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Full text of "Mémoires concernant l'histoire civile et ecclésiastique d'Auxerre et de son ancien diocese, continues jusqu'a nos jours avec addition de nouvelles preuves et annotations"

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p 


MÉMOIRES 


L'HISTOIRE  CIVILE  ET  ECCLÉSIASTiaill 


D'AVXERRE  ET  DE  SON  ANCIEN  DIOCÈSE 


MÉMOIRES 


CONCERNANT 


L'lMID©Tr@D[^li   ©DWOlLi   if   ll©©LiaOi?\iTi@y 

DAUXERRE 

ET  DE  SON  ANCIEN  DIOCÈSE 


Far  l'Abké  LEBEDF 

Ch;ittoine  et  Soas-Chsntre  de  réglise  cathédrale  de  la  même  ville 
de  l'Aradémie  des  Inscriptions  et  Belles-Lettres 


CONTINUÉS  jusqu'à  NOS  JOURS 


AVEC  ADDITION  DE  NOUVELLES  PREUVES  ET  ANNOTATIONS 


PAR 


M.  CHALLK  M.  QUANTIN 

avorit  arckiTisle,  corr.  àm  con  •  des  «rts  et  aïonaviriiti 


TOME  DlUXIÈn 


AVXERRE 

PERRIQUET,  ÉDITEUR.  IMPRIMEUR-LIBRAIRE 

PARIS 

DIDRON,  LIBRAIRE,  PLACE  SAINT-ANDRÉ-DES-ARTS,  30 


M  DCCC  LI 


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MÉMOIRES 


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HISTORIQUES 


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LES  ÉVÊQUES  D'AUXERRE. 


QUATRIÈME  PARTIE, 

Qoi  renferme  les  actions  de  onze  Prélats,  qai  ont  goorerné 
TEglise  d'Anierre,  depuis  Fan  1373  jnsqn'à  l'an  1513. 


CHAPITRE  I". 

De  Nicolas  d'Arcics ,  quatre-vingtième  évoque  d'Auxerre. 

Le  prélat,  par  lequel  commence  cette  continuation  de  l'Histoire  des 
Evéques  d'Auxerre,  eut  une  attention  singulière  à  faire  rédiger  [»ar 
écrit  tout  ce  qu'on  pourroit  trouver  d'intéressant  sur  ceux  qui  l'avoient 
précédé  depuis  quatre-vingt-dix  ans  ;  il  ne  se  trouva  cependant  per- 
sonne après  sa  mort  qui  écrivit  sa  vie ,  ni  celle  des  autres  évéques 
qui  l'ont  suivi  durant  tout  le  siècle  d'après.  J'ai  donc  été  obligé  de 
chercher  dans  les  archives  de  l'évéché ,  dans  celles  des  Chapitres  et 
monastères ,  aussi  bien  que  dans  les  titres  du  Trésor  royal  et  de  la 
Chambre  des  comptes  de  Paris.  De  là  j'ai  tiré  des  matériaux  pour  la 

II  1 


'<'A 


,  ^4  é .  yr  ^ 


4  MUtUà^   u\%rAEh^    Ot'ATt£-VUIGTlÈllE    ÉVÊQUfi   d'aUXERRE. 

I/ordre  que  cet  é%équc  donna  de  rédiger  par  écrit  les  actions  des 
kt'îU:    prélats    ses    prédécesseurs   immédiats,    paroit  avoir  été   des 
premier»  effets  de  son  attention.  Régennes  étant  le  château  où  il  se 
plot  davantage,  il  fut  plus  a  portée  de  connoltre  la  situation  où  se 
troavoient  les  clianoines  d'.\pf>oigny  (1).  Voulant  les  favoriser,  il  les 
it^empta  de  payer  la  dime  des  terres  et  vignes  qu'ils  posséduient  ou 
qu'ils  faisoient  valoir  par  leurs  mains;  il  se  contenta  qu'ils  payassent 
seulement  le  vingtième  des  héritages  qu^ils  donnoient  à  cultiver.  On  a 
vu ,  parmi  les  titres  de  cette  petite  collégiale  (2),  des  lettres  qu'il  fit 
ei|)édier  liiHlessus  ii  Régennes,  le  9  mars  i373.  L'année  suivante, 
il  acquit  k  Sacy  un  domaine  considérable  qui  appartcnoit  à  Jean  de 
Iteaulieu,  citoyen  d'Auxerre.  Il  est  certain  qu'en  i575,  le  5  décembre, 
il  fit  condamner  par  sentence  des   requêtes,  k  Paris,  un  particulier 
qui  avoit  osé  enlever  du  poisson  pour  dix  francs  d'or,  dans  la  rivière 
d'Yonne  au-dessous  de  son  palais  épiscopal  (3).  Dès  le  mois  d'octobre 
i574,  (Charles  V  ordonna  que  s'il  décédoit  avant  que  son  fils  eût 
atteint  l'Age  do  quatorze  ans,  la  reine  en  eût  la  tutelle,  il  ajouta  qu'elle 
prcndroil  l'avis  de  six  évéques ,  du  nombre  de  ces  prélats  est  Tévéque 
d'Auxerre.  Aussi  étoit-il  présent  au  lit  de  justice  où  cette  ordonnance 
fut  lue  (4),  et  assista-t-il  ensuite  au  parlement,  le  vingtième  mai ,  k  la 
publication  de  l'édit  qui  fixoit  la  majorité  des  rois  à  Tàge  de  quatorze 
ans.  En  septembre,  la  même  année,  il  fut  fait  président  clerc  de  la 
Chambre  des  comptes  en  place  de  Jean  Dangerant  (5),  et  au  mois  de 
février  suivant,  auquel  on  comptoit  à  Rome  137G,  le  roi  lui  écrivit 
de  Paris,  pour  savoir  ce  qu*il  pensoit  touchant  la  fcte  de  la  Pré- 
sontatiou  de  la  sainte  Vierge.   On  croit  que  ce  fut  ce  prélat  qui 
permit  de  célébrer  cette  féie   dans  son  diocèse,  sans  en  faire   un 
précepte.  Il  mourut,  h  Paris,  le  ^i  septembre  suivant;  et  son  corps, 
ayant  été  apporté  ii  Auxerre,  y  fut  inhumé  dans  le  côté  gauche  du 
cliwur  de  la  cathédrale  où  il  avoit  fondé  son  anniversaire,  moyennant 


(1^  TVtbMl,  (\ipir.  .t|X)Ni(ir. 


(4)  Traité  de  U  miyorilé  des  rois,  p.  544 
et  OrduD.,  t.  vi,  p.  50. 

(.M  Mémorial  de  UCIiâBibre  des  conpiM. 
fol.l<«.  ^^ 


GUILLAUME  D^ÉTOUTEVILLE ,  QUATRE  VINGT-UNIÈME  ÉVÊQUE  d'aUXERRE.    5 

dix  livres  de  rente  à  prendre  sur  ce  qu'il  avoit  acquis  à  Sacy  (1), 
On  le  trouve  aussi  fondé  dans  la  cathédrale  de  Troyes,  et  peut- 
élre  fut-ce  par  les  soins  de  son  frère  Pierre  d'Arcies,  qui  après  avoir 
été  son  vicaire  général  fut  élu.évêque  de  Troyes  en  1577. 

De  son  temps,  la  charte  de  la  régale  accordée  à  Téglise  d'Auxerre , 
par  le  roi  Philippe  Auguste,  fut  tirée  des  registres  de  la  Chambre  des 
comptes,  et  db  nouveau  insérée  dans  les  lettres  de  confirmation  qu^cn 
donna,  à  Paris,  le  roi  Charles  V,  au  mois  de  septembre  1375, 
dans  ces  termes  exprès  :  Et  ut  prœmissa  perpétua  stàbilUate  firmentur. 
Je  n*ai  trouvé  qu^un  statut  notable  fait  par  Te  Chapitre  d'Auxerre  sous 
son  pontifical  (2).  Il  ordonne  de  sonner  plus  longtemps  qu'on  ne  fai- 
soit  les  offices  de  prime  et  de  none,  savoir  le  premier,  jusqu'à  l'éléva- 
tion de  la  dernière  messe  de  Notre-Dame-de-la-Cilé,  et  none  jusqu'à 
la  septième  leçon  des  anniversaires  de  la  même  église.  Ce  statut  nous 
apprend  avec  quelle  exactitude  on  célébroit  alors  l'bRice  dans  cette 
collégiale;  il  est  des  chapitres  généraux  de  Sainte-Luce  1375. 


1373  à  1376. 


CHAPITRE  II. 


GUILLAUME  DÊTOUTE VILLE,  LXXX^  ÉVÊQUE  D  AUXERRE. 


Guillaume  d'Étouteville ,  ennuyé  de  rester  dans  un  pays  exposé  a 
des  guerres  continuelles  et  nouvellement  ruiné  par  les  Anglois  et 
Navarrois,  se  fit  transférer  bientôt  d'Evreux  h  Auxerre.  On  ne  connoît 
point  en  quel  temps  il  prit  possession  de  Tévéché  (3).  Il  est  sûr 
qu'il  ne  différa  pas  un  an  entier,  puisque  dès  le  mois  de  juillet  1577 
le  siège  éloit  rempli,  et  l'évêque  d'Auxerre  présent  à  Paris.  Ce  prélat 


1376  il  1G6, 


(1)  On  cite  un  arrêt  du  Parlement  du  21 
mars  1379,  dans  lequel  Nicolas  d'Arcies  est 
qualiflé  chanceUer  du  duc  d^Orléans.  Hist, 
d'Auvergne^  Baluz,  p.  162. 


(2)  CoUect.  vet,  statut. 

(5)  Il  passa  rcconnoissance  pour  le  droit 
apostolique  dû  par  son  prédécesseur  le  2 
mars  1377. 


6  GUILLAUME   d'ÉTOUTEVILLE  , 

ctoit  d'une  très-noble  famille  de  Normandie,  qui  a  produit  de  grands 
liommcs.  Mais  on  ne  voit  pas  qu'il  ait  pris  beaucoup  h  cœur  la 
'  onduile  de  l'église  d'Auxerre.  Étant  à  Paris,  vers  les  commencements 
de  son  épiscopat  (1),  il  officia  à  la  fête  de  Saint-Louis,  dans  le  collège 
de  Navarre  Tan  1376.  Il  assista  aussi  quelquefois  au  conseil.  Il  est 
nommé  comme  présent  h  celui  du  4  juillet  1577.  Quatre  jours  après. 
Bureau  de  la  Rivière,  chambellan  de  Charles  Y,  rendit  hommage 
h  Tévéque  pour  le  comté  d'Âuxerre  au  nom  de  ce  prince.  L'hommage 
pour  la  baronnie  de  Donzy  ne  fut  pas  rendu  si  promptement,  parce 
que  Marguerite,  comtesse  de  Flandre,  demanda  du  délai  (2).  Guillaume 
d'Etouteville  étant  encore  à  la  cour,  durant  la  même  année,  officia 
aux  funérailles  de  Bertrand  duGueslio,  connétable  de  France,  h  Saint* 
Denys,  en  présence  du  roi.  Quelques  actes  prouvent  sa  résidence  à 
Auxerre  les  deux  années  suivantes. 

La  seconde  et  la  troisième  année  de  son  épiscopat,  s'étoient  faites 
dans  le  diocèse  quelques  fondations  auxquelles  sans  doute  il  prit 
part.  Jean  Mercier,  doyen  de  la  cathédrale,  y  avoit  fondé,  en  1378, 
une  chapelle  dans  la  nef,  sous  le  titre  de  Sainte-Catherine  (a);  en 
1379,  Philippe  de  Sainte-Croix,  évoque  de  Mâcon,  seigneur  de 
Colanges-lcs-Yineuses,  avoit  établi  un  hôpital  dans  ce  même  lieu  de 
Colanges.  Guillaume  d'EtouXeville  fut  prié,  en  1380,  avec  le  grand 
archidiacre  et  autres  (3),  d'aller  à  Paris  pour  soulager  les  habitants 
d'Auxerre  surchargés  de  gens  d'armes  (b).  Mais  l'aiTaire  la  plus 
considérable  où  son  nom  paroisse,  dans  le  diocèse  d'Auxerre,  regarde 
la  création   de  quatre   sémiprébendés   ou   chanoines   tortriers  dans 


(I)  UisL  domun  Nav.  de  Launoy. 

(â)  Lettres  écrites  de  Saint-Omer,  22  déc. 


1380. 
(5)  Capul.vrbU. 


(a)  Voy.  les  PrcuTes^  t.  iv,  no  322.  {Noie  des  EdiUurs.) 

(b)  Une  lettre  de  rémission  accordée  par  le  roi,  en  1381 ,  à  un  habitant  d'Auxerre 
nommé  Chantepinot,  qui  arait  tué,  sans  intention,  le  curé  de  Varzy,  nous  apprend 
que  les  gens  du  clergé  de  cette  ville  avaient  alors  de  violentes  querelles  avec  les 
ofTlciers  royaux.  Ils  avaient  même  battu  les  sergents  et  insulté  à  la  justice  du  roi. 
La  suite  de  cet  événement  est  peu  connue,  mais  on  en  voit  les  détails  dans  la 
pièce  publiée  aux  Preuves  de  cette  Histoire ,  t.  iv,  n9  327.  {N,  d.  E.) 


QUATRE-TINOT-UNIÈME   ÉVÊQUE   d'aUXERRE.  7 

la  cathédrale  en  1381.  Le  doyen  Jean  et  le  Chapitre  avoient  représenté 
au  pape,  que  les  huit  anciens  tortriers  ne  suffisoient  pas  pour  porter 
les  charges  des  chanoines,  etassiter  à  tout  l'office  canonial,  quo 
Fun  souvent  obligé  de  célébrer  la  grand'-messe ,  Tautre  de  faire 
choriste,  quelques-uns  étant  malades,  il  en  restoit  peu  pour  soulager 
le  chœur,  ils  supplioient  le  souverain  pontife  de  leur  donner  pouvoir 
de  créer  quatre  nouvelles  sémiprébendes,  et  d'y  employer  le  revenu 
des  deux  premiers  canonicats  qui  viendroient  à  vaquer  (1).  Clément 
YII  accorda  la  demande  et  enjoignit  même  de  procéder  à  cette 
création,  sans  la  permission  de  l'évéque.  Un  chanoine,  appelé  Hugues 
Blandin  ou  Hugues  de  la  Roche,  étant  mort  sur  la  fin  du  mois 
d^août  1581,  les  chanoines  de  la  cathédrale,  assemblés  à  Tissue  de 
son  enterrement ,  élurent  unanimement  Robert  Motet ,  ci  -  devant 
Chorier  (2)  de  l'église,  pour  jouir  d'une  moitié  dç  cette  prébende  ; 
l'instituèrent  sémiprébendé,  et  le  firent  installer  dans  le  chœur.  Ils  en 
dressèrent  Pacte,  et  se  regardant  comme  exécuteurs  des  ordres 
apostoliques,  ils  enjoignirent  à  Tabbé  de  Saint-Père,  au  prieur  de 
Saint-Eusèbe  et  au  chantre  de  Notre-Dame-de-la-Cité,  de  notifier 
le  tout  à  l'évéque,  et  de  lui  déclarer  qu'ils  ne  recevroient  aucun 
titulaire^  la  prébende  vacante  par  la  mort  de  Hugues  Blandin.  Guillaume 
d'Etouteville  se  plaignit  à  Avignon  de  l'entreprise  faite  sur  ses  droits, 
et  déclara  qu'injustement  on  le  privoit  de  la  collation  des  deux  pré- 
bendes de  son  église.  Le  pape,  sans  détruire  ce  que  le  Chapitre 
d'Âuxerre  avoit  fait,  ordonna,  par  une  bulle  du  28  septembre,  que 
l'évéque  confèreroit  dans  la  suite  les  quatre  sémiprébendes  à  des 
sujets  contre  lesquels  le  Chapitre  n'auroit  rien  à  opposer,  et  qui 
auroient  les  qualités  déjii  requises  dans  les  anciens  sémiprébendes. 
Soit  que  l'évéque  se  flattât  que  le  Chapitre  destitueroit  le  nouveau 
sémiprébendé,  ou  qu'il  fût  pressé  par  les  sollicitations  de  son 
garde-scel  ou  secrétaire»  il  lui  conféra  la  prébende  de  Hugues 
Blandin.  Cet  officier,  nommé  Raoul  Aubery,  se  présenta  en  Chapitre 
avec  ses  provisions  le  3  octobre;  mais  les  chanoines  lui  témoignèrent 


1376  ^  1389. 


(I)  J'ai  copie  de  tous  ces  actes;  leur  lon- 
gueur in*a  empêché  de  les  insérer  dans  les 


Preuves. 
(4)  ChorariHf. 


8   GljlLLAt'ME:  hÈWOCnMLLE^  OUATEE-VrNGT-UlflèllE  ÉVÊQUE  D^U&ERRE. 

isji>^  im.  90^  quelque  joîe  qu'il  pussent  ressentir  de  Favoir  pour  confrère,  ils 
ne  pouvoient  Tadmettre,  parce  que  la  prébende  étoit  remplie  déjà, 
en  partie,  par  Robert  Motet.  L'on  croit  que  la  chose  en  resta  là. 
QwH  qu'il  eu  soit,  le  prélat  Guillaume  vivoit  en  bonne  intelligence 
avee  le  Chapitre  l'année  suivante  1582,  puisque,  se  disposant  à 
aHiraoekir  les  liabitants  de  Charbuy ,  il  ne  voulut  accorder  cette 
gr&ee  que  de  l'avis  et  du  conseil  des  chanoines  de  la  cathédrale, 
et  qu*il  fit  mettre  expressément  le  sceau  du  Chapitre  à  la  fin  de  cet 
acte,  le  8  juin  1582  (a).  Mais  il  ne  fut  pas  plus  porté  que  son 
prédécesseur  k  augmenter  l'élendue  du  ressort  du  bailliage  d'Auxerre  ; 
au  contraire  ,  il  obtint  du  roi  que  Tévéque  d'Auxerre  continueroit 
a  ressortir  k  Villeneuve-le-Roi ,  aussi  bien  que  les  habitants  de 
toutes  les  terres  épiscopales. 

Depuis  l'an  1582  on  ne  trouve  plus  d'actes  où  Guillaume  d'Eioute- 
ville  paroisse  comme  évéque  d'Auxerre;  ainsi,  il  y  a  apparence  que 
vers  l'an  1585  il  fut  transféré  à  Lisieux.  Il  gouverna  cette  église 
durant  un  long  espace  d'années  ,  n'oubliant  pas  cependant  celle 
d'Auxerre  où  il  voulut  qu'on  priât  Dieu  pour  lui.  Il  donna  au  Cha- 
pitre une  somme  de  deux  cents  livres  dont  on  acheta  des  fonds  (1); 
et  la  rente  qui  en  revenoit  servit  à  l'honoraire  d'une  messe  du 
Saint-Esprit  qu'on  chantoit  encore  à  son  intention  plus  de  vingt 
ans  après  sa  sortie. 


(1)  RegistcapU.  1401. 


(a)  L'original  de  cet  acte  est  aux  archives  de  ITonne  et  porte  la  date  du  20  juin 
1382;  il  renferme  des  réflexions  fort  belles  sar  le  droit  qu'ont  tous  les  hommes 
d'être  libres  et  sur  l'exemple  que  doit  donner  l'Eglise  à  cet  égard. —  Yoy.  Preuves^ 
t.  IV,  no  329.  (iV.  d.  E.) 


FERRIG  CASSINEL ,  QUATR^VINGT-DEUXIÈME  ÉVÊQUE  d'aUXERRC.  9 


CHAPITRE  III. 


FERRIG  CASSINEL,  LXXXII*  ÈVÊQUE  D'AUXERRE. 

/ 

L'alliance  qui  étoit  entre  la  famille  d'Etouteville  et  celle  de  Cassinel 
put  contribuer  à  faire  succéder  k  Guillaume  d'Etouteville  Ferrie 
Cassinel  auparavant  évéque  de  Lodève.  Il  étoit  second  fils  de  François 
Cassinel,  sergent  d'armesuiiu  roi  Jean,  dont  le  frère  aine,  nommé 
Guillaume,  seigneur  de  Pompone  proche  Paris,  sergent  d'armes  de 
Charles  Y ,  avoit  épousé  Isabeau  de  Châtillon  veuve  de  Matthieu , 
seigneur  de  Roye,  proche  parent  de  Guillaume  d'Etouteville.  Cette 
famille  de  Cassinel,  originaire  d'Italie,  sorloit  d'un  Jean  Cassinel, 
dont  un  fils  servit  le  roi  Philippe-le-Bel ,  qui  le  fit  chevalier  de  son 
ordre ,  et  châtelain  de  Calargues  en  Languedoc.  Il  y  a  apparence  que 
la  branche  dont  descendoit  immédiatement  notre  évéque,  étoit  établie 
à  Paris,  parce  que  son  père  et  ses  plus  proches  parents  y  ont  été 
inhumés  dans  l'église  de  Sainte-Catherine  du  Yal-des-Ëcoliers  (i). 

Ferrie  avoit  d'abord  été  archidiacre  de  Yexin,  dans  l'église  de 
Rouen,  et  secrétaire  du  roi.  Il  n'a  voit  encore  que  ces  deux  qualités 
en  1371  (2),  lorsqu'il  assista,  avec  Gérard  de  Montaigu,  k  une  assem- 
blée où  son  frère  Guillaume  fut  élu  curateur  de  Marguerite,  fille  de 
Robert  Guy,  chevalier.  Mais,  en  devenant  évéque  de  Lodève,  il 
commença  à  jouir  d'une  partie  de  la  seigneurie  de  Calargues,  donnée 
à  ses  ancêtres.  Charles  YI,  qui  fut  le  promoteur  de  sa  translation  à 
Auxerre,  le  chérit  tellement,  qu'il  le  retint  presque  toujours  à  sa 
cour.  Il  n'est  parvenu  jusqu'à  nous  aucune  des  circonstances  de  son 
entrée,  ni  aucun  acte  de  foi  et  hommage  dont  les  autres  prélats  ses 
prédécesseurs  étoient  si  jaloux.  L'on  pourroit  même  dire  en  très-peu 


1389  il  13901 


(I)  Ex  testam.  Dertrandi  Cassinel.  — 
Koy.  les  Preuves,  ad  an,  1597. 

Ci)  Le  j^^reflicr  des  registres  du  Parlement 
de  Fan  15G8,  au  8  août,  a  écrit  ce  qui  suit  : 


)>  JaUai au  clos  Branel au  commendeinent 
»  de  maître  Ferrie  Cassinel,  jadis  mon  corn- 
»  pagnon,  qui  à  ce  jour  fut  fait  docteur  en 
»  décret.» 


1383  a  1390. 


iO  FERRIG   CASSINEL, 

de  mots  tout  ce  que  Ton  sait  de  la  part  qu'il  prit  aux  affaires  de  son 
diocèse. 

Son  frère  Bertrand  étoit  chantre  de  la  cathédrale,  soit  par  rési- 
gnation de  Denis  Lopin,  soit  par  Télection  du  Chapitre,  lorsqu^il  le 
gratifia  d'un  petit  bénéCce  de  son  diocèse,  qui  fut  sujet  par  la 
suite  k  de  grandes  contestations.  G'étoit  la  maîtrise  de  la  Maladerie 
de  Toucy.  Il  la  conféra  h  Bertrand  contre  les  prétentions  de  la 
comtesse  de  Bar,  dame  en  partie  de  cette  petite  ville.  Ayant  trouvé 
dans  sa  cathédrale  Tusage  de  porter  une  aumuce  noire,  il  eut  recours 
au  pape  Clément  VII ,  h  Avignon ,  pour  autoriser  le  changement 
qu'il  projetoit  de  concert  avec  le  Chapitre.  Le  pape,  qui  étoit  bien  aise 
d'étendre  son  autorité,  lui  accorda  pour  lui  et  pour  ses  chanoines 
seulement,  de  pouvoir  changer  Faumuce  noire  en  aumuce  grise  (!]. 
Les  moines  de  Bourads  s'adressèrent  à  lui  environ  le  même  temps , 
pour  les  lettres  d'amortissement,  au  sujet  d'un  domaine  qu'ils  avoient 
h  Varzy  sur  son  territoire,  et  ils  en  eurent  pleine  satisfaction.  Les 
chanoines  réguliers  de  Saint-Eusèbe,  assurés  que  leur  église ,  quoique 
bâtie  déjà  depuis  plus  d'un  siècle,  n'avoit  point  été  dédiée  solennel- 
lement, le  prièrent  d'en  faire  la  dédicace  (2).  Il  en  fit  la  cérémonie  le 
douzième  juin  de  Tan  1584  (3).  Les  chanoines  de  la  collégiale  de 
Saint-Laurent  de  Cône,  étant  en  difficulté  avec  le  chantre,  première 
dignité  de  ce  Chapitre,  obtinrent  de  lui  un  règlement  h  l'amiable,  le 
jeudi  après  la  Toussaint  1385,  qui  confirma  les  statuts  qu'avoit  faits 
Gui  de  Mello  au  siècle  précédent.  Toutes  leurs  contestations  furent 
ainsi  terminées  (4). 

On  peut  mettre  parmi  les  marques  de  l'attachement  de  Ferrie  au 
service  du  roi ,  les  prêts  qu'il  lui  fit  pour  subvenir  aux  nécessités  de 
l'État.  Pour  aider  k  faire  la  guerre  aux  Anglois,  il  avança  la  somme  de 
cinq  cents  livres  qui  fut   remboursée  sur  la   fin  de  l'année  1385, 


(1)  BuUedue7aTrUl385. 

(2)  Ordinar,  m$t.  abb  S,  Laurentii, 

(3)  La  môme  année  le  28  mars,  Louis 
d*Anjoa,  allant  de  Paris  à  Ariiaion,  fut  reçu 
dans  la  cathédrale  par  le  clergé  en  chappes, 


comme  il  est  marque  dans  le  journal  de  Jean 
Fabri,  évéque  de  Chartres,  son  chancelier 
qui  étoit  du  voyage.  Cod.  Colbert^  587. 
(4)  Tabul,  conad. 


QUATRE-VINGT-DE13XIÈME   ÉVÊQUE   d'aUXERRE.  il 

par  Nicolas  de  Plancy,  notaire  du  roi  et  clerc  de  ses  comptes  (1). 
Après  s'être  trouvé  plusieurs  fois  au  conseil  du  roi  (2),  et  au 
parlement  les  deux  ou  trois  années  suivantes  (3),  il  parut  avec  éclat 
dans  Taflaire  de  Jean  de  Monteson  Arragonois,  qui  étoit  purement 
de  doctrine.  Non  content  d'avoir  assisté  à  Paris  dans  la  salle  de 
l'évéché,  le  24  août  1587,  avec  Yves  Elie,  recteur  de  l'Université, 
et  Simon  Frérot,  sous-chantre  de  la  cathédrale  de  cette  ville ,  lors- 
que Tévéque  Pierre  d'Orgemont  condamna  les  propositions  de  cet 
Espagnol  (4),  il  entreprit  de  le  poursuivre  vivement,  et  il  étendit 
son  zèle  jusques  sur  ses  sectateurs.  Monteson,  homme  subtil  et  hardi, 
enseignoit  publiquement  que  la  sainte  Vierge  avoit  été  conçue  dans  le 
péché  originel.  Ferrie  employa  son  éloquence  à  démontrer  le  contraire 
devant  toute  la  cour  (5);  il  engagea  le  roi,  qui  étoit  présent,  h  ordonner 
qu'on  célébrât  la  fête  de  la  Conception,  et  que  les  partisans  de  Jean  de 
Monteson  eussent  à  se  rétracter.  Du  Bouiay  (6)  fait  mention  de  la 
dispute  publique,  entre  notre  évéque  et  Guillaume  de  Yallan,  évéque 
d'Evreux ,  dominicain ,  touchant  plusieurs  autres  propositions  du 
docteur  arragonois.  On  y  apprend  que  Ferrie  avoit  tout  pouvoir 
sur  l'esprit  du  roi,  qu'il  l'entretenoit  familièrement  de  toutes  ces 
matières  controversées,  et  que  bien  plus,  il  parvint  à  faire  révoquer  ou 
expliquer  par  Tévêque  d'Evreux  les  propositions  qu'il  avoit  soutenues. 
Cette  révocation  se  fit  au  mois  de  février,  en  présence  de  Ferrie 
même ,  de  Jean  Manson ,  recteur  de  l'Université ,  de  quelques 
professeurs  et  des  principaux  officiers  des  nations.  La  même  année 
1588,  ce  prélat  s'opposa  au  rétablissement  que  le  doyen  de  la 
cathédrale  d'Auxerre  voulut  faire  de  sa  juridiction,  quoiqu'elle  parût 
un  peu  appuyée  par  le  prince ,  ou  par  les  magistrats ,  puisque  le 
9  janvier  le  bailli  de  Sens  et  d'Auxerre  reçut  ordre  de  s'infor- 
mer du  lieu  où  ce  doyen  avoit  son  officialilé,  de  voir  si  les  officiers 


1383  b  1990. 


(1)  Quillance  de  Ferrie,  25  fév.  1385, 
porlcfeuilles  Gagniéres. 

(2)  Conseil,    17  fév.  1386,  Prob.  hitt. 
Paris,  l.  II,  p.  538. 


(3)  Regist.  Parlem.,  12  nov.  1388.  Item, 
à  Yernon,  en  fév.  1 388. 

(4)  Ex  Labb.  Alliance  Généal.,  t.  ii. 

(5)  Hisl,  latina  CaroU  VI,  ad  an.  1388. 
(b)  SaL  Jir/K,  p.  633. 


*  • 


<  9 


12  VEHRIC    CA881NEL, 

)3»dk  laao.    ^toient  propres  à  celle  exercice,  et  d'y  commettre  un  promoteur  et  un 
ap|iariteur  s'il  étoit  besoin. 

Je  ne  dois  pas  aller  plus  loin,  sans  faire  ici  mention  du  procès  qui 
lui  fut  intenté  au  parlement  de  Paris,  par  Etienne  de  Mailly,  avocat 
demeurant  h  Auxerre,  et  auparavant  officiai  d'Autun.  Cet  avocat  avoit 
été  mis  dans  les  prisons  de  l'évéque  (a)\  et  comme  le  parlement  Tavoit 
fait  élargir  (1),  ce  prélat  s'en  étoit  plaint  en  termes  offensants  contre  la 
Chambre  de  la  Tournelle  (2).  La  Cour  procédant  contre  lui,  il  alla  lui 
en  marquer  son  repentir  et  la  supplier  de  lui  pardonner.  On  délibéra 
le  il  mai  1387,  et  on  prononça  que  l'on  surseoyoit  a  ordonner 
sur  les  discours  qu'il  avoit  tenus.  Guillaume  Cassinel,  frère  de  ce 
prélat,  fut  impliqué  dans  le  procès;  de  manière  que  le  parlement, 
par  arrêt  du  32  juin  suivant,  auquel  l'évéque  étoit  présent ,  ajourna 
Guillaume  h  comparollre  personnellement ,  sur  peine  de  cent  marcs 
d'argent.  L'aAaii^e  fut  plaidée  au  parlement  le  28  janvier.  Etienne  de 
Mailly  exposa  que  l'évéque  l'avoit  fait  enlever  violemment  de  la  ville 
dWuxerre,  et  conduire  h  Régennes,  et  que  là  Guillaume  Cassinel  lui 
avoil  f^it  donner  cruellement  la  gfkentM  par  deux  de  ses  domestiques, 
après  avoir  fait  prendre  Tun  des  compagnons  de  cet  avocat  (b);  que  la 
baine  du  prélat  coaire  lui  procédoit  de  ee  qu^il  avoit  plaidé  au  siège 
d'Auxerre,  pour  de  bonnes  gens  qu'il  avoit  mis  en  cause  injustement, 
el  surtout  parce  qu'il  avoil  occupé  pour  la  publicatioo  d*nn  excammu- 
niêmml  que  Tévéque  de  Lodève  requéroit  eooire  Téveque  d^ Auxerre  ; 
^«'e»&i  ayant  trouvé  le  moyen  de  s'évader  de  Régennes,  il  s'étoit 


(a)  Ou  peut  ^oir  fanalys^  de  ce  proc«s  (ians  le  tome  i  du  Idltcw  ér  îa  Société 
des  sciences  hisU^riques  ^i  naJur^lks  (b  C  Jotum.  L*é«é<|Qie  Ferrie  y  %ure  (fane  ma- 
nière }^tiu  bouorable  et  imligoe  de  soa  cardetère;  (|tioû{ttey  d^aatre  part,  ravocat 
£lieui>e de Mailly  ue parasse  pa»  wm ptits être  bien déikat  iévéque  racense vi «Hre 
lOMosaire  et  receleur  Qt  dU  c^ue^  daoti  t exercice  de  sa  profesMon  «  il  pbàda  tantùt 
le  pour  el  tantiOt  le  cooiare.  {X  4.  E.\ 

(6)  tl  y  a  prebableiseet  ici  unegrosse  erreur  ty  pograpbiiiue»  car  le  teite  du  i^gi^ire 
du  parleineot  perle  <{Mt'£tie»fie  fuA  meaé  à  Eiégeones  avec  deux  omiiNignuns  Junt 
fuu  fut  fmadu,  —  Yid9  ioce  eiiaitu,  {^x  a.  s. 


QUATRE-VINGT-DEUXIÈME   ÉVÊQUE   d'aUXERRE.  i5 

pourvu  en  cour  de  Rome  séant  k  Avignon;  et  il  y  avoil  obtenu  des  1383^11390. 
lettres  du  pape  qui  Texemptoient  de  la  juridiction  spirituelle  d'Auxerre. 
Après  cet  exposé,  il  concluoit  contre  l'évéque  en  huit  mill^  livres 
d'amende,  et  contre  messire  Guillaume  Cassinelk  une  amende  honteuse 
sans  chaperon  et  k  genoux,  et  à  quatre  mille  livres.  L'évéque  se 
défendit  en  niant  tout  ce  que  Mailly  avoit  avancé  et  Taccusa  de  divers 
crimes,  représentant  qu'il  étoit  son  justiciable ,  étant  clerc  non  marié. 
Le  procureur  du  roi  conclut,  contre  l'évéque,  en  seize  mille  livres 
d'amende,  et  contre  Mailly  à  amende  honorable  et  profitable  de  dix 
mille  livres,  et  dit  que  l'évéque  avoit  conçu  haine  contre  maître 
Etienne,  parce  qu'il  avoit  été  du  conseil  des  appréhendés  pour  crime 
d'hérésie  que  l'évéque  avoit  délivrés  pour  de  l'argent.  Le  30  janvier  (a), 
Mailly  se  défendit  de  tout  ce  que  l'évéque  avoit  allégué  contre  lui  et 
avança  encore  qu'un  des  motifs  de  la  haine  de  ce  prélat ,  c'étoit  parce 
qu'il  avoit  demandé  à  son  frère,  maître  Bertrand  Cassinel,  clianoine 
d'Auxerre,  l'acte  d'une  prébende  pour  le  curé  de  Festigny.  L'évéque 
répliqua,  soutint  tout  ce  qu'il  avoit  allégué,  et  qu'il  y  avoit  eu  lieu  k 
la  géhenne;  le  procès  fut  appointé.  Enfin,  le  18  mars,  auquel  on 
comptoit  encore  1587,  le  parlement  mit  au  néant  toutes  les  procé- 
dures faites  k  Auxerre ,  cour  de  Rome  ,  Sens  et  ailleurs  ;  ordonna  la 
restitution  des  biens  de  maître  Etienne ,  pria  l'évéque  qu'il  l'eût  en  sa 
grâce ,  enjoignit  k  cet  avocat  de  faire  honneur  et  révérence  au  prélat,  et 
déclara  qu'il  pourroit  exercer  son  office  à^Àdvocation. 

Ferrie  n'excelloit  pas  seulement  dans  le  droit ,  il  étoit  encore  habile 
prédicateur.  A  l'issue  d'un  sermon  qu'il  prononça  le  jour  de  l'Annon- 
ciation i588,  dans  la  chaire  de  Notre-Dame  deParis,  Jean  Thomas, 
ci-devant  subdélégué  de  l'inquisiteur,  révoqua  devant  le  parvis  de  cette 
église  (1),  ce  qu'il  avoit  prêché  et  écrit  contre  l'immaculée  Conception, 
et  contre  l'établissement  de  la  fête.  Quelques  jours  après  Pâques,  il 
officia  pontificalement  k  Saint-Denys ,  lorsque  Charles  YI  créa  chëva- 


(1)  Hist.univ.Parû. 


(o)  Le  registre  du  parlement  porte  le  3  février.  {tf.  d.  B.) 


I 


1 2  FERRIC    CASSINEL  , 

2383  ud9o.    étoient  propres  à  cette  exercice,  et  d  y  commettre  un  promoteur  et  un 
appariteur  s'il  étoit  besoin. 

Je  ne  dois  pas  aller  plus  loin,  sans  faire  ici  mention  du  procès  qui 
lui  fut  intenté  au  parlement  de  Paris,  par  Etienne  de  Mail!)',  avocat 
demeurant  à  Auxerre,  et  auparavant  officiai  d*Autun.  Cet  avocat  avoit 
été  mis  dans  les  prisons  de  Tévéque  (a)\  et  comme  le  parlement  Tavoit 
fait  élargir  (1),ce  prélat  s'en  étoit  plaint  en  termes  offensants  contre  la 
Chambre  de  la  Tournelle  (2).  I^  Cour  procédant  contre  lui,  il  alla  lui 
en  marquer  son  repentir  et  la  supplier  de  lui  pardonner.  On  délil>éra 
le  il  mai  1587,  et  on  prononça  que  Ton  surseoyoit  a  ordonner 
sur  les  discours  qu'il  avoit  tenus.  Guillaume  Cassinel,  frère  de  ce 
prélat,  fut  impliqué  dans  le  procès;  de  manière  que  le  parlement, 
par  arrêt  du  22  juin  suivant,  auquel  Tévéque  étoit  présent,  ajourna 
Guillaume  \k  comparoltre  personnellement ,  sur  peine  de  cent  marcs 
d'ai|;ent.  L^affaire  fut  plaidée  au  parlement  le  28  janvier.  Etienne  de 
Mailly  exposa  que  l'évéque  l'avoit  fait  enlever  violemment  de  la  ville 
d'Auxerrc,  et  conduire  à  Régennes,  et  que  là  Guillaume  Cassinel  lui 
avoit  fait  donner  cruellement  la  géhenne  par  deux  de  ses  domestiqoes, 
après  avoir  fait  prendre  l'un  des  compagnons  de  cet  avocat  (b);  que  la 
haine  du  prélat  contre  lui  procédoil  de  ce  qu'il  avoit  plaidé  au  siège 
d'Auxerre,  pour  de  bonnes  gens  qu'il  avoit  mis  en  cause  injustement, 
et  surtout  parce  qu'il  avoit  occupé  pour  la  publication  d'un  excommu» 
niement  que  l'évéque  de  Lodèvc  requéroit  contre  l'évéque  d'Auierre; 
qu'enfin  ayant  trouvé  le  moyen  de  s'évader  de  Régennes,  il  s*étoil 


(I)  AnM'lme,  édil.  172<>,  I.  ii,  |».  r»H.  |      |ii  Ex  regist.  Parlamenli. 


(a)  On  peut  voir  l'analyse  de  ce  procès  dans  le  tome  i  du  BtdUtm  de  la  Société 
de*  sciences  historiques  et  naturelles  de  l  Yonne.  L'évéque  Ferrie  y  Ûgure  d'une  ma- 
nière peu  honorable  et  indigne  do  son  caractère;  quoique ,  d'autre  part,  ravocal 
£tienne  de  Mailly  ne  paraisse  pas  non  plus  être  bien  délicat.  L'évéque  raccuse  d*élrB 
faujsaire  et  receleur  et  dit  que,  dans  l'exercice  de  sa  profession,  il  plaida  lautèC 
le  pour  et  tantôt  le  contre.  {N.  d.  E.). 

{h)  11  y  a  probablement  ici  une  grosse  erreur  typographique,  carie  texte  du 
du  parlement  porte  qu'Etienne  fut  mené  à  Régennes  avec  deux  compagpMNHI, 
luu  fut  jicndu.  —  Vide  loco  citato.  [N,  d.  E») 


i4  PSRRIC   GASSINEL  , 

138SU390.  l>^fs  Louis  ei  Charles  d'ÀDJou,  ses  neveux.  Ferrie  prêcha  aussi  (a)  le 
7  mai,  à  la  messe  des  obsèques  que  le  même  roi  fit  célébrer  dans  la 
même  abbaye,  pour  Bertrand  du  Guesclin ,  connétable,  mort  depuis 
neuf  ans  (1).  Ce  prince  ayant  été  conduire  k  Avignon  ses  deux  neveux 
pour  faire  couronner  Fainé  roi  de  Sicile ,  prit  des  mesures  pour  avancer 
Ferrie  Cassinel  et  lui  procurer  de  nouveaux  honneurs.  Ce  prélat  étoit 
de  retour  k  Auxerre  k  la  fin  du  même  mois  de  mai  ;  et  il  se  présenta 
presqu'aussitôt  une  nouvelle  occasion  de  signaler  sou  zèle  contre  un 
Jacobin  attaché  au  sentiment  de  Jean  de  Monteson.  Ce  religieux,  nommé 
Etienne  Gontier,  avoit  quitté  la  maison  de  Paris.  S'étant  trouvé  k 
Auxerre,  dans  la  même  hôtellerie  où  logeoit  Tévêque  de  Nevers,  celui- 
ci  Tavoit  reconnu  et  Tavoit  fait  mettre  en  prison  au  château  d'Auxerre. 
Le  prieur  de  la  maison  de  Tordre  ne  manqua  pas  de  le  revendiquer, 
et  le  prévôt  d'Auxerre  le  lui  livra.  L'évêque  Ferrie ,  averti  de  Taflaire, 
ordonna  qu'on  le  reconduisit  au  château,  et  qu'ensuite  le  prévôt  le  lui 
amenât,  ce  qui  fut  exécuté.  Le  malheureux  comparoissant  devant 
Tévêque  d'Auxerre,  fut  interrogé,  et  il  déclara  qu'il  avoit  été  du  senti- 
ment d'appeler  du  jugement  de  l'Université  rendu  contre  Jean  de 
Monteson.  Ferrie  le  renvoya,  k  Paris,  aux  ofiiciers  de  l'Université, 
revêtu  de  Thabit  qu'il  portoit  quand  il  fut  arrêté  ;  il  écrivit  au  recteur 
et  k  l'Université,  donnant  tout  pouvoir  de  le  punir  comme  hérétique, 
excommunié  et  réaggravé.  La  lettre  est  du  31  mai  1389  (2).  Elle  fait 
voir  évidemment  avec  quelle  vivacité  ce  prélat  soutenoit  un  sentiment, 
sur  lequel  il  n'y  avoit  aucune  décision  des  papes  ni  des  conciles.  Le 

(I)  Veteres  tcripiores MarUne,  <.  i,  p.  54:2,  54i.  |     {%)  Eisl,  unto.,  t.  iv. 


(a)  Voici  comment  Guillaume  de  Quimper,  auteur  contemporain,  rend  compte 
du  sermon  de  Tévéque,  dans  un  manuscrit  de  l'église  Saint-Aubin  d'Angers  : 

Quant  l'offrande  si  fu  passcc  Les  princes  fondoient  en  larmes 

L'evesque  d'Aucerre  prescha  Di^s  mois  que  l'evcsque  montroit . 

La  el  mainte  larme  plorée  Car  il  disoit  plorci  gens  d'armes 

Des  paroles  qu'il  recorda  ;  Bertrant  qui  tretous  vous  amoit 

Car  il  conta  comment  l'espcc  On  doit  regretter  les  faiz  d'armes 

Bertrand  de  Glasquin  bien  garda  Qu'il  feist  au  tcm))s  qu'il  vivoit 

Et  comme  en  bataille  rangée  Dieu  ayt  pitié  sur  toutes  aroes 

Pour  France  grant  peine  endura.  De  la  sienne,  car  bonne  estoit. 

[Apld  Martene,  Tikt9mvru8  Anecdoi.) 

[N.  rf.  E.) 


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QUATRE-VINGT-DEUXIÈME   ÉVÊQUE   d'aUXERRE.  i5 

lendemain  de  la  date  de  cette  lettre,  qui  étoit  le  premier  juin ,  soit 
qu'il  fut  averti  de  sa  prochaine  translation  k  un  autre  siège,  soit  qu'il 
eût  des  pressentiments  de  sa  tin ,  il  traita  avec  le  Chapitre  de  la  cathé- 
drale pour  des  prières  qu'il  souhaita  qu'on  fit  pour  lui  pendant  le  reste 
de  sa  vie  et  après  sa  mort.  Il  avoit  succombé  au  parlement  sur  la  pré- 
tention qu'il  avoit  eue  de  succéder  h  Nicolas  d^Arcies,  son  prédéces- 
seur (1),  dans  la  terre  située  a  Sacy,  que  cet  évéque  avoit  achetée  de 
Jean  de  Beaulieu  bourgeois  d'Auxerre  (2).  Elle  avoit  été  adjugée  aux 
exécuteurs  testamentaires  de  cet  évéque,  et  si  Guillaume  d'Ëtouteville 
en  avait  joui ,  ce  n'avoit  été  qu'en  leur  payant  certaines  sommes.  Ce 
domaine  n'éloit  pas  un  bien  de  Tévêché ,  mais  seulement  situé  dans  une 
terre  épiscopale  ;  Guillaume  Cassinel,  chevalier,  Tavoit  acquis  et  ensuite 
revendu  k  Ferrie ,  son  frère  (3).  Ce  prélat,  touché  d'un  motif  de  piété, 
et  après  avoir  communiqué  son  dessein  aux  chanoines  de  la  cathédrale, 
leur  légua  ce  fond  à  la  charge  de  douze  messes  par  chaque  année  ;  il 
en  fil  dresser  et  sceller  un  acte  auquel  assistèrent  le  doyen  Pierre  de 
Chissy;  le  chantre  Bertrand  Cassinel,  frère  de  l'évéquc  ;  Guillaume 
Infard,  archidiacre;  Guillaume  Nazarie,  trésorier;  et  Marc  Gibert, 
souchantre  ;  Guillaume  Cassinel,  autre  frère  du  prélat,  fut  aussi  présent 
avec  Philippes  des  Champs ,  son  bailli.  Le  quatrième  jour  du  même 
mois,  cet  acte  de  Ferrie,  fut  apporté  en  plein  Chapitre,  par  Guillaume 
Cassinel,  qui  en  déclara  la  substance  ,  et  deux  notaires  lui  donnèrent 
acte  du  dépôt. 

Peu  de  temps  après ,  sa  translation  à  l'archevêché  de  Reims  lui  fut 
annoncée.  En  qiiittant  Auxerre,  il  laissa  l'évêché  onéré  de  1750  florins 
d'or  (4)  et  le  logis  épiscopal  en  mauvais  état.  Ce  prélat  avoit  apparem- 
ment aidé  beaucoup  sa  famille.  Au  moins  est-il  marqué'que,  dès  la 
première  année  qu'il  fut  évéque  d'Auxerre,  il  acheta  la  terre  de 
Sorvillier,  proche  Senlis,  de  Pétronille  de  Laistre ,  et  qu'il  en  fit  pré- 
sent à  Marie  Cassinel,  sa  nièce,  qui  épousoit  Gaucher  de  Cbastillon, 
seigneur  de  Troissy  et  de  Marigny  (5).  Acceptant  sa  translation  à 


1383  )k  1390. 


(1)  Quœst.  XVI,  arrestor.  Joan,  Le  coq, 

(â)  Tabul.  ep.  Autiis. 

(3;  ro/.  les  Prouves,  A  Tan  ir»89. 


(4)  Ex  lit,  nus.  in  Mich.  de  Creney,  1595. 

(5)  Duchéne  in  histor,  CastelUonif. 


i6  FERRIC   CASSINEL, 

i3saài3Go.  Tarchevêché de  Reims,  il  entreprit  le  voyage  d'Avignon  pour  remer- 
cier Clément  YII,  son  bienfaiteur,  et  il  continua  ensuite  son  voyage 
jusque  dans  le  Languedoc,  où  il  avoit  du  bien  de  patrimoine  (a). 
Mais  ayant  été  empoisonné,  il  ne  put  se  rendre  à  Reims,  où  il 
avoit  été  reçu  par  procureur,  depuis  un  mois  seulement  (&).  Il 
mourut  à  Nîmes,  le  ^6  mai  4590,  après  avoir  fait  son  teslamenl. 
Les  exécuteurs ,  Guillaume  Cassinel ,  son  frère ,  Philippe  de 
Savoisy  €t  Pierre  de  Chevreuse,  eurent  soin  de  faire  conduire  son 
corps  k  Âuxerre,  et  il  fut  inhumé  au  côté  gauche  du  grand  aulel , 
entre  deux  piliers  du  sanctuaire.  Jusqu  alors,  aucun  évéque  n'avoit 
eu  sa  sépulture  si  proche  du  lien  où  est  offert  le  saint  sacrifice.  On 
a  vu  que  tous  les  évoques  précédents  ,  morts  à  Auxerre  ,  depuis  Gui 
leSénonois,  étoient  inhumés  ailleurs  qu'à  la  cathédrale,  ou  que,  si  on 
les  y  enterroit,  c'étoit  dans  le  chœur,  k  l'exemple  de  Gui  qui  y  repose 
du  cdlé  de  k  grande  porte.  Mais  comme  au  xiii®  et  xiv^  siècle,  on 
s'accoutuma  à  enterrer  nos  évéques  près  du  sanctuaire ,  on  leur  accorda 
eofin  la  sépulture  dans  ce  lieu  sacré.  Il  est  probable  que  le  Chapitre 
fut  porté  k  ne  pas  contredire  cette  nouveauté,  parce  que  les  deux  frères 
héritiers  de  Ferrie  proposèrent  de  lui  dresser  un  magnifique  mausolée, 
qui  auroit  été  mal  placé  dans  le  chœur  ou  qui  ne  pouvoil  y  être  élevé. 
Il  fut,  en  effet,  érigé  en  pierre  avec  des  ornements  gothiques  très- 
délicats.  Le  défunt  y  fut  représenté  couché,  e*t  revêtu  des  ornements 
archiépiscopaux  avec  ses  armoiries  parsemées  sur  sa  chasuble.  Qui 
pourroit  s'imaginer  que  quatre-vingts  ans  après  on  ignoroit  si  vérita- 


(a)  Il  se  rendait  dans  cette  province,  par  ordre  du  roi  «  pour  y  punir  des  malver- 
sateurs  »  à  ce  que  dit  la  chronique  latine  de  Charles  VI.  —  Henri  Martin  rapporte 
qu'il  avait  été  nommé  l'un  des  trois  commissaires  chargés  de  la  réformation  géné- 
rale des  pays  de  Languedoc  et  du  duché  de  Guyenne.  —  Hisl.  de  France,  t.  vi , 
249.  (N.  d.  E.) 

{h)  La  même  chronique  de  Charles  YI  s'exprime  ainsi  sur  cet  événement  :  «  Les 
»  Jacobins  furent  généralement  soupçonnés  de  ce  crime  ;  je  n'ai  point  la  preuve 
»  certaine  et  je  ne  puis  prononcer  sur  des  choses  qui  se  sont  passées  dans  Tombre, 
»  mais  je  sais  que  c'était  l'homme  qu'ils  haïssaient  le  plus  au  monde.  »  — Docum, 
médiu  sur  VHist.  de  France,  traduction  de  M.  BcUaguet,  p.  627.  —  Henri  Martin 
attribue  plutôt  sa  mort  au  duc  de  Berry,  qui  redoutait,  de  sa  part,  la  poursuite  de 
ses  malversations  en  Languedoc.  (iV.  tf.  E.) 


QUATRE-VINGT-DEUXIÈME    ÉVÊQUB   d'aUXERRE.  M 

blement  le  corps  de  Ferrie  reposoit  sous  ce  mausolée?  Pierre  de 
Longueil,  Tun  de  ses  successeurs,  demanda  que  son  corps  y  fût 
renfermé,  supposé  que  ce  tombeau  se  trouvât  vide.  Cependant ,  il  ne 
fani  point  douter  que  Ferrie  n'eût  été  déposé  dans  le  lieu  où  ce 
monument  est  érigé.  Effectivement,  Pierre  de  Longueil  fut  inhumé 
de  Tautre  côté  du  chœur,  proche  la  chaire  de  pierre.  Une  preuve 
incontestable  que  Ferrie  fut  inhumé  dans  la  cathédrale,  est  que 
Bertrand  Cassinel  demande,  par  son  testament  du  29  septembre 
4597,  k  être  enterré  proche  son  frère  Ferrie,  au  dedans  du  chœur  si 
faire  se  pouvoit.  On  croit  que  les  Huguenots  ayant  brisé  les  grilles  de 
fer  qui  environnoient  le  mausolée,  ils  rouvrirent  et  le  profanèrent. 
Au  moins  ,  c'est  depuis  qu'ils  l'eurent  mutilé  qu'on  a  bâti  au-dessus 
une  partie  du  mur  qui  entoure  le  sanctuaire.  Un  chanoine  du  dernier 
siècle  (i)  voulut  que  ce  prélat  fût  connu  en  sa  qualité  de  grand 
défenseur  du  sentiment  de  l'immaculée  Conception.  Â  un  autel  de 
dessous  le  jubé,  il  fit  représenter,  en  relief,  Nicolas  d'Arcies,  qui 
contribua  à  l'établissement  de  la  fête  de  la  Présentation  de  Notre- 
Dame,  et  Ferrie  Cassinel,  comme  très-zélé  pour  celle  de  la  Concep- 
tion; mais  il  les  a  défigurés  en  leur  donnant  une  barbe  semblable  k  celle 
des  évéques  d'Orient,  dans  un  temps  où  en  Fram^e  tout  le  monde  étoit 
rasé.  L'anniversaire  de  Ferrie  ne  fut  pas  fondé  seulement  dans  Téglise 
cathédrale  d'Auxerre;  on  le  trouve  aussi  dans  l'ancien  obituaire  de 
Saint-Pierre-en-Chàteau,  première  paroisse  de  la  ville,  en  ces  termes  : 
Obsequium  recolendœ  memortœ  Domini  Ferrici  qtjumdam  Autissio- 
dorensis  episcopi  e/  deinde  archiepiscopi  Remensxs^  pro  quo  nobilis  vir 
dominus  Guillelmus  Casstnelli^  ejm  frater  executor  et  hœres  solvit  curcUo 
dictœ  ecclesiœ  5.  Pétri  in  castro  Àutissiodoremis ,  anno  qiu>libet 
faciendOf  decem  francos  semel.  Anima  qus  requiescat  in  pace.  On  a 
lieu  d'être  surpris  que  cet  obit  soit  marqué  au  17  septembre.  Il  pourroit 
se  faire  que  le  26  mai  fût  le  jour  de  la  date  de  son  testament ,  qu'on 
dit  aussi  daté  d'Avignon ,  et  non  celui  de  sa  mort.  L'aigle  de  cuivre 
qui  est  actuellement  dans  le  chœur  de  la  cathédrale  d'Auxerre,   ne 


irW9  il  1300. 


(2)  Pierre  le  Yenier. 

11 


2 


18  UICIIKL    DF    LRENF.Y. 

vionl  |iuini  d*^  lui.  quoiqu'on  y  voie  lt}s  armos  <!•'  sa  ramillt*.  mais  de 

son  frtTP  Bertrand,  clinnlre  tL'  la  niOmt'  rgliM\  (|ni  ordonna,  par  son 

lestnmenl ,  qu'on  fil  fairo  doux  aif^lrs  [xnir  la  oailiédralo,  dont  Pnne 

restai  à  la  fhapclle  do  Sainl-Aloxamlro.  i»ii  so  ohanioitMil  alors  certains 

offices  presque  chaque  jour  :  elle  n'a  été  |)lacéc  au  chœur  que  depuis 

la  fin  dos  iruerres  des  calvinistes.  Lo  môino  ti'st.imont  nous  apprend 

que  Ferrie  avoit  une  sœur,  appolôo  Caihorino,  qui  >urvécul  à  ses  deux 

frères,  lovôquo  ot  le  chantre:  quo  do  (luiliauuio  Qissinel  il  avoit  un 

neveu  ap[>el?'*  Louis,  encore  fort  jeune  on  1587,  et  qu'un  autre  de 

leurs  neveux  s'appeioit  Gérard  do  Monlaigu,   loquel  sans  doute  éloit 

fils  de  Biolte  Gassinel,  qui  avoit  épousô  Géranl  de  Montaigu,  garde 

des  chartos  du  roi  et  maître  des  com[»tos,  et  par  conséquent  frère  de 

Jean  do  Montaijju,  chancolior  do  Franco  ih,  mort  archevêque  de  Sens 

en  i4l5. 

J*ai  lu,  dans  les  Mômoriaux  tU*  la  cliamhro  des  comptes  de  Paris, 
deux  articles  qui  nous  apprennent  quo  lo  roi  avoii  donné,  a  cet  cvèque 
d'Auxerre,  la  maison-forte  de  Marcoussis,  et  la  maison  de  la  Ronce 
située  en  la  châtellenie  de  Montlhéri,  en  échange  de  la  ville  de 
Galargue ,  sise  en  la  baronnie  de  Lunel,  laquelle  le  roi  donna  2i  Cathe^ 
rine  de  France,  comtesse  de  Monipensior. 


CIIAIMTRK  IV. 

MICHEL  DE  CRENEY.  lAXXIII'  ftVfiyi  E  D'AUXERRE. 

:39oaU9o  .        Quelques  écrivains  modernes  (2)  ont  imaginé  ,  entre  Ferrie 

et  Michel  de  Greney ,  un  Guillaume  (|u'ils  supposent  avoir  été  aupa- 
ravant évéque  de  Lodùve.  Ils  ont  cru  qu'y  ayant  eu,  dès  1592,  qd 
ordre  de  Charles  YI,  de  faire  hommage  à  Tévéque  d'Auierrc  pour  la 
jouissance  du  comté,  et  que  le  môme  ordre  étant  réitéré  en  1401    de 


Il  An»plme  hiM.  dPtChancelier«-  f     (it  Violr,  Noël. 


QUATRK-YINGT-TROISIÈME   ÉVÊQUE    d'aUXERRE.  19 

la  part  du  même  prince ,  Tévêque  d'Auxerre,  en  i592,  est  différent 
de  celui  qui  siégeoît  neuf  ans  après ,  les  hommages  ne  pouvant  s'exiger 
qu'à  chaque  mutation.  Cette  conséquence  tombe  d'elle-même,  puisque 
souvent  un  prince  révoque  les  ordres  précédemment  donnés,  et  quelque- 
fois il  diffère  leur  exécution  pour  certaines  raisons. 

Après  Ferrie  Cassinel,  Téglise  d'Auxerre  ne  fut  pas  longtemps  sans 
pasteur;  il  y  en  avoit  un  dès  Tannée  1391  (1).  Cétoit  Michel  de 
Creney;  sa  famille,  originaire  de  Troyes,  paroit  s'être  étendue  du 
GÔlé  de  Chaumont-en--Bassigny.  Vraisemblablement,  son  nom  de 
Creney  ne  venoit  que  de  ce  qu'il  étoit  né  à  Creney,  village  à  une  lieue 
de  Troyes  vers  Torient  d'été.  Elevé  à  Paris  dans  le  collège  de 
Navarre  (2),  il  y  prit  le  degré  de  maître  ès-arts ,  sous  Jean  de  Chaven- 
ges,  au  mois  de  février  1566,  et  deux  ans  après  il  fut  élu ,  le  premier 
juin,  procureur  de  la  nation  de  France.  Il  devint  ensuite  maitre  de 
tous  les  artistes  du  même  collège  de  Navarre.  Celte  qualité  lui  est 
donnée  dans  Tacte  de  la  dédicace  de  la  chapelle  ;  la  cérémonie  s'en 
fit  le  dimanche  16  octobre  1575  «  par  Pierre  de  Villiers»  évêque  de 
Nevers.  Son  mérite  le  fit  connoltre  de  Charles  V  qui,  en  1578,  lui 
confia  l'éducation  de  Charles  VI  alors  dauphin;  on  le  voit»  dans 
ces  temps-lk ,  chanoine  de  Saint-Quentin  (5) ,  sous-aumônier  du  roi , 
chanoine  de  la  Sainte-Chapelle  de  Paris.  Charles  VI,  monté  sur  le 
Irène  en  1580,  &e  tarda  pas  de  donner  à  son  précepteur  des 
marques  d'une  estime  singulière.  En  1582,  il  le  fit  son  grand 
aumônier;  il  Tétoit  en  1585,  suivant  les  comptes  et  quittances  de  ce 
temps-lk  (4).  On  voit,  dans  une  de  ces  quittances,  qu'en  1586,  le 
roi  se  proposa  de  le  mener  en  Angleterre  avec  lui;  ce  qui  lui  valut 
une  augmentation  d'appointements  (5).  Ce  prince  enfin  le  choisit,  en 
1588,  pour  son  confesseur,  et  Pévêché  d'Auxerre  étant  venu  k 
vaquer ,  Michel  de  Creney  en  fut  pourvu  sans  quitter  les  fonctions  qui 


1390  k  1409. 


(i)  Michel,  évéque  nommé  à  Aaxerre, 
reconnat,  dét  le  mois  dejanyier  etdeféTrier 
1590,  le  droit  apostolique  dû  par  les  trois 
derniers  de  ses  prédécesseurs,  et  le  paya  en 
i^9\,  Reg,  VatU. 

(«)  Hist.  Uwv,  Paris,  p.  975. 

fS)  Hemiré  in  Augutta  Verom.,  p.  t98, 


Anselme. 

(4)  Compte  de  /ean  Chanteprime  rece^ 
Teur  gén.  des  aides  pour  la  guerre,  i«'  fé- 
yrier  1585  et  51  juillet  1586. 

(5)  Ordre  à  Nicolas  de  Plancy,  M-  de  U 
Ch.  des  comptes  etquit.  du  25  sept.  1585, 
portefeuille  Gaignièrcs, 


I39<)  à  1409. 


20  MICHEL    DE    CRENEY, 

ratlachoienl  à  la  cour.  Son  emploi  de  confesseur  du  roi  rempêcha  de 
résider  dans  son  diocèse  ;  on  fut  plus  de  dix  ans  à  attendre  son  entrée 
solennelle.  Il  prit  cependant  possession,  mais  sans  solennité ,  et  il 
confia  le  spirituel  de  son  diocèse  à  un  vicaire  général,  nommé  Jean  du 
Pont  (i)  qui  fut  aussi  son  officiai,  et  qui  devint,  parla  suite,  grand 
archidiacre.  Michel  vint  aussi,  au  moins  une  fois,  pour  faire  Tordina- 
nation,  mais  sans  entrer  dans  la  ville.  Il  avoit  indiqué ,  pour  cette  céré- 
monie, Fabbaye  de  Saint  Marien  au  delà  de  la  rivière  d'Yonne  ;  ce  fat 
aux  Quatre-Temps  du  Carême  de  1305.  Comme  c'étoit  une  pratique 
nouvelle  à  Tégard  d'une  maison  de  Tordre  de  Prémontré,  dès  le  len- 
demain de  l'ordination  il  marqua  ,  par  écrit ,  qu'il  n'entendoit  point 
s'acquérir,  à  lui  ni  \k  ses  successeurs,  un  nouveau  droit  au  préjudice 
des  religieux,  ni  qu'eux  non  plus  ne  dévoient  point  se  prévaloir  de  sa 
déclaration,  ni  s'en  servir  au  préjudice  de  l'église  cathédrale  et  des 
évoques  d'Âuxerrc  (2).  Pendant  sa  longue  absence,  le  Chapitre  se 
voyant  sans  évéque ,  pria  quelquefois  d'autres  prélats  qui  se  trouvoient 
dans  le  pays  d'officier  dans  la  cathédrale.  L' évéque  d'Evreux  étant  k 
Âuxerre  à  'la  fin  d'octobre  1306,  fut  prié  d'officier  le  jour  de  la 
Toussaint  (3).  Cet  évéque  étoit  Gaillaume  de  Yallan,  Jacobin  du 
couvent  d'Âuxerre ,  dont  j'ai  déjà  parlé  dans  la  vie  de  Ferrie  Cassinel. 
Pendant  que  Michel  résidoit  à  Paris,  le  corps  d'un  saint  Thibaud 
confesseur,  qui  reposoit  à  deux  lieues  d'Âuxerre  dans  le  prieuré  de 
Beaumont,  autrement  dit  Saint-Thibaud-des-Bois,  fut  levé  de  son 
tombeau  et  transféré  dans  l'église  de  Saint-Germain  ;  Michel  consentit 
à  cette  translation  qui  lui  fut  demandée  par  Tabbé  de  Saint -Germain 
et  Philippes  Froment ,  évéque  de  Nevers ,  aussi  Jacobin  du  couvent 
d'Âuxerre  (4)  ;  on  fit  la  cérémonie  le  mercredi  d'après  Pâques  de  l'an 
1400.  Michel  de  Creney,  quoique  absent  de  son  diocèse,  ordonna 
qu'on  dressât  un  catalogue  où  seroient  marqués  les  revenus  et  les 
charges  de  tous  les  bénéfices,  hdpilaux  et  léproseries  qui  y  sont  situés  ; 
et  il  voulut  que  ce  registre  fAt  gardé  dans  les  archives  de  l'évéché. 
Ce  catalogue ,  qui  a  formé  ce  qu'on  a  depuis  appelé  du  nom  de  pouillé, 


(1)  Ex  tu.  capell  5.  Nie.  de  Seignelay.     |     (3)  Regittr.  capUuli. 

(2}  Tab.  S.  Mariani  {Archiv.  de  t  Tanne.)  |      (4)  Invent,  dos  titrei  de  révéché. 


QUATRE-VINGT-TROISIÈME    ÉVÊQUE    d'aUXERRE.  21 

fut  commencé  vers  Paa  1 595.  Quoique  ces  sortes  de  déclarations  le 
missent  en  état  de  réunir  plusieurs  petits  bénéfices,  on  voit  seulement 
que  le  25  septembre  1597,  il  réunit  deux  chapellenies  de  la  chapelle 
du  petit  Saint-Etienne ,  située  dans  le  cloître  du  Chapitre ,  à  celle  de 
Notre-Dame  fondée  dans  la  même  chapelle.  L'une  de  ces  chapellenies 
étoit  sous  le  titre  de  saint  Etienne  pape  ;  Tautre  sous  celui  de 
saint  Denjs.  On  croit  que  les  charges  avec  les  revenus  des  trois 
titres  furent  depuis  portées  k  un  autel  de  la  paroisse  de  Saint* 
Regnobert ,  où ,  dans  le  siècle  dernier ,  le  culte  de  saint  Etienne  pape 
et  de  saint  Denys,  étoit  encore  en  vigueur.  Notre  évoque  poursuivit, 
dans  la  même  année ,  deux  procès  commencés  par  son  prédécesseur  : 
Fun  touchant  la  nomination  à  la  léproserie  de  Toucy,  Tautre  sur  un 
ancien  droit  du  doyenné.  Etant  informé  des  revenus  modiques  de 
l'abbaye  de  Saint-Père ,  il  contribua  k  lui  faire  unir  pour  toujours  le 
prieuré  de  Saint-Loup,  de  Gésy  proche  Joigny,  qui  n'y  avoit 
d'abord  été  uni  que  pour  la  vie  de  l'abbé  Jean.  La  bulle  d'union  (1) 
est  du  28  novembre  1597.  Par  sa  médiation  fut  aussi  conclu  le  fameux 
traité  qui  règle  les  charges  du  trésorier  de  la  cathédrale  :  il  est 
appelé  la  Nazarie^  du  nom  de  celui  avec  qui  le  Chapitre  transigea  en 
1598.  On  peut  voir  ailleurs  la  requête  qui  lui  fut  présentée  à  ce  sujet 
dont  le  détail  contient  plusieurs  articles  (2). 

Quant  aux  affaires  temporelles ,  Michel  ne  les  négligea  point. 
Obligé,  par  arrêt  du  parlement  du  5  janvier  1591,  de  reconnoitre  le 
bailliage  d'Âuxerre  (5)  au  lieu  de  celui  de  Villeneuve-le-Roi,  il  fit 
publier,  en  ce  même  bailliage,  l'année  d'après ,  dans  les  assises  qu'y 
tint  Colart  de  Calleville ,  bailli  de  Sens  et  d'Âuxerre ,  la  transaction 
que  Pierre  de  Villaines»  l'un  de  ses  prédécesseurs,  avoit  faite  avec 
Jean  de  Ghallon,  alors  comte  d'Âuxerre,  et  le  Chapitre,  touchant  les 
limites  de  la  juridiction  temporelle  (4).  Prévoyant,  en  1595,  la  durée 
de  son  éloignement,  il  obtint  du  roi  des  lettres  par  lesquelles,  en 
qualité  de  confesseur  du  prince ,  tous  ses  biens  étoient  mis  en  sa  garde 
et  protection.  Les  héritiers  de  son  prédécesseur  dévoient  à  Tévéché 


1330  k  110». 


;i)  Tabul.  S.  Pitii.  ^3}  Ex  lit.  ni  bis  AuUss 

2)  Voy.  les  Preuve?»,  t^  iv,  n,  337.  j      (i)  Exduph  êignif.  capitula  6  mailii. 


.^.  ^.,  T'.'k)  florins;  il  4i|iijiii ,  le  iti  mars  1j!)5,  un  robcril  du  |ia|»«,  daté 
«r Avignon,  ponr  qu'ils  fusst-nl  conliainls  tie  |i;iver.  La  njrino  année,  il 
lii  un  oonronlal  avec  Talilu*  4I0  Sainl-Salur  en  Bcrri,  a|)|)areninient 
surit*  prieuro  tIe  Saini-Aina1rt\  où  ri*vêi|ne  avoit  un  droit  (l).  Il 
ongagoa  fariUMnont  li'  roi  à  pri'tor  foi  ei  hommage  pour  le  comté 
«i\\n\orr(\  Di's  Tan  ITiiM,  IMiilippe  lir  Savoisy  liaron  <K*  SiMgnelay, 
Ncnechal  ilu  roi  ,  fut  oliargi'  de  procuration  à  cet  t^nrd  cl  Tacle 
d'iiomnia};e  lut  i^tTtvtivt'nuMil  riMidu  alors  (2). 

1.0  séjour  do  notre  cvoquo  à  la  cour  lui  donna  occasion  do  biéger 
;iu  l'arloniiMU.    On    l'v  trouve  nommé   comme  présent  au  troisièmo 
Jeeemlire    iô!^«.   Mais  il  :!ssistoit  plus  communément  au  conseil  du 
roi.  Il  est  compris  dans  rénuiiiération  de  ceux  qui  s\v  trouvèrent  au 
mois  de  janvier  I5î)"2  (5'',  lorstpie  Ln»i>,  duc  d'Orléans,  frère  du  roi, 
tut  nomme  i;ou\erni'ur  du  rovaume  (  ii.  Il  rdt  lionnnéii  son  ranii;  parmi 
les  cinquante  é\ê|ues  qisi ,  sehm  l'iiixitation  du    roi,  se  rendirent  au 
{ul.Hs.  ^  Paris,  en    ii>!^i  le  jour  de  la  Puriiiealion,  pour  conférer  sur 
les  niovens  de  proeurer  la  paix  à  rKv»rise   iti\  On  ne  peut  douter  qu'il 
n'ait  pareillement  assiste  ii  celle  qui  fut  indiquée  pour  le  même  sujet  au 
on/umejour  d'aoï^i  ir>lUi.  pui>que  le  (lliapitre  même  venvova  le  doyen 
a\ec  w'A  chauoinv*  du  corps  (G\    Il    fut  eulin  de  rassemblée   tenue  à 
Pùr:s    le  tS    ian\ter  tôt^T .  dan>   Kupielle    on    agita    quelque    cho8e 
touchant  le  cliàleau  de  Vmcennes.   Deux   cérémonies   plus    augustes, 
ai:\queiIo>  d  parut  ru   qualité  dV\éque  m  ^ ,  furent  la  translation  do 
oor|«s  lie  NïT.:  1.oim>.  fjue  en  1502,  dans  IVglisi'  de  Saint-DeuTs-  et 
•a  dédicace  de  leitîix-  d^  >  l>!anc>-Manteaux  de  Paris  (8),  le  30  no- 
^!r.*Sr:   l*9T    rt 


•     f  s  .-.   .h     •?    •  li'!  (  Ail'  li> 

:•>    Hmtctu  ét>  :   :*.  ;^z    ."^  t'    B<g*»l  captt.t  Am§    1856 

«    EiUi:  .-vniifNM  l:  .^ï:  r-  «.!;ir.:-«  M.\\  '    Hi*t   do  Pan».  Preare 


m4DnH    «'^Lr    àr*    ri?<'.i:ruri   ir  »on  s    lli«t  d<*  Pan*.  Pitotc^  |   .    _ 


t.  I.  p.  Slii< 


iY».fT»imr  --i"  r'.r*''r«»  *•;     *«  r    *  '■**"?  ^'c::c  pour  «int  Edta«.  airli^Têoiie  de 


QUATRE-VINGT-TROISIÈME    ÉVÊQUE    D*AUXERRK.  25 

Les  maladies  qui  commeocèrcDl  h  régaer  dans  Paris,  Tao  i599, 
dont  on  ressentit  les  effets  vers  la  Saint-Jean,  firent  résoudre  plusieurs 
évéques  k  quitter  cette  ville  (i).  Il  y  en  eut  environ  vingt  qui  prirent 
ce  parti  ;  Michel  de  Creney  fut  du  nombre.  Il  ne  se  rendit  point  pour 
cela  dans  Auxerre;  mais  il  fit  attention,  vers  ce  temps-là,  qu'il  ne 
pouvoit  plus  différer  d'y  faire  son  entrée,  et  il  demanda  au  roi  un 
homme  de  sa  part  pour  aider  a  le  porter  dans  cette  cérémonie.  Adam 
de Gallomiel,  son  chambellan,  en  reçut  Tordre  au  mois  de  mai  1401, 
et  eut  commission  de  prêter  foi  et  hommage;  mais  cet  officier  s'en 
étant  déporté,  un  autre  seigneur  parut  pour  le  roi.  Michel  de  Creney 
arriva  à  Âuxerre  le  samedi  dcToctave  de  la  Fête-Dieu  quatrième  juin, 
vçrs  les  dix  heures  du  matin  (2).  Ayant  diné  à  Tabbaye  de  Saint- 
Germain  avec  Tabbé  du  monastère,  il  y  passa  le  reste  de  la  journée  et 
y  coucha.  Le  lendemain,  sur  les  neuf  heures  du  matin,  assis  sur  une 
chaise  de  bois  couverte  d'étoffe  de  soie,  revêtu  de  chape,  la  mitre  eu 
tète  et  la  crosse  en  main,  il  fut  porté  jusqu'à  la  cathédrale  par  quatre 
écuyers  qui  avoieat  auprès  d'eux  quatre  chevaliers  dont  chacun  tou- 
choit  un  des  coins  de  la  chaise.  Lorsqu'il  fut  arrivé  au  milieu  de  la 
place,  devant  Téglise  de  Saint-Etienne,  dont  la  grande  porte  étoit 
fermée,  Pierre  de  Chissy,  doyen;  Jean  du  Pont,  archidiacre;  Guil- 
laume Nazarie,  trésorier,  et  quelques  chanoines ,  sortirent  par  une  des 
petites  portes,  accompagnés  seulement  du  diacre  et  du  sous-diacre 
avec  la  croix  et  l'eau  bénite  ;  ils  approchèrent  de  révéque  descendu 
de  chaise  au  milieu  du  parvis ,  et  le  doyen  lui  porta  la  parole  en  fran- 
çois  de  ce  temps-là  :  «  M«^. ,  vous  venez  en  votre  église  pour  y  faire 
>  votre  entrée  ;  nous  ne  savons  se  vous  y  venez  ainsi  que  vous  devez , 
»  c'est  à  savoir  se  vous  avez  avecque  vous  vos  quatre  vassals ,  c'est  à 
i)  savoir,  le  comte  d'Auxerre,  le  duc  de  Bar,  le  seigneur  de  Sainl- 


lasxï  a  1100 


(1)  PreuTef  de  rhist.d* Auvergne,  p.  470.  i      (:2)  Megist,  capituU. 


Cantorbéry,  dont  le  corps  avait  été  inhumé  à  Ponligny.  Richard  II  ordonna,  en 
1396,  que  la  rente  de  20  marcs  sterlings  qui  avait  été  anciennement  payée  à  Tab- 
baye,  pour  Ventretien  de  quatre  cierges  ardents  autour  de  la  chAssc  du  saint,  serait 
rétablie  comme  avant  la  guerre.  —  Voy,  Preuves,  t.  iv,  n«>  336.  (iV.  d.  E,), 


24  MICHEL   DE   CRENEY, 

1390  à  uo».  *  Veraiu,  et  le  baron  de  Donzy  ou  aullres  pour  eulx  ayant  dVulx 
»  espécial  mandement,  ou  se  vous  avez  fait  diligence  d'eulx  avoir  :  et 
i>  si  vous  plaist,  respondez-nous  sur  ce.  »  Le  prélat  répondit  en  même 
langage  :  c  J'ay  en  ce  fait  bonne  diligence  et  les  ay  fait  citer  adjourner 
>  a  cette  journée,  pour  comparoir  par  devant  moy,  et  faire  ce  à  quoy 
1  ils  sont  tenus;  et  nonobstant  ce,  le  seigneur  de  Saint- Verain  et 
»  ledit  baron  de  Donzy  ne  sont  pas  venus  ne  comparus  ;  mais  icy  est 
»  Mess.  Dreux  de  Mello ,  seigneur  de  Saint-Bry,  pour  le  comte 
h  d'Âuxerre,  et  Mess.  Robert  de  Bonnay,  chevaliers,  pour  le  duché 
i>  de  Bar,  sont  icy  présents.  »  Ces  deux  seigneurs  étoient  aux  deux 
coins  du  devant  de  la  chaise.  L'évêque  ajouta  que,  n'ayant  point  vu 
dans  Téglise  de  Saint-Germain  les  deux  autres  vassaux  au  moment 
qu'il  s'assit  dans  la  chaise,  il  les  avoit  déclarés  contumaces,  et  que  sans 
préjudice  à  ses  droits,  le  seigneur  de  Maligny,  pour  le  baron  de 
Donzy,  et  Etienne  de  Chanteloup,  chevalier  (I),  pour  le  seigneur  de 
Saint-Yerain,  y  suppléoient  provisionnelleraeni.  Le  doyen  prit  alors, 
des  mains  du  sous-diacre,  le  livre  de  TEvangile  el  fit  voir  à  Févéque 
la  formule  du  serment.  Le  prélat  baisa  d*abord  le  texte  sacré,  et,  les 
deux  mains  posées  sur  le  livre  ouvert,  il  prononça  le  serment  tel  que 
les  évoques  précédents  Tavoient  prêté.  Ensuite  il  fit  Taspersion  d'eau 
bénite  sur  le  peuple,  il  baisa  la  croix  qui  lui  fut  mise  en  main,  et  fil 
des  signes  de  croix  sur  la  multitude  ;  puis  il  s'assit  et  fut  encore 
porté,  comme  auparavant,  jusqu'à  la  porte  de  l'église ,  où  ayant  sonné 
une  petite  cloche,  on  la  lui  ouvrit.  Â  ce  moment,  tout  le  clei^é 
assemblé  commença  Te  Deum ,  et  Hugues  Blanchet ,  archidiacre  de 
Sens  (2),  l'introduisit  dans  l'église.  Â  la  porte  du  chœur,  il  descendit 
de  chaise  et  alla  à  pied  jusqu'aux  cordes  du  petit  clocher.  L'archidiacre 
de  Sens  les  lui  ayant  présentées,  il  les  sonna  chacune;  il  alla  jusqu'au 
grand  autel,  y  fit  sa  prière  à  genoux,  et  déclarant  encore  contumaces 
les  deux  vassaux  absents,  il  protesta  de  les  poursuivre  par  les  voies  de 
dioil  ;  il  baisa  l'autel  el  y  offrit  trois  parements  de  drap  d'or.  Puis 


i\)  Apparemment  seigneur  de  Villefar-    de  la  Saintc-ChapeUc  de  Paris,  selon  le 

ffpau,  déjà  nommé  ci-dessus.  '  P.  Anselme,  lltsi.  de»  grandn  Aumàniers  ; 

(2)  Cet  Huguefc  étoit  aussi  alors  tréhorier    vi  il  a  cotte  qualité  dans  un  acte  ci-aprés. 


QUATKË-VINGT-TROISIÈME    ÉVÊQUE    u'aUXERRE.  25 

l*arcbidiacre  de  Sens  le  cooduisit  à  la  chaire  de  .pierre,  à  côté  de  Taulel,  y^  ^  14^9. 
(H  Vy  iostalla.  Cette  auguste  cérémooie  achevée,  Michel  de  Crene^ 
célébra  poutificalemenl  la  graiid'messe.  Il  donna  ensuite  à  diuer  au 
Chapitre  et  à  tous  ceux  qui  y  avoient  assisté  (1)  ;  le  tout  se  passa  eu 
présence  de  Guillaume,  abbé  de  Saint-Père  d'Auxerie;  de  Robert, 
abbé  de  Saint-Laurent  et  autres  tant  nobles  que  bourgeois.  La  com- 
munauté des  habitants  avoit  envoyé  à  Coulanges  et  a  Irancy,  afin  de 
choisir  en  chaque  lieu  un  muid  de  vin  de  pinot  dont  elle  fit  présent  au 
prélat  pour  la  fête  do  sa  nouvelle  entrée  (2).  Si  personne  ne  parut  a 
cette  entrée  au  nom  du  baron  de  Donzy,  ce  ne  fut  pas  la  faute  de 
Tévéque,  qui  Tavoit  fait  sommer  dès  le  6  mai  ;  le  comte  de  Nevers 
agit  en  conséquence,  et  adressa  à  Hugues  de  Saint-Aubin  un  mande- 
ment ;  mais  cette  procuration  étant  arrivée  trop  tard  ,  Philippe,  duc  de 
Bourgogne,  fit  excuse  à  Tévêque,  le  20  décembre  suivant ,  comme 
ayant  la  tutelle  de  Jean,  son  fils  qui,  en  qualité  de  comte  de  Nevers, 
étoit  baron  de  Donzy.  Le  baron  de  Toucy,  plus  exact,  lui  rendit 
encore,  au  bout  de  deux  ans,  foi  et  hommage  pour  sa  portion  dans  la 
seigneurie  de  Toucy.  Ce  prélat  n'alla  point  à  Sens  faire  le  serment 
ordinaire  à  Téglise  métropolitaine  et  a  rarchevéque. 

Michel  de  Creney,  dès  les  premiers  jours  qui  suivirent  son  entrée, 
témoigna  de  vouloir  vivre  eu  paix  avec  son  Chapitre.  Environ  cinq  ans 
auparavant,  il  avoit  commencé  à  attaquer  la  juridiction  spirituelle  de 
ce  corps  (a)  ,  en  combattant  l'ancienne  possession  et  donnant  une 
explication  arbitraire  à  la  charte  de  Jean  d'Auxois  ,  Tun  de  ses  prédé- 
cesseurs. Le  parlement  avoit  commis,  en  1596,  Jean,  abbé  de 
Pontigny,  pour  veiller  au  maintien  de  la  juridiction  du  Chapitre  pen- 


'11  Exeod.  regùt. 

(2)  Compte  de  GaUlaume  de  Valde  Marcy 


fol.  27. 


(a)  Ce  ne  fat  pas  la  seule  circonstance  où  il  essaya  de  diminuer  les  charges  de 
son  siège.  Il  refusa  aussi,  sous  différents  prétextes,  de  payer  une  rente  de  26  liv. 
qui  était  due  à  l'abbaye  Saint-Marien,  sur  le  tonlieu  et  le  salage  d'Auxcrre,  par 
suite  d'échanges  faits  du  temps  de  Tévéque  Gui  de  Mello.  Mais  après  un  procès  de- 
vant les  gens  tenant  Thôtel  des  requêtes  du  palais,  il  fut  condamné  dans  ses  pré- 
tentions,  en  mai  t397  (iV.  rf.  £.). 


26  MICHEL    DE    CRENBT  , 

1390  1 14».  d^Q^  ^3  durée  du  procès  (I);  cet  abbé  ne  le  pouvant  pas  lui-même, 
s'en  étoit  déchargé  sur  le  prieur  de  Saint-Eusèbe  (2),  le  chantre  de 
Notre-Dame-de-la-Cilé,  et  sur  les  curés  de  Sainl-Pierre-en-Chàteau 
et  de  Saint-RegDobert.  Mais,  malgré  l'arrêt  de  défense,  Jean  du  Pont, 
officiai  de  Tévéque,  n'avoit  pas  laissé  d'agir  contre  des  particuliers 
dépendants  du  Chapitre.  L'évéque  d'Evreux  avoit  essayé  de  pacifier  ce 
différend.  A  l'arrivée  de  Michel  de  Creney ,  on  vint  de  part  et  d'autre 
à  composition.  Le  cinquième  jour  après  l'entrée  solennelle,  fut  fait 
on  accord  dont  voici  les  articles  (5)  : 

1®  Par  le  nom  latin  familiares  de  la  chartre  de  Jean  d'Auxois, 
sont  entendus  les  domestiques  des  chanoines,  demeurant  avec  eux, 
nourris  k  leurs  dépens  et  dans  l'enceinte  des  murs  de  la  cité,  sans 
fraude  ou  surprise  ; 

2®  Par  les  ministres  dont  il  est  parlé,  s'ils  ne  sont  pas  chanoines, 
il  faut  entendre  le  chambrier,  le  grenetier,  le  receveur  des  anniver- 
saires, le  notaire  daOïapitre,  le  maître  de  l'hôpital  de  Saint-Etienne, 
et  le  portier  du  Chapitre,  lesquels  venant  à  délinqwr,  spnt  sujets  et 
justiciables  du  Chapitre,  pourvu  qu'ils  portent  l'habit  ecclésiastique 
(réservé  le  portier)  ,  et  qu'ils  n'aient  commis  homicide  ni  rapt.  Les 
vingt-huit  bénéficiers,  obligés  au  service  divin,  seront  seulement 
justiciables  du  Chapitre  pour  le  fait  de  l'office  divin ,  et  tant  qu'ils 
résideront  dans  l'église  et  dans  la  cité ,  demeurant  sujets  à  Tévéque 
en  tous  autres  cas.  Or  de  ces  bénéfices  (continue  l'acte),  il  y  en  a 
douze  vicaires  ,  savoir  :  six  de  Saint-Michel  et  six  de  Saint-Jean-le- 
Rond,  lesquels  doivent  assister ,  avec  les  tortriers ,  à  toutes  les  heures 
de  l'office ,  hors  prime  et  none.  Les  deux  chapelains  de  Saint-André 
sont  obligés  d'assisjler  aux  matines  ,  à  la  grand'messe  et  aux  vêpres.  Le 
chapelain  de  Saint-Gervais ,  à  certaines  heures;  le  chapelain  de  Saint- 
Ëloi,  h  toutes  les  heures  ;  le  chapelain  de  la  chapelle  de  Saint-Pierre, 
fondée  a  l'autel  de  Notre-Dame-des-Reliques,  est  tenu  de  porter  la 
chape  du  doyen,  parer  le  chœur,  coucher  en  l'église,  etc.  Les  deux 


(ï)  RfQiit.  capit,  24  octob.  1396. 

(2)  TAUerœ  abb.  Pontig. 

1^)  Ces  articles  sont  ainsi  dans  les  col- 


!  lections  mss.  du  P.  Viole  et  dans  ceUe  du 
sieur  Bargedé^  assessenr. 


QUATRE-VINGT-TROISIÈME    ÉVÊQUE    d'aUXERRE.  27 

chapelaius  de  l'autel  de  Sainte-Croix  soot  obligés  de  coucher  daos 
Téglise  et  de  parer  Tautel,  etc.  Le  chapelain  de  Tautel  de  Sainte- 
Marie-Magdeleine,  près  l'entrée  du  chœur ,  est  obligé  de  se  trouver  à 
toutes  les  heures.  Le  chapelain  de  Sainte-Catherine  proche  Tautel  de 
Saint-Sébastien ,  est  obligé  d'assister  à  toutes  les  heures ,  avec  les 
tortriers.  Le  chapelain  des  SS.-Lazare ,  Marie-Magdeleine  et  Marthe, 
h  toutes  les  heures.  Le  chapelaÎD  de  Sainte-Catherine-du-Revesliaire, 
est  obligé  de  préparer  tout  ce  qu'il  faut  pour  Tentretien  de  la  lampe 
devant  le  revestiaire ,  etc.  Le  luarguillier,  clerc  du  trésorier,  est  obligé 
de  sonner  et  préparer  l'autel,  allumer  et  éteindre  les  cierges,  ouvrir  et 
fermer  les  portes,  etc.  Les  quatre  chanoines  de  la  Trinité  sont  obligés 
d'assister  aux  matines,  etc. 

3°  Il  est  accordé  que  le  Chapitre  aura  un  seul  oificial,  qui  exercera, 
au  nom  de  la  compagnie,  la  juridiction  spirituelle  dans  un  certain  lieu 
déterminé,  soit  au  Chapitre  ou  en  la  maison  claustrale  du  Chapitre, 
située  devant  le  portail  neuf,  en  laquelle  le  bailli  de  la  temporalité  du 
Chapitre  tient  son  siège  auprès  du  cimetière  des  clercs  du  chœur  (1). 
Lequel  officiai  pourra  connoitre  des  causes  qui  regardent  la  juridiction 
spirituelle,  et  se  transporter  tant  par  lui  que  par  autres,  aux  maisons 
situées  dans  les  limites  de  sa  juridiction,  pour  informer,  enquérir  et 
faire  semblables  choses,  sans  lesquelles  la  juridiction  ne  se  peut  com- 
modément exercer.  Et  cependant,  la  cause  principale  ne  se  pourra 
décider  autre  part  que  dans  ledit  Chapitre  ou  maison,  sans  qu'il  soit 
besoin  de  multiplier  les  officiers.  Le  Chapitre  pourra  pareillement 
connoitre  et  déterminer  capitulairement  des  causes  commencées  ou 
non  commencées  devant  ledit  officiai ,  ou  bien  les  lui  renvoyer. 

4°  Le  Chapitre  aura  juridiction  spirituelle  dans  les  maisons  claus- 
trales, tant  acquises  qu'à  acquérir,  dans  les  limites  néanmoins  du 
cloKre  ;  mais  h  l'égard  des  externes  ou  forains  qui  viendront  à  délin- 
quer  dans  icelles  maisons,  l'évéque  aura  sur  eux  toute  juridiction, 
autant  que  les  bornes  de  sa  justice  peuvent  s'étendre. 

5®  Le  Chapitre  n'aura  point  juridiction  sur  les  familiers  et  officiers 
de  Tévéque,  lorsqu'ils  ne  seront  ni  chanoines,  ni  tortriers*  ni  du 

« 

(1)  Ce  cimetière  êtoit  au  midi  du  chœur,  |  proche  la  chapeUe  de  iï^aint-Michel. 


1390  à  UU9. 


iS  MICHEL    DE    CRENBT  , 

^  i^gf^  nombre  des  «x  mioislres  ci-de8sas  déclarés.  Si  ces  familiers  étoieat 
chaooioes  oa  torlriers,  ou  du  nombre  des  six  dont  il  a  élé  parlé,  et 
qu'ils  Tinssent  à  manquer  à  leur  office,  le  seigneur  évéque  pourra  les 
punir  et  corriger  selon  Texigeuce  des  cas,  sans  néanmoins  les  détenir 
oo  emprisonner.  Aura  aussi  le  Chapitre  puissance  sur  les  vingt-huit 
obligés  au  service  divin,  en  ce  qui  regarde  ledit  office  seulement,  si 
tant  est  qu^ils  soient  familiers  ou  officiers  de  Tévéque. 

6^  S'il  arrive  que  les  familiers  et  ministres,  ci-devant  nommés, 
appellent  du  doyen  et  Chapitre,  Pappellation  ne  relèvera  pas  devant 
Févéque,  non  plus  que  celle  des  28  bénéficiers,  dans  les  causes  qui 
eoneernent  Toffice  divin  auquel  ils  sont  obligés  par  la  fondation  de 
leur  bénéGce. 

7^  L'official  de  l'évéque  et  Fofficial  du  Chapitre  se  donneront  mu- 
tuellement des  lettres,  soit  pour  entendre  les  témoins  ou  faire  autres 
choses  quand  besoin  sera,  aux  dépens  néanmoins  des  parties. 

8®  Par  cet  accord ,  les  parties  n'acquièrent  rien  de  nouveau  et  ne 
perdent  rien. 

9^  La  juridiction  spirituelle,  dans  les  maisons  canoniales  et  claus- 
trales, est  ici  entendue  comme  dans  la  charte  de  Tévêque  Jean. 

10^  Le  Chapitre  pourra  faire  publier,  à  l'aigle  du  chœur,  les  sen- 
tences et  autres  mandements,  comme  aussi  citer  et  excommunier  les 
témoins,  ainsi  que  Tévéque. 

il^'  L*évéque  donnera  a  l'avenir  des  dimissoires,  conjointement 
avec  le  Chapitre,  aux  chanoines  de  l'église  d'Auxerre  et  tortriers  pour 

recevoir  les  ordres. 

i2«  Sur  ce  que  Tévéque  avoit  formé  ses  plaintes  en  nouvelleté  de 
ce  que  le  Chapitre  avoit  prié  le  bailli  d'Auxerre  d'ajourner  certains 
témoins  pour  déposer  la  vérité  en  des  causes  pendantes  pardevant  eux, 
a  été  accordé  que  la  plainte  demeurera  comme  non  faite  sans  préjudice 
des  parties.     ^ 

13°  Le  bailli  de  l'évêque  et  celui  du  Chapitre,  informeront  et  ter- 
mineront le  différend  qui  étoit  entre  l'évêque  et  les  chanoines ,  tou- 
chant la  succession  des  habitants  des  Bordes  qui  avoient  du  bien, 
tant  îuidil  lieu  des  Bordes,  où  l'évêque  a  le  droit  de  main-morte,  qu'à 
Moiiéieau  qui  est  de  la  juridiction  temporelle  du  Chapitre. 


f* 


QUATRE-VINGT-TROISIÈME    ÉVÊQUE    u'aUXERRE.  29 

14<^  Sur  ce  que  le  Chapitre  prélendoit  jouir  de  la  succession  de 
Robert  Roussel,  curé  de  Beauvoir,  mort  sans  héritiers,  à  cause  que 
la  seigneurie  de  ce  lieu  lui  appartient,  Tévéque  la  prétendant  aussi, 
attendu  la  qualité  de  curé  du  défunt,  son  sujet,  a  été  accordé  que  le 
testament  de  ce  curé  sera  suivi,  ses  dettes  payées,  et  le  reste  de  la 
succession  employé  k  la  réfection  du  presbytère ,  sans  préjudice  des 
parties. 

15^  Le  trésorier  fournira  les  parements  et  tapisseries  du  trésor 
pour  le  synode,  et  les  bâtonniers  auront  soin  de  les  tendre. 

16^  Touchant  la  clôture  de  la  porte  de  la  maison  épiscopale,  qui  re- 
garde sur  le  grand  autel  de  Téglise  (a),  a  été  accordé  que  l'évéque  étant 
à  la  cité  d'Auxerre ,  celte  porte  ne  sera  point  fermée ,  ni  de  jour ,  ni  de 
nuit.  Mais  Tévéque  étant  hors  de  la  ville,  elle  sera  fermée,  la  nuit,  du 
côté  de  réglise,  et  ouverte  depuis  le  second  coup  de  matines  jusqu'à 
ce  que  le  service  du  matin  soit  fait,  et  depuis  nones  jusqu^à  la  fin 
de  Toffice. 

17^  Pour  ce  qui  est  de  la  basse  porte,  par  laquelle  on  va  de  la 
maison  épiscopale  aux  grottes  de  Téglise,  elle  sera  murée  «  et  sera 
faite  une  ouverture  dans  un  autre  endroit,  par  où  l'évéque  puisse 
entrer  de  sa  maison  épiscopale  en  la  chapelle  de  la  Trinité  qui  est 
dans  ces  grottes,  tant  de  jour  que  de  nuit,  quand  il  sera  à  la  ville; 
mais  pendant  son  absence  de  la  ville,  celte  porte  sera  continuellement 
fermée  du  côté  de  Téglise. 

iS^  Le  Chapitre  donnera  un  état  des  héritages  qu'il  a  à  Appoigny, 
tant  d'ancienne  que  de  nouvelle  acquisition,  et  les  deux  baillis  de 
Tévêque  et  du  Chapitre  jugeront  s'il  y  a  quelque  chose  qui  doive 
dime  à  l'évéque. 

19^  D'autant  qu'un  nommé  Jacques  de  Lorme  ayant  été  trouvé 


1390  à  14(t9. 


(a)  La  porte  dont  il  est  fait  mention  dans  ce  paragraphe ,  était  placée  dans  le 
bas-cAté  nord  du  sanctuaire.  On  en  voit  encore  la  place  murée.  Elle  communiquait, 
par  un  passage,  dans  le  palais  épiscopal.  Les  changements  opérés,  en  1837,  dans  la 
préfecture,  Tunt  fait  supprimer;  et  les  panneaux  de  cette  porte,  qui  datent  du  temps 
de  révéque  J.  Baillet,  forment  l'ornement  delà  porte  principale  de  ThAtel. 

(iV.  d.  E.). 


1390  a  1409. 


50  MICHEL    DE    CREiNEY  , 

mort  ea  Tëglise  d*Auxerre ,  le  bailli  du  Chapitre  a  visité  le  cadavre , 
il  a  été  dit  qu'en  pareil  cas  Tévéque  pourra  faire  la  même  chose. 

20^  Et  sur  ce  que  plusieurs  cbaDoines,  assemblés  au  Chapitre 
le  jour  de  la  Fête  des  Fous,  y  avoient  créé  et  nommé  des  officiers 
qui  avoient  eipédié  certaines  lettres;  ce  qui  avoit  obligé  Tévéque 
d*întenter  procès  contre  ces  chanoines  en  cour  sécidière.  d*où  ils 
auroient  interjeté  appel  h  la  cour  ecclésiastique  de  Sens ,  a  été  accordé 
que  le  tout  seroit  réputé  comme  non  avenu,  sans  préjudice  des  par- 
ties. 

21^  Pour  ce  qui  est  des  sceaux  de  la  cour  épiscopale  d'Âuxerre, 
a  été  accordé,  que  le  corps  du  Chapitre  ne  payera  jamais  rien  pour 
lesdits  sceaux ,  et  que  les  chanoines,  chacun  en  particulier ,  les  tor- 
triers  et  autres  bénéficiers  auront  le  même  privilège  pour  les  ordres. 
En  autre  chose,  Févéque,  qui  est  de  présent,  et  ses  successeurs  en 
feront  comme  ils  aviseront  bon  être. 

22**  Les  procès  commencés  contre  les  chanoines-curés,  en  ce 
qui  regarde  le  soin  des  âmes,  réduit  à  néant,  sans  préjudice  des 
parties  (i). 

n  fut  dit,  à  la  fin  Se  ce  traité,  que  s'il  arrivoit  quelque  difficulté 
pour  l'interprétation  des  articles,  on  auroit  recours  à  Hugues  Blanclict, 
trésorier  de  la  Sainte-Chapelle  de  Paris,  maître  Jean  d'Arcy ,  et  Guil- 
laume de  Villars,  conseiller  du  roi,  et  maître  Silvestre  Baudry.  Tous 
étoient  alors  présents  ,  venoient  d'assister  a  Tentrée  solennelle  de 
Michel  de  Creney ,  avec  Jean  Charreton ,  archidiacre  de  Rivière  on 
l'église  de  Soissôns  ;  Jean  Daguy,  chantre  de  Tournai  ;  Jean  Blanchet 
et  Jean  MoreU  chanoine  de  Sens,  lesquels  sont  aussi  nommés  témoins 
de  cet  accord  fait  le  9  juin  140i . 

Cette  grande  affaire  fut  terminée  sans  qu*on  y  fit  mention  d'abolir 
la  Fête  des  Fous.  Ceux  qui  ont  cru  que  l'article  vingtième  de  ce 
concordat  la  proscrivoit  se  sont  trompés.  Outre  qu'il   n'y  est  point 


(1)  n  y  a  quelques  indices,  que  l'éréquc 
aroit  demandé  qu'il  y  eût  deux  prébendes 
unien  à  la  mense  épiscopale,  et  quMl  aToit 
accordé  d*eii  unir  une  à  la  Cibrique,  ou  pour 
Tentretien  des  enfants  de  chœur.  Mais  on 


croit  que  cela  ne  fut  point  arrêté  et  que 
rarchevdque  de  Sens,  de  la  confirmaUon 
duquel  on  aToit  besoin,  n*y  consentit  point. 
Ex  cartul.  Capif,,  et  rêgiiîrU. 


•^•'^i.«*,^r: 


-^i^-^ 


^•^< 


''■Té-SS^g^î 


QUATRE-YINGT-TROISliME    ÉVÉQUB   d'aUXERRE.  51 

parlé  du  fond  de  la  fête  ,  mais  seulement  de  Texcès  de  ceux  qui  y 
créoient  capitulairement  des  officiers,  on  la  vit  encore  subsister  \ 
Âuxerre,  durant  tout  Tépiscopat  de  Michel  de  Creney,  malgré  le 
sermon  prêché  contre  cet  usage,  Tan  1401,  par  Tabbé  de  (1)  Pon-* 
tigny  (2),  et  nonobstant  la  parole  donnée  h  l'évéque  de  faire  en  sorte 
qu'il  n'en  restât  aucun  vestige.  Tout  ce  qu'on  put  obtenir  alors,  fut 
d*en  retrancher  les  choses  les  plus  criantes  et  les  plus  grossières.  Il 
est  assez  probable  que  ce  fut  l'obstination  de  certains  chanoines  en 
faveur  de  cette  fête  abusive,  qui  obligea  le  prélat  k  attaquer  de  nouveau 
la  juridiction  du  Chapitre  en  1406;  mais  cette  seconde  attaque  n'eut 
point  de  suite. 

Michel  de  Creney  marqua  aussi  une  grande  attention  pour  la  sanc- 
tification des  fêtes.  Informé  des  profanations  qui  s'y  commettoient ,  il 
en  retrancha  un  grand  nombre  au  rapport  de  Nicolas  de  Clamenges,  qui 
le  qualifie,  après  sa  mort,  d'évêque  it  sainte  mémoire  (5).  Ce  qui 
arriva  k  l'abbaye  de  Regny  ,  fait  juger  que  ce  prélat  entreprit  la  visite 
du  diocèse  peu  de  temps  après  son  arrivée  dans  le  pays.  Il  exigea,  en 
1402,  des  religieux  de  ce  monastère,  qu'il  y  fût  nourri,  lui  et  les 
siens,  en  passant  dans  ces  quartiers-là,  et  même  il  usa  de  violence 
pour  maintenir  ce  droit,  s'il  en  faut  croire  la  collection  des  statuts 
de  l'Ordre  de  Citeaux.  Mais  la  violence  ne  consista  apparemment 
qu'en  sommations  qui  firent  naître  un  procès  (a).  Tous  les  âbbés  et 
abbesses  de  l'ordre,  situés  dans  les  diocèses  d'Âuxerre  et  de  Sens, 
furent  taxés  pour  aider  ï  cette  occasion  l'abbaye  de  Regny  (4),  et 
l'abbé  de  Ponligny  fut  commis  par  le  Chapitre  général  pour  faire  cette 
levée  ;  l'évéque  se  conduisit  plus  doucement  envers  l'abbaye  de  Saint- 
Marien-lez-Âuxerre.  Donnant  la  bénédiction  abbatiale  k  Richard  Colas 


1380  k  1409. 


(1)  Il  aToitété  commis  protecteur  de  la 

jaridicUon  spiritaeUe  da  Chapitre  par  le 
parlement*  —  Voy,  d-deMos. 


(2^  RegUt  Capit.  2  déc.  4410. 
i'^)  Lib.  de  fesUv.  novis  non  instit, 
(4)  ITies,  anecdot.j  t.  nr,  p.  1540. 


fa)  n  est  dit  dans  une  assignation  donnée  aux  mf"-  >'■  ^^n'ils  injurièrent  Tévéque 
et  sa  compagnie,  quand  il  se  présenta  à  la  porte  d^  '^-^^  ^^^y?  ;;  ^P.  Reigny). 

/  (N.  d.  E.). 


52  MICHEL   DR    CRENEY  , 

1390  a  1400.  ^^^  '^  ''^  ^^  '^  même  nnnée  1402,  il  ]ui  fit  prononcer  celle  formule 
(l'obéissance  :  c  Ego  frater  Ricbardus  liumilis  abbas  S.  Mariani  Autis- 
3  siodor.  Ordinis  Premonslratensis ,  reverendo  in  Christo  pntri  in 
»  Domino ,  D.  Michaéli  divinâ  permissione.  Âutissiodorensi  episcopo 
>  suisque  saccessoribus  atque  matri  ecclesiae  Âutissiodorensi  debilani 
»  subjectionem  y  obedientiam,  et  reverentiam  secundiim  instituta 
)>  sanctorum  Patrum  ore  proroitto  et  manu  confirmo.  »  Il  la  fit  signer 
par  cet  abbé,  la  disant  tirée  des  anciens  livres  de  Téglise  d'Auxerre. 
Mais  il  donna  acte,  le  2  avril  avant  Pâques,  comme  il  n^entendoit  point 
acquérir  de  nouveau  droit  sur  ce  monastère  ni  préjudicier  a  TOrdre  (1). 
Les  ermites  de  Saint-Augustin  surent  gagner  la  bienveillance  de 
Michel  de  Creney.  11  se  joignit  a  Jean  Agelard,  religieux  de  cet  ordre, 
pour  demander  au  roi  une  croix  de  vermeil  doré,  d'un  pied  et  demi 
de  baut,  garnie  de  pierreries,  dans  laquelle  étoit  renfermée  une  portion 
de  la  vraie  croix;  ce  prince  fit  présent  de  cette  croix.  Tan  1401,  à 
frère  Jean  de  Saens,  maître  en  théologie,  pour  le  couvent  d'Amiens  (2); 
aussi  les  armoiries  de  Michel  de  Creney  furent-elles  mises  sur  le  pied 
de  cette  croix  avec  une  inscription  latine  qui  marque  le  fait.  C'est 
peut-être  par  reconnoissance  que  frère  Jacques  le  Grand,  religieux  du 
même  institut ,  lui  dédia  un  livre  de  morale  intitulé  Sophologium,  qui 
fut  imprimé  à  Paris  dès  le  commencement  de  Tusage  des  caractères. 
Cet  auteur  nous  apprend  que  Michel  de  Creney  conserva  longtemps, 
depuis  son  entrée  à  Auxerre ,  le  titre  de  confesseur  du  roi  ;  et  quand 
nous  n'aurions  pas  ce  témoignage,  la  quittance  qu'il  donna  de  qua- 
torze livres  reçues  pour  cause  de  cet  office  à  un  maître  de  la  chambre 
des  deniers  royaux  ,  le  5  janvier  1407,  suffiroit  pour  le  prouver  (5). 

Peu  de  temps  après  avoir  achevé  la  visite  de  son  diocèse,  il  reprit 
son  ancien  genre  de  vie,  et  pour  ce  qui  concernoit  l'utilité,  soit  de 
son  clergé,  soit  de  son  peuple,  il  le  fit  à  Paris,  où  il  s'en  déchargea 
sur  un  vicaire  général.  Sur  les  dernières  années  de  sa  vie,  le 
15  janvier  1406,  il  obtint  un  arrêt  du  parlement  qui  regarde  l'usage 
de  l'absolution  des  censures.  Il  y  est  ordonné,  k  l'occasion  d'une  bat- 


;  I  j  Tabul.  S.  Maria  h  i . 

(â)  Lettre    de    M.     Vilinan,    chanoine 


d*Amiens. 
(3)  PortefenUlet  de  Gaigniérei». 


QUATRE-VINGT-TROISIÈME   ÉVÊQCE   d'aUXERRE.  55 

teric  arrivée  entre  des  ecclésiastiques  (1)  ,  que  quicooque  auroit  été  ^^c^q^  i 
interdit  ou  excommunié  pour  des  violences  faites  à  des  gens  d'église, 
ne  seroit  relevé  de  l'excommunication  que  par  l'évêque.  Les  registres 
du  parlement  font  foi  qu'il  y  assista'quelquefois  en  1405  et  1407  (2). 
Il  y  éloit  encore  en  1408 ,  le  19  février,  lorsque  Jean  Périer, 
chanoine  de  Chartres,  avocat  du  roi ,  parla  contre  les  lellres  que  le 
cardinal  de  Pisc ,  légat  en  France,  avoit  écrites  en  cour  de  Rome  au 
déshonneur  du  roi  (5),  et  quand  ce  cardinal  fit  ses  excuses  en  latin. 
Il  assista  aussi  quelquefois  au  conseil  du  roi  ;  il  en  reste  une  preuve 
dans  celui  qui  fut  tenu  le  26  décembre  1407,  où  Charles  VI  ordonna 
que  les  fils  aînés  de  rois  seroient  appelés  rois  (4) ,  et  qu'ils  se  gou- 
verneroient  par  Tavis  des  reines,  de  leurs  plus  proches  parents,  du 
connétable  et  du  chancelier.  Au  commencement  du  xv«  siècle,  on  le 
trouve  dans  la  célèbre  conférence  tenue  à  Paris,  où  se  fit  un  décret 
contre  ceux  qui,  pendant  le  schisme  causé  par  l'élection  de  deux 
papes,  improuveroient  la  voie  de  cession  ou  celle  de  la  soustraction  de 
l'obéissance  (5).  En  1409,  il  assista  par  procureur  au  Concile  de 
Pise.  Sébastien  Rouillard  nous  apprend,  dans  son  Histoire  de  Meluu, 
que  Charles  VI  donna  commission  a  notre  évoque,  avec  Pierre  d'Ailly, 
grand  aumônier,  de  dresser  des  statuts  pour  les  chanoines  de 
Notre-Dame  de  Melun.  Alors  Michel  de  Creney  résidoit  a  Paris  et 
n'avoit  pas  fait,  k  Auxerre ,  son  entrée  solennelle.  Entre  les  savants 
qu'il  fit  chanoines  de  son  église,  fut  Renaud  de  Fontaines,  ami  intime 
de  Nicolas  de  Clamenges  ;  sur  les  avis  de  celui-ci  (6j,  Renaud  fut  fait 
préférablement  à  des  concurrents,  curé  de  Varzy;  il  parvint  enfin  à 
Tévéché  de  Soissons.  Le  reste  de  sa  notice  se  voit  dans  l'Histoire  de 
l'Université  de  Paris. 

Michel  de  Creney  n'oublia  point  ceux  qui  portoient  son  nom.  On 
trouve,  dans  les  registres  du  Chapitre,  en  1400,  la  réception  de 
Guillaume  de  Creney  ,  chanoine  de  Troyes,  h  la  prébende  de  défunt 
Guillaume  Mouton  :  on  croit  qu'il  étoit  frère  de  l'évêque.  Il  y  a  aussi, 


109. 


(1)  Mémoire  de  G.  Viole. 

(2)  Au  12  noY.,  jour  do  la  rentrée. 
(5)  G.  Viole. 

(4)  Minorité  des  Rois. 


(5)  Preuves  de  libertés  de  TÉgl.  Gall. 
p.37i. 
(G)  Epist.  Clameng. 


Il 


1109  il  1410. 


56  JEAN   DE  THOIST, 

famille  des  Thoisj-Gipierre,  proche  Saulieu,  lequel  avoit  été  provi- 
seur de  la  maison  de  Sorbonne  et  étoit  chanoine  de  Notre-Dame  de 
Paris  (1).  Ayant  envoyé  exprès  à  Rome  deux  chanoines,  Hugues  des 
Noës  et  Etienne  Moron,  il  obtint  la  confirmation  du  pape;  sa  prise  de 
possession  est  du  22  janvier  1409  (2).  J'en  rapporte  les  circonstances 
parce  que  c'est  la  première  prise  de  possession  par  procureur  dont 
j'aie  trouvé  le  détail.  La  procuration  que  le  nouvel  évéque  avoit  donnée  à 
Jean  Lanigrel,  archidiacre  du  Grand-Caux,  dans  l'église  de  Rouen  (5), 
étant  lue  publiquement  en  présence  du  Chapitre,  par  Nicolas  Janvier, 
notaire,  le  doyen  Pierre  de  Ghissy,  conduisit  cet  archidiacre  à  l'église 
et  l'installa  dans  la  chaire  pontificale  de  pierre  (4).  Pendant  qu'il  y 
resta  assis,  on  lut  la  bulle  du  pape  adressée  au  clergé  et  au  peuple. 
Ensuite,  ramené  dans  le  Chapitre,  on  lui  mit  en  main  les  sceaux  de 
l'oflicialité.  Il  fut  installé  par  le  même  doyen,  h  la  salle  de  l'oificialité 
et  dans  la  grande  cour  de  l'évéché  où  le  doyen  lui  donna  les  clefs 
du  logis  et  des  prisons.  La  bulle  paraissoit  trop  insister  sur  l'obéis- 
sance due  à  l'évéque,  et  menaçoit  même  d'excommunication  ceux  qui 
refuseroient  de  lui  obéir;  le  Chapitre  protesta  que  ce  seroit  sans 
préjudicier  a  ses  anciennes  libertés,  et,  avec  le  consentement  du  pro- 
cureur, on  ajouta  que  l'évéque  ne  prétendoit  pas  acquérir  par  là 
un  nouveau  droit.  Environ  trois  semaines  après  (5) ,  le  nouvel  évéque 
se  présenta  en  personne  et  prit  possession ,  accompagné  du  doyen 
d'Âutun,  son  frère;  mais  on  ne  voit  point  qu'il  y  fit  aucune  rési- 
dence. Il  laissa ,  à  Auxerrè ,  pour  vicaire  général  et  officiai ,  Pierre 
Gharlet,  et  il  se  retira  h.  Paris  dans  l'hôtel  des  évoques  d'Auxerre. 

Son  vicaire  général,   pendant  l'été   de  14i0,    nomma  Henri  de 
Thoisy  à  la  prébende  d'Etienne  Blandin,  dans   l'église  cathédrale. 


(1)  Il  peut  se  faire  que  celle  élccUon  fûl 
trarenée  par  ceUe  de  Pierre  de  Flisque, 
dont  U  esl  fail  mention  au  10  décembre 
1409,  dans  un  registre  de  Benoit  xiii. 

(2)  Il  esl  qoaUflé  é?éqoe  d*Anxerre  dans 
le  registre  du  Vatican,  13  noTembre  1409, 
et  le  pape  Alexandre  V  lui  accorda ,  selon 
les  inémes  registres,  de  se  faire  sacrer  par 
quel    évoque  il    \oudroit    11   est  dit    élu 


évéque  d*Auxerrc ,  dans  les  registres  de 
régûse  de  Paris,  au  15  décembre  1409,  à 
Toccasion  de  sa  maison  :  Domus  Johannis 
de  TTioUiaco  elecU  Àutiss.  Licilatio  curril, 

(3)  Ex  epUL  D.  Salmon  docl,  an»  1729. 

(4)  Ex  regisL  capiL  Paris,  ad  13  dée. 
1409. 

(5)  Comp,  Jo.  Chach.  ibid,  fol.  59. 


QUATRE-VINGT-QUATRIÈME    ËVÉQUE  d'aUXERRE.  57 

el  révoque  conféra  lui-même,  le  8  octobre  1410,  k  Pierre  Torleaul,  j^^^  j,  j^io 
son  neveu,  clerc  du  diocèse  d*Âutnn,  ie  canonicat  vacant  par  la  mort 
de  Jean  des  Clos  ;  ce  sont  les  seuls  actes  qui  restent  de  son  épis- 
copat.  Le  roi  ,  étant  à  Paris  le  29  juillet,  envoya  cet  évéque  avec 
d'autres  seigneurs,  en  Auvergne,  vers  le  duc  de  Berry,  son  oncle  et 
son  ennemi,  pour  lui  représenter  les  maux  qu'alloient  causer  les 
guerres  civiles  (1)  ;  le  roi  lui  accorda  douze  livres  chaque  jour,  par 
ordre  adressé  h  Pierre  des  Essarts,  surintendant  des  finances  des 
aides  (2). 

Le  mois  d'octobre  1410  n'étoit  pas  encore  écoulé,  que  le  bruit 
courut  h  Âuxerre  que  ce  prélat  étoit  transféré  à  Tournai  (5).  Dès  le 
22,  ou  pria,  en  Chapitre,  l'oilicial  et  le  scelleur,  de  rendre  les  sceaux 
et  de  ne  plus  se  mêler  du  gouvernement  spirituel  et  temporel  de 
révéché  (4).  A  quoi  ils  répondirent  qu'ils  avoient  ouï  parler  de  cette 
translation,  mais  que,  ne  sachant  pas  si  Jean  de  Tboisy  Tacceptoit, 
ils  ne  se  déporteroient  pas  sans  sa  permission.  Enfin ,  la  translation 
étant  constatée  le  22  février  suivant,  auquel  on  comptoit  encore 
1410,  ils  se  démirent  en  rendant  les  sceaux  et  les  clefs  de  Tévêché. 
Après  quoi  le  doyen,  le  grand  archidiacre,  et  Pierre  Paterne,  pour 
Tarchidiacre  de  Puisaye,  prirent  possession  du  spirituel  dans  Tofficia- 
lité,  où  ils  furent  installés  par  Renaud  de  Fontaines  qui  présidoit  alors 
au  Chapitre,  h  cause  des  incommodités  survenues  au  doyen.  Et 
pour  le  temporel,  le  Chapitre  commit  Hugues  des  Noës  et  Gilles 
Pavion,  chanoines,  qui  se  mirent  en  possession  du  logis  épiscopal,  et 
y  établirent  un  gardien. 

Jean  de  Nourry  ou  de  Norry,  qui  fut  d'abord  élu  évêque  d'Auxerre 
après  la  mort  de  Michel  de  Creney ,  étoit  chanoine  de  la  même  église  ; 
et  selon  les  apparences,  il  étoit  d'une  famille  qui  tiroit  son  nom  d'un 
village  situé  proche  Luzy,  en  Nivemois.  L'acte  de  sa  réception  au 
canonicat  d'Auxerre  (5) ,  qui  est  de  Tan  1407,1e  7  mars,  le  qualifie 
maître  des  requêtes;  il  fut,  depuis,  archevêque  de  Vienne  et  ensuite 


(1)  DanUald.  an  1410.  '  regist.  du  Vatican  au  17  sept.  1410. 

(â)  Quittance  de  cet  évdque  dans  les  por-  |      (4)  RegUt.  Cap, 
tcfeuilles  de  Gaif^iiéres.  (5)  Ex  régis  t.  Cap. 

(:>)  Cette  translation  est  marquée  dans  les 


38 


PHILIPPE   DES    ESSARTS 


]409ii  1110  ^^  Besançon.  Jean  de  Tboisy,  qui  n'avolt  fait  que  passer  îk  Auxerre, 
en  résigna  l'évêché  h  Philippe  des  Essarts ,  el  il  fut,  le  reste  de  ses 
jours,  évêque  de  Tournai.  En  1419,  il  fut  fait  chancelier  du  duc  de 
Bourgogne,  et  il  mourut  en  1455  dans  la  ville  de  Lille. 


CHAPITRE  VI. 


PHILIPPE  DES  ESSARTS ,  LXXXV*  ËVÊQUE  D'AUXERRE 


UIO  il  1496. 


En  même  temps  que  Tëglise  d*Auxerre  fournit  un  évêque  à 
celle  de  Tournai  »  Philippe  des  Essarts  ,  chanoine  de  Tournai , 
vint  remplir  le  siège  épiscopal  d*Auxerre.  Il  étoit  fils  de  Philippe 
des  Essarts,  sieur  de  Thieux,  au  diocèse  de  Meaux,  et  de  Glatigny 
an  Val  de  Gallie  (1).  Quelques  écrivains  le  supposent  évêque  de 
Tournai,  lorsqu'on  lui  proposa  de  venir  k  Auxerre,  auquel  cas  il 
auroit  permuté  avec  Jean  de  Thoisy.  D'autres  écrivent  qu'il  étoit  ba- 
chelier en  droit,  chanoine  et  grand-chantre  de  Téglise  de  Rouen ,  et 
qu'il  avoit  succédé  en  ces  dignités  au  cardinal  d'Ailly,  en  1595.  Il  est 
constant  que  le  roi  Tavoit  nommé  k  un  canonicat  de  Tournai ,  vacant 
par  permutation  de  Jacques  de  Lozon,  président  aux  enquêtes,  et 
qu'il  y  fut  maintenu  par  arrêt  du  parlement  (2)  du  18  janvier  1409. 
Mais  il  n'est  pas  également  certain  qu'il  fût  déjk  évêque  de  Tournai; 
il  pouvoit  n'être  simplement  que  nommé  k  cet  évêché  :  et  en  consé- 
quence de  cette  nomination,  Pierre  des  Essarts ,  son  frère ,  conseiller 
et  maître  d'hôtel  du  roi,  étant  venu  en  Bourgogne  avec  Jean  de 
Thoisy,  aura  pu  lui  proposer  de  permuter  ;  ce  qu'il  auroit  accepté  a 


(1  )  Il  y  a  an  Val  de  GaUie  dans  le  parc  de 
VersaiUes  :  ce  Val  de  Gallie  est  on  ancien 
domaine  de  Tabbaye  de  Saintc-Geneviéyo  ; 
c'est  dans  ce  Val  qu'est  encore  Glatigny, 


proche  VersaiUes. 

(2)  Arrêts   de  Papon   in  regalia.  aritc. 
6  ubi  kge  1409  et  non  1309. 


QUATRE-VINGT-CINQUIÈME   ÉVÊQUE   d'aUXËRRE.  59 

l'instance  de  Jean,  duc  de  Bourgogne,  dont  il  éloit  aimé  (1).  Quoiqu'il 
en  soit,  sa  prise  de  possession  suivit  de  près  la  translation  de  Jean  de 
Thoisy.  Dès  le  dimanche  22  février  1.410  parurent  a  Âuxerre 
maitre  Jean  Gharton,  Mathieu  Perroux,  curé  de  Luvigny,  et  noble 
homme  Anselme  du  Bellay,  qui  présentèrent  en  Chapitre  les  bulles  de 
translation  datées  du  17  septembre  précédent,  et  leur  procuration 
datée  du  i2  février.  Le  lendemain  ils  présentèrent ,  en  Chapitre,  à 
Renaud  de  Fontaines,  président  ordinaire  k  la  place  du  doyen,  Tacte 
de  résignation  de  Jean  de  Thoisy,  lequel  étant  lu,  Jean  Charton  y 
reçut  les  sceaux  de  la  cour  épiscopale  pour  marque  de  la  juridiction 
spirituelle  ;  mais  on  ne  put  s'empêcher  de  protester,  comme  on  avoit 
fait  a  Toccasion  des  bulles  du  précédent  évéque,  que  Tobéissance 
ordonnée  dans  ces  dernières  ne  pourroit  préjudicier  aux  libertés  du 
Qiapitre  ;  et  Jean  Charton  répondit  qu'à  Tégard  de  ces  libertés,  bien 
loin  de  les  combattre,  le  futur  évéque  avoit  intention  de  les  conserver, 
et  ne  prétendoit  pas  acquérir  un  nouveau  droit  contre  ces  immu- 
nités. Â  Tinstant  il  fut  conduit  à  l'église,  et  installé  par  le  président 
dans  la  chaire  de  pierre,  pendant  qu'on  chanloit  le  Gloria  in  excelsis 
de  la  messe  de  la  chaire  de  saint  Pierre,  remise  du  jour  précédent. 
Après  ce  cantique,  le  secrétaire  du  Chapitre  ayant  lu  la  bulle  à  haute 
voix,  le  procureur  fut  installé  par  le  même  président  k  la  stalle  épisco- 
pale du  côté  droit,  au  dessus  du  chantre,  puis  conduit  k  l'évêché, 
installé  dans  le  siège  de  Tofficial  et  investi  des  clefs  du  logis ,  le  tout 
en  présence  du  bailli  de  Sens  et  d' Auxerre ,  et  de  Jean  Régnier,  son 
lieutenant.  Le  même  Jean  Charton,  chargé  de  la  procuration  de 
Philippe ,  exerça  aussi  en  son  absence  les  fonctions  de  vicaire  général, 
pendant  qu'Anselme  du  Bellay,  beau-frère  de  cet  évéque,  eut  l'inten- 
dance du  temporel.  L'antiquité  n'a  rien  conservé  de  mémorable  durant 
les  quatorze  mois  qui  s'écoulèrent  depuis  cette  première  formalité, 
jusqu'k  la  prise  de  possession  personnelle  ;  le  seul  acte  qui  fasse  men^ 


UIO  ï  14;M; 


(1)  Dom  Estiennot  nous  a  laissé  dans  une 
limande  incerUtudc,  au  siyet  de  Tépoque  du 
commencement  do  son  épiscopat.  Il  le  dit 
tantôt  élu  le  15  décembre  1410  selon  le 
registre  de  Benoit  XIII,  et  tantôt  le  17  sep- 


tembre 1410  selon  celui  de  Jean  XXIIf.  Il  te 
qualifie  au  même  endroit  do  bachelier-en* 
droit  et  d'archidiacre  de  Soissons.  Ex  regUL 
Vaticani. 


1110  ai  14S6. 


40  PHILIPPE   DES   ESSARTS, 

lion  (le  Fcvcquc  irAuxerrc,  est  la  délivrance  qu'il  fit  le  9  mars  1410 
à  Tabbé  cl'Hemiières ,  au  diocèse  de  Paris,  d'un  privilège  d'Alexandre 
V  en  faveur  de  l'Ordre  de  Prcmontré  (a). 

Au  mois  de  mai  1412,  il  se  rendit  h  Auxerre  pour  son  entrée 
solennelle.  II  la  fit  le  jeudi  de  devant  la  Pentecôte,  c'esl-à-Klire  le 
19  mai,  assisté  des  quatre  barons  ou  de  personnes  commises  par  eux. 
Robert  de  Boissay ,  chevalier ,  y  représenta  le  roi  Cbarles  VI  ;  mais 
le  baron  de  Saint-Verain  le  iK)rta  personnellement.  C'étoit  Guy 
d'Aigreville,  seigneur  en  partie  de  cette  terre,  h  cause  d'Isahean  ,  sa 
femme,  fille  de  Hugues  d'Amboise,  chevalier.  Ce  prélat,  fort  zélé 
pour  ses  droits,  reçut  en  argent,  de  l'abbé  de  Saint-Germain ,  la 
somme  évaluée  pour  le  droit  de  gite,  dont  il  donna  quittance  le 
26  janvier  suivant.  Quelques  jours  même  après  sa  réception,  il 
alla  à  Toucy ,  entra  dans  la  tour  seigneuriale  et  jugea  h  propos  d'y 
demeurer  quelques  jours  pour  conserver  l'ancien  droit  qu'ont  les 
cvèques  d'Auxerre  de  se  la  faire  livrer  quand  il  leur  plaît.  L'acte 
qu'il  en  fit  dresser  est  du  23  juin  (1)  ;  il  reçut  aussi  foi  et  hommage 
pour  cette  tour  de  Louis,  cardinal,  duc  de  Bar,  qui  en  avoit  passé  la 
commission  à  Guillaume  d'Assigny  (2),  et  s'en  fit  rendre  les  clefs 
Tan  1422.  Philippe  de  Bourgogne,  comte  de  Nevers,  le  reconnut 
pareillement  pour  la  baronnie  de  Donzy,  dans  l'église  de  Montenaison 
en  Nivernois,  en  présence  de  Bureau  de  la  Rivière,  son  maître 
d'hôtel.  L'acte  est  du  5  septembre  1415. 

Quoique  Tépiscopat  de  ce  prélat  ait  été  de  seize  ans  on  environ ,  il 
ne  s'en  est  rien  conservé  d'éclatant,  que  les  atteintes  qu'il  essaya  de 
donner  à  la  juridiction  du  Chapitre  de  la  cathédrale.  Ces  contestations 


(I)  Tabul.  Ep.  Àuliss.  \      (â)  In  vent,  des  litres  de  Toucy. 


(a)  On  trouve  ccpt'ndant,  dans  les  archives  de  Saint-Marien  (prcfectarc  de 
l'Yonne),  une  sentence  des  gens  tenant  les  requêtes  du  palais  à  Paris,  en  date  du 
16  mars  1410  (Hll),  qui  constate  le  désistement  de  Tévéque  et  de  Tabbédece 
monastère,  au  sujet  des  procès  existant  entre  eux  pour  Texercicc  de  la  juridiction 
ecclésiastique  que  Tabbé  prétendait  lui  appartenir  dans  son  abbaye  à  rcxclusion  de 
l'évéque.  ^V-  d.  E»), 


QUATRE-VINGT-CINQUIÈME   ÉVÊQUE   d'aUXERRE.  4i 

lui  suscitèrent  d'autres  difficultés  avec  les  chanoines;  elles  furent 
terminées  par  des  transactions  et  par  quelques  arrêts.  Il  falloit  que 
cet  évéque  eût  expliqué  de  bonne  heure  ses  intentions  sur  cette  ma- 
tière, et  que  déjà  il  eût  agi  en  conséquence  en  1413,  puisque  dès  le 
mois  de  décembre  de  celte  année,  le  Chapitre  crut  devoir  obliger  ceux 
qui  seroient  reçus  à  prêter  serment,  de  défendre  cette  juridiction  de 
toutes  leurs  forces ,  et  de  ne  jamais  consentir,  que  quiconque  Tauroit 
contredite  fût  admis  à  un  canonicat,  ou  même  à  porter  les  draps  de 
Téglise  (1).  Pour  entrer  dans  le  détail  de  ces  contestations,  il  faut 
savoir  que  l'évêque,  environ  ce  temps-lk,  fit  enfermer  dans  ses  prisons 
Pierre  Paterne,  chanoine,  et  Etienne  Berruier,  prêtre-chapelain  et 
domestique  de  Jean  Vivien,  aussi  chanoine.  De  plus,  il  excommunia 
Pierre  Michaul,  doyen ,  et  le  fit  déclarer  tel  par  son  promoteur  ;  et 
même,  Jean  Prévostat,  son  vicaire  général,  défendit  à  plusieurs  bour- 
geois et  à  des  sergents  royaux  d'avoir  aucun  commerce  avec  le  doyen, 
sous  peine  d'être  eux-mêmes  excommuniés,  et  de  payera  Tévêque  une 
amende  de  cent  marcs  d'argent.  Pour  attaquer  encore  plus  ouverte^ 
ment  la  juridiction  du  Chapitre  et  paroitre  la  mépriser  totalement, 
sachant  que  Pierre  Rebrachien ,  son  officiai,  avoit  été  déclaré  excom- 
munié par  le  Chapitre ,  dont  il  étoit  membre  en  tant  que  chanoine,  il 
ramena  lui-même  à  l'église,  le  troisième  février  suivant  (2),  et  voyant 
qu'à  cause  de  lui  on  avoit  cessé  l'office ,  il  le  fit  continuer  par  des 
étrangers.  Malgré  l'éclat  de  ces  sortes  d'entreprises,  le  Chapitre  s'ima-* 
ginant  qu'il  en  demeureroit  là,  nomma,  le  4  mai  1414,  Renaud  de 
Fontaines  et  Jean  Picard,  chanoines  (5),  pour  voir  s'il  n'y  avoit  pas 
moyen  de  s'accorder  ;  on  proposa  à  l'évêque  de  prendre ,  de  son  côté, 
deux  autres  personnes  qui  chercheroient  les  voies  de  pacification  :  il 
élf  it  encore  trop  tôt.  Quelque  temps  après,  le  vicaire  général,  de  con- 
nivence avec  l'évêque,  arrêta  lui-même  Jean  Piqueron ,  chanoine  et 
pénitencier,  et  le  fit  conduire  aux  prisons  épiscopales  par  une  escorte 
de  gens  armés.  Ces  excès  portés  en  parlement,  l'université  se  joignit 


1410  k  14S6, 


(1)  Vctus  coHeclio  slalutor.  ex  reçût,  iâ 
rftr.  1413. 


{t)  On  comploil  toujours  en  France  1412. 
\Ty)  Hegist.cap. 


42 

1410  ^i«B.  ^  Cbaptire^  par  r^>|M>nà  b  prolectiM  gvnmie  q«^elle  âemk  i 
qwIqiiesHuiâ  ifeses  iwfldbres  maltraîlés  par  cet  évèpe.  L'o&eiai  ci  le 
iiîcaire  giénénl  sovliwest  atoir  «é  4^  le«r  droiu  Nab  en  attefldaAt  su 
plus  grand  éclairassenesi »  ia  récréaiiiee  kt  adja^  aa  Chapitre^ 
eneeptê  ks  cas  de  rapi  et  dlioaiidile  ^  n^awienl  jamais  été  de  sa 
jvilikdaa.  Uacréi  est  da  15  a^ril  1415^  vf^mi  PiixpKs;  f aCave  es 
lesla  El  taot  <|«e  ^écst  le  doyen  Pierre  Xkiiani^  cpK  cet  évéqw  se 
eottteata  d^aLtaquer  sur  le  droit  de  porter  le  rocket.  Hngnes  des  >oês 
loi  ai^onL  âoccédé  en  1420^  il  semble  que  b  querelle  se  raUama  J;. 
Le  prélat  s'êtant  bit  rendre  par  ce  doyen  le  serment  de  fidélité ,  le 
4  septembre  de  la  même  année .  reprit  peu  de  temps  après  Le  procès 
an SQJet  du  rochet^  et  obdnt^  le  14  juillet  1435,  an  arrêt  qui  dé&fr- 
doit  an  doyen  de  le  porter^  excepté  certains  jovs.  Le  Chapitre, 
mécontent  des  eatreprises  du  prélat,  fit  dresser,  en  1421,  ui  cahier 
des  demandes  qn  U  aivoit  ii  lui  pniposer  et  des  sujets  de  plaintes  qn*U 
afoic  contre  lui.  On  se  piai^i  d^abonl  qull  n'^avoit  pas  bit  rendre 
à  TégUiïe  le  drap  d'or  qui  entonroit  la  chaise  sur  laquelle  les  cheiralieni 
-on  barons  Ta^oieut  porté  depuis  Téglise  de  Saintr6ermain  ;  on  déclara 
qiiil  auroit  dû.  fournir  cette  pièce  d^étoffe,  et  qn^ainsi  Les  chevaliers 
rayant  emportée,  il  de  voit  la  restituer  ou  en  payer  la  valeur  qui  étoii 
an  moius  de  quarante  écus  d'or.  On  lui  demanda  la  portion  qui  rêve- 
■oit  au  Chapitre  de  la  veuie  des  bois  de  Varzy,  savoir  :  le  liers  an 
moins^  et  on  lui  notifia  qnll  n  avoit  pu  les  vendre  sans  Le  consente- 
ment  exprès  du  Chapitre.  On  le  pria  d*annnler  les  exploits  de  justice 
attentés  par  ses  notaires  et  antres  officiels,  dans  les  maisons  cano- 
nîales  de  Nicolas  Fontenav  et  de  Kchel  de  Crenev.  chanoines,  et  dans 
ceBe  do  Robert  Boudant^  tortrier.  On  le  SÉomma  de  rétablir  la  vigne 
do  IMigraine  qn'^îl  avoit  trouvée  en  bon  état  et  qu'il  laissoit  en  finehn.» 
4i^  k  pria  do  vetUer  à  ce  que  la  belle  maison  épiscopale  de  Gf- 
nBvè4|ao>  et  antres  bàtimencs  qui  menaçoient  mine,  ne  tombassent 
MlîàcoiBent:  et  tenir  la  main  a  Tacquit  de  l'office  divin  ,  et  d'obliger 
llQ^vkam^de  r^^lise,  les  chapelains  et  autres  tenants  des  bénéfices 


{%)  M«b  On  U.  y/Ma. 


QUATRE-VINGT-CINQUIÈME   ÉVÊQUE   d'aUXERRE.  43 

de  sa  Domination,  de  servir  Téglise  suivant  leur  fondation;  de  uiosiiise. 
faire  délivrer  de  meilleur  vin  aux  chanoines  résidants,  aux  grandes 
fêtes  et  selon  la  mesure  accoutumée  ;  de  rendre  à  la  trésorerie  les 
offrandes  qu*il  avoit  reçues  en  officiant  à  Noël  et  k  la  saint  Etienne; 
et  enfin  de  mieux  conduire  les  affaires  de  son  évéché,  d'écouter  la- 
dessus  le  conseil  de  son  Chapitre,  sans  suivre  Tavis  de  personnes 
qui  l'entrainoient  mal  à  propos  dans  des  procès  au  déshonneur  de 
sa  dignité,  de  n'avoir  avec  lui  que  des  gens  paisibles  et  craignant 
Dieu;  auquel  cas  le  Chapitre  lui  offroit  ses  services.  Ces  articles 
lui  furent  présentés  dans  sa  chapelle  épiscopale,  le  mercredi  Si  dé- 
cembre i421 ,  par  Jean  de  Molins,  chantre;  Guillaume-le-Bègue, 
lecteur  ;  Robert  de  Pierre-Pont ,  Gilles  le  Maître  et  Jean  le  Fèvre  ou 
Fabri,  chanoines,  accompagnés  d'Hugues  Poitevin,  clerc-secrétaire 
du  Chapitre,  en  présence  de  Pierre  Rebrachien,  son  officiai,  et  Jean 
Prévostat,  son  scelleur.  Un  autre  article  moins  important,  c'est  que  le 
marguillier  laïc  de  Péglise  s*étant  plaint  de  ce  que,  nonobstant  son  exac- 
titude k  faire  sonner ,  à  Theure  du  couvre-feu  ,  la  grosse  cloche  appelée 
Amatre^  tous  les  soirs  lorsque  l'évéque  couchoit  à  la  ville ,  ce  prélat 
ne  le  satisfaisoit  point  de  ses  salaires^  La  remontrance  du  Chapitre  alla 
jusqu'à  lui  exposer  qu'il  devoit  pour  cela,  chaque  fois,  k  ce  marguillier, 
un  pain  de  Chapitre  et  une  quarte  de  vin.  On  ne  se  contenta  pas  alors 
d'une  simple  remontrance  au  sujet  des  redevances  annuelles  de 
Tévéque  envers  le  Chapitre,  sur  lesquelles  on  Tavoit  pressé  une 
infinité  de  fois  et  qu'il  refusoit  toujours,  il  fut  traduit  au  parlement  et 
condamné  même  avec  amende  k  payer  tout  ce  qui  étoit  échu,  par 
arrêt  du  8  avril  1421  avant  Pâques  (1).  Vers  ce  temps-lk  on 
pratiqua,  dans  la  compagnie,  le  statut  de  Tan  1415,  qui  portoit  que 
nul  du  Chapitre  ne  seroit  officier  de  Tévéque  sans  son  consen- 
tement (2),  k  moins  qu'il  ne  voulût  perdre  tout  son  revenu  hors 
les  gros.  On  ne  peut  pas  assurer  s'il  avoit  été  exécuté  sur  d'autres 
que  sur  Pierre  Prévostat,  chanoine-secrétaire  de  l'évéque,  et  sur 
Pierre  Rebrachien,  son  officiai.    Il    est    seulement  certain  que  le 


(1)  Carrai.  CapU.  fol,  24».  i      (2)  liegUt.  Cap,  1422  18  décembre. 


44  PHILIPPE   DES    ESSARTS, 

uio)iu*i  ^^  janvier  1421  ,  ces  deux  chanoines  avoienl  remis  leurs  inté- 
rêts entre  les  mains  de  Tabbé  de  Pontigny,  arbitre  choisi  par  le 
Chapitre;  cl  que  le  18  décembre  1422,  on  fit  grâce  à  Pierre  Rebra- 
chien.  Malgré  tout  cela,  Tévéque  ne  resta  point  en  repos  qu'il  n'eût 
fait  bifler  ce  statut,  quoiqu'il  ne  fût  pas  spécialement  pour  ses  officiers, 
et  qu'il  regardât  aussi  ceux  qui  prendroient  des  offices  du  doyenné. 
Une  des  demandes  de  sa  part  dans  la  transaction  qu'il  passa  avec  le 
Chapitre,  fut  que  ce  statut  seroit  ôté.  Cette  transaction  finit  les 
difficultés  qui  duroient  depuis  treize  ans  ou  environ.  Elle  fut  passée 
aux  requêtes  du  palais,  à  Paris,  le  8  mai  1425.  Le  Chapitre,  qui 
avoit  arrêté  Robert  Chaletret,  clerc  notaire  de  la  cour  spirituelle  de 
Tévéque,  et  qui  avoit  souvent  fait  citer  et  même  excommunié  Pierre 
Rebrachieu,  son  officiai,  demeurant  dans  l'hôtel  épiscopal,  et  son 
familier,  obtint  de  Philipi>e  des  Ëssarts,  qu'il  se  déportât  de  sa  plainte, 
moyennant  qu'on  supprimeroit  le  statut  qui  regardoit  ses  officiers  ou 
familiers  :  et  le  prélat  accorda  que  tous  les  exploits  de  justice  faits  |>ar 
les  mêmes  officiers  dans  les  maisons  canoniales ,  esqueU  lieux  iceulx  de 
Okopilre  ont  toule  junsdiciion  spiriluelle  eî  temporelle  seuls  et  powr  le 
I(mU>  seroieut  réputés  pour  non  avenus,  déclarant  par  Ik  n'avoir  acquis 
aucun  nouveau  droit  sur  le  Chapitre  {a). 

Jusqu'ici  le  nom  de  Philippe  des  Essarts  ne  paroit  que  dans  des 
QBiémoires  de  procédure  ;  on  le  trouve  marqué  en  quelques  anciennes 
éditions  du  Missel  d'Auxerre  (1),  ilt  l'occasion  de  h  nouvelle  fête  des 
saintes  femmes  Marte  Jacobi  et  Salomé.  Un  d'entre  les  trois  chanoines 
qui  portoient  le  nom  de  Jean  le  Fèvre  et  qui  avoienl  été  reçus  sur  b 
fia  de  Tépiscopal  de  Michel  de  Creaey,  fit  ériger,  avant  l'an   1420, 


{1}  Aui5 


(a)  Philippe  des  Essarts  avait  voulu  eulcver  au  Chapitre  la  oominatioo  du  cha- 
pelain de  THOtel-Dieu.  L'auteur  d'ua  petit  méinoire  sur  fbistoire  de  cette  maisoD, 
rapporte»  d'après  une  note  iusérée  sur  la  couverture  d^un  vieux  registre,  que  Pierre 
deti  Essarts,  prévOt  de  Paris  et  frère  de  Tévôque»  avait  pri^  si  chaudement  le  parti 
de  sou  frère  dans  cette  all'airc^  (|u  il  uieuacait  partout  de  faire  pendre  les  chanuines 
iHA  pieuAief  urbre  qu'il  rcucoittrerait.  ^V  d.  E\ 


QUATRE-VINGT-CINQUIEME   ÉVÊQUE   d'aUXERRE.  45 

un  autel  sous  l'invocation  de  ces  saintes,  proche  celui  de  Notre-Dame- 
des- Vertus,  au  portail  de  Féglise.  L'ayant  doté,  il  obtint  du  Chapitre 
qu'on  y  chantât  une  grand'messe  le  25  mai,  jour  de  leur  fête  ; 
ainsi  leur  culte  commença  à  s'établir  dans  Auxerre.  La  gnérison 
miraculeuse  d'Etienne  Moron ,  chanoine  et  sous-chanlre ,  arrivée  par 
l'intercession  de  ces  mêmes  saintes ,  la  veille  de  leur  fête ,  augmenta 
beaucoup  la  dévotion.  Le  sous-chantre  écrivit  leur  vie  et  leur 
translation,  et  composa  en  leur  honneur  un  office  qu'il  étendit  autant 
qu'il  lui  fut  possible*  Jean  le  Fèvre,  natif  de  Tonnerre ,  restant  alors 
seul  des  trois  chanoines  de  ce  nom,  agit  auprès  de  Philippe  des 
Ëssarts  ;  et  afin  de  faire  recevoir  cette  fête  dans  les  paroisses,  il  obtint 
de  lui  des  indulgences  pour  ceux  qui,  vraiment  pénitents,  récite- 
roient  l'office  de  ces  saintes  en  public  ou  en  particulier,  ou  y 
assisteroient ,  savoir  :  quarante  jours  pour  chaque  heure  de  l'office. 
On  en  fixe  la  concession  à  l'an  1424.  - 

Cet  établissement  est  le  seul  qu'on  sache  avoir  été  fait  du  temps 
de  Philippe  des  Essarts.  Pendant  son  épiscopat ,  l'édifice  du  portail 
de  l'église  cathédrale,  du  côté  de  l'évêché ,  fut  commencé  en 
i415  (1),  et  ensuite  continué  par  les  libéralités  de  Jean  de  Molins, 
chantre  et  chanoine,  et  celles  des  fidèles.  Quelques-uns  ont  cru  y 
apercevoir  les  armoiries  de  Philippe  des  Essarts ,  qui  sont  trois  crois- 
sants (a)  ;  mais  la  part  que  put  avoir  cet  évêque,  fut  que  le  Chapitre 
ayant  obtenu  des  indulgences  du  pape  Jean  XXIII ,  datées  de  Cons- 
tance, le  15  mars,  pour  tous  ceux  qui  y  contribueroient,  il  les 
publia  en  ajoutant  celles  de  quarante  jours ,  par  ses  lettres  données 
à  Âuxerre  le  27  mai  1415.  Renaud  de  Fontaines,  dont  nous  avons 
parlé  ci-dessus ,  les  avoit  obtenues  de  ce  concile  où  il  fut  député 
par  la  province  de  Sens,  au  mois  d'octobre  1414.  Ce  fut  le  même 
Renaud   qui    envoya  aux    chanoines   d'Auxerre ,    ses   confrères,  la 


UIO  k  148G. 


(1)  Regist.  Capii,,  Ujul.  iAiH. 


(a)  On  voit  un  écu  charge  de  trois  écussons,  mais  il  est  impossible  de  le  dcchKTrcr 
aujourd'hui.  (iV.  d.  E.) 


1410  il  1436. 


46  PHIUPPE   DES   ESSART8, 

formule  suivant  laquelle  le  pape  entendoit  donner  la  paix  k  TÊglise  ; 
elle  fut  lue  en  Chapitre  le  mardi  26  mars  suivant  (1),  auquel  on 
comptoit  encore  en  France  1414.  Des  Mémoires  sur  ce  concile  por- 
tent que  celui  qui  assista  de  la  part  de  l'évéque  d*Auxerre,  opina 
comme  le  reste  de  la  nation  gallicane  contre  les  vacances  des  béné- 
fices, et  quod  provideatur  Domino  nostro  papœ  et  cardinalibus  (2). 

Philippe  des  Essarts  eut  le  chagrin  de  voir  le  château  de  Régennes 
ruiné  de  son  temps,  ou  du  moins  très  endommagé.  Trois  ans  avant  sa 
mort  se  donna,  proche  Grevan,  la  bataille  entre  les  François  et  les 
Anglois.  L'année  même  (1426)  qu'il  mourut,  il  avoit  reconcilié  à  la 
Charité-sur-Loire  Téglise  paroissiale  de  Notre-Dame ,  dite  Sainte- 
Croix  ,  dans  laquelle  les  nommes  Guillaume  Loiseau  et  Jean  de 
Neuchâteau  avoient  assassiné  Pierre  Guibelin  (3).  Avant  que  de  sortir 
du  prieuré,  il  y  donna  acte  aux  religieux  ,  le  10  mai,  comme  il 
n'avoit  point  prétendu  entreprendre  sur  leur  juridiction  ;  il  mourut 
cinq  mois  après  son  retour  le  lundi  14  octobre,  k  neuf  heures  du 
matin. 

Dès  le  même  jour,  on  établit  pour  chanoines  régalistes  Michel  du 
Bois  et  Simon  Béchu.  Ses  funérailles  furent  faites  le  lendemain  par 
Hugues  des  Noës,  doyen  ;  il  fut  enterré  dans  le  côté  droit  du  chœur, 
proche  la  tombe  de  Gui  de  Mello ,  en  tirant  un  peu  vers  la  stalle  du 
sous-chantre  et  vers  la  tombe  de  Pierre  de  Mornay  (4)  :  il  n'y  eut  point 
de  tombe  mise  sur  lui.  Le  dix-huitième  jour  du  mois,  Jean  Prévostat, 
alors  devenu  pénitencier,  Grégoire  Viteaux  et  Etienne-le-Bègue ,  cha- 
noines, exécuteurs  de  son  testament,  promirent  au  Chapitre  d'en 
donner  copie  et  de  payer  deux  draps  d'or,  l'un  qui  avoit  couvert  la 
chaise  où  il  fut  porté  à  sa  nouvelle  entrée ,  et  l'autre  qui  avoit  servi  à 
mettre  sur  son  corps  après  sa  mort  (5).  Ils  s'engagèrent  aussi  à  donner 
dix  livres  de  rente  pour  fonder  son  anniversaire,  conformément  k  sa 
dernière  volonté.  Il  fut  aussi  fondé  dans  la  collégiale  de  Notre- 
Dame-de-la-Cité  (6),  pour  la  somme  de  vingt  livres,  une  fois  payée. 


(1)  RegUt.  CapiL 

(2)  Thés,  anecd.,  t.  2,  p.  1557. 

(3)  CartuL  CarU.,  p.  59. 

(4)  Ex  libro  svccentor. 


(5)  Ces  deux  tapis  furent  évalués  cent 
douze  Uyres. 

(6)  Necrol.  B.  M. 


QCATBE-VINCT-CINQIIIÈIIE    ÉVËQUE   d'aUXERRE.  47 

Comme  Philippe  des  Essarls  avoit  été  nommé  l'un  des  exécuteurs  j 
testamentaires  du  roi  Charles  VI  par  acte  du  23  octobre  1422,  un 
autre  fut  mis  en  sa  place  après  sa  mort  (2)  :  il  avoit  conféré,  au  mois 
de  janvier  1417,  â  son  frère,  Charles  des  Essarts,  une  prébende  de 
l'église  d'Auxerre  vacaute  par  le  décès  de  Jean  Vivien  l'alné  (3)  ; 
mais  Charles  mourut  k  Auxerre  le  4  juillet  1420,  laissant  vacante 
avec  son  canonicat  la  dignité  d'archidiacre  de  Soissons.  Selon  nos 
registres  (4),  ce  Charles  des  Essarls  étoit  natif  du  diocèse  de  Meaux. 
Le  lecteur,  curieux  de  quelques  particularités  peu  connues  touchant 
Philippe  des  Essarls,  les  trouvera  dans  l'histoire  des  grands  officiers 
de  la  couronne,  à  ^article  des  grands  bouteillers  de  France,  où 
Charles  des  Essarls  ,  dont  je  viens  de  parler,  est  oublié. 


m  deribbaje  île  Salnl-Gernain  d'Aaum,  i 


(i)  Prenret  de  l'hial    de  Farit,   (.  9, 
p.  MT. 


(8)  fies-  Cap.  45 ,  Jantiar.  1417. 
(S)  /Md.  U30,  3S  tnalitt  •&}«!. 


48 


JEAN    DE   CORDIE  , 


CHAPITRE  VIL 


Des  deux  évoques,  Jean  de  Corbie  el  Laurent  Pinon,  élus  pendant  les  guerres  du 

roi  Charles  VII  contre  les  Anglois  cl  autres. 


JEAN  DE  COHBIE,  LXXXVI»  ÉVÊQUE  D  AUXERRE. 


1426  k  1439.  Le  roi  d'Angleterre,  qui  se  portoit  pour  roi  de  France  ,  averti  de 
la  vacance  de  l'église  d'Auxerre,  défendit  aux  chanoines  de  la  cathé- 
drale de  procéder  à  une  nouvelle  élection  sans  lui  avoir  demandé  son 
consentement.  Celte  défense,  qui  étoit  du  51  octobre  1426,  fut  suivie 
d'une  députation  que  le  Chapitre  fit  pour  obtenir  celte  permission, 
et  qui  fut  en  effet  accordée  a  Paris,  le  second  décembre.  Il  est  diffi- 
cile de  connoitre  les  brigues  faites  alors  pour  l'élection  ;  on  sait 
seulement  qu'il  y  eut  deux  évéques  nommés  pour  Auxerre,  Jean  de 
Corbie ,  qui  succéda  véritablement  k  Philippe  des  Essarts,  et  Jean 
Vivien  élu  par  les  chanoines  ses  confrères. 

Jean  de  Corbie,  dont  la  nomination  eut  lieu,  éloit  fils  de  Thomas 
de  Corbie ,  annobli  en  1389,  et  de  Marguerite  de  Cresequas.  Il  avoit 
été  maître  des  requêtes  depuis  Tan  1406  jusqu'en  1413  qu'il  hérita, 
avec  Arnault,  son  frère,  des  grands  biens  que  le  chancelier  Arnault 
de  Corbie  avoit  laissés  à  sa  mort  dans  le  Beauvoisis.  On  le  trouve 
aussi,  la  même  année,  dans  le  rang  des  chanoines  d'Amiens.  Quelque 
temps  après  il  fut  évéque  de  Mende  ;  et,  sur  la  foi  d'un  titre,  on 
assure  qu'il  l'étoit  dès  l'an  1416.  Mais  il  n'est  point  vrai  qu'il  ait 
quitté  cet  évêché  en  1424  pour  venir  à  Auxerre,  comme  le  marque 
le  nouveau  Gallia  Christiana  (1),  puisque  le  siège  étoit  alors  rempli. 
Ce  fut  certainement  au  plus  tôt  en  décembre  1426  qu'il  put  être  élu  ou 

(1)  Gall.  Chr.nova  in  proO.  ceci.  Mimât.,  p   27. 


QUATRE-VINGT-SIXIÈME   ÉVÊQUE   d'aUXERRE.  49 

nommé  pour  Auxerre  ou  qu'il  y  fut  transféré  ;  encore  est-il  plus  ^^f^a  ui;; 
probable  qu'il  ne  fut  élu  que  le  8  novembre  1427  (1).  L'époque 
de  son  entrée  k  Auxerre  est  marquée  vers  le  milieu  du  mois  de 
décembre  (le  cette  année,  sans  aucun  détail  (2).  Ce  qu'on  sait  de  son 
épiscopat  se  réduit  presque  à  rien  ;  il  est  peu  d*évéques  dont  il  soit 
venu  jusqu'à  nous  moins  de  faits.  Pierre  de  Longueil,  son  vicaire- 
général,  le  poussa  à  une  tentative  sur  la  juridiction  du  Chapitre* 
Simon  Béchu,  receveur  du  temporel  de  Thôlel-dieu  de  Mont-Ârtre, 
étoit  en  même  temps  chanoine.  Le  vicaire-général  l'avoit  iait  citefr 
par  devant  lui  au  sujet  de  ses  comptes.  Le  Chapitre  soutint  que  sa 
qualité  de  chanoine  Texemploit  de  la  juridiction  épiscopale,  et  la 
vigueur  de  la  compagnie  engagea  Pierre  de  Longueil  à  un  accord ,  par 
lequel  on  convint  à  Tamiable  que  le  tout  seroit  réputé  comme  non 
avenu  (5).  On  vécut  ensuite  en  si  bonne  intelligence  avec  le  vicaire- 
général,  qu'on  lui  prêta  tous  les  livres  de  la  bibliothèque  du  Chapitre 
dont  il  eut  besoin  (4).  Le  concurrent  de  Jean  de  Corbie  à  Tévéché 
d'Auxerre,  sur  la  fin  de  la  même  année  1428,  fit  ajourner  à  la  cour 
de  Rome»  à  la  cinquantaine,  le  Chapitre  d'Auxerre  avec  les  deux 
chanoines  régalistes  (S).  Il  prélendoit  apparemment  aux  revenus  échus 
durant  la  vacance.  On  ne  sait  ce  que  devinrent  ses  prétentions; 
Jean  de  Corbie  resta  évéque  d'Auxerre  et  coiifirma  les  indulgences  que 
son  prédécesseur  avoit  accordées  (6)  au  sujet  de  la  nouvelle  fête  des 
saintes  Marie  Jacohi  et  Salomé  :  c'est  tout  ce  qu'on  sait  de  lui  quant 
au  ministère  spirituel.  La  situation  des  affaires  du  royaume  et  des 
siennes  propres  ne  lui  permit  guère  de  résider  dans  une  ville  qui 
ne  paroissoit  pas  tenir  le  parti  auquel  sa  famille  étoit  attachée.  Il  hérita 
encore  de  la  portion  de  son  frère  Arnault  ;  mais  le  roi  d'Angleterre 
confisqua  sur  lui,  en  1451,  les  terres  de  Séchelles  et  de  Cuvilliers, 
qui  lui  étoient  venues  directement  de  son  oncle  le  chancelier,  et  il  les 


(1)  Sa  tramUUon,  du  siège  de  Mcnde  à  ^      ^5)  Reg.  Cap.,  I4â8. 

celui  d'Auxerre,  est  marquée  dans  les  régis-  !      (4)  Beg.  Cap.,  oOapr.  1429. 

très  du  Valican  au  18  aoAt  1427,  la  diiiémc  I      ^5)  fieg.  cap.  XI,  Marlii  \AtS  ci  1  Ap}il. 

année  de  Mari  in  V.  !  1429. 

(2)  Beg.  Cap.,  1427.  !     (0  9ri.*$aUa  Aulifs, 

11  4 


UM  à  i4S». 


50  JEAM   DE   COBBIE  , 

donna  à  Jean  de  Poix(l).  Il  eut  encore  un  embarras  de  famille  peu 
convenable  b  son  état,  il  s'agissoit  de  pourvoir  à  deux  fils  naturels 
nommés  Geoflroy  et  Renaud,  qu'il  avoit  eus  d'une  damoiselle  nommée 
Marie  de  Poilhay,  et  un  autre  du  fait  de  son  frère  Ârnaull  dont  il 
étoit  héritier  (2).  Il  fit  légitimer  les  deux  premiers  par  lettres  données 
îi  Chinon  au  mois  d'août  1455,  et  fit  présent,  en  pur  don,  au  dernier 
des  seigneuries  de  Courselles,  de  Ploûis  et  du  Becquet.  Il  est  vrai- 
semblable que  la  reconnoissance  qu'il  fit  de  ces  deux  bâtards,  fut  Tune 
de  ses  dernières  actions  (5).  Au  moins,  il  étoit  mort  au  commence- 
ment do  mois  d'octobre  de  la  même  année,  si  le  $ede  epiicopali  vacante 
marqué  dtns  les  titres  du  premier  et  Ai  troisième  de  ce  mois,  est  une 
preuve  suflisante  de  mort  ;  mais  comme  le  Père  Ansdme  assure  qu'il 
vivoit  encore  en  1455 ,  i|  peut  se  faire  qu'il  eût  abdiqué  l'évécbé 
d'Auxerre  pour  se  retirer  dans  quelque  cloilre  (4).  D'autres  écrivains 
le  font  même  vivre  jusqu'en  1458  (5).  On  voit,  dans  les  comptes  de 
la  ville  d'Auxerre,  que  ce  fut  sous  son  épiscopat  que  le  roi  Charles  YII 
pissa  il  Auxerre,  accompagné  de  la  Pocelle  d'Orléans ,  et  que  se  tint 
la  fameuse  assemblée  pour  la  paix,  a  laquelle  fut  envoyé,  de  la  part  da 
pape,  le  célèbre  chartreux   Nicolas  Albei^ti,  cardinal  du  titre  de 
Sainte-Croix-en-Jérusalem.  Les  lieux  circonvoisins  ne  manquèrent  pas 
de  profiter  de  la  présence  d'un  homme  si  respectable  pour  obtenir  les 
grftces  spirituelles  qu'il  étoit  en  son  pouvoir  de  dispenser.  Entre  autres 
indulgences  il    accorda,  en  faveur  de  l'église  cathédrale  d' Auxerre, 
pour  l'espace  de  vingt  années  (6) ,  cent  jours  à  chacun  des  fidèles  qui 
visiteroient  cette  église  en  certaines  fêtes  avec  les  dispositions  nécessaires, 
et  y  prieroient  pour  les  besoins  de  l'Etat,  ou  bien  assisteroient  aux 
processions  générales  que  les  chanoines  feroient  pour  la  paix  et  la 
prospérité  du  royaume.  La  nouvelle  fête  des  Saintes-Femmes  n'est  pas 
oubliée  dans  le  catalogue  des  fêtes,  non  plus  que  celle  des  reliques  de 


(t)  AoMlflM  im  CaneU.  Voy*  tmêi  Sao-  à  loo  Mveo  Aniiolt,  OU  natarel  du  chan- 


▼•l,t  5.  p.  SM 

(S)  Âo§«im9,4béé. 

(3;  AMNrfB».  U4é.  et  kéêUifr.  tfilMe 

(4)  0»eH«  Ml  «nid*  4tf  mm  toitoawraf  '.     (6)  tx  originalib. 
de  r  M 1 4 V# ,  k  1 4  «vfll«  fm  MfMf  H 


eell«r ,  let  terres  de  CourceUes  ,  p| 
Saioi-liift,  elc. 
(5/  Moreri  de  Dupin. 


QUATRE-VINGT-SIXIÈME  ÉVÊQUE   d'aUXERRE.  51 

la  même  église  (1).  Ce  fut  aussi  de  son  temps  que  se  tint  le  concile  ^m  »  mm. 
'  de  Bâle  où  le  Chapitre  d'Auxerre  députa  Hugues  des  Noës,  chanoine. 
Denis  Simon,  conseiller  au  présidial  de  Beauvais,  dit,  dans  son  Nobi- 
liaire de  Beauvoisis,  que  Jean  de  Gorbie,  évéque  d'Auxerre,  a  fondé 
Tobit  de  sa  mère  dans  l'église  collégiale  de  Saint-Yaast  de  Beau- 
vais (2). 


LAURENT  PINON ,  LXXXVII»  Ê VÊQUE  D'AUXERRE. 


Il  y  avoit  plus  de  deux  cent  cinquante  ans  que  le  siège  épiscopal 
d'Auxerre  n'avoit  été  occupé  par  un  religieux,  lorsque  les  intérêts  du 
duc  de  Bourgogne  firent  placer  sur  ce  siég*)  un  Dominicain  qui 
étoit  son  confesseur.  Une  lettre  écrite  par  Eugène  lY  k  Philippe, 
duc  de  Bourgogne  »  le  15  juillet  i435,  fait  voir  que  ce  pape  avoit  été 
fort  pressé  par  ce  duc  pour  y  mettre  un  évêque  qui  lui  fût  agréable, 
et  qu'en  conséquence  le  pontife  avoit  donné  la  préférence  à  Laurent 
Pinon.  Une  lettre  de  ce  duc,  du  26  avril,  ne  laisse  aucun  lieu 
d'en  douter  ;  il  y  recommande,  aux  Pères  du  concile  de  Bâle ,  son 
confesseur  transféré,  dit-il,  depuis  peu  par  le  pape,  de  Tévêché  de 
Bethléem  à  celui  d'Auxerre  ;  ajoutant  que  quoique  le  doyen  nommé 
Hugues  des  Noës,  concurrent  du  nouvel  évêque,  Teùt  cité  devant 
eux,  il  espéroit  qu'ils  n'infirmeroient  point  la  disposition  du   pape, 

• 

parce  qu'autrement  cela  seroit  préjudiciable  à  la  ville  qui  étoit  de  son 
domaine  (3). 

Le  Dominicain,  si  chéri  du  duc  de  Bourgogne,  avoit  autrefois 
étudié  dans  la  maison  de  Saint- Jacques  de  Paris,  d'où  il  fut  envoyé 
à  Reims  pour  y  être  lecteur  en  théologie.  Etant  évêque  de  Beth- 
léem vers  Pan  i420,  en  même  temps  que  confesseur  du  duc  de  Bour- 


U33  a  U49. 


(1)  Voy»  les  Preuves ,  où  est  rancien 
calalog[ue  de  ces  reliques  dressé  sous  Phi- 
lippes  des  Essirls. 

(2)  Ex  D,  Baluze  in  notis,  ad  Episc, 
Autiii.<,  p.  30. 

(5,^  CcUc  IcUrc  csl  dans  le  8  '  tome  de 


rAmplissimo  Collection  du  P.  Hartene , 
col.  585  ;  mais  ce  Père  se  trompe  lorsqu'il 
marque  qu'il  s'aj^issoit  là  de  Pierre  de 
Longueil. 

L'extrait  des  rcgibtrcs  du  Vatican,  fait 
par  dom  Etiennot ,  marque  sa  translation 


52  LAURBirr  piton, 

1439  ï  \m  8^^«  '^  publia  un  Traité  de  Forigiae  des  seigneuries  et  de  la  division 
des  états ,  qui  est  apparemment  celui  qu*on  dit  avoir  été  -présenté 
au  duc  de  Bourgogne  par  un  évéque  de  Bethléem,  sous  le  titre  de 
Traité  de  la  puissance  temporelle  (1  ).  Le  P.  Echard  donne  à  entendre 
qu'il  ne  fit  qu'une  traduction  françoise  du  traité  latin  de  Durand 
de  Saint-Pourçain ,  évéque  de  Meaux ,  sur  la  puissance  temporelle 
des  rois.  Soit  que  le  duc  de  Bourgogne  ne  fit  pas  autrement  atten- 
tion à  cet  ouvrage,  soit  que  Laurent  eût  depuis  modéré  son  zèle,  le 
prince  crut  qu'on*  pouvoit  confier  k  ce  religieux  la  conduite  spiri- 
rituelle  d'une  ville  qui  faisoit  la  clé  de  ses  états;  de  sorte  qu'après 
avoir  été  évéque  d'un  titre  enclavé  dans  le  diocèse  d'Auxerre  et 
d^une  église  sans  peuple,  il  devint  évéque  du  diocèse  même  qui  bor- 
noit  la  Bourgogne  du  côté  de  la  France. 

Laurent  Pinon,  dès  le  21  décembre  i435,  bénit  à  Dijon  une  église 
succursale  de  Saint-Nicolas ,  construite  par  le  bailli  de  cette  ville,  et 
les  titres  vus  par  l'historien  de  Tabbaye  de  Saint-Etienne ,  le  quali- 
fient dès-lors  évéque  d'Âuxerre  (2)  ;  cependant,  il  ne  fit  sou  entrée  à 
Auxerre  que  plus  d'un  an  après.  Pendant  cet  espace  de  temps,  le 
clergé  d'Auxerre ,  hors  d'état  de  payer  certaines  exactions  nommées 
alors  demi-dixme  ou  semi-dixme,  c'est-à-dire  le  vingtième  denier, 
écrivit  au  concile  de  Bàle  pour  en  obtenir  la  décharge  (5)  ;  la  lettre 
est  du  29  juin  1453.  On  y  représentoit  que  la  guerre  avoit  rendu  tous 
les  héritages  incultes,  et  que  si  l'on  obligeoit  de  payer  Timposilion, 
le  service  des  églises  seroit  abandonné.  La  preuve  que  Laurent 
Pinon  fit  son  entrée  solennelle  à  Auxerre  vers  la  fin  de  1454,  se 
tire  de  l'ordre  qu'il  donna  le  24  février,  de  signifier  cette  entrée  au 
baron  de  Donzy ,  et  de  la  commission  que  le  duc  Philippe-le-Bon 
envoya,  au  nom  de  son  beau-fils  Charles,  comte  de  Nevers,  dont 
il  avoit  la  tutelle,  pour  porter  l'évéque  dans  cette  cérémonie  à  cause 
de  la  baronnie  de  Donzy.  La  commission  fut  adressée,  le  dernier 
février  1454,  au  seigneur  de  Chastellux  et  à  Gui  de  Bar,  cham- 


de  Belhlëem  à  Aaxerre.  par  Bogëne  IT, 
tu  31  mai  1432,  etsonélecUon  aaSSaTril 
1433.  Ce  qai  n'est  point  clair. 
(1)  in  9f.  Seguier  in  Ml  Sangerm. 


(2)  Prob.  hist.  S.  Steph,  Divion,  p.  27ô. 

(3)  PreuTes,  t.  iv ,  et  Ampliss.  Collecl. 
Martene,  t.  S,  p.  616. 


QUATRE-VINGT-SEPTIÈME   ÉVÊQUE    d'aUXBRRE.  55 

bellan  du  duc.  Il  y  avoit  aussi  ordre  du  24  février,  d'ajourner 
à  la  même  cérémonie  le  duc  de  Bar  pour  la  seigneurie  de  Toucy  aussi 
bien  que  le  seigneur  de  Saint-Verain  ;  la  signification  leur  en  avoit 
été  faite  les  trois  et  cinquième  mars  suivant.  Les  compilateurs  de 
ces  titres  (1)  n'ayant  point  eu  l'attention  de  marquer  le  jour  que 
l'évéque  avoit  indiqué ,  cela  nous  fait  hésiter  sur  cet  article  de  chro- 
nologie :  Dom  G.  Viole  a  écrit  que  ce  joyeux  avènement  au  trône 
épiscopal  fut  le  14  mars.  L'unique  circonstance  qui  en  a  été  con- 
servée par  un  ancien  épistolier  de  la  cathédrale ,  est  qu'il  prêta  entre 
les  mains  du  doyen  le  serment  ordinaire  de  maintenir  les  droits  de 
cette  église.  Quatre  ans  après ,  il  fit  à  Sens  la  profession  d'obéissance 
en  qualité  de  suffragant  ;  et  comme  l'archevêque  Louis  de  Melun  étoit 
absent ,  il  s'acquitta  de  ce  devoir  en  présence  de  ses  vicaires  généraux. 
Pierre  de  Longueil  fut  continué  dans  la  fonction  de  grand-vicaire  dont 
il  avoit  été  chargé  sous  son  prédécesseur  ;  le  nouvel  évêque  poovoit 

compter  sur  sa  vigilance  :  éloigné  quelquefois  de  son  diocèse  ,  il  avoit 
besoin  d'un  tel  homme. 

Dès  Tan  1455^  le  duc  de  Bourgogne  mena  Laurent  Pinon  dans  les 
Pays-Bas ,  pour  assister  au  traité  qui  devoit  être  fait  à  Ârras.  L'évéque 
d'Auxerre  y  étoit  le  15  juillet,  et,  le  22  du  même  mois,  il  célébra  à 
Saint-Yaast  la  grand'messe  de  la  procession  solennelle  qui  se  fit  [)ar 
la  ville,  en  présence  du  cardinal  de  Cypre  (2).  Après  cette  mes$e  il 
prêcha ,  et  ayant  pris  pour  texte  de  son  discours  :  Fides  tua  te  salvum 
fedt  ;  vade  in  pace^  il  s'étendit  à  montrer  la  prééminence  des  rois  de 
France  sur  les  autres  couronnes  et  leur  stabilité  dans  la  foi  ;  il  fit  voir 
les  biens  que  les  papes  Etienne  et  Adrien  avoient  reçus  de  Pépin  et  de 
Charlemagne,  d'où  il  conclut  qu'il  étoit  important  qu'un  royaume  si 
catholique  et  si  utile  à  l'Eglise,  conservât  la  paix  dans  son  sein.  Le 
8  septembre,  il  célébra  la  grand'messe  à  Saint-Yaast,  en  présence 
du  duc  de  Bourgogne;  et  enfin,  le  21  du  même  mois,  il  fit  la  clôture 
de  l'assemblée  par  une  prédication  sur  les  avantages  de  la  paix,  prenant 
pour  thème  ces  paroles  du  psalmiste  :  ecce  quant  bonum^  etc. ,  il  fit  à 


1483  ï  Ut!> 


(1)  Inventaire  m*«  do  Varzy. 

(S)  Journal  de  laPaii  d'Arras  d'Antoine 


de  la  Taverne.  Rel.  de  S.  Vast,  imp.  eu 
1651. 


143:)  k  144». 


54  LACRBirr  pinon  , 

ce  sermon  une  longue  allusion  de  ce  qui  se  lit  dans  la  Genèse ,  sur 
raccord  d*Âbraham  et  de  Loth,  avec  le  traité  qui  venoit  d*étre  conclu 
et  qu'un  chanoine  d'Ârras  publia  ensuite  dans  la  même  chaire.  Par  les 
articles  de  ce  traité,  le  duc  de  Bourgogne  obtint  de  grands  avantages 
sur  le  pays  Âuxcrrois  ;  cependant,  il  ne  put  y  faire  des  levées  sans 
opposition.  LorsquHl  en  fit  la  tentative,  Tainée  même  du  traité, 
Tévéque  d'Auxerre  s*y  opposa  pour  ses  terres  et  pour  celles  du  Cha- 
pitre ;  de  sorte  que  le  duc  déclara  qu'il  n'agissoit  pas  en  qualité  de 
duc  de  Bourgogne,  mais  comme  jouissant  des  droits  royaux  on  vertu 
du  traité  d'Arras  (1). 

Cet  évéque  fut  souvent  obligé  de  résider  dans  des  villes  des  Pays- 
Bas;  tantôt  à  Lille,  au  cloître  Saint-Pierre,  et  tantôt  à  Bruges  (2). 
Dans  un  de  ces  voyages  en  1459,  il  apprit  que  Pierre  de  Longueil, 
son  vicaire  général,  avoit  été  élu  doyen  du  Chapitre  d*Auxerre  (5).  Sur 
cette  nouvelle ,  il  adressa  ,  le  9  septembre ,  une  commission  à  Tabbé 
de  Saint-Marien ,  pour  qu'il  reçût  en  son  nom  le  serment  de  fidélité 
du  nouveau  doyen  qui  lui  étoit  déjà  attaché  par  l'office  de  grand- 
vicaire.  Dans  le  diocèse,  il  est  peu  de  collégiales  ou  monastères  où  il 
ne  reste  quelque  vestige  du  nom  de  ce  prélat.  Outre  l'église  de  Saint- 
Martin  de  Clamecy,  dont  quelques-uns  assurent  qu*il  fit  la  dédicace  le 
10  janvier  1458,  il  dédia  celle  de  Sainte-Eugénie  de  Yarzy,  le  premier 
dimanche  de  TAvent  de  la  même  année  (4),  voulant  cependant  qu'on 
remit  a  un  autre  temps  l'anniversaire  de  cette  dédicace  et  y  accordant 
des  indulgences.  Il  demeuroit  assez  volontiers  dans  le  château  que  les 
évéques  a  voient  de  temps  immémorial  dans  cette  ville  de  Yarzy.  Les 
habitants  d'Auxerre  ayant  besoin  de  son  secours  au  mois  de  juin  1444, 
lui  dépéchèrent  un  courrier  en  ce  lieu  ;  il  affectionna  beaucoup  l'église 
collégiale  de  Sainte-Eugénie  (5),  et  y  fonda  une  chapelle  sous  le  titre 
de  deux  fameux  saints  de  son  Ordre, 'saint  Pierre,  martyr,  et  saint 
Thomas  d'Aquin  ;  il  s'y  fit  représenter  à  genoux  avec  l'habit  des  Do- 
minicains. Le  25  août,  et  apparemment  en  1445,  il  dédia  Téglise  du 
prieure  conventuel  de  Sainte-Geneviève  de  Marcy,  de  l'Ordre  du  Val 


(i)  Taàul,  s.  Germ.Àutiis.  F.  PreuTCS, 
t.  IV, n. 
{i)  Echard  in  Scrip,  Dominic. 


(3)  Viole. 

(4)  OMtuar.  Varziac. 

(5)  Tatml  S.  Eugen.  Varziac. 


^j*'€.*'*t*mm—\..  y^:  •  •■lJ.      .      M  «. 


QUATRE-VINGT-SEPTIÈME   ÉVÊQUE   D^UXERRE.  55 

des  Ecoliers  (1).  S'étanl  recommandé  aax  prières  de  la  petite  commu-  1433  ^i  U4d. 
naoté  qui  y  subsistoit  alors,. il  fut  résolu  le  14  octobre  de  chanter 
chaque  année,  le  lendemain  de  Saint-Laurent,  une  messe  du  Saint- 
Esprit  à  l'intention  du  prélat ,  tant  qu'il  vivroit.  L*église  collégiale  de 
Notre-Dame  de  Toucy  avoit  besoin  d'être  rebâtie.  Le  9  mai  1445, 
il  accorda  des  indulgences  à  ceux  qui  contribueroient  de  leurs  aumônes 
au  nouvel  édifice  qu'on  projettoit  (a).  Faisant  la  visite  de  son. dio- 
cèse, les  années  1446  et  1447 ,  il  dressa  des  règlements  pour  les  cha- 
noines de  Saint-Etienne  de  Gien.  En  1458,  il  fit,  à  l'autel  matu* 
tinal  du  prieuré  de  la  Charités  une  ordination  de  quelques  moines 
acolytes  (2);  mais  Pierre  le  Duc,  sous-prieur  et  vicaire-général  du 
prieur,  lui  demanda  une  déclaration,  comme  c'étoit  du  consentement 
de  la  communauté,  aux  libertés  de  laquelle  il  n'entendoit  préjudicier  et 
sur  laquelle  il  n'a  voit  aucune  juridiction,  ce  qu'il  accorda  le  27  janvier 
1458.  En  1445,  étant  à  Varzy  le  4  septembre,  il  permit  de  quêter 
par  son  diocèse  avec  une  croix  et  un  reliquaire,  pour  aider  au 
bâtiment  de  l'église  de  Bethléem ,  nouvellement  ruinée  par  les  guerres, 
que  l'évéque  Ârnoul  rebâtissoit.  Il  accorda  même  des  indulgences  aux 
bienfaiteurs. 

Les  évéques,  tirés  du  corps  religieux,  laissent  ordinairement 
beaucoup  de  marques  d'affection  envers  les  maisons  de  leur  Ordre, 
situées  dans  leur  diocèse.  Laurent  Pinon  ne  se  distingua  pas  de 
ce  côté-lâ;  et  il  ne  paroit  en  relation  avec  ses  confrères  de  la 
maison  d'Auxerre  qu'en  deux  occasions  :  premièrement  en  1440, 
lorsqu'ils  tinrent  chez  eux  le  Chapitre  provincial  de  l'Ordre  auquel 
il  assista,  et  en  1445,  au  sujet  d'une  dévotion  qui  tendoit  au 
soulagement  des  âmes  du  purgatoire.  Le  motif  de  cet  établissement 
vint  de  ce  qu'étant  mort  un  nombre  considérable  de  fidèles  pendant 


(1.)  Obiiuar.  Marciac.  \     (i)  CartuL  Caril.,  p.  60. 


(a)  L'évéque  rapporte  dans  la  lettre  qu'il  donna  pour  cet  objet  que  les  Anglais 
Favaient  brûlée.  Cet  événement  était  arrivé  dans  les  guerres  civiles  du  commence- 
ment du  siècle,  en  1423,  lorsque  les  Anglais  «'étaient  emparés  de  Toucy.— 
V.  Preuves,  t.  iv,  n.  (,Y.  d.  E.). 


1433  a  1448. 


56  LAUftENV   PIMOM  , 

le%  guerres  précédentes,  sans  avoir  eu  la  sépulture  ecclésiastique,  il 
parut  nécessaire  d'y  suppléer  en  quelque  manière.  Les  Frères  Prê- 
cheurs d'Âuxerre  proposèrent  doné  une  confrairie  qui  feroit  célébrer 
tous  les  jours  de  Tannée  une  messe  dans  leur  église,  à  Tintenlion  de 
tous  ces  défunts,  et  chaque  semaine,  une  fois  les  vigiles  des  morts, 
excepté  les  semaines  des  grandes  fêtes.  Barthélémy  Tiiier,  associa  par 
avance  tous  les  confrères  de  la  future  confrairie  aux  suffrages  de 
rOrdre;  il  falloit  munir  le  tout  de  l'autorité  épiscopale  (1).  Laurent 
Pinon ,  non  content  d'approuver  cette  confrairie,  dite  des  Trépassés, 
accorda  les  indulgences  ordinaires  à  tous  ceux  et  celles  qui  s'y  enrôle- 
roient,  et  ordonna  de  bien  recevoir  les  Dominicains  d'Auxerre  qui 
les  publieroient.  Ces  lettres,  signées  h  Auxerre  le  vendredi  après  la 
Saint-Martin  d'été  1445,  furent  suivies  l'année  d'après  d'une  augmen- 
tation d'indulgences  que  Pierre  du  Mont,  évéque  de  Bresce  et  nonce 
du  pape  Eugène  lY,  accorda  à  Bourges  le  8  octv>bre«  à  tous  ceux  qui 
feroient  quelques  aumônes  ou  legs  à  la  même  confrairie  :  tout  cela  re- 
gardoit  une  dévotion  particulière.  Quant  a  l'office  public,  tel  qu'il  se 
chantoit  alors  dans  le  diocèse,  ce  prélat  n'y  toucha  nullement;  il  laissa 
le  calendrier  comme  il  l'avoit  trouvé,  sans  y  faire  insérer  saint  Domi- 
nique ni  aucun  autre  saint  de  son  Ordre,  et  sans  augmenter  le  grade 
de  la  fête  de  saint  Laurent,  se  contentant  de  faire  écrire  dans  les  pon- 
tificaux la  bénédiction  épiscopale  selon  le  rit  gallican,  pour  les  années 
qu'il  officieroit  pontificalement  chez  les  Jacobins  le  jour  de  saint 

Dominique. 

Il  ne  parolt  proprement  qu'un  seul  acte  d'hommage  rendu  de  son 
temps  a  l'église  d'Auxerre  :  c'est  celui  de  Charles,  comte  de  Nevers, 
pour  la  baronnie  de  Donzy  (2).  Il  fut  rendu  à  la  manière  accoutumée 
par  le  comte ,  ayant  les  mains  jointes  en  manière  de  suppliant  et  rece- 
vant le  baiser  de  paix  de  l'évéque  ;  la  cérémonie  se  fit  à  son  retour  de 
Cosne,  dans  la  chapelle  du  château  de  Donzy,  le  9  juin  1445  ;  il  fit 
marquer  expressément  dans  l'acte,  que  par  grâce  il  recevoit  à  Donzy 
cet  hommage  qui  auroit  dû  lui  être  rendu  à  Auxerre,  à  quoi  le  comte 
acquiesça  en  présence  d'un  grand  nombre  de  ses  officiers  et  amis, 


(1)  LeUres  de  Lyon,  ?7  mai  1445. 


/     (2)  Voy.  Preuves,  adan.  1445. 


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QUATRE-VINGT-SEPTIÈME   ÉVÊQUE   d'aUXERRE.  57 

savoir  :  Milon  de  Paillars,  chevalier  ,  bailli  de  Nivernois  el  de  Donzy;  j^  j,  j^ 
Gui  de  Jaocour,  seigneur  de  Villarnoui  et  de  Marrault,  son  premier 
chambellan  ;  Jean  de  la  Rivière,  seigneur  de  Ghampleroi;  maître  Pierre 
de  Longueil,  doyen  de  l'église  d'Auxerre  ;  frère  Jean  du  Doyer,  domi- 
nicain, et  plusieurs  écuyers.  Jean  de  Salazar,  qui  avoil  acquis,  des 
héritiers  du  cardinal  de  Bar,  la  terre  de  Toucy,  devoit  pareillement  lui 
en  rendre  hommage  dès  Tan  4445;  mais  ce  prélat  lui  donna  des 
lettres  de  répit  ou  de  souffrance  jusqu'au  mois  de  février  i448.  Cepen- 
dant, on  lit  dans  l'inventaire  des  titres  de  Toucy,  une  saisie  de  la  tour 
de  Toucy,  faite  au  nom  de  l'évéque  par  faute  de  foi  et  hommage,  le 
i8  mai  1446.  En  la  même  année,  1445,  il  affranchit  grand  nombre 
des  habitants  de  l'un  et  l'autre  sexe,  de  la  seigneurie  d'Hodan,  proche 
Yarzy.  Ce  qui  confirme  que  Yarzy  fut  le  lieu  de  son  diocèse  où  il  se 
plut  davantage  après  Âuxerre. 

Nous  ne  savons  pas  où  il  mourut,  ni  même  positivement  quel 
jour  arriva  son  décès,  sinon  que  les  comptes  d'anniversaire  de  la 
cathédrale  le  marquant  vers  la  fin  du  mois  de  mars,  il  y  a  assez 
d'apparence  qu'il  mourut  pendant  le  cours  de  ce  mois,  l'an  1448. 
Le  lieu  de'  la  sépulture  a  paru  également  incertain  ;*  quelques  mo- 
dernes l'ont  cru  inhumé  dans  la  nef  de  la  cathédrale ,  devant  le 
crucifix  (1)  ;  ils  pensoient  que  la  tombe  noire  qu'on  y  voyoit,  il  y  a 
soixante  ans ,  étoit  la  sienne  ;  mais  d'autres,  plus  instruits,  ont  écrit  (2)- 
que  Laurent  Pinon  a  été  inhumé  chez  les  religieux  de  son  Ordre,  a 
Auxerre,  où  la  sépulture  se  voyoit  au  côté  gauche  du  grand  autel,  jus- 
qu'à ce  que  les  huguenots  eussent  entièrement  détruit  son  tombeau  et 
dissipé  ses  ossements. 

Outre  la  traduction  du  Traité  de  la  puissance  temporelle  qu'il  avoit 
faite  étant  évêque  de  Bethléem ,  il  reste  de  lui  un  catalogue  des  illus- 
tres de  son  Ordre  que  l'on  montre  manuscrit  à  Saint-Victor  à  Paris  (5). 
Il  fit  rédiger  en  1455  un  Pontifical  à  son  usage;  c'est  un  petit  in-4® 
conservé  parmi  les  manuscrits  de  la  bibliothèque  Colbert  (4).  On  y 
voit,  au  bas  de  la  première  page,  ses  armoiries  qui  sont  (rots  pommes 


(1)  Bargedé,  assesseur.  |      (5)  Num^  650.  antiquo- 

(2)  Noël,  chanoine.  I      ^4)  iViim  5984. 


58  PIERRE   DE   LOHGDBIL  , 

1433  k  141»  "^  P*"  **'"''  '^'"  ""  c^an^  d'axur.  Les  mêmes  armoiries  s'aperçoi- 
vent eocore  dans  la  satle  basse  de  l'évéché,  an  manteau  d'une  ancienne 
cheminée. 


Smu  mcrI  dn  convenl  de  Saint-Gcniuiit  d'Aaiem,  13S3. 


CHAPITRE  VIII. 

PIERRE  DE  LONGUEIL,  LXXXVIll'  ÈVÊQUE  D'AUXERRE  (b). 

Depuis  longtemps  on  n'avoit  vu  d'évëque  gouverner  l'église  d'Au* 
xerre  et  y  résider  si  grand  nombre  d'années  que  Pierre  de  Longuell. 
Sou  cpiscopat  fournit  beaucoup  de  faits  remarquables,  Pierre  deLon- 
gueil,  parut  vériiablement  né  pour  l'église  d'Auxerre,  ayant  été  vicaire 
général  de  Jean  de  Corbie,  il  continua  la  même  fonction  sous  Laurent 
Pinon.  Il  devint  alors  chanoine  de  la  cathédrale  et  enfin  doyen;  selon 


[a]  C'est  par  erreur  que  le  (graveur  a  mis  tigitlvm  au  lieu  de  teerelvm. 

(b)  l.c  4  décembre  liBti,  l'éTèquc  donna  des  staliils  k  la  collégiale  Sainte- 
EuBénie  de  Varzï.  (N.d.E.). 


QUATRE-VINGT-HUITIÈME   ÉVÊQUE   D*AUXERRE.  59 

les  apparences ,  il  ne  songeoit  pas  à  être  évêque  d'Âuxerre ,  puisque 
étant  doyen ,  la  pensée  de  la  mort  lui  fit  fonder  son  obit.  Cepen- 
dant la  providence  l'appela  à  celte  dignité  après  la  mort  de  Laurent 
Pinon. 

Il  nous  apprend  lui-même  qu'il  étoil  originaire  d'Âuxerre ,  du  côté 
d'Adam  Chanteprime ,  trésorier  de  France ,  qui  en  étoit  natif. 
Il  ajoute  même  que  son  père  et  sa  mère  y  avoient  été  mariés ,  et 
que  l'un  de  ses  frères  y  étoit  né  sur  la  paroisse  de  Saint - 
Mamerl  (1).  Il  naquit  à  Paris  en  i597  sur  la  paroisse  de  Saint- 
Benoit  (2) ,  de  Jean  de  Longueil ,  président  au  parlement ,  et  de 
Jeanne  de  Bouju,  dame  du  Rancher,  inhumés  Tun  et  l'autre  chez  les 
Cordeliers.  L'historien  de  l'Université  de  Paris  (5)  le  fait  naître  sept 
ans  plus  tôt  ;  si  du  Boulay  s'est  trompé  pour  cette  date,  il  a  pu  dire 
vrai  lorsqu'il  ajoute  que  Pierre  de  Longueil  passa  maître  ès-arts  en 
1415.  Il  fut  chanoine  de  Notre-Dame  de  Paris  et  de  Gontances, 
selon  qu'il  le  marque  dans  son  testament,  et  peut-être  est-il  aussi 
le  Pierre  de  Longueil  qualifié  trésorier  de  Beauvais,  dans  un  ma- 
nuscrit de  Dijon ,  à  l'an  1455  (4).  Mais  il  s'attacha  par  préférence 
à  l'église  d'Auxerre  ;  on  croit  que  des  alliances  entre  les  Chante- 
prime et  les  Corbie  y  avoient  donné  occasion ,  de  sorte  que  Jean 
de  Corbie,  évêque  d'Auxerre,  s'étoit  déterminé  en  1427,  à  l'éta- 
blir son  vicaire-général.  On  a  pu  observer  ci-dessus  quelques  effets 
de  son  zèle  pour  Tétendue  de  la  juridiction  épiscopale;  pendant 
qu'il  exérçoit  cet  office ,  il  fut  quelquefois  député  par  la  ville  vers  le 
duc  de  Bourgogne,  Philippe-le-Bon,  pour  les  intérêts  du. pays,  et 
surtout  en  1451 ,  1452  et  1455.  Etant  devenu  chanoine  d'Auxerre, 
puis  doyen,  il  continua  à  faire  connoitre  l'étendue  de  son  génie.  La 
communauté   des    habitants  dont  il  fut   gouverneur  de  la  part  du 


1449  ^  1473. 


(1)  Ceci  est  tiré  d*on  mémoire  que  cet 
éTéque  présenta  aux  gouverneurs  de  la 
TiUe,  lors  de  son  procès  sur  Tassislanco  à 
la  messe  de  paroisse. 

(2)  Ex  ejus  testamento. 

(5)  Du  Boulay,  Sœc.  XV,  p.  915. 
;4)  Il   peut  aussi    se    faire  qn*il  soit  le 
^émo  Pierre  de  Lonjrueil  qui  avoit  pris 


possession  d*un  canonicat  de  Sons,  auquel 
il  prctendoit  encore  avoir  droit  en  1442. 
Il  est  au  Feci  de  Sens  de  cette  année-là. 
Dom  Denis  de  Sainte-Marthe  marque  qu'il 
étoit  devenu  chanoine  de  Paris  par  permu- 
tation pour  un  canonicat  de  l'église  de 
Beauvais. 


1449  ^  1473. 


60  PIERRE    DE   LONGUEIL, 

clergé  (1),  ne  pouvoit  que  se  louer  de  ses  services.  Dix  ans  aprës^ 
il  prenoil  le  titre  de  conseiller  et  maître  des  requêtes  de  rtiôlel  de 
monseigneur  le  duc,  particulièrement  en  1445;  et  en  1448  on  le 
qualilioit  conseiller  au  parlement  de  Paris.  Tous  ces  titres  ne  furent 
qu'un  acheminement  à  Tépiscopat. 

Ayant  été  nommé  à  l'évéché  d'Auxerre  en  1449  (2) ,  on  vit  bien- 
tôt les  préparatifs  de  sa  prise  de  possession.  Il  donna ,  le  21  février 
de  cette  année,  quatre  mandements  dont  le  premier  fut  sigiiiiié  au 
comte  d*AuxerreY  dans  le  château  de  la  ville ,  le  25  du  même  mois  (5)  ; 
le  second,  au  duc  de  Bar,  à  Toucy,  le  24;  le  troisième,  au  seigneur 
de  Saint-Yerain ,  le  25  ;  et  le  dernier ,  le  26 ,  à  Donzy ,  au  baron  de 
cette  seigneurie  ou  h  ses  officiers,  pour  qu'ils  eussent  a  assister  à  son 
entrée  et  à  le  porter  (4).  Le  25  de  février,  le  Chapitre  de  la  cathé- 
drale consentit  par  écrit  qu'il  pût  venir  dans  la  ville  avant  que  de 
faire  son  entrée  k  Tabbaye  de  Saint-Germain  ;  et  comme  il  ne  vou- 
loit  point  nuire  k  ses  successeurs,  ni  abolir  la  louable  coutume,  il 
donna  le  même  jour,  k  l'abbé  et  au  couvent  (5),  quittance  du 
marc  d'argent  pour  son  droit  de  réception  en  ce  monastère  comme 
si  réellement  il  l'eût  reçu  ,  quoiqu'il  en  eût  fait  la  remise  et  qu'il 
n'y  eût  point  logé;  il  fit  expédier  pour  le  Chapitre  un  autre  acte 
par  lequel  il  déclaroit  qu'il  ne  prétendoit  point  abolir  l'ancienne 
coutume  de  n'entrer  dans  la  cité  d'Auxerre  qu'après  avoir  couché 
une  nuit  k  Saint-Germain.  Comme  sa  présence  étoit  nécessaire  k 
Auxerre  k  cause  des  partis  qui  couroient  autour  de  la  ville,  il  se 
retira  dans  le  prieuré  de  Notre-Dame-la-d'Hors  de  l'Ordre  de  Pré- 
montré et  y  resta  seize  jours  avant  son  entrée  solennelle  ;  ne  vou- 
lant point  paroitre  innover,  il  donna  aux  religieux  une  déclaration 
comme  en  cela  il  n'avoit  point  entendu  préjudicier  aux  immunités 
de  l'abbaye  de  Saint-Marien  (6).  Il  choisit  pour  le  jour  de  son 
entrée  solennelle,  le  dimanche   Lœtare^   15  mars,   et  le  fit  signi- 


(1)  Compte  de  la  %iUe  d'Auxerre. 

(2)  Le  28  mai   selon   les   registres  du 
Vatican. 

(5)  Ces  formules  étoienl  toujours  scion 
le  style  aucicu,  quoiqu'il  n'y  eût  plus  de 


comte  à  Auxene. 

(4)  Inventaire  des  titre»  de  Vany. 

(5)  Archives  do  saint  Germain. 

(«)  Tod.  S.  lUariani»  Arch.  de  1  Yonne. 


QUATRE-VINGT-HUITIÈMB   ÉVÉQUB    d'aUXERRE.  61 

fier  à  l'abbé  de  Saint-Germaiû  ,  afin  que  lui  et  ses  religieux  le 
reçussent  dans  leur  église.  Le  jour  de  celle  grande  cérémonie,  k 
S  heures  du  malin,  il  ne  se  trouva  h  Saint-Germain  de  dépu- 
tation  convenable  de  la  part  des  barons  que  celle  du  comte  de 
Nevers.  Il  avoit  commis,  pour  porter  cet  évoque  en  son  nom,  Jean 
de  la  Rivière ,  chevalier  et  bailli  du  Nivernois  et  s'étoit  excusé  de 
ce  qu^il  ne  venoit  pas  lui-même,  sur  ce  qu'il  étoit  occupé  nu  service 
du  roi  pour  le  recouvrement  du  duché  de  Normandie.  Jean  de 
Salazar ,  écuyer,  possesseur  de  la  tour  de  Toucy,  avoit  commis  Guil- 
laume de  Prades,  son  officier,  parce  qu'il  devoit  se  rendre  auprès  du 
dauphin  Viennois.  Artaud  Trousseau,  seigneur  de  Saint -Yerain  en 
partie,  s'étoit  contenté  d'envoyer  un  homme  chargé  de  sa  procuration. 
  l'égard  du  duc  de  Bourgogne,  il  ne  comparut  ni  en  personne,  ni 
par  procureur  ;  ces  défauls  obligèrent  Tévéque  à  les  faire  proclamer  à 
haute  voix,  l'un  après  l'autre,  jusqu'à  quatre  fois  par  Torgane  de 
Jocelin  Gourtjarret,  son  bailli,  et  à  ne  pas  se  servir  du  ministère  de 
Jean  de  la  Rivière ,  parce  que  les  trois  autres  n*étoient  point  chevaliers 
comme  lui.  Il  fut  donc  porté  depuis  le  chœur  de  l'église  de  Saint- 
Germain  jusqu'à  la  cathédrale,  par  quatre  bourgeois  forts  de  corps  et 
d'honnêtes  familles,  qui  étoienl  Jean  Ferroul,  Pierre  Qualre-Langues, 
Guillaume  Marillier  et  Jean  Bureau,  accompagnés  du  sieur  de  la 
Rivière ,  qui  posoit  la  main  sur  la  chaise.  Â  l'instant  qu'il  arriva  dans 
la  place ,  devant  la  grande  porte  de  l'église  qui  étoit  fermée ,  les  cha- 
noines sortirent  tous  en  chapes  avec  les  croix  et  Teau  bénite  par  les 
portes  collatérales  et  vinrent  au  devant  de  lui.  Jean  Mauvoisin ,  tréso- 
rier, qui  présidoit  pour  l'absence  du  doyen  ,  le  pria,  au  nom  du  corps, 
de  faire  le  serment  accoutumé.  Il  y  consentit ,  prit  des  mains  du  tré- 
sorier le  livre  où  étoit  écrite  la  formule,  et  la  main  droite  posée  sur  la 
poitrine ,  il  prononça,  le  Promittimu$  ordinaire ,  après  quoi  il  sonna 
une  petite  cloche  attachée  proche  la  grande  porte  ;  et  aussitôt  cette 
porte  étant  ouverte,  les  quatre  bourgeois  le  portèrent  jusqu'au  grand 
autel ,  le  peuple  criant  Noël  !  Noël  1  Etant  descendu  de  la  chaise ,  il 
fit  sa  prière  à  genoux  et  dit  une  collecte  de  saint  Etienne  ;  ensuite, 
Jean  du  Breuil ,  chanoine  d'Âùxerre ,  chargé  de  la  procuration  de  Jean 
deNailly,  archidiacre  de  Sens,  fil  la  cérémonie  de  l'installation  ac- 


1449  >  1473. 


62  PIERRE    DE   LOMGUEIL> 

compagne  de  Jacques  Odoari,  officiai,  et  d'Etienne  Broneau ,  chanoines 
de  Sens.  Sur  quoi  Jean  Mauvoisin  fit  les  protestations  au  nom  du 
Chapitre,  disant  que  ce  seroit  sans  préjudicier  à  ses  droits  et  à  ceux 
de  l'église  d'Auxerre.  Plusieurs  personnes  de  distinction  assistèrent  à 
la  cérémonie,  savoir  :  l'abbé  de  Pontigny,  Pierre,  abbé  de  Saint- 
Marien;  Jean,  abbé  de  Saint-Père;  Simon  Coignet,  secrétaire  du  roi  ; 
Jacques  de  la  Rivière,  bailli  de  Donzy.  Geoffroy  Chantereau,  prieur  de 
Saint-Eusèbe ,  y  est  nommé  parmi  les  notables  du  clergé  d'Auxerre, 
et  parmi  les  citoyens  Pierre  Chacheré,  Martin  du  Breuii,  Biaise 
Tribolé ,  licencié  ès-lois  ;  Etienne  Gontier,  Germain  Vivien  et  Jean 
Darthe  (1).  L'archevêque  de  Sens,  Louis  de  Melun,  ne  fut  témoin  que 
de  ce  qui  se  passa  dans  l'église  de  Saint-Etienne.  Quelques-uns  veu- 
lent que  Pierre  de  Longueil  ne  différa  pas  d'aller  à  Sens  prêter 
serment  d'obéissance  à  cet  archevêque  ;  mais  comme  la  formule 
qu'on  prétend  être  la  sienne  porte  en  termes  formels  et  futuro  ponti- 

fici  Senanensi^  il  est  difficile  de  décider  en  quel  temps  ce  serment  fut 
prêté,  ni  même  si  véritablement  il  est  de  lui ,  puisque  Louis  de  Melun 
fut  archevêque  de  Sens  depuis  i454  jusqu'en  i474,  et  qu'il  n'y  eut 
par  conséquent  aucune  vacance  de  l'archevêché  durant  tout  l'épiscopai 
de  Pierre  de  Longueil.  C'est  une  chose  beaucoup  plus  certaine  ,  qu'il 
paya  à  l'archidiacre  de  Sens  le  marc  d'or  accoutumé  ;  on  a  vu  la  quit- 
tance datée  du  51  mars  1449. 

Ce  prélat,  dès  le  commencement  de  son  épiscopat,  ne  parut  pas 
d'humeur  k  négliger  ses  droits,  ni  a  se  relâcher  des  soumissions  qui 
lui  étoient  dues.  Il  se  fit  rendre,  dès  le  25  avril  suivant,  le  serment 
d'obéissance  dû  par  le  doyen.  Louis  Raguier ,  nouvellement  pourvu  de 
cette  dignité,  né  pouvoit  venir  en  personne  à  Auxerre,  à  cause  des 
occupations  qui  le  retenoient  au  parlement  dont  il  étoit  conseiller  ;  il 
donna  commission  à  Jean  Mauvoisin,  trésorier,  de  prêter  le  serment 
pour  lui,  et  en  effet,  ce  chanoine  s'en  acquitta  dans  la  chapelle  du  châ  ■■ 
teau  de  Régennes.  La  suite  montra  bien  que  Pierre  de  Longueil  avoii 
ce  serment  fort  à  cœur»  puisque  Thomas  la  Plotte,  successeur  de  Louis 
Raguier,  ayant  refusé  de  le  prêter ,  cela  occasionna  un  procès  dont  on 

(1)  Ex  Proc.  verb,  Quid.  PrévostaL 


QUATRE-VINGT-HUITIÈME  ÉVÊQUE  d'aUXERRE.  65 

verra  les  conséquences.  Le  premier  acte  d'importance  qui  suivit  celui  i^  ^  ^473. 
de  Louis  de  Raguier,  concerne  encore  les  droits  honorifiques  de  la 
dignité  épiscopale.  Ce  fut  Tbommage  que  Charles,  comte  de  Nevers 
et  de  Réthel,  rendit  comme  baron  de  Donzy  ;  ce  seigneur  avoit  obéi 
très  exactement  aux  ordres  de  Tévéque  pour  ce  qui  regardoit  la  pre- 
mière entrée;  son  député  fut  admis  et  ceux  des  autres  rejetés.  Le 
nouveau  prélat  voulant  témoignei'  à  ce  seigneur  combien  il  étoit  satis- 
fait de  lui,  n'eut  pas  plutôt  appris  qu'il  étoit  de  retour  du  service  du 
roi  après  la  recouvrance  faite  de  la  Normandie,  qu'il  alla  le  trouver  en 
l'hôtel  de  Bethléem,  proche  Clamecy  :  cette  visite  ne  fut  pas  de  pure 
civilité ,  le  prélat  engagea  le  comte  à  lui  rendre  le  devoir  féodal.  L'acte 
porte  que  ce  devoir  auroit  dû  se  rendre  au  ohàteau  de  Varzy,  duquel 
est  mouvante  la  baronnie  de  Donzy  :  le  comte  se  reconnut  homme  et 
vassal  de  Tévéché  d'Auxerre  en  baisant.  Tévéque  à  la  bouche  (1),  et 
recevant  de  lui  injonction  de  fournir  un  dénombrement  de  sa  terre. 
  cette  courte  cérémonie,  faite  le  21  de  septembre  1450,  assistèrent 
Arnoul,  évéque  de  Bethléem  ;  Claude  de  Beauvoir ,  seigneur  de  Chas- 
tellux;  Jean  delà  Rivière,  seigneur  deChamlemi,  bailli  de  Nivernois* 
chevalier;  Pierre  des  Barres,  écuyer,  conseiller  et  chambellan  du 
comte  ;  Pierre  Garnier,  sou  secrétaire  ;  Guy  Bourgoin,  son  maître 
d'hôtel ,  et  de  la  part  deTévéque,  Biaise  Tribolé^  d'Auxerre,  licencié- 
es-lois. Jean,  comte  de  Nevers,  ayant  succédé  à  Charles ,  rendit 
aussi  foi  ei  hommage  à  notre  évêque  dans  une  conjoncture  à  peu  près 
semblable.  Allant  prendre  possession  de  ce  comté  à  lui  échu  par  la 
mort  de  son  frère,  et  passant  par  Auxerre,  le  24  mai  1464,  l'évéque 
vint  le  saluer  dans  l'hôtel  de  Jean  Gontier  où  il  étoit  logé.  Ils  s'accor- 
dèrent sur  cet  hommage,  par  des  protestations  respectives  de  ne  point 
préjudicier  aux  prétentions  de  Tun  et  de  l'autre,  à  celles  de  l'évéque 
qui  déclara  n'avoir  dû  recevoir  cet  hommage  qu'au  château  de  Yarzy, 
et  celles  du  comte  qui  ne  se  désistoit  point  du  procès  pendant  sur  les 
chàtellenies  de  Mez-le-Conite,  Monceaux,  Chftteauneuf  et  Clamecy, 
que  son  frère  avoit  soutenu  être  mouvantes  du  comté  de  Nevers  et  non 
de  Donzy.  L'assemblée  ne  fut  par  moins  nombreuse  à  cet  hommage 

(1)  L'ancienne  manière  de  baiser. 


1449  i  U73. 


64  PIERRE    DE   LONGUEIL, 

qu'elle  Favoit  été  à  l'hommage  précédent;  plusieurs  chevaliers  de  dis- 
tinction s'y  trouvèrent,  savoir  :  Filbert  de  Jaucourt,  seigneur  de 
Villarnoul  ;  Philippe  de  Savoisy,  seigneur  de  Seillenay  ;  Claude  de 
Beauvoir,  écuyer,  seigneur  de  Courson;  Jean  des  Dîmes,  écuyer, 
seigneur  de  la  Maison-Fort;  Jean  d'Armes,  docteur-è.^-lois ;  Jean 
Régnier,  Tainé,  bailli  d'Auxerre  ;  Jean  Thiard,  écuyer,  seigneur  du 
Mont-Saint-Sulpice  ;  et  Biaise  Tribolé,   licencié-ès-lois.   Pierre  de 
Longueil  pressa  souvent  Jean  de  Ghallon ,  seigneur  de  Vitteaux  et  de 
risle-soe»-Montréal ,  de  lui  rendre .  les  devoirs  féodaux  pour  la  terre 
de  Lorme,  en  Morvan.  Les  délais  qu'apporta  ce  seigneur,  obligèrent 
l'évéque,  qui  étoit  à  Yarzy  le  7  janvier  1459»  d'enjoindre  à  Etienne 
Lemuet,  seigneur  de  Corbelin ,  lieutenant  du  bailli  de  Varzy,  de  faire 
mettre  brandons  ou  autre  enseignement  sur  la  tour ,  chàtel ,  ville,  justice 
et  seigneurie  de  ce  lieu  ,  et  d'en  faire  gouverner  les  revenus  par  un 
commissaire.  L'affaire  de  celte  saisie  féodale  se  trouva  jointe  à  celle 
que  le  même  évéque  eut  contre  les  comtes  de  Nevers  pour  un  sem- 
blable sujet  ;  l'une  et  l'autre  duroient  encore  en  1471,  que  Thomas  de 
la  Lande  en  fut  désigné  le  rapporteur.  Pierre  de  Beffroymont ,  comte 
de  Charny,  sénéchal  de  Bourgogne,  tenoit  aussi  de  l'évéque  plusieurs 
terres  à  Qiâteau-Censoir  et  aux  environs,  dont  il  avoit  différé  de 
rendre  hommage.  Pierre  de  Longueil  s'étant  cru  obligé  d'en  faire  la 
saisie  avec  commissaires,  le  comte  vint  à  raison.  Il  fit  expédier,  étant 
à  Conhey  ou  Corchey,  le  16  juillet  1464,  une  procuration  h  Antoine 
de  Montaignerot ,  écuyer ,  capitaine  du  Mont-Saint-Jean,  et  à  Guillaume 
Labbe,  stm  conseiller,  pour  reprendre  des  mains  de  l'évéque  d'Auxerre 
ses  seigneuries  saisies  et  lui  en  rendre  foi  et  hommage.  Ces  terres 
étoient  Montbutois,  Pierrefille,  Arcy,  près  de  Pierrefitte  (l).  L'évéque 
voulut  bien ,   par  considération  pour  le  duc  de  Bourgogne  dont  ce 
comte  étoit  chambellan ,  se  contenter  d'un  hommage  rendu  par  procu- 
reur, protestant  que  cela  ne  pourroit  lui  porter  préjudice.  Antoine  de 
Montaignerot  s'étant  donc  mis  à  genoux  et  ayant  les  mains  jointes, 


(1)  Ajoutez  le  bois  du  même  Arcy  ou    appartenu  à  llugucs  de  Charny  etBIabUlc 
Moulin  des  Planches  au  lieu  de  Tingy,  et  les  i  son  épouse. 
Censiyes  de  VeriUy,  qui  auparavant  avoiont  i 


QUATBG-YINGT-HUITIÈME    ÉVÊQUE    d'aUXEIIRE.  ()5 

baisa  le  prélat  à  la  bouche  et  fit  le  serment  et  les  devoirs  en  tels  cas 
accoutumés  ;  ceci  se  passa  dans  la  grande  salle  de  révêclié,  le  25 
juillet  1464.  Le  comte  de  Charny  ayant  vendu,  Tannée  d*a|)rès,  une 
partie  des  terres  ci-dessus  nommées  a  Jean  de  Ferrières,  écnyer, 
seigneur  de  Ferrières,  Praëles  et  Champlenats,  l'acquéreur  se  mil  en 
disposition  de  rendre  au  seigneur  suzerain  les  mêmes  devoirs  ;  mais 
ne  pouvant  venir  en  personne,  à  cause  qu'il  étoit  occupé  aux  affaires 
du  duc  de  Bourbon,  dont  il  étoit  bailli  pour  le  Beaujolois,  il  commit 
pour  cela  Guillaume  d'Orgiëres,  Jean  de  Nusillet  et  Jean  Matliey, 
écuyers,  par  procuration  passée  à  Clamecy  le  5  octobre  1470.  Deux 
jours  après ,  le  premier  des  trois  se  rendit  à  Yarzy  oii  étoit  alors  le 
seigneur  évéque,  qui ,  après  quelques  paroles  et  remontrances  au  sujet 
du  duc  de  Bourbon,  reçut  par  grâce  cet  écuyer  chargé  de  procuration, 
pour  amour  d'icelui  Ferrières  et  de  feu  son  père.  Ce  sont  les  termes  de 
l'acte. 

Pierre  de  Longueil  connoissant  les  besoins  de  son  diocèse ,  regarda 
comme  son  premier  devoir  d'y  tenir  régulièrement  le  synode ,  afin 
d'obvier  au  mal  ;  ses  règlements  étoient  quelquefois  un  peu  outrés, 
aussi  fut-il  obligé  d'y  apporter  de  la  modération.  On  voit ,  par  un  frag- 
ment (1)  de  ceux  qu'il  rédigea  en  i45l,  Torigine  ou  au  moins  une 
suite  de  l'établissement  des  prières  que  l'on  fait  encore  après  Pâques 
dans  les  villes ,  bourgs  et  villages  du  diocèse ,  pour  la  conservation 
des  biens  de  la  terre.  Il  statua  que  tous  les  curés  feroient  des  procès^ 
sions  a  ce  sujet  deux  fois  par  semaine,  depuis  le  premier  avril  jusqu'au 
dernier  jour  de  mai ,  et  ordonna  qu'au  moins  une  personne  de  chaque 
maison  y  assistât.  Il  vouloit  que  les  curés  indiquassent,  le  dimanche, 
quels  saints  on  honoroit  dans  la  semaine,  même  ceux  qui  n'avoient 
pas  de  fête  chômée;  qu'ils  exhortassent  le  peuple  à  venir  entendre  la 
messe  ces  jours-là  avant  le  travail.  Quant  aux  fêtes  chômées  qui  étoient 
quelquefois  transférées,  il  statua  que  pour  éclaircir  les  doutes ,  un  mois 
auparavant  les  fêtes,  les  curés  vinssent  ou  envoyassent  vers  l'official  ou 
Tarchiprêtre   d'Auxerre,   qui  les  adresseroit  au  sous-^hantre  de  la 


m*» ..  ur;«. 


(1}  Je  possède  ce  fragment. 
II 


CG  PIERRE   DE    LONGUeiL, 

\u9  à  M73  cathédrale ,  pour  voir  Tordinaire  de  Téglise,  en  tirer  copie  et  avertir 
ensuite  leurs  paroissiens  des  jours  auxquels  le  travail  manuel  seroit 
défendu.  Ne  pouvant  souffrir  qu^on  ignorât  TOraison  dominicale,  le 
Symbole  et  la  Salutation  angélique,  il  ordonna  aux  curés  non-seulement 
de  prononcer  ces  trois  formules  au  prône  dans  Tordre  qu'elles  sont 
ici  nommées,  mais  encore  d'avertir  qu'il  pnniroit  ceux  et  celles  qui  ne 
les  sauroient  pas  dans  un  an  ,  et  déclara  que  pour  cela  il  vouloit  qu'ils 
lui  en  apportassent  les  noms  au  synode  suivant.  Dans  les  statuts  qu'il 
dressa  en  1456,  il  oblige  les  curés  d'avoir  un  livre  françois  intitulé  : 
Les  avertissements  de  la  religion  chrétienne  et  les  dix  préceptes  de  la  2ot\ 
afin  de  s'en  servir  dans  leurs  prônes  ;  il  réprime  l'abus  des  absolu- 
tions frauduleuses.  Non  content  de  la  menace  d'excommunication  »  il 
impose  une  amende  pécuniaire  appliquable  à  son  aumônerie  contre  les 
fidèles  adonnés  aux  jeux  de  hasard,  contre  ceux  qui  n'assisteroient 
pas  entièrement  ^  la  messe  dans  leur  paroisse  les  dimanches  et  fêtes 
d'obligation,  et  contre  les  blasphémateurs;  il  fixa  même  l'amende 
contre  ces  derniers  h  vingt  sols  tournois.  Les  bourgeois  d'Âuxerre 
tinrent  a  ce  sujet  de  fréquentes  assemblées  (1) ,  consultèrent  à  Sens  et 
ailleurs,  députèrent  h  Ganes,  en  Auvergne,  vers  le  roi,  mais  le  prince 
ne  décida  rien.  Il  y  eut  appel  comme  d'abus ,  la  cause  fut  plaidée  à 
Yilleneuve-le-Roi,  puis  renvoyée  aux  requêtes  à  Paris ,  à  la  sollicitation 
de  l'évêque  ;  appel  ensuite  au  parlement  signifié  au  prélat  résidant 
alors  à  Yarzy.  Simon  le  Moine ,  licencié  ès-lois,  fut  député  k  Paris 
par  les  habitants,  afin  de  poursuivre  l'affaire  ;  mais  on  ignore  quelle 
en  fut  l'issue ,  et  on  n'a  pu  recouvrer  aucun  mémoire  qui  en  ins- 
truise. 

Ce  prélat,  si  ardent  pour  le  bon  ordre  de  son  diocèse,  ne  se  laissa 
taxer  d'aucune  négligence  dans  la  visite  des  bénéfices  ;  il  n'eut  point 
de  difficultés  h  essuyer  dans  les  cures,  mais  seulement  dans  les  prieurés. 
Pierre  d'Orouer,  prieur  de  Saint-Gervais-lez-Auxerre  ,  prétendit  être 
exempt  de  sa  visite,  et  par  conséquent  de  la  procuration  et  de  tout 
autre  subside  caritatif,  disant  que  ce  prieuré,  membre  de  l'abbaye  de 


(1)  Compies  de  la  Ville  de  ur>7 


QUATRE-VINGT-HUITIÈME   ÉVÊQUE    D*AUXERRE.  G7 

Moléme ,  avoit  éié  exempté  en  1157,  parFévéque  Hugaes  de  Maçon, 
de  tontes  exactions  des  évéque  ,  doyen  et  .arcliidiacre ,  comme  n'ayant 
aucune  charge  d'àmes  ;  révéqae,  au  contraire,  soutint  que  ses  prédé- 
cesseurs y  avoient  fait  visite  et  reçu  tous  les  droits  ordinaires.  Ces 
différentes  prétentions  formèrent  un'procès  qui  étoit  pendant  devant  le 
bailli  d*Âuxerre,  lorsque  les  parties  firent  un  compromis  entre  les 
mains  d'Albert  de  la  Châsse,  abbé  de  Vézelay ,  à  la  fin  de  janvier 
1455  (1).  Cet  abbé  étant  à  Âuxerre  l'été  suivant,  y  décida  en  faveur 
de  l'évéque,  déclara  qu'il  avoit  pu  visiter  une  fois  par  an  le  prieuré 
de  Saint-Gcrvais,  sans  recevoir  d'autre  droit  que  celui  de  la  procuration, 
et  que  cependant  le  prieur  pourra  être  imposé  au  subside  caritatif  de  la 
joyeuse  venue  des  ëvéques  ;  ensuite  il  condamna  h  cent  sols  le  prieur, 
pour  tout  ce  que  l'évéque  pouvoit  alors  demander,  à  quoi  il  fut 
acquiescé  de  part  et  d'autre  .le  26  juin  1454.  Jean  de  Chaluz,  prieur 
du  prieuré  d'Ândrie  dépendant  de  la  Chaise-Dieu,  osa  disputer  à  ce 
même  évéque  un  droit  bien  plus  évident  :  c'étoit  celui  par  lequel 
il  étoit  tenu,  à  l'issue  de  la  visite  que  l'évéque  faisoit  de  l'élise  pa- 
roissiale située  dans  son  prieuré,  à  lui  fournir  la  procuration,  soit  en 
argent,  soit  en  repas,  comme  jouissant  de  la  plus  grande  portion  des 
dîmes  de  la  paroisse  et  autres  droits  curiaux  ;  mais  il  fut  condamné 
aux  requêtes  du  palais  et  ensuite  au  parlement  qui  confirma  la  sen- 
tence des  requêtes,  le  8  mars  1465.  Ce  prieur  avoit  été  le  seul  à 
contester  ce  droit,  qu'une  enquête  de  1484  prouve  avoir  été  payé 
exactement  à  Pierre  de  Longueil  par  tous  les  autres  supérieurs  des 
maisons  de  l'Ordre  de  saint  Benoit ,  pour  les  cures  de  leurs  dépen- 
dances ,  et  même  à  Jean  de  Molins,  archidiacre  de  Puysaie.  Ces  deux 
procès  marquent  le  zèle  de  l'évéque  pour  les  visites  et  son  attention 
sur  les  paroisses  et  autres  églises.  Il  créa,  en  1469,  trois  procureurs 
fabriciens  pour  la  paroisse  de  Gouaix  dont  le  bien  temporel  dépé- 
rissoit*  L'année  suivante,  il  permit  à  la  paroisse  de  Saint-Eusèbe 
d'Âuxerre  t^) ,  d'imposer  une  taille  sur  tous  les  habitants,  même  ec* 
clésiastiques ,  pour  réparer  les  bâtiments  de  l'église  et   la   fournir  ' 


U19  ï  1473. 


(1)  V.  Les  Preuves,  à  l'an  U54.  !      (2}  Tab,  S.  Euseb. 


144'>  J  UTtl. 


08  PIRftRK   DE    tO?(Gl}£IL, 

d'orDemcnis ,  permissioD  qu*il  étendit  eu  même  temps  k  dix  autres 
l)aroisses.  Il  visita ,  au  commencement  de  Télé  1 466 ,  T^lise  parois- 
siale de  Saints-en-Pnysaie,  et,  en  présence  de  Jean  Robinean,  curé,  il 
y  fit  la  translation  des  reliques  innombrables  des  compagnons  de  saint 
Prix  dont  il  apporta  quelques  ossements  à  Auxerre  (1).  Dix  ans  aupa- 
ravant il  avoit  réuni  le  revenu  de  Féglise  paroissiale  de  Neuvoy  à  la 
Gibrique  de  Féglise  collégiale  de  Gien  ;  le  consentement  des  chanoines 
de  la  cathédrale  (2),  demandé  sur  cette  réunion ,  fut  accordé  le  3  no- 
vembre de  la  même  année,  avec  Fapposition  du  sceau  du  Chapitre  (5). 
La  collégiale  d'Âppoigny  se  ressentit  aussi  des  bontés  de  Tévéque  (4). 
Les  chanoines  lui  ayant  spécifié  le  nombre  d'héritages  qu^on  leur  avoit 
légués  à  charge  de  prières,  ou  qu'ils  avoienl  acquis  dans  sa  justice, 
demandèrent  des  lettres  d'amortissement  ;  il  les  accorda  gracieusement 
à  Auxerre,  le  9  juillet  1458  (5),  s'cngageant  pour  lui  et  ses  successeurs 
à  ne  l(Mir  jamais  rien  exiger  pour  ces  biens  sortis  des  familles  des 
boui^eois.  Ceux  de  Cône  étoient  en  difficulté  avec  Pierre  Vaillant ,  dit 
Guelis,  leur  chantre.  Pierre  de  Longueil  approuva  la  sentence  arbitrale 
que  Jocelin  Courtjarret  et  Biaise  Tribolé,  licencié-ès-lois  avoient 
prononcée  ;  ses  lettres  sont  datées  d'Auxerre,  le  16  mai  1454.  Son 
nom  est  conservé  d'une  manière  encore  plus  particulière  dans  les 
archives  de  Saint-Fargeau.  L'an  1466,  Antoine  de  Chabannes,  comte 
de  Dammartin ,  baron  de  Puysaie  et  seigneur  de  Saint-Fargeau,  conçut 
le  pieux  dessein  de  fonder  dans  l'église  paroissiale  de  ce  lieu  six  cha- 
noines, dont  le  premier  seroit  curé  de  la  paroisse  et  chantre  du  Cha- 
pitre, k  condition  que  la  présentation  de  ces  six  ecclésiastiques  appar- 
tiendroit  an  seigneur  et- à  ses  successeurs.  Pierre  de  Longueil  en  fit 
délivrer  la  concession  k  Auxerre,  le  15  juin,  sous  condition  que  les 
paroissiens  ne  seroient  pas  desservis  moins  exactement  dans  les  fonc- 
tions du  ministère  curial ,  et  sauf  les  droits  de  Tévéque ,  de  l'archidiacre 
et  de  Farchiprétre  ;  mais  cet  acte,  quoiqu'en  bonne  forme ,  n'eut  point 
lieu.  La  fondation  n'eut  son  entier  eflet  qu'en  1472  ;  au  lieu  du  titre 


(I)  CartuL  FF.  Prœ.  dio.  Auiist.,  fol  40. 

(3)  Reg.  Cap,  Autiss.,  5jaiii1466. 

(3)  Cette  fomalité  du  sceaa  coitU  dii 


ëcusaax  chanoiDes  de  Gicn. 

(4)  Reg  Cap.  Auiiss.,  1446. 

(5)  V.  Les  PreoTet,  à  l*aii  1458. 


QUATRE-VINGT-HUITIÈME    ÉYÊQUE    D^UXERRE.  69 

dcchanlre,  on  donna  au  premier  du  chapitre  la  qualité  de  doyen. 
Ailleurs  j'en  parlerai  plus  au  long;  il  suffit  de  dire  que  Tévcque  confirma 
le  projet  touchant  ralternative  de  la  présentation  à  la  cure  avec  Tabbé 
de  Saint-Germain  (1);  qu'il  annexa  h  ce  nouveau  chapitre  Thôpital  de 
la  ville  avec  sou  revenu  «  par  une  charte  donnée  en  son  château  de 
Varzy,  le  20  avril  1472;  et  qu'enfin ,  le  24  du  même  mois ,  étant  au 
même  lieu  ,  il  leur  donna  un  cahier  de  statuts. 

Le  Chapitre  de  la  cathédrale  avec  lequel  il  eut  de  fameuses  contes- 
tations, ne  fut  pas  exempt  de  ses  faveurs.  On  lui  représenta  en  1455, 
que  Guy  de  Mello  ayant  établi  douze  chapelains,  savoir  :  six  dans  la 
chapelle  de  Saint-Michel ,  six  dans  la  chapelle  de  Saint-Jean-le-Rond  ; 
ces  ecclésiastiques  n'avoient  presque  plus  de  revenu  depuis  les  der- 
nières guerres,  et  que  les  deux  bénéficiers  d'ancienne  fondation  dans 
chacune  de  ces  deux  chapelles  étoient  réduits  h  la  même  extrémité. 
Ainsi,  les  seize  places  ou  vicairies  destinées  k  des  prêtres  étoient  rem- 
plies par  un  petit  nombre  de  simples  tonsurés  qui  ne  pouvoient  faire 
les  poursuites  nécessaires  pour  récupérer  leurs  biens.  On  remontroit 
donc  qu'il  falloit  réunir  le  tout  h  la  mense  capitulaire,  en  chargeant  le 
Chapitre  de  faire  dire  les  messes  h  proportion  du  revenu ,  et  de  sup- 
pléer par  d'autres  sujets  à  l'assistance  que  ces  seize  chapelains 
dévoient  à  tout  l'office  canonial.  L'évéque  entra  volontiers  dans  les 
vues  de  la  compagnie,  et  fit  la  réunion  par  lettres  datées  d'Auterre,  le 
9  août  1455  (2),  se  dépouillant  du  droit  qu'il  avoit  de  pourvoir  à  ces 
seize  vicairies  ou  chapellenies,  prescrivant  un  supplément  aux  anciennes 
fondations  de  l'office  quotidien  de  saint  Michel  et  de  saint  Jean,  re- 
commandant au  Chapitre  de  faire  les  processions  ordinaires  dans  ces 
deux  chapelles,  et  d'entretenir  dans  le  bas-chœur  an  clergé  qui  les 
représentât.  La  charte  de  réunion  fut  présentée  l'année  suivante  à 
Louis  de  Melun ,  archevêque  de  Sens,  qui,  en  qualité  de  métropolitain, 
y  donna  sa  confirmation,  le  12  mai  1456.  Dès  la  troisième  année  de 
son  épiscopat,  Pierre  de  Longueil  avoit  plaidé  contre  le  nouveau  doyen 
Thomas  la  Flotte,  au  sujet  du  serment  de  fidélité;  pendant  cette  con- 


1440  ^  h 


(\)  Tab.  S.  Germant.  |      (2)  V.  Les  Preuvet,à  Tau  1455. 


Mr)^  ira 


70  PIBRRE   DK   L01<IGLE1L, 

teslaiioo,  uon-seulement  le  doyen  essuya  un  violent  orage,  mais  tout 
le  Chapitre  en  souffrit.  Le  doyen  avoit  reçu  une  défense  d'officier  aux 
fêles  annuelles  ou  solennelles ,  soit  que  Tévéque  fut  présent  ou  absent. 
Thomas  la  Flotte  s'en  plaignit  en  Chapitre  le  28  juin  (1)  ;  il  y  ajouta 
que  le  prélat  le  privoit  aussi  de  ses  distributions  de  vin  du  cellier 
épiseopal  aux  six  fêtes  annuelles.  Le  Chapitre  qui  consentit  de  le  tenir 
présent  pour  la  poursuite  de  son  procès,  s'en  ressentit  peu  après  à 
Toceasion  d*une  levée  de  décimes.  Le  duc  de  Boui^ogne  ayant  résolu 
de  faire  la  guerre  au  Turc  (2),  avoit  obtenu  permission  du  pape  d'en 
imposer  sur  le  clergé  de  son  duché.  Le  Chapitre  d'Âuxerre  avoit  payé 
en  1457,  par  les  soins  du  doyen,  trente-cinq  écus  d'or  aux  commis- 
saires» avec  la  précaution  de  retenir  un  écrit  qui  garantissoit  que  la 
même  somme  ne  seroit  point  exigée.  A  peine  les  trente-cinq  écus 
tosebés,  les  commissaires  du  l^t  d'Avignon  arrivèrent  et  deman- 
dèrent au  Chapitre,  de  la  part  du  roi,  une  certaine  somme  pour  la 
même  fin.  On  leur  fit  refus.  Ces  commissaires,  Martin  du  Brenil, 
ebanoîiie  de  Bourges,  et  en  ecclésiastique  du  Berri,  nommé  Martin  de 
Vaux,  vicaire  du  légat,  agirent  aussitôt  contre  le  Chapitre.  Nicolas 
àm  Crot  et  Guillaume  de  Cray,  chanoines,  se  prêtèrent  à  leurs  de- 
mandes et  furent  établis  subdélégués  des  commissaires.  On  vit,  le 
30  juin ,  un  interdit  jeté  sur  l'église  et  une  sentence  d*excommunica- 
ticMi  fulminée  contre  Thomas  la  Plolte,  doyen  ;  GuiUaame  Pion,  pénn 
tencier;  Simon  Béchu,  sous-chantre,  et  dix-huit  autres  chanoines. 
Lt  Chapitre  manda  les  absents  afin  de  leur  communiquer  celte  sen- 
tence en  présence  dn  conseil  ordinaire  et  de  tons  les  conseillers  du  roi. 
Après  une  mire  déOkération ,  il  fut  conclnt  h  h  pluralité  que  l'interdit 
seroit  observé,  et  Iss  lortriers  furent  chargés  de  célébrer  Tofice  cano- 
nial k  Notre-Pima  df  h  Cité>  Les  chanoines  exconminniés  firent 
serment  de  ne  demander  leur  absolution  qu'en  corps  et  tous  ensemble. 


(1)  L^kirtMeéecMflésèiéftcilikéeéet  |      (3)  rai  ▼«  la  lettra  é»  coatocaliMi  de 


Begislre»  du  Chapitre.  Je  se  la  doaae  qu'en  •  réréqae  d'Auxerre»  aox  Etats  imline^  A 
partie  daes  les  Freiif  es.  On  pourra  voir  le  Dtjoa  par  ce  duc  au  5  février  1463,  au  so{et 
surplus  transcrit  autrefois  pur  an  chanoine  '  de  cette  guerre.  Elle  est  du  31  déceadliru 


notaire  apostolique  >  dans  les  cahiers  que  je 
déposerai  à  ta  BiMîoIhéque  du  noi . 


signée  et  Moènmes. 


QUATRE- VINGT-UUITIÈMB    ÉVÊQUK    d'aUXERRE.  71 

Antoine  Thîart,  chanoine  d'Auxerrc  el  de  Chalon ,  qui  avoit  reçu  les  ^^j,  j,  ,^^3 
trente-cinq  écus  d'or  pour  la  décime  du  duc,  fut  sommé  de  les  rendre 
ou  de  garantir  de  nouveau  ;  mais,  ne  pouvant  exécuter  ses  promesses, 
il  rendit  Pargent  le  second  jour  d'août.  L'anniversaire  de  la  dédicace 
de  Téglise,  qui  tomboit  au  mois  de  juillet ,  fut  remis  \k  cause  de  l'in- 
terdit. Le  vendredi  12®  jour  d'août ,  le  Chapitre  défendit  unanimement 
h  tous  chanoines  ou  tortriers  d'aller  manger  chez  Tévéque,  excepté  les 
jours  qu'il  convient  y  aller  pour  la  conservation  des  droits  d^la  cathé- 
drale et  de  ceux  de  Notre-Dame-de-la-Cité  ;  la  défense  étoit  sous  peine 
d'être  réputé  parjure ,  et  de  perdre  les  distributions  d'un  mois,  jusqu'à 
ce  que  ces  mouvements  causés  par  la  levée  des  décimes  fussent  entière- 
ment apaisés.  On  déclara ,  outre  cela ,  que  dans  le  Chapitre  on  ne 
prépareroit  plus  de  siège  pour  l'évéqpe;  qu'on  ne  donneroit  aucunes 
distributions  à  quiconque  des  mêmes  chanoines  ou  tortriers  (  le  péni- 
tencier non  compris)  serviroient  de  ministres  lorsqu'il  officieroit;  et 
que  si  des  externes  se  présentoient  pour  cela ,  on  leur  refuseroit  les 
ornements  de  l'église.  Les  chanoines,  courroucés  contre  l'évêque, 
étoient  persuadés  qu'il  avoit  été  cause  non-seulement  de  l'interdit  et 
de  l'excommunication,  mais  aussi  du  procès  qu'on  avoit  h  Dijon.  Le 
dernier  août,  le  Chapitre  enjoignit  à  Guillaume  de  Cray,  chanoine 
grand  chambrier,  de  retirer  de  l'évêque  la  crosse  et  les  ornements 
pontificaux  qu'on  lui  avoit  prêtés,  et  de  lui  demander  ceux  qu'il  devoit 
au  Chapitre.  On  ne  trouve  point  en  quel  temps  l'interdit  de  l'église  fut 
levé  ;  il  l'étoit  au  mois  d'octobre,  puisqu'on  résolut,  le  vendredi  14  de 
ce  mois,  de  célébrer  le  dimanche  suivant  l'anniversaire  de  la  dédicace 
que  rinterdit  avoit  fait  remettre.  Cette  levée  des  censures  ecclésiasti- 
ques ne  rétablit  pas  tout  h  fait  la  paix  dans  l'église  d'Auxerre.  Le 
duc  de  Bourgogne  et  le  comte  d'Etampes  furent  obligés  de  s'en 
mêler. 

L'abbé  de  Saint-Germain  étoit  aussi  en  difficulté  avec  le  prélat  à 
l'occasion  des  mêmes  décimes  ;  tous  les  chanoines  étant  assemblés  en 
Chapitre,  le  lundi  26  novembre,  avec  M.  de  Villarnoul,  capitaine 
d'Auxerre  ;  Guillaume  de  Clugny,  archidiacre  d'Avallon  dans  l'église 
d'Autun  ;  Jean  Baudot,  bailli  de  Châtcau-Chinon ,  envoyés  du  duc  de 
Bourgogne  et  du  comte  d'Ktampes  ;  Hugues  de  Thiard  ,  ahbc   de 


U19  i  14T8 


72  PIEIIRK    DE    LONGUEIL  , 

Saint-Germain ,  y  étanl  pareillement ,  ils  convinrent  d'aller  tous  en- 
semble trouver  Févéque.  L'arcliidiacre  d^Autun,  portant  la  parole  au 
prélat,  lui  dit  en  abrégé  que  le  sujet  de  la  querelle  consistoit ,  d'un 
cdté ,  en  ce  que  l'ahbé  et  le  Chapitre  souliaitoient  récupérer  ce 
qu'ils  a  voient  dépensé  pour  le  procès  actuellement  pendant  à  Dijon, 
devant  les  conseillers  du  duc,  au  sujet  des  décimes;  et  de  Tautre,  en 
ce  que  Tévéque  souhaitoit  qu'on  répar&t  les  injures  qu'on  lui  avoit 
faites  et  les  mauvais  traitements  dont  on  avait  usé  envers  lui,  mais  qu'il 
falloit  tout  mettre  d'accord  en  n'exigeant  rien  de  part  ni  d'autre,  ni 
restitution  d'argent,  ni  satisfaction.  Ce  parti  étant  accepté,  l'évéque 
fit  apporter  du  vin,  on  but  mutuellement  à  la  santé  les  uns  des  autres 
en  signe  de  paix  et  de  concorde.  Les  trois  envoyés  du  duc  dirent 
ensuite  aux  chanoines  que  le  prélat  leur  avoit  promis  qu'il  feroit  beau- 
coup de  bien  h  l'église  d'Auxerre,  qu'il  confirmeroit  et  même  augmeo- 
teroit  l'étendue  de  leur  juridiction  avant  la  fête  de  la  Purification,  ce 
qu'on  crut  lui  avoir  été  insinué  par  l'abbé  de  Saint-Germain. 

Au  reste,  ceci  n'eut  rien  de  commun  avec  l'ancienne  difficulté  du 
doyen,  touchant  le  serment  de  fidélité  ;  ce  doyen  ne  voulant  point  le 
prêter,  restoil  interdit  pour  l'office  des  grandes  fêtes.  Le  Chapitre  con- 
sentit, le  14  décembre  suivant,  qu'il  obtint,  au  nom  de  la  compagnie^ 
un  arrêt  de  défense  en  vertu  duquel  il  pût  officier  ces  jours-là.  Le 
prélat  qui,  dès  letc  1458,  avoit  déclaré  n'avoir  plus  aucuns  procès 
avec  son  Chapitre ,  et  que  tout  étoit  d'accord ,  voulut  se  mettre  en 
règle  par  écrit.  Il  choisit  le  temps  de  l'absence  du  doyen  au  commen- 
cement de  novembre,  et  vint  dans  le  Chapitre  demander  qu'on  mo- 
dérât pendant  sa  vie  la  redevance  annuelle  de  cent-quatorze  livres  dont 
Tévêque  éloit  tenu  envers  l'église.  Il  exposa  les  diminutions  de  ses 
revenus  causées  par  les  guerres,  et  promit  qu'en  reconnaissance  il 
n'exigeroit  aucun  droit  de  procuration  pour  la  visite  des  cures  possé- 
dées par  les  chanoines.  On  lui  accorda  qu'il  ne  seroit  plus  tenu  qu'an 
paiement  de  95  liv.   Le  traité  fait  sur  cet  article,  par  devant  Biaise 
Moirotte ,  clerc  tabellion  juré  en  la  prévôté  d'Auxerre ,  parle  de  deux 
<lifficultés  réglées  en  même  temps  :  l'une  consisioit  en  ce  que  Guillaume 
Chevalier,  chanoine,  ayant  été  arrêté  pour  délit  commis  sur  la  justice 
du  monastère  de  Saint -Germain  et  mis  dans  les  prisons  de  l'abbaye  , 


QUATRE-VINGT-HUITIÈME    ÉVÊQUE    D*AUXEIiRE.  75 

Févèque  Favoît  revendiqué  comme  son  domestique  et,  femilier,  pendant  ^^^  ^  14^3 
que  le  Chapitre,  de  son  côté,  prétendoit  qu'il  fût  rendu  a  ses  officiers. 
On  convint  de  part  et  d'autre  que  tes  réquisitoires  seroient  censés  nuls 
et  non  avenus  :  Tautre  difficulté  regardoit  la  succession  de  Pierre 
Oribon,  curé  de  Lindry,  mort  nouvellement  sans  héritiers.  L'évéque 
soutenoit  qu'en  ce  cas  il  devoit  succéder  à  tous  les  curés  de  son  dio- 
cèse ;  le  Chapitre  soutint  que  cette  aubaine  étant  dans  sa  justice,  devoit 
lui  apppartenir.  Le  prélat  en  fit  cession,  et  par  ce  moyen  les  derniers 
obstacles  à  la  pais  furent  levés  le  8  novembre  1458;  la  succession  du 
curé  fut  vendue,  par  le  Chapitre,  la  somme  de  20  liv.  (1).  La  même 
année,  Thomas  la  Flotte,  doyen,  qui  ayoit  tant  différé,  consentit  k 
prêter  le  serment  de  fidélité,  par  une  sentence  d'acquiescement  qui  fut 
confirmée  par  arrêt  du  parlement. 

Quatre  ans  étoient  h  peine  écoulés  que  Pierre  de  Longueil  s'éleva  de 
nouveau  contre  la  juridiction  du  Chapitre.  Gui  le  Cuiotier,  chanoine, 
propriétaire  d'une  maison  claustrale,  y  avoit  fait  arrêter  prisonnier  an 
mois  de  novembre  1462^  Albert  Dauvron,  prêtre,  notaire  de  la  cour 
spirituelle  de  Tévêché  ,  qui  y  recevoit  le  testament  d'un  clerc  marié 
logé  dans  ta  même  maison.  Cet  emprisonnement  porta  le  prélat  à  atta- 
quer la  juridiction  quant  au  fond  ;  mais  le  Chapitre  fit  valoir  les  exem- 
ples assez  récents  de  Texercice  de  cette  juridiction,  aussi  bien  que  les 
sentences  obtenues  du  temps  de  Michel  de  Creney  et  Philippe  des 
Ëssarts  ;  il  prouva  si  clairement  que  les  notaires  de  la  cour  épiscopale 
ne  pouvoient  instrumenter  dans  les  maisons  canoniales,  pour  quelque 
cause  que  ce  fut,  que  la  récréance  lui  fut  adjugée  aux  requêtes  du 
Palais,  le  2  juillet  1465;  cela  dégoûta  Tévêque  de  rien  entreprendre 
davantage  sur  cette  matière.  Il  avoit  apparemment  senti  le  foible  de  la 
cause,  puisqu'un  an  auparavant  il  avoit  envoyé  au  Chapitre  (2)  maître 
Guillaume  de  Verdun,  son  secrétaire,  pour  déclarer  aux  chanoines 
qu'afin  d'éviter  les  frais  de  la  procédure,  ils  eussent  h  jeter  les  yeux 
sur  un  accord  qu'il  disoit  passé  depuis  environ  soixante  ans,  entre 
l'évéque  et  leurs  prédécesseurs,  par  lequel  ceux-ci  étoient  convenus 
ne  pouvoir  adresser    leurs   lettres   citatoires  et  rogatoires  h  aucun 

(I)  Utq.  Cap.  1i  f€br.  1458.  *      (i;  Hcg,  Cap. ,ô(t Juin  1464. 


74  PIERRE   DE   LONGUEIL, 

14»  h  1A3.  ^^^^^«  P^^^  ^^^^  comparoUrc  devant  eux  ceux  du  coirps  qui  éloieot 
absents.  Depuis  peu  le  Chapitre  d'Âuxerre  avoit  envoyé  des  lettres  de 
cette  espèce  k  rofficial d'Âutun,  qui,  à  la  prière  de  la  compaguie,  les 
avoit  fait  mettre  à  exécution  contre  un  nommé  Quillaud ,  prêtre,  cha- 
noine tortrier  ,  leur  sujet  et  justiciable ,  demeurant  k  Beaune.  Lie 
prélat  fit  remarquer  qu'en  cela  le  Chapitre  avoit  été  contre  cet  accord  , 
mais  le  titre  allégué  étoit  inconnu  dans  les  archives  du  Chapitre,  et  il 
ne  put  être  produit  d'aucun  endroit. 

L'évêque  d'Âuxerre ,  bien  résolu  de  ne  plus  porter  atteinte  aux  droits 
da  Chapitre,  se  souvint  des  biens  qu'il  avoit  promis  de  faire.  11  com- 
mença ,  60 1466  ,  par  un  don  considérable  de  reliques  qu'il  avoit  appor- 
tées de  Saints-en-Puisaye.  C'étoit  plusieurs  ossements  des  compagnons 
de  saint  Prix  qu'il  fit  présenter  en  Chapitre,  le  5  juin,  par  Jean 
HaoToisin  (1).  On  les  reçut  avec  respect  et  on  les  enferma  dans  le 
trésor.  Le  G  mai  1469,  il  vint  lui-même  en  Chapitre,  où  ,  après  avoir 
■ttrqué  le  désir  qu'il  avoit  de  faire  du  bien  k  l'église  d'Auxerre  son 
épouse»  et  déclaré  que  ses  facultés  étoient  inférieures  à  sa  bonne 
volonté,  il  présenta  un  grand  reliquaire  d'argent  consistant  en  une 
inu^é  de  saint  Pierre  qui  soutenoit  une  petite  boite  enrichie  d'or  et 
de  perles  précieuses  dans  laquelle  étoit  renfermé ,  à  ce  qu'il  disoit,  un 
morceau  d'os  du  bras  du  prince  des  apôtres.  On  croit  que  cette  relique 
loi  venoit  de  Richard  Olivier  de  Longueil,  cardinal d'Âuge,  son  parent; 
il  fit  ensuite  ressouvenir  les  chanoines  qu'il  avoit  souvent  cbangé  de 
dessein  sur  le  lien  de  sa  sépulture  ;  mais  que  le  tombeau  que  Ferrie 
Cassinel  s'étoit  fait  ériger  étant  vide,  parce  qu'il  étoit  mort  archevêque 
de  Reims,  il  prioit  qu'on  lui  accordât  cette  place  après  sa  mort.  On  en 
opina  lorsqu'il  fut  retiré,  et  on  lui  accorda  sa  demande  ;  ce  qui  lui  fut 
notifié  par  Guillaume  de  Longueil,  grand  archidiacre,  et  Jean-le-Roux, 
chanoine,  qui  en  même  temps  le  remercièrent  des  présents  qu'il  venoit 
de  (aire.  Il  revint  encore  au  Chapitre,  le  22  décembre,  présenter  une 
ehapelle  d'ornements  blancs  de  grand  prix  ;  elle  consistoit  en  quatre 
chapes,  la  chasuble,  dalmatique  et  tunique,  et  parements  d'autel.  Il  y  avoit 


I)  Rcg.  Captl.,14Gt>. 


QUATRE-VINGT-HUITIÈME    ÉVÊQUE   d'aUXERRB.  75 

oalre  cela  les  parements  d'étoffe  on  plagules  pour  trois  aubes  ^  suivant  ^^  ^  1473. 
Tancien  usage,  et  une  autre  pièce  d'étoffe  pour  parer  la  chaire  épiscopale. 
A  cette  occasion,  il  exhorta  les  chanoines  k  s'entre-pardonner,  pour 
pouvoir  honorer  dignement  le  mystère  de  la  naissance  de  Jésus-Christ 
dont  on  alloit  célébrer  la  mémoire  :  ce  n'étoit  pas  sans  raison  quMl  parla 
de  paix  et  de  concorde.  Il  étoit  arrivé ,  durant  l'été  précédent,  le  plus 
grand  scandale  qu'on  eût  peut-être  vu  depuis  plusieurs  siècles.  Le  soir 
du  jour  de  saint  Pierre,  29  juin,  un  sémiprébendé  ou  chanoine  tortrier 
appelé  Jean  Chambéry,  se  battit  avec  son  frère  Laurent,  aussi  tortrier, 
commensal  du  grand  archidiacre  ;  Jean  avoit  pour  adjoints  et  prolec- 
teurs le  doyen  de  la  cathédrale ,  Thomas  la  Plolte,  avec  un  de  ses 
domestiques,  et  Pierre  Tenon,  chanoine.  Selon  les  informations, 
Laurent  Chambéry  avoit  passé  par  l'église,  sur  les  six  heures  du  soir, 
armé  d'un  bracmar,  espèce  d'ancienne  épée ,  dont  il  avoit  tâché  de 
frapper  son  frère  Jean  ;  sur  cela ,  les  trois  ci-dessus  nommés  voulu- 
rent le  désarmer  et  le  conduire  dans  les  prisons  du  Chapitre ,  mais 
en  se  défendant ,  il  avoit  blessé  Pierre  Tenon  au  genou ,  et 
cependant  lui-même  avoit  été  renversé  par  terre  d'un  coup  que  lui 
porta  ce  chanoine,  et  avoit  reçu  k  la  main  une  blessure  plus  considé- 
rable ;  on  ajoutoit  qu'h  la  vérité  le  doyen  n'avoit  donné  aucuns  coups, 
mais  que  tout  ce  qu'on  avoit  fait  contre  Laurent  Chambéry  avoit  été 
par  son  ordre.  Ce  scandale  ne  put  être  caché  ;  l'évêque  fit  d'abord 
informer  par  son  oificial,  et  ayant  pris  l'avis  des  avocats  de  la  ville ,  il 

résolut  de  réconcilier  l'église.  Il  vint  en  personne  dans  le  Chapitre ,  le 
5  juillet,  déclarer  son  dessein  à  la  compagnie,  en  l'exhortant  de  faire 
justice  et  offrant  de  lui  communiquer  les  charges  et  informations.  Le 
prélat  étant  retiré ,  on  nomma  Jean-le-Roux ,  promoteur  ;  Philippe 
Cotet,  sous-chantre;  et  Etienne  Naudet,  chanoine,  pour  vérifier  celte 
information,  ou  la  recommencer  de  nouveau  s'il  étoit  besoin.  Jean 
Chambéry  fut  cité  pour  comparoitre  en  Chapitre  le  21  du  mois  ;  mais 
il  y  fit  défaut ,  étant  en  chemin  pour  Rome,  où  il  alloit  demander  l'ab- 
solution. Le  21 ,  on  tint  un  Chapitre  extraordinaire  où  le  doyen  ne  se 
trouva  pas  ,  et  sur  le  rapport  du  promoteur  ,  Téglise  fut  déclarée  vérila- 
blement  pollue  par  effusion  de  sang  ;  on  conclut  qu'elle  étoit  dans  le 
cas  d'être  réconciliée,  et  que  l'office  ne  s'y  feroit  plus  jusqu'à  ce  qu'elle 


1449  k  1473 


76  PIERRE    DE    LONGUI^IL  , 

Teût  été  ;  cela  fui  publié  au  chœur  après  compiles,  et,  dès  le  lende- 
main ,  Pierre  de  Longueil  fit  ta  cérémonie.  Le  mercredi  26,  Laurent 
Chambéry  reçut  Tabsolution  en  Chapitre  et  paya  Tamende,  assurant 
toujours  qu'il  n'avoit  blessé  personne  jusqu'à  effusion  de  sang.  On 
conclut  que  si  le  doyen  venoit  au  Chapitre,  le  président  lui  diroit  que 
la  compagnie  ne  pouvoit  plus  le  fréquenter,  parce  qu'il  avoit  encouru 
Texcommunication  majeure  ;  que  s'il  le  nioit ,  le  promoteur  requerre- 
roit  qu'il  subit  l'interrogatoire  en  plein  Chapitre  avec  son  domestique. 
Thomas  la  Flotte  ne  se  présenta  point,  mais  il  envoya  Jean  Pichard, 
curé  de  Seignelay,  son  commensal  et  agent ,  chargé  d'un  billet  par 
lequel  il  avouoit  le  fait,  afin  d'en  obtenir  l'absolution.  La  déclaration 
lue,  on  conclut  de  l'insérer  dans  l'acte  d'absolution  qu'on  lui  donna. 
Jean  Chambéry,  retourné  de  Rome,  présenta  au  Chapitre ,  le  9  oc- 
tobre ,  des  lettres  d'absolution  de  la  part  du  grand-pénitencier  du  pape. 
Interrogé  par  le  grand*archidiacre,  il  expliqua  les  circonstances  du 
délit ,  et  chargea  surtout  le  doyen  ;  on  lui  promit  que  si  ces  lettres 
d'absolution  étoient  trouvées  bonnes ,  on  le  rétabliroit  dans  ses  distri- 
butions ,  du  jour  qu'il  les  avoit  présentées  ;  mais  comme  on  souhai- 
toit  connoitre  de  plus  en  plus  la  vérité,  il  fut  cité  de  nouveau.  Au  lieu 
de  répondre,  il  présenta  par  écrit  l'histoire  du  fait  et  un  aveu  de  sa 
faute ,  signé  de  sa  main ,  demandant  qu'on  lui  Ot  grâce  en  vue  des 
peines  et  des  dépenses  de  son  voyage  de  Rome.  Le  Chapitre  se  con- 
tenta de  le  condamner  k  vingt  livres  d'amende  pour  être  employées 
en  pieux  usages,  et  en  vingt  livres  de  cire  envers  la  fabrique  :  Chambéry 
s'y  soumit;  il  ne  restoit  plus  que  le  doyen  à  mettre  entièrement  en 
règle.  Etant  venu  en  Chapitre  le  lendemain  que  l'évéque  avoit  fait 
l'exhortation  sur  le  pardon  des  injures,  il  y  demanda  humblement  qu'on 
fit  cesser  les  poursuites  du  promoteur ,  il  rapporta  le  fait  de  la  batterie 
tel  qu'il  étoit,  et  représenta  les  blessures  comme  légères  ;  sur  quoi, 
après  qu'il  eut  réitéré  les  offres  de  satisfaire  a  la  partie  lésée,  il  reçut 
l'absolution  ;  le  grand  archidiacre ,  Guillaume  de  Longueil ,  prononça 
la  formule.  Dans  cette  affaire,  la  juridiction  du  Chapitre  fut  pleine- 
ment reconnue  par  l'évéque  qui,  néanmoins,  ne  sympathisa  pas  beau- 
coup davantage  avec  le  doyen.  Le  |>ré!at  revint ,  le  27  juin  1470,  en 
Chapitre  où  ce  doyen  prcsidoit;  et  là,  en  présence  de  la  compagnie 


QUATRE-VINGT-HUITIÈME    ÉVÊQUE   D  AUXERRE.  77 

qu'il  regardoit  comme  juge  de  ce  premier  dignitaire,  ainsi  que  s'en  uioàUTa. 
expriment  les  registres ,  il  requit  de  lui  une  satisfaction  publique;  te 
doyen  répondit  à  ces  plaintes  par  des  récriminations ,  et  ne  parut  point 
effrayé.  Pierre  de  Longueil,  qui  sentoit  approcher  sa  fin  et  qui  souhai- 
toit  faire  prier  Dieu  pour  lui  après  sa  mort,  donna  le  même  jour  aux 
chanoines  un  revenu  pour  cet.effet.  Comme  il  avoit  acquis,  étant  doyen, 
en  4448,  plusieurs  héritages  situés  li  Crevan,  Charentenay,  Val-de- 
Marcy  et  autres  lieux  du  voisinage  d'Âuxerre  (1),  de  Jean  Périer,  cha- 
noine régulier  de  Saint- Victor  de  Paris  et  abbé  de  Clairefontaine ,  au 
diocèse  de  Chartres ,  il  en  avoit  dès  lors  destiné  une  partie  pour  son 
anniversaire  (2);  ce  jour  même  il  y  a  ajouta  plusieurs  biens  qu'il  avoit 
achetés  à  Âccolay. 

On  a  déjà  vu  plus  haut  que  certains  statuts  du  synode  qu'il  tint  en 
1456  furent  attaqués  par  la  communauté  des  habitants  d'Âuxerre. 
Mais ,  dès  lors ,  entre  lui  et  les  mêmes  habitants  subsistoit  un  procès  où 
les  droits  du  doyen  étoient  mêlés  ;  cela  contribuoii  à  fomenter  la 
mésintelligence  qui  dura  presque  toujours  entre  Tévêque  et  le  doyen. 
Je  ne  répéterai  point  ici  les  efforts  des  bourgeois ,  pour  soutenir  qu'ils 
pouvoient  décliner  la  juridiction  de  Tévêque ,  et  demander  leur  renvoi 
en  la  cour  du  doyen  et  qu'ils  étoient  en  possession.  Je  dirai  seule- 
ment que  Pierre  de  Longueil  ayant  excommunié  deux  bourgeois  et 
refusant  de  les  absoudre,  son  temporel  fut  saisi  par  le  prévôt  de  Sens, 
en  1459,  en  vertu  d'un  ordre  du  roi  (5).  Leduc  de  Bourgogne  avoit 
commis  le  seigneur  de  Villarnoul  et  Guillaume  de  Clugny,  archidiacre 
d'Âvallon,  pour  calmer  ce  différend  et  prévenir  les  suites  ;  ils  ne  purent 
réussir,  et  l'affaire,  poussée  en  parlement,  Tévêque  y  gagna  sa  cause  ; 
les  habitants  furent  condamnés  aux  dépens  (4) ,  quoique  dans  ce  procès 
ils  eussent  suivi  précisément  l'avis  de  célèbres  jurisconsultes  de  Paris, 
savoir  :  Jean  Simon ,  avocat  du  roi ,  et  Pierre  de  Toucy ,  substitut  du 
procureur  du  roi.  L'évêque  fut  remboursé  des  dépens  en  1462;  mais 
la  même  année,  les  gouverneurs  de  l'hôtel-de-ville  obtinrent  un  arrêt  de 


(1)  Viole. 

(2)  Reg,  Cap.,  ^ijuinUlO, 

(5;  Comptes  de  la  Villc^  1455  jusqu'en 


1462. 

(4)  Quiltanee  de  levéque  du  â1  février 
140â 


78  PIERRE   DE   LONGUBIL  , 

1410  h  1473.  '^  cour  des  aides  contre  lui  et  contre  ses  fermiers  »  touchant  quelques 
droits  que  le  roi  avoit  accordés  aux  habitants  d'Âuxerre  sur  le  sel  et 
autres  choses  (4). 

Le  différend  de  Pierre  de  Longueil  avec  les  Dominicains  fit  encore 
plus  d'éclat  ;   les  inquisiteurs  tirés  de  cet  Ordre  entreprirent  de  faire 
le  procès  à  un  prédicateur  approuvé  par  Févéque  et  l'accusoient  d'hé- 
résie. C'éloit  Louis   Quarrier,   de  l'Ordre  des  JErmites  de  Saint- 
Augustin  ,  qui  prêcha  dans  la  catliédrale  le  mercredi  d'après  P&ques 
4463,  au  retour  d'une  procession  générale.  Dans  la  chaleur  du  dis* 
cours ,  il  lui  échappa  quelques  propositions  qui  ne  plurent  pas  aux 
Jacobins  ;  ceux-ci  le  reprirent  publiquement  en  présence  du  Chapitre 
et  d'un  nombreux  auditoire,  ce  qui  causa  un  grand  scandale  et  déplut 
fort  aux  chanoines.  Le  prélat,  jusqu'alors  ami  des  Frères-Prêcheurs, 
usa  contre  eux  de  son  autorité  ;  il  leur  avoit  permis  de  publier  l'asso- 
ciation accordée  par  leur  général  k  la  confrérie  des  Trépassés.  En 
14S4,  onze  prêtres  de  la  maison  d'Âuxerre  avoient  été  approuvés  ;  on 
gagnoit  quarante  jours  d'indulgences  en  assistant  h  leurs  sermons; 
Févéque  révoqua  ces  grâces.  Quinze  jours  après  il  défendit  en  plein 
synode  à  tous  ses  curés  d'admettre  dans  leur  église  aucun  jacobin 
pour  la  prédication  ou  la  confession ,  et  de  leur  permettre  aucunes 
quêtes  jusqu'à  ce  qu'ils  lui  eussent  fait  réparation  ;  la  défense  étoit 
sous  peine  d'excommunication  et  de  dix  livres  d'amende.  Il  fil  encore 
publier  aux  prônes  des  messes  paroissiales,  que  ceux  et  celles  qui 
étoient  de  la  confrérie  des  Trépassés  établie  chez  eux ,  eussent  k  n*y 
rien  donner,  et  s'en  retirassent  sous  peine  d'être  excommuniés.  Frère 
Laurent  de  Bonny,  vicaire  de  l'inquisiteur  au  diocèse  d'Âuxerre, 
qui  avoit  fait  citer  pardevant  lui  l'ermite  de  Saint-Augustin,  vint 
trouver  ensuite  l'évéque  accompagné  d'un  autre  jacobin.  Le  prélat, 
connoissant  que  ce  compagnon  étoit  Jacques  Proteau ,  qui  avoit  fait  la 
citation,  le  fit  enfermer  dans  ses  prisons,  et  appela  au  parlement  de 
tout  ce  que  le  vicaire  pourroit  décréter  contre  l'augustin.  Jacques 
Chevecin,  prieur  du  couvent  d'Auxerre  ,  venu  quelque  temps  après 
pour  adoucir  l'esprit  de  l'évéque,  subit  le  même  sort  :  les  religieux 


(1)  Viole. 


QUATRE-VINGT-HUITIÈME   ÉVÊQUE   D*AUXERRE.  79 

curent  beau  redemander  leur  prieur,  Tévéque  ne  voulut  point  le  1419 ^ 
rendre.  Mais  informé  que  Pierre  de  Longueil  n'avoit  point  relevé  son 
appel,  ils  représentèrent  h  la  cour  que  leur  communauté  périssoit 
n'ayant  plus  de  supérieur  pour  la  conduire,  ni  d'aumônes  pour  vivre. 
La  cour,  touchée  de  leur  situation,  ordonna  au  bailli  d'Âuxerre  de  faire 
sortir  le  prieur  des  prisons  de  l'officialité,  s*il  étoit  en  voie  d'élargis- 
sement, sinon  qu'il  fût  conduit  à  Paris  en  celles  de  la  Conciergerie, 
avec  les  charges  et  informations ,  pour  être  ensuite  remis  k  ses  supé- 
rieurs. Quelques  jours  après ,  Laurent  Gervais ,  prieur  du  couvent  de 
Paris,  vicaire  général  de  l'inquisiteur  pour  tout  le  royaume,  prit  la  voie 
la  plus  sûre  ;  il  alla  trouver  Pierre  de  Longueil  à  Varzy,  le  25  septembre, 
et  lui  demanda  son  amitié  et  sa  protection  pour  les  religieux  du  couvent 
d*Âuxerre.  L'évéque  témoigna  qu'il  étoit  prêt  de  les  remettre  dans  l'état 
où  ils  étoient  auparavant,  pourvu  qu'ils  lui  fissent  satisfaction,  c  Les 
c  propositions  qui  leur  ont  déplu  (reprit  l'évoque)  sont  véritables  :  je 
c  suis  disposé  à  en  prendre  la  défense ,  les  soumettant  cependant  au 
«  jugement  de  TÉglise.  x>  Après  de  longues  discussions,  on  convint 
qu'un  jacobin  de  la  maison  d'Auxerre,  rétabli  dans  ses  pouvoirs,  et  prê- 
chant au  premier  jour  dans  la  cathédrale,  y  liroit  un  billet  qui  contien- 
droit  le  fait  tel  qu'il  étoit  arrivé  le  mercredi  d'après  Pâques,  ajoutant  an 
bont,  qu'ayant  su  que  le  révérend  père  en  Dieu  évêque  d'Auxerre,  ses 
vicaires  et  le  Chapitre  avoient  été  scandalisés  de  l'entreprise  des  Jaco- 
bins auteurs  du  tumulte ,  ils  déclaroient  en  être  fâchés,  et  deitiandoient 
qu'on  oubliât  le  tout  et  qu'on  leur  pardonnât  ;  et  quau  regard  despro^ 
positions  préchées  et  reprises^  le  révérend  père  en  Dieu  s^en  rapportoit  à 
la  détermination  de  notremire  sainte  Église.  Le  prélat,  pour  cette  répa- 
ration, désigna  Ambroise  Chantereau,  qui,  dès  Tan  1454,  étoit  l'ancien 
de  la  maison.  Le  prieur  de  Paris  ne  prétendit  point  pour  cela  mettre 
fin  aux  poursuites  contre  l'augustin  ;  il  pria  même  l'évéque  de  se  joindre 
à  lui  ;  mais  Pierre  de  Longueil  le  renvoya  à  ce  que  son  officiai  lui  en 
diroit.  L'évéque  ne  vouloit  point  rétablir  les  Jacobins,  k  moins  que  les 
chanoines  n'agréassent  la  manière  dont  l'acte  de  réparation  étoit  conçu. 
Le  prieur  de  Paris  vint  de  sa  part  les  trouver  en  Chapitre,  leur  en  com- 
muniqua la  teneur,  et  se  chargea  du  reste.  Cette  satisfaction  fut  faite 
avant  le  10  octobre,  puisque  ce  jour  les  vicaires  généraux  de  l'évéque 


1 

{ 


1  iid  h  1 17:^ 


80  PIERRE   DE   LONGUEIL  , 

donuèreot  aux  Jacobins  des  lettres  adressées  h  tous  les  curés,  qui  dé- 
claroient  qu'en  vertu  de  la  réconciliation,  on  devoit  les  regarder  comme 
rétablis  dans  les  mêmes  pouvoirs  qu'ils  avoient  auparavant.  Quoique 
cette  affaire  ait  été  poussée  avec  vigueur,  ainsi  qu'on  vient  de  le  voir, 
on  ne  marque  point  sur  quelles  matières  rouloient  les  propositions  qui 
choquèrent  les  Dominicains  (1).  Cependant,  comme  le  zèle  de  Pierre 
de  Longueil  approchoit  de  celui  de  Ferrie  Cassinel,  l'un  de  ses  prédé- 
cesseurs, sur  l'immaculée  conception  de  la  sainte  Vierge ,  il  pourroit  se 
faire  que  les  propositions  de  raugustin  eussent  été  relatives  ii  cette  ques- 
tion. Quelques-uns  l'ont  cru  ;  mais,  outre  qu'il  n'y  a  aucune  apparence 
que  les  Jacobins  se  fussent  élevés  publiquement  contre  des  louanges 
données  à  la  Sainte-Vierge,  quand  même  elles  auroient  été  opposées  à 
leur  sentiment,  les  mémoires  de  cette  procédure  apprennent  qu'on  avoit 
donné  par  écrit  au  prédicateur  ce  qu'il  auroit  à  dire  ;  et  les  archives  des 
Jacobins  d'Âuxerre  découvrent  qu'il  s'agissoit  du  sens  du  canon  du 
concile  de  Latran  Omnis  utriusque  sexus  ;  ce  qui  convenoit  au  temps 
auquel  le  sermon  fut  débité.  Les  Dominicains  avoient  exposé  dans  leur 
requête  h  Louis  XI ,  que  le  prédicateur  qui  causa  ces  troubles  étoit  un 
faux  augustin  qui  avoit  pris  l'habit  de  l'Ordre  dans  une  hôtellerie  de  la 
ville  de  Crevan,  et  qui  l'avoit  ensuite  quitté  au  même  lieu.  Mais  ce  fait 
incident  ne  fut  point  éclairci ,  et  la  réparation  prononcée  par  le  père 
Âmbroise  fit  oublier  tout  le  passé  (2).  L'évêqueles  reçut  si  parfaitement  à 
réconciliation,  que  peu  de  temps  après  il  leur  accorda  des  indulgences 
pour  une  nouvelle  chapelle  qu'ils  avoient  fait  construire  en  mémoire  de 
la  Passion  et  de  la  Sépulture  de  Notre-Seigneur. 

Cet  évêque  fut  bien  éloigné  de  laisser  périr  son  droit  sur  l'hôpital  de 
Clamecy,  dit  Bethléem.  La  dispute  excitée  au  treizième  siècle,  touchant 
le  diocèse  dont  devoit  être  cet  hôpital,  fut  réveillée  vers  l'an  1464  (a). 

(1)  G.  Yjole.  i      {t)  Arck,  Dom.  Auliu.  27  jun,  146*7. 

(a)  Le  débat  commença  même  dès  1442 ,  sous  Laurent  Pinoo.  L'évoque  de  Beth* 
léem,  conseiUer  et  confesseur  du  comte  de  Nevers ,  étant  soutenu  par  son  maître , 
éle?a  de  nouveUes  prétentions  contre  les  droits  de  ré?équc  d'Auxerre.  Pierre  de 
Longueil,  ne  se  sentant  pas  assez  fort  pour  résister  ouvertement  au  comte,  se  con- 
tenta de  protester  contre  lc<i  envahissements.  Il  déclare  par  ses  lettres  datées  dn 


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QUATRE-VINGT-HUITIÈME    ÉVÊQUE    d'aUXERRE.  81 

Le  cardinal  Rollin ,  évêque  d'Aulun  ,  sollicité  par  quelques  religieux  1449  ^  1473. 
demeurant  avec  un  ancien  évêque  de  Bethléem,  avait  nouvellement  con- 
féré le  titré  de  cette  Maison-Dieu  à  Antoine  Buisson,  carme,  contre  le 
droit  de  Tévêque  d'Auxerre,  Pierre  de  Longueil,  bien  instruit  de  la  dé- 
cision rendue  en  1211,  soutint  que  cet  hôpital  étoit  de  son  diocèse  et 
non  de  celui  d^Autun  ;  et  cela  étoit  si  constant ,  que  Tévêque  même  , 
actuellement  titulaire,  avoit  payé  la  taxe  ou  décime  apostolique  au  re- 
ceveur du  diocèse  d*Auxerre.  Il  y  eut  des  dispositifs  pour  une  enquête 
nouvelle  :  Jean  Chevalier  fut  choisi  de  la  part  de  Tévêque  d'Auxerre , 
Gui  de  Montagu  de  la  part  de  celui  d'Autun,  et  Fabbé  de  Vézelay  de- 
voit  être  l'arbitre  de  la  décision.  On  étoit  même  convenu  que  tant  que 
dureroit  le  compromis,  les  deux  évéques  contendants  pourroient  célé- 
brer les  Ordres  dans  la  chapelle  de  cet  hôpital.  Cette  affaire  ne  fut  point 
poussée,  le  temps  éclaircit  les  choses, et  on  découvrit  de  la  falsification, 
soit  dans  les  provisions,  soit  dans  la  prise  de  possession  du  précédent 
évêque  de  Bethléem,  à  qui  la  maîtrise  de  cet  hôpital  passoit  pour  avoir 
été  conférée  par  Tévêque  d'Autun.  Gui  de  Chacy,  religieux  et  familier 
d'Antoine  Buisson,  évêque  de  Bethléem,  passa  pour  auteur  de  la  four- 
berie. Cette  accusation,  jointe  h  d'autres  délits,  fut  cause  que  notre  évêque 
l'entreprit  et  le  cita  par  devant  lui.  N'ayant  pas  comparu.  Il  fut  déclaré 
excommunié  par  sentence  prononcée  en  l'église  paroissiale  de  Clamecy. 
II  appela  de  la  sentence  ;  sur  quoi  Tévêque  obtint  de  la  cour  des  lettres 
du  17  mai  1466,  par  lesquelles  il  étoit  défendu  de  traduire  cette  affaire 
hors  du  royaume.  Ces  lettres  furent  signifiées  à  Févêque  de  Bethléem 
etk  ce  religieux  le  28  du  même  mois.  Le  religieux  demanda  des  lettres 
apostolos  à  l'évêque  d'Auxerre  qui  les  refusa.  Etienne  Belli,  profès  du 
même  institut  (1)  que  l'évêque  de  Bethléem,  et  demeurant  avec  lui  au 


(1)  Ce  reU^ienx  étoit  vena  d*iine  maison  du  Carmel  de  Savoye  dite  Rupecula. 

27  no?embre  1453,  que  Pévéque  de  Bethléem  s'était  ingéré  depuis  quatre  ans  en  ça 
de  conférer  les  Ordres  dans  sa  chapelle  près  Clamecy ,  et  que  le  comte  de  Nevers , 
ayant  appris  qnMl  voulait  s'opposer  à  ces  entreprises ,  lui  avait  adressé  des  lettres 
pleines  de  menaces,  écrites  et  signées  de  sa  propre  main.  (Archives  de  l'Yonne; 
Fonds  de  l'évêché  d'Auxerre).  {N.  d.  E.) 

Il  6 


S 


144f  à  1«». 


82  PIERRE    DE   L0N6UBIL  , 

fauboori;  de  Clamecy,  s'ÎDgéra  d'administrer  les  sacrements  dans  la  cha- 
pelle de  Bethléem.  Il  Alt  pareillement  cité  à  Âuxerre,  et,  faute  de  com* 
paroitre,  excommunié.  Sur  Tappel  de  la  sentence  d'excommunication, 
il  loi  fut  expédié  un  acte  qui  déclaroit  les  causes  de  refus  des  lettres 
tfosioloi;  l'acte  est  signé  par  Jean  Briant,  notaire,  trésorier  de  Cosne, 
le  18  juillet  1468.  Etienne  Belly  et  Guy  de  Chacy  obtinrent  du  cardinal 
R4^in,  éyéque  d'Âutun,  une  absolution  ad  caufelom  au  mois  de  janvier 
sairant,  et  sans  doute  disparurent.  Pierre  de  Longueil  avoit  en  vue  prin- 
cipalement d'empêcher  Tévéque  de  Bethléem  de  donner  les  Ordres  dans 
la  chapelle  de  l'hôpital  ou  dans  l'intérieur  de  son  hospice ,  si  ce  n'est 
18X  religieux  qui  demeureroient  ordinairement  avec  lui,  et  de  faire  cesser 
le  mamraîs  usage  d'annoncer  les  ordinations  générales  que  cet  évéque 
indiqiioit  par  affiches  sur  les  portes  de  son  hôpital.  Le  clergé  de  France 
y  a  eiiia  lemédié  (1). 

Les  diflerents  traits  de  Fhistoire  de  Pierre  de  Longueil  prouvent  suf- 
fismmeot  sa  fenneté  et  son  zèle  pour  la  conservation  du  bon  ordre. 
D  eai  encore  occasion  d*en  donner  des  preuves  dans  le  concile  provincial 
qM  Louis  de  Jfelnn^  archevêque  de  Sens,  assembla  en  1460,  au  corn- 
■enceiDent  de  mars,  puisqu'il  fut  principalement  convoqué  pour  adopter 
les  canons  du  concile  de  Bàle  (2).  Le  Chapitre  d'Âuxerre  pria  le  15 
fënier  Thomas  la  PloUe,  doyen,  Jacques  Hodouart,  Louis  de  Meluo  et 
Piare  des  Portes,  d'y  agir  en  son  nom.  Le  premier  fut  député  pour  y 
soutenir  les  droits  du  Chapitre  en  cas  de  litige  ;  il  représentoit  le  Cha- 
pitre d'Auxerre  d'une  manière  plus  particulière.  Les  deux  suivants, 
outre  leur  prébende  de  l'église  d'Auxerre,  en  avoient  chacun  une  dans 
celle  de  Sens  où  ils  résidoient,  et  le  dernier,  étant  secrétaire  de  l'évèqne, 
devoit  l'accompagner  naturellement  h  ce  concile.  Les  Chapitres  de  Paris, 
Chartres  et  Meaux,  choqués  de  ce  qu'on  les  avoit  appelés  h  ce  concile 
comme  par  une  espèce  de  lettre  de  jussion,  n'y  envoyèrent  personne  et 
se  plaignirent  sur  le  ton  dont  on  les  avoit  mandés.  Les  envoyés  d'Orléans, 
d'Auxerre,  Nevers  et  Troyes  appuyèrent  les  plaintes  des  absents,  et  pré- 
tendirent comparoitre ,  non  comme  cités ,  mais  invités.  L'archevèqne 
sentit  qu'il  s'étoit  trop  avancé ,  et  quelques  jours  après  l'ouverture  du 

(I)  Voy.  les  Mëm.  da  Clergé.  |     (2)  SpicU.  T,  v.,  p.  584. 


$ 


QUATRE-VINGT-HUITIÈME   ÉVÊQUB   D^UXERRE.  85 

concile,  il  déclara  que  si  la  formule  de  couYocation  étoit  un  peu  forie,  mo  ■,  147.1. 

il  ne  Tavoit  pas  employée  pour  s'acquérir  un  nouveau  droit,  et  qu'il 

avoit  seulement  pensé  à  inviter  les  Chapitres  de  cathédrales.  Thomas 

la  Flotte  se  fit  délivrer  une  copie  authentique  de  cette  déclaration,  dont 

cinq  évéques  furent  témoins,  entre  autres  celui  d'Âuxerre.  Guillaume 

Pion,  pénitencier,  mort  en  1464,  n'ayant  été  remplacé  que  plus  de  deux 

ans  après,  Pierre  des  Portes»  maître  ès-arts,  bachelier  ès-lois,  son  suc^ 

cesseur,  ne  se  pressa  pas  de  prendre  possession.  Ce  délai  obligea  Pierre 

de  Longueil  à  pourvoir  k  la  rectorerie  des  écoles  de  la  ville»  qui  vaquoit 

par  le  décès  de  Pierre  Vivien.  Il  en  fit  donc  expédier  les  provisions  à 

Renaud-le-Moine,  maître  ès-arts  et  licencié  en  décret,  le  22  juillet  I4664 

y  marquant  que  l'institution  de  cette  charge  appartient  au  pénitencier^ 

et  qu'il  n'y  pourvoit  que  par  dévolution  de  droit,  h  cause  de  la  vacance 

de  la  dignité. 

Ce  prélat  qui  avoit  pris  en  affection  le  lieu  de  Yarzy,  voulut  y  faire  sa 
résidence  la  plus  ordinaire  sur  la  fin  de  sa  vie;  peut  être  fut-ce  k  cause 
des  troubles  qui  agitoient  'je  pays  auxerrois  attaché  au  duc  de  Bour- 
gogne. On  voit,  par  différents  actes,  qu'il  y  demeura  fort  souvent  en 
1 470, 147 1  et  les  deux  années  suivantes.  J'en  ai  déjkrapporté  quelques^ 
uns,  entre  autres  la  fondation  du  Chapitre  de  Saint-Fargeau.  Étant  k 
Yarzy  en  1471,  il  pardonna  aux  habitants  du.  lieu  la  faute  qu'ils  recon-* 
nurent  avoir  faite,  en  voulant,  établir  un  capitaine  malgré  lui,  et  il  les 
chargea  de  payer  six  livres  de  cire  par  forme  d'amende  k  la  collégiale 
et  k  la  paroisse.  Son  testament  qu'il  dressa  en  latin  au  mois  d'août  1475, 
âgé  de  75  ans,  est  sans  désignation  de  lieu  (1);  mais  ce  fut  k  Yarzy  qu'il 
le  ratifia,  et  le  déposa  entre  les  mains  de  Jean  Garnier,  bachelier  en 
décret,  notaire  apostolique,  le  14  février  de  la  même  année  (2).  Aucun 
écrivain  n'indique  de  quelle  maladie  fut  atteint  ce  prélat;  on  sait  seule-» 
ment  qu'il  mourut  le  16  février  1475,  k  dix  heures  du  matin,  dans  le 
château  de  Yarzy,  alors  situé  derrière  l'église  de  Sainte-Eugénie. 

Il  y  a  différents  sentiments  sur  le  lieu  de  sa  sépulture  ;  les  uns  le 


(1)  Voyez  parmi  les  Preuves. 
(S)  En  présence  de  Louis  Baillard ,  licen- 
cié en  médecine,  de  Jean  Bolemeau  ,  (réto- 


rier  de  l'église  collégiale  de  SainUËtienne 
de  Gien ,  et  Guillaume  Reboorseau ,  prêtre 
chanoine  de  Cône. 


«I^*  h  liTS. 


84  PIERRE   DE   LONGUEIL  , 

Mipi>oscnt  enterré  dans  la  collégiale  de  Sainte-Eugénie  de  Varzy,  parce 
<|a'il  avait  marqué  qu'on  Tinhumit  dans  cette  église,  au  cas  qu'il  mourût 
dans  cette  petite  ville  ;  d'autres  prétendent  que  ce  fut  à  Auxerre.  Il  y 
a  moyen  d'accorder  ces  deux  traditions,  en  disant  qu'il  eut  d'abord  la 
sépulture  h  Yarzy,  et  que  par  la  suite  son  corps  fut  porté  à  Âuxerre.  Le 
testament  de  Pierre  de  Longueil  ouvre  cette  voie  de  conciliation  ;  il  y 
désigne  d'abord  sa  sépulture  dans  le  tombeau  de  Ferrie  Gassinel,  sup- 
posé qu'il  fut  trouvé  vide ,  sinon  proche  la  chaire  de  pierre ,  dans  le 
sanctuaire  de  la  cathédrale  ;  et  après  avoir  détaillé  ses  fondations  dans 
la  même  église,  il  ajoute  expressément  qu'il  n'entend  point  que  sa  sé- 
pulture et  ses  fondations  en  cette  église  aient  lieu,  à  moins  que  la  ville 
ne  soit  alors  réduite  sous  l'obéissance  du  roi ,  ou  de  son  consentement, 
et  non  autrement  ;  et ,  dans  le  cas  qu'il  se  fût  écoulé  un  grand  nombre 
d'années  sans  apparence  à  cette  réduction  ,  il  prioit  ses  exécuteurs  tes- 
tamentaires de  convertir  ses  fondations  en  d'autres  œuvres  de  piété. 
Gomme  Âuxerre  fut  encore  environ  trois  ans  sans  se  remettre  sous 
l'obéissance  de  Louis  XI ,  le  corps  de  cet  évéque  reçut  d'abord  la 
sépulture  à  Sainte-Eugénie  de  Yarzy.  En  effet,  on  lit  dans  les  registres 
du  Chapitre  d'Âuxerre  au  26  février,  qu'il  fut  inhumé  dans  la  collégiale 
de  cette  ville  le  17  du  même  mois,  lendemain  de  sa  mort.  Quelques 
années  après  ,  lorsque  les  chemins  furent  plus  sûrs ,  il  fut  apporté  à 
Âuxerre  et  inhumé  au  côté  droit  du  sanctuaire.  On  mettoit  là  le  drap 
mortuaire  le  jour  de  son  anniversaire  (1),  avant  que  l'on  eût  embarrassé 
cet  endroit  par  une  crédence  perpétuelle.  Si  on  ne  trouve  point  d'acte  de 
la  translation  des  ossements  de  cet  évéque,  c'est  parce  que  depuis  sa 
mort  les  registres  capitulaires  manquent  pour  le  reste  de  ce  siècle.  En 
un  mot ,  il  est  évident,  par  le  testament  de  Pierre  de  Longueil,  qu'il 
n'avoit  demandé  k  être  à  Yarzy  ou  h  Gosne  qu'en  dépôt,  jusqu'h  ce  qu'on 
|)ût  en  sûreté  le  porter  à  Âuxerre.  Parmi  les  legs  qu'il  fit ,  il  destina 
cent  sols  à  chacune  des  deux  églises  cathédrales  où  il  avoit  été  chanoine, 

savoir  :  Notre-Dame  de  Paris  et  Goutances ,  et  même  somme  k  celle  de 

•  •    • 

Saint-Benoit-le-Bien-Tourné,  paroisse  de  Paris  où  il  avoit  été  baptisé. 
Il  nous  apprend  par  le  même  testament  que  son  père ,  sa  mère  ,  ses 

(1)  Lib.  vêler.  Succetilnrum. 


QUATRE-VINGT-HUITIÈME    ÉVÉQUB    D*AU.\ERRE.  85 

frères  et  plusieurs  autres  de  sa  famille  éloient  inhumés  dans  la  chapelle  mo  -^  \4;jx 
de  Saint-Jean-rÉvangéliste  des  Cordeliers  de  la  même  ville.  On  y  re- 
connoil  que  Pierre  des  Portes,  chanoine  qui  lui  servit  longtemps  de 
secrétaire,  et  qu'il  fit  pénitencier  puis  son  exécuteur  testamentaire  avec 
Guillaume  de  Gorhie,  président  du  parlement,  étoit  son  cousin  (1). 
Parmi  les  autres  parents  ecclésiastiques,  le  plus  proche  fut  Guillaume 
de  Longueil,  son  frère,  bachelier  en  médecine  et  procureur  de  la  nation 
de  France  en  1429,  puis  docteur  en  médecine  et  doyen  de  cette  faculté 
en  1 436  (2).  Pendant  son  décanat,  le  baccalauréat  de  médecine  commença 
h  être  réputé  entre  les  grades,  comme  celui  des  autres  Facultés.  Pierre 
de  Longueil  lui  conféra,  l'année  1449  ,  qui  étoit  la  première  de  son 
épiscopat ,  une  prébende  de  son  église,  et  cinq  ans  après  le  grand  ar- 
chidiaconé.  Â  la  mort  de  son  frère  il  jouissoit  encore  de  ces  bénéfices, 
aussi  bien  que  de  l'office  de  grand-vicaire  pour  le  spirituel  et  le  tempo- 
rel (3).  Il  fut  aussi  couché  dans  le  testament  de  Tévéque  ]>our  une  portion 
sur  l'éminage  d'Auxerre  que  ce  prélat  avoit  acquise  de  Pierre  Duval, 
mari  de  sa  nièce  Guillemette  de  Longueil.  Philippe,  autre  frère  de  notre 
évêque ,  fut  prévôt  de  l'église  de  Reims ,  et  décéda  avant  lui.  Il  est 
nommé  incidemment  dans  son  testament.  Un  troisième  frère  appelé  Jean 
n'y  est  aussi  que  par  rapport  à  Marie,  son  épouse,  a  qui  il  laisse  une 
somme  à  prendre  sur  le  comte  de  Nevers  et  sur  son  châtelain  de  Donzy, 
pour  des  dépens  de  procès  auxquels  le  parlement  les  avoit  condamnés. 
Entre  plusieurs  neveux  dont  l'évéque  parle  dans  son  testament,  le  plus 
notable  est  Pierre  de  Longueil  qu'il  appelle  son  filleul.  Il  l'avoit  fait 
chanoine  d'Auxerre  le  31  mars  1463,  lorsqu'il  n'étoit  encore  que  clerc 
et  bachelier  en  décret.  En  1465,  le  24  octobre,  il  lui  conféra  l'archi- 
diaconé  de  Puisaye  vacant  par  la  résignation  d'Etienne  Gerbaud,  auquel 
temps  et  même  un  an  après  il  n'étoit  que  sous-diacre.  Les  deux  autres 
neveux  de  son  nom  mentionnés  dans  le  testament  sont  Antoine  et  Nicolas 
de  Longueil.  Guillaume  de  Gorbie,  neveu  du  côté  maternel,  est  pareil- 


(1)  Le  8ieiir  L*Hôte,  qui  a  publié  la  Cou- 
tume de  LorriSy  voulant  enrichir  de  noies 
historiques  les  marges  du  procés-yerbal,  a 
fait  de  ce  Pierre  des  Portes  un  évéque  d\\u- 
\prre,  à  cause  qu'il  avoit  trouvé  ?on  nom  au 


bas  de  l'acte  de  la  fondation  du  Chapitre  Ho 
Saint-Fergeau. 

(2)  msl.  univ.  Par.  Sœc,  xv,  p.  880. 

{Ty)  Rrg.  Cap  xv.  Mars  1 175. 


-'.i^-y^, 


\U»  i  1473. 


86  ENGUERRAND   8IGNART  , 

lemenl  nommé  daos  le  testament.  Ce  Guillaume  paroil  être  père  de 
Philippe  de  Corbie,  clerc  parisien,  pourvu  au  mois  d*août  1467  d^un 
canonicat  d'Auxerre ,  dans  les  provisions  duquel  Tévéque  Pierre  de 
LoDgueil  le  qualifie  son  petit-neveu  (1).  Martin  du  Brneil ,  clianoine  de 
Boui^es ,  nommé  ci-dessus  au  sujet  de  la  décime  de  la  part  du  légat 
d'Avignon,  étoil  aussi  neveu  du  côté  maternel.  Un  article  singulier  du 
testament  de  Pierre  de  Longueil,  c'est  la  note  qu'il  y  insère  (2),  savoir  : 
que  promu  à  Tévéché,  il  n'avoit  reçu  des  héritiers  de  son  prédécesseur 
que  six-vingts  livres  pour  les  réparations  des  bâtiments ,  quoiqu'elles 
fussent  taxées  k  quatre  mille  ;  qu'ainsi  il  avait  été  obligé  d'y  suppléer 
par  de  grosses  sommes.  Cependant,  Pierre  de  Longueil ,  pour  lever  le» 
difficultés  et  afin  que  son  successeur  tint  ses  héritiers  quittes  de  toutes 
réparations,  lai  légua  ses  mitres,  sa  crosse,  ses  deux  anneaux,  ses  deux 
pontificaux,  et  la  plupart  de  ses  habits  avec  une  bonne  partie  des  meiH 
blés  de  la  maison  épiscopale. 


CHAPITRE  IX. 


ENGUERRAND  SIGNART,  LXXXIX*  ËVÊQUE  D'AUXERRE. 

1473  ^  1477.  Quoique  le  Chapitre  d'Auxerre  n'eût  ni  intention,  ni  intérêt  de  laisser 
le  siège  épiscopal  vacant ,  il  ne  s'assembla  néanmoins  pour  le  remplir 
que  le  14  mars,  environ  un  mois  après  le  décès  de  Pierre  de  Longueil  ; 
et  le  21  du  même  mois  fut  indiqué  pour  procéder  ^  nouvelle  élection. 
Ce  jour,  qui  tomboit  un  lundi  de  la  quatrième  semaine  de  carême,  on 
chanta  une  messe  solennelle  du  Saint-Esprit,  le  doyen  y  officia.  On  slb 
ensuite  au  Chapitre  où  Gérard  Rotier,  chanoine  et  ancien  professeur  en 
théologie,  fit  un  discours  en  présence  de  tout  le  peuple  ;  après  l'hymne 


(I)  Heg.  Cap.  13.  Àug.  1467.  |  Bethkemiê. 

(i)  Tab,  Fp.  Auliss.  in  Salvat.  de  ecci  | 


QUATRE-VINGT-NEUVIÈME   ÉVÊQUfi   d'aUXERRE.  87 

Veni  Creator,  le  doyen  ayant  proposé  Enguerrand  Signart,  confesseur  1473  ^  1477. 
de  Charles-Ie- Hardi,  duc  de  Bourgogne,  déjà  évéque  m  partibus  (1), 
tous  les  chanoines,  tant  ceux  qui  étoient  présents  que  ceux  qui  étoient 
chargés  de  la  procuration  du  chantre  absent  et  d'un  autre,  le  choisirent 
unanimement  et  conclurent  à  le  demander  au  duc.  Comme  ce  prince 
jouissoit  non-seulement  du  comté  d*Auxerre,  mais  même  des  droits 
royaux  dans  toute  son  étendue,  par  accord  fait  entre  Charles  YII  et 
Philippe-Ie-Bon ,  les  chanoines  profitèrent  de  Toccasion  pour  rentrer 
dans  leur  ancienne  liberté  d'élire,  et,  afin  de  n*y  pas  être  troublés,  firent 
le  choix  dont  je  viens  de  parler.  Le  duc  accorda  la  demande,  et  leur 
écrivit  là-dessus  des  lettres  dont  le  parlement  de  Paris  prit  depuis  con- 
noissance  en  1479  (2). 

L'évêque  élu  étoit  natif  d*un  petit  lieu  appelé  Condé-sur-Noireau, 
diocèse  de  Bayeux.  Il  avoit  pris  Thabit  de  TOrdre  de  Saint-Dominique, 
dans  le  couvent  de  Caen»  et  avoit  poussé  ses  études  jusqu'à  être  docteur 
en  théologie.  Charles-le -Hardi,  duc  de  Bourgogne,  le  choisit  pour  sou 
confesseur,  et  ce  fut  apparemment  ce  prince,  encore  simplement  comte 
de  Charollois,  ou  le  duc  Philippe,  qui  lui  procurèrent  une  abbaye  dans 
les  Pays-Bas  ;  au  moins  le  nouveau  Gallia  Christiana  marque,  en  1466, 
un  Enguerrand Signart  parmi  les  abbés  d'Haumont,  diocèse  de  Cambrai. 
L'élection  faite  par  le  Chapitre  d'Auxerre  ne  fut  confirmée  à  Rome 
qu'au  bout  d'un  an,  par  la  bulle  de  Sixte  IV»  savoir,  le  15  mars  1474  (3), 
auquel  on  comptoit  en  Italie  1475.  Jusqu'à  ce  qu'elle  eût  été  reconnue, 
le  Chapitre  eut  soin  de  faire  célébrer  les  ordinations  par  quelques  évo- 
ques m  partibus,  et  de  conférer  les  bénéfices  (4).  Guillaume,  évêque 
d'Ëuron,  conféra  la  tonsure,  le  mercredi  21  février  1475,  et  reconnut 
que  c'étoit  avec  la  permission  du  Chapitre  sed^  vacante  (5).  Gomme  on 
étoit  dans  le  plus  fort  des  guerres  de  Louis  XI  contre  le  duc  de  Bour- 
gogne, et  que  dans  l'Auxerrois  les  uns  tenoient  pour  le  roi,  les  autres 
pour  le  duc,  le  nouveau  prélat  ne  se  pressa  point  de  faire  son  entrée. 


(1)  Salubriensis. 

(2)  RegUl,  Parlam. 

(3)  Voyex  les  Preuves. 

(4)En  1474,  le  17  août, le  Chapitre  admit  la 
résignation  d'an  canonicat  de  Ciamecy.  Viole. 


(5)  Cet  évéque  se  retrouva  encore  à  Àu^ 
xerre,  le  9  mars  1477,  auquel  temps  le 
Chapitre  lui  fit  les  accueils  qu'on  faisoit  or- 
dinairement aux  personnes  de  distinction. 


90  JEAN    BAILLET, 

U73 3 1477.  d'Engiierrand,lelOdejuillel,unemesseduSaint-Esprii,elaprèssamort, 
celle  de  Requiem.  Selon  sa  demande,  deux  jacobins,  prêtres  du  couvent 
d'Âuxerre,  furent  admis  à  ce  service  et  à  y  avoir  chacun  la  distribution 
manuelle  d*un  chanoine.  On  croit  qu'ayant  quitté  Tévéché  d'Auxerre, 
il  demeura  à  Paris,  où  il  avoit  traité  avec  Jean  Baillet  ;  au  moins,  il  y 
a  apparence  qu'il  y  mourut  le  22  mars  1485.  Il  fut  inhumé  au  milieu  de 
la  nef  du  grand  couvent  de  la  rue  Saint-Jacques.  Sa  tombe,  autrefois 
couverte  d'une  statue  couchée  qui  le  représentoit,  a  été  depuis  mise  à 
côté  ;  on  la  voit  contigue  au  mur  proche  la  chaire  du  prédicateur;  on  y 
lit  encore  cette  épitaphe  :  «  Hic  jacet  reverendus  in  Ghristo  pater  et 
9  Dominus»  frater  Inguerrandus  Signart  de  conventu  Cadomensi, 
»  doctor  in  theologia  et  episcopus  Âutissiodorensis,  atque  confessor 
x>  illustrissimi  principis  Caroli  Burgundiae  ducis.  Obiit  anno  Domini 
»  .1485,  die  22  mensismartii;  cujus anima  iu  pace  requiéscat.  Âmeu.  » 
Les  ornements  qu'il  avoit  donnés  subsistoient  encore  dans  le  trésor  de 
la  cathédrale,  quand  les  huguenots  surprirent  Âuxerre.  On  lit  dans 
l'inventaire  fait  un  peu  auparavant,  l'article  qui  suit  :  c  Trois  draps  de 
1  taffetas  et  un  priant  en  forme  de  jacobin  crosse,  mitre,  avec  les 
»  armes  de  feu  M.  de  Maïorque,  évêque  d'Âuxerre.   » 


CHAPITRE  X. 


JEAN  BAILLET,  LXXXX»  ÈVÊQUE  D'AUXERRE. 


1477  h  1513.  Jean  Baillet,  avec  qui  Enguerrand  avoit  traité  pour  une  pension  sur 
l'évéché  d'Auxerre,  ne  perdit  pas  un  moment  de  temps  pour  prendre 
possession;  il  l'avoit  prise  au  moins  dès  la  Saint-Jean  1478  (1).  Il 


(1)  Il  est  nommé  dans  le  registre  des  paie-  1  Sa  promesse,  pour  ce  paiement,  est  du  4  du 
menlsdu  droit  apostolique,  au  15  mai  1478.  ;  même  mois. 


QUATRE-VINGT-NEUVIÈME    ÉVÊQUE  DAUXEHRE.  89 

Étant  au  prieuré  de  Nolre-Dame-de-la-d'Hors,  le  14  du  même  mois,  1,73»,  1477 
il  accorda  quarante  jours  d'indulgences  b  ceux  qui  visiteroient  les  reliques 
de  saint  Vigile  et  feroient  quelques  aumônes  pour  le  rétablissement  de 
cette  église  qui  menaçoit  ruine.  Il  avoit  accordé ,  dès  le  24  avril ,  de 
semblables  indulgences  b  ceux  qui  fourniroient  b  l'entretien  de  la  cé- 
lèbre confrérie  des  Trépassés,  qui  éloit  encore  dans  sa  grande  vigueur 
chez  les  Jacobins  d'Auxerre.  Comme  cela  ne  suffisoit  pas,  il  approuva 
pour  la  prédication,  le  24  septembre  suivant,  seize  religieux,  prêtres  de 
la  même  maison,  et  le  prieur  Jacques  de  Brie,  b  la  tête,  accordant  qua- 
rante jours  d'indulgences  b  ceux  qui  vraiment  contrits  et  pénitents 
assisteroient  b  leurs  sermons,  outre  les  cent  jours  accordés  pour  le  même 
sujet  par  le  cardinal  Rollin,  évêque  d'Âutun  ;  il  ne  leur  épargna  pas 
plusieurs  autres  grâces  semblables  :  le  tout  daté  du  palais  épiscopal 
d'Auxerre,  selon  l'expression  introduite  du  temps  de  son  prédécesseur. 
Ce  sont  les  seuls  actes  qui  paroissent  sous  son  nom.  Avan;  la  fin  de  cette 
année,  il  avoit  résigné  son  évêché  b  Jean  Baillet,  chanoine  de  Saint- 
Merry,  b  Paris,  et  prieur  d'Andrie,  diocèse  d'Auxerre,  se  réservant 
pension.  Dans  le  temps  que  cette  abdication  se  projetoit,  Gôme  Guymier, 
célèbre  jurisconsulte,  fut  reçu  chanoine  d'Auxerre  (1). 

Enguerrand ,  quoique  dépouillé  du  titre  d'évéque  d'Auxerre,  ne  cessa 
point  d'exercer  les  fonctions  épiscopalcs,  puisqu'au  sortir  d'Auxerre  il 
fut  transféré  b  Maïorque^  au  moins  pour  le  titre.  Il  n'oublia  pas  Téglise 
d'Auxerre,  et  envoya,  au  mois  de  mai  1482,  trois  parements  de  soie 
pour  la  décoration  du  grand-autel,  avec  une  somme  pour  fonder  son 
anniversaire.  Thomas  Herri,  professeur  de  théologie  de  son  Ordre,  en  fut 
le  porteur  et  s'acquitta  de  la  commission  le  vendredi  24  de  ce  mois.  Le 
Chapitre ,  auquel  présidoit  le  chantre  pour  l'absence  du  doyen ,  reçut 
le  tout  et  promit  par  acte  (2)  de  chanter  tous  les  ans,  durant  la  vie 

(I]  Ex  Comp.  CaL  Maii  1478.  |     (2j  Voy.  les  Preuves,  à  Fan  148!2. 

«  que  les  moines  lui  ont  fait  cette  remise  à  cause  de  la  pauvreté  de  Tevcsché  arrivée 
»  au  moyen  des  guerres  qui  darrenierement  ont  eu  cours  en  ce  pays  d'Aucerrois,  et 
»  aussi  aux  grants  interestz  et  despens  que  avons  euz  et  faiz  à  la  poursuilte  de  nostre 
»  confirmacion  et  entrée  audit  evesché.  »  (Archiv.  de  TYonne.  Fonds  Saint-Marien, 
titres  de  la  rente  due  par  Tévêché.)  (iV.  d.  E.) 


93  JEAN    BAILLET, 

ur:  »  15Î3    *  cerlaÎDs  articles  qui  seront  baillez  par  ladite  cour  audit  commissaire, 
»  et  leur  déposition  ou  confession  jointe  au  procez  principal  d'entre 
»  les  parties,  pour  sur  ce  en  ordonner  ainsi  qu'il  appartiendra,  despens 
»  réservez  en  diffinitive.    >  Voilà  tout  ce  qu'on  sait  de  ce  procès  ; 
comme  les  registres  du  Chapitre  manquent  pour  ces  années-là,  sans 
qu'il  en  paroisse  aucuns  extraits  sur  cette  matière,  il  n'y  a  pas  lieu 
d'espérer  de  plus  grands  éclaircissements.  Le  procès  ayant  obligé  Jean 
Baillet  de  rester  à  Paris  durant  Tannée  i479>  il  n'est  pas  étonnant 
qu'on  le  voie  à  la  rentrée  du  Parlement  au  12  novembre  :  mais  on 
peut  être  surpris  qu'il  ait  fait  un  concordat  avec  le  Chapitre  de  la 
cathédrale  avant  le  gain  de  son  procès.  Ce  traité  est  du  5  janvier  1478, 
environ  quatre  mois  après  son  entrée  :  il  se  transporta  dans  la  salle  du 
Chapitre,  et  y  représenta  que  le  revenu  de  l'évêché  étoit  beaucoup  di- 
minué par  les  dernières  guerres  du  duc  de  Bourgogne  contre  le  roi  de 
France  ;  que  le  château  de  Régennes  avoit  été  détruit,  et  quantité  de 
maisons  de  cette  terre  réduites  en  cendres  ou  inhabitées;  qu'il  se  trou- 
voit  chargé  d'une  pension  envers  Enguerrand  Signart,son  prédécesseur; 
et  il  conclut  à  ce  qu'on  lui  accordât  diminution  sur  la  somme  de  cent 
quatorze  livres  que  l'évêché  devoit  annuellement   au  Chapitre.  Les 
chanoines,  dont  les  terres  n'avoient  pas  été  moins  maltraitées,  et  qui 
connoisfoient  qu'il  y  avoit  déjà  un  terme  de  six  mois  échu  à  la  fête  de 
Noël,  modérèrent  cette  somme  à  quatre-vingts  livres  par  chaque  année, 
pour  six  ans,  avec  la  restriction  qu'au  cas  qu'Enguerrand  Signart  vint 
à  mourir  avant  les  six  ans,  cette  grâce  n'auroit  plus  lieu.  Il  falloit  que 
la  somme  de  trente-quatre  livres  fût  encore  alors  un  objet  considé- 
rable, puisque,  pour  en  obtenir  la  remise,  le  prélat  accorda  aux  chanoi- 
nes des  faveurs  singulières  (a).    1°  Que  tous  ceux  d'entre    eux  qui 
avoient  des  cures,  ne  seroient  point  tenus  d'y  résider,   et  ne  paie- 
roient  aucun  droit  de  non  résidence ,  mais  qu'ils  pourroient  placer 
des  vicaires  pour  gouverner  ces  paroisses,  et  que  les  officiers  de  l'évê* 
que  ne  pourroient  exiger  de  ces  vicaires  que  cinq  sols  par  an  à  chaque 


(a)  Ce  ne  dut  pas  être  seulement  à  cause  de  l'importance  de  celts  somme  que 
révoque  se  montra  si  généreux ,  car  au  pouvoir  actuel  de  l'argent,  ces  34  livres  no 
vaudraient  pas  plus  de  178  francs.  (JV.  d.  E.) 


QUATRE-VhNGT-DIXIÈME    ÉVÉQUE    d'aUXËRRE.  95 

renouvellement  d'approbation  ;  2^  que  l'évéque  visitant  les  cures  dont 
les  chanoines  seroient  titulaires,  n'exigeroit  aucun  droit  de  procuration, 
et  que  le  Chapitre  ne  payeroit  aucun  droit  pour  héritages  situés  dans 
la  censive  et  justice  de  l'évéque  h  Appoigny.  Ces  clauses  paroissent 
empruntées  d'un  autre  traité  dont  j'ai  parlé  ci-dessus.  Jean  Baillet 
avoit  exercé  les  pouvoirs  spirituels  de  son  ministère  avant  la  contesta- 
tion de  Jacques  Juin.  Etant  h  Varzy  le  i9  décembre,  il  y  accorda  aux 
Dominicains  d'Auxerre  des  indulgences  semblables  h  celles  que  ses 
trois  prédécesseurs  avoient  données  pour  la  confrérie  des  Trépassés 
accréditée  par  les  guerres.  Jean  Baillet,  dans  ces  lettres,  se  qualifie  évé- 
que  d'Auxerre  Deiet  sanctœ  Sedis  apostolicœ  gratta;  c'est  le  premier  de 
nos  évéques  qui  ait  employé  ce  langage  ;  encore  ne  s'en  servit-il  que 
dans  les  actes  latins.  Le  notaire  qui  dressa  la  transaction  du  5  janvier 
suivant,  continua  toujours  dans  l'ancien  style  :  a  Révérend  Père  en 
»  Dieu,  par  la  permission  divine  évesque  d'Auxerre.  » 

Jean  Baillet  se  fit  rendre  exactement  les  hommages  dus.  Il  s'en 
trouve  deux  actes  pour  la  terre  de  Toucy.  Celui  du  15  janvier  1479 
ou  1480  fut  rendu  par  Antoine  de  Chabannes  comte  de  Dammarlin  ; 
l'autre  fut  rendu  le  13  août  1495,  par  Jean  de  Courtenay  chevalier 
seigneur  de  Bléneau,  au  nom  d'Haimar  de  Prie  comte  de  Dammarlin, 
et  d'Avoye  de  Chabanne  son  épouse.  Il  reçut  en  1482  de  Charles  de 
Lamoignon,  les  hommages  pour  le  fief  de  la  Rivière;  en  1484  celui  de 
Château-Censoir  et  les  dépendances  (1),  que  lui  rendit,  à  Varzy,  Jean 
de  Ferrières  chevalier  seigneur  de  Champlenas  et  de  Presle;  en  1490 
celui  de  la  baronnie  de  Donzy,  par  Marie  d'Albret,  veuve  de  Charles 
comte  de  Nevers,  et  celui  de  la  terre  de  Beauche,  par  Jean  duc  de 
Brabant.  Le  Chapitre  de  la  cathédrale  ,  auquel  il  avoit  accordé  les  privi 
léges  dont  je  viens  de  parler,  conclut  par  reconnoissance,  le  26  février 
1486,  de  le  traiter  sur  l'article  de  ses  redevances  comme  il  avoit  fait 
à  Pierre  deLongueil;  ce  qui  revenoit  à  la  modération  qu'on  lui  avoit 
accordée  au  commencement  de  son  épiscopat,  et  dont  il  continua  de 
jouir  comme  d'une  grâce  singulière.  Le  prélat  rendit  à  l'église  beaucoup 
au  delà  des  remises  que  le  Chapitrelui  avoit  faites  :  on  eut  de  lui  de  beaux 

(1}  Voy.  les  PrcuTes  à  Tan  1484. 


il77  à  1513. 


94  JEAN    BAILLBT, 

U77  il  1513.  ornements  et  de  magnifiques  tapisseries  (a);  il  contribua  notablement 
pour  achever  le  portail  septentrional  de  la  croisée  de  l'église,  et  pour 
avancer  la  tour  méridionaledu  grand  portail,  qtii  est  restée  imparfaite  (6) 
On  voit  ses  armoiries  en  l'un  et  l'autre  endroit.  La  communauté  des 
habitants  ne  lui  fut  pas  moins  redevable  :  il  empêcha,  par  le  crédit  de 
ses  parents,  que  la  donation  du  comté  d'Âuxerre,  faite  en  1490  par 
Charles  VIII  à  Engilbert  de  Clèves,  n'eût  lieu,  parce  qu'elle  étoit  préju- 
diciable à  leurs  privilèges.  Par  le  même  moyen  il  affermit  l'étendue  du 
ressort  de  la  juridiction  du  bailliage  d'Auxerre  que  plusieurs  seigneurs 
contestoient.  Il  se  soumit  sans  difficulté  k  la  rédaction  de  la  coutume 
d'Auxerre  en  1 507«  Crespin  Prévôt»  son  officiai,  y  comparut  au  nom  de 
Févéque.  Les  habitants  de  Yarzy  firent  des  remontrances  sur  leurs  cou- 
tomes  locales  ordonnées  par  ses  prédécesseurs  ;  Jean  Baillet  ne  s'y 
opposa  pas  (i). 

Il  fut  le  premier  qui  rendit  utile  à  l'église  d'Auxerre  la  nouvelle  in- 
vention de  l'imprimerie;  il  fit  imprimer  le  Missel  et  le  Bréviaire  à 
Tosage  do  diocèse.  L'édition  du  Missel  ne  marque  ni  l'année,  ni  le  lieu 
de  l'impression;  mais  elle  peut  avoir  précédé  l'an  1485,  parce  qu'on 
y  trouve  la  fête  de  saint  François  élevée  au  degré  des  fêtes  doubles, 
article  statué  dans  le  synode  de  cette  année,  où  se  publièrent  des  indul- 
gences accordées  par  Sixte  lY  à  ceux  qui  célèbreroient  cette  fête  sous 
ce  rit.  Pour  ce  qui  est  do  Bréviaire  d'Aoxerre,  il  s'imprima  k  Chablis 
en  1445;  la  fête  de  saint  François  n'y  est  que  par  supplément,  avec  la 
remarque  dont  je  viens  de  faire  mention.  On  prétend  que  Jean  Baillet 
établit  dans  son  diocèse  la  coutume  de  sonner  le  soir  V Angélus  k  l'heure 

(i)  Procés-Terbal. 

(a)  Ces  tapiseries  furent  vendues,  au  milieu  du  dernier  siècle,  par  le  Chapitre  k 
PHôtel-Dieu  d*Aoxerre  qui  les  possède  encore.  Ces  tissus  sont  aussi  magniflques  que 
le  dît  Tabbé  Lebeuf,  et  représentent  fort  en  détail  l'histoire  de  saint  Etienne.  Deux 
morceaux  ont  été  distraits  de  cet  ensemble  dans  un  temps  déjà  ancien,  et  après 
avoir  passé  en  plusieurs  mains  sont  maintenant  à  Paris.  (iV.  d,  E.) 

{h)  Les  travaux  de  construction  des  tours  da  grand  portail  avaient  recommencé 
en  Fan  1500.  Le  Chapitre  s'était  imposé  du  sixième  de  son  revenu  pour  faire  avancer 
rœuvre. — Voy.  Preuves,  t.  iv,  n®  418.^  On  lit  sur  la  cage  de  l'escalier  de  la  tour  du 
nord,  h  des  hauteurs  différentes,  les  dates  de  1525,  1530.  (iV.  d.  E.) 


ez 


QUATRE-VINGT-DIXIÈME  ÉVÊQUE    d'aUXERRE.  95 

(lu  Cduvre-fea,  et  même  le  matin  an  point  du  jour,  en  assignant  du  ^477  ^  ^^^^ 
revenu  pour  cela,  quoiqu'il  y  ait  apparence  que  ces  coutumes  sont  plus 
anciennes.  Du  moins,  il  étendit  cet  usage  et  le  fit  pratiquer  avec  dis- 
tinction la  veille  de  la  fête  de  rAnnonciation,  à  Pheure  \k  laquelle  on 
croit  pieusement  que  l'ange  Gabriel  vint  saluer  la  Sainte-Vierge.  Il 
donna  pour  cela,  en  i502,  à  la  cathédrale,  la  terre  de  Cbivre  proche 
Yarzy,  qui  produisoit  soixante  livres  de  rente,  ajoutant  que  ce  revenu 
seroit  aussi  appliqué  pour  son  anniversaire.  Cetle  prière  fut  nommée 
le  Missus;  c'est  le  premier  mot  du  répons  qui  la  commence;  elle  fut 
depuis  appelée  Salut^  et  peut  passer  pour  le  premier  des  Saints  fondés. 
Par  la  suite,  on  établit  d'autres  prières  sur  le  même  plan;  elles  eurent 
le  même  nom,  quoique  le  motif  qui  faisoit  agir  Jean  Baillet  n'ait  point 
lieu  dans  les  autres  fêtes.  Ainsi,  le  Missus  des  matines  du  mercredi  des 
quatre-temps  de  TAvent  n'est  pas  ce  dont  il  s'agit  dans  la  fondation 
de  Jean  Baillet.  Cette  solennité  pour  la  lecture  de  l'évangile  Missus  se 
pratiquoit  dans  la  cathédrale  d'Auxerre,  au  moins  dès  le  xiii*  siècle  (i), 
et  la  messe,  célébrée  ensuite  par  le  prêtre  qui  a  lu  cet  évangile,  n'est  que 
depuis  l'an  1619  (a).  Les  confréries  se  multipliant  avec  le  temps,  il 
s'en  établit  une  ii  Auxerre,  dans  toutes  les  paroisses,  en  l'honneur  de 
la  Trinité.  Hugues  de  Boulangiers,  abbé  de  Saint-Père,  fut  le  prin- 
cipal auteur  de  cette  nouvelle  dévotion.  Il  sollicita  les  statuts  de  la 
confrérie,  et  les  fit  rédiger  et  approuver  par  Jean  Baillet,  en  1501. 
Depuis  ce  temps  les  différentes  révolutions  avoient  réduit  cette  confrérie  k 
la  seule  église  de  Saint-Pierre-en-Château»  première  paroisse  de  la  ville; 
et  enfin,  de  nos  jours,  on  en  a  vu  la  fin,  quoiqu'elle  ne  fût  composée 
que  d'ecclésiastiques  et  surtout  de  curés  de  la  ville  et  du  voisinage. 
Jean  Baillet  contribua,  autant  que  Pierre  de  Longueil,  à  faire  revivre 


(1)  Ex  obUuar.  xiij  Sœc. 

(a)  Sous  le  gouvernement  de  Jean  Baillet,  le  Chapitre  cathédral  obtint  de- 
Louis  XI  la  confirmation  de  plusieurs  privilèges.  Ce  prince  lui  accorda  de  ne 
plaider  que  devant  les  gens  des  Requêtes  du  Palais  à  Paris ,  s'il  lui  plaisait.  11 
exempta  ce  corps  du  logement  des  gens  de  guerre  dans  les  maisons  du  clottre 
(Trésor  des  Chartes,  reg.  212,  i»  4«,  an.  1484).  (iV.  d.  E.) 


1  r:  il  1513. 


96  JEAN    BAILLET  , 

dans  le  diocèse  la  mémoire  des  martyrs  de  TAuxerrois  du  temps 
d'Aurélien.  Oo  les  connoissoil  sous  le  nom  de  saint  Prix  ,  et  ses  com- 
pagnons, sans  faire  beaucoup  de  mention  de  saint  Col,  qui  s'étoit 
détaché  de  la  troupe  et  emportant  avec  lui  la  tète  de  saint  Prix,  avoit 
été  martyrisé  sur  la  route  d'Auxerre  à  Ghalon.  Ce  saint  n^étoit  connu 
quk Saint-Bris,  lieu  de  sa  sépulture.  Depuis  la  découverte  de  son  corps 
par  saint  Didier,  évéque  d'Auxerre  au  vii«  siècle,  ses  ossements  étoient 
restés  dans  un  tombeau  de  pierre  derrière  le  grand  autel.  Ils  ne  parois- 
soient  point  assez  précieusement  renfermés  à  quelques  bourgeois  de  la 
ville  de  Saint-Bris,  témoins  de  guérisons  miraculeuses  opérées  par  sou 
intercession.  Etienne  Regnauldin,  Tun  des  notables  du  lieu,  supplia  le 
prélat  nouvellement  venu  de  les  tirer  de  ce  tombeau  et  de  les  renfermer 
dans  une  châsse  de  bois  doré.  Il  s*y  rendit,  le  19  novembre  i480,  avec 
Hugues  de  Thiard,  abbé  de  Saint-Germain,  Jean  Bourgeois,  abbé  de 
Saint-Marien,  et  Jean  de  Baugis,  abbé  de  Saint-Père.  Là ,  s^étant  fait 
lire  rinscription  ancienne  qui  étoit  sur  le  mur  voisin,  conçue  en  ces 
termes  gravés  sur  une  pierre  :  a  Hic  requiescit  sanctus  Cottus,  qui  cum 
D  capite  sancti  Prisci  martyris  suscepit  martyrium  »,  il  iSt  ouvrir  le 
tombeau,  et  ramassa  pieusement  la  tête  (1)  et  le  reste  des  ossements 
qu'il  renferma  dans  la  nouvelle  châsse,  en  présence  des  trois  abbés  ci- 
dessus  nommés,  d'Etienne  Naudet,  chanoine  de  la  cathédrale  d'Auxerre 
et  curé  du  lieu,  Jean  Odry,  son  officiai  et  d'Edme  Boileau,  «ussi  prêtres 
et  chanoines  d'Auxerre.  Cela  rendit  le  nom  de  saint  Cot  plus  célèbre 
qu'il  n'avoit  été  auparavant  (2)  et  servit  par  occasion  à  étendre  le  culte 
de  saint  Prix  et  de  ses  autres  compagnons. 

Après  la  petite  ville  de  Saint-Bris,  il  ne  s'en  trouve  point  où  la 
présence  et  le  nom  de  Jean  Baillet  ait  paru  avec  tant  d'éclat  que  dans 
celle  de  Gien.  De  nouveaux  établissements  y  donnèrent  occasion.  Anne 
de  France,  sœur  de  Charles  VIII,  dame  de  cette  ville,  y  fit  deux  fonda- 
tions considérables.  Elle  y  établit  les  Minimes,  du  vivant  même  de 


(1)  Par  la  visite  faite  de  ces  ossements  en 
1751 ,  le  2  septembre ,  lorsqu'ils  furent 
transférés  dans  une  châsse  nouvelle,  il  pa- 
rut que  M.  Baillet  s'étoit  défié  d'un  ou  deux 
ossements  qui  pourroienf  avoir  été  glissés 


dans  le  tombeau  par  quelques  fentes ,  les- 
quels, bertainement,  ne  provenoient  pas 
du  même  corps. 

{V  Bolland  ad  26  Maii. 


QUàTRB-VINGT-DIII&ME  évêque  d  auxerrb^  97 

saint  François-de*Paule ,  leur  instituteur,  et  quelques  années  après  ^^  ^  i^,, 
des  religieuses  de  Sainte-Claire,  sous  la  réforme  de  Sainte-Colette. 
L'évêque  d'Auxerre  appelé  en  1494,  fit  la  dédicace  de  Téglise  des 
Minimes,  sous  rinvocation  de  Sainte-Hélène,  le  28  octobre.  En  1497, 
il  dédia  une  chapelle  de  leur  cloître,  sons  l'invocation  de  sainte  Suzanne. 
Quant  à  rétablissement  des  Clarisses,  il  n'y  fut  point  sitôt  parlé  d'église 
ni  de  dédicace.  Mais  cet  évêque  étant  à  Cosne,  en  1500,  y  reçut  les 
bulles  d'Alexandre  YI  concernant  cette  nouvelle  maison ,  et  il  leur 
donna  toute  l'authenticité  nécessaire,  en  convoquant  ceux  qui  y  étoicnt 
intéressés.  De  la  ville  de  Gien  y  assistèrent  ceux  qui  porloient  les  pro- 
curations de  la  fondatrice  et  de  Pierre  de  Bourbon,  duc  de  Bourbonnois 
et  d'Auvergne,  son  époux,  les  députés  du  Chapitre  de  la  collégiale, 
avec  les  procureurs  de  Frère  Louis  d'Arfueille,  prieur ,  et  de  Jean 
Secretin,  bachelier  en  décrets ,  curé  de  Gien-le-Yieil ,  comme  partie» 
qui  dévoient  connoitre  de  ce  nouvel  établissement  (a).  L'église  collé- 
giale de  Saint-Etienne,  dont  je  viens  de  parler,  fut  également  l'objet 
des  attentions  du  nouvel  évêque.  Le  projet  de  l'union  de  la  cure  de 
Gien-le-Yieil  â  ce  Chapitre,  étant  resté  sans  exécution,  parce  que  l'abbé 
de  Saint-Benoit-sur-Loire  avoit  refusé  d'y  consentir,  il  y  annexa  celle 
de  Saint-Laurent  de  la  ville  même,  l'an  1485.  Le  bâtiment  de  cette 
collégiale  éloit  devenu  si  caduc ,  par  l'effet  de  son  exposition  et  par 
vétusté,  que  l'on  ne  ponvoit  plus  y  faire  l'office,  surtout  pendant  l'hiver. 
Les  chanoines  exposèrent  en  1485,  au  pape  Innocent  YIII,  le  louable 
dessein  que  le  roi  Charles  YIII  et  Anne  sa  sœur,  dame  de  leur  ville , 
avoient  de  la  rebâtir  à  neuf.  Ce  pape  accorda  une  espèce  de  jubilé  pour 
les  trois  premiers  jours  de  la  Semaine-Sainte  de  Tannée  148G  et  des 
deux  suivantes ,  afin  d'engager  les  fidèles  k  y  contribuer ,  les  aumônes 
ayant  cessé  avec  le  jubilé,  Jean  Baillet  y  suppléa  par  les  indulgences 
épiscopales,  le  6  août  i486.  Il  annonce  dans  ses  lettres,  comme  la 
bulle  du  pape  le  marquoit,  que  cette  église  étoit  dépositaire  du  corps 
de  sainte  Félicule,  vierge.  Quoique  la  vieille  église  fût  abattue  avant 


(a)  En  1727,  les  Clarisses  étaient  ao  nombre  de  40  religieuses,  dont  14  sœurs 
converses.  Elles  avaient  3,400  liv.  de  revenu  et  estimaient  ce  qui  leur  manquait  à 
VOO  liv.  —  Ârch.  de  V  Yonne,  ^  (N.  d.  E.) 

Il  7 


98  I  IBAN   BAILLR, 

UT7 1 15)3.  '^  fi°  ^"  ^î^'^  ®^  rebfttie  au  moins  en  partie  par  les  soins  de  la  princesse 
Anne,  il  ne  paroit  pas  qn*il  y  ait  eu  de  nouvelle  dédicace  ;  Tévéque  en 
auroit  pu  faire  commodément  la  cérémonie,  lorsqu^il  visita  ce  Chapitre 
en  1509  et  qu'il  y  fit  des  règlements  touchant  les  chapelains.  L'audi- 
tion des  comptes  des  marguilliers  de  Gien-le-Yieil  et  du  maître  de 
THôtel-Dieu  de  Gien,  lui  avoit  été  contestée  par  le  seigneur  de  la  ville^ 
qui  avoit  appelé  d'une  sentence  de  Tarcbidiacre  de  Puisaye.  Quoique 
ce  seigneur  fût  en  possession  d'entendre  ces  comptes  par  ses  officiers, 
le  parlement  jugea,  le  5(1  juillet  1495,  qu'ils  dévoient  être  rendus  par- 
devant  l'évêquc  ou  ses  officiers  et  commis,  en  appelant  toutefois  les 
officiers  de  la  juridiction  temporelle  du  lieu  pour  y  assister  si  bon  leur 
sembloit.  De  son  temps,  la  dispute  se  renouvela  entre  le  chantre  de 
Cosne  et  le  Chapitre  du  même  lieu  ;  mais  le  prélat  ne  semble  pas  s'y 
être  beaucoup  intéressé.  On  voit  seulement  qu'afin  de  favoriser  les 
chanoines  qui  avoient  fait  un  compromit  entre  les  mains  de  Guillaume 
Ragoneau,  archidiacre  de  Puisaye,  et  de  Jean  Odry,  officiai,  il  rendit  à 
Varzy  une  ordonnance  expresse  le  5  octobre  1490,  pour  qu'on  eût  ï 
les  aider  des  titres  et  statuts  de  leur  église  qui  restoient  cachés.  Ses 
armoiries  sont  placées  en  plusieurs  endroits  de  la  belle  chapelle  de 
Notre-Dame-de-Galle  située  au  milieu  de  la  même  ville,  savoir  au- 
dessus  du  grand  portail  et  à  plusieurs  vitrages  ;  cela  porte  k  croire  avec 
assez  de  fondement  qa'il  a  contribué  à  la  bâtir;  effectivement,  Tédifice 
est  dans  le  goût  dont  on  b&tissoit  alors.  Le  Chapitre  de  Saint-Caradeu 
de  Donzy,  a  sujet  de  se  ressouvenir  particulièrement  de  cet  évéque.  Le 
29  septembre  1496,  il  y  renouvella  les  anciens  statuts  et  en  ajouta  de 
nouveaux.  L'église  collégiale  de  Sainte-Eugénie  de  Varzy  se  trouve 
presque  dans  le  même  cas  que  la  chapelle  de  Cosne  dont  je  viens  de 
parler.  Ses  armoiries,  en  différents  endroits,  marquent  évidemment  les 
biens  et  les  augmentations  qu'il  y  fit  (a).  On  a  déjk  vu,  par  plusieurs 


(a)  Voici  encore  d'autres  actes  qui  prouvent  sa  sollicitude  pour  cet  établissement. 
En  147S,  il  unit  au  Chapitre  la  cure  de  Saint-Pierre-du-Mont  et  Marcilly.  Six  ans 
après,  il  lui  donna  le  tiers  des  revenus  de  Thôpital.  En  1487,  ce  fut  le  tour  de  la  cure 
de  Breugnon.  Le  Pape  Clément  VIII  confirma  ces  réunions  en  1593.  —  Areh,  de 

l'Yonne,   ?^  (N.  d.  E.) 

17 


QUATRE-VINGT-DIXIÈME   ÉVÊQUE    D^AUXERRE.  99 

actes,  qne  pendant  les  visites  de  son  diocèse,  il  se  retiroil  quelquefois 
dans  le  château  situé  proche  cette  église.  Le  18  juillet  1495,  il  y  con- 
firma la  fondation  qui  venoit  d'être  faite  d'un  autel  de  Saint-Edme, 
dans  Téglise  ^paroissiale  de  Saint-Pierre  de  la  même  ville,  par  Bernard 
Galloys,  nouvellement  décédé  (1).  On  présume  aussi  quMl  a  donné  à 
Téglise  de  Sainte-Eugénie  la  portion  considérable  qu'on  y  voit  du 
crâne  de  saint  Cot,  martyr.  Exact,  selon  les  devoirs,  à  visiter  les  cures 
de  la  campagne,  il  ne  négligea  point  le  droit  de  procuration  attaché  k 
cette  visite;  s'il  s'en  étoit  déporté  à  Tégard  des  paroisses  dont  les  curés 
étoient  chanoines  de  la  cathédrale,  il  n'en  fit  pas  de  même  envers  les 
cures  dépendantes  des  abbayes.  Il  l'exigea  du  prieur  de  la  Charité, 
pour  les  trois  curés  de  la  ville  de  ce  nom,  de  ceux  d'Andrie,  de  Gien- 
le-Vieil,  de  Saint-Sauveur  et  de  celui  de  Bonny,  après  une  enquête  du 
6  janvier  1484  par  laquelle  il  apparut  que  Pierre  de  Longueil  en 
avoit  ainsi  usé  (2).  En  1497,  le  19  septembre,  l'abbé  de  Saint-Laurent 
s'obligea,  tant  pour  lui  que  pour  ses  successeurs,  de  payer  ii  ce  prélat 
et  aux  futurs  évéques  d'Âuxerre,  quatre  écus  d'or,  de  trois  ans  en  trois 
ans  après  la  visite  (5)  ;  ce  qui  semble  n'être  foudé  que  sur  le  droit  de 
la  procuration  des  cures  dépendantes  de  cette  abbaye,  qui  sont  en  assez 
grand  nombre  dans  le  diocèse.  Une  espèce  de  tribut,  qui  étoit  plus 
rare,  et  qu'il  aida  à  lever,  fut  celui  que  le  concile  de  Pise,  transféré  â 
Lyon,  imposa  sur  tout  le  clergé  de  France,  pour  la  défense  des  églises 
du  royaume  et  pour  les  frais  même  du  concile.  Jean  Baillet  se  décla- 
rant commissaire  de  ce  concile,  en  cette  partie,  nomma,  par  des  lettres 
expresses  du  11  août  1512,  Robert  Pourcin,  chanoine  de  la  cathé- 
drale, et  Guillaume  Grail,  archiprêtre  de  Varzy,  pour  avertir  tous  les 
bénéficiers  de  satisfaire  à  leur  cote ,  sous  peine  de  suspense  avant  la 
huitaine  (4).  Ainsi  traitoit-on  alors  ces  sortes  d'aflaires.  Le  diocèse  n'y 
fut  compris  que  pour  deux  mille  quatre  cents  livres.  Le  pape  chargea 
Tévêque  d'une  autre  ^commission  moins  désagréable  que  la  précédente  : 
ce  fut  de  recevoir  le  serment  de  fidélité  de  Claude  de  Barsey,  abbé  de 


U77  il  1513. 


(1)  Exautogr.  apud  D.  Leclerc. 

(2)  Voy.  lesPreureg  à  Tan  1484. 


(5)  G.  Viole  in  Baillet, 
(4)  Ex  Lia,  mss. 


1 00  JEAN   BAILLET  , 

1477  \i  isid.  Saint-Seine.  Il  le  reçnt  h  Âuxerre,  le  20  février  1506^  sans  qu*on  voie 
pourquoi  le  souverain  Pontife  lui  avoit  adressé  cette  commission  qui 
paroissoit  dévolue  h  l'évéque  de  Langrcs  (1).    Laurent  le  Routier, 
nouveau  doyen  d*Âuxerre,  prêta  serment  à  Jean  Baillet,  1^1  décembre 
i510  ;    cela  étoit  du  ressort  de  Tévéque.  Ce  sont  les  deux  seuls 
serments  faits  entre  ses  mains.  L'Ordre  du  Val*des-Choux,  formé  dans 
le  diocèse  de  Langres,  s'est  peu  soustrait  de  la  juridiction  des  Ordi- 
naires. Celui  d'Âuxerre  a  trois  maisons  de  cet  institut  :  celle  de  TEpau, 
proche  Donzy,  la  plus  célèbre  des  trois,  perdit  en  i506  son  prieur 
commendataire,  Pierre  de  la  Fin ,  abbé  de  Pontigny.  Les  religieux, 
souhaitant  choisir  un  prieur  qui  fût  de  leur  maison,  en  demandèrent 
la  permission  à  notre  évéque  qui,  en  l'accordant  au  mois  de  janvier 
de  la  même  année  i506,  commit  Pierre  de  Piles,  prêtre,  pour  présider 
à  l'élection  (2).  L'évéque  diocésain  fut  ainsi  reconnu  par  ces  solitaires. 
Agnan  Cochet,  trésorier  de  Donzy,  vint  de  leur  part  lui  notifier  qu'ils 
avoient  élu  frère  Jean  Mignard  pour  leur  prieur,  et  lui  demander  la 
confirmation  de  leur  choix  ;  ce  qu'il  leur  accorda. 

Le  prélat  assista  en  i485  au  Concile  provincial  que  Tristand,  ar- 
chevêque  de  Sens,  avoit  indiqué  au  28  juin,  et  il  confirma,  avec  les 
autres  suffraganls,  celui  qui  s'étoit  tenu  vingt-cinq  ans  auparavant  sous 
Louis  de  Melun  pour  la  réception  des  canons  du  concile  général  de 
Bâle  (3).  Les  députés  du  diocèse  d'Auxerre,  pour  ce  concile  provincial  de 
1485,  furent  le  chantre  de  Nolre-Dame-de-la-Cité  et  le  trésorier  de 
Cosne.  Jean  Baillet  fut  l'un  des  six  prélats  qui  assistèrent  aux  funé- 
railles du  roi  Charles  VIII,  célébrées  à  Saint-Denis  le  premier  mai 
i  498.  Peut-être  se  donnoit-il  dès  lors  du  mouvement  au  sujet  d'un  procès 
contre  les  mariniers  d'Auxerre  ou  voituriers  par  eau  qui  refusoientcle 
payer  les  droits  dus  au  passage  du  pertuis  de  Régennes.  Jean  Régnier, 
Jbailli  d'Âuxerre,  avoit  déjà  condamné  un  de  ces  voituriers  par  sentence 
du  50  avril  4494,  au  profit  de  Pierre  de  Longueil.  Ils  crurent  qu'en 
se  joignant  tous  ensemble  au  prévôt  des  marchands  de  Paris,  ils  réus- 


(I)  Viole^ 

{%)  Ex  Proceti-  vtrb.iHianuseripo. 


(3)  Qmeil  Labb. 


QUATRE-VINGT-DIXIÈME   ÉVÉQUE   D*AUXERRE.  iOl 

siroient  à  se  libérer  de  ce  tribut;  mais  ils  succombèrent ^  et  après  une  i^..  ^  ^^^^ 
enquête  faite  par  François  Boucher ,  lieutenant-général  du  bailli  de 
Sens ,  ils  furent  condamnés  au  nombre  de  vingt-trois  particuliers  , 
par  arrêt  du  «parlement  du  21  juillet  iSOl ,  et  Tévêque  maintenu  en 
possession  de  percevoir  Tancien  droit  tant  sur  les  petits  bateaux  que 
sur  les  grands.  Cet  arrêt  est  des  plus  considérables  tilres  que  ce 
prélat  ait  obtenus  pour  assurer  les  revenus  de  l'évêché  (1).  Il  acquit, 
en  1499,  tout  ce  que  Jean  de  Chabannes,  comte  de  Dammartin,  baron 
de  Toucy,  possédoit  dans  la  seigneurie  de  la  Chapelle-de-Saint-Ândré, 
proche  Varzy;  mais  il  fit  cet  achat  comme  personne  privée,  et  ces  biens 
retournèrent  à  sa  famillle  après  sa  mort.  Il  eut  aussi  sur  les  dernières 
années  de  sa  vie,  un  arrêt  du  parlement  contre  les  bourgeois  de 
Varzy  (a)  qui  avoient  arraché  des  mains  d'un  de  ses  domestiques  les 
clefs  de  leur  ville.  Les  habitants  furent  condamnés  aux  dépens  et  a  une 
amende,  le  16  avril  1511. 

Il  mourut  à  Àuxerre,  dans  son  palais  épiscopal,  le  dixième  novembre 
1515  (6),  et  fut  inhumé  derrière  le  chœur  de  la  cathédrale,  dans  la 
chapelle  de  Saint-Àlexandre,  où  Pierre  Baillât,  écuyer,  son  parent,  étoit 
enterré.  Il  avoit  choisi  pour  exécuteurs  de  son  testament,  Thibaud 
Baillet,  son  frère,  président  au  parlement  de  Paris  et  Jean  Henne- 
quin ,  grand-archidiacre  de  son  église  (2).  Le  Chapitre  contesta  avec 
Thibaud  pour  des  réparations  auxquelles  le  défunt  évéque  s'étoil  obligé; 
mais  le  différend  fut  accommodé  peu  de  temps  après  par  Blanchet 
David,  lieutenant-général,  en  vertu  de  la  procuration  que  ce  prcsi- 


(1)  Ex  aulographo. 

(2)  Ex  Process.  verb.  Ressort.  Bailliv. 


i 


Autis 


(a)  L'évéque  J.  Baillet  était  souvent  en  discusssion  avec  les  habitants  de  Varzy, 
Un  compromis  qu'il  passa  avec  eux,  en  ltf09,  nous  apprend  qu'ils  n^avaient  pas 
moins  de  sept  procès  à  vider  ;  les  uns  pour  refus  de  lods  et  ventes,  un  autre  pour  le 
droit  de  han-vin,  d'autres  pour  le  20*  du  pain  étranger  vendu  dans  la  ville,  pour  le 
droit  de  nommer  le  capitaine  de  la  ville,  etc.  Voy.  Pr.  t.  iv,  n*"  415.     ^iV.  d.  E,) 

{b)  Voyez  des  détails  sur  la  mort  de  J.  Baillet,  dans  le  BuUeUn  de  la  Société  des 
sciences  de  PTotme,  t.  ii,  p.  458.  (iV.  d.  E.) 


lit 


irr 


iik;o  €î  lioi>fr-.  TiiiiMPas:  .  cooBeiUfr  au  piriemai:.  in:  cnTcrpêraii.  Gt 
II*:  iat  oiK  1*  P  mai  ISSI» .  qw  i^xn  ftentteqiiîi]  rewii  au  ChxpitFe 
hii>eati  Histtei  sauEcri:  \a  que*  VertqiK'  aroi:  kouf  a  Vc^riiK.  OHoiqae 
sattv4  aBmi''  ées  maiBs  d^  ira^niaiots  .  i!  esi  resti*  natik  ckpois 
1  «Stf)^  <k  TimpresMOL.  ii  cause  de  son  uotds  énorme,  ht  comoif  de 
dè^vcai^^  de  ki  «ooninDiaoïé  d«s  liabiiants  d'Anxerre  pour  ]  »  J-iST, 
4émpÊt  au  SI  arril  qvehfves  parent^  de  cet  ërâfiie.  qoi  Vtuni  tcbos 
TiMier.  rentrent  ie&  pn»enib  de  h  yUit .  entre  antres  fioliert  TiiUionst 
ti-<i«s«is  BoomK.  arocat  du  roi  eo  parlement .  maître  Jacqiiei>  Bmtel . 
ei  V^jMmiè^  de  maître  Pierre  l'Orferre.  qualifiée  «bot  de  ce  prélai.Bans 
i«s  comptes  du  Cùapître  ou  l^  récepiioss  des  chanoines^  sont  marquées. 
m!  danoiae  de  ces  fnniiieB  u'y  paroll.  I>e>  {iarent«^  de  cet  «féque 
MOUS  Be  TOTODS  que  les  anirantf*  qui  s  appeloient  HeiNiflgititi.  Jeau 
ttenoequiu  .  dont  je  Tiens  de  parler .  aroit  été  reçu  eu  iA?n  ix  nu  ca- 
uoijica:  et  «1  kl  dignité  de  grauci-^rckidiacre:  seiou  certains  actes,  il 
eioit  uercu  de  Tlitbaud  liiaiilei.  On  ne  sait  eu  quel  temps  (hiard 
Ii«fiifef{uiu.  ircre  de  Jean,  fut  reçu  archidiacre  de  Ihiisave:  sa  réception 
précvua  le  deces  de  Jeau  Baîllet .  puisque  cet  évcque  Tovant  que  le 
notrrel  arciiidiacre  ne  se  pressoit  pas  de  lui  prêter  serment  de  iidëliié. 
mique!  il  etoit  lenu  suivant  sa  ibudatiou.  fit  saisir  les  revenus  de  son 
arcliidiacoiié  M..  Il  v  a  apparence  qu'uu  Nlcola^  Bennefpiin.  mon 
eiianoiiie  eu  151  (S.  avoit  aussi  été  pourvu  de  sou  canonicai  par  k*  même 
évéqvi. 

L'évêque  Jeau  Kailiet  esi  l'un  des  princi])au3:  fondateurs  des  messes 
liasses  qu*uu  célèiire  dans  la  clia]»eUe  de  Saint-Âlcxandre.  Pierre 
iiaiiiei.  sou  parent .  y  a  aussi  contribué;  ceiuH-ci  oii%ea  les  entants 
craubes  3;  de  chanter  ciiaque  join*  flans  la  caliiedrale  une  antienne  en 


M;  £ac   cmi.  mm.  fvrmuUai .  Stweêarii 
Mrettitirva  pmmi. 


(^     On  «inieloit 


i    1»   CBlm»  dN» 


«I  11  litAil  an  treior  de  Li  cathcdrak.  et  se  tronrc  aiijourd*luii  à  la  bibliotlièquc  dr 
la  ville  d'Anerre.  {F  à.  m.\ 


QUITHE-VINGT-DIXIÈHB    ÉTËQOB    d'aUXERBB.  105 

l'honneur  de  la  Saiote-Vierge  ,  moyennant  quoi  il  donna  au  Chapitre  itn  k  isis. 
une  certaine  somme  qui  entre  aujourd'hui  dans  la  dépense  de  leurs 
habits  d'église. 


Sceau  dcJ'abN  da  FonUiiqr,  in  t3K. -(inhim  ds  iraitu.) 


FIN    DB   LA    QUATRIÈME   PARTIE. 


MÉMOIRES 


HISTORIQUES 


.  SUR 


LES  ÉVÊQUES  DIUXERRE. 


CINQUIÈME  PARTIE, 

Qoi  contient  les  actions  de  onze  Evèqnes  qui  ont  siégé  depnis 

l'an  1514  josqo'à  Tan  1676. 


CHAPITRE  I. 

De  deax  évéques  tirés  successivement  de  la  maison  de  Dinteville.  ,j^ 

FRANÇOIS  DE  DINTEVILLE,  !•'.  DU  NOM,  XCI.  ÉVÊQUE  D'AUXERRE. 

On  a  vu,  dans  la  quatrième  partie  de  cet  ouvrage ,  onze  évéques  qui  isis  ï  xsao. 
ont  gouverné  Téglise  d'Àuxerre  environ  cent  quarante  ans.  JVn  ai 
parlé  uniquement  sur  des  mémoires  répandus  de  côté  et  d'autre  dans 
les  archives  où  sont  des  registres,  des  comptes  et  semblables  enseigne- 
ments. Il  s'en  présente  maintenant  deux  de  suite,  dont  la  vie  a  été 
écrite  peu  de  temps  après  leur  mort,  et  qui  pour  cette  raison  fournissent 
une  matière  assez  abondante,  le  second  principalement,  dont  Tépis- 
copat  a  été  plus  long  et  plus  rempli  d'événements.  Ce  sont  les  deux 
François  de  Dinteville 'oncle  et  neveu,  qui  tiroient  leur  nom  d'une  terre 


106  FRANÇOIS   DE   BiNTEVILLE,    PREMIER   DC    NOM, 

1518  ï  1530.  située  dans  la  Champagne,  et  possédée  anciennement  par  les  Jaucourt. 
Les  actions  du  premier  ont  été  écrites  par  un  chanoine  attaché  h  lui^ 
appelé  le  Marchand  (a),  à  qui  il  est  échappé  peu  de  faits  importants, 
quoiqu'il  n'en  ait  touché  plusieurs  qu'en  général. 

François  de  Dinteville,  premier  du  nom,  étoit  fds  de  Claude  de 
Dinteville,  seigneur  Commarin  en  Bourgogne,  d'Eschenetz,  Polisy,  etc., 
et  de  Jeanne  de  la  Baulme,  fille  du  seigneur  de  Mont-Saint-Sorlin , 
descendante  des  comtes  de  Mont-Revel,  riche  et  puissante  famille. 
Claude  de  Dinteville  avoit  été  élevé  à  la  cour  des  derniers  ducs  de 
Bourgogne;  étant  leur  conseiller  et  surintendant  de  leurs  finances,  il  fut 
tué  à  la  bataille  de  Nancy  avec  Charles-le-Hardi  à  Fâge  de  64  ans  (1). 
Il  eut  quatorze  enfants  de  son  mariage ,  savoir  quatre  filles  (2) 
et  dix  garçons;  le  dernier  fut  notre  évéque.  La  jeunesse  de  François  de 
Dinteville  fut  soigneusement  cultivée.  Après  avoir  étudié  à  Dijon  et  à 
Âutun,  où  il  fit  voir  combien  on  devoit  attendre  de  lui,  il  fut  envoyé  à 
Pavie  en  Italie,  ou  plutôt  à  Padoue,  pour  y  étudier  le  droit.  Y  ayant  été 
reçu  docteur  en  l'un  et  l'autre  droit,  au  bout  de  cinq  ans,  il  retourna  en 
France  après  la  fin  des  guerres  du  duc  de  Bourgogne.  Â  peine  y  fut-il 
arrivé,  que  Georges  d'Amboise,  archevêque  de  Rouen,  admirant  les  qua- 
lités de  corps  et  d'esprit  du  jeune  François,  le  prit  en  affection  et  l'attira 
auprès  de  lui.  Cet  archevêque,  devenu  cardinal  et  ambassadeur,  continua 
de  le  garder  dans  sa  maison.  Les  parents  de  François  n'oublièrent  rien 
alors  pour  le  faire  connoitre  à  Louis  XII  et  lui  mériter  sa  bienveillance. 
*^uelques-uns  ajoutent  que  Claude  de  Dinteville,  abbé  de  Régny,  puis 
de  la  Ferté-sur-Grosne,  fut  la  principale  cause  de  sa  fortune.  Cet  abbé 
peut  avoir  contribué  h  son  avancement  dans  les  sciences;  mais  François 
put  être  plus  utilement  protégé  par  Guillaume  Pot,  évéque  de  Toumay, 
son  oncle.  Il  avoit  déjà  deux  frères  revêtus  d'offices  importants  ;  ainsi  il 


(1)  Anselme,  Grands-  Veneurs,  i  abbesse  de  MaaboissoD. 

(t2)  De  ces  quatre  fiUes  fut  Antoinette,  1 


(a)  Ce  chanoine,  appelé  François  Mercator  ou  Marchand,  écrivit  la  vie  de  Tévèque 
par  ordre  de  son  neveu,  en  1548.— Fo^.  le  Ms.  original  du  Gesia  Ponlif, 

(N.  d.  B.) 


QUATRE-VINGT-ONZIÈME   ÉVÊQUB   d'aUXERRE.  107 

ne  lui  fut  pas  difficile  d'obtenir  des  bénéfices.  Gaucher  de  Dinleville,  le 
plus  âgé  de  ces  deux  frères,  et  qui  continua  la  postérité,  étoit  maître 
d'hôtel  du  roi  et  chevalier  de  ses  Ordres;  il  fut  depuis  lieutenant  de  la 
ville  de  Sienne  pendant  les  guerres  d'Italie,  et  gouverneur  de  François, 
Dauphin  de  France.  Jacques,  un  peu  plus  jeune  que  Gaucher,  fut 
grand-veneur  de  France.  Avec  de  telles  recommandations,  François  de 
Dinteville,  leur  frère  cadet,  ne  manqua  point  de  revenus  ecclésiastiques.  Il 
ajouta  à  la  cure  de  Ricey,  diocèse  de  Langres,  et  au  prieuré  de  Choisy, 
diocèse  de  Meaux  ,  outre  des  canonicats  dans  les  églises  d'Âutun ,  de 
Beaune  et  de  Dijon,  Tabbaye  de  Chàtillon- sur -Seine  et  celle  de 
Montier-en-Der ,  dont  il  jouissoit  au  moins  dès  Tan  i507.  Il  fut  fait 
évéque  de  Sisteron  en  i508.  Deux  ans  après,  le  siège  d'Âutun  étant 
venu  à  vaquer,  le  Chapitre  le  demanda  pour  prélat.  Mais  Louis  XII 
le  pria  de  céder  son  droit  à  Jacques  Hurault;  ce  qu'il  accorda  très- 
volontiers.  Il  n'en  fut  pas  de  même  pour  l'évêché  d'Àuxerre.  Jean 
Baillet  ayant  laissé  le  siège  épiscopal  vacant  au  mois  de  novembre  i515, 
les  chanoines,  assemblés  le  5  décembre  suivant,  indiquèrent  le 
lundi  50  janvier  pour  l'élection ,  et  en  donnèrent  avis  par  Philippe 
Gaveau,  curé  de  Levis,  aux  confrères  absents,  qui  étoient  au  nombre  de 
plus  de  vingt.  On  ignore  si  tous  se  rendirent  au  jour  désigné;  mais  le 
choix  de  l'assemblée  tomba  sur  l'évéque  de  Sisteron  (1).  Ce  fut  la  der- 
nière élection.  Le  règne  de  François  I®',  qui  suivit  de  près,  apporta  du 
changement  dans  la  manière  de  créer  les  évoques  du  royaume  (a).  Cela 

(1)  Il  est  oommé  dons  les  registres  da  Vatican  aa  6  mars  1513. 


(a)  Le  changement  s'étendit  aussi  au  régime  des  monastères  qui  furent  donnés  en 
commande  h  des  fils  de  grandes  maisons,  au  lieu  d'être,  suivant  les  règles  canoni  - 
ques,  gouvernés  par  des  abbés  élus  par  les  moines. 

Les  abbayes  du  diocèse  d'Auxerre  subirent  le  sort  commun.  Les  plus  illustres, 
comme  celles  de  Saint-Germain  d'Auxerre  et  de  Pontigny  échurent  à  des  cardinaux, 
h  des  évéques;  les  autres  furent  données  à  titre  de  bénéfice  aux  aumôniers  du  roi, 
ou  à  d*autres  ecclésiastiques  qui  ne  résidaient  pas  la  plupart  du  temps  dans 
leur  monastère. 

Il  advint  de  là  que  les  moines  étaient  gouvernés  par  un  prieur  qu'ils  élisaient* 
L'abbé  payait  aux  moines  une  pension  proportionnée  à  leur  nombre,  et  souvent  son 
fermier  ou  son  procureur  faisait  languir  les  pauvres  frères.  De  là  dos  débats,  des 


1513  k  1580. 


i08  FBANÇOIS  DE  DIlfTBVILLE,    PREMIEa   DU  NOM, 

1513  ï  r>3o.  ^^  ^^^  aacuD  changemeot  dans  la  manière  de  gouverner  les  retenus 
de  Tévéché^  le  si^e  vacant.  Dans  celle-ci,  le  Chapitre  fut  encore 
maintenu  à  les  régir,  et  Tévéché  d'Âuxerre  déclaré  exempt  de  la  régale 
par  arrêt  du  parlement  du  25  mars  1515. 

François  de  Dinteville,  acceptant  sa  nomination  h  Tévéché  d'Âuxerre 
qui  étoit  d'un  revenu  considérable,  ne  conserva,  de  tous  ses  bénéfices, 
que  l'abbaye  de  Montier-en-Der.  Il  fit  toute  la  diligence  possible  pour 
se  rendre  au  plus  lot  à  Auxerre,  parce  qu'il  fut  informé  que  sa  présence 
étoit  nécessaire ,  pour  empêcher  les  gens  de  guerre  d'endommager  les 
biens  de  l'évêché.  Au  commencement  du  printemps  il  vint  demeurer  à 
Auxerre ,  sans  y  faire  d'abord  son  entrée  solennelle.  Louis  XII  avoit 
écrit  au  Chapitre,  qu'on  trouvât  bon  qu'il  demeurât  dans  son  palais 
épiscopal  avant  cette  cérémonie;  et  le  5  mai  i 51 4  il  donna  lui  même 
acte  comme  il  ne  prétendoit  point  déroger  à  la  louable  et  ancienne 
coutume,  selon  laquelle  les  nouveaux  évêques  ne  peuvent  demeurer  à 
la  ville  avant  la  veille  de  leur  joyeuse  réception,  reconnoissant  que  par 
grâce  les  chanoines  le  dispensoient  de  cette  loi ,  sans  tirer  â  consé- 
quence. L'année  cependant  ne  s'écoula  point  sans  la  cérémonie 
accoutumée.  Le  17  décembre  1514,  il  fut  reçu  â  l'abbaye  de  Saint- 
Germain  par  l'abbé  François  de  Beaujeu;  et  le  lendemain  il  fit  son  entrée 
solennelle  dans  la  cathédrale,  assisté  de  François  de  la  Rivière  bailli 
du  Donzios,  comme  représentant  Françoise  d'Albret ,  duchesse  de 
Brabant,  obligée,  sous  deux  chefs,  â  porter  l'évêque,  savoir  pour  la 
baronnie  de  Donzy  et  pour  celle  de  Saint-Verain.  A  l'égard  du  serment 
dû  â  l'église  de  Sens,  il  s'en  étoit  acquitté  dès  le  cinquième  du  même 
mois  entre  les  maïus  du  vicaire-général  de  l'archevêque  Tristan  de 
Salazar,  alors  absent. 

Il  n'est  pas  parvenu  jusqu'à  nous  beaucoup  d'actes  concernant  la 
police  extérieure  du  diocèse.  Nous  savons  seulement  que,  dès  le  troisième 
avril  suivant,  il  donna  une  ordonnance  contre  l'abbesse  et  les  religieuses 


procès  interminables.  Pour  y  couper  court,  les  biens  des  monastères  furent  par- 
tagés en  manse  abbatiale  et  en  manse  conventuelle,  et  chaque  partie  les  administra 
à  sa  guise. 

Il  est  à  remarquer  que  les  abbayes  de  femmes  ne  furent  pas  soumises  à  la  com- 
mande, quoique  les  titulaires  fussent  aussi  nommées  par  le  roi.         (N.  d.  E.) 


QUATRE-VINGT-ONZIÈME  ÉVÊQUE   d'aUXBRRE.  109 

de  Saiot-Julien-lès-Âuxerre  (1),  par  laquelle  il  leur  eojoigDoit  non- 
seulement  de  ne  point  sortir  de  leur  clôture  sans  permission ,  mais  de 
n'admettre  dans  l'intérieur  de  leur  maison  que  leur  médecin,  et  de 
veiller  mieux  qu'elles  ne  faisoient  sur  leur  temporel  (a).  Je  ne  marquerai 
pas  les  réparations  faites  par  François  de  Dinteville  dans  Tabbaye  de 
Montier-en-Der  où  les  guerres  avoieut  tout  détruit,  et  dans  le  château 
de  Sommevoire  qu'il  rendit  semblable  à  une  forteresse  ;  je  passe  égale- 
ment sous  silence  celles  qu'il  fit  dans  l'abbaye  de  Chàtillon- sur-Seine 
qu'il  avoit  eu  en  1495  par  résignation  de  Guillaume  du  Bois,  abbé 
régulier,  moyennant  une  pension  assignée  sur  le  domaine  de  Chaumes. 
Dans  l'auteur  de  sa  vie,  on  peut  voir  ce  détail,  qui  ne  regarde  point 
son  église.  Il  nous  suffit  de  rapporter  ce  qu'il  fit  pour  le  bien  de  son 
évéché.  Il  songea  donc  d'abord  a  réparer  entièrement  les  maisons  épis- 
copales  de  Varzy  et  de  Régennes.  Il  éleva ,  dans  cette  dernière ,  une 
tour  considérable  et  rebâtit  à  neuf  le  corps  du  logis  avec  une  galerie 
magnifique.  C'est  avec  raison  qu'on  a  vanté  les  ornements  que  François 
de  Dinteville  donna  à  son  église  cathédrale.  Ils  éclatoient  en  or  et  en 
pierreries,  et  certainement  aucune  église  de  France  n'en  avoit  alors 
de  plus  beaux  (2).  Ils  furent  depuis  la  proie  des  calvinistes  (5).  Les 
orgues  qu'il  fit  construire  proche  la  grande  porte  de  Téglise  coûtèrent 


1518  k  1580. 


(1)  Ex  autographo  in  SchcedU  S.  Martini 
a  Campis, 

(2^  Si  ce  D'est  peut-être  la  Sainte-Cha- 
pelle de  Boarges. 

(5)  Les  hagnenota  s'emparèrent  du  tré- 
sor de  la  cathédrale  eu  1567;  on  fat  assez 
heureux  pour  racheter  de  leurs  mains  Tun 
des  somptueux  parements  d*autol  qu*il  avoit 


donné  avec  quelques  unes  de  ses  chapes  et 
dalmatiques  ;  mais  on  n'a  pas  eu  l'ayantage 
de  conserver  ce  parement  inestimable;  il 
fut  dérobé  dans  le  dernier  siècle;  et  les 
chapes  avec  quelques  dalmatiques  ayant 
paru  à  quelques  chanoines  hors  d'usage, 
ont  élé  vendues  de  notre  temps  à  des  Jtiiis 
malgré  les  remontrances  dequelques  autres. 


((f)  Il  arriva  vers  Tan  1622,  dans  cette  abbaye,  un  événement  extraordinaire  que 
nous  a  conservé  une  enquête  de  Tan  1580,  relative  au  droit  de  justice  de  l'abbesse 
dans  le  faubourg  de  Saint-Julien.  L'abbesse,  qui  s'appelait  Marguerite  de  Saigny, 
fut  chassée  du  monastère  par  M.  de  Dinteville^  aux  ordonnances  duquel  elle  avait 
refusé  d'obéir,  et  le  prélat  fit  abattre  Técusson  de  ses  armes  qu'on  voyait  auprès  du 
moulin  de  Saint-Martin.  Mais  bientôt  après,  six  mois  environ,  l'abbesse  fut  ramenée 
à  Auxerre  par  40  ou  80  Suisses,  ses  compatriotes,  à  la  tête  desquels  était  le  corps 
de  justice  de  la  ville.— Plusieurs  des  plus  notables  babitants  étaient  allés  au-devant 
jusqu'à  Annay-la-Côte  —  Àrch.  de  V Tanne,  fonds  Saint-Julien.  {N,  d.  E-) 


110  nuaçois  de  DurreriLui,  feexier  du  hom, 

ua  a  uj».  t»eaocoop.  Les  bogaeoots  profiièreot  depuis  des  tajaax  et  n'y  lais- 
sèrent qoe  le  boffet  qui  subsiste.  Pour  ce  qui  est  du  jubé,  l'écrivain 
de  sa  Tie  n*a  pas  été  si  bieo  fondé  à  le  préconiser  ;  le  goût  de  la 
Doorelle  slructore  de  ce  temps-là  ne  mérite  pas  d'être  suivi;  outre  ce 
défaut  doot  on  ne  pouvoit  pas  répondre  alors,  il  pèche  essentiellement 
en  ce  qu'il  traverse  toute  la  face  du  chœur  (a).  Il  n*y  avoit  auparavant 
qoe  deux  pupitres  ou  tribunes  :  Tun  du  côté  gauche  pour  les  épitres , 
leçons  et  répons*graduels^  et  l'autre  du  côté  droit  pour  l'évangile  ; 
cela  n'offusquoit  pas  la  vue.  Pour  soutenir  la  masse  prodigieuse  du 
nouveau  jubé,  il  fallut  jeter  de  nouveaux  fondements  sur  les  deux 
descentes  qui  conduisoient  au  chœur  souterrain  ;  par  la  ont  disparu 
entièrement  ces  descentes  qui  étoient  un  des  ornements  de  Féglise.  On 
croit  que  le  jubé  fut  commencé  en  1523  et  qu'il  fut  continué  en  1524, 
selon  le  chiffre  qui  se  voit  à  quelques  colonnes  pyramidales.  Le  portail 
,  de  l'église  du  côté  du  septentrion,  commencé  cent  ans  auparavant 
sous  Philippe  des  Essarts  et  achevé  sous  M.  Baillet,  n'a  voit  plus  besoin 
que  du  vitrage»  Le  chantre,  Tarchidiacre  de  Puisaye  et  deux  autres 
chanoines  furent  députés  à  la  fin  de  Tannée  1527,  le  6  avril  (1),  pour 
en  conférer  avec  l'évéque,  et  ayant  réussi  dans  leur  conférence,  on 
commença  à  y  travailler  au  mois  de  mai  suivant  que  Ton  comptoit 
1528.  Ses  armoiries,  qui  s'y  voient  en  plusieurs  endroits,  sont  une 
preuve  de  sa  libéralité.  Sa  sentence  favorite  étoit  :  Virtutis  fartuna  cornes  ; 
faisant  connoltre  par  la,  que  s'il  étoit  riche,  il  essayoit  de  ne  point  mal 
user  de  ses  biens,  et  de  ne  chercher  querelle  à  personne,  mais  à  être 
utile  à  tout  le  monde.  On  remarqua,  en  effet,  que  durant  les  quinze  à 
seize  années  de  son  épiscopat,  il  n'eut  aucune  contestation  ni  même  la 
moindre  ombre  de  difficulté  avec  le  Chapitre,  ni  avec  aucun  des  cha* 


(I)  RegUt.  Capil.  6.  Apr,  1526  ;  8  mai  15i8. 

(a)  L'abbé  Lebeuf  apprécie  avec  le  goût  d'an  vrai  archéologue  la  disposition  ma 
lencontrcuse  de  ce  jubé.  On  ne  doit  pas  être  étonne  si  ses  confrères  l'ont  fuit  dispa- 
raître. —  Le  bon  chanoine,  auteur  de  la  vie  derévêquc,  regardait  ce  jubé  comme  le 
plus  beau  de  France,  et  ajoutait  :  «  Miro  lapidum  labulatA,  raro  artificioclegantique 
VLL..U  (N.d.N.) 


QUATRE-YINGT-ONZIÈHE   ÉVÊQUE  d'aUXERRE.  111 

noines  eo  particulier.il  aima  aussi  beaucoup  les  citoyens,  et  se  les  attacha  is^s  ^  isao. 
par  le  soin  qu'il  prit  pour  leurs  intérêts.  Il  demeura  plus  d'un  an  à  Paris 
pour  recommander  au  président  Baillet,  à  Robert  Thiboust  et  autres 
conseillers  de  la  cour,  la  cause  des  Â^uxerrois  pour  le  bailliage  transféré 
à  Villeneuve-le-Roi  pendant  que  les  ducs  de  Bourgogne  jouissoient  do 
comté  d'Âuxerre;  et  son  crédit  aida  à  procurer  Tarrét  de  Tan  1525, 
qui  adjugea  au  bailliage  d'Auxerre  les  pays  d'entre  les  rivières  d'Yonne 
et  de  Loire,  comme  Donzy,  Glamecy  et  les  environs.  Il  se  donna  beau- 
coup de  mouvement  en  1526  pour  obtenir  des  foires  à  la  ville  (1),  aussi 
bien  que  le  recouvrement  de  ce  qui  revenoit  anciennement  aux  habitants 
sur  la  vente  du  sel.  Il  fut  aumônier  ordinaire  de  Louis  XII  et  de  Fran- 
çois  I^';  ces  deux  rois  le  chérirent  et  le  considérèrent.  Pendant  les 
trois  ou  quatre  mois  qu'il  passoit  en  cour,  il  avoit  un  Irain  superbe,  et 
faisoit  une  dépense  proportionnée  à  sa  qualité;  ce  qui  lui  gagna  Famitié 
des  princes,  des  seigneurs,  et  de  tous  les  courtisans.  Malgré  ses 
absences,  l'hérésie  de  Luther  qui  vint  à  s'élever,  ne  trouva  aucune  entrée 
dans  son  diocèse.  Il  assista  exactement  aux  assemblées  et  aux  conciles 
provinciaux  que  tinrent  les  archevêques  de  Sens,  Etienne  Poncher 
et  Antoine  Duprat.  Il  fut  commis  par  le  pape  Léon  X  avec  les  évéques 
de  Paris  et  de  Grenoble  pour  faire  l'information  de  la  vie  et  sainteté 
de  saint  François  de  Paule  (2).  Presque  toujours,  un  évêque  inpartibu$ 
le  soulagea  dans  les  fonctions  épiscopales.  En  1520,  c'étoit  Philippe 
Brunet,  docteur  en  théologie,  lequel  fil  le  10  mai  de  la  même  année  la 
dédicace  de  l'église  de  Saint-Bris.  Deux  ans  après,  c'étoit  Jean,  évêque 
de  Simm...  qui  dédia  celle  de  Saint-Pierre  de  Toucy,  le  15  juillet 
1522,  et  en  1525,  Pierre,  évêque  d'Ebron  le  suppléoit  dans  le  minis- 
tère épiscopal  (5).  Il  eut  pour  vicaire-général  et  oiBcial,  Guillaume 
Chausson,  licencié-ès-lois  qu'il  fit  chanoine  en  1525  et  lecteur  en 
1528  (4).  L'autre  vicaire-général  fut  Pierre  de  Montjot  aussi  licencié- 
es-lois et  chanoine.  Entre  les  personnes  de  marque  qu'il  fit  chanoines 
de  son  église,  l'un  des  plus  célèbres  est  le  savant  auxerrois  Germain 


(t)  Compte  de  Laarent  Barault,  fol.  23. 
(2)  Prooés-yerlMl  du  11  août  1557.. 


(5)  Reg,  u.  JuL  1527. 
(4)  15  maH  1538. 


112  FRANÇOIS  DE  DUCTBVILtBf   FftCMlEa  DU  NOM, 

;8  %  1530.  de  Brie,  plus  connu  sous  le  nom  de  Germanui  Brixiui^  reçu  en  151 5  (1). 
La  même  année  1520  il  donna  à  son  neveu  François  de  Dinteville  (2) 
une  prébende  qui  vaquoit  par  la  mort  de  Vincent  Souef  ;  (5)  et  en 
1527  une  antre  à  Philippe  de  Courtenai ,  sousdiacre,  bachelier  en 
droit  (4).  Sou  neveu  ne  resta  pas  simple  chanoine,  il  parvint  à  la  dignité 
de  doyen;  et,  dès  Tan  1527»  il  fut  fait  évèque  de  Riez  où  il  ne  résida 
point  ;  il  resta  auprès  de  son  oncle  dont  il  étoit  le  conseil,  et  qui  enfin 
lui  résigna  son  évéché.  Dans  Tun  des  voyages  que  notre  évêque  fit  en 
1526,  François  I*'  l'admit  à  être  présent  au  contrat  de  mariage  d'Anne 
de  Montmorency  et  de  Magdeleine  de  Savoie,  fille  de  René  de  Savoie. 
Dans  une  autre  occasion,  le  même  roi  lui  avoit  donné  la  commission  de 
recevoir  de  sa  part  la  somme  de  50,000  livres  que  les  Etats  de* 
Boui^ogne,  comtés  de  Maconois,  Âuxerrois,  Chàtellenies  de  Bar-sur- 
Seine  et  de  Noyers ,  comté  d'Auxonne,  etc.  lui  avoient  accordée  pour 
les  francs  fiefs  et  nouveaux  acquêts  de  tous  ces  pays-là,  de  laquelle 
somme  les  Âuxerrois  dévoient  payer  1,700  livres.  On  a   tout  lien 
de  croire  que  ce  fut  par  ses  sollicitations  que  François  I*' ,  deman- 
dant au  clergé  de  Bourgogne  des  droits  d'amortissement,  h  l'occasion 
de  la  guerre  contre  le  roi  d'Angleterre,  se  contenta,  pour  tous  les  biens 
ecclésiastiques  du  diocèse  d'Auxerre ,  de  la  somme  de  5,500  livres 
par  lettres  domiées  à  Saint  -  Germain  -  en  -  Liaye,  au  mois  d'octobre 
1522  (5).  Au  reste,  ce  prélat,  quoique  souvent  en  cour,  et  faisant 
grosse  dépense ,  augmenta  les  revenus  de  son  évéché.  La  douceur 
qui  lui  étoit  naturelle,  et  ses  différentes  occupations  ,  ne  lui  firent  pas 
n^liger  ses  intérêts  temporels.  Ayant  appris  que  l'ancienne  tour  et  la 
maison  seignenriale  de  Toucy  avoient  été  démolies  par  Aymar  de  Prie, 
baron  de  ce  lieu,  pour  y«bàtir  un  nouveau  château,  il  fit  comparoitre 
par  devant  lui,  à  Auxerre,  ce  seigneur,  afin  de  lui  faire  reconnoltre  qu'il 
tenoit  ce  château  nouvellement  édifié,  aux  mêmes  conditions  et  charges 
que  ses  prédécesseurs  avoient  tenu  la  grosse  tour  et  le  vieux  château , 
c'est-à-dire,  en  fief  de  l'évêcbé  d'Auxerre,  et  pour  me  servir  des  termes 


(1)  19  Aug.  15^. 

(3)  Ex  Computis  Capit. 

(3)  Il  résigna  sa  prébendo   en   15S0  à 


Jacques  Joce.  clerc. 

(4)  Reg.  Cap.  1527.,  27  Vanr. 

(5)  Voy.  l(»8  Preuves,  t  iv.  à  Tan  1522, 


i. 


QUATRE-YINGT-ONZliMB   ÉVÉQUE  d'aUXERRB.  115 

da  droit,  qu'il  éioii juràble et  rendableii  Tévéque  quand  bon  lui  sembloit.  ^^^3  ^  ^^po. 
Cet  acte  du  20  juillet  1525  contient  le  reste  des  engagements  des 
barons  de  Toucy  envers  Tévêque  qu'il  seroit  ennuyant  de  rapporter  (1  )• 
Aymar  survécut  peu  à  cet  aveu  ;  mais  Tévêque  ayant  exigé  un  pareil 
acte  de  foi  et  hommage  des  enfants  qui  lui  survécurent,  il  ne  put  refuser 
le  délai  ou  souffrance  que  demanda  Marc  de  la  Baulme,  leur  tuteur,  et  il 
accorda  du  retard  par  acte  du  1 4  mars  1 527  (a) . 

Cet  évêque  à  66  ans  fut  atteint  d'un  dévoiement  qui,  par  sa  durée,  le 
conduisit  au  tombeau.  Il  sentit  approcher  sa  fin  le  dimanche  24  avril 
1550.  Il  s'y  prépara  ce  jour-là  par  une  confession  générale  de  toute  sa 
vie,  et  par  la  réception  de  la  sainte  Eucharistie  à  la  fin  de  la  messe.  Le  " 
mardi  suivant,  il  réitéra  la  confession  et  la  communion  ;  ensuite  il  fit 
venir  Louis  Bride,  son  secrétaire,  qui  étoit  notaire  apostolique,  Guil- 
laume Chausson,  son  officiai,  Jean  le  Foui,  chanoine  tortrier,  son  con- 
fesseur, et  il  écrivit  son  testament  qu'il  fit  signer  par  le  notaire  aposto- 
lique. Il  y  demanda  d'être  inhumé  sous  le  jubé  de  la  cathédrale  proche 
l'autel  de  la  Magdeleine,  ou  dans  le  chœur;  ce  qui  prouve  qu'il  n'y  avoit 
point  de  caveau  sous  ce  jubé,  et  qu'il  fut  construit  depuis.  Il  demanda, 
en  second  lieu,  pour  le  repos  de  son  âme,  chaque  année,  douze  services 
k  vigiles  et  grand'messe;  il  légua  pour  cela  douze  livres  payables  à 
chacun  de  ces  services,  par  son  frère,  Gauthier  de  Dinteville,  seigneur 

(1)  Voy.  les  Preuves,  t.  iv,  à  Tan  15â3. 

(a)  Un  compte  de  Tan  1817  nous  révèle  quelques  usages  de  Téglise  d'Auxerre  que 
nous  allons  rapporter,  parce  que  cette  pièce  est  l'unique  de  ce  genre  qui  existe,  aux 
archives  de  F  Yonne,  sur  révéché  d^Auxerre.  On  y  apprend  que  l'évéque  faisait  faire 
quatre  sermons  par  an,  savoir  :  le  jour  des  Gendres,  au  chœur  de  la  cathédrale;  le 
dimanche  des  Rameaux,  au  cimetière  de  la  Madeleine  ;  le  Jeudi-Saint,  dans  le  Cha- 
pitre ;  et  le  mardi  28  avril,  jour  du  Synode,  au  chœur.  Il  payait  cinq  sous  pour 
chaque  sermon  aux  Frères-Mendiants. 

Le  30  avril,  veille  de  la  fête  de  Saint-Amatre,  le  Chapitre  allait  en  procession  dans 
Péglise  de  ce  saint,  et  en  revenant  de  la  cérémonie,  au  retour  des  matines,  Tévéque 
avait  coutume  de  donner  aux  chanoines  des  gaUeUts  pour  la  collation  que  faisait  le 
Ghaipitre,  et  six  setiers  de  vin  tant  blanc  que  rouge. 

A  cette  époque,  le  sucre  était  rare  et  cher.  Il  n*y  en  avait  pas  chei  Tapothicaire 
de  révéque,  et  on  en  alla  chercher  4  livres  chei  M.  Charmoy,  que  l'on  paya  4  gros 
la  livre,  soit  26»  8*.  [N.  d.  E.)  *       * 

8       ..    •: 


-  • 

• 


1513  ï  1530. 


114  FRANÇOIS  DE  OINTEYILLB  1®'   DC  NOM, 

de  Polizy,6on  seul  et  universel  héritier.  Il  Tavoit  établi  exécuteur  de  ce 
testament,  avec  son  fils ,  François  de  Dinteville,  qui  devoit  lui  succéder 
dans  révêché  (1).  Ce  prélat  avoit  gardé  un  certain  nombre  d'ornements 
précieux,  qu*il  réservoit  peut-être  pour  le  besoin,  au  cas  qu'il  fût  arrivé 
quelque  famine  ou  quelqu*autre  adversité.  Il  l^ua  alors  le  tout  à  sa 
cathédrale,  savoir  :  quatre  chapes  et  le  reste  d'une  pièce  de  drap  d'or 
pour  un  parement  d'autel;  il  y  ajouta  sa  chasuble,  dalmatique«  et  tunique 
de  drap  d'or;  de  plus  deux  tables  ou  parements  d'autel  de  fin  or  en  l'un 
desquels  étoit  représenté  1  arbre  de  Jessé  et  en  l'autre   les  saints 
patriarches  ;  et  il  ne  laissa  k  son    successeur  que  l'ai^enterie  de  sa 
'  chapelle  et  ses  ornements  ordinaires  (2).  Le  jeudi  28  du  mois,  il  de* 
manda  l'extréme-onction  ;  mais  on  remit  au  lendemain  matin.   Son 
neveu,  le  doyen,  ne  put  lui  conférer  ce  sacrement  à  cause  de  la  douleur 
dont  il  étoit  saisi  ;  le  chantre  l'administra  au  malade,  qui  le  reçut  avec 
une  pleine  et  entière  connoissance ,  répondant  lui-même  aux  psaumes 
et  aux  versets.  Demandant  alors  pardon  aux  chanoines  assemblés  qui 
fondoient  en  larmes,  il  leur  dit  adieu  et  se  recommanda  à  leurs  prières. 
Depuis  ce  moment,  il  resta  toujours  dans  l'attente  de  l'heure  du  Seigneur 
et  lui  rendit  son  âme  le  même  jour  29  avril,  un  peu  avant  quatre  heures 
du  soir.  Son  neveu  prit  le  soin  des  funérailles  qui  furent  magnifiques. 
Il  fut  inhumé  sous  le  jubé  k  l'endroit  qu'il  avoit  désigné.  Il  y  avoit  dix- 
huit  ans  qu'il  reposoit  en  ce  lieu,  lorsque  ce  neveu,  songeant  à  sa  propre 
sépulture,  crut  devoir  faire  lever  les  os  de  son  oncle,  et  construire  en  cet 
endroit  un  caveau  pour  les  mettre  et  y  être  inhumé  un  jour  auprès  de 
lai.  Il  fit  dresser  dans  l'enfoncement  sous  le  jubé  un  très-beau  mausolée 
de  marbre  blanc  (a) ,  qui  représentoit  le  défunt  couché  et  revêtu  d'habits 
pontificaux,  avec  ces  deux  vers  : 

Nobilitas,  virtus,  et  magnificentia  tecam 
Hic,  Francisée,  jacent;  hœc  cœlo  munia  digna. 

MDXLVm. 


.• 


(1)  Bx  e/M  UstamenÊo. 

{%)  Par  oe  tettameot»  Il  ordonna  dot  an- 


mônes  poor  tes  lacobiof  Cordelien,  bôpi- 
taox  de  la  Ifagdeleiaa  et  de  Saint^Pierre. 


(a)  Le  texte  du  Gesla  ne  dit  pas  tout-à-fait  ce  que  rapporte  Tabbé  Lebeof,  au  sujet 
de  ce  tombeau  :  «  Nobile  mansolcom  marmorea  ejus  effigie  venustatum,  magna  om- 
«  ninm  admiratione  scuipi,  flngi,  pingi  jussit.  »  [N.  d.  E.) 


'« 


*  '. 


QUATRE-VINGT- ONZIÈME  ÉVÉQCE   D*AUXERRE.  115 

Lorsqu'on  ouvrit  ce  caveau,  le  16  septembre  1730,  pour  y  placer  le  1513  ^  i.,3o. 
corps  de  M.  deBrpc,  évêque,  et  celui  de  sa  sœur,  on  y  trouva  les  osse- 
ments de  ces  deux  évêques  ramassés  tout  au  fond  en  un  las  avec  deux 
planches  dressées  à  côté.  On  croit  que  leurs  ossements  avoient  été  mis 
ainli,  sans  ordre,  lorsque  la  ville  étant  délivrée  des  huguenots  on 
reboucha  toutes  les  ouvertures  qu'ils  avoient  faites,  ou  vers  Tan  1690 
lorsqu'on  renouvelant  le  pavé  de  la  nef,  il  fallut  fortifier  l'entrée  de  ce 
caveau.  Y  étant  descendu,  j'y  reconnus  les  ossements  de  deux  corps  dif- 
férents! et  de  deux  différentes  couleurs.  Comme  le  corps  de  celui  dont 
je  viens  de  parler  avoit  été  dans  la  terre  pendant  dix-huit  ans,  ses  osse- 
ments  étoient  de  couleur  jaune  pâle  et  passée  ;  mais  ceux  du  neveu  paru- 
rent d'un  jaune  plus  foncé  et  tirant  sur  le  brun.  Je  ne  crois  pas  qu'il 
soit  besoin  de  faire  remarquer  que  le  buste  où  l'oncle  est  représenté 
vers  l'angle  du  jubé,  entre  la  figure  de  saint  Aunaire  et  celle  de  saint 
Vigile,  ne  peut  être  de  ce  temps,  ni  d'une  sculpture  que  le  neveu  eût 
ordonnée  ;  sans  doute,  c'est  une  figure  substituée  à  celle  que  les  calvi- 
nistes avoient  rompue  ou  mutilée.  C'est  lui  ou  son  neveu  que  l'on  voit 
représenté  dans  un  vitrage  de  la  collégiale  de  Montmorency  au  diocèse 
de  Paris,  dans  l'aile  gauche.  Apparemment  que  les  Dinteville  firent  du 
bien  à  cette  église. 

Le  fameux  Rabelais  a  fait  entrer  dans  sa  satyre  le  prélat  son  con- 
temporain (1),  dont  je  viens  de  rapporter  les  actions;  et  après  avoir 
dit  de  ce  noble  pontife  qu'il  aimoit  le  bon  vin,  il  avance  des  paradoxes 
contre  toute  vraisemblance.  Il  ne  seroit  point  étonnant  que  ce  prélat 
voulant  plaisanter  sur  la  simplicité  des  paysans,  eût  dit  k  Paris  ou 
ailleurs,  où  il  faisoit  boire  libéralement  de  son  excellent  vin  de  Migraine, 
que  si  l'on  vouloit  croire  les  vignerons,  il  faudroit  transférer  entre  Noël 
et  l'Epiphanie  les  fêtes  de  saint  Georges,  saint  Marc,  etc.  où  les  vignes 
«sont  souvent  gelées,  et  mettre  en  leur  place  sur  la  fin  d'avril,  et  au 
commencement  de  mai  celles  de  saint  GhristO[^e,  saint  Laurent,  l'As- 
somption. Mais  jamais  on  ne  pourra  persuader  que  cet  évéque  ait  eu 
sérieusement  intention  de  parler  de  la  sorte.  Aussi  l'auteur  des  notes 
sur  l'édition  de  1711 ,  qui  voudroitnous  le  faire  accroire,  se  trompe-t-il 

(1)  Tome  lu,  p.  180,  édit.  1711. 


.é 


110  f-ÈèSCMii  2€  ycrrv'JLUi  :i  ftr  son 


d**l/e  ^^/rtsiÀ  .  !♦  fi  'li'  w  T'otoitu».  '^ni  4'Kpi(iiani^  ;  r^U  n'est 
p>rirt  vr«j.  f^'^  ^i«t  *A  ^  ^!tKi  !IM>  fr:ïn^'>iA  f  i^nt  4e  Thef^phnnia,  terme 
Ml^  ^«^  ^^  afu»4MA  .i'-reu  .iinr;;:qae4  'le  Fraoee  ;  2**  Il  «appose,  saos 
pre««>«  c%e  !e  p^no"^  «  '^(  utn  «^«inie  ^  eetie  Tifhame^  et  qoe  notre 
préi»!  %'i  **t  \«'mo^.  Mmm«»  e  j)<»nple.  «  Tant  ^loit  hakil ,  dit-il ,  on 
*  hh^,  ^44  pAivrant.  su-iiini  imlMimafienr  â  home  p^ior  le  rof  Fran- 
9  */À\  y^x^^^.  »  lî  «(«wiei^  .iii-mArme  visiUement  dans  Terreor,  lorsque 
pMPf  t^  fMky^jfer  'tamnti^  «1^.  ia  prétendue  ignorance  de  François  de 
iM^^jie ,  /.  4i€  ^M  fut  amtiaiHadeiir  à  Itome  (Kiur  François  I^,  ce 
^  eu  imt.  ^JM  *A  wh  fur  point  Ini,  mais  son  neveu  ;  et  ce  nevea  ne 
mmnf.  y^jtA  a  fcwiw  ni  wi*  U,  régne  de  François  !•',  mais  à  Régenoes 
firv^  km^TSK  t^Mw  1*  r'S'gn^,  de  Henri  II.  En  sorte  qu'on  peat  dire 
^%K  -se:*  «u  arnrtMi^.  «me  ignorance  grr>ssière  k  un  prébt  recomman- 
4^>t.  W  M^-^i^iM  nr/MH  an  quatre  liévues  insupportables  en  deux  ou 
trvn  'iéfM^  ^ . 

ijsrni  ^  witoir^rnnt  d'amples  instructions  sur  les  Dinleville,  peu- 
%éM  \ftH  *A  q»>n  raçporfe  le  P.  Anselme  au  Cha|Mlre  des  grands 


f%kMjin%  m  rir^RviLLE  ii«  du  Ntm«  \ah  èvêque  dauxerre. 

irA$  vM.      On  nail  d^ja  ee  que  François  A^  Uiiil«»villt\  second  du  nom,  étoit  à 
r^rd  do  premier  qui  a  porti^  lo  mMt^  nom  (!)•  Celui-ci  l'avoit  fait 

^a,  fht  f.//mpr#rnd  PindignuMoH  (ti«  VikUh^  l.ohfuf  contre  Rabelais;  mais  le  curé  de 
Meoil/^^  ttmU^poTMin  de  IYti^i|HH  \\^  IMiitoville»  devait  saToir  quelque  chose  de  ce 
qu'il  «V4nc»it.  ^  Si  Ton  pouvAll  u^MAidiir  une  note  prise  dans  Tunique  compte  de 
Vé^wHhé  qne  Von  possède  ri  ^\\\  ««■!  «!«*  VtiW  i5t7»  comme  Tenant  à  Tappui  de  cette 
p//fA(«,  nom  Mpportiinons  qui»  Uvil^(|Uo  aohota  alors  doute  muids  de  Tin  dlrancy  au 
eefler i^  d^  Hï»int-rf^rm«ln,  i*l  i|ii*ll  ^^*  ^^^  conduire  i  sa  maison  de  Paris  aTec  46 
«ol/«s  m«f44  ^é  fin  dont  U  i|UkIIIi^  u'c>>(  P**  «p<kill^.  Et  tandis  qu'il  payait  le  Tîn 
^Unntj  7  rftf^fi  \t  muid,  Il  niI««*UII  Aw  tIh  de  Variy  pour  les  rcdeTancos  des  se- 
m/m^^9  dAf  f  l^«nAin«!S.  Il  rnviili>  itUul  ii  Itt^grmics  7  rcuillcttct  de  vin  dWuxerrc  et 
d Unntj       Auk.  4$  t Vo»iiiii,  r|^|«|l«  lililor.  {S.  d.  E) 


QUATRE-VINGT-DOUZIÈME   ÉVÉQUB   d'aUXBRRE.  117 

chanoine  de  la  cathédrale  d'Âuxerre  ,  lorsqu'il  n'étoit  encore  âgé  que  ^^  ^  ^^^ 
de  22  ans,  s'il  est  vrai»  comme  le  P.  Anselme  l'assure,  qu'il  fût  né  le 
26  juillet  1498.  Il  n*y  a  pas  d'apparence  qu'il  eût  alors  fini  ses  études  ; 
car  l'aitteur  de  sa  vie  qui  nous  apprend  qu'il  étoit  fils  de  Gaucher  de 
Dinteville,  bailli  de  Troyes,  et  d*Ânne  du  Plessis  qu'il  lui  plait  d'appeler 
en  latin  a  placida  sede,  marque  qu'après  des  études  de  grammaire  dans 
la  ville  ée  Troyes,  on  l'envoya  à  Paris  au  collège  de  Navarre  pour  con- 
tinuer se» classes;  qu'ensuite  à  Poitiers  et  à  Padoue,  il  apprit  le  droit 
civil  et  canon,  et  que,  retourné  en  France  avec  des  témoignages  de 
bonne  conduite  ,  il  fut  si  bien  venu  auprès  de  Louise  de  Savoie»  mère 
de  François  P',  qu'elle  le  choisit  pour  son  chapelain  et  son  aumônier. 
Il  possédoit,  avec  ce  poste  honorable,  trois  bénéfices,  dont  deux  avoieat 
déjà  été  tenus  par  son  oncle,  savoir  :  la  cure  de  Ricey  et  le  prieuré  de 
Ghoisy.  La  princesse  lui  procura  de  plus  la  trésorerie  de  Poitiers,  dignité 
très-considérable.  L'évôché  de  Riez  étant  venu  à  vaquer  en  1526 ,  le 
roi  l'y  nomma.  Le  pape,  qui  vouloit  en  gratifier  un  autre,  différa  de 
confirmer  cette  nomination,  mais  le  roi  persista  et  écrivit  au  comte  de 
Gharny,  son  ambassadeur,  de  faire  expédier  des  bulles  pour  François  de 
Dinteville,  trésorier  de  Poitiers.  Il  est  resté  une  minute  de  lettre  où  le 
roi  se  plaint  de  ce  que  le  pape  alloit  contre  le  concordat  (1).  François 
de  Dinteville  prit  possession  de  l'évôché  de  Riez  le  7  juillet  1 527,  suivant 
un  catalogue  latin  des  évéques  de  ce  siège,  imprimé  à  Marseille  en 
1728.  Gependant,  les  auteurs  du  nouveau  Gcdlia  Christiana  écrivent  que 
le  5  août  de  l'an  1527,  il  n'est  qualifié  qu'élu  évéque  de  Riez.  Quoiqu'il 
en  soit,  il  n'étoit  pas  encore  doyen  d'Auxerre  comme  sembleroit  l'insi- 
nuer  le  Gallia  Christiana.  Jean  Sauljot,  doyen  de  cette  église,  étant 
mort  en  1528,  il  résolut,  en  acceptant  ce  bénéfice,  de  le  desservir 
plutôt  que  l'évéché  de  Riez  qu'il  laissa  administrer  par  des  vicaires- 
généraux  ,  afin  de  rester  auprès  de  son  oncle ,  et  de  Taider  dans  les 
fonctions  pastorales  en  qualité  de  suffragant.  Gela  engagea  l'oncle  à  se 
démettre  entièrement  de  l'évéché  en  sa  faveur  quelque  temps  avant  sa 
mort,  et  à  lui  résigner  l'abbaye  de  Montier-en-Der.  A  peine  eut-il  cette 


(I)  Cod,  Beihun.  Bibf.  reg.  85G3,  fol.  8. 


118  FRANÇOIS   DE   DINTE VILLE   II   DU   NOM, 

(530  à  1554.  ûbbaye,  qu'il  y  fit  venir  de  bons  religieux  pour  la  réformer.  Mais  comme 
le  revenu  en  étoit  considérable ,  les  ennemis  qui  lui  furent  suscités 
Tobligèrent  de  s^en  défaire  après  quelques  années ,  et  de  la  permuter 
pour  celles  de  Moutier-Ramé  et  de  Moutier-la-^lle  proche  Troyes. 

François  de  Dinteville,  après  la  mort  de  son  onne,  resta  peu  à  Auxerre. 
Le  roi  François  I^',  connoissant  la  capacité  et  la  probité  du  nouvel 
évéque  (1),  l'envoya  k  Rome  vers  Clément  YII,  enqualitéd'ambaisadeur, 
de  sorte  qu'il  ne  put  faire  son  entrée  solennelle  qu'au  retour  de  cette 
ambassade  qui  dura  environ  trois  ans  (2).  Il  ne  partit  cependant  qu'au 
mois  de  juillet  1551,  après  avoir  terminé  une  afiaire  où  sa  réputation 
avoit  été  intéressée  (5).  Mais  quoiqu'il  ne  fût  pas  encore  sur  la  route 
de  Rome  en  1550  au  mois  d'octobre  ,  il  étoit  absent  de  son  diocèse. 
Cela  se  prouve  par  deux  commissions  que  Guillaume  Chausson,  vicaire- 
général,  donna  k  Philibert  deBeaujeu,  évéque  de  Bethléem,  l'une,  le 
27  septembre,  pour  réconcilier  l'église  de  Saint-Eusèbe  d' Auxerre 
pollue  par  effusion  de  sang  (4),  avec  le  pouvoir  d'y  conférer  la  prêtrise 
à  deux  diacres  étrangers  :  l'autre,  le  2  octobre,  pour  réconcilier  le  cime- 
tière de  l'église  de  Bréteau,  qui  avoit  été  pollue  de  la  même  manière  (5). 
n  n'y  avoit  qu'un  mois  au  plus  qu'il  étoit  arrivé  à  Rome,  lorsque  sa  vilU 
épiscopale  fut  affligée  de  peste.  L'évéque  de  Bethléem  lui  en  donna  avis 
par  une  lettre  du  14  septembre,  et  lui  offrit  ses  services  (6).  François 
de  Dinteville  avoit  mené  avec  lui,  dans  son  ambassade,  Pierre  Chaste- 
]ain,  que  quelques-uns  appellent  CasteUan  on  du  Châtel,  en  qualité  de 
son  homme  de  lettres  (7),  et  il  s'en  servit  pendant  quelque  temps.  On 
peut  voir  dans  les  Mélanges  historiques  recueillis  par  Nicolas  Camuzat, 
chanoine  de  Troyes,  et  imprimé  en  1609,  de  combien  d'affaires  diffé- 
rentes notre  évéque  fut  chargé.  Ce  volume  contient  les  lettres  que  le 
roi,  les  prélats  et  seigneurs,  les  ambassadeurs  de  Venise  et  de  l'empereur 
lui  écrivirent  en  1551  et  1552,  avec  quelques-unes  des  réponses  qu'i^ 
leur  fit  ou  qu'il  écrivit  à  d'autres.  Il  se  trouve  de  ces  pièces  à  la  Biblio- 


(1)  11  a  cette  qualité  dans  les  registres  do 
YaUcan ,  aa  4  mai  1 530. 
(S)  Mém.  de  Camuzat,  part,  ii,  fol.  34. 
(3)M>deM  Dupuj,  coté  702. 
(4)  Ex  ttter.  Manuali  Bretel 


(6)  Ex  autvifrapho. 

(7)  Bayles  verbo  CasUUan,  ex  vUà  P.  Coi- 
Ullani  per  Gallandiitm» 


QUATRE-VINGT-DOUZIÈME   ÉVÊQUE   d'aUXBRRE.  119 

thèqae  du  roi  parmi  les  manuscrits  de  Béthune.  Le  chanoine,  auteur  de  ^ao  >,  1354. 
sa  vie,  fait  valoir  particulièrement  le  traité  de  mariage  quMl  fit  du 
dauphin  Henri,  fils  de  François  I®',  avec  Catherine  de  Médicis,  nièce  du 
pape  ;  et  il  ajoute  oette  circonstance  honorable,  qu'un  jour  comme 
notre  prélat  demandoli  au  pape  le  chapeau  de  cardinal  pour  quelques 
François,  le  pape,  admirant  son  éloquence,  sa  modestie  et  sa  candeur, 
lui  dit,  c  qu'il  lui  convenoit  bien  plutôt  de  le  demander  pour  lui-même 
c  qui  étoit  connu,  que  pour  des  absents  que  Ton  ne  connoissoit  pas; 
o  à  quoi  il  répondit  :  qu'il  n'étoit  pas  venu  pour  ses  propres  affaires, 
€  mais  pour  celles  de  son  prince  ;  qu'en  qualité  d'ambassadeur  il  ne 
€  se  regarde! t  pas  comme  personne  privée,  mais  comme  personne 
a  publique,  et  qu'il  n'ambitionnok  pour  soi  aucun  des  honneurs  qu'il 
«  demandoit  pour  les  autres.  »  On  peut  compter  parmi  les  négociations 
importantes  qu'il  eut  à  finir  à  Rome  (1),  la  sécularisation  de  l'abbaye  de 
Yézelay  qu'il  obtint  sous  prétexte  qu'on  alloit  y  ériger  un  évéché  ; 
Texécution  du  concordat  fai^^  ^us  Léon  X  ;  le  renvoi  de  l'affaire  du 
mariage  du  roi  d'Angleterre  Henri  YIU  hors  de  la  cour  de  Rome  (2); 
et  la  demande  qu'il  fut  chargé  de  faire  au  nom  du  roi,  pour  qu'il  fÙt 
permis  à  Louis  de  Husson,  évèquede  Poitiers,  sous-diacre  (5),  de  se 
marier  afin  de  soutenir  sa  famille.  Parmi  les  minutes  des  lettres  que  le 
roi  lui  écrivit  en  1551  (4),  il  y  en  a  une  écrite  de  la  MeiUeraye,  le 
25  janvier,  qui  montre  que  cet  évéque  se  comportoit  k  la  cour  de  Rome 
en  bon  François,  et  qu'il  étoit  bien  instruit  jusqu'où  s'étendent  les  pou- 
voirs de  la  puissance  ecclésiastique.  François  I®'  le  loue  d'avoir  trouvé 
mauvais  qu'on  eût  excommunié  Jean,  roi  de  Hongrie;  et  de  ce  que, 
sans  l'avoir  ouï  ni  donné  audience  à  ses  gens»  il  eût  été  en  plein  con- 
sistoire privé  de  son  royaume,  excominunié  et  chassé  de  l'église^ 
c  ce  qui  est,  dit  le  roi,  une  injure  et  fortfait  si  grand  et  si  éloigné  de 
«  raison,  qu^l  n'y  a  prince  sous  le  ciel,  de  quelque  qualité  qu'il  soit, 
c  qui  sçeut  ne  voulsist  souffrir  cela.  »  Un  an  après,  il  reçut  une  lettre 
de  M.  de  Montmorency,  grand-maltre,  et  de  M.  du  Bellay,  évéque  de 


(1)  Mém.  de  Gamuzat,  fol.  35.  |     (3)  GaU.  ch,  nova  in  Bp.  Pictav. 

(2)  IM.  fol.  63  et  172.  I      (4)  Cod.  Beihun.  8616. 


ihm  M  iit4 


^t^i  ¥Hhni)iiîik  un  iifNTKviixic  ii  bu  nom, 

HiijfdfirM»  (I),  ofi  011  lui  ififtrqiioii  i\\n\  irauroil  |mii  Au  laiiicr  passer  l'am- 
|ifi««rt(loiir  ili«  rimliniiiHl,  roi  do»  Hofiiuiii»  avant  luh  quoique  le  i)ape  eût 
i^oMiMiNiMlit  II  oDl  amliHuaailour  do  prtirOdor  colui  do  Franco.  On  y  ajoute 
i|Mo  «  ni  lo  |ia|io  vout  onooro  fuiro  oollo  lionte  au  roy,  il  lui  fora  reaaentir 
■  do  lollo  t^\}m  ,  qu*il  lumnollra  qu'un  pape  n*o»t  pour  donner  loix 
a  MO  ftili'o  lioMlo  h  un  roy  do  Franco  ;  u  niaia  qu'lioureuaemont  le  roi 
M*M  |iaa  M  Informai  do  ool  liviinouiont.  Il  ^  a  ap|uircnoe  que  ces  dernières 
loili'o»  110  hiroMi  point  onvoy^oa  h  Franvoia  do  Dintovillo;  dàs  le  mois 
do  Jiuivlori  lo  hd  revoit  rappoli^^  ol  avoit  ortlonnd  k  deux  cardinaux  de 
loaloi  h  \\\\\m  on  aa  plaoo«  C/oat  co  qu'on  apprt^nd  de  la  lettre  que 
(lIOMiont  Vil  liorUil  do  IUiuKi)ino  h  François  l*%  lo  8  ASvrier  lf(55  selon 
lo  otilouldo  UoniOi  ol  \K^t  aolon  colui  do  France  (2).  Lo  pape  y 
001  tlllo  au  H\\  quM  a  toujours  reconnu  dans  son  açj^asadeur  qui  re- 
toumoi  un  tr^a  (irand  lèlo  pour  le  service  de  la  Fraiiiê.  Mais  François 
do  Diotovillo  avoit  6{A  desservi  auprès  du  prince,  ainsi  que  la  suite  le 

fora  voir.  ;  * 

Mon  diooèiio  Tattondoit  avec  empressement.  Les  chanoines  de  la  ca- 
thédrale ayant  su  qu'il  devoit  faire  son  entrée  le  dimanche  quatrième 
mai  (5),  et  quMI  apportoit  un  jubilé,  remirent  leur  chapitre  général  an 
huitième  du  mois.  Ils  transférèrent  pour  la  même  raison  la  fête  de  sainte 
Hélène ,  qui  alors  se  faisoit  le  4  mai  de  rit  double.  Malheureusement 
personne  n'écrivit  les  circonstances  de  cette  cintrée;  on  ne  s'étoit  pas  trompé 
dans  Tattente  d*on  jubilé.  Le  vendredi  50  mai,  Louis  Bride,  chanoine, 
son  secrétaire,  apporta  la  bulle  de  ce  jubilé  (4)  et  d'autres  indulgences 
qu'il  avoit  obtenues  du  pape,  pour  la  veille  et  le  jour  de  TAssomption 
et  qui  dévoient  durer  ces  deux  jours  pendant  la  vie  de  Tévèque  ;  des 
chanoines  furent  députés»  au  mois  de  janvier  suivant,  pour  le  remercier 
à  Régennes.  Il  doit  paroitre  extraordinaire  qu'on  eût  tant  attendu.  Mais 
certains  Mémoires ,  restés  autrefois  dans  le  château  de  Yarzy,  nous  ont 
appris  qu'il  fut  en  difiBculté  avec  le  Chapitre,  peu  de  temps  après  son 
arrivée ,  en  ce  qu'il  voulut  officier  et  qu'effectivement  il  officia  sans 


(t)  Cod.  BethUH>  9368,  fol.  3S.  Lettres  de 
Dieppe,  da  i7  Janv.  et  9  fé? .  153Î. 
(t)  Foy.  les  Preofei. 


(3)  1533. 

(4)  Hig.  Cap,,  30  maU  i533  et  ^Zj<mMar. 


a 


ÛUATRB-YINGT-DOUZIÈME   ÉVÊQUB   D*AUXERRB.  121 

avoir  de  bulles.  Cette  diiSculté  terminée,  il  communiqua  au  Chapitre,  i^i  1554. 
le  mois  suivant ,  le  dessein  qu'il  avoit  de  réparer  ses  maisons  épisco- 
pales,  tani  celle  de  Paris  que  celle  d*Auxerre,  et  le  château  de  Régen- 
nés  ;  il  requit  la  compagnie,  par  l'organe  de  son  secrétaire  ci-dessus 
nommé,  de  le  gratifier  de  quelques  arpents  de  bois.  Les  chanoines  lui 
accordèrent  d'en  faire  couper  trois  dans  leur  forêt  de  Merry ,  en  quel 
endroit  îKvoudroit  (1);  et  pour  marque  d'une  paix  entière,  ils  s'en  rap- 
portèrent à  lui,  après  Pâques,  sur  les  difficultés  qu'ils  avoient  avec  le 
trésorier.  Il  en  survint  une  assez  nouvelle ,  lorsqu'il  fallut  donner  un 
successeur  à  Jean  le  Roi,  chantre,  mort  le  il  janvier  1554  (2).  Il  y 
eut  dès  le  5  février  de  si  grandes  difficultés  sur  l'élection  du  nouveau 
chantre,  que  le  Chapitre  résolut  de  les  communiquer  au  prélat,  et  même 
ii  son  conseil.  L'embarras,  venoit  de  ce  que  le  roi ,  en  vertu  des  induits 
à  lui  accordés  par  le  pape  ,  avoit  nommé  Jean  Coqueré  autrement  dit 
Baron.  Les  droits  de  Tévêque  et  du  Chapitre  y  étant  lésés  ,  on  ne  se 
pressa  point  d'entrer  dans  Itl.  vues  du  prince  ;  Tévêque  en  reçut  une 
lettre  de  reproches ,  datée  de  Saint-Germain-en-Laye,  le  26  février 
1554.  Il  la  communiqua  au  Chapitre  le  10  mars.  La  compagnie  en 
avoit  reçu  de  pareilles  qui  tendoient  à  faire  élire  ce  chanoine  appelé 
Baron,  en  cas  d'élection.  Le  lundi  5  avril,  lendemain  de  la  Quasimodo, 
indiqué  pour  l'élection,  on  conclut  de  remettre  la  nomination  entre  les 
mains  de  l'évêque,  avec  protestation  de  continuer  dans  le  droit  qu'on 
avoit  d'élire,  toutes  les  autres  fois  que  le  cas  y  écherroit.  Tous  les  cha- 
noines furent  de  cet  avis,  excepté  Laurent  Bretel  qui  crut  qu'il  valoit 
mieux  renvoyer  la  nomination,  pour  cette  fois,  au  cardinal-légat  Antoine 
Duprat,  archevêque  de  Sens.  Il  n'a  pas  été  possible  de  découvrir  quel 
train  prit  cette  épineuse  affaire,  sinon  que  Jean  Baron  qui  éloit  vicaire- 
général,  et  Louis  Bride,  avoient  chacun  des  provisions,  et  que  le  pre- 
mier  permuta  avec  Ârnoul  Gonthier,  chanoine,  déjà  pourvu  de  plusieurs 
autres  bénéfices  ;  en  vertu  de  quoi  Ârnoul  Gonthier  fut  reçu  à  la  dignité 
de  chantre,  le  10  janvier  1555,  nonobstant  les  oppositions  de  Pierre 
Magnen  et  d'Innocent  le  Caron,  chanoines.  Le  nouvel  évêque  d'Âuxerre 
différa  beaucoup,  et  peut-être  plus  qu'aucun  de  ses  prédécesseurs,  à 

(I)  Reg.  Cap.;  23  febr.  1533.  1     {%  Bcg  1554, 9  apr.  et  15  molî. 


uao  \  is&L 


124  FRANÇOIS   DB   DINTBYILLB    II    DU    ROM, 

ritalien  eût  fait  à  Lyon  amende  honorable  pour  cette  fausse  accusation, 
on  conserfa  de  fâcheux  soupçons  contre  Gaucher  de  Dinteville,  sod 
autre  frère,  seigneur  de  Vanlay.  François,  qui  avoil  des  ennemis  à  la 
cour,  se  vit  enveloppé  dans  la  disgrâce  de  ce  frère  le  plus  jeune  ;  v 
crut  devoir  quitter  le  royaume  un  peu  après  lui,  au  commencement  de 
Tannée  i  559,  et  se  retira  en  Italie,  où  il  s*étoit  formé  des  connoissaoces 
pendant  son  ambassade.  Les  trois  frères  se  trouvèrent  ainsi  réunis  en 
Italie ,  mais  ils  ne  purent  être  admis  à  rester  dans  les  terres  qu'y  avoit 
l'empereur,  ni  chez  les  Vénitiens,  non  plus  que  dans  les  duchéi?  de 
Hantoue  et  de  Ferrare,  quoique  Tévèque  eût  des  amis  parmi  les  Vé- 
nitiens. Ils  furent  donc  obligés  de  se  retirer  sur  les  terres  du  pa|)e  (1) , 
que  le  roi  n'avoit  pas  intéressé  dans  cette  affaire.  L*évéque  y  fut  bieo 
reçu.  Le  pape  Paul  III  lui  donna  audience  en  présence  de  Tainbassa- 
deur  de  France.  L'évéque  exposa  les  motifs  de  son  voyage  de  manière 
à  se  justifier.  On  n'eut  garde  d'en  faire  rapport  au  roi,  de  crainte  de 

le  brouiller  avec  le  pape.  Mais  enfin  ce  prince  connut  la  vérité.  Il  fat 
informé  non-seulement  que  Tévéque  d'Auxerre  avoit  été  favorablement 
reçu  du  pape  et  de  plusieurs  cardinaux;  il  apprit  aussi,  avec  le  temps^ 
que  ce  prélat  étoit  innocent.  Cependant  aussitôt  après  le  départ  de 
cet  évéque ,  on  avoit  saisi  tout  son  temporel  y  ses  meubles  et  ses 
fonds,  tant  ecclésiastiques  que  patrimoniaux  ;  des  commissaires  avoient 
été  nommés  pour  la  régie  du  revenu  de  ses  bénéfices  (2).  Pierre  de 
Hareuil»  autrement  dit  de  Montmoreau,  évèque  de  Lavaur,  déclaré  admi* 
nistrateur  de  Tévéché  d'Âuxerre,  expédia  en  cette  qualité  des  provisioos 
de  bénéfices  (3).  François  de  Dinteville,  rappelé  par  ordre  du  roi,  revint 
en  France  pendant  l'été  de  Tan  1542.  Il  se  rendit  d'abord  en  Cham- 
pagne pour  voir  ses  deux  abbayes  de  Moutier-la-Celle  et  Moutier-Ramé. 
Informé  que  l'évéque  de  Lavaur  ne  vouloit  point  lui  rendre  la  jouis* 
sance  de  l'évéché  d'Auxerre,  ni  ces  deux  abbayes,  a  moins  qu*il  ne 
lui  cédât  l'abbaye  de  Moutier-la-Celle,  il  fit,à  Joinville,  Ie2G  juin,  une 
protestation,  pardevant  deux  notaires,  contre  cet  évéque,  par  continua- 


(1)  Lettre  de  M.  Gri^nac,  amb.  da  roi  à 
Rome,  aa  conoélable,  du  SI  oclob.  1539. 
Mém.  de  Ribier,  t  i,  p.  479. 


(2)  Reg.  CapU.  15G4,  in  Recept.  Martini 
fiouiseau,  archid. 
[%)  Reg.  Cap.  i^¥),  1511. 


QUATRE-V1NGT>-D0UZIÈME  ÉVÊQUE  d' AUX  ERRE.  125 

lion  d/^  celles  quMl  avoit  déjà  faites  sur  le  même  sujet  en  partant  (1). 
M.  Bouchard,  maître  des  requêtes,  et  le  trésorier  de  Bretagne  (2),  se- 
crétaire de  Tamiral,  s*étoient  chargés  de  traiter  cette  affaire.  Il  déclara 
que  s'il  consentoit  à  un  accord,  c'étoit  comme  forcé  et  contraint,  et 
pour  obtenir  la  main-levée  de  ses  bénéfices.  Quelques  jours  après  il  eut 
main-levée  de  tout  son  temporel  (5).  Le  roi  adressa  Ik-dessus  des 
lettres  aux  baillis  d'Âuxerreet  de  Troyes,  datées  de  Monstier-sur-Saulx, 
le  28  juin,  par  lesquelles  ce  prince  le  recevoit  dans  ses  bonnes  grâces, 
et  déclaroit  vouloir  en  donner  des  preuves  :  «  espérant,  dit  le  roi,  qu'il 
1»  fera  pour  par  cy-après  nous  faire  d'aussi  bons  services ,  qu'il  nous  a 
»  fait  par  le  passé  es  lieux  et  endroits  où  nous  Tavons  employé  (4).  > 
Le  clergé  et  le  peuple  attendoient  son  retour  avec  impatience.  Lorsque  les 
chanoines  de  la  cathédrale  furent  avertis  qu'il  avoit  dessein  de  rentrer 
à  Auxerre,  ils  conclurent,  le  samedi  huitième  juillet,  de  faire  une  pro- 
cession générale  pour  remercier  Dieu  de  ce  que  l'innocence  du  prélat 
avoit  été  pleinement  reconnue.  Il  ne  voulut  cependant  pas  rentrer  avec 
éclat  ;  et  pour  éviter  les  acclamations ,  il  n'arriva  à  la  ville  que  sur  les 
dix  heures  du  soir,  le  dimanche  16  juillet,  après  trois  ans  et  demi  on 
environ  d'un  exil  volontaire.  Le  lendemain,  durant  tonte  la  journée,  il 
reçut  les  compliments.  Les  chanoines  célébrèrent  ce  jour  comme  celui 


ir.30  \  1554. 


(1)  Promptuar.  Tricass.,  foU  25. 

(2)  Palamédes  GonUer. 

(3)  On  Toit  par  les  plaidoyers  de  cette 
affaire,  parmi  les  Mu  de  M.  Dupuy,  Cod. 


702,  qu*eUe  n'étoit  pas  encore  terminée  en 
1547  (a). 
(4)  Jbid.  fol  26. 


(a)  Les  plaintes  de  Févêqne  d' Auxerre  contre  celui  de  Lavaur  montrent  que  ce 
dernier  n*avait  pas  tenu  la  conduite  que  lui  commandait  son  caractère,  lors  de  la 
•Saisie  du  temporel  de  M.  de  DinteviUe.  On  voit  dans  un  Mémoire  en  réintégraiide 
de  Fan  1547  (M»  Dupuy,  f<»  124),  où  Tévéque  récuse  des  témoins,  «que  M>^<'  d'£s- 
»  tampes  a  eu  part  au  butin,  comme  le  porte  une  lettre  au  procès.  Elle  a  heu  partye 
»  de  la  chapelle  dudit  demandeur  qu'elle  retient  encores,  assavoir  ung  reliquaire 
»  d*OT  garni  de  pierres  précieuses,  ung  aultre  d'argent  doré  garni  de  semblables 
M  pierres,  ung  aultre  reliquaire  d'argent  esmaillé  de  bleu,  auquel  y  a  une  longue  et 
»  grande  pierre  appelée  lapis-lazzuli,  entaillé  des  mystères  de  la  Passion.  » 

En  1548,  le  procès  continue  pour  la  restitution  de  Tabbaye  de  Moutier-la-Celle, 
extorquée  parVéTèque  de  Lavaur,  ainsi  que  pour  les  revenusde  révéché.    {N.  d.S.) 


122  FRANÇOIS   DB    DINTETILLB   II   DU   MOM, 

1580  ï  1554.  prêter  le  serment  à  Téglise  de  Sens  ;  encore  n'alla-t-ii  pas  en  personne 
rendre  ce  devoir.  Il  chargea  de  sa  procuration  Florent  de  la  Barre, 
doyen,  le  même  jour  que  Louis  de  Bourbon  se  fit  recevoir  à  Sens,  en 
place  du  cardinal  Duprat,  le  22  janvier  1555,  suivant  le  calcul  de 
France.  Le  doyen,  délégué  ,  se  rendit  a  Sens ,  et  fit  la  soumission  au 
délégué  de  l'archevêque  Tan  1556. 

François  de  Dinteville  tint  ses  synodes  régulièrement ,  il  y  fit  des 
statuts  dont  le  recueil,  publié  sur  la  fin  de  ses  jours,  a  été  très  estimé  ; 
il  dressa  des  règlements,  en  particulier  l'an  1556,  pour  la  collégiale  de 
Saint-Martin  de  Glamecy.  La  même  année  on  imprima  à  Paris  le  Ma- 
nuel d^t  prêtres^  selon  l'usage  de  l'église d'Âuxerre.  Ce  livre  contient 
l'administration  des  sacrements  qui  sont  de  la  compétence  des  prêtres, 
les  bénédictions  qui  sont  de  leur  ministère,  la  formule  des  inhumations 
et  autres  semblables  usages  des  Chapitres  ou  des  paroisses  ;  c'est  la 
première  édition  de  ce  manuel  (1).  Ces  sortes  de  livres  ont  aujourd'hui 
le  nom  de  rituel.  L'année  suivante  fut  imprimé  le  processionnel  ;  on 
croit  qu'il  parut  pour  la  première  fois  k  une  célèbre  procession  générale, 
qui  se  fit  au  commencement  «de  mai  par  tout  le  clergé  en  chapes,  le 
prélat  à  la  tête.  Dans  la  chaleur  de  ces  éditions  se  fit  celle  du  Missel 
d'Auxerre,  la  plus  belle  qu'on  eût  vue  jusqu'alors  :  le  calendrier  contient 
des  fêtes  inconnues  dans  la  cathédrale  avant  l'an  1555.  On  lit  dans 
les  registres  du  Chapitre,  que  le  prélat  en  fit  présent  le  28  février  1558. 
11  avoit  établi  dès  l'an  1 551 ,  lors  de  son  ambassade  k  Rome ,  Filbert 
de  Beaujeu,  évêque  de  Bethléem,  pour  son  sufiragant  quant  aux  fonc- 
tions épiscopales.  Cet  évêque  vice-gérant  avoit  visité  les  paroisses  de 
la  ville,  et  fait  les  ordinations  suivant  le  besoin.  On  croit  qu'il  lui  con- 
tinua les  mêmes  pouvoirs  depuis  son  retour  de  Rome,  au  moins  pendant 
quelques  années;  cela  est  d'autant  plus  vraisemblable,  qu'il  fut  obligé 
de  faire  plusieurs  voyages,  à  l'occasion  d'un  bâtiment  qu'il  entreprit  à 
Tonnerre,  en  1555,  et  qu'il  fut  détourné  de  ses  fonctions  par  une  autre 


(i)  Il  porte  pour  titre  :  Manuale  seu  OUi' 
ciarium  êocerdoium  seeundum  tiitim  ec- 
cletiœcathedralit  AntUsiodorensU.  Il  sert 
merveilleasement  à  prou?er  combien  on  a 
iunové  dans  le  siècle  dernier,  surtout  eu  fait 


de  suppressions  de  prières.  Les  éditeurs,  par 
une  fausse  application  de  la  langue  grecque, 
changèrent  alors  l'ancien  mot  Autisiiodo- 
rutn  en  celui  d'Aniissiodorum. 


QUATRE-VINGT-DOUZIÈME  ÉVÉQUE  d'aUXERRE.  127 

SOUS  de  Fendroit  où  l'on  voit  encore  les  armoiries  de  sa  famille.  Certai- 
nement il  donna,  en  1547,  le  vase  de  porphyre  que  Ton  voit  sous  une 
petite  voûte  qui  soutient  la  statue  de  saint  Christophe.  L'inscription 
qui  se  lit  au  pied  de  ce  vase  oblong,  marque  avec  quels  sentiments  de 
piété  il  souhaitoit  que  les  fidèles  prissent  de  Teau  bénite  en  entrant  dans 
la  maison  de  Dieu.  Il  fit  aussi  orner  la  chapelle  de  Saint-Germain, 
sttuée  au-dessous  de  celle  du  revestiaire ,  de  peintures  à  fresque  fort 
délicates  qui  représentent  les  principales  actions  et  miracles  de  ce  saint 
évéque  ;  et  vraisemblablement  la  clôture  de  cuivre  de  cette  chapelle  est 
un  effet  de  sa  magnificence  (a).  Les  évéques  d'Âuxerre  dont  on  fait 
l'office  ou  qui  passent  pour  bienheureux,  furent  représentés  par  son 
ordre  sur  les  murs  de  la  chapelle  de  Saint-Sébastien  (6) .  Il  est  encore 
probable  que  le  haut  des  peintures  de  la  rose  du  grand  portail  est  de 
son  temps  et  fait  à  ses  frais.  Quelques-uns  même  ont  cru  l'y  voir  re- 
présenté au-dessus  de  l'image  saint  Jacques.  Pour  ce  qui  est  de  ses 
ornements,  il  différa  jusqu'à  l'an  1554  ;  et  on  verra  ci-après  qu'on  ne 
les  reçut  que  peu  de  jours  avant  sa  mort. 

Quoique  cet  évéque  aimât  beaucoup  à  décorer  les  temples  matériels, 
on  peut  dire  qu'il  s'attacha  encore  davantage  à  former  les  temples  spi- 
rituels. Les  luthériens  avoient  profité  de  son  absence  pour  s'insinuer 
dans  son  diocèse,  principalement  dans  les  lieux  qui  sont  au  centre  du 
royaume,  sur  la  route  de  Paris  à  Lyon,  le  long  du  rivage  de  la  Loire.  Il 
entreprit  de  connoltre  en  peu  de  temps  le  mal  qu'ils  pouvoient  avoir 
causé  ;  et  pour  en  faire  plus  vite  la  perquisition  ,  il  s'associa  l'évéque 
d'Ebron  de  l'ordre  de  Saint-Domique,  qui  fit  les  visites  dans  un  canton 
du  diocèse,  pendant  que,  de  son'  côté,  il  les  faisoit  dans  un  autre.  L'an 
1545  ils  visitèrent  à  ce  dessein  différentes  paroisses  (1).  L'évéque 
d'Ebron  étoit  le  25  novembre  à  Cravan,  où  il  accorda  des  indulgences 
à  ceux  qui  contribueroient  à  l'avancement  de  Téglise  qu'on  bâtissoit 


1530  k  1554. 


(1)  Bx  autographo. 


(d)  Tous  ces  objets  d'art  sont  détruits  aujourd'hui.  {N-  d.  E.) 

(h)  Ces  fresques  existent  encore  en  partie.  iN*'d,  E.) 


128  nU5Ç0IS  DC  DCTTBTILLB  U  DC  !I01, 

k  15&L  ^^^  W  ^  ^  FniKois  de  DînteTÎIIe  aax  Qoalre-Temps  de  décembre  fil 
rordinatîoo  de  Vanj.  La  TÎIIe  de  Cosne-sor-Loire  paroit  aïoir  été  la 
première  où  il  s^aperçat  que  lliérésie  aToit  pris  quelques  racines.  Pour 
les  arracher  eotièremeot,  il  j  retooma  aa  mois  d^octobre  1545,  em- 
menaot  avec  lai  Tarchidiicre  de  Paisaje  (1).  Ce  fat  dans  le  coars  des 
visites  de  celle  année-1^,  qoe  le  droit  de  procuration  lui  avant  été  refusé 
par  Fabbé  de  Saint-Germain,  pour  la  visite  de  la  cure  de  Moutiers,  sans 
avoir  égard  qu*eD  1545  Févéque  d*Ebron  a  voit  été  logé  au  prieuré,  il 
crut  devoir  pousser  cQlafEiire  en  parlement  (2).  C*est  peut-être  pour 
ceh  qu'on  ne  trouva  lioi  de  lui  en  1546.  Etant  à  Gien  en  1547,  il  fut 
averti  que  plusieurs  habitants  de  cette  ville,  aussi  bien  que  de  Briare, 
Bout  ,  Neuvj,  G>sne,  Pouillv  et  La  Charité  se  dispensoient  du  devoir 
pascal  ;  il  ordonna  aux  curés  de  £ûre  des  exhortations  sur  cette  matière 
le  dimanche  des  Rameaux*  el  de  tenir  un  registre  de  ceux  qui  s'ap- 
procheroient  des  sacraiients«  pour  Tapporter  au  synode  après  la  quin- 
xaine  de  P^ues.  D^autres  aflaires  l'avant  appelé  à  Paris  en  1549  (5), 
il  chargea  Jacques  de  Mootracé,  cordelier,  évèque  de  Russion,  de  faire 
dans  tout  le  diocèse  les  (onctions  épiscopales ,  el  de  Teiller  par  des 
visites  à  b  conservation  de  b  foi.  La  discipline  éloil  encore  alors  très- 
exacte  pour  Tobservalion  du  Carême,  el  Ton  n*avoit  garde  d\  faire  de 
brèche,  dans  un  temps  où  rabslinence  éloil  combattue  à  découvert  (4). 
Aussi  les  pieux  catholiques  du  diocèse  s*abslenoient  encore  alors  de 
Tus^  du  beurre  el  du  finomage  pendant  le  carême ,  et  ceux  qui  vou- 
loient  en  user  demandoieni  b  permission  à  Févéque.  Ten  ai  lu  un 
exemple  (5)  dans  b  personne  de  Françoise  de  Clermoot,  femme  de 
Charies  de  Rochechooard ,  se^nenr  de  Saint-Âmand  (6).  Parmi  les 
prédicateurs  qu'il  avoil  approuvés,  il  j  en  eut  qui  favorisèrent  la  nouvelle 


;l)  Met.  Cap. 

{%  ibf .  Epûc.  Sipmt.  D«cUf>. 

(3,  Jltf  . 


{4)  ibf .  l>«chié. 

^S   Eccveil  et  fonnoles  de  soa  teaip«. 
(6;  rof.  k«  Preafes,  1550. 


(c)  Le  cbcnir  et  la  tour  de  cet  édifice  sont  de  ce  temps  et  de  style  Renaissance  . 
On  lit  sur  un  cartouche  de  la  tour  :  «  De  may  le  3S,  Faa  1551  a  esté  fondée  cette 
»  tour,  priex  Dieu  poor  tons  en  cobbub.  »  (AT.  d  £.) 


quàtre-yingt-douzième  évêque  d'auxerre.  i29 

réforme  ;  il  leur  ôta  aussitôt  ses  pouvoirs,  el  les  obligea  de  quitter  son 
diocèse,  entre  autres,  un  nommé  Ghaponneau  qui  avoit  scandalisé  par 
ses  sermons  tout  le  peuple  de  Gien  (1).  L'année  même  qu'il  fit  publier 
la  convocation  du  concile  de  Trente  (2) ,  en  conséquence  de  Tavis  du 
cardinal  de  Bourbon,  archevêque  de  Sens,  un  prêtre  de  Gien  fut  assez 
hardi  pour  se  marier  à  une  jeune  veuve  de  Cosne.  Ge  prêtre  arrêté  et 
convaincu  en  septembre  1551,  fut  condamné  au  feu  après  avoir  été  dé- 
gradé (5).  François  de  Dinteville  ôta  quelquefois  aux  officiaux  particu- 
liers du  diocèse  la  connaissance  de  certaines  affaires,  les  évoquant  k 
Âuxerre,  afin  qu'elles  y  fussent  jugées  avec  plus  de  maturité  (4)  L*usage 
du  bras  séculier  ne  fut  pas  la  seule  voie  qui  vint  au  secours  pour  arrêter 
les  progrès  de  l'hérésie  (a).  L'évêque  d'Auxerre  embrassa  comme  les 
autres  prélats  tous  les  moyens  généraux,  tels  que  la  prière,  les  jubilés, 
et  les  confréries.  Dans  ces  temps  nébuleux  parut  fort  à  propos  la  con- 
frérie du  Saint-Sacrement.  Dès-lors,  elle  passa  jusqu'aux  églises  de  la 
campagne  (5).  Vers  le  même  temps  commencèrent  en  certaines  églises 
des  saints  pour  la  paix  de  l'Eglise; ceux  qui  yassistoient  gagnoient  des 
indulgences.  Les  prières  que  le  roi  avoit  demandées  en  i555,  contre  le 
progrès  de  l'hérésie  prévinrent  la  publication  du  jubilé  que  Jules  III 
avoit  accordé.  Notre  évêque,  conformément  à  la  volonté  du  roi,  ayant 
ordonné  en  1555  des  prières  pour  obtenir  l'extinction  de  l'hérésie  (6), 


I5;)0  à  I5Ô1. 


(1)  HisU  de  la  prise  d'Aaierre,  pièces 
Jost.,  p.  5. 

(^)  yoy.  Preuves,  an.  1551. 

(3)  Reg,  Dachië,  1551,  21  sept. 

(4)  Rey,  Dachié,  2  ocl.  1551. 


(5)  Reg.  Dochié,  27  mars  1554.  Fond,  à 
Saint-Mamert  d'Auxerre,  par  Marie  Bonnet, 
femme  de  Germain  Chein. 

(6)  Hist.  de  la  prise  d*Àuxerre,  pièces 
Jnst.,  p.  5. 


(a)  En  1542,  les  luthériens  de  Gien  âevenaient  nombreux.  L'étèque  chargea 
M.  de  LoDgueil,  chanoine  de  Gien,  de  recevoir  les  révélations  des  hérétiques  qui 
devaient  les  faire  sous  peine  d'excommunication.  Mais  le  procureur  du  roi  et  celui 
des  habitants  de  la  ville  protestèrent  et  déclarèrent  vouloir  s'en  tenir  à  la  sentence 
de  la  cour  de  parlement  qui  ordonnait  que  les  révélations  seraient  reçues  par  les 
curés  des  paroisses  assistés  d'un  marguillier.  Aussi,  le  17  août,  le  bailli  de  Gien 
rendit  une  sentence  portant  défense  à  M.  de  Longueil  de  passer  outre  à  peine  de 
60  livres  d'amende  et  de  prison,  «  d*afutant  que  ledit  de  Longueil  est  suspect  et  s  est 
»  vanté  qu'il  luy  cousteroît  son  bien  ou  qu'il  auroit  raison  des  luthériens  de  Gien.  » 
—  Areh.  de  V  Yonne,  Documents  historiques.  (iV.  d.  E,) 

11  9 


i50  FRANÇOIS   DE   DINTEVILLB   II   DU   ROM, 

1530  »  r.64  ^"^'^"^  ^®  nouveau  jubilé  accordé  par  le  pape,  La  lettre  qu'il  écrivit  à 
ce  sujet  au  clergé  de  son  diocèse  (1),  porte  expressément  qu'on  ne  permit 
à  aucun  des  ecclésiastiques  qui  s'érigeoient  en  quêteurs  d'aumônes,  de 
monter  en  chaire  ni  de  parler  en  public  à  l'occasien  de  ce  jubilé  ;  de 
crainte  que,  sous  prétexte  d'exhorter  à  Taumône,  ils  n'avançassent  quel- 
ques propositions  luthériennes  ou  antres  condamnées  par  l'Eglise.  Re- 
mettant ainsi  souvent  devant  les  yeux  des  curés ,  certains  articles  des 
ordonnances  qu'il  avoit  publiées  dans  le  synode  du  5  mai  1552,  il 
éloigna  quantité  de  faux  docteurs  qui  cherchoient  à  pervertir  la  foi  des 
peuples.  La  publication  de  ces  statuts  synodaux,  fut  un  des  moyens  les 
plus  efficaces,  dont  il  usa  pour  prévenir  la  corruption  générale  (a).  Par- 
lant d'après  ses  prédécesseurs  ,  qui  lui  avoient  transmis  le  dépôt  de  la 
foi  et  la  pureté  des  canons,  il  s'étoit  contenté  d'en  résumer  tous  les 
règlements,  qu'il  fit  rédiger  dans  une  latinité  pure  et  exacte  :  il  en  ajouta 
de  nouveaux  qu'il  avoi  tété  obligé  de  dresser  depuis  les  tentatives  des 
disciples  de  Luther  et  autres  sur  la/oi  et  la  morale  ancienne. 

Le  reste  des  actes  émanés  de  son  secrétariat  ne  regarde  que  la  disci- 
pline ordinaire  du  diocèse  selon  les  difierents  cas  qui  se  présentoient , 
et  il  n'y  a  de  remarquable  que  quelques  établissements  d'églises  succur- 
sales et  quelques  visites  de  maisons  religieuses.  Les  habitants  de  Beau- 
mont  proche  Chemilly    l'avoient  supplié,  dès  les  premières  annéejs  de 


(I)  MaDd.  da  15  dot.  1553. 


(a)  A  cette  époque,  le  clergé,  en  général,  n^avait  pas  cette  gravité  de  mœars  que 
nous  sommes  habitués  à  lui  voir  de  notre  temps.  Par  un  article  des  statuts  du  sy- 
node de  1552,  révoque  ordonna  aux  ecclésiastiques  de  porter  des  vêtements  noirs 
ou  approchant  du  noir.  Il  voulait  restreindre  par  là  le  luxe  du  clergé  qui  ne  se  dis- 
tinguait plus  des  laïques.  Par  un  reste  d'habitudes  du  moyen-âge,  les  choses  mon- 
daines l'occupaient  trop  souvent.  Le  Chapitre  cathédral  d'Auxcrre,  remplissant 
Tofiice  d'administrateur  de  Févêché,  le  siège  vacant,  en  1555,  défend  aux  ecclésias- 
tiques le  blasphème,  le  concubinage,  le  port  de  costumes  indécents,  etc.  On  voit 
plusieurs  fois,  dans  le  registre  capitulaire  d'où  nous  tirons  ces  notes,  que  des  cha- 
noines, oubliant  la  retenue  que  leur  impose  leur  habit,  ont  frappé  des  gens  qui  leur 
disaient  des  injures  ou  leur  causaient  des  désagréments;  pour  quoi  ils  ont  obtenu 
du  Chapitre  absolution,  sauf  les  droits  des  tiers.  —  Arch.  de  r  Yonne,  Fonds  du 
Chapitre  d'Auxerre.  (iV.  d.  E.) 


QUATRE-VINGT-DOUZIÈME    ÉTÊQUE   d'aUXBRRE.  151 

son  épiscopat,  d*ériger  leur  chapelle  en  paroisse  ;  mais  les  dépotés  que   1530 1 1551. 
le  Chapitre  de  la  cathédrale,  intéressé  dans  cet  établissement,  lui  en- 
voya ,  n'eurent  pas  de  peine  à  le  rendre  sensible  au  tort  que  cette 
érection  alloit  faire  à  la  compagnie.  Ainsi  la  proposition  fut  rejetée  dès- 
l'an  1558  ;  ce  fut  la  même  année  qu'il  fit  la  dédicace  de  Téglise  de 
Gourson  (1  ).Les  deux  églises  succursales  dont  il  se  présente  quelque  chose 
k  dire,  sont  Ghampoulet  et  Vergers.  Frère  Rolland  de  Givarlay ,  curé 
de  Batilly,  et  Charles  de  Givarlay,  seigneur  de  Ghampoulet,  présentèrent 
requête  à  Tévêque  ,  à  ce  qu'il  leur  fût  permis  de  bâtir  une  chapelle  h 
Ghampoulet,  et  de  Tériger  en  succursale  de  Batilly.  Le  clergé  de  Batilly 
composé  de  deux  prêtres  y  ayant  consenti,  aussi  bien  que  damoiselle 
Guy  de  Prie  veuve  de  Jean  de  Givarlay,  et  les  habitants  de  Batilly  au 
nombre  de  trente-huit,  la  permission  fut  accordée  le  21  décembre  1549, 
à  conditioq  de  construire  sur  le  lieu  un  presbytère  pour  le  curé  de 
Batilly  ou  pour  son  vicaire.  Il  y  avoit  en  1552  procès  à  roflicialité 
de  Sens,  entre  Charles  Darrnes ,  seigneur  de  Yei^ers  et  les  habitants 
d'une  part ,  et  Pierre  du  Broc ,  curé  de  Sully  d'autre  part ,  touchant 
la  desserte  de  Vergers.   Ils   firent    un  compromis  entre  les  mains 
de  Tévêque  diocésain,  qui  statua  le  22  mars,  que  les  habitants  de 
Vergers  et  de  Ghassaigne  feroient  b&tir  un  presbytère  k  Vergers,  qu'ils 
entretiendroient  l'église  généralement*  de  tout,  avec  une  lampe  ardente 
jour  et  nuit  devant  le  Saint-Sacrement,  et  qu'ils  donneroient  un  fonds 
d'héritage  au  curé  de  Sully  ;  et  qu'à  l'égard  de  ce  curé,  il  viendroit  de* 
meurer  à  Vergers,  ou  qu'il  y  mettroit  un   vicaire  pour  y  chanter  les 
messes  et  les  vêpres  et  complies,  non-seulement  les  jours  de  fêtes,  mais 
encore  tous  les  samedis  et  veilles  des  fêtes  commandées.  Ceci  nous 
apprend  l'ancienne  obligation  de  tous  les  curés ,  de  chanter  vêpres  les 
veilles  de  fêtes  et  les  samedis.  On  connolt  dans  la  campagne  quatre 
chapelles  dont  les  fondateurs  eurent  recours  k  l'autorité  de  François  de 
Dinteville  (2).  Il  permit  par  lettres  expédiées  à  Régennes,  le  24  juin 
1549,  k  Etienne  Janneau,  marchand  bourgeois  d'Âuxerre,  de  faire  dire 
la  messe  dans  la  chapelle  par  lui  bâtie  à  Monéteau,  pourvu  que  ce  fût 


(1)  Beg.  Oap.f  4  nov.  1558  e(  7  felnr,     |     (S)  Regist.  Ducbiô. 


132  nu3ÇMS  is  Msrirrmu  ■  BC 

^^  «  .js4^  sam  iùmmtr^  saas  tkami  et  aaas  aw^tcalm  de  pcsple:  car  3  êloit  très* 
juestif  â  FoUiptimi  qà'mt  Us  fidèles  d'asâîstcr  â  h  mtsèe  de  paroisse. 
et  3  tte  petsetMMt  poist  q«  m  dît  de  neacs  la»»  aiant  b  gnnd'- 
■ease  1  .  Ddosaapenû«oo,le20j«3ktsahaBt,à  Astoiseda  Bo«r^ 
de  étWÊtmti  pmcfe  b  ckifclle  de  Saimle-Ceacfiève-lès-AMerre^  et 
d'y  aeaer  b  vie  d'cnûte  <?  «  ee  ^  a  losjows  été  très-nre  dass  le  dkK 
ccse.  Aauwie  SoveOe  et  MicM  le  Be«f .  riches  kabitants  de  la  pa- 
riîfse  de  Sawt-Tcni>-des-Boi§ ,  l«  araat  rcfircseslé  ea  1530.  q«*a 
case  des  ekeaûs  s— fe»t  nipraiicaliles,  ib  me  povroicBt  venir  exacte- 
aept  a  b  prMse,  3  lear  peint  (3)  de  bitir,  so«s  FiaTc^ation  da 
Saîat  Esprit  et  de  saisie  Aane,  mmt  dapeBe  daas  lev  terre  appelée 
Jétwuiem^  et  d^v  fâtt  tâAnt  b  Besie  aix  coodîtîoBS  d-dessas  mar- 
^■ées,  et  saas  être  dîipewés  d*assîster  a  b  sesse  paroissiale,  lorsque 
le  teflips  le peraetlroît.  Nicolas  RateioL,  prêtre  cfaapebÎD  de  b  chapelle 
da  mam  de  Saial-lloré  sitoée  s«  les  limites  des  paroisses  de  Saint- 
More  et  d'Artj,  hi  reprëseota  le  maivais  état  oi  les  gaerres  et  le  mal- 
kear  des  tesps  avoteat  rédait  le  bitiaieaLp  qai  avoit  aatrefois  été  coo- 
aidéraUe  ;  et  qaH  vieadroit  à  boat  de  le  rétablir,  ea  j  érigeant  une 
caafrérie  paar  les  parotmes  da  voisinage.  Sa  demande  lai  fat  accordée 
h  B^eaaes  (k)  le  22  janvier  1532.  (5).  D  j  eat  pendant  les  dernières 
de  son  épîscopatde  (réqaenU  dcnombremenls  des  bénéfices.  Le 


Il    Ceaâ  n  «tkie  ée  tci  SUIali  fy-  i  «•a""--^"""  "•  i"imf  f^oacroyott 


.  ««■*  m:   ■   .     >■   cas.   a  cawe  ëes   conflits 


\  «frréi   CB   ce   Htm    éam   le   t«sf«   4» 
J    j^g  *  t.tMHS  :«■.  FObcft  ée  acaajeo.  érèqve  de 

'4    Ex  €wfofTwM^  ■Hfclît^,  St,  par  son  ordir.  la  même  cmr- 

'!V    Je  M  parle  poM  ée  éemK  iteameSH»'  «  mmmt  «■  ri^tifrf  4e  J««t  ca  IS4*.  Le 

;îcre  fm"A  St  lai  léMe  ea  u  .  ««iiie  éréfi»,  par  otMaBUftioa  <ia  3  oo- 

ic^>Mr  ra»l55l,»ar€ir:cthû*e  Ve«oy,  [  vcakre  ie  la  aéflie  aance,  dédia  rédige 
poil*  parcffMM4>H^,Heel>i  i  parMÛle  de  Sai»?-lc»^«is. 


'/i;D  eusUftdau  ce  dsetièreaDe  chapelle  oabasOiqoe  de  StMkMqiii  était  dêji 
fort  andeane  an  xfi*  «ècle.  EDc  deriot  le  relage  des  Confrères  de  b  Mbéncord^. 
après U  destmctioo,  en  15S7,  de  Tc^ue  Saiot-AmatreoàOs  sasseonbUient  aopara 
Tant  Déjà,  eo  ISTT,  M.  de  DioterîDe  arait  approoré  leurs  statuts  qui  furent  bomo- 
losoés  par  le  parlement  en  174t.  —  Ârd^-  de  T  Foaaf,  Fonds  Saint-Amatre. 

(X.  d.  £ 


QUATRE-VIMGT-DOUZIÈMB   ÉVÊQUE   D*AUXERRB.  153 

9  mai  1550,  il  tint,  dans  le  palais  épiscopal,  une  assemblée  générale  de  i^qq  ^  ^554 
tout  son  clergé,  au  sujet  des  nouvelles  acquisitions  qui  pouvoient  avoir 
été  faites  par  chaque  bénéficier.  Le  roi  ayant  aussi  demandé  un  état  de 
Targenterie,  des  charges  et  des  revenus  de  chaque  église,  il  enjoignit  à 
ses  archidiacres,  le  18  avril  1552,  de  faire  cet  inventaire,  chacun  dans 
leur  détroit  (1);  mais  on  ne  voit  pas  que  cela  fût  si  ponctuellement 
exécuté  que  l'imposition  sur  les  bénéfices,  faite  pour  le  roi  Henri  II,  en 
15S1,  après  la  tenue  du  synode,  et  celle  qui  fut  mise  sur  chaque  clocher, 
en  1552,  par  forme  d'emprunt  accordé  au  même  prince. 

Quelques-uns  des  monastères  de  son  diocèse  étoient  un  peu  dans  le 
dérangement.  On  se  plaignoit  surtout  de  celui  de  Saint-Laurent ,  de 
l'Ordre  des  chanoines  réguliers.  Un  arrêt  donné  en  parlement,  k  la  re- 
quête du  procureur  du  roi  le  14  avril  1548,  portoit  que  les  religieux  de 
cette  abbaye  seroient  réformés.  Le  prélat  à  qui  il  fut  signifié,  nomma 
au  mois  d'octobre  suivant  (2j  deux  chanoines  réguliers  du  même  Ordre 
pour  y  introduire  la  réforme,  savoir  Laurent  Petitfou,  abbé  de  Saint- 
Père  d'Auxerre,  et  Jacques  du  Coin,  religieux  de  Saint-Martin  de 
Nevers.  Il  les  établit  ses  vicaires-généraux,  à  cet  eflet,  avec  pouvoir  de 
faire  toutes  les  informations  et  perquisitions  nécessaires,  punir  les  dé- 
linquants et  les  réfractaires,  et  rétablir  le  bon  ordre.  Il  avoit  trouvé 
l'abbaye  de  Saint-Julien  d'Auxerre,  dans  un  état  encore  plus  déplorable. 
Selon  quelques  mémoires  du  temps  (5)  ce  ne  fut  que  par  ses  visites 
en  1554  et  en  1542  au  retour  d'Italie,  qu'il  y  put  remettre  la  régula- 
rité. Pour  l'y  maintenir,  il  fit  encore  une  visite  très-exacte  le  lundi  16 
octobre  1555.  L'abbesse  étoit  Marie  de  Fontaines,  et  la  prieure  Guille- 
mette  de  Saigny.  L'évêque  reçu  avec  solennité  par  les  religieuses  à  la 
porte  de  l'église  (a),  assista  à  la  messe  du  Saint-Esprit  ;  après  l'Evangile 
il  y  eut  prédication  par  un  jacobin,  confesseur  de  la  maison;  la  messe 


(1)  Reg,  Duchié,  16. 

(2)  Beg.  Duchié,  16  ocl.  1548. 


(5)  Mémoires  de  Pierre  Magnen,  pr(H 
moteur,  et  de  Joseph  de  Thou,  greffier. 


(a)  L'abbesse  avait  une  velléité  de  refuser  rentrée  du  monastère  à  Tévéque,  et 
eUe  avait  consulté,  à  cet  effet,  Tévéque  de  Nevers,  qui,  sur  le  vu  des  titres  qu'elle  lui 
soumit.  J'en  dissuada.  —  Ârch,  de  V Yonne,  Fonds  Saint-Julien.         (iV.  d.  E.) 


1530  )  ISM. 


154  FRANÇOIS    DB   DlNTfiVILLB   II   DU   KOM, 

finie,  il  entra  dans  i*intérieur  du  monastère,  et  trouva  tout  en  bon  ordre. 
Il  se  contenta  d'ordonner  qu'on  reiàt  les  règlements,  qu'il  avoit  faits 
dans  ses  deux  visites  précédentes.  En  voici  un  article  curieux  :  c'est 
celui  par  lequel  il  leur  fut  défendu  de  sortir  du  monastère,  pour  tenir  des 
enfants  sur  les  fonts  de  baptême,  et  d'aller  par  la  campagne,  k  oioins 
que  ce  ne  fût  pour  les  aflaires  du  monastère  et  avec  permission.  Ce 
règlement  fait  voir  que  la  clôture  n'étoit  point  alors  si  étroite  qu'elle  l'est 
devenue  depuis.  On  vit  aussi  de  son  temps  un  religieux  d'une  abbaye 
célèbre  de  son  diocèse  réclamer  contre  ses  vœux,  C'étoit  un  cistercien 
du  monastère  de  Pontigny,  appelé  Jacques  de  la  Rivière,  Noble  Adrien 
de  la  Rivière,  seigneur  de  Ghamplemy,  s'opposoit  à  cette  sortie.  Il  fut 
dit,  par  un  arrêt  du  parlement  du  9  janvier  15S5  (1),  que  le  procès 
seroit  mis  en  état  par  deux  conseillers-clercs  du  parlement,  auxquels 
l'évêque  d'Âuxerre  donneroit  des  lettres  de  grand-vicariat;  et  le  prélat 
adressa  ces  lettres  k  MM.  de  Montmiral  et  du  Val,  avec  pouvoir  de 
connoltre  de  cette  affaire  jusqu'à  la  définitive.  Entre  les  bénéfices  régu- 
liers que  François  de  Dinteville  conféra  jure  devo/ufo,  par  l'inattention 
des  présentateurs,  il  s'en  trouve  deux  assez  considérables.  Le  prieuré 
simple  de  Notre-Dame-du-Pré,  proche  Donzy,  qu'il  conféra  à  Jean 
Moreau,  clerc  du  diocèse  de  Meaux,  en  1550,  et  la  cure  de  Notre-Dame- 
la-d'Hors,  dans  la  ville  d'Auxerre,  de  l'Ordre  de  Prémontré  (2),  dont 
il  fit  expédier  les  provisions  à  Jean  Guérin,  prêtre  de  l'Ordre  et  gradué, 
au  refus  de  l'abbé  de  Saint-Marien.  Le  doyenné  de  la  cathédrale  fut 
dans  le  même  cas^  après  la  mort  de  Florent  de  la  Barre  (5).  Le  registre 
du  secrétariat  prouve  combien  de  fois  différentes  il  en  pourvut  un 
chanoine,  appelé  Nicolas  Blanchard,  dans  les  années  1551  et  1552  (4)^ 
Il  usa  aussi  en  1555  du  droit  qu'a  l'évêque  de  confirmer  l'élection 
du  chantre  de  la  cathédrale.  Les  deux  archidiacres  étant  allés,  le  pre- 
mier jour  d'août,  avec  l'élu,  nommé  Laurent  Robert,  lui  en  parler  k 
Régennes,  il  assigna  le  lundi  7  du  mois  pour  donner  celte  confirmation, 
ordonnant  d'afiicher  l'acte  d'élection  où  il  étoit  nécessaire.  Et  comme 
il  ne  se  trouva  aucune  opposition,  pas  même  dans  l'enquête  du  vice- 


(1)  Voy.  le»  Preuve»,  1553. 
(S)  Beg.  Ducfaié.  50jttUii550. 
(3)  Hfid,  12  sept.  1554. 


(4)  On  ne  sait  ce  que  signifloient  ce»  réité- 
ratiom  de  proTisioiis  enfen  an  môme  sujet. 


QUATRE-VINGT-DOUZIÈME   ÉVÊQUE   d'aUZERRE.  155 

gèrent  de  l'officialité,  chargé  de  s'informer  de  la  vie  et  des  mœurs  de 
Télu ,  h  prélat  fit  expédier  l'acte  de  confirmation  et  lui  conféra  la 
dignité  de  chantre,  en  présence  de  noble  Claude  du  Plessis,  curé  de 
Saint-Privé,  et  Joachim  de  Dinteville,  prieur  de  Viviers,  au  diocèse  de 
Langres,  ses  parents.  Laurent  Robert  avoit  été  son  secrétaire.  Entre 
ceux  qu'il  plaça  dans  le  Chapitre  les  vingt  premières  années  de  son 
épiscopat,  se  trouve,  en  1557,  Louis  de  Dinteville  qui,  dans  quelques 
actes  où  il  parott  comme  témoin ,  est  qualifié  cousin  de  notre  évéque. 
Il  pourvut  en  1544  d'une  prébende  d'Âuxerre,  Germain  Vaillant  de 
Guélis,  clerc  Orléanais,  qui  fut  depuis  évéque  d'Orléans  ;  en  1545 
Mathieu  de  Longuejoue  (1)  etScipion  de  Popincourt.  On  croit  que  le 
dernier  étoit  de  ses  parents;  k  l'^rd  de  l'autre,  il  était  clerc  du  diocèse 
d'Orléans,  et  parent,  sans  doute  de  l'évêque  de  Soissons  de  ce  nom, 
qui  fut  garde-des-sceaux.  L'année  d'après,  il  conféra  un  canonicat  de 
son  église  k  Jean  Marafin,  d'une  noble  famille  du  pays  de  Donziois,  et 
en  1549,  le  26  novembre,  à  Jacques  de  la  Halle,  docteur  de  Paris  (2)| 
qui  devint  célèbre  dans  le  temps  des  troubles  des  huguenots.  La 
même  année,  il  donna  à  Almaric  de  Talon ,  docteur  en  droit  canon,  des 
provisions  d'olBcial  (5). 

Quoique  cet  évéque  eût  fait  beaucoup  de  voyages  à  Paris ,  on  ne  l'y 
voit  présider  k  aucune  cérémonie,  si  ce  n'est  à  la  bénédiction  de 
Fabbesse  de  Montmartre  qu'il  fit  le  11  août  1549;  c'ctoit  Catherine 
de  Glermont  (4).  Il  eut  pour  assistants  en  cette  cérémonie  Philippe  le 
Bel,  abbé  de  Sainte-Geneviève,  et  Antoine  de  Melphes,  abbé  de 
Saint- Victor  (5). 

De  son  temps  et  de  son  consentement,  fut  instituée  à  Auxerre,  au 
14  janvier,  la  fête  du  Saint-Nom  de  Jésus,  à  la  sollicitation  d'un 
cordelier  de  la  maison  d'Auxerre  (6),  lequel,  non  content  d'avoir  fait 
bâtir  une  grande  chapelle  à  côté  de  l'église  de  son  couvent  pour  y 


1580  I  1661, 


(1)  Ce  Matiiiea  pouToit  bien  être  ÛIb  de 
réyéqne,  garde-des-sceaax,  qui,  ayant  son 
épiscopat,  avoit  été  marié  et  laissa  des 
enfants.  Le  garde  des  sceaux  étoit  neyea  de 
révéquo  Jean  Baillet. 

(â)  Begist.  CapU. 

(3)  Cet  Almaric  seroit-il  le  même  qn'Audo- 


marus  Talon,  qui  fat  recteur  de  rUniyersité 
et  curé  à  Paris  ? 

(4)  Foy.  Preuves,  1549. 

(5)  Regist.  Duchié. 

(6)  Il  se  nommoit  Bonaventure  Dubiez  ;  il 
étoit  natif  de  Qievannes,  a  deux  lieues 
d'Auxerre. 


r-!s«eii5c^.^^,. 


i  56  FRANÇOIS  DE  DIMTEVILLB  11  DU  NOS  , 

1580 1 1S&4.  ^lenniser  cette  nouvelle  fête ,  persuada  à  un  particulier  de  l'établir  & 
la  cathédrale  et  obtint  de  l'évéque  qu^elle  fût  chômée.  Gomme  on 
admit  trop  facilement  le  système  qui  distinguoit  cette  fête  de  la  solen- 
nité du  huitième  jour  d'après  Noël,  auquel  le  nom  de  Jésus  avoit  été 
imposé  au  Sauveur  du  monde,  la  nouvelle  fête  fut  supprimée,  quant  k 
la  cessation  du  travail,  dès  le  siècle  suivant,  et  en  1726  l'office  en  a  été 
remis  au  1^'  janvier  son  jour  véritable  et  naturel.  Si  cet  établisse- 
ment fut  favorisé  par  François  de  Dinteville,  on  doit  croire  qu*il 
contribua  aussi  k  Tabolissement  du  jeu  de  la  Pelotte,  qui  se  prati- 
quait Faprès-midi  du  jour  de  Pâques,  dans  la  nef  de  la  cathé* 
drale(l)»  et  auquel  un  arrêt  du  parlement,  obtenu  par  Laurent  Bretel,  qui 
chanoine,  mit  Gn  pour  toujours  Fan  1558.  Je  passerai  sous  silence  ce 
restoit  encore  alors  de  vestige  de  la  fête  des  Fous,  aussi  bien  que  l'usage 
des  tragédies  de  piété  qu*on  représentoit  encore  Tan  1551,  avec  des 
ornements  de  Téglise  dans  la  place  devant  l'église  cathédrale  (a). 

Dans  la  même  année  1551  Tévêque  d'Âuxerre  voyant  l'entrée  du 
palais  épiscopal  en  mauvais  état,  en  rétablit  le  portique  :  il  y  fit  élever 
un  pavillon  autant  magnifique  que  la  place  put  le  permettre  ,  et  Toma 
d'inscriptions  sententieuses  suivant  le  goût  de  son  siècle  ;  l'une  touchant 
l'accès  de  sa  maison  qu'il  déclaroit  librement  ouverte  k  tous  les  gens 
de  bien,  l'autre  par  rapport  k  l'officialité  dont  la  salle  est  contigué  (b). 

(!)  Voyez  le  Af erctir« de  Francf,  mal  1726,  p.  911  (c). 

(a)  Ces  représentations,  qu'on  appelait (2«t  mystères,  étaient  assez  fréquentes  et  se 
donnaient  ordinairement  au  grand  cimetière  de  la  Madeleine.  On  y  jouait  le  plus 
souvent  le  Mystère  de  la  Passion,  et  la  pièce  durait  souvent  plusieurs  jours.  En 
1508y  elle  eut  lieu  pendant  six  jours,  avec  accompagnement  de  fanfares.  (Voy>  les 
Preuves,  t.iv,  no414.)  En  1520,  onéonnales  Jeux  de  sainte  Brigitte.  En  1551  ou  1552, 
on  joua  le  Mystère  de  la  Passion  pendant  environ  28  jours,  et  il  se  passa  des  faits 
scandaleux  qui  amenèrent  Finterdiclion  du  cimetière.  —  (Rcgist.  capitulaires,  ^Irc^. 
de V Yonne.  (N.  d.'E.) 

{h)  Ce  pavillon,  construit  dans  le  style  renaissance,  existe  encore  dans  la  rue  du 
Département  ;  il  ne  manque  pas  de  pureté.  Les  inscriptions  dont  parle  Lebeuf  ont 
disparu.  La  première  portait  :  Porta  patens  esto  *  nulli  claudaris  honesto.  {N.  d.  E.) 

(c)  Le  jeu  de  la  pelote  ou  de  la  balle,  dégénéré  d'un  vieil  usage  grave,  d*un  hom- 
mage symbolique  rendu  au  Chapitre  par  le  chanoine  nouvellement  élu,  avait  Gn 
par  transformer,  le  jour  où  il  se  célébrait,  la  nef  de  la  cathédrale  en  une  sorte  de 
jeu  de  paume.  (iV.  d.  iV.) 


QUATRE-YINGT-DOUZIÈMB  ÉVÊQUB   d'aUXERRB.  157 

L'année  suivante,  c^est-à-dire  1552,  il  reçut  k  foi  et  hommage  pour  1530 >  1554. 
la  baronnie  de  Donzy,  Pierre  de  Mazengarbe ,  au  nom  de  François  de 
Glèves ,  duc  de  Nevers.  G'étoit  pour  la  seconde  fois  qu'il  reçut  alors 
les  devoirs  féodaux  dus  pour  cette  baronnie  ;  cardes  le  l^**  novembre 
1548,  Charles  de  Luxembourg  et  Claude  de  Foix ,  son  épouse ,  Tavoient 
fait  rendre  par  Jean  de  Buxières,  leur  prévôt  de  Donziois,  tant  pour 
Donzy,  que  pour  Saint-Verain  et  pour  la  châlellenie  deBeauche  (1)  Il 
ne  reste  plus  à  parler  que  des  ornemeiits  qu'il  fit  présenter  au  Chapitre 
au  commencement  du  mois  de  septembre  1554,  ils  consistoient  en 
trois  chapes  à  fond  d'argent  parsemées  de  fleurs  rouges  et  violettes , 
dont  les  orfrois  étoient  chargés  de  ses  armoiries ,  avec  les  vêtements 
des  ministres  sacrés  et  les  parements  nécessaires  à  l'autel  (a).  Les 
chanoines  ayant  égard  à  ce  présent,  ordonnèrent  qu'en  reconnoissance 
on  chanteroit,  le  mardi  suivant,  une  messe  du  Saint-Esprit  de  rit  double 
à  son  intention,  et  que  tous  les  jours,  jusqu'à  la  Toussaint,   les 
enfants  de  chœur  chanteroient,  dans  la  chapelle  de  Notre-Dame-des- 
Vertus,  une  antienne  et  un  salut  pour  sa  santé  et  sa  prospérité  (2)  .On  de  le 
croyoit  pas  alors  si  proche  de  finir  sa  carrière.  Les  prières  ordonnées 
pour  sa  conservation  ne  purent  être  continuées  que  jusqu'à  la  fin  du 
mois.  Etant  retiré  au  château  de  R^ennes,  sa  demeure  ordinaire, 
il  y  fut  atteint  d'une  maladie  qui  n*a  pas  été  spécifiée ,  et  il  y  mourut 
au  bout  de  quelques  jours  sur  le  milieu  de  la  nuit  du  mercredi  au 
jeudi  27  septembre.  Le  Chapitre  n'apprit  d'abord  cette  triste  nouvelle, 
que  par  Jean  de  Marafin,  seigneur  de  Guerchy,  abbé  commendataire  de 
Bellevaux,  qui  la  tenoit  des  sieurs  de  Polizy  et  d'Eschenetz,  frères  du 
prélat;  mais  le  vendredi  28,  le  même  abbé,  accompagné  de  Philippe 
de  Chastellux,  seigneur  de  Bazarne,  allié  du  défunt,  et  de  Jean 
Duchié  (5),  curé  de  Monéieau,  son  secrétaire,  vinrent  certifier  à  la 
compagnie  la  vérité  du  fait.  Le  corps  du  défunt  fut  amené  le  même 


(i)  viole.  I     (3)  On  écrîYoit  alors  Duchié  pour  Duché. 

(2)  Reg.  Cap.,  sept.  1554.  ) 

(a)  Il  légua  aussi  au  Chapitre  un  magnifique  évangelier  décoré  de  lames  d'argent. 
Mais  le  Chapitre  ne  put  le  recouvrer  de  ses  héritiers  qu'après  un  procès  en  15M. 
—  Reg.  capit,  Àrch.  de  V  Yonne.  (N.  d,  E.) 


158  FRANÇOIS   DB    DINTEVILLE   11    DU    NOM, 

1530  k  1554.  jour  \k  Auxerre,  et  inhumé  dans  le  caveau  qu'il  avoit  fait  pratiquer  six 
ans  auparavant  ^  sous  un  coin  du  jubé  de  la  cathédrale ,  et  où  son 
oocle  étoit  déjà  enterré.  Outre  de  magnifiques  funérailles,  il  y  eut  un 
quarantain  célébré  solennellement  le  6  novembre  avec  convocation 
des  gens  du  roi.  Sa  famille  se  remettant  sur  les  soins  de  Jean  Thienot, 
chanoine  de  Troyes,  qui  avoit  été  son  grand  vicaire  pour  ses  deux 
abbayes,  envoya  de  Troyes  dans  le  même  mois  un  poêle  de  velours 
noir,  chargé  de  ses  armoiries,  pour  couvrir  sa  sépulture  (1).  On  ne 
trouva  point  de  testament  après  sa  mort  ;  mais  on  sut  qu'il  avoit  pris 
des  mesures  pour  faire  tomber  ses  abbayes  entre  les  mains  de  quelques- 
uns  de  ses  parents.  On  réunit  son  nom  à  celui  de  son  oncle ,  dans  les 
douze  obils  qu'on  célébroit  pour  lui  chaque  année  (2).  Cette  réunion 
commença  à  avoir  lieu  le  25  mars  1555  (a). 

Ce  prélat  a  été  extrêmement  loué  dans  l'abrégé  de  sa  vie  écrit  par  un 
chanoine  de  son  temps.  Cet  auteur  y  touche  en  général  sa  libéralité 
envers  les  églises,  ses  aumônes  envers  les  hôpitaux  et  les  pauvres 
communautés.  François  de  Dinteville  mangeoit  peu,  buvoit  fort  rare- 
ment, ne  dormoit  guère,  travailloit  continuellement,  étudioit  sans 
reliche,  et  vivoit  comme  ;in  vrai  philosophe.  Outre  les  arts  libéraux , 
il  se  connoissoit  aussi  dans  la  mécanique  ;  aimant  surtout  la  peinture  , 
il  y  avoit  toujours  chez  lui  quelque  peintre  (b).  Il  étoit  ennemi  déclare 
de  l'oisiveté,  et  rappeloit  souvent  à  ceux  de  sa  compagnie  l'adage 
d'Âppelles  ;    s'il  faisoit  accueil    aux   gens  studieux  ,   laborieux    et 


(1)  Reg.  Cap,,  17  nov.  \     (2)  Beg.  Cap.,  1555. 

(a)  Les  parents  de  Tévéque  fondèrent  son  anniversaire  par  un  acte  de  Tan  1555  et 
y  attribuèrent  144  livres  de  rentes.  —  Le  paiement  de  cette  rente  ne  se  faisait  pas 
régulièrement,  et  le  Chapitre  fut  obligé  d'assigner  les  débiteurs  aux  requêtes  du 
Palais,  à  Paris.  Un  acte  du  16  avril  1567  amena  le  remboursement  de  cette  fondation 
par  mesdames  Louise  de  Rochechouard  et  Louise  de  Coligny,  veuves,  Tune  de  Guil- 
laume de  DinteviUe,  Tautre  de  Gaucher  de  Dinteville,  neveux  de  Tévêque.  Marin  de 
Dinteville,  abbé  de  Saint-Michel  de  Tonnerre  et  seigneur  de  Saint-Bris,  leur  neveu, 
fut  chargé  de  cette  affaire.  —  Àrch.  de  V  Yonne,  Fonds  des  minutes  de  Notaires. 

[N.  d.  E.) 

{b)  Cesi  sans  doute  à  un  de  ces  peintres  quMl  faut  attribuer  deux  tableaux  qui 
sont  placés  dans  le  chœur  de  Téglisc  de  Saint-Bris,  et  qui  Ggurent  saint  Etienne  et 


v^-.^.-.ttfti.  jA<:. 


ÛCATREp-VIHGT-DOUZIÈIIB  évêqub  d'àuxerhb.  159 

vigilants,  s'il  les  aimoit  et  les  honoroit ,  il  avoit  aussi  en  horreur  les  irao  ^^  1554. 
lâches ,  les  fainéants ,  les  gens  oisifs  et  paresseux  :  il  éloit  d'une  très- 
foible  santé,  tantôt  atlaqué  de  fièvre  ou  dyssenlerie,  tantôt  des  douleurs 
de  la  gravelle  et  de  la  goutte.  Au  milieu  de  ces  infirmités,  il  se  réjouis* 
soit  de  souffrir  en  ce  monde,  pour  arriver  dans  le  lieu  de  rafraîchis- 
sement. C'est  par  où  Tauteur  anonyme  finit  sa  relation,  à  laquelle  j'ai 
été  obligé  d'ajouter  plus  de  la  moitié  des  faits  qu'il  n'a  pas  rapportés 
comme  étant  alors  trop  nouveaux,  et  d'une  espèce  que  j'avoue  n'être 
devenue  intéressante ,  que  depuis  l'éloignement  des  temps.  On  peut 
reconnoitre  quelques  tableaux  faits  sous  son  épiscopat  et  par  ses  amis,  k 
la  représentation  de  son  visage  que  les  peintres  se  plaisoient  à  introduire 
dans  le  rang  des  spectateurs.  Ainsi  est-il  tiré  dans  le  tableau  de  la 
lapidation  de  saint  Etienne,  conservé  sur  l'autel  de  la  chapelle  de  Saint* 
Alexandre  au  fond  de  l'église  cathédrale,  et  dans  celui  du  martyre  de  sainte 
Eugénie  à  Varzy,  au  retable  du  grand  autel  de  l'église  collégiale.  Ces 
deux  tableaux  passent  pour  être  de  la  façon  de  Félix  Chrétien,  chanoine, 
qui  transcrivit  l'abrégé  de  sa  vie  dans  le  livre  manuscrit  des  évêques 
conservé  au  trésor  littéral  du  Chapitre.  L'élise  de  Saint-Eugénie  de 
Varzy,  dont  je  viens  de  parler,  eut  grande  part  à  ses  libéralités.  Il  l'en-* 
richit  de  plusieurs  ornements;  en  1557  il  y  fit  construire  les  orgues, 
le  grand  autel  avec  ses  accompagnements,  et  la  voûte  qui  est  au-dessus. 
On  attribue  k  l'auteur  des  tableaux  les  quatre  distiques  qui  suivent, 
lesquels  paroissent  dans  quelques  manuscrits  : 

Is  Prœsul  cajus  Uber  hic  dat  splendida  gesta 
Immeriti  pœnas  pertulit  exilii. 
Vidit  eum  insontem  testisque  comesque  laborum. 
Félix  a  Christi  nomine  Domen  habens. 
Vidit,  et  est  ipsum  casu  comitatus  in  omni 
Mœstitiœque  cornes,  lœtitiœque  cornes. 
Cui  cum  non  posset  majora  rependere  dona 
Istud  scriptura  nobilitavit  ogus  (1). 

(i)  Ex  Mi,  D.  Boohier,  prœM,  divion. 

saint  Germain.  Ces  deux  tableaux^  qui  ont  senri  de  bannières,  portent  les  armoiries 
de  M.  de  Dintefille  ;  ils  sont  médiocres,  mais  cependant  intéressants  pour  les  cos- 
tumes. (iV.  d.  E.) 


1530  Si  1554. 


140      FRANÇOIS   DE     DINTEVILLB    11    DU    NOM,    XCU®    ÉVÉQUfi   d'aUXERRB. 

Cet  écrivain  de  l'éloge  de  François  de  Dinteville  avoit  commencé 
par  être  enfant  de  chœur  dans  la  cathédrale,  ainsi  que  j'ai  vu  par  les 
registres  ;  et  il  avoit  tellement  gagné  la  bienveillance  du  prélat  par  la 
délicatesse  de  sa  main  dans  Pécriture  et  la  peinture,  qu'il  parvint  h 
être  chanoine.  On  apprend,  par  ces  vers,  qu'il  avoit  été  son  com- 
mensal, et  que,  s'il  n'étoit  pas  auteur  de  la  vie  de  François  de  Dinte- 
ville, au  moins  il  en  étoit  le  copiste  (a). 

Malgré  tout  ce  que  j'ai  dit  après  l'auteur  à  la  louange  de  cet  évéque, 
je  me  crois  obligé,  pour  ne  rien  taire,  de  rapporter  ce  qu'en  dit  Pierre 
de  Saint-Julien.  Cet  historien  le  blâme  de  ce  qu'étant  le  principal  élu 
aux  états  de  Bourgogne,  auxquels  présidoit  Claude  de  Lorraine,  duc 
de  Guise,  gouverneur  pour  le  roi  en  cette  province  du  temps 
de  Henri  II,  et  qu'étant  chargé  de  porter  la  parole  et  de  répondre  que 
la  Bourgogne  consentoit  de  payer  sa  part  du  taillon  que  le  roi  vouloit 
lever  sur  toute  la  France,  k  raison  du  trentième  denier,  il  ne  suivit  pas 
cette  résolution  des  trois  Etats,  et  que  sachant  qu'il  avoit  été  résolu 
au  conseil  privé  que  la  Bourgogne  payeroit  le  seizième  denier,  il 
répondit  que  les  Etats  s'ysouroettoient.  Gela  ne  fut  pas  plus  tôt  venu  k 
la  counoissance  des  autres  députés,  qu'ils  conclurent  de  lui  faire  signi- 
fier un  désaveu  ;  mais  il  étoit  déjà  sorti  de  Dijon  avec  le  gouverneur  de 
la  province.  Sa  réponse  fut  cause,  dit-on ,  que  depuis  ce  temps-lh  la 
Bourgogne  fut  cotisée  sur  ce  pied  du  seizième  denier  ;  et  l'on  en  eut 
un  tel  ressentiment  dans  la  province  que,  quoique  les  évéques 
d'Âuxerre  envoyassent  aux  Etats  de  leur  part,  on  ne  voulut  plus  rece- 
voir leur  député.  Guillaume  Paradin ,  parlant  d'Auxerre  dans  son  livre 
de  antîquo  statu  Burgundiœ  de  l'an  1542,  qualifie  François  de  Dinte- 
ville, alors  vivant,  d'évéque  très-pieux.  On  a  des  preuves  qu'il  exer- 
çoit  une  grande  sévérité  envers  ceux  qu'il  trouvoit  occupés  à  détruire 


(a)  Il  nous  semble  que  rien  ne  s* oppose  à  ce  qu'on  regarde  Félix  Chrétien  comme 
l'auteur  de  la  vie  de  Tcvêque  Fr.  de  Dinteville.  Ce  personnage,  artiste-peintre  et 
capable  de  faire  des  vers  (On  lit^  en  tête  de  ceux  que  rapporte  Lcbeuf  :  Felic'^ 
Chrittiani  ad  leclorem  carmen.)  a  bien  pu  composer  la  vie  de  son  maître.  —  On  lit 
sur  le  manuscrit  du  GesUif  au  bas  de  celte  biographie  :  Touêjours  feray  Félix 
ChresOên  15<y«.  {N.  d.  E.) 


ROBERT   DE   LENONCOURT,    XCIU^    ÉVÊQOfi   D*AUXERRE.  141 

ce  qui  lui  apparlenoit  ;  l'absolution  qu'il  obtint  du  pape  Fan  1545, 
suppose  qu'il  avoit  usé  d'une  punition  excessive  (1),  et  qu'il  se  repen- 
loit  de  s'élre  laissé  trop  emporter  à  la  colère  (a). 


1530  }|  1534. 


CHAPITRE  III. 


Des  deux  évéques  d'Auxerre  tirés  de  la  maison  de  Lcnoncourl. 
ROBERT  DE  LENONCOURT,  XCIIIÈVÊQUE  D'AUXERRE. 

La  vacance  du  siège  épiscopal  d'Auxerre  ayant  commencé  à  la  fin  ^^  *  ^^^ 
de  septembre  1554,  le  Chapitre  qui  a  de  droit  l'administration  du 


( i)  Yoy,  les  Preayes  des  Ub.  de  lEgl.  gaU.  p.  16  5  et  164. 

(a)  Le  fait  dont  parle  Lebeuf  est  probablement  relatif  à  on  nommé  Thomas 
Godon,  qui  est  mentionné  dans  les  pièces  d'un  procès  entre  Bf.  de  Dinteville  et  Té- 
véque  de  Lavaur  (M>  Dupuy,  Bibl.  nat.)  Ce  Godon  était  un  garde-chasse  que 
M.  de  Dinteville  avait  fait  inhumainement  crucifier^  pour  avoir  vendu  à  son  insu 
quelques  oiseaux  de  fauconnerie.  (Ste-Palaye,  Mém.  histor.  sur  la  chasse  note  5.) 
L'évéque  veut  que  les  lettres  qu'on  lui  a  accordées  soient  de  déclaration  et  non 
d'abolition  ;  ce  mot  est  trop  mal  sonnant  pour  sa  dignité,  et  il  se  plaint  de  l'évoque 
de  Lavaur  dans  cette  affaire. 

—  C'est  sous  répiscopat  des  évéques  du  nom  de  Dinteville  que  furent  recons- 
truites un  grand  nombre  d'églises  des  paroisses  du  diocèse.  Les  grands  travaux  de  la 
cathédrale  avaient  amené  dans  le  pays  des  maitres-des-cBUvres,  des  sculpteurs^  des 
maçons,  qui  répandirent  leurs  œuvres  de  tous  côtés.  On  remarque  surtout  au  sud- 
ouest  d'Auxerre  une  suite  d'églises  qui  semblent  coulées  dans  le  même  moule,  à  la 
richesse  près.  C'est  le  style  ogival  flamboyant  complet.  Les  dais,  les  clochetons,  les 
feuillages  contournés,  les  moulures  prismatiques  annoncent  la  première  moitié  du 
xvie  siècle,  en  même  temps  que  la*décadence  et  la  fin  de  ce  style  d'architecture  qui 
devait  fleurir  avec  le  moyen -âge  et  mourir  avec  lui. 

Nous  citerons  quelques-uns  de  ces  édifices  :  le  sanctuaire  et  le  chœur  de  Saint- 
Eusèbe  d'Auxerre  (1530);  la  tour  de  Saint-Père  de  la  même  ville  (fondée  en  1536); 
Chevannes,  Ouannes,  Moléme,  Thury  (riche  portail  de  1521,  dont  le  marché  est 
aux  Preuves,  t.  iv);  Lainsecq,  Perreuse,  Sainte-Colombe,  Etais,  Treigny  (sur- 
nommée la  cathédrale  de  la  Puisaye),  ete.  Dans  le  Nivernais,  Surgy,  Colmery  (1536); 
Saissy-les-Bois  (1548)  Ciez,  Bitry,  Dampierre,  Cosne,  etc.  {N.  d.  E.) 


142 


ROBERT   DE   LBNONGOURT 


1554  }i  1500.  temporel  et  du  spirituel  (a) ,  aussitôt  après  la  mort  de  Tévéque,  créa  des 
officiers  (1).  Les  archidiacres  soutinrent  que  c'étoit  à  eux  k  instituer 
des  officiaux  chacun  dans  leur  délroit;  cependant  le  Chapitre  nomma, 
en  attendant,  pour  officiai  principal  »  Almaric  de  Talon,  chanoine,  et  le 
doyen  Florent  de  la  Barre,  qui  en  avoit  alors  un  pour  la  banlieue 
d'Auxerre,  se  choisit  Germain  de  Gharmoy.  La  régie  du  temporel  de 
Tévêché  ne  se  passa  point  si  tranquillement,  non  plus  que  la  collation 
des  prébendes.  On  essaya  d*introduire  pour  le  roi,  dans  l'église  d*Au- 
xerre,  le  droit  de  régale,  dont  Philippe-Auguste  Tavoit  affranchie  ;  ce 
qui  lui  avoit  été  tant  de  fois  confirmé,  et  nouvellement  encore  par  un 
arrêt  du  parlement  du  25  mars  1515.  Le  Ghapitre  se  donna  tous  les 
mouvements  nécessaires  pour  soutenir  le  droit  ecclésiastique  ;  il  em- 
ploya même  le  crédit  du  cardinal  de  Plaisance,  légat  en  France  ;  et 
le  parlement,  informé  de  la  possession  du  Ghapitre  d'Auxerre»  ne  tarda 
pas  k  Ty  maintenir  par  un  nouvel  arrêt  (2).  Deux  contendants  se  dispu- 
tèrent une  prébende  de  la  cathédrale  :  Tun  nommé  Jean  Sonnoys  éloit 
aux  droits  de  Michel  TEnfant,  secrétaire  du  roi,  pourvu  par  Henri  II 
en  1S54,  et  l'autre  nommé  Jacques  Boucher,  pourvu  par  le  Ghapitre  , 
le  parlement  adjugea  la  prébende  k  ce  dernier,  le  25  mars  1559  avant 
Pâques  (5).  Deux  évêques  m  partibus  suppléèrent  aux  fonctions  du 
minisière  épiscopal,  saFoir  :  Filbertde  Beaujeu,  évéque  de  Bethléem, 


(1)  Biç.  Cap.,  28  sep.,  S  et  5  oct. 
(t)  Reg.  Cap.,  24  avril  15S(>. 


(5;  RegUt  partout.  Reg.  Cap.,,  155i,  2i 
noy.;  1  déc.  1556,  Juia  5, 12  et  35. 


(a)  Pendant  la  vacance  du  sîégc  épiscopal,  le  Ghapitre  prit  des  décisions  sur  divers 
objets  qui  sont  devenus  des  faits  historiques. 

Le  11  mai  1555,  on  permet  la  publication  des  indulgences  des  moines  de  Morignj 
dont  le  monastère  venait  d*étre  ruiné,  ainsi  que  cette  ville.  Les  chanoines  de  Té- 
rouanne  obtiennent  la  même  faveur;  mais  les  quêteurs  ultramontains  sont  repoussés 
par  ordre  formel  du  roi,  à  moins  que  les  bulles  qui  les  autorisent  ne  soient  visées  à 
Paris. 

La  peste  sévissait  à  l'hôpital  de  la  Madeleine  au  mois  de  juin  1555.  Le  Ghapitre 
décide  que,  pour  empêcher  autant  qu*il  est  en  son  pouvoir  aux  pauvres  et  aux  ma- 
lades de  vaguer  dans  les  rues,  il  donnera  100  sous  par  semaine  d'aumône.  —  Le 
chapelain  de  Vhôpital  s'ctant  enfui,  il  en  nomma  un  autre. 


m 


QUATRE-VINGT-TREIZIÈME   ÉYÊQUE   D*AUXERRE.  i45 

pour  les  ordinations  en  1554,  el  Frère  Philippe  (1),  évêqoe  de  Phi-  15541  isw. 
ladelphie,  pour  les  visites  du  diocèse  en  1556,  avec  Jacques  de  la 
Halle,  chanoine,  docteur;  le  nouveau  doyen,  François  de  la  Barre, 
fut  commis  le  lendemain  delà  réception  pour  présider,  la  même  année, 
au  synode  du  diocèse,  ayant  à  ses  côtés  les  deux,  archidiacres.  Le  délai 
de  celui  qui  éloit  pourvu  de  Tévéché,  donna  occasion  au  Chapitre 
d'entamer,  la  même  année,  une  affaire  qui  étoit  de  la  compétence 
épîscopale.  G'étoit  l'examen  d'une  épine,  apportée  depuis  peu  de  la 
Brie  au  village  de  Courgis  sous  le  nom  de  sainte  épine  de  la  couronne 
de  Notre-Seigneur.  Jacques  de  la  Halle,  docteur  officiai ,  et  le  chanoine 
Jean  Sevin,  curé  de  cette  paroisse,  furent  députés  pour  l'examiner  sur 
les  lieux  ;  mais  malgré  les  miracles  qu'on  rapporta  y  avoir  été  opérés, 
comme  elle  avoit  été  exposée  par  le  vicaire  sans  la  participation  du 
Chapitre  (2),  Tofficial  ordonna  qu'en  attendant  le  jugement  du  futur 
évéque,  elle  seroit  séquestrée. 

Pendant  que  le  Chapitre  prenoit  soin  du  spirituel  et  du  temporel  de 
Tévêché,  il  fut  quelquefois  trompé  dans  les  espérances  quil  avoit  d'en 
être  bientôt  déchargé.  On  crut,  dès  le  mois  d'octobre  1554,  avoir 
pour  évéque  Jean  de  la  Rochefoucauld,  que  l'on  qualifioit  abbé  de 
Saint-Âmand  ;  et  le  21  de  ce  mois ,  lorsqu'il  passa  par  la  ville  avec 
Charles  de  Lorraine,  on  députa  les  dignités  et  les  anciens  pour  lui  faire 
un  présent  et  lui  parler  du  droit  de  la  régale  (5).  Au  mois  de  mai  1556, 
le  Chapitre  reçut  des  lettres  de  cet  abbé  où  il  se  qualifioit  nommé  à 
Vévêché  d'Auxerre.  Les  chanoines  envoyèrent  k  Fontainebleau  quel- 
ques-uns de  leur  corps  pour  traiter  avec  lui.  Il  persistoit  k  prendre  le 
titre  de  nommé  k  cet  évêché  dans  des  lettres  postérieures,  et  on 
compta  même  de  certaines  sommes  avec  ses  receveurs  (4).  Mais  cet  évé- 
que, quoique  véritablement  nommé,  manqua  encore  kTéglise  d'Auxerre; 
aussi,  dansr  le  bail  qu'il  fit,  pour  six  années,  du  revenu  de  son  évêché 
k  Etienne  Janneau,  marchand  d'Auxerre,  en  1555,  il  apposa  la  clause 


(1;  Ce  Frère  Philippe  éloit,  k  ce  que  je 
pense,  Mhthurin  ;  il  est  enterré  aux  Mathu- 
rins  de  Paris. 

(2)  Beg.  Cap.,  15oG,  22  et  20  mati,  1  juntt, 
'îGjunii.  syii/iï. 


(3)  Beg.  Cap.,  1554,  iSoctob. 

(4j  Du  Peyrat,  en  ses  Antiq.  de  la  Chapelle 
du  roi,  p.  48,  semhle  distinguer  l'éTéque 
d'Auxerre  d'avec  l'abbé  de  Saint-Aniand. 


î# 


144 


ROBERT    DE    LEMOKCOURT 


1554  il  1560. 


condilionoelle,  si  tant  est  quil  soit  évêque  et  non  autrement.  Il  est  cer- 
tain qu'il  loucha  des  revenus  de  i'évêché  d'Auxerre  (1)  puisqu'en 
décembre  157Gle  Chapitre  lui  demanda  les  ornements  qu'il  devoit  à 
l'église  (2).  Tous  ces  délais  ne  servirent  qu'à  transmettre  l'évéché 
d'Auxerre  dans  une  famille  alliée  aux  Dinteville.  Le  cardinal  Robert  de 
Lenoncourt ,  qui  avoit  été  évêque  de  Ghâlons  et  qui  alors  étoit  arche- 
vêque d'Embrun,  fut  nommé  pour  remplir  le  siège  épiscopal  de  notre 
ville  (5) .  Il  étoit  fils  de  Thierry  de  Lenoncourt,  seigneur  de  Vignory  et 
neveu  d'un  célèbre  abbé  de  Saint-Remi  de  Reims,  dont  il  portoit  le 
nom.  Je  ne  doute  point  que  Louis  de  Lenoncourt,  qui  avoit  épousé 
Jeanne  de  Dinteville ,  nièce  du  défunt  évêque,  ne  fût  de  ses  parents. 

Le  premier  acte  où  il  soit  mention  de  lui,  est  un  endroit  des  regib- 
très  capitulaires  do  7  décembre  1556.  On  voit  qu'il  écrivit  au  Cha- 
pitre pour  avoir  copie  de  tous  les  règlements  faits  au  sujet  de  la  prise 
de  possession  des  évêques  d'Auxerre  et  de  leur  entrée  solennelle.  Il 
n'est  cependant  resté  aucun  vestige  de  la  manière  dont  ces  cérémonies 
se  passèrent  a  son  égard,  sinon  que  Gaspard  Damy,  son  officiai,  s'étant 
présenté  en  Chapitre,  le  15  mars  suivant  auquel  on  comptoit  encore 
1556  en  France ,  avec  les  bulles  de  sa  translation  à  Auxerre,  datées 
du  30  octobre  précédent,  il  prit  ensuite  possession  pendant  l'office  par 
l'installation  dans  la  chaire  de  pierre  dii  côté  droit  du  sanctuaire  et  dans 
la  stalle  du  chœur,  après  quoi  il  prit  aussi  possession  du  palais  épis- 
copal et  de  l'officialité  (4).  Il  se  trouve  aujourd'hui  fort  peu  d'actes  qui 
prouvent  la  résidence  de  cet  évêque  h  Auxerre.  Presque  tous  sont 
datés  deRégennes  ou  de  La  Charité-sur-Loire  ou  bien  de  Paris  (5). 


(1)  On  apprend,  par  les  registres  de  Saint- 
MarUn-de-Toors,  qoe  ce  Jean  de  la  Roclic- 
foucanld  permota  l'éTéché  d'Auxerre  pour 
l'Abbaye  de  Cormery,  que  possédoit  Robert 
de  Lenoncourt.  Il  fut  reçu  en  cette  qualité 
d'abbé  par  procureur,  au  Chapitre  de  Saint- 
Martin-de-Tours,  le  18  décembre  1557. 

(S)  Beg.  Cap.,  24  déc,  1576. 

(3)  Selon  le  registre  de  son  secrétariat 
que  j'ai  trouyé  à  Paris,  dans  l'abbaye  de 
Saint-Germain,  il  preuoit  encore  le  Utre 
d'archeyéquo  d^Embrun,  le  5  féyrier  1556, 
mais,  le  4  mars  suivant,  il  prenoit  le  titre 


d'éyéque  d'Auxerre  dans  les  proyisions  qu'il 
fit  expédier  i  Paris  du  canonicat  de  Jean 
Bouche! ,  chanoine  de  la  cathédrale,  mort 
pendant  la  yacance  du  siège,  en  fayeur  de 
Michel  Lenfant,  clerc  sénonois,  avec  la 
clause  du  droit  à  lui  appartenant  par  titre  de 
Philippe -Auguste.  Dans  des  provisions  du 
28  mai  1557,  il  est  dit  abbé  de  Notre-Daiiie« 
de-Chehery,  Ordre  de  Glteaai,an  diocèse  de 
Reims. 

(4)  Ex  autographe. 

(5)  Ex  actis  dispens.  anni  1557  et  provU. 
canonic.  Beg,  Cap.,  5  febr.  1557. 


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QUATRE-VINGT-TREIZIÈME   ÉVÊQUfi   d'aUXERRB.  145 

Tel  est  celui  do  13  joio  15S7,  daté  de  Régennes,  par  lequel  s'exco-  lôsik  iseo. 
sant  de  ce  qu*il  ne  peut  faire  sa  résidence  dans  le  diocèse  ,  il  revêt  de 
la  qualité  et  du  pouvoir  de  vicaire-général,  Gaspard  Damy ,  prêtre  Ghà- 
lonnois,  qu'il  avoit  continué  son  officiai  (1),  de  même  qu'il  Tétoit  k 
Metz.  Il  eut  encore  un  autre  vicaire-général  appelé  Etienne  Deschamps, 
:  et  un  troisième  pour  Gien  et  pour  le  voisinage,  savoir ,  Jean  de  Lon- 

gueil,  chanoine  de  la  collégiale.  Le  22  avril  1557,  après  Pâques»  il 
constitua  Jean  de  Lenoncourt,  son  neveu,  abbé  d'Essomes,  [)ourle 
représenter  aux  états  de  Bourgogne,  et  au  mois  d'octobre  de  la  même 
année,  pareille  commission  de  sa  part  à  Gérenger  Hérault.  Dans  le 
registre  des  actes  de  son  temps  conservé  k  Saint-Germain-des-Prés, 
on  remarque  en  1557  une  poursuite  contre  Aymar  de  Prie,  pour 
rhommage  de  la  baronnie  de  Toucy  ;  un  aveu  qui  lui  fut  fait  par  Etienne 
^.«    V  le  Muet,  chanoine  et  pénitencier  d'Auxerre ,  pour  des  biens  situés  k 

.*  Varzy  ;  procuration  de  sa  part,  pour  passer  accord  avec  Guillaume  de 

2  Dinteville,  seigneur  des  Ghenets,  et  Gharlotte,  dame  de  la  Motte- 

Tilly,  héritiers  de  son  prédécesseur,  où  il  eut  soin  de  faire  insérer  que 
Tédifice  du  portail  du  château  de  Varzy,  par  lui  commencé,  seroit  achevé 
aux  dépens  de  la  succession.  Les  endroits  du  même  registre,  qui  indi- 
quent de  sa  part  l'acquit  de  quelques  fonctions  spirituelles  de  l'épis- 
copat,  se  réduisent  k  la  tonsure  qu'il  donna  k  Varzy,  dans  la  chapelle 
du  château,  le  2  janvier  1557,  et  le  6  juin  précédent,  k  Pontigny,  où 
il  étoit  souvent. 

Le  Ghapitre  lui  députa  k  Régennes,  le  onzième  jour  d'aoàt,  trois 
dignités  pour  le  remercier  de  lui  avoir  procuré  la  permission  d'une 
coupe  de  deux  cents  arpents  de  bois  dans  la  forêt  de  Merry  (a).  On  lui 

.^^        (i)  R^g-  Cap.,  11  aug,  1559  et  23  êept. 

(a)  Cette  coupe  servit  aux  travaux  de  la  tour  de  la  cathédrale. 

Le  Ghapitre  publia  en  1556  une  pancarte  contenant  Ténumération  de  toutes  les 
indulgences  accordées  par  les  papes  et  par  les  évéques  d'Auxerre,  pour  l'achève- 
ment  de  la  cathédrale.  11  la  fit  suivre  de  l'approbation  de  Mgr  de  Lenoncourt  ;  c'était 
le  moyen  usité  alors  pour  la  construction  de  ces  vastes  et  admirables  basiliques. 

-^  Voy.  Preuves,  t.  iv,  n.  438.  {If,  d.  E.) 

Il  10 

& 


iseo. 


ir-t  k  i:4Xï. 


1 


14G  ROBERT    DE    LE^OMCOI'IIT  , 

réitéra  les  mêmes  remerciements  au  mois  Je  soplcmbre  samuit,  kl 
qu*il  éloil  à  son  prieuré  de  La  Cliariit''-sur*Ixiire«  d'où  soot  dallées  I 
provisions  lie  prchenJes  de  l.i  calliéiirale,  du  mois  Je  septenbre  c(i 
oclohre.  Il  resta  un  temps  considéralde  dans  ce  monastère  et  i  Vn 
avec  le  dessein  d'aller  hientôi  plus  loin  et  de  faire  le  Tojage  de  Rm 
C'est  ce  que  Ton  apprend  par  Pacte  de  la  seconde  réception  da  chaM 
h  qui  il  avoit  conféré  une  préhonde,  le  iT^  octobre  1557.  Son  nos  A 
Antoine  Boitel  ;  il  étoit  prêtre  du  dloc«-se  dWmiens  et  son  e 
Cet  ecclésiastique  se  présenta,  en  [»ersonne,  le  1 1  février  I£i58, 
quinze  mois  après  la  notification  de  ses  lettres  de  commensalilé; 
il  ne  put  paroitre  en  Chapitre  sans  avoir  au[»aravaDl  obtena  la 
sion  de  conserver  sa  harhe  :  il  alléizua  qu*il  étoit  oblige  de  h  lui 
croître  ù  cause  du  voyage  de  Rome,  auquel  le  cardinal,  évêqoe  d*Anaf 
Tavoit  engagé,  et  on  lui  permit  de  se  Tiire  installer  avec  sa  longue  bah 
sans  tirer  à  conséquence  pour  la  >uite.  Ce  cardinal  faisoil  sa  dents 
tantôt  dans  Tun  de  ses  bénéfioos  et  tantôt  dans  Taulre,  el  méaie 
Moutier-en -Argon ne,  abhaye  possédée  i»ar  son  nevea  Philippe;  de 
sont  datées,  le  7  décembre  1-%ij8,  des  provisions  qsMI  donna  k  Je 
Pajdet,  Cliâlonnois,  d*une  prél»ende  de  Notre-Dame-de-la-Ghé.  Li 
février  suivant  qu*on  coroptoit  encore  1«>58  en  France,  le  dofCB 
Pierre  du  Broc,  chanoine,  lui  exposèrent  au  nom  du  Chapitre  TiniCBlî 
qu'avoit  la  compagnie  de  bâtir  a  neuf  la  chapelle  de  Noire-Dane-de 
Vertus,  à  côté  de  la  basse  tour  vers  le  midi  de  Téglise  cathédrale,  d 
prièrent  d'obtenir  a  Rome  des  indulgences  en  forme  de  jobilé*  sa 
blaldes  à  celles  que  son  prédécesseur  en  avoit  apportées.  Les  déMiés 
même  temps,  lui  parlèrent  de  la  rente  due  à  T^^lise  ponr  la  bmi 
épiscopale,  et  le  prièrent  d'en  passer  reconnoissance.  Le  cardiad 
Lenoncourt  étoit  alors  dans  son  diocèse  cette  même  année  ;  il  it  rtai 
foi  et  hommage  de  la  baronnie  de  Toucy.  par  Aymar  de  Prie  (1>.  Cch 
ci,  dès  Tan  précédent,  avoit  exhibé  au  prélat  Tarrét  qai  IqI  ^l^m 
cette  terre.  Pendant  son  voyage  de  Rome,  il  ne  se  passa  rien  de  cm 
dérabic  concernant  son  diocèse ,  sinon  reiamen  qae  Gaspard  Dm 
Tun  de  ses  vicaires-généraux .  fit  d'  la  sainte  Épine   de 


.1    Viole. 


QUATRE-VINGT-TREIZIÈME   CVÊQUE  d'aUXERRE.  147 

Tapprobation  qu*il  lai  doona.  On  prétend  qu'avant  son  départ  il  avoit  i^ai^  i^eo, 
donné  ordre  qu'on  transportât  des  prisons  de  la  ville  de  Metz  dans  celles 
d'Âuxerre,  un  nouvel  hérétique  nommé  Guillaume  Palisseau  (1).  Il  est 
néanmoins  certain  que  dès  ce  temps-lk  il  avoit  résigné  Tévéché 
d'Âuxerrc  à  son  neveu  Philippe  de  Lenoncourt,  lequel,  en  attendant 
ses  bulles,  fit  l'office  de  vicaire-général  (2).  Au  moins  conféra-t-il  en 
cette  qualité,  le  18  juin  1559,  une  prébende  de  la  cathédrale,  et  visita, 
le  14  juillet,  Tabbaye  de  Crisenon.  Ce  qu'il  y  eut  de  singulier  dans 
cette  résignation  faite  en  cour  de  Rome,  en  faveur  de  Philippe  de  Le- 
noncourt  nommé  par  le  roi,  fut  que  le  pape  Paul  lY  fit  expédier  des 
lettres  motu  proprio  et  sans  aucune  demande  précédente,  par  lesquelles 
tl  pennettoit  à  Robert  de  Lenoncourt  de  recevoir  le  revenu  des  terres 
de  Régennes,  Yarzy  et  Cône,  pour  mieux  soutenir  sa  qualité  de  cardinal 
et  celle  d'archevêque  d'Arles  qu'il  venoit  de  lui  conférer  (5) ,  outre  les 
abbayes  et  les  prieurés  qu'il  avoit  et  dix  mille  livres  de  pension  sur 
l'évéché  de  Metz.  En  même  temps,  le  souverain  pontife  lui  donnoit 
pouvoir  de  conférer  les  bénéfices  du  diocèse  d'Auxerre,  comme  s'il  en 
eût  été  encore  évêque.  Ces  bulles  sont  du  7  février  1559,  et  selon  le 
calcul  de  France  1558,  avant  que  Robert  eût  fait  le  voyage  de  Rome. 
EHes  furent  adressées  au  grand  archidiacre  de  Ghàlons  et  à  Pierre 
Mariao,  chanoine  de  Paris,  qui  eurent  ordre  de  le  maintenir  dans  tous 
les  droits  qui  y  étoient  énoncés.  Il  en  usa  :  on  voit  que  le  7  juillet 
1560,  demeurant  it  Paris,  dans  la  maison  des  évéquesde  Ghàlons  (4),  il 
y  conféra  une  prébende  de  la  cathédrale,  requise  par  un  mandataire,  sur 
l'évéché  d'Auxerre  (5),  et  cependant  en  d'autres  provisions  données 
quelques  jours  après  à  un  résignataire  (6),  il  prend  la  qualité  de  prince 
et  archevêque  d'Arles  (7).  Je  n'ai  point  marqué  le  nom  des  abbayes 


(1)  Hist.  de  Metz  de  Meurisse,  p.  134. 

(2)  Les  lettres  par  lesquelles  il  l'établit  son 
vicaire-gëDéral ,  portent  ces  mots  :  Nuper 
epUcopo  CatalawMMi.  Elles  sont  datées  de 
Régennes,  le  29  mars  1558,  aoquel  on  comp- 
toit  à  Rome  1559.  Dés  le  10  du  même  mois, 
il  avoit  fait  expédier  les  mêmes  pouvoirs  à 
révéque  de  Philadelphie  :  Dilecti  in  ChrUto 
fratri  noslri  epUcopi  Philadelpheiuis. 

(3)  Totticeci  est  Uré  du  registre  de  Salnt- 
Germaln-des-Prés. 


(4)  È  regione  cemetmi  5.  Nicolai  à  Cam- 
pis.  Begist.septemb.  1560. 

(5)  Begist^  Cap.,iijuliii^&), 

(6)  Ibid,,  iijulii. 

(7)  Dans  son  rei^stre,  il  commence  k 
prendre  le  titre  d''epi$copus  Sabinensis  et 
Aulissiodorensis  ,  le  3  avril  1559  avant 
Pâques,  et  à  la  fln  du  même  mois,  auquel 
on  eomptoit  1560,  il  se  qualifie  archevêque 
d^  Arles,  oonfoe  comme  epi$eopus  Saèinentii 
me  nuper  epiuopm  AuHssioiiorentii*..  Petro 


148  pmLippB  DB  uDrancouBT  9 

1560  &  1563.  ^*^'  posfiéib  en  même  temps  on  soccesuireoMiil  ;  cela  n'est  pMl  de 
mon  histoire.  J^ajonterai  seulement  qn'écut  éréqne  de  IWeti*  il  se  disoit 
cardinal  dn  titre  de  SaintrApoUinaire ,  et  depab  qn'il  fat  éréqne 
d'Ânzerre,  il  prit  poor  son  titre  celai  de  Saînte-Céeile  ;  des  actes  ori- 
ginaux signés  de  sa  main  en  font  foi.  Il  aliéna  noabre  de  biens  dépen» 
dant  dn  prienré  de  La  Charité  (1)  et  fit  cooper  la  forêt  de  Bertrange,  (pn 
étoit  de  haute  futaie  ;  cette  dernière  circonstance  a  donné  occasion  de 
dire  que  le  jugement  mÛTersel  deroit  se  tenir  dans  cette  fimoèt,  parce 
ipK  le  cardinal  y  avoit  Uôssé  assec  de  troncs  on  fansses  billes  pour  j 
aneoir  les  ressuscitants. 

On  Toit  ses  armoiries  an  portique  dn  ciiftteni  de  Béyemwis»  sons  le- 
qnel  on  passe  pour  entrer  dansbi  première  conr;  et  cequiparoitmoins 
ancien  dans  ce  premier  corps  de  logis  passe  pour  être  de  son  temps  (a). 


pmunB  DE  LEEI019GDUBT,  XaV^  iYÊQUE  IFAUXEBBfi. 


Dttis  un  acte  dn  S  octobre  1538,  Philippe  de  Lenoacourt  [vend  la 
qualité  d^éréque  d' Anzerre  ;  c'est  une  reeonMNSBance  donnée  à  Gaspard 
DiBT,  chanoine,  ricaire-général,  et  a  Etîene  Deschamps,  chantre  et 
efanoine  de  la  cité,  comme  c'est  pour  lui  fiôre  plaisîr  qu*îls  se  sont 
ohUgés  à  de  grosses  sommes  en?ars  Chaurles  Grillet,  fha»oinr  et  »dii- 
diacre  de  Poisaje,  et  François  le  Prince,  marchand  bourgems  d'Auxerre. 
L'acteest  dans  une  forme  trop  authentique  pour  être  révoqué  en  doute; 
cependant  Robert  de  Lenoncourt  donna  des  proriâons  de  bénéfices 
pour  le  diocèse  d*Âuxcrre,  jusque  bien  avant  dans  Tannée  1560.  Des 


(«) 


ffirt.  d^  U  CfaKilé.  p.  5S. 


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fir.  éL  B.) 


QUATRE-VINGT-QUATORZIÈME   ÉVÉQUB   D*AUXERRE.  149 

lails  si  contraires  se  coDcilient  en  disant  que  l'oncle  avoit  traité  avec  le  |r^  ^  1553, 
neveu,  dès  Tan  1558,  mais  que  ce  traité  ne  fut  connu  que  par  les  per- 
sonnes nommées  dans  Facte  en  question,  et  qu'il  n'eut  son  effet  que 
lorsque  Robert,  retourné  de  Rome,  fut  archevêque  d'Arles  (I).  Robert 
étoit  apparemment  assuré  de  la  bonne  intention  du  roi  pour  tout  ce  qui 
le  regardoit,  et  en  particulier  de  la  nomination  de  son  neveu  Philippe  à 
l'évéché  d'Âuxerre.  Rouvier,  auteur  de  la  vie  de  Philippe  (2),  croit  que 
ce  qui  influa  le  plus  à  donner  cette  espérance  à  Robert,  fut  en  ce  que 
ce  prince  lui  avoit  obligation  de  ce  que,  quelques  années  auparavant,  la 
ville  de  Metz,  dont  il  étoit  évéque,  étoit  retournée  sous  sa  domination. 
Philippe  ne  fut  donc  que  très-peu  de  temps  évéque  de  Ghàlons  après 
son  oncle  ^  son  inclination  le  porta  h  se  rapprocher  d*Auxerre,  dont  il 
savoit  que  la  chaire  épiscopale  lui  étoit  assurée.  Il  étoit  né  en  1527,  au 
château  de  Goupvray,  entre  Meaux  et  Lagnj,  de  Henri  de  Lenoncourt, 
seigneur  de  ce  lieu  et  de  Baudricourt,  baron  de  Vignory,  chevalier  de 
rOrdre  du  roi,  gouverneur  de  Valois,  bailli  de  Vitry,  etc.,  et  de  Mar- 
guerite de  Broyés,  dame  de  Nanteuil,  Pacy  et  autres  lieux.  Son  père 
qui  avoit  les  bonnes  grâces  d'Antoine  de  Bourbon,  duc  de  Vendôme, 
depuis  roi  de  Navarre,  le  produisit  auprès  de  ce  prince  (5).  Il  fut  ensuite 
à  Rome,  où  les  Italiens  le  trouvèrent  le  plus  beau  chevalier  françois 
qu'ils  eussent  vu  depuis  longtemps.  Au  retour,  il  embrassa  l'état  ecclé- 
siastique et  tint  quelques  abbayes  en  commande.  Certains  auteurs,  qui 
lui  en  donnent  trois  ou  quatre,  oublient  celle  d^Ëpernay  qu'il  posséda  au 
moins  dès  l'âge  de  vingt  et  un  ans.  Ce  fut  apparemment  la  première  abbaye 
dont  il  jouit,  puisque  Léger  du  Chêne,  résidant  â  Toulouse,  lui  dédiant 
en  1548  son  ouvrage  sur  la  piété  des  fils  envers  leurs  pères,  le  qualifie 
simplement  abbé  d'Épernay.  Nonobstant  tous  ces  bénéfices,  il  prit 
possession  de  Tévêché  d*Auxerre  en  1560.  La  description  de  la  céré- 
monie fut  rédigée  alors  fort  au  long  à  la  réquisition  d'Ëdme  Vincent, 
son  bailli,  pour  tenir  lieu  de  celles  des  précédents  évêq.ues,  ou  qui 
avoient  manqué  des  solennités  ordinaires  ou  qui  n'avoient  pas  été  écrites. 
Comme  le  laps  du  tem[)s  introduit  du  changement,  on  y  apercevra 


(1)  11  ett  dit  évéque  d*Aaxerre  dani  les 
regittret  do  Vatican,  au  7  février  1560. 


(2)  Reomaus,  cap,  â. 

(3)  Bouvier  in  Beomaus. 


150  PHIUPPB   DB   LENOlfCOURT, 

iMo  k  1563.  cerlains  usages  que  les  précédentes  récepUons  ne  marquoient  pas,  do 
moins  h  Tégard  des  fonctions  de  Farchidiacre  de  Sens. 

L'après-midi  du  dimanche  8  décembre  i560,  le  prélat  partit  de 
Régennes.  Antoine  de  Melpbes,  évêque  de  Troyes,  Jean  de  Lenon- 
court,  abbé  d'Essomes,  Laurent  Petitfou,  abbé  de  Saint-Père  d'Âuxerre, 
François  de  la  Barre,  doyen  de  la  cathédrale,  Jean  de  Marafin,  abbé 
de  Bellevaux,  Henri  de  Lenoncourt,  son  frère,  Jean  de  la  Rivière,  sei- 
gneur de  Seignelay,  François  de  Marafin,  sieur  d'Â vigneau,  Georges  de 
Lenfernat,  seigneur  de  Pruniers,  et  plusieurs  autres  ecclésiastiques  de 
distinction  et  gentilshommes  l'accompagnoient  tous  à  cheval.  Les  offi- 
ciers de  sa  cour  ecclésiastique  vinrent  les  premiers  au  devant.  Germain 
deCharmoy,  vice -gérant  de  Tofficial,  porta  la  parole;  parurent  ensuite 
les  officiers  de  la  justice  séculière  qui  parlèrent  par  l'organe  de  Guil- 
laume du  Broc,  sieur  des  Granges,  bailli  de  Varzy,  Sacy  et  Gy-KEvê- 
que.  Vers  Tendroit  des  Chesnées,  arrivèrent  les  magistrats  de  la  ville 
et  les  élus  avec  une  multitude  de  citoyens,  représentant  le  corps  de 
ville,  au  nom  duquel  Jacques  Qialmeaux,  prévôt,  le  complimenta.  Pro- 
che la  chapelle  Saint-Siméon,  se  présentèrent  les  curés  et  les  vicaires 
venus  en  procession,  revêtus  de  chapes,  avec  les  Jacobins  et  les  Cor- 
deliers.  En  ce  lieu  on  lui  offrit  la  croix  it  baiser,  il  descendit  de  sa  mule, 
entra  dans  la  chapelle  de  Saint-Siifnéon,  se  revêtit  de  son  rocbet  et 
bonnet  rond,  et  continua  sa  route.  Il  trouva  proche  la  chapelle  Notre- 
Dame-de-Lorette,  le  présidial  avec  grand  nombre  d'avocats.  Girard 
Rémond,  ancien  des  conseillers,  en  Tabsence  des  lieutenants-généraux 
harangua  h  prélat.  La  porte  de  Saint-Siméon  étoit  ornée  de  ses  armoi- 
ries avec  cette  sentence  :  Benedictui  qui  venU  in  namine  Damini.  Entré 
dans  la  ville,  il  fut  \k  Saint-Germain,  où  les  religieux,  revêtus  de  cha- 
pes^ le  reçurent.  Le  prieur,  nommé  Pierre  Passelière,  lui  fit  un  com* 
pliment  en  lalin ,  et  le  prélat  répondit  de  même.  Mais  ce  prieur  l'ayant 
requis  de  toucher  un  livre,  et  de  jurer  dessus  qu'il  conserveroit  l'abbaye 
dans  ses  privilèges,  il  répondit  qu'aucun  de  ses  prédécesseurs  n'avoit 
fait  ce  serment,  et  ne  le  fit  point;  cependant  il  fut  introduit  au  chant  du 
Te  Deum  jusque  devant  le  grand  autel,  où  il  fitsa  prière  ;  de  là,  conduit 
au  logis  abbatial.  On  y  disputa  sur  le  droit  de  procuration,  les  religieux 
prétendant  en  avoir  été  exemptés  ppr  Urbain  V  ;  l'évéque  et  ses  officiers 


QUATRE-VlMGT-QUATOaZlÈMB   ÉVÉQUE   d'aUXERRB.  151 

souteDant  qu'ils  le  dévoient,  ou  quMls  étoieot  tenas  de  payer  uu  marc  y^  ^  j^^, 
d'argent.  Les  religieux  produisireut  une  sentence  arbitrale  d*un  abbé 
de  Vézelay,  qui  les  déclaroit  n'être  obligés  qu'à  le  recevoir  en  chapes 
à  l'entrée  de  l'église  :  mais  elle  fut  rejetée  n'étant  pas  signée  ;  l'examen 
du  surplus  fut  remis  à  un  autre  temps.  Le  lendemain,  fêle  de  la  Con- 
ception de  la  Sainte-Viei^e,  remise  du  jour  précédent,  les  députés  du 
comte  d'Âuxerre  et  des  trois  barons,  ayant  comparu  au  palais  épiscopal, 
se  rendirent  ensuite  au  sanctuaire  de  l'église  de  Saint-Germain, ^savoir  : 
Girard  Rémond,  doyen  des  conseillers  au  bailliage  d'Àuxerre,  et  CSaude 
d'Heu,  procureur  du  roi,  pour  et  au  nom  du  roi  François  II,  comme 
jouissant  du  comté  d'Auxerre  ;  Jean  de  Chelles,  écuyer,  seigneur  du 
Renard,  maitre-d'hôtel  du  duc  de  Nevers,  baron  de  Donzy,  avec  pro- 
testation que  son  acte  de  comparution  ne  pût  préjudicier  au  droit  du 
duc  de  Nevers  sur  le  comté  d'Auxerre,  René  de  Pernay,  écuyer,  sieur 
de  Pernay  et  de  la  Bretauche,  pour  ledit  duc  de  Nevers,  en  tant  que 
baron  de  Saint-Verain,  René  de  Prie,  au  nom  d'Aymar  de  Prie,  son 
père,  baron  de  Toucy,  avec  protestation  de  ne  point  préjudicier  au 
procès  pendant  aux  requêtes,  au  sujet  du  droit  de  retenue  que  l'évêque 
prétendoit  sur  cette  baronnie.  Le  nouveau  prélat  les  voyant  disposés  à 
le  porter  dans  sa  chaise,  se  contenta  de  la  soumission,  déclarant  que 
ce  seroit  sans  tirer  à  conséquence.  Il  alla  à  pied  jusqu'à  l'église  cathé^ 
drale  par  la  grande  rue,  précédé  de  tout  le  clergé  séculier  et  régulier, 
accompagné  à  droite  et  à  gauche  des  députés  des  quatre  vassaux.  Proche 
d'eux  étoit  portée,  par  quatre  hommes  robustes,  la  chaise  élevée  et  or- 
née, pour  marque  de  l'ancien  droit,  et  il  ne^s'assit  dessus  que  lorsqu'on 
fut  arrivé  proche  la  cathédrale,  auquel  temps  il  se  fit  porter  pendant  un 
certain  espace  de  chemin.  Ce  relâchement  sur  l'ancien  usage  en  ce 
point  parut  compensé  par  une  autre  cérémonie,  qu'on  n'avoit  point 
encore  vue  dans  les  précédentes  entrées  des  évêques  (1).  Toussaint  du 
Mont,  chanoine  de  Sens,  commis  par  Nicolas  Gardinau,  grand-archi- 
diacre de  Sens,  crut  que  l'installation  commençoit  dès  le  moment  que 
le  nouvel  évêque  s'asseyoit  à  Saint-Germain  dans  le  fauteuil  portatif; 
et  il  l'y  installa  même  avec  des  paroles  choisies  dans  l'Écriture-Sainte, 

(1)  Procés-Terbal  de  Tarchidiacre  de  Sens. 


ISOJ  k  ISG3. 


152  PHILIPPE   DE   LENO:<COORT, 

quoique  Tévéque  D*cût  pas  intention  de  se  servir  alors  de  ce  faoteail. 
Le  Chapitre  en  chapes  reçut  le  pontife  à  la  grande  porte  de  l'église  qui 
étoit  fermée,  et  le  doyen  l'ayant  harangué,  lui  fit  prêter  le  serment  ac- 
coutumé ;  après  quoi  le  délégué  de  l'archidiacre  le  fit  entrer,  disant  : 
Ingredere  igitur  benedicie  Dei,  et  on  chanta  le  Veni  Creator.  Étant  arrivé 
au  chœur,  il  lui  présenta  une  des  cordes  du  petit  clocher,  avec  une  for- 
mule aussi  nouvelle  que  la  présentation  de  cette  corde  (i).  Le  même 
vice-gérant  de  l'archidiacre  lui  fit  baiser  l'autel,  et  l'installa  à  la  chaire 
de  pierre  au  côté  droit  du  sanctuaire,  usant  en  tout  cela  de  formules  choi- 
sies ;  après  quoi  Torgue  et  le  chœur  chantèrent  le  Te  Deum,  Et  le  nou- 
veau pontife  donna  ensuite  la  bénédiction  au  peuple  et  officia  à  la  grand'- 
messe.  Depuis  longtemps  cette  cérémonie  ne  s'étoit  faite  d'une  manière 
si  complète.  Elle  fut  suivie  d'un  magnifique  repas,  auquel  assista  tout 
le  clergé  de  la  cathédrale. 

Le  lendemain  de  cette  réception,  le  Chapitre  députa  deux  dignités 
et  deux  chanoines  pour  prier  le  nouvel  évêque  et  celui  de  Troyes,  qui 
Tavoit  accompagné,  de  renfermer  dans  une  nouvelle  châsse  d'argent 
les  reliques  de  saint  Chrysanthe(2).  Si  Philippe  de  Lenoncourt  fit  cette 
cérémonie  (ce  qu'on  ignore)  c'est  peut-être  le  seul  acte  important  et  mé- 
morable concernant  l'église  cathédrale,  qu'il  ait  fait  durant  deux  années 
et  demie  de  son  épiscopat.  Un  procès  contre  le  duc  de  Guise  l'occupa 
considérablement.  Le  roi  de  Navarre,  qu'il  aida  de  ses  conseils,  lui  em- 
porta aussi  beaucoup  de  temps.  Dans  ces  embarras,  il  eut  pour  vicaire- 
général  Gaspard  Damy,  que  son  oncle,  le  cardinal  de  Lenoncourt,  avoit 
amené  de  Châlons,  et  le  diocèse  ne  fut  pas  moins  soigné  que  si  l'évêque 
avoit  veillé  immédiatement.  D'ailleurs,  au  commencement  des  troubles 
causés  par  les  calvinistes,  le  Chapitre  de  la  cathédrale  partagea  une 
partie  de  la  sollicitude  pastorale,  comme  on  peut  voir  dans  l'histoire  de 
ces  troubles  imprimée  en  1723.  Le  duc  de  Guise  avoit  acheté  de  Mar- 
guerite de  Broyés,  mère  de  Philippe  de  Lenoncourt,  la  terre  de  Nan- 
teuiMe-Haudoin,  au  diocèse  de  Meaux.  Philippe  voulut  rentrer  dans 


(1)  Selon  les  anciens  procés-Terbanx, 
cVtoit  une  corde  de  sonnette  que  Tëvéque 
liroit  à  la  grande  porte  de  Féglise  pour  la 
faire  ouTrir.  11  faut  oliserver  ici  que  les 


cordes  du  petit  clocher  de  la   cathédrale 
d*Auxerre  abouUssent  à  Taigle  du  chœor, 
comme  dans  la  cathédrale  de  Chartres. 
v3)  Rfg.  Cap,,  10  dff .  15^. 


QUATRE-VINGT-QUATORZIÈME    ÉVÊQUB  d'aUXERRB.  i53 

ce  bien.  Son  crédit  auprès  da  roi  de  Navarre,  peu  ami  da  dac  de  Guise,  i^^  ^  jses. 
ne  fut  pas  inutile  dans  cette  aflaire.  Il  servit  aussi  h  empêcher,  par  le 
moyen  de  ce  prince,  la  tenue  d*un  concile  national  qui  avoit  été  demandé 
par  le  chancelier  de  France  après  le  colloque  de  Poissj.  Le  pape,  qui 
appréhendoit  ce  concile,  fit  agir  le  roi  d'Espagne  auprès  du  roi  de  Na- 
varre, qui  étoit  lieutenant-général  du  royaume  sous  Charles  IX.  Le  car- 
dinal de  Ferrare  et  les  Guises  songèrent  à  amuser  le  roi  de  Navarre,  et, 
par  la  voie  du  maréchal  de  Saint- André,  ils  firent  entendre  aux  deux 
plus  grands  confidents  de  ce  prince,  qui  étoient  Tévéque  d'Âuxerre  et 
François  d'Escars,  que  s'il  répudioit  Jeanne  d'Âlbret,  sa  femme,  hu- 
guenote, il  pourroit  devenir  roi  d'Angleterre  et  d'Ecosse.  Un  historien 
judicieux  (1)  rend,  à  cette  occasion,  un  témoignage  qui  marque  la 
droiture  de  notre  prélat,  et  qui  le  disculpe  suffisamment,  c  Philippe  de 
»  Lenoncourt,  dit-il,  ayant  Tàme  aussi  noble  que  la  naissance,  mais 
»  l'esprit  un  peu  facile,  et  d'ailleurs  enivré  de  cette  vanité  courtisane, 
»  pouvoit  être  plus  aisément  trompé  que  corrompu.  >  Lorsque  le  roi 
Charles  IX  eut  quitté  Fontainebleau  pour  venir  demeurer  à  Paris  con- 
formément au  désir  du  parti  catholique,  Tévéque  d'Àuxerre  fut  admis 
au  conseil  en  considération  de  la  faveur  où  il  étoit  auprès  du  roi  de  Na- 
varre, et  il  porta  ensuite  ce  prince  à  s'unir  au  duc  de  Guise  et  au  con- 
nétable Anne  de  Montmorency,  plutôt  qu'au  prince  de  Condé,  son  frère. 
De  \\k  l'origine  des  calomnies  dont  les  huguenots  essayèrent  de  noircir 
la  réputation  de  Philippe  de  Lenoncourt.  En  conséquence  d'une  lettre 
qu'il  écrivit  aux  chanoines  d'Àuxerre,  ils  firent,  en  1561,  le  mercredi 
d'après  Pâques,  des  prières  pour  les  besoins  de  TËiat,  et  commencèrent 
par  une  procession  solennelle  ;  son  absence  du  pays  l'empêcha  d'y  as- 
sister. On  le  trouve  présent  à  la  procession  faite  h  Paris,  le  14  juin 
1562,  pour  réparer  les  outrages  que  les  huguenots  avoient  commis 
dans  l'église  de  Saint-Médard.  Prévoyant  la  longueur  de  son  absence, 
et  ne  voulant  pas  que  son  diocèse  fût  frustré  dans  des  temps  si  péril- 
leux, des  avantages  de  la  visite  d'un  évéque,  il  constitua  son  vicaire- 
général  \k  cet  égard,  François  Menjart,  évêque  de  Négrepont.  Ses  pou- 
voirs sont  datés  de  Paris,  le  27  mai  1562,  jour  auquel  Philippe  de 

(1)  Grand  Mézeray,  sur  Charles  IX,  p.  68 


^miÊsm'^m 


i54  PHILIPPE    DE    LENOMGOURT,    XGIV^    ÉVÊQUE    d'aUXERRE. 

1500  ^  1663.  Lenoncouri  établit  Gaspard  Damj,  son  vicairc-géoéral,  pour  ce  qui  re- 
gardoii  son  prieuré  de  La  Gbari té-sur-Loire,  qu'il  avoit  eu  de  son  oncle, 
en  lui  cédant  celui  de  Nanteuil.  Ce  même  chanoine  est  nommé  dans 
le  procès-verbal  de  la  coutume  d'Âuxerre,  comme  chargé  de  le  repré- 
senter dans  rassemblée  des  trois  États  de  TÂuxerrois,  qui  se  tint, 
pour  en  faire  la  rédaction,  au  mois  de  juin  de  Tan  i561. 

Ce  fut  au  plus  tard  pendant  l'automne  de  Tannée  1562,  un  peu 
avant  la  mort  du  roi  de  Navarre  (1),  que  Philippe  i^e  voyant  obligé  de 
rester  en  cour,  quitta  Tévéché  d'Aoxerre.  On  en  juge  par  la  date  des 
bulles  de  son  successeur  qui  sont  du  10  décembre  de  la  même  année. 
Il  traita  de  cet  évéché  avec  le  cardinal  de  la  Bourdaisière,  qui  lui 
donna  Tabbaje  de  Rebais,  se  retenant  sur  ce  bénéfice  une  pension  de 
mille  livres.  Depuis  ce  temps  aucun  monument  de  l'église  d'Auxerre 
ne  fit  mention  des  Lenoncourt ,  qui  ne  la  gouvernèrent  que  comme  en 
passant.  Philippe  vécut  encore  trente  ans  après.  Il  fut  chancelier  de 
l'Ordre  des  chevaliers  du  Saint-Esprit  et  mourut  archevêque  de  Reims. 
Il  ne  resta  dans  Àuxerre  de  souvenir  de  ces  deux  Lenoncourt,  que  par 
le  procès^ verbal  de  la  réception  du  second,  dont  il  fut  distribué  alors 
un  grand  nombre  de  copies  pour  l'instruction  de  la  postérité,  et  par  la 
résidence  qu'y  fit  jusqu'à  la  fin  de  ses  jours  un  nommé  Charles  Thiot, 
soi-disant  parent  du  premier  qui  l'avoit  attiré  d'Italie  et  i'avoit  pourvu 
d'un  canonicat  de  la  cathédrale.  Les  armoiries  de  Lenoncourt  se  voient 
au  vitrage  de  la  grande  salle  de  l'évéché  d'Auxerre,  et  on  lit  au  bas  ce 
chiffre  :  1560. 


(I)  Co  roi  fut  lue  au  siège  de  Rouen,  en  novembre  1 502. 


FILBERT    BABOU,    QUATRE-VINGT-QUINZIÈME    ÉVÊQUE   d'aUXERRE.       4S5 


CHAPITRE  IV. 

Filbert  (valgairement  écrit  Philbert)  Babou,  dit  autrement 
LE  CARDINAL  DE  LA  BOURDAISIÈRE,  XCV*  ÉVÊQUE  D  AUXERRE. 

Le  cardinal  de  la  Bourdaisière  résida  encore  moins  dans  le  diocèse  ^^  ^  ^^^o. 
que  Robert  et  Philippe  de  Lenoncourt  (a),  et  Ton  ne  peat  produire 
ancane  preuve  qu'il  y  est  même  passé,  si  ce  n*est  peut-être  en  allant  de 
Paris  à  Rome,  ou  durant  son  séjour  en  France,  en  1566  (1).  Quel- 
ques-uns ont  écrit  que  sa  famille  étoit  originaire  d'Italie,  et  que  le 
nom  de  Babou  fut  celui  que  choisirent  les  cadets  de  la  famille  des 
Naldi  dans  le  pays  des  Faventins.  Ils  prétendent  qu'une  de  ces  bran- 
ches passa  en  France  et  s'établit  à  Bourges  ou  aux  environs  ;  c'est 
dont  d'autres  doutent.  Un  historien  de  Touraine  dit  qu'il  étoit  né  k  la 
Bourdaisière,  entre  Tours  et  Âmboise.  Au  moins,  selon  Ghaumeau,  un 
Filbert  Babou,  chevalier  et  trésorier  de  France,  possédoit,  dans  le  Berri, 
vers  le  règne  de  François  I®'  (2),  la  châtellenie  de  Voullon,  et  cet  historien 
ajoute  qu'il  étoit  de  Bourges.  C'est  ce  qui  fait  croire  que  le  cai^dinal 
de  même  nom  en  étoit  aussi  natif  ou  bien  des  environs.  Ce  Filbert,  sei- 
gneur de  Voullon,  ayant  épousé,  en  1510,  Marie  Gaudin ,  dame  de  la 
Bourdaisière  et  de  Thuisseau  (6),  communiqua  à  ses  enfants  le  surnom 


(1)  Reg.  Cap.y  Gjulii  1566.  |      (9)  Ilist.  du  Berry,  p.  269. 


(a)  Ce  défaut  de  résidence  dans  le  diocèse  par  les  évéques^  depuis  les  Dînteville^ 
est  regardé  par  le  président  Chardon,  comme  Tune  des  causes  qui  ont  facilité  Tin^ 
troduction  du  calvinisme  dans  la  Yille  capitale.  Il  remarque  avec  raison  que  le 
gouvernement  épiscopal,  confié  à  des  vicaires-généraux,  devait  manquer  de  la  sol- 
licitude qui  n'appartient  qu'au  pasteur  du  troupeau.  (iV.  d.  E.) 

(p)  Cette  dame  fut  la  maîtresse  de  François  l«r  et  ce  fut  là  la  source  de  la  fortune 
de  sa  famille.  Voy.  Chalmel;  Hist.  de  Touraine,  t.  m.  {N,  d,  E.) 


156  FlLBfiRT    BABOU  , 

1563  il  1570.  ^^  '^  Bourdaisière ,  et  surtout  à  Tainé  nommé  Jean,  qui,  outre  plu- 
sieurs emplois  considérables  dont  il  fut  honoré ,  fut  gouverneur  et 
bailli  de  Gien  (1).  Notre  évéque  fut  aussi  plus  communément  connu 
sous  ce  nom ,  etTévéché  d'Âuxerre  fut  le  dernier  bénéfice  qu'il  posséda. 
Après  avoir  étudié  à  Paris  sous  les  plus  habiles  maîtres,  il  avoit  été  fait 
évéque  d'Angouléme  dès  Tan  1552,  n'étant  âgé  que  de  vingt  ans.  Il 
fut  maître  des  requêtes  en  1557,  doyen  de  Saint*Mariin  de  Tours  en 
1559,  abbé  du  Jard,  proche  de  Melun,  en  1560,  et  cardinal  du  titre 
de  saint  Sixte ,  le  4  mars  1561 .  Quelques-uns  ajoutent  qu'il  avoit  été 
trésorier  de  la  Sainte-Chapelle  de  Paris.  Il  fut  aussi  ambassadeur  ordi- 
naire des  rois  de  France  à  Rome,  et  s'étant  dignement  acquitté  de 
cette  fonction  sons  Henri  II  et  François  II ,  le  roi  Charles  IX  lui  con- 
tinua le  même  emploi.  Mais  les  grandes  dépenses  dans  lesquelles  sa 
dignité  de  cardinal  le  jeta,  engagèrent  le  pape  Pie  IV,  qui  l'avoit  élevé 
il  la  pourpre ,  de  le  transférer  à  un  évéché  d'un  revenu  plus  considé- 
rable que  celui  d'Àngouléme.  Cette  raison  est  assez  clairement  insinuée 
dans  la  bulle  de  translation  {i).  Elle  fut  présentée  au  Chapitre  d'Âu- 
xerre,  le  18  juin  1565,  par  Mathieu  de  Macheco,  archidiacre  de 
Passy  en  l'église  de  Langres ,  qu'il  avoit  chargé  de  sa  procuration  spé- 
ciale, le  28  avril  précédent.  Les  chanoines,  après  avoir  témoigné  leur 
joie  d'avoir  un  cardinal  pour  évéque,  ne  purent  dissimuler  son  obliga- 
tion indispensable  de  résider  dans  le  diocèse.  On  ignore  quelle  fut  la 
réponse  à  cette  remontrance  ;  mais  on  nomma  aussitôt  deux  dignités  et 
deux  chanoines  pour  examiner  ses  bulles  »  et  lorsqu'on  eut  vu  les  lettres 
du  roi  datées  de  Vincennes,  par  lesquelles  il  ordonnoit  au  bailli  d'An- 
xerre  ou  à  son  lieutenant  de  le  faire  recevoir,  attendu  que  dans  le 
conseil  privé  on  n'avoit  rien  trouvé  à  redire  à  ces  mêmes  bulles ,  on 
mit  en  possession  de  l'évéché  l'archidiacre  de  Langres,  en  lui  faisant 
prêter  le  serment  ordinaire  des  évêques  k  leur  joyeux  avènement.  Le 
mois  ne  fut  pas  écoulé  qu'on  reçut  du  cardinal  même  un  abrégé  des 
raisons  qui  le  retenoient ,  et  qui  dévoient  le  retenir  encore  longtemps 
éloigné  de  son  diocèse.  Par  ces  lettres  il  établissoit  pour  ses  vicaires- 


(1)  Anselme  sur  les  grands-mâttres  d*ar- 
UUerie. 

(i)  Il  eil  quaUflé  élu  évéque  d'Auxerre 


dans  les  registres  du  Vatican,  au  IGdécembre 
1560. 


QUATRE-VlNGT*QUmZIÈME   ÉVÊQUE   D*AUXERRE.  1S7 

généraux  Mathieu  de  Macbeco  ci-dessus  nommé,  et  Gaspard  Damy,  déjà 
officiai,  accoutumé  à  exercer  la  même  fonction  sous  les  deux  derniers 
évéques.  Elles  avoieni  été  expédiées  à  Rome  le  10  mai,  en  présence  de 
Nicolas  Breton ,  dojen  de  Noyon ,  secrétaire  du  cardinal  de  Lorraine, 
et  de  Pierre  Barat,  clerc  du  diocèse  de  Langres,  chanoine  d'Auxerre. 
Un  défaut  qui  y  fut  remarqué  obligea  Tévèque  k  en  renvoyer  d'autres 
au  mois  d'avril  suivant.  Pendant  cet  intervalle,  l'archidiacre  de  Langres, 
qu'on  nommoit  plus  communément  \k  Âuxerre  du  nom  de  Passy  ou 
Pacy  son  archidiaconé  ,  devint  chanoine  de  notre  église,  et  prit  posses- 
sion de  sa  prébende  le  20  septembre.  Gomme  il  étoit  aussi  chanoine 
de  Notre-Dame  de  Paris,  il  y  fit  sa  résidence  la  plus  ordinaire  ,  et  ex- 
cepté quelques  provisions  de  bénéfices  qu'il  y  expédia  pour  le  diocèse 
d' Auxerre,  il  n'exerça  guère  son  grand^vicariat  qu'à  l'égard  du  tem- 
porel de  l'évéque.  Ge  fut  par  sa  médiation  que  le  cardinal  se  voyant 
pressé  de  payer  sa  cote  de  deniers  de  subvention  accordés  k 
Gharles  IX,  vendit  et  aliéna,  le  i2  décembre,  en  vertu  d'une  bulle  du 
pape,  pour  la  somme  de  seize  cents  livres,  l'hôtel  épiscopal  d'Auxerre, 
situé  à  Paris,  proche  la  porte  de  Saint-Michel,  à  Guillaume  Manault, 
conseiller  au  Ghàtelet.  II  se  démit  depuis  de  sa  prébende  d'Auxerre, 
en  faveur  de  Palamèdes  Foudriat,  clerc  auxerrois,  étudiant  à  Paris  en 
1565,  qui  mourut  abbé  de  Ghalivoy  en  1626  (1).  L'autre  vicaire- 
général,  résidante  Auxerre,  donna  aussi  quelques  soins  au  temporel. 
II  défendit  aux  fourniers  de  Varzy,  principale  terre  de  Tévéché ,  de 
couper  dans  la  forêt  d'autres  bois  que  ceux  qui  leur  seroient  marqués 
par  les  officiers  de  l'évéque.  Il  y  eut ,  en  1565,  un  acte  de  foi  et  hom- 
mage rendu  pour  la  baronnie  de  Donzy  à  la  tour  de  ce  chef-lien 
nommée  la  tour  d'Isoar,  par  Filbert  de  Mazengarbe  et  Etienne  Goulon, 
au  nom  de  Louis  de  Gonzagues ,  duc  de  Nevers  ;  et  deux  ans  après,  un 
autre  hommage  fut  aussi  rendu  à  Auxerre  au  nom  du  même  duc  de 
Nevers,  pour  la  châtellenie  de  Beauche  (2).  On  présume  que  Gaspard 
Damy  les  reçut  suivant  son  pouvoir  général  ;  agissant  conséquem- 
ment ,  il  assembla ,  en  décembre  1 565 ,  le  clergé  de  la  ville  pour 
traiter  des  affaires  excitées  au  sujet  de  la  religion  et  qui  commençoient 

(I)  Nova  GalL  Christ.  \      («)  Talml,  Corn.  Nivem, 


1563  i  1570. 


1309  i  1570. 


158  PILBERT   BABOU, 

à  devenir  sérieuses  (i  ).  Et  comme  d*an  autre  eôté  il  avoit  les  intérêts  du 
Chapitre  à  conserver,  parce  qu'il  étoit  du  corps,  il  témoigna  à  ses  con- 
frères, assemblés  le  premier  jour  de  mars  suivant  (2),  que  quoiqu'il  fut 
officiai  de  l'évéque,  il  ne  vouloit  faire  aucun  exercice  de  sa  juri- 
diction sur  les  ecclésiastiques  et  autres  sujets  de  la  juridiction  capito- 
laire  ;  ce  qu'il  déclaroit  sans  cependant  préjudicier  à  celle  de  Tévéque. 
Au  commencement  de  la  même  année,  dix  jours  après  Pâques 
(car  on  ne  s' étoit  pas  encore  conformé ,  dans  Anxerre,  au  nouvel  édit 
de  Charles  IX,  qui  ordonnoit  de  commencer  l'année  au  premier  jan- 
vier), les  chanoines  de  la  cathédrale  voyant  qne  la  misère  du  temps  ang- 
mentoit  de  jour  en  jour  avec  les  guerres  civiles,  concertèrent  d'écrire 
an  prélat  (5)  pour  lui  représenter  qu'il  seroit  expédient  de  supprimer 
quelques  prébendes  de  l'église ,  et  en  même  temps  pour  lui  remontrer 
respectueusement  que  sa  présence  devenoit  nécessairer,  afin  de 
pourvoir  aux  besoins  de  la  religion.  Le  prélat  ne  se  hâta  pas  beaucoup 
de  répondre  «  ce  qui  obligea  le  doyen  d'inviter  l'évêqne  de  Nevers  et  de 
l'amener  à  Anxerre  pour  quelques  affiaiires  pressantes  (4).  On  attendoit 
le  roi  qui  devoit  passer  par  Auxerre  denx  mois  après.  Le  palais  épis- 
copal  fut  tenu  prêt  pour  l'y  recevoir  le  18  avril.  J'ai  rapporté  ailleurs 
les  circonstances  de  ce  passée  (5),  à  la  réserve  de  celle  qui  regarde 
les  prébendes  de  la  cathédrale,  auxquelles  nos  rois  peuvent  nommer  à 
la  première  vacance,  après  leur  entrée  dans  la  ville  épiscopale.  Jean 
Henault,  aumônier  du  duc  de  Guise,  obtint  le  brevet  du  roi  pour  la 
prébende  de  la  cathédrale  d'Auxerre.  Le  roi  et  le  duc  d'Aumale  écri- 
virent même  en  sa  faveur  au  mois  de  septembre  1567,  et  en  consé- 
quence de  ces  lettres,  le  Chapitre  intervint  à  la  sommation  qui  fut  faîte 
à  Gaspard  Ilamy,  vieaîre-général,  d'y  satisfaire  (6).  Le  cardinal  de  la 
Boordaisière  n'envoya  sa  réponse  aux  instances  qu^on  lui  faisoit  de  venir 
%  que  bien  avant  dans  l'année  1566  (7).  Mathieu  deMacheco,  sou 


(I)  Reg.  Cap.,  i3  iét. 

(S)  Rtg.  CapU. ,  1  martii  1565. 

(3)  Reg.  Capit,,  S  mai  t565. 

(4)  Reg.  CapU.,  ihfeb.  1565. 

(5)  Hist.  de  la  Priie  d*Ainem.  p.  105. 

(6)  Reg.  CapU.,  22  sepu  1567. 

(7)  On  lit  dans  le  journal  mannacrit  de 
[.  Bnilart^  chanofae  de  Notn-Dame  de 


Paris,  oontenré i  Dgoo  es  b bUiUoIhéqne 
de  M.  le  président  Bonhicr  : 
«LesaBedi21....1S<5,  le  caidinal  de 

•  la  Boordaisière    reœnt  nooTelle  de  la 

•  mort  do  pape,  par  fordre  qne  le  roy  loi  fit 
»  départir  plutost  qoe  faire  se  poona»  et 

•  d*aUer  k  Rome  pov  Tâection  d'an  no«- 

•  veao  pape.  • 


QUATRE-VINGT-QUINZIÈME    ÉVÉQUE    d'aUXBRRE.  459 

vicaire-général  forain  ,  apporta  le  4  novembre ,  en  plein  Chapitre,  des  ise^  ^  1570. 
lettres  du  roi  qui  servoient  d'excuse  à  cet  évéque.  C'est  pourquoi  on 
prit  la  résolution  de  n'en  plus  parler.  L'année  i567  ne  fut  point  ré- 
volue,  qu'on  s'aperçut  que  les  chanoines  avoient  eu  grande  raison  de  ^ 
l'inviter  de  se  rendre  au  pays.  Peut-être  que  sa  présence  eût  intimidé 
le  parti  huguenot,  qui  alloit  toujours  en  augmentant.  Mais  enfin  le  ser- 
vice du  roi  l'emporta  sur  celui  du  diocèse ,  ainsi  la  ville  devint  en  proie 
pendant  son  absence ,  depuis  le  27  septembre  i567  jusqu'au  mois  de 
mars  suivant  (a).  Le  dégât  fut  si  grand  dans  les  maisons  canoniales, qu'on 
fut  obligé  de  demander  à  ce  prélat  et  k  ses  vicaires-généraux  la  permis- 
sion de  loger  dans  le  palais  épiscopal ,  en  attendant  qu'elles  fussent 
rétablies  (1).  Le  sieur  de  Passy,  principal  grand-vicaire,  fut  aussi  prié 
de  l'engager  à  contribuer  aux  réparations  de  l'église  qui  venoit  d'être 
pillée  et  ruinée  entièrement.  Mais  l'antiquité  n'a  transmis  jusqu'à 
nous  aucun  monument  de  sa  libéralité  ;  et  Ton  ne  voit  en  toute  l'église 
ses  armoiries  que  dans  un  petit  vitrage  de  la  chapelle  où  les  évéques 
s'habillent  lorsqu'ils  officient  ;  encore  fut-ce  Gaspard  Damy,  son  vi- 
caire-général, qui  les  y  fit  mettre  après  l'avoir  réparée  en  1568  et 
l'avoir  ornée  du  tableau  qu'on  y  voit  encore. 

Environ  deux  ans  après  l'on  apprit  sa  mort,  et  elle  fut  rendue  . 
publique  en  Chapitre,  le  20  février  1570.  Il  étoit  mort  subitement, 
à  Rome ,  le  26  du  mois  précédent ,  âgé  de  57  ans ,  dont  il  en  avoit 
passé  sept  avec  le  titre  d'évéque  d'Auxerre,  que  ses  neveux  héritiers 
oublièrent  dans  l'épitaphe  qu'ils  lui  firent  dresser  dans  l'église  de 
Saint-Louis,  au  bout  de  la  nef,  vis-à-vis  le  portail.  En  voici  la  teneur  : 

D.  0.  M. 

PhILIBERTO    NaRDIO   BuRDESIO,   s.    R.    E.    CARDINALI,    TRIUH  GALLIiE 

Regum  Henrici   II  Francisci  II   Caroli  IX  apud   Paulum   rV  et 

(1}  Reg.  Capit.,  22  et  25  april  1568. 

(a)  La  ville  fut  surprise  par  les  protestants  dans  la  nuit  du  27  au  28  septembre  1567. 
Ils  s*en  emparèrent  et  l'occupèrent  pendant  six  mofs,  durant  lesquels  les  églises, 
les  couvents  et  les  maisons  du  Chapitre  subirent  d'alTrcuscs  dévastations.  Voyez  au 
tome  3  les  mémoires  sar  l'Iiistoire  civile.  (  iV.  d,  E,) 


ISej  k  1570. 


160  filbert  babou  , 

plum  iv  pomtifiges  maximos  legatione  perpetua  egregie  fumcto  , 
Maria  Godina  mater,  Philibertus  et  Fabricius  nepotes  posuere. 
YixiT  kmos  LVII.  oBiiT  VII  cal.  februarii  anno  DoMiNi  M.  D.  LXX. 

Il  paroit  que  pendant  qu*\\  fut  évéque  d'Âuxerre,  il  vint  au  moins 
une  fois  de  Rome  à  Paris  ;  il  y  éioit  en  1566  le  7  juin,  jour  auquel 
il  conféra  un  canonicat  d'Auxerre  à  Jean  des  Roches,  clerc  du  diocèse 
de  Tours,  qui  avoit  été  son  secrétaire  à  Rome.  Elles  sont  datées  de 
l'abbaye  de  Saint-Victor.  On  trouve  encore  Tévéque  d'Auxerre  présent 
il  Paris  avec  d'autres  prélats  en  Tannée  1568,  savoir,  \k  la  clôture  de 
redit  de  Saint-Maur-des-Fossés  du  mois  de  septembre,  qui  défend 
Texercice  de  toute  autre  religion  que  la  catholique  (1) ,  et  k  une  pro- 
cession du  2  juillet  1569  contre  les  huguenots.  Mais  vraisemblablement 
il  s'agit  de  Philippe  de  Lenoncourt,  ancien  évéque  d'Auxerre.  G'étoit 
son  dernier  titre  épiscopal;  il  n'en  avoit  point  eu  d'autre  depuis. 
Philippe  de  Lenoncourt  conserva  ce  nom  d*autant  plus  aisément  que 
le  véritable  titulaire  de  l'évêché  d'Auxerre  étoit  appelé  cardinal  de  la 
Bourdaisière.  Ce  cardinal  laissa  en  mourant  l'abbaye  de  Moutier-Saint- 
Jean  vacante,  qui  fut  ensuite  conférée  à  son  prédécesseur  dans  Tévêché 
d'Auxerre  (2).  On  voit  quelques  ouvrages  dédiés  k  M.  de  la  Bourdaisière, 
lorsqu'il  étoit  évéque  d'Angouléme,  comme  les  Axiomes  de  droit  de 
Jean  Gillot,  en  1558,  et  la  Poésie  peinte  de  Barthélemi  Lanneau,  natif 
de  Bourges,  en  1552  (5).  L'historien  des  jésuites  (4)  parle  de  l'évéque 
d'Auxerre,  à  l'an  1565.  Ce  prélat,  dit-il,  n'aimoit  point  les  jésuites; 
mais  la  démarche  que  fit  la  société,  en  1565,  d'envoyer  Antoine  Possevin 
vers  le  roi  Charles  IX ,  qui  étoit  \k  Bayonne ,  produisit  de  très-bons 
effets.  Ce  célèbre  et  savant  jésuite  s'y  comporta  de  telle  manière,  qu'il 
concilia  k  tout  l'Ordre,  Tamitié  de  l'évéque  d'Auxerre.  Le  lecteur 
appliquera  ce  trait  auquel  des  deux  prélats  il  jugera  k  propos  ,  k  Lenon- 
court ou  k  la  Bourdaisière  ;  mais  suivant  ce  que  j'ai  avancé  ci-dessus, 
je  croirois  plutôt  que  c'est  de  Philippe  de  Lenoncourt,  ancien  évéque 
d'Auxerre,  que  cet  historien  a  voulu  parler,  parce  qu'il  étoit  conseiller 


(1)  Reg.  Parlamenti. 

(S)  Il  laissa  aussi  en  moarant  un  bâtard 
qui  réclama  sa  succes.«ion,  sur  quoi  procès  à 


Rome. 

(3)  Roufier  in  Aeomaûf. 

(4)  Part  3,  It6.  i,  n.  84. 


/ 


4 


JACQUES   AMYOT,  QUATRE-VINGT-SEIZIÈME    ÉVÊQUE    D*AUXBRRE.  IGI 

d'État,  et  que  vraisemblablement  il  suivoit  la  cour.  Il  ne  paroU  pas 
que  le  cardinal  de  la  Bourdaisière  eût  conféré  beaucoup  de  prébendes 
d'Âuxerre  à  ses  parents;  et  je  trouve  seulement  Jean-Alphonse  Naldi, 
clerc  parisien,  reçu  le  2  juin  i568  k  la  prébende  de  Germain  Fauchot. 
Il  n'y  a  jamais  eu  de  vestige  qu'il  eût  ordonné  un  anniversaire  h  Âuxerre; 
ce  qui  peut  provenir  de  ce  qu'il  n'eut  point  le  loisir  de  faire  un  testa- 
ment. Mais  le  Chapitre  qui  connoissoit  les  obligations  de  ce  prélat, 
poursuivit  ses  héritiers  (1),  et  obtint,  en  vertu  d'un  arrêt  du  parlement, 
une  somme  considérable  de  madame  de  la  Bourdaisière. 


\!m  ï  1070. 


CHAPITRE  V 


JACQUES  AMYOT,  XCVIe  ÊVÊQUE  D'AUXERRE. 

La  vacance  du  si^e  ëpiscopal  d'Auxerre,  qui  commença  le  20  1570  à  i->93. 
février  1570,  et  qui  dura  un  peu  plus  d'un  an,  ne  changea  presque 
rien  (a).  Le  Chapitre  continua  les  pouvoirs  de  vicaire  général  à 
Gaspard  Damy,  qui  l'avoit  déjà  été  sous  troit  évéques  d'Auxerre 
consécutivement,  sauf  les  protestations  que  le  doyen  et  l'archidiacre 
firent  pour  la  conservation  de  leurs  droits  (2).  La  seule  innovation  à 
laquelle  cette  vacance  donna  occasion,  est,  que  le  Chapitre  qui  a  voit 
toujours  nommé  et  conféré  en  corps  les  bénéfices  pendant  les  vacances 
du  siège,  statua,  le  10  février  i571,  que  chaque  chanoine  nommeroit  ou 
présenteroit  à  son  tour  par  semaine,  en  commençant  par  le  doyen. 


(1)  Reg.  Cap.,  31  jatmar,  1576  H  4  junii       Ci)  Reg.  Capit.  1570, 10  feb: 
1575. 


1     » 

t  • 


j 
(a)  Cette  année  le  seyne  ou  synode  âonucl  du  clergé  diocésain  eut  Heu^ans  le  choeur 

de  la  cathjj^rale.  La  collation  que  donna  le  Chapitre  se  composa  de  400  gâteaux  et 

de  Tin  ronge  et  blanc— Compte  de  la  Régale.  )  (iV;  d.  B.) 


* 


.  *        ^ 


162  JAGÇUBS   AMYOT, 

1570  il  1503.  jusqu'à  ce  que  le  siège  épi^copal  fût  rempli ,  et  qu'h  la  vacance  suivante 
on  reprendroit  le  tour  où  Ton  en  seroit  resté.  Mais  cette  conclusion 
ne  put  avoir  lieu  cette  fois-la ,  puisque  dès  le  commencemcntr  du  mois 
de  mars,  Jacques  Amyol ,  successeur  du  cardinal  de  la  Bourdaisière  , 
prit  possession  de  Tévêché  par  procureur. 

Plusieurs  historiens  ont  écrit  certaines  particularités  de  la  vie  de 
Jacques  Amyot  sur  des  ouï-dire ,  et  sans  avoir  devant  les  yeux  des 
mémoires  fidèles.  Tels  sont  Yarillas«  Brantôme,  Sainl-Réal,  et  même 
M.  de  Thou.  Comme  ils  ont  été  déjii  réfutés  par  un  critique  célèbre  (i), 
on  trouvera  bon  que  je  me  dispense  de  rapporter  les  circonstances 
qu'ils  ont  marquées  de  sa  jeunesse ,  sans  cependant  passer  sous  silence 
ce  que  j'ai  appris  par  les  écrits  de  ceux  qui  ont  souvent  parlé  h  ses 
amis  les  plus  intimes,  et  auxquels  il  ne  cacboit  rien,  quand  l'occasion 
se  présentoit  de  dévoiler  ses  plus  grands  secrets.  On  ne  peut  mieux 
être  informé  des  commencements  de  sa  vie ,  que  par  le  mémoire  qu'il 
en  dressa  lui-même,  et  qu'il  confia  h  Renaud  Martin,  Tun  de  ses  com- 
mensaux, pour  l'achever  après  sa  mort.  Lii-dessus  Rouillard  a  rédigé 
ce  qu'il  en  dit  dans  son  Histoire  de  Melun ,  et  en  cela  il  aura  toujours 
la  préférence  parmi  les  critiques.  Ce  mémoire  ayant  été  inséré  à  la  fin 
du  livre  manuscrit  de  la  cathédrale  d'Auxerre,  qu'on  appelle  Gesta 
Pontificum^  a  été  rendu  public  par  le  P.  Labbe ,  jésuite ,  au  bout  de 
cette  collection  sur  les  évêques  d'Auxerre.  C'est  ce  que  Bayle  parolt 
avoir  ignoré,  lorsqu'il  a  remarqué  que  cette  vie  latine  n'a  pas  été 
imprimée.  Jacques  Amyot  y  dit  de  lui-même  qu'il  étoit  né  à  Melun , 
le  50  octobre  4515,  de  parents  plus  avantagés  du  côté  de  la  vertu  que 
de  celui  de  la  fortune.  Il  ne  déclare  point  la  profession  dont  étoit  son 
père  Nicolas  Amyot  ;  mais  ses  commensaux  le  tenoient  pour  le  fils  d'un 
{)etit  marchand  de  mercerie  ;  ce  qui  s'accorde  avec  Rouillard  qui  dit 
que  ce  marchand  vendoit  des  bourses  et  des  aiguillettes.  Lorsqu'il  eut 
appris  les  premiers  rudiments  à  Melun,  il  alla  à  Paris  où  il  continua 
ses  études  de  grammaire ,  servant  de  domestique  à  quelques  écoliers 
d'un  collège  qu'il  n'a  jamais  nommé;  sa  mère,  Marguerite  d'Amours  ou 
des  Amours,  avoit  soin  de  lui  envoyer  exactement  chaque  semaine  un 


(1)  Bayle  dani  son  DictioDMiro. 

.4 


QUATRE-VINGT-SEIZIÈME    ÉVÊQUE    d'aUXERRE.  165 

paio  par  les  bateliers  de  Melun.  L'avidité  d'apprendre  le  poursuivant  ^-70  à  iro: 
jusque  dans  la  nuit ,  il  avoit  recours  à  la  lumière  que  pouvoient  fournir 
quelques  charbons  embrasés,  et  il  s'en  servoit  au  lieu  de  chandelle  ou 
d'huile,  tant  étoit  grande  alors  son  indigence  ;  avec  ces  foibles  secours 
pour  les  premiers  commencements ,  il  ne  laissa  pas  d'atteindre  les 
classes  supérieures.  Il  apprit  la  langue  grecque  au  collège  du  cardinal 
le  Moine,  sous  Jean  Evagre  rémois,  qui  tenoit  une  classe  exprès 
pour  cette  langue.  Il  étudia  la  poésie  sous  Jacques  de  Tusan,  professeur 
royal ,  l'éloquence  et  la  philosophie  sous  Pierre  Danès  (1) ,  et  les 
mathématiques  sous  Oronce  Finée ,  tous  trois  professeurs  royaux 
établis  nouvellement  par  François  I**^.  S'étant  fait  passer  maître  ès-arts  à 
dix- neuf  ans  (2),  il  alla  à  Bourges  pour  y  étudier  le  droit  civil  avec  un 
jeune  homme  qui  fut  depuis  célèbre  avocat  en  parlement  (5).  Y  étant 
arrivé,  Jacques  Collin,  lecteur  ordinaire  du  roi  et  abbé  deSaint-Ambroise, 
le  fit  précepteur  de  ses  neveux,  et  l'engagea  ii  accepter  une  chaire  de 
professeur  d»^s  langues  latine  et  grecque  dans  l'université  de  B«)urges, 
qu'il  lui  obtint  par  le  moyen  de  Marguerite ,  sœur  unique  du  roi  de 
Navarre 9  duchesse  de  Berri.  Après  avoir  eu  soin  pendant  quelque 
temps  des  neveux  de  l'abbé  de  Saint-Ambroise,  M.  de  Morvilliers, 
lieutenant-général  au  bailliage  de  cette  ville,  étant  informé  de  son 
mérite,  le  donna  h  M.  Bochetel,  seigneur  de  Sacy,  secrétaire  du  roi, 
qui  étoit  son  beau-frère,  pour  veiller  sur  les  études  et  sur  l'éducation  de 
ses  enfants.  Pendant  les  dix  k  douze  années  qu'il  fut  professeur  et  pré- 
cepteur h  Bourges,  il  commença  2i  traduire  quelques  ouvrages  grecs  en 
langue  française ,  et  il  avoua  depuis  à  ses  amis ,  que  ce  temps-là  avoit 
été  le  meilleur  et  le  plus  tranquille  de  toute  sa  vie.  Il  travailla  d'abord 
à  la  traduction  de  l'histoire  de  Théagène  et  Chariclée ,  et  se  mit  ensuite 
à  traduire  quelques  vies  des  hommes  illustres  de  Plutarque.  Cette  der- 
nière traduction  dédiée  k   François  I®^,  fit  tellement   connoitrc   la 


(I)  Ce  p.  Danés  lui  fit  apprendre  quelques 
oraisons  de  Cicéron. 

(S)  Il  y  avoit  déjà  ea  un  Pierre  Aniyot , 
niattre  ès-arts ,  qui  assista  poar  rUniTersilé 
de  Paris  au  concile  de  Gonsiance  ,  et  qai, 
dans  la  délibëraUon  que  fit  la  nation  de 


France  sur  les  annates,  opina  contre.  Thés, 
anecdot.  t.  ii,;).  155G. 

(3)  Il  est  faa%  qu'Aniyot  se  fit  religieux 
dans  Tabbaye  de  Saint-AmbroisCt  comme 
quelques-uns  l'ont  avancé,  entre  autres  le 
sieur  fiuUart,  en  ses  illustres  historiens. 


iGi  JACQUES    AMYOT, 

ir.7o  il  1593.  péDciraiioD  (l'Am)oi  dans  la  langue  grecque,  que  le  prince  lui  ordonna 
de  continuer  le  reste  de  Touvrage,  et  lui  donna  pour  récompense 
l'abbaye  de  Bellozane,  qui  venoit  de  vaquer  par  la  mort  de  Yatable. 
Ce  fut  le  dernier  bénéfice  consistorial  auquel  ce  roi  nomma.  Amjot  ne 
croyant  pas  devoir  attendre  une  plus  grande  fortune  en  France,  prit  le 
parti  d'aller  en  Italie  pour  perfectionner  sa  traduction  de  Plutarque 
par  le  moyen  des  manuscrits,  et  par  les  conférences  avec  les  savants  de 
ce  pays-lii.  C'étoit  vers  l'an  i546.  M.  de  Morvilliers  de  Bourges, 
ambassadeur  à  Venise,  le  mena  avec  lui  en  Italie,  où  il  fit  toutes  les 
recherches  nécessaires.  Un  peu  après  le  retour  de  cet  ambassadeur,  Âmyot 
fut  chargé  par  Odes  de  Selve,  son  successeur  dans  l'ambassade,  et  par 
le  cardinal  de  Tournon ,  alors  résidant  à  Rome,  de  présenter  au  concile 
assemblé  de  nouveau,  à  Trente,  le  i^' septembre!  551,  les  lettres  du  roi 
Henri  second  avec  ses  protestations;  il  s'acquitta  d'une  commission  si 
difficile  avec  toute  la  satisfaction  possible ,  ainsi  qu'on  peut  voir  par  la 
lettre  qu'il  écrivit  le  8  du  même  mois  à  M.  de  Morvilliers  (1).  Le  désir 
ardent  de  se  perfectionner  dans  les  auteurs  grecs  par  la  connoissance 
des  manuscrits,  lui  inspira  d'aller  de  Venise  à  Rome.  Jean  le  Doux, 
évéque  de  Mirepoix,  l'y  retint  près  de  deux  ans.  Le  cardinal  de  Tournon 
convaincu  de  l'habileté  d'Amyot  dans  toutes  les  affaires,  et  même  celles 
qui  regardoient  la  couronne,  voulut  l'avoir  pour  compagnon  de  voyage 
a  son  retour  de  Rome,  avec  Denis  Lambin,  qui  fut  depuis  professeur 
royal  de  langue  grecque  à  Paris.  Ce  cardinal  arrivé  k  la  cour ,  apprit 
que  le  roi  souhaitoit  un  précepteur  pour  les  ducs  d'Orléans  et  d'Anjou. 
Il  présenta  Amyot  a  Henri  II,  qui  lui  donna  cette  charge  dont  il  jouit  le 
reste  de  son  règne  et  sous  celui  de  François  II  (2).  Pendant  qu'il  fut 
précepteur  des  princes,  il  acheva  sa  traduction  des  hommes  illustres  de 
Plutarque,  et  la  dédia  à  Henri  II.  Ensuite  il  eotreprit  celle  des  œuvres 
morales  du  même  auteur  qu'il  acheva  sous  le  règne  de  Charles  IX,  à 
qui  il  la  dédia.  Ce  prince,  auparavant  connu  sous  le  nom  de  duc 
d'Orléans,  étant  parvenu  à  la  couronne  l'an  1560,  se  souvint  de  son 


(1)  EUe  est  dans  les  mémoires  d'Alphonse 
Yargas ,  pubUés  en  1700 ,  et  dans  d'autres 
imprimés  pins  anciennement. 

^i)  J*ai  vu  les  Yersious  qu'Amyot  faisoit 


faire  par  Charles ,  duc  d'Orléans,  de  Torai- 
son  de  Cicéron  pro  Marco  Marcello ,  écrites 
de  la  main  de  ce  prince ,  qui  régna  depuis 
sous  le  nom  de  Charles  IX. 


QCATRE-VINGT-SEIZIÈME   ÉVÊQUE    d'aUXERRE.  165 

précepteur,  et  dès  le  lendemain  de  son  avénemenl,  6  décembre,  il  le  1370  à  isos. 
fit  son  grand-aumônier,  son  conseiller  d'Élal,  et  conservateur  de  l'Uni- 
versité de  Paris  (1).  Il  lui  donna  encore  depuis  Tabbaye  de  Roches  au 
diocèse  d'Auxerre,  et  celle  de  Saint-Corneille  de  Compiègne.  Le  jeune 
roi  Tappeloit  son  maître,  lorsqu'il  vouloit  lui  parler  familièrement  (2)  ; 
mais  il  lui  fit  aussi  quelquefois  des  reproches,  par  exemple  sur  sa  trop 
grande  frugalité,  en  ce  que  pouvant  faire  bonne  chère,  il  se  contentoit 
souvent  de  manger  des  langues  de  bœuf.  Trois  ou  quatre  ans  après, 
il  fut  doyen  de  la  cathédrale  d'Orléans,  sans  qu'on  sache  de  quelle 
manière,  sinon  qu'on  croit  que  l'évéque  Jean  de  Morvilliers  y  contribua. 
L'évéché  d'Auxerre  étant  venu  à  vaquer  par  la  mort  du  cardinal  de  la 
Bourdaisière,  arrivée  en  cour  de  Rome,  le  pape  Pie  V  pourvut  a  tous  les 
bénéfices  de  ce  cardinal  plenojurSy  et  nomma  h  Févêché  d'Auxerre  un 
particulier  dont  le  nom  n'est  point  venu  h  notre  connoissance  ;  ce  qui 
causa  une  grande  dispute  entre  le  roi  et  le  pape.  Cette  circonstance , 
quoique  combattue  par  l'historiographe  Renaud  Martin ,  se  trouve 
alléguée  dans  des  écritures  du  Chapitre  d'Auxerre  de  l'an  159^(5),  où  il 
est  marqué  que  les  chanoines  avoient  été  fort  sollicités  par  celui  qui 
avoit  des  provisions  du  pape,  de  le  recevoir,  et  de  lui  délivrer  les 
revenus  échus  ^pendant  la  vacance,  et  qu'ils  n'en  voulurent  rien  faire. 
Le  pape  obligé  de  condescendre  aux  volontés  du  roi,  et  informé  d'ail* 
leurs  des  qualités  extraordinaires  d'Amyot,  le  nomma  ^  cet  évéché,  et 
Henri  III  qui  désiroit  ardemment  Pavancement  de  son  maître  (c'est  le 
nom  qu'il  lui  donnoit  toujours),  sut  bon  gré  au  Saint-Père  d'avoir  confirmé 
son  choix.  Amyot  ayant  accepté,  et  s'étant  fait  sacrer  h  Paris,  envoya 
sa  procuration  h  Laurent  Petitfou ,  archidiacre  d'Auxerre.  Celui-ci  la 
présenta  avec  les  bulles  le  5  mars  1571  et  prit  possession.  Le  même 
jour,  François  de  la  Barre  fut  reconnu  vicaire  général,  et  Jean 
Amyot,  auditeur  des  comptes,  promit  par  écrit  sur  le  registre,  au  nom 
du  nouvel  évéque,  son  frère ,  une  chapelle  d'ornements.  La  disette 
où  se  trouvoit  l'église  d'Auxerre  par  sa  spoliation  totale  arrivée  trois 
ans  auparavant,  aussi  bien  que  les  difficultés  qu'on  venoit  d'essuver 


(1  )  De  Thou,  m  rtto  sua.  I  Dupay.  coté  81 . 

('{)  Vie  latine  do  Chartes  IX  ,    ms.  de  I     Ci)  Voy.  Preaves,  1592.  t.  iv. 


166  JACQUES   AMYOT, 

1Ù70  à  iô9û.  ^upr^'^  ^^s  héritiers  du  cardinal  de  la  Bourdaisière ,  eogagèreut  les 
chanoines  à  user  de  celte  précaution  inouïe  jusqu'alors.  Dans  l'année 
même,  il  obtint  du  roi  la  permission  de  quitter  la  cour  et  devenir 
à  Âuxerre.  Il  s'arrêta  à  Sens  ,  le  24  mai ,  jour  de  l'Ascension , 
et  y  prêta  le  serment  ordinaire  de  soumission  et  d'obéissance  (1)  , 
qu'il  signa  sur  le  grand  autel  en  présence  du  cardinal  de  Pellevé, 
archevêque ,  et  fit  le  présent  accoutumé  d'une  chape  au  trésor  de  la 
métropolitaine.  Il  avoit  fait  ajourner  an  mardi  29  mai  les  quatre 
vassaux  ordinaires,  pour  le  porter  depuis  l'église  de  Saint-Germain 
jusqu'à  la  cathédrale.  Les  trois  derniers  ne  firent  aucune  difficulté, 
et  pourvurent  à  cette  fonction;  mais  Jean  Girard,  avocat  du  roi  au 
bailliage  d'Âuxerre,  chargé  de  la  procuration  de  Charles  IX ,  repré- 
senta qu'il  ne  convenoit  pas  que  ce  prince  fût  sujet  ii  cette  soumission, 
et  soutint  (quoique  faussement)  que  cela  ne  s'éloit  aucunement  pratiqué 
depuis  que  les  rois  avoient  succédé  aux  comtes  d'Auxerre  dans  la  pro- 
priété du  comté.  Le  nouvel  évéque,  à  qui  ces  représentations  furent 
réitérées  dans  l'église  de  Saint-Germain ,  allégua  plusieurs  passages 
et  histoires  propres  à  faire  connoitre  que  ce  n'étoit  pas  h  sa  personne 
privée,  ni  aux  évêques  même  en  particulier,  que  cet  honneur  éloit 
rendu ,  mais  à  Dieu.  Se  contentant  cependant  de  la  soumission  que 
firent  jusqu'au  bout  de  l'église  de  Saint-Germain ,  René  de  Pernay , 
seigneur  de  la  Bertauche,  et  son  fils,  pour  le  duc  de  Nevers  en  tant  que 
baron  de  Donzy  et  de  Saint-Yerain,  et  de  celle  de  Guillaume  de  la 
Bussière ,  seigneur  de  la  Bruère ,  pour  le  baron  de  Toucy ,  il  déclara 
qu'il  ne  vouloit  pas  se  servir  de  son  droit,  et  qu'il  feroit  le  reste  du 
chemin  à  pied  sans  préjudicier  à  ses  successeurs  ;  comme  ,  en  effet ,  il 
le  fit  de  l'église  de  Saint-Germàin  à  la  cathédrale,  précédé  par  le  clergé 
séculier  et  régulier,  accompagné  des  quatre  personnes  qui  représen- 
toient  les  quatre  barons;  et  la  chaise  où  il  auroit  dû  être  porté,  fut 
soutenue  élevée  proche  de  lui,  durant  tout  le  chemin,  par  quatre  bour- 
geois de  la  ville  au  nom  des  mêmes  barons  ;  ce  qui  revenoit  assez  au 
cérémonial  pratiqué  h  l'entrée  de  Philippe  de  Lenoncourt,  onze  ans 
auparavant. 


1  )  £x  tMS.  Senon, 


QUATRE-VIMGT-SEIZIÈMB   ÉVÊQUE   d'aUXERRE.  1G7 

Jacques  Âmyol  étoit  âgé  de  cinquante-huit  ans  lorsqu'il  prit  posses-  1570  ^  v:da 
sion  de  l'évéchë  d'Auxerre  ;  il  avoua  lui-même  en  arrivant  qu'il  n*étoit 
ni  théologien,  ni  prédicateur ,  n'ayant  presque  étudié  que  des  auteurs 
profanes.  Il  commença  h  se  faire  une  occupation  journalière  de  la  lec- 
ture de  TEcriture-Sainte,  des  saints  Pères  grecs  et  latins.  En  attendant 
qu'il  fût  en  état  de  prêcher  devant  son  peuple,  il  chargea  de  cette  fonc- 
tion Pierre  Viel,  docteur  en  théologie,  qu'il  avoit  amené  avec  lui,  et 
qui  prêcha  en  effet  en  sa  présence  plusieurs  sermons  dans  la  cathé- 
drale. Ce  théologien  eut  aussi  avec  lui  de  fréquentes  conférences  sur 
les  endroits  les  plus  remarquables  de  TEcriture-Sainte ,  touchant  les 
points  dogmatiques  controversés  et  sur  les  questions  de  Técole. 
Lorsque  Amyot  eut  commencé  à  lire  la  somme  de  saint  Thomas,  il 
s'y  appliqua  de  telle  manière  qu'il  la  posséda  presque  en  entier.  On  lui 
persuada  de  se  hasarder  de  parler  en  public  ;  et  quoiqu'il  se  défiât 
beaucoup  de  ses  forces  et  que  la  foiblesse  de  sa  voix  ne  lui  inspirât 
pas  beaucoup  de  courage,  il  prêcha  d'abord  les  jours  solennels ,  mais 
dans  un  style  si  clair  et  si  châtié  et  en  même  temps  si  enrichi  de  sen- 
tences ,  que  les  savants  sortoient  de  la  prédication  bien  plus  éclairés 
qu'ils  n'y  éloient  arrivés,  et  les  iguorants  n'en  revenoient  point  sans 
être  instruits  de  leurs  devoirs  et  rendus  meilleurs  qu'auparavant.  Des. 
commencements  si  heureux  l'encouragèrent  â  prêcher  plus  souvent,  il 
ne  laissa  passer  aucune  des  grandes  fêtes  sans  officier  et  prêcher  tant 
qu'il  résida  à  Auxerre.  On  prétend  qu'il  se  tenoit  en  chaire  d'une  ma- 
nière singulière.  Ayant  fait  faire  à  neuf  la  chaire  de  bois  que  l'on  voit 
encore  (a) ,  en  place  de  celle  que  les  huguenots  avoient  brûlée  ,  il 
vouloit  qu'on  en  tournât  l'ouverture  du  côté  de  l'auditoire  et  s'y  tenoit 
assis  dans  un  fauteuil.  Quoiqu'il  débitât  ses  sermons  en  françois,  il  les 
composoit  cependant  en  latin,  et  l'on  eu  a  conservé  longtemps  les  mi- 
nutes. 

Voici  le  régime  de  vie  qu'il  observa  pour  devenir  théologien  et  pré^ 
dicateur  depuis  son  avènement  à  l'épiscopat  :  levé  h  cinq  heures  du 
matin  en  toutes  saisons,  il  récitoit  son  office  de  la  nuit,  puis  il  se  te« 
noit  enfermé  dans  son  cabinet  jusqu'à  l'heure  de  la  grand'messe,  étn- 

(a)  Cette  chaire  n'existe  plus.  (JV.  d.  £.) 


1C8  JACQUES   AMYOT  , 

1570)11093.  ^^^^^  '^^  livres  dont  j'ai  parlé.  Après  la  grand'messe  il  relenoit  le 
célébrant  et  quelques  dignités  ou  chanoines  à  diner.  Pendant  le  repas 
on  ne  s'entretenoitque  de  matières  de  littérature  ou  de  choses  honnêtes, 
en  sorte  que  sa  table  pouvoit  passer  pour  une  véritable  école  de  piété 
ou  de  science,  d'où  Ton  ne  se  retiroit  point  sans  être  devenu  plus 
savant  ou  plus  pieux.  La  conversation,  après  le  repas,  duroit  l'espace 
d'une  heure;  il  retournoit  ensuite  h  sa  bibliothèque  et  coutinuoit  jus- 
qu'au soir  les  études  commencées  le  matin.  C'est  ainsi  qu'il  s'arran- 
geoit  les  jours  ordinaires,  excepté  que  l'Âvent  et  le  Carême  il  célébroit 
la  messe  en  particulier  avant  que  d'aller  à  la  graiid'messe  des  chanoines. 
Les  dimanches  et  fêtes,  il  assistoit  aux  premières  cl  secondes  vêpres 
et  à  matines,  et  disoit  aussi  une  messe  basse.  Les  jours  de  grandes 
fêles  auxquels  il  devoit  prêcher  vers  l'heure  du  midi,  il  remettoit  au 
soir  le  repas  ordinaire  des  officiers  du  chœur.  Lorsqu'il  alloit  par  la 
ville ,  il  étoit  habillé  en  grand-aumônier,  dit  son  historien.  Dans  son 
palais  épiscopal  il  se  tenoit  vêtu  en  évêque.  A  l'église,  si  c'étoit  l'été, 
il  étoit  en  rochet  et  surplis,  bonnet  carré  et  aumusse  ;  en  hiver,  il  étoit 
comme  les  chanoines,  excepté  que  sur  l'habit  long  il  ne  portoit  point 
l'aumusse  ronde,  c'est-à-dire  le  petit  capuchon  (1). 

On  peut  se  ressouvenir  ici  de  la  description  que  j'ai  faite  ailleurs  de 
la  triste  situation  où  se  trou  voit  l'église  d'Auxerre,  lorsque  le  cardinal 
de  la  Bourdaisière  fut  remplacé  par  Jacques  Amyot  (2).  Tout  ce  que 


{\)  Ex  aetis  Capit,    Àutiss.   pro   Capit.   |     (^    Ilist.  de  la  Prise  d'Aaierre  (a^ 
BeUov.  1620,  fig.  Huot.  | 


(a)  L'abbé  Lebeuf  passelégèrement  ici  sur  les  ^erres  de  religion  qui  dévastèrent 
rAuxcrroiSy  pour  ne  pas  répéter  ce  qu'il  a  dit  dans  sa  Prise  d^Auxerre,  On  voit  par 
les  documents  généraux  du  temps  jusqu'à  quel  point  la  dévastation  des  monastères 
et  des  églises  avait  eu  lieu. 

En  1572,  un  rôle  des  bénéfices  du  diocèse,  occupés  par  les  Rebelles  et  abandonnés 
par  leurs  possesseurs,  nous  apprend  que  les  pays  des  bords  de  la  Loire  étaient  par- 
ticulièrement maltraités.  On  cite  dans  cette  liste  les  abbayes  de  Saint-Laurent,  de 
Bouras  (brûlées),  la  Chartreuse  de  Basseville  (ruinée) ,  les  prieurés  de  La  Charité,  de 
Saissy,  du  Pré,  de  TEpau  ;  ces  deux  derniers  brûlés;  ceux  de  Revillon  ,  d'Entrains, 
de  Ratilly,  de  Plain-Marchais,  ruinés.  (Arch.  de  ITonne,  documents  historiques). 

(iV.  d.  E.) 


QUATRE-VINGT-SEIZIÈME  ÉVÊQUE   d'aUXERRE.  169 

les  chanoines  avoienl  pu  faire  durant  les  années  i568 ,  i569  et  4570,  1570  ^  1593. 
se  réduisoit  au  plus  nécessaire.  L'église  ayant  besoin  d'être  bénie  de 
nouveau  à  cause  des  profanations  horribles  que  les  huguenots  y  avoient 
commises,  le  nouveau  prélat  commença  par  Ik  aussitôt  après  son 
arrivée,  et  il  en  fit  la  bénédiction  le  vendredi  22  juin  i571.  Le  27  du 
même  mois  il  rebénit  celle  des  Cordeliers,  dans  laquelle  avoit  été  le 
prêche  des  calvinistes.  De  Ih  il  se  transporta  à  Varzy,  ville  principale 
de  son  temporel  ;  il  y  étoit  le  5  juillet,  suivant  les  lettres  d'institution 
d^official  qu'il  y  fit  expédier.  En  venant  se  faire  recevoir  à  Âuxerre ,  il 
avoit  apporté  pour  la  cathédrale  des  ornements  de  drap  d'or,  où  le 
Chapitre  ne  trouva  à  redire  que  dans  le  nombre  des  chapes ,  parce 
qu'il  n'y  en  avoit  point  pour  ceux  qui  chantent  les  répons,  et  que  les 
nappes  d'autel  y  manquoient  ;  ce  que  les  chanoines  disoient  avoir  cou- 
tume d'être  donné  (1).  Le  prélat  y  suppléa  depuis  par  le  moyen  d'un 
autre  ornement  de  soie  de  couleur  blanche  qu'il  fit  donner  par  le  sieur 
du  Halde,  dont  il  n'avoit  point  voulu  prendre  les  profits  du  quint  de- 
nier pour  l'acquisition  de  la  terre  de  Beauche  (2).  Après  avoir  un  peu 
garni  la  sacristie,  il  n'épargna  rien  pour  rendre  au  chœur  son  ancien 
lustre;  il  fit  refaire  k  neuf,  en  i575,  les  chaires  des  chanoines,  tant 
basses  que  hautes  (5).  Le  trône  épiscopal  qu'on  voit  aujourd'hui  à 
gauche,  est  aussi  de  son  temps  ;  il  l'avoit  fait  mettre  h  droite  et  dans 
la  place  même  où  étoit  Tancienne  chaire  de  pierre  que  les  huguenots 
n'avoient  point  gâtée,  k  cause  de  la  simplicité  dont  elle  étoit.  Il  donna 
les  sept  colonnes  de  cuivre  qui  accompagnent  le  grand  autel  ;  celle  du 
milieu  finit  eu  crosse  et  soutient  la  suspense  du  Saint-Sacrement  (a). 
La  table  de  marbre  dont  il  fit  refaire  l'autel,  est  une  ancienne  tombe 
qui  provenoit  de  la  sépulture  de  quelque  personne  considérable  ;  on 


(1)  Mémoire  de  1 592  contre  lai. 
i%  Ibid. 


(5)  Ex  irueriptione  ad  introU.  Charù 


(a)  Llnscription  qui  rappelait  ces  restaurations  était  ainsi  conçue  :  «  Jacobos 
»  Amyotns  Antissiodori  episcopus^  cum  à  perduellibus  hœreticis  fœde  laceralum, 
»  direptum,  ornamentisque  omnibus  spoliatum  reperisset  hoc  templum,  exedram 
»  istam  divinis  laudibus  concinnendis  accomodatam  ad  Dei  Opt.  Max.  gloriam , 
»  domusquc  ojus  dccorem  de  integro  inslaurandam  curavit.  1573.  a»         (N,  d.  E.) 


t 


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.4 


170  JACQUES   AMTOT, 

1570  ï  1993,  3  prétendu  que  c^étoit  elle  qui  couvroit  le  tombeau  du  saint  évéqae 
Bernard  de  Sulljr»  inhumé  au  milieu  du  chœur.  Il  fit  la  consécration 
de  ce  nouvel  autel,  le  15  juillet  1576,  quelque  temps  après  avoir  reçu 
de  Rome  un  os  du  bras  de  saint  Saturnin,  célèbre  martyr  de  la  même 
ville,  que  le  cardinal  de  Pellevé ,  archevêque  de  Sens ,  avoit  tiré  de  son 
titre  de  saint  Jean  et  saint  Paul,  relique  très-avérée  (1).  La  donation 
du  cardinal  est  datée  de  Rome,  le  2  janvier  i576.  Ce  fut  aussi  aux 
dépens  du  nouvel  évéque  que  le  sanctuaire  fut  fermé  de  murs  ;  les  gril- 
lages de  fer  qui  le  fermoient  auparavant  avoient  été  rompus  ou  empor- 
tés. En  même  temps  que  les  ouvrages  dont  je  viens  de  parler  se  fîrent 
en  bois,  en  cuivre,  en  pierre,  Tévéque  Amyot  songea  à  la  construction 
d*an  nouveau  jeu  d'orgues  qu'il  avoit  dessein  de  placer  au  coin  du 
chœur.  Il  fit  venir,  pour  la  confection  des  tuyaux ,  le  frère  Hilaire, 
religieux  de  Notre-Dame-en-risIc ,  à  Troyes,  de  l'Ordre  du  Val-des- 
Ecoliers,  qui  passoU  pour  très-eipérimenté.  Le  bas  des  vitrages  du 
tour  du  chœur,  qui  avoit  été  cassé  par  les  calvinistes  ,  fut  refait  h  ses 
dépens  en  meilleure  partie»  l'an  1573.  On  y  voit  ses  armoiries  dans  le 
fond  ,  aussi  bien  que  celles  du  Chapitre  et  du  doyen  François  de  la 
Barre.  Il  en  eut  fait  autant  h  celles  de  la  nef,  si  le  maître  de  fabrique 
de  l'église  se  fût  un  peu  prêté  k  cette  bonne  œuvre.  Comme  on  ne 
voyoit  pas  bien  clair  sur  le  grand  autel,  à  cause  de  l'épaisseur  des 
vitrages  des  bas-côtés ,  il  fit  ôter  une  verrière  entière  du  côté  droit, 
placée  sur  la  porte  qui  conduit  au  Chapitre,  et  y  fit  substituer  du  verre 
blanc  avec  une  simple  image  de  saint  Jacques ,  son  patron.  Voulant 
qu'on  se  ressentit  aussi  de  ses  libéralités  en  argenterie ,  il  donna,  en 
1585,  deux  chandeliers  d'argent  et  un  bénitier  de  même  matière  (2). 
Sa  vie  latine  ajoute  qu'il  y  joignit  deux  encensoirs  avec  leurs  navettes 
pareillement  d'argent.  Les  bréviaires  et  autres  livres  rédigés  à  l'usage 
du  diocèse  d'Âuxerre,  n'avoient  jusqu'alors  été  imprimés  qu'en  lettres 
gothiques.  Il  conçut,  en  1578,  le  dessein  de  faire  réimprimer,  en  lettres 
romaines,  les  bréviaires,  missel,  manuel  et  psautiers,  et  l'on  nomma 
quatre  chanoines  pour  revoir  ce  qu'il  y  auroit  h  corriger  (5),  Mais  de 


(1)  Voy.  Preuves,  1576. 

(2)  Reg,  Capit.,  \9  febr.  138r>. 


(3)  Reg.  Capit..T  juUi.iHl 


QUATRE-VINGT-SEIZIÈME  ÉVÉQUE    D*AUXERRE.  171 

tous  CCS  projets,  celui  du  bréviaire  fat  seul  exécuté.  L'impression  s'en 
fit  h  Sens  en  1580;  l'ouvrage  ne  fut  point  revu  d'une  manière  qui 
répondit  h  la  réputation  d'un  si  grand  prélat  ;  la  distribution  des  lectures 
paroit  un  peu  mieux  ordonnée  que  dans  les  éditions  précédentes;  mais 
la  poésie  est  aussi  pitoyable  qu'auparavant.  La  déférence  que  l'on  eut 
pour  l'étymologie  qu'il  attribuoit  au  nom  latin  d'Âuxerre,  fit  qu'on 
laissa  imprimer  partout  Antissiodorum  au  lieu  d^ Autissiodarum ,  per- 
sonne n'osant  alors  contredire.  Il  avoit  déjk  destiné  une  préface  latine 
pour  le  missel»  au  cas  qu'il  eàt  été  réimprimé  (1),  mais  l'ouvrage  ne 
fut  point  mis  en  état  de  paroitre.  Les  conférences  que  l'on  eut  avec  ce 
prélat  à  Foccasion  du  bréviaire,  procurèrent  au  Chapitre  une  décharge 
d^oifice.  Jusqu^alors  on  n'avoit  célébré  de  vigiles  des  morts  qu'à  neuf 
leçons  et  neuf  répons,  mais  aussi  les  chantoit-on  très-mal,  surtout 
depuis  quelques  années.  Le  prélat  consentit  qu'on  réduisit  chacune  de 
ces  vigiles  h  un  seul  nocturne  (2),  à  condition  qu'on  en  chanteroit  les 
antiennes  et  les  répons  sans  précipitation  ni  confusion  ,  selon  le  chant 
grégorien  et  non  pas  syllabiquement  comme  on  s'éloit  avisé  de  faire  en 
quelques  églises.  Le  Chapitre  avoit  aussi  ôté  longtemps  auparavant,  par 
déférence  pour  l'évéque,  certains  usages  qui  pouvoient  lui  déplaire. 
Chaque  chanoine ,  a  son  tour ,  devoit  faire  l'office  de  chantre  au  chœur 
le  jour  de  Noël  et  de  Saint-Etienne,  revêtu  d'une  dalmatique,  la  mitre 
en  tète  et  la  crosse  en  main.  On  statua,  le  22  décembre  1572,  que 
dans  la  suite  celui  qui  feroit  cet  office  de  chantre  n'auroit  ni  mitre,  ni 
dalmatique,  et  qu'il  porteroit  un  bâton  cantoral  (3).  Il  étoit  resté  jus- 
qu'à son  temps  un  vestige  de  la  vie  commune  parmi  les  chanoines 
d'Âuxerre.  Tous  les  jours  de  jeûne  du  carême  ils  entcndoient  une 
lecture  de  piété,  en  Chapitre,  avant  complies,  et  pendant  cette  lecture 
on  buvoit  quelques  coups  de  vin  tiré  de  la  cave  commune  du  Cha- 
pitre (4).  Cela  pouvoit  s'appeler  véritablement  collation.  Au  sortir  de 
là  on  rentroit  à  l'église  en  récitant  le  Miserere  et  autres  suffrages  pour 


1570  il  1!^93. 


(1)  Celte  préface  ou  leltre  pattorale  que 
je  peitédois  écrite  de  >«  main  ,  a  élé  perdue 
avec  beaucoup  d'antres  papiers  mêlés  parmi 
ceux  que  j'arois  prêtés  au  P.  le  Brun  de 
rOratoire,  mort  k  Paris  en  1719. 

(î)  Reg.  CapU,,  28  maii  IS80. 


(3)  On  croit  que  la  ? Icille  crosse  de  cuivre, 
dont  le  haut  est  conserré  dans  le  Trésor,  a 
servi  à  cet  usage. 

(4)  Voy.  les  IVagments  de  rites  tirés  d*utt 
ms.  du  XIII*  siècle,  aux  Preuve»,  t.  iv. 


k 

I 


I      I 


1 


172  JACQl'BS   AMYOT, 

1570  21 1593.  I^  morts  (1),  après  quoi  oq  cbantoit  compiles.  Sur  ce  que  le  petit 
rafraîchissement  pris  en  cette  occasion ,  ne  fut  pas  regardé  par  certains 
chanoines,  comme  suffisant  pour  finir  la  journée,  et  que  quelques-uns 
y  suppléoient  de  nouveau,  ou  abrogea  la  coutume  d'aller  boire  un 
coup  en  Chapitre ,  et  en  même  temps  celle  d'y  aller  entendre  une  lec- 
ture d'homélie  ou  d'autres  matières  pieuses.  Cet  usage  fut  supprimé  le 
28  novembre  i586,  et  Ton  croit  que  les  commensaux  et  les  amis  de 
l'évéque  influèrent  le  plus  dans  ce  changement.  Il  y  avoit  dès-lors  des 
gens  qui  combattoient  mal  h  propos  des  choses  dont  ils  ne  savoient  pas 
l'origine  ;  et  il  falloit  contenter  ceux  qui  trouvoient  les  compiles  trop 
bien  placées  au  coucher  du  soleil.  Certains  auteurs  mal  instruits  (2)  ont 
parlé  du  procès  des  chanoines  d^Auxerre,  touchant  les  bords  du  camaii, 
comme  s'il  avoit  été  commencé  sous  ce  prélat  et  qu'il  y  cùi  pris  quelque 
part.  Il  est  vrai  que  le  nom  d'Amyot  fut  célèbre  dans  ce  triste  procès  ; 
mais  ces  auteurs  auroient  dA  savoir  qu'il  n'est  pas  question  de  l'évéque, 
mort  cinquante  ans  auparavant;  Edme  Amyot,  doyen  de  la  cathédrale, 
fut  auteur  de  ces  troubles  vers  l'an  iG42. 

Quoique  l'évéque  Amyot  prêchât ,  il  ne  laissa  pas  d'attirer  dans  son 
diocèse  de  savants  personnages  qui  pussent  remplir  dignemeul  la  chaire 
de  la  cathédrale.  Après  la  mort  de  Jacques  de  la  Halle,  célèbre  docteur, 
chanoine  théologal  et  pénitencier,  arrivée  en  1575,  voyant  la  foible 
santé  de  son  successeur,  il  retint  a  Auierre  un  de  ses  compatriotes 
appelé  Denis  Perronnet.  C'étoit  un  docteur  qui  avoil  fait  profession 
chez  les  Carmes,  mais  qui  étoit  sorti  de  cet  Ordre  avec  permission  du 
pape  Pie  V.  Il  fut,  en  efl*et,  reçu  à  la  prébende  théologale  et  a  la  péni- 
tencerie,  le  6  septembre  1577,  en  produisant  un  certificat  d'Arnaud, 
évéque  de  Bazas,  touchant  la  canonicilé  de  sa  sortie.  A  peine  avoit-il 
commencé   son  stage  rigoureux  ,   qu'on    lui  permit   d^accompugner 


(1)  Comme  personne  n*a  pu  trouver  l'ori- 
gine de  ce  Misereret  je  croirois  que  c'est  un 
reste  des  anciennes  prières  qui  se  fai^oicut 
uniqaement  dans  le  carême  à  Âuxerre.pour 
le  chanoine  dernier  mort  dans  le  cours  de 
l'année  précédente.  La  vie  de  l'évéque 
Robert  m'a  fourni  cette  pensée.  Gomme 
nous  iomm'.'s  dans  un  temps  où  l'on  fait 


main-basse  sur  tout  ce  qui  ne  parott  pas  de 
l'office  canonial,  on  peut  craindre  de  voir 
supprimer  cela  au  premier  jour,  aQu  que 
complies  qui  s'en  trouvent  un  peu  retardées 
par  \k  soient  encore  dites  plus  tôt. 

(2)    Lo   Diction,    univ.   de    la   France. 
Pouillc  de  Beauuier.  Tiganiol  de  la  Force. 


QUATRE-VINGT-SEIZIÈME    ÉYÉQUE    D*AUXEIIRE.  175 

révéqae  dans  la  visite  du  diocèse,  afin  d*y  annoncer  la  parole  de  Dieu.  ^^^  ^  ^^ 
On  peut  se  convaincre  parle  grand  nombre  de  sermons  imprimés  de  ce 
théologien,  avec  quelle  assiduité  il  s^acquitta  du  devoir  de  la  prédication. 
Ce  pénitencier  obtint  du  prélat,  Tannée  suivante,  une  confirmation  de 
la  réunion,  que  Pierre  de  Belle-Perche  avoit  faite  de  la  chapelle  de 
Saint-Germain  &  la  pénilencerie.  La  ville  de  Gien,  où  il  restoit  quelques 
hérétiques  ,  fut  une  de  celles  où  Tévéque  fut  plus  attentif  h  n'envoyer 
que  de  savants  prédicateurs.  Il  conféra ,  outre  cela ,  la  chantrerie  de  la 
collégiale  de  cette  ville,  à  un  ecclésiastique  pieux,  docte  et  prudent, 
capable  de  faire  beaucoup  de  bien.  De  statuts  synodaux  qu'ait  faits 
Amyot,  nous  connoissons  uniquement  ceux  qn*il  publia  au  synode  du 
i®'  mai  i582,  lesquels  regardent  toute  la  matière  du  mariage;  et 
comme  malgré  les  soins  qu*il  se  donnoit,  les  mariages  en  degrés  pro- 
hibés ou  clandestins  se  multiplioient,  Laurent  Petitfou,  son  officiai, 
accorda  monitoire  en  4585,  pour  avoir  des  révélations  sur  les  personnes 
qui  éloient  ainsi  mariées.  Touchant  la  même  matière,  il  reçut  et  exé- 
cuta, en  i584,  un  bref  de  Grégoire  XIII,  qui  donnoit  absolution  et 
validoit  le  mariage  de  nobles  personnes  François  de  la  Rivière  et 
d'Anne  de  Yeilhan,  lesquels,  sans  être  informés  des  décrets  du  concile 
qui  n'étoient  pas  encore  publiés  en  France,  s'étoient  mariés  en  degré 
prohibé.  Huit  ans  auparavant ,  le  même  pape  avoit  adressé  k  ce  prélat 
le  jubilé  qu'il  Tavoit  supplié  d'accorder  à  ses  diocésains ,  à  Toccasion 
de  Tannée  sainte  arrivée  en  1575;  ce  qui  paroit  prouver  que  ces 
jubilés  n'étoient  point  envoyés  qu'ils  n'eussent  été  demandés  par  les 
évéques ,  chacun  pour  leur  diocèse.  Âmyot  fut  d'une  grande  exactitude 
sur  le  port  des  cheveux  courts.  Il  est  marqué  dans  des  mémoires  de 
son  temps ,  qu'ayant  aperçu  des  curés  au  synode ,  avec  des  cheveux 
longs  ,  il  les  fit  approcher  et  leur  rendit  la  chevelure  aussi  courte  que 
l'étoit  la  sienne,  laquelle,  comme  il  paroit  par  son  mausolée,  étoit 
très-régulière  (a).  Sur  la  requête  que  les  habitants  de  Clamecy  lui  présen- 
tèrent, en  1582,  touchant  l'office  divin  du  Chapitre  et  de  la  paroisse. 


(a)  On  vit  quelquefois  au  xvi«  siècle  des  actes  singuliers  à  propos  du  port  des 
cheveux  et  de  la  barbe.  En  1548,  le  Chapitre  de  Sens  refusa  au  serinent  de  Gdélitc 
révéquc  suffragant  de  Nevers,  parce  qu^il  avait  une  longue  barbe.         (iV.  d.  B.) 


l^liè  A  \99dk 


174  JACQUES   AIITOT, 

il  fil  iMi  r^ement,  en  1586,  pour  la  décence  du  culte  de  Dieu  en 
TéglUe  lie  Saint-Martin.  Celui  qu'il  entreprit  de  donner,  en  i573,  aux 
chanoines  réguliers  de  l'abbaye  de  Saint-Père ,  n'avoit  pas  eu  un  succès 
si  prompt.  Son  promoteur  rinforma  dans  la  visite  qu'il  ;  fit  le  second 
jour  d'août,  que  ces  religieux  ne  conservoient  presque  plus  de  marques 
de  la  cléricature  :  on  ne  les  voyoit  le  plus  souvent  que  dans  l'habit  le  plus 
éloigné  de  leur  état,  celui  qu'ils  portoient  à  l'église  leur  devenoit  odieux, 
et  ils  se  disposoient  à  s'habiller  comme  les  chanoines  de  la  cathédrale, 
se  disant  chanoines  comme  eux.  Le  prélat  leur  enjoignit  le  port  du 
rochet,  outre  la  grande  tonsure ,  etc.  Ils  en  appelèrent  a  Sens  et  de  là 
à  Lyon,  et  partout  ils  furent  condamnés  k  se  soumettre  aux  règlements 
salutaires  de  leur  évéque.  On  ne  voit  point  d'éclat  semblable  dans  au- 
cune autre  des  églises  de  la  ville  qu'il  visita  dès  le  commencement  de 
son  épiscopat.  Le  second  dimanche  d'après  Pâques,  i572  ou  i575,  il 
fit  la  réconciliation,  pour  ne  pas  dire  une  véritable  dédicace  de  l'église 
de  Saint-Regnobert.  Etienne  Panserot,  religieux  de  Sainl-Marien,  curé 
de  Notre-Dame-la-d'Hors ,  l'ayant  averti  que  les  catholiques  avoient 
ramassé  plusieurs  ossements  du  corps  de  saint  Vigile  au  moment  que  la 
châsse  de  ce  saint  fut  profanée  par  les  calvinistes,  Laurent  Pelitfou, 
grand  archidiacre  et  officiai ,  fut  commis  pour  s'informer  juridiquement 
sur  ces  reliques  ;  ce  qui  étant  fait,  Amyot  se  transporta  dans  l'église 
paroissiale,  le  10  juillet  i  588,  et  les  enferma  dans  une  nouvelle  châsse, 
déclarant  que  c'étoit  véritablement  des  reliques  du  saint  évéque 
d'Âuxerre,  fondateur  de  cette  église  (1).  La  peste  qui  régna  dans  le 
pays  durant  quelques  années  de  son  épiscopat ,  l'engagea  k  accorder 
permission  d*ériger,  dans  toutes  les  paroisses  de  la  ville,  une  confrérie 
sous  l'invocation  de  Saint-Roch,  par  ses  lettres  datées  de  Paris ,  le 
22  juin  1585.  Les  maladies  contagieuses  ayant  recommencé  dans  un 
autre  temps ,  il  entra  encore  davantage  dans  la  dévotion  des  citoyens, 
et  bénit  la  nouvelle  chapelle  qu'ils  avoient  fait  bâtir  sous  l'invocation 
de  ce  même  saint,  proche  le  bâtiment  destiné  aux  pestiférés.  Ayant 
appris  le  besoin  où  la  ville  éloit  d'avoir  une  maison  assurée  pour  les 
grandes  écoles ,  il  acquit  un  certain  canton  de  la  grande  rue  Saint- 

(i)  Voy.  les  Preuf et,  t.  IT.  n»  448. 


QUATRE-VINGT-SEIZIÈME  ÉVÊQUE  d'aUXBRRE.  175 

Germaio  et  y  fil  constraire  ud  corps  de  logis  considérable.  Il  avoit  eu  ^^^  ^  ^j^ 
dessein  d*y  niettre  les  PP.  Jésuites  ;  mais  ils  n'y  furent  pas  introduits 
de  son  vivant  par  la  faute  du  P.  Pigenat  «  qui  alla  trop  lentement  dans 
la  conduite  de  cette  affaire  et  ne  prit  pas  soin  de  la  conclure  avant  le 
temps  des  (roubles  qui  suivirent  la  tenue  des  étals  de  Blois. 

L'application  que  donna  Tévéque  Amyot  aux  besoins  spirituels  et 
temporels  de  son  diocèse  (a) ,  et  surtout  de  sa  ville  épiscopale,  ne  l'em- 
pêcha pas  de  vaquer  soigneusement  à  son  temporel.  Le  château  de 
R^ennes  avoit  été  très-endommagé  pendant  les  guerres  civiles  de  la 
religion  ;  cependant  les  évéques  rhabitoient  volontiers  à  cause  de  sa 
situation.  Il  fit  relever  les  ruines  causées  par  le  feu  et  le  rendit  logeable. 
En  1572,  il  se  fit  donner  un  dénombrement  de  la  terre  et  seigneurie 
de  Beauche,  par  le  duc  et  la  duchesse  de  Nivernois.  Deux  ans  après,  il 
reçut  une  pareille  déclaration  de  Françoise  des  Colons ,  veuve  du  sei- 
gneur d'Ougny  et  de  Seponse,  en  Nivernois,  pour  les  fiefs  qu'ils 
tenoient  de  lui.  En  1585  il  reçut  Olivier  Foudriat,  lieutenant  particu- 
lier du  bailliage  d'Âuxerre,  à  foi  et  hommage  pour  les  fiefs  des  Soyarts 
et  de  Champ-le-Roi ,  assis  en  la  paroisse  de  Lalande ,  qu'il  venoit 
d'acquérir  de  noble  Jacques  de  Lenfernat,  seigneur  de  Prunier,  fils  de 
Georges  de  Lenfernat,  et  le  quitta  des  droits  de  quint  et  requint  et  profits 
féodaux.  L'année  suivante,  le  22  juillet,  René  de  Prye,  chevalier  des 
Ordres  du  roi,  seigneur  de  Prye,  Montpopon,  Testmilon  et  baron  de 
Toucy,  lui  donna  aveu  et  dénombrement  de  cette  baronnie,  en  commen- 
çant par  le  château  même  de  Toucy.  L'énumération  n'avoit  pas  été  trou- 
vée exacte,  elle  fut  réitérée,  le  51  janvier  1587,  et  on  procéda,  le  premier 
mai  suivant,  k  une  vérification  et  renouvellement  des  limites  de  la  seigneu- 
rie, contiguës  à  la  portion  seigneuriale  de  Tévéque  seigneur  suzerain. 

Le  prélat  fit  de  temps  à  autre  des  voyages  k  la  cour  ob  sa  dignité  de 
grand-aumônicr  l'appeloit.  Ce  fut  principalement  sous  Henri  III ,  qui 
commença  a  régner  au  mois  de  juin  1574.  Dans  le  temps  que  ce 


(a)L*évéquen'oubKa  pas  notamment  le  grand  hôpital  de  la  Madeleine  d*Auxerre, 
et  ût,  pour  celte  maison,  un  règlement  très-remarquable  et  empreint  d'une  grande 
charité.  —  Voy.  celte  pièce  aux  Preuves ,  t.  iv,  n.  446,  et  le  fcLe-similê  de  récriinre 
de  Vévèque,  tire  de  celte  même  pièce.  (iV.  d.  S.) 


170  aCUilE»   AMYOT. 

unk  15».  prince  relournuil  tle  Pologne  en  France  ei  qu*il  passoit  par  la  Savoie, 
la  ciuche&âe,  qui  éloit  sa  ianle,  fit  auprès  de  lui  de  si  grandes  instances 
pour  qu'il  couiervàl  noire  évdque  dans  sa  charge  de  grand-aumdnier, 
qu'il  lui  promit  de  n'en  pas  nommer  d'autre.  Le  roi  dont  il  avoit  été 
autrefois  précepteur  voulut  lui  en  porter  lui-même  la  nouvelle  ^  son 
arrivée  ,  lui  recommanda  d'être  aussi  fidèle  à  son  service  qa*il  Tavoit 
été  h  celui  de  Charles  IX,  Quelques  années  après  établissant  l'Ordre  des 
chevalière  du  Sainl-Ësprit ,  il  en  fitAm^rot  commandeur-né  par  sa 
qualité  de  premier  aumdnier,  el  voulut  que  ses  successeurs  jonisseot  du 
même  hoaneur,  sans  être  tenus  de  &ire  preuve  de  noblesse.  Le  roi  prêta 
W  serment  de  l'Ordre  entre  les  mains  de  ce  prélat,  qui  lui  mit  au  co(  te 
grand  collier  te  51  décembre  1 578,  dans  l'église  des  Augustîns  de  Psiris. 
Sehm  duSaussa^  ()),  quelques  courtisans  murmurèrent  sur  Télévatioii 
d'un  bomaie  de  si  basse  naissance  à  un  si  iiaut  point  d'honneur  ;  mais 
Heari  Ul  leur  ferma  ta  bouche  par  deux  paroles.  Ce  toit  ce  même  cvéque 
qui  avoit  dressé  les  statuts  de  cet  Ordre  (2)^  et  qui  prescrivit  aux  che*- 
valiei*s  certaines  prières  en  forme  d'office  divin.  li  étott  si  bien  venu 
auprès  de  Henri  Ul,  qu'on  entendoit  souvent  ce  prince  ù  Texemple 
de  Charles  IX  l'appeler  son  maître.  En  effist  Amvot  se  plut  à  lui 
remettre  alors  de  temps  en  temps  quelques  principes  de  latinité  ;  ce  qui 
dt>nua  occasion  de  composer  ce  distique  :  Grammalicam  dUcii  média 
r^ûo  noUif  in  oula;  bi$  nx  qui  fiêêrtU ,  fU  modo  grammatieui  (5).  Mais 
une  autre  chose  plus  importante  qu'il  suggéra  au  roi,  en  1575,  fut  de 
destiner  de  grosses  sommes  pour  former  une  bibliothèque  (4).  Ainsi  fut 
commencée  cette  collection  de  manuscrits  tant  grées  que  latins,  qui 
montent  aujourd'hui  à  tant  de  milliers,  et  qui  sont  d'une  si  grande 
utilité  pour  toute  sorte  de  sciences.  Amyot  s'en  servit  le  premier  pour 
perfectionner  ses  traductions>  auxquelles  il  travailla  à  Paris  et  dans  son 
diocèse^  jusqu'à  ce  que  la  tranquillité  de  son  esprit  fftt  troublée  par  les 
émotions  populaires  (5).  On  lit  qu'un  jour  il  fit  au  roi  un  présent  assez 
bizaire.   C'étoit  celui  d'un  chou  qu'on  lui  avoit  envoyé  de  sa  terre 


(I)  Uetcrip*  eccL.  n,  5â. 

(9)  IM. 

(3}  llMlMfclMt4eP»Hiiier. 


(4)  Exscfipi,  co4tm*» 
(3)  Ex  comme  gartplor. 


QUATRE-VINGT-SEIZIÈME   ÉVÊQUE  D*AUXERRB.  i77 

d'Âppoigny  proche  Auxerre,  autrement  dite  Régennes;  ce  chou  étoit  ^^j^^  1593^ 
d'uoe  telle  grosseur,  qu'il  falloit  deux  hommes  pour  le  porter.  Le  roi 
qui  savoit  THistoire-Sainte,  porta  k  l'iostant  le  même  jugement  du  pays 
d^où  il  venoit,  que  les  Israélites  avoient  porté  de  la  terre  promise  d*où  ' 
deux  hommes  leur  avoient  apporté  en  pompe  une  grappe  de  raisin.  La 
demeure  d'Âmyot  dans  Paris,  étoit  dans  Penclos  de  Thôpiial  des 
Quinze-Vingts,  où  il  avoit  un  logis  que  les  administrateurs  lui  avoient 
cédé ,  en  considération  de  sa  dignité  de  grand-aumônier.  Etant  dans 
cette  ville  en  différentes  années,  il  assista  k  quelques  sacres  d'évèques  : 
à  celui  de  Jacques. Fourré,  évéque  de  Cbàlon-sur-Saône ,  le  i8  avril 
1575 ,  chez  les  Jacobins  de  la  rue  Saint-Jacques  (1).  En  1578,  il  sacra 
dans  Téglise  de  Sainte-Geneviève  ,  Arnaud  de  Sorbin ,  évéque  de 
Nevers ,  avec  Pierre  de  Gondi ,  évéque  de  Paris,  et  Nicolas  Fumée , 
évéque  de  Beauvais.  Il  fut  présent  à  Saint-Denys,  au  mois  de  juin  1584, 
aux  obsèques  de  François,  duc  d'Anjou ,  frère  du  roi  Henri  III  (2).  Ce 
fut  pendant  qu'il  étoit  à  Paris,  Fan  1588,  que  se  voyant  arrivé  à  l'âge 
de  75  ans,  il  rédigea  son  testament  le  15 mai;  ce  qu'il  fit  certifier  le 
lendemain  par  un  acte  de  deux  notaires  au  Chàtelet.  Ce  grand  homme 
parut  avoir  prévu  ce  qui  pourroit  arriver,  si  certaine  faction  prenoit  le 
dessus  dans  le  royaume.  Il  étoit  à  Blois  lorsque  les  Guise  y  furent 
assassinés.  La  nouvelle  de  ce  meurtre  étant  parvenue  k  Auxerre,  Claude 
Trahy,  gardien  des  Cordeliers  (a)  publia  partout  et  même  jusque 
dans  la  chaire ,  que  Tévéque  étant  du  conseil  du  roi ,  l'avoit  conseillé 
et  su;  qu'il  étoit  impossible  que  cela  ne  fût  ainsi,  puisqu'il  gouver- 
noit  le  roi ,  et  que  de  plus  il  en  avoit  donné  à  ce  prince  l'absolution 
sacramentelle;  que  pour  ces  causes  il  étoit  indigne  d'entrer  dans 
l'église,  et  que  s'il  y  entroit,  il  feroit  sonner  la  cloche  du  sermon 


(1)  Nova  Gall,  chr.  in  ep,  Cabilon, 

(2)  PreoTes  des  hiit.  de  Paris,  t.  m,  p. 


442. 


(3)  Voy.  les  Preuves,  1.  it,  an  1588. 


(a)  Ce  moine  fameux  s'appelait  Paul  et  noa  pas  Claude,  quoiqu'il  fût  ordinairement 
désigné  par  ce  dernier  prénom.  L'é?éque  Amyoten  faisait  grand  cas  a?ant  les  troubles 
de  la  Ligue.  Il  ra?ait  chargé  de  l'importante  mission  d'absoudre  les  hérétiques 
de  Gien,  de  tous  les  cas  même  réservés.  —  Voy*  Pr.,  t.  iv,  n  444.       (iV.  d.  E,) 

11  i2 


I 

I 


178  JACQUBS  AMTOT, 

15T0  ^  1593.  pour  assembler  les  habitaals ,  à  qaelqae  heure  que  ce  fût ,  et  les 
exciter  k  courir  sur  lui;  le  Gordelier  ajouloit  hardiment ,  que  quiconque 
eoteociroit  la  messe  d'Amyot  seroit  excommunié.  De  tels  discours 
ne  manquèrent  pas  de  faire  dans  Tesprit  de  la  populace  l'effet 
qu*en  attendoit  ce  Gordelier ,  qui  éloit  jaloux  de  la  destination  qu' Amyot 
aToit  faite  de  son  collège  pour  les  Jésuites.  Il  présenta  ses  odieuses 
imputations  par  écrit,  en  plein  Chapitre,  et  au  bureau  de  la  ^ille,  essayant 
d'y  prouver  que  la  feuille  imprimée  et  reçue  à  Auxerre  comme  ailleurs, 
où  il  étoit  porté  que  ce  meurtre  avoit  été  fait  justement,  ne  pouvoit 
être  venue  que  de  Tévéque ,  qui  haissoit  souverainement  les  Guises. 
Cependant  Amyot  avoit  ignoré  absolument  que  ce  meurtre  dût  être 
commis ,  et  le  roi  n'en  avoit  £ût  confidence  qu'à  ceux  qui  dévoient 
l'exécuter.  L'évéque  d' Auxerre  déclara  aussitôt  \  Blois,  que  le  cas 
étoit  si  énorme,  qull  n'y  avoit  que  le  pape  seul  qui  en  pouvoit  absoudre. 
Il  le  dit  expressément  à  Jean  Droguin,  chapelain  ordinaire,  qui  avoil 
coutume  de  confesser  le  roi ,  en  sorte  que  ce  prince  ne  fut  pas 
confessé  le  jour  de  Noél.  Le  fait  fut  attesté  par  H.  de  Saint-Germain, 
abbé  de  Chaalis ,  alors  théologien  du  roi ,  avec  lequel  Amyot  en 
avoil  conféré;  et  Sébastien  le  Royer,  doyen  d' Auxerre,  en  convint 
à  son  retour  de  Blois.  Aussi  le  roi  ne  s'adressa  pas  à  Amyot  pour 
l'absolntion.  Il  la  reçut  le  dernier  jour  de  l'an  de  Jacques  Coulomb, 
chanoine  théologal  de  Saint-Sauveur  de  Blois,  ancien  docteur  de  la  Fa- 
culté de  Paris,  en  vertu  d'un  bref  du  pape  qui  donnoit  pouvoir  à 
Henri  de  choisir  tel  confesseur  qu'il  lui  plairoit,  avec  toute  faculté  k  ce 
confesseur,  ainsi  choisi,  de  l'absoudre  de  tous  cas  réservés  au  sainl- 
si^,  même  ceux  de  la  bulle  m  (ktma  Dowùm  (l).  C'est  pourquoi  le 
roi  ayant  cru  pouvoir  communier  le  premier  jour  de  Fan  de  la  main  de 
l'évéque  de  Langres,  Amyot  l'assista  en  cette  cérémonie,  le  servit  en 
toute  la  messe,  et  dit  l'oflke  et  les  heures  avec  lui  en  qualité  de  grand- 
aumônier,  outre  qu'en  qualité  de  commandeor  de  l'Ordre  du  Saint- 
Esprit,  il  étoit  aussi  tenu  d'assister  personnellement  k  toutes  les  heures 
du  service  ce  jour-là,  qui  étoit  celui  de  la  cérémonie  des  chevaliers  * 


r  Ex  acH  d^so/.  cmrd,  Caietam. 


QUATRE-VINGT-SBIZIÈME   ÉYÊQUE   d'aUILERRE.  179 

ei  enfin  il  dina  avec  lui  le  même  jour  et  dit  les  grâces  après  le  repas  (1). 
Le  mois  de  janvier  1589  ne  fut  pas  écoulé  que  Tévèque  d'Âuxerre 
apprit  ce  qu'on  disoit  de  lui  dans  sa  ville  épiscopale.  Il  fut  informé 
qu'on  avoit  juré  de  ne  plus  reconnoitre  le  roi  et  qu'on  faisoit  des 
prières  extraordinaires  pour  la  prospérité  de  ses  ennemis  ;  c'est  pour- 
quoi il  prit  des  sûretés  afin  d'avoir  des  preuves  de  ces  choses ,  et  il  ne 
se  pressa  pas  de  se  rendre  à  Auxerre ,  espérant  qu'après  le  premier  feu 
les  esprits  s'adouciroient.  Il  écrivit  au  doyen  que  s'il  ne  revenoit  pas  au 
pays  c'étoit  de  crainte  d'être  suspect  au  roi,  qui  pensoit  que  la  nouvelle 
démarche  des  habitants  étoit  un  acte  de  félonie  et  un  crime  de  lèse- 
majesté  ;  que  lui,  évêque,  croyoit,  conformément  à  la  doctrine  de 
saint  Paul,  qu'on  ne  devoit  pas  laisser  de  reconnoitre  Henri  pour  roi  ; 
que  ceux  qui  assuroient  en  chaire  le  contraire ,  étoient  de  ces  prophètes 
inspirés  par  l'esprit  de  mensonge.  L'évéque  eut  d'autant  plus  de  sujet 
d'être  attristé  du  procédé  des  Auxerrois,  qu'il  avoit  promis  au  roi  que 
cette  ville  ne  remueroit  pas,  en  considération  de  ce  que  douze  ou  seize 
ans  auparavant  il  avoit  empêché  qu'on  n'y  envoyât  gouverneur  et  gar- 
nison pour  commander,  et  que,  parla,  il  avoit  obvié  aux  instantes  pour- 
suites de  quelques  gentilshommes  du  voisinage  qui  auroient  beaucoup 
fatigué  la  ville  par  leur  résidence.  Pendant  ce  retard ,  le  cardinal  de 
Vendôme  fit  tenir  chez  lui  une  assemblée  de  prélats  et  d'ecclésias- 
tiques, pour  savoir  ce  qu'il  conviendroit  faire  au  sujet  de  la  détermina* 
tion  des  théologiens  de  Paris,  à  l'occasion  de  l'assassinat  des  Guise. 
Amyot  s'y  trouva  comme  les  autres ,  et  il  nous  apprend  qu'on  n'y  con- 
clut rien,  sinon  qu'il  falloit  envoyer  vers  le  pape  pour  empêcher 
qu'il  ne  fût  prévenu  de  quelque  mauvaise  impression;  il  ajoute 
que  si  cette  assemblée  fut  nombreuse  en  gens  d'église  du  second 
ordre,  c'étoit  parce  que  le  roi  avoit  défendu  qu'on  sortit  de 
Blois  sans  son  congé.  La  permission  étant  accordée,  l'évéque  de 
Langres  prit  le  chemin  de  son  diocèse  quelques  jours  avant  le  carême. 
G)mmeon  sutk  Auxerre  qu'il  venoit  de  Blois  et  qu'il  étoit  du  conseil 
d'Etat,  il  y  eut  des  ligueurs  de  cette  ville  qui,  le  voyant  passer,  cou- 
rurent sur  lui,  et  l'auroient  arrêté  s'il  ne  se  fût  sauvé  promptement  k 

(1)  Ex  abtolutione  ejut  m  reg.  capituli  Autits, 


1570  il  15UJ. 


^a«F 


180  JACQUES   AUTOT, 

1570  à  ]503.  Chablis,  qui  est  de  son  diocèse.  Le  temps  du  carême  étant  venu, 
fournit  an  prédicateur  cordelier  une  vaste  carrière  pour  déclamer  contre 
Tévéque.  Ce  prélat  avoit  envoyé  Tun  de  ses  gens  pour  savoir  s'il  étoit 
vrai  que  la  furie  du  peuple  fôt  telle  qu'on  la  lui  avoit  rapportée.  Le 
bruit  ne  fut  pas  plus  tôt  répandu  qu'un  domestique  de  Tévêque  étoit  logé 
au  faubourg  de  Saint-Amatre,  que  plusieurs  petits  marchands  y  accou- 
rurent à  dessein  de  faire  insulte  à  Tévéque  quils  croyoient  y  trouver. 
D'autres  domestiques  du  prélat  étant  depuis  entrés  dans  la  ville,  on  les 
siffla  et  on  les  courut  par  toutes  les  rues.  II  y  eut  même  des  gens  du 
quartier  des  bateliers  qui  concertèrent  de  faire  sortir  le  concierge  du 
palais  épiscopal  afin  de  le  piller  k  leur  aise.  Amyot  crut  cependant  ne 
pas  devoir  laisser  passer  les  fêtes  deTâques  sans  se  rendre  k  son  trou- 
peau. Il  se  mit  en  route  un  peu  avant  le  carême  et  se  rendit  en  son 
château  de  Varzy.  Rouillard  dit  qu'il  fut  volé  k  moitié  chemin,  mais  il 
ne  marque  pas  la  somme  qu'on  lui  prit,  comme  l'ont  fait  depuis  quel- 
ques écrivains  sans  en  apporter  la  preuve.  Le  pénitencier  de  la  cathé- 
drale, qui  étoit  son  compatriote  et  qu'il  avoit  placé  k  Auxerre ,  Tétant 
venu  visiter  au  château  de  Yarzy,  connut,  dès  le  premier  abord,  que  le 
prélat  avoit  été  informé  des  discours  qu'il  avoit  tenus  sur  le  même  ton 
que  le  gardien  des  Gordeliers  ;  Amyot  ne  balança  pas  de  lui  dire  que 
a  le  roi  les  feroit  pendre  tous  les  deux  pour  les  prédications  diaboliques 
9  qu'ils  avoient  faites.  »  G'étoit,  en  effet,  ces  deux  hommes-lk,  qui, 
tout  d'un  coup ,  avoient  rendu  la  ville  d' Auxerre  ligueuse.  Le  prélat 
arrivant  k  Auxerre,  le  29  mars,  jour  du  mercredi-saint,  manqua  d'être 
tué  en  deux  endroits  ;  d'abord  k  l'entrée  de  la  ville  par  le  sieur  Ferroul 
d'Egriselle ,  chef  de  la  jeunesse  qui  donnoit  dans  le  parti  de  la  Ligue  ; 
ensuite  devant  l'église  cathédrale,  par  Claude  le  Prince,  chanoine.  Il 
assure  lui-même,  dans  son  apologie  (1),  que  c  la  pistole  lui  fut  pré- 
x>  sentée  k  l'estomac  par  plusieurs  fois,  et  qu'il  y.  eut  plusieurs  coups 
1»  d'arquebuse  tirés,  de  sorte  qu'il  fut  obligé,  pour  se  sauvqr  la  vie, 
»  d'entrer  promptement  dans  la  maison  d'un  chanoine ,  et  de  passer  de 
i>  celle-lk  en  une  autre  pour  faire  perdre  sa  trace  k  ceux  qui  le  poursui- 
>  voient.  »  Sa  crainte  étoit  d'autant  mieux  fondée  qu'il  aperçut ,  sur 

(I)  Voy.  les  Preuves  t.  iv,  où  cette  apologie  se  trouve. 


QUATRE-VINGT-SEIZIÈME   ÉVÊQUB    d'aUXBRRE.  181 

la  place  de  Saint-Etienne,  an  émissaire  du  gardien  des  Gordeliers,  qui,  1570  ^  1393. 
tenant  une  hallebarde ,  crioit  à  pleine  gorge  :  c  Courage,   soudars, 
B  messire  Jacques  Amyot  est  un  méchant  homme,  pire  que  Henri  de 
»  Valois.  Il  a  menacé  de  faire  pendre  notre  maître  Trahy,  mais  il  lui 
»  cuira.  > 

Le  prélat  reconnut  bientôt  que  le  prêtre  et  le  peuple  étoient  également 
envenimés  contre  lui.  Fatigué  de  son  voyage  et  effrayé  de  la  réception 
qu'il  venoit  d'essuyer,  il  n'officia  point  le  jeudi--saint  et  ne  vint  pas 
même  à  Téglise.  Il  avoit  dessein  de  célébrer  les  fêtes  de  Pâques  avec 
son  clergé,  mais  le  maître  Trahy  sut  bien  Ten  empêcher.  Le  jeudi- 
saint  ce  cordelier  mit  entre  les  mains  de  Guillaume  Girard  ,  conseiller 
au  présidial  et  échevin,  un  mémoire  qui  tendoit  à  prouver  que  l'évêque 
étoit  excommunié  et  par  conséquent  suspens  à  dimnis.  Le  maire  et  les 
échevins,  ayant  eu  communication  du  mémoire ,  firent  prier  le  doyen  de 
la  cathédrale  de  se  trouver  au  conseil  de  la  ville  pour  en  conférer.  Ce 
doyen  assembla  le  Chapitre  le  vendredi-saint ,  déclara  qu'il  lui  parois- 
soit  que  Tévêque  ne  pouvoit  assister  à  l'office  divin  sans  scandale ,  et 
que  ceux  qui  lui  serviroient  d'officiers  pourroient  encourir  la  même 
sentence  d'excommunication  à  canone  latœ  sententiœ  ;  si  quis  suadente 
diabolo.  Le  résultat  fut  qu'on  feroit  entendre  au  prélat  que,  non-seule- 
ment pour  les  cas  que  lui  attribuoit  le  maître  Trahy,  mais  encore  pour 
éviter  le  scandale  de  la  part  du  peuple  qui  le  croyoit  excommunié,  il  lui 
plût  de  ne  pas  assister  à  Toifice.  Le  doyen ,  le  grand-archidiacre,  le 
chantre,  et  Jean  Paydet,  chanoine ,  s' étant  chargés  de  la  proposition, 
et  lui  ayant  objecté  ce  dont  le  cordelier  le  chargeoit,  il  répondit  qu'il 
prenoit  en  bonne  part  l'avis  et  la  prière  du  Chapitre  et  qu'il  s'abslien- 
droit  de  venir  à  l'office  les  fêles  prochaines.  Le  lendemain  de  Quasi-- 
modo ,  10  avril ,  on  présenta  au  Chapitre  un  certificat  du  6  du  même 
mois,  signé  de  Laurent  Petitfou  ,  son  officiai,  et  du  sieur  Villon,  qui 
attestoient  que  cet  évêque  avoit  été  absous  ad  cautelam  pour  avoir  com- 
muniqué avec  le  roi  le  premier  jour  de  l'an  et  avoir  mangé  avec  lui, 
quoique  ce  fût  après  l'absolution  qu'un  chanoine  de  Blois  avoit  donnée 
à  ce  prince,  fondé  sur  un  bref  du  pape.  Mais  on  étoit  si  rempli  des  idées 
dn  cordelier  qui  avoit  chargé  Tévêque  de  bien  d'autres  faits,  qu'on  ne 
voulut  rien  finir  sans  en  conférer  auparavant  avec  Gilles  Thierriat, 


k  IS». 


V 


JACQUES   AMTOT9 

préfôt  ;  les  sieurs  Legeron,  conseiller  ;  Nicolas  Tribolé ,  maire ,  el  Jean 
Cooet,  avocat,  et  même  avec  le  cordelier,  tool  partie  qull  étoit 
Quoique  le  conseil  fût  d'avis  que  Fabsolotion  étoit  bonne  snivant  le 
Chapitre  Eo$.  de  $eni.  excomm.^  le  gardien  soutint  le  contraire ,  parce 
que,  disoit-il ,  outre  les  cas  avoués  par  l'évêque  ,  il  en  restoit  d'autres 
dont  il  avoit  la  preuve  par  écrit.  Lorsqu'on  en  fut  venu  k  cette  preuve 
en  plein  Chapitre,  il  se  trouva  que  tout  se  réduisoit  k  une  lettre  que 
Tévéqne  avoit  écrite  au  théologal  Perrooet,  où  il  lui  marqnoit  de  dire  a« 
maître  Trahj  «  qu'il  se  comportât  plus  modestement  en  ses  prédicaticos 
de  peur  qu'il  ne  lui  en  arrivât  mal  et  aux  siens.  »  Voilk  ce  qu'il  7  avoil 
d'écrit.  Le  prélat  vouloit  lui  faire  comprendre  qu'il  lui  6teroit  el  à  ses 
religieux,  les  pouvoirs  de  prêcher  et  de  confesser  ;  mais  ce  fautiqiie 
crut  en  effet  que  l'évêque  le  menaçoit  de  la  vie  lui  et  les  siens,  parce 
que  le  théol<^l  lui  avoit  rapporté  le  mécontentement  où  le  roi  étoit 
de  ses  sermons  et  l'assurance  que  lui  en  avoit  donnée  le  prélat.  Ce  loi 
ainsi  que  la  voie  de  la  paix  fut  fermée  â  l'évêque  d'Auxerre  par  les  in- 
trigues d'un  religieux  mendiant  trop  aveuglément  estimé  dans  le  ptjs. 
On  aura  de  la  peine  k  croire  que  le  Chapitre  ait  fait  refus  de  recevoir 
aux  prébendes  vacantes  ceux  qu'il  en  pourvut  alors  (!)•  Le  prélai  cnil, 
au  bout  de  six  mois ,  devoir  présenter  en  Chapitre  sa  justification   el 
ses  griefs  contre  le  cordelier.  Outre  ce  que  j'ai  rapporté  de  ces  desx 
écrits,  k  mesure  que  la  suite  de  l'histoire  l'a  demandé,  on  j  voit  une 
conspiration  faite  ouvertement  par  les  marchands,  mariniers  el  Taille- 
rons de  la  ville,  sur  la  vie  de  leur  évêque.  Ils  déclaroient  publiqnemoil 
qu'il  ialloit  couper  la  gorge  à  Jacques  Amyot,  et  faire  maître   Trahy 
évêque  en  sa  place.  Un  jeune  cordelier  étranger,  produit  par  le  gardien 
d'Auxerre ,  prêcha  dans  la  cathédrale  le  jour  de  la  Toussaint.  Il  enl  la 
témérité  de  commencer  sa  paraphrase  sur  ce  passage  des  psaumes  : 
m  Heureux  ceux  qui  demeurent  en  votre  maison.  Seigneur,  »  par  les  ex- 
pressions suivantes  :  «Oui,  les  excommuniés  sont  hors  de  celle  maison» 
»  comme  M.  l'éyêque,  qui ,  au  lien  de  venir  pieds  nus  el  léle  nne 
»  k  l'entrée  de  l'église,  supplier  qu'on  intercédât  pour  eux,  demenr^al 
»  obstinés,  etc.  »  Ce  qui  révolta  les  gens  de  bien  et  leur  fil  dire  tout 


l;  Rrgist.  1580,20  xrpf..  2  oct..   10  et  25  fia  nor. 


QUATRE-VINGT-SEIZIÈME   ÉVÊQUE    d'aUXERRE.  i85 

haul  :  <c  voilà  qui  vient  de  la  boutique  de  Traby  et  qui  ne  vaut  rien.  »  1570  ^  n 
Un  autre  sujet  de  cbagrin  pour  ce  prélat,  fut  qu'il  perdit  encore  k  Sens, 
dans  l'action  qu'il  avoit  intentée  au  Cbapitre  en  matière  de  nouvêU 
leU(l).  Jacques  Taveau,  avocat  du  Cbapitre  d'Auxerre  à  Sens,  le  fit 
même  condamner  aux  dépens.  Ce  fut  peut-être  le  retard  de  l'absolution 
en  forme  qu'il  avoit  demandée  qui  lui  causa  cette  déroute  ;  mais  la 
difficulté  des  cbemins ,  surtout  depuis  la  mort  du  roi  Henri  III,  arrivée 
le  1®^  août,  ne  permettoit  guère  de  confier  à  toute  sorte  de  personnes 
des  affaires  de  cette  conséquence.  Âmyot,  cependant,  voulant  remplir 
toute  justice,  en  fit  venir  une  d'Henri  Cajetan,  cardinal  du  titre  de 
sainte  Prudencienne,  légat  en  France  (2),  par  laquelle  on  voit  que  sur 
l'exposé  des  faits  tels  qu'ils  ont  été  rapportés  ci-dessus ,  il  eut  pleine 
absolution ,  avec  défense  au  Cbapitre  et  au  frère  Traby  de  le  molester 
désormais.  Ces  lettres,  datées  de  Paris,  le  6  février  1589,  furent  ob- 
tenues par  Jean  de  Bourneaux  son  neveu,  à  qui  il  avoit  résigné  son  ab- 
baye de  Rocbes.  Le  seul  fait  qu'il  avoit  ajouté  pour  se  justifier,  et  qui  n*est 
point  dans  l'apologie  communiquée  au  Cbapitre,  est  que,  peut-être  plus 
de  vingt  jours  auparavant  le  meurtre  des  Guise,  il  avoit  été  détenu  de 
la  goutte  ;  ce  qui  l'avoit  empêcbé  de  voir  le  roi ,  ni  de  conférer  avec 
qui  que  ce  soit  de  son  conseil.  Cette  absolution  fut  accompagnée  d'une 
lettre  de  ce  cardinal  à  l'évêque,  datée  du  25  février  1590  (5).  Le  légat 
y  marquoit  à  Âmyot  qu'il  faisoit  savoir  au  Cbapitre  d'Auxerre  et  au 
Cordelier,  que  rien  ne  devoit  plus  les  empêcber  de  lui  rendre  obéis- 
sance et  bonneur,  et  qu'il  espéroit  que,  par  son  zèle  à  défendre  la  foi 
catbolique ,  il  effaceroit  ses  fautes  précédentes.  Cette  formule  d'abso* 
lution  ayant  été  trouvée  bonne  par  les  cbanoines  de  la  catbédnle,  le 
samedi  5  mars  1590,  ils  députèrent  trois  dignités  et  deux  cbanoines 
pour  aller  féliciter  ce  prélat  de  ce  qu'il  étoit  réintégré  dans  ses  fonc- 
tions. Les  cinq  députés,  Laurent  Petitfou,  grand  arcbidia($re  ;  Jacques 
Magnen,  cbantre  ;  Pierre  Tbion,  arcbidiacre  de  Puisaye  ;  Denis  de  la 
Vaul  et  Droin  Cbaucuard,  sous-cbantres,  rapportèrent  qu'il  avoit  été 
très-réjoui  de  cette  visite  et  qu'il  en  remercioit  la  compagnie.  Les 


(1)  Reg,  Capit.  il  janv.  1590. 

(2)  Voy,  les  Preuves,  an  1589. 


(3)  Ibid. 


1570  II  1S99. 


i  84  JACQUES  AMYOT  , 

mauvais  traiteiueols  qu'Âmyot  essuya  eo  arrivant  dans  son  diocèse  lui 
furent  extrêmement  sensibles  ;  à  cela  près ,  il  se  fit  dorénavant  un 
plaisir  de  résider.  Il  avoit  déclaré  à  l'un  de  ses  secrétaires  que  depuis 
longtemps  son  intention  étoit  de  se  retirer  peu  à  peu  de  la  cour,  pour 
mieux  s^acquilter  de  son  devoir  épiscopal,  et  il  se  vit,  en  1589,  en- 
tièrement délivré  du  lien  qui  Ty  avoit  retenu. 

I!  commença  donc  à  ne  plus  s'occuper  que  des  fonctions  spirituel- 
les ;  et  dès  le  7  mars,  jour  des  Gendres,  il  reprit  son  ancien  usage  de 
prêcher,  sans  paroltre  déconcerté  ni  ému  par  tout  ce  qui  étoit  arrivé 
depuis  un  an,  sans  employer  les  invectives  ni  les  déclamations  contre 
personne  :  ce  qui  parut  digne  d^admiration  à  ceux  qui  ne  le  connois- 
soient  pas  encore  parfaitement.  Mais  son  secrétaire,  continuateur  de 
sa  vie,  dit  que  quoiqu'il  se  mit  aisément  en  colère,  cependant  il  se  re- 
tenoit  facilement  ;  il  n'étoit  aucunement  vindicatif,  et  ne  savoit  ce  que 
c'étoit  que  de  reprocher  h  personne  les  anciennes  fautes.  Il  passoit  pour 
mélancolique,  sévère,  et  d'un  abord  difficile  ;  mais  il  ne  paroissoit  tel 
qu'à  ceux  qui  le  voyoient  rarement.  Il  étoit  franc,  candide,  ingénu,  ou- 
vert, parloit  librement  et  sans  flatterie,  ne  déguisoit  point  aux  grands  ni 
aux  princes  leurs  propres  défauts.  Loin  de  conniver  aux  mauvais  des- 
seins qu'ils  auroient  eu,  il  leur  déclaroit  franchement  qu'il  ne  consen- 
tiroit  jamais  à  ce  qui  seroit  contre  l'honneur  et  la  justice.  Gomme  ceux 
qui  demeuroient  avec  lui  le  connoissoient  de  cette  humeur,  ils  se  don- 
uoient  bien  de  garde  de  lui  rien  proposer  ou  demander  qui  parût  sujet 
il  soupçon,  sinon  ils  essuyoient  un  refus  accompagné  de  sévères  répri- 
mandes. Aimant  la  paix,  il  haïssoit  les  procès,  et  surtout  il  évitoit  d'en 
avoir  avec  son  Ghapitre.  Je  ne  sais  si,  en  ce  dernier  chef,  l'écrivain  ac- 
cuse juste.  On  verra  ci-après  qu'il  eut  des  difficultés  avec  les  chanoines 
pour  des  droits  temporels,  même  avant  le  temps  de  son  appauvrissement. 
Quelques  auteurs  disent  qu'on  lui  vola,  à  son  retour  de  Blois,  la  somme 
de  deux  cent  mille  écus.  Gela  paroit  exagéré,  mais  on  ne  peut  discon- 
venir que  ses  pertes,  dans  le  tumulte  de  la  Ligue  naissante,  n'allassent 
bien  li  cinquante  mille  livres.  Il  le  mande  lui-même  au  duc  de  Nevers, 
le  9  août  1589  (1).  Et  comme  dans  cette  lettre,  où  il  avoit  toute  oc- 

0    M'*  (If  Béihuiie,  A9i5,  à  U  Bibl.  du  roi. 


QCàTRB-VIKGT-SBIZIÈMR  évêqub  d*auxerre.  185 

casion  d'expliquer  son  malheur,  il  ne  dit  point  qu'on  lui  eût  rien  pris  1570  \  1593. 
sur  la  route  de  Blois  à  Auxerre,  je  ne  sais  d'où  Rouillard  a  appris 
qu'Amyot  avoit  été  volé  à  moitié  chemin  {a) .  La  teneur  de  cette  lettre 
au  duc  de  Nevers  est  curieuse.  On  venoit  de  le  sommer  de  la  part  de 
ce  duc,  d'unir  toutes  ses  terres  épiscopales  au  gouvernement  de  Niver- 
nois.  Il  écrivit  au  duc  que  ses  gens  ont  toujours  appartenu  au  gouver- 
nement de  Bourgogne  ;  et,  prenant  occasion  de  leur  souhaiter  une  par- 
faite tranquillité,  il  reconnoit  avoir  besoin  d'eux  pour  vivre  :  a  Me  trou- 
»  vaut,  dit-il,  pour  le  présent,  le  plus  affligé,  détruit,  et  ruiné  pauvre 
»  prêtre,  qui  soit  comme  je  crois  en  France.  »  Il  fait  ensuite  monter 
toutes  ses  pertes  à  la  somme  de  cinquante  mille  livres,  c  Outre  le  dan- 

>  ger  de  ma  personne,  ajoute-t-il,  m'ayani  esté  la  pistole  plusieurs  fois 

>  présentée  sur  Testomach,  et  les  ordinaires  indignités  et  oppressions 

>  que  je  reçois  journellement  de  ceux  d'Auxerre ,  le  tout  pour  avoir 

>  été  officier  et  serviteur  du  roi  ;  étant  demeuré  nud   et  dépouillé  de 

>  tous  moyens,  de  manière  que  je  ne  sçai  plus  de  quel  bois  (comme 
»  Ton  dit)  faire  flèche,  ayant  vendu  jusqu'à  mes  chevaux  pour  vivre  ; 

>  et,  pour  accomplissement  de  tout  malheur,  cette  prodigieuse  et 
»  monstrueuse  mort  étant  survenue,  me  fait  avoir  regret  à  ma  vie  (6).  » 
On  reconnoit  aisément  qu'il  veut  parler  de  la  mort  du  roi  Henri  III, 
son  bienfaiteur,  arrivée  huit  jours  auparavant  (1).  Par  une  lettre  du  17 
du  mois,  il  paroissoit  fort  en  peine  de  savoir  si  ce  prince  avoit  été  ré- 
concilié à  rÊglise  par  confession  et  absolution  sacramentale.  Il  dit  qu'il 
s'en  étoit  informé  à  l'évéque  de  Senlis  ;  mais  que  les  nouvelles  venoient 


(1)  M*  de  Bélhune,  même  Tolame,  fol.  13i. 


(a)  L'exactitude  de  ce  toI  est  constatée  par  une  déposition  de  maître  Regoaod 
Martin,  qui  a?ait  été  secrétaire  de  Téféque,  et  qui  raconte  que  le  fait  a  eu  lieu  près 
d'Aubigny. — Vay.  aux  Preuves,  t.  iv,  n^  460,  la  déposition  de  M*  Martin.  (iV.  d.  E.) 

{b)  La  situation  de  J.  Amyot  était  devenue  fort  périlleuse  dans  sa  ville  épisco- 
pale,  les  menaces  et  les  violences  le  forcèrent  de  se  tenir  enfermé  dans  son  palais 
jusqu'à  la  fln  de  sa  vie.  —  Voy.  Preuves,  t.  iv,  n»  460. 

Quelques  auteurs  regardent  les  plaintes  qu'il  fait  là,  sur  son  état  malheureux, 
comme  hypocrites,  et  prétendent  qu'il  avait  encore  deux  cent  mille  livres  à  sa  mort, 
mais  on  verra  plus  bas  que  c'était  une  erreur.  (iV.  d.  E.) 


186  JACQUES   AMYOT, 

1570  k  1690.  difficilement,  sortout  c  daos  un  lien,  dit-il,  où  c^est  un  grand  crime  de 

>  parler  du  roy,  sinon  en  détestation,  et  où  Ton  calomnie  et  prend  en 
»  mauvaise  part  tous  mes  propos  et  toutes  mes  actions,  pour  avoir  eu 

>  accès  auprès  de  lui.  >  J*ai  cru  devoir  rapporter  ces  pensées  d'A- 
myot,  pour  réfuter,  par  ses  propres  termes,  ceux  qui  l'ont  accusé  d*in- 
fidélité  envers  Henri  III  (1).  Ce  prélat  n'avoit  pasTesprit  ligueur,  et,  s'il 
a  fait  quelques  démarches  qui  ont  paru  favoriser  le  parti  de  la  Ligue,  ce 
n'a  nullement  été  du  vivant  de  Henri  IIL  Pour  ce  qui  est  des  deux  der- 
nières années  de  sa  vie,  il  faut  avouer  que  la  misère  où  il  se  trouva  ré- 
duit, l'obligea  de  condescendre  en  quelque  chose  aux  idées  de  son 
peuple,  n  auroit  souhaité  que  le  cardinal  de  Bourbon  eût  été  roi,  et  il 
appréhendoit  la  ruine  de  la  catholicité  en  France  «  s'il  n*y  eût  été 
»  pourvu  par  la  bonté  et  miséricorde  de  Dieu.  L'espérance,  ajoule-t-il 
»  (2),  qui  nous  commençoit  à  rire  par  la  déclaration  de  Monseigneur  le 
»  cardinal  de  Bourbon  nous  a  bientôt  destituez,  puisqu'ainsi  est  qu'il 
9  ait  été  emmené  &  La  Rochelle  ;  car  il  est  certain  que  nous  ne  le  verrons 
»  jamais.  »  Ce  fut  donc  pour  implorer  le  secours  du  ciel  sur  le  royaume, 
qu'il  consentit  k  toutes  ces  prières,  qu'on  appella  dans  la  suite  «  les 
9  oratoires  et  les  processions  de  la  Sainte-Union,  »  et  qu'il  traça  même 
de  sa  main  le  plan  de  quelques-unes  (5) . 

En  1590  il  fit  le  sermon  de  l'ouverture  du  carême,  et  continua  de 
prêcher  les  dimanches  du  même  carême  (4),  à  cause  du  grand  jubilé 
accordé  pour  la  réunion  des  princes  chrétiens,  lequel  commença  le  second 
dimanche.  Il  fit  aussi,  le  jeudi-saint ,  la  bénédiction  des  saintes-huiles 
avec  deux  dignitaires  concélébrants  que  le  Chapitre  nomma  selon  l'an- 
cienne coutume,  et  il  continua  les  années  suivantes  (5).  Il  avoit  tou- 
jours aimé  les  anciens  rites,  et  s'il  y  eût  eu,  de  son  temps,  une  nouvelle 
édition  du  missel ,  il  eût  été  attentif  à  les  faire  conserver ,  surtout  ceux 
qu'il  croyoit  venir  des  Grecs  et  être  passés  de  chez  eux  dans  l'église 
gallicane,  tel  que  l'apport  solennel  des  vases  sacrés  de  la  sacristie  (que 
les  Grecs  appellent  la  prothèse)  au  grand  autel  ;  aussi  bien  que  la  re- 
présentation et  confixion  du  pain,  sous  les  yeux  du  prêtre,  pendant 


(1)  DeThoa. 

(2)  Même  lettre  ci-deMOs,  da  17  août. 
(5)  Voy.  les  Preufes,  1.  iv. 


(4)  Mémoire  de  J.Félix. 

(5)  Reg.  Capit.  18  opr.  1590. 


QUATRE-VINGT-SEIZIÈME   ÉVÉQUE   d'aUXEKRB.  187 

qoe  le  vin  est  versé  dans  le  calice,  en  sorte  que  la  sentence  de  UUere 
Daminij  etc.  convienne  à  l'action  ;  c'est  ce  que  j'ai  su  d'un  curé  très- 
âgé,  d'auprès  de  Melun ,  qui  avoit  connu  les  neveux  de  quelques  amis 
de  ce  prélat.  On  voit  par  les  registres  du  Chapitre  qu'alors  on  n'atten- 
doit  point  pour  faire  des  prières  extraordinaires  que  Tévéque  les  eût 
indiquées  ;  le  Chapitre  les  ordonnoit,  choisissoit  le  jour,  et  envoyoit  en- 
suite deux  ou  trois  chanoines  vers  le  prélat,  pour  l'en  avertir,  afin 
qu'il  y  assistât,  s'il  le  jugeoit  à  propos.  On  ne  peut  dire  si  Jacques 
Âmyot ,  qui  fit  sa  résidence  à  Âuxerre  durant  le  fort  de  la  Ligue,  se 
trouva  â  toutes  celles  que  le  Chapitre  indiqua.  Au  moins  en  fut-il  tou- 
jours averti;  ce  qui  est  si  véritable,  qu'une  procession  générale  ayant  été 
indiquée  le  vendredi  21  août  1592  pour  le  dimanche  suivant,  sans 
qu'on  en  eût  fait  part  k  l'évéque,  il  en  porta  ses  plaintes;  on  lui  déclara, 
le  5  octobre  (1),  que  cette  omission  involontaire  ne  venoit  d'aucun 
mépris  de  sa  personne,  de  son  autorité  et  dignité  épiscopale  qu'on 
révéroitet  honoroit  ;  on  ajoutoit  qu'un  tel  oubli  étoit  d'autant  plus  par- 
donnable, qu'alors  tous  les  chanoines  faisoient  la  garde  aux  portes  de 
la  ville.  Ce  même  mois  d'octobre,  ce  prélat  eut  aussi  raison  des  pro- 
visions qu'il  avoit  données  h  Martial  Delinotte  ,  d'une  prébende  d'Âu- 
xerre  pendant  sa  prétendue  excommunication  ;  le  parlement  de  Paris 
lui  donna  gain  de  cause.  Le  secrétaire  d*Amyot ,  qui  a  écrit  sa  vie ,  le 
représente  comme  très-pai^ifique  à  l'yard  de  son  Chapitre.  Cepen- 
dant, Amyot  disputa,  en  1587,  le  droit  que  les  chanoines  ont  de 
prendre  du  vin  chez  l'évéque  aux  grandes  fêtes  ;  on  l'appeloit  le  vin  des 
semonces  (2).  Il  né  tarda  pas  k  se  rendre  sur  cet  article.  Depuis  les 
chagrins  qu'on  lui  causa,  il  attaqua  la  juridiction  du  Chapitre,  et  les 
chanoines,  de  leur  côté ,  le  sommèrent  de  contribuer  aux  réparations 
de  l'église  plus  qu'il  n'avoit  fait.  Il  dressa  donc  un  état  de  tout  ce  qu'il 
avoit  fourni  à  la  cathédrale  depuis  son  entrée  à  l'épiscopat,  soit  en 
ornements ,  soit  en  autres  dépenses,  et  il  paroit  qu'il  n'avoit  rien  ajouté 
aux  anciens  présents  (a).  Il  transigea  seulement  avec  le  Chapitre  sur 

^1)  Reg,  Cap.  5  oeU  |     (3)  Reg,  5  déc, 

{«)  Voy.  les  Preuves,  t.  iv,  n"  449. 


1570  ï  1598. 


ts?t^  ism. 


188  UCQICES   AXTOr. 

b  jnîdktion .  et  b  recoiuiot  aa  mois  de  septembre  I3î^  'à].  Les  b- 
évités  de  l*éTéqiie  étoient  extrêmement  diminoées ,  comme  je  Faî  déjà 
dh  ;  0  se  pbignoît  à  ses  amis  que  b  prifalion  de  ses  biens  lai  ôtoit 
tMt  le  pbi&ir  de  Tétode.  Les  aflaires  temporelles  da  Chapitre  étoient 
a»si  trèfr-emkarrassées.  Dès  Fan  i588,  oo  aToit  songé  de  demandera 
réréqne  b  soppression  d^one  vingtaine  de  prébendes,  mais  ce  projet 
éloit  resté  sans  cxécntion.  Dans  nne  pareille  disette  d^aïf  ent,  de  part 
et  d'antre,  les  diScnltés  forent  bcilement  aplanies  et  b  paix  mise 
Cfltre  les  parties.  L^aoteor  de  b  Tie  de  notre  éréqne  n*a  pas  oublié  de 
marqper  qoe  ce  prébt  aimoit  b  mosiqne ,  et  qu'étant  dans  son  palais 
^Mcopal  il  ne  ro^iîssoit  point  de  chanter  sa  partie  avec  des  mosi- 
ôeas.  D  ajoale  qœ  son  amour  pour  le  chant  lui  bisoit  témoigner  plus 
d'amitié  à  ceux  d*entre  les  chanoines  qui  alloient  Tolontiers  à  Fa^e 
pour  j  chanter,  et  il  estimoit  pareillement  tous  les  tortriers,  chantres, 
wmis  et  autres  gagistes  qui  aToient  bdie  Toix  et  qui  saToient  leur 
métier,  pourra  qu^ik  fassent  de  bonnes  mceurs.  D  se  pbisoit  même  à 
jouer  des  instruments  ;  et  sourent,  afunt  le  diner,  il  toucboit  d^un  cb- 
vcein,  pour  se  mettre  à  lable  Fcsprit  plus  dégagé  après  ses  études 
sérieuses.  L^estime  qu*Q  témoigiia  pour  les  musiciens  les  enhardit  à 
faire  main-bosse  sur  le  système  de  psalmodie  des  anciens  aniiphoniers 
de  b  cathédrale,  dont  b  modubtion  étoit  usitée  au  moins  depuis  le 
siède  de  Charlenugne.  On  coupa,  trancha,  supprima  tout  ce  qui 
ne  conienoit  pas  à  leurs  oouieaux  principes  d*aecords  «  en  rendant 
fitffiu4  ce  qui  auparavant  étoit  doux  ;  on  introduisit  donc  alors  une 


(e;  La  Iransactûu  qn  eut  lieo  le  28  septembre  f  9fl  fat  rédwe  fur  les  hues 
des  andcunes  ckaites  qni  ctahiwwieiit  les  droits  des  parties.  L'êrètine  M  recousu 
haut  juiticier  dans  les  rues  et  places  da  cMtre  Saiat-EtîeaBe,  poar  tons  dâits  qaî 
j  seiaieat  eoanis  par  des  gens  éinagers  aax  fhiaoiaci,  et  le  Chapitre  coascrra 
droits  de  juilice  dans  les  mMoas  ranflaiaiw  et  kan  dépendances,  qaeb  qa'ea 
les  kabitaats,  exccplè  dans  les  cas  d'homicide  et  de  rapt  dont  b  coaaais- 
saace  flîBt  rèserrce  à  r^èWfqae.  Et  ooaime  plaïkais  des  auisons  canoniales  sitaées 
près  de  la  graade  place  Saiat-EtieBse  et  ea  d'antres  endrnis  da  dottrt.  araieal 
été  dimoKei  lors  de  la  prise  de  la  ville  par  les  liagutaoti  ea  iSU7  et  acCaieal  pas 
encore relilties,oaitmesarerlear  riiliiimial  aindecon«nu  les  droits  de 
justice  du  ChapHie,  en  cas  deretahlmmial  aa  aitumuiL^  Artiu  delT^ 
Vwds  des  minâtes  de  Roune^  a«taire  i  Aaxctre.  (.V.  d.  f> 


>»-rt-^*-.-  .-.'>•"   .  ■ 


QUATRB-VINGT-8BIZ1ÈMB   ÉVÉQCE   d'aUXBRRE.  189 

barbarie  et  une  disette  étonnaote,  capables  d'inspirer  du  mépris  pour  le  1570  ^  1593. 
plaio-chant  (1).  Mais  ce  qoi  dut  consoler  les  personnes  zélées  pour  le 
chant  gr^orien  et  les  antres  chants  anciens,  est  que ,  dans  le  temps 
même  de  ces  entreprises,  un  chanoine  commensal  de  notre  évéque  et 
son  économe ,  inventa  une  machine  capable  de  donner  un  nouveau 
mérite  au  chant  grégorien.  Ce  chanoine ,  nommé  Edme  Guillaume, 
trouva  le  secret  de  tourner  un  cornet  en  forme  de  serpent ,  vers  Fan 
1590 (a).  On  s'en  servit  pour  les  concerts  qu'on  exécuta  chez  lui,  et  cet 
instrument  ayant  été  perfectionné  est  devenu  commun  dans  les  grandes 
églises.  Âmyot,  qui  témoigna  toujours  de  l'inclination  pour  la  musique, 
en  eut  besoin  plus  que  jamais,  pour  chasser  la  mélancolie  qui  s*empara 
de  lui,  depuis  son  retour  des  Etats  de  Blois,  et  surtout  depuis  l'an  1591, 
qu'il  ne  fut  plus  grand-aumdnier,  ne  pouvant  pas  même,  en  ce  temps-là, 
aller  se  délassera  Régennes,  parce  que  ce  château  éioit  rempli  d'une  gar- 
nison, sous  la  conduite  d'un  chanoine  que  le  Chapitre  y  commettoit  (2). 
Quoique  son  corps  fût  fait  au  froid  et  au  chaud,  et  qu'il  fût  d'une 
bonne  constitution ,  il  se  trouva  enfin  attaqué  d'une  fièvre  lente  qui  lui 
dessécha  les  poumons.  Sentant  sa  fin  approcher,  il  eut  recours  aux 
sacrements  de  l'Eglise,  et  les  ayant  tous  reçus ,  il  mourut  le  6  février 
1595,  dans  sa  quatre-vingtième  année.  Denis  Perronet^  pénitencier  et 
théologal,  Gilbert  le  Comte ,  Renaud  Martin ,  et  Victor  Camus,  cha- 
noines, reçurentses  derniers  soupirs  (6).  LeChapitre,quinevoyoit  arriver 
aucun  des  parents  de  l'évêque  pendant  sa  maladie,  avoit  député  le  5  du 
mois  trois  autres  chanoines,  outre  Victor  Camus  son  chapelaia  et 
commensal,  pour  lui  tenir  compagnie  et  empêcher  la  distraction  des 
effets  ;  cette  précaution  n'empêcha  pas  qu'il  n'y  eût  des  meubles  dé- 


(1)  Il  y  a  en  des  chanoines  assez  hardis 
pour  dire  qae  des  livres  ainsi  défigurés  sons 
répiscopat  de  M.  Âmyot,  sont  le  vrai  et  an- 
cien chant  de  Téglise  d'Àuxerre,  et  il  s'en 


est  trouvé  d'assez  simples  pour  les  croire, 
quoique  tout  réclame  contre  ce  préjugé. 
(S;  Reg.  Capituli. 


(a)  Cependant,  si  Ton  en  croit  un  compte  de  la  fabrique  de  la  cathédrale  de  Sens  de 
Fan  1463 ,  le  serpent  était  déjà  connu  à  cette  époque,  car  on  y  lit  :  «  Ressoudé  le 
»  serpent  de  FégUse  et  mis  à  point  un  lien  de  laiton  qui  tient  le  Uvre.  »  {N.  d.  S,) 

(&)  L'évêque  mourut  à  deux  heures  après  midi  et  en  présence  d'un  grand  nombre 
de  personnes  ecclésiastiques  et  laïques.    —  (iV.  d,  B,) 

36 . 


i90  JACQUES  AMYOT, 

1670k  1588.  tournés;  le  Chapitre  donna  là-dessus  des monitoires.  Son  corps  fut 
inhumé,  ainsi  qu'il  avoit  demandé  par  son  testament  (i) ,  vis-à-vis  le 
milieu  du  grand  autel  de  la  cathédrale,  à  côté  du  trône  pontifical  (2). 
Il  n'y  avoit  rien  autre  chose  dans  ce  testament  qui  concernât  cette 
église  ;  mais,  depuis  ce  temps-là,  il  y  eut  quatre  services  fondés  pour 
lui  par  chaque  année ,  au  nom  des  maire  et  échevins ,  en  reconnois- 
sance  de  ce  que  le  bâtiment  qu'il  avoit  fait  construire  pour  servir  de 
collège,  fut  adjugé  à  la  ville,  par  arrêt  du  parlement,  et  non  à  ses 
héritiers  (a).  On  lit  même  dans  les  registres  du  Chapitre  (5),  qu'avant 
le  procès  les  héritiers  avoient  demandé  pour  lui  douze  services  par  an» 


(1)  Voy.  ce  testament  daas  les  Preaves. 

(2)  Bullard,  en  ses  Illustres  Historiens,  dit 
que  quand  on  voulut  faiiv  sa  fosse,  on  trou- 
va on  cercueil  de  pierre  qu^on  Jugea,  par 
quelques  indices,  avoir  servi  à  une  com- 
tesse d'Àuxerre,  morte  trois  cents  ans  au- 


paravant ,  et  nommée  Mathilde  ;  et  qu'on 
inhuma  ee  prélat  dans  le  même  tombeau  où 
étoient  les  cendres  de  cette  dame.  Je  ne  sais 
s'il  a  eu  de  bons  garants  de  ce  faiit. 
(3)  Reg.  Cap.  28  Àug.  1596. 


(a)  L'évéque  Amjot  en  construisant  le  collège  le  destina  à  I*înstracUon  de  la  jeu- 
nease  et  y  fit  placer  cette  inscription  qai  fut  remplacée  en  1777  par  une  autre  re- 
latant lérection  du  collège  en  école  militaire  : 

((  Christo  sbrvàtori  Opt.  Max.  S. 

RbLIQIONIS  YBRITAS,  MOBYM  PROBITàS,  BT  BONARYM  ARTini  POLITTRÀ  ,  HIC  PROMBR- 
CALB8  HABBMTURi  MON  iBRR,  6BD  8TTDI0,  PIBTATE  BT  LABORB  :  PlOINDB  TVRPB8,  Uf- 
Fll;  BT  I«NAVA  SSaNITIB  DBQBNBEBS,  AB  ISTIS  PORDVS  PBOCVL  PACBSSITTB. 

Son  secrétaire  ajouta  au-dessous,  pour  que  Fauteur  en  fût  bien  connu  : 

«  JaCOBVS  AmTOTVS  BPISCOPVS  AnTISSIODOR.  HVIC  QTMNASIO  QVOD  EXTBVBNDUlf 
CVBAVIT,  BANC  HfSCRIPTIONBM  APPONI  VOLVIT  1595.  » 

En  dressant  Tiaventaire  de  ses  livres  et  papiers,  on  trouva  dans  un  Vieux- 
Testament  grec  une  feuille  de  papier,  en  forme  de  testament  écrit  de  la  main  de 
révéque,  mais  déchiré  en  denx.  L'évéqae  était  bien  près  de  mourir  quand  il  fit  ce 
projet  de  testament»  car  il  y  règne  un  ton  de  tristesse  solennelle  bien  diffèrent  de 
celui  de  l'acte  de  1588.  Il  y  proteste  de  sa  catholicité,  et  vent  être  inhumé  dans 
réglis4  Saioft-Ëtisone  devant  le  grand  autel  «  du  côté  du  siège  épiscopal  H  y  fait 
différents  legs,  notamment  aux  hôpitaux  de  la  Madelaine  d'Auxerre  et  de  Gompiègne, 
et  destine  formellement  les  bâtiments  qu'il  fait  construire  pour  l'utiUté  du  peuple 
du  diocèse,  à  un  collège  des  Pères  J^uites,  et  en  donne  la  propriété  à  la  ville 
d'Aoxerra ,  à  oondition  que  cette  destination  ne  sera  jamais  changée. 

Ob  ne  voit  pas  que»  dans  les  procès  que  la  ville  a  soutenus  contre  les  héritiers 
de  réféquOi  elle  se  soit  servi  de  cette  pièce  qui  resta  probablement  cachée  dans  le 
|Nroeà»*verhal  eu  elle  fut  transcrile.  L'état  de  lacération  dans  lequel  elle  avait  été 
trouvée  la  rendaiti  d'ailleurs,  sans  valeur  judiciaire.  {N.  d.  B,) 


»3rw!? 


QUATRE- V1NGT-8BIZ1ÈMB   ÉVÊQUE    d'aUIERRE.  491 

Selon  sa  disposition  testamentaire  du  i5  mai  1588,  il  partagea  son  bien 
en  cinq  lots.  Il  établit  Nicolas  Amyot,  son  neveu,  fils  de  défunt  son  frère 
Philippe»  son  premier  et  son  principal  héritier ,  c'est-k-dire  pour  deux 
portions;  sa  sœur  unique,  Jeanne Âmyot,  aussi  pour  deux  portions, 
et  son  frère,  Jean  Amyot ,  pour  une  seule.  Il  légua  au  grand  hôpital 
d'Auxerre,  cinq  cents  livres  ;  aux  Jacobins,  cent  livres  ;  aux  Gordeliers, 
autant,  se  recommandant  ii  leurs  prières  ;  à  chacun  de  ses  domestiques, 
dix  écus  d^orsol,  outre  leurs  gages,  et  un  habit  noir;  a  son  valet  de 
pied,  trente  écus  d*or  pour  lui  faire  apprendre  un  métier  ;  à  Jean  de 
Bourneaux  ,  fils  de  sa  sœur,  ses  ornements  épiscopaux  et  les  parements 
de  sa  chapelle.  Ce  testament  ne  contient  aucun  autre  article.  On  est 
donc  surpris  de  lire  dans  certains  auteurs  qu'il  eût  l^é  à  Thôpital 
d'Orléans  une  somme  de  seize  cents  livres,  par  reconnoissance  de  ce 
qu'après  y  avoir  logé  à  F&ge  de  dix  ans,  on  lui  avoit  donné  seize  sols 
pour  sa  conduite.  Ce  trait  et  quantité  d'autres  doivent  être  mis  au  nombre 
des  fables  (1).  Je  ne  crois  pas  non  plus  que  le  proverbe  qu'on  citoit 
dans  l'avant-dernier  siècle  en  ces  termes  :  «  En .  mangeant  l'appétit 
x>  vient ,  comme  dit  Tévêque  d'Àuxerre ,  >  doive  son  origine  à  Jacques 
Amyot;  on  peut  l'attribuer  plus  vraisemblablement  à  Philippe  de 
Lenoncourt,  qui  fut  longtemps  appelé  en  cour  l'évéque  d'Auxerre, 
depuis  la  résignation  qu'il  avoit  faite  de  cette  prélature,  et  qui  accumula 
grand  nombre  de  bénéfices.  Amyot  ne  conserva ,  avec  son  évéché,  que 
l'abbaye  de  Saint-Corneille  de'  Compiègne,  s'étant  défait  de  bonne 
heure  de  celle  de  Bellozane  et  de  celle  de  Roches,  au  moins  dès  l'an 
1590,  en  faveur  de  son  neveu.  Il  n'est  resté  dans  le  pays  aucun  mé- 
moire qui  prouve  qu'on  eût  trouvé  beaucoup  d'argent  à  cet  évéque 
après  sa  mort.  La  Popelinière  est  le  premier  qui  le  fasse  riche  de  deux 
cent  mille  écus.  Il  est  fâcheux  que  d'habiles  critiques  aient  pu  le 
suivre  sans  demander  des  preuves  de  ce  qu'il  avançoit  (a). 


1570  il 


(1)  Ce  même  testament,  tout  court  qu'il 
est ,  prouve  encore  éyidemment  que  le  P. 
Anselme  s'est  trompé  lorsqu'il  dit  à  l'article 


des  grands-aumôniers  que  Amyot  étoit  fils 
unique. 


(a)  Il  ressort  en  effet  de  l'inventaire  fait  après  le  décès  de  l'évéque  qu'on  ne  trouva, 
dans  deux  bahuts  placés  aux  pieds  de  son  lit,  que  700  écus  au  soleil  et  141  pistoles; 


102  JAC<ICES  moT, 

Comme  notre  ëvéqne  o'étoit  pas  de  famille  à  aroir  des  annoirici 
fat  le  premier  de  sod  oom  qui  s'en  fabriqua  comme  il  loi  plnt.  E 
eoQSÎstolent  en  an  chefroa  brisé ,  sormonté  de  deux  trèfles  oa  ayl 
de  boarses  liées  et  renversées ,  et  une  molette  d'éperon  an-deMi 
Peat-^re  n'ent-il  antre  ioteotion  que  de  se  rappeler  la  profeisio*  i 
avoit  été  soa  père.  C'est  par  errenr  qae  sur  sa  tombe ,  an  choesr  é 
cathédrale  d'Aaxerre  (a) ,  on  a  grafé  nne  étoile  aa  lien  de  la  mol 
d^éperoD  qui  se  trouve  dans  ions  les  onira(;es  qu'il  a  fait  bire  ds 
Titant.  Edme  Amjrot,  doyen  d'Aoxerre,  vers  1642,  s'apj 


.ï 


ctdeplulinKiitioade  109  écni  qu'an  senitenraTaitprisleiiMtÎD  même  d«  la  ■ 
Djafaitinuiqwl^ei  bijoux  et  de  la  vaiueltc  d'arfenL  Cependaat  la  mnoa 
dericbesM  dn  TÎeas  préUl  était  bic:i  établie,  car  le  procès-Turlul  comiiMnce  ^ 
«  Et  attenda  h  répolation  que  le  detTunct  s'eit  acquis  d'avoir  de  grandi  deaj 
menblei  prccieox  el  moyens.  ■  [N.  à.  B.) 

{à,  La  tomtw  de  Tèvique  Amyol  qui  était  placée  en  face  dn  gnnd  anld 
esleTée  au  milieu  du  deruicr  lié.'lc,  lorsque  le  Chapitre  fil  daDer  à  ncof  le  4 
toaire.  L'épitapbe  était  connue  en  ces  termes  : 

ne  JiCXT  D.  JACosTi  aKTOT  D*a  a  vivis  iourr  imuioMi  «rucoFTs  vt  fksj 
Hisifis  ■i.nao«:iiB»s,  qti  omit  ti  rsaiv.  lSi3. 

Mais  SCI  béritiers  Toolant  houttrer  davantage  ta  mémoire,  lui  firent  éle«4| 
RHmamcat  en  marbre  dont  nous  donnons  le  dessin.   J.  Amjut  j  al  figuré 
corps,  dans  TatUlnde  de  la  prière.  t>lle  sculpture  fut  placée  dans  l'm^  <ltt| 
dn  sanctuaire,  du  c6té  de  l'ETangile,  où  elle  est  encore. 

On  7  lit  les  deni  insaiptious  suivantes  : 

CT  Boavs  UT  urnsn  n  ■■ritsi.iTiTio»  ni  msn»  jacqtd  amtot 
■TDQTi  DAnmi ,  sauiD  atuiosniu  ni  riiiici  sotu  les  non  «t*»!,» 
■T  m  n  ■Kni  it  xt  con*'  ra  livu  co:<hili  n'urar  n  raivt, 
l'oiskb  dt  sT-uran,  t»t  db  st-cosiiil  db  compik?»  .  qti  tuspima  lb  au 
••  lOTi  iM  roTBtKK  1593,  n  nrruat  sotbi  u  TvaH  pi  nuiai  mou  vo^te' 
Tua*  caa:m  ami.  ■■  asn  Mami,  tA^TW-i-i  imtm  MTt  Fanaatco— wi 
Kl  L'ao!i>En  IT  Kar*TTULt  ntMOiaa  PTPlcr  saissivi  ktvsqtb  naa  lia  ii  liai 
nunu  iiKM  BB  BonuKavLK .  ta»  au  loonu ,  cHÀTioi^ta  dk  puu>  ,  amamt 
n  avnontn  saaTisT  atsaicn  bois,  nkpvbv  avan  ni  sBismna  ""lay  ug 

UTOT,  DT  COSTt  DK  rsTK  IUA!<n  UITOT  SA  lOBTB  THIQTX. 

IV««rtti  »r«  rî^  Àmioti  orycata.  tiafor , 
Ixx  )Ml  (1  nttraMH  fatrim,  friiM  wtor^iolim 
CoMÎIiù,  terip6i  onuril  ri  artr  tm^iidi; 
Jtifm  aUtr  pkaNix  f anrfi  Hfmriei^  pivrMN- 
l«IO. 


XCVI^     LVLUOt     OAUXERRL 


V'iUir  Pciii  daprtskD^enfloiyjJC 


PsTOajK,l.  ,til!j3i\  îlVjaKKt 


i 


QUATRB-VINGT-SBIZiàllB   ÉTÉQUE  D*AUXERRB.  495 

armoiries  de  cet  évéque,  quoiqu'il  n'en  (Ùt  aucunement  parent.  C'est  avec  ^^^o  ^  1599. 
raison  que  l'on  a  repris  les  éditeurs  du  Dictionnaire  de  Moréri  d'avoir 
écrit  son  nom  AmioL  Notre  évéque  signoit  avec  une  y,  et  mettoit  ainsi 
Amyot.  Sa  représentation ,  qui  est  à  gauche  du  sanctuaire ,  ne  fut  faite 
que  dix-sept  ans  après  sa  mort,  aux  dépens  de  son  neveu  Jean  de  Bour- 
neaux,  qui  étoit  alors  chanoine  de  Paris.  Il  avoit  été  fait  chanoine 
d'Auxerre  et  archidiacre  de  Puisaye  après  la  mort  d'André  d'Assigni. 
Son  acte  de  réception  le  qualifie  sénonois  (1).  Dès  l'an  1579  il  avoit 
permuté  avec  François  Pestelé,  prêtre  du  diocèse  de  Noyon,  pour  le 
prieuré  du  château  de  Merle  au  diocèse  de  Laon.  Il  fut  aussi  prieur  de 
Saint-Samson  d'Orléans.  Ce  fut  lui  qui,  avec  Jeanne  Fougerest,  femn^e 
de  Nicolas  Amyot,  donna  quittance  ii  Renaud  Martin,  leift^ars  1593, 
de  tous  les  meubles  dudétunt  évéque  portés  dans  l'inventafre  (a)  fait  après 
sa  mort  ;  et  le  trentième  du  même  mois,  il  déchargea  le  même  chanoine 


(1)  Reg.  Cap.  15  sept.  157d. 

ff 

(a)  Cet  inventaire  que  nous  avons  lu  en  entier  offre  quelques  particularités  inté- 
ressantes.  Le  Chapitre  et  le  procureur  du  roi  se  rencontrèrent  comme  toujours 
pour  la  défense  de  leurs  prérogatives.  Le  Chapitre,  après  maints  pourparlers  qui 
commencèrent  même  pendant  Tagonie  de  Tévéque ,  finit  par  maintenir  son  droit  de 
régale  et  apposa  les  scellés  après  avoir  fait  enlever  ceux  du  roi.  Les  officiers  du  roi 
donnaient  pour  motifs  principaux  de  leurs  prétentions  «  qu*il  y  avoit  des  papiers  de 
conséquence  dans  les  coffres,  car  le  deffunt  a  testé,  par  lequel  testament  il  a  fait 
plusieurs  legs  soyt  au  corps  de  cette  ville  que  aux  charitex.  » 

La  liste  du  mobilier  qui  garnissait  Tévéché  n'indique  pas  que  le  prélat  aimH 
beaucoup  les  ameublements  somptueux  Les  grains  sont  en  grande  quantité,  maàr 
on  trouve  peu  de  vins.  La  bibliothèque  de  l'évèque  n* était  pas  digne  de  la  célébrité 
littéraire  de  son  possesseur. 

On  trouva  aux  écuries  un  coche  à  quatre  roues  couvert  de  cuir  sans  doublure  de- 
dans, estimé  six  écus;  il  n'y  avait  point  de  chevaux. 

Les  héritiers  de  Tévéque  ordonnèrent  une  distribution  en  aumône  de  2,872 
petits  pains  aux  pauvres,  à  raison  de  60  par  bichet. 

Parmi  les  papiers  on  trouva  les  absolutions  obtenues  par  le  défunt,  «  tant  de 
Mgr  le  légat  que  de  M.  le  grand  archidiacre  et  officiai  d'Auxerre.  m 

«  Un  livret  faisant  mention  de  Pacquisition  faite  par  le  défunt  de  la  maison  de 
saint  Sixte  pour  2,400  liv.  t.;  cinq  mémoires  des  (rais  faits  par  le  défunt  pour  la 
construction  des  bâtiments  du  collège  des  Jésuites.  » 

Parmi  les  bâtiments  de  Tévéché  on  mentionne  une  petite  galerie  peinte  ;  nous 
ignorops  où  elle  pouvait  être.  —  Arch.  de  l'Yonne.  2  G  {N.  d.  E.) 

11  45 


194  JACQUES   AMTOT, 

1570  k  \sM.  ^^  '^  gestion  de  ses  affaires  :  dans  cette  décharge  il  nous  apprend  qu^il 
avoit  autrefois  joui  du  prieuré  de  FËpau.  J'ai  aussi  trouvé  qu'un  Louis 
de  Bourneaux  avoit  été  pendant  quelque  temps  chanoine  d'Auxerre  (i). 
Parmi  les  chanoines  lés  plus  remarquables  que  Févèque  Amyot  plaça 
dans  sa  cathédrale,  doit  être  compté  Jean  Liordereaux,  auxerrois,  reçu 
le  i  9  septembre  i  573  ;  ce  chanoine  devint  par  la  suite  très-fameux , 
ainsi  qu'on  verra  ci-après.  Il  faut  y  ajouter  Droin  Chaucuard  du  diocèse 
d'Àuxerre,  qu'il  fit  sous-chantre  en  1580,  lequel  lui  fut  toujours  très- 
attaché,  et  servit  utilement  le  Chapitre,  même  dans  le  temporel  (2).  U 
eut  sois  de  la  confection  de  son  effigie,  et  les  quatre  vers  latins  qui  sont 
au  bas  passent  pour  être  de  lui  ou  de  Gaspard  Damy,  lecteur.  Simon  de 
la  Croix,  auxBrrois,  qui  avoit  eu  de  grands  emplois  dans  l'Université  de 
Paris,  s'étoit  feit  recevoir  docteur  en  médecine  et  ensuite  principal  du 
collège  d'Auxerre  ;  il  fut  installé  chanoine  en  1585.  Louis  Damy,  clerc 
du  diocèse  de  Châlons,  fut  reçu  le  24  mars  1590.  C'est  par  le  moyen 
de  ce  dernier  que  nous  avons  été  informés  de  certaines  particularités 
plus  avérées  que  celles  qui  ont  été  publiées  par  Tabbé  de  Saint-Réal, 
d'autant  qu'il  étoit  frère  de  Gaspard  Damy,  lecteur,  que  ce  prélat  estima 
et  aima  toute  sa  vie ,  qu'il  avoit  fait  son  secrétaire  extraordinaire  en 
1583|  et  promoteur  en  son  officialité  l'an  1584.  Ce  qui  a  servi  k  nous 
les  transmettre,  est  que  ce  Louis  Damy  fit  part  de  tout  ce  qu'il  put  savoir 
à  un  de  ses  neveux  qui  a  vécu  jusqu'en  l'an  1686,  et  qui  a  laissé  par 
écrit  tout  ce  qu'il  avoit  appris  de  ses  oncles.  Je  ne  dois  pas  oublier 
Renaud  Martin,  natif  de  Larré ,  diocèse  de  Langres,  qui  fut  pourvu  d'un 
àinonicat  en  1580,  n'étant  encore  que  clerc  (5).  Il  fut  son  commensal 
et  son  secrétaire  ordinaire  au  moins  depuis  l'an  1585  ;  et  le  prélat  lui 
conféra  l'archidiaconé  de  Puisaye  au  mois  de  février  1592  (4).  La  yie 
d' Amyot,  imprimée  dans  le  recueil  du  P.  Labbe,  fait  voir  que  ce  fut  son 
fidèle  et  plus  intime.  Après  qu'il  l'eut  rédigée  sur  les  mémoires  du  défont 
évoque,  il  la  communiqua  k  Frédéric  Morel,  professeur  royal  à  Paris, 
qui  la  mit  en  latin,  et  ensuite  il  l'écrivit  lui-même  à  la  fin  du  volame  de 


(1)  Reg.iT$ept.  1579. 

(9)  Il  dressa  un  inventaire  des  titres  qae 
j*ai  vu. 


(3)  Reg»  Cap.  17  nov. 

(4)  Reg,  Capit. 


QUATRE-VINGT-SEIZIÈME    ÉVÊQUE  d'aUXERRB.  195 

la  cathédrale  où  sont  conservées  en  manuscrit  les   vies  des  autres 
évéques. 

Je  ne  parle  point  des  écrits  d*àmyot,  étant  inutile  de  répéter  ce  qui 
a  été  dit  jusquMci  par  tant  d'auteurs,  et  en  dernier  lieu  par  le  P.  Nicéron, 
barnabite.  Jo  ne  pourrois  ajouter  à  la  liste  de  ses  ouvrages  que  de 
foibles  opuscules  venus  à  ma  connoissance ,  tels  que  la  Préface  do 
Missel  d'Auxerre  projeté,  une  traduction  qu'il  fit  eq  1572  de  l'Ëpitre 
congraiulatoire  de  Jérémie,  patriarche  de  Gonstantinople,  au  roi.  Un 
compliment  latin  qu'il  prépara  pour  Alexandre  de  Médicis ,  nonce  du 
pape,  s'il  eût  passé  par  Auxerre  (i),  et  un  Epieediutn  in  obitu  Caroli  IX 
remarqué  par  M.  Baluze  (2).  Gomme  il  n'avoit  plus  tant  de  loisir  depuis 
qu'il  fut  évéque,  il  prit  du  secours  pour  les  traductions  qu'il  faisoit  de 
grec  en  françois.  Un  avocat  de  Tonnerre  nommé  Luit,  bon  grammairien 
grec,  lui  rendit  ce  service  (5).  Il  eût  éié^  souhaiter  qu'au  lieu  des 
traductions  de  quelques  romans ,  il  eût  donné  k  l'Ëglise  celle  de  quel- 
ques saints  pères  grecs ,  parce  qu'on  sait  que  Héliodore ,  auteur  de 
l'Histoire  éthiopique ,  avoit  été  déposé  pour  cet  ouvrage.  Mais  il  faut 
remarquer  qu'Amyot  n'étoit  que  simple  clerc  lorsqu'il  en  donna  la  tra- 
duction ,  et  qu'il  put  s'autoriser  de  l'exemple  d'Octavien  de  Saint- 
Gelais ,  évéque  d'Angouléme ,  qui  cent  ans  ou  environ  auparavant  en 
avoit  donné  une  traduction  en  vers  françois. 

Baluze  fait  mention  d'Amyot  dans  sa  préface  aux  Capitulaires,  comme 
ayant  envoyé  aux  anciens  éditeurs  un  supplément  qu'il  avoit  trouvé  dans 
la  bibliothèque  de  l'église  de  Beauvais.  Get  évéque  aimant  k  aider  les 
savans,  envoya  aussi  k  Grégoire  XIII  la  profession  de  foi  qu'Hugues 
de  Màcon  son  prédécesseur  avoit  rapportée  du  concile  de  Reims. tenu 
l'an  1148,  afin  que  Baronius  pût  l'employer  dans  ses  Annales.  Amyot 
est  nommé  dans  un  panégyrique  d*Henri  III ,  comme  ayant  produit 
auprès  de  ce  prince  Martin  Akakia  parisien  (4),  médecin,  fils  du  médecin 
sans  malice,  et  lui  avoir  fait  donner,  en  1574,  la  charge  de  premier 
lecteur  et  professeur  royal  en  chirurgie.  Denis  Perronet ,  oénitencier 


1S70  i  1593. 


(1)  Genebrard  m  $hronicon. 

(S)  Dans  un  manuscrit  de  N.  D.  de  Paris 
cotté  N.  5.  tn  foliOt  est  un  opuscule  ainsi  in- 
titulé m  Vir^finem  matrem  decanus  Aurelnu 


rediens  à  monasterio  prindpis  et  dicato.  Àrs 
ehori  decu$  etc. 

(S)  Ea  script,  cocno 

il)  Bayle  au  moi  Akakia. 


IfMt  FRANÇOIS   DR   MNADIRU, 

tiMu  d'Attx«rre,  danii  son  Êplire  dédicaloire  d'Arnold  de  Bonneval  au  car- 
diual  du  Perron  de  Tan  iOOO,  dit  d*Âmyot  :  Doctissimus  Jacobus 
Amyotui,.,.  eujuê  laudeê  et  mérita  nunfjuam  digne  celebrabuntur. 

Au  reste  Dieu  permit  que  ses  ennemis  ne  prospérèrent  pas.  Des  deux 
qui  lui  avoient  mis  sueeessivement  le  pistolet  sous  la  gorge,  Tun  fut  tué 
malheureusement ,  Tautre  mourut  fou  et  enragé.  Il  fut  de  notoriété 
publique  dans  ee  temps-là ,  que  le  second  étoit  d'une  humeur  très- 
violente.  Possédant  la  cure  de  P....  au  diocèse  de  Sens,  il  se  crut  si 
injurié,  un  certain  jour,  de  la  part  d*un  homme  qui  avoit  froissé  son 
surplis  dans  Téglise,  qu'il  le  battit  dans  le  même  lieu  jusqu'à  effusion 
de  sang;  ee  qui  obligea  Tarchevéque  de  la  rebénir. 


L-j;--]f«yt-<»-i«««ii«*BCrH*'''**"*^""*""      '  T"'" i-^im^^mwm'^.mi'.m  ■  ■  l  ^  i  .  _>■-■■  ■  ■  . -n— — 


CHAPITRE  VI. 


FRANÇOIS  DE  IK)NADIEU,  XCVI1«  ÊVÊQUE  D'AUXERRE, 


El  de  II  longue  tacance  du  ûége  qui  précéda  son  épUcopat 

158S  n  16».  Ce  qui  accéléra  la  mort  de  FéTéque  Amjol  fut  aussi  cause  que 
f^ise  d'Âuxerre  resu  sans  pasteur  pendant  sept  à  huit  ans.  Je  veux 
prier  des  guerres  civiles  connues  sous  le  nom  de  la  Ligue,  dont  le  but 
avoit  été  de  détrdner  Henri  III ,  et  dont  toute  la  force  se  tourna  ensuite 
pour  empêcher  Henri  de  Bonribon  d^étre  élevé  sur  le  trône  de  France  (a). 


(a)  L'écrivain  royaliate  de  la  vie  de  M.  de  Donadieu  parie  ainn  des  événements 
de  ce  temps  i  «  Luctoosis  hisce  temporibus  Gallia  bellorum  civiUom  tempestatibos 
«(uatiebatur,  et  tune  nimis  eiperti  sunt  omnium  ordinum  cives  quantum  non  reli- 
gio  sed  rdigionis  obtentos  potoerit  suadere  malorom.f 

»  Plures  catholici  nomine  gloriantes  quin  imo  abutentes  vel  ceca  superstitione 
ductiy  vel  suc  ambitîoni  serventes  fataU  se  fcsdere  devînerunt,  quod,  eheu  !  sanc- 
tam  sodelatem  vodlabaDt  »  {N.  i.  B.] 


QUATRE-YINGT-DIX-SEPTIÈME   ÉVÊQUB   d'aUXERRE.  197 

L'idée  que  la  cour  romaine  avoit  conçue  de  ce  prince  empéchoit  d^un  ^^  ^  |^ 
côté  qu'on  expédiât  des  bulles  à  ceux  qu'il  nommoit  aux  évéchés,  et  de 
l'autre  part  il  se  trouvoit  peu  de  sujets  qui  voulussent  accepter  le  gou* 
vernement  d'une  ville  où  tout  étoit  en  combustion ,  se  charger  d'un 
bénéGce  dont  les  principaux  bâtiments  avoient  été  détruits  pendant  les 
guerres  précédentes,  dont  l'église  cathédrale  se  ressentoit  encore  beau- 
coup du  pillage  des  calvinistes,  sans  compter  que  pour  entrer  en  jouis- 
sance de  ce  bénéfice,  il  falloit  payer  à  la  cour  de  Rome  une  annate 
considérable.  Les  mémoires  dressés  dans  le  pays  en  ce  temps-là  portent 
qu'Henri  IV  avoit  nommé  a  l'évéché  d'Âuxerre ,  dès  l'an  1594,  un 
conseiller  clerc  du  parlement  de  Paris,  nommé  Pelletier;  qu'ensuite 
il  y  nomma  le  plus  jeune  des  fils  de  Jean  de  Donadieu ,  gentilhomme 
gascon,  qui  étoit  abbé  de  Saint-Hilaire  du  diocèse  de  Carcassonne  ;  que 
le  brevet  de  l'évéché  fut  ensuite  cédé,  vers  Fan  i  597,  à  Jean  Lordereaux, 
abbé  de  Saint-Marien  d'Auxerre  ;  mais  que  cet  abbé  étant  mort  de 
poison  en  revenant  de  Pans,  ceux  qui  s'intéressoient  pour  les  Donadieu 
firent  consentir  un  autre  fils  de  Jean  de  Donadieu  de  se  faire  d'église  et 
d'accepter  cette  nomination.  Cependant  les  bulles  ne  purent  être  expé- 
diées que  bien  avant  dans  l'année  1599.  Pendant  cette  longue  vacance, 
le  Chapitre  qui  avoit  nommé  deux  chanoines  économes  du  temporel  de 
Tévéché,  ne  souffrit  qu'à  regret  Gabriel  Remon,  prévôt  de  Léré,  dans 
l'église  de  Saint-Martin  de  Tours,  se  mêler  de  cet  économat.  Mais 
comme  c'étoit  dans  des  temps  de  troubles  que  le  roi  l'avoit  nommé,  cet 
exemple  ne  tira  point  à  conséquence  pour  l'établissement  de  la  régale, 
qui  n'a  jamais  eu  lieu  en  l'église  d'Auxerre  depuis  le  commencement 
du  y\u^  siècle;  et  ce  commissaire  fut  révoqué  par  Tordonnance 
qu'Henri  IV  donna  au  camp  devant  La  Fère  en  Picardie,  le  i"  mai 
1596.  De  sorte  que  le  Chapitre  qui  avoit  toujours  conféré  les 
prébendes  vacantes  en  pareil  cas,  se  maintint  inviolablement  dans  son 
privilège.  La  collation  des  cures  fut  aussi  faite  par  le  Chapitre  en  com- 
mun, sans  avoir  égard  à  ce  qui  avoit  été  arrêté  en  1570  à  ce  sujet-là  ; 
et  on  ne  s'avisa  de  la  mettre  à  tour  de  rôle,  selon  l'antiquité  des  chanoines^ 
qu'en  1599  (1);  et  même  dès  le  21  juillet  1595,  on  avoit  cru  qu'il 

(1)  Reg,  Capit,  13  martii  1590, 


198  FRANÇOIS  Dl  DONADIIU  , 

u»  Il  1696.  ^^i^  plo^  ^  propos  d*exaniiner  en  plein  Chapitre  ceux  qui  se  présente- 
roient  ponr  les  bénéfices,  qae  de  s'en  rapportera  Tarchidiacre  de  Puisaye 
et  ao  pénitencier.  La  capacité  qn'on  avoit  reconnue  dans  les  officiers  de 
h  conr  ecclésiastique  que  M.  Âmyot  avoit  choisie,  engagea  le  Chapitre 
k  les  continuer  dès  le  commencement  de  la  vacance  du  siège.  Ainsi 
Laurent  P^titfou ,  grand  archidiacre  et  abbé  de  Saint-Père ,  fut  officiai 
du  diocèse  jnsqu*k  sa  mort  arrivée  le  3  février  4595,  auquel  temps 
rdbbéde  Saint-Marien  lui  fut  substitué  :  Jacques  Magnen,  chantre  de 
k  cathédrale,  fut  son  vice-gérant  jusqu*k  Tan  1597,  auquel  temps  s'en 
*iluild^rté,  Gaspard  Damy,  lecteur,  lui  succéda  (i).  L'abbé  de  Saint- 
Htrien  l'est  point  diflTérent  de  Jean  Lordertauz,  it  qui  H.  Amyot 
avilit  conféré  une  prébende  de  la  cathédrale  en  1573,  ainsi  que  j'ai  déjli 
dit,  et  qui  fut  trésorier  pendant  quelque  temps.  Ce  fut  lui  que  le  Cha- 
pitre nomma,  en  1595,  ponr  présider  au  synode  des  curés  de  tout  le 
diocèse  (2),  qui  se  tint  l'onzième  jour  d*avril  :  peut-être  étoit-on  déjà 
informé  qu*il  a^iroit  k  l'évéché.  Il  essaya  de  jouir  de  la  préséance  aux 
assemblées  du  clergé  ;  mais  ce  fut  en  vain,  parce  que  le  Chapitre  adjugea 
cette  préséance  et  la  présidence  en  même  temps  au  doyen  (3) .  On  ne 
vit  point,  tant  que  dura  cette  vacance ,  d'évéque.  m  paritbus  employé 
au  fonctions  du  ministère.  Arnauld  Sori)in,  évéque  de  Nevers,  fut  prié 
par  le  Chapitre  de  faire  quelques  consécrations  d'églises ,  entre  autres 
eelle  de  la  paroisse  de  Chamlemi,  que  le  seigneur  François  de  la  Rivière 
vont  de  rebitir  en  un  autre  lieu.  Ce  seigneur  représenta  que  Tévéque 
Amiyot»  s'excusant  sur  son  &ge,  avoit  commis  le  même  prélat  pour  cette 
,  asssi  bien  que  pour  bénir  deux  chapelles  nouvellement 
MM  ckteaa.  Afio  que  l'acte  en  fât  plus  solennel,  et  que  les 
idcles  %em  vmvmmeat  |Ih  longtemps,  le  Chapitre  permit  \k  Févêque  de 
!(eicfs  ^4famer!biiatfwe€i  b  confirmation  dans  la  nouvelle  église  (4). 
Ce  fuli  fil  k  S  wgEitemftfv^  jov  de  la  fête  patronale  de  saint  Maurice. 
En  1S99.  4enûèi¥  année  de  b  vacance  du  si^e ,  le  Chapitre  pria  le 
nénie  évëqne  ie  Tenir  ofider  a  b  Pentecôte,  et  de  faire  Tordination  (5) . 


(1)  Rtf.  Capii.  10  «or.  15ff7.  j      (4)  Es  actis  original. 

(i)  A«f .  Cc^Nf.  7  op.  1595.  |      (^  Reg*  CapiL  30  ajpr.  1509. 

i^  Reg.  CppiU  30  Mpf .  I 


QUAtRE-VIMGT-DIX-SEPTlÈME   ÉVÊQUE   D^AUXERRE.  199 

Les  aulres  fonctions  qui  peuvent  être  déléguées  furent  faites  pendant  la  1599  ^  less. 
vacance  par  des  dignitaires  de  Téglise  cathédrale  (1*.  En  1594,  le 
cimetière  de  Notre-Dame-la-d*Hors  fut  rebéni  par  le  pénitencier  ;  en 
1598,  Téglise  de  Bessy  rebénie  par  le  même,  et  en  1599,  celle  de 
Pourein  par  l'archidiacre  de  Puisaye.  Le  Chapitre  en  corps  tâcha,  pen« 
daot  cette  vacance,  de  faire  l'avantage  de  la  fabrique  de  Téglise  cathé- 
drale, en  y  unissant  une  prébende.  On  en  avoit  parlé  au  défunt  évêque 
un  peu  avant  sa  mort,  et  sur  ce  qu'on  lui  avoit  représenté  que  la  dépense 
ezcédoit  de  huit  fois  la  recette ,  attendu  les  aliénations  et  autres  pertes 
causées  par  le  malheur  des  temps ,  il  y  avoit  donné  consentement  de 
vive  voix.  On  destina  pour  cette  union  la  prébende  qui  vaqua  par  la 
mort  de  Simon  de  la  Croix,  le  4  mars  1594  (2).  Il  n'étoit  plus  question 
que  d'observer  les  formalités  nécessaires  ;  et  c'est  de  quoi  on  ne  trouve 
aucun  vestige.  On  fit  en  1599  un  acte  tout  opposé.  C'est  la  désunion 
de  l'administration  spirituelle  de  Thôtel-Dieu  d'Auxerre,  qui  auparavant 
appartenoit  au  curé  de  Saint-Georges  et  étoit  unie  à  son  bénéfice.  Cette 
désunion  fut  faite  à  la  requête  des  habitants  du  village ,  ennuyés  que 
leur  curé  ne  résidât  point.  Mais  elle  n'eut  pas  de  suite,  puisque  trente 
ans  après,  la  même  personne  occupoit  l'un  et  Tautre  poste.  Je  ne  dois 
pas  taire  ici  un  ancien  vestige  de  la  soumission  que  les  Bénédictins 
avoient  envers  le  siège  épiscopal  ou  envers  ceux  qui  le  représentoient. 
Pierre  Pesselière,  grand-prieur  de  l'abbaye  de  Saint-Germain,  demanda 
permission  d'user  d'oeufs  et  de  viande  pendant  le  Carême  de  l'an  1595, 
à  cause  de  ses  infirmités.  C'est  ce  qu'on  lui  accorda  en  Chapitre  sur 
l'attestation  d'un  médecin  ;  et  cela  fut  réitéré  l'année  suivante.  Ce  prieur 
étoit  alors  au  moins  octogénaire;  dès  l'an  1542,  il  étoit  au  rang  des 
auteurs  (5).  Je  ne  passerai  point  non  plus  sous  silence  la  religion  de 
nos  prédécesseurs  envers  les  jours  de  fêtes  commandées.  Eu  1598,  on 
fut  obligé  de  vendanger  à  Âuxerre  le  29  septembre ,  jour  de  saint 
Michel;  et  en  1599,  le  même  besoin  se  retrouva  le  jour  de  saint 
Mathieu.  Le  Chapitre  n'accorda  la  permission,  qu'à  condition  que 


(1)  Reg.  Capit.  20  dec.  1593. 24  nov.  1598. 
27  fyiatt  1599. 

(2)  Reg,  Capit.  5  mars  1594. 


(3)  Il  a  publié  la  vie  de  saint  Germain, 
composée  par  Héric,  etc. 


200  FtANÇOIS   DB   DOBUOIBU, 

^  icB.  ehaqœ  iamille  paieroit  cinq  sois  ^  rhôtel-Diea.  Je  rapporte,  dans  l*Hift- 
loire  Gvile  d^Aoxerre,  lont  ce  qai  se  passa  ao  sujet  de  TobéissaDce  que 
h  rille  rendit  k  Henri  lY,  en  4594,  et  les  prières  que  Ton  fit  pour  être 
présenré  de  la  peste  qui  coomt  vers  ces  temps-Ui.  Il  n*y  a  rien  à  ajoaler 
i  ce  que  j'en  dis ,  sinon  que  Tasage  étoit  alors  de  faire  une  célébrité 
particulière,  cinq  vendredis  consécutife,  et  d'honorer  dans  chacune 
une  des  Têtes  de  la  Sainte  Vie^e  (i).  Cette  dévotion  étoit  nouvelle  et 
n'est  plus  en  usage. 

Enfin ,  Tévécbé  d'Auxerre  tomba  dans  la  famille  des  Donadieu.  EHe 
en  fut  redevable  it  Pierre  de  Donadieu,  plus  connu  sous  le  nom  de 
Picheri  ou  de  Pnchairie,  lequel  obtint  cet  évéché  du  roi  Henri  IV» 
pour  un  de  ses  frères ,  en  reconnoissance  des  services  qu'il  lui  iToit 
rendus.  Il  suffit  d'ouvrir  le  grand  Mézeray,  pour  j  lire  que  c  rincorrup- 
»  tible  fidélité  de  Pierre  Donadieu  sauva  la  ville  d'Angers  des  mains 
»  des  ligueurs,  par  le  moyen  do  château  dont  le  roi  l'avoit  fait  gouver- 
»  neur.  Le  comte  de  Brissac  s'étoit  jeté  dans  cette  ville  pour  la  faire 

>  révolter;  mais  il  ne  put  gagner  Picheri,  quoiqu'il  lui  promit  cent 
»  mille  écus,  l'entretenement  d'un  régiment,  et  un  riche  parti,  8*il 
»  vouloit  se  marier.  Lies  habitants  prirent  les  armes  contre  le  châtean. 
»  Mais  Picheri  vint  ^  bout  de  les  réduire  et  eut  la  continuation  de  son 

>  gouvernement.  >  On  peut  ajouter,  à  ce  que  dit  ici  Mézeray,  que 
ce  gentilhomme  avoit  d'abord  été  admis  dans  le  nombre  des  quarante- 
cinq  gardes  de  la  personne  du  roi  Henri  III,  et  que  ce  même  prince 
Pavoit  fait  gouverneur  de  la  ville  et  château  d'Angers,  lorsqu'il  l'eut 
retirée  des  mains  de  ses  ennemis  (2).  I^es  deux  frères  plus  jeunes  que  lui, 
portoient  tous  les  deux  également  le  même  nom  de  François  de  Dona- 
dieu. Le  plus  jeune  des  deux  embrassa  le  premier  l'état  ecclésias- 
tique, et  eut  d'abord  en  commande  l'abbaye  de  Saint-Hilaire  au  diocèse 
de  Carcassonne.  On  dit  de  lui  qu'il  refusa  l'évéché  d'Âuxerre,  à  cause 
que  son  frère,  le  gouverneur,  vouloit  se  retenir  sur  ce  bénéfice  une 
pension  de  quatre  mille  livres,  avec  l'agrément  du  roi,  et  parce  qu'il 
fut  informé  des  réparations  énormes  qu'il  y  avoit  k  faire  aux  châteaux 


ri)  Reg.  Capit.  11  febr.  et  22  juL  1507.       |      (2)  Ex  ejus  epitaphio. 


] 


QUATRE-VINGT-DIX-SEPTIÈME  ÉVÊQUfi   D*AUXERRE.  201 

de  Varzy  et  de  Régennes.  Cependant  j^ai  vu  une  lettre  d'un  Donadieu  iqqq  ^  i^g^. 
au  Chapitre  d'Auxerre  (i),  datée  de  Paris,  le  17  juillet  1596,  qui 
remercie  le  Chapitre  de  Tavoir  félicité  sur  sa  nomination.  Il  y  dit  qu'il 
a  envie  de  venir  voir  son  Chapitre,  mais  que  le  voyage  de  son  frère  en 
Normandie,  Ten  empêche,  et  qu'il  se  rendra  \  Âuxerre  à  son  retour. 
Picheri  ou  pour  mieux  dire  Puchairie  avoit  trouvé  dans  Jean  Lorde- 
reaux,  abbé  de  Saint-Marien,  une  personne  de  facile  composition  pour 
la  pension  qu'il  avoit  en  vue  ;  mais  par  malheur  cet  abbé  avoit  été  et 
éloit  peut-être  encore  attaché  au  duc  de  Mayenne,  ce  qui  ne  pouvoit 
convenir  au  roi.  François  de  Donadieu,  le  plus  âgé  des  deux  du  même 
nom,  parut  moins  effrayé  que  son  frère  du  peu  qui  lui  reviendroit  du 
temporel  de  cet  évéché.  Il  se  fit  tonsurer  à  l'âge  d'environ  55  ou 
56  ans ,  et  aussitôt  il  se  vit  nommé  par  le  roi  à  l'abbaye  de  Belle- 
branche,  de  l'ordre  de  Ctteaux  et  k  cet  évêché.  Il  étoit  alors  à  Angers, 
auprès  de  son  frère  le  gouverneur.  Il  y  demeuroit  depuis  l'an  1588, 
que  les  guerres  civiles  l'avoient  obligé  de  quitter  Paris  où  il  avoit  étudié 
en  philosophie,  et  où  il  avoit  pris  en  ihéologie  les  leçons  du  célèbre 
Maldonat,  jésuite.  Ses  études  précédentes  avoient  été  faites  k  Toulouse, 
dont  l'université  étoit  la  plus  voisine  du  diocèse  de  Mirepoix,  où  il  étoit 
né.  Sa  nomination  \  l'évêché  d'Auxerre,  qui  étoit  du  12  février  1598, 
ne  lui  fut  pas  plus  tôt  connue  qu'il  fit  dresser  les  informations  néces- 
saires de  sa  vie  et  mœurs  ;  et  afin  qu'il  souffrit  encore  moins  de  délai 
du  côté  de  Rome  par  rapport  aux  bulles ,  le  Chapitre  d'Auxerre  fit  la 
démarche  de  le  demander  avec  instance  au  pape  Clément  VIII  pour  son 
évêque.  On  exposa  au  saint-père,  dans  une  lettre  du  18  décembre  1598, 
la  triste  situation  où  se  trouvoit  la  ville  et  le  diocèse  d'Auxerre  depuis 
les  guerres  de  la  religion  ;  que  ces  guerres  avoient  été  cause  des  alié- 
nations des  biens  d'église,  et  de  l'abandon  des  domaine^  dans  la  cam- 
pagne ;  que  les  impôts  étoient  plus  hauts  que  jamais ,  en  sorte  que  le 
clergé  ne  touchoit  pas  la  sixième  partie  de  son  revenu  ;  que  le  château 
de  Régennes,  quoique  rétabli  par  l'évéque  Amyot,  étoit  retombé  dans 
sa  première  désolation ,  que  celui  de  Varzy  menaçoit  ruine  ;  et  qu'ainsi 
il  étoit  nécessaire   que  sa  sainteté  pourvût   incessamment    l'église 

« 

{\)Ex  autographo» 


tmhvm. 


202  FRANÇOIS  DE  DONAMBU  , 

d'Auxerre  d'un  bon  pasteur  ;  et  que  celai  qui  avoit  obtenu  le  brevet  de 
nomination  du  roi  étant  pieux,  savant  et  très-zélé  pour  la  maison  de 
Dieu,  il  méritoit  qu'on  lui  fit  quelque  remise  du  droit  d*annates.  Muni 
de  ces  recommandations,  qui  pouvoient,  en  cette  rencontre,  tenir  lieu  de 
la  formalité  des  anciennes  élections,  il  partit  jpour  Rome,  dans  la  com- 
pagnie du  cardinal  de  Joyeuse,  archevêque  de  Toulouse,  et  mena  avec 
lui  un  docteur  natif  du  diocèse  de  Gouserans,  nommé  Jean  Dassier.  A 
Rome,  il  prit  le  bonnet  de  docteur  au  collège  de  Sapience  ;  et  vit  réussir 
tout  en  sa  faveur,  autant  qu'il  pouvoit  le  souhaiter.  Le  pape  lui  accorda 
gratis  les  bulles  de  Tévéché  d' Auxerre  et  celles  de  l'abbaye  de  Belle- 
branche.  Celles  de  Tévéché,  qui  sont  du....  juin  1599,  ne  lui  donnent 
que  la  qualité  de  simple  clerc  du  diocèse  de  Mirepoix.  Il  n'étoit,  en 
effet,  encore  alors  que  tonsuré.  Mais  le  souverain  pontife  lui  permit  de 
recevoir  tous  les  Ordres  sacrés  extra  tempora^  k  commencer  par  les 
quatre  moindres.  Il  fut  ordonné  par  le  cardinal  de  Joyeuse,  et  ensuite 
sacré  évéque  par  le  même,  le  premier  août,  dans  Téglise  de  Saint- 
Pierre-ès-Liens.  Le  jour  que  ses  bulles  lui  furent  accordées,  le  pape 
en  donna  avis  au  Chapitre  d'Auxerre  par  une  lettre  qu'il  lui  écrivit,  afin 
qne  les  chanoines  disposassent  les  esprits  ii  le  reconnoitre  pour  leur 
légitime  pasteur.  Le  nouvel  évêqoe,  de  son  cêté,  chargea,  dès  le 
13  juillet,  de  sa  procuration  générale,  son  frère  Pierre,  chevalier  des 
Ordres  du  roi,  conseiller  d*état,  sénéchal  et  lieutenant  du  roi  en  Anjou. 
Celui-ci  subrogea  Gaspard  Damy,  chanoine  et  lecteur  d'Auxerre ,  que 
le  sieur  Dassier  lui  avoit  indiqué  à  son  retour  de  Rome,  pour  prendre 
possession  de  Tévêché  au  nom  de  son  frère  ;  il  fit  reconnoitre  atf  conseil 
du  roi,  le  premier  mars  suivant,  les  bulles  comme  bonnes  et  conformes 
anx  concordats,  et  obtint  ordre  de  les  mettre  ii  exécution.  En  consé- 
quence, Gaspard  Damy  se  présenta  au  Chapitre  le  14  juin;  et,  après 
la  lecture  des  bulles,  il  fut  mis  en  possession,  pendant  la  grand'messe, 
par  Guillaume  de  Rigny,  doyen ,  avec  la  cérémonie  du  baiser  du  grand 
autel,  et  celle  de  l'installation  dans  la  chaire  épiscopale,  à  droite  du 
sanctuaire  et  dans  1  a  stalle  du  chœur  où  Tévêque  a  coutume  de  s'as- 
seoir. 

François  de  Donadieu  se  voyant,  après  son  sacre ,  si  proche  de 
l'année  séculaire   ne  voulut  point  partir  de  Rome  sans  gagner  le  jubilé 


quàtre-viiigt-dix-sbptièmb  évèque  d\uxbrrb.  205 

attaché  à  cette  année.  Pendant  ce  temps-Ik  il  se  forma  dans  les  céré-  im  ^  lex. 
monies  ;  il  adopta  plusieurs  de  celles  qu'il  vit  pratiquer  k  Rome.  U  eut 
aussi  la  dévotion  de  faire  le  pèlerinage  de  Notre-Dame-de-Lorette  ; 
mais,  peu  accoutumé  aux  chaleurs  du  pays ,  il  fut  attaqué  d*une  mala- 
die qui  le  retint  le  reste  de  l'année  k  Rome.  Il  fit  alors  connoissance 
avec  les  cardinaux  Baronius  et  Bellarmin ,  dont  il  envoya  les  ouvrages 
en  France.  Quoique  son  diocèse  ne  le  possédât  pas ,  il  n'en  étoit  pas 
moins  bien  réglé ,  parce  que  Jean  Dassier  fut  un  vicaire-général  à  la 
vigilance  duquel  il  n'échappoit  rien.  On  a  conservé  jusqu^ici  une  feuille 
imprimée  en  latin  d'ordonnances  très-sages  qu'il  répandit  dans  le  dio- 
cèse, vers  le  mois  de  février  1600,  pour  Tinstruction  des  curés  et  de 
ceux  qui  viendroient  demander  des  dimissoires. 

Le  nouvel  évêque  étant  rétabli  en  parfaite  santé,  prit  la  route  de 
France  et  passa  par  Milan,  qui  avoit  alors  pour  archevêque  le  neveu  de 
saint  Charles.  Il  y  célébra  la  messe  avec  les  ornements  du  saint  arche- 
vêque défunt  (i)  ;  et,  le  même  jour,  la  curiosité  le  porta  à  aller  en- 
tendre à  vêpres,  dans  un  monastère  de  filles,  la  voix  d'une  religieuse 
que  saint  François  de  Sales  dit  avoir  admirée  (2).  Il  arriva  à  Âuxerre 
le  mercredi-saint ,  18  avril  ;  il  y  fit  son  entrée  monté  sur  une  mule,  et 
il  coucha  à  l'abbaye  de  Saint-Germain.  Il  avoit  choisi  le  lendemain, 
jour  du  jeudi-saint,  pour  se  faire  recevoir  k  la  cathédrale.  Cette  se* 
conde  entrée  se  fit  en  forme.  Les  quatre  barons  y  avoient  été  convo- 
qués; mais,  comme  le  procès-verbal  a  été  perdu,  on  n'a  connoissance 
d'aucune  autre  circonstance ,  sinon  que  Filbert  de  la  Chassaigne ,  baron 
de  Givry,  grand-maitre  des  eaux-et-forêts  du  Nivernois  et  Donziois,  y 
assista  au  nom  dUenriette  de  Clèves,  veuve  de  Louis  de  Gonzague, 
comme  baronne  de  Saint-Verain,  et  que  Pierre  de  Puichairie,  frère  du 
prélat,  fit  tous  les  honneurs  de  la  cérémonie  ;  en  sorte  que  la  dépense 
de  ce  jour,  tant  à  régaler  le  clergé  et  la  noblesse,  qu'k  faire  des  au- 
mdnes,  monta  k  trois  mille  livres,  somme  très-considérable  en  lOOl". 
Une  suite  de  sa  prise  de  possession  personnelle  étoit  le  serment  de 
soumission  envers  l'église  de  Sens;  il  s'en  acquitta  le  17  septembre 


Mémoire  da  temps.  |     {%)  Livre  de  Tamoar  de  Dieu. 


miÊB^^mm^mmmmkm 


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isfi  k  le». 


204  F1UKÇ018  DE   DOIIADIBU, 

1602 ,  eotre  les  mains  de  Renaud  de  Beaone,  son  mélropolitain  (1). 

Cenx  qni  ont  connu  le  caractère  de  ce  prélat,  nons  Tont  représenté 
unanimement ,  quant  à  l'esprit ,  comme  un  véritable  Nathanaël  sans 
dol  ni  sans  malice,  d'un  accès  facile,  d*un  caractère  naturellement  li- 
béral ,  joyeux  et  agréable  dans  la  conversation.  Quant  au  corps ,  il  étoit 
d'une  taille  médiocre,  il  avoit  les  yeux  brillants,  le  visage  sec,  et  por- 
toit  une  longue  barbe.  La  première  chose  qu'il  r^arda  comme  très- 
pressante  dans  son  diocèse ,  fut  la  visite  des  paroisses,  tant  pour  pro- 
céder à  la  réforme  des  mœurs  des  ecclésiastiques,  que  pour  y  adminis- 
trer le  sacrement  de  confirmation.  Il  alla,  en  1605,  du  côté  de  la 
Loire,  où  il  étoit  resté  davantage  de  vestiges  du  calvinisme.  Â  Gien,  il 
donna  la  confirmation  à  plus  de  trois  mille  personnes ,  siûvant  qu'il 
l'écrit  à  Gaspard  Damy,  son  officiai ,  auquel  il  marque  c  qu'il  ne  pou- 
»  voit  représenter  la  ferveur  qu'il  avoit  reconnue  parmi  les  peuples, 
»  et  qu'il  louoit  Dieu  de  ce  qu'il  lui  avoit  plu  augmenter  sa  grâce ,  oà 
»  les  ennemis  de  notre  religion  s'efforçoient  de  la  diminuer  (2).  » 
Une  tenue  exacte  des  synodes  vint  au  secours  pour  le  rétablissement 
de  la  discipline.  Sur  la  fin  de  son  épiscopat ,  parut  une  collection  ioH 
primée  des  statuts  qui  avoient  été  rédigés  de  son  temps. 

Quoiqu'un  caractère  doux  et  paisible  empêche  souvent  une  vive 
attention  sur  les  affaires  temporelles,  on  trouve  cependant,  dis  les 
premières  années  de  son  épiscopat,  plusieurs  aveux  et  hommages  ren- 
dus à  sa  dignité  pour  des  terres  qui  en  relevoient.  En  1602,  Attlobe 
de  Chastellux,  chevalier,  seigneur  de  Bazarne,  lui  passa  nouvelle 
reconnoissance  pour  les  moulins  des  Planches,  situés  en  la  paroisse  de 
Lengny,  au  nom  et  comme  tuteur  de  Pierre,  Jacques  et  Diane,  enfants 
de  Léon  de  Moulins  et  de  Marie  de  Crux ,  du  chef  de  laquelle  ces  biens 
appartenoient  a  ces  trois  pupilles.  L'année  suivante,  François  d'Agen, 
chevalier  seigneur  de  Briaque  en  Saintonge,  et  Jeanne  du  Ghesnoy ,  sa 
ffimme ,  lui  payèrent  les  droits  seigneuriaux  de  la  terre  de  Saint-Sau- 
veur qu'ils  avoient  achetée  d'Henriette  de  Clèves ,  duchesse  de  Nevers, 
par  contrat  du  15  avril  IGOO.  En  1606,  le  nouveau  duc  de  Nevers 


(1)  Kn  in(N>.  Joan-Baptisto  du  Val  lui 
li^lla  In  tradurilon  qu'il  fît  du  Hommairedes 
IMiitiin  roiiirftv<*ni<*ii  dan»  la  rcliRion,  dt  des- 


sus le  latin  de  Coster,  jésuite. 
(3)  Lettre  de  Briare,  13dov.  1603. 


QUATBE-VINGT-DIX-SBPTIÈME   ÉVÊQUB   D^UXBRRE.  205 

obtint  de  lui  le  pouvoir  de  retirer,  en  son  Dom,  le  domaine  d'AIIigny,  ^^^  ^  i„^ 
distrait  de  la  baronnie  de  Saint- Verain,  et  aliéné  par  Charles  de  Gon- 
zague  à  Filbert  Gillot,  avocat  en  parlement,  et  k  Anne  Chevalier,  sa 
femme,  et  il  reçut  pour  cette  permission  plus  de  quatre  mille  livres. 
Ce  duc  lui  rendit,  six  ans  après,  hommage  pour  cette  baronnie  et  pour 
celle  de  Donzy.  Vers  la  même  année,  1606,  qui  fut  la  sixième  de  son 
épiscopat,  Aymar,  René,  François  et  Charlotte  de  Prie,  tons  enfants  de 
défunt  René  de  Prie,  lui  firent  hommage  pour  la  baronnie  de  Toucy. 
Jamais  Tenvie  de  thésauriser  ne  l'engagea  à  aucune  démarche  ;  il  étoit 
si  peu  obsédé  de  cette  passion,  qu'il  ne  voulut  jamais  consentir  à  au- 
cune coupe  de  bois  de  Tévéché,  quoiqu^il  ne  manquât  pas  de  raisons  ni 
d*autorité  pour  le  faire  ;  mais  il  aima  mieux  réserver  ses  forêts,  et  il 
employa,  pour  réparer  le  château  de  Régennes,  celui  de  Yarzy  et  sa 
maison  épiscopale  d'Âuxerre,  le  revenu  de  son  patrimoine,  particulière- 
ment de  la  vicomte  de  Domfront,  à  lui  échue  par  la  mort  du  sieur  de 
Pnchairie,  son  frère,  arrivée  en  1604  aux  eaux  de  Pougues  (1).  Il  ne 
voulut  non  plus  jamais  permettre  que  ses  secrétaires  prissent  aucune 
chose  pour  le  sceau  épiscopal,  pas  même  pour  les  provisions  d'aucun 
office  ou  charge  temporelle.  Il  conféroil  tout  gratis  et  ne  levoit  aucun 
droit  pour  ses  visites.  Son  désintéressement  parut  encore  plus  sensible- 
ment dans  les  députations  qu'il  accepta  pour  assister  aux  assemblées  du 
clergé  ;  il  y  alla  toujours  et  y  demeura  à  ses  propres  frais,  sans  de- 
mander aucune  taxe,  et  remettant  à  son  clergé  celles  qu'on  lui  attri- 
buoit.  Ce  qui  fut  remarqué  particulièrement  en  1606,  qu'on  lui  avoit 
taxé  la  somme  de  six  mille  neuf  cent  quatre-vingt-onze  livres,  pour 
huit  mois  de  séjour,  et  en  1615,  cinq  mille  six  cents  livres  pour  six 
mois.  Mais  quoiqu'il  fût  fort  généreux  de  ce  côté-lk,  il  ne  négligeoit 
point  ce  qui  étoit  de  son  devoir,  soit  comme  seigneur ,  soit  comme 
évêque  (2).  En  qualité  de  seigneur,  il  fit  dresser  un  terrier  général  ;  il 
acquit  et  réunit,  au  domaine  épiscopal,  un  fief  situé  à  Appoigny  qui  . . 


(1)  Il  mourut  âgé  de  50  ans  d'une  pefte  de 
sang»  causée  par  l'ouverture  de  la  veine 
dans  laquelle  le  chirurgien  avoit  enfoncé 
trop  avant  la  lancette.  Il  fut  inhumé  dans 
une  chapelle  des  Jacobins  d'Angers,  où  Ton 


voit  son  épithaphe  en  style  magnifique,  gra- 
vée sur  le  marbre  par  les  soins  de  Féréque     »! 
d'Auxerre. 
(2)  Mémoires  de  Blanchonnet. 


I; 


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t 


206  FRAIIÇ0I8   DE  DOMÀDIBU  , 

uw  k  leas.  venoit  des  le  Briois.  Il  fit  aossi  quelques  échanges  avec  le  Chapitre.  Le 
ch&teao  de  R^ennes  qu'il  veuoit  de  réparer,  ayant  élé  surpris  en  i615 
par  le  prince  de  Condé,  il  fut  contraint  de  donner,  pour  le  racheter, 
trois  cents  pistoles  au  capitaine  de  Saint-Georges  ;  et  sans  se  rebuter  de 
cette  rançon,  ni  des  dépenses  qu'il  fallut  faire  pour  l'entretien  de  la 
garnison  de  trente-six  hommes  pendant  trois  mois,  et  pour  les  fournir 
d'armes,  il  fit  encore  tous  les  frais  qui  furent  nécessaires  pour  remettre 
en  état  les  fontaines  minérales  d'Âppoigny,  peu  éloignées  de  ce  chàteao. 
Tout  cela  ne*  Tempécha  pas  d'exercer  à  Âuxerre  l'hospitalité  d'ane 
manière  convenable  à  son  rang.  Il  reçut  tous  les  grands  seigneurs  qoi 
7  passèrent,  entr'autres  les  cardinaux  de  Joyeuse  et  du  Perron ,  le  dac 
de  Nevers ,  etc.  Durant  les  24  ou  25  années  de  son  épiscopat,  aocan 
des  habitants  de  la  ville  ni  de  ses  terres ,  n'eut  sujet  de  se  plaindre  de 
ses  domestiques.  Quelques  habitants  d'Âuxerre  ayant  tué  et  partagé 
entr'eux  un  cerf  domestique  qu'il  nourrissoit,  il  voulut  d'abord  en  tirer 
raison  (i)  ;  mais  les  ayant  fait  venir  devant  lui  à  la  prière  de  son  offi* 
cial,  il  se  contenta  de  les  reprendre  paternellement  et  leur  pardonna. 
Ce  qu'il  observa,  k  l'égard  de  ces  deux  laïques,  étoit  sa  pratique  ordi* 
naire  envers  les  ecclésiastiques  délinquants.  Quoiqu'ennemi  des  vices, 
il  ne  pouvoit  presque  se  résoudre  à  les  châtier  autrement  que  de  pa- 
roles ;  et  aussitôt  qu'il  voyoit  un  prêtre  lui  demander  pardon  et  plearcr 
en  sa  présence,  il  se  sentoit  touché  de  compassion  et  lui  pardonnoit 
peut-être  avec  trop  de  facilité.  Cependant ,  il  ne  put  se  dispenser,  dès 
l'an  1604,  de  montrer  du  courage,  lorsqu'il  fut  question  de  soutenir 
les  droits  de  sa  dignité  et  la  gloire  de  Dieu.  Ceux  qui  ont  lu  le  Traité  de 
l'Abus,  par  Fevret,  comprendront  ce  que  je  veux  dire  quant  aux  droits 
et  honneurs  de  l'épiscopat.  Â  l'égard  de  ce  qui  est  dû  à  Dieu,  on  ne 
peut  nier  qu'il  ne  fût  bien  fondé  h  marquer  son  zèle  contre  les  per* 
sonnes  qui  se  promenoient  dans  l'église  cathédrale  pendant  l'office,  de 
quelque  'qualité  qu'elles  fussent ,  ou  qui  y  paroissoient  d'une  manière 
indécente.  Non-seulement  il  se  fit  exactement  prêter  serment  d'obéis- 
sance par  ceux  qui  furent  élevés  k  la  dignité  de  doyen,  mais  encore  il 


(1)  Mém.  d<^  1609. 


QUATRE-VINGT-DIX-SEPTIÈME   ÉVÊQUB   d'aUXERRE.  207 

voulut  examiner  les  voies  par  lesquelles  ils  y  éloient  parvenus.  Ainsi  i^^  {|  i^k. 
se  vit-il  obligé  de  refuser  Pierre  le  Clerc,  quoique  malgré  lui.  Il  voulut 
aussi,  sur  la  fin  de  son  épiscopat,  obliger  les  chanoines,  qui  étoient 
curés,  à  résider  dans  leurs  cures  principalement  les  jours  de  fêtes  ; 
mais,  sachant  que  le  Chapitre  prendroit  fait  et  cause  pour  ceux  qui 
seroient  inquiétés,  il  se  désista  de  son  entreprise  (1).  Informé  du 
mauvais  ordre  observé  dans  l'oi&cialité,  il  fit  assembler,  en  son  palais 
épiscopal,  en  sa  présence,  le  18  juillet  1605,  Gaspard  Damy,  cha- 
noine et  lecteur,  officiai,  Edme Guillaume,  aussi  chanoine  vice-gérant, 
Jean  Chardon,  prêtre  promoteur,  avec  Claude  Boussu,  greffier,  et  les 
procureurs,  au  nombre  de  sept.  Tous  concoururent  à  former  nn  règle- 
ment composé  de  trente-quatre  articles,  avec  Taide  des  lumières  de 
Claude  du  Yoigne,  docteur  en  théologie,  vicaire-général,  de  Jean 
Dassier,  très-versé  dans  le  droit,  et  Nicolas  Du  val,  avocat  en  parle- 
ment. Il  n'y  fut  point  résolu  de  supprimer  les  trois  officialités  rurales 
de  Yarzy,  Cône  et  La  Charité,  mais  d'examiner  les  titres  de  leur  créa- 
tion et  de  s'instruire  sur  les  abus  qui  s*y  commettoient.  Dans  une  autre 
assemblée  y  tenue  chez  lui,  le  17  avril  1615,  fut  examiné  le  droit  des 
archiprétres ,  par  quatre  curés  que  le  syuode  avoit  choisis ,  savoir  : 
Gaspard  Bargedé ,  chantre  de  l'église  cathédrale  et  curé  de  Monéteau  ; 
Jean  Jurain,  chantre  de  Varzy,  curé  de  La  Chapelle  Saint -André; 
Caradeu  Gaudry,  curé  de  Moutiers;  et  Guillaume-le-Grand,  curé  de 
Saint-Regnobert.  Le  résultat  de  Texamen  se  trouvant  favorable  aux 
archiprétres ,  Tévéque  les  confirma  dans  le  droit  du  lit  du  curé  défunt 
et  de  la  desserte  de  la  cure  vacante,  par  acte  du  même  jour,  de  l'avis 
de  Jean  Dassier,  son  vicaire-général ,  et   de  Gaspard    Damy,  son 
officiai. 

Obligé  de  donner  k  la  cathédrale  sa  chapelle  d'ornements,  il  les  fit 
présenter  au  Chapitre,  le  25  décembre  1606,  savoir  :  cinq  chapes,  les 
ornements  de  l'autel  et  ceux  des  ministres  sacrés,  le  tout  d'une  toile 
d'or  et  d'argent  k  deux  fils  frisés  à  poil.  I^  même  année,  il  paya  la  fonte 
de  la  seconde  cloche  de  la  tour,  et  huit  ans  après,  celle  de  la  grosse 


(1)  Reg,  CapiU  apriL  1621 


I 


I 


» 


ISM  k  105. 


208  FRANÇOIS   DE   DONADIEU, 

cloche  (a).  Il  donna  aux  églises  d^Appoigny,  Cbarbuy  et  Gy-rEvèqne 
doDl  il  éioit  seigneur,  un  ornement  complet.  Il  &t  b&tir  le  jubé  d'Âp- 
poigny,  et  à  Gy-FEvéque  la  voûte  du  chœur.  Il  établit  des  Capucins 
aux  portes  d'Âuxerre  (1);  il  donna  d^abord,  à  leur  arrivée,  pour  ache- 
ter la  place  où  ils  sont  et  avoir  les  matériaux ,  la  somme  de  deux  mille 
quatre  cents  livres  ;  il  planta  lui-même  la  croix  à  Tendroit  où  Téglise  a 
été  b&tie,  le  27  septembre  iCOG ,  en  présence  du  clei^é  et  du  peuple  ; 
il  ajouta  encore  douze  cents  livres  à  ses  premiers  dons,  et  continua,  tant 
qu*il  fut  ^  Âuxerre,  de  leur  donner  par  an  la  valeur  de  cent  livres  ;  et, 
i  TtB  1614,  il  dédia  leur  église.  Les  Jésuites  furent,  après  les  Capucins, 


€e«x  k  qui  il  fut  d*un  plus  grand  secours ,  en  ce  qu^il  fit  réussir  ^  leur 
aviDlage  ce  qui  avoit  échoué  sous  son  prédécesseur.  D*abord  il  con- 
tribu ,  par  son  crédit  et  ses  sollicitations ,  ^  empêcher  que  le  bâtiment 
élevé  des  deniers  de  Jacques  Amyot  ne  retournât  â  ses  héritiers ,  et  il 
obtint  Tarrèt  qui  Fadjugea  â  la  ville  en  1607.  Ensuite,  ayant  laissé 
éeovlar  on  intervalle  de  temps  depuis  la  mort  d'Henri  IV,  il  consentit 
k  kor  établissement;  et,  â  leur  arrivée,  en  1622,  il  leur  donni 
1600  livres.  Dès  Fan  1606 ,  il  avoit  remis  son  abbaye  de  Bellebranche 
pow  être  perpétoellement  unie  au  collège  des  Jésuites  de  La  Flèche. 
Oolre  la  somme  d^argent  qu*il  donnoit  régulièrement  pr  an  aux  Jaco- 
bÎBS  ei  aux  Cordeliers  d*Auxerre ,  il  y  avoit  deux  muids  de  vin  assurés 
pow  chacune  de  ces  deux  communautés.  Il  aida  beaucoup  les  premiers 
dus  la  dépense  qa*ils  firent,  en  1620,  pour  la  tenue  de  leur  CImi-* 
pilie  provincial  k  Auxerre,  estimant  singulièrement  le  prieur  nommé 


fl  X«m.  de  BteMètDiiel 


(a)  Void  rinscriptko  de  la  plus  grosse  de  ces  deux  dociMS,q^  est  rapportée  dans 
nn  Rfbire  capîtnlaire  de  ITM. 

HjBC  HB  SACmA  WMTS  FBCITf  MUBCLQCK  miFVCIT, 

NcmDc  KT  AMio  HBD  rsETsaia  àsnm  tO!co. 

fkAxciscrs  Bc  DnHUMsr  bhsc  actiss.  hoc  Tvmpâxni 

Pwc»o  \.  M.«  mmsis  c4Fnru  fumo  co!«STâTrs,  coxrmACTrm 

SciS  SXFCQ»   M«0  KKFia  CCElTIT.  AH  1614. 

La  seciMMie.doat  le  poids  n'est  pas  conno.  poftait  les  armes  de  M.  de  IK>nadieQ  el 
ladatedeieML  .V  4.  £ 


QUATRE-VINGT-DIX-SEPTIÈME   ÉVÊQUE    d'aUXERRE.  209 

Yaaguier  pour  sa  vertu  ,  et  h  cause  du  soin  qu'il  avoit  pris  de  rétablir  i^  ^  i^, 
le  couveut  ruioé  par  les  hérétiques.  Par  la  même  raison ,  il  aflectiouna 
aussi  très-particulièrement  Jean  Chapelle  »  gardien  des  Cordeliers,  et 
le  fit  Tun  de  ses  grands-vicaires  en  1617  ({).  Il  partagea,  entre  ces 
deux  communautés  ,  les  douze  cents  écus  qu'il  avoit  reçus  du  duc  de 
Nevers ,  pour  des  terres  dans  la  possession  desquelles  il  étoit  rentré ,  et 
il  leur  fit  distribuer,  h  condition  qu'ils  les  employeroient  aux  besoins 
de  leur  église.  A  Tégard  de  THôtel-Dieu ,  tous  les  ans  il  y  faisoit 
donner  la  somme  de  cent  livres  (a). 

Dès  Tan  1617  furent  établies  les  Ursulineh^  ;  François  de  Donadieu 
leur  donna  des  constitutions  Tan  1625,  avec  Tavis  et  les  conseils  de 
Jean  Boutroux ,  curé  de  Saint-Pierre-en-Château ,  promoteur  de  cet 
établissement.  II  approuva  celui  des  Augustins  de  la  réforme  de  Bourges 
fait  dans  ville  de  Gosne,  en  1616,  aussi  bien  que  celui  des  Récollets, 
qui  furent  établis  de  son  temps  et  sous  ses  auspices,  à  Glamecy  (b)  et 
à  La  Gharité-sur-Loire.  Les  Jacobins  et  les  Garmélites  songèrent  pa- 
reillement à  s'introduire  à  Auxerre;  mais  ces  projets  furent  sans 
exécution  (2).  L'établissement  des  Bénédictines  dans  la  ville  de  La 
Charité-sur-Loire ,  projeté  vers  la  fin  de  son  épiscopat,  eut  plus  de 
succès  (c).  Il  prit  un  soin  particulier  des  religieuses  de  l'abbaye  de  Saint- 
Julien  ,  qui  étoient  retirées  k  leur  maison  de  Gharentenay  depuis  les 
dernières  guerres  de  la  Ligue;  et  par  le  moyen  d'une  visite  pour  laquelle 


(I)  Reg.  CajntuU.  \      (2)  Reg.  CapU.  et  Urbis  162S,  1625. 


(a)  L'hôtel-dieu  de  Varzy  fut  de  sa  part,  en  1620,  l'objet  d'un  jugement  qui  inter- 
dit aux  procureurs  du  fait  commun  de  la  ville  de  s'immiscer  à  l'avenir  dans  son  ad- 
ministration. —  (Archives  de  ITonne)      SG  (^,  d.E.) 

7. 

{h)  Les  Récollets  furent  établis  parla  protection  de  la  duchesse  de  Nevers  en  1620. 
Un  P.  de  Mouchy  fut  leur  fondateur.  Leur  église  était  au-dessus  du  faubourg  de 
Beuvron.  Arch.  de  l'Yonne  SQ  {N.  d,  E.) 

12. 

(c)  Elles  furent  fondées  en  1624  sous  le  nom  de  Bénédictines  du  Mont-de-Piété. 
Leurs  fondateurs  sont  noble  Pierre  du  Broc  dit  du  Nozet  et  Edmée  de  Thibaut  sa 
femme.  Ellesfurent  soumises  au  Val-de-GrAce,  en  1626.  J  G_  (^y.  j.  j^.) 

17. 

II  i4 


I 


^ 


i 


210  FRANÇOIS  DE    DONAD|Et\ 

1699  è  16%.  ^  commit  Gaspard  Damy  son  oflicial,  la  |)aix  fut  remise  clans  ce  monas- 
tère, et  les  séculiers  dont  elles  avoient  formé  olles-mômos  (le  grosses 
plaintes  furent  éloignés.  La  pénitencerie  étant  une  dignité  spécialement 
établie  pour  le  soulagement  des  évoques,  il  entra  dans  tout  ce  qui  poo- 
Toit  être  utile  au  temporel  de  cette  dignité  ;  il  approuva  la  désunion  qui 
fut  faite  de  la  cure  de  Saint-Âmand ,  pour  y  unir  en  place  celle  de 
Treigny,  beaucoup  mieux  rentée,  et  cela  du  consentement  du  Chapitre 
de  la  cathédrale,  qui  fut  sollicité  par  Denis  Perronnet,  alors  péniten- 
cier. Il  confirma  aussi,  en  iClO,  Tunion  faite  ci-devant  de  la  chapelle 
de  Saint-Germain  à  Técolâtrerie ,  depuis  incorporée  h  la  péniten- 
cerie (1).  Ce  fut,  par  sa  permission  accordée  en  161!),  que  le  sieur  de 
Salles,  seigoeur  du  Couidret,  proche  Bléneau  (2),  rebùtit  a  neuf  un 
peu  au-dessus  du  pont  de  ce  lieu,  une  chapelle  en  Thonneur  de  sain! 
Posen  (3).  C*est  celle  dont  on  voit  les  ruines  en  montant  à  droite  sni 
le  chemin  d'Ouzoir.  On  dit  qu'elle  avoit  été  d'abord  dans  un  autre  en-' 
droit.  Ce  prélat  avoit  pris,  dès  Tan  1610,  d'excellentes  mesures  pooi 
la  conservation  de  toutes  les  chapelles  de  son  diocèse  et  même  des  re- 
venus de  tous  les  bénéfices.  Tous  les  titulaires  dévoient  déposer,  aux 
archives  de  Tévêché,  des  copies  collaiionnées  de  leurs  principaux 
titres  (i).  Mais  l'exécution  en  parut  diflicilo,  quoique  conclue  sur  les 
suffrages  du  synode.  Des  difticullés  considérables  arrivèrent  de  son 
temps  dans  quelques  petites  villes  du  diocèse;  à  Gien,  il  accorda  les 
chanoines  de  la  collégiale  avec  leurs  subalternes,  c'est-h-dire  les  cha- 
pelains ;  un  règlement  de  l'an  1609  pourvut  a  tout.  Â  Clamecv,  il  y 
eut  une  entreprise  formée  par  les  élus,  touchant  l'audition  des  comptes 
de  fabrique  de  la  paroisse,  contre  le  droit  du  grand-archidiacre  ;  mais 
cette  affaire  fut  réglée  en  faveur  de  l'archidiacre,  par  un  arrêt  du  5  jan- 
vier 1615.  Au  faubourg  de  Clamecy  est  une  chapelle  très-célèbre, 
nommée  Bethléem ,  laquelle  a  toujours  été  de  la  dépendance  de  TéTèane 
d'Âuxerre.  Louis  de  Clèves, prieur  de  La  Charité  et  évéque  de  Bethléem 
s'étoit  imaginé  qu'on  le  croiroit  sur  sa  parole,  lorsqu'il  assureroit  que 


(1)Hfg.  Cap.  i60i,  22i>'or. 

\t)  Ex  Rcg.  Srcrct  signato  Cochon.  3  sej»t, 

16:9. 


(3)  S,  Posmnusd\kherT\, 


tus. 


[A  Regist.  Franc.  PeUé  Setrei.  EpUtopa- 


QUATRE-VINGT-DIX-SEPTIÈME   ÉVÊQUB   D^UXERRE.  211 

celle  chapelle  étoit  unie  à  son  évéché.  Il  voulut  eu  produire  des  preuves;  1599  j^  |^, 
mais  comme  ce  qui  pouvoit  avoir  élé  fait  n'ëtoit  point  muni  du  consen- 
tement d'aucun  des  évéques  d^Auxerre,  François  de  Donadieu  y  fit 
former  opposition  par  Germain  Cochon,  avocat,  le  19  mai  1606  (a). 

Il  seroit  inutile  de  s'étendre  ici  sur  les  statuts  qui  furent  formés  dans 
les  synodes  tenus  de  son  temps ,  si  la  compilation  qui  en  fut  imprimée 
en  1622,  n*étoit  devenue  fort  rare.  Les  curieux  y  liront  avec  plaisir, 
dans  le  mandement  préliminaire ,  cette  maxime  sur  le  besoin  de  tenir 
des  assemblées  de  quelque  nom  qu'on  les  appelle,  qu'il  déclare  néces- 
saires dans  l'Église,  pour  remédier  aux  doutes^  di/JiculUs  et  désordres 
qui  s'y  peuvent  glisser.  Entre  ces  règles  promulguées  de  son  autorité, 
il  y  en  a  une  qui  défend ,  comme  une  cérémonie  indécente  et  non  con- 
forme aux  saints  décrets ,  d'enchérir  les  l^tons  des  confréries  durant 
le  cantique  Magnificat  {l)  ^  ei  d'appliquer  les  versets  «lapo^uit  et  stiscepitii 
la  délivrance  de  cesb&tons.  Il  avoit  réglé  dès  l'an  1609,  qu'il  n'y  au- 
roit  plus  qu'un  parrain  et  une  marraine  à  chaque  baptême,  et  qu'on  re- 
trancheroit  la  coutume  par  laquelle  il  y  avoit  un  assistant  outre  le 
parrain ,  si  c'étoit  un  garçon  qui  fût  k  baptiser,  ou  une  assistante  si 
c'étoit  une  fille  (2);  et  il  enjoignit  d'avertir  les  peuples  qu'un  seul  parrain 
et  une  seule  marraine  suffisoient,  suivant  le  concile  de  Trente  (5).  Il  fut 


(1)  Page  12. 
(3)  Page  19. 


(3)  Page  "^9. 


(a)  En  1612 ,  Tévéque  voulant  contribuer  à  Tentretien  du  collège  destiné  à  l'ins- 
truction de  la  ville  et  chàtellenie  de  Gosne,  donna  à  bail  perpétuel  aux  habitants 
de  Cosne,  deux  lies  situées  sur  le  Noain  au  faubourg  Saint -Agnan,  et  plusieurs  autres 
héritages,  moyennant  30  sous  de  rente,  et  2  sous  6  deu.  de  cens,  à  condition 
d'employer  le  revenu  de  ces  biens  à  Fentretien  spécial  du  principal  et  du  régent  du 
collège  de  Cosne.  La  destination  primitive  a  été  conservée  jusque  vers  la  fin  du 
xrm*  siècle.  —  (Arch.  de  l'Yonne,  Instruction  publique). 

Le  collège  de  Yarzy  fut  aussi  Tobjet  de  ses  soins.  En  1619,  il  termina  les  diffi- 
cultés qui  s'étaient  élevées  entre  le  Chapitre  et  la  ville  pour  l'élection  d'un  maître , 
et  décida,  suivant  les  titres  du  Chapitre,  que  ce  corps  présenterait  dorénavant  le 
principal  ou  précepteur  et  l'instituerait  dans  le  cas  où  il  serait  trouvé  capable,  ce 
qui  eut  lieu  jusqu'en  1755.  L'enseignement  des  humanités  allait  jusqu'à  la  rhétori^ 
que  et  était  gratuit.  —Arch.  de  TYonne.    ^G  ,^r  ^  ^s 


T 


2i2  FRANÇOIS  DE   DONADIEl', 

1590  ï  1695.  ordonne  aux  prôtrcs  qui  administreroient  la  communion,  noo  de  retran- 
clier  l'usage  où  ils  ctoient  de  présenter  ou  faire  présenter  du  vin  et  de 
Teau  aux  laïques  qui  venoient  de  communier ,  mais  de  se  servir  pour 
cela  <!*un  verre  ou  autre  vase,  et  non  pas  d'un  calice,  de  crainte 
qu*ils  ne  crussent  communier  sous  les  deux  es[K>ces.  Cet  asage  de 
boire  du  vin  après  la  communion  étoit  en  effet  si  commun  parmi  le 
peuple  d'Âuxerrc,  encore  à  la  fin  du  xvi*  siècle,  que  je  trouve  dans  le 
nécrologc  d'une  des  paroisses  les  plus  pauvres  de  la  ville (1), qu'un  par- 
ticulier donna  vers  ce  temps-lk  une  vigne  à  cette  église  pour  fournir  le 
vin  de  la  communion  du  jour  de  Pâques  ;  et  cet  usage  n'a  cessé  que  de 
nos  jours,  parce  que  les  coupes  d'argent  qui  y  étoient  destinées  se 
trouvèrent  usées  de  vétusté,  en  sorte  qu'il  n'y  a  que  la  cathédrale  où  il 
s'est  conservé  après  la  communion  générale  des  quatre  fêtes  ordinaires 
de  l'année.  François  de  Donadieu  ordonna  encore  que,  dans  les  églises 
paroissiales  où  l'on  trouveroit  deux  seigneurs  disputer  entr'euz  les 
honneurs  et  prérogatives,  les  curés  ou  vicaires  ne  nommeroient  aucun 
des  conlendants  dans  les  prières ,  et  qu'on  laisseroit  leur  part  du  pain 
béni  sur  le  banc  des  fabricicns  (2).  Il  défendit  a  tous  prêtres  de  remarier 
les  personnes  qui  l'avoient  été  ;  c'est-a-dirc  de  réitérer  les  cérémonies 
matrimoniales  avec  la  messe  pro  sponso  et  spansa  en  faveur  de  ceux  qui 
disoient  qu'on  avoit  usé  de  ligature  à  dessein  de  leur  nuire  (5).  Il  trouva 
quelquefois,  dans  ses  visites,  des  abus  dont  les  curés  ne  s'étoient  point 
plaints  aux  synodes;  il  tâcha  d'y  remédier.  C'étoit,  par  exemple,  Tusage 
en  plusieurs  lieux  de  la  campagne  que  le  jour  du  mariage  on  fit  chanter 
vêpres  par  le  curé,  ou  qu'on  assistât  à  celles  du  Chapitre,  si  c'étoit  dans 
un  pays  où  il  y  eût  une  collégiale.  Il  n'y  avoit  rien  que  de  louable,  si  on 
se  fût  borné  h  dire  ces  vêpres  suivant  les  règles  reçues  et  approuvées; 
mais  le  bizarre  étoit  qu'il  falloit  que  le  BenedicamuSj  qui  termine  ces 
vêpres,  fût  chanté  par  les  parents  du  mari  et  autres  assistants ,  k  gorge 
déployée  ,  ce  qui  n'éloit  pas  propre  à  exciter  la  dévotion.  Le  prélat  vi- 
gilant défendit  celle  pratique  et  ordonna  que  les  enfants  chantassent 
ce  verset  comme  c'est  l'ordinaire  dans  le  diocèse.  Il  défendit  aussi 


(1)  Obituar.  S.  Pcregrini  ad  27  martii. 
(2,  Page  4*. 


'3)  Page  !»:3. 


/ 


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QUATRE-VINGT-DIX-SEPTIÈME   ÉVÊQUE   d'aUXERRE.  215 

de  laisser  parollre  k  la  procession  de  la  Fête-Dieu  des  hommes  y^^  ^  ^^^ 
vêtus  en  apôtres,  avec  des  fausses  barbes  et  perruques,  et  des  habits 
faits  exprès  ,  couronnés  d'espèces  d'auréoles  ou  faux  diadèmes.  Il 
ordonna,  qu'au  lieu  de  cela,  on  portât  avec  respect  des  cierges  allumés. 
C'est  ce  que  j'ai  tiré  des  registres  de  visites  qu'il  fit  dans  Tété  de  l'an 
16229  après  la  publication  de  ses  ordonnances  synodales. 

G)mme  ce  prélat  avoit  conçu  à  Rome  une  haute  idée  du  rit  qu'on  y 
voyoit  communément  pratiquer,  sans  faire  attention  que  le  Chapitre  de 
Saint-Pierre,  au  milieu  de  cette  grande  ville,  n'observe  pas  les  nouveaux 
usages  romains  dans  l'office  canonial,  il  essaya  d'en  introduire  ce 
qu'il  put.  Il  avoit  voulu,  dès  le  commencement  de  son  épiscopat,  pa- 
roitre  au  chœur  autrement  habillé  que  ses  prédécesseurs.  Mais,  en 
décembre  i602,  il  fut  condamné,  aux  requêtes  du  palais,  h  porter, 
depuis  la  Toussaint  jusqu'il  Pâques  ,  la  grande  chape  noire,  le  capu- 
chon et  camail  comme  les  chanoines,  ce  que  le  Chapitre  avoil  certifié 
s'être  pratiqué  par  les  deux  derniers  évêques  résidants,  Lenoncourt  et 
Âmyot.  Le  règlement  ajouta  même  que,  depuis  Pâques  jusqu'à  la  Tous- 
saint ,  l'évêque  assisteroit  k  l'oflice  en  rocliet  et  surplis  par-dessus.  On 
ne  savoit  alors  à  Âuxerre  cequec'étoitquela  mozette  qui  est  venue  de- 
puis. Vers  le  milieu  de  son  épiscopat,  plusieurs  des  anciens  chanoines 
étant  morts,  on  laissa  introduire  quelques  rubriques  prises  d'ailleurs  (1). 
Néanmoins,  dans  les  visites  des  paroisses ,  il  ordonnoit  qu'on  achetât 
le  Missel  d'Âuxerre  préférablement  au  romain ,  et  ne  permettoit  ce 
dernier  qu'au  défaut  du  diocésain,  qui  commençoit  à  devenir  rare« 
Regnaud  Martin,  archidiacre,  fit  aussi,  de  son  temps,  l'essai  d'une  cor^ 
rection  du  Bréviaire  d'Auxerre.  Elle  n'étoit  point  achevée  l'an  1620  (2}, 
et  il  ne  parut  aucun  ouvrage  concernant  l'office  divin  sous  l'épiscopat 
de  François  de  Donadieu.  Selon  l'ancien  usage  ,  l'évêque  fournis- 
soit  chez  lui,  aux  chanoines,  chaque  année  ^  au  retour  des  vigiles  chan- 
tées dans  le  chœur  de  Saint-Àmatre,  le  50  avril ,  des  gâteaux  et  trois 
sortes  de  vin,  par  forme  de  rafraîchissement  oud'agape  ;  cela  fut  changé 
de  son  temps.  On  consentit,  en  1607  ,  que  ce  petit  repas  fût  évalué  h 
une  somme  d'argent  ;  elle  se  paie  toujours  depuis  h  ceux  qui  assistent 

(1)  jRf^.  Capit.  1608, 1609.  |  fi]  Reg,  Capit.  18  dec.  1620. 


I  214  nU5Ç0fS  DC    D0!IADISL*  , 

]\  ttw  4  :«s.  ^  ^<rt  oflke,  leqod  est  qq  reste  des  aocieDDes  veilles  qu'on  célébroit 

ihiis  chjqiie  pays,  au  tombeaa^des  saints  tutclaires  à  Tapproche  de  lev 

Onoiqve  depais  près  d*on  siècle  Téglise  dWnxerre  nVôt  point  en  de 
pastevr  attaché  si  scrapalensement  ^  la  résidence ,  il  nVn  lant  point 
coDclore  qu'il  ne  sortit  jamais  de  son  diocèse.  Il  s*en  ^igna  quelqi 
fott  :  mais  ce  fat  presque  toujours  pour  des  sujets  de  piété  et  de 
tÎM.  11  alb«  en  i601,  à  Orléans*  gagner  le  jubilé  que  le  pape  accorda 
pov  la  coatinuation  du  bâtiment  de  Téglise  cathédrale  dont  Henri  IV 
mil  h  première  pierre  «  et  son  exemple  fut  sui\i  |ar  quelques  dm- 
noines.  On  le  TÎt  quelquefois  ci^brer  ^  Paris  la  messe  de  TouTertue 
du  parlement.  Non-seulement  il  étoit  en  grande  réputation  auprès  éts 
ma^gîstnts  de  cette  cour  et  du  conseil  «  mats  encore  i!  étoit  parfaitement 
bien  dans  Tesprit  du  roi  Henri  IV  et  do  la  reice.  Aux  obsèques  de  ee 

-|  grand  prince,  il  conduisit  Tambassadenr  de  Savoie  à  S^int-benvs,  fit 

ensuite  diacn^ ,  et  chanta  TcTangile  ^  b  messe  des  funénilles.  L'assis- 
tance qu*il  de^t  aux  assemblées  du  clergé  de  la  prx^rince ,  ToUigen 
anssi  à  quelques  vovages.  On  voit  son  nom  au  Kis  de  h  condamnatioa 
du  livT^  d*Ednh>nd  Richer  de  eccUsiasiM  poffUau.  fiite  en  101  i«  le 
15  Bur^.  par  les  évoques  de  la  province  de  Secs,  Il  dédia  l'egUse 
des  Capucins  Je  Jo^v«  diocèse  de  Sens .  a  la  prière  do  cardinal  de 
liondv,  fondateur  de  cette  maison.  Il  eut.  {vendant  quelque  temps,  ponr 
snCn^fsant.  un  («nnnontr^  nomme  Nicolas  Lagrene.  abbé  de  Saint-Jenn 
dWmieK  et  evéqne  d*Ebri>n  «  lequel .  étant  à  Auxerre.  fiisoit  sa  ncsi- 
denof  cbei  V»  chanoines  rv^Iiers  de  son  Onire.  Un  voyage  qn*fl  fit 
à  I^ins .  Tenleva  pour  toujours  au  diocèse  dWuxerrtf .  et  lui  occasiomsa 
tt  [^rsautatîon  quM  y  fit .  au  mots  de  juillet  Ilï25.  A^  son  évéché  aTec 
iti!V«s  de  S^vivnr  e«f\)ue  de  G>mmiag^  :  celui-ci  vint  à  bout  de  pcr- 
>aiief  à  FriDCxHs  de  IK>ttaJieu  qu'il  devoit  se  repfrvciM'  de  son  pnjs 
<i  «Se  s^m  frère .  Tevèque  de  Saiut-Papoul.  Franc\^  de  Dooadîev  fut 
MkNMent  el^Mu  de  cette  pnsi^Xksiiîon  qu'il  n  examin  pas  senlemest  si 

!  ic^fvui  iv\K  qui  il  iraitoh  et  es:  r>fviHu  de  fvav\xrk  t>n  de^xMirrit  depdb 

^ne  if  S3e«r  ^:e  VenîeftK.  sca  homo:^  (i'lâ^n^^,  ivoîi  eie  gapnê  {^Mnr 
^e£^c>^'^r  i  Ji  ;vr,i:*-:iu:z.  L*:  T  ÛKit-r  à*  lii  It>i4.  n^;r>?  pc^t 

\  -uat:  retvirac  i  Tari.  :x:\ >^*i  U*  i^h::  f4r\?eviz: notiêres.  à  h  pers«a- 


i 

[ 


quatre-viugt-dix-septième  éyéqub  d'auxerre.  215 

sioD  de  Jean  de  Montereul ,  avocat  en  |)arlement ,  et  fit  signifier  sa  ^^^  ^  ^^ 
révocation  h  Gilles  de  Souvré,  le  17  mars  suivant  ;  mais  il  étoit  appa- 
remment trop  tard ,  comme  la  suite  le  fit  voir.  Il  tomba  malade,  peu  de 

temps  après  »  de  chagrin  de  cette  affaire.  Son  neveu  ,  Barthélémy  de 
Griet,  lui  conseilla  de  se  recommander  à  la  vénérable  Marie  de  l'Incar- 
nation, décédée  depuis  peu ,  en  odeur  de  sainteté ,  chez  les  Carmélites 
de  Pontoise;  il  lui  appliqua  quelques  reliques  de  cette  religieuse,  et  sa 
santé  revint  peu  à  peu.  François  de  Donadieu  crut  que  Dieu  demandoit 
qu'il  résignât  à  un  autre  l'évéché  de  Comminges ,  qui  lui  étoit  échu 
sans  le  vouloir.  Il  engagea  son  neveu,  qui  étoit  ecclésiastique,  k  l'ac- 
cepter. Ce  neveu  est  celui-là  même  à  qui ,  lui  et  son  frère,  Févéque  de 
Sainl-Papoul,  avoient  fait  perler  le  nom  de  Donadieu  en  vertu  de  lettres- 
royaux  obtenues  depuis  la  mort  du  sieur  de  Puchairie,  dernier  mâle  de  la 
famille.  Il  se  soumit  aux  intentions  de  son  oncle,  et  il  en  justifia  le 
choix  par  la  vie  sainte  qu'il  mena  et  qu'on  dit  même  avoir  été  accom- 
pagnée et  suivie  dt^  miracles.  Sa  préconisation  à  Tépiscopat  est  du 
6  octobre  1625.  Il  y  est  qualifié  prêtre  du  diocèse  de  Rieux  ;  ces  lettres 
lui  permettent  de  retenir  en  commande  l'abbaye  de  Saint-Hilaire  »  du 
diocèse  de  Carcassonne,  de  payer,  sur  les  revenus  de  l'évéché  de  Com- 
minges, trois  mille  livres  h  Gilles  de  Lusignan  de  Saint-Gelais  ,  clerc 
du  diocèse  de  Tours,  et  huit  mille  livres  de  pension  h  François  de 
Donadieu,  ci-devant  évêque  d'Âuxerre;  et  de  le  laisser  jouir,  sa  vie 
durant ,  du  château  d'Âlan ,  et  des  revenus  de  cette  terre  dépendante 
de  la  mense  épiscopale  de  Comminges. 

François  de  Donadieu ,  confiné  dans  ce  dii>cèse,  n'oublia  point  son 
ancien  troupeau  qu'il  n'avoit  quitté  qu'à  regret.  Tous  les  jours  il  offroi^ 
le  saint-sacrifice  pour  le  diocèse  d'Auxerre,  et  assuroità  ses  amis  qti'il 
s'y  croyoit  obligé.  Il  récitoit  même ,  en  son  particulier,  l'office  en 
l'honneur  de  tous  les  saints  d'Âuxerre,  chaque  jour  qu'il  en  trouvoit 
dans  le  calendrier  du  diocèse  dont  il  avoit  un  exemplaire.  Je  rappor- 
terai ,  sous  l'article  suivant,  les  égards  qu'il  eut  pour  la  mémoire  de  son 
successeur,  et  sans  m'étendre  sur  le  bien  spirituel  et  temporel  qu'il 
procura  au  diocèse  de  Comminges  et  à  Saint-Bertrand  où  est  la  cathé- 
drale, il  suffira  de  dire  ici ,  qu'étant  d'une  santé  beaucoup  plus  forte  que 
l'évêque  de  Comminges  ,  il  y  exerça  presque .  toujours  la  plupart  des 


216  nURÇOIS   DK   OONADIED,   XCVU*   ÉTÊQCS   d'âCXEREE. 

^  iw  k  ittî.  fonctions  épiscopales  ;  qu*il  vit  monrir  ce  saint  neveu  en  1637,  et  qae 

!  loi  avant  sanrécu  de  trois  ans,  il  mourut  dans  le  cliàieau  d'Alan ,  aa 

mois  de  février  1640,  &gé  de  quatre-vingts  ans.  On  croit  que  son  corps 
ou  au  moins  son  cœur  fut  porté  ^  Puchairie,Ie  lieu  de  la  sépulture  de  ses 
ancêtres,  et  où  il  avoit  fait  bâtir  une  belle  chapelle.  Mais  il  est  probable 
qo*on  ne  Taura  pas  séparé  de  son  neveu,  dont  il  admira  toujours  la 
haute  vertu. 

Aucun  de  ses  historiens  n'a  marqué  qu*il  eût  fait  un  testament ,  ni 
qa^l  eût  demandé  des  prières  dans  la  cathédrale  «IWuxerre.  Un  de  ses 
oiBciers  nous  a  seulement  informé  que  lorsqu'il  eut  été  remboursé  de 
la  vicomte  do  Domfront,  qu'il  ienoit  par  engagement  pour  b  somme  de 
cinquante  mille  écus ,  il  prtagea  les  trois  quarts  de  cette  somme  entre 
tous  ses  héritiers  présomptifs ,  et  qu'il  employa  le  reste  en  aumônes  et 
j;  ^Nvres  |iies.  On  voit  aussi ,  |^r  les  ri^istros  du  Chapitre  dWuxerre  (1), 

que  les  chanoines  de  cette  église  ayant  appris  son  décès,  lui  firent  un 
service  solennel  auquel  les  coqis  de  la  ville  furent  in%ités.  Cet  évèqoe 
avoit  para  affectionner  beaucoup  un  jeune  homme  appelé  Hector  de 
Pucbairie  :  il  lui  fournit  même  une  pension  considérable  pendant  les 
études  qu'il  fit  à  Toulouse  ;  mais  on  ignore  à  quel  degré  il  lui  étoît  pa- 
rant et  ce  qu'il  devint  apK's  la  mort  de  son  protecteur.  On  trouve,  dans 
le$  bibliothèques,  deux  ouvrages  qui  ont  été  dédiés  à  Fran^^ois  de 
Donadieu  ior^qa'il  étoit  évéque  d'Auxerre .  savoir  :  un  volume  de  ser* 
mous  de  Denis  Perronet,  |H>nitencier  de  ceHe  église,  en  1601 .  et  b 
chnwique  de  Robert,  religieux  de  Saint-Marien  d'Auxerre,  publiée  à 
Tr\\\e$.  l'an  I(i08,  |>ar  Nicolis  C^muiat,  chanoine  de  Troyes. 

I^  |4us  grande  )>artie  des  faits  que  j'ai  rapportés  dans  l'histoire  de  cet 
evéqne,  sont  tirés  des  mémoires  du  sieur  Antoine  Mathieu  Blan* 
ckonnet,  natif  de  ios^rogne  ,  k\]uel,  apK^s  aïoir  ete  son  maître  d'hôtel, 
devint  ensuite  conm^leur  dos  donior^  du  diocèse,  de  ceux  de  Germain 
Har>)olat,  clutto:ue  d'Auxenrv  tt\  comme  aussi  des  collections  fonmies 


4 


««If  i&jir^sj^'r.:  ^'  M  1Uri;Ui.  oc«$<rie  â«\  Arvài^^  i<  t  Yw-«»e.  est 
»t  otnrttosuil  c:a^w<4  iv  CikA^uv   iHi  >  ivmAi^r^  W  mm  eiMse  « 


i 


V-  y^ 


GILLES  DB   SOUVRÉ  9    ICVlll^    ÉVÊQUB  d'aUXERRE.  217 

par  Gaspard  Damy,  son  officiai,  et  des  remarques  en  original  du  sieur  ^5^9  ^  |^^ 
C.  Bogne  de  Yarzy,  qui  avoit  été  son  officier  pendant  plus  de  ^ingt  ans. 


CHAPITRE  Vil 


GILLES  DE  SOUVRË ,  XGVIII*  ËVÊQUE  D'AUXERRE. 


François  de  Donadieu  n'oublia  rien  pour  empêcher  que  son  traité  leae  ï  leai. 
avec  Tévêque  de  Gomminges  n*eAt  lieu.  Il  avoit  fait  signifier  sa  révoca- 
tion non-seulement  à  ce  prélat,  mais  encore  au  Ghapitre  d'Auxerre,  au 
lieutenant-général  du  bailliage  et  au  procureur  du  roi  (1).  Il  alléguoit 
qu'un  de  ses  domestiques,  gagné  par  argent,  Tavoit  surpris;  que,  par 
le  traité  passé  d'abord  k  Régennes,  le  15  mai  1625,  on  lui  avoit  donné 
Tévéché  de  Gomminges  franc  et  déchargé  de  toutes  pensions;  que,  par 
un  second,  du  7  juillet,  on  lechargeoit  de  six  mille  livres  de  pension 
au  profit  du  sieur  de  Lansac ,  et  qu'enfin  la  personne  qui  avoit  fait  le 
traité  k  Paris ,  an  nom  de  Gilles  de  Souvré ,  n'avoit  de  lui  aucune  pro- 
curation. Mais  comme  par  le  premier  traité  il  étoit  dit  que  les  deux  per- 
mutants jouiroient  de  leurs  bénéfices,  à  compter  depuis  la  Saint-Jean 
1625,  et  qu'ils  en  percevroient  les  fruits,  quoiqu'ils  résidassent  dans 
leur  ancien  bénéfice  jusqu'à  ce  qu'ils  eussent  obtenu  leurs  bulles ,  un 
nommé Merlet ,  dit  du  Jardin,  procureur  de  l'évéque  Souvré,  lui  per- 
suada d'envoyer  au  plus  tôt  un  économe  à  Auxerre.  Get  officier  vint  se 


(1)  Mémoire  imprimé  sur  cette  alTaire. 


autrefois  les  corporations  de  tout  genre  de  faire  respecter  leurs  prérogatives  les  plus 
minutieuses,  les  usages  d'étiquette,  etc.  Le  bon  chanoine  nous  révèle  les  suscep- 
tibilités de  ses  confrères,  leur  jalousie  et  la  sienne  propre,  leur  esprit  ombrageux  et 
toujours  redoutant  les  empiétements.  (iV.  d.  £.) 


i€M  ^  lai. 


218  GILLES  DE  SOCVEÉ, 

présenter;  maisleCbapi  tre,  loin  de  le  reconnoitre,  nomma  trois  cba- 
noines,  le  19  mars,  poor  s'opposer  à  son  économat.  II  réroqoa  même, 
le  15  afriK  la  conclusion  do  6  octobre  1625 ,  qui  portoit  ooTertnre  de 
ce  qu'on  appelle  ailleurs  la  r^ale ,  laqnelle  a¥oit  été  (aite  nonobstant  la 
répugnance  de  quelques  chanoines.  On  passa  arrêt  à  M.  de  Donadieu  ; 
el  un  particulier,  qui  a¥oit  été  pourvu  d'un  canonicat  comme  si  le 
siège  eut  été  Tacant,  fut  débouté  et  déclaré  non-recevable.  Ce  ne  fut 
donc  qu'en  1625,  le  17  janvier,  que  le  Chapitre  connut  que  véritable- 
ment M.  de  Donadieu  n'étoit  plus  son  évéque,  et  lorsqu'il  eut  connu 
que  M.  de  Souvré  avoit  été  nommé  par  le  roi.  La  durée  de  cette  va» 
cance  ayant  été  plus  longue  qu'on  ne  Favoit  espéré ,  on  changea  sou- 
vent, dans  le  Chapitre ,  Tordre  de  conférer  les  bénéfices  vacants,  ou 
plutôt  on  varia  sur  le  nombre  des  jours  que  chacun  resteroit  intabulé 
pour  cela  (1).  II  ne  se  passa  cependant  rien  de  fort  considérable 
pendant  les  vingt  et  un  mob  qu'elle  dura ,  sinon  que  le  cardinal  Bar- 
berin ,  neveu  d'Urbain  YIII,  légat  du  pape ,  tut  reçu  à  Anierre,  en  1625, 
avec  de  grandes  solennités.  Les  ordres  du  roi ,  du  25  avril ,  qui  furent 
communiqués  au  Chapitre,  portoient  que  la  bourgeoisie  iroit  en  armes 
au-devant  de  lui  avec  les  magistrats ,  jusqu'à  Fendroit  qui  seroit  indiqué 
par  le  duc  de  Bellegarde  ;  qu'on  lui  offriroit  les  clés  de  la  ville  ;  qu'on 
lui  présenteroit  un  dais  de  couleur  rouge  et  qu'on  tapisseroit  les  rues 
jnsqu'à  son  logis.  Cette  entrée  se  fit  au  commencement  du  mois  de 
mai.  Ce  légat  étoit  accompagné  de  Pamphile,  dataire ,  qui  fut  depuis 
pape ,  sous  le  nom  dinnocent  X^  et  il  célébra  la  messe  an  grand  autel 
de  h  cathédrale. 

Gilles  de  Souvré,  résoin  de  prendre  possession,  chargea  de  sa  pro- 
curation Henri  de  Lambert,  abbé  de  Hautefontaine  et  de  Saint-Père 
d*Auxerre,  qui  présenta  les  bulles  le  25  septembre  1626  (2) .  Le  prélat 
écrivit  en  même  temps  aux  vicaires-généraux  nommés  par  le  Chapitre, 
qu'il  les  prioit  de  continuer  leurs  soins  jusqu'à  ce  qu'il  fut  présent  en 
personne,  excepté  la  collation  des  prébendes  et  les  stations  des  prédi- 
cateurs qu'il  se  réservoit.  Il  ne  différa  pas  un  mois  entier  depuis  sa  prise 


(t)  Rtg^  C9fit^  IS/ofw.  12  OMtt  et  9  om^.  |      :3  £«7.  C(^,  25  S9pi.  t<>S6- 


QUATRE-VINGT-DIX-HUITIÈME    ÉVÊQUE   d'aUXERRE.  219 

de  possession.  II  se  rendit  à  Auxerre  incognito^  k  sept  heures  du  soir,  i^g^^  ^  ^^i 
le  15  octobre,  et  sans  aller  à  Tabbaye  de  Saint-Germain,  il  logea  d'a- 
bord au  palais  épiscopal.  Le  lendemain  il  se  présenta  k  la  grande  porte 
de  Téglise,  où  il  fut  reçu  par  le  Chapitre  et  installé  par  le  sieur  de 

Manjan ,  grand-archidiacre  de  Sens.  On  ne  sait  pour  quelle  raison  il  fit 

celte  entrée  avec  tant  de  simplicité. 

Il  étoit  né,  en  1596 ,  de  Gilles  de  Souvré,  marquis  de  Gourtenvault, 
maréchal  de  France ,  gouverneur  de  Louis  XIII  lorsqu'il  n'étoit  que 
dauphin,  chevalier  de  ses  Ordres,  gouverneur  et  lieutenant  du  roi  en 
Touraine,  et  de  Françoise  de  Bailleul  de  Renouart.  Il  posséda,  encore 
tout  jeune,  plusieurs  abbayes  (1)  ;  il  eut  d'abord  celle  de  Saint-Genou, 
au  diocèse  de  Bourges  ;  ensuite,  celles  de  Saint-Florent  de  Saumur 
en  Anjou  et  de  Saint-Galais  lui  ayant  été  données,  il  fit  tomber  celle 
de  Saint-Genou  k  François  Chastelain,  qu'il  avoit  eu,  en  1614,  pour 
professeur  de  philosophie,  k  Paris,  au  collège  de  Navarre.  S'étant  as- 
socié, en  1616,  au  célèbre  Gassendi  (2),  ils  se  firent  enseigner  en- 
semble la  langue  hébraïque ,  par  un  juif  d'Avignon  nouvellement  con- 
verti. Ce  fut  vers  ce  temps-lk  qu'il  commença  k  connoitre  le  mérite  des 
gens  de  lettres.  Le  sien  étant  aussi  très-connu  dès  l'âge  de  22  ans, 
il  fut  nommé  à  l'évéché  de  Comminges,  alla  h  Rome  recevoir  tous  les 
ordres  par  dispense  du  pape ,  se  fit  sacrer  évéque  h  Ravenne  (3)  et 
gouverna  avec  sagesse  le  diocèse  de  Comminges  depuis  l'an  1618. 
Ceux  qui  l'ont  connu,  écrivent  qu'il  étoit  de  haute  stature,  d'un  naturel 
vif  et  gai,  qu'il  fut  chéri  de  la  noblesse  pour  sa  bonté  et  sa  franchise, 
respecté  des  pauvres  et  des  riches ,  comme  le  père  commun  de  tout  le 
troupeau ,  et  estimé  des  ecclésiastiques  pour  sa  science  et  sa  piété,  qu'il 
aima  les  gens  de  lettres  et  les  curieux  ;  en  sorte  qu'il  parolt  que  ce 
prélat  auroit  mérité  de  vivre  dans  un  temps  plus  éclairé. 

Après  avoir  fait  revivre  la  discipline  dans  le  diocèse  de  Comminges 


(1)  Je  trouve  dans  le  catalogue  des  doyens 
de  la  métropolitaine  de  Tours  de  M.  Maan, 
p.  257,  Hist.  EccL  Turon,  Egidius  de  Souvré 
electus,  non  receptus  1606.  Helias  de  Concert 
per  resignationem  1606;  mais  notre  Gilles  de 
Souvré  étoit  alors  trop  jeune. 


(2)  Epist.  Gassendi  ad  Lud.  Noël  Canoni- 
cum  Àutis, 

(3)  On  ajoute  que  quelque  temps  après,  il 
fût  fait  trésorier  de  la  Sainte-Chapelle  de 
Paris. 


220  GILLBS  DE   SOUVRÉ, 

lesG  \  1681.  P^^  ^^  exemples  et  sa  doctrioe,  il  en  fit  autant  dans  celui  d'Auxerre. 
Il  avoit  entendu  déclamer,  deux  jours  après  son  arrivée,  une  oraison 
latine  par  le  professeur  de  réthorique  du  nouveau  collège,  sur  la  sain- 
teté et  la  dignité  de  l'église  d'Auxerre.  Il  fit  aussitôt  ses  efforts  pour  ne 
point  dégénérer  du  zèle  de  tant  d'illustres  évéques  des  premiers  temps  ; 
la  réforme  qu'il  essaya  d'introduire  dans  le  troupeau  dont  il  avoit  re- 
cherché la  conduite,  en  fut  la  preuve.  Pour  commencer  par  le  clergé,  il 
obligea  les  curés,  par  un  mandement  de  Tan  1627,  h  résider  dans 
leurs  paroisses  ;  et ,  afin  de  fournir  par  la  suite  au  diocèse  de  bons 
prêtres,  il  songea  en  même  temps  à  l'établissement  d'un  séminaire.  II 
tint  k  ce  sujet  plusieurs  assemblées  chez  lui,  où  il  convoqua  les  cha- 
noines les  plus  éclairés.  Le  premier  dessein  fut  de  le  placer  où  est  la 
salle  du  Chapitre  et  autres  anciens  édifices  de  la  mense  commune  des 
chanoines ,  puis  d'en  confier  la  conduite  à  quatre  ou  cinq  de  leur 
corps  ;  les  séminaristes  auroient  fait  Toifice  à  la  paroisse  de  Saint- 
Pierre-en-Ghàteau ,  et  il  y  auroit  eu  communication  d'un  quartier  k 
l'autre  par  moyen  d'une  arcade.  Le  projet  n'ayant  pas  été  du  goût  de 
M.Bourdoise  de  Saint-NicoIas-du-Ghardonnet,  k  cause  qu'il  n'y  trou- 
Toit  point  d'exercice  des  fonctions  curiales,  on  songea  k  le  placer  à 
l'abbaye  de  Saint-Père,  et  à  en  ôter  les  religieux  qui  servoienl  mal  la 
paroisse.  Mais  l'abbé  ayant  différé  de  donner  son  consentement,  on  ne 
put  consommer  l'affaire.  L'évéque,  cependant,  écrivant  au  pape,  lui 
marqua  l'empressement  avec  lequel  il  travailloit  à  cet  établissement. 
Il  se  plaignit  à  sa  sainteté  de  ce  que  quantité  de  cures  étoient  unies 
et  incorporées  à  des  Chapitres  ,  qui  se  contentoient  d'y  mettre  des  des- 
servants ou  des  vicaires  tels  qu'ils  pouvoient  les  trouver,  et  que  cela 
étoit  cause  que  les  paroisses  étoient  mal  gouvernées.  Il  porta  aussi  ses 
plaintes  de  ce  qu'il  y  avoit  des  cures  qui  ne  pouvoient  être  conférées 
qu'à  des  chanoines  réguliers,  et  que  ces  réguliers  étant  eux-mêmes 
d'une  mauvaise  conduite ,  ils  ne  pouvoient  pas  conduire  saintement  les 
peuples  qui  leur  étoient  confiés.  II  pressa  le  souverain-pontife  de  casser 
toutes  les  unions  de  cures  aux  collégiales  et  aux  communautés,  et  d'éta- 
blir des  curés  fixes  et  permanents  dans  toutes  les  paroisses  ;  de  per- 
mettre aux  patrons  des  abbayes  de  présenter  des  séculiers  aux  cures 
de  leur  dépendance ,  et  de  lui  accorder  le  pouvoir  de  supprimer  les 


QUATRE-VINGT-DIX-HUITIÈME   ÉVÊQUE   d'aUXERRE.  221 

abbayes  de  Saint-Père  et  de  Saint-Laurent,  pour  en  appliquer  les  revenus 
h  la  fondation  d'un  séminaire,  suivant  les  décrets  du  concile  de  Trente. 
C'est  ce  que  j'ai  trouvé  dans  la  minute  de  sa  lettre  à  Urbain  VIII.  L'es- 
time qu'il  fit  des  prêtres  séculiers  qui  éloient  en  bien  plus  grand 
nombre  dans  le  diocèse  que  les  autres  ecclésiastiques,  le  porta  à  ne 
rien  conclure  dans  ses  synodes  sans  avoir  ramassé  les  voix  de  tous  les 
curés  (i).  Ayant  appris  qu'en  1652,  les  prêtres  de  la  Puisaye 
avoient  Formé  entre  eux  une  confrérie  sous  le  titre  de  l'Assomption  de 
la  Sainte-Vierge,  il  leur  accorda  le  pouvoir  de  la  continuer,  à  condition 
de  n'y  admettre  aucun  laïque,  et  que  le  repas  du  jour  de  la  fête  fût 
frugal.  Des  prêtres,  il  passa  à  la  réforme  des  peuples.  La  profanation 
des  dimanches  et  fêtes  excita  son  zèle  ;  le  22  octobre  1628,  il  fit  un 
mandement  pour  défendre  de  voiturer  le  bois  sur  la  rivière  ou  par  terre 
les  dimanches  et  fêtes  d'apôtres,  avec  inhibitions  aux  meuniers  et  tous 
autres  ayant  charge  des  ponts,  pertuis  et  chemins,  d'en  laisser  passer 
par  eau  ou  par  terre  les  mêmes  jours  ;  il  fit  même  de  cette  transgression 
un  cas  réservé ,  menaçant  d'excommunication  les  voituriers  qui  contre- 
viendroient.  Sa  charité  pastorale  seconda  sa  vigilance.  Environ  deux 
ans  après  qu'il  fut  arrivé  à  Auxerre,  on  essaya  de  lever  un  nouvel  im- 
pôt sur  le  vin  des  habitants.  Gomme  la  ville  se  regardoit  enclavée  dans 
la  Bourgogne,  et  que  les  citoyens,  aussi  bien  que  les  vignerons,  ont 
toujours  eu  présentes  les  promesses  que  les  rois  lui  ont  faites,  et 
enlr'autres  Louis  XI,  de  la  conserver  dans  ses  franchises,  il  ne  manqua 
pas  de  se  former  une  émeute  éclatante  à  la  première  exaction  que  les 


1686  k  1681. 


(1)  Sous  son  épiscopat,  quatre  ou  cinq  ec- 
clésiastiques, les  uns  chanoines,  et  les  au- 
tres simples  prêtres  de  la  Tille  d^ Auxerre, 
après  ayoir  vécu  quelque  temps  en  leur  par- 
ticulier ayec  beaucoup  d'édification,  poussés 
du  désir  d'une  plus  grande  perfection,  réso- 
lurent en  1626  de  demeurer  ensemble,  et  de 
former  une  communauté.  Ils  en  dressèrent 
le  plan  et  le  communiquèrent  à  leur  évéque 
qui  loua  leur  dessein,  promit  de  les  proté- 
ger, et  de  leur  donner  une  maison  quand  il  ^ 
auroient  pris  ieurdernière  résolution.  Ayant 
de  conclure,  ces  ecclésiastiques  Toulurent 
savoir  le  sentiment  de  M.  Bourdoise.  Ils  lui 
écrivirent  pour  cela  au  commencement  de 


Tannée  1627,  et  lui  envoyèrent  un  plan  de 
leur  dessein  avec  les  règlements  de  leur  so- 
ciété, lui  témoignant  beaucoup  de  confiance 
et  le  priant  d'y  ajouter  ou  d'en  retrancher  ce 
qu'il  jugeroit  à  propos.  «  Notre  prélat,  di- 
»  sent-ils,  vous  en  doit  parler  sitdt  qu'il 
»  sera  arrivé  à  Paris  ;  nous  vous  prions  de 
»  l'entretenir  dans  la  bonne  volonté  qu'il 
»  nous  a  témoignée,  et  de  l'exhorter  à  nous 
»  aider  de  son  crédit  et  de  son  bien,  afin  que 
»  nous  puissions  surmonter  les  diflBcultés 
»  qui  s'opposent  à  notre  dessein.  »  On  ne 
sait  si  ce  projet  fût  exécuté  ;  un  article  des 
statuts  du  Chapitre  y  paroissoit  contraire. 


16S8  Si  16al. 


222  GILLES   DE   SODTRÉ, 

étrangers  voulurent  faire  de  ce  tribut.  Le  pasteur  accourut  au  bruit 
pour  tâcher  de  calmer  les  esprits  ;  sa  présence  ni  celle  du  bailli  et  du 
lieutenant-général ,  ne  put  rien  arrêter.  La  populace,  persuadée  que  le 
prince  ne  pouvoit  manquer  k  sa  parole,  instruite  de  plus  que  le  roi 
Henri  IV  s'étoit  même  engagé  de  nouveau,  trente-quatre  ans  aupara- 
vant, de  conserver  les  mêmes  franchises,  ne  put  être  susceptible  des 
raisons  qu'on  lui  alléguoit.  Malgré  toutes  les  promesses  qu'on  put  faire 
aux  vignerons,  que  ce  nouveau  tribut  seroit  supprimé  comme  ne  pou- 
vant être  de  la  connoissance  du  roi ,  ils  en  vinrent  aux  mains,  poursui- 
virent Texacteur  jusques  dans  l'église  des  Jacobins  où  il  y  eut  effusion 
de  sang.  L'élise  fut  réconciliée  par  ce  prélat,  et  la  ville  répara  le  dom- 
mage que  rirruption  populaire  y  avoit  causé  (1).  Cette  émeute  étoit  la 
seconde  qui  arriva  sous  son  épiscopat  dans  le  même  quartier.  Dès  le 
29  mars  1626,  il  en  étoit  arrivé  une  autre  qui  ne  fit  pas  moins  d'éclat  ; 
peu  s'en  fallut  que  les  derniers  du  peuple  ne  devinssent  maîtres  de 
rHôteUe-Ville  (2). 

Ce  fut  pendant  Tannée  1629  qu'il  entreprit  la  visite  de  son  diocèse 
pour  reconnoitre,  par  lui-même ,  l'état  de  chaque  église  et  y  ordonner  ce 
qui  seroit  utile  et  convenable.  On  apprend,  par  les  procès-verbaux, 
qu'alors  encore,  dans  le  plus  grand  nombre  des  églises ,  le  Saint-Sacre- 
ment étoit  conservé  k  une  suspense,  comme  dans  l'église  cathédrale, 
et  que  si ,  dans  quelques-unes,  il  y  avoit  des  tabernacles  destinés  pour 
cela,  ils  étoient  k  côté  du  sanctuaire,  de  même  qu'on  en  voit  en 
Flandre  ;  que  la  coutume  commune  des  églises  de  la  campagne  étoit, 
que  les  pères  de  famille  laissoient  à  l'église,  en  mourant,  leur  meil- 
leur habit,  ce  qui ,  quelques  siècles  auparavant,  se  pratiquoit  aussi  à  la 
ville ,  comme  on  lit  dans  des  testaments  de  ce  temps-là  ;  on  ne  voit  pas 
que  Gilles  de  Souvré  ait  improuvé  ces  usagés.  Il  statua  en  certaines 
églises  que  la  délivranee  de  l'image  du  saint  patron  des  confréries  se- 
roit criée  au  banc  de  l'œuvre  par  les  fabriciens,  et  que  néanmoins  le 
curé  iroit  prendre  processionnellement  cette  image  k  la  maison  où  elle 


a)  Re§iH.urbisie99. 
(1)  Ce  qui  en  esinpportédaas  les  registres 
^  It  viUe,  se  rapporte  assez  h  ce  qu'on  lit 


dans  une  collection  de  lettres  de  ce  temps- 
là,  imprimées  en  1654  par  les  soins  du  P. 
Pintereau  Jésuite. 


QUATRE-VINGT-DIX-HUITIÈME   ÉVÉQUE   d'aUXERRE.  223 

étoit  conservée.  11  ordonna  des  amendes  pécuniaires  contre  ceux  qui  y^Q  ^  j^^, 
n'assisteroient  pas  aux  processions  ordinaires  pour  la  conservation  des 
fruits  de  la  terre ,  ou  qui  ne  les  reconduiroient  pas  jusqu'à  Féglise  ;  il 
fit  défense  à  quelques  religieux  établis  depuis  peu  à  Auxerre,  d'aller 
confesser  des  malades  dans  les  maisons  sans  la  permission  du  curé.  Il 
projeta  de  réunir  la  paroisse  de  Saint-Pierre-en-Ghàteau  d'Auxerre,  à 
celle  de  Saint-Regnobert  ;  mais  cela  ne  réussit  pas ,  par  la  raison  que 
les  habitants  de  la  première  exigeoient  que  leur  église  fût  réputée 
Téglise  matrice.  Les  chanoines  de  Clamecy  avoient  fait,  quelques  jours 
après  son  arrivée  à  Auxerre,  un  compromis  entre  ses  mains,  touchant 
leurs  difficultés  avec  le  curé  de  la  paroisse.  La  sentence  arbitrale  qu'il 
donna  le  5  janvier  suivant,  assisté  de  son  nombreux  conseil,  comprend 
dix-huit  articles,  dont  il  n'y  en  a  point  qui  puisse  intéresser  la  curiosité 
du  lecteur,  que  le  onzième,  par  lequel  on  apprend  que  toutes  les  fêtes 
solennelles,  la  coutume  étoit  encore  à  Clamecy  que  les  fidèles  offroient 
du  pain  et  du  vin  à  la  grand'messe.  L'évéque  confirma  ce  pieux  et  an- 
cien usage  f  en  adjugeant  au  curé  les  deux  premières  offrandes  de  cette 
espèce.  En  i651 ,  le  promoteur,  dans  les  officialités  de  Yarzy,  Gosne  et 
La  Charité,  se  trouvoit  être  un  laïque;  il  ordonna  que  dans  la  suite  ce 
seroit  un  homme  d'église  à  l'exemple  de  la  cour  principale  d'Auxerre. 
Il  procura,  en  1628,  à  la  nouvelle  communauté  des  Bénédictines  de 
La  Charité ,  les  constitutions  du  Yal-de-Gràce  que  Marguerite  d'Ar- 
bouze,  abbesse,  y  apporta  à  sa  sollicitation.  L'année  d'après,  Tabbaye 
de  Saint-Germain  de  la  ville  d'Auxerre ,  embrassa  la  réforme  de  la 
Congrégation  de  Saint-Maur,  par  les  soins  de  l'abbé  Octave  de  Belle- 
garde  ;  mais  le  tumulte  qui  arriva  ce  temps-Ik  dans  cette  église,  k  une 
procession  de  la  cathédrale  où  le  prélat  assista,  fut  un  spectacle  éton- 
nant pour  lui  et  qu'il  fit  en  sorte  de  ne  pas  voir  une  seconde  fois.  Les 
religieuses  de  Sainte-Marie,  autrement  de  la  Visitation,  demandèrent, 
en  1650,  à  être  reçues  dans  Auxerre  (1).  Il  y  avoit  trop  peu  de  temps 
qu'on  avoit  refusé  les  Jacobines  et  les  Carmélites  ;  ces  dernières  subi- 
rent le  même  sort. 

La  relation  que  Gilles  de  Souvré  avoit  avec  le  pape  Urbain  VIII  ne 

(!)  Reg.  urbts  1G30,  2i  aug. 


224  GILLES  DE   SOUVRÉ, 

ie96  ï  1631.  ^^^  P^s  I^  s^ul  effet  da  voyage  qu'il  a  voit  fait  a  Rome.  Il  avoit  rapporté 
de  l'Italie  une  grande  estime  des  usages  ecclésiastiques  de  cette  pro- 
vince. Il  essaya  d'en  introduire  quelque  chose  dans  son  diocèse,  avec 
le  manuel  qu'il  fit  imprimer  k  l'usage  des  curés.  Mais  la  brièveté  de 
son  épiscopat  empêcha  que  les  principes  ultramontains  qui  auroient  pu 
s'insinuer  par  ce  moyen ,  ne  fissent  impression  dans  le  clergé  ;  et  tous 
les  ecclésiastiques  séculiers»  qui  étoit  la  plus  grande  et  la  plus  saine 
partie  de  sou  diocèse,  eurent  la  prudence  de  supprimer  ce  qui  auroit  pu 
réveiller  les  anciennes  querelles,  à  l'occasion  d'une  pièce  que  l'impri- 
meur y  avoit  insérée.  Le  projet  qu'il  conçut  de  réformer  les  livres  ecclé- 
siastiques resta  sans  exécution.  Il  avoit  établi  chez  lui  une  espèce  de 
congrégation  de  rites,  à  l'exemple  de  celle  de  Rome.  Dès  les  premiers 
jours  de  son  arrivée,  il  demanda  au  Chapitre  des  commissaires  pour 
la  révision  du  Bréviaire  (1).  On  voit ,  par  les  registres  du  Chapitre,  que 
son  intention  étoit  que  tout  ce  qu'on  chantoit  fût  tiré  des  livres  romains 
réformés  sous  le  pontificat  de  Pie  V(2);  mais  les  chanoines  ne  voyant 
point  que  le  concile  de  Trente  eût  ordonné  l'usage  de  ces  livres,  ainsi 
qu'on  vouloit  leur  persuader,  déclarèrent  que  quoique  observateurs 
exacts  des  décrets  du  concile  reçu  en  France,  ils  ne  suivroient  point 
léchant  de  ces  livres,  et  qu'ils  s'en  tiendroient  aux  anciennes  céré- 
monies de  l'église  (a).  Deux  ans  après,  le  chantre  Gaspard  Bargedé,  se 
montrant  le  plus  zélé  pour  seconder  le  prélat,  fut  établi  chef  du  projet 
de  la  réformation.  On  présumoit  qu'en  vertu  de  sa  dignité  il  ne  consen- 
tiroit  à  aucune  innovation  qui  ne  fût  un  rétablissement  de  la  saine  anti- 
quité, ni  k  aucune  suppression ,  sinon  de  celle  de  quelques  cérémonies 
puériles  qui  avoient  eu  leur  origine  dans  des  siècles  peu  éclairés.  Ce- 
pendant, toutes  ces  assemblées  n'aboutirent  à  rien,  parce  que  la  matière 


(1)  Reg.  CapU.  3  nor.  ieî6.  |     (2)  Ibid,  ^juL  1626. 


(a)  Le  Chapitre  cathédral  était,  comme  le  dit  Fanteor  de  la  vie  manuscrite  de 
M.  de  Donadieu  «  anUquorum  rituum  eccleiiœ  Àutissiod.  servatorum  tenacet,  »  aassi 
élcYa-t-il  ici  les  mêmes  résistances  aux  réformes  liturgiques  que  sous  ce  prélat,  qui 
ne  put  faire  accepter  dans  son  église  les  livres  et  les  cérémonies  romaines. 

(iV.  d.  E.) 


QUATRE-VINGT-DIX-HUITIÈME   ÉVÊQUE    d'aUXEKRE.  225 

des  rites  n'avoit  pas  encore  été  éclaircie  comme  elle  Ta  été  depuis.  ^^^  ^  ^^^ 
Les  réviseurs  procédoient,  dans  cette  affaire,  assez  lentement ,  et  le 
prélat  fut  enlevé  de  ce  monde  avant  qu'on  eût  rien  arrêté.  Le  Chapitre, 
qui  avoit  aussi  espéré  de  cet  évêque  une  suppression  de  prébendes  et 
d'anniversaires  resta,  par  la  même  raison,  dans  son  état  précédent  (a). 
Pour  ce  qui  est  des  honneurs  dûs  à  sa  dignité,  Gilles  de  Souvré  n'en 
laissa  perdre  aucuns  qui  fussent  de  sa  connoissance ,  et  Ton  peut  dire 
qu'il  alla  même  quelquefois  à  l'excès.  C'est  ce  qui  parut  k  l'égard  de 
Glaifde  Lemuet,  élu  doyen  le  15  décembre  1627,  après  la  mort  de 
François  dfe  Lauzon.  S'étant  fait  prêter,  par  ce  nouveau  doyen,  le  ser- 
ment de  fidélité,  il  ordonna  d'insérer  dans  la  formule  une  extension  de 
cette  fidélité,  obéissance  et  révérence,  jusqu'envers  ses  officiers  ae 
eUam  officiariii  vestris.  Le  Chapitre,  surpris  de  cette  nouveauté,  pria 
le  prélat  d*ôter  cette  clause,  sans  quoi  le  doyen  n'auroit  pas  été 
reçu  (1).  Charles  de  Gonzague,  duc  de  Nevers,  lui  rendit  aussi  hom- 
mage pour  les  baronnies  de  Donzy  et  de  Saint-Verain  ;  il  commit,  pour 
cet  effet,  Scipion  Maréchal ,  premier  président  de  la  chambre  des 
comptes  de  Nevers,  le  14  mai  1629.  La  même  année,  le  4  novembre, 
Charles  de  Courbon  ou  de  Courlon ,  chevalier,  seigneur  de  Briague  en 
Saintonge,  et  Gabrielle  d'Âgen ,  sa  femme ,  lui  rendirent  le  même  de- 
voir pour  la  vicomte  de  Saint-Sauveur.  La  chàtellenie  de  Beauche  ayant 
été  acquise  de  son  temps  par  Antoine  Ruzé,  maréchal  de  France, 


(i)  Reg.  Capit. 


(a)  A  cette  époque,  il  étail  encore  ordinaire  de  faire  des  processions  aux  lieux  où 
étaient  conservées  des  reliques  de  saints  renommés  :  à  Saint-Bris  près  d'Auxerre,  à 
SaintEdme  de  Ponligny.  C'était  tantôt  pour  obtenir  de  la  pluie,  tantôt  au  contraire 
pour  la  faire  cesser.  Ces  processions  étaient  quelquefois  très-considérables,  tout  le 
clergé  de  la  ville  s'y  trouvait,  le  Chapitre  cathédral  en  tète.  Le  chanoine  Bardolat 
ne  voyait  pas  toujours  ces  cérémonies  avec  satisfaction.  Il  se  plaint  du  désordre  et 
de  la  confusion  qui  les  accompagnent,  et  du  peu  de  recueillement  qu'on  y  apporte. 
La  procession  du  30  juin  1630,  à  Pontigny,  fut  une  des  plus  nombreuses.  La  chaleur 
était  extrême  et  les  pèlerins  arrivés  à  Ponttgny  exténués,  s'occupèrent  plutôt  de 
boire  et  démanger  que  du  but  de  leur  voyage.  Le  9  juillet  suivant  les  Cordeliers  fi- 
rent une  procession  particulière  à  Saint-Bris  peur  le  même  objet.  Il  y  eut  encore 
du  désordre.  (iV.  d,  E.) 

11  i5 


2^0  GILLES    DB   SOUVRÉ  , 

}(fxï  1631.  DQarquis  d'Effial,  il  en  fit  faire  la  saisie,  jasqu'à  ce  qu'il  eût  satisfait 
aux  droits  féodaux,  ainsi  qu'il  parolt  par  le  délai  de  six  mois  qu'il  ac- 
corda, le  17  mars  IGSK  II  avoit  eu  occasion  de  marquer  de  la  vigilaoce 
sur  son  temporel  dès  le  temps  même  qu'il  eut  ses  bulles.  Comme  il 
passa  k  Paris  Tannée  1625  et  une  grande  partie  de  la  suivante,  le  grand 
jubilé  de  l'année  sainte  lui  procura  la  restitution  de  plusieurs  titres  qui 
concernoient  Thâtel  épiscopal  d'Âuxerre,  autrefois  aliéné  par  le  car^ 
dinal  de  la  Bourdaisière  ;  et  il  prit  la  résolution  de  rentrer  dans  ce 
bien  (1).  Ce  fut  pendant  la  même  année  1626,  le  14  mars,  qu*il  sacra 
évêque  d'Aire,  Gilles  Boutault,  son  filleul.  Il  fit  cette  cérémonie  dans 
la  Sainte-Chapelle  dont  il  étoit  trésorier.  En  1627,  il  fut  l'un  des  con- 
sécratenrs  d'Henri  de  Barada,  évéque  de  Noyon.  Il  ne  paroit  pas  qae 
depuis  sa  prise  de  possession  de  l'évècbé  d'Auxerre,  il  se  fût  beaucoup 
éloigné  de  son  diocèse ,  jusqu'à  l'an  1631  qu'il  entreprit  le  procès  pour 
rentrer  dans  Thôtel  épiscopal  dont  je  viens  de  parler.  On  sait  seo!e^ 
ment  qu'en  1651  il  sacra  Jean  Guérin,  évéque  de  Grasse  (2).  Eln 
1631,  Gaston  d'Orléans,  frère  unique  du  roi  Louis  XIII,  ayant  passé 
le  15  mars  à  Toucy  et  de  Ui  à  Cravan,  prit  la  route  de  Bourgogne  dans 
le  dessein  de  se  la  soumettre  ;  ce  qui  obligea  Louis  XIII  d'aller  k  sa 
suite.  Ce  prince  écrivit  d'Etampes,  le  14  mars,  aux  magistrats  d'Âuxerre, 
de  veiller  sur  la  conservation  de  leur  ville  ;  il  y  arriva  au  bout  de  hait 
jours,  c'est-à-dire  le  21,  et  après  avoir  été  reçu  avec  toute  la  magnifi- 
cence possible,  il  logea  chez  l' évéque,  et  le  cardinal  de  Richelieu  à  Tab- 
baye  de  Saint-Germain.  Il  y  avoit  alors  environ  quatre  ans  et  demi  qne 
Gilles  de  Souvré  travailloit  à  affermir  le  bon  ordre  dans  son  diocèse. 
C'étoit  en  vain  qu'il  avoit  tâché  plusieurs  fois  d'entrer  dans  le  monastère 
de  Cbarentenay  pour  y  visiter  la  maison.  Les  religieuses  de  Saint- 
Jnlien  d'Auxerre,  retirées  en  ce  lieu  depuis  les  guerres  de  la  Ligue ,  lui 
avoient  toujours  refusé  la  porte.  Ses  tentatives  n'avoient  servi  qu*à 
l'obliger  de  leur  passer  recoonoissance  pour  une  certaine  censtve  sur 
sa  maison  épiscopale  et  autres  redevances  à  Gy-l'Evêque.  Quoiqu^il  eût 
obtenu,  en  1629,  un  arrêt  pour  les  soumettre  à  sa  visite,  il  n'avoit  pu 
encore  le  mettre  à  exécution.  Il  s'étoit  trouvé  à  Paris  le  10  février  1651 . 

(1  j  II  étoit  proche  la  porte  Saint-Michel.    |      lâ)  Nov.  Gall.  chr. 


QUATRE-VINGT-DIX-HUITIÈME   ÉVÊQUE    d'aUXERRE.  2i7 

et  il  y  avoit  signé  la  lettre  circulaire  des  évéques  contre  les  proposi- 
tions de  quelques  nouveaux  livres.  Il  y  retourna  pendant  Tété  pour 
suivre  l'affaire  des  Bénédictines  de  Charentenay  et  celle  de  Thôtel  épis- 
copaU  Durantlc  séjour  qu'il  y  fit,  il  fut  l'un  des  trois  prélats  k  qui  Sébas- 
tien Zamet,  évéque  de  Langres,  et  André  Fréroyot,  abbé  de  Saint- 
Etienne  de  Dijon,  s'en  rapportèrent  sur  la  juridiction.  L'abbé  fut  main- 
tenu dans  celle  dont  il  jouissoit,  par  jugement  du  15  juin.  Gilles  de 
Souvré  fut  aussi,  le  24  d'août,  l'un  des  deux  évéques  assistants  au 
sacre  de  Gaspard  de  Daillon ,  évéque  d'Âlbi,  fait  par  François  de  Gondi, 
archevêque  de  Paris,  dans  l'église  des  Jésuites.  Mais  ce  fut  la  dernière 
cérémonie  solennelle  où  on  le  vit  paroitre.  Il  se  donna  tant  de  mou- 
vement pour  la  réussite  de  son  procès  sur  l'hôtel  d'Auxerre,  qu'il  con- 
tracta une  grande  fièvre,  et  après  avoir  fort  regretté  de  se  voir  éloigné 
de  son  troupeau  et  de  son  église,  il  mourut  le  vendredi  i9  septembre, 
dans  la  vigueur  de  son  âge. 

Ses  entrailles  furent  enterrées  dans  l'église  qui  est  sous  la  Sainte- 
Chapelle  de  Paris,  son  cœur  porté  a  Courtenvault,  au^ diocèse  du  Mans, 
et  le  corps  transféré  à  Auxerre.  I^  ville  députa  les  sieurs  Edme  Bou- 
cherat  et  Edme  Jodon,  avocats,  pour  aller  au  devant  du  convoi  jusqu'à 
Régennes,  avec  grand  luminaire  ;  de  sorte  qu'il  fut  vrai  de  dire  que  sa 
rentrée  dans  la  ville,  après  sa  mort,  fut  plus  solennelle  que  n'avoit  été 
celle  qu'il  y  fit,  lorsqu'il  vint  prendre  possession.  Il  fut  inhumé  devant 
le  grand  autel  de  la  cathédrale,  à  côté  gauche  de  M.  Amyot,  le  28  du 
même  mois^  en  présence  du  clergé  et  du  peuple.  Son  oraison  funèbre 
fut  prononcée  en  françois ,  le  lendemain ,  dans  le  chœur,  après  l'évan- 
gile, par  Nicolas  Le  Cointre,  bénédictin  de  Saint-Florent  de  Saumur  (1). 
Paul  Gara,  jacobin,  natif  de  Toulouse,  que  ce  prélat  avoit  connu  à 
Comminges,  et  qu'il  avoit  attiré  à  Auxerre  pour  y  prêcher  et  enseigner 
la  philosophie ,  composa  depuis  une  autre  oraison  funèbre  dans  laquelle 
il  fait  un  détail  de  quelques  ouvrages  de  Gilles  de  Souvré,  qui  ne  sont 
point  venus  k  notre  connoissance  (2).  Il  est  facile  de  se  persuader  que 


(i)  Ce  religieux  pril pour  texte  un  passage  ,  Pontifex  sancîus,  innocens,  impolluhu. 
de  saint  Paul  qu'on  feroit  scrupule,  de  nos  .      (2;  Ex  Catal,  Lud.  Joeoh.  Carmeliti.  Ca- 
jours,  d'employer  pour  faire  reloge  d'un  '  bilon. 
éTéquo  canonisé.  Talis  decehat  ut  nohis  etset  ; 


1696  b  l&M. 


228  GILLES  DE   SOUVRÉ  ,  XCVIII^    ÉVÉQUB   D  AUXERRE. 

ic96b  i6âi.  ce  prélat,  qui  aimoit  Tétude  et  les  ecclésiastiques  studieux»  s'occupoit 
à  quelques  ouvrages  digues  de  lui.  Mais  c'est  sans  preuve  q\ie  quelques* 
uns  firent  courir  le  bruit  qu'il  souffroit  chez  lui  qu'on  approfondit  les 
secrets  de  la  chimie,  et  que  c'est  ce  qui  lui  fut  fatal.  On  sait  seulement 
qu'on  ecclésiastique  appelé  Maurice ,  qui  avoit  d'abord  servi  Urbain  de 
Saint-Gelaiâ  de  Lansac,  évéque  de  Gomminges,  en  qualité  de  médecin 
et  d'herboriste ,  composa  un  livre  herbier  magnifique,  qu'après  la  mort 
d'Urbain  de  Saint-Gelais,  cet  ecclésiastique  s'attacha  à  Gilles  de  Souvré 
qui  se  plaisoit  avec  les  gens  curieux,  et  le  suivit  k  Âuxerre.  Tel  a  été  le 
fondement  de  ce  bruit  que  la  malice  des  hommes  exagéra  au  désavan- 
tage de  ce  prélat.  Il  est  bien  plus  certain  que  Gilles  de  Souvré  aima  et 
protégea  beaucoup  Luc  Holstein,  protestant  d'Hambourg,  nouvelle- 
ment converti  ;  qu'il  le  retint  longtemps  dans  son  palais  épiscopal  à 
Âuxerre  (1);  qu'il  le  présenta  au  cardinal  Barberin,  qui  l'emmena  k 
Rome  où  il  devint  dans  la  suite  bibliothécaire  du  Vatican  et  chanoine 
de  Saint-Pierre.  Le  plus  célèbre  personnage  qu'il  employa  à  Auxerre, 
pour  le  spirituel,  fut  Germain  Bardolat,  natif  d'Entrains,  au  même 
diocèse,  qui  étoit  déjà  chanoine  et  lecteur  dans  la  cathédrale,  aussi 
bien  qu'oflScial  avant  son  épiscopat;  il  l'établit  son  vicaire-général. 
L'oificial  de  La  Charité  fut  François  Rapine,  prieur  de  Saint-Pierre-le- 
Moutier,  homme  d'une  grande  sévérité.  Son  bailli,  à  Auxerre,  fut  Jean 
Nandet,  avocat  d'une  grande  intégrité.  Il  ne  se  trouva  aucune  preuve 
que  cet  évéque  eût  demandé  un  anniversaire  ni  qu'il  eût  fait  de  fonda- 
tion. On  lit  seulement  qu'il  avoit  chargé  ,  en  1629,  les  Âugustins  de 
Cosne  de  célébrer  son  obit  à  perpétuité,  en  reconnoissance  de  ce  qu'il 
ne  prit  aucuns  droits  seigneuriaux  pour  les  places  qu'ils  acquirent  à 
Cosne  peu  de  temps  après  leur  établissement.  François  de  Donadieu, 
ancien  évéque  d' Auxerre,  étant  informé  de  sa  mort  à  Comminges,  y 
fit  célébrer  un  service  où  il  voulut  officier.  On  pourroit  joindre  aux 
illustres  bénéficiers  du  diocèse  d'Auxerre,  sous  son  épiscopat,  le  fa- 
meux Edmond  Richer ,  professeur  de  Sorbonne,  qui  eut  le  prieuré  de 
Saissy-les-Bois ,  s'il  n'étoit  notoire  que  la  ville  d'Auxerre  s'opposa  à 


(1)  Lettres  orig.  de  Luc  Hostein,  et  Mémoires  de  ceux  qui  Tout  vu  b  Auxerre. 


DOMINIQUE   SÉGUIER,    XOIX*"    ÉVÊQUE   DAUXERRE.  229 

ce  qu'il  possédât  ce  bénéfice  (1).  Une  autre  personne  assez  célèbre,  xese^  i63i. 
dont  le  clergé  d'Auxerre  lui  eut  obligation ,  fut  André  Percberon ,  du 
diocèse  du  Mans ,  docteur  de  la  maison  de  Navarre,  qu'il  fit  chanoine 
et  grand-archidiacre.  Ce  fut  lui  qui,  impatient  de  ce  que  la  famille  de 
Souvré  n*érigeoit  pas  de  monument  à  la  mémoire  de  son  bienfaiteur, 
composa  une  épitaphe  qu'il  fit  graver  sur  sa  tombe  et  qu'on  y  lit  encore 
aujourd'hui.  Gilles  de  Souvré  avoit  aussi  pourvu,  en  1629 ,  d'un  cano- 
nicat  de  la  même  église,  François  Hennequin,  clerc  parisien  (2)  ;  mais 
cet  ecclésiastique  ne  garda  pas  le  bénéfice.  La  maison  de  Souvré  donna 
à  la  cathédrale  d'Auxerre,  quelques  années  après  la  mort  du  prélat ,  un 
ornement  de  damas  vert  ;  cet  évêque  avoit  payé,  durant  tout  le  temps 
de  son  épiscopat,  deux  mille  livres  de  pension  à  son  frère,  chevalier  de 
Malte. 


CHAPITRE  VIII. 

DOMINIQUE  SËGUIER,  XGIX«  ËVÊQUE  D'AUXERRE. 

Dominique  Séguier,  qui  eut  le  brevet  de  nomination  de  Louis  XIII  ^^^  ^  1^37. 
pour  remplir  le  siège  d'Auxerre  après  la  mort  de  Gilles  de  Souvré,  Àoit 
seulement  prêtre,  mais  il  possédoit  plusieurs  dignités,  et  avoit  déjà  re- 
fusé plusieurs  évéchés  et  même  un  archevêché.  Il  étoit  né  a  Saint- 
Denys-en-France,  l'an  1593,  le  second  jour  d'août,  de  Jean  Séguier, 
lieutenant  civil  de  Paris,  fils  de  Pierre,  président  en  la  cour,  et  de 
Marie  Tudert,  fille  de  Claude,  seigue^ur  de  la  Bournalière  et  de  Nicole 
Hennequin.  Il  eut  le  nom  de  Dominique  au  baptême,  parce  qu'il  étoit 
venu  au  monde  après  un  vœu  fait  à  saint  Dominique  ;  et  même  en  con- 
séquence on  lui  en  avoit  fait  porter  l'habit  pendant  les  six  premières 
années  de  sa  vie.  Il  fut  envoyé  à  l'ftge  de  onze  ans,  à  Dijon,  avec  Pierre, 
son  frère  aine,  chez  M.  Brulart,  conseiller  au  parlement  ;  il  y  fit  ses 
premières  éludes  chez  les  Jésuites,  pendant  les  années  1004,  1605  et 

(I)  Reg.  urbiSj  ±  nov.  1629.  |      {2i  Reg.  Capit. 


250  DOMINIQUE    SÉGUIËR, 

i(i3i  il  1637.  ^(>06.  Il  coiiliiiua  les  trois  années  suivantes  à  Paris,  au  collège  du 
cardinal  Le  Moine,  et  fut  fait  alors  cbanoine  de  Notre-Dame  de  Paris. 
Il  alla  ensuite  étudier  en  philosophie  au  collège  de  La  Flèche,  d'où,  étant 
de  retour  à  Paris,  il  fréquenta  les  écoles  de  théologie  et  celles  de  droit 
jusqu'en  1616,  qu'il  fut  reçu  conseiller-clerc  au  parlement  de  Paris. 
Le  doyenné  .de  la  cathédrale  du  Mans  ayant  vaqué,  en  i621,  les  cha- 
noines envoyèrent  à  Paris  pour  le  lui  présenter.  Il  ne  garda  cette  di- 
gnité que  jusqu'à  Tan  1625 ,  auquel  le  Chapitre  de  Paris  le  choisit  pa- 
reillement pour  doyen  ;  et  en  même  temps  qu'il  cessa  de  l'être  au  Mans, 
il  eut  dans  le  même  pays  une  abbaye  de  l'Ordre  de  Saint-Augustin.  Il 
eut  aussi,  environ  dans  ce  même  temps,  le  prieuré  d' Anneau.  Les  in6r- 
mités  et  affaires  de  l'archevêque  de  Paris  ne  lui  ayant  pas  permis  d'offi- 
cier k  toutes  les  cérémonies  extraordinaires,  le  doyen  s'en  acquitta  avec 
tant  de  grâce  et  de  majesté,  que  Louis  XIII  Padmira  en  plusieurs  oc- 
casions; et  lorsqu'en  1651  il  fut  fait  son  premier  aumônier,  le  prince 
consentit  en  sa  faveur  que,  dans  la  suite,  le  premier  aumônier  pût  exer- 
cer son  office  en  quelque  temps  que  ce  fût.  Le  même  prince  obtint  pour 
lui,  du  pape  Urbain  YIII,  le  titre  d'archevêque  de  Gorinthe,  et  le  des- 
tina ensuite  k  l'évêché  de  Boulogne ,  vacant  pai  la  promotion  de  Victor 
Bouteiller  à  l'arclievêché  de  Tours(l).  Maiscomme celui  d'Auxerre  vaqua 
presque  dans  le  même  temps,  il  lui  fut  donné  le  6  octobre  1051 ,  avant 
même  qu'il  eût  reçu  ses  bulles  de  l'archevêché  de  Gorinthe.  Quoiqu'il 
pût,  après  l'arrivée  de  ces  bulles,  se  faire  sacrer  archevêque  pour  avoir 
le  pas  sur  les  évéqqes ,  il  aima  mieux  attendre  l'expédition  de  celles  de 
l'évêché  d'Auxerre,  et  ne  se  faire  sacrer  qu'en  qualité  d'évêque.  Il  le 
fut,  en  1652,  par  l'archevêque  de  Paris  assisté  des  évêques  de  Châlons 
et  d'Orléans.  Ce  sacre  fut  fait  dans  l'église  des  Carmélites ,  à  cause  que 
sa  mère  s'étoit  retirée  dans  cette  maison.  On  varie  sur  le  jour  ;  les  uns 
marquant  que  ce  fut  le  18  janvier,  d'autres  le  :25  juin.  Quoiqu'il  en 
soit,  il  vint  k  Sens  le  troisième  jour  d'août  pour  y  faire  sa  profession 
de  foi  entre  les  mains  de  l'archevêque  s  suivant  la  teneur  de  ses  bulles , 


(1/  En  1631 ,  le  sieur  A.,  du  Fousleau  lui 
dédia  les  Singularités  de  France,  in-12.  II 
le  qualifie  doyen  de  Paris,  premier  aumônier 


de  sa  majesté ,  nomnié  à  révéché  de  Bou- 
logne, 


QUATRE-VINGT-DIX-NEUVIÈME  ÉVÊQUE   d'aUXERRE.  251 

et  il  prêta  en  même  temps  le  serment  ordinaire  de  soumission  et  obéis-  ^^^^  ^  ^^;. 
sance.  Pendant  le  même  mois,  iS  fit  savoir  aux  quatre  barons  qu*ils 
eussent  à  se  trouver  à  son  entrée  solennelle  au  mois  de  septembre. 
Cependant,  lorsque  le  jour  assigné  fut  venu,  il  ne  fit  point  exécuter 
l'ancien  cérémonial ,  pour  ne  pas  se  compromettre  avec  le  procureur- 
général  ,  et  il  ne  garda  d*autre  forme  d*entrée  sinon  que  le  lendemain 
de  son  arrivée,  qui  étoit  le  jeudi  i6  septembre ,  il  alla,  sur  les  neuf 
heures,  du  palais  épiscopal  à  NoIre-Dame-de-la-Cité,  où  il  se  revêtit 
de  ses  habits  pontificaux,  et  il  fut  ensuite  conduit  de  cette  église  h  la 
cathédrale,  par  André  Percheron ,  grand-archidiacre  d'Auxerre,  Edme 
Berault  et  Etienne  de  la  Paye ,  chanoines  de  la  même  église,  chargés 
de  la  procuration  de  Charles  Prévôt,  grand-archidiacre  de  Sens.  Etant 
arrivé  à  la  grande  porte  de  la  cathédrale  qui  étoit  fermée ,  il  y  prêta  le 
serment  accoutumé  entre  les  mains  du  même  archidiacre  d'Auxerre, 
représentant  alors  le  doyen,  et  étant  ensuite  introduit  dans  Téglise,  le 
même  dignitaire  lui  fit  une  harangue  latine  »  le  conduisit  au  chœur,  le 
mit  en  possession  avec  toutes  les  cérémonies  que  les  archidiacres  de 
Sens  ont  coutume  d'observer.  Après  le  Te  Deum  il  donna  la  bénédic- 
tion; et,  s^étant  déshabillé,  il  revint  entendre  la  messe  du  chœur  dans 
sa  stalle  :  le  même  jour,  il  donna  un  repas  h  tout  le  Chapitre ,  tant  cha- 
noines que  tortiers  el  chapelains,  et  quelques  jours  après  à  tous  les 
corps  de  la  ville  successivement. 

Tous  ces  témoignages  de  joie  inséparables  de  sa  nouvelle  réception, 
ne  l'occupèrent  point  de  telle  sorte  qu'il  ne  se  livrât  aussitôt  h  Texer- 
cice  des  fonctions  épiscopales.  Le  samedi  suivant ,  qui  étoil  celui  des 
Qnatre-Temps,  il  conféra  les  Ordres.  Le  mardi  d'après,  vingt  et  un  jour 
de  septembre,  étant  au  couvent  des  Cordeliers,  il  y  fit  la  bénédiclion 
solennelle  de  la  pyramide  élevée  au  milieu  du  préau  du  grand  cloître  (1). 

Il  eut,  dans  le  mois  suivant,  un  sujet  d'affliction.  Il  avoit  amené,  à 
sa  prise  de  possession ,  sa  sœur  Charlotte  Séguier,  femme  de  Jean  de 
Ligny,  maître  des  requêtes,  avec  sa  fille  ,  nouvellement  mariée  k  M.  de 
Brandon.  Celte  jeune  dame  mourut  à  Auxerre  le  i8  octobre.  Cette 
perte  fut  fort  sensible  à  Dominique  Séguier,  qui  fit  déposer  son  corps 

0 

(1)  NecroL  Franciscanor.  Àutiss. 


1631  b  learr. 


232  DOMINIQUE   SÉGUIER, 

dans  la  crypte  située  sous  la  chapelle  épiscopale ,  oii  elle  fut  conservée 
dans  un  cercueil  de  plomb  jusqu'au  mois  d'octobre  i657,  que  M.  de 
Brandon  envoya  deux  prêtres  pour  l'amener  et  la  conduire  dans  le  tom- 
beau de  ses  ancêtres  (1).  Ce  fut  à  cette  occasion  que  le  Chapitre  eut 
de  la  famille  des  Séguier  un  ornement  noir,  connu  depuis  sous  le  nom 
de  la  dame  de  Brandon ,  qui  fut  comme  une  préparation  à  tous  les  pré- 
sents dont  Dominique  Séguier  devoit  combler  son  église  (a).  Je  crois 
pouvoir  commencer  son  éloge  par  cet  article,  parce  qu'en  effet  il  forme 
un  article  essentiel  de  l'histoire  de  ce  prélat,  et  qu'il  est  d'autant  plus 
digne  de  remarque  qu'il  succédoit  à  un  autre,  lequel,  pour  avoir  trop 
tardé  k  donner  son  ornement,  fut  prévenu  par  la  mort.  M.  Séguier 
commença  par  un  ciboire  considérable  d'argent  doré,  pour  mettre  sous 
le  pavillon  du  grand  autel,  une  croix  de  même  matière  et  deux  grandes 
burettes  qu'il  fit  présenter,  le  2i  mars  i655  (2).  Quatre  mois  après,  il 
envoya  un  ornement  complet  de  velours  cramoisi,  parsemé  de  fleurs 
d'or  avec  les  courtines  de  damas  rouge ,  pour  mettre  entre  les  colonnes 
de  cuivre  du  sanctuaire.  Le  surcroit  de  chapes  fit    aussitôt  rétablir 
l'anciennô  coutume  par  laquelle  les  dignités  et  chanoines  invités  de 
chanter  les  répons  et  les  alléluia  des  grandes  fêles ,  alloient  se  revêtir 
auparavant  de  chapes  à  la  sacristie,  ce  qui  avoit  été  interrompu  depuis 
que  les  calvinistes  avoient  emporté  les  chapes  (5).  Ayant  appris,  dès 
sa  jeunesse  que  la  ville  de  Saint-Denys  possédoit  dans  l'église  de  l'ab- 
baye la  plus  grande  partie  du  corps  de  saint  Pèlerin,  premier  évêque 
d'Âuxerre,  et  que  son  église  cathédrale  n'en  avoit  plus  aucune  relique, 
il  en  demanda  au  P.  Cyprien,  le  Clerc  prieur  du  monastère,  et  h  toute 
la  communauté.  Sa  demande  lui  fut  facilement  accordée  ,  non-seule- 


(1)  Reg.  Capit.  19  oct.  1631, 1  e(  5  aug. 

(2)  Reg,  Cap.  1633^  1  et  5  aug. 

(3)  Il  donna  aussi  un  instrument  de  paix 


très-magnifique,  mais  ce  fut  en  échange  d'une 
conque  précieuse,  qui  venoit  de  François  de 
Dinteville. 


(a)  L'évéque  partitalors  pour  Paris,  et  envoya  de  cette  ville  un  ordre  de  destitution 
pour  les  officiers  de  ses  terres.  Les  officianx  de  Cosne  et  de  La  Charité  furent  éga- 
lement révoqués  et  personne  ne  réclama.  L'office  de  bailli  et  juge-gra jer  de  Yarzy 
fut  donné  à  M.  André  Dupin,  avocat  à  Auxerre.  —  Mémorial  de  Bardola^  Arch.  de 
FYonne  {N.  d.  ^0 


QUATRE-VINGT-DIX-NEUViÊME    ÉYÉQUE    D*àUXBRRE.  255 

ment  parce  qu'il  étoit  successeur  de  ce  saint,  mais  encore  parce  qu'il  ^^j  ^  ^g„^ 
avoit  été  Tun  des  commissaires  que  le  roi  avoit  nommés,  en  1655, pour 
introduire  dans  cette  illustre  maison  la  réforme  de  la  congrégation  de 
Saint-Maur.  Ayant  donc  obtenu,  le  27  mars  1654,  enyiron  la  moitié 
d'un  des  os  fémur  de  Tapôtre  d'Âuxerre ,  il  fit  faire  un  reliquaire  d'ar- 
gent doré ,  de  la  valeur  de  deux  mille  livres ,  oii  cet  ossement  fut  en- 
fermé (1),  le  fit  déposer  dans  la  chapelle  de  Notre-Dame-de-Lorette, 
proche  sa  ville  épiscopale ,  d*oà  il  fut  apporté  processionnellement  à  la 
cathédrale  par  le  clergé  de  toute  la  ville  et  faubourgs ,  le  mardi  de 
Pâques  de  l'an  1656  (2).  Il  officia  pontificalement  à  cette  cérémonie,  et 
renferma  dans  la  châsse  Tacte  de  la  donation  qu'il  faisoit  delà  relique, 
signé  à  Paris,  le  12  février  précédent.  La  dévotion  qu'il  avoit  envers  les 
reliques  des  saints  du  pays,  le  porta  à  ne  pas  soufi'rir  que  les  débris  des 
châsses  que  les  calvinistes  avoient  pillées  en  1567,  restassent  plus  long- 
temps renfermés  dans  le  trésor  de  la  cathédrale,  sans  être  exposés  h  la 
vénération  des  fidèles.  Il  les  déposa  dans  une  grande  châsse  de  bois 
doré  (5)  dont  il  fit  présent  à  l'église,  le  26  du  mois  d'octobre  1656. 
Les  principales  de  ces  reliques  étoient  la  tète  de  saint  Amatre  et  quel- 
ques ossements  principaux  de  son  corps,  quelques  fragments  de  la 
tête  de  saint  Just,  enfant  martyr,  les  habits  de  saint  Germain  (4).  Il  y 
joignit  l'os  du  bras  du  saint  Saturnin,  célèbre  martyr  de  Rome,  que  le 
cardinal  Pellevé  avoit  envoyé  à  l'évêque  Amyot,  qui  étoit  resté  dans  un 
tuyau  de  fer  blanc  sans  être  enchâssé,  une  mâchoire  de  saint  Julien, 
martyr,  que  Pierre  Séguier,  son  frère,  nouvellement  fait  chancelier, 
lui  avoit  donnée  avec  d'autres  reliques  moins  connues.  On  continua,  du 
temps  de  cet  évéque,  la  révision  du  Bréviaire  commencée  sous  son  pré- 
décesseur, mais  elle  resta  encore  imparfaite.  L'utilité  qui  revint  au 
Chapitre,  des  conférences  que  l'on  tint  k  ce  sujet,  fut  la  réduction  des 
anniversaires  qu'il  accorda  par  acte  du  5  juillet  1654  (a).  Il  approuva 


(1)  Voy.  les  Preuves,  an  1634,  t.  iv. 

(2)  C'est  en  mémoire  de  cette  réception 
qu'on  continue  tous  les  ans»  le  mardi  de  Pâ- 


ques, de  iK>rter  ce  reliquaire  en  procession. 
(5)  Reg,  Capit.  24  oct.  1636. 
(4)  Fôff.  les  Preuves,  an  4656. 


(a)  Les  anniversaires  étaient  devenus  trop  considérables,  on  les  rédaisit  à  un  par 
semaine.  (iV.  d.  E.) 


236  DOMINIQUE   8ÉGUIBR, 

i«i  Si  1887.  ^^^  s^ulc  ^^^^  ^^  pierre  sous  laquelle  on  avoit  laissé  une  espèce  de 
tombeau  pour  y  renfermer  une  petite  capse  de  reliques  de  martyrs  (1). 
Deux  mois  avant  cette  cérémonie,  notre  prélat  avoit  été  à  Nevers,  où  il 
avoit  sacré  Rustacbe  de  Ghéry,  chanoine  trésorier  de  Nevers,  en  qualité 
d'évéque  de  Philadelphie,  pour  servir  de  coadjuteur  k  son  oncle,  évéque 
du  lieu.  Ce  que  Dominique  Séguier  fit  à  Âuxerre,  dans  l'église  de 
Saint-Germain,  les  années  1654  et  1656,  fut  bien  aussi  solennel 
qu'une  dédicace  et  qu'une  consécration  d'évêque  ;  je  veux  parler  de 
l'ouverture  de  tous  les  tombeaux  de  cette  église,  que  dom  Georges 
Viole,  prieur  du  monastère,  le  pria  de  faire,  afin  de  confirmer  l'opi- 
nion où  le  public  étoit  dans  Auxerre,  que  les  huguenots  n'avoient  point 
ôté  les  ossements  des  tombeaux  de  pierre,  qu'ils  ne  les  avoient  pas 
profanés ,  mais  qu'ils  s'étoient  contentés  de  jeter  par  terre  ceux  des 
saints  qui  étoient  enchâssés  précieusement  pour  emporter  le  métal  des 
châsses.  Gomme  le  procès-verbal  de  cette  visite  a  été  imprimé  en 
1714,  au  bout  de  l'histoire  des  cryptes  de  celte  église,  je  n'en  dirai 
rien  davantage.  On  peut  y  voir  les  distractions  qu'il  fit  alors  de  quel- 
ques ossements  de  ces  saints.  Aussi  zélé  pour  la  réforme  des  maisons 
religieuses  que  pour  la  régularité  des  ecclésiastiques  séculiers  de  son 
diocèse,  il  introduisit,  l'an  1655,  la  réforme  des  chanoines  réguliers 
de  Sainte-Geneviève  dans  l'abbaye  de  Saint-Père  d'Auxerre  (a) ,  et  il 
transféra,  suivant  l'intention  du  Concile  de  Trente,  les  religieuses  Gis- 


(1)  Les  choses  étoient  ainsi  selon  les  an- 
ciennes règles,  et  persistèrent  d*y  être  jus- 
qu'en Tan  1710,  qu'un  missionnaire,  plus 
pieux  qu'éclaire,  changea  la  fqrme  de  cet 


autel,  fît  ôtcr  la  capse  de  plomb,  et  substitua 
au-dessus  de  la  véritable  table  de  l'autel 
une  petite  table  portative. 


(a)  Depuis  les  guerres  civUes,  l'état  des  monastères  avait  été  en  décadence  de 
plus  en  plus.  Une  réforme  profonde  y  était  devenue  nécessaire.  L'abbaye  de  Saint- 
Germain  ,  dont  la  réputation  était  très-compromise,  reçut  la  réforme  des  Bénédictins 
de  Saint-Maur  par  les  soins  de  son  abbé  0.  de  Bellegarde,  en  1629.  Celle  de  Saint- 
Père  où  restait  un  très*petit  nombre  do  moines  dissolus,  fut  restaurée  comme  le 
rapporte  Lebeuf.  Un  auteur  manuscrit ,  probablement  moine  à  Saint-Père,  raconte 
en  gémissant  que  Ton  y  commettait  des  excès  si  effroyables  et  des  crimes  si  énor- 
mes, que  les  cheveux  se  hérissaient  à  y  penser  seulement.  (iV.  d,  E.) 


QCÀTRE-VINGT-DIX-NEUVIÈIfB   ÉVÉQUE   D*AUXERRE.  237 

tcrcicnnes  de  l'abbaye  des  Iles,  dans  la  ville,  le  25  août  1636  (a).  Il  ^^  ^  j^. 
auroil  bien  soobaité  faire  revenir  les  Bénédictines  de  Saint-Julien  dans 
leur  ancien  monastère  du  faubourg  d'Auxerre  ;  mais  comme  cette  maison 
n'étoit  pas  encore  remise  en  état  depuis  les  dernières  guerres  civiles, 
il  se  contenta  de  visiter  leur  maison  de  Gharentenay,  où  elles  étoient 
retirées,  et  il  y  confirma  les  règlements  de  François  de  Donadieu,  son 
prédécesseur.  L^  communauté  des  Ursulines,  instituée  dans  Auxerre 
du  temps  du  même  prélat ,  alloit  toujours  en  augmentant  sous  l'épis- 
copat  de  Dominique  Séguier.  Le  plan  ayant  été  arrêté  pour  leur  bâtir 
une  église,  il  y  fit  mettre  la  première  pierre  par  André  Percheron ,  son 
vicaire-général,  le  4  mars  1636.  Voulant  inspirer  de  l'émulation  dans 
le  nouveau  collège  établi  depuis  douze  à  treize  ans ,  il  ne  refusa  pas 
d'assister  h  une  tragédie  de  saint  Manrille  d'Angers ,  qui  y  fut  repré- 
sentée l'an  1635,  le  4  septembre ,  et  le  même  jour  il  fit  lui  même  la 
distribution  des  prix.  C'est  ainsi  que  cet  évêquîe  se  prêtoit  k  tout.  Il  ne 
se  fit  aucun  nouvel  établissement  de  religieux  mendiants  sous  son  épis- 
copat.  On  sait  seulement  qu'il  avoit  résolu  d'établir  des  Jacobins  k 
Briare;  mais  sa  translation,  kMeaux,  renversa  ce  dessein.  Parmi  les  col- 
légiales de  son  diocèse ,  aucune  ne  produit  de  règlements  faits  de  son 
autorité,  que  celle  de  Gien  dont  il  éteignit  les  sept  chapellenies,  qui 
étoient  presque  toutes  abandonnées ,  pour  les  réunir  k  perpétuité  k  la 
mense  capitulaire,  k  condition  que  le  Chapitre  en  accompliroit  les 
charges ,  et  que  le  revenu  seroit  appliqué  k  l'entretien  d'un  maître  des 
enfants  de  chœur.  On  a  vu  ci-dessus  (1)  que ,  pour  une  semblable  union 
de  bénéfices,  faite  en  1456  k  la  même  collégiale,  il  fut  besoin  du  con- 
sentement du  Chapitre  de  la  cathédrale.  Ici  il  ne  parut  qu'une  simple 
requête  des  chanoines  de  Gien  et  une  enquête  signée  par  le  curé  de 


(i)  Page  6S. 


(a)  Les  religieuses  de  Gien,  établies  en  1629,  obtinrent  en  1636  des  lettres-patentes 
do  confirmation. — Arch.  de  TYonne.  -r^- 

16. 

A  partir  de  cette  époque  le  couvent  prit  une  importance  réelle.  Il  y  avait  28  reli- 
gieuses en  1644  quoique  les  bâtiments  ne  fussent  pas  achevés.  Le  couvent  sortait  de 
celui  d' Auxerre  et  Tévèque  en  était  le  supérieur.  (JV.  d.  B.) 


258  DOMINIQUE    SÉGUIER  , 

1681  k  1687.  Gien-Ie-Viel,  et,  en  conséquence  de  ces  deux  pièces,  le  prélat  fît  la  sup- 
pression le  15  avril  1655.  Etant  allé  Tannée  suivante  visiter  la  même 
église  collégiale ,  il  y  fit  quelques  statuts  par  lesquels  on  apprend 
entr'autres  que  Tusage  de  Téglise  cathédrale  étoit  alors  de  ne  prendre 
les  habits  d'hiver  qu'aux  matines  du  second  jour  de  novembre.  On  y 
voit  aussi  qu'il  y  avoit  eu  des  fonts  baptismaux  dans  la  «même  église 
collégiale  jusqu'à  l'an  1561  ou  environ,  que  les  calvinistes  les  détrui- 
sirent. Ces  règlements  sont  du  15  septembre  1654. 

Dans  le  peu  de  temps  qu'il  posséda  l'évéché  d'Auxerre,  il  ne  laissa 
pas  d^y  faire  quelques  changements  dans  les  bâtiments  qui  en  dépen- 
dent. Outre  son  palais  épiscopal  d*Âuxerre,  il  voulut  toujours  avoir  deux 
châteaux  en  état  de  le  loger,  savoir  :  Régennes  et  Varzy.  Tout  étoii 
chez  lui  d'une  pro|)reté  qu'on  n'avoit  point  encore  vue  sous  les  évéques 
précédents  ;  et  pour  l'entretenir,  il  se  donnoit  la  peine  de  visiter  chaque 
jour  tout  son  palais  épiscopal.  Son  château  de  Varzy  ne  lui  fut  pas  plus 
indifférent  qu'un  autre  ;  il  alla  y  résider  quelque  temps  en  Tan  1655,  et 
il  conféra  les  Ordres  dans  l'église  du  lieu.  Cette  terre  lui  produisit,  la 
même  année,  une  somme  très-considérable,  par  la  vente  qu'il  fit  d'un 
bois  de  haute-futaie  (1)  ;  mais  comme  il  avoit  suivi  en  ce  point  un  nou- 
veau plan ,  et  que  non-seulement  il  n'en  avoit  point  donné  avis  h  ceux 
avec  qui  les  anciens  évéques  conféroient  en  pareil  cas ,  mais  même  que 
cette  vente  avoit  été  faite  par  un  de  ses  domestiques  à  l'insu  des  offi- 
ciers du  roi ,  il  fut  obligé ,  neuf  ans  après ,  à  rendre  une  partie  des 
profits  à  son  successeur.  Il  aima  cependant  Régennes  plus  que  tous  les 
autres  endroits  de  son  évéché  ;  il  y  renouvela  et  augmenta  les  allées 
d'arbres  que  son  prédécesseur  avoit  plantées ,  fit  élargir  le  fossé  de 
l'entrée ,  fit  faire  les  passages  de  communication  des  chambres  basses 
au  jardin ,  et  remettre  en  bon  état  l'appartement  qu'avoit  bâli  le  car- 
dinal de  Lenoncourt.  La  première  réparation  qu'il  ordonna  dans  son 
palais  épiscopal  d'Auxerre,  fut  blâmée  avec  raison.  A  la  persuasion 
d'un  chanoine,  il  fit  détruire,  en  1655,  la  chapelle  du  titre  de  Saint- 
Nicolas  ,  que  Gui  de  Mello  avoit  fait  bâtir  près  de  quatre  cents   ans 


(i)  Cette  vente  fit  dire  alors  en  commun 
proverbe  :  que  l'évéque  d'Auxerre  entendoit 


fort  bien  à  jouer  du  haut-bois. 


QUATRE- VINGT^DIX-NEUVIÈMB   ÉVÊQUE   D*AUXERRE.  239 

auparavanl  (i  ) ,  et  il  fit  praliquer,  aa  dedans  de  cette  chapelle,  différentes 
cliambreb  et  cabinets.  Mais  la  seconde  réparation  fut  généralement  ap- 
prouvée. Il  aimoit  les  fleurs  jusqu'à  vouloir  avoir  des  roses  de  dix-huit 
façons.  Le  jardin  de  Tévéché  étoit  trop  petit  ;  il  songea  k  l'agrandir,  et 
il  fit  faire  à  neuf  les  terrasses  en  1656.  Ayant  eu  besoin  pour  cela  d'a- 
cheter quelques  maisons ,  le  Chapitre  lui  en  céda  une  pour  plusieurs 
arpents  de  prés  situés  proche  Auxerre ,  qu'il  donna  en  échange.  La 
même  année ,  il  reçut  à  foi  et  hommage  Jeanne  Chevalier,  pour  le  fief 
d'Alligny.  C'est  le  seul  acte  de  celte  nature  qui  soit  venu  a  ma  connois- 
sance.  Il  jouissoit  alors  de  l'abbaye  de  Saint-Jean  d'Amiens,  que  le 
roi  lui  avoit  conférée  après  la  mort  d'Antoine  Séguier,  conseiller  au 
parlement  de  Paris,  son  cousin  germain,  arrivée  le  17  août  1655. 
mais  quoiqu'il  eût  rendu  le  palais  épiscopal  d'Auxerre  très-agréable, 
deux  ans  après ,  il  se  détacha  de  cette  demeure ,  comme  on  verra  ci- 
dessous. 

Tout  le  commencement  de  l'année  1657  se  passa  avec  des  démons- 
trations de  son  attachement  ordinaire  pour  le  clergé  et  le  peuple 
d' Auxerre.  Dès  le  mois  d'octobre  1656,  il  avoit  résolu  de  faire 
élever  un  trône  pontifical  dans  le  côté  gauche  du  sanctuaire  de  la  ca- 
thédrale (2),  k  l'opposite  de  l'ancienne  chaire  renouvelée  par  Jacques 
Amyot.  Mais  comme  le  Chapitre  laissa  le  tout  à  sa  disposition ,  au  lieu 
d'ériger  ce  nouveau  trône,  il  fit  transporter,  en  1657,  celui  de  l'évéque 
Amyot,  du  côté  droit  au  côté  gauche ,  se  contentant  qu'on  l'élevftt  un 
peu  plus  qu'il  n'étoit,  et  qu'on  en  ôtàt  la  balustrade  ;  et  depuis  qu'il 
eût  fait  cette  translation  du  trône,  ce  prélat  ne  monta  pas'une  seule  fois 
dedans.  C'étoit  de  son  temps  qu'on  avoit  orné  de  nouvelles  statues  et 
autres  sculptures  la  chapelle  de  Notre-Dame-des- Vertus ,  proche  la  ca- 
thédrale ;  et  il  y  avoit  contribué  considérablement.  Après  avoir  favorisé 
l'établissement  d'une  confrérie  dans  cette  chapelle,  par  les  indulgences 
qu'il  obtint  d'Urbain  VIII ,  en  1655,  et  par  la  publication  qu'il  en  or- 
donna dans  tout  son  diocèse ,  il  consentit  à  la  suppression  de  celle  de 


1631  k  1687. 


(1)  On  peut  juger  qu'elle  étoit  trés-belie 
et  trés-éclairée  par  le  reste  gothique  des 
pierres  sculptées  qui  soutenoient  le^itrage 


qu'on  voit  encore  du  côté  de  Torient ,  à  côté 
de  la  grande  salle. 
(«)  Reg.  Capit,  17  oet.  1636. 


Idl  9i  1617. 


240  DOMINIQUE   SÉGUIER, 

saint  Alexandre,  qui  étoit  établie  depuis  quelques  siècles  dans  la  cha- 
pelle du  fond  de  la  même  église.  Il  ordonna,  au  mois  de  mars  1657, 
que  cette  dernière  confrérie  ne  subsisteroit  plus  que  dans  les  seuls  en- 
fants de  chœur  (1).  Il  témoigna  à  cette  occasion  le  désir  qu'il  avoit 
d'augmenter  le  nombre  de  ces  enfants  (2),  et  il  offrit  même  pour  cela 
une  rente  annuelle  outre  leur  habillement.  Ce  fut  aussi  peu  de  temps 
après  (5)  qu'il  donna  un  dais  à  Téglise,  et  qu'il  témoigna  le  dessein  qu'il 
avoit  de  faire  une  dépense  considérable  au  grand  autel.  Toutes  ces 
marques  d'affection  envers  le  Chapitre  achevèrent  en  ce  temps-lk  de  lui 
en  gagner  la  confiance  ;  de  sorte  qu'au  mois  de  mai  on  le  prit  pour  ar- 
bitre de  plusieurs  procès  que  le  corps  avoit  contre  quelques  particuliers. 
Un  chanoine  très-zélé  pour  le  rétablissement  de  la  bibliothèque  du 
Chapitre,  entièrement  dissipée  par  les  calvinistes ,  avoit  obtenu,  l'année 
précédente,  permission  d'employer  la  salle  du  petit  chapitre  à  ce  réta- 
blissement (4),  et  il  se  flattoit  d'être  secondé  du  crédit  du  prélat  auprès 
du  chancelier,  son  frère ,  grand  amateur  des  livres  et  des  savants. 
Peut-être  même  que  la  bibliothèque  de  l'évêque,  qui  contenoit  déjà 
beaucoup  de  volumes  de  celle  du  chancelier,  auroit  été  un  jour  réunie 
à  celle-lk,  et  que  le  petit  chapitre  se  trouvant  bientôt  trop  étroit  pour 
contenir  les  livres ,  on  auroit  cédé  la  grande  salle  qui  auroit  formé  un 
vaisseau  de  bibliothèque  magnifique.  Mais  tous  ces  beaux  desseins 
s'évanouirent  dès  la  fin  de  Tété  1657.  Le  bruit  se  répandit  au  commen- 
cement du  mois  de  septembre,  que  le  roi  tiroit  Dominique  Séguier  de 
l'église  d'Âuxerre  pour  le  transférer  à  Meaux.  Il  en  donna  lui-même 
avis  au  Chapitre  par  sa  lettre  datée  de  Paris  le  4  septembre,  ajoutant 
qu'il  ignoroit  quel  seroii  son  successeur.  Comme  il  resta  alors  à  Paris, 
il  y  assista  au  sacre  d'Alain  de  Solminihac^  évéque  de  Cahors  (5) ,  fait 
ï  Sainte-Geneviève,  le  27  septembre  ;  et  il  fut  l'un  des  coopérateurs. 
On  ne  sait  pas  si  sa  translation  à  Meaux  avoit  été  fort  de  son  goût;  mais 
il  parut,  par  la  suite,  qu'il  n'en  étoit  pas  trop  content.  Il  lui  fut  facile  de 
se  consoler  par  le  voisinage  de  Paris,  par  celui  de  la  cour  où  sa  qualité 


(t)  Reg,  Capit,  9  martii  1637. 

(2)  Ibid  27  febr,  et  6  martii. 

(3)  Ibid.  15  mail. 


(4)  Reg.  Cap.  1636,  26  sept  —  Voy.  les 
Preuves,  t.  iv. 

(5)  Gall.  Chr,  nova. 


QUATRE-VINGT-DIX-NEUVIÈME   ÉVÊQUE    d'aUXERKE.  241 

de  premier  aumômer  le  demandoil  souvent»  et  par  Thooneur  qu'il  lesi  h  1057. 
avoit  de  voir  facilement  le  roi  au  château  de  Monceaux ,  k  deux  lieues  de 
Meaux.  Quoiqu'il  en  soit  de  la  cause  de  cette  translation  à  laquelle  il 
donna  peut-être  lui-même  occasion,  la  lettre  qu'il  écrivit  au  Chapitre 
d'Auxerre  portoit  expressément  que  le  changement  d'église  ne  chan- 
geroit  jamais  son  affection  envers  la  compagnie.  En  effet,  il  aima  tou'^ 
jours  Téglise  d'Âuxerre  quoiqu'il  en  fût  éloigne  ,  et  il  imiia  en  ce  point 
M.  de  Donadieu. 

Il  quitta  donc  Âuxerre  au  grand  regret  du  clergé  et  des  habitants, 
et  principalement  de  ceux  qu^il  avoit  mis  en  place.  Le  plus  considé- 
rable fut  Pierre  le  Venier,  prêlre  du  diocèse  du  Mans^  qui  avoit  été  fait 
pénitencier  de  son  temps,  et  qui  depuis  composa  son  cpitaphe  telle 
qu'on  la  lit  dans  la  cathédrale  de  Meaux.  Quelques-uns  ont  aussi  cru 
qu'il  avoit  eu  beaucoup  de  part  à  attirer  k  Âuxerre  Edme  Amyot ,  doc- 
teur de  Sorbonne,  qui  fut  reçu  doyen  en  1652  et  chanoine  en  1655. 
Mais  c'est  une  chose  douteuse.  Il  est  certain  qu'il  estima  ce  doyen,  qui 
vécut  d'une  manière  paisible  sous  son  épiscopat.  Comme  Dominique 
Séguier  ainooit  les  cérémonies  d'église,  il  en  avoit  chaîné  spécialement 
un  nommé  Martin  Marinel,  prêtre  du  diocèse  de  Coutances,  ci-devant 
aumônier  de  François  de  Gondi ,  archevêque  de  Paris ,  qu'il  fit  cha- 
noine de  Notre-Dame-de-la-Cité ,  puis  de  la  cathédrale.  Ce  fut  lui  qui 
procura  l'édition  do  pontifical  romain  pour  les  ordinations  sans  aucun 
renvoi.  Cependant,  le  prélat  ne  négligea  point  le  pontifical  auxerrois  de 
François  de  Dinteville,  dans  les  cérémonies  publiques,  ni  dans  celles  où 
le  Chapitre  assistoit. 

On  peut  lire,  dans  la  nouvelle  Histoire  de  l'Ëglise  de  Meaux,  ce  qu'il 
fit  pendant  les  vingt-deux  années  qu'il  en  tint  le  siège  épiscopal.  Ce 
fut  en  cette  ville  qu'il  signa,  en  1 642 ,  le  29  avril ,  le  procès-verbal  de 
la  visite  qu'il  avoit.  faite  des  tombeaux  et  des  reliques  de  l'abbaye  de 
Saint-Germain. 

Il  mourut  à  Paris ,  l'an  1659,  le  seizième  mai,  jour  de  la  fête  du 
premier  évêque  d'Auxerre,  auquel  il  avoit  toujours  eu  une  singulière 
dévotion  aussi  bien  qu'à  sain!  Germain.  Les  chanoines  d'Auxerre,  in- 
formés de  sa  mort,  conclurent ,  le  25  du  même  mois,  de  faire  un  ser- 
vice magnifique  pour  le  repos  de  son  àme  ,  et  il  fut  célébré  au  mois 

II  16 


?cn.» 


jcM»  n  icn 


212 

ée  pâm  wf^m  (iL^anee  cmmcstÎM  des CKMffr  <t  «ooîmm  <— Hw^  qp» 
fin  DrMoocéip  foir  Doa  Gabriel  SoBm«  m««r  de  TMaxt  At  Soûl- 


CHAPITRE  IX. 


MEERE DE  nOC.  O  Ê^^ÊQUE  ITAmXBE 


Le  cardonl  de  Bicbefies  ■'eol  pu  f4«s  tôt  Jffpttt «Ami  Lnê  XIII. 
^^3  vesoft  de  doomer  réféclié  de  lle»a  à  Ddiniiiiff  Se||ùer«  q«e 
Wfaal  Tétédié  d^Aaserre  Tacaat^  fl  firia  le  roi  d^w  Miifi-  Pîem  de 
Bnc  «  akn  omum  soh  le  Bon  d^abbé  de  Sûntr-Has^  iofwicftoii  jIoi^ 
il  Kkhdkm.  Celle  aoaûmîoo  aTaot  été  Cûte  swut  le  Aésir  dm  car- 
dinl  q/m  soskailoil  rffimipenftef  cel  abbé,  le  cler^  et  h  iSe  d^Auerre 
tm  fmtmi  asttddl  iaSaoBé^  Le  Chapitre  créa,  le  5  odkekn^  sesoSders 
pOTT  le  teaips  de  b  lacaace  de  siège ,  sar  Tans  ci  le  tmuxmiBmfM  de 
réféqw  précédem,  ei  b  TiDe  dépota  Nicobs  Tribolé,  BeMCMM  crt- 
■iael  ei  aaire,  pov  FaHer  saloer  eo  qualité  d'éTéqae  Boamé  (2). 
Mab  m  les  «bs,  ni  les  astres  n^eoml  point  FavaDia^  de  k  wir  sîidt 
a  Aaiene,  poisqv'il  D'obtiot  ses  balles  qo^ao  mob  de  jaD^ier  1659. 
QBoiqae  b  si^  épiscopal  fit  Tacaol  assez  laDgteaips,  il  se  se  passa^ 
dans  k  dioeèse,  aKoa  acte  concemaDt  k  spiriiael  qui  Bénie  d^étre 
remanpié^  si  ce  o^esi  k  BandeaieDl  qœ  les  licaires-géiiénax  don- 
■èreol,  k  8  décembre  1657 ,  powbire  daos  le  prôoe  des  prières  pour 
h  paix  demndées  par  k  roi,  ei  bo  aoire  pour  en  bire  k  jobt  de  TAs- 
aoaupiioo^  qoe  k  Bléflie  prÎBce  avoil  deoundées  par  ses  klties  do 
10  février  1658.  Ds  doBBèroil,  de  pfas,  on  ordre  de  biie  des  prières 
coBtre  les  nubdies  coBlajgeBSCs  qoi  coororeot  peadanl  Télé  soiTant,  et 


(I)  ■«! .  dfMr.  I     :r-  mog.  et  b  lille,  is  stpi. 


1^ 


CENTIÈME   ÉVÊQUE    d'aUXERRE.  245 

publièrent  un  mandement  pour  remercier  Dieu  de  la  naissance  du  dau-  ^^^  ^  ,^,, 
phin.  On  peut  ajouter  h  cela  le  projet  d'établissement  des  religieuses 
Urbanistes  dans  l'bôpital  d'Entrains^  en  vertu  du  consentement  des 
habitants,  donné  le  5  avril  1658,  de  la  permission  des  duchesses  de 
Nivernois,  dames  temporelles  du  lieu»  du  12  juin,  et  celle  des  vicaires- 
généraux  du  diocèse  (a)  ;  celui  des  hospitalières  de  La  Charité-sur- 
Loire,  qui  est  de  Fan  1659;  l'empêchement  qu'on  apporta  à  celui  que 
les  Augustins  ptétendoient  faire  à  Saint-Fargeau  sans  l'autorité  du 
Chapitre  (1)^  et  enfin  la  citation  solennelle  des  curés  de  la  ville  et  fau- 
bourgs par  devant  l'official,  pour  n'avoir  pas  assisté  à  des  processions 
générales  (2).  A  l'égard  du  temporel  de  l'évéché  et  des  droits  honori* 
fiques  dévolus  au  Chapitre  le  siège  vacant ,  on  trouve  entr'autres  actes 
celui  de  foi  et  hommage  qu'im  particulier  d'Auxerre  vint  rendre  au 
Chapitre,  le  10  mai  1658,  d'un  fief  et  autres  biens  situés  \k  Appoigûy, 
comme  relevant  de  l'évéché  ;  on  lit  aussi  que  le  corps  de  ville  pria 
le  Chapitre  (5)  de  nommer  un  d'entre  eux  pour  mettre  le  feu  à  l'artifice 
que  la  ville  fit  préparer  au  sujet  de  la  naissance  du  dauphin  (6). 

Plusieurs  se  sont  trompés  sur  le  lieu  de  la  naissance  de  Pierre  de 
Broc.  Quelques-uns  ont  assuré  qu'il  étoit  né  au  diocèse  d'Angers ,  et 
d'autres  qu'il  étoit  du  diocèse  de  Tours,  Mais  ses  bulles,  qui  sont  la 
première  pièce  authentique  de  son  épiscopat ,  le  qualifient  prêtre  du 


(1)  Reg.  Capit.  %  mai  1639. 

(2)  Reg,  Capit  3  juin  1639. 


(3)  Reg.  CàpiL 


(a)  Cette  communauté,  autorisée  par  lettres-patentes,  en  1642,  prit  possession 
de  rhôpital  qui  était  appauvri  et  sans  valeur.  On  projeta  aussi  d'y  joindre  le 
prieuré  de  Saint-Nicolas  de  Réveillon  et  Téglise  Saint-Solpicc  d*£ntrains.  Mais  ces 
deux  bâtiments  étaient  complètement  ruinés.  Cette  maison  ne  prospéra  guère  -,  en 
1078^  il  lui  était  défendu  de  recevoir  des  novices^  et,  dix  ans  après^  elle  fut  réunie 
à  Fabbayedes  Iles  d'Auxerre.  —  Yoy-  Arcb.  do  FYônne.  (N.  d.  E,) 

(b)  Il  faut  ajouter  les  procès-verbaux  faits  contre  les  Bénédictins  de  Saint-Ger- 
main, en  mai  et  juin  1699.  Ces  Pères  étaient  sortis  en  procession  de  leur  monastère, 
l'officiant  portant  le  bonnet  carré,  des  gants  aux  mains,  et  un  bâton  cantoral  au 
baut  duquel  il  y  avait  un  évêque  ;  deux  religieux  Taccompai^aient ,  et  tons  trois 
étaient  revêtus  de  chapes  et  d'aubes,  et  assistés  des  prêtres  de  Téglise  paroissiale 


244  PIERRE    DB    BROC  , 

1610  ï  1C71.  diocèso  de  Cliartres  et  docteur  es-lois.  Il  étoil  fil  8  de  François  de  Broc, 
baron  de  Saint-Mars  de  la  Pile,  de  Lizardière  et  Chemiré  ;  el  sa  mère 
étoil  Françoise  de  Montmorency  de  Fosseux ,  fille  de  Pierre  de  Mont- 
morency, premier  du  nom,  marquis  de  Tury,  et  de  Jacqueline  d'Avau- 
gour.  Il  étudia  les  humanités  au  collège  de  La  Flèche ,  et  la  philosophie 
à  Orléans.  Le  premier  bénéfice  quMI  eut  à  simple  tonsure,  fut  le  prieuré 
de  la  Magdeleine  de  Broc  en  Anjou ,  k  une  lieue  de  Lude,  qui  est  une 
dépendance  de  Tabbaye  de  Saint-Aubin  d'Angers.  Il  eut  ensuite  Fab- 
baye  de  Ressens,  au  diocèse  de  Rouen,  Ordre  de  Prémontré,  et  celle 
de  Fontenelle,  Ordre  de  Saint-Augustin,  au  diocèse  de  Luçon.  Cette 
dernière  abbaye  lui  fut  donnée  à  la  recommandation  du  cardinal  de 
Richelieu,  dont  il  étoit  camérier  avec  le  sieur  de  Beauyau.  Il  ne  fut  pas 
longtemps  sans  devenir  maître  de  chambre  de  ce  cardinal,  et  agent  du 
clei^  de  France.  Ce  fut  ce  dernier  emploi  qui  Tempécha  de  se  rendre 
k  son  église  d'Auxerre,  aussitôt  après  la  réception  de  ses  bulles  qui  lui 
avoient  été  expédiées  gratis.  Au  bout  d'un  an ,  il  se  fit  sacrer  dans 
l'église  des  Bernardins  de  Paris,  le  second  dimanche  de  carême,  qui 
étoit  le  4  mars  en  Tannée  1640,  par  Léonore  d'Etampes,  évéque  de 
Chartres,  assisté  de  Dominique  Séguier ,  évéque  de  Meaux ,  et  de 
Léonore  de  Matignon,  évéque  de  Coutances.  Tous  les  évéques  de  France, 
présents  a  Paris,  s'y  trouvèrent  au  nombre  de  dix-huit,  sans  compter 
les  abbés  de  considération  qui  y  étoient  encore  en  plus  grand  nombre. 
Quatre  jours  après ,  il  prêta  le  serment  de  fidélité  au  roi ,  dans  la  cha- 
pelle du  vieux  château  de  Saint-Germain-en-Laye,  dont  l'évéque  de 
Meaux,  premier  aumônier,  lui  donna  le  certificat  ordinaire.  Avant  la 
fin  du  carême  il  fit  son  entrée  à  Auxerre  ;  mais  au  lieu  de  prendre  pour 
cela  un  jour  de  joie  tels  que  sont  les  dimanches ,  il  choisit  Taprès-midi 
du  jeudi-saint.  L'ancien  cérémonial  y  fut  observé  en  partie.  Il  alla  à 


de  Saint-Loup.  Le  Chapitre  regarda  cela  comme  une  entreprise  manifeste  contre 
les  droits  de  révéque  et  les  siens.  Dans  le  même  temps,  le  Chapitre  jugea  encore  à 
propos  de  dresser  un  procès-verbal  contre  les  mêmes  religieux  qui,  étant  à  la  pro- 
cession du  Saint-Sacrement,  entrèrent  dans  le  chœur  de  leur  église  pendant  que  le 
Chapitre  y  chantait  la  dernière  antienne  et  s'emparèrent  du  pupitre,  ce  qui  obligea 
le  Chapitre  de  sortir  du  chœur.—  Arch.  de  ITonne,  Invent.  des  droits  honorif.  du 
Chapitre,  p.  273.  (JV.  d.  E.) 


V- 


CENTIÈME    ÉVÊQUE    D*AUXERRE.  245 

Tabbaye  de  Saint-Germain  et  y  resta  environ  une  heure.  Après  quoi  les 
personnes  chargées  de  la  procuration  du  roi  et  des  trois  anciens  ba- 
rons, raccompagnèrent  depuis  celle  église  jusqu'en  la  cathédrale,  por- 
tant proche  lui  la  chaise  sur  laquelle  il  auroit  dû  être  assis.  Il  fut  reçu  et 
complimenté  par  le  doyen,  k  Tentrée  de  la  cathédrale,  au  son  de  la 
grosse  cloche;  et,  après  les  cérémonies  ordinaires,  il  entra  dans 
Téglise,  revêtu  de  ses  habits  pontificaux,  tenant  la  crosse  k  la  main. 
L'archidiacre  de  Sens  le  conduisit  k  Tautel.  La  cérémonie  finit  par  le 
Te  Detim,  après  lequel  s'étant  déshabillé,  il  rentra  au  chœur,  assista  à 
TofiBce  de  la  nuit  du  vendredi  appelé  TéfUbreSy  et  le  finit  par  Toraison 
Respici. 

L'année  de  la  prise  de  possession  ne  fut  pas  celle  dans  laquelle  il  fut 
le  plus  occupé  des  fonctions  de  son  ministère.  Dès  le  mois  d'avril  »  il 
fut  bien  aise  de  se  mettre  au  fait  du  privilège  qu'a  le  Chapitre  de  gou- 
verner le  temporel  comme  le  spirituel  de  Tévéché,  pendant  la  vacance 
du  siège.  Il  venoit  de  ressentir  les  avantages  de  ce  gouvernement  sin- 
gulier, par  le  moyen  des  sommes  que  les  économes  lui  avoient  remises. 
Ce  revenu  inespéré  servit  k  augmenter  sa  reconnoissance  envers  le  roi 
qui  Tavoit  no.mmé  k  une  église  revêtue  d'une  si  considérable  préroga- 
tive. Il  se  comporta,  en  effet,  dès  la  même  année,  comme  un  évêque 
qui  est  persuadé  que  l'Eglise  fait  partie  de  l'Etat;  et  il  alla  de  grand 
cœur  rendre  ses  services  au  roi  pour  le  siège  de  la  ville  d'Arras.  Il  y  fut 
envoyç  en  qualité  de  garde  du  trésor  royal  ;  ce  qui  marque  l'extrême 
confiance  qu'avoit  en  lui  le  cardinal  de  Richelieu.  Son  âge,  qui  étoit  de 
cinquante  ans  ou  environ,  pouvoit  imprimer  du  respect,  aussi  bien  que 
tout  son  extérieur  qui  étoit  de  belle  apparence  (a).  Tout  cela  joint  k 
l'expérience  qu'il  avoil  eue  dans  le  service  du  cardinal,  paroissoit  sup- 
poser en  lui  l'aptitude  nécessaire  pour  veiller  de  près  sur  les  intérêts 
du  roi.  Ainsi,  pendant  que  revêtu  de  la  cuirasse  sous  le  manteau,  il 
gardoit  avec  deux  ecclésiastiques  le  trésor  qui  lui  avoit  été  confié,  il 
faisoit  part  au  cardinal  de  tout  ce  qui  se  passoit;  il  recevoit  ensuite  de 
lui  les  ordres  nécessaires  qu'il  communiquoit  aux  maréchaux  Chastillon 


(a)  Bargedé  dit  de  lui  que  c'était  le  prélat  de  sou  temps  qui  avait  la  meilleure 
mine  et  la  plus  belle  prestance  de  France.  (iV.  d.  E,) 


1640  k  1071. 


216  MEEKE    ftC    BaOC, 

ciCidMtiMMi  ;  lie  âone  qae  âaos  blesser  persosae  m  éire  blessé 
yicfca  q«e  les  iroopes  aaiilaires  da  dac  de  Lorraine ,  lensas  pow  &îfe 
leter  le  siège,  n'approebattseal  de  b  fîBe.  Cette  pbce  ëiMt  prise  an 
Mûîs  d'ao&t,  il  se  innsporta  ansildl  à  b  catbédrale,  et  refcta  de  ses 
<ytteiettts  pooiîficau,  il  j  entoM»  le  Je  Hlim.  Etaat  aiiiH  occapé 
au  aCûres  du  roi,  il  ne  pot  aller  b  niéiBe  aDoée  a  Sens  po«r  le  ser- 
ottBt  d'obâssance  :  mais  il  s'acq«itta  de  ce  devoir  le  28  jaDvier  16ii . 
et  s^na  b  formole  ordinaire  en  présente  d*OclaTe  de  BeDefarde.  ar- 
dttièipe  nkétropoblain  (a). 

Pendant  qne  les  afaires  dn  rofaoBie  prospérotent ,  celles  dn  Cbapîtie 
d*Anerre  commencèrent  à  se  broniller.  Une  cooclnsîott  qne  le 
domn,  qni  étoit  TÎcaîre-général  de  Féréqne,  fit  bire  le  29  octobre 
1640,  (nt  FoccasîoB  de  tons  ces  tronUes.  Elle  portoit  fne  im»  les 
noîncs  cesseroient  d^aroir  «ne  bordure  de  petit  grk  a  b  tête  dn 
Et  ce  qni  ne  paroîssoit  qn*nne  b^atelle  dans  les  uu— iiifets .  e«t 
par  b  snîle  des  eonséqfnences  infinies  (h).  Qoelqnes-nns  imptêrent 
anssi  â  b  foiblease  dn  nonvd  éréqne  ce  qni  se  potasi  as  prêjndice  dn 
clergé,  da»  rassemblée  de  Manies  de  Tan  1641 .  dw  faipele  fl  ne 
emt  pas  povroir  se  dispenser  d*exécnter  ce  q[ni  Id  était  ptiescrît  de  b 
paît  de  son  bienfailenr  <l).  Etant  sorti  de  cette  du^pe.  1  rei^M.  Tannée 
suivante,  ordre  dn  roi  et  do  minisire  de  conduire  les  iwuyM  4ms  les 
Etau  do  duc  de  Ijorraine  et  jusqu'auprès  de  Nanc^.  ■  y  attaqui  Dieuse, 


I<«  T4«r  dkM  nôsAoirr  BkBucriie  de  oroe-  ' 


(«;  A  cette  ë|M^ne,  le  SS  avril  leiO,  pfaifiean  cliioftioci  de  Sùat-fitame  se 
léonircnt  en  cwimoiiaufr  pour  Cure  cuire  eux  leurs  dévotiaos,  par  opposftîan  k  la 
cnugrtgalîon  qn  sVfaiblitMil  ckei  les  P.  Jéfoiles.  Mais,  à  son  arrivée,  1  <^^èi|oe, 
prévenu  par  le  dojeo  Amyot,  «ofeglil  mal  cette  oouuuunaulé  (V.  Mémorial  de 
Baidolat).  {^.  é.  E.) 

(»)  Celle  albir^  4|ut  Lcbeaf  qroritfe  avec  raissD  de  kaplde,  devîat  tr^^ 
Suivant  le  MêmMÎal  da  chaniéiie  BanMal ,  le  doyen  Aaiyot  ooauieiiça  ,  en  f  OS^ 
de  proposer  la  wypwjiiou  da  bcnd  de  (aanurt  do  camail,  puce  que  cela  écbaolEùl 
lriplilè>e.leicK>noingt  aiff.îilîwiil  d'abord  cctiieidéeeu  pliwwhiol,ctrajoor> 
iièreut{  mais  le  doyen  perûsla  cl  <«bliat  aœ  condosiou  pour  la  snppressioo  de  ce 


CENTIÈME   ÉVÊQUE   d'aUXERKE.  247 

qui  étoit  une  place  appartcuanl  à  ce  duc  (1)  ;  mais  les  digues  des  étangs  ^^  ^  l„^^ 
de  Lindre  et  du  lac  voisin  ayant  été  rompues  par  ordre  de  ce  prince,  la 
petite  ville  se  trouva  entourée  d'eau  si  promptement ,  que  Pierre  de 
Broc  fut  obligé  de  se  retirer  bien  vite  de  ce  lieu  avec  tousses  équipages. 
Il  revint  donc  dans  son  diocèse,  dont  il  ne  s'éloigna  plus  pour  de  sem- 
blables affaires ,  parce  que  le  cardinal-ministre  ne  survécut  pas  de 
beaucoup  à  cet  événement. 

Les  premières  démarches ,  dans  le  temps  qu'il  commença  k  résider 
et  à  gouverner  par  lui-même  son  diocèse ,  parurent  un  peu  hasardées 
et  donnèrent  à  connoitre  qu'il  n'étoit  pas  encore  au  fait  sur  le  pouvoir 
qu'ont  les  Chapitres  de  cathédrales  lorsque  le  siège  épiscopal  est  va- 
cant (a).  Dans  d'autres  matières,  il  procéda  avec  plus  de  maturité. 
Dans  les  premières  années  de  son  épiscopat,  il  tint  les  synodes  très- 
exactement  au  jour  accoutumé ,  c'est-k-dire  le  mardi  après  le  second 
dimanche  du  temps  pascal  ;  et  môme  l'une  des  années  que  ce  jour 
tomba  le  2  mai ,  entre  deux  fêtes  commandées ,  il  fit  un  mandement  ex- 
près (2)  pour  en  ordonner  la  translation  k  un  autre  temps,  sans  inter- 
rompre pour  cela  l'usage  par  lequel  les  curés  dévoient  en  personne 
venir  prendre  les  saintes-huiles  k  Âuxerre;  car  il  leur  enjoignit  de  le 
faire  sous  peine  d'une  amende  applicable  k  la  fabrique  de  la  cathédrale 
et  k  l'Hôtel-Dieu  d' Auxerre.  Quoique  dans  sa  jeunesse  il  n'eût  point 
eu  d'occasion  d'annoncer  la  parole  de  Dieu ,  il  ne  laissa  pas  de  pro- 
noncer un  discours  k  l'assemblée  des  curés  dans  la  salle  épiscopale ,  et 


(])  On  peat  voir  poui*  la  description  de  ce 
•lieu  le  livre  du  Briquetage  de  MarsaL 


(2)  Mandement  imprimé  du  13  avril  1645. 


bord  qui  était  en  pelil-gris.  Les  anciens  s*y  étaient  opposés  vivement,  eni639;  mais 
Tannée  suivante,  aux  grandes  assemblées  d'octobre,  la  majorité  se  rangea  déflni- 
tivemeiit  du  côté  du  doyen.  Alors  quinze  chanoines  en  appelèrent  au  parlement. 
Le  procès ,  après  avoir  duré  de  longues  années,  entre  les  bordés  et  les  débordés,  et 
avoir  coûté  80,000  livres ,  fut  jugé  en  faveur  de  ces  derniers.  (N>  d.  E,) 

(a)  Le  Chapitre  refusa  d'approuver  son  projet  d'union  d'une  prébende  à  la  tré- 
sorerie, les  uns,  dit  Bardolat,  élanl  mécontents  de  ce  que  Tévéque  avait  demandé 
prébende  entière  pour  ses  deux  commensaux  ;  les  autres  parce  qu'il  n'avait  pas  voulu 
sanctionner  l'établissement  de  la  communauté  des  chanoines.  {N.  d.  E.) 


liMOà  ]ff71. 


248  PIERRE   DE   BROC  , 

il  préclia  aussi  quelquefois  son  peuple  dans  la  chaire  de  la  cathédrale^ 
Hais  il  suivit,  dans  la  tenue  du  synode,  le  plan  de  son  prédécesseur, 
et  non  celui  de  Gilles  de  Souvré  qui  demandoit  les  suffrages  des  pré- 
sents. II  publia  quelques  ordonnances  dans  celui  qu*il  tint  Tan  1642  , 
le  sixième  jour  de  mai.  Dans  un  article,  il  commande  aui  curés  de  se 
bervir,  pour  Texplication  de  Poraison  dominicale ,  etc.,  du  catbéchisme 
composé  par  le  cardinal  de  Richelieu ,  lorsqu^il  étoit  évêque  de  Luçon. 
Dans  un  autre  slatut ,  il  défend  la  chasse  aux  ecclésiastiques.  On  voit, 
par  le  sixième  article ,  que  Tusage  des  calices  d'étain,  pour  le  saint- 
sacrifice  ,  étoit  encore  permis  :  ce  qui  marque  la  pauvreté  de  certaines 
églises.  Le  quinzième  nous  apprend  qu'à  la  vérité  on  avoit  aboli  Tusage 
de  délivrer  les  bâtons  des  confrairies  pendant  les  vêpres,  \k  certains 
versets  du  Magnificat  ^  mais  qu'en  remettant  la  cérémonie  après  ToiBce, 
on  recommençoit  de  nouveau  le  Magnificat  ^  pour  ôter  le  bâton  des 
mains  de  Tancien  possesseur  au  verset  Depotuity  et  le  donner  à  un 
autre  au  verset  Suscepit.  Le  prélat  condamna  cet  usage  et  ordonna  de 
chanter  en  place  quelque  antienne  en  Thonneur  du  saint  de  la  confrérie. 
Les  visites  qu'il  fit  dans  le  diocèse  nous  remettent  aussi  certaines  pra-? 
tiques  qui  doivent  leur  origine  à  la  simplicité  de^  gens  de  la  cam- 
pagne ;  une  entr'autres,  par  laquelle  les  pères  et  mères  faisoient  tourner 
les  enfants  par-dessous  les  autels ,  et  mettoient  au  tour  des  arbres  de 
la  paille  trempée  dans  l'eau  bénite  (i).  Il  empêcha,  en  certaines  pa-< 
roisses  de  la  ville ,  les  cris  que  faisoient  les  enfants  du  mot  Noël^  en- 
tremêlé de  paroles  profanes,  au  sortir  de  l'ofiBce,  depuis  le  commence- 
ment de  l'Avent  jusqu'au  Carême.  Il  défendit  de  célébrer  des  messes 
de  confréries,  avec  eau  bénite  et  pain  bénit,  les  jours  de  dimanches, 
dans  les  chapelles  de  commanderie  et  autres.  Comme  il  ne  visita  pas 
toutes  les  églises  de  son  diocèse,  il  fit  faire  des  missions,  sur  la  fin  de 
son  épiscopat»  dans  les  paroisses  qu'il  n'avoit  pu  visiter.  De  ce  nombre 
furent  celles  qui  é^oient  k  la  nomination  du  prieur  de  La  Charité,  pour 
laquelle  il  employa  les  Pères  de  TOratoire  à  l'instance  de  Nicolas 
Colbert,  prieur  de  ce  monastère  (2).  Quelques  années  après,  d'autres 
missionnaires,  du  nombre  desquels  étoit  l'évêque  d'Héliopolis,  procu- 

(l;  Ordon.  à  Chcvannes,  10  juin  1665.         |      (2)  En  1667. 


CENTIÈME   ÉVEQUE   d'àUXERRE.  249 

rèrenl  le  même  bien  dans  un  autre  canton  du  diocèse,  aux  dépens  du  i^  ^  i^^, 
marquis  de  Seignelay.  Il  réussit ,  en  1644,  au  sujet  de  trois  cures  unies 
au  Chapitre  de  Yarzy ,  dans  Tentreprise  que  François  de  Dinteville, 
premier  du  nom ,  avoit  tentée  en  vain  ;  c'est-k-dire  qu'il  désunit  de  la 
mense  de  ce  Chapitre  les  cures  de  Saint-Pierre  de  Yarzy,  de  Saint- 
Pierre  du  Mont,  et  celle  de  Brugnon  et  diminua  en  même  temps  le 
nombre  des  chanoines  de  cette  collégiale.  Il  augmenta  le  nombre  des 
cures  de  son  diocèse  par  l'érection  qu'il  fit  de  la  chapelle  de  Pont- 
chevron  (1)  en  église  paroissiale,  à  la  sollicitation  du  seigneur  de  ce 
lieu,  malgré  l'opposition  du  curé  d'Ouzoir  dans  le  territoire  duquel  elle 
étoit  située.  Il  disposa  des  archiprétrés,  comme  s'ils  eussent  été  amo- 
vibles. Il  supprima  les  trois  ofiBcialités  de  Varzy,  La  Charité  et  Cosne, 
h  l'instance  d'Edme  Amyot,  oiBcial  d'Âuxerre,  et  de  Germain  de  la 
Paye,  chanoine  promoteur  (2).  Il  donna  les  mains  k  plusieurs  nouveaux 
établissements  de  religieux  et  de  religieuses,  et  Ton  peut  dire  que  ja- 
mais on  n'en  avoit  vu  un  si  grand  nombre  durant  la  vie  d'un  seul 
évéque.  Il  consomma,  dès  la  seconde  année,  celui  des  Cordelières  Ur- 
banistes à  Entrains;  il  voulut  qu'elles  fussent  soumises  k  sa  juridiction 
et  non  k  celle  des  Cordeliers,  et  que  le  visiteuf  qu'elles  choisiroient  tons 
les  trois  ans  fût  approuvé  par  lui  ;  ce  que  le  pape  Innocent  X  confirma 
par  une  bulle  du  mois  de  février  de  l'an  1648.  Ce  fut  aussi  la  seconde 
aonëe  de  son  épiscopat  qu'il  permit  aux  Augustins  de  la  province  de 
Bbui;ge8de  s'établir  k  Saint-Fargeau,  k  l'instance  de  Roger  de  Belle- 
fîtgiTdt^  gouverneur  de  Bourgogne,  alors  retiré  dans  la  Puisaye,  et  du 
K<  André  Boullenger,  religieux  de  cet  Ordre  ;  et  en  1649,  il  introduisit 
des  religieuses  Bénédictines  dans  Thôpiial  de  la  même  ville.  Il  permit, 
l'an  1644,  le  8  avril,  k  une  colonie  d'Ursulines  du  couvent  d'A vallon, 
de  venir  s'établir  dans  la  ville  de  Crevan  (a) .  Sollicité  par  le  seigneur 
de  Guerchy,  il  consentit  k  la  vente  que  la  communauté  des  habitants  de 
Donzy  fit  du  bâtiment  de  l'hôpital ,  pour  y  placer  une  communauté  des 


(1)  1665  ou  1066.  I      (S)  En  1641 


(a)  Il  leur  donna  un  règlement  en  ise4.  {ff.  d.  E,) 


250  PIERRE  t)E   BROC  , 

leio  k  wi.  religieuses  de  la  congrégation  du  P.  de  Malincour,  donl  les  premières 
furent  tirées  de  la  maison  du  même  Ordre,  établie  h  Laon ,  en  Picar- 
die ;  alors  Thôpital  fut  transféré  dans  un  bâtiment  voisin  (a).  Il  confirma, 
on  i646,  l'introduction  des  religieuses  bospitalières  de  TOrdre  de 
Saint-Âugustin  ,  dans  la  ville  de  La  Charité,  et  dix  ans  après  il  ap- 
prouva qu'elles  s'établissent  dans  l'hôpital  de  Gien.  Il  donna,  Tan  1654, 
permission  \k  Joachim  de  Saint-Denis,  religieux  brigittin,  de  former 
une  communauté  de  son  Ordre ,  dans  un  lieu  de  la  paroisse  de  Ciez , 
nommé  Le  Plessis  (6).  Dans  la  ville  d'Âuxerre  seule  on  compte  jusqu'à 
quatre  nouveaux  établissements  faits  de  son  temps  et  par  ses  soins  ; 
premièrement,  celui  des  chanoines  réguliers  de  la  congrégation  de 
Sainte-Geneviève,  dans  le  prieuré  de  Saint-Eusèbe,  l'an  1654  ;  secon- 
dement, l'introduction  des  religieuses  hospitalières  de  l'Ordre  de 
Saint-Âugustin,  dans  l'Hôtel-Dieu,  en  1657  (c);  et  rétablissement 
des  religieuses  delà  Visitation,  en  1659.  Ce  prélat  voulut  même  offi- 
cier en  personne  dans  la  nouvelle  chapelle  de  ces  dernières.  Elles 
étoient  alors  en  la  paroisse  de  Saint-Eùsèbe.  Ce  ne  fut  que  l'année  sui- 
vante que  le  sieur  Jacques  Desloges,  son  neveu,  les  conduisit  proces- 
sionnellement  dans  le  territoire  de  la  paroisse  de  Notre-Dame*la- 
d'Hors,  où  elles  sont  restées  (d).  Enfin  furent  reçus  &  Âuxerre,  avec 
sa  permission,  les  Âugustins  déchaussés,  l'an  1662.  On  les  logea 
aussi  d'abord  sur  le  territoire  de  Saint-Eusèbe.  et  de  là  dans  celui  où 


[a)  En  1661 ,  sa  veuve,  dame  Lucie  de  Brichanteau,  fut  déclarée  fondatrice  de 
rétablissement. —  La  même  année,  M.  de  Broc  suspendit  rétablissement  que  les 
RécoHcts  de  La  Charité  voulaient  faire  à  Donzy,  jusqu'à  ce  qu'il  eût  reçu  TadhésîftD 
des  écbevins.  —  Reg.  de  Tcvâcbé.  —  En  1666,  il  avait  approuvé  la  translation  de 
TofTice  paroissial  dans  l'église  du  Chapitre  de  Saint-Caradeu ,  vu  Téloignement  de 
Tcglise  mère  du  Pré ,  ce  qui  fut  cause  de  beaucoup  de  procès  entre  le  Chapitre  et 
le  curé.  [N.  d.  E.) 

(5)  Cette  maison  fut  suppriiçéc  par  arrêt  du  parlement  en  1689,  à  raison  de  la 
conduite  des  Pères.  {N.  d.  E.) 

(«;)  Ce  prélat  leur  donna  des  statuts  le  30  janvier  1664.  —  Archives  de  TYonne, 
Rcg.  de  Tcvèché.  {N.  d.  E.)  • 

[d)  Ces  religieuses  venaient  de  la  maison  de  Montargis,  qui  s'engagea  à  donner 
20,000  liv.  pour  leur  établissement.  Les  bâtiments  qu'elles  occupaient  appartien- 
nent aujourd'hui  au  séminaire.  Ils  furent  construits,  en  1664,  par  le  sieur  Delestre, 
archilccle,  moyennant  2«,000  liv.  —  Archives  dt  l'Yonne.  —  Visitand.    {S.  d.  E.) 


CENTIÈME   ÉVÊQUE  d'aUXERRE.  251 

on  les  voit  a  présent  (a).  Â  Fégard  des  Bénédictines,  il  ne  les  intro-  ^^-^  ^^^ 
duisit  point  à  Âuxerre  ;  mais,  les  ayant  fait  revenir,  en  1649,  de  Cha- 
rentenay,  leur  maison  de  campagne  où  elles  étoient  depuis  les  guerres 
de  la  Ligue ,  il  les  engagea  de  prendre  la  réforme  du  Yal-de-Grâce  en 
même  temps  qu'elles  rentrèrent  dans  leur  monastère  de  St.-Julien(l), 
qui  venoit  d'être  rebâti  à  neuf  et  auquel  il  avoit  mis  la  première  pierre 
le  8  mai  1647  (6).  Une  des  religieuses,  qui  avoit  le  plus  contribué  à 
cette  réforme,  établit  peu  de  temps  après  une  communauté  soumise  à 
la  même  règle ,  au  faubourg  de  Cosne,  sous  les  auspices  du  prélat. 
Vers  Tau  1653,  il  soumit  à  sa  juridiction  les  religieuses  de  l'abbaye 
des  Iles  qui ,  auparavant  ne  connoissoient  que  celle  de  Tabbé  de 
Citeaux.  Il  obtint  aussi  par  arrêt,  en  1654,  que  les  religieuses  de 


(l)  Voyez  le  livre  imprimé  in-12  sur  cette  1     (2)  En  1658. 
réforme.  l 


(a)  Us  durent  leur  première  dotation  à  un  bourgeois  de  Paris  nommé  Etienne 
Arthos,  qui  leur  donna  8,000  liv.  pour  acheter  une  maison  à  Auxerre,  en  1662.  Mais 
ils  ne  purent  s'établir  qu'avec  le  consentement  des  écbevins  de  la  ville ,  et  même 
lorsqu'ils  flrent  entériner  au  parlement  les  lettres-patentes  que  le  roi  leur  avait 
accordées,  les  trois  autres  ordres  mendiants,  déjà  existants  à  Auxerre  ,  formèrent 
opposition,  mais  le  parlement  passa  outre.  (iV.  d.  E.) 

(è)  On  trouve  dans  la  conduite  de  labbesse  des  Bénédictines,  Gabrielle  de  la  Mag- 
4elaine,  vis-à-vis  de  Févéque ,  un  caractère  d'indépendance  singulier.  Ainsi ,  au 
mois  de  novembre  1644,  M.  de  Broc ,  frappé  de  rirrègularité  de  la  vie  des  reli- 
gieuses  q^i  observaient  peu  la  clôture  à  Charentenay  depuis  longtemps ,  avait  or- 
dOQBéiiue  Tabbesse  se  retirerait  dans  six  mois  à  Auxerre.  Le  conseil  privé  sanc- 
tionim  cette  décision ,  mais  lorsque  les  officiers  du  baiUiage  d'Auxerre  se  présen- 
tèrent à  Charentenay  pour  la  contraindre  à  obéir ,  ils  éprouvèrent  le  refus  le  plus 
net.  Cependant,  les  religieuses  réformées  de  La  Fermeté  s'étaient  installées  à 
Auxerre  dès  1645  (Voy.  Preuves,  t.  iv,  no  470),  et  elles  amenèrent  Pabbesse  à  une 
transaction  et  rétablirent  la  régularité  à  Auxerre.  MaisM"^«  de  la  Magdelaine,  avec 
trois  vieiUes  sœurs,  demeurèrent  à  Charentenay.  L'abbesse  ne  céda  pas  volontiers 
à  tous  les  projets  de  l'évéque;  car,  en  mars  1651,  M.  de  Broc,  dans  sa  visite  à  Cha- 
rentenay, ayant  voulu  l'obliger  à  signer  une  procuration  par  laquelle  elle  devait 
laisser  à  la  communauté  d'Auxerre  tous  les  biens  situés  au  comté  de  Joigny,  elle 
s'y  refusa;  et  comme  Tévèque  la  menaça  de  la  faire  enlever  de  sa  maison  et  de  la 
mettre  en  lieu  étroit  en  la  ville  de  Paris,  elle  protesta  devant  notaire.  L'cvèquc , 
lassé  de  ces  tracasseries,  finit  par  la  laisser  terminer  sa  vieillesse  en  repos. 

(iV.  d.  E,) 


25i 


PIERRE    DE    BROC 


1640  il  1671. 


Tabbaye  de  CrisenoD  fussent  sujettes  à  sa  juridiction  (a).  C'est  ainsi 
qu'il  se  soumit  toutes  les  communautés  de  filles  de  son  diocèse. 

Voulant  vivre  en  paix  avec  le  Chapitre  de  la  cathédrale,  conformé- 
ment au  serment  qu'il  avoit  fait  à  sa  réception,  il  n'en  attaqua  jamais 
la  juridiction.  Il  avoit  reconnu,  dès  Pan  1642,  l'erreur  de  ceux  qui 
avoient  voulu  lui  persuader  de  faire  une  défense  générale  aux  curés 
d'admettre  aucun  prêtre  à  dire  la  messe  sans  son  approbation  ou 
celle  de  ses  vicaires-généraux  et  il  tomba  d'accord  que  les  chanoines 
de  la  cathédrale  peuvent  dire  la  messe  partout  le  diocèse ,  au  moins 
par  dévotion.  Il  ne  refusa  le  paiement  d'aucuns  des  droits  dus  par 
l'évêqnek  la  cathédrale ,  mais  les  dépenses  de  sa  maison  l'obligèrent 
d'apporter  quelques  délais  à  l'acquit  de  ce  devoir.  La  chapelle  d'orne- 
ments qu'il  avoit  promise  de  vive  voix  à  sa  prise  de  possession  et  dont 
il  ratifia  par  écrit  la  promesse  cinq  ans  après,  fut  apportée  l'an  iG51 , 
le  sixième  jour  d'octobre.  C'étoit  un  velours  vert  à  fleurs  pailletées 
d'argent  qui  conserve  encore  assez  son  premier  éclat.  Etant  informé 
que  l'archevêque  de  Sens  avoit  été  condamné,  par  arrêt,  à  augmenter 
considérablement  la  contribution  annuelle  pour  l'entretien  du  bâtiment 
de  l'église  métropolitaine,  il  consentit  pareillement  à  une  augmentation 
du  droit  annuel  envers  la  fabrique  de  la  cathédrale  d'Âuxcrre,  par  tran- 
saction de  l'an  i665.  II  donna  aussi  alors  une  bonne  partie  de  ce  qui 
fut  nécessaire  pour  refaire  à  neuf  le  pavé  du  chœur,  dont  les  tombes 
épiscopales  avoient  été  défigurées  et  brisées  dans  les  guerres  de  la  reli- 
gion. Les  distributions  de  vin  que  le  Chapitre  avoit  droit  de  recevoir 
dans  le  cellier  épiscopal,  aux  cinq  des  principales  fêtes  de  l'année, 
s'étant  trouvées  sujettes  2i  plusieurs  inconvénients,  il  consentit  à  l'éva- 
luation que  le  Chapitre  en  fit  en  argent;  et  depuis  ce  temps-la  cette 
commutation  a  toujours  eu  lieu.  Le  Chapitre,  de  son  côté,  lui  laissa 
introduire  certaines  nouveautés  (1  )  qui  neblessoienl  en  rien  les  droits  de 


(1)  Quelques  mémoires  du  temps  marquent 
qu'il  y  eut  en  1643  des  thèses  publiques  et 
imprimées  où  il  fut  qualifié  comte  d'Auxerre. 


On  ajoute  aussi  que  ce  fut  lui  qui  fit  le  pre- 
mier porter  sa  crosse  par  un  ecclésiastique 
en  surplis. 


(a)  En  1664 ,  il  rendit  une  ordonnance  pour  rétablir  la  discipline  qui  était  fort 
peu  régulière  dans  celte  noiaison.  —  Arch.  de  l'Yonne,  Reg.  de  l'évôchc.  (iV.  d.  E). 


CENTIÈME    ÉVÊQUB    d'aUXERRE.  255 

la  compagnie.  Mais  il  n'en  fut  pas  de  même  lorsqu'il  voulut  changer 
quelque  chose  dans  le  cérémonial,  sur  la  bénédiction  épiscopale.  Au 
reste,  la  bonne  intelligence  dans  laquelle  on  vouloit  vivre  avec  lui  avoit 
été  marquée,  dès  les  premières  années  de  son  épiscopat,  tant  par  les 
prières  solennelles  que  le  Chapitre  fit  en  i641,  après  la  mort  de  sa 
mère,  que  par  la  facilité  qu'on  lui  donna,  au  mois  de  décembre  1642, 
pour  faire  faire  célébrer  avec  magnificence  le  service  du  cardinal  de 
Richelieu,  son  bienfaiteur  (1).  Dans  l'intervalle  de  temps  qui  se  trouva 
entre  ces  deux  cérémonies ,  le  même  corps  lui  porta  des  plaintes  du 
P.  André  Boullenger,  augustin,  qu'il  avoit  choisi  pour  prêcher  le  ca- 
rême (2) ,  et  il  fut  conclu  qu'il  en  seroit  dressé  procès- verbal  pour  le 
maintien  de  la  dignité  de  la  chaire.  Gomme  le  caractère  de  ce  prédica- 
teur a  été  (rès-connu  dans  le  royaume,  il  n'est  pas  besoin  de  prouver 
ici  que  le  prélat  n'avoit  aucune  part  à  ce  qui  parut  repréhensible  dans 
ses  discours  (a).  Pierre  de  Broc  rendit,  vers  le  milieu  de  son  épiscopat, 
d'importants  services  au  Chapitre  de  la  cathédrale  (5);  il  imita  aussi 
son  prédécesseur  dans  le  don  qu'il  fit  k  la  même  église,  de  quelques 
reliques  des  saints  du  pays.  Sachant  qu'il  y  avoit  dans  l'église  du  viU 
lage  de  Saints-rCn-Puisaye  plusieurs  châsses  de  bois  pleines  des  osse- 
ments des  compagnons  de  saint  Prix,  il  résolut  d'en  donner  une  partie 
à  la  reine  Anne  d'Autriche,  pour  l'église  du  Yal-de-Grâce,  qu'elle  fai- 
soit  bâtir  et  qu'elle  vouloit  enrichir  du  plus  grand  nombre  qu'elle 


{l)Reg.  Capit.  1641,  21  déc;  1642, 12  déc. 
(2)  Ihid,  24  mars,  28  avril,  26  sept. 


(3)  Reg.  Cap.  1653, 


(a)  11  arrivait  quelquefois  de  singuliers  événements  à  propos  de  prédicateurs.  En 
1607,  au  mois  de  décembre,  un  P.  Jésuite,  nommé  Marlot,  ayant  été  autorisé  par 
révéque  à  prêcher  à  Clamecy ,  avait  commencé  TAvent  lorsqu'une  foule  de  peuple 
s'opposa  violemment  à  ce  qu'il  continuât  et  voulut  qu'il  cédât  la  chaire  à  un  P.  Ja- 
cobin. Celui-ci,  au  dire  du  Chapitre,  aurait  cabale  parmi  les  gens  du  peuple,  flot- 
teurs, etc.,  et  une  véritable  émeute  eut  lieu  au  pied  de  la  chaire.  Les  échevins 
avaient  pris  parti  pour  le  P.  Jacobin  et  appuyaient  les  mécontents ,  se  plaignant  de 
ce  qu'au  mépris  d'un  compromis  passé  avec  le  Chapitre,  en  attendant  que  Ton  sût 
lequel  des  deux  prédicateurs  devait  être  autorisé  par  Tévéque ,  le  P.  Jésuite  conti- 
nuait seul  à  prêcher.  Le  peuple  avait  été  consulté  U-dessus  en  assemblée  générale. 

—  Arch.  de  l'Yonne  ^-^  /mr  j  «y  > 

»-«  {Pi.  a.  i».; 


1640  il  1671. 


354  PlÉARE    DE    BROC  , 

iM*  à  ICI.  pojUToit  de  reliqaes.  Les  aDcieDDes  châsses  commeDçaoi  k  être  cada- 
ques,  madame  d*Orléaiis,  docbesse  de  Monipensier  el  de  Saînt-Fargeao, 
eo  fouraii  one  noaTelle,  et  les  paroissiens  oDe  aotre  dans  lesquelles 
l'éTéqoc  fil  la  iraoslation  le  dimaDche  5  DOTembre  1662  (1).  El  comme 
les  ossements  ne  purent  être  contenus  dans  les  nooTelles  châsses ,  il 
en  retint  pour  lui,  pour  la  reine,  pour  la  docl^sse  de  Montpensier, 
pour  Téglise  cathédrale  et  pour  celle  de  Saint-Germain.  Le  procès- 
Yerbal  marque  qu'il  célébra  la  grand^messe  en  cette  cérémonie  et  qn*il 
j  prêcha.  L'ossement  tibial,  qu'il  destina  pour  h  cathédrale,  fut  déposé 
dans  Téglise  de  Sainl-Âmatre,  et  transieré  processîonnellement  le  di- 
manche suiTant,  12  noTembre,  de  cette  ^lise  du  £»bouig  en  cdie 
de  Saint-Etienne,  en  présence  du  même  préhi,  accompagné  de  Fran- 
çois Fouquet ,  archeféque  de  Xarbonne,  alors  retiré  à  Aoxerre.  Celte 
relique  bit  ensuite  enfermée  dans  h  châsse  de  Terre  où  Ton  afoit  mb, 
en  4650,  celles  que  Nicolas  Housset ,  chanoine  et  sous-chantre,  avoit 
apportées  à  son  retour  de  Rome.  Il  eniichit  aussi  deux  des  églises  pa- 
roissiales d^Auxerre  des  ossements  de  saints  qull  tira  du  trésor  de 
Sainle-Engénie  de  Vanr.  Faisant  la  râite  de  cette  coUégiale  le  5  juin 
1642,  il  tira  de  la  diâsse  d'argent  de  saint  Regpdiert,  éréque  de 
Bajeux,  im  os  de  h  jambe  de  ce  saint,  qu'il  il  déposer  au  fiiubourg 
d*Asxerre,  dans  h  même  église  de  Saint-Amalre,  d*oà  la  relique, 
après  aToir  été  enchâssée  par  k  prélal,  fut  potlce  processionneUement, 
le  dimanche  19  ami  1645,  par  tout  le  cleq^de b  cathédrale  et  de  la 
Tille,  en  Téglise  paroissiale  de  Sûit-Regnobeit..  oà  il  célébra  la  messe 
pontificalement.  Il  tira  encore  du  trésor  de  b  méine  coDégîale, 
le  25  février  1654,  à  b  prière  du  clergé  et  des  hahilanlsde  b  paroisse 
de  Saint-Ensèbe .  im  ossement  du  nom  de  saint  PiMd,  n  du  nom  de 
saint  Eusèbe,  et  un  fragment  du  crâne  de  saint  Cot,  martyr^  q|ui  furei^t 
depuis  déposés  à  Auxerre ,  dans  b  même  église.  Ce  fut  lui  qui  com- 
ment, en  1645,  b  Térificatioo  du  chef  de  saint  Pèlerin,  treuré  à 
Bonj  aTce  quelques  xerlèbies  du  col.  Comme  on  étoil  persuadé  que 
CCI  TCftèbres  procèdoieni  du  mëuw  coqis  que  le  chef,  il  les  porta  à 
Fabbaje  de  Saint-DeoTs;  le  15  jmllet  16(7«  el  par  le  procès-rerbal 


CENTIÈME    ÉVÊQUE  U*AUXERKË.  255 

qu'il  fit  dresser  de  la  comparaison  de  ces  ossements  avec  ceux  de  la 
châsse,  en  présence  des  religieux  et  d'un  habile  médecin,  il  enseigna 
h  la  postérité  que  le  peuple  de  Bouy  avoit  été  bien  fondé  à  croire  qu'il 
y  avoit  des  reliques  de  ce  saint  sous  Tautel  de  la  paroisse.  Quelques- 
uns  ont  aussi  assuré  que  Pierre  de  Broc  avoit  visité  le  dedans  des 
tombeaux  de  Tabbaye  de  Saint-Germain ,  mais  seulement  en  secret  et 
sans  en  dresser  de  procès-verbal. 

Dans  quelques  actes  cet  évéque  est  qualifié  baron  de  Nully,  en 
Champagne.  Il  avoit  acquis  cette  seigneurie  la  seconde  année  de  son 
épiscopat;  mais  il  ne  la  réunit  point  à  Tévêché  d'Âuxerre,  et  il  en  fit 
un  échange  au  bout  de  quelques  années.  Il  reçut  aussi ,  la  seconde 
année  depuis  sa  prise  de  possession ,  la  foi  et  hommage  que  lui  prêta 
Pierre  Camus,  bailli  d'Auxerre ,  pour  les  fiefs  de  Cervan,  Montifault , 
La  Yillote  et  Beauche,  en  partie  détachés  du  comté  d'Àuxerre,  et  le 
14  décembre,  Jean  Jacob,  écuyer,  pour  les  fiefs  d'Ougny  et  Ceponse 
en  Nivernois.  La  vente  de  la  baronnie  de  Toucy,  faite  par  décret  en 
1645 ,  lui  produisit  les  droits  de  quint  et  de  requint.  Il  fit  des  décou- 
vertes notables  sur  les  dépendances  de  la  baronnie  de  Donzy ,  par  la 
communication  qu'il  eut,  en  i649,  des  terriers  et  lettres  de  comptes 
qui  restoient  négligés  à  Varzy,  et  nonobstant  la  levée  de  la  saisie  féo- 
dale ordonnée  en  i650,  par  arrêt  du  parlement  en  faveur  du  duc  de 
Nevers,  il  fut  reconnu  seigneur  suzerain ,  en  i65i,  d'une  manière  au- 
thentique et  qui  lui  fut  utile.  Il  ajouta  aussi  au  domaine  épiscopal  de 
Varzy,  beaucoup  de  biens  situés  dans  le  voisinage  de  cette  terre.  Quoi- 
qu'il allât  quelquefois  la  visiter,  sa  résidence  la  plus  ordinaire  lorsqu'il 
n'étoit  point  h  Paris  fut  k  Régennes,  où  il  fit  mettre  ses  armoiries  dans 
les  endroits  les  plus  apparents,  aussi  bien  que  celles  du  cardinal  de 
Richelieu.  Il  donna  k  l'église  du  lieu ,  ç'est-h-dire  Âppoigny,  un  orne- 
ment de  drap  d'or  (1). 

Il  acheta  une  maison  à  Cosne  pour  s'y  retirer  aussi  quelquefois,  et 
jouir  des  agréments  du  rivage  de  la  Loire.  Mais  il  ne  réunit  point  ce 


1040  îi  1671. 


(1)  Quelques  personnes,  qui  se  disent  bien 
informées,  prétendent  que  cet  ornement 
aToit  été  acheté  d'une  somme  qu*un  prince 


avoit  chargé  ce  prélat  de  restituer  aux  ha- 
bitants de  cette  paroisse  par  un  article  de 
son  testament. 


xud  k  w\.  ^^^^^  ^^^  domaine  do  Tovikhi^  non  plus  qu^il  d  ;  fit  point  revenir  Thôtel 
<^pi$ro|>al  ciWuxerrc,  .situé  Si  Paris  ^  quoiqu^il  se  le  fût  proposé.  Il  avoii 
plus  fait  que  M.  de  $ouvré«  qui  mourut  en  poursuivant  cette  prétention. 
Il  voulut  on  savoir  le  produit  par  lui-même  en  rendant  visite  au  P. 
Bernard,  dit  Upautre  préîrt^  qui  logeoit  dans  un  appartement  de  cette 
maison  ;  mais  étant  informé  de  la  manière  dont  le  cardinal  de  la  Bonr* 
daisièro  avoit  fait  la  vente,  et  du  nom  des  |>ersonnes  intéressées,  il  se 
désista  de  ses  |>oursuites,  content  de  retirer  ses  frais*  Cette  maison  a 
depuis  été  changée  de  nature  (1).  Il  s'en  talloit  beaucoup  qu'il  eût  au- 
tant fait  de  démarches  pour  la  reconvrance  de  la  terre  de  Gien.  Il  sou- 
haita seulement  évtù  éclairci  sur  b  liaison  qu^avoit  la  mouvance  de  celle 
se^ltieiine  avec  le  droit  de  rég:ale.  Le  Qiapitr^  n^éunt  pas  moins 
attentif  que  lui  sur  cet  ancien  iief  de  Téglise  d^Aoxerre  ^  à  cause  du 
ciei|çe  de  cent  livres  dont  cette  terre  est  chargée  envers  la  trésorerie^ 
nenonxvla  de  son  temps  ses  oppositions  à  la  v«te. 

n  possédoii  ^  qnand  il  fat  nommé  évèqne  ^  les  ahbayes  de  Ressons 
<i  de  Fonienelles  ;  mais  il  permuta  la  dernière  dès  Fan  1 645,  pour 
TahKavti  de  Tonssaints  d'Angers  ;  et  il  en  prit  possession  ai  personne 
an  mois  de  mai  1646^  se  retenant  mille  livres  de  peiision  sur  fantre. 
ftans  le  même  temps,  il  fil  quelques  tentatives  pour  une  pret^ende  de  la 
cathôâra)e  ^e  Saint-Maurice  d'Angers  :  il  ne  pot  cqi«»dam  y  réussir  h 
cause  des  difficultés  ^i  se  ptrêsentèrent  an  sujet  de  la  stalle  qu*il  occu- 
ferait  au  cbomr  ei  de  la  place  qu'il  auroit  en  Qiapiire.  Les  dummues 
deâMit-Maniu  de  Tours  ayant  uu  cérémoimi  réglé  pcmr  cr!ux  d'ettre 
kts  é^^ues  qni  «tout  chanoines  honoraires  de  lenr  «|ffeie  «  Padmimm  uu 
<^<r«r  comme  leur  eonfrcuT^  lorsqn^il  les  eni  sahiés  en  •qnaîihé  d^cvèquf 
d^AuteiTC ,  et  mdme  rec^ront  de  lui  la  liénédiction  à  la  fin  de  la  mease^ 
Outre  les  èimx  utàiaj^es  ci-dessns  nomimées  qn^il  possédoiu  il  es|ièr& 
on  \uin  avoir  coHe  de  Ijinne^'  on  Benuvoisis.  njirès  la  mon  de  J'abiiè 
de  Honrmoronr^^  arrivée  on  I6S0.  Il  fit  à  Paris  deux  eérémcmies  fo- 
nohres  on  IfUd  et  1^1  :  la  pi*omirire  Fm  ronicrremeni  de  madame  Ai 
HommomncA^  qn'W  inhuma .  pnr  ordre  do  prince  de  CnnAê,  dans  le 
oimMiore  des  rnliffionsrs  i^turméiiies  de  Nntre-^»me-A*-^ihOTnj»i.  La 

.1  tSllt'^«lli  lii:|ilii^HrS  Vislwl 


CENTIÈME    ÉYÊQUE    d'aUXEBUE.  i57 

seconde  fut  le  service  que  les  prélats  de  rassemblée  du  clergé  tirent 
célébrer  dansTéglise  des  Âugustins,  pour  Léonore  d'Estampes,  arche- 
vêque de  Reims.  Il  fut  l'un  des  évéques  qui  sacrèrent  li  Paris,  dans 
Téglise  des  Jésuiteë,  Jean  de  Lingendes,  évéque  de  Sarlat.  Dès  les 
premières  années  de  son  épiscopat ,  Urbain  YIII  Tavoit  chargé  d'une 
commission  au  sujet  de  l'Ordre  de  Citeaux,  avec  l'archevêque  de  Sens 
et  Tévéque  d^Uzez.  Dans  cette  négociation  il  fut  favorable  à  Claude 
Vaussin,  religieux  de  Clairvaux,  prieur  de  Fontenet,  contre  les  conven- 
tuels que  le  cardinal  de  Richelieu  avoit  réformés.  Enfin,  on  lit  qu'il 
présida  à  quelques  séances  de  l'assemblée  du  clergé,  Tan  1661,  et 
qu*il  tâcha  d'y  maintenir  tout  en  paix. 

Il  reçut  deux  fois  à  Âuxerre  le  roi  Louis  XIV  dans  son  palais  épis- 
copal.  Premièrement,  Tan  i650,  lorsqu'il  y  arriva  le  onzième  jour  de 
mars  avec  la  reine  sa  mère,  le  duc  d'Anjou  et  le  cardinal  Mazarin  ;  la 
seconde  fois  fut  Tan  166i .  Deux  ans  après ,  le  roi  lui  donna  une  marque 
sensible  de  sa  protection.  Le  présidial  d'Âuxerre  se  rendant  aux  re- 
montrances du  procureur  du  roi,  touchant  la  résidence  des  évêques, 
marquée  par  les  ordonnances  du  prince,  et  voyant  qu'il  étoit  de  noto- 
riété publique,  que  Tévéque  d'Âuxerre  n'y  satisfaisoit  point,  et  que  les 
pauvres  crioient  contre  lui,  avoit  ordonné,  le  ^.vingtième  jour  de  mai 
1665,  que  ce  prélat  seroit  averti  et  invité  de  résider  dans  un  mois  et 
de  faire  l'aumône,  sous  peine  de  saisie  de  son  temporel,  et  que  Tor- 
donnance  seroit  signifiée  à  ses  vicaires-généraux  afin  qu'il  en  eût  con- 
noiasance.  Le  prélat,  qui  ne  savoit  pas  que  c'étoit  son  neveu,. doyen 
du  Chapitre,  qui  avoit  fait  naitre  la  querelle ,  se  pourvut  aussitôt  au 
conseil  privé ,  où  par  arrêt  il  fut  dit  que  cette  ordonnance  seroit  biffée 
des  registres  comme  injurieuse,  et  que  l'arrêt  seroit  publié  dans 
Âuxerre  à  son  de  trompe.  Ce  qui  fut  exécuté  par  un  huissier  de  la 
chaîne  envoyé  exprès  de  Paris  (a). 


1640  i  l<ri. 


(a)  L^abbé  Lebeuf  a  omis  de  parler  des  mesures  prises  par  M.  de  Broc  pour  faire 
exécuter  la  décision  de  rassemblée  générale  du  clergé  de  France  de  1657,  au  sujet 
de  la  signature  du  formulaire ,  prescrite  par  les  constitutions  des  papes 
Alexandre  VII  en  1653,  et  Innocent  XI  en  1656.  On  sait  que  ce  formulaire  con- 
damnait les  erreurs  contenues  dans  cinq  propositions  du  docteur  Jansénius.  Le 
16  juillet  1664,  M.  de  Broc  ordonna  ,  par  un  mandement,  à  tout  son  clergé ,  sécu- 

u  17 


2-^8  PIERRE   DE   BROC, 

\m  à  1671.  Pierre  de  Broc,  qui  ne  se  croyoit  |)a8  un  profond  théologien,  main- 
tint assez  la  paix  dans  son  diocèse,  par  Fasage  où  il  fut  d'avoir  des 
vicaires-généraux  au  gré  de  tout  le  monde.  Il  consentit  volontiers  en 
faisant  travailler  à  une  nouvelle  édition  du  bréviaire  d'Auxerre,  que  ce 
fussent  les  plus  habiles  du  Chapitre  dans  la  connoissance  de  Tantiquité 
qui  y  missent  la  main;  et  comme  alors  on  n*avoit  pas  devant  soi  les  beaux 
modèles  qui  ont  paru  depuis,  il  fut  publié  Tan  iG70,  plutôt  sous  le 
nom  modeste  d'eisat,  que  comme  un  bréviaire  véritablement  exact  et 
^  Tabri  de  la  critique  (1).  Il  vit  de  son  temps  la  cérémonie  de  Tannée 
séculaire  depuis  la  délivrance  d*Âuxerre  de  la  main  des  Calvinistes, 
qui  fut  Tan  16G8,  c'est-à-dire  la  célèbre  procession  en  mémoire  de 
ce  bienfait  (a).  Commençant  alors  k  résider  plus  exactement,  et  témoi- 
gnant de  plus  en  plus  son  amitié  aux  chanoines  de  son  église ,  il  se 


(1)  Voyce  la  lettre  pastorale. 

lier  et  régulier ,  et  aux  régents,  professeurs  et  maîtres  d'école,  de  souscrire  le  for- 
mulaire dans  un  mois,  à  partir  de  ce  jour,  à  peine  de  poursuites.  Il  donna  lui-même 
Texemple  en  le  signant  sur  le  registre  de  Tévèché.  Un  sergent  royal  alla  ensuite 
notifier  Tordonnance  dans  tout  le  diocèse  et  Ht  son  rapport.  Le  4  novembre ,  sur 
la  requête  du  promoteur,  il  fut  constaté  que  40  curés  ou  prieurs,  les  abbés  de 
Saint-Marien,  Saint-Germain,  Reigny  et  ses  moines,  Saint' Laurent  de  Cosne,  les 
Bénédictins  de  La  Charité,  les  chanoines  et  les  moines  de  Gien,  l'abbc  de  Roches, 
les  Gordeliers  d'Auxcrre  et  un  maître  d*écolc  de  cette  ville  avaient  négligé  ou  re- 
fusé de  signer  le  formulaire.  —  On  ne  voit  pas  quelle  suite  eut  cette  première 
affaire.  (iV.  d.  E.) 

(«)  Le  pape  Clément  IX  accorda  ,  à  l'occasion  de  rétablissement  de  cet  anniver- 
saire>  une  bulle  d'indulgences  du  28  février  1668.  Bargedé,  dans  son  histoire  manus- 
crite, fait  une  description  pompeuse  de  cette  cérémonie  à  laquelle  assistèrent  les 
nombreuses  communautés  religieuses  de  la  ville  et  tous  les  corps  constitués.  Il  en 
fut  si  émerveillé  qu'il  s'écrie  :  «  Le  matin  de  cette  célèbre  journée,  le  soleil  se  ca- 
cha dans  les  nuées,  honteux  qu'il  estoit  de  se  voir  surmonté  par  de  si  superbes  ap- 
pareils.... et  plus  loin,  cent  noneltes  marchoient  sur  les  pas  des  bannières,  vêtues 
de  blanc,  marque  de  leur  chasteté,  et  avec  une  telle  modestie  et  gravité,  que  si  les 
anges  avoient  eu  des  corps  ils  seseroient  trompés  à  leur  Ogure,  n'y  remarquant 
rien  d'humain.  » 

On  devait  ériger,  en  mémoire  de  l'expulsion  des  Huguenots,  une  pyramide  de 
bronze;  mais  les  dépenses  d'un  tel  projet  le  firent  ajourner  indéfiniment. 

(N,  d.  E.) 


/  CENTIÈME   ÉVÊQUE    D  AUXERRE.  251) 

trouva  avec  eux  au  Chapiire  les  deraîères  années  de  sa  vie,  à  la  céré-  xqm  ii  icti 
moDÎe  du  soir  du  jeudi-saint,  où  Tévéque  est  tenu  de  fournir  le  vin  de 
la  cène ,  landis  que  les  chanoines  réguliers  de  Saint-Eusèbe  servent  de 
leur  côlé  des  pains  azymes  à  tous  ceux  du  corps ,  tant  chanoines  que 
tortiers.  Ou.  remarque  que  sous  son  épiscopat,  le  Chapitre,  loin  de  se 
relâcher  sur  rattachement  qu'il  avoit  pour  l'antiquité,  Gt  au  contraire 
plusieurs  règlements  pour  rétablir  dans  leur  premier  état  des  rits 
cliangés  assez  légèrement  sous  les  trois  épiscopats  précédents*  On  en 
fut  redevable  a  Tattention  qu'eurent  quelques  chanoines  de  consulter 
les  anciens  monuments.  Mais  ces  chanoines  ne  purent  réussir  en  tout. 
On  peut  juger  de  la  connoissance  qu'avoient  de  la  saine  antiquité  ceux 
qui  se  méloient  de  proposer  les  changements  par  le  mémoire  qu'ils  en- 
voyèrent, en  i670»  a  M.  de  Sainte-Beuve,  et  que  ce  docteur  réfuta 
solidement  par  sa  délibération  du  17  août  (1).  Il  étoit  question  d'in- 
troduire, h  la  fin  des  grand'messes,  la  bénédiction  par  le  célébrant 
avant  de  quitter  Tautel.  On  ne  voyoit  encore,  au  commencement  de 
son  épiscopal,  que  deux  ou  trois  chanoines  porter  la  perruque,  dont 
le  plus  ancien  étoit  Germain  Bardolat,  qui  la  prit  par  nécessité.  Cette 
nouvelle  mode  prit  tellement  cours  malgré  la  soumission  qu'on  étoit 
obligé  de  faire  au  Chapitre  pour  en  obtenir  la  permission,  que  vers 
l'an  1670  il  n'y  avoit  plus  qu'un  ou  deux  chanoines  qui  continuoient 
de  paroitre  au  chœur  avec  leurs  cheveux. 

Pierre  de  Broc  plaça  dans  le  clergé  de  la  cathédrale  quelques-uns 
de  ses  neveux.  Le  premier  fut  Pierre  Fricour  de  Fénouillet,  natif  du 
diocèse  de  Tours,  prieur  de  Juvigny ,  à  qui  il  conféra  le  canonicat  et 
la  trésorerie,  dont  Claude  Leclerc  ,  depuis  archidiacre,  s'étoit  démis 
en  1640.  Il  n'étoit  encore  alors  que  simple  clerc.  Le  second  fut  Jacques 
des  Loges,  fils  de  Catherine  de  Broc,  né  en  la  paroisse  des  Loges,  au 
diocèse  du  Mans,  en  1627,  qui  fut  fait  chanoine  en  1659,  et  fut  de- 
puis prieur  de  Saint-Melaine  et  de  Saint-Yenerand,  et  chanoine  du 
cimetière  de  Laval.  Le  troisième,  Charles  Testu  de  Pierre-Basse  du 
diocèse  d'Angers,  fils  d'Antoinette  de  Broc,  sa  sœur  jumelle,  qui  n'étant 
encore  que  sous-diacre  et  chanoine  depuis  quinze  jours ,  fut  élu  doyen 

(1)  Cas  de  conscience,  tome  i,  cas  9  el  10. 


n- 


2G0  PIERRE   DE    BROC,    CENTIÈME    ÉVÊQUE   D*AUXERRE. 

1640  a  lun  le  17  octobre  1661 .  Ce  neveu  fui  ordonné  diacre  et  prêtre  extra  tempara 
par  son  oncle,  qu'il  soulagea  dans  les  dernières  années  de  son  épis- 
copat  en  qualité  de  vicaire-général.  H  lui  succéda  aussi  dans  l'abbaye 
de  Toussaints  d*Ângers.  Pierre  de  Broc,  averti  vers  ce  temps-là  qu'il 
avoit  contracté  beaucoup  de  dettes,  forma  une  sincère  résolution  de  les 
acquitter.  Il  retrancha  pour  cela  les  deux  tiers  de  sa  dépense  ;  et  il 
seroit  venu  à  bout  de  les  acquitter  toutes  si  la  mort  ne  l'avoit  pré- 
venu (a).  Etant  tombé  malade  au  château  de  Régennes  les  premiers 
jours  de  juillet  de  Tannée  1671,  le  doyen  d'Âuxerre  lui  administra  le 
saint  viatique;  le  curé  de  la  paroisse  lui  conféra  le  sacrement  de 
Textréme-onction,  et  il  mourut  le  septième  jour  du  même  mois.  Son 
corps,  apporté  à  Âuxerre,  fut  placé,  après  les  obsèques,  dans  une 
chapelle  des  grottes  de  la  cathédrale,  auprès  de  celui  de  sa  sœur 
Antoinette,  épouse  de  M.  de  Pierre-Basse,  qui  y  reposoil  depuis  huit 
ans.  Un  Jacobin,  nommé  Gauthier,  fit  son  oraison  funèbre  le  trentième 
jour  après  celui  de  sa  mort,  en  présence  de  tous  les  corps  de  la  ville. 
On  ne  sait  pour  quelle  raison  le  Chapitre  différa  jusqu'au  mois  de  no- 
vembre à  ordonner  à  chaque  collégiale,  monastère,  communautés  et 
curés,  qu'ils  fissent  un  service  pour  le  repos  de  son  âme.  Le  mande-^ 
ment  qui  fut  signé  du  doyen  au  nom  de  la  compagnie,  est  du  18  de 
ce  mois,  et  donne  au  défunt  évéque  les  épithètes  c  de  bon  ,  bienfaisant 
et  dont  la  mémoire  sera  â  jamais  chère  dans  le  diocèse.  »  On  célébra 
encore  dans  la  cathédrale ,  au  bout  de  Tan ,  un  service  solennel  auquel 
son  successeur  officia  pontificalemen t. 

Comme  son  corps  et  celui  de  sa  sœur  étoient  restés  simplement  dans 
des  cercueils  de  plomb  élevés  sur  des  tréteaux  sans  être  renfermés  en 
terre;  ils  furent  tirés  de  ce  lieu  le  samedi  16  septembre  1750,  après 
complies ,  et  portés  dans  la  nef  de  l'église  où  on  les  descendit  dans  le 
caveau  de  MM.  de  Dinteville,  dont  les  corps  occupoient  très-peu  d'es- 


(a)  Les  grandes  dépenses  queU.  de  Broc  avait  faites  lorsqu'il  était  au  service  du 
roi ,  dan^  la  poursuite  de  plusieurs  procès  de  son  église  et  pour  l'entretien  de  sa 
maison,  avaient  gravement  compromis  sa  fortune.  Il  fut  obligé,  en  1669,  d'a- 
bandonner à  ses  créanciers  tout  son  revenu ,  moyennant  15,000  liv.  qu'on  lui  laissa 
par  an.  (iV.  d.  E.) 


n 


NICOLAS   COLBERT,    CENT-UNIÈME    ÉVÊQUE   d'aUXEBRE.  261 

pace.    Celui  de  Tévéque  fui  mis  à  droite,   et  celui  de  sa   sœur  à  leiosiieri 
gauche. 

Il  reste  quelques  exemplaires  d'un  petit  livre  dédié  à  Pierre  de  Broc, 
qui  a  été  imprimé  à  Auxerre,  chez  Jacques  Bouquet,  in<*12,  Tan  1643, 
intitulé  :  l'Entretien  des  Musiciens,  par  le  sieur  Gantez,  prieur  de  la 
Magdeleine  en  Provence,  chanoine  sémiprébendé  et  maître  des  enfants 
de  chœur  et  de  la  musique  de  l'église  cathédrale  d*Âuxerre.  L'épltre 
dédicatoire  et  tout  Touvrage  prouvent  combien  ce  prélat  étoit  bon  et 
facile.  L'auteur  reconnoit  que  c'étoit  de  lui  qu'il  tenoit  sa  sémipré- 
bendé, et  il  lui  en  fait  hommage  dans  l'année  même.  On  trouve ,  en 
effet,  dans  les  registres  du  Chapitre,  au  27  juin  1643,  la  réception 
d'Annibal  Gantez,  prêtre  du  diocèse  de  Marseille.  L'écrivain  ne  ba- 
lance point  de  dire  à  Tévéque  qu'il  lui  a  semblé  ne  pouvoir  rencontrer 
un  meilleur  protecteur  de  son  livre,  ci  parce  que,  dit-il,  voQ8a?ez  un 
û  grand  amour  pour  les  musiciens,  que  presque  toute  votre  maison  en 
est  composée.»  Au  moins,  il  est  certain  que  ce  prélat  avoit  été  si  charmé 
de  l'organiste  qui  avoit  touché  au  Te  Deum^  entonné  par  lui  dans  la 
cathédrale  d'Ârras,  après  la  prise  de  la  ville,  qu'il  Temmena  avec  lui,  le 
présenta  an  cardinal  ministre,  et  le  fit  ensuite  venir  à  Âuxerre  pour 
demeurer  chez  lui.  Il  se  nommoit  Antoine  Doresmieux  (1). 


CHAPITRE  X. 


NICOLAS  COLBERT,  Cl^  ËVÊQUE  D'AUXERKC 


L'évêché  d' Auxerre  ne  fut  |>as  plus  lot  vacant  par  la  mort  de  Pierre  im  a  lere. 
de  Broc,  que  Jean-Baptiste  Colbert ,  ministre  d'Etal,  qui  avoit  une 
terre  considérable  proche  cetie  ville ,  sachant  que  l'air  de  celle  de  Luçon 


(1)  On  lui  dédia  pendant  son  épiscopat  un 
volume  in-12  qui  étoit  la  traduction  d'un 
Traité  du  Président  d*Espagnet,  fameux 
chercheur  de  la  pierre  philosophalc. 


Ce  fut  aussi  sous  son  épiscopat,  en  1664,  que 
plusieurs  chanoines  et  autres  firent  entre  eux 
une  association  pour  tenir  par  chaque  se- 
maine une  conférence  spirituelle.  Ces  cha- 


262  NICeLAS   COLBBRT, 

io7ia  \ci6,  é^oii  contraire  à  la  saoté  de  son  frère, qai  en  éloil  évùque,  obtint  du 
roi  Louis  XIV,  sa  nomination  à  cet  évéché.  Mais  ce  prélat ,  bien  instruit 
des  canons  qui  défendent  les  translations ,  différa  longtemps  à  accepter 
celte  nomination.  Pendant  ces  délais,  le  Chapitre  entra  en  possession 
du  gouvernement  spirituel  et  temporel.  Ayant  fait  mettre  le  scellé  an 
palais  épiscopal  et  au  château  de  Régennes ,  il  gouverna  le  temporel  de 
Tévêque  futur  par  trois  économes ,  et  il  exerça  en  corps  ce  qui  concer- 
noit  Tautorité  spirituelle.  L^évéque  de  Luçon,  qui  se  nommoit  Nicolas 
Colbert,  se  détermina  pendant  ce  temps-li  sur  les  raisons  que  le  Père 
de  Sainte-Marthe,  général  de  l'Oratoire,  lui  allégua.  On  lui  représenta 
les  besoins  du  diocèse  d'Âuxerre ,  que  son  frère  avoil  connu  par  les 
missions  qu'il  y  avoil  fait  faire*  On  lui  promit  que  le  roi  lui  donneroit  un 
successeur  ii  Luçon,  riche  et  charitable ,  qui  enchériroit  sur  le  bien 
qu'il  jAeit  procuré  (1).  Ces  raisons  le  portèrent  à  croire  qu  il  y  avoit  de 
Futilité  il  espérer,  s'il  recommençoit  de  nouveau  les  travaux  de  Tépis- 
copat  •  et  il  se  soumit  à  accepter  un  bénéfice  qu'il  n*avoit  ni  demandé 
ni  désiré.  Le  célèbre  casuiste,  M.  de  Sainte-Beuve,  fut  informé  des 
premiers  que  Nicolas  Colbert  s*étoit  déterminé  malgré  lui  à  cette  trans- 
lation et  qu'on  ne  lui  avoit  pas  donné  le  temps  d*attendrc  sa  décision 
sur  ce  cas;  mais,  quoiqu^il  ne  fût  pas  dans  la  disposition  d'autoriser 
ces  sortes  de  translations,  il  ne  put  s'empêcher  d'en  apprendre  avec 
joie  la  nouvelle  à  des  citoyens  d'Âuxerre  qui  étoienl  venus  lui  apporter 
une  consultation,  et  il  leur  dit  que  a  pour  le  coup  ils  avoient  un 
évéque.  »  Ce  n'est  pas  qu'il  voulût  leur  apprendre  simplement  que  le 
siège  épiscopal  cloit  rempli ,  mais  son  dessein  éloit  de  leur  faire  en- 
tendre qu'il  étoit  rempli  par  un  prélat  en  qui  se  réunissoicnt  toutes  les 
cminentes  qualités  qui  forment  un  véritable  évoque.  La  nouvelle  nomi- 
nation faite  par  le  roi  avoit  déjà  réjoui  universellement  le  diocèse 
d'Auxerre;  mais  le  jugement  porté  par  M.  de  Sainte-Beuve  étant 


noines  n*étoient  d*abord  qae  quatre,  savoir  : 
Gervais  Housset,  chantre,  chez  qui  elle  se 
tenoit;  Nicolas  Hous8et,soas-chantre;  Claude 
Barrault,  et  Edmede  Rigny,  tous  prêtres. 
Ils  admirent  depuis  quatre  autres  chanoines 
qui  éloient,  Nicolas  Berault,  Melchior  Bru- 
net,  Claude  Brunet,  et  Guy  Foreslier.  Ces 


assemblées  dont  plusieurs  furent  publi(]ucs 
et  ouvertes  à  tout  le  monde ,  ne  cessèrent 
que  vers  l'an  1680. 

(1)  L*auteur  d'un  livre  qui  traite  de  la 
ville  de  Luçon,  et  qui  fut  composé  pendant 
qu'il  en  étoit  évéque,  assure  qu'il  a  été  ablM* 
de  Saint-Sauveur-de-Vertus. 


CENT -UNIEME    ÉVÉQUE  D*ÀUXERRE.  265 

bientôi  répandu  dans  le  public ,  y  augmenta  encore  davantage  la  joie  j^^  ^i  i^^^, 
des  ecclésiastiques  et  des  fidèles.  Il  y  auroit  eu  de  quoi  former  un  va* 
lume  par  quiconque  auroit  entrepris  d'écrire  au  long  la  vie  que  le  prélat 
mena,  tant  a  Luçon  qu'à  Âuxerre.  Mais  comme  il  a  fallu  me  borner 
dans  cette  collection,  je  me  contenterai  de  produire  ici  ce  qui  m'a  été 
fourni  par  plusieurs  pieux  et  savants  personnages  qui  Font  connu  par** 
ticulièrement ,  et  par  d'autres  qui  Vont  vu  en  différentes  occasions,  k 
quoi  j'ai  ajouté  ce  que  j'ai  trouvé  par  mes  recherches  particulières. 

La  patrie  de  ce  prélat  étoit  la  ville  de  Reims.  Il  y  étoit  né  Tan  4628. 
Il  y  avoit  commencé  ses  études,  les  avoit  continuées  à  Paris ,  où  il 
avoit  reçu  le  bonnet  de  docteur  au  sortir  de  la  licence  dont  il  avoit  été 
prieur;  ensuite  de  quoi,  étant  bibliothécaire  du  roi  (1),  il  avoit  été 
élevé,  Tan  1661 ,  à  l'évéché  de  Luçon ,  où  il  avoit  fait  des  bien$  infinis. 
Ayant  donc  succombé  aux  instances  de  sa  famille ,  qui  cniig|oit  pour 
sa  santé,  il  se  disposa  à  subir  le  nouveau  fardeau  qui  alloit  lai  être  im* 
posé.  Use  retira  à  Reims, où  sa  principale  occupation  après  la  prière, 
la  lecture  et  ses  lettres  écrites,  fut  de  visiter  les  lieux  de  piété  et  les 
sanctuaires  de  la  ville.  Â  la  prière  du  Chapitre ,  il  officia  pontificalement 
aux  grandes  fêtes  qui  se  rencontrèrent  pendant  le  reste  de  l'année  1671. 
Il  fit  plusieurs  fonctions  épiscopales  à  la  réquisition  des  vicaires-géné- 
raux du  cardinal  Antoine  Barberin ,  archevêque  ;  il  anima  à  l'étude  et 
à  la  piété  quantité  déjeunes  ecclésiastiques,  et  montra  partout  une  mo- 
destie et  un  recueillement  que  tous  les  fidèles  admirèrent  et  firent 
remarquer  k  leurs  enfants,  afin  que  la  mémoire  s'en  perpétuât. 

Les  bulles  de  sa  translation  étant  arrivées,  il  prit  congé  de  sa  famille 
et  se  bâta  de  se  rendre  à  Âuxerre ,  où  l'on  étoit  prévenu  avec  justice 
en  sa  faveur  et  plein  d'espérance  d'avoir  en  lui  un  pasteur  selon  le  cœur 
de  Dieu  et  un  prolecteur  en  cour.  Le  Chapitre  de  la  cathédrale  députa 
six  du  corps  pour  aller  jusqu'à  Joigny  au  devant  de  lui  et  raccompagner 
jusqu'à  Âuxerre  ;  il  fut  reçu  dans  la  ville  le  27  janvier,  comme  on  au- 
roit reçu  le  roi  ou  le  gouverneur  de  la  province;  c'est-à-dire  que  le 
maire  et  les  cchevins,  avec  toute  la  bourgeoisie  en  armes,  étoicut  allés 


(1)  L'histoire  de  la  Bibliothèque  du  roi  dit 
qu'il  fut  bibliothécaire  det)uis  Tan    165G 


jusqu'à  sa  morl. 


264  NIC0L4S   COLBBRT, 

10:9^  167e.  bien  loin  hors  de  la  ville  au  devant  de  lui,  où  ceux  (]ui  représcnloienl 
la  coromunaulé  des  habitants  lui  ûrent  leur  harangue.  Mais  comme  il 
ne  fut  point  curieux  de  se  faire  porter  par  les  quatre  barons,  depuis 
Téglise  de  Saint-Germain  jusqu'à  la  cathédrale,  il  se  rendit  droit  au 
palais  épiscopal,  où  il  se  prépara  pendant  deux  jours  de  recueillement 
à  sa  prise  de  possession.  Le  29,  il  passa  de  son  palais  à  la  cathédrale 
par  la  porte  de  communication,  qui  est  derrière  le  chœur,  et  alla  dans 
la  chapelle  de  Notre-Dame-des- Vertus,  située  à  côté  du  grand  portail; 
là,  s'étant  habillé  pontificalement,  il  se  présenta  à  la  grande  porte  de 
relise  pour  y  être  reçu.  Le  doyen,  à  la  tête  des  chanoines,  tous  re- 
vêtus des  plus  belles  chapes,  lui  ayant  fait  un  discours,  lui  présenta 
le  livre  des  évangiles  pour  prêter  le  serment  suivant  la  formule  ancienne 
qui  y  esi.écrite.  Comme  ce  serment  fait  mention  des  droits  et  immu- 
nités deji'église  d'Âuxerre  ,  il  fit  réponse  qu'il  s'y  conformeroit  lors- 
qu'il les  auroit  vus,  et  de  là  il  avança  au  chœur  qui  étoit  orné  de  tapis- 
series nouvelles,  et  il  y  fut  intronisé  à  la  manière  accoutumée.  Le 
Chapitre  lui  fitensuite'les  présents  ordinaires  de  pain  et  de  vin  pour 
sa  nouvelle  venue,  et  dès  le  même  jour  ou  le  lendemain  il  offrit  à 
la  cathédrale  quelques-uns  de  ses  ornements  pontificaux.  Mais  il  ne 
donna  aucun  repas,  réservant  tout  ce  qu'il  avoit  d'argent  pour  les  pau- 
vres qu'il  savoit  être  en  grand  nombre  et  dans  un  grand  besoin  (1). 

A  peine  étoit-il  en  possession  et  avoit-il  reçu  les  harangues  des  dif- 
férents corps  de  la  ville,  qu'ayant  appris  qu'il  n'y  avoit  point  encore  de 
séminaire  érigé  pour  l'instruction  des  jeunes  ecclésiastiques,  et  que  son 
prédécesseur  n'avoit  point  fait  d'attention  à  cet  article  des  bulles,  il 
prit  les  moyens  d'en  établir  un  sans  aucun  délai.  Il  destina  d'abord 
pour  cela  tout  le  bas  du  palais  épiscopal  où  il  lit  faire  de  petites  cham- 
bres. Il  donna  un  mandement  le  5  mai,  par  lequel  il  faisoit  savoir  que 
ceux  qui  se  disposoient  aux  ordres  pourroient  se  présenter  des  le  18 
du  même  mois;  et,  après  avoir  réuni  un  nombre  d'ecclésiastiques  des 
plus  vertueux,  il  leur  donna  pour  supérieur  Louis  Habert,  docteur  de 


(1)  J'ai  vu  une  lettre  en  original  du  P. 
Duneau,  jésuite  francois,  résidant  à  Rome, 
du  19  avril  167*2,  à  un  chanoine  d'Auxerro, 
qui  contient  cet  cloge  de  Nicolas  Colbcrl  : 


«  Je  commencerai  en  me  conjoùissant  avec 
»  vous  et  avec  toute  la  ville  d'Auxerre,  ri'a- 
>  voir  un  évéque  si  pieux  et  si  homme  de 
>■  bien  qu'est  le  votre.  > 


CENT-UNIÈME   É\ÊQUB   d'aUXERRE.  265 

SorboDoe,  natif  de  Blois.  L'année  d'après  il  acheta  pour  la  même  fin  ^^^i,  1.76 
un  grand  corps  de  logis  situé  dans  la  paroisse  de  Saint-Loup,  qui  avoit 
appartenu  à  M.  Pierre  Camus,  bailli  d'Auxerre.  Depuis  ce  temps-là 
on  Vy  vit  souvent  aller  pour  y  prendre  ses  repas,  y  donner  des  avis 
salutaires  et  y  pratiquer  Thumililé.  Persuadé  que  la  réforme  d'un  dio- 
cèse dépend  des  nouveaux  prêtres  qu'on  y  met  en  place ,  il  prit  dès 
lors  toutes,  les  précautions  possibles  pour  n'imposer  les  mains  qu'à  de 
bons  sujets  et  bien  éprouvés  ;  et,  afin  de  n'y  être  pas  trompé,  il  se  pré- 
para à  chaque  ordination  par  un  jour  de  retraite  au  tombeau  de  saint 
Germain  ;  il  s'y  rendoit  le  vendredi,  h  sept  heures  du  matin,  restoit  ou 
h  genoux  dans  les  grottes  1  ou  debout  dans  le  chœur ,  chantant  Tofiice 
avec  les  religieux,  et  vers  les  sept  heures  du  soir,  quelques  domestiques 
revenoient  vers  lui  pour  l'accompagner  lorsqu'il  retourneroit  à  Té- 
vêché  où  on  lui  servoit  à  manger  pour  la  première  et  uniqueJbis  de  ce 
jour-là. 

Il  fjpt  aisé  de  reconnoitre,  à  ce  premier  trait,  que  ce  prélat  étoit  00 
homme  de  prières  et  de  mortification.  Mais  ce  qu'on  lui  vit  faire  à 
Auxerre  étoit  ce  qu'il  avoit  pratiqué  à  Luçon  pendant  dix  ans.  Dans 
toute  sa  conduite,  son  régime  de  vie  et  son  domestique,  il  n'innova 
rien  en  passant  d'une  église  à  l'autre,  que  sur  un  seul  article  ;  encore 
le  fit-il  à  la  sollicitation  de  sa  famille.  Ce  fut  qu'au  lieu  que  jusqu'alors  il 
n'avoil  point  eu  de  vaisselle  d'argent,  mais  seulement  d'étain,  il  commença 
à  en  avoir  d'argent  à  Auxerre ,  à  cause  que  la  ville  est  située  sur  une 
route  où  passent  souvent  des  personnes  du  premier  rang.  Il  se  levoit  à 
cinq  heures  et  ne  se  retiroit  qu'après  neuf  heures  du  soir.  Loin  de 
mener  une  vie  de  fantaisie,  de  caprice,  et  sans  règles,  il  récitoit  l'oflice 
divin,  autant  qu'il  le  pouvoit,  aux  heures  de  l'église.  Il  assistoit  à  l'of- 
fice entier  de  la  cathédrale  les  dimanches  et  fêtes  chômées.  Chaque 
dimanche,  après  matines,  il  passoit  derrière  le  grand  autel;  là  on  lui 
ôtoit  sou  camail,  il  quittoit  son  rochet,  et  aussitôt  il  se  mcttoit  à  genoux 
et  se  confessoit  à  la  vue  de  tout  le  monde  ;  ensuite  il  célébroit  la  messe. 
Il  s'assHJettissoit  chez  lui  à  une  suite  uniforme  d'occupations,  à  moins 
qu'une  affaire  extraordinaire  ou  quelque  bien  supérieur  ne  l'obligeât 
de  s'en  écarter.  Ainsi ,  s'il  donnoit  ses  audiences  à  des  heures  réglées, 
c'cloit  sans  s'y  astreindre  nécessairement.  Quoique  son  abord  fût  un 


'jtn  *  m:«.  P^*  ^'^  *  ^  recef  ait  ■■  ekann  at^ec  vb  wap^  égal ,  <H  ■■  air  lie 

i|w  ÎBsptfoît  de  b  amSamct^  tosjovrs  cepcadail  ai«r  ke^  iikiiaclÎQB» 
qsi  soBi  da».  C««x  ifm  sortoîesl  de  soa  awiîeace  m  3»  B*êloîcBt  ex- 
ilés qvVs  ireabbiit,  éloieal  cbatiaés  des  doacews  de  sa  chaitfé*  et 
fJdioigDt  pr  lo«l  qvlk  lesoieat  de  prier  à  ■■  saîsL  Ses  Ai 
êloîeAl  d  n  prix  wêdiocre  et  des  plw  sôifiles  ;  s»  ■eafcWu  B^av^ 
rmqvî  frapiâl les  je«x <m  q«i  fftl  a&clé.  Oi  w  serioîtàsa  laUe^à 
diser,  ^wès  b  Mspe,  qs^'aae  esirée  et  le  bMS  aice  qadqMS  finûls ,  à 
■oÎK  i|«^  b\  eéi  me  perwue  de  d»lÎMtM  ;  dwaal  Mit  le  ref»^  «■ 
biâoâ  b  leetve.  Ei  ■■  mal  Umi  éloil  ckz  hi  coiMe  le  pcKiii  le 
qsatrieae  ir— riW  deCanka^e,  et  b  n^pbfilê  j  éloi 
lîliB  gel3h>— e ehoiwr soa  pbKêpficefal  par  j 
:if  irîlMile.  IjiffSi|a*3  aHoîl  pr  b  lîile,  c'éloîi  imîmhs  : 
pfpê  dToB  erclirittrtifr  ;  aiaat  fomr  Mnif  qpi^s 
pisl  wflir  saas  aiw  ■■  dete  femt  lémoim  de  ses  attMMS. 
■e  BSB^  de  liandes  Aflicacesy  coiMe  padrix«  le^nreaax^  ctc^  <pii 
<fi^«a  es  MTrit  s«r  sa  taUe  daas  ks  cas  atracediBaûes^  D  bsm  â  pa 
deiû  qpi*3  se  fÛMÎl  ipe  roipr  S0S  cas,  et  le  pâBsovreM  3  b  hmwmà 
pffe«  On  ae  aavok  ce  «(pH  aisoil  le  ■wm^  mt  J  i  ■  md  ■!  jasû.  ries 
IMMTMt.  Les  joandejeÉBe^  Sae  biuMt  «p^ea  sedi  rep»  à  iep  knKs 
ém  seîr.  La  wiiiae  salai^^  3  s'absicml  de  pînraa  et  m'wMtk  «pe  de 
Iqevaes.  fMttpIl  iniailiit  i9«le  b  jamêe.  EicesJMn-b  3s«mêt 
de  cWi  bi  â  rW«e  de  ■«£  ^  bw<pc  a  bnBe  se  BrtMît  a  lakle^  et 
aJkît  poser  aa  teafcma  de  sani  GcnaaiB  me  gvaadeprtnf  de  h 
SMW«  j«sp^  ce  <p*iB  de  ses  dnf  iiiginfi  liat  le  repeadre  à  Oheare 
qpill  anià  Banpée-  Ses  labiés  êtoéeai  (mn  sôifdcs,  mis  aiec  b  bâea- 
snace  caaieaaUe  a  saa  âat;  3  ae  laaktf  ps  ipe  ses^  ckanus  taseiA 
aafles  ai  de  loile  iae.  Sa  BaiBaa  a'éfiscft  ceaipiiee  «pe  des  pne<»n> 

pvsiM  serme  H  cefai  de  saa  diiceie,  lla> 

de  la— es  Maaii^  a'aïaà  <pe  dgro  b> 

qp«  sealcMaU  aa  pifliliia  et  aa  piliu.  Ta  d»  ecdÉBOilipia  éb»ii 

et  laas  ikaieaB  ea  pix  et  «as  aiwîr  pv» 

dmiALn  amilfMlêls  fioéesdesi  jfaBÎBf  j^iuafib  mma^ 

MUipii  de  Sei^pKlinr«  tn^^iK  d^elaf  «èfigsr  d^'ea  ^mimt  de  (Wf- 

el  a  fil  UHkr  ses  ijlfiif mipr  r  dr  %mitt,  T«Mt(ies  ks 


CENT-UNIÈME   ÉVÊQIJB   d'aUXERRE.  367 

expéditions  d'actes  se  faisoient  gratuitement  h  l'évéclic.  Il  vouloit  que  1679^  ,^5. 
ses  domestiques  fussent  exempts  de  tout  soupçon  d'avarice  ;  il  n'en 
auroit  souflert  aucun  qui  eût  été  convaincu  d'avoir  reçu  quelque  présent. 
Il  donnoit  aussi  gratis  toutes  les  charges  de  ses  terres ,  et  seulement  à  la 
considération  du  mérite  ;  jamais  il  ne  se  qualifia  évêque  à  la  tête  des 
actes  publics,  autrement  que  par  la  permission  divine. 

Son  amour  pour  la  prière  ne  se  bornoit  point  à  réciter  Toffice  divin 
ou  a  y  assisterai  se  levoit  encore  la  nuit,  donnant  ordre  deTéveiller  s'il 
ne  Tétoit  pas  ;  et  il  passoit  un  long  espace  de  temps  à  prier  ou  au  pied 
de  son  crucifix,  dans  sa  chambre,  ou  dans  l'église  cathédrale  dont  il 
gardoit  une  clé.  Ceux  qui  ont  été  témoins  des  prières  qu'il  y  faisoit  le 
jour  devant  le  saint-sacrement,  ont  assuré  que  la  ferveur  de  son  oraison 
et  la  modestie  qu'il  y  observoit,  touchoient  les  cœurs  des  plus  grands 
libertins  et  les  portoienta  la  dévotion.  Il  s'y  tenoit  deux  heures  entières, 
la  tête  nue  et  sans  remuer  en  aucune  manière,  tant  l'âme  éloit  absorbée 
en  Dieu.  Quoique  la  modestie  fût  naturellement  peinte  sur  son  visage, 
elle  éclaloit  encore  plus  singulièrement  pendant  les  oflices  divins  ;  en 
sorte  qu'il  portoit  tous  ceux  qui  le  regardoient  à  la  révérence  envers  les 
saints  mystères;  et  lorsqu'il  célébroit  lui  même  le  sacrifice,  son  recueil- 
lement et  sa  gravité  ordinaires  augmentoient  encore  davantage  ;  il  étoit 
tellement  pénétré  de  la  grandeur  du  mystère  et  de  la  majesté  divine, 
qu'il  souiïroit  plutôt  les  piqûres  les  plus  violentes  des  insectes  que  de 
lever  la  main  pour  les  chasser.  La  prière  publique  ne  lui  étoit  pas 
moins  chère  que  l'oraison  mentale.  Outre  qu'il  assistoit  a  tout  roffice, 
tant  de  nuit  que  de  jour,  les  dimanches  et  fêtes ,  il  ne  se  dispensoil 
d'aucune  des  prières  qui  ont  été  instituées  pour  les  nécessités  publi- 
ques, et  il  assistoit  même  aux  trois  processions  des  Rogations,  qui  sont 
les  plus  longues  de  toute  l'année ,  surtout  le  troisième  jour,  où  le  Cha- 
pitre partant  à  six  heures  ne  revient  que  vers  le  midi,  et  cela  a  jeun, 
sans  avoir  pris  aucune  nourriture.  Comme  il  tàchoit  d'être  dans  le 
chœur  un  modèle  parfait  h  tout  le  clergé,  et  qu'il  ne  s'y  occupoit  que 
de  l'office  qu'on  célébroit  actuellement,  il  ne  permettoit  pas  que  les 
chanoines  se  comportassent  d'une  autre  manière,  ni  qu'ils  récitassent 
l'oOice  en  particulier  au  lieu  de  chanter  ;  bien  moins  encore  qu'ils  pré- 
vinssent Toflice  public  par  des  récitations  particulières  du  même  office, 


368  51C0LAS   COLBSET  , 

ic?  «  icre.  ''^  nnéinc  qu'oD  lût  des  lÎTres  de  piété  pendant  la  messe.  Il  fit  dire  an 
jour  an  Chapitre ,  par  an  chanoine ,  qne  s^il  se  troufoit  des  [lartscaliers 
qui  Tiolassent  ces  r^;les  fondées  sur  les  saints  canons,  on  ne  troniât 
ps  maoTais  qu'il  enTojât  son  aomônier  pour  a? ertir  ces  personnes  de 
fermer  leurs  livres  on  leur  bréviaire  et  de  s'nnir  an  cbœnr.  L^^îse  de 
la  Tille,  où  sa  dévotion  Fattiroit  davantage  après  l'^Use  cathédrale, 
fat  celle  de  Saint-Germain,  an  tombeau  duquel  il  alloit,  an  moins  ane 
fois  par  semaine,  célébrer  les  saints  mystères  ;  il  ne  revenoit  jamais  de 
ce  saint  lien  qu*il  ne  sentit  son  zèle  enflammé  de  nouveau. 

A|Mès  Téublissement  du  séminaire,  Nicolas  Cotbert  |^t  toutes 
les  autres  voies  nécessaires  pour  (aire  fleurir  Tancienne  discipline  dans 
le  clergé  de  son  diocèse  (à\  Visites  des  églises,  synodes ,  conférences, 
rien  ne  fut  oublié.  Ne  trouvant  point ,  dans  le  commencement  de  son 
épiscopal,  dcÀ  sujets  du  diocèse  assez  formés  pour  élre  employés,  il 
attira  dVxceilents  prêtres  d^ailleurs  pour  remplir  les  cures  qui  vaquoient. 
Il  recueillit ,  à  Texemple  de  deux  autres  évéques ,  quelques  sujets  de 
mérite  qui ,  par  respect  et  obéissance  pour  Tautorité  épiscopale ,  quit- 
tèrent la  congr^tjon  de  la  Doctrine  chrétienne,  afin  de  se  donner  tout 
entier  au  service  de  ses  peuples.  Il  publia ,  dans  son  synode  de  Tan 
1674,  quelques  statuts;  mais  de  crainte  d^eflrayer  les  anciens  curés 
par  ridée  d'un  nouveau  joug,  il  fit  remarquer  à  §on  clei^é  que,  |«our 
ce  qui  regardoit  b  conduite,  ce  n^étoit  pas  de  nouvelles  ordonnances 
qu'il  présentoit  et  qu^il  ne  Eaiisoit  que  suivre  les  anciennes.  En  eflet,  il 
n  j  prescrivoit  rien  sur  ce  qui  concerne  les  mœurs  des  t^ésiastiques, 
qui  ne  fût  dans  les  canons  ou  dans  les  ordonnances  des  évéques  précé- 
dénis  ;  et  comme  dans  le  petit  volume  qu^il  fil  imprimer  il  ne  pouvoit 
leur  prescrire  tout  ce  qui  parut  nécessaire  pour  Kadministration  du 
sacrement  de  pénitence,  il  fit  distribuer  séfarémem  les  avis  de  saint 
Charles  aux  confesseurs,  enjoignant,  pr  un  article  spécial  de  ses 
ordonnances,  à  tous  les  confesseurs  du  diocèse  de  les  avoir,  de  les  lire 
et  de  les  mettre  en  pratique.  Le  dpd  ayant  été  oublié  parmi  les  cas 

(«)  Le  correcteur  des  MinioMS  de  Gicn  ayant  refuse  de  subir  no  rumen  sor  sa 
capndlé,  it  inlerdîl  à  la  oonuMmanté  de  faire  des  prêdicalions  mq\  fidèles  fnsqn  à 
obéJKMicff,  -  Areh.  de  I ToMe,  -^  (.V.  4  £.; 


CENT-UNIÈME   ÉVÊQUE   d\\UXERRE.  269 

réservés  imprimés  à  la  tète  du  bréviaire  qui  paroissoil  depuis  l'an  1670,  1^79  }|  i^^. 
il  l'y  fit  ajouter  (1). 

Les  deux  autres  docteurs  qu'il  avoit  amenés  k  Âuxerre,  outre 
M.  Habert,  étoient  M.  Barré  et  M.  François  Louis  (2).  11  fit  le  premier 
des  deux  officiai  du  diocèse  ;  il  retint  le  second  auprès  de  lui  et  parut 
lui  donner  sa  plus  intime  confiance.  Tous  les  trois  étoient  parfaitement 
au  fait  du  gouvernement  d'un  diocèse  ;  ils  venoient  de  celui  de  Luçoo 
où  ils  avoient  travaillé  sous  ses  ordres.  Mais  quoiqu'il  fût  bien  persuadé 
de  la  science  profonde  de  ces  trois  personnages,  jamais  on  ne  l'accusa 
de  se  laisser  gouverner.  Il  avoit  tout  le  discernement  nécessaire  pour  ne 
pas  prendre,  dans  les  délibérations  de  son  conseil,  l'apparent  pour  le 
vrai,  l'incertain  pour  le  certain.  Quand  il  lui  restoit  quelques  diffi- 
cultés, il  avoit  recours  h  ceux  qu'il  connoissoit  les  plus  éclairés  à  Paris. 
Il  avoit  de  grandes  liaisons  avec  M.  de  Gondrin ,  son  métropolitain. 
Cependant,  il  ne  crut  pas  que  le  diocèse  d'Âuxenrefût  en  état  d'ad- 
mettre le  règlement  que  ce  prélat  lui  conseilloit  d'y  faire  ;  et  il  parolt, 
par  un  des  articles  de  ses  ordonnances  concernant  les  ecclésiastiques, 
qu'il  ne  s'astreignit  point  à  suivre  la  décision  que  M.  de  Sainte-Beuve 
avoit  faite  sur  cette  matière  (5).  Il  étoit  inexorable  pour  les  grâces  qu'on 
lui  demandoit ,  quand  les  sujets  n'avoient  pas  les  dispositions.  C'étoit 
une  maxime  générale  dont  il  ne  se  départit  pas  même  à  l'égard  de  ceux 
qui  appartenoient  h  ses  principaux  officiers.  La  crainte  de  succomber 
ne  l'empéchoit  point  d'entreprendre  ce  qui  étoit  nécessaire  pour  cor- 
riger un  pécheur  ;  les  embarras  ne  lui  inspiroienl  point  de  timidité, 
la  dépense  ne  l'arrétoit  pas.  Il  étoit  éloigné  de  ces  foiblesses,  parce 
qu'il  avoit  un  vrai  zèle  pour  le  salut  de  ses  diocésains.  Il  étoit,  au  reste, 
bien  persuadé  que  l'élévation  des  évéques  au-dessus  des  prêtres ,  n'est 
pas  à  la  manière  de  la  domination  séculière  qui  commande  despotique- 
ment.  Méditant  souvent  le  commandement  de  J.-^C.  sur  l'humilité,  il 
ne  souflrit  jamais  qu'on  lui  fit  des  harangues  dans  les  sermons,  et,  il 
ne  laissa  jamais  un  prêtre  découvert  en  sa  présence.  Il  parloit  à  tous 


(1)  Ordonnances  Syn.  pag.  2. 

(2)  Ce  dernier  étoit  da  diocèse  de  Roaen, 
et  avoit  été  reçu  chanoine  d'Auxerre  le 


1  février  1672. 
(3)  Tome  1,  cas  199. 


I 


270  MCOLAS    COLBCRT, 

i«7^  ^  i<T«    ceux  qui  éloienl  revêtus  du  sacerdoce  avec  toule  ratrabiliië  |K>ssibie. 
Quand  il  désiroil  quelque  chose  d'eux,   il  s'expliquoil  en  termes  si 
humbles  el  eu  même  temps  si  pressants ,  qu'il  falloit  être  hien  rebelle 
pour  ne  pas  obéir  à  ses  volontés.  Il  n'abusa  point  de  son  crétlit  pour 
réduire  |ar  des  voies  de  fait  les  curés  ou  autres  bénéficiers,  coupables 
ou  incapables,  à  abandonna*  leurs  postes.  Il  ne  s*arrétoit  pas  non  plus 
aux  premières  plaintes;  il  sus|>endoit  son  jugement  jusqu'à  ce  qu'il  eût 
tout  approfondi.  Il  considéroit  de  qui  on  lui  parloit,  qui  étoit  celui  qui 
se  plaignoit,  examinoit  si  ce  n'étoit  point  par  vengeance  ou  pr  oppo- 
sition à  la  discipline  de  TÉglise;  et  quand  même  il  connoissoit  avec 
ceitiliide  les  défauts  de  quelques  {^steurs«  il  nes'armoit  point  aussitôt 
pour  les  châtier,  mais  il  usoit  de  charitables  remontrances  pour  les 
porter  a  changer  de  vie;  il  les  menaçoit  ensuite,  s'il  en  étoit  besoin, 
et  il  ne  faisoit  commencer  leur  procès  que  lorsqu'il  y  avoit  absolument 
nécessité ,  et  c'étoit  toujours  de  manière  li  n'être  pas  obligé  de  l'achever, 
tant  il  avoit  soin  que  ces  ecclésiastiques  déréglés  se  convainquissent 
eux-mêmes  du  tort  qu'ils  avoient  et  qu'une  résistance  opiniâtre  leur 
seroit  inutile.  Souvent  on  en  a  vu  qui  venoient  le  trouver  et  lui  avouoieol 
iogéoument  leurs  fautes;  il  pardonnoit  à  ceux-là,  leur  disant  :  «  Mon 
frère,  allez,  travaillez,  il  ne  iaut  plus  penser  au  passé  ,  mais  à  mieux 
vivre  dans  la  suite  et  k  faire  des  fruits  dignes  de  pénitence.  »  A  Fégard 
de  ceux  qui  vouloient  entrer  dans  des  cures  par  présentations  de  patron 
ou  {lar  provisions  de  cour  de  Rome ,  il  les  examinoit  lui-même,  et  son 
secrétaire  présent  rédigeoit  le  procès-verbal  de  ses  demandes  et  de  leurs 
réponses,  sur  lequel,  après  l'avis  de  son  conseil  et  quelques  délais 
accordés,  s*il  étoit  convenable ,  il  les  déterminoit  d'ordinaire  avec  an- 
tant  de  force  que  de  douceur,  à  renoncer  à  des  droits  dont  ils  n'étoienl 
pas  d^nes.  Sa  fermeté,  en  ces  occasions,  lui  attira  des  injures  el 
même  des  menaces  ;  mais  sa  religion  le  faisoit  mettre  au-dessus  de 
tout  ce  qui  échappoit  it  ces  ecclésiastiques  qui  lui  paroissoieni  mal 
appelés  ou  peu  propres  au  ministère.  Quoiqu'il  fiikt  d'un  tempérament 
sec  et  chaud ,  bien  loin  de  défendre  sa  réputation  au  préjudice  de  celle 
des  autres,  il  lexposoit  souvent  pour  cacher  leurs  fautes.  Il  lui  auroil 
été  facile  dVmpêcher  la  censure  qu'on  faisoit  quelquefois  de  ses  aciions 
et  d'obvier  aux  murmures  :  il  suflisoit  pour   ceb  qu^on  en  dii  les 


CENT-UNIÈME   ÉVÊQUB   d'aUXERRE.  271 

raisons;  mais  parce  qu'il  ne  le  pouvoit  faire  sans  donner  atleinle  h  la  repu-  i^^  ^  ^^j^ 
talion  des  coupables,  il  aimoit  mieux  garder  un  secrei  impénélrable  en 
leur  faveur,  et  souffrir  avec  humilité  que  le  blâme  quMls  avoient  mérité 
retombât  sur  lui. 

Mais  si  ce  prélat  souffroit  avec  une  grande  patieuce  les  injures  qui 
étoient  faites  à  sa  personne  et  même  les  médisances ,  il  avoit  un  grand 
zèle  pour  punir  celles  qui  étoienl  faites  aux  curés,  surtout  si  c'étoit 
dans  les  exercices  de  leur  ministère.  Il  ne  pouvoit  souffrir  qu'on  parlât 
mal  en  public  de  ceux  qui  étoient  en  place,  mais  il  aimoit  au  contraire 
h  en  entendre  dire  tout  le  bien  possible,  pourvu  que  ce  ne  fAt  pas  en 
leur  présence.  Un  jour  qu'un  des  premiers  de  la  cathédrale  loua  haute- 
ment un  curé  présent  qui  avoit  prêché  devant  lui,  il  garda  un  profond 
silence,  corrigeant  par  là  celui  qui  louoit  excessivement,  et  préser- 
vant celui  qui  étoit  loué  du  péché  de  vaine  gloire.  Les  bons  prêtres 
étoient  reçus  chez  lui  avec  honneur  et  il  les  admettoit  à  sa  table.  11  les 
aidoit  même  de  son  argent  lorsqu'il  étoit  informé  que  le  revenu  de  leur 
cure  ne  suffisoit  pas  pour  les  faire  subsister  selon  leur  condition.  Il  y 
en  eut  un  d'auprès  de  Coulanges-sur-Yonne  qu'il  trouva  mal  vêtu  lors- 
qu'il vint  le  voir  à  Auxerre,  le  bon  prélat  se  dépouilla  h  l'instant  de  ses 
proprés  habits  et  lui  en  fit  présent.  Il  donna  souvent  à  d'autres  des 
chemises  de  toile  commune,  telles  qu'il  les  portoit. 

Assistant  de  ses  biens  les  pauvres  ecclésiastiques,  il  n'eut  pas  moins 
d'attention  envers  le  reste  du  troupeau  qui  pouvoit  être  dans  la  misère; 
il  prit  soin  des  pauvres  honteux  et  de  tous  les  autres  misérables.  Avant 
qu'il  fût  venu  à  bout  d'établir  un  hôpital,  il  ordonna  qu'on  distribuât 
du  pain  trois  ou  quatre  fois  la  semaine  dans  son  palais  épiscopal  ;  et 
avant  cette  distribution,  un  de  ses  aumôniers  faisoit  aux  pauvres  as-- 
semblés  un  petit  discours  de  piété.  L'hôpital  étant  établi  en  consé- 
quence d'une  assemblée  de  ville  tenue  à  Tévêché  et  avec  la  participation 
de  l'intendant,  il  fit  confirmer  cet  établissement  par  des  lettres-patentes 
du  mois  de  mars  de  l'an  1675  (1).  Tous  les  mardis,  quittant  ses  em- 
plois les  plus  sérieux ,  il  se  trouvoit  aux  assemblées  qui  se  tenoient 


(l)  Cet  hôpilal  fut  d*abord  dans  la  paroisse 
de  Saint'Père  m  Heu  oti  étoit  rMtvIkrif 


da  Panier- verd  k  la  porte  du  Pont,  et  poria 
le  nom  de  Saint-Nicolas. 


I 

I 


- 


167?  à  IC7C- 


NICOLAS    COLBERT, 

chez  lui  avec  hoil  admioislrateurs,  lanl  ecclésiastiques  que  laïques, 
dont  il  avoit  fait  clioii.  Ce  u'ctoit  pas  assez  qu'il  eût  trouvé  un  corps 
de  logis  pour  placer  les  pauvres,  il  entretenoit  cette  maison  de  blé,  de 
vin,  de  bois  ;  et  comme  cet  hôpital  étoit  uniquement  pour  les  pauvres 
de  la  ville  et  des  faubourgs ,  s*il  en  faisoit  entrer  qui  fussent  de  quel- 
ques-unes des  terres  du  temporel  de  Tévëché,  il  donnoit  pour  eux  une 
somme  d'argent  réglée.  Bien  souvent  il  alla  visiter  les  pauvres  de  ce 
lieu  pour  conuoitre  Tétat  de  la  maison.  Il  rie  dédaigna  pas  de  servir  à 
manger  aux  infirmes  de  FIlôtel-Dieu.  On  le  vit,  sans  répugnance,  ex-* 
horter  un  agonisant,  le  visage   penché   contre  celui  du  moribond. 
Mais  comme  il  remarqua  qu*à  cause  de  ces  visites  de  THôtcl-Dieu  on 
avoit  conçu  une  haute  estime  de  sa  charité,  il  s'abstint  d'y  aller  davan** 
tage;  et  même  longtemps  après ,  comme  un  de  ses  docteurs  lui  repré* 
sentoit  les  besoins  spirituels  qui  manquoient  dans  les  prisons,  il  dit 
qu'il  s'abstenoit  d'aller  dans  ces  sortes  de  lieux*  parce  qu'il  craignoit 
d'acheter  la  réputation  de  saint  à  trop  bon  marché.  Un  hiver  ayant  été 
Hkcheux,  il  fit  acheter  de  la  viande  que  l'on  distribuoit  trois  fois  la  se- 
maine a  Auxerre,  îi  Régennes  et  dans  ses  autres  terres.  Les  pauvres 
honteux  ne  recevoient  pas  moins  de  secours  de  sa  bonté  paternelle,  et 
toujours  avec  prudence.  Il  y  avoit  dans  Auxerre  un  certain  nombre  de 
familles  qu'il  entretenoit  de  ses  charités,  les  faisant  par  lui-même,  sui- 
vant la  connoissance  qu'il  avoit  de  leurs  besoins.  Il  alloit  à  pied  dans 
ces  maisons ,  accompagné  seulement  d'un  jeune  clerc  qui  portoit  la 
bourse,  et  suivi  d'un  ou  deux  domestiques.  Mais  lorsqu'il  approchoii 
le  coin  de  la  rue,  il  ordonuoit  îi  ses  gens  de  ne  point  passer  outre,  afin 
qu'ils  ne  vissent  pas  chez  qui  il  entroit.  Il  obsenoit,  même  étant  dans 
la  rue,  de  s'arrêter  auprès  de  quelques  personnes  auxquelles  on  ne 
l^ouvoit  pas  soupçonner  qu'il  eût  à  faire  l'aumône,  et  lorsqu'il  s^aper- 
cevoit  qu'on  ne  le  regardoit  plus,  il  entroit  promptement  dans  ces 
maisons,  et  le  jeune  ecclésiastique  lui  remettoit  sa  bourse  dont  il  faisoit 
usage  en  |)eu  de  temps  (i).  Sachant  un  jour  qu'un  notable  bourgeois 
peu  accommodé  avoit  des  filles  qui  n'osoient  sortir  à  cause  qu^elIes 
êtoient  mal  vêtues,  il  envoya  un  habit  qui  convenoit  au  |>ère,  mais  dont 

r  J  ai  su  «f  fait  d'un  des  chanoîDes  qui  avnii  porté  quelquefois  fetie  hoarse. 


CKNT-CNIÈHE    ÉVÊQUK    d'aUXERRE.  275 

les  poches  contenoient  une  somme  d'argent  destinée  pour  l'usage  le 
plus  pressant  de  celte  famille.  Il  nourrit  et  entretint ,  durant  son  épis- 
copat,  la  maison  d'un  gentilhomme  de  son  diocèse  qui  avoit  perdu 
tout  son  bien,  dans  la  vue  d'empêcher  que  ses  filles  ne  tombassent  en 
quelque  malheur.  Outre  les  aumônes  qu'il  faisoit  par  lui-même,  il  y 
avoit  quatre  personnes  de  la  ville  chargées  d'en  faire  aux  pauvres  hon- 
teux de  leur  connoissance,  savoir  :  deux  chanoines,  un  avocat  (1)  et 
la  supérieure  d'une  communauté  non  cloitrée  (2);  et,  non  content  de 
faire  d'abondantes  aumônes  dans  son  diocèse  ^  il  faisoit  encore  tenir, 
par  an,  trois  mille  livres  aux  missionnaires  qui  étoient  dans  les  pays 
étrangers.  II  arriva  de  son  temps  que  la  ville  de  Coulanges-la-Vineuse 
fut  presque  réduite  en  cendres,  et  l'église  même  se  ressentit  de  l'in- 
cendie (a).  Cette  triste  nouvelle  lui  ayant  été  mandée  à  Paris,  il  y  fit 
une  quête,  revint  ensuite  promptement  à  son  diocèse,  alla  visiter  le 
mal  qu'il  trouva  bien  plus  grand  qu'on  ne  lui  avoit  écrit,  et  ajiuta,  à 
ce  qu'il  avoit  trouvé  à  Paris,  tout  ce  qui  lui  restoit  alors  d'argent  pour 
soulager  plus  promptement  les  habitants  de  cette  petite  ville.  La  com- 
munauté des  Ursulines  de  Crevan  étant  dans  un  grand  besoin ,  se  res- 
sentît aussi  très-particulièrement  de  ses  libéralités.  Il  leur  faisoit  tenir 
tous  les  ans  six  cents  livres,  outre  le  blé,  le  sel,  etc.,  qu'il  leur  four- 
nissoit.  On  ne  peut  compter  les  sommes  qu'il  fit  distribuer  h  la  cam- 
pagnedans  chaque  paroisse  qu'il  visitoit. 

Après  le  soin  des  pauvres,  l'instruction  des   gens  de  la  campagne 
fut  une  des  choses  qui  exercèrent  le  plus  sa  vigilance.  Ce  fut  pour 


1672  b  ÎC7«. 


(1)  Jacques  Ricber.  |      (2)  De  la  Providenre. 


(a)  L'incendie  prit  le  malin  du  17  mai  1676,  et  se  propagea  rapidement  par  Tim- 
pétuositc  du  vent,  si  bien  que  le  feu  éclata  en  même  temp;»  en  plus  de  dit  endroits 
à  la  fois.  11  j  eut  plus  de  170  maisons  brûlées,  22  pressoirs  et  une  grande  partie 
de  réglise.  Les  habitants  perdirent  tout  leur  mobilier  et  furent  réduits  à  la  misère. 
Trente  personnes  furent  atteintes  par  le  feu  et  plus  ou  moins  maltraitées.  San* 
Tassistance  de  M>"«  de  Villefranche,  dame  de  Coutanges,  qui  fit  défoncer  et  jeter 
sur  te  feu  trente  feuillettes  de  vin,  le  reste  du  pays  brûlait.  On  sait  qu^il  n*y  avait  pas 
k  cette  époque  de  fontaines  à  Goulanges.  —  Procès-verbal  de  l'incendie,  Arch. 
de  ITonne,  pièces  historiques.  {N.  d.  E,) 

Il  18 


1 


274  NICOLAS    COLBERT, 

1679  à  1676.  pf^odre  connoissaDcc  de  leurs  besoins  spirituels  qu'il  entreprit  la  visite 
générale  de  son  diocèse  presque  aussitôt  qu'il  fut  arrivé  ;  mais  il  ne  s'ac- 
quitta pas  de  ce  devoir  avec  rapidité  ni  superficiellement.  Il  ne  visitoil 
qu'une  paroisse  en  un  jour,  et  il  yemployoil  tout  le  temps  nécessaire  ; 
si  elle  étoit  peu  éloignée  de  son  château  de  Varzy  ou  de  quelque  autre 
lieu  de  sa  résidence,  il  s'y  transportoit  à  pied.  Le  matin,  après  les  céré- 
monies ordinaires,  il  célébroit  la  messe  où  il  y  avoit  souvent  une  com- 
munion générale ,  puis  se  faisoit  la  prédication  h  laquelle   il  vonloit 
toujours  assister,  afin  d'y  mieux  rassembler  le  peuple  et  de  l'y  tenir 
plus  attentif.  Il  visitoit  les  fonts  baptismaux,  soit  avant ,  soit  après  la 
prédication  ;  il  y  parloit  longtemps  sur  la  sainteté  du  baptême  et  sur 
la  manière  de  Tadministrer.  Âpres  le  diner  on  faisoit  une  instrueiioQ 
pour  préparer  au  sacrement  de  confirmation  h  laquelle  il  n'assistoit  pas. 
Elle  duroit  jusqu'à  ce  qu'il  retournât  h  l'église,  où  il  prenoit  connois- 
sance  de  l'état  de  la  paroisse,  et  autant  qu'il  y  avoit  de  sujets  de  plainte 
sur  les  défauts  que  le  curé  remarquoit  dans  sa  paroisse,  c'étoit  matière 
à  autant  de   discours  que  l'évêque  prononçoit  avec  zèle. Il  usoit  d*nn 
expédient  très-utile  pour  augmenter  la  confiance  des  peuples  dans  leur 
curé.  Comme  les  habitants  de  certains  lieux  étoient  sujets  hmarmorer 
contre  leur  pasteur  sans  en  avoir  occasion  et  uniquement  par  habitude , 
il  engagea  les  curés  qui  avoieut  de  la  sincérité  et  de  l'amoar  poor  le 
bien  à  prévenir  ces  plaintes.  Ainsi,  lorsque  l'évêque  se  présentoit  pour 
entendre  les  paroissiens,  les  curés  représentoient  eux-mêmes  publique- 
ment que  les  paroissiens  retenus  par  trop  de  considération  »    s' étoient 
abstenus  de  parler  de  telle  et  telle  chose  qui  les  choquoit  dans  sa  con- 
duite; que  cela  étoit  vrai,  mais  qu'ils  étoient  prêts  de  s'en  corriger,  si 
l'évêque  y  trouvoit  à  redire.  Cela  suflisoit  pour  donner  occasion  au 
prélat  de  confirmer  le  bien  que  les  curés  tâchoient  d'établir  ;  et  cela 
rendoit  les  paroissiens  plus  soumis  a  leurs  pasteurs ,  en  leur  faisatnt  en- 
tendre qu'ils  seroient  blâmables  s*ils  se  conduisoient  autrement.  L*en- 
quéte  faite,  on  lisoit  les  ordonnances,  et  la  visite  finissoit  par  l'adminis- 
tration du  sacrement  de  confirmation  ;  après  quoi  il  faisoit  distribuer 
aux  pauvres  les  aumônes  dont  j'ai  parlé.  Et  comme  souvent  les  curés 
n'ont  pas  soin  de  faire  exécuter  les  ordonnances  de  visite,  et  que  quel- 
quefois môme  ils  ne  les  lisent  pas ,  on  les  avertissoit  par  des  lettres- 


CCNT-UNIÈME    ÉVÊQUE    D^ALXEKRE.  275 

circulaires,  d'envoyer  àrévéclié  des  copies  de  ces  ordonnances,  avec  j^^^  i^^. 
des  apostilles  aux  articles  exécutés  ou  non  exécutés  ;  ce  qui  faisoit  que 
les  curés  s'eupressoient  de  faire  exécuter  ce  qui  ne  l'étoit  pas,  afin 
d'éviter  le  blâme  de  leur  évéque.  Si  quelque  curé  étoii  négligent  sur 
ce  point,  on  envoyoit  une  copie  où  Ton  ne  voyoit  presque  rien  d'exé- 
cuté ;  celui  qui  éloit  chargé  de  la  recevoir,  la  lui  renvoyoit ,  lui  mar- 
quant qu'il  n'avoit  pas  voulu  la  communiquer  au  prélat,  afin  de  lui 
épargner  la  confusion  d'une  telle  négligence  et  de  lui  donner  le  temps 
de  la  réparer.  Ainsi  changeoit  peu  à  peu  la  face  du  diocèse  par  le  moyen 
des  visites  ;  de  sorte  que  l'évéque  étoit  assuré  qu'en  visitant  une  pa- 
roisse pour  la  seconde  fois,  il  y  trouveroit  tout  en  bon  ordre.  Quand  il 
prévoyoit  qu'il  y  avoit  de  grandes  plaintes  à  entendre  contre  un  curé,  il 
ne  permettoit  pas  qu'on  les  lui  fit  publiquement  ;  il  se  retiroit  dans  sa 
sacristie  ou  dans  un  autre  lieu  commode,  et  y  entendoit  séparément  les 
témoins;  mais  comme  il  vouloit  aussi  que  le  curé  connût  son  tort,  il 
ne  logeoil  point  chez  lui  et  n'y  faisoit  point  porter  ce  qu'il  avoit  à 
manger,  mais  chez  les  juges  du  lieu  ou  à  l'auberge,  telle  qu'elle  se 
trouvoit.  S'il  lui  arrivoit  d'interrompre  le  cours  de  ses  visites  un  jour 
ou  deux ,  ce  n'étoit  pas  pour  demeurer  oisif;  c'étoit  seulement  un  chan- 
gement d'occupation  pour  le  service  de  sou  troupeau.  Il  donnoit  au- 
dience à  toutes  les  heures  qu'on  se  présenloit  sans  faire  attendre  per- 
sonne, surtout  les  curés  qui  venoient  de  loin  ;  et  il  recevoil  les  ecclé- 
siastiques avec  une  cordialité  et  une  tendresse  paternelle.  Tous,  grands 
et  petits,  avoientia  consolation  de  parler  k  leur  évéque  quand  ils  vou- 
loient,  et  s'en  reïournoient  charmés  de  sa  charité.  Il  ne  se  plaignoit 
que  des  visites  inutiles  et  de  pure  civilité  ,  que  lui  rendoient  quelques 
gentilshommes,  parce  qu'elles  étoient  quelquefois  trop  longues.  S'il 
recevoit  des  visites  dans  le  lieu  de  sa  station ,  il  en  rendoit  aussi  ;  mais 
c'étoit  aux  malades,  h  ceux  qui  étoient  dans  l'affliction,  qu'il  avoit  soin 
de  consoler  et  de  soulager;  il  réconcilioit  ceux  qui  étoient  en  inimitié 
et  accommodoit  les  procès  le  plus  qu'il  pouvoit.  Comme  il  étoit  un  jour 
à  Saint-Fargeau ,  on  y  amena  trois  criminels  arrêtés  dans  les  bois  de 
Varzy,  qu'on  conduisoit  aux  prisons  d'une  autre  ville  ;  il  en  fut  informé, 
les  alla  visiter,  et  leur  ayant  dit  quelques  paroles  de  consolation ,  il 
recommanda  aux  conducteurs  d'avoir  pour  çux  de  l'humanité,  disant  : 


•^     * 


ilG  NICOLAS  COLBERT, 

167^  à  io7ti.  ^  ^  ^^^^  "^^  frères,  et  ils  peuvent^ élre  associés  à  celui  qui  fut  jus- 
ticié  eu  croix,  s'ils  prennent  en  patience  ce  qui  leur  arrive.  >  Ayant 
trouvé  en  quelque  paroisse  qu'on  faisoit  souvent  des  exorcismes  sur  des 
prétendues  possédées ,  il  se  réserva  le  droit  de  le  permettre  ;  et  quand 
ces  femmes  lui  demandoient  la  permission  de  se  faire  exorciser,  il  leur 
répondoit  qu'il  falloit  qu'elles  allassent  auparavant  passer  un  mois  ou 
deux  dans  l'hôpital-général  d'Âuxerre,  au  pain  et  à  l'eau,  et  qu'il  y 
auroit  peine  afflictive  pour  elles  au  cas  qu'elles  fussent  rebelles.  Ces 
dernières  paroles,  répétées  trois  ou  quatre  fois  dans  les  différents  lieux 
où  ces  femmes  se  présentèrent  a  lui ,  chassèrent  plus  de  démons  en  six 
mois  que  n'avoient  fait  tous  les  exorcismes.  peimis  par  son  prédéces- 
seur, pendant  quarante  ans. 

Il  étoil  convenu ,  avec  M.  l'évéque  d'Autun ,  d'entretenir  ensemble 
une  compagnie  de  missionnaires  tirés  de  Lyon,  qu*on  appelle  les 
prêtres  de  Saint- Joseph ,  pour  travailler  alternativement  dans  leurs  dio- 
cèses. Ces  missionnaires  commencèrent  la  première  année  dans  le  dio- 
cèse d'Auxerre  ;  ils  y  firent  tant  de  fruit  qu'il  prit  la  résolution  de  ne 
les  en  pas  laisser  sortir,  et  il  les  retint  entièrement  pour  son  diocèse. 
Il  se  transportoît  dans  les  lieux  où  ils  étoient ,  pour  les  autoriser  de  sa 
présence,  suppléer  par  ses  exhortations ,  et  il  administroit  le  sacrement 
de  confirmation  à  ceux  qu'ils  avoient  instruits  et  disposés  ;  et  afin  qu'on 
fût  plus  fidèle  à  conserver  le  bien  qu'ils  y  avoient  opéré,  un  mission- 
naire ou  deux  retournoient  de  temps  en  temps  dans  la  paroisse  où  la 
mission  s'étoit  faite,  et  y  restoient  encore   pendant  quelques  mois. 

La  visite  qu'il  fit  des  communautés  de  filles,  fut  toujours  avec  une 
discrétion  et  une  patience  qui  ne  peuvent  s'exprimer,  mais  qui  étoient 
propres  à  faire  respecter  sa  fermeté,  particulièrement  sur  l'article  de  la 
clôture  et  sur  la  désappropriation  (a).  Il  y  avoit  deux  de  ces  couvents 
où  la  régularité  ëtoit  beaucoup  affoiblie;  comme  il  ne  trouva  point  de 


(a)  11  ne  réussissait  pas  toujours  à  se  faire  obéir.  En  février  1674,  les  Clarissesde 
Gten,  averties  de  la  visite  épiscopale,  s*y  refusèrent  formellement,  aUéguant  qu'elles 
tie  devaient  obéissance  qu^aux  sup'J^rieurs  de  leur  ordre.  M.  de  Colbcrt  les  somma 
à  trois  reprises  de  lui  obéir,  les  menaçant,  à  la  fin,  de  rexcommunication.  Elles 
mandèrent  un  notaire  et  lui  firent  dresser  procès-verbal  des  motifs  de  leur  refus, 
en  disant  quelles  s^exposeraient  à  être  punies  par  leurs  supérieurs,  comme  elles 


CENT-UNIÈME    ÉYÊQUE    d'aUXERRE.  277 

sujets  capables  de  la  rétablir,  il  en  fit  venir  de  Paris  ;  il  ne  regardoit  ^^^  ï  \m. 
point  h  la  dépense,  quand  elle  étoit  nécessaire  pour  procurer  le  salut 
des  âmes.  Ce  fut  de  Saint-Denis  qu'il  tira  celles  qu'il  plaça  dans  la 
maison  des  Ursulines  de  Crevan  ;  ce  furent  aussi  celles  qu*il  visita  le 
plus  souvent  et  qu*il  soulagea  d'aumônes  plus  abondantes.  Il  fit  aussi 
fermer  de  hautes  murailles  le  monastère  des  Bénédictines  de  Cône,  et 
leur  envoya  de  temps  en  temps  de  quoi  les  faire  subsister.  Il  établit  à 
Auxerre  une  communauté  de  filles  de  la  Providence,  de  même  qu'il 
a  voit  fait  à  Luçon  (a).  Dans  le  temps  qu'on  attendoit  son  arrivée  k 
Auxerre,  trois  ou  quatre  religieuses  d'une  abbaye  de  son  diocèse, 
trompées  par  le  bruit  qui  s'étoit  répandu  que  Nicolas  Colbert  étoit  un 
prélat  rigide  et  sans  miséricorde  envers  les  coupables,  crurent  avoir 
une  occasion  favorable  d'exécuter  le  mauvais  dessein  qu'elles  avoient 
contre  leurabbesse  dont  elles  ne  pouvoient  supporter  la  régularité,  et 
l'accusèrent  auprès  de  lui  de  crimes  très-honteux.  Le  prélat  tint  l'accu- 
sation secrète  et  prit  des  mesures  si  sages  et  si  sûres  pour  éclaircir  le 
fait,  que  les  accusatrices  prévoyant  que  leur  calomnie  seroit  décou* 
verte,  prévinrent  le  jugement  et  se  jetèrent  aux  pieds  de  leur  abbesse 
pour  lui  demander  pardon  (6). 

Il  n'est  pas  étonnant  qu'un  prélat  si  attaché  à  faire  Taumône,  n'eût 
fait  aucune  acquisition  temporelle  pour  hon  évéché.  Mais  si,  de  ce  côté- 


ravaient  été  déjà  pour  avoir  permis  à  M.  de  Broc,  qui  visitait  leur  maison,  d*y 
faire  une  petite  exhortation.  Elles  en  appelèrent  à  Dieu,  au  pape  et  au  roi,  de  la 
vexation  que  l'évéque  leur  faisait  éprouver.  L*évéque  fut  obligé  de  céder,  et  il  leur 
accorda  jusqu'à  Pâques  pour  consulter  leur^  supérieurs.  Le  grand  Colbert  se  donna 
la  peine  de  dire  son  avis  à  son  frère  sur  cette  question,  et  lui  signala  l'embarras 
dans  lequel  le  texte  du  concile  de  Trente  mettait  les  évéques  en  France.  Le  Père 
gardien  des  Cordeliers  de  la  ville,  confesseur  des  Glarisses  cl  qui  les  appuyait  dans 
leur  résistance,  ayant  été  tancé  par  le  prélat,  lui  répondit  par  une  lettre  fort  hardie 
qui  dut  bien  le  contrarier.  On  présume  que  Taffatrc  n'a  pas  tourné  au  proflt  de. 
révêque.  —  Arch.  de  l'Yonne,  -^,f  -  (iV.  d.  E.) 

16« 

(a)  Les  Bénédictines  de  La  Charité  étaient  retâchées  depuis  quelque  temps.  En  1((74 
il  remit  en  vigueur  les  statuts  du  Val-de-Grâce  qui  étaient  tombés  en  désuétude.  — 
Arch.  de  l'Yonne,  -^  {N.  d.  E.) 

(b)  En  1673  il  donna  son  approbation  à  l'établissement  des  Bénédictines  de  Saint- 
Fargcau  déjà  fondées  depuis  1651.  {N.  cf.  E.) 


278  NICOLAS    COLBERT, 

i«7î  à  167C.  ^^  il  ne  fut  d*auciiDC  utilité  à  ses  successeurs ,  c'est  a  lui  qu'ils  ont 
ToMigation  de  ce  qu'ils  peuvent  rentrer  aux  Etals  de  Bourgogne. 
Nicolas  Colbert  se  servit,  dès  le  commencement  de  son  épiscopat ,  de 
la  protection  du  ministre,  son  frère,  pour  rétablir  les  évoques  d'Auxerre 
dans  la  possession  de  ce  droit ,  qui  avoit  été  interrompue  depuis  plus 
de  cent  ans.  Il  obtint,  parle  même  moyen,  une  décharge  considérable 
des  impôts  dont  les  Âuxerrois  étoient  accablés;  mais  il  ne  la  sollicita 
qu^après  en  avoir  mûrement  délibéré  avec  son  conseil,  et  avoir  reconnu 
qu'il  le  pouvoit  ^  Pexemple  de  saint  Grégoire,  pape,  et  de  saint  Ger- 
main ,  le  plus  illustre  de  ses  prédécesseurs  ;  cependant ,  pour  être  plus 
sûr  de  ne  rien  faire  contre  les  règles  de  la  justice ,  il  demanda  aux  Etats 
un  commissaire  qui  vint  faire  la  visite.  Il  procura  un  semblable  soula- 
gement à  la  ville  de  Varzj,  qui  étoit  aussi  surchargée  et  accablée.  Il 
n'entreprit  aucun  procès,  soit  pour  faire  revivre  des  droits  douteux, 
soit  pour  réformer  des  abus.  Il  étoit  ennemi  delà  procédure;  et  loin  de 
songer  à  former  des  contestations  ou  difficultés ,  il  travailloit  h  accom- 
moder les  personnes  qui  en  avoient  les  unes  contre  les  autres. 

Quand  Louis  XIV  passa  par  Âuxerre  pour  aller  commander  le  siège 
de  Besançon,  le  prélat  reçut  un  accueil  très-favorable  de  ce  grand 
prince ,  qui  lui  dit  en  Tabordant  :  «  Monsieur  d'Auxerre,  il  faut  bien 
vous  venir  voir,  puisqu'on  ne  vous  voit  point  à  la  cour.  »  Lui,  de  son 
côté,  n'épargna  rien  pour  faire  au  roi  une  réception  digne  de  sa  per- 
sonne, et  il  se  conforma  a  tout  le  cérémonial  requis  en  pareil  cas.  Il 
n'oublia  point  cependant,  en  cette  occasion,  qu'il  étoit  évéque,  et  en 
voici  la  preuve.  Sortant  de  l'appartement  du  roi,  après  s'être  trouvé  à 
son  lever  parmi  ses  courtisans,  lorsqu'il  passoit  dans  la  cour  de  Tévê- 
ché  pour  retourner  à  la  maison  du  bourgeois  où  il  s'étoit  retiré,  il  se 
trouva  dans  une  circonstance  très-dclicate  et  embarrassante.  On  ne 
sait  pas  positivement  s'il  conféra  alors  avec  son  frère,  le  ministre,  sur 
ce  qui  étoit  arrivé.  On  présume  seulement  que  ce  fut  ce  qui  donna  lien 
à  ce  ministre  de  lui  conseiller  de  s'absenter,  lorsqu'on  sut  que  le  roi 
devoit  repasser  par  Auxerre  et  loger  encore  chez  lui.  Quand  ce  temps- 
là  fut  venu ,  il  prit  la  route  d'Orléans,  et  alla  visiter  le  prieuré  qu'il 
avoit  a  Nogent-le-Rotrou,  au  diocèse  de  Chartres.  11  reçut  aussi,  une 
autre  fois ,  M,  le  prince  de  Condé,  qu'il  traita  d'une  manière  si  splen- 


»ifc.'  ■  tC  '^mmmjmm  i  k_ji 


CENT-UNIÈME    ÉVÊQUE    DAUXERRE.  279 

diile,  qu'on  s'aperçut  qu'il  étoil  aussi  maguîGque  dans  les  occasions  i^rs  ii  1070. 
extraordinaires,  qu'il  éloit  économe  et  frugal  dans  sa  dépense  courante. 
Il  ne  pouvoit  cependant  s'empêcher  de  témoigner  h  ses  amis  qu'il  au- 
roit  mieux  aimé  voir  employer,  aux  besoins  des  pauvres,  les  sommes 
que  lui  coulèrent  ces  passages  ;  et  il  proféroit  à  cette  occasion  cette 
sentence  d'un  psaume  :  De  necessitatibus  mets  eripeme^  Domine. 

Le  prieuré  de  Nogent,  dont  je  viens  de  parler,  fut  le  seul  bénéfice 
qu'il  garda  avec  son  évéché  ;  mais  il  n'en  retiroit  rien,  parce  que  tout 
le  revenu  étoit  employé  à  relever  les  bâtimenls  ;  et  il  faut  savoir  qu'il 
ne  s'étoit  réservé  aucun  bien  de  patrimoine.  Il  s'étoit  défait  du  prieuré 
de  La  Charilé-sur-Loire  en  faveur  de  l'abbé  Colbert,  son  neveu  ;  et  il 
y  avait  longtemps  qu'il  nepossédoit  plus  l'abbaye  de  Landais,  en  Berri, 
ni  celle  de  Saint-Sauveur  de  Vertus,  en  Champagne.  Le  voyage  qu'il 
fit  au  prieuré  de  Nogent ,  et  celui  de  Paris,  h  l'assemblée  du  clergé  à 
laquelle  il  fut  envoyé  par  la  province  de  Sens,  l'an  1675,  et  un  autre 
qu'il  fit  sur  la  fin  du  printemps  de  l'an  1676,  sont  les  seules  fois  qu'il 
s'absenta  de  son  diocèse  pendant  qu'il  en  fut  évéque.  Mais  comme  il 
avoit  des  vicaires-généraux  très-vigilanls,  le  diocèse  ne  soufirit  aucune- 
ment de  ces  absences. 

Entre  les  abus  qu'il  fit  cesser  durant  son  épiscopat,  on  doit  compter 
la  déserlion  générale  où  étoient  les  paroisses  de  la  ville  (a).  Dès  que  le 
prélat  eut  parlé,  on  commença  à  fréquenter  les  églises  paroissiales, 
non-seulement  pendant  la  quinzaine  de  Pâques,  mais  encore  pendant 
le  reste  de  l'année.  Il  défendit  les  processions  nocturnes  et  celles  qui 
se  faisoient  dans  des  endroits  éloignés  de  plus  d'une  lieue  (1)  de  celui 
d'où  l'on  partoit,  aussi  bien  que  Tusage  de  sonner  dans  les  églises  du- 
rant toute  la  nuit,  la  veille  de  saint  Jean  et  celle  des  Trépassés.  On 


(1)  Ordon.  Synod.  1674,  pag.  28,  29. 

(à)  La  cause  de  cet  abandon  des  églises  paroissiales  venait  des  nombreuses  con- 
fréries établies  dans  les  communautés  religieuses  et  de  ce  que  les  moines  disaient 
des  messes  les  dimanches  et  fêtes.  Une  note  du  temps,  d'abus  à  corriger,  qui  existe 
dans  les  papiers  de  Tévéché ,  nous  révèle  ce  fait.  L'auteur  ajoute  sur  un  autre 
point  :  «  Un  deuxième  abus  est  la  dévotion  aisée  et  de  fantaisie.  Cest  un  genre  de 


^0  NICOLAS   COLBBRT, 

1679  il  i(j7c   doit  encore  mettre  dans  le  rang  des  choses  qu*il  abolit  sagement ,  la 
coutume  par  laquelle  ou  souffroit  à  Auxerre,  le  dimanche  de  Quasimodo, 
une  multitude  innombrable  de  jeunes  filles  de  douze  à  quinze  anst 
habillées  en  religieuses  ou  nonces  ,  qui  précédoient  la  procession  so- 
lennelle de  ce  jour,  en  chantant  des  cantiques  de  toute  espèce.  Etant 
informé  de  Tabus  qui  s'étoit  glissé  dans  cet  usage,  il  le  retrancha  en- 
tièrement. Il  fit  déclarer  une  guerre  ouverte  à  Tusure  qu'il  avoit  trouvée 
trop  communément  tolérée  dans  son  diocèse.  Caihérinot  de  Bourges 
fait  mention,  dans  sou  Traité  du  prêt  gratuit  imprimé  en  1679  (1),  des 
brouilleries  que  cette  matière  causa  dans  le  diocèse  d'Auxerre.  Cepen- 
dant, on  apprend,  par  une  des  décisions  de  M.  de  Sainte-Beuve  (2), 
qu'il  y  eut  certain  cas  où  les  missionnaires  qu'il  avoit  employés, 
D*étoient  pas  outrés  et  qu'ils  excusoient  quelquefois  les  péniteiiis.  Après 
les  articles  de  foi,  il  ne  croyoit  aucun  sentiment  plus  certain  que  celui 
qui  enseigne  que  les  chrétiens  sont  obligés  de  rapporter  à  Dieu  toutes 
leurs  actions  par  quelque  mouvement  de  son  amour.  Il  en  étoit  de 
même  de  la  nécessité  de  Famour  de  Dieu  dans  le  sacrement  de  péni- 
tence. Il  refusoit  ses  pouvoirs  à  tous  ceux  qui  croyoient   i'attrilion 
purement  servile  et  sans  amour  de  Dieu ,  suffisante  pour  convertir  le 
pécheur  et  le  réconcilier  dans  le  sacrement.  On  a  encore  les  informa- 
tions qu'il  fit  faire  contre  un  prédicateur  qui  osa  débiter  dans  la  cathé- 
drale, en  1673,  une  doctrine  relâchée  sur  cette  matière.  Sur  la  fin  de 
sa  vie,  il  fit  un  mandement  contre  les  serments  exécrables  que  les  char- 
bonniers, bûcherons ,  fendeurs  de  bois  et  mineurs,  faisoient  entre  eux 
pour  empêcher  que  leur  profession  ne  devint  commune  (a).  Il  n'y  eut 


(1)  Pag.  88.  I      (2)  Tome  2,  cas  219. 

vie  du  sexe  féminin  qui,  pour  se  nourrir  dans  son  humeur,  passe  une  grande  partie 
des  matinées  dans  les  églises  pour  éviter  le  travail  quotidien...  La  cause  vient  que 
la  plupart  des  réguliers  estans  ennuiez  dans  leur  chambre,  ou  d'humeur  à  deviser 
avec  le  sexe,  le  nourrit  dans  cet  esprit,  sans  faire  qu'il  le  corrige  d'une  imperfeclion 
en  dix  ans.  »  A",  d.  E.] 

(a)  Les  ouvriers  travaillant  dans  les  forêts  étaient  autrefois  unis  entre  eux  par 
des  associations  secrètes  analogues  au  compagnonnage  qui  lie  encore  aujour- 
d'hui  les  ouvriers  d*art  des  villes,  mais  dont  le  caractère  mystérieux  devenait 


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CENT-UNIÈBIE    ÉVÊQUE    D*AUXERRE.  281 

qu'une  seule  chose  à  laquelle  il  ne  put  apporter  de  remède  durant  les  x^%  1 1^76. 
quatre  années  de  son  épiscopat ,  savoir  :  les  causeries  et  immodesties 
dans  les  églises.  Il  songea  toujours  aux  moyens  de  les  empêcher  ;  il  en 
conféra  même  avec  les  curés  dans  le  dernier  synode  qu'il  tint  ;  mais 
quelque  expédient  qu'il  eût  pris ,  Dieu  se  contenta  de  sa  bonne 
volonté. 

Il  avoit  résolu  de  changer  les  chanoines  réguliers  de  deux  commu- 
nautés d'Âuxerre ,  quoiqu'il  y  en  eût  une  des  deux  dont  la  réforme 
étoit  toute  récente.  Mais  voyant  les  obstacles  qui  se  présentèrent  à 
quelques  pieuses  tentatives,  il  laissa  le  reste  à  la  providence  divine. 
Ayant  appris  que  sur  la  fin  de  Tépiscopat  de  Pierre  de  Broc  ,  le  ma- 
gistrat séculier  s'étoit  ingéré  de  connoitre  du  fait  des  comptes  de 
fabrique  d'une  des  paroisses  de  la  ville,  il  fit  présenter,  par  le  promo- 
teur de  son  oiBcialité ,  une  requête  au  conseil  privé  du  roi ,  qui  cassa 
et  annula  le  jugement  du  lieutenant-général  d'Âuxerre  du  2  septembre 
i670,  et  ordonna  que  les  comptes  des  fabriques  de  tout  le  diocèse 
seroient  examinés,  clos  et  arrêtés  par  l'évêque  ou  par  ses  vicaires-géné- 


redoutable  par  Visoleraent  de  leur  genre  de  vie  et  la  situation  écartée  des  lieux  où 
ils  travaillaient.  Ils  pouvaient,  par  le  moyen  de  leur  coalition,  faire  la  loi  aux  pro- 
priétaires et  aux  marchands,  commettre  impunément  des  délits  dans  les  bois,  et 
assurer  le  secret  le  plus  absolu  à  tous  leurs  méfaits.  Ils  avaient  pour  cimenter  leur 
association  des  serments  retoutables  qu'un  des  adeptes  n'eût  pas  violés  sans  punition 
exemplaire;  des  signaux  et  des  cris  de  ralliement  à  l'émission  desquels  cbaqun 
d'eux  devait  marcher.  Encore  aujourd'hui  il  reste  quelque  chose  de  ces  associations 
mystérieuses  dans  les  grandes  forôts,  comme  celles  de  Villert-Goterets  et  de  Fon^ 
tainebleau.  Les  bûcherons  y  ont  encore  une  manière  de  frapper  sur  une  douve  de 
bois,  de  façon  à  se  faire  entendre  de  leurs  frères  la  nuit  à  la  distance  d'une  lieue, 
et  à  ce  bruit  tous  accourent  comme  au  tocsin.  La  trace  de  ces  sociétés  parait  être 
perdue  dans  notre  département  \  cependant  la  tradition  en  existe  encore  dans 
quelques  communes  de  la  Puysaie.  Les  associations  secrètes  que  la  politique  a 
formée  depuis  trente  ans  en  Italie  et  France  sous  le  nom  de  charbonnerie  avaient 
emprunté  aux  associations  de  bûcherons  non-seulement  leur  nom,  mais  aussi  leurs 
serments  mystérieux  et  terribles  et  leur  redoutable  organisation. 

Il  faut  remarquer  sur  le  texte  du  mandement  de  Nicolas  Golbert  qui  s'adresse 
aux  mineurs  comme  aux  autres  ouvriers  desforéls,  qu*à  cette  époque  (1673)  sub- 
sistait encore  dans  le  diocèse  l'industrie  métallurgique  qui  a  laissé  tant  de  ferriers 
dans  nos  bois  et  qui  est  aujourd'hui  presque  complètement  éteinte  dans  cette 
contrée.  (.V.  d.  E.) 


282  NICOLAS    COLBERT  , 

1679  k  1676.  r^u^i  archidiacres,  officiai  ou  autres  ecclésiasliques,  avec  défenses  à 
tous  juges  royaux  d'eu  connoilre,  conformément  aux  déclarations  de 
Charles  IX,  Henri  III,  Henri  lY  et  Louis  XIII. 

Quoiqu*il  eût  visilé  une  grande  partie  des  reliques  du  diocèse,  et  par- 
ticulièrement le  trésor  de  l'église  collégiale  de  Yarzy  qui  en  est  riche- 
ment fournie,  on  ne  voit  point  qu'il  en  ait  fait  aucune  translation  d'une 
église  en  une  autre,  ni  aucune  distraction  ;  il  laissoit  les  ossements  des 
saints  dans  Tétat  où  il  les  trouvoit,  se  contentant  de  les  honorer,  de 
les  invoquer,  et  d'imiter  leurs  vertus  autant  qu'il  pouvoit,  réservant  son 
revenu  plutôt  pour  fournir  des  habits  aux  pauvres,  que  pour  couvrir 
de  feuilles  d'argent  ou  autre  matière  précieuse  les  ossements  qu'il  trou- 
voit  assez  décemment  renfermés.  On  sait  que,  bien  loin  d'avoir  fait 
sortir  hors  du  diocèse  des  reliques  des  saints  tutélaires,  il  y  en  a  ap* 
porté  d'ailleurs,  et  qu'il  employa  dans  les  autels  portatifs  qu'il  bénit  en 
grand  nombre  les  reliques  des  martyrs  de  Reims,  dont  on  lui  avoit  fait 
présent  lorsqu'il  alla  en  celte  ville  sur  la  fin  de  l'an  1671.  S'il  ne  fit 
distribution  d'aucunes  reliques  des  saints  du  diocèse  d'Auxerre,  qui 
soit  venue  à  notre  connoissance ,  il  n'en  supprima  aussi  aucune  de  celles 
qu'on  lui  présenta  enchâssées  avec  décence,  dans  les  églises  où  subsis- 
toient  encore  les  tombeaux  des  saints  ou  quelque  autre  titre  de  cette 
nature  ;  et  il  étoit  trop  instruit  pour  exiger  des  procès-verbaux  ou  autres 
attestations  juridiques  à  l'égard  des  siècles  où  la  coutume  n'étoit  pas 
encore  d'en  dresser. 

Lorsqu'il  arriva  h  Auxerre,  il  n'y  avoit  qu'un  an  que  le  diocèse  étoit 
pourvu  d'un  nouveau  bréviaire  qu'on  avoit  été  près  de  trente  ans  à 
composer.  Il  ordonna,  par  un  des  articles  de  ses  statuts  synodaux, 
qu'on  s'en  servit  et  que  l'on  se  conformât  au  chant  et  cérémonies  de  la 
cathédrale,  autant  que  faire  se  pourroit.  Il  avoit  commencé  à  travailler 
lui-même  a  l'édition  du  missel  qu'il  se  proposoit  de  publier  ;  et  pour 
cet  effet,  il  recherchoit  îi  son  temps  de  loisir  Torigine  des  différences 
du  missel  d'Auxerre  d'avec  le  romain,  recherche  nécessaire  pour  ne 
pas  prendre  le  change.  Il  médita  aussi  une  collection  de  statuts  synodaux 
du  diocèse,  qui  auroit  paru  sous  le  nom  de  SynodicoUy  en  commençant 
par  ceux  de  saint  Aunaire  et  continuant  jusqu'à  son  temps.  Mais  sa 
mauvaise  santé  et  ses  occupations  ne  lui  permirent  pas  d'avancer  extré- 


CENT-UNIÈME    ÉVÊQUE    n*AUXERRE.  285 

mement  ces  sortes  d'ouvrages.  Un  chanoine  sous-diacre,  qui  étoit  en 
possession  de  prêcher  et  à  qui  le  prélat  avoit  fait  défense  de  continuer, 
a  moins  qu'il  ne  prit  le  diaconat,  crut  devoir  s'éclaircir  vers  M.  de 
Sainte-Beuve,  touchant  le  droit  qu'ont  les  diacres  de  prêcher  au-dessus 
des  sous-diacres,  et  en  même  temps  il  lui  demanda  ce  qu'il  pensoit 
d'une  des  cérémonies  de  la  cathédrale  d'Auxerre.  Le  docteur  consulté, 
évita  de  donner  une  solution  satisfaisante  sur  la  cérémonie  ;  mais  il 
approuva  entièrement  la  démarche  du  prélat  contre  le  sous-diacre  (1). 
Il  y  eut  aussi,  de  son  temps,  quelques  chanoines  qui  essayèrent  d'in- 
troduire des  nouveautés  dans  les  cérémonies  de  Toffice,  et  tentèrent 
pour  cela  le  suffrage  du  même  docteur  ;  mais  ce  fut  inutilement,  on 
étoit  alors  très-attaché  à  l'observation  des  usages  louables  ;  et  si  l'on 
ne  pouvoit  réformer  les  pratiques  nouvelles  introduites  sous  les  trois 
ou  quatre  évêques  précédents ,  on  ne  vit  rien  proposer  de  sa  part  qui 
fût  de  cette  espèce.  Son  séminaire  étant  sur  le  pied  des  anciennes  com- 
munautés ,  aucun  des  sujets  qui  en  sortoit ,  n'étoit  porté  h  introduire  le 
changement  dans  les  églises  où  il  étoit  bénéficier  ;  et  l'on  ne  vit  de  son 
temps,  ni  supprimer  les  offices  attachés  aux  bénéfices,  ni  placer  aucunes 
parties  de  l'office  canonial  à  des  heures  indues. 

Voyant,  en  1676,  que  depuis  quatre  ans  qu'il  étoit  évêque,  il 
n  avoit  pas  encore  visité  toutes  les  paroisses  du  diocèse  d'Auxerre  (a), 
qui  ne  montent  qu'au  nombre  de  deux  cent  dix  ou  douze,  il  résolut, 
après  P&ques,  d'avancer  cette  année-lh  l'œuvre  de  Dieu  et  de  le  mettre 
à  sa  perfection.  Le  carême  qu'il  avoit  fait  h  l'ordinaire  (2)  l'avoit  telle- 


(1)  Cas  de  conscience,  t,  3,  cas  141,  Il  août 
1672. 

(2)  Quelques-uns  ajoutent  ici  la  circons- 


tance de  la  violence  qu'il  fut  obligé  de  se 
faire  au  sujet  d'un  curé  qui  le  quitta  en  le 
menaçant. 


(a)  L'évéque  visitant  à  cette  époque  (1675)  l'abbaye  Sain(-Laurcnl-lez-Cosnc,  la 
trouva  dans  un  étal  complet  de  décadence.  Quatre  religieux  la  composaient,  ils 
savaient  à  peine  la  règle  de  saint  Augustin  sous  laquelle  ils  vivaient,  et  ne  pratiquaient 
plus  la  cominunauté.  L'église  était  en  mauvais  état,  la  nef  et  les  deux  ailes  étant 
entièrement  ruinées;  ce  que  les  moines  attribuaient  aux  guerres  du  temps  de 
Charles  VIL  Labbé  commandataire,  M.  de  Phelipeaux,  s'étant  plaint  au  prélat  de 
leurs  dérèglements,  avait  enfin  obtenu  qu'ils  seraient  obligés  à  l'obscrTancc  de  leur 
règle;  mais  ce  fut  encore  sans  succès.  —  Arch.  de  TYonne,  "-^'        (*V.  d.  E.) 


1678  h  167C 


284  NICOLAS    COLBERT, 

ie7s  i  IC76.  ™^^^  échauffé  qu'il  lui  reveooit  de  temps  en  temps  une  hémorrbagie 
par  le  nez.  On  eut  beau  à  lui  représenter  que  ses  forces  diminuoient 
et  que  les  chaleurs  de  Tété  Fincommoderoient  encore  plus  qu'il  ne 
Tétoit,  s'il  entreprenoit  la  pénible  fonction  qu'il  s'étoit  proposée,  il  ré- 
pondit qu'il  étoit  évéque  et  qu'il  fallait  persévérer  dans  le  travail  jusqu'à 
la  fin  ;  de  sorte  que  ses  ecclésiastiques  se  virent  obligés  de  seconder 
son  zèle,  et  dire  comme  on  lit  dans  les  actes  :  c  Cum  ei  suadere  non 
possemus ,  quievimus  dicentes  :  Domini  voluntas  fiât.  »  Il  se  ressentit 
de  ses  incommodités  plus  fortement  qu^à  Tordinaire,  dans  un  petit 
voyage  qu'il  fit  à  Paris,  immédiatement  après  Pâques.  En  étant  de 
retour,  il  ne  se  donna  pas  le  loisir  de  reprendre  ses  forces,  et  il  partit 
aussitôt  pour  ses  visites.  Une  des  premières  fut  celle  de  la  ville  de 
CouIanges-la-Yineuse ,  dont  j*ai  déjà  parlé,  où  il  distribua  ce  qui  loi 
étoit  resté  d'argent.  II  avoit  eu  un  érésipèle  à  la  tête  dont  il  n'étoit 
pas  encore  entièrement  guéri  ;  mais  les  besoins  de  son  diocèse  l'appe- 
lant du  côté  de  La  Charité~sur-Loire,  il  y  fit  renaître  son  mal  par  la 
fatigue  qu'il  essuya  dans  le  voyage.  Après  qu'il  eut  passé  les  plus  grandes 
chaleurs  de  l'été  dans  les  fonctions  apostoliques,  la  Providence  divine 
le  conduisit  à  Yarzy  pour  s'y  reposer  et  essayer  d'y  guérir  son  érési- 
pèle. Il  travailla  d'abord  h  y  établir  un  collège  (a),  et  une  communauté 
de  filles  pour  l'éducation  de  la  jeunesse.  Pendant  ce  temps-là,  l'insomnie 
augmenta,  et  il  sentit  que  ses  forces  diminuoient  de  plus  en  plus.  Un 
de  ses  curés  l'étant  venu  voir  alors,  l'évéque  se  jeta  à  ses  pieds,  lui 
demanda  d'être  écouté  en  confession,  alla  ensuite  lui  chercher  un  siège, 
un  surplis,  et  il  commença,  dès-lors,  à  se  préparer  au  sacrifice  de  sa 
vie,  quoique  toutes  ses  actions  précédentes  eussent  été  autant  de  pré- 
parations à  ce  terrible  passage.  Les  dames  de  Yarzy  souhaitèrent 
ardemment  de  s'employer  tout  entières  au  soulagement  de  leur  pas- 
teur et  seigneur  ;  mais  il  refusa  cette  assistance  pour  mourir  en  l'unique 


(a)  On  ignore  sur  quoi  Lebeuf  base  ce  qu'il  avance  de  rétablissement  d*un  collège 
à  Varzy  par  M.  Golbert.  On  a  tq,  à  la  vie  de  M.  de  Donadieu,  que  cette  institution 
existait  déjà.  —  Une  lettre  de  M.  Ghaseraj,  de  Van  1674,  montre  que  l'cvéque  pro- 
jetait alors  une  semblable  institution  pour  la  ville  de Gien.— Archives  de  TYonne, 
-^  no  2.  (.Y.  d.  E.) 


CENT-UNIÈME    ÉVÊQUE    d'aUXERRE.  285 

présence  de  Dieu.  Une  fièvre  violente  étant  survenue ,  il  fit  sa  dernière  i^^  ^  leye. 
confession  h  deux  d^entre  les  docteurs  de  Sorbonne  qn*il  avoit  avec  lui, 
qu'il  pria  de  l'interroger  parce  qu'ils  le  connoissoient  assez  et  qu*ils 
savoient  ses  devoirs,  et  il  usa  de  cette  voie  à  cause  que  la  douleur  de 
la  tête  Fempéchoit  de  s'appliquer  autant  qu'il  auroit  souhaité  ;  il  les 
pria  de  ne  le  point  épargner  et  voulut  qu'ils  lui  déclarassent  toutes  les 
choses  dans  lesquelles  il  pouvoit  avoir  manqué  pendant  sa  vie  aux  de- 
voirs de  son  ministère.  Après  une  telle  revue  de  sa  conscience , 
M.  Louis,  Tun  des  deux ,  qui  étoit  son  confesseur  ordinaire,  lui  donna 
l'absolution ,  et  aussitôt  il  ébaucha  un  testament  par  lequel  il  léguoit  à 
riiôpital-général  d*Âuxerre  les  deux  tiers  de  sa  vaisselle  d'argent,  et 
Tautre  tiers  à  l'hôpital  des  malades,  et  tous  ses  autres  meubles  à  ses 
domestiques.  Ensuite ,  voulant  garder  la  bienséance  sans  affectation, 
il  déclara  de  vive  voix  qu'h  l'égard  de  sa  sépulture  il  ne  vouloit  rien  de 
trop  simple  ni  rien  de  superflu  ;  mais  il  ne  put  achever  ni  ligner  ce  tes- 
tament. Son  frère,  le  ministre ,  envoya  un  médecin  de  Paris  qui  ne 
put  arriver  assez  tôt  pour  prévenir  la  suite  de  la  maladie.  Le  médecin 
du  pays  assurant  que  le  moment  étoit  précieux  pour  lui  donner  un  re- 
mède ,  et  que  c'étoit  l'abandonner  que  de  différer,  on  ne  put  lui  admi- 
nistrer le  saint  viatique.  Le  danger  paroissant  ensuite  sans  ressources 
et  la  guérison  désespérée,  ses  domestiques  entrèrent  dans  sa  chambre, 
et  s'étant  mis  h  genoux  autour  de  son  lit ,  ils  le  prièrent  de  leur  donner 
sla  bénédiction  ,  h  quoi  il  répondit  avec  les  sentiments  les  plus  vifs  d'hu- 
milité :  «  Gomment  oserai-je  donner  la  bénédiction  qu'on  me  demande, 
moi  qui  suis  sur  le  point  de  subir  le  terrible  jugement  de  Dieu,  où  je 
suis  en  danger  de  recevoir  sa  malédiction.  »  Un  des^  chanoines ,  député 
du  Chapitre  de  la  cathédrale,  pour  lui  témoigner  la  part  que  la  com- 
pagnie pîenoit  à  sa  maladie,  s'étant  servi,  dans  son  compliment,  de 
termes  tirés  de  l'histoire  de  la  vie  de  saint  Martin  et  attribués  à  ce 
prélat  agonisant,  il  releva  modestement  la  comparaison  dont  usoit  ce 
député  :  <K  Monsieur,  répondit-il ,  a  Dieu  ne  plaise  que  j'ose  me  com- 
parer à  un  si  grand  évéque ,  il  faut  être  saint  Martin  pour  parler  comme 
lui.  »  On  ne  différa  point  de  lui  administrer  le  sacrement  de  l'extréme- 
onction.  pendant  qu'il  avoit  encore  une  pleine  connoissance.  Il  déclara, 
au  commencement  de  cette  cérémonie,  que  s'il  avoit  su  sa  fin  si  proche. 


286  NICOLAS    COLBERT  , 

167S  ^  iff76.  îl  S6  seroit  bien  mieux  disposé  h  la  consommer  dans  l'amour  de  Dieu  ; 
et  ii  ne  pouvoit  s'empêcher  d'avoir  toujours  des  reproches  k  se  faire, 
disant  qu'il  est  écrit  :  «  Que  celui  qui  est  saint  se  sanctifie  encore.  » 
Après  la  réception  du  sacrement  des  infirmes,  les  convulsions  survin- 
rent, ses  forces  diminuèrent  plus  visiblement;  mais  son  visage  ne  fit 
rien  paroi tre  de  chagrin  pendant  ses  douleurs,  on  ne  vit  aucun  mou- 
vement déréglé  pendant  ses  convulsions  ,  et  il  proféra  encore  quelques 
paroles  qui  marquoient  sa  patience  extrême  et  sa  sagesse.  Son  agonie 
dura  pendant  près  de  douze  heures,  sans  qu'on  aperçût  aucune  posture  ni 
aucun  geste  qui  sentit  l'impatience ,  et  il  mourut  ainsi  comme  un  autre 
Moïse  dans  le  baiser  du  Seigneur ,  le  samedi,  cinquième  jour  de  sep- 
tembre, à  neuf  heures  du  matin  ,  a  l'âge  de  48  ans. 

Ce  qu'on  lui  trouva  d'argent  à  sa  mort,  n'alloit  qu'à  cent  ou  deux 
cents  livres.  Au  lieu  d'une  somme  plus  considérable ,  on  trouva  dans 
son  cabinet  plusieurs  instruments  de  pénitence.  Alors,  les  personnes 
qu'il  avoit  obligées  au  secret,  commencèrent  à  parler  et  à  raconter  ses 
aumônes  secrètes  et  les  différents  genres  de  mortification  dont  il  usoit. 
La  ville  d'Auxerre  fut  dans  la  consternation  lorsqu'elle  eut  appris  sa 
mort,  et  elle  ne  trouva  matière  de  consolation  qu'en  ce  qu'elle  apprit 
que  son  corps  seroit  rapporté  dans  son  enceinte  comme  avoit  été  celui 
de  saint  Germain.  Le  clergé  alla  processionnellement  au  devant  du 
convoi  jusqu'à  la  porte  de  la  ville.  Le  charriot  ayant  été  déchargé  à 
l'entrée  de  l'église,  il  fut  porté  par  les  chanoines  tortriers,  chapelains 
et  sacristains.  II  fut  inhumé,  le  11  du  mois,  aux  pieds  des  deux  tombes 
qui  sont  au  milieu  du  sanctuaire.  On  sent  assez  quelle  perte  ce  fut  pour 
l'Eglise,  et  quelle  affliction  pour  son  diocèse  qu'une  mort  arrivée 
sitôt;  et  ce  fut  avec  bien  de  la  raison  que  le  docteur  de  Paris,  qui  fit 
son  oraison  funèbre  le  jour  de  son  enterrement,  appliqua  au  peuple 
d'Auxerre  ce  que  saint  Grégoire ,  pape,  avèit  dit  de  la  ville  de  Syra- 
cuse :  «  Infelix  plebs,  quse  tanlum  paslorem  diu  habere  non  meruit.  » 
Il  y  eut  encore  une  seconde  oraison  funèbre,  prononcée  le  22  octobre 
suivant,  dans  la  cathédrale,  par  le  trésorier  de  la  même  église,  et  jamais 
on  ne  vit  tant  d'affluence  qu'il  y  en  eut  pour  entendre  le  panégyrique 
de  ce  saint  prélat.  On  ne  voit  point  de  tombe  sur  sa  sépulture  ;  mais, 
en  1713 ,  M.  Colbert,  marquis  de  Torcy,  son  neveu ,  fit  ériger  le  mau- 


« 
t 


CENT-UNIÈME    ÉVÉQUE    D*AUXERRE.  287 

solée  qui  est  au  côté  droit  du  sanctuaire,  et  l'a  orné   de  Tépitaplie  1^73  >,  1^76. 
suivante  : 

a  JETERNM  MEMORISE 

»  Nicolai  Colberli  Âutissiodorensis  episcopi  pastoris  optimi  et  vigi- 

>  lantissimi.  Is  a  pueritia  Ecclesise  dicatus ,  posl  humanarum  litterarum 
9  sludia  scientiam  sanctorum  unice  coluit.  Inter  delegatos  cleri  galli* 
»  cani,  curam,  industriam,  peritiam  suam  omnibus  probavit.  Biblio- 
»  thecse  Regia3  custos,  eam  primus  in  meb'orem  formam  reduxit.  Ad 
»  episcopatuoi  Lucionensem  vocatus,   aula} ,  urbi ,  faniilise,  amicis 

>  renuntiavit;  sola  pastorali  soUicitudine  occupalus,  forma  gregis 
»  factus,  clerum  et  plebem  exemplo,  et  verbi  divini  dispensatione,  ad 
1»  christianam  vitam  informavit;  ad  ecclesiam  Autissiodorensem  reluc- 
»  tans  translatus  ,  sui  semper  similis,  non  mundo,  non  suis,  non  sibi, 
M  sed  Ecclesise  et  pauperibus  vixit.  Omnibus  carus ,  in  flore  aetatis 
»  raptus,  magnum  sui  desiderium  gregi  sibi  commisse  rarum  sancti- 
»  moniae  episcopalis  exemplum  posteris  reliquit.  Obiit  anno  salutis 
r>  MDCLXXYI.  Y.  mensis  septembris  anno  aetatis  XLIX. 

»  Joannes-Baptista  Golbertus ,  marchio  Torciaci  et  Sabolii ,  régi  a 
»  sanctioribus  consiliis,  aclis  etepistolis,  ordinis  Sancti-Spirilus  can- 
»  larius,  publici  cursus  magister,  ex  Carolo  fratre  nepos,  patruo 

>  optimo  et  desideratissimo. 

»  P.  C.   » 


FIN    DE   LA    CINQUIEME    PARTIE, 


i 


I 
i 


/ 


*' 


MÉMOIRES 


HISTORIQUES 


SUR 


LES  ÉVËQUES  D'AUXERRE. 


SIXIÈME  ET  SEPTIÈME  PARTIES. 


Il  19 


AVANT-PROPOS  DES  EDITEURS. 


Le  Gesta  Pontificum ,  cette  mine  précieuse  de  l'Histoire 
ecclésiastique  du  diocèse  d'Auxerre^  s'est  arrêté  à  la  yie  de 
M.  Nicolas  Golbert.  L'abbé  Lebeuf ,  par  des  raisons  particu- 
lières,  n'a  pas  écrit  la  vie  du  successeur  de  ce  prélat.  Les 
chanoines  qui  continuaient ,  à  la  mort  de  chaque  évéque  j  la 
série  chronologique  des  biographies  d'après  le  Gesta^  avaient 
aussi  cessé  d'y  travailler.  Ce  n'est  qu'en  1772  que  M.  Potel, 
docte  chanoine  de  la  cathédrale^  écrivit  la  vie  de  messire  André 
Golbert.  M.  de  Gaylus ,  dont  l'épiscopat  se  passa  presqu'en 
entier  à  combattre  pour  le  jansénisme ,  reçut,  après  sa  mort, 
l'honneur  d'une  histoire  en  deux  volumes  (1).  L'épiscopat  de 
M.  de  Gondorcet  fut  raconté  y  en  1770,  par  un  anonyme.  Ges 
travaux  nous  ont  servi  de  base.  L'esprit  dont  ils  sont  imbus 
est  évidemment  partial  ;  cependant  les  faits  qu'ils  renferment 
n'en  sont  pas  moins  intéressants.  En  y  appliquant  une  critique 

impartiale  dég^agée  de  toute  préoccupation  des  querelles  qui  ont 
tant  divisé  nos  pères,  nous  avons  pu^  nous  l'espérons,  en  extraire 
tout  ce  qu'ils  contenaient  de  vrai  et  d'intéressant  (2). 


(1)  Par  M.  l'abbé  Dettey. 

(2)  Les  chanoines  ne  perdaient  pas  de  vue  le  projet  de  continuer  le  Gâta, 
on  en  parla  notamment  en  1702  et  en  1772. 

En  septembre  1789,  M.  Frappier  qui  avait  rédigé  les  biographies  de 
MM.  A.  Golbert  et  de  Caylus,  remit,  h  six  commissaires  du  Chapitre,   parmi 


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MÉMOIRES 


IIISTORiaiJES 


SUR 


LES  ÉVÊQUES  D'AUXERRE. 


SIXIÈME  PARTIE, 

Qui  contient  les  actions  des  quatre  derniers  Évèqnes  d'Aoxerre, 
qui  siégèrent  depuis  l'an  1 676  jasqn'en  1 801 . 


CHAPITRK  ^^ 

ANDHÊ  COLBERT,  CII«  ÉVÊQUE  DAUXERRE. 

Peu  de  jours  après  la  mort  de  Nicolas  Colbert,  on  apprit  que  cet  ig76  à  iroi. 
illustre  prélat  avait  pour  successeur  M.  André  Colbert. 

André  Colbert  était  fils  de  Charles  Colbert,  président  au  présidial 
de  Reims,  et  de  Marguerite  de  Mévilliers.  Il  était  né  dans  cette  ville  en 
i647.  Dès  Tâge  de  sept  ans,  ses  parents  voyant  ses  goûts  pieux  ,  lui 
firent  embrasser  la  carrière  ecclésiastique.  En  i665  il  fut  pourvu  d'un 
canonicat  dans  Téglise  de  Reims.  Après  avoir  fait  de  brillantes  études  ii 
Paris,  il  fut  reçu  docteur  en  Sorbonne,  le  5  novembre  iGOO. 


294  ANDRÉ    COLBERT, 

1076  9  1704.  L'évoque  Nicolas  Colbert ,  dont  il  était  parent,  Tappeia  auprès  dé 
lui  et  lui  conféra  une  prébende  dans  la  collégiale  d'Appoigny.  Nomme 
ensuite  archidiacre  d'Auxerre,  il  se  distingua  par  ses  prédications  dans 
les  paroFsses  de  Moléme  et  de  Treigny.  Le  clergé  du  diocèse  l'ayant 
élu  pour  son  représentant  h  rassemblée  provinciale  de  Sens,  en  i675, 
il  y  fut  nommé  député  k  l'assemblée  générale  du  clergé. 

Le  diocèse  ayant  perdu  son  premier  pasteur,  Tabbé  de  Pierre- 
Basse,  neveu  de  Tévèque  P.  de  Broc,  se  mit  sur  les  rangs  pour  lui 
succéder.  Mais  la  réputation  de  savoir  que  s^élait  acquise  l'abbé 
Colbert,  jointe  à  l'appui  du  grand  ministre  du  même  nom,  lui  valut  le 
siège  d'Auxerre,  et  le  roi  l'y  nomma  le  15  septembre  1676.  Les  évé- 
chés  étaient  alors  une  ressource  dans  la  main  des  rois.  Louis  XIY,*  en 
donnant  celui  d'Auxerre  h  M.  Colbert,  le  greva  de  plusieurs  pensions 
et  particulièrement  d'une  de  1,500  livres  pour  le  docte  abbé  Baluze, 
qui  était  conservateur  de  la  bibliothèque  Colbertine  (1). 

A  la  mort  de  Nicolas  Colbert,  le  Chapitre  cathédral  avait  voulu 
exercer  son  droit  d'administration  pendant  la  vacance,  en  vertu  de 
l'exemption  de  la  régale. 

Il  avait  pourvu  aux  services  temporels  et  spirituels  du  diocèse,  et, 
à  cet  effet,  il  avait  nommé  trois  économes.  Les  dispositions  prises  par 
le  Chapitre  déplurent  au  nouvel  évéque.  Il  fit  signifier  h  la  compagnie 
que  le  roi  l'avait  gratifié  de  l'économat.  Le  Chapitre  fit  des  remon- 
trances. Cependant  l'évéque  avait  ordonné  k  M®  Panier,  son  homme 
d'affaires,  de  ne  pas  faire  d'actes  qui  fussent  trop  hostiles  au  Chapitre. 
Mais  la  résistance  de  ce  corps  le  mécontenta,  et  il  obtint  deux  lettres 
de  cachet  pour  trancher  les  difficultés.  M^  Panier  fut  adjoint  aux  éco- 
nomes du  Chapitre. 

M.  Colbert  demeura  jusqu'au  mois  de  juillet  1678  à  attendre  ses 
bulles  pour  prendre  possession.  Pendant  ce  temps,  les  vicaires-géné- 
raux du  Chapitre  gouvernèrent  le  diocèse.  Le  7  août  1677,  ils  lancè- 
rent un  monitoire  k  la  requête  des  maire  et  échevins  d'Auxerre,  contre 


(1)  L'abbé  touchait  encore  cette  pension  en  1703,  suivant  la  mention  qui  est 
faite  «  d*une  traite  de  833  liv.  au  profit  de  Tabbé  Baluze»  dans  Finventaire  après 
décès  de  M.  de  Colbert.  —  Archives  de  TYonne.  '  ^ 


86. 


CENT   DEUXIÈME   ÉVÊQUE   D^UXERRE.  295 

certains  malfaiteurs  qui,  depuis  quelques  années  et  notamment  celle-lh,  i^^  i^  i-o^. 
commettaient  des  désordres  dans  la  ville ,  couraient  les  rues  pendant 
la  nuit ,  escaladaient  les  jardins,  brisaient  les  arbres  et  volaient  les 
fruits  et  les  fleurs. 

Les  bulles  de  M.  André  Colbert  étant  enûn  arrivées  de  Rome ,  il  fut 
sacré  dans  la  chapelle  de  la  Sorbonne,  où  il  demeurait  depuis  deux 
ans,  par  M.  de  Harlay,  archevêque  de  Paris,  le  18  juillet  1678  (1). 

Le  5  septembre  suivant,  on  annonça  à  Auxerre  Tarrivée  du  prélat. 
Il  n'avait  pas  négligé  les  cérémonies  ordinaires  de  prise  de  possession. 
Les  quatre  barons  avaient  été  assignés  pour  faire  foi  et  hommage,  et 
pour  porter  Tévèque  depuis  l'église  Saint-Germain  jusqu'à  la  cathédrale. 
M.  Louis  de  Boulainvilliers,  chargé  de  la  procuration  de  madame 
la  maréchale  de  la  Mothe,  née  Marie-Louise  de  Prie,  se  présenta  pour 
prêter  foi  et  hommage  de  la  baronnie  de  Toucy.  Il  fut  dispensé  du 
portage.  Le  comte  d'Auxerre ,  le  baron  de  Saint-Verain ,  et  M.  de 
Colbert,  baron  de  Seignelay,  n'ayant  comparu  ni  en  personne  ni  par  pro- 
cureur, l'évêque  fit  toutes  protestations  pardevant  notaires ,  pour  la 
conservation  de  ses  droits. 

Malgré  la  prière  faite  par  M.  Colbert  aux  habitants  d'Auxerre ,  de 
ne  point  le  recevoir  avec  solennité,  la  milice  bourgeoise,  au  nombre 
de  li2  à  1,500  hommes,  s'était  mise  sous  les  armes  et  formait  la  haie 
hors  delà  ville  depuis  la  porte  deSaint-Siméon.  Les  magistrats  et  le  corps 
de  ville  reçurent  le  prélat  en  dehors  des  barrières.  On  remarquait  à 
cette  cérémonie  le  comte  César-Philippe  de  Chastellux,  qui ,  en  sa 
qualité  de  chanoine  héréditaire  de  la  cathédrale,  avait  revêtu  son  costume 
historique  (2). 

A  peine  M.  Colbert  fut-il  installé  dans  son  siège  épiscopal ,  qu'il 
voulut  continuer  Toeuvre  de  son  prédécesseur  pour  la  réforme  des 
graves  abus  qui  s'étaient  introduits  dans  le  diocèse.  Le  15  décembre 
1678,  il  adressa  au  clergé  un  mandement  où  il  déclarait  qu'il  voulait 
connaître  la  capacité  de  tous  ceux  qui  seraient  employés  dans  le 
saint  ministère.  Il  prescrivit,  en  conséquence,  à  tous  les  prêtres 


(1)  11  no  prêta  serment  de  Gdéliié  au  métropolitain  que  le  25  septembre  1679. 

(2)  5  et  6  sept.  1678. 


29C  ANDIIÉ    COLBERT  , 

1G7C  à  1704.  àe  se  présenter  devant  lui  pour  recetoir  ses  ordres ,  révoquant  en 
même  temps  toutes  les  permissions  de  prêcher  et  de  confesser  qu'ils 
avaient  pu  obtenir  jusque-là.  Dans  un  synode  ouvert  le  18  avril  1679 
il  renouvela  les  ordonnances  de  son  prédécesseur,  et  on  y  arrêia  les 
bases  d'un  règlement  sur  l'administration  des  sacrements. 

Cette  assemblée  élut  alors  M.  Chrétien,  grand-vicaire  de  Tévêque, 
en  qualité  de  député  à  la  chambre  ecclésiastique  (1),  et  M.  Marpon, 
prieur-curé  de  Saint-Âmatre,  comme  syndic  du  clei^é. 

Peu  de  temps  après,  M.  Colbert  confirma  l'élection,  qu'avait  faite  le 
Chapitre,  de  M.  Toussaint  Leclerc,  chanoine-diacre,  à  la  dignité  de 
chantre  de  Téglise  cathédrale. 

Les  états  de  Bourgogne  ayant  été  convoqués  le  14  août  1G99, 
M.  Colbert  y  fut  choisi  pour  l'élu  do  clergé. 

C'est  pendant  la  tenue  de  cette  assemblée  que  l'évéquc  d'Âutun  fit 
exécuter  l'arrêt  du  Conseil  du  8  avril  i658,  qui  l'avait  maintenu  dans 
le  droit  de  présider  les  Etats  et  d'y  précéder  tous  (es  évéques  qui  y 
avaient  entrée,  quoique  plus  anciens  en  sacre.  Nicolas  Colbert  avait 
bien  protesté,  mais  cette  fois  Tévêque  d'Autun  fit  observer  que  Tarrét 
avait  été  exécuté  pendant  plus  de  vingt  ans  sans  réclamations.  M.  André 
Colbert  garda  le  silence,  et  la  prérogative  des  évêques  d'Autun  fut  con- 
sacrée jusqu'à  la  révolution. 

M.  Colbert,  nommé  élu  du  clergé  dans  l'assemblée  générale  tenue  à 
Saint-Germain-en-Laye,  au  mois  de  mai  1680,  fut  chargé  de  faire,  à 
Louis  XIY,  des  représentations  sur  l'état  des  affaires  religieuses.  On 
était  alors  vivement  divisé  sur  les  questions   du  jansénisme  et  des 
I  libertés  gallicanes.  Le  prélat,  après  avoir  assuré  le  roi  du  dévouemenl 

du  clergé,  lui  parla  de  la  nécessité  des  conciles  provinciaux  pour  l«i 
réforme  de  la  discipline  et  des  mœurs.  Il  lui  rappela  encore  qu'il  était 
le  bras  de  l'Eglise,  l'instrument  temporel  de  la  volonté  divine. 


P 


^  (1)  M.  Chrétien ,  qui  avait  obtenu  par  son  mérite  toute  la  confiance  de  Tévéque 

et  était  devenu  archidiacre  de  Puisayc,  encourut  plus  tard  sa  disgrâce  et  fut  exilé 
à  Tréguier  par  lettre  de  cachet.  M.  Potel  dit  que  cet  exil  fut  pour  M.  Chrétien 
une  espèce  de  triomphe.  D*un  autre  côté,  le  Chapitre  protesta  en  refusant  de  sup- 
pléer Tofiice  d'archidiacre  lorsque  Pévéque  officiait. 


I 


». 


CENT  DEUXIÈME  ÉVÊQUE  d'aUXERRE.  297 

Louis  XIV,  alors  lout  puissaol,  avait  déclaré  que  le  droit  de  régale  ,^76^  1704. 
lui  appartenait  dans  tous  les  évéchés  du  royaume.  Un  petit  nombre 
d^évêques  réclamèrent.  Ils  furent  soutenus  vigoureusement  par  le  pape 
qui  accusa  le  roi  de  violer  les  droits  de  TEglise.  L'assemblée  du  clergé 
de  i682,  à  qui  l'affaire  avait  été  renvoyée,  s'empressa  de  proclamer  les 
droits  du  roi  et  consentit  à  Textinction  de  la  régale  partout.  L'évêque 
d'Âuxerre  céda  alors,  sans  réclamer,  une  des  plus  belles  prérogatives 
de  son  église. 

Les  dispositions,  si  favorables  aux  intentions  du  roi ,  de  l'assemblée 
du  clergé  de  i682,  se  révélèrent  encore  mieux  par  la  fameuse  décla- 
ration des  quatre  articles  devenus  célèbres  dans  l'histoire.  M.  Colbert  y 
donna  son  adhésion  entière. 

Il  ne  parait  pas  avoir  pris  une  part  active  aux  affaires  géné- 
rales après  l'assemblée  de  1682.  Il  se  concentra  dans  les  soins  de 
l'administration  de  son  diocèse  et  s  y  dévoua  tout  à  fait.  La  suite  de 
rhistoire  de  son  épiscopat  est  tout  entière  dans  les  mesures  qu'il  ne 
cessa  de  prendre  pour  l'amélioration  de  ses  ouailles  et  la  discipline  de 
son  clergé. 

Esprit  fin  et  délicat ,  M.  Colbert  avait  une  connaissance  solide  de 
l'histoire,  et  l'auteur  de  sa  vie  (i)  nous  le  dépeint  comme  un  amateur 
éclairé  des  lettres  et  des  beaux-arts.  Il  goûtait  surtout  la  mu- 
sique (2).  Il  était  somptueux  et  magnifique  dans  l'occasion,  quoique 
vivant  ordinairement  d'une  fdçon  fort  réglée.  Ses  manières  dis- 
tinguées donnaient  à  sa  réception  le  meilleur  air.  Son  goût  pour  la 
bâtisse  le  porta  à  embellir  son  palais  épiscopal  et  son  château  de 
Régennes  (3). 

Lorsque  Louis  XIV  passa  à  Âuxerre,  le  dimanche  50  mai  1685, 


(1)  L'abbé  Potel. 

(2)  Santeuil  était  souvent  reçu  dans  son  palais. 

(3)  On  voit  par  Finventaire  dressé  à  sa  mort,  en  1704 ,  que  le  palais  épiscopal 
était  richement  meublé  et  décoré  de  tapisseries.  11  y  avait  dans  les  écuries  six  che- 
vaux de  carosse  et  trois  de  selle  -,  et  dans  les  remises  deux  caresses  garnis.  Le  jardin 
était  orné,  entr'autres  arbustes,  de  26 caisses  de  lauriers  blancs  et  roses,  et  de 
33  orangers.  —  Archives  fie  l'Yonne 


lOtàlTM. 


296  ATfDEB    COLBIRT, 

pour  aller  au  camp  de  la  Saùoe,  M.  Gilbert  troava  Toccasioa  de  mon- 
trer sa  maguificence^  et  le  roi  lai  en  fit  eompliment.  Il  reçut  le  prince 
avee  tonte  sa  suite  ;  parmi  les  dames  qui  accompagnaient  la  mue .  on 
▼oyait  mesdames  de  Montespan  et  de  Maintenon.  Pendant  la  réception 
laite  an  rai  et  à  laquelle  assistait  le  Chapitre,  ce  prince  fut  frappé  dn 
costume  singnlkr  que  portait  Ton  des  chanoines,  M.  de  Chasteilux, 
revêtu  de  son  costume  mi-parti  militaire  et  eccléaastiqne.  Les  courti- 
sans«  comme  le  roi  lui-même,  étaiait  fort  intrigués  de  ce  qulls  voyaient. 
Louis  XIV  s*étant  fait  expliquer  la  raison  de  cet  usage,  apprit  que 
c'était  un  souvenir  de  la  concession  d'un  canonicat  accordé  par  le 
Chapitre  a  Qande  de  Beauvoir,  en  l-IS,  Iorsqu*U  eut  raidu  à  Tégiise 
d^Auxerre  la  ville  de  Cravan  quH  avait  reprise  pour  le  duc  de  Bour- 
gogne et  défiendue  ensuite  dans  un  long  siège  contre  les  troupes  de 
Charies  Vil. 

On  rapporte  que  Louis  XTV  complimenta  M.  de  Chastellux  sur  bi 
prérogative  dont  il  jonùsait^  et  quli  rendit  aux  courtisans  qui  pfan- 
sautaient  :  c  Ne  badinez  pas,  Xessienrs,  il  n  j  a  aucun  de  vous  qui  ne 
B  dût  se  fiure  honnenr  d'un  pareil  titre.  » 

Le  lendemain  le  roi  quitta  Auxerre  après  avoir  aiUaidn  b  messe  dans 
bi  cathédrale. 

Peu  de  mois  après,  bi  mort  vint  frapper  cruellement  deux  des 
hôtes  qu'avait  reçus  M.  Colbert.  La  reine  mourut  le  30  juillet,  après 
trois  jours  de  maladie.  Le  grand  Colbert  succomba  également  le 
6  septmnbre ,  à  l'âige  de  Mans.  Des  s»vices  solenneb  finrcnt  célébrés 
en  IHionnenr  des  illustres  morts.  L'abbesse  des  Bernardines,  sœur  de 
M.  de  Colbert ,  fut  bi  pranière  à  lui  paver  le  tribut  de  sa  douleur  et  de 
son  affection^  par  un  service  auquel  assistèrent  toutes  les  autorités^  le 
10  et  1 1  septembre. 

?lons  avons  dit  que  ML  André  Colbert  avait  ccmsacré  sa  vie  à 
Tamélioration  de  ses  diocésains.  Ses  nombcenses  viates  des  paroisses 
et  des  monastères  nous  apprennent  Tétat  dn  diocèse  à  cette  époque. 

Parmi  les  usages  supentitîenx  qui  subsîsiaœnt  ocore,  Tabbé  Pdlel 
parie  de  la  vénératkm  qn^on  atiachait  dans  certains  Ceux  à  cbs 
vases  de  cuivre  conservés  dsus  les  «élises  comme  des  reliquaires.  On 
Icou^k  MB»  y  du»  ({adi|ues  paroisses ,  des  pintes  d^étain  et  des 


CENT   DEUXIÈME   ÉVÊQUE   d'aUXERRE.  299 

verres  qui  servaient  aux  ablutions  des  communiants.  Les  mariages  i^e^iiTOi. 
étaient  souvent  Tobjet  de  cérémonies  burlesques.  Les  invités  allaient 
oflrir  des  présents  k  la  mariée  qui  les  recevait  dans  un  fauteuil ,  tenant 
un  ciei^e  à  la  main  ;  et  tout  se  terminait  par  un  salut  que  chacun  lui  faisait 
aux  dépens  de  la  pudeur. 

Les  funérailles  étaient  aussi  Toccasion  de  pratiques  étranges  et  con- 
traires à  Tesprit  de  TEglise.  Les  sorciers  étaient  encore  l'objet  de  la 
croyance  populaire.  En  i696,  deux  hommes  et  trois  femmes  de  Mon- 
tigny,  accusés  de  sorcellerie  par  leurs  concitoyens,  se  soumirent  k 
Téprcuve  de  Teau  pour  se  purger  de  cette  imputation.  Acte  fut  dressé 
pardevant  notaire  ,  en  présence  de  plus  de  deux  cents  personnes  des 
villages  voisins.  On  plongea  les  accusés  dans  le  Serain ,  au-dessus  du 
gué  du  Bas-des-Pierres,  près  de  l'abbaye  de  Pontigny,  les  mains  et 
les  pieds  liés.  Trois  d'entre  eux  enfoncèrent  dans  l'eau  et  les  deux 
autres  surnagèrent;  ce  qui  fut  gravement  constaté  par  le  notaire  (i). 

M.  Colbert  proscrivit,  par  zèle  pieux,  toutes  les  statues  de  saint 
Martin  et  de  saint  Georges  k  cheval  et  les  fit  remplacer  par  un  tableau 
de  la  résurrection.  Cette  tendance  anti-archéologique ,  qui  se  développa 
de  plus  en  plus  pendant  le  xviii®  siècle,  causa  la  destruction  de  beau- 
coup d'antiquités  curieuses.  L'intention  morale  qui  dictait  ces  proscrip- 
tions était  bonne  sans  doute,  mais  ou  doit  en  regretter  les  excès. 

Les  fêtes  et  les  processions  servaient  de  prétexte  k  des  scènes  qui  rap- 
pelaient le  moyen-âge.  Â  Clamecy,  les  individus  qui  avaient  fait  le 
voyage  de  Saint-Jacques-de-Compostelle  assistaient  k  la  procession  de 
la  Fête-Dieu  en  habit  de  pèlerin  avec  le  roquet  et  le  bourdon. 

  Varzy,  on  voyait  encore  dans  cette  même  fêle  les  douze  apôtres 
que  figuraient  autant  de  personnages  revêtus  d'aubes  et  d'ornements 
d'église  (2). 

M.  Colbert  supprima  ces  usages  ridicules,  et  donna  une  meilleure 
direction  k  la  piété  des  populations. 

Il  savait   que    plus  le    peuple    est   éclairé,  mieux   il   comprend 


(1)  Voy.  aux  Preuves  de  ces  Mémoires,  t.  iv,  n»  476. 

(2)  Cet  usage  qui  remontait  au  moyen-Age  était  très-répandu  dans  les  paroisses. 


500  ANDRÉ  GOLBERT  , 

1676  k  1704.  1^  respect  dû  aux  choses  saintes.  Dans  le  synode  de  1685,  il  recom- 
manda particulièrement  à  son  clergé  l'instruction  de  la  jeunesse  et 
surtout  celle  des  pauvres  et  des  bergers,  qu'il  exhortait  les  curés  d'aller 
chercher  dans  les  champs  s'ils  négligeaient  de  se  rendre  aux  leçons. 
Beaucoup  de  paroisses  de  la  campagne  manquaient  de  maîtres  d'école  ; 
il  mit  tous  ses  soins  à  en  augmenter  le  nombre  (i).  Les  ordonnances  pu- 
bliées dans  le  synode  de  iG89  sont  empreintes  d*un  grand  esprit  de 
sagesse.  L'évéque  y  prescrit  des  règles  pour  la  célébration  des  mariages, 
l'emploi  des  deniers  des  fabriques,  l'observation  du  dimanche  ,  l'ins- 
truction religieuse  à  donner  par  les  curés.  Il  leur  recommande  la 
réserve  dans  les  fêtes  paroissiales.  Il  proscrit  certains  abus  supersti- 
tieux comme  de  porter  le  saint-sacrement  aux  incendies,  de  donner  le 
baptême  aux  enfants  morts-nés.  Dans  l'assemblée  du  clergé  de  i095,^ 
furent  arrêtées  définitivement  les  ordonnances  synodales  préparées 
dans  les  réunions  antérieures.  Elles  ont  été  observées  jusqu'à  celles  que 
fit  M.  de  Caylus  en  1758. 

Le  roi  voulait  faire  disparaître  toute  trace  du  calvinisme  dans  ses 
états  :  poussé  dans  cette  voie  par  madame  de  Maintenon,  il  ordonna, 
par  une  déclaration  du  i5  décembre  1698,  qu'il  serait  établi  partout 
des  maîtres  d'école  catholiques.  Le  questionnaire  adressé  à  ce  sujet  par 
l'évêque  aux  curés  nous  révèle  l'état  peu  avancé  du  diocèse  sous  ce 
rapport.  Sur  67  paroisses,  50  seulement  sont  pourvues  d'institu- 
teurs (2). 

Le  zèle  de  M.  Colbert  pour  la  conversion  des  réformés  n'avait  pas 
attendu  les  ordres  officiels  du  roi.  Dès  Tannée  1679,  il  consultait,  à 
Paris,  un  M.  Peu  sur  ce  projet.  Celui-ci  lui  répond  très-sagement  : 
c  que  c'est  un  ouvrage  de  Dieu  des  plus  difficiles  ;  pour  y  réussir,  il 
>  faut  que  la  réputation  soit  bien  établie  pour  la  piété  et  l'érudition  et 
2>  beaucoup  de  charité.  »  Il  conseille  à  l'évêque  d'aller  résider  lui-même 
sur  les  lieux  et  d'y  appeler  des  ouvriers  sages  et  doctes  ;  et  quoique 


(1)  On  voit  qu'à  cette  époque  il  était  défcnda  de  tenir  des  écoles  privées  ou  pu- 
bliques sans  la  permission  de  Tévéque.  —  Arch.  de  TYonne        ^  ^ 

(2)  Les  réponses  des  curés  ne  sont  pas  toules  parvenues  h  révéché,  puisque  sur 
210  paroisses  67  seulement  figurent  dans  le  dossier. 


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CENT  DEUXIÈME   ÉVÊQLE    D*AUXERRE.  501 

l'opiniâtreté  paraisse  fort  grande ,  il  attirera  la  bénédiction  de  Dieu  j^^^  ^  n,.!. 
sur  ses  travaux  (i). 

Dès  ce  moment,  la  conversion  des  protestants  des  villes  de  la  Loire 
fut  la  préoccupation  de  M.  Colbert.  Au  mois  de  septembre  1685,  il 
adressa ,  par  ordre  du  roi ,  à  ceux  de  La  Charité ,  Favertisse- 
ment  pastoral  fait  par  rassemblée  générale  du  clergé.  Les  réformés 
étaient  réunis  au  Grot-Guillot  où  se  tenait  le  consistoire  (2).  Le  mi- 
nistre Boju  reçut  poliment  les  envoyés  parmi  lesquels  étaient  le  prieur 
de  Tabbaye  Saint-Père  d'Âuxerre,  le  curé  de  Sainte-Croix  de  La  Cha- 
rité^ l'intendant  d'Orléans  et  deux  notaires.  La  lecture  de  Tavertisse- 
ment  pastoral  fut  écoutée  en  silence,  après  que  le  ministre  eut  protesté 
de  son  profond  respect  pour  le  roi,  et  de  Tinjustice  des  persécutions 
^ont  les  réformés  étaient  Tobjet.  Le  ministre  répondit  ensuite  :  «  Ce 
»  que  nous  avons  a  dire  maintenant,  c'est  que  les  conversions  sont 
>  l'ouvrage  du  Saint-Esprit ,  c'est  du  ciel  qu'il  faut  les  attendre,  nous 
»  espérons  de  la  bonté  du  roi  qu'il  ne  nous  obligera  jamais  h  des  choses 
»  contre  notre  conscience.  » 

Après  la  révocation  de  l'édit  de  Nantes,  en  1685,  les  mesures  prises 
pour  la  conversion  des  réformés ,  affectèrent  une  forme  officielle  et 
administrative  qui  était  loin  de  la  charité  évangélique  (5).  En  vertu 
de  l'édit,  on  démolit  les  temples,  l'exercice  de  la  religion  réformée  fut 
xléfendu  ;  les^prédicants  refusant  d'abjurer  furent  exilés.  Les  écoles 
des  réformés  furent  abolies  et  leurs  enfants  baptisés  et  élevés  dans 
l'église  romaine.  On  voulut  bien  leur  permettre  encore  la  liberté  de 
<;onscience  jusqu'à  ce  qu'il  plût  à  Dieu  de  les  éclairer. 

Cependant,  il  ne  parait  pas  que  M*  Colbert  ait  usé  de  la  rigueur 
qu'on  reproche  avec  raison   au  gouvernement  de  Louis  XIV.    Les 


(1)  Arch.  de  T Yonne,  pièces  sur  les  réformés. 

(2)  Suivant  un  mémoire  du  xtii«  siècle ,  le  Crot-Guillot ,  situé  k  une  lieue  de 
La  Charité,  sur  la  terre  de  Passy ,  n'aurait  commencé  à  servir  de  prêche  qu'après 
redit  de  Nantes.  Les  réformés  s'assemblèrent  d^abord  sous  un  arbre,  puis  dans  une 
grange,  et  ils  ne  firent  bâtir  leur  temple  qu*en  1653. 

(3)  En  1687,  l'intendant  d'Orléans  payait  les  missionnaires  aux  frais  du  roi,  mais 
d'une  manière  si  mesquine  que  quelques-uns  n'avaient  que  20  sous  par  jour.  — 
Arch.  de  l'Yonne  ?-^-   , 

L.6,  n.  I. 


302  ANDRÉ   COLBBRT, 

ie76  à  1704.  mesures  qu'il  avait   prises  dès  avant  Fédît  royal  l'en  dispensèrent. 

L'histoire  de  sa  vie  nous  apprend  qu'il  travaillait  lui-même  ^  ramener 
les  réformés  dans  le  sein  de  l'Ëglise.  Des  familles  entières  abjoraient.  Les 
villes  de  Cosne,  Gien,  La  Charité,  n'oublieront  jamais  qu'elles  sont  rede- 
vables à  H.  Colbert  delà  réunion  de  la  plupart  de  leurs  ciloyens  (i). 
Piaurtni  ses  coopérateurs  les  plus  dévoués,  on  cite  MM.  Harie^son  grand- 
vicaire,  pénitencier  de  la  cathédrale  (2),  et  Tabbé  Jegou  de  Kervilio,  qui 
fut  depuis  évéque  de  Quimper. 

Cependant,  on  voit  bien  par  la  physionomie  des  rapports  faits  à 
l'évéque  sur  Tétat  des  esprits,  que  les  nowoeaux  converîiSj  comme  on 
appelait  les  réformés  qui  avaient  abjuré,  n'avaient  pas  tonjours  renoncé 
du  fond  du  cœur  à  leur  foi  première.  Quelques-uns  disent  même 
c  que  leur  abjuration  n'a  pas  été  volontaire  et  qu^ik  la  considèrent 
>  comme  un  grand  péché.  >  Ceux  de  Gien  ne  pratiquaient  pas  leurs 
avoirs  religieux  et  conservaient  des  rapports  avec  les  réformés  émi- 
grés. 

M.  Colbert  ne  négligeait  pas»  d'un  autre  côté,  b  surveillance  des 
monastères  ou  des  églises  collégiales  de  son  diocèse.  Ses  nombreuses 
Tisites  étaient  marquées  par  des  mesures  d'ordre  et  des  améliorations 
que  réclamait  l'état  des  maisons  religieuses,  régulières  ou  séculières. 

Son  Chapitre  lui  offrit  tout  particulièrement  l'occasion  de  se  pro- 
noncer sur  une  question  importante.  Il  existait,  depois  b  fin  du 
xn*  siècle  (5),  une  institution  de  douxe  prêtres  qu'on  appelait  chanoines 
torlners  et  dont  les  fonctions  étaient  de  suppléer  les  grands  dianobes, 
soit  au  chœur,  soit  à  la  lecture  des  leçons.  Les  prérogatives  de  ces  chan 
Boines  étai^at  bien  moindres  que  celles  des  autres.  Ils  devaient  résider 
continuellement  et  ne  pouvaient  s'absenter  plus  d'un  mois  sans  h  per^ 
mission  du  Chapitre.  Us  n'avaient  aucime  part  aux  délibérations  capitu- 
laires.  Ils  n'accompagnaient  pas  le  Chapitre  fors  des  visites  aux  princes 
et  antres  personnes  de  considération.  Leur  part,  dans  les  distributions, 
était  de  moitié  moindre  que  celle  des  grands  chanoines ,  etc. 


(I)  L'abbé  Potel,  p.  44. 

(1)  M.  Marte  proBonca  ^  daas  la  cathédrale ,  loriisoii  fimèbre  de  b  reine  Marie- 
Ibeite  d'Autriche,  le  S  octobre  i€83  (M»  bibl.  d'Attxerre,  a.  7S). 
(^  Foy*  Cft-dessus  à  la  vie  de  G.  d'EsCoateville,  p.  7. 


CBiNT    DEUXIÈME   ÉVOQUE    d'aUXERRE.  505 

Cependant,  en  1649,  un  sieur  Filey,  semi-prébendé ,  éleva  des  pré-  i^^  j^  17(^4. 
tentions  contraires  au  sujet  de  Tobligation  de  la  desserte ,  et  demanda 
la  réunion  des  douze  semi-prébendes  en  six ,  attendu  la  médiocrité  des 
revenus  de  son  canonicat.  D'incidents  en  incidents,  le  procès  porté 
au  parlement  dura  jusqu'en  i686;  alors  Tévéque  nommé  com- 
missaire pour  prononcer  en  dernier  ressort,  condamna  le  sieur  Filey 
sur  tous  les  points,  et  maintint  le  Chapitre  dans  tous  ses  droits ,  con- 
formément a  la  bulle  du  pape  Clément  VII,  de  Tan  1581  (1). 

En  168:2,  il  régla  les  différends  qui  existaient  depuis  longtemps 
entre  les  chanoines  de  Gien  et  le  curé  de  Saint-Laurent  de  la  même 
ville,  au  sujet  de  la  portion  congrue  et  de  Tautorité  du  Chapitre.  Les 
droits  des  chanoines  furent  maintenus ,  mais  ils  durent  payer  la  portion 
congrue  au  curé  et  à  son  vicaire,  attendu  que  les  biens  de  la  cure 
avaient  été  réunis  au  Chapitre  en  1669.  Les  collégiales  de  Donzy  (1685) 
et  de  Clamecy  (1684),  reçurent  également  de  nouveaux  statuts  dans  un 
article  desquels  il  leur  était  recommandé  de  se  conformer  aux  usages 
de  la  calliédrale.  Il  en  donna  à  celle  de  Gien  en  1699. 

La  collégiale  de  Saint-Laurent  de  Cosne  jouissait  d'un  revenu  mo- 
dique. Déjà,  en  1640,  M.  de  Broc  avait  réduit  de  12  à  10  le  nombre 
des  prébendes,  et  en  1655  lui  avait  donné  des  statuts  nouveaux. 
M.  Colbert  supprima  encore  deux  prébendes  le  1®^  juillet  1685.  Il 
visita  alors  le  couvent  des  Bénédictines  de  Cosne.  A  la  demande  des 
directeurs  du  canal  de  Briare ,  il  érigea,  la  mOme  année,  en  cure, 
Féglise  de  Champoulet,  en  faisant  distraction  à  cet  effet  d'une  partie  de 
la  paroisse  de  Batilly. 

Les  chanoines  de  Varzy  tenaient  une  conduite  peu  édifiante  et  tracas- 
saient le  curé.  M.  Colbert  fit  une  information  contre  eux  en  1684.  L'ab- 
baye de  Crisenon  n'avait  pas  non  plus,  à  la  fin  du  xvii®  siècle,  une  ré- 


(1)  Mém.  sur  Torigine  des  scmi- prébendes,  par  M.  Viart.  ^  ^  —  On  voit  encore 
quUl  était  défendu  aux  semi-prébendés  de  porter  des  aumusses  grises ,  et  que 
les  leurs  devaient  être  d'un  gris  plus  uni  et  plus  marque  de  roux.  Le  côte  blanc 
hermine  devait  être  barré  et  mêlé  de  pointes  de  petit  gris  de  0  à  10  pouces  de  long 
sur  4  de  large.  Ils  ne  devaient  point  avoir  de  bandes  de  velours  ou  d'autres  étoffes 
sur  le  devant  de  leurs  chapes  d^hivcr,  non  plus  qu'en  aucun  temps  la  soutane 
violeltc. 


504  ANDHK    COLBERT  , 

i«76  il  i7(vi.  pulation  bien  exemplaire.  L*abbessc,  M™^  de  Romainval,  avec  une  reli- 
gieuse bénédictine  de  Nantes  nommée  M*"®  d'Hairval,  menaient  la  vie 
la  plus  scandaleuse.  Les  plaintes  adressées  à  Févéque  par  de  vieilles 
religieuses  désolées  de  ces  désordres,  nous  révèlent  des  mœurs  bon- 
leuses  (1).  Les  Urbanistes  d'Entrains,  qui  n'étaient  plus  que  qualre, 
furent  supprimées  en  i688,et  leur  maison  fut  réunie  a  Tabbaye  des  Isles. 

Les  institutions  de  charité  prenaient  à  cette  époque  un  développe- 
ment plus  considérable  que  jamais.  M.  Colbert  favorisa  de  tout  son 
pouvoir  ces  tendances  dans  son  diocèse.  Il  institua  ou  approuva  .'es 
coofréries  des  dames  de  charité  dont  le  but  était  le  soulagement  dos 
pau\res  et  des  malades,  notamment  à  Qamecy  J684) ,  La  Cbarité  et 
DoDiy  (1688),  Gien  (1693),  La  |)aroisse  de  Saint-Père  dWuierrc  quo 
le  coté  dépeint  comme  la  retraite  ordinaire  des  indigents  et  comme 
renfermant  un  grand  nombre  de  puvres  gens  «  souffrant  de  grandes 
disettes,  pour  ne  pas  dire  qu'ils  meurent  quasi  de  faim  faute  de  se- 
conrs  »  (2),  ref  nt  anssi  sous  son  épiscopat  cette  utile  création.Ces  con- 
fréries, qui  remplaçaient  plus  utilement  d'autres  associations  de 
métiers  dites  des  bàUms  (3) ,  étaient  devenoes  nécessaires  dans  ces 
temps  malheoreux  où  Texcès  des  tailles  avait  ruiné  les  (>opulations.  La 
religion  prenait  sous  son  patronage  ces  pieuses  fondations  qui  s*accom- 
plissaient  par  des  dames  Tenves  ou  des  demoiselles  âgées  |K>ur  lesquelles 
c'était  une  espèce  de  profession  religieuse. 

Les  hôtels-ilien  et  les  maladeries  avaient  éprouvé,  en  l6Ti«  une 
grave  atteinte  dans  leur  existence.  Le  roi  étant  informé  quun  iK^s- 
grand  nombre  de  ces  maisons  étaient  mal  gérées  et  servaient  |  \\iivi  ;i 
fair^  vivre  des  parasites  quli  subvenir  aux  besoins  des  pau\res  et  des 
malades,  les  mmit  à  TOrdre  de  Notre-Dame  du  Mont-Qrmel.  qui 
devait  être  chargé  de  le«ir  administration.  De  nombreuses  reoian..uion> 


;i:  Arcfc.  lie  rYo«K  ^  ^ 

:2  Awk.  «le  rTwK  /-^ 

3l  La  sUtae  <l«  sùéI  foln»  était  da»»  k  Bovea  ^.  poftee  aa  bv.^ct  d  un  bùtcQ 

«tte  BicW  offBcr.  Cesl  w  qw  il  «ktaaer  à  ces  2s$ocùtior>  î^  >urrL:^  j:^ 

OoL  m^j^i^ciMt  tes  bAlJMj  ami  cacfcèrts >  k  jo^r  de  li  >è<e  du  >>xir: .  ce  ^i. 


CENT   DEUXIÈME  ÉVÊQUB   d'aUXERRE.  505 

s'élevèrenl  contre  cette  mesure  qui  nuisait  aux  hôpitaux  et  aux  pauvres  ;  ^^^  ^  J704 
enfin,  en  1695,  un  édit  modifia  cet  état  de  choses. 

Dans  chaque  intendance,  des  fermiers  furent  provisoirement  chargés 
de  la  gestion  des  biens.  En  ce  qui  concerne  le  diocèse  d'Auxerre,  la 
réorganisation  du  service  de  charité  eut  lieu  peu  après  (1).  Une  décla- 
ration du  roi ,  du  12  décembre  1698,  avait  prescrit  la  formation  dans 
chaque  hôtel*dieu,  d'un  bureau  de  direction  qui  devait  être  composé 
des  premières  autorités  judiciaires  et  municipales;  le  curé  en  faisait 
partie  de  droit.  Les  habitants  élisaient  aussi  un  certain  nombre  de 
membres  tous  les  trois  ans.  L'évoque  étant  k  La  Charité,  le  17  juillet 
1699,  fit  procéder,  par  rassemblée  générale  des  habitants,  au  choix 
des  membres  éligibles  du  bureau  de  Thôtel-dieu.  Le  25  novembre 
suivant,  il  opéra  de  même  à  Varzy.  L'hôtel-dieu  de  cette  ville  avait 
été  rétabli  par  édit  du  10  septembre  1695,  avec  union  des  maladeries 
de  Yarzy  et  d*Entrains.  L'hôpital  de  Clamecy  fut  alors  restauré,  dans  le 
faubourg  de  Bethléem,  par  les  habitants  et  le  Chapitre  delà  ville.  Cette 
maison  avait  plus  de  six  cents  ans  d'existence.  On  y  réunit,  en  1695 
les  maladeries  de  Clamecy,  de  Druyes  et  de  Corvol.  L'hôtei-dieu  de 
La  Charité  fut  aussi ,  en  1690,  transféré  dans  les  nouveaux  bâtiments 
construits  aux  frais  des  habitants.  L'ancien  était  au-dessus  du  grenier 
il  sel  et  ne  se  composait  que  d'une  seule  salle  où  les  malades  étaient 
plusieurs  dans  chaque  lit. 

L'hôpital  de  Coulanges-les-Vineuses  fut  rétabli  par  arrêt  du  conseil 
privé  du  4  mai  1697.  On  y  réunit  les  biens  des  maladeries  de  Mailly-le* 
Château,  Mailly-la-Ville,  Cravan  et  Saint-Cyr.  L'évêque  avait  fait  un 
travail  pour  proposer  la  réunion  des  maladeries  et  léproseries  devenues 
inutiles  aux  hôpitaux  les  plus  voisins.  Cette  mesure  fut  exécutée  en  grande 
partie.  Les  hôtels-dieu  étaient  obligés  de  recevoir  les  malades  des 
lieux  ou  il  y  avait  des  maladeries,  à  proportion  des  revenus  de  ces  éta- 
blissements (2).  En  1690,  M.  Colbert  autorisa  la  dédicace  de  la  cha- 


(1)  Cette  mesure  ne  tarda  pas  à  être  très-nécessaire,  car  la  misère  devint  si 
grande  dans  la  campagne  au  printemps  de  1699,  que  les  paysans  étaient  réduits  à 
vivre  de  racines  et  de  son.  ~  Reg.  du  Chapitre  d*Auxerre,  mélanges  divers, 
11,84. 

(2)  Voy,  Preuves,  t.  iv,  no  475. 

H  20 


]«>:6  il  1704. 


500  ANDRÉ    COLBERT, 

pelle  (lu  nouvel  botel-dieu  de  La  Charité.  Cette  maison  venait  d'être 
reconstruite  par  les  habitants. 

L'organisation  complète  deThôpitai  général  d'Auxerre  fut  nne  œuvre 
qui  occupa  beaucoup  la  sollicitude  de  M.  Colbert.  Fondé  par  son  pré- 
décesseur avec  le  concours  de  la  ville  qui  l'avait  prié  d'en  prendre  l'ad- 
ministration ,  cet  établissement,  ouvert  en  1673,  n'était  pas  dans  un 
lien  convenable  (1).  L'évéque,  qui  assistait  très-souvent  aux  réunions 
du  bureau  d'administration  tenues  dans  son  palais ,  fit  tous  ses  efforts 
pour  obtenir  sa  translation  sur  un  emplacement  plus  spacieux.  Des  ter- 
rains voisins  de  la  chapelle  Notre-Oame-de-Lorette,  située  hors  de  la 
porte  Saint-Siméon,  furent  achetés.  Les  bâtiments  furent  construits 
en  deux  années  et  coûtèrent  16,200  liv.  Le  25  juin  4686,  M.  Colbert 
fit  la  bénédiction  solennelle  du  nouvel  hôpital  dans  lequel  les  pauvres 
avaient  été  transférés  la  veille.  Le  prélat,  qui  avait  fait  bâtir  à  ses  frais 
le  portail  de  la  maison,  désirait  y  placer  les  armes  du  roi  et  celles  de 
la  ville.  Sur  le  bruit  de  ce  projet,  le  maire  d'Auxerre ,  M.  Billard,  pro- 
voqua une  délibération  du  corps  municipal,  pour  faire  mettre  aussi  une 
inscription  portant  ces  mots  :  Hôpital  général  fondé  par  la  ville 
d'Auxerre.  L'évèque  et  le  bureau  d'administration  s'y  opposèrent.  L'af- 
faire prit  des  proportions  considérables  ;  le  duc  d'Enghien ,  gouverneur 
de  Bourgogne,  à  qui  on  avait  demandé  la  permission  de  placer  aussi  ses 
armes  sur  le  portail,  et  qui  écoutait  volontiers  M.  Billard,  penchait  pour 
son  projet.  Enfin,  après  de  longs  pourparlers,  il  fut  décidé  qu'on  pla- 
cerait au  milieu  du  portail  les  armes  du  roi,  celles  de  la  ville  au-dessous , 
et  sur  une  plaque  de  marbre  qui  existe  encore,  les  mots  hôpital  général. 
Les  armes  du  duc  furent  mises  sur  les  deux  côtés  du  portail,  et,  un  peu 
au-dessous,  celles  des  deux  évoques  dn  nom  de  Colbert  (2).  M.  André 
Colbert,  quand  il  mourut,  donna  encore  une  nouvelle  marque  de  son 
intérêt  pour  cet  établissement,  en  lui  léguant  une  somme  de  8,000  liv. 


(1)  Il  occupait  une  maison  dans  la  rue  du  Pont.  Les  pauvres ,  entassés  dans  des 
chambres  mal  aérées,  avaient  contracté  le  scorbut  en  1679.  On  avait  voulu  envoyer 
les  malades  dans  une  maison  du  faubourg  Saint-Julien.  Alors  les  habitants  du 
quartier  s'ameutèrent  et  jetèrent  violemment  les  meubles  dehors.  Il  fallut  Tinterven- 
tion  du  bailliage  pour  rétablir  Tordre. 

(2)  Arch.  de  l'Yonne,  Reg.  de  Thôpital  général. 


CENT    DEUXIÈME   ÉVÊQUE   d'aUXERRE.  507 

Le  séminaire  diocésain  fondé  par  M.  Nicolas  Golbert  et  qui  fui  dirigé  i676à  i7ci 
jusqu'en  1682  par  M.  HîLni , docteur  en  Sorbonne,  reçut  une 
nouvelle  institution.  Les  Pères  de  la  Mission  en  furent  chargés  et 
Tévéque  leur  donna  la  maison  où  était  le  séminaire,  dans  la  paroisse  de 
Saint-Loup.  Le  clergé  du  diocèse  contribuait  alors  annuellement  pour 
5,000  liv.  aux  dépenses  du  séminaire. 

Les  registres  des  ordonnances  épiscopales  nous  apprennent  encore 
plusieurs  faits  d'administration  qu'il  ne  faut  pas  passer  sous  silence. 
Pendant  la  visite  de  Tannée  1695,  M.  Golbert  fit  h  Gien  la  dédicace  de 
la  nouvelle  église  paroissiale  de  Saint-Louis,  construite  par  les  habitants» 
partie  avec  les  matériaux  du  temple  des  protestants  démoli  après  la  révo- 
cation de  Tédit  de  Nantes,  et  partie  avec  l'argent  provenant  des  revenus 
du  consistoire  de  Gien.  Il  réserva,  cependant,  à  Tancienne  église  de 
Saint-Pierre,  son  titre  de  primauté ,  et  voulut  que  le  curé  de  Saint- 
Louis  y  célébrât  a  certains  jours  Toffice  divin.  Il  fit  aussi,  dans  cette 
même  année,  le  jour  de  l'Ascension,  la  dédicace  de  l'église  de  Saint- 
Pierre-en-Yailée  d'Auxerre.  Ge  monument ,  bâti  aux  frais  des  habi- 
tants de  la  paroisse ,  quoique  achevé  du  temps  du  cardinal  Richelieu , 
n'avait  pas  encore  reçu  la  consécration. 

Les  reliques  de  saint  Prix,  conservées  dans  relise  de  Saints-en- 
Puisaye,  furent  Tobjet  de  plusieurs  ordonnances.  Après  une  translation 
faite  le  9  juin  1686,  l'évéque  approuva  la  distraction  de  quelques 
portions  d'ossements  en  faveur  de  Frères-Mineurs  de  Paris,  (juin  1687) 
et  du  curé  de  Fontainebleau,  (50  janvier  1688). 

Le  i^^  août  1688,  l'évéque  se  transporta  à  Pontigny  pour  bénir  le 
nouvel  abbé ,  frère  Oronce  Fine  de  Brianville.  Le  25  septembre  de 
Tannée  suivante,  il  consacra  sa  sœur  Hélène  Golbert  en  qualité  d'ab- 
besse  de  Tabbaye  des  Isles.  Les  Providenciennes  d'Auxerre,  d'abord 
appelées  Filles  de  l'Union,  dont  Torigine  remontait  a  1655  (1),  ob- 
tinrent sous  M.  Golbert  des  lettres-patentes.  Elles  étaient  vouées  à 


(1)  Deux  dames  pieuses  ,  Anne  Petit  et  Marie  Gautier,  se  vouèrent  alors  à  re- 
cueillir les  pauvres  Glles  d'Auxerre,  pour  les  sauver  de  Toisiveté  et  les  former  à  la 
piété.  Elles  agrandirent  peu  à  peu  leur  maison  et  reçurent  des  demoiselles  pauvres 
et  orphelines,  puis  elles  formèrent  une  école  pour  les  enfants  de  la  ville.  Leur  but 


308  a:idié  colbert, 

>T«)iTM  l^insiraciion  dos  jeones  filles.  M.  Colbat  leur  doDoa  un  rè^ement 
fort  étendo. 

Le  Qapitre  catbédral,  ce  corps  antique  et  poissant,  gardien  né  des 
traditions  de  Téglise  dWnxerre,  aTait  eu  aTec  M.  Colbert,  au  com- 
mencement de  son  épiscopat,  des  difficultés  pour  T  exercice  de  ses 
droits  de  légale.  En  1687 ,  Tomission,  dans  un  nundement,  de  la  for- 
mule après  fR  aroîir  cùmfiré  attt  nos  rtmérabUs  confrères^  avait  failli 
amener  une  grave  perturbation  dans  les  bons  rapports  qui  régnaient 
entre  le  prélat  et  le  Chapitre.  Les  représentations  du  Chapitre  écbî- 
rèient  réréque  sur  Tirrégubrité  de  sa  prétention  et  Tomission  fat 
nêpaièe.  L*annëe  suivante,  autre  obstacle  à  propos  d'une  cérémonie 
dans  la  cathédrale  «  où  Tévèque  fut  encore  obligé  de  céder  aux  vieux 
usages.  On  peut  supposer  toutefois,  sans  aller  trop  loin,  que  M.  Colbert 
avait  gardé  souvenir  de  ces  discussions,  lorsqu'en  1695  il  obtint,  do 
conseil  d'Etat  «  un  arrêt  qui  interdisait  au  Chapitre  d*ordonner  aucune 
cérémonie  religieuse  sans  Tassentiment  de  Tévéque  ou  de  ses  grands- 
vkaàres.  De  pl«s ,  le  Chapitre  fut  condamné  à  lui  bire  des  excuses , 
par  une  dépulation  de  doue  de  ses  membres,  de  ce  qu*il  avait  prescrit 
piosîeuis  processions  sans  Peu  informer. 

Celte  aibire  jett  de  la  froideur  entre  Tévéque  et  le  Chapitre.  L*aii- 
leur  de  sa  vve«  chanoine  de  b  cathédrale,  blâme,  bien  entenda,  U 
conduite  de  M.  Colbert.  Il  accuse  s<m  entourage  de  Tavoir  pousse  h 
porter  atteinte  aux  «âges  et  à  b  juridiction  du  Cha[*itre .  et  met  sur  le 
compte  de  sa  vivacité  b  persistance  quM  montra  dans  ces  afftires.  Ses 
(mîets  de  composer  un  nouveau  brévaire  et  un  mLssseK  furent  «  [or 
suite  de  ses  rebtions  avec  le  Chapitre,  indéfiniment  ajournes.  Ce  corp& 
rvnferuMÎt  alors  des  hommes  êminents.  car  les  Pères  Conleliers, 
tenant  leur  Chapitre  p»éral  à  Auxerre.  en  1690 «  lui  demandèrent  U 
l^ffmîssion  de  lui  dédier  une  thèse  qui  serait  soutenue  par  un  de  leurs 
dodeufs.  ce  qu*il  accepta.  Et .  pour  reconnaître  cette  i)élef>HKe  «  le 
Chapitre  env^^va  cent  livres  aux  frères  mendiants    i\  Le 


M  Hu^iUij.  rcuwigmnut  fr.ftKaàt  L»  M»^l»  mmniàmM  dMMnrrOf  ciuMt 

liu  fct<j*>  à  V«ffmM%M .  «  Chmwy,  à  Cnintu. 
,t   J^rrà  éf  f  T^nue.  Itrc  4f  ii^ws  rK«fd»  <iu  CWfiferr.  tiv  t<^ 


CENT   DEUXIÈME    ÉVÊQUE    d'aLXERRE.  509 

fit  enregistrer  à  la  chancellerie  royale  (1697)  ses  armoiries  qui  sont  im^nioi. 
d'azur  à  trois  cailloux  d'argent  (i).  Elles  existaient  déjà  sous  cette 
forme  au  seizième  siècle,  et  sont  figurées  sur  la  tour  sud  de  la  cathé- 
drale. 

« 

M.  de  Golbcrt  visita  pour  la  dernière  fois  son  diocèse  pendant  Tannée 
1699.  Il  donna  alors  de  nouveaux  statuts  aux  religieux  du  monastère 
de  Saint-Laurent-lez-Cosne,  qui  étaient  réduits  à  quatre.  La  discipline  y 
était  tout  à  fait  perdue  et  les  mœurs  des  moines  étaient  très-déréglées  (2). 
L'évéque,  étant  à  Paris  Tannée  suivante,  tomba  dangereusement  ma- 
lade et  ne  se  rétablit  jamais  entièrement.  Il  languit  encore  pendant 
plusieurs  années  et  perdit  peu  à  peu  ses  forces.  Les  derniers  actes 
qu'il  signa  furent  une  approbation  de  reliques  envoyées  de  Rome  au 
curé  de  Seignelay,  (5  avril  1704),  et  la  provision  d'un  canonicat  de 
Clamecy,  le  7  juillet  suivant.  Il  mourut  le  19  du  même  mois. 

Son  testament,  daté  du  7  mai  1704,  respire  la  piété  la  plus  vive 
et  la  plus  noble.  Il  déclare  mourir  dans  des  sentiments  tout  à  fait  con- 
formes à  ceux  de  TÉglise  catholique,  apostolique  et  romaine.  H 
demande  pardon  des  sujets  de  [)lainte  qu'il  a  pu  donner  et  pardonne 
lui-même  à  tous  ceux  dont  il  a  pu  recevoir  quelque  déplaisir  ou 
quelques  injures. 

Ses  dispositions  testamentaires  sont  marquées  air  coin  de  la  libéra- 
lité. Après  avoir  rendu  h  sa  famille  les  50  mille  livres  qu'il  en  avait 
reçues,  il  répartit  le  reste  de  ses  biens  entre  les  pauvres  et  les  établisse*- 
ments  religieux  et  charitables.  Son  Chapitre  reçut,  outre  divers  orne- 
ments ,  la  somme  de  12,000  liv.;  l'hôtel-dieu  d'Auxerre,  4,000  liv.  ; 
l'hôpital-général ,  8,000  liv.  ;  les  Jésuites,  5,000  liv.;  les  charités  des 
paroisses,  1 ,200  liv.  Les  pauvres  des  seigneuries  épiscopales  ne  furent 
pas  non  plus  oubliés.  Après  avoir  employé  en  legs  la  plus  grande 
partie  de  sa  fortune ,  il  disposa  du  reste  en  faveur  de  son  séminaire  ; 
il  donna  ainsi  plus  de  70,000  livres. 

Le  Chapitre  cathédral,  malgré  les  déclarations  du  roi,  se  mit  en 


(1)  Rcg  de  divers  Kecueiis;  1.  ii. 

(2)  Arch.  de  T Yonne  i*  G. 


510  M.    DE    GAYLUS, 

1670  i  1704.  possession  d'exercer  son  antique  droit  de  régale  à  la  mort  de  M.  Col- 
bcrt.  Il  nomma  trois  chanoines-économes  pour  régir  le  temporel  de 
l'évéché  et  trois  autres  en  qualité  de  grands-vicaires.  Il  ne  parait  pas 
que  ces  mesures  aient  souffert  de  difficulté  et  que  les  officiers  du  bail- 
liage s'y  soient  opposés. 


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CHAPITRE  II. 


M.  DE  CAYLLS,  CIII«  ÉVÊQUE  D'AlXERRE. 

17(^1  h  1754.  M.  de  Caylus  a  joué  pendant  si  longtemps  un  rôle  considérable  dans 
l'église  de  France  et  dans  les  querelles  jansénistes,  que  sa  vie  est  am- 
plement connue.  Ses  ouvrages,  ses  mandements  forment  une  suite  de 
dix  volumes.  L'abbé  Dettey,  chanoine  d'Âuxerre,  a  écrit  sa  vie  ou 
plutôt  son  panégyrique  en  2  vol.  in*12  (i).  Les  matériaux  ne  man- 
quent donc  pas  pour  composer  la  suite  des  Mémoires  sur  le  diocèse 
pendant  la  première  moitié  du  xviii®  siècle  (2)  ;  mais  la  difficulté  gît 
dans  le  choix  ï  faire  et  dans  une  saine  appréciation.  Le  parli  janscuisle 
a  peint  M.  de  Caylus  comme  un  grand  prélat  et  comme  un  saint  ;  tous 
ses  actes  sont  marqués  au  coin  de  la  plus  pure  doctrine  ;  c'était  en  un 
mot  le  modèle  des  évéques. 


(1)  Cet  ouvrage  a  été  imprimé  sans  nom  d'auteur  k  Amsterdam  en  1765.  Il  fut 
composé  sur  les  papiers  de  l'évéque  qu'on  avait  été  obligé  de  cacher.  —  Ces  pa- 
piers n'existent  plus.  M.  Pierre-Jacques  Dettey  était  prêtre  du  diocèse  d*Autun. 
En  1734,  il  obtint  le  prieuré  simple  de  Baulches  et  devint  commensal  de  revécue 
l'année  suivante.  Il  fut  ensuite  prieur  de  Bois-d'Arcy. 

(2)  Il  y  a  cependant  une  lacune  singulière  dans  les  documents  historiques  ;  on 
remarque,  aui  archives  de  la  préfecture  de  FYonne,  que  les  registres  des  délibéra- 
tions du  Chapitre  catbédral  manquent  complètement  pendant  tout  répiscopal  de 
M.  de  Caylus. 


CENT    TROISIÈME    ÉVÊQUE    DAUXERRE.  31  I 

Ses  adversaires,  et  il  d'cd  manqua  pas ,  contredisent  un  peu  ces  1704  à  1754. 
éloges.  M.  Languet,  archevêque  de  Sens ,  son  supérieur,  a  longtemps 
combattu  ses  opinions  ;  son  successeur  n'épargna  guère  sa  mémoire  ni 
sa  personne  (1)  ;  le  Saint-Siège  Ta  condamné  plus  d'une  fois.  Quoique 
noire  but  soit  moins  d'entrer  dans  de  longs  détails  sur  les  querelles 
religieuses  du  dernier  siècle  que  de  tracer  l'histoire  diocésaine,  nous 
ne  pouvons  cependant  nous  dispenser  de  parler  de  quelques-uns  des 
faits  généraux  du  temps ,  auxquels  M.  de  Caylus  prit  une  si  grande 
part.  Nous  tâcherons ,  au  milieu  de  ce  dédale ,  d'être  exacts  et 
véridiques.  Les  tendances  jansénistes  ont  été  réprouvées  par  FËglise 
catholique  ;  vouloir  les  réhabiliter  dans  un  ouvrage  de  notre  temps 
serait  folie.  Les  faits  parleront  et  le  lecteur  en  déduira  les  conséquences 
naturelles. 

Daniel-Charles-Gabriel  de  Thubières  de  Cajius  était  fils  de  messire 
de  Thubières  de  Grirooard,  de  Pestel,  de  Lévy,  marquis  de  Cajius,  et 
de  dame  Claude  de  Fabert,  fille  du  maréchal  de  ce  nom.  Il  appartenait 
donc  à  une  des  plus  grandes  familles  de  France.  Il  naquit  le  20  avril 
1669.  Ses  premières  années  d'études  se  passèrent  chez  les  Pères  Jé- 
suites, au  collège  Louis-le-Grand.  Il  devait  singulièrement  payer  plus 
tard  cette  dette  de  l'enfance.  Sorti  des  Jésuites,  il  fit  sa  philosophie  au 
collège  du  Plessis,  entra  au  séminaire  de  Saint-Sulpice  et  y  reçut  les 
ordres  jusqu'au  diaconat.  Il  ne  négligea  pas  non  plus  d'obtenir  ses 
grades  et  les  couronna  par  le  titre  de  docteur  en  théologie.  On  lui 
donna  alors  la  charge  d'aumônier  du  roi.  Ses  relations  avec  Bossuet, 
évêque  de  Meaux,  développèrent  son  esprit  et  son  jugement.  Louis  XIV 
avait  pour  M.  de  Caylus  une  bienveillance  marquée  et  aimait  beaucoup 


(1)  M.  de  Caylus  avait  une  Ggure  noble  et  enjouée,  comme  le  montrent  ses  por- 
traits gravés  ;  mais  il  parait  qu'il  était  disgracié  de  la  nature.  M.  de  Condorcet,  qui 
plaisanta  un  jour  sur  cette  inGrmité,  s'attira  ces  vers  qu'on  trouve  dans  le  recueil 
manuscrit  du  chanoine  Blonde. 

D'où  sais-tu  CondorCet ,  que  Caylus  fut  bossu , 
Oses- tu  te  vanter  de  Tavoir  jamais  vu  ? 
Après  mille  combats  et  blanchi  de  victoires , 
Les  armes  à  la  main  il  mourut  plein  de  gloire. 
11  faisoit  face  à  tout  ;  cet  illustre  héros , 
Jamais  aux  ennemis  ne  découvrit  son  dos. 


1 


512  AI.  DE   CAYLUS  , 

1704  il  1751.  ^  i^  questionner,  lorsque  son  service  d^aumônier  l'appelait  auprès  de  lui. 
M.  de  Noailles,  archevêque  de  Paris,  en  fil  son  grand- vicaire  et  lui 
confia  la  direction  du  collège  des  Hibernais^  appelé  les  Lombards.  C'est 
en  accompagnant  son  supérieur  dans  ses  visites  diocésaines  qu'il  prit 
ce  goût  des  recherches  et  des  détails  d'administration  qu'on  remarque 
dans  ses  registres  diocésains.  En  1704,  les  évéchés  de  Meaux  et  de 
Toul  lui  furent  successivement  destinés,  et  il  en  fut  écarté  pour  diffé- 
rentes raisons.  Enfin ,  celui  d'Âuxerre  étant  venu  à  vaquer  par  la  mort 
de  M.  André  Colbert,  M.  de  Caylus  y  fut  nommé  par  le  roi  le  18  août  de 
la  même  année.  Sa  consécration  eut  lieu  à  Paris,  le  1*'  mars  1705,  après 
qu'il  eut  obtenu  du  pape  des  bulles  exemptes  de  presque  tous  les  droits, 
attendu  sa  parenté  avec  Guillaume  de  Grimoard,  pape,  en  15G2,  sous 
le  nom  d'Urbain  V  (1).  Le  22  du  même  mois,  il  prit  solennellement 
possession  de  son  siège  épiscopal  avec  les  cérémonies  d'usage.  Une 
compagnie  de  jeunes  gens  \k  cheval  alla  au  devant  de  lui  jusqu'à  Ré- 
gennes.  Mais  il  ne  voulut  pas  exercer  le  droit  de  portage  dû  par  les 
quatre  barons  du  diocèse.  Il  se  rappelait  sans  doute  les  plaisanteries 
qu'on  avait  faites  à  la  cour  sur  son  prédécesseur,  au  sujet  de  Mme  de 
Ventadour  (2).  Les  deux  derniers  évéques  d'Auxerre  laissèrent  aussi 
tomber  cet  usage  féodal  en  désuétude.  Le  28  avril  suivant,  il  prêta 
serment  d'obéisbance  à  son  métropolitain ,  sur  le  grand  pontifical  de 
Sens. 

M.  de  Ca^lus  modifia  ,  a  son  entrée  en  fonctions,  la  coutume  de  sus- 
pendre tous  les  pouvoirs  donnés  par  le  Chapitre  pendant  la  vacance. 
Il  était,  à  plus  forte  raison,  loin  de  vouloir  étendre  cette  interdiction 
aux  autres  prêtres,  comme  l'avaient  fait  plusieurs  de  ses  prédécesseurs. 
Cependant ,  deux  ans  après,  l'union  qui  régnait  entre  le  prélat  et  son 
Chapitre  faillit  être  détruite  par  la  conduite  du  doyen  qui ,  lui  ayant 
promis  de  renvoyer  un  sieur  Lalouat,  confesseur  du  Chapitre,  ne  le  fit  pas. 
M.  de  Caylus,  qui  vit  dans  cet  acte  une  atteinte  à  la  discipline,  ré- 
solut de  révoquer  les  douze  confesseurs  que  le  Chapitre  était  dans 


(1)  Il  était  de  règle,  à  Rome ,  que  les  évéques  qui  avaient  eu  quelque  parent 
pape  fussent  exempts  de  payer  les  droits  de  bulles. 

(2)  Cette  dame  se  plaignit  au  roi  que  M.  Colbert  voulait  qu'elle  le  portât 


L  « 


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CENT    TROISIÈME   ÉVÉQUE  d'aUXERRE.  513 

l'usage  de  se  nommer,  indépendamment  de  Tévéque,  chaque  année,  le  ^^^^-^  j^^ 
jeudi-sainl. 

Les  chanoines,  redoutant  la  suite  des  ordres  du  prélat,  firent  en 
corps  une  démarche  auprès  de  lui,  mais  en  vain.  Les  choses  en  étaient 
arrivées  k  ce  point  qu'on  allait  plaider,  lorsqu'enfin  il  y  eut  un  accom- 
modement verbal  portant  qu'à  l'avenir  Tévêque  approuverait,  la  veille 
du  jeudi-saint ,  un  certain  nombre  de  confesseurs  parmi  lesquels  le 
Chapitre  se  choisirait  les  siens.  L'année  suivante,  les  chanoines,  à  l'ins- 
tigation du  sieur  Herson,  chantre,  essayèrent  de  décliner  rengagement 
pris,  mais  M.  de  la  Yrillière  ministre  d'Ëtat  les  invita  nettement  k 
obéir  et  l'affaire  s'assoupit. 

Le  gouvernement  du  diocèse  attira  tout  d'abord  l'attention  de  M.  de 
Caylus;  il  résolut  d'en  visiter  successivement  toutes  les  paroisses.  Com- 
prenant toute  l'importance  de  cette  opération,  il  fit  dresser  un  registre 
imprimé  en  forme  de  questionnaire ,  destiné  k  recevoir  des  réponses 
succinctes  mais  précises  sur  l'état  de  l'église  paroissiale,  les  vases 
sacrés,  autels  et  ornements  ,  sur  le  service  divin,  les  fêtes  et  confré- 
ries, l'état  des  bâtiments,  des  presbytère  et  cimetière,  des  chapelles 
isolées ,  la  conservation  des  titres  des  fabriques ,  etc.  Sa  sollicitude 
se  porta  particulièrement  sur  les  prêtres  ou  les  vicaires  de  la  paroisse, 
sur  les  maîtres  et  les  maîtresses  d'école  et  les  sages-femmes  ,  enfin  sur 
le  nombre  des  communiants. 

Il  commença  sa  visite,  le  29  novembre  i705,  par  la  ville  d'Auxerre  ; 
mais,  détourué  de  temps  en  temps  de  ce  travail  par  d'autres  occupations, 
il  ne  l'acheva  qu'en  1712.  L'état  du  diocèse,  sous  le  rapport  de  l'ins- 
truction primaire,  était  encore  bien  peu  satisfaisant.  Il  n'y  avait  de 
maîtres  d'école  que  dans  trente-sept  gros  boui^  ou  petites  villes  (1), 
et  plusieurs  d'entr'eux  n'étaient  pas  approuvés  de  l'évêché.  Dans  qua- 
torze de  ces  paroisses  on  fait  mention  de  maîtresses  d'école  pour  les 
filles.  Il  faut  compter  dans  ce  nombre  quelques  congrégations  de  sœurs 
de  la  Providence.  Dans  la  plupart  des  lieux  ce  sont  les  femmes  ou  les 
filles  des  instituteurs  qui  remplissent  ces  fonctions.  L'évêque  redou- 


(1)  Il  n'y  en  avait  que  frenle  sous  M.  A.  Colbcrt.  La  déclaration  du  roi;  de  1698, 
ne  parait  pas  avoir  été  cxcculéc  bien  sérieusement. 


1704  ï  1754. 


514  M.     DE    CAYLUS  , 

tanl  le  danger  de  la  réunion  des  deux  sexes  dans  Fécole,  répète  sou- 
vent la  défense  de  les  enseigner  colleeûvement.  Il  ciborte  en  vain  les 
habitants  des  nombreuses  paroisses  privées  de  maîtres  d'école  ,  à 
faire  les  fonds  pour  s'en  pourvoir.  La  misère  des  temps  en  empêchait 
souvent,  et  plusieurs  fois  des  instituteurs  oni  été  obligés  de  quitter 
leurs  paroisses  qui  ne  pouvaient  plus  les  nourrir.  Le  curé  ou  son  vicaire 
devaient  suppléera  Tabsence  de  l'instituteur  ;  l'évéqueleur  recommande 
surtout  d'instruire  les  enfants,  qui  paraissent  souvent  peu  éclairés  sur 
les  vérités  de  la  religion. 

Les  ordonnances  qui  terminent  la  visite  de  chaque  paroisse  révèlent 
l'administrateur  ferme  et  sage.  M.  de  Caylus  ne  traduisait  plus  publi- 
quement devant  lui  le  curé  de  la  paroisse,  afin  de  recevoir  de  ses 
ouailles  les  plaintes  qu'elles  auraient  à  faire  contre  lui.  Ce  moyen  en* 
traînait  trop  souvent  des  débats  scandaleux.  Mais  il  recevait  les  plaintes 
en  particulier  et  n'hésitait  pas  à  punir  lorsque  le  curé  avait  manqué 
gravement.  Une  retraite  de  quelques  mois  au  séminaire  était  le  moyen 
ordinaire  employé  pour  rappeler  le  coupable  dans  le  droit  chemin. 

Le  cruel  hiver  de  1709,  qui  fit  tant  de  victimes  et  détruisit  tout 
espoir  de  récoltes ,  exerça  noblement  la  charité  de  M.  de  Caylus,  et 
son  clergé  ne  demeura  pas  indifférent  dans  cette  circonstance.  Le  bu- 
reau de  la  chambre  ecclésiastique  s'assembla  au  palais  épiscopal  et 
dressa  le  rôle  des  pauvres  de  la  ville  auxquels  le  clergé  devait  fournir 
du  pain  pendant  la  deuxième  quinzaine  de  janvier.  L'évéque  fut  taxé 
a  75  pauvres  par  jour,  son  Chapitre  à  50,  l'abbaye  Saint-Julien  à  45, 
etc.  ;  en  somme,  il  y  avait  alors  528  personnes  à  nourrir  ;  au  mois  de 
juin  on  en  comptait  encore  544  (1).  Les  ressources  de  H.  de  Caylus 
étant  épuisées,  il  vendit  sa  vaisselle  d'argent  pour  continuer  à  secourir 
ses  malheureux  diocésains,  et  depuis  ce  temps,  dit  l'abbé  Dettey,  il 
n'eut  plus  sur  sa  table  que  des  assiettes  et  des  plats  de  terre  (2). 

L'évéque  ne  se  contentait  pas  de  faire  l'aumône  aux  malheureux  :  par 
ses  exhortations  et  ses  mandements  il  redoublait  d'instances  auprès 


(1)  Un  Reg.  d'éphéméridcs  de  Tabbayc  Saint  Germain  porte  à  3,000  le  nombre 
des  pauvres  de  la  viUc  d'Auxcrre. 

(2)  Vie  de  M.  de  Caylus,  i,  p.  32. 


CENT   TROISIÈME    ÉVÊQUE   d'aUXERRE.  5i5 

de  ses  diocésains,  a  Ouvrez  vos  cœurs,  leur  disait-il ,  \k  la  misère  des 
»  pauvres.  Tout  ce  qui  n'est  pas  nécessaire  h  votre  subsistance  leur  est 
»  dû  ;  ce  n'est  pas  une  grâce  que  vous  leur  faites,  c'est  une  dette  que 
»  vous  acquittez.  >  (i). 

Le  diocèse  était,  comme  le  reste  de  la  France ,  décimé  par  la  famine. 
Partout  on  ne  rencontrait  sur  les  chemins  que  des  mourants  ou  des 
morts.  L*évéque  souffrait  profondément  de  tant  de  misère.  On  rap- 
porte qu*k  Gien  surtout  il  fut  frappé  de  la  multitude  de  pauvres  qui 
entouraient  sa  voiture  à  son  départ.  Ces  malheureux  ne  venaient  plus 
demander  Taumône,  mais  remercier  le  prélat  qui ,  touché  de  celte  dé- 
monstration, enparlait  souvent  (2).  Des  ecclésiastiques  étrangers,  M.  de 
Pardiac  et  un  autre ,  vinrent  offrir  à  M.  de  Caylus  leur  concours  et  leur 
bourse  dans  cette  crise.  Il  les  accueillit  avec  empressement  et  les  en- 
voya à  Yermanton  et  à  Cravan  pour  y  distribuer  des  potages.  Les 
Jésuites  d*Auxerre  virent,  k  ce  qu'il  parait,  avec  défiance  les  allures  de 
ces  personnages  qu'ils  accusèrent  de  jansénisme.  M.  de  Caylus,  crai- 
gnant de  les  perdre ,  en  écrivit  à  Mme  de  Maintenon  dont  la  réponse 
mérite  d'être  transcrite  littéralement  :  «  Si  le  diable,  avec  ses  sept 


(1)  Mandement  du  23  juin  1709.  Etant  à  VinceUcs  le  5  octobre  1709,  il  s'exprime 
ainsi  dans  son  ordonnance  de  visite  :  «  Exhortons  le  sieur  curé  et  les  officiers  de 
justice  de  se  conformer  aux  arrêts  du  parlement  rendus  en  faveur  des  pauvres.... 
et  leur  déclarons  que  faute  par  eux  d'avoir  satisfait  à  des  règlements  si  pleins  de 
sagesse  et  d'équité ,  ils  seront  responsables  devant  Dieu  et  les  hommes  de  ceux 
qui  périront  par  le  défaut  des  secours  qu'ils  leur  doivent  procurer.  » 

Le  fléau  de  la  famine  décima  alors  la  population  d'une  manière  épouvaïitable. 
Pour  ne  citer  qu'un  fait  on  lit  dans  un  relevé  des  morts  de  la  paroisse  de  Cbichery 
pendant  Tannée  1709  que  le  nombre  s'en  est  élevé  à  78,  tandis  que  les  naissances 
de  l'année  avaient  été  de  18  !  La  population  de  cette  paroisse  ne  produisait  dans  ce 
temps-là  que  350  communiants. 

(2)  Les  habitants  de  Clamecy  reconnaissants  de  la  fervente  charité  de  M.  de 
Caylus,  lui  Grentce  compliment  dans  sa  visite  pastorale  du  mois  de  novembre  1709: 

Quel  doute  me  vient  en  pensée  ! 

Croyant  voir  aujourd'hui  Caylus , 

Ne  serait-ce  point  Barromée  ? 

Oui ,  c'est  lui ,  je  n'en  doute  plus  : 

J'en  convalncrois  toute  la  terre. 
Je  n'aurois  pour  cela  qu'à  montrer  les  vertus 
[>c  Charles  do  Milan  et  de  Charles  d'Auxerrc. 


1704  il  1754. 


5i6  M.    DE    CAYLUS, 

1704  i  1754.  ^  cornes,  venait  dans  votre  diocèse  pour  y  distribuer  des  potages  et 
»  des  nouveaux  testaments,  vous  devriez,  Monsieur,  aller  au  devant 
»  de  lui  avec  la  croix  et  la  bannière  (i).  > 

La  conversion  des  réformés  qui  était  une  des  grandes  préoccupations 
de  Louis  XIV,  prit  sur  la  fin  de  son  règne  une  allure  nouvelle.  La 
résistance  des  Camisards  dans  les  Cévennes  poussa  aux  mesures  extrê- 
mes, et  Ton  vil,  chose  inouïe,  appuyer  par  la  force  la  prédication 
d'une  religion  de  charité.  Le  diocèse  d'Auxerre  ne  fut  pas  le  théâtre 
d'événements  aussi  terribles ,  mais  les  poursuites ,  les  détentions  des 
nouveaux  convertis  ou  soupçonnés  coupables  de  rechute  eurent  lieu 
en  grand  nombre.  Les  villes  de  la  Loire  furent  surtout  Tobjet  de 
cette  persécution.  On  convertissait  alors  administrativement.  La  cor- 
respondance du  gouvernement  avec  M.  de  Caylus,  pendant  les  douze 
premières  années  de  son  épiscopat,  apprend  comment  on  jetait  en  exil 
à  Auxerre,  à  Saint-Fargeau  ou  ailleurs,  sur  une  lettre  de  cachet ,  les 
parents  qui  n'envoyaient  pas  leurs  enfants  au  cathéchisme.  Les 
femmes  étaient  détenues  dans  les  couvents.  Les  Visitandines  d'Auxerre, 
les  Clarisses  de  Gien  entr*autres  servaient  à  cet  usage.  La  détention 
ou  l'exil  duraient  plus  ou  moins  longtemps,  selon  les  dispositions 
que  montrait  le  suspect  ;  c'était  au  moins  pendant  deux  ou  trois  mois. 
L'inquisition  administrative  et  religieuse  de  ce  gouvernement  qui  avait 
si  longtemps  bravé  les  foudres  du  Vatican  a  quelque  chose  d'étrange.  Il 
semblait  qu'il  voulût  faire  oublier  sa  conduite  passée  par  l'exagé- 
ration de  son  zèle. 

Le  5  juin  1707,  M.  dePontchartrain  écrit  k  Tévèque  que  les  femmes 
qui  refusent  de  se  convertir  «  seront  enfermées  dans  quelqu'hôpilal  ou 
>  autre  lieu  pour  être  oubliées.  »  Le  cruel  exécuteur  des  volontés 
royales,  félicitant  M.  de  Caylus  du  zèlequ*il  déployait  pour  ramener  les 
nouveaux  catholiques  de  La  Charité  à  leur  devoir,  par  ses  fréquentes 
exhortations  depuis  qu'il  était  dans  cette  ville,  ne  trouvait  pas  encore  que 
le  prélat  employât  tous  les  moyens  nécessaires,  car  il  ajoute  :  «  Mais 
»  supposé  que  cela  ne  produisit  pas  tout  Teffet  que  vous  devez  en 
»  attendre,  il  faudra  alors  les  exciter  à  faire  leur  devoir  par  la  crainte 

(1)  Vie  de  M.  de  Caylus,  par  l'abbé  Detlcy,  t.  l. 


CENT    TROISIÈME    ÉVÊQUB   D*AUXERRE.  517 

)>  de  Teiil.  »  Voilà  où  en  était  arrivé  le  ministre  ;  il  voulait  enseigner  ^^q,^  ^  ^754 
aux  évéques  le  moyen  de  convertir  les  hérétiques  par  l'intimidation  et 
la  violence. 

En  1 7i2,  on  dità  Févéque  d'envoyer  les  noms  des  habitants  de  Gien 
et  de  La  Charité  qu'il  croit  qu'on  doit  renfermer.  Une  veuve  Duchemin 
de  Gien,  soupçonnée  de  vouloir  sortir  du  royaume,  est  conduite  chez 
les  Providenciennes  d'Âuxerre,  où  elle  reste  trois  mois.  On  recherche 
les  mauvais  livres  chez  les  nouveaux  convertis  ;  on  les  empêche  de 
se  marier  entre  eux;  (1714).  Cette  inquisition  finit  enfin  à  la  mort 
de  Louis  XIY. 

M.  de  Caylus  désirant  être  utile  aux  habitants  de  la  ville  de  La  Cha- 
rité leur  avait  proposé  pendant  une  de  ses  visites  paroissiales,  en 
1712,  de  fonder  avec  leur  concours  un  collège  où  l'on  enseignerait 
gratuitement  les  humanités  jusqu'à  la  philosophie.  Trois  prêtres  cha- 
noines réguliers  de  Saint-Âugustin  devaient  prendre  la  maison  du 
maître  d'école  et  jouir  d'un  traitement  de  800  liv.  Celte  offre,  très-favo- 
rable à  l'éducation  des  enfants  du  pays,  fut  accueillie  avec  empresse- 
ment par  les  principaux  habitants.  On  ne  voit  pas  dans  les  documents 
la  suite  de  ce  projet. 

Le  Chapitre  cathédral  avait  fait  naître  de  nouveau,  vers  ce  temps,  des 
causes  de  mésintelligence  avec  son  évéque.  En  1711  et  1712,  le  doyen 
nommé  Moreau  avait  eu  de  vives  contestations,  pour  la  présidence  du 
bureau  d'administration  de  l'hôtel-Dieu  d'Auxerre,  avec  M.  Baudesson, 
maire  de  la  ville.  Le  Chapitre  avait  soutenu  son  doyen  et  l'avait  réélu 
membre  du  bureau,  malgré  les  règlements  qui  empêchaient  que  le  même 
chanoine  fût  plus  de  deux  fois  en  charge  sans  interruption  ,  mais  l'évé- 
que  reconnaissant  l'injusiice  de  ces  prétentions ,  voulut  arrêter  celte 
affaire  qui  prit  des  proportions  considérables.  Le  bailliage  ayant  donné 
gain  de  cause  au  corps  municipal,  le  Chapitre  en  référa  au  parlement 
qui  ratifia  la  sentence  et  condamna  l'abbé  Moreau  aux  dépens;  (3  août 
1715).  M.  de  Caylus  s'était  plaint  à  M.  de  la  Vrillière,  de  la  con- 
duite du  doyen  et  du  Chapitre.  L'abbé  Moreau,  averti,  fit  des  ex- 
cuses à  l'évêque  et  le  Chapitre  suivit  cet  exemple  quelque  temps  après 
(octobre  1713). 

li'année  1714  fut  consacrée,  par  M.  de  Caylus,  ^  la  visite  du  dio- 


4 
■  •* 

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I 


518  M.    DE    CAYLU6, 

1704  \  1754.  cèse.  Il  avait  publié ,  par  8on  mandemeol  du  28  mars ,  la  constitution 
Vnigmiius  àonné^  par  le  pape  Clément  XI,  pour  condamner  le  livre 
des  Réflexions  morales  du  P.  Quesnel  qui  tendait  à  justifier  les  cinq 
propositions  du  Jansénisme.  On  verra,  plus  loin,  comment  il  fut  amené 
à  protester  ensuite  contre  cette  bulle  et  à  changer  complètement  de 
conduite. 

Les  religieuses  de  la  Visitation  d^Auxerre  firent  terminer,  dans  cette 
même  année,  la  construction  de  la  jolie  chapelle  qui  sert  aujourd'hui 
d'oratoire  au  séminaire.  C'est  le  seul  édifice  religieux  moderne  de 
quelque  valeur  qui  subsiste  encore  h  Auxerre  avec  la  chapelle  du  col- 
lège, autrefois  le  séminaire.  Elle  leur  coûta  plus  de  cinquante  mille 
écus  et  fut  consacrée ,  en  17i5,  par  M.  de  Caylns. 

Ce  prélat  ^voulant  prévenir  le  retour  de  la  misère,  ou  au  moins  la 
rendre  plus  supportable,  créa  en  1715  une  institution  qu'il  désigna 
sous  le  nom  d'Aumône  générale  et  qui  avait  pour  but  de  régulariser 
pour  les  indigents  la  distribution  des  dons  et  aumônes  destinés  au 
soulagement  des  pauvres.  Le  bureau  d'administration  fut  composé  de 
chanoines  de  la  cathédrale  ,  de  curés ,  d'officiers  du  bailliage  et  de 
l'hôtel-de-ville  ;  il  s'assemblait  à  l'évéché  plusieurs  fois  par  mois.  Des 
quêtes  alimentaient  la  caisse.  Cette  institution  subsista  jusqu'en  1790  (1), 
et  fut  rétablie  après  le  concordat. 

Nous  placerons  encore  ici,  avant  de  parler  des  grandes  affaires  du 
jansénisme,  la  reconnaissance  de  Tauthenticité  des  reliques  de  saint 
Pèlerin  ,  le  premier  apôtre  du  diocèse,  trouvées  sous  le  grand  autel  de 
l'église  de  Bouhy ,  le  25  novembre  1645.  Elles  se  composaient  de  la 


(1)  L'auteur  de  la  vie  de  M.  de  Cayltis  nous  apprend  comment  se  faisait  la  distri- 
bution des  secours.  —  «  L'objet  du  bureau  est  de  procurer  du  pain  aux  pauvres  de 
la  ville,  dont  chaque  curé  donne  un  état  détaillé  pour  sa  paroisse.  Les  pauvres 
compris  dans  Tétat  se  trouvent  tous  les  dimanches  dans  une  chapelle  près  la  cathé- 
drale, où  le  chanoine  préposé  leur  dit  la  messe ,  leur  fait  une  instruction  et  leur 
distribue  la  quantité  de  pain  ûxée  par  le  bureau;  onleur  donne  du  bois  en  hiver,  m 
La  quête  avait  lieu  quatre  fois  par  an.  Les  pauvres  honteux  y  avait  une  part  ré~ 
servée.  Outre  Taumône  générale,  chaque  paroisse  de  la  ville  avait  sa  charité ,  dont 
l'objet  était  de  secourir  les  femmes  en  couches  et  les  petits  enfants.  Des  dames 
dites  de  cAari(^ étaient  chargées  de  cette  mission. 


/ 


CENT    TROISIÈMB   ÉVÉQUE    d'aUXERRE.  519 

téie  et  des  vertèbres  ;  le  reste  du  corps  ayant  été  emporté  à  Saint-  no4  îi  mt 
Denys  au  vii^  ou  viii^  siècle.  M.  de  Caylus,  accompagné  de  ses  archi- 
diacres et  de  Tabbé  Lebeuf ,  déjk  connu  dans  le  monde  savant ,  de 
M.  Houssct,  médecin,  et  de  plusieurs  autres  personnes,  se  rendit  à 
Bouhy  le  i^'mai  1716.  On  reconnut,  comme  Favait  déjk  fait  M.  de 
Broc,  que  la  tête  avait  été  séparée  du  tronc  avec  violence  et  que  les 
traces  du  martyre  étaient  évidentes.  M.  de  Caylus  déclara  alors  la  re- 
lique authentique  et  digne  de  la  vénération  des  fidèles  (1) . 

Nous  sommes  arrivés  à  l'époque  où  éclate  dans  le  diocèse  d'Auxerre 
la  division  due  au  parti  janséniste,  division  que  la  puissance  et  la  haute 
réputation  de  piété  de  M.  de  Caylus  firent  durer  si  longtemps.  Le 
prélat  avait  d'abord  accepté  pleinement  la  bulle  du  pape  Pie  Y  contre 
Baïus,  puisqu'il  avait  publié  en  1711  une  lettre  pastorale  contre  une 
thèse  soutenue  par  un  des  bénédictins  de  La  Charité,  qui  renouvelait 
les  erreurs  censurées  par  cette  bulle.  Il  se  félicitait  alors  grandement  de 
l'union  qui  régnait  dans  son  diocèse,  où  le  nom  même  de  parti  était 
inconnu.  Il  avait  ensuite  persisté  énergiquement  dans  cette  voie ,  par 
son  remarquable  mandement  du  26  mars  1714. 

Les  menées  et  les  intrigues  que  cette  affaire  avait  fait  naître  k  la  cour, 
la  résistance  de  la  Sorbonne  et  d'un  certain  nombre  d'évéques  à  Taccep- 
tation  de  la  bulle,  et  surtout  les  rapports  intimes  qui  le  liaient  avec 
M.  de  Noailles,  archevêque  de  Paris,  le  chef  des  appelants,  l'ébran- 
lèrent.  Il  suivit  ce  prélat,  demanda  d'abord  comme  lui  des  explications 
h  la  bulle,  et  déclara,  dans  une  requête  présentée  au  régent  en  1716, 
et  signée  par  seize  évêques  ,  que  l'intention  de  l'assemblée  de  1714 
avait  été  de  lier  l'acceptation  de  la  bulle  avec  les  explications  contenues 
dans  l'instruction  pastorale  ;  voyant  enfin  que  ces  conditions  étaient 
repoussées  à  Rome  et  que  plusieurs  évêques  prétendaient  qu'on  n'avait 
pas  entendu  l'acceptation  de  cette  manière,  il  résolut  de  suspendre  l'effet 
de  cet  acte  et  de  la  publication  de  la  Constitution  dans  son  diocèse. 


(1)  Il  avait  au  préalable  consulté  les  Bollaodistes  dont  la  science  agiographique 
faisait  déjà  autorité.  — Ona  conservé  à  Bouhy  une  tradition  qui  attribue  à  la  terre 
du  trou  qu'on  regarde  comme  le  lieu  du  martyre  de  saint  Pèlerin,  la  vertu  de  guérir 
certaines  maladies,  de  chasser  les  serpents  des  maisons  où  cette  terre  est  répandue, 
etc.  Cette  superstition  a  son  origine  dans  la  légende  de  saint  Pèlerin. 


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390  ■•    DE   €ATUJS, 

i7#i  k  17S4.  C'est  aa  nom  de  la  charité  et  de  FaDioo  qu'il  prit  cette  mesure  au  mots 
d'aTril  1717.  Il  y  aTait  été  |oiissé  aussi  par  uo  coup  hardi  du  doven 
do  Chapitre,  Fabbé  Moreau ,  et  de  quelques  chaooioes  qui ,  de  con- 
cert aTcc  les  Jésuites  du  collège  d'Auierre ,  aTaieut  publié  une  leltre- 
drcdhire,  soos  le  nom  de  Téglise  d'Auxerre,  adressée  à  tous  les  Cha- 
pitres do  rojaBme,  et  aonoiiçaot  que  leur  Chapitre  avait  accepté  la 
buUe.  Il  n'eu  était  neo ,  puisque,  lors  de  TaDoonce  de  la  lecture  de  1^ 
bulle,  la  plus  grande  partie  des  chanoines  s'était  retirée.  Le  procureur- 
général  fit  saisir  les  exemplaires  de  la  lettre. 

Enfin,  le  24  mai  1717,  M.  de  Cajius  interjeta  appel  de  la  Consti- 
tution Unigeniius^  au  pape  mieux  informé  et  au  futur  concile.  Cette 
déclaration  ne  vit  le  jour  qu'au  mois  d'octobre  de  l'année  suivante  ; 
elle  fut  solennellement  enregistrée  à  l'officialité. 
\   l«^  La  rupture  était  définitive  avec  le  souverain  pontife,  et  cependant 

I  •  voici  comment  l'évéque  justifiait  sa  conduite  :  «  C^esl  pour  la  décharge 

de  sa  conscience  qu'il  a  appelé;  pour  rétablir,  autant  qu'il  est  en  lui,  la 
paix  et  la  tranquillité  de  PEglise;  dans  la  seule  vue  de  conserver  sans 
altération  les  maximes  du  royaume,  les  libertés  de  l'église  gallicane, 
les  droits  sacrés  de  l'épiscopat,  les  règles  de  la  discipline  et  de  la  mo- 
rale, le  langage  de  la  tradition ,  etc.  »  (1).  En  entrant  dans  cette  voie, 
fft  '  M.  de  Caylus  allait  avoir  à  engager  bien  des  luttes,  et  bien  des  combats 

I  à  livrer  chaque  jour  pour  ce  qu'il  r^rdait  comme  la  véritable  doctrine. 

u':  Le  gouvernement,  qui  était  alors  le  bras  droit  de  l'Eglise,  se  mêlait 

j  forcément  à  tous  ces  débats.  Le  régent,  effrayé  des  proportions  que 

i  '  prenait  la  querelle,  fit  rendre  par  le  roi  une  déclaration  pour  imposer 

;  silence  sur  la  Constitution  (7  octobre  1717).  Des  actes  de  ce  genre  se 

•  renouvelèrent  plusieurs  fois ,  mais  sans  succès. 

.    ^  Plus  tard,  le  roi,  mécontent  de  l'agitation  qu'entretenait  le  jansé- 

j>^  nismedans  le  royaume,  et  ne  pouvant  obtenir  du  parlement  des  arrêts 

^  pour  condamner  les  mandements  des  évéques  appelants,  les  faisait  inter- 

dire par  son  conseil  privé. 

L'exemple  de  M.  de  Caylus  fut  suivi  aussitôt  dans  son  diocèse  par 
un  certain  nombre  de  communautés  et  de  prêtres.  L'abbé  Lebeuf 

[i)  Vie  do  M.  de  Caylus,  i,  ICI. 


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CENT    TROISIÈME    ÉVÊQUE    d'aUXERRE.  321 

joua  un  grand  rôle  dans  celle  affaire  (1).  Un  acte  d'appel  collectif  fut  1704  ji  nsf. 
signé  par  vingt  chanoines  de  la  cathédrale,  et  déposé  au  greffe  de  Toffi- 
cialilé  le  16  novembre  1718.  Où  remarque  parmi  les  adhérents 
MM.  Delagoute,  grand-archidiacre;  Deschaœps,  trésorier;  Créthé; 
Mignot,  depuis  grand-chantre;  Grasset;  Lebeuf  ;  Leclerc,  etc.  L'abbé 
Lebeuf  mil  au  service  des  appelants  toute  son  érudition*  Il  dressa  de 
sa  main  la  minute  de  l'appel  des  religieux  Bénédictins  de  Saini-Ger- 
main  et  des  chanoines  réguliers  de  Saint-Eusèbe.  Aux  premiers,  il  fait 
dire  :  «  Enfants  du  grand  saint  Germain ,  élèves  de  Técole  qu'il  a 
fondée,  disciples  d'un  si  grand  maître,  pourrions-nous,  sans  nous  rendre 
prévaricateurs  et  décheoir  de  la  noblesse  de  notre  origine,  voir  dans 
quelque  danger  la  grâce  de  J.-C.  qu'il  a  défendue,  et  ne  pas  faire  tous 
nos  efforts  pour  la  soutenir.  Ce  saint  docteur,  devenu  l'organe  de 
l'Eglise,  revêtu  de  toute  l'autorité  qu'un  concile  étoit  capable  de  lui 
donner ,  animé  de  tout  le  zèle  que  demandoit  une  importante  com- 
mission, passe  les  mers,  s'expose  à  une  infinité  de  dangers,  combat 
l'ennemi  jusque  dans  ses  derniers  retranchements ,  et  arrache,  s'il 
avoit  été  possible,  du  champ  de  l'Ëglise  jusques  aux  racines,  une 
hérésie  qui  ne  tendoit  à  rien  moins  qu'à  nous  enlever  tout  d'un  coup 
le  mérite  du  sang  et  de  la  mort  de  J.-C.  »  (2). 

Il  continue  pendant  quatorze  pages  à  exposer  de  cette  manière  les 
doctrines  des  saints  et  des  savants  docteurs  Auxerrois,  de  Rémi, 
d'Héric  (5),  de  R.  Glaber,  et  finit  en  protestant  de  son  respect  au  sain  l-siége 
et  au  pape  ;  reconnaissant  néanmoins  avec  Raoul  Glaber  c  que  quoique 
l'évéque  de  l'église  de  Rome  soit  plus  respectable  que  chacun  de  ceux 
qui  sont  répandus  dans  le  monde  à  cause  de  la  dignité  du  siège  apos- 
tolique, il  ne  lui  est  cependant  pas  permis ,  dans  aucun  cas,  d'aller 
au-delà  des  bornes  qui  ont  été  marquées  et  fixées  par  les  canons 
(Glaber,  1. 11 ,  cap.  4)....  Pourquoi  le  prieur  de  Saint-Germain  réitère 


(t)  Voy,  des  recueils  manuscrits  de  pièces  sur  les  affaires  ecclésiastiques  au 
xvin*  siècle.  —  Arch,  deTYonne. 

(2)  Lebeuf  fait  allusion  à  la  lutte  de  saint  Germain  contre  les  Pélasgiens. 

(3)  11  fait  aussi  mention  d'un  Ebrard,  moine  de  Saint-Germain  au  ix"  siècle,  qui 
rédigea  alors  un  ^oméliaire  dans  lequel  il  puise  plusieurs  arguments  en  faveur  des 
propositions,  condamnée*. 

II  21 


522  V.   DE   CATLCS, 

nm  A 1754.  Fappel  qae  sa  commnnaoté  a  interjeté  ao  fator  concile  de  la  Constito- 
tioD  Unigenùtu  (1).  > 

Le  prieur  de  Saiot-Easèbe  s'appuie  sur  des  textes  de  Hugues  de 
Saint-Victor,  pour  justifier  son  appel. 

Les  religieux  de  Fabbaje  de  Saint-Père ,  les  chanoines  de  Saint- 
Fai|;ean  et  de  Toncy ,  et  les  Dominicains  d'Auxerre ,  déposèrent  aussi 
leurs  actes  d'appel.  Plusieurs  curés  de  Tarchidiaconé  de  Puisaje  appelè- 
rent également  de  la  bulle ,  mais  ils  furent  peu  nombreux  dans  le 
diocèse.  Le  clei|;é  j  était  encore  soumis  à  Téglise  romaine.  Cet  état 
de  choses  amena  une  scission  profonde  à  Anxerre  comme  ailleurs.  Les 
pamphlets  et  les  mémoires  se  multipliaient  pour  et  contre  l'acceptation 
de  la  Constitution.  M.  de  Cajius  redoubla  d'activité  pour  la  défense  de 
l'appel  et  pour  réfuter  ses  adversaires.  On  remarqua  surtout  parmi  eux 
Févéque  d*Agde ,  qui  lui  reprocha  d'avoir  accepté,  en  1715,  une  balle 
qu'il  rejetait  en  171 8.  M.  de  CajIus  lui  répondit  fort  longuement,  mais, 
malgré  l'adresse  avec  laquelle  il  colore  son  changement  d'opinion, 
la  contradiction  ne  peut  être  e£Esicée.  M.  Chardon ,  qui  fait  cette  re- 
nuffque,  ajoute  que  les  uns  y  virent  une  preuve  de  légèreté ,  les  autres 
un  acte  de  conscience  et  de  courage  produit  par  de  mûres  réflexions. 

Cependant  M.  de  Caylus  ne  tarda  pas  ii  être  abandonné  par  M.  de 
Noailles.  Ce  prélat  fit  son  accommodement  avec  le  pape,  h,  la  demande 
du  régent  qui  avait ,  dans  toute  cette  afiaire,  des  vues  politiques  et 
qui  avait  fait  rédiger  par  des  docteurs  compétents  un  corps  de  doc- 
trine explicatif  de  l'acceptation  de  la  bulle  qui  devait  lever  tous 
les  scrupules  des  appelants.  En  efiet,  cent  évéques  y  adhérèrent; 
Févéque  d'Auxerre  résista  et  avec  lui  un  petit  nombre  des  appelants  (2). 


(1)  Le  10  avril  1717,  le  prieur  et  les  religieux,  an  nombre  de  quinxe,  exhortés 
par  le  P.  Général  à  recevoir  la  Constitution,  s'y  étaient  refusés  unanimement  Cette 
conduite  les  mit  en  suspicion  pendant  longtemps,  et  ils  furent  exclus,  par  ordre  du 
roi,  du  droit  d'envoyer  des  députés  à  la  diète  provinciale.  D.  Vidai ,  Tauteur  des 
fameuses  lettres  contre  les  reliques  de  saint  Germain ,  était  an  nombre  des  appe- 
lants. 

(2}  n  aima  mieux  quitter  Paris  sans  prendre  congé  du  cardinal  de  Noailles  que  de 
céder;  et  il  lui  adressa  une  lettre  où  ildécUre  que,  sMl  eùtsoivi^n  exemple,  c*eùt 
été  par  complaisance  et  non  par  convictioa. 


CENT   TROISIÈME   ÉVÊQUE   D*AUXERRE.  525 

Il  n'en  demeura  pas  moins  ferme  dans  sa  ligne  et  attentif  h  tout  ce  noi  1 1754. 
que  publiaient  lesévêques  soumis  à  la  bulle.  M.  de  Soissons,  qui  devait 
plus  tard ,  comme  son  supérieur  j  lui  causer  bien  des  inquiétudes ,  fut 
un  des  premiers  avec  lequel  il  jouta,  dès  1721 ,  et  quelquefois  avec 
succès. 

De  retour  dans  son  diocèse ,  après  Téclatant  changement  de  M.  de 
Noailles,  Tévéque  d'Auxerre  voulut  faire' payer  aux  Jésuites  du  collège 
Féchec  qu'il  éprouvait.  Leur  adhésion  entière  et  sans  restriction  au 
saint-siége  lui  parut  un  obstacle  au  développement  des  doctrines  des 
appelants.  Il  projetait  dès-lors  de  changer  complètement  Tesprit  de 
son  elergé.  Il  résolut  d^établir,  près  de  son  palais,  un  petit  séminaire 
qui  serait  iout-à-fait  animé  de  son  esprit.  Les  pères  de  famille  furent 
invités  k  y  amener  leurs  enfants.  Soit  crainte ,  soit  conviction ,  le  sémi- 
naire eut  bientôt  les  trois  quarts  des  écoliers  (1). 

En  1725,  M.  de  Caylus  saisit  une  occasion  de  frapper  les  Jésuites 
d'une  manière  considérable  et  la  mit  à  profit.  Des  propositions  avan'r 
cées  par  le  P.  Lemoine,  régent  de  philosophie  au  collège  d'Auxerre', 
lui  parurent,  ainsi  qu'à  ses  théologiens,  contraires  à  la  doctrine  chré- 
tienne (2).  Il  voulut  en  obtenir  rétractation.  Sur  le  refus  formel  du 
régent ,  il  retira  à  tous  les  Jésuites  d'Auxerre  le  pouvoir  de  prêcher  et  . 
de  confesser  dans  son  diocèse.  Cette  proscription  dura  jusqu'à  sa 
mort.  Non  content  de  cela,  il  lança  une  ordonnance  contre  les  Pères 


(1)  Le  régent,  à  qui  il  avait  demandé  son  approbation,  lui  avait  fait  répondre  qu*il 
rîDvitait  à  différer  cet  établissement;  mais  il  passa  outre.  ^-^ 

(2)  Voici  quelques-unes  des  propositions  attaquées  par  M.  de  Caylus  : 

c<  Un  chrétien  agissant  délibérément  n*est  pas  toujours  obligé  d*agir  pour  une  fin 
surnaturelle  ;  donc  un  homme  agissant  délibérément  n*est  pas  toujours  obligé 
d*agir  pour  une  fin  honnête. 

»  Afin  qu'une  action  soit  volontaire  et  libre,  il  faut  qu'elle  soit  faite  avec  la  con- 
naissance de  toutes  les  choses  qui  détoomerqient  de  la  faire. 

»  La  loi  naturelle ,  il  est  vrai ,  enseigne  qu*U  ne  faut  point  mentir  ;  mais  cette 
même  loi  ordonne  de  suivre  la  conscience  qui ,  par  une  ignorance  invincible ,  peut 
enseigner  qu*on  peut  mentir.»)— D*où  le  professeur  conclut  qu'un  homme  qui  croH 
que  le  mensonge  officieux  est  permis  on  même  ordonné,  obéit  en  le  commettant  à 
la  loi  naturelle  et  est  exempt  de  péché. 


524  M.    DK    CATLCS, 

1704  a  17SA.  ^^i  Iqî  altin  (leax  répliques  fort  vives  devant  lesquelles,  selon  son  ha- 
bitude ,  il  ne  demeura  pas  court* 

L'influence  de  M.  de  Caylus,  sur  soa  Chapitre,  se  révéla  aussi  d'une 
manière  positive.  Dans  une  séance  du  jeudi-saint  de  Tannée  1723,  la 
discussion  étant  tombée  sur  les  affaires  du  temps  ,  Tabbé  Monnet 
s'écria  qu'il  ne  reconnaissait  pour  bons  catholiques  que  ceux  qui  se 
soumettaient  aux  décisions  de  TEgiise.  Ces  paroles  soulevèrent  dans 
rassemblée  une  vive  rumeur  à  la  suite  de  laquelle  Tabbé  fut  con-- 
damné  à  se  rétracter  sinon  à  être  exclus  du  Chapitre  pendant  on 
an.  Le  doyen,  M.  Moreau,  dont  la  vivacité  était  bien  connue,  parta- 
geait Topinion  de  Fabbé  Monnot.  Voulant  empêcher  qu'on  ne  consignât 
par  écrit  la  sentence  portée  contre  ce  dernier,  il  s'empara  du  registre; 
on  le  lui  arracha  bientôt  :  alors  il  prit  Tencrier  et  Temporta  ;  mais  cette 
malice  n'empêcha  pas  l'exécution  de  l'affaire.  Le  Chapitre  se  plaignit  aa 
ministre  qui  ne  répondit  pas,  et  le  chanoine,  cause  de  tout  ce  brait , 
ht  obligé  de  se  démettre  de  son  canonicat  (I). 

La  longue  suite  des  années  de  Tépiscopat  de  M.  de  Caylus  yz 
s'écouler  ainsi  dans  des  luttes  continuelles ,  avec  des  alternatives  de 
snccès  et  de  revers.  Battu  à  Paris  par  le  conseil-privé ,  et  condamné 
à  Borne  par  le  pape,  il  était  soutenu  par  le  parlement,  dont  il  représen- 
tait pleinement  les  doctrines  gallicanes  (2),  et  il  demeura  le  maître  dans 
son  diocèse,  où  il  ne  trouva  plus  que  quelques  curés  comme  ceux  de 
Gien,  de  Charentenay,  de  Bessy,  qui  résistèrent  à  son  autorité. 

Le  Conseil  de  conscience,  qui  avait  alors  la  haute  direction  des 
affiiires  religieuses ,  était  devenu  très-sèvère  sur  les  actes  suspects  de 


(1)  Ce  fîit  dans  cette  année,  1723,  que  M.  de  Caylus  accmt  le  nombre  des  reli* 
gieuses  de  rhôtel-Diea  d*Aaxerre,  et  de  douze  qu'il  était  depuis  M.  de  Broc,  le 
porta  à  qnatone.  Les  administrateurs  bâtirent  alors  une  saUe  destinée  à  contenir 
30  lits  pour  les  honunes.  Auparavant,  rhùlel-Dieu  ne  contenait  pas  plus  de  15  lits 
pour  chaque  sexe.  On  recevait  alors  une  vingtaine  d'enfants-trouvés.  —  En  1761 , 
M.  Potel  rapporte  qu'il  j  en  avait  iB|l 

(2)  Lors  de  la  canonisation  du  naâ&  Grégoire  VII,  en  1723,  il  lança  le  premier 
un  mandement  contre  Toffice  du  Sai  qu'il  défendit  dans  son  diocèse,  comme  at- 
tentatoire aux  droits  du  roi  et  aux  quatre  articles  de  la  déclaration  de  1682.  Le 
pape  foudroya  le  nundemenl  par  un  bref  qui  fut  imprimé.  M.  de  Caylus  essaya, 
mais  sans  succès^  d'intéresser  le  roi  et  rassemblée  dn  dei^  à  cette  affidre. 


CENT    TROISIÈME    ÉVÊQUE    d'aUXËRRE.  325 

jansénisme.  Les  lettres  de  cachel  n^  se  faisaient  pas  attendre.  En  no4  i  hsa. 
1723,  le  juge  de  Clanaecy  fut  exilé  à  Nevers  pour  avoir  rendu  une  or- 
donnance par  laquelle  il  était  défendu  aux  Récollets  et  a  tous  autres 
d'enseigner  la  jeunesse  sans  la  permission  de  Tévéque.  La  sœur  Daiilne, 
supérieure  de  Thôpilal  de  Clamecy,  qui  avait  reçu  de  l'évêque  Tordre 
de  se  retirer  dans  son  couvent  de  Gien,  s'y  refusa.  Elle  était  soutenue 
parle  curé,  qui  menaça  les  administrateurs  de  lettres  de  cachet,  s'iUse 
prêtaient  à  l'exécution  de  cet  ordre.  Ceux-ci  ne  purent  que  dresser 
procès-verbal  et  l'envoyèrent  à  M.  deCaylus,  mais  ce  fut  sans  succès. 
Un  maître  d'école  du  même  lieu  en  fut  expulsé,  avec  défense  d'y  pro- 
fesser désormais,  ainsi  qu'en  aucun  autre  endroit  du  royaume,  pour  avoir 
enseigné  à  ses  écoliers  la  nécessité  de  l'amoar  de  Dieu.  Des  habitants 
de  Gien  s'étant  plaints  que  M.  de  Caylus  leur  envoyait  des  prêtres  ap- 
pelants, M  de  Maurepas  l'invita  à  y  mettre  sérieusement  ordre 
(5  octobre  1726). 

Après  la  mort  du  régent,  le  diocèse  d'Âuxerre  fut  assez  calme  sous 
le  ministère  du  duc  de  Bourbon.  Ce  fut  cependant  k  cette  époque  qu'eut 
lieu  la  saisie  du  livre  de  la  Prise  d'Auxerre  de  l'abbé  Lebeuf,  épisode 
que  nous  avons  raconté  dans  sa^biographie.  * 

Au  milieu  de  ses  préoccupations,  M.  de  Caylus  ne  perdait  pas  de 
vue  les  projets  qu'il  méditait  pour  le  succès  du  jansénisme.  La.^^-^ 
réforme  des  livres  liturgiques  était  un  des  plus  décisifs.  H  com-*  IP^ 
mença  par  la  publication  d'un  nouveau  bréviaire  qui  était  presque  la 
reproduction  de  celui  de  Sens.  L'abbé  Dettey  nous  apprend  que  les 
Saintes-Ecritures  en  font  toute  la  substance,  et  que  c'est  un  des 
ouvrages  de  ce  genre  les  mieux  exécutés.  11  ne  reproche  au  prélat  que 
d'avoir  adopté  presque  toutes  les  homélies  du  bréviaire  romain  (1726). 
Deux  ans  après  il  voulut  publier  un  rituel  plus  complet  que  les  an- 
ciens, mais  il  éprouva  un  refus  formel  du  garde-des-sceaux,  lorsqu'il 
demanda  la  permission  de  l'imprimer.  Cette  mesure,  qui  n'était  que 
la  conséquence  de  l'état  de  dépendance  où  se  trouvait  l'église  de 
France  vis-k-vis  du  pouvoir  politique,  le  révolta.  Après  de  longue^  ré- 
clamations, il  fut  obligé  de  se  passer  de  la  permission.  Quelques  années 
après  (1752),  ce  fut  le  tour  du  nouveau  missel.  Le  cardinal  Fleury, 
k  qui  M.  de  Caylus  l'avait  personnellement  confié,  voulut  bien  l'oxa- 


•• 


526  M.    DE   CATLC8, 

1704  ï  1754.  miner  lui-même  eo  détail.  Sa  critique  porta  surtout  sur  ce  qu'il  s'éloi- 
goait  trop  du  romain  »  priocipalemeot  par  les  collectes,  les  épitres  et 
les  évangiles.  Après  de  longs  pourparlers,  l'autorisation  fut  refusée. 
On  reprit  cependant  la  négociation  sur  «n  autre  terrain.  Le  garde-des- 
sceaux ,  à  qui  un  censeur  fut  demandé  par  un  chanoine  d'Âuxerre 
qui  était  alors  à  Paris,  désigna  M.  Thierry,  chancelier  de  Notre-Dame, 
et  l'approbation  fut  enfin  accordée.  L'ouvrage  parut,  en  1757,  au  grand 
contentement  du  Chapitre. 

Il  faut  dire  que  M.  de  Caylus  était  alors  tout  à  fait  mal  en  coor.  Il 
avait  attaqué  la  décision  du  concile  d'Embrun ,  qui  avait  suspendu  de 
ses  fonctions  l'évéque  de  Senez ,  M.  Soanen,  à  cause  d'un  écrit  intitulé  : 
Teiiament  ipirituel^  dans  lequel  il  réfutait  les  dispositions  de  la  bulle  ; 
cela  valut  à  M.  de  Caylus  Texil  dans  son  diocèse  (!)•  Il  avait  fait  de  son 
palais  un  séminaire  spécial,  où  il  avait  emmené  tous  les  élèves  du  grand 
séminaire  et  les  faisait  enseigner  par  des  professeurs  de  son  choix, 
attendu  que  ceux  de  cet  établissement  étaient  opposés  à  ses  opinions. 
Il  avait  entrepris  de  nouveau  les  Jésuites,  d'abord  en  s'opposant,  par  re-* 
quête  au  parlement  (2  août  1726),  à  l'enregistrement  des  lettres-^ 
patentes  obtenues  par  les  échevins  de  Clamecy,  pour  l'établissement 
des  frères  de  la  compagnie  de  Jésus  dans  les  écoles  chrétiennes.  Les 
.^rtisans  des  Jésuites  étaient  alors  très-^nombreux  à  Âuxerre  (i728). 
^ii^^jpes  Pères  enlevaient  aux  curés  de  la  ville  la  plupart  de  leurs  ouailles 
et  formaient  des  associations,  non-seulement  d'écoliers,  mais  encore  des 
personnes  les  plus  considérables ,  de  sorte  que  les  instructions  parois- 
siales restaient  sans  auditeurs.  L'évéque  voulut  empêcher  ces  congre-^ 
gâtions,  et  faire  exécuter  rigoureusement  ses  défenses  au  sujet  de  la 
pratique  de  la  confession  ,  mais  il  fut  menacé  d'une  lettre  de  cachet  et 
s'arrêta. 


(1)  M.  de  Maorepai  lui  écrivit  alors  une  lettre  très-verte  dans  laquelle  on  re- 
marque les  passages  suivants  :  u  S.  M.  ne  pent  que  blâmer  une  association  d*évé- 
ques  faite  à  son  insu  et  sans  sa  permission  ;  et  elle  a  été  d'autant  plus  surprise  du 
parti  que  vous  avez  pris,  que,  dans  Ta fîaire  dont  s'agit,  vous  avez  préféré  les  plaintes 
d'un  seul  évéque  accusé  au  jugement  de  quatorze  ou  quinze  prélats  qui  l'ont  unanime* 
ment  condamné.  —  Arch.  de  TYonne.  ,--> 

1Q*4« 


CENT    TROISIÈME    ÉVÊQUE    D*AUXERRE.  527 

C'est  }k  M.  de  Caylus  qu'on  doit  aussi  rétablissement  des  écoles  gra-  noi  ^  nu. 
tuites  d'Auxerre,  dites  de  Saint-Charles.  Il  fit  venir,  en  1729,  de  la 
maison  des  Frères  Saint-Charles  de  Paris ,  un  maître  qui  fut  payé  et 
entretenu  par  lui.   En  1746,  les  écoles  avaient  pris  un  tel  déve- 
loppement, qu'il  y  fallait  quatre  Frères. 

M.  de  Caylus  avait  étéinviié,  en  1750,^  à  assister  aux  éiats  de 
Bourgogne;  mais  on  lui  avait  fait  dire  en  même  temps  que  l'intention 
du  roi  était  qu'il  ne  s'y  rendit  pas.  Il  saisit  cette  occasion  pour  achever 
de  gagner  l'abbé  Moreau,  doyen  de  sa  cathédrale,  en  le  faisant  nommer 
élu  du  clergé  dans  celte  assemblée.  Il  mit  à  sa  disposition  ses  officiers 
pour  la  réception  qu'il  était  tenu  de  faire  }k  Dijon  ;  il  l'aida  même  k 
composer  les  discours  qu'il  aurait  à  prononcer.  Le  doyen,  charmé,  finit 
par  céder  et  devînt  un  des  amis  les  plus  dévoués  du  prélat,  d'adver- 
saire passjQjiné  qu'il  était  auparavant. 

Dans  une  visite  que  l'évéque  fit  à  La  Charité,  le  26  novembre  1750,. 
il  consacra  l'église  des  Bénédictines  du  Mont-de-Piété,  dont  la  cons- 
truction avait  été  autorisée  par  M.  Colbert,  en  1702. 

La  mort  de  M.  de  Chavigny,  archevêque  de  Sens,  et  la  nomination 
de  M.  Languet  à  sa  place  (1),  furent  deux  coups  forts  sensibles  à 
M.  de  Caylus.  Il  perdait  un  ami  at  trouvait  dans  son  nouveau  supérieur 
un  antagoniste  avec  lequel  il  avait  iléjà  soutenu  plus  d'un  débat.  '^Les 
instructions  pastorales,  les  mandements,  furent  pendant  longtemps  li 
moyens  de  correspondance  employés  entreies  deux  prélats.  M.  Langue^^v^ 
dont  le  zèle  anti-jansénibte  était  connu,  devint  le  protecteur-né  des 
curés  du  diocèse  d'Âuxerre  qui  refusaient  de  suivre  leur  évéque.  Ils 
étaient  restés  peu  nombreux ,  mais  la  petite  troupe  tenait  bon.  Une 
Lettre  de  plusieurs  chanoines^  curés ^  etc.,  dudiocès^  ((^J^jtxerre  à  MM.  lô$ 
chanoines^  curis^  etc.,  du  diocèse  de  Sens^  commença'la guerre.  M.  Lan- 
guet l'envoya  à  M.  de  Caylus,  à  Noël  1752,  en  lui  disant  qu'il  y  avait 
trouvé  la  réfutation  la  plus  complète  de\s^  Lettre  past/fràle  ei  qu'il  se  dis- 
penserait d'y  répondre  lui-même.  La  pièce  n'était  pas  signée.  M.  ie 
Caylus,  stupéfait,  chercha  partout  les  coupables.  Il  recueilliélde  presque 
tous  les  membres  de  son  clergé  la  déclaration  qu'ils  ne  connaissaient  pas  la 

(1)    1730. 


328  M.  DE    GAYLUS, 

i7(>4  a  1751.  P'^^^  ^^  queslioD  et  parut  répondre  victorieusement  h  M.  Languet  (1). 
Mais  ce  succès  fut  bientôt  mêlé  de  revers.  Un  certain  nombre  de  curés 
désirèrent  connaître  la  fameuse  lettre,  et  après  Tavoir  lue,  ils  écrivirent 
à  M.  de  Caylus  qu'ils  partageaient  entièrement  Topinion  de  Tauteur. 
Ceci  résulte  de  pièces  trouvées  dans  les  papiers  de  M.  Languet  et  qui 
montrent  la  part  qu'il  prenait  aux  affaires  du  diocèse  (2).  Le  recteur 
du  collège  des  Jésuites  lui  servait  d'intermédiaire  dans  toutes  ces  que- 
relles. Il  était  Pauleur  de  la  lettre. 

De  nouveaux  désagréments  allaient  naître.  Le  monde  janséniste  était 
agité  par  les  miracles  du  diacre  Paris,  mort  ii-f^aris  en  1727  et  inhumé 
dans  le  petit  cimetière  de  Saint-Médard.  Les  dévéls  du  parti  se  livraient 
aux  excentricités  les  plus  singulières.  Une  fille  de  Sejgnelay,  atteinte 
de  paralysie,  invoqua  Dieu  par  l'intercession  du  bienhc6reux  Paris,  et 
Ton  raconta  qu'elle  avait  obtenu  sa  guérison  après  une  neuvahte  pendant 
laquelle  on  lui  frottait  les  yeux,  les  bras  et  les  jambes  d'une  eau  dans 
laquelle  était  délayée  de  la  terre  du  tombeau  du  diacre  Paris  et  de  la 
sciure  du  bois  de  son  lit.  M.  de  Caylus  eut  la  faiblesse  de  croire  à 
cette  prétendue  guérison  miraculeuse  et  se  transporta  à  Seignelay 
pour  rendre  grâce  k  Dieu  d'un  événement  si  consolant.  Il  publia 
ensuite  sur  cette  aifaire  un  mandem'ent  où  il  fit  le  panégyrique  de 
[.  Paris  (1755).  Les  libelles  anonymes  accueillirent  le  mandement 
|1  fut  condamné  par  le  pape*  Trois  curés  en  appelèrent  à  l'arche- 
'  véque  de  Sens  ainsi  que  dti  miracle  (5).  Mais  M.  Languet  redou- 
tait, de  la  part  de  M.  d'Auxerre,  un  appel  au  parlement ,  qui  aurait 
peut-être  soutenu  le  miracle,  comme  il  le  fit  en  interdisant  la  publica- 
tion de  la  sentence  du  pape.  Il  se  fit  donc  inviter  par  M.  de  Maurepas 

éê 

à  suspendre  la  (rroofidure  de  l'appel  des  trois  curés,  jusqu'à  ce  que  le 


(1)  Il  parait  cependai^t  que  Tévéque  éprouva  un  refus  complet  auprès  des  cha- 
noines de  Cosoe  et  du  curé  d'Ouanne. 

(2)  Arch.  d^' Yonne. 

(3)  C'étaient  les  sieurs  Paintandre,  curé  de  Montigny  ;  Germon ,  curé  de  Cuncy- 
lès-Varzy;  et  Graillot,  curé  de  Saint-Laurent  de  Gien.  Ce  dernier,  prêtre  cmincnt, 
très-attaché  à  la  Constitution,  eut  souvent  maille  à  partir  avec  M.  de  Caylus.  Il 
venait  de  sortir  du  séminaire  où  il  avait  fait  un  séjour  de  deux  mois  en  punition 
de  sa  résistance.  Son  retour  à  Gien  fut  célébré  comme  un  triomphe. 


CENT   TROISIÈME   ÉVÊQUE    d'aUXERRE.  529 

roi  fût  informé  de  cette  affaire.  M.  de  Gajius  reçut  également  l'avis  ^j^^  ^  ^^^ 
d'interrompre  toute  poursuite. 

<c  Au  moyen  de  cet  arrangement  de  prudence,  dit  M.  Languet, 
TOUS  n'aurez  aucun  démêlé  avec  le  parlement  et  rieu  ne  pourra  être 
traduit  devant  lui.  Cependant,  l'instance  liée  par  devant  moi  sera  tou- 
jours un  commencement  d'échec  donnée  la  publication  du  miracle,  et 
d'autres  circonstances  viendront  qui  nous  faciliteront  d'en  manifester 
la  fausseté  sans  risques.  »  (i).  L'aflaire  fut  ainsi  étouffée  (2). 

Après  ce  débat  il  en  surgit  un  autre.  M.  de  Caylus  venait  de  publier 
un  nouveau  catéchisme  en  1755.  Cinq  curés  et  un  prêtre  lui  adres- 
sèrent de  très-humbles  remontrances  qui  portaient  surtout  sur  certains 
points  de  doctrine,  tels  que  celui  de  la  définition  de  l'Eglise  où  le  caté- 
chisme disait  que  c'est  l'assemblée  des  fidèles  placés  sous  la  conduite 
des  pasteurs  légitimes,  et  qui  ne  font  qu'un  seul  corps  dont  J.-G.  est 
le  chef.  Ils  lui  reprochèrent  d'avoir  effacé  le  nom  du  pape,  le  chef 
visible,  dont  parlaient  ses  catéchismes  précédents. 

M.  de  Caylus  fut  très-irrité  de  cette  nouvelle  attaque  et  voulut  en 
poursuivre  les  auteurs.  Mais  ceux-ci  se  pourvurent  encore  devant  l'ar- 
chevêque de  Sens.  Le  roi  demanda  à  examiner  l'affaire  ;  et,  au  milieu  de 
ce  débat,  il  survint  un  arrêt  du  conseil  qui  supprima  le  catéchisme  et 
les  remontrances  des  curés  (5). 

C'était  ainsi  que  le  gouvernement  terminait  alors  les  questions  eair, 

barrassantes. 

Après  une  autre  querelle,  M.  Languet  laissa  M.  de  Caylus  eu  repos 
jusqu'en  1750.  Il  y  eut  même  entre  eux  échange  de  courtoisies,  et 
M.  de  Caylus,  passant  à  Sens  en  1742,  lui  rendit  vibite  au  grand  éton- 


(1)  Arch.  de  ITonne. 

(2)  On  essaya  encore  de  trouver  du  miracle  dans  la  guérison  d'une  femme  de 
VermantoD,  atteinte  d'un  cancer  au  sein,  et  qui  aurait  obtenu  une  guérison  presque 
complète  par  l'invocation  du  diacre  Paris.  M.  Belin  des  Tournelles  écrivit  à 
Auxerre  pour  qu'on  fit  constater  le  miracle.  —  Rec  de  divers  mém.  du  Chapitre, 
t.  m,  tflO,  an  1729. 

(3)  Cet  arrêt  reçut  à  Saint-Privé  une  singulière  exécution.  Un  particulier  brûla 
publiquement  le  catéchisme,  disant  que  c'était  de  la  part  du  roi,  et  qu'il fallialt 
brûler  ainsi,  souif  peine  d'ôtre  pendu ,  tous  les  catéchismes  qui  n'étaient  pas  ap- 
prouvés du  roi. 


350  M.    DE    CAYLUS, 

1701  h  1754.  nement  de  l'archevêque   qui   s'empressa    de   lui  faire   le  plus  bel 
accueil  (i). 

En  1757,  M.  de  Caylus  avait  résolu  de  réunir  son  clergé  en  synode 
pour  renouveler  les  ordonnances  diocésaines.  Le  mini&tre  lui  en  avait 
accordé  la  permission;  le  jour  était  fixé,  lorsqu'il  arriva  un  contre-ordre 
du  cardinal  Fleury.  Ce  fut  en  vain  que  M.  de  Caylus  lui  remontra 
Timpossibilité  où  il  était  de  prévenir  les  curés  des  paroisses  éloignées 
d'Auxerre  ;  il  fut  obligé  de  renvoyer  chez  eux  plus  des  trois  quarts  des 
prêtres  qui  s'étaient  rendus  k  sa  convocation.  Il  fut-^plus  heureux 
Tannée  suivante,  et  l'assemblée  du  clergé  rédigea  les  nouvelle»  ordon- 
nances qui  devaient  régir  le  diocèse.  Elles  furent  homologuées  en  par- 
lement le  5  mai  174i  (2). 

M.  de  Caylus  avait  entrepris ,  en  1754,  de  soumettre  les  Ursulines 
d'Auxerre  à  son  influence.  Cette  maison  était  considérable  et  comptait 
soixante  religieuses.  La  division  éclata  parmi  elles,  mais  bientôt  après 
un  ordre  du  roi  expulsa  le  confesseur  qu'y  avait  mis  Tévéque,  et  la  su- 
périeure écrivit  à  celui-ci  fort  irrévérencieusement.  Le  prieur  des  À  ugus- 
tins  fut  ensuite  nommé  confesseur,  mais  l'interdiction  de  tout  son  couvent 
prononcée  par  M.  de  Caylus,  pour  un  sermon  du  P.  Hyacinthe  sur  l'Im- 
maculée Conception,  où  Baius  était  fort  maltraité,  exposa  encore  les 
religieuses  à  tomber  dans  le  Jansénisme.  C'est  dans  ce  sens  que  l'ar- 
ehevéque  de  Sens  était  informé  de  l'afilaire  dont  on  ignore  la  suite. 

La  vie  de  M.  de  Caylus  se  passait  ainsi  dans  une  activité  continuelle. 
Son  séjour  le  plus  ordinaire  était  le  château  de  Régennes,  qu'on  nom- 
mait Vlk  enchantée^  à  cause  de  sa  situation  charmante  dans  une  pres- 
qu'île formée  par  la  rivière  d'Yonne.  M.  de  Caylus  y  recevait  ses  hôtes 


(1)  On  rapporte  que  cette  visite  fut  amenée  par  lopinion  favorable  que 
M.  Languet  exprima  un  jour  devant  le  marquis  de  Guerchy  sur  M.  de  Caylus;  et, 
comme  ce  seigneur  s'empressa  d'en  faire  part  à  l'évéque  d'Auxerre,  celui-ci  ne 
voulut  pas  demeurer  en  reste  avec  son  supérieur. 

(2)  M.  de  Caylus  eut  encore  de  longues  discussions  au  sujet  du  couvent  des 
Filles-du-Calvaire  dont  il  était  un  des  supérieurs  ;  lorsque  le  pape  Clément  XII 
nomma  de  nouveaux  chefs  h  cette  congrégation,  il  la  soutint  dans  sa  résistance 
et  ne  voulut  pas  lui-même  céder  au  bref  qui  le  révoquait  (1739).  La  dispersion  des 
religieuses  mit  lin  à  cette  opposition. 


CENT   TROISIÈME   ÉVÊQUE   D  AUXERRE.  351 

avec  une  grâce  qui  augmentait  encore  le  charme  de  ce  séjour.  Il  obtint,  ^^^  ^  ^^^ 
en  1740,  la  permission  d'aller  à  Paris  consulter  pour  sa  santé.  On  lui 
fit  la  réception  la  plus  honorable.  Il  visita  alors  le  cardinal  Fleury  qui 
était  fort  âgé ,  et  en  reçut  les  plus  belles  protestations  de  bienveillance. 
Le  vieux  ministre  l'entreprit  au  sujet  de  la  bulle,  mais  sans  succès.  Il 
renouvela  tout  aussi  infructueusemept  ses  instances  les  années  suivantes, 
ainsi  que  plusieurs  autres  prélats.  M.  de  Caylus  resta  inflexible  , 
ayant  devant  les  yeux  l'exemple  de  l'évéque  de  Senez  qui  venait  de 
mourir  dans  la  persévérance  de  ses  convictions  jansénistes. 

Cependant,  sa  résistance  le  laissait  dans  un  isolement  déplorable. 
Les  anciens  appelants  étaient  morts  successivement  et  il  se  trouvait  le 
dernier  évéque  qui  eût  persisté  dans  son. appel.  Au  cardinal  de  Fleury 
avait  succédé,  pour  le  département  des  affaires  ecclésiastiques,  l'ancien 
évéque  de  Mirepoix,  qui  redoubla  d'ardeur  contre  les  jansénistes  et 
contre  M.  de  Caylus  en  particulier.  On  le  frappait  dans  ses  coopérateurs, 
puisqu'on  ne  pouvait  l'atteindre  lui-même. 

La  ville  de  Gien  était  divisée  en  deux  partis,  et  le  curé  de  Saint- 
Laurent  qui  était  bien  soutenu  en  cour  se  jouait  des  ordres  de  l'évéque. 
M.  Terrasson ,  curé  de  Treigny,  qui  était  détenu  ii  Yincennes  depuis 
neuf  ans,  donna  sa  démission  en  1745,  renonça  à  l'appel  et  fut  mis  en 
liberté.  Son  compagnon  de  captivité,  M.  Fleury,  'curé  de  Ronchères, 
résista  mieux  et  préféra  rester  en  prison  plutôt  que  d'obtenir  sa  liberté 
par  sa  démission.  Il  ne  sortit  de  Yincennes  qu'en  1758  (1). 

M.  de  Caylus  avait,  depuis  longues  années,  peuplé  son  diocèse  de 
prêtres  de  talent,  mais  tous  appelants  et  repoussés  par  les  autres  évê- 
ques.  Il  accueillait  aussi  les  plus  célèbres  prédicateurs  qui  étaient  inter- 


(1)  Les  curés  de  Treigny  et  de  Ronchères  avaient  été  emprisonnés  à  raison  de  ce 
qu'ils  avaient  imprimé  clandestinement  un  journal  janséniste  sous  le  titre  de  : 
Nouvelles  eeeléiiattiques.  Ce  journal  se  publiait  d'abord  à  Auxerre,  où  la  police 
parvint  bientôt  à  le  dépister.  Alors  on  transporta  une  imprimerie  dans  les  forêts  delà 
Puysaie  et  on  Vy  établit  dans  une  loge  de  charbonnier,  sur  la  paroisse  de  Ronchères. 
C'est  de  là  que  pendant  plus  d'un  an  partit  cette  feuille  qui  faisait  une  rude  guerre 
aux  partisans  de  la  bulle  et  au  ministère  qui  la  soutenait.  I^  police  battit  longtemps 
en  tous  sens  le  diocèse  d'Auxerre  sans  pouvoir  rien  découvrir.  Nous  avons  entendu 
raconter  à  des  vieillards  que  le  lieutenant  de  police  étant  venu  en  personne  à 


532  M.  DE   CATLUS, 

1704  il  1754.  dî^s  ailleurs.  Cest  ce  que  l'abbé  Deltey  appelle  profiter  des  dépouilles 
des  autres  églises  (1).  En  1747,  M.  de  Mirepoix  défendit  à  tous  les 
supérieurs  ou  généraux  d'ordres  ou  de  congrégations ,  de  laisser  venir 
dans  le  diocèse  d'Auxerre  aucun  de  leurs  subordonnés.  M.  de  Gaylus 
s'empressa  de  parer  à  la  privation  que  ce  coup  portait  aux  prédications. 
Huit  cbanoines  se  partagèrent  entre  eux  les  stations  de  TAvent  et  du 
Carême,  et  cela  dura  pendant  cinq  années  de  suite.  La  mort  du  doyen 
du  Chapitre,  en  i746,  fut  encore  une  occasion  pour  N.  de  Mirepoix, 
d'entraver  M.  de  Caylus.  Il  fit  expédier  un  ordre  du  roi  portant  défense 
de  lui  donner  un  successeur.  Le  Chapitre  obéit.  Le  P.  Sirugue,  jaco- 
bin, confesseur  de  Tévéque  depuis  trente  ans,  quoique  non  appelant, 
fut  aussi  frappé  et  envoyé  dans  le  couvent  de  Mâcon. 

La  sévérité  déployée  contre  les  Jansénistes  afleclait  amèrement 
M.  de  Caylus ,  qur  avançait  en  âge  et  approchait  de  82  ans.  M.  Ar- 
chambauld,  archidiacre  de  Puisaye,  qui  s'était  retiré  près  de  Paris, 
mourut  appelant,  et  le  curé  de  Rueil  lui  refusa  les  sacrements.  M.  de 
Caylus  redoubla  de  zèle  contre  cette  recrudescence  de  sévérité.  En 
1750,  il  vit  supprimer  son  mandement  du  carême,  qui  maltraitait  un 
peu  trop  les  Jésuites,  et  où  il  rappelait  encore  sa  fameuse  querelle  de 
1725,  contre  le  P.  Lemoine.  Ce  mandement  est  écrit  avec  un  ton  de 
conviction  inébranlSt^te  et  dignedu  prélat  qui,  depuis  plus  de  trente  ans, 
combattait  pour  le  Jansénisme.  A  le  lire ,  on  croirait  que  jamais  il  ne 
s'était  séparé  de  l'Eglise.  Il  assure  que  le  schisme  n'a  point  pénétré  dans 
son  diocèse  et  que  la  paix  y  règne  entièrement.  Il  recommença  alors 
à  se  brouiller  avec  M.  Languet,  que  le  mandement  avait  indigné.  Les 
Jésuites ,  qui  avaient  toujours  lutte  contre  ses  tendances,  se  sentaient 
plus  forts  de  jour  en  jour.  Ne  pouvant  agir  ouvertement  dans  le  dio- 


Treigny,  dirigea  de  la  des  recherches  en  pure  perle  dans  tous  les  environs,  et 
qu'au  moment  où  il  revenait  harassé  et  furieux  de  l'inutilité  de  ses  courses,  il  trouva 
dans  sa  voiture  une  édition  tout  entière  de  la  gazette  sortant  des  presses  et  encore 
tout  humide.  Cette  bravade  perdit  les  auteurs  de  la  publication.  Car  le  magistrat 
partit  en  laissant  des  agents  secrets  qui  firent  tant  qu'enûn  la  cachette  fut  dé- 
couverte, et  les  deux  curés  de  Treigny  et  de  Ronchcrcs  furent  arrêtés  comme  cou- 
pables de  ce  délit. 
(1)  T.  11,  281. 


CENT    TROISIÈME    ÉVÊQUË    d'aUXERRE.  555 

cèse  d'Auxerre ,  ils  élablirenl  des  missions  lout  autour  des  frontières 
et  notamment  dans  les  paroisses  du  diocèse  d'Âutun  voisines  de 
Clamccy  ;  ce  qui  donna  beaucoup  dMnquiétude  à  M.  de  Ga}lus,  parce 
que  le  peuple  de  cette  ville  s'y  rendait  en  foule.  Le  jour  de  la  fêle- 
Dieu  de  Tan  1751,  il  se  fit  un  grand  tumulte,  à  propos  d'une  statue  delà 
sainte  Vierge,  que  Ton  empêcha  de  porter  à  la  procession  dans  cette  ville. 
Les  suites  furent  assez  graves  pour  que  le  subdélégué  qui  avait  favorisé 
cette  démonstration  fût  exilé  à  Orléans,  les  officiers  municipaux  changés 
et  quelques  tapageurs  mis  eu  prison  pour  plusieurs  jours. 

La  publication  du  Martyrologe  auxerrois  eut  lieu  en  1751  parles 
soins  de  M.  de  Caylus  ;  il  avait  chargé  de  sa  composition  MM.  Mignot, 
Grasset  et  Potel.  L'abbé  Lebeuf,  qui  avait  quitté  Auxerre  depuis  1755, 
avait  révisé  le  travail  de  ses  trois  anciens  confrères.  Cet  ouvrage  est 
très-remarquable  dans  toutes  ses  parties;  on  s'accorde  k  juste  titre  k  le 
considérer  comme  un  chef-d'œuvre  de  discernement  et  d'érudition. 

L*abbé  Lebeuf  poursuivait  depuis  vingt  ans  le  projet  de  faire  recon- 
naître, pour  appartenir  k  saint  Germain,  les  reliques  qu'il  avait  trouvées 
dans  la  bibliothèque  de  l'abbaye  Saint-Marien  ,  en  1718  (1).  Les 
Bollandistes  auxquels  il  avait  adressé,  en  1728,  un  long  mémoire 
à  l'appui  de  sou  opinion,  mémoire  qu'ils  ont  inséré  dans  le  t.  vu  do 
mois  de  juillet  de  leur  collection,  n'avaient  pas  adopté  ses  conclusioiM 
et  en  avaient  même  fait  une  critique  assez  sévère. 

Cependant  le  docte  abbé  ne  perdit  pas  courage.  En  1751  il  se  fit 
adresser  par  M.  Buffard,  chanoine  de  Bayeux,  une  lettre  où  la  ques- 
tion était  reprise  très-sérieusement.  M.  de  Caylus,  frappé  peut-être  des 
raisons  qu'on  y  exposait,  ordonna  alors  qu'une  commission  examine- 
rait les  ossements  découverts  par  l'abbé  Lebeuf,  et  vérifierait  juridique- 
ment les  preuves  sur  lesquelles  on  se  basait  pour  assurer  que  c'étaient 
les  véritables  reliques  de  saint  Germain,  que  la  tradition  croyait  avoir 
été  brûlées  par  les  Huguenots.  L'enquête  suivit  son  cours,  mais  il 
s'éleva  bientôt  des  contradictions.  Les  moines  de  Saint-Germain,  qui 
ne  pouvaient  souffrir  qu'on  crût  que  les  reliques  de  leur  saint  patron 


1704  il  1754. 


(1)  Voy.  le  l«r  volume  de  ces  Mémoires,  p.  83. 


554  M.    DE   CATLU8  , 

1704^1754.  eussent  été  ainsi  abandonnées  par  eux  pendant  deux  cents  ans  (i), 
résolurent  de  réfuter  les  lettres  écrites  en  faveur  du  projet  de  Lebeuf. 
Dom  Vidal  fut,  pour  le  savant  abbé,  un  rude  adversaire  (2).  Il  repro- 
cha à  Lebeuf  de  l'ingratitude  envers  l'Ordre  de  Saint-Benoit  en  gé- 
néral ,  et  l'abbaye  de  Saint-Germain  en  particulier,  parce  que,  disait- 
il,  c*était  dans  les  manuscrits  de  D.  Viole  ,  qu'il  avait  puisé  la  plupart 
des  documents  de  ses  Hémoires  sur  le  diocèse  d'Auxerre.  Sa  critique , 
qui  nous  révèle  une  fois  de  plus  l'antagonisme  de  la  cathédrale  et  de 
Saint-Germain,  s'appuyait  sur  des  faits  si  péremptoires ,  le  débat  lais- 
sait les  opinions  si  incertaines,  que  M.  de  Caylus  suspendit  son  juge- 
ment, ella  mort  Tempécha  de  se  prononcer.  Ses  successeurs  ont  aussi 
hésité,  et  la  question  en  est  restée  là. 

A  cette  époque  le  clergé  auxerrois  comptait  dans  ses  rangs  bon 
nombre  d'hommes  amis  des  lettres.  Quatre  chanoines,  MM.  Potel, 
Mignot,  Horeau  et  Dulérains,  résolurent,  au  mois  d'avril  1749,  de 
concert  avec  cinq  laïques,  MM.  Berryat,  médecin  ;  Robinet  de  la  Coudre, 
conseiller  ;  Lepère ,  directeur  de  la  poste  aux  lettres  ;  Silvestre  de  Sacy, 
bourgeois;  et  Mérat,  apothicaire,  de  fonder  une  Société  des  sciences 
et  Mles-lettres.  M.  de  Caylus  approuva  de  tout  son  concours  leurs 
intentions.  La  Société  tint  sa  première  séance  publique  au  mois  de 
janvier  1750  (5). 

Les  derniers  actes  importants  qui  signalèrent  l'épiscopat  de  M.  de 
Caylus,  sont  consignés  dans  les  registres  d'administration  diocé- 
saine. Il  supprima,  par  décret  du  25  janvier  1749,  les  Ursulines 
de  Cravan  ruinées  par  leur  mauvaise  gestion  économique,  et  ordonna 
que  les  biens  qui  resteraient  libres  de  dettes  serviraient  à  l'en- 
tretien de  deux  filles  régentes  chargées  de  l'instruction  des  jeunes 


(1)  Les  défenseurs  des  reliques,  et  Lebeuf  le  premier,  expliquaient  leur  trans- 
lation dans  l'abbaye  de  Saint-Marien,  par  cela  qu'à  la  fia  du  xvi«  siècle  les  mœurs 
scandaleuses  des  moines  de  Saint- Germain  avaient  éloigné  les  personnes  pieuses 
qui  en  étaient  dépositaires,  de  les  exposer  à  une  nouvelle  profanation  en  les  remet- 
tant aux  Bénédictins.  Inde  irœ. 

(2)  Les  critiques  ont  été  jusqu^à  avancer  que  les  ossements  étaient  ceux  d'une 

femme. 

(3)  Elle  avait  été  autorisée  par  une  lettre  du  ministre  du  11  juillet  1749. 


r.ij-ji^tijr, 'iL.r^^, 


CENT   TROISIÈME   ÉVÊQUE   d'aUXERRE.  555 

filles  et  du  soin  des  pauvres  malades.  Le  16  novembre  1749,  il  con-  1704  ^  nsi. 
sacra  solennellement  le  nouveau  maitre-autel  de  Tabbaye  (fe  Pontigny, 
et  procéda  à  la  translation  des  reliques  du  corps  de  saiitt  Edme,  dont 
la  situation  fut  décrite  minutieusement.  L'année  suivante  il  donna  des 
constitutions  aux  Bénédictines  de  Gosne  qui  étaient  au  nombre  de  dix- 
huit  sœurs  de  chœur  et  cinq  converses.  Dès  1691,  elles  avaient  prié 
M.  Colbert  de  leur  donner  des  statuts.  La  même  année,  une  ordon- 
nance épiscopale  du  11  juin,  supprima  les  Ursulines  de  Gien  et  réunit 
leurs  biens  k  la  communauté  des  Hospitalières.  Il  y  avait  déjà  huit  ans 
qu'on  n'y  recevait  plus  de  novices  par  ordre  du  roi.  Les  Bénédictines  de 
Saint-Fargeau  reçurent,  en  1751,  des  constitutions  qui  résumèrent  les 
règles  du  couvent  depuis  sa  fondation. 

L'évéque  adressa,  au  mois  de  septembre  1751,  à  l'abbesse  des 
Bernardines  des  Isles  d'Auxerre ,  une  lettre  sévère  dans  laquelle  il 
se  plaint  de  la  légèreté  avec  laquelle  on  y  communiquait  au  dehors. 
Il  prescrit ,  au  contraire  ,  la  clôture  la  plus  rigoureuse  et  ne  permet 
l'entrée  du  monastère  qu'aux  médecins  ,  aux  confesseurs  et  aux 
ouvriers  de  la  maison.  Les  Bénédictines  de  Saint-Julien  de  la  même 
ville  avaient  aussi  éprouvé  son  autorité ,  au  sujet  des  mariages 
de  leurs  domestiques  que  l'abbesse  laissait  faire  dans  son  église  , 
malgré  les  droits  du  curé  de  la  paroisse.  Le  prélat  avait  été  fort  rude 
dans  son  blâme  ;  mais  lorsque  l'abbesse  lui  eut  justifié  des  droits  an- 
ciens de  sou  monastère,  il  se  radoucit  et  écrivit,  en  1746,  une  lettre 
très-convenable.  Il  résultait,  en  effet,  d'une  charte  de  1269,  qu'à  quatre 
fêtes  de  Tannée,  le  curé  de  Saint-Martin  devait  conduire  ses  parois- 
siens à  la  messe  de  l'église  de  Saint-Julien,  alors  de  Notre-Dame,  et 
en  outre  que  si  les  serviteurs  du  couvent  prenaient  femmes ,  la  béné- 
diction nuptiale  avait  lieu  dans  cette  église.  M.  de  Caylus ,  qui  n'avait 
aucune  autorité  sur  les  Visitandines  d'Âuxerre,  voulut  cependant,  par 
respect  pour  le  pape  Benoit  XIV,  célébrer  solennellement  dans  leur 
église  la  béatification  de  leur  fondatrice  sainte  Chantai.  Il  fit  cette  céré- 
monie an  mois  de  juillet  1752,  par  une  chaleur  excessive,  malgré  ses 
85  ans.  Le  mandement  du  carême  de  1755,  sur  la  mort  et  celui  de 
janvier  1754,  sur  le  bonheur  des  saints  dans  le  ctel,  furent  les  adieux 
de  M.  de  Caylus  à  ses  ouailles.  Il  voulut  encore  aller  à  Auxerre  le 


556  M.    DE    CAYLUS  , 

1704  ï  1754.  samedi  de  la  Passion  de  cette  aDoée,  pour  faire  l'ordination  comme  il 
avait  coutume.  Le  froid  qu'il  éprouva  en  route  et  pendant  la  cérémonie 
l'indisposa  gravement  et  il  mourut  peu  de  jours  après,  le  5  avril,  dans 
son  château  de  Rcgennes.  Son  corps,  transporté  àÂuxerre,  fut  exposé 
^  la  vénération  publique,  dans  le  palais  épiscopal,  jusqu'au  9,  jour  où 
son  Chapitre  célébra  ses  obsèques  avec  la  plus  grande  solennité.  Un 
mandement  capitulaire  annonça  aux  fidèles  la  mort  de  leur  pasteur. 
Cette  pièce,  qui  est  un  panégyrique  de  M.  de  Caylus,  le  qualifie  d'ange 
tutélaire  du  diocèse  (1).  On  devait  prononcer  Foraison  funèbre  du  défunt 
dans  le  service  qui  fut  célébré  le  5  septembre,  mais  des  défenses  ve- 
nues de  la  cour  en  empêchèrent.  Le  Chapitre  se  contenta  de  faire  dans 
son  mandement  Téloge  le  plus  magnifique  du  prélat  défunt. 

M.  de  Caylus  mort,  Topinion  janséniste  perdait  son  plus  ferme  ap- 
pui dans  le  diocèse.  Ses  successeurs  ne  furent  pas  choisis  de  manière 
à  la  relever.  Cependant  elle  avait  poussé  de  si  profondes  racines  dans 
le  pays,  qu'elle  ne  devait  pas  céder  le  terrain  sans  de  grands  combats. 
Toute  la  préoccupation  des  évêques  sera,  jusqu'à  la  révolution ,  de 
l'amoindrir  et  de  la  neutraliser.  Leurs  rapports  avec  le  grand  Chapitre 
seront  difliciles  et  susciteront,  surtout  à  M.  de  Condorcet,  de  violents 
orages. 

Avant  d'entrer  dans  cette  nouvelle  phase,  reprenons  quelques  faits 
que  la  rapidité  du  récit  nous  a  forcés  de  négliger. 

Le  grand  Chapitre  cathédral,  dont  l'influence  était  si  considérable 
dans  le  diocèse,  s'est  montré,  pendant  le  cours  de  Tépiscopat  de  M.  de 
Caylus,  k  la  hauteur  de  son  passé.  Sa  sollicitude  pour  ses  vassaux  de 
Cravan  se  révèle,  en  1710,  par  une  ordonnance  sur  la  vente  du  pain. 
Il  fit  défense  aux  officiers  de  police  de  la  même  ville  de  mettre  aucune 
entrave  k  ce  que  les  boulangers  forains  y  vinssent  vendre  du  pain  en 
payant  les  droits.  Il  voulut  aussi  que  les  boulangers  réduisissent  leurs 
prix  au  niveau  de  ceux  des  forains,  car  la  misère  du  peuple  était  grande 
alors. 

(1)  Cétait  lechaDoine  Moreau  qui  l'avait  composé.  Un  M.  Millelot,  des  académies 
d'Auxerre  et  d'Orléans,  s'exerça  sur  ce  sujet,  en  1755;  dans  une  longue  pièce  de 
vers  fort  insipides.—  Arch.  de  l'Yonne,  Recueil  de  divers  écrits,  chap.  d'Auxcrre, 
t.  III. 


•  _ 

CENT    TROISIÈME    ÉVÊQUE   d'aUXERRE.  557 

En  1729,  le  P.  gardien  des  Cordeliers  d'Auxerre   proféra  dans  un  i-j(^  ^  17^^^ 
sermon  des  paroles  injurieuses  contre  le  Chapitre  qui  porta  aussitôt 
plainte  h  l'évéque.  Le  prélat  prit  l'affaire  à  cœur  et  donna  au  Chapitre 
des  témoignages  non  équivoques  de  sa  haute  estime.    Il  obligea  en 
définitive  le  P.  gardien  à  rétractation. 

On  avait,  au  Chapitre,  négligé  de  porter  la  soutane  violette  dans 
les  fêtes  solennelles.  Sur  l'invitation  de  M.  de  Caylus ,  ce  corps 
décida,  par  une  délibération  du  i2  décembre  1724,  que  tout 
nouveau  chanoine  prendrait  possession  en  soutane  de  cette  couleur  et 
serait  tenu  d'en  avoir  une  k  lui  trois  mois  après.  Ce  règlement  fut  con- 
firmé par  conclusions  de  1757  et  1746.  M.  de  Caylus  reconnut,  au 
mois  de  mai  1759,  le  droit  de  semonce  dû  au  Chapitre  et  qui  consis- 
tait, dans  Torigine,  en  une  certaine  quantité  de  vin,  laquelle  avait  été 
convertie,  en  1705,  en  une  somme  de  554  liv.  10  s. 

Le  Chapitre  suivait  à  la  lettre  ses  statuts  en  matière  d'amendes 
comme  on  le  voit  envers  l'abbé  Lebeuf  qui,  s'étant  absenté  au-delà  des 
délais,  en  1755  ,  fut  privé  des  revenus  éventuels  de  l'année.  Cela  lui 
parut  dur,  d'autant  plus  que  son  voyage  n'avait  été  que  de  15  jours  et 
avait  eu  pour  but  d'aller  à  Soissons  recevoir  le  prix  que  l'académie  de 
cette  ville  lui  avait  décerné  pour  son  ouvrage  sur  le  Soissonnois.  Il 
le  fit  sentir,  dans  une  lettre  de  remerciement  adressée  au  Chapitre 
pour  l'intérêt  que  la  compagnie  lui  avait  témoigné  au  sujet  de  ce 
livre;  «  d'autant,  ajoute-t-il ,  que  la  cause  m'avoit  paru,  et  à 
beaucoup  d'autres  personnes ,  bien  favorable  et  assez  singulière  pour 
surmonter  la  rigueur  de  la  discipline  ;  et  la  seule  attention  qu'il  n'y  va 
en  cela  que  d'un  intérêt  personnel,  me  fait  accepter  cette  légère  dis- 
grâce avec  résignation.» 

M.  Mignot,  grand-chantre,  qui  était  dans  le  même  cas  que  l'abbé 
Lebeuf,  voulait  en  appeler  au  parlement.  On  ne  voit  pas  ce  qu'est  de- 
venue cette  affaire. 

M.  Moreau,  doyen,  étant  mort  en  1746,  le  Chapitre  reçut  de  la 
cour  l'ordre  ne  pas  procéder  à  l'élection  de  son  successeur.  On  vou- 
lait punir  par  là  ce  corps  dont  l'union  avec  M.  de  Caylus  rendait  la 
résistance  de  ce  prélat  si  durable. 

En  1729,  le  4  juin,  eut  lieu  à  Âuxerre  le  baptême  d'un  jeune  siu- 

Il  22 


»  TUA 


.A»5  M.  BC  coywmcrx  . 

1:1^  wmmt  et  b  LMisune  pir  k  sieor  Goenot.  seigneur  de  Tréfon- 
tkÎD»^.  D  s^ippciaîu  dît-OD.  PalîmÎDgo:  et  éuîi  fils  d'uo  cbcf  des 
QÔTÎBirkts.  (c«s  h  XovTelle-OriéaBS.  Le  fwé  de  Notre-Dime-la- 
dBcvs  it  «M  ttstraclîoii  relîpeBse  et  rcTèqee  le  lopùsi  soleDoelle- 
»aiL  D  flKMTit  tixMs  ans  après  l'. 

Le»  êrêqves  de  Bethléem,  depvîs  |»rès  d*iin  siècle,  araieoi  respecté 
la  skoûos  q«e  le«r  arait  faite  rassemblée  in  clenré  i  :  mab 
tm  179  le  possesseur  de  ce  sié^,  profi*»aot  de  b  sitUÀiioD  difficile  on 
éiah  filacé  !i.  de  Cajiiis,  Toalot  empiéter  ssr  ses  (*rêrL^aiiiies.  11 
pmssa  sMcessirement  les  Récollets  de  ClamecT  et  le  curé  dWrmes, 
sam  vîcaire-féocral.  à  exercer  les  drats  cnnau  dans  le  faubourg  de 
Bethléoi.  Ce  dernier  alla  même  fort  loin,  an  diie  des  fanîsans  de 
rêrêqpe  d*Anem,  et  commit  des  excentricités,  par  exemple  en  faxsaDi 
eaaduie,  le  jonr  de  b  Féle-Dien,  la  procession  ao  son  des  \  iolons  ei  des 
tamiwrs.  La  TÎle  était  IrèsHiÎTisée  :  les  nns  pn^iaieni  prti  fiour  leor 
érêfse.  les  antres  déiesdaient  Fantorîté  de  M.  de  Cjitns.  Une  requête 
fA  néresw  an  conseil  dn  rcH.  en  1 752.  par  M.  Lonis  LeM.  ev^oe  de 
BelUéem.  fiov  iaire  établir  sa  jnridiction.  Le  conseil,  for;  emtairasse. 
ren«^«n  Fafam  an  knreaa  ecdésîasliqne  qni  b  communiqua  k  M.  de 
Cai4ns.  On  ne  voix  p^s  qn'on  t  sit  apporté  de  solaiion  sons  ce  pnelat, 
qne  r^n  mnah  en  bant  ben  à  voir  ectonré  de  diffccliés. 


-  .ad  A  ZTm:. 


CHAPITRE  m. 

M.  DE  COSDQKJEJ.  OT^  É\"È<ll"E  P^rXERRE. 

À  b  mort  de  M.  de  Canins  le  CStaf  iire  nomma,  en  Teitn  de  son 
Ht  de  répie  et  snîiant  b  disf^isition  des  saints  canons,  six  rîcaires- 
MIL  ^  baies  Hneu  (mnd-arcbidîacie  :  Jean-Andie  MicBot. 


et  TrviAt.  n.  ns.  En  ITSS  M.  4e  Cayins  luftîsi  M^leikwlicmfst  «n 
alerte  tS  i^^  €■  Asr,  |«r  M.  3e  Lmuciy. 
?S  T«y.  d  4ums  a  11  w  ér  M.  Sépaer.  p.  SU. 


\ 


CENT    QUATRIÈME    ÉVÊQUE    d'aUXERRE.  359 

chantre  ;  Jean-BapUste  Albéric  Chevalier,  pénitencier;  Fr.  Grasset  (1),  nsi  à  neo. 
Etienne  Housset  et  Robert  Viel,  prêtres  et  chanoines.  Cependant,  le 
conseil  d'Etat  avait  ordonné,  par  |)rovision,  que  les  scellés  seraient  ap- 
posés par  le  lieutenant-général  du  bailliage.  Le  Chapitre  forma  oppo- 
sition ,  mais  le  procès  ne  se  vida  que  sous  M.  de  Cicé. 

Pendant  la  vacance,  le  Chapitre  prit  différentes  mesures  d'adminis- 
tration. Il  pourvut  à  Tentretien  des  écoles  gratuites  de  plusieurs  lieux,  et 
principalement  de  celles  de  la  ville  d'Auxorre,  fondées  par  M.  deCaylus. 
Sa  sévérité  s'effraya  de  l'apparition  d'une  troupe  de  comédiens  dans  la 
ville  épiscopale,  et  il  lança  contre  eux  un  mandement  menaçant  qu'ils 
avaient  provoqué  un  peu,^du  reste,  en  apposant  leurs  affiches  jusque 
sur  les  portes  de  la  cathédrale.  Il  ordonna  aux  religieuses  hospitalières 
de  Gien  qui  avaient  été  depuis  peu  transférées  dans  la  maison  Jes 
Ursulines,  et  qui  n'avaient  pas  tardé  de  l'abandonner  à  cause  de  son 
insalubrité»  de  rentrer  dans  cette  même  maison  en  y  transportant  les 
malades  et  les  meubles  de  Thôtel-dieu.  Les  sœurs  réclamèrent  avec 
instance  et  les  médecins  attestèrent  la  vérité  de  leurs  dires.  Cependant, 
en  1770,  sur  de  nouvelles  enquêtes,  la  translation  fut  ordonnée  par 
M.  de  Cicé. 

Le  roi ,  las  des  tiraillements  intérieurs  que  les  querelles  religieuses 
causaient  à  son  gouvernement,  résolut  d'y  couper  court  une  fois  pour 
toutes.  Le  clergé  de  Paris  refusait  aux  jansénistes  malades  les  derniers 
sacrements  s'ils  ne  présentaient  pas  de  billets  de  confession.  Et  comme 
pour  en  obtenir  des  curés  il  fallait  adhérer  à  la  bulle ,  grand  était 
l'embarras  pour  les  appelants.  Le  parlement,  chose  étrange  à  notre 
point  de  vue,  fit  emprisonner  un  curé  qui  avait  cru  devoir  refuser  Tex- 


(1)  La  famille  Grasset  est  fort  ancienne  dans  le  diocèse  d'Auxerre.  On  la  trouve 
à  Auxerre  dès  le  commencement  du  xiu  *  siècle  ;  mais  à  coup  sûr  à  partir  de 
1523,  suivant  la  coutume  de  cette  ville.  M.  £saii  Grasset  était  alors  seigneur  de 
Corbelain,  en  Nivernais.  Ses  descendants,  très-nombreux,  ont  occupé  des  fonctions 
judiciaires  et  ecclésiastiques  dans  le  diocèse  et  le  comté  d*Auxerre>  jusqu'à  la  fin  du 
deniier  siècle.  M.  François  Grasset,  chanoine  de  la  cathédrale  et  Tun  des  vicaires- 
généraux  chargés  de  régir  le  diocèse  après  la  mort  de  M.  de  Caylus,  était  né  en 
1690.  Il  prit  une  grande  part  à  h  composition  des  livres  liturgiques  ordonnée  par 
M.  de  Caylus,  et  se  signala  aussi  par  son  dévouement  comme  administrateur  de 
lh(Uel-dieu.  Il  estmort  en  1761. 


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1754  b  1760. 


540  M.    DE    CONDORCRT, 

irême-onction  ;  on  vit  d'aulres  fois  les  exempls  escorter  le  saint-sacre- 
meot  qa'oD  portait  par  arrêt  aux  malades.  La  résistance  de  ce  corps, 
aox  ordres  daroi  sur  ce  point/ causa  son  exil.  Cependant,  Louis  XV 

i  espérant  le  ramener  par  la  douceur ,  consentit  a  son  rappel  et  donna,  en 

même  temps,  le  2  septembre  1754 ,  une  déclaration  qui  devint  célèbre 
et  par  laquelle  il  annula  toutes  les  poursuites  commencées  au  sujet  de 
la  bulle.  Le  bailliage  d'Âuxerre  enregistra  cet  acte  le  12  du  même 
mois  et  le  fit  afficher  dans  la^ville. 

M.  Jacques-Marie  de  Caritat  de  Condorcet,  évêque  de  Gap,  ancien 
officier  de  cavalerie,  neveu  de  M.  d*Yse  de  Saléon ,  évêque  de  Rhodez, 

I  [  fut  choisi  par  l'ancien  évêque  de  Mirepoix  pour  succéder  h  M.  de  Caylus. 

G*était  tout  l'opposé  de  ce  dernier.  M.  de  Condorcet,  d*un  commerce 
fort  agréable  et  d'une  exquise  politesse  dans  les  relations  ordinaires, 
aimant  un  peu  trop  l'apparat,  selon  un  historien  (1),  était  connu  par  son 
obéissance,  militaire  pour  ainsi  dire,  h  la  bulle.  Son  zèle  était  ardent 
et  ne  connaissait  point  d*obstacles.  Mais  le  clergé  de  son  nouveau  dio- 
cèse allait  lui  en  créer  de  sérieux. 

Nommé  k  Tévéché  d'Âuxerre  au  mois  de  juin  1754,  il  reçut  du 
Chapitre  une  lettre  pleine  de  déférence  où  ce  corps  rassurait  qu'il 
avait  confiance  que  Dieu  lui  donnerait,  eu  sa  personne,  un  évêque  selon 
son  cœur.  M.  de  Condorcet  répondit  de  manière  k  satisfaire  le  Cha- 
pitre. Ce  ne  fut  cependant  que  plus  de  six  mois  après,  le  28  janvier 
1755,  que  le  Chapitre  reçut  avis  de  l'arrivée  du  prélat.  Il  annonçait 
qu'il  envoyait  l'abbé  de  l'isle  pour  prendre  possession  de  l'église 
d'Aoxerre  en  son  nom.  En  effet ,  le  lendemain  l'abbé  présenta  au  Cha- 
pitre les  bulles  de  translation  de  M.  de  Condorcet,  de  Tévêché  de 
Gap  à  celui  d'Auxerre ,  et  prit  possession  à  l'issue  de  vêpres.  Deux 
heures  après,  M.  de  Condorcet  descendait  k  Tévêché.  Le  Chapitre, 
informé  de  son  arrivée  et  conduit  par  M.  Huet,  grand  archidiacre,  à  dé- 
faut d*un  doyen,  dont  il  était  privé  depuis  1746,  se  rendit  au  palais  le 
50.  La  réception  fut  assez  embarrassée  :  aux  protestations  de  dévoue- 
ment du  Chapitre,  l'évéque  répondit  assez  froidement,  tout  en  assurant 
de  ses  bonnes  intentions  et  de  ses  désirs  de  bonne  harmonie.  La  céré- 

(I)  Mémoires  sur  Gap. 


CENT   QUATRIÈME   ÉVÊQUË    d\uXERRB.  541 

moDie  d'inlronisalioD  eut  lieu  le  dimanche  suivant,  2  février,  par  1754  „  ^go. 
M.  de  Yillebreuil,  grand-archidiacre  de  Sens,  accompagné  de  deux 
chanoines  de  la  métropole.  Le  8  avril,  M.  deCondorcet  prêta  en  per- 
sonne serment  d'obéissance  à  son  métropolitain.  Le  premier  soin  de 
M.  de  Condorcet  avait  été  de  se  débarrasser  des  soucis  de  la  régie  et  des 
détails  de  l'administration  de  son  temporel.  Dans  cette  vue,  il  avait  fait 
un  bail  général  des  revenus  de  l'évéché,  le  20  janvier  1 755,  lorsqu'il  était 
encore  à  Paris. 

On  ne  tarda  pas  à  pressentir  les  dispositions  religieuses  du  nouvel 
évéque.  Il  refusa  d'abord  ,  sous  prétexte  qu'il  n'avait  pas  encore  d'ha- 
bit de  chœur,  c'est-à-dire  la  chape  et  le  camail,  d'assister  à  l'office  de 
la  Purification  dans  la  cathédrale.  Il  passa  le  carême  et  les  fêtes  de 
Pâques  à  Auxorre  sans  entrer  dans  son  église,  affectant  d'être  malade 
le  jour  de  cette  dernière  solennité.  Les  prétextes  pour  ne  pas  commu- 
niquer avec  ses  chanoines,  qu'il  regardait  tous,  à  l'exception  de  deux 
ou  trois,  comme  hérétiques  à  cause  de  leur  appel  de  la  Constitution, 
n'étaient  pas  difficiles  à  trouver.  Il  se  retrancha  surtout  sur  ce  que  le 
Chapitre  ne  lui  communiquait  pas  le  cérémonial  qu'il  devait  observer 
à  son  égard.  Cet  état  de  choses  devait  empirer  de  plus  en  plus. 

M.  de  Condorcet  se  voyant  entouré  de  toutes  parts  d'un  clergé  jan- 
séniste et  dans  un  diocèse  qu'on  appelait  le  refuge  des  pécheurs  (1), 
s'irrita  et  ne  sut  pas  toujours  garder  de  mesure  dans  ses  actes.  La  résis- 
tance qu'il  rencontra  redoubla  encore  son  impatience  et  le  poussa  à 
des  efforts  qui  marquaient  plus  de  zèle  que  de  prudence. 

L'abbé  de  l'isle,  abbé  de  Cloissone  au  diocèse  de  Gap,  et  doyen  de 
la  cathédrale  de  cette  ville,  nommé  son  vicaire-général  dès  le  surlen- 
demain de  son  arrivée,  servit  activement  &es  projets.  L'historien  de 
Fépiscopat  de  M.  de  Condorcet,  le  dépeini  sous  des  couleurs  fort 
noires  et  l'accuse  d'être  d'un  caractère  dur  et  inflexible,  voulant  tout 
faire  plier  sous  sa  domination.  L*établissement  d'un  registre  pour  la 
souscription  du  Formulaire^  parut  au  nouvel  évêque  une  des  premières 
choses  à  faire  pour  empêcher  les  progrès  du  jansénisme  dans  le  clergé. 


(1)  Les  prêtres  exilés  ou  qui  abandonnaient  les  diocèses  où  le  Jausénismc  était 
persécuté,  s'étaient  retirés  en  grand  nombre  dans  celui  d'Auxerre. 


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542  M.    DE    CONDOHCET, 

17:4  il  i76().  Mais,  comme  on  le  pense  bien,  les  chanoines,  pas  plus  que  les  curés  de 
la  ville,  ne  vinrent  y  apposer  leur  signature.  Les  Jansénistes,  renom- 
més par  la  pureté  de  leurs  mœurs  et  la  sévérité  de  leurs  principes, 
étaient  loin  d'être  disposés  à  céder  à  un  prélat  qui  voulait  détruire 
tout  d'un  coup  l'œuvre  de  son  prédécesseur  qu'ils  avaient  appris  a  vé- 
i  nérer  pendant  un  demi-siècle.  Leur  entêtement  d'ailleurs  était  d'autant 

plus  grand  qu'ils  étaient  plus  comprimés. 

Il  y  avait  en  exil,  à  Âuxerre ,  douze  vieux  prêtres  jansénistes  qu'il 
reçut  fort  mal  lorsqu'ils  vinrent  lui  rendre  visite ,  et  il  voulut  les  faire 
1  partir  de  son  diocèse.  Ils  obtinrent  cependant  du  ministre  la  permission 

de  rester  dans  cette  ville. 

Il  tenta  d'éloigner  '  son  Chapitre  de  l'office  annuel  de  l'Aumône 
générale,  institution  charitable  et  pieuse,  fondée,  comme  nous  Tavons 
vu,  par  M.  de  Caylus.  L'office  se  faisait  alternativement  un  dimanche 
dans  l'église  Notre- Dame-la-d'Hors,  et  le  dimanche  suivant  dans  celle 
de  Saint-Eusèbe,  en  présence  du  bureau  de  l'aumône  générale.  C'était 
alors  le  tour  de  l'église  Notre-Dame;  M.  de  Condorcet  fit  célébrer 
l'office  par  l'abbé  de  l'Isle,  assisté  de  prêtres  et  de  clercs  de  son  sémi- 
naire, ce  qui  scandalisa  beaucoup.  L'année  suivante  on  rétablit  l'ancien 
usage,  mais  l'évêque  n'y  parut  pas. 

Après  cela  ce  fut  le  tour  des  curés  des  paroisses  d'être  mis  à 
l'index.  L'évêque  fit  annoncer  des  catéchismes  dans  la  chapelle  du  sé- 
minaire, qui  devaient  être  suivis  de  communions.  Les  curés,  qui  se 
voyaient  enlever  un  de  leurs  plus  beaux  droits,  en  appelèrent  comme 
d'abus  et  obtinrent  un  arrêt  favorable  (1  ). 

La  révocation,  dans  le  délaide  deux  mois,  des  pouvoirs  de  confesser 
donnés  par  M.  de  Condorcet  à  des  prêtres  du  diocèse  d'Àuxerre,  bou- 
leversa surtout  les  paroisses  de  la  ville.  Les  PP.  Jésuites  et  des  moines 
d'Ordres  mendiants  remplacèrent  les  confesseurs  ordinaires.  Cette  me- 
sure est  l'objet  de  longues  lamentations  de  la  part  de  l'auteur  de  la 
vie  du  prélat  qui  y  est  tout  à  fait  opposé.  Les  chanoines  qu'elle  attei- 
gnait le  plus  directement  firent  part  à  l'évêque  des  plaintes  des  fidèles. 

(J)  Les  curés  de  la  ville  publièrent,  à  ce  su[et,  des  remontrances  à  l'évêque  où 
leur  résistance  est  nettement  caractérisée. 


I 

1  f 
I 


CENT    QUATRIÈME    ÉVÊQUE    D^UXERRE.  545 

Il  voulut  voir  les  confesseurs  ;  «  car,  disait-il  avec  raison ,  on  ue  doit  1754  ii  noo. 
pas  trouver  mauvais  que  je  connaisse  ceux  que  je  dois  approuver.  » 

Deux  de  ces  chanoines  s'élant  rendus  avec  assez  de  peine  àTévéché, 
la  conférence  ne  fut  pas  longue ,  le  prélat  leur  demanda  s*ils  voulaient 
démentir  la  Gazette  de  Hollande  qui  avait  dit  que  tous  les  chanoines  de 
la  cathédrale  d'Âuierre  étaient  appelants  a  l'exception  de  trois  seule- 
ment. Gomme  ils  refusèrent  pour  leur  compte,  révêque  ouvrit  brus- 
quement la  porte  et  les  congédia. 

Nous  ne  reproduirons  pas  tous  les  procès  que  suscita  Tesprit  réfor- 
mateur de  M.  de  Gondorcet  et  de  Tabbé  de  Tlsle.  Leur  objet  a  bien 
diminué  d'importance  pour  nous.  Ils  révèlent  cependant  dans  le  corps 
du  bailliage  et  dans  les  hautes  classes  de  la  société  la  présence  d'un 
parti  opposé  au  Jansénisme  qui  va  s'accroître  peu  à  peu,  de  manière  à 
diviser  plus  tard  la  ville  d'Âuxerre  en  deux  camps  presque  égaux. 

Un  fait  de  ce  genre  montrera  encore  l'espèce  de  relations  qui  exis- 
tait  entre  l'évéque  et  son  Ghapitre.  On  venait  de  publier,  sans  nom 
d'auteur,  les  œuvres  de  M.  de  Gaylus,  qui  étaient  une  protestation 
contre  les  actes  de  son  successeur.  Aussitôt  après  parut  un  volume 
intitulé  Supplément  aux  œuvres  de  M.  de  Caylus.  On  y  avait  réuni  tout 
ce  que  le  prélat  avait  composé  dans  le  commencement  de  son  épisco- 
pat,  en  faveur  de  l'adhésion  à  la  bulle  Unigenitus.  On  y  trouvait  aussi 
la  conclusion  attribuée  au  Ghapitre  sur  le  même  sujet,  en  1717. 
G'était  une  rude  réponse.  Aussitôt  le  Ghapitre  porta  plainte  au  bailliage 
contre  la  publication  de  la  conclusion  qui  semblait  émaner  du  corps 
entier,  tandis  qu'il  avait  été  reconnu  dans  le  temps  que  c'était  Tœuvre 
d'un  petit  nombre  de  chanoines.  Le  bailliage  prenant  la  chose  au  grand 
sérieux,  ordonna,  le  2G  mai  1755,  la  suppression  de  la  pièce  et  qu'il 
serait  informé  contre  ses  auteurs,  c  attendu  qu'il  s'agit  de  délit  contre 
»  l'ordre  public  et  de  contravention  à  la  déclaration  du  2  septembre 
»  1754.  » 

De  plus ,  sept  conseillers  durent  se  transporter,  séance  tenante ,  au 
Ghapitre  pour  faire  enregistrer  la  susdite  déclaration. 

Voici  un  échantillon  des  aménités  qui  s'échangeaient  entre  l'évéque 
et  le  Ghapitre.  M.  d'Aymard  ayant  été  nommé  pénitencier  en  1755, 
le  Ghapitre  dut  insérer  ses  provisions  dans  son  registre,  le  25  juillet, 


544  M.    DE    CONDORCET  , 

1754  il  1760.  Q^^îs  il  eut  soin  d'y  ajouter  qu'il  proleslait  contre  les  clauses  insolites 
qui  y  étaient  contenues  et  qui  concernaient  le  serment  prêté  au  formu- 
laire d'Alexandre  YI,  etc.  Les  protestations  sont  écrites  de  la  main 
de  M.  Frappier  et  signées  Potel,  Mignot,  Leroy,  Jodon  et  autres. 
L'appel  fut  donc  suivi,  mais  bientôt  après  un  arrêt  du  conseil  du 
21  août,  transcrit  sur  le  registre  par  l'huissier  Vassal,  ordonna  que 
ces  protestations  seraient  biffées. 

Un  mandement  pour  le  carême  de  1756  amena  de  nouveau  la  guerre 
entre  l'évêque  et  son  clergé.  M.  de  Condorcet  y  disait  aux  fidèles  : 
€  Gardez  l'unité ,  demeurez  inviolablement  attachés  aux  successeurs 
D  de  Pierre  et  au  corps  des  premiers  pasteurs,  en  ce  qui  concerne  la 
»  religion  n'écoulez  que  leur  voix,  d  Les  curés,  pasteurs  du  second 
ordre ,  se  regardèrent  comme  offensés  du  silence  que  l'évêque  affectait 
à  leur  égard.  Ils  refusèrent  de  publier  le  mandement  et  présentèrent 
requête  au  bailliage  qui  leur  donna  acte  de  leur  appel  comme  d'abus. 
Le  parlement,  k  qui  l'affaire  fut  déférée,  déclara  le  mandement  abusif 
et  ordonna  que  son  arrêt  serait  aiBché  dans  tout  le  diocèse;  ce  qui  fut 
exécuté. 

L'appel  comme  d'abus  avait  lieu  à  chaque  affaire  où  le  Chapitre  et 
l'évêque  se  trouvaient  en  présence.  C'est  ce  qu'on  vit  encore  à  propos 
des  prières  publiques  demandées  parla  ville  d'Auxerre  pour  obtenir  un 
temps  favorable  aux  biens  de  la  terre.  L'évêque  n'avait  pas,  comme  il 
était  d'usage,  consulté  son  Chapitre  avant  de  donner  son  consentement. 
Il  fallut  de  longs  pourparlers  avant  d'obtenir  une  solution. 

M.  de  Condorcet  essaya  aussi  de  réformer  la  manière  de  dire  la 
secrète  et  le  canon  de  la  messe  que  plusieurs  prêtres  lisaient  assez 
haut  pour  être  entendus  des  fidèles  assis  dans  le  chœur.  Le  Chapitre 
vit  dans  cette  ordonnance  une  atteinte  aux  rubriques  du  missel  auxer- 
rois  et  la  repoussa  :  nouvel  arrêt  intervint  qui  condamna  les  prétentions 
épiscopales. 

L'évêque  entreprit  alors  de  supprimer  le  catéchisme  de  M.  de 
Caylus  qui  était  en  usage  depuis  50  ans.  Nouvelle  résistance  du  clergé 
qui  porta  plainte  contre  les  PP.  jésuites,  dont  M.  de  Condorcet  favorisait 
les  missions  de  tout  son  pouvoir,  pour  contrebalancer  l'influence  des 
prêtres  jansénistes  dont  la  sévérité  éloignait  des  sacrements.  Les  appels 


CENT    QUATRIÈME    ÉVÊQUE  d'aUXERRE.  545 

comme  d^abas  surgissaient  de  tous  côtés ,  le  bailliage  et  le  parlement  yj^  ^  y^^ 
retentissaient  sans  cesse  des  plaintes  du  clergé  auxerrois.  L'historien  jan- 
séniste de  Tépiscopat  de  M.  de  Condorcet  lui  reproche  la  destruction 
du  collège  de  Yarzy  qui,  dit-il,  était  florissant  sous  la  direction  des 
professeurs  qu'y  avait  mis  M.  de  Caylus  et  comptait  plus  de  50  pen- 
sionnaires. Peu  de  temps  après  l'intronisation  de  M,  de  Condoreet,  ce 
changement  de  professeurs  fut  exécuté,  et  le  collège  tomba  bientôt  à 
rien. 

M.  de  Condorcet  persistait  à  ne  pas  avoir  de  rapports  avec  son  Cha- 
pitre lorsqu'une  lettre  du  roi,  du  mois  de  juillet  1756,  l'invitant  à  célé- 
brer un  Te  Deum  d'actions  de  grâces  de  la  prise  du  Port-Mahon ,  le 
jeta  dans  un  grand  embarras.  Il  ne  s'en  tira  qu'en  partant  brusquement 
de  Régennes  pour  Montélimart,  d'où  il  ne  revint  que  le  26  octobre 
suivant. 

A  son  retour,  le  Chapitre  alla  en  corps  le  complimenter,  et  M.  Mignot 
porta  la  parole  pour  lui  présenter  l'oiBce  de  la  Toussaint.  Son  discours 
roula  surtout  sur  le  bonheur  qu'aurait  le  Chapitre  de  recevoir  son 
évéque  dans  son  église  et  sur  l'ardent  désir  qu'il  avait  de  voir  l'union 
régner  entre  eux.  M.  de  Condorcet  accueillit  très-bien  les  députés, 
mais  il  ne  céda  pas.  Cependant,  le  jour  de  l'octave  de  la  fête,  il  an- 
nonça qu'il  assisterait  à  l'office  et  qu'il  voulait  prononcer  le  sermon.  La 
foule  accourut  aussitôt.  Après  un  exorde  sur  les  principes  de  la  foi  et 
la  soumission  due  à  l'Eglise,  il  attaqua  vivement  a  la  conduite  des  par- 
lements qui  envahissent  le  sanctuaire  et  portent  la  témérité  jusqu'à  faire 
donner  les  sacrements  aux  réfractaires.  >  Il  blâma  amèrement  ceux  qui 
avaient  recours  aux  tribunaux  séculiers  pour  se  faire  administrer  les 
sacrements  ;  enfin  il  conclut  par  une  excommunication  ipso  facto  contre 
ceux  qui  composeraient  ou  liraient  des  écrits  contraires  à  la  soumission 
due  à  la  bulle ,  contre  les  magistrats  qui  rendraient  des  jugements 
pour  faire  donner  les  sacrements,  et  contre  ceux  qui  auraient  recours  à 
cette  voie  pour  les  obtenir  (1). 

Nos  principes  de  liberté  des  cultes  nous  font  juger  aujourd'hui  que 


(1)  Procès-verbal  des  notaires  Duplessis  et  Heuvrard,  du  7  novembre. 


S46  M.    DE   CONDOBCBT  , 

1751  à  1760.  1^  droit  était  là  da  côté  de  Févéque.  Mais  en  4756  on  ne  voyait  pas  par- 
tout de  même.  Le  Chapitre  scandalisé  se  retira  et  protesta  contre  le 
mandement  épiscopal.  Il  en  appela  an  bailliage  tout  en  protestant  de 
son  respect  pour  son  évéque.  Le  bailliage  défendit  absolument  Fimpres- 
sion  du  mandement,  et  sa  publication  n'eut  pas  lieu.  Le  parlement, 
informé,  reçut  Fappel  comme  d'abus,  et  le  Chapitre,  de  son  côté, 
écrivit  au  ministre  d'Etat,  M.  de  Saint-Florentin  (1). 

Le  gouvernement  voulait  bien  que  les  Jansénistes  fussent  retenus 
dans  leurs  écarts,  mais  il  n*aimait  ni  le  bruit ,  ni  Téclat.  Les  procès 
continuels  que  M.  de  Condorcet  soulevait  à  chaque  pas  lui  valurent 
une  lettre  de  cachet  avec  invitation  de  se  rendre  à  Tabbaye  de  Vaului- 
sant.  Il  j  fut  conduit  par  un  exempt  de  la  prévôté  de  THôtel.  La  poli- 
tesse obligeait  le  Chapitre  de  lui  Lire  ses  compliments  de  condoléance, 
le  prélat  les  reçut  pour  ce  qu^ils  \alaient. 

L*eiil  de  M.  de  Condorcet  laissa  au  clergé  du  diocèse  un  peu  de 
repos.  L'abbé  de  Tlsle,  son  grand  vicaire,  n'osait  plus  prendre  sur  lui 
des  mesures  qui  auraient  amené  de  nouveaux  débats.  Quelques  discus- 
sions, à  propos  d'un  sermon  contre  la  prédestination  du  P.  Âubert, 
jésuite,  principal  du  collée,  occupèrent  Tannée  1757.  Après  une  année 
d'exil  environ,  M.  d^  Condorcet  revint  à  Auxerre  (6  décembre).  Le 
Chapitre ,  ponctuel  dans  Tobservaiion  des  formes ,  alla  lui  rendre 
visite  et  le  complimenter.  Après  vint  le  bailliage  auquel  il  devait  une 


(1}  Les  qocreHes;  sans  nombre,  de  FéTèqoe  avec  son  Chapitre ,  donnèrent  lien  k 
une  foole  de  pamphlets.  Il  v  en  aTait  on  fort  long  en  Ters,  sur  le  maoTais  ménage 
de  Jacques  (allusion  an  prénom  de  M.  de  Condorcet  )  et  de  sa  femme.  L'aateur  y 
exposait  Fobjet  des  débats  et  finissAÎt,  comme  de  raison,  par  donner  tort  k 
Jacques  qui ,  disait-on ,  Knttait  sa  femme.  Il  finissait  par  cette  strophe  : 

Il  a  menti  le  faiseur  d'èpigramme. 

Quand  il  nous  dit  que  Jacques  bat  sa  femme  ; 

Il  ne  se  peut ,  en  loici  b  raison  : 

C'est  que  pour  battre  il  faut  <^tre  en  présence , 

Et  celui-ci ,  depuis  son  alliance, 

N'est  point  entré  dans  la  maison  ; 

Ils  font  grand  bruit ,  mais  ce  n'esl  pas  merreille. 

La  cause .  au  Trai ,  s'en  découTre  en  un  mot  : 

Ici  réponse  è  son  ménage  veille ,   . 

Tandis  qu'an  loin  monsieur  mange  sa  doc. 


CENT   QUATRIÈME   ÉYÊQUE   d'aUXERRE.  547 

bonne  part  de  son  exil.  Il  fallut  de  part  et  d'autre,  dit  avec  raison  1754  k  neo. 
M.  Chardon  (1),  toutes  les  ressources  du  bon  ton  et  de  la  politesse  pour 
dissimuler  TembarraH  dans  lequel  on  se  trouvait. 

La  conférence  avec  le  (  hapitre  n'amena  aucun  résultat,  chacun  res- 
tant sur  son  terrain.  Le  Chapitre  essaya  encore,  la  veille  de  Noël,  de 
déterminer  Tévéque  à  venir  dans  son  église.  Mais,  après  une  nouvelle 
audience  ou  M.  de  Condorcet  s'exprima  avec  sévérité  sur  la  conduite  du 
Chapitre  et  surtout  contre  la  mémoire  de  M.  de  Caylus,  c^  qui  souleva 
de  la  part  des  chanoines  un  murmure  général ,  le  Chapitre  se  retira  sans 
plus  de  succès  que  la  première  fois  (2). 

Le  reste  de  Tépiscopat  de 'M.  di;  Condorcet  se  passa  dans  un 
état  de  lutte  sourde,  mais  continuelle.  Les  PP.  Jésuites  travaillaient 
avec  ardeur,  mais  non  sans  obstacles ,  dans  certaines  parties  du  dio- 
cèse, à  ramener  les  fidèles  dans  la  voie  de  l'Eglise  (5).  Les  Jansénistes 
leur  reprochaient  leur  grande  indulgence  approuvée  par  l'évéque  lui- 
même  (4),  et  les  cérémonies  populaires  par  lesquelles  ils  frappaient  l'es- 
prit des  habitants  des  campagnes.  La  ville  de  Gien ,  où  le  curé  de 
Saint- Laurent  les  accueillait  favorablement ,  fut  surtout  agitée  par  leurs 


(1)  Hist.  d'Auxerrc. 

(2)  y.  Recueil  de  Lettres  du  Chapitre  à  Mgr  Tévéque  d'Aiixerre,  in-12,  Bibliot. 
d'Auxerre,  n.  3032. 

(3)  A  Etais  et  dans  d'autres  villages  de  la  Puysaie.  En  1756,  les  curés  d*Entrains, 
deTreigny,  Lainsecq,  etc.,  les  assignèrent  au  bailliage  comme  ayant  entrepris  sur 
les  droits  des  curés,  en  faisant  faire  des  premières  communions.  Il  parut  en  cette 
année  des  tetlret  à  un  ami,  au  sujet  du  mandement  de  Tévêque  pour  les  missions 
dans  son  diocèse.  L'auteur  y  traite  les  travaux  des  jésuites  de  scandaleux,  et  voit 
un  grand  danger  dans  leur  propagation. 

(4)  On  Gt,  au  sujet  de  la  facilité  avec  laquelle  on  prétendait  que  M.  de  Condorcet 
accordait  les  ordres,  pourvu  qu'on  signât  le  formulaire,  les  mauvais  vers  suivants: 

Heureuse  église ,  Auxerre ,  lieu  charmant , 
De  ton  prélat  Tadresse  peu  commune , 
Rendra  bientôt  ton  pays  florissant. 
Il  ne  faut  plus ,  pour  y  fSkire  fortune , 
Que  deux  outils ,  la  plume  et  le  rasoir , 
En  griffonnant  sa  simple  signature , 
Tout  aspirant  y  prouve  son  savoir 
Et  les  barbiers  y  donnent  la  tonsure. 
*-  (V.  M>  du  chanoine  Blonde). 


548         JÊ.    BC   C09MMICCT,  CE3IT   Qt'AniDn  ÉTÉQCK   d'aCIEBBE. 

^  ij^  prédications.  La  majorité  des  chanoines  de  la  collégiale  étant  opposée 
aox  Jésuites .  il  éclata  nne  dirision  déplorable.  La  Tille  de  Donzr,  qui 
Tenait  de  perdre  son  cnré,  fot  également  exposée  ao  scandale.  On  TÎt 
on  nooTeaa  pasteor  refuser  les  sacrements  à  ooe  dame.  Le  bailliage 
d^Âoxerre  j  décréta  de  prise  de  corps  un  Ticaire;  le  même  Eut  ent  lien 
à  VarzT. 

En  4760,  M.  de  Condorcet  fit  b  Tisite  des  paroisses  de  son  dio- 
cèse. Il  essaja  encore  de  déraciner  Fesprit  janséniste  si  bien  implanté 
par  M.  de  Cajins.  Mais  les  curés  Ini  opposèrent  nne  force  d^inertie  io- 
TÎncible.  On  rapporte  qn^étant  à  Gien  etTisitant  Féglise  Saint-Lonîs,  il 
reçnt^  de  la  part  de  quelques  habitants,  des  plaintes  contre  leur  curé. 
Les  partisans  de  celui-ci  Toulurent  le  défendre.  De  tk  grand  brait  qui 
obligea  l'éTéque  à  se  retirer  touteffrajé  du  tumulte. 

Le  chanoine  Blonde,  dans  son  recueil  resté  manuscrit,  raconte  fort 
en  détail  h  réception  que  fil  le  prélat  aux  curés  de  Fouronnes  et  de 
FontenaiDes,  lorsqu'ils  conduisirent  à  G>orson,  pour  être  confirmées, 
quelquesHines  de  leurs  ouailles  seulement ,  tandis  que  le  curé  de 
Courson  en  amena  plus  de  300.  c  Voyons  ce  petit  nombre  d*élus  de 
Fontenailles  » ,  dit  ironiquement  TéTéque.  D  continua  dans  cette  dis* 
position  à  interroger  les  néophytes,  et  tança  Tertement  le  curé  de 
Fouronnes,  qui  soutenait  selon  lui  des  erreurs  condamnées  par  l'Eglise. 
A  Yermanton  ce  fut  encore  pis.  Le  curé ,  qui  était  zélé  janséniste,  fut 
rudement  mené,  ainsi  que  le  maître  et  la  maîtresse  d'école. 

Cette  tournée  fut  h  Tisite  d'adieu  de  M.  de  G>ndorcet.  Dése^>érant 
de  faire  aucim  bien  dans  le  diocèse,  il  songea  à  quitter  Auxerre  pour  le 
siège  de  Lisieux.  Cette  affaire  fut  traitée  dans  le  plus  grand  secret.  Le 
l"*  décembre  1760,  un  arrangement  fut  signé  entre  lui  et  M.  de  Gcé, 
éTéque  de  Trojes,  qui  dcTait  lui  succéder.  Le  ministre  j  donna  son  ap- 
probation. Ce  ne  fut  toutefois  qu'au  mois  de  mars  suÎTant  que  le  chan- 
gement fut  connu.  On  Terra  dans  le  chapitre  suiTant  comment  son 
successeur  fut  installé. 

Il  se  passa  diins  le  diocèse,  pendant  le  court  épiscopat  de  M.  de 
Condorcet ,  peu  de  faits  intéressants  concernant  les  communautés  reli* 
gieuses.  Le  50  juillet  4757,  le  Chapitre  cathédral  députa  quatre  cha- 
MÎMS  pour  »8Îster  k  b  pose  de  b  première  pierre  du  pont  de  CraTan. 


M.    DE    GICÉ,    CENT    CINQUIÈME    ÉVÉQUE    d'aUXERRE.  549 

Les  frais  de  cetle  cérémonie  coûtèrent  505  liv.  Ce  corps,  qui  ne  1754  ^  n^o. 
perdait  de  vue  aucun  de  ses  droits,  fit  encore  respecter  sa  juridiction  dans 
le  clottre ,  lorsqu'en  1759  les  oiBciers  municipaux  voulurent  y  exercer 
la  leur.  Ce  fut  dans  cette  même  année  qu'eut  lieu  la  pose  de  la  pre- 
mière pierre  de  la  nouvelle  église  du  monastère  de  Reigny.  Il  y  avait 
déjà  longtemps  que  l'ancienne  avait  été  ruinée  par  les  reilres  du  duc 
de  Bouillon.  On  y  avait  fait  quelques  réparations  depuis,  mais  l'infiltra- 
tion des  eaux  de  la  Cure  Tavait  complètement  dégradée. 


CHAPITRE  IV. 

M.  DE  aCÊ ,  CVe  ÉVÊQUE  D'AUXERRE.  * 

Jean-Bapliste-Marie  Champion  de  Cicé,  né  à  Rennes,  le  10  février  lîeosi  isoi. 
1725,  était  fils  d*un  membre  du  parlement  de  Bretagne.  Destiné  à  la 
carrière  ecclésiastique,  il  fit  ses  études  à  Paris,  où  il  prit  ses  grades 
successifs  jusqu'à  celui  de  docteur  en  théologie.  Le  cardinal  de  La 
Rochefoucaud  le  choisit  ensuite  pour  son  vicaire-général.  En  1758  il 
obtint  du  roi  Févéché  de  Troyes. 

On  a  vu,  dans  le  chapitre  précédent,  comment  M.  de  Condorcet 
quitta  le  siège  d'Auxerre ,  d'accord  avec  M.  de  Cicé.  Le  pape,  par  une 
bulle  du  14  des  calendes  de  mars  1760,  avait  nommé  M.  de  Cicé  à 
Auxerre.  Il  prit  possession  le  2  mars  1761.  Le  Chapitre  cathédral 
n'avait  été  prévenu  de  rien.  Lorsqu'on  apprit  que  le  nouvel  évêque 
était  arrivé  vers  midi,  au  palais  épiscopal,  accompagné  du  grand  archi- 
diacre de  Sens,  de  plusieurs  chanoines  de  cette  église,  de  l'abbé 
d'Osmond  et  d'un  notaire,  l'émoi  fut  grand.  Cependant,  le  grand- 
archidiacre  convoqua  le  Chapitre  pour  entendre  la  lecture  de  la  bulle 
qui  préconisait  M.  de  Cicé  en  qualité  d'évéque  d'Auxerre.- La  manière 
bienveillante  avec  laquelle  l'abbé  d'Osmond  s'exprima  envers  le  Cha- 
pitre fit  une  impression  favorable.  Après  que  l'abbé  se  fut  retiré,  on 
délibéra  longtemps.  Les  vieux  chanoines  jansénistes  se  révoltaient  des 


550  M.    DE    CICÉ, 

1700 il  1801.  {>rooédës  qu'on  avait  mis  daos  cette  affaire;  mais  c'était  la  suite  de 
l'état  de  suspicion  dans  lequel  le  Chapitre  était  k  la  cour  depuis  loog- 
teraps.  Cependant  M.  de  Cicé  était  en  règle  et  paraissait  disposé  à  faire 
constater  le  refus  qu'on  pourrait  lui  opposer.  Les  plus  tenaces  voulaient 
on  ajournement,  à  cause  du  manque  d'une  bulle  particulière  que  les 
papes  étaient  dans  Tusage  d'adresser  aui  Chapitres,  pour  leur  annoncer 
la  préconisation  d'un  nouvel  évéque.  M.  de  Cicé  promettait  cependant 
de  s'en  pourvoir  ultérieurement.  Enfin,  le  Chapitre  se  résolut,  sur  les 
instances  de  M.  Clément,  trésorier,  à  l'obéissance  aux  ordres  du  roi 
et  du  pape.  L'intronisation^eut  lieu  avec  les  cérémonies  usitées  (1).  Le 
serment  d'obéissance  dû  à  l'archevêque,  comme  métropolitain,  fut 
prêté  par  M.  de  Cicé,  le  29®  du  mois  même  de  son  installation  ;  il 
paya  400  livres  pour  le  droit  de  chapes  (2). 

Le  clergé  du  diocèse,  formé  avec  amour  par  M.  de  Caylus  dans 
l'esprit  janséniste,  avait  été  fort  attaqué  par  M.  de  Condorcet 
qui  avait  fini  par  renoncer  à  la  lutte.  M.  de  Cicé  va  s'y  prendre  plus 
adroitement  pour  arriver  à  désunir  et  à  amoindrir  ce  corps  compact  et 
puissant  dont  le  Chapitre  était  la  tête.  Doué  de  beaucoup  d'esprit  et 
de  finesse,  M.  de  Cicé  agissait  toujours  avec  la  plus  grande  prudence. 
L'histoire  des  principales  mesures  prises  sous  son  épiscopat  en  est  la 
preuve.  Il  savait  se  faire  des  partisans  par  son  affabilité  et  ne  tarda  pas 
ainsi  k  pouvoir  lutter  d'influence  avec  le  parti  janséniste. 

Les  vieux  jansénistes  qui  étaient  sur  leurs  gardes  s'aperçurent  de  ce 
changement  de  manœuvre  et  n'en  furent  pas  dupes.  Il  courût  alors 


(1)  Chardon,  t.  n,  ttOO. 

(8)  Voici  le  texte  du  «erment  prêté  par  l'évêqne  et  écrit  de  sa  main  sur  le  pré- 
cieux pontifical  métropolitain  qui  servait  à  cet  usage  depuis  le  xm"  siècle  : 

«  Ego  N.  Deo  et  sanctœ  matri  ecclesiae  Senon.  et  tibi  E.  ac  R.  P.  Paulo  d'Al- 
bert de  Luynes,  S.  R.  E.  cardinalis  Senonensis  archicpiscopo  ,  tuisque  successo- 
ribus  debitam  subjcctionem  et  obedientiam ,  ore  promitto  et  manu  propria  con- 
firme.  Actum  Senonis  super  altare  maiusejusdem  ecclesiae^annoDomini  1761,  die 
vero  mensis  martii  29. 

»  J.  B.  Episc.  Autiss.  » 

Ce  manuscrit,  qui  se  trouvait  en  1849  dans  la  collection  Tarbé,  a  été  acheté  par 
M.  de  Salis  de  Metz  et  emporté  du  pays  sans  qu'on  ait  fait  d^efTorts  pour  Tac- 
qucrir. 


CENT    CINQUIÈME    ÉVÊQUE    d'aUXERHE.  351 

one  certaine  fable  des  deux  chats^  dédiée  au  Chapitre  d'Auxerre,  qui  17^0  k  m». 
peignait  bien  les  procédés  sans  ménagement  et  aussi  infructueux  de 
M.  de  Condorcet,  auxquels  avaient  succédé  les  avances  doucereuses 
de  M.  de  Gicé,  qui  menaçaient  bien  davantage  Tindépendancedu  clergé. 

La  morale  de  la  fable  était  ainsi  conçue  : 

Gecy  s'adresse  à  vous,  prêtres  peu  clairvoyans, 

De  Condorcet  Thumeur  atrabilaire 

Vous  rendit  circonspects,  sages  et  prévoyans  : 

Mais  de  Gicé  la  douceur  mensongère 

Vous  charme  y  vous  enchante  et  vous  asservira. 

Ge  que  dans  sa  fureur  le  premier  n*a  pu  faire. 

En  vous  flattant  le  second  le  fera  (1). 

Cependant ,  dès  le  commencement  de  son  épiscopat ,  il  perdit  dans 
la  communauté  des  Jésuites,  un  levier  bien  puissant  sur  les  populations. 
Ce  corps ,  qui  luttait  depuis  un  siècle,  avec  des  alternatives  de  succès 
et  de  défaites,  contre  les  parlements  et  les  jansénistes  leurs  protégés, 
fut  atteint  dans  son  existence  par  deux  arrêts  du  G  aoât  1762,  de  ma- 
nière à  ne  pouvoir  s'en  relever.  La  passion  exalta  ses  ennemis  »  et  l'on 
est  surpris,  lorsqu'on  lit  les  considérants  qui  précèdent  sa  proscription, 
de  l'étrangeté  de  quelques-uns  des  motifs  donnés  pour  le  condamner. 
Quoiqu'il  en  soit,  on  exécuta  &  Âuxerre  l'arrêt  du  parlement  qui  ex- 
pulsait les  Jésuites  des  maisons  d'édtication.  Mais  il  surgit  de  cette 
question  une  cause  de  discorde,  entre  Tévêque  et  le  parti  janséniste,  qui 
dura  plus  de  douze  années.  La  commission  chargée  de  rendre  compte 
au  corps  municipal  de  l'état  du  collège ,  conclut  en  demandant  la 
réunion  de  tous  les  biens  des  Jésuites  à  cet  établissement  nouveau 
attendu  que  les  Pères  ayant  fait  vœu  de  pauvreté,  n'avaient  pu  acquérir 
que  pour  la  maison.  Les  revenus  étaient  estimés  à  7,669  liv.  Le  mé- 
moire critique  sévèrement  le  mode  d'enseigner  des  Jésuites  qui,  dit-on, 
en  sont  encore  aux  rêveries  d'Âristole  pour  la  philosophie.  Leurs  prin- 
cipes d'obéissance  absolue  à  l'église  romaine,  sont  l'objet  de  réflexions 
pea  favorables,  et  l'on  reconnaît,  dans  cette  pièce,  que  ses  auteurs 
étaient  de  fervents  élèves  de  M.  de  Caylus.  La  commission  conclut  à  ce 
que  le  collège  soit  remis  entre  les  mains  de  professeurs  séculiers ,  ce 

(1)  Extr.  du  Recueil  du  chanoine  Blonde. 


352  M.    DE   CICÉ  , 

176D  ï  1801.  quî  fat  adopté.  Le  parlement  aatorisa ,  par  arrêt  du  26  février,  le  corps 
monicipal  2i  traiter  en  conséquence.  Peu  de  temps  après,  le  5  avril, 
Tabbé  Magne,  ancien  oratorien,  prit  possession  du  collège  avec  le  titre 
de  principal.  Il  avait  avec  lui  un  sons  «principal  et  six  professeurs  de 
son  choix  et  qui  étaient  soumis  à  l'agrément  du  corps  municipal.  Leur 
traitement  s'élevait  k  5,450  liv.  par  an. 

Toute  cette  affaire  s'était  traitée  en  l'absence  de  Tévéque  dont  on 
craignait  l'opposition,  déj2i  manifestée  par  des  remontrances  de  son 
vicaire-général,  l'abbé  de  Cicé. 

Lorsque  le  prélat  fut  arrivé,  il  jugea  de  suite  qu'il  aurait  affaire  à 
forte  partie.  Il  offrit  de  faire  diriger  le  collège  par  les  Oratoriens  ou  par 
les  Doctrinaires,  auxquels  il  donnerait  six  prébendes,  si  le  Chapitre  y 
consentait. 

Mais  le  corps  municipal  repoussa  ses  propositions,  maintint  le  con* 
cordât  fait  avec  l'abbé  Magne  et  en  fit  ordonner  l'exécution  provisoire  par 
le  bailliage,  le  20  avril.  Il  arrêta,  en  outre ,  qu'à  Tavenir ,  tous  les 
professeurs  et  le  principal  lui-même,  seraient  pris  parmi  les  maitres-ès- 
arts  de  toutes  les  universités  du  royaume. 

M«  de  Cicé  ne  se  tint  pas  pour  battu  et  tourna  les  difficultés  qu'il 
rencontrait,  en  obtenant  d'abord  du  roi  un  édit  du  mois  de  février  1763, 
qui  réglait  l'administration  des  collèges.  L'article  6  qui  s'appliquait  k 
Auxerre  et  aux  autres  villes  où  il  n'existait  pas  de  parlement,  portait 
que  les  collèges  dirigés  par  des  séculiers  seraient  administrés  par  un 
bureau  composé  de  l'évéque  président,  du  premier  officier  de  la  justice 
royale ,  du  procureur  du  roi,  de  deux  officiers  municipaux,  de  deux 
notables  et  du  principal  du  collège.  Le  nouveau  bureau,  après  examen 
du  concordat  passé  avec  l'abbé  Magne,  l'approuva  malgré  les  efforts  de 
M.  de  Cicé  et  l'adressa  au  procureur-général.  Les  lettres-patentes ,  du 
iO  novembre  suivant,  qui  confirmaient  le  nouvel  établissement  du  col- 
lège, montrèrent  par  leurs  dispositions  que  l'influence  de  M.  de  Cicé  les 
avait  dictées.  En  effet,  en  vertu  de  l'article  10,  le  principal  et  les  pro- 
fesseurs devaient  être  maitres-es-arts  de  l'Université  de  Paris.  Celte 
condition  sapait  par  sa  base  le  concordat  qui  régissait  le  collège,  car  il 
n'y  avait  que  le  principal  qui  eût  le  grade  exigé.  Mais  le  parlement, 
bien  renseigné  sur  le  but  qu'on  se  proposait,  ayant  refusé  l'enregistre- 


mtiamt^tt    l'ji  ry^'r^i 


CENT   CINQUIÈME   ÉVÊQUE   d'aUXERRE.  555 

ment,  il  fallut  en  référer  au  roi  qui,  ayant  appris  les  motifs  du  refus,  y,^ ^  ^^^^ 
les  approuva  et  ordonna  que  les  lettres-patentes  ne  seraient  appliquées, 
dans  la  clause  relative  aux  grades,  qu'à  mesure  des  extinctions. 

Le  séminaire,  qui  était  devenu  entre  les  mains  de  M.  de  ('aylus  une 
pépinière  janséniste ,  fut  rétabli  comme  il  était  dans  son  origine,  et  la 
direction  fut  rendue  aux  Lazaristes.  L'évéque  complétait  ainsi  les  me- 
sures qu'il  prenait  sans  bruit  contre  le  clergé  janséniste. 

L'année  4762  vit  M.  de  Cicé  participer  à  plusieurs  actes  intéres- 
sants (1).  Il  consacra  solennellement  la  chapelle  du  collège  de  Clamecy. 
Il  témoigna  de  sa  sollicitude  pour  le  bien  des  pauvres  en  faisant  ac- 
corder à  l'hôpital-général  d'Âuxerre  une  somme  de  4,800  liv.,  sur  le 
revenu  annuel  de  la  fondation  de  M.  le  président  Cochet  de  Saint- 
Yalier,  pour  les  diocèses  du  royaume  et  pour  Tobjet  le  plus  utile.  Il 
(il  affecter  ce  don  au  paiement  des  travaux  de  l'église  qui  s'élevait  sur 
l'emplacement  de  la  chapelle  de  Notre-Dame-de-Lorette  et  qui  fut 
consacrée  le  28  jjuillet  17G4.  La  Société  des  Sciences  d'Auxerre  tenait 
souvent  des  séances  dans  son  palais  et  en  sa  présence.  Pendant  l'une 
de  ces  réunions,  Tévéque  annonça  l'intention  de  faire  reconstruire  le 
palais  épiscopal  et  d'en  affecter  une  partie  à  l'usage  de  la  Société. 
Mais  le  projet  ne  fut  pas  exécuté  (2). 

Il  avait  promis,  dès  la  première  visite  que  lui  fit  la  compagnie,  de 
la  faire  ériger  en  académie  royale  ;  mais  les  divisions  qui  s'élevèrent 
entre  lui  et  les  principaux  membres,  MM.  Mignot,  Potel,  Moreau  et 
autres,  tous  anciens  partisans  de  M.  de  Caylus,  lui  firent  ajourner  in- 
définiment sa  promesse.  La  Société,  qui  s'était  adjoint  comme  mem- 
bre correspondant  M.  de  Livry,  premier  commis  du  ministère  de  la 


(1)  L'année  précédente,  il  dvait  sévèrement  réprimandé  la  supérieure  des  Béné- 
dictines de  Saint-Fargeau,  pour  sa  désobéissance  au  sujet  d'un  confesseur  qu'il  avait 
retiré  à  sa  communauté  et  qu'il  avait  remplacé  par  M.  Brûlé ,  duycn  de  Saint- 
Fargeau.  Après  une  admonestation  solennelle  où  les  sœurs  sollicitèrent  à  genoux 
le  pardon  de  leur  supérieure ,  il  accorda  la  gr&ce  de  cette  dernière.  -*  Arch.  de 
l'Yonne  1761. 

(2)  M.  de  Cicé  fit  reconstruire ,  au  commencement  de  son  épiscopat,  le  château 
de  Régennes  dont  il  ne  reste  plus  de  vestiges.  C'était  un  vaste  bâtiment  flanqué  de 
deux  ailes.  —  Voy*  l'Annuaire  de  l'Vonne  de  1840. 

II  25 


354  M.   DB  CIۃ, 

17G0  i  1801.  maison  du  roi,  comptait  sur  sa  protection  pour  obtenir  le  titre  qu^elle 
sollicitait  ;  mais  le  crédit  de  M.  deCicé  empêcha  le  succès,  et  au  com- 
roencement  de  4772,  la  Société,  au  milieu  des  grands  débats  que  sus- 
cita dans  la  ville  l'édit  du  51  mai  1765,  sur  Toi^anisation  des  muni- 
cipalités, se  vit  frappée  de  suspension  par  ordre  du  roi.  Ses  séances 
n^ont  pas  été  reprises. 

I  La  division  la  plus  grande  régnait  alors  dans  la  ville  d*Auxerre. 

j  Les  querelles  religieuses  entre  les  jansénistes  et  les  partisans  des 

jésoiles  s'étaient  transportées  sur  le  terrain  civil.  Les  premiers,  défen- 
seurs des  doctrines  de  M.  de  Caylus  et  soutiens  du  parlement ,  avaient 
encore  une  grande  majorité  dans  le  corps  municipal  et  dans  le  bail- 

!  liage  ;  ils  avaient  reçu  le  surnom  de  Latins.  Les  autres ,  gagnés  par 

M.  de  Cicé ,  suivaient  les  ordres  de  la  cour  dans  sa  lutte  contre  les 
parlementaires;  on  les  avait  surnommés  les  Grecs.  L'occasion  leur 
parut  belle  lors  du  changement  de  la  loi  qui  réglementait  les  munici- 
palités, pour  expulser  leurs  adversaires  de  Tbôtel-de-ville  ou  ils  irô- 

j  naient  depuis  longtemps. 

-  On  verra,  dans  l'histoire  civile,  le    récit  de  ces  débals  auxquels 

M.  de  Cicé  dut  prendre  une  grande  part,  sous  peine  de  voir  Tantique 
autorité  de  Tévèque  disparaître  dans  sa  ville  capitale. 

En  1765,  le  sieur  Crespin,  prédicateur  du  sermon  du  lundi  de 
Pâques ,  dans  la  cathédrale ,  fut  la  cause  d'un  débat  entre  Tévéque  et 
son  Chapitre.  Il  s'agissait  d'opinions  émises  sur  la  nécessité  de  la  fré- 
quente communion.  Le  Chapitre  n'y  entendait  pas  raillerie.  L'évéque 
soutint  son  prédicateur,  poussa  le  Chapitre  et  se  plaignit ,  dans  une 
visite  que  lui  firent  des  députés,  de  la  conduite  de  leurs  confrères.  Il 
voulut  qu'ils  lui  laissassent  par  écrit  ce  qu'ils  étaient  chargés  de  lui 
dire;  mais  ils  s'y  refusèrent.  L'évêque  donna  à  M.  Crespin  un  certi- 
ficat sur  l'orthodoxie  de  son  sermon.  Celui-ci  en  demanda  Tinseriion 
dans  les  registres  du  Chapitre  qui  s'y  opposa  ;  mais  il  résulte,  des  dis- 
cussions que  cette  affaire  souleva,  que  l'évêque  avait  acquis  dans  ce 
corps  un  certain  nombre  de  partisans. 

L'affaire  de  la  régale,  reprise  et  abandonnée  tour  à  tour  par  les  oiTi- 
ciers  du  roi ,  qui  ne  perdaient  pas  volontiers  de  leurs  prérogatives, 
avait  été  l'objet  de  nouvelles  instances  à  la  mort  de  M.  de  Caylus. 


\ 


CENT   CINQUIÈME   ÉVÊQUE   d'aUXERUE.  355 

Malgré  les  arrêts  du  23  mars  1513  ci  du  16  jai^vier  1555,  qui  nooji  isoi. 
établissaient  le  droit  du  Chapitre,  le  parlement  avait  reçu  ,  le  18  fé* 
vrier  1762,  l'opposition  du  procureur-général.  L'évéque  et  le  Chapitre, 
appuyés  sur  une  consultation  de  six  avocats  célèbres  du  parlement,  se 
pourvoient  en  cassaiion.  Alors  le  conseil  d'état,  par  arrêt  du  21  mars 
1763 ,  ordonne,  sans  avoir  égard  aux  procédures,  que  les  parties  plai- 
deront directement  à  la  grande-chambre  comme  avant  l'arrêt.  L'ins- 
tance continua  ainsi  jusqu'en  1766,  où,  après  plusieurs  remises,  l'af- 
faire fut  enfin  retirée  du  rôle,  et  l'église  d'Anxerre  est  demeurée  en 
possession  de  son  droit  qui  était  jadis  très-important,  mais  dont  l'exer- 
cice ne  devait  plus  avoir  lieu. 

Le  15  janvier  1766,  M.  de  Cicé  célébra  un  service  solennel  pour  le 
dauphin,  auquel  il  invita  tous  les  corps  constitués.  Les  frais  de  cette  cé- 
rémonie furent  supportés  par  la  ville,  ainsi  que  cela  avait  déjà  eu  lieu , 
en  171 1 ,  pour  le  grand-dauphin,  et  en  1715  pour  Louis  XIV  (1).  Le 
13  novembre  de  la  même  année,  il  consacra  M™^  Henriette  de  Thyard, 
en  qualité  d'abbesse  des  Bernardines  des  Iles. 

Le  Chapitre,  qui  venait  de  faire  faire,  avec  sept  médailles  d'or  lé- 
guées par  l'abbé  Lebeuf ,  une  châsse  pour  les  reliques  de  saint  Germain, 
avait  appris  avec  un  vif  intérêt  l'intention  où  était  M.  de  Cicé ,  de  faire 
procéder  à  la  vérification  des  reliques  du  saint  qui  étaient  toujours 
sous  les  scellés.  Sept  commissaires,  parmi  lesquels  étaient  MM.  Clément 
et  Potel  f  furent  députés  auprès  de  l'évéque ,  pour  lui  témoigner  du 
grand  désir  du  Chapitre  sur  cet  objet  (1767).  On  ne  voit  pas  que  cela 
ait  abouti  à  une  solution  quelconque ,  soit  que  Févêque  ait  hésité  de 
crainte  d'erreur,  soit  autrement. 

Il  a  été  question  plusieurs  fois,  dans  le  cours  de  ces  Mémoires,  des 
tentatives«d*usurpation  de  pouvoirs,  faites  parles  évêques  de  Bethléem. 
En  1769,  M.  de  Quélen ,  alors  titulaire  de  cet  évêché  inpartibus ,  en- 
treprit, après  quatorze  années  d'épiscopat,  de  ressusciter  les  anciennes 
prétentions  à  la  juridiction  ecclésiastique  dans  la  chapelle  et  le  bourg 
de  Pantenor  ou  de  Bethléem  \k  Clamecy.  Il  s'y  rendit  au  mois  de  mai, 
accompagné  de  cinq  ecclésiastiques,  en  institua  un  grand-archidiacre  et 

(1)  Reg.  du  Chapitre,  17G6. 


556  M.    DE  CICÉ, 

1760  i  18*1.  vîcaire-géDéral  cl  on  autre  secrétaire  de  son  évficlié.  Il  fil  ensuite  deux 
ordinations  et  annonça  qn'il  viendrait  l'année  suivante  ordincr  ceux 
qui  se  présenteraient  régulièrement.  L'évëque  d*Auxerrc  ne  pouvait 
laisser  passer  cet  empiétement  sans  protester.  Ce  fut  Tobjct  d*une  ins- 
tance dont  la  suite  ne  nous  est  pas  connue  (1). 

M.  de  Cicé  avait  compté  avec  raison  sur  le  temps  pour  triompher 
du  parti  janséniste.  A  mesure  que  la  mort  le  délivrait  des  principaux 
chefs  du  Chapitre,  il  renouvelait  par  des  éléments  anti-jansénistes  ce  corps 
puissant  par  ses  lumières  et  ses  richesses.  M.  Mignol,  grnnd-chanlre, 
mourut  le  11  mai  1770.  C'était  un  des  plus  marquants  des  chanoines 
et  des  collaborateurs  de  M.  de  Caylus.  Il  légua  au  Chapitre  sa  biblio- 
thèque» composée  de  3,000  volumes.  Le  choix  de  son  successeur 
souleva  des  diflBcultés  sans  nombre.  L'abbé  Letellier,  élu,  ne  voulut 
signer  le  formulaire  qu'avec  des  réserves  subtiles,  et  en  promettant 
seulement  une  soumission  de  respect  et  de  discipline  par  rapport  au 
fait  de  l'attribution  des  cinq  propositions  au  livre  de  Jansénius.  De 
là  refus  de  l'évéque  d'approuver  l'élection.  Douze  chanoines  avaient 
même  protesté  contre  ce  choix  (2).  M.  de  Cicé  nomme  de  son  chef 
M.  Gaudet  h  la  dignité  de  chantre.  Le  Chapitre  refuse  de  rinstaller. 
Deux  notaires  y  suppléent  et  le  parlement  Maupeou  Vy  maintient  par 
arrêt ,  malgré  les  protestations  du  Chapitre. 

M.  Vaultier  avait  été  pourvu  du  lectorat,  en  1769,  après  la  mort  de 
M.  Créthé.  M.  Lorieux  remplaça  M.  Carrouge,  sous-cliantre,  en  1771 . 
L'archidiacre  dePujsaie,  M.  Dettey,  le  panégyriste  de  M.  de  Caylus, 
mourut  en  1775 ,  et  M.  Huet ,  grand-archidiacre,  en  1779.  Il  y  avait 
toujours  un  point  grave  qui  demeurait  depuis  1746  sans  solution, 
c'était  l'élection  du  doyen.  A  la  prise  de  possession  de  M.  de  Cicé,  le 
Chapitre  avait  fait  des  instances  auprès  de  lui  pour  qu'il  sollicitât  la 
levée  de  Tinterdit  porté  par  la  cour.  Dans  les  premières  années  du  règne 
de  Louis  XVI ,  la  question  fut  remise  sur  le  tapis.  En  1778,  M.  Frap- 
pier  proposa  d*adresser  un  mémoire  au  ministre.  Le  Chapitre  ajourna 
ce  projet  qui  fut  repris  en  1780.  Il  faisait  valoir,  auprès  de  M.  Amelot 


(!)  Arch  de  r Yonne.  —*  évêchéde  Bethléem. 

(2)  M.  Frappier  fit  h  ce  sujet  un  discours  qui  fut  imprimé. 


wr-rT».MC 


CENT   CINQUIÈMB   ÉVÉQUE   d'aUXERRE.  557 

et  de  M.  de  Maurepas^  les  ioeonvéoients  de  l'état  de  choses  où  il  se  trou-  neo  k  isoi. 
vait  et  la  nécessité  où  il  était  d'avoir  un  chef  stable ,  le  C  hapitre  étant 
composé  de  six  dignitaires  et  de  cinquante-deux  chanoines.  M.  de  Cicé 
appuya  la  requête,  et  la  défense  d'élire  un  doyen  fut  enfin  levée.  L'élec- 
tion de  ce  chef  du  Chapitre  était  une  grande  affaire  ;  elle  dura  trois 
jours,  et  M.  de  Robien ,  chanoine  d^Âuxerre  et  prêtre  breton ,  rem- 
porta enfin  sur  M.  Delard ,  son  concurrent.  L'évéque  ayant  mis  dans 
l'acte  de  confirmation  quelques  mots  qui  déplurent  au  Chapitre ,  on  y 
fit  des  réserves. 

Les  vicissitudes  que  la  politique  et  les  intrigues  locales  apportaient 
dans  le  personnel  du  corps  municipal  d'Auxerre,  devaient  se  refléter  sin- 
gulièrement sur  le  bureau  d'administration  du  collège  qui  était  à  sa 
nomination.  En  1772,  les  Grecs  ayant  triomphé  dans  la  municipalité, 
changèrent  le  bureau  et  atteignirent  cinq  des  professeurs  que  la  décla- 
ration du  parlement  de  1764  avait  protégés  jusque-1^.  Ils  eurent  le 
sort  des  Jésuites  et  furent  évincés  avec  une  mince  indemnité.  Ne  pou- 
vant expulser  les  autres  maîtres  et  notamment  l'abbé  Leroi ,  principal, 
on  résolut  de  s'en  défaire  par  un  procès  criminel.  Leur  esprit  janséniste 
fut  la  cause  principale  de  leur  proscription.  On  les  accusa  de  faire  lire 
à  leurs  élèves  de  mauvais  livres ,  tels  que  l'histoire  de  Port-Royal,  la 
vie  du  diacre  Paris ,  les  Nouvelles  eclésiastiques ,  etc.  On  ajouta  qu'ils 
tenaient  des  assemblées  nocturnes  et  avaient  introduit  des  femmes  dans 
le  collège.  Le  bailliage,  renouvelé  depuis  peu,  après  la  création  du 
parlement  Maupeou,  accueillit  avec  passion  les  dénonciations  ano- 
nymes portées  contre  ces  professeurs.  Deux  d'entre  eux ,  les  sieurs 
Hautefage,  sous-principal,  et  Lefranc,  maître  de  quartier,  furent  dé- 
crétés de  prise  de  corps,  et  le  principal»  l'abbé  Leroi ,  assigné  pour 
être  ouï.  Le  parlement,  renchérit  sur  ces  préliminaires,  décréta  tous 
les  accusés  de  prise  de  corps  et  y  comprit  encore  deux  des  professeurs 
renvoyés  par  le  bureau  précédent. 

Les  accusés  prirent  la  fuite,  et  la  procédure  suivie  contre  eux  fut 
poussée  activement.  Le  14  août  1772,  il  intervint  une  sentence  du 
bailliage  qui  déclara  tous  les  accusés  c  véhémentement  suspects  d'avoir, 
»  par  une  association  criminelle,  combiné  un  plan  d'éducation 
»  dangereuse  et  pernicieuse ,  tendant  a  former  ^  dans  la  jeunesse  con- 


17(30  h  1801. 


358  M.    DB   CICÉ, 

»  fiée  à  leurs  soins,  un  esprit  d'insubordination  et  de  révolte  contre 
»  toole  aotorité  ;  »  et  en  conséquence,  et  après  Ténoncé  des  crimes  im- 
putés particulièrement  à  chacun,  condamna  les  sieurs  Haulefage  et 
Lefranc  au  fouet,  h  la  marque  et  aux  galères  h  perpétuité,  et  Tabbé 
Leroi  au  bannissement  perpétuel  et  à  la  confiscation  de  ses  biens.  Trois 
autres  professeurs  furent  Clément  atteints  plus  ou  moins  gravement 
par  la  sentence.  L'exécution  eut  lieu  en  effigie,  par  la  main  du  bour- 
reau qui  attacha  la  sentence  sur  un  écriteau  planté  au  milieu  de  la  place 
des  Fontaines ,  et  les  sergents  la  publièrent  dans  tout  le  ressort  du 
bailliage. 

Un  contemporain  de  cet  événement  rapporte  qu'à  cette  nouvelle  la 
consternation  fut  générale.  En  effet,  la  vengeance  du  parti  grec  était 
atroce  et  rien  ne  peut  la  justifier.  M.  Chardon  essaie  d'en  atténuer  la 
cruauté  en  expliquant  la  situation  des  juges  qui  condamnaient  des  con- 
tumaces et  qui  étaient  à  cette  époque  trop  servilement  attachés  a  Taxiôme 
des  criminalistes  :  fuga  fugimlem  eondemnat.  Mais  ce  moyen  ne  peut 
être  accepté  quand  on  connaît  l'esprit  de  parti  qui  dirigeait  le  bailliage 
dans  cette  affaire.  M.  de  Cicé  ne  fui  nécessairement  pas  étranger  à  la 
poursuite  des  professeurs  du  collège.  Il  avait  la  présidence  du  bureau 
d'administration ,  et  les  coups  qui  leur  étaient  portés  n'auraient  eu 
aucune  force  sans  Tavis  de  ce  corps. 

Le  changement  des  professeurs  ne  se  restreignit  pas  à  Auxerre 
seulement.  M.  de  Cicé  profita  de  la  circonstance  pour  remplacer  ceux 
des  petits  collèges  de  Varzy,  Clamecy  et  La  Charité.  Il  prit  aussi  h  cette 
époque  des  mesures  pour  la  surveillance  des  écoles  primaires.  Une 
sentence  du  bailliage  d'Âuxerre,  du  14  août  1773,  homologua  un 
règlement  sur  cet  objet.  Il  fut  défendu  à  toutes  personnes  d'enseigner 
sans  approbation  et  sans  en  avoir  justifié  devant  les  officiers  de  justice. 
Le  parlement  confirma  d'abord  cette  sentence  le  25  février  1774,  puis 
l'annula  le  15  janvier  1776. 

L'heure  de  la  réparation  ne  tarda  pas  k  sonner  pour  les  victimes  de 
la  vengeance  du  bailliage  et  du  parti  grec.  Deux  des  professeurs, 
MM.  Ricard  et  Gendrot,  les  moins  maltraités,  avaient  déjà  obtenu 
leur  acquittement  du  parlement  Maupeou.  Lorsqu'à  la  mort  de 
Louis  XV,  au  mois  de  novembre  1774,  ce  corps  fut  renversé  et  l'an- 


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CENT   CINQUIÈME   ÉVÉQUB   D*AUXERRE.  559 

cieo  parlemcni  rétabli,  les  autres  professeurs  purgèrent  leur  coolamace 
cl  obtinrent,  le  20  juillet  1775,  une  sentence  du  bailliage  du  palais 
qui  déclara  fausses  et  calomnieuses  les  accusations  portées  contre  eux. 
Le  parlement  confirma  ce  jugement  le  28  janvier  suivant  et  autorisa 
les  accusés  a  prendre  à  partie  M.  Marie  de  Saint-Georges,  procureur 
du  roi,  pour  avoir  donné  les  conclusions  adoptées  dans  la  sentence  de 
1775,  ainsi  que  les  sept  juges  qui  Pavaient  signée;  MM.  Leroi  eiNavier 
furent  rétablis  dans  leurs  fonctions;  et  tout  ce  qui  avait  été  fait  au  collège, 
fut  regardé  comme  nul. 

Le  Chapitre,  qui  n*avait  pas  vu  d'un  bon  œil  toutes  ces  persécutions, 
rendit  à  MM.  Leroi ,  prébende ,  et  Hautefage ,  semi-prébendé ,  les 
fruits  de  leurs  bénéfices.  L'abbé  Leroi  reprit  aussi  possession  du  collée. 

Cependant  le  triomphe  du  parti  latin  ne  fut  pas  de  longue  durée. 
M.  de  Gicé ,  n'ayant  pu  se  rendre  maître  de  la  direction  du  collège, 
obtint  du  ministre  un  changement  considérable  dans  sa  destination. 
Au  moment  de  la  rentrée  des  classes  de  l'année  1776,  parut  une  dé- 
claration du  roi  qui  l'érigeait  en  école  royale  militaire,  et  peu  de  jours 
après  line  deuxième  déclaration  en  confia  la  direction  aux  Bénédictins 
de  la  congrégation  de  Saint-Maur,  à  compter  du  1®^  décembre  1777. 
Ces  Pères  firent  revivre  les  antiques  écoles  de  Saint-Germain  et  orgat-- 
nisèrent  des  cours  complets  d'études.  Soixante  élèves  y  étaient  entre- 
tenus aux  frais  du  trésor  royal ,  et  sous  leur  administration  il  se  forma 
des  sujets  qui  devaient  être  un  jour  la  gloire  de  leur  pays  (1). 

La  nécessité  du  récit  nous  a  obligés  de  négliger  plusieurs  faits  d'admi- 
nistration épiscopale  que  nous  allons  réunir  ici. 

En  1768  fut  célébré  solennellement  l'anniversaire  séculaire  de  l'ex- 
pulsion des  Huguenots  de  la  ville  d'Âuxerre.  Le  journal  de  Verdun,  du 
mois  de  mars  1769,  rapporte  qu'après  la  procession  il  y  eut  h  rbôte' 
de  ville  un  souper  de  40  couverts ,  auquel  assista  M.  le  comte  de 
Sparre,  maréchal  de  camp,  qui  fixait  sa  résidence  dans  cette  ville  (2)« 


(1)  Fourier,  secrétaire  perpétuel  de  1* Académie  des  sciences,  Da vous t ,  prince 
d'Ekmutil,  ont  fait  leurs  études  à  l'école  militaire. 

(2)  C'est  lui  qui  fit  construire  |  en  1761 ,  dans  le  faubourg  Saint-Gervais,  la  jolie 
maison  qui  porte  son  nom. 


1700  il  1801. 


360  M.    DE   CICÉ  , 

rm  »  1891.  I^  Chapitre  fit  distribuer  800  livres  de  pin  aax  pavres.  Il  y  Tint  an 
cooeonrs  înimense  des  pjs  Toisins ,  et  Foo  porta  à  ^,000  le  Booibre 
des  assstants  k  la  cérémooie. 

M.  de  Cicé  nomma,  en  1779 ,  M.  Fabbé  de  Poiignac,  cbanoine  de 
h  caihédnde,  son  vicaire-général  (Il  devint  évéqne  de  Meau  en  1779). 
La  transbtion  dn  titre  dn  priearé  de  Saint-Nicolas  de  ReveiBon ,  pa- 
roisse de  Saint-Cjr-lès-Entrains,  dans  féglise  proissiale  de  cette  ville, 
ent  lien  b  même  année. 

Les  registres  de  Tévèché  noos  apprennent  qae  M.  Vaoltier,  vicaire- 
général,  fit,  le  5  janvier  1777,  b  trandation  des  reliqoes  de  saint 
Marien  el  des  antres  saints  renfermés  dans  les  crjptes  de  Tégiise  Saint- 
Germain.  Le  procès- verbal  du  50  joillet  1665,  qoi  s*j  trouva,  serrit 
de  gnide.  Le  20  avril  suivant ,  il  visita  la  ch&sse  de  saint  Vigile  qni 
était  intacte.  Il  j  avait  alors  19  ossements.  En  1779,M.  deGcé 
ajant  obtenu  de  h  libéralité  dn  roi  h  commande  de  Tabbaje  de  Mo- 
lesme,  le  Chapitre  loi  envova  faire  compliment.  Le  2  novembre  1781, 
b  chapelle  de  Bois-d'Arcj  fut  ér^ée  en  snccnrsale  snr  h  demande  des 
habitants  trop  élo^nés  d'Arcj,  leur  paroisse  primitive.  Cette  ménw 
année,  H.  de  Cicé  avait  chargé  le  cnré  de  Breugnon  de  s'entendre 
avec  les  autorités  de  h  ville  de  Chmecj  pour  remédier  aux  abus  des 
processions.  Mab  ce  dernier  répondit  qu^il  différait  cette  réforme,  à 
cause  de  h  discorde  qui  régnait  dans  b  ville  (1).  La  transbtion  du 
titre  du  prieuré  de  Saint-Sauveur  eut  lieu  pr  M.  de  Cicé ,  en  b  chn- 
pelle  de  b  Vierge  de  l'église  puroissiale,  le  26  août  1 7S5.  L*éiat 
malsain  et  humide  de  Fancienne  é^isedu  prieuré  avait  forcé  D.  Rosmau, 
abbé  de  Saint-Germain,  k  demander  ce  changement*  On  interdit  b 
^pelle  de  Duenne  Tannée  suivante. 

Les  rebtioBs  de  Tévéque  arec  son  Chapitre  avaient  toujours  quelque 
dMMe  de  froid  et  de  contraint.  M.  de  Cicé  n'assistait  pas  souvent  aux 
oBces  de  b  cathédrale  pendant  les  grandes  fêtes.  Son  absence  de  h 
ftle  de  Noël  1781  détermina  le  Chapitre  k  Finviter  très-instamment, 
très-respectueusement  k  s*j  rendre  a  TaTcnir.  il  ne  donna  qu^en 


■MMkMHHitfMàétfSUMMMii 


CENT    CINQUIÈME   ÉVÊQUE   D^AUXERUE.  561 

1784  l'ornement  complet  qu*il  devait  à  son  ^lise,  et  après  de  longs  yj^^  isoi. 
pourparlers. 

Pendant  les  premières  années  de  Tépiscopat  de  M.  de  Cicé,  le  Cha- 
pitre catbédral  occupa  Tactiviié  de  ses  principaux  membres  à  des  choses 
plus  utiles  et  plus  durables  que  les  misérables  querelles  qui  l'agitaient 
sous  M.  de  Condorcet.  On  dressa  alors  la  quatrième  collection  des 
Statuts  capilulaires,  qui  résumait  les  précédentes,  et  qui  fut  homologuée 
par  le  parlement  le  15  février  17GG. 

Dès  1744,  frappé  des  difformités  considérables  que  les  constructions 
parasites  causaient  dans  sou  église,  le  Chapitre  avait  fait  abattre  le  grand 
jubé  qui  coupait  la  vue  du  chœur,  et  Tavait  remplacé  par  deux  petits 
ambons  placés  de  chaque  côté  des  piliers  d'angle.  Le  projet  de  décorer 
le  sanctuaire  de  la  cathédrale  dans  le  goût  moderne,  était  depuis  long- 
temps dans  Tesprit  des  chanoines.  M.  de  Cicé,  consulté,  y  avait  donné 
son  approbation.  Après  de  mûres  délibérations ,  on  adopta  un  plan 
général  de  décorations  fait  par  M.  Ledoux^  architecte.  Tout  en  détrui- 
sant plusieurs  monuments  d'antiquité  regrettables  (  1  ) ,  et  notamment 
plusieurs  tombeaux,  nous  devons  louer  le  Chapitre  de  la  sobriété  et  de 
la  simplicité  qui  présida  aux  travaux  exécutés  de  1767  à  1772.  On 
éleva  alors  les  belles  grilles  du  chœur  et  des  bas-côtés,  le  maitre-autel 
et  l'autel  des  fériés  qui  est  derrière.  Les  anges  qui  portent  les  candé- 
labres du  maitre-autel  furent  l'objet  de  longs  et  vifs  débats.  M.  Clé- 
ment, trésorier,  qui  résidait  à  Paris ,  s'employa  longtemps  auprès  des 
artistes  chargés  des  sculptures.  M.  de  Cicé  consacra  solennellement  le 
maltre-autel  et  celui  des  fériés,  le  21  avril  1772.11  plaça  dans  le  premier 
une  partie  du  devant  de  la  tête  de  S.  Jacques-le-Mineur,  que  J.  Amyoty 
avait  mise  en  1576,  et  dans  le  second,  qu'il  dédia  à  S.  Pèlerin,  une 
parcelle  de  la  tète  de  ce  saint,  rapportée  de  Bouhy  en  1716. 

Les  chapelles  des  transepts  furent  également  restaurées ,  et  on  y 


(1)  On  Tendit  en  1776  les  magnifiques  tapisseries  données  au  seizième  siècle  par 
révéque  Baillet,  et  que  Louis  XIV  avait  admirées.  Elles  ne  servaient  plus  depuis 
les  nouvelles  dispositions  du  chœur.  Elles  furent  achetées  par  TIIôtel-Dieu  qui  les 
possède  encore.  # 


% 


*■ 


4 


362  M.    DE   CICÉ, 

x7»  »  mi.  P^  àtQi  tableau,  de  S.  Michel  el  de  S.  Jcao-Bapitsle,  qa  od  y  foii 

encore  (1). 

Le  Cbapîire  araîl  fait  démolir  aussi,  eo  1768,  réoonne  slalnc  de 
S.  Cbristophe  qoî  s'élcTait  à  reotrée  de  h  nef.  Toos  ces  graods  iravaux 
■^aiaieoi  po  s'exécuter  qu\  1  aide  de  ressources  extraordinaires.  On  j 
dépensa  160,000  livres  produites  par  la  rente  des  coupes  de  h  forêt 
deMenj-Vanx. 

Tandis  que  le  Chapitre  faisait  ainsi  travailler  dans  sa  cathédrale, 
r^isede  Saint-Germain  tombait  en  ruines.  Le  9  mai  1770,  le  portail 
qui  formait  une  masse  considérable,  s^écroula  par  suite*de  Taflaissement 
de  h  voAte  intérieure.  On  rc|tara  assez  mal  ce  domm^.  Sept  ans 
)  après,  les  moines  firent  reconstruire  le  bas-côté  nord  de  la  nef  par 

1  M.  Albespejre. 

Les  écoles  de  Saint-Charles  d^Auxerre  n^avaient  pas  la  sympathie 
de  M.  de  Cicé  ;  mais  le  Chapitre,  et  notamment  son  trésorier  et  plusieurs 
carés  jansénistes ,  les  soutenaient  pr  des  sacrifices  personnels  et  ^ 
Taide  des  souscriptions  de  cette  association  que  dès  lors  la  malignité 
publique  avait  désignée  sous  le  nom  de  la  6oiCe  à  Perreîte.  En  1765, 
j  ces  écoles  s^étaient  étendues  dans  les  divers  quartiers  ;  elles  formaient 

t  trois  classes  dirigées  par  huit  frères,  et  recevaient  -100  enfants.  Elles 

;  se  soutinrent  de  cette  manière  jusqu*a  h  révolution,  pendant  laquelle 

l  elles  forent  supprimées. 

I  Eo  1771,  le  Chapitre  trouvant  Toccasion  de  témoigner  de  la  sym- 

l  pathie  au  pariemeot,  envoya  MM.  Frappicr  et  Moreau  visiter  deu\ 

conseillers,  MM.  d'Outremoot  et  Dupuis  exilés,  Tun  ^  Cravan,  el  Tautre 

il  Sainl-Bris. 
ê*  Trois  ans  après,  b  situation  équivoque  ou  demeuraient  bon  nombre 

des  chanoines  leur  valut  un  compliment  a  double  sens  de  la  part  de 
^  1  archevêque  de  Sens ,  que  le  Chapitre  en  corps  avait  été  visiter  à 

i^évêché,  le  19  avril  1714.  Le  prélat  exhorta  la  compagnie  à  la  paix  et 

k  la  soumission  envers  TÊglise.  Les  chanoines  entachés  de  jansénisme 

se  récrièrent  comme  on  le  pense  bien.  M.  Frappier  surtout  alla  loin. 

Cependant,    après    beaucoup    de   paroles,    et  sur   l'attestation    de 

^f  )  Le  second  tableau  est  de  M.  Lagrence  jeune  -*  Aegbt.  Cap  ,  année  1787. 


CENT    CINQUIÈMB   ÉVÊQUE   d'aUXERRE.  365 

M.  Vaultier,  vicaire  général  de  M.  do  Cicé,  que  son  snpérieur,  quoique  ^^  ^  ^^^^ 
présent,  avait  été  étranger  à  la  réponse,  le  Chapitre  se  calma. 

Différents  symptômes  montraient  de  temps  en  temps  que  si  les  jan- 
sénistes avaient  perdu  du  terrain  au  Chapitre,  ils  y  avaient  encore  de 
l'autorité.  Si  d*un  côté  M.  Ducreuz  adressait  de  la  part  de  M.  Hautefage 
l'édition  nouvelle  qu'il  venait  de  faire  des  Œuvres  complètes  d'Arnaud 
«  que  le  Chapitre  acceptait  avec  reconnaissance  (1782)  >  M.  Poitevin, 
chanoine,  donnait  pour  Ta  bibliothèque  la  deuxième  partie  de  l'histoire 
du  peuple  de  Dieu  du  P.  Berruyer,  à  quoi  M.  Frappier  répondait  par  les 
instructions  de  Mgr  Tévéque  de  Soissons  et  par  le  bref  du  pape  Clément 
XIII,  qui  condamnent  ce  livre.  A  celte  époque  la  bibliothèque  du 
Chapitre,  formée  dès  le  temps  de  Lebeuf,  enrichie  successivement  par 
les  dons  de  MM.  Potel,  Huet  et  autres  chanoines,  avait  pris  un  grand 
développement.  Un  chanoine  était  spécialement  préposé  à  sa  conser- 
vation et  au  prêt  des  livres  (1). 

Mais  d'un  autre  côté»  Tesprit  de  désordre  s'était  glissé  dans  le  Cha- 
pitre. Le  sieur  Parisot,  sous-chantre,  entré  dans  les  ordres  malgré  lui, 
se  livrait  à  des  écarts  fâcheux  pour  la  discipline  (2).  Plusieurs  autres 
jeunes  chanoines  suivaient  cet  exemple.  Un  semi-prébendé,  nommé 
Monteix,  originaire  d'Auvergne,  après  quelques  années  d'exercice, 
renouvelant  les  vieilles  prétentions  de  quelques-uns  de  ses  devanciers, 
s'avisa  d'attaquer  les  privilèges  et  prérogatives  des  hauts  chanoines,  et 
publia  en  1786  un  mémoire  virulent  contre  ce  qu'il  appelait  leucs 
usurpations.  Après  un  long  procès  le  bailliage  et  le  parlement  lui 
donnèrent  gain  de  cause.  Ces  contrariétés  occupèrent  sérieusement  le 
Chapitre.  Mais  l'orage,  qui  grondait  depuis  longtemps  sur  la  société 
ancienne,  allait  bientôt  faire  disparaître  tous  ces  petits  débats  dans  un 
danger  commun.  L'ordre  religieux,  ébranlé  par  l'esprit  du  siècle,  avait 
contribué  lui-même  à  sa  ruine.  Malgré  les  efforts  de  quelques  prêtres, 
animés  du  véritable  esprit  catholique ,   on  voyait  s'étendre  dans  les 


(1)  Elle  était  de  plus  de  6,000  volumes. 

(2)  11  racheta  plus  tard  ce  que  sa  conduite  avait  eu  de  regrettable  dans  sa  jeunesse. 
L'exil  le  retrempa.  11  mourut  dans  une  tempête  sur  les  côtes  d'Irlande,  en  reve- 
nant en  France  sous  le  Ifiactoire. 


1700^  1801. 


564  M.    DB   CICÉ, 

corps  religieux  ce  mouvemeol  de  décadence,  indice  é?ideol  d'un  mai 
profond. 

Le  clei^é  du  diocèse  d'Âuxerre  n*y  étail  pas  étranger  ;  nous  venons 
de  le  Toir  par  le  grand  Chapitre.  Le  clergé  régulier  était  également 
frappé  de  celte  maladie.  Depuis  deux  siècles  que  la  plupart  des  abbayes 
d^hommes  étaient  données  en  commande,  et  servaient  de  dotation  aux 
cadets  des  grandes  familles  entrés  dans  les  ordres,  le  nombre  des 
moines  diminuait,  la  règle  s'y  affaiblissait.  Pontigny  était  devenu 
célèbre  ï  la  fin  du  dix-huitième  siècle  par  Télégance,  la  galanterie  et  les 
prodigalités  de  son  avant-dernier  abbé,  D.  Chanlatte,  qui  mourut  en 
1788,  en  laissant  le  monastère  endetté  de  400,000  livres.  Le  zèle  reli- 
gieux était  bien  refroidi,  et  le  temps  était  loin  où  Ton  comptait  les 
moines  de  Pontigny  parmi  les  plus  savants  des  enfants  de  S.  Bernard. 

Le  noviciat  ne  donnait  plus  qu'un  petit  nombre  de  candidats,  même 
dans  les  plus  grands  monastères.  Un  édit  du  mois  de  mars  1768, 
réglementaire  des  ordres  religieux,  entreprit  leur  réforme  matérielle. 
Les  maisons  durent  être  composées  dorénavant  de  quinzo  religieux  au 
moins  pour  les  monastères  non  réunis  en  congrégations ,  et  de  huit 
pour  les  autres.  Il  fut  interdit  au  môme  Ordre  de  conserver  plus  d'un 
monastère  dans  chaque  ville  (u  bourg,  à  moins  que  toutes  les  maisons 
de  l'Ordre  ne  fussent  au  complet,  ou  que  ce  ne  fût  parla  permission  du 
roi*  L'édit,  provoqué  h  cet  effet  par  M.  Loménie  de  Brienne,  archevêque 
de  Toulouse,  puis  de  Sens,  amena  peu  de  résultats.  Les  réformes  admi- 
nistratives, en  matière  religieuse,  n*ont  jamais  rien  produit. 

Les  principales  maisons  religieuses  du  diocèse  suivaient,  comme 
nous  Tavons  dit,  le  courant  de  la  décadence.  On  ne  comptait,  de  1780 
â  1790,  à  Pontigny,  que  douze  à  quinze  moines,  le  même  nombre 
St-Germain,  à  Reigny  sept,  h  Saint-Laurent  deux;  les  Ordres  mendiants 
étaient  aussi  peu  nombreux. 

L'abbaye  Saint-Germain  avait  seule  montré  un  peu  de  distinction 
dans  cet  abaissement.  Le  cours  de  philosophie  créé  en  1695  |)our 
douze  novices,  s'était  augmenté,  dix  ans  après,  de  Tétude  delà  théologie. 
Des  jeunes  gens  de  la  ville,  qui  voulaient  s'initier  à  cette  haute  science, 
s'y  faisaient  inscrire.  C'était  comme  un  souvenir  lointain  des  anciennes 
écoles  de  Saint-Germain. -D.  Viole,  D.  Fouruier,P.  Bastide,  D.  Vidal 


CENT   CINQUIÈME    ÉVÊQUE   d'aUXERRE.  565 

marquèrent  pendant  les  deux  derniers  siècles  parmi  leurs  confrères.  17^0  ^  isoi. 
Ils  furent  suivis  par  les  professeurs  de  Técole  militaire,  \k  la  tète  desquels 
fut  placé  le  digne  D.  Rosman.  Quelques  collégiales  n'étaient  pas 
non  plus  dans  un  état  financier  très  prospère.  Dès  1779,  M.  de  Cicé 
projetait  de  réunir  au  séminaire  celle  de  Cosne ,  qui  n'avait  plus  que 
2,000  liv.  de  revenus,  c*qui  ne  pouvait  suffire  aux  chanoines.  La 
pauvreté  du  Chapitre  de  la  Cité  d'Auxerre  ne  lui  permettait  pas  de  re- 
lever son  église;  ses  chanoines  voulaient  transférer  leur  office  dans  la 
chapelle  de  Notre-Dame-des-Yertus ,  ruinée  en  1780,  mais  que  le 
grand  Chapitre  devait  faire  rebâtir.  Ce  projet  ne  fut  pas  exécuté,  non 
plus  que  celui  de  M.  de  Cicé,  qui  voulait  les  loger  sous  la  voûte  de 
rentrée  du  palais  épiscopal.  Les  chanoines  de  Gien ,  tombés,  par  suite 
de  nombreux  procès,  dans  un  état  de  gêne  irrémédiable,  étaient  me- 
nacés d'une  saisie  générale  de  leurs  revenus.  L^évéque  étant  à  Paris, 
les  autorisa  à  emprunter  15,000  liv.  pour  faire  face  à  leurs  dettes. 

Les  grandes  abbayes  de  femmes  se  soutenaient  mieux.  En  1 780  Saint- 
Julien  comptait  25  religieuses,  les  Bernardines  des  Isles  19,  Crise- 
non  15,  les  Clarisses  de  Gien  29.  Les  communautés,  fondées  depuis  le 
xvu®  siècle  avec  un  but  d'ulililé  sociale  déterminé ,  étaient  remplies  de 
ferveur.  Dans  les  unes  on  se  livrait  à  l'éducation  des  filles  pauvres  et 
au  soulagement  des  malades;  dans  les  autres,  on  recevait  les  demoi- 
selles de  grandes  maisons.  A  Auxerre ,  les  Ursulines ,  les  Visitandines 
comptaient  chacune  plus  de  50  religieuses;  les  Providenciennes,  12; 
les  Bénédictines  de  Saint-Fargeau  étaient  encore  15. 

Néanmoins,  il  régnait  dans  plusieurs  de  ces  maisons  un  défaut 
d'ordre  matériel  qui  tendait  peu  à  peu  à  amener  leur  ruine.  Les  supé- 
rieures dépensaient,  à  Fenvi  de  leurs  devancières ,  les  ressources  du 
couvent.  Les  recettes  étaient  toujours  dépassées  ;  les  travaux  de  bâtisse 
étaient  le  défaut  favori  de  ces  dames.  La  chambre  générale  du  clergé 
avait  reconnu  le  mal  et  voulait  y  porter  remède  en  supprimant  certaines 
maisons  pour  en  relever  d'autres  plus  utiles.  C'est  ainsi  que  celle  de 
Crisenon  fut  très-menacée,  en  1776,  par  M.  de  Cicé  qui  voulait  (1)  la 


(1)  On  rapporte  que  lors  de  la  visite  de  Tévêquc  à  Crisenon  dans  laquelle  il  in- 
terdit de  recevoir  des  novkcs,  une  des  anciennes,  la  sœur  Thérèse,  se  jeta  à  ses  pieds 


366  M.   DE   CICÉ  , 

1760  il  1801.  réonir  k  câlle  des  Iles  dont  la   gêne  était  graode.  La    dernière  ab- 
beftse ,  H"^  du  Mouchet ,  parvint  à  la  restaurer. 

La  situation  financière  des  corporations  religieuses  du'  diocèse  pré- 
sente, au  moment  de  la  révolution,  un  chiffre  instructif.  Le  pouillé  de 
1781 ,  formé  d'après  les  déclarations  gég^alement  amoindries  ou 
déjà  un  peu  anciennes  des  établissements^î) ,  porte  les  revenus  à 
572,000  liv. ,  sur  quoi  il  y  a  109,000  liv.  de  chaires.  On  peut  croire 
ce  dernier  chiffre  exact.  Mettons  le  premier  au  double  :  ce  sera  donc 
un  million  de  rente  que  possédaient  les  corps  religieux  des  deux  sexes, 
dans  le  diocèse,  à  la  fin  du  dernier  siècle.  Il  faudrait  y  ajouter  le  revenu 
de  rOrdre  de  Malte,  qui  n^avait  qu'un  commandeur  à  Âuxerre,  et 
celui  des  210  curés  pour  avoir  un  aperçu  du  total  des  revenus  du 
clergé.  Le  don  gratuit  et  autres  impositions  prélevé  sur  tout  le  clei^é, 
n'avait  pas  varié  depuis  un  siècle  et  s'élevait ,  en  1780,  à  59,560  liv., 
suivant  le  compte-rendu  de  l'évéque  au  bureau  de  la  chambre  ecclé- 
siastique (2). 

Les  dernières  années  de  Tépiscopat  réel  de  M.  de  Cicé  furent  mar- 
quées par  plusieurs  faits  importants ,  indices  des  grandes  réformes  qu'il 
voulait  opérer.  En  1783,  sur  la  demande  du  Chapitre,  il  réduisit  le 
nombre  des  fondations  qui  était  considérable  et  sans  proportion  avec 
les  revenus  qui  y  étaient  attribués.  En  1634,  M.  S^ier  les  avait  déjh 


et  lui  dit  :  «  Mgr  vous  ne  nous  quitterez  pas  sans  nous  dire  comme  Dieu  à  nos  pre- 
mier parents  :  ereicUe  et  mulliplieamini.n  Je  m'en  garderai  bien,  ma  chère  sœur! 
s^écria  M.  de  Cicé. 

(1)  Nous  avons  comparé  les  états  de  revenus  présentés  aux  districts  en  1790,  pour 
servir  à  dresser  les  pensions  des  religieuses,  avec  Tcstimation  du  pouillé,  et  nous 
avons  reconnu  que  certaines  maisons  n'avaient  pas  déguisé  le  chiffre  de  leurs  reve- 
nus en  1781;  pour  d'autres  il  y  a  différence  d*un  tiers  ou  de  moitié  :  ce  qui  tient 
peut-être,  comme  nousTavons  dit,  à  la  date  déjà  ancienne  des  déclarations. 

(3)  Une  remarque  qu'on  n'a  pas  assez  faite  à  l'égard  des  richesses  des  commu- 
nautés religieuses,  c'est  que  leurs  rentes  en  argent  ont  toujours  été  en  diminuant 
de  valeur  à  mesure  qu'on  se  rapprochait  des  temps  modernes,  et  que  par  là  leurs 
ressources  se  sont  réduites  à  proportion.  Ainsi,  beaucoup  de  communautés  avaient, 
auxiv»  et  au  xv«  siècle,  donné  leurs  biens  à  rentes,  perpétuelles,  souvent,  dans  les 
villes,  à  charge  d'y  bâtir.  Or,  la  valeur  de  l'argent  ayant  successivement  diminue 
d'une  manière  sensible,  une  livre  de  rente  qui,  au  pouvoir  de  l'argent  valait  400 
francs  au  uv*  siècle,  ne  représentait  plus  que  deux  francs  an  xvnr. 


CENT    CINOUIÈMB   ÉV&QUB   d'aUXERRE.  367 

dimiouées  et  les  avait  réglées  à  une  seule  par  semaine  non  empêchée  17eo.i1  isoi. 
et  à  une  messe  basse.  En  1762,  il  y  avait  57  anniversaires.  Le  tablean 
de  réduction  n*en  porte  plus  que  59  parmi  lesquels  on  en  reconnaît  de 
fort  anciens,  tels  que  ceux  de  Robert  Âbolanz,  de  la  maison  de  Cour- 
(enay,  de  Bargedé  et  de  plusieurs  évéques. 

Le  Chapitre  de  Gien  séplignant  aussi  de  ses  fondations,  M.  Ârrault, 
chanoine,  fut  chargé  d*examiner  sa  réclamation  (1786). 

Un  acte  d'administration  publique  auquel  M*  de  Gicé  contribua 
efficacement ,  fut  Tinlerdiction  des  anciens  cimetières  de  la  ville 
d^Âuxerre.  Le  7  décembre  1784,  il  ordonna  la  suppression  immédiate 
de  ceux  des  paroisses  Notre-Dame-la-d*Hors ,  Saint-Loup  et  Saint- 
Pélerin;  ceux  de  Saint-Pierre-en-Château,  Saint-Eusèbe  et  Saint- 
Pierre-en-Vallée,  durent  servir  encore  jusqu'au  1*^  janvier  1786. 
L'insuffisance  de  ces  cimetières  était  reconnue  depuis  longtemps. 

Pendant  le  cours  de  sa  visite  pastorale,  au  mois  d'août  1785, 
Tévêque  ordonna ,  sur  la  demande  du  Chapitre  Sainte-Eugénie  et  des 
oflBciers  municipaux  de  Yarzy,  que  la  treizième  prébende  de  cette  col- 
légiale, vacante  par  la  mort  du  titulaire,  serait  attribuée  au  principal  du 
collège,  conformément  à  l'ordonnance  d'Orléans.  Jusque-là,  par  un 
abus  toléré  mal-à-propos,  le  principal  ne  jouissait  pas  de  cette  pré- 
bende ;  seulement,  les  treize  chanoines  s'imposaienjt  de  manière  à  lui 
faire  un  équivalent.  En  1787,  pour  pourvoir  au  traitement  du  curé  et 
des  vicaires  perpétuels  qui  desservaient  la  paroisse  depuis  1644,  le 
Chapitre  de  Yarzy,  vu  la  modicité  de  son  revenu,  obtint  de  Tévéque 
Textinction  de  la  trésorerie  devenue  vacante  et  l'union  de  la  moitié  des 
revenus  à  la  cure. 


—  Cette  loi  inévitable  s'est  encore  fait  sentir  aussi  directement  sur  les  dotations 
en  rentes  en  argent,  faites  au  xii«  et  au  xin«  siècle,  par  les  nobles  qui  plaçaient  leurs 
filles  dans  les  monastères,  ou  qui  y  fondaient  leur  anniversaire. 

Telle  rente  de  5  liv.  qui  représentait  800  fr.  au  mv  siècle  ne  comptait  plus  que 
poursa  valeur  nominale  en  1780.  Les  censives  ont  suivi  le  même  décrobsement. 
Les  guerres  civiles  du  xvi«  siècle  ont  aussi  appauvri  beaucoup  do  maisons.  Il  n*y 
a  donc  que  celles  qui,  comme  Pontigny,  Saint-Germain,  le  grand  Chapitre,  avaient 
leurs  dotations  en  biens-fonds  considérables,  qui  ont  vu  grandir  leurs  richesses  en 
raison  même  du  progrès  des  temps;  de  manière  que  ce  qu'elles,  perdaient  d'un  côté 
elles  le  retrouvaient  de  Pautre. 


r 

» 


I 


4 


368  a.  DE  ace, 

n«  1  i»i.  I^  Qupiire  calfaëdral,  qui  éprooTait  Jepois  quelques  aoDées  des 
tncasseries  de  b  |iart  dos  semi-prébeDdés,  lesquels  s'absenuieDl  soo- 
▼ent  et  faisaieot  mal  leor  serfice,  araii  résolu  de  les  remplacer  par  des 
prêtres  habitués.  On  décida  h  coDversioo  du  titre  de  semi-prébeodé 
eu  commissions  simples  et  réTocables.  Ce  changement  considérable, 
eséajé  en  1784  et  auquel  M.  de  Cicé  étaA  très-disposé ,  ne  fol  pas 
définitiTcment  réalisé. 

M.  le  comte  de  Chastellui  devait ,  à  b  Toussaint  de  Tannée  1 786 , 
prendre  possession  de  son  canonicat.  L'évêque  en  avait  été  préveDo  et 
le  Chapitre  préparait  le  cérémonial  accoutumé,  lorsqu'on  apprit  que  la 
mdadie  de  M"*  de  Civrac ,  sa  belle-mère ,  lui  faisait  ajourner  soo 
projet. 

Une  aflaire  de  peu  d^intérét  en  apparence ,  mais  qui  révèle  la  silua- 
lion  des  partis  religieux,  se  passa  en  1787.  M.  Villetard,  chanoine 
résignataire  de  la  trésorerie  du  grand  Chapitre,  de  la  part  de  M.  Clé- 
ment, dernier  titulaire,  n'avait  pu  obtenir  à  Rome  ses  provisions,  ii 
cause  de  son  refus  de  signer  le  formulaire.  H  en  appela  comme  d'abos 
an  parlement  qui  ordonna  à  Févéque  de  lui  délivrer  ses  titres.  Refus 
de  M.  Closet,  vicaire-général.  Deux  notaires  constatèrent  le  fait  et  ont 
conservé  les  dires  de  M.  Villetard,  c  qui  s\Uonne  qu'on  veuille  encore 
lui  £iire  donner  une  signature  non  exigée,  même  pour  rex|iédition  des 
brevets  des  bénéfices  \  la  nomination  du  roi  ;  »  mais  ce  fut  en  Tain 
quil  réclama,  Tévéque  n'était  pas  disposé  à  céder  devant  Tentêtement 
du  parti  I). 

An  mois  d'avril  1788,  la  mort  de  M.  Salomon*  curé  de   Saint* 
Renobert ,  qui  était  regardé  comme  un  saint  par  les  jansénistes  ^  leur 


f;  Les  JanséDistes  aTaicnt  encore  de  Gdèles  sooliens;  voici  un  exemple  qui  proa-> 
▼cra  jnsqo^à  quel  point  des  hommes  sensés  poussaient  U  ténacité  et  h  conviciîon. 
L*abl>é  Dupuj,  qui  mourut  directeur  de  rhôpital  général  en  1791.  Gt  son  teslanent 
en  1766  à  Tâge  de  83  ans,  et  n'v  changea  pas  on  mol  depuis.  Il  y  proleste  ao  nom 
de  Dieu  «coolre  le  monstrueux  décrel  surpris  au  premier  de  ses  vicaires,  le  8  septem 
bre  I7f  3.*  fl  déclare  en  avoir  appelé  au  conseil  œcuménique.  Il  confesse  Icsmirades 
du  diacre  Paris,  de  pinsieurs  desquels  il  assure  avoir  élé  Inî-méme  lémoin  et  il  fiait 
en  témoignant  de  son  dévouement  an  Saint>Siége.  ~  Archiv .  de  FIlîMel-Dien 
d'Auxcrre,  $  U,  L.  2. 


CENT    CINQUIÈMB   ÉVÊQUE  d'aUXERRE.  569 

donna  occasion  de  faire  ce  qu'on  appelle  aujourd'hui  une  démonstra-  17(10  ^  1801. 
lion.  On  porta  le  corps  en  procession  dans  Tenceinte  de  sa  paroisse  et 
il  fut  ensuite  conduit  au  grand  cimetière. 

L'administration  du  diocèse  était  ainsi  exposée  de  temps  en  temps  à 
des  débats,  lorsque  la  réqiiion  dQ3  ^tats-généraux  vint  ouvrir  une 
nouvelle  ère. 

Le  clei^é  du  diocèse  s'émut  diversement  dans  cette  circonstance.  Le 
règlement  du  24  janvier  1789,  en  accordant  aux  simples  bénéficiers  le 
droit  de  suffrage  personnel ,  tandis  que  les  chanoines  des  églises  cathé- 
drales et  collégiales,  et  les  religieux  n'étaient  représentés  que  par  un  sur 
dix  ou  sur  vingt,  souleva  les  réclamations  du  Chapitre  de  la  cathédrale 
qui,  tout  en  s'y  soumettant,  crut  devoir  adresser  des  remontrances  au 
roi. 

Mais  les  curés  jansénistes ,  hostiles  à  Tévéque ,  saisirent  avec  empres- 
sement cette  circonstance  pour  organiser  l'opposition  qu'ils  voulaient 
lui  faire  à  l'élection.  Dans  l'assemblée  des  trois  Ordres,  ils  attaquèrent 
les  chanoines  qui  se  présentaient  en  qualité  de  titulaires  de  bénéfices 
et  firent  réduire  le  nombre  des  délégués  du  grand  Chapitre.  Le  bailli 
d'Âuxerre  eut  fort  k  faire  pour  concilier  leurs  prétentions.  Ils  agirent 
de  même  à  l'égard  des  titulaires  des  prieurés.  On  vit  aussi  M.  Yilletard, 
chanoine,  proposer  k  la  chambre  du  clergé  d'insérer  dans  son  cahier 
la  demande  de  la  résidence  des  évéques ,  afin  d'empêcher  la  validité  de 
l'élection  de  M.  de  Cicé.  Celle-ci  sentit  le  piège  et  refusa.  M.  de  Cicé 
était  désigné  comme  le  candidat  du  clergé  du  bailliage  ;  les  curés  lui 
opposèrent  M.  Marcellot,  curé  de  Saint-Gervais  d'Âuxerre.  Après 
toutes  les  éliminations ,  l'assemblée  se  trouva  composée  de  234  élec- 
teurs. La  majorité  fut  acquise  à  M.  de  Cicé,  mais  h  un  petit  nombre 
de  voix.  M.  de  Robien,  doyen,  fut  nommé  député-adjoint,  et 
le  Trésorier -curé  de  la  collégiale  de  Toucy,  suppléant.  Cette  opéra- 
tion eut  lieu  le  7  avril  et  jours  suivants.  Les  pamphlets  les  plus  vio- 
lents furent  publiés  contre  le  Chapitre  cathédral  après  l'élection. 
MM.  Pasquier,  curé  de  Saint-Âmatre ,  et  Carré,  curé  de  Sainte- 
Pallaye,  se  signalèrent  dans  cette  circonstance  et  maltraitèrent  ce  corps 
impitoyablement,  lui  reprochant  son  orgueil  et  ses  prétentions  ambi- 
tieuses. 

11  24 


«  ' 


370  M.    DE    CICÉ  , 

1760  îi  1801.  M.  de  Cicé,  en  partant  pour  se  rendre  h  rassemblée  nationale, 
nomma  M.  Viart  son  vicaire-général  (1).  Ce  chanoine  lui  était  très- 
dévoué  et  devint  son  correspondant  lorsqu'il  fut  contraint  de 
s'exiler  (2). 

Cependant  la  révolution  marchait  rapidement  et  sapait  par  sa  hase 
l'antique  société  française  déjà  si  caduque.  Le  décret  du- 15  février 
1790,  sur  la  suppression  des  Ordres  religieux,  ahattait  une  des  colonnes 
de  Téglise  catholique.  Il  fut  exécuté  sans  obstacle  dans  le  diocèse  pen- 
dant Tannée.  Le  petit  nombre  des  moines  qui  habitaient  les  monastères 
se  dispersèrent  de  divers  côtés,  emportant  à  peine  de  leur  humble  cel- 
lule les  quelques  meubles  qu'elle  renfermait.  On  fut  môme  sévère  pour 
ceux  dé  Pontigny,  à  qui  l'on  refusa  le  couvert  d'argent  qu'ils  avaient 
apporté  dans  la  maison  (3).  Quelques-uns  devinrent  curés  de  paroisses 
après  la  promulgation  de  la  constitution  civile  du  clergé,  d'autres  au- 
môniers des  bataillons  de  volontaires. 

En  s'eroparant  des  biens  des  moines,  l'assemblée  nationale  voulut 
au  moins  assurer  leur  existence.  Une  pension  modeste,  proportionnée 
aux  revenus  du  couvent,  leur  fut  accordée.  Ils  la  touchèrent  tant  bien 
que  mal.  Les  religieuses,  rendues  au  monde  qu'elles  avaient  oublié, 
se  retirèrent  humblement  dans  leurs  familles  ;  la  plupart  demeu- 
rèrent fidèles  à  leurs  vœux  et  vécurent  obscurément.  On  cite  cepen- 
dant quelques  apostasies  ;  mais  leur  petit  nombre  fit  ressortir  davan- 
tage la  conduite  de  la  majorité. 

Nous  venons  de  palrler  de  la  constitution  civile  du  clergé  qui  jeta  une 
perturbation  profonde  dans  l'Eglise  de  France.  OËuvre  de  Camus  et  des 
autres  membres  du  comité  ecclésiastique  de  l'assemblée  nationale,  animés 
de  l'esprit  janséniste,  la  constitution  avait  pour  but  de  rendre  le  clergé 
français  indépendant  du  saint-siége.  On  bouleversa  de  fond  en  comble 
l'organisation  de  l'Eglise  de  France,  pour  l'accommoder  aux  nouvelles 


(1)  M.  Viart  est  né  à  Auxcrre  en  1750. 

(3)  Le  dernier  acte  signé  par  M.  de  Cicé  sur  les  registres  diocésains  est  du  17 
avril  1789.  Cest  la  nomination  de  M.  Yallcray,  en  qualité  d  archiprêlrc  de  Yarzy. 
Les  vicaires  généraux  continuèrent  encore  de  signer  quelques  actes  jusqu'au  15 
août  suivant.  S'il  y  eut  un  registre  postérieur  il  a  disparu. 

(3)  Arrêté  du  département  du  0  septembre  au  soir. 


<^ 


CENT   CINQUIÈMB   ÉVÊQUB   D*AUÏERItE.  571 

divisions  territoriales.  Chaque  département  devint  le  centre  d*on  cvôché  nco  ^  i8,.i 
dont  il  prit  le  nom  et  qui  fut  formé  en  modifiant  les  anciennes  limites 
des  diocèses,  sans  avoir  aucunement  égard  aux  traditions.  Toute  la  partie 
du  diocèse  d'Auxerre  comprise  dans  les  archiprétrés  de  Saint-Bris  et 
d'Auxerre  et  une  portion  de  celui  de  Puisaye,  furent  englobées  dans  la 
nouvelle  circonscription  qui  se  composait  en  même  temps  d*un  démem- 
brement du  diocèse  de  Sens.  L'archiprétré  de  Varzy  et  presque  tout 
le  reste  de  celui  de  Puisaye,  échurent  à  Tévéque  de  Nevers,  M.  Tollet, 
curé  de  Vandenesse,  sacré  en  1 791 ,  et  qui  donna  sa  démission  en  180i  • 
La  circonscription  des  départements  entraînait  celle  des  diocèses,  de 
même  qu'aux  temps  primitifs  les  cités  romaines  devinrent  les  chefs-lieux 
des  nouveaux  centres  ecclésiastiques;  à  celte  différence  près,  cependant, 
qu'au  lu®  et  au  rv®  siècle  c'était  le  pouvoir  spirituel  qui  marquait»  sur  la 
carte  des  Gaules,  l'emplacement  et  l'étendue  des  églises,  tandis  qu'en 
1790  c'était  le  pouvoir  temporel. 

Le  spirituel  ne  futjpas  plus  respecté  que  le  temporel.  La  constitution 
interdit  de  reconnaître  l'autorité  d'aucun  évêque  ou  d'aucun  métropo- 
litain étranger.  Les  rapports  entre  les  évêques  et  le  pape  na  furent  plus 
que  de  simple  communion ,  sans  reconnaissance  de  suprématie,  l'ins- 
titution canonique  devant  avoir  lieu  par  le  métropolitain  ou  par  le  plus 
ancien  évêque  de  la  province.  Les  Chapitres  des  cathédrales  et  des 
collégiales  furent  supprimés  ;  l' évêque  n'eut  plus  qu'un  conseil  formé 
des  vicaires  de  la  paroisse  principale  de  sa  ville  épiscopale  dont  il  était 
lui-même  le  curé.  L'élection  des  évêques  et  des  curés  fut  confiée  aox 
citoyens,  et  les  curés  purent  choisir  eux-mêmes  leurs  vicaires  parmi  les 
prêtres  du  diocèse,  sans  avoir  besoin  de  la  confirmation  épisco|)ale. 

Le  roi,  après  de  longues  hésitations,  avait  fini  par  donner  son  appro- 
bation à  la  constitution  civile  du  clergé  ;  mais  bientôt  une  réprobation  so- 
lennelle, lancée  par  le  pape  Pie  VI,  vint  avertir  les  catholiques  du  danger 
que  courait  leur  foi.  Trente  évêques  de  la  Constituante  publièrent  une 
Exposition  desprincipes  dans  laquelle  les  règles  traditionnelles  de  l'Eglise 
furent  mises  au  jour,  pour  servir  de  guide  dans  l'embarras  où  se  trouvait 
placé  le  clergé.  Beaucoup  d'évêquesy  adhérèrent;  M.  de  Cicé  ne  fut 
pas  des  derniers. 

L'heure  de  la  destruction  définitive  de  l'église  d'Auxerre  avait  sonné. 


1760  i  1S01. 


572  M«  DE    CICÉ  , 

On  allail  briser  da  même  coup  le  grand  pouvoir  du  Chapilre  calliédral 
comme  celui  de  la  plus  mince  collégiale.  Au  mois  de  septembre  1789, 
les  chanoines,  soit  prévision  du  sort  qui  leur  était  réservé,  soit  aa 
contraire  profonde  sécurité,  avaient  ordonné  de  rédiger  la  biographie 
de  M.  de  Condorcet,  pour,  après  approbation,  être  insérée  à  la  suite 
du  Gesla  Poniificum.  M.  Frappier  venait  de  leur  soumettre  celles 
de  MM.  André  Colbert  et  de  Caylus,  qui  furent  renvoyées  h  Texamen 
de  six  commissaires,  parmi  lesquels  étaient  MM.  Vaultier  et  Arrault. 

Les  cérémonies  religieuses,  que  demandaient  de  temps  à  autre  les 
citoyens,  ne  soulevaient  plus  dans  le  Chapitre  des  questions  de  préro- 
gatives menacées,  de  droits  violés  ;  on  les  leur  accordait  avec  empresse- 
ment. C'était,  un  jour,  une  messe  solennelle  pour  la  fédération,  an 
autre,  la  bénédiction  des  drapeaux  de  la  légion  auxerroise  ou  des 
arquebusiers. 

Un  fait  singulier,  qui  ne  doit  cependant  étonner  qu'à  demi,  c'est 
qu'en  1790  les  députés  de  la  ville  vinrent  encore  au  Chapitre  demander, 
selon  l'usage,  une  procession  générale  pour  célébrer  l'anniversaire  de 
la  délivrance  des  huguenots. 

Les  électeurs  du  département,  réunis  à  Auxerre,  le  12  avril  1790, 
ayant  résolu  de  tenir  leur  assemblée  dans  la  cathédrale,  parce  qu'ils 
étaient  trop  à  l'étroit  dans  la  nef  de  Saint-Germain,  le  Chapitre  s'émut 
de  la  longue  interruption  que  cela  allait  apporter  dans  ses  cérémonies. 
Il  résolut  de  faire  des  représentations  ;  puis,  ayant  appris  indirectement 
que,  malgré  tout,  l'assemblée  persistait  à  se  rassembler  dans  la  cathé- 
drale, il  se  résigna,  changea  seulement  ses  heures  d'offices,  et  la 
grande  grille  du  chœur  fut  fermée. 

Lorsque  l'administration  du  district  d'Auxerre  fut  installée  aux 
Jacobins,  au  mois  de  juin  1790,  le  Chapitre  lui  envoya  une  députation 
pour  la  complimenter.  M.  Viart  portait  la  parole  ;  il  essaya  de  para- 
phraser quelques-unes  des  idées  à  l'ordre  du  jour  sur  les  réformes  et 
les  travaux  de  l'assemblée  ;  mais  on  voyait  qu'il  ne  parlait  que  du  bout 
des  lèvres. 

L'administration  du  département  commença,  le  15  novembre  1790, 
à  mettre  h  exécution  définitive  la  constitution  civile  du  clergé,  en  an- 
nonçant officiellement  aux  municipalités  que  le  département  ne  formait 


CENT    CINQUIÈME    ÉVÊQUE    d'aUXBRRE.  575 

plus  qu'uQ  seul  diocèse  dont  Tévêque  siégeail  k  Sens.  Elle  défendit  en  ^^^  ^  j^j  ^  y 
même  temps  à  ses  administrés  de  s'adresser  k  tout  autre  évêque,  et 
décida  que  le  nouveau  titulaire  serait  invité  à  procéder  incessamment  k 
l'organisation  de  son  clergé  et  k  l'établissement  d'un  séminaire,  suivant 
le  mode  déterminé  par  la  loi. 

Le  26  novembre  eut  lieu  la  dernière  assemblée  légale  du  Chapitre 
cathédraL  II  acceptait,  avec  résignation,  depuis  le  commencement  de  la 
révolution,  tous  les  coups  que  Ton  portait  à  l'antique  hiérarchie. 

Cependant,  il  avait  eu,  un  instant,  au  mois  de  mai  1790,  l'intention 
d'envoyer  une  adhésion  k  la  déclaration  d'une  partie  de  l'assemblée  na- 
tionale, au  sujet  de  la  religion.  Puis  il  fut  décidé  qu'on  attendrait  une 
occasion  favorable  de  a  manifester  les  vrais  principes  qui  animaient  le 
»  Chapitre  sur  ce  qui  se  passe  relativement  k  l'état  actuel  de  la  religion 
p  catholique,  apostolique  et  romaine  (1).  » 

Le  département,  continuant  d'exécuter  la  loi  nouvelle,  résolut  de 
faire  fermer  tous  les  chapitres  et  collégiales  du  département  qui  atten- 
daient de  jour  en  jour  leur  sort.  Un  arrêté  du  29  novembre,  signifié  au 
Chapitre  cathédral  le  lendemain  par  MM.  Bourasset  et  Martin,  adminis- 
trateurs du  district,  et  Soufllot,  procureur-syndic,  mit  fin  k  son  exis- 
tence. M.  Vaultier,  qui  présidait  les  chanoines  en  l'absence  du  doyen, 
reçut  les  députés  et  leur  répondit  par  ces  nobles  paroles  : 

«  Messieurs, 

<  Quoique  les  ordres  qui  nous  sont  intimés  soient  très-aflligeants 
»  pour  nous,  nous  ne  perdrons  cependant  jamais  de  vue  que  les  minis- 
»  très  des  saints  autels  doivent  l'exemple  de  la  soumission. 

»  Chargés  par  état  des  augustes  fonctions  de  la  prière  publique, 
»  du  précieux  dépôt  de  la  tradition  de  cette  ancienne  église,  conseillers- 
9  nés  des  pontifes,  et  exerçant  leur  juridiction  pendant  la  vacance  du 
p  siège,  nous  ne  cesserons  de  satisfaire  k  ce  concours  d'obligations  que 
»  par  l'impossibilité  où  nous  allons  être  réduits  de  les  remplir. 

»  Si,  cependant,  il  jiouvait  nous  être  permis  de  vaquer  k  la  prière 


(1)  Kcg.  de  délibérations.  —  Archives  de  rYoïinc. 


574  M.   DE   CICÉ, 

*^-'  1760  ï  1801    ^  publique,  nous  cootiDuerions  ce  saint  exercice  en  vue  de  la  gloire  de 

»  Dieu,  du  bonheur  de  TEtat,  de  la  sanctification  des  peuples,  et  pour 

9  notre  propre  consolation. 

»  Nous  vous  prions  de  vouloir  bien  consigner  notre  vœu,  à   cet 

»  égard,  dans  votre  procès-verbal,  comme  un  monument  de  notre  atia- 

»  cbement  le  plus  fidèle  k  nos  devoirs,  et  de  notre  reconnaissance 

B  envers  les  fondateurs  de  cette  église. 

»  Nous  vous  prions  encore  d'y  faire  mention  de  la  déclaration  so- 
it lennelle  que  nous  faisons  tous,  aujourd'hui,  de  professer  jusqu'au 
•    »  dernier  soupir  la  foi  catholique,  apostolique  et  romaine,  et  d'être 
»  inviolablement  attachés  k  l'Eglise,  h  ses  principes,  à  ses  pasteurs  et  h 
n  son  chef.  » 

Cette  profession  de  foi ,  qui  termine  l'histoire  du  Chapitre,  montre 
que  ce  corps  pensait  bien  différemment  alors  qu'en  1750. 

Ainsi  finit  le  Chapitre  cathédral  de  Saint-Etienne  d'Âuxerre,  et  avec  lui 
l'élise  de  ce  diocèse.  Fondée  au  iii^  siècle,  elle  avait  vécu  quinze  cents 
ans  et  fourni  k  la  France  un  grand  nombre  de  prélats  distingués  qui 
par  leurs  travaux  et  leurs  services  ont  acquis  des  droits  éternels  à  la 
reconnaissance  du  pays. 

Les  mêmes  scènes  se  répétèrent  à  Toucy,  k  Saint-Fargeau,  h  Varzy, 
à  Gien,  à  Clamecy.  Toutes  les  collégiales  furent  fermées  et  le  diocèse 
d'Àuxerre  fut  effacé  de  la  carte  officielle  de  la  France  ecclésiastique. 

Un  décret  du  27  novembre  venait  de  donner  le  dernier  coup  à  ce 
qui  restait  encore  d'anciennes  institutions  religieuses,  en  ordonnant  que 
tous  les  évéques  et  curés  qui,  dans  la  huitaine,  n'auraient  pas  fait  le  ser- 
ment de  fidélité  k  la  constitution  civile  du  clergé  ,  seraient  regardés 
comme  démissionnaires. 

M.  de  Cicé  qui,  k  l'Assemblée  nationale,  était  dans  le  parti  de  l'op- 
position, ne  pouvait  prêter  les  mains  à  ce  décret;  il  fut  donc  déchu  de 
fait  de  son  autorité  épiscopaie  ;  mais  son  clergé,  du  moins  pour  la  grande 
majorité,  ne  le  suivit  pas  dans  sa  résistance  et  prêta  serment.  Il  apprit 
cette  conduite  aux  eaux  d'Ems  où  il  s'était  rendu,  en  vertu  d'un  congé 
qu'il  avait  obtenu  le  14  mai  i790.  En  lisant  le  Moniteur  du  22  février 
1791,  il  put  voir  notamment  ce  que  M.  Lcpelelier  annonçait  a  rAssera- 


CENT    CINQUIEME    ÉVÉQUE   d'aUXBRRE.  575 

Liée  ualioualc,  que  tous  les  ecclésiastiques  foDCtionoaires  du  dislrict  ^^^q  >^  ig^^^.    -^^ 
de  Saini-Fargeau  avait  prêté  le  serment(l) . 

A  Auxerre,  le  serment  fut  demandé  au  clergé  avec  appareil  et  céré- 
monie. Le  maire  et  les  officiers  municipaux,  escortés  de  gardes  natio- 
naux, se  transportèrent  h  cet  effet  chez  les  curés.  Très-peu  d'entre  eux 
le  refusèrent.  Leur  exemple  fut  suivi  par  les  Bénédictins  professeurs  du 
collège  (2). 

A  la  nouvelle  de  ces  coups  répétés  dont  était  frappée  TEglise  de 
France,  le  pape  Pie  VI  fulmina,  le  10  mars  et  le  15  avril  1791,  deux 
brefs  adressés,  le  premier  aux  évéques  de  l'Assemblée  constituante,  le 
deuxième  h  tout  le  rlergé  et  aux  catholiques  de  France.  Il  y  signalait 
tous  les  vices  de  la  constitution  civile  du  clergé  et  flétrissait  les  nou- 
velles élections  des  évéques  qu'il  déclarait  illégitimes  et  schismatiques, 
et  il  ordonnait  h  tous  les  ecclésiastiques  qui  avaient  prêté  le  serment,  de 
le  rétracter  dans  les  quarante  jours  sous  peine  d'être  suspens  de 
l'exercice  de  tous  Ordres. 

M.  de  Cicé  attendait  ces  actes  du  souverain  pontife  pour  s'opposer 
publiquement,  dans  son  diocèse,  h  l'empiétement  commis  par  M.  de  Lo- 
ménie,  qui  avait  été  élu  évêque  dans  le  département  de  l'Yonne. 
II  envoya  à  ses  ouailles  une  ordonnance  datée  des  eaux  d'Aix-la- 
Chapelle,  le  4  juin  1791,  dans  laquelle  il  reproduit  les  brefs  du  pape 
et  déclare  les  accepter  entièrement  ;  et  en  conséquence  «  il  rappelle  k 
»  l'obéissance  les  ecclésiastiques  de  son  diocèse  qui  ont  eu  le  malheur 
»  de  consentir  une  prestation  pure  et  simple  du  serment,  et  ceux  qui, 
9  ne  se  bornant  pas  à  cette  première  contradiction,  se  seraient  ingérés 
»  dans  la  charge  desûmcs,  sans  une  mission  expresse  des  dépositaires  de 
»  de  l'autorité  spirituelle.  » 

M.  Viart  reçut  cette  ordonnance  et  la  distribua  de  son  mieux  dans  les 


(1)  II  eu  fut  de  même  dans  le  Donziuis,  où  la  plupart  des  curés  se  soumirent  à  la 
Constitution. 

(2)  Il  se  passa  alors  à  Saint-Fargcau  un  fait  qui  montre  dans  quelle  disposition 
d'esprit  étaient  beaucoup  de  gens  sur  les  questions  religieuses.  Les  Bénédictines 
devant  procéder  à  l'élection  d'une  supérieure  et  d'une  économe,  ce  fut  un  odicier 
municipal  qui  présida  l'opération  et  qui  déclara  canoniqiiement  élues  les  nouvelles 
dignitaires.  (28  mars  1701.  —  Archives  de  TYonnc.  Relig.  Bénédictines.) 


576  M.    DE   CICÉ  , 

1700  il  1801.  paroisses.  Elle  fit  rétracter  quelques  prêtres  de  bonne  foi.  Cependant 
onze  curés  du  district  d'Auxerre,  avaient  refusé  le  serment  ou  étaient  dé- 
missionnaires. Six  l'avaient  prêté  avec  réserves,  G6  purement  et  simple- 
ment, ainsi  que  15  vicaires.  L'administration  du  district,  en  signalant 
cette  situation  le  31  mars  1791,  décide  que  les  défaillants  seront  in- 
vités par  les  maires  à  se  mettre  en  règle,  sous  peine  de  destitution,  et 
que  les  curés  démissionnaires  seront  remplacés.  Un  arrêté  du  dépar- 
tement du  20  janvier  précédent  avait  suspendu  le  paiement  du  trai- 
tement des  prêtres  non  assermentés.  L'Assemblée  constituante   avait 
voulu,  en  faisant  élire  les  prêtres  des  paroisses  par  les  citoyens,  en  re- 
venir^laprimitiveéglise;mais  l'imitation  ne  réussit  pas:  ily  avait  trop  peu 
de  foi  dans  les  hautes  classes,  et  le  mode  nouveau  paraissait  entaché  de 
simonie,  puisque  l'autorité  spirituelle  au  nom  de  laquelle  on  disait  agir 
protestait  de  tout  son  pouvoir. 

Il  est  temps  de  prier  du  nouvel  évêque  du  département,  M.  Lo- 
ménie  de  Brienne ,  né  à  Paris  en  1727,  successivement  évéqne  de 
Condom  (1761),  archevêque  de  Toulouse  (1763),  et  enfin  archevêque 
de  Sens  (1788) ,  et  cardinal.  Il  s'était  montré  très-partisan  des  idées 
nouvelles.  En  1787  étant  entré  au  ministère,  il  présenta  Tédit  qui  accor- 
dait l'état  civil  aux  protestants.  Il  adhéra,  lui  quatrième  des  évêqnesde 
France,  à  la  constitution  civile  du  clergé,  et  fut  élu  évêque  du  départe- 
ment de  l'Yonne  par  les  citoyens,  vers  la  fin  de  1790. 

Il  changea  alors  son  ancien  litre  (1).  En  prenant  la  direction  de  ce 
nouveau  diocèse,  il  désigna  pour  son  vicaire  général,  à  Auxerre,  un  gé- 
novéfin  dont  nous  avons  parlé  plus  haut,  M.  Pasquier,  prieur  de  Saint- 
/\  maire,  qui  avait  fait  beaucoup  de  bruit  dans  le  pays,  en  1786»  par  ses 
prétentions  à  percevoir  la  dime  sur  les  vignes  de  sa  paroisse.  Les  douze 
paroisses  de  la  ville  avaient  clé  réduites  à  quatre  :  celles  de  Saint- 
Etienne,  de  Saint-Père,  de  Sainl-Eusèbe  et  de  Nolre-Dame-la-d*Hors. 


(1}  M.  de  Lomcnie,  en  conséquence  des  principes  qu'il  venait  d'adopter,  avait,  le 
28  avril  1790,  prêté  le  serment  civique  entre  les  mains  des  officiers  municipaux  de 
Sens.  Il  proGta  de  cette  occasion  pour  faire  connaître  ses  sentiments  qui,  dit-il,  sont 
tous  inspirés  par  la  soumission  à  la  puissance  publique,  l'amour  de  la  paix  et  le 
(Qainticn  de  Tordre  et  de  la  tranquillité. 


CBMT    CINQUIÈME  ÉVÊQUE    d'aUXERRE.  577 

Les  trois  premières  subsistent  encore  aujourd'hui  (l).  M.  Julien,  curé  i7eo  i  isol 
de  Saint-Loup,  fut  élu  par  57  citoyens  pour  curé  de  la  paroisse  de  Saint- 
Etienne,  ci-devant  cathédrale  (15  mai  1791).  Les  autres  églises,  dont 
les  pasteurs  avaient  refusé  le  serment,  furent  pourvues  de  la  même  ma- 
nière. L'autorité  administrative  proclamait  les  noms  des  élus  et  un  Te 
Deum  chanté  k  la  suite  de  l'élection  leur  servait  de  consécration  (2). 
L'évéque  avait,  au  mois  de  février  1 791 ,  recommandé  au  nom  de  la  cha- 
rité l'acceptation  de  la  constitution.  Il  essaya  au  mois  d'avril  d'oi^niser 
un  séminaire  diocésain.  Il  en  soumit  le  plan  \k  l'administration  départe- 
mentale qui  arrêta  la  création  d'un  vicaire  supérieur  et  de  trois  vicaires 
directeurs  de  la  maison,  pour  la  conduite  et  l'instruction  des  élèves. 
Trois  mille  livres  furent  votées  pour  cet  établissement. 

Le  pape,  en  apprenant  la  conduite  de  M.  de  Loménie,  n'avait  pas 
tardé  k  le  blâmer  sévèrement  par  un  bref  qu'il  lui  adressa  et  dont  des 
copies  coururent  la  ville  de  Sens  dans  le  mois  de  mars  1791.  En  lui 
reprochant  son  adhésion  à  la  constitution  civile  du  clergé,  Pie  YI  lui 
dit  qu'il  était  la  honte  de  la  dignité  archiépiscopale  et  du  cardinalat, 
que  son  immixtion  dans  le  gouvernement  d'un  diocèse  étranger  sur  la 
simple  autorisation  de  la  loi  civile,  était  un  crime  détestable  qui  devait 
être  expié  ou  par  une  prompte  rétractation  ou  par  une  dégradation 
éclatante  (5).  Le  prélat,  cruellement  mortifié,  abdiqua  avec  éclat  le 
cardinalat,  persista  tout  k  fait  dans  la  voie  où  il  était  entré,  et  ren- 
voya au  pape  le  chapeau ,  marque  de  sa  dignité. 

Cependant,  l'administration  civile  continuait  k  pratiquer  officielle- 
ment le  culte  catholique,  et  l'on  ne  peut  révoquer  en  doute  la  bonne  foi 
des  administrateurs  qui  étaient  alors  k  la  tête  du  district  d'Âuxerre  et  du 
département.  Le  district  d'Auxerre  décida,  au  mois  de  juillet  1791 , 
qu'une  messe  solennelle  serait  célébrée  a  l'église  Saint-Etienne^  pour 


(1)  Par  arrêté  du  département  du  28  brumaire  an  ii,  les  trois  dernières  paroisses 
furent  supprimées  et  réunies  à  celle  de  Saint-Etienne  qui  fut  maintenue  provi- 
soirement. 

(2)  Il  ne  fallait  quelquefois  qu*un  bien  petit  nombre  d* électeurs  pour  choisir  le 
curé.  Celui  de  Lalandc  fut  élu  par  23  suflragcs  dans  une  assemblée  présidée  par  M. 
de  La  Bergerie,  h  Saint-Fargeau.—  Archives  de  ITonnc.  Elections. . 

(3)  Bref  du  Pape. 


^  te 


580  M.    DK   CICÉ, 

1700  il  1801.  tataire$'{i)  qai,  demcaraol  sar  les  lieax,  avaient  un  parti  prêt  à  lutter 
contre  le  nouveau  titulaire.  C'est  surtout  la  pénurie  de  sujets  qui  préoc- 
cupe M.  de  Loménie  ;  il  annonce  que  le  séminaire  en  fournira  très-peu 
et  que  la  disette  va  devenir  de  plus  en  plus  grande.  L'administration  ne 
vit  pas  plus  de  moyens  d*y  pourvoir  que  lui  ;  et,  préoccupée  de  questions 
instantes,  elle  ne  tarda  pas  à  perdre  celle-là  de  vue  (2).  Néanmoins  elle 
opéra  un  bien  dont  il  faut  lui  savoir  gré  dans  l'inlérét  des  sciences  et  des 
lettres.  Lorsque  le  docte  P.  Laire  (3),  que  la  révolution  surprenait  au 
milieu  de  ses  livres,  offrit  au  conseil-général  du  département,  présidé 
par  M.  LepeletierdeSaint-Fargeau,  ses  services  pour  la  conservation  et 
la  classification  des  ouvrages  provenant  des  maisons  religieuses,  il  fut  bien 
accueilli,  et  on  le  chargea  de  la  formation  des  catalogues  de  toutes  les 
bibliothèques  qui  étaient  déjà  entassées  dans  les  chefs-lieux  des  districts. 
C'est  à  lui  qu'on  dut,  plus  tard,  la  réunion  à  Auxerre  d'une  grande  partie 
des  richesses  bibliographiques  du  département. 

La  situation  déplorable  dans  laquelle  était  placée  la  foi  religieuse, 
faisait  naître  chaque  jour  des  agitations  nouvelles  qui  poussèrent  ras- 
semblée législative  à  décréter  la  déportation  des  prêtres  non  asser- 
mentés. Louis  XVI  mit  son  ve(oà  cette  mesure,  ce  qui  amena  la  journée 
du  20  juin  1792.  L'administration  du  département,  qui  jusque-là  n'avait 
pas  pris  chaudement  parti  contre  les  prêtres  réfractaires,  et  n'avait  sévi 
que  comme  à  regret»  et  sur  les  plaintes  des  sociétés  populaires,  l'admi- 
nistration entra  dans  une  phase  de  rigueurs  contre  cette  classe  de  pros- 
crits. Par  un  arrêté  du  18  juillet,  signé  Lepelelier,  Maure  aine  et  Foa- 
cier,  elle  ordonna  aux  municipalités  de  signaler  aux  districts  les  prêtres 
réfractaires,  de  les  priver  de  leur  traitement,  de  surveiller  leur  conduite 


de  juillet  1702,  était  bien  désillusionne.  Il  se  plaint  de  la  défiance  qui  s'élève  contre 
les  prêtres  et  la  religion  chrétienne,  que  des  esprits  exaltés  et  ennemis  du  calme 
veulent  proscrire,  avec  les  abus  dont  on  demandait  depuis  des  siècles  la  réforme. 
Les  prêtres,  dit-il,  s'interdisent  même  entre  eux  toutes  visites  de  bienséance  ou 
d'amitié,  pour  éloigner  tout  ombrage. 

(l)Mot  créé  pour  la  circonstance. 

(2)  Archives  de  l'Yonne,  administration  ecclésiastique. 

(3)  M.  Laire,  un  des  plus  savants  bibliophiles  du  dernier  siècle,  se  trouvait  bibliu 
thécaire  de  M.  de  Loménie,  è  Sens,  au  moment  de  la  révolution. 


'«r. 


CENT  CINQUIÈME  ÉVÊQUE  d'aUXERRE.  381 

et  de  dénoncer  leurs  manœuvres  qui  tendaient  h  provoquer  des  troubles,  ^qq  >,  1901. 
Les  citoyens  furent  également  invités  k  dénoncer  les  actes  séditieux  que 
les  prêtres  pourraient  commettre.  On  voulut  bien,  toutefois,  rappeler 
encore  le  respect  qui  leur  était  dû  comme  citoyens,  et  que  Ton  ne  de- 
vait menacer  ni  leur  liberté  ni  leur  sécurité  (1). 

Jusque-là  la  répression  n'atteignait  les  réfractaires  que  dans  leurs 
ressources,  mais  les  événements  se  pressaient.  Le  décret  du  26  août 
ordonna  leur  sortie  du  royaume  sous  quinzaine^  sous  peine  d*étre  dé- 
portés à  la  Guyane.  Les  moines,  prêtres  ou  non,  furent  compris  dans 
cette  mesure.  Les  sexagénaires  et  les  infirmes  en  furent  seuls  exempts  ; 
on  les  réunit  dans  des  maisons  de  réclusion.  Le  décret  ne  fut  pas 
tout  d'abord  exécuté  à  la  lettre  ;  mais,  après  la  mort  de  Louis  XYI, 
les  autorités  du  département  ayant  été  renouvelées,  on  sévit  rigoureuse- 
ment. An  mois  d'avril  1795,  sur  des  plaintes  survenues  cqntre  les 
menées  des  prêtres  réfractaires,  qu^ils  appellent  des  fanatiques  et  des 
êtres  malfaisants ,  les  commissaires  de  la  Convention ,  Garnier  et 
Turreau,  prescrivent  la  stricte  exécution  de  la  loi  du  26  août.  Les  visites 
domiciliaires  chez  les  prêtres  furent  ordonnées  (2)  et  des  maisons  de 
réclusion  furent  établies  dans  tous  les  lieux  un  peu  importants. 

Trente-sept  prêtres  furent  mis  à  la  fois  en  réclusion  à  Auxerre,  dans 
la  maison  des  Visilandines ,  (aujourd'hui  le  séminaire).  Parmi  eux 
étaient  les  chanoines  Viart,  Bobée,  Digard  et  Delart,  que  leurs  relations 
avec  M.  de  Cicé  rendaient  plus  suspects.  Ils  restèrent  en  prison  jusqu'au 
21  juillet  et  furent  mis  en  liberté,  sauf  à  être  gardés  dans  leur  domicile 
jusqu'à  la  fête  de  la  fédération  du  10  août  ;  ce  qui  eut  lieu  eu  effet. 

  mesure  que  la  révolution  devenait  plus  violente,  le  clergé  était  ex- 
posé à  de  nouvelles  persécutions.  Les  prêtres  détenus  au  séminaire 
d' Auxerre  ne  pouvaient  recevoir  de  lettres  sans  qu*un  membre  du 


(1)  Reg.  du  conseil  général  du  département. 

(2)  L'hôpital  général  d'Auxerre^  que  dirigeait  Tabbé  Duplessis,  servit  d'asile  à 
Tun  d'eux,  et  Ton  assure  que  le  culte  catholique  y  fut  toujours  pratique  malgré  la 
Terreur.  L'abbé  célébrait  extérieurement  dans  la  maison  les  fêtes  décadaires,  mais« 
en  dépit  des  menaces,  il  ouvrait  en  secret  aux  fldèles  la  chapelle,  dont  la  nef  était 
remplie  de  foin,  et  qui  cachait  Tautel  aux  yeux  des  malveillants.  *  ' 


*H 


ii. 


5S4  X.    DE   C1CÉ« 

i7«o  I  idDi.  Cqiendaot  onc  telle  anarchie  morale  ne  pouvait  durer.  Déjà  une  pre- 
mière réaclîon  s'éiail  opérée,  lorsque  Robespierre  eût  écrasé  Cbaumetie 
et  le  parti  des  matérialistes  dans  la  Convention.  La  liberté  des  cultes  fut 
de  nouveau  reconnue  dans  la  loi.  Quoique  cette  déclaration  fût  à  peu 
près  illusoire,  elle  devint  néanmoins  dans  les  provinces  un  frein  légal 
contre  les  démagogues. 

Au  commencement  de  Tan  m  (1795),  on  vit  reparaître  Tabbé  Viart 
et  ses  fid^es  compagnons,  dont  Tactivité  savait  profiter  de  toutes  les 
ciitODSlanees  favorables.  Le  décret  du  50  mai  1795,  qui  autorisait 
les  habitants  des  paroisses  à  reprendre  pour  Texercice  de  leur  culte 
les  ^isesqui  n'avaient  pas  été  aliénées,  en  permit  le  réublissemeot. 
La  cathédrale  d'Auxerre  fut  nettoyée,  et  le  27  juin  on  rendit  grâces  à 
Dien,  par  nne  messe  solennelle,  de  la  liberté  dont  on  recommençait  k 
jour. 

Maïs  cette  liberté  ne  fut  pas  de  longue  durée  :  dès  le  mois  de  janvier 
1796,  la  persécntîon  recommença  rigoureusement,  et  la  réclusion  fut  de 
décrétée  contre  les  prêtres  réfractaires.  On  vit  alors  dans  les 
!s  qnd  contraste  régnait  entre  Tesprit  des  autorités  et  celui  des 
popnbtioBS.  Les  piemiènes,  inspirées  par  le  paganisme  du  Directoire, 
ce'léhraient  grareaent  les  fêles  de  la  Jeunesse,  de  rAgriculture,  des 
£|MMX  et  de  la  Vieillesse^  lisant  aux  jours  des  décades  les  lois  et  les 
instTKliotts  dn  gonvemement,  tandis  que  le  peuple,  qui  ne  comprenait 
rien  au  wiatiotts  continnelles  qu'il  avait  sous  les  yeux,  restait  étranger 
à  ces  cérémonies  et  se  reportait  avec  ardeur  vers  le  cuite  de  ses  itères. 

A  dëbnt  de  prêtre  «  nn  ancien  chantre  lisait  les  psaumes  dans 
révise  ;  les  cloches  étaient-elles  enlevées,  on  hatuit  le  tambour  dans 
les  raes  dn  village  [tonr  convoquer  les  fidèles.  L^autoriiê  fai^ait-<^lle 
fanner  les  portes  de  T^iiHse  «  on  arracLait  la  serrure  :  la  résistance 
répondait  à  h  persecntion. 

L^eipérience  des  bits  montrait  chaque  jour  combien  Tosprit  des 
rim|n^ni  i  était  demearé  rdigienx  an  milieu  des  saturnales  du  temps. 
Lorsde  laproam^tîon  de  la  loi  de  Fan  m  qui  rêublissait  h  lil^erié  des 
cdles^  les  prêtres  constitntionnels.  remplissant  les  formalités  voulues, 
avaient  repris  Texerôce  de  la  rri^iion.  et  les  habiunts  avant  e^Iemen; 
bit  le«r  dôrlaniion  de  s*assemhler  3i  TefTet  de  i^ratiquer  le  cxûxo  c^ihc* . 


CENT   CINQUIÈME   ÉVÊQUE   D*AUXERRE.  585 

lique,  il  avaii  bien  fallu  les  tolérer.  Cela  avait  eu  lieu  à  Coursonoù  une  17^0^  isoi. 
émeute  de  femmes  menaçait  Tagent  national  ;  h  Diges  où  les  habitants  pri- 
vés de  curé  faisaient  néanmoins  ToiSee  c  à  Tex-manière  >»,  dit  l'agent  ;  k 
Mailly*Cbâteau  où  l'on  avait  en  vain  scellé  les  portes  de  Tégliseavcc  des 
crampons  de  fer  ;  k  Saint-Bris  où  le  peuple  s'opposait  vivement  à  la  fer- 
meture de  Téglise,  et  n'assistait  pas  aux  décades.  En  l'an  iv,  les  prêtres 
du  canton  de  Saint-Fargeau,  constitutionnels  ou  non,  s'étaient  tous  mis 
en  r^le  pour  reprendre  leurs  fonctions.  Il  en  fut  de  même  dans  tout 
le  canton  de  Toucy  et  dans  celui  de  Vermanton. 

Mais  bientôt,  comme  nous  venons  de  le  dire  tout  k  l'heure,  le  gou- 
vernement inquiet,  du  mouvement  des  esprits  et  de  l'abandon  des  fêtes 
décadaires,  remit  en  vigueur  les  lois  sur  la  déportation  des  prêtres  et  la 
suppression  des  signes  extérieurs  du  culte.  Les  croix  des  églises  et  des 
champs,  qui  étaient  restées  debout  pendant  la  Terreur,  furent  abattues 
en  détail.  L'administration  du  département  mit  un  soin  particulier  k 
faire  exécuter  sur  ce  dernier  objet,  non  sans  de  graves  résistances  en 
plus  d'un  lieu,  la  loi  du  7  vendémiaire  an  iv  (sept.  1795).  La  vente 
des  presbytères  devint  aussi  le  motif  de  vives  agitations.  A  Sacy,  en 
l'an  V,  les  femmes  du  village  arrachèrent  les  portes  et  les  croisées  de  la 
maison  ;  k  Lain  il  fallut  des  gendarmes  pour  mettre  l'acquéreur  en  pos- 
session. Le  pays  ne  se  soumettait  pas  du  tout,  en  matière  de  culte,  au 
régime  qu'on  voulait  lui  imposer.  L'administration  du  département  se 
plaignait  au  commencement  de  fructidor  an  iv,  que  les  lois  sur  la  police 
des  cultes  étaient  mal  exécutées,  que  les  émeutes  k  l'occasion  des  prêtres 
réfraclaires  «  qui  travaillent  sourdement  contre  l'État  x>  se  renouvelaient 
de  plus  en  plus. 

Cette  situation  étrange  d'un  gouvernement  tout  au  moins  sceptique, 
persécutant  la  religion  de  la  majorité  des  citoyens,  dura  de  l'an  vi  k 
l'an  VIII.  La  maison  de  réclusion  d'Auxerre  reçut  de  nouveaux  prêtres 
prisonniers,  dont  plusieurs  prirent  le  chemin  de  l'exil  (1).  Parmi  les 
victimes  de  cette  réaction  on  cite  M.  Hilarion,  curé  de  Saint-Bris,  qui 


(1)  Ccst  par  suite  de  Icsprit  tracassicr  qui  animait  alors  le  Directoire,  qu'on  vit 
arriver  à  Auxcrre,  à  la  On  de  Tan  vu,  trente-quatre  prêtres  de  TAIsace.  Ils  étaient 
en  réclusion  ou  en  surveillance,  et  accusés  d'avoir  provoqué  à  la  rébellion  et  à  la 

II  25 


386  M.    DE   CICÉ  , 

17C0  i  1801.  ^^'t  caché  les  reliques  de  saiol  Prix ,  et  qui  fut  conduit  à  Sinnamary. 
D'autres  furent  emmenés  à  Tile  de  Rhé. 

En  1799,  la  persécution  devint  encore  plus  active;  il  semblait  que 
le  Directoire  redoublait  d'autant  plus  d'eflbrts  qu'il  se  sentait  plus  près 
de  sa  chute.  Bon  nombre  d'églises  furent  encore  fermées  comme  en 
95.  Champs,  Commis, Courson,  Héry, Mailly-Ghàteau,  Saint-Bris,  etc., 
se  signalent  par  leur  résistance  au  fanatisme  persécuteur. 

C'était  surtout,  comme  le  disaient  les  agents  nationaux,  les  jours  de 
fêtes  patronales  qui  soulevaient  les  populations.  On  employa  en  vain  la 
force  armée  k  Chevannes,  en  Tan  vi,  pour  empêcher  la  célébration  de 
la  fête  de  saint  Pierre,  le  jour  où  elle  tombait  dans  l'ancien  calendrier. 
A  Irancy,  même  chose  arriva  le  jour  de  Saint-Germain  ;  à  Héry ,  Tannée 
suivante ,  l'agent  municipal  demanda  des  gendarmes  pour  empêcher  la 
fête  de  saint  Loup.  Les  agents  nationaux  eux-mêmes,  accusés  de 
violer  les  lois  sur  l'observation  des  fêtes  décadaires  ou  de  laisser  célé- 
brer les  anciennes  fêtes  on  apports,  étaient  frappés  de  suspensions. 

En  même  temps  les  théophilanthropes,  protégés  par  un  des  membres 
du  gouvernement  directorial,  ambitionnaient  la  succession  catholique. 
Ils  professaient  une  sorte  de  déisme  mitigé  qui  eut  à  Auxerre  quelques 
rares  sectateurs,  dont  les  réunions  se  tenaient  dans  l'église  Saint-Eusèhe. 
Il  y  en  avait  aussi  à  Saint-Fai^eau  et  k  Migé  (1). 

Les  débris  de  l'église  constitutionnelle  avaient  entrepris  de  se  relever 
en  1795.  Un  concile  fut  assemblé  à  Paris  au  mois  d'août.  M.  Frappier, 
ancien  chanoine  d'Auxerre,  y  assistait.  On  connaît  l'inutilité  des  efforts 
de  cette  espèce  de  concile  pour  la  restauration  de  l'église  natio- 
nale (2).  Elle  fut  dissoute  par  le  fait  de  l'accord  du  premier  consul 
avec  le  pape  Pie  VII. 


contre- révolution  dans  leur  pays.  Os  forent  détenus  jusqu'au  mois  de  floréal  an  vin 
époqoe  où  le  premier  consul  les  fit  mettre  en  liberté.  Ils  étaient  tous  plus  que  sexa- 
génaires, et  quelques-uns  même  octogénaires. 

(1)  En  Fan  toi,  les  théophilanthropes  d* Auxerre  donnèrent  beaucoup  d'embarras 
au  préfet  par  leurs  mauTais  procédés  envers  les  catholiques  y  dans  Tcglise  Saint- 
Eusèbe.  Ils  s'étaient  emparés  de  l'autel  de  ces  derniers  et  occupaient  une  place 
démesurée  dans  réglise. 

(2)  Il  circula  dans  les  campagnes,  en  germinal  an  ti,  une  brochure  imprimée  des 


CENT   CINQUIÈME   ÉVÊQUB   d'aUXERRE.  587 

Le  concordat  enlre  le  gouvernement  français  et  le  souverain-pontife  ^^  |  ^^^^ 
fut  signé  le  15  juillet  1801.  Ce  fut  le  commencement  de  la  rénovation 
du  culte  catholique  en  France.  Les  églises  se  rouvrirent,  les  prêtres 
exilés  rentrèrent  et  retrouvèrent  leurs  ouailles  heureuses  de  leur  retour. 

Le  département  de  ITonne  était  demeuré  sans  évêque  depuis  la 
mort  de  M.  de  Loménie,  car  on  ne  peut  donner  ce  nom  k  un 
M.  Ponsignon,  qui  parut  en  cette  qualité  au  concile  de  1801  et  qui  se 
fit  mettre  sur  la  liste  des  évéques  démissionnaires.  M.  de  Cicé  ha- 
bitait toujours  à  Halberstadt,  oii  il  achevait  tristement  sa  carrière, 
qu'un  hasard  fâcheux  vint  encore  tourmenter.  Sa  sœur  Adélaïde  fut 
impliquée  dans  le  procès  de  la  machine  infernale  par  suite  de  quel- 
ques rapports  indifférents  qu'elle  avait  eus  avec  Limoelan,  Tun  des 
conspirateurs.  On  trouva  chez  elle  des  lettres  de  son  frère,  du  moment 
même  de  l'événement;  elles  concernaient  les  affaires  de  son  diocèse, 
mais  elles  étaient  conçues  dans  une  forme  vague  et  déguisée  qui  pou- 
vait faire  naître  des  soupçons. 

Le  nom  du  petit  P.François  Y.  s'y  rencontrait  avec  éloge  et  comme 
le  facteur  le  plus  aaidu  et  Vagent  princ^àl  de  la  boutique.  Ce  fut  une 
cause  d'erreur  pour  la  justice  qui  cruty  reconnaître  le  préparateur  de  la 
machine  infernale  qu'on  nommait  le  petit  François.  Ce  rapprochement 
de  noms  tout  fortuit  en  lui-même,  car  l'évêque  parlait  de  François 
Yiart,  son  zélé  vicaire-général ,  devint  un  grave  motif  d'accusation 
contre  M"^de  Cicé.  Cependant,  grâce  à  M.  Bellart,  son  éloquent  dé- 
fenseur, elle  fut  reconnue  innocente. 

Lorsque  le  pape  demanda  aux  évêques  leur  démission  pour  pouvoir 
organiser  Icb  nouveaux  diocèses  avec  le  premier  consul ,  M.  de  Cicé, 
qui  était  très-âgé ,  ne  voulut  pas  abandonner  son  titre  (1).  Cependant, 
il  ne  fit  aucune  opposition,  et  concéda  aux  évêques  que  le  pape  mit  en 


constitutionnels  d'Auxerre ,  annonçant  le  rétablissement  du  culte  et  ayant  pour 
titre  :  LeUre  patlarale  du  presbytère  iAuxerre  à  Urne  les  curés ,  vicaires,  etc.,  et  à 
tous  les  fidèles  du  département. —  Archives,  pièces  sur  la  révolution. 

(1)  Il  paraît  que  des  tentatives  avaient  eu  lieu  par  M.  Viart,  dans  le  diocèse, 
pour  demander  sa  radiation  de  la  liste  des  émigrés.  Le  commissaire  du  canton  de 
Thury  signale  le  curé  comme  colportant  une  circulaire  imprimée  tendant  à  solli- 
citer les  signatures  des  fidèles  dans  cette  intention.  —  Archives,  floréal  an  vin. 


588  M.    DE    CICÉ  , 

I7G0  2I 1801.  possession  des  diverses  parties  de  son  diocèse»  les  pouvoirs  nécessaires 
pour  les  administrer. 

Le  département  de  l'Yonne  fut,  par  le  concordai,  compris  dans  le 
diocèse  de  Troyes,  dont  M.  de  Noé  devint  titulaire.  Le  reste  de  rancien 
diocèse  d'Auxerre  demeura  presqu'en  entier  au  diocèse  de  Nevers,  comme 
nous  Tavons  dit  plus  haut. 

Le  dernier  souvenir  du  pauvre  évoque  exilé  à  son  troupeau  mérite 
d'être  conservé  à  la  fin  de  sa  biogra|)hie.  Le  village  de  Gy-rEvêquc 
avait  été  dévasté  par  une  inondation;  M.  de  Cicé  l'apprit  dans  sa  re- 
traite, et  envoya  aux  habitants,  dans  le  mois  d'août  1800,  vingt 
louis  d'or  pris  sur  ses  modiques  ressources,  en  leur  exprimant  le  regret 
de  ne  pouvoir  faire  davantage  (1).  Il  mourut  dans  l'émigration,  le 
ta  novembre  i80S,  h  Ilalbertadl,  en  Prusse,  dans  le  couvent  des 
Franciscains  où  il  fut  enterré.  Il  était  dans  sa  quatre-vingt-unième 
année. 

Ainsi  fmitle  dernier  évoque  d'Auxerre.  Remarquable  parla  |>rudence 


(1)  Voici  sa  lettre ,  (elle  qu'elle  egt  publiée  dans  le  plaidoyer  de  M.  Bellart  pour 
Mlle  A.  de  Cicé.  3  août  1800. 

«  Chers  habitants, 

))J*ai  appris  avec  douleur,  par  les  gazettes,  l'affreux  ravage  que  Touragan  et  Tinon- 
dation  du  9  juillet  ont  causé  dans  les  villages  de  Gy-rEvéquc  et  de  Vallan.  Pen- 
dant longtemps  j*ai  joui  d'une  portion  des  revenus  de  Tcvéché  dans  votre  paroisse 
que  je  n'ai  jamais  cessé  d*aimer.  On  n'y  doute  pas  sûrement  que  si  je  m'en  étais 
trouvé  à  portée  je  n'y  fusse  promptement  accouru  pour  régler  avec  vous  les  divers 
soulagements  qu'il  m'eût  été  possible  de  vous  offrir  et  pour  tâcher  de  retenir  dans 
votre  sein  les  familles  qui  ont  le  plus  souffert. 

»  Dans  mon  éloignement,  après  toutes  les  pertes  et  les  différents  malheurs  que  j\il 
éprouvés ,  les  faibles  ressources  qui  me  font  subsister  ne  me  permettent  pas  de 
rassembler  actuellement  plus  de  20  louis  d'or  de  France  pour  les  joindre  à  la  masse 
des  secours  à  distribuer  parmi  vous  dans  la  proportion  des  pertes  et  des  besoins. 
Sûrement  nos  bons  habitants  d'Auxerre  et  des  environs  se  sont  empressés  de  venir 
à  votre  secours  avec  le  zèle  qu'ils  ont  toujours  eu  pour  soulager  rinforiune  et  qu'ils 
ont  montré  depuis  longtemps  contre  le  Qéau  de  la  mendicité.  C'est  une  consolation 
pour  moi  de  m'associer  encore  aujourd'hui  pour  vous  à  l'œuvre  de  leur  charité. 
Bientôt  je  ne  pourrai  plus  en  exercer  aucune  ;  et  quoique  ma  santé ,  grâces  h  Dieu , 
soit  meilleure  que  je  n'eusse  dû  l'espérer,  mon  âge  de  soixante-quinze  ans  m'avertit 
que  dans  peu  je  n'aurai  plus  pour  moi-môme  d'autres  besoins  que  ceux  des  prières 
qu'on  voudra  bien  faire  pour  mon  éternel  repos.  Je  me  recommande  aux  vôtres 
avec  confiance ,  etc.  » 


CENT   CINQUIÈME   ÉVÊQUE   DAUXERRÉ.  389 

Cl  l'élévation  de  son  esprit,  M.  de  Cicé  avait  entrepris  dans  son  diocèse  ^eo  \k  \m. 
lu  rétablissement  de  l'autorité  du  saint-^iége  compromise  par  le  jansé- 
nisme. Les  événements  ne  lui  permirent  pas  d'atteindre  son  but,  mais 
ils  donnèrent  raison  à  ses  prévisions  (1  )•  11  put  voir  de  sa  retraite  le 
courage  d'une  partie  de  son  clergé  et  la  faiblesse  de  l'autre.  La  persé- 
cution épura  son  troupeau;  quoique  la  leçon  fût  cruelle,  elle  dut  lui  pa- 
raître comme  à  beaucoup  de  bons  esprits  une  épreuve  de  la  Providence. 

Voici  le  texte  de  l'inscription  que  les  Franciscains  d'Halberstadt 
placèrent  sur  sa  tombe  : 

a  Ânno  ab  incarnatione  Domini  1805,  die  16  novembris,  hora 

>  12™^  meridiana  et  dimidia,  sanctis  ccclesiœ  sacramentis  munitus, 
»  piè  in  Domino  obiit,  anno  a^talis  suae  8i™<'. 

»  III.  ac  Rev.  in  Christo  Pater  D.  D.  Joannes-Baptista-Maria 
»  CHAMPION  DE  GIGË,  âutissiodorensis  episcopus. 

»  Hic  in  sedem  suam  pontificalem  inthronisatus  die  2^*  martii  anno 
1761 ,  Gregem  sibi  commissum  verbo  pavit  et  exemplo,  magna 
morum  integrilate,  sincero  religiouis  amore,  fide  purâ.  paterno  in 
clerum  sibi  subditum  aiïectu,  providcntiâ  ergà  pauperes,  singulari 
in  omnes  affabilitate  conspicuus.  E  Gallià  profugus  posteà  quam 
0  fugerat  ex  unàcivitate  in  aliam,  Halbcrstadium  advenit;  ubi,  edifi- 

>  catis  per   totum  decennium  exemplo  virtutum   suarum  fidclibus, 
»  complevit    peregrinationis  suse  dies,    in  ecclesia  Franciscanorum 


(1)  La  manière  de  voir  de  M.  de  Gicc,  en  politique,  était  inspirée  par  les  besoins 
du  temps.  Il  disait,  en  1789,  à  l'assemblée  des  trois  Ordres  réunis  à  Auxerre  : 
a  Remercions  Dieu  d^avoir  inspiré  au  cœur  de  notre  monarque  le  projet  salutaire 
des  états  généraux.  Un  monarque  ne  rend  jamais  son  autorité  plus  sacrée  qu'en 
conservant  les  libertés  nationales.  Jamais  aussi  les  peuples  n'assurent  mieux  leurs 
droits  qu'en  respectant  ceux  du  souverain. 

«  C'est  rendre  à  la  couronne  son  véritable  lustre;  c'est  servir  les  bonnes  et  justes 
intentions  de  S.  M.  que  de  nous  réunir ,  j'ose  le  dire,  avec  elle  contre  le  torrent 
des  abus  qui  font  gémir  depuis  si  longtemps  tant  de  citoyens  de  tous  les  ordres , 
surtout  dans  les  classes  les  moins  aisées,  accablées  sous  le  poids  de  leurs  charges.  » 
—  Arch.  de  l'Yonne ,  documents  historiques. 


•♦ 


390 


«qpdkK.  Eaiiè  iffM!»  saradoies  et  Sida, 


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?.  f .  rajLMSBLftJE  cstpnsofsist 


PU»  m:  &a  miTifiBr  vtfrmL 


MÉMOIRES 


HISTOIUOIJES 


SUR 


LES  ÉVÊQUES  D  AUXERRE. 


SEPTIÈME  PARTIE , 

Contenant  la  coniinnation  de  l'Histoire  Ecclésiastique, 

depuis  1802  à  1830. 


CHAPITRE  I«. 


M.  DE  NOË,  ËVÊQUE  DE  TROYES. 

I 

M.  de  Noé  (Marc-Ântoine) ,  né  en  1724  dans  le  diocèse  de  La  i^os. 
Rochelle,  évéque  de  Lescar  en  1763,  et  premier  baron  des  états  de 
Béarn,  premier  conseiller  d'honneur  au  parlement  de  Navarre,  avait  été 
choisi  par  le  premier  consul  pour  occuper  le  nouveau  siège  épiscopal 
de  Troyes  qui  comprenait,  comme  nous  Tavons  vu,  le  département  de 
TYonne.  Sa  nomination  date  du  mois  de  floréal  an  x  (9  avril  1802). 

Sa  réputation  d'homme  éclairé,  de  prédicateur  éloquent  et  de  prêtre 
éminent  par  ses  vertus  l'avait  désigné  au  choix  du  gouvernement.  Il 


392  M.    DE   f40É, 

,«,9.  avait  fort  à  faire  pour  restaurer  le  culte  dans  son  diocèse  cl  notamment 
dans  l'arrondissement  d'Âuxerre.  Les  églises  étaient  tombées  en  ruines 
par  défaut  de  soin  et  par  les  atteintes  ùrutales  dont  elles  avaient  été 
Tobjet  pendant  les  dix  années  qui  venaient  de  s'écouler.  Le  personnel 
du  clergé  avait  éprouvé  de  grandes  vicissitudes. 

M.  de  Noé  publia  tout  d'abord,  aux  mois  de  prairial  et  de  messidor 
an  X  (mai  et  juin  1802),  des  ordonnances  sur  la  réduction  des  fêtes, 
sur  la  sonnerie  des  cloches  et  les  cérémonies  extérieures  du  culte,  dé- 
coulant des  Douveaux  principes  posés  dans  le  concordat.  Le  préfet  de 
l'Yonne  autorisa  la  publication  de  ces  actes  dans  son  département  (1). 

La  première  ordonnance  est  basée  sur  un  induit  du  légat.  L'évéque 
la  fait  précéder  de  cette  pieuse  déclaration  :  a  Que  si  certaines  fêtes 
»  sont  célébrées  d'une  manière  moins  obligatoire  pour  tous  les  fidèles, 

>  il  ne  sera  cependant  rien  changé  aux  offices  et  aux  rites  observés 
j»  jusqu'à  ce  jour  pour  leur  célébration  -  les  églises  seront  témoins 

>  des  mêmes  solennités,  les  voûtes  sacrées  retentiront  des  mêmes 
»  chants ,  vos  prêtres  offriront  les  mêmes  sacrifices,  la  piété  qui  ne 
»  sera  point  retenue  par  des  obligations  et  des  devoirs  domestiques 

>  retrouvera  dans  nos  églises  tout  ce  qui  lui  est  cher,  etc.  > 

Il  fixe  ensuite  le  mode  de  célébration  des  fêtes. 

Le  règlement  pour  la  sonnerie  des  cloches  n'était  pas  alors  une 
chose  indifférente.  Il  n'y  avait  pas  longtemps  encore  que  cet  usage  était 
proscrit  par  la  loi  de  l'an  m.  Il  fallait  donc  fixer  les  circonstances  reli- 
gieuses dans  lesquelles  la  sonnerie  serait  pratiquée. 

M.  de  Noé  établit  par  un  autre  décret  du  27  thermidor  an  x  (15  août 
1802),  un  certain  nombre  de  cures  dont  le  ressort  était  aussi  étendu 
que  celui  des  justices  de  paix.  On  trouvait  dans  l'ancien  diocèse 
d'Auxerre,  les  cures  de  Saint-Etienne  de  la  même  ville,  de  Coulanges- 
la-Vineuse,  Coulanges-sur- Yonne,  Courson,  Saint-Sauveur,  Toucy, 
Vermanton,  Bléneau  et  Saint-Fargeau.  Le  premier  consul  ratifia  cet 
acte  le  16  fructidor  suivant.  Ce  fut  la  base  du  nouvel  ordre  de  choses. 
Les  succursales  furent  établies  ultérieurement. 

(1)  Le  fait  peut  paraître  siogulicr  aujourd'hui,  mais  il  non  est  pas  moins  exact. 


ÉVÉQUB   DE   TROYES.  "  393 

Le  18  vendémiaire  an  xi,  lous  les  curés  du  département  se  réuni-       i^. 
rent  k  Auxerre  et  prêtèrent  serment  entre  les  mains  du  préfet  pen- 
dant la  messe  paroissiale  de  Saint-Etienne ,  conformément  au  nouveau 
concordat  (1). 

Les  théophilanthropes  furent  définitivement  privés  des  églises  et  des 
autres  édifices  nationaux  par  ordre  du  ministre  de  la  police  générale 
du  17  vendémiaire  an  x  (9  septembre  1801).  Le  préfet  prit  des  mesures 
en  conséquence  :  ceux  d*Auxerre  virent  disparaître  les  emblèmes  qui 
remplissaient  une  partie  de  Téglise  Saint-Eusèbe  et  Ton  n'entendit 
plus  parler  de  ces  mystiques. 

Certaines  paroisses  furent  encore,  dans  les  premiers  temps  du  réta- 
blissement de  l'ordre,  agitées  par  des  débats  entre  le  curé  constitutionnel 
qui  avait  conservé  ses  partisans  et  Tancien  curé  qui  rentrait  de  Texil  ou 
sortait  de  sa  retraite. 

La  paroisse  de  Treigny  fut  particulièrement  divisée  pendant  long- 
temps sur  ce  point.  Un  sieur  Chabrol,  prêtre  du  diocèse  de  Yaison, 
marié  pendant  la  Terreur,  qui  s'était  installé  h  Treigny  en  Tan  iv,  y  avait 
de  nombreux  partisans,  lorsque  revint  le  curé  Pautrat,  qui  était  envoyé 
légalement  par  M.  Yiart.  Le  débat  aigrissant  les  esprits ,  M.  de  la 
Bergerie,  alors  préfet  prit,  le  18  thermidor  an  ix,  un  arrêté  qui  ordon- 
nait l'expulsion  de  M.  Pautrat.  Cependant,  le  ministre  des  cultes 
Portalis,  informé,  fit  au  préfet  des  observations  sur  la  moralité  de 
son  protégé.  M.  de  la  Bergerie  avoua  qu'il  en  était  peu  édifié  , 
mais  il  se  retrancha  derrière  des  apparences  de  légalité.  L'oi^ani- 
sation  régulière  du  diocèse  par  M.  de  Noé  mit  fin  à  ces  désordres 
et  M.  Pautrat  fut  rétabli  dans  sa  cure»  qu'il  desservit  jusqu'à  ces 
dernières  années. 

• 

À  peine  le  diocèse  commençait-il  à  se  réorganiser  que  la  mort 
vint  frapper  son  illustre  chef,  pour  qui  le  premier  consul  avait 
demandé  au  pape  le  chapeau  de  cardinal.  M.  de  Noé  mourut  le  22 
septembre  1802. 


(1)  La  formule  du  serment  avait  été  arrêtée  de  concert  entre  les  deux  autorités 
civile  et  religieuse. 


394  *  H.    DE   LA   TOUR-DU-PIN  , 


CHAPITRE  II. 


M.  DE  LA  TOUR-DU-PIN ,  ARCHEVÊQUE-ÈVÊQUE 
DE  TROYES  ET  D'AUXERRE. 

1902  à  1807.  M,  (Je  la  Tour-du-Pin  (Louis-Apollinaire),  ancien  évêque  de  Nancjf» 
pais  archevêque  d'Auch  ,  né  en  i  744 ,  avait  donné  sa  démission  en 
1801 1  sur  rinvitation  du  souverain-pontife.  Il  succéda  à  M.  de  Noé 
dans  le  siège  de  Troyes,  fut  nommé  le  !•'  octobre  1802  et  prit  pos- 
session le  6  février  suivant.  Il  prenait  le  titre  d'archevéque-évéque  de 
Troyes  et  d'Auxerre. 

M.  Leduc,  nommé  vicaire  général  du  diocèse  de  Troyes  par  Tarche- 
véque  de  Paris ,  métropolitain ,  continua  quelque  temps  encore  après 
la  promotion  de  M.  de  la  Tour-du-Pin  ,  et  à  cause  de  son  absence,  k 
exercer  les  pouvoirs  épiscopaux. 

Cependant  le  nouveau  prélat  parvint  enfin,  après  quelques  difficultés 
administratives,  à  organiser  le  personnel  de  son  clergé  dans  le  départe- 
ment et  il  annonça  sa  visite  pour  le  12  floréal  an  xi  (2  mai  1805).  Le 
préfet  en  en  prévenant  les  sous-préfets  de  Sens  et  de  Joigny  leur  écri- 
vait :  c  Je  vous  recommande  de  lui  rendre  et  de  lui  faire  rendre,  par 

>  les  maires  des  principales  villes  où  passera  Tévêque  ,  tous  les  hon- 
»  neurs  qui  lui  sont  dus.  A  Auxerre ,  tout  est  disposé  pour  faire,  à  ce 

>  prélat  respectable,  la  réception  la  plus  honorable.  > 

Il  y  avait  longtemps  qu'on  n'avait  entendu  rien  de  semblable.  M.  de 
la  Bergerie,  empressé  de  se  conformer  aux  dispositions  du  gouverne- 
ment, s'était  mis  k  Tunisson  du  nouveau  langage  officiel. 

Lorsque  M.  de  la  Tour-du-Pin  arriva  à  Auxerre ,  il  y  iui ,  en  effet , 
accueilli  avec  beaucoup  d'empressement.  Sa  présence  était  un  gage  du 
rétablissement  complet  du  culte.  Le  5  prairial  (25  mai),  les  curés- 
desservants  réunis  dans  la  grande  salle  de  la  préfecture  prêtèrent  devant 
le  préfet  le  serment  prescrit.  Ce  magistrat  leur  adressa  ensuite  une  allô- 


ARCHEVÊQUE   DE   TROYES.  595 

cutioD  j  OÙ  après  avoir  tracé  le  tableau  des  malheurs  qu'ils  venaient  de  i^qs  ^  isor. 
traverser,  des  persécutions  qu'ils  avaient  éprouvées,  il  les  invita  k  Toubli, 
à  la  charité  et  à  la  paix.  Il  règne  dans  toute  cette  pièce  un  air  de  res- 
pect pour  la  religion  et  pour  ses  ministres,  un  ton  de  vérité  et  d'éléva- 
tion remarquable.  On  y  trouve  ces  passages  : 

<r  Le  département  de  l'Yonne  est  signalé  par  le  gouvernement 
»  comme  un  de  ceux  où  le  schisme  a  disparu,  où  toutes  les  dissidences 
»  d'opinions  sont  fondues  et  se  rattachent  au  concordat,  où  règne  entre 

>  les  ministres  du  culte,  les  magistrats  et  les  administrés,  une  harmonie 
»  parfaite. 

0  Faites  donc  tous  vos  efforts,  MM.  les  curés,  dans  vos  communes 
»  respectives,  pour  concourir  k  l'exécution  des  lois  et  des  mesures  du 

>  gouvernement,  pour  reconnaître  les  bienfaits  que  vous  devez,  avec  la 
»-  France,  au  héros  qui  a  donné  la  paix  au  continent  ;  etc.  » 

Quelques  jours  auparavant  le  prélat  recommanda  k  son  clergé  et  aux 
fidèles  une  nouvelle  institution  due  k  M.  de  la  Bergerie,  celle  d'une 
caisse  de  secours  pour  les  incendiés.  Déjk  en  1790,  M.  de  Loménie 
avait  proposé  aux  administrateurs  du  département  d'étendre  cet  établis- 
sement à  tout  le  ressort,  tel  qu'il  existait  dans  son  ancien  diocèse. 

M.  de  la  Tour-du-Pin,  entreprit  de  réaliser  l'œuvre  réparatrice  à 
peine  ébauchée  par  M.  de  Noé.  Le  prélat  rendit,  le  1®'  août  1805,  une 
ordonnance  pour  le  rétablissement  de  la  discipline  ecclésiastique.  Il 
y  révoqua  les  pouvoirs  extraordinaires  qui  avaient  été  accordés  k  cause 
de  la  difficulté  des  temps  et  prescrivit  instamment  aux  desservants 
de  se  rendre  dans  leurs  paroisses  et  d'y  résider.  Il  recommanda  k  son 
clergé  la  prudence  et  la  modération,  le  soin  de  l'instruction  des  pauvres 
et  des  domestiques  et  donna  des  règlements  sur  les  cérémonies  du 
mariage,  l'administration  des  fabriques,  etc. 

Il  y  interdit  expressément  aux  laïques  de  remplir  les  fonctions  sacerdo- 
tales dans  les  paroisses  où  il  n'y  avait  pas  encore  de  curés  a  k  cause  du 

>  petit  nombre  de  prêtres  dont  on  peut  disposer  ;  »  il  déclare  que 
c'est  Ta,  non  un  culte,  mais  un  simulacre  de  culte  religieux  et  un  grave 
abus. 

L'arrondissement  d'Auxerre  forma  alors  un  vaste  doyenné  lequel 
fut  dévolu  k  M.  Yiart,  qui  avait  été  nommé  curé  d'Auxerre.  On  voulut 


lâ(»  k  1807. 


596  M.    DE   LA   TOUR-DU-PIN  ,    ARCHEVÊQUE   DE   TROYES. 

ainsi  honorer  les  travaux  apostoliques  du  digne  vicaire  de  M.  de  Cice,  son 
zèle  et  son  dévouement  pour  la  foi  pendant  la  terrible  époque  qu'on 
venait  de  traverser.  Il  continua,  comme  nous  le  verrons,  d'exercer  les 
pouvoirs  d'administrateur  de  cette  partie  de  l'ancien  diocèse  d'Âuxerre 
sous  les  successeurs  de  M.  de  la  Tour-du-Pin. 

Les  mandements  épiscopaux  de  ce  temps  révèlent  l'état  déplorable 
dans  lequel  était  TËglise  de  France.  M*  de  la  Tour-du-Pin ,  pour  en 
préparer  le  remède,  autant  qu'il  était  en  son  pouvoir,  établit  un  séminaire 
dans  sa  ville  épiscopale  de  Troyes,  pour  l'entreiien  duquel  il  convia 
les  fidèles  par  son  mandement  du  5  mai  1804.  Les  départements 
chargés  par  la  loi  de  contribuer  à  l'entretien  de  la  cathédrale  et  de 
Févéché  (1)  ne  faisaient  rien  alors  pour  cette  institution.  Cependant, 
à  partir  de  1806  et  pendant  tout  le  temps  de  l'empire,  le  conseil- 
général  de  l'Yonne  <k  convaincu  des  heureux  effets  que  produira  la 
»  renaissance  de  la  religion  >  lui  accorda  annuellement  2,400  fr.  (2). 
Chaque  année  les  mandements  se  renouvelèrent  pour  recommander  le 
séminaire  qui  reçut  quarante  jeunes  gens  la  première  année.  Mais 
qu'était  ce  chiffre  en  face  des  trois  cents  paroisses  dépourvues  de  pas- 
teurs ! 

La  mort  vint  surprendre  M.  de  la  Tour-du-Pin  au  milieu  de  ses 
travaux  et  arrêta  ses  projets.  Un  mandement  des  chanoines  et  Chapitre 
de  Troyes  pour  l'administration  du  diocèse,  le  siège  épiscopal  vacant, 
l'annonça  aux  fidèles.  Le  prélat  avait  succombé  le  28  novembre  1807. 
Les  chanoines  faisaient  dans  cette  pièce  le  panégyrique  de  M.  de  la 
Tour-du-Pin,  qu'on  appelait  le  saint  archevêque. 

Les  édifices  les  plus  importants  du  diocèse,  comme  l'ancienne  cathé- 
drale d'Auxerre,  commencent  en  1806  à  attirer  l'intérêt  du  conseil- 
général  du  département.  On  n'avait  fait  aucune  réparation  dans  ce 
vaisseau  pendant  la  révolution  de  sorte  qu'il  était  dans  un  élat  déplora- 
ble. Le  conseil  accorda  6,000  fr.  en  1806,  «regrettant,  par  des 
motifs  d'économie,  de  ne  pouvoir  faire  davantage  pour  ce  précieux 


(1)  Depuis  Tan  x  jusqu'à  1820,  le  département  de  TYonne  contribua  pour  des 
sommes  notables  à  Tentretien  de  la  cathédrale  de  Troyes  et  du  palais  épiscopal. 

(2)  Procès-verbaux  du  conseil  général. 


M.   DE  DOl}LLO(»(E,    ÉVÊQUE   DE  TROYES.  597 

mooumeotJiditM.  Olivier  Chardon,  secrétaire  de  l'assemblée.  Chaqae  1809  ^  iwt. 
année  on  fit  des  instances  auprès  du  gouvernement  en  faveur  de  cette 
basilique,  mais  sans  succès. 

L^église  Saint-Germain  de  la  même  ville,  ce  vénérable  monument 
qui  renferme  les  tombeaux  des  saints  du  diocèse,  après  avoir  été  condam- 
née ^  la  démolition,  y  échappa,  et,  sur  une  réclamation  de  Tévéque  et  des 
habitants  catholiques  de  la  ville,  fut  conservée  pour  servir  d'oratoire  (i). 

Pendant  que  le  pape  rétablissait  pleinement  son  autorité  sur  l'Ëglise 
de  France,  les  débris  des  jansénistes  essayèrent  de  se  reconstituer.  Mais 
comme  leur  nombre  avait  sensiblement  diminué  ils  ne  formèrent  plus 
qu'une  petite  église.  La  ville  d'Auxerre  en  posséda  une  chapelle  dont 
les  rares  sectateurs  passèrent  presque  inaperçus  jusqu'à  nous. 

M.  J.-B.  Yilletard,  ancien  chanoine  de  la  cathédrale,  qui  avait  sur- 
vécu aux  orages  révolutionnaires,  en  était  le  représentant.  Au  moment 
de  sa  mort ,  en  1805,  il  était  en  train  de  rétablir  les  écoles  de 
Saint-Charles,  fondées  par  M.  de  Caylus  et  que  la  révolution  avait 
fermées.  Il  transmit  ce  devoir,  par  son  testament,  k  M.  Bourgoin  Tainé 
et  k  trois  autres  personnes  honorables  d'Auxerre,  en  même  temps  que 
la  dotation  importante  attachée  à  ces  écoles  qui  existent  encore  aujour- 
d'hui (2). 


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CHAPITRE  III. 

M.  DE  BOULLOGNE,  ÉVÊQUE  DE  TROYES,  DE  CIIALONS 

ET  D'AUXERRE. 

Le  diocèse  de  Troycs  demeura  vacant  pendant  quelque  temps  après  1807  !i  im. 
la  mort  de  M.  de  la  Tour-du-Pin,  et  le  Chapitre  cathédral  fut  chargé 


(1)  La  décision  du  gouvernement  sur  cet  objet,  est  du  18  floréal  an  xn. 

(2)  M.  Villetard  pria  son  neveu,  M.  Ilay,  conseiller  de  préfecture,  de  le  faire  en- 
terrer au  pied  d'un  reste  de  bâtiment  élevé  par  saint  Germain  et  où  avait  été  fondée 
depuis  Tabbaye  St-Maricn(V.  son  testam.  des  12  et28gcrm.  an  xiii,  reçuDupIessis.) 


508  H.    DE   BOULLOGME, 

1807 1 1891.  àe  TadministratioD.  Il  pablia,  cd  cette  qualité,  plusieurs  mandements 
et  ordonnances,  particulièrement  le  7  août  1808,  pour  rappeler  Texé- 
cution  de  Tindult  du  0  avril  1802  sur  la  translation  des  fêtes  de  TËpi- 
plianie,  de  la  Fête-Dieu,  des  apôtres  saints  Pierre  et  Paul,  et  des 
saints  Patrons  des  paroisses,  au  dimanche  le  plus  proche  du  jour  où 
elles  tombent.  L'inobservance  de  ces  prescriptions  jetait  du  désordre 
dans  l'administration  du  diocèse. 

M.  de  Boullogne  (Ëtienne-Ântoine),  né  à  Avignon  en  1747,  fut 
nommé  évoque  de  Troyes  ^  la  fin  de  1807.  Il  fut  préconisé  à  Rome 
dans  le  consistoire  du  11  juillet  1808,  et  sacré  le  2  février  1809  ;  mais 
il  ne  vint  prendre  possession  de  son  siège  qu'un  peu  plus  tard,  par  des 
causes  indépendantes  de  sa  volonté.  Sa  première  lettre  pastorale  est  du 
20  mars  1809.  Il  y  prend  les  titres  d'évéque  de  Troyes,  de  Châlons- 
sur-Marne  et  d'Auxerre  ,  baron  de  Tempire  ,  aumônier  ordinaire  de 
S.  M.  l'empereur  et  roi.  Sa  réputation  bien  méritée  d'orateur  éloquent 
lui  avait  valu  depuis  longtemps  des  succès  dans  le  monde.  Il  avait  prêché 
à  la  cour  de  Louis  XVI  dès  1785.  En  1784,  Tévêque  de  Châlons  le 
nomma  archidiacre  et  chanoine  de  sa  cathédrale.  Ëlu  en  1789  député 
de  Paris  h  l'Assemblée  constituante,  il  avait  refusé  le  serment  h  la 
constitution  du  clergé.  Détenu,  puis  mis  en  liberté  jusqu'à  trois  fois 
pendant  la  Terreur,  il  échappa  heureusement  à  une  mort  certaine.  M. 
de  Boullogne  se  livra  ensuite  k  la  rédaction  des  Annales  religietises  qui 
devinrent  les  ilnnales  catholiques,  où  il  prit  souvent  à  partie  les  consti- 
tutionnels. Le  rétablissement  du  culte  lui  rouvrit  la  chaire,  dans  laquelle 
il  brilla  d'un  nouvel  éclat.  L'empereur,  frappé  de  son  talent,  le  nomma 
au  nombre  de  ses  chapelains.  Après  avoir  été  promu  k  un  siège  d'Italie, 
qu'il  refusa  parce  qu'il  ne  connaissait  pas  la  langue  de  ce  pays,  il  fui 
choisi  pour  celui  de  Troyes. 

L'élévation  des  pensées  et  la  profondeur  qui  distinguent  le  premier 
mandement  de  M.  de  Boullogne  promettaient  un  prélat  destiné  à  raviver 
l'esprit  chrétien  dans  le  diocèse  de  Troyes.  Il  y  signale  l'éiat  des  popu- 
lations des  campagnes  que  menace  la  corruption,  parce  qu'elles  sont 
privées  de  pasteurs.  En  effet,  sur  plus  de  800  paroisses  dont  se  com- 
posait alors  son  vaste  diocèse,  le  tiers  était  sans  curés.  Aussi  s'écric-til . 
a  La  morale  se  perd  faute  de  culture  et  d'éducation  chrétienne.  Excm- 


ÉVÊQUE   DE   TROTES.  599 

»  pie  trop  sensible,  qui  démontre  aux  moins  clairvoyants  qu'il  n'y  is^j  ^^  i^si. 
»  a  point  de  religion  sans  pasteurs,  et  point  de  mœurs  sans  religion. 
»  En  vain  les  sages  du  siècle  voudraient,  ^  force  d'art,  obscurcir  cette 

>  vérité  ;  toujours  il  sera  vrai  de  dire  que  rien  ne  pourra  jamais  suppléer 
»  atix  douces  insinuations  de  l'autorité  pastorale ,  qu'elle  peut  seule 

>  simplifier  les  opérations  si  pénibles  et  si  compliquées  du  gouverne- 

>  ment,  et  que  partout  où  les  ministres  de  la  charité  disparaîtront,  il 

>  faudra  nécessairement  multiplier  les  ministres  de  la  justice.  > 
L'indifférence  qui  animait  déjà  les  peuples  est  aussi  l'objet  des  regrets 

du  prélat  ;  cependant  il  compte  beaucoup  sur  le  rétablissement  des 
écoles  chrétiennes  et  sur  l'Université  nouvellement  organisée,  pour 
obtenir,  après  un  certain  temps,  de  meilleurs  résultats. 

La  confiance  de  M.  de  Boullogne  dans  le  gouvernement  impérial, 
inspirée  sans  doute  un  peu  par  la  reconnaissance  et  aussi  par  le  désir 
de  fortifier  l'autorité  renaissante,  lui  dicte  souvent  dans  ses  mande- 
ments de  pompeux  éloges.  La  grande  victoire  de  Wagram,  la  paix  avec 
l'Autriche,  inspirent  sa  plume  féconde.  Le  mandement  sur  la  naissance 
du  roi  de  Rome  est  un  modèle  du  genre.  Ses  souhaits  de  perpétuité  pour 
la  nouvelle  dynastie  se  mêlent  agréablement  aux  chants  de  triomphe  et 
de  gloire.  La  ville  d'Âuxerre  vit  une  seule  fois  dans  ses  murs  M.  de 
Boullogne  au  mois  de  juillet  1809;  encore  ne  fit-il  qu'y  passer  rapide- 
ment et  presque  incognito,  de  sorte  que  la  réception  qu'on  se  proposait 
de  lui  faire  n'eut  pas  lieu. 

Quelques  jours  après  la  naissance  du  roi  de  Rome,  il  vint  k  Paris 
assister  au  concile  national  convoqué  par  l'empereur  pour  remédier  aux 
difficultés  qui  subsistaient  entre  le  pape  et  lui.  Napoléon  avait  violem- 
ment annihilé  la  résistance  de  Pie  YII  au  système  continental.  La 
politique  l'emporta  sur  le  respect  dû  au  vicaire  de  Jésus-Christ,  et 
le  pape  se  vit  successivement  déposséder  de  ses  états,  et  emmener  pri- 
sonnier à  Savonne.  Mais  ces  actes  de  force  matérielle  ne  pouvaient  rien 
sur  le  spirituel  ;  le  pape  refusait  de  confirmer  les  évéques  nommés  par 
l'empereur,  et  nombre  de  diocèses  demeuraient  sans  pasteurs. 

C'était  pour  remédier  à  cet  état  de  choses,  qui  devenait  inquiétant, 
qu'un  concile  était  convoqué  k  Paris,  le  17  juin  1811.  M.  de  Boul- 
logne y  prononça  le  discours  d'ouverture,  où  il  examina  Vinfluence  de 


400  M.    DE   BOULLOGNE  , 

1897  è  1891.  ^  religion  catholique  sur  Vordre  social  et  le  bonheur  des  empires.  L'em- 
pereur, dit-ODy  vit  ce  discours  d^uo  mauvais  œil.  M.  de  Boullogne,  qui 
fit  ensuite  partie  delà  commission  chargée  de  la  réponse  au  message 
de  Napoléon  au  concile,  avait  composé  la  rédaction  de  cette  pièce, 
dans  laquelle  on  déclarait  que  Ton  demanderait  la  permission  d'en- 
voyer au  pape  une  députation  qui  lui  exposât  Fétal  déplorable  des 
églises.  L'empereur  propose  un  décret  pour  couper  court  à  tout,  et  de- 
mande que  dans  le  cas  où  le  pape  n'aurait  pas ,  dans  les  six  mois , 
confirmé  les  nouveaux  évêques,  ce  droit  serait  dévolu  au  métropolitain. 
La  commission  décide  qu'on  soumettra  le  projet  de  décret  au  pape  : 
alors  l'empereur  irrité  casse  le  concile  le  soir  même,  iO  juillet,  et  fait 
arrêter  et  conduire  à  Vincennes  l'évéque  de  Troyes,  ainsi  que  les  évo- 
ques de  Gand  et  de  Tournay. 

Au  mois  de  novembre,  M.  de  BouUogne  est  obligé  de  remettre  sa 
démission  et  une  promesse  par  écrit  de  ne  plus  se  mêler  des  affaires  de 
son  diocèse  et  de  n'y  entretenir  aucune  correspondance.  Celait  la  condi- 
tion de  sa  mise  en  liberté.  Il  fut  ensuite  envoyé  en  surveillance  à  Falaise. 
Alors  il  s'éleva  dans  le  diocèse  de  Troyes  une  division  qui  prenait  sa  source 
.  dans  l'illégalité  de  la  mesure  dont  était  frappé  M.  de  Boullogne.  Une 
partie  du  clergé  regardant  sa  démission  comme  forcée,  envoya  consulter 
*  le  pape  qui  répondit,  en  effet,  que  les  droits  de  Tévêque  étaient  entiers 
et  que  le  Chapitre  n'avait  aucune  autorité.  M.  de  Boullogne,  lui-même, 
pressé  de  se  prononcer,  avait  dit  n  que  dans  la  situation  rigoureuse  où 
n  il  se  trouvait,  il  ne  pouvait  rien  répondre.  » 

Alors  l'abbé  Arvisenet  qui,  jusqu'au  mois  de  juin  1815,  avait  signe 
les  mandements  comme  vicaire  général  du  Chapitre,  collectivement  avec 
M.  Treffort,  se  refusa  à  continuer  et  publia  sa  rétractation.  L'éclat  de 
cette  démarche,  qui  acquérait  beaucoup  de  poids  par  la  considération 
dont  jouissait  sou  auteur,  décida  le  gouvernement  à  demander  à  M.  de 
Boullogne  une  nouvelle  démission.  Celui-ci  ayant  refusé  de  la  don- 
ner, fut  encore  jeté  dans  les  prisons  de  Vincennes,  le  27  novembre 
1815. 

M.  Alexandre  de  Cussy  fut  nommé  alors  au  siège  de  Troyes,  et  le  Cha- 
pitre, du  moins  en  partie,  le  reconnut;  et,  dans  un  mandement  aux  curés 
du  diocèse,  en  date  du  10  novembre  1815,  ce  corps  entreprit  de  se 


ÉVÊQUE  DE  TROYES.  401 

justifier  des  accusations  de  schisme  dont  on  le  frappait  pour  avoir  usurpé  ^^  ^  ig^i, 
l'autorité  deM.de  Boullogne  captif.  M.  Yiart  fut  soupçonné  de  fomen- 
ter la  résistance  dans  son  dojenné,  et  la  police  veillait  activement  sur 
ses  démarches  ;  mais  tout  se  passa  sans  éclat. 

La  chute  de  l'Empire  rendit  M.  de  Boullogne  à  son  troupeau.  La  per- 
sécution qu*il  avait  éprouvée  le  grandit  encore  aux  yeux  du  nouveau 
gouvernement,  dont  il  épousa  chaudement  les  intérêts. 

Son  mandement  du  10  mai  1814,  qui  prescrit  un  Te  Deum  solennel 
en  action  de  grâces  du  rétablissement  de  la  maison  des  Bourbons,  com- 
mence en  ces  termes  : 

«  Enfin,  nos  très-chers  frères,  après  trois  années  environ  d'exil  ou 

>  de  captivité,  où  nous  retenoit  la  plus  injuste  tyrannie,  pour  avoir  dé- 
»  fendu  de  tout  notre  pouvoir  les  droits  du  saint-siége  inséparables  de 
»  ceux  des  évéqnes,  et  ensuite  pour  n'avoir  pas  voulu  souscrire  à  des 

>  propositions  non  moins  contraires  k  notre  honneur  qu*à  notre  cous-*- 
»  cience,  il  nous  est  permis  de  faire  entendre  notre  voix  à  ce  troupeau 
»  chéri  dont  on  a  pu  nous  séparer  par  la  violence,  mais  que  rien  n'a 
»  pu  nous  faire  oublier.  > 

Son  retour  dans  son  diocèse  y  fut  accueilli  avec  joie;  cependant,  le 
parti  qui  s'était  prononcé  pour  le  Chapitre  ne  se  résigna  que  quelque 
temps  après  a  la  soumission.  L'évéque  prit  alors  des  mesures  pour  an- 
nuler les  actes  d'usurpation  commis  pendant  son  exil,  mais  sans  bruit  et 
sans  initier  le  public  à  ces  détails  d'intérieur. 

L'ancien  Âuxerrois  ,  faible  portion  du  vaste  diocèse  de  Troyes , 
ne  recevait  que  le  contre-coup  de  ces  mouvements.  M.  Yiart  con- 
tinuait de  le  régir  suivant  les  anciennes  traditions.  La  vaste  étendue 
du  pays  soumis  à  l'autorité  de  M.  de  Boullogne  ne  lui  permeitait 
pas  de  tout  voir  par  lui-même,  et  il  s'en  rapportait  à  M.  Viart  pour  tout 
ce  qui  concernait  son  doyenné  (1). 


(1)  Sous  TËmpire,  M.  Viarl  n'était  pas  toujours  d'accord  avec  le  préfet.  M.  de  la 
Bergerie,  qui  lui  reconnaissait  toutes  les  qualités  d'un  bon  prêtre,  Taccosail  cepen- 
dant de  pécher  par  excès  de  zèle.  II  se  plaignit  même  à  M  de  Boullogne  de  la  viva-. 
cité  extrême  que  montrait,  dans  ses  sermons,  ce  vénérable  abbé,  contre  les  jansé* 
nistes  et  Findiflerence  des  fonctionnaires  publics  h  Tégard  de  la  religion. 

Il  26 


402  M.  DE  BOULLOGIŒ,  ÉV&QUE  DE  TROTBS. 

2].  D'ailleurs,  la  politique  absorbait  presque  tout  son  temps,  et  il  datait 
la  plupart  de  ses  mandements  de  Paris.  Son  zèle  nouveau  pour  la 
royauté  l^ltime  respire  dans  tous  ses  écrits  et  proclame  cette  union  de 
l'autel  et  du  trône  qui  était  le  rêve  des  hommes  de  ce  temps. 

Les  frais  du  culte  entrent  sous  la  Restauration  pour  une  plus  grande 
part  dans  le  budget  du  département.  Le  conseil  général,  dans  sa  session 
de  1816,  prit  une  délibération  qui  augmenta  le  chiffre  de  ce  chapitre  de 
,  son  budget.  Il  demanda  en  même  temps  l'établissement  d'un  séminaire 
dans  le  département,  afin  de  faciliter,  par  son  rapprochement  des  admi- 
nistrés, l'augmentation  du  nombre  des  ecclésiastiques.  II  offrit,  k  cet 
effet,  une  somme  de  15,000  f.  pour  aider  aux  frais  de  première  ins- 
tallation. 

Ce  corps  était  animé  de  vues  très-religieuses.  Il  voyait  avec  inquié- 
tude diminuer  le  nombre  des  prêtres,  sans  qu'on  fit  rien  pour  y  re- 
médier. En  1819,  M.  le  comte  de  Chastellux  ,  rapporteur  d'une  com- 
mission du  conseil,  fit  décider  l'adoption  d'un  projet  du  préfet  tendant 
à  contribuer  de  30,000  f.  pour  les  établissements  ecclésiastiques  qu'on 
s'attendait  à  voir  fonder. 

H.  de  Boullogne  avait  été  appelé  à  l'archevêché  de  Vienne  lors  du 
concordat  de  1817.  Hais  les  circonstances  empêchèrent  l'exécution  de 
cette  mesure  ;  toutefois  l'archevêque  élu  publia  alors  un  mandement  aux 
fidèles  de  son  diocèse  de  Troyes,  où  il  fit  l'historique  des  actes  illégaux 
commis  par  son  Chapitre  et  des  réparations  qu'il  en  avait  faites,  afin  de 
laisser,  dans  les  archives  de  l'église  de  Troyes,  une  protestation  so- 
lennelle pour  la  conservation  des  vrais  principes  (1). 

Nommé  pair  de  France,  en  1822,  M.  de  Boullogne  nous  devint 
étranger.  II  passait  la  plus  grande  partie  de  son  temps  k  Paris  où  il  sou- 
tenait ardemment  les  privilèges  de  l'Eglise  et  les  lois  tendant  k  leur  main- 


(1)  U  dit  dans  son  m»dement  du  17  janvier  1818  :  «  Noos  avons  ordonné  que  tons 
9  les  actes  illégaux  qui  pouvoient  se  trouver  dans  les  registres  de  notre  Chapitre  en 
»  disparussent  et  qu'il  n'y  restât  plus  de  trace  de  ces  délibérations  plus  qu'irrégu- 
»  lières.  Nous  avons  déclaré  nuls  et  de  nul  effet  tous  les  pouvoirs  quelconques  qui 
»  auroient  pu  être  donnés  par  les  envahisseurs  de  notre  juridiction,  et  les  avons  fait 
M  également  disparaître  des  registres  de  notre  secrétariat,  et  néanmoins  nous  avons 


M.    DE   LA   PARE  y    ARCHEVÊQUE   DE   SENS.  405 

lien.  Il  consacrait  les  loisirs  que  lui  laissait  la  session  k  composer  des  i^  ^  issi. 
discours  très-goûtës.  Il  mourut  d'une  attaque  d'apoplexie  cérébrale  dans 
la  nuit  du  15  mai  1825.  Ses  restes  furent  déposés  au  Mont-Valé- 
rien  (1). 

L'établissement  du  siège  archiépiscopal  de  Sens  va  commencer  une 
nouvelle  série  de  prélats. 


0^0^0^0^0^0^^^0^0^^^0^0^0^0^0^^^0^^^^^^^0^0^0^^^0^0^0^^^^^0^^^^^^m0^^^^^^^^^0^^*^^0^^^^*^^^^^*^*^^0^0^^^^^^^^^^^^^^^^^l^*^^^^^^^^^'*^^^^^^^^^* 


CHAPITRE  IV. 

M.  DE  LA  FARE,  ARCHEVÊQUE  DE  SENS  ET  ËVÊQUE  D'AUXERRE. 

* 

Le  concordat  de  1817,  qui  augmenta  le  nombre  des  évéchés  et  le  ^^^  *  ^^•'®- 
mit  plus  en  proportion  avec  les  besoins  des  populations ,  rendit  à 
l'antique  siège  de  Sens  son  titre  primitif  d'archevêché  ;  mais  il  ne 
fut  pas  immédiatement  exécuté.  Cependant  le  pape  Pie  YII  «  par 
sa  bulle  du  5  octobre  1817,  conféra  la  dignité  archiépiscopale  de 
Sens  à  BI.  de  La  Fare  (Anne-Louis-Henri) ,  ancien  évéque  de  Nancy , 
aumônier  de  madame  la  duchesse  d'Angouléme ,  nommé  k  ce  siège 
par  le  roi  Louis  XYIII.  Les  limites  du  nouveau  diocèse  ne  furent 
déterminées  que  le  4  septembre  1821 ,  par  un  bref  spécial  du  pape,  qui 
lui  assigna  l'étendue  du  département  de  l'Yonne;  c'est  alors  seule- 
ment, le  51  octobre  suivant,  que  M.  de  La  Fare  prit  possession  solennelle 
parle  ministeredeM.de  Launay  deYaudricourt,  son  vicaire  général  (2). 


»  validé  ces  pouvoirs  pour  la  tranquillité  des  fidèles  dont  la  bonne  Toi  formoil  pour 
»  eux  ce  que  TÊglise  appelle  un  tUre  coloré.  Enfin,  nous  avons  ordonné  que  toutes 
»  les  provisions  aux  curés  et  desservants,  ainsi  que  toutes  les  lettres  d'ordination  et 
»  permission  quelconques  portant  le  sceau  d'une  vacance  imaginaire  et  non  revé- 
»  tues  de  notre  signature,  nous  fussent  renvoyées  pour  en  donner  de  nouvelles,  ce 
M  qui  a  été  exécuté.  » 

(1)  Feller,  Picot,  mandements  de  M.  de  Boullogne,  etc.  —  On  a  rccueiUi  les  ou- 
vrages de  ce  prélat,  en  8  vol.  in-8<>.  1826  et  années  suivantes. 

(2)  M.  de  La  Fare  portait  pour  armoiries  d^asur  à  trois  flambcauœ  allumés,  et  sa 
devise  était  :  lux  nostris  uostibus  ignis. 


404  M.    DE   LÀ   FARE, 

1S91  ^  18-29.  ^  ^^  moment  toute  autre  juridiction  ecclésiastique  cessa  sur  le  dé- 
partement de  TYonne.  Un  acte  du  10  novembre  1821  établit  M.  Viart, 
doyen  de  l'église  paroissiale  d'Auxerre,  comme  vicaire-général  de  Par- 
cbcvéque.  M.  Viart  continua  d'administrer  son  doyenné  comme  aupa- 
ravant, conservant  ses  babitudes,  dirigeant  les  cboses  h  sa  manière 
pour  le  plus  grand  bien  ;  de  sorte  que  les  cbangements  successifs  d'au- 
torité  ecclésiastique  ne  se  faisaient  que  faiblement  sentir  dans  l'ancien 
Auxerrois.  Cet  état  de  cboses  dura  jusqu'à  M.  de  Cosnac. 

M.  de  La  Fare,  attacbé  à  la  ducbesse  d*Angouléme  par  son  service  de 
premier  aumônier,  devait  nécessairement  négliger  son  diocèse.  Cepen- 
dant il  s'empressa  d'en  visiter  tout  d'abord  les  principales  villes.  Il 
arriva  il  Àuxerre,  le  10  décembre  1821,  descendit  à  rHôlel-de-VilIe, 
puis  se  rendit  en  grande  cérémonie  à  la  catbédrale.  M.  Viart  lui  adressa 
dans  son  église  un  discours  où  l'éloge  du  passé  du  prélat  se  mêlait  à 
l'espoir  que  l'avenir  réservait  à  Téglise  d'Auxerre. 

D'autres  allocutions  furent  également  prononcées  par  différents  fonc- 
tionnaires de  la  ville.  On  y  remarque  surtout  un  ton  de  critique  pour  le; 
régime  précédent  qui  semble  malbeureusement  être  de  tous  les  temps. 

LfC  1®'  novembre  1821,  M.  Dupont  qui  avait  toute  la  confiance  de 
Tarcbevêqne  fut  nommé  son  secrétaire-général.  Le  même  jour,  le  Cha- 
pitre métropolitain  fut  installé.  M.  de  La  Fare  nomma  cinq  arcbidiacres 
portant  le  titre  de  chacun  des  arrondissements  du  département. 

Ce  n'était  rien  que  de  créer  les  titres  et  les  nouvelles  fondions  des- 
tinées aux  services  généraux,  il  fallait  pourvoir  aux  besoins  de  plus 
en  plus  urgents  des  paroisses  qui  allaient  bientôt  manquer  de  pasteurs. 
Les  prêtres  qui  avaient  échappé  à  la  persécution  se  faisaient  vieux  ; 
beaucoup  d'entre  eux  étaient  plus  que  sexagénaires.  La  création  de  sé- 
minaires pouvait  seule  après  quelques  années  remédier  à  cet  état  fâcheux. 
Aussi  dès  le  5  décembre  1821  l'archevêque  publia  un  mandement  pour 
intéresser  les  fidèles  à  cet  établissement.  Le  conseil  général  du  départe- 
ment, dans  sa  sessionde  1822,  déclarait  qu'il  manquait  plus  de  la  moitié 
des  desservants  nécessaires  aux  besoins  du  culte.  Un  tiers  des  autres, 
disait-il,  est  dans  un  &ge  très-avancé,  qui  menace  dans  peu  de  voir  vaquer 
un  grand  nombre  de  paroisses.  Il  approuva  alors  l'offre  faite  par  la  ville 
d'Auxerre  des  bâtiments  dits  de  Sainte-Marie  pour  un  petit  séminaire 


ARCHEVÊQUE    DE  SENS.  405 

diocésain.  La  foodaiion  eut  lieu  en  conséquence  el  fut  autorisée  |)ar  is^i  ^  ig^ 
ordonnance  royale  du  26  mars  1825  (1). 

Dix  bourses  de  5,000  fr.  furent  fondées  par  le  conseil  général,  h  parta- 
ger par  moitié  entre  le  grand  et  le  petit  séminaire.  Les  candidats  étaient  h 
la  présentation  du  préfet.  Mais  les  résultats  de  cette  nouvelle  institution 
ne  devaient  être  efficaces  qu'après  un  certain  nombre  d'années.  Aussi  le 
cbiffire  des  églises  où  la  desserte  se  faisait  par  binage,  qui  était  de  98  en 
1818,  était  de  111  en  1822,  et  de  128  en  1828. 

En  1825,  M.  de  La  Fare,  obligé  de  partir  pour  Rome  afin  d'assister 
au  conclave,  en  sa  qualité  de  cardinal,  emmena  avec  lui  M.  Dupont, 
pour  son  conclaviste. 

L'année  1825  est  remarquable  pour  notre  ancien  diocèse  d'Auxerre, 
par  la  publication  de  la  bulle  du  pape  (2)  qui  réunit  le  titre  d'évé- 
clié  d'Auxerre  à  Tarcbevécké  de  Sens.  Cet  acte  eut  lieu  le  25  juillet. 
Le  conseil  municipal  d'Auxerre,  justement  préoccupé  de  la  perte  de 
l'antique  siège  épiscopal,  avait  sollicité  la  conservation  du  titre  de 
l'évécbé  et  son  union  à  l'église  archiépiscopale  de  Sçns,  et  le  roi  avait 
accueilli  favorablement  sa  requête. 

M.  Dupont,  nommé  évêque  de  Samosate  inparlibus  tn/idehum,  devint, 
à  partir  de  1824,  comme  le  coadjuteur  de  M.  de  La  Fare  et  le  remplaça 
dans  la  visite  de  son  diocèse  qu'il  ne  pouvait  pas  faire  lui-même. 

Vers  la  fin  de  cette  année,  des  missionnaires  furent  envoyés  &  Auxerre 
par  M.  de  La  Fare,  pour  ramener  les  esprits  aux  croyances  religieuses. 
Mais  la  prévention  d'une  partie  de  la  population  fut  si  grande  contre 
eux  qu'ils  quittèrent  la  ville  sans  avoir  obtenu  tout  le  succès  qu'ils 
avaient  espéré. 

Parmi  les  mesures  générales  d'administration  que  prit  M.  de  La 
Fare,  nous  citerons  notamment  l'ordonnance  sur  les  fêtes ,  du  28  mars 
1822,  par  laquelle  sont  maintenus  les  règlements  antérieurs  et  spéciale- 
ment celui  du  1®^  août  1805.  Par  cette  ordonnance  les  fêtes  de  r£pi- 


(1)  La  ville  Gt  abandon  des  bâtiments  à  condition  qu'ils  seraient  à  perpétuité  af- 
fectés à  un  séminaire. 

(2)  Du  3  juin  1823.—  Voy.  Preuves,  t.  iv  n.  477. 


406  M.   DE    LA    FARR, 

mi  à  18329.  phanie,  de  saint  Pierre  et  saint  Paul  et  celles  des  saints  Patrons  de  cha- 
que paroisse  furent  transférées,  et  durent  être  célébrées  le  dimanche  le 
plus  proche  des  jours  où  elles  étaient  chômées  jadis. 

L'archevêque  étant  à  Paris,  le  9  septembre  1824,  publia  une  ordon- 
nance considérable  sur  la  discipline  générale  du  clergé ,  sur  le  service 
divin  et  sur  les  devoirs  des  ecclésiastiques.  Le  18  août  1826  parut  une 
autre  ordonnance  pour  renseignement  du  cathéchismc  de  Sens,  grand 
et  petit,  dans  tout  le  diocèse,  à  Pexclusion  de  tous  autres.  C'était 
l'ancien  catéchisme  de  l'archevêque  de  Luynes.  Bientôt  après  (20  mars 
1827),  une  circulaire  d'un  vicaire-général  annonça  le  projet  d'établir 
partout  la  liturgie  sénonaise.  On  y  donnait  pour  motifs  le  besoin  d'uni- 
formité dans  la  liturgie,  la  dégradation  des  anciens  livres  et  l'impossibi- 
lité de  les  faire  réimprimer  sans  de  grands  frais,  etc.  Mais  ce  projet  n'eut 
pas  de  suite.  Les  prêtres  de  l'Auxerrois  Munirent  pour  conserver  leur 
belle  liturgie  qui  avait  eu  l'illustre  Lebeuf  pour  parrain  et  il  ne  fut  plus 
question  de  rien.  Cette  tentative  montrait  bien  qu'il  y  avait  sur  ce  point 
une  grande  réforme  h  opérer,  mais  le  temps  n'était  pas  venu  et  elle  devait 
arriver  de  plus  haut. 

Parmi  les  paroisses  de  l'ancien  diocèse  d'Âuxerre  qui  éprouvèrent 
des  modifications  dans  leur  titre,  sous  Tépiscopat  de  M.  de  La  Fare, 
on  trouve  en  1822,  l'église  Saint-Eusèbe  d'Âuxerre,  qui  obtint  le  rang 
de  cure.  L'église  Saint-Pierre  de  la  même  ville,  fut  alors  érigée  en 
cure  de  5®  classe.  Jusqu'alors  il  n'y  avait  eu  à  Âuxerre  qu'une  cure, 
celle  de  Saint-Etienne  dont  le  bénéficiaire,  M.  Viart,  se  qualifiait  curé 
d'Âuxerre  (1  ) . 

Le  1®'  janvier  1825  eut  lieu  Tércclion  de  l'église  de  Cravan  en 
cure;  la  succursale  de  Beaumont  date  du  mois  de  novembre  1826. 


(1)  M.  Viart  avait  pris,  comme  on  l'a  déjà  vu,  des  allures  d^indépcndancc  qif  au- 
torisaient jusqu'à  un  certain  point  son  âge,  ses  longs  services  et  sa  grande  influence 
dans  tout  Tancien  diocèse  d*Auxerre.  M.  de  La  Fare  ,  qui  n'aimait  pas  le  titre 
d'évêque  d'Auxerre  que  le  pape  avait  ajouté  à  celui  de  son  siège,  ne  signait  jamais 
qu'archevêque  de  Sens  et  d'Auxerre.  Mais  M.  Viart  avait  grand  soin,  lorsque  des 
pièces  de  ce  genre  lui  arrivaient  de  rarchevéchc,  d'ajouter  après  le  mot  Sens  «  et 
évéque  â^ Auxerre,  »  et  de  ne  les  publier  qu'avec  cette  rçclification. 


ARGIIKVÊQUE   DE    SENS.  407 

Les  Ursulines  de  Vermanton   qui  étaient  venues  de  Trojes  furent  ig^i  1 1^, 
autorisées  le  1<^^  juillet  1825. 

La  mort  de  M.  de  La  Fare  arriva  le  10  décembre  1829.  Cet  événe- 
ment fut  annoncé  au  diocèse  par  les  vicaires-généraux  élus  par  le 
Chapitre. 

Nous  terminerons  ici  la  suite  des  Mémoires  ecclésiastiques  sur  le  dio- 
cèse d'Âuxerre.  L'épiscopat  de  M.  de  Cosnac  et  celui  de  son  vénérable 
successeur  ne  sont  pas  encore  entrés  dans  le  domaine  de  l'histoire. 


FIN    DE    LA    SEPTIÈME    PARTIE. 


MÉMOIRES 


HISTORiaiJBS 


SUR 


LES  ÉVÊQUES  DAUXERRE. 


'  ^    *    ^.^i„— .„,^.^.^^^.^^,^^.^^.^^^.^^  — ^^ — M— in  ri  r~i  n_rxi~i  i~u~ii-~if~ii~i~-ii — i — i ^i~ii~r~i i~-m—  i~i  i^i  ~  i~     ~i  '  i  i~  i~i  i—   r~i  i~li~ij    _i'i_i~  j~i-njn_n-n-ri  n  n_n  i~i  i— i  r~i.r~ii~i  i — i^  —    —  -~  — ^.^^^^^^-^ — ^—^ 


HUITIÈME  PARTIE, 

Contenant  les  listes  des  Dipitaires  de  la[  cathédrale  et  des  Abbés 

on  Prieurs  de  plasiears  commonantés 
de  la  Tille  d'Auxerre. 


Nota.  Nous  avdns  dû  saouler  dans  cette  partie  les  derniers  Dignitaires  du  xtii*  et  du  xviir  siècle,  qui  n'étaient 
point  donnés  par  l'abbé  Lebeuf.  Un  astérisque  placé  au  commencement  de  la  ligne  indiquera  ces  adjonctions- 


GORÊVÊQUES  ET  PREVOTS  DE  L'ÉGLISE  D*AUXERRE. 

Quoique  le  diocèse  d'Auxerre  ait  été  peu  nombreux  en  paroisses  dans 
sou  origine,  puisqu'au  vi®  siècle  il  n'y  en  avoit  que  trente-sept  dans  la 
campagne,  ainsi  qu'on  a  vu  par  la  vie  de  saint  Aunaire,  dix-huitième 
évéque,  rapportée  ci-dessus  (1),  il  était  cependant,  dès-lors,  de  la 
même  étendue  qu'il  est  aujourd'hui,  c'est-à-dire  qu'il  s'étendoit  jusqu'à 
19  lieues  d'Auxerre  du  côté  d'Orléans,  et  jusqu'à  19  ou  20  du  côté  de 
Nevers.  C'est  ce  qui  me  fait  croire  que  dans  les  moyens  siècles,  je  veux 

(I)  T.i,  p.  124. 


410  PBÉVÔT8 

dire  ceux  auxquels  le  zèle  pastoral  commençoit  a  diminuer,  quelques 
évêques  d'Auxerre,  soit  par  infirmité  ou  parce  qu'ils  avoient  d'autres 
occupations  qui  partageoient  leur  soins,  auront  permis  à  des  évéques  ré- 
gionaires  de  s'établir  vers  Tune  ou  Tautre  de  ces  extrémités,  comme  on 
en  a  des  exemples  dans  d'autres  diocèses.  Ces  évêques,  espèce  de  grands- 
vicaires,  avoient  des  pouvoirs  limités  et  ne  se  qualifioient  jamais  évo- 
ques du  diocèse  où  ils  rendoient  service. 

Le  Nécrologe  de  Téglise  d'Âuxerre  écrit  dans  le  xi^  siècle,  où  sont 
nommés  tous  les  morts  remarquables  depuis  le  temps  de  Cbarles- 
Martel  ou  environ,  n'en  marque  qu'un  seul  qui  mourut  le  10  décembre. 
On  y  lit  cette  annonce  à  la  tète  de  ce  jour  :  Obiit  WadimirtAS  corepis'- 
copw. 

Les  prévôts  furent  plus  connus  dans  l'église  d'Auxerre  que  les 
corévêques. 

Par  leur  charge,  ils  dévoient  prendre  soin  du  temporel  des  chanoines, 
et  cette  sollicitude  leur  produisoit  un  grand  revenu.  C'étoit  donc  au 
prévôt  à  fournir  la  nourriture  aux  chanoines  dans  le  temps  qu'ils  obser- 
vèrent la  règle  du  concile  d'Aix-la-Chapelle  (i),  et  même  depuis  qu'ils 
cessèrent  de  la  pratiquer  toute  Tannée.  Ce  soin  général  du  temporel,  qui 
l'obligeoit  à  connoitre  les  terres  de  l'église,  fit  que  les  évêques  lui  lais- 
soient  le  soin  de  pourvoir  aux  cures  de  ces  lieux  du  consentement  du 
Chapitre  ;  c'est  dont  il  y  a  un  vestige  dans  la  vie  de  Guy  ,  évêque 
d'Auxerre  (2). 

Cette  dignité  éloit  conférée  par  l'évêque  de  l'avis  et  du  consentement 
des  chanoines,  comme  il  paroit  par  une  lettre  où  Pascal  II  remercie 
l'évêque  Humbaud  d'en  avoir  gratifié  le  chanoine  llger. 

Dans  les  actes,  il  étoit  nommé  le  premier  avant  le  doyen,  même 
dans  ceux  qui  émanoient  du  Chapitre. 

L'autorité  de  ce  dignitaire  ne  fut  pas  toujours  goûtée  a  Auxerre. 
L'évêque  Robert  de  Nevers  promit  de  l'éteindre.  Un  autre  évêque  eut 
la  même  intention  ;  et,  enfin,  Alain  la  réunit  au  Chapitre,  lorsqu'elle 
eut  vaqué,  en  1177,  par  la  promotion  de  Gui  de  Noyers  a  rarcbevêché 
de  Sens. 


1)  Vie  d'Augelelmc,  Héribald,  Wala,  elc.  |       •>)  Voy.  t.  i  |»ayc  257 


DE  l'église  d'auxerre.  411 

Les  prévois  les  plus  anciens  de  Téglise  d'Âuxerre,  h  en  juger  par  le 
Nécrologe  du  xi®  siècle,  sont  :  Ermemberl,  prêtre,  qui  y  est  au  16 
février;  David,  au  27  avril  ;  Ermenfroy,  au  7  août.  Il  donna  des  terres 
siiuées  sur  le  ruisseau  de  Beauche,  et  d'autres  à  Vaux  ou  dans  la  vallée, 
et  à  Basson  en  Sénonois.  Adémard,  prêtre  au  9  novembre,  Etienne, 
prêtre  au  4  décembre,  et  Ermembert,  diacre  au  5  du  même  mois. 

Vaidric,  qui  les  suivit,  est  au  1®^  mars;  Robert  est  au  31  octobre  ; 
ces  deux  précédèrent  ceux  que  je  vais  nommer,  dont  on  sait  le  temps 
positivement. 

Hugues,  prévôt  de  Téglise  d'Auxerre,  neveu  de  l'évêque  Geoffroy  de 
Champaleman,  fut  élu  évêque  de  Nevers  vers  Tan  1060. 

Hugues  II  est  nommé  dans  un  titre  de  1076,  concernant  la  fondation 
du  Chapitre  de  Clamecy  en  1076  (1).  Il  pourroit  être  le  même  que  le 
nécrologe  dit  au  5  août  être  mort  dans  le  voyage  de  la  Terre-Sainte. 
Dans  le  catalogue  des  chanoines,  écrit  vers  Tan  1000,  il  n'est  que  parmi 
les  sous-diacres. 

Ingelbold,  qui  rebâtit  Crevan,  Accolay  et  Villeneuve,  est  dans  le 
nécrologe,  au  12  novembre,  du  caractère  du  xu^  siècle*  Ainsi,  il  doit 
être  ici  ou  après  Ilger. 

Emelbert,  prévôt  de  Féglise  d'Auxerre,  signa,  en  1109,  un  accord 
entre  Etienne,  abbé  de  Bèze,  et  Hugues,  abbé  de  Saint-Germain 
d'Auxerre. 

Ilger  ou  Ulger  fut  fait  prévôt  par  Tévêque  Humbaud,  son  oncle,  sur 
la  fin  de  son  épiscopat,  vers  l'an  1 1 12  ou  1 1 15.  Il  eut  quelques  suffrages 
pour  lui  succéder.  Il  fut  de  son  temps  le  modèle  des  chanoines,  et  sur 
la  fin  de  sa  vie  il  se  fit  religieux.  Il  donna  un  moulin  du  côté  d'Aigleny, 
pour  l'anniversaire  de  son  oncle,  bien  de  l'argenterie  et  des  livres. 

Etienne,  prévôt,  vivoit  en  1151. 

Hervé,  en  1157. 

Gui  de  Noyers  est  qualifié  prévôt  en  plusieurs  tilres,  depuis  l'an 

(1)  Voy.  Preuves,  t.  iv, 


412  DOYENS 

1168  jusqu*cn  1177,  qu'il  fut  élu  archevêque  de  Sens.  11  ccrivil  à  la 
têle  du  Chapitre  au  roi  Louis-le-Jeunc,  pour  le  prier  de  prendre  la  dé- 
fense des  terres  du  Chapitre  contre  le  comte  de  Nevers  (1). 


DOYENS  DE  L'ËGLISE  D'AUXERRE. 

Le  nom  de  doyen  ne  se  trouve  employé,  pour  désigner  un  titre 
honorifique  parmi  les  clercs  ou  chanoines,  que  depuis  le  concile  d'Aix- 
la-Chapelle  tenu  sous  Louis-le-Débonnaire.  Plus  anciennement,  il  éloit 
d'usage  parmi  les  moines,  comme  il  paroft  par  les  règles.  Il  est  même 
employé  dans  saint  Jérôme  et  dans  saint  Augustin.  Les  fonctions  des 
doyens  étoient  purement  spirituelles.  C'étoit  à  eux  à  veiller  à  l'observa- 
tion  de  la  règle  ;  cependant,  le  doyen  &  Âuxerre  n'étoit  pas  le  premier 
du  Chapitre,  et  il  ne  le  devint  que  lorsque  la  prévôté  fut  supprimée. 

Ce  doyen  jouissoit  autrefois  de  plusieurs  beaux  droits  :  il  avoit  juri- 
diction dans  la  ville  et  faubourgs  d'Âuxerre,  excepté  la  paroisse  de 
Saint-Loup  (2).  Il  avoit  un  officiai  et  une  cour  où  se  passoient  des  actes 
solennels.  Ces  droits  commencèrent  &  être  combattus  par  Guillaume  de 
Seignelay,  fait  évéque  en  1207  (a). 

La  dignité  de  doyen  est  celle  qui  a  fourni  un  plus  grand  nombre 
d'évéques  à  l'église  d'Âuxerre.  Elle  est  élective  par  le  Chapitre,  et  on 
doit  appeler  h  Télection  du  doyen  même  les  chanoines  absents.  Sa  place 
est  la  première  en  entrant  au  chœur  à  main  droite.  Ce  dignitaire  porte  le 
rochet  sous  son  surplis  ou  sous  son  camail. 

Le  premier  monument  qui  fournisse  le  nom  des  doyens  de  réglise 
d'Auxerre,  est  le  Nécrologe  qui  se  trouve  écrit  d'un  caractère  d'environ 
le  commencement  du  xi®  siècle. 


(I)  Duchène,  t.  iv.  |     (2)  Voy.  la  vie  de  Guill.  de  Seignelay. 

(a)  Au  xu«  siècle,  Hervé  de  Chilry  prenait  le  titre  de  Dci  gralia  decanus. 

(iV.  d.  E,) 


DE  l'église  D^AUXERRE.  415 

Voici  les  noms  des  plus  anciens,  rangés  selon  les  jours  des  mois  qu'ils 
sonl  décédés  : 

Adoyn,  mort  le  27  janvier.  Rolfrid»  le  1"  mars.  Valchaire,  prêtre  et 
dojen  au  iS  mars.  Âiguiphe,  prêtre  et  doyen,  le  29  avril.  Salomon, 
chanoine  et  doyen,  le  9  août.  Ingebaud,  prêtre  et  doyen,  le  8  septembre. 
Gauzon,  prêtre  et  doyen,  le  19  octobre.  11  légua  aux  chanoines  son  do- 
maine de  Crevan.  Vital,  doyen,  mourut  le  1®^  décembre.  Âcclevert, 
prêtre  et  doyen,  mourut  le  13  du  même  mois.  Benoit,  Geoffroy, 
Âganon  et  Hugues  n'ont  vécu  qu'après  tous  ceux-là,  et  sont  morts 
durant  le  cours  du  xi®  siècle,  le  4  et  16  janvier,  le  11  mars  et  le  30 
avril. 

Voici  les  noms  de  ceux  qu'on  connoit  depuis  la  fin  du  même 
siècle. 

HuHBAUD,  issu  d'une  famille  d'Âuxerre.  Il  souscrivit  aux  lettres  de 
fondation  du  Chapitre  de  Clamecy,  en  1076,  et  fut  depuis  évêque 
d'Âuxerre  en  1087. 

Frodon,  doyen,  signa  en  1110  l'accord  fait  par  l'évêque  Humbaud, 
entre  Létheric,  abbé  de  Saint-Benoit-sur-Loire,  et  les  seigneurs  de 
Toucy,  touchant  les  coutumes  de  Villiers-Saint-Benott. 

Etienne,  doyen,  est  nommé  en  plusieurs  actes.  Dans  un  titre  du 
monastère  de  Molême,  de  1123;  dans  un  autre  de  la  même  année,  qui 
regarde  la  donation  de  l'église  de  Saiot-Fargeau,  faite  par  Hugues,  évê- 
que d'Âuxerre,  &  Gervais,  abbé  de  Saint-Germain.  On  le  trouve  pareille- 
ment &  l'an  1126,  dans  le  carlulaire  de  Crisenon  ;  et  il  souscrivit,  en 
1128,  à  la  donation  faite  de  l'église  d'Âugy  aux  chanoines  de  Saint- 
Père,  par  Tévêque  ci-dessus  nommé. 

GossELiN,  doyen,  souscrivit  en  1136  à  la  donation  de  quatre  églises 
faite  au  Chapitre  d'Âuxerre  (1),  par  l'évêque  Hugues,  et,  en  1143,  h 
celle  de  l'église  Saint-Pèlerin  faite  aux  religieux  de  Saint-Père.  On  lit 
dans  les  additions  au  premier  Nécrologe,  au  25  novembre,  jour  de  sa 
mort,  qu'il  donna  au  Chapitre  sa  maison  avec  des  vignes,  qu'il  fonda 
un  chapelain  à  l'autel  de  Saint-Clément,  qu'il  donna  des  ornements  h 

(i;  SpkîL,  I.  XIII. 


41 4  DOYENS 

l'église  et  on  calice  accompagné  de  loyaux  d'ai^ent,  poor  la  commoDion 
do  sang.  Il  est  aossi  dans  TObiluaire  de  Fan  1250,  sous  le  nom  de 
Jocelin. 

Miles  V*  do  nom  signa,  comme  témoin,  le  titre  des  donations  qoe 
le  comte  Goillaome  fit  au  monastère  de  Saint-Marien  en  1140.  Il 
moorot  le  21  avril,  selon  un  nécrologe  de  cette  maison  to  pr  Dom 
Viole.  Je  trooTe  dans  un  obituaire  do  prieuré  de  Notre-Dame-la-d'Hors, 
dépendant  de  Saint-Marien,  au  15  mai,  d'une  main  d'environ  Tan 
1400  :  Commemoratio  Milonis  decani  Autiss.  pro  quo  habemms  ty  soi. 
super  ierram  de  Camipo^RegU. 

Guillaume  I®'  du  nom  est  nommé  dans  le  cartulaire  de  Crisenoo,  à 
Fan  1159.  Il  est  présent  à  la  vente  de  deux  hommes  de  Venoy,  faite  à 
Tabbé  de  Saint-Germain,  en  1160  (1).  En  1166,  il  assista  à  Tacie  de 
la  suppression  de  la  prévôté  du  Chapitre  ;  en  1176, 2i  une  confirmation 
do  droit  du  prieuré  de  Saint-Eusèbe,  sur  les  prébendes  vacantes.  La 
chronique  de  la  cathédrale  écrite  en  marge  du  cycle  pascal,  met  2i  Tan 
1163  :  De  vinea  Wxttelm  de  Prune^  anmu  i$ie  primus.  Il  poorroil  être 
ce  Goilbome  doyen,  dont  l'annonce  de  l'obil  marqué  an  16  octobre, 
est  conçue  en  ces  termes  :  c  Obitos  Goillelmi  de  Proneto  presbyteri  et 
»  decani  xl.  s.  super  vineam  de  Poriaco  qoe  foit  Milonis  de  Tremont 
»  militis  fratris  ejos  (a).  » 

Hugues  de  Noyers.  Il  fat  doyen  peu  de  temps,  mais  on  est  assuré 
qo'il  le  fot  avant  que  d'être  élu  évéqoe  d'Aoxerre,  l'an  1 1 82. 

Herté  de  ÇHrrRT,  soccéda  k  Hogœs  de  Noyers.  D  est  nommé  dans 
des  actes  de  1186  (2)  ;  dans  le  testament  do  chanoine  Âbbon  de  Tan 
1191  ;  dans  la  confirmation  do  don  de  Pierre  de  Ckisiriaco  son  frère,  de 
la  même  année  ;  dans  un  acte  de  1193,  toochant  une  maison  de  la  pa- 
roisse de  Saint-Pèlerin,  et  dans  le  cartnlaire  de  Reigny,  à  Tan  1194. 

(IJ  Cari.  S  Gtrm,  \     (i)  Fof .  ?remieSy  ii«  82. 

(a)  It  approuva  en  1178  le  don  da  cours  d^eaa,  fait  par  Henré  Cellerier,  de  Saint - 
£lklineà  Tabbaye  de  Sainl-Marien.  —  Arch.  derYonne,  Tonds  Saiat-Marieo 

{N.é.E.) 


DE  l'église  d'auxerre.  415 

L'obituaire  de  la  cathédrale,  écrit  vers  1250,  met  au  50  mars  :  «  Ob. 
»  Ilerveî  decani  lx  s.  quos  débet  capitulum  pro  operatoriis  juxta  poriam 
»  comitis,  emptis  dedenariis  sais  ab  heredibus  Guiberti  Roter,  super 
»  que  etiam  idem  decanus  assignavit  alios  lx.  sol.  in  anniv.  Manasse 
»  quondam  Treçensis  episcopi  dividendos.  » 

Guillaume  II  du  nom,  issu  des  barons  de  Seignelay,  fut  élu  doyen 
vers  Tan  1198,  auquel  temps  il  est  nommé  dans  quelques  titres.  Il  sou- 
tint ses  droits  contre  Tévêque  et  contre  le  comte,  et  fut  enfin  élu 
évéque  en  1207. 

Renaud,  doyen,  est  nommé  dans  le  cartulaire  du  Chapitre,  à  Toccasion 
d'un  bail  de  vigne  en  1209.  Mais  ce  qui  le  rend  plus  célèbre  la  même 
année,  est  qu'il  se  croisa  alors  avec  Guillaume  de  Seignelay,  son  évéque, 
qu'il  se  trouva  depuis  h  la  prise  de  Carcassonne,  et  qu*il  fut  nommé  avec 
le  même  évoque  par  Innocent  III,  pour  faire  rendre  à  Simon  de  Mont- 
fort,  chef  de  la  croisade,  ce  qui  lui  avoit  été  adjugé  sur  le  butin  de  la 
même  ville.  Le  même  pape  lui  adressa,  conjointement  avec  les  abbés  de 
Saint-Germain  et  de  Sainte-Colombe,  une  lettre  sur  FabbayedeMoutier- 
Saint-Jean,  l'an  1211  (1).  Étant  retourné  \k  la  guerre  contre  les  Albi- 
geois, il  y  mourut  (2).  Voici  ce  qu'on  en  lisoit  dans  4'ancienne  chroni- 
que d'Âuxerre,  qui  ne  se  retrouve  plus  :  c  Laval  est  pris  et  Penez  en 
»  Âgenois.  Li  château  trop  fort  est  assis  et  après  ou  assiégé.  Les  gardes 
»  de  chastel  rendent  le  chastel  sur  leur  cors  et  leurs  choses.  Renaud 
»  doyen  d'Aucerre  est  enfoui  en  ce  chastel  en  l'église  de  S.  Pierre.  » 
Les  Bollandistes  parlent  de  ce  doyen  au  commencement  du  mois  de 
juillet. 

Le  nom  du  doyen  Renaud  parolt  aussi  dans  l'acte  par  lequel 
Bethléem  est  déclaré,  au  mois  d'octobre  121 1, être  du  diocèse  d'Âuxerre. 
En  1212,  il  avoit  été  choisi  pour  arbitre  avec  Arnaud,  abbé  de  Saint- 
Père,  entre  les  abbés  de  Saint-Germain  et  de  Saint-Marien,  touchant  les 
dimes  de  La  Chapelle,  paroisse  de  Venoy.  J'ai  aussi  aperçu  au  cartulaire 
du  Chapitre  d'Âuxerre  le  nom  de  R.  Decanus^  dans  un  acte  du  mois  de 
mars  1212.  Enfin,  le  même  R. doyen  donne,  en  1212,  quarante  sols 


(1)  Innoc.  Regist.xw.  Ep.  50.  |      (8)  Parus  de  Vall.  Cernait. 


416  DOTins 

snr  sa  maison  de  Ptiris,  sitoée  devant  Saîoi-Pîerre^aax-Bceiifst  pour 
son  anniTersaire  (1). 

QaelqaesHins  oat  cm  qne  toat  ce  qne  j^ai  rapporté  da  doyen  Renaud, 
depuis  la  chroniqne  qne  je  Tiens  de  citer,  regarde  on  second  Renaod^. 
différent  dn  premier.  Je  n'ose  décider  sor  ce  point. 

GuiLLACME  m  dn  nom.  On  lit  de  celui-ci  qu'il  fut  délégué  par 
Innocent  III,  avec  Êlie,  abbé  de  Sainle-G)lombe  de  Sens^  pour  ré^er 
un  différend  entre  Févéque  de  Troyes  et  Tabbé  de  Pontigny,  en  1212. 
n  paroit  la  même  année  à  des  ventes  (2).  En  1215,  il  soutint  un  grand 
procès  sur  l'Hôtel-Dieu,  dont  il  est  fiiit  mention  dans  les  lettres 
dlnnocent  IIL  La  même  année,  il  ratifia  la  fondation  et  dotation  des 
chanoines  de  la  Trinité  et  souscrivit  aux  lettres  de  Téréque  Guillaume, 
qui  confirmoient  an  Chapitre  les  ^lises  de  Bazeme ,  Pourein ,  Lindry , 
Parly  et  Beauvoir.  L'obit  d'un  Guillaume,  doyen,  est  marqué  aa  15 
juillet  dans  Tobituaire  écrit  vers  1250.  Le  nécrologe  de  Notre-Dame 
de  la  Gté  le  marque  au  même  jour,  en  ces  termes,  qui  nous  apprennait 
qu'il  avoit  été  abbé  de  ce  Chapitre  :  «  Obiit  Guillelmns  venerabilis 
n  abbas,  hujus  ecclesie  primus  abbas,  et  venerabilis  majons  ecclesie 
9  decanus.  x  sol.  capitulum  solvit.  n 

Heubi  db  la  Fbrté.  Un  titre  du  prieuré  de  Saint-Âmatre,  d'environ 
Tan  1216,  paroit  en  fiiire  mention.  Quelques  comptes  d'anniversaires 
du  XIV*  siècle  font  aussi  mention  d'un  Geoffroy  de  la  Ferté,  doyen.  Cette 
différence  de  nom  peut  venir  de  ce  qu'on  se  contentoit  souvent  alors  de 
mettre  dans  les  actes  la  lettre  initiale,  ce  qui  rendoit  la  méprise  plus 
Ëicile.  Ce  doyen  a  été  peu  connu  par  les  auteurs  des  collections  concer- 
nant rhistoire  ecclésiastique  d'Auxerre.  Cependant^  dom  Viole  en  parie 
dans  son  catalogue  manuscrit  des  évéqaes  de  Chartres.  L  ne  bulle  d'In- 
nocent HL»  à  l'occasion  du  prêtre  de  l'Hôtei-Dieu  d'Âuxerre  (3) ,  parie 
aussi  du  doyen  d'Auxerre,  vers  Tan  1217  ou  1218,  mais  sans  le 
nommer  (4). 


cl)  CarmL  CapiL,  t  510.  ù  propos  un  Robert,  qu'ils  «lisent  avoir  ete 

(â)  CamtL  CcKpiL,  t  lia,  124.  nommé  pour  administrer  le  comté  d'Auxerre 

(3)  De  ÀptUaL,  c  55.  par  Pierre  <ie  Courtenay.  lorsqu'il  alla  pren- 

(4)  Ici  quelques  nouveaux  conpilateurs    dre{H)s«essionde  rempireder.onstantiuopU* 
de  Itott»  des  do^mMcFAmerre  oat  placé  mal  i  Mais  ayant  vu  la  rharte  ipii  leur  .^iervoit  de 


DE   L^ÉGLISE   d'aUXERRE.  417 

Guillaume  IV  dn  nom.  Celui-ci  a  été  oublié  dans  le  Gallia  Chrùtiana, 
aussi  bien  que  Henri  de  la  Ferté.  Il  éloit  simple  chanoine  de  Sens  en 
1205,  comme  il  parolt  par  un  acte  de  cette  année,  où  le  Chapitre  de 
Sens  transige  avec  celui  d'Âuxerre.  Il  est  mentionné  dans  le  traité  sur 
les  oblations  de  la  cathédrale,  fart  en  1221  (1).  Il  fit  un  legs  au  Chapitre 
pour  son  anniversaire,  au  mois  d'août  de  la  même  année. 

Brice.  Il  est  connu  par  plusieurs  actes  de  Tannée  1223,  dont  l'un 
regarde  l'abbaye  des  Isles,  d'autres  les  dons  faits  à  l'église  d'Âuxerre,en 
1220,  par  Guillaume  de  Seignelay  (2),  et  d'autres  le  don  de  la  dtme  de 
Molinons  et  Lailly  (3).  Il  paroft  être  le  même  doyen  qui,  peu  après  la 
translation  de  l'évéque  Guillaume  k  Paris,  fut  emmené  en  Bresse  par 
Gui  de  Brouillât,  chevalier,  en  qualité  de  prisonnier.  Il  mourut  le  5 
octobre,  selon  le  nécrologe  de  Notre-Dame  de  la  Cité. 

Miles  II.  Une  sentence  d'arbitrage  de  1223  prouve  qu'il  étoit  dès- 
lors  doyen  (4).  II  transigea  avec  l'évéque  Henri,  touchant  la  juridiction 
du  doyen,  en  1224,  et  passa  un  accord  entre  Renaud ,  abbé  de  Saint- 
Germain,  et  Colin  de  Chàtillon,  chevalier,  en  1223.  Il  est  aussi  nommé 
dans  les  titres  des  Cordeliers  d'Âuxerre,  à  l'an  1228.  Il  est  cité  comme 
mort  dans  le  cartulaire  du  Chapitre  d'Âuxerre,  à  l'an  1233  (5).  L'Obi-* 
tuaire  d'Âuxerre,  écrit  vers  1241,  annonce  ainsi  sa  mort  au  21  mai  : 
Obtins  Mibnù  de  Cicon  hujus  ecele$ie  deeani  et  Iwiie.  ïx  $oL  iuper 
pratum  silum  super  Beleam  quod  dédit  nobis  ;  et  celui  de  Sens  :  xiij  cal. 
junii  obiit  Milo  de  Cicuns  deeanus  Autiss.  et  noster  canomeus.  Cicon  est 
une  famille  noble  de  la  Franche-Comté. 

Guillaume  Torti  est  qualifié  doyen  de  bonne  mémoire,  dans  un 
contrat  du  mois  de  juillet  1239,  par  lequel  le  Chapitre  accepte  du  bien 
pour  son  obit  (6).  Mais  il  devoit  être  mort  avant  le  mois  de  février 
1237.  Quelques  apostilles  aux  titres  de  son  temps  l'appellent  aussi 
Guillaume  de  Prunet. 


fondement,  j'ai  reconnu  qu'ils  ont  lu  Rober- 

1221,  fol,  149. 

tus  Deeanus,  où  il  y  avoit  Robertus  de  CHnaco 

(3)  CartuL  fol.  517. 

abrégé  de  Curtinaco. 

(4)  CatU  Cap.,  f.  377. 

(1)  Preuves,  t.  iv,  n.  341 . 

(5)  Fol.  374. 

(2)  CarhU,  Capiu,  fol.  49  et  52.  Idem  en 

(G)  Carml.  f.  511. 

II 

27 

418  DOYENS 

Regnaud  de  Salignt  étoit  doyen  dès  Tan  1255,  sMl  est  vrai  qu'il  soit 
nommé  dans  la  transaction  de  celte  année  sur  les  roarguilliers.  Il  est 
nommé,  en  1240,  dans  la  transaction  passée  entre  le  Chapitre  et  Tab- 
baye  de  Saint-Germain  sur  les  processions  des  Rogations,  dans  le  r^le- 
nient  intervenu  entre  ces  églises  et  Guillaume  de  Mello,  sur  le  pacage 
du  bois  de  Bruëre,  en  1245  (1),  et  dans  le  titre  des  fondations  de  Té- 
véque  Bernard  de  Sully,  en  1244.  Il  succéda  peu  de  temps  après  à  cet 
évéque. 

Guy  de  Mello  se  trouva  au  concile  de  Reims,  sous  Innocent  IV,  en 
qualité  de  doyen  d'Âuxerre,  et  fut  élu  en  même  temps  évêque  de 
Verdun.  Il  en  accepta  la  dignité,  retenant  par  dispense  le  doyenné 
d^Auxerre,  jusqu'à  ce  qu'il  devint  évéque  de  la  même  église.  J'ai  lu  sur 
le  sceau  d'un  acte  du  mois  de  février  1245  :  Sigillum  curie  GtUdùnis 
decani  Autissiod. 

Herbert.  Vraisemblablement ,  il  avoit  été  archidiacre  avant  que  de 
devenir  doyen.  Il  autorisa,  en  1247,  les  anniversaires  d'Urse,  voyer 
d'Âuxerre,  etc.  Il  consentit,  en  1249,  à  l'augmentation  du  revenu  du 
scolastique  faite  par  Tévéque  Guy  de  Mello.  Il  fit  des  legs  à  Saint- 
Germain,  en  1252.  Les  Chartreux  de  Bellary  le  marquèrent  avec  dis- 
tinction dans  leur  nécrologe.  On  le  trouve  au  22  juillet  dans  celui  de 
Saint-Laurent  proche  Cosne.  J'ai  vu  parmi  les  manuscrits  de  Clairvaux 
une  Somme  de  théologie  sur  les  sacrements,  attribuée  à  Herbert,  doyen 
d'Aoxerre  ;  elle  est  aussi  en  Sorbonne,  cod.  494.  Il  y  a  aussi  au  car- 
tulaire  du  Chapitre  (2)  une  lettre  de  lui,  adressée  à  Renaud  de  Vichier, 
commandeur  des  chevaliers  du  Temple. 

Godefroy  de  Joigny.  Il  doit  être  le  G.  doyen  nommé  comme  arbitre 
en  des  lettres  de  1258  (5).  Il  est  à  la  tète  de  l'acte  par  lequel  le  Cha- 
pitre vendit,  en  1265,  des  maisods  situées  en  la  rue  de  Villeneuve  & 
l'abbaye  de  Saint-Germain.  On  croit  qu'il  mourut  sur  la  fin  de  l'an 
1267,  ou  au  commencement  de  1268.  Son  obit  se  lit  dans  le  nécrologe 
de  la  collégiale  de  Clamecy  :  XVII  cal.  febr.  Gaufridus  Autiss.  decanus 


(1)  CartuL  Cap.,  f.  :^14 

(2)  Fol  129. 


(3)  Cart.  Cap,f  f.  430. 


DE  l'église  d'auxbrre.  419 

ei  canonicus  qui  dédit  vineam^  etc.  C'est  mal  \k  propos  que  quelques  mo- 
*    derues  ont  placé  ici,  parmi  les  doyens,  un  Bernard  de  la  Braile,  qui 
étoit  vicomte  d'Âuxerre  et  qui  mourut  en  1261. 

Érard  de  Lésignes  maintint  les  droits  de  sa  dignité  contre  Guy  de 
Mello,  son  oncle,  évéque  d'Auxerre,  auquel  il  succéda  en  1270. 

Hugues  DE  SuLLT  est  nommé  dans  le  cartulaire  de  €risenon,en 
1275.  Il  est  à  la  tête  de  la  charte  sur  Tordre  de  conférer  les  bénéfices  k 
la  nomination  du  Chapitre,  donnée  en  1^16,  et  dans  celle  de  la  même 
année  qui  regarde  le  droit  de  justice  dans  les  maisons  canoniales.  Il 
présida,  en  1278,  à  Télection  de  Guillaume  des  Grez.  En  1281,  il  fit 
un  échange  d'hommes  avec  Humbert  de  Beaujeu,  sire  de  Saint-Maurice- 
Tirouaille  (1).  En  1285,  il  Tut  uni  ë  Jean,  seigneur  de  Seignelay,  dans 
un  même  compromis  (2).  On  croit  que  ce  seigneur  étoit  de  ses  parents. 
En  1285,  il  transigea  avec  les  moines  de  Flaviguy,  pour  des  biens  qu'il 
tenoit  d'eux  à  Massingy,  et  parut  dans  le  traité  fait  avec  l'abbaye  de 
Saint-Laurent,  pour  le  droit  des  prébendes  d'Auxerre.  En  1286,  il 
répondit  avec  le  Chapitre  aux  chanoines  de  Nevers  sur  les  Tortriers  (5)  ; 
et  en  1289,  il  consentit  à  la  donation  que  fil  Guillaume  des  Grez  de  la 
chapelle  de  Pontchevron  k  l'abbaye  de  Saint-Laurent.  L'année  de  sa 
mort  est  aussi  1289,  suivant  l'inscription  de  sa  tombe  qui  est  dans  la 
nef  de  l'abbaye  de  Saint-Germain,  devant  la  porte  du  chœur. 

Geoffroy  IL  II  fut  présent,  en  1291 ,  dans  l'abbaye  de  Saint-Julien, 
lorsque  Jean,  comte  de  Joigny,  y  confirma  les  dons  faits  par  ses  pré- 
décesseurs; et,  en  1296,  à  l'hommage  que  Louis,  comte  de  Nevers,  fit 
à  l'évéque  d'Auxerre.  En  1297,  il  ratifia  une  sentence  portée  au  sujet 
de  la  justice  d'Appoigny  (4).  Il  se  trouve  depuis  nommé  dans  un  con- 
cordat de  l'évéque  Pierre,  de  l'an  1504,  avec  l'abbaye  de  Saint- 
Germain,  louchant  la  correction  de  moines.  De  plus,  dans  un  autre 
titre  de  1505,  sur  les  droits  du  Chapitre  dans  l'église  Saint-Aubin 
d'Oisy,  et  dans  un  titre  delà  pénitencerie  du  mois  d'octobre  1307  (5). 


(1)  Cart.  Cap.,  fol.  408. 

(2)  Ibid.,  fol.  4*28. 

(3)  Preuves»  t.  iv,  n.  300. 

(4)  Cart.  Capit.,  f.  43. 


(5)  Le  sieur  Bargedé,  assesseur,  dans  sa 
liste  des  doyens  d*Àuxerre,  a  attribué  une 
partie  des  foits  qui  regardent  ce  Geoflh)y»  à 
un  Guillaume  qu*il  surnomme  Cbauderon  ; 


420  DOTBMS 

Guillaume  surDommé  en  lalio  Caiini.  Il  est  apparemment  le  même 
Guillaame  Galini  qui  éloit  lecteur  et  pénitencier  en  1504.  Quoi  qu'il  en 
soit,  il  ne  paroit  en  qualité  de  doyen  que  depuis  1312.  Gette  année  Ik^ 
il  fut  lê  premier  député  pour  les  partitions  des  prébendes.  L'année  sui- 
vante, au  mois  de  mai,  il  se  trouve  nommé  dans  une  enquête  et  juge- 
ment au  profit  de  Durand,  prieur  de  Saint-Eusèbe,  et  il  avoit  alors  70 
ans  et  50  ans  au  moins  de  canonicat.  Il  est  aussi  à  la  tête  du  consente- 
ment  que  le  Ghapitre  donna  en  décembre  k  l'érection  des  archiprétrés 
en  titres  perpétuels.  En  1515,  il  signa  Pacte  de  confraternité  du  Cha- 
pitre d'ÂQxerre  avec  celui  de  Saint-Martin  de  Tours.  Enfin,  il  reste  de 
lui  une  sentence  qu'il  porta  en  1516,  au  mois  de  juillet,  contre  Jean, 
baron  de  Seignelaj. 

Jean  de  Melun,  issu  des  vicomtes  de  ce  nom.  Il  est  connu  par  la  dis- 
pense de  résider  qu'il  obtint  en  1518  du  pape  Jean  XXII  ;  ce  qui  dura 
plusieurs  années,  puisqu'en  1550  le  Chapitre  se  crut  obligé  d'en  venir 
aux  sommations. 

Jeam  de  Saint-Geriiain.  Il  n'est  connu  que  par  l'acte  de  la  réception 
du  suivant,  qui  est  dit  lui  avoir  succédé  (a). 

Dreux  Jourdain  fut  reçu  en  vertu  de  sa  nomination  en  cour  de  Rome 
Tan  1 545,  au  mois  de  novembre,  en  place  de  Jean  de  Saint-Germain  (1), 
dont  la  dignité  vaquoit  par  mort.  Il  obtint,  le  7  janvier  suivant,  de  l'évé- 
que  Pierre  de  Villaines,  la  permission  de  fonder  la  chapelle  de  Sainte- 


mais  ce  doyen  ne  Ait  pas  sitôt  en  place  qu'il 
Fa  cm.  Cest  yniiemblablement  le  même 
que  le  suivant  :  le  nom  de  CaHni  le  laisse  à 


penser  (6). 
(1)  Staiuta  antiqtM  cirta  finem. 


(a)  Cest  probablement  le  môme  dont  fait  mention  on  acte  de  1391,  par  lequel 
les  moines  de  Saint-Germain  donnent  à  rente  une  vigne  en  Boivin,  laquelle  avait 
tenue  Jehan  Feny  Jadb  doyen  d'Auxerre.  ^  Fonds  de  Saint-Germain,  vignes. 

[N,  d.  E.) 

(b)  Bargedé  n'avait  pas  tort  de  placer  parmi  les  doyens  un  Ghauderons,  seule- 
ment, au  lieu  de  rappeler  Guillaume ,  il  faut  le  nommer  Geoffroy,  {Gaufridus 
êklMê  CkaMdenms)  et  il  devient  le  même  que  Geoffroy  1 1.  Cest  ce  qui  résulte  d'un  bail 
de  1293  de  Tabbaye  Saint-Julien,  —  qui  relate  une  donation  faite  par  ce  Geoffroy 


mme  deeatm$  ÀutiMiiodaremii. 


IN.  d.  E.) 


DE  l'église  d'auxerre.  421 

Marguerite  en  l'église  paroissiale  de  Saini-Mamert.  Il  Tonda  aussi  deux 
chapellenies  dans  la  cathédrale  à  l'autel  de  Saint-André,  à  condition 
que  la  collation  en  appartiendrait  au  doyen.  Hugues  d'Arsi,  évëque  de 
Laon,  le  nomma  dans  son  testament  pour  un  de  ses  exécuteurs.  Jean 
de  Cballon,  comte  d'Auxerre,  fait  mention  de  lui  dans  ses  lettres  de 
quittance  du  6  février  1547  (a). 

Jeai«  Germain,  natif  de  Dimon  au  diocèse  de  Sens,  étoit  doyen  d'Au* 
xerre,  lorsqu'à  la  recommandation  de  la  reine,  il  fut  fait  évéque  de 
Chalon-sur-Saône  Tan  1557. 

Jean  Le  Mercier,  auxerrois,  de  la  paroisse  Notre-Dame-Ia-d'Hors 
étoit  doyen  en  1558,  lorque  la  ville  d'Auxerre  fut  prise  par  les  Anglois, 
et  il  s'obligea  avec  le  clergé  et  les  habitants  envers  les  religieux  do 
Saint-Germain  pour  les  joyaux  de  leur  église  engagés  h  ces  mêmes  An- 
glois en  1559  ;  son  nom  paroit  en  d'autres  actes  qui  se  rapportent  à  cet 
événement.  Il  avoit  été  officiai  et  vicaire-général  de  l'évéque.  Il  homolo- 
gua en  sa  première  qualité,  l'an  1555,  un  traité  fait  avec  les  habitants 
de  Montigny-le-Roi.  Il  établit  vers  l'an  1560  sous  le  titre  de  fondation, 
que  le  verset  Te  ergo  qtÂœsumus  se  diroit  deux  fois  dans  le  Te  Deum.  Il 
fonda  l'autel  de  Sainte-Catherine  dans  la  nef,  le  dotant  d'une  maison 
qu'il  avoit  achetée  le  27  novembre  1 575.  Ce  qui  fut  approuvé  par  révé- 
queen  1578. 

Pierre  de  Chisst.  Après  avoir  résidé  en  qualité  de  simple  ecclésias-^ 
tique  à  la  cour  des  papes  k  Avignon,  où  il  rendit  service  aux  moines  de 
Saint-Germain  d'Auxerre  en  1560,  il  fut  fait  curé  d'Ecan  au  diocèse 
d'Auxerre.  Urbain  Y  l'avoit  député  dès  l'an  1564,  pour  aller  h  Fleury- 
sur-Loire  recevoir  des  reliques  de  Saint-Benoit  (1),  pour  la  nouvelle 
église  de  Montpellier.  On  le  voit  comme  notaire  à  la  fin  de  l'acte  du  don 
des  reliques  de  Saint-Thibaud  fait  en  1581  aux  habitants  de  Provins. 
Il  fut  aussi  archidiacre  de  Puisaye  avant  que  d'être  doyen  (2).  Mais  il 


(1)  BibL  Fhriac,  p.  248.  |      ('2)  Preuves,  t  iv,  n.  328. 


(a)  Ce  Dreux  Jourdain  fut  en  1308  Tun  des  deux  députes  envoyés  par  la  viilc 
d'Auxerre  aux  états  de  Tours.— Foy.  1. 1,  p.  496,  Note  sur  les  Templiers.  {N.  d.  E.) 


422  DOYESB 

étoit  éle^  3Q  dëcanat  au  moin»  en  1389  qH*ll  paroil  «laoi  m  acte  àt 
l'éréqne  Ferrie .  ijà  concerne  la  terre  de  Sony.  En  tôBT,  le  13  jn»  fai 
Chapitre  le  pri?a  de  voix  capitolaire,  ponr  avoir  dit  des  injores  a  im  da^ 
ooine.  En  1402,  il  aaotint  procès  contre  révéqne  an  sojel  de  aa  jnridie- 
tion.  Eiant  derenn  sonrd  on  dioiut  ponr  présider  an  Gloire  en  an 
place  maitre  Renand  de  Fontaines,  chanoine,  le  f  ^  décembre  1410.  U 
monrnt  en  1412,  le  26  octobre,  a'étaot  démis  dn  doyenné. 

Pnoum  MicnsL  (on  3lichean^  anxerrois,  licencié  èa-lois.  fut  ponria 
dn  doyenné  dn  vivant  de  Pierre  de  Chissy.  On  le  dispensa  en  1413  d'nne 
partie  de  son  stage,  a  cause  qne  la  ville  le  dépnia  à  Paris  avec  Jean 
rCsnrier,  citoyen,  ponr  réprimer  les  pilla^  des  gns  de  gnerre.  Phi- 
lippe des  Cflsartit  évéqne  d'Amerre,  le  dédara  euonmnmié  en  1414 
contre  le  bon  droit.  D  fat  ein  ehambrier  de  Grevan  en  1417,  qnoiqnH 
le  flkt  dép  d'Anxerre  et  d'Oisy.  D  monrnt  en  1  iSû  avant  le  12  aoAt. 

HiiGiJBs  DIS  5oKS,  chanoine  d* Anxerre  et  trésorier  de  Toncv.  fnt  âm 
doyen  le  2  septembre  1420.  Uévéfpie  Philippe  îles  Ecarts  Ini  fit  dé* 
fendre  par  an  arrêt  da  parlement  dn  14  jnillet  1425,  de  port&  le  rocfaet 
qn'en  certains  jonrs.  D  fit  les  fanérailles  dn  même  évéqne  en  t^B»  D 
étoit  Ton  des  goavemenrs  de  rHôtel-de-Vllle  en  1431 .  D  assista  an  con- 
cile de  Bile  en  1432.  Il  fut  an  Tannée  d'après  évéqne  d'Anxerre  par  le 
Chapitre,  et  essaya  <le  fiiire  valoir  son  droit  contre  Laorent  Pinon»  jaco» 
t»n.  0  vivoit  encore  an  mois  de  jnin  IG&y  étant  nommé  présent  a  l'ac- 
cord dn  cnré  de  Seigneby  avec  rarcbiprétre  (a). 

PlBinE  on  LoiiGinuL,  chanoine  d'Anxérre,  éln  doyen  en  14^,  prêta 
serment  de  fidélité  entre  les  mains  de  Tabbé  de  Saint-Xtfien^  commis 
par  Tévéqne  Laurent  Ptnon,  le  9  septembre.  Dans  les  registres  de  la  ville 
ffar  11  janvier  1448,  il  se  qualifie  doyen  d^Aoxerre  et  conseiller  an  par* 
lementde  Paris»  D  fut  bit  évéqne  d^Vnxerre  en  1449. 

Loms  ILfiiinn,  conseiller  clerc  an  parlement  de  P^iris^  fit  le  sermmit 
•nlnaire  des  doyens  d' Aoxerre  entre  les  mains  de  Jean  Hanvoisin,  tré-* 

par  Tévéïpie.  U  ne  tint  cette  dignité  qne  durant  denx 


i^mmkmMtUmmàtum.  N.  d.  K  \ 


DE  l'église  d'auxerre.  425 

ans  00  environ,  ayant  été  fait  président  en  la  cour  des  aides  puis 
évéque  de  Troyes. 

Thomas  DE  la  Plotb  étoit  doyen  d'Âuxerredès  Tan  1454,  auquel  il 
a  cette  qualité  aussi  bien  que  celle  de  gouverneur  de  I'Hôtel-de-Ville 
dans  un  registre  de  cet  hôtel.  Il  eut  vers  ce  temps-Ië  de  fréquentes  délé- 
gations pour  les  affaires  de  la  communauté  des  habitants,  tant  en  Flandre 
qu^k  Paris  (a).  Le  Chapitre  d'Âuierre  le  députa  aussi  au  concile  provincial 
de  Sens,  le  15  février  1460,  et  ceux  de  la  ville  renvoyèrent  ensuite  à 
Dijon,  pour  leurs  intérêts.  Il  étoit  en  1469,  archidiacre  d'Etampes  dans 
Téglise  de  Sens.  Il  paroit  avoir  été  parent  d'un  Pierre  de  la  Plote,  gou- 
verneur de  rHôtel-de-Yille  d'Auxerre  en  1 151 ,  et  de  Denis  de  la  Plolte, 
avocat  du  roi  k  Sens.  Il  étoit  encore  doyen  en  1475,  lorsqu'on  apprit 
\k  Auxerre  la  mort  de  Pierre  de  Longueil,  évéque.  J'ai  rapporté  sous  cet 
évéque  les  démêlés  de  ce  doyen. 

Guillaume  Arbaleste,  qualifié  clerc  du  diocèse  d'Auiun,  dans  sa  ré- 
ception li  un  canonicat,le28  octobre  1470;  on  ne  le  trouve  sous  le  titre  de 
doyen,  que  dans  des  actes  depuis  Tan  1489  (6).  Dans  les  litres  de  PHô- 
tel-de-Ville  il  est  qualifié  premier  gouverneur  pendant  les  années  1495, 
1496  et  1497.  Il  eut  une  commission  du  pape,  le  9  juillet  1502,  en  fa- 
veur d'un  religieux  de  Tonnerre.  Le  livre  du  sous-chanlre  marquait  son 
obit  le  28  avril.  Il  mourut  en  15il  ou  1512,  puisque  c'est  dans  les 
comptes  de  fabrique  de  1512  qu'on  trouve  la  réception  de  Nicolas  Ar- 
baleste là  son  canonicat. 

Laurent  LE  Routier.  On  ne  sait  rien  de  lui  sinon  qu'il  prêta  serment 
de  fidélité  h  Jean  Baillet,  évéque,  le  21  décembre  i  510(1)  (c).  Il  pouvait 
être  parent  d'Edme  le  Routier  alors  gouverneur  d'Auxerre  (2). 


(1)  Cartul.  novumEp.  Àutiss. 

{ï)  Quelques-uns  ont  placé  ici  un  Simon 
le  Charpentier.  Son  nom  n'est  point  inconnu 
dans  ce  siècle  là  parmi  les  bienfoitcurs  de 


réglise  d'Auxerre  ;  mais  rien  ne  prouve  qu'il 
ait  été  doyen.  Pour  ce  qui  est  de  Guillaume 
de  Prunai,  marqué  ici  dans  le  Gallia  ChrU- 
tianat  il  est  ci-dessus  à  sa  véritable  place. 


(a)  11  fut  député^  en  1452,  auprès  du  duc  Jean,  pour  la  question  dei  limites  du 
comté  d'Auxerre.  (Pf.  d,  E,) 

{b)  Il  fut  député  aux  Êlats  de  Beaune,  en  1494.  (S.  d,  E,) 

(c)  La  GcdUa  ChrisUana,  t.  xii,  n*cstpjs  d'accord  avec  Lcbouf.  Elle  le  fait  pré- 
ler  serment  en  qualité  de  doyen  dès  le  ^7  auût  14S0.  {y,  d,  E.) 


424  DOYENS 

Jean  Sauuot,  né  h  Cosne  au  diocèse  d'Auxerrc,  licencié  ès-lois, 
chanoine  et  pénitencier  dès  l'an  1495,  quitta  la  pénitencerie  au  bout  de 
18  ans.  Il  parott  comme  doyen  à  la  tête  de  ia  cooTocation  des  cha- 
noines faite  en  1515,  le  5  décembre  pour  choisir  un  successeur  \k  Té- 
véqne  Jean  Baillet.  Il  mourut  le  28  septembre  1528  selon  Tobituaire  de 
Saint-Laurent  de  Cosne,  et  les  registres  du  chapitre  d'Auxerre. 

Fbauçois  de  Dinteville,  nommé  évéqoe  de  Riez,  accepta  le  doyenné 
d*Auxerre  en  1528,  pour  être  plus  près  de  son  oncle,  Téfêque,  auquel 
îlsoceéda  en  1550. 

François  DU  Bourg,  clerc  du  diocèse  de  Clermont,  résignataire  du 
précédent,  fut  reçu  le  7  décembre  1550  (1).  Il  étudioit  encore  h  Or- 
léans en  1555,  le  2  octobre  (2),  et  avoit  pour  vicaire  Guillaume  Dura 
chargé  de  conférer  les  chapelles  de  sa  dépendance.  Il  mourut  en  1554. 

FLOREirr  DE  LA  Barre,  reçu  chanoine  le  2  juin  1 554,  fut  aussi  reconnu 
doyen  le  même  jour  par  résignation  de  François  du  Bourg.  Il  étoit  issu 
des  sieurs  de  la  Barre  proche  La  Charité-sur-Loire.  Dès  Fan  1555, 
il  obtint  monitoire  contre  ceux  qui  retenoient  les  papiers  concernant  sa 
dignité.  Il  étoit  gouverneur  de  THôtel-de- Ville  en  1557.  Il  résigna  son 
canonicat  en  1551;  mais  il  ne  mourut  qu^en  1555,1e  29  octobre,  selon 
le  registre  capitulaire. 

Nicolas  Blanchard  et  Pierre  du  Broc  furent  pourvus  du  doyenné  ; 
mais  sans  effet  et  sans  prise  de  posse  sion.  Le  dernier  dont  le  droit  étoit 
mieux  fondé  le  céda  h  François  de  la  Barre,  qui  d'ailleurs  étoit  pourvu 
en  cour  de  Rome. 

François  de  la  Barre,  neveu  de  Florent,  fut  installé  le  17  avril  1556 
par  Pierre  Pean,  sous-chantre.  Il  garda  avec  celte  dignité  les  cures  de 
Saint-Siméon  de  Nanvigne,  et  de  Saint-Germain  de  Chasnay.  Il  est 
nommé  dans  le  procès-verbal  de  la  coutume  en  1561.  Ses  armoiries 
jointes  h  Fimage  de  saint  François ,  se  voient  au  bas  du  vitrage  dans  le 
fond  du  sanctuaire,  pour  avoir  contribué  à  la  réparation  des  vitres  du 
chœur  après  le  ravage  des  calvinistes.  Il  mourut  le  20  janvier  1588. 

Sébastien  le  Royer,  docteur  en  droit,  fut  reçu  doyen  le  5  juin  1588. 

(I)  El  CompHt  Fabr  |      i^)  Ex  Rcfj.  K.  maii 


DE   L*ÉGLISE   d'aUXERRE.  425 

Il  âvoit  élé  reçu  chanoine  dès  Tan  i  571 ,  par  permulation  pour  le  prieuré 
d'Ândrie,  et  dans  cette  première  réception  il  est  dit  clerc  sénonois.  En 
quelques  actes  il  est  surnommé  De-Ia-Motte  (1).  De  son  temps  arrivèrent 
les  épineuses  affaires  qui  furent  suscitées  à  Jacques  Âmyot,  évéque.  Il 
résigna  son  doyenné  au  suivant  en  1595,  par  permutation  pour  la  cure 
de  Ghichery. 

Guillaume  de  RiGifr  fut  reçu  doyen  le  20  mars  1595.  Il  étoit  de 
Bar-sur-Seine,  selon  son  épitaphe  rapportée  dans  le  Gallia  Christiana. 
Il  fut  k  différents  temps  gouverneur  de  THôtel-de-Ville.  Il  s'acquitta 
aussi  de  la  charge  de  vicaire-général  pour  Tabbé  de  Saint-Germain  ; 
il  eut  en  commende  Tabbaye  d'Oigny  en  Bourgogne,  et  il  venoit  d'être 
pourvu  du  prieuré  de  Saint-Florentin,  lorsqu'il  fut  frappé  d*apopIexie. 
Il  mourut  le  A  novembre  1610  et  fut  inhumé  dans  la  chapelle  de  Saint- 
Georges,  sous  laquelle  on  a  construit  depuis  une  crypte. 

Erard  de  Rochefort,  abbé  de  Yézelay,  fut  élu  doyen  d'Âuxerre  en 
1610  ;  l'élection  de  Pierre  le  Clerc  n'ayant  pas  eu  lieu.  Il  ne  fut  reçu 
chanoine  qu'en  1615,  le  \^^  février.  Il  permuta  son  canonicat  et  son 
doyenné  avec  le  suivant  l'an  1622. 

François  de  Lauzon,  prêtre  du  diocèse  de  Paris,  aumônier  du  roi, 
prieur  commendataire  de  Sainte-Marie-de-Dieu-Lidon,  au  diocèse  de 
Saintes,  installé  le  29  avril  1622.  Il  fut  fort  inquiété  sur  ce  qu'un  autre 
chanoine  demeuroit  avec  lui  dans  la  même  maison  contre  la  défense  des 
statuts.  Il  mourut  h  Crevan,  le  21  novembre  1627. 

Claude  Lemuet  fut  pourvu  du  doyenné  le  15  décembre  1627.  Il  étoit 
auparavant  grand-archidiacre.  Il  prêta  serment  de  fidélité  à  l'évêque 
Gilles  de  Souvré  fort  solennellement.  Il  fut  depuis  doyen  de  Yézelay. 
M.  Gaud,  archidiacre  d'Amiens,  n'ayant  point  fini  sa  permutation  avec 
lui,  il  se  trouva  un  successeur  dans  Claude  Seguenot,  fameux  Père  de 
l'Oratoire  qui,  avant  que  d'avoir  pris  possession,  céda  son  droit  à  Edme 
Amiot,  n'ayant  pas  réussi  dans  les  vues  qu'il  avoit  eues  pour  le  célèbre 
Moriu  son  confrère. 

Edme  Amiot  ayant  eu  le  doyenné  par  la  cession  de  Claude  Seguenot, 

(1)  £n  févr.  1587. 


•      # 


426  DOYENS   DE   l'ÉGLISE   d'aUIBRRE. 

en  prit  possession  le  19  octobre  1652  (a).  Il  étoit  né  h  Villemer  au  dio- 
cèse de  Sens,  ou  k  Saint-Âubin-Cliâteau-neuf  du  même  diocèse.  11 
avoit  étudié  k  Auxerre,  de  Ik  à  Nevers  où  il  prit  Thabit  de  récollet.  Mats 
Tamour  de  Tétude  Tavoit  engagé  k  s'y  remettre  k  Paris,  en  quittant  cet 
Ordre.  Pendant  qu'il  continuoit  la  théologie  demeurant  au  collège  des 
Grassins,  il  fut  fait  curé  de  Villemer.  Il  devint  par  la  suite  docteur  de 
Paris,  après  avoir  professé  la  philosophie  au  collège  du  cardinal 
Le  Moine,  puis  curé  de  Champignelles  au  diocèse  de  Sens,  après  cela 
de  Château-neuf  au  même  diocèse.  Etant  procureur  de  Sorbonne,  il 
fut  fait  doyen  d'Auxerre,  et  son  résignataire  fut  pourvu  du  doyenné  de 
Saint-Fergeau.  Les  différents  postes  de  ce  personnage  avoient  été  soi- 
gneusement remarqués  depuis  qu'il  mit  la  division  dans  le  Chapitre 
d*Àuxerre,  en  voulant  changer  l'usage  du  capuchon  d'hiver,  par  un  pro- 
cès qui  coûta  des  sommes  immenses.  Au  bout  de  18  ans  il  résigna  son 
doyenné,  et  eut  encore  différents  postes  k  Paris.  Il  n'étoit  ni  allié,  ni 
parent  k  l'évoque  Jacques  Amyot.  Il  en  avoit  adopté  les  armoiries,  et 
les  fit  mettre  k  des  ornements  de  velours  rouge  qu'il  donna  a  la  cathé- 
drale (6).  « 

Jean  Foudriat  fut  doyen  par  permutation  du  prieuré  de  Saint-Si- 
droine,  proche  Joigny,  le  15  juillet  1650.  Il  étoit  fils  d'un  président  au 
présidial  d'Auxerre,  et  frère  de  Palamèdes  Foudriat,  lieutenant-général 
de  Sens.  Il  avoit  été  capucin  k  Paris  au  faubourg  Saint-Jacques,  et  en- 
suite de  l'Oratoire  dont  les  supérieurs  l'avoient  fait  professeur  de  philo- 
sophie k  Nantes.  Pierre  de  Broc  l'établit  son  officiai  et  son  vicaire  géné- 
ral. Il  fut  aussi  gouverneur  ecclésiastique  de  l'Hôtel-de-Ville.  Il  mourut 
le  19  septembre  1661 ,  âgé  de  46  ans,  et  fut  inhumé  dans  la  nef  sous  une 


(a)  Il  ne  fut  pas  reçu  sans  opposition.  Lemuct,  qui  voulait  permuter  avec  M. 
Malo,  archidiacre  de  Puisaye,  protesta  par  Tintcrmédiaire  de  ce  dernier.  Mais  le 
Chapitre  passa  outre,  à  Texception  de  quatre  chanoines.  —  Reg.  capitul.  de  1632. 

(iV.  d.  E.) 

{b)  Suivant  le  chanoine  Bardolat,  c'était  un  esprit  léger  et  novateur,  qui  traitait  les 
affaires  du  Chapitre  sans  consulter  ses  confrères  et  qui  éprouva  bien  des  échecs  dans 
ses  propositions.  II  ajoute  qu'il  ne  s^oubtiait  pas  lorsqu'il  trouvait  roccasion  de 
faire  ses  affaires.  —Mémorial  du  chanoine  Bardolat,  archives  de  TYonnc. 

'  (.V.  d.  E) 


^Sfv^V.'     ■**»«'■    '■."•:    ■■■'■*■■     ■  -i. 


GRANDS  ARCHIDIACRES  DE   l'ÉGLISE   D  AUXERRE.  427 

tombe  qui  est  aujourd'hui  changée  de  place.  En  1657,  Robert  Luyt, 
chanoine  de  Tonnerre,  fit  imprimer  à  Sens  une  Vie  de  Saint-Micomer, 
prétendu  chanoine  d'Âuierre  et  prévôt,  dans  laquelle  il  paroU  y  avoir  une 
peinture  du  premier  du  Chapitre  d'Auxerre,  alors  en  place. 

Charles  Testu  de  Pierre-Basse  fut  élu  doyen  en  1G61,  n'étant  en- 
core que  sous-diacre,  et  il  fut  installé  le  27  octobre.  Il  étoit  neveu  de 
Pierre  de  Broc  alors  évéque.  Il  fut  fait  chanoine  quelques  jours  après. 
Il  eut  aussi  en  comroende  l'abbaye  de  Toussaints  d'Angers  et  de  Roches 
au  diocèse  d'Auxerre.  Il  résigna  au  suivant  le  doyenné  Tan  1704. 

Gaspard  Moreau,  docteur  en  théologie  de  la  maison  de  Navarre,  pos- 
séda le  doyenné  depuis  le  10  mars  1704. 

*  Il  fut  élu  général  des  Etats  de  Bourgogne  en  1750.  Il  est  mort  en 
1746.  Après  sa  mort  le  roi  fit  défendre  au  Chapitre  de  procéder  k 
Télection  de  son  succcssejnr.  Le  Chapitre  ne  fit  point  de  représentations 
et  resta  privé  de  chef  pendant  55  ans. 

*  Adrien  de  Robien,  prêtre  du  diocèse  de  Vannes,  natif  d'Hennebond, 
fut  élu  le  8-10  janvier  1781.  Il  ferma  la  liste  des  doyens. 


GRANDS  ARCHIDIACRES  DE  L  ÉGLISE  D'AUXERRE. 

La  dignité  d'archidiacre  est  si  ancienne  et  si  connue  dans  toutes  les 
églises,  qu'il  est  inutile  d'en  rien  dire  ici  (a).  On  voit  plusieurs  de  ses 
fonctions  marquées  dans  les  canons  du  concile  tenu  h  Auxerre  vers  Tan 
580.  Comme  il  n*y  avoit  alors  que  57  cures  dans  le  diocèse,  un  seul 
archidiacre  pouvoit  y  surveiller  ;  mais  au  xiii®  siècle  les  paroisses  étant 
multipliées  et  devenues  en  nombre  égal  h  peu  près  h  ce  qu^elles  sont 
aujourd'hui,  on  créa  un  second  archidiacre.  Ce  qui  fut  fait  ^  Nevers  h 


(a)  Selon  M.  Guérard  (Polyptique  d'Irminon),  Tinstitution  des  archidiaconés  pa- 
rait remonter  aa  temps  de  Charlemagne.  Il  ont  été  composes  en  grande  partie  avec 
les  pagi  minores,  caox  des  subdivisions  d'une  cité,  dont  ils  représentent  assez  bien 
la  circonscription  ancienne.  (AT.  d,  E.) 


428  GRANDS   ARCHIDIACRES 

Texemple  d'Auxcrre.  Les  archidiacres  avoieni  droit  d'oiTicialiic  durant 
la  vacance  du  siège  épiscopal,  ainsi  que  jeTai  va  par  des  actes  de  1508, 
1556  et  1426.  C'étoit  aussi  à  Tarchidiacre  h  conférer  la  scolastique  et 
la  lectorie  ;  mais  Tévéque  Guillaume  de  Seignelay  ayant  doté  de  nouveau 
ces  deux  offices,  Tarchidiacre  lui  en  céda  Tinstitution.  L'cvêque  d'Au- 
xerre  nomme  et  confère  Tarchidiaconné.  Sa  place  est  la  première  en 
entrant  au  chœur  du  côté  gauche. 

Voici  les  noms  de  ceux  qui  ont  possédé  cette  dignité. 

Saint  Corcodome,  diacre,  ordonné  ë  Rome,  étant  venu  à  Auxerre 
prêcher  la  foi  avec  saint  Pèlerin,  en  fut  le  premier  archidiacre. 
Saint  Ahatre,  ordonné  diacre  par  saint  Elade. 
LiciNius,  archidiacre  du  temps  de  saint  Amatre. 

Segbtius,  archidiacre  de  saint  Germain,  qui  apporta  de  sa  part  des 
eulogies  h  sainte  Geneviève  vers  Tan  448. 

Saint  Marin  ,  archidiacre  de  saint  Didier,  évoque,  et  qui  l'aida  h 
construire  l'église  de  Saint-Gervais,  vers  Fan  610. 

Andegise,  diacre,  que  saint  Pallade,  son  évêque,  choisit  pour  défenseur 
de  son  nouveau  monastère  de  Saint-Julien. 

Ragemfredus  ou  Rainfrot  ,  qui  assassina  saint  Tetrice  son  évcquc 
vers  Pan  707.  Il  y  a  un  canton  proche  Auxerre,  h  Torient,  que  les  titres 
appellent  Mons  Ratnfredif  et  que  le  peuple  nomme  Morinfroy  pour  Mont- 
Rainfroy. 

Plusieurs  archidiacres  du  viii®,  ix^  et  x®  siècle  sont  nommes  au  jour 
de  leur  obit  dans  l'ancien  Nécrologe  écrit  vers  l'an  1007;  mais  on  ne 
peut  pas  décider  quels  sont  les  plus  anciens. 

Il  y  a  Ablenus,  mort  le  5  janvier.  Hkiarim  sacerdos  et  archidiaconus 
au  10  du  même  mois. 

GisLARus  au  25  mars. 

Valterius  au  14  octobre. 

SiGLivBRTus  au  25. 

Eliseus  au  20  décembre. 

Guy  le  Sénonois,  fut  archidiacre  sous  Fépiscopat  d'IIérirride. 

Jean  d' Auxerre,  docteur  célèbre,  puis  évcquc  d' Auxerre  en  99G. 


DE  l'église  d'auxbrre.  429 

Arddin^  archidiacre  qui  est  nommé  dans  la  vie  de  Hugues  de  Chalon, 
cvcque  d'Âuxerre. 

GoDEFROY,  signa  en  qualité  d'archidiacre  d'Âuxerre,  Tacte  de  la  fon- 
dation du  prieuré  de  La  Gharité-sur-Loire  faite  en  1056.  Il  fut  aussi 
abbé  de  Saint-Eusèbe  (1). 

Hervé,  nommé  dans  un  acte  qui  concerne  la  fondation  des  chanoines 
de  Glamecy  en  1076. 

RoTFRiDus,  vers  Tan  1100,  selon  la  seconde  colonne  de  la  matricule 
sous  l'évéque  Humbaud  (2). 

IiiGELBAUDUs  présent  k  la  transaction  entre  Letheric,  abbé  deFleury, 
et  les  seigneurs  de  Toucy,  en  1110. 

Roger,  fut  présent  aux  lettres  d'amortissement  données  en  1120  par 
le  trésorier  à  Fabbé  de  Pontigny,  pour  des  terres  qui  relevoient  de  son 
domaine,  et  quand  Hugues  deMontaigu  donna  Téglise  de  Saint- Fei^ean 
à  Tabbé  de  Saint-Germain^  et  celle  d'Âugy  à  l'église  de  Saint-Père,  en 
H  23  (3). 

Renaud,  dans  les  titres  de  Saint-Marien,  depuis  l'an  1142,  et  dans 
d'autres  en  1143, 1145, 1147, 1148,  et  même  jusqu'à  l'an  1163,  car 
rien  n'autorise  à  mettre  un  second  Renaud  depuis  Tan  1159,  ni  k  le  dis- 
tinguer d'un  Richard  qu'on  trouve  dans  un  acte  de  1157.  Les  écrivains 
des  chartes  s'étant  souvent  contentés  de  la  lettre  initiale,  qui  a  été  de- 
puisdifféremment  interprétée.  L'Obituairede  la  cathédrale  écrit  vers  1250, 
ne  nomme  qu'un  seul  Renaud,  archidiacre.  Son  obit  y  est  au  25  février. 
Dans  celui  de  l'abbaye  de  Saint-Laurent  un  peu  plus  récent,  on  lit  au 
24  février  :  <  Obiit  Regnaudus  Âutiss.  Ârchid.  et  Nivernensis  thesau- 
x>  rarius.  » 

Pierre  (a\  présent  à  la  suppression  de  la  prévôté  de  la  cathédrale,  en 
1166(4). 


(1)  Fof.  Necrol.  6  avril, 

(2)  Voy,  les  Preuves,  t.  iv,  n.  5. 


(3)  Preuves,  n?  22. 

(4)  Preuves,  n.  59. 


(a)  Le  nom  de  cet  archidiacre  est  Preshyier  et  non  Pierre,  suivant  une  charte  de 
donations  faite  h  Pontigny  en  llGG.  (iV.  d.  E.) 


450  GRANDS   ARCHIDIACRES 

6.  (que  Ton  a  rendu  par  Barthelemi)  eu  4i6G(l),  est  dans  les  litres 
de  SaiDt-Marien  en  1 168,  dans  ceux  de  Regny  en  HG9.  Quelques-uns 
l'ont  appelé  Bernard. 

Girard  est  nommé  dans  les  titres  de  Saiot-Marien  en  1170,  et  dans 
ceux  de  Saint-Eusèbe  en  1180.  Il  paroit  qu'il  fui  ami  ou  parent  de 
Hugues  de  Noyers,  évéque.  L'Obituaire  de  1250  au  4  février  :  <  Obitus 
»  Girardi  Ârchid.  et  Lévite  xl  sol  quosD.  Hugo  quondam  Ep.  Autiss. 

>  dédit  et  assignavit  Capitulo  annualim  reddendos  in  hoc  anniv.  super 

>  Ecclesiam  de  Yermentone  (2).  >  Il  est  au  même  jour  dans  celui  de 
Saiot-Laurent-r  Abbaye. 

Dbimbbrt  de  Pibrre-Pertdise,  fils  d'Etienne  seigneur  de  Pierre-Per- 
tuise,  proche  Yezelay,  et  frère  utérin  de  Guy  de  Noyers,  archevêque  de 
Sens.  H  fut  aussi,  selon  quelques-uns,  trésorier  de  l'église  de  Sens.  Il  est 
sûr  qu'il  fut  sacriste  de  Nevers.  Il  est  nommé  archidiacre  d'Auxerre 
dans  un  titre  de  Saint-Marien  (1185).  L'Obituaire  de  12i50au  lOmai  : 
a  Ob.  Dainberti  Archid.  xl.  sol.  Pro  eo  dedil  nobis  venerabilis  Hugo 
»  ejusdem  cognatus  xxx  s.  censuales  in  Ecctesia  de  Semenlerou,  ei  in 
j»  Ecclesia  de  Lano.  »  Le  Nécrologe  de  l'abbaye  de  Saint-Laurent  au 
18  mai  :  «t  Obit  Dainbertus  sacrista  Nivern.  et  Archid.  Autiss.  » 

Manassès  de  Seignelat  fut  archidiacre  d'Auxerre  depuis  Tan  1202, 
jusqu'en  1208  qu'il  fut  fait  évéque  d'Orléans. 

HoGUEs  (de  Aula)  prit  possession  du  château  de  Mailly  pour  l'évéque 
en  1210,  et  lui  céda  en  1215  le  droit  d'instituer  le  lecteur.  Il  lui  avoit 
aussi  permis  en  1212  d'unir  la  cure  de  Nusy  au  Chapitre  de  Gosne. 
L'Obituaire  de  1250  au  4  janvier  :  <  Ob.  Hugonis  de  Aula  Presbyieri  et 
x>  Archid.  pro  quo  habemus  xv  sol.  quos  debent  Guillelmus  de  Fonte- 

>  neto  Miles  et  heredes  ejus,  reddendos  annualim  in  Octava  omnium 
»  SS.  camerario  Capituli  pro  duabus  partibus  décime  de  Fonteneio  quas 
9  dedil  nobis.  >  Il  est  aussi  au  nécrologe  de  la  Chartreuse  de  Bellary. 

Philippe,  nommé  dans  une  sentence  de  l'an  121 7  en  faveur  de  Tabbaye 
de  Saint-Marien. 


(I)  Voy.  Preuves,  n.  58  |      (2)  Item  Cartul.  Capit.,  fol  51. 


DE  l'église  d'auxerre.  451 

ANDRÉ,  parent  de  Tévôque  Guillaume  Je  Seignelay,  éloit  archidiacre  en 
1220  (1).II  fut  arbiire  en  1222  touchant  des  biens  du  prieuré  de  Nitry. 
Il  est  nommé  dans  le  cartulaire  du  Chapitre  h  l'an  1225,  sur  des  biens 
qu'Etienne  de  Basso  avoit  à  Chichery  (2).  Il  accorda  vers  ce  temps-là 
le  chapelain  de  Saint-Pierre  de  Gien-le-Viel  avec  la  collégiale.  Il  se  défit 
de  son  archidiaconé  quelques  années  avant  sa  mort,  comme  on  rap- 
prend par  son  testament,  auquel  il  apposa  son  sceau  quoiqu'il  ne  fût 
plus  archidiacre  (a).  Il  mourut  apparemment  du  côté  deNevers,  puisque 
l'obituaire  de  la  cathédrale  marque  ainsi  son  décès  au  8  août  :  <  Obiit 
»  Andréas  Ârchidiaconus  Âutiss.  juvenis  bone  memoric  et  bone  in- 
»  dolis,  anno  MCCXXYI. 


*  " 


Etienne  de  Cudot.  Ce  fut  lui  apparemment  qui  succéda  k  André  dès 
l'an  1225.  Les  titres  des  châsses  de  Château-Rainard,  au  diocèse  de 
Sens,  marquent  que  ce  fut  lui  qui  y  fit  en  1224  la  translation  des  reli- 
ques des  saints  Pavace  etLiboire,  évéques  du  Mans  et  Armel  (5).  L'O- 
bitoaire  d'Auxerre  de  l'an  1250  fait  de  lui  cet  éloge  au  22  novembre  : 
«  Ob.  Stephani  de  Cudoto  ,  hujus  Ecclesie  venerabilis  Archidiaconi 
>  qui  spretis  hujus  mundi  honoribus  et  divitiis,  in  domo  Yallis-Scolarium 
)»  sub  réligione  in  pace  vitam  finivit  ;  qui  dédit  nobis  xxi  libras  quas 
»  posuimus  in  emptione  salvamenti  de  Merriaco,  pro  quibus,  etc.  > 

Bernard  de  Sullt  est  nommé  dans  un  .titre  de  Saint-Marien,  en 
1226.  Dans  un  autre  de  1229  au  cartulaire  du  Chapitre.  En  1251, 
Miles  de  Noyers  le  choisit  pour  l'un  des  exécuteurs  de  son  testament. 
Il  fut  élu  évêque  d'Auxerre  en  1254. 

Herbert  nommé  dans  un  arbitrage,  concernant  l'abbaye  de  Régny  en 
1257.  Il  assista  en  1241  aux  funérailles  de  saint  Edme,  faites  k  Ponti- 
gny  sur  la  fin  du  mois  de'  novembre,  et  il  est  cité  comme  témoin  d'un 


(1)  CartuU  Cap,  fol  49,  verso  et  in  eorUi 
de  Brenehiis. 


(2)  Fol.  374,  V, 

(3)  Foy.  Bolland,  adUjuUi. 


(a)  André  était  encore  archidiacre  en  janvier  1225  (1226),  selon  une  charte  de  la 
commanderie  de  Saint-Marc  pour  les  dîmes  d^Ancy*le-Franc.  —  Archiv.  de  VYonne. 

{N.  d.  E.) 


432  GRANDS    ARCHIDIACRES 

miracle  qui  s'y  opéra  (1 J.  Il  est  nommé  comme  présent  dans  des  chartes 
de  Saint-Germain  des  années  1242  et  1244.  C'est  lui  qui  vraisembla- 
blement devint  doyen  vers  l'an  124G. 

Miles  de  Varzy,  archidiacre,  fut  choisi  par  Jean,  baron  de  Toucy,  qui 
alloit  \k  la  Terre-Sainte  en  1248,  pour  Tun  des  exécuteurs  de  son  tes- 
tament. En  1250,  Adeline  la  Maréchale  lui  quitta  en  sa  qualité  de  curé 
de  Nannai  les  dîmes  des  vignes  nouvelles  situées  en  la  paroisse  de  Nan- 
nai.  Dans  le  détail  des  comptes  d'anniversaires  (2),  écrit  vers  1250,  h  la 
tête  de  Tobituaire,  il  y  a  <  Milo  Archid.  lx.  sol.  pro  vinea  de  Monte 

<  defenso...  que  continet  circiter  ij  arp.  et  dimidium.  »  Ce  même  archi- 
diacre se  fit  jacobin  vers  ce  temps-là.  Les  additions  à  TObituaire  de 
1250,  marquent  au  21  septembre  :  «  Obiit  Milo  de  Yarziaco  hujus  Ëc- 
»  clesie  Archidiaconus ,  postea  factus  de  Ordine  Predicatorum  ;  pro 
»  cojus  anniv.  dividinis  vi  libras  in  bursa  Capituli  assignatas  pro  lxx 

>  libris  tnr.  de  venta  domus  sue ,  quas  posuimus  in  emptione  nemoris 

>  GuidonisdeMerriaco  quondammajorisapudMerriacum.  >  L'obituairc 
de  la  collégiale  de  Yarzy  marque  simplement  :  c  Obiit  Frater  Milo 
»  Archid.  Autissiod.  » 

Ce  fut  de  son  temps  que  Tarchidiaconé  fut  divisé  en  deux. 

H.  ou  R.,  archidiacre,  légua  en  1255  une  petite  rente  à  Tabbaye  Saint- 
Germain  sur  un  clos  assis  proche  la  fontaine  Sainl-Amaire.  Ce  qui  me 
détermine  à  prendre  la  lettre  initiale  pour  un  R,  c'est  qu'il  y  a  dans  une 
seconde  copie  du  Nécrologe  de  la  cathédrale  écrit  au  plus  tard  vers  1260: 

<  Obiit  Regnaudus  de  Barris  Archidiaconus  Autissiod.  et  Diaconus.  » 
C'est  au  4  d'août. 

Jean,  archidiacre  d'Auxerre,  est  mentionné  dans  un  titre  de  La  Charité- 
sur-Loire  en  1264.  Les  additions  au  Nécrologe  de  1250  mettent  au 
6  octobre:  oc  Item  obiit  Johannes  Archidiaconus;  »  et  le  Nécrologc  de 
Notre-Dame  de  la  Cité  qui  le  place  au  7,  l'appelle  «Johannes  de 
€  Sancto  Lupo...  » 

Guillaume  de  Guigneville  qui  avoit  été  sacriste  dans  les  années 
1260  ei  1262,  parut  en  différents  actes  comme  archidiacre  (rAuxeiro 

(1)  Thes.anecdot.A.  m.  Col.  1890.  |      {r,  Ex  Vidimus.  n5G. 


* 


*  - 


DE   L^ÉGLISE   d'aUXERRE.  455 

depuis  Tan  1270  jusqu'en  1290  ou  environ,  qu'il  fit  un  legs  de  78  livres 
au  Chapitre,  pour  l'augmentation  des  distributions  à  matines,  par  son 
testament,  dont  Hugues  de  Hermant  son  successeur  fut  exécuteur  (1). 

Hugues  d'Hermamt,  cbanoine  dès  Tan  1286,  est  qualifié  archidiacre 
dans  un  titre  de  Saint-Marien  de  l'an  1290.  Girard  de  Ville-sur-Arce, 
chanoine  d'Auxerre,  le  nomma  en  1296  exécuteur  de  son  testament  (2). 
Les  titres  sur  Nannai  en  font  mention  h  la  même  année  (5).  En  1504, 
il  prononça  jugement  louchant  les  oblations  de  la  chapelle  de  Saint-Au- 
bin d'Oisy,  et  les  adjugea  au  Chapitre. 

R...  DE  Vaux  (de  Vallibas)^  est  connu  par  un  acte  par  lequel  il  subro- 
gea en  1508  Jean  Chopiles,  clerc,  pour  les  125  livres  que  le  Chapitre 
lui  devoit.  Le  15  décembre  1509  il  étoit  nouvellement  mort,  suivant  un 
acte  que  j'ai  vu  en  original,  du  temps  de  l'évéque  Pierr^  des  Grez. 

Jean  de  la  Mots  étoit  archidiacre  dès  l'an  1515  qu'il  plaidoit  devant 
Tofficial  de  Cosne,  pour  les  droits  de  la  cure  de  Nannai.  Il  fut  Tun  des 
témoins  à  la  visite  que  le  même  évêque  Pierre  des  Grez  fit,  en  1520,  de 
la  ch&sse  de  Saint-Amatre  en  sa  cathédrale.  Il  est  aussi  nommé  en  1525 
dans  un  grand  acte  françois  du  Chapitre  d'Auxerre,  qui  regarde  des 
geas  de  Beauvoir. 

Thibaud  de  Sebiur,  archidiacre  d'Auxerre,  est  nommé  parmi  les  gens 
du  duc  de  Bourgogne  (4)  qui  rendirent  compte  à  Paris  en  la  chambre 
des  comptes,  le  l®'^ juillet  1554. 

Guillaume  d'Anlesy,  issu  des  seigneurs  de  ce  nom  en  Nivernois, 
étoit  au  Chapitre  le  9  août  1 540,  lorsque  Guillaume,  abbé  de  Pontigny,  y 
prêta  serment  à  l'église  d'Auxerre  (5).  Il  reçut  au  Chapitre  le  doyen  Dreux 
Jourdain  ë  sa  nouvelle  arrivée  en  novembre  1545.  Etant  k  Nannai  en 
1549,  il  admit  la  fondation  d'une  messe  par  an,  pour  une  vigne  que 
Guillaume  Moquars  habitant  du  lieu,  lui  donna.  Ayant  logé  en  ce  voyage 
chez  les  Chartreux  de  Basseville,  il  leur  laissa  en  partant  un  billet 
comme  il  n'avoit  chez  eux  aucun  droit  de  visite.  Il  signa  en  1259  la 


(i)  Foy.  Preuves,  t.  iv,  n.  224,  228. 
(1)  Fof.  Preuves,  n»  246. 
(3)  CarmL,  fol.  225. 

Il 


(4)  Ex  eolleetaneis  de  Cornera  comp, 

(5)  Es  antiq.  statut, 

28 


454  GRAKDS   ARCHIDUCRES 

transaction  du  clergé  et  habitants  d'Âuxerre,  touchant  rengagement  des 
reliquaires  de  Saint-Germain  pour  la  rançon  de  la  ville,  et  une  procura- 
tion pour  le  même  sujet  en  1360. 

Guillaume  Insard,  natif  de  Gorbigny.  Il  accorda  en  15G8  le  procès 
qu'il  avoitavec  les  Ghartreux  de  Bellary,  sur  le  tonneau  de  vin  qu'ils 
lui  devaient,  à  cause  de  la  cure  de  Nannai  annexée  à  sa  dignité  :  au  lieu 
de  quoi  ils  lui  donnèrent  quinze  arpents  de  vignes  et  deux  pièces  de  prés. 
On  le  trouve  nommé  en  1585  dans  une  quittance  de  décimes.  Il  est  pré- 
sent en  1589  à  la  donation  d'un  bien  de  Sassy,  faite  à  la  cathédrale  par 
révoque  Ferrie  Gassinel  (1).  Il  mourut  au  mois  de  janvier  1508.  Il  avoit 
obtenu  du  Ghapitre  dès  le  18  mars  1597,  que  sa  sépulture  fût  devant  le 
crucifix  hors  le  chœur. 

Jean  du  Pomt  eut  des  provisions  de  Tarchidiacoué,  dès  le  22  janvier 
1598.  Il  étoit  dès-lors  vicaire-général  de  Michel  de  Creney,  évêque 
d'Auxerre;  on  lui  donne  ces  deux  qualités  k  la  clôture  d'un  compte  de 
Vhôtel-de-ville  rendu  en  1400.  Il  fut  présent,  en  1410,  à  Tintronisation 
de  Févêque  Philippe  des  Essarts.  Il  mourut  le  2  octobre  1415.  Nicolas 
du  Pont  et  ses  autres  héritiers  ayant  donné  k  l'église,  le  5  novembre 
suivant,  un  reliquaire  magnifique  qui  renfermoit  une  mâchoire  de  saint 
Laurent,  le  Ghapitre  alla  le  même  jour  la  prendre  processionnellement. 
Cette  relique  est  la  dernière  du  catalogue  de  celles  de  la  cathédrale 
d^Auxerre,  qui  fut  écrit  vers  l'an  1420  (2).  Get  archidiacre  avoit  son  obit 
dans  l'abbaye  de  Preuilly,  au  diocèse  de  Sens  (5). 

Pierre  Paterne,  chanoine,  qui  étoit  muni  d'une  grâce  expectative  de 
la  cour  de  Rome,  se  fit  recevoir  archidiacre  dès  le  jour  de  la  mort  de 
Jean  du  Pont. 

Pierre  le  Glerc  reçu  à  la  prébende  du  précédent,  le  15  octobre 
1415,  prit  possession  de  son  archidiaconé  le  16.  Il  eut  un  procès  à 
soutenir  contre  Jean  de  Ghaumont,  qui  se  fit  recevoir  aux  mêmes  béné- 
fices le  21  juillet  1424;  il  fut  reçu  de  nouveau  à  l'archidiaconé  le  4 
décembre  1417,  après  avoir  gagné  son  procès,  et  on  lui  donna  les 


(1)  Preuves,  noâSS. 

(2)  Voy,  Preuves,  n.  228. 


(5)  Ex  Necrol.  loci. 


DE  l'église  D*âUXERRE.  455 

sceaux  des  cours  de  rofiicialiié  d'Auxerre,  de  Cosne  ei  de  Varzy,  pour 
s'en  servir  si  le  siège  épiscopal  venoit  a  vaquer.  Mais  il  mourut  avant  le 
commencement  de  Tannée  1420,  c'est-h-dire  au  Carême  de  Fan 
1419. 

Guillaume  Ovo,  conseiller  de  la  comtesse  de  Nevors,  déjà  chanoine, 
fut  pourvu  du  grand-archidiaconé  par  Tévêquequi  étoilk  Varzy,  le  12 
mars  1419,  et  s'y  fit  recevoir  le  24  avril  1420. 

Etienne  Vivien,  qui  avoit  des  provisions  du  pape  pour  l'archidiaconé, 
s'y  fit  recevoir  le  1®'  avril  1421,  avant  Piques.  Il  éloil  Âuxerrois.  Il  fui 
déclaré  excommunié  par  le  Chapitre,  le  31  mai  1425,  pour  avoir  mal- 
traité, dans  Féglise ,  le  pénitencier  qui  encensoit  le  jour  de  la  Pente- 
côte f  1).  Le  5  du  même  mois,  il  avoit  fait  un  accord  avec  le  Chapitre. 
Paradin  dit,  dans  ses  Annales  de  Bourgogne^  que  maître  Etienne  Vivien, 
étant  allé  en  1455  prendre  possession  de  Tévéché  de  Tournay  pour 
Jean  Chevrot,  fut  injurié  et  mis  en  prison  par  le  parti  de  France  (2). 

Jejin  Paillard  fut  reçu  archidiacre  en  1459  (5).  Il  est  nommé  témoin 
dans  des  titres  du  prieur  de  Joux,  des  années  1445,  1449.  Il  avoit  un 
successeur  dès  Tan  1454.  L*épitaphe  d'Etiennette  de  Paillard,  dame 
de  Neumoutier-en-Brie,  an  diocèse  de  Paris,  que  j'ai  vue  dans  Téglise 
du  lieu,  m'a  appris  que  cet  archidiacre  avoit  été  seigneur  de  cette  pa- 
roisse. Un  de  ses  héritiers  pour  un  tiers  fut  Christophe  Paillard  , 
comme  on  voit  aux  registres  du  Chapitre  d^Âuxerre,  11  octobre.  Cette 
famille  auxerroise  a  été  illustre. 

Guillaume  de  Loncueil  fut  reçu  en  1454  (4).  Il  résida  assez  exacte- 
ment. Il  signa,  en  1458,  une  transaction  passée  entre  Pierre  de  Lon- 
gueil ,  son  frère,  évêque  d'Ânxerre,  et  le  Chapitre  ;  il  est  nommé  ici, 
dans  les  Preuves,  n.  586,  à  l'an  1469.  En  1475,  il  encourut  les 
censures  pour  avoir  maltraité  Etienne  Gerbaud,  chanoine  prêtre,  dont  il 
fut  absous  le  15  mai.  Il  étoit  aussi  curé  dlrancy  et  traita  en  cette  qua- 
lité, l'an  1474,  avec  les  religieux  de  Saint-Germain.  Il  céda,  le  27  avril 


(1)  Ex  Regist,  1      (5)  Comp.  Fab 

(2)  Pag.  737.  I      (1)  Comp.  Calend.  Maii  1444. 


436  GRANDS   ARCHIDIACRES 

4482,  son  archidiaconé  k  Pierre  de  Longueil,  son  neveu,  qui  cloii 
chanoine  et  archidiacre  de  Puisaye.  Michel  de  la  Grange,  aussi  chanoine 
d'Auxerre  en  1482,  étoit  pareillement  son  neveu.  Il  légua  en  mourant 
au  Chapitre  sa  vigne  de  la  Chièvre.  Son  décès  arriva  le  51  janvier 
1483 

Pierre  de  Longueil,  reçu  en  1482,  mourut  l'année  suivante. 

Jean  Odry,  de  l'ancienne  famille  auxerroise,  dont  une  branche  a 
fondé  k  Paris  Thôpital  des  Odrieltes,  fut  chanoine  et  oflicial  de  Jean 
Baillet,  évéque  d'Âuxerre.  Il  fut  pourvu  de  Tarchidiaconé  par  cet  évé- 
que,  puis  par  Enguerrand  Signard,  ancien  évéque  d'Âuxerre,  et  par  son 
vicaire-général.  Il  prit  possession  le  1®'  août  4483.  J*ai  vu  son  nom 
signé  Odry  dans  les  papiers  de  la  ville,  et  non  pas  Âudry.  C'est  la  quit- 
tance qu'il  donna  le  15  mars  1495  du  reste  des  gages  de  Jean  Chevalier, 
chantre  d'Acxerre,  gouverneur  de  l'hôlel-de-ville,  dont  il  éloil  oncle. 
Il  fut  aussi  chantre  et  curé  de  Glamecy,  selon  l'obituaire  de  celle  collé- 
giale, qui  marque  son  décès  au  9  juillet  1497.  Il  fut  inhumé  au  chœur 
de  la  cathédrale,  vis-à-vis  sa  place.  (Ex  lib.  succentons) . 

Jean  Hennequin,  neveu  de  l'évêque  Jean  Baillet,  fut  reçu  en  1497. 
Il  est  présent,  en  décembre  1513,  à  la  convocation  des  chanoines  pour 
Télection  d'un  évéque  (1).  Il  éloit  à  Troyes  en  sa  maison  ciauslrale 
durant  l'été  1515,  pendant  que  la  peste  régnoit  à  Auxerre.  Le  procès- 
verbal  de  Robert  Thiboust,  de  l'an  1523,  sur  le  ressort  du  bailliage 
d'Auxerre,  le  qualifie  aussi  prieur  et  seigneur  d'Andrie.  Il  apporta  au 
Chapitre,  la  même  année,  le  9  mai,  le  missel  de  M.  Baillet.  Un  titre  du 
prieuré  de  Saint-Amatre  donne  le  nom  de  Jean  du  Pont  à  celui  qui  étoit 
archidiacre  d'Auxerre  en  1506.  Il  peut  se  faire  que  ce  fût  un  des  noms 
de  celui-ci. 

Maurice  de  Gié,  prêtre  licencié-ès-lois,  fut  reçu  le  6  septembre 
1530  (2),  en  vertu  de  provisions  de  l'archevêque  de  Sens,  légat,  par 
permutation  avec  le  précédent.  Il  ne  résida  point  à  son  bénéfice  ;  il  le 
permuta,  en  1550,  pour  le  prieuré-cure  de  Venousse  et  Rouvre t  son 
secours.  Il  avoit  été  fait  chanoine  le  8  février  1536,  par  permutation 


(i)  Ex  Comp.  Cal.  Maii.  \      (<)  Comp.  Fabr. 


•^  *  %^ 


DE  l'église  d'auxerre.  437 

avec  Aubin  des  Avcnellcs  (1).  Il  eul  pour  compétiteur  Jean  de  la 
Planche,  prêtre,  qui  fut  pourvu  de  l'archidiaconé,  le  23  juillet  1531, 
par  Louis  Bride,  vicaire-général  de  Tévêque  (2), 

Laurent  Petitfou  eut  ses  provisions  le  22  mars  4550,  en  vertu  de 
la  permutation  qu'il  fit  du  prieuré  de  Venousse,  et  il  fut  installé  le  26. 
11  fut  aussi  abbé  commendalaire  de  Saint-Père.  Il  obtint ,  le  22  mars 
1554,  de  François  de  Dinteville,  évéque,  que  Jean  Barat,  chanoine, 
fit  les  visites  des  cures  pour  lui  (3). 

Achille  de  Harlay,  conseiller  clerc  au  parlement  de  Paris,  fut  reçu 
à  Tarchidiaconé  le  26  juin  1559  (4).  Il  éloit  pourvu  par  le  cardinal 
Trivulce,  légat,  en  vertu  de  permutation  pour  le  prieuré-curé  de  Saint- 
Loup  de  Cézy,  au  diocèse  de  Sens.  M.  Petitfou,  se  repentant  de  sa 
permutation,  demanda  à  rentrer  dans  son  archidiaconé,  quoiqu'il  fût 
déjà  résigné  à  Charles  de  Harlay.  Les  parties  étant  tombées  d'accord  , 
intervint  sentence  de  Gaspard  Damy,  officiai,  du  20  février  1565,  qui 
remit  les  choses  comme  elles  étoient  auparavant. 

Laurent  Petitfou  pour  la  seconde  fois.  Il  garde  sa  dignité  jusqu'h 
sa  mort  arrivée  le  3  février  1 595. 

Laurent  Faucuot,  chanoine,  du  25  septembre  1579,  fut  reçu  grand- 
archidiacre  le  7  janvier  1595,  comme  résignataire  de  Laurent  Petitfou, 
son  oncle,  et  pourvu  par  l'archevêque  de  Bourges,  en  conséquence  d'un 
arrêt  du  parlement,  le  siège  épiscopal  étant  vacant.  Il  mourut  le  30 
mai  1608.  L'oncle  et  le  neveu  sont  enterrés  k  Saint-Père,  sous  la  même 
tombe. 

Jean  Dassier,  natif  du  diocèse  de  Couserans,  étant  chanoine,  avoit 
été  gouverneur  de  l'hôtel-de- ville,  en  1596.  Il  fut  pourvu  de  Farchi-^ 
diaconé  par  François  de  Donadieu,  évéque,  et  reçu  en  1608.  Il  fut 
aussi  conseiller  clerc  au  présidial,  en  place  de...  Leprince.  Il  fit,  en 
1613,  la  visite  solennelle  de  l'abbaye  de  Saint-Laurent,  dont  j'ai  vu  le 
procès-verbal.  Il  obtint,  le  12  janvier  1615,  un  arrêt  du  conseil-privé, 
qui  porte  que  les  procureurs  fabriciers  de  Clamecy  rendront  compte 


|1)  ExRegist. 

(?)  ErRegist.  Grillct,  secrelarii. 


(3)  Regisl,  Duchié. 

(4)  Ex  Comp.  Fahr. 


458  GRANDS   ARCHIDIACRES    DE    l'ÉGLISE    d'aUXERRE. 

devant  l'archidiacre  faisant  sa  visite,  et  non  devant  les  élus.  Cet  arrêt  a 
été  imprimé  à  Auxerre,  en  1622,  chez  Denis  Vatard.  J.  Dassier  mou- 
rut dans  l'automne  1616,  k  La  Ferté-Bernard.  Il  étoit  aussi  prieur 
d'Ouges. 

Simon  DB  MoifTEREUL,  reçu  le  14  décembre  1616  h  l'archidiacoDé 
etcanonicat  dn  sieur  Dassier,  est  qualifié  dans  Pacte  de  sons-diacre  pa- 
risien et  bachelier  en  théologie.  Les  provisions  de  Tévéque  sont  du  28 
octobre.  Il  étoit  frère  de  l'avocat  de  cet  évéque  ;  mais  ayant  été  fait  peu 
de  temps  après  curé  de  Saint-Sulpice  h  Paris,  ou  selon  d'autres  de 
Poincy  proche  Meaux,  il  résigna  son  archidiaconé  h  son  frère  qui  le 
permuta  avec  le  suivant. 

Claude  Lemdet,  chanoine,  permuta  sa  chapelle  de  Sainte-Apolline  de 
Montputois,  paroisse  d'Ouanne,  pour  l'archidiaconé  auquel  il  fut  ins- 
tallé par  Denis  Chappu,  sous-chantre,  le  50  septembre  1619.  Il  fut 
fait  doyen  en  1627. 

André  Percheron,  prêtre  du  diocèse  du  Mans,  docteur  en  théologie, 
pourvu  le  11  novembre  1650  de  l'archidiaconé,  sur  la  démission  de 
C.  Lemuet,  fut  reçu  le  17  avril  1651.  11  quitta  depuis  cette  dignité 
pour  l'archidiaconé  de  Puisaye,  dont  Pierre  de  Broc  le  pourvut  à  la 
mort  de  Claude  Leclerc  arrivée  le  28  août  1646. 

Guillaume  Fernier  posséda  le  grand  archidiaconé  depuis  l'an  1647 
ou  environ,  étant  chanoine  dès  l'an  1640.  Il  fut  gouverneur  ecclésias- 
tique de  l'hôtel-de-ville.  Il  étoit  docteur  de  Sorbonne  et  grand  prédi- 
cateur (1).  Il  est  décédé  le  12  septembre  1682,  comme  on  lit  sur  sa 
tombe  au  bas  d'une  épitaphe  magnifique. 

Jean-Baptiste  Delagoute  ,  natif  d'Auxerre,  a  été  archidiacre  depuis 
le  17  novembre  1682,  jusqu'à  sa  mort  arrivée  en  1759. 

Charles  Huet,  natif  de  Paris  a  été  reçu  archidiacre  le  25  mai  1740. 
'  Ilesl  mort  dans  ses  fonctions  le  12  février  1779. 

•  Louis-François Regnard,  principal  du  collège  de  Montaigu  à  Paris, 
fut  le  dernier  grand  archidiacre.  Il  prit  possession  de  sa  dignité  et  d'un 
canonicatle24  février  1779. 


(1)  Menagiana. 


ff 


CHANTRES    DE    l'ÉGLISE    d'aUXERRE.  459 


CHANTRES  DE  L'EGLISE  D'AUXERRE 

On  peut  (lire  que  la  fonction  de  chantre  est  aussi  ancienne  que  réta- 
blissement de  l'office  divin  ;  mais  ce  n'est  que  peu  à  peu  qu'il  s'est  for- 
mé dans  des  églises  une  dignité  de  celui  qui  étoil  le  premier  des  chan- 
tres. De  h  vint  qu'en  quelques  pays  on  l'appela  Prœcentor  on  Archichorust 
pendant  que  dans  la  plupart  on  lui  donna  le  simple  nom  de  Cantor,  Il 
y  a  des  ordinaires  romains  très-anciens  qui  le  qualifient  Archiparapho^ 
nista. 

A  Âuxerre,  le  chantre  est  la  troisième  dignité,  et  est  élective  par  le 
Chapitre.  Sa  place  au  chœur  est  proche  celle  de  l'évêque  vers  l'extré- 
mité des  stalles  du  côté  droit  en  approchant  du  sanctuaire.  C'est  la  pre- 
mière qui  ait  fourni  un  évêque  au  diocèse  dans  la  personne  d'Âidulfe 
an  VIII®  siècle.  Il  y  a  eu  quelques  variations  dans  les  charges  et  privilèges 
du  chantre  de  l'église  d'Âuxcrre  qu'il  est  inutile  d'expliquer  ici  (1). 
Son  bâton  cantoral  surmonté  d'un  oiseau  qu'il  porte  avec  les  gants  et 
l'anneau  an  doigt,  ne  parolt  singulier,  que  depuis  que  dans  la  plupart 
des  églises,  on  a  donné  nne  espèce  de  lanterne  pour  couronnement  h  ce 
bâton.  Voici  les  noms  des  chantres  d' Auxerre. 

Aidulfe,  qui  fut  fait  évêque  après  avoir  été  chantre  :  Ex  Canlorê 
EptscopuSf  vers  le  temps  de  Charles-Mariel. 

On  ne  peut  faire  une  suite  de  ses  successeurs,  d'autant  qu'il  n'y  en  a 
que  quatre  mentionnés  dans  le  Nécrologe  de  1007.  Savoir  : 

Beraldds  au  15  novembre,  Sacerdos  et  perfecttAS  Cantor. 
Ingo  au  2  décembre,  Canonictis  et  Cantor  eximitts. 

Lesgingus  au  12  décembre,  Levita  et  perfectus  Cantor. 

Il  y  avait  aussi  au  7  janvier  un  chantre,  mais  le  nom  a  été  effacé. 

GiRALD  ou  Girard,  est  le  premier  qui  puisse  commencer  un  cata- 
logue suivi.  Il  est  nommé  dans  un  titre  de  l'an  1076,  qui  regarde  la 

(1)  Voy.  Preuves,  t.  iv,  n.  112,  413. 


440  CHATiTRES 

fondalioD  do  Chapitre  de  Clamecjr,  et  dans  la  matricule  des  chanoines 
sous  Tévéque  Hombaud.  Sa  mort  arriva  le  20  décembre. 

fluGUBS,  quej*ai  trooTé  nommé  dans  an  titre  de  Saint-Père  d'Aaxerre 
▼ers  Tan  1112,  a  son  obit  marqué  par  addition,  dans  Tobitier  de  1007 
au  8  novembre  en  ces  termes  :  €  Obiit  Hugo  levita  et  canonicos,  S. 
B  Marie  Prepositus,  hujus  etiam  Ecclesie  Cantor  eximius.  m 

jBAiifprétre  et  chanoine,  présent  à  Taccord  fait  vers  Tan  li  10  entre 
le  baron  de  Toucy  et  Tabbé  de  Saint-Benoit-sur-Loire.  Il  donna  au 
Chapitre  ses  maisons  situées  à  Accolay.  (V,  Nearol.  ad  27  nov.J 

GoDEFBOi  Capel  (ou  Cbapcau),  de  Fancienne  famille  auxerroise  de  ce 
nom,  parolt  dans  plusieurs  titres  de  Pontigny,  Regny,  Crisenon  depuis 
Tan  1120  jusqu'en  1147;  entr'autres  dans  Taccord  passé  par  saint 
Bernard  entre  Tévéque  et  le  comte  d'Auxerre  en  1145.  L'obiiaaire  de 
l'an  1250  met  au  7  janvier  :  06.  Gaufredi  Cantons,  ij  den. 

Guillaume.  Il  souscrivit  au  traité  fait  entre  Alain,  évéque  d'Auxerre, 
et  le  comte  Guillaume  en  1 157. 

EnsmE  étoit  chantre  d'Auxerre  en  1165  et  1166,  selon  les  titres 
de  ces  années-là  (1)*II  fut  aussi  en  même  temps  curé  de  Saint-Loup 
dans  la  ville.  En  1171  il  fut  élu  évéque  d'Autun.  Sa  mort  arriva  en 
1189  le  29  mai,  auquel  jour  elle  est  ainsi  annoncée  dans  l'Obiiuaire  de 
la  cathédrale  d*Auxerre  écrit  en  1250.  «  Obitus  Stepbani  Elduensis 

>  episcopi.  ij  d.  et  unam  quarlam  vini.  Dédit  nobis  unam  vineam  in 

>  Poriaco  et  allam  in  Monte-defenso.   > 

Hugues  paroit  comme  chantre  dans  différents  cartulaires,  aux  années 
1 172, 1175,  1176  et  1180.  Il  étoit  de  la  raraille  de  Toucy,  neveu  de 
l'évoque  Guillaume  de  ce  nom.  Il  fut  aussi  archidiacre  de  Sens.  Il  ne 
prit  point  la  prêtrise.  L'Obilier  de  1250  marque  au  20  mai  :  a  Ob.  Hu- 
0  gonis  Canloris  et  lévite,  lx  sol.  super  reddiius  de  Montigniaco.  • 

Jacques  de  Tonnerre.  Ce  chantre  est  marqué  au  1 1  mai  dans  l'Obi- 
tuaire  de  l'an  1250  en  ces  termes  :  <  Ob.  Jacobi  de  Tornodoro  Cantoris 
»  et  lévite  xl  sol.  pro  xlv  lib.  Tur.  quas  habuit  Capitulum  de  denarii^ 

(l)  Vo^.  PrcuTes,  n*^  58,  5U. 


DE  l'église  d'acxbrre.  441 

»  suis  que  assignate  fuerunt  super  terrain  de  Draciaco  versus  Au- 
D  giacum  in  qua  de  novo  plàntata  est  vinea  et  salicetum.  »  Il  ne  peut 
avoir  vécu  plus  tard  que  vers  la  fin  du  xii®  siècle,  parce  que  la  place  est 
remplie  par  ceux  qui  suivent.  Un  litre  de  1256  le  suppose  mort  depuis 
longtemps. 

Gautier,  chantre  d'Âuxerre  au  moins  dès  Tan  1198  quMl  fut  présent 
à  un  titre  d'Héloïse,  abbesse  de  Saint-Julien,  contre  Tévéque  Hiiguesde 
Troyes.  En  1202,  il  fut  arbitre  avec  Ârnoul,  abbé  de  Saint-Père  (1)  et 
Robert,  lecteur,  sur  une  difficulté  élevée  entre  le  curé  de  Palay,  diocèse 
de  Sens,  et  les  chanoines  de  Saint-Pierre  dans  la  métropolitaine.  En 
1203,il  fut  encore  arbitre  entre  le  Chapitre  de  Sens  et  celui  d*Âuxerre, 
touchant  des  droits  de  main-morte.  Il  légua  en  1209  une  maison  au 
monastère  de  Saint-Marien.  Le  cartulaire  du  Chapitre  rapporte  à  l'an 
1221 ,  la  charte  de  Jean,  abbé  de  Sainte-Goneviève  de  Paris  où  ce  chantre 
est  nommé  comme  déjh  mort.  L'Obituaire  de  1250  marque  au  28  juil- 
let :  <c  Ob.  Galteri  Cantoris  et  lévite  c.  sol.  Dédit  nobis  duo  operato- 
>  ria  in  Draperia  et  domum  ibidem  silam  et  pratum  super  Belcam.  » 

Brice,  chantre  en  1212,  fut  depuis  élu  doyen  vers  Tan  1219. 

Henri  de  Villeneuve  proche  Saint-Cloud  au  diocèse  de  Paris,  fut 
chanoine  et  chantre  quelque  temps,  puis  élu  évéque  en  1220. 

Robert,  est  qualifié  chantre  dans  un  traité  du  Chapitre  d'Auxerre  avec 
Dreux  de  Mello  de  l'an  1225,  et  dans  un  titre  de  Saint-Marien  de  1226. 
L'Obitier  de  12!i0  marque  son  décès  au  15  juillet ,  et  le  qualifie  lévite. 
Celui  de  Notre-Dame  de  la  Cité  dit  qu'il  s*appeloit  Robert  de  Corbeil, 
qu'il  donna  à  ce  Chapitre  un  arpent  et  demi  de  vigne  in  Brunelto.  Â  un 
autre  jour  on  y  lit  qu'il  avoit  eu  un  frère  nommé  Jean  de  Corbeil. 

Félix,  chantre  d'Auxerre  est  nommé  l'un  des  exécuteurs  du  testament 
de  Miles,  seigneur  de  Noyers,  en  1251 . 

Robert  II,  est  nommé  dans  la  fondation  de  Simon,  archidiacre  de 
Langres,  chanoine  d'Auxerre  de  l'an  1255.  Il  est  pareillement  fait  men- 
tion de  lui  dans  une  transaction  de  1255  sur  les  marguilliers.  Il  fut  ar- 

(1)  Ex  Cartul.  can,  S.  Pétri  Senon. 


442  CHANTRES 

liitre  en  1237  enire  Bernard  de  Sully,  évéque,  et  Hugues,  seigneur  de 
Nenvoy  touchant  le  droit  de  présentation  à  une  chapelle  fondée  dans 
la  collégiale  de  Gien. 

Philippe,  chantre  de  réglise  d'Âuxerre,  jugea  en  1258  comme  arbitre 
une  difficulté  faite  aux  moines  de  Saint-Germain  touchant  un  bois.  On 
lit  dans  TObitier  de  1250  au  15  août,  maisd^une  main  un  peu  plus  nou- 
velle :  c  Obiit  Phiiippus  hujus  Ecclesic  Cantor  eximius,  etc.  > 

Jean  de  Dauas,  de  Tillustre  maison  de  ce  nom,  chantre  et  officiai, 
avoit  rendu  avant  l'an  1255  un  jugement  contre  Guillaome  de  Noes  et 
autres  bourgeois  de  Saint-Sauveur,  au  sujet  du  droit  de  minage  qu'ils 
refusoient  de  payer  à  la  dame  sénéchale  du  lieu.  Il  fut  fait  évéque  de 
Mâcon  en  1265,  et  mourut  Tannée  d'après  (1).  L'obituaire  de  Notre- 
Dame  de  la  Cité  fait  mention  de  lui  au  19  décembre. 

Guillaume  de  Jaligni  ,  fils  de  Hugues ,  seigneur  de  Châtillon-en-Ba- 
zois.  Il  paroit  qu'il  étoit  chautre  dès  Tan  1260,  selon  des  lettres  de  cette 
année  (et  non  de  1209)  rapportées  dans  l'Histoire  des  Cardinaux  fran- 
çois  (2),  où  il  est  fait  mention  du  différend  qui  étoil  entre  lui  et  Renaud, 
comte  de  Forés  au  sujet  de  la  terre  de  Poimier.  11  faut  aussi  voir  Duchéne 
Histoire  de  Bourgogne  (5)  environ  Tan  1260(4),  où  est  rapporté  un 
arrêt  du  parlement  au  sujet  du  château  de  Bussy-en-Paële.  Dans  les 
lettres  d'Erard,  évéque  d'Âuxerre  de  l'an  1276,  on  voit  ce  chantre 
d'Âuxerre  s'engager  pour  le  mariage  de  sa  nièce.  Il  fut  fait  depuis 
évéque  de  Laon.  Son  testament  de  l'an  1284  rapporté  par  Baluze, 
apprend  qu'il  étoit  neveu  de  Gui  de  Mello,  évéque  d'Âuxerre.  Il  s'y  res- 
souvient de  l'église  d'Auxerrre  en  ces  termes  ;  a  Item  Ëcclesie  beat! 
»  Stephani  Âltisiodor.in  qua  fui  (Cantor  xxv  libras  annui  redditus  assi- 
>  dendas  in  terra  mea  de  «  Chasels  >  et  de  Donnapetra.  > 

N...,  prolo-notaire  et  domestique  du  pape,  obtint  vers  Tan  1500  le 
canloral  vacant  en  cour  de  Rome,  comme  il  est  porté  dans  un  jugement 
rendu  en  faveur  du  prieur  de  Saint-Eusèbe.  Ce  même  chantre  dont  on 
ignore  le  nom,  mourut  en  cour  de  Rome. 


(1)  Gallia  christ,  nova.  !      (5)  Preuves  de  l'IIist.  d'Auvergne 

2)  Lib.  3.  C.  75.  ,      ,1)  Ibid..  pag.  202. 


DE  l'église  d'auxerre.  445 

Guillaume  Mbschin,  étoit  vice-camericr,  chapelain  et  domestique  de 
Clément  V,  qui  lui  donna  le  cantorat  d*Âuxerre  après  la  mort  du 
précédent  arrivée  en  cour  de  Rome.  Il  fut  condamné  à  payer  le  droit 
annuel  de  sa  prébende  au  prieur  de  Sainl-Eusèbe,  par  sentence  arbitrale 
de  Guillaume  de  la  Ripe  et  Guillaume  Periti,  chanoines  d'Âuxerre, 
prononcée  dans  le  chœur  de  la  même  église  le  25  mai  1515.  Peu 
de  temps  après  il  fut  élu  évéque  de  Pampelune,  et  ensuite  de  Troyes 
en  1516. 

Ponce  ëtieniœ.  Il  fut  présent  en  1540  k  l'évêché,  lorsque  Guillaume, 
abbé  de  Pontigny  y  prêta  serment  de  fidélité  à  l'évéque  Jean  de  Blangy 
et  à  l'église  d'Auxerre. 

Regnaud  de  Prégilbert.  Le  nom  de  ce  chantre  d'Auxerre  se  trouve 
au  25  ou  26  septembre  dans  les  Nécrologes  de  Notre-Dame  de  la  Cité, 
de  Regny,  de  Bellary.  Il  mourut  à  Paris  en  1555  le  25  septembre ,  et 
fut  inhumé  dans  la  grande  chapelle  de  Notre-Dame  au  cloitre  de  Sainte» 
Geneviève,  où  son  épithaphe  se  lit  sur  le  cuivre  en  ces  termes  :  a  Hic 
0  jacet  vir  magne  discretionis  et  prudentie ,  Magister  Reginaldus  de 
»  Prato  Gilberti,  quondam  Presidens  in  Caméra  inquestarum  Domini 
»  Régis,  cantor  et  canonicns  Autissiodor.  canonicus  Senonensis  et 
>  capelle  Regalis  Parisiensis,  qui  obiit  anno  Domini  m  ccg  lui  ,  25 
to  die  septembris.  »  Il  est  représenté  tenant  un  bâton  qui  finit  en  tau  et 
l'aumuce  en  télé  (a);  ce  que  Dom  de  Vert  a  observé  dans  son  ouvrage  sur 
les  anciens  habits  d'église.  (T.  2.  ubi  de  almutm). 

Pierre  d'Auxy  ou  d'Auxois,  de  Auxeio^  chapelain  d'Urbain  V  et  audi- 
teur du  sacré  palais  selon  un  rescril  de  ce  pape  du  24  septembre  1565 
en  faveur  de  Tabbaye  de  Saint-Germain  d'Auxerre,  est  qualifié  chantre 
de  la  cathédrale  en  1569,  et  comme  tel  envoyé  par  le  Chapitre  pour 
consulter  à  Paris  sur  quelques  affaires ,  d'où  il  rapporta  des  lettres 
royaux.  En  1575,  il  tenoil  à  bail  du  Chapitre  la  grange  de  Monétao, 


(a)  Cette  forme  de  bâton  rappelait  Tancien  usage  de  célébrer  Icji  offices  debout, 
appuyé  seulement  par  tolérance  sur  des  bftlons,  dont  la  crosse  en  forme  de  potence^ 
se  plaçait  sous  les  aisselles.—  Voy.  Stalles  delà  Cathédrale  d'Amiens,  par  M.  Jour- 
dain. (iV.  d.  E.) 


444  CHANTRES 

moyennanl  la  redevance  annuelle  de  12  livres  (1).  Il  fui  élu  évéque 
de  Tournai  en  1378(2). 

Nicolas  d'Epone.  Ce  chantre  d'Ânxerre  dont  le  surnom  lalin  est  de 
Spedona  est  mentionné  dans  un  titre  de  1581.  Je  le  crois  le  même  que 
Nicolas  de  Bondeville,  qualifié  chantre  dans  une  quittance  de  paiement 
des  décimes  apostoliques  de  Tan  1585. 

Denis  Lopin  qui  avoit  éié  chanoine  tortrier  selon  un  titre  de  1560, 
fut  chantre  après  le  précédent,  mais  fort  peu  de  temps,  puisqu'il  mourut 
en  1584  le  9  janvier,  comme  il  se  lit  sur  sa  tombe  qui  a  été  transportée 
proche  Tenlrée  du  Chapitre  où  il  est  représenté  en  chasuble  tenant  son 
b&ton  cantoraU  II  avoit  fondé  une  messe  de  Saint-Eustache  (5). 

Bertrand  Cassinel,  frère  de  Ferrie  Cassinel,  évéque  d*Anierre  et 
chanoine,  fut  fait  chantre  en  1585.  Il  est  nommé  en  différents  actes 
jusqu'à  l'an  1597.  Il  fut  aussi  chapelain  de  la  léproserie  de  Toucy. 
Voyez  le  reste  de  ce  qui  peut  le  regarder  à  l'article  de  l'évéque  son  frère. 
Voyez  aussi  son  testament  (4).  Duchéne  parle  de  lui  en  sa  maison  de 
Châtillon.  Selon  le  Nécrologe  de  Notre-Dame  de  la  Cité,  il  ne  fut  jamais 
que  sous-diacre. 

Jean  Chanteprihe.  Qiioiqu'il  paroisse  que  dès  le  15  octobre  Jean  de 
Molins  se  fût  fait  recevoir  chantre  en  vertu  d'une  grâce  expectative, 
néanmoins  il  est  certain  par  des  actes  postérieurs  que  ce  fut  Jean  Chante- 
prime  qui  jouit  de  cette  dignité  jusqu'à  Tan  1402  qu'il  fut  fait  doyen 
de  Paris.  Il  avoit  été  élu  le  16  juillet  1599  d'une  voix  unanime  (5). 

Jean  de  Molins  succéda  à  Jean  Chanteprime,  nonobstant  l'élection 
solennelle  faite  de  Jean  Âlepté,  en  1402(6).  Il  était  docteur  en  méde- 
cine (7)  ;  mais  il  n'avoit  pas  la  facilité  de  lire  dans  les  livres  d'église  ; 
d'où  il  arriva  des  disputes.  Il  conserva  cependant  sa  dignité  jusqu'en 
1422(8).  Il  donna  en  1415  pour  la  construction  du  portail  septentrional 
de  la  croisée,  six  vingts  écus  d'or.  Il  mourut  en  1422  le  21  janvier,  et  fut 
inhumé  dans  la  chapelle  de  Saint-Pierre  et  de  tous  les  saints,  dite  au- 


(l)  Ex  compot. 

(i)  Ibid. 

(5)  Ex  compot.  XV.  Sœculi. 

(4)  Voy,  Preuves,  n*^  338. 


(5)  Reg.  Captt, 

(6)  Koy.  Preuves,  n"  343. 

(7)  Reg.  Capit,  1408,  3  maii. 
(B;  Reg.  "ii  juin. 


DE  l'église  d'auxerre.  445 

jourd*hai  de  Saiot-Sébaslieo.  Il  l^ua  à  la  bibliothèque  du  Chapitre 
tous  ses  livres  de  médecine,  entr'autres  Avicenne  (1).  Il  avoit  eu  en 
i420  un  procès  contre  l'abbaye  de  Saint-Père  sur  la  censive^  etTavoit 
perdu. 

Jean  Vivien,  d'une  famille  anxerroise  qui  s'établit  k  Paris,  et  y  pro- 
duisit des  hommes  illustres,  étoit  absent  de  son  canonicat  d'Âuxerre, 
lorsqu'il  fut  élu  chantre  le  5  février  1422.  Il  se  fit  recevoir  le  28  sep- 
tembre 1425  par  procureur,  parce  qu'il  résidoit  à  la  cour  romaine.  Il 
étoit  aussi  prévôt  de  Chablis.  Il  fut  depuis  élu  évéque  d'Âuxerre,  mais 
sans  succès.  On  l'appelait  Jean  Vivien  le  Jeune,  pour  le  distinguer  d'un 
autre  de  même  nom.  Il  eut  pour  frère  Etienne  Vivien,  grand  archi- 
diacre. 

Hugues  de  Villemer  fut  reçu  chantre  par  procuration,  n'étant  que 
sous-diacre  le  21  mai  1427,  et  placé  en  personne  le  26  juillet  1409 
dans  les  basses  stalles.  Il  jouissoit  encore  de  cette  dignité  en  1453, 
puisqu'il  paya  le  droit  de  son  antienne  0. 

Jean  Henribt,  possédoit  la  chantrerie  au  moins  dès  l'an  1457  qu'il 
jouissoit  d'un  privilège  accordé  par  le  légat.  Dans  les  partitions  de  1458, 
il  étoit  placé  h  Oisy.  Ce  chantre  résida  très-peu.  Il  est  nommé  comme 
absent  dans  l'acte  d'élection  d'Enguerrand  Signard  en  1485;  il  fonda 
en  1481  sonobit,  et  le  service  de  l'Invention  de  Saint-Vincent.  Il  mou- 
rut en  1492,  comme  il  paroit  par  la  vente  de  sa  maison.  Il  fut  inhumé  au 
bas  des  degrés  du  sanctuaire  du  côté  gauche. 

Jean  Chevalier,  licencié  en  décrets,  chanoine  d'Âuxerre  et  chantre 
de  Clamecy  dès  l'an  1484,  fut  reçu  chantre  en  1492,  et  mourut  le  25 
mars  1494.  Il  étoit  frère  d'Antoine,  chevalier,  grenetier  (2)  d'Âuxerre, 
et  oncle  de  Renaud,  chevalier,  lieutenant-général  (5). 

Olivier  Michel  fut  reçu  chantre  en  1495  et  mourut  en  1512.  Il  est 
nommé  dans  un  titre  de  Regny  en  1511.  Il  avait  la  prébende  théologale 
à  laquelle  Nicolas  Belin  fut  reçu  le  24  juillet  1512.  Il  fut  inhumé  proche 


(1)  fiegf.  Febr. 

(2)  C'est-àiHlire  receveur  du  grenier  à  sel. 


(S)  Compot.  Cal,  Maii. 


446  CHANTRES 

la  grande  porte  de  l'église.  Sa  tombe  levée  de  ce  lieu ,  sert  aujourd'hui 
d'autel  à  la  chapelle  de  Notre-Dame  des  Vertus,  et  j'y  ai  lu  ce  resie  à 
l'épitaphe  :  <  Michel,  docteur  en  théologie,  en  son  vivant  chantre  etcha- 
>  noinede  l'église  d'Auxerre,  natif  de  Saint-Pierre...,  » 

Jean  de  Noyon  prit  possessiou  de  la  chantreriele  IG  septembre  1512. 
II  est  nommé  dans  la  conclusion  du  5  décembre  1515,  pour  l'élection 
d'un  évéque.  Il  mourut  de  peste  au  mois  de  juillet  1515.  Après  sa 
mort,  Hugues  de  la  Vault,  chanoine,  fut  député  pour  aller  convoquer  les 
absents  à  la  future  élection  indiquée  au  5  novembre  à  Auxerre,  et  si  la 
peste  y  étoit  encore,  au  lieu  de  Crevan.  Il  y  avoit  plus  de  vingt  chanoines 
retirés  ailleurs,  savoir  à  Joigny,  à  Sens,  à  Paris,  à  Orléans,  a  Troyes,  à 
Saulieu. 

Jean  le  Rot.  Sa  réception  est  marquée  au  14  mai  1 51 G  dans  un  compte 
du  temps.  Il  est  nommé  dans  un  titre  de  1515  21  janvier,  concernant 
Parly.  On  lit  dans  les  registres  de  1524, 20  décembre,  que  M.  le  chantre 
pour  sa  prébende  de  chanoine,  fera  l'office  d'évéque  le  jour  de  Saint- 
Etienne,  excepté  la  mitre  qu'il  n'aura  pas.  Il  décéda  le  1 1  janvier  1554, 
et  fat  inhumé  suivant  son  désir  <  ante  magnum  portale  juxta  sepulturam 
»  D.  Oliverii  Michaëlis  jam  dudum  Cantoris.  n 

Arnoul  Gontier.  On  peut  lire  ci-dessus  (1)  les  difficultés  qui  s'éle- 
vèrent sur  Félection  d'un  chantre,  après  la  mort  de  Jean  le  Roy.  Arnoul 
Gontier  fut  celui  qui  resta  en  place.  Il  avoit  été  reçu  le  10  janvier  1555 
étant  au  droit  de  ceux  qui  avoientea  des  provisions.  Il  étoit  fils  de  Louis 
Gontier,  et  de  Radegonde  Donet.  Il  fut  aussi  abbé  de  Saint-Marien  et 
l'étoit  dès  1540  (a).  Il  mourut  le  10  juin  1555  selon  Tobitier  de  la  pa- 
roisse de  Saint-Renobert. 

Laurent  Robert,  chanoine,  fut  élu  par  la  voix  du  Saint-Esprit  après 
la  mort  du  précédent.  L'acte  de  confirmation  par  l'cvéque  est  du  7  août 
1555.11  avoit  eu  communication  des  papiers  du  sieur  Laurent  Bretel, 


(1)  p.  12t. 


(a)  C'est  ce  qui  résulte  d'une  pièce  qui  est  aux  archives  de  rYonnc,  fonds  Saint 
Marien,  collation  d'ordres.  [N.  d.  E.) 


DE  l'église  d'auxerre.  447 

secrétaire  de  Jean  Baillet,  évêque,  et  c'est  de  lui  que  j'ai  tiré  le  pouillé 
du  diocèse  imprimé  parmi  les  Preuves  de  ces  mémoires.  Il  mourut  le 
22  octobre  1557,  et  fut  inhumé  proche  l'autel  de  Saint-Laurent,  qui 
étoit  alors  où  est  celui  de  Saint-^Michel. 

Edme  Thevenon.  Son  élection  se  fit  le  4  décembre  1557  (\).  Il  est 
nommé  au  procès-verbal  delà  coutume  de  l'an  1451.  Après  la  dispersion 
des  chanoines  du  temps  delà  prise  d'Âuxerre  par  les  calvinistes  en  1567, 
il  fut  l'un  des  premiers  qui  retournèrent  à  l'église  (2).  Il  donna  en  1580 
un  bâton  cantoral  d'argent.  Il  résigna  au  suivant  en  1585,  et  eut  une 
place  de  chanoine  honoraire  suivant  les  registres  an  26  septembre 
1587  (5).  Il  repose  devant  l'autel  Saint-Michel. 

Jacques  Màgnbn  qui  avoit  été  chapelain-clerc  d'un  chanoine  en  1552, 
puis  chanoine  tortrier  en  1567,  greffier  du  Chapitre  depuis  l'an  1577, 
et  qui  étoit  curé  de  Saint-Renobert  en  1581 ,  prit  possession  de  la  chan- 
irerie  d'Âuxerre  durant  le  mois  de  juin  1586  au  plus  tard.  Il  ne  la  con- 
serva que  jusqu'en  1506  qu'il  la  permuta  avec  le  suivant. 

Pierre  Berault,  chanoine  dès  l'an  1558,  fut  reçu  chantre  le  1®'  oc- 
tobre 1596  par  permutation  pour  la  cure  de  Gurgy.  Il  mourut  en  1610 
le  8  janvier  âge  de  67  ans.  Mais  il  avoit  résigné  la  chantrerie  dès  l'an 
1606.  Il  a  eu  une  épitaphe  en  prose  latine  outre  celle  en  vers  qui  corn- 
mençoit  ainsi  : 

Muncre  Beraldus  triplicî  dum  vi?eret  aoctus. 

■ 

Gaspard  Bargedé,  fils  de  Nicofas  Bargedé,  président  au  présidial 
d'Âuxerre  et  de  Marie  Houbelin,  fut  installé  chantre  le  18  décembre 
1606,  comme  résignataire  de  Pierre  Berault.  Il  fut  aussi  curé  deMoné- 
teau,  et  trésorier  de  N.-D.-de-la-Cité.  Il  résigna  au  suivant  en  1641. 

Gervais  Housset,  neveu  du  précédent  du  côté  de  Marie  Bargedé 
sa  mère,  eut  la  chantrerie  par  résignation,  et  y  fut  admis  le  22  dé- 
cembre 1651   (a).  Il  fut  aussi  trésorier  de  N.-D.-de-la-dité.  Sur  ses 


(1)  Reg,  Capit. 

(2)  Reg.,  24  nw. 


(3)  Ex  libro  Succent, 


(a)  Il  était  fort  vif,  car,  pendant  uq  office  du  soir,  il  voulut  mettre  lui-même  hors 


448  CMAytËMB  K    l'ÉUISK   »  AOXIBIE. 

rMMMilnuices,  oe  établit^  eo  1653,  Tnafe  de  se  revêtir  de  dupes 
po«r  le  répons  des  vêpres ei cIMim. Ses  iBimhes  FoUi^restà  se  dé- 
■lettre  de  sa  digDÎté,  es  1674,  en  (aTenr  de  soo  frère  dép  soas-ehantre» 
n  avoît  pris  possessioD  de  ia  csre  de  Conrgj  le  28  octobre  1662.  D 
■omt  le  2  o«  le  i  novembre  1673. 

Nicolas  Hocsot.  chanoine  et  sons-cbantre,  frère  de  Gervak  et  son 
résîgnataire  en  conr  de  Rome,  prit  possessHHi  dn  cantorat  le  4  novembre 
1674.  il  conserva  cette  di^ié  jnsqn'a  sa  mort,  arrirée  le  8  jnn  1679, 
an  bont  de  qnelqnes  jonrs  «Tiae  mabdie  qn^H  avoit  contractée  à  b 
pfocesBÎon  de  h  Féte-D^n.  Les  denx  frères  sont  inbnmés  devant  b 
ckapdle  de  S.  Martin. 

TocasàDT  in  ClebCt  chanoine  depnis  le  9  aoèt  1639,  n'émit  qne 
«MB"diacfe  hffsqnll  fnt  éln  chantre  le  28  jnin  1679.  D  nmmrnn;  à 
r^îr  le  choenr  en  chapcet  bâton  ca  ntoral  à  ITpiphaaîe  1 680,  hrs- 
fil  em  élé  ordonné  dbcre.  D  monmt  le  4  aont  de  Fan  1 99t . 

C1.ACIC  Bncan,  chanoine ,  étant  absent ,  fnt  éfn  chantre  snr  b  Sa 
dn  nmê  raoèt  1794,  et  re^  le  9  septembre.  B  mwm  a  Bonne, 
a  pnirie^  le  28  dn  même  mok. 

JnàSh-BàPren  LAii^Bija,  chanoine  depnis  fan  1637,  ht  ëm 
chantre  le  22  octobre  1694  et  re^  le  9  noiven^re.  D  a  fait  beancenp 
de  dons  à  Té^sc^  et  a  procnré  Fai^mentation  dn  de^  deb  SHe  de 
&  Pâcrin  dam  h  caAédrale.  D  a  dmmé  entre  aittres  ehes»  k  p^md 

n  monmt  le  13  imb  1704. 


hm  sMcédn  CB  vcftn  de  FâeciiM  bile  le  28  jniUet  1704.  D  a  pomédé 
ccnedipMiéjnB^'an  mois  de  moi  1731  ^a  décéda. 


Fan  1710,  int  éin  le  17  mni  1731. 

*Dint  bpvmcipd  rédvle» dn Brévnire diocésain. D 
SCS  fanctiimi  b  11  mni  1770. 


et  chflmÉg,c«ai  lîi  im.  son  ▼(hbol  El  nr 
roftcr.  Ijt  CkofilK  \t  MAan  ée  cette  eon- 


TRÉSORIERS    DE    L*ÉGL1SE    d'aUXERRE.  449 

*  Jean-Charles-Joseph  Gaudet,  du  diocèse  d'Yprcs,  uommé  chantre 
par  M.  de  Cicé,  le  8  août  i770.  Le  Chapitre  refusa  de  le  reconnaître 
en  cette  qualité  attendu  qu*il  avait  élu  canoniquement  M.  Letellier. 
M.  Gaudet  se  fit  installer  par  deux  notaires  et  obtint  son  maintien 
par  arrêt  du  parlement  a  attendu  que  malgré  le  droit  du  Chapitre, 
l'évéque  peut  refuser  Télu  ob  deffectum  capacitalum.  » 

M.  LetcUier  étant  mort  en  1772,  toute  difficulté  fut  levé^.  M.  Gaudet 
devint  officiai  de  Tévêque  en  1776.  Mort  le  9  avril  1787. 

*  Locis  -  Jean  Vaultier  ,  du  diocèse  de  Bayeux ,  résignataire  de 
M.  Gaudet,  par  acte  du  9  mars  1787,  fut  élu  en  outre  parle  Chapitre, 
le  9  mai  suivant.  Il  continua  d^élre  commensal  de  l'évéque  comme 
lorsqu'il  était  lecteur,  et  devint  son  vicaire-général  le  24  décembre 
1768.  Il  présida  jusqu'en  1792  les  réunions  du  Chapitre.  Il  était 
aussi  chantre  de  la  collégiale  de  la  Cité. 


TRÉSORIERS  DE  LÈGLISE  D'AUXERRE. 

Les  dépositaires  des  vases  sacrés,  reliquaires,  châsses,  joyaux,  ont 
eu  d'abord  assez  communément  le  nom  (Tarchiclavus  ou  archiclavis 
dans  les  églises  cathédrales  et  dans  les  célèbres  collégiales.  Ils  ont  été 
depuis  appelés  thesaurarius  ou  bien  mcrisla.  Il  est  visible  qjue  le  nom 
(ï^archiclavus  venoit  de  ce  qu'ils  étoient  chargés  des  clefs  du  trésor,  de 
l'argenterie  et  des  orncmenls,  de  celles  du  chœur,  du  sanctuaire,  etc. 
Ils  avoient  en  plusieurs  églises  d'amples  domaines  dont  le  soin  les 
dispensoit  de  la  résidence ,  et  ils  ,s'en  déchargeoient  sur  un  officier 
inférieur  appelé  custos  ou  sacrista.  Leur  dignité  a  été  considérée,  eu 
certains  siècles,  comme  h  demi-séculière,  puisqu'ils  pouvoient  assister 
h  l'office  l'oiseau  sur  le  poing,  au  moins  aux  fêtes  solennelles  (1).  Ëtant 
de  puissants  seigneurs  dans  ces  siècles  reculés,  ils  faisoient  rendre 
exactement  h  l'église  les  tributs  de  cire  que  lui  dévoient  les  détenteurs 


\^l)  Voy.  Prouves,  iio  578. 

II  29 


450  TRÉ80RIEKB 

des  fiefs  de  Châteaa-ChiDon  (1) ,  d'Odent  el  de  Conches ,  proche 
Varzy,  et  même  ceriaines  cures  da  diocèse.  Aussi,  dans  ces  temps-lîi, 
se  chai|;eoieDt-il8  de  fournir  du  luminaire  tout  autour  du  chœur,  au 
moins  les  grandes  fêtes,  comme  on  le  pratique  en  d'autres  églises,  el 
comme  on  le  faisoit  encore,  en  1695,  le  jour  de  rinvention  de  saint 
Etienne.  Cette  dignité  est  k  la  collation  de  Tévéque.  Sa  place  au  chœur 
est  dans  le  bout  fers  le  sanctuaire  ^  gauche. 

Je  ne  dirai  rien  ici  des  arcbiclaves  de  Téglise  d'Àuxerre,  dont  il  est 
parlé  dans  Phistoire  des  évèques  avant  lex^  siècle  (2),  parce  que  leurs 
noms  n*y  sont  pas  spécifiés.  Voici  d'abord  ceux  qui  sont  nommés  dans 
le  Néerologe  écrit  vers  Tan  1007. 

EamALD,  lévite  et  archiclave,  tué  par  les  ennemis,  apparemment  les 
Normands,  un  huitième  jour  de  septembre.  Ce  fut  vers  Tan  91 1  que  les 
Normands  approchèrent  plus  près  d'Auxerre. 

RoTFREDUS,  prêtre  et  archiclave,  mort  le  1®'  novembre. 

HBRMomus,  acolyte  et  archiclave. 

Gui,  qui  vécut  vers  Tan  1020  ou  1050,  ou  quelques  années  plus 
laid,  et  dont  on  lit  dans  les  additions  au  Nécrologe,  le  6  mai  :  a  Obi  tus 
>  magistri  Guidonis  canonici  S.  Stephani  et  archiclavi,  qui  dédit  eccle- 
»  sie  nostre  ex  libris  suis  Passionales  duos,  Antiphonarium  ,  Gradale, 
»  HjmnariumetPsalterium.  » 

ËTiENins,  le  premier  qui  ait  été  qualifié  trésorier,  est  nommé  dans  un 
acte  de  Tan  1076  ou  environ,  concernant  la  fondation  du  Chapitre  de 
Clamecy. 

Robert  nommé  dans  la  matricule  des  chanoines  d'Auxerre ,  parmi 
les  prêtres,  sous  le  titre  d^yEdiluus,  vers  Tan  1090  ou  1100,  sous 
révoque  Humbaud. 

Roger,  qu'on  dit  nommé  dans  un  titre  par  lequel  Gosbert  Capel  fait 
du  bien  à  l'abbaye  de  Moléme  du  consentement  du  même  évêquc. 

Etienne  II,  qui  en  1120,  par  un  acte  passé  au  trésor  de  la  cathé- 


(1)  Le  premier  30  liv.  ;  les  deux  autres 
chacun  50  liv..  sans  compter  le  cierge  de 


Gien  qui  étoit  de  100  livres. 
(2)  Hist.HeribaldietHerifridi. 


DE    L*ÉGL1SE  d'aUXERRE.  '  451 

drale,  ratifia  une  donation  faite  à  Tabbaye  de  Ponligny  du  domaine  de 
Roncenay,  mouvant  de  sa  dignité.  Il  est  aussi  nommé  dans  les  chartes 
de  la  même  abbaye,  a  l'an  1147.  Son  obit  est  marqué  dans  le  Nécro- 
loge de  1250,  au  24  juillet  :  Ob.Slephani  thesaurarii  ij  dm.  Dédit  nobis 
XX  libras  ad  emendos  redditus. 

Grégoire.  Il  paroit,  par  une  lettre  du  pape  Eugène  III  (1),  daiée  de 
Langres  m  kal.  rnatï,  qu'un  Grégoire,  cardinal  diacre,  fut  en  même 
temps  trésorier  d'Auxerre  vers  Tan  1150,  et  qu'il  avoit  aussi  été 
chanoine  séculier  de  Sainte-Geneviève  de  Paris,  avant  que  les  réguliers 
y  fussent  admis.  C'est  sans  doute  au  sujet  de  ce  trésorier,  que  Gui- 
chard ,  second  abbé  de  Pontigny,  écrivit  &  l'abbé  Suger  une  lettre  qui 
est  chez  Duchône  (2). 

Radulphb  ou  Raoul,  issu  des  barons  de  Toucy,  que  Robert,  dans 
sa  chronique  d'Auxerre,  représente  comme  un  ecclésiastique  très-riche 
et  très-pieux.  Il  dit  qu'il  laissa  tout  son  bien  aux  églises,  entre  autres 
à  l'abbaye  de  Saint-Marien,  où  il  se  retira  pour  mourir.  II  y  fut  inhumé 
dans  le  sanctuaire,  selon  le  même  écrivain  qui  vivoit  alors.  J'y  fis  la 
découverte  de  son  tombeau  sous  les  ruines  de  l'église,  le  17  février 
1716,  au  côté  droit  ou  méridional  du  banctuaire.  Les  ossements, 
mêlés  de  restes  d'étoffe  d'or,  furent  portés  au  prieuré  de  Notre-Damc- 
la-d'Hors,  dont  le  prieur  les  plaça  en  quelque  endroit  de  son  église  ; 
et  le  tombeau  fut  laissé  au  même  lieu.  Le  nom  de  ce  trésorier  est  à  la 
fin  de  la  donation  de  l'église  de  Saint-Amatre ,  faite  au  monastère 
de  Saint-Satur  en  1165,  et  dans  l'acte  de  la  suppression  de  la 
prévôté  en  1166.  Il  mourut  la  même  année.  Il  parait  que  c'est 
des  serfs  de  ce  même  trésorier  dont  il  s'agit  dans  une  lettre  que 
Alexandre  III  écrivit  h  Henri ,  archevêque  de  Sens  (3).  L'Obituaire, 
écrit  en  1250  pour  la  cathédrale  d'Auxerre ,  marque  son  obit  au  8 
août,  ajoutant  qu'il  avoit  donné  à  celte  église  les  moulins  d'Accolay  et 
fait  plusieurs  autres  biens. 

Guillaume  de  Toucy  fut  successeur  du  précédent,  et  vraisemblable- 
ment il  étoit  son  parent.  Robert  de  Saint-Marien  dit  qu'il  fut  trésorier 


(1)  Durbènc,  t.  iv. 
(«)  Ibtd. 


(3)  Martenne,  t.  ii,  pag.  992. 


452  TBÉSORIERS 

il'Auxerrc,  et  archidiacre  de  Sens  eo  même  lemps.  Poar  ce  qui  esl 
de  la  trésorerie,  il  n'en  fat  revéta  que  daraiit  Tan  1166,  paisqo^il  fol 
élu  évé«]ue  d'Âoxerre  eo  1 167. 

HcGUES  DE  Noyers  parait  comme  trésorier  en  des  titres  des  années 
1176,  1178  et  1182  dans  différentes  archives,  soit  de  Saint-Marieo, 
soit  du  Qiapitre  d*Auxerre  on  de  Pontigny.  Il  fat  éla  évéque  d'Ânxerre 
après  la  mort  de  Gaillanme  de  Toacy,  arrivée  en  1181. 

Odon.  Ce  trésorier  n'est  connu  que  par  la  fondation  de  son  obit, 
qui  est  marquée  au  26  février  dans  TObituaire  de  1250,  en  ces  termes  : 
«  Ob.  Odonis  lévite  et  thcsaurarii  xxx  sol.  >  Il  étoit  apparemment 
d'une  famille  des  environs  de  Sens,  puisque  son  obit  se  trouve  pareil* 
lement  dans  le  Nécrologe  de  Saint-Pierre- le-Yif  de  Sens,  et  dans  celoi 
de  l'abbaye  de  Prcuilly  proche  Hontereau.  Il  a  dû  vivre  à  la  fin  dn 
xii^  siècle,  parce  que  le  commencement  de  ce  siècle  est  rempli  par 
d'autres. 

GtnLLAUHE.  Il  parait  avoir  dû  succéder  à  Odon  vers  l'an  1210  oa 
1215.  Il  est  nommé  au  vingt-huitième  feuillet  de  la  collection  des 
anciens  statuts  du  Chapitre  (1),  dans  une  charte  de  l'an  1221  sur  les 
oblations. 

GuiLLAiN.  Son  obit  se  lit  ainsi  au  17  juillet  dans  TObituaire  de  1250: 
«  Ob.  Guillani  presbyteri  et  thesaurarii.  >  Il  y  est  dit  qu'il  avoit  bâti 
une  maison  au  cloitre  ;  et  au  22  mars,  qu'il  avoit  fondé  un  service 
pour  ses  parents.  Il  doit  être  le  trésorier  G.  d'un  acte  de  l'an  1223. 

Durand.  Ce  trésorier  doit  être  placé  ii  l'an  1252.  On  y  trouve  des 
actes  qui  le  désignent  par  un  D.  Il  est  aussi  nommé  en  1255  daus 
une  transaction  sur  les  mai^illiers  (2).  Quelques  manuscrits  l'appelleai 
Durand  Belire.  On  lit  dans  l'Obituaire  de  l'an  1250  au  20  juillet  : 
ff  Ob.  Duranni  thesaurarii  et  lévite.  »  On  trouve  dans  un  acte  de 
celui  qui  suit,  que  le  trésorier  Durand  avoit  donné  des  vignes  a  des 
habitants  de  Chitry  pour  en  jouir  jusqu'à  l'extinction  de  leur  lignée, 
après  quoi  elles  dévoient  revenir  à  la  trésorerie. 


(l)  Voy.  Preoves  n.  341,  à  la  fin.  |     {i)  Koy.  Preuves,  n.  IG5 


DE  l'église  d'auxerre.  455 

TiiiBAUD,  trésorier,  est  connu  par  ractcilc  i242,  par  lequel  il  donna 
40  liv.  aux  gens  de  Chilry,  avec  lesquels  son  prédécesseur  avoil  traité 
pour  des  vignes.  Il  fonda  son  anniversaire  moyennant  vingt  sols  de 
rente  sur  les  mêmes  vignes  ;  ce  qu'il  fit  agréer  par  Tévèque  Bernard. 
Cet  anniversaire  est  apparemment  celui  qui ,  dans  quelques  livres 
d'obits,  est  ainsi  désigné  au  mois  de  décembre  :  «  Obitus  Theobaldi 
(c  Odet  thesaurarii.  »  Il  est  probable  que  c'est  de  lui  ou  de  quelqu'un 
de  ses  parents  de  même  nom,  qu'une  des  rues  de  Paris  a  été  dénommée 
la  rue  Thibaud  Odi.  11  est  aussi  marqué  dans  le  Cartulaire  du  Chapitre 
aux  années  1250,  1255  et  1255,  fol.  157  et  159. 

Jean  ,  trésorier  ,  pouvoit  être  depuis  longtemps  pourvu  de  cette 
dignité,  lorsqu'il  accompagna,  en  1280,  Guillaume  des  Grez,  évêque 
d'Auxerre,  qui  alloit  prêter,  à  Sens,  serment  de  fidélité  (1).  Lui  et 
Etienne,  sacriste,  transigèrent,  en  1285,  avec  Pierre  d'Appoigny, 
chanoine  d'Auxerre. 

Pierre  de  la  Motb.  Il  est  nommé  simplement  Pierre  dans  l'acte  où 
il  parut  comme  témoin,  en  1520,  quand  le  Chapitre  donna  }k  l'évêquc 
Pierre  des  Grez,  la  tête  de  saint  Amatre  pour  être  enchâssée  ;  mais  il 
est  avec  son  surnom  dans  une  charte  de  Philippe,  comte  de  Valois, 
de  l'an  1527,  et  il  y  est  dit  héritier  du  même  Pierre  des  Grez  (2). 

Jean  de  Damemarie,  trésorier,  est  nommé  dans  un  titre  de  l'an  1555, 
et  dans  l'acte  capitulaire  dressé  en  1540,  lorsque  Guillaume»  abbé 
de  Pontigny,  prêta  le  serment  de  fidélité  à  l'église  d'Auxerre. 

Beblius  de  s.  Maria.  On  ne  trouve  ce  trésorier  que  dans  un  compte 
latin  de  l'an  1562  où  on  lit  :  «  A  Beblio  de  Sancta  Maria  thesaurario 
>  pro aotiphona  sua  0,  xl  sol.» 

Guillaume  le  Mercier,  trésorier,  paroit  dans  un  titre  de  15G9. 

Guillaume  Nazarie  est  fort  célèbre  parmi  les  trésoriers,  à  l'occasion 
de  la  requête  présentée  là  Michel  de  Creney,  évêque  d'AuxeiTC,  en 
1598,  touchant  les  charges  de  la  trésorerie  (5).  Il  étoit  trésorier  au 
moins  dès  l'an  1589,  et  il  vivoit  encore  en  1401,  étant  nommé  dans 


vi)  Exautograpko  j      '3)  Voy.  Preuxcs,  ii  'SÔO. 

(2)  Voy,  Preuves,  n  27H. 


454  TRÉSORIERS 

b  transaction  du  Chapitre  avec  l'évéque.  Il  cessa  de  gérer  la  trésorerie 
Tan  1407. 

Thibaijd  Bocacbon  qui  étoit  curé  de  Monlins-Engilbert  et  chapelaÎD 
de  Sainte-Catherine  dans  la  cathédrale  d'Âuxerre  ,  permuta  avec  le 
précédent  et  prit  possession  le  4  juin  1407.  Il  noourut  dès  Panoée 
suivante.  Ce  fut  apparemment  lui  ou  Thibaud  Odet  qui  donna  au 
trésor  de  la  cathédrale  un  tableau  de  reliques  mentionné  plusieurs 
fois  dans  Tinventaire  dressé  vers  Tan  1420,  et  qui  est  parmi  le  Preuves 
de  ces  Mémoires,  n.  352.  Peut-être  celui-ci  est-il  le  trésorier  d'Auxerre 
dont  l'Obituaire  de  la  métropolitaine  de  Bourges  de  1514,  marque 
ainsi  l'obit  au  9  mai  :  c  Anniv.  Theobaldi  de  Chi^iaco  thesaurarii 
»  Autiss.  et  canonici  Bitur.  > 

Ëtienhb  Balan  fut  pourvu  de  la  trésorerie  après  la  mort  du  précé- 
dent, et  fut  reçu  le  2  juin  1408.  Dès  la  même  année  il  fit  un  bail  de 
prés  situés  }k  Villefergeau.  En  1409  et  1410,  il  fut  gouverneur  ecclé- 
siastique de  rHôtel-de-Ville(l).  Etant  vicaire-général  de  Tévèque,  en 
1425,  il  donna  absolution  le  6  juin  à  Etienne  Vivien,  archidiacre  (2). 

Pierre  de  Longueil.  Il  est  qualifié  trésorier  dans  Tun  des  comptes 
du  Chapitre  de  Fan  1459.  Comme  Pierre  de  Longueil  qui  a  été  depuis 
évoque,  résidoit  à  Auxerre  en  qualité  de  vicaire-général  dès  Tan  1427, 
il  est  probable  que  ce  fut  lui  qui  fut  revêtu  de  la  trésorerie  vers  1450. 
Au  moins  les  longues  absences  du  trésorier,  marquées  en  1450  et  1455 
dans  les  comptes  h  l'article  des  dépenses  communes,  s'accordent 
avec  le  temps  des  voyages  de  Pierre  de  Longueil  vers  le  duc  de 
Bourgogne  (5). 

Jacques  Villemer,  trésorier,  fut  député  le  2  décembre  1445  avec 
Jean  Comin,  pénitencier,  pour  transiger  avec  les  habitants  d'Auxerre. 
Il  ne  garda  pas  cette  dignité.  Il  mourut  chanoine  au  mois  de  septembre 
1456. 

Jean  Mauvoisin  ,  auparavant  pénitencier,  reçut  en  1449  le  nouvel 


(1)  Exregistr, 

(2)  Quelques-uns  présument  qu'il  donna  à 
réglise  de  petites  cloches  pour  les  jours  or- 


dinaires, lesquelles  prirent  do  lui  leur  nom. 
Auparavant  on  les  appeloit  Manelli. 
(3)  Voy.  sa  vie  ci-dessus,  pag  r>9. 


DE  l'église  d'auxerre.  455 

évêqae  Pierre  de  Loogueil,  h  la  léte  du  Chapitre  ({).  Peu  après  il  fut 
commis  par  ce  prélat,  pour  recevoir  le  serment  de  fidélité  de  Louis  Ra- 
guier,  fait  nouvellemeot  doyen.  Il  avoit  été  gouverneur  ecclésiastique 
derHdteUde-Villeenl445. 

ANTOINE Thiart ,  étoit  trésorier  depuis  peu,  Tan  1454,  selon  un 
compte  d'environ  ce  temps-là.  Il  permuta  sa  dignité  en  1459,  selon 
Facte  de  réception  du  suivant. 

Jacques  Juin,  dit  Junii  en  latin,  fut  reçu  le  21  mars  1461  par  per- 
mutation, pour  la  chapelle  de  Saint-Pierre  des  Mathurins  de  Paris.  Il 
étoit  prêtre,  bachelier  en  théologie  et  ès-lois.  Il  paroit  en  quelques 
actes  comme  conseiller  au  parlement.  Ce  fut  lui  qui,  en  1464,  rétablit 
l'ancien  usage  des  trésoriers  d'Auxerre  (2),  de  paroltre  au  chœur  les 
fêtes  solennelles,  Toiseau  de  proie  sur  le  poing  ;  il  vivoit  encore  en 
1476  (5). 

'  Jean  Garnier  fut  reçu  trésorier  en  1495.  Il  étoit  gouverneur  ecclé- 
siastique de  rHôtel-de-Yille  en  1497  et  1498.  Jean  Grillot,  chanoine 
tortrier,  fait  mention  de  lui  dans  TOrdinaire  des  usages  de  la  cathé- 
drale qu'il  rédigea  depuis  la  reprise  de  la  ville  sur  les  Huguenots  (4). 

Dreux  Picard,  noble  parisien,  chanoine  dès  Tan  1504,  fut  aussi  reçu 
&  la  trésorerie  dans  le  même  temps.  En  1506  et  1507  il  étoit  gouver- 
neur de  rHôtel-de-Yille,  Etant  encore  trésorier  en  1517,  il  entendit  le 
compte  de  Vincent  Souef,  chanoine,  sur  la  continuation  du  bâtiment  de 
Téglise  (a).  Il  fut  fait  chantre  en  1524. 

Jean  Babute,  reçu  chanoine  dès  le  4  avril  1506,  et  qualifié  protono- 
taire, jouit  longtemps  de  la  trésorerie.  Il  y  eut  en  1532  une  enquête  sur 


(1)  Foy.  Preuves,  n.  364. 

(2)  Voy.  Preuves,  n®  378. 

(3)  II  paroit  que  c'est  ici  la  place  d'Adam 
de  Poigny  et  de  Guillaume  Douet  ou  Donet, 
que  les  listes  d'anniversaires  écrites  vers 


1530  qualifient  de  trésoriers. 

(4)  La  notice  de  ce  manuscrit  est  dans  les 
Preuves  de  l'Histoire  de  la  prise  d'Auxerre. 
page  XXXVI. 


(a)  Ce  Vincent  Sooef  a  le  titre  de  k  Maistre  des  œuvres  des  ouvrages  de  l'église 
cathédrale  d'Auxerre,  pour  la  réparation  de  ladite  église,  »  dans  un  compte  de  Té- 
véché  de  l'an  1515,  où  il  figure  pour  avoir  reçu  120  iiv.  de  iévéquc  h  cette  destina* 
lion.  {N,  d.  E.) 


)eiiJriiiu  >lu  poêle  de<>  mtiru  <]a'il  prétendoiiavoir,  eL '■□  loil  il  vent 
contre  loi  one  aenloice  de  LâareDt  Pelilfon.  abbé  de  Saiat-Père.  aa 
snjet  d:^  la  ^rde  des  nsps  sacrés.  W  moanit  le  -i  sottt  lo5t.  et  fol 
înhnmé  proche  le  gni»!  nuM  de  la  cathédrale  du  i->>té  du  septentrion. 
Son  é|iil3phe  en  rnifrrï  3  dé  depuis  transporté'?  hors  >la  >3Dctaairu 
(In  fr.ènie  côté.  Après  ^3  mort.  François  do  Dinteville  donna  le  10  août 
des  provisions  de  !a  trésorerie  et  tle  son  canonicat.  datées  de  CooSans. 
au  diocèse  de  Pans,  â  Go'lefroj  de  Cenames.  clerc.  Os  provisions  turent 
appammoient  sans  effet,  piiis'jne  Lanrent  Robert,  prëlre.  en  aroît  été 
ponnu.  et  fit  démission  en  farnur  du  soîvant. 

SctPio^  DE  PopRicoritT,  issu  J'uoe  noble  et  ancienne  fumiile  de  Picar- 
die, coasin-gennaia  du  cûié  de  sa  mère  de  François  de  Diateville  H. 
fiit  reçu  à  la  irésorerie  le  17  novembre  1551.  snr  les  proyisions  (expé- 
diées par  Florent  de  la  Barre.  Tieaire-généra!.  Il  promit  le  19  Je  se 
conformer  an  traité  de  N»z3rii>.  On  le  trouve  nommé  en  des  actes  de 
1562  et  1564. 

Jkih  lk  Soi-RT,  oeveu  du  précédent  et  natif  du  diocèse  de  Meanx.  fut 
reçu  trésorier  le  7  avril  1567  avant  Pâqoes.  On  le  «oit  conÛDaer  en 
157i  ei  1580.  Il  monrut  ea  1592.  le  16  août,  après  avoir  ressenti  àes 
affoiblissements  d'esprit  foi  lut  avoient  fait  nommer  on  curateur. 

Clâcue  Jacvabt,  clerc  sénooois,  licencié  ès4ois,  fut  reçu  trésorier  le 
28 septembre  1592.  Dmourat  an  mois  de  mai  1594. 

Edhk  GïmxAuaB  dn  diocèse  de  Langres.  fut  pourvu  de  la  trésorerie 
par  le  Chapitre  <  Setle  episcopali  vacante  >  le  2i  mai  [.j9  i  et  prit  pos- 
te 27.  II  remit  sa  dignité  an  Chapitre  quelques  jours  après; 
mais  depuis  il  révoqua  sa  démission,  et  le  Chapitre  le  nomma  <ie  doq- 
veao  te  28  juin  159ti.  L'année  d'après  il  permuta. 

Jun  LoKDBBK&cx  qui  étoit  abbé  de  Sainl-Marien  d'.\oserre.  •toTea 
et  ebanoine  de  Saint-Mellon  de  Poaloise,  permuta  ce  dernier  bénéfice 
peur  la  trésorerie  dWnxerre  qu'il  avoil  en  vain  essayé  d'avoir  en  1595 
pw  ImUes  de  Clément  VŒ,  et  visa  de  Clande  Amoal,  doven  et  grand- 
viciùrude  Seos.  Il  fut  recale  51  janvier  1597.  et  monnit  an  commcn- 
cein*iil  du  moi»  de  juillet  1 


DE  l'église  i)\uxerre.  457 

Pierre  le  Clerc,  uuxcrrois  cl  chanoine,  fui  nommé  irésoricr  par  le 
Chapilre  le  5  juillel  i598,  cl  insiallé  le  6  par  le  sieur  Chaucuard,  sous- 
chantre.  Il  passa  transaction  pour  ses  charges  le  45  juillet  1606.  Il  y 
eut  deux  arrêts  du  parlement  sur  le  même  sujet,  en  mars  i608  et  juin 
1609.  Il  mourut  h  Paris  en  1626,  le  4  avril.  Son  corps,  rapporté  k  Âu- 
xerre,  fut  inhumé  dans  la  chapelle  de  Notre-Dame  de  Liesse,  qu'il  avoit 
construite  au  nord  de  l'église  Notre-dame-la-d'Hors.  Il  avoit  été  élu 
doyen  en  1610. 

Claude  le  Clerc,  neveu  du  précédent,  lui  succéda  ayant  permuté  avec 
lui.  Il  fut  installé  dès  le  9  avril,  deux  jours  avant  la  mort  deson  oncle. 
Il  fat  aussi  gouverneur  ecclésiastique  de  riIôtel-de-Ville.  Il  fut  pourvu 
en  1658  de  Tarchidiaconé  de  Puisaye  et  quitta  la  trésorerie. 

Pierre  Fricour  de  Fenouillet,  clerc  du  diocèse  de  Tours  et  prieur 
de  Juvigny,  fut  pourvu  du  canonicat  et  de  la  trésorerie,  dont  Claude  le 
Clerc  s'étoit  démis  entre  les  mains  de  Tévéquc,  et  fut  reçu  k  la  trésore- 
rie le  50  octobre  1640. 

Robert  Bastonnejiu,  clerc  parisien,  reçu  chanoine  dès  Tan  1642,  suc- 
céda au  précédent  dans  la  trésorerie  quelques  années  après.  Il  passa  en 
1646  une  transaction  avec  le  Chapilre,  et  en  1652  il  y  eut  une  sentence 
du  présidial  d'Âuxerre  au  sujet  des  charges  de  sa  dignité. 

Claude  Lemuet  fut  fait  trésorier  après  le  précédent,  et  conserva  celte 
dignité  jusqu'à  l'an  1674. 11  mourut  le  29  novembre  1676. 

Claude  Richer,  bachelier  de  Sorbonne,  éloit  fils  de  Pierre  Richer 
avocat  a  Âuxcrre.  Il  fut  pourvu  en  cour  de  Rome  de  la  trésorerie  par 
résignation  deson  oncle,  et  en  prit  possession  n'étant  encore  que  sous- 
diacre,  le  29  janvier  1674. 

Robert  Poan  est  qualifié  jeune  chanoine  et  trésorier,  dans  un  acte  du 
29  janvier  1688.  Il  avoit  été  reçu  le  25  août  1687.  Il  étoit  du  diocèse 
de  Soissons. 

Prix  Deschahps  né  à  Auxerre,  a  clé  trésorier  depuis  le  24  avril  1692 
jusqu'en  1722,  auquel  an  il  remit  cette  dignité  entre  les  mains  de 
M.  Charles  de  Caylus,  cvéque. 

Claude  François  Breuilot,  né  à  Saint-Sébaslicn  de  Plainbois,  dio- 


458  ARCHIDUCRES   DE   PUISAYE 

cëse  de  Besançon,  fut  poarvu  de  b  trésorerie  au  mois  de  mai  i  722. 
Il  en  prit  possession  le  27  septembre,  et  s'en  démit  au  commencement 
de  noTcmbre  suivant.  Cette  dignité  fut  quelques  années  sans  être 
remplie. 

Floremt-Louis  de  Neufville,  prêtre  du  diocèse  de  Boulogne  en  Pi- 
cardie, fut  fait  trésorier  le  4  décembre  1729,  et  s*en  démit  le  12  juin 
1732. 

Claude  Foucher,  prêtre  natif  d*Orléans,  a  été  reçu  trésorier  le  27 
juin  1752.  ^  Il  est  mort  en  fonctions  à  la  fin  de  1 751 . 

*  Auguste-Jean-Charles  Clément,  prêtre  du  diocèse  de  Paris,  cha- 
noine, fut  nommé  trésorier  en  1752,  le  10  décembre.  Il  fit  un  voyage 
en  Espagne.  Pendant  un  long  séjour  à  Paris  il  s^occupa  beaucoup  des 
travaux  de  décoration  du  chœur  de  la  cathédrale  d*Âuxerre.  Il  résigna 
son  bénéfice  au  suivant. 

*  Jeam-Baptiste  YiLLETARD,  résignatairc  de  la  trésorerie  fit  signifier 
au  Chapitre  l'arrêt  du  parlement  du  51  mars  1787,  qui  l'envoyait  en 
possession  du  temporel.  Mais  il  ne  reçut  pas  l'institution  canonique 
par  son  refus  de  signer  le  formulaire.  Il  fut  le  dernier  trésorier. 


ARCHIQIACRES  DE  PUISAYE  EN  L'EGLISE  D  AUXERRE. 

Après  que  Ton  eut  partagé  le  diocèse  d'Auxerre  en  dei^x  parties  à 
peu  près  égales,  on  laissa  la  ville  d'Âuxerre  et  le  territoire  qui  s*étend 
le  long  des  rivières  dTonne  et  de  Cure  au  premier  archidiacre ,  qui 
fut  appelé  par  la  suite  simplement  Farchidiacre  d^Âuxerre,  autrement  le 
grand  archidiacre.  Le  reste  qui  est  borné  par  la  Loire  et  qui  ne  renferme 
aucune  rivière  considérable,  s*appeloit  Puisaye,  ou  Poisaie  (1);  c^est-à- 
dire,  pays  de  montagnes  par  opposition  à  l'autre.  Ce  dernier  territoire 


(1)  Podium  et  Puleus  signifioient  anciennement  des  hauteurs  ou  dêvutions. 


EN    L*ÉGL1SE   D'aUXBRHE.  459 

fut  assigné  au  second  archidiacre,  lorsqu'en  vertu  d'une  bulle  d'Inno- 
cent lY  de  Tan  1249,  l'archidiaconé  fut  divisé  en  deux.  Comme  on 
étoit  convenu  de  réunir  à  ces  deux  dignités  une  prébende  dont  ils  par- 
tageroientle  revenu,  on  éteignit  celle  de  Pierre  d'Arcueil  qui  étoit  mort 
le  17  août  1249  :  et  par  la  suite  Fusage  détermina  la  manière  dont  ils 
dévoient  gagner  leur  revenus  dans  la  cathédrale  (1).  Cette  dignité  est 
conférée  par  Tévéque  ;  elle  a  sa  place  dans  le  chœur  auprès  du  chantre. 

Voici  les  noms  de  ceux  qui  furent  appelés  archidiacres  de  Puisaye. 
Le  premier  fut  : 

GuitLAUME  surnommé  de  Dezize,  dans  le  Nécrologe  de  l'abbaye  de 
Saint-Laurent,  au  26  août.  11  est  déclaré  présent  dans  le  testament  que 
la  comtesse  Mahauld  dressa,  en  1257  an  mois  de  juillet,  &  Coulanges- 
sor-Yonne  (2). 

Geoffroy,  nommé  comme  archidiacre  vivant  vers  l'an  1260,  h  la  fin 
des  additions  faites  à  un  Nécrologe  de  la  cathédrale,  touchant  la  desti- 
nation des  cinquièmes  prébendes  de  la  même  église. 

Miguel  de  Vermenton,  est  nommé  archidiacre  de  Puisayc  dans  le  car- 
tulaire  du  Chapitre  d'Auxerre,  à  l'an  1276,  dans  un  titre  de  Saint-Ger- 
main de  1279.  <c  Ârchidiaconus  in  ecclesia  Âutiss.  »  dans  Tacte 
d'hommage  du  comte  de  Flandre  en  1281  (5),  et  enfin  dans  l'acte  par 
lequel  il  donna  en  1285  des  prés  a  Parly,  pour  la  distribution  des 
heures  quotidiennes  (4). 

GiSLES  DE  Sarmoise,  archidiacrc  de  Puisaye,  nommé  en  qualité  d'ar- 
bitre dans  des  titres  de  Saint-Père  et  de  Saint-Marien  en  1507  (a).  Il 
fut  exécuteur  du  testament  de  Guillaume  de  Chailly,  chanoine  d'Âu- 


(1)  Vo^.  les  Preuves,  n.341  et  437. 
(î;  Foy.  Preuves,  t.  iv. 


(S)  Foy.  Preuves,  n<»  S28. 
(4)  CartuL  CapU.,  fol.  111. 


(a)  Il  assiste  comme  témoin,  dès  Pan  1304,  à  la  sentence  prononcée  par  arbitres 
dans  le  couvent  des  Frères  mineurs  d'Auxerre,  par  laquelle  les  habitants  de  Préhy 
furent  obligés  à  payer  un  droit  de  maréchaussée  sur  certaines  terres  et  maisons.  — 
F.  Ponligny.  Arch.  de  l'Yonne.  -  {N.  d.  E.) 


460  ARCHIDIACRES    DE    PCISAYE 

xerre.  Le  Nécrologc  de  Notre-Dame  de  la  Cité  moi  au  1"  juillet  ; 
a  Obiil  magister  iEgidius  de  Sarmesia  arcbid.  Auliss.  » 

GoDEFROY  DE  Briançon,  Doble  dauphinois,  mentionné  dans  les  titres 
de  Pontigny  comme  archidiacre  k  Auxerre,  les  années  1515,  1514  et 
1315. 

Raoul  Chbvenau,  archidiacre  de  Puisaye  présent,  lorsque  le  Chapitre 
donna  à  Tévéque  Pierre  des  Grez  la  tête  de  saint  Amatre  pour  Ten- 
chasser,  suivant  le  billet  de  ce  temps-là  qui  est  dans  la  chasse  derrière 
le  grand -autel.  Il  est  aussi  nommé  dans  le  cartulaire  à  Tan  1522  et 
1525  (1).  Il  présidoit  au  Chapitre  le  15  juillet  1527,  lorsqu'on  y  per- 
mit Il  Pierre  de  Mortemar,  évêque,  de  couper  cent  arpents  de  haute  fu- 
taie dans  les  bois  de  Varzy  (2). 

Gautier  de  Rouvre,  fut  archidiacre  de  Puisaye  pendant  sept  ans  et 
davantage,  qui  finirent  vers  Tan  1540,  selon  les  litres  de  Pontigny. 
Ainsi  il  avoit  été  pourvu  en  1555. 

Hugues  de  Mont-Rieu  ou  Mopit-Rive,  étoit  archidiacre  de  Puisaye 
quand  le  pape  Clément  VI  Félevaau  cardinalat  sous  le  nom  de  Saint-Lau- 
rent inDanuuo.  Il  ne  quitta  point  son  archidiaconé  ,  mais  il  élablil 
pour  son  vicaire-général  Guillaume»  curé  de  Suinlille  au  diocèse  de 
Bayeux,  qui  eut  pour  vice-gérant  en  1545,  Humbcrt  de  Salemari, 
chanoine  d*Auxerre.  Il  mourut  le  20  septembre  1560. 

Louis  Balbet,  archidiacre  de  Puisaye,  fut  présent  h  Paris  en  1 504, 
b  Thommage  de  Chàteau-Censoir  fait  à  Tévéque  Pierre  Ayinon  |)ar  le 
sieur  de  Freloy.  Ilfut  aussi  présentau  chapitre  de  Saint-Germain,  le  5  août 
1566,  quand  on  rendit  aux  religieux  les  reliquaires  engagés  depuis  sept 
ans  aux  Anglois  pour  la  rançon  de  la  ville.  Du  Tillcl  le  marque  la 
même  année,  lui  ou  son  vicaire  présent,  le  25  décembre,  au  conseil  du 
roi,  lorsqu'on  traita  de  modérer  l'apanage  de  Philippe  de  France,  duc 
d'Orléans. 

Pierre  de  CuissY,  qualifié  archidiacre  de  Puisaye  en  V église  d*Auxerrc, 
dans  un  compte  de  la  ville  pour  Tan  1575,  à  l'occasion  du  don  qu'on  lui 

(I)  Fo/.  306  et  598.  j        2,   Toy    Preuves,  ir  i77 


EN  l'église  d'auxerre.  461 

fit,  h  cause  des  peines^qu'il  s'éloit  données  en  cour  de  Rome,  pour  faire 
red/enir  k  Tabbaye  de  Saint-Germain  des  joyaux  emportés  dans  le  temps 
des  guerres.  Il  est  aussi  connu  par  la  donation  qu'on  lui  (it ,  en  1585, 
d'une  vignée  située  au  Bouckeau,  laquelle  il  céda  depuis  h  la  chapelle 
de  Toussaint  dans  la  cathédrale.  Il  fut  fait  doyen  en  1590. 

Jean  de  Vitry  paroit  lui  avoir  succédé,  selon  ce  qui  se  lit  du  suivant. 
Les  registres  du  Chapitre  sont  environ  vingt  ans  sans  rien  fournir 
sur  l'archidiacre  de  Puisaye,  ni  même  sans  en  faire  mention  aux  Cha- 
pitres généraux,  apparemment  parce  qu'il  n'étoit  pas  chanoine.  On  y 
trouve  seulement  que  ce  Jean  de  Vitry  prit  possession  personnelle  do 
son  archidiaconé  le  5  avril  1599  après  Pâques,  et  même  d'un  canoni- 
cat  qu'il  abandonna  depuis,  puisqu'il  ne  fut  reçu  que  le  26  avril  1415 
à  celui  de  Jean  de  Chanieprime,  doyen  de  Paris.  Au  1®'  octobre  1414, 
il  fut  tenu  présent  per  priviL  régis. 

Guillaume  Bude  qui  avoit  une  expectative  de  Jean  XXIII,  fut  reçu 
le  5  juillet  141 8  h  cette  dignité,  vacante  par  la  mort  de  Jean  de  Vitry,  et 
ne  la  garda  pas  deux  mois. 

Pierre  Rebrachien,  pourvu  par  l'évêque,  fut  admis  il  la  même  dignité 
le  51  août  1418.  On  le  trouve  nommé  dans  un  titre  de  l'an  1427: 

Jean  de  Molins.  La  perte  des  registres  de  plusieurs  années,  empêche 
qu'on  ne  puisse  désigner  le  temps  de  sa  réception.  Mais  selon  un  titre, 
ilétoit  archidiacre  dès  l'an  1455.  Il  est  aussi  nommé  en  1458  dans  une 
transaction  du  Chapitre  avec  Pierre  deLongueil,  évêque.  Son  testament 
de  l'an  1464  nous  apprend  qu'il  étoit  natif  de  Neuf-Fontaines,  proche 
Monceaux,  au  diocèse  d'Âutun.  Il  mourut  le  jour  de  Noël  de  la  même 
année. 

Etienne  Gerbaud,  déjà  chanoine  depuis  le  9  juin  1464,  fut  pourvu 
de  Tarchidiaconé  de  Puisaye.  Il  étoit  d'une  des  plus  anciennes  familles 
d'Âuxerre.  Il  résigna  au  suivant. 

Pierre  de  Longueil,  neveu  de  Tévêque  du  même  nom,  fut  reçu  le 
9  novembre  1465  à  la  dignité  d'archidiacre  qu'Etienne  Gerbaud  lui 
avoit  résignée.  11  étoit  au  Chapitre  général  du  1®'  octobre  1466  parmi 
les  sous-diacres.  Du  reste  il  résida  peu  :  je  le  trouve  au  12  mai  1469 


462  ARCHIDIACRES   DB   PUI8ATB 

occupé  il  Paris  aux  affaires  du  Chapitre.  Il  revint  à  Auxerre  ^  la  mort  de 
son  oncle  en  1473.  MM.  de  Sainte-Marthe  se  sont  fort  trompés  dans  le 
Gallia  Christiana^  page  525,  t.  ii ,  en  assurant  que  Tévéque  Pierre  de 
Longueil  avoit  créé  Tarchidiaconé  de  Puisaye  pour  son  neveu  ci-dessus 
nommé,  puisqu'il  y  avoit  déjà  eu  avant  lui  quatorze  ou  quinze  archi- 
diacres de  ce  nom. 

Guillaume  Ragonneau  ou  Ragonnel  étant  chantre  de  Gien  fut  reçu 
chanoine  d'Auxerre  l'an  1479  (i),  et  comme  il  possédoit  la  cure  de 
Neuvoy,  il  la  permuta  en  1482  avec  Pierre  de  Longueil  qui  tendoit  à 
devenir  grand  archidiacre.  Il  fut  arbitre,  le  4  novembre  1490,  dans  une 
affaire  qui  regardoit  les  chanoines  de  Cosne  (2).  De  son  temps,  c'est-à- 
dire  en  1495,  fut  donné  un  arrêt  en  parlement  qui  ordonnoit  que  l'ar- 
chidiacre de  Puisaye  entendroit  les  comptes  de  fabrique  de  Gien,  et  non 
les  officiers  du  comte  (a). 

Odard  Hennequin,  né  h  Troyes  vers  Fan  1 484,  et  frère  de  Jean  Hen- 
nequin,  grand  archidiacre,  paroi t  avoir  été  reçu  archidiacre  de  Puisaye 
vers  Tan  1505,  car  dès  Tan  1506  il  reconnut  par  devant  Masle  et  Ar- 
mant, notaires,  devoir  au  Chapitre  d'Auxerre  40  sols  de  rente  annuelle, 
pour  le  patronage  de  la  cure  de  Mézilles  annexée  à  sa  dignité.  Il  est 
nommé,  en  1509,  dans  la  publication  de  la  coutume  de  Troyes,  par  Thi- 
baudBaillet.  Il  reçut,  le  28 avril  1520,  arrivante  Auxerre,  les  présents 
de  la  ville.  Le  procès-verbal  du  ressort  du  bailliage  d'Auxerre  dressé  en 
1525  fait  mention  de  lui.  Je  lis  dans  un  recueil  d'actes  sous  l'évêque 
Baillet,  vers  la  fin  du  volume,  une  saisie  du  temporel  d'Odard  Henne- 
qnin,  archidiacre  de  Puisaye,  parce  qu'il  ne  vouloit  pas  prêter  h  cet 
évéque  le  serment  de  fidélité.  Il  permuta  son  archidiaconé  avec  le  sui- 
vant l'an  1527«  La  même  année  il  fut  nommé  à  l'évéché  de  Senlis. 

Louis  de  la  Loue,  ci-devant  chapelain  de  Sainte-Magdeleine  dans 
l'église  de  Saint-Hippolyte  de  Bourges,  fut  reçu  archidiacre  et  chanoine 


(1)  Excomp,  I      (-2)  ExCartuL  Ep.  Àutiss. 


(a)  Il  claît  encore  nrchkliacrc  en  1496.  {N.  d.  E.) 


EN  l'église  d'auxbrre.  465 

le  4  mai  i527  (i).  Il  passa,  le  7  mai  1555,  par  devant  Fauchoi ,  re- 
coDDoissance  des  40  sols  dus  au  Chapitre  pour  sa  cure  de  Mézilles. 

Louis  Bride  prit  possession  le  1 7  avril  i  558,  en  vertu  de  permuta- 
tion avec  le  précédent,  et  mourut  en  1559  au  mois  de  décembre  (2).  Il 
fut  inhumé  sous  le  portail  de  la  Visitation  qu*il  avoit  fait  faire  ;  c'est 
celui  où  est  aujourd'hui  représentée  la  Résurrection,  proche  les  orgues. 

Charles  Grillet  fut  pourvu  par  Jean  Ferrand,  archidiacre  de  Sens 
vicaire-général  de  l'archevêque,  le  20  décembre  1540,  attendu  la  trop 
longue  vacance  depuis  la  mort  de  Louis  Bride,  et  il  fut  installé  le  51 . 
Il  est  qualifié  archidiacre  de  Puisaye  dans  la  transaction  du  Chapitre 
avec  les  religieux  de  Saint-Germain,  pour  les  limites  de  Crevan  et 
dlrancy,  le  5  décembre  1545,  et  dans  le  procès-verbal  de  la  coutume 
d'Âuxerre  dressé  en  1561.  Il  avoit  con^paru  longtemps  auparavant  & 
celui  de  la  coutume  de  Troyes,  comme  simple  député  du  Chapitre. 

Martin  Rousseau  du  diocèse  de  Bourges,  reçu  chanoine  dès  le  20 
septembre  1558,  avoit  eu  comme  gradué  des  provisions  de  Tarchidia- 
coné  de  Puisaye ,  expédiées  par  le  même  Jean  Ferrand  ci-dessus  nommé, 
en  date  du  5  février  1559,  mais  il  ne  s*en  étoit  point  aidé,  surtout  étant 
devenu  chanoine  et  chantre  de  la  Sainte-Chapelle  du  palais.  Cependant 
dans  Tété  de  1564  il  fit  valoir  son  droit,  et  ayant  apporté  un  arrêt  du 
parlement  du  26  mai  1564  qui  l'assuroit,  et  qui  invalidoit  toutes  les 
conventions  que  Charles  Grillet  avoit  faites  avec  lui,  il  fut  reçu  et  installé. 

Mathubin  Benard,  chanoine,  prit  possession,  le  26  novembre  1569, 
de  l'archidiaconé  qui  vaquoit  par  la  mort  du  précédent. 

André  d'âssignt,  derc  auxerrois,  fut  reçu  le  22  mars  1572  au  cano- 
nicatet  à  Tarchidiaconé  de  Mathurin  Benard,  et  paya  40  sols  pour  le 
patronage  de  la  cure  de  Mézilles.  Il  mourut  le  14  octobre  1575,  et  fut 
inhumé  au  milieu  de  la  nef  de  la  cathédrale. 

Jean  de  Bourneaux,  sénonois,  succéda  au  précédent,  et  prit  posses- 
sion des  deux  bénéfices  le  8  mars  1574.  II  fut  fait  diacre  à  Paris  le  10 
avril  suivant,  par  Pierre  de  Gondi.  Il  y  étudioit  encore  en  1577.  Il  éloit 
neveu  de  Jacques  Àmyot,  évêque. 

(1)  Ex  Regiatr.  capituli.  |      (î)  Ex  Comp.  Fabr. 


4 


464  ARCHIOUCBES   DE    PUISAYE 

François  Pestele,  prêlrc  du  diocèse  deNoyoo.fui  reçu,  le  15  sep- 
tembre 1579,  à  l'archidiacooé  qu'il  avoit  permuté  avec  le  sieur  de 
Bouroeaui,  pour  le  prieuré  du  château  de  Herle,  diocèse  de  Laoo  (I). 

Pierre  Thio!<  fut  reçu  archidiacre  de  Puisave  le  16  décembre  1585 
et  iostallé  par  Droio  Chaucuard,  sous-chantre.  Il  est  qualîGé  prêtre 
seooDois,  et  est  dit  avoir  eu  ce  béoéfice  «  perobitum  Johanois  le  Sage.  » 
Il  mourut  le  3  février  1592,  et  fut  inhumé  dans  la  nef  vis-à-vis  le  cru* 
ci6x.  Il  étoit  aussi  chanoine.  Il  avoit  résigné  sa  dignité  à  Pierre  Beraait, 
mais  cela  fut  sans  effet. 

Regnauld  Marti!!,  pourvu  par  Tévéque  Amyot  dont  il  étoit  secrétaire, 
et  déjà  chanoine  depuis  le  27  novembre  1580,  fut  reçu  le  7  février 
1592  à  Tarchidiaconé  de  Puisaye.  Il  étoit  du  diocèse  de  Laogres  et  y 
posséda  la  cure  de  Larey.  Dans  un  placet  qu'il  présenta  à  Henri  III  en 
1588,  pour  avoir  le  canonicatde  la  cathédrale  de  Lisieux  dû  au  roi  par 
Jean  de  Vassey,  nouvel  évéque,  il  se  qualifie  sommelier  et  clerc  de  cha- 
pelle ordinaire  en  l'oratoire  du  roi.  Il  étoit  aussi  licencié  en  médecine.  Il 
quitta  sa  dignité  en  i  601  •  Etant  mort  fort  âgé,  à  Auxcrre,  le  29  septembre 
1621,  il  fut  inhumé  dans  la  nef  de  la  cathédrale.  Il  fit  faire  un  des 
vitrages  du  fond  de  la  chapelle  de  Saint-Alexandre  où  est  représentée 
rhistoire  de  Job;  son  nom  s'y  lit  encore. 

Gui  CoTiGNON,  clerc  et  chanoine  de  Nevers,  prit  possession  de  Tar- 
chidiaconé  de  Puisaye  ,  et  fut  installé  par  le  sous-chaclre  le  22  dé- 
cembre 1601  (2).  Il  fit  ensuite  passer  cette  dignité  à  Guillaume  Fouquet 
dont  le  suivant  la  tint  (a). 

Jea!«  Prévost,  prêtre  parisien,  se  présenta  au  Chapitre  le  22  février 
1615,  comme  pourvu  sur  la  démission  de  Guillaume  Fouquet. 

Barthelemi  Malo  eut  Tarchidiaconé  par  permutation  pour  un  prieuré 


^1)  On  troQve  dans  les  registres  du  Chapi- 
tre, au  10  février  1584,  qu'un  nommé  Jean 
Becdoisy  avoit  dès  lors  résigné  cette  dignité 
il  Jean  le  Sage.  Ces  deux  derniers  posses- 


seurs furent  tnî's-peu  de  lemps   titulaires, 
et  ne  mérilcnl  pas  d'articles  pari icu Hors. 
'X  Ex  Registro. 


(a)  11  prêcha  le  carême  de  Vannée  1607,  à  Tonnerre  .  cl  reçut  pour  cet  oflice 
150  liv.  d'indeinnilé.  -V.  d.  E. 


CN    L*ÉGLI$B    d'aUXERRE.  4G5 

de  Saîntc-Callicrinc  dépendant  de  Saint-Faron  de  Meaux.  Sa  réception 
se  fit  le  29  octobre  1618  et  son  installation  par  le  sous-chantre.  Il  étoit 
parisien,  docteur  de  la  maison  de  Navarre  (a).  Il  mourut  le  2  octobre 
1658,  et  fut  inhumé  dans  le  chœur  devant  la  place  des  archidiacres  de 
Puisaye,  ainsi  qu'il  Tavoit  demandé.  Il  possédoit  aussi  la  chapelle  de 
Sainte-Agnès. 

Claude  le  Clerc  étant  trésorier  de  Téglise  cathédrale,  fut  pourvu 
de  Tarchidiacoué  de  Puisaye  et  en  prit  possession  dès  le  5  octobre 
i638.  Il  eut  un  compétiteur  nommé  Georges  Jubert,  après  la  mort 
duquel,  arrivée  en  1 641 ,  il  se  fit  recevoir  encore  une  fois  par  abondance 
de  droit  le  4  de  mai  ;  et  il  posséda  cette  dignité  jusqu'en  1647  ou 
environ. 

ANDRÉ  Percheron  se  trouve  qualifié  archidiacre  de  Puisaye  dès 
Tan  1647.  Il  conserva  cette  dignité  jusqu'à  Tan  1680  qu'il  mourut 
âgé  de  90  ans.  Il  étoit  manceau,  et  avoit  été  auparavant  grand  archi- 
diacre. 

Claude  Chrestien,  natif  d'Âuxerre,  docteur  de  Sorbonne  et  chanoine 
depuis  le  2  août  1660,  fut  reçu  archidiacre  le  25  mai  1680.  Il  est 
mort  le  5  janvier  1712. 

Augustin  Ferreol  àrchambault,  natif  de  Saint-Fei^eau,  au  diocèse 
d'Âuxerre,  nommé  archiprétre  de  Puisaye  en  1708,  a  pris  possession 
de  l'archidiaconé  le  25  janvier  1712. 

*  Il  fut  grand  vicaire  et  oiBcial  de  M.  de  Caylus.  Etant  à  Paris  en 
1749,  il  mourut  privé  des  sacrements,  ayant  opiniâtrement  refusé  de 
se  soumettre  à  la  bulle. 

*  Pierre  Jacques  Dettey  du  diocèse  d'Âutun,  prieur  de  Beauche  en 
1754,  fut  nommé  archidiacre  le  18  juillet  1749. 

Il  est  l'auteur  d'une  Vie  de  M,  de  Caylus  en  2  volumes  in-12.  Il  est 
mort  dans  sa  dignité  le  9  février  1775. 

*  Delart  de  Campagnol,  licencié  en  théologie,  succéda  à  M.  Deltey 
le  26  février  1775.  Il  était  encore  archidiacre  en  1789. 


(a)  En  1632,  il  avait  voulu  permuter  avec  M.  Lemuet,  doyen;  mais  M.  Amyot 
remporta  pour  le  doyenné.  —  Rég.  de  délibér.  capitul.  {N.  d.  E  1 

Il  30 


viOO  SCOLASTIQUBS    ET    PÉNITENCIERS 


SCOLASIIQUES  DE  LËGLISE  D AUXEKKE,  DITS  DEPUIS 

PÉNITENCIERS 

Le  scolastiquc  ou  écolâtrc  dans  les  églises  calhédralcs,  éloit  le  maître 
des  écoles  du  clergé,  autrement  dit  précepteur.  Quoiqu'il  y  en  eût  dès 
le  temps  de  la  première  race  de  nos  rois,  ces  maîtres  ne  devinrent  dignes 
d'une  plus  grande  considération,  qu'après  que  Cbarlemagne  eut  établi 
les  écoles  dans  les  monastères  mêmes.  Pour  lors  celles  d'Auxerre  de- 
vinrent des  plus  célèbres,  h  cause  de  l'émulation  qui  se  forma  entre  les 
maîtres  do  Tabbaye  de  Saint-Germain  et  ceux  de  la  cathédrale.  Saint 
Héribald,  évéque  sous  Louis-le-Débonnaire,  fit  venir  h  Auxerre  des 
savants  qu'il  appela  de  tous  côtés.  Charles-le-Cbauve  envoya  au  mo- 
nastère de  Saint-Germain  son  fils  Lothaire  pour  y  être  élevé  sous  la 
discipline  du  savant  Héric.  Hugues  de  Vermandois,  filsd'IIéribert,  comte 
d'Aquitaine 9  fut  pareillement  envoyé  dans  le  siècle  suivant  aux  écoles 
de  l'église  d'Auxerre,  et  il  y  demeura  plusieurs  années  (f  ).  Le  seolas- 
tique  d'Auxerre  fut  choisi  sur  la  fin  du  x^  siècle  parmi  les  plus  savants 
hommes  pour  défendre  la  cause  d'Arnoul,  archevêque  de  Rheims,  et 
même  toujours  nommé  le  premier  avant  les  abbés  qu'on  lui  associa. 
Dans  le  temps  que  les  évêques  cessèrent  d'enseigner  par  eux-mômes  ou 
de  veiller  en  personne  sur  leurs  écoles,  l'archidiacre  fut  celui  sur  lequel 
ils  se  reposèrent  :  d'où  lui  vint  la  nomination  de  l'office  d'écolâtre  ou 
de  précepteur,  et  celle  du  lecteur  dont  les  fonctions  avoient  aussi  du  rap- 
port avec  l'instruction  de  la  jeunesse.  Lorsque  lo  revenu  en  fut  diminué, 
personne  ne  l'acceptant  plus,  l'évéque  de  Seignelay  la  dota  de  nouvean 
vers  l'an  f  âlO,  s'en  retenant  la  nomination.  Gui  de  Mello  lui  attacha  en 
1249  la  fonction  de  chapelain  de  l'évéque,  et  lui  donna  dix  livres  de  re- 
venu sur  l'église  de  Betry,  proche  Vermenton.  Comme  parmi  ces  fonc- 
tions étoient  celles  qui  regardent  la  pénitence  et  les  pénitents  ,  ce  fut 
de  Ih  que  se  forma  peu  b  |>eu  le  nom  de  pénitencier,  qui  éclipsa  celui  de 


1    FlodoaixJ,  lib.  t<.  c.  ^0. 


DE  l'église  d'alxerre.  407 

scolasliquc,  d'autant  plus  facilement  que  les  fonctions  du  tribunal 
ëtoientplus  fréquentes  que  celles  de  la  présidence  aux  écoles.  L'évéque 
Erard  de  Lesignes  ajouta  encore  dix  livres  de  revenu  \k  Técolàtrerie 
vers  Tan  1275.  Pierre  de  Bellepercbe  y  réunit  en  1507  la  chapelle  de 
Saint-Germain.  Jusqu'alors  le  nom  de  pénitencier  n'étoit  pas  d'usage 
dans  les  titres.  Il  ne  fut  introduit  que  dans  ceux  par  lesquels  une  des 
cures  du  diocèse  fut  unie  h  ce  bénéfice.  Les  évéques  se  sont  réservé 
la  collation  de  cette  dignité,  dont  la  place  dans  le  chœur  est  auprès  de 
Tarchidiacre  de  Puisaye. 

Alagus  est  le  premier  maître  de  Téglise  d'Auxerre  qui  soit  connu  de- 
puis le  rétablissement  des  écoles  fait  au  ix^  siècle.  Il  vivoit  en  875  et 
880  :  ce  fut  lui  qui,  avec  le  chanoine  Rainogala  et  le  moine  Héric,  rédigea 
en  un  corps  les  gestes  des  évéques  d'Auxerre  jusqu'à  son  temps.  Il  mou- 
rut le  onzième  jour  de  janvier  où  le  plus  ancien  Nécrologe  annonce  ainsi 
sa  mort  :  c  Obiit  Alagus  Magister.  d 

Voici  ceux  qu'on  peut  placer  après  lut,  tirés  du  même  Nécrologe  : 

Arnaud.  Il  est  annoncé  dans  le  Nécrologe  au  1 6  janvier  en  ces  ter- 
mes :  c<  Obiit  Arnaldus  Diaconus  et  Magister.  » 

Adelbaud  est  dans  le  même  livre  au  5  octobre  avec  cette  annonce  : 
«  Obiit  Adelbaldus  sacerdos  et  Magister  hujus  ecclesiac.  » 

Jean,  scolastique  et  maître  de  Téglise  d'Auxerre,  fut  le  premier  des 
trois  défenseurs  d'Arnoul  de  Rbeims,  dont  il  est  fait  mention  aux  con- 
ciles de  Saint-Basie  et  d'Orléans,  et  dans  Flodoard  en  son  Histoire  de 
Rlieims  ;  il  vivoit  en  990.  IL  ne  se  trouve  pas  marque  en  qualité  de  maître 
ou  de  scolastique  dans  le  Nécrologc  du  onzième  siècle  d'où  je  puise  les 
autres,  parce  qu'il  fut  fait  évoque  d'Auxerre  Tan  995  et  qu'il  s'y  trouve 
en  cette  qualité. 

Odon  ou  Eudes  est  qualifié  précepteur  dans  le  Nécrologe,  ce  qui  est 
équivalent  au  titre  de  maitre.  On  y  lit  au  16 août:  u Ipsa die  OdoPraB- 
>  ceptor  S.-Stepbani  prxsentem  finivit  vitam.  » 

GiRBERT  paroit  être  le  plus  nouveau  des  maîtres  auxerrois  marqués 
dans  le  Nécrologe  primitif.  Son  article  au  4  mai  est  conçu  en  ces 
termes  :  a  Eodem  die  Girbertus  levita  etpreceptor  et  abbasS.-Eusebii 
»  corpus  lumulo ,  animamque  reddidit  Christo.  »    En  ces  temps-lli 


■ 


4C8  SCOLASTIQUES    ET   PÉNITBIICIERS 

c  etoil  un  chanoine  de  la  cathédrale  qui  étoit  abbé  de  Saim-Eosèbe. 

Hugues  éloii  précepteur  dans  le  Chapitre  d'Auxerre  PaQ  1 100  , 
sousTévéque  Hnmhand,  suivant  la  matricule  des  chanoines  dressée  ea 
ce  temps-la  (I). 

Gisi^BERT  étoit  dans  le  clergé  d*Auxerredès  Tan  iilO,  suivant  on 
acte  de  Pabbaye  de  Fleury.  On  infère  qu'il  fut  maître  des  écoles,  de 
la  qualité  de  magister  qui  lui  est  toujours  attribuée,  et  de  ce  qu*ootre 
sa  science  parfaite  dans  l'Ecriture  sainte,  ses  autres  connoissances  loi 
firent  donner  le  surnom  d'Univenalis.  Il  avpit  aussi  été  trésorier  de 
Nevers,  selon  un  Nécrologe  de  cette  église.  Il  fut  élu  évéque  de  Liondres 
en  1127.  Il  y  a  apparence  que  ce  fut  pendant  qu'il  brilloit  lu  Aaxerre, 
que  saint  Thomas  de  Cantorbéry  y  fit  quelques  études  de  droit,  comme 
Jean  de  Sarisbéry  Ta  écrit  dans  la  vie  de  cet  archevêque.  Il  est  au  Nécrologe 
par  addition  an  12  août. 

Comme  il  est  très-certain  qu'il  y  avoit  longtemps  que  l'écolâlrerie 
étoit  vacante  lorsque  Guillaume  de  Seignelay  fut  fait  évéque  au  com- 
mencement du  xut®  siècle ,  de  là  vient  qu'on  ne  trouve  point  de  titu- 
laire dans  les  chartes  du  xii®  siècle. 

HuMBAUO  Bastonnier  pareil  être  le  premier  qui  fit  revivre  le  titre 
de  scolastique lorsque  le  revenu  en  eut  été  augmenté  vers  Tan  1210. 
Son  obit  est  marqué  le  8  février  dans  TObiluaire  de  1250.  II  y  est 
qualifié  diacre  et  dit  avoir  donné  une  maison  :  «  Ob.  Humbaudi 
»  Bastonarii,  hujus  ecclesie  scolastici  et  lévite.  » 

Mathieu  de  Migny  vivoit  en  1256,  auquel  an  le  Chapitre  lui  vendit 
à  vie  une  maison  qui  venoit  de  feu  Jacques,  chantre  d'Auxerre  (2).  Il 
n'étoit  aussi  que  diacre.  Il  mourut  le  28  décembre.  Son  obit  est  ainsi 
annoncé  dans  l'Obituaire  de  1250  :  a  Ob.  Matthci  scolastice  et  lévite, 
D  qui  dédit  nobis  vineam  suam  de  Moreto  (5) ,  et  prata  sua  de 
)>  Culliaco.  » 

Etienne  de  Mëz,  chanoine  et  scolastique  d'Auxerre,  est  connu  par 
le  testament  de  Garnier  de  Saint-Renobert  (4),  aussi  chanoine  de  la 


(1)  Voy.  Pi-euvcs,  n.  17. 
i)  Cartul.Capit,,îo\.9G. 


(3;  Jforemm,  Morot,  près  Auxerre  et  Cuply. 
^4)  Car  t.  Cap.J.  96. 


'\jjf  ï.  --.  .»  i!*i.'  ..iW  J 


DE    L  ÉGLISE    D  AUXERRE.  409 

même  église  donl  il  fui  excculeur  avec  frère  Pierre  de  Mailly,  sous- 
prieur  des  Jacobins,  selon  un  acte  de  1265. 

Vincent,  scolaslique  d'Auxerre,  fonda  la  chapelle  de  Sainl-Vincenl, 
au  cloître.  Il  n'esl  connu  que  par  là.  On  ne  sait  point  précisément 
Tannée  de  cette  fondation.  Il  entra  ensuite  dans  l'Ordre  de  Saint- 
Dominique,  comme  quelques  autres  dignitaires  d'Âuxerre  (1). 

Guillaume  le  Cerf,  chanoine  d*Âuxerre,  se  trouve  présent  en  1296, 
à  l'hommage  rendu  à  Tévéque  d'Âuxerre  par  Louis,  comte  de  Nevers  (2). 
Il  est  pareillement  témoin,  en  1504,  àTabbaye  de  Saint-Julien-lez- 
Auxerre,  dans  Taccord  du  Chapitre  avec  les  gens  de  Chichery,  dont 
le  même  prélat  donna  acte  en  ce  lieu.  Il  y  est  désigné  ainsi  :  GuilUlmus 
Cervi  scolasticus  (5).  Sa  mort  est  marquée  au  6  novembre  dans  le 
Nécrologe  de  Notre-Dame-de-la-Cité. 

Guillaume  de  la  Ripe,  sorti  de  Tancienne  et  noble  famille  de  ce  nom, 
au  diocèse  d'Auxerre,  fut  l'un  des  exécuteurs  du  testament  de  Pierre  de 
Mornay,  évéque,  mort  en  1506.11  est  qualifié  scolastique  dans  l'acte  de 
réunion  de  la  chapelle  de  Saint-Germain  h  Técolâtrerie  de  l'an  1507, 
et  l'évéque  Pierre  de  Belleperche  l'en  investit  en  lui  donnant  son  anueau. 
Depuis  ce  temps-là,  il  se  trouve  nommé  dans  les  partitions  du  Chapitre 
du  1^'  mai  1512,  aussi  bien  que  dans  la  procédure  du  prieuré  de  Saint- 
Eusèbe  contre  Guillaume  Meschin,  dont  il  fut  arbitre  en  1515.  De  plus, 
il  est  nommé  dans  le  registre  du  dénombrement  des  fiefs  du  comté 
d'Auxerre^  aux  années  1515  et  1516,  pour  ce  qu'il  possédoit  ii 
Courson. 

Michel  de  Villebrehe  est  qualifié  scolastique  et  chanoine  dans  un 
titre  du  cartulaire  du  Chapitre  de  Tan  1524. 

Jean  de  Yernot  est  mentionné  comme  scolastique  d'Auxerre  dans  le 
Nécrologe  de  Nolre-Dame-de-la-Cilé.  Il  vivoii  en  1542,  selon  un  acte 
qui  regarde  une  image  du  roi  Jean  (4). 

Jacques  Clément  se  trouve  nommé  avec  le  litre  de  pénitencier,  dans 
un  traite  de  1557.  C'est  l'acte  d'accord  entre  l'évéque  Jean  d'Auxois  et 


•1)  Ci-dessus,  pag    132. 
•2)  Voy.  Preuves,  n"  -217. 


l.T  Cartui  Capit ,  fol.  Wî 
(4)  Voy  Preuves,  i.  iv. 


11 


470  SCOLASTiQUES   ET   PÉ2IITBNCIBRS 

\e  Chapitre,  touchaot  les  droiis  de  justice.  Ce  fut  lui  que  ce  prébleo 
investit  au  nom  du  Chapitre.  Son  anniversaire  se  célébroit  au  mois  de 
mai,  dès  Tan  i569. 

Jean  I/Asne  porte  le  titre  de  pénitencier  dans  un  compte  de  Fae 
4569.  Un  autre  monument  de  Tan  i587  parle  de  lui  comme  étant  alors 
décédé.  Comme  ces  titres  sont  en  latin,  son  nom  y  est  exprimé  par 
Johannes  Asinif  le  surnom  étant  au  génitif,  selon  Tusage  de  ce  temps-là. 

Pierre  Boileau  étoit  revêtu  du  titre  de  pénitencier  au  moins  dès  Tao 
4589.  Mais  il  ne  vécut  pas  longtemps  après,  et  il  mourut  Tannée  sui- 
vante qui  est  celle  de  la  date  de  son  testament,  dont  une  expédition  de 
1391  le  déclare  mort.  Il  avoit  désigné  sa  sépulture  dans  la  cathédrale, 
nu  bas  des  degrés  du  chœur  qui  conduisent  h  la  sacristie  ;  et  il  vonloit 
que  le  célébrant  et  ses  ministres  s'arrêtassent  tous  les  jours  sur  sa  tombe, 
pour  y  prier  en  retournant  de  Tautel.  Il  descendoit  des  Boileau  de  Paris, 
déjh  connus  du  temps  de  saint  Louis. 

Etienne  Maguin  ou  MauguincsI  reconnu  pénitencier  dans  les  registres 
du  Chapitre  de  Tan  1597  (a)  et  i598,  au  18  mars.  On  lui  donne  aussi 
la  même  qualité  à  la  clôture  du  compte  des  deniers  publics  de  la  ville, 
k  laquelle  il  assista  en  1400.  Il  s'adressa  au  pape  Benoit  XIII,  lui  mar- 
quant la  modicité  de  son  revenu,  qui  n'alloit  pas  k  10  livres,  outre  sa 
prébende.  Ce  pape  accordai  Tévêque  Michel  deCreney,  en  1409,  de 
lui  réserver  100  livres  sur  quelque  bénéfice  vacant  ou  prêt  à  vaquer. 
Son  mérite  le  fit  choisir  la  même  année  pour  présider  au  Chapitre,  à 
cause  que  le  doyen  étoit  devenu  sourd,  et  il  fut  installé  pour  cet  effet, 
entre  le  doyen  et  l'archidiacre,  le  2  mai.  Il  mourut  le  10  novembre 
1412. 

Jean  Piqubron,  se  faisant  recevoir  pénitencier,  prclendoit  ne  point 
devoir  de  droit  ;  ce  qui  fut  réglé  par  la  suite.  On  le  trouve  présidant  aux 
Chapitres  généraux  de  l'an  1414,  pour  Tabsence  des  autres  dignités.  Il 
mourut  au  mois  de  janvier  1418. 

Jean  Prevostat  fut  pourvu,  le  19  janvier  1418,  de  la  pénitencerie. 


(a)  JI  figure  dans  un  aclc  testamentaire  de  1396,  de  Jean  d'Ormoy,  ancien  cha- 
noine d'Auxorre.  (iV  d.  E,) 


■4,r 


t       y.-^.i  k(if.«.4 


DE  l'église  dauxekre.  47  i 

D'élaul  quechauoiDC  de  Nolre-Damc-dc-la-Ciié,  secrétaire  et  coiunieiisal 
de  Tévéque  Philippe  des  Essarts.  Il  s'éloit  mis  en  règle,  avant  sa  ré- 
ception, sur  le  droit  qu'il  avoit  voulu  disputer  à  l'exemple  de  son  pré- 
décesseur; et  il  se  fit  recevoir  deux  jours  après,  savoir  le  24  juillet 
14i9.  Ce  fut  lui  que  l'archidiacre  attaqua,  en  1425,  sur  des  droits 
honorifiques.  Il  mourut  pendant  l'hiver  de  Tannée  i428,  puisqu'au  10 
janvier  il  est  fait  mention  de  la  vente  de  sa  maison,  comme  vacante  par 
son  décès. 

Jean  Guesdat  fut  reçu  à  la  pénitencerie  après  la  mort  du  précédent , 
selon  un  compte  de  fabrique. 

Jean  Macvoisin  étoit  pénitencier  en  1458,  selon  un  hail  à  vie  du  9 
novembre,  d*un  bien  dépendant  de  la  chapelle  Saint-Germain  annexée  à 
sa  dignité. 

Jean  Comin,  en  qualité  de  pénitencier  et  chanoine,  signa  la  reddition 
d'un  compte  de  la  maladrerie  de  Sainte-Marguerite,  proche  Auxerre, 
Tan  1445.  Il  fut  député  la  même  année  avec  son  prédécesseur,  qui  étoit 
devenu  trésorier,  pour  faire  un  traité  avec  les  habitants  d'Âuxerre.  Il  fut 
gouverneur  ecclésiastique  de  l'hôtel-de-ville,  en  1446  (1),  et  parolt 
cette  année  a  la  tête  d'un  accord  des  bourgeois  avec  les  vignerons  sur  les 
travaux  des  vignes.  Il  avoit  été  autrefois  trésorier  du  Chapitre  de  Notre- 
Dame-de-la-Ciié. 

Jean  de  Pernant  étoit  pénitencier  dès  Tan  1450.  Il  a  cette  qualité 
dans  la  note  du  fabricien,  au  sujet  du  droit  de  chape  qu'il  paya  cette 
aDnée  pour  sa  réception  à  une  prébende  canoniale.  On  lit  de  lui  ce  qui 
suit,  dans  un  compte  de  la  ville  (2)  :  «  A  Jean  Riote  sergent  xx  sols 
»  pour  avoir  mis  à  exécution  certain  cas  de  nouvelleté  prins  et  obtenu 
»  au  nom  des  habitans  contre  le  pénancier  d'Aucerre,  maître  Jehan 
>  Prenant,  h  cause  de  certain  droit  qu'il  vouloit  lever  et  exiger  sur  les 
»  enfans  étant  à  l'école  dudit  Auccrre,  conlre  lequel  exploit  les  doyen 
»  et  Chapitre  d'Âucorre  se  sont  opposés,  et  est  le  procès  pendant  par- 
»  devant  le  bailli  d'Aucerre.  »  Mandement  et  quittance,  mars  1455.  Il 
quitta  la  pénitencerie  quelques  années  après,  réservant  sa  prébende  sans 

:V.  Cartul.  i'rbis,  fol.  51  I      \^'  Comp.  Job.  Quoquarl,  UôJ. 


47:2  SCOLASTIQUBS   BT   PÉNITBNaERS 

résider,  ainsi  qu*il  paroll  au  I*'  octobre  1459,  où  il  est  qaaliSé  aumdflîer 
da  roi.  Le  Nécrologe  de  Notre-Dame-de-la-Glé  fait  de  lai  un  grand 
éloge  au...  avril  :  c  Obiit  magister  Johannes  Peroand  canonicus  ecde- 
»  sic  Auiiss.  confesser  el  eleemosynarius  Domini  t:oslri  régis  Karoli 
»  YII.  »  On  ajoute  qu'il  avoit  donné  52  écus  d^or  pour  y  fonder  son 
anniversaire.  Pernand,  dont  il  tiroil  son  nom,  est  un  village  proche 
Soissons.  Il  étoit,  en  i468,  chanoine  de  Saint-Martin  de  Toors,  et 
prévôt  de  Vacerna  dans  cette  église,  lorsqu'il  permuta  sa  prébende 
d'Auxerre  pour  une  chapelle  dans  la  collégiale  de  Sainl-Venani  de 
Tours. 

GuiLuiuHE  Pioif ,  natif  de  Crevan,  selon  Pacte  de  sa  récepiion  ^  oo 
canonicat  du  9  août  14i9,  fut  fait  pénitencier  vers  l'an  1455  ou  1456. 
Il  parolt  sous  ce  tilre  dans  le  traité  que  le  Chapitre  fit  en  1458,  le  8 
novembre,  avec  Tévéque  Pierre  de  Longueil.  Il  mourut  au  commence- 
ment du  n^oisd^avril  1464. 

PiBRRB  DBS  Portes,  prêtre,  maître  ès*arts,  bachelier  ès-lors  et  eba- 
Boine  d^Auxerre,  cousin  de  l'évéque  Pierre  de  Longueil,  eut  des  provi- 
sions de  la  [>énitencerie  le  22  août  1464,  et  ne  se  fit  recevoir  que 
durant  Tété  1466.  Ce  qui  fit  que  Pierre  de  Longueil,  évéque,  conféra 
la  même  année  la  rectorie  des  grandes  écoles,  la  pénitencerie  étant  va- 
cante. Il  est  qualifié  archiprêire  d'Auxerre  dans  un  acte  du  2G  juin 
1454  (1).  Il  étoit  secrétaire  de  Tévêque  ou  scelleur,  en  1455  et 
1459  (2)  ;  il  continua  de  demeurer  avec  lui  comme  il  paroit  par  son 
privilège  au  \^^  octobre  de  toutes  les  années  suivantes,  et  fut  son  exécu- 
teur testamentaire.  Il  avoit  en  1488  un  procès  louchant  un  pré  dépen- 
dant de  la  cure  Saint-Amand  attachée  \k  sa  dignité,  lequel  fut  réglé  par 
arbitres  le  M  juillet.  Il  vécut  apparemment  jusqu'en  1495,  qui  est  Tan- 
née  où  on  lui  trouve  un  successeur. 

Jean  Sauuot,  natif  de  Cosne,  au  diocèse  d^Auxerre,  fut  reçu  a  une 
prébende  et  h  la  pénitencerie  en  1495  (5).  11  résigna  sa  dignité  en  1512 
au  suivant,  et  fut  reçu  doyen. 


(I)  Voy.  Preuves,  n.  3G8.  l      [II]  Ex  Camput. 

(i)  Ibid.,  n.  369  cl  374.  ! 


DE  l'église  d'auxerre.  475 

Pierre  Sauuot,  parent  du  précédent,  fut  reçu  le  25  mai  1512  h  la 
dignité  de  pénitencier.  Par  un  titre  de  1526,  il  paroU  qu'il  attaqua 
Jean  le  Roy  de  Prêtre,  maitre  de  la  petite  école  de  Saint-Père,  a  cause 
qu'il  ne  tenoit  pas  de  lui  son  institution.  Il  agissoit  le  8  juillet  1528, 
comme  curé  de  la  paroisse  de  Saint-Âmand,  annexée  à  sa  dignité  contre 
Pierre  de  Piles,  chanoine  et  curé  de  Treigny.  Dans  l'acte  capitulairc  qui 
fait  mention  de  sa  mort  arrivée  le  24  août  1557,  il  est  qualifié  curé  de 
Fulvy  et  annexes,  savoir  :  Yilliers-les-Hauts  et  a  Meruriacum.  >  Il  avoit 
aussi  été  trésorier  de  Notre-Dame-de-la-Cité. 

Etienne  le  Muet,  prêtre,  licencié  ès-lois,  prit  possession  du  canonicat 
et  delà  pénitencerie,  avec  la  cure  de  Saint-Âmand,  son  annexe,  le  4  sep- 
tembre 1557,  par  provisions  du  24  août,  datées  de  Régennes.  Il  résida 
peu  sur  la  fin  de  sa  vie.  Il  étoit  encore  pénitencier  en  1561,  selon  le 
procès-verbal  de  la  coutume.  Il  lut  quelque  temps  prieur  d'Andrie.  Il 
étoit  seigneur  de  Corbelin  et  autres  lieux,  et  fut  Tun  des  plus  riches 
ecclésiastiques  de  son  temps.  J'ai  vu  des  copies  de  baux  qu'il  fit  eu 
1559  et  1556,  de  quelques  pièces  de  vignes  situées  au  finage  d'Âu- 
xerre,  lieu  dit  Cry,  dépendantes  de  la  pénitencerie  (1).  Il  mourut  le 
6  novembre  1566,  et  fut  inhumé  devant  la  chapelle  du  pénitencier. 

Gaspard  Damy  Fainé,  du  diocèse  do  Châlons,  déjà  chanoine,  ofltctal 
et  vicaire-général  de  Tévêque,  quitta  la  leclorie  pour  la  pénitencerie 
dont  il  fut  pourvu  par  M.  de  Macheco,  vicaire  général ,  le  2  décembre, 
1566.  Il  mourut  le  6  janvier  1575. 

Jacques  de  la  Halle,  prêtre  du  diocèse  de  Langrcs,  docteur  de 
Paris,  déjà  chanoine  théologal  depuis  l'an  1550,  ou  environ,  fort 
connu  par  ses  missions  contre  les  novateurs,  fut  reçu  le  14  février 
1775  h  la  pénitencerie.  Il  fut  aussi  curé  d'Oisy.  J'ai  vu  la  copie  d'un 
titre  du  19  novembre  1575,  ou  il  est  nommé  à  cause  d*une  vigne  de  la 
pénitencerie  située  en  Morot.  Il  décéda  le  14  décembre  1575.  On  l'ap- 
pelait vulgairement  de  Aulay  ou  notre  maître  de  la  Halle  (2). 


^1)  Exlibro  Chaucuard  succent, 

(2)  Du  Boullay,  l.  vi,  Hist.  Univ.  Paris, 


p.  012.  a  remarqué  que  ce  furent  ses  éco- 
liers, au  collège  de  Navarre,  qui  lui  chaiv- 


474  SCOLASTlUUEb    ET    P£3llT£3iClECS 

EiiEH^E  B£s?(iER,  [irêlre  <lu  diocèse  du  Mans,  docteur  de  Pisiris, 
succéda  au  |)récédent  dans  la  ibéologale  el  péniieDcerie,  ayant  ea  des 
provisions  de  M.  Amyot  datées  des  Quinze-Vingts  le  28  décembre 
1575,  et  fut  reçu  le  i8  juin  1576  ;  mats  il  en  fit  démission  dès  Tannée 
suivante. 

Denis  Perro^tnet,  natif  de  Melun,  fut  le  successeur  d*Edme  Besnier. 
Etant  entré  dans  TOrdre  des  Carmes,  il  s'étoil  fait  passer  docteur  en 
théologie.  Il  devint  habile  prédicateur,  et  fut  théologal  à  Périgneux, 
d'où  il  se  retira  dans  le  temps  du  massacre  de  levêque  Pierre  Four- 
nier,  etvint  trou  ver  Jacques  Amyot,  évéqne  d'Auxerre,  son  compatriote, 
qui  le  pourvut  du  canooicat  et  pénitencerie  vacante  par  la  démission  do 
précédent;  il  fut  reçu  le  G  septembre  1577,  en  exhibant  un  certificat 
de  M.  Âmauld  de  Pontac,  évéque  deBazas,  comme  c'étoit  avec  la  per- 
mission du  pape  Pie  V  qu'il  étoit  sorti  de  l'Ordre  des  Carmes.  On  peut 
voir  ce  qui  est  dit  de  lui  dans  THistoire  deM.  Amyot(l)  dont  il  fut  vicaire- 
général.  Il  demanda  en  Chapitre,  le  22  novembre  1602,  que  l'on  con- 
sentit à  la  désunion  de  la  cure  de  Saint-Amand  de  la  pénitencerie,  |ionr 
unir  en  place  celle  de  Treigny,  et  il  vint  a  bout  de  ce  changemimt.  Il 
mourut  à  Auxerre  en  1610.  Outre  ses  sermons  qui  ont  été  imprimes  à 
Paris  et  ailleurs,  en  plusieurs  temps,  il  fit  imprimer  à  Auxerre  en  1609 
l'écrit  d'Arnold,  abbé  de  Bonneval,  surPouvrage  des  six  jours. 

Edme  Thierriat,  fils  de  Gilles  Thierriat,  prévôt  d'Anxerre,  eut  la  pé- 
nitencerie par  résignation  du  précédent  Tan  1009.  Il  fut  gouverneur 
ecclésiastique  de  riIôlcI-de-Villc  en  1615  et  1014.  Il  posséda  aussi 
quelque  temps  la  chantreiie  de  Noîrc-Dame-dc- la-Cité.  Il  quitta  la  péni- 
tencerie en  1034,  et  accepta  un  canonicat  de  Varzy  avec  la  chantrerie  de 
la  même  église.  Il  mourut  en  avril  16i2. 

Pierre  Roulé,  prêtre  du  diocèse  d'Amiens,  docteur  de  Sorbonne 


gùrenl  son  iiuoi  de  Bulaluigon  en  celui  de  .  temhn*   1561.  pour  corriger  et  ahrâjcr  U» 
itw/a-.el  qu'il  obtint  permission  que  c<?  nom  |  ^larivrolojîe  p.irticuiirr    de   la  cathédrale, 
lai  restât.  Baronius  le  cite  cii  ses  Annales  |  avant  qu'on  lenrrixit. 
sous  ce  in<^nie  nom.   Sa  réputation  le  fit  j       i^  <.i-des>u<   p  l^'t. 
choisir  par  le  Chapitre  d'Auxerre.  le  s  >v\>- 


DE  l'église  d  auxbrrë.  475 

parvint  11  la  péoitenccric  d'Âuxcrre  par  permutation  avec  le  précédcnl, 
et  fut  installé  le  1^' juillet  i654  (1).  Il  permuta  au  bout  de  deux  ans 
avec  celui  qui  suil. 

Pierre  le  Yenier,  prêtre  natif  de  Trou,  au  diocèse  du  Mans,  licencié 
en  droit  canon,  qui  avoit  élé  professeur  de  rhétorique  à  Paris  au  collège 
de  Navarre,  étoit  titulaire  de  la  cure  de  Saint-Georges  du  Rosey  dans 
le  Maine,  qu*il  permuta  pour  la  pénitencerie  d*Âuxerre,  h  laquelle  il  fut 
admis  le  i5  septembre  iG56.  Etant  fort  dans  le  goût  des  embellisse- 
ments, il  fit  peindre  ainsi  qu'on  voit  aujourd'hui  la  chapelle  où  le  péni- 
tencier exerce  ses  fonctions  (2).  Les  nouvelles  hymnes  du  bréviaire 
d'Âuxerre  de  Tan  1670  étoient  de  lui.  On  n'a  conservé  dans  celui  de 
1726,  que  celle  qui  commence  par  ces  mots  :  a  0  novam  pugnâ  stupendâ 
»  martyris  victoriam.  »  Il  y  a  plusieurs  de  ses  poésies  dans  les  Recueils 
de  Mercier,  professeur  de  Navarre.  Il  mourut  à  Auxerre  le  11  octobre 
1669,  âgé  de  85  ans,  léguant  à  l'église  tous  ses  ornements  et  vases 
sacrés  dont  on  so  sert  encore  pour  la  messe  de  son  anniversaire.  ^1  est 
inhumé  dans  la  nef  devant  le  crucifix. 

Jacques  Pavin,  prêtre,  neveu  d'André  Percheron,  archidiacre  de  Pui- 
snye  et  natif  du  diocèse  de  Tours,  eut  la  pénitencerie  aussi  bien  que  le 
canonicat  du  précédent  par  résignation  en  cour  de  Rome.  Il  fut  installé 
le  14  mai  1669.  Il  décéda  en  1 694  le  51  juillet. 

François  du  Pré,  prêtre,  fut  reçu  pénitencier  le  14  septembre  1694. 
Il  en  fit  démission  l'année  suivante. 

Jean  Marie  qui  étoit  lecteur,  fut  installé  pénitencier  le  11  août 
1695.  Il  fut  aussi  vicaire-général  d'André  Colbcrt  et  de  son  successeur. 
Il  est  mort  en  1751  au  mois  de  mai. 

François  Monnot  de  Mannay,  né  à  Bagnaux  près  Donzy,  chanoine 
depuis  Tan  1716,  prit  possession  delà  pénitencerie  le  25  mai  1751,  et 
mourut  dans  leBerry  le....  décembre  1752. 

Pierre  de  Bourzes,  prêtre  du  diocèse  de  Viviers,  fut  reçu  péniten- 


l)  Le  Mcnagiana  fait  meiilion  de  lui.         1  d'Auxerrr,  paj;.  51  ci  5n. 
{2)  Voy.  les  Preuves  de  VHist  de  In  pris<'  ! 


476  SOUS-CHANTRES 

cier  le  20  décembre  1752,  et  csl  mort  le  5  décembre  1759.  Il  na 
poiot  élé  chaDOtne. 

Jkàn  Edmb  Baudouin,  prêtre  parisien,  chanoioe  de  Tan  1735,  a  élé 
installé  pénitencier  le  9  décembre  1759.  Mort  en  1749. 

*  Jban-Baptistb-Albéric  Chevalier,  prêtre  du  diocèse  de  Paris, 
licencié  en  théologie,  chanoine,  fut  pourvu  de  la  |>énitencerie  fiar 
M.  de  Gaylusle  5  juin  1749,  sur  le  refus  de  M.  Contrastin.  fl  fui  péai- 
tencierjusqu*en  1755,  année  de  sa  mort. 

*  Louis-Marcel  d'âtmard,  prêtre  du  diocèse  d'Orange,  nommé 
pénitencier  le  24  juillet  1755  et  installé  le  lendemain.  Il  fui  vicaire- 
général  de  l'évêque.  Nommé  grand-chantre  de  la  cathédrale  de  Paris  en 
1775,  il  fui  reçu  chanoine  honoraire  de  Sainl-Elienue  quoiqu^îl  n'eûl 
pas  20  ans  de  canonicat. 

*  De  ViLLiARD,  prêtre  du  diocèse  de  Troyes,  bachelier  ès-loîs,  suc- 
cède h  M.  d'Âymard  le  G  août  1772.  Il  était  encore  pénitencier  en 
1790. 


*^^0^0^0*0^0^0^0^0é0^^^0^^*^^0^0^^t0^m 


SOUS-GUANTRES  DE  LÊGLISE  D'AUXERRE. 


Quoique  le  sous-chantrc  ne  soit  pas  dignité  dans  réglisc  d'Auxcrre, 
mais  seulement  un  personnat  titré  et  non  amovible  ,  j'ai  cru  que  je  de- 
vois  placer  ici  le  catalogue  de  ceux  qui  l'ont  occupé  depuis  que  l'on  en 
a  connoissance,  parce  que  cette  fonction  est  celle  du  chantre  même 
sous  une  autre  dénomination,  en  sorte  même  que  le  sous-chanlre  d'Âu* 
xerre  est  chargé  de  presque  toutes  les  fonctions  qui  sont  acquiltées  dans 
d'autres  églises  par  le  chantre  ou  pré-chantre  :  c'est  ce  qu'il  scroii 
facile  de  rendre  sensible  par  la  comparaison  de  ce  qui  se  lit  dans  les 
«anciens  missels  et  graduels,  soit  manuscrits,  soii  imprimés,  oi  par 
plusieurs  autres  monuments.  xVussi  à  Âuxcrre  son  ancien  nom  cloii 
concenlor  dont  on  a  fail  succenlor  dans  le  douzième  siècle,  que  quelques 


>  •..■—*-. 


lai&if*!^.-  :\^' 


DE  l'église  d'auxerre.  4-77 

écrivains,  par  inadvertance^  ont  écrit  subcanior^  ne  faisant  pas  réflexion 
qu'il  n'a  jamais  été  institué  ni  commandé  par  le  chantre,  parce  que  ori- 
ginairement, il  chantoit  avec  le  chantre  ce  que  ce  dignitaire  lui  a  laissé 
chanter  seul  en  certains  jours.  Ce  personnal  est  à  la  collation  de  Tévéque; 
sa  place  au  chœur  est  à  droite,  vers  le  bout  qui  approche  du  sanctuaire 
auprès  des  dignités.  La  liste  de  ceux  qui  sont  qualifiés  de  l'ancien  nom 
concentar  est  assez  courte,  mais  il  n'y  a  presque  point  de  lacunes  dans  le 
catalogue  de  ceux  qu'on  a  appelés  en  latin  du  nom  de  5uccen(or ,  ainsi 
qu'on  va  le  voir. 

Eudes  est  le  premier  de  tous.  Il  est  de  la  première  main  au  Nécro- 
loge écrit  vers  Tan  1007  au  <«' février  :  «  Obiit  Eudo  sacerdos  et  con- 
»  centor.  » 

ÂDHELELME.  Il  vîvoit  au  X®  sièclc,  étant  de  la  première  main  dans  le 
même  Nécrologe  au  15  mars,  en  ces  termes  :  a  Obiit  Âdhelelmus  sacer- 
»  dos  et  Concentor.  d 

Beraldus.  Sa  mort  est  au  même  Nécrologe  au  8  avril,  en  ces  termes  : 
«  Obiit  Beraldus  sacerdos  et  concentor.  » 

GiRBERT  est  le  premier  qui  porte  le  nom  de  Succentor.  Il  doit  avoir 
vécu  h  la  fin  du  xi®  siècle  ou  au  commencement  du  xll^  Son  obit  est 
ainsi  annoncé  dans  une  addition  au  Nécrologe  ci-dessus ,  au  second 
janvier  :  c  Item  obiit  Girberlus  succentor,  levita  et  canonicus.  d 

ÂTTONs  prêtre  et  chanoine  «  est  marqué  au  même  Nécrologe  parmi  les 
secondes  additions  du  27  janvier  en  ces  termes  :  c  Obiit  Atto  sacerdos 
»  et  canonicus ,  bujus  ecclesie  succentor  egregius ,  qui  omnibus  que 
>  habebat  in  eleemosynam  datis  cum  servis,  vineis  et  rébus  aliis ,  ec- 
1  clesiam  honestavit  libris  suis.  » 

Germain  ,  sous-chantre,  est  dit  présent  dans  un  acte  de  l'abbaye  de 
Régny  de  Tan  il48,  et  dans  l'acte  de  l'extinction  de  la  prévôté  faite 
l'an  1166(1). 

Herbert  vivoit  en  1180.  Il  est  nommé  présent  à  la  confirmation  que 
Guillaume  de  Toucy,  évêque  d'Âuxerre,  fit  cette  année-là  au  prieur  de 

(l)  Koy.  Preuves,  ii.  59. 


478  SOUS-CIIANTRES 

Saint-Eiisèbt\  du  droit  accordé  par  Alain,  son  prédécesseur.  Uerberlus 
sMccenlor.  Il  est  aussi  meniionné  dans  un  autre  acte  de  1194.  L^Obt- 
tnaire  de  Tan  1250  marque  ainsi  son  obil  au  G  novembre  :  c  Ob.  Her- 
»  herti  succentoris,  canonici  cl  presbyteri,  iv  lib.  videlicet,  xl  sol.  super 
»  vineam  de  Juglario  quam  dedil,  etc.  >  Ce  climat  de  vignes  étoit  proche 
Monétau. 

Nicolas,  prêtre  et  sous-cbantre,  est  qualifie  arbitre  avec  Eustache» 
sacriste,  et  maitre  Bertrand,  cbanoine  d'Âuxcrre,  sur  une  dime  de 
Saint-Marien,  au  mois  de  juillet  i214,  selon  lesarcbives  de  celte  ab- 
baye. Il  est  aussi  dit  contemporain  du  doyen  Renaud.  En  1225,  le  sous- 
chantre  d'Auxerre,  rofficial,  et  maitre  Brice,  furent  délégués  par  le 
pape  au  sujet  du  procès  entre  leCbapitre  de  Saint-Germain-l'Auxcrrois, 
et  les  chanoines  de  Sainte-Opportune.  Nicolas  fit  du  bien  à  la  cathédrale, 
el  son  obit  fut  marqué  en  ces  termes  dans  le  manuscrit  de  1250  au 
5  août  :  d  Ob.  Nicbolai  presbyteri  et  succentoris,  xl  sol.  Dédit  nobis 
»  domum  suam  lapideam  juxta  furnum  B.  Marie  de  civitate,  etc.  » 
Les  chanoines  de  Clamecy  ont  aussi  son  nom  dans  leur  Nécrologe  au 
2  août.  Il  étoit  mort  sûrement  avant  l'an  1228. 

Obert  de  Yézelày  ,  prêtre,  chanoine  et  sous*^chantre.  Il  légua  h  la 
cathédrale  des  prés  situés  à  Pourein  et  h  Beauvoir,  dont  il  est  fait  men- 
tion dans  un  bail  de  1506  (1).  I/Obiluaire  de  Nolre-Dame-de-la-Cité 
marque  ainsi  son  décès  au  19  décembre  :  c  Obiit  Obcrlus  de  Virziliaco 
»  presbyter  canonicus,  succenlor  Autiss.  pro  quo  habemus  xx  sol.  > 

Pierre  de  Mailly.  Il  vivoit  encore  en  1249  selon  des  fragments  de 
comptes  d'anniversaires;  mais  il  mourut  en  1250  le  7  septembre, 
comme  il  se  litdans  Ténumération  des  cinquièmes  prébendes.  La  sienne 
fut  donnée  a  Vital,  officiai.  Les  obituaires  écrits  vers  ce  lemps-Ih,  ont  le 
sien  par  addition  au  7  ou  8  septembre  :  c  Ob.  Pétri  de  Malliaco  cano- 
»  nici  sacerdotis  et  succentoris,  l  sol.  super  domum  suam  de  claustre 
»  sitam  juxta  portam  pendentem.  i>  Son  obit  est  au  9  février  dans  l'Obi- 
tuaire  de  Nolre-Dame-de-la-d'Hors.  Il  y  eut  vers  le  même  lempsà  Auxerre 
un  autre  Pierre  de  Mailly,  mais  iléloit  sous-prieur  des  Dominicains,  et 


1}  Cartid.  Capit  .  loi.  r,^' 


DE  l'église  d'auxerue.  470 

il  vivoit  encore  en  1264,  où  il  pareil  comme  exécuteur  du  testament  de 
Garnier  t  de  Sanclo-Ragnoberlo,  »  chanoine  d'Auxerre  (1). 

Jean  le  Roux  ou  Ruffi  est  nommé  comme  sous-chantre  dans  le  car- 
tulaire  du  Chapitre  (2)  h  l'an  1250,  à  l'occasion  de  son  clerc  appelé 
Martin  Chataud.  Ce  sous-chantre  fut  député  en  second  Tan  1251  avec 
Guy  de  Mello,  €vêque  d'Auxerre,  pour  être  conseiller  assesseur  au  juge- 
ment que  Pierre,  évêque  d'Herford,  porta  à  Sens  dans  l'église  deSaint- 
Etienne«  sur  le  mariage  d'Henri,  roi  d'Angleterre,  avec  Jeanne,  fille  du 
comte  dePonthieu  (5).  Il  devint  lecteur  par  la  suite  et  mourut  possédant 
ce  personnat  (4). 

Robert  de  Compens,  sous-chantre  d'Auxerre,  vivoit  en  1 255  et  1264, 
selon  le  cartulaire  du  Chapitre  (5).  Il  tiroit  son  nom  de  la  seigneurie 
de  Compens,  paroisse  du  diocèse  de  Meaux ,  dans  l'archidiaconé  de 
France.  Son  parent,  Thibaud  de  Compens,  établit  vers  ce  temps-là  dans 
l'église  d'Auxerre  dont  il  étoit  chanoine  (6),  le  Salve  Regina  des  same- 
dis soir.  Le  Mercure  de  France  a  parlé  de  ce  fait,  sept.  1759, 1^^  vol., 
page  1928. 

Etienne  de  Doet  ou  de  Chateaudun,  est  connu  comme  sous-chantre 
d'Auxerre  au  moins  dès  Tan  1275,  que  le  Chapitre  le  députa  pour  ac- 
quérir en  son  nom  certaines  vignes  en  Pied-d'Aloue.  Dans  un  titre  de 
1275  l'official  d'Auxerre  le  qualifie  ainsi  :  a  Yir  venerabilis  Stephanus 
)>  succentor  Autiss.  magister  et  provisor  generalis  domus  dei  de 
»  claustro  Autiss.  »  Il  est  présent  en  différents  actes  jusqu'environ  l'an 
1287,  entre  autres  aux  hommages  faits  h  l'évêque  en  1280  et  1281  (7). 
II  dota  deux  chapellenies  h  l'autel  de  Saint-Alexandre,  qui  ont  été  depuis 
conférées  par  ses  successeurs,  sous  le  nom  de  Sainte-Apolline  et  de 
Sainte-Eugénie.  Il  donna,  en  1284,  des  fonds  pour  fonder  dans  la  cathé- 
drale, la  fête  de  la  Transfiguration  double,  à  neuf  chandeliers  (8).  Mais 
sa  principale  dévotion  fut  envers  sainte  Anne  dont  il  établit  la  fête  au 
chœur,  et  parmi  les  chanoines  de  Nolre-Dame-de-la-Cité,  selon  leur 


(1)  Cartul.  Capit.,  fol.  96. 

(2)  /6t(/.  fol.  105. 

(3)  Rymer,  t.  i,  p.  464.  (7)  Gall.  Christ,,  pag.  314. 

(4)  CartuL  Capit..  foi  204,  ad  an.  1270.     I      (8)  Voy.  Preuves,  n.  242 et 250. 


(5;tFo(.  tlSel  125. 

(G^  Ex  addit.  ad  obituar.^  xni  «fcu/i. 


480  SOUS-CHANTRES 

Nécrologc.  Il  eut  aussi  quelque  dévolion  pour  sainte  Agnès,  h  la  fétc  de 
laquelle  il  établit  en  1288  un  luminaire  dislingué  (i).  Ce  fut  encore  lu 
qui  fit  augmenter  au  calendrier  d'Auxerrc  la  fêle  de  la  TraoslalioD  de 
saint  Nicolas,  et  celle  de  saint  Michel  du  mois  d'octobre.  On  voit  par 
un  titre  du  xiii^  siècle  que  le  lieu  de  Doet  dont  il-  portait  le  nom  ,  étoit 
proche  Châteaudun.  Sa  mémoire  est  marquée  dans  les  Nécrologes  de 
Tabbaye  de  Saint-I^aurent,  et  dans  celui  de  la  Chartreuse  de  Bellari  au 
mois  de  juillet  (2). 

MiLON  DE  Ravpillon  étoit  sous-chantre  au  moins  dès  Fan  1289  o& 
il  est  qualifié  exécuteur  du  testament  de  Pierre  de  Tournan  ,  chanoine 
d'Auxerre  (5).  Il  acheta  une  maison  en  cette  même  qualité  Tan  1292,  et 
une  vigne  en  1294  (4).  Rampillon  est  un  village  de  Brie  dans  le  diocèse 
de  Sens.  Il  avoit  pourvu  d'une  des  vicairies  de  sa  dépendance  Guillaume 
de  Rampillon,  clerc,  comme  il  se  voit  dans  Tacte  de  1503,  rapporté 
parmi  les  Preuves,  n.  250. 

Adam  de  Solerre,  sous-chantre  d*Auxerre,  étoit  issu  des  seigneurs 
de  la  paroisse  de  ce  nom,  dans  la  Brie,  au  diocèse  de  Paris.  Il  étoit  en 
place  dès  Tan  1503,  puisqu'cilors  Milon  de  Rampillon  étoit  mort.  Il 
est  nommé  comme  diacre  dans  les  partitions  de  1512.  Il  fut  aussi  i^ré- 
sent  avec  Guillaume Catin,  doyen.  Tan  1515  aux  procédures  sur  le  droit 
de  Saint-Eusèbe.  Son  nom  est  au  28  mars  dans  le  Nécrologe  de  Tabbaye 
d*Hières,  au  diocèse  de  Paris  (5),  comme  ayant  donné  k  cette  maison  des 
cens  k  Solerre  .*€  Obiit  Adam  canonicus  Autissiodor.  qui  dédit  nobis 
»  viij  sol.  super  censu  de  Solarrio.  »  Pierre  de  Belleperchc ,  dvéque 
d'Auxerre,  l'avoit  nommé  h  la  manière  accoutumée,  pour  mettre  le 
scolastique  en  possession  de  la  chapelle  de  Saint-Germain. 

Jean  Coquard  qui  étoit  professeur  ès-lois,en  1509,  succédai  Adam 
de  Solerre.  Il  est  nommé  dans  la  lettre  de  confraternité  des  chanoines 
d'Auxerrc,  avec  ceux  de  î-aint-Martin  de  Tours,  en  1515(0).  Il  Tut 
arbitre  en  1510  avec  Guillaume  (^tin,  doyen  (7),  sur  un  dilFérend  qui 


.1  )  Vt)y,  les  Preuves,  12H2,  1284. 

(i)  Titres  des  Ccinleliers  d'Auxerre. 

.3)  Cartul.Cnpit.M.HO. 

k)  Cnrt.  Cap.  fol.  KM)  el  101. 


^5)  Cod.Heg  .3883,5. 

v6)  Voy.  Preuves,  t.  iv,  n.  2(Î3. 

7)  CartuL  Cnpit.,  fol.  i'i9. 


DE  l'églisb  d'auxerre.  481 

regardoit  les  seigneui^  de  Seignelay.  Son  nom  paroit  aussi  dans  des 
actes  de  1318  et  1319,  comme  chambrier  de  Pourein  (1).  Enfin  il  étoit 
présent  eu  1320,  Iorsqu*on  donna  à  Févêque  Pierre  des  Grès  la  tête  de 
saint  Pèlerin,  pour  Tencbâsser. 

Michel  d'âppoignt  est  désigné  comme  sous-chantre  d'Auxerre  et 
chanoine  dans  Tacte  d*une  fondation  de  Tannée  1324, 22  mars  (2). 
De  plus  dans  les  lettres  de  Pierre  de  Mortemar,  évéque  d^Âuxerre,  de 
Tan  1321  (3),  outre  cela  il  se  trouve  un  acte  du  12  août  1329,  dans 
lequel  avec  sa  qualité  de  sous-chantre,  il  prend  celle  de  t  magister 
>  domus  dei  B.  Stephani  Âutiss.  »  Il  avoit  été  reçu  en  1321  chanoine 
de  Notre-Dame-du-Yal  k  Provins  sur  la  nomination  du  roi  (4). 

Adam  de  Crevan,  sous-chanlre,  est  nommé  dans  Tacte  de  réception 
de  Dreux  Jourdain  au  doyenné,  en  1345  (5).  On  ne  trouve  point  de 
sous-chantre  depuis  lui  jusqu'au  suivant. 

Jean  Geoffroy  ou  Gaufridi  étoit  sous-chantre  en  1383,  comme  il 
paroit  par  une  quittance  du  paiement  des  décimes  où  il  est  nommé. 

Marc  Gibert  paroit  avec  le  titre  de  sous-chanlre  comme  présent  à 
un  don  de  l'évéque  Ferrie  Cassinel,  fait  Tan  1389  à  son  église  (6).  Ber- 
trand Cassinel,  chantre,  le  fit  en  1397  Tun  des  exécuteurs  de  son  testa- 
ment. Il  avoit  la  même  année  un  procès  criminel  dont  on  ignore  la  cause. 
Dans  le  même  temps  il  sontenoit  son  droit  surîtes  écoles  de  chant  de  la 
ville  d'Auxerre,  et  sur  la  nomination  des  maîtres  de  ces  écoles.  Son 
droit  étoit  bien  établi  ;  mais  il  vouloit  de  plus  lever  un  tribut  sur  les 
enfants;  et  ce  fut  ce  que  la  ville  y  trouva  de  répréhensible  (7).  Les  re- 
gistres du  Chapitre  font  foi  au  reste  qu'il  n'y  comprenoit  pas  les  enfants 
de  chœur,  ni  les  jeunes  clercs  qui  dcmeuroienl  chez  chaque  chanoine  (8). 
Il  fui,  en  1403,  Tun  des  exécuteurs  de  la  bulle  de  Benoit  XIII  sur  le 
traité  de  Nazarie.  Il  étoit  en  1408  chargé  de  sollicilcr  les  affaires  du 
Chapilre.  Il  jouissoil  d'un  privilège  de  TUniversiié  de  Paris.  Il  mourut 
sur  la  fin  de  la  même  année  vers  le  milieu  du  mois  de  mars. 


(1)  Ibid.yfoL  322  etseq. 

(2)  CarhtL  Capit.,  fol.  512. 
(r>)  Voy.  Preuves,  n»  181. 
(4)  Ex  Archiv  Pruvin. 


(n)  Àntiq.  Statut. 

(6)  Voy.  Prouves,  n*^  3ri?>  et  338. 

(7)  Comptes  de  la  ville,  1397. 

(8)  Regist  1407. 


II  31 


482  SOUS-CHANTRBS 

Jean  de  Cande,  chanoine  de  Sens  ei  d'Aoxerre,  saecéda  k  Mac 
Gibort  et  mourut  au  bout  de  quelques  mois. 

PiBRRB  Gharlet,  Secrétaire  de  Tévéque  Michel  de  Greney,  fot  poom 
du  canonicai  et  de  la  sous-chantrerie,  et  reçu  le  8  juÎD  1409. 

Guillaume  du  Val-db-Merci  fut  reçu  la  même  année,  le  f  6  aoAt,  « 
deux  bénéfices  du  précédent,  et  mourut  peu  de  temps  après  (1). 

Michel  de  l'Arc  fut  pourvu  de  la  sous-chantrerie,  et  fut  répotë  pré- 
sent au  l*' octobre  1409,  par  privilège,  parce  qu'il  étoit  chapelain  dn 
roi.  Il  étoit  chanoine  dès  le  21  mars  1408. 

Guillaume  BUsi  ou  le  Bègue  prit  possession  de  la  sous-chanirerie  k 
8  mai  1410,  et  fut  installé  c  a  parte  dextra  in  loco  succentoris  a  (2).  Il 
quitta  ce  personnat  au  mois  d*avril  1415,  pour  prendre  celai  da  lec- 
torat. 

Etienne  Moron,  chanoine,  fut  reçu  sous-chantre  par  procurear  le 
24  avril  i4l5,  et  personnellement  le  27  mai.  Un  induit  de  réTêqoe  de 
Bresse  le  fit  tenir  présent  durant  les  premières  années.  Ce  fm  lui  qui, 
après  avoir  été  guéri  par  Tintercession  des  saintes  Mariée  JoeèH  et 
Saloméy  dont  on  établit  la  fête  de  son  temps  k  la  chapelle  de  Notre-Dame» 
des-Yertus,  au  pied  de  la  petite  tour,  en  écrivit  la  vie  ei  les  miraelès. 
Son  manuscrit  a  été  inséré  dans  le  lectionnaire  de  la  cathédrale,  aujoar- 
d'hui  conservé  k  Saint-iSermain  d'Auxerre.  Il  décéda  chanoine  et  sons- 
chantre  le  1 0  octobre  i  429. 

Simon  Bechu  fait  chanoine  dès  le  17  septembre  1417  et  lecteur  en 
1425,  quitta  lalectorie  pourlasous-chantrerie  (a).  Il  est  qualifié  de  cha- 
noine et  de  sous-chantre  dans  un  compte  de  1453. 11  fut,  en  1457,  Ton 
des  députés  du  clergé  d'Auxerre  à  l'assemblée  de  ville,  qui  se  tint  pour 
régler  les  travaux  des  vignerons  (3).  Il  permuta  en  1460  avec  Philippe 
Colel,  pour  la  cure  de  Saint-Léger-des-Vignes,  diocèse  de  Ne  vers,  et 
mourut  chanoine  le  25  mai  1466. 


(1)  Regisl.  Capit. 

(2)  Regist.  Capit. 


(3)  Voy.  Preuves,  n.  370. 


(a)  En  1423,  il  était  gouverneur  des  Grandes  Charités. 


(iV.  d.  B.) 


DE  l'église  d'auxerre.  483 

Philippe  Cotet  déjà  chanoine,  devint  sous-chanlre  en  verta  de  la 
permutation  marquée  ci-dessus,  et  prit  possession  durant  Tautomne  de 
l'an  1460.  Il  éloit  licencié  en  décret.  Le  Chapitre  le  fit  son  ofiScial  le 
2  mai  1464.  La  même  année,  le  18  août,  fut  faite  la  conclusion  en  forme 
d'enquête»  qui  régla  pour  la  suite  une  des  prérogatives  du  sous-chantre. 
Yoyez-en  la  teneur  ci-dessous  (1).  Il  fut  un  de  ceux  qui  s'absentèrent 
au  sujet  de  la  peste  des  années  1467  et  1468.  Il  ne  mourut,  selon  les 
apparences,  qu'en  1475. 

PiBRRE  Pelàud  fut  reçu  à  une  prébende  et  à  la  sous-chantrerie  en 
1475,  selon  un  compte  de  cette  année.  C*est  là  tout  ce  qu'on  en  sait. 

David  du  Gué  prit  possession  de  la  sous-chantrerie  en  1476.  Il  fut  élu 
gouverneur  ecclésiastique  de  THôtel^de-YiHe  pour  les  années  1481  et 
1485.  Etienne  Naudet,  lecteur,  le  choisit  en  1491,  pour  l'un  des  exé- 
cuteurs de  son  testament.  On  ne  sait  point  le  temps  de  sa  mort.  Il  fut 
inhumé  devant  l'horloge  de  Téglise. 

Jean  Sanceaulme,  prêtre,  fut  admis  à  la  sous-chantrerie  en  1498,  et 
la  posséda  très-peu  de  temps.  On  voit  par  le  compte  de  fabrique  de 
1501  qu'il  étoit  mort  alors. 

Guillaume  Boisart,  prêtre,  chanoine  et  sous-chantre,  éloit  en  même 
temps  fabricien  l'an  1 505.  ^ 

Chrestien  Maillard,  qui  avoit  été  maître  des  enfants  de  chœur,  en 
1497,  puis  organiste,  en  1499,  étoit  chanoine  et  sous-chantre  au  mois 
de  décembre  1515,  lorsqu'on  indiqua  le  jour  pour  choisir  un  évéque 


(1)  Exunctum  e  registris  Capituli  Âutiss., 
anni  1464,  sal)I).«  18  augtisti  «  Quia  verte- 
»  batur  in  dubium  ab  aliquibus  Dominis 
»  de  Capitule,  utruni  succentor  ecclesie 
»  autiss.  quod  est  simplex  ofliciuni  et  non 
»  dignitas,  in  tenendo  cliorum  et  ofliciando 
»  in  ecclesia  Autiss.  et  extra  in  his  que  con- 
»  cernunt  et  ad  que  tenctur  rationc  dicte 
»  succentorie  débet  precedere  canon  icos 
:*  ecclesie  Autiss.  ante  ipsum  receptos,  po- 
»  situm  fuit  in  deIil)eratione  per  dictum  D- 
»  decanum,  utrum  deberet  precedere,  vel 
»  non  :  Et  compertum  fuit  tam  per  dictos 
»  Dominos  capitulantes  quam  antiquos  tor- 


»  tarios  ecclesie,  quod  semper  vaderunt 
»  temporibus  retroactis,  quod  in  iis  ad  que 
V  tenetur  dictus  surcentor  in  tenendo  cho- 
»  rum  et  ofliciando  in  ecclesia  Autiss.  etex- 

>  Ira,  ratione  dicte  succentorie,  quod  sem- 
»  per  precessit  quemcumque  canonicum 
»  etiam  antiquiorem.  Quapropter  fuit  de- 
»  claratum  in  dicto  Capitulo  per  dictum  D. 

>  decanum  presidenteni  quod  dictus  suc- 
»  centor  in  iis  ad  que  tenetur  ratione  sue 
»  succentorie  tam  in  tenendo  chorum  quam 
»  alias  ofliciando  in  ecclesia  Autiss.  et  extra 
»  de  cetero  prec^det  quemcumque  canoni- 

>  cum  etiam  antiquiorem.  » 


484  SOUS-CHATTKBS 

après  la  mort  de  Jean  Baillet.  On  le  retrouve  dans  les  r^^tres  de 
1523  et  1524.  On  croit  que  Jean  Billard,  maître  des  enfants  en  1499, 
reçu  chanoine  en  4519,  lui  succéda  en  1525  on  1526«  et  ne  garda 
pas  ce  bénéfice. 

PiBRRB  HAGïnsN,  bachelier  en  droit,  qui  avoit  été,  en  1520»  seeré- 
laire  de  H.  de  Dinteville,  évéque,  et  fait  par  lui  chanoine  ,  en  i5Z5, 
eut  de  lui  la  sous-chantreric,  et  y  fut  admis  le  17  avril  1526  avant 
Pâques.  11  eut,  en  1527,  un  concurrent  qui  s*appeloit  Pierre  Richard, 
pourvu  par  Antoine  Duprat,  archevêque  de  Sens,  à  Paris,  le  22  joiHet, 
et  qui  se  fit  recevoir  par  procureur  le  28  septembre.  Il  fut  député, 
en  1558 ,  pour  rédiger  un  processionnal  à  l'usage  de  l'église.  Ce  fut 
lui  qui ,  ayant  entrepris  un  procès  au  sujet  de  ses  droits  et  de  ses 
charges,  consentit  ^  un  concordat,  qui  fut  passé  en  Chapitre ,  le  14 
février  1 544 ,  par-devant  François  Maçon,  vice-gérant  en  officialîté 
de  Sens,  qui  prend  la  qualité  de  juge  ordinaire  en  cette  partie.  Son 
testament,  daté  du  10  août  1541  ,  apprend  qu'il  étoit  curé  de 
Conroultre  et  dePréy.  Son  codicile  est  du  9  mai  1547.  Il  est  vrai- 
semblable qu'il  mourut  la  même  année. 

Laubent  Robert.  Il  n'y  a  de  preuves  qu'il  fut  sous-chantre  que 
par  les  provisions  du  suivant,  où  on  lit  qu'il  avoit  eu  ce  bénéfice  de 
lui  par  résignation.  Iléloit  du  diocèse  d'Âuxerre. 

Pierre  Péan,  prêtre  du  diocèse  de  Chartres.  Les  provisions  du  sous- 
cantoral  que  François  de  Dinteviile  lui  donna,  sont  du  28  septembre 
1549.  Il  étoit  chanoine  dès  l'année  précédente.  Il  fut  reçu  a  la  sous- 
chantrerie  le  !•'  octobre  1555.  On  lit  dans  les  registres  du  Chapitre, 

au  5  décembre  1557  :  t  Item  fuit  prohibitum  crucem pulsare,  > 

le  martinet  (galhce) ,  sine  permissione  succentoris  aut  sui  commissi.» 
Dans  le  procès-verbal  de  la  coutume  d'Auxerre  ,  rédigé  le  16  juin 
1561,  il  est  qualifié  curé  de  Gy-rËvêque.  Il  quitta  la  sous-chantrerie 
en  1564,  et  mourut  chanoine  le  27  mars  1566. 

Michel  Kerver,  prêtre  du  diocèse  de  Paris ,  étoit  chanoine  d'Auserre 
au  moins  dès  l'an  1551,  et  en  même  temps  curé  au  diocèse  de  Char- 
tres. Etant  devenu  par  la  suite  chanoine  de  Brienon,  au  diocèse  de  Sens, 
il  permuta,  en  1564,  ce  dernier  canonic;)t  avec  la   sous-chantrerie 


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DE  L'ÉGLibE  d'auxeuke.  485 

d'Auxorre.  Il  oui  son  visa  le  AdéccDihrc  cl  fui  inslallé  le  7  (I).  Depuis 
ce  lemps-là  il  cessa  d'ùire  à  gaucho  dans  le  Chapitre,  el  commença  a 
y  êlre  assis  k  droile,  comme  Pierre  Péan  et  ses  prédécesseurs. 

Mathieu  Morillot,  prêtre  du  diocèse  de  Langrcs ,  chanlre  de  la 
chapelle  du  roi,  chanoine  d'Auxerre  dès  l'an  1558,  permuta  la  cure 
de  Perroy,  au  diocèse  d'Auxerre,  avec  Michel  Kerver,  le  28  seplemhrc 
1566,  et  fut  installé  sous-chantre  le  50.  Il  mourut  le  15  juillet  1568. 

Pierre  de  Beaulieu  avoit  commencé  par  être  maître  des  enfants  de 
chœur  en  1550.  Il  fut  fait  chanoine  en  1555,  reprit  pour  la  seconde 
fois  le  gouvernement  des  enfants,  Tannée  suivante  restant  chanoine. 
Après  la  mort  du  précédent.  Il  fut  pourvu  de  la  sous-chantrerie  par  le 
vicaire-général  du  camlinal  de  la  Bourdaisière.  C'étoitlui  qui,  deux  ans 
auparavant,  avoit  obienu  du  Chapitre  d*Auxerre  (2)  un  morceau  de  la 
relique  qu'on  appeloit  le  manteau  de  saint  Martin^  pour  Téglise  de 
Saint-Martin-d*01ivet,  proche  Orléans,  où  il  avoit  été  baptisé.  Il 
mourut  sous-chantre,  le  16  juillet  1575,  et  fut  inhumé  devant  la 
chapelle  de  Saint-Martin. 

Léonard  Henrion,  du  diocèse  de  Sens,  premièrement  enfant  de 
chœur  h  Auxerre,  puis  prêtre,  musicien,  chanoine  tortrier  et  maître 
des  enfants,  fut  admis  en  1571  ,  le  26  janvier,  a  un  canonicat,  puis 
reçu  sous-chantre  le  51  août  1575.  Il  mourut  le  6  novembre  1580. 

Droin  Chaucuard,  nalif  de  Colanges-les-Vineuses ,  au  diocèse 
d'Auxerre,  fut  reçu  chanoine-clerc  dès  le  27  septembre  1565.  Il  fut 
pourvu  de  la  sous-chanlrcrie  par  Jacques  Amyol,  évoque,  et  installé 
le  12  novembre  1580.  Etant  chanoine,  il  avoit  dressé  un  inventaire 
des  titres,  en  reconnoissance  de  quoi  le  Chapitre  lui  fit  une  gratifica- 
tion considérable  pour  ce  temps-là.  Il  rédigea  aussi  le  livre  du  sous- 
chantre,  des  remarques  duquel  et  de  celles  de  ses  successeurs  j'ai  puisé 
quelques  circonstances  qui  regardent  Thistoire  liturgique  de  Téglise 
d'Auxerre.  Ce  sous-chantre  fut  recommandable  pour  sa  piété  ;  il  vécut 
jusqu'environ  Tan  1612.  Il  avoit  été  chantre  de  la  collégiale  deNotre- 


l)  Ex  Regisths.  \      ^2)  Regist,  capil  ,  'i6  Marhi  1566  et  14  npnl. 

;  1567. 


4S6  sous-chàiitebs  de  l'Aglisb  d'auxkrrb. 

Dame-dc-la-Cité.  Il  posséda  aussi  la  cure  de  CouroulUre  ^1  celle  de 
Falvy.  Il  fut  fort  considéré  par  Tévéque  Amjot. 

Màgdblbin  Juubn  ,  du  diocèse  de  Sens ,  succéda  à  Droin  Gbatt- 
cuard;  le  r^istrc  de  1571,  5  janvier,  apprend  qu^il  avoit  élé  eobnt 
de  chceur.  Il  devint  chanoine  en  1597.  Il  avoit  comoiencé  à  intenter 
procès  sur  le  choix  des  vins;  mais  en  1612,  le  15  décembre,  le 
Chapitre  général  jugea  la  difficulté  en  sa  faveur ,  déclarant  qu'il  dioi* 
siroit  ^  son  rang  d'antiquité,  tant  comme  sous-chanlre  qae  comme 
chanoine.  Il  résigna  six  ans  après  à  Denis  Chappu. 

Denis  Chappu,  chanoine  depuis  1614,  fut  installé  sous-chantre  le 
29  décembre  1618. 1!  avoit  d*abord  été  vicaire  de  Saint-Mamert  ;  il  en 
devint  ensuite  curé  et  conserva  ce  titre  étant  sousH^antre  jasqu*â  Tan 
1624.  Il  résigna  son  canonicat  en  1641  et  obtint  un  canonicalod 
iffectum^  pour  continuer  de  jouir  des  prérogatives  du  sous-chantre. 

JouBN  Davion,  prêtre  du  diocèse  d'Âuxerre,  chanoine  dès  l'an  1640, 
obtint,en  1644,  la  sous-chantrerie  en  cour  de  Rome.  Il  la  garda  peo  de 
tem|>s,  et  la  permuta  avec  le  suivant.  On  a  quelques  ouvrages  imprimés 
de  ce  chanoine.  Il  passoit  pour  avoir  le  talent  de  la  prédication. 

Nicolas  Housset,  chanoine  natif  d'Auxerre,  posséda  la  sous-chan- 
trerie au  moins  dès  Tan  1647.  Il  fit,  en  1650,  le  voyage  de  Rome 
d'où  il  rapporta  des  reliques  dont  il  est  parlé  ici  dans  les  Preuves  (1). 
Il  remit  le  personnat  entre  les  mains  de  Tévéque  Nicolas  Colbert, 
en  1 674 ,  lorsqu'il  eût  été  élu  chantre. 

Claude  Barrault,  chanoine,  né  k  Âuxerre,  fut  pourvu  de  la  sous- 
chanirerie,  en  1674,  après  la  démission  du  précédent  et  fut  installé  le 
6  décembre.  Il  résigna  au  suivant. 

Germain  Drinot,  chanoine  et  sous-chantre,  depuis  le  mois  d'août  de 
Tan  1094  jusqu'en  1712,  29  septembre,  jour  de  son  décès. 

Jean  Lebeuf,  chanoine,  né  à  Auxerre  en  1687,  pourvu  de  la  sous- 
chanirerie  par  M.  de  Caylus,  évoque,  en  prit  possession  le  50  sep- 
tembre 1712.  Il  donna  sa  démission  en  1743. 


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LECTEURS    DE    l'ÉGLISE    d'aUXEURE.  487 

*  Edmb  Simon  Carouge,  nommé  sous-cbantre  le  27  novembre  1745, 
résigne  son  office,  le  14  février  1764,  à  M.  Davignon. 

*  H.  Datignon  succède  à  M.  Carouge,  et  est  maintenu  en  possession 
par  arrêt  du  parlement  du  17  mars  1768. 

*  Simon  Lorieux,  prêtre  du  diocèse  de  Blois,  chanoine,  succède  à 
M.  Carouge,  après  la  mort  de  ce  dernier,  le  5  mai  1771,  le  Chapitre 
Tinstalle  sauf  les  droits  de  M.  Davignon.  Il  résigna  la  sous-cbantrerie 
a  M.  Parisot. 

*  André  Parisot,  né  à  Varzy,  chanoine,  fut  nommé  par  M.  de  Cicé  h 
la  sous-chantrerie ,  le  5  décembre  1781  •  Il  fut  souvent  réprimandé  par 
le  Chapitre  pour  sa  tenue  et  sa  légèreté.  Il  était  encore  sous-chantre  en 
1789. 


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LECTEURS  DE  L  ÉGLISE  D'AUXERRE. 

  considérer  le  nom  de  lecteur  ou  litre  dans  la  simplicité  de  son 
origine,  cette  fonction  seroit  aussi  ancienne,  dans  l'église  d*Auxerre, 
qu^  Test  celle  d'archidiacre,  puisque  si  saint  Corcodome,  diacre,  com- 
pagnon de  saint  Pèlerin,  put  être  regardé  comme  archidiacre;  saint 
Jovinien,  à  plus  forte  raison,  qui  étoit  de  la  même  compagnie,  dut  être 
considéré  comme  lecteur  dont  il  portoit  le  titre.  Depuis  rétablissement 
régulier  de  Toffice  divin,  en  même  temps  qu'il  y  eut  un  ou  plusieurs 
chantres  préposés  pour  conduire  le  chant,  il  y  eut  aussi  un  ecclésiasti- 
que constitué  pour  marquer  ce  qui  devoit  être  lu  aui  assemblées  des 
fidèles,  soit  à  la  messe,  soit  à  l'office  de  la  nuit.  Cet  ecclésiastique, 
chargé  de  la  garde  des  actes  des  martyrs,  des  bibles  et  des  livres  d'ho- 
mélies, devoit  montrer  à  chacun  ce  qu'il  avoit  à  lire,  et  souvent  lire  lui- 
même  le  premier,  comme  les  deux  chantres  principaux  dévoient  incul- 
quer le  chant  aux  psalmistes  et  aux  enfants.  Ses  fonctions  lui  assurèrent 
encore  davantage  le  nom  de  lecteur,  lorsque  les  biens  de  l'église  furent 
augmentés.  Car  ce  fut  pareillement  sous  sa  garde  qu'elle  en  remit  les 


488  LECTRUR8 

lilres  ;  <le  sorle  que  c'éloit  lui  qui  en  donnoil  communication  dans  le 
besoin,  qui  rédigeoit  les  nouveaux  et  qui  les  écrivoit.  De  là  Tint  sa  dé- 
pendance de  rarchidiacre  qui  éloit  comme  Fintendant  do  temporel  de  h 
mense  épiscopale  (1).  Cet  office  étoit  a  sa  Domination  encore  an  con- 
mencement  du  xiii®  siècle;  mais  comme  personne  ne  vouloit  l'accepter, 
Tévêque  Guillaume  de  Seignelay  lui  annexa  une  demi-prébende  et  s'ea 
retint  la  collation.  A  mesure  que  les  biens  augmentèrent  dans  les  der- 
niers siècles,  il  se  trouva  soulagé  par  ceux  qui  en  gardèrent  les  nouveau 
titres,  et  Tinvcntion  de  l'impression  ayant  rendu  les  livres  commaos, 
les  fonctions  du  lecteur  devinrent  inutiles.  De  manière  qu^il  ne  conserve 
qu*un  reste  de  celles  qui  sont  allribuées  ailleurs  aux  chanceliers,  comme 
de  dresser  la  table  des  officiants  et  autres.  Les  anciens  lecteurs  da  xi* 
et  xii^  siècle  prenoient  quelquefois  le  titre  de  chancelier.  La  place  da 
lecteur  est  dans  le  côté  septentrional  du  chœur,  proche  la  tribune  où 
se  chantoient  les  épilres  et  leçons,  en  mémoire  de  quoi  il  a  encore  en 
ce  lieu  un  pupitre,  de  même  que  le  chantre  et  le  sous-chantre  en  ont 
chacun  un  ^  Tangle  opposé  et  du  côté  du  sanctuaire,  où  primitivement 
le  chant  de  la  messe  s'exécutoit. 

Saint  Jovinien,  lecteur  de  Téglise  de  Rome,  le  devint  de  celle 
d^Auxerre,  en  accompagnant  saint  Pèlerin  qui  vint  la  fonder  au  lu^ 
siècle. 

Les  lecteurs  sont  inconnus  depuis  lui  jusqu'environ  le  xi«  siècle, 
auquel  il  faut  placer  ceux  que  Ton  trouve  dans  le  Nécrologe  écrit 
alors. 

Jean  vécut  avant  le  xn®  siècle,  paroissani  être  des  premiers  ajoutes 
au  Nécrologe  dont  on  vient  de  parler,  en  ces  termes,  au  21  juillet  : 
Obiit  Johannei  levita  et  canonicuSt  lectorumque  magisier. 

Rodolphe  écrivit  vers  Tan  1076  un  titre  qui  regarde  la  foudatioo  du 
Chapitre  de  Clamecy,  rapporté  dans  les  Preuves,  n.  H,  et  prend  le 
titre  de  chancelier. 

Bladin  parolt  éire  plus  nouveau  que  Jean  et  avoir  vécu  avant  ceux 

(2)  Ghss.  Canffii.  rncc  yotarii  nbbadim. 


DE  l'église  d'auxerre.  489 

qui  suivent.  Il  se  irouve  dans  le  Nécrologe  susdit.  On  y  lit  en  second 
iieu,  au  25  août  :  /psa  dte  ohiii  Bladinus  lector  et  canonicus. 

JoNAS,  lecteur,  est  nommé  comme  témoin  dans  la  donation  que  i'é- 
véque  Hugues  de  Montaigu  fit,  en  1 1 23,  de  l'église  d'Âugy  aux  chanoines 
de  Saint-Père  d'Auxerre  (i);  au  lieu  que  dans  la  charte  par  laquelle 
Tévéque  et  le  Chapitre  confirment,  en  1120,  une  donation  faite  a 
Pabbaye  de  Pontigny  par  Etienne,  trésorier,  il  est  qualifié  chancelier. 
Ce  qui  prouve  que  les  deux  titres  éloient  arbitraires.  Voyez  encore 
Preuves,  n.  14. 

Ildebert  fut  présent ,  en  qualité  de  chancelier,  quand  Tévêque 
Humbaud  accorda,  l'an  1110,  les  seigneurs  de  Toucy  avec  Tabbé  de 
Fleury. 

Hugues  souscrivit,  vers  Pan  1158,  avec  Tévéque  d'Auxerre,  Hugues 
de  Màcon  ,  à  la  ratification  que  fit  Gervais,  abbé  de  Saint-Germain , 
d'un  échange  entre  les  clercs  de  Saint-Florentin  et  les  religieux  de 
Pontigny.  Les  additions  k  Tancien  Nécrologe  se  contentent  de  marquer 
au  8  juillet  :  c  Obiit  Hugo  lector;  »  mais  TObituaire  de  125U  marque, 
au  même  jour,  qu'il  avoit  donné  aux  chanoines  trois  arpents  de  vignes 
en  Montdefois,  m  Monte  defenso,  et  un  bâtiment  de  pierre  situé  devant 
l'église,  cameram  lapideam  ante  eccle$iam  nostram^  laquelle  étoit  alors 
occupée  par  maître  Anselme.  Un  titre  de  Moléme  de  l'an  1157,  un  autre 
de  Claraecy  de  1145  ,  Preuves,  n.  55  ,  et  d'autres,  n°*  45  et  49  , 
le  quahfient  de  chancelier.  Saint  Bernard,  écrivant,  en  1155,  au  pape 
Eugène  HI  sur  l'élection  de  l'évéque  Alain,  lui  donne  le  même  litre  et  le 
met  dans  le  rang  des  prêtres.  Il  vivoit  encore  en  1159. 

Pierre  Sevenet.  Ce  lecteur  est  connu  par  le  Nécrologe  de  Tan  1250, 
où  il  est  de  la  première  main,  au  29  août,  en  ces  termes  :  «  Ob.  Pétri 
»  Seneveti  lévite  et  lectoris  hujus  ecclesie,  lx  s.  super  domum  suam 
>  sitam  ante  ecclesiam  B.  Marie  in  civitate,  quam  propriis  sumptibus 
»  edificavlt  et  nobis  dédit.  »  Je  ne  puis  guère  le  placer  qu'ici,  le  reste 
du  siècle  et  la  moitié  de  l'autre  étant  remplis  par  les  suivants. 

Robert  Abolant  fut  un  lecteur  très-célèbre  qui  mit  à  profit  le  dépôt 

vl)  î'oy  Preuves,  n^'ii. 


— — ^ 


492  LECTEURS 

Guillaume  le  Bret,  iecleur,  n*csl  connu  4|ue  par  Irs  additions  laites 
aux  Obituaires  sur  la  fin  du  sut*'  siècle.  Dans  Tune  de  ces  additions,  oo 
lit  ao  20  octobre  :  c  Obitus  magislri  Gnillelmi  le  Bret  qaondam  lec- 
»  loris  et  presbyteri  ;  >  et  dans  Tautre,  au  même  jour  :  «  Item  ob. 
»  magistri  Guillelmi  de  Diseia  lectoris  ecclesie  Auiiss.  et  sacerdotîs.   » 

Guillaume,  surnommé  en  latin  Caiini^  est  connu  comme  lecteur  de 
relise  d'Âuxerre  par  deux  actes  du  Cartulaire  du  Chapitre,  Tan  de 
Fan  1300,  où  il  paroit  avec  Hugues  de  Herment,  en  qualité  d^exécu- 
teur  du  testament  de  Vincent  de  Mêve  ;  Tautre,  de  4504,  est  un  accord 
du  Chapitre  avec  les  habitants  de  Chichery,  fait  |>ar  Tcvêque  Pierre  de 
Mornai,  dont  il  est  dit  témoin  :  c  G.  Caiini  lector.  Vers  le  même  temps, 
il  fut  l'on  des  arbitres  sur  le  différend  entre  Gilles,  abbé  de  Saint- 
Père  et  les  paroissiens,  touchant  les  réparations  de  leur  église.  Il  est 
encore  désigné  en  sa  qualité  de  lecteur,  en  1309,  dans  des  lettres  de 
Tévéque  Pierre  des  Grez  (1). 

FtUL  DE  CouDUN,  qui  n*est  qualifié  que  de  chanoine-prctre  dans  les 
partitions  de  131 1  (2),  paroit  en  qualité  de  lecteur  dans  Pacte  du  23  juin 
1315,  qui  regarioil  la  confraternité  du  Chapitre  d'Auxcrre  avec  celui 
de  Saint-Martin  de  Tours  (3).  Il  fulaussi  Tun  des  chanoines  qui  visitèrent. 
Tan  1320,1a  châsse  dcsaint  Àmatre  dans  la  cathédrale (4).  En  i 524,  ce 
chanoine-lecteur  légua,  par  testament,  b  THôtel-Dieu  de  la  cathédrale, 
tousses  livres,  au  nombre  de  seize  ou  dix-sept  volumes,  b  condition 
que  Gilles  de  Paisy,  son  neveu,  ecclésiastique,  en  auroil  l'usage  sa  vie 
durant  (5).  Coudun,  dont  ce  lecteur  tiroil  son  surnom,  est  un  village  du 
diocèse  de  Beauvais,  peu  éloigné  de  Compiègne. 

Pierre  LE  Blanc,  appelé  Petrus  Albi  dzns  les  titres  latins.  Il  est 
qualifié  professeur  ès-lois,  clerc  du  roi  et  lecteur  d'Âuxerrc,  dans  Facie 
qui  le  députa  pour  aller  demander,  en  1325,  à  Charles-lc-Bel,  la  per- 
mission d'élire  un  évcque,  après  la  mort  de  Pierre  des  Grez.  Il  prend 
les  mêmes  qualités,  er.  1328,  dans  la  quittance  qu'il  donne  au   Cha-- 


il)  Voy.  Preuves,  no :J5').  4    loi/.  Preuves,  ii   2G7. 

.tj  Voy.  Preuves,  n^  2G0.  5  Vnij.  Preuves.,  n»  27i. 

3:  Voy.  Preuves,  n"  263. 


DE  l'église  D^AUXERRE.  495 

pitre  d'Âuxerre  ^  de  douze  livres  qu'il  lui  avoil  payées  sur  les  meubles 
de  Guillaume  de  Lésignes,  chanoine,  son  ancien  débiteur. 

Pierre  de  Digy,  chanoine  ei  lecteur,  fonda,  en  1340,  son  anniver- 
saire (1).  Il  obtint  en  même  temps,  à  cause  de  ses  fréquentes  infirmités, 
d'être  tenu  présent  h  matines ,  le  reste  de  sa  vie ,  les  jours  qu'il  seroit 
a  Auxerre.  De  son  temps,  en  1536,  il  fut  conclu  qu'on  feroit  un  re- 
cueil de  toutes  les  chartes  et  titres.  V.  Preuves ,  n.  286.  Il  y  a  appa- 
rence que  ce  lecteur  donna  tous  ses  soins  à  la  confection  de  ce  Cartu- 
laire,  parce  que  comme  on  lisoit  autrefois  dans  la  préface ,  cela 
épargnoit  an  lecteur  la  peine  de  recourir  aux  originaux  en  y  trouvant  la 
copie  des  actes.  Il  fonda  la  chapellenie  de  Saint-Jacques-le-Majeur, 
Saint-Michel  et  Saint-Eloi ,  auprès  de  laquelle  il  est  inhumé  et  où  on 
lisoit  autrefois  sur  sa  tombe  ce  qui  suit  :  «  Hic  jacet  discretus  vir 
»  Petrus  de  Diciaco  quondam  Àutiss.  canonicus  et  leclor,  qui  fundavit 
»  hoc  altare  in  honore  Dei  et  V.  M.  et  Jacobi  apostoli,  Michaëlis 
»  archangeli,  et  sancti  Eligii  conf.  ;  obiitautem  anno  domini  MCGG- 
»  LVIII  die  XII  mensis  maii.  >  Cette  chapelle  est  celle  qu'on  appelle 
aujourd'hui  le  nouvel  autel  de  saint  Michel,  proche  la  porte  méridionale 
de  la  croisée,  au-dessus  duquel  sont  représentés,  dans  le  vitrage,  les 
trois  saints  nommés  dans  l'épitaphe,  et  Pierre  de  Dici  à  genoux  en 
soutane  violette.  Saint  Eloi  est  aussi  peint  à  fresque  sur  le  mur  voisin 
avec  une  mitre  à  TantiqQe. 

Bernard  de  Pierre-Late,  en  Dauphiné,  ou  de  Pierre  Laye,  près 
Pontoise  (2) ,  étoit  chanoine  et  lecteur  d'Âuxerre ,  au  moins  dès  l'an 
1569,  mais  il  ne  résidoit  pas,  sa  prébende  et  sa  lectorie  étant  dans  le 
rang  des  bénéfices  forains  (5).  On  trouve,  dans  le  testament  d'Audoin 
Albert,  cardinal,  fait  à  Avignon, en  1565,  ce  même  Bernard  avec  le 
titre  de  chanoine  de  Limoges.  Il  possédoit  encore,  en  1585,  la  lectorie, 
selon  une  quittance  des  décimes  apostoliques  de  cette  année.  Il  fonda 
son  anniversaire  qui  se  trouve  marqué  en  février  dans  les  anciens 
comptes. 


(11  Cartul.Capit ,  fol.  363. 
(2)  {De  Lata  petra\ 


(A)  Comput,  hor,  annor. 


494 


LECTEURS 


Jean  Camuset  éioii  lecteur  en  4395,  mais  il  résidoit  à  la  cour  de 
Rome.  Il  donna,  en  1598,  des  ornemenls  à  Notre-Daine-des*Venii& 
On  lui  fil  grâce,  en  1599,  d'une  partie  du  stage.  Il  rédigea  son  lestâ- 
ment  le  i6  septembre  1400.  On  y  lit  quMI  fut  curé  de  Colanges-les- 
Yineuses  et  que  sa  famille  étoit  d'Auxerre,  de  la  paroisse  Notre-Dame- 
la-d'Iiors.  Il  mourut  au  mois  d'octobre  ou  de  novembre  suivant. 

Jean  de  Maray,  chanoine  dès  le  47  mai  4400,  fat  installé  k  lalec- 
torie,  en  personne,  le  1^' juin  4401.  Il  est  aussi  qualifié  trésorier  de 
Notre-Dame-de-la-Cité,  en  février  4404.  On  conclut  de  son  temps  de 
faire  deux  sceaux  (4),  l'un  qui  seroit  de  forme  ronde  pour  les  actes 
judiciaires  et  lettres  clauses,  qu'il  dcToit  garder  par  devers  soi^  /iisfs 
fundationem  et  consuetudinemsuibeneficii^  et  l'autre  pour  les  contrais 
qui  devoii  rester  au  trésor. 

Guillaume  le  Bègue  ou  Blesi,  chanoine  depuis  Fan  4401  ,  quitta  la 
sous-chantrerie  qu'il  avoit  tenue  pendant  cinq  ans,  et  fut  reçn  à  la 
lectorie  le  2  mai  4415,  en  vertu  de  lettres  du  cardinal  de  Bar,  évêque 
de  Porto  (2).  Le  Chapitre  fit  de  son  temps  une  déclaration  des  cbanres 
du  lecteur.  On  croit  qu'il  mourut  en  janvier  4425;  au  moins  il  est 
qualifié  défunt^  le  20  de  ce  mois,  lorsqu'il  s'agit  de  la  vente  de  sa 
maison. 

Simon  Beghu,  du. diocèse  de  Troyes,  qui  avoit  été  reçu  chanoine  le 
47  septembre  4417,  non  sans  peine,  parce  qu'on  le  croyoît  serf,  eut 
la  lectorie  [)ar  grâce  apostolique  et  y  fut  admis  le  25  janvier  4423.  Il 
céda,  le  8  novembre  4424,  sa  maison  canoniale  à  M.  de  Chastellux 
qui  en  cherchoit  une  h  acheter.  Il  étoit  économe  du  temporel  de 
l'évéché,  sede  vacante,  le  44  mars  4428.  Il  quitta  la  lectorie  pour  de- 
venir sous-chantre  à  la  mort  d'Etienne  Moron,  arrivée  le  40  octobre 
4429. 

Jean  Vimont  fui  reçu  lecteur  entre  la  Sainle-Luce  4429  cl  le  4«r  n^^j 
4450  (5).  Il  jouissoii  de  ce  pcrsonnal  en  1  459  et  même  en  1448  (4). 


•(I)  ncgist.  Capil  .  4  mai  1409. 
(2)  9  octobre  14 IG. 


iT»;  Compot. 
(4:  Ibid. 


DE    L*ÉGL1SE   d'aUXERRE.  495 

Il  vivoit  encore  en  1458.  On  eroil  que  ce  ne  fil  qu'après  sa  mort  qu'il 
eut  un  successeur. 

Jean  Choin  n*est  connu  comme  lecteur  que  par  les  provisions  de  son 
successeur.  Il  y  a  quelque  preuve  qu'il  étoit  lecteur  en  1458.  Les 
regisires  marquent,  au  13  avril  1460,  que  ce  Jean  Choin  donna  cent 
livres  pour  faire  des  orgues. 

Etienne  Naudet,  chanoine  dès  Tan  1457,  permuta  avec  Jean  Choin, 
en  1461,  son  canonicat  de  Notre-Dame-de-Ia-Gité,  pour  le  personnat 
de  lecteur  dont  l'évêque  lui  fit  expédier  les  provisions  h  Varzy,  et  fut 
installé  le  16  octobre.  Il  exerça  l'office  de  secrétaire  des  conclusions 
capitolaires,  depuis  l'an  1456,  au  moins,  jusqu'à  Tan  1475.  Il  fut  élu 
gouverneur  ecclésiastique  de  l'Hdtel-de-Ville,  en  1480.  Son  testament 
du  25  janvier  1 491 ,  nous  apprend  qu'il  étoit  curé  de  Chasnay.  Voyez- 
en  ci-dessous  quelques  particularités  (1).  Il  vécut  vraisemblablement 
encore  quelques  années  depuis  la  date  de  cet  acte,  puisqu'on  ne 
trouve  de  réception  de  lecteur  que  six  ans  après.  Il  fut  inhumé  au  mois 
d'octobre,  au  bas  des  degrés  du  grand  portail. 

Guillaume  Rousseau  fut  reçu  à  une  prébende  canoniale  et  au  lec- 
torat,  en  1497,  et  mourut  en  1500. 

Pierre  Obbe  ne  fut  lecteur  guère  plus  de  temps.  Un  compte  de 
1503  le  suppose  mort. 

Michel  le  Caron,  chanoine  dès  l'an  1495,  n'est  connu  en  qualité 
de  lecteur  que  depuis  l'an  1505.  Il  est  présent,  en  1515,  à  la  conclu- 
sion sur  l'élection  de  l'évéque.  Pendant  la  peste  de  l'été  1515,  le 
député  pour  l'élection  du  chantre  le  trouva  retiré  dans  sa  maison  des 
Chasnées  qu'il  avoit  fait  bâtir.  Il  étoit  natif  d'une  paroisse  voisine  de 


(1)  Etienne  Naudet  veul  qu'autour  de  son 
corps  «  per  quatuor  pueros  thuribula  tene- 
»  anturin  quibus  fumus  thuris  semper  ema- 
»  neat  et  appareat  durante  suo  scrvitio.» 

Il  lègue  15  sols  aux  Jacobins,  autant  aux 
Cordeliers  «  proviso  quod  quilibet  conven- 
>  tus  tenebitur  decantarc  ante  ostium  suc 
>>  habitationis  vigilias  defunrtorum  ad  no- 


»  vem  lectiones,  proutconsuetum  est. 

»  Ordinat  quod  dicta  die  sui  obitus  pre- 
»  sentetur  omnibus  personis ..  ad  offerto- 
)»  riura  ire  volentibus  unum  parvum  dena  - 
»  riura  sccundum  consuetudinem  in  dicta 
»  dicta  Eccl.  et  civitaie  Autiss.  obscrvari  so- 
»  litara.  » 


m\ 


LECTEURS 


Clcrroonl  en  [)oauvoi>is,  nppeléc  NoinicK  Etant  expert  dans  la  méde- 
cine, il  fut  appelé  a  xXuxerre  dans  un  temps  de  peste  et  établi  médecin 
de  la  ville.  Il  fut  depuis  Tun  des  médecins  du  roi  Charles  VIIL  Etant 
chanoine,  il  fit  construire,  dans  la  cathédrale ,  Pimage  d^Eecehomo 
derrière  Taulel  de  la  comtesse,  et  Tarcade  qui  est  au-dessus,  où  Ton 
voit  ses  armes  et  son  emblème  :  largesse  en  vertu.  Par  son  leslament, 
il  voulut  être  inhumé  proche  celte  image;  il  demanda  qu*on  augmentât 
la  fcte  de  saint  Cvr  et  de  sainte  Juliie  ,  et  que  leur  châsse  fût  descen- 
due la  veille.  Il  donna  à  Téglise  de  Saint-Bris  pour  enchâsser  en  argent 
le  chef  de  saint  Col  ;  ordonna  de  garnir  une  salle  séparée  ii  Tbôtel- 
dieu,  pour  le  temps  de  pcsle,  et  rebâtit  plusieurs  chambres  de  la  lépro- 
serie de  Sainl-Siméon.  On  lisoit  autrefois  sur  sa  tombe  les  vers  suivants  : 

Sislc  gradus  qni  curris  et  hoc  mirarc  cadavcr , 
Tcrtia  cui  cursu  parla  corona  fuit. 
Consilii  mcdicesquc  mihi  decrcvit  honorem, 
Tum  spcs  Galli»,  timor  Karulus  llalis; 
Al  tibi  si  mcdici  stipcrcst  cura  ulla  sepulti, 
Ut  mentis  curcl  vulnera,  poscc  Dcum  (1). 

Il  étoit  mort  le  15  mai  de  Tan  i528. 

Guillaume  Chausson,  né  a  Chablis ,  fut  pourvu  de  la  lectorerie  par 
Tévéque  le  44  mai  1528  et  mis  en  place  le  15.  Il  fut  vicaire-général 
de  celui  qui  adminislroil  révéclié  d'Âuserre  pendant  la  résidence  de 
François  de  Dinlevillc  en  Italie.  Il  mourut  en  1548. 

Nicolas  Davy  succéda  au  précédent.  On  le  trouve  qualifié  lecteur 
dans  le  registre  de  1550.  Il  est  aussi  mommé  parmi  les  chanoines 
présents,  en  15Gl,a  la  rédaction  de  la  coutume  d^Âuierre.  Il  mourut 
durant  l'été  15G5. 

Gaspard  Damy  l'aîné,  nalifdeChàlons-sur-Marne,oflricialde  Tévêque, 
fut  pourvu  le  14  septembre  1505  el  reçu  le  22  octobre.  Il  s'en  damii 
en  15G6,  et  Gaspard  Damy  le  jeune,  clerc  de  la  même  ville  de  Châlons, 
fut  pourvu  par  M.  de  Macheco,  vicaire-général. 


(1)  D'un  iii.'inusrrit  (lo  UunMoMii,  (viisiin  «lo  Son>.  cii  la  hil)l   du  Cbap  di' Se:is 


DE    L^ÉGLISE    d'aUXERRE.  497 

Gaspard  Damy  le  jeune  prit  possession  par  procureur  le  2  décembre 
1566,  et  jouit  de  ce  personnat  jusqu'à  sa  mort  arrivée  le  20  dé- 
cembre 1614.  Il  fut  aussi  curé  de  Lindry. 

François  Pelle,  prêtre  du  diocèse  d'Angers  et  déjh  chanoine,  fut 
reçu  le  12  janvier  1615,  mais  il  ne  posséda  ce  titre  que  durant  quel- 
ques mois,  étant  mort  le  6  avril  suivant.  Il  avoit  été  secrétaire  de 
M.  de  Donadieu,  évéquc. 

Charles  Thiot,  prêtre  romain,  venu  d'Italie  avec  le  cardinal  de 
Lenoncourt,  prit  possession  du  lectorat  le  15  avril  1615,  et  mourut 
le  10  mars  1621. 

Germain  Bardolat,  prêtre  du  diocèse  d'Âuxerre,  fut  reçu  le  20 
mars  1621 .  Il  quitta,  en  1649,  et  se  fit  chanoine  régulier  en  Tabbaye 
de  Saint-Père  (a). 

Laurent  Odinet,  prêlre  auxerrois,  fut  fait  lecteur  le  18  mai  1650. 
Il  fut  vice-gérant  en  roflicialité  sous  Tépiscopat  de  M.  de  Broc,  et 
promoteur  sous  Nicolas  Colbert,  son  successeur. 

Edme  Odinet  commença  à  posséder  la  lectorie,  le  14  juillet  1682. 

Jean  Marie,  natif  d'Àuxerre,  docteur  de  la  maison  et  société  de 
Sorbonue,  a  exercé  le  lectorat  depuis  le  1®'  mars  1686  jusqu'au  mois 
d'août  1696. 

Guillaume  de  la  Chasse,  reçu  chanoine  en  1681,  fut  installé  au 
lectorat  le  7  septembre  1696.  Il  a  conservé  ce  personnat  jusqu'à  son 
décès  arrivé  le  16  avril  1725. 

Dominique  le  Clerc,  chanoine  depuis  Tan  1715,  a  été  installé 
lecteur  le  9  mai  1725.  *  Il  est  mort  en  fonctions  en  1755. 

*  Nicolas  Créthé  prêtre  du  diocèse  d'Âuxerre,  fut  pourvu  du  lectorat 
par  lettres  de  Févêque  du  51  décembre  4755,  et  installé  le  14  mai 


(a)  Il  est  auteur  d'un  recueil  manuscrit  contenant  les  faits  intéressants  qui  se 
sont  passés  dans  Téglise  d^Auxerre^  depuis  1626  à  1648.  —  Voy.  ci-dessus,  note  A  , 
p.  216.—  Archives  de  TYonne.  [K.  d.  E.) 

H  52 


498  CANONICAT  DE  LA  MAISON  DE  CHASTELLUX 

suivant.  A  sa  mort  au  mois  de  novembre  i759,  M.  Vieil  fut  chargé  du 
lectorat  jusqu'à  une  nouvelle  nomination. 

*M.  Vaultier,  pourvu  du  lectorat,  fut  installé  le  22  décembre  1 769. 
Il  donna  sa  démission  en  4787  pour  devenir  chantre. 

*  Joseph-Marie  Closbt,  prêtre  du  diocèse  de  Rouen,  chanoine  d'Yve- 
tot,  pourvu  du  lectorat  le  14  juin  1787.  Il  étoit  aussi  officiai  et  vicaire- 
général  de  l'évéque  M.  de  Cicé,  et  fit  en  cette  qualité  une  translation  de 
reliques  dans  Tabbaye  des  Isles»  le  27  octobre  1789.  (Procès -verbal  de 
la  petite  châsse  de  saint  Just  h  la  cathérale). 


CANONICAT  DE  LA  MAISON  DE  CHASTELLUX  DANS  L'ÉGLISE 

D'AUXERRE. 

La  singularité  du  canonicat  de  Téglise  d'Auxerre,  attaché  depuis  trois 
cents  ans  à  la  maison  de  Chastellux,  m'engage  à  en  dire  quelque  chose 
à  la  fin  de  ce  volume,  quoique  ce  ne  soit  pas  un  bénéfice  ecclésiastique. 
Les  chanoines  d'Âuxerre,  par  reconnoissance  de  ce  que  Claude  de 
Chastellux,  maréchal  de  France ,  leur  avoit  restitué  gratuitement  la 
ville  de  Crevan  dans  le  temps  des  guerres  des  Ânglois  (i),  crurent  lui 
devoir  accorder  le  droit  de  se  placer  au  chœur  parmi  eux,  en  habit  partie 
militaire,  partie  ecclésiastique,  et  d'y  avoir  les  distributions  qui  s'y  fe- 
roient  :  de  sorte  que,  depuis  ce  temps-là,  celui  de  ses  descendants  qui 
possède  la  terre  de  Chastellux  (2)  s'étanl  présenté  en  Chapitre  et  y  ayant 
prêté  serment  de  défendre  les  droits,  terres  et  possessions  des  chanoines, 
se  revêt  ensuite  des  habits  dont  je  viens  de  parler  ;  et  étant  botté»  épe- 
ronné,  couvert  d'un  surplis,  le  baudrier  avec  l'épée  par  dessus,  ganté 


(1)  Koy.  les  Preuves,  t.  iv,  an  1423. 

(2)  Cette  terre  est  au  diocèse  d'Autuu,  à 
trois  lieues  d'Avallon,  du  côté  du  midi.  La 


paroisse  est  du  titre  de  saint  Germain,  éve- 
que  d'Auxerre. 


DANS  l'église  d'auxerre.  499 

des  deux  mains,  ayant  sur  le  bras  gauche  une  aumusse,  et  sur  le  poing 
un  oiseau  de  proie,  tenant  de  la  main  droite  un  chapeau  bordé,  couvert 
de  plume  blanche,  est  conduit  depuis  la  grande  porte  du  chœur  et  ins- 
tallé dans  les  hautes  chaires  du  côté  droit,  où  il  reste  pendant  l'office. 
L'incommodité  de  cet  habit  fait  que  le  possesseur  du  canonicat  n'assiste 
pas  souvent  au  chœur  ;  et  comme  sa  prébende  n'est  point  h  la  collation 
de  l'Ordinaire,  mais  héréditaire  dans  la  maison  de  Chastellux,  il  s'écoule 
souvent  plusieurs  années,  sans  qu'elle  soit  remplie.  Ainsi,  lorsque  dans 
la  famille  du  possesseur  de  la  seigneurie  de  Chastellux,  les  aînés  étoient 
occupés  h  l'armée  ou  ailleurs,  la  prébende  restoit  vacante  jusqu*h  ce 
que  la  suite  des  temps  pût  déterminer  quelqu'un  à  venir  en  prendre 
possession.  Voilà  pourquoi  depuis  trois  siècles  qu'elle  est  créée,  celui 
qui  en  jouit  aujourd'hui  n'estque  le  huitième  du  nom.  Il  semble  au  reste 
que  ce  qui  fut  prescrit  pour  le  cérémoniel  des  sieurs  de  Chastellux 
n'étoit  qu'une  imitation  de  ce  que  pratiquoit  déjà  le  trésorier  de  Téglise 
d'Âuxerre  (i),  comme  un  vestige  du  privilège  dont  jouissoient  les  an- 
ciens protecteurs  des  biens  du  Chapitre.  Il  falloit  même  que  cela  (ût 
alors  assez  commun  dans  les  cathédrales,  puisque  dans  plusieurs  statuts 
on  trouToit  quelque  chose  de  semblable  a  ce  qui  se  lit  dans  ceux  Ju 
Chapitre  de  TonI,  de  i491 ,  en  ces  termes  :  a  Nobiles  scutiferi  et  mi- 

>  lites,  specialiter  hujus  ecclesie  vassalli  cum  inirant  chorum,  admitti 
»  debent  portare  calcaria  et  arma,  et  collocantur  inter  archidiaconos  et 
»  canbnicos,  quia  defensores  sunt  ecclesie  pro  débite  sue  nobilitatis. 

>  Et  si  eo  tempore  intraverint  quo  Gt  distribulio...  offerri  débet  eis  gra- 
»  taita  portio  juxta  discretionem  officiarii.  i»  La  place  de  M.  de 
Chastellux,  dans  le  chœur  de  Saint-Elienne  d'Auxerre,  est  entre  la 
stalle  du  pénitencier  et  celle  du  sous-chantre.  Outre  le  Glossaire  de 
Ducange,  uu  mot  Canonicus^  on  peut  voir,  sur  le  droit  de  MM.  de 
Chastellux,  les  Mercures  des  années  1685,  i701  septembre,  i752 
juin,  1758  mars  et  avril. 


(1)  Vay.  Preuves,  n©  354. 


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500 


SEIGNEURS   DE    CHASTELLUX, 


SEIGNEURS  DE  GHASTELLUX,  CHANOINES  D  AUXERRE  (a). 

Claude  de  Beauvoir,  seigneur  de  Chaslellux,  Moni-Saint-Jean. 
Beauvoir,  Basoche,  etc.«  vicomte  d'Avallon,  maréchal  de  France,  fat 
pourvu  de  la  préhende  honoraire  dans  Téglise  d*Àuxerre,  en  1 423,  pour 
la  raison  que  j'ai  apportée  (i).  II  étoit  fils  de  Guillaume  de  Beauvoir, 
capitaine  de  cinquante  hommes  d'armes  et  chambellan  du  roi,  qui 
mourut  en  4401  et  qui  fut  inhumé  chez  les  Cordeliers  de  Vézelaj.  Sa 
mère  s*appeloit  Jeanne  de  Saint- Verain.  Ce  chanoine  laïque  fut  si  sen- 
sible au  don  que  le  Chapitre  d'Âuxerre  lui  fit,  que,  pour  être  plus  k 
portée  d^assister  à  roflice  de  la  cathédrale,  il  demanda  à  acheter  une 
maison  du  cloître  pour  sa  vie  seulement  ;  ce  qui  lui  fut  accordé  en  1424 
en  payant  le  droit  d'entrée  comme  les  autres.  En  4429,  il  parcourut 
le  diocèse  d*Àuxerre  pour  les  intérêts  du  duc  de  Boui^ogne  (2)  ;  mais 
une  preuve  que  la  ville  d*Âuxerre  ne  devint  point  pour  cela  le  Heu  de 
sa  résidence  ordinaire,  est  qu'y  étant  passé  durant  l'été  de  l'an  1457, 
le  Chapitre  lui  fil  les  présents  qu'il  avoit  coutume  d'offrir  aux  seigneurs 
qui  ne  résident  point.  Et  quoiqu'on  voie,  par  un  acte  de  1444,  que  lui  et 
Marie  de  Savoisy,  son  épouse,  payoient  chacun  an  au  Chapitre  cent  sols, 
pour  la  maison  qu'ils  avoieni  louée  proche  la  porte  Pendante,  c'est-à- 
dire  la  dernière  du  cloître,  sur  la  rue  qui  conduit  h  Saint-Loup  (b) ,  les 


(1)  Foy.  les  Mémoires  pour  THistoire  ci- 
vile d'Auxerre,  à  l'an  1423. 


(3)  Mémoire  pour  l'Histoire  de  Bourges» 
pag.  215. 


(a)  La  maison  de  Chastellux  est  l'une  des  plus  anciennes  de  France.  Elle  établit 
par  des  chartes  de  1147  son  existence  et  son  illustration.  Artaud  de  Ghastellaz,  au 
moment  de  partir  pour  la  Terre-Sainte,  avec  Louis-le- Jeune,  fit  son  testament  en 
faveur  de  Tabbaye  de  Régny. 

11  est  superflu  de  s'étendre  longuement  sur  Thistoire  de  cette  Maison,  qui  se  trouve 
dans  les  Grands  officiers  de  la  couronne  du  Père  Anselme  et  dans  les  autres  re- 
cueils généraux.  (N.  d.  E.) 

{b)  Cet  acte  indique  qu'il  n'avait  pas  encore  payé  U  rente,  car  le  Chapitre  lui  fait 
remise  de  vingt  années. 

La  maison  est  possédée  à  présent  par  M°^^  BaillC;  et  fait  l'angle  de  la  rue  du 
D  éparteircnt  et  de  celle  des  Grands-Jardins.  (iV.  d.  E.) 


CHANOINES  d'aUXERRE.  501 

comptes  de  riiôlel-de-ville  d'Âuxerrc  de  la  même  année,  marqueni 
qu'il  résidoit  quelquefois  à  Colanges-les- Vineuses,  et  notamment  Tété 
i444.  Après  sa  mort,  son  corps  fut  inhumé  dans  un  lieu  dont  on  a 
perdu  le  souvenir.  On  verra  ci-après  en  quel  temps  il  fut  transféré  dans 
la  chapelle  de  saint  Alexandre. 

Jban  de  Chastellux,  vicomte  d*Àvallon,  seigneur  de  Bazerne  et  de 
Goulanges-les-Vineuses,  est  qualifié  fils  de  Claude  dans  Tacte  de  sa  ré- 
ception marqué  au  2  février  1469,  dans  les  registres  du  Chapitre 
d'Âuxerre.  11  étoit  né  de  son  troisième  mariage  avec  Marie  de  Savoisy. 
Il  fut  aussi  chambellan  du  roi.  Son  épouse  s'appeloit  Jeanne  d*Âulnay. 
Dans  un  acte  de  la  ville  d'Âuxerre,  du  12  avril  1467,  il  est  dit  sire  de 
Chastellux  et  de  Courson  ;  et  dans  un  compte  de  1472,  il  est  dit  avoir 
été  en  garnison  au  mois  d'août  dans  Auxerre,  pour  le  duc  de  Bourgo- 
gne. Un  fragment  du  registre  capitulaire  de  1485,  au  50  mai,  apprend 
qu'il  demanda  aux  chanoines  d'Âuxerre  une  maison  claustrale  aux 
mêmes  conditions  que  Claude,  son  père,  et  on  lui  accorda  celle  de 
défunt  Gérard  Rotier,  maître  en  théologie.  Le  même  jour,  il  demanda 
à  la  compagnie  que  le  corps  de  son  père  fût  mis  dans  la  chapelle  de 
saint  Alexandre  et  que  le  sien  y  fût  pareillement  inhumé  après  sa  mort  ; 
ce  qui  lui  fut  accordé.  C'est  ce  qui  me  fait  croire  que  c'est  lui  et  non  pas 
Georges  de  Chastellux  qui  est  représenté  avec  Claude,  dans  le  mausolée 
refait  il  y  a  environ  cinquante  ans,  quoique  l'inscription  récente  marque 
que  c'est  la  figure  de  Georges,  amiral  de  France.  Jean  mourut  avant 
l'an  1490,  suivant  les  Mémoires  de  la  maison  de  Chastellux. 

Philippe  de  Chastellux  étoit  né  de  Jean  de  Chastellux  et  de  Jeanne 
d'ÂnInay,  vers  Tan  1480  ou  environ,  et  fut  nourri  enfant  d'honneur  du 
roi  Charles  YIII.  Il  étoit  marié  dès  l'an  1502,  en  secondes  noces,  à 
Barbe  de  Hochberg.  Ce  fut  sans  doute  après  ce  second  mariage  et  lors- 
qu'il se  vit  quelques  enfants  mâles,  qu'il  {)rit  possession  dn  canonicat 
d'Auxerre;  mais  la  perte  des  registres  du  Chapitre  empêche  qu'on  n'en 
puisse  fixer  le  jour  ni  l'année.  Au  reste,  ce  ne  peut  point  être  lui  qui  se 
fit  recevoir  en  1554.  On  ne  voit  pas  quelle  raison  il  auroit  eu  d'attendre 
pour  cela  l'âge  de  54  ou  55  ans.  Il  fut  aussi  seigneur  de  Coulanges, 
vicomte  d'Â vallon,  etc. 


5(t2  SEIGNEUBS  DE   CHA8TBLLCX  , 

Philippe  de  Chastbllux  ,  fils  de  Philippe  et  de  Barbe  de  Ho^berg, 
fille  do  marquis  de  Rothelio,  se  fit  recevoir  chanoine  d'Âiizerre  le  18 
juillet  1554,  avant  que  les  partages  de  la  maison  de  Chastellax  fosseot 
faits.  Il  fut  depuis  seigneur  de  Bazerne,  Prëgilbert  et  Sainte-Pallaie. 
Quoique  dans  la  généalogie  imprimée  chezHoreri,  on  ne  le  dise  marié 
pour  la  première  fois  qu'en  i  560,  je  trouve  que  son  épouse  monrat  à 
Bazerne  dès  le  mois  de  janvier  1 557,  puisqu'il  demanda  alors  ao  Cha- 
pitre d'Âuxerre  des  ornements  à  emprunter  jpro  faciendo  servùto  de^ 
funetœ  tuœ  uxoris  (1).  H  eut  de  son  troisième  mariage,  avec  Marthe  de 
Gulan,  Antoine  de  Chastellux.  qui  essaya,  l'an  i582,  de  se  faire  receToir 
en  sa  qualité  de  fils  du  précédent  possesseur  de  la  prébende  ;  mais  qui 
ne  le  put,  ii  cause  qu'il  ne  pôssédoit  pas  la  terre  de  Cfaastelliix.  Oo 
ignore  le  temps  de  la  mort  de  Philippe.  Louis ,  son  cadet  «  auquel  la 
seigneurie  de  Chastellux  étoit  échue  ne  se  fit  pas  recevoir  chanoine.  II 
mourut  vicomte  d'Â vallon,  seigneur  de  Chastellux,  Carrée,  etc. 

Olivier  de  Chastellux,  après  la  mort  de  son  oncle  Philippe,  seigoeor 
de  Bazerne,  et  celle  de  Louis,  seigneur  de  Chastellux,  son  père,  se  pré- 
senta au  Chapitre,  le  samedi  20  octobre  1582,  et  fut  admis  ï  la  prébende 
par  préférence  à  Antoine  de  Chastellux,  seigneur  de  Bazerne,  dont  le 
droit  étoit  moins  établi  :  il  fut  installé  le  lendemain  dimancbe  c  au 

>  chœur  de  ladite  église,  aux  chaises  hautes  du  côté  dextre,  par  discrète 

>  personne  maître  Droin  Chaucuard  chanoine  et  souchantre  de  ladite 
»  église,  pendant  les  heures  canoniales  de  Tierces  :  »  ce  sont  les  lermes- 
de  l'acte  de  sa  réception  (5).  11  épousa,  en  1585,  Marguerite  d'Âmboise 
dont  il  eut  Hercule,  César,  Alexandre,  etc.,  et  mourut  en  1617.  Il  fut 
inhumé  à  Carrée.  J'ai  vu  un  acte  de  préseniation  qu'il  signa  en  1569, 
pour  l'hôpital  de  Coulanges.  Son  attachement  à  Henri  IV  fil  que,  lors- 
que la  ville  de  Crevan  fut  réduite  sous  son  obéissance  en  1594,  il  en  fut 
établi  gouverneur  (a).  . 


(Ij  RegisL  Capit ,  8  Jan, 
Ii)  Voy.  les  Preuves. 


(3)  Ex  Àrchiv.  D.,  De  ChasteUux. 


(a)  Il  en  lit  la  remise  au  Chapitre  d'Auxerre  le  18  février  1598.— Archives  de 
1  Yonne.  {N.  d.  B.) 


CHANOINES    d'aUXERRE.  505 

Hercules  de  Chastellux,  fils  aioc  d'Olivier,  se  présenta  au  Chapitre 
d'Auxerre  le  51  octobre  i622,  fut  reçu  et  installé  le  même  jour  par 
Denis  Chappu,  sons-chahtre«  Ce  fut  lui  qui  fit  ériger  en  comté  la  sei- 
gneurie de  Chastellux.  Il  avoit  épousé,  en  i612,  Charlotte  le  Genevois 
dont  il  eut  plusieurs  fils.  Ayant  un  procès  contre  Paul  de  Remigny, 
seigneur  de  Jou,  en  1642,  il  pria  le  Chapitre  d*Auxerre  d'intervenir; 
ce  qui  lui  fut  accordé  le  6  juin. 

César-Philippe  de  Chastellux  ,  troisième  fils  d'Hercule,  devint 
comte  de  Chastellux  par  la  mort  de  ses  deux  frères  tués  au  service  du 
roi  avant  Tan  1648.  Il  prit,  la  mémo  année  1648,  possession  de  sa  pré- 
bende héréditaire  k  l'âge  de  25  ans.  En  1649,  on  lui  donna  une  attes* 
tation  de  sa  qualité  de  chanoine  d'Auxerre,  afin  qu'il  se  fit  reconnaître 
a  Tours  comme  confrère,  par  MM.  du  Chapitre  de  Saint-Martin.  Il  se 
trouva  présent  avec  ses  habits  singuliers,  lorsque  André  Colbert  fit  son 
entrée  au  siège  épiscopal,  le  5  septembre  1678  ;  il  réitéra  le  dimanche 
50  mai  1685  et  le  lendemain,  lorsque  Louis  XIV  arriva  à  Auxerre,  al- 
lant \isiter  son  camp  de  la  Saône  ;  ce  qui  attira  Tattention  de  ce  grand 
prince.  Il  mourut  le  8  juillet  1695. 

Guillaume- Antoine  de  Chastellux,  né  du  second  mariage  de  César- 
Philippe  avec  Judith  Barillon,  ayant  survécu  à  ses  frères,  est  devenu 
comte  de  Chastellux.  Il  a  épousé,  le  16  février  1722,  Claire-Thérèse 
Daguesseau,  fille  d'Henri-François  Daguesseau,  chancelier  de  France. 
Le  canonicat  héréditaire  n'ayant  point  été  rempli  depuis  Tan  1695,  il 
en  a  pris  possession  aux  fêtes  de  la  Pentecôte  1 752 ,  de  la  manière 
qui  est  rapportée  dans  le  Mercure  de  France  du  mois  de  juin  de  la  même 
année. 

Sa  longue  carrière  militaire  depuis  1705,  époque  où  il  entra  aux 
mousquetaires,  jusqu'à  sa  mort  le  15  avril  1742,  fut  marquée  par  une 
suite  de  travaux  glorieux.  Il  combattit  à  Hochstedt,  à  Oudenarde  en 
1708,  à  Malplaquet  en  1709,  où  il  fut  blessé.  Il  fut  plusieurs  fois  em- 
ployé à  l'armée  du  Rhin.  Il  assista  au  siège  de  Philisbourg  en  1754,  et 
obtint  le  grade  de  maréchal  le  1^'  août  de  la  même  année.  Le  roi  le 
nomma  lieutenant-général  le  1®'  mars  1758,  et  il  obtint  la  lieutenance 


504  SEIGNEURS   DE    CHASTELLUX,    CHANOINES   d'aUXERNE. 

générale  da  gûavernemeoi  de  Roussillon  'et  le  commandement  dans  la 
province,  pr  provisions  et  commission  da  9  décembre  i  739. 

*  César-François,  comte  de  Chastellux,  fils  du  précédent,  naquit  en 
1725.  Immédiatement  après  la  mort  de  son  père,  on  obtint  pour  lui  le 
gouvernement  de  Seyne,  et  pen  de  temps  après,  le  commandement  du 
régiment  d'Auvergne  et  le  grade  de  brigadier.  Il  ne  prit  pas  possession 
de  son  canonicat  à  la  cathédrale.  Il  mourut  a  Fresnes,  chez  son  aïeul  le 
chancelier  d'Âguesseau,  en  1749.  Il  avait  épousé,  en  4745,  Olympe- 
Elisabeth  du  Thil. 

*  Henri-Georges-César  de  Chastellux,  fils  du  précédent,  naquit  à 
Paris  le  18  octobre  i746.  Il  entra  dans  les  mousquetaires  de  la  garde 
en  i765,  et  devint  successivement  capitaine-commandant  au  régiment 
de  Royal-Piémont  cavalerie  ,  en  1765,  colonel  du  régiment  de  Lyon- 
nais le  18  mai  1772,  puis  passa  au  même  titre  au  régiment  de  Beaujo- 
lais en  177i.  Il  fut  créé  chevalier  de  Saint-Louis  en  1781,  brigadier 
d'infanterie  le  5  décembre  de  la  même  année,  et  maréchal  de  camp  le 
9  mars  1788. 

Il  avait  épousé ,  en  1775,  Victoire  de  Durfort-Civrac ,  fille  de  M.  le 
duc  de  Civrac,  chevalier  d'honneur  de  Madame  Victoire,  tante  du  roi. 
Il  devint  lui-même  titulaire  de  cet  eqiploi  en  1787.  Le  comte  de  Chas- 
tellux a  été  en  qualité  d'élu  général  de  la  noblesse,  administrateur  des 
Etats  de  Bourgogne  depuis  1784  jusqu'en  1787. 

Il  assista  à  l'assemblée  des  notables  à  Versailles  en  1786  et  1787. 

Sous  son  administration  et  celle  de  ses  deux  collègues,  MM.  l'abbé 
de  La  Fare  et  Noirot,  maire  de  Châlons,  la  Bourgogne  reçut  de  grandes 
améliorations  dans  ses  finances  et  dans  ses  travaux  publics.  Aussi  en 
1787,  les  Etats  voulurent-ils  témoigner  bsuitcment  leur  reconnaissance 
aux  trois  élus  sortants,  en  leur  votant  h  l'nnanimité  un  décret  de  remer- 
ciement pour  tous  les  résultats  et  les  succès   de  leur  administration. 

M.  de  Chastellux  manifesta,  en  i  787,  l'intention  de  prendre  possession 
de  son  canonicat;  mais,  comme  nous  Tavons  vu  précédemment  (1),  ce 
projet  ne  fut  pas  réalisé. 

(i)  Voy.  ci-dessus,  p.  368. 


CORFRATERNITÉS   DU    CHAPITRE   d'aUXERRE.  505 

M.  de  CLasiellux  accompagna  pendant  la  révolution  Mesdames 
tantes  du  roi,  dans  les  différents  lieux  qui  leur  servirent  de  retraite.  Il 
rentra  en  France  en  1810,  et  mourut  à  Paris  en  1814,  au  moment  de 
rentrée  des  alliés  dans  cette  ville. 


GONFRATERNIT&S  DU  CHAPITKE  D'AUXËKKE, 

AVEC  DIVERSES  ÉGLISES  DU  ROYAUME. 

Les  confraternités  ou  associations  entre  les  Chapitres  des  églises 
cathédrales,  qui  sont  éloignés  les  uns  des  autres,  et  qui  ne  sont  pas  de 
la  même  province  ecclésiastique,  sont  ordinairement  établies  ii  l'occasion 
de  quelque  saint  qui  aura  vécu  ou  qui  sera  mort  dans  un  pays,  et  dont 
les  reliques  auront  été  transportées  dans  un  autre.  Le  clergé  de  ces  deux 
provinces  éloignées  honorant  le  même  saint,  a  cru  se  devoir  de  mu- 
tuelles  marques  d'amitié.  Ces  marques  consistent  ou  dans  une  associa- 
tion de  prières,  ou  dans  la  participation  des  honneurs,  et  séance  au 
chœur  de  Tune  et  l'autre  église,  et  souvent  dans  ces  deux  choses  en- 
semble. 

Le  Chapitre  de  l'église  d'Âuxerre  se  trouve  lié  de  confraternité  de 
temps  immémorial  avec  ceux  des  cathédrales  de  Beauvais  et  de  Bayeux 
et  celui  de  Saint-Martin  de  Tours  (a).  Il  paroit  par  son  Nécrologe  du  xi^ 
siècle  qu'il  étoit  alors  en  relation  de  prières  pour  les  morts  avec  les 
chanoines  de  Langres  ;  car  c'est  d'eux  qu'il  faut  entendre  ce  qui  est  dit 
des  chanoines  de  Saint-Mammès  au  29  et  50  avril,  et  8  novembre.  Mais 


(a)  Le  Chapitre  avait  également  des  rapports  de  confraternité  avec  les  Chapitres 
des  autres  églises  de  la  province.  Ce  fut  en  1648  que  Ton  proposa  pour  la  première 
fois  cette  institution.  La  confraternité  avecTéglise  de  Troyes  fut  conclue  le  4  juillet 
1704.  En  1728,  MM.  Leclcrc  et  Grasset,  chanoines,  étante  Sens,  pour  Timpression 
du  Bréviaire  d'Auxerre,  furent  reçus  dans  le  chœur  de  la  cathédrale  par  le  Chapi- 
tre.  En  1783,  même  honneur  fut  fait  à  un  chanoine  de  Nevcrs.  —  Voy^  Reg.  des 
droits  honorifiques  du  Chapitre.  Arch.  de  T  Yonne.  (iV.  d.  E.) 


506  COlfFRATEBNlTÉS 

cette  sociéUs  si  jamais  c'eo  fut  une ,  ne  couiioua  |K>int  dans  les  siècles 
soivants.  Il  n'y  a  que  les  trois  autres  églises,  de  la  confraternité  des- 
quelles on  trouve  plus  de  vestiges.  Je  ne  m'arrêterai  point  à  décider 
quelle  est  la  plus  ancienne  de  ces  trois  associations.  Elles  sont  fondées 

• 

chacune  sur  le  motif  dont  j'ai  parlé.  Celle  de  Saint-Martin  de  Tours 
vient  de  ce  que  le  corps  du  grand  saint  Martin  fut  réfugié  k  Anxerre 
durant  les  guerres  des  Normands,  à  la  fin  du  ix®  siècle  ;  et  de  ce  que  le 
clergé  de  Saint-Martin  vint  le  reprendre  solennellement  au  monastère 
de  Saint-Germain  où  il  étoit  en  dépôt.  Celle  du  Chapitre  de  Bayeox  doit 
son  origine  au  transport  des  corps  de  saint  Renobert,  célèbre  évéque  de 
Bayeux,  et  de  saint  Zenon,  son  diacre,  dans  la  ville  d'Âuxerre,^  Toccaéion 
des  mêmes  guerres  des  Normands.  Les  ossements  de  ces  saints,  commis 
à  la  garde  de  l'évéque  d'Âuxerre ,  furent  réfugiés  dans  son  château  de 
Varzy,  excepté  une  partie  qu'on  transporta  en  Franche-Comté.  La  por- 
tion de  reliques  restée  à  Yarzy  dans  un  cercueil  de  pierre,  fournit  ce 
qui  servit  à  la  dédicace  de  la  nouvelle  paroisse,  érigée  dans  la  cité  d'Au- 
xerre au  commencement  du  xiii^  siècle,  sous  l'invocation  de  saint  Reno- 
berl,  sur  le  territoire  de  laquelle  est  une  bonne  partie  du  cloître  du  Cha- 
pitre.  La  confraternité  des  chanoines  d'Âuxerre  avec  ceux  de  Beauvais, 
a  pour  fondement  les  reliques  de  saint  Just,  enfant  d'Auxerre,  qui  à  son 
retour  d'Amiens  où  son  père  Tavoit  mené,  lorsqu'il  alla  racheter  un  de 
ses  parents  captif,  fut  martyrisé  dans  le  diocèse  de  Beauvais,  en  un  lieu 
dit  depuis  Saint- Just.  Son  corps  fut  dans  la  suite  transféré  en  la  cathé- 
drale de  Beauvais,  excepté  la  tète  qui  avoit  été  rapportée  à  Âuxerre,  et 
mise  dans  la  basilique  de  Saint-Âmatre,  et  dont  le  reste  des  fragments 
est  conservé  aujourd'hui  dans  la  cathédrale  (a). 

Le  plus  ancien  monument  que  j'ai  découvert  sur  ces  trois  confrater- 
nités regarde  celle  de  Saint-Martin  de  Tours.  Il  paroit  par  une  lettre  du 
Chapitre  d'Auxgrre  au  Chapitre  de  Saint-Martin,  de  Pan  1515,  que  les 
deux  Chapitres  renouvelèrent  alors  cette  association,  qui  avoit  été  appa- 
remment un  peu  négligée.  L'évéque  d'Auxerre  a  aussi  une  place  dans 
l'église  de  Saint-Martin,  comme  plusieurs  autres  prélats  ;  ce  qui  est 


(a)  Voy,  Preuves.   Nccrologc  de  la  cathédrale  au  18  octobre.-— S<iint-Ju5t  est 
encore  aujourd'hui  un  des  principaux  saints  du  Bcauvaisis.  [N.  à.  E.) 


DU    CHAPITRE   d'aUXERRE.  507 

fondé  sur  Hiisioire  de  la  Translation  du  corps  de  saini  Martin  dont  j*ai 
parlé.  Dans  Téglise  d'Âuxerre  on  fait  chaque  année  un  service  pour  les 
chanoines  de  Saint-Martin  de  Tours  décédés.  On  peut  voir  dans  les 
Preuves  de  ces  Mémoires  la  lettre  de  1515. 

Je  n'ai  point  trouvé  de  semblable  lettre  d*union  du  Chapitre  deBayeux 
avec  celui  d*Âuxerre  ;  mais  les  comptes  de  dépense  du  Chapitre  d'An- 
xerre  au  xiv*,  xv*  et  xvi*  siècles  supposent  cette  confraternité.  Pour 
rendre  ces  Mémoires  plus  complets,  je  crois  devoir  en  rapporter  ici  l^s 
articles.  On  j  verra  que  les  chanoines  de  Bayeux  ont  eu  non-seulement 
les  présents  d'honneur  en  passant  par  Âuxerre,  mais  encore  qu'ils  ont 
perçu  les  distributions  des  chanoines  tant  dans  le  chœur  de  Saint-Etienne 
que  dehors,  en  leur  qualité  de  chanoines  de  Bayeux. 

Ex  Compoto  kalendarum  maii  1 562  :  c  Computat  (camerârius)  tra- 
)»  didisse  de  précepte  Capituli  duobus  caoonicis  Bajocensibus  cuilibet 
»  V  solides  pro  distributionibus  suis.  » 

»  Item  eisdem  pro  sex  panibns  ('apituli,  scilicet  cuilibet  très  panes. 
1  Valent  iv  sol.  b 

Ex  Compoto  anni  1598.  «  Pro  enceniis  faciis...  Magistro  Johanni  de 
»  Monte  deserti  canonico  Bajocensi  xxi  die  februarii  de  septem  pintis 
1  vini  rubei,  pro  qualibet  pinta  xv  denarii ,  et  septem  pintis  vini  ]albi, 
»  pro  qualibet  pinta  vni  denarii ,  capti  in  taberna  Guillelmi  Mariette. 
»  Valent  xiii  s.  v  den. 

Ex  Compoto  anni  1412.  «  Die  jovis  post  Pentecosten  pro  xiii  pintis 

>  vini  confessori  régis  presentatis,  pro  qualibet  x  den.  Valent  x  s.  x 
»  den. 

» 

»  Item  eidem  tanquam  canonico  Bajocensi  pro  suis  distributionibus, 
»  vsol. 
»  Item  dicta  die  pro  sex  pintis  vini  magistro  Jo.  (  Daguy  ) ,  pre&en- 

>  tatis  ad  x  den. 

«>  Item  eidem  tanquam  canonico  Bajocensi  pro  distributionibus  per 
1  dictosduosdies,  x  sol.  »  ^ 

Ex  Compoto  anni  1495.  a  Domino  canonico  Bajocensi  in  vino  eidem . 
j»  preseniato  ex  parle  Capituli  soivi  v.  s.  > 

Ex  Compoto  anni  1520.  c  Pro  vino  presentato  dominis  canonicis. 
»  Bajocensibus  transeuntibus  m  sol.  iv  den.  » 


508  CONFRATERNITÉS   DU    CHAPITRE    d'aUXERRE. 

Ex  Compolo  anni  1521.  c  Pro  vioo  presentalo  Domino  (Chanvraux) , 
»  canonico  BajoceDsî  viii  sol.  > 

En  1557  Guillaume  Ândraull,  chanoine  d'Auxerre,  voulant  se  faire 
reconnollre  k  L'ayeux,  demanda  qu'on  cherchât  au  trésor  Tacte  de  la 
confraternité  qu'on  disoit  y  être  ;  et  on  conclut  sur  cela  le  lundi  d'après 
le  dimanche  Judiea^  en  ces  termes  :  c  Duplum  collationis  canoni- 
»  calus  et  praebendaB  Bajocensis  quod  est  in  thesauro  ut  fertur,   de 

>  confraternitate  inier  canonicos  praebendatos  ejusdem  ecclesiae  Bajo- 
1  censis  et  canonicos  praebendatos  hujus  ecclesiae  Autissiodorensis 
»  fiet,  et  deliberabitur  domino  (Audrault)  pro  sibi  serviendo  prout 

>  jaris  faerit  et  rationis  (1).  »  Aussi  Jean  Grillot,  chanoine  tortrier, 
rédigeant  l'ordinaire  de  la  cathédrale  d'Auxerre  vers  Tan  1575,  a-t-il 
intitulé  ainsi  l'un  des  articles  :  a  De  confratriis  quas  habemus  cum  cano- 
»  nicis  ecclesiae  S.  Martini  Turonensis  et  Bajocensis.  o 

Le  sieur  Hermant,  auteur  de  la  nouvelle  Histoire  du  diocèse  de 
Bayeux  (2),  fait  mention  de  la  même  confraternité  en  parlant  de  saint 
Exupère,  premier  évéque  de  Bayeux.  c  La  mémoire  de  saint  Exupère, 
»  dit-il,  est  aussi  en  grande  vénération  à  Auxerre,  parce  qu'on  y  tient 
»  par  tradition,  qu'en  venant  d'Italie  il  passa  par  cette  ville,  et  que  ses 
»  habitants  en  reçurent  de  grands  biens.  C'est  de  Ih  qu'est  venu  Tunion 
»  qui  est  entre  l'église  d'Auxerre  et  celle  de  Bayeux,  qui  fut  renouvelée 
»  le  22  octobre  de  Tan  1520,  par  un  chanoine  d'Auxerr3,  député  de 
1  son  Chapitre,  et  qui  reçut  dans  l'église  de  Bayeux  les  mêmes  hou- 

>  neurs  et  les  mêmes  prérogatives  dont  jouissent  ces  chanoines.  » 
Mais  cet  écrivain  se  trompe  sur  l'origine  de  la  confraternité  des  deux 
Chapitres.  Il  n'y  a  aucune  tradition  ii  Auxerre  sur  saint  Exupère,  et  on 
n'y  a  même  jamais  célébré  sa  mémoire,  quoiqu'on  croie  qu'il  y  a  passé  ; 
au  lieu  que  le  culte  de  saint  Renobert  y  a  toujours  été  fort  célèbre  au 
moins  depuis  le  commencement  du  treizième  siècle. 

Pour  ce  qui  est  de  la  confraternité  avec  l'église  de  Beauvais,  elle  pa- 
raissoit  avoir  souffert  quelque  interruption,  lorsque  vers  l'an  1650, 
M.  Duchaigne,  chanoine  de  Beauvais,  passant  par  Auxerre,  y  fut  reçu 


(1)  Regisl.  Capil.  \      (2)  In  sacrist,  S.  Capcllœ  Paris. 


ÉGLISE   COLLÉGIALE   DE   NOTRE-DAME-DE -Là-CITÉ.  509 

comme  un  confrère  par  le  Chapitre,  avec  place  au  chœur  en  habit  cano- 
nial. En  1659  les  mémoires  sur  saint  Justque  M.  Louvet,  historio- 
graphe de  Beauvais,  fit  demander  aux  chanoines  d'Auxerre/jprocurèrent 
au  Chapitre  de  Beauvais  une  lettre  de  celui  d'Âuxerre,  où  les  souhaits  de 
renouvellement  de  Tancienne  confraternité  ne  furent  point  oubliés.  Les 
chanoines  de  Beauvais  acceptèrent  la  proposition  et  déférèrent  à  ceux 
d'Âuxerre  l'honneur  de  dresser  les  articles  de  cette  alliance  (1).  Pour 
la  réaliser,  le  Chapitre  de  Beauvais,  \k  Toccasion  d'une  lettre  du  sieur 
Noël,  chanoine  d'Âuxerre,  conclut,  le  16  juin  1646,  que*si  le  sous- 
chantre  ou  autre  chanoine  d*Âuxerre  venoit  k  Beauvais  pour  la  fête  de 
saint  Pierre,  on  lui  rcndroit  les  mêmes  honneurs  qui  avoient  été  faits 
au  sieur  Duchaigne  (2).  Un  autre  article  de  Tassociation  fut  les  suf- 
frages pour  les  morts,  et  il  se  pratique  encore  exactement,  c'est-à-dire, 
qu'après  le  décès  connu  d'un  chanoine  de  Beauvais,  on  chante  dans 
Téglise  d'Âuxerre  une  grand 'messe  pour  le  repos  de  son  àme  ;  ce  que 
dans  celle  de  Beauvais  on  fait  réciproquement  k  la  mort  des  chanoines 
d'Àuxerre. 

Je  n'ai  point  parlé  de  celle  qui  est  avec  le  Chapitre  de  Troyes , 
attendu  qu'elle  est  très-nouvelle  et  formée  presque  de  nos  jours. 


L'ÉGLISE  COLLÉGIALE  DE  NOTRE-DAME-DE-LA-aTÉ. 

Autrefois  il  n'y  avoit  guère  d'église  cathédrale  qui  n'eût  un  autel 

sous  l'invocation  de  la  sainte  Vierge.  Par  la  suite  le  terrain  de  ces 
églises  s'étant  étendu,  on  bâtit  plusieurs  édifices  contigus,  qui  for- 
moient  tous  ensemble  la  cathédrale,  quoiqu'il  n'y  en  eût  qu'une  seule, 
savoir  la  plus  grande,  où  fui  la  chaire  de  l'évéque.  Pour  l'ordinaire  ces 
édifices  sacrés  étoient  du  titre  de  Notre-Dame,  de  Saint-Jean-Baptiste, 
et  de  quelque  apôtre  ou  martyr.  A  l'égard  de  l'arrangement,  il  ne  fut 
pas  toujours  le  même,  car  quelquefois  l'église  de  Notre-Dame  étoit  au 


(1)  Voy.  aux  Preuves  la  lettre  de  M.  Man- 
guelen,  chanoine  de  Beauvais. 


(2)  Voy.  au  même  lieu  la  conclusion  du 
Chap.  de  Beauvais. 


510  ÉGLISE   COLLÉGULE 

milieu  des  troi&^el  quelquefois  elle  étoit  la  première  du  côté  du  sep- 
tentrioo,  en  sorte  que  celle  de  Saint-Jeao  tenoit  le  milieu,  et  celle  da 
martyr  étoit  du  côté  du  midi.  Cest  de  cette  manière  que  les  trois  bâ- 
timents étoient  disposés  à  Auxerre.  L'édifice  de  Saint-Etienne  fut  celoi 
qui  put  plus  facilement  souffrir  des  accroissements,  à  cause  qu*il  éloit 
moins  i^oisin  des  rues  publiques,  et  ayant  été  toujours  en  augmentant  il 
éclipsa  presque  entièrement  au  xv^  siècle  Téglise  ronde  de  Saint-Jean  : 
mais  celle  de  Notre-Dame  qui  éloit  plus  éloignée  subsista,  et  elle  rebla 
dans  son  ancienne  petitesse,  parce  qu'elle  bordoit  le  chemin  qui  con- 
duisoii  du  haut  de  la  cité  k  la  porte  pendante  d'où  Ton  alloit  à  la  rivière. 

Ângelelme,  ixxiv«  évoque  d'Âuxerre,   en  avoit  fait  revêtir  Tantei 
de  tables  d'argent  vers  Tan  820,  et  Héribald,  son  successeur,  répara 
les  lambris,  les  peintures  et  les  vitres  :  ayant  été  brûlée  sur  la  fin  do 
même  siècle,  l'évéque  Hérifrid  la  rebâtit  et  voulut  y  être  inhumé.  Cent 
ans  après  lui,  Héribert,  aussi  évéque,  y  eut  pareillement  sa  sépulture. 
Ayant  été  brûlée  sous  le  règne  du  roi  Robert  et  sous  celui  de  Henri 
son  fils,  Tévéque  Hugues  de  Châlon  commença  k  la  construire  de  nou- 
veau :  l'ouvrage  étant  resté  imparfait  à  cause  de  sa  mort  arrivée  en 
i059,  ne  fut  consommé  que  par  l'évéque  Humbaud  sur  la  fin  du  même 
siècle,  et  en  attribuant  k  Notre-Dame-la-Ronde ,  la  dédicace  marquée 
au  18  janvier,  dans  l'ancien  martyrologe  d' Auxerre,  il  faut  dire  que  la 
dédicace  de  celle-ci  fût  faite  le  29  avril.  Quelquefois,  en  parlant  de 
l'église  cathédrale  d'Auxerre,  les  écrivains  se  sont  servi  de  ces  expres- 
sions Sancta  Maria  et  Sanctus  Stephanus,  parce  qu'il  ne  convcnoit  pas 
qu'en  exprimant  les  deux  titulaires,  le  saint  martyr  fût  nommé  avant 
la  sainte  Vierge.  Cela  est  ainsi  dans  un  titre  de  Tévcque  Alain  de  Tan 
1157];  et  j'en  ai  vu  un  de  l'an  1 127,  qui  regardoil  l'église  de  Sens,  où 
le  même  ordre  est  observé.  L'église  de  Notre-Dame  d'Auxerre  étoit 
tellement  regardée  comme  faisant  partie  de  la  cathédrale,  qu'elle  étoit 
gouvernée  avant  le  xii^  siècle  par  un  prévôt  qualifié  chanoine-diacre  de 
Saint-Etienne.  Le  Nécrologe  en  fournit  deux,  Yalterius  au  4  mai,  et 
Hugues  au  8  novembre. 

On  ne  sait  pas  si  alors  il  y  avoit  dans  cette  église  des  chanoines  dif- 
férents de  ceux  de  Saint-Etienne,  et  qui  fissent  une  mense  séparée.  On 
voit  seulement  qu'il  cxistoit  un  Chapitre  sous  Tépiscopat  de  Guillaume 


DE   N0TRE-DAM6-DE-L4-CITÉ.  511 

de  ToDci  qui  commença  Taiï  11G7,  puisque  ce  prélat  donna  ^  ces  cha- 
noines Téglise  deMerry-Sec  et  des  droits  sur  celle  de  Blaineau  (1).  Hugues 
de  Noyers,  qui  lui  succéda  en  1185,  fit  agrandir  le  bâtiment  de  cette 
collégiale,  et  en  augmenta  les  chanoines  et  le  revenu.  En  1212, 
l'évéque  Guillaume  de  Seignelay  régla  leurs  usages  par  rapport  k  l'église 
cathédrale,  touchant  la  croix  et  touchant  leurs  semaines,  les  fonctions 
de  diacres  et  sous-diacres  aux  grandes  fêtes,  l'article  de  leur  inhuma- 
tion et  du  serment  qu'ils  doivent  au  Chapitre.  L'auteur  de  la  vie  du 
même  évéque,  parlant  k  l'an  1218  du  danger  qu'il  y  eut  de  rester  dans 
Téglise  de  Saint-Etienne,  dont  on  abattoit  alors  les  vieilles  tours  situées 
environ  à  l'endroit  où  est  aujourd'hui  la  croisée,  dit  qu'on  alla  faire 
l'office  à  Notre-Dame,  «  que  de  appenditiis  ecclesie  majoris  existiit.i 

Le  bâtiment  actuel  de  cette  église  est  en  plus  grande  partie  un  reste 
de  ce  qui  avoit  été  construit  sous  Hugues  de  Noyers,  excepté  le  portail 
qui  est  plus  nouveau,  et  le  fond  ou  rond-point  qui  n'est  que  du  com- 
mencement du  dernier  siècle.  Les  Calvinistes  ayant  abattu  les  voûtes 
de  cette  église,  et  ruiné  absolument  le  sanctuaire  et  le  chœur,  on  prit 
ce  qui  étoit  resté  de  la  nef  pour  servir  d'église,  et  on  abandonna  la  place 
de  l'ancien  chœur  qui  sert  aujourd'hui  de  passage.  Samson-Ie-Fori, 
chantre  et  chanoine,  avec  Droin  Ghaucuard,  chanoine,  firent  ce  retran- 
chement. De  sorte  qu'il  y  a  grande  apparence  que  les  tombeaux  des 
évêques  d'Auxerre,  Hérifrid  et  Héribert  I,  sont  encore  sous  les  décom- 
bres (2).  Entre  les  chapelles  de  cette  église  qui  ne  subsistent  plus ,  du 
côté  du  septentrion,  il  faut  compter  celle  qui  fut  construite  sur  la  sépul- 
ture de  l'ecclésiastique  que  le  prévôt  de  la  ville  avoit  fait  pendre  contre 
les  règles  (5),  et  que  Guy  deMello,  évéque,  ordonna  de  bâtir. 

Il  y  avoit  aussi  anciennement  à  Notre-Dame-de-la-Cité  une  chapelle 
de  SaintrJean  l'évangéliste,  dont  les  revenus  sont  unis  à  la  mense. 

Pour  ce  qui  est  de  celle  de  Sainte-Anne,  la  dévotion  d'Etienne  de 
Doet,  sous-chantre  d'Auxerre  à  la  fin  du  xni®  siècle,  y  donna  occa- 
sion (4).  11  s'y  établit  depuis  une  confrérie  qui  subsistoit  dès  la  fin  du 
XIV*  siècle. 


{V,  Chron.  Roberti  S.  Mariani. 

{%)  Voy.  t.  I  deces  Mom.,p.  418 et  247. 

r>)  ExCodicillo 


(4)  Voy,  son  arlicio  au  cttalogue  dos  sous- 
cbanln\s. 


512  ÉGLISE   C0LLÉGI4LE    DE   NOT|lE-DAIIE-DE- LA-CITÉ. 

Les  Trinitaires  ou  Malliurins  de  Paris  avoient  aussi  formé  au  der- 
nier siècle  eu  cette  église,  une  confrérie  en  l'honneur  de  la  Trinité.  Elle 
fut  admise  par  Jean  Foudriat,  vicaire-général  de  Tévéquc  Pierre  de  Broc  ; 
mais  quelques  différends  qui  s'élevèrent  entre  ce  prélat  et  les  chanoines 
de  la  cathédrale  qui  en  étoient  directeurs,  la  firent  supprimer.  Il  n*en 
est  resté  que  le  tableau  qui  se  voit  dans  la  nef  proche  la  porte  du 
chœur. 

Il  n'y  a  point  d'église  dans  Âuxerre  où  le  clergé  de  la  cathédrale  aille 
plus  fréquemment  en  procession  que  dans  celle-ci  ,  et  même  autrefois 
il  y  alloit  encore  plus  souvent.  Premièrement  on  devoit  y  aller  tons  les 
dimanches  de  l'année,  excepté  pendant  les  octaves  de  certaines  fêtes. 
^^  Le  matin  du  jour  de  Noél  pour  y  chanter  la  messe  de  Taorore. 
3<^  Aux  fêtes  de  la  sainte  Vierge,  et  plus  particulièrement  à  celle  de 
l'Annonciation  qui  étoit  la  plus  grande  fête,  et  ii  laquelle  la  cathédrale 
y  chantoit  la  grand'messe.  4^  Le  jour  de  Pâques  et  toute  la  semaine, 
à  vôpres  (1). 

Quoique  les  chanoines  de  cette  église  ne  fussent  chargés  dès  leur 
origine  que  du  petit  office  de  la  Vierge,  ils  observoient  en  tout  ce  qu'ils 
pouvoient  les  rits  et  cérémonies  de  la  cathédrale,  jusqu'à  placer  même 
de  grands  chandeliers  de  cuivre  sur  le  bord  du  sanctuaire,  ainsi  que  je 
l'ai  appris  par  la  copie  d'un  fragment  de  leur  Nécrologe  où  j'ai  lu  ce  qui 
suit  :  c  Hac  die  S.  Gregorii  anno  1587  Ego  Stephanus  Bizoncii  pres- 
n  byter  oriundus  de  Oysiaco  capellanus  capellanie  s.  démentis»  cano- 

>  nicus  tortrarius  et  canonicus  hujus  ecclesie  dedi  liuic  ecclesie  B. 

>  Marie  quinque  magna  candelabra  cuprea  galliçe  de  coivre  unius  simi- 

>  litudinis...  empta Parisius...  xxv  francis.  »  Et  pour  ornement  devant  le 
portail,  il  y  avoit  à  l'exemple  de  la  cathédrale  un  grand  orme ,  à  Tombre 
duquel  on  tenoit  certaines  assemblées,  comme  faisoient  les  chanoines 
de  la  cathédrale  sous  le  leur  (a). 

(1)  Regist,  Capit,.,  22  Aprillilï,  ctvetera  Procesa. 


(a)  Au  xvrsiècle,  les  clercs  du  chœur  de  la  cathédrale  tenaient  leurs  assemblées 
dans  réglise  Notre-Dame  sous  la  présidence  d'un  grand  chanoine.  En  1548,  il  y 
avait  dix-neuf  prêtres  clercs  et  choriaux  du  chœur.  {N.  d.  E,) 


*..  1  .  *^  ^ _      .    .  .  .  ■*-%.• 


DE    NOTRE-DAMR-DE-LA-CITÉ. 


515 


Cette  collégiale  est  composée  de  vingt  chanoines  h  la  tête  desquels 
sonl^e  chantre  et  le  trésorier,  qui  sont  dignités,  et  dont  j*ai  cru  pou- 
voir insérer  ici  la  liste  autant  que  j'ai  pu  les  découvrir. 


TRÉSORIERS 

Dl   NOTBB-DAME-DB-LA-CITÉ. 

Bonirace(a),mort  vers  Tan  1250, 
selon  rObituaire  de  la  cathédrale, 
où  son  anniversaire  est  au  27  no- 
vembre, pour  avoir  légué  un  étau  k 
draperie. 

Hubert  vivoit  en  1287,  selon  le 
Cartulaire  de  la  cathédrale. 

Lambert  de  Balène,  Tun  des 
exécuteurs  du  testament  de  Tévé- 

3ue  Pierre  de  Mornay,  mort  en 
306. 

Charles  Givart  est  nommé  dans 
un  titre  de  1559. 

Jean  de  Farselles,  chantre,  nom^ 
mé  dans  une  commission  sur  le 
traité  de  Nazarie,  trésorier  de  la 
cathédrale  en  1 597 ,  25  juillet , 
et  1598. 

Jean  Comniin,en  1451,  suivant 
un  titre  de  Saint-Marien,  où  il  est 
dit  commis  par  le  Saint-Siège 
avec  Hugues  de  Noes,  doyen.  Ses 
provisions  de  Rome  étoient  de  la 
dixième  année  de  Martin  Y. 

Adam  Bohier  mort  en  1471 .  Un 
article  de  son  testament  excita  de 
grands  troubles  entre  les  deux 
Chapitres,  au  sujet  du  luminaire. 


CriANTRES 

t 

DR  notub-dame-de-la-cité. 

Isembard,  mort  avant  Tan 
1250,  puisque  son  anniversaire 
est  dans  Tobituaire  écrit  alors,  au 
24  décembre. 

Âmaury  vivoit  en  1250.  Nicrol. 
cath.  4  déc. 

Robert  de  Monélau.  Il  étoit 
mort  avant  Tan  1257,  selon  un 
acte  du  carlulairc  de  la  cathédrale 
fol.  17G.  Son  anniversaire  est  dans 
Tobituaire  de  1250,  par  addition 
au  10  septembre. 

Jacques ,  trésorier  de  Noire- 
Dame  et  vicaire  de  Tautel  Saint- 
Eloi  en  Téglisc  d'Âuxerre,  vendit 
en  1255  au  Chapitre  de  la  cathé- 
drale, du  conseutemenl  de  Tévéque, 
une  place  située  sur  la  paroisse  de 
Saint-Renobert,  qui  appartenoit  h 
sa  chapelle.  Cartul.  cathed.  f.  124. 

Thomas  Charsalée  donna  en 
1276  k  Tabbaye  Saint-Germain, 
six  arpents  de  vigne  situés  k  Orgy. 
Il  étoit  décédé  eu  1285.  Car  t.  ca- 
thed. fol.  55. 

Mathieu  de  Monceaux  étoit  tré- 
sorier en  1500. 

Hugues  Pilleavoine  vivoit  en 
1 558.  Sent,  arbitr.  sur  les  tortriers. 


(a)  Philippe  est  nommé  chantre  dans  une  charte  de  Tan  1222  en  faveur  de  Pon- 
tigny.  —  Venouse.  {N.  d.  E,) 

II 


o5 


:.-i 


oU 


ÉGLISE    COLLÉGIALE    DE    :«OTRE-DAXE-DB-LA-€ITÉ. 


(|iril  aaroit  voula  qu*on  partageât , 
ot  qui  fut  cDlièrenient  pour  la  ca- 
ihédrale. 

Raoal ,  Cher-ile-ville .  rëioit  en 
IbOl  et  iolo. 

Denis  Cassin,  en  ioUn  el  mou- 
rut en  1550. 

Claude  Liron,  en  1545. 

Etienne  Desoliam|)s,  en  1558. 
Il  é  10 il  secrétaire  de  M.  de  Lenon- 
court,  évèque. 

Jean  Paydei,  mort  le  il  lévrier 
1504.  Il  étoit  Chàlooois.  Après  sa 
mort,  le  Chapitre,  sede  vacante, 
nomme  le  sous-chantre  de  la  ca- 
ihétlrale  i}ui  refusa. 

Samson  Lefori ,  natif  île  J»ign\\ 
mon  en  IH07.  Il  est  inhumé  an 
sanctnnire. 

Droin  Chaucuard  fut  re^u  le  iî5 
novembre  1600. 

Eilnie  Thierriat.  Il  permuta  avec 
le  suivant. 

Godefrov  do  Lucenav,  oncle  («'. 


Jean  de  Blois«  ea  4356, 
un  titre  que  j'ai  vu. 

Guillaume  Moatoo.  Il  éioît 
avant  Pan  1400. 

Jean  de  Maray  vivoit  ea  liOl. 

Renaud  le  FoDiaine,  profi 


en  théologie.  Ex  yecroL  B.  Jh- 
riœ  1 4  oc  t. 

Jean  Sauljot,  en  lotietloST. 

Pierre  TournemoUe,  chanoitt 
delà  cathédrale,  éloil  trésorier  le 
5  septembre  15-i8.  Reg.  cadmL 

Jean  Sevin  .  aussi  chanoiiie  <k 
la  cathétirale  en  15o2  el  loofi. 

Linrent  Normand ,  en  1366  ei 

I%>  ■*  «• 

Pierre  Thion,  en  1 588. 

Edme  Guillaume.  Il  fit  Gùr  b 
nouvelle  abside  de  réj2;lise  avec  le 
autres  ci-ilessus  nommés.  Il  ohm- 
rut  en  1<K>7.  Il  est  inhumé  prod« 
la  sacristie. 

Guillaume  de  Marende,  1611 
Edme  de  Rigny,  iG26. 
Gaspard  Bargedé,  en  1652,  e 
résigne  au  suivant. 


a,  C'est  .111  premier  des  deux  Luc  en. i  y  qu'il  faut  attribuer  la  tombe  qui  se  tiov 
dans  le  bas  eî^tc  méridional  du  chœur  de  la  cathédrale  d^Auxerre.  Oa  v  Ut  oril 
épitaphe  en  jeu:^  de  mots  : 


(iODEFlIDVS   DE    LVCE3IAV 
DE    LVr.K   ?liTVS 
^VI   iWTÊ    FIL1V4    LViJS    ^SOSIIME 

F  V  ISS  ET    lA.SCEMDO 

PATII    LriilNVX    LVCEX   ESIStT 

XOB1E>DO. 

M  te    VlTi   TE!VEBRIS   Cil  VIT 

gvE  XAdis  m:  xagis 

W    LVCK   CLAHIVT 
LV\   PERPETVi    LVCKAT    El 

ovi  r.i:io:«i.  fvit  ei:i:lesle 

ET    B.    MARLE    CIVITATE   4:A?(T0R 

oBirr  iD.  XAar.   i.i:iio. 

M.    DC.    LVll. 


.V.  j:  e.] 


ÉGUSES  d'auxerre.  515 

Godefroi  de  Locenay,  neveu  el  Gervais  Housset  résigne  au  sui- 

résigoataire  du  précédent,  meurt  vaut, 

en  1705.  Laurent  Frappé  reçu  en  1676, 

-,         .     ^,                1     ^.  mort  curé  de  Saint-Renobert  le  2 

François   Chazeray     de  Gien,  octobre  1699 

(1714,    1729),   résigne  au  sui-  -JeanMaricvicaire-général^reçu 

^°^-  en  1684,    démissionnaire,  1685. 

Claude  de  Maulnorrj,  écuyer  de  *  Joachim  Cleriault,  nommé  le 

Paris,  reçu  en  173z.    Mort  en  19 janvier  1686. 

1762.  Laurent  le  Seurre,  en   1703, 

•  r»i     j     ï\     '          irrsà     aa  décédé  Ic  26  juillet  171 1. 

aandeDore  en  ii62,dé-  j^a^ _ Baptiste     Taveauk     de 

missionnaire  en  1 766.  ^^^^^  ^^^^^  ^„  ^  743 

*  Louis-Jean  Va ultier,  de  1766  "  Etienne  Leroy,  chanoine   de 
3il787.  Sl-Ëlienne,  succède  au  précédent. 

Ducrot,del768lil789. 


—i^^^^rf^ 


SUR  LES  QUATRE  ÉGLISES  ET  COMMUN ALTËS  DAUXERRE, 

APPELÉES  COmfC.XÊXEKT   LES  QCATBB  FILLES  DE   LA  CATHÊDBALE. 

Il  est  assez  commun  dans  les  villes  épiscopales  de  voir  certaines 
^lises  plus  particulièrement  liées  avec  la  cathédrale  ;  et  même  il  y  en  a 
plusieurs  où  Ton  donne  le  nom  de  fliles  à  ces  églises,  parce  qu'elles 
sont  censées  élre  émanées  de  Téglise-mère,  qui  est  la  cathédrale  et  prin- 
cipale de  la  ville.  L'église  d'Auxerre  en  a  quatre,  desquelles  je  me  suis 
proposé  de  parler  en  particulier.  Ces  quatre  églises  n'ont  pas  toujours 
été  desservies  par  des  chanoines  réguliers,  ainsi  qu'on  a  pu  voir  dans 
l'histoire  des  évéques  :  aussi  un  chanoine  de  la  cathédrale  en  étoit-il 
abbé  ou  prévôt,  k  peu  près  comme  on  voit  encore  de  ces  sortes  d'abbés 
subsister  en  certaines  villes  épiscopales ,  et  de  la  nature  des  abbés  de 
quelques  collégiales  (1),  qui  sont  encore  existants.  Mais  il  faut  observer 
que  les  évéques  d'Auxerre  y  plaçant  des  chanoines  réguliers,  les  tirèrent 
de  quatre  maisons  d'observances  ou  constitutions  difTérentes,  quoique 
toutes  de  l'ordre  de  Saint-Augustin,  savoir  de  l'abbaye  de  Prémontré, 

.1)  Château>Censoir.  Cervuo. 


51 G  ABBAYE 

de  celles  de  Saiot-Viclor  de  Paris,  de  Saiot-Satur  da  Berry,  et  de  Saint- 
Laurenl  proche  Cosne ,  voulant  apparemment  connoitre  quels  seroieot 
les  plus  réguliers,  et  exciter  parmi  eux  quelque  sorte  d'émulation. 

Gomme  toute  supériorité  exige  certains  devoirs,  les  chaDoioes  des 
quatre  communautés  soumises  k  la  cathédrale,  sont  tenus  d'assister  aux 
processions  que  Téglise-mëre  fait,  et  ils  marchent  à  la  tète  du  clergé, 
excepté  dans  une  partie  des  processions  des  Rogations,  où  dans  le  temps 
qu'ils  chantent  seuls  ils  sont  placés  k  Textrémité  de  la  procession,  afin 
d'être  k  portée  du  peuple i|ui  répond  à  leurs  litanies,  le  clergé  de  la  ca- 
thédrale gardant  alors  le  silence.  Ce  livre  n'éiant  point  un  cérémonial, 
je  me  borne  k  ce  trait  du  processionnel  qui  peut  paroltre  singulier. 

Avant  que  de  rapporter  ce  que  j'ai  h  dire  sur  chacune  des  quatre 
communautés,  je  dois  m'excuser  de  ce  que  je  ne  donne  point  dans  ce 
présent  ouvrage  d'article  particulier  de  Tabbaye  de  Saint-Germain.  J*ai 
cru  pouvoir  m'en  dispenser,  parce  que  ce  monastère  sur  lequel  la  ma- 
tière est  abondante,  est  plus  connu  que  les  églises  dont  je  vais  parler: 
ayant  produit  des  religieux  qui  ont  fourni  au  public  des  mémoires  sur 
son  antiquité ,  comme  don  Georges  Viole  en  sa  Vie  de  saint  Germain 
imprimée  en  165G,  et  don  Dominique  Fournier  en  sa  Description  des 
Grottes  de  la  même  église  qui  a  été  publiée  en  1714,  sans  compter  ce 
qui  en  est  répandu  en  différents  endroits  des  œuvres  du  père  Mabillon  ; 
au  lieu  qu'il  n'a  jamais  rien  paru,  au  moins  en  notre  langue,  sur  les 
églises  de  Saint-Marien ,  de  Saint-Père,  de  Saint-Amatre  et  de  Saint- 
Easèbe,  qui  sont  les  quatre  filles  de  la  cathédrale  d'Auxerre. 


DE  L'ABBAYE  DE  SAINT-MARIEN. 

Cette  abbaye  est  regardée  comme  la  première  fille  de  la  cathédrale 
d^Auxerre  (a) ,  avec  d'autant  plus  de  raison  qu'elle  représente  le  plus 
ancien  monastère  du  diocèse.  Il  ne  faut,  pour  s^en  convaincre,  que  la 

(a)  Malgré  cela  les  abbés  du  xv«  sièdes'intitulent  Gèrement  «subgetz  sans  moyen 
au  Saint-Siège  de  Rome.» — Arch.  de  Saint-Marien,  préfecture  de  l'Yonne. 

(N.  d.  E.) 


DE  SAINT-MARIEN.  517 

considérer  dès  son  origine.  Saint  Germain  est  le  premier  de  nos  évéques 
qui  bâtit  un  monastère.  Cette  maison  éloit  située  presque  sous  ses  yeux, 
vis-h-vis  Tangle  de  la  cité  romaine,  de  l'autre  côté  de  la  rivière.  Saint 
Aloge  qu'il  y  établit  abbé,  eut  pour  successeur  saint  Mamertin,  dit 
Mamert  par  abréviation  ;  et  sous  ces  deux  abbés  s'y  sanctifia  saint  Ma* 
rien,  qui  vei'loit  sur  le  temporel  du  monastère,  lequel  porta  depuis  son 
nom  en  place  de  celui  de  saint  Côme.  Cette  abbaye  éloit  tombée  sous 
Charles-Martel  entre  les  mains  des  laïques;  mais  Charlemagne  la  restitua 
\k  Tévêque  Âaron.  Comme  les  guerres  des  Normands  firent  craindre  pour 
tout  ce  qui  étoit  situé  hors  les  murs  de  la  citéd'Âuxerre,  ou  hors  du  château 
de  Saint-Germain,  il  y  a  apparence  que  ce  fut  alors  que  les  religieux  se 
retirèrent  au  monastère  de  Saint-Germain  avec  le  corps  de  saint  Marien, 
et  que  l'évéque  fit  transporter  en  sa  cathédrale  celui  de  saint  Mamert. 
Ce  lieu,  sanctifié  par  les  retraites  de  saint  Germain ,  et  par  la  demeure 
de  tant  de  saints  (1),  comme  saint  Patrice,  saint  Savin,  saint  Valéry, 
etc.,  n'étoit  plus  connu  au  xii®  siècle  que  par  une  petite  chapelle  ou 
autel  du  titre  de  Saiut-Germain  qui  rcstoit  parmi  les  débris,  lorsque 
Ithier,  clerc  de  la  cathédrale,  entreprit  de  relever  ce  monastère.  Il  en 
vint  h  bout,  et  le  pape  Innocent  II  s'éiant  trouvé  à  Âuxerre  en  consacra 
Tautel,  et  prit  pour  texte  du  discours  qu'il  y  fit,  ces  paroles  :  «  Vere 
>  locus  iste  sanctus  est,  et  ego  nesciebam.  »  Mais  les  bâtiments  néces- 
saires pour  y  remettre  des  religieux,  ne  furent  achevés  qu'en  1138. 
Alors  Guillaume,  comte  d'Âuxerre,  pressé  par  l'évéque  Hugues  et  par 
Ithier,  obtint  de  Hugues ,  successeur  immédiat  de  saint  Norbert  dans 
l'abbaye  de  Prémontré,  une  colonie  de  religieux  de  ce  nouvel  Ordre,  qui 
fut  conduite  par  Raiuier,  prieur  de  la  maison. 

L'évéque  d'Âuxerre  leur  avoit  donné  entr'autres  choses  l'église  de 
Saint-Martin,  reste  d'un  ancien  monastère  de  filles;  mais  quoiqu'ils  en 
fussent  fort  voisins ,  ils  ne  purent  d'abord  s'étendre  jusque-lb ,  parce 
qu'on  ne  vouloit  pas  les  accommoder  du  terrain  d'entre  deux.  Le  même 
évêque,  du  consentement  de  son  Chapitre»  leur  donna  l'église  de  Notre- 
Dame  hors  les  murs,  dite  alors  Notre-Dame-la-Ronde,  où  il  y  avoit  des 
chanoines  séculiers,  et  ils  s'y  retirèrent  croyant  être  plus  au  large  : 

(1)  Vita  Patritii  Hibern.  F.  Sar«i.  Pictav.  Valar»  Leucon  Àbb. 


518  ABBATE 

duraul  le  séjour  qu'ils  y  flrenl,  ils  transporlèreol  les  lieux  r^oliers  do 
cdté  méridional  au  côté  du  se|iteDlrioQ  (1).  Pendant  qu*ils  étoient  en  ce 
lieu,  ils  vinrent  ^  bout  de  se  bâtir  tout  à  neuf  et  fort  au  large,  à  l'eodroit 
où  étoit  Téglise  de  Saint-Martin,  en  quoi  ils  furent  aidés  du  comte  qaî 
leur  procura  le  terrain  nécessaire. 

Ce  troisième  monastère  étant  presque  achevé  en  il 69  (2^,   ils  s'y 
rendirent  en  procession,  laissant  seulement  quelques-uns  d'entr^eax 
dans  celui  de  Notre-Dame-la-Ronde,  pour  gouverner  le  peuple,  qaî  dès 
lors  y  formoit  une  paroisse^  et  pour  ce  qui  est  du  petit  nombre  d'habit 
tants  voisins  du  monastère  de  Saint-Maricn,  ils  eurent  leur  autel  dans 
la  nef  de  la  nouvelle  église.  Ce  fut  en  ce  dernier  monastère  que  se  re- 
tira Rodulfe,  riche  trésorier  de  la  cathédrale.  Il  fut  le  premier  inhumé 
dans  Téglise  au  côté  droit  du  sanctuaire.  L'évéque  Guillaume  de  Tonci 
ayant  voulu  mourir  parmi  ces  religieux,  qui  étoient  dans  leur  première 
ferveur,  fut  inhumé  en  1181  de  l'autre  côté.  Robert  Abolant,  savant 
lecteurde  la  cathédrale,  yprit  Thabit  en  1205(5),  et  y  finit  la  chronique 
qu^il  avoit  commencée  pendant  qu'il  avoit  les  archives  du  Chapitre  en 
sa  garde.  On  peut  voir  dans  les  Preuves,  (4)  ii  combien  d'inondations  ce 
monastère  fut  sujet. 

Ces  accidents  n'obligèrent  point  ces  religieux  d'en  sortir.  Mais  les 
guerres  des  Anglois  étant  survenues  en  1558,  ils  se  retirèrent  dans 
leur  prieuré  de  Notre-Dame-Ia-Ronde,  que  Ton  continuoit  d'appeler 
Notre-^Dame  hors  les  murs ,  quoiqu'il  fût  enfermé  dans  les  murs  bâtis 
depuis  deux  cents  ans.  Ils  y  demeurèrent  jusqu'en  1575,  puis  retour- 
nèrent dans  leur  grande  maison,  qui  restoit  seule  au-deik  d^  l'eau, 
parce  que  la  petite  rebâtie  par  Ithier  avoit  été  abattue,  de  crainte  que  les 
Anglois  ne  s'en  servissent  de  retraite  pour  assiéger  la  ville  (5). 

Ce  pelil  monastère  des  Prémontrés,  silué  vis-à-vis  la  fontaine  de 
Saint-Germain ,  ne  fut  plus  reconnoissable  que  par  une  petite  chapelle 
du  titre  de  Saint-Côme  et  de  Saint-Marien ,  proche  laquelle  étoit  un 
verger  dont  l'abbaye  fit  un  bail  le  2  juin  1479.  Un  autre  bail  du  5  avril 


(1)  Voy.  ceci  plus  au  long  à  l'article  de 
saint  Vigile,  p.  159  et  160,  t.  i. 

(2)  Chron.  Roberti, 


(3)  Voy.  Preuves,  n©  100. 

(4)  N«  98. 

(5)  Epitome  Episc.  Autiss.  in  S.  Desiderio. 


DE    SAINT-MARIEN.  519 

1550  fait  mention  «  d'un  jardin  situé  au  champ  Saint-Côme  et  ancienne 
»  situation  du  monastère,  tenant  d'un  long  h  la  chapelle  Saint-Adrien, 
>  cl  par  devant  h  la  rivière.  »  En  1547,  le  derrière  de  ce  jardin  con- 
finoit  k  une  maison  qu'Etienne  Gerbault  tenoit  de  Tabbaye  de  Saint- 
Marien.  Ce  particulier,  receveur  pour  le  roi  h  Auxerre  ayant  fait  une 
plus  ample  acquisition  le  long  de  la  ruelle  Sainl-Côme,  y  fit  bâtir  un 
château  qui  fut  appelé  la  Basse-Maison,  duquel  Belleforét  a  donné  la 
représentation  en  la  Cosmographie.  Il  en  est  aussi  parlé  dans  les  regis- 
tres du  Chapitre  (1).  Mais  elle  fut  détruite  du  temps  des  guerres  de  la 
Ligue,  en  sorte  que  le  nom  de  Gerbault  n'est  resté  qu'à  la  place  appe- 
lée le  Port'GerbauUj  proche  laquelle  les  anciens  ont  vu  les  restes  de  la 
chapelle  de  Saint-Adrien  ,  et  devant  laquelle  la  rivière  fit  découvrir 
beaucoup  de  tombeaux  l'an  1697.  De  temps  immémorial  la  cathédrale 
ayant  passé  le  pont  le  mardi  des  Rogations,  se  rendoit  au  monastère  de 
Saint-Marien,  primitivement  h  Tancien  où  saint  Germain  a  demeuré, 
et  depuis  au  nouveau  Saint-Marien;  et  de  là  on  alloit  à  Saint-Gervais  par 
'a  ruelle  Saint-Côme. 

Les  Prémontrés  ayant  quitté  leur  grand  monastère  du  temps  de  Tir- 
ruption  des  Calvinistes,  se  retirèrent  à  Nolre-Dame-la-d'Hors,  et  comme 
ce  qui  en  étoit  resté  pouvoit  encore  préjudicier  h  la  sûreté  de  la  ville, 
on  les  obligea  de  l'abandonner  entièrement  vers  l'an  1590  {a),  et  on 
le  fit  sauter  avec  la  poudre,  ne  laissant  pour  mémorial  que  l'arcade 
du  sanctuaire  (2).  La  demeure  fixe  des  religieux  de  Saint-Marien  au 
prieuré  de  Notre-Dame-la-d'Hors,  lui  donna  quelquefois  depuis  le  nom 
de  5atn(-Jfanen. Ils  employèrent  une  partie  des  démolitions  du  grand 
monastère  pour  se  bâtir  ;  en  jetant  les  fondements  du  dortoir,  Tan 
1608,  on  trouva  le  cercueil  d'un  payen  dont  la  tête  étoit  toute  entou- 
rée de  lampes  sépulcrales  (5). 


(1)  22  mai  1767,  15  mai  1589.  j       (3)  Ex  P.  Steph,  Chancy. 

(2)  Ex  relatu  P.  Thevcnon  testis  oculati.    | 


(a)  C'est  en  1570  et  non  en  1890  que  cette  destruction  eut  lieu.  Ccst  ce  qui  ré- 
sulte d'une  délibération  des  habitants  d'Auxerrc  du  13  février  1870,  ordonnant  que 
les  bâtiments  et  murailles  de  Tabbaye  de  Saint-Marien  seront  rasés  et  abattus  dans 
quatre  jours  de  délai.  —  Arch.  de  TYonne,  fonds  Saint-Marien.  (iV.  d.  E.) 


520  ABBÉS 

L*abbé  el  la  commuoaaté  de  Sainl-Mariea,  jouissenl  d'uoe  prébende 
dans  Téglise  caliiédraie,  qui  lear  fut  donnée  par  Tévéqae  Hugoes  de 
Micon,  eu  sorle  qu'ils  sonl  tenus,  élanl  inlabniés  pour  leur  semaine  et 
avenis  par  les  enfants  de  cbœur,  d'envoyer  un  d'entr'euz  pour  la  graod'- 
messe  du  chœur.  Ils  ont  outre  cela  des  messes  i  acquitter  k  Taolel  de  la 
comtesse  pendant  une  bonne  partie  de  Tannée.  La  place  des  religieux 
aux  jours  des  processions  et  autres  assemblées ,  est  dans  les  stalles 
basses  du  côté  droit.  Leur  tour,  pour  soulager  le  clergé  de  la  caihé- 
f  drale  dans  le  chant  des  litanies  aux  Rogations,  est  le  mercredi,  jour 
auquel  la  procession  est  plus  longue  el  plus  solennelle. 


ABBÊS  DE  SALNT-MARIEN  (a). 

Le  B.  Rainier,  disciple  de  saint  Norbert,  envoyé  en  ii59  à  Aaxerre, 
gouverna  la  nouvelle  maison  de  son  Ordre,  tant  au  bord  de  TYonne 
qu'il  Notre-Dame-la-Ronde  pendant  six  ans  et  quelques  mois.  Il  mou- 
rut en  ii46,  ii  Provins,  le  28  février,  retournant  de  Prémontré. 

Bertolde,  originaire  de  Cologne,  mourut  au  commenceinent  de 
février  H47. 

Osbert  ayant  été  buit  ans  abbé,  abdiqua  celle  dignité  eu  1 155. 

MiLON  de  Trainel.  Voyez  sa  vie  écrite  par  Fauteur  de  la  Chronique, 
son  contemporain  (1).  Ce  fut  lui  qui  fit  bâtir  le  grand  monastère  de  Saint- 

(1)  Voy.  Preuves. 


(a)  L'abbaye  de  Saint-Marien,  protégée  par  les  comtes  d'Auxerre,  obtint  dès  le 
xii*  siècle  de  nombreux  privilèges.  Le  roi  Louis-le-Jeune  lui  accorda  en  1163  une 
exemption  générale  d'impositions  et  de  taxes  sur  les  marchandises,  excepté  le  sel 
et  les  cuirs.  Charles  VIII  conGrme  cette  charte  en  14S4.  Les  religieux  profitant  de 
cette  facilité  faisaient  conduire  et  menaient  eux-mêmes,  au  xiv»  etau  xy«  siècle, 
leurs  produits  à  Paris,  tels  que  les  vins,  les  bestiaux,  les  huiles,  le  lard  salé,  etc.> 
et  les  vendaient  en  gros  et  même  en  détail  sans  payer  de  droits. 

L'abbaye  avait  droit  de  basse  justice  dans  l'enceinte  du  monastère  et  aax  alen- 
tours. Elle  avait  au  xvii*  siècle  un  bailli  général  pour  1»  justice  de  toutes  les  terres. 

(^V.  d.  E.) 


.;;-__    wq_, 


DB   SAINT-MARIEN.  521 

Marieu  sur  les  ruines  Je  rancieone  église  de  Saiot-Marliu,  et  qui  com- 
mença a  y  former  une  bibliothèque.  Il  écrivit  k  Louis  VII  au  sujet  de 
la  ville  neuve,  que  ce  prince  faisoit  bâtir  en  partie  sur  leur  domaine, 
entre  Sens  et  Joigny  (i),  c'est-k-dire,  sur  celui  qui  dépendoit  des  sœurs 
de  leur  Ordre  qu*il  avoit  établies  k  Val-Profonde  dans  la  foret  d'Othe.  II 
mourut  le  i7  mars  i203. 

Bernoal,  prieur  de  la  maison,  fut  fait  abbé  et  ne  siégea  que  trois  ans 
neuf  mois. 

Norbert  fut  élu  au  mois  de  décembre  J  209,  et  siégea  jusqu'en  1222. 
Parmi  les  lettres  de  Gervais,  abbé  de  Prémontré,  la  67*  fait  mention 
de  lui  (2).  On  y  lit  que  la  maison  de  Sainl-Marien  passoit  pour  être 
endettée,  et  que  mal  k  propos  quelques-uns  vouloient  qu'avant* d'ac- 
quitter les  dettes,  on  bâtit  le  réfectoire  des  convers.  La  126®  lettre 
marque  que  J.,  sous-prieur  de  Saint-Marien,  refusoit  d'accepter  Pélec- 
tion  faite  de  sa  personne,  pour  abbé  du  Lieu-Dieu-en-Jard  au  dio- 
cèse de  Poitiers,  maintenant  de  Luçon.  Voyez  aussi  la  68®.  Norbert 
régla  en  1220  avec  l'abbé  de  Saint-Laurent,  que  les  maisons  de  la  rue 
de  la  porte  d'Eglény  ne  seroient  plus  alternativement  de  Notre-Dame  et 
de  Saint-Eusèbe,  mais  que  tout  un  côté  seroit  de  Saint-Eusèbe  et 
l'autre  de  Notre-Dame. 

Rainier  II  fut  présent  en  1223  k  une  sentence  rendue  k  Sainl-Fer- 
geau  contre  Dreux  de  Mello,  en  faveur  de  la  cathédrale. 

HuLDERus  est  nommé  en  1259  dans  une  charte  de  Gauthier,  arche- 
vêque de  Sens,  touchant  Taccord  des  habitants  de  Bassou  avec  le  curé 
de  Bonart  (5).  Quelques-uns  l'appellent  Hugues. 

Guillaume  vendit  au  Chapitre  d'Auxerre,  en  1246,  une  maison  au- 
dessous  des  murs  de  la  cité  (4). 

Etienne,  abbo  de  Saint-Paul  de  Sens,  fut  élu  abbé  de  Saint-Marien, 


(1)   Voy.  Preuves,  p.  32,  col   1,  p.  34,  col. 
1.  Duchéne,  t.  iv.  Il  s'agit  de  Villeneuve-le- 


(2)  Script.  Ord,  Pram.  apud  Hugo, 

(3)  Archiv.  S.  Mar. 

'    ^ '   '^'^rtit,  et  ad  an.  1247. 


522  ABBÉS 

et  préseolé  ii  Tévéque  Gui  de  Meiio,  en  1250  (1).  Il  fil  en  1257  remise 
(l^uoe  petite  rente  que  ie  trésorier  de  la  cathédrale  devoit  sur  deux 
places  (2). 

Gderric,  bourguignon  de  naissance,  étoit  abbé  en  1264.  Il 
assista  cette  année  avec  Gui  de  Mello,  évéque  d^Auxerre,  a  la  vérifica- 
tion des  reliques  de  sainte  Marie  de  Béthanie  qu*on  rcgardoil  comme  la 
Magdeleine,  faite  alors  à  Vézelay  en  présence  de  saint  Louis  (5).  On  le 
trouve  en  des  titres  différents  jusqu'à  Tan  12G9  qu'il  fui  élu  abbé  de 
Prémontré  (4). 

Jean  est  nommé  dans  des  actes  de  1288,  sur  les  babiianis  de  Beau- 
mont.  Il  fut  présent  en  1281  a  Thommage  du  comte  de  Flandre  (5). 
Il  est  aussi  au  cartulaire  du  Chapitre  eu  1287. 

Henri  fut  élu  en  1291. 

Martin  est  nommé  dans  un  arbitrage  pour  le  Chapitre  d'Âuxerre  en 
1302  (6). 

Henri  II  assista,  en  1305,  au  Chapitre  général  de  Prémontré,  où  il 
obtint  de  l'abbé  Adam  un  logis  pour  lui  et  ses  successeurs. 

Hervé  fit  en  1311  un  échange  avec  le  Chapitre  d'Âuxerre  (7). 

Martin  fut  témoin,  en  1320,  de  la  visite  que  Tévéque  Pierre  des 
Grès  fil  de  la  châsse  de  Saint-Amatre.  (8). 

François  fut  choisi,  en  1322,  pour  arbitre  dans  une  affaire  du  sei- 
gneur de  Mello. 

Etienne  II  fut  l'un  des  principaux  du  clergé  qui  s^obligea  avec  les 
habitants  d'Auxerre,  en  1358,  envers  les  religieux  de  Saint-Germain, 
pour  la  rançon  de  la  ville.  Item  en  1360  sur  la  même  affaire,  le  couvent 
étant  alors  retiré  h  Notre-Dame-la-d'Hors. 

Jean  II  transigea,  en  1364,  avec  Etienne  de  Chitry,  abbé  de  Saint- 
Germain,  On  le  trouve  dans  des  actes  de  1369  et  1372.  En  1380,  Tab- 
baye  de  Saint-Marien  transigea  avec  le  Chapitre  d'Âuxerre,  sur  la  rede- 


(1)  Àrchiv.  Epis. 

(2)  CartuL  Capit. 

(5)  De  Launoy.  Disq.  de  Magd. 
(4)  Hist.  de  Meaux,  pag.  463. 


(5)  Voy.  Preuves,  n»  228. 

(6)  CartuL  Capit, 

(7)  Car  lui.  Capit.,  f.  37. 

(8)  Voy.  Preuves,  l.  iv,  ii.  91 


DE    SAINT-MARIEN.  5^5 

vaoce  du  paiu  à  chanter.  Je  pense  qu'il  est  le  même  dont  on  découvrit 
la  tombe  soub  les  ruines  de  l'église  en  1704,  dans  le  côté  méridional  de 
la  croisée  qui  séparoit  le  chœur  d'avec  le  sanctuaire.  J'y  lus  alors  cette 
inscription  :  «  Hic  jacet  Dominus  Jobannes  (Col  d'argent),  abbas  bujus 
»  monasterii  qui  recte  et  laudabiiiter  rexit  istam  ecclesiam ,  et  obiit 
»  anno  m  cccc  secundo,  duodecimo  die  februarii.  »  Au  milieu  de  la 
tombe  éloit  figurée  une  main  droite  tenant  une  crosse.  Cette  tombe  est 
aujourd'hui  dans  le  chœur  de  la  petite  paroisse  de  Saint-!\Iarien. 

Richard  Colas,  curé  de  Notre-Dame-la-d'Hors,  fut  béni  abbé  de 
Saint-Marien  en  1402,  par  Tévéque  Michel  de  Creney,  dont  il  y  eut 
acte  du  2  avril  [à).  Il  garda  encore  un  an  sa  cure  que  son  successeur 
voulut  démembrer  de  Saint-Marien.  En  14i0,  le  25  janvier,  il  étoit  au 
Chapitre  d'Auxerre  pour  l'élection  d'un  gouverneur  ecclésiastique  de 
l'Hôtel-de-Ville.  Il  fut  élu  pour  l'être,  et  le  fut  réellement  en  1411  et 
1412  (1).  Il  fut  présent,  le  5  mai  1406,  lorsqu'on  mit  des  reliques  au 
haut  du  superbe  clocher,  qui  étoit  alors  h  Notre-Dame -la-d'Hors.  Il 
mourut  le  13  novembre  1419,  selon  le  Nécrologe  de  la  même  église. 
Sa  tombe  fut  retrouvée  sous  les  ruines,  en  1713,  devant  la  chapelle  la 
plus  méridionale  de  la  croisée,  et  portée  h  Saint-Martin,  où  on  lit  encore 
ce  qui  suit  :  c  Continet  hsec  tumba  venerabilis  ossa  Richardi  Golassi 

>  pastor  istius  Ecclesiae.  Qui  fuit  et  vixit  per  denos....  Qua  die  eccle- 

>  SIX  sacra  dicatio  fit.  »  La  tombe  de  Jeanne,  sa  mère,  est  aussi  dans 
la  même  églibC. 

Pierre  Aurard  fut  excommunié  par  Tévéque  Philippe  des  Essarts, 
pour  n'avoir  pas  comparu  au  synode  de  l'an  1423,  et  fut  absous  ad  cati- 
telam  quelques  années  après  par  l'abbé  de  Sainte-Geneviève,  conser- 
vateur des  privilèges  de  l'Ordre  de  Prémontré.  En  1433,  il  fournit  des 
hommes  et  des  chevaux  pour  le  siège  de  Brienon  formé  par  Philibert 


(1)  Voy.  Preuves,  t.  iv,  n.  38. 


(a)  Il  eut  de  grands  débats  avec  ses  moines,  et  fut  môme  excommunie  par  le 
commissaire  du  pape  en  1405.  —  Arcb.  de  l'Yonne,  fonds  Saint-Marien. 

(iV.  d.  E.) 


52  i  ABBÉS 

de  Vaudré,  gouverneur  d'Auxerre  (1).  Il  assista  en  1449  à  l'cnirée  de 
Tévéque  Pierre  deLongueii.  J'ai  découverl  le  H  mars  1716  sa  tombe 
sur  les  ruines  de  la  croisée  méridionale  devant  la  chapelle  la  plus 
proche  du  sanctuaire,  et  j'y  ai  lu  ces  dix  vers  autour  de  la  figure  qui 
le  représente  en  chasuble  avec  le  calice  et  la  croise. 

£gregie  famé  duru  sub  silice  dormit 

Vir  Petrus  Aurardi  moribus  ingenuus. 
Annis  trigentà  septem  quondam  fuit  istc 

Archimandrites  istius  Ecclesie. 
Mille  quadringenti  quinquaginta  quoque  seni 

Martis  et  ipse  dies  ordine  vicesimus. 
Ilac  sub  bumo  Petnim  gelida  clausere  nepultum 

Dum  mors  in  tbalamo  poscit  amara  suo. 
Claustrali  sancte  quem  dat  sua  cura  Marie 

Spiritus  in  celis  gaudeat  empireis.  Amen. 

Ainsi  il  mourut  le  20  mars  1456. 

Jean  Veraudat,  natif  d'Âppoigny,  parvint  au  siège  abbatial  en  1457. 
En  1461,  il  demanda  au  Chapitre  d'Âuxerre  d'être  exempt  de  venir, 
cette  année,  à  la  procession  de  la  Fête-Dieu  (2)  ;  il  lui  fut  répondu  qu'il 
n'y  avoit  que  dans  le  cas  des  inondations  et  du  mauvais  temps  qu'il  en 
éioit  dispensé.  Il  fonda  en  1468  l'office  de  sacristain.  En  1470,  Simon, 
abbé  de  Prémontré,  accorda  les  prières  de  TOrdre  à  ceux  qui  contri- 
bueroient  k  la  réparation  de  Saint-Marien  (5).  L*abbé  Jean  afferma  les 
dîmes  de  Notre-Dame-la-d'Hors,  par  un  acte  fort  détaillé,  où  il  est  dit 
que  du  côté  de  Saint-Georges,  vers  Yillefergeau,  elles  approchoienl 
d'un  vieux  chemin  ou  fossé,  au  lieu  dit  la  Fontaine  salie.  Il  fit  eu  1472 
un  traité  avec  les  habitants  de  Notre-Dame-la-d'Hors,  touchant  les 
usages  de  la  paroisse,  les  charges  et  dépenses,  etc.  (4)  Il  fut  commis, 
en  1476,  pour  indiquer  aux  religieux  de  Dilo  le  jour  de  l'élection  d'un 
abbé,  après  la  mort  de  Jean  Adenet.  H  fut  gouverneur  ecclésiastique  de 
rHôtel-de-Yille,  en  1477  et  1478.  Il  mourut  le  15  août  1479.  Sa 
tombe  qui  étoit  au  milieu  de  la  croisée  de  l'église,  vis^-vis  le  grand 
autel,  est  aujourd'hui  \x  Notre-Dame-la-d'Hors,  proche  la  porte  qui 


(l)  Comp.  Urbis  Àutiss, 
(i)  Regist.  Capit. 


(â)  Cod  Rcg.Suec,'22S,  in  Valic. 
,4}  Ex  aulographo. 


DE    SAINT-MARIEN.  525 

cooduil  au  cloitre,  où  son  épitaphe  en  prose  est  très-lisible  et  sa  repré- 
sentation bien  conservée. 

Jean  Bourgeois,  sous-prieur,  fut  élu  abbé  le  51  août  1479,  et  béni  à 
Paris,  par  l'évéque  d'Auxerre  Jean  Baillet,  le  24  octobre.  Il  assista  en 
1485  au  concile  provincial  de  Sens  (1).  Se  sentant  infirme  en  1496,  il 
se  fit  choisir  un  coadjuteur  le  2  mars,  et  il  mourut  six  jours  après.  Il  fut 
inhumé  proche  la  grande  porte  du  chœur  de  Saint-Marien,  en  entrant  à 
main  droite,  où  sa  tombe  a  été  trouvée  brisée  en  deux  sous  les  ruines. 
Tan  1755  Voici  ce  que  j'y  pus  lire  autour  de  la  figure,  qui  le  représente 
en  habits  pontificaux,  la  tête  nue  :   c<  Hic  jacet  Rev.  in  Christo  pater 

>  Johanncs is  trauquillus  moribus,  amansque  quietis  ;   corripiens» 

»  oleum  vino  roiscebat,  eratque  sub  pietate  gravis,  sub  gravitate  pius, 
»  qui  hoc  cenobium  spatio  septemdecim  annorum  cum  dimidio  lauda- 

>  biliter  pieque  rexit;Obiit  anno  MCCGG  nonagesimo  sexto,  die  vero 

>  viiij  martii.  > 

Nicolas  Joannis,  d'une  ancienne  famille  d'Auxerre,  étoit  sous-prieur 
lorsqu'il  fut  choisi  pour  coadjuteur  et  successeur  du  précédent.  Comme 
il  fut  fort  zélé  pour  la  règle,  le  Chapitre  général  de  1498  et  l'abbé  de 
Prémontré,  en  Tan  1511,  rétablirent  réformateur  d'un  très»-grand 
nombre  de  maisons.  Il  fut  gouverneur  ecclésiastique  de  THôtel-de- Ville, 
en  1518.  Il  mourut  le  51  octobre  1542,  ainsi  que  l'écrivent  ceux  qui 
Tout  lu  sur  sa  tombe  qui  ne  se  voit  plus  maintenant  (2). 

Arnoul  Gonthier  étoit  sûrement  qualifié  abbé  de  Saint-Marien,  dès 
l'an  1540  ;  et  il  y  a  apparence  que  Nicolas  Joannis  s'en  étoit  démis  en 
sa  faveur  avec  l'agrément  du  roi.  Il  fut  le  premier  abbé  commendataire  ; 
mais  les  Prémontré  l'aifilièrent  k  leur  Ordre  le  26  avril  1551.  Il  fut  aussi 
chantre  et  chanoine  de  la  cathédrale.  Son  frère  Palamèdes  fut  trésorier 
de  Bretagne.  Il  résigna  au  suivant  et  fit  son  testament  en  1555. 

Pierre  Fourmibr  ,  noble  auvergnat,  chanoine  de  Notre-Dame  de 
Paris,  étoit  abbé  de  Saint-Marien  dès  Tan  1552.  Il  fut  fait  évêque  de 
Périgueux  en  1561.  Dans  le  traité  qu'il  fit  avec  le  sieur  Antoine 


(l)  En  1486,  il  fit  une  association  de  priè- 
res avec  l'abbaye  Saint-Laurent. Ear  martyroL 


m*  S.  Laur,  ad  cakem. 
(2)  G.  Viole. 


526  ABBÉS 

DapechoD,  pour  ce  bénéfice  et  autres,  le  temporel  de  Tabbaje  de  Saint- 
Marien  n'étoit  estimé  que  i,700  livres. 

Michel  de  CLucNveut  apparemment  l'abbaye  par  accommodement  avec 
le  sieur  Dapechon  qui  ne  prit  point  possession.  Il  en  jouissoit  en  1564- 
4567,  *et  attesta,  le  7  janvier  de  la  première  année,  la  remise  de  reli- 
quaires faite  aux  moines  par  le  receveur  de  l'abbaye. 

François  Guerry,  du  pays  d'Âlby,  aumônier  du  roi  en  i571  (a),  et 
résigna  au  suivant  en  1 579. 

Jean  Lourderbaux,  du  diocèse  d'Âuxerre,  aumônier  du  roi  Henri  III, 
garda  Tabbaye  jusqu'en  1585  qu'il  la  résigna  au  suivant. 

Jean  Lourderbaux,  frère  du  précédent,  précepteur  de  Nicolas  de 
Meufville  d*Alincourt,  chanoine  d'Âuxerre  en  1573,  puis  abbé  de  la 
Madeleine  de  Ctiâleaudun,  devint  abbé  de  Saint-Marien  en  1583,  tré- 
sorier de  la  cathédrale  en  1597.  11  eut  toute  la  confiance  du  Chapitre 
durant  la  vacance  du  siège,  et  les  dëputations  les  plus  honorables.  I| 
étoit  en  voie  d'avoir  Tévêché  d'Auxerre,  lorsqu'il  mourut,  revenant  Je 
Paris,  en  1598.  Il  éloit  aussi  prieur  de  Sezane  et  abbé  de  Saint-Just  eu 
Beauvoisis.  Ce  dernier  bénéfice  échut  h  Germain  Lourdereaux  qui  fut 
son  héritier,  le  prieuré  de  Sezane  h  Edme  Lourdereaux,  son  neveu,  et 
l'abbaye  de  Saint-Marien  à  Edme  Martin,  son  autre  neveu.  Il  avoit  com- 
mencé à  écrire  on  latin  l'histoire  de  ses  prédécesseurs  On  voit  par  le 
catalogue  de  ses  livres,  écrit  de  la  main  de  son  successeur,  qa^il  avoit 
une  bibliothèque  assez  curieuse  pour  ces  temps-là. 

Edme  Martin,  natif  d'Auxerre,  religieux  profès  de  l'abbaye  de  Saint- 
Just,  Ordre  de  Prémonlré,  aumônier  du  roi  en  qualité  d'abbé  régulier. 
Il  fit  avec  succès,  en  1610,  l'oraison  funèbre  de  Henri  IV  en  la  cathé- 
drale. En  1616,  il  obtint  arrêt  au  sujet  de  la  prébende  de  la  même 
église,  attachée  h  l'abbaye.  Il  reste  h  Sainl-Marien  un  portefeuille 
d'écritures  à  ce  sujet,  la  plupart  de  sa  main.  Le  malheur  qui  arriva  h 
l'église  de  Notre-Dame,  par  la  chute  subite  du  magnifique  clocher  le  22 
septembre  1627,  lui  avança  les  jours.  La  piété  et  la  régularité  de  cet 
abbé  le  rendirent  très-recommandable  et  lui  méritèrent  la  confiance  des 

(o)  Il  était  clianirc  de  Sainte-Eugénie  de  Varzy  en  1574.  (iV.  d.  E.) 


DE   SAINT-MARIEN.  527 

âmes  pieuses.  Après  sa  mort,  arrivée  le  6  décembre  1627,  il  se  fit  une 
espèce  de  miracle  au  sujet  de  la  fosse  qu'on  lui  avoit  préparée  dans  le 
cimetière,  selon  sa  demande;  ce  qui  fut  cause  qu'on  l'inhuma  dans  le 
chœur,  proche  le  tombeau  de  saint  Vigile. 

Nicolas  de  Castille,  fils  de  Pierre  de  Castille,  contrôleur-général, 
jouit  onze  ans  de  l'abbaye,  c'est-à-dire  depuis  1628  jusqu'en  1639  (a). 

Henri  de  Castille,  frère  du  précédent,  lui  succéda  et  vécut  jusqu'en 
1670  ou  1671. 

Henri  de  Baraille  prit  possession  le  24  août  1671,  âgé  de  15  ans. 
Il  a  été  théologal  de  Mortain,  au  diocèse  d'Âvranches,  et  est  décédé  vers  le 
commencement  de  l'année  1719.  *  Il  ne  jouit  pas  tranquillement  de  son 
abbaye  ni  de  sa  prébende  de  Mortain,  tous  ses  revenus  ayant  été  saisis 
par  ses  créanciers,  et  notamment  par  l'architecte  qui  avait  bâti  son  logis 
abbatial. 

Nicolas-Joseph  Racine,  conseiller  au  parlement  de  Paris,  fils  de 
Michel  Racine,  secrétaire  du  roi,  fut  nommé  à  l'abbaye  le  15  février 
1719.  Il  est  mort  h  Paris,  le  6  août  175j,  âgé  d'environ  59  ans.  Il  légua 
à  THôtel-Dieu  d'Auxerre  400  liv.  de  rente,  pendant  vingt  ans,  par  son 
testament  du  22  juin  1755. 

Jérôme  Le  Febvrb  de  Laubrière,  vicaire-général  de  François  de 
Laubrière,  évéque  de  Soissons,  son  frère,  fut  nommé  à  l'abbaye  le  8 
octobre  1755  et  en  prit  possession  au  mois  d'avril  1756.  Il  est  aujour- 
d'hui doyen  de  la  cathédrale  de  Nantes.  *  Mort  en  1746. 

*  DuBRBiL  DE  Pontbriand,  ecclésiastiquc  vertueux  et  bienfaisant,  insti- 
tuteur des  Savoyards  et  étrangers  à  Paris,  nommé  le  29  octobre  1 746,  mort 
en  1771. 

*  René  Clemenceau,  dernier  abbé  de  Saint-Marien,  nommé  en  1771. 
Il  était  de  l'Ordre  des  Jésuites.  Il  fut  impliqué  dans  le  procès  de  La 
Chalotais.  Le  célèbre  Linguet  le  justifia  de  l'accusation  de  tentative 
d'empoisonnement,  et  il  obtint  ensuite  pour  compensation  de  sa  prison 
l'abbaye  de  Saint-Marien.  (Mémoires  de  Linguet.) 

(a)  Par  acte  du  i9  juin  1629,  il  nomma  M«  Henri  Bonissant,  prôlrc,  comme  son 
vicaire- général  pour  administrer  l'abbaye,  ainsi  que  ses  prieures  de  Sainl-Vivant- 
sous-Vcrgy  et  de  Vigiiory.  — Arch.  de  l'Yonne,  fonds  Saint-Marien.      (iV.  d.  E.) 


f 

1 


528  ABBiTR 


DE  L'ABBAYE  DE  SAINT-PÈRE. 

î 

Od  n^est  pas  si  bien  iofomié  de  TorigiDe  de  Tabbaye  de  Saiol-fti| 
d'Anxerre  que  de  celle  de  Saiot-llarien  donl  je  viens  de  parler,  n\i 
n*j  a  pas  appareoce  d*eD  pouvoir  faire  rernooler  la  fondalioo  ao-debèr 
\  vi^  siècle.  La  vie  de  saiot  Auoaire  est  le  premier  moDomeol  qui  eafai| 

I  meoiion.  Cet  évéqae  assigce  à  la  basilique  de  sainl   Pierre,  apôtt.; 

I  comme  aax  autres  églises  de  son  diocèse,  un  jour  el  des  calendes  |NI| 

[  les  prières  qu'il  avoit  indiquées,  ainsi  qu*on  peut  voir  ci-dessos  (Il 

I  II  ponrroit  lui-même  en  être  cru  le  fondateur,  s'il  saffisoit,  povkl 

j  prouver,  de  dire  qu'il  ex|)Osa  au  pape  qu'il  j  avoit  dans  son  diocèKl 

plusieurs  nouvelles  églises,  et  qu*k  cause  de  cela  il  le  sapplioit  delà 
envoyer  des  reliques  de  saint  Pierre.  Mais  il  pouvoit  aussi  avoir  en  ne 
les  églises  d'Eppoigny,  deCre^ic  ou  Cravan,  et  tant  d*aulres  qui  soi 
sous  l'invocation  du  même  apôtre.  Saint  Didier,  son  successeur,  It 
mention  dans  son  testament  de  la  basilique  de  Saint-Pierre  et  Saint- 
Paul,  située  au-dessous  de  la  ville  d'Auxerre,  et  lui  légua  le  village  de 
Breieau  vers  Tan  620.  Saint  Tétrique,  ¥crs  l'an  700,  lui  donna  simpk- 
ment  le  nom  de  basilique  de  Saint-Pierre,  dans  la  description  de  sot 
diocèse.  On  est  ensuite  un  temps  considérable  sans  trouver  rien  on 
parle  de  cette  église;  car  il  ne  faut  aucunement  ajouter  foi  îk  la  traditiot 
moderne  que  Gérard  de  Roussillon,  le  même  seigneur  qui  sous  Cbarles- 
le-Ghauve  a  fondé  Pothières  au  diocèse  de  Langres,  et  Vézelay  au  dio- 
cèse d'Autun,  est  aussi  fondateur  de  l'abbaye  de  Saint-Père  d'Auxerre, 
puisque  cela  n'est  appuyé  que  sur  un  roman  qu*on  a  composé  depcb 
quelques  siècles,  et  où  Ton  a  inséré  quantité  de  faits  insoutenables.  Ed 
sorte  que  l'autorité  du  Nécrologe  de  cette  maison,  ou  Ton  trouvoit  celte 
tradition  au  5  octobre,  n'est  d'aucun  poids,  parce  qu'elle  étoit  prise  da 
roman,  et  que  d'ailleurs  cet  Obituaire  faisoit  mourir  ce  Gérard  plus  de 
cent  cinquante  ans  avant  Charles-le- Chauve. 


j  (i;  T.i,  p.  127. 


..<&  rv  _- 


DE    SAINT-PÈRE.  539 

Il  faul  doDC  plutôt  consulter  l'ancien  Nécrologe  de  la  cathédrale,  pour 
retrouver  quelque  chose  sur  Téglise  de  Saint-Père.  On  y  apprend  que 
celte  église,  dans  le  xi*  siècle,  étoit  un  Chapitre  séculier  dont  un  cha- 
noine de  la  cathédrale  étoil  doyen.  On  y  lit,  au  i8  février  :  «  Obiit 
x>  Robertus  sacerdos  et  canonicus  alque  decanus  S.  Pétri  ;  »  au  21  du 
même  mois  :  «t  Obiit  Goffridus  canonicus  S.  Stephani  et  decanus  S. 
»  Pétri  (1)  ;  »  et  au  25  mai  :  aObiil  Walo  sacerdos  atque  decanus  S. 
>  Pétri.  » 

Humbaud,  qui  fut  fait  évèque  d^Auxerre  en  1084,  établit  en  1 107, 
dans  cette  église,  des  chanoines  réguliers  (2)  qui,  comme  les  précédents, 
avoient  à  leur  tète  un  doyen;  et,  après  qu'on  y  eut  vu  quatre  ou  cinq 
doyens,  Guillaume  de  Toucy,  fait  évéque  en  1167,  changea  le  doyenné 
en  abbaye. 

Les  doyens  réguliers  furent  : 

Ulric,  sous  lequel  fut  donnée  à  sa  communauté,  l'an  1125,  Téglise 
d'Augy.  On  les  appeloit  alors  les  chanoines  de  Saint-Pierre-du-Ponl, 
pour  distinguer  leur  église  de  celle  de  Saint-Pierre-en-Château  (a). 

Hugues  est  nommé  en  des  actes  de  1150  et  1156.  Il  obtint  de  Henri- 
ie-Sanglier,  archevêque  de  Sens  «  l'église  de  Cézy  au-dessous  de 
Joigny. 

Durand  ;  il  obtint,  en  1145,  de  Tévéque  Hugues  de  Mâcon,  relise 
de  Saint-Pélerin,  auparavant  annexée  h  Tévéché,  promettant  de  payer 
chaque  année  10  livres  de  cire,  et  de  continuer  aux  chanoines  de  la 
cathédrale  leur  droit  pour  la  station  de  la  fête  de  saint  Pèlerin. 

Amig  obtint  de  Godefroy,  évéque  de  Langres,  des  églises  de  son 
diocèse  ;  ce  qui  fut  confirmé  en  1149  (5). 

GuÉRiN  obtint  d'Alexandre  III,  étant  à  Sens  en  1 165,  confirmation  de 
quelques  droits,  entre  autres  de  celui  de  l'hôpital  de  Saiut-Père. 
Je  donnerai  ci-après  le  catalogue  des  abbés. 


(1)  Il  fout  iir«  Decanus  et  dod  Canonicus, 
comme  od  a  mis  par  erreur  dans  l'imprimé. 


(2)  Labb.  Bibl.,  1. 1. 

(3)  Voy.  Preuves,',!!.  26  et  27. 


(«]  Il  Pétait  encore  en  1137,  suÎTant  les  chartes  de  Pontigny.  (iV.  d.  E.) 

Il  54 


5!S0  ABBÉS 

La  relation  Je  celte  abbaye  avec  la  cathédrale  consiste  dans  les  sta- 
tions que  la  cathédrale  y  va  faire  :  1^  Le  dimanche  des  Rao^eaux  où 
les  chanoines  réguliers  reçoivent  le  Chapitre  au  chant  d'une  antienne, 
qui  étoit  autrefois  Occurrunt;  2^  le  lundi  de  Pâques;  5^  le  mardi  des 
Rogations  où  les  mêmes  chantent  Agne  Dei;  et  autres  stations  mar- 
quées dans  les  Processionaux  et  titres,  telles  que  celles  de  la  Saint- 
Pierre,  etc.  Le  jour  qu'ils  sont  tenus  dé  chanter  les  litanies  à  la  pro- 
cession de  la  cathédrale,  est  le  lundi  des  Rogations  ;  leur  place  au  chœur 
de  la  même  église  est  aux  stalles  basses  du  côté  gauche.  On  peut  con- 
sulter, pour  le  surplus  de  Thistoire  de  cette  maison,  Farticle  des 
Vicomtes  (i).  On  ne  sait  pour  quelle  raison  aucun  des  évéques  ne  s  y 
est  fait  inhumer.  Il  n'y  a  de  reliques  remarquables  que  quelque  chose 
de  saint  Edme,  archevêque  de  Cantorbéry. 


ABBËS  DE  SAINT-PËRE. 


Odom  fut  le  premier  abbé  de  Saint-Père  d'Auxerre.  Il  obtint 
d'Alexandre  III  une  bulle  de  l'an  li74.  Comme  la  tradition  étoit  an- 
ciennement que  c'étoit  de  Saint-Victor  de  Paris  qu'avoient  été  tirés 
les  Réguliers  mis  k  Saint-Père  (2) ,  il  y  a  lieu  de  croire  que  cet  Odon 
est  le  même  chanoine  de  Saint-Victor,  dont  il  y  a  des  lettres  au  3fi 
tome  du  Spicilége. 

GoDEFROY.  Il  est  connu  par  la  bulle  de  i  178  qu'il  obtint  d'Alexandre 
III,  touchant  les  biens  du  monastère,  où  est  comprise  la  dime  des 
raisins  du  clos  du  Vicomte.  C'est  ce  que  les  actes  des  derniers  temps 
ont  appelé  la  Cour  des  Vents  au  lieu  des  Veans.  On  croit  qu'il  vivoit 
encore  en  1195  (a). 

Arnoul  est  nommé  en  une  infinité  d'actes,  depuis  l'an  1195  jus- 


Ci)  T.  m  de  cette  Histoire.  |     (2)  BeUeforét  le  dit  en  sa  Cosmographie. 


(a)  On  trouve  Gauthier  en  1180,  et  Hugues  en  1189.  (iV.  d.  E.) 


DE  SAINT-PÈRE.  551 

qo'en  1222.  Sa  science  le  fit  choisir  pour  arbitre  en  beaucoup  d'af- 
fiiires.  V.  The$.  anecdote  1. 1,  col.  775,  HisL  Univ.  Parit  sœc.  XIH^ 
12.  Il  mit  sa  maison  en  société  avec  Tabbaye  de  Molême. 

Barthélémy.  Son  nom  paroit  dans  des  actes,  depuis  1255  jusqu'en 
1267.  Il  déclara,  en  1255,  quels  étoient  les  droits  que  l'abbaye  de 
Saint-Germain  a  le  jour  de  certaines  fêtes  dans  Téglise  de.Rouvret  (1  )•  En 
1258 ,  son  monastère  se  trouva  si  appauvri,  à  cause  de  la  poursuite  du 
procès  sur  Téglise  de  Cézy,  qu'il  fut  obligé  de  vendre  de  ses  rentes  Ji 
l'abbaye  de  Saint-Jean  de  Sens. 

Jean  se  trouva  présent,  en  1281 ,  à  l'hommage  de  Robert  de  Flan- 
dre rendu  à  l'évêque  d'Âuxerre  (2).  En  1295,  on  fit  don  kluiet  k 
son  église  d'une  place  proche  les  Filles-Dieu,  paroisse  de  Saint- 
Pèlerin. 

Gilles  est  nommé  dans  des  titres  depuis  1500  jusqu'en  1508.  Il  fut 
en  difiiculté  avec  les  paroissiens  pour  la  réparation  de  l'église. 
Jean  II  étoit  abbé  en  1512. 

Robert  fat  présent,  en  1520 ,  k  la  visite  de  la  châsse  de  saint  Amatre 
dans  la  cathédrale.  En  1521  il  fit  un  échange  de  biens. 

GiBAUD  D'Esntisi  étoit  abbé  depuis  longtemps  en  1558.  En  1550, 
il  y  eut  mandement  du  roi  Jean  adressé  k  lui  comme  commissaire,  snr 
le  fait  des  lombards  et  usuriers ,  qui  déclaroit  que  leurs  débiteurs  se- 
roient  quittes  en  portant  le  sort  principal  au  trésor  royal  (5).  Il  est  le 
premier  du  clergé  nommé  parmi  ceux  qui  s'obligèrent,  en  1559,  pour 
la  rançon  de  la  ville  envers  l'abbaye  de  Saint-Germain.  Il  mourut' en 
1568  (a). 

Jean  de  Noyées.  Il  obtint  du  pape  Grégoire  XI,  en  1575,  l'union 
pour  un  temps  du  prieuré  de  Cézy  b  son  abbaye  qui  étoit  devenue  fo<t 


(1)  Fof .  Prieuves,  t.  iv. 
(«)  V(ï^.  Preuves,  n*  2tS. 


(3)  Ord.  des  Rois,  xt«  vol. 


(a)  On  trouve  Jean  d*Asserty,  comme  abbé,  en  1360.  (iV.  d.  E.) 


552  ABBÉS 

pauvre  (1).  Il  associa  sod  roonastère  avec  celui  de  Saint-Laarent,  en 
1578  (2).  On  croil  qu'il  vivoit  encore  eu  1397;  mais  en  1398  le 
si^e  étoit  vacant,  lorsque  Marie,  reine  de  Sicile  demanda  pour  cette 
maison  Tunion  perpétuelle  du  prieuré  de  Cézy. 

Nicolas,  prieur  de  Château-Renard,  étoit  devenu  abbé  en  1598. 

Guillaume  Yivieh  ,  auxerrois ,  étoit  abbé  dès  Tan  1401 ,  qa*il  assista 
ï  rentrée  de  l'évéque  Michel  de  Creney.  On  le  trouve  en  des  litres 
de  1404.  Il  fit  soumission  au  Chapitre  d^Auxerre,  le  1*'  octobre  1407, 

au  sujet  du  ban  rompu  par  ses  gens  k  Monétau  (5). 

Jean  Dahade  est  dans  des  actes  de  142G  et  1427. 

Jean  Assert.  Cet  abbé  fut  déclaré  excommunié  an  mois  d^ octobre 
1450,  pour  avoir  persisté  à  refuser  les  droits  dus  k  Hugues  de  Villemer, 
archiprétre  de  Saint-Bris,  après  la  mort  des  curés  de  Yenousse  et  de 
Quéne.  Il  fut  présent,  en  1449,  à  Tenirée  de  Tévéque  Pierre  de 
Longueil  (4). 

Pierre  le  Masle,  auxerrois,  fut  député  en  1455  avec  le  sons- 
chantre  de  la  cathédrale,  pour  aller  solliciter  k  Paris  le  procès  qne|^ 
ville  avoit  contre  les  vignerons.  Il  assista,  en  1480,  k  rélévation  da 
corps  de  saint  Cot  faite  à  Saint-Bris. 

Jean  de  Baugis  fut  apparemment  peu  de  temps  abbé,  puisqu'il  avoit 
un  successeur  dès  i486.  Sa  mort  est  marquée  au  28  mai  dans  l'Obi- 
tuaire  de  Saint-Laurent. 

Hugues  de  Boulangiers  éloit  abbé  dès  le  20  novembre  1485.  Il 
obtint,  en  1501,  de  Févéque  Jean  Baillet,  la  confirmation  des  statuts 
de  la  nouvelle  confrairie  de  la  Trinité  pour  les  paroisses  d'Âuxerre.  Il 
est  nommé  au  procès-verbal  de  la  coutume  de  1507.  Il  résigna  en 
1513  au  suivant.  Son  sceau,  que  j'ai  retrouvé  avec  cette  inscription  : 
5.  Hugonis  abbatis  monasterii  S.-Petri  Autiss. ,  contient  en  bas  les 
armoiries  qui  sont  trois  crénaux  surmontés  d'une  étoile. 

Laurent  Petitfou  fut  le  dernier  abbé  régulier  jusqu'en  1542,  qu'il 


(r   Voy.  Preuves,  t.  iv. 
(i)  Ex  Necrol.  S.  Laur. 


(3)  Regist.  Capit, 

(4)  F'oy,  Preuves,  t.  ir,  n.  ."564. 


DE    SAINT-PÈRE.  553 

■ 

fit  passer  son  abbaye  en  commende  pour  en  gratifier  son  neveu.  Comme 
il  vivoit  encore  en  1571 ,  selon  des  titres  que  Ton  a,  c'est  lui  que  Joseph 
Panier  a  eu  en  vue  dans  son  mémoire  sur  la  prise  d'Âuxerre,  en  1567, 
par  les  Calvinistes,  et  non  son  prédécesseur.  Outre  que  Hugues  de 
Boulangiers  auroit  eu  plus  de  cent  ans  en  1567,  il  se  seroit  trouvé 
alors  k  Saint-Père  trois  abbés,  deux  anciens  outre  le  nouveau.  J.  Panier 
ne  parle  que  du  vieux  abbé  régulier  qui  devoit  être  celui-ci.  Ceci  est 
pour  réformer  ce  que  j'ai  écrit  pages  126  et  -127  de  THistoire  de  la 
prise  de  la  ville,  trompé  par  les  écrits  du  P.  Viole. 

Laurent  Petitfou  ,  neveu  du  précédent ,  fut  le  premier  abbé  com- 
mendataire  de  Saint-Père,  etTétoil  en  1542.  Il  fut  aussi  chanoine  de 
la  cathédrale  et  grand-archidiacre.  V.  l'article  des  archidiacres.  Il 
mourut  en  1595. 

Laurent  Fauchot,  second  abbé  commendataire,  étoit  neveu  du  pré- 
cédent. Il  mourut  de  la  peste  en  1608. 

Henri  de  Lambert  ,  filleul  de  Henri  IV,  fut  le  troisième  abbé  com- 
mendataire jusqu'à  l'an  1646,  qu'il  décéda  le  4  mars.  La  réforme  de 
la  congrégation  de  Sainte-Geneviève  fui  introduite  de  son  temps.  On 
rebfttissoit  aussi  alors  l'église. 

■ 

Roger  de  Harlai  fut  nommé  à  l'abbaye  de  Saint-Père  par  Louis  XIV, 
et  en  prit  possession  au  mois  de  novembre  1646.  Il  fut  fait  depuis 
évéque  de  Lodève. 

Roger,  prince  de  Courtenay,  neveu  du  précédent  abbé,  eut  l'abbaye 
par  sa  résignation  et  en  prit  possession  au  mois  de  février  1659.  Il 
étoit  aussi  abbé  des  Ëscharlis.  Après  sa  mort  a  été  nommé  pour  lui 
succéder  M.  de  la  Chabrerie  ,  prêtre,  qui  en  a  fait  peu  de  temps  après 
démission  pure  et  simple  (1). 

Jean  Hardoin,  prêtre-chanoine  de  l'église  métropolitaine  de  Sens,  a^ 
été  nommé  à  cette  abbaye  au  mois  de  juillet  1757. 

*  Joseph  de  Calvière  deBeaucoiran  fut  nommé  par  le  roi  au.  mois  de 
juin  1745.  Il  mourut  le  8  juin  1768^ 

(1;  Mercure,  juin  1737,  p.  1453. 


*  M.  M  SAorr-HiLAnc ,  i icaire-géoéffaS  de  diocèse  de  Mean^  ne  fbt 
^*Hi  iosuat  tiialaire  de  Tabbaf  e  Sant-Père  a  se  démk  à  la  io  de 
1768. 

*  M.  M  Macbot,  ebaûire  de  FégUse  eollégîale  de  Meioa  ,  soccédb 
3i  M.  de  Saiot-Hibire  le  3  décembre  f  768.  Il  était  encore  titdaîre 
en  1790. 


DE  L'AnATE  DE  SAdT-AMATlE ,  DEPOS  B£DHTE  ES  FBfEUltL 


Celle  église  a  pris  le  nom  de  son  foodatenr,  qni  FaToil  dédiée  ao«s 
rinrocatiott  de  saint  Sjphorien,  célèbre  martyr  d^Antnn,  doni  il  aToit 
en  quelques  reliqnes.  Sa  situation  a  bit  conserrer  dans  le  pays  Fancien 
nom  dont  a  été  formé  celui  d*Auxerre.  On  a  toujours  dit,  du»  Ta»- 
tiquité,  que  b  basilique  de  saint  Amatre  étoit  située  in  moule  JmCfm», 
parce  qo'efle  est  située  i  b  naissance  de  b  montagne  au  bas  de  bqueBe 
étoit  b  prairie  de  Y^an,  qui,  quoique  petite,  éioii  opulente.  Dans 
fancien  bogage,  Aulric  signifioil  prairie.  Cétoit  donc  sur  le  coteau 
occidental  de  celle  prairie  que  fut  placée  b  basilique  de  saint  Stpho- 
rien,  au  milieu  des  sépultures  du  peu  de  chrétiens  qull  j  aToil  eus  jus* 
qu'alors  ii  Aurerre.  Saint  Amatre ,  qui  j  fut  inhumé,  j  opéra  tant  de 
miracles  que  son  nom  il  disproitre  dès  le  même  siècle  celui  de  saint 
Sjpborien ,  et  que  toute  b  Tille  touIuI  être  inhumée  autour  de  b  basi- 
Kque  qui  le  renfermoit.  De  b  se  forma  ce  nombre  infini  de  sépultures 
entre  cette  église  et  b  cité  d'Auxerre.  Il  est  parlé  de  cette  é^îse  dans 
lliistoire  de  b  coof  ersion  de  saint  MamerU  Saint  Crse  ai  oit  mené  uie 
?ie  solitaire  ,  proche  b  même  basilique ,  fers  Fan  300,  a? ant  que  d^étre 
életé  à  Fépiscopat.  Elle  étoit  dcfcnue  si  célèbre,  qu'après  b  cathé* 
dr^  elle  ne  le  cédoit  qu'a  Téglise  de  Saint-Germain  pour  le  rang^  En 
effet,  saint  Aunaire  b  nomme  b  seconde,  et  saint  Tétrique  pareille- 
mat,  dans  le  catalogue  que  Tun  et  Tautre  ont  donné  des  églises  de 
leur  diocèse  au  n*  et  mi*  siècle.  Saint  Didier,  succcHeur  immédbt 


DE    SAINT-AMATRE.  555 

de  saint  Aunaire  .dooDa  à  la  basilique  de  saint  Amatre  une  terre  ap- 
pelée Talon  ,  qu'on  croit  avoir  été  aux  environs  de  Saint- Fergeau  ou 
\k  Pourain.  C'est  la  première  fois  qu'il  est  parlé  de  biens  légués  à  cette 
église.  Apparemment  qu'elle  ne  commença  qu'alors,  c'est-à-dire  vers 
Tan  620,  à  être  desservie  par  quelques  ecclésiastiques. 

Il  faut  croire  qu'elle  possédoit  des  biens  assez  considérabliis  au 
VIII®  siècle  ,  puisqu'alors  elle  passa  comme  les  autres  églises  qui  avoient 
des  fonds,  dans  les  mains  des  laïques,  dont  elle  ne  sortit  que  sous 
Tépiscopat  de  Gui,  vers  le  milieu  du  x®;  après  quoi  un  évéque  l'ayant 
donnée  à  un  seigneur  par  forme  de  bénéfice,  elle  étoit  passée  entre  les 
mains  de  l'évéque  d'Âutun,  d'où  Geoffroy  de  Champaleman  la  retira 
vers  l'an  1060,  au  bout  de  six-vingts  ans  ou  environ;  et  ce  fut  proba- 
blement en  ce  temps-là  qu'il  commença  à  y  avoir  un  clergé  réglé,  dont 
un  cbanoine  de  la  cathédrale  étoit  abbé.  Cependant ,  entre  tous  ces 
abbés ,  nous  ne  connoissons  que  celui  qui  est  nommé  dans  le  catalogue 
des  chanoines  d'Âuxerre,  rédigé  sous  Tévéque  Humbaud,  vers  l'an 
i090  ou  1100  (1),  dans  lequel  Jeaa,  abbé  de  Saint-Amalre,  est  le 
dernier  des  prêtres  du  côté  gauche.  Mais,  pour  preuve  qu'il  y  avoit  en 
effet  une  petite  communauté  en  ce  lieu ,  c'est  ce  qu'on  lit  au  Nécrologe 
de  la  cathédrale,  dans  le  rang  des  additions  de  la  fin  du  xi®  siècle  ou 
du  commencement  du  xii® ,  au  16  mai  :  a  Obiit  Fulco  S.  Âmatoris 
»  canonicus  et  sacerdos,  qui  pro  salute  anime  sue  domum  suam  petri- 
j  nam  fratribus  dédit,  j» 

L'évéque  Hugues  deMontaigu,  à  l'exemple  de  ce  qui  se  pratiquoit 
parmi  les  Cluniciens  où  il  avoit  été  élevé,  changea  le  titre  d'abbaye  en 
prieuré,  en  y  mettant  des  chanoines  réguliers,  l'an  1151,  et  Alain, 
autre  évéque  tiré  du  cloître ,  y  fit  venir  en  1 164  des  religieux  de  l'ab- 
baye de  Saint-Satur  en  Berry,  avec  lesquels  il  y  eut  des  règlements 
pour  les  droits  temporels  dont  il  est  fait  mention  ci-dessus,  pages  520 
et  587.  Guillaume  de  Seignelay  leur  donna  depuis  les  églises  marquées 
aussi  ci-dessus,  page  587.  Quoique ,  du  temps  des  guerres  du  roi 
Robert  ou  autres,  le  corps  de  saint  Amatre  eût  été  tiré  de  cette  église 
pour  être  réfugié  dans  la  cathédrale  ou  avec  d'autres  reliques,  les  cha- 

(l)  Koy.  Preuves,  t.  iv,  n.  17. 


556  ABBAYE 

Doines  réguliers  prétend irtnt,  vers  Tan  1319,  le  posséder  encore,  sons 
prétexle  qu'ils  avoient  son  (omhoau  et  des  châsses  ;  mais  TouTertore 
solennille  qui  fui  laite,  on  i5i0  (I),  de  la  châsse  de  la  cathédrale ,  eo 
présence  de  tout  le  clergé,  les  détrompa. 

De  temps  immémorial  il  y  avoit  eu  concours  au  tombeau  de  ce  saint, 
et  quoique  le  corps  ne  fût  plus  dans  son  église-,  la  foire  des  calendes 
de  mai  ne  laissa  pas  de  durer  huit  jours,  tant  dans  le  champ  de  Fin- 
dict,  qui  étoit  au-dessous  du  cimetière  public,  que  dans  la  place  dite 
de  Ghalcndemai.  Il  ne  reste  plus  de  vestiges  de  cet  ancien  concours  à 
Saint-Âmatre,  que  les  petites  vigiles  que  la  cathédrale  y  vient  chanter 
la  veille  des  calendes  de  mai,  avec  la  grand'messe  le  lendemain.  Celte 
basilique  étoit  après  saint  Germain  ,  celle  où  le  même  clergé  se  reodoit 
autrefois  plus  fréquemment,  surtout  le  Carême.  Ces  stations  se  firent 
par  la  suite  dans  le  cimetière  de  Montartre,  canton  de  la  paroisse  de 
Saint-Âmatre  renfermé  dans  la  ville,  parce  que  le  reste  se  trouvanl 
dehors,  étoit  exposé  aux  incursions  des  ennemis  dans  le  temps  des 
guerres.  La  cathédrale  va  encore  faire  k  Saint-Amatre  la  station  du 
dimanche  des  Rameaux,  oi^  le  prieur  fournit  le  buis  et  le  distribue  ^ 
tout  le  clergé,  et  celle  des  litanies  du  25  avril.  Le  prieur  de  cette  même 
maison  reçoit  encore  le  Chapitre  de  la  cathédrale ,  le  mercredi  des 
Rogations,  en  chantant  ilyne  Dei,  et  il  chante  le  même  joor  les  lita- 
nies du  peuple  avec  un  chanoine  de  Saint-Marien,  depuis  la  porte 
d^Eglény  jusqu'à  Téglise  de  Saint-Georges.  Sa  place,  au  chœur  de 
Saint-Etienne ,  est  dans  les  basses  stalles  du  côté  droit. 

Nous  connoissoos  trop  peu  de  prieurs  de  Saint-Âmatre  pour  en 
former  une  liste. 

Olric  paroit  avoir  été  le  premier.  Innocent  II  l'appelle  Hurric ,  dans 
sa  bulle  du  24  septembre  1131  (a).   Il  fut  présent  en  1136,  quand 
Tévéque  Hugues  de  Montaigu  donna  à  son  Chapitre  les  dtmes  d'Oisi 
etc.,  t,  XII  SpiciL 

(Ij   Voy,  Preuves,  n»  267. 

(a)  11  porte  le  même  nom  dans  une  charte  de  1144  sur  les  moulins  de  Gharen- 
tenay.  (iV.  d,  E.) 


I 

V 


,  DE    SAINT-AMATRE.  557 

Engisbaud  doit  avoir  aussi  été  prieur  de  Saiot-A maire,  avant  que 
celle  maison  fût  soumise  à  Tabbaye  de  Saint-Satur.  Le  Nécrologe  de 
sainl Laurent  marque  qu'il  en  avoit  élé  tiré.  On  y  lit,  au  il  juin  : 
c<  Obiit  Engisbaudus  prior  S.-Âmatoris,  noster  canonicus.» 

Voici  une  liste  de  quelques  prieurs  [a)  : 
WiLLELMus,  en  I23G. 

Frère  Jean,  1286,  1297. 

JeanBoguikr  ,  1355. 

Guillaume  Burcadellus  ,  1 582. 

Jacques  Gujat  Téioit  en  1451  et  dès  1404.  «  Ex  computis  Urbis.  » 

Pierre  Eviat,  1405. 

HUMBERT  CaTIN  ,  dit  LE  MiOT,  1466. 

Bertrand  Fuat,  licencié  en  décret  ,1498. 

Pierre  de  Lux,  en  1521.  «  Exquodam  arresto  Parlamenti.  » 

Robert  de  Lux  Tétoit  en  1428. 

Martial  Richard  lui  succéda  en  1529.  Encore  titulaire  en  1552. 

HuET,  1568,1576. 

Hector  Vigneron,  prieur,  de  1587  à  1598. 

Jean  Garnot,  en  1597. 

Jean  Garnot  le  Jeune  succéda  à  son  parent  en  1619.  Il  résigna  son 
bénéGce  en  1649.  Il  avoit  eu  une  mauvaise  affaire  eu  1625  et  étoit 
accusé  d'assassinat. 

ANTOINE  DE  Certaines,  clerc  du  diocèse  d'Âutun,  nommé  en  1649, 
mourut  en  1668. 

Pierre  Marpon,  de  Saint-Satur,  en  Berry,  lui  succéda,  mais  résigna 
son  bénéfice  l'année  suivante  h  son  frère  Nicolas.  Celui-ci  étoit  encore 
prieur  en  1 686. 

Pierre  Marpon,  de  Saint-Satur,  en  Berry,  mort  le  51  décembre 
1720. 

....  GoBiN,  de  Saint-Satur»  réforme  de  Bosc-Âchard. 


(a)  Les  noms  des  prieurs  qui  ne  se  trouvent  pas  dans  la  première  édition  de 
cet  ouvrage  ont  élé  puisés  dans  les  archives  du  prieure  Saint-Amatrc.    (^.  d.  E,) 


538  ABBAYE 

Germain  Carouge,  de  ia  congrégalion  des  chanoines  de  Sainte- 
Geneviève,  prieur  en  1757,  mourulen  1742. 
Raoul  Briquet  lui  succéda. 

Etienne  Chauchet,  prêlre  député  à  la  chambre  ecclésiasliquc,  prieur 
en  1759,  mourut  le  28  août  1784. 

François  Pasquier  ,  célèbre  par  ses  prétentions  à  la  dime  de  vin 
d'Auxerre,  exerce  en  1781.  Il  fut  le  dernier  prieur  de  Saint-Amatre. 


DE  L'ABBAYE  DE  SAINT-EUSËBE,  DEPUIS  RÉDUITE  ExN  PRIEURE. 

Je  donne  le  nom  d'abbaye  au  monastère  que  saint  Pallade,  évêque 
d'Auxerre,  bâtit  hors  les  murs  de  la  ville  épiscopale,  sous  le  roi 
Dagobert  I®'',  parce  qu'il  est  certain  que  ce  saint  y  établit  une  commu- 
nauté; et  il  y  a  lieu  de  croire  qu'ayant  proposé  le  saint  évêque  de 
Verceil'pour  modèle  de  ceux  qui  Thabitoient,  il  voulut  qu'à  l'exemple 
de  ce  Haint  on  y  observât  autant  la  vie  cléricale  que  la  monastique  (1). 
Ce  lieu  étoit  alors  une  pleine  campagne  avec  quelques  vignes.  Il  fit 
fermer  de  murs  son  pnonastère,  et  lui  donna  des  fonds  dont  je  croirois 
qu'est  la  terre  deTerves,  paroisse  d'Escamps.  Saint  Pallade  y  fut  in- 
humé ,  et  depuis  lui  quatre  autres  évêques  dans  l'espace  d'un  siècle. 
Cette  même  église  étant  plus  à  portée  de  la  cathédrale  que  celle  de 
saint  Amatre,  et  nullement  exposée  aux  inconvénients  des  inondations, 
son  cimetière  fut  choisi  par  les  chanoines  de  la  cathédrale,  pour  leur 
servir  de  sépulture.  Ce  choix  se  fit  au  moins  dès  le  temps  de  Charle- 
magne ,  lorsque  l'église  de  Saint-Eusèbe  fut  revenue  au  pouvoir  de 
l'évéque  Maurin,  après  l'invasion  faite  sous  Charles-Martel.  Les  évêques 
y  préposèrent  alors  un  chanoine-diacre  de  la  cathédrale ,  sous  la  qualité 
d'abbé,  et  c'étoit  une  de  ces  petites  communautés  où  l'on  observoit  ce 


(1)    Sancti  Eusebii  Àhbaliam  in    ordiriê 
canonica  ab  initio  constitutam.  Frodo  io  vita 


Godefr.    de   Carapo-Alemano   episcopo  ïi' 
sxcuio. 


DE    8AINT-EU8ÈBE.  559 

que  Ton  poQvoit  de  la  r^le  d'Âix-la-Chapelie,  qui  se  pratiquoit  à  la 
leltre  dans  la  cathédrale.  L'évêque  Wibaud  douna  à  l'église  de  SaÎDl- 
Eusèbe ,  vers  l'an  890 ,  huit  labourages  dans  la  seigneurie  de  Moulins; 
et  Herifrid^son  successeur,  la  voyant  presque  détruite,  ajouta,  vers  Tan 
900,  d'autres  biens  situés  à  Leugny,  à  Serein  et  à  Avignau.  De  sorte 
qu'il  paroit  que  tous  les  biens  de  celle  église  étoient  presque  contigus  ; 
mais  les  guerres  des  Normands  et  autres  écartèrent  les  chanoines  et 
firent  négliger  la  culture  des  biens. ^Cent-soixante  ans  après,  l'évêque 
Geoffroy  de  Champaleman  y  établit  un  abbé  et  des  chanoines.  Humbaud, 
qui  siégeoit  en  1090,  en  augmenta  le  nombre  en  les  rendant  réguliers 
par  le  moyen  des  chanoines  de  Saint-Laurent  qu'il  y  introduisit;  de 
sorte  que  le  prieur  régulier  veilla  sur  ces  religieux,  et  le  titre  d'abbé, 
possédé  par  un  chanoine  de  la  cathédrale ,  ne  fut  plus  qu'un  titre 
d'honneur,  et  pour  marquer  l'ancienne  dépendance.  Comme  ce  mo- 
nastère étoit  le  cimetière  des  chanoines  de  la  cathédrale,  le  même 
évéque  trouva  convenable  d'y  annexer  la  charge  de  prier  pendant  un 
an  pour  chaque  chanoine  nouvellement  inhumé,  et  d'y  altacher  l'émo- 
lument de  la  prébende,  cum  consensu  tottui  cleri  etpopuli^  disent  ses 
actes.  C'est  ce  qui  fut  depuis  expliqué  par  l'évêque  Alain,  vers  l'an 
1160,  et  qui  a  rendu  le  prieuré  de  Saint-Eusèbe  très-mémorable  dans 
l'histoire  du  pays. 

Du  grand  nombre  d'épitaphes  dont  les  murs  du  cloitre  et  du  Chapitre 
refaits  vers  l'an  1 1 00,  étoient  autrefois  garnis  (a),  on  ne  lit  plus  que  celles- 
ci  qui  sont  gravées  dans  la  pierre  même  du  bâtimentdu  Chapitre,  en  lettres 
capitales  du  xn<^  siècle  :  «  Nonas  martii  obiit  Renaudus  Hichardus 
D  sancti  Slephani  canonicus.  »  Autre  :  a  VII  idus  augusti  obiit  Segui- 
D  nus  levila,  S.  Slephani  canonicus.  Anima  cjus  req.  in  pace.  c  Autre  : 
c(  V  idus  decembris  obiit  Lupus  Miles  Treceusis.  An.  ej.  req.  in  pace.  » 
  l'extérieur  de  la  porte  du  Chapitre  :  «  . . .  tobris  obiit  Isanbardus 
»  sacerdos  nosterque  canonicus.  An.  e.  r.  in  p.  »  La  sépulture  de  ce 
dernier  fut  découverte  le  51  mars  1728,  et  on  trouva  son  cercueil  de 
pierre  sans  fond,  en  sorte  que  son  corps  étoit  posé  sur  la  terre  même, 


(a)  Ce  clottre  dont  les  restés  se  voyaient  encore  il  y  a  quelques  années  était  de 
style  roman.  (AT.  d.  E.) 


540  ABBATB   DE   SAlNT-EOSfcBB. 

ayaDi  auprès  de  lui  deux  petits  pots  de  grès  :  Ton  où  avoil  été  TeaQ 
bénite  qui  se  trouva  eotièremeot  vide,  et  l'autre  plein  de  ebarboo  où 
avoit  été  l'encens. 

Il  y  a  encore  sous  terre,  en  cette  église,  les  tombeaux  des  évéqoes 
saint  Pallade  et  saint  Tétrice.  Les  ossements  en  avoient  été  tirés  eo  945, 
par  Gui,  alors  évêque  d'Ânxerre,  et  exposés  à  la  vénération  des  fidèles  ; 
mais  ils  ont  été  perdus  dans  le  temps  des  guerres  des  CalviDisles.  La 
nef  et  le  chœur  de  cette  église  ont  été  dédiés  par  Ferrie  Cassinel,  évê- 
que Tan  1384,  le  12  juin  (a).  Le  sanctuaire  et  le  rond-point  ODt  été 
refaits  bien  plus  nouvellement. 

Le  prieur  titulaire  avoit  autrefois  de  beaux  droits  par  coucessioo  des 
évéques  et  des  comtes,  surtout  dans  le  marché  du  blé  situé  sur  la 
paroisse  de  Sainl-Eusèbe  (1).  Dans  le  temps  des  guerres,  avant  qu'il  j 
eût  une  horloge  publique  et  un  h4tel-de-villc,  les  habitants  emprnn* 
toient  de  lui  le  clocher  de  son  église  pour  y  placer  le  guetteur,  comme 
étant  alors  le  lieu  le  plus  élevé  de  la  ville.  Le  prieuré  de  Sainl-Eusèbe 
est  tenu  de  fournir  au  Chapitre  d'Âuxerre,  chaque  année,  le  Jeudi-Saint, 
tons  les  pains  nécessaires  pour  la  cène  ;  et  deux  des  chanoines  réguliers 
de  cette  maison  les  présentent  aux  chanoines  et  autres,  chacun  de  leur 
côté.  Leur  tour,  pour  les  litanies  des  Rogations,  est  le  second  jour  en 
allant  à  Saint-Gervais  et  en  revenant.  Le  clergé  de  la  cathédrale  fait  en 
leur  église  une  de  ses  stations,  le  dimanche  des  Rameaux,  le  mercredi 
des  Rogations  et  Tune  des  fériés  de  la  Pentecôte,  auquel  jour  les  cha- 
noines réguliers  chantent  le  verset  du  répons.  Le  même  clergé  y  va  aussi 
chanter  un  nocturne,  etc.,  la  veille  de  saint  Eusèbe,  au  mois  d'août,  et  la 
grand'messe  le  jour  de  la  fêle. 

De  tous  les  anciens  abbés  de  Saint-Eusèbe  d'Âuxerre,  Tancien 
Nécrologe  en  nomme  trois  qui  doivent  être  morts  avant  le  xi®  siècle.  Au 
7  avril  :  c  Obiit  Joannes  levila  et  abbas  S.  Ëusebii  adhuc  juvenis,  pru- 


(1)  Voy.  Preuves,  t.  iv,  n.  239. 


(a)  Malgré  la  date  de  la  dédicace,  on  voit  à  Pinspection  des  lieux  que  le  monu 
ment  est  bien  antérieur  et  de  la  fin  du  xii«  siècle  et  du  commencement  du  xuf. 

(iV.  d.  E.) 


PRIEURS   DE    SAINT-EUSÈBB.  S4fl 

»  deotia  lillerarum  imbulus  et  bonitate  decorus.  »  Aa  4  mai  :  a  Gibertus 
D  levita  et  preceptor,  et  abbas  S.  Eusebii,  corpus  tumulo,  animamqae 
D  reddidit  Ghristo.  >  Au  14  juillet  :  c  Obiit  Guaidricus  levita  et  cano- 
»  nicus  S.  Stephaoi,  atque  abbas  S.  Eusebii  ;  d  celui  qui  suit  a  précédé 
immédiatemeot  Tintroduction  de  la  régularité,  puisqu'il  vivoiten  1059. 
Il  y  est  parmi  les  additions,  au  6  avril  :  «  Obiit  Gaufrid us  arcbidiacoDUS 
>  et  abbas  S.  Eusebii.  » 


PRIEURS  DE  SAINT-EUSËBE, 

DEPUIS   L'fiTABLISSBlfENT  DES  CHANOINES  DE  SAINT-LAURENT,   JUSQU'a   CELUI 
DES  CHANOINES    DE   LA  CONGRÉGATION    DE  FRANCE. 

Jagdilin,  tiré  de  l'abbaye  de  Saiot-Laurent,  paroll  être  le  plus  ancien 
prieur.  Son  décès  est  de  la  première  main  dans  le  Nécrologe  de  la  même 
abbaye,  au  15  avril  :  «  Obit  Jaguilinus  prior  S.  Eusebit  et  noster 
»  canonicus.  » 

Etienne  est  au  12  juin,  dans  le  même  Nécrologe,  el  de  la  main  pri- 
mitive :  d  Obiit  Stephanus  prior  S.  Eusebii,  noster  canonicus.  d 

DoDON,  Saint  Bernard,  en  sa  lettre  276®,  fait  mention  du  prieur  de 
Saint-Eusèbe,  comme  ayant  assisté  ii  l'élection  de  Tévéque  d'Âuxerre, 
en  1152,  et  se  contente  de  dire  qu'il  étoit  frère  de  Tabbé  de  Saint- 
Laurent  ;  mais  le  Nécrologe  de  Saint-Laurent  nous  apprend  que  cet  abbé 
éloit  Hugues,  qui  avoit  un  frère  nommé  Dodon  qui  lui  succéda  dans  la 
dignité  abbatiale.  Il  fut  prieur  de  Saint-Eusèbe  jusqu'en  1160  on 
environ. 

Geoffroy  est  témoin,  en  1164,  dans  un  titre  de  Bourads  sur  Ghe- 
vigny  et  dans  l'acte  de  suppression  de  la  prévdté  de  la  catbédrale,  en 
1166  (1).  Il  fut  prieur  jusqu'environ  l'an  1175  qu'il  fut  élu  abbé  de 
Saint-Laurent. 


(1)  Voy>  Preuves,  t.  iv,  ii.  59. 


54t  PRIEURS 

Albéric  est  nommé  dans  on  titre  do  mois  de  janvier  1205. 

Pierre  étoit  prieur  en  'fSSG.  Il  mourut  le  4  juin.  Ex  NecroL  S. 
Lamenta. 

Gui  de  Tract  est  nommé  dans  un  titre  de  1281,  comme  ayant  été 
ci-devant  prieur  de  Saiut-Eusèbe.  Ainsi  il  le  fut  apparemment  vers  1260 
et  1270  (1).  Il  avoit  un  frère  chevalier  appelé  Guillaume. 

Hugues  fit  quelques  acquisitions  ^  Lindry,  en  1280.  Il  fut  présent, 
en  1281,  à  l'hommage  rendu  à  Tévéque  d'Âuxerre,  par  Robert  de 
Flandre  (2).  Il  est  apparemment  celui  dont  le  Nécrologe  de  Saint- 
Laurent  marque  le  décès  au  28  juillet  :  a  Ob.  Hugo  de  Cercyo  prier 
D  S.  Eusebii  Âutiss.  et  nosier  canonicus.  » 

Etienne,  surnommé  en  latii»  de  Pedagio^  vivoit  vers  1300.  Il  est  au 
Nécrologe  de  Saint-Laurent,  le  26  juin. 

Pierre  de  Ghappes  nommé  dans  un  règlement  sur  le  droit  des  pré- 
bendes de  la  cathédrale,  en  1507. 

Durand  étoit  prieur  du  temps  de  Tenquéte  de  1315. 

Jean,  témoin  à  l'ouverture  de  la  châsse  de  Saint-Âmatre,  en  i320. 

Philippe  de  Longueron  nommé  dans  un  titre  passé  sous  son  suc- 
cesseur. Il  vivoit  vers  Tan  1325. 

Etienne  de  Saint-Maurice,  issu  des  seigneurs  de  ce  nom,  an  diocèse 
de  Sens,  est  nommé  dans  une  procuration  du  clergé  d'Auierre  pour  em- 
proDter  de  Taisent,  afin  de  faire  sortir  du  pays  les  Anglois,  qui  en 
étoient  maîtres  en  1 358.  Il  y  est  qualifié  monseigneur  Etienne  de  Saint-- 
Maurice  prieur  de  Saint^Eueihe.  Il  fut  fait  abbé  de  Saint-Lanrent,  en 
1375. 

Jean  âliet  est  nommé  dans  un  titre  de  Tabbaye  de  Saint-Père,  en 
1381. 

HBimr  DE  LA  Forêt  est  aossi  nommé  dans  un  titre  de  Saint-Père  de 
Tan  1393.  Il  étoit  présent  au  Chapitre  d*Âuxerre,  le  6  mai  1596.  Il 
fonda  son  anniversaire  en  la  cathédrale  en  1401.  Son  obit  est,  le  4  de 


(1)  CartuL  CapU.,  fol.  543.  |      (2)  Ihid.j  ibl.  542. 


DE   SAINT-BUSÈBE.  545 

jnillet,  au  Nécrologe  de  Saint-Laurent  :  a  Ob....  Et  Henricos  de 
»  Foresta  prior  S.  Eusebii  sacerdos  et  noster  canonicus.  x>  On  le  faisoit 
h  la  cathédrale  les  années  suivantes. 

^##«^  prieur  de  Saint-Eusèbe,  étoit  apparemment  chanoine  de  cathé- 
drale en  1402,  puisqu'au  premier  jour  d'octobre,  après  le  trésorier  du 
côté  gauche,  on  lit  :  Prior  S.  Euiebiù 

Louis  DE  Bar,  évéque  de  Langres  depuis  l'an  4397,  connu  sous  le 
nom  du  cardinal  de  Bar,  posséda  le  prieuré  de  Saint-Ensèbe,  comme  il 
paroil  par  un  titre  de  1407  et  par  les  registres  du  Chapitre  d'Auzerre, 
au  14  octobre  de  la  même  année. 

Jacques  de  Margillt,  témoin  à  la  reddition  des  comptes  de  la  ville,  en 
1411-1417. 

Pierre  Moetrat  est  nommédanslesregistresdu  Chapitre,  au  27  juin 
1425,  comme  chargé  de  la  procuration  d'un  chanoine.  Dès  Tan  1422, 
Hugues  des  Noës,  doyen,  avoit  traité  avec  lui.  Il  est  au  22  août  dans  le 
Nécrologe  de  Saint-Laurent,  comme  chanoine  de  la  maison. 

Geoffroy  Ghantereau,  nommé  dans  les  comptes  de  la  ville,  (1 433) , 
fut  présent  à   l'entrée  de  Pierre  de  Longueil   au  siège  épiscopal, 

(1449)  (1). 

Louis  Daduf  nommé  dans  le  compte  de  la  ville,  1453. 

Jean  Pinard,  dans  ceux  de  1458-1471,  etc..  jusqu'en  1484,  comme 
ayant  loué  son  trésor  pour  mettre  les  titres  de  la  ville. 

Guillaume  Raffelin,  en  1487,  pour  la  même  raison  jusqu'en  1490. 

Edmb  Erard  ou  Regnard,  en  1491 ,  pour  la  même  raison. 

JossERAN,  prévôt,  est  qualifié  dans  le  compte  de  ville  de  1493: 
(c  Religieuse  et  discrète  personne,  prieur  commandatairedeS.-Elusèbe.» 
Il  continue  d'y  être  jusqu'en  1498. 

Pierre  Roulant,  dans  des  registres  de  la  viHe,  1505  et  suivants 
jusqu'en  1513,  pour  raison  du  louage  de  ses  archives. 

Antoine  des  Rutaux,  prieur  commendataire  de  Saint-Eusèbe  en 


(1)  Yoy.  Preuves,  t.  iv,  n.  361. 


1 


544  PBIBUBS 

i525.  n  éloii  en  même  temps  abbé  de  SaiDl-LaoreDl,  selon  on  tilre  de 
cette  anoée,  da  27  janvier.  Il  n'y  a  voit  alors  que  trois  religieux  an 
prieuré. 

Jean  Olivieb  cessa  d'êire  prieur  en  1544,  selon  le  registre  de  Laurent 
Robert. 

Vigile  Marie  fut  fait  prieur  en  1544  (1),  par  permutation  de  la  cha- 
pelle de  saint  Ferréol,  dans  Saint-Julien,  agréée  par  Bernardin  Bochetel, 
abbé  de  Saint-Laurent,  et  sur  les  provisions  de  Florent  de  la  Baire,  - 

vicaire-général. 

Deiiis  de  Li  Porte  est  qualifié  prieur  de  Saint-Eusèbe,   dans  les  | 

registres  baptistaires  de  la  paroisse,  au  20  juillet  i559  qu'il  fut 
parrain. 

Ëtieki«b  Armand,  chanoine  de  la  cathédrale,  étoit  prieur  en  1567,  - 

lorsque  la  ville  fut  prise  par  les  Calvinistes. 

Simon  Tribolé,  natif  d'Âuxerre,  prieur  de  Saint-Eusèbe  dès  1568, 
mourut  en  1583.  Il  fut  zélé  pour  rétablissement  de  l'office  de  saint 
Just  en  son  église,  sur  ce  que  la  tradition  est  que  le  lieu  où  étoit  la 
maison  du  père  de  ce  saint  enfant  se  trouve  aujourd'hui  dans  Tenceinte 
de  la  paroisse. 

Jacques  Michau  est  mentionné  comme  prieur  de  Saint-Ensèbe,  dans 
les  registres  de  la  cathédrale,  au  14  avril  1599,  où  il  requiert  le  visa  du 
canonicat  de  Victor  Camus,  qu'il  a  permuté  pour  la  chapelle  de  Sainte- 
Marguerite  dans  l'église  de  Saint-Mamert. 

Nicolas  de  Ghamboursy,  religieux  et  maître  de  l'hôpital  de  Beauvaîs. 

Jacques  Morisson,  religieux  de  Saint-Laurent.  Il  a  réparé  la  maison 
et  y  est  mort  en  1 653,  le  I*'  février,  âgé  de  88  ans.  *  Il  était  déjà  titulaire 
en  1604. 

Sébastien  Morisson,  aussi  religieux  de  Saint-Laurent,  neveu  et  suc- 
cesseur du  précédent,  lui  posa  une  épitaphe  de  la  composition  d'Edme 
Jodon,  avocat,  et  mourut  en  1655. 


(1)  Registre  de  L.  Robert. 


DE    SAINT-EUSÈBE.  545 

*  Denis  Deschamps,  prieur  en  1G59.  La  cure  élail  encore  dislincle  du 
prieuré. 

*  JeanMotin,  prieur-curé  en  1G66. 

*  Louis  de  Paris  de  Belesbat,  prieur  en  1675. 

*  Louis  Courcier,  prieur  conventuel  et  curé  de  la  paroisse  en  1G80. 
Quatre  religieux  composaient  alors  le  Chapitre.  Il  était  encore  titulaire 
en  1714. 

*  René-Hyacinthe  de  Reminiac,  pourvu  du  titre  de  prieur  titulaire 
en  1684,  en  jouit  au  moins  jusqu'en  1725.  C'est  sous  lui  que  la  cure 
fut  unie  au  prieuré,  en  1714  (a). 

*  Joseph  Goby,  prieur-curé  en  1718. 

*  Antoine  Catherine  Lévesque,  prieur  en  1727. 

*  Toussaint  Collin,  prieur-curé  en  1728,  fait  bail  à  cette  date  de  la 
terre  de  Terves  pour  le  prieur  de  Saint-Eusèbe,  Il  est  mort  en  1738. 

*  Jacques-Bénigne  Gagne,  succéda  au  précédent.  Il  donna  sa  démission 
le  12  septembre  1768. 

*  Michel  Duchamp  prend  dès  1766  le  titre  de  prieur  de  Saint-Eusèbe 
et  curé  de  Lainsecq.  Il  était  aux  droits  de  M.  Gagne. 

*  François  Pasquier  fut  nommé  prieur-curé  le  28  septembre  1768* 
Il  l'était  encore  en  1780. 

*  L'Heureux  de  Chambon,  prieur-curé  en  1781 ,  a  obéré  la  maison. 

*  Pierre  Garnier,  prieur  titulaire  de  Saint-Eusèbe,  demeurant  a  Lyon 
au  prieuré  Saint-Irénée,  en  mai  1784. 

*  ântoine-Marie  Ducrest  de  Montigny  succéda  à  M.  L'Heureux.  Il 
devint  curé  de  Saint-Eusèbe,  en  1790. 


(a)  On  distingue  depuis  ce  temps  deux  espèces  de  prieurs,  les  prieurs  titulaires 
et  les  prieurs-curés.  (>'.(/.£) 


FIN  DE  LA   HUITIÈME  PARTIE  ET  DU  SECOND  VOLUME. 


Il  53 


TABLE  DES  MATIERES. 


QUATRIEME    PARTIE, 

Suite  des  Vies  des  èvêques  d^Auxerre^  comprenant  rhistoire  des  antiquités 

ecclésiastiques  du  diocèse. 

Pages. 

CuAPiTRB  I.  Nicolas  d'Arcies  (1373  à  1376) i 

Chap.  11.      Guillaume  d'Etou(e\ille  (1376  à  1582) K 

Chap.  III.     Ferrie  Cassinel  (1382  à  1390) 9 

Chap.  IV.     Michel  de  Crene;  (1390  à  1409) 18 

Chap.  V.      Jean  deThoisj  (1409  à  1410) 35 

Chap.  VI.      Philippe  des  ËssarU  (1410  à  1426).  .     ......  38 

Chap.  VII.    Jean  de  Corbie  (1426  à  1432] 48 

Laurenl  Pinon  (1433  à  1449) SI 

Chap.  VIII.  Pierre  de  Longueil  (1449  à  1473) 58 

Chap.  IX.      Enguerrand  Sigoart  (1473  à  1477) 86 

Chap.  X.       Jean  Baillet  (1477  à  1513) 90 


CINQUIEME   PARTIE, 

Contenant  l'histoire  de  onze  évéques  qui  ont  siégé  depuis  Van  i  51 4, 

jusqu'à  Van  i  676. 

Chapitrb  I.  François  de  Dinteville  1  (1513  à  1530) 105 

Chap.  II.       François  de  Dinteville  ii  (1530  à  1354) 116 

Chap.  III.    Robert  de  Lenoncourt  (1554  â  1560) 141 

Philippe  de  Lenoncourt  (1560  â  1563) 148 

Chap.  IV.     Philibert  Baboii  de  la  Bourdaisière  ^1563  à  1570).     .     .  155 

Chap.  Y.       Jacques  Amyot  (1570  à  1593} 161 

Chap.  VI.     François  de  Donadieu  (1599  à  1625) 196 

Chap.  VII.    Gilles  de  Souvré  (1626  à  1631) 217 

Chap.  VIII.  Dominique  Séguier  (1631  à  1637) 2^1 

Chap.  IX.      Pierre  de  Broc  (1640  à  1671) 242 

Chap.  X.       Nicolas  Colbert  (1672  à  1676) 26L 


548 

SIXIEME   PARTIE, 

Qui  contient  les  actions  des  quatre  derniers  évéques  d'Atucerre,  qui 

siégèrent  depuis  Tan  i  676  jusqu^en  1 80 1 . 

Pages. 

Cdapitrb.  I.  André  Golbcrt  1676  à  1704] 393 

Chap.  II.        M.  deCajIus  (I704à  1754) 310 

Chap.uk.      m.  de  Condorcet(1754à  1760) 338 

Chap.  IV.      M.  de  Cicé  (1760  à  1801) 349 

SEPTIÈME   PARTIE, 

Contenant  la  continuation  de  l'Histoire  Ecclésiastique  depuis  1802, 

jusqu'à  1830. 

Chapitre  I.   M.  de  Noé,  ëvêque  de  Troyes.  (1802) 391 

Chap.  II.       M.  de  La  Toiir-duPin,  archevéque-évôque  de  Troyes  et 

d'Auxerre(1802à  1807) 394 

CuAP.  III.      M.  de  Boullogne,  ëvéque  de  Troyes,  de  Châlons  et  d'Au- 

xerre  (1807à  1821) 397 

Chap.  IV.      M.  de  La  Fare,  archevêque  di*  Sens  et  évéque  d^Aiixerre 

(18Î1  à  1829) 403 

HUITIÈME    PARTIE, 

Contenant  les  listes  des  dignitaires  de  la  cathédrale  et  des  abbés  ou  prieurs 
de  plusieurs  communautés  de  la  ville  d^Auxerre. 

Corévéques  el  prévôts  de  l'église  d'Auxerre 409 

Doyens 412 

Grands  archidiacres 427 

Chantres 439 

Trésoriers 449 

Archidiacres  de  Puysaie « 458 

Scolastiques  et  pénitenciers 466 

Sous-chantres 476 

Lecteurs 487 

Canonicat  de  la  maison  de  Chastellux 498 

Confraternilcs  du  Chapitre  d'Auxerre  avec  diverses  églises  du  royaume  505 

Église  collégiale  de  Notre-Damc-de-la-Cilé 509 


^49 

Si  S 

oie 

558 


Liste  des  chantres  et  des  trésoriers  de  la  Cité 

Sur  les  quatre  églises  appelées  les  quatre  filles  de  *.:  l'.iihodnil^^ 

Abbaye  Saint-Marien 

Abbaye  Saint-Pôre 

Abbaye  puis  prieuré  Saint-Amatre     ....  ... 

Abbaye  puis  prieuré  Saint-Eusèbe 

TABLE  DES  DESSINS. 


Armoiries  des  évoques  depuis  le  xii*  siècle  ...                        .     .  i 

—             —        depuis  le  xv*'  siècle.     .......  i 

Armoiries  du  grand  Cbapitre f 

Sceau  de  l'abbaye  Saint-Germain  d'^uxerre  (1 325)              ....  17 

Sceau  secret  de  la  môme  abbaye    .......         ....  kh 

Sceau  d'un  abbé  de  Pontigny  (1525) tor> 

Autographe  de  l'évéque  J.  Amyot .  .101 

Portrait  de  l'évéque  J.  Amyot.     ......                        .     .  Vft 

Autographe  de  Tabbé  r^ebeuf {84» 


FIN    DE    LA   TAJBLG.