de  cha- 
piteaux, dont  un  fragment  est  largement  taillé. 

c  En  somme,  on  n'a  encore  fait  que  gratter  la  surface  de  la 
terre;  les  découvertes  intéressantes  se  produiront  sans  doute 
à  un  niveau  inférieur.  • 

M.  de  Rongé  dit  qu'il  a  vu  le  vase  cypriote  portant  le  nom 
du  roi  Ptolémée,  dont  M.  Mowat  a  entretenu  la  Cîompagnie 
à  une  séance  précédente  (p.  145).  L'authenticité  de  ce  monu- 
ment lui  parait  incontestable. 

AMT.  BULLETIN.  12 


—  17g  — 

Séance  du  12  Mai. 

Présidence  de  M.  E.  Saglio,  président. 

Oavrages  offerts  : 
Annales  dé  F  Académie  ^^archéologie  de  Belgique,  t.  XXXVDI' 
XXXIX,  3»  série,  t.  VIIl-IX.  Anvers,  1882,  in-8«. 

—  de  la  Société  des  lettres,  sciences  et  arts  des  Alpes-Mari' 
times,  t.  X.  Nice,  1885,  in-8-. 

Atti  délia  reale  Accademia  dei  lÀncei,  anno  OGLXXXIII, 
1885-1886,  série  IV,  t.  II,  fasc.  8.  Rome,  1886,  in-4*. 

Bulletin  critique,  publié  sous  la  direction  de  MM.  Duchesne, 
Ingoid,  Lescœur,  Thédenat,  VII*  année,  4«  mai.  Paris, 
1886,  in-8*. 

—  de  r Académie  d'archéologie  de  Belgique,  XIV«  série,  n««  1-4. 
Anvers,  1885,  in-S*. 

—  d'histoire  ecclésiastique  et  ^archéologie  religieuse  des 
diocèses  de  Valence,  Digne,  Gap,  Grenoble  et  Vimers^ 
Vie  année,  novembre-décembre  1885.  Valence,  1886,  in-8*. 

-^  de  la  Société  archéologique  é^ Eure-et-Loir,  procès-verbaux ^ 
n«  173,  mai  1886.  Chartres,  1886,  in-S». 

—  de  la  Société  historique  et  archéologique  du  Périgord, 
t.  XIII,  2»  livr.  Périgueux,  1886,  in-8-. 

—  des  Commissions  royales  d'art  et  d'archéologie,  XXIU*  an- 
née, n«»  1-12;  XXIV*  année,  n"  1-6.  Bruxelles,  1885,  in-8«. 

Recueil  de  la  Commission  des  arts  et  monumenis  historiques  de 
la  Charente-Inférieure  et  Société  d'archéologie  de  Saintes, 
III«  série,  t.  I,  6«  livr.  ;  t.  VIII  de  la  collection.  Saintes, 
1886,  in-8o. 

Revue  de  l'Afrique  française,  t.  IV,  5*  année,  janvier-février 
1886.  Paris,  in-8*. 

—  savoisienne,  XX Vil"  année,  mai  1886.  Annecy,  1886,  in-8«. 
The  american  journal  of  archeology  and  of  the  history  ofthe 

fine  arts,  Baltimore,  1886,  in-8*. 
Viestnik  hrvatskoga  arkeologickoga  Druxtva,  t.  VIIÏ,  n«  2. 

Zagrel-Agram,  in-8*. 
Dblisle  (Léopold).  Rapport  sur  une  communication  de  M,  Bru- 


—  179  — 

taiU  fêlatwê  à  «Né  huIU  9ur  papf^ru»  dm  pap%  Serge  IV. 

Paris,  1886,  in-8% 
EsTAonOT  (Le  O  d').  FonàUee  et  sépultures  mérotnngienneM  de 

figUee  Samt-Oue»  de  Raueu^  décembre  lS84-féYrier  1885. 
Lartasdub  monachus.  SancU  SwUtruni  Wirniomeneie  epiecopi 

trtmàlatio  et  mitacula.  Bruxelles,  1885,  m-8*. 

Travaux. 

M.  le  Président  annonce  la  mort  de  M.  Tabbé  Gorblet, 
associé  correspondant  national  à  Versailles,  et  exprime  les 
regrets  que  cause  à  la  Compagnie  la  mort  de  ce  savant 
archéologue. 

M.  Nicaîse  présente  un  fragment  de  bras  provenant  d'une 
sépulture  gauloise  et  auquel  étaient  encore  attachés  un  cer- 
tain nombre  de  bracelets  qui  étaient  reliés  l'un  à  Tautre  par 
un  mécanisme  particulier.  A  cette  occasion,  il  convient  de 
rappeler  les  bracelets  formés  de  nombreux  anneaux  disposés 
en  spirale  et  couvrant  une  moitié  du  bras.  Au  sujet  de 
cette  communication,  M.  Gaidoz  fait  les  observations  sui- 
vantes : 

€  Des  ornements  aussi  compliqués  se  mettaient-ils  et 
s'étaient-ils  à  volonté  dans  les  toilettes  du  matin  et  du  soir  ? 
Gela  n'est  pas  probable  :  l'opération  eût  été  trop  difficile;  ils 
devaient  être  en  quelque  sorte  rivés  pour  la  vie  sur  la  per^ 
sonne.  Nous  en  avons  le  témoignage  chez  les  peuples  non 
civilisés ,  qui  continuent  sous  nos  yeux  mêmes  les  usages 
primitifs  de  nos  ancêtres.  Voici  ce  que  le  R.  P.  Augouard 
raconte  dans  son  voyage  au  Congo  : 

c  Si  les  hommes  ont  la  dévotion  des  armes,  les  femmes  ont 
c  le  culte  du  cuivre,  et,  selon  leur  degré  de  richesse,  elles 
<  portent  des  ornements  en  plus  ou  moins  grande  quantité. 
«  Les  unes  ont  autour  des  jambes  des  anneaux  de  cuivre 
«  plat  qui  simulent  absolument  des  bottes  à  Técuyère  ;  elles 
c  ont  également  une  foule  de  petits  anneaux  aux  bras,  et  les 
c  plus  riches  portent  au  cou  un  énorme  collier  massif  pou- 
c  vaut  peser  de  12  à  14  kilogr.  A  la  mort,  on  coupe  la  tête 


—  180  — 

fl  pour  avoir  le  collier,  car  le  mari  ne  veut  rien  perdre  ^  » 
M.  Nicaise  ajoute  que  les  femmes  arabes  portent  encore 

des  anneaux  reliés  entre  eux  par  une  petite  plaque  de  bronze 

destinée  à  maintenir  l'ensemble  de  ces  bracelets. 
M.  Flonest  signale  à  ce  propos  des  bracelets  en  spirale 

conservés  au  Musée  de  Saint-Germain  et  qui  ont  été  trouvés 

sur  le  territoire  de  l'ancienne  Gaule. 

M.  Auguste  Nicaise  lit  une  note  sur  un  buste  antique  en 
marbre  qui  aurait  été  découvert  au  Ghàtelet  (Haute-Marne) 
à  la  fin  du  xvui*  siècle  ou  au  commencement  du  xix«.  Il  pré- 
sente en  môme  temps  cet  intéressant  morceau  de  sculpture, 
qui  a  été  soumis  à  Texamen  de  MM.  Félix  Ravaisson,  Héron 
de  ViUefosse  et  Heuzey. 

Gette  œuvre  est  en  marbre  des  carrières  de  l'Attique  et 
représente  probablement  un  Apollon.  On  peut  la  rattacher 
à  l'école  Aiexandrine  qui  florissait  environ  cinquante  ans 
avant  notre  ère.  On  pourrait  y  voir  aussi  une  œuvre  pto- 
lémaîque  comme  style,  sinon  comme  époque.  Ge  serait  la 
reproduction  d'un  de  ces  dieux  issus  du  syncrétisme  gréco 
ou  romano-égyptien. 

Ge  buste  porte  des  traces  évidentes  d'antiquité  et  d'un  long 
séjour  dans  la  terre.  D'après  ces  caractères,  rien  ne  s'oppose 
à  ce  qu'il  provienne  de  la  ville  gallo-romaine  du  Ghàtelet 
où  il  aurait  été  apporté  par  un  Romain  ou  par  un  Gaulois 
ami  des  arts. 

M.  d'Arbois  de  Jubainville  fait  la  communication  suivante  : 
c  Mon  savant  confrère  M.  Héron  de  ViUefosse  a  eu  Tobli- 
geance  de  communiquer  pour  moi  à  la  Société  des  Anti- 
quaires une  note  où,  d'après  M.  Wh.  Stokes,  je  signalais  un 
certain  nombre  de  textes  relatifs  à  l'usage  de  l'inhumation 
dans  des  tombelles  formées  d'amas  de  pierres  chez  les  popu- 
lations celtiques  de  l'Italie,  de  la  Grande-Bretagne  et  de 
l'Irlande  3.  M.  Alexandre  Bertrand,  dans  son  excellent  livre 
intitulé  :  la  GomU  oDont  les  Gauhity  p.  173  et  suivantes, 

1.  Lêt  Mitsiom  eaiholiquett  n*  da  5  féTiier  1886,  p.  78. 

2.  Cette  note  a  para  depuis  dans  U  Memu  eeUiqWt  t.  VU,  p.  125-1S6. 


—  484  — 

établit  que  le  rite  de  rinhamation  est  spécial  aax  populations 
qu'il  appelle  gauloises  et  que  les  populations  immédiatement 
antérieures  incinéraient  leurs  morts.  Les  peuples  qui  inciné- 
raient leurs  morts  et  qui  ont  précédé  les  Gaulois  étaient, 
suivant  lui,  de  race  celtique  comme  les  Gaulois,  ce  qui,  à 
mes  yeux,  n'est  pas  démontré.  Mais  ce  n'est  pas  ici  le  lieu 
d'insister  sur  ce  dissentiment.  Le  seul  point  sur  lequel  je 
yeux  appeler  l'attention,  c'est  que,  chez  les  Celtes,  tels  que 
nous  les  font  connaître  les  textes,  soit  sur  le  continent,  soit 
dans  les  Ues-Britanniques,  l'inhumation  était  d'usage  général 
dans  la  classe  élevée  ;  mais  un  passage  de  César  constate  la 
persistance  de  l'incinération  dans  la  classe  inférieure^.  Dans 
la  classe  supérieure,  l'incinération  était  un  supplice,  comme 
rétablissent,  pour  la  Gaule,  l'exemple  d'Orgétorix  «  damna- 
t  tum  pœnam  sequi  oportebat  ut  igni  cremaretur^;  •  pour 
l'Irlande,  l'exemple  de  la  mère  de  Find,  que  son  père  voulait 
faire  brûler,  parce  qu'elle  s'était  laissé  enlever  par  un  amant'; 
pour  le  pays  de  Galles,  le  fait  analogue  raconté  dans  la 
légende  de  saint  Dubricius^.  Il  y  a,  je  croîs,  intérêt  à  rap- 
procher de  ces  indications  un  passage  du  monument  de  droit 
ecclésiastique  irlandais  connu  sous  le  nom  de  Canonum  col- 
laiio^  livre  XUV,  c.  20 '.  Ce  recueil  a  été  écrit  vers  Pan- 
née  700.  U  contient  des  extraits  de  canons  irlandais.  Un  de 
ces  canons,  après  avoir  donné  une  étymologie  fantastique  du 
mot  basilique,  dont  le  sens  primordial  serait  c  lieu  de  sépul- 
t  ture  des  rois,  i  ajoute  :  ceteri  homines  nve  igniy  sive  acervo 
lapidum  conditi  $unt.  Il  y  a  donc  eu  en  Irlande  deux  genres 
de  sépultures,  à  l'époque  où  ce  canon  a  été  rédigé,  c'est-à- 
dire,  au  plus  tard,  dans  le  courant  du  vii«  siècle  :  1«  l'inhu- 
mation sous  des  tombelles;  divers  textes  irlandais  nous 
apprennent  qu'on  donnait  de  cette  manière  la  sépulture  aux 


i.  De  bello  gaUieo,  VI,  18.  Cf.  Melt,  Urre  m,  e.  3.  Sur  rintarprétetion  d«  ee 
texte»  Toyex  Qnieberat,  àféUmget  d^archéologie  et  d'hitioire,  p.  80,  81. 

2.  De  bello  gallico,  I,  4. 

3.  Voyez  Fotha  etUha  Cnuehat  dans  Revue  eeUiqve^  t.  U,  p.  00,  et  compares 
la  note  16  de  la  page  03. 

4.  Liber  LandaoetuiSf  p.  75-76. 

5.  WasierachlebeD,  Die  irische  Kanonensammlung,  2*  édition,  p.  170. 


—  482  — 

grands  perBonnages;  2o  le  feu;  c'était  probablement  le  mode 
de  sépultnre  nûté  chez  nne  race  antérieure,  alors  dominée*.  • 

M.  Garon  sonmet  à  la  Compagnie  quelqaes-anes  des  pho- 
tographies des  mosaïques  de  la  mosquée  de  Kharié-Djami  à 
Gonstantinople,  tirées  par  M.  Sebat. 

n  rappelle  que  cette  mosquée  est  une  ancienne  église 
byzantine  qui  dépendait  d'un  monastère  connu  sous  le  nom 
de  (A0V1Q  x9iç  x^9^  ou  Toû  (TcdTfipoc,  situé  alors  hors  la  ville  comme 
l'indique  son  premier  nom  et  conséquemment  antérieure  à  la 
construction  de  l'enceinte  fortifiée  de  Gonstantinople. 

Gette  église  a  été  signalée  dès  le  xvi«  siècle  par  un  voya- 
geur français,  Pierre  Gilles*,  qui  a  surtout  remarqué  les 
marbres  précieux  disposés  en  registres  réunis  par  des  mou- 
lures corinthiennes.  Située  à  Tune  des  extrémités  de  Stam- 
boul, dans  un  quartier  peu  fréquenté  par  les  étrangers  et 
habité  par  des  musulmans  fanatiques,  elle  parait  de  nos  jours 
n'avoir  été  visitée  pour  la  première  fois  qu'en  1860,  par  un 
consul  général  anglais.  Bien  qu'indiquée  dans  les  guides,  elle 
n'a  véritablement  été  mise  en  lumière  que  par  les  photogra- 
phies qui  ont  été  éditées  au  commencement  de  cette  année 
et  par  deux  articles  de  M.  Muhlman  dans  la  Revue  orientale, 
n^  de  janvier  et  de  février  1886. 

Gette  église  comprend  deux  narthex  (celui  de  l'intérieur 
surmonté  de  deux  coupoles),  une  nef  surmontée  d'une 
grande  coupole,  une  prothèse,  un  diaconicum,  et,  le  long 
de  la  nef  du  milieu,  une  chapelle  latérale  dite  pareklesioa 
surmontée  d'une  abside. 

Les  deux  narthex  et  les  deux  petites  coupoles  sont  décorés 
de  mosaïques,  le  pareklesion  de  peintures  et  de  sculptures, 
qui  ont  échappé  on  ne  sait  comment  au  vandalisme  icono- 
claste des  Turcs. 

Les  mosaïques  des  deux  narthex  représentent  la  vie  de  la 
Vierge  et  celle  de  N.-S.  L'une  d'elles  figure  le  recensement 
et  la  déclaration  de  la  naissance  de  l'enfant  Jésus,  sujet  assez 
rarement  traité.  La  plus  remarquable  comme  composition  et 

i .  Cf.  Wildfl,  Catalogue  of  the  antiquitiet  of  stonê^  earthen  tmd  végétait 
materieUs  in  the  muséum  of  the  Royal  Irith  Aeadmnjf,  p.  iStt-194. 
S.  ConstantmopoleoM  topographim^  Leyde,  1561. 


—  4S8  — 

eomme  exécntion  représente  Marie  reoeTant  le  fil  de  pourpre, 
légende  grecque  peu  conûue  eu  Europe.  Les  coupoles  sont 
décorées,  l'une  du  buste  du  Christ  Pantocrator,  l'autre  de 
celui  de  la  Vierge  ;  au-dessous,  dans  des  fuseaux,  figurent 
lee  patriarches  et  les  rois  ancêtres  de  la  Vierge. 

Mais  la  plus  curieuse  de  ces  mosaïques,  parce  qu'elle  nous 
donne  une  date  certaine,  est  celle  où  un  personnage,  coiffé 
d'un  turban  démesuré  et  d'une  robe  a^ec  ornements  en  relief 
dont  Tétoffe  ressemble  à  du  velours  frappé,  présente  au  CShrist 
Pantocralor  le  plan  d'une  église  absolument  identique  à  celle 
existant  aujourd'hui  avec  la  grande  coupole  du  fond  et  les 
deux  petites  coupoles  du  narthex  intérieur. 

Le  nom  de  ce  personnage  est  inscrit  :  c'est  Théodore  le  Méto* 
chite,  logothètede  la  chancellerie  impériale  :  dxrnTup^oYoeénQç 

Malheureusement,  l'inscription  en  lettres  noires  est  mal 
Tenue  sur  la  photographie. 

Une  inscription  en  vers  métriques,  qui  se  trouve  dans  le 
pareklesion,  nous  donne  le  nom  de  Tomikès,  grand  conné- 
table. U  vivait,  comme  Théodore  le  Métochite,  sous  Tem- 
pereur  Andronic  U,  1282-1328,  et,  au  nombre  des  saints, 
figure  saint  Andronic  en  pied. 

Dans  le  narthex,  à  l'entrée  de  la  nef,  on  voit  les  mosaïques 
de  saint  Pierre  et  saint  Paul  de  grandeur  naturelle  et  d'une 
finesse  d'exécution  remarquable.  Ces  mosaïques,  tout  récem- 
ment dégagées  de  la  couche  de  badigeon  qui  les  cachait,  sont 
aujourd'hui  protégées  par  des  volets  en  bois. 

Il  paraît  inutile  d'insister  sur  l'intérêt  immense  que  pré- 
sentent ces  mosaïques  à  tous  les  points  de  vue  et  notamment 
au  point  de  vue  de  Thistoire  de  l'art.  M.  Garon  se  félicite  de 
les  avoir  signalées  à  l'examen  et  à  l'érudition  des  membres 
de  la  Compagnie. 

M.  le  baron  de  Witte  présente,  de  la  part  de  M.  Van 
Robais,  associé  correspondant,  la  photographie  d'un  bronze 
trouvé  aux  environs  d'Âbbeville  et  qui  aurait  une  origine 
antique.  —  Il  ajoute  qu'il  est  nécessaire  de  voir  l'original 
avant  de  se  prononcer. 


—  4S4  — 

M.  E«  Saglio,  préttdent,  présente  &  la  Ciompagnie  un  calice, 
avec  sa  patine,  en  aigent  doré,  du  xn*  siècle,  et  deux  plaques 
en  émail  très  fin,  seules  connues  de  leur  espèce  et  dont  Féôide 
fixera  l'origine  française  ou  italienne.  M.  Sagiio  a  acheté  ces 
précieux  monuments  à  la  vente  Stein  pour  les  collections  du 
Louvre. 

M.  Héron  de  Villefosse  communique,  au  nom  de  M.  J.  de 
Laurière,  associé  correspondant  national  à  Angoulême,  une 
inscription  chrétienne  découverte  à  Rome,  le  7  mai  dernier, 
près  de  la  catacombe  de  Saint-Hippolyte.  Il  donne  lecture  de 
la  lettre  suivante  qui  lui  a  été  adressée  à  ce  sujet  par  M.  J. 
de  Laurière  : 

c  Cette  inscription  est  tout  à  ftdt  inédite.  Nous  l'avous 
déterrée  vendredi  dernier,  l'abbé  Le  Loûet  et  moi,  dans  le 
talus  de  Tallée  qui  traverse  la  vigne  où  se  trouve  la  catacombe 
de  Saint-Hippolyte  que  nous  venions  de  visiter.  CSe  n'a  pss 
été  sans  peine,  car,  ayant  aperçu  le  bord  d'un  petit  morceau 
de  marbre  à  fleur  de  terre,  nous  avons  commencé  l'opération 
avec  nos  deux  couteaux  de  poche,  puis  avec  un  morceau  de 
bois  non  tranchant.  Nous  nous  sommes  alors  aperçus  que 
nous  avions  affaire  à  une  large  dalle  de  marbre,  horizontale, 
prise  dans  une  maçonnerie.  Enfin  un  ouvrier  qui  travaillait 
par  là  est  venu  avec  une  pelle  et  une  pioche  et  nous  avons 
fini  par  enlever  la  dalle  qui  mesure  près  d'un  mètre  de  large. 
La  lecture  est  facile  : 

FOR     TV      NATO 
BAENAB  MER  BNTIIN 

PAGEN  Qvi  vixrr 

ANNV8  XLV  (U  défont,  debwt, 

M  II  ànpé,  de  ftee,  Imnt  U 

D  V  K  M  "^  *^**» 

FELIS   ABOCVS   FECIT 
HILARIO  •  FILIV8 
FBGE    IT 

La  lecture  est  facile,  quoique  la  partie  gauche  de  la  dalle  ne 
soit  pas  encore  bien  nettoyée.  L'orthographe  est  bicarré.  Nous 


—  185  — 

a^ons  d^poeé  cette  inscription  à  l'entrée  de  la  catacombe  dont 
l'abbé  Le  Lonet  a^ait  la  clef.  » 

M.  Héron  de  Villefosse  annonce  ensuite  que  M.  J.  de  Lau- 
rière  a  profité  de  son  séjour  à  Rome  pour  photographier  la 
statue  de  Charles  d'Anjou,  actuellement  conservée  au  Gapi- 
tôle.  On  sait  avec  quel  soin  et  quelle  habileté  notre  excellent 
confrère  exécute  les  reproductions  de  ce  genre.  Nous  aurons 
donc  le  plaisir,  à  son  retour,  d'examiner  les  photographies 
de  ce  monument  si  intéressant  pour  les  Français  et  qui  était 
resté  jusqu'ici  presque  caché  aux  yeux  de  tous. 

M.  Héron  de  Yillefosse  présente  ensuite,  au  nom  de 
M.  Julien  Poinssot,  le  premier  numéro  de  la  Rev%ê  de  V Afrique 
Jrcakçaist,  fiiisant  suite  au  BMêtiii  des  Antiquitée  aflrieainee. 
Il  fait  ressortir  l'intérêt  de  cette  publication  dans  laquelle 
une  large  place  est  réservée  aux  études  archéologiques,  et 
demande,  au  nom  du  directeur,  l'échange  de  cette  revue 
avec  le  Bulletin  de  la  Société.  Cette  proposition  est  adoptée. 

M.  Mo'svat  lit  une  note  de  M.  Germer-Durand  sur  des 
monuments  antiques  conservés  au  Musée  de  Rodez. 

N«  I.  —  A  Rodety  dans  un  magasin  donnant  sur  la  cour 
^honneur  du  pakùs  épiseopal. 

ff  Au  Congrès  archéologique  de  Rodez,  tenu  en  1863,  on 
s'occupa  du  tombeau  portant  deux  inscriptions  : 

ff  D*un  cété  : 

AICOVINDO 

SVO-DIN 
ff  Et  de  l'autre  : 

SATVRNIO 
DIVONO 

CADVRCO 

A  mon  sens,  on  peut  lire  d'après  l'estampage  si  mauvais 
qu'il  soit  : 

ALCOVINDO 

8  •  NOnCOIM      ou  NOLICGJIM 


—  486  ^ 

NoUccêwi(¥s)  ou  Nauec9m(ui)j  <Mur  je  ne  sais  ai  la  troiBième 
lettre  du  second  mot  est  un  V,  ou  LI,  ou  II;  en  supposant  II 
pour  E  on  lirait  COI  M  ou  CCIIM;  cela  est  bien  incertaine 
Dans  tous  les  cas,  le  nom  Aleovimdoê^  me  parait  acquis  et  très 
curieux.  La  pierre  est  en  grès  et  assez  usée. 


«  L'autre  inscription  porte  bien  8ATVRNI0  et  CADVROO, 
mais  je  crois  pouvoir  déchiffrer  œDONI  •  F  plutôt  que 
DIVONO,  auquel  on  s'est  arrêté  complaisamment  à  cause  du 
mot  GÂDYRGO  qui  le  suit  et  en  négligeant  une  lettre. 


1.  Je  Wni»  Aleovinàot  Noliccini  (R.  Mowat]. 

2.  Alco-vindo8   est    formé    comme    Pennù'-nindo», 
[R.  Mowat). 


TIENNOOnNAOC 


—  487  — 

c  Ce  monument  a  été  creusé  à  une  époque  postérieure, 
poar  servir  d^ge  on  de  tombeau.  On  remarque,  dans  la 
partie  inférieure  de  la  face  principale,  un  vase  dont  la  forme 
est  encore  usitée  dans  le  pays. 

N'  n.  —  Ruê  Sainl'Cprècey  maison  de  M.  Serin,  quincaillier. 

c  A  6  mètres  de  hauteur,  sur  la  façade  principale,  on  voit 
une  pierre  de  taille  ornée  d'un  simple  cadre  avec  cette  ins- 
cription : 

L  •  BANTIO 

CELSO  •  STAT 

8EGVNDVSL 

DE  8V0 

L{ucio)  Bantio  CeUo  SteU(ius)  Secundus^  l(%bertus)^  detuo*, 

t  Le  gentilice  Baniius  me  parait  bien  rare. 
«  Les  lettres,  quoique  un  peu  lâchées,  sont  d*une  bonne 
époque  ;  remarquez  le  grand  T  dans  Statùu. 

N»  m.  —  jiu  Mueée. 

«  L'inscription  de  Tertiola  a  été  trouvée  à  Rodez  il  y  a 
quelques  années  ;  elle  a  été  copiée,  m'a-t-on  dit,  par  notre 
confrère  M.  J.  de  Laurière;  elle  est  gravée  sur  une  plaque 
de  marbre  d'une  épaisseur  moyenne  de  0">09  à  0^10  centi- 
mètres. 

f  Les  lettres  D  M  de  la  première  ligne  sont  séparées  par 
une  petite  couronne  entre  deux  hederae;  dans  le  corps  de 
l'inscription,  les  mots  sont  séparés  par  des  points  ou  par  des 
hederae;  lignes  2  et  5,  les  I  sont  barrés  au  milieu;  on 
remarque  à  la  troisième  ligne  un  petit  enfoncement  ou  car- 
touche à  peu  près  carré,  dans  lequel  il  semble  que  le  lapicide 
ait  voulu  figurer  une  tête,  probablement  celle  de  la  défante  ; 
mais  cela  est  assez  fruste. 

1.  n  faut  lin  :  L.  Bantio  Celso,  itat{ionurio),  Seeundus,  libertuSf  de  suo.  Ce 
stationariu  est  le  maître  de  poètes.  Voir  Cod,  Theodoi. 


—  48S  — 

«  Les  caractèreB  indiquant  une  basse  époque,  ainsi  que  les 
formules,  nous  ne  serions  pas  éloigné  d'y  voir  une  inscrip- 
tion chrétienne. 


iVNTmRTIÔtAE 
^  TERÎT-IVN^ 
PRlMRlFli-M 


c  Dis  MambuA  lunioê  Tertiolae  Tertia  9t  Inmms  Promu 
JlUae  de  suo/ecerufU;f rater  «nu  lap(idem)  mar(moreiiM)  de  tuo 
dédit. 

«  Cest  ainsi  que  nous  croyons  devoir  interpréter  ce  texte 
curieux  qui  met  le  nom  de  la  femme  avant  celui  du  mari; 
à  la  cinquième  ligne,  je  crois  qu'on  lit  LAP  ;  il  semble  qoe 
la  haste  du  P  se  prolonge  an-dessous  de  Talignement. 

No  IV.  —  jiu  Musée. 

Fragment  de  milliaire  provenant  d'Espalion. 

«  Sur  un  fragment  de  colonne  en  grès  très  grossier,  de 
0'»34  de  diamètre,  il  semble  qu'on  lit  le  nombre  LXVm, 
le  haut  des  chiffres  étant  rongé  ou  emporté,  mais,  avant  L, 
on  ne  distingue  rien  autre  que  des  écomures  à  forme  incer- 
taine. Cette  distance  de  68  milles  correspond  à  peu  près 
à  la  distance  d'Espalion  à  Condate  (Gendres,  Lozère),  point 
où  la  voie  de  Lyon  à  Toulouse  rencontre  la  voie  Regardme^ 
allant  de  Nîmes  en  Auvergne.  Jusqu'ici  on  n'avait  trouvé 
aucun  milliaire  chiffré  dans  toute  cette  région,  et  j'hésite  k 
me  prononcer,  tout  en  attirant  l'attention  des  hommes  com- 
pétents sur  cette  matière;  notamment  celle  de  M.  Tabbé 
Gérés,  de  Rodez.  • 


—  48»  — 

Séance  du  19  Mai. 

Préflideace  de  M.  E.  Saquo,  président. 
Ouvrages  offerts  : 
ArehwJuroitemkhisckêGeichiektey  t.  LXVI,  livr.  1-2,  in-S*. 
BulUim  de  corrttpandaitcê  africaine^  publié  par  l'École  supé- 
rieure des  lettres  d'Alger,  IV*  année,  fiiiscicules  UI-IV. 
Alger,  1885,  in-8*. 

—  de  corrupamdaHCê  ActMngiM,   IX.*  année,  décembre; 
X*  année,  janvier-février.  Paris,  1886. 

BulUtUno  di  arckiologta  e  staria  dalmaiay  IX«  année,  n*  4. 

Spalato,  1886,  in-8«. 
Mélanges  hùiariquee.  Choix  de  docKmentê^  t.  Y.  Paris,  1886, 

in-8*. 
Sitgungêberichie  der  kaiserUehen  Académie  der  Wieeensehaf- 

ten;  phUosophitche^  historische  claeee^  1884-1885.  Vienne, 

in-8*. 
Bbauvois  (E.).  De  Vorgameaiion  dee  mutéee  hietoriqnee  dans  le 

Nord  et  aUleurs^  par  J.  J.  A.  Worsaae.  Copenhague, 

1885,  in-8o. 

—  La  jeunesse  du  maréchal  de  ChamxUy;  notice  sur  Noël 
Bouton  et  sa  famille  de  1636  à  1667.  Beaune,  1885,  in-8«. 

—  Les  deux  quetjtalcoatî  espagnols,  J,  de  Grijaloa  et  F,  Coriés, 
Louvain,  1885,  in-8% 

Desjabdins  (Abel).  Négociations  dipUmaliques  de  la  France 

aoee  la  Toscane;  document  recueilUpar  CHuseppe  Canestriniy 

t.  VI,  Index  historique.  Paris,  1886,  in-8«. 
Jambsoh  (F.).  An  introduction  of  the  studg  of  the  constitution 

nal  and  poliiical  history  oj  the  statu,  Baltimore,  1886, 

in-8*. 
Le  Blamt  (Ed.).  Lss  sarcophages  chrétiens  de  la  Gamle.  Paris, 

1886,  in-foi. 

Lboouz  (Julien).  Histoire  de  la  commune  des  Chapelles-Bour' 
bon  (Seines-Marne).  Paris,  1885,  in-12. 

Correspondance. 

M.  le  vicomte  de  Golieville,  présenté  par  MM.  Nicard  et 


—  4M  — 

Gaillaume,  écrit  à  la  Société  pour  poser  sa  candidature  au 
titre  d'associé  corre^ondant  national.  M.  le  président  désigne 
MM.  de  Barthélémy,  Schlumberger  et  de  Montaiglon  pour 
former  la  commission  chargée  de  présenter  an  rapport  sur 
les  titres  scientifiqnes  du  candidat. 

M.  Ernest  Deajardins  écrit  à  la  Compagnie  ponr  loi  deman- 
der de  considérer  M.  Olivier  Bayet,  son  gendre,  oomme 
démissionnaire,  son  état  de  santé,  qui  le  tient  éloigné  de  la 
Société  depuis  dix  mois,  ne  présentant  aucane  amélioration. 

MM.  Mûntz,  de  Lasteyrie,  Gollignon  rappellent  les  titres 
scientifiques  de  M.  Olivier  Rayet.  Us  pensent  que  c'est  un 
honneur  pour  la  Compagnie  de  voir  son  nom  figurer  dans  la 
liste  de  ses  membres,  et  ils  prient  leurs  collègues  de  ne  point 
accepter  sa  démission. 

La  Société,  consultée,  se  refuse  à  considérer  M.  Rayet 
comjne  démissionnaire. 

Travaux. 

Au  nom  de  la  Commission  nommée  à  cet  effet,  M.  de  Mon- 
taiglon lit  un  rapport  favorable  sur  la  candidature  de 
M.  Bélisaire  Ledain  au  titre  d'associé  correspondant  natio- 
nal. On  passe  au  vote,  et  M.  B.  Ledain,  ayant  obtenu  le 
nombre  de  suffrages  exigé  par  le  règlement,  est  proclamé 
associé  correspondant  national  à  Poitiers. 

M.  Gourajod  «revient  sur  la  communication  qu'il  a  &ite  à  la 
dernière  séance  au  sujet  de  la  statue  de  Charies  d'Anjou, 
conservée  autrefois  au  Gapitole,  et  aujourd'hui  dans  un  esca- 
lier du  Palais  des  conservateurs,  à  Rome.  Un  moulage  en 
existe  au  Musée  industriel  de  la  même  ville.  M.  Gourajodlit 
une  lettre  de  M.  de  Laurière,  qui  lui  adresse  six  photogra^ 
phies,  exécutées  d'après  ce  moulage,  et  deux  photographies 
du  tombeau  de  Boniface  VIII,  dont  l'original  repose  dans  les 
grottes  vaticanes,  mais  dont  un  moulage  se  voit  au  même 
Musée  industriel.  La  statue  de  Charles  d'Anjou,  œuvre  de 
l'école  gothique  italienne,  date  vraisemblablement  de  Fépoqae 
où  Charles  d'Anjoo  était  consul  à  Rome,  c'est^^lre  soit  de 


—  4»4  — 

1268  à  1278,  soit  de  1281  à  1284.  La  statue  de  Bonifaoe  VUI 

est  une  œuvre  également  italienne,  elle  date  du  commence* 
ment  du  xit«  siècle. 

M.  le  baron  de  Witte  présente  en  original  une  longue 
aiguille  de  bronze,  surmontée  d'une  figure  de  femme  dont  il 
avait  montré  des  photographies  à  la  dernière  séance.  Cet  objet 
a  été  trouvé  aux  environs  d'Étaples.  Il  est  difficile  de  savoir 
^à  quoi  il  a  pu  servir. 

Plusieurs  membres  échangent  des  observations  sur  la  date 
à  laquelle  il  peut  remonter.  La  plupart  s'accordent  à  y  voir 
un  objet  gallo-romain  de  basse  époque. 

M.  de  Marsy  communique  une  statuette  d'argent  doré 
représentant  saint  Jean-Baptiste  et  conservée  dans  l'église  de 
Saintines  (Oise).  A  la  main  gauche  de  la  statuette  est  fixée 
une  relique  du  saint. 

M.  le  baron  de  Vaux  fah  la  communication  suivante  : 

c  J'ai  l'honneur  de  porter  à  votre  connaissance  les  récentes 
et  importantes  découvertes  faites  par  les  RR.  PP.  Domi- 
nicains dans  leur  propriété  de  Jérusalem,  sise  à  trois  cents 
mètres  environ  hors  des  murs  de  la  ville  et  de  la  porte  de 
Damas,  à  l'est  de  la  route  de  Naplouse,  et  non  loin  de  la  grotte 
de  iérémie  et  de  l'abattoir  juif. 

c  Les  fouilles  faites  jusqu'à  ce  jour,  et  arrêtées  depuis  plu- 
sieurs mois,  faute  ti'argent,  ont  révélé  l'existence  d'antiquités 
fort  curieuses,  et  à  tous  égards  dignes  du  plus  grand  intérêt  : 

«  On  a  trouvé  : 

€  1*  Dans  l'angle  nord-ouest  du  terrain  des  Dominicains, 
près  de  la  route  de  Naplouse,  des  sous-sols  considérables  et 
voûtés,  construits  en  pierres  bien  appareillées  et  s'étendant 
à  six  mètres  au-dessous  du  soi  actuel. 

«  2o  Près  de  ces  sous-sols,  les  snbstructions  d'une  chapelle 
devant  laquelle  se  trouvait  une  grande  pierre  tombale,  recou- 
verte  d'une  longue  inscription  qu'on  n'a  pas  eu  le  temps  de 
relever,  la  pierre  en  question  ayant  disparu  tout  à  coup  sans 
qu'on  en  ait  pu  retrouver  trace. 

«  3*  Vers  l'angle  sad- ouest  du  terrain  des  Pères,  une 


—  492  — 

grande  quantité  d'angee  en  pierre,  semblant  indiquer  que  li 
s'éleTait  jadis  l'^^Mimc. 

«  4-  A  peu  près  an  milieu  de  la  propriété,  et  à  six  mètres 
de  profondeur,  une  belle  et  immense  mosaïque,  bien  con- 
servée, ayant  vingt-cinq  mètres  environ  de  large,  sur  une 
longueur  encore  inconnue,  les  fouilles  n'ayant  pas  été  pous- 
sées jusqu'au  bout  de  ce  cété. 

c  5*  Tout  autour  de  cette  mosaïque,  de  nombreux  débris 
de  colonnes  ayant  jusqu'à  un  mètre  de  diamètre. 

c  6*  Enfin,  non  loin  de  Tabattoir  juif,  un  spacieux  et  magni- 
fique hypogée,  composé  d'une  grande  salle  de  cinq  à  six 
mètres  carrés,  sur  laquelle  donnent  une  chambre  funéraire, 
contenant  trois  grands  sarcophages  en  pierre,  munis  de  leurs 
couvercles,  et  quatre  autres  caveaux  plus  petits  (deux  dans  la 
même  paroi),  pouvant  contenir  quatre  corps  chacun,  un  à 
droite  et  un  à  gauche  de  l'allée  centrale,  et  deux  à  côté  l'un 
de  l'autre,  placés  tête  bieh$^  sur  une  même  couchette  taillée 
perpendiculairement  aux  deux  autres,  en  face  de  l'entiée. 
Cette  disposition  est,  je  crois,  à  peu  près  unique  en  son 
genre. 

c  J'espère,  Messieurs,  être  bientôt  à  même  de  pouvoir 
fournir  de  plus  amples  renseignements  sur  les  découvertes 
dont  je  viens  de  vous  entretenir,  découvertes  qui  ne  peuvent 
manquer  d'intéresser  vivement  la  Société  et  qui  sont  appe* 
lées  à  avoir  une  portée  archéologique  sur  laquelle  vous  me 
permettrez  de  ne  pas  insister  aujourd'hui.  » 

M.  Babelon  communique  de  la  part  de  M.  Doucet,  élève 
de  l'École  normale,  la  photographie  d'une  croix  de  pierre 
de  la  fin  du  xiv*  siècle,  récemment  découverte  à  Tille- 
momble. 

c  C'est  une  croix  de  cimetière,  ou  de  carrefour,  posée  sur 
socle  avec  degrés,  monolithe,  ornée  sur  ses  deux  faces  prin- 
cipales de  cinq  médaillons  quadriiobés  renfermant  d^  sculp- 
tures et  des  inscriptions  gothiques  du  xiv«  siècle. 

c  Première  face.  Médaillon  central  :  Christ  en  Croix  avec 
l'inscription  : 

SALVATOR  MVNDI,  8ALVA  NOS. 


—  498  •- 

c  Les  quatre  aatres  médaillons  reprfaeDtent  : 

c  1.  Dieu  le  Père  tenant  le  soleil  et  la  lune. 

c  2.'  La  Vierge. 

i  3.  Saint  Jean. 

ff  4.  Saint  Michel  terrassant  le  dragon. 

ff  Deuxième  face.  Médaillon  central  :  la  Vierge  avec  Ten- 
fant  Jésus  :  inscription  Mater  Dei.  Je  n*ai  pas  pu  lire  la 
seconde  ligne  ;  c'est  sans  doute  une  invocation  comme  ora 
pro  nohis,  ou  intercédé  pro  nohis. 

c  Les  quatre  médaillons  des  extrémités  représentent  les 
figures  symboliques  des  évaugélistes  :  Taigle  de  saint  Jean, 
le  taureau  de  saint  Luc,  le  lion  de  saint  Marc,  Tange  de 
saint  Mathieu.  » 

M.  de  Lasteyrie  donne  à  la  Société  quelques  renseigne* 
ments  sur  les  découvertes  d'antiquités  et  les  fouilles  qui  se 
font  actuellement  à  trois  kilomètres  de  Périgueux^  On  a 
mis  i  jour  un  vaste  ensemble  de  constructions  romaines  qui 
forment  quatre  groupes  principaux,  dont  Tun  comprend  une 
piscine  de  bain  avec  .son  hypocauste  ;  un  autre,  un  groupe 
de  constructions  assez  rapprochées  des  bords  de  Tlsle,  la 
rivière  qui  arrose  Périgueux,  et  qui  paraissent  avoir  fait  par- 
tie de  quelque  villa;  enfin  les  deux  autres  scNut  deux  grands 
hémicycles  disposés  symétriquement  par  rapport  au  second 
groupe  de  bâtimenU.  Quand  on  a  découvert  le  premier  de 
ces  hémicycles,  on  s'est  cru  en  face  d'un  thé&tre,  mais 
la  présence  d'un  second  bâtiment  de  forme  semblable,  la 
disposition  des  lieux  sur  lesquels  tous  deux  s'élèvent,  enfin 
la  forme  des  constructions  accessoires  retrouvées  auprès  de 
ces  hémicycles  ne  permet  point  de  s'arrêter  à  cette  hypo- 
thèse. Les  fouilles  n'ont  guère  produit  jusqu'ici  de  menus 
objets  dignes  d'être  signalés.  On  a  seulement  recueilli  beau- 
coup de  débris  de  mosaïques  à  fond  bleu  incrustées  de 
coquilles,  comme  on  en  voit  de  si  beaux  spécimens  à  Pom-r 
péi.  Ce  genre  de  mosaïques  est  d'une  grande  rareté  en 
Gaule. 

t.  Cf.  plQB  htat,  p.  179-177. 

ANT.   BULLETIN.  43 


—  If4  — 

M.  FroMud  annone»  que  M.  G.  Bonsor  a  âéeoaTert  à 
Gvmoiia  (proTiaee  de  fiéville)  une  nécropole  itmiaiiie. 

M.  Héron  de  Villefosse  £ût  hommage  à  la  Société,  de  la 
pari  de  M.  de  Laurière,  d'ime  photographie  représentant 
rétat  actuel  des  fouilles  du  Palatin  à  Rome,  au-dessous  de  ht 
Roma  Quadrata,  derrière  Téglise  Saint-Théodore,  da  côté  du 
Vélabre.  Là,  le  rocher  qui  porte  le  Palatin  est  taillé  à  pic 
de  main  d*homme.  En  avant,  à  gauche,  on  aperçoit  un  esca- 
lier découpé  dans  le  roc,  un  mélange  de  constructions  et 
de  rochers  taillés.  L'escalier  à  droite  a  des  marches  de  pierre 
qui  reposent  sur  le  roc. 

M.  Héron  de  Yillefoese  entretient  ensuite  la  Société  des 
fouilles  qui  se  font  à  Saint-Quentin  sous  la  direction  de  la 
Société  académique  de  cette  ¥1110.  On  vient  de  reconnaître 
un  cimetière  romain  qui  parait  étra  de  la  même  époque 
que  celai  de  Yermand,  c'est-à-dire  du  iv«  siècle.  On  a 
déoooTert  des  vases  de  brome,  de  la  céramique  rouge,  des 
verreriee  d'une  superbe  irisation,  quelques  bijoux  d'aigent 
et  de  bronze.  Ce  cimetière  se  trouve  à  droite  de  la  grande 
chaussée  de  Reims  à  Saint-Quentin,  aujourd'hui  recouverte 
par  deux  ou  trois  mètres  de  terre  aux  environs  de  cette  der* 
nièie  ville,  mats  dont  on  trouve  de  très  beaux  tronçons  à 
dnq  ou  six  kilomètres. 

Ces  sépultures  ont  été  rencontrées  sur  une  propriété  des 
ho^ices,  et  Tautoiisation  des  fouilles  a  été  accordée  à  la 
condition  que  tous  les  objets  recueillis  appartiendraient  à  la 
ville.  Getle  condition  ne  pouvait  être  que  très  agréable  à  la 
Société  académique  qui  vient  de  fonder,  avec  les  antiquités 
récemment  découvertes  à  Vermand,  un  musée  municipal . 
archéologique. 

Bn  1634  et  4639,  on  a  trouvé,  au  nord  de  la  ville  de  Saint- 
Quentin,  nn  cimetière  par  incinération  qui,  d'après  les 
témoignages  contemporains,  paraît  avoir  été  assez  vaste  et 
assez  riche.  Les  sépultures  dont  on  vient  de  reconnaître  l'exis- 
tence sont  au  sud  de  la  ville,  sur  la  rive  gauche  de  la  Somme, 
à  2,&00  mètres  du  cimetière  découvert  au  xvn*  siècle.  La 
Somme  formait  jadis,  avec  ses  marais,  une  vaste  étendue 


—  495  — 

d'eau,  Uu^  de  4  à  500  mètres,  sépanmt  la  ville  du  bubourg 
d'Isle  situé  au  sad.  Jaaqii'ici,  on  avait  toujours  pensé  que 
Tancianne  ville  romaine  était  sur  la  rive  droite.  Le  cime* 
tière  qu'on  vient  de  découvrir  oblige  à  admettre  qu'un 
quartier  de  la  ville  antique  s'élendait  également  sur  la  rive 
gauche,  séparé  de  l'autre  partie  de  la  cité  par  les  marais. 

C'est  à  une  obligeante  communication  de  M.  Emmanuel 
Lemaire,  président  de  la  Société  académique  de  Saint- 
Quentin,  que  M.  Héron  de  Villefosse  doit  ces  intéressants 
détails. 

Séance  du  SI6  Mai. 

Présidence  de  M.  £.  Saolio,  président. 

Ouvrages  offerts  : 

Actes  dé  V Académie  des  sciences  j  belles-lettres  et  arts  de  Bor» 
deaux^  3*  série,  46«  année,  1884.  Paris,  in-8*. 

Atii  deUa  reale  Accademia  dei  Uncei.m.  GGLXXUI,  1885- 
1886,  t.  U,  fasc.  9.  Rome,  1886,  in-4*. 

Bulletin  cn/igiM,  publié  sous  la  direction  de  MM.  Duchesne, 
Ingold,  Lescœur,  Thédenat,  YU*  an.,  n«  10.  Paris,  1886, 
in-8». 

-~  de  V Académie  iw^périale  des  sciences  de  Saint^Pétershourg^ 
t.  XXX,  feuilles  21-29.  In-4«. 

-^  de  la  Société  archéologique  et  historique  de  la  Charente^ 
5«  série,  t.  Vil,  1884-1885.  Angouléme,  1886,  in-ë*. 

—  trimestriel  des  asUiquités  africaines  ^  années  1-4,  1883- 
1885.  Paris,  in-8«. 

MéBunres  de  V Académie  impériale  des  sciences  de  Saint-Péters- 
bourg, ?•  série,  t.  XXXIU,  n^  5-7,  et  XXXIV,  n- 1.  Saint- 
Pétersbourg,  1885,  in-8*. 

Bévue  africaine^  XXX*  année,  n*  175.  Alger,  1886,  in-8-. 

Société  archéologique  de  Bordeaux.  Bordeaux,  1882,  in-8*. 

Correspondance, 

M.  Payard,  directeur  des  cristalleries  de  Baccarat,  présenté 
par  MM.  A.  de  Barthélémy  et  A.  Héron  de  Villefosse,  écrit 


—  ^96  — 

pour  poser  sa  candidature  au  titre  d'associé  correspondant 
national  à  Baccarat  (Meurthe-et-Moselle).  M.  le  président 
désigne  MM.  Tabbé  Thédenat,  Flouest  et  Ck)urajod  pour  for- 
mer la  commission  chargée  de  présenter  un  rapport  sur  les 
titres  scientifiques  du  candidat. 

M.  Etienne  Héron  de  Villefosse,  présenté  par  MM.  de 
Barthélémy  et  l'abbé  Thédenat,  écrit  pour  poser  sa  candi- 
dature au  titre  d'associé  correspondant  national  à  Ghartronges 
(Seine-et-Marne).  Le  président  désigne  MM.  Gourajod,  R.  de 
Lasteyrie  et  G.  Schlumberger  pour  former  la  commission 
chargée  de  présenter  un  rapport  sur  les  titres  scientifiques 
du  candidat. 

M.  le  ministre  des  travaux  publics,  répondant  au  vœu 
émis  par  la  Société  à  une  de  ses  précédentes  séances,  écrit 
que,  lorsqu'on  établira  le  tracé  définitif  du  chemin  de  fer 
métropolitain,  son  administration  veillera  à  ce  que  les  édi- 
fices intéressants  pour  Tart,  l'histoire  et  Tarchéologie  soient 
sauvegardés. 

Travaux. 

M.  Gourajod  communique  un  chapitre  de  l'histoire  du 
moulage  au  moyen  âge,  dont  il  a  déjà  lu  des  extraits  à  la 
Société  dans  plusieurs  occasions.  U  veut  parler  aujourd'hui 
des  stucs  italiens  du  xv«  siècle.  Il  fait  ressortir  l'intérêt 
de  ces  stucs,  il  montre  comment  ils  peavent  servir  à  con- 
trôler TauthenUcité  de  beaucoup  de  pièces  de  sculpture.  Il 
prend  pour  exemple  une  madone  célèbre  de  Mino  de  Fie- 
sole,  dont  il  existe  de  nombreuses  reproductions  en  marbre. 
Il  passe  ensuite  en  revue  une  série  de  stucs  de  Donateilo,  de 
Luca  délia  Hobbia,  etc.,  et  cite  des  textes  de  Yasari,  de  Phi* 
larète,  qui  montrent  comment  les  artistes  du  moyen  âge 
italien  exécutaient  ces  stucs. 


—  ^97  — 

Séance  du  %  Juin. 
Préùdence  de  M.  E.  Saolio,  président. 
OuTrages  offerts  : 
Atti  deUa  reale  Accademia  dei  Lincei,  an.  GGLXXXIII,  1885- 

1886,  4*  série,  t.  Il,  fasc.  10.  Rome,  1886,  in-4v 
Bulletin  critique^  publié  sous  la  direction  de  MM.  Duchesne, 
Ingold,  Lescœur,  Thédenat,  Vil*  année,  n*  11.  Paris,  1886, 
in-8*. 

—  de  la  Société  archéologique  d^Eure^'Loir^  n*  714,  juin 
1886.  Chartres,  in-8o. 

—  delà  Société  des  scieuces  historiques  et  naturelles  de  F  Yonne  ^ 
année  1885.  Âuzerre  et  Paris,  in-8o. 

—  de  la  Société  scient^ique^  historique  et  archéologique  de  la 
Corrèxe,  t.  Vm,  l'«  livr.  Brive,  1886,  in-S». 

Jahrhiicher  des  Vereins  von  Alterthums/reunde  in  Rheinlande, 
81-  livr.  Bonn,  1886,  in-8«. 

Bévue  de  VAJrique  française^  Y*  année,  t.  IV,  fàsc.  16,  mars- 
avril  1886.  Paris,  in-8«. 

—  historique  et  archéologique  du  Maine^  t.  XYII  et  XVIII, 
année  1885, 1«'  semestre.  Mamers,  1885,  in-8». 

Ck>LLE VILLE  (Le  vicomte  de).  Histoire  abrégée  des  empereurs 
romains  et  grecs,  des  césars^  des  tyrans,  des  impératrices^ 
^après  Beauvais.  Paris,  1885,  in-8*. 

—  Manière  de  discerner  les  médailles  antiques  de  celles  qui 
sont  contrefaites^  d'après  Beauvais.  Paris,  1885,  in-18. 

—  Les  missions  secrètes  du  général  major  baron  de  Kalhet;  son 
rôle  dans  la  guerre  de  ^indépendance  américaine.  Paris, 

1885,  in-18. 

Delattre  (Victor).  Numismatique  de  Cambrai,  Des  jetons 
d'argent  ayant  servi  au  règlement  des  comptes  du  trésorier 
de  la  ville  de  Cambrai^  sous  les  règnes  de  Louis  XIV ^ 
Louis  XV  et  Louis  XVI.  In-8*. 

Deschabips  de  Pas.  Inventaire  des  ornements^  reliquaires^  etc., 
de  F  église  de  Saint-Omer  en  1557.  In-80. 

Jadabt  (Henri).  Dom  Thierry  Ruinart^  1657-1709.  Paris, 

1886,  in-8*. 


—  198  — 

2*ravoMX. 

Au  nom  des  commiêBionB  nommées  à  cet  effet,  MM.  Â.  de 
Barthélémy  et  Tabbé  H.  Thédenat  lisent,  chacun,  un  rap- 
port faTorable  sur  les  candidatures  du  vicomte  de  Cîolleville 
et  de  M.  Payard.  On  procède  au  vote,  et  les  deux  candidats, 
ayant  obtenu  le  nombre  de  suffrages  exigé  par  le  règlement, 
sont  proclamés  associés  correspondants  nationaux,  le  premier 
i  Quimperlé  (Finistère),  le  second  à  Baccarat  (Meurthe-et- 
MoseUe). 

Au  nom  de  la  commission  nommée  à  cet  effbt,  M.  Goura- 
jod  lit  un  rapport  sur  la  candidature  de  M.  Etienne  Héron 
de  Villefosse.  On  procède  au  vote,  et  M.  E.  Héron  de  Ville- 
fosse,  ayant  obtenu  le  nombre  de  voix  exigé  par  le  règlement, 
est  proclamé  associé  correspondant  national  à  Ghartronges 
(Seine-et-Marne). 

M.  Tabbé  Thédenat  communique  divers  objets  antiques 
trouvés  à  Deneuvre  (Meurthe-et-Moselle),  par  M.  Payard, 
directeur  des  cristalleries  de  Baccarat  : 

<  1*  Un  bas-relief  trouvé  en  1883  dans  les  substructions 
d'une  maison  romaine  avec  des  débris  de  poteries  rouges 
sigillées  et  un  petit  bronze  de  Constantin  ^ 

a  Le  sujet  représenté  sur  ce  bas-relief  est  intéressant  pour 
Tétude  des  métiers  dans  Tantiquité;  il  est  facile  i  recon- 
naître :  ce  sont  deux  scieurs  de  long  en  train  d'exercer  leur 
métier;  comme  de  nos  jours,  la  pièce  de  bois  est  placée  sur 
un  chevalet  formé  de  quatre  pieds  obliques;  les  deux 
ouvriers,  l'un  dessus,  l'autre  dessous,  manœuvrent  la  longue 
scie. 

c  Le  nom  latin  des  ouvriers  exerçant  cette  profession  est 
êêctores  materiarum;  on  appelait  spécialement  wuUerioê  les 
bois  destinés  à  la  construction. 

c  On  a  trouvé  à  Aquilée  une  inscription  mentionnant  des 

1.  M.  Countnlt  nom  t  communiqué,  saiu  eomm«nfaii«  et  mu  indkttioB  de 
prorenanee,  une  photographie  de  ce  bu-nlief.  Cf.  BuU,,  1884,  p.  IM. 


—  <w  — 


^^ '"^^^^ÎkT^^t  ^> '^  -^ f^t 


*  »  •>*'«  jlw*41jj*f^  ^ 


BAS-RBLIBF  REPRÉSENTANT  DES  SOIEURS  DE  LONG 
TroQTé  à  DeneaTie  (Meartiie-et-lloselle). 


—  204  — 

sietarts  materiarum*  ;  îIb  ont,  comme  il  convient  à  des 
hommes  dont  le  inétier  s'exerce  dans  les  fordts,  fait  nne 
offrande  an  dien  Silvain  : 

SI  L  V  A  N  O 

SAGRkM 
8EGT0RE8 
MATERIARVM 
AQVILEIENSE8 
ET  •  INGOLAE 
POSVERVNT 
ET  MENSAM 

SUvano  «acr[ti]m,  sectores  materiarum  AqjMeienses  et  incolae 
potuemnt  et  meiuam» 

«  On  connaît  un  coU^e  de  sectores  serrarUK 
c  II  existe  plnsienrs  représentations  antiques  de  sectores 
materiarum  appartenant  à  des  époques  très  diverses'. 

«  2*  Une  inscription  d'un  style  très  barbare,  trouvée  à 
soixante-dix  mètres  de  profondeur,  dans  un  champ  où  se 
rencontrent  des  foyers  d'incinération  ;  elle  était  accompagnée 
de  vases  en  poterie  grossière  ;  c'est  l'épitaphe  d'une  chr&» 
tienne  : 

ART  (femme  debmU  MEM 
VLA    dans  t attitude    ORI 
de  forante)         A 

<  Hauteur  du  fragment,  0™50.  Largeur,  0»55. 

c  Le  nom  Jrtulus  est  un  nom  servile  connu  ;  une  autre 
inscription  chrétienne  de  Trêves,  publiée  par  M.  Ed.  Le 
Blant^,  mentionne  également  une  femme  du  nom  d'Artula. 

c  3*  Dans  un  foyer  d'incinération,  M.  Payard  a  trouvé  une 
belle  urne  en  terre  rouge  vernissée,  haute  de  0"19  enviroa; 

i.  Corp.  vuer.  loi,,  t.  V,  n*  815. 
S.  Ibid.,  t.  I,  n*  1108. 

3.  Cf.  Ificali,  Antiehi  monumenti  per  servire  el  opéra  intitolata  Vltalia 
avanti  il  dominio  dei  Homani,  1810,  pi.  XLIX.  »  Roux,  ffereuUmten  et 
Pompeit  t.  m,  pi.  GXLVI.  —  Montfeacon,  Paloêographia  graeca^  p.  t03,  et 
GriTMd  de  la  Vineelle,  Arts  et  métiers  des  anciens,  pi.  LUI. 

4.  Imeriptions  chriHmnes  de  la  OoMle^  n*  294. 


^  M2  — 

la  panse  est  ornée  de  feuillages  et  d'omemaato  à  la  buiio* 
Une;  autour  du  eol,  on  lit  une  inscription  bachique  peinto«a 
blanc  : 

REPLE  OOPO 

c  Ce  7ase,  enfoui,  comme  je  viens  de  le  dire,  au  milieu 
d'un  foyer  d'incinération,  renfermait  des  cendres  et  les  débris 
d'une  fiole  en  verre,  mais  aucun  oseement.  n  appartient  à 
cette  classe  assez  nombreuse  de  vases  de  l'époque  romaine 
portant  des  inscriptions  bachiques,  et  dont  on  a  trouvé  un 
certain  nombre  dans  le  nord  et  dans  Test  de  la  Gaule,  sur- 
tout sur  les  bords  du  Rhin.  Un  des  plus  curieux  spécimens 
qu'on  en  possède  est  la  gourde  trouvée  à  Paris  en  1867  dans 
les  travaux  du  nouvel  Hôtel-Dieu,  et  conservée  au  Musée 
Carnavalet  ^ 

c  A  côté  se  trouvait  un  autre  vase,  en  poterie  moins  fine, 
sans  ornementation  et  sans  inscription.- 

<  4«  Parmi  des  décombres  ayant  servi  à  remblayer  des 
substructions  romaines,  M.  Payard  a  recueilli  de  nombreux 
débris  : 

c  Des  fragments  de  poterie  noire  lustrée,  à  grain  fin, 
ornées  de  décors  k  la  molette  ou  de  dessins  géométriques. 

i  Une  lampe  portant  une  marque  connue. 


c  Plusieurs  statuettes  ou  fragments  de  statuettes  en  terre 
cuite  rougeàtre  représentant  Minerve.  La  déesse  est  casquée, 

1.  CI.  Uomi,  Imer^tùmè  mvtiqtM  d»  Fttris,  p.  St  «l  S5. 


—  ao8  — 


^■■■■ift_ T7  iP  ta  \f>  'ë- 


VASE  TROUVÉ  A   DENfiUVRE  (MEURTHE-ET-MOSELLE). 


—  205  — 

debout;  la  main  gauche  repose  sur  le  boadier  posé  à  terre, 
la  main  droite  tient  la  lance  ;  la  tète  de  Gorgone  couvre 
presque  toute  la  poitrine.  Le  style  de  ces  statuettes  est  des 
plus  grossiers.  Elles  n'appartiennent  pas  à  un  type  nouveau  ; 
J'ai  vu  an  Musée  de  Moulins^  des  statuettes  de  Minerve  ana« 
logues,  offrant  cependant  une  variante  qu'on  ne  peut  passer 
BOUS  silence.  Elle»  na  tiennent  pas  la  lance,  mais  élèvent  la 
main  droite  vers  la  tète,  par  nn  geste  peu  naturel  et  difficile 
à  expliquer  autrement  que  par  dégénérescence  du  type  pri- 
mitif, qui  devait  être  le  même  que  celui  des  statuettes  de 
Denenvre.  Une  autre  figurine  du  Musée  de  Moulins  repré- 
sente une  Minerve  analogue  aux  autres,  avec  cette  seule 
différence  que  la  main  droite,  au  lieu  d'une  lance,  tient  une 
patère  à  ombilic^. 

«  Quoi  qu'il  en  soit  de  ces  variantes,  les  statuettes  trouvées 
par  M.  Payard  représentent  une  Minerve  appartenant  à  un 
type  très  répandu  et  souvent  reproduit.  C'était  une  réplique 
de  quelque  œuvre  d'art  antique,  sans  doute  d'un  chef- 
d'œavre  célèbre.  Une  lampe  dessinée  dans  le  recueil  de 
Bartoli'  nous  en  offre  une  reproduction  moins  barbare,  s'il 
faut  s'en  rapporter  au  dessin.  On  conserve  au  Musée  Fol,  à 
Genève,  une  lampe  semblable  à  celle  de  fiartoli  *, 

«  5<»  En  1873,  M.  Payard  fit  fouiller  les  restes  d'ime  mai- 
son romaine  évidemment  détruite  par  nn  incendie  ;  il  déblaya 
une  chambre  dont  les  dimensions  étaient  de  cinq  mètres  sur 
quatre.  Dans  les  débris,  il  recueillit  des  fragments  des  pein- 
tures qui  recouvraient  les  murs  ;  les  sujets  étaient  encadrés 
par  des  moulures  peintes  et  formant  panneaux.  M.  Payard 
a  pu  constater  que  ces  peintures  représentaient  des  person- 
nages, mais  aucun  des  fragments  n'était  assez  complet  pour 
permettre  de  reconnaitre  la  nature  des  sujets  figurés. 

«  Un  des  côtés  de  la  chambre  était  occupé  par  deux  autels 

1.  Cr.  Tudot,  Collection  de  figurines  en  argUe,  pi.  XXXVIl  et  XXXYIU,  F, 
G;  p.  19,  Bg.  16;  p.  20,  fig.  20;  p.  22,  fig.  26,  et  Catalogue  du  Mutée  de 
Mouline,  1889,  p.  22,  n*  8,  pi.  VU,  fig.  8;  p.  26,  n*  80,  p).  X,  %.  80. 

2.  Cf.  Tndot,  p.  22,  %.  27,  et  pi.  XXXYIU,  D;  Catalogue,  p.  22,  n*  2, 
pi,    VU,  fig.  2. 

3.  Le  antiehe  lueerne  figurate,  Rome,  1601,  pan  U,  pi.  XXXIX. 

4.  Catalogue  du  Mueée  Fol,  U  I,  b*  659. 


—  S6«  — 

en  pierre  du  pays;  iU  sont,  Vnn  et  l'autre,  montée  sur  un 
piédestal  et  surmontés  d'une  corniche  ayeo  fronton  triangu* 
laire  entre  deux  volutes;  l'un  a  i»25  de  haut  sur  0»^  de 
laiife,  l'autre  i»30  sur  0*36.  Us  n'ont  jamais  porté  d'ins- 
cription. 

«  Enfin,  la  môme  fouille  a  mis  au  jour  un  trésor  de  noille 
monnaies  environ  disséminées  autour  des  autels,  et  dont 
beaucoup  sont  très  bien  conservées  ;  M.  Payant  les  a  daseées 
avec  soin  et  en  adressé  le  catalogue.  Biles  sont  au  nom  de  : 
Trajan*Déoe,  Etruscilla,  Gallien,  Salonine,  Postume,  Yio- 
torin,  Tetricus  père,  Tetricus  fils,  T&cite,  Probus,  Diode- 
tien,  Maximin  Hercule,  Constance  I**,  Hélène,  Tbéodoia, 
Maidmin  II  ûaxa,  Licinius  père,  Constantin  X*',  Gnspus, 
Delmatius,  Constantin  U,  Constance  U,  Magnence,  Deœn- 
tius,  Constantius  Galius,  Julien  II,  Yalentinien  I*',  Valeos, 
Gratien,  Yalentinien  II,  Théodose  I**^ .  Maxime,  Yictor, 
Honorius,  Arcadius. 

c  Les  débris  menus  ou  non  classés  se  composaient  surtout 
de  fragments  de  poteries,  de  quatre  lampes  intactes,  en  pote- 
rie grossière,  sans  nom  de  potier,  de  nombreux  ossements 
d'animaux,  entre  autres  de  défenses  de  sanglier,  enfin  de 
fragments  de  sculptures  parmi  lesquels  trois  torses  d'animanx 
ayant  appartenu  à  des  chiens,  autant  que  Tétat  de  mutilation 
et  le  style  barbare  de  ces  fragments  permettent  d'en  juger. 

«  Les  monnaies  trouvées  autorisent  à  faire  remonter  Ten- 
fottissement  du  trésor,  et  la  destruction  de  la  maison,  à 
l'époque  de  l'invasion  des  Vandales. 

a  Le  sol  antique  de  la  chambre  était  à  environ  deux  mètres 
de  profondeur,  sans  dallage,  mais  recouvert  seulement  d'ar« 
gile  battue^  sorte  de  pisé  renfermant  de  nombreux  fragments 
de  briques  introduits  à  dessein. 

«  M.  Fayard  n'a  malheureusement  pas  pu  poursuivre  plus 
loin  ses  fouilles,  par  suite  du  mauvais  vouloir  d'un  proprié- 
taire voisin.  » 

M.  Tabbé  Thédenat  termine  en  faisant  remarquer  OMnbien 
ces  communications  prouvent  le  zèle  intelligent  de  M.  Payard 
pour  l'archéologie  ;  la  Compagnie  doit  se  féliciter  de  l'avoir, 
aujourd'hui  môme,  admis  au  nombre  de  ses  correspondants. 


—  207  — 

M.  de  Mout&iglon  donne  l'explication  d'une  inseription 
énigmatiiqiie  qu'il  a  remarquée  sur  un  des  curieux  bas-reliefs 
de  deila  Robbia,  publié  par  Mié.  Gavallucci  et  Molinier.  Elle 
est  ainsi  conçue  :  ËAVAMINl  MUNDO  ESTOTE.  Or,  elle 
est  empruntée  à  Isaîe,  1, 16,  et  doit  être  ainsi  rétablie  :  Lena- 
mûit,  fltinuft  e»tot; 

M.  Gasati  foit  part  à  la  Société  d'une  découverte  impor- 
tante qui  vient  d'avoir  lieu  tout  récemment  en  Ëtrurie.  A 
Golonna,  près  de  Grosseto,  dans  les  Maremmes,  sur  rempla- 
cement supposé  de  Yetulonia,  on  a  trouvé  une  magnifique 
tombe  étrusque  comparable  à  la  tombe  Regulini  de  Tantique 
Gœre  pour  la  richesse  des  objets  qu'elle  renferme.  A  côté  de 
divers  vases  d'argent  doré,  on  a  trouvé  une  coupe  en  bucche- 
ro-nero  portant  une  longue  inscription  étrusque.  On  croit 
pouvoir  assigner  avec  certitude  à  ce  tombeau,  c'est  Topinion 
de  M.  Heibig,  une  antiquité  de  deux  mil  cinq  cents  ans. 

M.  Mowat  communique,  de  la  part  de  M.  Espérandieu, 
une  petite  médaille  de  plomb  au  nom  de  Pujcerda,  et  au 
millésime  de  4786,  trouvée  à  Montlouis.  Il  est  difficile  de 
dire  à  quel  usage  elle  pouvait  être  employée. 


Séance  du  9  Juin. 
Présidwoe  de  M.  E.  Saolio,  président. 
Ouvrages  offerts  : 
jâui  deOa  reale  Accademia  dei  Linceiy  an.  CGLXXXIU,  1885- 

1886,  4*  série,  t.  Il,  fasc.  11.  Rome,  in-4\ 
BuUetw  de  la  Société  phiUmaiique  vosgienne^  XI«  année, 

1885-1886.  Saint-Dié,  in-S*. 
Décret  relatif  à  la  propriété  et  à  la  con$ervatiùn  des  atUi" 

quitéi  et  objets  d^art  en  Tunisie,  Tunis,  1886,  in-8*. 
Journal  dês  smaasu,  avril-mai  1886.  Paris,  1886,  in^*. 
Praeeedings  of  the  american  pkUeêopMcal  Society ^  t.  XXXUI^ 
avril  1886,  ifi  132.  In-8*. 


—  308  — 

Dimmnu  (Paul).  Lu  arehivei  angevinêt  de  Na^^.  Éiwiâ  mr 
h»  Têçiitret  du  roi  Charles  /«,  1265-1285.  Paris,  1886, 
in-8*. 

Travaux. 

M.  r&bbé  Thédenat  présente,  de  la  part  de  M.  Reoé  de  la 
Blanchère,  un  décret  da  bey  de  Tunis  relatif  à  la  conserva- 
tion des  antiquités  sur  le  territoire  de  la  Régence.  Notre 
confrère  a  largement  contribué  à  la  préparation  et  à  l'adop- 
tion de  ces  mesures  préservatrices.  Tout  récemment,  la 
Compagnie  a  provoqué,  de  la  part  des  Sociétés  savantes,  une 
manifestation  tendant  à  réclamer  des  Chambres  françaises 
des  lois  capables  d'arrêter  les  actes  de  vandalisme  qu'on 
signale  chaque  jour  dans  notre  pays  et  en  Algérie.  Un  projet 
de  loi  est  en  préparation.  M.  de  la  Blanchôre  a  pensé,  avec 
raison,  que  nos  confrères  seraient  heureux  de  prendre 
connaissance  des  décrets  par  lesquels  le  bey  de  Tunis  nous 
a  précèdes  dans  la  conservation  des  antiquités  nationales. 

M.  Mowat  communique  deux  inscriptions  qui  lui  ont  été 
envoyées  par  le  R.  P.  Delattre  : 

c  L'une,  trouvée  à  Utique,  mentionne  un  Julius  Forta- 
natus  qui  se  qualifie  mtdtieiariMs  inmetui;  le  nom  de  métier 
est  nouveau,  mais  sa  signification  se  déduit  du  mot  multieiMS 
appliqué  à  des  étoffes  tissées  de  fils  de  couleurs  différentes. 

c  L'autre  inscription,  trouvée  à  la  Malga,  est  un  fragment 
donnant  en  partie  les  noms  de  L.  Sulpicius  Galba,  de  Gn. 
Papirius  Carbo  et  de  L.  Calpurnius  Bestia,  qui  furent  con- 
suls aux  années  108,  113  et  111  avant  notre  ère.  Sous  le 
commandement  de  Carbo,  une  armée  romaine  mit  le  pied 
pour  la  première  fois  en  Numidie,  contre  Jugurtha.  » 

M.  Héron  de  Yillefosse  demande  à  M.  Mowat  s'il  ne  pour- 
rait pas  obtenir  un  estampage  de  cette  inscription^  afin  de 
voir,  à  la  forme  des  lettres,  si  elle  est  réellement  du  temps 
de  la  république,  ou  si  elle  a  été  restituée. 

M.  Petit  lit  une  note  sur  une  peinture  allégorique  du 
zvi«  siècle  du  ch&teau  de  Xaalay  : 
c  Je  communique  aux  membres  de  la  Société  des  Anti- 


—  2«9  — 

qnaires  la  photographie  d'ane  peintare  moFale  qui  existe 
dans  une  des  tours  du  château  de  Tanlay  (Yonne),  dite  Tout 
de  la  Ugue,  château  appartenant  à  M.  le  marquis  de  Tanlay. 
Les  souvenirs  qui  se  rattachent  à  ce  manoir  historique,  la 
haute  situation  des  personnages  qui  l'ont  fiEÛt  édifier,  le  nom 
de  l'artiste  qui  travaillait  alors  sous  les  ordres  de  l'amiral 
Goligny,  la  scène  allégorique  qui  rappelle  les  plus  mauvais 
jours  des  guerres  de  religion,  donnent  à  cette  peinture  Tin- 
térét  peu  commun  d'une  page  d'histoire  contemporaine. 

c  L'humidité  a  déjà  g&té  cette  peinture  dans  plusieurs 
endroits,  principalement  dans  la  jointure  des  pierres  que 
trahissent  des  lignes  blanches  très  sensibles.  Il  y  a  quelques 
années,  M.  Edouard  Lambert,  de  Tanlay,  craignant  de  plus 
grands  dégâts,  avait  fait  prendre  des  photographies,  et  c'est 
à  lui  que  je  dois  celle  qui  est  actuellement  sous  vos  yeux 
ainsi  que  la  plupart  des  renseignements  qui  vont  suivre. 

«  Cette  reproduction,  malgré  son  imperfection,  laisse  voir 
assez  nettement  tous  les  personnages;  mais  le  photographe 
avait  à  vaincre  une  grande  difficulté  ;  cette  peinture  en  effet 
occupe  environ  les  trois  quarts  de  la  surface  circulaire  d'un 
plafond  en  dôme  très  écrasé,  dont  un  Jupiter  domine  le 
centre. 

c  Ge  travail  avait  été  ordonné  par  l'amiral  de  Goligny 
et  exécuté  par  un  nommé  Larme,  qui  se  dit  peintre  gale- 
rier.  Il  était  naturel  que  l'amiral,  général  des  galères, 
employât  un  artiste  dont  il  avait  pu  apprécier  le  talent  et 
dont  les  œuvres  devaient  orner  les  vaisseaux  de  l'État,  déco- 
rés alors  de  curieuses  peintures  dont  aucune  de  cette  époque 
n*est  arrivée  jusqu'à  nous. 

9  Chez  les  protestants,  vous  remarquez  les  attributs  de  la 
paix  :  une  colombe  sur  l'épaule  de  la  femme  qui  touche  à 
Minerve,  et  cette  femme  tenant  un  carquois  vide.  Un  Nep- 
tune à  barbe  blanche  avec  son  cheval  et  son  trident  symbo- 
lique est  l'emblème  de  l'amiral,  qui,  d'une  figure  calme  et 
impassible,  écoute  Hercule,  c'est-à-dire  d'Andelot,  solide* 
ment  appuyé  sur  une  massue.  Les  protestants  ont  de  leur 
côté  le  Droit,  la  Sagesse  et  la  Force,  et  un  lion,  à  peu 

ANT.  BULLBTW.  14 


—  S40  — 

près  entièrement  effacé,  est  coaché  non  loin  de  ces  demîan. 

<  Les  catholiques  ont,  an  contraire,  les  attributs  delà 
guene  :  Mars,  les  Gyclopes  forgeant  des  armes,  et  aussi  les 
attributs  des  plaisirs  :  Vénus,  F  Amour  et  les  belles  filles. 
Une  Justice  avec  hache  et  faisceaux  de  licteurs  est  à  c6tédo 
Janus  femelle,  et  donne  ordre  i  Mercure  de  se  mettre  en 
marche.  Celui-ci  est  prêt  à  partir.  Le  cardinal  de  Lorrainei 
habillé  en  Mars,  est  sollicité  par  M*^*  de  Montpensier,  habil- 
lée, ou  plutôt  très  peu  habillée,  en  Vénus,  démarcher  contre 
les  protestants.  Elle  a  pour  complice  TÂmour  qui  tire  une 
flèche  de  son  carquois. 

c  Une  partie  de  la  peinture  complètement  détruite  à  la 
droite  des  protestants  ne  laisse  rien  deviner  de  la  compou" 
tion  de  Tautear.  Le  costume  des  protestants  est  blanc,  celai 
des  catholiques  est  rouge.  Le  cardinal  de  Lorraine,  que  rap- 
pelle Mars,  porte  les  couleurs  d'Bspagne,  et  ce  fait  a  quelqne 
importance  ;  car  à  ce  moment  (1567)  le  cardinal  de  Lorraine, 
rentré  en  autorité,  comme  le  disent  les  Mémoires  de  Cattd'^ 
nau  (t.  II,  p.  457),  cherchait,  par  tous  les  moyens,  à  favoriser 
rentrée  en  France  du  duc  d'Albe,  que  Gondé  conseillait  à  la 
Cour  de  repousser. 

«  L'ensemble  de  la  peinture  est  assurément  une  all^rie 
de  la  situation  des  partis  ;  les  protestants  attestent  par  lear 
attitude  qu'ils  ne  sont  pas  les  agresseurs,  mais  que  l'on 
forge  des  armes  contre  eux  et  que  Ton  se  prépare  à  les  com- 
battre. 

€  Mais  il  ne  faudrait  peut-être  pas  voir  dans  chacune  de  ces 
figures  des  portraits  authentiques  des  personnages  qu'elles 
représentent.  L'artiste  protestant.  Larme,  qui  a  reproduit 
ces  scènes,  sinon  remarquables,  du  moins  fort  carieuses, 
avec  un  pinceau  singulièrement  hardi,  n'aurait  peut-être  pas 
poussé  la  témérité  jusqu'à  donner  des  tableaux  vivants  des 
grandes  dames  de  l'époque,  qu'il  ne  lui  avait  pas  été  donné 
sans  doute  d'aborder  d'aussi  près.  C'eût  été  une  infraction 
indirecte  à  Tédit  et  une  quasi-protestation  contre  la  résigna* 
tion  de  ses  coreligionnaires  en  présence  de  leurs  militants 
adversaires. 

a  L'artiste  se  serait  seulement  permis  de  donner  un  por- 


—  «n  — 

trftit  4*êiisembte  de  'MP^  de  Montpensier  ^  et  n'a  laissé  igno* 
rer  atiean  des  attraits  de  la  Venue  qu'elle  représente.  G'eel 
la  seule  Tengeanee  qu'il  ait  exercée  contre  cette  ennemie  des 
protestants. 

«  D'autres  figures,  qui  paraissent  au  second  plan,  sont 
assurément  des  portraits.  La  tête  à  chevelure  épaisse,  avec 
barbe  et  moustache  bouclées,  qui  se  trouve  au  •'dessus  de 
Janus  est,  à  n'en  pas  douter,  celle  du  prince  de  Qondé, 
Ce  peut  homme  tant  joU 
Qui  toujours  danse,  chute  et  rit. 

c  (Test  bien  la  physionomie  qui  nous  est  transmise  (yar 
les  portraits  de  l'époque  et  notamment  par  celui  que  nous  a 
laissé  Thomas  de  Leu.  On  croit  voir  aussi  un  Guise  au-des- 
sus du  Mercure,  mais  l'identité  des  personnages  demanderait 
une  étude  approfondie  et  nécessairement  délicate. 

«  Voici  une  note  relative  à  ce  travail,  extraite  des  archives 
du  château  de  Tanlay  : 

«  Travaux  faicts  pour  un  cabinet  que  monseigneur  l'Ad- 
t  mirai  a  commandé  de  faire  au  dessus  du  cabinet  de  mon- 
(  seigneur  d'Andclot  :  Paie  à  maistre  Larme  xx  livres  t  sol 
c  pour  avoir  faict  des  painctures  pour  le  parachèvement  de 
(  la  galerie  de  monseigneur,  suyvant  un  billet  où  est  con- 
«  tenu  le  détail  des  dictes  painctures,  faictes  de  la  main  de 
c  maistre  Larme.  » 

c  Le  prix  total  de  ces  peintures  a  été  fixé  à  cettt  cinquante 
livres,  et  le  travail  était  réglé  en  juin  1568. 

i  Cette  date  de  juin  1568  mérite  de  nous  arrêter.  C'était 
un  moment  de  calme  entre  la  seconde  et  la  troisième  guerre 
civile,  époque  à  laquelle  les  protestants  se  plaignaient  vive- 
ment des  menées  faites  contre  eux  malgré  l'édit  de  pacifica- 
tion. C^était  le  moment  où  le  prince  de  Condé,  retiré  dans 
son  château  de  Noyers,  à  deux  lieues  de  Tanlay,  avait  de 
si  fréquentes  relations  avec  Coligny  et  d'Andelot.  C'est  le 
11  juin  1568  que  le  prince  de  Condé  écrivait,  de  Noyers, 
au  roi  et  à  la  reine  pour  se  plaindre  des  persécutions  dont 


1 .  Tel  est  du  moins  Tavis  de  M.  Bouchot,  sous-bibliothécAire  aux  esUmpea  de 
la  Btbiiothèqae  nationale. 


—  242  — 

les  protestante  étaient  l'objet  (Mf  le  dnc  d'Aumale,  Bisiair^ 
detprincei  de  Condé^  t.  I,  p.  351  et  suiv.).  C'est  le  25  juin 
1568  que  le  prince  de  Gondé  écriyait  de  nouveau,  de  Noyers, 
au  roi  et  à  la  reine,  poar  réclamer  une  plus  sérieuse  obeer- 
vaUon  de  l'édit  (BibJ.  nat.,  ma.  24,  Ve  Golbert,  fol.  156  et 
fol.  158).  —  Autre  lettre  de  Gondé,  datée  de  Noyers,  le 
29  juin  1568,  réclamant  contre  les  menées  des  espions  qui 
viennent  à  Noyers  l'observer,  mesurer  les  hauteurs  des 
murailles  et  reconnaître  les  forces  du  château  (Hùtoire  de» 
princes  de  Condé,  t.I,  p.  353). 

c  C'est  enfin,  moins  de  deux  mois  plus  tard,  le  23  août 
1568,  que,  poursuivis  par  Tavannes,  l'amiral  de  Goligny 
et  le  prince  de  Condé  prirent  la  résolution  de  s'échapper  : 

ft L'Admirai  retiré  à  Tanlay  résolut  avec  le  prince  le 

(  partement  de  l'un  et  de  l'autre,  ayant  premièrement  escrit 

c  au  roi  une  longue  lettre En  achevant  de  signer,  le 

«  prince  part  de  Noyers  avec  la  princesse  enceinte,  ses 
c  enfante  en  maillot  et  en  berceau,  appartenans  au  prince  et 
«  à  TAdmiral  :  la  dame  d'Andelot  y  en  apporta  un  de  deux 
f  ans  :  plusieurs  dames  et  damoiselles  se  joignirent  en  pareil 
i  équipage  :  tout  cela  gardé  de  quatre-vingte  gens  d'armes 
c  à  la  haste  et  d'autant  d'arquebusiers  à  cheval,  vint  passer 
a  Loire  au  port  Sainct-Thibaut  près  Sancerre,  et  envoya 

c  passer  les  enfante  à  Boni »  (D'Aubigné,  Hist,  vmv,, 

liv.  V,  chap.  I.) 

c  L'artiste  qui  terminait  son  travail  au  milieu  des  pré* 
occupations  publiques  dont  nous  venons  de  parler,  ne  pou- 
vait manquer  de  s'inspirer  des  sentimente  de  l'amiral  qui 
en  ordoimait  le  parachèvement.  L'ensemble  de  la  concep- 
tion, sous  une  allégorie  facile  à  deviner,  nous  représente 
une  scène  mythologique  des  dieux  de  l'Olympe  et  deux 
groupes  bien  distincts,  séparés  par  un  Janus  à  double  visage 
qui  visait  Catherine  de  Médicis,  bien  que  les  traite  de 
l'homme  et  de  la  femme  ne  rappellent  en  rien  ceux  de  la 
princesse.  Le  Janus  a  le  visage  masculin  tourné  du  côté 
droit,  qui  représente  les  protestente,  et  le  visage  féminin  du 
côté  gauche  où  se  tiennent  les  catholiques.  Cette  divinité 
tient  en  main  la  clef  du  temple  de  la  paix,  i 


—  248  — 

M.  Gourajod  entretient  la  Compagnie  d'an  certain  nombre 
d'objets  faux  qni  se  trouvent  dans  des  collections  privées,  en 
particulier  des  ivoires.  Il  croit  qu'on  ne  saurait  trop  signaler 
les  objets  de  cette  catégorie  et  mettre  les  amateurs  et  les 
conservateurs  de  musées  en  garde  contre  ces  falsifications. 
MM.  de  Montaiglon,  de  Lasteyrie,  Saglio  citent  divers  faits 
à  lappni  de  ces  observations. 


Séance  du  16  Juin.  . 

Présidence  de  M.  E.  Saolio,  président. 
Ouvrages  offerts  : 

Bniktin  épigraphiquêf  publié  sous  la  direction  de  M.  Mowat, 
t.  V.  Paris,  1885,  in-8*. 

BulUtiino  di  archeoloçia  e  storia  dalmata^  IX*  année,  n9  5. 
Spalato,  1886,  in-8\ 

Baye  (Le  baron  J.  db).  Le  torques  était  porté  par  les  hojimes, 
Gaen,  1886,  in-8*. 

HiaoN  DE  ViLLBFOSSE  (A.).  Tête  du  Parthénon  appaHenant  cm 
Musée  du  Louvre.  Paris,  1886,  in-4«. 

Ramdall  (Daniel  R.).  A  puritan  colony  in  Maryland,  Balti- 
more, 1886,  in-8«. 

Trccoaux. 

M.  Gh.  Robert  fait  une  communication  sur  un  petit  rectangle 
en  bronze,  analogue  aux  médaillons  contomiates.  Ce  n'est 
pas  un  médaillon  funéraire,  comme  on  l'a  dit  dans  la  Revue 
archéologique.  Ici,  on  voit  un  auriga  tenant  un  fouet  et  une 

couronne,  et,  comme  légende, NIKA;  c'est  un  soubaitde 

victoire.  Cet  objet  est  identique  par  son  sujet  à  un  médaillon 
contomiate  ;  un  médaillon  de  Vienne  trouvé  dans  le  Danube 
est  analogue  aussi,  sans  avoir  la  même  forme.  Suivant  les 
contrées,  ce  témoignage  de  soubait  et  de  victoire  a  des  formes 
différentes;  les  contomiates  ronds  ne  se  trouvent  qu'en  Italie 
et  dans  la  Provence.  Celui  de  la  Bévue  archéologique  vient  de 
l'Ouest,  c'est-à-dire  de  la  Gaule  proprement  dite. 


—  844  — 

M,  Tabbé  Ducbesne  entretieQt  la  Société  des  chartes  byxan- 
tinoB  aur  parcbemin  bleu  écrites  en  lettres  d'argeat  signalées 
&  la  basilique  de  Saiat^Nicolas  de  Bari.  D  a  constaté  sur  les 
lieux  une  très  grande  exagération.  Du  reste,  le  conseil  géné- 
ral de  la  province  de  Bari  a  promis  d'aider  à  la  publication 
des  archives  de  la  cathédrale  de  Saint-Nicolas.  La  pins 
ancienne  de  celles  des  1 ,200  chartes  de  la  cathédrale  est  de  852; 
celles-ci  sont  en  latin.  A  Saint-Nicolas,  il  y  en  a  400.  Celle 
sur  parchemin  bleu  à  lettres  d'argent  est  latine  et  de  Gri- 
moald  ;  elle  est  exposée  et  a  été  publiée  à  Naples  il  y  a  une 
douzaine  d'années  ;  il  y  en  a  trois  grecques,  dont  deux  avec 
leurs  sceaux  pendants,  émanant  du  catépan  grec  de  Bari. 
Mais,  de  plus,  il  y  a,  dans  les  archives  de  la  cathédrale, 
quatre  précieux  rouleaux  à*Exultet^  dont  Tun  a  neuf  mètres. 
Le  plus  ancien  est  du  x«  siècle,  en  écriture  langobardique, 
avec  les  portraits  des  empereurs  grecs  de  Gonstantinople. 

M.  d'Arbois  de  Jubainviile  fait  une  communication  sur  les 
noms  de  lieux  habités  de  la  Gaule  : 

«  Parmi  les  nomi  de  lieux  habités  de  la  France,  on 
peut  distinguer  quatre  catégories,  en  prenant  pour  base  de 
classement  les  langues  auxquelles  ces  noms,  de  lieux  remon- 
tent. 

i  Je  suivrai  Tordre  inverse  de  celui  qu'observent  d'ordi- 
naire les  chronologistes ,  et  j'appellerai  première  catégorie 
celle  qui  contient  les  noms  de  lieux  français.  Quelques-uns  se 
composent  d'un  seul  terme  :  Maisons,  par  exemple.  La  plu- 
part ont  été  constitués  par  l'a^ociation  de  deux  termes, 
aabstantif  et  adjectif  :  Yiïle«tneuve  ;  adjectif  et  nom  :  Neuf- 
chÀteau,  Beau*fort  ;  substantif  et  substantif  :  Yau-girard.  On 
remarquera  que  dans  ce  dernier  nom  le  déterminant  est 
ordinairement  placé  après  le  déterminé. 

c  La  deuxième  catégorie  comprend  les  noms  créés  immé* 
diatement  après  la  conquête  barbare.  Ordinairement,  ce  sont 
des  mots  composés  de  deux  substantifs.  Le  déterminé,  vilia^ 
c^nrU,  vaHUy  moM,  est  babituellen^ent  placé  le  second.  Le 
premier  terme  est  le  nom  du  propriétaire  franc,  burguode, 
visigoth,  qui  a  bftti  la  ptffa,  la  wrti^  qui  s'est  construit  que 


—  245  — 

habitation  sur  le  mons^  dans  la  vaUù  ;  exemple,  Bougival, 
dans  un  diplôme  mérovingien,  BamdeckisUo'VaUis, 

c  La  troisième  catégorie  contient  les  noms  de  fundù  Ce 
sont  des  monuments  de  la  conquête  romaine.  La  plupart  sont 
formés  par  la  combinaison  d'un  gentilice  romain  avec  le  suf- 
fixe gaulois  -aco'S.  Tels  sont  Clippiacus^  aujourd'hui  Glichy  ; 
AnltmkuMi^  aujourd'hui  Antony.  Quelques-uns  dérivent  de 
surnoms  gaulois,  grâce  à  l'emploi  du  même  suffixe  -^ico*^ 
exemple,  Tumacus^  Tonnay,  dérivé  de  Tumm,  Enfin,  cer- 
tains sont  des  composés  dont  le  premier  terme  est  un  surnom 
gaulois,  et  dont  le  second  est  le  substantif  gaulois  -ma^fi», 
c  champ.  I  Je  me  sers  de  l'expression  surnom  pour  me  con- 
former à  l'usage  des  épigraphistes.  Il  s'agit  ici  d'un  véritable 
nom,  porté  par  des  Gaulois  qui,  n'étant  pas  encore  citoyens 
romains,  n'avaient  pas  de  gentilices  ;  exemple,  Eburo-magus^ 
cf.  Eburacum.  Les  noms  terminés  par  le  suffixe  -aeo9  et  par 
le  substantif  magus^  c  champ,  i  sont  des  noms  de  Jundi^ 
témoignage  de  la  grande  révolution  par  laquelle  les  Romains 
ont  substitué  en  Gaule  la  propriété  foncière  individuelle  à  la 
propriété  foncière  collective. 

d  La  quatrième  catégorie  des  noms  de  lieux  habités  com- 
prend les  noms  d'oppida  et  de  vtct,  qui  remontent  à  l'époque 
de  l'indépendance  gauloise  ou  au  temps  immédiatement  pos- 
térieur à  la  conquête  romaine.  Ce  sont  par  exemple  les  noms 
composés  dont  le  second  terme  est  dunum^  durum  ou  hriga. 
n  faut  les  distinguer  des  noms  de  fundi  en  aco-s^  qui  appar- 
tiennent à  la  troisième  catégorie,  et  qui  sont  étrangers  à  la 
langue  de  César.  » 

M.  Héron  de  Villefosse  lit  une  lettre  de  M.  de  Bourgade 
sur  l'état  d'abandon  où  se  trouvent  les  ruines  du  temple  de 
Mercure,  au  sommet  du  Puy-de-Ddme. 

La  Compagnie  décide  que  le  président  écrira  au  ministre 
pour  appeler  son  attention  sur  les  mesures  à  prendre  afin 
d'assurer  la  conservation  de  ce  monument,  dont  l'Académie 
de  Clermont  n'a  plus  la  responsabilité. 


—  216  — 

Séance  du  23  Juin. 

Présidence  de  M.  £.  Saquo,  président. 

Ouvrages  offerts  : 
Jtti  délia  reale  Accademia  dei  Lineei^  an.  GGLXXXI,  1883- 

1884, 3*  série.  Memorie  délia  classe  di  scienxe  monUi  sioriche 

fLlohgiche,  t.  XIII.  Revue,  1884,  in-4«. 
Bollettino  dette  opère  moderne  straniere  acquistate  délia  bibUo' 

teche  pubbliche  govematwe  del  regno  â^Italia^  mars-avril 

1880.  Rome,  in-8o. 
Bulletin  des  hihliothiques  et  des  archives^  publié  sous  les  aus- 
pices du  Ministère  de  l'instruction  publique,  année  1886, 

n*  1.  Paris,  1886,  in-8». 
BuUettino  di  archeoloyia  cristiana  del  comm.  G.-B.  de  Rossi, 

4«  série,  3«  année,  1884-1885.  Rome,  in-8*. 
Cambridge  aniiquarian  society,  List  of  tke  memhers^  24  mai 

1886.  Cambridge,  in-8o. 
Korrespondensblatt   der    Westdeutschen  Zeitschrifi  fur  (re- 

schichie  und  Kunst^  V«  année,  n®  6.  Trêves,  1886,  in-8*. 
Mémoires  de  V Académie  de  Mett^  2«  période,  LXTV*  année  ; 

$•  série,  VII»  année,  1882-1883.  Metz,  1886,  in-8*. 
Memorie  délia  regia  Accademia  di  sdenxe^  lettere  ed  arti  in 

Modenay  2«  série,  t.  III.  Modène,  1885,  in-4*. 
GoLLiQNON  (Maxime).  Tablettes  votives  de  terre  cuite  peinte^ 

trouvées  à  Corinihe  et  conservées  au  Musée  du  Louvre,  Paris, 

1886,  in-4'. 
Reinagh  et  E.  Babelon  (S.).  Recherches  archéologiques  en 

Tunisie,  1883-1884.  Paris,  1886,  in-8'. 

Travaux. 

M.  de  Laigue  écrit  pour  signaler  à  la  Compagnie  une  pla- 
quette en  bronze,  représentant,  au  droit,  un  soleil  avec  légende 
en  cercle;  au  revers,  des  animaux.  Cet  objet  aurait  été, 
d'après  ceux  qui  l'ont  produit,  trouvé  à  Vulci.  C'est  un  monu- 
ment faux,  de  fabrication  moderne.  M.  de  Laigue  croit  utile 


—  247  — 

de  signaler  cette  supercherie  à  la  (Compagnie.  Un  dessin  est 
joint  à  la  note  de  notre  confrère. 

M.  Bmyerre,  inspecteur  général  adjoint  des  monuments 
historiques,  fait  la  communication  suivante  sur  le  temple  du 
Puy-de-Dôme  : 

c  Les  ruines  du  temple  de  Mercure,  au  sommet  du  Puy- 
de-Dôme,  ont  été  trouvées  en  i872  par  les  ouvriers  cherchant 
des  matériaux  antiques  afin  de  les  utiliser  dans  la  construc- 
tion d'un  observatoire  météorologique. 

«  L'Académie  de  Glermont,  prévenue  de  ces  découvertes, 
a  fait  continuer  ces  fouilles  en  1873  et  4874. 

c  Le  monument  ayant  été  classé,  la  Commission  des  monu- 
ments historiques  a  fait  pousser  les  fouilles  avec  activité 
pendant  les  années  1875,  1876  et  1877. 

c  A  cette  époque,  le  temple,  orienté  vers  l'ouest,  et  son 
péribole,  occupant  un  espace  de  64  mètres  de  longueur  sur 
68  mètres  de  largeur,  avaient  été  complètement  découverts, 
sauf  une  très  petite  partie  de  l'angle  nord-ouest  du  péribole, 
engagée  sous  les  constructions  de  l'observatoire. 

c  On  a  en  outre  reconnu  que  le  mamelon  qui  domine  l'aire 
du  temple  au  nord-ouest  avait  été  revêtu  d'une  épaisse  maçon- 
nerie de  forme  tronconique  dont  la  plate-forme  supérieure,  de 
36  mètres  au  moins  de  diamètre,  avait,  sans  doute,  servi  de 
base  à  la  statue  colossale  exécutée  p%r  Zénodore. 

c  Le  temple  présente  bien  les  dispositions  que  Grégoire  de 
«  Tours  attribue  au  Vassogalate  des  Arvernes,  incendié,  ren- 
«  versé  et  détruit  par  Chrocus,  édifice  admirable  et  solide, 
«  dont  les  murs  étaient  doubles,  bâtis  en  dedans  avec  de 
c  petites  pierres  et  en  dehors  avec  de  grandes  pierres  carrées, 
f  et  avaient  30  pieds  d'épaisseur.  »  La  quantité  énorme  de 
marbres  découverts  dans  ces  fouilles  démontre  bien  que, 
dans  l'intérieur,  c  le  marbre  se  mêlait  aux  mosaïques,  t  Ces 
dernières  étaient,  d'après  les  fragments  retrouvés,  de  deux 
espèces  ;  les  unes,  en  mosaïques  composées  de  petits  cubes, 
les  autres,  plus  nombreuses  peut-être,  en  mosaïques  dites  de 
Florence,  composées  de  porphyre  et  de  serpentines  enchâs- 
sées dans  du  marbre  blanc. 

c  Les  murs  doubles  ont  été  élevés  à  deux  époqnes  diffé* 


—  «8  -^ 

rentes,  les  plus  anciens  en  petits  matérianx,  ceux  extérieurs 
en  pierre  dite  t  domite,  i  provenant  de  la  montagne  môme. 

i  II  a  été  reconnu  qu'outre  la  construction  de  la  chapelle 
Baint-Bamabé,  bien  connue  par  les  expériences  de  Pascal,  et 
dont  les  fondations,  situées  sur  le  mamelon  supérieur^ont  été 
retrouvées,  les  chrétiens  avaient  établi  à  la  même  époque 
(xu*  siècle),  sous  l'aire  de  béton  de  la  cella  du  temple,  une 
autre  chapelle  avec  absidioles  et  colonnes. 

«  Aucune  colonne  n'a  été  retrouvée  dans  les  fouilles,  mais 
on  doit  se  rappeler  que  saint  Allyre,  fondateur  de  la  célèbre 
abbaye  de  ce  nom,  près  Giermont,  après  avoir  délivré  la  fille 
de  l'empereur  Maxime  de  c  l'Esprit  immonde,  i  avait  forcé 
celui-ci  de  transporter  dans  son  abbaye  un  certain  nombre  de 
colonnes  de  marbre,  provenant  d'un  temple  antique,  qui  lui 
avaient  été  données  par  l'empereur. 

c  Les  nombreuses  colonnes  de  marbre  précieux  qui  déco- 
raient l'abbaye  de  Saint*  Allyre  ne  seraient  antres  que  celles 
du  temple  de  Mercure. 

a  Depuis  l'époque  où  les  fouilles  ont  été  terminées,  la  Com- 
mission des  monuments  historiques  n'a  pas  abandonné  l'édi- 
fice; elle  fait  exécuter  chaque  année  les  travaux  d'entretien 
nécessaires. 

«  Les  fouilles  ne  sont  donc  plus  à  faire;  on  s*efforoe, sans 
modifier  les  dispositions,  de  remettre  en  place  et  de  protéger 
par  des  chapes  les  maçonneries  dont  le  mortier,  malheu- 
reusement de  mauvaise  qualité,  se  désagrège  sous  ce  climat 
si  rode  ;  les  assises  en  domite,  qui  ne  résistent  pas  toujours 
très  bien  à  la  gelée,  sont  remises  en  place,  après  que  les 
morceaux  en  ont  été  réunis  par  des  goujons  en  bronse.  i 


Séance  du  30  Juin. 

Présidence  de  M.  E.  Saglio,  président. 
Ouvrages  offerts  : 
Buttetin  erilique^  publié  sous  la  direction  de  MM.  Duchesne, 
Ingold,  LesccBur,  Thédenat,  VII«  année,  n*  42. 4886,  irtSr. 
Mimoma  de  la  Swiété  de  »taHitiqu9y  jcmimw,  IdUrts  tt  arts 


•  a<9  — 

du  d^ri^meni  dgs  Vwx^-SèwTUy  ^  lérie,  i.  Ul,  4866. 

Niort,  m-8». 
JZcptM  hélgê  de  mwmtmtUiqHê^  1886,  3«  livr.  Bruxelles,  in-S». 
Soci^l^  ftnimie.  Mai^e$te  d9$  étaU  de  Vile  de  Jereep,  du 

5-45  Mort  1645-1646.  1886,  iji-8*. 
Lbgot  de  la  Mabghb.  La  chaire  Jrançaise  au  moyen  âge^  2^  édii. 

Paris,  BeDoaard,  1886,  in-8v 
Pbiwot  et  Gh.  Qbjpibz  (G.).  Histoire  de  F  tort  dane  roMiifeiié^ 

t.  IV.  Paris,  1886,  ia-ê*. 

Travaux. 

M.  G.  Bapat  fait  la  communication  suivante  : 

c  Dans  le  peuple  de  Paris,  il  existait  une  tradition  cons- 
tante qui  attribuait  à  saint  Éloi  la  construction  de  la  châsse 
de  sainte  Geneviève,  la  pièce  d'orfèvrerie  la  plus  célèbre,  et, 
au  dire  de  nombre  d'écrivains,  la  plus  belle  de  toutes  les 
œuvres  de  Torièvrerie  française. 

f  Cette  châsse  fut  commencée  en  1230  et  terminée  en  1242 
par  un  orfèvre  parisien  du  nom  de  Bonnard,  mais  aucun 
antanr  n'en  donne  la  description,  et  il  serait  impossible  d'en 
faire  aujourd'hui  la  restitution,  si  en  1614  il  n'avait  été  passé 
un  contrat  entre  le  prieur  de  Tabbayé  et  trois  orfèvres  pari«- 
siens,  à  la  suite  duquel  fut  dressé  un  inventaire  des  parties 
les  plus  riches  de  la  châsse. 

c  Cest  au  moyen  de  ces  deux  documents  que  l'on  peut  se 
faire  une  idée  de  ce  qu'était  le  reliquaire  de  la  patronne  de 
Paris. 

c  La  châsse  avait  la  forme  d'une  église;  elle  était  longue 
de  quatre  pieds  et  haute  de  deux  pieds.  Sur  les  côtés  étaient, 
en  relief,  les  figures  des  douze  apôtres  dans  des  niches  ornées 
d'ogives  placées  sur  des  colonnes  :  sur  les  deux  faces,  devant 
et  derrière,  étaient  représentés  également  en  relief  deux  sujets 
de  chaque  côté;  d'un  côté,  Dieu  le  Père,  et  au-dessous, 
séparée  par  une  frise,  une  scène  de  la  vie  de  sainte  Gene- 
viève. 

c  L'artiste  avait  représenté  la  sainte  au  moment  où  saint 
Germain,  accompagné  de  saint  Loup,  lui  remettait  à  Nan- 


tem  une  petite  médaille  comme  signe  de  la  oonséeration  qne 
la  jenne  vieige  faisait  à  Dieu  de  sa  vie. 

i  De  l'autre  c6té,  une  Vierge  ayec  l'enfant  Jésus,  et  au- 
dessous  sainte  Geneviève,  toujours  représentée  en  relief  et 
de  face,  ayant  à  sa  droite  Glovis  et  à  sa  gauche  ia  reine 
GlotiJde. 

f  Sur  le  toit  de  la  châsse  était  au  milieu,  d'un  côté  la  figure 
de  eainte  Geneviève  dans  un  médaillon  trilobé,  et  de  chaque 
cAté,  également  dans  des  médaillons  soutenus  par  des  anges 
en  relief,  étaient  représentés  des  miracles  de  la  sainte.  La 
disposition  était  identique  sur  l'autre  partie  de  la  toiture; 
seulement,  au  lieu  de  la  figure  de  sainte  Geneviève,  c'était 
la  figure  de  saint  Martin  qui  se  trouvait  au  milieu.  » 

La  communication  de  M.  fiapst  donne  lieu  à  d'intéres- 
santes observations  de  la  part  de  MM.  Bordier,  d*Âiix>is  de 
Jubainville,  Gourajod,  Gaidos  et  l'abbé  Duchesne. 

M.  Babelon  lit  un  mémoire  sur  un  proconsul  de  Galatie 
du  nom  de  M.  Annius  Afrinus.  Il  communique  une  mon- 
naie inédite  d'Iconium  sur  laquelle  on  voit  le  portrait  de  ce 
proconsul  et  cite  un  certain  nombre  de  monnaies  d'Iconium 
et  de  Pessinunte  de  Galatie,  frappées  sous  l'autorité  de  ce 
personnage.  A  l'aide  des  monuments  numismatiques  et  épi- 
graphiques,  M.  Babelon  établit  que  M.  Annius  Afrinus  ftit, 
sous  le  règne  de  Claude,  anuul  suffêcHu^  avec  un  certain 
Africanus,  qui  reste  inconnu,  puis  envoyé  en  Asie  comme 
proconsul  de  Galatie,  où  il  frappa  monnaie,  et  même  avec  le 
droit  d*effigie;  enfin,  qu'il  fut  légat  de  iVespasien  en  Pan- 
nonie. 

Ce  mémoire  est  renvoyé  à  la  Commission  des  impressions. 

M.  Courajod  présente  à  la  Société  un  stuc  peint  et  doré, 
exécuté  d'après  la  madon/9  des  Paxzi  de  Donatello,  et  dont 
roriglnal  en  marbre  est  conservé  au  Musée  de  Berlin.  Le 
stuc  présenté  par  M.  Courajod  a  été  récemment  acquis  pour 
le  Musée  du  Louvre. 


—  224  — 
EXTRAIT  DES  PROCÈS^VERBAUX 

DU  3<  TRIMESTRE  DE  1886. 


Séance  du  7  Juillet. 
Présidence  de  M.  E.  Saqlio,  président. 

Ouyrages  offerts  : 
ÂiH  deïla  reale  Accadenûa  deihincei,  an.  GGLXXXIU  (1885- 

4886),  série  IV,  t.  Il,  fasc.  12-13.  Rome,  1886,  in-4o. 
Bulletin  criiiquey  publié  sous  la  direction  de  MM.  Duchesne, 

Ingold,  Lescœur,  Thédenat,  VU*  année,  n*  13,  juillet  1886. 

Paris,  in-8». 

—  de  la  Société  des  archives  historiqties  de  la  Saintonge  et  de 
VAums,  t.  VI,  livr.  3,  juillet  1886.  Saintes,  in-8o. 

—  de  la  Société  historique  et   archéologique  du  Périgord^ 
t.  Xm,  livr.  3.  Périgueux,  1886,  in-8^ 

Répertoire  des  travaux  historiques^  t.  III,  in-4o.  Paris,  1886, 

in-8\ 
GouBNAULT  (Charles).  Les  artistes  célèbres.  Jean  Lamour^  ser^ 

rurier  du  roi  Stanislas^  à  Noncy.  Nancy,  1886,  in-8*. 
Lallehand  (Paul).  De  la  nécessité  de  maintenir  le  programme 

tradiiiannel  dans  les  études  classiques.  Paris,  1886,  in-12. 

Correspondance, 

M.  René  Fage,  présenté  par  MM.  A.  de  Barthélémy  et 
H.  Thédenat,  écrit  pour  poser  sa  candidature  au  titre  d'as- 
socié-correspondant  national  à  Limoges.  Le  président  désigne 
MM.  R.  de  Lasteyrie,  Molinier  et  Babelon  pour  former  la 
commission  chargée  de  présenter  un  rapport  sur  les  titres 
scientifiques  du  candidat. 


—  222  — 

Travaux. 

M.  Vabbé  Thédenat  of&e,  de  la  part  de  M.  l'id)bé  P.  Lalle- 
mandy  associé  correspondant,  une  brochure  intitulée  :  U 
Programme  tradUionnel  dam  lu  études  ckunques.  «  Notre 
confrère  a  pensé  avec  raison  que  ce  petit  volume  touche  à  des 
questions  auxquelles  la  Compagnie  ne  saurait  rester  indiffé- 
rente. Le  jour,  en  effet,  où  les  langues  et  les  littératures  clas- 
siques disparaîtraient  de  renseignement  secondaire  ou  y  tien- 
draient une  place  coftsidérablement  amoindrie,  le  culte  de  la 
beauté  antique,  le  goût  des  études  auxquelles  les  Sociétés 
comme  la  nôtre  sont  vouées  recevraient  une  atteinte  mortelle. 
L'auteur  ne  se  place  pas,  il  est  vrai,  à  ce  point  de  vue  tout 
spécial;  mais  il  n'en  défend  pas  moins  des  principes  et  une 
cause  qui  nous  sont  chers.  M.  l'abbé  Lallemand  s'est  surtout 
attaché  à  démontrer  Tinfluence  des  littératures  antiques  sur 
la  nôtre  et  comment  l'union  féconde  de  l'esprit  français  avec 
le  génie  grec  et  le  génie  romain  a  préparé  notre  xvii*  siècle. 
Il  termine  en  exprimant  l'espérance  que,  si  jamais  l'éduca- 
tion purement  utilitaire  l'emportait  momentanément  dans  les 
programmes  universitaires,  l'enseignement  libre  accueillerait 
ces  proscrits  qui  s'appellent  Homère  et  Virgile,  Démosthène 
et  Gicéron,  Thucydide  et  Salluste  et  conserverait  ainsi,  jos- 
qu'à  des  jours  meilleurs,  les  vieilles  traditions  de  l'enseigne- 
ment classique.  • 

M.  Flouest  communique  des  estampages  de  deux  tombes 
conservées  à  Montormentier  et  à  Foulaire  (Haute-Marne). 
Ces  tombes  appartiennent  l'une  à  la  fin  du  xiii«  siècle,  l'autre 
à  la  seconde  moitié  du  xrv"  siècle.  Les  estampages  soumis  i 
la  Société  ont  été  exécutés  par  M.  Camille  Royer,  membre 
de  la  Société  archéologique  de  Langres. 

M.  Flouest  présente  également  à  la  Société  trois  cloches  en 
fer  forgé,  qui  appartiennent  à  M.  Vignat,  d'Orléans,  et  snr 
Tune  desquelles  on  a  cru  lire  U  date  de  1242.  M.  Floaest 
démontre  foe  eelte  cloche  appartient  à  Tan  4742.  Il  demande 
à  ses  collègues  à  quel  usage  ces  cloekee  ont  pu  servir. 


Plnsienre  membres  s'associent  aux  obsenrations  de 
M.  Flooest  relativement  à  la  date  de  ces  cloches.  Ils 
pensent  qu'elles  ont  pu  servir  à  ces  crieurs  publics  qui  jadis 
allaient  de  porte  en  porte  annoncer  les  décès  et  les  enterre- 
ments ;  à  moins  que  ce  ne  soient  simplement  de  ces  cloches 
comme  on  en  accroche  aujourd'hui  encore  au  cou  des  bes- 
tiaux ,  dans  les  pays  de  montagnes  et  particulièrement  en 
Suisse. 

M.  Lecoy  de  la  Marche  fait  part  à  la  Compagnie  des  résul- 
tats de  la  recherche  à  laquelle  il  s'est  livré  au  sujet  d'une 
légende  relative  aux  colonnes  du  monastère  de  Saint-AUyre 
de  Glermont,  citée  par  M.  Bruyerre  dans  sa  récente  commu- 
nication sur  le  temple  du  Puy-de-Déme.  Cette  légende, 
d'après  laquelle  l'évéque  lUidius  ou  Allyre  aurait  obtenu  de 
l'empereur  Maxime  le  don  des  colonnes  du  fameux  temple 
païen,  ne  figure  point  dans  sa  biographie  écrite  par  son  com- 
patriote Grégoire  de  Tours.  Mais  une  autre  vie  du  saint,  beau* 
coup  plus  suspecte  et  datant  du  x«  siècle  seulement,  con- 
tient une  légende  à  peu  près  analogue,  prétendant  que  les 
colonnes  du  monastère  provenaient  d'un  ancien  palais  de 
Trêves.  La  première  a  dû  naître  de  la  seconde  ;  mais,  en  tous 
cas,  il  est  difficile  d'admettre  l'une  ou  l'autre  comme  ayant  un 
fondement  authentique. 

Cette  communication  amène  un  échange  d'observations 
entre  MM.  Mowat,  Gaidoz  et  d'Arbois  de  Jubainville,  au 
sujet  dn  nom  que  portait  le  temple  du  Puy-de-Dôme. 

M.  Courajod  communique^  de  la  part  de  M.  de  la  Sizeranne, 
le  moulage  d'un  chapiteau  du  xu«  siècle  découvert  à  Valence 
et  qoi  pourrait  avoir  af^artenu  à  l'aneienne  abbaye  de  Saint- 
Ruf  ou  de  Saint-Félix. 

M.  Pol  Nicard  entretient  la  Société  de  la  chapelle  de  Saint- 
Aignan,  dont  les  restes  se  voient  encore  dans  la  rue  de  la 
Colombe;  il  y  reste  encore  des  chapiteaux  curieux  qui 
paraissent  remonter  à  l'époque  romane.  £lle  sert  actuellement 
d'écurie. 


—  224  — 

Séance  du  21  JuiUet. 

Présidence  de  M.  E.  Saouo,  président. 

Ouvrages  offerts  : 
JmmaUâ  de  V Académie  éParekéologU  de  JMgig^tê^  t.  XL;  3«  série, 

t.  X.  Anvers,  1886,  in-8*. 
Bulletin  de  r  Académie  ^archéologie  de  Bdgiçue^  4*  série,  V- 

VU.  Anvers,  1886,  in-8*. 

—  de  r  Académie  d^Hipponê^  n*  21,  fasc.  4.  Bone,  1886,  in-8*. 
^de  la  Société  de$  Antiquairei  de  VOuest^  i«  trimestre  de 

Tannée  1886.  Poitiers,  iQ-S». 
^dela  Société  des  Antiquairee  de  Picardie^  année  1886,  n»  i. 

Amiens,  in-8^. 
--delà  Société  de  Borda^  XI*  année,  2*  trimestre.  Dai,  1886, 

in-8». 

—  delà  Société  départementale  d^arckéohgiê  et  de  staHsiiqm 
de  la  Drâmej  78"  iivr.  Valence,  1886,  in-8o. 

-^dela  Société  d*étude$  de$  HamteS' Alpes ^  5*  année,  juillet- 
septembre  1886.  Gap,  in-8o. 

—  hiitoriqae  de  la  Société  de$  Antiquaires  de  la  Monsûf 
XXX  V«  année,  Iivr.  138,  avrU-jnin  1886.  Saint-Omerfin-S*. 

BuUettino  di  archeologia  e  storia  dalmata^  an.  IX,  a«  6.  Spa- 

Uto,  1886,  in-8o. 
Johns  Hopkins  Université  studies^  4*  série,  VII-IX.  Siitory 

of  the  land  question  in  the  Umted^tates.  Baltimore,  1886, 

in-8«. 
Mémoires  de  V Académie  de  Nîmes,  7*  série,  t.  VH  (an.  1884). 

Nimes,  1885,  in-8o. 
-^ds  la  Société  d^archéologie  et  ^histoire  de  la  Moték^ 

t.  XVI,  part.  1-2.  Metz,  1885,  in-8o. 

—  delà  Société  des  sciences  naturelles  et  archéologiqua  de  la 
Creuse,  t.  V;  2«  série,  t.  I.  Guéret,  1882-1886,  in-8«. 

Proceedings  of  the  Society  of  Antiquaries  of  London,  19  no- 
vembre 1885-1"  avril  1886.  Londres,  1886,  in.8*. 
Bévue  afiicaine,  n««  176-177.  Mars-juin  1886.  Alger,  in-8'. 
DuBRiEu  (Paul).  Les  archives  angevines  de  Naples,  Étude  tuf 


—  225  — 

Us  rtgktru  du  rot  CharU»  /•'  (i265«1285},  1. 1.  Paris,  1886, 

in-S®. 
Enoelhardt  (Ed.)-  ^«  CanabemeÈ  et  Vorigine  de  Strasbourg 

(Argentoraium^  Troësmis).  Paris,  1886,  in-8*. 
Faob  (René).  CompUmsnt  des  œmres  de  Baluse,  Tulle,  1884, 

in-8<». 

—  Deux  lettres  de  Masearan  à  wuidemoiseUe  de  8eudéry,  Tulle, 

1885,  in-8o. 

—  Guillaume  Sudre^  cardinal  liaiousin.  Brive,  1886,  m-8o. 

—  Jean^oseph  Dumons^  peintre  éPkistoire^  1687-1779.  Tulle, 
1881,  in-8». 

—  La  numismatique  limousine  à  reipositionuniverselle  de  1878. 
Limoges,  1880,  in-8*. 

—  Le  château  de  Puy^de'Val,  description  et  histoire.  Tulle, 
1883,  in-8o. 

—  Le  point  de  TuUe,  Tulle,  1882,  iii-8o. 

—  Les  œuvres  de  Baluxe  cataloguées  et  décrites.  Tulle,  1882, 
in-8<>. 

—  Le  tombeau  du  cardinal  de  Tulle  à  SaiiU'Germain4es»Belles, 
Limoges,  1885,  in-8o. 

—  Lettres  inédites  de  Bakue  à  M,  Melon  du  Verdier.  Tulle, 
1883,  in^». 

—  Le  vieux  Tulle.  I.  Les  origines  de  Tulle.  Tulle,  1885,  in-8o. 

—  Le  vieux  Tulle.  U.  Les  fortifications.  Tulle,  1886,  in-8». 

—  Le  vieux  Tulle.  III.  Le  château  ou/ort  Saint^Pierre.  Tulle, 

1886,  in-8*. 

—  MoUère  et  les  Limousins.  Limoges,  1884,  in-8*. 

—  Notes  sur  un  pontifical  de  Clément  VI  et  sur  un  missel  dit 
de  Clément  VI,  Tulle,  1885,  in-8o. 

—  Quelques  procès  limousins  aux   Chxmds  Jours  de  Poitou 
(1567-1625).  Limoges,  1886,  iD-8o. 

—  Bestauration  du  cloître  de  TttZZe,  notes  historiques.  Brive, 
1878,  in-8o. 

—  Une  ancienne  justice.  La  cour  d'appeaux  de  Ségur,  Limoges, 
1886,  in-8o. 

—  Une  boutique  de  marchand  à  Tulle  au  XV II*  siècle.  Tulle, 
1886,  in-8». 

AMT.  BULLITIM.  15 


—  226  — 

—  Un  épisode  de  la  Fronde  en  province;  teninivn  de  tnada- 

tion  à  Limogea  du  parlement  de  Bordeaux,  Limoges,  1882, 

in^-. 
GoBLET  (René).  Dieeoun  prononcé  le  eomedi  i^  mai  1886  à  2a 

téance  de  clâiure  du  Congrue  de$  MoeUUe  eaoaniet  à  la  Sor- 

bonne,  Paris,  1886,  in-d». 
MosaMAim.  Le  moulin  de$  trois  tournants;  rkêtddêCoiheron. 

Golmar,  1886,  ui'8*. 

Correspondance, 

M.  Thiolier,  présenté  par  MM.  Gourajod  et  Thédenat,  écrit 
pour  poser  sa  candidature  au  titre  d'associé  correspondant 
national  à  Saint-Germain-Laval  (Loire).  Le  président  désigne 
MM.  A.  Héron  de  Yiilefosse,  Flouest  et  Babelon  pour  former 
la  commission  chargée  de  présenter  un  rapport  sur  les  titres 
scientifiques  du  candidat. 

Travaux. 

M.  le  président  annonce  la  mort  de  M.  Tabbé  Nyd,  associé 
correspondant  national  à  Sermoyer,  par  Pont-de-Vauz  (Ain), 
et  se  fait  Tinterprète  des  regrets  de  la  Compagnie. 

M.  le  président  donne  ensuite  lecture  d'une  oircuiairB  par 
laquelle  le  jninistre  de  l'instruction  publique  eonsalte  la 
Compagnie  sur  l'opportunité  de  transférer  à  la  Pentecôte  le 
Congrès  des  sociétés  savantes  qui,  jusqu'à  ce  jour,  était  con- 
voqué à  Pâques^ 

Après  une  discussion  à  laquelle  prennent  part  MM.  Gaidoz, 
Héron  de  Yillefosse,  Read  et  Gourajod,  la  Compagnie  se 
prononce,  par  un  vote,  pour  le  maintien  de  la  date  habituelle. 

M.  l'abbé  Thédenat,  membre  résidant,  dépose  sur  le 
bureau,  de  la  part  de  M.  E.  Engelhardt,  une  brochure 
intitulée  les  Canabenses  et  Vorigine  de  Strasbourg,  Àrj^^ 
ratum-Troësmis. 

«  On  appelait  Canabenses  une  population  non  militaire  com- 
posée de  marchands  de  denrées,  d'aubergistes,  habitant  à  l'on- 


—  227  — 

gine  des  baraques  {catuxbae)  établies  aux  envirouB  des  camps. 
CSes  Camabeiuu  formaient  une  agglomération  qui,  peu  à  peu, 
se  construisait  des  demeures  plus  solides  et  plus  stables,  et, 
par  un  développement  continu,  arrivait  à  former  un  viens, 
puis  un  municipe.  M.  Engelhardt  commente,  dans  la  bro- 
chure que  j*ai  Thonneur  de  présenter  à  la  Compagnie,  deux 
inscriptions  mentionnant  des  Canahenses.  L'une,  trouvée  par 
lui  dans  les  fouilles  qu'il  a  pratiquées  sur  l'emplacement  de 
.Troësmis,  est  une  dédicace  érigée  pro  $alutê  Imperatoris 
Caesaris  Traiani  Hadriani  par  les  cives  romani  consistentes 
ad  canahas  îegionit  quintae  Macedonicae;  l'autre,  découverte 
en  1851  sur  le  territoire  de  Kœnigshofen,  sous  les  murs  de 
Strasbourg,  est  dédiée  au  Genius  vict  amdbarum  et  viccmo- 
fUM  canabensiuM.  M.  Engelhardt,  dans  un  commentaire  éru- 
dit  de  ces  inscriptions,  expose,  surtout  d'après  M.  Mommsen, 
ce  que  l'on  sait  des  Canahenses^  puis  tire  la  conclusion  que . 
l'ancienne  ville  de  Troôsmis  et  Strasbourg  ont  eu  une  origine 
analogue,  à  savoir  la  population  commerçante  attirée  dans 
ces  endroits  par  le  voisinage  du  camp  romain.  » 

MM.  Ck)urajod  et  Molinier,  membres  résidants,  font  hom- 
mage à  la  Compagnie,  au  nom  de  l'auteur,  du  premier  volume 
d'un  ouvrage  intitulé  :  Lee  registres  angevins  de  Napîes^  par 
M.  Paul  Durrieu,  ancien  membre  de  l'École  française  de 
Rome,  attaché  au  Musée  du  Louvre.  Ils  font  ressortir  tout 
l'intérêt  que  ce  travail  présente  au  point  de  vue  de  notre  his- 
toire nationale  et  les  ressources  qu'il  peut  offrir  pour  l'étude 
des  monuments  de  l'art  français  dans  l'Italie  méridionale. 

M.  Gourajod  communique  le  moulage  d'un  buste  en  marbre 
sculpté  au  XV»  siècle,  appartenant  à  M.  le  comte  Bertrand  de 
Blacas,  dont  une  photographie  avait  été  antérieurement  sou- 
mise à  l'examen  de  la  Société.  Il  y  reconnaît  le  portrait  d'un 
personnage  ayant  vécu  à  la  cour  de  Naples  et  portant  l'ordre 
aragonais  du  Vase  de  lys.  C'est  une  œuvre  très  intéressante 
de  l'École  napolitaine. 

M.  Gourajod  communique  ensuite  un  buste  en  marbre  d'un 
très  beau  caractère  qui  vient  d'être  acquis  par  le  Musée  du 


—  228  — 

Louvre.  Cette  œavre,  qui  émane  également  de  l'École  napo- 
litaine, est  supposée,  d'après  une  comparaison  avec  des 
'monnaies  et  une  miniature  de  la  Bibliothèque  nationale, 
représenter  Ferdinand  I«'  d'Aragon. 

M.  HomoUe,  associé  correspondant,  donne  lecture  d'an 
mémoire  sur  l'amphithé&tre  de  Gurion  décrit  par  Pline.  U 
discute  et  combat  la  restauration  proposée  par  Ganina  qai 
ne  répond  nullement  au  texte  de  Pline  et  en  propose  une 
nouvelle  très  satisfaisante  qui  lui  a  été  suggérée  par  un 
architecte,  M.  Nénot.  Le  mémoire  de  M.  Homolle  est  ren- 
voyé à  la  Commission  des  impressions. 

MM.  Moy^at  et  Babelon,  membres  résidants,  communi- 
quent, de  la  part  de  M.  Ëspérandieu,  associé  correspondant, 
l'estampage  d'une  inscription  du  xiv*  siècle  encastrée  dans 
le  mur  de  l'église,  à  Puycerda  (Espagne).  Cette  inscription 
est  ainsi  conçue  : 

Û  û  G 

i  ANC  :  DNI  :  M  :  GCC  \  XI  ;  TERCIO  \  KL'8 

û 
:  HOCrOBRIS  :  VIGILIA  ;   SCI  \  MIGHAELIS  \ 

Û  û 

i  8BPTEBRI8  i  FVTT  :   SEPVLT  i  lOHS  :  CE 

û 
RDANI  ;  FILP  :  DNI  i  PETRI  :  GERDANI 


Séance  du  28  Juillet. 

Présidence  de  M.  E.  Saolxo,  président. 
Ouvrages  offerts  : 
Bulletin  critiguBj  publié  sous  la  direction  de  MM.  Duchesne, 
Ingold,  LescŒur,  Thédenat,  n<»  14, 15  juillet  1886.  Paris, 
in-8v 
—  de  la  Société  industrielle  de  Mulhouse^  mai-juillet  1886. 

Mulhouse,  1886,  in-8». 
--delà  Société  polymatiquê  du  Morbihan,  année  1885,  !«"  et 
2*  semestres.  Vannes,  in-8<». 


—  delà  Société  seientifi^itey  kùloriquê  et  archéologique  de  la 
Corrèfe,  t.  VUI,  livr.  2.  Brive,  1886,  in-8». 

Retme  de  r Afrique^  t.  IV,  fasc.  17,  mai-juin  1886.  Paris,  in-^*. 
BuLTEAu  (l'abbé).  Monographie  de  la  cathédrale  de  Chartres^ 

n«  3.  Chartres,  1886,  in-8*. 
Taillebois  (E.).  Découverte  d^une  cachette  de  5395  deniere  et 

oholee  Morlans  au  nom  de  CentuUe,  à  Gondrin  (Gère),  Dax, 

1886,  in.8-. 

—  Inecriptione  antiqueê  du  Musée  de  Tarhee.  Dax,  1886,  in-8o. 

—  La  Fontaine  S  or;  découverte^  à  Ponteux-les-Forges  (Landes), 
de  45  pièce»  en  or  et  de  4116  piècee  en  argent  de  la  période 
angUhJrançaiie.  Dax,  1886,  in-8<». 

—  Le  tiers  de  sol  d'Aire  à  la  légende  Vico-Mi.  Màcon,  1886, 
iii-8o. 

TniDBNAT  (Henri).  Sur  deux  masques  d enfant  de  T époque 
romaine  trouvés  à  Lyon  et  à  Paris.  Paris,  Gaen,  1886,  in-8«. 

Travaux, 

M.  Goliignon,  membre  résidant,  oommanique  à  la  Société 
les  photographies  de  deux  torses  grecs  archaïques  du  Musée 
du  Louvre,  découverts  sur  l'emplacement  d'un  temple  d*Ac- 
tium,  par  M.  Ghampoiseau.  M.  Goliignon  rappelle  la  série 
des  statues  de  même  type  qui  sont  connues  et  dont  s'est 
enrichi  récemment  le  Musée  du  Louvre,  grâce  aux  fouilles 
fiiites  par  V  École  française  d  Athènes  à  Perdicovrysi.  Il  signale 
les  principales  questions  que  provoqua  Tétude  de  ces  statues, 
où  l'on  est  en  droit  de  reconnaîti;;e  un  type  très  général, 
celui  de  la  figure  virile  nue.  Elles  supposent  des  prototypes 
exécutés  suivant  la  vieille  technique  du  travail  du  bois  et 
en  dérivent  directement. 

M.  E.  Molinier,  membre  résidant,  présente,  de  la  part  de 
M.  Rupin,  la  photographie  d'une  tombe  en  cuivre  gravé 
provenant  de  Saint-Junien  (Haute- Vienne)  et  actuellement 
déposée  dans  l'une  des  salles  de  l'exposition  rétrospective 
de  Limoges.  Cette  plaque  de  bronze,  qui  porte  la  représen- 
tation et  l'épitaphe  de  maître  Martial  Formier,  licencié  en 


droit,  jadis  abbé  de  8aint<*J6an  d'Angers  et  chanoine  de 
Saint-Junien,  mort  le  14  mars  4513  (1514),  est  un  beau 
spécimen  d'un  art  dont  bien  peu  de  spécimens  ont  été  con- 
servés en  France. 

M.  E.  Molinier  soumet  ensuite  à  la  Société  plusieurs 
photographies  d'objets  provenant  du  trésor  de  l'ancienne 
abbaye  de  Grandmont  et  exposés  en  ce  moment  à  Limoges. 
Il  signale  l'importance,  pour  l'histoire  de  rémalUerie  firan- 
çaise,  d'une  ch&sse  du  commencement  du  xn*  siècle  dont  il 
montre  des  dessins  coloriés.  Ce  monument,  qui  appartient 
à  l'église  de  Bellac,  doit  être  rapproché  de  la  cassette  du 
trésor  de  Conques  qui  porte  le  nom  de  l'abbé  Boniface. 

M.  l'abbé  Duchesne,  membre  résidant,  présente  une  recti- 
fication au  texte  de  la  vie  du  pape  Léon  III,  à  l'endroit  où 
il  est  question  de  l'onction  conférée  à  Gharlemagne  le  jour 
de  Noël  de  l'an  800,  à  Saint-Pierre  de  Rome.  D'après  les 
éditions,  Gharlemagne  aurait  reçu  cette  onction;  mais  les 
manuscrits  ne  parlent  en  cet  endroit  que  de  son  fils  Charles, 
qui  fut,  en  effet,  unctus  in  regemy  en  même  temps  que  son 
père  était  acclamé  empereur.  M.  l'abbé  Duchesne  ajoute  que 
la  liturgie  de  l'église  romaine  ne  comportait  alors  d'antres 
onctions  que  celles  du  baptême,  de  la  confirmation  et  des 
malades.  L'onction  des  prêtres  et  des  rois  est  une  partica* 
larité  du  rit  gallican,  dans  lequel  elle  est  entrée,  non  par 
tradition,  mais  par  l'influence  des  récits  bibliques. 

M.  l'abbé  Thédenat,  membre  résidant,  rappelle  qu'il  a 
communiqué  à  la  Compagnie,  il  y  a  quelques  années  <,  les 
photographies  de  deux  chapiteaux  romains  historiés,  encas- 
trés à  Pise,  dans  une  muraille  : 

c  Ces  chapiteaux,  dit  M.  l'abbé  Thédenat,  avaient  été 
déjà  publiés  dans  la  Gazette  archéologique  sous  le  nom  de 
M.  E.  de  Chanot^,  avec  des  dessins  qui,  rapprochés  despbo- 

1.  Bidletin  des  Antiquaires,  i883,  p.  233. 

2.  Année  1877,  Utî.  5,  pi.  99^30. 


tographies  nouvelles  dues  à  robllgeanœ  de  M.  de  Laigue, 
alors  consul  de  Franoe  à  Lavoume,  laissent  beaucoup  à  dési- 
rer. A  la  fin  de  son  mémoire,  M.  de  Ghanot  rappelait  que 
M.  de  Witte  lui  disait  avoir  constaté,  à  Pise,  en  1838,  la 
préeence  de  quatre  autres  chapiteaux  romains  historiés, 
représentant  Ûs,  Gérés,  Minerve  et  Vénus. 

«  Â  ma  prière,  M.  de  Laigue,  dont  Tinépuisable  obligeance 
et  le  xèle  pour  Tarchéologie  sont  connus  de  nos  confrères 
de  la  Société  des  Antiquaires  de  Franoe,  voulut  bien  se 
mettre  à  la  recherche  des  chapiteaux  signalés  par  M.  de 
Witte.  Il  n'en  trouva  pas  trace,  mais  il  put  constater  que 
lee  chapiteaux  déjà  signalés  et*  portant  l'image  de  Jupiter  et 
d'Harpocrate  étaient  historiés  sur  leurs  quatre  faces. 

<  Chacun  de  ces  chapiteaux  présente  une  face  parfoitement 
visible;  c'est  celles  dont  je  viens  de  parler;  elles  ont  été, 
Tune  et  l'autre,  publiées,  comme  je  viens  de  le  dire,  dans  la 
Owtetie  archéologique  et  dans  notre  BuUêtin.  Les  chapiteaux 
étant  engagés  dans  une  espèce  de  niche  carrée,  la  face 
opposée  est  complètement  masquée;  les  deux  faces  latérales 
sont  visibles,  mais  trop  proches  de  la  paroi  de  la  niche  pour 
qu'il  soit  possible  de  les  photographier;  il  est  même  impos- 
sible de  les  voir  sans  monter,  à  l'aide  d'une  échelle,  jusqu'à 
la  hauteur  du  chapiteau.  M.  le  comte  de  Santivale  a  bien 
voulu,  à  la  demande  de  M.  de  Laigue,  y  monter  et  exécuter, 
dans  cette  situation  peu  commode,  les  excellents  dessins  que 
j'ai  l'honneur  de  présenter  à  la  Goropagnie. 

c  Commençons  par  le  chapiteau  dont  la  face  principale 
représente  Jupiter  tenant  de  la  main  droite  le  foudre,  tandis 
que  la  main  gauche  élevée  s'appuie  sur  la  partie  supérieure 
du  sceptre  ;  Ja  figure  du  dieu  offre  le  type  le  plus  fréquent  : 
la  barbe  longue  et  la  chevelure  touffue,  retombant  sur  les 
épaules. 

«  La  face  latérale  de  droite  représente  le  dieu  Mars,  barbu, 
la  tête  couverte  d'une  coiffure  sphérique  en  forme  de  calotte, 
à  côtes  ;  il  est  caractérisé  par  un  bouclier  orné  de  la  tôte  de 
la  Gorgone,  placé  devant  lui  à  droite. 

<  La  face  latérale  de  gauche  représente  une  divinité  dont  la 
figure  a  disparu  ;  la  main  gauche,  légèrement  élevée,  tient 


—  232  — 

un  attribut  qui,  autant  qu'on  en  peut  juger,  est  un  serpent. 
Ge  serait,  s'il  en  est  ainsi,  la  déesse  H^e. 

c  La  face  principale  du  second  chapiteau  représente  le  diea 
Harpocrate,  coiffé  d'un  bonnet  phrygien  et  portant,  suivant 
l'usage  traditionnel,  la  main  droite  à  la  bouche,  tandis  que 
la  main  gauche  soutient  une  corne  d'abondance. 

«  Sur  la  face  de  droite,  on  voit  une  divinité  féminine  dont 
la  chevelure,  ondulée  et  séparée  par  le  milieu,  descend  au-des- 
sous des  oreilles  pour  aller  se  renouer  derrière  la  tête.  De 
la  main  gauche  la  déesse  tient  une  palme.  Il  faut  proba- 
blement y  voir  une  Victoire  sans  ailes. 

c  Sur  la  face  de  gauche  est  figurée  une  déesse  drapée  comme 
les  précédentes  ;  elle  n'est  distinguée  par  aucun  attribut  qui 
permette  de  lui  assigner  un  nom.  L'arrangement  de  la  che- 
velure est  le  même  que  celui  de  la  Victoire. 

<  Les  chapiteaux  sont  engagés  dans  une  muraille  ;  une  niche 
carrée,  ménagée  dans  le  mur,  permet  de  les  voir  ainsi  qae 
la  partie  supérieure  des  piliers  qu'ils  surmontent  ;  il  semble 
donc  que  ces  intéressants  débris  d'un  édifice,  dont  les  pro- 
portions devaient  être  considérables,  n'ont  pas  été,  comme  il 
arrive  souvent,  déplacés  et  encastrés  dans  la  muraille;  les 
piliers,  engagés  dans  la  maçonnerie  dès  leur  base,  sont  pro- 
bablement encore  en  place.  Si  jamais  on  remue  le  sol  de  ce 
quartier,  on  y  rencontrera  probablement  les  fondations  dn 
monument  antique  et  de  nombreux  débris. 

«  Il  est  fort  probable  que  les  quatre  chapiteaux  historiés, 
mentionnés  par  M.  de  Witte,  n'existent  pas;  sans  donte 
notre  savant  confrère  avait  conservé  le  souvenir  des  quatre 
faces  latérales  des  deux  chapiteaux  déjà  connus,  les  attri- 
buant par  erreur  à  d'autres  chapiteaux. 

«  Ces  deux  chapiteaux  sont  richement  ornés  ;  la  base  en  est 
formée  par  un  rang  de  feuilles  d'acanthe  servant  de  snppprt 
aux  bustes  des  divinités  ;  à  chaque  angle,  une  Victoire  en 
pied,  légèrement  inclinée  en  avant  et  les  ailes  éployées,  sup- 
porte le  tailloir,  dont  l'extrémité  repose  sur  sa  tète;  toutes, 
les  mains  rejetées  en  arrière,  tendent  une  couronne  vers 
le  dieu  représenté  sur  la  face,  ou  portent  une  palme  ou  un 
trophée.  • 


—  233  — 

M.  Tabbé  Thédenat  fait  remarquer,  en  terminant,  qu'il 
existe  aussi,  sur  un  des  piliers  de  Téglise  de  San  Pietro  in 
Grade,  également  à  Pise,  un  chapiteau  historié,  de  la  belle 
époque  de  l'art  grec  et,  suivant  l'opinion  de  M.  de  Ghanot, 
qui  Ta  publié  dans  la  Ga»ette  archéologique^^  évidemment 
transporté  de  Grèce;  probablement,  si  Ton  en  juge  par  le 
sujet  qui  y  est  représenté  (un  sphinx  à  deux  corps  opposés 
se  réunissant  en  une  seule  tète),  de  la  côte  d'Ionie  ou  d'une 
ile  Toisine. 


Séance  du  1*'  Septembre. 

Présidence  de  M.  A.  Héron  de  Villefossb,  vice-président. 

Ouvrages  offerts  : 
Atti  délia  reale  Accademiadei  Lincei^  an.  CGLXXXIII,  1885- 

1886,  t.  II,  fasc.  14.  Rome,  1886,  in-4«. 
Bulletin  critique^  publié  sous  la  direction  de  MM.  Ducbesne, 

Ingold,  Lescœur,  Thédenat,  VII»  année,  n««  15-16,  l"- 

15  août  1886.  Paris,  in-8^ 

—  de  correepondance  hellénique,  X*  année,  n<»  3-5,  mars- 
novembre  1886.  Paris,  in-8*. 

—  de  la  Société  archéologique  et  historique  de  VOrléanaie^ 
t.  Vm,  no  128.  Orléans,  1886,  in-8o. 

—  de  la  Société  archéologique  et  hietorique  du  Limousin^ 
t.  XXXUI,  livr.  1-2.  Limoges,  1886,  in-8o. 

^dela  Société  des  Antiquaires  de  l'Ouest,  1886,  2*  trimestre. 
Poitiers,  1886,  in-8o. 

—  delà  Société  des  sciences  naturelles  de  SaSne-et'-Loire,  t.  III, 
fasc.  2.  Chalon-sur-Saône,  1886,  in-4o. 

^  delà  Société  de  statistique,  sciences,  lettres  et  arts  du  dépar- 
tement  des  Deux-Sèvres,  n^  4-6,  avril-juin  1886.  Niort, 
in-8«. 

—  de  la  Société  historique  et  archéologique  du  Périgord, 
t.  XUI,  4«  livr.  Périgueux,  1886,  in-8*. 

i.  Année  1877,  n*  2,  pi.  10. 


—  2S4  — 

^  delà  Société  pcmr  la  conservation  des  monumente  hùtoriqut 

de  VAbace,  2*  série,  t.  XII,  IWr.  2.  StraBbourg,  1886,  in-8*. 
BoUettino  délie  opère  moderne  etraniiere  acqvistale  daile  IMio- 

tkecke  del  regno  d^Iialia,  n*  3,  mai-juin  1886.  Rome,  1886, 

in-8<». 
— -  di  archeologia  e  eloria  daimata^  juillet  1886.  Spal&to,  in-8*. 
Comité  de  conservation  des  manMmentê  de  Part  arabe,  ezerdoe 

de  1885.  Le  Caire,  1886,  inA^. 
Journal  des  savants,  juin-juillet  1886.  Paris,  iii-4*. 
Mémoires  de  l'Académie  des  sciences^  belles^tlres  et  arts  de 

Lyon,  classe  des  lettres,  t.  XXIII.  Lyon,  1885-1886,  iQ*8». 

—  de  V Académie  de  Stanislas^  5*  série,  t.  III  (1885).  Nancy, 
1886,  in-8o. 

—  de  V Académie  des  sciences  naturelles  de  Saône^t'Loire, 
t.  VII,  livr.  1.  Chalon-sur-Saône,  in-4». 

—  de  VAcadémie  de  Vaucluse^  t.  V  (1886),  trimestres  1-2. 
Avignon,  1886,  in-8«. 

Revue  de  Vart  chrétien^  XXIX»  année,  4«  série,  t.  IV, 

XXXVI«  de  la  collection,  livr.  3.  LiUe,  1886,  in-4o. 
Traoaux  de  VAcadémie  nationale  de  Reims,  t.  LXXVU, 

année  1884-1885.  Reims,  1886,  in-8^ 
Westdeutsche  Zeitschrift  fur  Gesddchte  usid  Kunst^  5«  année, 

fasc.  2.  Trêves,  1886,  in-8«. 
Angona  (Amilcare).  liearmi,  le  fibule  et  qualcke  altro  cmdio 

délia  sua  coUexione  arckeologica.  Milan,  1886,  in-8®. 
Bouchot  (Henri).  Un  portrait  de  Louis  II  éPAnjoUy  roi  àe 

SicUe,  à  la  Bibliothèque  nationale.  Paris,  1886,  in-8^ 
GmauE.  Cartulaire  lyonnais;  t.  I,  Doeusnents  antérieun  à 

1255.  Lyon,  1885,  in-4o. 
Limas  (Ch.  db).  Ém4nUerie  limoutine.  La  croix  stationnale  éa 

Musée  diocésain  de  Liège  et  le  décor  cJum^levé  à  Limoges. 

Paris,  1886,  in-8'. 
PiLLOY  (J.).  Études  sur  d'anciens  Heux  de  sépulture  dans  t  Aisne- 

Saint-Quentin,  1886,  in-8«. 
PuiaoARi  (D.  José).  Monografia  Mstorica  e  ieonogrc^  ^ 

Traje.  Barcelone,  1886,  in-8«. 


—  235  — 

Correspondance. 

Le  président  de  la  Société  philomatiqae  de  Bordeaux 
invite,  par  lettre,  la  Compagnie  à  prendre  part  an  congrès 
de  l'enseignement  technique. 

Travaux, 

M.  E.  Molinier,  membre  résidant,  dépose  sur  le  bureau  de 
la  Société,  au  nom  de  M.  II.  Bouchot,  une  brochure  intitu- 
lée :  Le  portrait  de  Louis  II  d^ Anjou  ^  roi  de  Sicile ^  à  la  Biblio' 
ihèque  neUionale,  L'auteur,  en  publiant  une  belle  miniature 
léguée,  il  y  a  quelques  mois,  à  la  Bibliothèque  nationale, 
par  M.  Miller,  a  établi,  dans  une  judicieuse  dissertation,  que 
ce  portrait  représentait  bien  Louis  II  d'Anjou  et  non  le  roi 
René,  comme  on  Ta  prétendu  à  tort.  L'iconographie  de  ce 
dernier  prince  est  d'ailleurs  trop  bien  fixée  à  Taide  des 
peintures  et  surtout  des  médailles  pour  qu'il  puisse  y  avoir 
aucun  doute  à  ce  sujet. 

M.  £.  Molinier  présente  ensuite,  de  la  part  de  M.  Charles 
de  Linas,  un  travail  intitulé  :  Émaillerie  limousine;  la  Croix 
ttaiionnale  du  Musée  diocésain  de  Liège  et  le  décor  champlevé 
à  Limoges, 

€  M.  de  Linas  vient  de  nous  donner  depuis  peu  de  temps 
toute  une  série  de  travaux  très  intéressants  sui;  i'émaii- 
lerie  limousine.  Il  a  repris  la  question,  il  a  refait,  d'après 
les  monuments,  un  procès  qui  avait  été  mal  instruit  par  la 
plupart  des  archéologues  qui  n'avaient  pas,  —  sans  en  excep- 
ter Labarte,  —  suffisamment  étudié  les  monuments.  A  pro- 
pos d'un  monument  limousin  conservé  en  Belgique,  M.  de 
Linas  a  esquissé  la  caractéristique  des  émaux  limousins. 
C'est  là  un  travail  excellent  auquel  on  ne  pourrait  faire 
qu'un  seul  reproche,  c'est  d'être  trop  court  et  peut-être  aussi 
de  respecter  encore  trop  des  théories  qui  n'ont  d'autre  fon- 
dement que  des  ouvrages  de  vulgarisation  qui  se  sont  copiés 
les  uns  les  autres,  mais  dont  le  nombre  et  la  popularité  ne 
sauraient  constituer  un  titre  aux  yeux  des  archéologues  qui, 
comme  M.  de  Linas,  étudient  les  monuments.  • 


—  236  — 

M.  Flouest,  membre  résidant,  présente,  de  la  part  de 
M.  J.  Pilloy,  associé  correspondant  national  à  Saint-Quentin, 
le  cinquième  fiascicule  de  ses  Études  mut  d'ancient  lieux  de 
eépultures  dans  V Aisne, 

«  Ce  fascicule,  consacré  au  cimetière  d*Abbeville-Hom- 
blières,  qui  se  peupla  durant  la  seconde  moitié  du  rv«  siècle 
de  notre  ère,  termine  le  premier  volume  d*nne  série  de 
mémoires  très  intelligemment  coordonnés  et  concourant, 
pour  les  premiers  siècles  de  Tère  chrétienne,  à  la  mise  en 
lumière  de  faits  archéologiques  d'un  grand  intérêt.  Le 
hasard,  ou  plutôt  le  bonheur  des  fouilles  de  M.  Pilloy,  Ta 
généralement  mis  en  présence  de  tombes  caractéristiques 
des  temps  où  la  domination  romaine  commençait  à  dispa- 
raître dans  le  nord-est  de  la  Gaule  et  se  voyait  peu  à  peu 
remplacée  par  la  domination  franque.  11  a  pu  ainsi  fiedre,  au 
jour  le  jour,  sans  idée  préconçue,  mais  avec  une  puissance 
d'observation  et  une  sagacité  rares,  une  étude  approfondie 
des  mœurs  funéraires  de  générations  qui  se  sont  régulière- 
ment succédé  sur  le  même  sol,  et  augurer  judicieusement 
de  leur  vie  par  les  coutumes  de  leurs  funérailles. 

«  L'excellente  méthode  et  la  précision  de  ses  comptes-ren- 
dus font  très  avantageusement  ressortir  les  données  nouvelles 
dont  il  enrichit  le  domaine  de  la  science,  ou  les  éclaircisse- 
ments qull  apporte  à  des  questions  encore  obscures.  L'abon- 
dance des  éléments  comparatifs  sur  lesquels  il  appuie  ses 
indications  ajoute  encore  à  leur  utilité.  M.  Pilloy  compte 
assurément,  à  cette  heure,  parmi  les  continuateurs  les  plus 
en  vue  et  les  plus  méritants  de  Tabbé  Cochet  et  d'Henri 
Baudot.  » 

M.  G.  Lafaye,  associé  correspondant,  communique  à  la 
Compagnie,  d'après  le  Lyon  r^ubUcain  (29  août  1886),  des 
renseignements  relatifs  à  une  tombe  antique  découverte 
près  de  Saint-Martin  (canton  de  Fribourg,  Suisse). 

«  Un  homme  du  canton  de  Fribourg,  habitant  le  village  de 
Saint-Martin,  a  découvert,  en  creusant  le  sol  pour  se  pro- 
curer du  sable,  sous  une  légère  couche  de  terre  arable  et  d'ar* 
gile,  une  tombe  ancienne,  longue  de  1»97  et  large  de  1  mètre. 


—  «87  — 

«  Lé  fond  et  les  côtés  sont  en  dalles  de  pierre  bmte.  Les 
deux  extrémités  seales  étaient  recouvertes  d'une  large  pierre 
protégeant  la  tète  de  deux  squelettes  couchés  eu  sens  inverse, 
c'est-à-dire  la  tête  de  l'un  vers  les  pieds  de  l'autre,  et  vice 
versa. 

f  Chaque  squelette  avait  à  son  côté  un  certain  nombre 
d'objets  en  bronze  :  haches  de  guerre,  pointes  de  lances, 
flèches  et  épingles.  Les  haches  ont  la  forme  d'un  ciseau  à 
couper  le  fer,  dont  la  partie  tranchante  serait  en  éventail. 
La  partie  qui  devait  se  fixer  au  manche,  longue  d'environ 
25  centimètres,  a,  sur  deux  de  ses  faces,  deux  rainures  peu 
profondes. 

c  Les  pointes  de  lances  et  de  flèches  sont  des  lames  trian- 
gulaires :  deux  des  côtés  sont  aiguisés  et  légèrement  arqués  ; 
le  troisième  est  percé  de  trous,  contenant  des  clous  rivés  en 
bronze. 

€  Les  épingles  ont  des  tètes  légèrement  ciselées.  > 

M.  A.  de  Barthélémy,  membre  honoraire,  donne  lecture 
d^nne  note  de  M.  Prunières,  associé  correspondant,  relative 
à  une  bague  antique  portant  le  nom  lustinus*, 

M.  E.  Mûntz,  membre  résidant,  communique  les  photo- 
graphies qu'il  a  fait  exécuter  d'après  les  vitraux  du  célèbre 
peintre  verrier  Guillaume  Marcillat  au  dôme  d'Ârezzo  (1518 
et  années  suivantes).  Il  annonce  en  môme  temps  qu'il  est 
en  mesure  d'établir  que  l'artiste,  contrairement  à  l'opinion 
reçue,  appartient  à  une  famille  berrichonue,  non  à  une 
fomilie  lorraine.  Dans  son  testament,  Guillaume  déclare 
que  son  frère  est  originaire  de  La  Châtre,  dans  le  diocèse  de 
Bourges.  Or,  d'après  une  communication  de  M.  de  Cham- 
peaux,  plusieurs  membres  de  la  famille  Marcillat  ont  joué 
un  rôle  dans  l'histoire  artistique  du  Berry.  L'un  d'eux,  Guil- 
laume de  Marcillat,  évidemment  un  des  ancêtres  du  peintre 
verrier,  travaillait,  en  1407,  à  la  charpenterie  des  maisons 
de  la  Sainte-Chapelle  de  Bourges.  La  localité  de  Marcillat, 

1.  Cette  b«^e  a  déjà  été  oommoniquée  à  la  Compagnie,  r.  ploa  haut,  p.  149. 


—  288  — 

ehof-lieu  de  canton  de  TÂIlier,  faisait  autrefois  partie  du 
Berry. 

M.  Flouest,  membre  régidant,  présente  quelques  observa- 
tioQs  au  sujet  des  musées  de  province,  dont  la  conservation 
laisse  parfois  à  désirer.  Il  signale  en  particulier  le  Musée 
de  Nevers  où  les  collections  archéologiques  sont  dans  un  état 
d'abandon  regrettable. 

M.  A.  Héron  de  Yiliefosse,  membre  résidant,  lit  une 
communication  de  M.  de  Golieville,  associé  correspondant 
national,  sur  une  découverte  archéologique  récemment  faite 
à  Kerfeunteuniou  (Finistère). 

c  On  lit  dans  le  Bulletin  de  la  Société  archéologique  dm 
Finieiàre  le  rapport  suivant  sur  la  découverte,  à  Kerfeunteu- 
niou, d'un  petit  monument  gallo-romain  des  plus  curieux  et 
des  plus  rares  : 

c  Kerfeunteuniou,  le  village  des  fontaines^  propriété  du  fils 
c  d'un  ancien  maire  de  Mellac,  domine  la  commune.  De  la 
«  hauteur  où  il  est  placé,  l'œil,  par  un  temps  clair,  embrasse 
c  un  vaste  horizon  qui  s'étend  jusqu'à  la  mer  et  lui  donne 
c  Tair  d'un  point  stratégique.  Il  est  à  proximité  d'un  passage 
c  à  niveau  du  chemin  de  fer  de  Nantes  à  Brest.  La  roate 
«  nationale  n^  165  traverse  la  commune  de  Test  à  l'ouest; 
«  une  voie  romaine,  de  Nantes  à  Quimper,  la  coupait,  comme 
<  on  peut  s'en  assurer  en  consultant  la  carte  des  Gaules. 

«  Les  eaux  de  l'Isole  forment  ses  limites  à  l'ouest  et  an 
t  nord.  La  paroisse  est  sous  Tinvocaiion  très  caractéristique 
c  de  saint  Pierre-ès-Liens,  î»  mnaduj  de  qui  elle  semble 
t  tirer  son  vieux  nom  de  Mellac  (vinctis),  comme  l'a  pensé 
c  Tabbé  Henry. 

«  Le  propriétaire,  en  bâtissant  sa  nouvelle  maison,  a 
c  trouvé  des  substructions  romaines  et  plusieurs  meules  en 
c  granit,  et,  en  défrichant  les  terres  d'alentour,  il  a  ramené 
c  à  la  surface  des  tuiles  et  des  briques  qui  sont  parsemées 
c  sur  le  sol. 

t  Nous  les  avons  examinées  d'abord  au  point  culminant 
«  du  village,  puis  dans  la  vallée. 


—  239  — 

c  Les  premiôreB  ne  nous  ont  pas  laissé  de  doute  snr  leur 
c  origine  :  ce  sont  bien  ces  tuiles  romaines  (tegulae)  STec 
c  des  cannelures  qui  permettaient  de  les  emboîter  les  unes 
«  dans  les  autres,  et  munies  de  coches  ou  entailles  qui  ser- 
t  vaient  aux  joints  :  rien  de  plus  connu  que  ce  genre  de  cou- 
c  vertnre.  Les  briques  rectangulaires  étaient  employées  pour 
«  les  murs,  les  pilastres  et  les  revêtements. 

c  C'est  dans  la  vallée,  près  des  ruisseaux  qui  la  sillonnent 
f  eu  tous  sens,  que  nous  les  avons  remarquées  en  plus  grand 
«  nombre. 

c  Ici,  au  bas  d'une  prairie  en  friche,  notre  attention  a  été 
c  surtout  attirée  par  un  bassin  maçonné  qui  mérite  d'être 
€  décrit. 

«  Il  mesure  i»90  de  long  sur  1^30  de  large  et  1»20  de 
c  profondeur;  ses  murs  sont  en  pierres  éclatées,  de  petit 
«  appareil,  cimentées  solidement;  il  est  plein  d'eau.  Du  som- 
i  met,  la  source  jaillit  sur  un  lit  de  terre  glaise. 

c  Aujourd'hui,  à  ciel  ouvert,  ce  bassin  était  caché  naguère 
«  sous  une  épaisse  couche  de  mottes,  de  tourbe  et  de  ciment. 
«  fin  les  enlevant,  le  propriétaire  a  trouvé  une  toiture  en 
■  tuiles  très  larges,  supportée  par  quatre  piliers  de  briques 
t  quadrangulaires  posées  l'une  sur  l'autre. 

«  A  Fangle  gauche  du  bassin,  en  contre-bas,  deux  autres 
c  piliers  du  même  genre,  avec  dalles  en  tuiles  au-dessus. 

c  L'eau  courait,  divisée  entre  les  quatre  piliers  du  milieu, 
c  et  sortait  en  masse  entre  ceux  de  l'angle. 

c  Nous  tenons  ces  détails  de  la  servante  .du  village  des 
a  Fontaines^  qui  nous  les  a  donnés  en  breton,  à  une  seconde 
t  visite,  avec  beaueoupd'entrain,  non  sans  témoigner  quelque 
«  regret  de  la  destruction  du  curieux  édicule  souterrain;  en 
«  effet,  il  n'existe  plus  :  dôme  et  pilastres  ont  été  démolis  et 
c  emportés. 

c  Les  tuiles  du  dôme,  que  nous  avons  pu  retrouver  et 
«  mesurer,  sont  de  0»60  carrés,  les  plus  larges,  sur  0"01  et 
c  demi  d'épaisseur;  les  briques  des  pilastres  ont  0»20  carrés 
c  sur  0»06  d'épaisseur;  ils  avaient  environ  0»50  de  haut, 
€  nous  a^t^on  assuré,  mais  il  ne  nous  a  pas  été  donné  de  le 
a  constater. 


—  240  — 

«  Faat-il  le  dire  ?  Uae  partie  des  matériaux  a  servià  bàUr 
«  uDô  niche  à  chiens  !  Par  une  étrange  fantaisie,  on  L'a  oou- 
«  ronnée  d'une  pyramide  imitée  de  celles  qui  formaient  Ibb 
c  pilastres  de  la  fontaine. 

€  Pour  ne  rien  oublier,  nous  devons  signaler  une  espèce 
€  de  cercle  en  briques  qui  a  pu  être  Torifice  de  la  soarce; 
c  mais  nous  ignorons  où  il  était  placé. 

c  Enfin,  nous  trouvons  trois  petits  fragments  de  poterie 
c  rouge  assez  fine,  dont  l'un  porte  un  reste  de  dessin;  on 
«  nous  a  parlé  aussi  d'un  vase  mieux  conservé  ;  mais  nous 
c  avons  eu  le  regret  de  ne  rencontrer  aucune  statuette  votive, 
c  Peut-être  que  des  fouilles,  pratiquées  dans  une  enceinte  voi- 
«  sine  que  traversait  le  ruisseau  venant  de  la  fontaine,  amè- 
c  neraient  de  meilleurs  résultats,  i 

c  J'ai  étudié  avec  le  plus  grand  soin  la  découverte  qui&it 
Tobjet  de  ce  rapport.  J'ai  lieu  de  penser  que  le  petit  mona- 
ment  n'est  pas  une  fontaine  sacrée.  Ce  serait,  à  mes  yeux, 
soit  une  prise  4'eau,  soit  un  conduit  tout  en  briques  romaines 
très  belles,  amenant  l'eau  nécessaire  à  la  consommation  des 
habitants  d'une  villa  qui  se  serait  trouvée  dans  le  voisinage. 
On  m'objecte  qu'il  ne  subsiste  dans  les  environs  ancnnes 
ruines,  aucunes  constructions  dépassant  le  sol.  Mais  tout  le 
monde  sait  que,  à  l'exception  des  monuments  très  impor- 
tants comme  des  murs  militaires  ou  des  amphithéâtres,  les 
constructions  qui  nous  restent  de  l'époque  romaine  ne 
consistent  le  plus  souvent  que  dans  des  débris  de  murailles 
enfoncées  sou^  terre.  Or,  de  l'aveu  du  paysan  qui  a  constrait 
sur  ces  lieux  une  ferme,  on  a  trouvé,  en  creusant  le  sol,  une 
quantité  énorme  de  pierres  qui  furent  employées  non  seule- 
ment poar  la  construction  de  sa  maison,  mais  encore  pour 
l'édification  des  murs  de  clôture,  et  il  est  impossible,  an  simple 
examen  de  ces  murailles,  de  ne  pas  reconnaître  des  pierres 
de  c  petit  appareil  »  ayant  servi  à  des  constructions  romaines. 
Entre  autres,  on  distingue  facilement  de  nombreuses  meules 
de  moulin  dans  une  entière  conservation.  Du  reste,  des 
matériaux  considérables  ont  dû  être  enlevés  pour  la  cons- 
truction du  chemin  de  fer  qui  passe  non  loin  de  là  et  de  la 
route  qui  y  donne  accès. 


—  244  — 

€  Ge  qui  montre  encore,  avec  plus  de  certitude,  que  l'on 
se  trouve  en  présence  des  derniers  vestiges  d'une  villa 
romaine,  ce  sont  les  débris  innombrables  de  tuiles  à  rebord, 
et  aussi  des  morceaux  de  tuiles  creuses,-  en  terre  cuite, 
paraissant  avoir  appartenu  à  ces  tuyaux  conducteurs  de  la 
chaleur  qui  se  trouvaient  dans  les  hffpoctautes  des  thermes 
romains.  Ge  sont  encore  des  débris  de  poteries  de  terre,  dite 
samienne,  où  Ton  remarque  des  feuilles  d'acanthe  en  relief; 
et,  enfin,  de  nombreux  débris  de  ces  poteries  rouges  fabri- 
quées avec  une  terre  grossière  et  qui  doivent  être  les  restes 
d'amphores. 

«  Je  pense  donc  que,  sur  le  point  culminant,  voisin  de 
cette  fontaine,  des  recherches  doivent  être  faites.  Ge  point, 
très  élevé,  d'où  Ton  voit  jusqu'à  la  ville  de  Lorient,  distante 
de  six  lieues,  offre  bien  toutes  les  conditions  que  recherchaient 
les  Romains  pour  leurs  établissements.  De  plus,  il  se  trouve 
dans  le  voisinage  d'une  voie  romaine. 

•  Ges  difiérentes  observations,  que  j'ai  Phonneor  de  vous 
adresser,  ont,  du  reste,  paru  impressionner  la  Société,  et, 
malgré  le  peu  de  ressources  dont  elle  dispose,  elle  a  bien 
voulu  ordonner  des  fouilles  qui  auront  lieu  vers  la  iin  de 
septembre,  après  les  moissons. 

«  J'aurai  soin  de  vous  tenir  au  courant  de  leur  résultat,  si 
la  Société  des  Antiquaires  de  France  y  trouve  quelque  intérêt. 

i  J'apprende  qu'une  statue  équestre,  très  remarquable, 
vient  d'être  découverte  dans  le  haut  Finistère.  J'en  fais 
demander  une  photographie  et  je  vous  l'adresserai  avec  un 
rapport  dès  que  je  me  serai  fait  une  opinion  sur  cette  décou« 
verte.  » 


ANT.   BULLETIN.  16 


—  242  — 

EXTRAIT  DES  PROCÈS-VERBAUX 

DU  4«  TRIMESTRE  DE  i886. 


Séance  du  3  Novembre. 

Présidence  de  M.  £.  Saglio,  président. 
Ouvrages  offerts  : 
Aarbogêr/ùr  norditk  Mkyndighed  og  hùtorùy  1886,  2*  livr. 

Ciopenhague,  iib-S». 
Annwd  report  of  the  board  of  regeiUs  of  tke  SmUksanÛM  Inê- 

tiiuiefar  the  year  1884.  Washington,  1885,  m-8». 
Arcàtological  inttUuiê  of  ^merioùL  SêoeiUk  OMnmal   repart. 

•Boston,  1886,  in-8^ 
Bmtraogé  xur  hAnde  êieèÊrmarkischm  OuchiekUqMdlem  kerau^e* 

gehenvonhûtoriscken  Vêreinê  fur  Stmermark^  XXI«  année. 

aras,  1886,  m-6«. 
-^  MIT  vaterUmdùekm  Geêckkkte  kêroMêÇêgében  vmi  der  Aû- 

toriêchem  wui  antignaritchen  Oês^ickaft  3tu  Bcmd^  noavelle 

série^  t.  II,  lÏTr.  3.  fi&le,  1881,  in-8*. 
BMêtim  crî<t$ic«,  publié  sons  la  direction  de  MM.  Ducheaie, 

Ingold,  Leseœar^  Thédenat,  VII«  année,  n<»  17-21, 1«  aep- 

tembre-l«'  novembre,  1886.  Paris,  in-8®. 

—  dû  correspondance  africaine^  IV«  année,  1885,  £elbc.  V-YI. 
Alger,  1885,  in-4«. 

--delà  Diana^  t.  lU,  n«  7.  Montbrison,  1686,  in-8o. 

—  de  la  Société  archéologique  et  historique  de  VOrlèanais^ 
t.  Vm,  no  129.  Orléans,  1886,  in-8o. 

--de  la  Société  de  Borda,  XI*  année  (1886),  3«  trim.  Dax, 
1886,  in-80. 

—  de  la  Société  départementale  <S archéologie  et  de  statistique 
de  la  Drame,  octobre  1886.  Valence,  in-8o. 


—  243  — 

^deïa  SoeUté  dâs  anHpudrês  de  Picardie,  an.  1886,  ik»  2. 
Amiens,  in-S».     . 

:f^dela  Scdéié  d^éiudêê  dêi  Hautêê^Jlpm,  V*  année,  octobre- 
décembre,  (rap,  1886^  in«8o. 

'-^ââla  Société  kiêtoriqiiê  ei  arehé)Uffiquê  de  Lan^gtet,  n«  34. 
Langres,  1886,  in^^S». 

^de  la  SodHé  êdtmtifiqytë^  hiêiotique  et  afclUoiogiquê  de  la 
Corrèxe,  t.  Vin,  3«  livr.  Brive,  1886,  in-^\ 

^  dës  hibiioihèquêt  et  dê9  areMoes^  année  4886,  n*  2.  IHiris, 
1886,  in-^o. 

—  d^kiitoif  eceUsiastiqne  et  d'archéologie  reUgituu  dm  dio» 
cèses  de  Valence^  Digne  et  Gap^  marfr«oût  1886.  Grenoble- 
Viviers,  1886,  in-8-. 

—  wunmmeiUalj  publié  sous  la  direction  du  conite  de  Marsy, 
VI*  série,  t.  U,  Gaen-Paris,  1886,  in^'. 

Bullettino  di  archeologia  e  storia  dalmaiaj  ann.  IX,  n^  8-9. 

Bpalato,  1866,  in-8\ 
CoMflWMo»  des  antiquité»  et  des  art»  da  d^rtoeunt  d»  Seine» 

et-Oisey  procès-verhaux  des  séances^  24  juillet  1884-30  avril 

1885.  —  Notice»  et  in»eniaitee  présenté»  à  la  Conunission^ 
t.  V-VI.  Versailles,  1886,  in.8<». 

Der  GesçhicKstfremd^  t.  XU.  Sinsiedeln,  1886,  iik^*. 
Kortespomdcngblait  der  westdeutschên  ZeiUckfift  fkr  Ge- 

schichte  und  Kunst^  t.  V,  n»*  8-9.  Trêves,  1886,  in-8*. 
LSber  imÊtrwKusMtonÊm  MeMom^tsm  .*  comtelaire  de»  QaUUm  de 

MontpMer.  Montpellier,  1886^  in-4*. 
Lut  of  surwnnç  members  oftke  omerican  phUosophietU  Society 

at  PkOadelpkia.  Philadelphie,  1886,  in-S*. 
List  of  thê  Society  of  Antiquaries  of  London,  on  the  \  amgust 

1886.  liOndres,  1886,  in-8«. 

Mémoires  de  la  Société  académique  d'agriadture  ^  sciences^ 
arts  et  bdUs-lettres  du  départentent  de  VAuhe,  t.  XLIX 
de  la  collection,  ni«  série,  t.  XIII  (1885).  Troyes,  1886, 
in-8«». 

^de  la  Société  â^agriculture^  commerce,  science»  et  arts  du 
département  de  la  Mame^  ann.  1884*1885.  Gh&lons-sor- 
Marne,  1886,  in-8*. 


—  244  — 

^^dê  la  Société  du  lUtretj  scUàcu  êi  arts  de  Bar^U^DuCy 

2*  série,  t.  V.  Bar-le-Dac,  1886,  m^«. 
-^  de  la  Société  deê  êdêmem  «ofurtUM  de  Saônê-^'Lairtj 

t.  YI,  fasc.  2.  Chalon-sur-Saône,  1886,  in-4«. 

—  de  ïfi  Société  kistarigue' littéraire j  artiitique  et  edemii/ique 
du  CRer,  1885-1886.  Bourges,  1886,  in-8*. 

-^dela  Société  royale  dee  amtiqwdru  dML  Nord,  ann.  1886, 
Copenhague,  m-8*. 

—  et  doeumenU  publiée  par  la  Société  archéologique  de  Aim- 
houiUet,  t.  VU,  fosc.  2.  Beauvais,  1884-1886,  in-8-. 

MittkmUmgen  dee    ftûlori»cA«i»    Veremee   fur    Steiermarcky 

Utf.  XXXIY.  Graz,  1886,  ia-8«. 
Kougl,  vitterhets  hietorie  och  antiquitete  okademieHe  mimade' 

blad  Fjortonde  Arkangeu,  1885.  Stockholm,  1886,  in-8*. 
Proceedings  of  the  american  anHquarian  Society  y  ann.  1882- 

1886.  Worceater,  1886.  in-8«. 

—  o/  the  american  philoeophàcal  Society  ai  Pkiladelpkia /or 
promotimg  ueefid  knowledge^  l.  KXIU,  juillet.  Philadel- 
phie, 1886,  in-8o. 

*—  of  the  Society  of  AiUiquariee  of  Londam,  avril-juillet  1886. 

Londres,  in-8«. 
PublicaHone  de  la  section  hûtorique  de  rinîetitut  R,  G.  D,  dm, 

Luxembourg^  ann.  188&,  t.  XXXVIU.  Luxemboarg,  1885, 

in-8o. 
ReeueU  de  la  Qowmkeion  de»  arte  et  wumum/emt»  hûtorique»  et 

Société  darchéologie  de  Sainte»^  3«  série,  t  I,  ?•   livr. 

Saintes,  1886,  in-8«. 
Revue  de  l'art  chrétien,  iv«  série,  t.  IV,  4«  livr.  Lille,  in-4*. 
Société  Jereiaiee,  XI«  hulleOn  annuel.  Jersey,  1886,  in-4«. 
Traneaction»  of  the  Kanea»  etate  hùtorieal  Society^  t.  IQ, 

1883-1885.  Topeka,  1886,  in-8«. 
We»tdeut»che  Zeitechrifi  fur  Oeechichie  und  Kmnety  t.  V, 

livr.  3.  Trêves,  1886,  in-8*. 
Brassart  (Eleuthère).  Les  découvertes  préhistoriques  dams  le 

Fore»,  Gaen,  1886,  in-8*. 
BuLTEAU  (rabbé).  Monographie  de  la  cathédrale  de  Chartres, 

u9  4.  Chartres,  1886,  in-8«. 


—  245  — 

Demeamps  de  Pas.  Im  eMmonieê  religUunê  dam  la  cotté- 

giaU  de  Saint'^Omer,  1886,  in-8«. 
Fbtschehow  (J.).  Uber  diê  tAsorptians  coêficwUêm  derKokti' 

êiure  t»  den  mdiejmn  gaie  differmUmi  sàU  Lôsungm^,  Saint* 

Pétersboorg,  1886,  in-4*. 
Flbubt  (Gabriel).  Um  stahtêtte  équêitre  en  brontê  de  f  époque 

gaUo-^romaùêe.  Mamers,  1886,  in-8*. 
FosTBNAT  (Harold  de).  Épigraphie  autunoise.  Inicr^tione  du 

moytii  âge  et  des  temps  modernes^  pour  servir  à  Thistùire 

^Autyn.  Antnn,  1886,  in-4«. 

—  La  croix  et  les  chandeliers  du  grand  autel  de  la  cathédrale 
d^Jutun.  Antun,  1886,  m-8'>. 

—  Les  grandes  admirables  merveilles  découvertes  au  duché  de 
Bourgogne^  pris  la  viUe  d^Authen^  au  lieu  dici  ht  Caverne 
des  Fées^  par  le  seigneur  dom  Nicole  de  GauthièreSy  nouvelle 
édition.  Autun,  1883,  in-8o. 

GozzADmi  (Gioyanni).  Scavi  govemathn  in  un  lembo  ddla 

necropoli  Fehnnea^  1885-1886.  Bologne,  1886,  in-8*. 
Baillant  (N.).  Essai  sur  les  patois  vosgiens,  Épinal,  1886, 

in-8». 
LBBèecE  (Albert).  Recherches  sur  DOos,  Paris,  1886,  in-8«. 
Lbyehmore  (Gharles-H.).  4*  série,  X.  The  toum  and  city  gaver» 

nement  ofNewhaven.  Baltimore,  1886. 
Maxe-Werlt  (Léon).  Étude  du  tracé  de  la  chaussée  romaine 

entre  Ariola  et  Fuies^  2«  partie.  Bar-le-Duc,  in-8o. 
MoBSE  (Edward) .  Jncient  and  modem  méthode  ofarrow  release, 

In-8». 
Pekhot  et  Gbarles  GHn»iBz  (Georges).  Histoire  de  Vart  dans 

ranOquité^  t.  IV.  SardaignCy  Judée,  Asie-Mineure.  Paris, 

1886,  in-8*. 

Travaux, 

An  nom  de  la  commission  nommée  à  cet  effet,  M.  Babelon 
lit  un  rapport  favorable  sur  la  candidature  de  M.  René  Fage 
au  titre  d'associé  correspondant  national.  On  passe  au  vote, 
et  M.  R.  F^e,  ayant  obtenu  le  nombre  de  suffrages  exigé 
par  le  règlement,  est  proclamé  associé  correspondant  natio- 
nal à  Limoges. 


—  M«  — 

M.  Mowat,  membre  résidant,  lit  une  lettre  de  M.  Aadiat, 
annonçant  que  la  devise  inscrite  suc  le  ^ern  du  musée  de 
Poitiers  doit  être  lue  :  V&ug  9çaoe%  hian  que  fe  tçay  tmU  et 
non  :  Koiif  9çaio9%  Me»  qvê  fucap  tout ,  suivant  rinteq>ré- 
tation  de  M.  Léon  Palustre  consignée  dans  le  BmtUini  de 
la  Société  dm  Antiquw/^  de  Fttmcê^  1885,  p.  61. 

Le  même  membre  lit  ensuite  une  note  de  M.  Espérandieu, 
associé  correspondant,  sur  deux  inscriptions  romaines  : 

Une  de  ces  inscriptions,  découverte  dans  l'église  de  Saint- 
Andié*de-8orède  (Pyrénées-Orientales),  est  gravée  sur  un 
beau  cippe  en  marbre  blanc.  M.  Ëspànandieu  en  a  eu  con- 
naissance par  un  journal  des  Pyrénées-Orientales,  Vlndé- 
pêndanl^  dont  il  rectifie  le  texte  très  défectueux  à  Taide  d'an 
estampage  qu'il  doit  à  l'obligeance  du  curé  de  Saint-André- 
de-8orède  : 

MEROVRIO 

AVG 

Q  •  VALERIV8 

HERMETIO 

L  D   D   D 

Mercurio  Aug(us(o)  Q(tiintus)  VaUritts  Hermetio;  l{ocus) 
d(a/iM)  d[ecr€to)  d(ecur%onum). 

Le  cognomen  Hermetio  est  assez  rare;  on  en  connaît  un 
exemple  sous  la  forme  Aermetio  *, 

M.  Ëspérandieu  a  en  outre  reçu  le  renseignement  que 
rimage  d'un  corbeau  est  sculptée  sur  le  cippe. 

M,  R.  Mowat  fait  observer  que  cet  oiseau  ne  doit  pas  ôtre 
un  corbeau,  mais  probablement  un  coq,  attribut-  ordinaire 
de  Mercure. 

L'autre  inscription,  découverte  à  Narbonne,  est  consacrée 
i  Silvain  : 

*iL  V  A  N  0  •  AVG 
...  pOMPEIVS  •  INGSNtiM 
inSBVM  REDDtdtt 

i.  Corp.  inêcr.  lot.,  t.  VIIl,  n»  728». 


—  W7  — 

[SiihcaÊO  Auff(usio), [P]ompmiu  Iit^mi{muê  «kJmim  rêi» 

d(idU), 

L'inBCription  était  surmontée  d'un  groupe  sculpté  dont  11 
ne  reste  plus  que  deax  pîeds  humains  et  une  patte  d'animal 
que  M.  Ëspérandieu  prend  pour  un  pied  de  trépied  sacrifica^ 
toire  terminé  en  griffa  de  lion  ;  M.  Mowat  préfère  y  Toir  la 
patte  d'un  chien,  le  compagnon  habituel  de  Silndn. 

Iil.  Ulysse  Robert,  membre  résidant,  fait  la  communica- 
tion suivante  : 

■  Dans  une  des  trop  rares  communications  que  j'ai  eu 
Thonneur  de  vous  foire,  en  vous  révélant  l'existence  de 
cinq  évéques  du  iz«  siècle  qui  étaient  jusqu'à  ce  jour  restés 
inconnus,  je  vous  signalais  l'importance  des  cartulaires  et 
des  documents  diplomatiques  de  toute  sorte  pour  les  addi- 
tions et  les  rectifications  qu'il  y  a  lieu  de  faire  au  OaUia 
chrisHanay  à  VArt  dé  vérifier  le»  dates  et  autres  ouvrages  du 
môme  genre.  Si  vous  voulez  bien  me  le  permettre,  je  vous 
en  donnerai  aujourd'hui  une  nouvelle  preuve;  elle  m'est 
fournie  par  les  registres  des  papes  qui  sont  publiés  par  les 
élèves  de  l'École  française  de  Rome;  je  me  bornerai  aux 
archevêques  et  évoques  de  France. 

f  Voici  d'abord  les  additions  et  les  rectifications  que  j'ai 
pu  faire  en  dépouillant  l'excellente  édition  des  Rêgùiru 
â^lnnocent  iV,  de  M.  Élie  Berger,  dont  sept  fascicules  ont 
paru  : 

f  N»  117.  Bonifiice  II  de  Savoie,  évéque  de  Belley,  est 
nommé  archevêque  de  Gantorbéry  le  17  septembre  1243; 
quelques  listes  ne  le  font  rester  à  Belley  que  jusqu'en  1240 
ou  1242. 

«  N<>  1027.  Hugues,  abbé  de  Gluny,  est  nommé  évéque  de 
Langres  par  bulle  du  20  février  ;  il  figure  cependant  dans  les 
listes  des  évéques  de  Langres  depuis  1240  et  1244. 

f  N»  1923.  Par  une  bulle  du  14  juin  1246,  Innocent  IV 
mande  à  l'archevêque  d'Auch  de  sacrer  évéque  d'Oloron 
Pierre  de  Gavarret.  Get  évéque  n'apparaît  dans  les  listes  de 
l'évêché  d'Oloron  qu'en  1250  (cf.  aussi  le  n»  1945). 

<  N"  2104.  Le  20  septembre  1246,  Innocent  IV  mande  à 


—  248  — 

Tarcheiréqtie  d'Embran  de  consacrer,  après  enquête,  comme 
évéqne  de  Glandèves,  Manuel,  prévôt  de  cette  ^lise.  Manuel 
est  un  nom  nouveau  à  ajouter  à  la  liste  des  évoques  de 
Glandèves,  liste  qui  présente  une  Lacune  entre  P.,  12313-1245, 
et  B.,  1290. 

c  N«  2306.  Le  12  décembre  1246,  Innocent  IV  mande  i 
Tarchevéque  de  Bourges  de  confirmer  Télection  de  Bérenger 
«  GentuUi  »  à  Pévéché  de  Rodez.  Ge  Bérenger  ne  figure  pas 
sur  les  listes  des  évéques  de  Rodez,  à  moins  qu'il  ne  doive 
être  identifié  avec  un  évoque  du  nom  de  B.  LentuUi,  élu  en 
1234,  f  1245,  qui  est  indiqué  par  Gams.  Il  devrait  prendre 
place  entre  À...,  1245-1246,  et  Vivien,  1247-1274. 

c  N«  4440.  (Confirmation,  le  9  avril  1249,  de  l'élection  de 
Nicolas  de  Fontaines  à  Tévéché  de  Cambrai,  élection  qui, 
ailleurs,  est  reculée  jusque  c  vers  1250  »  ou  fixée  à  la  date 
du  9  avril  1248. 

c  Les  Eêgittrti  de  Bonifaee  VIII^  publiés  par  MM.  Digard, 
Faucon  et  Tbomas,  fournissent  les  additions  et  rectifications 
suivantes  : 

«  N«  64.  La  nomination  par  Bonifaee  VIII  de  Gérard, 
évéque  d'Arras,  est  du  28  mars  1295;  certaines  listes  la 
reculent  jusqu'en  1296. 

c  Le  texte  de  la  bulle  nous  apprend  que  Gélestin  V  avait 
nommé  à  l'évéché  d'Arras  Pierre  Sorra,  chanoine  de  Cam- 
brai, mais  Bonifaee  VIII  refusa  de  ratifier  le  choix  fait  par 
6on  prédécesseur.  Il  nous  apprend  encore  que  Jean,  cardinal 
Lemoine,.  aurait  été  évéque  d'Arras  au  moins  en  1294,  fait 
qui  avait  été  considéré  comme  douteux. 

c  N<»  70.  Le  fameux  Gilles  de  Rome  ou  Golonna,  porté  sur 
quelques  listes  comme  ayant  été  archevêque  de  Bourges  dès 
1294  ou,  d'après  Gams,  seulement  en  1298,  ne  fut  nommé 
par  Bonifaee  VIII  que  le  25  avril  1295.  Gélestin  V  avait 
nommé  au  siège  de  Bourges  Jean  de  Savigny,  après  Pierre 
de  Beaulieu.  Bonifaee  VIII  refusa  encore,  c'est  sa  balle  qui 
nous  l'apprend,  de  ratifier  ce  choix.  En  compensation,  Jean 
de  Savigny  fut  nommé  évoque  de  Nevers  le  18  avril  1295 
(no  105);  ailleurs,  cette  nomination  est  attribuée  à  l'an- 
née  1294. 


—  24»  — 

t  N*  Î62.  Henri  de  Villan,  archevêque  de  Lyon,  fut 
nommé  le  13  juillet  1295  ;  d'après  quelques  listes,  sa  nomi- 
nation n'aurait  eu  lieu  qu'en  4296.  De  même  pour  Jean  I*' 
de  Rochefort,  nommé  évéque  de  Langres  le  23  juillet  1295 
(n*  318). 

c  N*  412  hii.  Certains  auteurs  prétendent  que  Tévôché  de 
Pamiers  aurait  été  érigé  par  une  bulle  de  Boniface  VIII,  du 

16  septembre  1295,  et  que  le  premier  titulaire,  Bernard  de 
Soisset,  n'aurait  été  nommé  que  le  1*'  novembre  1297.  Or, 
Ut  bulle  de  nomination  de  B...,  premier  évoque  de  Pamiers, 
est  du  23  juillet  1295  ;  donc,  la  date  de  Térection  de  Tévéché 
doit  être  antérieure  au  16  septembre  de  cette  année. 

f  N«  1046.  Par  une  bulle  du  24  avril  1296,  Gui  de  Neu- 
ville, évéque  du  Puy,  est  transféré  à  Tévéché  de  Saintes. 
Cette  translation  est  quelquefois  reculée  jusqu'à  1298  ;  ail- 
leurs. Gui  aurait  cessé  d'être  évoque  du  Puy  en  1295. 

c  N<>  1191.  Gui  IV,  évéque  de  Soissons,  fut  nommé  par 
bulle  du  30  juillet  1296,  et  non  le  25  décembre  de  cette  année, 
comme  on  le  voit  ailleurs. 

«  N*  1374.  Gui,  évéque  de  Cambrai,  fut  nommé  par  bulle 
du  21  octobre  1296  ;  ailleurs,  on  le  fait  figurer  sur  la  liste  des 
évêques  de  Cambrai  à  partir  de  1300  seulement. 

f  N<»  1492.  Guillaume  VI  Duranti,  le  canoniste,  fut  nommé 
évéque  de  Mende  en  remplacement  de  Guillaume  V  Duranti 
le  17  décembre  1296  et  non  en  1297. 

c  N»  2192.  Arnaud-Roger  de  Comminges  figure  sur  les 
listes  des  évêques  de  Toulouse  comme  ayant  régné  du 

17  mars  au  mois  d'octobre  1298  ;  or,  son  élection  avait  été 
confirmée  par  Boniface  VIII  le  2  décembre  1297. 

c  Les  Registres  â^Honoriiu  IV ^  dont  un  seul  fascicule, 
publié  par  M.  Prou,  a  paru,  m'ont  fourni  l'addition  et  là  rec- 
tification suivante  : 

c  N»  100.  Les  listes  des  archevêques  de  Tours  présentent 
une  lacune  entre  Jean  de  Montsoreau  (16  janvier  1271- 
26  janvier  1284)  et  Bouchard  Daen  (20  décembre  1285-octobre 
1290).  Une  lettre  d'Honorius  IV  au  chapitre  de  Tours,  datée 
du  5  septembre  1285  et  mandant  audit  chapitre  d'élire  un 
archevêque,  nous  apprend  que  maître  Olivier  avait  été  élu 


—  250  — 

en  remplacement  de  Jean  de  Montaoreau,  qu'il  était  allé 
trouver  flonorius  pour  lui  exposer  les  circonstances  de  aon 
élection,  mais  qu'il  était  tombé  malade  et  était  mort. 

c  No  264.  D'après  certaines  listes  des  évèques  de  Mâcon^ 
Hugues  de  Fontaine  aurait  été  remplacé  par  Nicolas  de  Bar^ 
sur-Seine  en  1299  seulement.  Or,  Honorius  lY  écrit,  le 
30  janvier  4286,  c  Nicolao  de  Banro,  electo  MatisconeosL  m 
Donc,  son  élection  remonterait  peut-être  à  la  fin  de  1285; 
elle  ne  suivit  pas  de  très  près  la  mort  de  Hugues  de  Fontaine, 
puisqu'il  y  avait  eu  entre  temps  une  élection  qui  ne  fut  pas 
agréée  par  le  pape. 

«  Le  fascicule  des  Rêgiêtrei  de  Benoît  XI^  publié  par 
M.  Grandjean,  ne  m'a  fourni  qu'une  légère  rectification. 
André  Le  Moine,  élu  évoque  de  Noyon,  est  nommé  le  19  fé- 
vrier 1304,  au  lieu  du  8  août  1304. 

a  Dans  des  ordres  d'idées  tout  différents,  les  registres  des 
papes  présentent  des  particularités  très  curieuses  et  qui  inté- 
ressent tous  ceux  qui,  à  des  titres  quelconques,  s'occupent 
du  moyen  âge.  Je  vous  demanderai,  avant  de  terminer,  la 
permission  de  vous  en  citer  seulement  trois  exemples,  dont 
deux  sont  relatifs  à  l'histoire  littéraire  et  l'autre  à  l'archéo- 
logie. Une  bulle  d'Innocent  IV,  du  29  septembre  1246 
(n*  2199),  adressée  à  c  R.  de  Furnivalle,  diacono,  cancellario 
Âmbianensi,  »  nous  révèle  sur  l'auteur  de  la  BibUmumia  et 
du  Beêtiaire  d^ amour  un  détail  peu  connu  ou  peut-être  abso- 
lument inconnu  :  c'est  qu'il  exerçait  la  chirurgie,  quoique 
diacre  ;  la  bulle  du  pape  a  pour  objet  de  le  mettre  à  l'abri  de 
toute  vexation. 

«  Maître  Guillaume  de  Saint-Amour,  sous-diacre  et  cha- 
noine de  Beauvais,  celui-ià  même  qui  professa  avec  tant 
d'éclat  la  philosophie  à  l'école  du  parvis  Notre-Dame  de 
Paris  et  qui  eut  de  si  violents  démêlés  avec  les  Dominicains, 
est  deux  fois  l'objet  d'une  décision  gracieuse  d'Innocent  IV. 
Le  22  août  1247  (n«  3188)  et  le  3  septembre  suivant  (n«  3228), 
le  pape,  à  la  requête  de  l'archevêque  de  Tarentaise,  du  comte 
de  Savoie  et  de  l'archevêque  de  Lyon,  lui  accorde,  outre 
l'église  de  Graville,  comportant  charge  d'âmes,  un  autre 
bénéfice. 


c  Le  doyen  et  les  chanoines  de  la  cathédrale  de  Ghàlons- 
sur-Marne,  ayant  commencé  à  faire  reconstruire  le  chœur  de 
cette  église,  se  trouvèrent  bientôt  à  bout  de  ressources.  Us 
firent  part  de  leur  embarras  au  pape  Honorius  IV,  qui,  pour 
les  en  tirer,  les  autorisa,  par  une  bulle  du  15  décembre  1^5, 
à  percevoir  la  première  année  de  tous  les  revenus  des  béné- 
fices qui  viendraient  à  vaquer  à  partir  de  ce  moment,  pendant 
cinq  ans,  dans  la  ville  et  dans  le  diocèse  de  Ghâlons,  mais  à 
la  condition  expresse  que  ces  revenus  seraient  employés 
exclusivement  à  la  réfection  du  chœur.  Cette  bulle  nous 
donne  donc  la  date  assez  précise  de  la  reconstruction  du 
chœur  de  la  cathédrale  de  Ghâlons.  » 

M.  Coorajod,  membre  résidant,  fait  une  communication 
sur  les  émaux  de  peinture  au  xv^  siècle  en  Italie  et  en  France. 

U  établit  qu'il  existait,  en  1465,  des  émaux  peints  et  que 
ce  genre  d'émaux  a  été  créé  à  Venise  vers  1445.  Cet  art  avait 
eu  comme  source  les  verreries  églomisées  et  peintes. 

En  citant  un  certain  nombre  d'émaux  italiens  du  milieu  du 
xv«  siècle  conservés  à  la  Schatz-Kammer  de  Vienne,  dans  la 
collection  Basilewski,  au  trésor  de  la  cathédrale  de  Prague, 
émanx  tons  italiens  et  en  grisaille,  M.  Gourajod  ajoute  qu'il 
a  trouvé  an  musée  de  Poitiers  trois  émaux  français  de  la 
môme  date  (milieu  du  xv«  siècle). 

L'un  d'eux,  Tun  des  plus  importants,  dont  M.  Gourajod 
met  la  photographie  sous  les  yeux  de  ses  collègues,  repré- 
sente un  portrait  d'homme  identique  comme  costume  au 
portrait  de  Juvénai  des  Ursins  conservé  au  Louvre.  Gette 
pièce  est  française,  et,  par  conséquent,  des  émaux  contempo- 
rains des  émaux  italiens  précités  existaient  en  France. 

M.  Germain  Bapst,  membre  résidant,  dit  que  le  monu- 
ment que  M.  Gourajod  vient  de  mettre  sous  les  yeux  de  ses 
confrères  est  l'une  des  pièces  les  plus  importantes  pour  This- 
toire  de  Tart  en  France. 

Il  partage  entièrement  l'avis  de  M.  Gourajod  sur  l'existence 
des  émaux  au  xv<<  siècle  ;  toutefois,  selon  lui,  il  faut  en  cher- 
cher Torigine  non  pas  dans  la  verrerie,  mais  plutôt  dans 
l'émaillerie  de  basse-taille,  dont  les  procédés  au  xv^  siècle  se 
rapprochaient  de  ceux  de  l'émaillerie  peinte. 


—  2n  — 

Séance  du  1 0  Novembre. 
Présidence  de  M.  E.  Saolio,  président. 
Ouvrages  offerts  : 
Arcktiêologia   or  mi»cêllaneau$traet$  rdaJtvng   to  amtiquùp^ 

t.  XLIX.  Londres,  1885,  in-4o. 
Atti  délia  reale  Accademia  dei  Uncei^  ann.  GGLXXHI  (1885- 

1886),  IV«  série,  t.  XI,  fasc.  7.  Rome,  1886,  in-4\ 
Bulletin  historique  de  la  Société  dês  Antiquaires  de  la  Morvûê^ 

nouvelle  série,  livr.  139,  juillet-septembre  1886.  Saint- 

Omer,  in-8«. 
BuUettino  di  archeologia  e  storia  Dalmata,  ann.  IX,  n«  10. 

Spalatro,  1886,  in-8«. 
Proceedéngs    of  tke    Society   of  Antiquaries    of  Scotland^ 

sess.  1884-1885,  t.  XIX.  Edimbourg,  in-4*. 
Bouchot  et  Geoiges   Duplbssis   (Henri).  Dictionmaire  dus 

marques  et  monogrammes  de  graveurs.  Paris,  in-8*. 

—  Le  livre.  Paris,  1886,  in-8«. 

—  Les  portraits  au  crayon  des  XVI*  et  XVII*  siècles  conser- 
vés à  la  Bibliothèque  nationale,  1525-1646.  Paris,  1884,  in-8«. 

—  Notice  sur  la  vie  et  les  travaux  d^ Etienne  Martëlange. 
Paris,  1886,  in-8\ 

Haillant  (U.).  Flore  populaire  des  Vosges,  Paris,  in-8*. 
Quarré-Reybourbon  (L.).  Souvenirs  héthunois.  Un  épisode  de 

la  Révolution  à  Béthune.  1886,  in-12. 
Ravaisson-Mollien  (Charles).  Les  manuscrits  de  Léonard  de 

Vinci.  Paris,  1881,  in-fol. 

Correspondance. 

MM.  H.  Bouchot,  présenté  par  MM.  G.  Duplessis  et  Ulysse 
Aobert,  J.  de  Lauriére,  présenté  par  MM.  Gourajod  et  de 
Lasteyrie,  Gh.  Ravaisson-Mollien,  présenté  par  MM.  Deloche 
et  Guillaume,  écrivent  pour  poser  leur  candidature  aux 
places^  de  membres  résidants  laissées  vacantes  par  la  mort 
de  MM.  Ramé  et  Demay  ;  le  Président  désigne  les  membres 
des  commissions  chargées  de  présenter  des  rapports  sur  les 


—  258  — 

titres  scientifiques  des  candidats  :  pour  M.  H.  Bouchot, 
MM.  Molinier,  Babelon  et  fiapst;  pour  M.  de  Laurière, 
MM.  A.  de  VillefossOy  de  Barthélémy  et  Molinier;  pour 
M.  C!h.  Ravaisson-MoUien,  MM.  Gourajod,  P.  Nicard  et 
Ant.  Héron  de  Viilefosse. 

M.  le  duc  de  Rivoli,  présenté  par  MM.  Gourajod  et  Mûntz, 
écrit  pour  solliciter  le  titre  d'associé  correspondant  national 
à  Nice. 

M.  Piluck-Hartung,  présenté  par  MM.  A.  de  Barthélémy 
et  Babelon,  écrit  pour  poser  sa  candidature  au  titre  d'associé   , 
correspondant  étranger  à  Bâle. 

Le  président  désigne  MM.  Ulysse  Robert,  Longnon  et 
Mowat  pour  former  la  commission  chargée  de  présenter  un 
rapport  sur  les  titres  scientifiques  du  candidat. 

TrcmaMX, 

M.  CSourajod,  membre  résidant,  présente  un  travail  de 
M.  Gh.  Ravaisson-Mollien  sur  Léonard  de  Vinci. 

On  sait  que  les  papiers  de  Léonard  de  Vinci  furent  apportés 
de  Milan  en  France  sur  la  demande  de  Lalande  et  qae  Bona- 
parte, alors  membre  de  TListitut,  les  fit  conserver  à  la  biblio- 
thèque dont  ils  faisaient  partie. 

Depuis,  M.  Venturi  a  commencé  la  publication  de  diffé- 
rents papiers  de  Léonard  de  Vinci.  Il  y  a  quelques  années, 
l'Institut,  faisant  droit  à  la  promesse  faite  par  M.  Lalande 
à  la  ville  de  Milan,  a  chargé  M.  Ravaisson-Mollien  de  la 
publication  de  ces  mémoires  si  importants.  « 

M.  Ravaisson-Mollien  en  a  déjà  publié  deux  volumes,  que 
M.  Gourajod  dépose  sur  le  bureau  de  la  Société. 

M.  Germain  Bapst,  membre  résidant,  reprend  la  discussion 
soulevée  à  la  dernière  séance  au  sujet  des  émaux  des  peintres 
et  présente  un  dessin  de  la  collection  de  M.  le  baron  Pichon 
représentant  une  coupe  émaillée  du  xv«  siècle. 

A  son  avis,  cette  pièce  est  française  et  parisienne.  Elle 
remonte  à  la  première  partie  du  xv»  siècle. 


—  254  — 

M.  Gourajod  répond  qu'elle  eBt  bourgaignonne,  nuâs  que, 
au  commencement  da  xy«  siècle,  les  styles  étaient  tellement 
confondus  qu'il  est  difficile  de  leur  assigner  des  limites  géo- 
graphiques. Il  voit,  dans  rémail  en  question,  un  émail  peint; 
les  détails  sont  les  mêmes  que  ceux  des  émaux  dee  peintres 
du  xv«  siècle  déjà  signalés  dans  la  collection  de  M.  Basilewski 
et  ailleurs. 

M.  Germain  Bapst  répond  que,  à  son  avis,  cette  conpe  est 
en  émail  de  basse-taille  ;  cependant,  les  nombreuses  parties 
de  blanc  opaque  qui  s'y  trouvent  permettent  le  doute.  On  ne 
connaît  à  cette  époque  aucune  pièce  d'émail  de  peintres  aussi 
importante,  et,  si  l'on  accepte  cette  dernière  hypothèse,  en 
raison  même  de  l'importance  du  travail,  cet  objet  ne  peut 
qu'être  sorti  d'ateliers  habitués  depuis  plus  d'un  siècle  à  une 
technique  identique.  Paris  était  le  seul  centre  assez  artis- 
tique pour  produire  une  œuvre  de  ce  genre. 

M.  Bertrand,  membre  résidant,  communique  le  texte 
d'une  inscription  gauloise  gravée  sur  un  chapiteau  et  décou- 
verte à  Saint-Ck)8me,  à  15  kilomètres  de  Nîmes  : 

....  AAPE2SIKN0S 
....  IBPATOTAEKA 

M.  Gaidoz,  membre  résidant,  lit  une  note  sur  l'usage  des 
clochettes  au  moyen  âge  : 

c  Dans  une  séance  précédente  ^  M.  Flouest  nons  a  pré- 
senté de  lourdes  sonnettes  avec  écusson  dont  la  destination 
n'a  pu  être  établie.  Elles  sont  en  effet  trop  lourdes  pour  avoir 
pu  être  attachées  au  cou  des  vaches.  Les  clochettes  étaient 
*  d'étiquette  dans  certaines  circonstances  pour  attirer  TattCT- 
tion.  Ainsi,  dans  son  recueil  de  febliaux,  à  propos  de 
l'histoire  où  l'apôtre  Simon,  pour  obtenir  audience  et  se 
faire  entendre,  sonne  sa  clochette  à  la  porte  du  Paradis, 
Legrand  d'Aussy  remarque  :  f  Aujourd'hui  encore,  quand 
le  roi  envoie  son  maître  des  cérémonies  inviter  les  cours 
souveraines  à  une  oraison  funèbre  ou  à  quelque  autre  assem- 
blée pareille,  le  maître  des  cérémonies  est  précédé  d'un  juré 

1.  V.  plas  haut,  p.  2». 


—  255  — 

criear  qui  porte  une  sonnette  et  qui  sonne  plnsienrs  f(Hs 
pour  imposer  silence  ^  i  IjCB  sonnettes  présentées  par 
M.  Flouest  avaient  sans  doute  un  usage  analogue,  et  les 
armoiries  dont  elles  sont  revêtues  indiquent  qu'elles  étaient 
réservées  au  service  d'un  seigneur  particulier.  » 

M.  âaîdoB  foit  enenite  la  communication  suivante  : 

c  Le  dernier  numéro  de  notre  BuHetim' {iSdby  p.  302-304) 

contifiQt  «ne  note  de  M.  de  CSaix  de  Saint-Âymonr  sur  un 

gobelet  portant  Tinscription  suivante  : 

t  MIEVS  :  VATT:  AMIS  :  ENVOIES  :  QVE  DINIES  :  ENDO 

qu'il  lit  et  explique  ainsi  : 

Mieux  wmt  cuntf  en  voie 
Que  dùUeê  en  d&ie; 

ff  et,  ajoute-t^l,  ce  dernier  mot  date  signifiant  eau,  eouree^ 
c  je  traduirai  :  Mieux  Tant  avoir  ses  amis  partis  que  son 
t  argent  tombé  dans  l'eau.  » 

c  li  a  échappé  à  M.  Gaix  de  Saint- Aymour  que  cette  devise 
est  la  variante  d'un  proverbe  connu  par-ailleurs.  Un  fabliau 
du  moyen  ftge,  Prudkomme  qnn  dcmne  des  inêtruction»  à  son 
f&Sy  commence  justement  par  oe  proverbe  :  «  Mieux  vault  un 
f  ami  en  chemin  que  deniers  en  bourse  »  (Legrand  d*Aussy, 
Anciens  JehUaux^  t.  III,  p.  225),  et,  à  ce  propos,  Legrand 
d'Aussy  remarque  :  «  Ce  proverbe  se  trouve  dans  le  poème 
t  A'Al^candre  de  Paris,  où  probablement  le  fablier  l'a  pris.  » 

«  Ici,  le  proverbe  parait  signifier  :  t  Mieux  vaut  un  ami 
«  qui  s'entremet  et  s'occupe  pour  vous  (par  conséquent  est 
t  en  ehentin)  que  de  l'argent  dans  la  bourse.  »  Peut-ôtre,  dans 
ie  texte  publié  par  notre  correspondant,  faut-il  lire  le  dernier 
mot  don.  Le  proverbe  serait  alors  :  e  Mieux  vault  amis  en 
I  voie  que  deniers  en  don  (ou  cadeau).  • 

M.  le  ccxmte  de  Marsy,  associé  co>rrespondant,.ltt,  en  com- 
munication, un  mémoire  de  M.  ie  comte  Rîant,  membre 
rendant,  sur  une  pierre  tombale  et  un  tableau  de  l'église 

i.  UffTMid  (fÀHMr,  Anciens  Fëbliaax,  éd.  de  18S9,  t.  V,  p.  74. 


—  »6  — 

de  Vieore  (Allier).  La  pierre  tombale  est  celle  d'un  valei  de 
chambre  da  dac  de  Bourbon. 

M.  Prost,  membre  résidant,  dépose  sur  le  bureau  uu  cer- 
tain nombre  de  monnaies  d'Othon,  de  provenance  inconnue, 
dont  il  démontre  la  fausseté. 

M.  Mowat,  membre  rendant,  communique  des  renaeigne- 
ments  de  M.  Gh.  Joret  sur  des  antiquités  encastiéea  dans  les 
murs  de  Tescalier  de  la  maison  autrefois  habitée  par  feu 
Rouard  à  Aix-en-Pro?ence,  rue  Grand-Boulevard,  39.  Elln 
consistent  en  un  bas-relief  et  en  deux  mosaïques.  Ce  bas- 
relief  représente  un  cheval  nu,  sans  selle  ni  bride  ;  un  homme 
le  tient  en  arrière,  un  autre  en  avant  près  d'une  espèce 
d'autel.  Les  mosaïques  sont  fort  simples:  Tune  se  compose 
de  deux  ellipses  allongées  inscrites  dans  un  cercle  et  se  cou- 
pant à  angle  droit;  elles  sont  de  couleur  verdàtre  sur  uu 
fond  gris-blanchàtre;  l'autre,  plus  ornementée,  représente  à 
l'intérieur  d'un  carré  une  fleur  centrale  à  quatre  pétales  dont 
chaque  intervalle  est  garni  d'un  Qeuron  cordiforme.  Ces  objets 
ont  été  trouvés,  à  ce  qu'assure  M»«  veuve  Rouard,  dans  le 
quartier  de  l'Hôpital,  peut*ôtFe  même  sur  son  emplacement. 
On  sait  qu'au  siècle  dernier,  on  a  retiré  de  cet  endroit  de 
très  belles  mosaïques,  notamment  celle  qui  est  actuellement 
placée  dans  une  des  salles  de  la  bibliothèque  municipale  et 
qui  représente  Thésée  assommant  le  Minotaure. 

Toutes  ces  mosaïques  ont  été  publiées  en  Sao-similé  par 
Fauris  Saint- Vincens,  dans  son  Becuêil  de  divers  moimmenU 
éPantiquités  trouvées  en  Provence^  Paris,  1805,  in-4».  L'une 
d'elles,  figuré^  à  la  planche  XI,  est  remarquable  par  le  sujet 
central  qui  représente  une  scène  de  comédie  à  trois  person- 
nages, un  homme  (levant  un  bâton)  et  deux  femmes;  autour 
de  cette  scène  des  compartiments  ornés  de  masques  scé- 
niques,  de  rosaces,  d'entrelacs,  d'oiseaux,  de  couples 
d'ovoïdes  enchevêtrés  l'un  dans  l'autre  et  formant  quatre 
lobes  distincts,  etc.  Fauris  Saint- Vincens  chercha  à  acquérir 
cette  mosaïque  entière  ;  mais  il  ne  put  prévenir  sa  destruc- 
tion, et  ne  parvint  qu'à  s'en  procurer  des  morceaux  intéres- 
sants ;  d'autres  morceaux  sont  parvenus  jusqu'à  nous  par 


—  257  — 

des  Yoiee  différentes;  quelques-uns  sont  conservés  au  Musée 
de  la  Tille  ^  M.  Mowata  remarqué  que  les  fragments  recueil- 
lis par  Rouard  offrent  une  grande  similitude  avec  certains 
détails  de  la  planche  XI  de  Saint- Vincens  ;  en  conséquence, 
il  pense  qu'ils  proviennent  de  la  curieuse  mosaïque  à  sujet 
de  comédie  dont  le  souvenir  nous  a  été  conservé  par  la 
publication  de  cet  auteur. 

M.  Mo^at  rend  ensuite  compte  d'une  visite  qu'il  a  faite 
récemment  an  Musée  Britannique.  U  annonce  y  avoir 
reconnu  le  trésor  de  vaisselle  d'argent  qui  fut  découvert  en 
mai  1735,  à  Gaubiac,  près  de  Toulouse,  et  dont  la  trace 
avait  été  perdue  par  les  archéologues  français,  y  compris 
Adrien  de  Longpérier.  Voici  comment  M.  Mowat  explique 
cette  sorte  de  disparition  :  c  Depuis  longtemps  les  sept  vases 
d'argent  composant  le  trésor  de  Gaubiac  étaient  exposés 
dans  le  Cabinet  des  bijoux  et  gemmes  du  British  Muséum, 
mais  dispersés  sans  étiquettes  dans  différentes  vitrines  en 
attendant  qu'ils  fussent  classés  en  vue  du  catalogue  de  ces 
splendides  collections  qui  doit  être  incessamment  publié. 
Je  fus  un  jour  prié  par  le  savant  et  obligeant  conservateur, 
M.  Murray,  d'émettre  mon  opinion  sur  l'inscription  poin- 
tiilée  d'un  plateau  d'argent  que  l'on  savait  provenir  de 
l'ancienne  collection  Payne  KJaight,  et  qu'il  me  donna  à 
examiner.  Pendant  que  j'étais  occupé  an  déchiffrement  de 
l'inscription,  il  retrouvait  dans  le  catalogue  autographe  de 
Knight  une  note  portant  que  l'objet  avait  été  découvert  à 
Gaubiac,  en  France.  Ges  mots  réveillèrent  immédiatement 
dans  mon  esprit  le  souvenir  d'une  notice  de  M.  de  Montégut 
sur  une  trouvaille  de  vaisselle  d'argent  antique  aux  environs 
de  Toulouse  >.  Dès  lors,  nous  fîmes  sans  difficulté  l'identifi- 
cation, non  seulement  du  plateau,  mais  des  six  autres  objets 
qui  vinrent  successivement  répondre  à  l'appel,  en  sorte  que 
le  trésor  de  Gaubiac  se  trouva  intégralement  reconstitué; 
avec  la  plus  gracieuse  courtoisie,  M.  Murray  m'accorda  la 

1.  Oibert»  Le  Muiée  d'Aix,  1»  partie  (arcfaéologio),  188S,  n**  351  A-365  I. 

2.  Mémoires  de  ^Académie  des  seiencest  inseriptions  et  belles-lettres  de 
Toulouse,  t.  in,  1788,  p.  1-20,  pi.  I-IV,  artiole  V^ses  taUiques  trouvés  à  Cou- 
Mae  au  mois  de  mai  1785. 

ANT.  BOLLBTIN.  17 


—  25$  — 

satisfaction  de  lai  aider  à  en  faire  le  transfert  et  le  gmape^ 
ment  dans  une  vitrine  spéciale.  Gomment  ce  trésor  était^il 
Teno  en  la  possession  de  Knight?  Il  noos  apprend  lui-même 
dans  son  catalogue  manuscrit  que  les  sept  rase»  nomérotés 
de  66  à  72  et  provenant  de  cette  découverte  avaient  été 
acquis  pur  lui,  en  1790,  de  l'abbé  Gampion  de  Tersan,  qui 
lui-même  les  avait  achetés  à  M.  Cornac,  propriétaire  ds 
champ  de  Ganbiac.  La  lecture  des  inscriptions  mi  poimHllé 
marquées  sur  trois  vases  ne  m'a  point  paru  eiacte^  ni  eom-* 
pléte,  dans  la  publication  de  Montégut,  reproduite,  d'après 
lui,  par  Lon^rier^;  je  donnerai  les  résultats  de  mon 
déchiffrement  dans  le  BuUetin  ifigreg^hiqvêK 

ff  Les  vases  de  Gaubiac  ne  sont  pas  les  seules  antiquités 
d'un  grand  intérêt  archéologique  qui  soient  sorties  de  France 
pour  aller  enrichir  le  Musée  Britannique  ;  parmi  elles ,  il 
faut  citer  en  première  ligne  la  belle  ntvla  d'argent  qui  fut 
découverte,  en  1842,  à  Tourdan',  et  dont  les  ciselures  repré- 
sentent les  Quatre  Stmom^  sujet  traité  fréquemment  et  de 
diverses  manières  par  les  anciens  artistes.  Elle  est,  par 
exception,  placée  dans  la  première  salle  des  bronzes.  Il  serait 
particulièrement  intéressant  pour  nous  de  posséder  la  liste 
de  tous  ces  transfuges  qui  ont  trouvé  chez  nos  voisins  Thos- 
pitalité  que  nous  n'avons  pas  su  leur  assurer  dans  nos 
propres  musées.  A  déikut  d'une  énumération  que  je  n'ai  pas 
le  moyen  de  donner  complète  en  ce  moment,  voici  quelques 
indications  recueillies  au  passage  : 

«  Parmi  les  objets  en  bronze  : 

I  !•  Un  Mercure  avec  torquee  en  or  trouvé,  en  i732,  à 
Pierre^n-Luiset*  ; 

€  2*  Un  Hercule  provenant  de  Bavai; 

i.  Œwrm,  t.  m,  p.  420,  n.  i;  GoMette  orchéùhgique^  U  VUI,  18Sa,  p.  i; 
cf.  Thédenat  et  Héroo  de  YillefoBS6f  Lei  Tréson  de  vaiuelle  dargetU  trouvé» 
en  GoMlet  2*  fkse.,  p.  36  (extr.  de  la  Gax.  areh.,  188S). 

S.  Tome  VX,  1S86,  p.  24«,  à  l'artide  Le  Trésor  de  Canbiae  au  Mutée  Bri- 
tannique. 

i,  T.-G.  Delonne,  Notice  sur  un  vtfw  antique  en  argent  déeoumert  dam  les 
envtrwu  de  Vienne  (ezir.  an  Journal  de  VieniM,  2»  avril  1841);  af.  ÂnnaU 
deW  InsHt,  di  eorrisp.  oreA.,  18S2,  p.  218. 

4.  Caylttf,  Heeueil  d'antiquités,  VII,  p.  288. 


—  259  — 

f  3*  Le  Bacckus  de  Ghessy,  tenant  nn  canthare  dans  la 
main  droite  ; 

t  4o  Le  Silène  d'Aix-en-Provence  ; 

f  5<»  Un  Jupiter  gauUn»  trouvé  à  Toumus  ; 

«  6<>  Une  lampe  à  deux  becs  et  à  suspension»  orné^de  têtes 
satyriques,  de  dauphins  et  de  protomes  de  lions.  Trouvée 
dans  les  ancletis  Thermes  de  Paris  ^  ; 

c  7«  Une  tablette  consacrée  à  Apollon  et  provenant  de 
Saint-Just^lès-Lyon  '. 

c  Les  denx  fameux  bustes  d'Auguste  et  de  Livie  trouvés^ 
en  1815,  àNenilly-le-Réal',  furent  bien  près  d'émigrer  et 
n'ont  été  conservés  à  la  France  que  grâce  à  la  courtoisie 
des  administrateurs  du  British  Muséum.  L'acquisition  en 
avait  été  faite,  en  1862,  par  cet  établissement  au  prix  de 
30,000  fr.,  lorsqu'ils  apprirent  que  Napoléon  III  aurait 
volontiers  fait  lui-même  cette  acquisition  pourrie  Louvre, 
s'il  avait  été  averti  à  temps.  Les  Trustea  se  réunirent  et 
décidèrent  de  se  désister  en  faveur  de  l'impérial  archéo- 
logue. » 

A  propos  de  cette  communication,  M.  Héron  de  Viilefosse 
rappelle  que  la  statue  d'athlète,  répétition  du  Diadumène^ 
trouvée  sur  l'emplacement  du  théâtre  de  Vaison  est  à 
compter  parmi  les  œuvres  d'art  antique  découvertes  en 
Gaule  et  passées  au  British  Muséum  *. 

M.  Pol  Nicard,,  membre  résidant,  demande  que  la  Com- 
pagnie intervienne  en  faveur  de  l'église  de  Saint-Julien-le- 
Pauvre,  qui  est  menacée  de  recevoir  une  affectation  peu 
convenable. 

La  Société  approuve  la  proposition  de  M.  Pol  Nicard  et 


1.  Voir  la  d«Beription  de  ces  objets  dans  British  Muséum;  a  guide  io  the 
bronze  room  in  Ihe  iepartment  of  greek  and  roman  antiçiuitéi,  1871,  p.  48, 
50,  51,  52,  56. 

S.  Mowat,  Une  inacription  romaine  de  Lyon  au  Musée  Britannique^  dans 
Bulletin  épigraphique,  \\,  1861,  p.  i97. 

3.  LoDgpérier,  Notice  des  bronses  antiques^  1868,  p.  U9,  n*  640  bis, 

4.  Bulletin  des  Antiquaires  de  France^  1873,  p.  172,  planche.  Cf.  0.  Rayet, 
le  Diaduimènê  (eztr.  des  Monuments  de  l'art  antique,  II,  1884,  p.  1  et  pi.  I). 


—  260  — 

prie  son  Préfiident  d'écrire  pour  demander  qne  ee  monament 
soit  consacré  à  la  conservation  des  objets  d'art  trop  resser- 
rés au  Musée  Carnavalet. 

•        Séance  du  1 7  Novembre. 
Présidence  de  M.  E.  Saolio,  président. 

Ouvrages  offerts  : 

AnnaUi  de  la  Société  dHémulalion  dm  départemmU  des  Voêgei^ 
ann.  1886.  Ëpinal,  in-8«. 

Bulletin  critique^  publié  sous  la  direction  de  MM.  Duchesne, 
Ingold,  Lescœur,  Thédenat,  VII*  année,  n*  22,  15  no- 
vembre 1886.  Paris,  in-8V 

Mémoires  de  V Académie  nationale  des  sdencesy  arts  eC  belleS" 
lettres  de  Caen^  ann.  1886.  Gaen,  in-S*. 

—  et  documents  publiés  par  la  Société  savoisienne  d^ histoire  et 
d^archéoloçiey  t.  XXIV.  Ghambéry,  1886,  in-8». 

Recueil  de  la  Commission  des  arts  et  monuments  historiques  de 

la  Charente-Inférieure^  8«  série,  t.  I,  8«  livr.  Saintes,  1886, 

in-8*. 
Trésor  de  Montcomet  (Aisne).  Catalogne  de  vente.  Paris, 

1886,  in-8*. 
Baye  (le  baron  J.  bu).  Congrès  archéologique  des  amérias" 

nistes^  6«  session  tenue  à  Turin.  Ghàions-sur-Marne,  1886, 

in-8*. 
Fbbrero  (Ermanno).  Leone  Renier,  Turin,  1886,  in-8*. 
LaÈVBB  (A.-F.).  La  misère  et  les  épidémies  à  Angouléme  am 

XVI^  et  au  XVIh  siècle,  Angouléme,  1886,  in-8«». 
Mély  (F.  de).  Catalogue  de  la  collection  du  baron  Ch.  Davil* 

lier.  Paris,  1886,  in-8o. 

—  Inventaires  de  la  basilique  royale  de  if  oiua,  par  Mgr  Bar- 
bier de  Montault.  Paris,  1886,  in-8*. 

—  Le  chef  de  saint  Tugual  à  Chartres,  Gaen,  1885,  in-8*. 
-~  Les  chemises  de  la  Vierge.  Paris,  in-4*. 

Correspondance. 

M.  Homolle,  présenté  par  MM.  Heuzey  et  Perrot,  M.  de 
Mély,  présenté  par  MM.  Riant  et  Corroyer,  M.  de  la  Noë, 


—  264  — 

présenté  par  MM.  Longnon  et  Floaest,  écrivent  pour  poser 
leurs  candidatures  aux  places  de  membres  résidants  laissées 
vacantes  par  la  mort  de  MM.  Ramé  et  Demay.  Le  Président 
désigae  les  membres  des  commissions  chargées  de  présenter 
un  rapport  sur  les  titres  scientifiques  des  candidats  :  pour 
M.  Homolle,  MM.  Gollignon,  Guérin,  Bcblumberi^r  ;  pour 
M.  de  Mély,  MM.  de  Montaiglon,  Guiffrey,  Nicard;  pour 
M.  de  la  Noë,  MM.  Gh.  Robert,  Â.  de  Barthélémy  et  Héron 
de  Yillefosse. 

Travamx. 

M.  R.  Mowat,  membre  résidant,  demande  la  parole  pour 
un  hommage  d'auteur  : 

ff  J'ai  l'honneur  de  déposer  sur  le  bureau  un  exemplaire 
de  Féloge  funèbre  de  Léon  Renier  prononcé  par  M.  Ermanno 
Ferrero  à  TAcadémie  royale  des  sciences  de  Turin  dans  la 
séance  du  22  novembre  1885. 

c  Gette  savante  Compagnie  avait  tenu  à  compter  notre 
illustre  épigraphiste  dans  ses  rangs  comme. membre  associé 
étranger;  c'est  à  ce  titre  qu'elle  lui  a  décerné  l'hommage 
suprême  par  la  voix  d'un  des  plus  éminents  épigraphistes 
italiens.  Nous  tous  ici,  anciens  confrères  de  Renier,  nous  ne 
pouvons  être  que  profondément  touchés  en  apprenant  l'hon- 
neur rendu  à  l'un  de»  nôtres,  et  nous  recueillons  précieuse- 
ment ce  témoignage  éclatant  venu  d'une  terre  voisine  et  amie. 

t  La  monographie  que  M.  Ferrero  a  consacrée  à  Léon 
Renier  ne  comporte  pas  moins  de  16  pages  in-8*.  On  y  trou- 
vera une  liste  de  tous  les  travaux  classés  géographiquement, 
suivant  qu'ils  se  rapportent  à  l'Afrique  ou  à  la  Gaule.  C'est 
donc  un  répertoire  qui  sera  très  utile  pour  les  recherches.  » 

M.  le  baron  de  Baye,  associé  correspondant,  communique 
une  série  considérable  de  dessins  d'antiquités  barbares  iné- 
dites découvertes  en  Italie.  Il  s*agit  d'armes,  de  bijoux,  de 
vases.  Ce  groupe  important  est  resté  jusqu'à  présent  ignoré 
en  France  et  n*a  pas  fixé  l'attention  des  archéologues  ita- 
liens. De  nombreux  points  de  comparaison  empruntés  à  des 
sépultures  contemporaines  de  Champagne,  de  Bourgogne,  de 


—  262  — 

Normandie,  de  Scandinavie,  des  firoYincet  riiénanMy  de 
Hongrie  accompagnent  les  types  recneiUis  en  Italie.  M.  de 
Baye  se  borne  à  présenter  nn  grand  nomhre  de  dessins,  se 
réservant,  pour  une  autre  séance,  de  faire  ressortir  Isur  aigni- 
iioation  archéc^ique  et  d'en  tirer  des  déductions.  U  se  pro- 
pose, à  Faide  de  documents  qu'il  a  réunis,  de  remplaœr  le 
qualificatif  de  bmrbarê  par  une  dénomination  plus  précise  et 
basée  sur  le  triple  témoignage  de  Tanthropologis,  de  l'ar- 
chéologie et  de  rhistoire. 

M.  Molinier,  membre  résidant,  donne  lecture  d'une  note 
relative  au  fameux  camée  autrefois  conservé  dans  le  trésor 
de  Saint-Semin  de  Toulouse.  Il  établit,  à  Taide  de  la  compa- 
raison entre  Tinventaire  de  Saint^Serain  et  celui  dn  trésor 
de  Fontainebleau,  que  ce  camée,  extorqué  par  François  I*' 
aux  Toulousains  en  1533,  ne  fut  pas  donné  par  lui  au  pape, 
comme  on  Ta  pensé.  Ce  camée  se  trouvait  encore  &  Fontai- 
nebleau en  1560. 

M.  de  Montaiglon,  membre  résidant,  ajoute  que  M.  de 
Mély  est  parvenu  à  reconnaître,  en  se  servant  de  l'inven- 
taire de  Saint-Bernin,  que  le  camée  dont  M.  Molinier  vient 
de  parler  n'est  autre  que  le  Ikmeux  camée  de  Vienne  ;  il  a 
mis  ce  fait  hors  de  doute  dans  un  article  de  la  Oageiie 
arehéologigue  d'octobre  1886. 

M.  Gourajod,  membre  résidant,  présente  à  U  Compagnie 
la  photographie  d'un  groupe  de  Bertoldo  fondu  par  Adriano 
Fiorentino,  telle  qu'elle  est  donnée  dans  l'Annuaire  des 
Musées  autrichiens.  Il  avait  déjà  fait  connaître  cette  œuvre 
d'art  à  la  Ck)mpagnie  en  1883  et  l'avait  attribuée  k  Bertoldo, 
en  s'appuyant  sur  des  considérations  de  style.  Les  coqser- 
vateurs  de  la  collection  d' Ambras,  en  nettoyant  cç  groupe, 
ont  découvert  une  inscription  ainsi  conçue  :  £XPR£)38IT 
BARTH0LDV8  •  œNFLAVIT  HADRIANVS.  M.  (Gou- 
rajod cite,  comme  autres  exemples  des  fontes  d* Adriano, 
une  belle  statuette  de  femme  faisant  partie  de  la  collection 
de  M.  Foule  et  qu'il  dépose  sur  le  bureau,  le  buste  en  brome 
de  Frédéric  le  Sage,  conservé  au  Musée  des  Antiques  à 
Dresde,  et  plusieurs  autres  pièces. 


^2ê»  — 

M.  Mow«i,  oMmbre  réeidaat,  rappelant  las  agiaiementg  qui 
ont  vala  une  calébrité  fâcheuse  à  l'exposition  des  ûmillas 
d'Uiique',  au  Louvre  (cour  Oaulaincourt),  en  168i|  signale 
le  &it  que  des  inscriptions  romaines  d'une  autre  collection 
de  IL  d'HMsson,  demiôrement  exposée  à  Nice,  ont  été  faus- 
sement présentées  comme  provenant  de  Tunisie,  dans  une 
vente  publique  qui  a  eu  lieu  à  Londres  le  31  mai  et  le  i*' juin 
.derniers,  par  les  soins  de  MM.  Robinson  et  Fischer.  On  lit 
dans  le  catalogue  de  cette  vente  >  : 

N*  40.  *-  Puwic  êkuU  of  Muerivê  Triptus.  Very  rare,  GoÊMri. 

N«  41.  —  A  fine  êpitaph  o/M.  Verrnu  and  kU  br^Ukêr^  and 
theit  two  $kiUl$:  a  haiehet  «md  a»  tro»  ring, 

N*  66.  —  4^  BfMnan.  epitopk^  Antonwt  Ingemku^  m  a  perfect 
State.  Utica, 

D'après  une  revue  anglaise,  The  Academy^  du  13  novembre 
1886,  p.  331,  la  bibliothèque  du  Trinity  Collège,  à  Clam- 
bridge,  aurait  reçu  une  tablette  épigraphique,  cataloguée  oDee 
deux  crânes^  sur  laquelle  on  lit  l'inscription  : 

MVERMO 
MF-  FAL  •  FLAGCO 
CEL8VS  •  FRATER 

Il  est  impossible  de  ne  pas  reconnaître  dans  cette  épitaphe 
dédiée  à  M.  Venins  par  son  frère,  et  e$eortée  des  deux  crânee^ 
le  n*  41  du  catalogue  anglais.  Or,  cette  épitaphe  est  iden- 
tique avec  une  inscription  de  Pouzzoles,  publiée  dans  le  Corp, 
ùuer,  îatin.^  t.  X,  n*  3086  a. 

Bien  plus,  l'article  n*  3086  6,  qui  vient  immédiatement  à 
la  suite  du  précédent  dans  ce  recueil,  est  une  inscription 
provenant  du  même  tombeau  de  famille,  à  Pouzzoles,  et 
ayant  pour  titulaire  un  M.  Yerrius  Threptus,  visiblement  le 

1.  Voir  les  résnlUti  de  reoqnéte  publiée  dans  1&  Htvue  arehéologiquey  n'*  s**, 
i.  XUI,  1881,  par  M.  Ph.  Berger  {Inser.  puniques,  p.  SS7),  M.  Edm.  Ublaot 
{Ifuer,  latùtei  ehrétiennet^  p.  S38)  et  M.  R.  Moipat  (/ii««r.  latmeê  paXerwês^ 
p.  Ml). 

S.  Un  extrait  de  ce  catalogue,  en  ce  qni  eoDceme  lea  objets  pourras  d'ins- 
eriptiom  latines,  à  ét6  reproduit  dans  le  Bulletin  épigraphique^  i.  VT,  1886, 
p.  255. 


—  264  — 

môme  personnage  que  le  MueriuB  (ne)  Tripins,  dont  lecrte 
punique  trh  rare  aurait  été  tronvé  &  Gamart  (Tunisie). 

Quant  à  Tépitapbe  d'Antonius  Ingenius  (n*  66),  soi-disant 
trouvée  à  Utique,  son  possesseur  actuel  pourra  l'identifier 
très  probablement  avec  Tune  des  deux  inscriptions  décou- 
vertes à  Rome  et  publiées  dans  le  Corp.  huer,  lat,^  t.  VI, 
n«*  11995  et  119%. 

M.  Babeion,  membre  résidant,  sans  vouloir  rébabiliter  la 
collection  d'Hérisson,  signale  une  tête  et  un  pied  que 
M.  Feuardent  a  achetés  à  cette  vente  et  qui  se  raccordent 
absolument  avec  une  statue  mutilée  que  MM.  Babeion  et 
Reinach  ont  trouvée  dans  leurs  fouilles  à  Gartbage  et  ont 
rapportée  au  Louvre.  C'est  un  morceau  fort  intéressant  qui 
représente  un  des  Dioscures. 


Séance  du  24  Novembre. 

Présidence  de  M.  E.  Saqlio,  président. 
Ouvrages  offerts  : 
BulUtw  critiqué^  publié  sous  la  direction  de  MM.  Dachesne, 
Ingold,  Lescœur,  Thédenat,  Vn«  année,  l**  novembre  1886. 
Paris,  in-8«. 
--  de  r Académie  impériale  des  eciences  de  Saint'PétersbaurÇy 
t.  XXXI.  Saint-Pétersbourg,  1886,  in-4«. 

—  delà  Société  de  êtatietiquey  des  sciences^  lettres  et  arts  dm 
département  des  Dtfttx-Sèvref,  juillet-septembre  1886.  Niort, 
in-8^. 

^dela  Société  industrielle  de  Mulhouse^  octobre  1886.  Mul- 
house, in-8». 

—  monumentaly  publié  sous  la  direction  du  comte  de  Marsy, 
VI»  série,  t.  n.  Ln«  de  la  collection.  Paris,  1886,  in-8». 

Commission  royale  pour  la  publication  des  anciennes  lois  et 
ordonnances  de  la  Belgique.  Procès-verbaux  des  séances, 
t.  VII,  n*  1.  Bruxelles,  1886,  in-8'. 

De  Vrije  Pries,  1886,  3«  livr.  Leeuwarden,  1886,  in-8*. 

Mémoires  de  V Académie  de  Saint-Pétershourg ,  t.  XXXTV, 
no  2.  Saint-Pétersbourg,  1886,  in-4o. 


—  265  — 

Revuê  africaine,  XXX«  année,  n*  178,  jnillet-août  1886. 
Alger,  in^*. 

—  tavaitimne,  XXVn«  année,  jnin-octobre  1886.  Annecy, 
in-8«. 

Société  arekMogiquê  de  Bardeaux^  t.  IX,  fase.  3.  fiordeanx, 
1882,  in-8-. 

Bouchot  (Henri).  U  pertraii  de  Louis  il  d^ Anjou,  roi  de 
Sicile,  à  la  Bihliotkèque  nationale.  Paris,  1886,  in-4«. 

Gabon  (Emile).  Lee  moaUque»  et  les  peintures  de  la  mosquée 
de  Kahrie-Djawn  à  Conslantinople,  Gaen,  1886,  in-S». 

BIarsy  (G**  bb).  Documents  historiques  et  autographes  coneer" 
nani  la  Ficardie,  I.  Paris,  1886,  in-8*. 

SAiifT-AinfOtrR  (V^  db).  Histoire  des  relations  de  la  France 
avec  FAhpssinie  chrétienne  sous  les  règnes  de  Louis  XIII  et 
de  Louis  XIV  (1634-1706).  Paris,  1886,  in-8v 

WrrrB  (baron  J.-J.).  Notice  sur  François  Lenormant,  Bru- 
xelles, 1886,  in-32. 

Travaux. 

M.  Héron  de  Villefosse,  membre  résidant,  communique 
les  photographies  de  deux  mosaïques  antiques  récemment 
découvertes  à  Tébessa,  en  Algérie,  par  M.  le  commandant 
Allotte  de  la  Fuye.  La  première  représente  le  cortège  d'Am« 
pbitrite  composé  de  Néréides*  montées  sur  des  animaux 
marins;  le  fond  est  garni  de  di£férent8  poissons.  Sur  la 
seconde  on  Toit  un  navire  chargé  d'amphores  avec  l'inscrip- 
tion FORTVNA  RëDVX  et  divers  animaux,  dont  un  san- 
glier, un  bœufj  avec  une  bosse  sur  le  dos  comme  les  bisons, 
un  taureau,  une  autruche,  une  gazelle;  chaque  figure  est 
accompagnée  du  mot  GVRIS  suivi  d'un  chiffre.  Une  autre 
scène  représente  un  gymnaste  vainqueur,  MARGEJrV8 
(jeune  homme  nu  tenant  une  palme),  debout  devant  un  autre 
homme  v6tu  d'une  tunique  à  larges  bandes  de  couleur. 

M.  Saglio  pense  que  cette  mosaïque  pourrait  être  un  jeu 
analogue  à  celui  de  la  marelle  ou  des  duodecim  scruta. 

M.  Héron  de  Villefosse  répond  que  cette  idée  lui  parait 
d'autant  plus  plausible  que  le  bâtiment  où  cette  mosaïque  a 
été  trouvée  était  un  bain  public. 


—  s»»  — 

M.  Caroa  communique  uua  terre  coite  qu'il  t  rocaeiUiê  à 
Mola,  près  de  Taormine.  Cest  une  petite  plaque  came  eu 
terre  rouge  sur  laquelle  est  pwiite  uoe  figure  d'hoaune  à 
cheval.  Elle  ne  paraît  pas  avoir  fait  partie  d'un  vase,  mais 
avMr  servi  de  décoration. 

M.  Saglio  pense  que  cette  plaque  provient  d'un  vaae  i 
grand  rayon  auquel  elle  servait  d'oteiUe.  n  pttQse  qnm  ie 
cavalier  qui  y  est  représenté  est  un  de  ces  aerohates  que  les 
anciens  appdaieut  çmoêàxm  ou  desuitor. 

M.  d'Arbois  de  Jubainville,  membre  résideat,  présente 
une  tuile  trouvée  à  Soulosse  (Vosges)  par  M,  Cruinot,  notaire 
ii  Maxey-sur-Meuse,  et  sur  laquelle  un  potier  mmmé  IY8* 
TINXAN YS  a  ftappé  quatorze  empreintes  de  soo  estampille. 

M.  Gourajod  communique,  de  la  part  de  M.  Sspérandien, 
la  photographie  d'un  buffet  en  noyer  sculpté,  du  xvr  siècle 
avancé,  conservé  à  Villefranche,  dans  les  Pyrénées-Orien- 
tales. 

M.  le  Président  demande  à  la  Société  de  fixer  la  date  des 
élections  pour  remplacer  MM.  Demay  et  Ramé.  La  Société 
décide  qu'elles  auront  lieu  le  mercredi  12  janvier. 


Séance  du  1'  Déœmbre. 

Présidence  de  M.  B.  Saglio,  président. 

Ouvrages  offerts  : 
BiUêtin  dé  la  Société  hùtoriquê  ût  archéologique  dm  Périgord^ 

t,  Xm,  5-  livr.  Périgueux,  1886,  in-8'. 
MémoireM  de  la  Société  aeadéwiiquê  dt»  Mte»c«t,  art»^  MUs- 

Uittês,  agriculture  et  iuduêtrie  de  SaitU'^iueiUm,  4<  série, 

t.  VI.  SainUQuentin,  1882,  in-^*. 
—  dé  la  Société  d'émulation  d$  Cambrai^  t.  XLI.  Cambrai, 

in-^v 
Gb4booiu^t  <A.).  Étude  ewr  quélfuee  caméee  du  Cabinet  dee 

médaOke.  Paris,  1886,  in-8*. 


—  MT  — 


Graaob  (Xatiar).  U Cmmié im  irwwwtr  AMtorîfwt  dm» 

«^^fipwt,  àiHaiVg  ce  rfwwfi.  Paris,  Idda,  3  in>1.  iiH4«. 
DoiAT  (G.).  ImmmtmM  de»  «omwx  ^  la  e»liiofÎM  CUinm" 

bmikàlaBihiioMqmBuaiitmaU.  Puis,  1886,  iii*4*. 
ScHLiniBneBa  (G.).  (Eunru  de  A.  de  Lomgpéfier^  t.  VII,  foftlc 

fènéHde.  Puris,  1887,  in-S*. 
TmY  (Nieholai).  P»>jn<Bh  èo  Heaery  tke  ei§kt  fer  em  wieh 

eeimigekmrteimewm.fremdkkmedbookefdkepe^ihf&. 

Cambridge,  1886,  m*8*. 

Eleciùnu. 

L'ofdre  du  jour  appeUe  le  scratin  pour  le  renoa^eUement 
du  Duieaa  et  dea  Gommissiona  pendant  l'année  1887. 
Sont  élna  : 

Préeident  :  M.  A.  Héron  de  Villefosse. 

i«  vioe^préeident  :  M.  A.  Longnon. 

^  tme^éeideei  :  M.  E.  de  Rorièra. 

Seetàtaift  :  M.  E.  Corroyer. 

SeeeéudteMÈi^eimi  :  M.  Tabbé  L.  Doehesne.  # 

Trésorier  :  M.  B.  Anbert. 

BibUeikéadf^rehieiiie  :  M.  P.  Nîcard. 

M.  GoUignon  est  éln  membre  de  la  Qommiaaion  des 
împrasaiens  à  la  place  de  M.  Ulysse  Robert,  membre  sortant. 

M.  £.  BagUo  est  élu  membre  de  la  Oommisaion  des  fonds 
à  la  place  de  M.  G.  Ihiplessis,  membre  sortant. 

Travamx. 

Au  nom  de  la  Commission  nommée  à  cet  eflbt,  M.  Ulyeae 
Robert  lit  un  rapport  sur  la  candidature  de  M.  Pfluck-Hart» 
tung  au  titre  d'associé  correspondant  étranger.  On  procède 
au  vote,  et  M.  Pfluek-Harttung,  ayant  obtenu  le  nombre  de 
suffrages  exigé  par  le  règlement,  est  proclamé  associé  oor^ 
reapondant  étranger  à  BUe  (Suisse). 

M.  Pol  I^icard,  membre  résidant,  revenant  sur  la  oommu<> 
nication  faite  à  la  denuéie  séanee  par  M.  Hénon  de  Ville» 


~  268  — 

fosse  sur  une  mosaïque  tronirée  à  Tébessa^  ne  croit  pas  que 
les  Romains  y  aient  représenté  un  tapir.  Ge  genre  d'animal 
iie  devait  pas  être  connu  dans  l'antiqnité>  car  on  n'en  a 
jamais  trouvé  que  dans  l'Ue  de  Sumatra  et  en  Amérique, 
pays  inconnus  des  Romains. 

M.  Saglio,  membre  résidant,  confirme  ce  qn'il  disait  à  la 
dernière  séance  relativement  à  la  destination  de  cette  même 
mosaïque.  U  est  d'autant  plus  porté  à  croire  qu'elle  devait 
servir  à  un  jeu  qu'on  a  déjà  trouvé  d'autres  mosaïques  servant 
à  des  jeux,  notamment  à  Ostie  et  à  Porto. 

M.  L.  Gourajod,  membre  résidant,  lit  une  communication 
sur  une  statue  dite  statue  de  Renaud  de  Dormans,  mort  en 
1386,  provenant  de  la  chapelle  du  collège  de  Beauvais,  à 
Paris,  retrouvée  à  la  Petite- Venise.  Il  a  été  précédemment 
prouvé  que  la  statue  regardée  à  Versailles  comme  celle  de 
Renaud  de  Oormans  est  précisément  celle  de  Philippe  de 
Morvillier,  président  du  Parlement  de  Paris,  mort  en  1438. 

c  Gomme  preuve  confirmative  de  ce  que  j'avais  précédem- 
ment avancé,  en  démontrant  que  le  prétendu  Renand  de 
Dormans  du  Musée  de  Versailles  n'est  autre  que  Philippe 
de  Morvillier,  je  crois  avoir  retrouvé  le  véritable  Renaud  de 
Dormanft^  sur  lequel  je  manquais  de  renseignements  depuis 
l'entrée  en  bloc,  au  Musée  des  Petits-Augustins,  des  monu* 
ments  recveUlis  par  Lenoir  au  collège  de  Beauvais.  Une  sta- 
tue reléguée  à  la  Petite- Venise,  magasin. du  Musée  de  Ver- 
sailles, et  rapportée  récemment  à  Paris,  présente  avec  celle 
de  Jean  de  Dormans  (n*  298  du  catalogue  de  Versailles)  la 
plus  grande  analogie  dans  la  disposition  du  costume  et 
dans  l'exécution  de  la  sculpture.  On  peut  s'en  convaincre 
en  comparant  les  deux  gravures.  Je  n'hésite  donc  pas  à  y 
reconnaître  un  membre  de  la  famille  de  Dormans,  un  des 
trois  c  hommes  i  dont  Tépitaphe  était  commune  sur  on 
tombeau  de  la  chapelle  du  collège  de  Beauvais  et  qui  étaient 
trois  frères.  Nous  connaissons  déyà  l'ainé,  le  premier  cha- 
noine de  la  famille,  mort  en  1380  :  c'est  Jean,  dont  Lienoira 
parlé  et  dont  il  a  publié  la  figure  ;  le  second  s'appelait  Ber- 
•nard;  mais  nous  n'avons  pas  à  nous  en  occuper,  car  il  était 


ehoyalier  et  devait  porter  le  costume  militaire.  Le  troisième, 
chanoine  comme  rainé,  celui  que  je  prétends  restituer  à  This- 
toiie  et  à  Ticonographie,  se  nommait  Reginaldus  (Regnauld) 
et  mourut  en  1386.  Tous  les  traits  désirables  pour  justifier 
son  identification  se  retrouvent  ici  :  identité  dans  le  costume, 
et  par  conséquent  dans  le  caractère,  exécution  absolument 
contemporaine  des  deux  sculptures,  similitude  dans  deux 
OBiivres  qu'on  doit  supposer  sorties  du  même  atelier.  N'en 
doutons  pas.  Voilà  le  vrai  Renaud  de  Dormans.  » 

M.  Bapst,  membre  résidant,  entretient,  la  Société  d'une 
découverte  de  vases  faite  en  1884  à  Siberskiûa,  dans  Tatta^ 
manerie  du  Kouban  (Caucase).  Une  médaille  de  Périsadès  II 
donne  à  croire  que  ces  objets  remontent  au  ui«  siècle  avant 
notre  ère.  La  trouvaille  comprend  deux  coupes  intactes  en 
verre  entouré  d'or,  deux  coupes  restituées  par  le  comte 
OuvarofP,  mais  dont  la  restitution  paraît  être  défectueuse, 
une  coupe  en  aiigent  doré  exécutée  au  repoussé,  enfin  une 
plaque  d'or  d'un  travail  barbare  que  M.  Bapst  ne  croit  pas 
être  de  même  provenance  que  le  reste.  M.  Bapst  compare  une 
de  ces  coupes  à  celle  que  M.  Perrot  a  récemment  décrite 
dans  son  Histoire  départ,  U  a  fait  ressortir  l'intérêt  de  ces 
découvertes  si  fréquentes  en  Russie  et  si  importantes  pour 
Thistoire  de  Fart. 

M.  Perrot,  membre  résidant,  fait  observer  à  M.  Bapst 
que  la  coupe  qu'il  a  publiée  n'est  pas  du  même  style  et  du 
même  art  que  les  monuments  dont  il  vient  d'être  question. 

M.  Héron  de  Yillefosse,  membre  résidant,  fait  la  commu- 
nication suivante  : 

c  Au  mois  d'avril  1870,  Léon  Renier,  dans  une  commu- 
nication faite  à  l'Académie  des  inscriptions  et  belles-lettres^, 
faisait  remarquer  que  tous  les  cachets  d'oculistes  romains 
avaient  été  découverts  dans  des  contrées  habitées  autrefois 
par  des  populations  d'origine  celtique.  Cette  thèse,  développée 
également  par  notre  confrère  M.  Ch.  Robert,  fut  reprise  par 

1.  C&n^^-rmduM,  1870,  p.  77-79. 


ce  MVant  &t«c  plo»  de  deuils^  dû  1875,  &  ptùpon  d'nii  < 
d'oeuliste  déconiFert  à  Reims  <  :  €  D  y  avait  partout,  diMût-fl, 
f  des  médecinfl  oeuUtteB;  les  insoriptioiis  fvnéraires  d'Italie, 
t  d'Espagne  et  d'Orient  le  prouvent  assez;  ieuinum,  étmê 
f  eêi  e&mtréêêf  <m  n'maii  paâ  fmêêffê  âe$  eoûkêtê^  soit  qtie  les 
«  oollyres  vendus  en  b&tonnets  et  destinés  à  être  dissous  ne 
c  fussent  pas  étiquetés  dans  la  pftte,  soit  que  les  eomposi-* 
c  tiens  liquidas  fussent  d'un  emploi  plus  répandu  que  dans 
c  le  Nord,  i 

c  En  publiant  un  cachet  provenant  de  la  collection  Guar- 
dabassi  et  conservé  au  Musée  de  Pérouse^,  nous  avons  sou- 
tenu la  même  doctrine,  à  laquelle  des  fkits  nouveaux  viennent 
de  donner  tort. 

«  Le  il  octobre  dernier,  M.  W.  Henzen  m'adressait  fort 
aimablement,  de  Rome,  la  copie  des  inscriptions  d'un  cadiet 
d'oculiste  déanwni  dtm$  la  eampagnê  romaku  et,  peu  de  jours 
après,  le  5  novembre,  M«  W.  Helbig,  avec  la  plus  parfiûie 
obligeance,  m'expédiait  le  dessin  ci-Joint  qui  nous  donne  la 
forme  exacte  et  les  dimensions  de  ce  petit  monument.  I^après 
le  dessin,  on  voit  que  les  tranches  sont  taillées  de  telle  fitçon 
que  les  parties  inscrites  occupent  un  espace  un  peu  moins 
large  et  un  peu  moins  épais  que  les  tranches  méoras  da 
cachet. 

c  Les  inscriptions  gravées  sur  les  grands  côtés  se  lisent 
ainsi: 

1)  L  •  LATINI  BASILE!  {rameau) 

AT  A8PRIT VDINE  DI AMY8V       (AT)  (TV)  (NE) 
Hueiii  Latùdd)  BatiUi  at  aipriiudine{9)  <itamy<M[«]. 

2)LLATINI  BASILEI 

AT  IMPETV  LIPPrrVDINIS     (AT)(MP)(TV)(NIB) 
L(udM)  LatmUa  BatUH  at  hupMim)  l^piiudmis, 

t  Un  cachet  conservé  au  Musée  de  Fribourg  (grand-duché 
de  Bade)  nous  donne  le  nom  d'un  oculiste  appelé  L.  Lalùuus 

t.  MiloMgn  d^orehéologU  §t  d*hiitoir€,  p.  10-1  S. 

1.  Héron  d«  VUlefoue  et  Thédeut,  Caekgtt  d'oculUtei  romotiu,  L  I,  p.  81, 
n.  Tin. 


—  an  -. 

OwvMf  qui  a^t,  comme  eelul  de  Rome,  nn  diamynu  ad 
otpriftutfiMt*. 


[GAiddriAxawi: 

i.^r31ISVHINIXVT; 


s 


iVî-'O^INIBASlLEl 


«  LiM  ifl^criptions  du  cachet  romain  n^apprennent  rien  de 
nottteatiy  les  maladies  et  le  collyre  mentionnés  étant  depuis 
longtemps  connus,  mais  la  constatation  de  la  provenance  est 
très  intéressante  et  nous  démontre  que  la  provenance  des 
autres  cachets  italiens  ne  doit  plus  être  suspectée. 

«  Je  puis  du  reste  ajouter  une  autre  preuve  à  l'appui  de  ce 
fait  important.  L'an  dernier,  M.  W.  Frôhner  a  acheté  à 
Rome,  chez  l'antiquaire  Martinetti,  via  Bonella,  un  autre 
cachet  qui  ftVait  été  apporté  chez  ce  négociant  par  un  pay- 
san des  environs  et  qui  provient  également  de  la  campagne 
romaine.  Nous  avons  donc  là  deux  découvertes  bien  oons- 
tatée»^  et  il  n'est  plus  possible  de  cfoire  que  les  oeulistes  de 
ritulie  se  se  servaient  pas,  comme  leurs  confrères  de  la 
Gaule,  de  la  Bretagne  et  des  contrées  germaniques,  de  cachets 
destinés  à  estampiller  leurs  collyres. 


1.  Grotof«B4^  ikoMtif  •«  VU 


—  272  — 

€  La  découverte  de  ces  nouveaux  cachetB  porte  à  neuf  le 
nombre  de  ces  petits  monuments  trouvés  en  Italie  : 

«  i)  Celui  de  Sienne*. 

c  2)  Celui  de  Rasponi,  trouvé  à  Rome'. 

€  3)  Celui  de  Bartoldi,  trouvé  à  Rome'. 

c  4)  Celui  de  Ferme  ^. 

c  5)  Celui  de  Gènes  >. 

«  6)  Celui  de  Vérone*. 

€  7)  Celui  de  Pérouse^. 

«  8  et  9}  Les  deux  nouveaux  trouvés  i  Rome  et  signalés 
ci-dessus. 

€  J'ajoute  que,  dans  une  lettre  reçue  ce  matin  même, 
M.  Helbig  m'annonce  qu'il  vient  de  voir  à  Rome,  ches  l'an- 
tiquaire Martinetti,  une  pierre  oblongue,  verd&tre,  dont  la 
matière,  la  forme  et  les  dimensions  correspondent  exacte- 
ment à  celles  des  pierres  sur  lesquelles  on  gravait  les  timbres 
d'oculistes.  Il  lui  semble  indubitable  que  cette  pierre  était 
préparée  pour  le  même  but,  mais  que  la  gravure  de  l'inscrip- 
tion n'a  pas  été  exécutée.  Cet  objet  a  été  découvert  vis-à-vis 
de  la  cananica  di  S,  Maria  Maggiore.  Une  telle  tablette  ané- 
pigraphe  rentre  très  probablement  dans  la  classe  des  coiir 
cula.  Il  faudrait  examiner  si  l'un  des  plats  ne  porte  pas  une 
dépression  centrale.  Il  existe  un  grand  nombre  de  petits 
mortiers  de  même  forme.  » 

M.  Héron  de  Yillefosse  communique  ensuite  des  détails 
sur  plusieurs  cachets  d'oculistes  trouvés  en  France  : 

1. 

c  Dans  une  sépulture 'découverte  à  Jazindes,  commune  de 

1.  OrotefeDd,  Becueilt  n.  2. 

î.  Grotofend,  BulUttino,  1868,  p.  104. 

3.  6rotof«nd,  Ibid,,  p.  iOS.  M.  R.  Landtai  en  a  donaé  nna  BMUlMn  «opie 
d'après  le  m».  3105  de  la  Vaticaae  {BuU,  de  la  eomm.  arek,  mufiM^.  dr  itoaWt 
a.  X  (1882),  p.  232. 

4.  V.  Pog^,  SigiUi  onMeAt,  Ut.  XI,  n.  173. 

5.  Carp,  tfiMr.  fo/.,  t.  V,  p.  1013,  n.  8124,  1. 

6.  /Mtf.,  n.  8124.  2. 

7.  HéroD  de  ViUetoaM  et  Thédeut,  CiuhêU  drœuUMte»,  I,  p.  81. 


—  273  — 

Villeneuve  d'Allier^  (Haute-Loire),  M.  Paul  Le  Blanc,  de 
Brioude,  a  recueilli  les  objets  snivants  : 

«  I*  Un  fer  à'ascia,  de  0°*20  de  longueur,  avec  son  trou 
circulaire  pour  Vemmanchement.  Il  était  en  si  bon  état  que 
les  paysans  ont  passé  le  tranchant  sur  la  meale,  espérant 
pouvoir  l'utiliser  ;  le  trou  rond  pour  le  manche  mesure  O^^OS 
de  diamètre; 

€  2*  Le  fond  d*un  vase  à  couverte  rouge,  dit  Samien,  avec 
la  marque  intérieure ANIO;  les  lettres  AN  liées; 

«  3*  Une  coquille  d'huitre  ; 

c  4*  Plusieurs  flacons  en  verre.  L'un  d'eux,  à  panse  arron- 
die, mesure  environ  0™06  de  hauteur  ;  U  est  de  couleur  ver- 
dfttre.  Un  autre,  de  couleur  violette  (nuance  améthyste^,  est 
orné  sur  la  panse  de  filets  jaunes  ; 

i  5*  Un  clou  à  tôte  plate,  long  de  0»20; 

c  6*  Une  pièce  de  monnaie  ; 

c  7*  Le  fragment  d'un  cachet  d* oculiste  qui  portait  les 
lettres  : 

...XOVO      ...[e]xovo, 

c  Malheureusement,  M.  Paul  Le  Blanc 3,  qui  nous  a  trans- 
mis ces  détails,  n'a  pu  retrouver  ce  dernier  objet,  de  sorte 
qu'il  nous  a  été  impossible  de  le  reproduire. 

2  et  3. 

t  Deox  cachets  ont  été  trouvés,  vers  l'année  4878,  à  Char- 
bonnier (Puy-de-Dôme),  dans  un  tèneraent  rempli  de  ves- 
tiges romains,  longeant  la  voie  romaine  qui  passe  au  cou- 
chant du  village.  Ils  sont  taillés  dans  une  roche  amphibolique 
verdàtre  et  appartiennent  à  M.  Jules  Denier,  qui  a  formé  tout 
un  petit  musée  avec  le  produit  de  ses  découvertes. 

€  Le  premier  est  carré  et  inscrit  sur  les  quatre  tranches; 
les  plats  porteht  également  des  inscriptions.  La  figure 
ci-jointe  en  donne  une  reproduction  parfaitement  exacte,  de 
grandeur  naturelle  : 

1.  La  commune  de  VilIeneuve-d'ÂlIier  est  de  création  récente;  Jazindes  dépen- 
dait antrefoÎB  de  Saint-Ilpize,  qui  est  fancicnne  paroisse. 

2.  Lettre  du  6  février  1883  et  renseignements  oraux  doanés  le  33  mars  1383. 

AMT.   BULLETIN.  18 


—  2T4  — 


I 


o 
I 


(  yvi 
CIAf 
CIATCVITIl  II 


«  Les  inscriptions  gravées  sur  les  côtés  se  lisent  ainsi  : 

1.  C  •  IVL  •  G  •  ALLI8TI  •  AD 
8EDAT  •  EPIPHOREXo  (PH) 

G(aii)  Jul(ii)  Callisti  ad  sedat(us)  epiphor{arum)  ex  o(vo). 

2.  ALLI8TI 

DIASMYRNES  (NE) 

[G(aii\  Jul(ii)  C]allisti  diasmyrnes. 

3.  CrVL  •  CALLISTI 
CHELIDONIVM 

G(att)  Jul(u)  Callisti  chelidùnium, 

4.  CIVLGALLIS 
TIHARPAGIoN  (IH) 

0(a»t)  Jul(U)  CaUisii  karpagion, 

a  Sur  les  plats  le  nom  de  l'oculiste  est  répété  plusieurs 
fois  au  génitif;  le  dessin  reproduit  ces  inscriptions  telles 
qu'elles  apparaissent  sur  le  cachet,  c'est-à-dire  que  sur  l'un 
des  plats  ces  inscriptions,  à  Texception  d'une  seule,  sont 
gravées  à  Tenvers,  de  sorte  que  Tempreinte  les  donnerait  à 
Tendroit.  La  légende  GIVLCALLISTIO  signifie  probable- 
ment G{aii)  Jul(ii)  Callisti  oiffldna). 

d  Le  second  des  plats  est  fortement  endommagé  par  un  éclat 
qui  a  enlevé  à  peu  près  le  tiers  de  la  surface;  il  porte  des 
traces  de  réglure  ;  le  nom  de  l'oculiste  y  est  également  gravé 
deux  fois  à  Tenvers.  Sur  le  même  plat,  mais  dans  un  autre 
sens,  se  voit  un  grafitte. 


-  2»- 


c  Les  collyres  mentloûnés  sont  çpnnus.  Le  âMmymei  et  le 
cAéZidonttrm  se  rencontrent  très  fréquemment  sur  les  cachets  ; 
Vharfogion  est  mentionné  par  Pline  ^  Sur  la  première  tranche, 
le  nom  du  collyre  n'est  pas  indiqué,  mais  les  mots  ad  seéUt" 
hu  indiquent  que  c'est  un  collyre  calmant  ;  les  cachets  con- 
nus mentionnent  des  collyres  différents,  employés  ad  epi- 
photos  :  diasmymes^^bis punctum^,  dioffesamias*^  punctum^ 
theochistum^y  etc. 

«  Le  second  cachet  trouvé  à  Charbonnier  est  également 
carré.  Il  porte  des  inscriptions  très  courtes  : 


f  rABIWKOL  =j 


u 


^ii3JMm^ 


1.  ffiât.  nat.,  XXXV,  50,  4.  Cf.  Héron  de  ViUefosae  et  Tfaédenat,  Cacheté 
d'oculistes  romainSi  t.  I,  p.  100. 

2.  Qrolefend,  Recueil,  n.  41. 

3.  n>id.,  B.  60. 

4.  A.  Poeoh,  les  Chirvrçiên»  doMbrefois  à  Nimes,  p.  70;  otolMt  tn>«T«  à 
Véienobre  et  foi,  da  tempe  de  Ség^oier,  se  trouTait  ohet  le  merqaie  de  GijYière. 

5.  D'  Bertherand,  i2eo.  africaine,  t.  XIX,  p.  433;  eachet  de  Lajnbèse. 

6.  Qrotefèird,  Beeueil,  n.  M. 


—  276  — 

1.  8ABINI00L 
Sabini  col{lyriiim), 

2.  SABINI   COL 
Sabini  coUlyrùm). 

3.  [Traces  légères  d'une  inscr^tion;  on  distingite  un  8  et 
unN.] 

c  C'est  aussi  à  robllgeance  de  M.  Paul  Le  Blanc  que  je 
dois  la  connaissance  des  cachets  de  Charbonnier.  U  a  bien 
voulu  demander  à  M.  Denier  communication  de  ces  petits 
monuments  et  me  les  a  confiés  en  m'autorisant  à  les  (aire 
dessiner. 

c  II  n'a  jamais  été  exécuté  de  fouilles  régulières  à  Char- 
bonnier; ce  sont  les  paysans  qui,  en  cultivant  les  vignes,  y 
recueillent  des  antiquités.  On  y  trouve  surtout  des  vases 
rouges,  des  verres,  des  menus  objets  en  bronze  et  des 
médailles.  Il  y  a  tout  lieu  de  croire  qu'une  ancienne  nécro- 
pole existe  en  cet  endroit.  On  y  a  trouvé  beaucoup  de  mon- 
naies au  type  de  la  colonie  de  Nîmes  et  des  pièces  d'Alexandre 
Sévère.  » 

Séance  du  8  Décembre. 
Présidence  de  M.  E.  Saglio,  président. 
Ouvrages  offerts  : 
BuUetin  de  la  Diana,  t.  III,  n»  8.  Montbrison,  1886,  in-8*. 
Mémoires  et  documents  publiés  par  la  Société  d^histoire  et 

d^archéologie  de  Genève^  2«  série,  t.  II.  Genève,  1886,  in-8«. 
Proceedings  of  the  Davenport  Academy  of  natural  sciences^ 

t.  IV,  1882-1884.  Davenport,  1886,  in-8*. 
Report  presented  to  the  Cambridge  antiquarian  Society^  mai 

1884.  Cambridge,  1886,  in-8\ 
BosREDON  et  Rupin  (Th.  de).  Sigillographie  du  bas  Limousin. 

Brive,  1886,  iu-4*. 
EspÉRANDiEU.  Sur  la  conservcUion  des  monuments  en  Algérie  et 

dans  les  colonies  françaises,  Caen,  1886,  in-8*. 
LiNAS  (Charles  de).   Le  trésor  et  la  bibliothèque  de  Péglise 

métropolitaine  de  Rouen  au  XII*  siècle.  Paris,  1886,  in-8*. 


—  277  — 

Correspondance.  ^ 

M.  de  rauck-Harttung,  de  Bàle,  adresse  par  lettre  ses 
remerciments  à  la  Compagnie,  qui  l'a  admis  au  nombre  des 
associés  correspondants  étrangers. 

Travmue. 

M.  de  Baye,  associé  correspondant,  communique  à  la  Société 
le  moulage  d'un  bracelet  trouvé  aux  environs  de  Turin  et 
dont  l'original  appartient  à  M.  Galandra.  Ce  bracelet  est  fort 
curieux  par  les  ressemblances  de  forme  et  de  style  qu'il 
présente  avec  des  objets  analogues  découverts  en  France, 
notamment  à  Aunizeux  (Marne)  et  dans  le  tumulus  de  Bois- 
Bouchot,  aux  environs  de  Langres,  dont  M.  Fiouest  a  donné 
la  description. 

M.  Gourajod,  membre  résidant,  fait  la  communication 
suivante  : 

c  En  1877,  M.  Louis  Gonse  avait  communiqué  aux  Nou^ 
veUes  Archives  de  Fart  français  (i«  série,  tome  V,  p.  402)  une 
note  qui  lui  avait  été  transmise  sur  un  dessin  signé  de  Bar- 
thélémy Prieur,  conservé  à  Vienne  dans  la  bibliothèque 
Âlbertine.  L'existence  de  ce  dessin  me  fut  signalée;  il  restait 
à  chercher  par  qui  le  dessin  avait  été  commandé  à  l'artiste 
et  à  quel  monument  il  avait  été  destiné.  Ces  deux  points  de 
fait  viennent  d'être  établis  par  notre  confrère,  M.  le  mar- 
quis de  Fayolle,  attaché  honoraire  des  musées  nationaux, 
dans  un  mémoire  lu  le  8  décembre  1886.  M.  le  marquis  de 
Fayolle,  après  avoir  décrit  le  dessin  de  Vienne,  démontre 
que  ce  dessin,  qui  représente  une  cheminée,  a  été  exécuté 
par  Prieur  pour  le  château  de  Sy,  situé  dans  les  Ardennes, 
et  commandé  par  le  marquis  Robert  de  la  Vieuville  en 
1599.  » 

m;  Mowat,  membre  résidant,  met  sous  les  yeux  de  la 
Société  une  balance  en  bronze  de  l'espèce  dite  romaine  ;  elle 
appartient  à  MM.  Rollin  et  Feuardent,  à  qui  elle  a  été 
envoyée  de  Beyrouth  (fig.  1). 


2  3 


Lu 


ry-i 


>. 


LJ  ES 


y"*^ 


—  279  — 

Le  gnoid  bras  tin  fléau,  le  loag  duquel  detait  gliseer  on 
poids  cnneur,  eonsiste  en  une  règle  piismatique,  à  quatre 
hOÊB  égaief ,  tenninée  par  un  bouton.  L'une  de  ces  facee  eat 
lisse;  chacune  dos  trois  autres  porte  une  graduation,  ayeo 
cette  particularité  que  les  trois  échelles  diffèrent  entre  elles 
par  la  longueur  de  leurs  divisions  respectives  (fig.  2,  3,  4). 

Le  bras  court  destioé  à  supporter  robjetr  à  peser  consiste 
également  en  une  règle  prismatique»  à  quaire  faces»,  teroûnéc^ 
par  un  bouton  ;  trois  faces  sont  pourvues  d'un  talon  de  ren- 
forcement en  saillie  dans  l'épaisseur  duquel  est  pratiqué  le 
logement  d'une  goupille  supportant  un  anneau  mobile  passé 
dans  un  crochet.  Le  premier  crochet,  placé  vers  la  naissance 
du  bras  à  curseur  et  dirigé  de  bas  en  haut,  était  destiné  à  la 
suspension  de  l'instrument;  le  troisième  crochet  (absent), 
placé  près  du  bouton  et  dirigé  de  haut  en  bas  dans  le  même 
plan  vertical  que  le  premier  crochet,  était  destiné  à  tenir 
Tobjet  à  peser.  Quant  au  crochet  intermédiaire,  son  rôle 
parait  moine  facile  à  expliquer,  par  la  raison  qu'il  ne  peut 
fonctionner  que  dans  un  plan  perpendiculaire  à  celui  des 
deux  autres.  Cette  curieuse  disposition  semble,  dû  reste, 
subordonnée  à  Forientation  des  faces  fin  bras  long,  aménagées 
en  pans  coupés  par  rapport  aux  faces  du  bras  court,  comme 
le  montre  la  figure  suivante  (section  transversale  :  carré  à 
hachures  inscrit  dans  un  carré  blanc). 

La  quatrième  face  du  bras  court  (celle  qui  n'a  point  de 
talon  à  crochet)  est  tout  entière  occupée  par  une  inscription 
en  caractères  grecs  précédée  d*une  croix,  au  pointillé  (fig.  5). 

La  répétition  de  la  diphtongue  ou  en  deux  endroits,  d'abord 
au  milieu  de  l'inscription  et  en  lettres  séparées,  puis  à  la  fin, 
en  monogramme,  indique  que  l'on  a  affaire  à  deux  noms 
propres  masculins  au  génitif.  On  peut  dès  lors  les  isoler  l'un 
de  l'autre  ;  d'une  part,  Né<rTaêou,  dont  on  connaît  un  exemple 
par  Sozomène,  Hist.  ecclés.,  V,  9;  d'autre  part,  'AupiXTJou 
(lecture  de  M.  de  Villefosse),  où  le  premier  upsilon  paraît 
avoir  été  inséré  sous  la  forme  d'un  petit  Y  romain  après 
avoir  été  omis  par  le  graveur,  et  où  le  rho  a  perdu  quelques- 
uns  des  points  qui  servent  à  former  la  boucle,  d'ailleurs  très 
petite.  On  peut  croire  que  'AupiXrîou  est  pour  'AvpT)X(ou,  par 


suite  d'une  interverexon  inTolontaire  entre  t  et  v).  On  anrait 
ainsi  le  gentilice  et  le  cognomen  du  propriétaire  de  la  balance, 
'Âv(>i)X(oc  NéoTofoc,  dans  lequel  il  faut  reconnaître  un  chré- 
tien, à  cause  de  la  croix  qui  précède  l'inscription. 

Cette  balance  est  à  mettre  en  regard  de  celle  du  môme 
modèle  qui  a  été  décrite  par  M.  l'abbé  Thédenat^  avec  un 
dessin  que  nous  reproduisons  ici,  et  qui  porte  une  inscription 
burinée  sur  deux  faces  opposées  du  bras  court  du  fléau  : 

rePONTIOY  (entre  deux  paîmettes).. 

MAPCOY  (entre  deux  croisettet). 

rtpovT^oc  est  un  gentilice,  ainsi  que  cela  est  prouvé  par  les 
dénominations  d'une  Gerontia  Leontia  mentionnée  dans  une 
inscription  romaine  (Corp,  inscr,  lat.^  t.  X,  2383). 

MofM^ac  (gén.  Mapéou)  est  donc  ici  un  cognomen,  connu 
d'ailleurs  comme  ayant  été  porté  par  un  évéque. 

La  balance  de  Gerontius  Mareas,  également  envoyée 
d'Asie  Mineure  à  MM.  Rollin  et  Feuardent,  fait  un  excellent 
pendant  à  celle  d'Aurelius  Nestabus,  et,  à  cause  de  la  simili- 
tude de  forme,  on  peut  croire  qu'elle  provient,  comme  elle, 
de  la  communauté  chrétienne  de  Beyrouth,  du  iv«  au 
V*  siècle. 

M.  Roman,  associé  correspondant,  communique  une  ma- 
trice de  sceau  de  Raymond  de  Montauban,  sieur  de  Mont- 
maur  (Hautes-Alpes).  Cette  matrice  porte  la  légende  : 

8  RAIMVNDI  DE  MONTEALBANO 

Elle  a  été  trouvée  en  Tunisie,  pendue,  en  guise  d*amulette, 
au  harnachement  du  cheval  d'un  chef  arabe.  Non  seulement 
Raymond  de  Montauban  est  connu,  mais  un  sceau  en  cire, 
pareil  à  la  matrice  récemment  trouvée,  existe,  à  plusieurs 
exemplaires,  dans  les  archives  des  Hautes-Alpes;  il  est  pendu 
à  des  actes  de  1240-1260.  M.  Roman  Ta  publié  dans  sa  sigil? 
lographie  de  Gap.  Il  est  probable  que  Raymond  de  Montau- 
ban a  dû  périr  avec  saint  Louis  en  Tunisie. 

1.  Bulletin  de  la  Société  des  Antiquaires  de  France,  1884,  p.  163. 


—  282  — 

Séance  du  1 5  Décembre. 
PréBidence  de  M.  E.  Saqlio,  président. 

Ouvrages  offerts  : 
Atli  délia  rêoU  Accademia  dei  Lincei,  ann.  GGLXXXIII, 

1885-1886,  4«  série,  t.  U,  fasc.  9.  Rome,  1886,  iii-4o. 
Proceedingê  of  thê  Canaâian  ImHtuU^  juin  1886.  Toronto, 

in-8*. 
Thunngischen  G$iehicht$quetlen^  nouvelle  série,  t.  I  et  II. 

léna,  1883  et  1885,  in-8'. 
Zeitichrijt  de$  VernnsJUr  Thuringische  Geichichie  und  AUer- 

thumskunde^  nouvelle  série,  t.  Y,  livr.  1*2.  léna,  1886, 

in-8o. 

Babeau  (Albert).   Une  traduiction  anglaUe  (fim  ouvrage  dé 

Grotlt^,  Troyes,  1886,  in-8«. 
HoHOLLE  (Th.).  Le$  arcMvet  de  rintmdance  sacrée  à  Z>A», 

315-316  av.  J.-C.  Paris,  1887,  in-8*. 
Quabié-Rbybourbon.  Blankenberghe  et  eee  emoirone  ;  âonooisrt 

de  voyage.  Lille,  1886,  in-8». 
STEOf  (Henri).  Edmond  Michd,  1831-1886,  notice  nécrologique, 

Orléans,  1886,  in-8*. 

Correspondance. 

M.  le  colonel  de  la  Noê  écrit  pour  retirer  sa  candidature  à 
la  place  de  membre  résidant. 

Travaux. 

An  nom  de  la  commission  nommée  à  cet  effet,  M.  A.  de 
Barthélémy  lit  un  rapport  favorable  sur  la  candidature  du 
duc  de  Rivoli  ;  on  procède  au  vote,  et  le  duc  de  Rivoli,  ayant 
obtenu  le  nombre  de  voix  exigé  par  le  règlement,  est  pro- 
clamé associé  correspondant  national  à  Nice  (Alpes-Mari- 
times). 

Au  nom  de  la  commission  nommée  à  cet  effet,  M.  A.  Héron 
de  VillefoBse  lit  un  rapport  favorable  sur  la  candidature  de 


M.  'ndoUfir.Oii  pfocôée  au  vote,  et  M.  Thiotter»  ayftiM;  obtenu 
le  nombre  de  tû&z  exigé  par  le  règlement,  mi  proclamé  aaaOi' 
Clé  corraepondant  national  à  Saint^Geimain^Laval  <Lioire). 

M«  Tabbé  Ducbeane  fait  la  communication  suivante  : 
c  M.  l'abbé  €onstanoe,  curé-doyen  de  Vermand  (Ai8ne)| 
m'a  envoyé  ces  jours  derniers  le  calque  d'un  plat  en  verre 
avec  dessina  gravés.  Cet  objet  a  été  trouvé  dans  une  tombe, 
an  cours  de  la  campagne  de  fouilles  entreprise  à  Vermand 
par  la  Société  académique  de  Saint-Quentin.  Le  sujet  du 


dessin  est  la  résurrection  de  Lazare.  Lazare  est  représenté 
les  jambes  déliées  et  les  bras  en  mouvement|  déjà  revenu  à 
la  vie  et  sortant  de  son  tombeau,  fin  face  iOt  eéparé  de  loi 
par  iioe  plante  4^  4  presque  la  hauteur  d'un  Juinme,  le 


—  2M  — 

• 

Christ,  debout,  nimbé,  TÔta  d'une  tunique  ooarte,  omée  de 
calUcuIai,  d'un  large  ceinturon  et  d'une  chlamyde.  De  k 
main  gauche,  il  tient  un  vohanemi  la  droite  est  le^ée,  dang 
le  geste  d'une  personne  qui  parle.  En  haut,  le  monogramme 
constantinien,  au-dessous  duquel,  un  peu  à  droite,  apparaît 
une  étoile.  Sur  le  bord  du  vase,  la  légende  VIooS  -  IN, 
DEO  •  P  •  Z. 

fl  Parmi  les  objets  du  même  ^nre  qui  peuvent  fournir  des 
termes  de  comparaison  avec  celui-ci,  les  deux  plus  ressem- 
*blants,  comme  aussi  les  plus  rapprochés  au  point  de  vue 
topographique,  sont  :  !<>  un  plat  en  verre  trouvé  à  Trêves  en 
1873  et  publié  par  M.  ÂU8*m  Weerth  dans  le  Jahrhuch^r  der 
AUerthinufreundê  in  Rhewhmd,  i.  LXIX,  pi.  VI;  2^  un 
autre  plat  en  verre  trouvé  à  Abbeville  et  publié  dans  la 
Gastêtte  archéologique  de  1884,  pi.  XXXII. 

«  Celui-ci  porte  au  centre  iin  monogramme  de  forme  louti 
fait  semblable  à  celui  du  plat  de  Yermand  et  entouré  d'étoiles. 
Mais  c'est  le  verre  de  Trêves  qui  nous  offre  les  rapproche- 
ments les  plus  intéressants  et  les  plus  utiles  pour  expliquer 
les  particularités  du  nôtre,  c'est-à-dire  le  costume  extraordi- 
naire du  Christ  et  le  sigle  P  *  Z  *  de  l'inscription; 
•  c  On  représente  ordinairement  le  Christ  (sauf  quelques 
images  du  Bon  Pasteur)  avec  des  vêtements  amples  et  longs, 
la  tutiique  tombant  jusqu'à  terre,  le  pallium  jeté  sur  les 
épaules.  Ici  la  tunique  est  courte,  serrée  à  la  taille  par  un 
ceinturon,  le  manteau  large  sans  doute,  mais  agrafé  sur 
l'épaule  droite.  N'était  la  scène,  on  croirait  voir  un  officier 
de  Tannée  impériale  ou  un  dignitaire  de  quelqu'une  des  «lit- 
iiae  civiles.  Cette  anomalie,  car  je  ne  connais  aucun  monu- 
ment où  le  Christ  soit  ainsi  costumé,  s'explique  par  la  com- 
paraison du  verre  de  Trêves.  Dans  celui-ci,  le  sujet  gravé  est 
le  sacrifice  d'Abraham.  Isaac  est  représenté  sous  les  traits 
d'un  adolescent  nu,  sauf  un  léger  manteau  agrafé  sur  l'épaule 
droite  et  rejeté  derrière  le  dos  ;  Abraham  porte  exactement 
le  même  costume  que  le  Christ  sur  notre  verre. 

c  Sur  les  bords  du  verre  de  Trêves,  on  lit  l'acclamation 
YIVAS  IN  DEO  Z.  Ce  Z  retourné  a  été  considéré  par  M.  de 
Rossi  {BuU.,  1873,  p.  141)  comme  l'abréviation  de  ZESBS 


—  285  — 

(Ciiffauc),  mxA  qui  fait  partie  de  la  formule  -kU  Cn<r«K  ou  pu 
Miêêi^  si  souvent  répétée  sur  les  vases  à  boire  de  tonte  forme 
et  de  toute  matière.  Cette  conjecture  aide  à  comprendre  le 
P  *  Z  '  du  vase  de  Vermaiid.  Il  eet  clair  que  nous  avons  ici 
la  même  formule,  toujours  abrégée,  mais  au  complet  P(fe) 
Z(cf€f].  U  n'est  pas  jusqu'à  la  forme  spéciale  du  Z  qui  ne  se 
retrouve  en  passant  d'un  monument  à  i'atUtre. 

«  Les  interponctions  que  présente  la  devise  sont  au  nombre 
de  quatre  ;  trois  ont  la  forme  d'un  triangle,  la  quatrième  celle 
d'un  fo.  C'est  la  dernière  ;  elle  vient  après  le  Z  et  se  trouve 
en  haut  du  chrisme,  à  droite.  A  gauche,  dans  une  position 
tout  à  fait  symétrique,  l'interponction  qui  suit  le  P  rappelle, 
par  sa  forme  triangulaire,  l'A  grec.  Le  graveur  a  peut-être  eu 
l'intention  de  combiner  la  forme  et  la  place  de  ces  deux 
interponctions,  do  manière  à  figurer  I'â  et  V(ù  qui  accom- 
pagnent si  souvent  le  monogramme  du  Christ. 

«  Ces  vases  en  verre,  gravés,  ornés  de  sujets  chrétiens, 
autant  qu'on  a  pu  en  estimer  la  date,  paraissent  remonter  au 
déclin  du  iv*  siècle  ou  au  commencement  du  siècle  suivant. 
C'est  bien  ce  qu'indiquent,  de  leur  côté,  les  données  chrono- 
logiques fournies  par  notre  monument,  le  monogramme 
constantinien  et  le  nimbe  du  Christ,  a 

M.  l'abbé  Duchesne  présente  ensuite  quelques  observations 
sur  la  rédaction  de  l'inscription  mérovingienne  gravée  sur 
Tautel  de  Saint-Pierre  du  Ham,  près  de  Valognes.  Cette  ins« 
cription,  publiée  d'abord  par  Mabilloa,  a  été  reproduite  avec 
le  plus  grand  soin  par  M.  Le  Blant,  Inscription»  chrétiennes 
de  la  GcrnUy  pi.  LXI  (cf.  p.  181  et  suiv.).  Personne,  semble-t-il, 
ne  s'est  aperçu  qu'elle  est  en  vers.  Il  est  vrai  que  la  prosodie 
n'est  pas  observée  partout  avec  une  extrême  rigueur;  de 
plus,  en  deux  endroits,  au  commencement,  le  texte  versifié 
a  été  retouché  au  moment  de  la  gravure,  de  sorte  que  l'on 
est  obligé  d^  recourir  à  la  conjecture  pour  reconstituer  la 
rédaction  du  c  poète  ».  Â  part  ces  deux  retouches,  le  mètre 
se  reconnaît  partout  et  avec  la  plus  grande  évidence.  Nous 
avons  ici  des  tétramètres  trochaïques  septénaires,  ou,  pour 
parler  une  langue  moins  technique^  des  vers  faits  sur  le 


—  2«  — 

même  modèle  que  ee«z  an  Pcmg9  Ungmm  glorimi 
e§rtamiaiê  de  Feitunat. 

Cette  ptniealarité  peut  servir  de  guide,  en  certains  eas, 
pour  la  restitution  de  l'inscription.  M.  l'abbé  Duehesne  It 
Uralt^  ainsi  qu'il  suit  : 

f  (Rnlns*)  nrblfl  rectar  domnng 

Frodomandas  pontlfez 
In  bonord  atane  Maria  * 

genetrids  Domini 
bec  taonpiam  booqaae  altare 

constraxait  idiliter, 
adquae  digne  dedicaTit 
«minse  agusto  medlo  ; 
et  hic  festuft  celebratos  ^ 

ait  per  anno  ^  singolua. 

f  Anno  seito  iam  régnante 

Theodorioo  rege 
in  Francia,  hoc  dnubiam 

chingxit  niur[is  validis] 
[episcopus  FkY>domuDdua] 

[nnnc  TÎTena  feli]  citer 
abena  euran  pastaralem 

in  amore  Domlnl  ; 
anamm  ovinm  patraTit 

eanlaa  qaasa  pnlcbeiTeoae 
nec  a  moraebua  Inporum 

et  Tora[ci  gutture] 
[tulit  eaa  lacerari] 

[sfd  caravil  provide] 
[ut  ad  Christi  dirijgantnr 

paacua  perpétua 
choro  nexas  vergenale  * 

cum  H  aria  almiasema 

1.  Il  Ta  de  loi  que  les  sappléments  entre  crocheté  sont  très  hypothétiqnee  pour 
la  forme  ;  on  a  ronlu  seidement  indiquer  le  seni  probable  aux  endroite  DâtiMe. 

S.  loi  le  marbre  porte  Conatantinvai»  ;  ePest  un  de*  den  etaaagvBeiite  tntr»- 
dnlta  qnaid  oa  a  gntvé  I0  pttlt  poème. 

a.  Jranft(«]. 

4.  Ici  le  marbre  ajoate  dtef,  seconde  retouebe. 

5.  onnvfs],  pour  annoi. 

6.  virginaii. 


—  W7  — 

cnm  ipsa  firvÉL  et  exultent 

in  etema  secola. 
Dominas  Theodorlcns  rex] 


Hem  loeam  lex  concessit 
ad  istom  cenobium 

ipsi  1  etenem  primus  cipit 
straere  hic  moniflUriam 

demum  pontifez  erectns 


largto]8emi>  ploremos 

atqoe  citeras* par 

sjeptinari  nomero  f 
f  Sic  ba[silica  fundaU 
in  nomine  Domini]. 

La  fondation  do  monaetère  du  Ham  est  datée  de  Tan  VI« 
de  Thierry,  évidemment  Tliierry  III,  dont  l'aTènement, 
comme  il  résulte  des  nouvelles  rechorches  de  MM.  Kmsch 
et  Jnl.  Havet,  doit  se  placer  entre  le  11  septembre  et  le 
14  décembre  675.  L'an  VI«  est  donc  680*681.  La  basUique  fat 
consacrée  le  15  août  {mense  auffusto  medéo)^  mais  il  n'est  pas 
sûr  que  ce  soit  le  15  août  681,  car  il  fallut  le  temps  nécea* 
saire  pour  la  construire. 

M.  de  Baye,  associé  correspondant,  présente  la  photo- 
graphie de  deux  fibules  trouvées  aux  environs  de  Ghiusi  et 
qui  ofi&ent  une  grande  analogie  de  forme  avec  nombre  d'ob- 
jets analogues  trouvés  en  Gaule. 

M.  l'abbé  Thédenat,  membre  résidant,  communique  le 
texte  d'une  inscription  romaine  récemment  découverte  à 
Fréjus  (Var)  : 

PACATV 

OVIARA 

2.  Uurgiuime  plurimo»  ? 


—  288  — 

OPTVMO 
MAXV 

Aa-dessus  de  la  première  ligne,  on  distingue  la  partie 
inférieure  de  quelques  lettres  du  mot  Àelius. 
...  [Aelius]  Pacatu[$  t]ovt  Ara,.,  optumo  mazu[mo]. 

M.  Héron  de  Villefosse,  membre  résidant,  lit  une  lettre  de 
M.  Duvernoy  sur  de  récentes  découvertes  faites  à  Mandeure  : 

fl  Une  découverte  curieuse  vient  d*ôtre  faite  dans  cette 
localité. 

c  II  y  a  quelques  années  (i 841-42),  la  Société  d'émulation 
de  Montbéliard  avait  reconnu,  dans  l'intervalle  qui  sépare  le 
théâtre  du  Doubs,  une  vaste  construction  composée  d'une 
enceinte  circulaire,  dans  l'intérieur  de  laquelle  était  inscrit 
un  édifice  considérable,  de  forme  rectangulaire  et,  selon 
toute  apparence,  destiné  à  un  service  public.  Un  portique 
monumental,  faisant  face  au  théâtre,  donnait  accès  dans 
l'enceinte,  et,  sur  le  devant  de  l'édifice  intérieur,  était  un 
large  perron  bétonné  et  dallé  auquel  se  liaient  par  derrière 
les  murs  du  bâtiment  (v.  Bog.  des  Antiquaires,  Mémoires^ 
1884).  De  chaque  côté  étaient  deux  murs  parallèles,  séparés 
l'un  de  l'autre  par  un  couloir  de  trois  mètres  de  largeur  et 
enveloppant  intérieurement  un- espace  vide  de  110  mètres  de 
largeur.  On  a  supposé  qu'il  y  avait  là  une  sorte  de  halle, 
peut-être  une  bourse  et  un  tribunal  de  commerce  où  se  dis- 
cutaient les  affaires,  tandis  que  les  objets  trouvés  dans  les 
cours  comprises  dans  l'enceinte  faisaient  présumer  qu'il  s'y 
tenait  un  marché.  Quoi  qu'il  en  soit,  la  quantité  de  monnaies 
gauloises  qui  y  ont  été  recueillies  et  les  monnaies  romaines 
appartenant  en  grand  nombre  à  l'époque  des  Antonins  et 
aux  temps  antérieurs  indiquaient  que  le  monument  devait 
remonter  aux  premiers  siècles  de  la  période  gallo-romaine. 
Cest  ce  que  confirmait  d*aiileurs  le  soin  avec  lequel  il  était 
construit. 

«  Nous  n'avions  pu  explorer  le  sol  que  très  partiellement, 
par  suite  du  mauvais  vouloir  des  propriétaires  et  de  leur  refus 
de  laisser  fouiller,  ou  encore  par  suite  de  la  difficulté  de  fidre 
disparaître  d'énormes  amas  de  pierres  provenant  de  la  chute 
des  murs. 


c  s  y  a  quelques  mois,  un  individu  de  Mandeure,  voulant 
reconstruire  sa  maison,  acheta  pour  la  somme  de  45  fr.  la 
portion  de  terrain  que  couvrait  un  de  ces  tas  de  pierres, 
désignés  dans  l'endroit  sous  le  nom  de  murgers.  Après 
l'avoir  enlevé^  il  continua  de  fouiller  le  sol^  afin  de  le  débar- 
rasser des  débris  et  des  restes  de  constructions  qui  l'eDCom- 
braient  et  gênaient  la  culture.  Son  terrain  touchait  aux  murs 
de  droite  du  bâtiment,  et  il  travaillait  alors  dans  Tangle 
formé  par  ces  murs  avec  la  terrasse  antérieure.  Un  troisième 
mur,  parallèle  au  premier,  avait  été  découvert,  et  il  semblait 
qu  il  y  eût  là  un  petit  caveau  dont  la  voûte  s'était  efTondrée. 
A  i"80  de  profondeur,  la  pioche  frappa  tout  à  coup  sur  un 
corps  sonore.  Le  fouilleur  y  porte  la  main  et  essaie  de  L'en- 
lever ;  mais  le  poids  de  l'objet  l'en  empêche.  C'était  le  soir  et 
il  était  seul.  Il  recouvre  soigneusement  le  trou  et  attend 
avec  impatience  au  lendemain  pour  savoir  de  quoi  il  est 
question.  Dès  le  matin,  il  revient  accompagné  de  son  frère, 
et,  avec  son  aide/  met  successivement  au  jour  huit  lingots 
de  métal  d'un  poids  total  de  998  kilog.;  ils  étaient  posés  sur 
le  sable,  appuyés  le  long  du  mur.  On  était  aux  derniers 
jours  d'octobre  ou  aux  premiers  jours  de  novembre.  Le 
bonhomme  se  vit  du  coup  millionnaire.  Il  fît  transporter  son 
trésor  dans  sa  maison,  où  nous  l'avons  vu. 

fl  En  voici  la  description  : 

c  Ainsi  que  je  viens  de  le  dire,  il  se  compose  de  huit  lin- 
gots de  bronze.  Cinq  ont  la  forme  d'une  demi-sphère,  c'est- 
à-dire  la  forme  du  creuset  où  ils  ont  été  fondus  ;  les  trois 
autres  ne  sont  que  des  quarts  de  sphère,  comme  qui  dirait 
d'énormes  tranches  de  melon,  d'un  quart  du  fruit.  Tous  sont 
de  dimensions  différentes,  ce  qui  montre  que  chaque  creuset 
ne  servait  qu'une  fois  et  que  chaque  lingot  a  été  fondu  dans 
un  nouveau  moule.  Les  quarts  de  sphère  n'ont  pas  été  sciés 
ou  taillés  dans  les  demi-sphères,  mais  fondus  à  part,  dans 
des  creusets  probablement  cloisonnés.  Aucun  d'eux  n'a  exac- 
tement les  mômes  dimensions  que  l'autre,  et  il  ne  subsiste 
aucune  trace  d'instrument  ayant  servi  à  les  tailler;  au  con- 
traire, les  traces  du  moule  sont  encore  visibles  sur  la  trancha- 
Le  lingot  le  plus  gros, a  0"49  de  diamètre  et  0m22  ou.  0^23 

AlfT.   BULLETIN.  19 


de  hautenr.  H  pèse  ennron  298  kitog.  Troii  autres  sont  de 
même  forme,  mais  de  dimensiotis  un  peu  moindres  ;  le  cuh 
quième,'  encore  plus  petit,  semble  particulièrement  ccaapoaé 
de  résidus  et  de  crasses.  Les  quarts  de  sphère  sont  de  même 
métal  que  les  demi-sphères,  et  le  plus  gros  pèse  480  kilog. 
La  sonorité  des  uns  comme  des  autres  estextrême,  sauf  pour 
le  cinquième,  qui  en  est  totalement  dépourvu.  Le  son  remai^ 
quablement  vibrant  et  argentin  que  Ton  obtient  sons  le  mar- 
teau a  bit  présumer,  avec  raison  ce  semble,  qu'il  devait  se 
trouver  une  certaine  quantité  d'argent  associée  k  Talli^e 
ordinaire  du  cuivre  et  de  l'étain.  L'analyse  en  a  été  faite, 
mais  le  propriétaire  a  tenu  jusqu'à  présent  à  en  garder  le 
secret.  Du  reste,  la  matière  est  extrêmement  dure,  difficile- 
ment fusible  et  cassante  comme  du  verre.  A  la  surface  des 
hémisphères,  on  voit  encore  le  relief  de  quelques  monnaies 
gauloises  que  la  fusion  n'a  pas  complètement  anéanties.  Elles 
appartiennent  à  un  type  bien  connu  et  assez  abondant  à 
Mandeure.  Sur  la  face  est  une  tète  barbare,  diadémée,  tour- 
née à  gauche;  au  revers,  un  cheval  barbare,  les  jambes 
repliées  sous  le  ventre,  là  queue  relevée,  également  tourné  i 
gauche,  dette  monnaie,  dont  le  flan  est  légèrement  convexe 
à  la  Ikce  et  habituellement  en  bronze  blanc,  semble  avoir 
servi  à  figurer  le  type  de  OOGI  SAMI  que  l'on  trouve  repro- 
duit sur  une  petite  monnaie  d'argent  portant  une  figure  cas- 
quée avec  la  légende  ci-dessus,  et,  au  revers,  un  cheval  cerclé, 
galopant  à  gauche.  N'y  avait-il  dans  les  lingots  que  des 
monnaies  retirées  de  la  circulation  et,  dans  le  nombre,  une 
certaine  quantité  de  pièces  d'argent?  Ou,  au  contraire, 
d'autres  objets  avaient-ils  été  jetés  en  même  temps  dans  le 
creuset?  (Test  ce -que  nous  ne  saurions  dire. 

4t  On  espérait  découvrir  dans  le  voisinage  quelque  atelier 
qui  mettrait  sur  la  mê  soit  d'un  établissement  moné- 
Udre,  soit  d'une  fonderie  artistique.  Rien  de  pareil  n'a 
été  trouvé,  et  nous  ignorons  si  les  lingots  étaient  destinés  à 
êlte  mis  en  œuvre  sur  place  ou  k  être  expédiés  au  loin.  11 
n'est  pas  impossible  qu'un  atelier  se  rencoïitre  dans  le  voisi- 
nage, mais  Je  ne  cfois  pas  qu'il  existe  dans  l'enceinte  où 
nous  nous  trouvtms.  Évidômment,"les  constructions  exhu- 


niées  «j^ariieiimeiit  a  nn  édifice  puUic  :  les  quantités  âé^ 
jsmbxw  de  diveraes  ecMJsiura,  plaquettes  de  revêtement^  aor^ 
niebes,  ûragments  seulptéa,  etc.,  aussi  bien  que  le  cboix  des 
fBfttAnaus*  les  eh^iteauj;  oorinthiaos  des  colonods  et  ie  soin 
avec  lequel  le  travail  est  exécuté  indiquent  «a  jnoau0iei|t 
important  et  môme  construit  avec  un  certain  luxe.  D'ail- 
leurs, les  Gaulois  avaient  assez  l'habitude  de  cacher  leurs 
trésors  dans  leurs  temples  ou  dans  leurs  édifices  puUics;  et 
ai,  en  oe  nomeni^  je  devais  hasarder  une  opiiûon,  je  dirais 
que  nous  sommes  ici  dans  la  maison  commuod  ou,,  en  d'auties 
termes,  dans  le  Gapitole  de  la  cité.  On  peut  remarquer  d'autre 
part  que  nous  sommes  au  milieu  du  quartier  moniunental 
de  Mandeore;  tout  près  de  Tare  de  triomphe  et  du  temple 
attribué  à  Jupiter,  en  face  du  théâtre,  dont  on  est  sépefé  par 
un  espace  vide,  sans  doute  une  place  pubUqjie,  sorte  de 
forum  ^nt  Tédiftoe  eu  question  devait  certainement  être  un 
des  principaux  omenents. 

«  Des  fouttlee  ontété  continuées  sur  divers  poittte  de  Ten- 
ceinte  et  paetiouilièreaient  le  long  des  murs  où  les  lix\gote 
ont  été  tHmvés;  quelques  monnaies,  prineipaiement  des 
monnaies  gauloises,  deux  Dûûl  SM  en  argent,  trois  ou 
quatre  TÛGIRIX  casqués,  petit  module,  en  hronae,  u«ie 
Julia  Soemias  en  aigent  ont  seuls  été  recueillis;  avec  cela 
des  dous,  deux  petits  saumons  de  fer,  et,  sous  une  grosse 
jnerre,  le  squelette  d'un  homme  probablement  tué  .par  sa 
chute. 

a  C'est  tent  jusqu'à  présent;  mais  l'émulation  est  vivement 
excitée,  et  chacun  s'est  mis  à  fouiller,  persuadé  qu'il  va , 
trouver  un  trésor  et  que  sa  fortune  est  au  fond  de  son  chawp. 
•fin  attenduit  les  découvertes  qui  .pourront  se  prodiiire,  U 
m'a  paru  à  propos  de  noter  la  trouvaille  actuelle,  encore 
qu'elle  ne  présente  ni  intérêt  artistique  ni  peut-être  grand 
intérêt  aichéologiqoe.  Toutefois  serap^^elle  le  point  de  départ 
de  quelques  résulteto  nouveaux  et  inattendus  ?  C'est  ce  que 
l'avenir  décidera,  et  c'est  à  ce  titre  que  nous  la  consignoins.  » 

M.  de  Lauffièie,  associé  correspondant,  comuiuniqne  un 
i^essia  d'une  paossique:  déeouTOrte   dans   Tile  M^orque, 


—  292  — 

auprès  de  Palma,  représentant  Adam  et  Eve  dans  le  paradis 
terrestre,  Joseph  vendu  aux  Ismaélites  par  ses  frères,  Noé, 
etc...  Il  fait  ensuite  passer  des  photographies  représentant 
des  monuments  nommés  tàlayoi  et  analogues  aux  momragi 
de  la  Sardaigne. 

M.  de  Lasteyrie,  membre  résidant,  donne  lecture  d'une 
lettre  de  M.  Gastan,  associé  correspondant  à  Besançon,  sur 
un  beau  vase  antique  en  verre  à  deux  couches  représentant 
une  scène  priapique  : 

c  Le  vieux  sol  de  Vesontio  vient  de  restituer  à  la  ville 
moderne  de  Besançon  la  majeure  partie  d'un  vase  en  verre  à 
deux  couches,  de  style  gréco-romain,  qui  semble  dater  du 
i**  siècle  de  notre  ère. 

c  Ce  vase,  qui  appartient  à  la  catégorie  de  ceux  que  les 
Grecs  appelaient  anackoé^  est  en  verre  d'un  violet  très  foncé, 
sur  lequel  ressort,  avec  un  faible  relief,  une  décoration  en 
émail  blanc,  celle  que  Quintilien  désigne  sous  le  nom  de 
iculptura  vUri,  La  forme  de  ce  vase  se  rapproche  de  celle 
d'un  œuf  qui  aurait  sa  pointe  engagée  dans  une  moulure 
annulaire  lui  servant  de  pied  et  dont  l'autre  bout  serait 
déprimé  pour  fournir  la  base  de  l'ajustement  d'un  coi. 

c  Depuis  le  dessous  du  pied  jusqu'à  la  naissance  de  ce  col, 
le  vase  mesure  0»14  ;  la  hauteur  totale,  quand  le  col  existait  en 
entier,  devait  être  de  0"2d  ;  les  figurines  qui  décorent  la  panse 
ont  0»08  comme  plus  grande  hauteur.  L'épaisseur  du  verre  est 
de  0°>003  à  la  panse  du  vase  ;  elle  atteint  OH)!  an  renforce- 
ment qui  précède  la  naissance  du  col.  Apprécié  par  transpa- 
rence, ce  verre  est  parfaitement  homogène,  et  les  plans  de 
l'anse,  ainsi  que  ceux  du  coi,  ont  des  arêtes  remanjuabl»- 
ment  franches. 

«  De  ce  vase  brisé  d'ancienne  date,  nous  ne  possédons  que 
d'importants  fragments,  c'est-à-dire  quelques  amorces  du 
col,  7  centimètres  de  la  tige  de  l'anse,  environ  les  deux  tiers 
de  la  panse,  plus  un  morceau  de  la  moulure  annulaire  du  pied. 

«  Le  point  de  jonction  de  l'anse  avec  le  corps  du  vase  est 
marqué  par  un  petit  tiret  auquel  se  rattachent,  en  sens 
opposé,  deux  feuilles  d'ornement  :  l'une,  qui  est  ékneée, 


—  S98  — 

s'allonge  sur  le  dos  de  Faose  ;  l'autre  retombe  comme  une 
langue  dont  le  bout  serait  retroussé.  Ce  retroussis  domine  un 
mascaron  qui  représente  un  visage  féminin  vu  de  face  et 
entovré  d'une  chevelure  dont  les  deux  parties  ondées  se 
rejoignent  sous  le  menton  en  y  formant  un  nœud;  si  des 
serpents  étaient  associés  à  cette  chevelure,  on  dirait  une  tôte 
placide  de  Méduse. 

€  Les  personnages  qui  entourent  la  panse  du  vase  accom- 
plissent une  cérémonie  en  l'honneur  de  Priape,  le  dieu  de  la 
Fécondité.  Ces  fêtes  étaient  appelées  Priapées.  Le  terrain 
sur  lequel  se  passe  la  scène  est  une  zone  rocheuse,  à  trois 
rangs  de  blocs  murailles,  faisant  le  tour  du  vase  vers  le  bas 
de  la  panse.  Sur  ce  terrain,  à  celé  du  mascaroa  que  nous 
avons  décrit,  se  dresse  un  vieux  laurier  très  écoté.  Sous  l'une 
des  branches  qui  porto  un  rameau  feuille,  un  Faune  nu,  à 
musculature  puissante,  ayant  les  oreilles  pointues  et  une 
petite  queue  frisée  au  bas  du  dos,  sa  tient  debout,  de  profil; 
il  tourne  le  dos  à  Parbre  et  plonge  le  bas  de  son  visage 
dans  une  écuelle  que  tiennent  les  doigts  écartés  de  sa  main 
gauche  ;  sa  main  droite  montre  le  ciel  à  un  enfant  nu,  placé 
devant  lui,  qui  se  hausse  sur  la  pointe  des  pieds,  en  élevant 
les  deux' mains  pour  avoir  sa  part  du  breuvage;  ce  petit 
être  a  de  longs  cheveux  qui  lui  cachent  les  oreilles  ;  le  bas 
de  son  dos  est  pourvu  de  la  queue  des  Faunes.  Derrière  cet 
enfant  et  en  face  du  Faune  qui  boit,  le  dieu  en  Thonneur 
duquel  la  coupe  est  vidée,  c'est-à«dire  Priape,  est  représenté 
à  mi-corps,  ajusté  sur  une  gaine  de  cariatide,  qui  eUe-méme 
a  un  piédestal  pour  soubassement.  Priape  a  le  front  proémi- 
nent, le  nez  arqué,  les  oreilles  et  la  barbe  pointues  ;  il  est 
vêtu  d'une  chemise  sans  manches  dont  il  retrousse  la  partie 
inférieure  aveo  les  deux  derniers  doigts  de  sa  main  gauche 
pendante.  Le  dieu  est  ithyphallique  et  tient,  de  la  main 
droite  abaissée  en  avant,  un  cornet  dont  il  dirige  Touver- 
ture  vere  Tattribut  qui  le  caractérise.  Derrière  le  dieu, 
un  petit  autel  se  profile  au  pied  d'une  colonne  qui  supporte 
la  stetuette  d'une  divinité  féminine  privée  de  ses  bras,  vêtue 
de  deux  tuniques  superposées  et  serrées  à  la  taille.  La 
colonne  sert  d'appui  à  un  long  thyrse  posé  diagonalement, 


—  2M  — 

âtftit  k  faftttipe  déeôréd  é^une  éehaq>e  et  snnnontée  d'une 
fKmttt^  âtffiUGét  dirigée  Térs  la  iraque  de  Priape.  Au  pied 
dé  ht  colonne,  une  torche  flamboyante,  obliquement  ren« 
versée  vers  te  sol,  semble  destinée  à  allumer  le  petit  autel 
voisin.  Cette  torche  était  tenue  par  une  prêtresse  dont  il  ne 
reste  tien,  si  oe  n'est  le  bas  d^une  tunique  talaire  à  plis 
serrés.  Immédiatement  à  la  suite  de  ce  vestige  de  âgnre,  se 
dresse  un  second  arbre,  également  vieux,  qu'on  reconnaît 
pour  un  pin  à  son  feuillage  disposé  en  plumets.  En  avant 
de  cet  arbre  est  une  table  montée  sur  trois  pieds  en  forme 
de  Cuisse  de  bouc.  Sur  cette  table,  un  pot  de  fleurs  est 
accosté  d'un  vase  à  deux  anses  et  d'un  bol  hémisphérique. 
Debout,  en  regard  de  la  table,  un  second  Faune,  nu  et  très 
vigoureux,  tient,  dans  sa  main  droite,  le  pied  d'une  massue 
recourbée  en  avant  dont  sa  main  gauche  entoure  la  tête 
â'tpue  bandelette  à  cordons.  On  n'ignore  pas  que  ia  massue 
était  l'un  des  attributs  de  Priape,  en  tant  que  protecteur 
des  jardins,  parce  qu'elle  servait  à  assommer  l^s  voleurs  qui 
s'introduisaient  dans  la  propriété  d'autmi« 

«  Par  le  fttit  d'une  cassure  verticale,  qui  a  fendu  le  vase 
de  haut  en  bas,  nous  n'avons  plus  que  la  moitié  antérieure 
du  oorps  de  ce  second  Faune.  Entre  le  dos  disparu  de  cette 
figure  et  le  deuxième  côté  (joue  droite)  du  mascaron  féminin 
placé  au  bas  de  l'anse  du  vase,  l'espace  actuellement  vide 
est  de  neuf  centimètres.  Il  nous  manque  donc  au  moins 
l'une  des  figures  de  la  Priapée  qui  ornait  le  vase  récemment 
découvert. 

<  Ces  figures  sont  du  meilleur  style,  et  la  délicatesse 
savante  de  leur  modelé  fait  songer  aux  plus  beaux  camées 
du  temps  d'Auguste. 

«  IjSs  vases  de  verre  ainsi  décorés  étaient,  à  l'époque 
romaine,  des  objets  du  plus  grand  luxe.  Dans  le  petit  nombre 
de  ceux  qui  subsistent,  deux  sont  universellement  connus  : 
celui  qui,  trouvé  dans  un  tombeau  de  la  campagne  romaine, 
est  conservé  au  Musée  Britannique,  sous  le  nom  de  txue  dt 
Pérdand;  celui  du  Musée  de  Naples  qu'on  a  découvert  à 
Pémpdî,  rempli  des  cendres  et  des  osmments  d'un  mort.  Qi 
lé  vase  do  Besançon  était  intact,  il  pourrait  soutenir  h 


—  S»5  — 

oompartiflon  (^vec  les  4««x  urœ»  c41tfmB  ^uç  jq  ?î^IW  4^ 
mentionner. 

«  Im  îr^gmwU  de  (»  ti^  oni  été  tmvvte  m  w)i»  49 
septeml^re  1886,  dans  un  creusage  feit  pQur  a8m>i^  k»  fon- 
dations de  rimmeuble  qui  se  construit  aux  bw  de  M,  ia 
député  Daniel  Wilsou,  vers  l'extrémité  orientale  de  la  pres- 
qu'île de  Besançon.  Ce  terrain,  dans  lequel  une  rue  Tient 
d'être  percée,  était  le  jardin  d'un  ancien  couveAt  i'Afîo^n^ 
dades.  On  n'y  a  trouvé  aucune  substructioiL  romaine  :  de 
sorte  qu'il  est  présumable  que  le  vase,  déjà  fracturé,  y  était 
venu  avec  des  terres  rapportées  d'un  autre  quartier  de  la 
ville,  peut-être  de  l'ancien  Ghamp-de-Mars^  aujourd'hui 
Ghamars,  où  on  a  constaté  l'existence  d'un  riche  cimetière 
du  premier  siècle  de  notre  ère. 

c  En  rajustant  ces  fragments  avec  son  habileté  ordinaire^ 
M.  Alfred  Yaissier,  conservateur -adjoint  du  Musée  des 
antiquités  de  Besançon^  a  d'ailleurs  observé  que  lea  princi- 
pales cassures  du  vase  avaient  leurs  bords  irisés,  et  qu'elles 
indiquaient  ainsi  que  l'objet  avait  fait,  depuis  sa  fracture,  un 
séjour  prolongé  dans  le  sol.  Un  seul  petit  éclat  paraîtrait 
avoir  été  enlevé  par  la  pioche  des  terrassiers  modernes.  Il 
est  donc  à  croire  que  la  recherche  des  fragments  qui  nous 
manquent  aurait  été  sans  résultat. 

«  d'est  grâce  à  l'intelligente  sollicitude  de  M.  l'architecte 
Gustave  Vieille  que  les  fragments  qui  nous  restent  ont  été 
réunis,  et  que  leur  propriétaire,  M.  le  député  Wilson,  a  pu 
les  offrir  au  Musée  des  antiquités  de  la  ville  de  Be^t^nçon.  » 


Séance  du  2Sl  Décembre. 
Présidence  de  M.  E.  Saqlio,  piréndent. 

Ouvrages  offerts  : 
Bulletin  critique^  publié  par  MM.  Duchesne,  Ingold,  I4e8eœur, 

Thédenat,  VU*  année,  i**"  décembre  1886.  Paris,  in^S*. 
—  de  la  Société  des  Antiquaires  de  VOuest^  1886,  ^«  trim. 

Poitiers,  1886,  in-8». 


—  296  — 

BvUetHno  di  archeoloçia  t  itaria  daimaia,  IX«  an.,  n«  il,  1886, 
in-8». 

Korretpondenxblait  der  Wettdeuische»  Zeiisckrift  fâr  Gf 
MchichU  und  Kumt^  V*  an.,  n*  11.  Trêves,  1886,  inrS». 

The  american  journal  of  arehoêologp^  t.  XI,  n<»  2-3.  Balti- 
more, in-8*. 

Verhandlungen  dei  kUtorûchen  Vereines  von  Oherpfab  und 
Rêgemhurg'Stadiamhof^  1886,  in-8*. 

Westdêutsche  Zeilsehrift  fur  Geschichte  und  Kuitsi^  an.  V, 
lîvr.  rV.  Trêves,  1886,  in-8\ 

AuBERTiN  (Charles).  Éphémérides  de  Beaune  et  des  environs, 
Beaune,  1886,  in-8'. 

—  Les  sépultures  historiques  de  Véglise  Pierre  de  Beakne, 
Beaune,  1885,  in-8*. 

Baye  (le  baron  J.  de).  Congrh  international  des  américanisteSj 
VI*  session  tenue  à  Turin.  Ghâlons-sur-Marne,  1886,  in-8\ 

—  17»  rapport  archéologique  entre  Paneien  et  le  nouveau  con» 
tinent,  Paris,  1886,  in-8*. 

BuRGKHARDT  et-WAKBRNAOBL.  Dos  RathhoHs  xu  Bossl.  Basle, 

1886,  in-4\ 
LiNAS  (Gh.  de).  Les  émaux  limousins  de  la  eolUetion  fiott- 

lewsky.  Paris,  1886,  in-8*. 
Mélt  (de).  Quatre  mois  en  Russie,  Paris,  1886,  in-4'. 
Rivoli  (le  duc  de).  A  propos  d'un  livre  à  figures  vénitien  de 

la  fin  du  XV^  siicle.  Paris,  1886,  in-8*. 
RoiTAN  (J.j.  Deux  chartes  dauphinoises  inédites  du  XT»  siècle. 

Grenoble,  1886,  in-8*. 

—  Deux  récits  des  guerres  de  religion  dans  les  Alpes,  Exnbrnn, 
1886,  in-8*. 

—  Les  aventures  du  capitcùne  Jean-Baptiste  Gentil  de  Florac, 
1585-1650.  Grenoble,  1885,  in-8*. 

—  Les  derniers  comtes  de  Die  et  la  famiUe  Artaud  de  Mon" 
tauhan.  1886,  in-8*. 

—  L^ exploitation  des  mines  dans  les  Alpes  au  moyen  âge. 
Valence,  1886,  in-8*. 

Taillebois  (Emile).  Les  monogrammes  du  château  de  Candale 
à  Doaxit  (Landes).  Dax,  1886,  in-8*. 


—  2yr  — 

Travaux. 

M.  de  Baye,  associé  correspondant,  demande  la  parole  et 
s'exprime  en  ces  termes  : 

c  Permettez-moi  de  vons  présenter  la  première  planche 
destinée  à  accompagner  mon  travail  sur  l'époqne  barbare  en 
Italie.  Elle  figure  la  boucle  de  ceinture  découverte  à  Tes- 
tona  et  ses  contemporaines  ornées  du  môme  sujet  symbo- 
lique découvertes  en  France.  Lors  de  ma  première  commu- 
nication, j'avais  eu  Tbonneur  de  vous  présenter  une  série  de 
neuf  plaques  semblables.  Cette  série  s'est  accrue.  J'en  ai 
placé  onze  sur  cette  planche,  et,  depuis  qu'elle  est  gravée, 
j'ai  encore  reçu  trois  estampages  de  monuments  rentrant 
dans  cette  catégorie.  Je  suis  donc  arrivé  à  rassembler  qua- 
torze représentations  portant  le  môme  sujet. 

«  Ma  boucle  de  Testona  semble  nous  fournir  le  type  le 
plus  pur.  Sur  ce  bronze,  l'animal  est  mieux  caractérisé  que 
sur  les  autres,  et  on  distingue  facilement  que  le  récipient 
dans  lequel  il  boit  est  un  calice. 

«  Puis  nous  suivons  graduellement  la  dégénérescence  du 
type,  et  il  serait  impossible  de  comprendre  les  derniers  spé- 
cimens de  cette  suite,  le  n*  9  par  exemple,  si  Iqs  premiers 
ne  nous  étaient  pas  connus. 

«  Jusqu'à  présent  on  n'avait  pas  remarqué  deux  plaques 
de  bronze  reproduisant  un  sujet  symbolique  au  môme  degré 
de  dégénérescence.  Je  pense  donc  avoir  constaté  un  fait  nou- 
veau, en  remarquant  que  le  n*  5  de  ma  planche,  provenant 
des  environs  de  Chalon-sur-Saône,  a  été  certainement  coulé 
dans  le  même  moule  que  la  plaque  d'Uzelle  (Doubs)  dont 
voici  le  dessin. 

«  Cette  observation  m'a  semblé  digne,  par  sa  nouveauté, 
d'être  soumise  à  votre  compétence.  » 

M.  de  Laigue,  consul  de  France  à  Florence,  associé  cor- 
respondant, écrit  pour  signaler  les  fouilles  archéologiques 
entreprises  à  San  Stefano  par  M.  Pellette,  sur  les  pentes  du 
Matu  Argentariu$  (la  presqu'île  actuelle  d'Ûrbetelip).  U.  Fol- 
lette a  découvert  trois  statues  colossales  .en  marbre,,  l'une 


—  aw  — 

d'homme,  les  deux  autres  de  femmes.  Elles  paraissent  de 
répoque  du  haut  empire  roniftiQ,  peut-être  du  temps  de 
Domitien  qui,  suivant  une  tradition,  avait  des  proj^étés  sur 
le  Mont  Arg$ntariMS. 

M.  Tabbé  Thédenat,  membre  résidant,  rappelle  qu'il  a 
communiqué  à  la  Ck)mpagnie  un  beau  trésor  de  vaisselle 
d'argent  trouvé,  en  1885,  à  Montcomet  (Aisne)^.  Ge  trésor, 
par  suite  de  désaccord  entre  l'inventeur  ou  ses  ayants  droit  et 
le  propriétaire  du  champ  où  la  trouvaille  a  été  ftdte,  vient 
d'être  vendu  à  l'hôtel  Drouot;  il  a  été  adjugé  pour  la  somme 
de  50,100  fr. 

Le  lieu  précis  où  a  été  trouvé  ce  trésor  est  Ghaourche^ 
prés  Montcomet  (Aisne).  Au  moment  de  la  trouvaille, 
quelques  objets,  séparés  de  l'ensemble,  ne  furent  pas  trans- 
portés à  Paris,  chez  M.  Feuardent  ;  d'autres  ont  été  décou- 
verts dans  une  fouille  postérieure. 

Parmi  les  objets  distraits  du  trésor,  six  forent  rendus  à 
M.  Feuardent  et  portèrent  à  3i  le  nombre  total  des  piècœ'. 
Six  ne  revinrent  que  beaucoup  plus  tard,  et  M.  l'abbé  Théde- 
nat  ne  put  les  voir  pour  la  première  fois  qu'à  l'hôtel  Drouot, 
à  l'exposition  qui  précéda  la  vente. 

Ge  sont  :  1<>  deux  coupes  à  vin,  de  même  forme  que  celles 
qui  ont  été  décrites  sous  le  n»  i4  \  Elles  sont  aussi  ornées, 
au  repoussé,  de  cercles  et  de  lignes  formant  relief  à  Tin- 
teneur  ; 

2°  Une  statuette  creuse,  en  argent,  haute  de  14  centi- 
mètres; c'est  celle  d'une  déesse  complètement  drapée  et 
diadémée  ;  elle  tient  de  la  main  gauche  une  corne  d'abon- 
dance; le  bras  droit  s'est  séparé  de  la  statue;  les  paysans 
l'ont  aperçu  pendant  quelques  instants  en  remuant  la  terre, 
mais  n'ont  pu  le  retrouver.  Gette  main,  ont-ils  dit,  tenait  un 
drapeau  ;  ce  que  les  paysans  ont  pris  pour  un  drapeau  était 
certainement  le  gouvernail  qui  est,  avec  la  corne  d'abondance, 
l'attribut  de  la  Fortune.  Gette  statuette  était  donc  une  de  ces 

1.  Cr.  Bulletin  des  Antiquaires,  1863,  p.  3Uet  suit.,  18S4,  p.  63  et  73. 
S.  Cf.  Ibid.,  18S4,  p.  73. 

8.  Cf.  ma.,  ttsa,  y.  su*  iv. 


PottukBs  fppttrtanant  à  m  type  Irès  auowiit  reproAuit  à 
Rome.  Elle  porte  des  traces  fie  donira; 

3*  Dtiix  petkifl  sûokB  en  argetri;  Fun  est  taillé  à  ùx  pans; 
la  base  et  le  sommet  sont  ornés  d'un  cordon  d'oves  et  de 
perle»;  ses  dimensiooe  permettent  de  croire  que  ce  soûle 
«apportait  la  ata|ua  de  la  Fortune.  L'autre  socle,  de  forme 
oylindrique,  est  beaucoup  plus  petit;  il  portait  ssjqs  doute 
imestaiuO)  aujourd'hui  disparue; 

4*  Un  Tase  à  boire,  .de  mtoie  forme  que  oelui  qui  est 
décrit  sous  le  nM3*. 

Dp6  fouilles  opérées  plus  tard  à  l'endroit  où  avait  été 
découvert  le  trésor  amenèrent  la  découverte  d'autres  objets  : 

i*  Un  couteau  dont  k  lame  en  fer  est  brisée;  le  manche 
est  en  corne  de  oerf  ; 

2*.  Deux  tasses  rondes,  sans  anse,  semblables  à  celles  qui 
ont  été  décrites  sous  le  &«  4',  portant,  l'une  le  nom  Kti^riam^ 
Yuxtw  le  nom  Qtniàèi$j  gravés  à  la  pointe  sous  le  piod  ; 

3»  Sept  moroeeiux  de  tubea  cylindriques  en  os,  percés  de 
trous,  quii  ont  dû  servir  de  ebarttière  à  des  coffrets; 

4*  Uneagsafeen  bronze,  de  forme  commune; 

5*  Deamonuaies  en  cuivre,  de  Oomitioa,  Trajan,  Hadrien, 
AoAaiHii  et  Postume. 

L'ensemble  du  trésor,  sans  compter  les  monnaies,  se  oom- 
poee  de  42  pièces. 

M.  R.  de  Lasteyrie,  membre  résidant,  donne  lecture  d'une 
note  du  P.  G.  de  la  Croix  sur  un  petit  sanctuaire  dont  les 
restes  existent  à  Persae  (Yienne). 

«  Il  existe  au  centre  de  Ja  commune  de  Persae  (départe- 
ment dé  la  Vienne,  arrondissement  de  Montmoriilon,  canton 
de  Lussac-les-Chàteaux),  un  petit  sanctuaire  dont  il  ne  reste 
que  l'abside  et  que  de  nombreux  pèlerins  de  la  région  et  des 
régions  voisines  visitent  actuellement  encore.  Ils  y  viennent 
demander  à  saint  Honorât,  qu'ils  prétendent  être  on  saint 
local  inconnu  aux  martyrologes,  mais  dont  ils  racontent  la 

1.  ÈuUetin,  U88,  p.  S16. 

2.  JMèL,  f».  tia. 


—  800  — 

légende,  grmnd  nenibre  de  fiiveurs  quelqaafoia  spiritneUes, 
mais  le  plus  souvent  temporelles. 

«  Ce  sanctuaire,  dont  l'architecture  porte  les  caract^^  du 
commencement  du  xn*  siècle,  dévasté  et  incendié,  en  1569, 
par  les  protestants,  n'a  plus  de  charpente  et  est  exposé  à 
toutes  les  intempéries  des  saisons.  Jusqu'à  ces  derniers 
temps,  en  sa  qualité  de  propriété  communale,  il  servait  de 
lieu  do  débarras  aux  habitants  peu  aisés  du  voisinage.  Cest 
au  milieu  de  débris  de  toute  sorte  que  venaient  s'agenouiller 
les  pèlerins  dont  je  viens  de  parler. 

«  Grftce  à  la  bienveillance  du  Conseil  municipal,  de  M.  le 
curé  et  de  la  population,  j'ai  pu  faire  en  ce  lieu  un  déblai 
de  quarante -deux  mètres  cubes,  ainsi  que  de  sérieuses 
recherches  archéologiques  dont  voici  les  résultats  : 

«  Le  déblai  terminé  mit  à  jour  :  un  dallage  ;  un  massif  de 
maçonnerie  sur  lequel  reposaient  encore  trois  pierres,  dont 
deux  à  gauche  et  une  à  droite,  ayant  appartenu  à  des 
marches;  le  tiers  environ  d'une  marche  palière;  sur  cette 
marche  palière  les  restes  de  trois  petits  murs  reliés  entre 
eux  du  côté  est  et  ayant  la  forme  d'un  C  carré;  les  fonda- 
tions d'un  lai^  mur  qui,  accoté  aux  bases  des  deux  colonnes, 
les  reliait  entre  elles  ;  il  possédait  également  quelques  mor- 
ceaux de  marches;  enfin,  deux  grandes  pierres  placées  dans 
le  dallage  et  l'affleurant  entre  la  large  fondation  et  la  nais- 
sance du  massif  de  maçonnerie  ayant  quelques  restes  de 
marches  ;  l'une  de  ces  pierres  est  à  gauche  et  l'autre  au  centre. 

«  Tel  est  l'inventaire  sommaire  des  substructions  que  1^ 
fouilles  rendirent  apparentes;  complétons-le  par  quelques 
renseignements  qui  ont  leur  importance. 

€  Le  dallage,  irréguhèrement  fait  et  posé  sur  des  mortiers 
hkmcSf  affleurait  les  faces  des  trois  pénétrations  nord,  sud  et 
est  des  murs  latéraux  de  l'édifice. 

«  Le  massif  de  maçonnerie,  composé  de  mauvais  moel- 
lons noyés  dans  un  mortier  blanc  semblable  à  celui  du  dal- 
lage, servait,  à  n'en  pas  douter,  de  fondation  à  deux 
marches  et  à  la  marche  palière. 

fl  Les  trois  petits  murs  en  forme  de  G  carré,  hauts  encore 
de  vingt  centimètres,  étaient  également  maçonnés  avec  le 


—  304  — 


CJu/J^^^e  Je  fSsint  nonorêt 


Iê'mi^w  Jjrtsç  6tt/  /k]er  /!$/■-  {7tffS/-. 


Snc^, 


môme  mortier  blanc  employé  dans  le  dallage  et  dans  le  mas- 
sif des  marches  ;  ceux  du  nord  et  du  sud  étaient  fortifiés  à 
l'intérieur,  afin,  sans  doute,  âe  recevoir  une  forte  charge,  par 
des  pierres  de  taille  formant  pieds-droits  ;  ils  laissaient  entre 
eux  un  espace  vide  dont  le  côté  est  a  été  fermé  et  celui 
ouest  ouvert.  Des  restes  d'enduits  se  voyaient  à  l'intérieur 
et  à  l'extérieur  -de  ces  trois  murs  qui  semblent  n'avoir  pu 
appartenir  qu'à  un  autel- tombeau.  Remarquons  aussi  qu'ils 
forment  entre  eux  et  avec  la  façade  ouverte  un  quadrilatère 
irrégulier  dont  les  côtés  nord  et  sud  n'ont  pas  la  même  lon- 
gueur, et  que  leurs  faces  est  et  ouest  ne  sont  pas  parallèles 
entre  elles. 

«  La  fondation  du  large  mur  reliant  les  deux  colonnes  et 
sur  laqueiie  existent  quelques  morceaux  de  marches  est  faite 
avec  des  mortiers  roses  entièrement  pareils  à  ceux  employés 
dans  la  construction  principale  du  xi(«  siècle.  Elle  était  néces- 
saire aux  trois  marches  que  réclamait  la  petite  nef  dont  le 
niveau  était  supérieur  à  celui  du  sanctuaire  qui  nous  occupe. 

c  La  grande  pierre  placée  dans  le  dallage,  à  gauche,  est  une 
pierre  tombale  sur  laquelle  sont  gravés  au  trait,  avec  une 
régularité  parfaite,  une  belle  croix  processionnelle  et  un 
caliee  surmonté  d'une  hostie.  Tous  deux  paraissent  être  du 
xvi«  siècle.  Elle  n'a  presque  aucune  trace  d'usure,  ce  qui 
ferait  croire  qu'elle  aurait  été  placée  bien  peu  de  temps 
avant  1569^  époque  de  l'incendie  du  monument.  Nous  avons 
trouvé  dessous  les  ossements  de  cinq  personnes  incomplets 
et  mélangés  à  de  la  terre. 

c  Quant  à  l'autre  grande  pierre,  également  enchâssée  dans 
le  dallage,  elle  n'a  aucun  des  caractères  des  pierres  tom- 
bales, et  les  mortiers  qui  la  raccordaient  avec  les  dalles 
étaient  roses^  comme  ceux  de  la  construction  du  xii*  siècle, 
et  non  blancs,  comme  ceux  du  dallage  et  du  massif  des 
marches  et  de  l'autel  ;  de  plus,  elle  a  été  si  longtemps  usée 
par  le  frottement  des  pieds  des  visiteurs  qu'il  ne  reste  qu'une 
faible  partie  des  ciselures  dont  elle  était  revêtue.  L'usure 
n'a  cependant  effacé  aucun  des  traits  de  la  partie  haute  du 
chrisme  et  de  sa  barre  verticale  croisetée,  non  plus  que  sa 
barre  transversale  ;  elle  n'a  fait  que  diminuer  la  profondeur 


de  la  grawre  «t  n'a  opéré  ses  dégfrUi  «érieuz  qne  tur  nae 
partie  ita  deux  pelitm  trafenes  qoA  Seraient  erolt  à  les 
-ezftiBimtéB,  et  sur  l'inemption  ^i,  d^piés  œ  qui  reste 
d'un  D,  semble  avoir  existé.  Ces  diverses  observations  iioas 
portent  à  eroéM  <|uet9Blle  ipietre-ainvil  été>«ptaoée  là  où  nous 
ï'avotte  tioavée  an  moment  où  l'on  a  feit  la  conslraetioB  du 
xi]^>sièciei 

c  Voyons  maintenant  Fusage  aïoqnel  cette  pieneanrait  pn 
servir  avuit  d'dtreaniseen  dalia^. 

€  Bn^œnsidéBant  :  {•  qu'elle  a  eaaotement  la  même  fume 
irréguii^B  que  la  maçonnerie  de  Tantel;  2*  qu'elle  ne  pos- 
eède  ancane  croix  de  oonséoimtion,  ni  même  de  trou  a^ant 
pu  ooÉtenir  des  Teliqoes;  d*  qu'elle  n*a  ancan  des  caraotères 
des  pierres  tombales  ;  4*  qu'enfin  le  centre  de  Favtel  -était 
vide  et  avait  pu  contenir  des  ossements  de  quelque  saint;  on 
semble  fondé  à  croire  que  cette  pierre  avait  servi  de  table 
d'autel'  dans  la  construction  primitive  qui  paraît  nettement 
prouvée,  tant  par  la  couleur  de  ses  mortiers  que  par  la  mise 
en  œuvre  de  ses  matôoiaux  ^.  Ajoutons  que,  s'il  nous  paraît 
impossible  de  lui  assigner  une  époque  précise,  puisqu'elle 
n'est  pas  datée,  nous  croyons  cependant  pouvoir,  à  cause  du 
chrieme  avec  dégéaénesoence  du  P  (rho)  qn^te  ^poesède^  la 
considérer  comme  erppartenant  à  la  fin  de  la  période  dite 
mérovingienne.  » 

M.  R.  de  lAeteyfie  et  M.  TaèM  Dnehesne  font  diverses 
observations  sur  cette  communication,  et  partiouliérement 
sur  la  pierre  d'aaiel  t|nl,  selon  eux,  doit  être  une  pierre 
tombale. 

A  Tappni  de  eette  ofeuePfntion,  M.  de  Bartliélemy  ajoute 
qu'il  est  bien  difficile  de  regarde»  comme  un  cbrisme  la 
figure  de  forme  quadrilatérale  tracée  eur  cette  pierre. 

M.  PtA  Nieaid,  meaibre  réiHlanti,  demande  à  la  Soeiété 
de  décider  si,  dans  les  prochaines  élections  peur  le  rompla- 

1.  EUe  cnb6  61S  décimètnt  90  otniimèiim  et  fèm  Wf'vWk  i,S20  kUffgruDDes. 

2.  Apfés  «roir  retUnré  1m  ma/^es  aÏDsi  que  l'autel,  j'ai  remia  en  plaee  la 
Uble  d'autel,  comme  on  le  voit'  sur  le  dessin  qui  feprésente  la  coupe  d'élévation 
de  rédiflce. 


--  ao4  — 

oemeui  de  MM.  Demay  et  Ramé,  les  candidats  doivent  se 
présenter  à  une  des  deux  plaees  yacantes  en  partîcalier,  on 
s'il  est  admis  qu'ils  soient  candidate  aux  deux  places  indis- 
tinctement. 

La  Société,  après  discnssion  et  après  s'être  reportée  aux 
précédents,  décide  que  les  candidatures  ne  doivent  pas  être 
posées  pour  une  des  places  vacantes  plutôt  que  pour  Tautre. 
On  devra  lire  avant  de  procéder  au  vote  tous  les  rapports 
sur  les  candidatures  indistinctement;  chaque  membre  sera 
libue  de  porter  pour  la  première  place  vacante  tel  candidat 
qu'il  voudra,  et,  une  fois  le  résultat  de  la  première  élection 
proclamé,  tous  les  candidats  qui  n'auront  point  été  favorisés 
pour  la  première  élection  resteront  candidats  ipso  facto  pour 
la  seconde  place. 


Séance  du  %9  Décembre. 

Présidence  de  M.  fi.  Baolio,  président. 

Ouvrages  offerts  : 
BMêHm  eriiiquêy  publié  sous  la  direction  de  MM.  Duchesne, 

IngoM,  Lescœur,  Thédenat,  VU*  année,  15  décembre  1886. 

Paris,  1880,  in-8'. 
-^dê  la  SociéU  acmiàmifMê  de  Brut^  2*  série,  t.  XI,  1885- 

1886.  Brest,  1886,  in-6*. 

'T-  de  la  Société  indu$trulU  de  Mnlhausey  novembre  1886. 

Mulhouse,  in-8*. 
^dela  Société  icioiUiJlque  kùtonquê  de  la  C&rrèxé^  t.  VIII, 

livr.  4.  Brive,  1886,  in*8o. 
Johns  Bopkinê  Vmoor$Uy  etuddoê.  IV«  série,  XI-XH.  TJu 

land  Myitèm  ofthe  Neto^England,  Baltimore,  1886,  in-8«. 
OàNCOisum  (L.).  Potiu  vUroaux  dsplomh  d^Arrat,  Bruxelles, 

1887,  in.8o. 

Marsy  (le  comte  de).  CueiUoir  numismatigMe^  VII*  lettre  à 

M.  A.  de  Schodt,  1886,  in-8o. 
WiTTB  (J.  DB).  Deicription  des  antiquités  conservées  à  Vhôtd 

Lambert.  Paris,  1886,  in-4*. 


—  d05  — 

Correspondance. 

M.  Thlollier,  élu  correspondant  à  Saint-Étienne  (Loire), 
écrit  pour  remercier  la  Compagnie  de  son  élection. 

Travaux, 

M.  de  Witte  fait  hommage  à  la  Société  de  son  Catalogue 
des  antiquités  conservées  à  Vhôtel  Lamheriy  à  Paris,  dans  la 
collection  du  prince  Ladislas  Gzartoryski.  Ce  catalogue, 
accompagné  de  36  planches  dues  au  crayon  hahile  de 
M.  Alexis  Housselin,  a  été  tiré  à  un  fort  petit  nombre 
d'exemplaires}  il  n'est  pas  destiné  a  être  mis  dans  le  com- 
merce. 

M.  Gourajod,  membre  résidant,  rappelle  à  la  Société  qu'il 
lui  a  précédemment  communiqué  les  moulages  de  certains 
masques  de  femme  en  marbre  datant  du  xy  siècle  et  appar- 
tenant par  leur  style  à  l'art  italien.  Ce  sont  les  masques  de  la 
collection  du  baron  Garriod  de  Florence,  du  Musée  de  Berlin, 
du  Musée  de  Bourges,  de  la  collection  Morel  à  Garpentras.  Il 
y  ajoute  deux  monuments  analogues  conservés,  l'un  au  Musée 
d'Aix-en-Provence,  l'autre  au  Musée  du  Puy-en-Velay.  Il 
compare  ensuite  ces  divers  monuments  avec  le  retable  de 
réglise  Saint-Didier,  à  Avignon,  et  avec  des  moulages  des 
têtes  de  sainte  Marthe  et  de  sainte  Marie,  statues  du  retable 
de  l'autel  de  Saint-LAzare  dans  la  Major  de  Marseille.  Il 
conclut  de  cette  confrontation  que  la  série  de  ces  masques 
de  marbre  peut  être  attribuée  à  des  ateliers  d'artistes  italiens 
travaillant  en  France  à  la  fin  du  xy«  siècle. 

M.  Maxe-Werly,  associé  correspondant,  lit  un  mémoire 
sur  une  trouvaille  d'objets  antiques  faite  à  Gondrecourt 
(Meuse).  Ce  mémoire  est  renvoyé  à  la  Commission  des 
impressions. 

M.  Molinier,  membre  résidant,  lit  une  note  de  M.  Rupin, 
associé  correspondant  national  : 

«  Les  ustensiles  dont  on  se  servait  au  moyen  âge  pour 
attiser  le  feu  étaient  de  deux  sortes  :  le  soufQet  et  Téventail. 

ANT.   BULLETIN.  20 


—  806  — 

t  Le  soufflet,  anciennement  désigné  aussi  sous  le  nom  de 
bufet^'est  déjà  connu  ;  il  diffère  peu  de  nos  soufflets  modernes. 
Nous  le  voyons  figurer,  ayant  exactement  cette  forme,  sur 
plusieurs  monuments  des  xii*  et  xni*  siècles,  et  notamment 
dans  les  cloîtres  de  Moissac  (Tam-et-Garonne),  sur  un  des 
chapiteaux  où  se  trouve  représenté  le  martyre   de  saint 


Laurent.  Deux  bourreaux,  munis  d'énormes  soufflets,  activent 
l'ardeur  du  foyer  placé  sous  un  gril  sur  lequel  est  étendu  le 
corps  du  saint. 

<  L'éventail  n'a  pas  encore  été  signalé. 

«  Nous  l'avons  découvert  parmi  les  sculptures  qui  décorent 
un  des  beaux  pilastres  de  l'église  de  Souillac  (Lot).  Ge 
pilastre,  admirablement  fouillé  sur  ses  trois  faces,  avait 
attiré  l'attention  de  VioUet-le-Duc^  Sur  l'une  des  faces  le 
sculpteur  a  représenté  le  sacrifice  d'Abraham. 

c  Abraham,  debout,  tient  son  fils  par  les  cheveux;  il  va 
l'immoler;  mais  un  ange,  descendant  du  ciel,  arrête  son 


1.  DietUmnaire  de  l'arûhitceturê,  t.  VUI,  p.  196. 


307 


V 


PlL^BTBE   SCULPTÉ  DE   l'ÉGLISE   DE   SOUILLAC   (Lot). 


—  308  — 

bras,  lui  aononce  que  Dieu  est  content  de  son  obéissance  et 
lui  montre  le  bélier  qui  doit  servir  au  sacrifice. 

fl  Sous  cette  scène,  l'on  reconnaît  un  des  serviteurs  qui 
accompagnaient  le  patriarche  sur  la  montagne  sainte.  Cou- 
ché, et,  contrairement  au  texte  de  la  Genèse,  tenant  de  la 
main  gauche  un  fagot  de  buissons  enflammés,  il  est  prêt, 
au  premier  appel  de  son  maitre,  à  mettre  le  feu.  Sa  main 
droite  est  munie  d'une  sorte  d'éventail  formé  de  trois  plumes 
ou  plutôt  de  trois  feuilles  réunies  ensemble,  et  assez  sem- 
blable, quant  à  la  forme,  à  l'ustensile  dont  se  servent  encore 
les  Italiens  pour  attiser  le  feu  de  leur  hraciàio. 

c  Cet  ustensile  est  passé  jusqu'à  ce  jour  inaperçu.  Nous 
croyons  donc  qu'il  mérite  une  mention  toute  spéciale,  car 
nous  sommes  persuadé  qu'on  trouvera  des  objets  similaires 
dès  que  l'attention  des  archéologues  sera  attirée  sur  ce 
point.  » 

M.  l'abbé  Thédenat,  membre  résidant,  communique,  de 
la  part  de  M.  Maxe- Werly,  associé  correspondant,  des  objets 
antiques  trouvés  à  Vermand  (Aisne)  : 

f  Au  mois  de  juillet  dernier,  je  reçus  de  notre  confrère 
M.  Maxe- Werly,  alors  en  voyage  à  Saint-Quentin,  une  note 
sur  les  antiquités  découvertes  dans  les  fouilles  récemment 
faites  à  Vermand. 

«  Parmi  les  objets  dont  notre  confrère  m'envoyait  la  des- 
cription, figurait  une  coupe  en  verre  représentant  la  résur- 
rection de  Lazare. 

«  Une  longue  absence  m'ayant  empêché  de  vous  faire 
connaître,  aussitôt  que  je  les  ai  reçues,  les  antiquités  signa- 
lées par  M.  Maxe- Werly,  M.  l'abbé  Ouchesne  communiqua 
à  la  Compagnie  un  dessin  de  cette  môme  coupe  que  lui  avait 
envoyé  M.  le  curé  de  Vermand.  Je  ne  reviendrai  pas  sur 
cet  intéressant  monument.  Notre  savant  confrère  vous  en  a 
montré  un  dessin  qui  sera  reproduit  dans  notre  BuUetin^  et 
y  a  joint  tous  les  commentaires  utiles  ^ 

c  Je  vous  montrerai  seulement  le  dessin  des  autres  objets 

1.  V.  pluB  haut,  p.  283-285. 


—  80?  — 

antiques  trouvés  dans  le  cimetière  de  Vermand  avec  la 
coupe  en  verre  ;  nous  aurons  ainsi  une  description  complète 
de  la  trouvaille. 

c  Les  dessins  et  les  estampages  que  je  fais  circuler  sont  de 
M.  Maxe-Werly;  j'emprunte  à  sa  lettre  la  description  des 
objets  : 

a  1*  Une  cuillère  en  potin  saucé  ;  la  partie  supérieure 
du  manche  a  disparu  ;  la  partie  inférieure,  avant  de  se  rat- 
tacher à  la  cuillère,  se  recourbe  en  forme  de  S  très  aplati. 

«  Dans  le  creux  de  la  cuillère,  et  au  centre,  on  lit  l'ins- 
cription suivante,  finement  gravée  à  la  pointe  : 

PONE  GVRI08E. 

«  2«  Un  fragment  de  pierre  jaune,  probablement  une  cor- 
naline, autrefois  sertie  dans  un  cercle  en  bronze  qui  s'est 
brisé  au  moment  de  la  découverte.  Cette  intaille  a  été  trou- 
vée dans  la  tombe  d'un  enfant.  On  y  lit  l'inscription  : 

V  •  ALEXANEl 
VOTO  •  Pj 
V.  Alexand[9f  ex]  voto  j{o9uii\* 

«  Cest  une  inscription  votive  ;  la  pienre  fine  qui  la  portait 
était  sans  doute  appliquée  sur  l'objet  offert  à  la  divinité; 
peut-être  était-elle  encastrée  dans  le  socle  d'une  statuette. 

t  3^  Une  bague  en  cornaline,  finement  gravée;  elle 
représente  Minerve,  casquée,  debout,  appuyée  de  la  main 
gauche  sur  le  bouclier,  de  la  droite  sur  la  partie  supérieure 
de  la  lance. 

L.      I      I 

.1    _ 

A-.,^     VI 

«  Les  trois  lettres  LIA  sont  sans  doute  les  initiales  des 
trois  noms  du  possesseur  de  la  bague. 

«  Cette  MinerN'e  reproduit  le  type  bien  connu  des  Minerves 
que  M.  Fayard  a  trouvées  à  Deneuvre  et  que  j'ai  signalées 
dans  une  récente  communication  ^ 

1.  V.  plu  haut,  p.  202-205. 


—  340  — 

«  A  ces  monuments  il  faut  ajouter  quatre  inscriptions 
trouvées  sur  des  vases  ornés  à  la  barbotine,  et  dont  M.  Maze- 
Werly  enrichira  le  recueil  des  inscriptions  bachiques  qull 
va  bientôt  publier  : 

REPLE  ME  sur  un  vase  noir, 
VALE  -  — 

VIVAS  —  — 

BIBETP  sur  un  vase  rouge,  » 

M.  Tabbé  Thëdenat  lit  ensuite  un  mémoire  sur  Tembran- 
chement  de  la  voie  Aurélienne  qui  passait  par  Gastellane 
et  Riez. 

Ge  mémoire  est  renvoyé  à  la  Commission  des  impressions. 

M.  l'abbé  Thédenat  rappelle  qu'il  a  lu  à  la  Compagnie  < 
une  lettre  de  M.  de  Laigue  mentionnant  deux  inscriptions 
récemment  trouvées  à  VéroBe.  M.  Tabbé  Thédenat  avait  fait 
observer  que  la  sixième  ligne  d*une  de  ces  inscriptions,  cer- 
tainement mal  lue  par  le  correspondant  de  M.  de  Laigue, 
demandait  à  être  rectifiée  par  un  nouvel  examen  de  la  pierre. 

Depuis,  les  NotMe  degli  scavi  di  Antichità^  ont  donné, 
des  deux  inscriptions,  un  texte  plus  correct  et  plus  complet  : 


La  première  inscription  est  gravée  sur  un  bloc  de  calcaire 
blanc,  surmonté  d'un  tympan  soutenu  par  deux  corniches. 
Sur  le  tympan  sont  représentés  deux  lapins  mangeant  une 
grappe  de  raisin.  Sur  la  base,  on  voit  le  subsellium  entre 
les  deux  faisceaux,  insignes  du  sévirat  : 

M      •      SELLIVS 

SPER AT VS 

SIBI    ET 

M     SELLIO  •  MAXIMO 

PATRI  •  VIVIR  •  AVG 


1.  V.  plus  haat,  p.  128-130. 

2.  JoiUet  1886,  p.  219. 


—  W4  — 

6ELIÂE  •  M  •  LIB 

MODËST AE 

MATRI 

t  F  I 

2. 

A  la  seconde  inscription,  il  faut  ajouter  une  quatrième 
ligne  ainsi  conçue  : 

ONI  •  PATRI 

M.  Tabbé  Tbédenat  ajoute  qu'il  a  connu,  par  le  procès- 
verbal  de  la  séance  du  28  avrlH,  à  laquelle  il  n'assistait 
pas,  le  texte  d'un  cachet  d'oculiste,  trouvé  à  Reims  et  com- 
muniqué par  M.  Demaison. 

80LAVRE 
MVRNESA 

Il  ne  croit  pas  qu'il  faille  lire  les  noms  de  l'oculiste 
SOL(tnt)  AYRE(/tt),  comme  Ta  fait  M.  Demaison,  mais 
...  SOL(Ki)  AVRE[/(tant)]. 

M.  Flouest,  membre  résidant,  lit  une  note  de  M.  G.  La- 
faye,  associé  correspondant,  sur  deux  fragments  de  sarco- 
phages chrétiens  : 


c  Le  fragment  de  bas-relief  dont  je  donne  ci-joint  l'es- 
quisse est  entièrement  inédit  (long.  O^^ôO,  haut.  0°>25).  Il  se 
trouve  près  d'Aix-en-Provence,  à  2  kilomètres  au  N.-E.  de 
la  ville,  sur  le  chéi|iin  de  Vauvenargues,  dans  une  propriété 
qui  porte  le  nom  de  Repentance.  Il  est  encastré,  en  guise 
d'ornement,  au-dessus  de  la  bouche  d'une  petite  fontaine. 
Repentance  a  été  achetée,  il  y  a  une  cinquantaine  d'années, 
par  un  Anglais,  M.  Robert  Gower,  qui  est  venu  s'y  fixer.  Il 
y  a  réuni  une  collection  de  tableaux  et  d'objets  d'art.  Il  est 
donc  possible  que  ce  fragment  n'ait  été  trouvé  ni  à  Repen- 

t.  V.  plus  haut,  p.  173. 


—  342  — 

tance,  ni  même  à  Âix.  Mais  j'ai  tout  lieu  de  croire  qu'il  est 
de  provenance  provençale,  quoiqu'une  partie  de  la  collection 
de  M.  Gower  ait  été,  à  ce  que  Ton  m'assure,  rapportée  par 
lui  d'Italie. 

c  Le  fragment  faisait  partie,  dans  l'antiquité,  du  couvercle 
d'un  sarcophage  chrétien;  il  occupait  sur  la  face  antérieure 
l'extrémité  de  gauche;  on  voit  encore,  à  droite,  un  génie  nu 
et  ailé,  de  type  payen,  qui  accostait  la  tessère  placée  au 
milieu  du  couvercle  pour  recevoir  les  noms  du  défunt.  On 
reconnaît  du  premier  coup  d'œil  dans  la  scène  représentée 
le  Massacre  des  Innocents.  C'est  un  sujet  qui  est  rare  dans 
la  sculpture  chrétienne  des  temps  primitifs.  Le  fragment 
présente  donc  un  grand  intérêt.  C'est  en  réalité  la  seconde 
fois  que  ce  type  se  rencontre  sur  un  sarcophage.  Le  premier 
échantillon  nous  est  fourni  par  un  sarcophage  de  Saint- 
Maximin  (Var)*.  M.  Le  Blant  a  expliqué  pourquoi  le  Mas- 
sacre des  Innocents  était  propre  à  inspirer  particulièrement 
les  artistes  provençaux  :  «  Le  culte  de  ces  premiers  martyrs 
c  du  Christ  existait  dès  les  temps  anciens  à  Marseille,  i  La 
tradition  affirme  que  «  leurs  reliques,  apportées  de  l'Orient 
«  dans  cette  ville  par  saint  Cassien,  avaient  été  placées  avec 
«  honneur  par  les  moines  de  Saint-Yictor  dans  la  célèbre 
a  crypte  de  l'àbbaye.  »  Le  bas-relief  occupait  sur  le  couvercle 
du  sarcophage  exactement  la  môme  place  que  celui  de  Saint- 
Maximin  ;  certains  personnages  sont  identiques  dans  les  deux 
monuments  ;  ils  jouent  le  même  rôle,  ont  la  môme  attitude 
et  les  mômes  gestes.  Toutefois,  il  y  en  a  quatre  de  plus  dans 
le  bas-relief  de  Repentance.  La  raison  en  est  simple  :  le 
couvercle  du  sarcophage  de  Saint^Maximin  se  termine,  aux 
extrémités,  par  deux  tôtes  junéviles  représentées  à  une  grande 
échelle;  cet  ornement  faisait  sans  doute  défaut  au  sarco- 
phage de  Repentance  ;  il  en  résulte  que  le  champ  dont  l'ar- 
tiste pouvait  disposer  pour  sculpter  la  scène  du  Massacre 
s'étendait  d'autant  en  longueur.  A  gauche,  on  voit  Hérode 
assis  sur  un  bisellium  et  faisant  un  geste  de  commandement. 

1.  Le  Blant  (Edm.),  Let  sarcophages  chrétiens  de  la  Givule.  Paria,  Imprimerie 
nationale,  188«,  p.  156,  pi.  LVI,  i. 


—  343 


i>  vN  m 


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o 

PS 


—  344  — 

Auprès  de  lui  se  tient  debout  un  soldat  portant  une  pique; 
un  enfant,  qu'un  bourreau  vient  de  frapper,  est  étendu  mort 
sur  le  sol.  Ces  trois  dernières  figures  manquent  à  Saintr 
Maximin,  mais  on  les  trouve  sur  un  diptyque  en  ivoire  de 
la  cathédrale  de  Milan  ^  Puis  vient  un  second  bourreau, 
reconnaissable,  comme  le  premier,  au  gros  bâton  qu'il  tient 
dans  la  main  gauche  3;  de  la  droite  il  soutient  sar  ses 
épaules  un  enfant  qu'il  vient  de  tuer  ou  qii*il  va  précipiter 
contre  terre  devant  Hérode.  Il  est  suivi  d'un  troisième 
bourreau  sans  bâton,  portant  un  en£sint  dans  ses  bras;  on 
remarquera  que,  dans  les  deux  bas-reliefs  similaires,  la 
figure  de  Tenfant  a  la  même  raideur;  mais  elle  est  plus  fruste 
à  Repentance,  de  sorte  qu'il  faut  être  prévenu  pour  savoir 
ce  qu'elle  représente.  Enfin  viennent  deux  mères,  les  cheveux 
flottants  et  vêtues  de  longues  robes  à  manches;  il  n'y  en  a 
qu'une  seule  à  Saint-Maximin,  mais  elle  est  tout  à  foit  du 
même  type;  elle  a  une  attitude  résignée  et  tient  les  mains 
croisées  au-dessus  de  la  poitrine,  au  lieu  que  sur  d'autres 
monuments,  sur  le  diptyque  de  Milan,  par  exemple,  les 
mères  des  Innocents  ont  l'air  affolées  et  lèvent  les  bras  au 
ciel.  Â  cette  particularité,  comme  du  reste  d'après  l'ensemble 
de  la  composition,  on  reconnaît  que  les  bas-reliefs  de  Repen- 
tance et  de  Saint-Maximin  sont  de  la  même  école.  Proba- 
blement ils  sont  aussi  du  même  temps,  c'est-à-dire  du  iv*  et 
du  y  siècle. 

€  M.  Robert  Gower  vient  de  mourir.  Il  a  légué  sa  colleo- 
tion  à  la  ville  d'Aix  ou,  à  son  défaut,  à  Montpellier.  Aix  a 
refusé,  Montpellier  accepte. 

IL 

«  M.  Le  Blant  a  signalé,  dans  une  publication  récente',  un 
fragment  de  sarcophage  chrétien,  en  marbre  blanc,  qui  se 
trouve  à  Moustiers,  petite  ville  du  département  des  Basses- 
Alpes  bien  connue  des  collectionneurs  par  les  belles  faïences 

1.  Kraus  (F.  X.),  Real  Sncyelopaedie  der  ChrUtliehm  AUerthûmer,  Fribarg 
im  Briflgaa.  Art.  Innocentait  flg.  24  (1883). 
î.  Garrucci  (P.  R.),  Storia  delF  arU  eristiana,  Uv.  CCCXXXIV,  3. 
3.  Les  sarcophage*  chrétiens  de  la  GatUCy  p.  130. 


—  315  — 

qu'elle  fabriquait  autrefois.  M.  Le  filant  a  dû  se  borner  à 
donner  sur  ce  monument  quelques  indications  très  som- 
maires, n'en  ayant  eu,  dit-il,  ni  photographie,  ni  description 
complète.  J'ai  eu  moi-même  l'occasion  de  le  voir  au  mois 
d'août  1881,  et,  si  j'ai  différé  jusqu'à  ce  jour  de  le  faire  con- 
naître, c'est  que  j'attendais  de  pouvoir  joindre  une  photo- 
graphie à  mon  article.  J'ai  dû  y  renoncer;  mais  je  crois 
que,  faute  de  mieux,  je  ferai  encore  œuvre  utile  en  commu> 
niquant  à  la  Société  les  notes  que  j'ai  prises  sur  lés  lieux,  il 
y  a  cinq  ans.  Ni  Henry*,  ni  Féraud^,  ni  aucun  des  auteurs 
qui  ont  écrit  sur  les  antiquités  des  Basses- Alpes  n'a  accordé 
une  ligne  au  sarcophage  de  Moustiers.  Les  membres  de  la 
Société  française  d'archéologie  ont  visité,  en  1878,  une  partie 
du  département;  l'un  d'entre  eux,  M.  J.  de  Laurière,  a 
publié  dans  le  Bulletin  monumental^  plusieurs  inscriptions 
qu'il  avait  copiées  le  long  du  chemin.  Aucun  archéologue, 
que  je  sache,  n'a  encore  étudié  le  fragment  catalogué  par 
M.  Le  Blant. 

0  II  est  posé  à  terre  au  coin  d'une  rue,  à  gauche  de  Téglise. 
On  l'appelle  dans  le  pays  la  péiro  doou  SesHer,  la  pierre  du 
Setter  (et  non  du  Septier*].  La  raison  en  est  sans  doute,  et 
c'est  celle  qu'on  m'a  donnée  à  Moustiers  même,  qu'il  a  long- 
temps servi  de  mesure  pour  les  grains  sur  la  place  publique; 
il  n'est  pas  impossible  néanmoins  qu'à  une  époque  anté- 
rieure ou  postérieure,  il  ait  été  utilisé  comme  vasque  de 
fontaine,  comme  le  dit  M.  Le  Blant.  Il  ne  sert  plus  à  rien 
aujourd'hui,  et  on  devrait  bien  lui  donner  une  place  dans 
l'église,  à  l'abri  des  intempéries  de  Tair. 

c  Un  des  longs  côtés  est  orné  d'un  bas-relief  qui  représente 
le  Passage  de  la  mer  Rouge.  On  sait  combien  cette  scène  se 
rencontre  fréquemment  en  Gaule,  et  notamment  en  Provence. 
Parmi  les  nombreux  sarcophages  chrétiens  sur  lesquels  elle 

1.  Henry  (D.-J.-M.)>  Heeherches  sur  la  géographie  ancienne  et  les  antiquité» 
du  département  des  Basses-Alpes,  in-8*.  Digne. 

S.  Férmud  (l'abbé  J.-J.^  Bistoire,  géographie  et  statistique  du  département 
des  Basses-Alpes,  in-8".  Digne,  1861. 

3.  1878,  p.  474-485. 

4.  Le  Blant,  l.  c. 


—  316  — 

e8t  reproduite,  celai  qai  se  rapproche  le  plus  da  fragment 
de  Moustiers  est  an  sarcophage  d'Arles  qui  se  troave  anjoar* 
d'hni  aa  Masée  d*Aix^ 

c  La  partie  conservée  est  celle  de  droite;  on  voit  les 
Hébreux  abordant  en  liea  sûr,  et  derrière  eux  la  tête  de 
l'armée  égyptienne  qui  s'abfme  dans  les  flots;  le  reste  est 
perdu.  Voici  la  description  du  détail,  en  commençant  par 
l'extrémité  de  droite  :  1*  colonne  torse  avec  base  et  chapi- 
teau que  surmonte  une  flamme;  c'est  la  colonne  lomineose 
qui  guida  la  marche  des  Hébreux  ;  2«  Marie  la  prophétesse 
jouant  du  tympanon  ;  3*  un  Hébreu  portant  un  eniant  sur 
ses  épaules  ;  4*  groupe  de  trois  Hébreux,  dont  l'un,  sur  le 
premier  plan,  tient  un  enfant  par  la  main  ;  b^  un  Hébreu 
portant  sur  son  cou  la  farine  enroulée  dans  son  manteau; 
6«  Moïse  touchant  la  mer  de  sa  baguette  ;  7«  un  char  de  l'ar- 
mée de  Pharaon  ;  le  cheval  qui  le  traîne  vers  Ut  droite  tombe 
presque  verticalement  dans  les  flots,  tandis  qu'un  autre 
rebrousse  en  arriére  et  semble  vouloir  lui  passer  sur  le  corps. 
Les  roues  du  char  sont  très  marquées;  8«  Un  cavalier  et  son 
cheval  déjà  à  moitié  engagés  dans  les  flots.  Ces  deux  figures 
sont  frustes  ;  9*  fantassin  égyptien,  tenant  une  pique. 

c  Moustiers,  comme  son  nom  suffirait  à  l'indiquer,  a  été 
'autrefois  le  siège  d'un  monastère.  Suivant  la  tradition,  il 
aurait  été  fondé,  en  434,  par  l'évoque  Maximin.  Il  y  a  tout 
lieu  de  croire  que  le  sarcophage  fut  exécuté  au  v*  siècle.  Le 
style  en  est  de  tous  points  semblable  à  celui  des  œuvres  de 
l'école  arlésienne.  » 

M.  Flouest  dit  qu'il  a  écrit  à  M.  Eysseric,  de  Sisteroii^ 
de  qui  la  Société  des  Antiquaires  a  déjà  reçu  de  fort  belles 
photographies,  pour  le  prier  de  reproduire  les  deux  bas-reliefs 
signalés  par  M.  Lafaye,  surtout  celui  de  Moustiers,  qui  est 
plus  à  sa  portée. 

M.  le  baron  J.  de  Baye,  associé  correspondant  national 
dans  la  Marne^  fait  la  communication  suivante  : 
c  Plusieurs  années  se  sont  écoulées  depuis  que  M.  A.  Ber- 

1.  Le  BltDt,  Sareophaget  ifAriest  p.  80. 


—  347  — 

trand  a  fait  connaître  le  vase  si  intéressant  de  Grœckwill. 
Personne  n'a  oublié  ce  bronze  remarquable,  ni  ^interprétai 
tion  savante  dont  il  a  été  l'objet. 

c  Â  la  fin  de  Tannée  dernière,  dans  un  voyage  en  Italie, 
j'ai  eu  Toccasion  de  voir  une  coupe  en  bronze  ornée  de 
figures  au  repoussé  présentant  une  certaine  analogie  avec 
quelques-unes  de  celles  qui  décorent  l'anse  du  vase  de 
Grœckwill.  Cette  coupe  était  un  peu  oubliée,  j'ai  attiré 
l'attention  sur  elle. 

«  Le  l^'  mars  1884,  M.  Garlo  Marazzini  découvrit  sur  le 
territoire  de  Novare ,  à  Gastelletto  Ticino ,  dans  la  contrée 
appelée  Fontanili,  une  sépulture  qui  contenait  : 

«  1«  Une  ciste  en  bronze,  produit  de  l'industrie  locale  *  ; 

f  2»  La  coupe  du  même  métal,  dont  j'ai  à  vous  entretenir, 
qui  est  un  produit  importé; 

«  30  Un  vase  en  terre  cuite. 

«  Les  premiers  indices  de  la  sépulture  ont  été  découverts 
à  la  profondeur  de  80  centimètres  ;  de  petites  dalles  de  pierre, 
larges  de  20  à  30  centimètres,  épaisses  de  5  centimètres, 
amoncelées  Tune  sur  l'autre,  avaient  été  amassées  dans  une 
couche  profonde  de  trois  mètres.  Sous  cet  amas  de  pierres, 
par  suite  de  certaines  dispositions,  existait  une  petite 
chambre  divisée  en  deux  compartiments.  Dans  Tun  se  trou- 
vaient deux  coupes  brisées  en  terre  noire  et  brillante,  et 
dans  Tautre  la  ciste  et  la  coupe. 

«  L'heureux  inventeur  de  cette  découverte  a  offert  le  tout 
au  Musée  archéologique  de  Turin.  La  ciste  contenait  des 
ossements  humains  incinérés.  La  coupe  servait  de  couvercle 
à  la  ciste.  ' 

c  Cette  coupe  mesure  35  centimètres  de  diamètre.  Elle  est 
décorée  d'un  quadrupède  fantastique  quatre  fois  répété  sur 

1 .  Le  comte  Conestabile  pensait  que  les  cistes  en  bronke  ont  été  fabriquées  dans 
la  Cisalpine.  Le  comte  Gozzadini  a  adopté  cette  manière  de  voir.  Personne,  dit 
M.  Bertrand,  ne  s'éleva  contre  cette  attribation  à  l'Italie  supérieure  de  rases  com- 
posés de  feuilles  de  bronze  rirées.  Le  D'  Ltndenschmit  a  lui-même ,  dans  son 
ontnge  :  Die  aUerth&mêr  unaerer  heidkisehen  Vorxeit,  appuyé  de  son  autorité 
cette  opinion  généralement  admise. 


—  848  — 

son  pourtour;  ce  quadrupède  porte  alteruativement  un  buste 
hunuUn  ailé  de  face  et  la  tête  d'un  animal  fantastique  de 
profil  ;  mais  le  corps  reste  le  même  dans  les  quatre  repré- 
sentations qui  se  suivent.  Le  temps  a  fait  subir  à  ce  rare 
objet  d'art  de  notables  détériorations  sur  certains  points, 
particulièrement  dans  le  bas  ;  mais  la  partie  supérieure  est 
mieux  conservée. 


•  L'animal  fantastique,  dont  la  queue  ressemble  à  un  ser- 
pent, est  regardé  en  Italie  comme  une  espèce  de  centaure 
ailé,  sans  bras.  M.  Prosdocimi  a  signalé  en  1882  une  figure 
qui  s'en  rapproche  ^ 

c  Les  archéologues  italiens  ne  sont  pas  éloignés  de  recon- 
naître dans  rornementation  de  cette  coupe  une  influence 


1.  A.  Profldocimi,  Notifie  degli  scoot  di  antichità,  an.  1^2,  p.  5  e  aegg. 


—  349  — 


—  324  — 

ftsiatiquô.  Leur  sentiment  à  cet  égard  sera  sans  doute  géné- 
ralement partagé.  L'art  assyrien  et  chaldéen  ont  donné  des 
spécimens  qui  la  rappellent.  La  classe  des  animaux  ailés  est 
en  effet  nombreuse  et  joue  un  grand  rôle  dans  l'art  antique 
de  TAsie. 

f  La  présence  de  la  ciste,  la  forme  du  vase  en  terre  et 
l'incinération  comme  rite  funéraire  forment  un  ensemble  de 
présomptions  qui  autorisent  à  rattacher  la  sépulture  de  -Gas- 
telletto  à  cette  civilisation  antérieure  à  notre  ère,  appelée 
ombrienne  par  quelques  savants,  par  d'autres  désignée  sous 
le  nom  de  pré-étrusque  et  que  Ton  peut  préférablement 
qualifier  d'italiote. 

«  Il  m'a  semblé  utile  de  soumettre  à  votre  examen  cette 
coupe  qui  parait  appartenir  au  môme  art  archaïque  que  le 
vase  de  Grœckwill.  Les  sépultures  de  Grœckwill  et  de  Gas- 
telletto  remontent  à  des  dates  sinon  contemporaines,  au 
moins  très  rapprochées.  La  coupe  de  Gastelletto  est  unique 
jusqu'à  présent.  Le  monstre  ailé  à  figure  humaine  qui  s'y 
trouve  représenté  n'a  pas  encore  été  remarqué,  car  l'espèce 
de  centaure  ailé  sans  bras,  décrit  par  M.  A.  Prosdocimi, 
n'est  pas  entièrement  semblable.  M.  le  prof.  Fabretti,  dans 
sa  communication  relative  à  la  découverte  de  la  tombe  qui 
contenait  la  coupe,  compare  l'animal  ailé  à  de  pareils 
monstres  connus  en  Orient.  Des  monstres  fabuleux  sem- 
blables, dit-il,  et  des  animaux  ailés,  quelquefois  avec  la 
figure  humaine,  se  rencontrent  souvent  sur  les  monuments 
de  l'art  antique  en  Asie,  spécialement  en  Phénicie.  L'art 
égyptien  et  l'art  assyrien  offrent  aussi  des  exemples  du 
lion,  du  cheval,  du  griffon,  tous  ailés,  ainsi  que  de  certains 
quadrupèdes,  également  ailés,  ayant  la  figure  humaine.  On 
voit  un  centaure  ailé  sur  une  stèle  chaldaïque  du  Musée 
Britannique^;  le  centaure  ne  diffère  des  centaures  de  la 
statuaire  classique  que  par  l'addition  des  ailes. 

c  La  nécropole  de  Gastelletto  est  située  sur  la  rive  droite 

1.  AtH  délia  Société  di  archeologia  e  belle  arti,  p.  13. 

àNT.  BULLETIN.  21 


da  Tésin,  Tis-à-vis  de  Golasecca  qui  se  trouve  sur  la  rm 
opposée*. 

c  M.  le  professeur  Fabretti  a  mis  un  empressement  plein 
de  bienveillaace  à  me  communiquer  tons  les  renseignements 
relatifs  à  cette  importante  découverte.  » 

1.  Perrot,  HUtoirt  de  Vatt  dont  l'tuUiçuité,  UI,  p.  604,  flg.  412. 


ERRATUM. 


ANNÉE   1885. 


Page  323.  Après  la  ligne  22,  ajoutez  : 

Guère  (vicomte  de  la),  A.  G.  N.  Note  sur  un  sceau 'équestre 

en  ivoire  du  xi«  siècle 268 

Page  324,  ligne  6,  au  lieu  de  :  Goussade,  liseï  :  Gaussade. 

—  —       —  10,  au  lieu  de  :  Jolibois,  lises  :  Jolivot. 

ANNÉE  1886. 

Page    80,  ligne  13,  ou  lieu  de  :  Vienne,  lisez  :  Sienne. 

—  136,    —    33,  au  lieu  de  :  de  notre  ère,  lisez  :  avant 

notre  ère. 

—  137,    —      7,  au  lieu  de  :  Garhaix  (Morbihan),  lisez  : 

Garhaix  (Finistère). 

—  184,    —      2,  au  lieu  de  :  patine,  lisez  :  patène. 

—  201,    —    18,  au  lieu  de  :  soixante-dix  mètres,  lisez: 

soixante-dix  centimètres. 

—  207,    —    16,  au  lieu  de  :  mil,  lisez  :  mille. 

—  214,    •—    15,  au  lieu  de  :  Langobardique,  lisez  :  Lon- 

gobardique. 
••-  222,    —    26,  aulieude:  Foulaire  (Haute-Marne),  lisez  : 
Foulain  (Haute-Marne). 

—  —     —  31-32,  modifiez  ainsi  le  texte  :  M.  Flouest  pré- 

sente également  à  la  Société  trois 
cloches,  dont  deux  en  cuivre  et  une 
probablement  en  fer,  appartenant  à 
M.  Vignat...,  etc. 


TABLES 

DU 

BULLETIN  DE  i886. 


I. 

Renseignements  généraux. 

Pâgei 

Bureau  de  la  Société  pour  l'année  1886 5 

Membres  honoraires 6 

Membres  résidants 8 

Associés  correspondants  nationaux  classés  par  dépar- 
tements   13- 

Associés  correspondants  nationaux  résidant  à  l'étranger.  30 

Associés  correspondants  étrangers 30 

Sociétés  savantes  avec  lesquelles  la  Giompagnie  est  en 

correspondance 35 

Associés  correspondants  nationaux  classés  par  ordre 

alphabétique 42 

Observations  sur  l'article  10  du  règlement 60 

Yœu  relatif  à  la  conservation  des  monuments  histo- 
riques      63 

Rapport  annuel    du  trésorier  sur  la  situation  finan- 
cière de  la  Compagnie 85 

Rapport  de  la  Commission  des  fonds  sur  la  gestion  du 

trésorier 145 


—  326  — 

La  Compagnie  donne  à  la  Bibliothèque  nationale  les 
manuscrits  anciens  qu'elle  possède i75 

Vœu  en  faveur  des  anciens  hôtels  du  Marais  menacés 
par  le  chemin  de  fer  métropolitain 175 

Rapport  fait  au  nom  de  la  (Commission  des  impressions.    175 

Le  Ministre  des  travaux  publics  répond  au  vœu  émis 
par  la  (Compagnie  au  sujet  des  anciens  hôtels  du 
Marais 196 

La  Compagnie  décide  que  son  président  appellera  Tat- 
tention  du  Ministre  sur  le  mauvais  état  des  ruines 
du  temple  de  Mercure  sur  le  Puy-de-Dôme.    ...    215 

Lettre  du  Ministre  relative  à  Tépoque  du  Congrès  des 
Sociétés  savantes 226 

Vœu  émis  par  la  Compagnie  pour  la  conservation  de 
l'église  8aint-Julien-le-Pauvre 259 

Élections  du  Bureau  pour  l'année  1887 267 

La  Compagnie  fixe  un  point  du  règlement  relatif  aux 
élections 303 

Erratum 323 

n. 

Index  par  noms  d'auteurs. 

Arbois  de  Jubainville  (H.  d*),  M.  R.  Provenance  de 
l'étain  aux  temps  préhistoriques 66 

—  Textes  relatifs  aux  tombelles  formées  d'amas  de 
pierres  dans  les  régions  celtiques 87 

—  Ouvrages  irlandais  prouvant  l'usage  des  palafittes 

en  Irlande  jusqu'au  XVII*  siècle 109 

—  De  l'inhumation  et  de  l'incinération  chez  les  Celtes  180 

—  Noms  de  lieux  habités  de  la  Gaule 214 

—  Observations  sur  la  châsse  de  sainte  Geneviève  .     .  220 

—  Observation  sur  le  temple  du  Puy-de-Dôme  .     .     .  223 

—  Tuile  romaine  avec  empreinte  plusieurs  fois  repro- 
duite       266 

ÂUBERT,  M.  R.  Rapport  sur  la  situation  financière  de 
la  Compagnie  en  1885 85 


—  827  — 

—  Réélu  trésorier 267 

AuRÈs  (0.),  A.  G.  N.  Inscription  trouvée  à  Nîmes  .    .  122 

<—  Inscription  de  Nîmes 136 

Babblon  (£.),  M.  R 432 

—  Croix  du  xiv«  siècle  récemment  découverte  à  Ville- 
momble 192 

—  Mémoire  sur  M.  Annius  Afrinus,  proconsul  de  Ga~ 
latie 220 

—  Inscription  de  Puycerda,  du  mv*  siècle 228 

—  Observations  sur  la  collection  d'Hérisson  vendue  à 
Londres 264 

Bapst  (Germain),  M.  R.  Provenance  de  l'étain  aux 
temps  préhistoriques 65 

—  Observation  relative  à  la  vente  des  diamants  de  la 
couronne   . 72 

— Mémoire  détaillé  des  travaux  exécutés  pour  le  bureau 
de  Louis  XV 123 

—  La  châsse  de  sainte  Geneviève  n'est  pas  de  saint 
Éloi '219 

—  Observation  sur  les  émaux  du  xv«  siècle.     251,  253,  254 

—  Vases  trouvés  dans  le  Caucase 269 

BARRisBE  (l'abbé  J.),  A.  C.  N.  Son  éloge  funèbre.    .    .      58 
Barthélémy  (A.  de),  M.  H.  Rend  compte  d'une  com- 
munication de  M.  de  Laigue  relative  à  une  médaille 

de  Néron 105 

—  Hommage  de  deux  opuscules  de  M.  Gh.  Robert .    .    121 

—  Rapport  fait  au  nom  de  la  commission  des  impres- 
sions  175 

—  Observation  sur  une  pierre  de  l'église  de  Persac.    .    303 
Bâte  (baron  J.  de),  A.  G.  N.  Urnes  funéraires  à  triple 

perforation 96 

—  Observation  sur  une  épée  en  bronze  trouvée  dans  le 
Berry 122 

—  Note  sur  les  objets  de  T&ge  de  pierre,  en  jadéite     .    132 

—  Observation  sur  des  pointes  de  flèches  trouvées  à 
Garhaix 138 

—  Antiquités  barbares  inédites  trouvées  dans  le  nord 
deritalie 261 


—  Bracelet  tronvé  aux  environ»  de  Turin 277 

-^  Fibules  trouvées  aux  environs  de  Ghiusi    ....    287 

—  Boucles  de  ceinture  en  bronze  avec  sujet  symbolique    297 

—  Coupe  en  bronze  ornée  de  figures  au  repoussé,  trou- 
vée à  Gastelletto  Tlcino 316 

Bèoooen  (comte),  A.  G.  N.  Son  éloge  funèbre    ...      57 
Bbbnard  (l'abbé  E.),  Â.  G.  N.  Église  de  Kergloff  (Finis- 
tère)  89 

—  Objets  antiques  découverts  à  Carbaix 137 

Berthelé  (J.)f  A.  G.  N.  Les  statues  équestres  de  Cons- 
tantin dans  les  églises  de  l'ouest  de  la  France.    .    .      92 

Bertrand  (A.),  M.  R.  Inscription  gauloise  trouvée  dans 

le  Gard 254 

BoNSTBTTBif  (  barou   DE  ).   Inscription  d'Amsoldingen 

(Suisse) 70 

Bordes  (l'abbé  J.  M.),  A.  G.  N.  Sépulture  romaine 

trouvée  à  Saint-Hippolyte  (Haute-Garonne)  .  .  .  130 
BoRDiBR  (H.),  M.  R.  Observation  surlacb&sse  de  sainte 

Geneviève . 220 

Boucher  de  Molandon,  A.  G.  N.  Vase  gaulois  en  bronze 

ajusté  au  moyen  de  rivets 174 

Bourgade  la  Dardte  (de),  A.  G.  N.  Fabrication  de  la 

poterie  rouge  vernissée  en  Gauie 117 

—  Lettre  sur  le  mauvais  état  des  ruines  du  temple  de 
Mercure,  sur  le  Puy-de-Dôme 215 

Bruyerrb.  Communication  sur  le  temple  du  Puy-de- 
Dôme    217' 

Buhot  de  Kersbrs,  a.  G.  N.  Stèles  romaines  trouvées 
à  Bourges .    173 

—  Vases  antiques  trouvés  près  d'une  fontaine  qui  est 
encore  un  lieu  de  pèlerinage 174 

Garon  (E.),  a.  g.  n.  Mosaïques  de  la  mosquée  de  Kba- 
rié-Djami  à  Gonstantinople 182 

—  Terre  cuite  provenant  de  Mola 266 

Gasati  (G.),  A.  G.  N.  Découverte  à  Golonna  d'une  belle 

sépulture  étrusque 207 

Castan  (A.),  A.  G.  N.  Vase  antiqye  en  verre  à  deux 
couches,  trouvé  à  Besançon 292 


—  329  — 

Gauyel  de  Bbauvillé  (Victor),  A.  G.  N.  Son  éloge 

funèbre .    .     .  57 

Gessag  (le  comte  P.  de),  A.  G.  N.  Mémoire  sur  ane 
épitaphe  qui  se  voyait  jadis  dans  Tabbaye  de  Grand- 
mont    104 

Ghambrun  de  Rosbmont  (M.  de).  Hommage  de  son 

ouvrage  sur  la  (xenèse 81 

Ghabdin  (Paul),  A.  G.  N.  Mémoire  sur  les  peintures  de 

l'église  de  Kernviria-Nisquit 94 

GoLLBviLLE  (vicomte  de),  a.  g.  n 189,  198 

^—  Découverte  d'un  monument  romain  à  Eerfeunteu- 

niou  (Finistère) 238 

GoLLiQiTON  (Max.).  Élu  membre  résidant     .    .    .    .     65,  67 

—  Observation  sur  la  céramique  antique 99 

—  Statues  antiques  provenant  d'Athènes 136 

—  Torses  archaïques  provenant  du  temple  d'Actium  .  229 

—  Ëlu  membre  de  la  commission  des  impressions  .    .  267 

GoRBLBT  (l'abbé),  A.  G.  N.  Sa  mort 179 

Corroyer  (Ed.),  M.   R.  Anneau   sigillaire  de  saint 

Lubais,  disciple  de  saint  Ours  ........  72 

—  Élu  secrétaire 267 

GouRAjoD  (L.),  M.  R.  Discours  prononcé  en  quittant  la 

présidence  de  la  Gompagnie 49 

—  Imitations  d'œuvres  antiques  par  les  artistes  de  la 
Renaissance 67,  69 

—  Hommage  de  plusieurs  ouvrages  de  M.  A.  Bertolo^ti  76 

—  Porte  de  tabernacle  du  baptistère  de  Sienne  ...  80 

—  Statue  de  Philippe  de  Morvilliers 85 

—  Mémoire  sur  un  groupe  faussement  attribué  à  Pierre 
Puget 115 

—  Sceaux  de  la  Renaissance 122 

—  Moulages  de  masques  en  marbre  conservés  dans 
divers  musées 132 

—  Photographie  représentant  un  personnage  décoré  de 
Tordre  du  Vase  de  Lys 132 

—  Rapport  approuvant  la  gestion  du  trésorier    .    .    .  145 

—  Statue  de  Gharles  d'Anjou  conservée  à  Rome     .    .  190 

—  Les  stucs  italiens  du  xv«  siècle 196 


—  330  — 

—  Observation  sur  les  ivoires  faux %i3 

—  Observation  sar  la  châsse  de  sainte  Geneviève    .    .  220 

—  Stac  peint  et  doré  d'après  une  madone  de  Dona- 
tello 220 

—  Chapiteau  du  ui«  siècle  découvert  à  Valence .    .     .  223 

—  Observation  relative  à  la  date  du  congrès  des  Socié^ 

tés  savantes 226 

—  Hommage  de  l'ouvrage  de  M.  Durieu  intitulé  :  Les 
registres  angevine  de  Nazies 227 

—  Buste  en  marbre  du  xv«  siècle 227 

—  Buste  de  Ferdinand  I»»- d'Aragon 227 

—  Émaux  de  peinture  au  xv'  siècle  en  Italie  et  en 
France 251,  254 

—  Hommage  des  deux  premiers  volumes  des  Memus- 
erits  de  Léonard  de  Vind  par  M.  Gh.  Ravaisson 
Molien 253 

—  Groupe  de  Bertoldo  fondu  par  Adriano  FiorenUno  .    262 

—  BuflTet  en  noyer  sculpté  du  xvi«  siècle 226 

—  La  prétendue  statue  de  Renaud  de  Donnans  au 
Musée  de  Versailles 268 

—  Dessin  d'une  cheminée  exécuté  pour  le  château  de 

8y  par  Barthélémy  Prieur 277 

—  Masques  de  ^narbre  exécutés  par  des  artistes  italiens 
travaillant  en  France  à  la  fin  du  xv«  siècle ....    305 

Danoibeaud,  a.  g.  N.  Objets  divers  appartenant  au 
Musée  de  Saintes 175 

Delattre  (le  P.),  A.  G.  N.  Inscriptions  antiques  trou- 
vées à  Utique  et  à  la  Malga 208 

Delà  VILLE  Le  Roulx,  A.  G.  N.  Mémoire  sur  des  sceaux 
relatifs  â  l'Orient  latin 168 

Dbhaison,  a.  g.  n.  Gachet  d'oculiste  et  coticula  trou- 
vés â  Reims 173 

DoDGET.  Groix  du  xiv«  siècle  récemment  découverte  à 
Villemomble 192 

DucHESNE  (l'abbé  L.),  M.  R.  Sens  du  mot  centenarium,      86 

—  Les  chartes  byzantines  de  Saint-Nicolas  de  Bari.    .    214 

—  Observation  sur  la  châsse  de  sainte  Geneviève  .    .    220 
^  Rectification  au  texte  de  la  vie  du  pape  Léon  III   .    230 


—  334  — 

—  Élu  secrétaire  adjoint 267 

—  Plat  en  verre  représentant  la  résurrection  de  Lazare  283 

—  Inscription  métrique  de  l'autel  de  Saint-Pierre  du 
Ham 285 

—  Observation  sur  une  pierre  de  Téglise  de  Persac.   •.  303 
Dumoulin  (J.  B.),  libraire  de  ta  Ciompagnie.  Son  éloge 

funèbre 61 

DuPLBSsis  (G.),  M.  R.  Portrait  de  LfOuis  II  d'Anjou    .  85 

DuRUFLÉ  (G.),  A.  G.  N 69,  81,  85 

DuYERNOY  (G.),  A.  G.  N.  Lingots  antiques  de  métal 

trouvés  à  Mandeure 288 

Eqobr  (ë.),  m.  h.  Son  éloge  funèbre 52 

ËspÉRANDiBU,  A.  G.  N.  Gippe  trouvé  en  Tunisie  ...  86 

^  Médaille  moderne  en  plomb  au  nom  de  Puycerda  .  207 

—  Inscription  de  Puycerda,  du  xiv*  siècle 228 

—  Inscriptions  des  Pyrénées-Orientales  et  de  Narbonne  246 

—  Buffet  en  noyer  sculpté  du  xvi«  siècle 266 

Fagb  (R.),  A.  G.  N 221,245 

Faur  db  Pibrac  (comte  ou),  A.  G.  N.  Sa  mort    ...  71 
Fayolle  (marquis  de),  A.  G.  N.  Substructions  antiques 

trouvées  près  de  Périgueux 176 

Floubst  (Ed.),  M.  R.  Provenance  de  i'étain  aux  temps 

préhistoriques 65 

-^  Antiquités  gauloises  trouvées  à  Gusey 76 

—  Observations  sur  les  tombes   formées  d'amas  de 
pierres 88 

—  Hommage  de  VE»sai  sur  le  système  métrique  assyrien 

de  M.  Aurès 94 

—  Vases  à  visage  humain  découverts  en  Troade.     .    .  99 

—  Fragment  d*une  plaque  d'ardoise  découverte  à  Pact 
(Isère) 101 

—  Observation  sur  des  objets  en  bronze  trouvés  dans 
leBerry 122 

—  Observation  sur  des  stèles  romaines  trouvées  à 
Bourges 174 

—  Bracelets  en  spirale  du  Musée  Saint-Germain     .    .  180 

—  Pierres  tombales  du  xiii«  et  du  xiv«  siècle ....  222 

—  Gloches  en  cuivre  et  en  fer  forgé  conservées  à  Orléans.  222 


—  332  — 

—  Hommage  d'une  notice  de  M.  Pilioy  sarle  cimetière 
d'Abbeville-HombUères 236 

—  Observation  sur  le  mauvais  état  de  quelques  Musées 

de  province 238 

>-  Observation  sur  deux  sarcophages  chrétiens  du  midi 

de  la  France 316 

Frossard  (le  Pasteur),  A.  G.  N.  Découverte  d'une  nécro- 
pole romaine  à  Garmona 194 

Gaidoz  (H.),  M.  R.  Observation  sur  les  tombes  formées 
d'amas  de  pierres    . 88 

—  Hommage  d'une  notice  bibliographique  sur  M.  Birch    111 

—  Observation  sur  les  silex  employés  comme  amulettes    122 

—  Observation  sur  des  vases  antiques  trouvés  près 
d'une  fontaine  encore  fréquentée  par  des  pèlerins         174 

—  Bracelets  et  anneaux  en  cuivre  dans  l'antiquité  pré- 
historique et  chez  les  peuples  sauvages  du  Gongo     .    180 

—  Observation  sur  la  châsse  de  sainte  Geneviève   .    .    220 

—  Observation  sur  le  temple  du  Puy-de-Dème  .    .     .    223 

—  Observation  relative  à  la  date  du  congrès  des  Socié- 
tés savantes 226 

—  Usage  des  clochettes  au  moyen  âge 254 

—  Interprétation  de  la  légende  gravée  sur  un  gobelet 

du  moyen  âge. 255 

Garruggi  (le  P.  R.),  A.  G.  E.  Son  éloge  funèbre.  .  .  61 
Gbrmer-Durand  (Fr.),  A.  G.  N.  Inscriptions  romaines 

de  Rodez 185 

Gbym&ller  (baron  H.  de),  â.  G.  £.  Dessin  de  Ducer- 

ceau  représentant  un  temple  antique  avec  la  légende 

Diacolis 107 

GODBT  (l'abbé),  A.  G.  N 111,  132 

GoY  (P.  db),  a.  g.  n.  Objets  en  bronze  trouvés  dans 

le  Berry 122 

GuÈRB  (vicomte  de  la),  A.  G.  N.  Gonteste  la  lecture 

d'une  inscription  de  Bourges  donnée  dans  le  BulUtin.  107 
Guillaume  (E.),  M.  R.  Substructions  antiques  trouvées 

près  de  Périgueux 175 

HiRON  DE  ViLLEFOSSE  (Aut.),  M.  R.  Monumcut  épigra- 

phique  suspect  trouvé  à  Entrains  (Nièvre)  ....    100 


—  Inscription  de  Bourges  portant  des  traces  de  marte- 
lage   107 

—  Annonce  que  M.  J.  de  Laurière  a  photographié  la 
statue  de  Charles  d'Anjou  conservée  au  Gapitole .    .    185 

-»  Hommage  du  premier  numéro  de  la  Bmm€  de  V Afri- 
que françaite  185 

—  Hommage  d'une  photographie  de  M.  de  Laurière^ 
représentant  les  fouilles  du  Palatin 194 

—  Découverte  d'un  cimetière  romain  aux  environs  de 
Saint-Quentin .194 

—  Lit  une  lettre  de  M.  Bourgade  sur  le  mauvais  état 

des  ruines  du  temple  de  Mercure  sur  le  Puy-de-Dôme    215 

—  Observation  relative  à  la  date  du  congrès  des  Socié- 
tés savantes 226 

—  Observation  sur  le  Diadumène  de  Vaison  ....    259 

—  Mosaïques  antiques  trouvées  à  Tebessa 265 

—  Élu  président 267 

—  CSachets  d'oculistes  romains  provenant  d'Italie  et  de 
diverses  contrées  de  la  Gaule 269 

HéaoN  DE  VU.LBF0SSE  (Ë.),  A.  G.  N 196,  198 

HoMOLLB,  A.  G.  N.  Mémoire  sur  l'amphithéâtre  de 
Gurion 228 

JuLuoT  (G.),  A.  G.  N.  Boucles  d'oreille  en  argent  trou- 
vées dans  un  cimetière  mérovingien .174 

La  Groix  (le  R.  P.  G.  db),  A.  G.  N.  Ruines  d'un  sanc- 
tuaire du  xix«  siècle  à  Persac 299 

Lafatb  (G.),  A.  G.  N.  Tombe  antique  découverte  à 
Saint-Martin 236 

—  Sarcophages  chrétiens  provenant  d' Aix  en  Provence 

et  de  Moustiers,  Basses-Alpes 311 

Laïque  (L.  de),  A.  G.  N.  Inscription  trouvée  à  Rouda- 
la-Viejà  (Espagne) 72 

—  Nécropole  étrusque  de  Gorchiano 81 

—  Sceau  en  bronze  trouvé  à  Munda  (Espagne)    ...      82 

—  Médaille  de  Néron  portant  une  contremarque.    .    .    105 

—  Découvertes  faites  sur  le  territoire  de  Yico-Equense    105 

—  Inscriptions  découvertes  à  Vérone    ......    128 

—  Sépultures  découvertes  à  Naples 130 


—  884  — 

—  Monament  fanx  attribué  à  Vulci 246 

—  Ghapiteaur  historiéa  de  Pise 230 

—  Fouilles  archéologiques  à  San  Stefano 297 

Lasteyrie  (comte  R.  db),  M.  R.  Provenance  de  Tétain 

aux  temps  préhistoriques 66 

-^  Mémoire  sur  un  émail  de  Limoges  provenant  de 

Tautei  de  Grandmont 94 

•—  Les  vases  perforés  dans  les  sépultures 100 

—  Découverte  de  bains  antiques  prés  de  Périgueux    .  193 

—  Observation  sur  les  ivoires  faux 213 

—  Observation  sur  une  pierre  de  Téglise  de  Persac.  .  303 
Laurtèrx  (J.  db).  Élu  membre  résidant 81 

—  Liscriptions  relatives  à  la  bataille  de  Marignan  .    .  169 

—  Inscription  chrétienne  inédite,  trouvée  à  Rome  près 

du  cimetière  de  âaint-Hippoiyte 184 

^  Statue  de  Charles  d'Anjou  conservée  à  Rome.      185,  190 

-^  Mosaïque  découverte  dans  i'ile  de  Majorque  .  .  < .  291 
Lbgoy  db  la  Marchb  (A.),  M.  R.  Note  sur  les  colonnes 

antiques  de  Tabbaye  de  Saint- Aliyre 223 

Ledaih  (Bélisaire),  A.  G.  N.    ......    .      105,  190 

Lbtaille  (J.),  a.  g.  N 69 

—  Observation  sur  un  cippe  trouvé  en  Tunisie  ...  86 
Ltesvillb  (comte  de),  A.  G.  N.  Son  éloge  funèbre   .    .  57 
LoNONON  ;A.),  M.  R.  Élu  premier  vice-président.    .    .  267 
Marsy  (comte  de),  A.  G.  N.  Statuette  de  saint  Jean- 
Baptiste,  en  argent  doré 191 

Maspâro.  Lettre  sur  une  inscription  renfermant  This- 

toire  de  T  Égyptien  Sincha  (xii«  dynastie)    ....  144 

Masqublez,  a.  g.  n.  Son  éloge  funèbre 58 

Maxe-Werly  (L.),  a.  g.  n.  Boucle  de  ceinturon  trou- 
vée à  Fieury-sur-Aire 68 

—  Plats  en  bronze  trouvés  à  Bar-le-Duc 73 

—  Support  de  vase  trouvé  à  Bar-le-Duc 83 

—  Vases  trouvés  aux  environs  de  Reims 145 

—  Romaine  en  bronze  trouvée  à  Reims 167 

—  Mémoire  sur  des  objets  antiques  trouvés  à  Gondce- 
court ■  ....  305 

—  Objets  antiques  trouvés  à  Yermand 308 


—  385  — 

Mayer  (Joseph),  A.  G.  E.  Sa  mort 75 

MoLiKiBR  (Ë.),  M.  R.  Observations  sar  des  médaillons 

de  la  Renaissance 68 

—  Porte  de  tabernacle  du  baptistère  de  Sienne  ...  80 

—  Contrat  relatif  à  l'exécution   d'un  bas -relief  par 
Mathias  délia  Robbia 85 

—  Empreinte  en  bronze  du  sceau  du  cardinal  Gibo.    .  122 

—  Hommage  d'un  compte  rendu  de  M.  Gh.  Robert  sur 

les  médailleurs  de  la  Renaissance 149 

—  Identification  du  graveur  Pellegrino  avec  Giacomo 
Francia 172 

—  Hommage  de  l'ouvrage  de  M.  Durieu  intitulé  :  Let 
registres  angevins  de  Naples 227 

—  Tombe  en  cuivre  gravé  provenant  de  Saint-Junien .  229 

—  Trésor  de  l'abbaye  de  Grandmont 230 

—  Hommage  d'une  brochure  de  M.  Bouchot ....  235 

—  Hommage  d'un  travail  de  M.  de  Linas  sur  l'émail- 
lerie  limousine 235 

—  Le  camée  du  trésor  de  Saint-Sernin  de  Toulouse    .  262 
MoNTAiGLON  (Â.  db),  M.  R.  Los  artistes  de  la  Renais- 
sance faisaient  des  imitations  et  non  des  contrefaçons 

de  l'antique 69 

—  Sceau  de  l'abbaye  de  Loya  (Espagne) 69 

—  Observation  sur  une  empreinte  aux  armes  du  cardi- 
nal Gibo    122 

—  Éloge  funèbre  de  Joseph  Mayer 75 

—  Explication  d*un  texte  relevé  sur  un  bas-relief  de 
délia  Robbia 207 

—  Observation  sur  les  ivoires  faux   ....'...  213 

—  Observation  sur  le  camée  de  Vienne 262 

MowAT  (R.),  M.  R.  Inscription  trouvée  à  Nimes.    .    .  70 

—  Inscription  d'Amsoldingen  (Suisse) 70 

—  Sceau  trouvé  à  Munda  (Espagne) 82 

—  Gippe  trouvé  à  Bordj-Messaoudi  (Tunisie) ....  86 

—  Usage  des  perforations  dans  les  vases  funéraires.    .  99 

—  Tessère  suspecte  du  Gabinet  des  médailles ....  100 


-—  886  — 

—  Monnaies  romaines  en  bronze  contremarqnées  sur 
l'effigie 105, 108 

—  Bronza  romain  avec  la  légende  Fio^oo».    .    .      108,  115 

—  Inscription  découverte  à  Nîmes 136 

—  Vase  découvert  à  Gurium  portant  le  nom  du  roi 
Ptolémée 145 

—  Observation  sur  un  dessin  de  Ducerceau  représen- 
tant un  temple  avec  le  mot  Diacolis 171 

—  Médaille  moderne  en  plomb,  au  nom  de  Puycerda .    207 

—  Inscriptions  antiques  trouvées  à  Utique  et  à  La 
Malga 208 

—  Observation  sur  le  temple  du  Puy-de-Dôme  ...    223 

—  Inscription  de  Puycerda,  du  xVv*  siècle 228 

—  Lettre  de  M.  Âudiat  sur  un  verre  du  Musée  de  Poi- 
tiers  246 

—  Inscriptions  provenant  des  Pyrénées-Orientales  et 

de  Narbonne 246 

—  Antiquités  encastrées  dans  le  mur  de  la  maison  de 

M.  Rouard  à  Aix 256 

—  Objets  antiques  provenant  de  France  et  conservés 

an  Musée  britannique 257 

^  Hommage  d'une  notice  nécrologique  de  M.  Ferrero 
sur  Léon  Renier 261 

—  Renseignements  sur  la  collection  d'Hérisson  vendue 

à  Londres 263 

—  Romaine  en  bronze  trouvée  à  Beyrouth    ....    277 
MûNTZ  (£.),  M.  R.  Observation  sur  les  imitations  d'œu- 

vres  antiques  par  les  artistes  de  la  Renaissance  .    .      67 

—  Notice  sur  quelques  artistes  avignonais  du  pontifi- 
cat de  Benoit  XIII 111 

—  Vitraux  du  verrier  Guillaume  Marcillat  au  dôme 
d'Arezzo 237 

NiGAisB  (A.),  A.  G.  N.  Antiquités  gauloises  et  romaines 
de  provenances  diverses 173 

—  Bras  portant  des  bracelets  reliés  l'un  à  Tautre, 
trouvé  dans  une  sépulture  gauloise 179 

*-  Buste  en  marbre  représentant  probablement  un  Apol- 
lon   180 


—  337  — 

NiGARD  (Pol),  M.  R.  Note  sur  des  fouilles  faites  à  Wol- 
lishoffen,  près  de  Zurich 106 

—  Propose  de  donner  à  la  Bibliothèque  nationale  les 
manuscrits  anciens  que  possède  la  Société  ....    475 

—  Provoque  un  vœu  de  la  Société  en  faveur  des  anciens 
hôtels  du  Marais  menacés  par  le  chemin  de  fer  métro- 
politain  175 

—  Chapelle  de  Saint-Aignao,  à  Paris 223 

—  Sollicite  l'intervention  jde  la  CSompagnie  en  faveur 

de  réglise  Saint-Julien-le-Pauvre 259 

—  Réélu  bibliothécaire  archiviste 267 

—  Observation  sur  une  mosaïque  trouvée  à  Tébessa   .    267 

—  Point  du  règlement  relatif  aux  élections    ....    303 
NoB  {le  colonel  de  la).  Lecture  d'un  mémoire  sur  l'op- 
pidum gaulois 70,  74,  80,  84 

Nyd  (Fabbé),  A.  G.  N.  Sa  mort 226 

Passy  (L.).  Élu  membre  honoraire 65,  69 

Payard,  a.  g.  N 495,  498 

—  Objets  antiques  trouvés  à  Deneuvre 498 

Perrot  (6.))  M.  R.  Observation  sur  une  coupe  trouvée 

dans  le  Gaucase 269 

Petit  (E.),  A.  G.  N.  Peinture  allégorique  du  xvi*  siècle 

au  château  de  Tanlay 208 

Pfuqh-Harttuno,  a.  g.  E 253,  267,  277 

PouJOL  DE  Fréchencourt  (F.),  A.  G.  N 96,  432 

Prost  (A.),  M.  R.  Monument  antique  trouvé  à  Hed-^ 

dernheim,  près  Francfort-sur-le-Mein 439 

—  Monnaies  fausses  de  Tempereur  Othon 256 

Prunièrbs  (le  D'),  A.  G.  N.  Note  sur  des  antiquités 

découvertes  dans  la  plaine  de  Ghanac  (Lozère).     .     .    447 

—  Note  sur  une  bague  antique  portant  le  nom  lustinus    237 
Rayet  (O.),  m.  r.  La  Compagnie  refuse  d'accepter  sa 

démission 499 

Read,  m.  r.  Observation  relative  k  la  date  du  congrès 

des  Sociétés  savantes 226 

Renier  (Léon),  M.  H.  Son  éloge  funèbre 52 

—  Son  éloge  funèbre  par  M.  E.  Ferrero 264 

amt.  bulletin.  22 


—  388  — 

RiAKT  (comte),  M.  R.  Mémoire  sur  une  pierre  tombale 
et  Bur  un  tableau  de  l'église  de  Vienne,  Allier     .    .    255 

Rivoli  (le  duc  db),  A.  G.  N 253,  282 

RoBBBT  (Gh.))  M.  R.  Observations  sur  des  marques  de  * 
potiers  trouvées  dans  TArtois 108,  109 

—  Médaillon  contomiate  rectangulaire 213 

RoBBRT  (Ulysse),  M.  R.  Rectifications  au  GaUia  chrù- 

Uana  et  à  l'Art  de  vérifier  les  dates 247 

Roman  (J.),  A.  G.  N.  Renseignements  archéologiques 
fournis  par  un  obituaire  de  Forcalquier 107 

—  Sceau  de  Raymond  de  Montauban 280 

RoGHBTtN.  Inscription  en  caractères  grecs  trouvée  sur 

le  territoire  de  Montdragon  (Vaucluse) 134 

Rouo  (vicomte  J.  de),  M.  R.  Lettre  de  M.  Maspero  sur 
une  inscription  renfermant  l'histoire  de  T^yptien 
Sincha  (xii«  dynastie) 144 

—  Bijoux  en  or  du  xiv«  et  du  zv^  siècle 167 

—  Vase  cypriote  portant  le  nom  du  roi  Ptolémée  .  .177 
RoziÀRB  (E.  dk),  m.  r.  Élu  second  vice-président  .  .  267 
Rupin  (Ë.),  A.  G.  N.  Tombe  en  cuivre  gravé  provenant 

de  SaintpJunien 299 

—  Instruments  dont  on  se  servait  au  moyen  âge  pour 
attiser  le  feu 305 

Saouo  (E.)f  M.  R.  Médaillons  de  la  Renaissance    .    .  67 

^  Vases  à  visage  humain  découverts  en  Troade.    .    .  99 

—  Galice  et  patène  du  xii«  siècle  .    .    ^ 184 

—  Plaques  en  émail  très  fin,  seules  connues  de  leur 
espèce 184 

—  Observation  sur  les  ivoires  faux 213 

—  Observations  sur  une  mosaïque  antique  trouvée  à 
Tebessa 265,268 

—  Observation  sur  une  terre  cuite  de  Mola  ....  266 
— -  Élu  membre  de  la  Gommission  des  fonds  ....  267 
SizBRANNB  (le  comte  Monnibr  db  la),  A.  G.  N.  Ghapi- 

teau  du  xn«  siècle  découvert  à  Valence 223 

Tbrningk  (A.),  A.  G.  14.  Note  sur  des  marques  de 
potiers  trouvées  dans  l'Artois 108 


—  339  — 

Thédbnat  (l'abbé  H.),  M.  R.  Observation  sur  une  ins- 
cription trouvée  à  Ronda-la*Vieja  (Espagne)   ...  72 

—  Plats  en  bronze  trouvés  à  Bar-le-Duc 73 

—  La  prétendue  déesse  Cura    .    , 115 

—  Observation  sur  une  inscription  trouvée  à  Vérone  .  130 

—  Sépulture  romaine  trouvée  à  Saint-Hîppolyte  (Haute- 
Garonne)   130 

—  Bornes  miliiaires  trouvées  dans  le  Var 150 

—  Objets  antiques  trouvés  à  Deneuvre  par  M.  EHiyard.  198 

—  Hommage  de  la  part  de  M.  R.  de  la  Blancbére  du 
décret  du  bey  de  Tunis  relatif  à  la  conservation  des 
monuments  antiques 208 

—  Hommage  d'un  discours  de  l'abbé  Lallemand  sur 

les  programmes  classiques 222 

—  Hommage  d'un  travail  de  M.  Ëngelhardt,  intitulé  : 

les  Canàbenses  et  V origine  de  Strasbourg 226 

—  Chapiteaux  historiés  de  Pise 230 

—  Inscription  de  Fréjus 287 

—  Le  trésor  de  Montcornet 298 

—  Objets  antiques  trouvés  à  Yermand 308 

—  Mémoire  sur  Tembranchement  de  la  voie  aurélienne 

qui  allait  à, Riez 310 

—  Inscriptions  de  Vérone 310 

—  Observation  sur  un  cachet  d'oculiste  découvert  à 
Reims 311 

Thiolibr,  a.  g.  N 226,  283,  305 

TouRRBT  (l'abbé),  A.  G.  N,  Sa  mort 121 

Vaux  (baron  db),  A.  G.  N.  Découvertes  archéologiques 

dans  la  propriété  des  Dominicains,  à  Jérusalem  .  .191 
WiTTE  (baron  J.  de).  Bronze  trouvé  aux  environs  d'Ab- 

beville 183 

—  Aiguille  de  bronze  provenant  d'Étaples 191 

—  Hommage  de  son  CatcUogue  des  antiquités  conservées 

à  rhâiel  Lambert .    .*  305 

WoRSAAE  (J.  J.  A.),  A.  G.  E.  Son  éloge  funèbre     .    .  58 


—  340  — 


III. 
Index  géographique. 


Abbeville  (Somme),  483, 284. 

Abbeville-Houblières  (Ais- 
ne), 236. 

AoTiuM  (Grèce),  229. 

Afrique,  50. 

Aqen,  58. 

Aix  (Bouches -du -Rhône), 
259,  311,  312.  Bibliothèque 
muntcipcile^  256.  Collection 
Rouard,  256.  Musée,  132, 
305,  314,  316.  Quartier  de 
VHôpitaL  256. 

Algérie,  208. 

Alpes  (  Hautes-).  Archives , 
280. 

Amérique,  133,  134,  268. 

Amiens,  132. 

Ampus  (Var),  153, 156. 

Amsûldinobn  (canton  de  Bm*- 
ne),  70. 

Angers.'  Abbaye  de  Saint- 
Jean,  230. 

Angleterre,  59,  122. 

Anteis  (lieu  ancien),  Var,  151 . 

Antibes  (  Alpes  -  Mari  times  ) , 
171, 

Antioche,  169. 

Antonicagus  (Antony),  215. 

Antony,  215. 

Apaméb  (Syrie),  169. 

Aquae  Apollinares  (Italie), 
164. 

Aquilée,  198. 

Arabie,  180. 

Aretium  (Arezzo),  Italie,  118, 
119. 

Arezzo.  Dôme,  297. 

Ahgens  (rivière  d*),  Var,  152. 

Argentarius  (Mons),  Italie, 
297. 

Arles,  316. 


Arménie,  159. 

Arras,  248. 

Arras  (vieil),  109. 

Artois,  109. 

Asns,  133,  134,  220,  321. 

Asie  Mineure,  87,  280. 

Athènes,  144.  Ecole  française, 
229.  Temple  d\4thena  Po- 
lios, 136. 

AttIqub,  180. 

AncH,  247. 

Aura  Y  (Morbihan),  91. 

AuNizEux  (Marne),  277. 

Auvergne,  117, 118, 119,  142. 

Auxbbrb,  70. 

AvELLiNO  (Italie),  59. 

Avignon,  111,  114.  Civitas 
Avinionis,  iOS.EgliseSasnt' 
Didier,  305. 

Baccarat  (Meurthe -  et  -  Mo- 
selle), 190. 

Bagaxi  (Maurétanie),  115. 

Bale  (Suisse),  267. 

Bandeghisilo  Vallib  (Bou- 
gival),  215. 

Bar-le-Duc,  73,  83.  Musée, 
68,  84. 

Bari  (Saint-Nicolas  de),  Ita- 
lie, 214. 

Baptisés  (les),  fontaine,  Cher, 
174. 

Bavai  (Nord),  109,  258. 

Beaufort,  214. 

Bbauvais,  250. 

Belgique,  99^  235. 

Bellag  (église  de),  Haute- 
Vienne,  230. 

Bellevue  (Seine),  69.  - 

Belley,  247. 

Berry,  122,  237. 


—  344  — 


Bbrlin.  Mtuéey  132, 144,  220, 

305. 
Besançon,    292,    295.   Cha^ 

mars,  295.  Musée,  295. 
Beyrouth  (  Asie  -  Mineure  ) , 

277,  280. 
BODON,  108. 
Bois-Bouchot  (tumulus  du), 

près  Langres,  277. 
Bordeaux,  235. 
Bordj-Messaoudi  (Tunisie), 

86. 
Bouoival,  215. 
BouLÈNB   (la),   Lozère,   147, 

148. 
Bourges,  107,  173.  248.  Mu^ 

sée,  132,  174,  305.  Sainte- 

Chapelle,  237. 
Bourgogne,  142,  261. 
Bretagne,  66,  91,  271. 
Bretagne  (Grande-),  180. 
Brignoles    (Var),    156-165. 

Candumy    (lieu    dit),    159. 

Catel  (ferme),  162.  La  Le- 

gue  (ferme),  163, 164.  Quar- 
tier des  Capucins,  156, 159. 

Saint-Pierre,  164. 
BRrTANNiQDEs  (îles),  66,  180, 

181. 

Gabasse  ^Var),  159,  163. 

Gabrnavon  (comté  de),  pays 
de  Galles,  88. 

Cambrai,  248,  249. 

Cambridge.  Tri$iity  Collège, 
262,  263. 

Candumy  (lieu  dit,  près  Ga- 
basse), Var,  159,  165. 

Cannet  (le),  près  le  Luc,  Var, 
165,  166. 

Gantorbkry,  247. 

Carhaix  (Finistère),  89,  137. 

Garinthib,  52. 

Carmona  (province  de  Se  vil- 
le), 194. 

Carpentrab  (Vaucluse).  Col- 
lection Morel,  305. 

ANT.    BULLETIN. 


Carthagb,  264. 

Castbllamare  (Italie),  105. 

Gastellane  (  Basses- Alpes  ), 
310. 

Gabtbllbtto  Tigu«o  (Italie), 
317,  321. 

Gaubiag  (Haute -Garonne), 
257. 

Caucase,  65,  66. 

Cebnay-lès-Reims,  173. 

Gésaréb,  169. 

Chalon-sur-Saône,  297. 

Chalons-sur-Marne.  Cathé- 
drale, 251. 

Ghamars.  Voy.  Besançon. 

Champagne,  96, 100, 139, 261. 

Chanac  (Lozère),  147,148,149. 

Chaourghe  (Aisne).  298. 

Charbonnier  (Puy-ae-Dôme), 
273. 

Charleville,  50. 

Chartrongbs  (Seine-et-Mar- 
ne), 180. 

Chatblbt  (le),  Haute-Marne, 
180. 

Ghatellerault  (duché  de), 
170. 

Châtre  (la).  Cher,  237. 

Ghessy  (Aube),  259. 

Chine,  133. 

Chiussi  (Italie),  287. 

Chypre  (île),  145,  177. 

GiviTA  CÀsTEkLANA  (Italie),  81, 
82. 

Glamecy  (Nièvre).  Musée,  100. 

Glermont  (  Puy-de-Dôme  ), 
215,  217. 

Glichy,  215. 

Clippiacus  (Glichy),  215. 

Cluny  (abbaye  de),  247. 

Coere  (Etrurie),  207. 

(JoLONNA  (Etrurie),  207. 

CoNDRES  (Condate),  Lozère, 
188. 

(3oNoo,  179. 

Conques  (abbaye  de),  Avey- 
ron,  230. 


—  842  — 


CÎONSTANTTNOPLE,  214.  Bncêm' 
te  fortifiée^  182.  Mosquée 
Kharté-Djami,  182.  Stam- 
hovl,  182. 

GoPBNHAOUB,  58.  Musée.  58, 
139. 

GoRGHiANO  (autrefois  Paierie), 
81. 

GosTA-RiGA  (Amérique),  133. 

Grimée,  139. 

Groisière  (la),  Vaucluse,  135. 

GuRiON.  Amphithéâtre,  228. 

GuRiUM  (Gypre),  145. 

GusEY  (Haute-Marne),  76. 

Gu88Y  (Gôte-d'Or),  143. 

Danemark,  58,  139. 

Delta  (le),  Éffypte,  144. 

Dbnbuvre  (  Meurthe  -  et-  Mo- 
selle), 198,  309. 

Draouionan.  Musée  de  la  So- 
ciété d'études  scientifiqueSy 
152. 

Dresde.  Musée  des  antiques. 
262. 

Eburomagus,  215. 

Ecosse,  59. 

Egypte,  144.  Institut  égyp^ 

tien,  145. 
Embrun  (Hautes-Alpes),  248. 
Entrains  (Nièvre),  100. 
Ëpinal.  Musée,  83. 
Espagne,  66,  82,'  270. 
EsPALiON  (Aveyron),  188. 
EssARTS  (les),  Vendée,  168. 
Étaples  (Pas-de-Galais),  109, 
^191. 
Étrurib,  207. 

Falérie  (Italie),  81. 
Finistèrb,  241. 
Fbrmo  (Italie),  81,  272. 
Flbury- SUR -Aire   (Meuse), 

68. 
Florence.  Collection  Garriod, 

305. 
Fontainebleau.  Trésor,  262. 


FoNTAniE-siTR-GooLB  (Mame), 

173. 
Fontanili  (territoire  de  No- 

vare),  Italie,  317. 
Forgalquier   (Basses-Alpes), 

107,  108. 
FouLAiN  (Haute-Marne),  222. 
Fréjus  (Var),  287. 
Fribouro   (duché  de   Bade). 

Musée,  270. 

Galatie,  220. 

Galles  (pays  de),  88,  181. 

Gamart  (Tunisie),  264. 

Gap,  280. 

Gatine  (la),  93. 

Gaule,  50,  79,109,117,  122, 

130,   180,    193,   202,   214, 

215,236,271,287,  315. 
Gênes,  114,  272. 
Genève.  Musée  Fol,  205. 
Glandèves   (  Basses -Alpes), 

248. 
GoLASBCGA  (Italie),  322. 
Gondregourt  (Meuse),  305. 
Grandmont  (abbaye  de),  94, 

104,  230. 
Graville,  250. 
Grbdonbnse  (Gastrum),  148. 
Grosseto  (Italie),  207. 
Grceckwill,  317,  321. 

Ham  (Monastère  du),  Man- 
che, 285,  287.    • 

Hébrides  (iles),  88. 

Hébron  (Palestine).  169. 

Hbdobrnhbim  (  Alleraairne  ), 
139.  . 

Hongrie,  262. 

Horta,  116. 

IcoNiUM  (Asie-Mineure),  220. 
Indou-Kousch  (Plateau  de  1*1, 

66. 
loNiE,  233. 
Irlande,  59,  88, 109, 122,180, 

181. 


—  848  — 


Italib,  51,87,139,  450,  173, 
180,  196,  213.  251,  261, 
270,  297,  312,  317,  318. 

Jazindes  (commune  de  Ville- 
neuve -  d'Ailier ,  Haute- 
Loire),  272. 

JÈaUSALEM,  169,  191. 

JouAN  (golfe),  Alpes-Mariti- 
mes, 154. 

JouY  (château  de),  122. 

JUTELAND,  58. 

Keranna  (Morbihan),  91. 
Kerfbuntbuniou  (  Finistère  ) , 

238. 
Kbroloff  (Finistôre),  89,  90. 
Kerléoouan   (près  Éergloff, 

Finistère),  90. 
Kermaria-Nisquit  (église  de), 

commune  de  Plouha,  Gô^ 

tes-du-Nord,  94. 

Lambèsb  (Algérie),  50. 

Landes,  139. 

Langres,  247,  249,  277. 

Latium,  116. 

Lezoux  (Puj'-de-Dôme),  117, 

118. 
Liège,  235. 
Lille.  Musée^  172. 
Limoges,  235, 245.  Expontion 

rétrospective,  229,  230. 
Liyerpool^  75. 

LivouRNB  (Italie).  Muséey  130. 
Loches,  73. 
Londres.  Collection  d'Héris- 

son,   263  -  264.    Collection 

Pavne  Knight,  257.  Mueée 

hrUanniqtie,  145,  257-259; 

294,  321. 
LoYA  (abbaye  de),  Espagne, 

69. 
Lozère,  148,  149. 
LuG  (le),  Var,  158,  159,  162, 

165. 
Lybie,  144. 


Lyon,  70,  249,  250. 

Magon,  250. 

Madeleine   (source  de  la), 

commune  de  Montdragon, 

Yaucluse,  135. 
Maillanne  (Bouches-du-Rhô* 

ne),  154. 
Maisons,  214. 
Majorque  (ile  de),  291. 
Malaga  (presqu'île  de).  65. 
Malga  (la),  Tunisie,  2()8. 
Malte.  Archives,  169^. 
Mandeure,  288,  290,  291. 
Mans  (le),  132. 
Mantode  (Italie),  87. 
Margillat  (Allier),  237. 
Marignan  (Italie),  169. 
Marijoulet  (plaine  de),  Lo- 
zère, 148, 149. 
Marseille,  312.  Ahhaye  de 

Saint-Victor,  114,  312.  /xi 

Major,  305. 
Massaghusets,  133. 
Matavone  (ville  antique  dans 

le  Var),  162. 
Méditerranée  (bassin  de  la), 

66. 
Melegnano  (nom  ancien  de 

Marignan).  169-171. 
Mellac  (Finistère),  238. 
Melle   (Deux -Sèvres),   92. 

Eglise   Saint 'Hilaire,   93. 

Eglise  Saint-Pierre,  93. 
Mbnde,  249. 
Merten  (Lorraine),  139,  140, 

141. 
Mézin  (Lot-et-Garonne),  58. 
Milan,  253,  314. 
MisÈHB  (flotte  de),  59. 
MoissAC  (  Tarn-et-Garonne  ) . 

Cloître,  306. 
Mol  A  (près  Taormine),  266. 
MoNTCORNBT  (Aisue),  298. 
MOiNTDiDiER  (Somme),  57. 
Mo.NTDRAGON  (Vaucluse),  135. 


844  — 


Mohtâlimàb  (Drôme).  CdUo 

tion  Valentiny  155. 
MoNTLODis  (Pyrénéea-Orien- 

taies),  207. 
MoNTMAUH   (Hautes -Alpes), 

280. 
MoMTOBMENTiER  (Haute-Mftr- 

ne),  222. 

MONTPELLIBB.  Muêéty  314. 

MoRNAB  (Vaucluse),  135. 
Moulins.  Musée,  205. 
MousTiERB    (  Basses  -  Alpes  ), 

314. 
MuNOA  (Espagne),  82. 
Mu  Y  (le),  Var,  152. 
Mygènes,  149. 

Nanterre  (Seine),  219. 

Nantes,  91. 

Naplbs,  59,  129,    130,   214, 

227.  Musée,  294. 
Narbonnb,  246. 
Nbufghateau,  214. 
Neuilly-  LB  -  Real   (  Allier), 

259. 
Nevers,  248.  Musée,  238. 
Nigaraqua,  133. 
Nice,  112,  115,282.  CUleau, 

114,  115.  CoUection  d^Hé- 

rissony  263. 
Nicosie  (Chyore),  169. 
Nîmes,  70,  136,  276. 
Niort.  Archives,  92. 
Normandie,  262. 
NovARE  (Italie),  317. 
Noyers  (château  de),  Yonne, 

211   212. 
Noyon  (Oise),  250. 

NUMIDIB,  208. 

Oloron   (  Basses  *  Pyrénées  ) , 

247. 
Ombrib,  88,  321. 
Orœnt,  65,  66,270,321. 
Orient  latin,  169. 
Orléans,  71,  222. 
OsTiB,  268. 


Pact  (Isère).  101. 

Palma  (île  Majorque),  292. 

Pamiebs  (Ariège),  249. 

Pannonie,  220. 

Pabis,  219,  254,  268.  Andens 
hôtels  du  Marais.  175,  196. 
Bibliothèque  de  la  ville  de 
Paris,  57.  Bibliothèque  no- 
iionaU,  85,  175,  228,  235. 
Cabinet  des  médailles,  100. 
Chapelle  Saint-Aigiuin,  223. 
Collection  BasiUwski,  251, 
254.  Collection  Csartory- 
ski,  305.  Collection  WRé- 
risson,  263.  Collection  Pi- 
chon,  253.  CoUection  Stein, 
184.  Collège  de  Beauvais, 
268.  Ckfllège  de  France,  51. 
Ecole  des  beaux-arts,  115. 
Elcole  du  Parvis  Notre- 
Dame,  250.  Ecole  pratique 
des  Hautes-Etudes  ^  51.  Hn- 
sée  Carnavalet,  202,  260. 
Musée  de  Cluny,  94.  Musée 
des  Petits- Augustins,  115, 
568.  Mdsée  du  Louvre,  115, 
122,  123,  132,  184,  220, 
227,  229,  251,  259,  264. 
Saint-Julien-le-Pauvre,  259. 
Saint  'Martin -des- Champs, 
85.  Sorbonne,  50.  Thermes, 
259. 

Parthenay-le-Vibux  (Deux- 
Sèvres  I,  92,  93.  Eglise 
Saint-Pierre,  92. 

Pas  -  Saint  -  Luombr  { Orne  ) , 
132. 

Penmaghno  (pays  de  Galles), 
88 

Périgubux,  175,  176,  193. 

Pérousb,  272.  Musée,  270. 

Perpignan,  121. 

Pbrsac  (Vienne),  299. 

Pessinunte  (Galatie),  220. 

Petit-Morin  (vallée  du),  139. 

Phénicie,  321. 

PlERRE-EN-LuiSBT,  258. 


—  845  — 


PiSB,  230-233;  Eglise  San 
Pietro  in  grado,  233. 

Plouhà  (Gôtes-da-Nord),  94. 

Poitiers,  105,  190.  Muêée, 
246,  251. 

PoMPBï,  59,  60,  193,  294. 

PoRTiEux  LA  Colonne  (Vos- 
ges), 143. 

Porto  (Italie),  268. 

POUZZOLBS,  263. 

Prague.  Trésor  de  la  cathé" 
drale,  251. 

Provence,  213,  315. 

PuY  (le),  249. 

Puycerda  (Espagne),  207, 228. 

Pu  Y  -  DE  -  DÔME  (montagae) . 
Temple  de  Mercure^  118, 
215,  217,  223.  Clu^lle 
Saint'Bamahéy  218. 

PuY  EN  Vblay.  Musée,  305. 

Quimper,  91. 
quihperlê,  198. 

Rac  (Drôme),  155. 

Redon  (Ille-et- Vilaine),  137. 

Reims,  167,  163,   270,   311. 

Collection     Fovicher^     167. 

Fosse  Jean-Fat,  96.  Fosse 

Plantine,  145.  La  Maladre- 

rie,  145.  Musée,  97, 146. 
Rennes,  105. 
Rbnouaro  (le),  Orne,  81. 
Repentance  (pràs  Aix),  Bou- 

ches-du-Rnône,  311. 
Reuilly  (Loiret),  174. 
Rhbinzabern,  118. 
Rhtn  (région  du),  142,  202, 

262. 
Rhône.    Rive    droite,    135. 

Rive  gauche,  154,  156. 
Riez  (Basses- Alpes),  310. 
Rodez,  187,  248.  Musée,  185- 

188. 
Rome,  150, 170, 184, 190, 264, 

270,  271,  272.  Aqueduc  de 

Trajan,   86.    Archivée  du 


VaHaan,  114.  Cataçomhe 
Saxnumppolyte^  184.  Col- 
lection CampoMOi  52.  Scole 
française,  247.  Grottes  va- 
tieanes,  190.  Institut  archéo- 
logique allemand,  59.  Jani- 
cule,  86.  Latran,  59.  i/u- 
sée  du  Capitole,  185,  190. 
Musée  industriel,  190.  Fa- 
lais  des  conservcUeurs,  190. 
Palatin,  52, 194 .  Roma  Qua- 
drata^  194.  Saint-Pierre, 
86,  230.  Saint  '  Théodose, 
194. 

Rond  A  la  vieja  (Espagne), 
72. 

Rouen,  109. 

RouoE  (Mer),  315. 

RouvROi  (Pas-de-Calais],  109. 

ROYAT,  52. 

Russie,  269. 

Saivt-Allyrb  (abbaye  de), 
Puy-de-Dôme,  218,  223. 

Saint- André  de  Sorède  (Py- 
rénées-Orientales), 246. 

Saint-Gannat  (Bouche&-du- 
Rhône),  154. 

Saint-Gosme  (Gard),  254. 

Saint-Félix  (abbaye  de),  Drô- 
me, 223. 

Saint-Germain.  Musée,  180. 

Baint-Gbrmajn-Laval  (Loire), 
283. 

Saint  *- Gond  (marais  de), 
Champagne,  139. 

Saint-Hermentaibb  (jprés  Dra- 
guignan,  Var),  152. 

Saint  -  Hippolytb  (  église  ), 
commune  de  Marquefave, 
Haute^Garonne,  130. 

Saint-Junien  (Haute- Vienne), 
229. 

Saint-Just-lès-Lyon.  259. 

Saint-Loup  (sources  ae),  com- 
mune de  Montdragpn,  V^u- 
cluse,  135. 


346  — 


Saint- Martin  (canton  de  Fri- 

bourg,  Suisse),  236. 
Saint -Maximin   (Var),   463, 

312,  314. 
Saint-Quentin,  194.  Faubourg 

d'hle,  195.  Muiée,  194. 
SAiNT-RoF'laïïJ^ye  àe),  Drô- 

me,  223. 
Saint-Thibaut  (près  Sancerre, 

Cher),  212. 
Sainte-Marie  Latine  (abbaye 

de),  Orient  latin,  169. 
Saintes,  249.  Musée,  175. 
Saintines  (Oise),  191. 
San  Giuliano  (Italie),  169. 
San  Stefano  (Italie),  297. 

SARDAibNE,  292. 

Sarre  (région  de  la),  142. 
Savoie,  250.   Cités  lacustre». 

101. 
Savone  (Italie),  115. 
Scandinavie,  139,  262. 
Seine  (sources  de  la),  174. 
Sbltz  (Alsace).  143. 
Sennbvières  (aobaye  de),  In<- 

dre-et-Loire,  73. 
Seruoyer  (Ain),  226. 
SiBERSKAiA  (Caucase),  269. 
Sicile,  235. 
Sienne,  272.  Dôme,  80. 
Sistarigensis  (ejpiscopus),  108. 
Skye  (île  de),  88. 
SoissoNs,  249. 
SouiLLAG  (Lot).  Eglise,  306. 
SouLossB  (Vosges),  266. 
Stockholm.  Musée^  139. 
Strasbourg,  227. 
Suisse,  223.   Cités  lacustres, 

101,  133. 
Sumatra  (île  de),  268. 
Sy  (château  de),  Ardennes, 

277. 

Tanlay  (château  de),  Yonne, 

208. 
Tarbntaisb.  250. 
Tébebsa  (Algérie),  265,  268.  ' 


TBSsra  (fleuve),  Italie,  322. 
Tbstowa  (Italie),  297. 
Thâbbs  (Egypte),  145. 
Thibet,  133. 
Tibre,  88. 
ToDi,  87. 

TONNAY,  215. 

Toulouse,  249.  Trésor  dé 
SavU-Semin,  262. 

TouRDAN  (Isère),  258. 

Tournub,  259. 

Tours,  249.  Cathédrale,  72. 

TouRVES  (Var),  160, 162, 163. 
*  Château  du  comte  de  Val" 
heUe,  160,  163. 

Tranb  (Var),  150,  152,  156. 
Chapeae8aiiU'Vinc€iU,\^, 
153. 

Trêves,  201,  223,  284. 

Tripoli,  169. 

Troaoe,  99. 

Tboesmis,  227. 

Tunis,  208. 

Tunisie,  208,  263,  280. 

Turin,  261,  277.  Musée  ar- 
chéologique, 317. 

Turnagus,  215. 

Utiqub,  208,  263,  264. 
Uzelle  (Doubs),  397. 
Uzàs  (Gard),  135. 

Vaoaxa  (Baffaxi),  Manréta- 

nie,  108,  115. 
Vaison,  259. 
Valence  (Drôme),  223. 
Vallauris  (Alpes-Maritimes), 

154. 
Vannes,  90,  91. 
Vaugiraro,  214. 
Venise,  251. 
Vermand  (Aisne),  173,  194, 

283  308 
VâRONE  (Italie),  129, 272, 310. 
Versailles,  179.  Musée^  85, 

268. 
Vetdlonia  (Etrurie),  207. 


—  347  — 

YiGO  EouBHSB  (près  Gastella-  Villeneuve,  214. 

mare),  Italie,  105.  Yoroanium  (nom  de  lieu  an- 

ViBNNE  (Autriche),  213.  Bi"  cien),  1-37. 

bliothéquê  Alhertine,  277.  VoRQinu   (nom  de  lieu  an- 

Collectton  (TA mbras,  67, 80,  cien),  1 37 . 

262. Musée,  132, 262. Schatx-  Vulci  (Italie),  216. 

Kammer^  251. 

ViBURB   (église  de).   Allier,  Wolushofbn  (près  Zurich), 

256.  106. 
ViLLBFRANCHB       (  Pyrénées- 

Orientales),  266.  Zivido  (Italie),  169. 

ViLLBMOMBLE  (SeluO),  192.  ZuRIGH,  106. 


IV. 

Index  des  illustrations. 

1-2.  Anneau  sigillaire  de  Saint-Lubais 72 

3.  Développement  des  ciselures  du  même  anneau .     .  73 

4.  Inscription  en  caractères  grecs  trouvée  dans  le 

département  de  Vaucluse 135 

5.  Stèle  funéraire  sur  laquelle  on  a  représenté  un  vase  186 

6.  Inscription  funéraire  trouvée  à  Rodez 188 

7.  Stèle  romaine  représentant  des  scieurs  de  long  .    .  199 

8.  Lampe  avec  la  marque  du  fabricant 202 

9.  Vase  avec  inscription  bachique 203 

10.  Cachet  d'oculiste  trouvé  à  Fribourg .271 

11-13.  Cachets  d'oculiste  trouvés  à  Charbonnière  (Puy- 
de-Dôme)  274-275 

14-18.  Romaine  provenant  d'Asie-Mineure     ....  278 

19-20.  Romaine  provenant  de  Beyrouth 281 

21.  Plat  en  verre  gravé  représentant  la  résurrection  de 

Lazare .283 

22-23.  Chapelle  de  Saint-Honorat,  à  Persac  (Vienne)  .  301 

24.  SoufQet  du  moyen  âge,  d'après  un  chapiteau  des 

cloîtres  de  Moissac 306 

25.  Instrument  destiné  à  attiser  le  feu,  d'après  un 

pilastre  sculpté  de  l'église  de  Souillac    ....  307 


—  84S  — 

26.  Sarcophage  représentant  le  massacre  des  Innocents    313 

27.  Goope  en  bronze  da  Musée  de  Turin 318 

28.  Développement  du  sujet  représenté  sur  la  coupe 

précédente -    .    319 


I 

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