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Full text of "Mémoires de l'Académie des sciences, arts et belles lettres de Dijon"

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MÉMOIRES 


DE  L'ACADÉMIE 


DES 


SCIENCES ,  ARTS  ET  BELLES-LETTRES 


DE  DIJON. 


MEMOIRES 


DE  L'ACADÉMIE 


DES 


SCIENCES,  ARTS  ET  BELLES-LETTRES 

DE   DIJON. 


PARTIE  DES  SCIENCES. 


t^thnéfi  éû3^. 


DIJON , 

FRANTIIf,  IMPRIMEUR  DE  L'ACADÉMIE. 

1836. 


MEMOIRES 


DE  L'ACADÉMIE 


DES 


SCIENCES,  ARTS  ET  BELLES-LETTRES 

DE   DIJON. 


i  DES  SCIENCES. 


tTcnnéfi  iû3^. 


DIJON , 

FRANTIIf,  IHPBIMEUB  DE  L'ACADÉMIE. 

1836. 


/ 


MÉMOIRES 


DE  L'ACADÉMIE. 


a±=c 


HISTOIRE   NATURELLE 

DES  POISSONS 

DU  DÉPARTEMENT  DE  LÀ  COTE-D'OR , 

PAR  J.-N.  VALLOT9 

BOCTEVR  EM   MéDBClVIy   MBMBBX  DB  PLU81BUB8  SOClirés  Bàjàjmgy 

BATI0IIALB8  ET    iTEABCiEBS. 


L'étude  de  Thistoire  naturelle  a  de  tout  temps  été 
cultivée  à  Dijon  ;  il  est  aisé  de  s'en  assurer  en  recourant 
aux  Mémoires ,  tant  anciens  que  nouveaux ,  de  FAca" 
demie  des  Sciences ,  Arts  et  Belles-LetWes  de  Dijon ,  et 
aux  différens  ouvrages  ex  professo  publiés  à  Dijon  sur 
diverses  parties  des  sciences  naturelles. 

Le  développement  acqub,  par  les  sciences  depuis 
quelques  années ,  exige  que  chacune  de  leurs  parties 
soit  traitée  à  part  ;  jusqu'à  ce  jour  l'ichthyolog^e  du  dé- 
partement de  la  Cote-d'Or  n^ayant  occupé  les  loisirs 
d'aucun  de  nos  compatriotes  ' ,  je  l'ai  choisie  comme 

'  a  Cette  classe  utile  (des  poissons) ^  qui  n^a  pas  encore 
été  observée  pour  notre  département  ^  dans  un  aussi  grand 
détail  que  les  autres  y  n^est  ordinairement  connue  que  par 
les  espèces  quMIe  fournit  sur  nos  tables ,  et  par  le  plaisir 


objet  d'un  travail  neuf ,  puisque  lliistmre  des  poissons 
d'eau  douce  deja  France  n'a  pas  encore  été  faite. 

Notre  département  plaoé  entre  les  bassins  de  la  Seine, 
de  la  Loire  et  du  Rhône  '  ,  (  par  la  Saône  ) ,  se  trouve 
un  des  plus  riches  de  France  en  ichthyologie. 

Pour  donner  à  mon  ouvrage  toute  la  certitude  dé- 
sirable ,  je  me  suis  aidéd^une  foule  de  renseignemens  ^^ 
je  me  suis  procuré  tous  les  poissons  de  notre  pays ,  je  les 

que  procarent  les  moyens  de  les  prendre.  »  Vaillant ,  Sta-- 
tistique  du  département  de  la  Cote-d'Or^  mss»  j  tome  i  y 
p.  196. 

Dans  la  liste  des  17  poissons  dont  Vaillant  donne  les 
noms  9  cet  auteur  indique  sous  le  no  4  la  Loche  franche , 
et  sous  le  n°  5  la  Moutelle  ;  il  ignorait  que  ces  deux  noms 
désignaient  le  même  poisson. 

'  La  pente  du  Rhône  est  communément  par  mètre ,  de 
^iô  ^^  millimètre. 

*  MM.  Boudot ,  professeur  de  FËcole  des  Chartres  y  et 
archiviste  du  Département  ^  Baudot ,  juge  honoraire  du  tri- 
bunal de  première  instance;  Roger 9  directeur  de  la  poste 
à  Auxonne ,  m'ont  donné,  la  liste  des  poissons  de  la  Saône  \ 
M.  Andriot,  docteur-médecin  à  Fontaine-Française,  m'a 
procuré  celle  des  poissons  de  la  Yingeanne  (  Vigenna,  nom 
qui  désigne  aussi  la^rivière  de  Vienne  )  et  de  la  Venelle  ; 
M.  le  docteur  Bourée  ,  médecin  à  Châtiilon- sur-Seine  ,  m'a 
communiqué  celle  des  poissons  de  cet  arrondissement  \  en- 
fin M.  Quentin,  archiriste  à  Auxer^e,  m'a  envoyé  la  liste 
des  poissons  de  ITonne.  Je  ne  saurais  trop  reconnaître  l'o- 
bligeance de  tous  ces  Messieurs,  auxquels  j'adresse  de  sin- 
cères remercimens.  Je  me  suis  également  adressé  aux  meil- 
leurs pêcheurs  de  Dijon  ,  près  desquels  j'ai  recueilli  diverses 
dénominations  que  j'ai  tontes  rapportées  au  nom  scienti- 
fique. 


(7) 
ai  déterminéiteaeMipeQl^  nnssi  mon  ouvrage  fait  d'après 
nature ,  oontient'dkfi  Qbi0ry^tion9  neuves  et  des  éclair- 
cissemens  corieax  sùVa^  divers  points  d'ichthyologie. 
M.  PataUle  p^  y  prc^riétaire  à  Mfjdlly-sur-Saône  ,^t 
amateur  jsàlé  de  b  science ,  ft  eu  la  complaisance  de  me 
procurer  tous  les  poissons  de  la  Saône;  je  le  prie  d'a- 
gréer ici  mes  remerctmens  et  de  recevoir  les  témoi- 
gnages de  ma  reconnaissance.  Tous  les  autres  poissons, 
dont  je  pcfrle ,  ont  été  trouvés  sur  le  marché.  Il  est 
assez  difficile  de  se  procurer  toutes  les  espèces  de  pois- 
sons ,  en  les  demandant  aux  pécheurs ,  parce  que  les 
noms  n'étant  point  fixés ,  chacun  en  impose  à  sa  volonté;  « 
aussi  le  même  nom  est-il  appliqué  à  des  poissons  bien 
difierens.  Voici  ce  qu'à  ce  sujet  me  mandait  M.  Pataille. 

((  Vainement ,  m'écrit-il ,  on  demande  aux  pécheurs 
a  d'habitude,  même  aux  plus  anciens ,  s'ils  ont  remarque 
«  tels  ou  tels  poissons,  etc.;  la  plupart  se  bornent  à  ré- 
«  pondre  que  les  poissons  pris ,  ils  se  hâtent  de  les  jeter 
a  à  la  boutique ,  d'où  ils  les  retirent  pour  les  livrer  aux 
«  particuliers  ;  que  s'ils  en  rapportent  à  la  maison  pour 
((  leur  usage  personnel ,  ils  les  remettent ,  sans  le^ 
<(  examiner ,  à  la  femme  qui  les  écaille ,  les  vide  à  Tins- 
<(  tant ,  puis  les  met  sur  le  gril  ou  les  jette  dana  la 
<(  poêle.  »  Lettre  du  i5  ai^ril  iS36. 

Ainsi ,  lorsque  Ton  voudra  se  procurer  les  diverses 
espèces  de  poissons ,  le  meilleur  moyen  sera  d'accom- 
pagner les  pécheurs ,  et  d'examiner  ce  qu'ils  ramènent 
dans  leurs  filets ,  parce  que  sous  le  nom  générique  de 
friture  y  ils  confondent  tous  les  petits  poissons,  dont  ils 
ne  peuvent  pas  se  défaire  utilement  sur  le  marché  :  ils 
ne  s'attachent  qu'aux  poissons  dont  la  taille  ouia  qua- 
lité leur  fait  espérer  un  débit  avantageux. 

J^ai  eu  le  soin  de  signaler  et  d'éviter  les  doubles  em-r 


(    «    )  ^  ; 

plois  ,  ((  ce  fléau  de  Thistoirè  »ilntMl^irti|fùttw  prêt  à 
«  s^introduire ,  dit Cuvier ^flù^^^MÊL  éhtêfUis^Dm ,  tom. 
«(,  1 ,  ;?.  78 ,  sitôt  qu'on  n'app(Nrli|M^4nai»  «rfil^  oompila- 
«c^ion  la  critiqua  l^  plus  sévère  ;  doNiblet  emplois  si  nui- 
«  sibles  aux  vrais  progresse  la  scieiMWV  »  comme  il  le 
répète  oui^.  cité  y  p.  ia8. 

Alleon  Dulac ,  dans  ses  Mémoires  pour  sentir  à  this- 
toire  naturelle  du  Lyonnais  y  en  fournit  la  preave  ^ 
compilant  Rondelet  et  Artedi ,  sans  soin  et  Ans  choix , 
il  confond  tout ,  jusqu'au  point  de  donner  des  poissons 
marins  pour  des  poissons  d^eau  douce.  On  en  trouve 
nouvelles  preuves  dans  plusieurs  ouvrages  récens , 
comme  il  est  facile  de  s'en  assurer  en  consultant  les 
annales  agricoles  y  Utiéraires  et  industrielles  de  tA- 
riège,  Foix,  i836,  p.  887-390. 

Sous  le  titre  :  4*  classe  d'aiumAux  a  sang  rouge  , 
on  cite  les  poissons  de  ce  département ,  sans  en  assigner 
les  caractères ,  et  sans  donner  leur  nom  scientifique.  A 
cette  occasion ,  je  ferai  les  observations  suivantes  sur 
quatre  poissons  dont  les  noms  vagues  rendent  assez  difFi-* 
cile  leur  détermination  exacte. 

«  Le  Meunier  ou  Têtu ,  ainsi  appelé  parce  qu'on  le 
m  trouve  en  quantité  à  Tentour  des  moulins ,  est  un 
«  poisson  blanc  d'eau  douce  que  Ton  trouve  en  abon- 
ft  dance  dans  le  Bas  Salât ,  surtout  du  temps  de  son  frai 
«  en  mars.  On  Pappelle  aussi  en  français  Têtu ,  et  en 
«  patois  Cap  Bejré ,  parce  que  sa  tête  à  museau  poin- 
te tu  est  v^erie  comme  du  i^erre,  »  p.  889. 

Ce  poisson  peut  être  ou  la  Dobule,  Cjprinus  Dobula, 

t)U  mon  Cyprin  bouche  en  croissant ,  Cjprinus  toxos- 

toma  ;  Tauteur  n'ayant  point  parlé  de  la  couleur  noire 

du  Péritoine ,  me  laisse  à  penser  que  son  Meunier  ou 

Têtu  est  notre  chevanne,  Cjprinus  Bobula,  ce  dont  il 


(9) 
pourra  s'assurer  par  l'examen  desiienlspharynpennfs; 
le  nom  de  Meunier  n'a  été  donné  à  cepobson,  qu'à 
cause  de  sa  blancheur. 

«  Le  Gardon  ,  Tulgaircment  la  ^àge,  a  comme  le 
i(  Meunier  ,  le  corps  liirfje  et  couvert  d'écaïlles,  le  doS 
«  bleu  ,  ta  têie  verditire,  le  venirc  blanc  et  les  yeux 
K  grands  ;  mais  il  n'a  pas  le  museau  anssi  pointu ,  « 
.?.  38*^ 

Cette  ancnptioD ,  copiée  de  Bondelet ,  n'apprend 
rien.  Ce  pcâsson  peut  être  ou  le  Çyprinus  rutilas,  Lin., 
ou  mon  (^rimis  rufus  ,\v!A.  y  ou  mon  Çjrprinusfuscus  , 
ou  le  Çyprinus  erythropfohalmus ,  Lin.  -,  l'inspection  de<  ^ 
dents  pharyngiennes  pourra  seule  déterminer  auquel 
de  ces  quatre  paissons  appartient  le  Gardon  de  l' Ariège. 
«  AjA  Sardine  de  ritHère ,  en  patoîs  Sopkio,  est  un 
((  autre  petit  poisson  blanc,  diOërent  du  Gardon;  c'est 
«  le  moins  estimé  des  poissons  du  Bas  Salât,  •»  p.  390. 

Cette  Sardine  peut  être  ou  mon  Cjrprimu  toxostoma, 
Vall. ,  ou  mon  Cy^priims  mugil,  Vall.,  ou  le  Gfprituis 
jactdus,  Jurine;  la  couleorduPéritoineet  l'examendes 
dents  pharyngiennes  feront  disparaître  l'incertitude. 

K  Le  Satron ,  vulgairement  appelé  Jtabole,  est  tm 
a  très-petit  poisson,  peu  estimé,  d'environ  deux  pouces 
u  de  long;....  on  le  prend  en  abondance  avec  des 
K  bouteilles  percées  par  le  fond  et  renfermant  de  la  mie 
K  de  pain  pour  l'attirer.  Il  est  abondant  dans  te  ruisseau 
(I  de  la  Gouarège ,  p.  3^0 .  » 

Ce  poisson  est  le  Vairon,  Çyprinus  phoxinus ,  Lin. 
Le  docteur  Despine  fils ,  Manuel  de  lévanger  aux 
Eaux {tj^ix en  Savoie,  i834,  pp-  8^9,  donne  la 
liste  des  poissons  des  environs  d'Aii ,  avec  une  syno- 
nymie défectueuse  pour  les  suivans  : 
«  a.  Truite,  Salmofario. 


>  V 


(  10  ) 

«  3.  Truite  saumonée,  «So^po  tniàiP''^ii' 

f(  4.  Truite  saumonée  npîre  ,tj&ii&|fta  ml^wiffi  vulg^ 
truite  des  Alpes.  »  V    .  /;,.       .^  :  ;, 

D'après  Jurine,  ces  trois  espèce!  de  pcHMMS  se  ré- 
duisent à  celle  de  la  truite  tM:*dinaire.  ^■'.    •  . 

«  5.  Umble  chevalier,  Salmo  ihymallus,  vulgaire-' 
ment  Ombre  cha^alier.  » 

Il  paraît  que  la  liste  des  poissons  des  environs  d^Aix 
a  été  formée  d'après  le  ConserweUeur  suisse,  (j^de  très- 
infidèle  ,  comme  le  fait  remarquer  Jurine ,  HisU   des 
poissons  du  lac  Léman,  p.  186,  dans  le  passage  sui- 
*vant  : 

<(  Dans  le   Conservateur  suisse ,  dit-il ,  on  a  commis . 
((  une  double  faute  d'impression ,  en  nommant  Ombrç 
«  clievcdier  le  Salmo  umbla,  et  Umble,  le  Salmo  thy^ 
m  mallus.  » 

«  6.  Garpeau ,  Salmo  cyprinoïdes.  » 

Le  Salmo  cyprinoïdes  est  un  poisson  de  Surinam  ;  le 
Garpeau,  dont  parle  l'auteur,  est  le  Salmo  carpione, 
Linn. 

«   17.  Meunier,  Cy^prinus  cephidus  ,yulg.  Chei^ène^» 

L'examen  des  dents  pharyngiennes  de  ce  poisson  ap- 
prendra si  c'est  la  dobule ,  Cyprinus  dobula ,  ou  le  Gher 
vène  du  lac  Léman ,  Cyprinus  idus ,  Bloch. 

«  18.  Sardine,  Clupea  sardinia,  vulg.  Mirandèle.  » 

Ayant  demandé  infructueusement  quelques  échan- 
tillons de  ce  poisson ,  il  m^est  impossible  de  dire  s'il  ap- 
partient à  ma  Clupea  sardinella,  ou  au  Cyprinus  albur- 
nus,  qui  porte  en  Savoie  le  nom  de  Sardine. 

Les  naturalistes  d'Aix  sont  invités  h  éclaircir  ce  point 
d'ichthyologie, 

u  21.  Lamproie  ,  Petromyzon  fluviatUis  ,  vulg. 
Lampray.  )) 


(11  ) 

Ne  serait-oe  pasplutâtle  Petromyzon  branchialis , 
Lion. ,  Ammoçete  Lamprqyon? 

«  22.  Gorydale. 

((  23.  DormiUe ,  volg.  DremiUon.  » 

Quels  soat  ces  deux  poissons  indiqués  sans  dénomina- 
tion systématique  ? 

«  24.  Barbotte,  (7oii</5£ar&atuiâ. 

<(  25.  Loche  franche  ,  Cobilis  tœnia.  » 

Ces  deux  derniers  poissons  sont- ils  désignés  avec  leur 
véritable  dénomination  systématique  ?  Cela  est  douteux , 
surtout  en  ayant  suivi  le  Conservateur  suisse. 

«  26.  Misguri  :  lisez  Misgum.  »  ^• 

P.  9.  ((  On  a  vu  dans  le  lac  quelques  raies  et  même 
des  esturgeons  ^  mais  ils  sont  devenus  très-rares  depuis 
que  les  sels,  qui  se  consomment  dans  le  pays,  n'arrivent 
plus  par  le  Rhône.  » 

Il  serait  curieux  et  intéressant  de  connaître  les  cir- 
constances qui  ont  fait  croire  à  la  présence  des  Raies 
dans  le  lac.  Les  savans  d'Aix  peuvent  seuls  indiquer  la 
source  de  cette  assertion  singulière.  Les  Raies  étant  des 
poissons  essentiellement  marins,  quelque  malin  n'aurait- 
il  pas  jeté  une  Raie  dans  le  lac  pour  faire  croire  à  Fexis- 
tencede  ce  poisson  dans  la  Savoie? 

Ce  serait  une  nouvelle  mystification  à  ajouter  à  celles 
assez  multipliées  faites  aux  naturalistes. 

Jean-Daniel  Meyer ,  peintre  en  miniature  à  Nurem- 
berg ,  a  publié  en  17489  dans  cette  ville ,  un  ouvrage  ' 
pour  représenter  d'après  nature  (  excepté  cependant  les 
lièvres  cornus,  jict,  Div^ion,,  i835 ,  ;?.  79),  des  mam- 
mifères,  des  oiseaux ,  des  reptiles  et  des  poissons ,  avec 

'  Johan  Daniel  M£Y£a8  Yorstelliingen  allerley  thiere 
mit  ihren  gerippen. 


(12) 

kurs  squelettes  ;  les  figures  sont  disposées  sans  ordre. 
Cuvier ,  Hisl.  naU  des  poissons,  tom.  i , p.  3o2 ,  note  5 , 
a  dénommé  toutes  celles  relatives  aux  poissons  ;  mais 
s^en  rapportant ,  soit  au  nom  de  chaque  figure .  soit  à  la 
description  correspondante ,  il  est  tombé  dans  quelques 
erreurs  très-importantes  à  signaler. 

La  planche  53  du  tome  2  est  intitulée  :  Die  ro- 
ihauge,  appelé  dans  le  texte  Ruhellio. 

D'après  ces  deux  noms ,  Cuvier  rapporte  la  figure 
au  Çjrpnnus  erythrophthcUmus. 

Mais  dans  cette  figure ,  la  position  de  la  nageoire 
dorsale  correspond  à  celle  des  ventrales  )  aussi  convien- 
drait-elle plutôt  au  Cypiinus  bUcca,  Bloch ,  planche  X , 
à  raison  de  la  longueur  de  la  nageoire  anale  et  de  la 
couleur  safi^année  de  l'iris  ' . 

La  planche  98  du  même  volume  a  pour  titre  :  Der 
heseUng,  qui  suivant  Cuvier  représenterait  le  Gardon , 
Gyprinus  jeses. 

Dans  cet  article ,  Cuvier  attribue  le  nom  de  Gardon 
au  Cjprinus  jeses  ;  et  dans  le  Règne  animal,  édiU  2 , 
tom.  2 ,  p.  275 ,  il  donne  le  nom  de  Gardon  au  Cjprinus 
idus. 

Laquelle  de  ces  deux  synonymies  doit-on  adopter  ? 

Le  Heseling  de  Meyer  ne  serait-il  pas  le  Cjprinus 
erylhrophthcdmus  ? 

La  planche  96  présente  la  figure  supérieure ,  inti- 
tulée :  Der  steinbeisser ,  rapportée  par  Cuvier  au  Cobi- 
lis  iœnia. 

'  Il  est  difficile  de  déterminer  exactement  le  poisson  re- 
présenté dans  cette  figure;  les  naturalistes  de  Nuremberg 
pourront  seuls  le  reconnaître  par  la  comparaison  et  par 
rinspeclion  des  dents  pharyngiennes. 


(13)        . 

En  lisant  dans  le  texte  allemand ,  la  description  in- 
complète de  ce  poisson;  en  s'assurant  que  le  dessin 
ne  représente  aucun  aiguillon  ;  puis  en  comparant  la 
figure  donnée  par  Meyer ,  avec  celles  de  Bloch ,  de 
Jurine ,  etc. ,  oi^  s'assure  que  ce  poisson  est  la  Loche 
franche,  Cobitis  barhatula,  Linn. ,  dont  Meyer uvait 
déjà  donné  une  figure  sur  la  planche  74  dt^  tom.  1. 

  la  vérité  en  comparant  les  deux  squelettes  dessinés 
par  Meyer,  on  y  trouve  des  diSerences  marquées, 
surtout  pour  le  crâne.  Il  fendrait  donc  revoir  ces 
deux  espèces  en  nature. 

La  figure  inférieure  de  la  planche  96  est  certaine- 
ment celle  duYèron,  Çyprinus  phoxinus,  indiqué  avec 
doute  par  Cuvier ,  dont  l'incertitude  provenait  du  texte 
obscur  de  Meyer. 

Ce  peintre,  ayant  reçu  d^un  pêcheur,  ce  poisson 
sans  être  nommé,  crut  le  reconnaître  dans  le  Ry série, 
Jtjssling,  dont  parle  Gesner,  de  AquaUUb. ,  p.  é^rj^^linea 
12,  et  dont  la  figure  se  trouve  sur  la  même  page ,  au- 
dessous  de  la  ligne  25.  Mais  il  s^est  évidemment  trompé, 
car  le  traducteur  '  allemand  de  Gesner  dit  positive- 
ment :  «  Ce  poisson  a  le  péritoine  noir,  comme  le 
«  nase,  le  dos  vert-bleu,  les  côtés  et  le  ventre 
<(  blancs.  »  Or  ces  caractères  ne  se  trouvent  point  dans 
le  Vèron,  mais  bien  dans  le  Cj-prinus  jaculus,  Jurine, 
auquel  la  figure  de  Gesner  convient  parfaitement. 

La  figure  supérieure  de  la  planche  97  est  intitulée  : 
Die  Laugele.  Cuvier  la  rapporte  à  la  Yandoise,  sans  en 
donner  le  nom  systématique  latin. 

Le  Laugele  de  Meyer  est  effectivement  le  Cypri- 

*  Voyez  Neue  Sehauplatz  dernaiun  Leipsig.  1779 1  tom, 
▼n,p.  335. 


(14) 

nus  jaciduSy  auquel  Jurine  attribue  une  nageoire  anale 
à  XIV  rayons  ,  et  Meyer  xv. 

Gesner  dit  avoir  trouvé  dans  le  Laugele,  dont  il 
donne  la  figure ,  p.  3o ,  cinq  dents  pharyngiennes , 
comme  dans  le  BaUerus^  la  Bordelière  des  Lyonnais,  dé- 
crite p.  28. 

Gesner  se  sera  probablement  borné  à  signaler  les 
dents  extérieures,  et  il  aura  négligé  les  dents  inté- 
rieures. Il  a  fait  le  même  oubli  dans  la  denture  du 
Cjpnnus  erjthrophûtalmus, 

La  figure  inférieure  de  la  planche  97 ,  intitulée  : 
Die  Néinauge,  représente  le  Petromyzon  branchiaUs 
Linn. ,  ammocete  lamproyon ,  Cuv. 

Ayant  %i  tous  les  poissons  dont  je  parle ,  j'aurais 
pu  me  dispenser  de  citer  les  auteurs;  mais  m'étant 
fait  une  loi  du  suum  cuique ,  et  d'ailleurs  persuadé 
que  la  science  se  compose  non-seulement  des  faits, 
mais  encore  des  observations  auxquelles  ils  ont  donné 
lieu ,  j'ai  regardé  leur  rapprochement  comme  d^autant 
plus  nécessaire  ,  qu'il  fournît  le  çioyen  d'éclaircir 
beaucoup  de  récits  équivoques.  Ainsi  on  peut  recon- 
naître que  Jean  Hermann ,  sous  le  titre  de  Cjpnnus 
rutilus  y  consigné  dans  ses  Observationes  zoologicœ, 
page  3^3 ,  s'en  rapportant  avec  confiance  au  nom  donné 
par  les  pêcheurs,  a  décrit  le  Cjprinus  rutilus,  le  Cyprinus 
rufus ,  Nob. ,  et  le  Çyprifius  eryihrophihalmus  ;  ce  dont 
on  peut  s'assurer  à  Strasbourg,  en  comparant  les  échan- 
tillons laissés  par  Hermann,  et  en  examinant  leur  appa- 
reil dentaire  pharyngien.  Jurine ,  ffist.  des  poissons  du 
lac  Léman,  p.  2i3 ,  dans  son  artic^  Rosse ,  a  de  même 
confondu  sous  le  même  nom  le  Cyprinus  rutilus,  le  (7^- 
prinus  rufus,  Nob.,  et  peut-être  le  Cyprinus  fuhus, 
Nob.  ;  et  dans  ses  Remarques  sur  la  sjnonjmie  de  la 


(16) 

Rosse  y  il  reconnaît  que  ce  nom  a  été  donné  à  plusieurs 
espèces  de  poissons  différens.  Aussi  Cuvier,  Règne 
animal  y  édii.  a ,  tom.  a ,  p,  2176 ,  à  Toccaslon  des  Cy^ 
prinus  grislagine  et  Cyprinus  jeses  cités  à  la  note  (1) , 
dit-il  :  ((  La  difficulté  de  reconnaître  les  figures  donnée» 
par  les  auteurs ,  d'espèces  si  semblables ,  est  encore 
augmentée ,  parce  qu'il  y  a  dans  les  rivières  d'Europe 
plusieurs  autres  espèces  qui  n'ont  pas  encore  été  repré- 
sentées. » 

Lorsqu^on  se  bornera  à  déterminer  les  Cyprins  seu- 
lement d'après  les  figures  données  par  les  auteurs ,  on 
multipliera  les  causes  de  confusion.  Si  Ton  veut  éviter 
les  erreurs,  il  faudra  adopter  la  méthode  que  j'ai 
choisie ,  et  baser  les  caractères  des  espèces  JuMii  forme , 
le  nombre  et  ta  disposition  des  dents  pharyngiennes , 
dont  la  considération  importante  a  été  négligée  jusqu'à 
nous.  Je  suis  parvenu ,  de  cette  manière ,  à  préciser  avec 
la  plus  grande  exactitude  tous  les  cyprins  du  sous^enre 
Able,  dans  lequel  la  confusion  était  excessive. 

L'ichthyologie  des  eaux  douces  de  la  France  n'a  été 
traitée ,  ex  professa,  que  par  trois  auteurs ,  dont  deux , 
Selon  et  Rondelet  ,  vivaient  au  seizième  siècle ,  et  le 
troisième ,  Duhamel  du  Monceau ,  au  xvm*. 

L'importance  des  poissons  dans  l'économie  domestiquQ 
et  dans  les  arts ,  aurait  dû  cependant  stimuler  le  zèle 
des  naturalistes  français ,  et  les  déterminer  à  s'occuper 
d'une  partie  qu'ils  ont  entièrement  négligée  ;  plusieurs 
à  la  vérité ,  ont  voulu  traiter  des  poissons ,  mais  ils  se 
sont  bornés  à  copier  les  anciennes  descriptions ,  sans 
avoir  eu  le  soin  de  lés  rattacher  aux  objets  réels ,  qu'ils 
ne  cherchaient  pas  même  à  se  procurer,  et  encore 
moins  à  examiner.  Basant  leur  travail  sur  des  noms ,  i]s 
ont  introduit  dans  richthyologie  une  confusion  extraor- 


/ 


(16) 

dinaire  :  il  suffît  pour  s'en  assurer  de  lire  le  court  traité 
d'Alléon  du  Lac ,  sur  les  poissons  du  Lyonnais ,  et  de 
parcourir  V Histoire  naturelle  c/e^poi^^o/z^^  par  Lacépède, 
et  celle  de  Bosc ,  son  copiste. 

Depuis  le  seizième  siècle ,  les  noms  ont  été  ou  altérés, 
ou  changés ,  ou  transposés  ;  aussi  en  est-il  résulté  une 
difficulté  assez  grande  pour  retrouver  les  véritables 
objets  dont  les  auteu^rs  de  cette  époque  voulaient  parler. 
Ainsi,  d'après  Olivier  de  Serres'  ,  on  aurait  élevé  de 
son  temps  beaucoup  plus  d'espèces  de  poissons  qu'au- 
jourd'hui :  voici  le  passage  où  se  trouve  le  nom  des 
poissons  qui,  suivant  le  père  de  notre  agriculture, 
étaient  nourris  dans  les  viviers  ou  les  étangs.  (Yoy.  le 
chap^  x|||||,du  cinquième  lieu  du  Théâire  d* agriculture 
et  mesnage  des  champs.  J'y  ajoute  entre  parenthèses 
les  noms  systématiques. 

<(  Il  est  vrai  qu^en  général ,  l'on  sait  bien  que  les 
((  terroirs  pierreux  et  sablonneux  nourrissent  les  Truites, 
((  (  Salmofario ,  Linn.  )  \  Loches ,  (  Cobiùs  barbatula , 
a  Linn.  )  ;  Brochets ,  (  Esox  lucius,  Linn.  )^  Perches, 
«  {  Perça  Jlu^^iatiUs f  Linn.  )^  Barbeaux,  (  Cjprinus 
«  barbus,  Linn.  );  Gardons,  (  Cjprinus  idus,  d'après 
«  Cuvier) ,  (  Cjpr.  erythrophthcd.,  d'après  Rondelet  )  5 
.«  Carpes ,  (  Cjprinus  carpio  ,  Linn.  )  ;  Goujons  , 
«  (  Cjprinus  gobio,  Linn.  );  Dorades  *  j  (  /«  Dorée , 

■  Né  à  Villeneuve-de-Berg ,  petite  ville  du  Vivarais ,  en 
Languedoc  (  aujourd'hui  département  de  l'Ârdèche). 

*  II  paraît  que  ce  nom  a  été  aussi  donné  à  un  autre 

poisson.  Dorade ,  c'est  le  Gardon-Roscies  des  Anglais.  Ses 

œufs  sont  en  masse  un  peu  ferme ,  roussâtres  et  estimés  par 

liièaucoup  de  personnes.  Aldrovandi ,  p,   608.  Les  Roscies 

des  Anglais  ne  seraient-ils  pas  les  Rosières  de  Picardie? 

Les  Cheviniaux  ;  Meuniers  et  Dahles  sont  des  Cyprins 


(17) 

te  Carpe  qui  se  trouve  dans  FC^on  );  Ghal;>ots,  (  Cottus 
«  gobio  y  Linn.  )  \  Gheviniaux ,  (  Ç/prinus  )  5  Meusniers^ 
«  {Cyprinus)\  Esperlans,  (  Cypnrms  bipunctaùis  )\ 
«  Dables ,  (  Cyprinus  dobula  ) ,  et  les  limoueux  et  fen- 
«  geux,  aussi  des  Carpes,  (  Cjprinus  carpio  ,  Linn.  )  , 
«  et  Barbeaux,  (  Cyprinus  barbus ,  Linn.  )  ;  la  Tanche, 
«  (^Cyprinus  tinea^  Linn.)-,  la  Bourbette,  (  Gadus 
a  Iota  )  -,  le  Lanceron ,  {Esox  lucius,  Linn. ,  jeune  )  ; 
«  l'Anguille,  (  Murœna  anguiUa),  et  autres ,••••  le 
«  Brochet ,  la  truite  (  estimée  la  Perdrix  d'eau  douce  ) 
((  et  la  perche ,  les  trois  poissons  plus  désirables  qui  se' 
a  nourrissent  en  eau  douce.  » 

Depuis  ce  temps ,  Tétude  de  Thistoire  natmdlea  (ait 
de  si  grands  progrès ,  elle  a  procédé  à  une  dfelinctioa 
tellement  précise  des  objets ,  omfondus  jadis  sous  un 
même  nom,  que  les  descriptions,  assez  souvent  vagues ,. 
données  par  les  Anciens ,  ne  peuvent  plus  être  adaptées, 
qu'avec  la  plus  grande  réserve ,  aux  espèces  admises 
aujourd'hui  par  les  naturalistes  modernes. 

Malgré  cela ,  les  ouvrages  de  Bondelet  >  et  de  Be- 

du  sous-genre  Able ,  dont  les  espèces  ne  peuvent  être  dé- 
terminées qu'en  les  retrouyant  dans  le  pays  où  écrivait  Oli- 
vier DE  Serres. 

'  L'ouvrage  original  de  Rondelet  parut  à  Lyon  en  1 554* 
La  traduction  ,  qui  a  été  publiée  en  î  558 ,  fut  entreprise 
par  Joubert,  à  la  sollicitation  de  Rondelet.  LYpitre  du 
traducteur  à  Fauteur  ne  laisse  aucun  doute  à  ce  sujet.  «Ti- 
gnore  sur  quelle  base  Amoreux  s'est  appuyé  pour  attribuer 
cette  traduction  à  Dumoulin;  opinion  qui  a  été  adoptée 
par  Cuvier ,  Biographie,  et  par  Barbier ,  Dict,  des  Ano^ 
nymes*  Si  Amoreux  eût  consulté  jETo/Z^r^  Bibl,  anat»,  tom» 
1 ,  p.  2o5  ;  et  mieux  encore ,  s'il  eût  lu  la  préface  de  la 


(18) 

Ion  '  n'en  sont  pas  moins  précieux,  parce  que  ces  auteurs 
ont  parlé  de  ce  qu'ils  ont  vu;  et  les  localités  dans 
lesquelles  leurs  observations  ont  été  faites,  fourniraient 
le  moyen  de  retrouver  les  objets  dont  ils  se  sont  occupés. 
Mais  jusqu'à  cette  heure ,  de  pareilles  recherches  n'ont 
pas  même  été  tentées  ;  et  malgré  le  grand  travail  de 
Duhamel  intitulé  :  Traité  général  des  pèches  y  beaucoup 
restait  à  faire  pour  compléter  l'histoire  de  nos  poissQns 
d^eau  douce ,  principalement  de  ceux  rangés  dans  le 
sous-genre  Able ,  dont  toutes  les  espèces  sont  confondues 
sous  les  noms  de  Meunier  y  Poisson  blanc  ^ ,  etc. 

Ayant  comparé  soigneusement  toutes  ces  espèces ,  et 
m'étant  procuré  dans  les  localités  indiquées ,  des  ren- 
seignemeiis  précis ,  je  suis  parvenu  à  porter  la  lumière 

traduction ,  intitulée  Le  traducteur  à  l'auteur  |  il  aurait  re- 
connu que  le  traducteur  était  réellement  Laurent  Joubert , 

a  non  usité  à  traduire  les  escris  d^autrui  en  François é 

ce  tellement  conjuré  par  Pamitié  d^entre  nous  deux  (joint 
<c  aussi  plusieurs  plaisirs  que  j'ai  reçu  de  vous ,  lesquels  je 
ce  ne  mesconnaîtrai  jamais  ) ,  que  j'ai  été  contraint  avec 
ce  Pimportunité  de  quelques  autres ,  de  promettre  cette  tra- 
ce duction  y  etc.  » 
Une  assertion  aussi  positive  ne  laisse  plus  de  doute. 

'  Dans  le  Levant,  les  poissons  ont  toujours  été  très-esti- 
més  \  mais  jadis  les  Kabitans  de  TËurope  continentale  en 
faisaient  très-peu  de  cas.  Yoy.  Belon,  Observations  déplus^ 
singular, ,  lib,  i ,  chap,  lxxii. 

*  Le  nom  de  Poissons  blancs  est  très-vague.  Je  lis  en 
effet  dans  la  Statistique  du  département  de  la  Drôme,  par 
Af.  Delacroix ,  i835,/?.  234  •  ^^  pêcbe  dans  Pétang  de 
Chavannes  des  Carpes ,  des  Tanches ,  des  Brochets  et  de» 
Goujons ,  vulgairement  appelés  poissons  blancs* 


(19) 

dans  cette  partie  de  lUchthyologie  restée  jasqu^à  cemo* 
ment  fort  obscure ,  ou  plutôt  fort  embrouillée. 

Les  poissons  ne  sont  entrés  que  tard ,  comme  néces- 
sité ,  dans  le  régime  alimentaire  des  Européens  occiden- 
taux ;  on  en  trouve  la  preuve  en  lisant  le  chapitre  in- 
diqué ei-dessus  et  intitulé  par  Belon  :  Les  nations  du 
hevani  aiment  rmeux  manger  du  poisson  que  de  la 
chair.  De  son  temps ,  on  ne  voyait  guère  de  gibier  aa 
marché  de  Gonstantinople  ,  le  pœsson  y  abondait.  Gela 
est  changé  maintenant ,  d'après  Olivier  :  a  Les  Turcs , 
c(  dit-il ,  font  très-peu  d'usage  de  pcûsson,  aujourd'hui; 
«  le  poisson  salé  qui  vient  par  le  commerce  de  la  Mer 
<(  Noire  ou  de  quelque  contrée  de  la  Grèce ,  étant  à  vil 
((  prix ,  est  recherché  par  les  Grecs ,  les  Arméniens  et 
((  les  Juifs  pauvres ,  et  la  consommation  en  est  con- 
te sidérable.  »  F'oyage  dans  HEmpite  Othoman  , 
tom,  1 ,  p,  i35.  Le  même  auteur  répète  :  «  Les  Arabes 
«  et  les  Turcs  mangent ,  en  général ,  peu  de  poisson.  » 
Ouv».  cil, ,  tom,  4  )  P'  4^2. 

Le  voisinage  de  la  mer ,  Fabondance  du  poisson  dans 
ces  parages ,  la  facilité  de  s'en  procurer ,  et  de  le  con- 
server au  moyen  du  sel ,  expliquent  la  préférence  que 
les  nations  du  Levant  donnent  à  ce  genre  de  nourriture; 
d'ailleurs  de  tout  temps  les  orientaux  ont  été  de  grands 
jeûneurs. 

Dans  les  pays  méditerranéens  de  l'Europe ,  Tabou- 
dance  du  gibier ,  la  multiplicité  des  troupeaux  d'a- 
nimaux ruminans,  engagèrent  les  peuplés  à  les  Êiire 
servir  à  leur  nourriture ,  et  à  ne  recourir  au  poisson 
que  rarement  et  par  extraordinaire.  Dans  ce  cas  même , 
ils  ne  mangeaient  pas  indistinctement  toutes  les  espèces j 
ils  faisaient  un  choix ,  et  ne  servaient  sur  leurs  tables 


(20) 

que  les  plus  savoureuses ,  et  celles  qui  offraient  le  moins 
d'arêtes. 

L'Eglise  ayant  fait  une  obligation  de  s'abstenir  à 
certaines  époques  derannée,  '  de  la  cbairdes  animaux  à 
sang  chaud  ;  pour  se  conformer  à  la  règle ,  on  fut  obligé 
de  se  nourrir  de  la  chair  des  animaux  à  sang  froid.  On 
choisit  lespoissonsquifournissaient  aux  peuples  ichthijn&-> 
phages,  une  nourriture  abondante.  On  crut,  à  cette 
époque ,  que  tous  les  animaux  qui  vivaient  dans  l'eau , 
et  qu'une  partie  de  ceux  qui  se  nourrissaient  de  poissons, 
se  trouvaient  nécessairement  dans  cette  dernière  caté- 
gorie-, en  conséquence,  la  chair  des  cétacés^,  celle 


'  Les  moines  latins  faisaient  trois  carêmes  de  quarante 
jours  chacun ,  et  en  outre  les  vendredis  et  samedis  du  restant 
^  de  Tannée,  ce  qui  donnait  190  jours  maigres. 

^  Longtemps  le  Dauphin  vulgaire  et  le  Marsouin  com- 
mun figurèrent  avec  honneur  sur  nos  tables ,  et  ils  sont  en- 
core une  heureuse  proie  pour  les  populations  pauvres  dont 
les  ressources  sont  précaires.  La  chair  de  ces  cétacés  était 
connue  sous  le  nom  de  Graspois,  Crassus  Piscis  ou  Grassus 
piscis f  c^est- à-dire  poisson  épais,  ou  poisson  gras. 

Dans  le  Bosphore  de  Thrace,  ou  Détroit  de  Constanti- 
nople ,  le  Dauphin ,  tantôt  seul ,  tantôt  en  troupes ,  vient , 
en  bondissant  tout  près  de  son  Kaïk  ,  effrayer  le  voyageur 
novice  et  quelquefois  Famuser  en  le  rendant  témoin  de  sa 
lutte  avec  un  poisson  plat  ^\\  a  saisi ,  mais  qu'il  ne  peut 
avaler.  Neuf  années  d  Cdnstantinople  par  A.  B rayer,  JD, 
Af.  P»  i836,  tom.  i  y  p.  ii5. 

Il  est  fâcheux  que  Pauteur  n'ait  pas  précisé  les  animaux 
dont  il  parle ,  le  nom  de  Dauphin  ayant  été  donné  au  Cor- 
moran ,  à  des  mammifères  et  à  plusieurs  poissons ,  et  celui 
de  poisson  plat  étant  trop  vague. 


\ 


(21  ) 

des  Loutres ,  et  de  certains  oiseaux  d^eau  ' ,  etc.  ;  celle 
des  grenouilles  ,  des  écrevisses  et  de  certains  coquil- 
lages, entrèrent  dans  le  régime  alimentaire  des  jours 
d'abstinence,  qui  étaient  d'au  moins  190  par  année. 

On  recourut  d'abord  ad  poisson  de  mer  et  surtout  à 
celui  salé ,  dont  on  faisait  depuis  longtemps  usage  en 
Orient  -,  ce  qui  aura  amené  la  pèche  du  hareng ,  qui 
prit  une  grande  extension  et  devint  une  importante 
branche  de  commerce.  Sous  Saint-Louis,  des  droits 
étaient  déjà  établis  sur  la  vente  de  cette  espèce  de 
poisson. 

Beaucoup  d'individus  ne  pouvant  se  procurer  ce 
genre  de  nourriture,  faute  de  moyens  pécuniaires ,  se 
rejetèrent  sur  les  poissons  de  rivières  ;  il  s'écoula  sans 
doute  beaucoup  de  temps  avant  que  l'on  '  se  fut  assuré 
de  la  qualité  de  chacun  d'eux  ;  car  à  l'époque  où  écri« 
vait  Albert-le-Grand ,  la  Carpe  ne  jouissait  d'aucune 
estime ,  on  n'attachait  de  pHx  qu'à  sa  langue.  Peu  à 
peu  ,  on  se  familiarisa  avec  l'usage  des  diverses  espèces 
de  poissons ,  et  on  se  décida  à  les  faire  entrer  presque 
toutes  dans  le  régime  alimentaire.  L'habitude  une  fois 


'  Martin  Lister ,  en  parlant  de  la  nourriture  très-frugale 
des  Parisiens ,  s'élève  contre  la  multiplicité  des  ragoûts  \  et, 
après  avoir  signalé  les  inconvéniens  qu'ils  ont  occasionnés 
à  plusieurs  de  ses  compatriotes  ^  ajoute  :  ce  Je  recommande- 
a  rai  cependant  la  Macreuse,  espèce  de  poule  d'eau  qui, 
ce  préparée  à  la  sauce  piquante,  est  d'excellent  goût,  sur- 
ce  tout  quand  on  l'arrose  de  quelques  verres  de  vieux  Bonr- 
«  gogne.  Ce  gibier  a ,  comme  on  sait ,  le  privilège  d'être 
ce  classé  parmi  les  poissons  :  aussi  les  prélats  et  les  dévotes 
ex  en  font-ils  leurs  mets  de  prédilection  pendant  le  carême»  » 
Revue  britannique,  i836  ,  tom,  vf^  p»  i5(j.   . 


(22) 

contractée  se  continua  et  s'entretint  comme  on  la  voit 
de  nos  jours.  Il  est  cependant  des  pays  de  FEurope  oii 
le  préjugé  contre  certains  animaux  aquatiques  ^  s^est. 
soutenu.  Ainsi ,  par  exemple  en  Angleterre ,  les  gre- 
nouilles sont  en  horreur  :  de  là  vient  aussi  le  nom  de 
frog  eater,  employé  Comme  injure  par  la  populace 
anglaise  pour  désigner  les  Français. 

«  Quand  Tanglomanie  se  répandait  en  France ,  les 
te  Anglais,  par  leur  instinct  de  haine  pour  nous,  de- 
«  vinrent  anti-français  ;  plus  nous  nous  rapprochions 
•  <(  d'eux ,  dit  Chateaubriand  ,  Essai  sur  la  littérai.  an* 
<c  glaise,  i836,  tom,  ^^p.  289,  plus  ils  s'éloignaient 
<(  de  nous.  Un  Anglais  sur  notre  scène  était  toujours 
<(  un  milord  ou  un  capitaine,  héros  de  sentiment  et  de 
«  générosité.  Sur  le  théâtre  anglais,  on  voyait  dans 
«  toutes  les  parades  de  John  Bull ,  un  Français  maigre , 
<c  air  de  danseur  ou  de  perruquier  afiamé  ;  on  le  tirait 
<(  par  le  nez ,  et  il  mangeait  des  grenouilles.  » 

Le  prince  Puckler-Muskau ,  dans  son  ouvrage  alle- 
mand Tutdfrutd ,  partage  cette  horreur  ;  on  en  a  la 
preuve  dans  le  passage  suivant  fort  peu  poli  :  a  Le 
«  peuple  français  avec  son  bavardage  et  ses  cuisses  de 
«  grenouilles  à  la  broche ,  m'a  paru  pitoyable.  )>  Voyez 
la  traduction  intitulée  :  De  tout  un  peu,  i835  ,  tom.  3, 
p.  202.  Il  revient  un  peu  de  ce  jugement,  dans  un  autre 
passage  où  il  parle  de  l'ignorance  des  Français  rela- 
tivement aux  mœurs  allemandes  :  «  Il  serait  aussi  vrai 
<(  de  représenter  de  jeunes  et  élégans  Français  de  Paris 

'    Malgré  cela  dans  quelques  pays  les  Têtards  du  Bufo 
fusctts,  qui  atteignent  jasqii^à.  la  grosseur  d'un  œuf  de  poule , 
sont  mangés  comme  des  poissons  ^  ils  ont  été  pris  pour  tels 
par  les  auteurs  ^  dans  leurs  ikbles  de  pluies  de  poissons. 


(23) 

((  OU  de  Lyon,  discourir  près  d'une  iricassée  de  gre- 
<c  nouilles  en  buvant  du  Cognac.  »  Chroniques ,  lettres 
et  journal  de  Voyage,  i836,  tom.  i ,  p.  3o6. 

Le  même  auteur ,  en  rendant  compte  de  sa  visite  au 
musée  d'Oxford  j  où  on  lui  fit  voir  la  tête  et  le  bec  toufr- 
à-fait  extraordinaire  du  Dodo,  Didus  ineptus ,  Linn.  , 
parle  d'un  oiseau  curieux  qui  a  les  ailes  garnies  de 
piquans,  à  Taide  desquels  il  embroche  de  petits  poissons 
comme  sur  une  lance.  Mémoires  et  F^oyages  du  prince 
Puckler-Muskau y  i832,  tom.  i,  p.  a68. 

Le  prince  Puckler-Muskau  répète  ici  un  conte  ri- 
dicule :  Toiseau  dont  il  parle  est  une  espèce  de  Jacana. 
Ce  serait  le  Parra  brasiUensis,  Gmel.  y  Syst.  nat. , 
erfif.  xiu,  ;?.  708,  5p.  II,  si  cette  espèce  existait  au» 
trement  que  sur  Tautorité  équivoque  de  Harcgrave; 
Quoi  qu'il  en  soit,  c'est  réellement  un  Vanneau  armé , 
mais  qui  n'embroche  pas  les  poissons  avec  Péperon  de 
son  aile.  C'est  un  conte  dans  le  genre  de  célui'telatif  au 
Rev^ersus  squamosus,  (  Diodon  spinosissimus ,  défiguré 
par  rempaillage  )  que  j'ai  expliqué.  Act.  DSHon.,  1829, 
p.  148. 

De  tous  les  départemens  français ,  celui  de  la  Câte- 
d'Or ,  dominant  les  trois  bassins  de  la  Seine  qui  com- 
munique à  la  Manche,  de  la  Loire  qui  communique  à 
l'Océan ,  et  du  Rhône  qui  se  rend  à  la  Méditerranée , 
est  le  plus  riche  en  poissons  d'eau  douce  ;  aussi  soii 
ichthyologie  peut-*elle  avec  raison  passer  pour  celle  do 
toutes  les  rivières  de  France.  En  efiet ,  à  part  le  Mal , 
SUurus  glanis ,  Linn.,  que  l'on  pêche  dans  le  Rhin,  et 
peut-être  encore  une  ou  deux,  espèces  confinées  dans 
quelques  rivières ,  oii  peut  regarder  l'îchthyologie  du 
département  de  la  Cote-d'Or  comme  celle  de  tous  le» 
départemens  non  maritimes. 


(  24  ) 

Si  dans  quelques  rivières  de  la  France  on  trouve  des 
espèces  qui  loe  sont  point  indiquées  dans  le  présent  ou- 
vrage, il  sera  important  de  les  faire  connaître ,  afin  de 
compléter  Thistoire  des  poissons  d'eau  douce  de  la 
France. 

Le  point  le  plus  difficile  était  de  bien  caractériser  les 
flq)d6es  confondues  jusqu'à  ce  jour  sous  un  nom  géné- 
rique commun ,  et  c^est  ce  à  quoi  nous  nous  sommes 
appliqués.  Pour  les  espèces  du  sous-genre  Able,  désignées 
vulgairement  sous  le  nom  de  Poissons  blancs ,  Meih- 
mers  ^,  etc. ,  j'ai  remédié  à  la  confusion  introduite  dans 
l'histoire  de  ces  poissons,  dont  le  même  nom  est  donné 
à  desespèces  bien  différentes  et  bien  distinctes.  Quoique 
ces  noms  varient  suivant  les  localités,  les  caractères 
4onC  j^ai  fait  usage  en  les  fondant  sur  les  dents  pharyn* 
giennes,  fourniront  à  tous  les  lecteurs  le  moyen  de 
trouver  le  véritable  nom  des  différens  poissons  qu^on 
pourra  leur  présenter. 

L'étude  des  poissons  procure  un  double  résultat  : 
celui  de  Futilité  et  celui  de  l'agrément. 


*  Cette  dénomination  de  Meuniers  a  été  donnée  à  ce« 
poissons  9  non  point  à  cause  qu'ils  se  tT^^^^^  P^^s  des 
cliftes  d'eau  ,  ou  dans  le  voisinage  des  usines ,  comme  on  se 
plaît  à  le  répéter,  mais  à  ca^se  de  leur  couleur  blanche, 
comparée  à  celle  de  la  farine  qui  couvre  les  Têtemens  des 
meuniers  ou  fiyineurs.  C'ett  ainsi  que  dans  le  siècle  dernier , 
lorsque  la  mode  exigeait  que  l'on  se  couvrit  les  cheveux 
d?amidon  pulvérisé ,  les  perruquiers  étaient  désignés  par  le 
«obriquet  de  Merlans  à  frire ,  à  raison  de  ce  que  leurs  vé- 
temens,  blanchis  par  \a  poudre  y  étaient  comparés  à  la  cou- 
leur du  Merlan  9  Gadus  Merlangus^  Linn. ,  couvert  d^  fa- 
rine avant  d'être  mis  dans  la  poêle. 


(  25  ) 

Les  poissons ,  dont  beaucoup  sont  employés^  habitiiel' 
lement  dans  réconomie  domestique  comme  aliment, 
deviennent,  pour  certains  jours  et  pour  diverses  époques 
de  Tannée,  une  nourriture  obligée ,  voilà  pour  Tutilité; 
puis ,  la  connaissance  des  particularités  qu'offirent  plu- 
sieurs d'entre  eux,  la  manière  de  se  les  procurer ,  Mut 
une  satisfaction  pour  Tesprit,  une  occupation  pour  le 
corps,  voilà  Pagrément. 

Parmi  les  agrémens  que  peut  procurer  la  connais- 
sance des  poissons ,  il  faut  ranger  le  plaisir  de  la  pèche, 
dont  elle  indique  les  procédés. 

Plusieurs  ouvrages  ont  été  publiés  sur  cet  exercice. 
On  trouvera  de  très-grands  détails  à  ce  sujet  dans  le 
Traité  des  pêches,  par  Duhamel,  iom.  i  ^^secU  i'*-  Cet 
auteur  traite  des  difiEérens  filets ,  et  n'oublie  pas  la  pêche 
à  la  canne,  vulgairement  appelée  dans  notre  .pays, 
pêche  à  la  ligne.  U  existait  à  Florence  une  jiciidemia 
degtUnûdi,  dont  chaque  membre  adoptait  le  nom  d^un 
poisson.  Cette  Académie,  fondée  en  i549  P^^  Gome  I*% 
fut  plus  tard  incorporée  daos  TAcadémie  délia  Crusca, 
Yoy.  Bey.  brilan. ,  i836 ,  tom.  y,  pè  817.  • 

A.-F.  de  Coupigny ,  célèbre  par  ses  bons  mots  et  par 
quelques  romances^  a  fait  un  Traite  de  la  pêche  que  Ton 
dit  fort  spirituel  et  fort  piquant.  Cet  auteur ,  sur  la  fin 
de  sa  vie ,  devint  un  des  plus  déterminés  pêchéqrs  que 
Ton  connût  *,  il  lui  arrivait  souvent  de  faire  cent  lieues 
dans  les  chaises  de  poste  de  ses  amis,  afin  d'aller  pêcher 
quelque  poisson  qui  ne  se  trouvait  pas  dans  la  Seine. 
Voy.  Mém.  encjrclop.,  i835,  p.  SSy,  w**  298. 

Une  Notice  sur  la  vie  et  les  .ouvrages  de  jM.  Aodré- 
François  de  Coupigny  est  insérée  dans  le  Journal  de  la 
Sociélé  dé  la  morale  chrétienne ,  i836,  n#^.>  tom.  x, 
«**  6 ,  pp.  3o8-33o. 


(  26  ) 

Saivant  Fauteur  de  la  notice,  Goupigny  avait  le  goût  le 
plus  prononcé,  que  jamais  homme  ait  eu ,  pour  la  pèche 
à  la  ligne;  c'était  en  lui  une  véritable  manie,  assuré- 
ment la  plus  innocente  de  toutes;  elle  lui  fit  donner  le 
nom  de  Rai  pécheur,  en  souvenir  de  celui  de  la  2\ible^ 
Bande. 

Le  Traité  de  la  pêche ,  publié  sous  le  nom  de  Gou- 
pigny, est  encore  une  de  ces  spéculations  de  libraires  qui 
se  servent  sans  cesse  de  faux  noms  pour  attirer  des 
acheteurs.  Ce  Traité  n'est  point  de  Goupigny ,  il  est  de 
M.  Horace  Raisson.  Ousf.  cit.,  p.  827. 

Cette  passion  de  la  pêche  n^était  pas  le  partage  du 
seul  Goupigny  ;  on  la  retrouve  encore  dans  un  célèbre 
chimiste  anglais. 

Humphry  Davy  eut  dès  son  enfance  un  goût  très- 
prononcé  pour  la  pêche, /ie(^.  britan.,  i836,lom.-v, 
p*  268;  et  dans  Tannée  de  sa  mort,  malgré  ses  souf- 
frances, il  eut  le  courage  d'achever  son  Traité  de  la 
pèche {Sabnonia)  ^  petit  chef-d'œuvre  de  patience , 
d'observation ,  où  l'on  trouve  les  détails  les  plus  curieux 
sur  les  mœurs  des  poissons..  Ous^.  cit.,  p.  287. 

Dans  le  Laos ,  pays  situé  à  l'est  du  royaume  de  Siam , 
M.  Pallegoix  a  souvent  admiré  la  dextérité  des  enfans 
qui ,  d^un  long  javelot ,  perçaient  le  poisson  dans  les 
eaux  claires  des  torrens,  et  revenaient  le  soir  à  leur 
cabane  chargés  du  fruit  de  leur  pêche.  Bulletin  de  la 
Société  de  géographie ,  i836 ,  tom.  S^p.  5o. 

Ce  procédé  a  un  certain  rapport  avec  celui  employé 
dans  nos  pays  par  les  enfans ,  qui  se  servent  d'une  four^ 
chette  solidement  attachée  au  bout  dHin  bâton  pour 
transpercer  le  Chabot. 

Pour  découvrir  plus  facilement  la  place  où  les  han- 
netons de  la  pêdie  ont  été  déposés,  les  pêcheurs  indi- 


(27) 

gènes  de  l'Archipel  des  lies  Garolines,  ayant  de  chercher 
a  les  retirer,  commencent  par  mâcher  de  la  noix  de- 
coco  qu'ils  crachent  danâ  la  mer,  pour  en  rendre  Teau, 
par  le  moyen  de  Thuile  qui  s'en  détache ,  plus  calme  et 
plus  transparente.   BibL  unii^.,  ib35  ,  Lîuér.  i  tnai, 

Ainsi  les  Sauvages  des  Iles  GaroUnes  savaient,  =  ayant 
Franklin ,  rendre  unie  la  surface  de  bi  mer..        '  '  - 

Les  Russes,  en  Sibérie,  font  entrer  le  poisson  dans 
leurs  filets,  au  moyen  de  boules  d'argile  chauffées  au 
feu ,  qu'ils  déposent  sur  le  bord  de  la  rivière.  Re^.  brk.^ 
1837,  tom.  vil,  p.  340.  r       • 

Il  est  fâcheux  que  le  professeur  Hanste^i^  de  Chris-^ 
tiania ,  n'ait  pas  donné  des  détails  plus  précis  sur  ce  pro- 
cédé  de  pèche. 

Obo,  poisson  d'Afrique,  remarquable  par  unetrès- 
g^nde  quantité  d'ai^tes.  Il  parait  appartenir  au  genre 
Clupe.  Voyez  Fables  Sénégalaises ,  par  Roger,  ;?.•  180. 

Espèce  de  poisson  qui  ressemble  à  la  Carpe,  ayant  de 
même  beaucoup  d'arêtes ,  vu  par  Gaillié  à  Couroussa. 
Les  habitans  le  font  sécher  à  la  fumée  et  en  veadent  à. 
leurs  voisins  et  aux  marchands  qui  passent  chez. aix.; 
Foyage  à  Tomboctou,  tom.  i,  p.  368.  Ce  poisson,. es-, 
pèce  de  Carpe ,  est  long  de  huit  pouces  sur  quatre  ou 
cinq  de  large  ;  il  contient  beaucoup'd'arêtc^,  /^ag".  369. 

Pour  réussir  à  la  pêcl^e  à  la  ligne  ou  à  la  canne ,  il 
faut,  dit  Bloch ,  lehthyologie  * ,  p.  ao ,  avoir  égard  au. 
goût  des  poissons ,  pour  employer  un  appât  convenable. . 

*  Ichthyologie  ou  Histoire  naturelle  générale  et  particu-' 
lîère  des  poissons,  avec  des  figures  enluminées  diaprés  na- 
ture, par  Marc Eliezer  Bloch  (traduit  par  Laveaux).  Berlin, 
1785}  1786}  trois  parties  in-foiio. 


(48) 

Oq  prend  le  Vilain  avec  des  pois  cuits  ;  rOq>he  avec 
un  morceau  de  hareng ,  et  la  Carpe  avec  un  ver. 

M.  Bourée ,  dans  la  note  qu'il  a:  eu  la  bonté  de  m'en- 
voyer,  a  inséré  des  considérations  importantes  sur  :1a 
population  des  riviènes.  «  Les  eaux  de  nos  contrées, 
dit-il ,  sont  beaucoup  moins  poissonneuses  qu^autrefaîs;  ^ 
indépendamm^it  de  Fabus  de  la  pêche  qui  a  amené  une 
véritable  dépopulation  ,  il  s'élève  de  toutes  parts  étS 
jisinies  contre  la  multiplication  des  lavoirs  à  minerai , 
qui  ont  Tinconvénient  de  porter ,  dans  nos  rivières  et. 
nos  ruisseaux ,  des  eaux  troubles  et  de  donner  lieu  à  un 
dépôt  limoneux  abondant  qui  bouche  les  trous  où  cer- 
tains pmsscms  aiment  à  se  retirer.  »  ' 

M.  Baudot  père ,  juge  honoraire  au  Tribunal  de  pre- 
mière instance ,  qui  a  eu  la  complaisance  de  me  donner 
le  nom  des  poissons  connus  par  les  pêcheurs  de  Fagny- 
la-Yille ,  m^écrit  (  i3  not^.  i835  )  :  «  Il  y  a  environ  douze 
ans,  la  pêche  dans  la  Saâne  était  fructueuse;  actud-« 
lement  elle  a  beaucoup  perdu  de  son  produit.  » 

Deux  causes  contribuent  à  la  diminution  du  produit 
de  la  pêche  :  la  première  vient  de  la  multitude  des 
pêcheurs ,  la  seconde  vient  de  rétablissement  des  ba- 
teaux à  vapeur  qui  effraient  le  poisson  et  rejettent  le 
frai  sur  le  terrain. 

Avant  que  l'immortel  Linné  eut  fixé  les  bases  de 
l'étude  des  animaux ,  on  rangeait  parmi  les  poissons 
tousceux  qui  vivaient  dans  l'eau,  quelle  que  fût  leur  or- 
ganisation intérieure.  Ainsi  la  Loutre ,  le  Castor ,  plu- 
sieurs oiseaux  palmipèdes,  les  Grenouilles ,  les  Ecre- 
visses ,  les  Coquillages ,  etc. ,  étaient  rangés  parmi  les 
poissons,  et  leur  chair  regardée  comme  aliment  maigre. 

Il  suffit  de  parcourir  les  ouvrages  d'ALBEUT-LE-GiiAND, 
tom,  VI,  lib.  XXIV,  de  ViwcEWT  du  Beâuvais,  et  même 


(29) 

ceux  des  fondateurs  de  la  science ,  Roitdelbt  ,  Belon  9 
Gesner,  de  leurs  copistes  et  commentateurs,  àldro^ 
vaudi  ,  JoNSTON ,  etc. ,  pour  se  convaincre  de  Texactitude 
de  cette  assertion,  confirmée  par  Textrait  suivant , 
d^autant  plus  important  à  publier,  que  les  naturalistes 
modernes  ont  entièrement  négligé',  dans  leurs  travaux , 
de  signaler  les  recherokes  dé  ces  premiers  observateurs. 
*  Rondelet ,  de  Piscib.  flux^iaûL  ,  lib.  p.  ao8 ,  cap, 
xxxiv ,  sous  le  titre  de  Cancro  fluyiatiU ,  donne  la  figure 
et  la  description  de  VOçypodaflmniUilis ,  Latr.,  répé- 
tées par  Gésier,  ÀLOROVAimi,  Jonston. 

P.  210 ,  cap.  XXXV,  de  AstucoflunatUi.  L'écrevisse, 
cancer  astacus ,  Linn. 

Nos  pêcheurs,  qui  se  soucient  fort  peu  des  distinc* 
lions  établies  par  les  savans,  continuent  à  regarder 
Fi^crevisse  comme  un  poisson ,  dont  la  pêche  leur  est 
très-productive*,  cecrustacé  offrant  plusieurs  partici^la- 
rites  intéressantes ,  je  rapporterai  d'abord  la  note  qui 
m^a  été  transmise  à  son  sujet ,  par  mon  estimable  con- 
frère ,  le  docteur  Bourée. 

«  L'Ecrevisse,  me  marque-t-il ,  se  trouve  dans  toutes 
«  les  rivières  et  tous  les  ruisseaux  de  Farrondisse- 
«  ment  de  Ghâtillon-sur-Seine ,  où  elle  présente  des 
«  variétés  de  couleurs  :  il  en  est  de  presque  noires ,  ^  qui 
((  conservent  cette  couleur  même  après  la  cuisson  ; 
a  elles  sont  plus  dures  ;  il  en  est  dont  les  pattes  sont 
<(  rouges  ;  on  en  pêche  dans  TOurce  qui  sont  entière- 
tt  ment  rouges^  celles-ci  et  les  précédentes  sont  recher^ 
«  chées  des  connaisseurs  qui  trouvent  leur  chair  plus 
(c  délicate.  » 

'  Elles  ressemblent  à  celle  figurée  et  décrite  par  Marsi- 
gli  Danub. ,  toni.  iv ,  p.  86,  tab.  xxX|  fig,  1 ,  sons  le  nom 
de  Schwartz  Krops,  Cancer  Aiiger. 


(  30) 

Notre  confrère  à  rAcadémie ,  feu  M.  Picardet  qui , 
au  talent  du  poète ,  joignait  celui  du  peintre ,  avait 
dessiné  pour  son  usage ,  des  fleurs ,  des  insectes ,  et 
différensanimauir  dont  il  désirait  conserver  le  souvenir. 

Parmi  ces  dessins ,  il  en  est  un  qui  représente  une 
«  Ecrevisse  de  huit  pouces  de  longueur ,  du  ruisseau 
«  de  Merceuil,  hameau  dans  le  bailliage  de  Sauliea 
«  en  Bourgogne.  »  Telle  est  Pinscription  mise  par 
Fauteur  au  bas  du  dessin  qui,  mesuré,  donne  cette 
étendue  depuis  l'extrémité  des  nageoires  de  la  queue  y 
jusqu'à  celle  de  la  pince  gauche.  Ce  dessin  offre  sur 
le  côté  gauche  de  la  carapace,  région  stomacale ,  les 
mêmes  tubercules  que  ceux  indiqués  par  Marsigli ,  page 
précédente,  note  '. 

Lucas  Antoine  Portius  a  donné  sur  TEcrevisse, 
des  détails  anatomiques ,  que  Ton  peut  consulter  avec 
fruit;  on  les  trouvera  dans  la  Collection  aceulémique , 
part,  étrang,^  tom.  iv,  p.  127-1 36,  pL  m  et  iv;  il 
sera  facile  de  les  comparer  à  ceux  représentés  dans  le 
Dict.  des  Se,  nat. ,  ados,  crustacés,  pL  1  j/ig*  3-4?  ^t 
décrits  tom.  28 ,  p.  169 ,  3o8. 

Je  ne  quitterai  pas  Thistoire  de  TEcrevisse  ' ,  sans 
rappeller  1®  un  des  usages  auxquels  on  l'emploie  pour 
la  chasse  des  lapins,  2,^*  une  expérience  assez  singulière 
sur  ce  crustacé. 

~  *  Foiir,  duvet  blanc  ou  brun  qu'on  irouve  sons  l'enve- 
loppe crust^cée  des  écrevisses.  JSncy.  métk»,  Desc.  des 
pêckes^p.  63.    • 

Ce  sont  les  branchies  de  ces  crustacés,  branchies  qui  ^ 
par  leurs  pa#ties  externes,  sont  encore  bien  plus  apparentes 
dans  les  entomostracés  et  dans  quelques  larves  aquatiques 
d'éphémères.  j4cL  Divion,,  i836  ,  p.  233  et  234* 


(31  ) 

i«  Parmi  les  moyens ,  \_extraits  du  noui^.  Dict.  dhist. 
nat.y  éd.  2,  iom.  17,  p.  607-611  j  et  copiés  sans  en 
avertir,  par  le  Comte  Français  (de  Nantes)]  indiqués 
pour  chasser  le  lapin ,  il  est  dit  :  «  Nous  avons  TEcre- 
<(  visse.  Elle  s'avance  jusqu'au  fond  du  terrier  oii 
<c  elle  trouve  l^animal  ;  elle  étend  sur  lui  la  patte ,  le 
a  serre  sans  perdre  prise,  en  sorte  que  se  sentant 
«ainsi  piqué,  il  Tentraine  avec  lui  jusque  dans  la 
«  poche  qui  l'attend  à  Fissue  du  terrier.  » 

«  Avec  la  patte  du  Crabe  on  fait  un  appeau  qui 
«  imite  parfaitement  le  cri  du  lapin ,  et  si  Ton  sait 
«  s'en  servir  avec  intelligence ,  saisir  le  lieu ,  le  temps, 
«  la  circonstance  et  se  cacher  soigneusement,  on 
Il  réussit  à  faire  une  chasse  abondante.  »  Le  Cultiva^ 
tair,  journal  des  progrès  agricoles,  i836,  tom.  12, 
p.  36. 

2"*  L'expérience  suivante  est  relative  à  un  phéno- 
mène naturel  observé  siur  les  Ecrevisses ,  par  le  doc-^ 
teur  Heinemann ,  à  Schwerin. 

Qu'on  prenne  une  Ecrevisse  fraîchement  pêchée, 
entre  les  doigts  de  la  main  gauche ,  de  manière  à  ce 
qu^un  doigt  tienne  la  tête ,  et  que  deux  autres  serrent 
un  peu  la  poitrine  *,  que  Ton  passe  ensuite  le  bout  d'un 
doigt  de  la  main  droite  sur  le  dos  de  l'animal,  chi 
le  verra  d'abord  après  quelques  frottemens,  faire  beau« 
coup  de  résistance;  peu  à  peu  son  agitation  diminuera, 
et  elle  cessera  au  bout  d'une  minute  \  si  l'on  retire  alora 
tout  doucement  les  mains,  l'animal  restera  immobile 
et  sans  donner  aucun  signe  de  vie.  Cette  immobilité 
dure  pourtant  rarement  au  delà  d'un  quart  d'heure , 
etc.,  etc.  Bulletin Férussac,  lâ^S.  Se,  mathém*,  tom. 

IV,  p.  262,  /l°2l3. 

pans  les  eaviiro<iS  <jte  Santiago,  M.  Gay  a  décmivert 


(32) 

une  espèce  de  Sangsue  qui  vit  sur  les  bratichies  de 
FEcrevisse-,  il  a  aussi  découvert  une  très-petite  espèce 
de  Branchiobdelle ,  qui  a  la  singulière  habitude  de 
vivre  dans  la  cavité  pulmonaire  de  HAuricula  dombeu. 
Institut,  Séance  du  2  auril  i836. 

Les  petites  Tbr&te^,  indiquées  par  Delamarre,  ^ct. 
Divion^y  1827,/?.  7a,  sont  tjipus  cancrifomUs ,  indiqué 
bien  exactement  dans  un  passage  de  Mouffet  /  négligé 
par  tous  les  entomologistes. 

<(  Ghristophorus  Leustnerus ,  se  scarabaBum  in  loco 
quodam  invenisse,  scripsit  ad  Gesnerum ,  vaginaria  (uti 
soient)  crustula,cui  quasi  formicas  caput  subluteum, 
atquealae  multae  erant  adixœ -,  ventre  inferiore  pinnae 
spargebantur,  caudis  astacorum  similes,  quibus  (ceu 
in  aquis  rémiges)  divagabantur.  Gauda  prominebat 
pro  sua  munitione  exigua  sed  in  longissimas  setas 
divisa.  Ex  aqua  palustri  in  fontanam  conjectus ,  paucis 
interjectis  diebus  vita  excessit.  »  Moufeû  insector. 
Tlieatrum,  p,  164,  Jonston  y  Ins.  y  p,   74,  col.  2. 

P.  211,  cap.  XXXVI.  De  Asiaco  pofvo. 

Cette  deuxième  espèce  de  Homard,  dit  Latrcille , 
HisU  nat.  des  inseci.  et  crustac. ,  tom.  6  ^  p.  284,  n'est 
point  citée  par  les  modernes.  Depuis ,  Risso  en  a  fait  un 
genre  sous  le  nom  de  Melia  (  Voy.  le  Nou\f.  BuUet.  de 
la  Société  philomatique  y  n*^  66,  18 13,  mars  y  tom.  3, 
pag.  233) ,  et  Ta  désignée  ensuite  sous  le  nom  de  Calipso 
dangereuse  ;  elle  n'est,  suivant  M.  Desmarest, 'Z)£C<. 
des  se.  nat.  y  tom.  28,  p.  296  (1) ,  que  la  Galathée ,  soit 
la  Spinigera,  soit  la  Squandfera. 

P.  212,  cap.  xxxvn.  De  SqwllafluvialiU. 

Sous  ce  titre ,  Fauteur  donne  la  figure  et  la  descrip- 
tion de  la  larve  du  grand  Hydrophile.  Gesner  dit,  De 
AqualiUbuSy  p.  545  :  De  SquUla  fluyialUi,  (gryllum  flu- 


(33) 
vîatilem  forte  coijcimodius  nominabimus);  et  p.  546, 
Un,  44  9  ^us  '^  ^itr^  d^  Wassergugen ,  il  désigne  les 
Dytiques  et  les  Hydrophiles.^ 

P.  212 ,  cap.  xxxvm.  Z)e  Cicada/luuiatUi.   ' 

Rondelet  parle  dans  ce  chapitre^  de  la  Naucore,  Nau* 
caris  cimicoïdes,  Fab. 
t  P;  2i3,  cap.  XXXIX.  De  lÀbeUa  flwdaiiU. 

.On  reconnaît  facilement  la  lawe  d'une  Libellulcif, 
:  P.  21 3,  cap.  XL.  Dé  Musca  fluifiatiU. 

Dans  ce  .flhapitre,  Rondelet  donne  de  la  Gronda 
punaise  à  Asnrqns,  Geoff. ,  JVotonecta  glauca,  Linn.  y  une 
description  trè^-^xacte,  à  la  fin  de  laquelle  il  invite  les 
savanset  les  amis  de  la  naturà  à  s'occuper  de  Tétude  des 
animaux  aquatiques  et  à  publier  le  résultat  de  leurs  re- 
cherches. 

P.  214^  cap.  xLi.  De  MuscuU$  aquœ  dulcis. 

L'auteur,  dans  ce  chapitre,  indique  toutes  les  coquillea 
bivalves  d'eau  douce,  telles  que  la  Mye  des  peintres,  les 
Anodontes,  et  figure  celle  désignée  sous  le  nom  d'Ano- 
dcmte  de  canard,  Mjiilus  anaiinus,  Linn. 

P.  214,  cap.  XLU.  De  Cochleis  fluvialUibus. 

Le  commencement  de  ce  chapitre  indique  les  uni- 
valves  d'eau  douce ,  mais  surtout  les  Limnées.  Trois  fi- 
gures grossières  sont  représentées  :  celle  à  gauche  ap- 
partient à  une  Limnée ,  Testa  longiuscula  in  aciUum 
defidens  stromborum  modo  ,*  celle  du  milieu  ressemble 
au  C/yclostoma  impurum.  Drap.  ^  et  la  troisième,  dési- 
gnée dan3.1e  texte  de  la  manière;  suivante  :  Harwn 
ppstrerKui  depressa  est  magis,  acideis  aspera,  et  placée 
à  droite,  e^  le  Planorbis  naudleus.  Gmel. ,  syst.  nat.^ 
tom.  X111,  p.  36 12,  sp.  98. 

:Gesner,  De  AquaU,  p,  5^6^  lign.   60,  parle  des 
Tinea  vçl  t^cn^fhuke  aquaUcœ,  Agrouèlles ,  EscroêUes  j 

■      ,.     ..    ,  ..3     ■ 


(34) 

Gommants  jmlex  y  Udd.  ;  p.  546,  lign.  44 9  ^^  Can-^ 
Putrides  ofuaticœ ,  aujourd^bui  Nauçoris  cimicoïdes^, 
Linn.  ;  p.  5^5 ,  de  Phrygamo  casam  sïbi  constmente  , 
avec  sa  figare,  pag.  laSo,  charréê ,  non  à  cause  de 
sa  rea^embiance  avec  les  cendres  lessivées,  mais  à 
cause  de  rallemand  Kerder  ou  Kafxler,  mot  générique 
employé  pour  désigner  tous  les  insectes  aquatiques  dont 
les  poisons  sont  ^ayides.  Ces  larveis  de  Pfaryganes^  sont 
appelées  AzeroUei  aux  environs  de  Dijon  ;  elles  sont  em- 
ployées, parles  pêdieurs  à  la  ligne,  pour  dmoreer.  Elles 
sont  encore  désignées  sous  le  nom  de  Cadets ,  du  mot 
cmulà  ott  thêca,  à  cau^e  du  logement  qu'elles  se  cons- 
truisent. L'étymologi€^  à^A^epoUe  vient  du  grec  «(roffror  ^ 
ouvrage  de  mosaïqlie^  parce  que  les  tuyaUx  de  larves 
de  Phryganes  sont<  formés  par  le  rapprochement  de 
grains  de  sable ,  de  coquillages ,  de  brins  tie  végétaux , 
de  portions  de  feuilles ,  etc. 

AzëTôltè,  Ài:ëUôte,  pMt  aussi  venir  de  Casait^, 
CàsuddUœ.  Duham.,  tom.  i,  p.  29,soU5lenom  depetites 
loges  renfermant  des  vers,  pÉigè  56^  sect.  1,  pi.  xvi , 
figures  11^  12 ,  19-25 ,  parle  des  larves  de  Phryganes. 

•  P.  314.  G<ea»6r ,  âbuâi  le  titre  de  Conchœ  i&ngte  spe- 
des  in  duhS>us  cufuis  rejp^Htut,  do^Mie  ttfte  figure  très-^ 
neconnaissable  de  ¥  V7^&  ^imùtà ,  Ijm: 

Si  nouls  aviô^  à  'j^arter  des  pôfeéons^ttalngers,  je 
ngniaterafs  de  giraves  erreut^  ébh^péeâf  à  Làcépède, 
pp«r  n*avc»r  pas  voulu  Irévoquei*  eu  dsoUte  le  témoigila^ 
d'un  autre  écrivain,  reproché  juste  qiu  lui  est  adressé 
dans  les  Méttioires' de  llnaltitut ,  A  et.  Paris.  /1829, 
toiti.  vm,  p.  ccxv.  Je  mè  bornerai  à  celle  i^lative  au  Paip- 
son  teinturier  dont  parle  Lacépède ,  ffist.  nai.  des  pois^ 
sons,édit.  12 ,  tom.  5 ,  pp.  55-59 ,  d'après Charvet,  qui 
n'avait  pas  reéonun  dans  ce  prétendu  poisson  VApijrsia 
protea.  Rang,  Monograph.  Aplys.,  p.  56,  sp.  i3 


(35) 

appelé  Baril-dé-^inn  par  les  N^^res  pêcheuK  dé  la 
Martinique. 

Daus  les  ^ct.  Dwiàn.y  1829 ,  p.  i43 ,  j'avais  rap* 
porté, à  tort,  ce  Poisson  teinturier  à  une*Sèchë. 

On  aura  une  idée  exacte  de  la  nature  du  travail  de 
Lacépède ,  en  consultant  Cuvier,  Hist.  ruà.  des  poiss, , 
lom.  I,  pp.  171-181. 

Je  ne  parlerai  point  non  plus  d^un  poisson  qui  enivré^ 
comme  si  ou  avait  bu  du  vin  par  excès ,  et  qui  dontie 
la  mort  si  on  en  mange  beaucoup;  Dutertre ,  SisU  nat. 
des  AntiUeSy  tam»  2,  p.  2o5,  n'ayant  '  obtenu  sur  lui 
aucun  renseignement,  je  fçrai  seulement  remarquer 
qu'il  pourrait  appartenir  aux  poissons  formant  le  genre 
Caranx.  Le  Coulirou,  Caranx  de  Plumier,  la  &usse 
Garangue,  Caranx  f£dlax,  sont  sujets  à  devenir  veni* 
mexa^.Cuvier,  Hist.  naU,  Poiss.,  tenu  9,  p.  67^ 
p.  95.  Plusieurs  Tetrodons ,  Diodons ,  Ostracions ,  le 
iSportfsf/ytAn/iuf,  leMégalopeCailleu-Tassart,  Ch^a 
Tkrissa,  Linn.,  dans  certaines  saisons,  dans  certains 
parages,  deviennent  vénéneux  à  du  point  incroyable. 
Dict.  Se.  nat.  y  tom.  29  ,p./^i7..  D^utres  poissons  sont 
dans  le  même  cas.  Dict.  Se.  nai.,  tom.  22,  p.  553. 

Linné  a  le  premier ,  de  concert  avec  Ârtédi ,  fixé  les 
caractères  de  cette  classe  d'animaux  vertébrés  '  :  il  les 

■  Linné  â  divisé  les  animaux  yertébrés  de  la  manière  soi« 

▼ante  :     . 
Cœur  à  denx  ventricules  et  à  deux  oreillettes  ;  aang  ronge 

'  (^ovipares,  oiseaux* 
Cœur  à  un  ventricule  et  à  une  oreillette  \  sang  ronge  et 
f   M     i  poumons  véslculeux,  amphibies. 
'  \ht9Jïic\î\e^^. poissons. 
On  reconnaît  les  vertèbres  des  poissons,  à  la  fosse  co« 


(  36  ) 

a  fondés  sur  des  dispositions  extérieures  tellement  en 
rapport  avec  la  structure  intérieure  j  qu'elles  deviennent 
des  signes  constans. 

Les  poissons,  animaux  vertébrés  à  sang  rouge  et 
firoid,  sont  destinés  à  vivre  dans  un  élément  autre  que 
Tair  ;  ils  sont  doués  d'une  organisation  spéciale,  dont  la 
différence  avec  celle  des  autres  animaux  ^  devient  sur- 
tout ^  frappante  dans  les  systèmes  de  respiration,  de 
locomotion  et  d'appareil  tégumentaire. 

Lea  poumons  vésiculeux  des  animaux  supérieurs,  qui 
reçoivent  immédiatement  Pair   atmosphérique  ,  sont 


'  1 

r 


nique ,  dont  chacune  des  faces  de  leur  corps  est  creusée  ; 
ces  fosses  sont  remplies  par  une  substance  membraneuse  et 
^gélatineuse  molle  qui  passe  d^un  de  des  vides  à  Tauti'e  par 
un  trou  dont  chacune  des  Tertèbres  est  presque  toujours 
percée  dans  son  centre.  Ces  portions  molles  forment  un 
<:oj:don  pu  chapelet  gélatineux  alternatiTèment  mince  et 
épais  y  qui  enfile  toutes  les  Tertèbres. 

Dans  quelques  cho^droptérygienS|  les  corps  des  Tertèbres 
peuTent  être  considérés  comme  des  anneaux  ^  et  le  cordon 
qui  les  enfile  n^ayant  point  d'inégalités  dans  son  diamètre , 
ressemble  à  une  Téritable  corde ,  dont  il  porte ,  aussi  depuis 
longtemps,  le  nom  dans  la  Lamproie.  Cuç, ,  Hist,  nat,  des 
poiss»  f  tom»  i  ^  p»  357. 

La  partie  antérieure  de  Tépine  dans  les  Loches,  les  Cy- 
prins, {Présenté  une  structure  très*- singulière  ;  p.  36 1. 

Dans  les  Cyprins  ,  les  côtes  portent  en  appendice  un  ou 
deux  stylets  adhérens  à  quelque  point  de  leur  longueur , 
qui  se  dirigent  en  dehors  et  pénètrent  dans  les. chairs.  Il  y 
a  aussi  de  ces  stylets  qui  partent  du  corps  de  la  Tertèbre 
en  dessus  de  la  c6te  pour  pénétrer  dans  les  chairs.  Oest 
ainsi  que  les  arêtes  des  poissons  se  multiplient,  p.  362$  et 
de  là  le  proTerbe  Dos  de  Brochet ,  ventre  de  Caqte. 


(37) 

chez  les  poissons  remplacés  par  des  branchies,  c^est-à- 
dire  par  des  arcs  garnis  d'une  membrane  muqueuse 
frangée ,  dont  l'aotion  sépare  Tair  contenu  dans  Teau  , 
que  les  poisscms  avalent  par  la  bouche,  et  rejettent  par 
les  ouïes. 

En  effet ,  les  poissons  ont  aux  deux  cotés  du  cou  un 
appareil  nommé  branchies ,  lequel  consiste  en  feuillets 
suspendus  à  des  arceaux  qui  tiennent  à  Tos  hyoïde  et 
composés  chacun  d'un  grand  nombre  de  lames  placées 
à  la  file  et  recouvertes  d'un  tissu  d'innombrables  vais- 
seaux sanguins.  L'eau  que  le  poisson  avale  s^échappe 
entre  ces  lames  et  agit ,  au  moyen  de  Pair  qu'elle  con- 
tient ,  sur  le  sang  continuellement  envoyé  aux  branchies 
par  le  cœur  ' . 

Outre  l'appareil  des  arcs  branchiaux  ,  l'os  hyoïde  * 
porte  de  chaque  côté  des  rayons  qui  soutiennent  là 
membrane  branchiale.  Une  sorte  de  battant  composé 
de  trois  pièces  osseuses ,  V  Opercule  y  le  Subopercule  et 
V Interopercule  y  se  joint  à  cette  membrane  pour  fermer 
la  grande  ouverture  des  ouïes  *,  il  s'articule  à  l'os  tym- 
panique  et  joue  sur  une  pièce  nommée  le  Préopercule. 
Plusieurs  chondroptérygiens  manquent  de  cet  appa<* 
reiL 


'  Voyez  I  sur  la  respiration  des  poissons ,  le  Mémoire  de 
M.  Floureos.  Act,  Paris.,  i83i ,  tom.  x,/?.  53-71. 

^  Geoffroi  St.-Hiiaire  y  Philosoph.  anatom. ,  p.  8jy  a  une 
autre  opinion.  Il  regarde  Vopercule,  Vintéropercule,  le  préo^ 
percute  et  le  subopercule  y  comme  correspondans  de  Vétrier, 
de  V enclume  f  du  lenticulaire  et  du  marteau ,  les  quatre  os 
du  ctmdnit  auditif  dans  les  animaux  à*  respiration  aérienne. 
Cette  opinion  est  réfutée  par  Cuvîer.  Hist>nat.  des  poissons , 
tom.  1  ^  p.  34^9  4^2. 


(38) 

Les  organes  de  la  locomotion  sont  les  nageoires,  c'est- 
à-dire  des  expansions  flabelliformes ,  situées  sur  le  corps 
du  poisson ,  qui  peut  les  plier  ou  lea  étendre  à  sa  vo- 
lonté. Ces  expansions  sont  formées  d'une  membrane 
soutenue  par  des  rayons  '  ;  ces  rayons  sont  de  deux 
sortes  :  les  uns  consistent  en  une  seule  pièce  osseuse , 
ordinairement  dure  et  pointue,  quelquefois  flexible  et 
élastique,  divisée  longitudinalement;  on  les  nomme 
rayons  osseux.  Les  autres  sont  composés  d^un  grand 
nombre  de  petites  articulations,  et  se  divisent  d^ordi- 
naire  en  rameaux  à  l'extrémité  ^  ils  s'appellent  rayons 
mous ,  articulés  ou  branchus. 

Artédi ,  le  fondateur  de  l'icbthyologie  et  dont  les  ou- 
vrages doivent  être  médités  par  toute  personne  qui  veut 
s^occuper  de  l'histoire  des. poissons,  s'est  servi  de  la 
considération  des  nageoires  pour  classer  ces  animaux-,  il 
les  a  considérées  d'après  la  place  qu'elles  occupent  sur 
lé  corps ,  place  qui  détermine  le  nom  sous  lequel  elles 
sont  désignées. 

On  appelle  nageoire  dorsale  ou  simplement  Dorsale , 
la  nageoire  placée  sur  le  dos  *,  il  y  en  a  quelquefois  deux^ 
alors  celle  du  côté  de  la  tête  prend  le  nom  de  première 
dorsale ,  et  celle  du  côté  de  la  queue ,  celui  de  seconde 
dorsale. 

Les  nageoires  situées  sur  les  parties  latérales  du  corps , 
près  des  ouïes ,  c'est-à-dire  de  ces  ouvertures  qui  laissent 
apercevoir  les  branchies  ou  les  organes  de  la  respiration, 
dans  les  poissons,  portent  le  nom  de  pectorales  j  elles 

'  Ces  rayons ,  qu^ils  aient  des  brandies  ou  des  articula- 
tions, ou  qu'ils  soient  simplement  épineux,  se  laissent  tou- 
jours diviser  en  deux  moitiés  sur  leur  longueur.  Cuv,,H»N* 
Poiss*,  tom.  I  ,/7.  3o5,  367,  378,  549* 


(39) 

soat  paires  e|  correspondent  aux  e^tirémités  antérieures 
ou  thoracbiques  des  animaii^  d'un  ordre  supérieur. 

Les  nageoires  placées  sous  1^  ventre  sont  également 
doubles  \  elles,  répondent  aqx  extrémités  postérieures  ou 
pelviennes  des  animaux  dont  nous  vendons  de  parler  et 
sont  désignées  sous  le  i^om  de  t^enUates  ou  inférieures^ 
mais  on  emploie  rarement  cette  dernière  désignation , 
la  première  seule  est  usitée. 

L'existence  et  la,  position  des  nageoîre$  ventrales  ou 
des  ventrales  est  Irè^variée  \  aussi  cette  variété  esl- 
elle  d'un  grand  secours  dans  la  classification  des  poi^ 
sons  (îiomme.nous  allons  l'indiquer. 

Lesi  poisscms ,  chez  lesquels  les  nageoires  ventrales 
n'existent  pas,  constituent  la  classe  4^  A f odes,  par 
suite  de  la  comparaison  ou  de  Tan^dogie  dça  nf^eoires 
ventrales  avec  les  pieds  ou  les  e^tréipités  pelviennes 
des  animaux  qui  en  sont  pourvus. 

Si  les  nageoires  ventrales  soqt  situées  en  savant  ou 
au'^essous  de  Vouverture  des  ouies,  elles  caractérisent 
la.  classe  des  poissoiis  jugiUmre^. 

Lorsque  les  nageoires  ventrales  sont  placées^  sous 
les  pectorales ,  les  poissons  sont  appelés  ihor^çhiqwss. 

Enfin  les  nageoires  ventrales  situées  en  arrière  des 
pectorales  constituent  la  classe  dos  poissons  abdomir 
naux. 

On  appelle  nageoire  de  Tanus  ou  nageoire  anale , 
ou  ^simplement  AnaLe ,  celle  qui  est  située  en  arrière 
de  Tanus  ^  elle  est  impaire. 

La  nageoire  de  la  queue ,  ou  simplement  caudale^ 
aussi  impaire ,  termine  le  corps  du  poisson. 

Dans  les  descriptions ,  les  nageoires  sont  indiquées 
d'une  manière  abrégée  par  la  lettre  initiale  de  leurs 


f 

•J 


(40) 

caractères  \  et  comme  ces  nageoires  offrent  des  rayons  ^ 
dont  le  nombre  est  souvent  employé  pour  déterminer 
les  espèces ,  on  le  fixe  par  des  chiffres  placés  à  la  suite 
de  rindicatioii  des  nageoires,  ainsi  D.  22  :  P.  i5  : 
V.  10  :  A.  8  :  C.  24.  signifient  que  la  nageoire  dorsale 
a  vingt-deux  rayons  ;  la  pectoro/e  quinze  ;  la  centrale 
dix  *^  Y  anale  huit ,  et  la  caudale  vingt-*quatre. 

L'oreille  des  poissons  consiste  en  un  sac  qui  repré- 
sente le  vestibule ,  et  contient  en  suspension  de  petites 
masses  le  plus  souvent  d'une  dureté  pierreuse ,  aux- 
quelles on  attribuait  jadis  des  propriétés  merveilleuses. 

Le  corps  des  poissons  est  recouvert  d'écaillés  cartila- 
gineuses, disposées  à  recouvrement,  de  dimensions 
variables ,  depuis  la  Lamproie  qui  ne  présente  rien  de 
ressemblant  à  des  écailles,  ou  T Anguille  qui  les  a 
petites,  minces  et  comme  noyées  sous  un  épiderme  épais, 
jusqu'à  celles  ,  de  près  de  trois  pouces  de  diamètre , 
vues  par  Broussohet ,  qui  n'a  f^as  désigné  dans  son 
Mémoire  consigné,  Joum.'  phys.  1787,  juillet ^  p.  i3  , 
le  poisson  qui  me  paraît  -être  le  Chœtodon  Macrolepidcn 
tus.  Ces  écailles  sont  presque  toujours  enduites  d'une  li- 
queur mucilagineuse ,  sécrétée  par  des  glandes ,  dont  la 
réunion  sur  les  flancs  des  poissons  constitue  la  ligne  laté^ 
raie,  qi^i  commence  à  l'extrémité  des  opercules  et  se  ter- 
mine à  la  nageoire  de  la  queue. 

'  Il  y  a  son  vent  des  variations  dans  le  nombre  de  ces 
rayons  y  peut-être  à  cause  de  la  manière  de  les  compter, 
Itinsi  que  Bloch  le  fait  observer  dans  son  avant-propos  ,  à 
roçcasion  du  rayon  dentelé  de  H  nageoire  dorsale  de  la 
Carpe,  que  Linné  dit  être  le  second,  Artédî ,  Gronow  et 
Leske  le  troisième ,  parce  qu^iis  ont  compté  le  premier  rayon 
court}  caché  en  grande  partie  dans  la  membrane  adipeuse 
et  négligé  par  Linné. 


■■* 


(41  ) 

La  difiSérence  de  structure  dans  les  appareils  de  la 
respiraticm ,  de  la  locomotion  et  dans  Fappareil  tegu- 
mentaire  ^  en  entraine  nécessairement  uqe  dans  la 
disposition  des  organes  internes  des  autres  fonctions. 
Cette  observation  n'avait  point  échappé  aux  anciens 
naturalistes.  Aldrovandi,  dont  les  ouvrages  seraient 
bien  plus  utiles  s^ils  étaient  moins  diffus  ,  a  donné  le 
premier  des  gravures  grossières  il  est  vrai ,  relatives  à 
la  structure  intet*ne  du  Brochet  et  de  la  Carpe.  ParaU- 
pomen,  pp.  88-98. 

Artédi ,  dans  la  seconde  partie  de  son  Icbthyologie^ 
donne  des  détails  très  -  étendus  sur  la  structure 
de  toutes  les  parties  des  poissons. 

D^uis,  Panatomie  a  occupé  plusieurs  sa  vans.  Fran-* 
^is  Petit  a  donné  ,  u^cU  Paris.,  lySS,  p.  197,  pi.  12- 
17,  celle  de  la  Carpe,  et  cVst  dans  ce  travail  qu'ont 
été  prises  les  planches  données  par  Bonna terre. 
Tableau  encyclôped.  et  méthodique  des  trois  règnes  de 
la  nature,  Ichthyologie ,   1788,  pi,  A.  B. 

Duhamel ,  Traité  général  des  pêches ,  a  donné  le 
squdette  et  quelques  détails  anatomiques  de  plusieurs 
poissons.  On  trouve ,  mais  sans  explication ,  le  squelette 
de  la  Carpe ,  2*  part.,  p.  162,  sect,  1 ,  pi,  m ,  copié  dans 
l'Encyclopédie  méthodique *, celui  du  Carrelet,  2,* part., 
p.  319,  sect.  IX,  pi.  XII ;  celui  de  la  Baie  bouclée, 
2*  part.,  p.  275 ,  sect.  ix ,  pi.  vu ,  Jtg.  3  •,  celui  de  la 
Torpille,  2*  part,  sectpix^  pi.  xiii  ^Jig.  5-6. 

Duhamel  donne  aussi  quelques  détails  splanchno- 
l(^ques  relatifs  à  la  Baie  grise,  2*  part. ,  p.  3i^^  pi. 
Tiu  jjig»  5-10  ^  aux  œufs  et  reins  de  Baie,  pi.  xxii  ^Jig. 
4-7  V  AUX  œufs  de  Boussette ,  Scjllium,  CuV. 

Màrsigli,  Danub.,  tom.  vi,  tab.  ix-xxi,  a  figuré  les 
détails  anatomiques  de  TEsturgeon. 


(42) 

Un  travail  plus  étendu  a  été^onné  par  Yicq  d'Azir 
dans  le  Recueil  des  Mémoires  des  sm^an^  étrangers, 
1773 ,  iom.  vu ,  /?.  18 ,  pi,  1 ,  u  0I  p.  a33  ,  pL  iv-viu. 

Si  Ton  désirait  des  détails  plus  étendus  sur  la  struc- 
ture et  la  physiologie  des  poissons  ^  il  faudj^ait  recourir 
à  Touvrage  intitulé  :  The  structure  €md  phjrsiologjr  €^ 
/YsAe^  ^  Alexander  Monro,  M.  D.  Edimburg.,  1785, 
fol.  pi.,  sans  négliger  PEncyclopédie  méthodique,  Sys- 
tème anatom.,  tom.  4 9  PP-  lyir-TSS. 

Grouan,  Hist.  des  Poissons,  a  donné  aussi  quelques 
détails  anatomiques  ^  et  tab.  m^fig.  1 ,  il  représente  le 
grand  muscle  latéral  dont  la  chair  est  feuilleté^ ,  comme 
je  le  rappelle  à  Tarticle  Brochet. 

M.  Geoffiroi  Saint-Hilaire  s'est  aussi  beaucoup  occupé 
de  Tostéologie  des  poissons  dans  sa  Philosophie  anaUsh 
mique,  tom.  1 ,  p.  é^j\  ,  pi.  9  yfig.  107  ;  il  a  bit  con- 
naître les  os  slyJoîdes  de  Pépaule  des  Amphacanthes, 
Guv. ,  H.N.,Poiss.,tom.Xj  p.  117;  les  secondes  pièces 
des  stylets  de  Pépaule  de  FAmphacanthe  à  chaînettes, 
Cuv.,  oui^.  cit.,  p.  \irj. 

Meckel  donne  des  preuves  que  la  concordance  des  os 
n'existe  point.  Guv. ,  Hist.  nat. ,  Poiss.  ,  iom.  i ,  pp. 
243-543. 

M^is  ces  recherches  d'anatomie  transcendante ,  fort 
du  goût  des  Allemands,  si  amateurs  de  spéculations 
théorétiques  ou  abstraites  ' ,  n'ont  pas  encore  trouvé 
en  France  d'échos  pour  les  faire  prévaloir. 


*  Tonte  découYerte  en  Allemagne  s^y  produit  à  Tétat  de 
rêve  ou  d'utopie.  Les  plus  grands  philosophes  y  bâtissent 
dans  le  vide.  Ce.  sont  de  beaux  monumens  auxquels  il  ne 
manque  qu'une  chose ,  en  vérité  :  U  base.  Génie  spéculât^ 


(  43  ) 

Depuis  la  rédaction  de  ce  passage ,  les  journaux  ont 
annoncé  que  M.  Jourdan  a  traduit  de  Tallemand  la  se- 
conde édition  de  Touvrage  de  G.-G.  Garus ,  intitulé  : 
Traité  élémentaire  danatonUe  comparée  ^  suii^i  de  re- 
cherches danaiomie  philosophique  ou  transcendante  sur 
les  parties  primaires  du  système  nerveux  et  du  squelette 
intérieur  et  extérieur. 

L^auteur  pousse  son  système  jusqu'aux  dernières  con- 
séquences; il  ramène  tout  animal  au  squelette,  repré- 
senté par  la  coquille  de  l'œuf,  par  le  test  des  animaux 
inférieurs  et  par  la  réunion  des  os  dans  les  animaux  su- 
périeurs.  Il  regarde  la  coquille    de  Fœuf,  origine, 

Toilâ  en  un  mot  le  trait  distinctif  de  rÂllemagne.  France 
littéraire,  1835,  iom.  xxn^p.  71. 

Les  Allemands  aiment  à  planer  dans  les  espaces  imagi- 
naires j  la  rêverie  et  le  long  travail  intellectuel  sont  leurs 
plus  vives  jouissances  ;  ils  ne  sVttachent  pas  à  ce  qui  est 
réel  ;  ils  concluent  de  la  possibilité  à  Vacte,  et  se  perdent 
dans  des  théories  métaphysiques  fondées  sur  le  vague. 

Il  y  eut  un  temps  où  tontes  les  hypothèses,  pourvu 
qu^elles  arrivassent  d^ Allemagne ,  étaient  acceptées  par  nous 
en  France  sans  presque  aucun  contrôle.  Il  semblait  quMies 
portassent  au  front  le  signe  visible  de  Tinfaillibilité.  Plus 
elles  sortaient  des  habitudes  reçue« ,  plus  ces  filles  de  la  ré- 
vélation nouvelle  étaient  accueillies  avec  avidité.  Mais  ces 
temps  sont  passés  ;  un  trop  grand  nombre  de  ces  £intômes 
nous  ont  trompés.  Revue  des  Deux  Mondes ,  i836,  tom. 

Far  suite  des  idées  allemandes  ,  M.  GeofTroi  St.-Hîlaire , 
Principes  de  philosophie  zoologique,  1 83o,  prétend  que  le 
poulpe  est  analogue  à  un  animal  vertébré  plié  par  le  dos,  de 
manière  à  ce  que  le  cloaque  soit  appliqué  sur  la  nuque. 

Cuvier  a  réfuté  cette  singulière  opinion. 


(44) 

dit-il ,  de  la  vertèbre ,  comme  la  véritable  proioyertebre , 
close  encore  de  toutes  parts  et  ifésiculeuse.  Suivant  lui , 
le  squelette  se  rapporte  à  la  vertèbre  ;  d'oii  il  s'ensuit, 
d'après  son  système,  que  la  vertèbre  procède  de  la  co- 
quille de  l'œuf.  Ne  serait-on  pas  dans  le  cas  de  lui 
appliquer  l'observation  suivante  : 

La  yertèbre  proTÎent  de  la  coquille  de  Pœuf ,  sans  doate  ; 
mais  il  faut  conyenir  qu'elle  a  bien  changé  sar  la  roate. 

On  peut  lire  une  Notice  relative  au  travail  de 
M.  Geoffroi  Saint-Hilaire  sur  la  vertèbre ,  insérée  dans 
les  Mémoires  de  t Institut,  1827,  tom.  vn,  pp.  clviij- 
clxiij. 

Oken ,  par  sa  loi  posée  pour  l'ostéologie  philosophique, 
admet  que  tout  le  squelette  ri  est  qu^une  vertèbre  répétée, 

Spix  et  Oken  trouvent  dans  les  diverses  parties  de  la 
tête  la  répétition  des  diverses  parties  du  corps  :  dans 
le  crâne ,  pris  séparément ,  la  tête  de  la  tête  \  dans  le 
nez ,  le  thorax  ;  dans  l'hyoïde ,  le  bassin  \  dans  les  os 
maxillaires  et  les  dents ,  tout  l'appareil  osseux  des 
membres  supérieur  et  inférieur.  Yôy.  annales  des  se, 
nat. ,  1827,  tom.  xi,  p.  5^. 

M.  Oken ,  dans  un  Mémoire  sur  le  système  dentaire , 
Bull,  de  M,  de  Férussac,  1824,  Se.  médic,  tom.  1 , 
p,  97;  tom,  3,  p,  97, «a  cherché  à  prouver  que  les  msH 
choires  sont  des  répétitions  des  bras  et  des  jambes ,  et 
que  les  dents  sont  les  analogues  des  doigts  et  des 
ongles ,  etc. 

Meckel ,  de  son  côté ,  compare  le  gland  et  le  clitoris  à 
la  languie;  le  vagin  aux  fosses  nasales;  le  petit  bulbe, 
qui  termine  la  moelle  épinière,  au  cerveau. 

Dans  lé  Journal  complémentaire  du  Dictionnaire  des 
se,  médic.y  1821 ,  tom.  xi ,  pp.  i24-i3i ,  on  lit  quelques 


(45) 

détails  sur  Panatomie  transcendante  et  sur  les  os  sui- 
vans  : 

Les  os  wormiens,  ou  os  occipito-pariétal  ; 

L'os  épineux ,  situé  en  avant  dans  la  membrane  vo- 
litante  du  pteromys  ; 

L'os  falciforme,  dans  les  pattes  antérieures  de  la 
taupe  ; 

Les  os  marsupiaux  des  didelphes ,  etc.  *, 

Les  os  du  cœur  chez  le  bœuf,  le  cerf; 

Les  os  du  pénis  et  du  clitoris. 

(  L'as  du  pénis  du  morse  servait  aux  B^mtschadales 
de  massue  à  la  guerre.  ) 

L'os  du  pénis  a  été  comparé  par  Àutenrieth  à  Thyolde, 
et  Oken  lui  a  donné  le  nom  d*kyoïde  des  parties  géni- 
tales, parce  quMl  regarc^it  autrefois  le  bassin  et  Thyolde 
comme  des  homotypes.  Leuckart  croit  qu'on  peut  com- 
parer à  plus  juste  titre  Vos  du  pénis  à  la  colonne  verté- 
brale ,  et  lui  donner  le  nom  de  Hachis  ou  Squelette 
génital. 

Dans  le  Bull,  de  M.  de  Férussac ,  1824  >  Se.  médic, 
tom.  1,  ;?.  193 ,  se  trouve  annoncé  le  travail  du  docteur 
Webe^,qui  publie ,  iVo^'.  ^cf.  Acad.  Cœsar.-Léopold., 
nàtur.  curios.,  tom.  xi,  iS^S,  p.  a,/?/.  411 9  en  alle- 
mand ,  de  nouveaux  matériaux  pour  l'histoire  de  la 
conformation  de  la  tête  et  du  bassin.  Le  docteur  Weber 
prétend  que  diaprés  les  dimensions  de  la  tête,  on  peut 
conclure  celle  du  bassin.  Un  cas  pathologique,  indiqué 
dans  le  Bull,  de  M.  de  Férussac,  1829 ,  Se.  médic, 
tom.  XVII, p.  168,  est  employé  pour  confirmer  ce  sin- 
gulier rapprochement. 

P.  3i3 ,  Guvier  compare  les  sept  vertèbres  de  la  tête 
admises  par  Geoffix)i ,  avec  les  os  du  crâne. 


•    I    v  I    ■•  )  . 


(  4<  ) 

le  «M  enli^  daiM  lef  détaib  d-dessiis .  qoi 
miffÂfmVêirettkftnt  Tancien  vers  btin  : 

Nofcit^r  ex  nojêo  quania  ûi  kâsia  vûo, 

et  la  crimparaisoD  de»  ori6oes  transrersal  et  Tertical, 
d<mt  ploMcor»  parties  portent  le  même  nom ,  afin  de 
mettre  le»  lecteurs,  qui  désireraient  s'assurer  de  Tabus 
An  raisonnement ,  à  même  de  consulter  les  sources  oii 
ils  pourront  puiser  pour  asseoir  leur  jugement.  Ils 
tr/iuvi;rant  des  animaux  dont  les  uns  vivent  dans  leur 
colonne  verti;liraic ,  tandis  que  les  autres  vivent  en 
dffliors  ;  et  afin  d'avoir  le  pour  et  le  contre  dans  ce  grand 
proc^rs,  ils  pourront  recourir  au  premier  volume  de 
VlHiUiira  naturelle  des  poissons,  p.  807  et  suivantes. 

V.  4^2 ,  oii  se  trouve  appréciée  Topinion  de  ceux  qui 
ont  voulu  retrouver  dans  les  os  de  Topercule  des  pois- 
sons les  quatre  osselets  de  Torcille  de  Thomme ,  subi^ 
tementet  prodigieusement  développés.  P.  543  etsuiv., 
oii  Hont  jiif;éH  les  vaines  spéculations  métaphysiques  et 
les  rappr(x*Jicnien8  très-superficiels,  d'après  lesquels 
on  a  voulu  considérer  la  classe  des  poissons  comme  un 
(lévclopptsuicnt  ,  un  perrcctionnement  ,  un  anoblis- 
somont  de  celle  des  mollusques ,  ou  comme  une  pi:;e- 
mièro  ébauche ,  comme  un  état  de  fétus  des  autres  classes 
des  vertébrés  ^ 

Cette  dernière  partie  de  phrase  a  pour  but  de  rap- 
peler une  nouvelle  brandie  d^anatomie  transcendante 

expoëée  dans  un  Métnoire  de  M.  Serres,  dont  deux 
parties  out  été  publiées  dans  les  Annales  des  Se.  nat., 

iBay ,  tom.  xi ,  pp.  4?  7®  >  '^''**  *">  PP*  82-143. 


"  Suivant  quelques  Anatbmistet  »  les  poissons ,  dans  leur 
pif  mier  âge  ^  correspondent ,  eu  égard  à  leur  développe- 
luenl  I  aux  mammiftres  dans  leur  état  de  fœtus. 


(47) 

Une  loi  de  symétrie,  comme  le  démontre  cet  auteur , 
T6ot  que  les  organes  se  développent  par  deux  parties 
latérales  qui ,  cessant  de  s^accroitre ,  laissent  un  inter- 
valle et  donnent  lieu  à  un  vice  de  conformation ,  comme 
(ND  le  voit  dans  le  bec  de  lièvre. 

Suivant  M.  Sares ,  les  variations  infinies  de  formes 
organiques  que  nous  offre  la  série  des  animaux ,  sont 
reproduites  par  les  variations  nombreuses  des  formes 
organiques  des  embryons.  Ainsi ,  pa^  exemple ,  de  la 
cinquième  à  la  septième  semaine ,  Fembryon  humain  a 
ane  queue  qui  disparait  dans  le  cours  du  trobième  mois. 

Chez  les  jeunes  embryons  humains  la  glande  thynoîde 
est  double  ^  elle  est  double ,  permanente  dans  les  mam- 
mifères. 

Ihi  deuxièine  au  troisième  mois  de  Tembryon  hu- 
main,-la  matrice  forme  deux  intestins  isolés,  comme 
dans  les  lièvres. 

Du  troisième  au  quatrième  jour  de  la  conception, 
Tembryon  humain  offi^  cinq  pièces  distinctes  ,  concou- 
rant [dus  tard ,.  par  leur  réunion ,  à  la  composition,  du 
maxillaire  supérieur  *^  les  crocodiles  ont  ces  cinq  pièces 
constamment  séparées. 

Je  ne  pousserai  pas  plus  loin  ces  détails ,  d'après  les- 
quek  les  anatomistes  transcendans  font  passer  succes- 
sivement Pembryon  humain  par  toutes  les  classes  de 
b  zoologie ,  en  commençant  par  celle  des  vers  et  par- 
tant, comme  on  le  voit,  de  la  conclusion  affirmative  de 
la  fameuse  thèse  soutenue  le  i3  novembre  1704,  par 
Etienne-François  Geofiroi ,  et  aytint  pour  texte  :  An 
homims  primordia^  i^enrUs  ?  thèse  dont  la  traduction  se 
tiouvedans  Touvrage  d^Andry ,  intitulé  :  De  la  généra- 
lion  des  vers,  tom.  %^  p.  784  et  suiy. ,-  thèse  dont  le 
principe  avait  déjà  été  plaisanté  d'una  manière  aussi 


(48) 

ingénieuse  que  sanglante  par  Plantade  ' ,  (  sous  Tana- 
grararae  Dalenpatius  )  ,  comme  on  peut  le  voir  dans  les 
Nou\felles  de  la  République  des  Lettres ,  mai  1699,  p*. 
552 ,  art.  v ,  avec  une  planche.  Portai ,  Hist»  de  l'ana-* 
tomie  et  de  la  clùrurgie ,  tom.^^  p.  2^3i ,  en  a  doniié 
Panalyse  ^  copiée  dans  le  Dict.  abrégé  des  se.  médic. , 
lom.^SyPp.  379-280.  Panckonckè,  1828. 

Mais  des  plaisanteries  n'étant  point  des  raisons ,  nous 
nous  bornerons  à  répéter  avec  Cuvier ,  HisU  nat.  des 
poissons  y  tom.  1,  p.  545  :  «  On-  pourrait  toujours  tout 
«  rapprocher ,  comme  on  le  voudrait  ;  car  enfin  deux 
«  êtres ,  quelcpi'éloignés  qu'ils  soient ,  se  ressemblent 
«  toujours  par  quelque  point ,  ne  fôt"ce  qiK  par  Pexié^ 
«  tence.  »  .. 

Toutes  les  fois  que  Ton^  a  voulu  sortir  des  d^nitièns 
caractéristiques ,  on  s'est  égaré  dans  les  ôomparais(»s 
les  moins  admissibles  ;  et  l'on  en  a  eu  la  preuve  dans  la 
considération  de  la  Sèche  ou  du  Poulpe  représenté  par 
M.  Geoffroi  St.-Hilaire  comme  Tanalôgue  d^un  animal 
vertébré ,  plié  en  deux  par  le  dos ,  de.  oianière  a  rap- 
procher le  bassin  de  la  tête.  F^oir  les  journaux,  du  ûom* 
mencement  de  i832. 

On  trouvera  d'excellens  détails  sûr  l'organisation 
des  poissons  dans  le  Diciionn.  des  Se.  nat. ,  tom.  xui, 
pp.  148-240. 

Le  travail  le  pltis  complet  sur  Panatomie  des  poissons 

*  Plantade  I  secré^tire  de  PÂcadémie  des  sciences  dé 
Montpellier,  connaissant  probablement  le 'tour  joué  par 
Harisoeckér  à  Leuwenoeck ,  latinisa  son  nom  en  ajoutant 
la  terminaison  tus,  Plantadeàfs,  et  en  fit  Panagramme 
Dalenpatius,  ainsi  qu'on  peut  s'en  assure]^  en  comparaat 
tontes  les  kttres.  ; 


(49) 
est  sans  contredît  celui  donné  par  Cuvier  dans  4a 
premier  volume  de  son  ffisU  naU  des  Poissons ,  accom- 
pagne d'un  superbe  Ados,  ouvrage  que  la  mort  de 
Fauteur  laisse  incomplet ,  au  grand  regret  de  la 
science. 

On  trouve  à  la  vérité  des  renseignemens  curieux 
dans  VAnatxymie  comparée  et  le  Règne  animal  du 
même  auteur  5  mais  des  observations  postérieures  à 
la  publication  de  ces  ouvrages,  et  les  découvertes 
journalières  qu  il  faisait  sont  autant  de  détails  qui 
ne  nous  sont  point  encore  connus ,  tels  par  exemple  que 
les  appareib  spéciaux  relatifs  à  Toreille  des  Cyprins, 
des  Silures ,  etc. ,  promis  dans  YHisU  naU  des  poiss. , 
lom.  I,  p.  470. 

Il  me  suffit  d^avoir  indiqué  les  sources  dans  les- 
cjaelles  pourront  aller  puiser  les  amateurs  désireux  de 
comparer  la  structure  interne  des  poissons  avec  celle 
de  tous  les  autres  animaux  ;  je  me  bornerai  maintenant 
à  indiquer  les  bases  de  deux  classifications  employées 
pour  distribuer  les  poissons.  Si  Ton  veut  connaître 
toutes  celles  qui  ont  été  établies ,  on  pourra  recourir 
au  Dict.  des  sciences  hat. ,  tom.  xxii ,  p.  44^?  ®^  surtout 
à  Cuvîer,  Hist,  nat,  des  Poiss.,  tom.  1,  p.  102  et 
sidv. 

Le  petit  nombre  de  poissons  qui  se  trouvent  dans 
nos  rivières,  quoiqu'elles  aient  des  rapports  avec  les 
trois  bassins  du  Rhône,  de  la  Loire  et  de  la  Seine, 
aurait  pu  à  la  rigueur  me  dispenser  d'adopter  une 
distribution  systématique;  mais  le  désir  de  faciliter 
la  détermination  et  surtout  l'arrangement  méthodique 
dans  les  collections  de  ces  animaux,  peu  connus  en 
général ,  m*a  déterminé  à  exposer  les  bases  de  la  clas- 
sification ,  créée  de  concert  par  Artedi  et  Linné ,  et 

4 


(50) 

dé  celle  créée  par  Cuvier.  On  pourra  à  volonté  choisir 
Tune  ou  l'autre. 

Je  commence  par  la  plus  ancienne ,  adoptée  par 
Gmelin,  p.  ii3o,qui  Ta  modifiée  dans  son  édition 
du  Sjstcma  naturœ  de  Linné  ;  j'ai  eu  Tattention  d'in- 
diquer dans  chacpie  classe ,  les  poissons  de  notre  dé- 
partement qui  y  appartiennent. 

SYSTÈME    d\rTEDI    ET    UIXJHÈ. 

I.  Apodes.  Nageoires  ventrales  nulles. 

IIAnguiUe, 
IL  Jugulaires.    Nageoires  ventrales  situées  en  avant 
des  pectorales ,  c'est-à-dire  articulées  tant  avec  Té- 
pisternal  ' ,  qu'avec  les  clavicules  furculaires,  (iSfa- 
méral,  Cuv. ,  p.  SyS.) 
La  Lotte, 
IIL  Thoràghiques.    Nageoires   ventrales    situées  sous 
les  pectorales  ,   c'est-à-dire  attachées  sur  les  clavi- 
cules Circulaires,  {Uumércd,  Cuv.) 
Le  Chabot,  Tête  plus  large  que  le  corps. 
La  Perche,  Opercule  des  branchies  denté  en  scie. 
LEpinoche,  Epines  dorsales  distinctes. 
lY.  Abdominaux.  Nageoires  ventrales  situées  en  arrière 
des  pectorales.  ^ 
La  Loche.  Corps  d'égale  dimension  dans  sa  lon- 
gueur. 
,    La  Truite.    Nageoire   dorsale    postérieure   adi- 
peuse. 
Sous  le  noQi  de  Truites,  les  voyageurs  en  Suisse, 
confondent   plusieurs    poissons  du  lac  Léman,   bien 

'  Qai  y  sniyant  Cuvier,  Hist.  nat.  des  Poissons ,  tom.  i  ^ 
p.  35o  ;  représente  la  queue  4^  l'os  hyoïde. 


(51  ) 

disÙDgiiés  par  Jurine.  Ce  savant  en  a  donné  des  des- 
criptions très-étendues  et  des  dessins  très-exacts  que 
je  drus  indiquer  pour  éclaircir  ce  point  d^hbtoire 
naturelle. 

!•  L'Omble  chevalier,  Salmo  umbla,  Linn. 

>Bkx^,  JchthyoL,  pari,  in, p.  i3i ,  pL  ci.  L'Ombre 
chevaHer. 

Jurine,  HisL  des  poissons  du  lac  Léman,  p,  179,  ti* 
7 ,  ph  5. 

Duhamel,  Pécher  y  2.*  part, ,  p.  aao ,  tom.  3,  ^.  68, 
secdon  iv ,  pL  xiv.  ., 

Aldrovandi  ^de  Pisdbus,  p.  649-651 ,  signale  cette  es^  . 
pèoe  facilement  reconnaissable  par  ses  écailles  pluspetitetf; 
que  celles  des  autres*,  sa  chair,  plus  "grasse  et  blanche; 
approche  de  celle  de  l'Anguille.  L'Omble  chevalier  diî)( . 
lac  de  Genève,  est  surtout  célèbre.  Jurine  n'en  a  pas  ^ 
vu  au-dessus  du  poids  de  douze  livres.  Ce  même  savant 
a  fait  sur  ce  poisson  une  observation  trop  importante 
pour  la  passer  sous  silence.  Dans  le  mois  de  janvier 
1814  9  on  lui  apporta  des  Ombles ,  qui ,  après  qifelques 
jours  de  conservation  dans  Tarche  d^un  bateau  et  même 
dans  un  réservoir,  placés  dans  une  eau  vive  et  courante , 
(orent  frappés  de  cataracte.  Mém,  de  la  Sociéu  de 
phjs.   et  dhist.   naU  de  Genève j    i825,tom.  ni,  i»* 
part.,,  p.  i83, 

a.  La  Fera  ' ,  Corre^onus  fera,  Jurine.  Mém.  de  la 
Sociét.  dephys.  et  dhist.  nat.deGenèye,  fom.  m, 
!'•  partie  y  p.  190 ,  «**  9 ,  pL  7. 

Aldrovandi ,  de  Piscibus,  p.  663. 


'  Ce  nom  a  da  rapport  avec  celai  de  FariOf  employé  par 
Âusone  pottr  désigner  les  jeunes  Saumons, 


(52) 

Cette  espèce ,  dépourvue  de  dents  y  se  nourrit  essen- 
tiellement^ de  coquillages  et  d'herbes;  la  dernière 
limite  de  sa  longueur  paraît  être  de  18  pouces.  H  est 
rare  de  voir  des  Feras  de  trois  à  quatre  livres.       •     ; 

Ce  poisson  est  sujet  à  une  afiEection  grave,  impro- 
prement nommée  petite  vérole  des  poissons,  puisqu'elle 
n*a  aucun  rapport  avec  cette  dernière  et  qu'elle  a  son 
siège  dans  les  chairs  et  non  sur  la  peau. 

Cette  maladie ,  qui  ne  tarde  pas  à  faire  périr  la  Fera , 
se  reconnaît  par  des  tumeurs  irrégulièrement  dissé- 
minées sous  la  peau  qui  fait  saillie.  Ces  tumeurs  ^  de. la 
grosseur  d'un  pois  à  celle  «d'une  noix , .  contiennent  un 
liquide  semblable  à  de  la  crème  ^  et  qui  n'a  ni  goût 
ni  odeur;  les  chairs  environnantes  sont  violettes  et 
décomposées ,  et  les  os  complètement  mis  à  nu.  ffist. 
des  poissons  du  lac  Léman,  p,  194?  ip^- 

.3.  LaGravenche,  Corregonus  hyemalis,  Jurine.  Ou" 
vrag.  cité ,  p.  aoo ,  »**  10 ,  pL  8: 

Les  Gravenches  marchent  en  troupes  ;  on  les  entend 
de  loin  au  bruit  qu'elles  font  en  ouvrant  et  fermant  la 
bouche  à  fleur  d'eau ,  de  manière  à  imiter  assez 
bien  le  barbotement  des  canards.  La  plus  grande 
longueur  qu'atteignent  ces  poissons ,  n'excède  pas  un 
pied  ;  alors  ils  pèsent  une  livre  ^  p,  2.02. 

On  les  pêche  à  la  lanterne  et  à  la  serpe ,  au  dire 
de  ^.  Alexandre  Duval,  qui  donne  à  ce  sujet  des 
détails  anecdoliques  très  piquans  dans  ses  Impres- 
sions de  i^oyage^  tom,  1,  p.  i34-i56«  Il  place  la  scène 
a  l'auberge  de  Bex ,  et  donne  à  ce  poisson ,  qu'il  dit 
délicieux ,  le  nom  de  Truite. 

Cette  manière  de  pêcher  est  la  même  que  celle 
signalée  par  Belon  dans  le  chap.  lxxv  du  livre  i  des 
Singularités,  p.  i5^. 


(53) 

Llss  os  des  poissons  n*ont  ni  épiphyses  ni  canal 
médullaire  ;  mais  il  en  est  quelcpies-uns  ,  comme  ceux 
des  Truites,  où  le  tissu  de  Tos  '  est  plus  ou  moins  pé- 
nétré d'un  suc  huileux. 

Cette  disposition  est  bien  plus  sensible  dans  un 
poisson  des  Indes  orientales ,  appelé  Escan  bona  (  au 
lieu  de  Ican  bona  ow  Ikon  bona)  ^  par  le  rédacteur 
de  Tarticie  suivant  : 

a  Escan  bona  des  Malais,  espèce  de  Ghaetodon, 
«  dont  les  os  sont  accompagnés  de  tumeurs  assez  con- 
«  çidérables,  spongieuses,  tendres,  facilement  atta- 
«  quables  au  couteau  et  remplies  d^huile.  Hun  ter 
«  avait  dans  sa  collection  des  os  semblables ,  qu'il  attri- 
«  buait  (à  tort),  à  la  colonne  vertébrale  de  quelque 
«  grande  raie.  »  Magas,  encjrclop.,  ir^^S^tom.  i, 
p.  148.  Extrait  des  philosopha  U^ans,,  1798,  pa/t.  1, 
«•m. 

Ce  poisson  est  le  Platax  noduleux ,  Chœtodon  arthri" 
ticus,  dont  Guvier  donne  Phistoire  dans  son  IfisL  naU 
des  poissons^  tom.  vu ,  p,  229-232. 

Il  est  du  nombre  de  certains  Chétodons  dont  les 
premiers  interépineux,  tant  supérieurs  qu'inférieurs, 
sont  renflés  en  grosses  massues. 

Le  Brochet.  Mandibule   supérieure  aplatie  plus 

courte. 
L'j4hse.  Membrane  branchiale  à  viu  rayons. 
Les    Cyprinoïdes.    Membrane    branchiale    à   111 
rayons. 
V.  Braiîghiosteges.  Point  de  rayons  k  la  membrane 

'  J'ai  trouvé  la  même  disposition  du  tissu  de  Tes  pénétré 
d'un  suc  huileux ,  dans  les  os  de  la  tête  de  TAlose  j  du  Bro- 
chet)  des  Cyprins ,  etc. 


C  54  ) 

branchiale ,  ni  d^os  aux  branchies  ,  rayons  artiodés 
seulement  aux  nageoires.  ..'       o 

Artedi  caractérisait  les  Branchiostèges,  parràbséncé- 
de  rayons  à  leur  membrane  branchiale.      > 

((  Branchiostegi  in  branchiis  nulla  ossicula  gerunt ,  » 
dit-il.  Gen.  pisc,  p.  S5. 

Cette  division  est  rejetée  aujourd'hui.  Gmelîn^  y 
avait  placé  une  partie  des  poissons,  que  Linné  appelait  : 
^mphibia  nantes  ;  la  confiance  du  naturaliste  suédois 
dans  le  docteur  Garden  qui  avait  pris  les  reins  des 
Diodons  et  des  Tetrodons ,  situés  très-haut ,  pour  des 
poumons  ,  Favait  induit  en  erreur  ;  CuMier ,  Règne 
animal,  édiu  2 ,  tom.  2. ,  p.  366  (2);  cependant  il  avait 
désigné ,  d'une  manière  très -exacte ,  leurs  caractère». 

Gmelin  range  dans  cette  classe ,  mais  fort  mal  à  pro- 
pos :  lèsMormjrres,  poissons  malacopterygiens-abdomi- 
naux,  dont  Cuvier,  Règne  anim, ,  cit.,  p.  288,  donne 

*  On  n^est  point  surpris  de  la  confusion  adoptée  par 
Gmelin  y  lorsque  Ton  sait  la  manière  dont  cet  auteur  s^y  est 
pris  pour  donner  une  i3e  édition  réformée,  dit- il,  du  Sys' 
tema  naturœ  de  Linné.  Les  amateurs  de  calembourgs  substi- 
tueraient MU  d  k  Vr,  et  ne  se  tromperaient  pas  beaucoup. 

Cuyier,  Hist,  nat.  des  poissons,  tome  1  ,  /?•  1 55- 1689 
donne  des  détails  curieux  et  piquans  sur  la  manière  dont 
a  été  faite  cette  édition ,  qui  est  effectiTement  un  ouvrage 
de  fabrique  dont  les  Allemands  ont  appris  la  méthode  aux 
Français ,  et  dont  la  librairie  actuelle  offre  de  si  nombreux 
et  de  si  fréquens  exemples. 

Si  Ton  est  curieux  de  connaître  le  degré  de  confiance 
que  Ton  doit  accorder  aux  différens  ouvrages  publiés  sur  les 
poissons,  on  trouvera  dans  VHist,  naturelle  de  ces  ani^ 
maux  par  Gavier,  des  renseigneînens  exacts  ^  consfgnés 
dans  le  tom.  1  ^  livre  premier» 


(65) 

une  bonne  descripticm,  en  éclaircissant  leur  synonymie. 

Il  y  place  d'autres  poissons  que  Cuyier  répartit  de  la 
manière  suivante  dans  sa  méthode  : 

Syngnathus,  PegasuSy  5*  ordre,  les Lophobranches. 

Diodon,  Tetraodon,  Batistes,  Ostracion^  6*  ordre, 
les  Plectognaihes. 

Lophius,  dans  la  xiii*  famille ,  Pectorales  pédiculées, 
des  poissons  acanthoptérygiens.. 

Centriscus ,  dans  la  xv*  famille ,  Bouches  en  fâte , 
des  poissons  acanthoptérygiens. 

Cjrclopterus,  dans  la  3*  famille,  Discoboles,  des 
poissons  malacoptérygiens  subbrachiens. 

Aucun  des  poissons,  placés  par  Gmelin  dans  sa  divi- 
sion des  Branchiostèges ,  n^étant  d'eau  douce ,  ne  peut 
se  trouver  dans  Pichtyologie  de  notre  département. 
YI.  CHONDROPTÉaTGiEns.  Rayous  des  nageoires  cartila- 
gineux. 

L'Esturgeon.  Eveuts  solitaires  et  linéaires. 

La  Lamproie,  Sept  é vents  ronds  de  chaque  côté. 

Par  le  secours  de  cette  distribution,  on  parviendra 
facilement  à  déterminer  tous  les  poissons  de  notre  pays. 

Système  de  Guvier. 

Guvier  a  adopté  la  distribution  suivante  :  il  a  sépare 
les  poissons  en  deux  séries ,  dont  la  première  comprend 
tous  les  poissons  osseux ,  c^est-à-dire  tous  ceux  dont 
le  squelette  est  osseux  ^  et  la  seconde  réunit  tous  les 
foiss6ns  cartilagineux  ,  c^est-à-dire  ceux  dont  le 
squelette  au  lieu  d^os  ne  présente  que  des  cartilages. 

I**  série.  Poissons  osseux. 

Vos  intermaxillaire  forme  le  bord  de  la  mâchoire 
supérieure ,  et  a  derrière  lui  le  maxillaire  nommé 
communément  os  labial  ou  mystaôe  :  squelette 


(  56  ) 
osseux  ou  fibreux  :  mâchoires  complètes  libres  : 
branchies  en  forme  de  lames  ou  de  peignes. 
Cette  série  fort  nombreuse  se  partage  en  deux  divi- 
sions qui  forment  six  ordres ,  dont  plusieurs  ren- 
ferment des  familles  formées  de  genres  y  partagés 
eux-mêmes  en  sous-genres. 

!'•  DIVISION.  ACANTHOPTERYGIENS  « . 

Rayons  des  nageoires  osseux ,  quelques-^uns  piquans. 

Rayons  des  nageoires  épineux  ou  piquans  -,  cette  pre- 
mière division  forme  aussi  le  premier  ordre  des  pois- 
sons. 

i'*  famille.  Pergoides. 

Ventrales  thorachiques ,  sept  rayons  branchiaux. 

Deux  dorsales; 
Perche, 
u4pron. 

Une  seule  dorsale  :  dents  en  yelonrs. 
GremUle, 

2?  famille.  Joues  cuirassées. 
CoUe. 

Epinoche. 

II*  DIVISION.  MALACOPTERYGIENS  *. 

,  Tous  les  rayons  mous  ,  excepté  quelques  rayons  des 
nageoires  osseux,  mais  non  piquans,  tels  que  le  premier 
de  la  dorsale  ou  des  pectorales. 

'  On  appelle  ainsi  les  poissons,  dont  une  partie  des 
rayons  est  simple  et  en  forme  d^épines.  Cuv.  ,  fflsl.  nat., 
Pois9.,  tom,    i  y  p*  aça. 

*  Ce  sont  les  poissons  ossenx ,  dont  tous  les  rayons  des 
nageoires  sont  articulés.  Dans  les  Carpes  la  soudure  des  ar- 
ticulations donne  à  certains  rayons  ^apparence  d^épines; 
Cuy.y  UTisS»  nat*  des  poissons  p  tom*  1 1  p.  291  ,  292. 


(67) 

n^  ordre.  MALACOPTERYGIENS  abdominaux  ' . 
Nageoires  ventrales  situées  en  arrière  des  pectorales. 

!'•  famille.   Cyprinoïdes. 

Bouche  peu  fendue  ]  mâchoires  faibles,  sans  dents; 
os  pharyngiens  fortement  dentés  :  rayons  branchiaux 
peu  nombreux. 
Ctpruts.  Bouche  petite ,  trois  rayons  plats  à  la  mem- 
brane branchiale. 

Carpe,  D.  longue  et  A.  garnies  d'une  épine  den- 
telée pour  second  rayon. 

Barbeau.  D.  et  A.  courtes,  forte  épine  pour  2* 
et  3*  rayon  de  la  dorsale;  barbillons. 

Goujon,  p.  et  A.  courtes ,  sans  épines  :  barbil- 
lons. 
Tanche  y  écailles  très-petites. 
Brème,  épines  et  barbillons  nuls.  A.  longue ,  D. 

courte. 
Ables*  d.  et  a.  courtes ,  épines  et  barbillons  nuls. 
Loche,  corps  alongé,  enduit  de  mucosité  :  lèvres 
propres  à  sucer. 

a*  famille.  Esoces. 

Brocltet. 

3*  famiille.  Siluroïdes. 

Aucun  poisson  de  cette  famille  ne  se  trouve  dans  nos 

eaux. 


'  ^  Dans  les  vrais  abdominaux ,  Vos  coxal  (  représentant 
Pos  innominé ,  la  cuisse^  la  jambe  et  le  tarse )|  de  forme 
triangulaire ,  a  sa  pointe  libre  dans  les  cbairs  ;  «on  côté  pos- 
térieur, comme  dans  tons  les  autres  poissons ,  donne  attache 
aux  rayons  de  la  nageoire  ventrale.  Cuyier,  Hîst*  nat.  des 
poissm ,  tom.  I  y  p.  377. 


(58) 
4*  famille.  Sàlmoïtbs. 

Deuxième  dorsale  ,  petite ,  adipeuise ,  non  soutenue 
par  des  rayons,^  ^ 
Saumon  y  dents  très-apparentes.  ' 

Truite,  dents  très-apparentes. 
Ombre  y  dent$  très-fines,  à  peine  visibles. 

5*  fomille.  Glupb&. 
Alose. 

IIP  ordre.  MÀLÀGOPTERYGIENS  sîtbbrachieks. 

Ventrales  attachées  sous  les  pectorales. 

\^^  famille.  Gadoîdes. 
Lotte, 

IV  ordre.  MÂLACOPTERYGIENS  apodes. 
Nageoires  ventrales  nulles. 

Anguille. 

V  ordre.  LOPHOBRÀNGHES. 

Branchies  en  petites  houppes  rondes^  disposées  en 

séries  et  par  paires  le  long  des  arcs  branchiaux. 
Cet  ordre  ne  renferme  que  des  poissons  marins. 

VP  ordre.  PLECTOGNATHES. 

Os  maxillaire  soudé  au  coté  de  Tintermaxillaire. 
Petite  fente  branchiale. 

<]let  ordre  ainsi  que  le  précédent  ne  contient  que  des 
poissons  marins. 

IP  série.   Chondroptérygiens. 
Squelette  cartilagineux ,  parce  que  son  tissu  n'admet 

jamais  assez  de  phosphate  de  chaux  pour  acquérir 

une  consistance  osseuse. 
Cette  série  se  divise  en  deux  ordres ,  qui  sont  les  7* 

et  8*"  des  poissons. 


(  59  )  , 

VII*  ordre.    CHONDROPTERYGIENS    à    branchies 
tibres  par  le  bord  externe. 

STURONIENS  :  opercule ,  rayons  nuls  à  la  mem- 
brane branchiale.  Esturgeon. 

Vffl'  ordre.    CHONDROPTERYGIENS  à  branchies 
fixes ,  adhérentes  par  le  bord  externe. 

i"  famille.  Sélaciens  '  Guv. ,  Plàgiostomes  ^  Dumer. 

Les  poissons  qui  composent  cet  ordre  se  reconnaissent 
à  leurs  branchies  adhérant  par  le  bord  externe ,  lais- 
sant échapper  Teau  par  autant  de  trous  percés  à  la  peau, 
qu'il  y  a  d'intervalles  entre  elles. 

Cette  femille ,  ne  renfermant  que  des  poissons  marins» 
aurait  pu  être  supprimée  sans  inconvénient  dans  notre 
travail;  mais  j'ai  jugé  convenable  de  la  conserver^  pour 
ne  point  rompre  l'intégrité  du  tableau  ;  ensuite  ,  parce 
qu'elle  renferme  i""  les  Squales,  connus  par  leur  voracité; 
2"  parce  que  la  facilité  et  la  promptitude  des  communi-  ' 
cations  rend  actuellement  très-communs  à  Dijon  ,  plu- 
sieurs espèces  de  poissons  de  mer ,  tels  que  le  Congre  , 
le  Merlan ,  le  Maquereau ,  le  Hareng',   la  Sole,  la  Li<- 

*  Cavier  a  donné  à  cette  fkmilie  le  nom  de  Sélaciens  p 
dn  mot  gœc  se'AAXOS  ,  employé  par  les  Anciens  pour  dési* 
gnerniie  espèce  de  poisson  cartilagineux.  Les  parties  dures 
des  Sélaciens,  c^est-à*dire  celles  qui  remplacent  les  os  chez 
eax,  consistent  intérieurement  en  un  cartilage  homogène  et 
demi-fransparent  qui  se  reirêty  seulement  à  la  surface ,  d^une 
couche  de  petits  grains  opaques  et  calcaires ,  serrés  les  uns 
contre  les  antres. 

•  Onmértl  donne  Tétymologie  de  Plàgiostomes,  tirée  des 
mots  grecs  irAâyiet,  transversal  9  <r7ôiua>  bouche. 


(60) 

mande,  le  Turbot,  etc. ,  et  plusieurs  espèces  de  Raies 
que  Ton  voit  aujourd'hui ,  non-seulement  aux  crochets 
des  traiteurs ,  mais  même  sur  notre  marché. 

Dans  les  poissons  de  cette  famille ,  seulement,  la  cein- 
ture de  l'épaule  s'attache  à  de  larges  apophyses  de 
l'épine  :  elle  est  d'une  seule  pièce  qui  entoure  le  corps. 
Cuv. ,  Hist,  nat,  des  Poissons  y  t.  i,  382. 

La  Raie  bouclée ,  Reda  claifota ,  Linn. ,  Dicl.  Se. 
nat.  ytom.^^p»  36i ,  p.  SyS,  Rloch,  Ichthjrol.  ,  part. 
in,  p.  60,  plane,  lxxuii,  l'une  des  plus  estimées,  se  re- 
connaît à  son  âpreté  et  aux  gros  tubercules  osseux ,  gar« 
nis  chacun  d'un  aiguillon  recourbé ,  qui  hérissent  irré* 
gulièrementvses  deux  surfaces. 

dette  espèce  de  Raie  est  représentée  par  Duhamel , 
Traité  général  des  pèches  y  a*  part.,  sect.  ix,  pL  ^^fig* 
1,  îa,  qui  donnc^g:.  3-6  de  la  même  planche,  la  repré- 
sentation de  ces  tubercules ,  sous  le  nom  de  Boucles. 

Les  boucles  de  la  Baie  sont  des  écailles  plus  dévelop- 
pées ,  dont  la  nature  est  analogue  à  celle  des  dents.  Leur 
base  ,  ovale  et  renfiée ,  est  creuse  à  l'intérieur ,  et  il  y 
pénètre  des  vaisseaux  qui  y  vivifient  un  noyau  pul- 
peux ,  très-semblable  à  celui  d'une  dent.  Cuv.,  Hist. 
nat.,  Poiss. ,  içm.  i,  p.  4^2. 

Artedi  a  donné  une  bonne  description  anatomique 
de  cette  espèce.  Ichthjr.  ^  part.  v.  p.  io3-io6. 

La  Raie  blanche  ou  cendrée,  Raia  halis,  Linn., Z)icf. 
des  sciences  naturelles ,  iom>  44  ?  P*  ^79  )  Bloch ,  Ich- 
thyologie ,  part,  m ,  p.  5o ,  pi.  lxxix  ,  a  le  dessus  du 
corps  âpre ,  mais  sans  aiguillons ,  et  une  seule  rangée 
d'aiguillons  sur  la  queue  :  elle  est  tachetée  dans  sa  jeu- 
nesse ,  et  prend  avec  l'âge  une  teinte  plus  pâle  et  plus 
uniforme. 


(61  ) 

La  chair  '  de  ces  deux  espèces  est  très-dëlicate , 
parce  que  le  ^voyage  Tattendrit ,  et  lui  enlève  son  odeur 
repoussante  et  sa  saveur  forte.  Elle  (ait  pendant  Phiver, 
comme  on  le  sait ,  les  délices  des  tables  délicates ,  et 
constitue  un  mets  recherché ,  comme  l'a  dit  jadis  Al- 
bert-le-Grand ,  opéra  y  iom.  vi ,  p.  6S^ ,  sous  le  titre  : 
Raychœ,  Raye. 

L^anatomie  de  la  Raie  présente  une  foule  de  considé- 
rations intéressantes ,  qu41  n'entre  pas  dans  mon  plan 
de  développer  ;  je  me  bornerai  à  indiquer  la  substance 
glanduleuse  fort  apparente  qui  se  trouve  dans  l'épaisseur 
des  ptnt>is  de  Tœsophage  de  la  Raie ,  et  je  renvoie  au 
.  travail  de  Guvier ,  donné  en  grande  partie  dans  le  DicL 
des  Sciences  naturelles  ^  iom.  44  9  P'  ^^^*  ^^^^^  ^vec  la 
liiopce,  Raja  rubus,  Linn* ,  et  plusieurs  autres,  que  Ton 
&it  les  Rasilics,  etc. ,  Rloch,  Ich.,part.  m,  p.  63  ^  j'ai 
parlé  des  Raies ,  parce  que  leurs  caractères  les  difieren- 
cient  de  tous  les  poissons  des  autres  classes. 

On  trouve  dans  le  Manuel  de  t étranger  aux  eaux 
iAix  en  Savoie,  parle  docteur Despine,Jils,  18349 
p.  8  et  9 ,  un  tableau  contenant  le  nom  des  poissons  des 
environs  d'Aix. 

hauteur  dit  :  «  On  a  vu  dans  le  lac  du  Rourget 
«  quelques  Raies  et  même  des  Esturgeons  :  mab  ils 
«  sont  devenus  très-rares  depuis  que  les  sels ,  qui  se  con- 
«  somment  dans  le  pays ,  n'arrivent  plus  par  le  Rhâne.  » 


'  Dans  les  poissons ,  les  muscles  de  la  nageoire  pectorale 
présentent  deux  couches  à  chaque  face.  Ce  sont  ces  couches 
qui,  agrandies  par  degrés  dans  les  squales ,  deviennent  enfin 
les  énormes  muscles  des  ailes  de  la  Raie,  lesquels  forment 
]a  plus  grande  partie  de  la  chair  mangeable  de  ce  poisson» 


(62) 

n  serait  curieux  de  connaître  robservation ,  par  suite 
de  laquelle  on  a  dit  avoir  vu  quelques  Raies  dans  le  lac; 
les  Raies  n  étant  point  anadromes ,  ne  peuvent  se  trouver 
dans  Teau  douce.  Voyez  ci-dessus ,p.  v\. 

On  ne  sera  donc  pas  surpris ,  si  je  ne  fais  aucune 
mention  des  Harengs  frais ,  Clupea  harengus,  Linn. ,  des 
Soles,  des  Limandes,  etc. ,  espècesde  Pleuraneçtesjuxniik^^ 
des  Merlans ,  Gadus  merlangus ,  etc. ,  etc. ,  poissons 
de  mer  plus  ou  moins  estimés ,  qui ,  depuis  la  rapidité 
des  transports  multipliés,  se  trouvent  assez  abqndfim^. 
ment  sur  notre  marché  ;  à  l'exception  des  Pleuropjçctes,. 
ils  appartiennent  tous  à  quelques-uns  des  genres  de  no& 
poissons  d'eau  douce. 

a*   iamille.   Suceurs. 

Gorp$  alongé ,  terminé  en  avant  par  une  lèvre  char- 
nue ,  circulaire ,  ou  semi-circulaire. 

Lamproie.  ' 

Ammocète, 

i"  ordre  des  poissons.  ACANTBfÔPTERTGtENS. 

Les  poissons  de  cet  ordre  se  reconnaissent,  parce 
qu'ils  ont  toujours  la  première  portion  de  la 
dorsale,  ou  la  première  dorsale ,  quand  il  y  en  a 
deux,  soutenue  par  des  rayons  épineux,  c'est-à-dire 
très-piquans.  L'anale  a  aussi  quelques  épines  pour 
premiers  rayons ,  et  il  y  en  a  généralement  une  à 
chaque  ventrale. 

Excepté  le  rayon  externe  de  la  ventrale   dans  ces 
poissons ,  .les  autres    sont  presque   toujours  tous  "^ 
articulés. 

!'•  femille.  Percoïdes.   . 

Cette  famille  qui  a  reçu  ce  nom  parce  qu'elle  a  pour 
type  la   Perche  commune,  comprend  des  poissons  à. 


(63) 

Qorps  obloDg,  couvert  d'écailles  généralement  dures 
m  âpres.  L^opercule  ou  le  préopercule  et  souvent 
VMS  les  deux  y  ont  les  bords  dentelés  ou  épineux; 
les  mâchoires ,  le  devant  du  Yomer  et  presque  toujours 
les  palatins  sont  garnis  de  dents. 

!•'  genre.  Perche  *. 

Cca*.  gen.  Préopercule  dentelé,  opercule  osseux 
terminé  en  deux  ou  trois  pointes  aigiîes ,  langue  lisse. 

*  I.  Perche  commune.  Perça  Jluviaiilis,  Linn.  Gmel. 
S.  N»,  éd.  xin,  p.  i3o6,  sp.'i. 

Bloch  y  Ichthyologie ,  part,  a  >  p.  6a,  planche  lu. 

Juriney  Hist»  des poiss,  du  lac  Léman,  p.  i5a,  n«  4»  P^*  3* 

JMct,  se,  nat.y  atlas,  ichthyologie,  pL  jSy  fig,  a.  Persèque  commone* 

GaYier^  Sist,  nat,  des  poiss,,  tom,  a,  p.  ao.  Perche  flayiatile. 

Lacépè^ei  Jffist,  nat,  des  poiss.,  tom,  8,  p.  a3.  Persèque  Perche. 

Duhamel ,  Pêches,  a^  part,,  sect,  y, pi,  ▼,  fig.  i  y  p,  98. 

Mtyefy  Représentations,  tom,  i  y  pL  73. 

Rondelet  y  de  Piscib,  fluviatil.  lib,,  cap,  uni  y  p.  196. 

Gesner ,  de  ^quatilib, ,  p.  8aa. 

Geoffroiy  Mat,  medic,  in-^**y  tom,  3  y  p.  275. 

Aldroyandii  de  Piscib,,  p,  6a3. 

!•  D.  16  :  a»  D.    16  :  P.  14 ,  i5  :  V.  6  :  A.  la  :  C. 

ao-a4* 

40^4^  Vertèbres  ;y  19  paires  de  côtes. 

Le  nom  de  ce  poisson  tborachique  vient  du  latin 
Perça,  dérivé  du  grec  irfpKo«,  moucheté  de  noir,  à  cause 
des  bandes  noirâtres  transversales  de  son  corps.  Aldroif,, 
dePiscib,,p.  ^5. 

La  Perche  se  reconnaît  à  sa  couleur  verdâtre ,  in- 
terrompue par  des  bandes  verticales  noirâtres ,  et  re- 

'  Les  perches  ont  de  petites  dents  en  crochet ,  formant 
râpe  y  ou  velours ,  aux  deux  mâchoires ,  à  une  plaque  en 
atant  du  Tomer  ;  à  une  bande  longitudinale  de  chaque  pa- 
latin j  mais  elles  en  manquent  à  la  langue. 


(64) 

levée  par  le  beau  rouge  des  nageoires  ventrales  et 
anale. 

Ce  poisson  est  trèis  vorace  '  ;  il  vit  de  petits  poissons,' 
de  reptiles,  d'insectes ,  etc.  ;  il  attaque  FEpinoche ,  qni 
dès  qu'elle  est  saisie ,  redresse  ses  arêtes ,  les  enfitmoe 
dans  le  palais  de  la  Perche ,  qui  meurt  de  faim.  Si  on 
Fen  débarrasse ,  elle  reste  toujours  la  bouche  béante. 
La  plus  grande  dimension  à  laquelle  il  puisse  parvenir 
n'est  que  de  18  à  20  pouces  ^  et  alors  il  pèse  environ 
quatre  livres.  Bloch  la  fixe  à  deux  pieds ,  et  au  poids  de 
trois  à  quatre  livres.  Il  est  rare  de  la  voir  de  cette  taille 
dans  nos  rivières. 

Il  fraie  au  commencement  du  printemps  ,  en  avril  et 
en  mai  •,  un  des  ovaires  s'oblitère ,  et  il  ne  s'en  dé- 
veloppe qu*un  ;  ses  œufs  sont  réunis  par  de  la  viscosité 
en  longs  cordons  entrelacés  en  réseaux  ^.  Bloch,  /cA- 


*  Les  poissons  mettent  peu  de  cKôix  dans  leurs  alîmens , 
et  leurs  forces  digestives  suffisent  pour  dissoudre  tout  ce 
qui  a  eu  vie.  Ils  avalent  dWtres  poissons  malgré  leurs  épines 
et  leurs  arêtes  ]  les  Crabes  et  les  coquillages  ne  les  effraient 
point ,  et  on  en  trouve  souvent  les  débris  dans  leurs  intes- 
tins. Ils  rejettent  ces  matières  indigestes,  corn  me  les  oiseaux 
de  proie  rejettent  les  plumés  et  les  os  des  petits  oiseaux 
qu^ils  ont  avalés.  Cuv, ,  Hist.  nat.  des  poissons ,  tome  1  ^ 
p.  488. 

*  La  peau  qui  renferme  les  œufs ,  et  qui  forme ,  dit  Blocb, 
un  boyau  troué ,  est  large  d«  deux  pouces ,  et  longue  de 
deux  à  trois  aunes;  considérée  au  microscope,  on  trouve 
toujours  quatre  à  cinq  œufs  unis  par  une  peau  dure ,  et  la 
peau  forme  un  angle  où  ces  œufs  se  réunissent ,  de  sorte 
qu^ils  paraissent  quarrés  ou  hexagones.  Bloch ,  Ichth.f  p.  63. 
Pour  se  défaire  de  ses  œufs  y  ce  poisson  se  frotte  Tanus  con- 


I 

(66) 
AjTologie,  part.  i,p.  loi ,  p/.  xix ,  J!g.  18 ,  en  donne 
la  figure  ;  fig.  17  9  il  représente  une  petite  masse  de  six 
œufs  attachés  ensemble  et  formant  une  figure  à  six  câtés  ; 
le  tout  vu  à  la  loupe. 

Les  rayons  épineux  de  sa  première  nageoire  dorsale 
90Dt  pour  la  Perche  une  arme  défensive  \  en  effet , 
quand  elle  tient  cette  nageoire  relevée,  aucun  autre 
poisson  ne  peut  en  faire  sa  proie ,  sans  s'exposer  à  être 
grièyement  blessé.  Cette  observation  a  été  faite  depuis 
très-longtemps  par  Vincent  de  Beauvais.  Cet  auteur,  Spe^ 
odum  natural. ,  tom.  1  ,  lib.  xvii ,  cap.  lxxviu  ,  en  par- 
lant de  la  Perche ,  suivant  lui ,  le  meilleur  poisson  d^eau 
douce ,  dit  c  «  Au  moyen  de  ses  piquans ,  elle  se  dé- 
«  fend  contre  tous  les  autres  poissons  ^  si  elle  craint 
«  rapproche  du  Brochet ,  elle  redresse  ses  épines  et 
<c  échappe  ainsi  à  la  poursuite  de  son  ennemi.  » 

La  Perche ,  qui  a  la  vie  dure  et  qui ,  suivant  Lacé- 
pède,  ne  fraie  au-  printemps  qu^à  Tàge  de  trois  ans,  est 
un  poisson  d'une  saveur  délicate;  il  est  assez  fréquemment 
servi  sur  nos  tables  qu^il  ne  dépare  point.  On  lui  donne 
qaebudbis  le  nom  de  Perdrix  deau  douce.  Cette  dé- 

tre  un.  corps  aigu  ^  auquel  il  fait  adhérer  le  cordon  de  ses 
œQ&,  puis  se  retire  en  faisant  des  mouvemens  alternatifs 
jusqu'à  ce  qu'il  se  soit  débarrassé  de  la  totalité. 

Ces  œufs ,  dit  Marsigli  y  Danub, ,  tom.  iv  y  p.  66 ,  sont 
UtAcs ,  durs  y  sans  saveur  ;  ils  cuisent  difHcilement  \  aussi 
ne  les  sert-on  point  sur  les  tables.  Arnault  de  Noble  ville  et 
Salerne  disent  ^u  contraire  :  les  œufs  de  Perche  grillés  sont 
assez  bons.  GeofT.fAfâ/.  médic^  tom.  3^  p.  278,  etLieutaudy 
Mat,  média.,  tom.  ^y  p*  363,  disent  :  les  œufs  de  Perche 
<ont  asseï  estimés  ;  ils  donnent  cependant  quelquefois  des 
Bassées. 

5 


(66) 
nomination  française  me  paraît  avoir  sa  source  dans 
une  sorte  de  calembour.  On  lit  en  effet  dans  Gesner, 
de  AquaûL ,  p,  828,  Un.  29  :  et  rappellerais  en  grec 
«  les  petites  Perches  \  Percidia  ,•  les  moyennes ,  Per* 
((  cidas^  et  les  grosses^  Perças.  »  On  a  joué  sur  les 
mots  Percidia,  Percidas^  en  transportafnt  le  ^  à  la  place 
du  c^  on  a  obtenu  Perdicia,  Perdicas,  dont  Tanalogie 
avec  le  mot  français  Perdnx,  saisie  très-promptement  > 
a  fourni  la  dénomination  dont  l'étymologie  a  été  encore 
fortifiée  par  la  comparaison  que  Ton  a  faite  de  la  déli- 
catesse de  la  chair  de  la  Perche  avec  la  délicatesse  de 
la  chair  de  la  Perdrix. 

((  Dans  le  lac  Léman,  lorsqu^on  pêche  les  Perches 
«  en  hiver  9  avec  un  grand  filet ,  sur  un  fond  de  40  à 
((  5o  brassées ,  on  en  voit  beaucoup  flotter  à  la  surfece 
«  de  Teau  avec  Testomac  refoulé  hors  de  la  bouche  ; 
a  elles  périssent  au  bout  de  quelques  jours  si  on  ne  fait 
((  pas  rentrer  cette  vessie  en  la  perçant  avec  une 
<(  épingle.  »  Jurine,  uict.  Geneyf.,  tom,  3,  !'•  part. , 
pag.  xSS". 

€e  phénomène  était  connu  d^Aldrovandi.  Cet  auteur, 
de  Piscibus^p.  62^,  signale  d'une  manière  très-positive 
la  vésicule  rouge  sortant  de  la  gueule  des  Perches  ex- 
traites ,  pendant  l'hiver ,  du  lac  de  Genève. 

Cet  accident,  que  Bloch,  Ichlli.y  part,  ii,  p.  65 y 
appelle  mal  à  propos  Tjmpanitis,  résultat  du  défaut 
d'équilibre  entre  Tair  intérieur  de  la  vessie  natatoire 
du  poisson  et  Tair  atmosphérique ,  ne  s'observe  jamais 
dans  notre  pays ,  dont  les  rivières  n'ont  pas  une  pro- 
fondeur suttisante  pour  lui  donner  lieu. 

a  Lorsque  Ton  retire  asâez  vite  d*une  grande  pro- 
((  fondeur  les  poissons ,  ils  n'ont  pas  le  temps  de  corn- 
((  primer  leur  vessie  ou  de^  la  vider  de  l'air  qu^elle 


(67) 

t  contient.  Cet  air,  n'étant  plus  comprimé  par  la  grande 
«  colonne  d^eau  qui  pesait  3ur  lui  »  rompt  la  vessie  et 
«  se  répand  dans  Tabdomen ,  ou  bien  il  la  dilate  ex- 
«  trêmement  et  &it  saillir  Toesophage  et  Testomac  dans 
c  la  bouche.  »  Cusner,  Hisi.  naU  des  poiss. ,  tome  i , 
page  5a6. 

La  Perche  devient  la  proie,  non-seulement  des  grands 
poissons ,  des  grosses  Anguilles ,  mais  encore  des  canards 
ft  autres  oiseaux  d^eau.  De  petits  animaux ,  et  notam- 
ment des  Cloportes  '  ,  s'attachent  quelquefois  à  ses 
branchies,  déchirent  ces  organes  et  lui  donnent  l^, 
mort.  Lacépède,  BisU  naU,  Poiss»  >  tom*  8 ,  p,  38. 

Les  Perches  bossues  dont  Linné  fait  une  espèce ,  ne 
le  deviennent  que  par  la  courbure  de  Tépine  dorsale , 
courbure  dépendant  d'une  cause  accidentelle  comme 
dans  le  Brochet. 

On  trouve  des  Perches  borgnes  de  Tœil  gauche. 
jict.  Paris,,  1748,^.  127,  a8. 

La  Perche  est  victime  d^une  espèce  de  Gymothoé^ 
qiii,.sHnflinuant  dans  les  branchies,  dévore  vivantes 
ces  parties  délicates  et  cause  bientôt  sa  mort.  On  n'a 
pas  donné  le  nom  spécifique  de  ce  crustacé  dans  le  DicU 
classique  dhisU  naU,  lom.  xin,  p.  ao3,  où  l'on  en 
parle. 

La  Perche  est  tourmentée  par  plusieurs  espèces  de 
vers  intestinaux,  tels  que 

1.  L'Ascaride  de  la  Perche,  Ascaris  Perces,  Goeze, 
GmeL,p,  3o36,  5/?.  64. 

'  Lacépède  ne  savait  pas  que  c'est  une  espèce  de  Cimo- 
tibé  ;  il  ignorait  également  la  vraie  cause  du  refoulement 
de  restomac. 

Les  Jeunes  Perches  sont  connues  sous  le  nom  de  Mille 
cantons  f  c'est  un  mets  délicat. 


(68) 

2.  UEchinorhynque  de  \sl  Verche,  Echinorfynchus 
Percœ,  VallaSyGmeL,  Se.  nat. ,  xui ,  tom.  i ,  p.  Zoéfij 
sp.  3o.- 

3.  Le  Cuculan  de  la  Perche,  Cuculanus  Lacustris, 
fB.y  Percœ,  Goeze^GmeL^p.  3o5i  ysp.  6  ^  S.  Encycl., 
pi.,  Vers,  pi.  XXXI,  fig.  6.  Cuculanus  elegans,  Zeder. 
Dict.  des  se,  nat.  y  tom.  xii ,  p.  \\i ,  tom.  Lvn ,  p.  5\^. 
Atlas,  Vers,  pi.  3o,  fig.  x3. 

4-  La  Fasciole  bouteille,  Faseiola  lagena,  Braun, 
Gmel. ,  p.  3o57,  sp.  3o,  appelée  Distoma  nodulosum. 
Encycl.  méth. ,  Vers,  tom.  a,  p.  278,  n"  ii3. 

5.  Le  Txnia  noduleux,  Tœnia  nodulosa,  Goeze, 
Gmel.,  p.  3072,  sp.  3o.  Encycl.,  Vers,  tom.  2,  p.  753,, 
Vers ,  pi.  xLix,  fig.  i2-i5.  Trienophore  noduleux.  Dieu 
se.  nat.,  tom.  55  ,  p.  i85,  tom.  57,  p.  596.  Atlas,  Vers, 
pi.  48  ,  fig.  3. 

On  prend  dans  les  rivières ,  et  notamment  dans  la 
Seine ,  un  poisson  qui  semble  tenir  de  la  Perche  et  du 
Gardon ,  non-seulement  par  sa  forme  extérieure ,  mais 
encore  par  la  consistance  et  le  goût  de  sa  chair*  Ces 
points  d'analogie  ont  engagé  les  pêcheurs  à  lui  donner 
le  nom  de  Perehe  gardonnée.  Encycl.  méth. ,  DieL  des 
Pèches,  p.  218.  C'est  VAcérine  vulgaire ,  p.  j5. 

Guvier,  Hist.  nat.  des poiss.,  tom.  9,  ^.  20,  donne 
sur  la  Perche  des  détails  anatomiques  fort  étendus.  G^est 
sur  elle  qu'il  a  fait  le  travail  anatomique  contenu  dans 
le  1*'  volume  de  son  Histoire  naturelle.  On  pourra  aussi 
consulter  le  Nouv^.  Dict.  dhist.  nat.,  édit.  2,  tom.  xxv , 
p.  186,  et  le  Dict.  des  se.  nat.,  tom.  xxxix,  p.  i45; 
toais  surtout  Artédi ,  Ichthyologia ,  pars  y,  pp.  74*76, 
qui  donne  la  description  des  parties  intérieures  et  exté* 
rieures  de  la  Perche ,  à  laquelle  il  attribue  4^  vertèbres 


(69) 

et  19  paires  de  côtes.  Bloch  ne  lui  accorde  que  89  ver- 
tèbres. 

Oa  obtient  avec  la  peau  de  la  Perche  une  coUe  qui 
surpasse  de. beaucoup  celle  des  autres  poissons.  Bloch, 
pag.  65 ,  indique  la  manière  de  la  préparer. 

Les  pierres  de  Perche,  qui  se  trouvent  dans  la  tête, 
prèsTorigine  de  la  colonne  vertébrale,  Geoffroi,  Mat. 
médic. ,  in-'J^'' ,  tom.  3 ,  p.  278 ,  se  rapprochent  de  celles 
da  Dorsch,  qui  sont  les  calculs  auriculaires  du  Gadus 
CaUarias» 

IL  L'Àp&on  commun,  Aspro  vulgaris,   Cuv. ,  Perça 
asper,\Àïai.^  GmeL,  S.  N.,  ediu  xni,/?.  1809,  sp,  3. 

ftonddlei,  De  piscibus  fluviat,  lib,,^cap,  xxxit,  p»  907.  De  as- 
pero  piscicalo. 

Gesàer,  De  aquatilibus ,  p,  478.  Asper  pîsciculus  Gobiooi  similis. 

Aldroy.  De  piscib.,  lib,  ▼,  cap,  lukyiiiy  p.  61 5. 

Bloch,  Ichthyologie j  part,  m, p.  ]5i ,  pL  cvii  jfig,  1  ,  a. 

Bonnaterre ,  Tableau  encyclop,  Ichthyol. ,  pL  Sj^  fig,  206. 

Lacépède,  Hist,  nat,,  Poiss.,  t,  vu,  p,  lay.  Le  Dipterodon  apron. 
Nouv\  Dict.  d*h,  nat.,  éd.  2,  tom,  ix,  p,  493*  Dipterodon  apron. 

Cuvier,  SiisU  nat,  des  Poissons,  tom,  2  ,  p.  188,  p/.  a6. 

i«  D,  8  :  2^  D,  i3  :  P,  14  :  V,  5  :  A,  la  :  C,  17. 

Ce  petit  poisson,  de  la  longueur  de  six  à  sept  pouces  , 
est  Vfrdfttre;  il  offre  trois  ou  quatre  bandes  verticales 
noirâtres ,  et  huit  épines  à  la  première  dorsale. 

n  a  le  corps  albngé ,  la  peau  rude  ou  âpre ,  les  deux 
àursales  séparées  ;  de  larges  ventrales  ]  des  dents  en 
velours ,  la  tête  déprimée  \  le  museau  plus  avancé  que  la 
boache,  et  terminé  en  pointe  arrondie. 

Le  mot  Apron  du  DicU  des  Sciences  nat. ,  tom,  2 , 
/'..Soi  4  renvoie  au  genre  àUpterodon  (  au  lieu  de  diptS'-- 
rodpn),  àqat  le  mot  renvoie  à  celui  à^  cingle,  où, 
««n.  IX ,  p.  ^\o ,  se  trouve  effectivement  TApron. 


(  70  ) 

Ce  poisson  facile  à  distinguer  par  la  rudesse  de  ses 
écailles ,  vit  de  vers ,  dUnsectes ,  de  poissons  plus  petits; 
il  a  la  vie  dure ,  et  fraie ,  dit-on ,  en  mars  ;  cependant 
au  mois  de  novembre  j'ai  vu  les  œufs  fort  gros  et  desti* 
nés  à  être  poiidus  dès  lé  courant  de  décembre  '  ^  ses 
œufs,  fort  gros  proportionnellement,  sont  d'un  bï^nC  sale 
et  abondans;  suivant  Artëdi,  il  a  qiiarante^eiix  ver- 
tèbre^ et  seize  paires  de  c6tes. 

Sa  chair  est  blanche,  légère,  saine,  de  b6ti  goÛtèt 
estimée.  Le  Péritoine  nacré  ou  argenté ,  est  piqueté  dé 
noir. 

Ce  poisson,  connu  aujourd'hui  à  Lyon,  d'après  Guviéi*, 
sous  le  nom  de  Sorcier  y  se  trouve  dans  le  Rhône  et  ses 
affluens  -,  les  pêcheurs  des  bords  dé  la  Saône,  le  dérîgnent 


■  ce  Le  Roi  poisson f  m'écrit  M.  Baudot^  i5  novembre 
i835,  fraie  dans  le  mois  de  janvier  5  à  cette  époque  il ré- 
pand une  odeur,  et  a  un  goût  d^urine  }'U  ne  les  conserve 
que  pendant  la  durée  du  £rai.  » 

L'opinion  de  M.  Bandôt ,  fondée  sur  le  récit  d^nn  pé- 
cheur ,  a  pour  base  une  observation  mal  '&ite  ;  elle  pourrait 
aussi  être  le  résultat  d'une  confusion ,  carLieutaud,)  MaU 
médic,  tom.  3 9/1.  SSo,  dit:. ce  la  chair  du  Go,uJ9n  a  i|ne 
mauvaise  odeur*  »  '  i  .     .. 

A  l'époque  du  frai ,  les  poissons  se  frottent  le.  ventre 
contre  tous  les  corps  qu  ils  rencontrent.  Les  Aprons,  dont 
parie  M.  Baudot,  se  seront  frottés  contre  les  pierres  de 
fosses  d'aisances  établies  sur  la  Saône,  et  se  seront  impré^ 
gnés  de  leur  odeur  :  ils  auront  ainsi  doiané  lieii'  à  l'od^ut' 
et  à  la  saveur  signalées  par  M.  Baudot. 

On  sait  que  tous  les  poissons  sont  attires  par  les  matières 
fécales ,  et  les  pécheurs  n'ignorent  pas  T&lranliage  que  lerur 
procure  cet  appât. 


(71  ) 

«MIS  la  déaomiaatioQ  de  Roi  poisson ,  Roi  des  poissons, 
et  quelques  personnes  à  Dijon  Tappdlent  Dauphin. 

La  figure  de  TApron ,  ses  couloirs  Font  &it  confondre 
fur.  des  observateurs  peu  attenciÊ ,  avec  le  CSiabot  et 
ayee  Je  Goujon,  dont  U^difEère  par  sa  peau  rude  comme 
deB^de  la  Bousspue,  (  Squalus  camcula.  Lion.)  t,  telle 
est  la  source  des  noms  vulgaires  qui  hii  ont  été  donnés. 

hp  bom  de  Roi  poissant  ou  de  Roi  des  poissons  ^  ,  est 
9f]^Uqué  à  XApron  et  au  Cïiahot ,  soit  àx^awse  de  la  dé* 
licatesae  de  leur  chair ,  soit  plutôt  à  cause  de  ce  que 
ces  deux  poissons  ayant  été  pris  P-un  pour  Tautre ,  au- 
rait éfté  àéÀ^k%  par  le  même  nom. 

Le  nom  de  Dauphin  vient  de  la  largeur  de  la  partie 
postérieure  de  la  téfte  de  ce  poisson ,  priaeipalement 
)oraqaHl  a  iété  cuit  ^  et  4e  la  comparaison  qu'on  en  a 
£eiite  avec  la  tête  du  Dauphin ,  fruit  de  Timagioation 
4e8  peintres,  des  sculpteurs  et  autres  artistes. 

Les  pêdieurs  de  la  partie  de  Iq  Saéne  qui  traverse 
notre  département ,  ont  fait  depuis  longtemps  une  ob- 
servation d'après  laquelle  ils  se  sont  assurés  que  1^ 

'  On  a  appliqué  le  nom  de  Piscis  regius  à  dlrers  poissons. 
Voy:.  jN^om^  Diçt,  Sç.  mit, ,  éd.  a ,  tonu  27^  p.  028 ,  et 
Dici.  ^ç.  nat,,  tom^  J^%  ^  pag>  \fyj. 

AldroYandi,  de  Piscibus ,  p.  79,  en  parlant  du  Maigre., 
ainsi  appelé  à  cause  de  la  blancheur  de  sa  chair  ,  qui  n'est 
nullement  colorée  par  le  saiiig,  dit  :  la  Daine  eA  P/oyence 
est  appelée  Peis  rei,  c'est-à-dire  Poisson-roi,  ou  Roi-pois- 
son ,  on  Poisson  royal  9  nom  9  contînue-t-il  y  que  les  plus 
iostmits  donnent  au  Piscis  lotus  de  Rondelet ,  appelé  Daina, 
ni«/f«,  Coracin ,  enfin  Corb;  et  p.  49B9  à  l'article  De  Lato, 
il  répète  Peis  rei.  Poisson  royal ,  c'est-à-dire  digne  d'être 
terri  sur  la  table  des  rois. 


(72) 

pèche  sera  mauvaise ,  s^ils  ramènent  un  Apron  dans 
leurs  filets:  aussi  mécontens  de  cette. rencontre  ,  pre- 
naient*ils  le  poisson ,  et  le  lançaient-ils  avec  dépit  sur 
leur  Bachot  '  ;  ils  n'en  faisaient  alors  aucun  cas  :  mais 
depuis  9  ayant  connu  la  délicatesse  de  la  chair  de  F  A* 
piron,  analogue  à  celle  de  la  Perche ,  ils  ne  le  jettent 
plus ,  et  se  trouvent  très-bien  de  le  manger. 

Le  mécontentement  des  pécheurs,  lorsquUIs  ranSènent 
ce  poisson  dans  leurs  filets ,  vient  de  ce  que  sa  présence 
est  d'un  très-mauvais  augure  ;  elle  annonce  en  effet. que 
la  pêche  sera  infructueuse ,  aussi  la  cessent-ils  alors  ^  ; 
c^est  de  cette  circonstance  que  vient  à  PApron  le  nom 
de  Sorcier,  appliqué  comme  injure. 

Ce  poisson ,,  qui  se  tient  ordinairement  au  fond  de 
Teau  ,  ne  sort  de  son  réduit ,  pour  nager  dans  la  rivière, 
que  par  le  mauvais  temps ,  c'est-à-dire ,  par  le  temps 
froid  et  par  les  vents  de  nord  et  d'ouest ,  époques  aux- 
quelles les  autres  poissons  ne  vaguent  point  ^.  Cette 

'  Bachot  ;  on  appelle  ainsi  le  cofTre  on  la  liuche  de  h, 
barque,  destiné  à  recevoir  le  fruit  de  la  pêche. 

*  Un  ancien  pêcheur  possédait  une  grève  dans  la  SaÀne  ; 
lorsquUl  voulait  pêcher,  il  jetait  son  filet  dans  cet  endroit  ; 
sHl  ramenait  un  Apron,  il  remettait  sa  pêche  à  un  antre 
jour. 

.  '  L'agitation  de  Teau ,  contraire  à  la  pêche  des  p«îssoha 
d'eau  douce ,  favorise  celle  des  poissons  de  mer  dans  la 
Syrie. 

M.  De  Lamartine  décrit  la  manière  dont  les  Arabes  pè- 
chent le  poisson ,  et  dont  il  a  été  témoin  dans  le  golfe  de 
Caïpha. 

tt  Un  homme ,  dit-il ,  tenant  un  petit  filet  replié ,  élevé 
au-dessus  de  sa  tête  et  prêt  à  être  lancé ,  s^avance  à  quelquea 


(73; 

considération  a  engagé  à  lui  donner  le  nom  de  Boi  des 
poissons ,  parce  qu^on  le  comparait  ou  à  un  souverain  , 
dont  la  présence  fait  ébigner  la  foule ,  pour  lui  laisser 
la  place  libre ,  ou  au  lion  (  roi  des  animaux  )  >  à  la  vue 
duquel  fuient  les  mammifères. 

De  même  TApron ,  ne  vaguant  qu'en  Tabsence  des 
antres  poissons,  parait  les  avoir  Ëdt  retirer  pour  jouir 
du  champ  libre ,  ou  leur  avoir  inspiré  une  sorte  de  ter- 
reur qui  les  aurait  fait  fîiire  ;  c^est  la  chouette  des  pois- 
sons ,  puisque ,  comine  cet  oiseau ,  il  ne  vague  qu'en 
Tabsence  des  autres. 

Cette  singulière  circonstance ,  observée  constamment 
par  nos  pêcheurs  de  la  Saône ,  n'a  été  notée  par  aucun 
ichdiyologiste ,  et  comme  elle  est  intéressante  dans  l'his- 
toire de  PApron ,  j'ai  jugé  convenable  de  la  publier  , 
d'autant  plus  qu'elle  est  analc^ue  à  celle  attribuée  au 
Grenouiller,  Blennius  raninusy  Linn. ,  Raniceps  bleu" 
fàoSdes,  qui  habite  les  lacs  de  la  Suède ,  où  il  semble 

pi  dans  la  mer,  et  choisit  Hienre  et  la  place  où  le  soleil 
ttt  derrière  loi  et  illumine  la  vagae,  sans  Téblonir.  l^attend 
les  fagoes  qui  Tiennent,  en  s'amoncelant  et  en  se  dressant ^ 
fondre  à  te^  pieds  sur  Técneil  ou  sur  le  sable.  Il  plonge  un 
regard  perçant  et  exercé  dans  chaque  écume ,  et  sUl  aper- 
çoit ^^elle  roule  du  poisson ,  il  lance  son  filet  au  moment 
uéme  où  elle  se  brise  et  entraînerait  ce  quelle  apporte 
avec  son  reflux  :  le  filet  tombe ,  la  vague  se  retire  ,  et  le 
poisson  reste.  Il  faut  un  temps  un  peu  gros  pour  que  cette 
pêche  ait  lien  sur  les  côtes  de  Syrie  ;  quand  la  mer  est  calme, 
le  pécheur  n'y  découvre  rien  ;  la  vagué  ne  devient  transpa- 
rente qu'en  se  dressant  an  soleil  à  la  surface  de  la  mer.  » 

Souvenirs  ,  impressions  ,  pensées  et  paysages  ,  pendant  un 
voyage  en  Orient,  par  M,  Alphonse  Dfi  Lamajltine  ,  i835, 
tom*  9  y  p.  9949  995. 


(74) 

redouté  des  autres  poissons ,  qui  s^écartent  le  plus  qu'ils 
peuvent  des  endroits  fréquentés  par  lui. 

Si ,  comme  le  dit  Gesner ,  de  AquaH.  ^  pp,  354  9  877 , 
1275  '  ,  lé  demi-chctrassius  s'oppose  siudéveloppemèiit 
des  Carpes ,  (  impediens  efutn  incrementa  et  saginadones 
cjrprinorum.  quos  a  pabulo  depeltit),  ce  Ti^est  fMmit  par 
antipadiie ,  comme  on  fiotirrak  ie  croire  ^d'après  'un 
passage  d^ermann  ^.  L'assertion  des  pédbe^Évs  ,'<Âtée 
par  Marsigli  ^ ,  et  répétée  par  Hermann,  ObservM.  zoo* 
logicœ,  p.  317  9  est  certainement  feu8seVpui|M|ue  la 
Laite  d^une  espèce  de  poisson  ne  peut  pas  féc^ider  les 
œufs  d'une  autre  espèce. 

/  ■  » 

m.  L'AcÉRiKE  VULGAIRE ,  Grcmille  4  cppii^çame ,  Pçrdie 


'  Halbkaras  (dîmidioç  Carasios)  Karpkamss  quoniam 
è  Caraso  et  Carpa  veluti  compositus  Tidetur ,  -dit  Gesner. 

^  Si  verum  est,  quod  Gesnerus  rrfert  camssos  fiigar^ 
Carpiones  (  dit- il  )  ^fcdsum  erit  quod piscatores  referont  d^ 
ovorum  Carpionis  lacté  Caraseii  fecundationen 

Cette  manière  de  s^exprimer  ferait  croire  à  ^ne•i9.i|pit^l 
dont  Gesner  ne  parle  pas. 

'  Cyprinns  III.  SUticb-Kharpfen^  Tab.  xx,i|  sipiilitndi- 
ne  inter  Cyprinum  et  Cara^sium  médiat ,  ^aopi  ex  otîs  Cy- 
prini^  .quantum  pisoatores  asserunt,  et  sen^iine  Tel  liaçte 
Carassii  y  aut  è  contra  progenera^ur.  IV^^rsiUi  ^  Danub* , 
Pannon, ,  tom.  !▼  9  />•  61  • 

^  Un  amateur  ^  à  Auxonne ,  a  fippel^  Grei^nille  nn  pois* 
son  qu'il  rangeait  parmi  les  petites  espèces;  p^aîs  les  pêcheurs 
de  profession  n'en  connaissejit  point  de  ce  nom* 

Le  particulier  grand  ;amateur  de  pêche  |  à  Auxonne  |  qui 
m'avait  parlé  du  poisson  appelé  Gremille,  est  mort,  avant 
d'avoir  pu  m'en  transmettre  mn  échantillon  ;  de  sorte  qu'il 
est  impossible  de  rapporter  cette  GremiUe  à  un  genre. 


(75) 

l^joaaière.  Perça  cemua,  Linn. ,  Gmel. ,  S  N. ,  p. 
a3ao.,  sp.  3o. 

-  iSafttr^  de  aquatUib,,  p.  .907  ,  ioon  ;  cemua  fiuvUMis,  Defcrip- 
tio.j^^    938.  jlspredo  Johann    Cali  angli ,  p.  826  »  <2^  percœ  flu» 
piatÛis  génère  minore, 
'  Iftoâgli,  Hamift. ,  tom»  IT9  p.  67»  tah,  .xx» ,  /S^. s.  Pefeoa n. 

Bohaindy  Pèches,  ^•pari.y  sect,  nr,  p.  S9» p^  fm^^if.  tt  iVwche 
flrdoaiiée  (  voyez  ci-dessus,  ji.  68  )  ou  goijjouiiière. 

Bloch.  Ichtyologie  ,  part»  n^p»  68  ^  pi.  lui  ,  jî^.  a.  t^etiU  perche. 

rionaaterre.    TafrZ.  encyc. ,  Jchth, ,  pi.  Sj,  fig,  320.  Le  j^st. 

i^Êtépèée.  Biaî,  nat,  des  Paiss, ,  tem.  ¥ii  f  p,  â8a.  Le  poit ,  i^ho- 
kcentre  poit. 

JToui^efltf  i£M;f.  Aùf.  nat,,  édiL  a,  tom.  149  p«6ii.  Qoloceatre 
^ostV  lont.  i3  ,  p.  4^*  Grenaille. 

ÉHct,  des  sciences  nat.  ,  tom,  xix,  p.  358.  ji4tûis  iekthyoL ,  pi. 
0yfig'  a.  Gramiile  goujoiiiiière. 

Caviar.  Sist.  nat.  des  poiss.^t*  3, |»..4*  Acériae  vulgaire,  pL  4>* 

de  petk  ipoissop ,  appelé  à  Auxerre  Perche  à  g^ufon, 
estd'un  goût  agréable ,  se  raconaait  k  aon.corp^-  ioBg  et 
HhMDt,  olivftlre,  tacheté  de  brun,  à  des  fossettes  aux 
08  de  la  tête  -,  le  préopercule  et  l'opercule  ,v^idtïi  ^ue 
de  petite»  épines  sans-dentriures* 
^-  L'jl(oérine,dant  les  dents  sont  en  vdiours^-n^a  qu'une 
'iorside  à  07  ou  2B  rayons  ;  Artedi ,  Ichfhyologie^  f^art. 
]r,<.p..8o,  Al,  fan  donne  quinze  paires  »de  -oôtes,  et 
SSVcartèbres,  que  fflodi,  IchthyoL  ^  p.  7o,'Pé4iHt  à  3o. 

XSe'péîsBm  a  la  yie.dure,  il  se  nouirrît  ^des  petits 
(f attires  espèces,  de  vers;,  d'insectes,  et  devient  la 
^me  tdu  'Brochet ,  de  TAnguille ,  de  la  Perche  ^  «de  la 
Lotte,  des  oiseaux  d'eau  \  sa  chair  tendre,  de  bon  goût, 
cttfiluk  agréable  et  pl«s  csalobre'que  cdle  de  ia  Perche, 
wdit^deBlodi. 

'•'*  Ce  poisson  se  Hxmve  daps  la  Seine  aux  boudies  des 
petites  rivières  tributaires;  il  est  long  de  7  à  8  pouces 
^  pèae  3  onces  ;  il  fraie  aux  mois  de  mars  ^  d'avril , 
les  œu&  sont  petits  et  d'un  blanc  jaunâtre. 


(76; 

Dans  t Encyclopédie  méthodique,  DicU  des  Péche$.^ 
p.  217,  on  Ut  :  ((  Gremille,  espèce  de  perche  de  ri^ 
R  vière ,  petite ,  qui  a  sur  la  tête  ou  auprès ,  des.ardil- 
((  Ions  qu^elle  relèye  à  sa  Y(Jonté  et  qu'on  a  comparé 
((  à  une  couronne  \  se  plaît  principalement  dans  les 
«  petites  rivières  d'eau  très-vive.  » 

L^auteur  a-t-il  voulu  parler  de  F Acérine ,  ou  bien  de 
la  Loche  de  rivière ,  ou  bien  d'un  autre  acanthoptéry* 
gien?Cest  ce  qu'il  est  difitcile  de  décider  d'après  les 
vagues  renseignemens  qu'il  fournit. 

Grosley ,  dans  ses  Mémoires  historiques  sur  Trqyes, 
et  dans  ses  Ephémérides ,  m*  parL,  chap.  8,  tom.  k 
(1811),  p.  i63,  parle  d'un  poisson  signalé  dans  cette 
ville  sous  le  nom  de  Chagrin^  les  détails  qu'il  fournit 
et  que  nous  allons  rapporter ,  nous  permettent  de  re- 
connaître dans  ce  poisson  FAcérine  vulgaire. 

«  Chagrin,  petit  poisson  dont  la  chair  est  très-r 
«  délicate. 

«  Nos  pécheurs  de  la  Seine  au-dessous  de  Troyes.,. 
u  qui  prétendent  n'y  voir  ce  poisson  que  depuis  3 
<i  ou  4  ans ,  l'ont  ainsi  nommé  à  cause  de  la  forme  àxk 
«  son  écaille  ;  il  a  sur  le  dos  et  sous  le  ventre  deux 
<(  crêtes'hérissées  et  aussi  fortes  que  celles  de  la  Perçue; 
<(  il  porte  sur  le  dos  deux  rangs  parallèles  de  taches 
<(  d'un  rouge  noir,  dont  la  teinte  pénètre  dans  h 
<(  chair;  nos  pêcheurs  ont  imaginé  que  ce  poisson 
«  vient  delà  mer.  » 

Ce  poisson  est  la  Gremille  commune  ou  Acérine 
vulgaire,  dont  la  peau  est  effectivement  rugueuae 
comme  du  chagrin ,  ou  plutôt  comme  la  peau  ^  de 
chien  marin  ,  Squabis  catulus ,  Linn. 

.  Bosc  a  donné  la  dénomination  de  Gentropôme  saB«*. 
dat ,  Perça  lucio  perça ,  Linn.^  à  l'Acérine  vulgaire.  II. 


(77) 

dit  en  posséder  un  individu  pris  dans  la  Seine,  Nouv^ 
Dict.  dHisU  nat, ,  édit.  2 ,  tom.  5 ,  p,  J^%6. 

£t  Guvier  dit  positivement  en  parlant  du  Sandre  : 
«  il  est  inconnu  à  Tltalie ,  à  la  France  et  à  PAngle- 
«  terre.  »  Hist.  tuU.  des  Poissons,  tom.  2 ,  ;^.  110. 

Bosc  s'est  trompé  dans  ce  cas ,  comme  il  s'est  trompé 
pour  le  Termes  radicum,  qui,  suivant  lui,  ravageait 
ses  confitures.  Yoy.  ma  note  à  ce  sujet  dans  les  j4ct. 
Divion.f  1827,^.72. 

L'individu  de  Gentropome  Sandat  pris  dans  la  Seine , 
et  possédé  par  Bosc ,  Noui^.  Dict.  dHist.  nat. ,  iom.  y  , 
p.  486  ,  était  tout  bonnement  TAcérine  vulgaire ,  pois- 
son dans  lequel  on  trouve  plusieurs  vers  intestinaux , 
savoir  : 

EchinorhjTichus  cemuœ,  Gmel. ,  S.  N. ,  p.  8048 ,  sp.  Si . 
CucuUanus  lacustris ,  i  cemuœ,  Gmel. ,  p.  3o5 1 ,  sp.  6,  j* 
Fasciola   luciopercœ,  —  Perc»  —  Lagena,  Gmel. , 

S.  N. ,  édit.  xm ,  p.  8057 ,  sp.  28 ,  29,80^  Disto^ 

ma  noduloswn,  Encycl.  mélh. ,  Dict  des  Vers,  tom. 

2,  p.  278,  n"*  ii3. 
Tœma  nodulosa,  Gmel. ,  p.  8072,  sp.  5o.  Trienophore 

noduleux,  Encycl. ,  Vers,  tom.  2,  p.  753,  Atlas,  pi. 

xux,  fig.   i2-i5^  Dict.  Se.  nat. ,  tom.  55 ,  p.  ]85  , 

pi.  489  fig.  8. 
Tœnia  percœ  cemuœ,  Gmel.,  p.  8079 ,  sp.  77-79 , 

Dict.  Se.  nat. ,  tom.  68 ,  p.  64. 

Deuxième  famille.  Joues  cuirassées. 

Cette  famille  comprend  des  poissons  dont  la  tête ,  di« 
Versement  hérissée  et  cuirassée ,  offre  un  aspect  sin- 
gulier ,  à  raison  des  sous-orbitaires  plus  ou  moins  éten- 
dus sur  la  joue ,  et  s^articulant  en  arrière  avec  le  préo- 
percule. 


A 


(78J 
IV.  Le  Chabot  ,  Coitus  '  Gobio,  Linn. ,  Gmel. ,  S.  N. 

XIII,  p.  1211  ,  sp.    6. 

Bléch  ,  Johthyolog,,  part,  ii,  pag,  ii ,  planche  xxxix,  fig,  i ,  ti. 

Jùrine ,  Hist.  des  Poissons  du  lac  Léman,  p,  i5oy  n9  3,  |i/.^a.  Se* 
chot  6^Chassot  ^. 

Marsigli,  Danuh,,  tom,  iv,p.  73,  tah,  xxiy  y  fig.  a.  Gobio  flavia- 
tilis  capitatiis. 

Duhamel ,  Pêches,  a«  part.,  sect.  t  ,  p.  ia3 ,  pL  %\ ,  ySg-.  S  y  6.  Ca-^ 
Bot  testa,  ^«ec^.  Yiy  p»  1^7  9  Chabot. 

Meyer ,  Représ. ,  tom.  a  ,  pL  xii. 

Cuyier,  J7Û/.  naï.  des  Poissons,  tom,  ïv,p.  i45-i5a. 

Lacëpède,  ffist.  nat.  des  Poissons ,  tom.  y  y  p.  3a4' 

PrcTOst,  uénnales  des  Sciences  naturelles,  idSo,  tom,  zix,  p^ 
165-176,  pi,  4i»  Mulus  Gobio.  JIfém,  de  la  Société  de  Physique  et 
d*Hist.  nat,  de  Genève,  1828,  tom,  iv,  p,  171-183  ,  pi, 

Bonuaterre,  Tableau  encyclop. ,  Ichthyologie ,  pi.  ^yfig-  i49» 

Rondelet,  de  Piscib.fluviatil,  liber,  cap.  xxy,p.  aoa.  JDe  Cotto» 

Gesner,  de  jéijuatUib,  ,  p^  47^  >  P*  7^^*  Botetrissia. 

Jfouv.  Dict.  d*Hist,  nat,,  éd.  a,  tom,  viii,  p,  19a.  Meunier. 

Dict.  des  Se.  nat. ,  tom.  xty  p,  6a.  Le  Chabot  ou  le  Meunier. 

3i  vertèbres,  10  paires  de  côtes. 
1*  D.  7  :  2!"  D.  16  :  P.  14  :  V.  4  :  A.  la  :  C.  14. 
Membrane  branchiale  à  6  feuillets. 
Le  Chabot  a  la  tête  large,  déprimée,  presque  lisseet 
seulement  une  épine  ^  au  préoperculé  \  la  première 

*  Cottus  de  xirln ,  tête,  diaprés  Hesycliius.  Ce  nom  a  été 
donné  à  ce  genre  à  cause  dn  volume  de  la  tête  des  espèces 
qui  y  sont  contenues. 

^  Le  Chabot  porte  en  Savoie  le  nom  de  Chasso  ou  Chas^ 
sotf  qui ,  suivant  Gesner,  a  du  rapport  avec  celui  de  Scazon 
donné  par  les  Italiens  à  ce  poisson. 

'  Bloch  indique  deux  piquans  :  Tun  grand  a  la  pointe 
tournée  vers  la  bouche  ;  Tautre ,  petit ,  a  la  pointe  tournée 
Ters  le  tronc.  Les  auteurs  ne  parlent  pas  de  ce  dernier  ; 
mais  pour  le  sentir  |  il  suffira  de  passer  le  doigt  le  long  de 
la  tête.  Cuvier,/7.  146,  eu  parle  sous  le  nom  de  «  très- 
petite  dent  cachée  sous  la  peau.  » 


( 


(79) 

dorsale  est  très-basse.  La  ligne  latérale,  un  peu  sail- 
lante 9  conserve  cette  dispo»tion  sur  la  peau  du  pois- 
son enlevée  et  séchée. 

Ce  poisson  thorachique ,  noirâtre,  de  trois  à  cinq 
pouces  de  longueur ,  est  connu  depuis  longtemps.  Vin- 
cent de  Beauvais,  Spéculum  naturœ,  iom.  i,  lib.  xvn, 
cap.  XL ,  en  donne  une  description  très-précise  sous  le 
nom  de  Capitatus  ,*  Albert  le  Grand  hii  donne  le  même 
nom  ;  l\in  et  l'autre  en  reparlent  encore  sous  le  nom 
de  Gobio,  qui  depuis  a  été  appliqué  à  plusieurs  au- 
tres poissons. 

Rondelet  en  donne  une  mauvaise  figure  et  une  des- 
cription suffisante. 

Le  Chabot  est  un  des  poissons  sur  lesquels  on  a  accu- 
mulé un  si  grand  nombre  de  noms  ' ,  quMl  en  est  ré- 
sulté dans  beaucoup  d'ouvrages  une  confusion  assez 

i 

'  Les  Français  rappellent  Chabot,  les  Romains  Misons p 
les  Manceaux  un  Musnîer,  parce  qu^il  se  trouve  dans  les 
Mefs  des  moulins;  les  Milanais,  un  Scatzoteï  Botf  les  In- 
snbriens ,  Strincius  et  Botetrissia.  Botulns  à  grapaldo  di- 
citur,  hinc  et  Botetrissia,  compositum  ab  InsubrisTOcabu- 
Inm  est.  Gesner ,  p.  4?^* 

Clou  de  cbeval ,  à  cause  de  sa  grosse  tête. 

Artédî,  Ichthyologie ,  part,  iv ,  p.  77,  écrit  Chalot } 
c'est  sans  doute  par  erreur  typographique.  An  surplus , 
part.  y\pp»  82-84  9  il  décrit  très-exactement  les  parties  ex- 
ternes et  internes  de  ce  poisson  ;  il  signale  la  membrane 
très-noire  dans  laquelle  sont  enveloppés,  soit  les  laites, 
•oit  les  ovaires,  et  n'oublie  pas  la  couleur  noirâtre  du  pé- 
ritoine. 

Il  indique  3i  vertèbres  assez  comprimées  sur  les  côtés  , 
et  enTiron  j  o  paires  de  côtes  légèrement  attachées  aux  ver- 
tèbres par  un  cartilage. 


(  80  ) 

difficile  à  tlébrôniller.  Cette  multitude  de  noms  recon- 
naît pour  cause  TexameQ  particulier  que  cl^acun  a  fait 
d'une  des  parties  de  ce  poisson.  Les  uns ,  ne  s^attachant 
qu'à  son  énorme  tête,  Font  appelé  Capitatus,  Testa, 
Testard  ',  Teste  dazCy  Tête  (Tâne^,  Chabot,  etc.  Sur 
la  Bèze  on  lui  donne  le  nom  de  Bdne  ^  et ,  suivant 
M.  Locquin ,  Jacquard,  Gau. 

Les  noms  de  Jac(piard,  Gau ,  donnés  sut  la  Bèze 
au   Chabot ,  viennent  des  deux  vieux  mots ,  Jacquet 

'  Le  nom  de  Têtard  (  Tulg.  Queue  de  casse ,  c^est^à-dire 
Queue  de , poêle  à  frire),  est  usité  pour  désigner  les  larges 
des  Batraciens  (  Grenouilles  ,  Crapauds  et  Rainettes  ). 

Pour  se  former  une  idée  de  ia  manière  dont  sont  faits  les 
livres,  j^engage  à  lire  dans  VEncycL  méthod»,  DicU  des 
Pêches,  p,  35 ,  l'article  Chabot  ou  Tête  d'âne  ,•  on  y  trou- 
vera :  ce  Le  trait  de  ses  ailerons  a  la  rapidité  de  la  flèche ^  s» 
pour  dire  ;  Ce  poisson  nage  avec  la  rapidité  d'un  trait. 

*  Dans  le  Dict.  théorique  et  pratique  de  Chasse  et  de 
Pêche  ,  1 769  ,  l'auteur ,  Delisle  de  Sales ,  publie  l'article 
suivant  : 

Same.  Poisson  à  nageoires  épineuses,  qu'on  trouve  assez 
communément  dans  le  Rhône ,  dans  la  Loire  et  dans  la  Ga- 
ronne. Le  peuple  des  naturalistes  croit  qu'il  ne  vit  que  de 
fange ,  tom,  2 ,  p.  33o. 

Sous  le  nom  de  Same ,  les  auteurs  confondent  des  pois- 
sons de  mer  et  des  poissons  d'eau  douce  ^  mais  ce  nom  de 
Same  venant  du  patois  dauphinois  Saumo ,  ânesse ,  me 
porte  à  croire  que  le  Same  des  rivières  est  le  Chabot,  ont 
peut-être  VApron ,  (;e  qui  est  difEcile  à  décider,  par  suite 
de  l'indication  inexacte  donnée  par  les  auteurs. 

^  Le  nom  de  Bane  (  borgne }  ,  est  donné  à  ce  poisson  par 
les  pêcheurs  de  la  Bèze  ^  sans  doute  par  antiphrase. 


(.81  ) 
(petit  coq),  Gau  (àegallus,  coq),  à  raison  de .  ses 
nageoires  dorsales  qui ,  redressées,  sont  comparées  k  la 
crête  d'un  coq. 

D'autres ,  s^attachant  uniquement  à  b  ferme  de  son 
earfè  enduit  d'une  mucosité  visqueuse ,  comme  rAn- 
guille,  lui  ont  donné  le  nom  de  Trissîa;  d^autres  en- 
fin, considérant  la  forme  générale  du    poisson,  Tout 
désigné  par  le  mot  de  Botatrissia  :  de  Bote,  Crapaud , 
à  cause  de  la  grandeur  de  sa  gueule,  et  trissia,  à  raison 
de  son  corps  anguilliforme.  F'ojez  Gesner ,  de  AquaU  , 
p.  711,  lin.  52.  Rondelet,  dont  Touvrage  doit  toujours 
être  consulté  quand  il  s'agit dlchthyologie,  avait  très- 
justement  comparé  le  Chabot  à  la  Grenouille  pêcheuse 
{Lophiuspiscaiorias,  Linn.);  il  ressemble  effectivement 
enpetità  ce  poisson,  soit  par  le  volume  de  satêteetTaiiH 
pleur  de  sa  gueule ,  soit  par  son  ensemble ,  soit  par  ses 
habitudes;  d'autres  enfin  l'ont  désigné  diaprés  les  lieux 
oii  on  le  disait  se  trouver  :  a  Les  Manceaux ,  dit  Belon , 
«  l'appellent  un  Musnier,  parce  qu'il  se  trouve  dans 
«  les  bieis  des  moulins.  »  Gesner ,  de  AquatU. ,  p.  47^* 
Je  soupçonne  ici  une  erreur  de  la  part  de  Belon   qui 
aura  confondu  le  Chabot  avec  le  Chevanne ,  par  suite 
de  répithète  Çapitatus  donnée  à  l'un  et  à  l'autre  de 
ces  poissons ,  quoiqu'il  y  ait  une  grande  différence  de 
tolome  et  de  forme  entre  leurs  têtes. 

Le  Chabot  est  facile  à  reconnaître  par  sa  tête  plus 
large  que  son  corps ,  par  sa  peau  muqueuse ,  par  ses 
écailles  presque  nulles. 

n  se  nourrit  d'insectes  aquatiques,  dé   vers,  de 
petits  poissons;  il  sévit  même,  dit-on,  contre  sa  propre 
espèce.    - 
n  fraie  à  la  fin  de  l'hiver ,  en  mars  et  avril ,  éloigne 

6 


(82) 

lès  pierres  avec  sa  queue  pour  déposer  ses  œufs  dans 
les  petits  enfoncemens  qu'elles  laissent* 

Sur  le  Rhône  on  le  nomme  Sechoi,  Ohassoi,  quel-' 
<^efois  Sorcier,  *  d'après  Cmner,  Hist.  nat.  des  PoUs^, 
iom.  vr^p*  i5o. 

Lor^ue  le  Chabot  est  en  danger ,  il  gonfle  la  mein* 
bif^ne  de  ses  ouies ,  soulève  son  préopercule  de  manière 
à  piôtivpir  blesser  avec  Tépine  osseuse ,  aiguë ,  recou- 
verte de  peau  qui  le  termine. 

'  Ce  poisson ,  dont  la  chair  délicate  devient  rouge ,  par 
là  cuisson,  comme  celle  du  Saumon,  constitue  un 
aliment  très-agréable  et  fort  sain;  ^  il  est  après  le 
£roujon  le  poisson  que  de  mai  en  juillet,  rÀnguilIe 
âiine  lé  plus;  aussi  s^en  sert-on  pour  amorcer  les 
lignés  de  fond. 

Lès  Laites  tout  renfermées  dans  une  membrane  très^^ 
lioire,  comme  le  péritoine,  Dieu  Se.  nat, ,  tom.  xi ,  p. 
62.'  Les  '  sacs  de  ses  ovaires,  sont  teiùts  en  noir ,  Cmner. 
La  femelle  pleine  est  fortement  gonflée  par  les  œufs 
petits  et  de  éôttleurjaiïne. 

Les  entk'ns,  pour  pi*endre  ce  poisson ,  soulèvent  avec 
{irécàutiqn  les  pierres  sous  lesquelles  il  se  blottit , 
et  s'en  emparent  en  les  transperçant  d'une  Iburdiette 
Solidement  attachée  au  bout  d'un  bâton. 


j,  'A  Lyon  ^  le  nom  de  Sorcier  est  aussi  donné  à  VApronp 
résultat  de  la  confusion  faite  de  ces  deux  poissons  par 
les  "^(^eikT^iel  par  Ijes. marchands. 

*  Quelques  personnesr  en  lèvent  la  tête  de  ce  poisson  sous 
le  prétexte  qu'elle  est  am^re  ;  ce  qui  n'est  pas.  Cette  pré- 
caution est  plutôt  le  résultat  soit  de  la  figure  hideuse  de 
cette  tête,  soit  de  Tabsence  de  chairs  dans  cette  même 
tété. 


(83) 

Le  Chabot  aime  les  eaux  limpides ,  au  fond  desquelles 
il  se  tient  immobile. 

Dans  les  endroits  très-pien'etût  de  Flsar ,  on  pêche  et 
Ton  apporte  au  marché  de  Munich  le  Steinkressen , 
(Gonjon  de  pierres),  Cyprinus  urattoscopus  ^ ,  qui  meurt 
tout  de  suite  hors  de  Teau ,  ce  en  quoi  il  diffère  du 
Cbojon,  qui  perd  difficilement  la  vie,  et  avec  lequel  pn 
Ta  confondu.  BuUet.  Feruss. ,  182^,  Scienc,  nat. ,  tom. 
Xix,  p.  ii5,  n*6i. 

Ce  Cyprinus  uranoscàpiis  est  lé  Chabot  désigné ,  par 
les  anciens  auteurs  ^,  sous  le  nom  de  Gcbio,  nom  qui  lui 
a  été  conservé  par  les  modernes  comme  dénomination 
triviale ,  ou  spécifique.  Gronovius  avait  donné  le  nom 
A^Uranoscopus  au  Chabot ,  Cottus  gobio,  à  raison  de  la 
forme  de  sa  tête ,  comparée  par  lui  k  celle  du  Bat , 
Uranoscopus  scaber ,  Linn. ,  désigné  sous  le  nom  de 
CoUus  anoslomus  par  Pallas,  ZooL  rossic.,  tom.  3,  p. 
ia8,  n*  loi. 

EpivocHE ,  Gasterosieus  ^ ,  Bloch ,  Ichthy.  y  part*  n , 
p.  71. 

Epines  dorsales  libres,  ne  formant  point  une  nageoire: 
k  bassin  se  réunissant  à  des  os  hu^ranx  phis  larges 

*■  '   •  ■    ■ 

*  Les  yeux  da  Chabot ,  fort  élerés  sur  la  tête  et  toamia 

Tert  le  ciel,  ont  porté  quelques  auteurs  4  ranger  ce  poisson 

avec  les  iTranascopus ,  dit  Dubamel,  Pèches,  up  part.  ^ 

*.On  peut  s^en  assurer  en  «onsaltant  Gesner^  de  Aijum» 
sSib.',p.  \<jS  y  qui  intitule  le  clmpilre  du  Gliabot  :  De  Cotto 
Bondeletlas  :  qnem  itidem  Oohimn  fiwnoMlem ,  ab  Ausonii 
Gobiè  dirersum  ,  eruditi  quidam  kppellant. 

)  De  Y««Nf  »  tentre ,  et  «sitr ,  os ,  parce  que  le  rentre  de.  ce 
poisson  est  en  pûtie  osseux. 


(84) 

qu^à  l'ordinaire ,  garnit  leur  ventre  d*une  sorte  de  cui"- 

— rasse  osseuse.  Les  ventrales  placées  plus  en  arrière  que 

les  pectorales ,  se  réduisent  à  peu  près  à  une  seule  épine* 

Ces  poissons  9  très-voraces,  avalent  des  vers  près- 
qu^aussi  gros  que  leur  corps  et  les  laissent  digérer  dans 
leur  œsophage;  ils  se  nourrissent  aussi  de  larves,  de 
chrysalides ,  d'insectes ,  aquatiques ,  de  petits  poissons 
qui  viennent  d'éclore. 

<(  Les  pêcheurs  de  notre  pays  ne  se  sont  point  ap* 
IL  pliqués  à  remarquer  le  nombre  des  épines  du  dos ,  » 
m'écrit  M.  Pataille. 

Gela  n'est  pas  étonnant ,  parce  que  TEpinoche ,  étant 
un  poisson  dont  on  ne  fait  aucun  usage,  n^a  point  dû  fixer 
l'attention  des  pécheurs  qui  s'attachent  uniquement  à 
distinguer  les  poissons  dont  ils  sont  assurés  de  tirer  parti. 

Cîependant  des  Anciens  avaient  remarqué  la  diffé-* 
rence  de  l'Epinoche  et  de  l'Epinochette  ;  d'autres  en 
ont  parlé  sous  une  dénomination  commune  ;  Gesner  , 
de  aquatilih.,  p.  B96 ,  parle  des  Epinoches ,  sous  le  nom 
de  Pungido,  désignées,  dit-il,  à  Lyon  par  le  mot  ardère. 

Albert-le-Grand ,  opéra ,  tom.  vi ,  p.   658 ,  sous  le 
nom  de  Pungitius,  et  Vincent  de  Beauvais ,  Spéculum  • 
natur. ,  iom.  1 ,  Ub.  xvii ,  cap.  hxxxi ,  sous  celui  de 
Pungitiyus ,  parlent  d'un  petit  poisson  qui  a  deux  épines 
pour  nageoires  ventrales. 

On  distingue  plusieurs  espèces  dans  ce  genre. 

y.  La  grande  Epinoche,  Gasterosteus  aculeatUSf^ 
linn.,  Gmelin,  Se*  nat.,  édii.  xiii,  p.  iSaS,  sp.  z. 

Bloch,  Ichthyologie  ,  part,  if ,  p.  73 ,  pL  lui  ,  fig,  3. 
•    fielon  donne  k  ce  poisson  le  nom  de  Jtipe, 

Rondelet ,  Ve  piscib ,  JluviatiL  ,  p.  206 ,  cap,  zxx,  fig,  super* 

JLacépède  ,  Hist.  nat.,  Poiss  ,  y  y  385. 

Aldrovandi ,  Ve  pisçib,,  Ub.  ? ,  cap,  uulti,  p*  6aS|  de  pungUU 
pisee  jilberU, 


(85) 

Dobaine],  Pèches,  2»  part,^  sect.  m,  p.  5i6,  pi,   xxTt,  fig,  6. 
Schardeott  Epinarde,  Epiaaude,  Savetier  '. 
BoDuaterre,  Tableau  Encyclop,,  ichthyologU,  pi,  5j  ^fig.  aaa. 
Caner,  tiist,  nat.  des  poissons,  tom.  4*  P*  43 1 -4^3* 
Sncyclop.  méthodiq,,  Hist.  nat.,  tom,  3 ,  p,  409. 
Nouv,  Dict.  d'hist.  nat,,  édit.  a»  tom,  su ,  /».  45i. 
IHct.  des  sciences  naturelles,  tom,3LYin,p,  i68. 

Artedi^  Ichthy. ,  pcat.  r^p.  ^6^  dit,  le  Péritoine  ta- 
cheté de  points  noirs  ;  xv  paires  de  cotes,  3o  vertèbres. 

Trois  épines  libres  sur  le  dos ,  font  facilement  recon- 
Daitre  ce  petit  poisson  dont  la  longueiir  varie  de  1  pouce 
et  demi  à  trois  pouces;  il  fraie  en  avril  et  juin,  et  dépose 
les  œu&  sur  les  pétioles  des  feuilles  de  nyropbaea ,  ne  vit 
^e  deux  à  trob  ans ,  il  pond  fort  peu  d^œufs.  Lacépède, 
p.  386 ,  pense  que  la  durée  de  trois  ans  est  supposée. 

On  confond  sous  ce  nom  deux  espèces  : 

A.  Gasierosieus  trachmus,  Guv., Blocb,  pi.  53,  fig.  3. 

Tout  le  côté,  jusqu'au  bout  de  la  queue,  garni  de 
piaqaes  écailleuses. 

«  G^est  re^>èce  qui  se  trouve  en  Sadne ,  sur  les  bords 
«  de  laquelle  elle  est  connue  sous  le  nom  à^Epinglâte. 

Il  vit  de  frai,  de  petits  poissons,  de  vers,  d'insectes,  de 
demoiselles.  Dansquelques  pays  employé  comme  engrais, 
n  n^y  a  que  le  peuple  qui ,  dit-on,  en  fait  usage  à  causé 
de  ses  œufs ,  opinion  fondée  siu*  le  passage  suivant  : 

Epinocbe ,  petit  poisson  sans  écailles ,  dont  la  plus 
grande  espèce  s'appelle  poisson  épinarde,  parce  que  ses 
aiguillons  ressemblent  à  la  feuille  d'épinards. 

L'Epinocbeest  une  nourriture  qu'estiment  les  gens  de 

'  Ce  nom  lui  a  été  donné  ^  dît  Duhamel ,  à  cause  des 
pointes  très- piquantes  placées  sur  son  dos,  et  comparées  à 
une  alêne  ;  Toiià  pourquoi  y  dans  le  département  de  laCôte- 
d^Or ,  les  petits  enfans  lui  donnent  le  nom  de  Cordonnier» 


la  campagne.  Dict.  ihéor.  et  pratique  de  chasse  et  de 
pêche ,  tom.  i,  p.  32i. 

M.  Delisle  de  Sales  ^  auteur  de  ce  Dictionnaire ,  a  été 
induit  en  erreur  \  rEpiopch^  n'est  nullement  estimée. 

«  On  rencontre  en  très-grande  quantité,  dans  la 
rivière  de  Bièvre  ,  le  petif  Mulet  remarquable  par  les 
deux  ^aiguillons  qu'il  porte  sur  le  dos.  »  Hygiène  pu- 
hlique ,  par  ParenUdu-Chdielet,  i836 ,  tom.  i ,  p.  1 18. 

Le  petit  Mulet  est  FEpinoche  caractérisée  par  l'au- 
teur ,  d'après  Klein  qui  ne  parle  en  effet  que  de  deux 
aiguillons  sur  le  dos ,  quoiqu^il  y  en  ait  certainement 
trois. 

B.  Gasterosteus  gymnurus,  Guy.,  Willugb. ,  34 !• 
La  région  pectorale  seule  garnie  de  plaques  écailleuses. 

Le  Binocle  do  Gàsteroâte  s'attache  à  la  peau  de  ces 
poissons  et  l^ur  suce  le  sang. 

Le  Botriocéphale  solide  leur  remplit  quelquefois 
presque  tout  l'abdomen  dont  alors  les  intestins,  compri- 
més 5  sont  réduits  à  un  fort  petit  espace.  Guvier ,  Hist. 
naU  des  Poissons,  tom.  iv,^.  4^4* 

Le  JficnostomacaryophiUinus  vit  dans  leurs  intestins. 
Bremser^  J?ï^  des  i^ers,  p^  i32.  C'est  YHypostoma 
caryophyUùmm.,  YAçU  Se.  nàt* ,  tom.  3^  ,  p^  4^^  9  ^^^* 

57 ,  p.  58i ,  pi.  4i- 9  %•  4* 

On  trouve  encore  dans  l'Epinoche  : 

\^ Ascaris  glohicola ,  O.  Fabr. ,  Gmel. ,  S.  N. ,  xm  5 

p.  3o36 ,  sp.  65  ^ 

V Ascaris  lacustris,0. Fabr., Gmel.,  p.  3o36 , sp. 66\ 

Le  Tœnia  soUda,  MuU. ,  Gmel. ,  3079 ,  sp.  80-  7>- 

nia  gasterostei,  MuU. ,  Gmel.  ,  p.  3079.  Botriocéphale 

solide,  Dict.  class.  d'Hist.  nat.,  tom.  2,  p.  4^4^  ^^^Y^'* 

méthod.y  vers,  tom.  2,  p.  148 ,  sp.  14.  Tœnia  fUcoUis^ 


(«7) 
Ency.  méth.  vers,  tom.  2,  p.  718,  sp.  a3^  Dict.  Se. 
nat. ,  tom.  53,  p.  64  ;  tom.  57 ,  p.  610. 

YI.  UEpihochettb  ,  Gasterosteus  pungitius,  Linn., 
CkneL ,  Se.  nat. ,  edit.  xni ,  p.  i3â6 ,  sp.  8. 

filoch  9  Ichtyologie,  part,  tty  p.  76,  planche  un ,  /^..  4. 

Aldrovandi ,  <2dr  Piscib. ,  p.  698.  Acaleati  alteram  g enai. 

Hondelet ,  de  Piscib.  fiuviatil»  Lib.  ^  cap,  zxx  9  p.  ao6^  y^.  ûi^r. 

Lacëpède,  y,  891 . 

Boanaterre,  Tableau  encyclop.,  ichthyologie ,  pi.  Sj^fig,  ssS. 

^oiM^.  Dict.  d'Mist.  nat.,  édit.  a,  tenu  xii ,  p.  4^3. 

DiU.  Se,  nat;  tom.  zyiii,  p.  169.  jétlas,  ichthyologie,pl.  ti^fig.  1. 

CavieTy  Zfûf.  ix/i^.  des  poiss,,  tom,  IT9  J>-  5o6-5o8. 

L^Epinochette  n'a  guère  que  18  lignes  de  longueur  : 
c^est  notre  plus  petit  poisson  d*eau  douce  :  elle  a  sur  le 
dos  neuf  épines  toutes  fort  courtes  ^  les  côtés  de  sa  queue 
oQt  des  écailles  carénées. 

A.  Gasterosteus  lasins,  Cuv. 

Cette  espèce  ne  diffère  de  la  précédente  que  par  Tab- 
sence  d^écailles  carénées  à  la  queue  ;  c'est  celle  de  la 
Seine.  ^ 

L'Epinochette  fraie  en  mai  et  juin  ;  elle  est  fréquem- 
ment attaquée  par  le  Binocle  de  tEpinoche  ;  elle  est 
sujette  au  Botriocéphale  solide  qui ,  par  sa  présence , 
gonfle  le  ventre ,  en  sort  souvent  spontanément  par 
Tanus  ou  par  une  déchirure  de  Tabdomen ,  lorsqu^on 
le  comprime  \  alors  on  peut  trouver  ces  vers  dans  Peau. 
Bull.  Fer. ,  1829,  Se.  nat. ,  t.  xvni ,  p.  3i3  ,  ti*  197.   * 

L'Epinochette  est  très-bien  indiquée  sous  le  titre  de 

Spinachia,  par  la  phrase  suivante  de  Vincent  de'Beau- 

'  vais,  Spéculum  natur,,  Ub.  xvn,  cap.  xciv  :  L'Epino- 

chette  ,  quoique  petite,  est  hérissée  d^épines  de  toutes 

^garts,  et  conséquemment  à  Tabri  de  Fattaque  de  quelque 

^poisson  que  ce  soit. 

En  effet,  aussitôt  qu'elle  craint  du  danger,  elle  hérisse 


(88) 

ses  piquans,  de  la  même  manière  que  la  Perche  redresse 
sa  dorsale. 

Le  Brochet  n*attaque  jamais  TEpinoche  ;  la  Perche  , 
au  contraire ,  est  si  vorace  qu^elle  se  jette  sur  tout  ce 
qu^elle  peut  attraper  ;  TEpinoche ,  pag,  64 ,  lorsqu'elle 
est  prise ,  redresse  ses  rayons  et  les  enfonce  dans  le  pa- 
lais de  la  Perche.  Bloch ,  ich, ,  part.  11 ,  p.  64. 

Le  PéritCHue  de  TEpinochette  est  moucheté  de  points 
noirs.  Artedi ,  Ichthy. ,  pars  v,  p.  97  ,  98. 

L'Epinoche  n'est  pas  le  seul  poisson  qui  se  défende 
avec  ses  aiguillons.  J.  Hermann ,  ObseruaU  zaologlcœ, 
p.  309 ,  propose  le  nom  de  Silurus  ichneumon  y  pour 
désigner  le  poisson  du  Nil ,  appelé  Gourgour  ou  Shahr, 
et  au  Caire  Shalh,  par  Pococke. 

L'épine  de  la  première  dorsale  et  des  pectorales 
très-forte ,  peut  causer  la  mort  du  Crocodile  qui  avale- 
rait ce  poisson  ,  décrit  sous  les  noms  de  Silurus  clarias 
par  Hasselquist ,  Silurus  schalpav  Schneider ,  Pimélode 
scheilan,  par  Geoffr.,  poiss.  d Egypte,  pL  xiu  ^Jig.  3,4» 

!!•  ordre.  MALACOPTERYGIENS  «  ABDOMiirAux. 

Les  ventrales  sont  suspendues  sous  Tabdomen  en  ar- 
rière des  pectorales ,  parce  que  le  bassin  est  sus- 
pendu dans  les  chairs  du  ventre. 

>  Cet  ordre  comprend  lamajeure  partie  de  nos  poissons 

d'eau  douce. 

*  Pour  appliquer  exactement  la  dénomination  de  Mala^ 
coptérygien,  on  est  obligé  de  faire  abstraction  des  premiers 
rayons  de  la  dorsale  ou  des  pectorales  dans  certains  Cyprins , 
où  ces  rayons  présentent  des  épines  fortes  et  solides  ;  à  la 
Vérité  ces  épines  se  forment  de  Tagglutination  d^nne  mul- 
titude de  petites  articulations  dont  on  voit  les  traces.  Cv»., 
'  Hkt»  nat,,  Poiss,,  ton.  i  j  p»  55y. 


/  (89) 

CoTier  le  divise  en  cinq  familles. 

I**  ÊuniUe.  Ctpumoîdbs.  Bloch,  ichthyologie ,  pari,  i, 

p.  19,  des  Carpes. 

Os  pharyngiens  fortement  dentés.  Rayons  branchiaux 
peu  nombreux. 

Dans  les  Cyprins ,  Tun  des  premiers  rayons  de  la  dor- 
sale a  quelquefois  ses  articles  soudés  en  sorte  que  ce  ne 
sont  pas  vraiment  des  rayons  épineux ,  malgré  cette 
af^Murenoe.   Cm^.  p  HisU  nai.  des  poissons,   tom,  1,, 

pugr.  379- 

!•'  genre.  Ctpuh  ■ . 

Trois  rayons  aux  ouïes. 

Les  Cyprins  n'ont  de  dents  qu'au  pharynx.  L^os 
supérieur  du  pharynx  présente  une  plaque  unique ,  et 
les  deux  os  inférieurs  sont  armés  chacun  d*un  certain 
nombre  de  très-grosses  dents ,  qui  frottent  en  partie 
contre  celles  de  Pos  analogue,  en  partie  contre  Tos  su- 
périeur. 

!•'  sous'genre.  Caepb. 

Dorsale  longue ,  ayant ,  ainsi  que  Tanale ,  un  os  plus 
mi  moins  fort  pour  deuxième  rayon. 

La  denture  des  Cyprins  est  une  partie  importante  de 
leur  histoire ,  trop  négligée  par  les  naturalistes  mo- 
dernes. Àlbert-le-6rand  a ,  je  crois ,  le  premier  parlé 
des  dents  des  Cyprins ,  mais  sans  aucun  détail. 

Rondelet  a  parlé  de  Tappareil  dentaire  pharyngien 


'  Dans  les  Cyprins  Vintermaxillaire  forme  la  presque  to- 
talité du  bord  de  la  mâchoire  supérieure.  Le  maxilkUre 
forme  ce  qu'on  appelle  communémeiU  os  labial  ou  os  des 
fi*y$tàces* 


(90) 

de  la  Bordelière ,  Cyprinus  lotus,  BL;  mais  sans  fixer  le 
nombre  des  dents. 

Gesner  a  (ait  une  attention  spéciale  à  cette  organi* 
sation;  il  Ta  décrite  pour  plusieurs  espèces  de  poisscms; 
aussi ,  en  comparant  ses  notes  ayec  mes  propres  re-* 
cherches ,  je  suis  parvenu  à  reconnaître  exactement  IcfT 
espèces  de  Cyprins  dont  il  a  parlée 

Guvier,  Leçons  et anatomie  comparée ,  lom.  S,  pp^ 
190-192,  a  indiqué  le  nombre  et  la  forme  des  dents 
pharyngiennes  de  quelques  Cyprins  ;  et-Jurine,  itf!^ 
moires  de  la  Société  de  physique  et  d! histoire  -  naturelle 
de  Genève,  tom.  impart.  1,  1821 ,  p.  19 ,  a  publié  une 
Note  sur  les  dents  et  la  mastication  des  poissons  appelés 
Cyprins  i  mais  il  s^est  borné  à  peu  d'espèces ,  et  ne  s^est 
pas  même  occupé  de  toutes  celles  du  lac  Léman. 

Avant  d'entrer  dans  le  détail  de  la  denture  de  tous 
les  Cyprins  mentionnés  dans  cette  Ichihjologiefrançaise, 
je  vais  rappeler  la  disposition  des  dents  dans  les  animaux 
à  sang  froid  et  dans  un  invertébré. 

Le  Lézard  ordinaire ,  Lacerta  agilis,  Linn. ,  a  le  fond 
du  palais  armé  de  deux  rangées  de  dents. 

L'Orvet ,  Anguis  fragilis ,  Linn. ,  a  sur  la  moitié 
postérieure  de  chaque  arcade  palatine  de  très-petites  «t 
très-courtes  dents,  rangées  sur  deux  rangs. 

Dans  la  Couleuvre,  Coluber  natrix,  Linn.,  chaque 
arcade  palatine  et  mândibulaii^  est  armée  dé  dents 
coniques  crochues ,  très-pointues ,  dirigées  en  arrière  ; 
il  y  a  par  conséquent  qù'àtreSangées,  à  peu  près,  de  dents 
longitudinales  à  la  mâchoire  supérieure ,  et  deux  à  Tia- 
férieure. 

Dans  la  Salamandre ^  Lacerta  Salamandra,^  Linn,, 
on  trouve  au  palais  deux  rangées  longitudinales  de 


(W  ) 

denU- nombreuses,  petites,  attachées  aux  os  qui  repré- 
$^tent  le  vomer. 

.  Dans  les  Crapauds  et  les  Grenouilles,  les  dents 
forment  une  ligne  transverse  interrompue  dans  son 
fiilieu  ;  elles  sont  implantées  dans  les  os  palatins. 

Dans  les  Cyprins  les  dents  font  corps  avec  les  arcs 
pharyngiens. 

Dans  le  Coluber  scaber,  Linn.,  les  dents  sont  situées 
for  la  portion  de  Fcesophage  appliquée  contre  les  ver- 
tèbres le  plus  rapprochées  de  la  tête. 
.  Enfin  dans  TEcrevisse  les  4ents  sont  placées  sur  Tes- 
tDniac* 

On  voit,  par  ces  détails,  que  les  dents  peuvent  oc- 
cuper toutes  les  parties  du  canal  alimentaire ,  depuis 
Tare  des  mâchoires  jusqu'à  Torifice  de  Testomac. 
:  Les  dents  des  poissons  ont  besoin  d'être  examinées 
jans^leur  structure,  pour  s'assurer  si  elle  a  de  Tana- 
logie  avec  celle  des  dents  des  mammiCèreç» 

Ces  dents  ne  sont  point  enchatonnées  dai^s  des  al- 
véoles ;  elles  sont  ou  soudées  à  la  mâchoire ,  ou  quel- 
quefois seulement  fixées  à  la  gencive  ou  à  d'autres 
parties  molles. 

P^  la  coction ,  la  couronne  des  dents  se  détache 
quelquefois  de  leur  corps  et  se  présente  alors  coinme 
une  sorte  de  petite  coupe.  On  ignore  combien  il  doit 
tféCtioler.^^.  temps  pour  qu'elle  soit  complètement  adhé- 
rente avec  l^fx>rps.dela  dent. 

Tai  ttifayé  fréquemment ,  dans  des  Cyprins  cuits , 
des  dents  .<{tii  vacillaient ,  probablement  parée  que  le 
noyau  osseux  n'aVait  pas  encore  acquis  une  dureté  suf- 
fisante. 

Le  nombre  des  dents  chez  chaque  Cyprin  est  cons- 
tant; mais  il  peut  varier  par  la  chute  ou  roblitération 


(92) 

d'une  ou  plusieurs  d'entre  elles.  Jurine  soupçonnait  que 
les  dents  tombées  étaient  remplacées  -,  je  pense  le  con- 
traire, parce  que  ces  dents,  Élisant  partie  des  mâ« 
choires  pharyngiennes ,  n'ont  point  de  germe  pulpeux. 
Au  surplus ,  c'est  une  opinion  sur  laquelle  on  discutera 
longtemps  à  raison  de  Pimpossibilité  d'observer  les  dents 
pharyngiennes  pendant  la  vie  du  poisson. 

M.  Isid.  Geoffroi  St.-Hilairë,  Traité  de  Tératologie, 
tom.  1,  i83a,  p.  4^6,  dit  :  <c  On  sait  que  chez  un  grand 
nombre  de  poissons,  les  dents  sont ,  dans  Tétat  normal, 
non  pas  implantées  dans  des  alvéoles  osseux  ;  mais  seu- 
lement adhérentes  aux  parties  molles La  dent 

véritablement  comparable  à  un  poil ,  est  une  dépendance 
du  systêûie  tégumentaire,  et  non,  comme  l'admettaient 
tous  les  anciens  anàtomistes,  du  système  osseux,  n 

J'ignore  comment  il  sera  possible  de  (aire  cadrer  les 
dents  pharyngiennes  des  Cyprins  avec  Vadkérence  aux 
parties  molles  et  avec  la  dépendance  du  système  tégi^ 
mentaire. 

TABLEAU  DE   LA  DEITTURE  DES  CYPRINS. 

Neuf  dents  disposées  sur  trois  rangées. 

Le  Barbeau,  Cjrprinus barbus,  hinn. 
Huit  dents   disposées  sur  deux  rangées. 
Cjrprinus  fuUfus ,  Nob. 
Le  Rotengle ,  Cjprinus  erythrophthalnuÀS,.lÀïm. 
Le  Goujon,  Cyprinus  gobio,  Linn. 
Sept  dents  disposées  sur  deux  rangs. 

Le  Spirlin,  Cyprinus  bipunctatus,  Bl. 
Cyprinus  mugiUs,  Nob. 
Cyprinus  rufus,  Nob. 
Le  Meunier ,  Cyprinus  dobula,  Linn. 
Cyprinus  jacuJtus ,  Jurine* 


(M) 
Six  dents  disposées  sur  deux  rangs; 

L'Ablette ,  Cyprînus  aHumus,  Linn; 

Le  Vairon,  Cjrprinus phoxinus ,lixak. 
Six  dents  sur  un  seul  rang. 

Le  Vangeron ,  Cjprinus  rutUus  ,  Linn. 

Çjrprinus  fuscus  y  Nob. 

Çjrprinus  toxostoma,  Nob.  ^ 

Cinq  dents. 

La  Tanche ,  Cjprinus  tînca ,  Linn. 

La  Bouvière ,  Cjprinus  amants ,  Bloch. 

La  Brème,  Cjrprinus  brama,  Linn. 

Çyprimis  xanûiopterus ,  Nob. 
La  Bordelière ,  Çyprimis  latus ,  Bloch. 
Quatre  dents. 

La  Dorade  de  la  Chine ,  Çyprimis  auratus,  Linn. 
Dents  à  couronne  plate  sillonnée. 

La  Carpe ,  Cjprimis  carpio,  Linn. 
La  forme  des  dents ,  jointe  à  Pexamen  de  la  figure 
deFapophyse  de  Tos  basilaire,  dans  laquelle  est  sertie 
hphque  pharyngienne  supérieure ,  fournit  le  moyen 
de  distinguer  toutes  les  espèces  que  nous  avons  exa* 
minées,  et  dont  nous  donnons  Thistoire. 

Yn.  La  Carpe,  Cjrprimis  '  Carpio,  Linn.  Gmel., 
S. N. ,  édit.  xm ,  p.  \^ii^  sp.  2. 

Bloch ,  Tchthyologie , part,  i  >  p.  77^  pi*  vn, 

Inriae,  HiaU  despoUs,  du  lac  Léman,  p.  004»  n*  11,  pi.  9. 

liicëpède,  Sist,  nat,  des  poiss,,  tom,x,  pi  39a, 

Dahamel,  Traité  général  des  Pêches,  a*  part.,  p,  609,  sect.  m  , 
fl  xxTi ,  fig,  1 ,  tom,  3  ,  p.  69. 

Bouwterrey  Tableau  encyclopédique  des  trois  règnes  de  la  na^ 
t»$.  Ichtyologie  ,pl.ii>tfig.iy  extraite  des  jâct.  Paris.,  17^. 

'  De  «virfit,  Vénus,  à  cause  de  la  fécondité  de  ce  poissoa 
^1  dit-OA  I  dVprès  Aristote  |  fraie  cinq  à  six  fois  par  an. 


(  96  ) 
préjugé  qiii  existait  oontreJes  poissons  y  et  notamment 
contre  la  Carpe ,  que  Ton  choisit  de  préférence  pour 
les  peupler  aujourd'hui. 

En  effet,  la  très*grande  fécondité  de  ce  poisson ,  qui 
fraie  en  mai  et  en  août ,  et  dont  les  œufs,  d'un  jaune 
rouge ,  sont  très-^abondans  ;  la  facilité  de  relever  dans 


de  Feau  consenrée  dans  un  tonneau ,  cliarbonné  întériea- 
rement. 

En  i8o4,  ^'  Schanb,  chimiste  de  Cassel,  employa  la 
poudre  de  charbon  végétal  pour  désinfecter  une  fosse  d'ai- 
sances, abandonnée  depuis  longtemps  parce  que  personne 
n^osait  y  descendre;  et  en  i8o5,  Krusenstem,  capitaine 
de  Taissean  russe ,  employa  le  premier  le  procédé  indiqué 
par  BertboUet ,  pour  conserver  Peau  pure  et  bonne  dans 
les  Toyages  de  long  cours. 

En  1810  9  &!•  Figuier  reconnut  que  le  charbon  d'os  pos- 
sède à  un  plus  haut  degré  que  le  charbon  de  boit  ^  la  pro- 
priété de  décolorer  et  de  désinfecter. 

Vers  181 2 ,  M.  Desrone  fit  Tapplication  ^e  cette  nouyelle 
découverte  au  raffinage  du  sucre  de  betteraves. 

En  1822,  M.  Payen  reconnut  les  grands  avantages  pour 
Fagriculturej  de  l'emploi  du  mélange  du  résidu  des  raffi- 
neries avec  le  dixième  ou  le  quinzième  de  sang  coagulé. 

Pendant  l'hiver  ^  on  est  quelquefois  obligé  de  pratiquer 
des  ouvertures  dans  la  glace  de  l'étang.  Dès  qu'on  aper- 
çoit ,  dit  Bioch ,  dans  ces  trous  une  espèce  de  ver  noir  e% 
longi  ou  que  les  Carpes  y  viennent,  il  est  nécessaire  alors 
d'ôter  un  peu  de  l'ancienne  eau,  pour  y  en  introduire  de 
nouvelle.  Bloch,  IchA»,  part,  1  j  p»  Ç8.  Comment  cela 
pourrait-il  se  faire  dans  les  étangs  alimentés  par  les  eaux 
pluviales  ? 

Le  ver  noir  et  long  dont  parle  Bloch  est  sans  doute  «ne 
larve  de  Ditique  ou  d'Hydrophile. 


(97) 

les  étangs ,  la  saveur  de  sa  chair  que  Ton  finit  par  ap- 
précier ,•  le  cas  que  Fou  fait  des  œu&  de  ce  poisson  qui , 
suivant  Lieutaud,  passent  même  pour  être  sains,  et  la 
délicatesse  des  laites  ou  laitances ,  placèrent  bientôt  la 
Carpe  au  premier  rang  des  poissons  dont  Thomme  peut 
Êivoriser  la  reproduction  pour  ses  propres  besoins.  Ce 
poisson  devint  en  quelque  sorte  domestique. 

La  Carpe  vit  habituellement  de  larves  d'insectes ,  de 
vers,  de  petits  coquillages,  de  graines,  de  racines  .et 
déjeunes  pousses  de  plantes  ' .  Les  feuilles  et  les  graines 
de  salade  les  engraissent  promptement.  Elle  fait  en- 
teodre ,  en  mangeant ,  un  bruit  particulier  qui  est  pro- 
duit ,  soit  par  le  choc  des  mâchoires,  soit  par  le  cloque- 

* 

ment  deTeau. 

Dans  la  Carpe ,  les  lobes  du  foie  sont  si  longs ,  si 
profondément  divisés ,  et  tellement  disposés ,  qu'il  de- 
vient diQicile  de  les  compter  au  milieu  des  trois  circon- 
volutions et  demie  de  l'intestin ,  dont  ils  remplissent  tous 
les  intervalles.  - 

La  vésicule  du  fiel  est  grosse.  S'il  arrive  qu'on  la 
crève  en  vidant  le  poisson ,  on  peut ,  dit  Bloch ,  /?,  81 , 
Ëdre  passer  l'amertume  avec  du  fort  vinaigre. 

Le  temps  où  les  Carpes  sont  les  meilleures ,  c'est  de- 
puis Pautomne  jusqu'au  printemps. 

La  Carpe  (raie  sur  les  herbes  au  milieu  du  printemps. 
Hbert-le-Grand ,  Oper,,  tom.  vi,  /?.  65 1,  a  signalé 
Terreur  de  ceux  qui  prétendaient  que  la  carpe  femelle 
avalait  la  laite  du  mâle  pour  se  féconder. 

Ce  poisson  s^élance  au-dessus  de  l'eau  avec  une 
adresse  remarquable  pour  éviter  le  filet  qui  l'entoure 

■  Blocbi  Ichthy,,  part,  i ,  /?.  80,  attribue  à  la  Nayade 
Tnlgaire  la  grosseur  des  Carpes  des  étaugs  de  M.  Schlegel. 

7 


(98) 

et  le  presse  de  toutes  parts.  Albert-le-6rand ,  Oper. , 
tom.  m  y  p.  65 1  y  et  Vincent  de  Beaùvais,  Specyhtm 
naiur. ,  lib.  xvii ,  cap.  xl  ,  parmi  les  ruses  de  la  Carpe 
pour  éviter  les  filets  des  pêcheurs ,  parlent  des  sauts 
qu^elle  feit.  Cette  manière  d^édiapper  oblige  les  pê« 
cheurs  à  placer  deux  ou  trois  filets ,  à  une  petite  dis-^ 
tance  les  uns  des  autres  ;  de  sorte  qi^e  si  les  Carpei 
échappent  au  premier ,  elles  sont  prises  dans  le  second 
ou  le  troisième ,  éomme  le  dit  Jurine ,  Ad.  Genêts.  _, 
tom.  3,1'*  part. ,  p.  ao4. 

Arnault  de  Nobleville  et  Sateme,  médecins  d'Orléans , 
dans  la  continuation  de  la  Mat.  médic.  de  Geoffroi , 
tom.  3, p.  2,66,  parlent  de  deux  os  de  forme  ovale, 
placés  au-dessus  des  yeux ,  auxquels  ils  attribuent  les 
mêmes  vertus  qu'à  la  pierre  de  Carpe.  Ce  sont  les 
pierres  doreille. 

La  pierre  de  Carpe  ' ,  à  laquelle  on  attachait  jadis 

'  Hftbet  et  in  medio  capitis  snfastantiam  quandam ,  mt* 
jnscitlam ,  crassam ,  cordis  fere  figorœ  j  duram  sed  tenacem 
et  flezUem  dam  recens  est  j  sub  dentibus  mordentis  :  tan- 
quam  in  acetabulo  qaodam  reposîtam  \  si  militer  nt  lenciscat 
fluviatiiîs  quem  Gardonnm  Yocant  GttUî.  Gesner,p.  Syi, 
lin.  12. 

Sttnt  antem  in  maxillœ  recnrvœ  medio  dentés  qnîni  fere 
«ccnmnlatiy  cbœradum  (saillies)  instar ,  sitn  et  magni- 
tndine  inœquales  9  très  majuscali  ^  duo  ezigui ,  prœdvri  f 
cavî  y  superficie  snmma  lata ,  sive  plana  y  obtnsa  ,  sed  li- 
nels  quibasdam  exasperata  9  anus  tantvm  et  candidior  cœ« 
teris  y  et  superficie  lœvi  est  in  mncronem  brevissimam 
fastigiata.  Gesn.,  p.  371  ,  lin,  %j. 

On  voit  f  par  ces  dérails ,  que  Gesner  connaissait  les  dents 
pbaryngiennes  de  la  Carpe  aussi  exactement  que  les  icKthyo- 
logittes  modernes. 


(99) 

des  vertus  merveilleuses ,  remplace  les  dents  pharyn- 
giennes supérieures  ;  c'est  une  plaque  triangulaire ,  de 
substance  dentaire  ou  d*émail,  très-dure,  qui  est  enchâs- 
sée et  comme  sertie  dans  une  dilatation  de  Tos  basilaire , 
et  située  à  la  face  supérieure  du  pharynx  ^  c^est  contre 
elle  que  les  pharyngiens  inférieurs  compriment  et 
broient  les  alimens.  Guvier,  HisU  naU  des  poissons, 
lom.  1 ,  p.  494  9  P*  ^^' 

La  Carpe  est  un  poisson  lent ,  paresseux  ,  peu  dispose 
à  9e  déplacer  ^  '  pour  les  forcer  à  Texercice ,  on  leur 
associe  le  Brochet ,  qui  en  les  poursuivant  les  sollicite  à 
un  exercice  qui  contribue  à  leur  développement. 

Dans  les  Chroniques ,  Lettres  et  Journal  de  i^oyage 
extraits  des  papiers  d'un  défunt,  1.836 ,  tom.  i^p.  66  ^ 
on  lit  : 

«  Dans  la  cour  de  la  maison  des  bains  d'Àlexander* 
Il  bad,  il  y  a  un  grand  bassin  rempli  d'une  eau  de 
«  source  fraîche,  courante  et  limpide  comme  du  cris- 
«  tal ,  dans  lequel  on  pêche  un  instant  avant  de  les 
«  cuire,  les  délicieuses  Truites  et  les  Carpes  exquises 
«  qui  se  servent  journellement  sur  la  table.  II  n'y  a  en 
«  effet  aucune  comparaison  entre  les  Carpes  que  Ton 
«  mange  ailleurs,  et  celles-ci ,  ce  qui  peut  s'attribuer 
«  tant  à  la  pureté  et  à  la  transparence  de  Teau  dans 
«  laquelle  elles  vivent ,  qu'aux  petites  Truites  dont  elles 
«  s'engraissent  -,  c^est  au  surplus  une  observation  à  vé- 
«  rifier,  et  que  je  recommande  aux  amateurs.  » 

Packler   Muskau   avance    une   assertion  erronée; 
en  effet  ,  les  Carpes  n'étant  point  voraces ,  ne  peuvent 


'  Cependant  elles  forment  des  routes  dans  la   Tase, 
comme  Duhamel  s^en  est  assuré.  Traité  des  Pèches  pf^  609. 


(  100  ) 

manger  les  Truites  ^  ce  sont  au  contraire  ces  dernières 
qui  mangent  les  Garpillons. 

Un  abonné  du  Bas-Rhin  a  envoyé  au  Cultivateur 
la  note  suivante  : 

((  En  1792 ,  il  existait  à  Strasbourg  une  Carpe  ayant 
au  museau  un  anneau  d'or,  sur  lequel  était  gravée 
Tannée  où  elle  avait  été  mise  dans  le  réservoir  ;  cette 
époque  remontait  à  François  P'  ;  son  poids  dépassait  5o 
livres.  Deux  fois  elle  avait  fait  le  voyage  de  Strasbourg^ 
à  Paris ,  à  l'aide  du  procédé  qui  vient  d'être  désigné, 
(pain  trempé  dans  de  bon  vin  rouge  sucré,  mis  dans 
la  bouche ,  paille  neuve  humectée  entourant  le  poisson  ); 
la  dernière  fois ,  c'était  au  mariage  de  Louis  XYI  ;  le 
conventionnel  Merlin  de  Thion ville,  en  1792,  Tacheta 
10,000  fr.  et  la  fit  servir  sur  sa  table.  »  Le  Cultii^ateur, 
Journal  des  progrès  agricoles ,  i835,  Ai^ril^  iom.  XI, 
p.  254. 

L'action  du  conventionnel  Merlin  était  simplement 
une  bravade  révolutionnaire ,  comme  depuis  il  en  a 
fait  étant  à  Mayence;  car  la  chair  de  ces  Carpes, 
monstrueuses  par  leur  grosseur ,  est  courte  y  mollasse 
et  insipide. 

Il  y  en  avait  dans  les  fossés  du  château  de  Pont- 
chartrain  qui  étaient  très-grosses  ;  beaucoup  avant  la 
mort  de  Louis  XIY ,  M.  le  Comte  de  Maurepas  a  dit 
à  Duhamel  qu'il  en  avait  fait  pêcher  une ,  pour  con- 
naître quelle  était  la  qualité  de  sa  chair,  qui  ne  s'est 
point  trouvée  bonne  ^  Duhamel  a  vu  servir  sur  une 
table ,  une  Carpe  d'une  grosseur  monstrueuse  5  on  con- 
vint unanimement  que  c'était  un  mets  au-dessous  du 
médiocre.  Cependant  les  Carpes  de  1 2  à  1 5  livres  de  l'é- 
tang auprès  de  Montreuil-sur-mer ,  et  qui  se  vendaient 


(  101  ; 

juscpia  deux  louîs,  étaieut  ea  grande  répulatîon. 
Duhamel,  TraUé  général  des  Pêches ,  p.  5ii. 

La  Carpe  est  du  nombre  des  poissons  indiqués  dans 
t Ecole  de  Saleme.  Le  commentateur  de  Tédition  i493, 
aous  Farticle  8,  dit  :  «  La  Carpe  est  un  poisson  d'eau 
c  douoe  bien  connu,  mais  très-visqueux  ;  aussi  les  gens 
«  ridies  le  fixit  cuire  avec  le  vin ,  pour  lui  enlever  sa 
c  viscosité.  » 

Ce  mode  de  préparation ,  toujours  usité ,  est  connu 
en  Bourgc^e ,  sous  le  nom  de  moretie,  prononcez 
(meorette),  expression  pittoresque  dont  le  radical 
mare  désigne  la  couleur  noire  de  la  sauce;  notre 
môreUe  est  appelée  à  Paris  étuvée. 

Suivant  Amauld  de  Villeneuve,  auquel  on  doit  la 
découverte  de  Feau -de-vie ,  de  Thuile  de  térébenthine, 
des  eaux  spiritueuses,  dans  son  Commentaire  de  F  Ecole 
de  Saleme,  peu  de  poissons  d'eau  douce  entraient 
encore  au  xiv*  siècle  dans  le  régime  alimentaire. 

PSarmi  les  Carpes  péchéesen  août  i836 ,  dans  la  ligne 
du  canal,  depuis  le  bassin  jusqu'à  Larrey,  se  sont 
trouvées  des  Carpes  plus  courtes ,  plus  épaisses ,  à  dos 
bombé,  ce  qui  les  faisait  paraître  comme  bossues.  C'est 
suivant  les  pécheurs  une  simple  variété;  serait-elle  ana- 
logue aux  Carpes  à  dos  fort  recourbé ,  du  canton  de 
Revermont?  Les  naturalistes  du  département  de  FAin 
pourront  nous  rapprendre. 

Il  y  a  dans  le  canton  de  Revermont  '  en  Bresse,  deux 

r 

'  Revermont  ;  on  donnait  anciennement  ce  nom  à  une 
seigneurie  dn  Bagey ,  dont  les  comtes  de  Savoie  s'emparè- 
rent vers  la  fin  da  xi®  siècle.  Cette  seignearle  comprenait 
les  terres  qui  se  troavent  présentement  entre  les  Mande- 
mens  (  remplacés  par  les  Bailliages  )  de  Coligny  et  de  Pont 
d'Ain. 


r  102  ^ 

lacs  souterrains ,  qui  se  dégorgent  dans  les  sécheresses, 
et  inondent  une  grande  étendue  de  pays  ^  l'un  s'appelle 
le  Dron,  Pautre  Cerdnes. 

Là  terre  qui  couvre  ce  dernier  lac  souterrain ,  s*élèvc, 
en  certain  temps  ^  se  détrempe ,  et  Ton  voit  sortir  dé 
cette  espèce  de  limon  des  Carpes  dont  le  dos  est,  dit- 
on  ,  fort  recourbé.  Après  la  vérification  du  fait ,  il  fau- 
drait examiner  si  c'est  une  espèce  particulière  à  cet 
étang  ,  ou  si  la  courbure  de  ces  Carpes  vient  des  Heux 
souterrains  oii  elles  vivent. 

Beguillet,  DescripU  de  la  France,  gouvernement  de 
Bourgogne ,  p.  264  ,  [1]. 

La  Carpe  est  un  poisson  sur  lequel  on  a  beaucoup 
écrit  ;  tous  les  ichthyologistes  en  ont  parlé.  Voyez  le 
Nomf.  DicU  dJdst.  naU,  éd.  2,  t.  v,  p.  BaS,  et  DicU  des 
se,  naU  y  tom.  vn,  p.  iS5.  Elle  est  susceptible  d'acquérir 
de  grandes  dimensions,  p.  100,  et  d'offrir  quelquefois  des 
monstruosités  par  la  difformité  de  la  tête.  Rondelet  a 
donné  la  figure  exacte  d'une  Carpe  à  front  très-bombé 
et  à  museau  très-court ,  sous  le  titre  de  Cyprini  mira 
specie.  De  Piscib,  lacustrib.  Uber,  cap.  vu, p.  i54. 
uicU  Diinon. ,  i835,  p.  19.  Gesner,  de  AqualUibus  p 
p.  373 ,  donne  aussi  la  figure  d'une  Carpe  monstrueuse , 
sous  le  titre  :  Cyprinus  rarus  et  monstrosus,  qu'Aldro- 
vandi ,  Monstror.  historia  ,p.  1 42 ,  352 ,  a  copiée ,  parce 
qu'on  a  dessiné  une  tête  humaine  pour  remplacer  celle 
de  la  Carpe. 

Cette  curieuse  monstruosité  de  Carpe,  A  et.  Dwîon., 
i835  ,  Se,  pp.  77,  78,  a  reçu  des  Allemands  le  nom 
de  Mopskarpfen.  Elle  résulte  de  la  brièveté  extrênaé 
de  toute  la  région  maxillaire  supérieure ,  que  la*  mâ- 
choire inférieure ,  seulement  un  peu  plus  courte  qu'à 
Pordinaire ,  dépasse  de  beaucoup  en  avant.  La  face  se 


(  103) 
termine  presqulmmédiatement  au  devant  de  Toeil, 
par  une  sur&ce  assez  large ,  quadrilatère ,  à  peu  près 
Tertiqde,  s'étendant  depuis  la  bouche  jusqu'au  sommet 
delà  tête.  ^L'œil,  de  grandeur,  ordinaire ,  est  placé 
piesqu^à  égale  distance  du  sommet  de  la  tête  et  de  Ton- 
TerUire  buccale.  Traité  de  Téralologie,  par  M.  Isidore 
G0(ffm  SU'UUaire,  i83a,  tom.  i,  p.  a84-^5  ^  pL  i, 

Cette  monstruosité  présente  des  variétés  à  raison 
de  Falongement  ou  de  raccourcissement  du  museau. 

L^aloQgement  du  museau  donne  la  Carpe  à  bec  pointu 
semblable  à  celui  d'un  Hochequeue ,  dont  il  est  parlé, 
Au.  Paris. ,  1747 ,  Hist.,  p.  5a  ,  §  iv. 

Une  autre  monstruosité  bien  plus  importante  pour 
nos  tables ,  est  celle  désignée  sous  le  nom  de  Carpeau  , 
renommée  pour  la  délicatesse  de  sa  chair ,  et  indiquée 
par  Ihihamel ,  Pèches ,  11*  part. ,  sect.  lu^  p.  5i3. 

DeLatourrette  a  publié  des  Recherches  et  obsen^alibns 
wle  Carpeau  ^  y  dans  le  Journal  de  physique  ,  1776  , 
ofiiûbre^p.  271-^0.  U  a  démontré  que  ce  poisson  n^est 
qu'une  Carpe  chez  laquelle ,  par  des  circonstances  par- 
ticiiUères,  josqu^à  présent  inconnues,  les  organes^xuels 
ne  se  sont  pas  développés,  ou  sont  atrophiés  ^.  Le  D' 
Gaspard ,  dans  ces  derniers  temps ,  a  confirmé  d'une 
manière  très-précisè  l'opinion  de  Latourrette. 

Cette  yariété  de  Carpe  se  pecJie  dans  la  Saâne  et  est 

■  Les  petits  Carpeânx  d'une  livre  et  au-dessous  sont  nom- 
mh  à  Lyon  Pergneeux,  saiv.  PEncycl.  méth. ,  Dict.  des 
fiches,  p.   i43- 

*  Une  autre  monstrooaité  est  produite  par  Phermapluo* 
Atisnie  )  aceidenlel  dans  la  Carpe,  quoique  coustaat  dans  le 
Senraii»  Cnvier^  Ifist.  nal.  des  Pois.,  tom.  i^  p^  17O1 534* 


(iOi) 

très-recherchée  ;  elle  ofiFre ,  comme  ses  congénères ,  de 
grosses  dents  adhérentes  aax  os  pharyhgiens  înférieursî^ 
et  pouvant  presser  les  alimens  îehtre  elles  et  un  bourrelet' 
gélatineux  qui  tient  &  une 'plaque  osseuse  soudée  sôt&' 
lai  !'•  vertèfcré^  ce  bourrelet ,  connu  vulgaîremfent  sbui^T 
le  nùm  Aè  larigue  de  Carpe  /recaorré  la.  dernière  pîècë?^ 
>  liiédiaiie  de  I^pparefl  hyoïdien  qui  feit  saillie  sous  elte,^ 

Pour  engraisser  les  Carpes  ,  on  les  renferme  dans  liàV 
petit  filet  y  et  on  les  nourrit  dé  paan  trempé  dans  du  lait^ 
comme  le  dît  Defham ,  TTtêolôg,  physique  y  p.   iô ,'  è*' 
ài*rosé  par  intervalle  de  quelques  gouttes  d^eau  de  vie , 
comme  rihdiquef^nçy.méS^.,  sjsi.ahat.y  <.4>P'^4-' 

Klein  ,  Fisc.  mùc.  Ef^tab,  xi ,  /.  4v  parie  de  potb 
très-fin^qttePbn' remarque  quelquefois  sûr  la  têt€,  les 
écailles /et  lès  riayons  des  nageoires  de  Cyprinoïdes.     •'' 

Ces  poils  sont  des  animaux  parasites  du  genre  Lemëé' 
et  probablement  la  Lemœa  clavatu  y  Mull.  y'  Zoàt/- 
Damcàytom.  i,  p.  yS.  -   *> 

•  Ea  Carpe  est  quelquefois  atteinte  du  Tœnîalatiàepir,' 
Pall. ,  Gmeh,  p*.  3o8i,  sp.  86,  CaryophyUœus pîsciwh,^ 
Goeze,  Gmel. ,  p.  3o5a,  sp.  15  Géroflée  changeante',^ 
Dict.  Se.  nat. ,  tom.  18,  p.  496 ,  figurée  et  décrite dafni' 
la  traduction  de  Ton vrage ,  sur  les  vers  de  Bremsérj- 
p*.  îiS,  i36.  Appendix^  pi.  i,  fig.  5. 

M.  Duquaire,  dans  un  Mémoire  sur  les  Etangs',  à^ 
exposé  tbieux  qu'on  ne  Favait  fait  avant  lui  les  ravages 
de  certains  animaux  ennemis  des  poissons  ^  tels  sont  : 

i""  La  Grenouille,  qui  ne  se  bornant  pas  au  menu 
fretin ,  saute  sur  les  plus  grosses  Carpes ,  se  oramponne. 
sur  leur  dos ,  leur  implante  dans  les  yeux  ses  deux, 
pattes  de  devant,  leur  ronge  la  peau  du  crâne,  tantôt 
les  fait  périr ,  tantôt  les  laisse  aveugles.  On  prévint' 


(  Î05  ) 

oeç  incdoYénient  par  la  présence  des  Brochets  '.  Ces 
as9^ons  sont  dénuées  de  fondement. 

'  Les  Brochets  ne  senriraient  à  rien  dans  ce  cas  (en  sap* 
posant  que  M.  Duquaire  Tait  tu  ) ,  car  y  sUl  iaut  en  croire 
Duhravius ,  éYéque  de  Bohême ,  le  même  malheur  arrive 
au  Brochet.  Me  promenant ,  dit-il ,  avec  Tévêque  Thurzo , 
nr  le  bord  d'un  étang ,  en  Bohême ,  j^ai  tu  une  Grenouille 
sauter  sûr  un  Brochet ,  lui  enfoncer  les  pattes  antérieures 
daps  les  yeux  |  les  déchirer  avec  elles  et  ses  dents;  etc.)  etc. 

Isaac  Wfllton ,  dans  son  parfait  Pêcheur ,  The  compleat 
An^T  of  the  Contemplative  man*s  récréation  ,  4*  cdit,, 
London^  1668, /?.  1479  148^  rapporte  les  détails  du  coQi- 
bat  de  la  Grenouille  et  du  Brochet ,  et  signale  Tobstination 
de*  la  première  qui  ne  lâcha  prise  qu'après  la  mort  de  ^on 
adversaire. 

€eâiit  prouve  l'inutilité  de  la  présence  des  Brochets  pour 
eiipêcher  les  Carpes  de  devenir  la  proie  des  Grenouilles» 
Au  rarplut  Walton  ajoute  :  <c  Cela  parait  aussi  peu  pro* 
«  bable  que  l'arrachement  des  yeux  d'un  chat  par  une  sou- 
«  rit.  »  En  effet  c'est  Thistoire  de  la  souris  qui  niche  dans 
l'oreille  d'up  chat. 

Les  Anglais  ont  contribué  à  répandre  en  Histoire  natu- 
iriie  des  opinions  fort  étranges ,  parmi  lesquelles  il  faut  ran- 
ger celle  d'un  naturaliste  dont  parle  le  prince  Puclder  Mus- 
kan  y  Mémoires  et  Voyages,  i833,  tom.  2 ,  p,  32o. 

ce  Les  Crapauds ,  est-il  dît,  ont  la  faculté  de  se  propager 
a  par  les  pattes  de  devant.  Quand  les  Crapauds  mâles  ne 
ff  trouvent  pas  de  femelles  ^  ils  se  posent  y  dans  les  étangs  y 
«  sur  des  Carpes  y  fixent  leurs  pattes  sur  les  yeux  du  pois- 
«  son  y  et  restent  souvent  dans  cette  position  jusqu'à  ce  que 
«  les  Carpes  en  perdent  la  vue.  Notre  naturaliste  assurait 
«  qu'il  avait  été  lui*méme  témoin  de  cette  expérience,  qu'il 
«  appelait  spirituellement  de  l'amour  aveugle.  j> 

U  paraît  que  le  naturaliste  dont  parle  l'auteur  a  voulu , 
pour  £iire  un  calembour^  et  mystifier  la  société  où  il  était. 


(  106  ) 

A  Farticle  Carpe,  Walton,  ouu.  cité,  p.  161,  16a, 
rapporte  Tassertion  d'un  propriétaire  qoi  prétendait 
que  toutes  ses  Carpes,  conservées  dans  son  étang,  avaient 
été  mangées  par  des  grenouilles  fixées  si  fortement  à 
leur  tête ,  qu'on  ne  pouvait  l^  en  séparer  qu^avec 
beaucoup  de  peine,  ou  en  les  faisant  périr. 

Ne  serait*<3e  pas  cette  assertion  du  propriétaire  dont 
parle  Walton,  qui  serait  répétée  par  M.  Duquaire'f^ 
Tout  porte  à  le  croire. 

La  Carpe  à  la  vérité ,  n^attaque  pas  les  g^renonillet 
comme  le  Brochet ,  mais  devient-elle  la  victime  de  ce 
Batracien,  comme  le  dit  le  propriétaire  anglMsPLe  fait» 
qui  paraît  au  mcans  fort  douteux ,  est  fondée  je  pense  , 
sur  un  passage  du  Traité  des  alimens  ,  par  JUhûs 
Lémery,  a*  édition,  p.  878,  à  Tarticle  itfolte//e^  ou  aa 
trouvent  confondues  les  Loches  et  les  Lottes;  il  dit  au 
sujet  de  ces  derniers  poissons  :  a  II  est  à  remarqua*  qa^on 
«  les  tire  quelquefois  de  Teau  avec  des  grehouiUoB  qui 
<(  leur  pendent  à  la  gueule ,  et  qui  s'y  sont  attadkëe» 
c(  comme  pour  sucer  de  la  nourriture ,  etc.  » 

Cette  assertion  singulière  a  pour  base  une  observation: 
mal  faite.  On  aura  péché  une  Lotte  qui  n'avait  pas  encore 
eu  le  temps  d'avaler  entièrement  la  grenouille  dont  die 
s^était  saisie,  et  l'on  en  aura  conclu  que  le  Batracien  , 
pendant  à  la  gueule  de  la  Lotte,  s'en  nourrissait  en  la 
suçant. 

Les  observations  mal  &ites  sont  la  source  de  toutes 
les  opinions  singulières  répandues  dans  le  monde. 

2''  Le  Chat. 

3""  Le  Putois.  Voyez  le  Mémoire  sur  les  Etangs,  par 
M.  Duqoaire ,  dans  les  Mém.  de  la  Société  dAgriemlr^ 
ture  de  Lyon,  1834 ,  pp.  46,  47. 


(  Î07) 

L^aateur  n'a  signalé  ni  la  Loutre  ' ,  ni  le  Rat  d^eau  ^ , 
SBDS  doute  parce  que  les  habitudes  de  ces  carnassiers 
flooc  as^ez  connues.  Mais  il  aurait  dû  parler  du  Ga^nard, 
qui  est  un  des  plus  grands  ennemisdu  poisson, et  la 
peste  des  rivières  et  des  réservcûrs  qu*il  dépeuple. 

Dans  les  forêts  de  PAustralie ,  le  D.  Morsten  a  décou- 
vert une  espèce  d'araignée ,  qui  a  neuf  pouces  d'enver- 
gare,  kait  pattes  et  six  yeut ,  le  corps  d'un  gris  sale , 
zébré  et  tacheté  de  petits  points  rouges.  Elle  affecte 
particulièrement  les  endroits  humides  et  marécageux , 
se  retirant  dans  des  troncs  d'arbres  pourria.  oii  elle  se 
creuse  un  trou  tubuleux  de  six  pouces  de  diamètre, 
grossièrement  tapissé  d^un  enduit  plastique  et  filant 
dreux,  qui  ressemble  assez  à  de  Tamadou. 

Ces  araignées  descendent  de  .Ifsur  retraite  ^  geignent 
lefixid  de  Teau,  d'oii  elles  sortent  souvent  japrès^^ne 
demi  hfure,  çpaportant  avec  elles,  tfintô|i  de  petits 
p(HSK»ns^  des  larves  ou  gros  vers.  Reifufi,bril(mmqiie , 
i835,  lom.  jLyiiip.  177. 

l^  fiunille  des  araignées ,  qui  offirait  déjà  jine  .e3pèce 
diasseresse,  en  a  donc  une  autre  pêcheuse.  C'est  dans 
r^Qftralasie  un  nouvel  ennemi  des  poissons ,  ^  robser- 
vation  du  dpcteur  Morsten  est  exacte. 


'  Pottrs'atinrer  si  les  ravages  exercés  d*BS  im^l^g,  sont 
le&it  de  la  Loutre ,  il  faut  placer  sur  les  bords  de  l'étang 
q«el(pie8  pierres  blanches ,  sur  lesquelles  les  Loutres  vien« 
Beat  fiettter ,  ce  qui  donne  la  certitude  que  l'on  désire. 

*  «  Le  Bat  d'eau ,  m'écrit  M.  Baudot,  se  place  dans  les 
baillons  qui  se  tronyent  sur  les  bords  de  la  Saône ,  pour  y 
guetter  sa  proie  ^  et  n'attaque  que  le  poisson  de  moyenne 
poMeur;  il  est  souvent  attaqué  lui-aiém^  par  la  Loutre  , 
<|«i  le  saisit  et  le  mange.  » 


(  108  ) 

A.  Reinc  des  Carpes  ;  Cyprin  spéculaire  \  Carpe  à  ini- 
roir;  Carpe  à  Cuic.  Cjrprinus  carpio,  &.  macrolopido^ 
tus,  y^  alepidotus ,  Gmel.,  S.  N»,  édit.  xiii,  tooi.  i^ 
p.  141 1 ,  sp.  a ,  var.  /3 ,  y .  :    , 

JonstOB,  de  Piscibus,  tab,  aç  ^fig*  a ,  Spiegelkarpf. 

Marsili,  Danub,  Pannon.y  tom.  ly,  p,  69^  tab.  ao.  Gyprinos  ii. 

Duhamel ,  Traité  général  des  Pêches  ,  ii«  part.  ^  sect,  m ,  p,  SiOy 
p.  556 ,  pi,  XXVI ,  fig,  a. 

.    Meyér ,  Représ, ,  tom,  1  ^pl,  8.  Carpe  Dauphin ,  à  cause  de  la  têt€ 
tronquée.  Voyez  ci-dessus,  p.  loa. 

filoch  ,  Ichthyolog, ,  part,  i ,  pag,  89 ,  pL  17. 

Bonnaterre ,  Tabl,  Ichthyolog.  >  p.  189  ,  pi.  76 ,  ftg,  3i8. 

Lacépède^  Hist,  nat.  des  Poissons ,  tom.  10 )  p,  3a6. 
.   Nouv.  Dict.  d'Hist,  nat.,  éd.  a,  tom*  5,  p,  3^9;  tom,  9,  p*  f^f 
tom*  39 ,  p.  137. 

l^ict.  Se.  nat. ,  tom.  viij  p.  li^y  sp.  5y  p.  i43  9  sp,  6  ;  tom.  xlt ^ 
p.  ^y  y  aiÏBSy  pi.  ôg,  fig.'Q. 

Cette  variété  accidenteHe  de  Carpe  ne  {leut  pas  cotisa 
titner  une  race  '  ,  encore  moins  une  bu  deux  espèces , 
comme  l'ont  fait  plusieurs  auteurs  :  elle  est  à  là  Carpe 
ce  que  la  Tanchor  est  à  la  Tanche.  Elle  est  assez  ratre 
dans  notre  département ,  et  c'est  seulement  parhaseùrd 
que  tous  lés  ans  on  eh  rencontre  une  ou  deuk  en  péchant 
les  étangs. 

L'échântilt'oti  sur  lequel  j'ai  fait  mes  observations , 
était  laite ,  et  de  la  taille  de  1 3  pouces  depuis  Textrémité 

'  Malgré,  rassertîon  de  CuTier  formulée  dans  les  termes 
suivans  : 

oc  L'on  eu  {àeGatpe)  élève  une  race  à  grandes  écailles ^ 
a  dont  certains  individus  ont  la  peau  nue  par  places  ^  on 
«c  même  entièrement  ^  que  Ton  nomme  Reine d$s  Carpes  p 
«  Carpe  a  Miroir,  Carpe  à  Cuir,  etc.  »  Règne  animal  p 
tom,  ^  9  p.  271. 

Hermann,  Observai,  zoologicœ,  p,  3i6 ,  ^ij^  regardait 
le  Cyprin  spéculaire  comme  une  simple  variété  de  Carpe* 


(109) 

de  la  téce  ^  jusqu^à  la  naissance  de  la  nageoire  caudale; 
ilm^ayait  été  donné  par  it.  Dupuis ,  marchand  de  pois. 
SOQ,  qui  Pavait  trouvé  dans  les  étangs  fangeux  de  De- 
ffligny ,  empoissonnés  depuis  deux  ans. 

Cette  variété  diffère  de  la  Carpe  ordinaire  par  la  pré- 
sence de  larges  écailles ,  placées  sur  les  deux  c6tés  de  la 
crête  dorsale,  et  celle  dequelques  autres  disséminées  irré- 
gniièrement  sur  le  corps ,  dont  la  plus  grande  partie  de 
k  aur&ee^  lisse,  d'un  gris  jaunâtre,  ou  couleur  de 
j^aise ,  imitait  du  cuir  poli  ;  disposition  qui  explique  un 
des  noms  donnés  à  cette  variété. 

La  grandeur  des  écailles,  leur  largeur,  et  leurs  reflets 
ks  ont  Êdt  comparer  à  de  petits  miroirs ,  cause  d'un 
autre  nom  sous  lequel  cette  variété  est  connue. 

La  taille  plus  considérable  de  cette  variété  l'a  fait 
ip|ieler  Beine  des  Carpes. 

(Test  donc  bien  à  tort  que  Bonnaterre  a  joint  un  asté- 
risque au  nom  de  ce  poisson  ,  comme  espèce  non  in^ 
diqoée  ^r  Linné  dans  son  Systema  naturœ. 

Cette  variété  est  plutôt  remarquable  par  sa  rareté  que 
par  rexcellence  de  sa  chair ,  qui  ne  vaut  pas  mieux  que 
celle  d'une  Carpe  vulgaire  de  pareille  taille. 

n  serait  curieux  de  savoir  quelle  est  la  disposition 
individuelle  qui  favorise  le  développement  des  écailles 
sur  plusieurs  parties  du  corps ,  et  leur  chute  sur  le  reste,, 
car  à  répoque  où  l'on  empoissonne  les  étangs  on  ne  re- 
marque aucune  différence  syr  les  individus  qu^on  y 
projette.  On  peut  présumer  que  des  organes  digestifs, 
plus  énergiques  dans  ces  individus,  favorisent  d'une 
manière  puissante  leur  développement ,  et  celui  d^un 
certain  nombre  d'écaillés ,  en  provoquant  la  chute  des 
antres.  Cette  cause  est  probable  si  Ton  fait  attention  au 
nombre,  des  dents  pharyngiennes  de  cette  variété  j  j'en 


(  110  ) 

ai  compté  six  à  une  mâchoire  et  huit  à  Tautre  ;*et 
Cuvîer  n^en  accorde  que  quatk  et  quelquefois  cinq  à  la 
Carpe  ordinaire. 

J'ai  vu  la  couronne  plate  et  sillonnée  en  travers  de 
deux  dents  se  détacher  cocàplètement  de  leur  support  y 
d'oii  je  conclus  que  les  couronnes  des  dents  pharyn- 
giennes tombent.  Il  est  difficile  de  prouver  si  elles  se  re- 
nouvell^it,  comme  le  dit  Jurine.  Je  suis  porté  à  crcrâre 
que  les  couronnes  tombées,  les  dents  s^oblitèrent,  et 
j'attribue  à  cette  cause  la  diminution  idu  nombre  des 
dents.  On  peut  voir  dans  d'autres  Gypriils  la  couronne 
se  détacher  de  même  :  je  m'en  suis  a^uré  plusieurs  fi». 
On  doit  sans  douté  à  cette  chute  la  différence  signalée 
dans  le  nombredes  dentô  qu'il  iaut  toujours  fixer  d'après 
le  plus  élevé. 

Je  ne  parle  pas  de  la  plaque  dentaire  pharyngi^ine 
supérieure,  ënchatonnéedans  la  cavité  triangulaire  sphé- 
rique  de  l'apophyse  de  l'os  basilaire,  parce  qu'elle  res- 
semble à  celle  de  la  Carpe  ordinaire  ^  les  dents  pharyn* 
giennes  inférieures  sont  également  à  couronne  plate 
sillonnée.  Il  en  est  de  même  de  la  structure  singulière 
des  apophyses  des  premières  ^  vertèbres  de  la  colonne 
dorsale  \  de  celle  de  l'apophyse  de  la  3*  vertèbre  de 
l'épine,  apophyse  appelée  Os  mitral,  par  Petit,  ^d» 
Paris»,  1733,/?.  2i3,  aai,  et  regardée  par  Cuvier, 
comme  formée  par  de  simples  démembrcmens  des  apo- 

'  M.  Weber  voit  les  analogues  des  osselets  de  Foreille 
des  mammifères  dans  les  pièces  osseuses  qui  sont  aux  côtés 
des  premières  vertèbres ,  et  qui  soutiennent  la  vessie  natoire 
des  Cyprins.  Ces  pièces  ossenses ,  qui  sont  de  simples  dé- 
membremens  des  apophyses  transverses  des  premières  ver- 
tèbres ,  ont  une  connexion  médiate  avec  le  labyrinthe. 

T^oy,  Cuv. ,  Hisl.  nat,  des  Poissons ,  tom,  i  y  p»  4^3. 


(111) 

pbysâs  transverses  des  premières  vertèbres  :  cette  struc* 
tore  singulière  n'ayant  point  été  signalée  à  Farticle  de 
b  Carpe  ordinaire  ,  je  vais  en  donner  une  idée  , 
poisqu'ancun  naturaliste  n'en  a  parlé. 

Les  Pariétaux  se  touchent  sur  une  grande  partie  de 
ieor  kmgueiur,  Fos  impair  est  en  arrière  d'eux»  et 
peut  être  regardé  comme  un  occipital  supérieur  ^ 
pourvu  postérieurement  d^une  crête  mince  irrégulière* 
mentdattelée,  et  élargie  supérieurement  pour  former 
an  lai^  sillon  triangulaire. 

VOcdpital  inférieur  ovL  B asilaire  est  remarquable 
par  la  dilatation  de  sa  portion  inférieure  et  par  le 
prolongement  de  sa  portion  postérieure,  imitant  un 
prisme  triangulaire  creusé  à  sa  face  supérieure.  A  l'os 
banlaire  appartient  la  facette  articulaire ,  en  forme 
de  cAne  creux ,  par  laquelle  la  tête  s'attache  au  corps 
de  la  première  vertèbre ,  très-mince  et ,  seulement  de 
diaque  coté ,  munie  d'une  apophyse ,  épineuse  trian* 
pdaire  courte. 

La  a*  vertèbre  est  pourvue  de  cinq  apophyses ,  dont 
quatre  latérales ,  et  une  dorsale  ;  les  deux  latérales  an* 
térieures  dirigées  horizontalement ,  sont  aplaties  à  leur 
atfémité ,  rayée  en  dessus. 

Les  deux  autres  latérales  postérieures  très -larges, 
partent  de  la  partie  moyenne  du  corps  de  la  vertèbre; 
dies  sont  aplaties  et  imitent  les  ailes  de  fer  blanc 
attachées  aux  Oiseaux  de  plaisir.  Leur  partie  anté- 
rieure passe  sur  les  deux  apophyses  antérieures  de 
cette  même  vertèbre,  et  leur  partie  postérieure  se 
£rige  au-dessous  des  apophyses  antérieures  de  la  troi- 
âème  vertèbre;  mais  elle  se  redresse  pour  ceindre 
leur  base. 

La  3*  vertèbre  est  également  pourvue  de  cinq  apo- 


(  112  )' 

pbyses ,  dont  la  dorsale  confondue  avec  celle  de  metâe 
nom  de  la  2"  vertèbre ,  concourt  à  la  formation  d'aune 
énorme  et  large  crête  verticale  dont  réchancrure  pos* 
térieure  est  bornée  inférieurement  par  la  petite  pointe 
de  l'apophyse  dorsale  de  la  3®  vertèbre. 

Les  quatre  autres  apopbyses  dirigées  perpendiculai- 
rement en  bas ,  paraissent  n'en  faire  que  deux  ;  la  base 
des  plus  longues  apophyses  part  de  Tapophyse  dorsale.  . 

Les  apophyses  les  plus  courtes  prennent  leur  origine 
à  la  partie  inférieure  et  moyenne  de  la  vertèbre.'  Ces 
pédicules,  après  s'être  avancés  horizontalement,  s'élar^ 
gissent  subitement  en  se  dirigeant  en  bas,  après  avoir 
fait  corps  avec  une  portion  des  deux  premières  apo- 
physes. 

Une  suture  réunit  les  apophyses  les  plus  courtes ,  qui 
présentent  alors  une  plaque  terminée  par  un  <x)urt 
prolongement,  à  Textrémité  duquel  se  trouve  un 
petit  bouton  comprimé. 

Cette  plaque  a  été  indiquée  et  figurée  par  Petit , 
ulct.  Paris.,  1733 ,  p.  2i3 ,  aai ,  sous  le  nom  d'o5  mi^ 
irai,  à  cause  de  sa  forme. 

C'est  contre  cette  plaque  que  s'appuie  la  partie  pos- 
térieure du  prolongement  de  Tos  basilaire  dont  nous 
^vons  parlé  plus  haut. 

VIII.  La  Dorade  '  de  la  Chine ,  Oyprinus  auratus, 
Linn. ,  Gmel. ,  S.  N. ,  tom.  xin ,  p.  141^8,  sp.  7. 

"  On  lit  dans  le  Dict,  pittor.  d*Hist.  natur» ,  i835 ,  tom^ 
2 ,  p.  5y4  '  Dorade  (  poîss.  } ,  nom  valgaire  du  Cyprinus 
amants  y  Linn  • 

L'auteur  a  sans  doute  voulu  dire  Cyprinus  auratus,  Linn., 
car  Linné  n^a  point  de  Cyprinus  amarus  ;  c'est  Bloch  qui  a 
adopté  ce  dernier  nom  pour  désigner  la  Bouvière. 


(113) 

Baster,  Oper*  suhsces,^  tom,  a,  p.  78  ,  tah.  9. 
'  Dflfaamel,  Traité  général  des  Pêches,  tom.  3,  p.  Sy ,  122,  ii* 
pirt,,  sect,  it,  pli  M 

Les  figures  i-5  oui  été  copiées  par  Bonnaterre,  Tabl,  encyc,  Jcht, , 
P^'  l^jfig'  324-3a6,  pL  79 ,  fig,  337. 

JBncyclopédie  méthod.  ,  Hist,  nat. ,  tom,  3 ,  p.  209.  Poisson  doré 
iélaCliitte  ,  />«  217  »  Kin-yu. 

Bloch.  f  Ichtkyologie  ,  part,  m  ^  p,  loa ,  pi.  xciu  et  pi.  xciv ,  fig. 
1-5. 

Lacépède ,  Bist,  nat.  des  Poiss.,  édit.  i/t-ia ,  tom.  x,  p.  36o.  Le 
Cyprin  doré. 

Timweau  dict.  d*hist.  nat.,  édit.  a  y   tom.  ix^  p.  69.  Cyprin  doré. 

Dict.  se.  nat.,  tom.  yii ,  p.  i43. 

Epines  dorsale  et  anale  dentelées.  Ce  poisson ,  d'abord 
noirâtre ,  prend  par  degré  ce  beau  rouge  doré  qui  le 
Guractérise  et  lui  a  fait  donner  vulgairement  le  nom 
de  Poisson  rouge.  ' 

Ce  Cyprin ,  transporté  depuis  plus  de  deux  siècles,  de 
U  Chine  en  Europe ,  est  actuellement  assez  répandu 
dans  cette  dernière  partie  du  monde.  Il  supporte  aisé- 
ifient  les  variations  de  température  de  notre  climat ,  et 
daii9  plusieurs  localités  on  Télève  dans  les  bassins. 

Les  premiers  Cyprins  dorés  que  Ton  a  vus  en  France, 
y  ont  été  apportés  d'Angleterre ,  oii  ils  étaient  connus 
depuis  1611 ,  pour  la  Pompadour  '  ,  dont  les  salons 
aidbrés  jouaient  un  si  grand  rôle  sous  Louis  XY. 

'  Un  asses  joli  conte  I  intitulé  Le  Pigeon  blanc,  dont 
Diderot  ayait  fait  quelques  lectures  à  ses  amis,  et  qui  pou- 
tait  alors  contenir  quelques  applications  sur  le  roi,  M^ue  de 
Pompadour  et  les  ministres ,  avait  éveillé  y  en  juillet  1749  > 
la  tolUcitude  de  M.  Ber rie c  9  lieutenant  de  police  à  cette 
époque.  Mémoires,  correspondajice  et  ouvrages  inédits  de 
Diderot,  i83o,  tom.  lyp»  28. 

Gt  conte  blxiu,  comme  le  désigne  l'auteur,  est  publié  sout 
le  nom  soirant  :  V Oiseau  blancs  ilpouTait  avoir  dans  le 

8 


(  114  ) 

La  bassessç  de  certains  courtisans ,  dans  l'espoir  d'ob- 
tenir des  faveurs  du  Souverain ,  a  voulu  conserver  le 
nom  de  la  favorite,  en  l'appliquant  non-seulement  à 
deux  oiseaux  :  Columba  Pompadora,  Lath. ,  et  ^m- 
peUs  Pompadora,  Linn. ,  mais  encore  à  deux  {dan tes  ^ 
Tune  le  Cafy-canthusJIoridus,  Linn. ,  et  l'autre  une  es- 
pèce de  Quadrette ,  comme  le  dit  Bosc ,  dans  le  Nouv. 
Dieu  cthist,  naL,  édit,  2,  iom.  27,  /?•  56i. 

On  peut  voir  des  poissons  rouges  ou  des  Cyprinsdoréi^, 
dans  les  boutiques  de  plusieurs  marchands,  mais  surtout 
dans  le  grand  bassin  du  Jardin  botanique  de  Dijon,  oii 
ils  passent  l'hiver. 

Lorsqu^on  les  élève  dans  des  bocaux  ,  on  les  nourrit 
avec  des  fragmens  de  petites  oublies  ou  de  la  mie  die 
pain. 

Il  est  des  amateurs  qui ,  pour  se  procurer  un  spec- 
tacle extraordinaire,  font  febriqu^  de  vastes  bocaux 
à  doubles  parois.  Ils  placent  dans  le  centre  une  €»ge 
remplie  d'oiseaux  \  l'intervalle  entre  les  deux  parois- est 
rempli  d^eau  ;  on  y  place  des  poissons  dorés ,  et  l'on  a  le 


temps  quelque  sel^  mais  il  est  aujourd'hui  fort  insipide  et 
surtout  très-insignifiant.  On  peut  le  lire  dans  les  CEus^res 
complètes  de  Diderot,  1 81 9 ,  /.  v ,  1  '«  part. ,  p.  1 94-246. 

^Un  M.  de  Resseguier  s'est  fait  mettre  à  la  Bsstilie,  pour 
des  vers  très-yiolens  et  très-bien  faits  contre  le  Roi  et  M*<* 
de  Pompadour. 

VEpttre  de  Satan  à  Voltaire  est  de  ce  même  de  Resse* 
guier  :  Tàbbé  d'Oliret  a  été  l'éditeur  de  cette  mauvaise  fif^- 
tre,  et  M.  de  Pompignan  le  censeur.  Mém*  cités,  p.  %56. 

V Epttre  d,u  Diable  à  Voltaire  est  mise  par  Barbier ,  Dici. 
des  Anonym. ,  sur  le  compte  de  M.  Giraud  |  médecin,  lilais 
l^issertion  de  Diderot  doit  être  préférée* 


(  115  ) 
plaisir  de  voir  voler  des  oiseaux  au  milieu  de  poissons 
qoi  nagent. 

Lorsque  les  Cyprins  dorés  sont  enfermés  dans  des 
imses,  ils  n'atteignent  guère  que  la  taille  de  six  à 
huit  ponees;  mais  dans  les  étangs,  ils  atteignent  celle 
de  douze  à  quatorze  pouces. 

Pai  vu  deux  échantillons  de  ce  poisson  ,  pris  au  mois 
d'octobre  i836  ,  dans  Tétang  de  la  commune  de  Saint- 
Gennaio-du-Bois ,  (  département  de  Saône-et-Loire , 
arrondissement  de  Cfaâlon ,  canton  de  Buxi  ).  Les  pe- 
diears  les  regardaient  comme  des  variétés  accidentelles, 
et  ne  redberchaient  point  à  quelle  espèce  de  poisson  on 
poavait  les  rapporter  -,  ils  se  contentaient  de  les  dési- 
gner sous  le  nom  de  Poissons  rouges ,  Carpes  rouges;  la 
eooleur  en  effet  était  aussi  vive  que  celle  des  Cyprins 
delà  Chine.  On  remarquait  à  la  surface  de  leur  corps  des 
pointsdorés  très-brillans  et  des  reflets  dorés  fort  éclatans. 

Dans  ce  fioisson,  la  dépression  de  la  tête ,  au  point 
de  son  adhérence  à  Fépine,  est  très-sensible^  la  mâ- 
choire inférieure  est  fort  ascendante  ;  la  ligne  latérale 
est  droite ,  composée  de  29  à  3o  glandes  ^  les  écailles 
sont  grandes. 

Près  de  chaque  narine,  antérieurement  et  supé- 
rieurement ,  on  remarque  une  membrane  redressée 
qoand.le  poisson  est  dans  Teau ,  et  affaissée  quand  on 
Fen  extrait  *,  c'est  une  valvule ,  ou  une  espèce  de  soupape 
qui  recouvre  l'ouverture  de  la  narine ,  comme  on  le  re- 
inarque  dans  les  Crocodiles.  La  longueur  de  la  tête- est 
trûs  fois  dans  celle  du  corps ,  à  partir  de  l'opercule  à 
l'origine  de  la  queue. 

La  largeur  du  corps  est  deux  fois  et  demie  dans  sa' 
longueur  totale ,  depuis  Textrémité  du  museau  jusqu^à 
l'origine  de  la  queue. 


(  11«  ) 

L'échantillon  que  j^aï  examiné  avait  sept  pouces  et 
demi.  La  nageoire  dorsale,  composée  de  dix-neuf  rayons^ 
s^étend  depuis  Torigine  des  ventrales  jusqu'au-delà  du 
point  antérieur  de  Tinsertion  de  Tanale ,  à  laquelle  on 
ne  trouve  que  six  rayons  ;  les  ventrales  en  ont  neuf.  La 
caudale  est  fourchue.  L'appareil  dentaire  pharyngien 
offre  supérieurement  une  plaque  ovoïde,  sertie  dan^ 
une  cavité  de  même  forme  de  Tos  basilaire. 
'  Les  dents  pharyngiennes  inférieures ,  au  nombre  de 
quatre  à  chaque  mâchoire ,  sont  disp<^es  sur  un  seul 
rang  :  trois  ont  la  forme  d'une  hache  dont  le  tranchant 
serait  tronqué  et  imiterait  le  dos  d^un  couteau;  la  qua'^ 
trième  est  cylindracée.  * 

Cette  espèce ,  voisine  du  Gàrassin  et  de  la  Gibèle , 
diffère  de  Pun  et  de  l'autre  par  des  caractères  impor- 
tans  -,  et  pour  en  signaler  la  différence ,  je  vais  la  mettre 
en  regard  des  caractères  comparatifs,  des  deux  derniers 
poissons,  donnés  par  Bloch^  IchthyoL,  page  63. 

Gibèle  ' .  Carassin  * .      Cyprin  de  la  Chine. 

Ecailles  grandes.  Ecailles  plus  petites.  Ecailles  grandes. 

Ligne  latérale  courbée.  Ligne  latérale  droite.  Ligne  latérale  droite. 

Kag.  caud.  en  croissant.  Nag.  caud.  droite.  Nag.  caud.  fourchne!. 
A-  8  ray.,  D,  19.       A.  10  ray.,  D.  ai.  A.  6ray.,  D.  19. 

Double  rangée  de  dent3  Rangée  simple  de  Rangée  simpl&de  dents 
pointues,  au  nombre  dents  arrondies,  an  euformedeliache^an 
de  huit.                           nombre  de  cinq.         nombre  de  quatre. 


'  La  Gibèle  est .  mentionnée  par  Cavier  dans  les  termes 
auivans  ;  oc  à  corps  un  peu  moins  haut ,  à  ligne  latéirale  ar- 
ec quée  vers  le  bas ,  à  caudale  coopée  en  croissant,  j» 

£lle  est  plus  commune  autour  de  Paris.  Règne  anim^p 
édit.  2 ,  tom,  ii^  p*  271 . 

*  ce  Le  Carreau,  Carassin,  à  corps  très-éleyé  |  à  ligne  la- 


(  117) 
.   Au  premier  coup-d  œil ,  on  prendrait  l'espèce  que  je 
décris  pour  upe.Gibèle  ou  pour  ua  Garassiu;  mais,  un 
examen  plus  attentif  aura  bientôt  &it  remarquer  les 
différences. 

Son  corps  est  couvert  de  grosses  écailles ,  même  au 
▼entre,  qui,  dans  les  autres  espèces , n'en  a  que  de 
petites  ;  ses  ovaires  sont  considérables ,  même  au  mois 
de  novembre.  m 

Làveàux  y  dans  la  traduction ,  &it  dire  à  Bloch  :  «  La 
«  Gibèle  n'a  pour  séjour  que  les  petits  lacs  et  les  ma- 

«  rais,  où  elle  est  exposée  à  être  dévorée par  les 

.«  Grenouilles  qui  Tentourént.  » 

Mais  Ginelin  rétablit  le  texte  en  disant  :  Oi^aparU  a 
ranis  sœpius  devoraia.  Ce  qui  est  conforme  à  Tassertion 
.de Bloch  *.       ^  i  . 

Il  parait  que  Lavea^ux  ,  en  tr^uisant ,  se  rappelait  le 
préjugé  signalé  aux  articles  Carpe  et  Brochet. 

La  .chair  de  la  Carpe  dorée  est  tendre ,  savoureuse. 

Ce  poisson  offire ,  dans  ses  couleurs  et  dans  ses  na- 
geoires, de  nombreuses  variétés  :  tantôt  il  est  sans  dor- 
sale,  d'autres  fois  il  n'en  a  qu!une  très-petite.  La  figure 
.et  Ii^  taille  de  la  nageoire  de  la  queue  varient  extraor- 
dinairement  \  aussi  ont-elles  fourni  à  Martinet  l'occasion 


«  térale  droite ,  à  tête  petite ,  à  caudale  coupée  carrément.  » 
Il  est  rare  dans  nos  enyirons ,  mais  fort  commun  dans  le 
Nord.  Ouv.  cité  ^  /?.  271. 

iV.  B.  Dans  le  Dict,  des  Scienc.  nat, ,  tom,  yii  y  page  38  y  au  mot 
Charaésin,  on  est  renvoyé  k  Particle  Carpe ,  où  il  n*est  nullement 
question  de  Charassin, 

'  Bloch  dit  :  Der  Frosch  seinen  (  Cyprinus  Gibelio  } 
laich.  verzehret.  QEconqmischae  naturgeschichte  der  Fische 
J^eutschlands  Erster  theit,  lySzyp.  72. 


(118) 

de  (aire  des  gravures  qui ,  réunies  au  nombre  de  4^ 
planches,  composent  un  ouvrage  intitulé  :  HîsU  nai. 
des  Diyrades  de  la' Chine,  1780 ,  et  dont  le  texte  a  été 
rédigé  par  de  Sauvigny; 

Le  Cyprin  doré  a  la  vie  dure;  sa  chair,  au  dire  de 
Bosc,  est  agréable  à  manger  \  cependant ,  jusqu'à  cette 
heure ,  on  s'est  contenté  d'élever  le  poisson  doré ,  seule- 
ment par  curiosité.  Il  a  quatre  dents  pharyngiennes 
comprimées  et  tranchantes  ;  il  fraie  en  mai. 

M.  Malot,  à  Yillers-les^Pots,  élève  dans  les  bassins 
cle  son  jardin  une  grantle  quantité  de  ces  poissons. 

Le  Cyprin  doré,  si' recherché  à  la  Chine,  n'est  pas 
le  seul  poisson  que  l'on  puisse  élever  dans  des  vases,, 
pour  l'agrément. 

Les  habitans  de  Tenasserim  et  de  Mergui  en  ont  tm 
autre.  Dans  ces  provinces  de  l'Asie  orientale ,  oii  les 
combats  de  lutte  ,  de  pugilat ,  de  buffles,  de  coqs ,  sont 
fort  à  la  mode,  «  on  élève  pour  le  combat  tme  espèce  de 
poisson  que  les  Siamois  appellent  PlakaL  Ces  poissons 
sont  enfermés  dans  un  grand  vase ,  et  quand  on  a  fixé 
les  termes  du  combat  et  que  les  paris  sont  arrêtés , 
chaque  amateur  met  un  poisson  dans  un  bassin  d'eau 
froidie.  Dès  que  les  deux  poissons  s'aperçoivent,  ils 
courent  Pun  sur  l'autre,  et  le  combat  ne  finit  que 
lorsqu'un  des  poissons  succombe  3ous  les  coups  de  sdn 
adversaire.  »  Nouy.  Ann.  des  F^ojag,  ^  x^'iS  ^  lom. 
3,  pag>  395. 

L'auteur  n^indiquant  d'aucune  manière  Tespèce  de 
ce  poisson  ni  les  armes  dont  il  foit  usage,  reporte  invo- 
lontairement nos  idées  sur  les  combats  ou  duels  de 
hannetons,  avec  lesquels  s'amusent  les  enfans;  ou  sur 
les  combats  du  Bourong-gema,  Tilrnix  combattant, 
Hemipodius  pugnax,  Temming,  oiseau  très-recherché 


(119) 

des  Javanais  pour  son  habitude  des  combats  ;  ou  enfin  sur 
ks  combats  de  coqs ,  à  Toccasion  desquels  les  habitant 
de  Bornéo  n'achètent  de  Tacier  de  TEurope  que  pour 
garnir  les  éperons  des  coqs,  armure  qu'ils  préfèrent 
quand  elle  est  feite  d^un  morceau  de  rasoir,  au  dire 
d'un  Toyageur  cité  dans  les  Nowdles  Annales  des 
Foy^iges^  i832,  tom.  n^p.  i3« 

Les  combats  de  coqs  étaient  aussi  de  mode  en  Angle-, 
terre ,  ou ,  pour  augmenter  Tardeur  de  ces  oiseaux  dans 
les  combats  et  les  rendre  vainqueurs  »  quelques  cham- 
pions avaient  le  secret  de  leur  &ire  avaler  de  TaiU 
Joum..  de  pharmacie ,  1819,  sepU,  p.  4^9^ 

Les  Chinois  élèvent  et  dressent  des  cailles  et  même 
des  grillons  pour  le  combat. 

.  Tous  ces  rapprochemens  ne  mettant  pas  sur  la  voie 
pour  retrouver  le  poisson  combattant ,  il  faut  diriger 
90s  recherches  d'un  antre  câté. 

n  suffît  de  se  rappeler  un  genre  de  poisson  désigné 
tous  le  nom  d' Acanthure ,  et  dont  le  caractère  se  tire 
de  la  quene  armée  de  chaque  côté  d^une  ou  plusieurs 
finies  épines  mobiles.  Dans  l'état  de  repos,  ces  épines 
sont  inclinées  vers  la  tête  et  couchées  contre  le  corps , 
danstinefosscjtte  longitudinale,  dont  le  poisson  la  &it 
sortir  à  volonté  pour  la  redresser  perpendiculairement 
iox  câtés  de  sa  queue  et  la  rendre  une  arme  très-dan- 
gereuse. 

Ces  fortes  épines  mobiles ,  tranchantes  comme  une 
lanoette ,  font  de  grandes  blessures  à  ceux  qui  prennent 
ees  poissons  imprudemment. 

C'est  donc  à  une  espèce  d' Acanthure  quHl  fout  rap 
porter  le  Plakat.  On  ne^  pourra  la  déterminer  exacte- 
ment qu'à  la  vue  du  poisson  \  car  le  genre  est  trop 
nombreux,  comme  on  peut  le  voir  dans  Guvier,  Hisi. 


(  120  ) 

nat.  des  Poiss, ,  tom.  x,  pp.  1 66-256,  pour  réussir  k 
bien  nommer  Téspèce  en  question. 

C'est  aussi  au  genre  Acanthure  qu'il  fetit  rapporter 
le  poisson  vénéneux  dont  il  est  question  dans  le  para- 
graphe suivant. 

Le  fleuve  Bendjer,  dans  Plie  de  Bornéo,  nourrit  un 
poisson  vénéneux  qui  pique  les  pieds  des  gens  em{doy^ 
à  traîner  les  bateaux  par  dessus  la  barre.  Cette  blessure 
fiiit  aussitôt  gonfler  Ja  jambe  avec  une  inflammatîoik 
violente  et  cause  lé  délire  qui  est  bientôt  suivi  de  la 
mort  ;  car ,  jusqu'à  présent ,  les  indigènes  n'ont  pas  dé- 
couvert de  remède  pour  guérir  ces  accidens  terribles. 
Eyriès,  Abrégé  des  Voyages  modernes  y  tom*  xu ,  pp. 
\rjrj^  lyg.  Ce  poisson  appartient  au  genre  Acanthure-, 
dont  une  espèce,  (Acanthure  bleu) ,  est  décrite  et 
figurée  par  Puhamel;  Pêches ,  tom.  3,  sect.  iv,  p.  6S'^ 
pi.  xu  jfig*  3  ,  sous  le  nom  de  Porte^IanceUe. 

M.  Isidore  Geofiroi  Saint-Hilaire  a  quelquefois  pro- 
duit Talbinisme  chez  dé  jeunes  Cyprins  dorés  de  la 
Chine ,  nés  avec  leurs  couleurs  normales  ;  il  lui  suffisait 
pour  cela  de  les  placer  pendant  quelques  semaines  dans 
de  Peau  de  puits.  Si  l'expérience  durait  trop  longtemps, 
ils  ne  tardaient  pas  à  dépérir  et  à  mourir;  si  au  con^- 
traire  on  l'interrompait  et  qu'on  replaçât  les  jeunes 
Cyprins  dans  de  l'eau  de  rivière,  on  les  voyait  peu  à 
peu  reprendre,  au  moins  en  partie,  leurs  couleurs  nor^ 
maies.  Traité  de  Téraiol. ,  l832,  tom.  i,  pp.  299,  3i8. 

IX.  La  Bouvière  ou  la  Peteusb.  Cjprmis  amarus, 
Blochy  Gmel. ,  S^t.  nat. ,  xiu ,  p.  i433 ,  sp,  49*' 

Gesner ,  JDe  jiquatilibus ,  p,  27.  De  Bubuica  Bellonii. 
Aldroy.  Depiscib.,p.  620.  De  Bubuica  B^nouii. 
Duhamel,  Traité  général  des  Fichés,  2^  part.,  iii«  sect, ,  p.  5i4  9 
pi.  xxyi,  fig»  5. 


C  Ï21  ) 

BottBÊieney  JSneycL  métk.  l'ahleau  icMyol.,pl.  60,  fig,  3^3. 
filgch,  IckÈky^lagie ,  part.  \^p.  ^^  pL,  \iii  yfig,  3. 
J.EttmsoiUyObseivat»  zooUfg,,p.  3ao.  filickleiu. 
lac^pède,  Hist,  nat.  des  Poiss,,  tom.  xi  y  />.  68.    ' 
JAiir.  JXct,  d'HUt,  nmt;  éd*  a,  tom,  9»  /F.  76  y  Idir.  4 1  P*  s86» 
Snf  le  Z2£(;t.  dgsi  sci^Hcei  nat, ,.  tom.  y  t  p.  sdop^  on  reuToie  aa 
not  Cl}fpnn,oii  la  BouTière  n'est  pas  .mentionnée  ;  et  au  mot  Péteuse, 
toB  XZX1X ,  p.  ào5  f  'on  est  renyoyë  an  mot  Soupière. 

D,,io  :  fr,  7  :  V,  7  :  A,  11  :  C,  20.       .  "' 

3o  vertèbres,  et  14  paires  Ae  câtes. 

Le  Dom  de  Bouvière  a  été  donné  à  ce  poiâsbn',  parce 
qoW  le  trouve  dans  la  boue ,  ou  plutât  parce  qu'il  a 
on  goût  de  boue ,  x>u  peut^tre  à  causé  de  la.  boue  que 
FoD  trouve  dans  son  pbarynx  :  de  là  Boueière.  Belon  ne 
8*étsait  point  rappelé  cette  circonstance ,  ni  celle  de  la 
conversion  du  v  voyelle  en  f^  consonne,  a  eniployé 
le  CSminin  de  ÈUbulcuSy  cW-à-dire  Bubulç'a,  four 
désigner  ee  poisson  qui  n^a  aucun  rapport  avec  un 
Ixmvîer. 

Duhamel,  p.  5 il 9  dît  :  «  Je  ne  sais  pourquoi  on 
«  nomme  ce  poisson  Péteuse.  »  *     1     • 

S'il  eût  consulté  Gresner ,  de  Aquai. ,  p*vj  ^  il  aurait 
la  :  ^fiKi  Péteuse ,  àbombis  obscœnis  tracta,  etci  Le 
bruissement  produit  par  ce  poisson  lorsqu'on*  le;  saisit 
est  la  cause  du  nom  qu'il  porte. 

Ce  bruissement  s^observe  encore  dans  la  Loche  de 
rinèrë,  Cobitîs  tcenia,  Linn. ,  mais  surtout  dans  le 
Hisgum ,  Cobitis  fossilis ,  Linn. ,  poisson  très-commun 
dans  lès  fossés  autour  de  Mayence. 

Les  pêcheurs  de  la  Saône  ont  tellement  altéré  le  se- 
cond des  noms  de  la  Boueière ,  qu'ils  l'ont  presque  ren- 
du méconnaissable  ^  en  effet  ils  emploient  le  mot  Pe/- 
Iftet,  PeuUet,  pour  désigner  ce  poisson  :  voici  com-    ' 
inent  cela  est  arrivé  : 

Au  lieu  de  Péteuse,  féminin,  ils  auront  dit  Peteu, 


(  tM) 
masculin  5  et  en  variant  très-peu  la  pnmônciatioD ,  ils 
ont  fait  Peuheu,  puis  Peuhé,  en  adoucissant  la  der- 
nière diphthongue  -,  et  enfin  PeuUet ,  PeUeieL  On  sait 
combien  Torthographe  des  mots  varie  d'après  la  pro- 
faonciation.  On  eti  a  la  preuve  journalière  dans  les  re- 
lations des  voyageurs  ou  les  noms  d^un  même  lien  sont 
si  différemment  écrits ,  à  raison  de  la  prononciation. 
Un  pécheur  m*a  apporté  cç  poisson  sous  le  nom  de 

Gesner^  de  AquaiiUb.  ,p.  27 ,  sous  la  rubrique  fiu^ 
bulca  Bellomif  rapport^  les  propres  expressioiis  de 
ribhtbyologiste  français;  et,  p',  874,  £n.  49  >  îl  parle 
du  même  poisson  (sans  le.rapprochér  de  celui  de  Belon) 
dans  les  termes  suivans  :  «  In  Albi  flumine  pisciculi 
«  quidam ,  Carpis  exiguis  similes ,  caïuuntur  ktiuaculi , 
«  amari,  ingrati,.Oberkottichen  dicti  :  Piscibus  albis 
«  adnumerant  ;  »  et  p.  844  9  ^  ^^  ^^^^  encore  sous  le 
nom  de  Riemling. 

Chàbwsseauj  nom  que  les  pêcheurs  du  Poitou  et 
d^Aunis  donnent  à  un  petit  poissoil  de  deux  ou  trois 
jppucçs  de  long ,  dont  les  écailles  sont  petites  et  blai^ 
ches,  qui  a,  depuis  les  ouïes  jusqu'à  la  queue, 
une  bande  de  deux  à  trois  lignes  de  lai^ur ,  d^un  bleu 
clair  et  luisant.  Il  a  un  petit  aileron  sur  le  dos,  un  ou 
deux  derrière  Tanus  ;  Talleron  de  la  queue  fendu ,  deux 
nageoires  sous  la  gorge ,  une  derrière  chaque  ouïe ,  et 
la  tête  petite.  Encjrclop.  ïïnéth.,  Dict.  des  Pèches^ 
p.  35. 

L^auteur  ne  dit  pas  si  c'est  un  poisson  de  mer  ou 
un  poisson  d'eau  douce  :  dans  ce  dernier  cas  ce  serait 
la  Bouvière ,  à  laquelle  on  donne  à  tort  deux  anales. 

Duhamel ,  en  parlant  de  XdiBomfière  ou  Péteuse,  dit  : 
a  Petit  poisson  d'eau  dopce^  qui  y  par  la  fiurme  de  son 


(  123  ; 

corps,  a,  en  petit,  assez  de  ressemUance  avec  la 
Carpe.  » 

Malgré  des  caractères  aussi  précis,  ce  poissoD  a  été 
confondu  avec  d'autres ,  par  les  auteurs  qui  se  borneot 
à  copiisr,  sans  examiner  les  objets.  De  la  Chesnaye- 
des-Boîs,  IHct.  raisonné  et  universel  des  animaux ,  en 
foomit  la  preuve  aux  mots  Bouuier,  tom.  i;  p.  33o, 
H  Péteuse,  tom.  3 ,  p.  409  ,  où  les  descriptions  ne  con- 
viennent nullement  au  Cyprinus  canarus, 

Ob  trouve  encore  Une  autre  preuve  de  cette  confu- 
sion dans  le  Dieu  théor.  eiprat.  de  chasse  ei  de  pèche, 
(ptrDelisle  de  Sales) ,  où,  dans  le  tom.  i,  /?.  101 ,  ou 
lit  :  «  BoirviEE ,  poisson  de  rivière ,  couvert  de  petites 
eailles  argentées  et  perlées ,  quoiqu'il  se  tienne  ordi- 
annment  dans  la  vase  ;  il  n'a  que  trois  à  quatre  do%ts 
ée  longiieur  ;  ou  le  croît  apéritif.  Le  peuple ,  qui  s'en 
nourrit ,  lui  a  donné  les  noms  de  Péteuse  et  de  Rosière,  » 

DlQsle  t4»n.  2 ,  p.  3ao,  ou  lit  :  a  Rosière,  Cyprin 
long  d'un  demi  pied  ;  sa  chair  est  bonne  à  manger , 
quoique  de  difficile  digestion.  » 

Ge  dernier  passage ,  copié  d'autre^  ouvrages  >  n'a  pas 
de  rappcHTt  avec  le  poisson  qui  nous  occupe. 

La  Bouvière  aime  les  eaux  pures  et  courantes  qui  ont 
tm  fond  de  sable  ;  elle  se  reconnaît  par  sa  couleur  ver- 
deur en  dessus  et  d'un  bel  aurore  en  dessous  ^  le  deu- 
xième rayon  de  la  dorsale  forme  une  arête  assez  roide. 
C'est  le  plus  petit  des  Cyprins  d'Europe  ;  sa  taille  est  de 
12a  i5  Ugnes  au  plus  ;  il  est  transparent ,  comme  presque 
tous  les  petits  poissons. 

Ce  poisson  ne  fait  pas  un  objet  de  gain  pour  les 
pêcheurs;  ils  y  font  même  si  peu  d'attention,  que 
Soch  n'a  pu  apprendre  d'eux  le  temps  du  frai.  Cet 
auteur  donne  comme  syn^myme  du  Cjrprinus  amarus. 


(  124  )  ^ 

dont  la  chair  est  amère ,  le  petit  Phoxinus  de  Rondelet, 
de  Piscib.  fluv^iailL  liber,  p,  2045  mais  c'est  une  erreur. 
Ce  petit  Phoxinus  est  une  BordeUère ,  bien  caractérisée 
par  la  longueur  de  sa  nageoire  anale. 

Bloch  donne  encore  pour  synonyme  de  la  Bouvière  , 
la  petite  Bambele  à  écailles ,  de  Gesner ,  De  AquaiUxb., 
p,  843.  Mais  en  recourant  au  texte  du  naturaliste  suisse, 
on  remarque  que  la  taille  assignée  à  la  Bambèle ,  ne 
convient  nullement  à  la  Bouvière. 

Malgré  sa  petitesse ,  la  Bouvière  se  trouve  quelque- 
fois enveloppée  dans  les  filets  ;  mais  les  pécheurs  ne 
daignent  pas  la  ramasser ,  ils  rabandonnent-sur  place  ; 
on  la  prend  au  printemps  pêle-méle  avec  les  Ablettes. 
Elle  fraie  en  avril  et  en  mai  ;  à  cette  époque  elle  a  une 
ligne  dHin  bleu  d^acier ,  de  chaque  côté  de  la  queue  : 
ses  œu&  peu  nombreux,  sont  fort  gros ,  ainsi  que  j'ai  eu 
occasion  de  l'observer. 

Gomme  il  faut  vider  ce  très-petit  poisson ,  ainsi  que 
tous  les  autres ,  pour  le  manger ,  il  est  bien  difficile  de 
ne  pas  rompre  la  vésicule  du  fiel ,  de  la  grosseur  d*tm 
pois ,  située  sous  le  lobe  droit  du  foie  qui  est  très-volu*- 
mineux  :  alors ,  ce  poisson  est  d'une  amertume  insup- 
portable ;  il  a  d'ailleurs  un  goût  de  vase  désagréable , 
(  cause  de  son  nom  Boueière  )  \  aussi  n'est-il  jamais 
servi  sur  les  tables. 

Ce  petit  poisson  a  la  tête  plus  large  que  le  corps  \  et 
au  dessus  des  ouïes  elle  offre  une  grande  résistance  ;  le 
front  est  aplati ,  les  narines  sont  très-ouvertes  et  un  peu 
saillantes ,  les  yeux  sont  rouges. 

Ces  poissons  vont  ordinairement  au  nombre  de  trois 
ou  quatre  et  se  poursuivent  continuellement. 

L'appareil  dentaire  de  la  Bouvière  présente  supé- 
rieurement une  plaque  ovoïde  enchatonnée  dans  l'os 


(  125  ) 
basilaire  ,  pourvu  d^un  appendice  triangulaire  horizon* 
tal ,  portant  dans  son  milieu  une  lame  perpendiculaire. 
Les  deux  mâchoires   inférieures    portent  chacune 
cinq  dents  crochues  placées  sur  une  seule  rangée. 

a*  sous^genre.  Barbeaux.  Barbus,  Cuv, 

Ce  sous-genre  a  pour  caractères  :  la  dorsale  et  Tanale 
courtes  ^  une  forte  épine  pour  second  ou  troisième  rayon 
delà  dorsale  ^  quatre  barbillons ,  dont  deux  sur  le  bout, 
et  deux  aux  angïes  de  la  mâchoire  supérieure. 

Par  les  nageoires  ,  dorsale  et  anale ,  très-courtes ,  ce 
poisson  diffère  des  Carpes ,  oii  la  nageoire  dorsale 
longue,  a,  ainsi  que  Panale,  une  épine  dentelée  pour  2* 
rayon.  Il  se  sépare  naturellement  des  Goujons  qui 
manquent  d'épines  à  toutes  leurs  nageoires ,  des  Tanches 
qui  sont  dans  le  même  cas  et  dont  les  écailles  sont  très- 
menues  ,  des  Brèmes  et  des  Ables  dépourvues  d'épines 
et  de  barbillons. 

X.  Le  Barbeau  commun.  Ç/prlnus  barbus,  Linn.^ 
Gmel.,  S.  N.,  édit.  xui,  p.  i\o^^  sp.  i. 

filoch  y  Ichlhyologîe  ,  part,  i ,  p.  91 ,  planche  xviii. 

Dahamel,  Fiches ,  a*  part, ,  sect  m,  p,  5i<^j  pi.  xxyu^ftg.  i* 
JkAean  ou  Barbotte  )  fig,  u  j  mâchoire  iuténeure  yers  le  ba«  des 
krachies  '. 

*  C'est  un  08  pharyngien  qui,  dans  les  Cyprins,  se  reconr'» 
lie  pour  entourer  nne  partie  de  l'œsophage. 

On  trouTe  dans  le  Coluber  scaher,  Linn. ,  Gmel. ,  S.  N,, 
éiL  xzn  ^  p.  1 109 ,  n^  272  y  Anodon  scaber,  Smith  (  l' r^/io- 
doM  de  Klein  y  saivant  le  DîcL  Se,  nat,  i,  ^^  p,  i83  ;  Nouv. 
Dict.  d*Hist.  naU,  éd.  2 ,  t.  2  ,  /?•  i25  ,  que  les  natura- 
listes postérieurs  n'ont  pas  connu  ) ,  outre  ses  petites  dents 
maxillaîres  y  des  dents  œsophagiennes ,  formées  par  les  apo- 
physes additionnelles  des  premières  vertèbres  de  Tépine. 
Par  cet  arrangement  le  serpent  peut  casser  les  œtt&  dont  il 
fidt  sa  nourriture  ^  et  se  substanter  ainsi. 


(126;^ 

Meyér,  Représ. ,  tom,  a ,  pi.  lo. 

Marsili,  JDanub,  ^  tom.  iv,  p,  18,  tah,  Tiiffig.  1. 

Bonnaterre^  Tableau  encycL  des  trois  Règnes,  icthyologie,  pi,  j6f 

Lacëpède  y  Hist,  nat,  des  Poiss,  j  totn.  x  y  p.  Sao. 

Bondelet,  de  Piscihus fluviatilibus  liber ,  cap,  six,  p.  194. 

Aldrovandi ,  De- piscibus  j  lib,  y  y  cap,  xti  ,  p.  697 ,  de  Barbo. 

Nouv.  Dict,  d*h,  nat,,  édit,  a,  tom.  S  y  p,  a34* 

Dict,  Se.  nat. ,  t,  iVp  supplém,,  p.  6.  ^tlas  icht.,  pi.  70  y  fig,  i. 

XVI  paires  de  côtes  et  4^  vertèbres. 

Le  nom  de  ce  poisson  lui  a  été  donné  à  cause  des 
l>arbillons  situés  au  bout  et  aux  deux  angles  de  la  mâ-> 
choire  supérieure.  Il  n^y  a  jamais  eu  équivoque  sur  la 
détermination  de  ce  poisson ,  quoique  son  nom  de  Bar^ 
botte  ait  été  donné  à  d'autres  poissons. 

Le  Barbeau ,  qui  croit  fort  vite  ,  se  nourrit  de  petits 
poissons ,  (  Bloch ,  p.  92,  dit  de  Chélidoine  )  :  il  avale 
des  Perches ,  des  mollusques ,  des  vers ,  des  insectes,  des 
cadavres  d^animaux  submergés ,  des  plantes  en  décom- 
position. Il  a  la  vie  dure ,  la  chair  blanche  et  de  bon 
goût  -,  c'est  au  mois  de  mai  quUl  est  le  plus  gras. 

Suivant  Marsili ,  Danub. ,  tom.  iv,  p.  19,  la  chair  de 
ce  poisson  est  blanche ,  ^moUe ,  regardée  par  les  Alle- 
mands comme  insalubre  :  aussi  s^en  absUennent-iLs  pei>- 
dant  les  mois  de  juin  et  juillet ,  époque  pendant  laquelle 
le  Barbeau  est  couvert  de  tubercules,  et  sujet  à  la  dys- 
senterie ,  ce  qui  avait  fait  dire  qu'il  était  menstrué. 

Dans  roder,  il  y  en  a  de  deux  à  trois  pieds  de  long  qui 
pèsent  six  à  huit  livres.  Il  fraie  au  milieu  du  printemps, 
en  mai  et  juin ,  et  dépose  ses  œu&  sur  les  pierres  du 
fond ,  dans  les  endroits  où  le  courant  est  le  plus  rapide. 
On  le  sert  sur  les  tables  :  la  partie  moyenne  de  son  corps 
est  celle  que  Ton  mange.  Cependant  on  dit  tête  de  Bar^ 
beau  et  queue  de  Truite ,  pour  désigner  les  meilleurs 
morceaux  de  ces  poissons. 


(127) 

Tant  qa*il  est  jeune ,  il  a  pour  ennemis  tous  les  poi&« 
sons  Yoraces  et  les  oiseaux  d'eau  \  le  fiel  est  jaune. 

Les  œufs  de  Barbeaux ,  comme  ceux  de  la  Lotte  et 
du  Brochet ,  sont  nuisibles ,  et  troublent  les  fonctions 
digestives.  Yoy.  Mém.  de  tAcadém.  des  Sciences  dé 
Dijon,  1820,  p,  a4o-253.  Aussi  sont-ils  rejetés  soi- 
gneosement  par  les  cuisinières  attentives  ;  cependant 
Hoch ,  p.  93,  dit  en  avoir  mangé ,  ainsi  que  sa  fiimille , 
sans  en  avoir  été  incommodés. 

«  Plusieurs  Barbeaux  se  trouvent-ils  réunis  dans  un 
réservdur  où  ils  manquent  de  nourriture  ;  ils  sucent  la 
<joeoe  les  uns  des  autres ,  au  point  que  les  plus  gros  ont 
bientôt  exténué  les  plus  petits.  »  Lacépède,  Bist.  nat. 
iss  Paissons ,  tom.  x ,  p,  324. 

Le  Barbeau  a  neuf  dents  pharyngiennes  ,  placées  sur 
trois  rangs ,  quatre  en  bas ,  trois  au  milieu ,  deux  au  des« 
soSyCn  forme  de  massues  9  terminées  par  une  pointe 
un  peu  crochue.  Cm^ier,  Anal,  comparée,  tom.  3  | 
p.  191. 

Cette  disposition  n^est  pas  constante ,  puisque  dans 
le  méoie  individu  j'ai  vu  une  mâchoire  qui  portait  cinq 
dents  en  bas ,  deux  au  milieu  et  deux  au  dessus.  Le  pro- 
longement de  Tos  basilaire  est  placé  de  champ.  La 
cavité  de  Tos  basilaire  est  en  ogive  élargie  ,  et  présente 
une  saillie  dans  son  milieu. 

Dans  les  intestins  du  Barbeau  vivent  : 

1.  VEchinoiynchusbajrbi,  SchranckyGmel.,  p.  3049^ 
a*  41. 

%*  Le  Coiyophdlœus  piscium  ,  Goeze  ,  Gmel.  ^ 
p^  SoSft,  sp.  I.  Géroflée  cJumgeanle,  Dict.  Se.  nat.  , 
tom.  zvui ,  p.  49^*  Gary(^hyllée  des  poissons ,  Dict.  Se. 
Qat>  ton.  x^vtty  p.  553. 


(  128  ) 
3,  Monosioma  cocfdeariforme ,  Dict.  Se.  nat.,  t.  32, 
p.  488* 

4»  Fasciola  punctum ,  Dict.  Se.  nat»,  t.  Sy^  p.  586. 

5.  Scolex  auriculatus,  Dict.  Se.  nat.,  t.  29,  p.  3oi} 
tom.  57,  p.  606,  pi.  46,  fig.  I. 

6.  Tœma  recXang^a/um ^  Batsch,Gmel. ,  p.  3o8i ,  sp. 
84.  Botriocephahis  rectangulum,  Eucyclop.  méthod^. 
Vers,  tom.  a ,  p.  147,  n**  10.  Botriocephahis rectangw 
him,  Dict.  Se.  nat.,  t.  57,  p.  610. 

3*  sous-genre.  Goujon,  Gobio,  Cuv* 

Barbillons,  dorsale  et  anale  courtes,  Tune  et  Pautre 
sans  épines.  ,^ 

XI.  Le  Goujon  ,  Çyprinus  Gchio,  Linn. ,  Gmel. ,  S. 
N. ,  édit.  XIII,  p.  141^9  sp.  3- 

Bloch  ,  JchthyoLogie ,  p.  49»  P^*  y^i^y  fig*  9. 

JurinC)  Hist,  des  Poissons  du  lac  Léman,  p,  217,  n^  16,  pL  14* 

JEncycL  Dict,  des  Pêches ,  p,  69.  Goajou  de  rivière,  Vairon  ,  p. 
992. 

Bonnaterre,  Tableau  encycl,  des  trois  règnes,  Ichthyol, ,  pi,  77, 
fig,  319. 

Duhamel,  '  Traité  général  des  Pèches,  2,*  part,,  sect,  lu^p» 
497,/>/.  :uLHiyfig.5, 

Lacëpède ,  Jffist.  nat,  Poiss, ,  tom,  x ,  p,  333. 

Aondelet,  De  piscihus  fluviat,  lib.  ,  cap,jiXJHfp,  so6. 

I 
'  Cet  auteur,  ^^  part,  y  p.  565  y  dit:  Chabot  y  voyez 
Goujon  de  rivière  ^  d  ce  mot,  p,  566 ,  2^  coi, ,  on  lit  : 
ce  Goujon  de  rivière.  Quelques-uns  ont  nommé  le  Chabot 
oc  Goujon  de  rivière  ^  il  a  un  grand  aileron  sur  le  dos.  s» 
Duhamel ,  par  ce  caractère ,  désigne  clairement  le  Goujon 
qui  nV  qu'une  nageoire  dorsale ,  tandis  que  le  Chabot  en  a 
deux  :  nouvel  exemple  de  la  fausse  application  des  nom8|  ^ 
aussi  Duhamel ,  dans  le  texte ,  p.  497  y  ^  Tarticle  Goujon^ 
ne  lui  donne  pas  pour  synonyme  le  nom  de  Chabot. 


(  129) 

Ifeyer,  Représent.,  tom,  i ,  pL  74  ^fig,  sup. 

Getner,  de  Aquatilih, ,  p,  473 ,  474,  donne,  jf.  479»  me  meilleure 
fignre  du  Goujon  *,  c'est  la  seconde  de  cette  page. 

Aldrovaudi,  de  PUcib.,lib.  v,  cap.  xxyii  ,  De  Gobio  iluviatili. 

Manigli,  Danub,,  tom,  ly^p.  33 ,  tab,  ix,  fig.  a.  Mala,  sed 
deicriplio  ezîmia. 

Jfotfir.  Dict,  d'Hist,  nat.,  éd.  a,  tom.  ziii ,  p.  3a8  ;  tom.  »,  p»  66. 

An  Çypriniis  Benacensis ,  Pollini^  Temolo  des  Italiens  l 

VicU  Se,  nat, t  tom.  xix ,  p.  245. 

D.  10  ;  P.  14.  i5  :  V.  8.  9  :  A.  8  :  C.  28.  Côtes  14 
paires. 

Le  Dom  français  de  ce  poisson ,  qui  a  89  ou  40  ver- 
tèbres, vient  évidemment  du  latin  Gobio  ^  attribué 
eDcore  à  d^autres  poissons  \  on  l'appelle  à  cause  de  cela 
et  pour  le  distinguer ,  Goujon  de  rinère^  à  Lyon  il  est 
dit  Goiffon ,  Goeffon, 

Artedi ,  par  erreur  ,  appelle  ce  poisson  Gonion  et 
VcÔTon.  Il  donne  une  description  des  parties  externes 
et  internes,  IchlhjoL^  part,  v,  /?.  i3 ,  sp.  5. 

Le  Goujon  le  dispute  au  Vairon  pour  Téclat  et  la  va^^* 
riété  des  couleurs  de  son  manteau ,  mais  on  le  distingue- 
ra Ëicilement  à  ses  barbillons,  à  son  iront  déprimé ,  à 
ses  nageoires  dorsale  et  anale ,  courtes  et  tigrées  de 
noir.  Sa  taille  est  de  cinq  à  sept  pouces  ;  suivant  Du- 
hamel il  en  faut  douze  pour  faire  une  livre. 

«  Dans  cette  espèce  de  poisson ,  le  nombre  des  indi- 
c  yidus  femelles  est  cinq  à  six  fois  plus  considérable 
«  (|ue  celui  des  mâles.  )>  Lacépède ,  HisU  nat.  des  Pois- 
sons, tom,  x,p.  338. 

Le  Goujon  vit  de  vers ,  de  larves ,  d'insectes  aqua- 
tiques, de  coquillages,  de  végétaux  ;  il  est  fort  avide 
des  charognes  que  Ton  jette  dans  les  rivières ,  et  on 
est  toujours  sûr  d'en  trouver  beaucoup  auprès  d'elles  ; 
on  l'accuse  de  manger  le  frai  des  autres  poissons. 

n  fraie  en  mai,  juin,  dans  le  courant  des  riviè^ 

9   ' 


(  130) 
res  ;  la  couleur  de  ses  œufs  est  bleuâtre ,  leur  volume 
est  très-petit*,  la  femelle  les  dépose  contre  les  pierres ^ 
mais  peu  à  peu,  ce  qui  dure  un  mois. 

A  répoque  du  frai ,  ces  poissons  voyagent  en  petites 
troupes  et  semblent  se  plaire  les  uns  avec  les  autres. 

Jurine  n'accorde  au  Goujon  que  cinq  dents  pharyn- 
giennes ,  la  première  courte ,  les  quatre  autres  longues 
grêles  et  crochues  à  leur  extrémité  ^  AcU  Gen.,  tom.  i 
part.  1,  1821  jp.  24,  parce  qu'à  l'imitation  de  Gesner 
parlant  du  Cyprinus  erythrophthalmus,  il  a  négligé  les 
trois  dents  de  la  rangée  intérieure ,  comme  il  est  aise 
de  s'en  assurer  par  l'inspection. 

L^appareil  dentaire  pharyngien  du  Goujon  présenti 
sur  l'apophyse  de  l'os  basilaire  une  cavité  en,  ogive 
terminée  par  un  prolongement  en  forme  de  sabre. 

Les  dents  pharyngiennes  inférieures  sont  au  nombn 
de  huit  sur  deux  rangées  à  chaque  mâchoire  ;  cinq  dent 
sont  extérieures  et  trois  intérieures. 

La  chair  du  Goujon  est  blanche,  grasse,  délicate, 
excellente  et  très-estimée.  Suivant  Marsigli ,  les  Alle- 
mands en  font  peu  de  cas.  Dans  certains  cantons  on  le 
confond  avec  les  Têtards  du  Bufofuscus,  dans  le 
fritures. 

Le  Goujon  perd  difficilement  la  vie,  on  peut  le 
conserver  en  réservoir ,  mais  en  peu  de  temps  son  corpi 
se  couvre  de  mousse  ,  ce  qui  le  fait  périr.  C'est  un  de 
meilleurs  poissons  à  introduire  dans  les  étangs  poui 
servir  de  nourriture  aux  Brochets  et  aux  Truites. 

Autour  du  foie  de  ce  poisson ,  on  trouve  quelquefi)i 
t Ascaris  gobioms,  Goeze  ,  Gmel.,  S.  N.  xiu,  p.  SoBy 
sp.  74.  Filaria  ouata,  Encycl.  méthod. ,  vers,  tom.  a 
p.  396,  sp.  17. 

Dans  son  mésentère  on  rencontre  un  autre  parasit 


(  131  ; 

appelé  Ugula  abdominalis,  a,  gobionis ,  Bloch ,  Gmel. , 
p.  3043 ,  sp.  2 ,  ^  ,  a. 

Schonevelde ,  Ichthjologîe  y  p.  35 ,  parle  du  Goujon 
sous  le  titre  de  fundulo. 

4*  sous-genre.  Tanche,    Tinca ,  Cuv. 

Il  joint  aux  caractères  des  Groujons,  celui  de  n'avoir 
qae  de  très-petites  écailles  et  de  très-petits  barbillons. 

Les  opercules  des  branchies  sont  lisses  et  sans  écailles  : 
le  ventre  est  arrondi  ;  nageoire  du  dos  unique  ,  courte 
et  à  rayons  osseux  :  lèvres  protactiles,  barbillons. 

Les  Tanches  diSerent  desGoujous  dont  les  écailles 
soDt  de  grandeur  ordinaire  ;  des  Ables  et  des  Brèmes 
dépourvues  de  barbillons  ;  des  Carpes  dont  la  nageoire 
d(n^le  est  longue  -,  des  dupées ,  au  ventre  caréné. 

m.  La  Tanche  ,  Çyprinus  tinca,  Linn. ,  Gmel.,  Se. 
nat.,  édit.  xiii,  p.  14^3,  sp.  4* 

Ârtedi,  Icthy.j  part,  y, p.  27.  CyprinuA macosas  '  totos  nigrescens 
otranitale  csadaD  sequali. 

Joriney  Hlst.  des  poissons  du  lac  TAman  ,  p,  ao5 ,  n*  la ,  pi.  lo. 

Dict.  des  Se,  nat ,  tom.  62 ,  p.  ]83,  Atlas  ,  Ichth.,  pL  69  y  fig,  i. 

Hoch ,  Ichthyol.,  p.  70  ,  pi,  xiy. 

Ltc^pède ,  Hist.  nat  des  poissons ,  tom,  x  ,  p.  .^39  ,  345. 

Dolmnel ,  Pêches ,  p,  5o6,  a«  part,,  sect,  m  y  pi,  xxv ,  fig.  a. 

Mandgli,  Danuh.,  tom.  ivi  p.  47,  tab.  xv. 

Bomialerre,  Tableau  encyclop,  des  trois  Règnes,  ichthyol,,  pi,  77, 
/Ir-  3ao. 

Bondelct»  de  Piscib.  lacustrib,  liber,  cap,  Xy  p.  i5j. 

Geofiroi ,  Aîat  médic. ,  tom.  3,  p.  a66. 

Getuer,  de  jâquatUibus  ,  p    1 178. 

Mfjer ,  Représ,,  tom.  a ,  pi,  5i. 

'  Cette  hnineiir ,  ainsi  que  celle  qui  recouvre  les  antres 
poiisons,  est  un  luucus  difficile  à  délayer  dans  Teau.  Cuv., 
Bku  Mot.  des  Poissons  p  tom.  i  ^  p.  52 1. 


(  132) 

Houv,  DLct.  d'hist»  nat.,  édU,Qf   tom.   iXy  p*  66;   tom,   xuiii, 
p,  4o3' 

D.  la  :  P.  17  :  V.  11  :  A.  10  :  C.  22*24* 

Par  erreur  typographique ,  Linné ,  S.  N.,  édit.  xii , 
p.  626 ,  indique  25  rayons  à  la  nageoire  de  Tanus.  Cette 
faute  est  répétée,  dit  Bloch ,  part,  i,  p.  72,  par  plusieurs 
auteurs  modernes,  WuIfF,  Pennant,  Zûckert,  Fischer; 
elle  est  aussi  répétée  par  Gmelin ,  SjsL  nat.,  tom.  xiii , 
p.  141 3,  qui  n'a  pas  eu  l'attention  de  larectifier,  malgré 
Pavertissement  de  Bloch. 

Le  nom  de  ce  poisson ,  que  Ton  écrit  aussi  Tenche, 
vient  du  mot  latin  Tinctus ,  à  cause  de  son  dos  coloré 
d'un  vert  noir  ,  comme  s'il  eût  été  teint.  Ce  poisson 
prend  quelquefois  une  belle  couleur  dorée ,  comme  on  le 
verra  dans  l'article  suivant ,  p.  i35. 

Les  Tanches  se  nourrissent  des  mêmes  alimens  que  les 
Carpes  :  de  plus,  elles  avalent  les  sangsues  et  les  dé- 
truisent ,  elles  atteignent  rarement  la  taille  d'un  pied. 

Elles  fraient  à  la  fin  de  mai  et  en  juin ,  autour  des 
herbes  marécageuses  ;  les  œufs  sont  verdâtres ,  petits  et 
excessivement  nombreux.  Ce  poisson  évite  la  Perche  et 
le  Brochet ,  en  se  cachant  dans  la  boue  -,  il  a  16  paires 
de  côtes  et  89  vertèbres. 

Les  os  oii  sont  attachées  les  pectorales  et  les  ventrales 
sont  très-forts  *. 

La  Tanche  a  la  vie  dure ,  moins  cependant  que  la 
Carpe^  quand  on  I9  n^piurrit  bien ,  elle  croit  promptement 
et  devient  assez  grosse;  on  en  trouve  de  7  à  8  Uvres; 
quand  le  beau  temps  veut  venir,  elle  saute  hors  de  l'èau; 
sa  chair  blanche ,  pleine  d'arêtes ,  molle ,  fade ,  est  im- 

'  Scapula  et  os  innominatum  robattiora  |  quam  aliis  pis- 
cibot»  Gmel. , /7.  i4^* 


,  I 


(  t33) 
prégnée  fréquemment  d'une  odeur  de  limon  et  de  boue. 
Vincent  de  Beauvais,  Spéculum  natur.,  iom.  ij  Uh.  xtii, 
cap,  xGYi ,  appelle  la  Tanche ,  Teucha.  «  Ce  poisson  , 
«  dit-il ,  est  de  rivière  ou  d^étang  ^  tout  le  monde  le 
«  connaît  y  il  se  tient  dans  la  vase ,  comme  T  Anguille , 
«  dont  il  a  la  couleur ,  et  la  chair  &de ,  difficile  à  di« 
«  gérer.  » 

On  est  revenu  de  ce  jugement  pour  FAnguille ,  et 
même  pour  la  Tanche ,  désignée  par  Ausonne  sous  le 
nom  de  Ressource  du  bas  peuple,  (  Solatia  uulgi  )  :  en 
effet  quand  la  Tanche  est  dégorgée  '  dans  des  eaux 
mes  j  sa  chair  acquiert  beaucoup  de  délicatesse ,  au 

'  Aa  sud  d^Aix-la-Chapelle ,  non  loin  de  la  porte  Mars- 
ckier,  se  trouve  Borcette  (  de  Porcetum)  ^  remarquable  par 
<ei  eaux  chaudes  ,  qui ,  après  avoir  servi  à  dilférens  établis- 
Mmens  de  bains ,  vont  se  rendre  à  un  petit  lac  en  forme  de 
carré  long)  bordé  d^arbres ,  et  sur  lequel  flottent  de  légères 
fumées. 

Le  petit  lac  de  Borcette ,  appelé  lïtang  cbaud  y  à  cause 
dei  eaux  chaudes  quMl  reçoit ,  ne  gèle  jamais ,  nourrit  quan- 
tité de  poissons  médiocres.  On  ne  peut  manger  de  ces  pois- 
SOBS  qu^après  les  avoir  fait  dégorger  longtemps  dans  Teau 
froide  ;  ils  meurent  à  Finstant ,  si  de  Teau  froide  on  les  re- 
jette dans  Tétang  où  ils  sont  nés.  Revue  de  Paris ,  i836  , 
toai,  3i  ^  p,  55m 

0  est  Acbeux  que  M.  Nisard  n^ait  pas  précisé  le  degré  de 
température  de  l^étang  chaud ,  et  quUl  n^ait  pas  donné  le 
véritable  nom  des  poissons  qui  y  pullulent  \  ils  sont  sans 
^oite  différens  de  ceux  observés  :  dans  les  eaux  thermales 
^^  Los-'Banos ,  près  de  Manille  ^  par  Marion  de  Procé  ^ 
^Q8  Que  fontaine  thermale  près  Fériane  ,  par  Bruce  ;  dans 
lei  sources  ^d*eau  chaude  d^une  petite  vallée  située  à  moi- 
tié chemin  de  Mascate  à  Mathah  y  par  Clodoré. 


(  134  ) 
point  qu'une  Tanche  de  trois  livres  est  fort  recherchée.' 
Il  en  est  de  même,  au  dire  d'AUéon  Dulac,  Mém.  pour 
servir  à  Fhist,  nat,  du  Lyonnais,  tom.  i,  p.  i23,  de  la 
peau  épaisse  de  ce  poisson  ,  EncjcL  méth.y  Hist.  nat.  ^ 
iom,  3^  p.  389. 

La  Tanche  est  fort  sujette  aux  vers  ;  on  y  en  trouve 
de  plats  et  fort  longs ,  indiqués  sous  le  nom  de  Fer  des 
Tanches,  dans  le  Journal  des  Sauans ,  1728 ,  /?.  79  , 
Jtg. ,  et  reproduits  par  Andry,  De  la  génération  deg- 
vers  dans  le  corps  de  F  homme ,  3*  édition,  174^  9  tom^  i, 
p.  5a ,  fg. 

Geoffroi  en  avait  déjà  parlé  dans  les  Mémoires  de 
t Académie  des  Sciences ,  1710 ,  Hist,,  p,  Sj,  §  4* 

G^est  la  Ligula  simplicissima ,  Rudolph. ,  désignée 
par  Gmelin ,  sous  le  nom  de  Ligula  abdominales ,  SjsL 
naU,  xiii,  tom,  i,  p,  3o43,  sp.  2,  P.  b-,  Dict.  Se.  nat., 
tom.  XXYI9  p.  4^^9  ^o^*  ^7»  ^'6\i.  Atlas,  vers,  pi.  4^»  ' 
fig.  5. 

En  Italie  ,  la  Ligule  très-simple  d^une  espèce  de 
Cyprin  du  lac  Facino,  est  connue  sous  le  nom  de  Macor» 
roni  piatti ,  et  regardée  comme  un  mets  agréable.       i 

Outre  la  Ligule  très-simple ,  on  trouve  encore  dans* 
les  intestins  de  la  Tanche  le  CaryophjUœus  piscium, 
Goeze,  Gmel. ,  p.  3ô52,  sp.  i.  Tœnia  laiiceps ,  Pallas, 
Gmel.,  p.  3o8i ,  sp.  86.  Laryovhyllœus  mutabUiSy  Ency* 
raclh.,  vers,  tom.  2, p.  4^5.  Gérojlée  changeante,  Dict. 
Se.  nat.,  tom.  18,  p.  496.  Atlas,  vers,  pi.  4^9  %•  11  » 
12.  Bremser,  vers,  p.  ii5,  p.  i36,  Appendix,  pi.  i  , 
fig.  5. 

Gesner,  de  aquatiUb.,  p.  1177,  décrit  la  Tanche, 
dont  il  donne  la  figure  p.  1 178 ,  et  parmi  les  singularités  . 
dont  il  parle ,  j'ai  remarqué  la  suivante  :  a  Dans  la  tête  ; 
fc  des  Tanches  ,   on    trouve  deux  petites  pierre^."»  : 


(  135  ) 

AroauU  de  Nobleville,  et  Salerne,  parlent  de  deux 
pierres  qu'ils  ont  trouvées  dans  la  tête  de  la  Tanche  , 
Mai.  medic.y  auL^  Geoffroi,  tom.  3 ,  p.  269 ,  mais  sans 
les  désigner. 

Ce  sont  les  osselets  de  Touie ,  dont  le  grand  a  une 
fonne  presque  ronde  avec  un  angle  rentrant. 

L'appareil  dentaire  de  la  Tanche  se  reconnaît  &• 
cilement  :  la  dent  pharyngienne  supérieure  est  pyri- 
&rme ,  enchatonnée  dans  la  cavité  de  Tos  basilaire. 

Les  dents  pharyngiennes  inférieures  sont  au  nombre 
de  cinq  sur  une  même  ligne  à  chaque  mâchoire  *,  il 
arrive  quelquefois  que  l'on  en  trouve  moins ,  par  suite 
de  la  chute  forcée  de  quelques-unes. 

Ces  dents  portées  sur  un  pédicule  rétréci ,  s^élargissent 
à  leur  sommet  qui  est  sécuriforme^  et  qui  imite  la  der- 
nière articulation  des  palpes  des  coccinelles  :  elles  sont 
terminées  en  dehors  par  un  léger  crochet^  et  leur 
sor&ce  triturante  offre  un  petit  sillon. 

A.  La  Dorée  d'étang ,  Çyprinus  Tinca  auratus. 

fAotk^Hist,  nat,  poiss, ,  part,  1  »  i>«  74»  ^^^'  ^▼^ 

Jfou¥.  Dieu  d'Bist,  nat. ,  édit,  a ,  ton.  3a ,  p.  404.  Tanche 
dorée. 

%t  deâ  Se,  nat» ,  tom,  Sa ,  p.  i85.  Tanchor. 

TaUêOuene^cL  des  trois  règnes.  Poiss.,  p.  1919  n*  S  y  pi.  77,  fig. 
321.  Tanche  dorée. 

Caul.y  1^.  if.  ziziy  tom.  i,  p.  14149  ^P*  4)  ^-  Tinca  aarea. 

Ucépèdey  Hist,  nat.  Poiss. ,  tom.  10  »  p.  345.  Cyprin  tanchor. 

L'éclat  de   la  robe' de  ce  poisson  égale  celui  des- 
poissons  dorés  de  la  Chine  -,  aussi  plusieurs  amateurs  en 
Allemagne  se  sont-ils  empressée  de  déposer,  dans  leurs 
viviers  ou  leurs  réservoirs ,  cette  belle  variété. 

La  Tanche ,  dont  la  couleur  est  presque  noire  dans 
marais  fangeux,  devient  d^un  jaune  doré  dans  les 


(  136) 
rivières  dont  le  fond  est  sablonneux  et  le  cours  rapide , 
ou  dans  les  étangs  dont  la  pureté  des  eaux  est  remar- 
quable ,  ainsi  qu^on  le  voit  en  Silésie. 

Au  surplus  les  teintes  de  ce  poisson  offrent  beaucoup 
de  variétés  de  nuances ,  dépendantes  de  l'âge,  du  sexe, 
du  fjenre  de  nourriture  et  du  climat. 

Bosc,  en  parlant  de  la  Tanche  dorée,  qui  se  trouve 
dans  certains  étangs  de  la  Silésie,  variété  produite  par 
la  pureté  des  eaux  de  ces  étangs ,  parait  ignorer  que 
celle  variété  se  rencontre  en  France. 

M.  Dupuis  vient  d'en  trouver  (mars  1 836  )  quatre 
échantillons  au  moulin  des  Etangs  près  Dijon  ;  précé- 
demment il  avait  vu  des  Tanches  moins  colorées  que  la 
commune  ;  Tune  offrait  une  teinte  jaune ,  mais  sans  les 
taches  qui  caractérisent  la  Tanchor. 

Je  dois  à  sa  complaisance  Féchantillon  que  j'ai  fait 
déposer  dans  le  bassin  du  Jardin  des  plantes.    . 

Suivant  Bloch ,  p,  76,  la  Dorée  d'étang  a  la  vie  dure  : 
réchantillon  ,  qu'il  élevait ,  a  survécu  au  Goujon ,  à  la 
Bordelière ,  au  Rotengle ,  à  la  Rosse  ,  et  même  à  la 
Tanche  ordinaire  qu'il  avait  mise  dans  le  même  vase. 

Lacépède  regarde  à  tort  comme  espèce ,  cette  variété 
de  Tanche.  Il  la  porte  sous  le  /i**  la  de  son  1 1*  genre. 

Bloch  nous  apprend  que  la  reine  de  Prusse  avait 
fait  venir  de  Silésie  des  Tanches  dorées ,  pour  les  élever 
dans  les  canaux  de  Schernhausen.  Un  prince  allemand 
et  quelques  grands ,  à  l'imitation  de  la  reine ,  en  ont 
fait  venir  pour  les  conserver  dans  leurs  bassins. 

L^échantillon  décrit  et  6guré  par  Bloch,  lui  avait 
été  donné  par  la  reine  de  Prusse. 

Cette  variété  ne  se  propagerait  pas  par  le  frai ,  et 
M.  Dupuis  pensée  qu'elle  reprendrait  la  teinte  sombre 
de  la  Tanche  ordinaire ,  parce  que  les  quatre  échantil- 


(  137  ) 
Ions  quUl  a  trouvés ,   se  sont  rencontrés  parmi  les 
Tanches  communes  qu^il  avait  pêchées  dans  le  vaste 
réservoir  du  moulin  des  Etangs ,  commune  de  Saulon. 

5*  souS'genre,  Les  B&êmes,  Abramis,  Guv. 

Les  poissons  de  ce  sous-genre  n'ont  ni  épines  ni  bar- 
billons ;  leur  dorsale  courte  est  placée  en  arrière  des 
ventrales  \  leur  anale  est  longue.  Ib  sont  distingués  des 
Carpes  ^  des  Barbeaux ,  des  Goujons  et  des  Tanches ,  par 
.l*absence  des  barbillons  \  des  Ables ,  par  la  longueur  de 
Fanale. 

XnL  La  Brème,  Çyprinus  brama p  Linn. ,  Gmel., 
Sc^nat, ,  xiii,  p.  1436 ,  sp.  27. 

Bloch  ,  Ichthyolog,  ,  part,  i  ,  p.  64*  pi.  xiii  y  p.  loa,  pi.  xwyfig. 
9>]a,  iKnîsxfig,  14  t  Brème  ëclose  rëcemmenî;  fig.  i5,  écailles. 

Duhamel,  Pêches  ,  o^ part.  ,  sect,  m,  p,  So^y  pi.  JLxVyfig.  i.  Les 
lettres  V.  X.  représeutent  l'os  pharyngien  ,  garni  de  dents  ,  de  la 
Brème. 

Marsîglî,  Danuh.j  tom.  ly,  p.  49»  ttib.  xvi. 

Lacëpèdfl,  HisU  nat,  des  Poiss.,  tom.  xi ,  p.  7a. 

Meyer  ,  Représent,,  tom.  i,  pi.  7a. 

Bounaterre,  Tabl.  encycl.  des  trois  règnes,  Icht,,pl.  S^yfig.  346. 

Rondelet,  de  Pisc.  lacustr.  liber,  cap.  yi ,  p.  i5|.  De  Cyprino  lato. 

Yvesner  ,  de ^^quatilib. ,  p.  ^76.  Cyprini  lati  Icon  accuratius, 

Nouv,  Dict  hist.  nat,,  édit.  a  ,  tom.  iv,  p.  35oy  tom.  xz,  p,  77. 

IHct.  des  Se,  nat.,  tom.  y,  suppl.,  p.  7a. 

D^  la  :  p.  17  :  V.  9  :  A.  29  :  C.  19. 

Le  nombre  des  rayons  n'est  pas  un  caractère  cons- 
tant pour  distinguer  les  poissons  ^  en  effet ,  Blocb  en 
indique  29 ,  et  J.  Hermann  ,  Observai,  zoolog. ,  pag. 
3a7,  n'en  trouve  que  26.  Ce  dernier  naturaliste  a  vu 
la  vessie  natatoire  épaisse  et  devenue  presque  cartilagi- 
neuse par  la  dessiccation.  La  Brème,  dit-il,  a  deux 
moelles  épinières  placées  Tune  sur  l'autre,  mais  sépa- 
rées. Pag.  328.  - 


(  138) 
Le  nom  de  Brème ,  Brama ,  vient  évidemmenl  par 
contraction  d^^bramis. 

Ce  poisson ,  qui  a  une  longueur  triple  de  sa  largeur , 
qui  a  la  vie  assez  dure ,  est  facile  à  connaître  par  son 
corps  large  et  aplati  ^  par  son  dos  aminci  en  tranchant; 
par  sa  nageoire  dorsale  courte ,  placée  en  arrière  des 
ventrales;  par  son  anale  longue  à  29  rayons.  Artédi  en 
compte  27  et  quelquefois  28  ;  il  annonce  44  vertèbres, 
Ichthyologie ,  tom.  y  ,  pp,  20-23. 

Tels  sont  les  caractères  de  la  Brème  adulte  ,  qui  a  . 
12-18  pouces  de  longueur,  et  pèse  de  ia-14  livres. 
Celle  de  la  Saône  ne  pèse  jamais  plus  de  3  ou  4  livres- 
La  Brème,  dans  sa  jeunesse,  est  confondue,  dit 
Bloch,  Ichihyologie ,  p.  69,  avec  la  Bordelière,  à  la- 
quelle elle  ressemble  beaucoup  par  son  corps  mince  » , 
de  forme  alongée ,  qui  lui  a  fait  donner  le  nom  diEper^ 
lan  bâtard  '  par  les  pécheurs  parisiens.  Elle  est  repré- 
sentée par  la  figure  inférieure  des  Phoxinide  Rondelet,  " 
de  Piscib.  flu\fiaU ,  p.  204 ,  caractérisée  par  la  longueur 
de  la  nageoire  anale. 

c(  Les  Brèmes  gardonnées  scmt  de  jeunes  Brèmes.  » 

'  n  ne  faut  pas  confondre  les  Eperlans  bâtards  (  jeunes 
Brèmes)  arec  VEperlan  bâtarddit  Grasdos  (jeune  AtLérine  ) 
figuré  par  DuLamel,  Pêches,  2*  part.,  sect.  vi,  pi,  iv, 
^g.  5,  Les  faux  Eperlans  soni  ^  dit  Cuyier,  Hist,  naU  des 
Poissons,  tom.  x,  p.  417,  des  Athérines  qui  Tivent  en 
grandes  troupes  et  sont  regardées  comme  un  aliment  asses 
délicat.  Gesner,  de  AquatUihus,  p.  4^2,  donne,  diaprés 
Jean  Caius ,  médecin  anglais ,  la  figure  et  la  description 
d'une  Atkérine;  mais  la  figure,  n'offrant  qu'une  nageoire 
dorsale,  ne  convient  nullement  aux  Athérines;  elle  res- 
semble beaucoup  à  celle  de  la  page  précédente. 


(  189  ) 
EncjcL ,  Dlci.  flèches,  p.  aa.  Ne  seraient-elles  pas  plu- 
tôt des  Bordelières ,  comme  le  dit  Duhamel  ? 

Cresner,  de  AquatUib.^  p,  éfii^  sous  le  titre:  De 
Epelano  Sequanœ  seu  fluviaUli ,  Bellonius ,  confond 
une  jeune  Brème ,  dont  il  donne  la  figure ,  avec  le  vé* 
ritable  Eperlan. 

La  Brème  se  plaît  dans  les  eaux  stagnantes  et  bour- 
beuses; elle  se  nourrit  de  plantes,  de  vers,  etc.  ;  aussi 
jnord-elle  facilement  à  Thameçon. 

Suivant  Vincent  de  Beauvais ,  Spéculum  natur.^tom. 
I,  Ifb.  XYM  jCan,  XXXV,  ce  poisson ,  qu^il  désigne  sous  le 
nom  de  Brena ,  se  soustrait  aux  poursuites  du  Brochet 
«H  se  plongeant  dans  la  vase  ;  ce  qui  trouble  le  fluide  et 
Ja cache  à  son  ennemi.  Assez  bon  poisson,  fort  abon- 
dant et  qu'on  multiplie  aisément. 

La  Brème  fraie  au  printemps,  en  mai ,  juin,  et  même 
dès  la  fin  d'avril ,  s'il  fait  chaud  ;  les  œufs  sont  petits  et 
Tougeatres ,  déposés  sur  les  herbes.  Bloch ,  Ichthjolog. , 
part.  1,  p.  loa,  pL  xix,  fig.  i-ia,  14,  i5.  A  cette* 
époque,  les  écailles  du  mâle  sont  chargées  de  tubercules 
dont  on  ignore  l'usage.  Lorsqu'il  survient  du  froid  à' 
l'époque  du  frai ,  l'anm  des  femelles  se  referme ,  s'en^ 
flamme ,  le  poisson  enfle ,  dépérit  et  meurt. 

La  chair  de  ce  poisson ,  qui ,  bien  nourri ,  croît  aussi» 
vite  que  la  Carpe,  est  blanche ,  de  bon  goût ,  et  aasez» 
généralement  estimée. 

Les  Brèmes  d'Auvergne ,  grasses  et  de  grande  taille, 
sont  recherchées.  De  là  le  proverbe  :  a  Qui  a  brasme ,  > 
peut  bien  brasmer(  régaler)  ses  amis.  »  Ge6ner,p.  877. 

La  Brème,  dans  sa  jeunesse ,  est  atteinte  de  la  ligule: 
très-simple,  Encjcl.  méthod.,  F'ers ,  tom.  2,  p.  494 >' 
sp.  6*  LtgulaabdominaUs,  G  met. ,  Sjst,  nqt, ,  tom.  xiu,  • 
p.  3043 ,  sp.  a,  /3,  g.  Ligula  cingulum ,  Rudolph. ,  qui; 


(140) 

atteint  jusqu'à  cinq  pieds  de  longueur.  On  regstrde  ces 
vers,  dans  quelques  endroits  de  l'Italie ,  comme  un 
mets  agréable.  Guyier,  Règn.  o/pra. ,  édiu  a,  tam.  3, 
p,  075.  Ik  sont  connus  sous  le  nom  de  Macarord  piaUi. 
Encycl.  méthod. ,  Vers ,  n ,  49^* 
On  trouve  encore  dans  les  intestins  de  la  Brème  : 

1.  Echinotynchus  bramœ,  Goeze.  Gmel.  ,  p.  3o5o, 
sp.  ^6* 

2.  Caryophjllœus  piscium,  Goeze.  Gmel,  p.  3o5a, 
sp.  i.  Tœnialaticeps,  Pall.,  Gmel.,  p.  3o8i,sp. 86.  Gé" 
rojlée  changeante,  Dict.  Se.  nat. ,  tom.  xviu,  p.  496. 

Caryophyllus  mutabilis,  Encycl.  méth. ,  Vers,  tom.  a, 
p.  435.  Bremser,  Vers,  p.  ii5,  p.  i36;  appendix,  pi. 

1,  fig.  5. 

3.  Fasciola  bramœ,  MuU. ,  Gmel. ,  p.  3o58,  sp.  38. 
Distoma  globiporum.  Encycl.  méthod. ,  Vers,  tom.  2  , 
p.  a6i,n''  18. 

La  Brème  est  quelquefois  contrefaite  comme  le  Bro- 
chet et  la  Truite. 

InSleia,  Cyprini  lati  sunt,  caudam  incurvatam  vel 
sinuatam  gerentes,  ac  si  ea  bis  Aracta  fuisset  \  piscatores 
vocant  Leidbrassen ,  quasi  relicporum  duces ,  quibus 
conspectus  felici  omine  amplam  capturam  sibi  polli- 
centur.  Suntautem  hi  Cyprini  inter  reliques  quasi  nani, 
'  contracti  corporis ,  et  in  orbem  fere  recurti.  Ichikyol. , 
nuctore  Stephano  à  Schoneyelde,  D.  M. ,  p.  33. 

Jurine  parait  n'avoir  eu  aucune  connaissance  de 
cette  observation  feite  par  Schonevelde. 

Bloch,  p.  69,  attribue  la  difformité  signalée  par 
Schonevelde ,  à  ce  que  le  poisson ,  étant  encore  jeune  ^ 
s^est  embarrassé  dans  des  herbages  et  s'est  forcé  Fépine 
du  dos  en  voulant  seNdébarrasser.  Linné  a  aussi  parlé 
des  Brèmes  bossues  et  de  Perches  atteintes  de  la  même 


(  141  ) 

difformité.  Bloch  a  vu  la  même  chose  dans  le  Sandre  et 
dans  la  Rosse. 

Hermann  a  va  aussi  quelquefois  des  Brèmes  bossues 
monstrueuses ,  c^est-à-dire  que  la  partie  du  dos  après  la 
nageoire  dorsale  était  concave ,  et  la  portion  du  ventre, 
qui  portait  la  nageoire  anale ,  était  très-convexe.  Ob- 
servai, zoologicœ,  p.  327. 

L'appareil  dentaire  pharyngien  de  la  Brème  se  com- 
pose d^une  plaque  ovale  alongée,  sertie  dans  une  ca- 
vité de  Fapophyse  du  basilaire.  Cette  cavité  y  en  ogive 
pentagonale ,  est  un  peu  élargie  postérieurement.  Le 
prolongement  de  Papophyse  basilaire  est  comprimé  et 
de  la  même  largeur  dans  toute  son  étendue. 

Les  dents  pharyngiennes ,  au  nombre  de  cinq  à  chaque 
mâchoire  »  sont  assez  fortes  à  leur  base  \  elles  sont  com- 
primées à  leur  sommet ,  terminé  par  un  crochet  ^  quatre 
<le  ces  dents  ont  leur  sommet  entouré  d'une  bordure 
noire  ^  la  cinquième  n'offre  qu'une  tache  au  sommet. 

Dans  une  autre  Brème  dont  j'ai  examiné  la  denture , 
j'ai  trouvé  seulement  sur  les  côtés ,  à  la  base  du  crochet, 
im  point  noir  ^  sans  doute  origine  de  la  ceinture  dont 
J^ai  parlé. 

XIV.  La  BoRDELiERE,  Çyprirtus  lotus,  Bloch.,  Gmel., 
Se.  nat. ,  xui,  p.  ]438,  sp.  5o. 

Bloch ,  IcKthyologie ,  part,  i ,  p.  56  ^  tab,  z.  Cjprinns  blicca. 

IhihBméi^  Traité  gén,  des  Pèches ,  part»  ii,   sect,  iii^  p,   5o6. 
^erlan  bâtard.  Planche  xxvi ,  fig,  4  >  Platane. 
.  Duhamel  y  ouy.  cU, ,  p.   5i4,f  6.    De  la  Bordelière,   Ballerus, 
Hondelet. 

Rondelet ,  de  Piscih,  lacustrib,  lib,,  cap,  yin^p,  i5^,  DeBallero. 

Gesner ,  de  jâquatàlib,  ,  p,  98.  De  Ballero. 

Aldro?andi,  de  Piscib.,  lib,  r ,  cap,  xlit  ,  p,  645.  De  Baliero 
Aristotelis. 

Bonnaterre,  Tableau  encyclop,  et  méthod.  des  trois  règnes ,  ich- 
thyolQgie,  p.  ao3y  sp,  55,  pL  ^pfig»  348.  Bordtlière. 


(  M2  ) 

J.  Aermanii,  Observât,  zooiogicœ,  p.  326.  Cyprinns  Mekel. 
Nouv.  Dict.  d*Hist.  nat ,  édit.  a,  tom.  4  »  P*  i^-'  t  tom.  9,  ji.  78. 
/>fcf.  Se,  nat-  ,  tom  y  ,  p.  160,  suppL,  p  74*  20.  \hramis  blicca. 
Lacëpède,  Hist,  nat.  des  poiss.,  tom.  11,  pp,  81-8).  Cyprin  large* 
7f .  B.  La  Synonymie  donnée  par  Lacépède  est  fort  embrouillée. 

Ce  poisson ,  facile  à  reconnaître ,  porte  aussi  le  nom 
de  Petite  Brème  ou  Hazelin,  du  mot  allemand  Haszlè$ 
Levrault,  à  raison  de  son  agilité. 

Les  échantillons  de  ce  poisson  que  j^ai  examinés  au 
mois  de  février  et  que  je  m'étais  procurés  sur  le  marché, 
avaient  cinq  pouces  et  demi  de  longueur  depuis  Fex- 
trémité  du  museau ,  jusqu^à  la  naissance  de  la  nageoire 
caudale.  La  tète  qui  ofire,  au-dessus  des  yeux,  un  léger 
enfoncement,  outre  la  dopression  marquée  à  Torigioe 
du  dos ,  est  trois  fois  un  quart  dans  la  longueur  da 
corps ,  et  la  largeur  de  ce  poisson ,  qui  est  très  aplati , 
se  trouve  trois  fois  dans  la  longueur  totale. 

La  lèvre  inférieure  arquée ,  ou  la  mâchoire  inférieure 
ascendante,  est  plus  courte  que  la  supérieure  qui  la 
recouvre. 

La  naigeoire  dorsale  est  située  dans  Tîntervalle  des 
nageoires  "attàlé  et  ventrale.  Le  dos  est  caréné  avant 
la  nageoire  dorsale ,  et  arrondi  postérieurement  à  eette 
nageoire.  ;    • 

Les  écailles  qui  recouvrent  ce  poissdti ,  sont  minces 
et  plus  petites  que  celles  du  Cyprlnus  fuscus,  Nob. 

D.  Il  :  P.  16  :  V.  9  :  A.  îaS-ay  :  C.  22. 

La  ligne  latérale  est  courbée,  et  formée  de  5 1  glandes. 

La  membrane  des  nageoires  dorsale  et  anale  est 
finement  piquetée  de  noir ,  ce  qui  n^a  pas  lieu  dans 
la  Brème. 

Le  péritoine  est  nacré  avec  quelques  points  noirs. 

L'app^ejl  dentaire  pharyogieo  de  ce  poisson  con-* 
siste  :  • 


(  1«  ) 

1*  dans  une  petite  plaque  ovoïde ,  ^rtie  dans  une 
cavité  en  vallon  étroit  de  la  base  de  Tapophyse  du 
basilaire  \  à  la  partie  postérieure  de  cette  cavité ,  est 
un  prolongement  droit  inférieurement ,  et  arrondi  en 
sabre  recourbé  supérieurement  ;  Tos  mitral ,  accompa- 
ffïé  de  deux  apophyses  latérales  descendantes,  est 
lancéolé. 

a""  Les  mâchoires  pharyngiennes  sont  garnies  chacune 
de  cinq  dents  mignonnes,  crochues  à  leur  sommet, 
disposées  sur  un  seul  rang ,  comme  dans  la  Brème  ; 
on  y  remarque  aussi  cette  tendance  à  présenter  une 
couleur  noire ,  pour  former  couronne  autour  du  som- 
met ;  quelquefois  cependant  cette  apparence  noirâtre  ne 
se  &it  pas  remarquer  d'une  manière  bien  prononcée. 

Ce  poisson  a  été  très-bien  décrit  par  Rondelet  ^  ce 
savant  avait  signalé  les  dents  pharyngiennes  sans  en 
préciser  le  nombre  ;  mais  en  comparant  la  description 
qu^il  a  donnée  avec  tous  les  caractères  que  j^ai  rap- 
portés, on  acquerra  la  certitude  qu'il  avait  bien 
examiné  ce  poisson ,  et  que  nul  doute  ne  peut  s'élever 
sur  les  détails  dans  lesquels  il  entre. 

La  Bordelière,  peu  estimée,  ne  sert  guère  qu*à 
nourrir  les  poissons  dans  les  viviers  *,  elle  se  trouve  dans 
la  Saône ,  pêle-mêle  avec  les  autres  poissons  blancs. 

Alléon  Dulac,  Mém.  pour  servir  à  thisU  nat.  du^ 
Lyonnais,  tom.  i,  ;?.  i58  ,  dit  de  la  Bordelière  :  «  Elle 
«  est  bonne  à  manger;  elle  est  si  semblable  à  la  Brème, 
«  qu'on  a  peine  à  distinguer  Tune  de  Fautre.  » 

Rondelet  avait  dit  seulement  :  ci  Bramae  tam  similis 
«  est,  ut  parum  cautis  pro  bramis  saepe  vendatur,  sed 
«  ab  iis  magnitudine  corporis  et  squamarum  distat ,  ac 
«  pinnarum  ac  caudae  colore.  » 


(144) 

On  lit  dans  Duhamel ,  Traité  général  des  Pêches,^ 
a*  part. ,  m*  sect. ,  p.  564  :  «  Ballerus ,  poisson  d*eaa 
«  douce  que  Rondelet  croit  être  la  Bouvière,  n 

Cette  erreur  de  Duhamel  vient  sans  doute  d'un 
lapsus  ccUami,  en  vertu  duquel  le  mot  Boux^ière  a  été 
mis  au  lieu  de  Bordelière,  Cela  est  d'autant  plus  pro- 
bable, qu'à  cette  même  page  564,  on  lit  :  «  Bordelière, 
«  £ai/eru5  d^Àristote  et  de  Rondelet,  ayant  quelque 
«  ressemblance  avec  la  Brème;  on  Ta  appelée  Çyprinus 
<c  lotus  et  tenuis. 

Duhamel ,  Traité  général  des  Pêches ,  ii*  partie  ,  m* 
sect. ,  p.  5o6 ,  donne  à  la  Bordelière  le  nom  de  Brème 
gardonnée,  à  cause  de  ses  écailles  brillantes  comme 
celles  du  Gardon. 

Le  nom  d'Eperlan  bâtard,  donné ,  suivant  Duhamel, 
à  un  petit  poisson  de  la  Seine,  convient  parfaitement  à 
la  Bordelière ,  dout  la  surface  du  corps  a  effectivement 
un  éclat  perlé  ou  nacré ,  bien  plus  apparent  que  4x\m 
du  Spirlin-,  aussi  Gesner,  de  AquaUlib. ,  p.  27,  dit  : 
<(  Piscis  blicca  Germanorum ,  seu  alburnus  lacustris , 
((  Sabaudis  Platte ,  unde  diminutivum  Platton,  à  Ge- 
a  nève  ,  Plateron  ^ B!ick  à  splendore.   » 

Duhamel,  Tra'té  général  des  Pêches,  7?  pari., 
sect.  m,  pi.  xwî^Jig.  4?  P*  5o6,  §  3,  parle  du  Plestia* 
ou  Platane  ;  on  pèche  dans  la  Seine  un  petit  poisson 


'  ÂDJourd^HuI  ce  nom  est  employé  à  St-Saphorin,  pour 
désigner  leRotengle,  Çyprinus  erythrophthalmus.  Voyez  Jm- 
rine  ,  Hist,  des  Poissons  du  lac  Léman ,  p.  209. 

*  Si  le  poisson  appelé  par  Duhamel  Plcstia  est  le  même 
que  le  Çyprinus  plestia ^  Leske^  ce  serait  la  Bordelière. 


(  145  ) 
quW  appelle   Esperlan  bâlxird,   et  qui   parait   res- 
:sembler  à  de  petites  Brèmes ,  qu'il  dit  lui  sembler  être 
le  Plestia  de  Belon ,  ou  le  Platane ,  dont  il  donne  la  des- 
cription. 

Nous  ne  pouvons  prononcer  sur  cette  ressemblance , 
jiuiaque  nous  n'avons  point  vu  le  poisson  de  Grèce,  dont 
jiarle  Belon,  Singularité z ,  liu.  i,  chap.  lui,  p.  117 , 
^hap,  LV,  p.  laS,  et  que  Gesner  décrit  d'après  lui,  de 
^quuUilibuSy  p,  B67 ,  482 ,  i2a5.  Mais  nous  pouvons  as- 
surer que  le  poisson  représenté  par  Duhamel  est  la 
Sordelière.  Voici  comme  il  le  décrit  : 

Tête    petite ,   museau    pointu ,    œil    de    médiocre 

g^ndeur,  prunelle  noire  et  iris  blanc  ;  le  corps ,  assez 

semblable  à  celui  de  la  Brème ,  est  bombé  du  côté  du 

dos,  et  encore  plus  sous  le  ventre;  sa  chair  est  blanche , 

moins  estimée  que  celle  delà  Brème.  On  en  trouve  dans 

les  laes  de  Savoie ,  dans  les  étangs  de  la  Bresse,  dans  le 

Hhâne  et  la  Saône.  Duhamel,  Pèches,  iV  part.,  sect. 

m,  p.  5i4* 

Belon,  Observ,  de  plus,  singul. ,li\f.  i,  chap.  lui, 
p.  117,  chap.  Lv,  p.  12S,  p^rle  d'un  poisson  nommé 
Plestia,  aux  embouchures  du  Strymon  ^ ,  et  Platane, 
en  Macédoine. 

Gesner,  de  AquatUib. ,  pp.  482 ,  867 ,  1225 ,  discute 
sur  ce  poisson  *,  et  Duhamel ,  ouv.  cil. ,  p.  5o6 ,  §  3 ,  fait 
un  article  du  Plestia  ou  Platane,  où ,  en  adoptant  les 
détails  donnés  par  Gesner ,  il  regarde  le  Plestia  ou  le 
Platane  comme  le  même  poisson  que  la  Bordelière.  Les 
naturalistes  grecs  pourront  seuls  déterminer  l'exactitude 
du  rapprochement  fait  par  Gesner  et  par  Duhamel. 

'  Karassou  des  Turcs. 

10 


(146) 

6*  soiiS'genre.  Les  Ables,  Leuciscus,  Klein. 
Vulg.  Poissons  blancs.  Blanchaille. 

Dorsale  et  anale  courtes ,  épines  et  barbillons  nuls. 

Ce  sous*genre  contient  des  poissons  dont  la  chair 
est  peu  estimée^  aussi  les  espèces  sont-elles  souvent 
confondues  sous  la  dénomination  commune  de  Poissons 
blancs  i  et  dans  quelques  endroits  on  leur  applique  in-- 
distinctement  les  noms  de  Meânier,  Chevfanne,  etc.  , 
Gardon. 

Bloch  et  ses  successeurs  n^ont  point  suivi  Fusage  des 
environs  de  Paris ,  dans  Tapplication  de  ces  noms  fran- 
çais ,  quHls  ont  répartis  presqu^au  hasard ,  comme  le  foit: 
remarquer  Cuvîer ,  Règn.  an. ,  éd.  a ,  «.  2 ,  p.  ayS  (a)- 

Les  Poissons  blancs  dont  on  fait  peu  de  cas  pour  les 
tables,  sont  employés  de  préférence  pour  nourrir  les 
poissons  voraces  dans  les  viviers.  Tels  sont  la  Bosse  ^ 
la  Bordelière  et  la  Gibèle,  Duhamel,  Pèche,  paru 
1,^.9. 

XV.   Cyprin  brun.    Cyprinus  fuscus,  Nob. 

Ce  poisson  dont  un  échantillon  pris  sur  le  marché  ^ 
m^a  été  désigné  sous  le  nom  de  Blanc,  avait  sepC 
pouces  de  lon(];ueur  \  et  un  autre ,  seulement  quatre 
pouces  et  demi. 

La  longueur  de  la  tête  était  trois  fois  tiii  quart  dans 
celle  dii  corps ,  c'est-à-dire  entre  tête  et  queue  ;  sa  lar- 
geur était  un  peu  plus  de  trois  fois  dans  la  longueur* 
totale  du  corps. 

Son  corps  aplati  le  fait  ressemblera  la  Bordelière^ 
mais  il  est  plus  épais  que  celui  de  cette  dernière  ;  le» 
écailles  qui  le  recouvrent  sont  aussi  plus  épaisses ,  plus 
larges  et  plus  grandes. 


(147) 

La  mâchoire  inférieure  peu  ascendante  y  est  légère- 
ment dépassée  parla  mâchoire  supérieure. 

La  nageoire  dorsale  se  trouve  placée  dans  Tinter- 
valle  des  ventrales  et  de  Tanale,  mais  très-rappro- 
chée  des  premières.   ' 

La  ligne  latérale  courbée ,  est  composée  de  cinquante 
glandes  ^  j*ai  compté  douze  rayons  à  la  nageoire  dorsale, 
neuf  à  chacune  des  ventrales ,  et  treize  à  Tanale. 

Le  péritoine  nacré,  est  piqueté  de  points  noirs  très-fins. 

L'appareil  dentaire  pharyngien  a  du  rapport  avec 
celui  du  Cyprinus  ruiUus  ;  mais  il  en  difiere  par  lés 
dimensions. 

La  plaque  pharyngienne  ovoïde  alongée ,  est  sertie 
dans  une  cavité  de  la  même  forme  dans  Tapophyse  de 
Vos  basilaire  ;  le  prolongement  de  cette  apophyse  parait 
«m  peu  aplati  en  dessus ,  et  offre  en  dessous  une  crête 
verticale  transparente. 

Les  dents  des  mâchoires  pharyngiennes  sont  au  nom- 
lire  de  six  sur  une  seule  rangée  ;  mais  elles  sont  plus  me- 
xiues,  plus  petites  et  plus  délicates  que  celles  de  la  Rosse. 

Cest  en  effet  par  la  comparaison  des  deux  dentures 
cjuUl  est  focile  de  s'assurer  delà  grande  différence  qui 
existe  entre  le  Cyprinus  rutilus ,  Linn. ,  et  mon  Cypri- 
wmsfuscus^^  l'apparence  extérieure  de  ces  deux  poissons 
ne  permet  pas  d'ailleurs  de  les  confondre. 

])e  plus  l'aplatissement  et  la  forme  trapue  du  corps 
de  la  dernière  espèce ,  la  situation  de  sa  nageoire  dor- 
sale la  rapprochent  de  la  forme ^es  Brèmes. 

Ce  poisson  firaie  en  mai. 

XVI.  Cyprin  nageoire  jauite.  Cyprinus  xanthopierus,  N. 

Cette  espèce  se  rapproche  de  la  Rousse,   Cjprinus 
rutilus,  Linn. 


(  1«  ) 

L'échantillon  sur  lequel  je  fais  cette  description  était 
long  de  cinq  pouces  à  partir  de  l'origine  de  la  nageoire 
caudale.  . 

La  ligne  latérale  est  formée  de  46  glandes. 

La  longueur  de  la  tête  est  3  fois  i/a  dans  celle  du 
corps. 

La  largeur  du  corps  est  environ  3  fois  dans,  la 
longueur  totale. 

La  dorsale  à  xi  rayons ,  est  située  un  peu  en  arrière 
des  ventrales  à  ix  rayons:  Panale  ofifre  xiu  ray<Mis, 
la  caudale ,  xix. 

Ce  poisson  est  court ,  ramassé  ^  son  corps  est  aussi 
large  que  celui  de  la  Bordelière,  dont  il  difiere  par  des 
écailles  plus  grandes. 

La  denture  m'a  offert  cinq  dents  sur  une  seule  ligne  à 
chaque  mâchoire.  Quelquefois ,  je  n'en  ai  vu  que  quatre 
sur  l'une  d'elles  :  à  côté  des  plus  élevées ,  j'ai  vu  une 
saillie  osseuse  :  serait-elle  une  base  de  dent  fracturée  ? 
Il  est  difficile  de  s'en  assurer. 

Plusieurs  dents  gingivales  se  remarquent  dans  cette 
espèce  ;  ces  dents  triangulaires,  qui  se  retrouvent  dans 
mon  Cyprin  bouche  en  croissant ,  n'ont  encore  été  si- 
gnalées par  aucun  ichthyologiste  :  elles  sont  un  nouveau 
sujet  de  recherches;  aussi  dois-je  le  signaler  aux  na- 
turalistes. 

L'espèce  de  Cyprin  dont  je  donne  la  description ,  se 
rapproche  de  la  Bordelière  avec  laquelle  cependant  on 
ne  peut  la  confondre;  il  y  a  en  effet  trop  de  différence 
dans  le  nombre  des  rayons  de  la  nageoire  anale. 

Cette  espèce,  prise  dans  l'Ouche  au  dessous  du  Parc, 
nage  avec  une  très-grande  rapidité  pour  se  soustraire  à 
l'épervier  que  jette  le  pêcheur. 


(  149) 

XVn.  La  DoBULE  ' ,  Cyprinus  dobula,  Linn.  Gmel., 
Syst.nat.,  éd.  xiii,  tom.  i,  p.  1424»  sp.  i3. 

Rondelet,  De  piscib,  flupiatil.j  p,  i(py   seulement  la  figure, 

Dict,  des  sciences  naturelles,  tom.  i,  suppL,p.^,  i©  Le  Meûuier, 
Lmdscus^dobulà.' 

Bloch,  Ichtl^ùlogie  ,  part,  i,  p.  36,  tab.  y. 

HermaoD  ,  Obseru.  zoolog, ,  p.  Saa.  CypriauB  orthonotiu. 

Cavier ,  Règne anim. ,  édit.  a,  tom.  2,  p.  275.  Le  Meûaier  '. 

MejeTy  Représ. ,  tom.  2  ,/>/.  ç-». 

Jfouv.  Dict.  d'hist.  nat.,  édit.  a,  tom.  9,  p.  72.  Bosc  a  en  f^rand 
tort  de  rapporter,  ouv.  cit,,p.j\j  le  Cyprin  Cheyauae  an  Qyprinus 
je^es  ,  Liuu. 

Ce  poissoa  est  connu  ici  sous  le  nom  de  Chei^anne , 

On  le  reconnaît  à  sa  tête  large,  (d'où  Chei^anne,  di« 
minutif  de.cAef),  à  son  museau  rond,  à  ses  pectorales 
etyentrales  rouges.  La  mâchoire  supérieure  dépasse  lé- 
gèrement rinférieure. 

La  longueur  de  la  tête  est  un  peu  plus  de  trois  fois 
dans  la  longueur  du  corps  ;  le  dos  est  large  et  arrondi  ; 
les  opercules  des  ouïes  ne  présentent  pas  les  lignes  de 
leurs  divisions  comme  dans  les  autres  Cyprins. 

la  ligne  latérale  offre  44  ^^  4^  écailles- .  . 

'  Le  nom  Dohule  vient  du  mot  saxon  Diebel,  on  dn 
not  polonais  Duhîel,  employé  pour  désigner  des  poissons 
appelés  Capito  fluviatiUs. 

*  U  eiuste  nne  confusion  extraordinaire  dana  la  nomen- 
datare  de  ce  poisson,  comme  dans  celle  des  poissons •  da 
nême  sons-genre  \  aussi  Bloch  et  ses  snceesseurs  n^ont  point 
SQÎfi  Pnsage  des  environs  de  Paris  dans  Papplication  des 
noms  français,  quMIs  ont  répartis  presque  au  hasard  :  les 
pêcheurs,  donnant  le  même  nom  à  des  espèce^  différentes  ^ 
contribuent  à  augmenter  la  confusion. 


(  150  ) 

La  nageoire  dorsale  a  sa  partie  antérieure  insérée 
sur  un  point  qui  correspond  à  la  partie  postérieure  do 
la  base  des  ventrales. 

D.  lo  :  P.  ^  :  V.  9  :  A.  9  :  C.  18 ,  fourchue. 

Péritoine  nacré ,  marbré  d'une  grande  quantité  de 
points  noirs  très-fins  et  très-rapprochés  ;  dents  pharyn- 
giennes au  nombre  de  sept  à  chaque  mâchoire  :  deux 
intérieures  et  cinq  extérieures ,  toutes  crochues  à  leur 
sommet. 

On  compte  4©  vertèbres  et  i5  paires  dé  câtés. 

Ce  poisson ,  dit  Bloch ,  se  nourrit  d'herbages  et  de 
vers ,  tels  que  de  petites  sangsues  noires  '  et  de  jeunes 
limaçons  blancs  ' ,  qui  s'attachent  aux  herbes  ;  il  firaie , 
du  milieu  de  mars  au  milieu  de  mai ,  sur  les  pierres  des 
rivières  •,  il  meurt  promptement  hors  de  Feau. 

Sa  chair  est  blanche,  saine,  mais  remplie  d'arêtes, 
et  par  cette  raison  peu  recherchée.  L'intestin  ne  pré- 
senté qu'une  circonvolution  et  demie ,  comme  dans  la 
Tanche. 

Les  Dbbules  de  la  Havel ,  dit  Bloch ,  ne  pèsent 
pas  plus  d'une  demi  livre;  celles  de  la  Sprée  pèsent 
jusqu'à  une  livre  et  demie.  ' 

Lacépède ,  HisU  naU  des  Poissons ,  tom.  x ,  p,  896 , 
indique  le  poids  des  Dobules  de  deux  à  quatre  livres. 

Un.  marchand  de  poisson  m'a  dit  que  le  Ghevannean 
atteint  quelquefois  une  taille  de  18  à  20  pouces,  et 
qu'alors  il  pèse  quatre  à  cinq  livres  environ  *,  mais  ces 
caractères  ne  conviennent  point  à  notre  Dobule. 

Cependant  voici  ce  que ,  d'après  des  renseignemçnsr 

'  Blocli  9  sons  le  nom  de  petites  sangsues  noires  et  de 
jennes  limaçons  blancs ,  n'indiquerait- il  pas  des  Planaires 
(  brune  et  lactée  )  ? 


(  151  ) 
fin  eiaocs,  m^écrit  M.  Pataille  père,  propriétaire  a 
Haxilly-sur-Sa&e  : 

«  Che%f€ume.  Les  plus  gros  de  ces  poissons  pèsent  3  à 
5  livres  au  plus  ;  dans  ce  dernier  cas ,  leur  longueur  est 
cie  i4  à  i6  pouces  environ,  (depuis,  et  y  compris,  la  tête 
qui  se  mange,  jusqu^à  Torigine  de  la  caudale).  Une 
cirooDStanoe  particulière  à  ce  poisson  est  la  suivante  : 
comme  il  est  très^vide  et  vorace,  il  est  presque  le 
fleul  que  Ton  prenne  la  nuit  au  cordeau.  On  amorce 
principalement  avec  des  Groujons.  Sa  chair  est  assez 
lionne  è  manger  ;  mais  elle  contient  beaucoup  de  petites 
arêlfs.'  »  Ce  passage  a  trait  au  Cjrprinus  dobula. 

n  existe  donc  plusieurs  espèces  de  Cyprins  voraces  : 
k  Barbeau ,  (  Cjprinus,  barbus,  Linn,  )  ;  la  Dobule, 
(Cftef^onne  de  nos  pécheurs);  ensuite  llde  de  Bloch^ 
(^Cjrprinus  jeses de  Jurine;  Gardon  de  Cuvier).. 

Le  Ghevanne  de  la  Bèze  a  quelquefois  i6  à  i8  pouces  ; 
il  pèse  alors  jusqu'à  6  livres.  Je  ne  puis  qu'engager  les 
naturalistes  des  bords  de  la  Bèze,  à  s'assurer  si  le 
Chevanne  de  cette  rivière  est  le  même  que  celui  de  la 
Saône  *. 

Le  nom  de  Chevanneau ,  appliqué  à  plusieurs  ei^çes 

'  Ayant  exposé  mes  doutes  sur  le  Che vanne ,  à  M.  Pa- 
tûBe  y  Toici  ce  qiiHl  m^a  répondu  i 

ce  Le  nommé  Canserefc  fils,  pécheur  à  Heuîliey,  et  raison- 
ce  nant  très-bien  son  état ,  m^a  dit  :  Le  Ghevanne  de  la  Saône 
«c  et  celui  de  la  Bèze  sont  assurément  de  même  espèce  ;  mais 
ce  ce  dernier ,  à  raison  de  la  différence  des  eaux ,  devient 
ce  plus  gros  et  beaucoup  meilleur }  et  dans  la  Tille ,  rivière 
«  de  sable  y  il  y  est,  ainsi  que  la  Truite,  beaucoup  meîl- 
«  leur  encore  que  celui  de  la  Bèze,  toujours  quoique  de 
<c  même  espèce ,  et  cela  par  la  différence  des  eaux,  so  hettre 
du  22  août  i836. 


(  152) 
de  poissons ,  a  induit  en  erreur  tous  les  ichthyologiste»; 

On  en  a  la  preuve  dans  la  citation  suivante  :  «  Je  ne 
«  sais ,  dit  Bloch ,  IchûvyoL  ,  paH,  \^  p,  2,^^û\e  Gar- 
«  don  ou  la  Yandoise  sont  le  même  poisson  que  la 
«  Dobule.  » 

Duhamel  a  même,  sous  ce  nom,  décrit  et  figuré 
mon  Cyprin  bouche  en  croissant.  Quoi  qu'il  en  soît', 
réchantillon  sur  lequel  j'ai  fait  la  présente  descriptiOD^ 
avait  un  pied  de  longueur ,  depuis  l'extrémité  du  mu- 
seau ,  jusqu'à  l'origine  de  la  queue ,  et  pesait  une  livre 
six  onces.    * 

Le  Dieu  des  Se.  naU ,  tom.  i ,  siippL  ,  p.  3 ,  i" ,  ctle 
Nom^,  DicU  (Thist.  naU  ,  tom.  9 ,  p.  72  ,  ne  contiennent 
que  peu  de  renseignémens  sur  le  Meunier <m  la  Dobulé^y 
qui  a  sept  dents  sur  deux  rangées,  deux  en  haut ,  cinq 
en  bas ,  toutes  pointues  et  un  peu  crochues.  Cuvier, 
Anat.  compar. ,  tom.  3  ,  jp.  1 9 1 . 

Lacépède,  Hist.  naU  des  Poiss.y  tom.  x,  p.  388 j  re» 
garde  le  Cyprinus  dohula  et  le  Cyprinus  grislagine 
comme  le  même  poisson.  Cuvier ,  Règn.  anim. ,  éd.  a , 
iom.  a ,  pp.  2,rj5  et  276  (1) ,  en  fait  deux  espèces. 

C'est  un  point  à  examiner. 

Rondelet,  de  Piscibus  flitviatUib.  liber ,  cap.  xv, 
p.  190 ,  dans  son  chapitre  intitulé  :  De  Cephalof  flu,- 
piatili  y  donne  la  figure  de  la  Dobule ,  poisson  appelé 
eh  latin  Cànito,  en  français  Manier ,  parce  qu'il  se 
trouve ,  dit-il,  dans  le  voisinage  des  moulins ,  ou  au  bas 
de  leur  digue. 

La  véritable  cause  du  nom  Meunier,  donné  à  ce  pois- 
son ,  vient  de  sa  couleur  blanche ,  comparée  à  celle  des 
farineurs.  f^ojez  ci-dessus,  p.  24  (0*  C'est  par  la 
même  raison  ,  qu'avant  la  révolution ,  le  sobriquet  de 
Merlan  était  donné  aux  perruquiers  à  raison  de  la 


(  153  J 
poudre  dont  leurs  habits  étaient  couverts.  Quelques 
personnes  appellent  ce  poisson  Baiboiteau ,  à,  causo  d& 
la  ressemblance  qu'on  a  cru  lui  trouver  avec  le  Barbeau, 
d'oii  on  a  fait  les  noms  Garbotin ,  GaxbiAteau. 
'  On  donne  encore  à  ce  poisson  le  nom  de  FUain,  à 
raison  de  ce  qu'il  se  plait  dans  la  fange  et  les  ordures  , 
dont  il  se  nourrit ,  ou  plutôt  à  cause  du  peu  de  cas  que 
l^iMi  fait  de  ce  (o/ poisson.  Ce  poisson  est  aussi  conau^ 
sons  tes  noms  de  ChevenCy  Ckes^ansy   Clias^eney   Cha^ 
lidsféaU:{sùt  ta  Loire  ),  Chaboisseau  (  petit  Chabot  )  , 
dMvés  de  Chef;  à  Angers  on  Tappelle  Cliouany  de- 
TAnglais  Chus ,  Chie\^en ,  d'oii  Che^ene. 

D'airtres  lui  ont  donné  le  nom  de  Testardyk  cause 
de  4a  grosseur  de  sa  tête ,  et  à  Rome  il  porte  le  nom  de 
Squale. 

Toutes  ce^  dénominations  vagues  ont  causé  le  plus, 
glrand  désordre  dans  la  nomenclature  ichthyologique  , 
et  les  commentateurs  qui  se  sont,  bornés  à  les  admettre 
les  ont- appliquées  à  tort  et-k  travers ,  à  des  poissons  fort 
différens ,  comme  il  est  facile  de  s'en  assurer.  Rondelet ,. 
lol-méme  ^  dans  le  chapitre  cité  plus  haut ,  a  confondu 
la  Diobule  et  mon  Cyprin  bouche  en  croissant. 

Gesner^  de  A{iuatilibuSf  p,  2,16  j  217,  a  décrit.  la 
Bokule  sous  le  nom  de  Capito,  pesant  cinq  livres  et 
demie,  (  livre  de  18  onces  ) ,  long  de  dix-huit  pouces. 
L'origine  de  la  dorsale  à  dix  rayons ,  dit-il ,  se  trouve  à 
égale  distance  de  Torigine  de  la  tête  et  de  l'origine  de  la 
queue.  Les  dents  au  nombre  de  sept ,  sur  deux  rangées, 
cinq  en  dehors  et  deux  en  dedans,  sont  légèrement  cro-* 
chues  au  sommet.  Ce  poisson  (raie  en  mai.  Dans  les  en- 
virons de  Baie ,  les  pêcheur^  garnissent  leurs  hameçons 
avec  un  insecte  appelé  Aletmuggen ,  (  Capitonis  musca, 
mouche  de  Capito  );  c'est  une  mouche  grande,  oblongue. 


t  154) 
noirâtre,  qui  pendant  Thiver ,  est  cachée  dans  Peau.  Ne 
serait-ce  pas  une  espèce  de  Phrygane  ^  ou  de  Semblis  ? 

Les  œufs  de  ce  CapUo,  dit  Cresner ,  sont  bons  à  manger, 
Oi^a  palato  sapiunt. 

Je  vais  décrire  Tappareil  dentaire  pharyngien  de  ce 
poisson. 

L'apophyse  de  Tos  basilatre  :  présente  une  cavité 
presque  triangulaire ,  dans  laquelle  est  sertie  la  plaque 
dentaire  supérieure;  cette  apophyse  est  terminée  posté- 
rieurement  par  un  prolongement  large  et  comprifné  b* 
téraleraent  ;  la  première  vertèbre  a  de  diaque  câté  one 
apophyse  assez  longue  et  fort  aiguë. 

Les  dents  pharyngiennes  inférieures  au  nombre  de 
sept  sur  deux  rangées ,  cinq  en  dehors ,  deux  en  dedans^ 
sont  toutes  crochues  à  leur  sommet.  Le  nombre  de  C68 
dents  peut  varier  par  suite  de  la  chute  de  plusieurs 
d'entre  elles.  J*ai  vu  des  mâchoires  oii  une  dent  man- 
quait à  la  rangée  extérieure ,  d'autres  oh  il  en  manquait 
deux  à  la  rangée  extérieuréet  une  à  la  rangée  intérieure^ 
d'autres  où  une  dent  manquait  à  chaque  rangée ,  daiift 
d'autres  enfin  une  dent  ne  manquait  qu^à  la  rangée  inté* 
rieure.  La  place  des  dents  manquantes  est  très-risibkl 
sur  le  rang  extérieur. 

Les  dents  tombées  se  remplacent-elles  chez  les  Cy- 
prins ?  C'est  ce  que  l'observation  ne  peut  faire  cou* 
naître  ;  et  comme  les  dents  pharyngiennes  des  Cyprins 
paraissent  être  un  prolongement  recouvert  d'émail ,  des 
mâchoires ,  il  est  bien  à  croire  que  les  dents  une  fois 
tombées  ne  se  remplacent  plus.  En  effet  dans  les 
Squales  où  le  remplacement  a  lieu ,  il  ne  s'opère  jamais 
dans  la  place  vide,  mais  seulement  par  des  dents  posté-^ 
rieures  couchées  qui  se  redressent  alors. 

La  description  du  Cyprinus  dobula ,    donnée  par 


(  155  ) 
J.  Hermann,    Observât,   zoologicœ,  p,   821,  sur  un 
échantilloD  de  huit  pouces  et  demi ,  présente  quelque 
diflfêrence  avec  la  nâtre.  Gela  dépendrait-il  de  la  dide- 
rence  de  taille  des  échantillons  examinés  ? 

On  confond  souvent  le  Cyprinus  jeses  avec  le  C^- 
prinus  dobula,  Bloch  a  signalé  leurs  différences ,  que 
nous  allons  mettre  en  parallèle. 

Tiuun  ou  Meuiueii.  Cyprin     Dobule.  Çyprimis  dobula, 
nus  jeses,  Bl. ,  p.  ^^^pl.  vi,  Bloch ,  pL  v. 

DeveiiAiit  très-gros.  Moins  grosse. 

Tète  beaucoup  plus  épaisse. 

Corps  plus  gros,  bleuâtre.        Corps  étroit  |  de  couleur  Ter- 

dâtre. 
Largeur  d'une  Carpe. 

Lobes  de  la  queue  obtus.  Lobes  de  la  queue  aigus. 

Ecaillés  gra'pdea.  Ecailles  petites. 

Poida  jusqu'à  dix  livres  '.        Poids  ne  dépassant  jamais  une 

livre  et  demie. 
Vie  dure.  18  paires  de  côtes.  Vie  peu  dure.  i5  paires  de 

côtes. 
Chair  grasse,  garnie  d'arêtes  y 
paraissant  jaune  quand  elle  J* ajoute  :  Sept  dents  crochues, 
est  cuite.  sur  deux  rangs. 

'  Le  baron  de  Tschudy  écrit  à  Duhamel,  Pèches,  2« 

jfari, ,  sect.  m ,  p,  5oa ,  qa^on  prend  dans  la  Moselle  des 

Chevannes  qui  pèsent  dix  à  douze  livres.  Ce  sont  àe%  Cypr. 

jeses*  Elles  ont  été  indiquées  par  Ansone ,  sous  le  nom  de 

CapUo. 

V  Achon,  Attchon  ou  Aucon  de  la  Moselle  est  un  poisson 
blanc  qui  ressemble  au  Vilain  ;  seulement  il  est  un  peu  plus 
alongé.  Il  est  médiocrement  estimé.  Duhamel,  7fi  part., 
sect.  ni ,  p.  493 ,  §  4.  Ne  serait-ce  pas  la  Dobsfle  ? 


(  »56; 

A  Toccasion  du  Cyprinus  jeses ,  décrit  et  figuré  par 
}\\Y\ne^  HisU  des  poiss.  du  lac  Léman  y  p.  307,  if 
li^pL  11,  sous  le  nom  de  Chevène  ,  je  ferai  remarquer 
que  ce  poisson  est  le  Cyprinus  idus,  Bloch ,  Ichlhiolog., 
part.  I ,  p.  202 ,  pL  36  j  ainsi  quUl  e^t  &cile  de  s^en  as^ 
surer  par  la  comparaison  des  figures  et  par  celle  des 
mœurs  et  des  habitudes. 

L'Ide,  appelé  par  Cuvier  le  Gardon^  Bègn.  anim. ^ 
tom.  2 ,  p.  275 ,  habite  les  grands  '  lacs  ;  sa  longueur 

'  Il  faut  rapporter  à  Tlde  le  poisson  appelé  Cyprinus  cla^ 
valus  siye  Pigus  par  Rondelet ,  de  Piscibus  lacustnb,  Ub*, 
cap.  y^p-  i53 ,  Gesner ,  de  Aquatil, ,  p.  ?ijS,  C'est  en  effet 
le  Cyprinus  idus  mâle ,  au  temps  du  frai,  pris  dans  le  lac 
de  Côme  et  dans  le  lac  Majeur,  où  seulement  il  se  trouTCi 
au  rapport  ^t%  Milanais.  Artédi,  JchthyoL  ,  part,  ty^ 
Synon.  ^p,  1 3  ,  jp.  a5 1  le  signale  sous  le  nom  de  Cyprinm 
piclo  (ne  faut- il  pas  lire  picho?)  Pigo  et  Pigus  dictus.  11 
dit  :  ce  Des  épines  blanches  et  pyramidales  paraissent  à  la 
£n  du  printemps  et  au  commencement  de  Tété  y  sur  le  milieu 
des  écailles,  et  durent  environ  quarante  jours;  passé  ce 
temps  on  n'en  observe  plus.  » 

Duhamel,  Traité  des  Pèches,  n^  part»,  sec  t.  m,  p.  Si/^ 
en  parle ,  sous  le  nom  de  Carpe  épineuse  ;  et  Lacépède  j'^ist, 
nat,  des  Poiss.,  t.  11,  p.  S6,  répète  ce  quW  dit  Rondelet. 

On  trouve  peu  de  renseignemens  sur  le  Pigo  ,  Cyprinus 
pigus,  dans  le  Dict.  des  Se,  nat.,  tom*  ^o  ^p.^Sy. 

Pigo ,  poisson  semblable  à  la  Carpe  ,  qu^on  pêche  en  été 
dans  le  lac  de  Côme  et  le  lac  Majeur.  Ce  poisson  a  an  milieu 
de  chaque  écaille,  du  côté  de  la  tête,  une  espèce  d'épine 
ou  de  boucle ,  piquant  comme  celle  de  la  Raie  \  sa  qneae 
est  fourchue;  son  tentre  est  blanc,  tirant  sur  le  rouge 
pâle  ;  le  dos  d'un  bleu  noirâtre.  Les  plus  grands  de  ces 
poissons  pèsent  cinq  à  six .  livres  ;  la  chair  en  est  délicate* 
EncycL  méih,,  Dict*  des  Pêches  ;  p.  21 9. 


(  157) 
est  d\m  à  deux  pieds,  et  son  poids  de  six  à  huit  livres  ; 
il  a  la  vie  dure;  il  mord  surtout  quand  on  prend  pour 
appât  des  queues  d'Ecrevisses  et  des  Grillons,  Grjllus 
campestris  ;  sa  chair  blanche  est  tendre  et  de  bon  goût  ; 
ila  4^  vertèbres  et  i5  paires  de  cotes. 

Dans  l'article  consacré  par  Jurine  à  son  Cyprinus 
jeses  ' ,  on  Ut  :  C'est ,  je  crois ,  le  seul  Cyprin  *  qui 
mange  d^autres  poissons  et  morde  ajox  hameçons  auxquels 

tient  un  Chabot  ou  une  Loche Il  parvient  à  une 

grosseur  assez  considérable,  puisqu'il  n'est  pas  rare 
d'-en  prendre  de  4  ^  ^  livres.  Quoique  sa  chair  soit 
blandie  et  délicate ,  on  la  prise  peu ,  à  caase  du  nombre 
des  arêtes. 

On  voit ,  par  le  rapprochement  de  ces  passages  et 
par  la  confrontation  des  figures ,  que  le  Çyprinus  jeses  ^ 

'  Le  nom  de  Jeses  ne  aerait-il  pas  une  altération  de  ce* 
hi  de  Jefunus  ? 

On  lit  en  effet  dans  le  Traité  des  Alimens^  par  Lémery , 
a«  édit,f  p.  4^3  9  AU  sujet  da  Mulet  de  rivière  : 

a  Le  Mulet,  Cephalus,  est  encore  nommé  en  latin  Mu-- 
a  gdf  parce  quUl  est  fort  agile;  il  est  appelé  par  quelques- 
ce  uns  J^unus ,,.».,  parce  qu^il  ne  mange  point  de  chair. 
<K  Cést  pour  cela  ,  dit  Jovius ,  que  les  poissons  ,  qui  comme 
«  lui  n^en  dévorent  point  d'autres,  honorent  et  respectent 
te  très*fort  le  Mulet ,  le  regardant  comme  un  bon  et  sain 
«  poisson,  ao 

*  Les  détails  contenns  ci-dessus,  p.  i5i  ,  dans  notre 
article  Dobule ,  prouvent  qu'il  y  a  plusieurs  espèces  de 
Cjprinff  qui  mangent  d'autres  poissons. 

Le  basilaire  auquel  adhère  la  plaque  pharyngienne  de  la 
Dobnle  a  postérieurement  une  crête  longue  et  large  ^  placée 
de  champ.  La  forme  de  la  plaque  est  triangulaire. 


(  158  ) 

de  Jurine  est  très-différent  du  Cjprirms  jeses  de  Bloch. 
Il  est  le  même  que  le  Cyprinus  idus ,  Bloch. 

Cyprinus  jeses. 

Celui  de  Jurine  diffère  de  celui  de  Bloch  : 

D.  à  la  partie  post.  des  Y.  D.  à  l'origine  des  Y* 

C.  à  peine  échancrée.  C.  fonrchue. 

Corps  alongé  y  droit  de  la  D.  Corps  gonflé ,  bombé  de  la 

à  la  tête.  D.  à  la  tête. 

Aussi  la  figure  du  Cyprinus  jeses  de  Jurine  est-elle 
la  même  que  celle  du  Cyprinus  idus,  Bloch,  pi.  xxxTf, 
appelé  Gardon  par  Cuvier ,  Jiègn.  anim. ,  édit,  2 ,  Ipifi; 
2,  ;?.  275.  Ainsi ,  le  Gardon  de  Cuvier  est  différent  dn 
Gardon  de  Rondelet  et  de  Duhamel. 

Le  Cyprinus  dobula  et  le  Cyprinus  leuciscus ,  dil 
Bloch ,  se  ressemblent  beaucoup  *,  cependant  le  Meunier^ 
Cyprinus  dobula ,  est  plus  arrondi  et  a  les  nageoires  pec- 
torales, ventrales  et  anales  rouges ,  tandis  que  ces  mêmet 
nageoires  sont  d'un  rose  très-pâle  dans  la  Vandoise.  •• 
a  Chabuisseau ,  nom  que  les  pécheurs  de  la  Loin 
donnent  à  la  Chevanne,  en  Poitou  et  en  Aunis,  à  m 
petit  poisson  de  deux  à  trois  pouces  de  long ,  dont  le 
écailles  sont  petites  et  blanches ,  qui  a  depuis  les  ouie 
jusqu'à  la  queue  une  bande  de  deux  à  trois  lignes  d< 
largeur,  d'un  bleu  clair  et  luisant;  il  a  un  petit  aileron  sui 
le  dos ,  un  ou  deux  derrière  Tanus  (  ces  deux  derrièr 
l'anus  sont  de  la  part  de  Duhamel  une  erreur  dépendan 
d'une  déchirure  de  la  nageoire  anale),  Taileron  d 
la  queue  fendu  ,  deux  nageoires  sous  la  gorge ,  un 
derrière  chaque  ouie,  la  tête  petite.    Quelques-un 
le  nommeht  Chabisseau;  on  le  nomme  aussi  en  patoi 
des  bords  de  la  Loire,  Garbotin,  Garbatteau.  )>  Duhs 
mel,  Traité  gén.  des  Pêches,  n^^part,,  secU  ni ,  p.  565. 


(  159  )  ^. 

«  Un  excellent  correspondant  que  j^ai  au  hbrd  de 
la  Loire  )  et  qui  me  recommande  forlib  de  ne  le  pas 
nommer ,  m^écrit  que  les  uns  nomment  la  Ghevanne 
Garbotdn,  d^autres  Garbotteau,  et  d'autres  Chabois" 
seau,  »  Ouu.  cité,  p.  5o2. 

Cet  article  est  une  nouvelle  preuve  de  la  confusion 
introduite  dans  la  nomenclature  des  poissons ,  lorsqu^on 
se  rapporte  uniquen^nt  aux  noms ,  pour  les  indiquer. 
Aussi  Duhamel  n'a-t-il  pas  reconnu  dans  le  Chabuisseau 
du  Poitou  et  de  TAunis,  la  Bouvière ,  i^ojez  ci-dessus, 
p.  iaa,ou  plutôt  le  CyprUius  jaculus ;  ce  dont  pourront 
s^assnrer  les  naturalistes  des  bords  de  la  Loire ,  en  exa- 
minant la  denture  de  ce  poisson. 

N,  B.  Le  nom  de  Chahoisseau  est  employé  par  CoTier  ^ 
pour  désigner  les  Chabots  marins,  Cottus,  Linn.  Lacépède 
l'attriboe  (  mais  bien  à  tort } ,  à  son  Cjprin  jesse. 

Dans  cet  ouvrage  j*ai  eu  à  plusieurs  reprises,,  p.  7, 
p.  74,  Toccasion  de  signaler  la  difTiculté  de  se  procurer 
pour  Fétude ,  les  poissons  que  Ton  désirerait  ;  je  reviens 
encore  ici  sur  ce  sujet.  Toutes  les  espèces  du  sous-genre 
AUe,Ga\,^  ont  été  confondues  jusqu'à  ce  jour  5  j'ai 
préci3é  les  caractères  de  toutes  celles  que  j'ai  examinées  ; 
le  nombre  et  la  disposition  des  dents  pharyngiennes 
m'ont  servi  de  base  fixe.  Aussi  je  regrette  beaucoup 
de  n^voir  pu  obtenir,  malgré  des  demandes  réitérées, 
les  deux  espèces  suivantes ,  connues  dans  l'arrondis- 
sement de  Châtillon ,  et  sur  lesquelles  mon  estimable 
confrère,  le  docteur  Bourée,  m'a  envoyé  la  note  suivante  : 
fL  Meunier^  vu'g-    VtlœUy  Cjpiinus  oblongus,  ou 
«  Dcbula,  commun  dans  la  Laigne,  où  il  acquiert  de 
«  grandes  dimensions  ;  rare  dans  nos  autres  rivières. 

«  Ce  poisson  est  connu  sous  le  nom  de  F^ilna  dans 
«  Tarrondissement  de  Châtillon. 


*.  (  160  ) 

(c  C^ei^alàij  Chauigneau,  sans  doute  le  CheUiume, 
«  Leudscus  jéses;  très-abondant  dans  toutes  nos  ri- 
c(  vières ,  ou  ce  poisson  blanc  acquiert  quelquefois  le 
c<  poids  de  trois  livres.  »  Lettre  de  M,  Bourée,  ii 
noi^embre   i835. 

Mais  il  sufTira  de  comparer  l'appareil  dentaire  pharyn- 
gien de  ces  deux  poissons  ,  dont  Tun  est  certainement 
la  Dobulc,  pour  reconnaître  leui^litlërence,  indiquer 
leurs  caractères  et  appliquer  les  noms. 

«  La  difliculté,  dit  Guvier,  de  reconnaître  les 
«  figures  données  par  les  auteurs  d'espèces  si  serablableS| 
c(  dans  le  sous-genre  Able,  est  encore  augmentée, 
ce  parce  qu'il  y  a  dans  les  rivières  d^Europe  plusieurs 
«  autres  espèces  qui  n'ont  pas  encore  été  représentées.  » 
Cuvier,  règn,  animal  y  éd.  a,  tom,  ^^  p.  2.^6^  à  la  noie. 

Les  descriptions  que  je  donne  n'auront  pas  Tincon- 
vénient  que  Guvier  attribue  aux  figures  ^  et  Ton  peut 
s'assurer  de  Tinexactitude  de  Tarticle  suivant ,  inséré 
par  Bosc  dans  le  Noui^,  Dict,  dllist,  nat, ,  édiU  a , 
toni,  VI,  p.  4i4* 

c(  Chevanne,  poisson  du  genre  Cyprin ,  qu'on  appelle 
«  aussi  Meunier  y  Vilain  ^  Testard^  et  qu'on  trouve 
«  dans  les  rivières  et  les  ruisseaux  5  c'est  le  Oyprinus 
«  Jeses  ^  de  Linnaeus ,  et  non  le  Cjp/inus  cephalus 
«  du  même  auteur,  comme  Duhamel  ^  et  d'autres  Font 
«  cru.  Voy.  au  mot  Cyprin,  » 

'  Bosc  aurait  dik  citer  les  autorités  sur  lesquelles  il  s^ap- 
pnie  pour  dire  que  notre  Chevanne  est  le  Cyprinus  jeses p 
Linn.  ;  ce  qui  n'est  pas.  « 

^  Duhamel,  dans  son  Traité  général  des  Pèches^  n^A 
point  rapporté  la  Chevanne  an  Cyprinus  cephalus ^  Linn. 
J'ignore  s'il  l'a  fait  dans  quelqu'autre  ouvrage. 


(  161  ) 

Pai  prouvé  que  la  Chevanne  de  uos  pays  est'  W  Çjr^ 
prinus  dobula,  Bloch;  et  la  Ghevene  de  Jur^,  le 
Cyprinus  idus,  Bloch^  on  verra  plus  bas  que  le  Che- 
vanne de  Duhamel  est  mon  Cyprin  bouche  en  croissant. 

Le  Chevenne  mâle ,  au  temps  du  frai ,  en  mars  et 
avril ,  a  sur  ses  écailles  des  épines  irès-prononcécs. 
Duhamel  en  parle  Pêches,  /7.  5i  4 ,  sous  le  nom  de  Pigo, 
et  lui  donne  le  nom  de  Carpe  épineuse  y  au  surplus  les 
mâles  de  beaucoup  de  Cyprins,  du  sous-genre  jéble, 
offrent  à  Tépoquedu  frai  des  écailles  charg;ées  d'épines. 

La  Chevanne  offre  quelquefois  dans  son  intérieur  : 

1®  La  Giroflée  changeante  ^ 

a*  Le  Distoma  inflexum y  Encycl.  méth.,  vers,  t.  2, 
p.  273 ,  n»  79  ; 

3*  Le  Tœnia  torulosa,  Batsch,  Gmel. ,  Syst.  nat.  , 
édit.  XIII,  p.  3o8i ,  sp.  85,  Dict.  Se.  nat.,  t.  53,  p.  64. 

Je  n'ai  pu  encore,  malgré  des  demandes  multipliées , 
parvenir^  me  procurer  les  poissons  dont  les  noms  suivent  : 

Alense,  Câted'Or. 

Bonille,  petit  poisson  rond,  blanc^  et  très-bon,  Yonne. 
Carpe beurnole ,  Câted'Or. 
Carpe  tanche,  id. 
Carrelet ,  poisson  plat ,  Yonne, 

Ckatooille,  ayant  la  peau  deTAngailley  et  sur  les  côtés 
de  la  tête  ,  deux  crochels,  id, 
Chevalot,  Càte-d'Or. 
Gardon  )  id. 
Gardon  carpe ,  id, 
Gremille,  id. 
Landoite,  id, 
LoDTOtte ,  petit  poisson  blanc  plus  court  que  PAblette  y 

Yonne* 
Me&nier,  Câte^d'Oret  Yonne, 

11 


(162) 

RotÎMon  I  Meunier  ^  Yillena ,  Yonne. 

RoQSM  oour^  et  large ,  Câte^d'Or. 

Rousse  longue  aux  yeux  rouges ,  /</. 

Roussel,  Gardon  rouge,  ayant  les  panneaux  rouges,  Yonne» 

Seufle  rousse ,  Cote^d'Or. 

Yandoise ,  id, 

Yapdoise  imitant  le  Rotisson ,  mais  plus  petit  ^  Yonne* 

Yilna ,  Côte-d'Or  et  Yonne. 

Il  me  serait  facile  de  rapporter  plusieurs  de  ces  pois* 
sons  aux  espèces  dont  j'ai  tracé  l'histoire  \  mais  les  noms 
ont  donné  lieu  à  trop  d'équivoques ,  pour  les  appli- 
quer sans  voir  les  objets  \  il  n'y  a  d'ailleurs  point  de 
certitude ,  parce  que  les  pécheurs  ne  sont  point  d^ac- 
cord  entre  eux  ;  d'ailleurs  m'étant  fait  une  loi  de  ne 
parler  que  des  poissons  soumis  à  mon  examen ,  je  m'in- 
terdis tout  rapprochement  jusqu'à  ce  quUl  me  soit  per- 
mis de  vérifier  par  moi-même  les  caractères  de  ceux 
compris  daos  cettç  liste. 

XYIII.  La  Rosse,  Cyprinus  rutilus,  Linn. ,  Gmelin, 
Syst.  nat. ,  xiii ,  p.  14^6,  sp.  16. 

Bondelet,  de  Plscibus  lacustribus  liber ,p,  i56,  cap,  tx,  enie* 
ietaut  le  titre  et  la  figure  ',  mais  adoptaot  le  nom  de  f^angerQ/i. 

'  Uîncurie  de  rimprimenr  a  placé  en  tête  de  ce  dbapitr^i 
qui  contient  une  description  exacte  de  la  Rosse ,  appelée 
Vangeron  par  notre  auteur,  le  nom  et  la  figure  de  la  Férup 
Coregonus  Fera ,  Jurine ,  Act.  Genev,  ,  1825,  tom.  3, 
irtpart.fp.  190,  n^  9,  j:?/.  7,  décrite  au  chapitre  xTin| 
p.  164,  en  tête  duquel  se  trouve  la  figure  du  Yangeron. 
Cette  transposition  de  figures  a  été  signalée  par  Gesneri  de 
Aquat. ,  p.  35 ,  et  ensuite  par  Aldrorandi ,  de  Plscibus p 
p.  620. 


(  163  ) 

Genier ,  De  AquatiU,p,  966.  De  Rutilo y  sipe  Rubello  fiUiTiatili. 
Marigli  y  Danuh»  Pannon.  ,  tom.  ly,  p,  41  >  iah.  xiii,  fig,  4* 
Duhamel,  Traité  général  des  Pêches,  w part. ,  sect,  m  9  p.  499^ 
pi  XXIV  ,  fig.  a. 
filoch ,  Ichthyologie ,  part,  i ,  p.  28 ,  pi,  a. 
Bonnaterre,  Tableau  Encyclop,,  ichthyologie,  pi.  Soyfig,  334- 
Lacépède  ,  Hist.  nat.  des  Poiss,,  tom.  x,  p.  397. 
Jorinei  Hist,  des  pois  s,  du  lac  Léman,  p.  an,  n*  i5,  />/.  i3. 

Ce  poisson ,  dont  l'épine  a  44  vertèbres ,  est  connu , 
dans  ce  pays,  sous  le  nom  de  Rousse.  Quelques  pê- 
cheurs l'appellent  Dresson  (dénomination  altérée  de 
Rousse  ou  Rousseau  ). 

On  le  reconnaît  par  la  couleur  rougeâtre  ou  orangée 
de  ses  nageoires.  Les  N.  A.  et  G.  sont  d'une  couleur 
orange  bien  plus  prononcée  sur  les  ventrales  -,  l'extré- 
mîté  de  la  D.  est  d'un  vert  foncé.  Le  dos  est  caréné 
depuis  Tocciput  à  la  nageoire  dorsale ,  et  arrondi  depuis 
cette  nageoire  à  la  queue  *,  le  corps  a  une  forme  ovale , 
un  peu  resserrée  depuis  l'anus. 

La  nageoire  dorsale  correspond ,  à  peu  près ,  à  la 
partie  postérieure  des  nageoires  ventrales. 

D.  12  :  V.  9  :  A.  12-,  ligne  latérale  un  peu  courbée , 
formée  de  44  glandes  -,  longueur  de  la  téle  :  3  fois  i/4 
dans  celle  du  corps. 

La  mâchoire  inférieure ,  légèrement  ascendante ,  ob- 
tuse et  dépassée  sensiblement  par  la  mâchoire  supé- 
rieure. 

Péritoine  nacré ,  piqueté  de  points  noirs  nombreux. 
L^appareil  dentaire  pharyngien  consiste  en  une  plaque 
en  poire ,  sertie  dans  la  cavité  de  même  forme  de  l'apo- 
physe de  l'os  basilaire,  terminée  par  un  prolongement 
aplati,  disposé  horizontalement,  et  muni  d'une  crête 
médiane,  imitant  la  saillie  du  sternum  de  poulet. 

Les  mâchoires  pharyngiennes  inférieures  sont ,  cha- 


(  164) 
cnne,  pourvues  de  six  dents,  (quelquefois  une  '  ou 
deux  avortent,  comme  je  l'ai  vu),  disposées  sur  un 
seul  rang. 

Cuvier,  Anai.  compar. ,  tom.  3 ,  p.  191,  se  borne  à 
dire  :  «  La  Rosse ,  Cyprinus  rutilas ,  a  les  dents  comme 
«  la  Tanche,  et  encore  plus  grosses  à  proportion.  » 
MaisJurine,  Act,  Genei^.,  tom.i,  part.i^  1821,  p. 
a4j  en  précise  le  nombre.  «  La  Rosse  ou  le  Vangeron, 
((  Cyprinus  rutilus ,  dit-il ,  a  cinq  dents  qui  ressemblent 
«  à  celles  de  la  Tanche.  »  Jurine  n'a  vu  qu'un  indi- 
vidu à  mâchoires  incomplètes  par  l'avortement  ou  la 
destruction  de  la  sixième  dent,  à  moins  qu'il  n^ait  exa- 
miné mon  Cyprinus  xanÛiopterus,\,  ci-dessus,  p.  147. 

Suivant  Duhamel,  la  Rosse  de  rivière  a  ordinairement 
dix  pouces  de  longueur.  On  en  trouve  quelquefois  d'un 
pied  et  demi  et  du  poids  d'une  à  deux  livres.  Bloch  dit 
une  livre ,  ou  tout  au  plus  une  livre  et  demie. 

Voici  le  passage  de  Duhamel  : 

«  De  la  Rosse  de  rivière,  Itoce,  Rose,  Roche. 

■  Gmelin,  S.  N.  ,  éd.  xiii,  p.  14^7»  ne  donnant  que 
cinq  dents  à  cliaque  mâchoire  pharyngienne  du  Cyprinus 
rutilus f  Linn.,  me  fait  croire  quHl  a  fait  son  observation 
«ur  mon  Cyprinus  xanthopterus ,  qu'il  est  facile  de  confon- 
dre avec  la  Rosse  quand  on  néglige  le  caractère  fourni  par 
les  dents.  Gesner  en  a  fait  usage  assez  fréquemment,  comme 
on  peut  s'en  assurer  par  le  passage  suivant  : 

a  De  capitone  anadromo  illo  quem  Miseni  Zerle  Tel  Blicke 
ce  nominant.  »  1 

oc  Maxilla  utrinque  valida ,  dentibus  senis  oblongît  val* 
ce  lata.  Maximi  qui  apud  Misenos  capiuntur  bilibres  sant.  ^ 
Gesner,  de  AquatU, ,  p*  1270. 

Les  dents  du  poisson  mentionné  par  Gesner  iont  en 
même  nombre  que  celles  du  Yangeron. 


(  165  ; 

.  Elle  confine  beaucoup  avec  le  Gardon  -,  elle  a  quel- 
quefois 1  1/2  pied  de  long. ,  et  pèse  i  i/a  livre.  Nageoires 
d'un  rouge  beaucoup  plus  vif  que  dans  les  Gardons. 

Rosse ,  plus  large  que  le  (xardon  ;  trois  et  demi  de 
largeur  faisaient  plus  que  la  longueur  ^  beaucoup  plus 
courte  et  plus  large  que  la  Ghevanne  ou  le  Vilain. 
Ecailles  de  la  Rosse  approchant  beaucoup  de  la  gran- 
deur et  de  la  couleur  de  celles  de  la  Carpe. 

Longueur,  to  pouces. 

Iris  de  couleur  d'or  ;  dessus  de  la  tête  d'un  brun  oli- 
vâtre foncé ,  chargé  de  noir  ]  gueule  petite  -,  mâchoire 
inférieure  parait  un  peu  plus  longue  que  la  supérieure. 
(Ce  doit  être  le  contraire.) 

Chair  moins  délicate  que  celle  du  Gardon.  » 

Duhamel,  Trait,  gén,  Pêch.^p,  499,  pi*  xxiv^Jlg,  2. 

«  Rosse,  poisson  de  rivière  fort  commun  en  Suède;  il 
est  de  la  grandeur  d'une  Carpe ,  et  de  même  genre  ;  ses 
nageoires  et  ses  ailerons  sont  d'un  rouge  vif;  l'iris  de  ses 
yeux  est  de  couleur  d'or  ;  le  dessus  de  la  tête  et  le  dos 
d'un  brun  olivâtre  foncé  ;  les  côtés  d'un  jaune  clair.  Sa 
gueule  est  petite  et  sans  dents  ;  sa  chair  est  bonne ,  mais 
un  peu  amère.   »  EncycL  méthod. ,  Dict.  des  Pèches, 

p.  244- 

«c  Rosière ,  poisson  d'eau  douce  à  nageoires  molles  et 
du  genre  des  Carpes  ;  sa  tête  est  grosse  5  ses  yeux  sont 
grands  ;  sa  chair  est  bonne  à  manger ,  mais  de  dif&cile 
digestion.  >»  Op.  ciu^p.  244* 

Il  est  difficile  de  dire  auquel  des  Cyprinus  rufus, 
Nob, ,  ou  du  Cjprlnus  rutilas ,  Jur. ,  appartiennent  la 
Rosse  et  la  Rosière  citées  par  l'Encyclopédie  méthodique. 

Les  échantillons  que  j'ai  observés  avaient  neuf  pouces 
ie  longueur,  depuis  l'extrémité  du  museau  jusqu'à  l'o- 
rigine de  la  queue  3  ib  n'étaient  pas  du  même  sexe  ;  aussi 


(  166) 
ai -je  remarqué  de  très-grandes  différences  dans  la  pro- 
portion de  la  tête  avec  le  reste  du  corps ,  et  dans  celle 
de  la  largeur ,  comparée  à  la  longueur  totale.  Le  nombre 
des  rayons  des  nageoires  n*était  pas  le  même  non  plus 
dans  les  deux  sexes  ;  tel  est  le  motif  pour  lequel  on  ne 
doit  pas  beaucoup  compter  sur  les  caractères  des  pois- 
sons, tirés  du  nombre  des  rayons  des  nageoires,  dans  les 
Cyprins  du  sous-genre  Able.  L'appareil  dentaire  pha- 
ryngien m'a  fourni  des  caractères  invariables  et 
eonstans,  que  Thabitude  et  Texercice  ne  tardent  pas  à 
familiariser  avec  Taspect  extérieur  des  poissons ,  aspect 
plus  facile  à  saisir  qu'à  décrire.  Il  ne  faut  donc  point 
être  étonné  si  dans  le  Dict,  des  Se.  nat, ,  tom,  i ,  suppL, 
p,^^  sp,  2,^  tom,  xLvi,  p.  -292,  et  dans  le  Nouv*.  DicU 
dhisU  nat. ,  édil.  1 ,  tom,  ix  ^  p.  78 ,  les  auteurs  ont 
confondu  la  Rosse  avec  le  Gardon  ;  c'est  le  résultat  des 
mêmes  noms  donnés  par  les  pêcheurs  aux  différentes 
espèces  de  la  sous-division  du  genre  Cyprin ,  désignée 
par  Cuvier,  Règn,  amm. ,  éd't,  2,  tom.  a,  p.  ayS, 
sous  le  titre  :  des  bibles  y  et  par  le  vulgaire ,  sous  celui 
de  Poissons  blancs. 

La  Rosse  est  aussi  connue  sous  le  nom  de  F'angeron, 
du  mot  suisse  Winger,  dont  le  radical  ff^ink ,  clin-d'œil, 
désigne  la  rapidité  avec  laquelle  nage  ce  pvoisson ,  qui 
s^  la  vie  dure  et  se  nourrit  de  substances  végétales  et 
même  animales.      . 

A  l'époque  du  frai ,  on  rencontre  souvent  des  Van- 
gerons  couverts  d'aspérités.  Ce  phénomène  s'observe 
dans  plusieurs  autres  espèces  de  Cyprins  :  le  Chevène, 
le  Gardon p  etc.  Je  l'ai  remarqué  dans  le  Vairon. 

Ce  poisson  fraie  en  avril  et  au  commencement  de  mai, 
ordinairement  vers  midi;  la  femelle  dépose  ses  œufs, 
verdâtres ,  auxquels  la  cuisson  donne  une  couleur  rouge. 


(  167) 
dans  les  endroits  couverts  d'herbages  ou  de  brancb^s^ 

«  C'est  9  dit  Bloch  ,  le  plus  rusé  de  tous  les  poissons 
«  de  nos  contrées  ;  il  reste  toujours  caché  dans  le  fond 
tu  de  Teau,  tant  qu'il  entend  quelqu'un  sur  l'eau.  » 

De  jeunes  Yangerons ,  ayant  à  peine  deui  pouces  de 
longueur,  ont  déjà  leur  ovaire  et  leur  laite  tout  à  fait 
développés*  Cette  disposition  sert  à  éclaircir  le  chapitre 
de  Rondelet,  intitulé  :  de  Phoxinis.Y.  ci-dessous,  p.  168. 

On  recherche  peu  le  Yangeron ,  à  cause  de  ses  nom- 
breuses arêtes ,  petites  et  fourchues ,  quoique  sa  chair 
soit  délicate  et  légère  ;  et  lorsqu^on  se  décide  à  le  servir 
sur  les  tables ,  on  le  fait  frire. 

Les  Truites  et  les  Brochets  font  une  guerre  continuelle 
à  ce  poisson ,  employé  avec  avantage  pour  amorcer  ',  il 
est  très-^sujet  aux  vers. 

«  On  trouve  fréquemment  dans  les  Yangerons ,  dit 
«  Jorine,  ouu.  cité,  p.  21 3,  un  Taenia  logé  hors  des 
«  intestins;  ce  qui  distend  leur  ventre  au  point  que  les 
K  pêcheurs  ont  fait  de  ces  individus  une  espèce  parti- 
a  culière ,  à  laquelle  ils  ont  donné  le  nom  de  F'entru  ou 
«  Goitreux,   » 

Jurine  n'a  pas  indiqué  si  ce  Taenia  était  VEchi- 
norfnchus rutili ,  MuIl.,Gmel.,Syst.  nat.,  xiii, p.  3o5o, 
sp.  45.  Encycl.  méthod. ,  Yers ,  tom.  a,  p.  3o3,  sp.  9, 
ou  V  Eclùnoîynchus  q^m^^MuU. ,  GmeL  ,  Se.  nat., 
xiu,  p,  3o5o,  sp.  4^,  44»  P*  3048,  sp.  32.  Encyclop. 
méthod.,  Yers,  tom.  2,  p.  3o3,  sp.  10. 

C'est  aux  observateurs  à  décider. 

Jurine ,  ouy.  cit.  ^  ^.  2i3,  a  publié  des  remarques  sur 
la  synonyçiie  de  la  Bosse.  Suivant  lui ,  Bondelet  a  ,  le 
premier ,  faXt  connaître  ce  poisson  sous  le  nom  de  Van-' 
geron. 

Selon  dit  peu  de  chose  sur  la  Bosse ,  qu^il  Croit  être 


(  168  ) 

quelque  bâtard  de  la  Brème ,  constituant  cependant  une 
espèce  différente. 

C'est  effectivement  le  Cfprlnus  lafus,  Gmel.,  Sysî.  N., 
tom.  i,  p.  1438,  sp.  5o  ,  appelé  Rosière  par  Rondelet, 
qui  en  avait  déjà  parlé  sous  le  nom  de  Ballerus, 

Sous  le  titre  de  Phoxinis ,  Rondelet  parle  d'un  petit 
poisson  qui,  suivant  Aristote,  a  des  œufs  dès  qu'il 
est  né. 

<(  Cette  disposition,  dit  Rondelet,  se  remarque  dans 
«  plusieurs  espèces  de  poissons  ;  je  Ta i  rencontrée  sou- 
«  vent  en  Picardie  sur  le  poisson  appelé  Ros'ère,  *  dont 
tt  la  taille  ne  dépasse  jamais  six  pouces;  son  corps  est  large 
«  et  comprimé;  ses  yeux  sont  grands  relativement  à  son 
<(  corps;  il  est  de  couleur  jaune,  et  ressemble  entière- 
<(  ment  à  de  petites  Brèmes  ;  quelque  petit  qu'on  le 
«  prenne ,  il  a  toujours  des  œufs  ;  ^  aussi  les  pêcheurs  les 
ce  plus  instruits  disent  qu'il  naît  avec  des  œufs.  »  Ron- 
delet, de  piscib.  flui^.  lib. ,  cap,  xxviir,  p,  204. 

La  Ros'ère  est  représentée  par  la  fi.^nre  inférieure, 
dont  la  nageoire  anale  fort  longue  ressemble  à  celle 
de  la  Brème. 

«  Rosière,  poisson  d'eau  douce  du  genre  des  Carpes; 

'  Ce  nom  ne  viendrait-il  pas  de  Roscies ,  dénomination 
par  laquelle  les  Anglais  désignent  le  Gardon? 

De  Leucisco  altero  ,  s^u  primo,  Rondelet.  AIdrov.  ,  de 
Tiscibus ,  lib,  t,  cap,  xxiii , /?.  608,  Gardon.  Ab  Aiiglis, 
Roscies  ^  Helvetiis,  ein  SwaJy  Bellonius,  Sargum ,  Sago* 
nemve  ;   Monspeliensibus,  Siège,  p,  608. 

*  Déjeunes  Vangerons,  Cypri  jus  rutilas ,  ayante  peine 
deux  pouces  de  longueur,  ont  déjà  leur  ovaire  et  leur  laite 
tout-à-fait  développés.  Jurine ,  Hist,  Poiss*  du  lac  Lé- 
mon  j  p,  212. 


(  169  ) 
€  il  est  long  d^un  demi  pied .  et  sa  chair  est  bonne  à 
«  manger  quoique  de  dillicile  digestion.  »  Dicl.  Hiéor. 
etpraU  de  Chasse ,  tom,  2 ,  p.  32o. 

«  Belon  parle  aussi  d'un  poisson  qu'il  nomme  Rosse, 
m  qui  est  moins  grand  que  la  Brème,  que  les  Anglais 
«  nomment  Rochiez  ;  '  il  inclinerait  à  penser  que  c'est 
«  une  espèce  de  Brème  ;  mais  comme  il  a  le  dos  brun 
«  de  même  que  le  Gardon ,  et  les  ailerons  ainsi  que 
%  les  nageoires  rouges ,  ce  qui  ne  s'aperçoit  point  à  la 
c{  Brème,  il  en  conclut  qu'il  ne  faut  pas  confondre  ces 
«  deux  poissons ,  d'autant  plus  que  son  corps  est  plus 
((  épais  que  celui  de  la  Brème  ;  sa  tète  ressemble  assez 
«  à  celle  du  Gardon ,  ses  écailles  sont  plus  grandes  et 
«  moins  brillantes ,  et  sa  chair  moins  délicate.  »  Dulia" 
mel.  Pèches,  ii«  parf, ,  sect,  lu ,  p.  499. 

Dans  cet  article  Duhamel  confond  deux  poissons , 
savoir  :  le  Cyprinus  latus ,  Rosière  de  Picardie ,  et  le 
Cjpfinus  rufus ,  Rosse  de  Belon  ,  ce  dont  pourront 
s'assurer  les  naturalistes  de  Tancienne  province  de 
Picardie. 

Dans  le  même  chapitre  ,  Rondelet  rappelle  la  Rose 
qui  ressemble  à  la  Rosière ,  mais  elle  est  un  peu  plus 
grande  ;  elle  a  la  queue  rouge  ,^  son  corps  est  moins 
lai^e  et  de  couleur  bleue.  Ce  poisson  est  toujours  plein 
dœufs.  Rondelet,  loc,  cit. ,  p,  2.o5 ,fg,  super,  ,•  c'est  le 
Cyprlnusrutilus,  vid,  supr.  p,  167. 

Dans  la  traduction  française  ,  part.  2 ,  p.  1 5 1 ,  il  y  a 
deux  infidélités.  Voici  la  première.  «  Vous  le  voyez  tel 
qu^il  est  au  premier  pourtrait.  »  Phrase  qui  n'est  point 

'  Je  rappellerai  que  le  Gardon  est  appelé  en  anglais 
Roscies,  en  Suisse  S-wal,  à  Montpellier  Siège.  Belon  lui 
donne  le  nom  de  Sargus  on  Sago.  AIdr.  y  de  Pisc,  p,  608. 


(  170) 
dans  le  texte,  il  faut  lire  :  au  second  pourtrait.  «  Celui 
de  dessous,  n  lisez  :  celui  de  dessus.  Le  texte  latin  porte  : 

«  Huie  qui  subjungitur non  multum  absimilis 

((  est  Rose.  )>  Ce  qui  signifie  :  la  Rose  ressemble  à  la 
Rosière  qui  est  dessous.  ' 

La  seconde  inexactitude  est  bien  plus  forte  ;  elle  dit  : 
(c  moindre  que  le  premier  »  et  le  texte  latin  porte  :  ' 
Paulo  major,    ce  qui   signifie  :   la  Rose   ressemble 
beaucoup  au  poisson  représenté  à  la  a*  figure  ou  à  la 
figure  inférieure ,  mais  elle  est  un  peu  plus  grande. 

Cette  petite  explication  était  nécessaire  pour  rectifier 
le  passage  suivant  de  Gesner.  a  Omnino  inversae  sunt 
«  figurae ,  et  nomina  quoque  mutanda ,  nam  figuram 
a  Rose  piscis  subjungi  ait ,  quae  major  sit  et  minus 
«  lata.  »  Gesner ,  de  AquatiUb.  p.  841  • 

Gesner  n'a  pas  compris  la  phrase  de  Rondelet  ;  les 
mats  huic  qui  suhjungitur ,  ne  se  rapportent  pas  à  la 
Rose ,  mais  à  la  Rosière ,  ce  dont  il  est  facile  de  s'assurer 
par  la  confrontation  du  texte  avec  les  figures. 

La  figure  intérieure  ou  celle  de  la  Rosière  ,  à  raison 
de  rétendue  de  sa  nageoire  anale ,  ressemble  beaucoup 
à  celle  du  poisson  décrit  et  figuré  par  Duhamel ,  Traité 
génér.  des  Pêches,  n*^art.,  secU  in,  p.  5o6^pL  xxvi, 

La  figure  supérieure  est  efiFectivement  celle  d'an 
jeune  Cyprinus  ruiilus. 

Si  l'on  a  trouvé  de  l'équivoque  dans  le  texte  de  Ron- 
delet ,  c'est  pour  n'y  avoir  pas  fait  attention  et  pour 
s'être  arrêté  à  la  proportion  des  figures  sans  avoir 
comparé  les  descriptions. 

Siego. 

Rondelet  n'ayant  pas  donné  de  description  exacte 
de  SOS  Mugîtes ,  Leucisci,  rend  très-difficile  la  déter- 


(  171  ; 

minaiion  des  espèces  de  poissons  qu'il  a  mentionnés 
sons  ces  titres  ;  cependant  en  les  cherchant  dans  les  lieux 
oii  il  les  indique ,  on  parviendra  à  les  retrouver  comme 
je  Fai  fait  pour  le  Cyprinus  erythropklhalmus ,  et  pour 
le  Çjrpnnus  bipunctatus, 

Bondelet,  dans  un  chapitre,  de  Piscib.  fluviadUb. 
Ub.,  cap.  XVI11  ^  p.  193 ,  parle  du  Si'ego,  Siège,  poisson 
extrêmement  fréquent  dans  les  ruisseaux  et  les  rivières 
des  Cévennes,  dans  THérault;  sa  taille  est  d'une  cou* 
dée  '  ;  il  ressemble  aux  Mug^ies ,  seulement  il  a  le  mu- 
seau plus  pointu. 

Cette  description,  donnée  par  Rondelet,  est  aussi 
inexacte  que  la  figure  supérieure  de  ce  chapitre  ;  figure 
dans  laquelle  est  oubliée  la  nageoire  anale,  et  où  le 
placanent  des  nageoires  ventrales  bien  en  arrière  de  la 
dorsale  ,  ne  conviendrait  qu'au  Cyprinus  eiythrop/uhal" 
musp  A  la  figure  n'était  pas  aussi  alongée. 

L^ensembie  de  cette  figure  se  rapporterait  à  mon  Cj^ 
prinus  mugUis ,  ou  peut-être  au  Cyprinus  jaculus , 
Juriae  :  les  naturalistes  des  Gévennes  peuvent  seuls  con- 
firmer ou  infirmer  cette  S3rnonymie ,  par  l'examen  des 
dents  pharyngiennes  du  Siego ,  poisson  dont  plusieurs 
aoleiirs  oot  parlé  plus   on  mmns  exactement  d'après 


Yoici  ce  que  Delisle  de  Sales  dit  de  ce  poisson  : 

c  Su»c ,  espèce  de  Muge  d'eau  douce ,  qu'on  trouve 

dans  les  rivières,  proche  des  Cavernes.  »  Dict,  théor, 

apnotb/uede  Chasse  et  de  Pêche,  1769,  fom.  2,  p.  SSp. 

Vaprès  cette  indication  il  serait  diflScile  de  savoir 

'  Cette  mesmre  est  erroa^ ,  et  k  fiçare  donsée  pir 
Koadelet  ne  pe«c  servir  à  sacmae  détemdjiatios  ;  el2e  est 
tiitp  incomplète. 


(  m  ) 

où  se  trouve  le  Slego  ;  car  il  ne  viendrait  à  personne 
ridée  que  les  Cei^ennes  ont  été  converties  en  Cavernes 
par  l'auteur  du  Dictionn.  cité.  Au  surplus  les  bévues 
des  traducteurs  sont  connues  depuis  longtemps  et  con- 
firment Texactitude  du  proverbe  italien  :  Tradutore , 
Traditore. 

«  Le  Siego ,  écrivait  Dalechamp  à  Gesner  ,  ne  se 
trouve  pas  dans  notre  Saône ,  mais  dans  THérault  qui  se 
jette  dans  la  mer  à  Agde.  w  JVomenclator  àquatil. 
'  animant.,  per  Gonradum  Gesnerum^  i56o,/?.  3o5. 

Cette  assertion  de  Dàlechamp  est  contredite  par 
celle  très-positive  deBoussuET,  qui  dans  son  ouvrage  in- 
titulé :  De  natura  aquatil,  carmen  in  altéra  parte  , 
p.  104»  dit  expressément  :  ce  Ce  poisson  se  trouve  dans 
la  Saône.  » 

Aussi  je  suis  porté  à  croire  que  ce  poisson  est,  comme 
je  Tai  insinué  plus  haut ,  ou  mon  Oyprinus  mugilis  ,  ou 
le  Cyprinus  jaculus ,  Jurine. 

«  Le  Friton  et  le  Siège,  dit  AUepn  Dulac,  sont 
l'un  et  l'autre  des  espèces  Ae  Muges  de  rivière;  leur 
manière  de  vivre  est  la  même ,  leur  chair  a  le  même 
goût  et  le  même  suc.  Le  bec  du  Siège  est  un  peu  plus 
pointu  que  celui  du  Friton;  c'est  ce  que  nous  ap- 
prennent Rondelet  et  Gesner.  »  Hist,  naturelle  du 
Lyonnais  y  etc.,  tom,  i,  p,  i58. 

Duhamel  parle  aussi  du  Siège  ;  loin  de  le  faire  con- 
naître exactement ,  il  en  augmente  la  confusion. 

((  Siège,  on  nomme  ainsi  en  Languedoc  de  petits 
poissons,  qui  ressemblent  au  Gardon  et  encore  plus  à 
la  Vandoise  ;  i^ojez  Fritons.  »  Traité  général  des 
Pèches  y  tom.  2 ,  p,  670. 

ce  II  me  semble ,  dit  Duhamel ,  que  le  Siège  approche 


(  173  ) 

plus  de  la  Yahdoise.  »   Ouur,  citéy  n*  pari,,  sect,  m, 
p,  556. 

Lacépède  ne  parle  pas  du  Siego  dans  son  Histoire 
naturelle  des  Poissons  ;  aussi  les  Dictionnaires  modernes 
d'Histoire  naturelle  ne  font  aucune  mention  du  Siège. 

XIX.  Le  RoTENGLE,  Cjprinus  erythrophtlialnius , 
Linn. ,  Gmel. ,  S.  N.  xin,  p.  14^9,  sp.  19. 

Roadelety  de  Piscib.fluviat,  liber ,  cap,  xvi ,  p.  191.  De  Leucisco. 
Le  Gardon.  '.  La  forme  de  la  tête^  la  directioa  de  la  mâchoire  infé- 
rieure ne  laissent  aucan  doute. 

AldroTandi,  de  Piscih.  p,  608 ,  lib.  y,  cap,  xxiii.  De  Leucisco 
altero  seu  primo  Rondeletii. 

Duhamel ,  Pêches,  o,*  part,,  p,  49^,  sect,  m  ,  pi,  xxiy,  fig,  1. 
Le  Gardon.  ' 

filoch,  Ichthyol.,  part,  i,  p.  ^5,  sp,  lypl,  i. 

Bonnaterre,  Tableau  encyclop.  des  trois  Règnes,  ichthyol.,  p.  199, 
4p.  38  y  pi,  8i  y  fig,  337,  La  Sarve.  • 

Lacëpède,  Hist,  nat,  des  poiss, ,  tom.  x^p.  ^00, 

Jurine,  Hist,  des  poissons  du  lac  Léman ,  p.  209,  n*  14  y  pi,  12. 

Nouv,  Dict,  d'Hist,  nat.,  édit,  2  y  tom.  9 ,  p.j\. 

Ce  poisson  parfaitement  décrit  par  Artedi,/c/?fA7'o/., 
pars  y,  p.  9,  '  sous  le  nom  suédois  *Sa/v  ou  Sarf, 
est  désigné  par  nos  pêcheurs  sous  les  noms  de  Cherin, 

'  CnTier^  Règne  animal,  2«  édii,,  tom,  ^^  p»  ^j5^  rap- 
porte le  nom  de  Gardon  an  Cyprinus  idus ,  entièrement 
dîfRrent  du  Cyprinus  erythrophthalmus^  et  Bosc,  N,  D, 
H,  N, ,  éd,  a ,  tom,  <)y  p»  7^%  au  Cyprinus  rutilas.  Dans 
le  JDict.  des  Se,  nat,,  tom,  xtiii  ^  p,  54;  tom,  xl^i^  p, 
29^ ,  on  appelle  aussi ,  par  erreur  y  le  Gardon  Lçmiscus 
(lisez  Leuciscus  )  rutilas, 

*  Le  nom  de  Sarve,  altéré  de  Sargus,  est  donné  an  Gar- 
don par.  quelques  auteurs. 

'  Bramisaffinîs.  Iconhujus  nuUa  extat.  Artedi,  /c^/^^o/.^ 
pars  lY^  p.  4  y  sp,  3. 


(174) 

Cfiairuif  Charln,  Schern,  dérivés  probablement  da 
suédois;  à  Genève  on  l'appelle  Raufe,  à  Evian  PUuelle, 
à  St.-Saphorin  Plateron. 

D'après  AUéoa  Dulac,  le  Gardon ,  poisson  blanc  mat, 
peu  estimé ,  a  le  corps  lai^e ,  le  dos  bleu  ^  la  tête 
verdàtre ,  le  ventre  blanc  et  les  yeux  grands.  Mémoires 
pour  sennr  à  {Hist.  naL  du  Lyonnœs ,  iom.  i ,  p.  141. 

Cette  description  vague  convient  à  plusieurs  pois- 
sons. 

Rotenglcy  poisson  assez  semblable  à  la  Brème,  fort 
connu  en  Allemagne;  ses  nageoires  sont  rouges ,  son 
corps  et  ses  yeux  sont  tachetés  de  la  même  couleur* 
Encyclop.  méth,,  Dict.  des  Pêches  y  p.  244» 

Roule,  poisson  de  rivière  et  de  lac ,  blanc,  plus  large 
que  la  Rose  et  la  Carpe  et  plus  épais  que  la  Brème.  Sa 
couleur  est  d^un  brun  jaune;  il  a  la  queue  et  les  na- 
geoires du  ventre  rouges;  il  a  aussi  une  tache  rouge 
sur  les  ouies.  On  pêche  de  ces  poissons  dans  le  Rhin 
et  dans  plusieurs  lacs  d'Angleterre  ;  il  s'en  trouve  qui 
ont  douze  à  seize  pouces  de  longueur.  Encycl.  méth^. 
Dieu  des  Pêches ,  p.   a44- 

Duhamel  est  plus  précis  ;  le  Gardon,  dit  cet  auteur, 
est  semblable  à  la  Yandoise ,  dont  il  diSere  par  la 
rougeur  des  yeux,  par  le  corps  moins  large  et  le 
museau  moins  aigu  ;  ses  œufs  fermes  et  roux  sont  déli- 
cats; il  a  le  dos  bleuâtre ,  voûté ,  les  côtés  argentés  et 
brillans. 

Ce  poisson  blanc  est  aussi  appelé  Garda  ou  Sargus;. 
il  est  long  de  huit  pouces,  quelquefois,  mais  rarement^ 
de  onze  pouces;  il  a  reçu  le  nom  de  Gardon,  parce 
qu'il  vit  plus  longtemps  que  beaucoup  d'autres  dans  un 
vase  plein  d'eau;  la  largeur  de  son  corps  est  quatre 
fois  ^lans  sa  longueur,  les  écailles  paraissent  distin** 


(  175  ) 

ffxées  par  des  traits  bruns  qui  forment  des  lozanges  '  , 
la  chair  est  blanche  et  délicate ,  mais  elle  n'a  pas  beau- 
coup de  goût;  néanmoins  elle  est  assez  bonne  quand 
on  apprête  ce  poisson  au  sortir  de  Feau  et  lorsqu'il  a  été 
péché  dans  une  eau  très-vive  ;  quand  il  est  gros  on  le 
fiût  griller,  s'il  est  petit  on  le  fait  frire.  On  en  prend 
quelquefois  qui  ont  près  de  douze  pouces  de  longueur  : 
Ceux-là  sont  les  plus  estimés  parce  que  leurs  arêtes  sont 
moins  incommodes.  Yoy.  Duhamel,  p.  498» 

Ce  poisson^  est  distingué  depuis  longtemps  comme 
le  prouve  la  citation  suivante  : 

«  Gardo  piscis  est  fiiuviatilis ,  gratissimi  saporis  den- 
deàœ  {lisez  Yendosiœ)  similis,  sed  per  ruborem 
oculomm  ab  ea  di^tcernitur.  Uterque  autem  mediocris 
quantitatis  (lisez  qualitatis)  est.  »  F^incentde  Beauvah, 
Speculm  naturœ ,  tom.  1 ,  Ub.  xvii ,  cap.  lv. 

GesDfir  répète  ce  passage  en  ces  termes  :  Gardus 
piscis  Yendosiœ  similis  est  :  sed  rdbore  oculorum  ab  ea 
differt;  uterque  mediocris  est  magnitudine. 

J.  Cu^  parle  aussi  du  Gardon,  u  Ce  poisson ,  dit-il, 
a  le  corps  large ,  le  dos  bleu ,  voûté  ,  la  tête  verdâlre , 
bis  cdiés  argentés  et  brillans  y  le  ventre  blanc  mut.  Sa 
chair  est  blanche. 

Lacéjpède  n'a  point  parlé  du  Gardon. 

Le  Rotengle  est  facile  à  reconnaître  par  sa  mâchoire 
inférieure  ascendante,  par  la  dépression  à  la  partie 
postérieure  de  la  tête,  résultat  de  la  saillie  brusque 
de  l'origine  du  dos.  La  longueur  de  la  tête  est  trois  JEbis 
ex  demie  dans  celle  du  corps. 

Le  pêcheur  Noblot  m'a  donné  ce  poisson  sous  le  nom 


'  Jarine  attribue  le  même  caractère  au  Cyprinus  rutilus* 


(  176  ) 
de  P^andoise;  ainsi  est  confirmée  la  note  suivante  d'AU 
léon  Dulac  ' . 

Le  pêcheur  Reverdy  me  l'a  donné  sous  le  nom  de 
Housse;  c'est,  d'après  M.  Pataille,  sous  ce  même  nom 
de  Rousse,  que  ce  poisson  est  connu  sur  la  Bèze. 

Le  Rotengle  est  agile  et  vivace  ,  d'où  vient  le  pro- 
verbe des  Français ,  parlant  d'un  homme  dispos  et  sain  : 
Il  est  sain  comme  un  Gardon. 

Malgré  la  description  que  Duhamel  a  donnée  du 
Gardon  ,  cet  auteur  l'a  confondu  avec  d'autres  poissons* 
c<  Gardo,  Gardon,  petit  poisson  assez  estimé,  dit-il; 
a  suivant  Rondelet  on  le  nomme  en  Languedoc  Siège 
«  et  les  petits  Fiitons  y  mais  il  me  semble  que  le  Siège 
«  approche  plus  de  la  Vandoise.  »  Duhamel,  Pêches, 
p.  566. 

Dans  cet  article,  Duhamel  confond  le  Gardon  de 
Rondelet ,  avec  le  Siège  et  le  Friton  du  même  auteur, 
qui  en  sont  bien  diflerens. 

D'après  la  description  du  Gardon,  faite  par  Ronde- 
let ,  Belon  et  Duhamel ,  Jurine  avait  soupçonné  que  ce 
poisson  pouvait  être  son  f^angeron  [Cjprinus  rutilus). 
Afin  iîe  dissiper  ses  doutes  à  ce  sujet  il  consulta  divers 
auteurs  français ,  et  ne  trouvant  le  nom  de  ce  poisson 

'  La  Vandoise ,  dit  Alléon  Dulac ,  est  un  petit  poisson 
qui  a  le  corps  large  et  le  museau  pointu.  Il  est  couvert  d'é- 
caiiles  moyennes  et  de  petites  lignes.  Sa  couleur  est  entre 
le  brun,  le  vert  et  le  jaune  5  il  a  Testomac  petit,  et  le  foie 
blanc,  où  est  attachée  la  bourse  du  fiel.  Il  devient  fort* 
gros.  Sa  chair  est  molle  et  assez  agréable  au  gortt.  Mémoires 
pour  servir  à  l'histoire  nat.  du  Lyonnais,  tom.  1  ,  p,  147. 
Voilà  la  source  de  l'opinion  de  l'auteur  du  Dictionnaire  des- 
Sc.  nat. 


(177) 

ardans  le  tableau  encyclopédique  de  Bonnaterre,  nî 
dans  Touvrage  de  Lacépède,  il  se  détermina  à  iaire 
tenir  de  Paris ,  dans  de  l'eau-de-vie ,  quelques-uns 
de  ces  poissons.  En  les  examinant,  il  reconnut  que 
quoique  ces  deux  espèces  fussent  très-voisines ,  elles 
éfaient  néanmoins  différentes.  Le  corps  du  Gardon 
lui  a  paru  un  peu  plus  étroit  que  celui  du  Vangerony 
la  tête  bien  plus  épaisse  ,  et  le  dos  roiid  plutôt  que  ca- 
réné ;  outre  cela  la  nageoire  anale  est  moins  longue , 
n'étant  composée  que  de  onze  rayons ,  de  même  que 
la  dorsale.  Quant  à  la  couleur  des  écailles  et  des  na- 
geoires ,  il  ne  peut  en  rien  dire ,  parce  que  Feau- 
de-yie  les  avait  altérées.  Mém.  de  la  Société  de  Phy^ 
doue  et  d  Hist.  nat.  de  Genèv^e ,  <.  3 ,  i'*  part. ,  /?.  216* 
J'ai  démontré  que  le  Gardon  de  Rondelet  et  le  Gar- 
don de  Dubamel  se  rapportaient  au  Cjprinus  ery-* 
throphûialmus  ;  on  en  a  aussi  la  preuve  dans  le  passage 
suivant  de  Gesner. 

c  GarduS)  dit-il,  piscis  Yendosiœ  similis  est;  sed 
«  nibore  oculorum  ab  ea  differt ,  uteix{ue  mediocris  est 
«  magnitodinis,  obscurus.  »  Gesn,,  de  AquaU,  p,  32. 

«  Argentinae  Gardon  dicitur  ReUel  vel  Rotang. 
tt  Ova  solidiuscula  et  rufa  habet ,  quœ  multis  in  cibo 
«  grata  sunt.  »  Gesn. ,  p.  3o. 

U  dit  ensuite  :  «  Le  Gardon  des  Français  est  appelé 
«  Schwal  à  Zurich;  sur  les  bords  du  lac  de  Gons- 
«  tance  (  Acronium  lacus  )  ein  Furn ,  dans  lequel  les 
tt  yeux  sont  plutôt  jaunes.  Sarge,  Sargon,  Cardon, 
«  Roscies  des  Anglais,  Scha^al  des  Suisses.  Galculum 
tt  quemdam ,  vel  similem  calculo ,  sed  molliorem  sub- 
«  stantiam  in  capite  babet  Gardus  noster.  »  P.  3o, 
Un.  7.6. 
Celui  envoyé  de  Paris  à  Jurine  était  probablement 

12 


(  178  ) 

notrp  Cyprifim  rufus.  Si  Jurîpe  eût  examiné  les  dents  y 
il  nç  Iqi  serait  point  resté  d'incertitude. 

Le  Rotengle  se  reconnaît  à  la  coulegr  dorée  de  son 
iris ,  à  sa  tête  petite ,  relativei^ent  à  sop  corps  lai^c  et 
plat,  s^  rétrécissant  subitement  de  Tanus  à  la  queue  \  \g» 
nageoires  ventrales  ,  anale,  caudale,  sont  d'qn  rou^^ 
cte  cinabre  *,  les  écailles  sont  grandes  et  striées  ;  la  ligpe 
latérale  est  courbée  du  coté  du  ventre  ;  et  la  nageoire 
dorsale  est  insérée  beaucoup  plus  en  arrière  que  lea 
ventrales.  Dans  leur  jeunesse  ob  pourrait  confondre  le^ 
Cherim  avec  le  Spirlin  ;  mais  on  les  distinguera  fa* 
eilement  parce  que  dans  le  Spirlin,  la  base  de  la  na- 
geoire est  colorée,  tandis  que  dans  les  jeunes  Chérins 
c'est  l'extrémité. 

Les  nageoires  du  Rotengle  scoit  rouges  comme  celles 
de  la  Rosse ,  mais  le  corps  est  plus  haut  et  plus  épais. 

Ce  poisson,  dont  la  longueur  est  de  lo  pouces  à  la, 
et  le  poids  rarement  d'une  livre ,  se  nourrit  de  plantes, 
de  coquillages  et  de  substances  animales  ;  c'est  de  tous 
tes  Cyprins ,  celui  qui  se  prend  le  plus  aisément  à  toutes 
sortes  d^appàts.  Il  parvient  quelquefois  à  un  pied  de 

Il  fraie  en  mai,  en  avril,  suivant  Bloch;  à  cette 
époque  on  voit  sur  les  écailles  du  mâle  de  petites  ex« 
croissances  dures,  pointues,  qui  disparaissent  après;  la 
daair  cassante  est  peu  estimée  ;  d^ailleurs ,  remplie  dV 
rêtes,  elle  est  pénible  à  maqger. 

Le  meilleur  emploi  que  l'on  puisse  fair^  de  ce  poisson 
qui  a  la  vie  dure ,  est  de  l'employer  à  la  nourriture  des 
Brochets,  des  Perches  et  autres  poissons  voraces  qu'on 
^lève  dans  les  étangs ,  ou  que  l'on  conserve  dans  des 
viviers.  .> , 

.  Oo  le  prea4  dans  toutes  les  saisons  de  ^'année^ 


(  179  ) 

JLe  Rotengle  fraie  en  avril  ;  lorsqu'il  fait  chaud  pour 
la  saison,  le  frai  ne  dure  communément  que  quatre 
jours  ^  les  œufs  sont  déposes  sur  toutes  sortes  de  plantes 
aquatiques  ;  ces  œufs  ne  sont  point  pondus  en  masses  , 
Biais  peu  à  peu ,  de  manière  que  si  une  partie  est  perdue 
fkv  quelque  cause ,  Taulre  se  trouve  conservée. 

Dans  te  temps  du  frai  et  en  hiver ,  ce  poisson  est 
ordinairement  maigre  ;  mais  en  été ,  il  est  gras ,  et 
a  chair  est  blanche  et  de  bon  goût ,  surtout  s*il  est 
jeune.  Cependant  comme  il  a  beaucoup  d'arêtes,  il 
n'y  a  guère  que  les  gens  du  peuple  qui  s'en  nourrissent. 
Bloch,  icht.fpart.  i,p.  26. 

Il  a  37  vertèbres  et  xvi  paires  de  côtes.  Artédi  a  dit  : 
«  Ce  poisson  a  14  ou  i5  côtes  longues;  celui  que  j'ai 
il  décrit  avait  huit  pouces  neuf  lignes.  » 

Dans  le  DicL  des  Se.  nat,,  au  mot  Gardon,  tom,  xvui, 
p.  i54  )  on  renvoie  au  mot  Able ,  tom,  1 ,  supplém,  y  où 
il  n^est  nullement  parlé  du  Gardon.  Au  mot  Rosse, 
lom.  4^  9  P*  ^9^  9  ^^"^  ^^^  ^^  même  renvoyé  aux 
mots  Able  et  Gardon.  Au  mot  Rotengle,  ijom.  4^9 
Z'.  3 10 ,  on  est  encore  renvoyé  au  mot  Able. 

Jurine ,  HisU  des  poissons  du  lac  Léman,  p,  216 , 
s'est  assuré  de  la  dififérence  qui  existe  entre  le  Gardon^ 
décrit  par  Rondelet  ^ ,  Selon  et  Duhamel ,  et  le  Fan-- 


*  Les  erreurs  qui ,  ayant  F  Invention  de  Pimprimene  | 
naissaient  de  la  négligence  ou  de  Tignorance  des  scribes  ^ 
sont,  en  ce  qui  touche  Thistoire  naturelle,  extrêmement 
fréquentes  \  et  comme  les  fautes  allaient  toujours  en  crois- 
lant  dans  les  copies  qui  se  faisaient  d'un  même  livre  ,  Per- 
rear,  loin  de  disparaître,  se  fortifiait  davantage.  C'est  à 
cetjte  eause  qu^il  faut  attribuer  les  noms  défigurés  qui  se 


(  180  ) 

geron,  on  la  Rosse  ,  Cypriniis  rutilas ,  Lin.  :  le  corpt 
du  Gardon  lui  a  paru  un  peu  plus  étroit  que  celui  du 
Vangeroriy  la  tête  bien  plus  épaisse,  et  le  dos  rond 
plutôt  que  caréné  ;  outre  cela ,  la  nageoire  anale  est 
moins  longue ,  n'étant  composée  que  de  onze  rayons,  de 
même  que  la  dorsale  ;  tandis  que  la  Rosse  ou  le  Van* 
geron  a  treize  ou  quatorze  rayons  à  sa  nageoire  anale , 
et  douze  à  la  dorsale ,  comme  on  peut  le  voir  p.  177. 

Plus  haut  Jurine  avait  dit:  Duhamel,  Traité  des 
Pèches ,  art.  5 ,  p.  3io  ,  a  décrit  la  Rosse  de  riinère  et 
le  Gardon,  de  manière  à  faire  apprécier  la  différence 
qu'il  y  a  entre  ces  deux  espèces  de  Cyprins  ;  mais  la 
description  qu'il  fait  du  premier  de  ces  poissons  laisserait 
croire  qu'il  a  en  vue  YErythrophthalmus,  plutôt  qnc  le 
Rutilas,  quoique  la  figure  qu^il  en  donne  appartienne 
plus  au  Rutilas  par  la  position  de  la  nageoire  dorsale 
presque  opposée  à  la  ventrale.  Jarlne,  ou\f.  cit.,  p.  ai4. 

Le  Gardon  est  accidentellement  épineux,  Magaz* 
encycL,  i8o5,  tom,  6,  p.  210.  Cette  observation  a  été 
foite  sur  le  mâle  qui  perd  ses  épines  après  avoir  renda 
sa  laite ,  comme  la  Rosse ,  le  Chevène.  Cette  remarque 
ancienne  a  produit  :  De  Cyprino  clavato,  sive  Pigo. 
Rondelet ,  de  Plscib.  locustr.  Ub.,  cap,  v,  p.  i53. 

Le  Gardon  a  le  corps  large ,  le  dos  bleu ,  voûté  ;  sa 
chair  est  blanche  et  délicate.  Quand  on  parle  d'un 
homme  bien  portant,  on  dit  qu'il  est  frais  et  vif  comme 
un  Gardon.  On  Tappelle  Gardon ,  parce  qu'il  se  garde 
très-longtemps  dans  un  vase  plein  d'eau.  Deleuze  dit 

tronyent  dans  Albert  le  Grand  ^  Vincent  de  Beanvais,  etc. 
Beaucoup  de  ces  erreurs  ont  pour  origine  la  substitution 
d^une  lettre ,  comme  on  le  yoit  dans  Bufo^  mis  pour  Bmbof 
Hirundo,  pour  Hirudo,  etc. 


(  181  ) 
que  ce  poisson  parait  être  le  même  que  le  F^engeron  du 
lac  de  Lauzanne.  Pisciceptologie ,  par  J.  ***  ( J,  Guça) , 
^*  édit.,  1828^  p»  1^2. 

L'ostéologie  du  Rotengle,  Cypriims  erythrophihalmus, 
«fire  quelques  singularités  que  je  vais  faire  connaître. 

lu  os  impair  ou  occipital  supérieur  est  pourvu  d^une 
crête  triangulaire  mince ,  dentelée  irrégulièrement  à 
ion  côté  postérieur. 

L W  basHaire  ou  occipital  inférieur e&X  remarquable  par 
son  apophyse,  dont  la  partie  antérieure,  creusée  en  val- 
lon, reçoit  la  plaque  dentaire  pharyngienne  supérieure. 

La  partie  postérieure  de  Tapophyse,  disposée  de 
diamp,  imite  un  sabre  obtus  légèrement  recourbé,  dont 
le  dos  élargi  présente  à  sa  base  une  cavité  ouverte  des 
deux  câtés. 

Les  dents  pharyngiennes  inférieures  sont  au  nombre 
de  huit,  disposées  sur  deux  rangs,  cinq  sur  Textérieur 
et  trob  sur  Tintérieur. 

Sur  une  mâchoire  pharyngienne  je  n^en  ai  trouvé  que 
«X,  par  suite  de  Toblitération  ou  de  la  chute  d'une 
dent  de  chaque  rangée. 

Ces  dents  terminées  en  crochet  recourbé  sont  com- 
primées à  leur  partie  supérieure,  garnies  intérieurement 
de  dentelures  peu  apparentes  il  est  vrai  sur  les  dents  de 
la  rangée  intérieure. 

La  première  vertèbre  a  de  chaque  côté  une  apophyse 
très  aiguë  disposée  horizontalement. 

La  seconde  vertèbre ,  plus  longue  que  les  autres ,  a 
cinq  apophyses  dont  une  verticale  et  quatre  horizon- 
tales. La  dorsale,  évasée  à  son  sommet,  présente  une 
cavité  irrégulière  sur  ses  bords  et  imite  un  verre  à 
pâte  \  la  base  de  cette  apophyse ,  assez  volumineuse ,  se 
projette  en  avant. 


(  182) 

Les  deux  apophyses  antérieures  sont  comprimées, 
lancéolées  et  dirigées  horizontalement. 

Les  deux  apophyses  postérieures,  également  horizon- 
tales, partent  de  la  partie  médiane  de  la  vertèbre  ;  elles 
imitent  les  ailes  de  ces  oiseaux  de  plaisir  inventés  pour 
provoquer  l'adresse  des  tireurs  ;  la  partie  antérieure  de 
ces  larges  apophyses  est  aiguë  et  dirigée  sur  les  apo- 
physes antérieures ,  et  la  partie  postérieure ,  également 
aiguë,  se  dirige  sous  la  base  des  apophyses  de  la  troi- 
sième vertèbre ,  base  qu'elle  enveloppe. 

La  troisième  vertèbre  présente  quatre  apophyses 
dirigées  en  bas  et  dont  celles  d'un  même  côté  se  réu- 
nissent par  leur  base. 

Les  antérieures ,  plus  longues ,  sont  comprimées  laté- 
ralement à  leur  extrémité ,  et  les  postérieures,  compri- 
mées de  devant  en  arrière ,  forment  une  sorte  de  lame 
triangulaire ,  contre  laquelle  porte  le  sommet  de  l'apo- 
physe de  V occipital  inférieur  ou  de  l'os  basilaire.  Cette 
lame  triangulaire  occupe  la  place  de  Vos  mitral,  indi- 
qué dans  la  carpe ,  par  Petit. 

Sous  la  rubrique  de  Ruvlo  sis^e  RubeUo  Jlus^iatUi 
i^Cjrprinus  rutilus) ^Gesnev  donne  une  description  exacte 
du  Cyprinus  erj^throphthalmus ,  et  il  le  caractérise  dans 
les  termes  suivans  :  «  Dentibus  quinis  (i) ,  qui  ab  inte- 
«  riore  parte  singuli  serrae  instar  asperantur  -,  quod  ia 
ce  aliorum  piscium  dentibus  nondum  memini  animad- 

'  Gesner  n''a  parlé  que  des  cinq  dents  du  rang  extérieur^ 
parce  que  les  dentelures ,  peu  apparentes  sur  les  trois 
dents  de  la  rangée  inférieure,  les  lui  auront  fait  négliger* 
Cependant  Gmelin,  S.  N.,  édit.  xiii ,  p.  i43o,  no  19  ,  dit 
positivement  :  Mandibules  œquales  duplici  dentium  serra^ 
tomm  incurvorum  série  armatce,  inferior  incurva* 


(  183  ) 
«  vertisse.  PIscis  satls  yivax ,  parit  junio  mense.  Mus- 
«  carum  fluviatilium  (  sive  Lacustrium  )  genus  quod- 
€  dam  magnum ,  oblongo ,  t^retë ,  varioque  corporis 
«  alveo  (  Tufblschosst  '  vulgus  do^trum  a|>pellant)i 
Y  Has  infigunt  hamis  ad  ineScalEldoâ  rutiles.  »  4xésn&r^ 
de  aquatiL  p.  966 ,  lin.  4^-56. 

xi.  Cypeiw  tÂvvEy  Cypfifi^  fidiffii  ^  Hôb. 

Cette  espèce  de  Cyprin ,  confoDdue  avec  beaucoup 
d'autrçs  sous  le  nom  vulgaire  de  Blanc,  se  rapproche 
(le  la  Rosse  par  son  apparence  extérieure. 
.  .^JLe  museau  de  ce  Cyprin  est  plus  obtus ,  la  mâchoire 
inférieure  est  légèrement  ascendante. 

Le  pcHSSon  mâle  que  j'ai  examiné  avait  cinq  pouces 
quatre  lignes  de  longueur  depuis  Pextrémité  du  museau 
jusqu'à  Torigine  de  la  nageoire  caudale. 

La  tête  est  contenue  3  i/4  dans  la  longueur  ducorps^ 
c'est-à-dire  dans  l'espace  compris  entre  Textrémité  de 
l'opercule  dies  ouies  et  la  naissance  de  la  nageoire  cau- 
dale :  proportion  que  j'ai  toujours  conservée  dans 
loutes  mes  mesures. 

La  largeur  du  corps  est  contenue  un  peu  plus  de 
quatre  fois  dans  la  longueur  totale ,  c'est-à-dire  depuis 
J'eitrémité  du  museau  jusqu'à  l'origine  de  la  nageoirç 
j^ndale. 

La  ligne  latérale^  moins  courbée ,  offre  au  moins 
5p  glandes. 

La  nageoire  dorsale  est  placée  de  manière  que  son 
preaiiei^  rayon  correspond  aii  dernier  des  ventrales.^ 

D.  9.  Y.  10.  A.  10. 

'  Ne  serait-ce  pas  des  Libellules? 


(  180 
Le  péritoine  est  nacré ,  piqueté  de  points  noirs  as^ez 

larges. 

L^appareil  dentaire  pharyngien  de  ce  Cyprin  se 
compose  de  la  plaque  sertie  dans  la  cavité  de  Tapophyse 
de  Tos  basilaire ,  et  des  dents  placées  sur  les  arcs  pha*- 
ryngiens. 

La  cavité  de  Tapophyse  de  l'os  basilaire  présente  un 
contour  pentagonal ,  et  une  surface  comparable  à  celle 
d'un  ogive  ^  cette  surface  est  traversée  par  une  ligne 
saillante  et  arquée. 

Les  dents  pharyngiennes  sont  au  nombre  de  huit  sur 
chaque  mâchoire  ;  elles  sont  crochues  à  leur  sommet  ; 
disposées  sur  deux  rangs ,  on  en  voit  cinq  extérieures 
et  trois  intérieures ,  ou  six  extérieures  et  deux  inté- 
rieures ,  comme  je  l'ai  remarqué  dans  l'individu  sou- 
mis à  mon  examen  ;  une  de^  mâchoires  offrait  la  pre- 
mière disposition ,  et  l'autre  la  seconde. 

N'ayant  encore  observé  qu'un  individu  de  Cyprinus 
fuluus  y  je  ne  puis  assurer  si  la  même  irrégularité  a  lieu 
dans  d'autres. 

Ce  poisson  a  été  trouvé  au  marché,  où  il  était  mêlé 
avec  les  Rjusses,  Cypnnus  rut'Uis,  Linn. ,  pour  former 
des  fritures.  Si  ch lir ,  farcie  d'arêtes  comme  celle  de 
ses  congénères ,  conserve  toujours  une  saveur  de  vase. 

J'engige  les  naturalistes  à  examiner  attentivement 
tons  les  poissrms  qu'on  leur  présentera  sous  le  nom  de 
Rousse;  ils  trouveront  probablement -de  nouvelles 
espèces ,  dont  il  sera  nécessaire  de  fonder  les  caractères 
sur  h  disposition  de  l'appareil  dentaire  pharyngien; 
cette  bise  est  la  seule  certaine  et  la  seule  exempte 
d'équivoques. 

Le  nombre  des  rayons  des  nageoires  est  sujet  à 
varier  ;  celui  des  glandes  de  la  ligne  latérale  n'est  pas 


(185) 

oonstant.Les  rapports  entre  la  longueur  de  la  tête  et 
celle  du  corps ,  ceux  de  la  largeur  avec  la  longueur 
totale  sont  trop  incertains  pour  ne  pas  laisser  beaucoup 
à  Tarbitraire  ;  Tinspection  de  la  denture  pharyngienne 
est  le  seul  moyen  pour  préciser  les  espèces  d'une  ma- 
nière constante. 

Gesner  s'en  doutait  :  mais  il  n^en  a  point  fait  usage 
pour  distinguer  les  poissons  dont  il  parlait  ;  aussi  dans 
don  article  de  Rutdo  ^  il  en  a  confondu  plusieurs  comme 
je  le  dis  ci-dessus. 

XXI.   Cyprin  houx  ,  Çyprinus  rufus,  Nob. 

J^ai  reçu  de  Dijon ,  de  Pontailler  et  d'Auxonne ,  sous 
le  nom  de  hresson  y  un  poisson  que  quelques  pêcheurs 
appelent  Feurtou,  d'autres  Rousse,  à  raison  de  la  res- 
semblance quMI  offre  au  premier  aspect,  avec  le  ^- 
j?rihus  nUîlus ,  Linn. 

Il  faut  en  effet  beaucoup  d'habitude  pour  ne  pas 
confondre  ces  deux  espèces  ,  et  si  je  n'eusse  pas  choisi 
^appareil  dentaire  pharyngien  pour  servir  de  caractère, 
j^siurais  été  fort  embarrassé  pour  préciser  exactement 
cette  espèce ,  qui  présente  une  sinuosité  sur  le  bord 
postérieur  de  la  pièce  principale  de  Popercule. 

La  mâchoire  inférieure  est  ascendante,  un  peu  dé- 
passée par  la  mâchoire  supérieure  ;  la  dépression  de  la 
tête  à  la  nuque  est  très-apparente  et  imite  celle  de  la 
figure  intitulée  de  Leucisco,  donnée  par  Rondelet^  de 
t^iscib,  fluviatU.  lib,,  cap,  xvi ,  p,  191;  fig.  que  j'ai 
rapportée  à  Verythrophthalmus  et  qui  conviendrait 
peut-être  mieux  à  notre  Oyprinus  rufus. 

Ce   poisson,    appelé   par   nos   pêcheurs  Dresson, 


(  l'86  ) 

Dreucon  '  y  sans  doute  par  corruplion  du  moi  Rousseau^ 
a  le  péritoiae  nacré  ,  piqueté  de  noir. 

La  cavité  de  Tos  basilaire,  qui  reçoit  la  plaque 
dentaire  pharyngienne ,  cfst  en  ogive  élargi ,  traversé 
par  une  crête  ;  la  queue  ou  Tapophyse  postérieure  dé  Tos 
basilaire,  comprimée  latéralement,  est  placée  de  champ. 

Les  dents  pharyngiennes  inférieures  sont  au*  nombre 
de  sept  sur  deux  rangées  à  chaque  mâchoire  -,  savoir  : 
cinq  à  la  rangée  extérieure,  et  deux* à  la  rangée  inté- 
rieure. 

Les  deux  dents  les  plus  grosses  ne  présentent  pas  des 
crochets  aussi  poiptus  que  les  autres. 

Cette  espèce  de  poisson  est  peu  estimée  ;  la  multitude 
d'arêtes  qui  farcissent  sa  chair,  1^  rendent  incommode  à 
manger.  Aussi  n'en  fait-on  usage  qu'en  friture. 

On  n'avait  rien  de  positif  sur  (.'époque  du  frai  de  ce 
poissoù,  qui  jusqu'à  présent  a^  été  confondu  avec  la 
Housse  ;  si ,  comme  dans  ce  dernier  poisson ,  les  jeunes 
étaient  pourvus  d'cèufs  et  de  laitance ,  on  aurait  retrou- 
vé tous  les  Phoxini  indiquée  pair  Rondelet,  de  Piscibw 
flu^f'iaiiL  liber,  p.  204  ,  cap.  a8.     . 

Le  péritoine  est  nacré ,  on  y  remarque  des  points 
noirs  très-fins  et  rares.  .  ^y 

J'ai  trouvé ,  sur  le  marché ,  des  échantillons  de  ce 
poisson ,  désignés  sous  le  nom  vulgaire  de  Blanc. 

Les  échantillons  que  j'ai  examinés  avaient  Tun  cinq 
pouces  neuf  lignes  de  longueur ,  l'aqtre  six  pouces  trois 
quarts.  La  tête  grosse  offrait  un  museau  un  peu  saillant , 
des  narines  larges  et  enfoncées^,  des  yeux  gros,  une 

'  Ce  nom  vulgaire  pourrait  aussi  venir  du  grec  ffiy^tt^à 
cause  des  nombreuses  el  fines  arêtes,  comparées  à  des 
cheveux ,  dont  sa  chair  est  farcie. 


\ 


C  187  ) 

bôuChe  ovale  ;  la  mâchoire  supérieure  recouvre  Tinfé- 
rienre  un  peu  remontante  et  arquée  sans  rebord.  Cette 
léCe  était  comprise  trois  fois  et  demie  dans  la  longueur 
da  lx)rps,  dont  la  largeur  était  près  de  quati'e  fois 
dans  la  longueur  totale ,  c'est-à-dire  y  compris  la  fête,  f 

La  mâchoire  inférieure  plus  courte  que  la  supérieure, 
était  Bd  ()eu  ascendante ,  et  la  dépression  de  la  tété  h  la 
naissance  du  dos  était  moins  marquée  que  dans  lie  C/- 
prinus  rulilus ,  Linn. 

La  ligne  la.térale  jaune  un  peu  arquée  en  avant .  était 
composée  de  cinquante  glandes.  Les  nageoires  P.  V. 
A',  sont  rouges. 

L^orfginede  la  nageoire  dorsale  correspond  à  peu  près  ' 
aa  milieu  des  ventrales,  dont  le  disque  offre  une  légère  ' 
teinte  orangée,   tandis  que  le  sommet  et  la  base  sont 
blanchâtres. 

7*ai  compté  8  rayons  à  la  nageoire  dorsale  ,  loà  Ta^ 
nale,  et  lo  à  chacune  des  ventrales. 

On  reconnaîtra  facilement  ce  poisson  aux  caractères 
signalés  ci-déssus  ;  et  aux  suivans  :  sous  un  certain  jour 
lasurfocede  ce  poisson  offre  un  aspect  nacré,  frappant  ; 
soiùsun  autre,  il  présente  une  couleur  bleue  admirable 
/entre  la  ligne  latérale  et  le  dos,  qui  examiné  perpendi- 
culairement est  d'un  gris  verdâtre. 

Le  péritoine  est  nacré  et  piqueté  de  points  noirs 
rares.  Je  me  suis  assuré  de  Tépoque  du  frai  de  ce  poisson, 
il  a  lieu  en  janvier ,  février  et  mars. 

Toutes  ces  différences  entre  les  caractères  de  ce  pois- 
son et  ceux  de  la  Rousse ,  Cjprinus  rulilus ,  ne  peuvent 
laisser  les  plus  légers  doutes  sur  la  constance  de  cette 
espèce. 

lurine,  HisU  des  poissons  du  lac  Léman  ^  p.  21 3, 
annonce  avoir  vu  souvent  des  Yangerons,  Cyprinus 


(188) 

rutiluSy  Linn. ,  dont  le  corps  était  sensiblement  plus  large 
et  les  nageoires  bien  plus  colorées  que  chez  d'autres  de 
même  grandeur....  Il  a  supposé  que  le  frai  de  ce  poisson 
pouvait  être  fécondé  quelquefois  par  des  raufes ,  Cypri* 
nui  eryihrophihalnms ,  Linn. ,  qui  habitent  les  mêmes 
lieux,  et  produire  ainsi  une  espèce  de  métis. 

Jurine,  n'ayant  point  examiné  les  dents  pharyn* 
giennes  de  ces  métis ,  nous  met  dans  l'impossibilité  de 
prononcer  sur  eux.  De  plus,  il  est  une  loi  certaine  dans 
la  nature,  c'est  que  la  promiscuité  des  espèces  n'est 
que  le  résultat  de  TinQuence  de  l'homme  et  de  l'état  de 
domesticité  auquel  il  réduit  les  animaux  ;  que  d'ailleurs 
cette  promiscuité  ne  réussit  que  dans  des  cas  fort  rares. 
Autrement  il  n'existerait  nulle  constance  dans  les  es- 
pèces, et  le  désordre  le  plus  complet  se  ferait  remarquer 
dans  la  nature.  Or  c'est  ce  qu'on  n'observe  pas ,  et  c'est 
d'ailleurs  ce  à  quoi  s'oppose  l'ordre  établi  par  la  volonté 
du  Créateur. 

XXII.  Ctpri»  bouche-eh-groissaut  ,  Cyprinus  loxos^ 
toma,  Nob.  '. 

Ce  poisson  est  connu  sous  les  noms  de  Seuffe ,  Seufle, 
Seuffre,  etc.,  évidemment  dérivés  du  mot  grec  KE<î>AAir, 
prononcé  d^une  manière  vive  et  contractée ,  en  adou- 
cissant la  première  syllabe,  Seffle,  et  ensuite  Seffe, 
d'où  Saiffe, 

Le  nom  de  Cephalus  a  été  appliqué  sans  distinction 
à  plusieurs  poissons  du  sous-genre  Able,  à  raison  du 
volume  de  leur  tête. 

'  Pour  éditer  d'augmenter  la  confusion  de  la  nomencla- 
ture ichthyologiqne ,  j'ai  adopté  des  dénominations  parti- 
culières et  précises ,  au  lien  des  noms  anciens ,  causes  de 
beaucoup  d'équivoques. 


(189) 

Le  Cyprin  bouche-en-croissant,  se  reconnaît  par  sa 
bouche  arquée  ou  en  croissant  et  située  en  dessous  ;  la 
mâchoire  supérieure  dépasse  d^une  manière  très-sen- 
sibie  Finférieure ,  dont  la  lèvre  amincie  a  Tair  d'être 
tranchante  sur  les  bords. 

La  longueur  de  la  tête  est  contenue  quatre  fois  dans 
celle  du  corps,  depuis  la  partie  postérieure  de  Topercule 
jusqu'à  la  naissance  de  la  nageoire  caudale  ;  la  largeur 
du  corps  est  cinq  fois  dans  la  longueur  '  totale  du  pois- 

S(H1. 

La  ligne  latérale  légèrement  inclinée ,  en  partant  de 
la  tête,  est  presque  droite  dans  le  reste  de  son  étendue  ; 
elle  est  formée  par  55  à  57  glandes.  L'insertion  du  rayon 
antérieur  de  la  nageoire  dorsale  correspond  au  milieu  de 
la  base  des  ventrales  ;  le  lobe  supérieur  de  la  nageoire 
caudale  est  plus  court  que  l'inférieur. 

Hors  le  temps  du  frai ,  Porifice  du  cloaque  est  dans 
une  espèce  de  fossette  ovale  formée  par  deux  replis  laté< 
raux  de  la  peau  du  ventre. 

Le  Péritoine  est  noir  :  telle  est  la  cause  du  nom  è^Ame 
notre  donné  à  ce  poisson  par  quelques-uns  de  nos  pé- 
dbieurs ,  dont  l'un  m'a  apporté  ce  poisson  sous  le  nom  de 
Seufle  grise,  Alonge  ;  il  en  faut  cinq  à  six  pour  la  livre, 
lorsqu'il  n'a  que  cinq  à  six  pouces  de  long  ;  j'en  ai  vu 
on  de  la  taille  de  huit  pouces ,  pesant  cinq  onces.  Sa 
diair  est  fade  et  peu  estimée  ;  mais ,  dit  Rondelet ,  con- 
fite dans  le  sel ,  elle  devient  meilleure  ;  aussi  rappelle- 
xAl  l'usage  où  l'on  est  de  la  ttaiter  ainsL 

Cette  espèce  fraie  en  mars  et  avril. 

L'appareil  dentaire  pharyngien  de  ce  poisson  s% 
fistingue  par  l'apophyse  de  l'os  basilaire  élargie  en 

'  Je  ne  compte  jamais  la  longueur  de  la  nageoire  anale. 


(  190  ) 
ovale ,  pour  reœvoîr  la  plaque  de  même  forme ,  tenant 
lieu  des  dents  pharyngiennes  supérieures,  contre  laquelle 
viennent  jouer  les  inférieures  ;  l'apophyse  est  terminée 
par  un  prokuigement  aplati ,  dont  Textrémité  s'appuie 
sur  les  apophyses  de  la  3*"  vertèbre  dorsale,  comme  dans 
tous  les  autres  Cyprins. 

Les  dents  pharyngiennes  inférieures ,  au  nombre  de 
six  j  sont  disposées  sur  un  seul  rang  ;  leur  tige  assez 
longue  est  terminée  par  un  élargissement  securiforme  , 
ressemblant  beaucoup  au  dernier  article  des  palpes  de 
la  coccinelle. 

Une  mâchoire  ne  m'a  présenté  quelquefois  que  quatre 
dents ,  suite  de  la  chute  de  quelques-unes ,  comme  on 
l'observe  dans  bien  des  poissons. 

Dans  les  villages  des  bords  de  la  Saône ,  du  côté  de 
Pontailler ,  le  Cyprin  bouche-en-croissant  est  salé, 
comme  le  hareng ,  par  les  gens  de  la  campagne ,  mais 
jamais  avant  le  mois  de  septembre,  à  cause  des  chaleurs  ; 
après  avoir  vidé  le  poisson,  ils  le  placent  dans  un  vase 
ou  baquet  sur  une  couche  de  sel ,  alternativement  : 
après  une  quinzaine  de  jours,  ils  le  suspendent  à  la  che- 
minée pour  le  sécher ,  et  ils  le  conservent  pour  l'usage. 

Rondelet ,  dan$  son  chapitre  de  Cephalo  flu^^iatUiy  a 
bien  décrit  ce  poisson ,  fort  commun  dans  nos  rivières-; 
voyez  de  Piscib,  fluv^iatiL  liber ,  p,  191. 

Ce  Cenhalus  /lu\^iatilis  de  Rondelet  est  très-certaine- 
ment notre  Cjprlnas  tojcostoma,  caractérisé  par  son 
péritoine  noir,  [Peritoneum  nigricansy  la  toile  du  ventre 
noire,  i^oj.  la  traduction  franc.,  p.  i38) ,  par  son  genre 
de  vie  et  par  la  nourriture  dont  il  fait  usage  :  f^escitur 
cœno  et  aqua^  a  carne  abstinet,  ut  exfrequenli  dUsec^ 
tione  et  i^entriculi  inspectione  cogno^îmus.  Rondelet ,  de 
Piscib,  Jlus^,  y  p.  191. 

Or  la  Dobule ,  Cjprinus  dobula ,-  la  Chevesne ,  (  Cj- 


(  J91  ) 

prUttiS  jeses^  Jurine»  non  Linn.,  non  Bl. ,  CyprinUsidus, 
Bloch) ,  etc. ,  et  l«Sfitttres  Cyprins  auxquels  on  a  rap- 
porté à  tort  le  Cephalus  Jluuiatilis  de  Bondelet,,  sont 
çamaciers  et  voraces.  A  la  vérité  la  figure  placée  en 
ifiie  du  chapitre  de  Bondelet ,  ne  convient  point  à  notre 
Cyprin  baochc-^rcroissant;  elle  ressemble  à  notre 
C3ieveiine,  Cjrptinus  dobula,  Linn.;  mais  Rondelet 
Va  confondu  avec  la  Dobule,  Çyprinus  dobula,  dont 
iji  donne  la  figure,  et  avec  le  Capito  d'Ausonne,  (  Cy- 
prinu^  jeses,  Bloch) ,  dont  il  cite  les  vers.  G^est  ce  dont 
aucun  ichthyologiste  ne  s'est  douté  ;  aussi  ne  doit-on 
pas  être  surpris  de  la  confusion  observée  dans  la  no- 
menclature icbthyologique. 

Cresper,  de  jiquatiUbus ,  a  donné  une  description 
bien  plus  exacte  de  mon  Cyprin  bouche-^n-croissant , 
dans  son  chapitre  intitulé  :  De  naso  pisce Jlui^iaUU  ;  il 
saSît  de  parcoijrir  le  texte  suivant  pour  en  être  con« 
vaincu. 

Cypi^iniis  nasus  duorum  trinmve  palmorum  magni^ 
tadiQÇ(7-io  pouces),  seni  utrinque  dentés,  pixidatim 
ÎQ^inviQçm  infixi.  Venter  intrinsecus  nigerrima  mcm- 
bl^çMi^  fiipbitur.  Mihi  specie ,  squamis  et  colore  capito* 
nem  fl.  referre  videptur.  Sed  ad  eam  magnitudinem  non 
perveniunt ,  et  oris  formam  peculiarem  habent. 

QeSQ^r  p'a  pa$  indiqué  cettç  forme  particulière,  c^est- 

à-di^e  }a  bouche  i^n  crQi3S9nt  et  située  en  dessous, 

€DiQi|ift.  daQ3  \e^  squales  ,  d'où  le  nom  de  SqiuJus  donné 

à  ce  poisson  par  quelques  auteurs.  ' 

Yemo  tempore  praeferuntur  et  pinguescunt ,  apud 

nos  tamen  novembri  mense  laudantur  :  si  modo  unquam 

laudandi  sunt ,  nam  caro  eorum  semper  laxa  et  insipi- 

da  est ,  quamobrem   assare  eos  potius  quam  elixâre 

peritiores  coqtii  soient.  Gesner,  p.  jii ,  De  naso  pisee 

JlwiaUli.  Cypririus  nasus,  Herm.^  Obi.  zool.^  p.  326. 


(  192) 

AIdrovandi ,  de  Piscibus,  lib.  v,  cap.  xxnr,  p.  6to, 
indique  notre  Cyprin  bouche  en  croissant,  sons  le 
nom  de  «Si/nu^,  Pachyrhinchus ,  en  italien  Sai^e*j.Oa 
le  confond ,  dit-il ,  avec  le  Cap^'to  fluuiat^Us  y  auquel  il 
ressemble,  mais  il  est  plus  mince  et  a  le  nez  épais;  la 
couleur  noire  de  son  péritoine,  dit-il ,  a  porté  les  Aile* 
mands  à  donner,  par  plaisanterie ,  à  ce  poisson  le  nom 
d'Ecrivain,  Scriba. 

Tous  ces  caractères  et  le  nom  ital  ien,  analogue  à  Smffe, 
conviennent  à  notre  poisson  ;  mais  lorsque  Aldrovandi 
ajoute  :  u  Cette  couleur  noire  du  pr^ritoine  se  remarque 
«  aussi  dans  le  Capitofluv.  ;  »  il  me  parait  alors  désigner 
le  Cyprinus  nasusAe  Bl. ,  dont  nous  parlerons  plus  bas. 

Duhamel,  Traité  général  des  pêches ,  ii*  part., 
secU  m,  p.  5o2,  pL  xxiv^Jig.  4»  sous  le  nom  de 
Chexfonne  ou  Chevesne  de  Selon  ;  Meunier àe  Rondelet; 
décrit  notre  Cyprin  ;  le  péritoine  noir ,  et  la  taille  de 
dix  pouces  '  ne  laissent  aucun  doute  à  ce  sujet. 

Les  noms  donnés  par  Duhamel  sont  fondés  sur  ceux 
indiqués  par  le  pécheur  duquel  il  tenait  son  échantiltàoi.* 

Je  ne  saurais  affirmer  si  le  Cyprinus  nasus  d^Artedi 
est  mon  Cyprin  bouche  en  croissant  ;  je  le  pense  diaprés 
ce  qu'il  dit  de  son  Cyprinus  nasus  *. 

'  Dans  cette  longueur  est  comprise  celle  de  la  nageoire 
catidale,  dont  je  ne  fais  aucun  usage  dans  mes  mesurea. 

^  Cyprinus  rostro  nasiforme  prominente,  pinna  ani  osaî« 
culorum  xiv. 

Nasus  Auctorum,  Nase  Germanorum. 

Figura  Leucisci.  Venter  planus  latus, 

Pinnae  omnes  pronœ  partis  aliquantùm  rubescunt. 

Squamae  amplae.  Linea  iateralis  yentri  propior. 

Perltonœum  nigrum.  Parit  apriii  in  fluviis.  . 

PetrI  Artedi  gênera  piscium,  p»  5,  sp,   i5. 


(193) 

.  Blûch ,  sous  le  nom  de  Nase  (  Cyprinus  tiosus)  ,  Ichth,^ 
p.  3 1-33,  a  décrit  et  figuré  un  poisson  différent  du 
nôtre ,  par  sa  forte  taille  '  et  son  poids  ;  Meyer,  Lacé- 
pède  et  Bosc ,  copistes  de  Bloch ,  n'ont  rien  donné  de 
certain  sur  ce  poisson ,  propre  au  Rhin ,  disent-ils. 
Gmelin ,  S,  IV.  y  p.  i43i  ,  sp.  21 ,  ne  donne  non  plus 
rien  de  précis  sur  le  Nase. 

Cavier  donne  au  Nase  un  caractère  qui  Téloigne  en- 
tièrement de  notre  Cyprin ,  c'est  le  nombre  des  dents 
qu'il  fiie  à  une  vingtaine,  f^oy.  ci-dessous ,  p.  195. 

Le.  'Nasus  fœmina  minor,  Marsili ,  Dan. ,  pi.  3 , 
fig»  2,  me  parait  pouvoir  se  rapporter  à  mon  Cyprin 
bouche-en-croissant. 

Meyer,  Représ. ,  tom.  i ,  /?.  4»  '^*  ^*  »  figure  un 
nase  long  de  i3  pouces  ^  il  donne ,  fig.  1 ,  le  dessin  des 
dents,  qui  ont  Tair  de  ressembler  à  celles  de  notre  Cy- 
prin bouche-en-croissant  \  il  rappelle  la  dénomination 
vulgaire  du  nase ,  qui ,  à  raison  de  sa  chair  peu  délicate 
et  fiircie  d'arêtes ,  est  connu  sous  le  nom  de  poisson  de 
iailleut.  Meyer  fait  observer  que  le  Nase  a  aussi  le  pé-  « 
citoine  noir  et  six  dents ,  représentées  sur  la  même 
planche;  elles  diffèrent  peu  de  celles  de  mon  Cyprin 
bouche-en-croissant. 

La  couleur  noire  du  péritoine  était  un  caractère  trop 
saillant  pour  être  négligé  ;  aussi  a-t-il  été  signalé  par 
tous  les  observateurs  qui  ont  vu  le  poisson  en  nature, 
le  Tavais.  remarqué  avant  de  savoir  qu'il  dût  me  servir 
à  distinguer  mon  Cyprinus  toxostoma  et  le  Cyprinus 
jaculus  des  autres  espèces  du  sous-genre  ^ble. 

Ayant  retrouvé  ce  signalement  dans  plusieurs  au*- 

'  Cest  le  Nase  de  Willugby ,  long  d'un  pied  ;  le  Nase  de 
MarsiUi  Danub, p  iom*  ^v |  p.  9  ^  />/.  3  ^  fig*  1 . 

i3 


(194) 

teurs ,  je  dois  les  mentionner  pour  mettre  les  natuta^ 
listes  à  même  de  s'assurer  si  les  Cyprins,  dont  ils  parlent, 
sont  dififérens  de  notre  Cyprin  bouche-en-croissant ,  car 
nous  verrons  un  autre  petit  poisson  du  même  sous^ 
genre  nous  offrir  le  péritoine  noir. 

Artedi ,  dans  la  troisième  partie  de  son  Ichthyologpe, 
Gêner,  etspecier.,  p.  5,  sp.  i5,  parle  d'un  Cjrprinus 
rostro  nasiformi  prominente,  pinna  ani  ossiculorum 
guatuordecim ,  rapporté,  dans  sa  Synonymie,  Ichthjr. 
pars  IV ,  p.  6 ,  5/1.  9  ,  au  Cjprinus  nasus,  Linn.  Cest, 
dit-il,  le  Nasus  des  auteurs,  le  Nase  des  Allemands; 
les  Italiens  l'appellent  Savettay  et  les  habitans  de  Fer- 
rare  Sueta.  Celui  de  Belon  seulement  a  un  demi-pied ,  il 
ressemble  au  Leuciscus  (  figura  leucisci  )  ,  il  a  le  ventre 
plane  et  large ,  son  péritoine  est  noir. 

De  tous  les  Cyprins  qu'a  disséqués  Artedi ,  le  Nase 
est  le  seul  où  il  ait  rencontre  ce  caractère.  Il  me  parait 
que  dans  cet  article  le  savant  Suédois  parle  de  mon  Cf'*^ 
prin  bouche^erircroissanU 

Dans  V Encyclopédie  méthodique,  hisU  nat,,  iom.  3, 
p.  274,  on  lit  :  ((  Le  Nase....  a  la  gueule  très-étroite ,  et 
l'endroit  où  elle  est  fendue  représente  un  arc  de 
cercle... «  n'a  ordinairement  qu\in  demi-pied  de  lon- 
gueur. » 

C'est  bien  certainement  de  notre  Cyprin  bouche* 
en-croissant  qu'il  est  question  dans  ce  passage. 

Lacépède  qui  parle  des  poissons ,  sans  les  avoir  vus  ^ 
et  qui  s'est  contenté  de  copier  Bloch  avec  plus  ou  moins 
de  fidélité,  dit  :  «  Le  Nase  a  le  péritoine  noir....  Lors^ 
«  que  ce  Cyprin  pèse  un  kilogramme  (  deux  livres,,  ce 
(c  qui  arrive  quand  il  a  vingt  pouces  de  longueur 
((  comme  celui  dont  parle  Bloch),  il  arrive  souvent 
«  que  ses  nageoires  offirent  une  couleur  grise.  »  JSist. 


(  195  ; 

ma*  des  poissons,  iom.  xi ,  p.  65.  a  On  lui  donne ,  dit* 
«  il  p.  55 ,  le  nom  d^Ecrii^ain  i^enfre  noir  * .  » 

Cet  article  de  Lacépède ,  copié  par  Bosc ,  suivant 
lequel,  d'après  Bloch ,  Nouv.  dict.  hist,  naU,  édit.  2^ 
Iom.  ne ,  p.  75 ,  les  deux  mâchoires  du  Cyprin  nase  sont 
drmées  de  six  dents,  ne  convient  à  notre  Cjprinus 
loxostoma  qu^à  raison  de  la  couleur  noire  du  péritoine, 
et  des  six  dents  pharyngiennes ,  sur  ime  seule  ligne ,  à 
diaque  arc  pharyngien. 

Les  naturalistes  allemands  sont  invités  à  examiner  de 
nooyeau  le  Cjprinus  nasus,  décrit  et  figuré  par  Bloch, 
dans  la  description  duquel,  IchthjoL ,  part,  i,  p.  82, 
je  trouve  des  caractères  bien  difierens  de  ceux  de  notre 
Cy[Ncin  boudie-en-croissant.  Bloch  annonce  «  bouche 
«  carrée  ;  il  y  a ,  dit-il ,  à  chaque  mâchoire  six  dents 
«  aplaties  des  deux  côtés  et  qui  engrainent  les  unes 
1^  dans  les  autres.  L'individu  que  j'ai  examiné  avait 
fc  dn  pied  trois  pouces  de  long ,  il  pesait  une  livre.  » 
Cette  taille  difiere  beaucoup  de  celle  de  notre  poisson* 
D'ailleurs,  d'après  Cuvier,  le  Nase  a  une  vingtaine  de 
dents  pharyngiennes ,  toutes  comprimées ,  et  qui  vont 
en  diminuant  vers  le  haut  ;  les  inférieures  seules  sont 
on  peu  grosses.  Cuvier,  Anal,  comparée,  tom.  3, 
p.  191 ,  comme  on  Ta  vu  plus  haut ,  p.  198. 

La  couleur  noire  du  péritoine  se  remarque  non  seu- 
lement dans  quelques-uns  de  nos  poissons  d'eau  douce, 

'  Lacépède  n'a  fait  que  copier  Aldrovandi ,  qui ,  Hist* 
Fisc»,  p.  601 ,  dit  :  Le  Capito  d'Âusone  a  le  péritoine  noir  \ 
et  p.  611  :  Le  Nase  d'Albert  se  trouve  dans  le  Bas-Rhin.  Sa 
longueur  est  de  deux  à  trois  palmes.  Le  péritoine  est  très- 
noir  :  de  là ,  en  plaisantant ,  les  Allemands  ont  appelé  ce 
poisson  Ecrivain^ 


(  1^6  ) 

mais  aussi  dans  des  poissons  de  mer.  Je  me  bornerai  à 
celui  signalé  par  Muller,  sous  le  nom  de  Clupea  i^illosa, 
Gmel.  S.  N.,  p.  1409?  sp.  i4?  Scdmo  groenlandîcus , 
Bloch,pl.  3815  Salmone  Lodde,  Lacép.,Hist.  nat.  pois., 
tom.  IX)  p.  279;  Salmo  arcticus,  CovmAcV'^  BuUeU 
'Féruss,,  1828,  Sciences  naU,  tom,  xv,  p.  184.  C'est 
le  Capelan,  Duhamel,  Histoire  générale  des  Pêches, 
sect,  I ,  pL  xxYi ,  petit  poisson  employé  pour  appât  à  la 
pêche  de  la  Morue  ;  sa  taille  est  de  6  à  7  pouces  au  plus; 
Il  arrive  vers  la  fin  de  juin ,  en  se  formant  par  essaims 
de  plus  de  60  milles  de  longueur  sur  plusieurs  milles 
de  largeur  -,  il  part  vers  le  commencement  d'août  ;  son 
péritoine  est  noir. 

Linné,  S.  N. ,  p,  53i ,  sp.  aS,  à  l'art.  Vimba,  dit 
d'après  Kramer  :  Abdomen  intus  mgrum  5  c'est  certai- 
nement par  un  lapsus  calami,  car  Artedi ,  en  parlant 
du  Cyprinus  i^imba,  dit  positivement  :  Peritoneum  ar^ 
genti  coloris  ,•  aussi  Gmelin  ^  S,  N. ,  p,  i435 ,  sp,  a5 , 
C  P^imba,  a  supprimé  la  note  de  Linné. 

XX.  Cyprin  Mugile,  Çyprinus  mugilis  ',  Nob.' 

Cette  espèce ,  confondue  par  nos  pêcheurs  avec  notre 
Cyprin  bouche^en-croissant ,  sous  le  nom  de  Seuffe 
donné  à  Tune  et  à  l'autre ,  en  difiere  essentiellement. 

Sa  mâchoire  supérieure,  légèrement  prolongée ,  forme 
un  mufle  ;  la  bouche  est  en  dessous  )  mais  la  mâchoire 
inférieure  se  termine  antérieurement  par  un  ovale 
aigu,  comme  la  petite  pointe  de  Tœuf. 

La  tête  est  large ,  et  le  front  légèrement  déprimé. 

'  Ce  nom  vient  de  multum  agUis ,  qui  correspond  au 
nom  Dard  donné  à  une  espèce  du  sous- genre  Able. 


(197) 

La  longueur  de  la  tête  se  trouve  un  peu  plus  de  trois 
fois  dans  celle  du  corps ,  dont  la  largeur  est  le  quart  de 
la  longueur  totale  ;  le  dos  est  arrondi  ^  la  nageoire  dor- 
sale est  en  arrière  des  ventrales. 

La  ligne  latérale  se  compose  de  ^5  glandes» 

Le  péritoine  nacré  est  ponctué  de  noir. 

L'appareil  dentaire  pharyngien  présente  la  disposition 
suivante  : 

L'apophyse  de  Tos  basilaire  offre  une  cavité  à  ogive 
élargi ,  avec  un  petit  enfoncement  en  arrière.  Dans  cette 
cavité  est  sertie  la  plaque  rhomboîdale  formant  la  mâ- 
choire supérieure  ;  le  prolongement  de  Tapophyse  imite 
une  lamé  mince,  large  ,  disposée  verticalement,  et 
tronquée  à  la  partie  postérieure. 

Les  mandibules  pharyngiennes  inférieures  sont  cha- 
cune garnies  de  sept  dents  alongées ,  crochues  au  som- 
met, et  disposées  sur  deux  rangs,  savoir  :  cinq  en  dehors, 
et  deux ,  plus  courtes ,  en  dedans. 

Le  Cyprin  Mugile  fraie  en  mars  et  avril. 

On  le  sale  sur  les  bords  de  la  Saâne. 
.   M.  Pataille  m'a  transmis  sur  ce  poisson  des  rensei- 
gnemens  précieux  que  je  dois  faire  connaître. 

u  Malgré  les  caractères  saillans  que  vous  avez  signalés 
«  dans  les  deux  espèces  de  Seufles,  m'écrit-il ,  les  pê- 
«  cheurs  persistent  à  n'en  reconnaître  qu'une  seule 
«  espèce,  dans  laquelle  ils  les  classent  toutes,  n'y 
«  regardant  pas  de  si  près.  Je  vous  envoie  la  descrip- 
«  tion  du  procédé  usité  sur  les  bords  de  la  Saône  pour 
<t  saler  et  dessécher  les  Seufles. 

«  On  prend  un  vase  de  terre ,  ou  mieux  encore  un 
«  baquet  en  chêne-,  après  avoir  vidé  le  poisson  et  rem- 
«  pli  son  corps  de  sel ,  on  met  d'abord  un  lit  de  Seujles, 
^  puis  un  lit  de  sel ,  ensuite  un  autre  lit  de  poisson , 


(  19S  ) 
R  puis  un  lit  de  sel  ^  et  ainsi  de  suite ,  jusqu'à  ce  qp!'(m 
<(  ait  employé  tout  ce  que  Ton  destine  à  la  salaisoB. 
<(  Cette  opération ,  à  raison  des  chaleurs  de  Tété ,  ne  se 
<(  fait  qu'à  commencer  au  mois  de  septembre.  Lorsque 
«  le  poisson  est  bien  saturé  de  sel ,  c'est-à-dire  après 
f  a  dix  ou  quinze  jours  au  plus,  on  le  retire  du  saloir  et 
<(  sans  ressuyer  on  Tenfile  par  les  ouïes  dans  de  petites 
<(  baguettes  qu^on  place  dans  les  cotés  de  la  cheminée, 
<(  où  ilxs'enfume ,  se  dessèche  et  devient  une  espèce  de 
<(  hareng  sauret ,  après  y  être  resté  au  moins  une  quin-* 
<c  zaine  de  jours ,  ou  plus,  suivant  le  feu  déterminé  par 
<c  la  saison  d^hiver  ou  d'été.  A  mesure  des  besoins ,  on 
«  le  détache  de  la  cheminée.  Lorsqu^il  est  bien  desséché , 
«  on  pourrait  le  conserver  dans  un  endroit  très-sec, 
<(  près  de  la  cheminée.  L'hiver  est  la  saison  oii  la  chair 
((  de  ce  poisson  est  meilleure ,  étant  alors  plus  ferme  et 
<c  moins  fade  que  l'été.  Frais ,  ce  poisson  se  mange  ordi-> 
«  nairement  grillé.  Sa  taille  est  de  5  à  6  pouces.  i> 

Bondelet,  de  Piscih.  fluifiaiU.lib,  y  cap,  xvii^p,  102^ 
me  parait  avoir  parlé  de  notre  poisson ,  sous  le  titre  : 
de  Leucisci  secundd  specie  ;  les  traits  suivans  me  portent 
à  le  croire  :  «  A  Gallis  f^andoise  ' ,  à  Santonibus  et 
«  Pictonibus  Dard,  quod  sagittse  modo  sese  vibret;  à 
«  nostris  (c'est-à-dire  en  Languedoc),  Sophio;  à  Lug- 
«  dunensibus  aSui^ ,  »  (ou  plutôt  Saijfe,  comme  il 
est  dit  dans  la  traduction  française  ,  et  comme  il  est 
prouvé  par  le  nom  de  Seuffe  y  donné  chez  nous,  non- 
seulement  à  cette  espèce ,  mais  encore  à  d'autres  du 
sous-genre  Able,  ) 

*  Artedi,  IchthyoL ,  pars  iv,  ^.  10,  dit  ;  Ce  poisson 
s'appelle  en  français  Fandoise,  Dard  et  Suisse.  (  11  faut 
lire  Saijffe.  ) 


(  199  ) 

ft  Piscis  iste  ex  iis  est  qui  sale  condiuntur,et  qui  lacustris 
est,  itaoonditusseipsomelior  efficitur.  Rond., p.  içS.  »  * 

Duhamel ,  Traité  gén,  des  Pêches ,  ii*  part» ,  m*  secU, 
p.  Soi  y  art.  VI,  de  la  Vandoise  ou  Dard,  Leuciscus, 
Albicula ,  Jaculus ,  pi.  xxiv ,  fig.  3 ,  parle  de  notre  Cy- 
prin Mugile. 

a  La  Yandoise ,  dit-il ,  est  un  petit  poisson  d'eau 
«  douce ,  de  la  longueur  d'un  hareng ,  mais  plus  large  ; 
a  il  est  rare  d'en  prendre  d'un  pied  de  long  ^  ;  il  va  si 
tt  vite  dans  Teau,  qu'il  semble  s'élancer  comme  un 
«  dard  ;  ce  qui  lui  a  fait  donner  ce  nom  par  les  pécheurs 
«  de  la  Loire  \  il  devient  fort  gras  ;  sa  chair  est  molle  , 
«  néanmoins  d'un  goût  assez  agréable  ;  elle  passe 
«  pour  être  fort  saine, 

«  La  Yandoise  que  je  vais  décrire  avait  huit  pouces 
«  quatre  lignes  de  longueur  ^  ^  son  corps ,  propor^ 
«  tionnellement  à  sa  longueur,  est  moins  large  que  celui 
«  du  Gardon.  Le  museau  est  plus  pointu  ;  la  gueule 
«  n'est  pas  grande  ;  son  ouverture  est  ronde,  à  peu  près 
«  comme  celle  de  la  Carpe  ;  la  mâchoire  supérieure  est 
«  un  peu  plus  longue  que  l'inférieure  ;  la  ligne  latérale, 
«  un  peu  courbée  du  câté  des  ouïes ,  se  prolonge  en 
«  ligne  droite  du  côté  de  la  queue.  Ce  poisson  se  pré- 
«  pare  comme  le  Gardon  -,  et  quand  il  est  frais  et  péché 
«  en  bonne  eau ,  il  est  assez  bon.  » 

Cet  article  est  répété  dans  VEncycL  méthod.  y  Dict. 
des  Pèches,  p.  298. 

'  On  péclie  en  grande  quantité  dans  le  Gange  une  petite 
espèce  de  Cyprin  appelée  Angana ,  pour  être  envoyée  dans 
l'intérieur  du  pays.  Tableau  pittoresque  de  l'Inde,  par 
Backingham ,  ]833,  /?•  243. 

^  Ici  Duhamel  confond  ce  poisson  avec  la  Dobule. 

^  f  n  y  comprenant  la  longueur  de  la  nageoire  caudale. 


(  MO  ) 

Notre  Cyprinus  mugîHs,  la  P^andoise  de  Rondelet  et 
de  Duhamel ,  est  très-différente  de  la  F'andoise  de  Ju- 
rine ,  Cyprînus  jaculus ,  longue  seulement  de  quatre 
pouces ,  et  de  la  Vandolse  à  laquelle  Lacépède ,  qui 
certainement  ne  Ta  pas  vue  et  qui  l'a  appelée  impro- 
prement P^audoise,  Hist.  nat.  des  Poiss. ,  tom.  lo, 
pp.  3(^5  ,  396  ,  attribue  la  taille  de  cinq  à  six  décimètres 
(18-22  pouces). 

Le  Nouu.  Dict.  <T Hist,  jiat, ,  édit,  2^  tom.  9  ,  p.  7a; 
tom,  3i,p.  399,  a  suivi  Lacépède. 

Le  Dict,  des  Se,  nat, ,  tom,  1 ,  suppl. ,  p,  4  >  3®  ;  tom, 

49,  p.  4^7 î  '^^*  5^  f  P*  4^^ 9  ^*t  •  "  I^^  Vandoise  ou 
Vaudoise  *  ,  corps  élargi  *  -,  mais  Cuvier ,  Bègn.  anim., 

'  Le  nom  de  Vaudoise  f  employé  dans  VEncyclop,  méih. 
et  répété  par  plusieurs  copistes,  est  fautif;  il  faut  lire  Van^ 
doiscy  de  Vendosia.  Les  pécheurs  de  Zug  et  de' Lucarne  ^ 
dit  Gesner,  appellent  JVinger  la  Vendoise  et  le  Dard  des 
Français.  Le  nom  Vendosia  vient  de  Paliemand  TVinken^ 
cligner,  à  cause  de  la  rapidité  de  la  natation  de  ce  poisson. 

'  Le  Rotengle,  Cyprinus  erythrophthalmus  y  Linn.  ,  est 
désigné  par  plusieurs  de  nos  pêcheurs  sous  le  nom  de  Van* 
doise  :  c^est  ce  nom  qui  a  guidé  Altéon  Dulac,  dont  la  des<* 
cription  a  été  adoptée  dans  le  Dict.  des  Se,  natur, 

ce  La  Vandoise ,  dit  Alléon  Dulac  ,  est  un  petit  poisson 
ce  qui  a  le  corps  large  et  le  museau  pointu.  Jl  est  couvert 
ce  d^écailles  moyennes  et  de  petites  lignes;  sa  couleur  est 
«c  entre  le  brun  ,  le  vert  et  le  jaune  ;  il  a  Testomac  petit  et 
«c  le  foie  blanc,  où  est  attachée  la  bourse  du  fiel.  11  devient 
ce  fort  gros.  Sa  chair  est  molle  et  assez  agréable  au  goût.  » 
Mémoires  pour  servir  à  l'Histoire  naturelle  du  Lyonnais , 
tom.   I  ,  p,   147. 

Ainsi ,  en  employant  le  même  nom  ^  on  désigne  denx 
poissons  différens. 


(  2Ô1  ) 

é£i.  a ,  iom.  a ,  p.  ajS ,  cnsant  :  «  corps  étroit  » ,  carac- 
tère convenant  à  notre  espèce  comme  à  d'autres ,  prouve 
quelle  confusion  existe  dans  les  descriptions,  faites  'Sur 
des  noms,  sans  examiner  les  objets.  Nous  indiquons  dans 
h  note  (2)  la  cause  de  la  contradiction  entre  corps 
élargi  et  corps  étroit  y  attribué  au  même  poisson ,  ou 
plutôt  au  même  nom. 

C'est  une  nouvelle  preuve  de  la  confusion  qui  existe 
dans  la  nomenclature  des  poissons  et  qui  rend  si  difficile 
la  détermination  exacte  de  ceux  mentionnés  par  divers 
auteurs. 

Lemery ,  Traité  des  Alimens ,  2,*  édiU ,  p.  4i7>  nous 
en  fournit  encore  la  preuve  à  Poccasion  du  Mulet ,  ap- 
pelé en  latin  Cepkalus,  Mugil.  a  L'os  que  Ton  trouve 
«  dans  la  tête  de  ce  poisson ,  dit-il ,  se  nomme  en  latin 
«  Echinas  et  Sphondylus  ab  echinatd  specie,  parce 
K  qu'il  est  entouré  de  pointes  ,  comme  une  châtaigne 
«  ou  comme  un  hérisson.  » 

Cet  os  ne  serait-il  pas  la  mâchoire  pharyngienne  gar- 
nie de  ses  dents?  à  moins  qu'il  ne  soit  Posseletde  To^ 
reille  5  mais  ses  dentelures  sont  presqu'imperceptibles. 

Diihamd,  Traité  des  Pêches,  a*  part.,  vi*  sect. , 
p.  146 ,  parle  de  notre  poisson  dans  les  termes  suivans  : 

«  Indépendamment  des  Muges  qui  passent  dans  les 
eaux  douces,  les  auteurs  parlent  d^un  petit  Muge  qui 
n'a  guère  plus  d'un  pied  de  longueur ,  qu'il  nomme 
Muge  de  rivière,  et  qu'on  appelle  à  Strasbourg  vil  pois- 
son ,  Schnotfisch  ;  ses  écailles  sont  d'un  vert  argenté  et 
sa  chair  molle ,  ce  qui ,  comme  je  l'ai  dit ,  convient  aux 
Muges  qui  ont  passé  du  temps  dans  les  eaux  douces  ;  ils 
ont  l'avantage  d'avoir  la  chair  grasse  et  déUcate  ,  mais 
elle  n'a  pas  autant  de  goût  que  celle  de  ceux  qu'on 
pèche  à  la  mer.  » 


(  Mi  ) 

Hermann^  Observai,  zootogicee,  p.  Sas  ,  falàmey 
avec  juste  raison ,  Duhamel  d'avoir  rangé  le  Schna^isch 
parmi  les  poissons  délicats. 

A  la  même  page,  Duhamel  parle  d*uû  autre  poisson^ 
qa^on  devrait  peut-être  rapporter  à  notre  Cyprin  Mugil. 

«  II  y  a  y  dit^il ,  en  Languedoc  une  espèce  de  Muge 
qu^on  nomme  Same;  il  ne  difiCère  du  Cabot,  que  parce 
que  sa  tête  est  un  peu  moins  grosse  et  son  museau  plus 
pointu  ;  on  trouve  sa  chair  plus  molle,  il  est  sujet  à  sauter 
par  dessus  les  filets  pour  s^échapper  ;  à  ces  indices  le 
Same  parait  être ,  à  peu  de  chose  près ,  le  Mulet  dont 
nous  avons  parlé  plus  haut.  On  en  prend  dans  la  Cra*- 
ronne,  le  Rhône,  la  Loire  ;  on  dit  qu'il  se  nourrit  de  vase.  » 

Same  étant  le  nom  vulgaire  donné  au  Mulet  de  mer, 
Mugil  cephalus,  Linn. ,  pourrait  &ire  soupçonner  équi- 
voque de  ma  part  dans  la  citation  que  j'extrais  du  Traité 
gén,  des  Pêches;  mais  des  noms  de  poissons  de  mer 
ayant  été  plusieurs  fois  appliqués  à  des  poissons  d'eau 
douce  ,  il  ^st  probable  que  celui  de  Same  a  été  em- 
ployé aussi  abusivement  que  ceux  de  Cabot,  Chabot, 
Têtard,  etc. 

Gesner ,  de  AquatU. ,  p.  3a ,  sous  le  titre  DeMugUis 
vel  cephaU  Jluinatilis  génère  minore  quod  piscibus  albis 
adnumerandum  iddelur,  a  donné  une  bonne  descrip- 
tion de  ce  poisson ,  mais  sans  figure.  Non  opus  est, 
dit-il,  icône.  Nam  per  omnia  capitonem  fluviaXilem 
refert,  idsi  quod  minor  est.  Voici  le  texte  de  Gesner* 

Haselae  nostrae  (  quas  cephales  aut  mugiles  fluviatiles 
minores  dixerim ,  nam  fluviatilem  cephalum  sive  Squa- 
lum,multo  magisquam  leucisci  supra  dicti  referont ) 
pisciculi  sunt  molles,  duos  aut  très  palmos  longi ,  albi- 
cantes,  per  dorsum  in  viridi  nigricantes,  cauda  et 
pinna  dorsi  glaucis  ,  cseteris  r ubicundis  \  minime  lati  ) 


(  20à  } 

sqiiamiilis  tenuibus ,  argenteis ,  brançhiis  ternis.  O^ip 
eonm  arisds  referta  est ,  ut  mugiluin  fluviatiliuin  nsitf^ 
jorum.  Ex  his  qui  in  fluvio  apnd  nos  capiuntur^ 
oculis  rubere  audio  :  qui  in  lacu  non  item  observavi , 
postea  lacustres  supema  oculorum  parte  flavere.  Dentés 
in  £siucibus  utrinque  conditos  babet  ut  Gapito  fluvia- 
tilis,  in  mandibula  curva,  exteriore  ordine  quinque 
majusculos,  intérim  binos  minores  ,  omnes  ferè  in 
sununo  leviter  aduncos.  Parère  incipiunt  medio  apriii 
vei  paulo  ante. 

Sao  tempore  (maio  et  apriii  praecipue,  deinde  junio 
et  julio  )  satis  grati  in  eibo  et  salubres  babentur.  Àli- 
quando  vero  vermes  eis  innascuntur  (  iigulas  nostri 
Tocant,  Nestel  )  et  omnino  insalubres  fiunt.  Hyeme 
macri  sunt  ac  minime  placent.  Fluviatiles  etiam  lacus* 
tribos  prsefcruntur.  Elixari  debent  in  vino  fervido  ; 
circa  initium  novembris  ova  in  hoc  pisce  reperi ,  quœ 
magia  quam  piscis  placebant. 

Haselae  nostrae  dentés  in  faucibus  utrinque  conditot 
habet  ut  capito  fluviatilis  (Gyprinus  dobula)  in  mandi- 
bula curva.  Exteriore  ordine  quinque  majuscules ,  in* 
terius  binos  minores ,  omnes  fere  in  summo  leviter 
aduncos.  Gesner ,  de  AquaU,  p.  33 ,  Un.  lo. 

Hermann,  Observ.  zoologicœ,  p.  32 1 ,  dit  :  «  le 
k  poisson  appelé  Haesel  à  Baie,  Schnotjisch  k  Stras- 
«  boui^ ,  est  le  Cyprinus  dobula.  »  C'est  une  erreur  dé- 
montrée par  le  texte  de  Gesner ,  rapporté  ci-dessus. 

Le  Schnotfisch  des  pêcheurs  de  Strasbourg  est  mon 
Çfprinus  mugilis. 

En  effet  la  dénomination  allemande  Schnotfisch, 
signifie  ^il  poisson,  c'est-à-dire  poisson  de  null^ 
valeur,  non  estimé,  comme  je  Tai  expliqué  àTarticle 
Bobule^  p.  i53;  caractère  convenant  parfaitement  au 


(  204  ) 

Çypriniis  mugiUs,  dont  on  fait  peu  de  cas ,  comme  d^ 
toutes  les  autres  espèces  du  sous-genre  Able. 

XXIV.  Le  Ryssling ',  Cyprinus  jucidus^  Jurine  , 
Ip^andoise  du  même,  HisU  des  Poiss.  du  lac  Léman, 
p.  221,  71"  i8,  p/.  14.  "^ 

Rondelet,  De  piscib  ,fluviatil.  lib .,  cap.  xv  1 1 1 ,  p.  1 93,  fig,  supérieure^ 
Cesuer,  de  u4quatilibus  ,p,  479»  Riserle,  Ryssling,  fig,  passable, 
Meyer^  Représ.,  tom.  2,  pL.  97.  Di«  LaugeLe, 

Ce  petit  Cyprin ,  longtemps  confondu  avec  l'Àble , 
auquel  il  ressemble  beaucoup ,  en  diOere  par  la  gran- 
deur (2)  de  sa  nageoire  anale  qui  n'offre  que  quatorze 
rayons. 

D,  11  :  P,  16,  17:  V,  9,  10  :  A,  14  :  C,  28. 

Ligne  latérale  formée  de  44  glandes. 

La  tête  de  ce  poisson  est  petite  ;  sa  longueur  est  un 
peu  plus  de  3  3;4  dans  la  longueur  du  corps*,  l'ouverture 
des  narines  très-ample  ;  l'œil  fort  grand  \  l'iris  argen- 
tin ,  jaune  et  pointillé  de  noir  en  haut  ;  les  mâchoires 
sont  d'égale  longueur  ;  et  quand  la  bouche  est  ouverte, 
la  mâchoire  inférieure  ,  qui  est  ascendante ,  ne  dépasse 
pas  la  supérieure ,  comme  chez  PAble.  Le  corps  est 
plus  épais  et  plus  large  que  celui  de  l'Able. 

Les  écailles  du  dos  ont,  durant  la  vie  de  l'individu , 
une  couleur  olivâtre  ,  qui  passe  promptement  au  bleu 
après  la  mort.  Les  nageoires  à  l'époque  du  frai ,  au  prin- 
temps ,  sont  fréquemment  lavées  d'une  teinte  rougeâtre* 

■  Pour  éviter  toute  équivoque  ,  j'ai  substitué  le  nom  al- 
lemand de  ce  poisson  à  celui  de  Yandoise  adopté  par  Jarine. 

*  Dans  la  Yandoise ,  Tanale  est  plus  saillante  ou  pins 
haute ,  mais  moins  étendue  ou  moins  longue  que  dans  PA- 
blette ,  ou  TAble  \  c'est  cette  disposition  que  Jurine  appelle 
grandeur. 


(  206  ) 

La  grandeur  ordinaire  de  ce  poisson  est  de  quatre 
pouces ,  sa  largeur  est  un  peu  plus  de  quatre  fois  dans 
sa  longueur  totale. 

Péritoine  noir  comme  dans  mon  Çyprinus  toxostoma, 
dont  le  Çyprinus  jaculus  diffère  par  la  taille ,  et  surtout 
par  la  mâchoire  inférieure  ovale  et  sans  rebord ,  imitant 
celle  du  Çyprinus  mugilis  par  sa  denture.  Aucune  des 
descriptions  données  par  les  divers  auteurs,  (dont  Jurine 
rapporte  le  texte),  du  poisson  qu'ils  appellent  Vandoise, 
ne  convient  à  celui  dont  a  parlé  Jurine ,  et  qui  est  le 
ndtre  ;  la  figure  de  Bloch,  qu'il  a  citée,  se  rapprocherait 
plutôt  de  notre  Çyprinus  toxostoma. 

Le  petit  Cyprin  dont  nous  parlons  dans  cet  article , 
est  connu  à  Dijon  sous  le  nom  de  Seuff'e^  et  les  enfans 
rappellent  un  Blanc.  Il  est  très-abondant  à  Taval  du 
pont  des  moulins  d'Ouche ,  à  raison  du  voisinage  de  la 
tuerie. 

Lorsqu^on  veut  le  pêcher  à  la  ligne ,  il  suffit  d^a- 
morcer  avec  des  mouches  dont  il  est  très-friand. 

La  ligne  latérale  est  jaune  ;  elle  commence  à  la  partie 
supérieure  deToule,  descendant  ensuite  pour  parcourir 
le  milieu  des  côtés  du  poisson.  Au  dessus  de  cette  ligne 
on  remarque  une  bande  assez  large  produite  par  une 
multitude  de  points  noirs  très-fins ,  placés  sur  les  écailles. 
La  mâchoire  supérieure  dépasse  un  peu  l'inférieure , 
ascendante  et  ovale  ;  ce  qui  diflFérencie  le  Çyprinus  ja^ 
culus,  Jurine,  du  Çyprinus  toxostoma ,  auquel  on  serait 
tenté  de  le  rapporter ,  à  cause  de  la  couleur  noire  du 
Péritoine  ;  mais  en  comparant  la  bouche  de  ces  deux 
poissons ,  on  verra  que  celle  du  Cyprin  bouche-en-crois- 
sant est  en  croissant,  avec  la  lèvre  inférieure ,  bordée; 
tandis  que  la  bouche  de  notre  Ryssling  est  ovale ,  avec 
la  lèvre  inférieure  sans  rebord. 


(  206  ) 

Les  dents  pharyngiennes,  crochues  au  sommet,  sont 
sur  deux  rangs  au  nombre  de  sept ,  dont  deux  sont 
sur  l'intérieur,  et  les  cinq  autres  sur  Textérieur  5  (dans 
le  Çyprinus  toxostoma  ,  les  dents  pharyngiennes 
au  nombre  de  six ,  sont  sécuriformes ,  et  sur  un  seul 
rang  )  *,  la  cavité  de  Vos  basilaire  dans  laquelle  est  sertie 
la  plaque  dentaire  est  en  ogive  élargi. 

La  queue  du  basilaire  est  en  spatule  disposée  verti* 
calement. 

De  plus ,  Tanus  est  aux  2/3  de  la  longueur  totale  du 
poisson  ,  dont  le  dos  est  olivâtre. 

Il  y  a  dans  les  anciens  auteurs  d'ichthyologie ,  une  si 
grande  confusion  dans  les  dénominations  des  poissons 
blancs,  que  je  n^ai  pu  me  décider  à  rapporter  les 
synonymes  d'Aldrovandi  et  des  ichthyologistes  subsé- 
quens. 

Je  me  suis  borné  à  bien  décrire  le  poisson  que  j'ai  eu 
sous  les  y^ux.  Son  frai  a  lieu  au  printemps.  Ce  petit 
poisson  se  mange  seulement  en  friture ,  c'est  la  seule 
manière  de  ne  point  être  incommodé  de  la  multitude 
de  fines  arêtes  qui  en  farcissent  la  chair. 

La  couleur  noire  du  Péritoine  se  remarque  dans  le 
Cottus  gobio  et  dans  les  athérines  ,  Cuu.,  HisU  nat.  des 
Poissons,  tom,  x,  p.  4^^?  ^^^^  ^^  rappelle  que  TÀm- 
phacanthe  cordonnier ,  poisson  des  Sechelles ,  de  Tlle 
Bourbon ,  de  la  cote  de  Malabar ,  a  la  chair  fort  bonne 
quoique  noirâtre.  Cuu.,  op.  cit.,  p.  149. 

Le  nom  de  Vandoise  me  parait  avoir  été  appliqué  à 
différentes  espèces  de  poissons  ;  aussi  existe-t-il  à  ce 
sujet  une  grande  confusion.  Àldrovandi,  HisL  Piscium, 
p.  606 ,  en  fournit  la  preuve  dans  le  passage  suivant  : 

«  Leuciscus,  en  Français  Kandoise ,  Flndosad^Al^ 
<(  bert  :  sur  la  Loire  et  dans  le  Poitou  ;  on  l'appelle  un 


(  207  ) 

«  Pard  '  y  à  Lyon  Suiffe^  sur  les  bords  de  quelques 
«  lacs  de  Suisse ,  Winger  ,•  en  Savoie ,  f^engeron  :  il 
«  diffère  du  Vangeron  du  lac  Léman  ^ ,  auquel  les 
«  Suisses  ont  donné  un  nom  à  cause  de  la  couleur  de 
.  tt  ses  nageoires.  » 
C'est  effectivement ,  d'après  Kondelet ,  le  Çyprinus 

'  Yendosîa  vel  Dardas  Galloram  piscicnlus  est  qaem  Ar« 
gentinœ  vocatur  ein  Lauck ,  Basileœ  Laugele ,  à  Zng  et 
Bieg  Winger,  en  Savoie  circa  Neocomum  Vengeron.  (  Dif-^ 
lèrenl  du  Yangeron  da  lac  de  Genève ,  qui  a  les  nageoires 
rangea ,  Çyprinus  rutilus,  ) 

Ciim  minimis  densîs  agmînibus  natant ,  auîmœ  à  net  tris 
dicnntor ,  ainnt  enim  pisciculos  esse  vix  longiores  palmo  ^ 
i^amosoS}  quibas  muiti  abstineant|  quod  circa  latrinat 
pascantur. 

Ego  in  fancibns  ntrinque  mandîbalam  curram  qninif  ar-* 
matam  denticnlis  reperi ,  ut  in  Ballero. 

Commendantur  strigiles  apriii  et  maio  mensibus.  Memini 
etiam  £sbniario  edisse  non  insuaves ,  qno  tempore  lactés  vx 
mare  pleni  erant  et  eodem  mense  laudantnr  à  nostrit. 
Gesner^  de  Aquat.,  p»  3i  ,  32. 

G*ett  un  Çyprinus  jaculus ,  Jurine ,  dans  lequel  Getner 
a^avra  pas  vn  les  deux  dents  de  la  rangée  intérieure.  En  effet 
Gesner  n^indiqnait  quelquefois  que  le  nombre  et  la  formf 
des  dents  extérieures ,  comme  il  est  facile  de  sVn  assurer 
dans  sa  description  du  Çyprinus  erythrophthalmus. 

*  Yangeron ,  poisson  des  lacs  de  Lausanne  et  de  Nenfcliâ« 
tel.  11  a  près  des  ouïes  deux  nageoires  couleur  dW ,  deux 
SOBS  le  ventre  qui  sont  jaunes  ^  un  aileron  derrière  Tanua  | 
IB  ssr  le  dos;  celui  de  la  queue  est  fourchu.  Ce  poisson  a 
lafigare  et  la  chair  semblables  à  celles  de  la  Carpe.  Encyd. 
méik,,  Dici.  des  Fâches  ^  p.  293. 

Ce  Yangeron  est  le  Çyprinus  nMus,  Linn, 


(  ôoô  ) 

rutltus,  Llnn.  Malgré  la  distinction  faite  par  Gesner  ^ 
du  F'angeron  du  lac  Léman,  (  Cyprinus  rutilas )  ^  cet 
auteur  u^a  pas  moins,  dans  cet  article,  confondu  les  noms 
du  Çyprinus  jaculus,  Jurine,  et  celui  de  plusieurs 
autres  poissons. 

Le  Cyprinus  jaculus ,  Jurine,  est  XeRyserleyRyssUng 
de  Gesner ,  dont  la  figure  convient  parfaitement  à  notre 
poisson  :  mais  ce  qui  ne  laisse  aucun  doute  est  la 
couleur  noire  du  Péritoine. 

On  trouve  dans  le  Ryssiing  ,  le  Triœnophore  nodun 
leuxy  Dict.  Se.  nat.,  tom.  55,  p.  69,  i85,  pi.  48,  fiig.  3, 
tom.  57  ,  p.   596.  Encyclop.   méthod. ,  vers,  tom.  z  » 

p.  753,  pi.  XLIX,  fig.    12-l5. 

.  XXY.  L^Able,  Cyprinus  albumus,  Linn. ,  Gmel.  ^ 
S.  N. ,  édit.  xm,  p.  1434  9  sp.  24* 

Rondelet  y  pUcium  fluvial,  lib  ,cap.  xxxirt,p.  ao8,  de  Albnrno. 

Duhamel,  Pêches,  ^^ part. ,  sect.  m,  p.  4^3 ,  pL  zxiiif  fig.  ip 
fig,  2 ,  et  p.  55o. 

Bloch  ,  Ichthyologie  ,  p.  47»  pi'  viii  ^fig-  4» 

Bonnaterre,  Tableau  encyclopédique  des  trois  règnes.  Ichthyol., 
pi.  83  ,  fig.  34S. 

Jurine,  Hist.  des  Poissons  du  lac  Léman,  p.  319,  n^  ly, pi,  14* 

Nouv.  Dict.  d'Hist.  nat.,  édit.  a,  tom.  i  ,  p.  5o,  tom.  9,  p.  76. 

Dict,  Se.  nat, ,  tom,  i ,  suppl., p.  4>  j4.tlas  icht.,  pi.  70 ,  fig»'^  p 
tom.  i5  y  p.  364* 

Germann  y  Observât,  zàologicœ ,  p.  326.  Cyprinus  albumus. 

Ce  poisson ,  dont  il  faut  20,000  pour  obtenir  une  livre 
d'essence  d! Orient,  a  reçu  les  noms  diAbleUe,  *  ./iblet, 
jiliiet,  du.  mot  latin  Albus. 

'  Il  y  a  quelques  autres  espèces  de  poissons  que  le  peuple- 
nommé  Ablettes^  ce  ne  peut  être  qu'à  cause  de  leur  blan-* 
chenr  et  de  Pargent  dé  leurs  écailles,  dit  Delisle  de  Saleiy- 
auteur  anonyme  du  Dict,  théor*  et  pratique  de  Chasse'^ 
de  Pêche,  tom\  i  y  pé  3. 


(  209  ) 

On  le  reconnaît  à  son  corps  étroit ,  argenté ,  brillant. 
Les  mâchoires  sont  égales  quand  la  boiiche  est  fermée, 
et  quand  elle  est  ouverte  ,  la  mâchoire  inférieure ,  qui 
était  ascendante,  dépasse  la  supérieure*,  le  front  est 
droit,  les  nageoires  sont  pâles,  le  rayon  antérieur  de  la 
nageoire  pectorale  est  jaunâtre. 

La  nageoire  anale,  à  21  rayons,  sufiit  pour  distinguer 
ce  poisson  de  celui  appelé  par  nos  pêcheurs  sur  le  pont 
de  rOuche ,  Seufle,  et  avec  lequel,  à  raison  de  sa  taille 
qui  est  aussi  de  4  pouces ,  on  pourrait  le  confondre  ; 
mais  la  Seufle  ayant  son  péritoine  noir ,  et  seulement 
10  rayons  à  la  nageoire  anale,  est  suffisamment 
distinguée  de  TAble. 

Àrtedi ,  dans  la  diagnose  de  TAble ,  donne  20  rayons 
àTanale  qui  se  fait  remarquer  par  sa  longueur,  et  21 
dans  la  description  IchthyoL ,  pari,  v ,  p.  17  ,  sp.  7. 

La  dorsale  est  située  bien  en  arrière  des  ventrales  \  la 
caudale  est  profondément  échancrée. 

La  ligne  latérale  descendante  antérieurement ,  droite 
postérieurement ,  parait  dorée  sous  un  certain  jour  sur 
lepoisson  vivant  ;  les  écailles  finement  striées,  adhèrent 
peu  à  la  peau  et  tombent  au  moindre  attouchement. 

La  taille  ordinaire  de  TAble  est  communément  de 
quatre  pouces*,  elle  atteint  rarement  celle  de  six 
pouces;  '  cependant  je  viens  de  voir  un  Able  de  5  pouces 
3/4.  La  longueur  de  la  tête  était  3  3/4  dans  la  longueur 
du  corps )  la  largeur  de  cet  échantillon  était  un  peu 

>  FAble  de  Willugliby ,  long  de  6  pouces ,  large  de  deux  , 
i  dents  comme  la  Carpe  ,  plus  longues  et  plus  aiguës  ^  à  pa- 
liis  garni  d'un  os  triangulaire  ,  cité  dans  VEncycL  méthod, , 
Sist,  nai,,  tom.  3  y  p»  3  ,  est-il  le  même  que  le  Cyprinus 
^wnushCelaL  me  paraît  très- douteux. 

»4 


(  210  ) 
plus  de  quatre  fois  dans  sa  longueur  totale.  Duhamel 
a  donné  à  VAble  les  noms  à! Ablette,  Ov^eUe  ' ,  Albula 
minor,  ou  AlbumUs.  Voyez  Pèches ,  a*  part. ,  secU  3 , 
p.  4^3 ,  et  11*  part. ,  sect.  ii" ,  p.  229  ;  le  même  auteur 
dit  :  <c  TAble  est  un  petit  poisson  blanc  qu'on  prend  an 
<(  haut  de  la  Seine,  et  qn^on  nomme  à  cause  de  la  res- 
«  semblance,  mais  mal  à  propos,  Eperlan  ^  (Teau 
A  douce.  » 

a  L'Ablette,  dit  Gesner,  de  Aquatll. ,  p.  27,  est  un 
«  poisson  de  rivière  de  la  grandeur  du  doigt,  semblable 
<i  aux  petites  aphyes  ^  ;  il  est  vorace  et  se  laisse  fecile» 
<(  ment  prendre  à  Thameçon.  Est-il  le  même  que  ces 
a  petits  poissons  appelés  en  France  des  Blanches,  k 
c(  cause  de  leur  couleur  et  de  leurs  écailles'^  ai^entées 
a  qui  tombent  au  plus  léger  contact?  » 

■  Ce  nom d^Ovelle  vient ,  dit  Gesner,  de  Aquatil.,  /?. 
43 1  ,  lin.  56  ,  de  ce  qae  ce  poisson  a  des  œufs  en  font 
temps. 

*  Ne  s^agiraît-il  pas  da  Spirlin?  que  Duhamel  appella 
Able  bordé,  et  qu'il  dit,  mais  à  tort,  être  une  simple  va* 
rîété  accidentelle  de  VAble.  Il  en  est,  suivant  les  pécheurs | 
une  espèce  qui  porte  une  raie  sur  les  parties  latérales,  c^est 
VAble  rayé^  on  le  rejette  parce  que  la  couleur  des  écaillef 
de  cette  raie  teràiraît  Pessence  d'Orient.  Cet  Able  rayé  est 
le  Spirlin. 

3  C'est  salis  doute  à  raison  de  cette  ressemblanoê  que  J. 
Hermann  ,  Observ.  zoolog.,  p.  Sic,  a  désigné,  suivant  les 
naturalistes  de  Strasbourg ,  de  jeunes  Ablettes  sous  le  nom 
de  Cyprînus  aphya,  à  moins  que  sous  ce  nom  il  n^ait  TOidu 
parler  du  Cyprinus  jaculus  de  Jurine. 

^  Les  cannelures  des  écailles  de  TAble,  dit  Réaumnr|  sont 
au  nombre  de  dix^  dont  six  en  érentail^  tournées  da  ei^i 


(211  ) 

Marsigli,  Danubius  pannonicus ,  iom.  iv,  p,  54 , 
tab.  xYiu  jjig»  2  9  parle  de  l'Ablette  sous  le  nom  de 
Phoxinus  squamosus ,  /"*.  Suivant  Bloch ,  ce  poisison , 
outre  les  noms  dont  nous  avons  parlé ,  porterait  encore 
en  France  celui  de  Borde;  à  Genève  on  l'appelle  Rondion 
ou  Mange^Merdei  dans  le  canton  de  Vaud  et  en  Savoie, 
il  porte  le  nom  de  Blanchet,  Blanchaille ,  Sardine. 

Ce  dernier  nom  ne  serait-il  pas  la  cause  de  celui 
porté  sous  le  n^  i8  du  tableau  des  poissons  des  en- 
virons d^Àix  ,  inséré  dans  le  Manuel  de  F  étranger  aux 
Eaux  dAix  en  Savoie  y  par  le  docteur  Despine  fils, 
18349  p.  8 ,  et  mentionné  ci-dessus ,  p.  10? 

On  y  lit  :  Sardine ,  Clupea  sardinia,  le  lac,  Mirandele, 
vulg.  * 

de  la  quene  y  et  quatre  du  côté  de  la  tête.  Aci,  Paris, ,  1 7 1 6  , 
f,  a36.  On  distingue  sur  TAble  deux  lignes  latérales  ponc* 
tuées  ,  ibid, ,  signalées  déjà  par  Rondelet  ^  et  revues  par  moi. 

Dans  son  curieux  Mémoire ,  Réaumur  rappelle ,  p»  242  , 
a  un  insecte  qui  se  loge  volontiers  dans  les  livres  rarement 
fenilletéfl)  ressemblant  fort  aux  A  blés  par  sa  couleur  ar- 
gentée |  et  qui  en  a  aussi  quelque  air  par  sa  figure,  à  ses 
jambes  près.  Son  corps  est  couvert  d'écaillés  qui  se  déposent 
inr  les  doigts  qui  le  touchent^  » 

Cet  insecte ,  appelé  vulgairement  Poisson  d'argent,  est 
kForbicine  ,  Lepisma  saccharina,  Lînn.  ^  indiquée  par  Al- 
drovandi  ^  de  InsecL ,  p.  670 ,  n»  5. 

*  La  Sardine,  étant  un  poisson  de  mer  non  anadrome, 
ne  peut  se  trouver  dans  le  lac  du  Bourget.  La  Sardine  de  ce 
lac  est  ou  VAble  ou  le  Cyprinus  agone,  Scopoli ,  Deliciae 
fhr.  et  Faun.  Insuhriae,  1786  ,  part,  1  ,  p.  71  ,  dont  je 
donne  le  texte  à  Tarticle  Clupea  Sardinella, 

Cest  aux  naturalistes  d'Aix  à  nous  apprendre  auquel  de 
cet  deux  poissons  doit  être  rapportée  leur  Sardine. 


(  212  ) 

Je  serais  lenlé  de  le  croire  d'après  la  remarque 
suivante  faite  par  Jurine.  u  L^Able ,  dit  ce  savant,  porte 
«  aux  environs  de  Vevay  le  nom  de  Naze,  »  HisU  des 
Poissons  du  lac  Léman,  p,  221.  Razoumowsky ,  £fist» 
7uU.  du  Jorat ,  1789 ,  tom.  1 ,  p.  182 ,  §  4^ ,  en  a  conclu 
que  le  Cjprinus  nasus  se  trmivait  dans  le  lac  de 
ïïeufchâtel. 

Des  équivoques  de  cette  nature  se  retrouvent  dans 
tous  les  livres  qui  sont  faits  à  coups  de  ciseaux ,  et  dont 
les  auteurs  n'ont  jamais  vu  les  objets  dont  ils  parlent. 

L'Able  est  la  proie  des  poissons  voraces,  et  employé 
comme  appât  pour  les  prendre  \  comme  il  a  beaucoup 
d'arêtes ,  il  n^est  acheté  que  par  les  gens  du  peuple  qui 
le  mangent  en  friture.  Sa  chair  est  d'assez  bon  goût^ 
quoique  peu  estimée. 

On  compte  11  rayons  dans  la  nageoire  dorsale;  \6 
dans  les  pectorales-,  9  dans  les  ventrales  \  21  dans  Ta- 
nale  ^  et  24  dans  la  caudale. 

L'appareil  dentaire  pharyngien  de  TAblette  se  re* 
connaît  aux  caractères  suivans  : 

Plaque  '  sertie  dans  l'espace  pentagonal  alongé  de 
l'os  basilaire ,  dont  le  prolongement  dorsal  est  de  champ 
et  spatuliforme. 

Les  dents  minces  et  aiguës ,  au  nombre  de  six ,  sont: 
placées  sur  deux  rangs  :  savoir,  quatre  à  Textérieur^ 
et  deux  à  l'intérieur. 

Le  péritoine  nacré  est  piqueté  de  points  noirs. 

Les  Ables  traient  en  mai  et  jttin ,  près  du  rivage ,  ou 

•  ■ 

>  Cette  plaque, 'qui  adlière  au  basîlaîre  par  une  mev 
brane  intermédiaire,  se  détache  facilement  par  la  cniatç 
et  tombe  iorsqu^on  enlève  les  chairs  pour  dénuder  Pos.  Ce 
arrive  pour  tous  les  Cyprins  ^  dans  la  même  circonstance 


f  413) 

ibse  rassemblent  en  troupe;  à  cette  époque  on  voit, 
chez  les  mâles ,  le  dessus  de  la  tête,  du  dos  et  même  des 
opercules,  hérissé  de  petites  aspérités  qui  transforment 
la  surface  de  ces  parties  en  une  espèce  de  râpe. 

Tous  les  ans,  à  1  époque  du  frai,  des  particuliers  de 
Lyon  viennent  dans  notre  département  pêcher  les 
Ables  » ,  pour  s'en  procurer  les  écailles,  dont  ils  tirent 
Tessence  d'Orient,  (conservée  par  Tammoniaque  li- 
quide), et  employée  pour  la  fabrication  des  fausses 
perles  ^  ,  genre  dUndustrie  découvert  en  1680  par  un 


*  Les  particuliers  dont  nous  parlons  rejettent  avec  soin 
VAble  rayé,  c^est-à-dire  le  Spirlin  ,  Cyprinus  bipunctatus. 

*  \2 Àrgentina  sphyrœna  est  employée  en  Italie  pour  co- 
lorer les  fausses  perles. 

CTest  le  derme  qui  sécrète  sous  les  écailles  cette  matière 
d'un  éclat  métallique  argenté ,  qui  rend  tant  de  poissons  si 
brillans;  elle  se  compose  de  petites  lames  pâles  comme  de 
Fargent  bruni ,  qui  se  laissent  enlever  par  le  lavage  soit  de 
la  peau ,  soit  de  Pécaille ,  dont  elles  Ternissent  la  face  infé- 
rieure. CVst  cette  matière  qui  colore  les  fausses  perles. 
Voyez  le  Mémoire  de  Réaumur  à  ce  sujet  dans  les  Act. 
Paris.,    1716,  p,  329. 

Il  se  sécrète  aussi  de  cette  matière  argentée  dans  beaucoup 

de  poissons  ,  dans  Pépaisseur  du  péritoine  et  des  enveloppes 

que  le  péritoine  fournit  à  certains  viscères,  particulièrement 

à  la  vessie  natatoire.  Cuvier ,  Hist.  nat.  des  Poiss, ,  tom. 

1 ,  p.  483. 

U  se  sécrète  aussi  de  cette  matière  argentée  dans  l'inters- 
tice des  muscles  :  je  l'ai  retrouvée  sur  les  os  de  la  mâchoire 
inférieure  de  TAlose  et  dans  beaucoup  d'autres  poissons  ; 
d*où  je   conclus  que   les  membranes  muqueuses  sont  les 
organes  dans  lesquels  se  sécrète  la  matière  nacrée. 


(  214  ) 

Parisîen  nommé  Jacquin  ' ,  ainsi  qu'en  a  acquis  la  cer* 
titude  J.  Hermann,  Observât,  zoologicœ,  p.  327. 

Les  Lyonnais ,  après  avoir  détaché  les  écailles ,  aban- 
donnent sur  le  rivage  les  corps  dépouillés  de  TAble  ;  sa 
décomposition ,  excessivement  rapide  ,  répand  dans  le 
voisinage  une  infection  épouvantable ,  qu'un  prompt 
enfouissement  préviendrait  efficacement  en.  procurant 
un  engrais  avantageux. 

L'Able  est  tourmentée  quelquefois  par  la  Ligule  très- 
simple. 

XXVL  Le  Spirlin*,  Cyprinus  bîpunctatus,  Bloch, 
Gmel. ,  Syst.  nat. ,  édit.  xiii,  p.  \épZ ,  sp.  48. 

Bloch,  Ichthyologie ,  part,  i,  p.  43»  P^'  viii,^/§^.  i. 

Bonnaterre,  Tableau  encycl,  des  trois  Règnes,  icthyologie ,  pi,  Sa^ 
fig.  340. 

Jurine,  Hist.  des  poiss,  du  lac  Léman ,  p.  226,  tz»  19  ,  pi.  14* 

Rondelet^  de  Piscib,  fiuifiatil,  lib.,  cap.  xviii,  p.  \{fi ^  fig,  infer^ 
Fritoa. 

Gesner,  De  Aquatil,,  p.  844  >  Phoxinus  squamosus. 

«  Dans  le  Dict»  des  Sciences  natur. y  tom,  i5,  p.  365^ 
on  appelle  ce  Parisîen  Janin  ,  parce  qu^on  sVst  contenté  de 
copier  la  faute  typographique  du  Dictionnaire  du  Commerce 
de  Savary  ^  c2iT  ^  dit  J.  Hermann  ,  j^aî  souvent  entendu  don- 
ner le  nom  de  Jacquin ,  an  fils  de  Tinventeur.  L^assertîon 
d'Hermann  est  d'ailleurs  confirmée  par  le  témoignage  plos 
ancien  de  V Encycl.  mélk.  ,  Dictionn.  des  Arts  et  Métiers ^ 
tom.  2,  17839/7.  4^0. 

»  Bloch,  Ichthyologie , part,  1  ,/?.  44,  a  dit  :  ce  M.  Her- 
<c  mann,  professeur  à  Strasbourg,  m'a  envoyé  ce  poisson 
ce  sous  le  nom  de  Spirlin.  y> 

Dans  ses  Obsen^at,  zooiog,  ,  p,  320 ,  Hermann  assure 
n'avoir  jamais  envoyé  à  Blocb  de  Cyprinus  bipunctatus ,  ne 
connaissant  ni  ce  poisson  ni  le  nom  de  Spirlin* 


C215) 

Lacépid«  »  JSKh,  nat.  des  jtoissons ,  iom.  xi ,  p,  d/. 
Cavîer ,  Règne  anim. ,  édit,  2,  tom,  a^p,  976.  Le  Spiriin  oa  Eper« 
lan  de  Seine. 

Ce  poisson ,  dont  la  taille  est  d^environ  3  pouces  9  m*a 
ëté  donné  par  le  pêcheur  Reverdy ,  sous  le  nom  de 
Vairon  de  Saône. 

On  le  connaît  aux  environs  de  Pontailler  sous  les 
noms  de  Lugnote  ou  Lîgnotte ,  à  cause  de  sa  ligne  laté- 
rale fortement  caractérisée ,  ce  qui  Ta  fait  aussi  appeler 
uible  rayé  ou  Ahle  bordé. 

«  Quelques-uns  nomment  Ables  bordés  '  ceux  ou  la 
partie  colorée  a  plus  d^étendue ,  et  ils  prétendent  qu'ils 
sont  moins  alongés.  J'avoue  que  je  n^ai  pas  aperçu  sen- 
siblement cette  différence.  »  DuJiam.,  pag.  433. 

Dans  les  environs  de  Dijon ,  les  enfans  le  nomment 
Poisson  blanc,  et  quelques  pécheurs,   Eperlan.  Un 
autre  pêcheur  me  Ta  donné  sous  le  nom  de  Chérin. 
A  Genève,  on  l'appelle  Platei;  à  Goppet ,  Boroche. 
Ce  poisson  est  assez  semblable  à  TAblette  \  il  en  dif- 
fère par  beaucoup  de  caractères ,  et  entr'autres  par  deux 
points  noirs  sur  chacune  des  écailles  delà  ligne  latérale. 
Sa  mâchoire  inférieure ,  ascendante ,  est  recouverte 
par  la  supérieure  lorsque  la  bouche  est  fermée  ;  ses  na- 
geoires sont  orangées  à  leur  base  ;  les  yeux  sont  grands  \ 
le  corps  est  aplati  \  les  écailles  sont  grandes  et  sillonnées^ 
ime  double  rangée  de  points  noirs  accompagne  les 
écailles  de  la  ligne  latérale  sinueuse  et  arquée. 

La  dorsale,  composée  de  10  rayons,  est  en  arrière 
des  ventrales,  qui  en  ont  9  :  pectorales,  16  :  anale ^ 
ix>iige  à  sa  base,  18  :  caudale,  xxiv-xxvi. 

*  L'Able  Bordé  a  le  corps  moins  alongé  que  TAble.  Du-^ 
iamel^  7^  part, ,  sect.  m  ^  p,  493.  Contradiction  du  texte* 


(216) 

La  longueur  de  la  tête  est  3  i;i  fois  dans  celle  du 
corps  ;  la  largeur  du  Spirlin  est  3  fois  i/a  dans  sa  lon- 
gueur totale. 

Le  Spirlin  a  33  vertèbres  et  i5  paires  de  côtes.  Le 
péritoine  est  nacré  et  piqueté  de  points  noirs  petits  eu 
rares. 

Lacépède ,  HisU  naU  des  Poiss. ,  édiU  m-ia ,  tom,  xi, 
p*  6j^  se  borne  à  copier  Bloch  plus  ou  moins  exac- 
tement. 

Bosc ,  Nouv.  DicU  dHisU  naU ,  édiU  a ,  tom.  9,  p^' 
76 ,  copie  Lacépède. 

Dans  le  DicU  des  Se,  nat.  y  tom,  5o ,  p,  apS ,  on  se 
borne  à  dire  : 

Spirlin ,  nom  spécifique  d'un  Cyprin ,  Cjprinus  bi- 
punctaius ,  du  genre  des  Ables. 

Rondelet,  de  Piscîb,Jlu\^iat.  Ub, ,  cap,  xviii,  p.  ipS, 

Jlg.  infer, ,  parle  d'un  petit  poisson  appelé  à  Lyon  Fritou 

et  Friteauy  semblable  au  Siego  y   mais  plus  petit.  Sa 

taille  n'excède  pas  trois  pouces  \  il  est  commun  dans  la 

Saône.  Loc,  cit. 

Dalechamp  avait  envoyé  à  Gesner  deux  Frétas, 
Friton  et  Friteau  salés.  Nomencl, ,  p,  3o6. 

Ce  poisson,  jusqu'à  ce  jour,  n'a  pas  été  reconnu  par 
les  naturalistes.  Tous  les  auteurs  d'Ichthyologie  se  sont 
bornés  à  copier  Rondelet  \  loin  d'éclaircir  le  passage  ils 
Pont  embrouillé. 

«  Le  Friton  ou  Fnian , .  est  le  nom  qu'on  donne  à 
«  Lyon,  dit  Rondelet,  chap,  i5,  trad,  franc, ,  à  un 
«  petit  poisson  semblable  au  Siège,  »  AUéon  Dulac , 
Ifist,  nat,  du  Lyonnais  y  tom,  i,p.  i58. 

«  Fritons  ou  Friteaux,  On  nomme  ainsi  en  Lan- 
ce guedoc,  suivant  Rondelet,  les  petits  Sièges,  poisson 


(  217  ) 

ic  qui  tient  beaucoup  du  Gardon  ou  de  la  Yanddse.  » 
JDuham*,  Pêches,  ii* parL,  secU  m, p.  566. 

Dans  cette  citation ,  Duhamel  a  erré  :  les  noms  de 
J^ritons  (il  faut  lire  Fritous)^  ou  Friteaux ,  sont  em- 
ployés à  Lyon  et  non  en  Languedoc.  Rondelet  n'a  point 
^t  que  les  petits  Sièges  étaient  appelés  Fritous  ,•  il  a  dît 
seulement  dans  le  chapitre  cité  :  «  Le  Siego  appartient 
m.  au  genre  des  Mugiles ,  de  même  que  ce  petit  poisson 
«(.appelé  à  Lyon  Fritou  et  Friteau,  » 

Lacépède  et  les  Dieu  dHisU  nat.  les  plus  modernes 
^excepté  celui  de  Lachenaye  des  Bois,  tom.  2,  p.  228), 
xie  parlent  point  du  Fritou  ou  Friteau,  Ces  noms  ont  un 
«2ertain  rapport  Si\ec  fretin ,  mot  employé  pour  désigner 
^es  choses  de  peu  de  valeur ,  et  appliqué  plus  particu- 
lièrement aux  petits  poissons  en  général,  sans  doute 

rce  qu'on  les  mange  frits. 

La  chair  du  Spirlin  est  blanche ,  d'un  bon  goût ,  et 

mange  ordinairement  en  friture. 

Ce  poisson  se  plaît  dans  les  ruisseaux  d'eau  vive  et 
cîourante  5  il  joue  à  leur  surface  ;  il  fraie  dans  le  mois 
de  mai  ^  alors  il  cherche  les  endroits  les  plus  rapides  « 
£ifin  de  se  frotter  contre  les  petits  cailloux.  Hors  ce 
lemps,  il  se  tient  continuellement  à  la  surface  de  l'eau. 
U  se  nourrit  d'herbes ,  de  vers ,  et  sert  de  nourriture  à 
la  Truite. 

On  le  trouve  dans  la  Saône,  dans  l'Ouche  ,  etc. 

U  vit  longtemps  dans  des  bocaux  de  verre ,  dont  on 
renouvelle  l'eau,  et  alors  on  l'entretient  avec  des  subs- 
tances végétales. 

La  mâchoire  pharyngienne  supérieure  oflfre  une  plaque 
sertie  dans  la  cavité  pentagonale  élargie  del'osbasilairei 
dont  le  prolongement ,  placé  de  champ ,  est  ovoïde. 

.  Les  dents  pharyngiennes  inférieures  sont  au  nombre 


(218) 

de  sept,  dont  cinq  sur  le  rang  extérieur ,  et  deux  suf 
le  rang  intérieur  ;  elles  sont  crochues  au  sommet. 

Je  ne  sais  pourquoi  Cuvier ,  Anal.  comp. ,  tom*  3  ^ 
p.  191 9  ne  donne  que  cinq  dents  au  Cjprinus  bipunc^ 
tatus;  il  n'aura,  sans  doute  ,  examiné  qu^un  individu, 
chez  lequel  des  dents  étaient  tombées,  ainsi  que  je  Tai 
vu  moi-même  sur  une  des  mâchoires  d^un  des  Spirlins 
qui  m^ont  servi  à  faire  ma  description. 

Duhamel  a  parlé  du  Spirlin,  dont  la  ligne  latérale, 
formée  d'une  suite  de  points  géminés ,  imite  effec- 
tivement une  sorte  de  bordure.  Il  le  désigne  sous  le  nom 
A^Able  bordé. 

XXVII.  Le  Vairow  ,  Cjprinus  phoxinus,  Linn. , 
Gmel. ,  p.  14^2,  sp.  10. 

Bloch  ,  Ichthyol. ,  part,  i ,  p.  5i ,  pi.  viii ,   fig.  5. 
Jurine,  Histoire   des  Poissons   du   lac  Léman,  p,  329,  n^  20 ^ 
pi,  14. 
Duhamel,  Pêches,  2*  part.,sect.  m, p.  5i5y  pi,  xxvi  ,fig»  7. 
Bonuaterre,  Tableau  EncycL  ichthyol.,  pi.  79,  fig,  328. 
Lacëpède  ,  Hist.  nat.  Poissons ,  tom,  x,  p,  387. 
Boudelet,  de  Pisc.fluv.  lib.,  cap.  xxi&,p.  2o5,  de  Pisciculo  vario» 
Meyer,  Représ. ,  tom,  2,  tab,  gôyfig.  infér. 
Gesner ,  de  jéquatilib,  ,p.^\\, 
Aldrovandi ,  De  piscib.,  lib.  v,  cap,Xy  p.  582. 
Nouv.  Dict.  d*Hist.  nat-,  édit,  2,  tom.  ix,  p.  71. 
J.  HermanO)  Observât,  zoolog,,p.  3i8. 

D.  9.  P.  14.  V.  8.  A.  10.  G.  26-28. 

Le  nom  français  de  ce  poisson  lui  vient  de  la  variété 
de  ses  couleurs ,  pisciculus  uarius ,  disent  les  anciens  ;  et 
nullement ,  comme  le  dit  Duhamel ,  parce  qu'il  est  de 
la  grosseur  à  peu  près  d'un  ver.  Cet  auteur,  trompé  par 
son  orthographe ,  a  écrit  Véron ,  et  de  là  est  tombé  à 
son  étymologie  \  il  aurait  dû  indiquer  le  ver  dont  la 
grosseur  peut  servir  de  comparaison  à  celle  du  Vairon. 


(  219  ^ 
n  est  surprenant  qu'un  poisson,  aussi  commun  et 
Aussi  bien  caractérisé  par  ses  écailles  fort  petites ,  poin- 
cillées  de  noir  et  irisées ,  par  la  variété  de  couleur  des 
^inq  bandes  longitudinales  des  côtés  du  corps,  ait  été 
eonfondu  avec  d'autres;  cela  vient,  comme  Cuvier, 
ffisl.  nat,  des  poissons,  tom,  lo^  p,  4^3,  Ta  feit  ob« 
server  relativement  à  Lacépède ,  de  Thabitude  où  Toa 
est  de  faire  des  livres  avec  des  livres ,  et  de  ne  pas 
étudier  les  objets  dont  on  parle. 

Dans  le  Dict,  des  sciences  naturelles,  iom.  i ,  suppL, 

p.  4 9  en  parlant  du  Yéron ,  Leuciscus  phoxinus,  il  est 

dit  :  «  Sa  cbair  est  amère.  )>  Cette  assertion  n'a  diantre 

autorité  que  le  passage  suivant  de  Duhamel  :  a  Le 

ft  Yéron  a  quelquefois  deux  pouces  et  demi  de  longueur; 

«  on  dit  que  sa  chair  est  toujours  un  peu  amère,  peut- 

«  être  parce  qu^on  a  de  la  peine  à  vider  ce  poisson  sans 

«  rompre  la  vésicule  du  fiel.   »  Pêches,  a*  part., 

/?.  5i5. 

Duhamel  dans  ce  passage  a  confondu  le  Vairon  avea 
hBouinère  ou  Péteuse,  Cjprinus  amarus,  Bloch  *. 

La  chair  du  Vairon  est  au  contraire  fort  délicate , 
comme  Ta  dit  Rondelet  depuis  long-temps.  FelUs  mul^ 

tumhabet,  quare  non  nisi  ei^isceratus  coquendus 

Came  est  molli  et  suai^i.  Aussi  a-t-on  soin  de  vider  ce 
poisson  avant  de  le  préparer  pour  la  table. 

Duhamel  ne  s'est  pas  contenté  de  confondre  les  pro- 
priétés du  Vairon  avec  celles  de  la  Bouvière  \  trompé 

'  Si  Duhamel  eût  reconrn  à  Ârtédi ,  IchthyoL  ,  pars  v  ^ 
/).  1 1 ,  sp*  20  ,  il  aurait  promptement  recounn  le  GouJod, 
appelé  par  Schoneyelde ,  Ichïhyol. ,  /?.  35  ,  Fundulus  ,  Gal- 
K«  Govian,  liai.  Vairon,  Angl.  Gudgion.  Artédi,  par  er-? 
rear  mus  donte ,  a  dit  :  Gallis  Gonion  et  Voirons 


(  226  ) 

par  le  mot  Phoxînus  donné  par  Rondelet  à  la  Rosière, 
et  par  Linné  au  Vairon  ^  il  a  encore  sous  ce  dernier 
nom  rangé  un  autre  poisson,  qui ,  d'après  sa  détermina- 
tion, a  fait  naître  un  nouvel  embarras,  ainsi  qu^il  est 
aisé  de  s'en  assurer  par  les  passages  suivans  : 

«  Véron ,  petit  poisson  de  rivière ,  qui  n'est  pas  le 
(c  Yairon  dont  nous  avons  parlé ,  quoiqu'il  ait  des  rap- 
«  ports  avec  lui.  »  DicU  théor.  etprat.  de  chasse  et  de 
pèche  (par  Delisle  de  Sales),  1769 ,  tom,  2, ,  p.  418. 

«  Vairon ,  petit  poisson  blanc  et  à  nageoires  molles , 
«  qu'on  pêche  dans  les  rivières  -,  c'est  une  espèce  de 
«  Goujon.  »  Tom.  ^^  p.  4'^  î  tom.  1 ,  p.  452. 

La  variété  de  couleur  offerte  par  le  Vairon ,  Cjrprinus 
phoxînus,  Lin.,  et  par  le  Goujon,  Cyprinus  gobius. 
Lin. ,  est  la  cause  du  même  nom  donné  à  deux  poissons 
très  différens.  Ce  qui  a  engagé  Gesner  à  dire  :  Cralli 
veronem  suum  digiti  (  palmi  minoris  )  longitudine 
faciunt. 

Aussi  Delisle  de  Sales,  sous  le  titre  Véron ,  indique  le 
Cjrprinus  phoxînus,  et  sous  celui  de  Vairon,  le  Cjprir 
nus  gobioy  Lin. 

et  Artedi  semble  penser  quMl  y  a  des  Vérons  de  cinq 
«  pouces  de  longueur  ;  je  n'en  ai  point  vu  qui  approche 
«  de  cette  grandeur ,  ce  qui  me  fait  croire  qu'il  veut 
«  parler  de  la  Rose  ou  Rosière  de  Picardie,  qui,  sui- 
«  vaut  Gesner,  est  un  poisson  à  écailles  assez  ressemblant 
«  au  Goujon,  et  qui  a  quelquefois  un  demi-pied  de 
«  longueur  :  le  corps  est  un  peu  aplati,  l'iris  des 
«  yeux  jaunes  5  suivant  lui ,  les  plus  petits  ont  des  œufs^ 
ce  il  me  parait  que  toutes  ces  choses  établissent  plus  dé 
Il  ressemblance  avec  le  Groiijon ,  qu'avec  le  Vairon  que 
«  nous  avons  décrit.  »  Duham. ,  Traité  des  pêches,  u* 
part. ,  sect.  m ,  p.  5i5-5i6. 


(  221  ) 

Duhamel  a  très  bien  vu. 

«  Les  Vairons  de  cinq  pouces  '  ,  suivant  Artedi,  dît 
«  Duhamel ,  sont  des  Roses  ou  Rosières  de  Picardie, 
«  décrites  par  Rondelet ,  de  piscibusfluyiatiUbus  Uber. , 
«  cap,  xxviii,p.  2o5  ,  Phoxinus,  Rosière ,  dont  Gesner, 
4k  de  aquaUUbus,  p.  27,  rapporte  les  termes,  et  p.  844  j 
«  donne  une  nouvelle  description  sous  le  titre  Bambele; 
«  ces  Roses  ou  Rosières,  suivant  Gesner ,  ressemblent 
«  au  Goujon.  »  Duhamel,  pèches,  2,*  partie,  p.  5 16. 

Aussi  dans  le  Dict,  des  Sciences  naturelles,  tom.  3, 
suppL,  p.  174,  on  lit  : 

«  RiMBELE  (Ichthyol.).  Dans  le  canton  de  Zurich, 
u  on  appelle  ainsi  une  espèce  d^Able ,  très  voisine  du 
«  Véron  (Leuciscus  phoxinus).  Voyez  Able.  » 

N.  B.  Il  n^est  pas  question  de  Bambele  dan»  Tart.  AbU 
où  l'on  est  renvoyé. 

«  RosiÈKE  (  IchthyoL  ) ,  un  des  noms  vulgaires  du 
«  Véron.  Voyez  ce  mot  et  Able ,  dans  le  supplément  du 
«  tom.  1  de  ce  Dictionnaire.  »  D.  S,  N,,  ^.  46  »  p»  ^^91* 

Dans  ces  deux  articles,  Able  et  Bambèle ,  le  nom  de 
Rosière  n'est  pas  rappelé. 

On  a  eu  tort  dans  le  Dict.  des  Se,  nat. ,  de  donner  le 
nom  de  Rosière,  comme  un  des  vulgaires  du  Vairon. 

Pour  débrouiller  cette  confusion  il  faut  recourir  aux 
texte  originaux  et  les  comparer. 

Quelquefois  d'après  la  remarque  de  Raj ,  Rondelet  a 
parlé  dans  plusieurs  endroits  d'un  même  poisson  sous 
différens  noms,  jirtedi,  Bibl,  Ichthjr, ,  p.  26. 

Revenons  actuellement  au  Vairon ,  dont  la  discussion 
précédente  nous  avait  écarté. 

«  Il  est  facile  de  distinguer  le  Vairon  (  sons  genre  Able  ) 
de  la  Bouvière  (  sous-genre  Cyprin).  Les  caractères  essen- 
tiel» sont  très-différens. 


(  222  ) 

Ce  petit  poisson,  dit  Rondelet ,  ressemble  par  la 
figure  de  son  corps  au  Cephalus  ^mdadlis.  Rond., 
de  Piscib.  fluvf,  lib. ,  cap.  xy  ^  p,  190,  le  Ghevanne, 
Cjprinus  dobida,  La  variété  de  couleur  répandue  sur 
sa  robe  a  été  signalée  par  tous  les  observateurs ,  et 
c'est  elle  qui  a  engagé  Pazumot  à  signaler  les  Vairons 
sous  le  nom  de  petits  Poissons  de  la  belle  fontaine  de 
F'emianton,  comme  je  Tai  déjà  fait  observer  dans  les 
Act.  Dinon.,  1827,/?.  71. 

Le  Rotriocéphale  du  Phoxin  attaque  le  Vairon.  Dict. 
Se,  nat.y'tom.  Sj ^  p,  71. 

Le  Vairon  se  nourrit  de  vers  ,  de  larves  d'insectes 
aquatiques ,  de  substances  animales  et  végétales  en  dé- 
composition; il  fraie  à  la  fin  du  printemps,  Blocbditàlafin 
de  juin ,  et  périt  aussitôt  quUI  est  bors  de  Teau  ;  sa  taiUe 
surpasse  rarement  deux  pouces  et  demi.  Il  préfère  les 
petits  ruisseaux  oii  il  ne  trouve  pas  autant  d'ennemis 
que  dans  les  rivières.  Pendant  Thiver ,  il  se  cache  aà 
fond  de  Feau  autour  des  herbes  qui  y  croissent  ;  aussitât 
que  Tatmosphère  est  réchauffée  par  les  rayons  solaires, 
les  Vairons  viennent  en  troupe,  se  jouer  à  lasurfece  de 
Feau  en  s'élançant  souvent  au  dessus;  ce  qui  Ëiit,  dit 
Jurine ,  que  lorsqu'on  veut  les  conserver  dans  des  bo- 
caux ,  où  ils  vivent  fort  longtemps ,  il  faut  avoir  l'atten- 
tion de  les  couvrir.  Dans  les  beaux  jours  d'été,  lorsque 
le  ruisseau  qui  traverse  le  jardin  botanique  n^est  pas  à 
sec ,  on  peut  se  procurer  le  spectacle  des  jeux  du  Vai- 
ron au  dessous  du  dernier  barrage  ;  on  voit  les  Vairons 
en  troupe  se  presser  en  foule  contre  ce  barrage ,  afin  de 
jouir  de  l'eau  qui  s'échappe  en  cascade ,  et  plusieurs 
d'entre  eux  s'élancent  au  dessus  de  la  surface  de  l'eau  , 
retombent  et  recommencent  le  même  jeu. 

Le  Vairon  aime  beaucoup  à  remonter  le  cours  des 


(  223  ) 

ruisseaux  ,  et  à  recevoir  de  la  nouvelle  eau  :  aussi  dans 
le  grand  bassin  du  Jardin  Botanique ,  on  les  voit,  réunis 
en  masse  considérable,  se  porter  continuellement  contre 
le  grillage  globuleux  placé  à  l'extrémité  du  conduit  qui 
Talimente ,  lorsque  les  fontaines  des  Chartreux  ne  sont 
pas  taries ,  ou  plutôt ,  ne  sont  point  rendues  mal  saines , 
par  la  quantité  de  savon  employée  par  les  laveuses;  car 
dans  ce  dernier  cas ,  presque  tous  ces  poissons  meurent^ 
et  on  voit  leurs  cadavres  flotter  à  la  surface  de  Feau. 

L^étang  de  la  Yalduc ,  à  deux  lieues  de  la  ville  de 
Martigue  en  Languedoc ,  renferme ,  suivant  Foderé  , 
«ne  espèce  de  petits  poissons  de  la  grosseur  du  petit 
doigt ,  le  seul  qui  puisse  y  subsister ,  dont  le  frai  très* 
abondant  recouvre  quelquefois  une  partie  de  la  chaussée. 
Montfalcon,  HisU  méd,  des  mar,,  1826,  a*  éd.,  ^.  70  (1). 

Ne  serait-ce  pas  le  Vairon  ? 

Pàzumot|  Nouy.  Mém,  Acad.  de  Dijon,  1782,  a* 
semestre,  p.  114?  parle  des  petits  poissons  de  la  belle 
fimtaine  de  Yermanton ,  sans  leur  donner  de  nom.  Ces 
petits  poissons  sont  des  Vairons ,  comme  il  est  facile  de 
s'en  assurer.  Le  Péritoine  nacré  des  Vairons  est  piqueté 
de  très-petits  points  noirs. 

L'appareil  dentaire  pharyngien  du  Vairon  présente 
sur  Tapophyse  de  Fos  basilaire ,  un  cavité  pentagonale , 
lossi  large  que  longue.  Le  prolongement  postérieur  de 
Tapophyse  est  en  forme  de  sabre  tronqué. 

Les  dents  pharyngiennes  inférieures  sont  crochues , 
au  nombre  de  six  à  chaque  mâchoire ,  et  disposées  sur 
deux  rangs;  Fextérieur  montre  quatre  dents,  et  l'in- 
térieur, deux  beaucoup  plus  petites,  plus  minces ,  que 
la  loupe  fait  distinguer  très-facilement. 

Sur  une  mâchoire  j'ai  vu  seulement  trois  dents  au 
r^ng  externe ,  et  une  au  rang  interne. 


(224) 

Sur  d^autres ,  j*ai  vu  cinq  dents  extérieures  et  une 
intérieure.  D'autres  fois  il  y  a  quatre  dents  extérieures 
et  seulement  une  intérieure. 

Le  Vairon  de  la  Bèzè  a  le  dessous  de  la  mâchoire 
inférieure  noir.  Au  mois  d'avril  on  voit  sur  la  tête  du 
mâle  des  petites  épines  coniques  -,  j'ai  revu  à  la  fia  de 
mai  ces  mêmes  caractères  sur  des  Vairons  pris  dans 
rOuche,  à  l'aval  du  pont  de  Thôpital.  Un  mâle  avait 
sur  la  tête  une  multitude  de  ces  petites  épines  coniques^ 
si  remarquables  sur  la  majeure  partie  des  mâles  da 
genre  Cyprin ,  à  l'époque  du  frai. 

«  Véron,  petit  poisson  de  rivière  ,  différent  du 
Vairon  dont  nous  avons  parlé  ;  il  ressemble  assez  pour 
la  forme  du  corps ,  à  un  petit  Gardon  ^  mais  il  en  di£Gère 
beaucoup  par  les  couleurs,  qui  sont  très-brillantes, 
surtout  dans  le  temps  du  frai....  Ces  couleurs  appar- 
tiennent à  la  peau ,  car  il  n'a  pas  d'écaillés.  »  EncjrclJ 
mélhod.,  Dieu  des  Pêches  y  p.  298. 

De  cette  description  ,  il  faut  conclure  que  Tauteiir 
n'avait  jamais  vu  de  Véron. 

Genre  des  Loches  ou  Dormilles,  Cobiûs,  Linn.  Dru^ 
milles,  dans  quelques  parties  du  Dauphiné* 

filoch,  IchthyoLogie ,  part.  i,p.  172. 

Tête  petite  ,  corps  alongé ,  revêtu  de  petites  écailles 
et  enduit  de  mucosité  \  les  ventrales  fort  en  arrière 
et  au-dessus  d'elles  une  seule  petite  dorsale ,  la  bouche 
au  bout  du  museau ,  peu  fendue ,  sans  dents ,  mais  en- 
tourée de  lèvres  propres  à  sucer ,  et  de  barbillons. 

Les  Loches  sont  sujettes  à  la  ligula  ahdominalis^ 
Bloch,  Gmel. ,  S.  N.,xni,  p.  3o43  ,  sp.  2,  a.  Ligule 
irès'simple ,  Encyclop.  méthod.,  Vers,  tom.  2,  p.  494 > 
sp.  6-,  Dict.  Se.  nat. ,  tom.  xxyi,  p.  4o3>  lvii,  611. 
Atlas  ,  Vers ,  pi.  46 ,  fig.  5. 


4. 


(  225  ) 

'  XXVni.  La  Loche  franche,  Cobitis  barbaUday  Linn. , 
CfmeL ,  S.  N. ,  édit.  xui,  p.  i348 ,  sp.  2. 

Bloch,  IchthyoL,  part,  i,  p.  179 ,  pU  xnxiyfig.  3. 
'  Joriney  Hist,  des  poissons  du  lac  Léman ^  p,  iSô^n^  5,  pL  a. 

Marsilii  Danub.  ,  tom.   iv,  p,  24,  tab,  ix,  fig,  1.  De  Cobitide 
fluTtatili ,  /y.  74  9  tab,  xxv ,  fig,  1 ,  Fundulua. 

Boonaterrey  Tableau  emoyclop. y  ichthyQl,,  pi,  61  yfig.  341. 

I«ftcëpède|  Hist,  nat.  des  poiss, ,  tom,  iZyp.  10. 

Rondelet,  Depiscibus  fluv.  lib.,  cap.  xxvii ,  '  p.  204.  Barbatula* 
^tip,  zzTiy  p.  ao3,  <2e  Cobite  fluviatili  ;  la  figure  ne  convient  guère  ^ 
^  nboa  de  Tabeence  des  barbillons. 

fielcoy  Lochia  pinguis.  Dromilla» 

Aldrorandi,  de  Piscib, ,  lib,  v,    cap.  xxiX)  p*  616.  De  Cobite 
floyîatill.  Cap,  xxxi,  p,  618.  De  Cobite  barbatnla. 

liejrtr,  Représ.,  tom.  1  ,p/.  ji^fig-  in  fer.  dio  Grundel. 
-  Dict.  des  se,  nat. ,  tom.  ix ,  p.  484*  -^tlas.  Ichthyol. ,  pL  6y  y  fig.  1 . 

Nouv»  Dict,  d'hist.  nat.,  édit.  a,  tom^.  rit^p.  a36. 

Duhamel,    Traité   général  des   Pèches,  it«  part.,  sect.  m,  p» 
5ai ,  p/.  xzTii ,  fig»  4* 

JDau  quelques  communes  du  Lyonnais ,  Sarbou, 

40  vertèbres ,  20  paires  de  cotes. 

Il»  10  :  P.  11  :  V.  7  :  A.  7-8  :  C.  2^-2,6. 

Ce  poissoa  est  appelé  DormiUe,  *  Baromètre  y  '  à 

>  La  figure  supérieure  de  ce  chapitre  a  une  grande  ressem* 

^Uallce  avec  celle  dn  Gobioïde  Bronssonnet,  donnée  dans  le 
iVow.  Dict.  d'Hist.  nat. ,  édit.  2 ,  tom.  xii  ^  p.  454  9  pi* 
D.  Z%^Jig.  7.  LVrcure  dé  la  nageoire  de  la  quene,  fort 
pononcée  dans  la  fignre  donnée  par  Rondelet  9  ne  s^obsenre 
pu  dans  le  dessin  du  Gobioïde. 

La  figure  aura  peut-être  été  déplacée,  comme  il  y  en  a 
plusieurs  exemples  dans  Touvrage  de  Rondelet  \  cependant 
on  y  Toit  figuré  raiguîllon  de  la  Perce. 

^  Ayant  les  travaux  de  Gesner|  la  Moutelle  s^iippelait 
déjà  Doi-mille  sur  les  bords  du  lac  de  Genève.   - 

3  Le  nom  de  Baromètre  a  été  donné  à  la  Loche  franche  p 
parce  i^k  l'approche  de  Forage  elle  se  tient  à  la  snrfiice  de 

i5 


(  226  ) 

Genève;  Gremelielte,  à  RoUe;  Moutaile^  Mataile  de  nds' 
seau,  à  Lutry  •,  Moustache,  petit  Barbot,  à  Versoix  et  à 

Peau  pour  saisir  les  monclierons  qui  s^en  rapprochent  da- 
vantage ,  ainsi  que  le  dit  Jurine. 

Cette  habitude  ne  dépendrait-elle  pas  plutôt  de  Porgani- 
sation  de  la  Loche  qui  la  rendrait  très- sensible  aux  Ticiisî- 
tudes  de  Tatmosphère?  On  observe  un  pareil  effet  dans  un 
de  ses  congénères  y  le  Misgurne  ,  Cobitis  fossilis,  Linn.  y 
Loche  d^étang ,  Bloch  y /cAMj'o/.^  part,  i  ,/?.  iji^pl,  xxxif 
^g,  1  ^  Lacépède,  ix,  p.  22  ;  Misgurne  fossile  ,applée  Ba* 
romètre  vivant,  que  ^  par  un  lapsus  calami ,  Linné  ^  S.  N*f 
éd.  XII  y  p.  5oo ,  a  dit  Thermometrum  vivum  ,  désigné  par 
Frisch,  Miscell.  Berolin.^  tom.  yi^  p.  1199  Tab.  it^  n'  a^ 
sous  le  nom  de  Lampe tra  barbata. 

Ce  poisson  monte  à  la  surface  de  Tean ,  Tagite  et  la  trou-* 
ble  au  moment  de  Torage;  et  cette  habitude  le  £ut  conser'* 
ver ,  dans  un  vase  plein  d'eau  ^  dans  plusieurs  officines  d^ 
pharmaciens  allemands  ;  il  est .  appelé  par  Cuvier  Laçk^ 
d'étang,  dans  son  Règne  animal^  éd.  2  ^  tom*  2,  p.  278* 
Sa  robe  bleuâtre  ^  chargée  latéralement  de  cinq  lignes  noire* 
longitudinales ,  distingue  cette  espèce  de  ses  congénères. 

Le  Misgurne,  Cobilis  fossilis ,  Linn. ,  J.  Hermann,  Obfm 
zoologicae ,  p,  3o7,  avale  sans  cesse  de  Pair  atmosphériqvey 
en  convertit  l'oxigène  en  acide  carbonique ,  en  le  faisant 
passer  au  travers  de  ses  intestins  \  il  le  rend  par  Panns»  Qn 
peut  consulter  les  curieuses  expériences  de  M.  Ehrmann  à 
ce  sujet.  Voyez  Cuvier  ,  Hist,  nat,  des  Poissons ,  tom*  i^p» 
619 ,  et  Règne  animal ,  éd.  2,  tom.  2  ,  p.  278. 

Dans  tous  les  poissons ,  il  se  fait  à  la  peau  et  sons  lès 
écailles  une  transmutation  semblable.  Ibid, 

Gabriel  Clander  a  donné  à  ce  poisson,  bien  représenté 
par  Meyer ,  tom.  2,^  pi,  g5  ,  le  nom  de  Thermometrum  vi' 
vunif  parce  que,  dit-il,  lorsque  la  température  de  Tatmos* 
phère  doit  varier,  du  chaud  au  froid  ou  dn  froid  au  chftady 


(  227  ) 
5t.-Prix  *,  Gaul,  à  Strasbourg.  J.  Hermann ,   Obsetv. 
jsoolog.  y  p.  307. 

Dans  notre  pays  on  lui  donne  le  nom  de  Moutelle, 
parce  qu^à  raison  de  sa  forme  et  des  couleurs  de  sa 
peau,  on  Ta  regardée  comme  une  petite  Lotte,  Mustela, 
et  on  lui  en  a  donné  le  nom  ;  effectivement  Gesner ,  de 
uiqueuU, ,  /?.  714  )  parle  de  la  Loche  franche  sous  le  nom 
^e  Mustela  minima,    ^   et  p.  4^o,   il    avait  rappelé 

ce  poisson,  dès  la  Teille  de  ce  cbaDgement,  manifeste  une 
«^tatioa  contiiiaelle  ^  mais  snrtout  lorsque  le  temps  menace 
d^orage  et  de  tonnerre  ,  ce  poisson  Tannonce  par  une  sorte 
de  btnissement  (  Sibilos  edere  solet)* 

Cest  en  suivant  Clauder  que  Linné  a  mis  Thermome^ 
tmm  vwum. 

Le  nom  de  Loche  d^ étang  a  fait  commettre  à  AUéoa 
Dalac  y  Mémoires  pour  servir  â  VHist,  natur»  du  I/yonnaisp 
tom,  1$  p»  i52,  une  singulière  bévue  :  s^attachant  aux  mot^ 
Loche  et  Goujon ,  employés  par  Rondelet  pour  désigner  les 
Gobies  Aphye  et  Paganel,  il  a  cru  que  Rondelet  voulait 
parler  de  nos  poissons  d^eau  douce,  désignés  sous  ce  nom  \ 
et  AS  £dsant  point  attention  au  titre  du  livre  De  Piscibus 
ttagni  marini,  il  a  copié  le  chapitre ,  et  Ta  donné  comme 
i&diqvantla  Loche.  Cependant  Rondelet  avait  eu  Pattention 
dédire  :  La  Loche  franche,  c'esi-k-àire  CobitisfluviatiliSf  est 
plu  longue  et  plus  grêle.  Mais  c^est  ainsi  qu'on  fait  des  livres 
avec  des  livres ,  comme  le  fait  observer  Cuvier^  Histoire  na^ 
tarelle  des  Poissons  y  tom.  x ,  p.  4^^  9  o  parlant  des  tra- 
it       ntx  de  Lacépède  ,  quMl  rectifie  dans  toutes  les  occasions. 

Le  même  Alléon  Dulac^  Mémoires,  p^  i56,  donne  sous 
ik|  le  nom  de  Chabot  une  description  fort  confuse  de  la  Loche 
^1      de  rivière  j  Cobitis  taenia  y  qu'il  n'avait  jamais  vue. 

*j         *  Moteila  (  sic  vulgus  profert  pro  Mustela  )     dicitnr 
i^tl      pisciculuS}  magnitudine  fere  piscis  Chasse t  {id  esiGobii 


J 


(  228  ) 

la  déaomiaatioa  Mouielle  (dérivée  deMust^),  donnée 
en  Bourgogne  à  ce  poisson.  Quelques-uns,  dit-il,  écrivent 
MoutloUe-y  d'autres  disent  Estoile,  par  mauvaise  pn>* 
nonciation ,  à  moins  qu'on  n^ait  voulu  par  ce  nom  âéA* 
gnér  les  taches  de  son  corps. 

D'après  ce  passage ,  le  nom  MouUoile  était  employé 
pour  désigner  et  la  Lotte  et  spécialement  la  Loche 
franche  ' . 

hes  Loches,  dit  Âlbert-le-6rand ,  d'après  Aldror., 
de  Piscib.,  p.  618,  sont  de  petits  poissons  qui  porteniks 
noms  de  Lostes  ?•,  ou  Loxes ,  oaFundides,  parce  qn'ili 
s'enfoncent  dans  la  vase  pendant  Phiver. 

Belon  donne  l'origine  du  nom  Dormîlle.  a  Les  LyoD- 
<c  nais ,  dit-il ,  par  le  déplacement  de  quelques  lettres 
<(  du  mot  ^ndromis  y  ont  employé  celui  de  Dromille, 
«  pour  désigner  un  petit  poisson  très-abondatft  te  été, 
a  rare  en  hiver,  et  dont  la  chair  maigre  et  sèche  est 
«  par  cela  même  très-saine.  »  Gesner ,  e/e  AqualU.,f. 
45.  De  Andromide,  Bellonius. 

Lugdunenses  detorlis  quibusdam  ah  Andromide 
litteris  Dromillam  vulgo  vocant,  pisciculum  qaem 
sestate  frequentem  habent,  hyeme  raro Defluvîi^ 

capitati)  :  cinerei  est  coloris,  et  stellîs  insîgnis;  in  deliciii 
maxime  et  propter  caritatem  à  divitibas  tantum  delîcatidll 
emttur.  Gesner^p.  yi5, 

Gesner,  ea  parlant  de  la  cherté  de  ce  poisson,  a  été 
trompé  par  le  nom  Mastela,  qui  était  employé  ponr  désî^* 
gaer  ^ÏÊ^Lotte  qui  efTectivement  orne  plutôt  Iti  table  des  ri* 
ches  que*  celle  du  pauvre. 

>  Ce  qui  est  prouvé  par  la  note  ci-dessus  qni  parl«  dei 
étoiles  sur  la  peau. 

*  Origine  du  mot  français  Lotte^ 


(  229  ) 

tilibos  edanf  enm  qui  dicitur  andromis.  Quibus  ex 
verbis  intuli  pitcem  bunc  macra  ac  sicca ,  et  ob  id 
salubri  came  oonstare,  quo  fiu^tumestutLugdanensium 
Dromillam  cum  Plinii  andromide  contulerîm.  G^sner^ 
ilejéi/uatil.fp.  4^.  De  jindromide,  BeUonius. 

Cest  bien  la  Locbe  franche. 

Les  moXsmçigreel  sèche  sont  les  opposés  de  visqueux 
^i  mollasse,  qualité  de  la  chair  des  poissons  dits  lourds 
et  indigestes. 

La  Loche  franche  ou  Moutelle  se  reconnaît  à  son 
corps cylindroide,  nuagéet  pointillé  de  brun  sur  un  fond 
jaunâtre,  à  ses  six  bariiillonis  ,  à  sa  tête  sans  aiguillons , 
à  ses  écailles  très-petites. 

Sa  longueur  varie  de  trois  à  quatre  pouces. 

Ge  poisson  commun  dans  nos  ruisseaux  ^  se  tient 
comme  le  Chabot  sous  les  pierres ,  d^où  il  s^échappe 
cpanA  éù  les  remue ,  avec  une  telle  vitesse  que  Tœil 
peut  à  peine  le  suivre. 

n  fraie  au  printemps ,  c'est-à-dire  en  mars  et  en  mai , 
suivant  Marsigli ,  qui  dit  que  sa  couleur  à  cette  époqhé 
devient  d'un  rouge  cinabre;  ses  œu&  sont  nombreux, 
jaunes  et  petits  ;  ils  sont  déposés  sur  le  sable  et  entre 
les  pierres.  Ils  sont  si  abondans,  dit  Marsigli,  qù^ils 
s^édiappent  du  ventre  de  la  mère,  déchiré  par  la 
caisson. 

n  se  nourrit  de  vers  et  d'insectes  ;  on  peut  le  conser- 
ver longtemps  en  vre  dans  des  bocaux ,  sans  qu'il  soit 
nécessaire  de  renouveler  l'eau  trop  souvent ,  dit  Jurine  ; 
ce  qui  détruit  l'assertion  d'H.  G.,  qui,  dans  le  Dict.  des 
Se.  nai.,  X, ;?.  éfiS^dÎM  :  il  meurt très-rapidemoat  dans 
un  vase  dont  Teau  est  dans  un  repos  absolu ,  comme 
rassure  aussi  Bloch ,  p.  180. 

Sa  chair  est  grasse ,  délicate  et  de  f(x*tbon  goût ,  trèS" 


(  230  ) 

récherchée  en  aatomne  et  an  printemps ,  c'est-à-dire  es 
novembre  et  en  mai  ;  aussi  Bloch  a-t-il  indiqué  la  ma- 
nière d^élever  ce  poisson  dans  les  viviers.  Elle  est 
répétée  dans  le  Dieu  des  Se.  nat. ,  tom,  ne ,  p.  485  ,  qui, 
pour  faire  réussir  ces  poissons  dans  une  rivière  ou  dans 
un  ruisseau,  donne  un  extrait  de  Blodi,  tiré  de  son 
lehîhyologie y  part,  i ,  p.  180 ,  181 . 
-  On  trouve  quelquefois  dans  les  intestins  de  ce  poisson 
V Eehinorhjneus  cobitidis ,  Goèze,  Gmel. ,  p.  3o48 ,  sp. 
32.  Eehin,  earpionis,  Koelreut,  Gmel.,  p.  3o5o,  sp. 
é^'^.  Echin.  affinis,  Mull.,  Gmel. ,  p.  SoSo,  sp.  44* 
Eehinorhynque  de  la  Loche  y  Encyc.  méth.,  vers,  tom. 
a,  p.  3o4,  n**  10. 

XXIX.  La  Loche  de  rivière.  Cobitis  tœrUa,  Lion. 

Bloch ,  Ichthyologie ,  part,  i ,  p.  177 ,  pL  zxxi  ^fig,  a . 
Bonnatorre ,  Tableau  £ncyclop,  des  trois  Règnes  ,  icktfyologie  y 

Duhamel ,  Pêches ,  2«  part,,  sect,  m,  p.  621,  pi,  xxm,  fy,  3* 

Maraili ,  lianub,,  tom,  iv,  /y.  3 ,  /?/.  i ,  fig.  9.  Caada  perp«rani 
furcata  de  Cohitide  aculeata. 

Rondelet,  de  Piscib, Jluviat,  liber ,  cap,  ilxvii  ,  p,  ao4*,  de  Cobite 
aculeata  ;y^.  super.  Perce. 

JLacépède,  Sist,  nat,  Foiss,,  tom,  iXyp,  18. 

Gesocr ,  dé  Aquatilib, ,  p.  479.  Cobilis  acoleata.  Rondelet.  JLodw 
perce  *  ,  de  Belon, 

Meycr,  Représent.,  tom,  a,  pi,  ^yfig,  super,  Der  Steinbesser. 


>  Cette  espèce  est  appelée  Perce,  parce  que  9  par  son  corps 
oblongi  cylindrique  et  gluant,  elle  a  Tair  de  percer  les 
pierres.  Gesner ,  de  AquatU. ,  p.  479- 

Ce  nom  me  paraît  plutôt  ?enir  du  grec  «ifu«,  movdieté 
de  noir  \  caractère  qu^offire  en  effet  ce  poisson. 

Gesner ,  p,  48a ,  sous  le  titre  Cobitîs  aculeata ,  parie  d'un 
Pêscis  mordems  lapidem,  appelé  en  grec  DacoUiMus,  en  Fran- 
cis Perce ^  el  en  Savoyard  Maripiem  (lisci  Mord-Pierre)^ 


(  231  ) 

Jiouv.  Dict.  d'HisU  nat.,  éd.  2,  tom,  yii^  j;.  a^. 
IHct,  Se.  nat» ,  tom.  ix  >  p*  4^* 

IfUcell.  Berolia. ,  tom.  yiy  1740»  p.  lao,  tab,  lY  y  fig»  3. 
Loche  à  piquans. 

40  vertèbres ,  a8  paires  de  côtes. 

Cette  espèce, -beaucoup  plus  petite  que  la  précëdente, 
et  dont  Artédi  donne  une  description  très-étendue , 
IchihyoL,  part,  v,  p.  4-^5  se  reconnaît  à  ses  six  bar- 
bUloDS ,  à  son  corps  comprimé ,  orangé ,  marqué  de  séries 
de  taches  noires  ,  et  surtout  à  Taiguillon  fourchu  et 
mobile  que  le  sous-orbi taire  forme  en  avant  de  l'œil . 
Schonevelde  Tappelle  Tœnîa  comuia,  Icthyolog.  p»  j4* 

Les  habitudes  de  ce  poisson  se  rapprochent  de  celles 
de  la  Loche  franche  :  il  est  beaucoup  plus  vif  qu'elle  ; 
se  tient  entre  les  pierres  5  perd  la  vie  difficilement ,  et 
&it  entendre  une  sorte  de  bruissement  quand  on  le 
saisit.  Il  vit  de  vers ,  d'insectes  aquatiques ,  de  petits 
poissons ,  de  frai  ;  il  fraie  en  avril  et  en  mai. 

Sa  chair  maigre ,  coriace  et  peu  recherchée  ,  est  in- 
ctnnmode  à  manger  à  cause  des  aiguillons  et  des  arêtes, 
feit  signalé  bien  clairement  par  Rondelet ,  en  indiquant 
le  fraude  des  marchands  de  poissons ,  qui  vendent  la 
Loche  de  rivière  ,  pour  la  Loche  franche.  Duhamel  a 
donné  à  la  Loche  de  rivière  le  nom  deBarbotte  grasse  ' . 

désigné  ensuite  sons  le  nom  de  Mustela  Jluviaiilis  parva 
imberbis. 

On  Toit  que  dans  cet  article  Gesner  a  fait  une  maéédoine 
da  Cobiiis  Uenia {Verce)  et  de  la  Lamproie  (  Mord-Pierre). 

AldroTandi.y  ife  Piscib.,  lib,  v,  cap^  xxx ,  p.  617 ,  De 
Cobite  aculeata  ,  répète  le  dire  de  Gesner. 

>  Il  ne  faut  pas  sVrrêter  à  cette  épithète ,  donnée  par  Du- 
hamel ,  et  confondre  cette  espèce  avec  la  Lochia  pinguU  de 
BeloB  )  la  Loche  franche. 


(  232  ) 
«  Ce  poisson  ,  dit-il ,  long  de  quatre  polices ,  et  large 
d'un  demi  pouce ,  se  plaisant  dans  la  fange ,  est  moins 
bon  que  Isl  franche  Barbotte;  »  et  p.  55o,  il  ajoute  :  «  la 
figure  3  est  une  petite  Barbotte  ,  dite  Grane ,  (  sans 
doute  pour  Grasse  ).  Elle  est  différente  du  Barb^u  , 
par  sa  grosseur  ,  par  la  forme  de  sa  tête  ,^  par  le  nombre 
de  ses  barbillons.  Quelques-uns  veulent  que  ce  soit  une 
Loche.  » 

,  C^est  en  effet  la  Loche  de  rlvfière,  Cohitis  tœnia,ijaak*^ 
dont  ï Encyclopédie  méthodique  y  HisU  naU,  tom.  3  ' , 
p,  232 ,  dit  :  ((  La  Loche  en  Bourgogne ,  Mouteillé.  » 

«  La  Loche  de  rivière  a  été  trouvée  dans  un  vivier 
<(  du  hameau  des  Grands  Moulins ,  bord  de  la  Bèze.  » 
Note  fournie  par  M.  Pataille. 

M.  Dumas, secrétaire  perpétuel  de  l'Académie  royale 
des  sciences,  belles-lettres  et  arts  de  Lyon,  nous  apr 
prend  que  dans  quelques  communes  du  département  du 
Bhone^  le  Cobltis  tœnia.   Lin. ,  est  appelé  Shaiauillie. 
«  Cette  ^espèce,  écrit-il,  moins  grosse  que  la  Loche 
franche,  en  diffère  essentiellement  par  une  disposition 
remarquable  de  son  sous  orbi taire.  Cet  os  proéminent 
en. dehors  et  eu  arrière  se  termine  par  un  double  ai- 
guillon ^  son  articulation  avec  les  autres  os  de  la  face  est 
très  mobile;  un  muscle  fixé  à  sa  base  lui  fait  éprouver 
un  mouvement  de  bascule  de  dedans  en  dehors,  d^où  ré- 
sulte nécessairement  la  s;iillie  des  aiguillons  ;  ce  petit  ap- 
pareil  de  défense  est  surtout  misen  jeu,  lorsque  ranimai 


^ 
j  ^'A 


>  Haûy,  aatearde  ce  Dictionnaire ,  c^firmë  le  proverbe 
Ne  sutoT  ultra  crepîdam.  Autant  ses  découvertes  cristaHo- 
graphiques  font  renda*^  célèbre  ,  autant  le  Dictionnaire 
ichthyologique  lui  fait  peu  d'honneur.  Cuvier,  Hiat.  nat. 
des  Poissons  f  tom.  i  jf"  i52 ,  en  porte  le  même  jugement» 


(  Î33  ) 

est  saisi  ;  les  blessures  quUI  peut  &ire  sont  bien  légères  \ 
c^est  ce  qui  a  valu  sans  doute  au  poisson  qui  le  porte  ^ 
le  nom  de  ShatouUUe  ou  Chatouille.  »  Voyez  Lettre  du 
ai  juin  1837,  adressée  à  rAcadémie  de  Dijon. 

Les  noms  de  Shatouillie ,  ou  Chatouille  y  appliqués  à 
cette  Loche  fournissent  une  nouvelle  preuve  de  Tabus 
des  noms,  puisque  celui  de  Chatouille  a  toujours  été,  et 
depnb  longtemps ,  employé  pour  désigner  TÀmmocète. 

Je  li*ai  trouvé  dans  aucun  des  ouvrages  d^cbthyolo- 
gie  que  j^ai  consultés  le  nom  de  Satouille,  ShatouUUe 
ou  Chatouille^  donné  à  la  Loche. 

Ces  noms  ne  se  trouvent  ni  dans  la  table  de  Duhamel, 
ni  dans  celle  de  Lacépède. 

Aldrovande  parle  seulement  du  ChatiUon,  ChatUlon. 

Gesner  dit  Chatoile. 

Dans  YEncycL  méth. ,  Poissoris ,  Pèches,  on  trouve 
QiûJliUon,  Chatouille. 

Hais  tous  ces  noms  désignent  FÀmmocète. 

Suivant  Marsili ,  la  chair  de  ce  poisson  est  dure  et 
tenace  ;  ce  qui  confirme  le  dire  de  Rondelet. 

Les  œufs  de  la  Loche  de  rivière  sont  très-petits ,  peu 
nombreux  et  blanchâtres. 

Ce  poisson  fraie  au  mois  de  juin  ,  entre  le3  pierres  y 
dans  le  courant  des  rivières. 

Deuxième  famille  des  Malacoptérygiens  abdominaux. 

ESOCES. 

Bord  de  la  niAi^oire  supérieure  formé  par  Tinter- 
maxillaire  ;  nageoire  dorsale  opposée  à  Fanale. 

f^h  f  .Xp,hthyolog. ,  part,  i^pag.  18a. 

Une  description  détaillée  de  la  tête  du  Brochet  est  don- 
née par  Cuvier ,  Règne  animal,  éd.  2^  toM.  a,  p.  2824 


(234) 

XXX.  Le  Bkocetet  ,  Esox  (  peut-être  à^esiiare ,  à 
cause  de  la  voracité  de  ces  poissons)  lucius,  Liim., 
(jrmel. ,  Se.  nat. ,  xm,  p.  1890,  sp.  5. 

Bloch ,  Ichthyologie ,  part,  i ,  p.  i83  ,  pi.  xxxir. 

Juriue ,  HUt,  des  Poissons  du  lac  Léman  ,  /».  si3iy  ri^'fii,  pi.  i5. 

Duhamel,  ifpart.,p.  5aa,  pi,  zztii  yfig,  6,  <om.  3 ,  ji. 70. 

liacépède  y  Hist.  nat.  des  Poiss,,  tom,  Xy  p.  20. 

Meyer,  Représentations  ,  tom.  1  y  pi,  9. 

Bounaterre  ,  TabL  encycl.,  IchthyoL,  pi,  7a  yfig*  996. 

Geoffroi ,  Hîat.  média, ,  in-i^y  tom.,  3 ,  p.  969. 

Rondelet,  de  Piscibus  JluviatiL  liber  ,  cap.  xiii ,  p,  188. 

Marsigli,  Danub.,  tom.  iVy  p,  63,  tab.  xxiiyfig.  1. 

2fouv.  Dict.  d*h,  nat.,  édlt.  a,  tom^  ir,  p.  363. 

J,  Hermann  ,  Observ,  zoolog,  ,  p,  3i3. 

Dict.  des  Se.  nat.  ^  tom.  xv ,  p,  307. 

Yertèbres^  61  :  paires  de  côtes ,  3o.  Bloch,  {>.  187^ 

D.  20  :  P.  i3  :  Y.  12  :  A.  18  :  G.   25.  Membrane 

Jiranchiale,  14  feuillets;  vertèbres,  61  ;  39  paires  de 

côtes,  d'après  Artédi,  Ichihjolog. ,  pùri.  Vy  yx.  53-55. 

Le  nom  de  ce  poisson  lui  vient  de  sa  forme  alongée , 
comparée  à  une  broche  ;  sa  dénomination  latiùe , 
LuciuSy  donnée  par  Ausone ,  vient  du  mot  avxv  ,  Lupus  y 
altéré  par  les  copistes ,  qui  se  contentaient  souvent  d'a- 
bréger les  mots  et  de  favoriser  ainsi  leur  transformation. 
Dans  le  DicU  des  Se.  nat. ,  tom.  xv ,  /?.  317,  on  dérive 
le  mot  Lucius  de  lucere. 

Le  Brochet  '  est ,  comme  on  le  sait ,  d'une  voracité 

»  Les  Brocliets  sont  au  nombre  des  poissons  qui  ont  le 
plus  de  dents.  Le  Brochet  ordinaire  en  a  de  très-grandes  en 
crocliet;  sa  langue,  ses  deux  os  palatins  en  sont  hérissés 
d^une  multitnde  dont  les  palatines  sont  pins  grandes^  le 
Tomer  est  tabercoleux  comme  une  râpe.  Cuvier  ^  Anatom. 
comparée  y  tom.  ^  %p*  1 92. 

La  conforvA^Uon  du  sac  de  Foreille  dans  le  Brochet  pré- 


C  235  ) 
ettrême;  on  pourrait  l'appeler  Requin  deau  douce, 
comme  le  fiiit  observer  Lacépède,  et  il  mérite  le  nom 
de  Loup  des  rivières  ',  qui  lui  est  donné  quelquefois.  On 
tire  parti  de  cette  voracité  pour  entretenir  dans  les 
étangs  une  certaine  proportion  parmi  les  poissons  qu'on 
y  élève.  C'est  pour  cela ,  par  ei^emple ,  qu'on  met  du 
Brochet  dans  les  étangs ,  pour  modérer  la  multiplication 
excessive  de  la  Carpe ,  dont  la  fécondité  est  si  consi- 
dérable. Il  suffit  ^  pour  atteindre  ce  but,  de  mettre  dix 
Brochets  pour  cent  Carpes. 

On  reconnaît  facilement  le  Brochet  à  son  museau 
oblong,  obtus,  large  et  déprimé. 

«c  Les  petits  intermaxillaires  sont  garnis  de  petites 
K  denta  pointues ,  au  milieu  de  la  mâchoire  supérieure, 
«  doQtilis  forment  les  deux  tiers;  les  maxillaires  qui  en 
«  occupent  les  côtés,  n'ont  p^s  de  dents.  )>  Cuvier, 
Règh*  anim.y  édit.  2,  tom.  2,  p.  28.  Et  dans  son  AnaU 
ùomp. ,  iom.  3 ,  p.  578 ,  il  dit  :  Le  Brochet  a  des  dents 
dans  tous  les  endroits  de  la  bouche  où  il  peut  y  en 
avoir. 

aeate  une  disposition  qai  n*a  été  trourée  jasquUci  que  dans 
ee senl  poisson.  Ouv.  cité,  iom»  2, p.  4^7* 

Cest  un  petit  appendice  creux. 

Le  grand  osselet  de  Toreille  interne  du  Brocliet  ofEre  deux 
tttbercules  ou  avances  à  son  extrémité  antérieure.  P.  4^8. 

La  partie  antérieure  du  crâne  offre  un  grand  espace  vide, 
AU  travers  duquel  passent  les  nerfs  olfactifs.  Dict.Sc.  naU, 
tom*  fyh  ^p*  i68. 

Les  intermaxillaires  des  Brochets  sont  très-petits ,  courtSf 
triangulaires  et  aplatis.  Dict.  Se,  nat,,-  tom.  ^1  ^  p.  171. 

s  On  appelle  le  jeune  Brochet  Lançon  ou  Lanceron  ,  à 
cause ,  dit  Belon  ^  de  la  rapidité  avec  laquelle  il  s'élance 
VOLT  sa  proie.  '•  ^        '  - 


(  236  ) 

Dans  la  tête ,  ({uelques  parties  demeurent  toujours 
cartilagineuses  ^ ,  quoique  le  reste  du  squelette  ait  une 
grande  dureté  ^  par  suite  de  cette  disposition ,  on  sépare 
fadlement  les  os  de  la  tête  du  Brochet ,  dans  laquelle 
on  a  prétendu  trouver  tous  les  instrumens  de  la  pas- 
sion, comme  on  a  cru  les  démontrer  dans  la  fleur  delà 
grenadille.  Voyez  ci^dessous,  p.  248. 

On  distingue  aisément  sur  ce  poisson  la  manière 
dont  les  chairs  sont  disposées  dans  les  animaux  de  cette 
classe ,  comme  nous  allons  l'indiquer. 

\j&&  grands  muscles  ^  latéraux  du  tronc  sont  divisés 


■  La  colle  que  Ton  tire  des  mâchoires  du  Brochet  à  y 
saivant  Spielmann  ,  tant  de  ténacité  ,  qu'elle  enlève  réntaîl 
de  la  faïence.  Digressions  académiques ,  par 'Guytoa  de 
Morvean  ,  ^77^9  P'  ^84  9  (i)« 

Notre  compatriote  ne  dit  pas  avoir  Térifié  la  réalité  de 
Tassertion  de  Spielmann ,  qu'il  faut  entendre  de  la  manière 
•uivante  t 

La  colle  tirée  de  la  tête  du  Brochet  (  c'est  ainsi  qu'il 
faut  entendre  les  mâchoires  |  indiquées  par  Spielmann } 
n'est  pas  plus  tenace  que  la  colle  de  poisson  ordinaire  \  elle 
peut  en  efTet  enlever  de  la  faïence  l'émail  qui  la  reca«vr9 
s'il  n'y  est  pas  très -adhérent. 

^  11  est  difficile ,  dit  M.  Geoffroi-St.-Hilaîre,  de  faire  de  la 
myologie  arec  des  poissons  :  leurs  muscles  sont  rapprochés 
par  un  tissu  cellulaire  si  court  et  si  serré  qu'on  hésite  sou- 
vent sur  leur  réelle  séparation.  Pour  savoir  à  quoi  sVn  te« 
nir,  il  faut  observer  à  la  fois  deux  sujets  de  la  même  espèce  , 
Tnn  frais ,  l'autre  bouilli.  Le  feu  agit  vivement  sur  le  tissu 
cellulaire  et  le  déchire ,  et  les  muscles  laissent  apercevoir  | 
d'une  manière  plus  prononcée  ,  Icfurs  limites  et  leur  encais- 
sement. Philosoph,  anatomique  ,  p*  96. 

Cuvier  n'a  point  été  découragé  par  la  dii&caltè  signalée 


C  Î37  ) 

transversalement  par  des  lames  aponévrotiqnet ,  en 
autant  de  couches  de  fibres  qu'il  y  a  de  vertèbres.  Ce 
sont  ces  couches ,  qui ,  détachées  par  la  cuisson  (lors- 
qa'elte  a  dissous  la  gélatine  des  tendons) ,  font  paraître 
la  chair  des  poissons  feuilletée.  Cuvier,  Hisu  nat.  des 
Fioiss.,  tom.  1,  p.  391.  On  peut  se  former  une  idée 
très- exacte  de  cette  disposition,  en  jetant  un  coupd^œil 
fur  la  iab,  ni^Jîg,  1 ,  de  VHisU  des  Poiss.,  par  Gouan. 

Le  Brochet ,  très-carnassier ,  avale  des  grenouilles  j 
dessèrpéns,  des  rats,  des  jeunes  canards  et  autres  oi- 
seaux d'eau ,  même  des  chiens  et  des  chats  qu'on  noie  à 
leur  naissance  pour  s'en  débarrasser  *,  il  est  aussi  goulu 
que  le  Requin  ;  sa  nourriture  habituelle  consiste  en 
poissons.  Albert-le-Grand,  Oper.,  tom.  vi,  Ub.  xxiv, 
p.  656,  et  Vincent  de  Beauvais,  Specul.  natur^,  tom. 
ly  lib.  xvn  9  cap.  lxiv  ,  donnent  sur  le  Brochet  des  ren- 
amgnemens  assez  exacts  \  ils  indiquent  très-clairement 
k  précaution  employée  par  ce  poisson  pour  avaler  les 
poissons  Acanthoptérygiens ;  ils  signalent  sa  voracité, 
qui  lui  a  fait  donner  le  nom  de  Loup  des  rmères,  et 
qui  pourrait  le  faire  appeler  le  Crocodile  de  nos  rivières, 
et  cela  avec  d'autant  plus  de  raison  ,  que ,  pareil  à  ce 
taurien ,  pendant  les  chaleurs  de  l'été  il  se  tient  presque 
eonstanunent  à  la  surface  de  Teau  oii  il  dort  des  journées 
entières;  ce  qui  permet,  suivant  Jurine ,  de  le  pêcher 
au  harpon. 

Le  Brochet  fraie,  suivant  Bloch ,  de  février  en  avril, 
et,  d'après  Jurine,  pendant  les  trois  mois  du  printemps. 
Sa  chair,  dépourvue  d'arêtes,  forme  uue  excellente 

ptr  M.Gepffroi-St.-Hilaire;  et  on  peut  lire  une  myologie  très* 
savante  des  poissons  dans  V Histoire  nat.  de  ces  animaux , 
tom.  1 1  liftÊV^  cAap.  itfP^  3d5« 


C  238  ) 

nourriture^  ses  œufs  sont  nuisibles,  comme  ceusrdela 
Lotte  et  du  Barbeau  ;  aussi  a-t-on  soin  de  les  jeter^  Mais 
le  foie  est  estimé  et  recherché ,  au  dire  d' Arnault  de 
Nobieville  et  Saierne ,  MM.  D.  D.  d'Orléans ,  et  au  dire 
de  Lieutaud. 

Les  Brochets  de  la  Norge  étaient  jadis  très-estimés, 
soit  par  leur  grosseur ,  soit  par  la  délicatesse  de  leur 
chair  ;  aujourd'hui  Ton  n'en  parle  plus.  Le  Brochet  a 
la  vie  dure ,  d'après  Bloch. 

Les  Brochets  truites  de  la  fontaine  sans  fond  près  de 
Sablé  en  Anjou ,  et  indiqués  par  Tinfetigable  compilateor 
Buchoz,  DicU  min.  et  hydrographe  de  la  France,  tom. 
I ,  p.  3i8 ,  comme  une  espèce  singulière  qui  ne  se  voit 
point  ailleurs ,  ne  sont ,  s'ils  existent ,  qu'une  variété. 

((  Un  de  nos  pécheurs  m'a  assuré  avoir  vu,  il  y  a  envi- 
ron douze  ans,  un  Brochet,  pesant  une  livre  et  demie  et 
sorti  du  Doubs ,  qui  était  absolument  noir.  Ce  poissoD 
ne  fut  vendu  à  Dijon  qu^avec  peine  à  cause  de  sa 
couleur.  Le  pêcheur  prétend  que  cette  couleur  provenait 
de  ce  que  ce  Brochet  avait  été  retenu  dans  un  creux 
d'eau  bourbeuse.  »  Lettre  de  M.  Baudot,  i3  noi^ewbre 
a835. 

Cette  variété  accidentelle  de  couleur  ou  cette  mêla- 
nose ,  que  l'on  remarque  aussi  dans  l'écrevisse ,  se  re- 
trouve encore  dans  la  Truite ,  (  la  ;Truite  saumonée 
tioire ,  Salmo  alpinus  ) ,  dans  l'Omble  chevalier ,  etc. 

M.  Dupuis ,  marchand  de  poissons  en  gros ,  a  vu  plu- 
sieurs fois  des  Brochets  noirs,  il  en  a  aussi  rencontré 
d'entièrement  bleus. 

Ces  variétés  de  couleur ,  sur  une  espèce  aussi  tranchée 
que  le  Brochet ,  vient  bien  à  Tappui  de  l'opinion  de 
Jurine  consignée  à  l'article  Truite. 

Suivant  Hermann ,  Observai,  zoologicœ,  p.  3x4  >  les 


(  239  ) 

Brochets  noirs  se  trouvent  dans  les  eaux  froides  et  dures  ; 
dans  les  eaux  stagnantes  ils  sont  jaunes.  On  en  voit  de 
rouges. 

Jurine ,  Mém.  de  la  Société  de  phys.  et  dhist.  nat. 
de  Genit^e,  iom.  m ,  i"  part.,  p.  175 ,  a  vu  un  gros 
Brochet  contrefait ,  de  manière  qu^à  partir  de  Tocciput 
le  dos  s^arrondissait ,  puis  le  milieu  du  corps  se  courbait 
en  sens  in  verse,  pour  se  relever  près  de  la  queue,  qui 
conservait  toujours  la  rectitude  naturelle.  Il  a  examiné 
avec  soin  les  vertèbres  de  ce  poisson ,  sans  pouvoir  pé- 
néfrer  la  cause  de  cette  déviation. 

Cette  difibrmité  se  remarque  sur  plusieurs  espèces  de 
poissons. 

Dans  la  fontaine  du  Gabard,  en  Angoumois ,  on  pêche 
KNMrmitdes  Brochets  aveugles  * ,  et  jamais  un  qui  ne  soit 
borgne  de  Tceil  droit ,  lequel ,  chez  les  aveugles ,  a  été 
attaqué  le  premier ,  et  est  beaucoup  plus  endommagé 
tpe  l'autre.  Cette  fontaine  est  une  espèce  de  goufire 
dont ^xi  ne  peut  trouver  le  fond.  Ad.  Paris.,  1748» 

Uist.,p.^^%  1. 

La  cause  de  ce  phénomène  aurait-elle  du  rapport 
«vec  celle  de  la  cécité  de  TOmble  Chevalier  {Salmo 
wnMd)j  tenu  en  réservoir?  fait  dont  Jurine,  Mémoire 
cM ,  p.  i83 ,  s^est  assuré  par  expérience.  Cet  auteur  a 
vu  de  même  les  yeux  des  Feras  {Corregorms  fera)  ^ 
commencer  à  blanchir  au  bout  de  quelques  heures 
qu'elles  étaient  placées  dans  le  réservoir ,  oii  Ton  peut  à 
peine  les.garder  un  jour.  Mém.  cit.^^pp*  193,  194* 

■  Ce  pbéDomène  de  cécité  â-t-îl  da  rapport  avec  celui  det 
ctaards  de  Yalvasor,  aTeuglea  et  sana  plames,  dont  M.  Da- 
BiEL  de  Cette  a  entretena  TAcadémie  de%  Scieoces  le  3o 
octobre   i836? 


(  240  ) 

Cè^  différens  phénomènes  sont  bien  dignes  de  fixer 
Vattention  des  naturalistes. 

Au  dire  de  Bloch ,  Ichthjolog. ,  pari,  i ,  p.  i85 ,  le 
brochet  est,  de  tous  les  poissons,  celui  qui  croît  le  plus 
promptement '.  A  la  fin  de  la  première  année,  il  a 
8-10  pouces  ;  la  troisième ,  de  i8  à  20  ;  un  Brochet  de  six 
ans  doit  avoir  une  aune  et  demie  de  long;  un  de  douze 
ans,  deux  aunes.  Il  parvient  jusqu^à  la  longueur  de  six 
à  huit  pieds. 

L'œsophage  et  Testomac  sont  garnis  de  grands  plis, 
qui  donnent  à  ce  pdisson  la  facilité  de  rendre  à  son  gré 
les  corps  qu'il  a  avalés ,  faculté  qui ,  dit  Bloch ,  ne  lui 
est  commune  qu'avec  le  Gabeliau. 

Cette  assertion  est  inexacte ,  parce  que  tous  les  pois- 
sons voraces  ont ,  comme  les  oiseaux  de  proie ,  la  faculté 
de  rejeter  les  matières  indigestes  qu'ils  ont  avalées. 

«  Le  Brochet  se  trouve  dans  la  Seine  en  descendant 
le  fleuve  depuis  Châtillon  \  il  y  est  très-rare  en  remon- 
tant vers  la  source.  Il  est  abondant  dans  l'Ource  et  assez 
fréquent  dans  l'Aube.  »  Note  de  M,  Bourée. 

«  Il  n'est  pas  rare ,  dit  J.  C***  (  J.  Cuça) ,  Piscisceplol., 
«  1828,  p.  80 ,  de  voir  des  Brochets  dont  la  grosse 
«  arête  et  une  partie  de  la  chair  sont  de  couleur  verte. 
<(  Les  gourmets  estiment  beaucoup  cette  variété.  Le  foie 
t(  du  Brochet  est  très-bon  à  manger.  » 

I 
»  M.  Dnquaire ,  dans  un  Mémoire  sur  les  Etangs,  et  lei 

Moyens  d'en  tirer  tes  meilleurs  produits ,  rapporte  le  fait 
suivant  : 

ce  On  avait  mis  dans  nn  étang  da  Beaujolais ,  de  trois  quarts 
ce  dWpent,  seize  petits  Brochets  :  au  bout  de  deux  ans 
ce  quelques-uns  d^entr'eux  pesaient  cinq  à  six  livres.  39  Mém* 
Société d' Agriculture ^  d'Hist,  nat.  de  Lyon,  xH^^p.  45. 


(  Ml  ) 

L^ppareil  de  Paudition  chez  les  poissons  est  logé  sur 
les  parties  latérale  et  intérieure  de  la  tête  \  il  se  trouve 
à  peine  séparé,  de  la  cavité  cérébrale  par  une  mem- 
brane. Le  Brochet  seul ,  parmi  les  poissons ,  semble  pré-* 
senter  une  troisième  division  du  sac  auriculaire. 

Pour  envoyer  les  Carpes  et  les  Brochets  au.  loin,  il 
&ut  leur  emplir  la  gueule  avec  de  la  mie  de  pain  gon- 
flée dans  Teau  de  vie ,  et  leur  verser  ensuite  dans  la 
gneule  un  demi  verre  d'eau  de  vie  ;  arrivés  au  lieu  où 
on  les  envoie ,  on  enlève  le  pain  et  Ton  met  le  poisson 
dans  Teau.  Véaule  philosoph.^  1806  ,  tom,  l,  p.  187. 

Le  Brochet  est  sujet  à  plusieurs  espèces  de  vers  in- 
testinaux. 

On. trouve  dans  son  foie  :  - 

1®  VAsc€uis  lacustris,  Fabr.,  Gordius  lacustris,  Linn., 
6mel. ,  Se.  nat.,  xiii,  p,  3o36 ,  sp.  66. 

Dans  ses  intestins  vivent  : 

a^  V Ascaris  acus,  Bloch  ,  Gmel.,  p.  3o37,  sp.  yi. 

3*  V! Echynorynchus  Lucii,  MulL,  Gmel. ,  p.  3o49  > 
sp»  38. 

4*  \jt  Tœnia  nodulosay  Goèze,  Gmel.,  p.  3072, 
sp.  5o ,  figuré  dans  l'Encyclop.  ,  Atlas ,  vers ,  pi.  49  > 
fig.  i^i5.  Tricuspidaria y  Bremser,  vers,  p.  196,  399. 
Triœnophorus  nodulosus ,  Bremser  ,p.  i38.  Trienophore 
noduleux,  Encycl.,  vers,  tom.  a,  p.  753.  Dict.  Se.  nat., 
tom.  Lv ,  p.  i85 ,  pi.  48  9  fig*  3.  Cuvier ,  Règne  animal , 
édit.  2,  tom.  3,  p.  270. 

Cette  espèce  de  vers  est  très-abondante  au  printemps, 
on  n^en  trouve  point  en  automne  d'après  la  remarque 
de  Bremser. 

Dans  résophage  et  Festomac  du  Brochet  vit  5^  la 
Fasciola  Lucii,  MulL,  Gmel.,  p.  3o58,  sp.  36.  Distoma 
tereticoUe,  Encycl.  méth.  ,  vers,  tom.  a»  p.  a68, 


.iC 


(242) 

sp.  54*  Douve  à  long  col  y  AnnaL  Se.  nat.,  i8a4  i 
tom.  3 ,  p.  490  9  tab.  23.  Mém.  de  la  Société  de  physique 
et  d'Hist.  nat.  de  Genève,  i8a3,  tom.  a,  i'«  part., 
p.  145 ,  tab. 

Dans  le  crâne  du  Brocbet ,  à  l'état  frais,  (  Cuv.,  hist.  1 , 
p.  333  )  ,  les  solutions  de  continuité  sont  fermées  par 
des  membranes  ou  des  cartilages  ;  une  solution  de  con- 
tinuité entre  le  pariétal ,  le  mastoïdien  et  Toccipital  ex« 
terne  ,  se  remarque  dans  le  Brochet ,  qui  en  a  encore 
une  autre  entre  le  frontal  postérieur ,  la  grande  aile  et 
le  mastoïdien  -,  c^est  même  au  milieu  de  ce  cartilage 
dans  le  Brochet  qu^est  suspendu  un  très-petit  vestige 
de  rocher.  Cuvier ,  Histoire  naturelle  des  Paissons, 
tome  1 ,  page  333.    *• 

Cette  disposition  est  la  source  d^une  assertion  dont 
tout  le  monde  parle  dans  la  société ,  et  qu'il  est  assex 
difficile  d'éclaircir ,  quand  on  veut  s'en  occuper. 

Le  Brochet  est ,  comme  on  le  sait ,  un  des  poissons 
que  Ton  sert  sur  les  meilleures  tables  \  du  temps  d'Au- 
sone ,  il  n'était  point  estimé  ;  il  était  un  mets  de  cabaret; 
la  conformation  singulière  de  sa  tête ,  dont  le  museau 
se  rapproche  de  celui  ou  du  canard ,  ou  de  Fomitho- 
rinque ,  a  donné  lieu  à  des  considérations  variées,  d'a- 
près l'une  desquelles  certains  religieux ,  probablement 
des  Jésuites ,  astreints  au  régime  maigre ,  ont  cru  trou» 
ver,  dans  les  pièces  qui  composent  cette  tête,  les  ins* 
trumens  de  la  passion  :  peu  de  personnes  sont  dans  le 
cas  de  les  indiquer. 

Désirant  faire  tourner  à  l'avantage  de  la  science  cet 
objet  d'amusement ,  j'ai  jugé  utile  de  rapporter  à  cha* 
cune  des  pièces  la  dénomination  anatomique  des  os 
qui  entrent  dans  la  composition  de  la  tête  de  brochet, 
dénomination  accordante  qui  n'a  jamais  été  dmuiée , 


(243) 

et  qui  servira  à  éviter  des  erreurs  analogues  à  celles 
coDteDues  dans  le  Nouv.  Dict,  dHisi.  naU ,  où  il  est 
dit,  edlîl.  2 ,  tom.  20 ,  p.  332.  <(  Le  Mésentère  est  ce 
«  qu^on  nomme  le  Riz  de  veau  chez  le  jeune  animal  ;  » 
et  iom.  22,  p.  5j6j  a  Nerf  de  bœuf:  on  nomme  ainsi 
a  les  tendons  de  cet  animal....  on  prend  ordinairement 
«  pour  cela  les  tendons  de  la  jambe  et  du  calca- 
«  neum  ,  qui  correspondent  au  tendon  d'Achille  dans 
«  l'homme.  » 

Le  Mésentère  est  connu  dans  les  cuisines  sous  le  nom 
de  Fraise. 

Le  Riz  de  veau  est  le  Thymus  du  jeune  animal , 
ain»  a{^lé  parce  qu'il  offre  des  rides  ^  ou  à  cause  de  sa 
blancheur  comparée  à  celle  du  Riz. 

Le  Nerf  de  bœuf  est  la  verge  tendineuse,  desséchée 
de  cet  flni'"»^  9  mentionnée  dans  le  Moyen  de  parvenir 
(par  Beroalde  de  Varville) ,  tom.  2 ,  p.  345. 

Voyez  pour  de  plus  amples  détails ,  AcL  Divion. , 
1818,  p^  5i ,  et  18 19, p.  58  (2). 

1.  La  portion  désignée  sous  le  nom  de  Lanterne  par 
^pidqiies  personnes,  et  par  d'autres  sous  celui  de 
Cabmne,  de  Poteau  ou  de  Siège,  parce  qu'elles  la 
oomparaient  au  banc  sur  lequel  on  représente  VEcce 
fftmto  assis;  cette  portion,  dis-je,  est  formée  par  le 
€raB6y  auquel  on  laisse  adhérer  les  frontaux  principaux, 
dont  le  long  prolongement  antérieur  sert  de  suspensoir, 
â  c^est  une  lanterne ,  ou  imite  une  colonne ,  si  l'on  ad-* 
met  la  seconde  comparaison. 

On  trouve  dans  cette  masse  les  Frontaux  postérieurs } 
les  Mastoïdiens,  reconnaissables  à  leur  longue  apophyse  ; 
les  Pariétaux  ;  tos  impair  ou  interpariétal  ou  occipital 
supérieur^  les  occipitaux  externes  remarquables  par 
leur  d'été  intermédiaire  ;  les  occipitaux  latéraux  fldn- 


(  244  ) 

quant  le  Basilalre;  les  Rochers ,  et  les  grandes  ailes\  ' 
a.  V Echelle  est  représentée ,  suivant  les  uns  ,  par  le 
rapprochement  des  deux  dentaires ,  dont  les  dents  sont 
prises  pour  les  échelons  ;  et  suivant  d'autres  ,  par  le 
rapprochement  des  maxillaires,  dont  plusieurs  per- 
sonnes font  ou  une  scie  ou  une  Urne. 

3.  Le  Couteau  ou  la  Hache  est  formé  par  la  réu- 
nion de  VHyostemal  et  de  VHjrpostemaL 

4.  Les  Palmes  sont  représentées  par  les  ùder^ 
maxillaires  y  pris  par  quelques  personnes  pour  le  /Zo- 
seau,  par  d'autres  pour  le  Fouet. 

5.  Le  nom  de  Lance  est  donné  au  Sphénoïde^  quel- 
ques personnes  croient  trouver  la  Lance  dans  les  mfer- 
maxiUaires. 

6.  La  Croix  principale  est  VEthmoïde,  constamment 
cartilagineux ,  qui ,  tronqué ,  est  pris  quelquefois  pour 
le  Marteau. 

7.  Les  Croix  des  larrons  se  trouvent  dans  les  Tem^' 
poraux. 

8.  On  appelle  Marteau,  le  Jugal;  il  me  paraîtrait 
plutôt  se  rencontrer  dans  le  Sous-opercule  ;  d'autres 
personnes  ont  cru  le  trouver  dans  YEûimoïde  tronqué. 

9.  Le  Fouet,  ou  le  Faisceau  de  verges,  est  la  queue 
de  l'o^  Hyoide. 

10.  Le  Coqi  on  croît  en  trouver  la  ressemblance 
dans  la  réunion  du  Jugal  avec  le  corps  du  Tympanal 
et  le  Piérygoïdien  interne. 

11.  Le  Soleil  et  la  Lune  sont  représentés  parles 
opercules ,  dont  la  forme  orbiculaire  et  Téclat  nacré 
ont  servi  de  points  de  comparaison. 

12.  Les  Dez  sont  les  premières  vertèbres  5  quelques 
personnes  les  remplacent  par  des  houles,  c*est-à-dire  > 
par  le  CnsiaUin. 


(  846  ) 

- 13»  Le  Vase  du  fiel  est  formé  par  la  Sclérotique  ou 
la  tunique  la  plus  extérieure  de  l'œil. 

i4*  La  Couronne  d épines  est  trouvée  dans  la  Ruys-^ 
chienne,  qui  forme  effectivement  un  cercle  de  plis 
ntyonnans  et  très  fins. 

i5.  VEcriteau  parait  représenté  par  le  Cubital  et  le 
Rçidiali  il  le  serait:peut*étre  mieux  par  Vos  lingual. 

,  i6.  Les  Cordes  sont  les  tendons  engagés  dans  les 
diOntaires. 

ij.yV Eponge  est  rapportée  à  une  portion  spon- 
.gieqse  située  à  la  base  de  la  queue  de  l'os  hyoïde  \  ne  se 
trouvant  plus  dans  Téchantillon  qui  m'a  été  envoyé ,  je 
rll'iâ  pu  la  rapporter  à  sa  véritable  dénomination.  - 
..  ,i8.  Les  Chus:  on  appelle  ainsi  la  pièce  placée  si:q)é- 
rienrement  à  la  partie  postérieure  des  inter^maxillaires. 
Ou  ni|  trouve  rien;  d'analogue  à  o^V^  pièce,  dans  la 
;P^rqhe*   ... 

,  19»  •  Les  Tenaiffes  :  cm  prend  pour  cet  instrument  d^ 

mPhtIÎods  osseuses  particulières  au  brochet,  et placé^f^T 

le  profôqgeuient  des  frontaux ,  et  recouvrant  leu)r,^:M^iO- 

mité^  c^  portion^^çoi^t  réunies  par  une  substancç^icar- 

; tiiagii^Kise.  - .    •   ..,;..-■.  ..  i  •   ;    ...■,;•,. 

On  ne  doit  pas  s'attendre  à  trquver  dans  touVc^  p^ 
pièces  une  repréâentati<Hi  fidèle,  des  olijel^  dont  elles 
portent  les  noms  ^  il  &ut  nécessairement  aider  ^  la  coqi- 
,paraiso|i  qui  «n'a  pu  prendre  naissance  que  dans  quel- 
ques monastères. 

Suivant  la  direction  des  idées  des  personnes  qui  vou- 
dront ezaioiner  .les,  pièces»^  osseuses  et  cariilagineuçes  de 
la  tête  du  Brochet ^ prisesisolément  ou  réunies ,  chacune 
.dédies  pourra  Élire  de  nouvelles  comparaisoi^  et  consé-* 
quemmçnt  donner  un  autre  nom  aux  pièces  désignées  \ 
mais  cela  ne  changera  rien  à  leur  dénomination  anato- 


(^46  ) 
mîque;  ces  comparaisons  vulgaires  rappellent  un  sin- 
gulier passage  des  Chroniques ,  Lettres  et  Journal  de 
Voyage ,  extraits  des  papiers  d*un  défuM^  i836,  tom.  a, 
p.  324-  C'est  le  suivant  : 

a  A  l'entrée  du  village  (Poney) ,  s*éïève  une  vieille 
•«  croix  de  bois;...  un  coq  en  couronne  rexirétnité  ,  et 
«  sur  sa  traverse  sont  attachés  plusieurs  objets,  emblé- 
«  matiques  sans  doute,  tels  qu'aune  coupe ,  un  anneau, 
<(  des  tenailles ,  un  poignard ,  un  flambeau ,  une  petite 
•  «  écheHe,  etc. ,  dont  j'ai  aussi  peu  compris  la  signification 
«  que  j'ai  pu  en  obtenir  l'explication  de  ceux  à  qui  je 
«  l'ai  demandée.  Il  y  a  là ,  je  crois ,  quelque  chose  d6 
<c  maçoniqvie,  et  ces  usages,  qu'on  respecte  sdn^'M 
«  connaître  l'origine ,  sont  peut-être  un  reste  de  Ceux 
«  des  Templiers.  »  .  r,.  îï 

Le  prince  PatfKrer  Muskau ,  qui  ,•  d'après  la 
littéraire,  nou\f.  série,  i836 ,  tom,  i  ,  p,  ^4^5  écrit  à'iéc  . 
une  grande  prétenlioo  à  l-driginalilé,  aurait -pa,'  s'il 
eûrvoulu  se  donner  la  peine  de  consulter  le  prètiiilir 
paysan*,  reconnaître ,  dans  ces  objets ,  les  Instrumens 
de  là  pflssibn  :  ce  qu'il  appelle  atineau  est  la  coùrônbé; 
ce  à  quoi  il  donne  le  nom  de  poignard  est  la  lance  ^  le 
flambeau  à  bien  du  tap^rt  avec'la*  lanterne  ;  etc. 

J'ai  rapporté  ce  passage   pour  démontrer  '  comment 
'jes  choses  les  plus  isimples  et  lespius-Viilgaires  sont 
quelquefois  converties  eii  choses  e.\tPaordinaires,  par 
les  voyageurs  superficiels. 

Les  raisons  suivantes  me  p3i*tent'  à  soupçonner  les 
'Jésuites  d'être  les  inventeurs  de  ces^^mparaisôns. 

1"  Ces  religieux  avaient  rhâbitnde  de  tout  rapporter 
à  la  Croix  et  à  son  mystère  :  la  Croix  angélique  de  Si. 
Thomas  d' Acquin  et  la  fleur  de  la  GvenàdilieÇPassiflora) 
en  sont  la  preuve.  '■'■■■' 


■  1 


(247) 

M'ayàirt  troii?é  la  représentation  de  cette  croix  |  ni  daaa 
TonTrage  ^a  Jésuite  Gretser  sur  la  croix  ^  ni  dans  lea 
Amusemeris phylologiques  de  M.  Peignot^  je  la  donne  ici. 

sulaSaSalus 

laSat    a    sal 

8  a  t  r    t    a  S 

t  r  e    r    t 

r  e  c   e    r 

e  c  i    c    e 

c  i  h    i    c 

m  *'  i  h  i    h    i  m 

tii  hiMih  eu 

i.gu  iMxMi  mec 

gufcRihiMxuxDomi    nime 

afcRihi   Mxur    u   x  Domi    nim 

t  {tf'R  ihiMxurCr    uxDomin   i 

liTeBihiBfxur    u   x  Dom    i  nim 

gùfeRihiMxu  xD   omi    ki    ime 

i''9  u  sexes  mec 

ni  tsest  eu 

q  t  s    t    q   *  m 

u  q  t   q    u 

a  u  q  u    a 

ma  u  a  m 

s  m  a  m    s 

e  s  m  s    e 

m  e  s   e    m 

p  m  e  m    p 

e  p  m  p    e 

a  r  e  p  e     r  a 

odarer    ado 

orodara    doro 

Cette  Croix,  composée,  dit-on,  par  saint  Thomas 


(248) 

'd^Acquin  5  contre  le  tonnerre  quMl  appréhendait  ex-^ 
tfaordinairement ,  comprend  le  distique  suivant ,  publié 
sans  figure  par  le  Jésuite  Gretser.  Jaœbi  Gretseri 
Opéra  omnia  de  sonda  cruce,  p.  ^4^3. 

Crux  mihi  certa  Salus  ;  Cnix  est  quam  semper  adoro  : 
Crux  Domini  mecum  ^  Crax  mihi  refuginm. 

En  partant  du  centre  où  est  la  lettre  C ,  on  trouve 
dans  les  quatre  sens  ,  et  dans  une  multitude  d^autres, 
les  quatre  parties  du  distiqi^e  cindessus. 

Nieremberg ,  Hist.  naU  peregr. ,  p.  299 ,  a  donné 
la  figure  de  la  fleur  de  la  Grenaàille ,  reproduite  mr 
Parkinson,  Paradisus,  p.  894»  avec  le  titre  :  TheJe^ 
suites  figure  cfthe  maracocy  GranadiUusfrutex  iridUcus 
Christi  passiords  imago. 

Dans  le  dessin  on  a  placé  la  couronne  d^épiaes  m 
sommet,  tandis  qu^en  réalité  la  couronne  est  à  la^base 
de  la  fleur.  L'espèce  qui  a  servi  à  faire  cette  figure  de 
fantaisie,  est  la.  Passifloralaurifoliay  Encycl.  fiqtan. , 
tom.  3 ,  p.  34,  sp.  9. 

Voici  les  objets  signalés  dans  Tépigramme  latine,' 
feîte  sur  cette  fleur  par  un  Jésuite.  '  ! 

La  colonne  :  c'est  lé  pistil ,  Linn. ,  dans  lequel  on 
distingue  le  support  colonniforme ,  droit  et  cylindrique 
de  Fovaire. 

Les  cinq  plaies  sont  représentées  par  les  anthères 
des  cinq  étamines. 

Les  trois  clous  sont  les  trois  styles ,  ou  nerfs  épaissis 
vers  leur  sommet ,  ayant  presque  la  forme  de  clous , 
(  clai^œ  très,  Tourn.)  terminés  chacun  par  un  stigmate 
en  tête. 

■ 

La  couronne  d'épines  ;  on  l'a  trouviée  dans  cette  cou- 
ronne (  Nectaire  ,  Linn. ,  Corolle  frangée,  Tournef.  ) , 


(  «49  ) 

ccMnposée  d'un  grand  nombre  de  filamens  (  étamines 
rudimentaù^s,  Dunal  )  contenus  dans  la  fleur. 

Le  fouet  était  supposé  représenté  par  les  vrilles. 

La  lance  se  trouvait  dans  la  forme  des  feuilles 
simples  de  la  Grenadille  à  feuilles  de  laurier ,  espèce 
très-différente  de  4a  Grenadille  incarnate ,  Passifiora 
incarnaia,  Liqn. 

Il  tàut  lire  dans  Tépigramme  latine,  comment 
Fauteur,  a 'comparé  la  béatitude  des  élus,  avec  Todeur 
agriéaUe  et  la  pulpe  très-suave  du  fruit  (  i^ulg.  pomme 
de  Liane),  qui,. dans  IsiPassi/lora  laurifoUa,  succède 
à  Ibl  ûem  [i^ul/^fique y  c'est  Tépitbète  adoptée  par  le 
Jésuite ,  dont  les  confrères  attachaient  beaucoup  de  prix 
à.cçfl^  étuniis  de  ïrapprotshemens. 

SJrelier ,  dfins  son  JHu^ùs  subterranèus,  p.  49  >  1*^*. 
vnki  êed.  %^  ^n  donne  un  exemple  frappant,  à  Toccs^ 
âoti  A^iuiejiAffiiqsionite,  dans  le  centre  de  laquelle  il  a 
dewnéim^  Yierge ,  comme  de  nos  jours  Millin ,  Voyage 
ékmsIeJnia  de  la  France^  iom.  i,  p.  6d,  pi.  3^  a 
drame  la  figure  d^une  Vénus  dans  une  coquille. 
•  2f.  Maitrés  de  leur  temps,  les  Jésuites  remployaient 
fréquemment  à  des  occupations  plus  pu  moins  sérieuse 
ou  fiivok^.  Ne  s€9rait-ce  pas  ,à  eux  qu'est  dû  )e  procédé 
saivant,pour  former  d'un  seul  coup  de  ciseaux  une 
croix  en  papieir? 

Pour  obtenir ,  d'un  seul  coup  de  ciseaux ,  une  croix  et 
divers  accompagnemens ,  on  prépare  un  carré  long  avec 
un  papier ,  dont  un  des  angles  supérieurs  est  ramené 
contre  le  côté  opposé  ^  on  agit  de  même  pour  l'autre 
angle  ;  il  en  résulte  une  figure  pentagone  que  l'on  alonge 
en  rapprochant  les  deux  cotés  parallèles,  jusqu^à  ce 
qu'ils  s'affleurent.  On  plie  alors  le  papier  par  le  milieu, 
et  l'on  obtient  un  trapèze.  En  donnant  un  coup  de  ci- 


C  850  ) 

seaux  dans  le  milieu. da  côté  droit  oppose  an  cdté 
oblique ,  et  prolongeant  la  section  parallèlement  an  plus 
long;  coté ,  le  problême  est  résolu. 
'    En  dépliant  les  pièces  ,  on  trouve  : 

1*  Une  croix  latine  complète  ; 

2*  Deux  demi  croix,  c'est-à-dirè  deux  tiges,  arec 
chacune  un  seul  croisillon  ou  une  seule  branche  ;  datés 
dit  croix  des  larrons  ;  /' 

S""  Deux  lances  :  celle  de  Longin  et  celle  àeVéwtigei 

4*  Deux  morceaux  de  papier  angulaires ,  conipairâ^à 
dès  pierres  qui  retiendraient  le  pied  de  Kau  croix ';*  ^  I  -  ^'^ 

S""  Deux  morceaux  imitant  les  dés  avec  lés^éb'fik 
jouée  la  tunique  sans  couture.  ■  '  ^''-  -  "  ?îî    / 

S"*.  Désirant  charmer  Tennui,  réstdtat  dë-lMl»Vfe 
uniforme,  les  moines  étaient  forcés  de  i<ecotifir>àAaie 
multitude  de  moyens  pour  se  procurer  des  diè^tMctibils 
nécessaires,  témoin  Tinvention  du  ^lilair^'^i  défait 
récente  du  temps  de  Leibnitz  et  qui  ^^âttfit^'33 
^ches  disposées  en  croix.  Yoy,  Reime  de  là'Câflé^Ch, 
i836,  tom.  a,  p.^S.  "•»*^ 

S'il  était  démontré  que  la  comparaison  des^piècàs  de 
la  tête  du  Brochet  avec  les  instrumens  de  la  posûon 
dat&t  du  moyen  âge,  on  trouverait  la  source -db' cette 
opinion  dans  la  légende  du  Saint-^raal ,  a^eêt-Ak^ditt 
du  vase  mystique  qui  contient  le  sang  du  Christ.  Voy. 
VEi^angUe  apocryphe  de  Nicodême ,  cap.  ytvféi  xv,  et 
surtout  rhistoire  du  Graal,  racontée  par  M.  Faurid, 
et  rapportée  dans  les  Etudes  sur  Goethe,  pair  %» 
Marmier ,  i835 ,  p.  4^4* 


(  251  ) 

Qaatrièiiie  bm.  des  Malacoptérjrgièns  abéhminàux*^ 

Salmones,  Cuy.  Dermoptères,  Dumer. 

Bloch  ,  Ichthyolog. ,  y  art,  x  ,  p,  io3. 

Ces  poissoDS  offreat  une  première  dorsale  à  rayons 
inoos  9  suivie  d'une  seconde  petite  adipeuse ,  c'est-à-dire 
formée  âmplemeat  d'une  peau  remplie  de  graisse  et 
non  soutenue  par  des  rayons. 

XXXI.  Le  Sactmon  ,  Salmo  salar,  Linn. ,  Gmel. , 
Se.  nat.,  xiii,p.  i3649  sp.  i. 

Bloch,  Ickthyolog  , part,  i  fp,  106 1  pLxKf  ^f  part,  m,  p.  la^ 

Duhamel ,  Pêches  ,  a«  ptirt,,  sect,  it ,  p.  184  i  P^'  ^9  fiS*  i'^* 

Karmgfi,  Ùafiub.  ,  tant,  ly,  p.  79;  tmb,  xxtii. 

BoÉnatmito»  VàbL  encycl,  'des  trois  règnes  ,  Ickthyolog,,  pi.  65 p 

Lacëp^e,  Hist.  naU  Poist. ,  tom,  n  y  p,  i^. 
fioBilelet ,  de  Piscib  fluviatîlîb,  liber,  cap.  11 ,  p.  167. 
Le  SlHkiiiÀti  a^d«i  denfa  dèiik  tous  '  les  endroUi  de  la  bouche  où  il 
|e«t  j  ea  avoir   Cuv.,  Anat,  comp,,  tant,  3^^..  178. 
Qptopr.^^e  Aquatilib. ,  p.  g6gi, 
"$,  Hermano ,  Observât ^  zoologicce,  p.3io. 
Wauv,'tfict,-'d*Ht^t,    nat^ ,    édit.  a,  tom.  TSXfp»  d5i. 
Ceollkai  ^  Afat.  medèc, ,  iA-4®,  tom,  3>  |r,  qtQ, 
Jpfcf.  des  Se.  nat,  ,  tom.  lt,  p,  533. 

Artedit'TctA^^^i'^/^' v,j7.  48-60.  . 

•      ■  '  ■  -  .  -  . 

D,  i5  :  P.  14  :  V.  9-10  :  A.  i2-i3. 

Vertèbres ,  36 ,  et  33  paires  de  côtes. 

Le  Saumon  est  un  poisson  de  mer  qui  remonte  les 
Qeaves  à  Pépoque  du  frai  '  ;  il  le  iait  en  troupe  et  en 
deux  rangées  qui  forment  les  côtés  d'un  triangle  ;  il  ne 
se  trouve  point  dans  la  Méditerranée  ;  il  se  plaît  dans 

'  U  n^y  a  que  les  Truites  et  les  Saumons  |  dit  Bloch  |  où 
faie  TU  des  ceufs  de  la  grosseur  d'un  pois. 


(  452  ) 

rOcéan ,  et  affectionne  ^rtout  le  voisinage  de  Temboa-' 
chure  des  grands  fleaves ,  dont  il  habite  les  eaux  douces 
et  rapides  pendant  une  partie  de  Tannée ,  et  dont  il  re-^ 
monte  le  cours  à  des  distances  fort  considérables  <  ;  voilà 
pourquoi  on  le  trouve  très-haut  dans  la  Loire,  dan$  la 
Seine,  et  même  dans  FArroux,  etc.  Les  tachîes  irrégu* 
lières  brunes  de  son  eorps  s'effacent  promptement  ^ms 
Teau  douce.  Il  fait,  pendant  Fhiver,  Tornementdes 
tables  délicates  et  somptueuses  ;  il  vit  de  petits  poissons, 
d'insectes  ,  de  vers  ;  il  fraie  en  février,  mars  et  avril; 
sa  natation  est  si  rapide ,  qu'il  peut  parcourir  i44^o 
toise$(T^o66 mètres) par  heure.  .   ..   ., 

Ces  poissons  sont  sujets  à  une  maladie  particuliëk^  doitt 
on  ignore  la  cause,  et  qui  leur  fait  alors  doônçr  1ç  nom 
de  Lcidres  ;  leur  chair  est  mollasse  et  sans  consistanpe. 
Si  on  garde  les  Saumons  quelque  temps  après  leur  moi^ 
la  chair  se  détaché  de'  îépiné  dorsale  et  gUs$e  ^tis  la 
/peau,  comme  dans  un  sac.  lAx:éfèdey  Jffùfiu^j^aL  des 
Poiss, ,  tom,  ^i  pj  ^s6\' 

Dans  le  Saumon  et  dans  les  Truites,  les  înterTàotil' 
laites,  sont  situés  sur  le  devant  de  la  m.àchoire  supé- 
rieure, avec  un  peu  de  mobilité^  les  maxillaires ^n 
os  labiaux,  mystaces,  sut  les  datés ,  jusqu'à  la  commis- 
sure ,  armés  de  ^ents  qui  continuent  la  série  des  dents 
intermaxillaires.  Guvier^jËTiV^.  naU  des  Poiss, ,  iom.  i, 
p,  333 ,  pL  m  fifg»  5. 


/ 


'•»'    -.'.-. ;.       T 


i . 


4.  t 


,  f  Albert  Je  Qraud,  Oper,,  tom*  t1,  jr.  ^^<^i  et  .Y^GeAt 
jde  ^eauvais  ^  SpecuL  r^aiur, ,  tom,  1 1  lih,  TWiy  cap.  ^xxrn , 
ont  bien  indiqué  le  nLoyen  dont  se  sert  Iç  Çau.ijpLoii  popr 
franchir  les  cataractes  et  pour  surmonter  les  obstacles  qu'on 
lui  oppose. 

A  Tépoque  du  frai,  les  mâles  ont  sur  \ts  écailles  des  ta- 
elles  brunes  et  des  petites  éminences.  Blocb  |  p.  1 14« 


(  258  ) 

Le  Saumon  ordinaire  et  les  Traites  ont  des  dents  en 
crocfaet  aux  denx  mâchoires  ^  sur  la  langue ,  aux  arcades 
palatines ,  au  vomer ,  au  pharynx  et  même  aux  os  qui 
représentent  les  arcades  zygomatiques ,  et  qui ,  dans  les 
poissons ,  forment  ce  qu'on  nomme  les  mystaces  ou  la 
lèvre  extensible.  Guvier ,  Anatomie  comparée,  iom.  3 , 
pp.  189,  190. 

Les  oyaires  des  Truites  sont  collés  à  la  région  de  Té- 
pine  et  divisés  intérieurement  en  lames  transverses. 
Rid. ,  p.  534. 

Duhamel,  lïist.  gén.  des  Pèches  y  2*  part. ,  secU  11, 
p.  294  9  pL  XVI ,  Jig.  1-19 ,  donne  la  description  et  la 
figure  très  exactes  d'un  insecte  qui  s'attache  au  Saumon, 
sans  en  indiquer  le  nom. 

Ce  crustacé  est  le  Caligus  MuUeri,  Leach.  Encjclop. 
mélhod..  Ados,  Insectes ^pL  335,  yîg'.  17-24*  DicU 
Se.  nat. ,  tofh,  xiv ,  p.  536 ,  iom.  xxviii ,  p.  392.  Adas^ 
Crustacés,  pi.  5o,  Jig.  4. 

«  H.  Duméril  rapporte  ,  au  genre  Bopyre  un  petit 
crustacé  figuré  par  Duhamel,  Péclies,  pi.  16  j  Jig. 
11;  )i  Dict.  Se.  nat.,  tom.  v,  suppL,  p.  3i,  iom.  28, 
pp.  388,  389 ,  sans  doute  par  erreur. 

Le  Saumon  n'a  pas  la  vie  dure  ;  il  a  la  chair  rouge. 
Destandes,  par  suite  d'expériences  faites  pour  tâ- 
cher de  découvrir  la  cause  de  cette  couleur ,  Fattribue 
à  un  petit  corps  rouge,  assez  semblable  à  une  grappe 
de  groseilles,  situé  dans  l'estomac;  il  a  reconnu  en  effet 
qu'elle  s'observe  dans  la  chair  des  Saumons  cuits  en- 
tiers, tandis  qu'elle  n^existe  plus  quand  on  les  coupe 
par  morceaux  et  qu'on  les  fait  légèrement  griller. 

Alléon  Dulac,  Mém.  pour  sentir  à  Fliist.  nat.  du 
Lyonnais,  tom.  ^  ^  pp.  166-188,  parle  avec  beaucoup 
de  détails  du  Saumon  )  il  rapporte  les  expériences  de 


(  2M  ) 
Deslandes,  et  décrit  ensuite  la  pèche  des  Saumons  dans 
la  Loire,  en  donnant  les  dessins  des  ai^cUoirs  construits 
à  cette  occasion. 

Cette  pêche  est  en  effet  une  branche  d^iûdustrie  assez 
fructueuse  ^ 

Lés  œu&  de  Saumon  sont  enfermes  par  couches  dans 
dés  membranes  particulières ,  arrangées  les  unes  sur 
les  autres  en  forme  de  plis.  Bloch  ^  Ichthjolog. ,  peut,  i, 
p.  101  jpLxïXjJig.  16.  * 

Le  foie  est  gros  et  rouge,  mais  nullement  bon  à 
manger.  Bloeh,  p.  ii5. 

La  sclérotique  est  épaisse  d^une  ligne  en  arrière /et 
aussi  dure  qu'un  os  en  ayant. 

I  En  Ecosse  ^  dans  le  comté  de  BanfF,  le  prÎTilège  de  la 
pêche  du  Sanmon ,  de  la  Spey ,  dans  les  limites  des  domai* 
nes  du  duc  de  Gordon ,  est  affermé  huit  mille  livres  sterling! 
(aoO)OOO  fr.  )  par  an.  Revue  britanniq,,  i835,  xtiii,  p.  147*. 

Les  Boothniens  construisent  leurs  traîneaux  arec  des 
Saumons  gelés ,  enveloppés  de  peaux  et  fiiés  par  des  tra* 
Terses  en  os  de  Rennes.  Ces  traîneaux  sont  très-solides  et 
très-coulans  ;  et  dès  que  le  thermomètre  remonte  au  point 
de  glace I  ils  ue  peuvent  plus  servir  :  les  Boothniens  les 
Irisent  alors.  Ils  mangent  les  Saumons,  font  des  sac^  avec 
les  peaux  et  donnent  les  os  aux  chiens«  Voy*  du  cap,  Ross 
au  pâle  Nord, 

3  La  figure  ix,  planch.  viii,  de  rÀ.tIas  joint  an  premier 
Tolume  de  V Histoire  natur,  des  Poissons  par  Cuviery  mon- 
tre un  ovaire  (de  Perohe)  fendu  longitudinalement  pour 
faire  voir  les  nombreuses  lames  membraneuses  dont  il  se 
compose,  etqui  se  tapissent  à  chacune  de  leurs  surfaces  d^na 
nombre  d^œufs  si  considérable ,  que  lorsquUlsont  acquisieur 
développement ,  ils  cachent  entièrement  la  membrane  à  la* 
quelle  ils  adhèrent. 


(  S5S) 
Le  Saumon  pamrit  dans  «m  iiitérie«r  : 

l.  VEMnqrywJms Sabnofds ,  Gmdt,  /»•  3o48  ,t 
sp.  33. 

a.  V Echinorynchus  sublobatus ,  GmeL,  p.  8049, 
5/?.  34* 

3.  V Echinoiynchus  quadrirostris ,  GmeK,  p.  8049 , 
5;>.  35.  Teirarjrnchus  appendiculatus ,  Dict.  Se.  nat. , 
tom.  53 ,  p.  3i6 ,  tom.  57,  p.  592. 

4.  Le  Botriocephalus proboscideus ,  Dict.  Se.  nat., 
tom.  57,  p.  6io. 

5.  Le  CucuUanus  lacusiris,  Ç,  Solaris,  Gmel. ,  Se.  nat. ^ 
édit.  XIII,  tom.  1 ,  p.  SoSa,  sp.  6,  Ç.  Ascaris  marina, 
Gmel.  ,  p.  3o35,  sp.  61.  FUocapsularia  communis , 
EocycL,  vers,  tom.  a,  p.  899.  Filaria piscium ,  Diet. 
Se.  nat. ,  tom.  17  9  p*  9 ,  nf  29. 

6.  LaFasciola  v^arica,  Gmel.,  p.  3o57,  n*  3i.  Z)£y- 
toma  yarica,  Encycl.  méth.,  vers,  tom.  a,  p.  a7a, 
n"»  8o. 

7*  Le  Tœnia  nodulosa,  Gmel.,  p.  307a,  sp.  5o. 
Triœnophore  nodideux  ,  Diet.  Se.  nat. ,  tom.  55  ^ 
p.  i85 ,  pi.  43 ,  fig.  3. 

8.  lue  Tœnia  Salmonis ,  Gmel.,  p.  3o8o,  sp.  83. 
Boiriocephalus  proboscideus  ,  Eneyel.  métfa.,  vers  , 
tom.  a,  p.  145,  n'*4* 

9*  Il  est  eneore  sujet  au  Lemœa  salmonea.  Lion. , 
qui  adhère  à  ses  ouïes. 

Steele,  eompatriote  de  Swift,  parvenu  à  la  Chambre 
des  Communes ,  en  fiit  expulsé  eomme  auteur  de  li- 
belles séditieux.  A  Toeeasion  de  la  eréation  des  douze 
Pairs ,  sous  l'administration  d'Oxford  et  de  Bolingbrocko, 
il  écrivit  une  lettre  mordante  à  sir  Milhes  Wharton , 
sur  les  Pairs  de  circonstance.  La  liaison  de  Steele  avec 
le  grand  corrupteur  Walpole  ne  Penrichit  pas  \  faisant 


(  256  ) 

trêve  à  ses  pamphlets,  il  commença  la  littérature  indus* 
trielle  et  inventa  une  machine  pour  transporter  du 
Saumon  frais  à  Londres.  Chateaubriand,  Essai  sur  la 
Uuérature  anglaise  y  tom,  2  ,  /?.  267. 

Sans  cette  machine,  le  Saumon  frais  parvient  à-toutes 
les  villes  de  France.  <(  On  en  fait  rostir  des  darnes  '  sur 
le  gril ,  lardées  de  clous  de  ^roâe ,  puis  on  i  &it  sauce 
avec  sucre ,  canelleet  vinaigre.  »  Rondelet,  des  Poissons 
de  rii^ière ,  p.  ia4« 

Je  ne  quitterai  pas  Fhlstoire  du  Saumon  sans  rappela 
que  la  queue  d'un  poisson  de  cetf  e  espèce  a  servi  ^  avec 
Ja  dépouille  d'un  orang-outang  ,  à  préparer  la  femense 
sirène  achetée  aS^ooG  francs ,  et  placée  dans  le  Musée 
du  Collège  des  chirurgiens  de  Londres ,  où  le  prince 
Puckler  Muskau  Ta  vue  en  août  1827.  Mém.  ei 
yoyages ,  i833,  tom.  2,  p.  129. 

Cette  mystification  va  de  pair ,  avec  celle  de  Thydre 
de  Hambourg,  dont  la  source  reconnaît  les  disputes  théo» 
logiques;  avec  celle  d\iGiœnia,et  avecd'àûtrés  signalées 
dans  les  ^ct,  Di\fion. ,  1817 ,  p,  22,  1820 ,  p.  3o4,  3i2. 

Les  Anglais  visant  toujours  à  Toriginalité,  cherchent 
toutes  les  manières  de  se  distinguer  -,  ils  convertissent  la 
pêche  en  chasse. 

<(  Dans  les  environs  du  mont  Snowden ,  on  prend 
<(  beaucoup  d^excellens  Saumons  ,  et  cela  ,  d'une 
c(  manière  fort  originale.  On  les  chasse  à  Faide  de 
«  certains  petits  chiens ,  dressés  à  cet  exercice  ,  qui  les 
a  retirent  de  la  vase  dans  laquelle  ils  s^enfoncent  à 
«  certaines  époques.  »  Mémoires  et  yojages  du  prince 
Puckler  Muskau ,  i833  ,  tom,  3  ,  p.  ^2,. 

■  Nom  véritable  des  tranches  de  Saumon  ^  dVprès  le 
Dictionnaire  de  Trévoux ^  au  mot  Dalle* 


(867) 

La  gr&nde  pêche  de  la  G)loinbie  a  lieu  au  printemps 
lorsque  les  Saumons  remontent  le  fleuve.  Lorsqu'ils  sont 
engagés  dans  un  étroit  passage  du  fleuve ,  les  Indiens 
debout  sur  les  rochers  ou  sur  des  échafauds  de  bois  ^ 
les  pèchent  avec  de  petits  filets  tendus  sur  des  cerceaux, 
les  vident ,  les  dessèchent ,  les  emballent ,  et  en  forment 
des  colis  pour  les  envoyer  au  loin.  Revue  briUmnique  , 
a836 ,  tom.  V  ,  p.  3o49  3o5. 

XXXII.  La  Truite,  Sabnofario^  Linn. ,  Gmel. ,  S.  N., 
xnii  p.  1367,  sp.  4* 

Blocli,  Ichtky.,part.  i^p,  lai ,  pL  xxii ,  p.  127 ,  pL  xuix. 

Juriae,  IC^t,  des  Poiss,  du  lac  Léman,  p.  i58 ,  /i»  6 ,  p/.  4.  Salma 
tmtta. 

Marsîgliy  Uanub,,  tom.  it,  p.  77,  tab.  xxyi  yfig.  1 ,  a. 

Boimaterre,  Tableau  encyclop,,  ichthyologie,pl.  56,fig,  a66y  26J0 

Lacépèi&e,  Hist,  nat.  des  Poissi ,  tom,  iz,  p,  a36. 

Duhamel,  Pêches  ,  a*  part.,  sect.  11 ,  p.  196,  p/.  ii^fig-  1  y  a. 

7.  Hermann ,  Observât,  zoologicœ  ,  p.  809. 

Bondelet,  JDe  Piscib,  lacustrib,  liber,  cap.  xv ,  p.  16a ,  cie  Tmttif. 
JDe  Piscib.  fiuviatillb.  lib. ,  cap.  ly  ,  p.  169,  De  Trutta  flaylatili. 

Meyer^  Représ,,  tom,  i ,  pi,  44* 

GeolFr.f  Mat,  médic,  4®>  tom.  3,  p.  289. 

Aldrovandi  ,  De  piscibus ,  p.  .588. 

ifouv.  Dict.  d'Hist.  nat.,édit,  a,  tom,  3o,p.  83,  toTii.  34,  p.  5da. 

27û;^.  des  Se,  nat,,  tom,  lv»  p.  544* 

D.  i3:  P.  i3:y.  9:  A.  Il  :  C.  26. 

lurine  fait  observer  que  ces  nombres  sont  sujets  à 
de  fréquentes  anomalies. 

Membrane  Branchiale  à  10-11  feuillets. 

60  Vertèbres  et  3o  paires  de  côtes.  Bloch,  p.  124- 
Peau  de  Testomac  très  forte. 

Le  nom  de  Truite  a  été  donné  à  ce  poisson  du  mot 
TruUay  dérivé  du  mot  Trudo  (je  pousse  avec  violence) 
à  cause  de  Timpétuosité  avec  laquelle  ce  poisson  se 
meut  contre  le  courant. 

»7 


(  258  ) 

Albert  le  Grand ,  Opéra,  iom.  vi ,  p*  661 , et  YioceDt 
de  Beauvais,  Spéculum  natur.,  iom,  i ,  Ub.  xvir,  çap.* 
xGvii ,  parlent  de  la  Traite ,  sans  cependant  entrer,  dans 
de  grands  détails^  ' 

Duhamel  et  Jurine  ont  fait  sur  ce  poisson  des  recher- 
ches multipliées  pour  s'assurer  si  les  espèces  en  étaient 
aussi  nombreuses,  que  Tont  avancé  plusieurs  natura* 
listes  :  ils  ont  Tun  et  l'autre  reconnu  le  peu  de  certitude 
des  caractères  indiqués  pour  les  désigner. 

n  n'est  pas  de  poisson  qui  se  colore  avec  autant  de 
facilité  que  la  truite  \  elle  peut  ensuite  perdre  la  cou- 
leur qu'elle  a  prise  et  reprendre  la  première  \  les  expé- 
riences de  Jurine ,  oun^r.  cité,  p.  160  ,  ne  laissent  aucun 
doute  à  ce  sujet  ;  aussi  cet  auteur  regarde ,  comme 
appartenant  à  la  Truite,  les  espèces  désignées  soas  les 
noms  de  Truite  ordinaire,  Truite  Saumonée,  *  Tt*ààe 
de  lac  et  de  rinère ,  Truite  des  Alpes ,  Truite  Fariç, 
Truite  Carpione  ^.  Dans  le  lac  Lucendro,  au 


'  La  Truite  sanmonée  est  distinguée  comme  espèce  dant 
le  Dict,  des  Se.  nat, ,  tant.  55^  p»  544}  Atlas,  ichthyolog., 

^  D'après  des  expériences  très -multipliées,  consignées 
dans  les  Mémoires  de  là  Société  de  physique  tl  tPhisiaire 
naturelle  de  Genève,  tom,  m  ,  1'*^  partie,  p.  159-166  9  et 
d'après  des  observations  très-exacteis,  Jmrine  a  condm  Tiden^ 
tité  de  toutes  les  espèces  signalées  ci- dessus  {  en  Attriboftnt 
leurs  différences  à  des  modifications  dépendantes  de  Pi^ , 
du  sexe ,  des  saisons ,  de  la  nature  des  eaux ,  du  genre  d'»* 
liment  et  de  Finfluence  de  la  lumière.  Cuvier  n'a  proba- 
blement pas  goûté  ces  raisons  |  puisque  dans  le  Règne 
animal,  édit,  2  ^  tom,  2 ,  p.  3o3 ,  3o4  y  il  conserve  comme 
espèees  les  trois  suivantes  : 

La  grande  Truite  du  lac  de  Genève  ^  (  Salmo  L^manus, 


(459) 

Gothard ,  les  Truites  étaient  rouges ,  tandis  que  celles 
de  la  Reuss ,  qui  en  sortent  ^  sont  blanches.  La  cupidité 
mal  entendue  d'un  aubergiste  du  bourg  dé  THoliîtal , 
qui  ayant  affermé  le  lac  Lùcendro ,'  voulait  rendre  sa 
pêche  plus  productive ,  en  faisant  jeter  de  la  chaux  en 
trop  grande  quantité ,  a  détruit  presque  tout  le  poisson; 
lorsque  l'action  de  la  chaux  aura  disparu  dans  ce  lac , 

CaT.  )  j  dont  la  chair  est  très-blanclie  ;  il  y  en  a  de  qnaraiita 
et  de  cinquante  livres ,  Ouv,  cité,  p.  3o3.  G^est  la  Truite 
de  lac,  de  Jarine  ;  Juriue  nVn  a  pas  tu  au  delà  de  trente- 
lix  livret. 

La  Traite  saumonée  ,  Dict.  Se.  nat. ,  Atlas  ,  ichthy.  ^ 
pi.  73 9  fig.  2 9  Salmo  initia,  Linn.  ;  Bloch,  ichthy.  ,  part. 
I,  p.  1179  pi.  XXI 9  a  TU  la  tête  jeter  de  la  lumière,  dane 
robécurité. 

La  Tmite  pointillée ,  Salmo  punciaius,  Cut.  ,  Bloch  ^ 
icktbyologîe ,  part.  iii|  p.  i35|  pi.  cir;  c^est  celle  deê 
Alpes  ,  de  Jurine. 

Il  est  assez  difficile  de  juger  entre  Jurine  et  CuTier.  Le 
premier  parle  diaprés  les  faits  et  ses  obsenrations  ;  il  a 
faiUeurs  pour  lui  l'autorité  d^Artédi,  ichihy,,  pari,  n^ 
p.  76  ,  ys®  ai4  9  qn'il  ne  cite  pas  :  le  dernier  est  le  repré* 
tentant  de  la  science ,  au  xix  siècle. 

De  nooTelles  recherches  me  paraissent  nécessaires  pour 
fixer  ce  point  d^histoire  naturelle  ;  Guvier ,  qui  avait  con* 
aaissiuice  de  Fourrage  d^Artédi  ^  du  travail  consciencieus 
de  Jurine  ^  ne  Payant  pas  adopté  ^  fournit  quelques  motifî 
de  doutée. 

Léi  naturalistes  de  Genève  sont  invités  à  s^occuper  de 
cette  recherche  :  ce  sera  le  moyen  de  caractériser  les  espèces 
confondues. 

Artédi  regarde  comme  excellent  caractère  spécifique,  le 
nombre  dea  vertèbres  qui  est  constant  s  mais  ai  Ton  j 


(  260  ) 

il  sera  curieux  de  s'assurer  si  les  Truites  s'y  reprodui* 
ront  rouges,  Nouu.  ann.  des  \foyages  ^  i835,  iom.  4» 

p.  tt^l64-  -,  * 

C'est  à  croire  diaprés  les  expériences  de  Jurine, 
et  d'après  une  lettre  écrite  par  Pasch  à  Hermann, 
pour  lui  apprendre  que  les  habitans  des  bords  du 
lac  de  Thoun  (  canton  de  Berne  ) ,  disaient  qu'aa 
mois  de  décembre  toutes  les  Truites  étaient  rouges ,  et 
qu'au  mois  d'août. elles  étaient  toutes  blanches*  J.  Her- 
mann,  Observ.  zoolog»,  p.  3ii, 

Tecoùrty  il  faut  se  conformer  aux  indications  qu^il  trace. 

oc  Pour  éviter  toute  erreur,  dit-il,  JcAthyoLp  part,  u^ 
p,  ^6  y  jj  ^  n^  21 5-21 7,  il  faut  faire  cuire  le  poisson  de 
manière  à  ce  que  la  chair  se  sépare  facilement  des  ar^tef  et 
du  squelette  \  on  enlève  la  colonne  vertébrale  ^  on.  la  pUce 
sur  une  assiette  et  on  sépare  soigneusement  les  ver^tèbres  au 
moyen  d'un  instrument  tranchant;  il  .ne  faut  pas  négligef 
de  compter  la  vertèbre  là  plus  rapprochée  de  )a  tétq ,  ni  celle 
qui  joint  la  queue.  Pour  plus  grande  sûreté  |  il  faut  répéter 
Topera tion  sur  plusieurs  échantillons  de  la  même  espèce.  a> 

Quelquefois  les  espèces  d'un  même  genre  ont  le  même 
nombre  de  vertèbres  \  mais  alors  leurs  caractères  extérieurs 
les  différencient  assez.  D'ailleurs  ce  cas  est  rare^  ^  Artédi 
ne  l'a  observé  que  dans  le  seul  genres  Cyprin. 

Bloch  ,  Ichthyologie  ,  (  traduite  en  Français)  par  Dele- 
vaux  ),  a  donné  le  nombre  de  vertèbres  et  de  paires  de  côtes 
de  difTérens  poissons  :  il  n'est  pas  toujours  d'accord|  comme 
on  peut  le  voir ,  avec  Artédi ,  d'où  l'on  pourrait  conclure 
que  l'assertion  de  ce  dernier  ichthyologiste  n'est  pas  cons- 
tamment exacte  \  c'est  pour  cela  que  les  naturalistes  sont 
invités  à  répéter  ces  observations  pour  leur  donner  le  degré 
de  certitude  désiré. 

n  reste  encore  beaucoup  à  faire  pour  porter  l'ichthyologie 
au  point  où  la  science  la  souhaite* 


(  261  ) 

Alors  la  température  serait  encore  une  cause  du 
diangement  de  couleur  des  Truites. 

La  couleur  de  la  chair  des  Truites  est  trop  variable 
pour  pouvoir  servir  de  caractères  :  M.  de  Courtivron 
s^en  est  assuré  d'une  manière  positive  sur  les  Truites 
de  rignon  qui  traversait  son  jardin.  Il  a  transmis  ses 
observations  à  Duhamel  ^  elles  sont  consignées  dans  le 
TraUé  général  des  pêches  y  u*  part,  y  secU  ii,  p.  206-207, 
p,  214)  àToccasion  des  Truites  de  Courtivron,  et  rappe- 
lées par  Jurine,  ffist.  des  poiss.  du  lac  Léman,  p.  164.' 
Or  les  Truites  de  Courtivron  sont  les  Truites  deTIgnon; 
elles  ne  difièrent  d^aucune  manière  de  celles  du  Yal- 
Suzon ,  de  Sainte-Foi ,  de  la  Bèze  '  ,  et  autres  rivières 
du  département  de  la  Cote-d^Or. 

«  Ce  poisson  se  trouve  quelquefois  dans  la  Saône  ;  il 
c  provient  du  Doubs ,  lorsque  cette  rivière  déborde 
f  dans  le  temps  du  frai  quialieu  du  i5  décembre  au  i5 
«  février.  »  Note  de  M.  Pataille. 

Ce  poisson ,  d'après  Bloch,  fraie  en  septembre  et  en 
octobre,  entre  les  racines  des  arbres  et  les  grosses 
pierres. 

Les  œufs  de  truites  sont  de  la  grosseur  d'un  pois, 
d'une  teinte  orangée  et  d'une  excellente  saveur;  ils  dis- 
tendent fortement  l'abdomen  de  la  femelle  à  l'époque 
du  frai*  Hoch,  IchthyoL,  part.  1,  p.  102-124  «p/* 
xoLjJig.  i3,  en  donne  la  représentation. 

Ce  poisson  parvient  à  la  taille  de  douze  à  quinze 
pouces  et  pèse  de  douze  à  treize  onces  le  plus  commu- 

*  La  truite  est  commune  dans  la  Hante-Bèze ,  jusqu'à  Mi- 
jwbeau.  Note  de  M.  Boudot, 

Pour  pécher  ce  poisson  à  la  ligne,  il  faut  amorcer  avec  de 
U  chair  d'écreyisses  prise  aux  pattes  ou  à  la  queue. 


(  26^  ) 

sèment  ;  îl  est  très-vorace ,  et  sévit  même  contre  sa 
propre  espèce  ;  les  truites  mises  en  réservoir  se  mangent 
souvent  les  unes  les  autres ,  suivant  Jurine  ^p.  169  (i)« 
La  rapidité  avec  laquelle  les  plus  grosses  Truites 
s^élancem  sur  un  hameçon  couvert  de  plumes ,  atteste 
que  les  insectes  sont  du  goût  de  ce  poisson.  Il  vit  de 
petits  poissons ,  de  coquillages ,  de  crustacés ,  de  vers 
et  d^insectes  ;  il  est  surtout  très  avide  de  larves  de 
phryganes,  connues  aux  environs  de  Dijon  sous  le  nom 
d^Azerottes,  mot  déformé  de  Casellotles,  Casellœ,  di« 
minutif  de  Casa,  fourreau  dans  lequel  se  tiennent  ces 
larves. 

M.  Dupuis,  Tannée  dernière ,  a  pris  dans  TOuche, 
derrière  le  clos  de  M.  Brugnot,  une  Truite  qui  pesait 
1 1  livres  1/2  et  qui  avait  environ  vingt-huit  pouces. 

Jurine,  Hist,  cit. ,  p.  lyS ,  a  vu  des  Truites  bossues 
et  contrefaites ,  dont  la  forme  arquée  et  tout  à  fait  en  S, 
le  surprit  singulièrement  ;  depuis  il  a  vu  un  Brochet 
contrefait  de  la  mâme  manière ,  sans  pouvoir  pénétrer 
la  cause  de  cette  déviation,  malgré  le  soin  avec  lequel 
il  avait  examiné  les  vertèbres  de  ce  poisson.  Schone- 
velde  a  signalé  une  pareille  difformité  sur  la  Brème. 

La  Truite  fait,  comme  on  le  sait,  Tornementdes  tables 
délicates;  elle  passe  pour  le  roi  des  poissons  d*eau 
douce,  et  fournit  un  aliment  de  bon  goût  et  recher- 
ché; accommodée  en  sortant  de  Teau,  elle  est  bien  pré* 
férable. 

K  La  Truite  domine  dans  la  Seine ,  elle  est  commune 
dans  r  Aube  et  dans  TOurce  ;  la  variété  dite  Saumonée 
se  trouve  aussi  dans  ces  rivières  ;  mais  elle  est  plus 
commune  et  surtout  plus  belle  dans  les  eaux  vives  des 
fontaine9>  commeà  Touillon,  à  Thoires,  àChâiillon,  etc. , 
cil  elle  présente  des  tadies  œuilletées,   d'un  rouge 


C  Î63  ) 

plus  au  iiKÛnfi  ardeuc ,  qui  varient  eu  étenduo.  v  Note 
de  M.  Bourée. 

La  Truite  aime  une  emx  claire,  froide,  qui  sorte 
^  momagnes,  qui  coule  avec  rapidité  et  dont  le  fond 
joît  (û«rrew  \  dans  les  TÎTÎers  od  la  nourrit  avec  le  foie 
des  animaui. 

«  À  rentrée  de  Thi  ver,  on  voit  souvent  attachés  sur  la 
Thiite  des  espèces  de  vers  à  peu  près  semblables ,  pour 
la  forme ,  à  une  épingle ,  qui  la  sucent  ^  la  truite  ne  re- 
fMrend  sa  santé  qu'en  pénétrant  dans  les  ruisseaux  oh , 
en  se  frottant  sur  le  sable ,  elle  se  débarrasse  de  ces  vers 
inconunodes.  »  Piscicepiologie  par  J.  C*** ,  (  Cuça  )  , 
4*  édk. ,  i8d8 ,  p.  68. 

Ne  serait-ce  pas  V Ascaris  farioms  ou  \ Ascaris 
TruUas,  Goèze,  Gmel. ,  p.  3o3<$,  sp.  68,  69? 

Une  observation  analogue,  faite  anciennement  sur  TA- 
lûse,  a  donné  lieu  k  la  fable  de  ses  arêtes  qui  la  tuent, 

La  Truite  est  encore  tourmentée  par  VEckinorhy-n'- 
chus  TruUœ,  Goèze,  Gmel.  fS.N.,  xni,  p.  3o49,  sp.  36* 
Eucydop.  méth. ,  vers,  tom.  a,  p.  3o5 ,  sp.  18 ; 

Par  la  Fasciola  farioms,  Mull. ,  Gmel. ,  p.  3o58, 
Sf.  33.  Fasciaia  TnOJUte ,  Froelicfa,  Gmel.,  p.  3o58, 
tp.  34»  flqp|>elée  Disloma  UtareaUim,  Ency.  méth. ,  vers, 
tom.  a,  p.  278,  sp.   ii4) 

Par  la, Fasciola  Lucii ,  Mull.,  Gmel. ,  p.  3o58,  sp.  36* 
Act.  Crenev. ,  1823,  tom.  2,  r*  part.,  p.  i45,  tab* 
Distoma  ieretic(dle,  Ency.  méth. ,  vers,  tom.  2,  p.  268, 
sp.  S/^/Doiu^  à  long  col,  Ann.  Se.  nat. ,  1824,  ^™'  ^9 
p.  490  9  tab.  23  ; 

Par  le  Tœma  TruUœ,  Froelich,  Gmel.,  p.  3064^ 
Vf.  3o. 

Du  temps  de  Ronddet,  \e$  habitans  des  Cevenncs 
employaient  les  feuilles  de  noyer  ou  autres  odorantes 


1 


(  264  ) 
jHîur  conserver  les  Truites  et  les  envoyer  au  loin ,  en 
imitant  le  procédé  employé  par  les  riverains  du  lac  de 
Garde ,  pour  transporter  le  Garpion ,  Scdmo  carpio  ; 
après  Tavoir  fait  frire  dans  la  poêle,  ilsTenveloppent  de 
feuilles  de  laurier ,  Farrosent  de  vinaigre ,  et  le  trans-* 
portent  dans  les  autres  villes  d'Italie.   Rondelet ,  d^ 
Piscïb.  lacust.  Uber. ,  cap.  xn,  p,  i58,  p.  171. 

XXXin.  L'Ombre,  Coregonus  *  thymcdlus,  Linn.  ^~ 
Gmel.  9  Se.  nat. ,  édit.  xui ,  p.  1 879 ,  sp.  17,  sub  Salmo-^ 

Bloch  ,  Ichthyol, ,  part,  i  ,  p.  128 ,  pi.  xziv.  L'Ombre  d'Auvergne. 

Jnrine,  Hist.  nat.  des  Poissons  du  lac  Léman,  p,  187,  n^  8,  pi,  6. 

Marsigli ,  JDanub.,  tom.  vr ,  p-  yS  ,  pi  xxVffig.  a.  Thymallus. 

Bonoaterre  ' ,  Tableau  encyclopédique  des  trois  règnes.  Ichthyol. 
pi,  53  ,  fig.  20a.  Mauvaise  6gure  faite  sur  un  individu  aitëré,  pi,  69, 
fig,  381,  assez  bonne. 

Meyer,  Représ.,  tom.  a  ,  pi.  5a. 

Geoffroi ,  JkTat.  médic;  in-^^^  tom.  3,  p.  99a. 

Dubamel,    Pêches,   a*    part.,  sect.  11,  p.  ai 8,  pi,  m,  J^,  a* 
Umbre  de  Clermout-Ferraud.  * 

Rondelet,  De piscib ^fluviatil. lib.,cap. xiiyp.  187.  JDeThjmo ;  cap* 
Yf  p.  17a.  De  Umbra  fluviatili. 

Gesuer,  de  jéquatUibus  ,  p.  ia33. 

Aldrovandi ,  lib.  v,  cap.  xiv.  De  Thymallo. 

Aldrovandi  ^  de  Piscib.,  lib.  y,  cap.  xv,  p.  396.  De  Umbra  fla* 
yiatili . 

Dict.  Se.  nat.,  tom.  x,  p.  SSy.  L'Ombre  d'Auvergne.  ^llAr,  léhih., 
pi,  7a,  fig.  1. 

*  De  xipv,  pupile  de  Toeil,  et  y«M«,  Angle^  parce  que  la  pni« 
nelle  a  l'air  d'être  anguleuse  antérieurement. 

Dans  les  poissons  du  genre  Coregonas,  les  pierres  delà 
tête  sont  oblongues  et  planes.  Artédi ,  Ichthyol,  ,  pars  Xj 
page  39. 

^  ce  Bonna terre  s^est  quelquefois  perdu  lui-même  dans  sa 
collection,  an  point  de  mettre  (n°  2 1 2)  V Ombre  d'A.avergne| 
Salmo  thymallus,  à  Ja  place  dn  Scictena  umbra^-^  CaTierj 
Hisi*  nat*  des  Poiss*^  tom*  i^  p,  i53. 


JTmi^.  IHbL  â^BliU  nML,  tam,  thi  p  p*  S7»  GtrigiMM  Tl^ymalc  ; 
iom.  VLtiif  p.  49^.  Le  nom  seulement. 
7.  Hermann,  Observât,  zoologicœ  ,  p  3ia. 

D.  ao  :  P.  16-17  :  V.  10-11  :  A.   i3  :  C.  a8-3o. 
L'Ombre  a  69  vertèbres  et  34  paires  de  cotes. 
Membrane  branchiostège  à  1  o  feuillets. 
Le  nom  de  ce  poisson  vient ,  dit-on ,  de  la  rapidité 
avec  laquelle  il  nage. 

EiTaglens  oculos  céleri  levis  Umbra  natatu. 

AUSONE. 

Yincent  de  Beauvais ,  qui  peut-être  ne  connaissait 
pas  Auaone ,  dit  :  L'Ombre  a  reçu  ce  nom  à  cause  de  sa 
couleur  d'ombre.  Spéculum  natur. ,  tom.  1 ,  lib.  xvii  ^ 
cap.  xcviu.  Rondelet  dit  :  A  cause  de  sa  couleur  rem- 
brunie. Cresner,  à  cause  de  la  ressemblance  de  ce  poisson 
avec  rOmbre  de  mer« 

Quoi  qu'il  en  soit ,  on  distinguera  facilement  du  Sau- 
mon et  de  la  Truite  ce  poisson ,  dont  la  première  dorsale, 
aussi  haute  que  le  corps  et  du  double  plus  longue  que 
haute ,  est  tachetée  de  noir  et  quelquefois  de  rouge. 

L^Omhre  vit  d^insectes  aquatiques  ,  d'escargots ,  de 
coquillages ,  dont  on  trouve  les  tests  en  quantité  dans 
son  estomac,  de  petits  poissons ,  de  petits  mollusques, 
de  firai ,  et  d'autres  substances  animales  ^  il  aime  surtout 
les  œufs  de  la  Truite  et  du  Saumon. 

La  femelle  va  déposer  ses  œufs  sur  les  bords  caillou- 
teux, en  avril  et  mai.  Ses  œufs,  de  la  grosseur  d^un 
pois,  sont  jaunes,  et  leur  présence  augmente  considé- 
rablement le  ventre  de  la  femelle. 

La  chair  de  FOmbre  est  blanche ,  ferme  et  d'une  sa- 
veur très-agréable ,  surtout  dans  les  temps  froids*,  elle 
est  plus  grasse  en  automne  que  dans  les  autres  saisons. 
Jurine  donne  sur  l'Ombre  du  lac  de  Genève  des  dé- 


(  266  ) 

tails  curient  que  Von  peut  voir  dans  son  Hisimre  des 
Poissons  du  lac  Léman. 

Ce  poisson  croit  fort  vite  ;  il  atteint  la  longueur  d*nn 
ou  deux  pieds  et  pèse  alors  deux  ou  trois  livres  ;  il  nage 
fort,  vite ,  et  est  par  conséquent  fort  difficile  à  preiidre 
hors  le  temps  du  frai. 

Il  meurt  promptemént  hors  de  Teau.  Il  n*y  a ,  jusqu^à 
présent,  rien  de  certain  ,  dit  Bloch  ,  sur  Todettr 
agréable  que  les  Anciens  disaient  s'échapper  du  corps 
de  ce  poisson ,  odeur  comparée  au  thym  par  Elien ,  au 
miel  par  Ambroise ,  etc. 

Il  est  &cile  de  s'assurer  que  cette  opinion  des  Andieas 
est  £3ndée  sur  une  observation  faite  avec  peu  de  soins. 
Sur  le  bord  des  rivières  et  souvent  même  dans  leur  lit, 
icroissent  plusieurs  plantes  aromatiques ,  et  principal 
lement  celles  désignées  sous  le  nom  vulgaire  de  baume^ 
(ce  sont  des  espèces  de  menthes,  mentha  aquatica, 
Linn.,  mentha  hirsuta,  Linn.),  à  raison  de  Todetar 
qu'elles  exhalent  lorsqu^on  les  froisse. 

A  répoque  du  frai ,  les  Ombres  se  frottent  le  ventre 
contre  tout  ce  qu'ils  rencontrent  ;  si  dans  l'endroit ,  oix 
ils  déposent  leur  frai ,  se  trouvent  quelques  touffes  de 
menthe,  le  frottement  en  dégage  l'odeur  qui  adhère  an 
corps  du  poisson  ;  et  si  dans  cette  circonstance  le  poisson 
est  pris,  il  exhalera  Todeur  de  la  plante  labiée  qu'il 
aura  rencontrée. 

En  général ,  au  moment  du  frai ,  la  chair  des  poissons 
devient  pitis  molle ,  moins  savoureuse  5  aussi  les  gour- 
mets se  rinterdisent-ils  à  cette  époque. 

L'Ombre ,  dans  la  Loue  qui  tombe  dans  le  Doubs , 
près  de  Dole ,  pèse  îa  à  3  livres  ;  aussi  bon  manger  que 
la  Truite.  Les  pêcheurs  d'Heuilley  en  pèchent  quel* 
quefois  de  cette  taille. 


(  *<*y  ) 

«  L^mbra  est  bote  à  manger ,  dit  ïoubert ,  quand 
PUmbre  (lises  Ombre)  est  bonne.  »  Eondetet,  des 
Poissons  de  riinère,  p.   127. 

a  TocAK.  Ce  poisson  qu*on  pèche  dans  T Allier  et  antres 
rivières ,  peut  être  comparé ,  pour  la  grandeur  et  la 
couleur,  aux  harengs  de  bonne  saison  ;  son  dos  est  vert 
d'dive,  un  peu  plus  foncé  qu'aux  harengs;  cette  teinte 
s*éclaircit  sur  les  cotés  ;  et  vers  le  tiers  de  sa  circonfé- 
rence ,  elle  devient  changeante  et  brillante  comme  la 
nacre  de  perle  ;  ses  écailles  sont  fort  petites  \  le  haut  de 
son  dos  est  un  peu  voutq  ;  sa  tête  est  petite  ;  et  quand  sa 
gueule  est  fermée ,  la  mâchoire  supérieure  excède  un 
peu  rinférieure  ;  l'extrémité  du  museau  est  brune,  ti« 
rant  au  noir,  et  dénuée  d'écailles  jusqu^au  haut  de  Ik 
tête  \  Tœil  est  petit  et  vif;  la  prunelle  est  brune ,  et  Tiris 
argenté  ;  les  opercules  des  ouïes  sont  marquées  des  plus 
vives  couleurs  de  nacre;  les  nageoires  sont  placées 
comme  à  la  Truite;  les  écailles  étant  en  lozange,  il 
semble,  en  regardant  le  poisson  dans  un  certain  sens, 
que  son  corps  soit  rayé  ;  ce  qui  contribue  à  le  rendre 
plus  brillant.  On  en  prend  dans  les  eaux  douces  et 
dans  les  eaux  salées.  »  Encyclop.  méthod. ,  Dict.  des 
Pèches,  p.  279. 

Le  nom  de  Tocan  désigne  ordinairement  les  Saumo- 
nanx  au-dessous  d'un  an.  Rondelet,  de  Piscflm^,  lib.^  p. 
169 ,  cap,  m ,  de  parvo  Salmone;  mais  dans  le  cas  pré- 
sent ,  il  désigne  le  Thym,  Thjmale  ou  Themero,  décrits 
dans  VEncyclop.  méthod. ,  D'eu  des  Pêches,  p.  277, 
rOmbre  fluviatile ,  Coregonus  Hijmallus ,  Jurine , 
comme  il  est  aisé  de  s'en  assurer  par  la  description. 

La  peau  de  l'estomac  est  si  dure  dans  ce  poisson , 
qu'on  croirait  toucher  un  cartilage.  Dans  l'Ombre,  l'oe- 
sophage donne  du  côté  droit  la  branche  à  l'extrémité 


(  M8  ) 

de  laquelle  est  le  pylore.  Cette  branche,  transverse  on 
même  montante  y  prend  tant  d^épaisseur  dans  sa  tunique' 
charnue,  qu^elle  forme  un  véritable  gésier,  dont  Fes- 
tomac  ordinaire  représente  alors  le  jabot.  Cuv. ,  tom.  i, 
pag.  5o4. 

A  répoque  du  frai ,  c^est-à-dire  au  mois  de  mars ,  ce 
poisson  marche  en  foule,  par  couple  monogame  ;  il  dé* 
tourne  les  pierres  avec  sa  queue  *,  la  femelle  dépose  dans 
les  fossettes  qu^elles  laissent ,  ses  œufs ,  que  le  mâle  ar* 
rose  immédiatement  de  sa  laite.  Le  frai ,  dit  M arsigli , 
est  ensuite  recouvert,  et  les  petits  poissons  édosent 
en  juin. 

Cinquième  famille  des  Malacopterygiens  abdominaux. 

GLUFES. 

Corps  écailleux ,  nageoire  adipeuse  nulle,  mâchoire 
supérieure  formée ,  comme  dans  les  Truites ,  au  milieu 
par  des  intermaxillaires  sans  pédicules,  et  sur  les  cotés 
par  les  maxillaires. 

Dans  les  dupées,  le  sternum  consiste  en  une  série 
d'os  impairs ,  auxquels  les  cotes  viennent  se  fixer  \  les 
cotes  sont  fines  comme  des  cheveux. 

XXXrV.  L^Alose  ,  Clupea  o/b^a ^  Linn.  Gmel. ,  S. 
N. ,  xin,  p.  1404?  sp.  3. 

N.  B.  Excluez  Bloch ,  tab,  3o ,  fig,  1 ,  qui  représente  une  feinte  '^ 
dont  le  bas  ventre  était  dëpoaillë  de  ses  écailles.  Cette  figure  a  induit 
en  erreur  J.  Hermann  dans  sa  Tabula  affinitat,  animal»,  p.  826  (s). 

'  Ce  mot  Feinte  vient  de  Vint,  d'où  Ton  a  fait  Ficte  on 
FenictBy  pour  désigner  la  C/i/pea^cto^  appelée  quelquefois 
Pucelle,  de  Pulchella^  gentille  ^  gracieuse  ^  à  cause  de  sa 
forme  délicate. 


(  269  ) 

'  Bloch  annonce  MQiement  a5  vertèbres  à  Tépioe  da  dos. 

ArtëdU ,  Ickthy.,  part,  y,  p.  34 ,  55  Tertèbres  et  3o  paires  de  côtes. 

Duhamel ,  Fâches,  a«  part.,  sect,  m  ,  cap,  1 ,  p,  3i6 ,  pZ.   i  *, 
fig.  i,p.54i. 
*  Laoépédey  Hist,  nat,  Poiss,,  tom.  n,  p.  ai8. 

fionnaterre.    Tableau  encyclop.  tUs  trou  Bagnes,  ichthyoUg. , 
pi,  75,  fig.  3ia. 

fioudelet,  de  Piscibus  liber,,  yii  y  cap,  xv ,  p.  220.  De  Thrissa. 

GcolTroi,  Jlîat.  médic.,  4«,  tom,  3  ,  p.  235-239. 

Gesner ,  de  ^quatilib,,  p,  ai.  De  Alausa  ,  Clupen  vel  Thrissa.    . 

Nou¥,  Dict,  d'Hist.  nat,,  édit.  2 ,  tom.  i ,  p.  337. 

Did,  des  Se,  nat,,  tom,  iHy  p,  4^8* 

.  Le  nom  de  ce  Poisson  vient  du  mpt  Halsa  employé 
par  AJbert-le-Grand,  pour  le  désigner;  suivant  les 
Saxons,  T  Alose  est  appelée  Jesen.  Dans  la  basse  Alle- 
inagne  on  l'appelle  Ferich,  et  en  làùn  Aristosius  ou 
Aristosus  *. 


I  Pahamel  a  figuré  sur  celle  planche  quelques  détails  ana.^ 
t^QÛques  de  PAlose. 

*  Albert *Ie*Grand  ,  Opéra,  tom.  vi^p.66t^  parle,  sous 
\é  tiLQm  de  Verich,  d'un  poisson  désigné  en  latin  sous  le  nom 
HAnstosms  ,  à  cause  de  la  grande  quantité  d^arêtes  dont  sa 
diair  est  lardée;  aussi  ce  poisson  est  peu  estimé  ;  et  diaprés 
Vincent  de  Beau  vais,  Specul,  natur,,  tom,  i,  //^.  xvii^ 
cap.  xcvin  9  qui  écrit  Vtnth  au  lieu  de  Verich ,  il  est  la 
nonniture  seulement  des  gens  pauvres. 

Ss  pêche  se  fait  en  usant  du  son  d'une  cloche  y  au  dire  de 
nos  deux  auteurs ,  répété  par  Bloch ,  Ichthyologie ,  part.  1^ 
pag*  lôç.  Gesaer  croit  que  ce  poisson  est  une  espèce  d'Albae  \ 
mait'ia  description  donnée  par  Albert-le- Grand  et  par  Viu^ 
cent  de  Beauvais  est  trop  vague  pour  permettre  une  appli- 
cation exacte  \  car  cette  description  conviendrait  également 
à  presque  tous  les  Cjprinoïdes ,  aux  Clupes  |  etc»  ^  etc. 

Souvent  les  côtes ,  ou  plusieurs  d'entre  elles ,  portent ,  en 
appendice,  un  ou  deux  stylets  adhérens  à  quelque  point  de 


(  270  ) 

1/ Alose  '  se  reconnaît  à  Téchancrure  du  milieu  delà 
mâchoire  supérieure ,  à  Tabsence  de  dents  sensibles ,  et 
h  une  tache  irrégulière  noîre  derrière  les  ouies. 

Elle  atteint  jusqu'à  trois  pieds  de  longueur ,  et  re- 
monte au  printemps  dans  les  rivières.  Elle  suit  princi- 
palement les  bateaux  chargés  de  sel,  et  pendant  le 
mois  d^ivril  et  aux  mois  de  mai  et  juin  on  en  pèche 
dans  la  Saône  où  elle  vient  frayer  ;  passé  ce  temps  on 
n'en  trouve  plus ,  elle  retourne  à  la  mer. 

Ce  poisson  est  simplement  de  passage  dans  notre  dé- 
partement, c'est  un  excellent  manger,  mais  la  grande 
quantité  de  petites  arctes  qui  traversent  sa  chair  le 
fait  peu  rechercher  ;  aussi  Albert-le-6rand ,  dit-il ,  à 
cause  de  ses  nombreuses  arrêtes,  ce  jpoisson  n'est  mange 

leur  longueur,  qui  se  dirigent  en  dehors  et  pénètrent  dans 
ks  chairs.  Il  y  a  quelquefois. aussi  de  ces  stylets  qui  partent  ^ 
du  corps  de  la  vertèbre,  au-dessus  de  la  côte,  pour  péné- 
trer dans  les  chairs.  C'est  ainsi  que  les  arêtes  des  poissons  se 
multiplient  ;  on  en  voit  un  exemple  notable  dans  la  fiioiiUe 
des  Harengs,  dont  presque  toute  la  chair  est  traversée  d^a*-» 
rétes  fines  comme  des  cheveux.  Cuvier,  Hist.  nat»  des 
Poissons,  tom.  i,/>.  362.  Aussi  Hermann , après  avoir  dit. 
Observât,  zoolog.  9  p.  3 1 5  :  ce  Le  squelette  de  TAlose  est  " 
a  quelque  chose  d^admirable  ;  mais  on  ne  peut  l^obtenir  qee 
«c  psr  le  secours  des  insectes  aa ,  donne  la  description  de  crini 
qu'il  possédait. 

Cette  disposition  nous  donne  la  facilité  d'expliquer  la 
aiultitude  dVrêtes  dont  sont  pourvus  les  Cyprinoîdes, 
surtout  ceux  appartemant  à  la  division  des  Ables, 

>  Parvam  Alausam  GalU  Pucellam  (Pucelle)  nomînant, 
velut  transpositis  lîtteris  pro  Clupella.  Nomenclator  aquai» 
ttmmamt. ,  per  Conradum  Gesnemm  ,  i56o  j  p.  322« 

Telle  est  rorigine  du  nom  Pucelle. 


(  271  ) 

(}u^  par  les  pauvres.  Il  meurt  promptement  après  son 
extraction  de  Teau.  Il  se  nourrit  de  vers ,  d'insectes  et 
de  petits  poissons.  Il  a  pour  ennemi,  le  Brochet,  la 
Perche. 

Rondelet ,  Gesner ,  Aldrovandi ,  ont  parlé  de  ce 
poîssonf^  ils  ont  feit  sur  ses  noms  des  commentaires  assez 
étendus.  Gesner  assure  positivement  que  le  Thrissa  des 
Grises  est  le  Clupea  des  Latins  ;  aussi ,  dit-il ,  les  Aloses 
adultes  sont  dites  Thrissœ  et  les  jeunes  Triclùdes,  à 
cause  de  la  grande  quantité  d'arêtes  capillaires  de  oe 
poiasoD  >appelé  par  Albert-le-Grand  Aristosius. 

Aldrovandi  signale  la  rugosité  âpre  du  ventre,  aminci 
esï  carène,  si  on  la  suit  à  rebours,  et  la  couleur  noire 
de  fa  langue. 

n  répète  Tassertion  de  Rondelet  qui  avait  dit  :  plus 
les  Aloses  «ont  péchées  loin  de  la  mer,  plus  elles  sont 
délicates ,  et  c^est  la  raison  pour  laquelle  on  les  mange 
meilleures  à  Lyon  qu'à  Bfarseille. 

Gesner  parle  d'excellemes  Aloses  péchées  dans  la 
Loire,  «  Elles  sont,  dit^il j  de  la  taille  de  grands  Rar- 
«  beaux)  leur  diaii^  est  tendre  comm^  celle  de  TOmbre 
«  (  ThjrmaUus).  » 

Rondelet  9  en  parlant  de  la  grande  quantité  d^ Aloses 
que  l'on  pédi^  dans  r Allier,  dit  s'être  assuré  du  pouvoir 
de  la  musique  sur  ce  poisson  qui  saute  dans  les  filets 
teedus  pour  le  prendre  ;  il  a  fait  ces  observations  à  Ma« 
ringnes ,  petite  ville  du  département  du  Puy-de-Ddme. 

Si  on  peuc  ajouter  foi  à  la  narration  de  Rondelet  ^  il 
a  va  des  Akises  siocourir  au  son  des  violons ,  et  sauter 
ett  nageant  sur  la  surface  de  l'eau. 

Il  y  a  encore  de  Texagération  dans  le  trait  qu'ajoute 
cet  historien  \  il  dit  avoir  vu  prendre  dans  l'Allier,  d*un 
seul  coup  de  filet ,  plus  de  1200  tant  Aloses  que  poissons, 


(  272  ) 

Dictionnaire  théorique  et  pratique  de  diasse  et  de  pèche 
(par  Delisle  de  Sales) ,  tom.  i ,  p:  18-19. 

Je  ne  quitterai  pas  l^histoire  de  TAIose  sans  rappeler 
la  Clupea,  dont  les  Anciens  ont  parlé  diaprés  Callis- 
ihenes  de  Sybaris ,  comme  le  dit  Stobée. 

«  Callisthenes  sybarita  autor  est ,  citante  Stobaeo  j  ia 
ArariGallis  Qu  vio  nascitur  magnus  quidem  piscis  clqpea 
(  xxuvw-  )  Dominatur  ab  incolis ,  qni  crescente  lima 
albus  est  :  decrescente,  totus  nigrescit  :  et  corpore 
niminm  aucto  a  propriis  spinis  interimitur  |  in  hajus 
capite  lapis  reperitur  similis  grumo  salis ,  qui  Qp,time 
fiicitad  quartanas  sinistro  lateri  corporb  alligatusde* 
crescente  luna.  Haec  quidem  an  clupeae  in  Arari  accidanl^ 
viri  naturse  studiosi  quibus  cognoscendi  façultatem  4a-> 
minis  illius  vicinitas  praebet ,  observabunt.  Ego  aliquan* 
do  an  de  carpioqe  potius  haec  intelligenda  e^sent ,  dnbi* 
tavi.  »  Gèsner,  de  AquatiUb, ,  p*  2,\. 

Voici  la  traduction  dé  ce  passage- par  Gdlbit  ; 

a  Le  philosophe  Galisthene^  (  ainsi  qu^escript  Stobé  ) , 
dict ,  que  Arar  est  appelle:,  pour  autant  quUl  se  mede 
dedans  le  Bhosne ,  SX  t«f «  Toiiî /«»• ,  et  adiouste  ^  que.  ce 
fleuve  de  Arar  nourrit  un  poisson ,  qu'il  applèlle  Glupea, 
(  que  nostre  du  Pinet ,  traduict  Alose  ) ,  leque^l  hat  en 
la  teste,  une  petite  pierre,  comme  un  grain  de  sel, 
laquelle  sert  pour  les  fiebures  quartes ,  si  Tpn  l'attache 
au  costé  gauche,  sur  le  défaut!  de  la  lune.  Mais  je  ne 
peux  penser,  que  ce  soit  une. alose;  car  le  mesme 
autheur  escript,  que  ce  poisson  est  blanc  au  croissant 
de  la  lune,  et  noirastre  au  défaut;,  eti  qu'il  d^vieotsi 
gras,  que  enfin  il  se  tue  de  ses  arestes,  et  espines  pro- 
pres. »  Gollut ,  p.  jS\  76,  àV.  u,  ch.  IX  ;  sous  les  titres  : 

Poisson  admirable  en  la  Saône. 

Poisson  de  mirable  nature. . 


(  273  ) 

Gollût  y  ne  s^occupant  nidlement  d^ichthyologîe  » 
n^avait  jamais  examiné  soigneusement  TAIose  :  il  ne 
oonnaissait  pas  la  pierre  d'oreille  de  ce  poisson  ;  aussi 
a-t*il  traduit  Similis  grumo  scUis ,  semblable  à  un 
morceau  de  sel ,  par  les  mots  :  Comme  un  grain  de  sel  > 
ce  qui  offire  un  sens  entièrement  différent,  et  totale* 
ment  oppose  au  texte  de  Gesner ,  et  conséquemment  à 
celui  de  Stobée. 

Gesner ,  à  la  suite  de  la  citation  de  ce  passage,  dit  :. 
«  Ifœc  quidem  an  Clupeœ  in  Arari  accidant,  observa^ 
iiiffl^etc*,  c'est-à-dire,  les  naturalistes  rapprochés  de 
la  Sadne ,  sont  invités  à  nous  dire  si  les  Aloses  de  cette 
rivière  ont  toutes  les  qualités  dont  parle  Callisthènes.  » 
Jusqu'à  présent  ce  passage  est  resté  obscur ,  mais  il  est 
fiudie  de  réclaircir  comme  nous  allons  le  démontrer. 

La  petite  pierre  '  ,  comme  un  grain  de  sel ,  existant 
dans  la  tête  de  P Alose,  est  Tos  de  Toreille. 

QalUsthènes  avait  certainement  vu  la  pierre  d^oreille 
de  PAlose  ;  sa  forme  et  sa  blancheur  lui  avaient  rappelé 
les  grains  de  sel  blanc  auxquels  il  Ta  comparée  ,  et  cette 
comparaison  n'est  pas  entièrement  dénuée  d^exactitudeJ 

Les  vertus,  attribuées  aux  pierres  d'oreille  de  l'Alose, 
pardifférens  auteurs  de  matière  médicale  et  entre  autres 
par  Geoffiroi,  ne  laissent  aucun  doute  sur  la  nature  et 

*  Os  saltem  îllud  petrosam ,  qnod  in  capite  ejnsdem 
{Alosae)  detegimus,  ad  propellendum  calculum  et  arenam» 
imo  virtutis  snœ  alkalinse  ergo,  ad  absorbenda  primamnl 
Tiamm  acida  utilissimum  judicatur.  Sl  Fn  Geoffroy , 
Traciatiis  xfe  Mat.  medîc, ,  tom,  3,/?.  238. 

Les  médecias  d'Orléans  se  donnent  à  tort  comme  ayant 
déconyert  la  pierre  d'Alose  5  elle  était  connue  longtemps 
avant  eax. 

x8 


(  274  > 

sur  le  caractère  de  cette  &meude  pierre ,  dont  Gtstkr 
n'avait  aucune  idée. 

On  attribuait  à  ce  poisson  une  petite  pierFe  '  ,  cotnne 
un  grain  de  sel ,  merreilleuse  amulette  contre  la  Ghrte 
quarte;  on  disait  ce  poisson,  blanc  au  croissant  de  k 
lune,  et  noirâtre  à  son  dé&ut;  enfin  on  ajoutait  c  de 
poisson  devient  si  gras  qu'il  se  tue  parsespropresarétes^' 
ainsi  que  le  répète  Jan  Pierius  Yalerian,  Comment.  stÊt 
les  HyérogUphUjues  par  Gabriel  Chappms,  tom.  i, 
p.  53îa. 

Passons  aux  autres  merveilles  attribuées  à  rAlosê , 
blanche ,  disait-on ,  au  croit  de  la  lune ,  et  noire  à  sob 
déclin. 

A  répoque  où  Tastrologie  était  très-fort  en  Tog^ , 
on  attribuait  à  la  lune  un  pouvoir  extraôitlinaikie  \  jûHâa 
en  examinant  avec  un  peu  plus  de  soin  ,  on  rèdcHtaïut 
Fabus ,  fondé  seulement  sur  certaines  épcMjués. 

L'Alose ,  comme  on  le  sait ,  est  dé  couleur  bhmdiie , 
avec  utié  tache  noire  derrière  les  otiles  \  mais  l6rd^%B^ 
est  écaillée ,  elle  laisse  voir  quelquefois  sur  ëes  câtés  des 
taches  noires  dont  le  nombre  est  très-variaMc. 

Si  à  répoque  de  la  nouvelle  lune  un  pedlèur  à|ttîs 
une  Alose  pourvue  seulement  des  deux  tàehes  ncmâ^  il 
la  regardera  ôomme  blanche;  si  troiâ selndilûles^ tt^k^ , 
il  en  prend  une  autre  chargée  d^une  grande  quantité 
de  taches  noires ,  il  regardera  cette  dernière  commue 
noire  ;  il  attribuera  alors  à  Tinfluence  de  la  lune  cette 
difiérence  de  couleur ,  dépendant  uniquement  delà  disr 
,  position  individuelle  de  ces  poissons. 

'  On  trouve  dans  la  tête  de  FAlose  un  os  qui  est  estiiAé  | 
«te.  f  dit  Léiriery ,  Traité  des  Alimens^  2*  (dit. ,  p.  4^5} 
JDîct,  Se»  nat.  ,  tom*  vLjp*  44o« 


(  875  ) 

Le  changement  de  couleur  de  TÀlose  a  lien  par  sa 
desquamation;  en  effet  la  chute  des  écailles  laisse 
apercevoir  les  taches  de  la  peau. 

Le  changement  de  couleur  du  poisson  suivant  les. 
I^iases  de  la  lune,  préjugé  fondé  sur  Tinfluence  attri- 
buée jadis  pai^  les  Astrologues,  au  satellite  de  la  terre, 
^tait  le  résultat  de  la.  présence  des  tâches  sur  les  flandï 
de  ce  poisson ,  taches  dont  le  nombre  est  très  variable** 
Lorsque  ce  poisson  est  écaillé,  on  voit  sur  ses  côtés  des 
taches  dont  le  nombre  varie  :  Hermann  en  a  compté 
sept  d*un  câté  et  huit  de  Tautre  -,  j^en  ai  vu  quatre  d^ua 
cdté  et  siiL  de  Tautre. 

Sot  des  Aloses  non  écaillées,  j'ai  compté  huit  taches 

d^un  oâté  et  six  de  l'autre,  outre  celles  placées  derrière 

les  ouies.' Quelquefois  je  n'en  ai  vu  que  quatre  et  même 

'  trois 9  d'autres  fois  six  sur  un  coté,  et  seulement  cimf 

sur  Taiitre  :  en  général ,  il  y  a  une  très-grande  variété 

dans  le  nombre  des  taches. 

La  troisième  merveille  de  l'Alose  est  son  excessif 
embonpoint,  cause  de  sa  mort  amenée  par  les  arêtes. 

Ces  prétendues  arêtes  sont  totit  simplement  dés  vers 
intestioanx  dont  la  trop  grande  abondance  entraine  là 
mort  do  poisson. 

L'Alose  nourrit  en  effet  dans  son  intérieur  une  sorte 
dé  "Mrs  filiforme ,  appelé  par  les  naturalistes  Eckyno* 
rpidms  alosœ,  Herm.,  Gmel.,  syst.  nat.,  xni,  p.  Soi^ç, 
jp«  4^;  Encyd.  méth,,  i^erSf  lom.  2,  p.  3t2,  n*  52. , 

Ce  ver  filiforme ,  trouvé  dans  une  Alose ,  dont  il 
tara  percé  la  peau ,  aura  été  pris  pour  une  arête  par 
des  observateurs  superficiels  et  ignorans  :  la  (able,  bâtie 
sur  cette  erreur,  se  sera  ensuite  propagée.  Comme  beau-' 
Qoup  d^àutres ,  puis  on  l'aura  admise  comme  un  fiût 
po^tif.  Cette  explication  est  confirmée  par  des  observa-' 


(  276  ) 

tiotis  analogues  faites  dans  l^Epinoche  et  rËpinôcheUCy 

à  l*occasiôn  du  Botryocéphale  solide  ;  v^oy.  ci-dessus, 

pp.  86,  87  ]  et  dans  la  Truite,  à  Foccasion  de  V Ascaris 

farionis,  ou  de  V  Ascaris  TruUœ,  Voy^  ci^-dess.,  p.  a63. 

Les  prétendues  arêtes  ou  épines  qui  tuent  TAIose  de- 
venue grasse,  c'est-Wire  gonflée,  sont  simplement 
desî  vers  intestinaux ,  dont  la  trop  grande  abondance 
dans  ce  poisson  lui  donne  la  mort. 

L'Alose  en  effet  nourrit  dans  son  intérieur  une  sorte 
de  vers'  filiforme,  appelé  par  les  naturalistes  EchinçH 
ryncfms  Alosœ,  Herm.  €rme!.  S.  N.  xiii,  p.  3o49^ 
sp.  3o.  Encyclopéd,  méûiodU/ue,  vers,  tom,  a,  p,  3ia, 
n"*  5a;  le  Bothriocéphale  de  T Alose,  Dict»  Se.  nat., 
tom.  57,  p*  6lo. 

Ce  ver  filiforme  »,  trouvé  dans  une  Alo^  morte ,  aura 
été. pris  pour  une  arête  par  des  observateurs  ignorans, 
et  la  fahle  bâtie  sur  cette  erreur ,  se  sera  ensuite  pro- 
pagée comme  beaucoup  d^autres,  puis  aura  été  admise 
comme  un  Ëdt  positif. 

Les  Aloses  qui  se  sont  rétablies  de  la  maladie  que  le 
frai  leur  a  occasionnée ,  retournent  à  la  mer.  Dubamel , 
Traité  génér.  des  pêches,  ii«  part. ,  sect.  m,  p.  319. 

OctostomaAlosœ,  Douve  qui  se  trouve  en  abondance 
dans  les  branchies  de  PAlose  -,  elle  est  repliée  entre  les 
lames  branchiales  et  imite  de  petits  flocons  de  mucosité. 
Kuhn,  Mém.  du  Mus.  d'Bist.  naU,  t.  18,  p.  358,  sp.  1. 

La  longueur  de  la  tête  de  l'Alose  est  3  i;a  fois  dans 
celle  du  corps  5  à  la  base  de  la  langue  assez  courte ,  on 
remarque  l'appareil  pectine  des  arcs  branchiaux  qui 
présente  un  aspect  très  agréable ,  ce  dont  il  est  fecile 
de  s'assurer  en  ouvrant  les  mâchoires. 

Le  cœur  est  tétraèdre ,  les  appendices  caecales  très- 
nombreuses  soai  appliquées  contre  l'estomac.  ^^ 


(  277  ) 

Taî  toujours  été  surpris  que  les  ichthyidogistes  ne  se 
soient  jamais  occupés  de  rechercher  les  faits  réels  sur 
lesquels  les  commentateurs  ont  disserté  longuement  et 
Inutilement,  à  Toccasion  des  récits  merveilleux  rap* 
-portés  diaprés  les  Anciens. 

A  la  yérité ,  Guvier ,  à  plusieurs  reprises ,  est  parvenu 

il  reccmnaître  les  véritables  objets  défigurés  dans  les 

anciensauteurs.  J'ai  eu  aussi  la  satisfaction  de  retrouver 

placeurs  objets  mentionnés  par  Pline,  voy.  Act.  Div., 

}835 ,  p.  84  ;  par  Bondelet ,  Op,  cit.  ,p.  28  ;  et  dans  la 

drooDStance  actuelle,  j'ai  accepté  l'invitation,  faite  dans* 

le  XVI*  siècle,  par  Gesner  aux  naturalistes  rapprochés  de 

la  Saône  ,  et  j'ai  ramené  les  merveilles  annoncées  par 

CaUisthènes ,  à  leurs  véritables  causes. 

XXXY.  L^Agone  ,  Clupea  sardineUa,  Nob. 

Rondelet,  de  Piscib.  lacust,  llb. ,  cap»  11.  De  Chalcide. 

Ce  poisson ,  commun  dans  les  lacs  du  Dauphiné ,  et 
vendu,  jadis,  à  Lyon,  sous  le  nom  de  Célerin  ' ,  n'a  pas 
été  décrit  d'une  manière  exacte  par  les  ichthyologistes 
modernes.  La' figure,  que  Rondelet  eh  a  donnée,  est  la 
lépétition  de  celle  placée  de  Piscib. ,  Ub.  vu ,  cap.  xii , 
p.  217 ,  all^g^ée  au  Clupea  spraitus,  Linn. ,  par  Lacé« 

*  Oa  pèche  dans  les  lacs  de  Savoie  des  poissons  qii*oa 
nomme  Céienns,  parce  qn^ils  ressemblent  beaucoup  aux 
Célerins  de  mer  ;  leurs  écailles  sont  menues ,  luisantes  et' 
pea  adhérentes.  Us  sont  très-gras  \  on  les  prend  an  prin- 
temps ,  et  on  sale  les  plus  petits  |  parce  qn^ils  se  conservent 
mievx ,  ayant  moins  d'huile  que  les  gros.  Encycl.,  Diction* 
4e*toutes  les  Pêches,  ann  {  1796  ),  p,  35 ,  extrait  de^RoiH 
delet^  JSisi.  des  Poissons  des  lacsp  ckap»  ^y  p^  io5. 


(278) 

pède ,  Hist.  nat.  des  Po^ss. ,  iom»  lo ,  p.  216 ,  signdée 
depuis  longtemps  par  Gesaer ,  de  AquatUibus,  p.  990  » 
comme  une  mauvaise  figure  de  Sardine ,  et  mentionnée 
par  Cnvier,  Règn.  anim.,  édiU  a,  tom.  2,  p.  235.  . 

a  Dans  les  lacs  des  Alpes  françaises ,  dit  Bosc ,  on 
a  nomme  aussi  Célerins  des  poissons  très-probablement 
<c  delà  famille  des  Cyprins,  mais  dont  on  n'a  point  dé* 
«  terminé  Tespèce.  »  Nouv.  DicU  dHist.  nal.,  éd.  2, 
lûm.  5, p.  46a.  DicL  Se.  nai.,  tom.  7, p.  35 1. 

En  rédigeant  cet  article,  Bosc  ne  s^est  pas  rappde 
Farticle  ^gon,  qu'il  avait  placé  dans  le  tome  premier. 

a  Agon  ,  poisson  qu'on  pèche  en  abondance  dans  les 
(i  lacs  de  Garde  et  de  Gome  en  Italie.  On  l'appelle 
((  Sardine  sur  le  .premier  de  ces  lacs ,  p^rce  qu'il  a  h 
«  grosseur  et  la  siveur  de  ce  poisson  de  mer  ;  comme  la 
«  Sardine ,  il  perd  de  sa  bonté  peu  d'insfans  après  sa 
«  mort.  Aussi  n'est-ce  qu'à  Garde  et  à  Gome  que  j^en 
a  ai  mangé  d'excellens.  Il  est  décrit  sous  le  nom  de  (V- 
«  pn'nus  agone  dans  les  Delicrp  Insubriœ  de  Scbpoli } 
a  mais  il  n'a  pas  été  figuré.  »  Nou\^.  DicU  dffisU  noLp 
iom.  1,  p.  209. 

a  La  Sardine  du  l^c  de  Garde,  dans  la  Lombardiey 
a  est  une  espèce  de  Gyprin ,  le  même  que  celui  appela 
<(  Agone  sur  le  lac  de  Gome  ,  également  dans  laX<om- 
«  bardie ,  et  mentionné  sons  ce  nom ,  pjge  71  de  la 
<c  première  partie  de  la  Fauna  Insubra  de  Scopoli.  » 
Nouif,  fHct,  d H'st.  naU  ,  éd'U  2,  tom.  3o,  p.  197. 

Dans  ces  trois  pissages,  Bosc  s'est  borné  à  adopter, 
sans  critique ,  le  nom  donn^^  par  Scopoli  à  son  Gyprin 
Agone^  mîiis  la  description  de  l'Agone  donnée  par  Cu- 
vier ,  cadre  avec  celle  de  la  Finte,  {ClupeaJînta^Civr.^ 
Clupea  Jicta ,  hàcèj^de  ;  il  aurait  fallu  dire  Clupea 
faUax,  car  Lacépède  na  point  de  Clupeaficta)\  Fenlh 


\ 


(  279  ) 

tles  Flamands ,  Agone  de  Lombardie ,  Lacida  >  alachia 
d'Italie. 

Il  La  Fînte ,  dit  Guvier ,  est  plus  alongée  que  l'Alose 
fc  et  a  des  dents  très-marquées  aux  deux  mâchoires  et 
«  cinq  à  six  taches  noires  le  long  des  flancs;  son  goût 
«  est  de  beaucoup  inférieur.  »  Cuider,  Règn.  anim.  p 
a*  idà.,  iam.  a,  p.  820. 

Les  auteurs  ne  s'accordent  point  sur  les  dents  de  ce 
poisscm.  Scopoli  lui  en  refuse ,  parce  quUl  le  rapporte 
an  Cyprin  et  non  à  une  Glupe.  Voici  la  description  qu^il 
donne  : 

Cyprinus  (^^one)  lanceolatus,  quinque  uncialis, 
oompressus;  pinna  dorsali  anique  i3  radiata.  Corpus 
totom  argenteis  squammulis  obtectum,  vix  semipedale  : 
dorsum  fuscum ,  latera  pallidiora  fusco  maculata  ;  ma- 
culis  octo  aut  novem;  venter  attenuatus,  albidus; 
dentés  nulli.  Maxilla  inferior  longior ,  irides  argenteœ 
macula  nigra  haemisphaerica  prope  branchias  linea  in- 
sidens*  Membrana  branchiostega ,  radis  3. 

Nomen  à  Bellonio  datum  retineo  :  nam  inter  Cyprinos 
Lûuuei,  Gronovii  aliorumque  nullum  invenio  cujus  dif- 
ferentia  specifica  nostro  huic  conveniat.  Descriptus 
tamen  extat  apud  Willughby ,  IchûijoL ,  lib.  \^  g.  9 , 
J8.  Ejusque  iconem  dédit  nuper  Clariss.  Bertrand, 
Traité  des  Pêches,  p.  11 ,  §  v,  pL  hfig*  5.  Hujus  duplex 
tarietas  occnrrit  quarum  una  major  in  lacu  Yerbano, 
'ilia  vero  minor  in  Lario,  utraque  à  nostris  Agone  vo- 
cata.  Inter  Cyprinos  clarissimi  Leske  banc  speciem  non 

'  Bondelet ,  de  Piscib  •  fluviatU.  liber. ,  cap,  xyi ,  en  par« 
lant  du  Gardon ,  dit  qnVn  Italie  on  Pappelle  LascAa,  et  en 
Languedoc  Siège.  Le  rapport  de  Lascba  avec  Lachia  a  pu 
caaier  plus  d'une  équivoque. 


(  380  ) 

invenio,  neque  inter  illas  quas  Lianaeas  receiMt 
cirrhis  destitutas,  et  cauda  bifida  instructas.  Sola  est 
idus  et  orfns,  in  quibus  pinna  ^ni  constat  radiis  tredecim, 
àquibus  tamen  nostra  haec  pluribuscaracteribusdiflEerrt 
videtur.  Gave  etiam  ne  confundas  cum  Glupea  Harengo, 
cui  Salvianus  et  Larias  Agoni  nomen  dederunt,  cujus 
liabitum  quodamraodo  refert.  Joh.  Anl.  Scopoli ,  /îcfi- 
ciœ  florœ  et  faunœ  Insubriœ ,  pars  i.  Ticini,  lyM, 
pp.  71^  72. 

Il  est  à  croire  que  ScopoU  a  fait  cette  singulière  des- 
cription sur  notre  Clupea  sardlnella  ,•  mais  en  la  rappor- 
tant au  genre  Cyprin ,  il  rend  très-diilkcîle  son  adoption* 
Le  lacus  F'erbanus  est  le  lac  Majeur  ;  et  le  Larfus  ^ 
le  lac  de  Côine.  Rondelet  avait  déjà  dit  que  le  Ghalds 
se  trouvait  dans  ces  deux  lacs.  > 

a  Petits  poissons  ressemblant  à  de  grosses  Sardines, 
«  apportés  d'Italie  par  Fougeroux  de  Bondaroy ,  pédiés 
((  dans  le  lac  de  Guarda  '.  Dents  nulles  au  bord  des  m&- 
((  choires  ;  longs  de  7  à  huit  pouces.  En  passant  le  doigt 
a  sous  le  tranchant  du  ventre ,  depuis  Tanus  jusqu^à  la 
41  gorge ,  on  sentait  des  dents  à  peu  près  semblables  à 
ce  celles  d^une  faucille ,  de  même  qu'aux  Aloses ,  aux 
a  Feintes,  aux  Harengs,  aux  &irdines,  etc.  On  les  confit 
a  avec  une  saumure.  Fougeroux  de  Bondaroy ,  qui  à 
«  mangé  de  ce  poisson  en  Italie,  dit  qu'il  est  fort  bon. 
a  Les  Agonsde  Beion  se  trouvent  dans  le  lac  Majeur, 
«  celui  de  Côme ,  de  Garde,   de  Lugano,  etc.  On  iie 

>  La  pécbe  dn  lac  de  Garde  fournit  en  abondance  des 
poissons  d'espèces  très-variées  et  d'an  goût  délicat ,  qaî  9 
des  ports  de  Desenzano ,  de  Salo  et  de  Peschiera  p  sont 
portés  dans  les  pays  environnans.  Voyages  d*un  exilé ^  par 
le  baron  d^Haussez^  1835,  tom*  i  ^  p»  s^Si. 


(Ml  ) 

«  peut  assurer  si  ce  sont  lesSardanelles  du  lac  Grigolei, 
^  à  une  petite  distance  de  Yéronne.  »  Duhamel,  Trailé 
gén.  des  Pèches,  u*  part. ,  m*  sect. ,  p.  490 >  S  '  »  S  ^* 

«  Gesner  dit  qu^un  pécheur  Tavait  assuré  qu'on  non^ 
^  mait  vulgairement  Gobioni  les  petits  Agons  ;  qu^on 
«  conservait  la  dénomination  àiAgçns,  pour  ceux  de 
ti  moyenne  taille ,  et  que  les  plus  grands  s'appelaient 
te  AUnes  ou  Cepiœ.  »  Duhamel,  Ouv.  cil, ,  p.  4^1. 

Voici  le  texte  de  Gesner  :  «  Piscator  Lacarnensis 
Agonos  minimos ,  vulgo  Gabianos  dici  mihi  asserebat, 
iqajusculos  AgonoSy  maximes  Cepias.  Sed  Gepiae  videntur 
esse  Clupeœ,  genus  ab  Agonis  diversum ,  et  à  mari 
asoendens  quod  Agoni  non  faciunt.  »  Gesner,  de 
AtfMiotUib. ,  p.  19. 

CSe  passage  est  une  preuve  de  la  confusion  qui  existe 
partout  en  ichthyologie  ;  car  les  petits  Agons,  Gobioni, 
sont  de  véritables  Goujons ,  méconnus  par  Pollini ,  qui 
les  a  décrits  et  figurés  sous  le  nom  de  Cyprinus  bena-- 
censis,  dans  son  ouvrage  intitulé  :  F'iaggio  al  lago  di 
^arda.  Les  Agons  sont  notre  Clupea  sardinella,  Yall., 
«t  les  Aloses  le  Clupea  alosa,  Linn. 

M .  Du  Liparis  de  Belon  ,  trouvé  dans  un  lac  de 
mk  Macédoine,  appelé  Govios  ou  limnous  piscfUac, 
«I  ayant  les  mâchoires  garnies  d'aspérités ,  et  a  des  as- 
«t  pérîtes  sous  le  ventre.  >  »  Duham. ,  Ouv.  cit.,  p.  492. 

J.  Hermann,  Obseru.  zoolog.,  p.  3i6  ,  a  parlé  de 
la  Clupea  sartUnella  sous  le  nom  de  Misobini;  il  décrit 
<3es  individus  salés  dans  lesquels  il  ne  peut  saisir  tous  les 
c^aractères;  cependant  il  indique  Tabdomen  non-seule- 
suent  caréné,  mais  denté  en  scie,  a  On  les  prend  au  moLs 
'«c  de  mai,  dit-il ,  dans  le  lac  de  Corne,  et  on  les  nomme 
te  Agones  ;  on  les  vide  derrière  les  ouïes  du  câté  droit. 
^  Ou  en  prend  de  plus  petits  ;  au  mois  de  septembre , 


(  iS2  } 

«  dans  les  profondeors  du  lac;  on  les  appelle  alon 
«  AgoTies  gras.  Etant  salés ,  on  leur  donne  le  nom  de 
a  MisaUini.  d  Hermann  ,  Oui^.  cit.,  p.  3fi6. 

Les  rebseignemens  fournis  à  Hermann  ne  sont  point 
conformes  à  ceux  donnés  par  Àidrovandi.  «  Ces  poismii^ 
«  dk-il  9  sont  exquis  dans  les  mois  de  juillet ,  août ,  8ep> 
«(  tembre  et  octobre.  »  Ils  les  décrit  sous  la  rubrique 
de  Saracho,  et  y  rapporte  le  Chalcis  de  Rondeletv 
jiquo  vulg.  Aldrw. ,  de  Piscib.,  lib.  v ,  cap.  ltiu  , 
p.  665-66 j. 

Suivant  Gesner,  de  Aquatilib^ ,  p.  19,  p.^Sfj,  \à 
,  nom  SAco  ou  Aquo,  radical  A^Agone  ' ,  a  été  donné  à 
la  Clupea  sardinella,  Nob  y  à  cause  des  petits  aiguiUons 
ou  des  écailles  aiguës  qui ,  sous  le  ventre,  (orvièBt  une 
ligne  rude  et  épineuse.  Cet  auteur, f?.  89,  jdécritce 
poisson  sous  le  nom  d*Albula  mmima  ^  et  p.  a6 ,  Im,  3f, 
i!  parle  d'unr  poisson  blanc  (  Tfeissfich  des  lacs  de  Carift»- 
thie),  si  gras,  qu^il  est  inutile  d^employer  d'autre  graiaBe 
pour  le  faire  rôtir;  et  Rondelet,  de  Piscib.  lacustnb,^ 
p.  t49  9  dit  des  Agones  :  Ces  poissons  s^engraissent  tel- 
lement dans  le  lac  de  Gomë  et  dans  le  lac  Majeur  9  que 
placés  sur  le  gril ,  leur  graisse  coule  comme  de  Thuile. 
Ces  deux  poissons  seraient-ils  les  mêmes?  Je  le  croirais^ 

Lacépède ,  qui  n'avait  jamais  vu  d^Agone ,  n'en  a  pas 
inscrit  le  nom  dans  son  Hist.  nat.  des  Poiss.  ,*  seulement 
iom.  X9  p.  386,  il  dit  :  Agonen,  Lagonen, /ooms 
donnés  en  Suisse  au  Cypnnus  leueiscus  (Saiffe)  ,  quand 
il  approche  de  tout  son  développement. 

C'est  donc  par  erreur  que  Scopoli  et  Bosc  son  copiste 
ont  rangé  TAgoné  parmi  les  Cyprins. 

'  Agone ,  ab  acU}  eo  qnod  8nb  yentre  lineam  habet  ser* 
ratam.  Gesner. 


(  M3  ) 

Comment  Bosc,  en  mangeant  ces  poissons,  n^a-t*fl 
pas  reconnu  les  caractères  des  dupées ,  que  Rondelet , 
Selon  9  Aldrovandi ,  Fougeroux  de  Bondaroy  et  Duha- 
mel ,  avaient  très-bien  déterminés  ?  Soopoli ,  en  ran- 
geant TAgone  dans  le  genre  Cyprin  j  a  augmenté  la 
confusion  parmi  les  poissons  des  environs  d^Aix ,  signalé^ 
dans  le  Mimuelde  l'étranger  aux  Eaux  d  Aix,  par  la 
docteur  Desnne J-ls,  iQ3\^p.  8.  Je  trouve,  n*  i8, 
Sardine,  Clupea  sard'wa,  le  lac,  vulg.  Mirandèle. 

S*agit-il  de  la  ilupea  sardineUa,  Yall. ,  ou  bien  n^a- 
t-onvouln  qu'indiquer,  soit  1e  Cjprinus  albumus, 
Linn. ,  TAblette  appelée  Sardine  en  Savoie ,  soit  le 
Goujon ,  Çjrnn'nus  gobio  ? 

C'est  nne  question  à  résoudre  par  les  naturalistes  de 
la  Savoie. 

ni*    ordre  des  poissons  màlàcoptértgieiîs  suBBRACHiEifs. 

Nageoires  ventrales  attachées  sous  les  pectorales , 
parce  que  le  bassin  des  poissons  de  cet  ordre  est  immé- 
diatement suspendu  aux  ois  de  Tépaule. 

L*os  coxal,  représentant  l'os  innominé,  4a  cuisse,' 
h  jambe  et  le  tai*se ,  est  de  forme  triangulaire  ;  la  pointe 
du  triangle  est  en  avant  et  s^attache  à  la  symphise  des 
es  appelés  Humérus ,  par  Cuv.,  Poîss.,  i ,  p.  377. 

Notre  département  ne  possède  qu'un  seul  poisson  de 
cet  ordre  5  c'est  la  Lote,  espèce  du  genre  Gade,  Gadus^ 
Linn. ,  reconnaissable  à  ses  ventrales ,  attachées  sous 
la  gorge ,  et  aiguisées  en  pointe. 

Bloch  ,  IchthyoL,  part.   11  j  p.  122.  Aigrefins. 

XXXVI.  La  Lotte.  Lotte  commune  ou  de  rivière, 
Oadii5 /cita>  Linn.,  Gmel., S.  N., éd.  xiu,  p.  ii72,sp.  i4* 

Hocb  ,  IclUhyûlogie  ,  part,  iiy  p*  iSà^pl,  lzz. 


(484) 

Marsîgli  »  Danuh,,  tom»  ir,  p.  71 ,  to&.  j.%fr  ffig»  1. 
Juriae  ,  ^ûf.  des  Poissons  du  lac  Léman  ,  p.  148  y  n^  ^%p^'  <• 
Lacëpède  ,  Hist.nat  des  Poissons ,  tom.  iv  ,  p.  209. 
iDict.  des  Se.  nat.,  tom.  37,  p.  a3a.  jdUas,  içhthyoL,pL  35  9)^.  ». 
BoDuaterre ,  Tableau  encycL,  pL  3o ,  fig.  .1 10. 
Meyer ,  Représ. ,  tom.  i ,  p/ .  7 1 . 

Rondelet ,  Z7é;  Piscib,  lacustrib.  liber,,  cap.  xix ,  de  Lota,  cap,  xxi 
de  pisce  qui  U  vulgo  Barbota  dicitur, 
GresDer ,  de  AquatiUb,,  p.  707. 
Nouv,  Dict,  d*Hist,  nat.,  tom, xyiii  ^  p,  ao4- 

!'•    D.   i3  :  2,'  dorsale,  76  :  P.  ai  :  V.  7  :  A.   55. 

58  vertèbres  ,  18  paires  de  cotes. 

Ce  poisson  jugulaire  couvert  d'une  mucosité  gluante, 
se  reconnaît  facilement  à  sa  forme  alongée,  à  son  ecHrpi 
presque  cylindrique ,  jaune ,  marbré  de  brun ,  à  la 
longueur  de  la  deuxième  nageoire  dorsale,  à  la  iongocm 
de  Tanale ,  à  sa  tête  un  peu  déprimée,  à  un  seulJbarbîlr 
Ion  au  menton.  Les  Gades  ont  des  dents,  en  crochets, 
nombreuses  et  fortes  partout ,  excepté  à  la  langue  et  aai 
arcades  palatines^  leur  vomer  n^en  a  qu^une  bande 
transverse  en  avant. 

Ce  poisson  a  reçu  une  foule  de  noms.  Molette  3 
Mouielle,  Barbotiey  source  de  la  confusion  qui  se  re- 
marque dans  les  ouvrages  des  anciens  ickthyologistes  : 
pour  s^en  faire  une  idée  ,  il  suflit  de  recourir  à  Belon^ 
Rondelet ,  Willughby ,  qui  Font  regardé  comme  deui 
espèces  différentes.  Gesner  en  fait  six  espèces  ;  d'après 
lui,  Aldrovandi,  Jonston  ,  en  font  de  même  six  espèces. 
Il  suffit  de  parcourir  Tarticle  Mustela ,  donné  pai 
Gesner  dans  son  ouvrage  intitulé  :  De  JlquatiUbus^,^ 
-p.  696-728  :  sous  ce  titre  Fauteur  range  la  Lamproie , 
de  Mustela  sive  Lampetra,  fig.  qui,  p.  699,  est  désignét 
sous  le  nom  d'anguille  étrangère*,  p.  708 ,  sous  celui  di 
Nuneugaal ,  novem  oculorum  anguilla  ;  la  Lotte,  et  i 


^ 


(  285  ) 

i^occaâioii  de  ce  dernier  poisson  il  dit ,  p.  709  i  «  A 
^  Sens  on  l'appelle  BouUause,  à  cause  des  bulles  con- 
^  tenues  dans  son  yentre-,  en  Savoie  on  la  désigne 
^  soos  le  nom  de  Moustelle ,  MouttoUle  y  Moustcile  $ 
^   sur  le  Rhône',  dans  le  Valais  Setchot  ' .  » 

Rcmdelet  a  parlé  deux  fois  de  ce  poisson  ,  d'abord  ^ 

p.  164,  sous  le  nom  de  Lota,  et  ensuite,  p.  i65,  sou$ 

celui  de  De  pisce  qui  à  uidgo  Barbota  v^ocàtur.  Malgré 

la  mauTaise  figure  Ëiite  d'après  un  individu  desséché  , 

on  ne  peut  méconnaître  la  Lotte  dont  tous  tes  caractères 

se  retrouvent  non-seulement  dans  la  figure  ,   mai» 

enebre  dans  la  description.  La  différence  de  nom  en 

avait  imposé  à  Rondelet. 

Le  nom  de  Barbota  ^  donné  à  ce  poisson,  vient  du 
bftitiilloii  de  son  menton.  Les  Grecs  appellent  la  Lbtt» 
Claria  ;  on  peut  lire  dans  Selon ,  p.  117,  Observai,  dé 
plus.  Singularitez  y  Iw.  i,  chap.  lui  ,  l'anecdote  de  ces 
Jai6  qui ,  se  disputant  sur  les  écailles  de  ce  poisson  y 
farient  sur  le  point  d'en  venir  aux  mains. 

>  Le  nom  Setchot,  donné  à  la  Lotte,  est  évidemment 
currompu  de  Septem  oculL  En  eflet  le  corps  alongé  de  la 
Lclte,  de  la  Lamproie,  de  TAnguîHe,  du  Mal,  dû  Misgùm,, 
et  de  beauconp  d^antres  poissons  les  a  fait  ranger  sons  la 
même  dénomination ,  Mustela*  On  conçoit  alors  comment 
knrt  synonymes  ont  été  transposés,  ft  comment  le  nom 
ée  la  Lamproie  ,  Sept  œils,  a  été  appliqué  à  la  Lotte  ^  celni 
Ile  Hmùiattge ,  an  Misgurn  fossile,  etc.,  etc. 

Aussi  Gesner  avait-il  déjà  signalé  Tinconvénient  de 
donner  le  même  nom  à  des  poissons  diiférens. 

^  Barbotte,  parce  qn'il  se  plaît  à  barbotter  dans  Feau 
trenble.  Dict.  théor.  et  pratique  de  Chasse  et  de  Pêche, 
(  par  Delisie  de  Sales  )  ^  tom»  i  ^  /?.  76.  Lote ,  tom*  2 , /?.  1  aq. 
Mustele^^.  196. 


(  *8«  ) 

'  ÀIdrovandi  psit\e  aussi  plusieurs  fois  de  la  lotte, 
d'abord  sous  le  nom  de  Barbota  Gallorum,  AidroY.,  di 
Piscib.  lib.  v,  cap.  vi,  p*  5jS^  ensuite  5ous  celui 
LoUa Gallorum ,  lib.  v,  cap,  xlvi,  p.  648  ;  puis  sou 
les  noms  de  Cotatrissia  '  fluPiatUis,  à.cause  de  sa  grand' 
gueule  et  de- son  corps  anguilliforme ,  et  de  MusteUe^ 
fluuiatUis  et  lacustris  Gesneri,  il  donne  la  figure  d'un^^ 
Lotte  de  la  plus  grande  taille  ^  à  la  page  678  il  Tappelle^ 
Trissia  fiuvdailUs. 

,  Albert-le*6rand ,  opéra,  tom*  w  ,  désigne  la  Lotte 
sous*  le  nom  de  Boriopha  y  et  Vincent  de  Beauvais , 
Spec.  nat.y'tom,  1,  lib,  xvir,  cap.  ixxv,  sous  celui  de 
Borboiha  *. 

.  Albert-le*Grand  a  formé  le  nom  Borbocha  de  Barba 
et  Boca,  pour  caractérisa:  le  barbillon  sous-meatonier 
de  ce  poisson. 

'  Iresner  9  /h  jéquat.,  p.  71a  ,  dit  :  «  On  doniie  le 
%  nom  de  Borboche  à  tous  poissons  qui  se  tiennent 
«  toujours  au  fond  des  rivières  ou  des  lacs ,  et  dont  te 
«  forme,  imitant  celle  de  TAnguille,  est  cependant  plus 
tf  courte  €;t  plus  renflée.  »  Il  dit  ensuite  :  a  Bar* 
((  boUe  désigne  un  poisson  pourvu  de  barbillons.  »  Et 
enfin  les  Borbotes  sont  des  poissons  visqueux  ,  comme 
.FAnguille  ,  et  que  Ton  dépouille  comme  elle.  Sous 
ce  nom  sont  désignés ,  le  Siàirus  glanis  ,'  la  Lotte  ^ 
rSstutgeon.    Gesner,  de  jàquadlib.,  p.  1048. 

Cardan  donne  de  la  Lotte  une  description  trè&-exacte  ^ 
il  lui  impose  le  nom  de  Botta,  outre ,  à  laquelle  left 

■  Botatrissia  désigne  aussi  le  Chabot,  cliez  Gesner  9  i/<9 
AquaHLy  p*  7*1  )  ligne  Sa. 

«  Vmcent  de  Beauvais  a  fréquemment  altéré  la  vérilahte 
orthographe  des  noms. 


C  287  ) 

IHilanais  Font  comparée.  La  première  lettre  de  ce  moi 
^yant  été  remplacée  par  une  l,  devient  Toriginedu  Hiom 
JLoUe,  sous  lequel  ce  poisson  est  aujourd'hui  connu^ 
"Comme  la  tête ,  dit  Bloch ,  a  beaucoup  de  rapport  avec 
celle  de  la  grenouille ,  «t  le  tronc  avec  celui  de  Tangùille, 
Jes  Hollandais  Tout  appelé  Putael,  et  les  Anglais 
£elpoui. 

Les  anciens  auteurs,  dépourvus'  de  la  connaissance 
des  véritables  caractères  des  êtres ,  s'en  rapportaient 
seulement  aux  noms  dont  on  se  servait  pour  les  désigner, 
et  comme  ces  noms  étaient  imposés  arbitrairement ,  les 
mêmes  étaient  employés  pour,  désigner  des  objets  très- 
différens  ;  c'est  ce  qui  rend  si  diflicile  la  détermination 
de  ceux  dpnt  les  Anciens  ont  parlé. 
\  Aivs^  par  exemple  Aldrovandi ,  de  Piscib. ,  p.  S^S.  f 
fii  chapitre  à&  Barbota  Gallorum,  après  avoir  indiqué 
(à  tort  je  pense)  que  le  nom  Barbote  avait  été  donné  i^ 
la  Lotte,  BOB  à  cause  de  son  barbillon,  mais  parce 
^■elle  'barbotté  dans  la  vase  comme  le  catlard ,  ajoute  : 
«  Ce  poisson  n'a  jamais  plus  de  six  pouces ,  rx  a  de  très 
grandérapports  avec  la  Lotte  des  Lyohnais.  »  Il  est  cer- 
tain que  dans  ce  chapitre  il  a  confondu  ce  qui  regarde  là 
Lotte,  et  ce  qui  regarde  la  Loche,  Corbitis  barbatula. 
Lion.,,  ou  plutôt  le  Cobitis  tœnia,  Linn. ,  dont  la  ion- 
^eur  n^est  effectivement  que  de  six  pouces. 

La  Lotte ,  dont  la  cornée  est  très  convexe ,  a  été  dési' 
gnée-  anciennement  par  le  mot  Musiela  (radical  de 
Jkfaui/dle  qu'on  lui  donnait  dans  quelques  endroits  ) , 
appliqué  encore  à  beaucoup  d^espèces  de  poissons ,  soit 
marins,  soit  d'eau  douce.  Le  motif  de  cette  dénômina- 
iion  se  tire,  dit  Gresner,  de  Aquaidib.  p.  700^  de  la 
longueur  du  corps  de  ces  poissons,  jaune  sur  le  dos, 
blanc  sous  le  ventre,  comme  dans  les  Belettes ,  p.  698^ 


(  288  ) 

Bg.  1^;  ille tirait, à  musteUno  colore  id est  sublîindo  *y 
•t  dans  un  autre  endroit,  il  Tattribuait  à  l^habitude 
qu^a  la  Lotte  de  se  tenir  en  embuscade  dan&  des  trous, 

'  Rondelet,  iie  Piscibus  marinis ,  lib,  xit,  pag*  ^oo^ 
itait  déjà  parlé  de  la  couleur  aubllTide,  cause  du  nom 
Mustela. 

Yoici  le  texte  de  'Gesiier  :  DeMuste.la,  sive  Lampetnii 
Bellonius. 

Hune  pîscem,  Mustelam  ,  nominant  Latlni ,  à  maculati 
hujus  nominia  quadrupedis  tegminis  similitudine  ^  p.  6961 
lin.   17. 

.  Dans  ce  passage ,  il  est  évidemment  question  de  la  Lotte ^ 
dont  la  peau  ofire  des  marbrures  bien  prononcées. 

Quod  si  Musteiae,  Lampetr»  slnt,  a  mûstelliiiô  colore^ 
id  est ,    sublividô  (  quid    si   a   corpore    oblongo    potiusl 
iitmÀrinfleetiain  ptato)   dictas  fuisse  arbitror,  pog»  698  y 
Un,  16. 
'  On  ne  peut  méconnaître  à  ces  traits  la  Lamproie.  - 

Mustela ,  dicitur  nam  ut  Gale  (  y«A» ,  id  est  MvstdU) 
serpentes  persequitur ,  p.  700,  lin.  53.   ... 

Cette  phrase,  a  trait  à  des  espèces  de  Squales  ,  dont  W 
nom  Mustela  a  été  donné  à  la  Lotte,  poisson  rusé  ^  se  \9r 
nant,  disait- on,  en  embuscade  comme  les  .Belettes  et  1 
Chats. 

La  Lolte  aime  particulièrement  une  eau  claire ,  ditBlôch 
et  se  cache  au  fond  dans  les  creux  formés  par  les  pierres 
d'où  elle  épie  les  poissons  sur  lesquels  elle  se  jette  avec  ra 
pidité.  Sa  cornée  transparente,  dit  Jurine ,  Act»  ùen, 
1821  ,  tom.  i  ^  p'  2  ,  (2),  est  très-conTcxe ,  tandis  que  dan 
la  plupart  des  poissons  Poeil  est  aplati  en  ayant  et  conyexi 
en  arrière.  .    •       — - 

Les  pierres  d'oreille  des  Gades  sont  elliptiques ^  créneléèflV 
dans  leur  bord,  relevées  dans  leur  milieu. 

L'orifice  antérieur  des  narines  dans  la  .IiO tte.  a  ses  JboJ^d^ 


(  MO  ) 

et  de  8*élaiicer  sur  la  proie  qu'elle  guette ,  avec  une 
^^té  comparée  à  celle  des  Chats  et  des  Belettes ,  Màs^ 
iela,\d*6ix  le  nom  de  Moutelle,  employé  dans  quelques 
lieux  \  mais  borné  en  Bourgogne  aux  Loches. 

On  nourrit  la  Lotte  dans  les  viviers  avec  le  foie  de 
bœuf  haché. 

La  Lotte  est  si  vorace,  dit  Jurine,  qu^on  a  trouvé 
dans  Festomac  d'une,  qui  ne  pesait  qu^une  demi-livre , 
jusque  quinze  Perchettes  presque  entières,  AcU 
Genev. ,  iom.  3,  i**  pari.  >  p.  149.  Elle  détruit  le  firai 
des  autres  poissons,  et  beaucoup  de  fretin  \  elle  s'attache 
même  à  TEpinoche  qui  lui  enfonce  ses  arêtes  dans 
le  gosier;  elle  chasse  pendant  la  nuit;  la  meilleure  amorce 
pour  la  prendre  est  le  Séchot  et  le  Goujon  ;  prise  sa  cent 
brasses  et  au-dessous,  les  Lottes  ont  souvent  leur  vessie  à 
air  atrophiée ,  elles  sont  alors  complètement  aveugles. 

Ce  poisson  qui  a  la  vie  dure ,  fraie  en  février ,  sui- 
vant Jurine ,  et  décembre  et  janvier,  suivant  Bloch. 
Ses  œufs  '  sont  nuisibles  comme  ceux  du  Brochet  et  du 
Barbeau^  mais  son  foie  ^volumineux  est  regardé  comme 
on   mets  délicat;  aussi  a-t-il  donné  lieu  au  dit- on 

Tolgaire: 

Pour  an  foie  de  Lotte 

Femme  donne  sa  cotte. 

• 

tabvleiix,  et  la  tubulure  du  bord  se  proloage,  par  un  de 
lea  côtés,  en  un  tentacule. 

lia  Lotte ,  longue  de  plus  de  douze  décimètres  ,  apportée 
1«  Danube  à  Chantilly,  Tue  par  Yalmont  de  Bomare,  et 
cîi6e  par  Lacépède,  Hist.  nat.  des  Poissons  ^  tom.  iv,  p, 
atSy  était  certainement  un  Mal,  Silurus  gtanis ,  Linn. 

s  Ova  alba ,  exilia ,  mollia ,  obiter  perquirenti  lactés  \i- 
dlentur.  Marsili,  Dan.  Pannon.,  tom.  iv,/7.  7a. 
»  Hepar  pro  iliecebrâ  existimatur.  Marsili,  /oc.  cit. 

>9 


{  290  ) 

Au  dire  de  filoch ,  une  comtesse  de  Beuchlingen  em- 
ployait la  plus  grande  partie  de  ses  revenus  pour  se 
|)rQcurer  des  foies  de  Lotte. 

La  chair  de  ce  poisson ,  garnie  d'arêtes ,  est  blanche , 
ligréable  au  goût. 

Dans  les  appendices  cœcales  de  la  Lotte  vit  le  Tœrda 
rugosay  Batsch,  Gmel. ,  Syst»  nat. ,  p.  8078 ,  sp.  75, 
Sôirtocephalus  rugosus,  Encycl.  mëth. ,  vers,  tom.  %y 
fi  146 ,  sp.  6. 

On  t route  encore  dans  la  Lotte  le  Triœnophore  nodn- 
leiix.  »Z>/c/.  Se,  nat,,  tom,  55  ^  p,  i85^  pi,  ^^Jîg,  3. 

lY*  Ordre  des  poissons  MiLiicoPTÉEiGiEjfs.  apodes. 


Ges  poissons  ont  tous  une  forme  alongée,  une  peau 
épaisse  et  molle  qui  laisse  peu  paraître  ïéurs  écailles  ^ 
ils  ont  peu  d'arêtes. 

L'anguille*,  Bloch,  IchthyoL,  part,  in^  p.  1.  Corps 
serpentiforiiae. 

XXXYII.  L'Anguille,  Murœna  '  AngwUa,  Linn.^ 
Gmel. ,  3-  N. ,  xiii,  p.  ii33,  ^.  4- 

Bloch,  Ichthyologie  j  part,  m ,  p.  3 ,  pL  Lxxin. 

Juriue,  Hist.  ^es  Poissons  du  lac  TArfian  ,  p.  i|7,  Ao  >>P^*  i* 

Marsili ,  Danuh.,  tom,  iv,  p,  ^^.pU  i)  fig»  3. 

Bonnaterre  ,  Tabl,  encycl,,  JchthyoL,pl,  24  ^fig,  81  • 

Laccpède  ^  Hlst,  nat,  Poiss, ,  tom,  3 ,  .p,  390. 

Dîct,  tLss  Se,  nat.  ,  Atlas  ^pL  82,  fig,  1.  Murène  Anguille ,  tom, 
2 ,  p,  143. 

Koftdëlët ,  «fé  Piscih/fluinàt,  îiher  ,  cap,  kiiit ,  p,  199. 

Meyer,  Représentations ,  tbm.  1 ,  pi,  42* 

Gesner ,  de  uéquatilib, ,  p,  ^6. 

L'Augaille  manque  des  dents  palatines  et  linguales;  loais  la 
deux  mâchoires  et  le  vomer  8ont<>hénssés  de  petites  dents  droites  > 
fortes,  mousses,  séktëes. 

'  De  /uiffir»  conlet^  glifiser,  parce  qn^à  raivoB  de  m  mu- 
cosité }  elle  glisse  des  mains. 


C  291  ) 

Albert  le  Grand ,  Opéra ,  tom,  vt,  p.  648. 

Nouv,  Dict,  d'Ifist,  nat,,  édit,  a^  tom»  i,  p,  53o. 

Geof&ol  9  Jlfat.  médic, ,  4^,  tom,  3  y  p.  193. 

JDict,  des  Se,  nat,  N.  B.  Au  mot  Anguille,  on  est  renvoyé  à  l'ar- 
ticle Jlfurène,  où  il  n'est  point  question  du  poisson  dont  nous  parlons  y 
malgré  la  bonne  figure  insérée  dans  Vuétlas,  Ichthyol,,pl,  8a ,  fig.  i. 

Artedi  donne  une  description  complète  des  parties  internes  et 
externes  de  ce  poisson ,  Ichthyol. ,  part,  y  y  p.  66. 

Le  nom  français  de  ce  poisson  vient  de  son  nom  grec 
ETXEATs  qui  lui  a  été  donné  soit  parce  qu^ii  se  tient  au 
fond  de  la  vase ,  soit  parce  qu'on  Ty  pêche ,  soit  parce 
que  sa  flexibilité  lui  permet  de  se  rouler  sur  lui-même. 

L'Anguille  a  le  corps  long ,  étroit ,  uni  et  couvert 
d'une  mucosité  visqueuse  ;  Y  ouïe  est  petite  et  fort  eu 
arrière.  '""^^ip* 

Ce  poisson  connu  depuis  long-temps,  et  dont  la  forme 
nelaisse  aucune  incertitude  pour  sa  détermination  exacte, 
oflQre  aux  naturalistes  un  problème  qui,  jusqu'à  ce  jour, 
est  demeuré  insoluble  malgré  les  travaux  de  Spallanzani. 

Quelques  naturalistes , £)?&.  nat.  Cur.,  Dec,  annus 
1,  1670,  obs.  119  ,  CoUecU  Acad.,  part»  étr.,  tom.  3, 
p.  19,  regardent  l'Anguille  comme  vivipare,  et  Elsener 
prétend  avoir  vu  des  jeunes  dans  le  sein  de  la  mère  ; 
mais  les  naturalbtes  modernes  n^ont  pu  s'assurer  de 
cette  assertion. 

La  chair  de  ce  poisson  fait  les  délices  des  tables  succu- 
lentes ;  je  me  bornerai  seulement  à  dire  que  ce  poisson 
a  la  vie  très  dure ,  et  s^il  &ut  en  croire  certains  obser- 
vateurs ,  des  Anguilles  avalées  par  des  Brochets  ou  par 
des  Esturgeons,  auraient  été  rejetées  entières  et 
pleines  de  vie. 

On  prétend  avoir  rappelé  à  la  vie ,  en  les  plongeant 
dans  l'eau  froide ,  des  Anguilles  gelées  depuis  quatre 
jours.  ArcJiw.  littér.  de  t Europe,  tom.  1 ,  p.  80. 

L^absence  des  nageoires  ventrales  a  &it  placer  l'An- 


(  292  ) 

guille,   par  Linné  ,    dans  sa    division   des  poiaÉms 
Apodes, 

On  trouve  de  temps  en  temps  des  Anguilles  borgnes 
de  Tœil  gauche.  AcU  Paris, ,  1748  9  p-  27,  28. 

Ce  poisson  a  j  comme  nous  Pavons  dit ,  la  vie  très 
dure  ;  mais  si  on  le  pique  à  la  queue ,  il  périt  sur  le 
champ.  M.  Moreau,  président  du  comité  central  d^a- 
griculture ,  en  a  fait  souvent  Texpérience ,  et  il  a  indi- 
qué ce  moyen  à  plusieurs  pécheurs  qui  s^en  sont  servis 
avec  avantage,  pour  extraire ,  de  leurs  trous,  Ua  An- 
guilles qui  s^y  étaient  retirées. 

M.  Moreau  a  pris  également  sur  un  pré  une  énorme 
Anguille  qui  s^y  était  réfiigiée,  parce  qu^on  avait  mis 
rouir  du  chanvre  dans  la  rivière  où  elle  se  tenait. 

Elle  se  nourrit  de  vers ,  dHnsectes ,  de  petits  poissooSi 
du  frai  des  gros,  des  cadavres  en  décomposition,  de 
substances  vitales ,  et  même,  dit-on,  des  pois  ttifi- 
vellement  semés ,  dont  elle  est  très  avide ,  et  qn^elle  va 
chercher  ^  elle  ne  va  à  la  chasse  que  la  nuit ,  dit  Bloch  ; 
pendant  le  jour  elle  se  cache  dans  la  bourbe,  où  elle  s^en- 
fonce  en  faisant  deux  ouvertures  à  sa  retraite  obscure, 
afin  que  si  Tune  se  trouve  par  hasard  bouchée,  elle 
puisse  s^échapper  par  Fautre.  Dans  les  viviers ,  onîa 
nourrit  de  foies  de  bœufs. 

Le  cœur  de  TAnguille  est  carré. 

L'Anguille  est  sujette  à  une  éruption  qui  consiste 
dans  des  taches  blanches,  depuis  la  grandeur  d^un 
grain  de  millet ,  jusqu'à  celle  d'une  lentille  \  les  pé- 
cheurs croient  que  cette  maladie  se  guérit  par  le  con- 
tact du  Stratiotes  aloïdes ,  Linn. 

Dans  TAnguille  et  dans  le  Congre ,  Tethmolde  reste 
toujours  à  l'état  cartilagineux ,  et  disparait  quand  les 
squelettes  sont  trop  macérés. 


(  MS  ) 

téeê  pécheurs ,  dit  Cavier,  reconnaissent  quatre  Aortes 
d'AngoUles  commanes ,  qu'ils  prétendent  former  autant 
d'espèces,  mais  que  les  auteurs  confondent  sous  le  non^ 
de  Murena  angmila,  Linn. 

V anguille  vetTÙaux ,  que  Guvier  croit  la  plus  com- 
mu&e. 

VjinguiUe  à  long  bec,  dont  le  museau  est  plus 
comprimé  et  fdus  pointu.    . 

VjingmUe  plat  bec,  grig^eel  des  Anglais  i  le  museau 
p|qsm>hti  et  plus  obtus  ;  rœil  plus  petit. 

VÂnguiUô  pùnpemaux ,  gbu^eel  des  Anglais  ;  mu- 
seau |du8  court  à  prcqportion ,  yeux  plus  grands  qu'aux 
autres  sortes. 

CuTier,^^.  animal,  éd.  ^^lom.  a, p.  3499(1)» 
ATOÎt  promis  une  description  comparative  et  des  figures 
exactes  dans  sa  grande  histoire  des  poissons  ;  mais .  la 
mgrt  Ta  empêché  de  tenir  sa  promesse. 

m  Le^^n^eurs  de  la  Sai^e ,  dans  les  environs  de 
«  Pèntainer,  distinguent  deux  espèces  d'Anguilles  ^ 
«  kl  blanche. et  la  grise  rougeàtre.  »  Noie  de  M. 
BMaiUe. 

Les  pêcheurs  de  la  Saâne,  dans  les  environs  de 
SpQvre ,  distinguent  quatre  espèces  d'Anguilles ,  l'ar- 
g^née  sous  le  ventre ,  la  jaune,  la  brune  et  la  longue 
iioire.  iVofe  de  M.  Baudot. 

r  Ia  diflfêrence  de  couleur  n'est  pas  on  caractère  suffi- 
Mit  pour  constituer  des  espèces;  aussi  je  r^jarde 
Qpoime  de  amples  variétés  les  Anguilles  blanche  et 
grise  ro^seàti:?. 

Les  Anguilles  sont  sujettes  à  plusieurs  vers  intesti- 
naux. 

i.  Ascaris  anguUlœ,  Bedi ,  Gmel. ,  p.  3o35,  9.  60  j 
c'est  on  JUorhjrnchus^ 


(  494  ) 

"  Zeder  et  Rudolphi  ont  vu  dans  Pestomac  de  VÀh^ 
gniUe  le  Liorhynque  de  l'Anguille.  lÀorhyrtchus  dend" 
aulatus,  Rud. ,  Dict.  Se.  nat. ,  tom.  5j,  p.  548. 

Ne  serait-ce  pas  Y  Ascaris  anguUlœ  vue  par  Redit^ 
'  SI.  Echinorhynchus  anguUlœ,  M uU. ,  Gmel. ,  p.  'io^6j 
sp.  21,  Encyclop.  méthod. ,  vers,  tom.  2,  p.  3049 
&p.  11. 

3.  CucuUanus  lacustrisy  Mul. ,  Gmel.,  p.  3o5l  ,  ^.  6, 
il.  Vivipare  suivant  Leuwenoeck. 

4*  Fascîola  anguUlœ,  Leuw. ,  Gmel. ,  p.  3o56,  s^ 
22,  Ency.  méth. ,  vers,  tom.  2,  p.  261 ,  sp.  17. 

5.  Tœma  Tiodulosa,  Gpeze,  Gmel. ,  p.  8072,  sp.  5o* 
Triœnophore  noduleux,  Ency.  ,  vers,  tom.  2,  p.  753, 
Pict.  Se.  nat. ,  tom.  lv,  p.  i85,  atlas,  pi.  489  fig*  3. 

6.  Tœma  anguUlœ ,  Ratsch^,  Gmel.  ,  p.  3078,  ip, 
74*  Rhytelndnthu$  anguiUœ,  nduv.  Dict.  d^Hist.  nat«| 
éd.  2,  tom.  29 ,  p.  285;  Botriocephalus  dat^iceps,  Enc^V 
"^rs,  tom.  2,  p.  145,  sp.  3.  IMct.  Se.  nat.^  tom.  S7, 
p.  610  j  tom.  5 ,  suppl.  sy  p.  47* 

•  La  peau  d'Anguille,  ooupée  en  lanières,  est  employée 
par  certains  paysans  pour  attacher  leurs  fléaux ,  parce 
qu'elle  a  plus  de  ténacité  que  le  meilleur  cUir.  l<a  peau 
d'Anguille  est  souple  et  transparente  ;  les  Tartares  dee 
confins  de  b  Chine  s^en  servent  au  lieu  de  vitres  à  leurs 
fenêtres. 

Il  y  a  une  cinquantaine  d'années,  lorsque  la  mede 
existait  de  porter  les  cheveux  longs ,  soit  roulés  d^ns  ml 
Fuban ,  soit  renfennés  <ians  une  bourse  de  soie ,'  on  atCar 
chait  les  cheveux  près  de  la  tête  ave(yiine4aii(ière  dé 
peau  d^ Anguille ,  pour  les  feire  grandir ,  disaient  les 
perruquiers. 

(f  On  voit  quelquefois  de  jeunes  Anguilles,  dit  Bloch , 
pari. m  ^  p.  6,  sortir  du  derrière  des  Cîcognes  et  des 


(  m  > 

Hérons  qui  les  ont  avaloes  '  j  j'ai  été,  Qo^^^ue^^-ily. 
témoin  d^un  &it  analogue  :  on  avait  mis,  pap.  plaiaant^«' 
rie  une  Loche  de  marais ,  Cobitis  fossUis ,  Lin. ,  dans  la 
gueule  d^une  chèvre;  cettç  Loche  s'était  inuroduîte 
dans  les  boyaux  à  force  de  se  démener ,  et  eoj^  copu.la 
vit  sortir  par  Tanus.  » 

Bloch,^a/t.  m,  p.  6,  ngte  (y). 

Bloch  ne  dit  pas  si  les  Anguilles  et  le  Misgurn  dont 
il  parle,  ont  été  rendus  vivans.;  je  ne  le  crois,  pus,  cela 
serait  en  effet  une  exception  bien  extraordinaire  aux 
expériences  de  M.  Flourens,  consignées  dans  lesuinnales 

I  «e  L'Bstargeon  arale  l'Anguille  tout  entièi'e ,  et  souyent 
sans  la  blesser;  dans  ce  dernier  cas,  il  arrire  que  déliée, 
YÎsqnente  et  flexible,  elle  parconrt  tontes  les  sinuosités  du 
canal  intestinal ,  sort  par  leur  anus  ,  et  se  dérobe  par  Une 
prompte  natation ,  à  une  QOUTeUe  poursuite.  Il  n'est  per« 
•onne  qui  n'ait  ?u  un  lombric  ayiilérpar  dçs  çani^rds,  sortir 
de  même  des  intestins  de  cet  pisi^an ,  ^opt  il  arait  auÎTi^ 
tous  les  replis.  »  Lacép^de^  JSi^t»  paL  ^9  Pq^»  p  tom*  3^^ 
p.  3o9|3io. 

Est-ce  réellement  le  lombric  avalé  par  le  canard  qui  çst 
rendu?  ne  serait-ce  pas  plutôt  Y  ascaris  anatis? 

Suivant  Booçler,  les  maquignons  introduisent  une  Aa- 
gùille  dans  Tanus  des  cbevaùx  pour  les  rendre  plus  Tiff,  et 
les  faire  paraître  plus  gras.  Quelques  Tétérinairés  font  araler 
aux  cheraux  poussifs,  uiîe  Anguille  qui  traverse  leur  canal 
tlimenlaire  sans  périr.  Gesnèr  dit  avoir  connu  une  per- 
Mmno  qui  rendit  entière  une  AngniHe  qu^-elle  avait  aralée. 
L'essaiera  qui  voudra.  Suivant  tfuslqiies  ornithologistes  on 
fit  avalée  jusqu^à  neuf  fois  la  même- Anguille  à  an  plongeon 
qui  la  rendit  oatiére  chaque  fbtf  h ' 

J'en  appelle  toujours  aux  expériences  de  M*  Flourens  y 
qui  subiraient  alors  une  exception  bien  aingulière» 


(fW) 
dès  Sdeneès  naturelles  1882 ,  iom.  27,  p.  53,  et  dans 
les  Mémoires  de  tinstiud,  i833,  fom.  xn,  p.  483, 
'5ba,  53i.    * 

L^orifice  antérieur  des  narines  de  rAnguille  a  sei 
YJbtàn  tdbuleux. 

L'enveloppe  générale  du  corps  de  ce  poisson  offre 
des  écailles  petites ,  minces  et  comme  noyées  sous  un 
épiderme.  épais. 

•  Avûit  de  quitter  Flnstoire  de  PAnguilIe,  je  dois 
rapp^er  celle  retirée  du  puits  de  la  maison  de  dételtr 
tion  de  Beaiîlieu  €ui  mois  de  juUlet  i83\,  et  dont 
M .  Eudes  des  Longchamps  a  donné  Thistoire  et  la  figure 
dans  les  Mémoires  de  la  Société  Luméenne  de  Normanr 

die,  i833 ,,  p.  47  ?  P^-  4  >  %•  4*'"^* 

Cette  Anguille  était  remarquable  par  le  dévek^pe* 
ment  extraordinaire  de  ses  yeux ,  dont  les  (urbites  }4u8 
agrandis  déformaient  la  tête.  Cette  monstruosité  dépen- 
dàit-elle  de  la  profondetur  du  puits  dans  lequd  Vivait 
cette  Anguille,  ou  étailnélle  congéniale  ?  C'est  sur  quoi 
l'auteur  n'osé  se  prononcer  ;  il  se  contente  seulement 
de  faire  observer  que  la  Carpe  commune ,  et  le  Cyprin 
doré  de  la  Chine ,  ont  qûeilquefois  montré  un  dévelop"* 
pement  extraordinaire  des  yeux. 

La  faculté  dont  Jouit  TAnguille  de  yivre  hors  de  Peau, 
pendant  quatre, et  même  cinq  jours ,  surtout  lorsque  le 
vent  du  nord  souffle ,  me. fait  penser  qu'une  d'elles , 
échappée  de  la  petite  rivière  de  l'Odon ,  éloignée  d'un 
bon  quart  de  liôue ,  aura  gagné  la  maison  de  détenfkm 
de  B^iuliâu^^elâera  tpmlsfeéedans  le  puits.  "/• 

j  Dans.la  :8éance  de  rAoadémie-  des  sciences  (  la  octo- 
bre i835  ) ,  M.  Arago  a  montré  des  Anguilles  de  diverses 
grosseurs ,  prises  dans  un^fteuve  souterrain.  Des  poissons 
de  même  e^pèbe  ^^frùWQttûi  jd'un  puits  artésien  creusé 


(m) 

à  Elbeof  ,ont  été  aivoyét  à  rAcadémiepar  M.  Girardiii« 
professenr  de  chimie  à  Bouen.  jict*  lànn.,  Budigal., 
i836,  foui,  a,  p,  199. 

n*  série.  Poiwons  GAUTiULoiirEux  ou  Chohb&opté&t- 
GiEifs ,  ou ,  pour  parler  plus  exactement ,  à  Péhioste 
GWBxnSf  Cuif.  >  HisU  nat. ,  Poissons ,  tom.  1 ,  p.  553. 

Ces  poissons  manquent  des  os  maxillaires  et  inter- 
maxillaires, ou  plutôt,  ils  ne  les  ont  qu^en  vestiges 
cachés  sous  la  peau ,  tandis  que  leurs  fonctions  sont 
remplies  par  les  os  analogues  aux  palatins ,  et  même 
quelquefois  par  le  vomer. 

Le  squelette  de  ces  poissons  est  essentiellement  carti- 
lagineux *,  la  matière  calcaire  s'y  dépose  par  petits 
grains  et  non  par  filets. 

La  substance  gélatineuse ,  qui ,  dans  les  autres  pois* 
sons,  remplit  les  intervalles  des  vertèbres  et  communique 
seulement  de  Tun  à  Tautre  par  un  petit  trou ,  forme 
dans  plusieurs  Ghondroptérygiens ,  une  corde  qui  enfile 
tous  les  corps  des  vertèbres  sans  presque  varier  de 
diamètre. 

h*  ordre  des  GHOimROPTéRTGiBNs ,  ou  TII*  ordre  ^  delà 

classe  des  poissons. 

SnmoxnExrs  ou  GHOHDROPTÉnTGiEif  s  à  branchies  libres. 

'  Les  ouies  n^offrent  qu^un  seul  orifice  très-ouvert  et 
gpmi  d^un  opercule ,  mais  sans  rayons  à  la  membrane 
Iri&nchiale. 

'  Les  V*  et  YI*  ordres ,  les  Lophobranches  et  les  Plec- 
iagMihes,  ne  renferment  que  des  poissons  marins,  étrangers 
à  notre  département  et  aux  eanx  douces  de  la  France. 


(  298  ) 
Genre.  Estubgeok.  Acipenser,  Linn. 

Bouche  placée  sous  le  museau ,  petite  et  dénuée  de 
dents;  corps  plus  ou  moins  garni  d^écussons  osseux , 
implantés  sur  la  peau  en  rangées  longitudinales.  ' 

Bloch,  Ichthyologie ,  part,  m  y  p*  78. 

XXXVIII.  L'Esturgeon  ordinaire.  Acipenser  sturio, 
Linn.  y  Gmel.,  Se.  naU,  édit.  xiii,  p.  i483  ,  sp.  i. 

Bloch,  Ichthyologie  ,  part,  m ,  p.  80  y  pi.  lxszviii. 
Buhainçl ,  Pêches ,  2*  part.,  sect,  tue  ,  p   a20 ,  pi,  z  et  ii. 
Lacépède ,  Hlst.  nat.  Poiss,,  tom,  a  ,  p.  257. 
Nouv.   £>ict,  d'Hist.  nat.,  édit.   2,  tom.  i,  p»  i5o.  Acipenaor 
Esturgeon,  tom.  z,  p.  479.  Esturgeon. 
£)ict  des  Se.  nat.,  tom.  xv,  p,  371.  Atlas  ,ichthyoL,  pi.  10. 
J.  Hermaun,   Observât,  zoologicœ  ,  p.  294. 
Geoffr.,  Mat.  médic.,in-\**  y  tom.  3,  p.  187. 

Ce  poisson  est  connu  depuis  longtemps  :  Jçs  Anciens 
Font  signalé  ;  dans  le  Moyen- Age  ,  Albèrt-le-Grand , 
Opéra,  tom.  vi,  p.  669,  et  Vincent  de  Bteauvais  / 
Spéculum  natur,,  tom.  1,  lih.  xvii,  cap.  xcv,  ont  parlé 
de  TEsturgeon. 

Rondelet  ,  de  Piscibus  flu^iatilib.  lib,,  cap.  vi  , 
p.  173  ,  Da.  Attila^  donne  une  n;iauvaise  figure  de 
l'Esturgeon. 

L^Eslurgeon  ordinaire  se  reconnaît  aux  écussons  forts 
et  épineux  disposés  sur  cinq  rangs. 

Ces  écussons  sont  de  véritable$  éicâilles  dont  la  forme 
et  la  grosseur  ei^fqnt  de  vrais  boucliers. 

Il  remonte  les  fleuves  à  Pépoque  du  frai  :  il  fréquente 
la  Loire ,  le  Rhône  ;  ainsi  il  n'est  point  surprenant  qu'on 
en  prenne  quelquefois  dans  nos  environs. 

Il  y  a  une  trentaine  d'années ,  à  l'époque  des  Aloses^ 
un  Esturgeon  a:été  pris  dans  le  Doobs.  M.  Moreau  ^ 


(  899  ) 

président  du  Gomicé  central  d^Agricnhare ,  de  Dijon , 
qni  Ta  vu ,  m*a  dit  qu^il  avait  environ  hait  pieds  de 
longaeur.  Ge  poisson  suivant  des  bateaux  de  sel ,  avait 
remonté  le  Bhâne ,  la  Saône ,  et  s^était  engagé  dans  la 
rivière  du  Doubs  ' .  A  peu  près  à  la  même  époque 
un  autre  Esturgeon  a  été  pris  à  Lyon ,  près  de  Tem- 
bouchure  de  la  Saône.  Sa  chair  est  assez  semblable  à 
celle  du  veau. 

L'Esturgeon  peut  avec  sa  mâchoire  supérieure  fouiller 
dans  la  bourbe  et  le  sable ,  et  faire  passer  dans  sa  gueule 
les  poissons  et  les  vers  quUl  y  trouve.  Il  se  nourrit  de 
Harengs  ,  de  Maquereaux  et  de  Gades  ;  engagé  dans 
les  fleuves ,  il  attaque  les  Saumons  ;  sa  chair  est  grasse 
et  de  bon  goût,  sa  laite  est  surtout  fort  délicate^  ce 
poisson  fraie  au  printemps,  c'est«a-dire  en  avril  et  en 
mai.  Ses.  œufs  sont  de  la  grosseur  d'un  grain  de  chêne  vis. 

L'épine  dorsale  de  PEsturgeon  consiste  en  un  car* 
tilage  homogène  et  demi-transparent-,  mais  beaucoup  des 
os  de  sa  tête  et  de  son  épaule  ont  au  moins  une  lame 
de  leur  sur&ce,  complètement  durcie  et  ossifiée. 

On  compte  2,8  vertèbres. 

En  partie,  dans  l'Esturgeon  le  trou  de  communica- 
tion des  vertèbres  est  si  large  que  les  corps  des  vertèbres 
peuvent  être  considérés  comme  des  anneaux ,  et  que  le 
cordon  qui  les  enfile  n'a  point  d'inégalités  dans  son  dia- 
mètre. 

n  se  forme  dansTrés  reins  de  l'Esturgeon  commun  , 
et  dans  ceux  du  Hausen ,  une  production  calculeuse 
rayonnée  du  centrera  la  circonférence  ;  le  peuple  Russe 

'  n  aurait  pu  totit  aussi  Lien  remonter  la  SaAne  plus 
kautf  et  se  laisser  prendre  dans  la  partie  de  cette  rivière 
quitraTerse  notre  département. 


(  300  ) 

lui  attribtie  des  vertus  merveilleuses.  BuUei.  Féruss., 
18309  Se.  nat.y  lom.  xxni,  p.  i3i. 

Oa  trouve  quelquefoisdaas  les  intestins  de  rEsturgecm  : 

i"*  VEcfunoFynchus.sturioms,  Goèze,  Gmel. ,  p. 
SoSoj  sp.  48. 

%•  VOpfÙQSiome  de  t Esturgeon  ,  Dict.  Se.  nat., 
tom.  57,  p.  540 ,  pi.  3o  ,  fig.  7*  . 

3i^  Le  MonostomafoUaceum,  Dict.  Se.  nat.,  tom*  57, 
p.  582. 

4"*  Sur  les  branchies  et  les  opercules  de  ce  poisson  vit 
hi^Nitfschie  élégante,  Dict.  Se*  nat.,  tom.  5y  ,  p.  $68. 

yni*  ordre  des  Poissons.  Il*  ordre  des  GinTiLiGurscx. 
CBONDROPTiRiGiENS  à  brauchies  fixes. 

Dans  ces  poissons,  les  branchies  sont  attachées  à  la 
peau  par  leur  bord  extérieur  ;  en  sorte  que  Vèmx  ne 
isort  de  leurs  intervalles  que  par  des  trous  de  la  sÂïr&ice. 

1'*  femille.  SELiaENs. 

Elle  comprend  les  Squales  ;  la  peau  de  plusieurs  f  en^ 
tr'eux  est  employée  dans  les  arts  pour  polir  :  et  les 
Raies,  dont  la  Bouclée  et  la  Ronce  se  trouvent  sur  hos 
marchés  et  se  voient  fréquemment  pendues  aux  crochets 
de  nos  restaurateurs. 

2*  famille.  Suceurs. 

Les  poissons  de  cette  iamiUc  n'ont  ni  pectorales  ni 
ventrales  \  leurs  parties  dures  n^^  consbtent  qu'en  un 
cartilage  homogène  et  demi-tcansparent^  leur  corps, 
alongé,  se  termine  en  avant  par  une  lèvre  charnue, 
circulaire  ou  demi-circuljaire  \  et  Panneau  cartilag[in6ux 
qui  suj^rte  cette  lèvre ,  résulte  de  la  soudure  des  pa« 
latins  et  des  mandibulairea.  ^ 


(  8M  ) 

Le  corps  de  tontes  les  vértèbtes^  est  traversé  par  un 
seul  cordon  tendineux  ,  rempli  intérienrement  d*une 
substance  mucilagineuse  (  corde  )  qui  n^ëprouve  point 
d'étranglemens ,  et  qui  les  réduit  à  la  condition  d'an- 
neaux cartilagineux  à  peine  distincts  les  una  des  autres. 

Cette  corde  ne  constitue  pas  Tépine;  elle  représente 
seulement  les  cartilages  intervertébraux.  AcU  Paris. , 
1821,  i8a6,  tom.  v,  Hist. ,  p.  188.  Cuvier,  Progrès 
des  Se*  nat.,  i834  9  tom.  4  9  P*  ^^9  ^3. 

Genre  Lamfeotx*  Dict*  Se.  nat.,  tom.  89,  p.  3i2. 
Petromyzon  '• 

L^enveloppe  générale  du  corps  ne  parait  rien  offrir 
qui  ressemble  à  des  écailles. 

:  Canutères  génériques  :  Sept  ouvertures  branchiales 
de  chaque  câté  \  la  peau  se  relève  au-dessus  et  au-des- 
sous de  la  queue ,  en  une  arête  ou  plutôt  en  une  crête 
longitudinale  qui  tient  lieu  de  nageoires ,  mais  où  les 
rayons  ne  s^aperçoivent  que  comme  des  fibres  à  peine 


Les  deux  narines  de  la  Lamproie  scmt  rapprochées  sur 
k  sommet  de  la  tête ,  et  s^ouvrent  par  une  petite  ouver* 
tare  commune. 

• 

XXXIX.  La  grande  Lamp&oib  ,  Lamproie  marbrée  ^ 
Lamproie  marine,  Petromyzon  marinus,  Linn«,  Gmd.^ 
Se.  nat.,  xin,  p.  i5i3,  sp.  1. 

'  Moch  y  IchtkyologU ,  part,  ttty  p-  ^i^pl-  lzxtu. 
Boanaterre,  Tableau  £ncycl. ,  ichthyol. ,  tab,  i^fig*  i. 

*  '    - 

•  De  mf%,  pierre,  et  ^vj.,,  je  suce;  traduction  grecque 
it peints  lambere,  d'où  lamhenB  petra9^  parce  que  ce  pois- 
son adhère  aux  pierres ,  par  sa  bouclie. 


(  802  ) 

Lacépèdei  HUt.  naL  Poissons,  tom,  i,  ^.  3» 

Rondelet,  de  Piscib.  maria, ,  lib,  xiv,  cap.  m.  De  Lampeirl. 

Gesner,  Ue  Jtquatil,,  p.  697.  Lampetra  '  major  fluriatilis. 

AldroYandi ,  de  Piscib, ,  p,  533.  Lampetra  major. 
.  J.  Hennaiiny  Observât.  %oelog.,p,  290. 

AUbert-le-Grand  :  Tertium  (îiampetne  gênas }  est  magnom  ad  spis- 
ntaduiem  krachii  homiuis ,  et  ad  longitudinem  cnlxiti  yei  ampliosy 
et  non^  habet  oculos.  Gesner,  de  ^quatilib. ,  p,  702 ,  lin,  3o. 

Getner  n*a  pas  remanpié  qa*Albert-le-Graad  co^fonciait  b  Lam- 
proie avec  i'Ângoiiley  qui  effectiTement  n*a  point  d'eTens  Çoculùs) 
latéraux. 

Au  sarplas ,  Gesner ,  de  AqumHUb,,  p,  698  ,  parait  confondre  I^ 
Lamproie ,  la  Lotte  ,  le  Mal ,  FAnguille.    etc. 

Jfouv.  Dict.  t^kist,  nat.,  édit,  2,  tom,  sS,  jy.  ^35.  PetromjKon 
Lamproie. 

Dict.  des  Se,  nat.,  tom,  Sç,  p.  3 18.  La  grande  Lamproie.  Atlas ^ 
IchthyoL,  pi,  17. 

Le  dos  d^iin  vert  brunâtre  où  jaunâtre ,  marbré  <fe 
brun  ;  corps  anguilliforme ,  uni  ,  couvert  d'une  mucosité 
gluante  \  deux  nageoires  dorsales  bien  distinctes  et  d'une 
couleur  orangée  pâle  ;  corps  long  de  deux  à  trois  pieds  ^ 
marbré  de  brun  sur  un  fond  jaunâtre;  la  prem^ré 
dorsale  bien  distincte  de  la  seconde  ;  detix  grosses  dents 
rapprochées  au  haut  de  Panneau  maxillaire  \  les  dents 
nombretises,  pyramidales,  disposées  en  cercle  dans  la 
cavité  de  la  bouche ,  sont  des  caractères  sufiisans  pour 
distinguer  ce  poisson  de  ses  congénères. 

La  Lamproie  marine  remonte  les  rivières  au  prin- 
temps ,  à  répoque  du  Irai ,  aux  mois  de  mars ,  avril  et 
mai ,  suivant  Bloch  ;  lorsqu'elle  commence  à  s^engagef 
dans  Fembouchure  des  fleuves ,  son  squelette  est  géla- 
tineux ou  à  peine  visible  ;  plus  tard  il  s'épaissit;  c'est 

'  Lampetra  mustela  dicîtur,  nam  nt  gale,  (  >«x?,  id  est 
mnstela  )  ,  serpentes  perseqnîtar.  Gesner,  de  dquaiUibtts^ 
/>.  700,  Uuf  52.  Gesner  atlribne  à  la  Lamproie  une  habitude 
de  rAngoille  et  de  iâ  Lotte.  -^' 


ce  qaè  fe  Vo%tfirfe  appelle  la  Carde,  et  il  se  durcit  à  la 
fio  de  là  «biMi.  Aussi ,  ce  poisson ,  qoi  atteint  la  taiUe 
de  «ketà  à  cinq  pieds^  a  la  chair  très-délicate,  surtout 
lorsqu'il  y  a  peu  de  temps  qu'il  a  quitté  la  mer.  C'est 
nn  manger  très^stimé. 

Tons  les  ans  9  le  jour  de  la  St.  Thomas  d'Acquin,  an 
Duc  de  Bourgogne  régalait  son  confesseur  avec  une 
Lamproie  ;  et  s'il  n'était  pas  possible  de  se  procurer  un 
poisson  de  cette  espèce,  il  lui  faisait  donner ,  en  dédom- 
magement ,  une  certaine  somme. 

Cette  anecdote  étant  relative  à  notre  département , 
je  rapporte  la  pièce  originale  qui  la  constate  : 

JEiai  des  Officiers  et  Domestiques  de  Jzàjs  ,  Duc  de 

Bourgogne. 

Confesseur  : 

Frère  Jean  MA&cHAirr ,  Evéque  de  Bethléem. 

M.  le  Duc  donna  è  M.  de  Bethléem,  son  confesseur , 
irois  francs ,  le  quatre  mars ,  pour  et  en  récompensatioa 
de  la  Lamproie  saint  Thomas  d'Acquin  (tombant  le 
7  mars) ,  dont  on  ne  peut  finer  (trouver)  à  Provins  où 
il  étoit ,  laquelle  ledit  confesseur  a  accoustumé  d^avoir 
tous  les  ans.  Compte  de  Jean  de  Noident,  commençant 
le  i*'jamner  1418  ^finissant  le  dernier  juin  i4'  9« 

Voyez  Mémoires  pour  sentir  à  (histoire  de  France  et 
de  Bourgogne ,  par  M.  de  la  Barre,  Paris,  in-4%  1729^ 
tom.  2 ,  p.  92. 

Ces  Hémoires  ont  été  recueillis  par  Dom  des  Salles , 
Bénédictin ,  et  mis  au  jour  par  de  la  Barre.  L^exemplaire 
de  la  Bibliothèque  du  Roi  l'attribue  àN.  de  Bois-Morel, 
religieux  de  St. -Bénigne  de  Dijon ,  qui  se  fit  protestant. 
Voy.  tiarbier,  Dict.  des  Ous^rages  anonymes,  a*  édit., 
i8i3,  tom.  2y  p,  393,  w®  11713. 


/ 


(804) 

Les  dttails  cootenius  dans  la  pièce  cfoe  je  tiens  de 
dler  y  sont  bien  plas  exacts  que  ceux  conaJU^nés  dans  le 
JHct»  des  Se.  nat.,  iom.  Sç ,  p.  322 ,  et  reprodniHiJk?  la 
manière  suivante;  : 

«  Le  confesseur  de  Philippe-le-Hardi  était  un  domi- 
nicain ,  qui ,  d'après  deux  bulles  d^Urbain  Y ,  pouvait 
te  dispenser  du  jeûne  et  de  Tabstinence  de  la  cbair.  On 
donnait  à  ce  confesseur  une  Lamproie ,  le  jour  de  la 
St.  Tbomas  d*Aoquin ,  ou  4^  sok  s'il  ne  s^en  trouvait 
pas.  »  n  avait  boiKhe  à  la  Cour  et  loo  livres  de  pension, 
assignées  sur  la  terre  d'Arconcey.  France  Uuér. ,  i836, 
fom.  24,  p*  128. 

Les  Ducs  de  Bourgogne,  Philippe-le-Hardi  et  ensuite 
lean-sans-Peur ,  envoyaient  chaque  année,  le  17  jan- 
vier, une  oflErande  aux  Antonins  (religieux  de  saint 
Antoine)  de  Norges  près  Dijon  ,  Abnanach  de  la  pro- 
innce,  17779  p*  2i5 ,  et  cette  offrande  consistait  en  au- 
tant de  porcs  gras  qu'il  y  avait  de  princes  et  de 
princesses  dans  leur  maison.  Philippe -le -Hardi  en 
donna  neuf  en  1896.  France  littéraire ,  i836,  tom.  24, 
pp.  128,  129. 

M.  Pataille ,  à  Toccasion  de  la  Lamproie ,  me  transmet 
les  renseignemens  suivans ,  qu'il  tenait  d*un  excellent 
pécheur  d'Heuilley  :  «  La  Lamproie ,  en  quittant  la  mer 
«  pour  se  rendre  dans  nos  rivières,  n'est  point  arrêtée 
«  par  les  écluses  \  lorsqu'elle  se  trouve  barrée  par  une 
<(  portière ,  d'après  la  conformation  de  sa  bouche  et  de 
«  ses  dents ,  elle  s'attache  fortement  à  la  portière ,  &it 
((  un  mouvement  de  la  queue  qui  la  jette  et  la  lance 
c(  plus  haut ,  où  elle  s'attache  de  nouveau ,  et  ainsi  de 
u  suite,  jusqu'à  ce  qu'elle  soit  parvenue  à  franchir  la 
c(  barrière  qui  l'arrêtait.  Quelquefois  même  elle  s'at* 
«  tache  ainsi  après  les  bateaux ,  oii  elle  est  si  fortement 


(  305  ) 
t  fixée,  qtfon  ne  peut  Ten  arracher.  »  Lettre  du 
Ad  0Oûi  i836. 

La  Lamproie  peut  perdre  de  très-grandes  portions  de 
son  corps ,  sans  être  pour  cela  privée  de  la  vie. 

La  Lamproie  se  nourrit  de  substances  animales  mortes 
ou  vivantes  ;  fieiisant  sa  proie  de  petits  poissons ,  elle 
devient  elle-même  celle  des  Brochets  et  d'autres  poissons 
voraces  ,  ainsi  que  des  Loutres,  aux  poursuites  desquels 
elle  échappe  par  la  fuite  ou  par  une  retraite  dans 
quelque  réduit  obscur  et  étroit.  Elle  atteint  une  grosseur 
considérable  \  celle  décrite  par  Bloch  avait  trois  pieds 
de  long  et  pesait  trois  livres  ;  quelquefois  elle  pèse  de 
quatre  à  six  livres ,  et  est  grosse  comme  le  bras. 

Peut-être  est-ce  à  cause  du  bon  goût  de  ce  poisson , 
que  la  ville  de  Glocester  est  dans  Tusage  de  faire  tous 
les  ans  présent  au  roi  d'Angleterre,  d'un  pâté  do 
Lamproie ,  aux  fêtes  de  Noël  ;  Bloch ,  part,  m ,  p.  32  ; 
et  comme  elles  sont  très-rares  dans  cette  saison ,  on 
donne  quelquefois  jusqu^à  une  guinée  pour  une  seule 
Lamproie. 

L^ovaire  de  ce  poisson  consiste  en  petits  disques ,  ou 
plaques  très-minces ,  attachées  en  arrière  le  long  de 
ré[nne  du  dot,  à  un  vaisseau  comme  un  lacet  ;  les  œufs 
sont  de  couleur  d'orange  et  de  la  grosseur  de  grains  de 
pavot. 

Thom.  Bartholin  donne,  dans  la  centurie  Y,  une 
note  de  Bhodius  sur  la  couleur  tantôt  rouge,  tantôt 
verte  du  foie  de  la  Lamproie.  Guvier  ,  Histoire  natur. 
des  Poissons,  iom.  i,  p.  68. 

Les  dents  de  la  Lamproie  sont  des  cornets  minces 
moulés  SOT  des  germes  assez  charnus  -,  il  y  en  a  sur  les 
lèvres,  sur  les  mâchoires  et  sur  la  langue,  de  formes 
et  de  directions  différentes ,  sur  lesquelles  Guvier  pro- 


(  306  ) 

mettait ,  Hisi.  mO.  des  Poissons,  tom.  i ,  p*  49^  >  M 
revenir.  La  mort  de  ce  savant  nous  privera  de  tous  les 
détails  qu*oQ  attendait  de  lui. 

On  trouve  dans  la  Lamproie  XeMonosloma  temUcoUis, 
Dict.  Se.  nat.,  tom.  67 ,  p.  58a. 

XL.  La  Satoillc.  Peiromyzon  branchiaUs.  Linn. , 
Gmel. ,  S.  N. ,  éd.  xiu,  tom.  1 ,  p.  i5i5 ,  sp.  3. 


Bloch  y  Ichik» ,  part,  m  9  p*  37 ,  pi.  lxviii  ,  flg.  a.  Le  Lamprillon. 

Bonnaterre,  Tabl,  Encyclop,  ,  Ichtyologie  ,  pi,  if  fig*  3  (i). 

liscépède ,  Hist,  nat,  des  Poiss.,  tom,  ly  p.  34* 

J.  Hermano  ,  Obsetv,  zoolog,  ,  p,  391. 

Jf.  D,  d'Blst,  n, ,  éd,  a ,  t,  a5 ,  p.  4^6.  Peiromyzon  Lamprojon. 

Bondeiel,  de  Piscihus  flutdatU,  liber ,  cap,  nxir^  p,  aoa. 

Meyer  f  Représent,,  tom,  a  y  pi,  97.  Die  N eûnaofe. 

< 

Ce  poisson ,  qui  se  tient  dans  la  vase  des  ruisseaux,  a 
beaucoup  des  habitudes  des  vers  auxquels  il  ressemble 
tant  par  sa  forme  \  il  est  connu  depuis  long*-temps  sous 
les  noms  de  Chatouille,  Chatoille,  Chatillon,  CUvdle, 
Lamprillon,  Lamprojyon,  etc. 

Albert-le-6rand  le  signale  par  ces  mots  :  unum  p«r- 
vum  generis  Danubio  quasi  calami  quantitatem  et  palmi 
longitudine  non  excedens.  Gesner  j  p.  jo%y  Un.  at8. 

Gesner ,  de  AquaûL ,  p.  706 ,  dit  que  le  nom  de 
'ChaioiUe  a  été  donné  à  ce  poisson ,  parce  que  renfermé 
dans  la  main,  il  y  produit ,  par  ses  mouvemeos^  une 
sorte  de  chatouillement  particulier. 

Cresner  s*est  trompé  dans  cette  explication  :  les  qoqis 
de  Saioille,  Satouille,  Chatoille,  Chatillon,  dérivent 
tous  par  corruption  de  celui  Sept  œil,  Sept-em  ocnU, 
donné  originairement  à  ce  poisson ,  à  cause  de  ses  $1^ 
ouvertures  branchiales  de  chaque  côté. 

Les  Allemands  le  désignaient  sous  le  nom  de  iVisu* 


(307) 
npi^en,  Nmmaugen  ■  enneopklhabtmt ,  à  cause,  dit 
Gesoer ,  des  sept  oaTertures  branchiales  et  des  deux 
yem,  de  j/ifâotU. ,  p.  740 ,  lin.  60 ,  p.  laSi ,  laSa.  Il 
"valait  mieux  dire,  à  cause  de  sept  ouvertures  bran- 
chiales, de  celle  de  Tcnl,  et  de  celle  de  la  narine, 
aboutissant  à  un  soupirail  commun  ^ . 

*  Flemmiag ,  dans  son  Traité  sur  la  pêche  ,  a  fait  repré* 
senter,  pi.  L,  ce  poisson  |  ayec  neuf  onrertnres  de  chaque 
côté. 

Si  ,  comme  on  le  dit  dans  le  Dict.  des  Se,  nat,,  tom*  34$ 
p,  49^  9  1^  >aot  Neunaage  est  un  des  noms  allenuinds  da 
Misgun  fossile  ^  CobiUsJossUis  ,  Linn.,  c^est  par  suite  d'une 
erreur  dépendant  de  la  confusion  faite  par  les  anciens 
ickthyologistes,  qui  ont  rangé ,  sous  le  titre  Mustela,  tous 
les  poissons angttilliformes,  c'est-à-dire,  à  corps  alongé  et 
cjlindroUe,  on  cylindrique. 

A  Tarticle  Lote  nous  avons  déjà  signalé  Tabns  du  mémo 
nom  donné  à  difFérens  poissons.  ^ 

a  'Block ,  et  Bonnaterre  son  copiste ,  pour  faire  ressortir 
Feront  de  l'Ammocète  Lamproyon ,  ont  représenté  un  jet 
d'eau  sortant  de  cette  partie,  ainsi  que  Tarait  déjà  fait 
Rondelet. 

En  parlant  du  Pefromyzon  Pricka ,  Bosc ,  Nom.  Dict* 
d*hist.  nat.,  édit*  a  ^  tom»  7.S  ^  p.  436 ,  dit  :  ce  Dnmëril  en 
«e  a  fait  un  genre ,  sous  le  nom  d'Âmmocète.  as 

Cet  article  prouve  la  négligence  avec  laquelle  Bosc  tra- 
vaillait, même  sur  les  objets  les  plus  communs.  Dans  le  cas 
présent  il  a  confondu  la  Pricka ,  ou  Lamproie  de  rivière ,  que 
M.  Duméril  laisse  dans  le  genre  Petromyzortp  avec  le  Lam- 
prillon,  dont  il  a  fait  effectivement  le  genre  Ammocète* 
1  Le  rédacteur  de  l'article  Lamproie,  Z>/c/./7/7A)r.  d^hist. 
nai.  i^  i836  ,  tom,  4  )  P*  34o  9  regarde ,  mais  à  tort^  la  petite 
lamproie,  Pfitro/nyzon planeri ,  comme  étant  hiSatoille. 


^ 


(  3eé  ) 

On  Conçoit  facilement  lé  seiiis  de  Lamprojrôn  ,  Lam^^ 
prillony  diminutif  du  mot  Lamproie. 

Le  nom  de  Civelle  vient  de  Cweide,  avoine,  parce 
que  les  Ammocœtes  se  mangpent  en  masse ,  comme  les 
chevaux  mangent  l'avoine.  Cette  explication 'est  <lonnée 
par  Sachs  Gammarol.  P.  97 ,  à  Foccasion  de  la  Civade 
(^crangon  vulgaire)  ;  e  garumna,  dit-4l,  copiosc  extra* 
hunt  et  pusiliatim  dévorant ,  sicut  avenam  veterinae. 

Ce  petit  poisson  long  de  six  à  huit  pouces ,  gros  comme 
un  fort  tuyau  de  plume ,  a  été  accusé  à  tort  de  sucer 
les  branchies  des  poissons  ^ . 

Le  corps  est  cylindrique ,  annelé,  pointu  aux  deux 
extrémités;  la  bouche  est  dépourvue  de  dents;  et  par 
en  bas,  le  bord  en  est  coupé  des  deux  cotés. 

Gesner  en  a  parlé  sous  les  titres  :  Minimœ  lampredœ 
icon,  p.  706;  Mustela  sive  Lampetra  minor  BellonU, 
p,  696;  Murœnœ  genus  v^alde  parvum  in  Danubio 
quasi  calami  quantitatem  et  palmi  hngitudirte  non  exee* 
dens  y  p.  702;  Lumbricus  aquaticus ,  die  Neiîneugen, 
p.  703. 

Aldro  vandi,  d!ePÎ5ciJ.,  p.  58i,  de  Lampetra^uinadU* 

Duhamel ,  Traité  général  des  pêches ,  toni.  i ,  sect,  i, 
p.  3o ,  se  contente  de  dire  :  a  la  Chatouille  est  une  espèce 
ce  de  petite  Lamproye ,  grosse  seulement  comme  un 
«  tuyau  de  plume  à  écrire  et  qui  se  trouve  dans  la  vase} 
«  c'est  un  excellent  appât.  » 

Ce  poisson  est  fort  bon  à  manger  en  friture  ;  mais  il 
est  repoussé  par  beaucoup  de  personnes ,  à  cause  de 
sa  ressemblance  avec  un  Lombric. 

<  Oo  l'a  accusé  de  sucer  les  branchies  des  poissons^  peut- 
être  parce  qu'on  le  confondait  avec  le  Petrotnyzonplaneri, 
CuTÎer ,  Règn.  unim.,  édit.  9 ,  tom,  2  ,  p.  406. 


(  300  } 

.  Bonddet  d&igae.ce  pflMoo  sous  le  nom. de  Lam-^ 
projon,  de  ChatUlon,  Lamprillon,  et  le  caractérise  par  la 
phra^  suivante  :  jiliœ  (  Lampetne)  ,  x^ermibus  terres^ 
tribut,  crassioribus  €Lssimilantur.  Lampetra  parva,  et 
fluviatilis. 

Dans  le  Dictionnaire  des  Sciences  naturelles,  tom.  2 , 
supplément,  p.  i5,  n''  a,  la  SatoUle  est  décrite  sous  le 
nom  à^Ammocaste  lamprojon  ;  elle  diffère  des  Pélro- 
myzons^  parce  que  sa  bouche  est  dépourvue  de  dents.' 

Le  nom  d'Ammocœte  vient  du  grec  «/«ftt«  (  sable  ) , 
et  ntîTK  (lit),  parce  que  Tanimal  vit  ordinairement 
dans  le  sable,  où  il  se  tient  habituellement. 

Mon  confrère  M.  le  docteur  Bourrée,  médecin  à  Châ- 
tillon,  dit  ce  poisson  très  commun  dans  toutes  les  rivières 
du  Châtillonnais ,  où  Ton  s'en  sert  pour  faire  des  appâts 
pour  pécher  F  Anguille. 

Un  autre  confrère,  M.  leD.  Andriot,  médecin  à  Fon- 
taine-Française, auquel  j'avais  écrit  pour  obtenir  le 
nom  des  poissons  de  la  Yingeanne ,  me  dit  dans  sa  ré- 
ponse très  obligeante  :  «  Dans  mon  jeune  âge  j'y  (dans 
«  la  Venelle)  ai  souvent  pris ,  surtout  dans  les  fossés  qui 
«  avoisinent  la  rivière ,  une  espèce  de  petite  Anguille 
.«  jaune  qu^on  appelle  Satouille  dans  le  pays.  » 

Ces  détails  suffisent  pour  faire  reconnaître  VAmmo^ 
Costa  .lamprayon,  désigné  sous  le  nom  de  Branchiale 
^àa!OA.VEncYcL  méthod.,  Hist.  naU,  tom.  3,  Poissons. 

Tontes  les  parties  qui  devraient  constituer  le  squelette 
àeUiSaiÊoUle,  sont  tellement  molles  et  membraneuses  ' , 

>  Les  Ammocètes  n^ont  pins  de  squelette  ;  toat  leur  ap- 
pareil musculaire  n^a  que  de^  appuis  tendineux  ou  membra- 
neux. Cuyier ,  Jlist.  nat,  des  Poissons,  tom,  1  ,  p.  568. 

D'autres  poissons  présentent  une  structure  aussi  singu- 


-:â^ 


(310) 

qu^on  pourrait  considérer  ce  poisson  comme  n'ayant 
point  d'os  du  tout. 

L^ouverture  de  la  bouche,  mince  et  accompagnée 
de  deux  lobes  ,  est  garnie  d*une  rangée  de  ]^tits 
barbillons  branchus  *,  sa  lèvre  charnue  n'est  que 
demi-circulaire,  et  ne  couvre  que  le  dessus  de  Ift  bou- 
che ;  aussi  F Ammocète ,  dont  la  forme  générale  et  les 
trous  extérieurs  des  branchies  sont  les  mêmes  que 
dans  les  Lamproies,  ne  peut-il  se  fixer  comme  lesr  Lam- 
)>roies  proprement  dites,  et  lorsqu'on  l'accusait  de 
sucer  les  branchies  des  poissons ,  cette  assertion  venait 
de  ce  qu'on  la  confondait  avec  le  Petromjzon  Planeri. 

Nageoires  à  peine  visibles.  Les  dorsales  sont  unies 
entre  elles  et  à  la  caudale  ,  en  forme  de  replis  bas  et 
sinueux. 

liére;  outre  le  Myxine  glutinosa  ,  Linn.  ^  Gasiroh.ranchus 
cœcuSf  Bloch  ^  les  Trachyptères  et  les  Gymnètres  en  offrent 
une  analogue . 

ce  Leur  squelette ,  quoique  fibreux ,  est  y  dans  toutes  ses 
parties ,  tendre  comme  celui  du  Cycloptère  ;  les  os  de  la  tête 
ont  à  peine  pliis  de  consistance  que  du  carton  fouillé  \  lés 
vertèbres  tiennent  si  peu  enseiiible ,  que  le  corps  se  brise  dé 
lui-même  par  les  efforts  du  poisson  ^iyant  |  comme  celui  de 
rOrvet  ou  de  POphisaure,  ou  comme  lia  queue  du  lésard* 
Ses  longs  rayons ,  dans  le  premier  Age  surtout ,  se  romqpent 
comme  des  fils  de  verre  \  la  chair  est  si  molle ,  qiu^eUt  se  dé- 
compose en  quelques  heures,  et  que  même  data*l^eB{^t 
de  vin  le  corps  se  conserve  difficilement  entier.  39  Cuvier^ 
Hist.  naU  des  Poissons  ,  tom,  x ,  p.  325, 


CHIRURGIE. 


RAPPORT 

FAIT  AV  VOX  D^ITHE  COMMU6IOH  COMFOSéS  DE  XX.  SiXGtlEêf 

SEZré   BT   PINGEON, 

SUR  tTN  BRATËR  PERFECTIONNÉ , 

yftilSATé  FAft  M.  BOISAKT  ,  CBlUUliaiBV-DBKTUTB-'aSllVlAtlf' 
DU  COLLiaS  XOTAL'BT  DSS  P&lffOVS  DB  DUOV» 


On  a  fidt  de  nombreuses  tentatives  ponr  perfectionner 
le  brayer ,  et  le  rendre  plus  propre  à  remplir  les  indica* 
tbns  offertes  par  les  bemies  ;  mais  toutes  les  modifica«« 
tions  tentées  par  k  science  ou  signalées  avec  grand  bmit 
par  le  cbarlatanisme,  n^ont  pas  jusqu'à  ce  jour  rempli 
le  but  qui  les  a  fidt  proposer;  le  praticien  est  toujours 
oUigé  de  revenir  an  brayer  ordinaire ,  et  ces  déceptions 
continuelles  lui  font  accueillir  avec  défiiveur  toutes 
its  corrections  proposées  comme  un  perfectionnement. 

Telles  sont  les  préventions  sous  Tinfluence  desquelles 
nous  nous  sommes  livrés  à  Texamen  des  principes  et  des 
observations  qui  ont  conduit  M.  Borsary,  cbirurgien-» 
deatiste-bemiaire  du  GoUége  royal  et  des  Prisons  de 
Dijon ,  à  modifier  un  instrument  généralement  r^rdé 
tsomme  approcbant  delà  perfe^stion ;  et  i^us  n'étions  pas 
«uis  qœkpies  craintes  relativement  à  la'  valeur  de  Ml 
modifications;  mab,  nous  devons  le  dire  à  la  louange  dé 
M.  Borsary ,  notre  examen  lui  a  été  plus  favorable  que 
nous  n^osions  Tiespérer. 

En  eflet ,  aucun  bandage  -n'a  offisrt  jusquMci  les 
mêmes  avantages ,  savoir  la  mobilité  de  la  peiotte  dans 
tous  les  sens ,  et  la  solidité  du  porte-pelotte«  Ici ,  Técus^. 


o«  ) 

son  est  mobile  ou  immobile  à  la  volonté  du  malade  ;  il  se 
meut  de  droite  à  gauche  et  de  gauche  à  droite ,  selon  le 
besoin ,  à  Taide  d'une  vis  de  pression  goudronnée  ;  upe 
ouverture  longitudinale  pratiquée  à  la  plaque  du  porte- 
pelotte ,  donne  passage  à  deux  boutons  fixés  sur  la  plaque 
de  la  pelotte  qui  peut  s'élever  ou  descendre  à  volonté , 
et  qui  est  maintenue  au  point  convenable  par  une  cré- 
maillère d^itel^e ,  ce  qui  permet  au  malade  de  chan- 
ger fiicilement  et  à  volonté  la  pelotte ,  et  de  la  diriger 
dans  le  sens  le  plus  désirable. 

Ce  mécanisme  si  simple  mérite  d'autant  plus  les 
éloges ,  qu'il  permet  à  la  pelotte  du  brayer,  d'agir  (dus 
directement  sur  l'ouverture  herniaire ,  d'en  circonscrire 
plus  rigoureusement  les i dimensions,  et  de  multipUcir 
son  application  à  tous  les-  cas ,  sans  rien  pter  à  la  soUdilé 
du  bandage;  oes  perfectionnemens. paraîtront  encore 
avoir  plus  de  valeur  »  nous  ajoutons  que  le  prix  de  œ 
brayer  ne  dépassera  pas  celui  de  l'ancien ,  et  que  dès- 
lors  il  restera  à  la  portée  de  toutes  les  fortune^. 

M.  Borsary  a  donc  fait  une  chose  utile  à  la.Gûrorgîé 
liemiaire ,  et  l'expérience  viendra  sans  doute  confirmer 
ces  prévisions.  Qn  sait  d'ailleurs  que  le  brayer  <Nrdinaire 
n^a  pas  toujpurs  le  pouvoir  de  maintenir  les  hernies, 
celles  des  vieillards  surtout  ^  et  que  cela  tient  à  ce  quH 
ncrpout  pas  dans  tous  les  cas  s'adapter  convenablement 
Il  4eg  pcirties  qui  joffrent  dUnfinies  variétés  de  confor- 
mation. Sans  doute  on  peut  le  plus  isouvent ,  par  une 
lik*sion  plus  ou  moins  prononcée  du  ressort ,  satis&ire 
à  toutes  les  exigences  dé  ces  dispositions  organiques  ; 
mais  quelquefois  aussi  c'est  vainement  qu'on  tourmente 
l'instrument  pour  lui  faire  atteindre  complètement  le 
but  ;  il  reste  insuffisant,  et  la  hernie  continue  à  s'échap- 
per au  dehors. 


I 


(313) 

En  multipliant  davantage  son  action  et  en  la  particu- 
larisant mieux,  le  brayer  de  M.  Borsary  doit  plus 
efficacement  satisfaire  à  ces  exigences ,  si  même  il  n'en 
triomphe  pas  dans  la  plupart  des  cas  *,  aussi  n^avons-nous 
pas  hésité  à  le  regarder  comme  étant  plus  propre  que 
l'ancien»  à  remplir  toutes  les  indications  réclamées 
pour  la  complète'  contention  des  hernies ,  et  à  rendre 
tous  lies  services  que  Ton  est  en  droit  d^attendre  d'un 
liandage  herniaire ,  surtout  si ,  comme  nous  l'avons  in- 
diqué à  l'auteur,  il  s^attache  à  donner  à  son  instrument 
toute  la  solidité  dont  il  nous  a  paru  susceptible. 

Tels  sont  les  motifs  sur  lesquels  repose  Tapprobcition 
que  nous  vous  proposons  de  donner,  aux  perfectionne- 
mens  introduits  dans  le  brayer  par  M.  Borsary,  et  Tin* 
sertion ,  dans  vos  Mémoires ,  de  la  description  suivante 
de  son  bandage,  accompagnée  de  la  figure  destinée  à 
en  rendre  Pintelligence  plus  &cile. 

DESCRIPTION  DU  BANDâCE  DE  M.  BORSAAT. 

Sons  le  ressort  H  I  J  K ,  on  voit  une  plaque  en  enivre 
£xée  par  deux  vis,  dont  Fnne  sert  à  maintenir  la  plaque ^ 
«t  Tantre  Técnsson  qui  porte  la  pelotte  et  qui  joue  librement 
dans  la  fourchette  formée  par  le  bout  du  ressort  et  la  plaque 
<le  cnirre.  Le  porte-pelotte  a  tee  entaille  semicirculaire  ^ 
qui  lai  permet  un  mouTement  d^ler  et  venir  selon  le  be- 
soin ^  et  qu'on  arrête  au  point  désiré  par  une  vis  de  pression 
à,  t£te  goudronnée   N.  Une  ouverture  longitudinale  pra- 
^'tîiquèe  à  Técusson  qui  porte  la  pelotte ,  est  destinée  à  donner 
^Missage  à  deux  boutons  accolés,  fixés  sur  la  plaque  de  la 
jfàl/OÊ/bc  I  qui  peut ,  par  ce  moyen ,  monter  et  descendre  à 
^TÎSbliié.  Elle  est  maintenue  au  point  convenable  par  une 
crémaillère  dentelée ,  fixée  elle-même  dans  le  haut  par  une 
"^O,  et  appuyée  par  un  ressort  qui  la  presse.  Au  moyen 
de  ce  mécanisme  ^  on  voit  que  Ton  peut  changer  facilement 


(314) 

6l  à  Tolonté  les  pelottes  et  les  diriger  selon  le  besoin.  L*oa* 
Terture  longitudinale  est  pratiquée  de  manière  à  introduire 
les  pelottes  de  bas  en  haut ,  au  moyen  d'un  pont  en  cuivre  , 
rivé  de  chaque  ç6té  de  Touverture ,  pour  empêcher  Técar- 
tement  de  la  plaque  en  écusson  du  porte-pelotte  M,  et  en 
assurer  la  solidité.  Un  autre  pont^  placé  à  côté  de  Tentaille 
longitudinale,  sert  à  donner  passage  à  It  courroie  du  ban- 
dage qui  se  fixe  au  crochet  qui  lui  est  opposé.  La  longueur 
du  fer  à  bandage  ordinaire  doit  être  relative  à  la  circonft4 
rence  du  bassin ,  qui  varie  depuis  8,99  10,  i2  0ui5  ponces 
pour  les  enfans ,  et  de  1 5  à  22  ponces  pour  les  adultes. 

Le  mécanisme  de  ce  bandage  est  le  même  pour  les  hernies 
doubles,  inguinales  ou  crurales;  seulement  9  éoit  être  à 
deux  branches  et  k  deux  ressorts. 

EXPUGATIOIV  DE  LÀ  PLANCHE. 

FIGVBE    ire. 

A)  B,  C}D,  E,  Bandage  enve}oppé  de  ses  garnitures  et  monté 

de  sa  pelotte  garnie. 
F  9     Pelotte  de  rechange  de  ce  Bandage» 
G  y     Couverture  en  maroquin  qui  recouvre  Fécns- 
son  et  qui  tient  à  la  vis  goudronnée  et  bou- 
tonnée à  la  partie  inférieure  de  la  crémaillère. 

FIOURE    2«» 

H)  ly  J|  K,     Ressort  à  nv. 

L  j     Plaque  en  acier  non  garnie. 

M  y    Ecusson  détaillé  armé  de  sa  crémaillère. 

N,     Vis  goudronnée  de  Tentaille  semi-circulaire* 

O I  Petite  vis  servant  à  fixer  le  ressort  -  après  son 
écusson. 

P  y  Extrémités  du  ressort.  Bandage  à  deux  branches 
réunies  par  une  courroie  postérîeurem^t  f 
formant  de  petites  pelottes  avec  leurs  garni- 
tures. 


TABLE 

DES  MÉMOIRES  DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIEPTCES^  ARTS 
ET  BELLES-LETTRES  DE  DUON. 

PARTIE  DES  SCIENCES. 


mSTOlRE  NATURELLE  DES  POISSONS  de  la  G0TE-D*0R. 

Abdmninaax  (poissons) , p.  89,  88.  Angnilles  bornes,  p.  apa. 

AUe,  p.  i5,  34,  i3]y  204»   ao8  y  Anguille  retirée  d'au  poits^  p.  396. 

309,  ai  1  y  aia,  sai .  uénguis  fragilis  ,  p.  90. 

AUe  bordéy  p.  aie,  ai5,  ai8.  ^nodon  scaber ,  p.  ia5. 

Able  rayé  y  p.  aie,  ai 3,  ai  5.  Aocdoote,  p.  a3. 

AUes,  p.  57 y  146,  i6iy  i66j  ai3  ,  ^plysia  protea  ,  p.  34* 

970.  Apodes  (  poissons  ),  p.  3o,  58,  990. 

AUet ,  p.  ao8.  Apron ,  p.  56  ,  69»  80 y  oa. 

AUette,  p.  93,  ao4y  ao8;  ato.  jipus  cancnformis  ,  p.  Sa. 

jibramU,^,  i38.  jiquo  ,  p.  a8a. 

jÊbramis  blicca  ,  p.  14a.  Araignée  ichthyopbage ,  p.  107. 
Académie  degrUmidi,  p.  a5.  —  pêcheuse,  p.  107. 

Acanthoptérygiens    (  poissons  )y  ^r^ntina  sphyrœna  ,  p.  21 3. 

p.  56^  69.  ^ristosius  ,  p.  369. 

AcanUrarcy  p.  119.  ^ristosus,  p.  369. 

—  Uea ,  p.  130.  Artière ,  p.  84* 

Acérine  yfugaire,  p.  68 »  74-77*  Ascaride  de  la  Perche,  p.  67. 

Achon ,  p.  i55.  jâscaris  acus,  p.  aii  • 
jicipenser  sturio  ,  p.  298.  —  anatis  ,  p.  396. 

Aco ^  p.  383.       •  '  —  anfçuillœ ,  p.  aoS,  904* 

jiaiieati  altentm  genus ,  p.  87.  — fanonis ,  p.  36^,  376. 

Agoiiy  p.  378.  —  globicola,  p.  86. 

Agone,  p.  377.  — éobionis,^,  i3o. 

AfoneOy  p.  383.  -^lacustru,  p.  86  ,  341* 

Agro^es  ,  p.  33.  •»  marina  ,  p.  355. 

Alachia^  p.  ajg,  •»  perccB,  p.  67. 

jilausa  ,  p.  369.  •»  trutUB,  p.  3o3 ,  376. 

Albicula,^,  199.  jésper pisciculus ,  p.  09.- 

jâlbula  minima  ,  p.  383.  Aspreao  JohanncB  ,  p.  75. 

-~  minor,  p.  310.  Aspro  vulgaris  ,  p.  69. 

Jilhumus,  p.  3o8.  31  G.  Astacus  fiiviatilis ,  p.  29. 
Alei  mogeii ,  p.  i53.  —  paivus  ,  p.  33. 

Alenae,  p.  101.  Athérine,  p.  io8. 

Alonge,  p.  189.  Attilus ,  p.  998. 

Aloae,  1^.  53y  58,  368.  Aubet,  p.  308. 

Ame-noire,  p.  i8)Q.  Auchon,  p.  i55. 

Amoiocète,  p.  a33.  Auçon,jp.  i55. 

AmBOcète  Lamproyon ,  p.  11,  14,  Auricula  Dombei,  p.  3a. 

6é.  p.  3o6-3io.  Avaloirs  ,  p.  354. 

Ampiiacanthe,  p.  4a,  306.  Aveugles  (poissons),  p.  239,  289. 

Amphibia  nantes,  p.  54*  Azellottes,  p.  34* 

Andromis,  p:  338.  Azerottes,  p.  34. 

Aagana,  p.  199.  Balistes,  p.  55, 

A]igiiille,p.  17^  5o^58,  285}S86,  Ballenu,^.  i4|  141,  i4j,  168, 

290|3oa.  :so7. 


(316) 


Branchies  )  p.  S/. 

Branchiobdele  ,  p.  32.   _  r 

Brauchiostèges  (  poissonB  *) ,  p.  53. 

Brème,  p.  ôj^  93»  i3i,  1^7 ,  169. 
L  gardonaée,  p.  i44* 
•—  (petite), p.  122  ,  142. 

Srena,  p.  iSç. 

Brochet,  p.  16,  4^  »  4^»  ^^  >  ^» 
io5,  234' 

—  aveugle  ,  p.  239. 
•>- contrefait ,  p.  239. 

Buhulca  Bellonii,  p.  120,  i2a«  , 
Bufo  fuscus ,  p.  22,  i3o. 
Cai>ot,  p.  202. 

—  testa  ,  p.  78. 
Caligus  Miuleri,  p. 253.' 
CaUpso  dangereuse ,  p.  32. 
Canard,  p.  107. 

Canards  de  Valvasor«  p.  239. 
Cancer  astacus  ,  p.  29. 
— fluviatilis ,  p.  29, 

—  m^er,  p.  25). 
Cantharis  aquatica,-^,  34. 
Cap  beyré  «  p*  ^* 
Capelan ,  pi'  196. 
Capitatus ,  p.  ^^9-81. 

Capito  Ausonii  ,  p,  191 ,  195. 

— fluviatilis,  p.  i49  9  1^3,  2o3. 
Carangue ,  p.  35. 
Caranx  ,  p,  35. 
Carassin,  p.  116. 
Carreau,  p.  iiC. 


Bamhèle,  p.  221. 

Bambèle  (petite )  )  pu  194* 

Baue,  p.  00. 

Barbatula  ,  p.  225. 

Barbeau,  p.  16,  17,  57 >  92,  125» 

l5l,  2.^2. 

Barbeau  (  tête,  de) ,  p^  126. 
Barbot  (  petit) ,  p.  226. 
Barbota  ,  p.  :^84t  285. 
Barbote ,  p.  11,  1 25 ,  284  «  285. 
Barbote  (franche),  p.  232. 
Barbote  grasse  ,  p.  23i. 
Barbou ,  p.  225. 
Barbus,  p.  126. 
Baril-de-vin,  p.  35.    ' 
Basilic,  p.  61. 
Baromètre  vivant ,  p.  225. 
Binocle  de  Ptlpinoche,  p.  87. 

—  dn  Gastérosté ,  p.  86. 
Blanc,  p.  i83,  186,  ao5. 
Blanchaille,  p.  146,211. 
Blanches,  p.  aïo. 
Blanchet,  p.  211. 
Blennius  raninus,  p.  jS. 
Blick,  p.  i44< 
Biicke,  p.  164. 
Blicklein,  p.  121. 
Bopyre ,  p.  253. 
Borbocha,  p.  286. 
Borboche,p.  à86. 
Borbotha  y  p.  286. 
Borde,  p.  211. 
Bordelîere,  p.  i4»   Q0>  93,  124,    Carpe,  p.  16, 17, 21,28, 4i>  ^1^9 

i38,  141  )  14^)  '4^  89,  93,  i65,  296. 


Borgnes  ,  p.  239,  292. 
Boroche ,  p.  2i5. 
Bot,  p.  7^. 
Botatrissia,'p.  Si, 

—  fluviatuis  ,  p.  286. 
Botctrissia ,  p.  78 ,  79. 
Botriocéphale  du  phoxin ,  p.  222. 

—  solide ,  p.  86 ,  87,  276. 


Carpe  à  cuir,  p.  108. 

—  beurnote,  p.  16 c. 
— -  dauphin  ,  p.  108. 

—  épineuse ,  p.  id6  ,  i6t. 
-—  à  miroir  ,  p.  108. 

—  monstrueuse,  p.  102. 

—  rouge,  p.  11 3. 
— •  tanche  ,  p.  161. 


Botriocephalus  clapiceps  ,  p.  294.    Carpeau ,  p.  10  ,  io3. 


—  proboscideus  ,  p.  255. 
•^- rectangulus ,  p.  128. 

—  rugosus  ,  p.  290. 
Botte,  p.  286. 
Bouches-en-flûte,  p.' 55. 
Boucles  de  la  Baie ,  p.  60. 
Bouille,  p.  161. 
Boullause ,  p.  285. 
Bourbette,  p*  17. 
Bourong  gema,  p.  118. 
Bouvier ,  p.  i23. 
Bouvière,  p.  93,  120,  laa, 

144,  219,  221. 


p.  55, 


124 


Carpion,  p.  264* 
Carpione,  p.  258. 
Carrelet,  p.  ^\ ,  i6i« 
Cartilagineux  (Poissons)  , 

297. 
Caryophyllœus  mutabilis,^,  i34f 

140. 

—piscium^  p.  104, 127,  i34>  i4^* 
Castor,  p.  28. 
Cazets,  p.  34* 
Céleri n  ,  p.  277. 
Centriscus ,  p.  5S» 
Centropome  sandat  >  p.  76 ,  77. 


(  317  ) 

C^ÙIUS,     p.     l5^y     itôy     90I. 

-^ fiuviatilis  ,  p.  i52y  190,  193^ 
20a  y  a2a. 
CepiiB  ,  p.  u9t, 
CtebiMMu ,  p.  i58. 

Chahoîaseaii ,  p.  i53,  iSç.  —  trissa,  p 

Chabot,  p.  17,  a6,  5o,  âi|  7I1  789       ^-^villosa  ,  p.  196. 

81,  laôy  aoa,  337.  Clapëe,  p.  i3i. 

ChaboÎMeaay».  laa,  i53, 168, 169.   Clopes,  p.  a68 


Clupea  harengttSf'p,  6a. 
—  Sardineua.  p.  10,  an,  977* 

a8o. 
— <  sardinia  ^  p*  10 ,  a8S« 
•^sprattus  ,  ç.  977. 


p.  53. 

tus  f  p.  40. 


16, 


Chmtodon  ûmriticus  , 
Chœtodon  macrotepiao 
Cha^u,p-76. 
Chairifiy  p.  173. 
Ckalot  9  p.  79* 
Chalcis,  p.  sâa. 
Charaaain,  p.  117. 
Ckario ,  p.  173. 
Charrëe  y  p.  34* 
ChassOy  p.  78. 
Chaasot,  p.  78,8a,  397. 
Chat  y  p.  106. 
Chatilion ,  p.  a33. 
Chatillon,  p.  a33,3od* 
Chaloile,  p.  a33. 
Chatoille,  p.  3o6. 
Chatouille,  p.  161,  a33,  3o6'. 

Chayigaeaa ,  p.  160.  ,^ 

Cherin  ,  p.  173, 178,  ai 5.  —  tny malus,  p.  964* 

Chevalot,  p.  160.  101.  Corydale,p.  11. 

Cheranne,  p.  8,  01, 146,  149»  i5i,   Cotte  ,  p.  56. 

i5a,  i5o,  160,  i6j,  i65,  19a.         Cottus ,  p.  78. 
Cbevanneau,  p.  149*  Cottus  anostomus,  p.  83. 

Chevène,  p.  166.  — gohio,  p.  17  ,  78,  ao^. 

CheTeniieaalacLëman,p.  10, 161.   Coaleurre ,  p.  90. 
Chevesne,  p.  190,  19a.  Coulirou,  p.  35. 

Cheviniau,  p.  17,  Crangon  valgaire,  p.  3o8. 

Chien  marin ,  p.  76.  Crapaud  9  p.  91  »  io5. 

Chieven ,  p.  i53.  Crocodile  de  nos  rivières ,  p.  a37. 

Chondropwrygiens    (  Poissons  ) ,   Croix  augëlique  de  St.  Thomas  y 


Cobitis  aculeata,  p.  93o. 

—  barhatula,  p.  11  ,  iS  , 
aa5 ,  287. 

—fluviatilis ,  p.  a95  ,  227. 
'•^fossilis  ,  p.  326 ,  295  ,  307. 

—  tœnia  ^  p.  11 ,  12,  227,  23o- 
a3a,  387. 

Cûchleœ JluviatUes  ^  p.  33. 
Coluber  natriXj  p.  90. 

'~-  scaber  ,  p.  91 ,  laS. 
Coucha  longa ,  p.  34« 
Congre,  p.  299. 
Coracin,  p.  71. 
Corb,  p.  71. 
Cordonnier,  p.  85. 
Corëgone  thymale  ,  p.  365. 
Conegonus  fera  ,  p.  5i,  i6a|  a39w 

—  hyemalis  ,  p.  5a. 


p.  55 ,  58 ,  397. 
Cbbnan ,  p.  i53L 
Ghonette  des  poissons  9  p.  73. 
Chub.  p.  i53. 
OcadaflU^bMU,  p.  33. 
Cimotho#y  p.  67. 
Cingle,  p.  69. 
Ciradiây  p.  3o8. 
Civelle ,  p.  3o6 ,  3o8. 
Claria ,  p.  a85. 
Cloa  de  cheval ,  p.  79. 
Cloporte  9  p*  67. 
Clupea  ,  p.  58|  369,  271 ,  079. 
Clupea  alosa  ,  p.  i'68. 

—faUax,  p.  878. 

•^ficta,  p.  368. 

-^finta,  p.  978. 


p.  947. 
-—  obtenue  d'un  seul  coup  d« 

ciseaux  ,  p.  949 • 
Guculan  de  la  Perche,  p.  68. 
Cuculanus  elegans ,  p.  68. 

—  lacustris  >  p*  779  355 ,  994. 
Cyclopterus,  p.  55,  3io. 
Cyclostoma  impurum ,  p.  33. 
Cyprin ,  p.  89. 

Cyprin  bouche-en-croissant,  p.  8y 
i59,  188,  193-196. 
-—  de  la  Chine ,  p.  116. 
.—  doré,  p.  ii3,  996. 

—  fauve,  p.  i83. 

—  large,  p.  142. 
•~-  mugile,  p.  196. 
»-<  foux,  p.  i85». 


(  318  ) 

Cyprin  spëcalaîre ,  p.  io3.  Cyprinus  toxostoma ,  p>  8,  9  y  93 

—  tauchor  ,  p.  i35.  i88,  193 ,  195,205. 
Crpriaoïdes,  p.  57,  89.                        —  uranoscopus ,  p,  83. 
Cyprinus  agône,  p.  ai  i^  278,  379.       —  vimba  ,  p,  190. 

—  albumuSf  p.  10,  93,  208.  —  xanthopterus,    p»  93  |  147 
•^amarus,  p.  93,  120,  i23,  219.  164. 

—  aphya,  p.  210.  Dable,  p.  17. 

—  auratus  ,  p.  o3  9  I19.  JDacolitnus  ,  p«  23o. 

—  barbus,  p.  lOy  17,  92,  125.  Daiue,  p.  71. 

—  benacensis  ,  p.  129,  281.  Dard  ,  p.  198-200  »  ao7« 
-—  bipunctatus,  p.  17,  9a,  171  ^  Z)ardus,  p.  207. 

siSy  2]4>  316  y  2i8.  Dame,  p.  256. 

—  bliccaj^,  12,  lii.  Dauphin,  p.  71. 

—  brama  >  p.  93 ,  137.  .  Dauphin  ynulgaire,  p.  ao* 
•—  carpio  ,  p.  16,  17,  93.  Demi-charass,  p.  74* 

-»  -—  alepiaotus,  p.  108.  Dents ,  p  90. 

•—  —  macrolepidotus ,  p.  108.  Denture  des  Cyprins,  p.  90* 

•—  cephalus  ,  p.  10  ,  160.  Dermoptères ,  p.  25i. 

—  clauatus  ,'p.  i56,  180.  Didus  meptus ,  ^,  23. 

-^  dobula,  p.  8, 10,  17,  92,  1499  Z>iodon  spinosissimus ,  p.  â3|  Sf 
i55,  161, 190,  2o3,  222.  55, 

•»  erythrophthalmus,  p.  9,  12,  Djpterodon  Apron,  p.  6g, 

i4)  16,  92,  i3o,  144)  1719  17^9  Discoboles,  p.  55, 

181,  180,  200,  207.  Distoma  globiporum,  p.  140. 

"—fulpus,  p,  iJLy  92,  l83.  ^  infleanim ,  1^,  161. 

^fuscus,  p.  9,  q3,  i4a>  '  4^>  *47»       '~"  ^oureatum  ,  p.  263» 

—  ^6x0  ,  p.  1(5,  92,  128,  220.  —  nodulosum,  p.  68,  77, 
*^  grislagine  y  p.  i5  ,  i52.                 —  tereticolle ,  p.  24I9  a63, 
^—  icftfj^  p.   10,  12,    16,  i56,       '^varica,  p.  255. 

]58, 161,  173,  191.  Dobule,p. 8,  10,  149»  i5if  190 
'—  jaculus  ^  p.  9 ,  i3,  145  92  ,       101,  199. 

159,  171,  172,  193,  200,  2o4>  Dodo  ,  p.  23. 

ao5,  207,  208,  210.  Dorade,  p.  16. 

^--'jeses  ,  p.  x2,  i5,  191,  i55-  Dorade  de  la  Chine,  p.  93,  ii3« 

i58,  160.  Dorée,  p.  i6. 

—  latus ,  p.  90,  93,  i37,  i4i>  Dorée d*étang ,  p.  i35. 
168,  169.  Dormille,  p.  11,224,  228. 

•—  leuciscus,  p.  158}  282.  Dorsch  ,  p.  69. 

—  mekel,  p.  142*  Douve  à  long  col ,  p.  242 ,  a63* 
•—mucosus,  p.  i3i*  Dremillon,  p.  11. 

-^  mugilis,  p*  9,  92,  171, 172)  Dresson,  p.  i63,  i85. 

196,  200,  2o5.  Dreuçou  ,  p.  186.  ., 

•^•Tiasus  ,  p.  191-195,  2i2.  JDromilla  ,  p.  225. 

^'oblongus  ,^.  159.  Dromille,  p.  224  y  aaS* 

—  orthonotus ,  p.  147.  .  Dytique,  p.  33. 
— /i^oa;i/zu.r^  p.  9,  i3,  93^  220.  Echarde ,  p.  85. 

—  picloy^.  106,  £chinorhynchus  affinis  ^  p.  i^ 

—  plestia,  p.  i44»  ^^o- 

—  rarus  et  monstrosus,y,  102.       —  alosœ  >  p.  275. 

^-  rufiis,  p.  9, 14  y  93)  io5, 169,       —  anguillûB  ,  p.  294* 
178,  i85.  —  barbi  ,  p.  127. 

—  rutilus  j  p.  9,   14»  93,  147,       —  bramce,  p.  140. 
162  ,  164,  i65,  160,  170,  176,       —  carpionis  j  p.  23o, 
180 ,  182, 184,  i85,  187,  «07,       ^-  cernuœ  ,  p.  '^j. 

•—  tinca,  p.  17,  93,  •—  cobitidis,  p.  23o. 

—  —  auratus,  p.  i35é  •—  lucii,  p.  241» 


(319) 

Echinorhynekus  quadrirostris  ,  p/  Friteau  ^^p.  ai6 ,  317. 
a55-  FritOD,  p.  172,  176,  ai6|  zvf, 

—  rutili,  p.  167.  Fritou,  p.  9149  si6y  917. 

—  smimonis,  p.  a55.  Frog-eater  ,  p.  2a. 
—>  sturionu,  p.  3oo.  Fuudule  ,  p.  228. 

ji^  4ubioèatiu,  p.  a55.  Fundulus  ,  p.  i3i)  219,  aaS* 

— •  truttof,  p.  9o3.  Furo,  p.  177. 

Ecliiiiorhynqae  é%  la  Loche ^  p.   Gadoides,  p.  58. 


a3o. 

—  de  U  Perch« ,  p.  68. 
EcrcYi<pq»p.ai,  98,  aç,  91. 
EcrÎTaiiiyp*  ic^i  195. 
Sdlpout,  p.  a87. 

Eptiamis  Sequanœ,  p*  i39« 
Eperlan ,  p.  ai  5. 

—  bàUrd ,  p.  i38 ,  1419 144. 
*—  d'eau  douce  y  p.  aie. 

—  do  Seine,  p.  ai5; 
Epinarde,  p.  8d. 
EpiDOode  f  p.  85. 
E^Mi^lôto ,  p.  85. 

E^iioclie  y  p.  5oy  56, 64}  83|  88 

—  (mnde),  p.  84. 
EpÎBOcbette ,  p.  87. 
Eaean  boaa^p.  53. 
EicroëUee,  p.  33. 
bocee ,  p.  57,  a3S. 

£100;  lueùu  ,  p.  16  9  17,  a34» 
Eperlan ,  p.  17» 

—  bAtara ,  p.  i45. 
Egaence  d'Orient ^  p.  ao8 ,  ai3* 
Estoile,  p.  aa8 


Gadus  caÛarias  ,  p.  69. 

—  Lota  ,  p.  17,  a83. 

'•^  Jlferlangus ,  p*  a4y  6a. 
Galathëe,  p.  3a. 
Gale  )  p.  3o2. 
Gammaru^  pulex  ^  p.  34. 
Garbotin  ,  p.  i53,  i58  ,  i59« 
Garbotteau ,  p.  i51,  i58,  i59. 
Gardon,  p.  9,  la,  16, 14^,  i56,  i6if 

i65,  166,168,  169,  i74-»76>»8o. 

—  carpe,  p.  161,  177,  179. 

—  rouge ,  p.  162. 
Gasterosteus ,  p.  83. 

-—  aculeatus  ,  p.  Si. 

—  gywwarMJ,  p.  86. 
^-lœvis  ,  p.  87. 

—  pun^Uius,  p«  87. 

—  tracnurils  ,  p.  85. 
Gastrobranchus  coffciix^p.  3io. 
Gau  ,  p.  80,  81. 

Gaul.p.  227. 

Géroflée  chanseante  >  p*  104»  1279 

iSi,  140,  101. 
Gibèie,  p.  116,  146. 
Giœnia  ,  p.  256. 


Esturgeon,  p«  41  y  ^^y  ^  ^i>  ^^9   Gobie  aphye  ,  p.  227. 

295 ,  398.  —  Paganel ,  p.  227. 

Fasciola  anguillœ ,  p.  294*  Gobio,n,  79,  83  ,  lap. 

—  hramœ  ^  p.  1 40.  Gobio  juunatiLis  capitatus,  p.  78. 
— •/âripRii^  p.  263. 
— >  tucii  ,  p.  241,  263. 

—  luciopercœ,  p.  77. 
m^punctum,  p.  120. 
k-  truUœ  ,  p.  a63. 
— -  varica  ,  p.  a55. 

Faaciole  bouteille,  p.  68;  77. 
Feinte ,  p.  a68. 
Fera,  p.  5i,  16a,  a39. 
Feortoo,  p.  ]85. 
Filaria  ovata,  p.  i3o» 

'^  piscium,  p.  355I  _    ,  ^ ^ 

VUocapsulaHa  communis,  p.  s55.   Graiâp ,  p^  a32^. 

Foie  de  Lotte ,  p.  289.  Grasdos ,  p.  i38. 

Foin  des  crustacés ,  p.  3q.  Graspois ,  p.  ao. 

Fraiae ,  p.  a43.  Graveuche  ,  p.  5a. 

Ffetin  ,  p.  917.  Gremille,  p.  56,  74'76>  162 

Fnloi,  p.  916.  Greiuillette  ,  p.  226. 

Fritan  ,  p.  ai6.  Grenadille ;  p.  a48. 


Gobioîde  Broussonnet ,  p.  aaS- 

Gobioni,  p.  281. 

Gobius  fiuviatilis  ,  p.  129* 

Goeffon ,  p.  129. 

Goiffon,  p.  129. 

Gouioa,  p.  219. 

Gordius  taeustris  ,  p.  a4i* 

Goujon,  p.  16,  57,  71  f  9a,  ta8, 

a  19,  aao,  927, 389. 
Groujon  de  rivière,  p.  laS,  139. 
Gk)uigour,  p.  88. 
GoTÏan ,  p.  919. 


(  âîo  ) 

J^uciscus  feses  ,  "p,  t60é 
•"^phoxinus,  p.  ai9»9ai« 
^-'  secundus  ,  p.  198. 

Lézard  ordinaire ,  p.  90^  3io« 

LigDote ,  p.  ai5. 

Ligula  abdominalis ,  p.  i3iy  iZ^f 
189,  224. 

—  cingulum  ,  p.  i39* 

—  simplicUsima  ,  p.  184. 
liigulé  très-simple ,  p.  ^ij^  ao^. 
Limaçon  blanc  (  jeune  )  ^  p*  i5ei» 
Limande ,  p.  62. 
Limnée^  p .  33. 

Xiiorhynchus  denticulatus  ,  p.  99^. 
Loche,  p.  16 ,  5o  ,  57  y  aa4|  997-* 

939,  a3a,  287,  280. 

.—  d'étang ,  p.  aao,  297. 

•»  de  marais,  p.  295. 

•—  franche  ,  p.  11,  i3|  9a5)  997. 

—  perce ,  p.  aSo. 
i—  Il  pi^uans,  p.  23i. 

—  de  rivière,  p.  121 ,  93o,  939* 
Lochia  pinguis  ,  p.  a25)  93 1*- 
Lophius,  p.  55. 

—  piscatorius  ^  p.  81. 
Lophobranches  ,  p.  55y  58, 997. 
Lo8te,  p.  228 
LQtte>  p.  5o,  58, 228,  283,  a85, 3o9; 

•—  commune  ou  de  rivière,  p.  983» 
-'  aveugle ,  p.  289. 

—  de  12  décimètres  y  p.  989. 
Loup  des  rivières ,  p.  a35j  937. 
Loutre,  p  ai,  28,  107. 
Louyotte  ,  p.  161. 
Loxe,  p.  228. 
ttucius  ,  p.  234« 
Lugnâte,  p.  21 5. 
Macaroni  piatti ,  p.  i34  y  i4o- 
Macreuse,  p.  ai. 
Maigre,  p«  71* 


Grenouille ,  p.  28 ,  91, 104. 

—  pêcheuse,  p.  81. 
Grenouiller,  p.  73. 
Grillon ,  p.  1^7. 
Grundel,p.  225. 
Gudgion,  p.  219. 
Gymnètres,  p.  010. 
Haesel,  p.  2o3. 
Halbkaras ,  p.  74* 
Halsa  ,  p.  269. 
Hareng ,  p.  62. 
Hazelœ  ,  p.  209. 
Hazeling,  p.  142. 
Hemipodius  pugnax,  p.  118. 
Heseling,  p.  12. 
Holocentre  post ,  p.  75. 
Hydre  de  Hambourg,  p.  956, 
Hydrophile ,  p.  33. 
Hypostoma  caryophillinum,  p.  86. 
Icaii  bona ,  p.  53* 
Ikau  bona  ^  p.  53. 
Insecte  qui  Rattache  au  Saumon  ^ 

p.  253. 
Interopercule ,  p.  37. 
Jacana ,  p.  a3. 
Jacquard ,  p.  80. 
Jaculus  fp,  199.         j 
Jesen  ,  p.  269.  j 

Jugulaires  (  poissons  ),  p.  89. 
Karpkarass,  p.  74* 
Kin-yu,  p.  ii3. 
Jjacerta  agilis  ,  p.  90. 

— '  salamandra,  p.  90. 
Lachia ,  p.  279.  \ 

Ladres ,  p.  252. 
Lagonen ,  p.  282. 
Lampetra ,  p.  284»  3o2. 

—  harhata  ,  p.  226. 
Lampray ,  p.  10. 
Lamprillon ,  p.  3o6. 
Lamproie,  p.  10,  55,62|  a3i|  2849  ^^1*  P*  ^S  a85,  289,  3oa. 


285,  288,  3oi 
Lamproyon ,  p.  3o6. 
Lanceron ,  p.  17,  a35» 
Lançon,  p.  a35. 
Lanàoise,  p.  161. 
Langue  de  Carpe ,  p.  104. 
JLatus  ,  p.  71. 
Lascha,  p.  279. 
Lauck ,  p.  207.  J 

Laugele,  p.  ]3,  14,  2o4f  207. 
Lepisma  saccharina  ,  p.  .211. 
Lemea  salmonea  ^  p.  255. 
Leruée,  p.  104? 


Malacoptérygiens  (  Poissons)!^  pw 
56 ,  88. 

—  subbrachiens ,  p,  a83. 
Mange-Merde ,  p.  an. 
Marsouin,  p.  ao. 
Jlifelia  ,  p.  3a. 
Merlan  ,  p.  a4f  6a,  i5a. 
Méseutère,  p.  a43. 
Meunier,  p.  8,  10,  17,  18^  94»  78^ 

92,  146,  149»  i52,  159,  160-169, 

1Q2. 

Millecantons ,  p.  6j, 
Mirandele,  p.  10,  211,  a83. 


£euciscusj  p.  170,  173,  i85,  1949   Misgurne,  p.  11 ,  lai,  9a6,  985  > 
199)  206.  295,  307. 


(  3îl  ) 

If ûoltiiii ,  p.  d8i  •  Ocypoda  fluviatilîâ  ,  P .  19. 

Misons,  p.  79.  OE!uts  de  Truite,  p.  aoi. 

MonostomacaryophyllintUf^,^.   Oiseau  blanc  (  L*  ),  p    11 3. 

>—  cochlearijorme,  p.  128.  Omble  chevalier,  p>  5o,  aSg. 

*— foliaceum  ,  p.  3oo. 

—  tenuicollù,  p.  3o6. 
Mopskarpfeii ,  p.  loa. 
Ifomayre,  p.  64. 
llôratte,  p.  101. 
Iford-Pierre ,  p.  q3o* 
Mort- Pierre  I  p.  a3o. 
Motaîle  de  ruisseaux,  p.  226. 
llotelle,  p.  284. 
Moastache ,  p.  226. 
Moestale,  p.  285. 
If oostoile ,  p.  a85. 
Moutaile ,  p.  226. 
Mouteille,  p.  282. 
Montellei  p.  227,  229,  284,  287, 

289. 
Moutoille  ,  p.  228 ,285. 

l(oS«»  P*  ^73,  201. 
Mugit,  n,  i5jy  170,  201. 
-—  cephalus  ,  p.  202. 


Mulet,  p.  167,  201 
Malet  (Petit ) ,  p.  86. 
Mvlus  gohio ,  p.  78. 
Mwrmna  anguilla  ,  p.  17,  290. 
Murène  ungnillc,  p.  290. 
MuMca  fiuvitttitis ,  p.  33. 
MkseuÛ  aqvm  dmcis ,  p.  33. 
Mosnîer,  p.  79,81. 
MusUla,  p.  284,285,  287,  \  289, 
3o2,  307. 

*^  fluvimtilis  parva  ,  p.  23i« 

.—  minima,  p.  227. 

S^re  dee  pdittres,  p.  33. 
lyxine  glutinosa  ,  p.  3 10. 
Nageoires ,  p.  38. 
Ifaooore  »  p.  33. 
NoMicoris  cunicoides,  p.  34. 
Ifaae»  p.  193-195. 
Kasus ,  p.  191  y  194* 
Ifaze,  p.  212. 
Ifeinange,  p.  i4* 
Kerf  dejbœnf ,  p.  243. 
N estel ,  p.  ao3. 
Neunange,  p.  285. 
Neiinauge ,  p.  3o6. 
Neuiiaugen,  p.  307. 
Ifeuneiigen,  p.  284,  307. 
Votonecta  glaMica ,  p.  33. 
If nnei%'aal ,  p.  284. 
Oberkottichen  ,  p.  122. 
Obo,  p.  27. 
OdoHoma  iiiosœ,  p,  976. 


Ombre,  p.  58,  26 1. 

—  d'Auvergne ,  p.  264. 

—  chevalier,  p.  10,  5i. 
Opercule,  p.  ^7. 

Ophiostome  de  TEsturgeon,  p.  3oo; 
Ophisaure ,  p.  3 10. 
Oq)he,  p.  28. 
Orvet,  p.  yo,  ^10. 
Os  des  mystaches ,  p.  89*' 

—  labial,  p.  89. 

—  mitral,  p.  110. 
Osseux  ( Poissons  ),  p.  55, 
Ostracion ,  p.  55.  ^ 
Ovaire  de  Perche ,  p.  254. 

—  de  Saumon ,  p-  254* 

—  de  Truite,  p.  25i. 
Ovelle  ,  p.  3 10. 
Pachyrinchus  ,  p.  192.  - 
Pargneaux,  p.  io3. 
Parra  brasitiensis  ^  p.  23. 
Passijlora  incamata ,  p.  249. 

—  laurifoLia ,  p.  248. 
Passion  (lustrumens  de  la),  p. 

243-246. 
Pectorales  pëdiculées,  p.  55. 
Pe^asus,  p.  55. 
Peisreî,  p.  71. 
Perça  cernua.  p.  75. 

—  fluviatilis  ,  p.  i6 ,  65. 

—  lucioperca,  p.  j6. 
Perças,  p.  66. 
Perce,  p.  23o,  23 1. 
Perche,  p.  16,  17,  5o,  56,  62. 

—  gardonuée,  p.  68,  75. 
^-  à  Goujon ,  p.  75. 

—  goujounière ,  p.  jS» 

—  (  petite) ,  p.  76. 
Percidas ,  p.  66. 
Percidia,  p.  66. 
Percoïdes,  p.  56,  62. 
Perdicas,  p.  ^, 
Perdicia ,  p.  66. 
Perdrix  d'eau  douce,  p.  65. 
Persèque,  p.  63. 
Péteuse,  p.  120- 123,  219. 
Petite  vérole  des  poissons ,  p.  52. 
Petrohiyzon  branchialis ,  p.  11  ^ 

14,  3o6. 
*—  fluviatUis  ,  p    10. 
-^^tnarinus ,  p.  3oi. 
.—  planeri,  p.  3o8,  3iO« 

—  pricka,  p.  3o7. 

ai 


(  322  ) 


Peultet.  p.  121V 

Phoxint,  p.  168. 

JPhoxinus ,  p.  la^y  i38,  167,  1869 

320,  221. 

•—  squamosus ,  p.  21 1  ^  21/^ 
Phrygaue ,  p.  34. 
Phryganum ,  o,  34. 
Picot,  p.  83.  ^ 
Pierre  Je  Carpe,  p.  98. 

—  de  Pcrcne,  p.  69. 
Pigeon  blanc  (  Le  )  ,  p.  ii3. 
Pigo,  p.  i56,  j6i. 

"Pigus  y  p.  j5ô,  180 
Pimélocfe  scheilan,  p.  88. 
"PiscicuLus  varius ,  p.  218. 
Piscis  Latus ,  p.  71. 

—  regiùs ,  p.  71. 
Plagio8tOBie« ,  p-  59. 
Plakat,  p.  11 3. 
Planorbis  nautUeus  ,  p.  33. 
Platane,  p.  141,  i44>  i4^* 
Platelle ,  p.  174* 
Plateron ,  p.  i44>  ^74* 
Platet,  p.  2L.5. 

Platte,  p.  i44* 

Platton  ,  p    144* 

Pl^ctQgnatheâ  {rDissoii&)  ,  p.  55, 

5^  y  297. 
Plestii^  jf  p.   144»  14^* 
Pleuronectes ,  p.  6a. 
Poisson  admirable  en  la  Sa6ne, 
p.  27a. 

-»  blanc  ,  p.  id ,  a4* 

■ —  d'argent,  p.  211. 

<—  doré  de  la  Chine,  p.  11 3. 

•^  de  mirable  nature,  p.  272. 

—  roi,  p.  71. 

^j—  rouge,  p.  n3,  ii5. 

«—  royal,  p.  71. 

*—  det^ilieur,  p.  19^* 

—  teinturier^  p   34. 

—  yil ,  p.  2o3. 

poissons  blancs,  p.  146,  166,  ai5» 

—  cartilagineux,  p.  55. 
-—  osseux ,  p.  55. 

>—  (  Petits  )  de  la  fpnCaine  de 
Vermanton ,  p.  222 ,  223. 

^^  ^-  de  rétaug  de  la  Valduc , 
p.  22a. 
Post ,  p.  75. 
Préonercule ,  p.  37. 
Pucelle,  p.  260,  270. 
Punaise  (&raiide)^à  avûoBS  ^  p.  33. 
Pungitius ,  p.  84* 
Pungititius,  p.  84» 
Patael|  p.  287» 


Putois  ,  p.  106. 
Queue  de  casse,  p.  80* 

—  de  Truite,  p.  126. 
Rabote,  p.  9. 

Kaie,  p.  11,  60,  6u 

—  bouclée,  p.  41- 
Haniceps  bleunoïdes  ,  p.  73^* 
Hat  d'eau,  p.  107. 

Bauffe,  p.  174. 

Raychœ ,  p.  61. 

Reine  des  Carpes  ,  p.  iû8. 

Requin  d'eau  douce,  p.  935» 

Rettel ,  p.  J77. 

Reversus  squamosus  j,  p.  s3. 

Jthytelminthus  anguillcB  ,  p»  S94«r 

Riemliug,  p.  laa.  .  :,. 

Ripe ,  p.  84.  '' 

Riz-de-?eau  ,  p.  a43v  ,. 

Riserle,  p.  ao4*  • 

Aoce,  p.  164. 

Roche  ,  p.  164* 

Roi -poisson  ,  p*  70. 

Roi  des  poissous  r  p^  71,  73» 

Rondion,  p.  211. 

Roscie ,  p.  168,  177. 

Rose,  p.  164»  170,  220,  aai» 

Rosière,  p.  ia3,  i65,  168-1709^  999^ 

22.». 

Rosse,  p.  i5,  146, 16a y  i64'&^7S 

169,  179^  180. 
Rotaugle,  p.  144,  178,  X79>  l^W. 
Rotaug,  p    177.  \ 

Rothauge ,  p    12* 
Rotele  ,  p.  174. 
Rotengle,  p.  92,  ]73-i75>  aoo« 
Rotisson,  p.  i6fl. 
Rousse,  p.  162,  i63, 176, 184»  l8>S^ 

187.  ^ 

Rousset,  p.  16a. 
Roussette,  p.  41  «  71* 
Hubellia  ,  p.  la. 
Rubeltus  fluviatilis  ,  p.  i63  ^  iSa» 
Rutilus  ,^.   1,63,:  18a. 
Ryserle,  p.  i3,  ao8. 
Ryssliug,  p.  i3,  2q4,  ao8. 
Sago,  p.  168, 

SaifTe ,  p.  i8i3, 19a,  998,  282. 
Salamandre,  p.  90. 
Salmo  alpinus  ,  p.  lo.  ' 

—  articus  ,ip,  196. 

—  carpÎA ,  p.  264.. 

—  carpione  ,  p.  10. 

—  cyprinoïde-tf  p.  10. 
—/ario  ,  p.  9,  16,  367. 
«—  eroenlandicus  ,  p.  196* 


( 

^mo  pmnctaiu*,  9*  ^9* 

•—  salar  ,  p.  a5i. 
.  -^  thywtmlùâs  ^  p.  10. 

'—trutta  ,  p.  10,  2571  95^ 

—  umbla ,  p.  239. 
Sil»OD«lodde,  p.  196. 
Salmones,  p.68-a5i. 
Same,  p.  8o-aoa. 

SMdrCtP.TT* 
^■«gsiM  uoin ,  p.  joo. 

Sarachus ,  p.  28a. 

SiMlm»,  pw  iov9i>>97&|  aSS. 

•—  de  lÎTi^re  >  p*  9* 
§«€»  ^  »73. 
§tf«e»  p.  177. 
Saigon,  p.  177. 
SàrgHM,  p.  »68  9 174. 
Sanr ,  p.  173. 
Sarve  y  p.  173. 
Satoille^  p.  3o6. 
Satonille,  p.  sl33,  307. 
Aitron  y  p*  9* 
StarnoB  f  p*  i^  I  a5i« 
Savei|  yp.  19a. 
Savetier ,  p.  S5. 
Sa?  et  ta  f  p.  174. 
Sméwo»  »  p.  79» 
Scaxon  »  p-  70. 
Scheriu  9  p.  173. 
SchnotfiacD ,  p.  aoi,  so3* 
Schwaly  p.  i77« 
SchwarU  krops  9  p*  99, 
Scimna  ,  p*  71* 

—  umbra ,  p,  964. 
Scoleac  auiicuCàtus ^^  loo. 
Scriba,  p.  199. 
Scrophuîœ  aquaticœ ,  p.  33. 
Sechot,  p.  70,  89. 
S4adeiis ,  p«  69,  3oo. 
Siécfcot^  p.  980. 

Sep t-œ^ ,  p..  507. 
Setcbot',  p  985. 
Seuffe,  p   188,  198,  9o5>  aop. 
Seuffle,  p.  188, 197. 
Seufle  gnsT,  p.  1^. 

—  rousse»  p    loa. 
Seuffre^p.  108. 
Shahr  ,  p.  88. 
Shalh»  p.  88. 
Shatouiliie  ;  p.  982  »  933. 
Siège,  p.  9,  168»  171,  216, 279. 
Kego,  P-  170-172,  176,  216,  217. 
Silurolaetf,  p.  Â7- 

Silurus  clanas  ,  p.  88. 
—^lanis,  p.  20,  286,  989. 
•-  ichncumon  g  p.  88. 


8)3  ) 

Silunu  schal,  p.  68» 
Slmus,  p.  192. 
Sirène ,  p.  256. 
Sitrich-knarpfeiii  p.  74* 
Sole,  p.  62. 

Solttaure  (  jeu  de  ) ,  p.  aSo* 
Sophio  »  p.  Sb  198* 
Sorcier,  p.  70, 72,  82. 
Sparus  erythrlnus,  p.  35# 
Spiegelkarpf ,  p.  108. 
Spinacia  ,  p.  87* 
Spirlin,  p.  99^  910,  9i3-9i6» 
Spirliug,  p.  178. 
Squale,  p.  i53,  988* 
Squalus  ,  p.  19t. 

— •  canicula  ,  p.  71. 

'^~' ctUulus  ,  p,  76. 

—  Squilla  flupiatUis ,  p.  Sa* 
Steinbeisser ,  p.  19. 
Steiubesscr ,  p.  93o« 
Steinkresaen  ,  p.  8). 
Stratiotes  aloiaes,  p.  99a* 
Strincius  ,  p.  79.  . 
Sturooiens ,  p.  59»  997. 
Subbrachiens,  p.  58. 
Subopercule ,  p.  37. 
Suceurs,  p.  69  ^  3oo« 

Soeta ,  p.  &94. 
Suiffe ,  p.  198 ,  907* 
Swal»  p.  168. 
Syngnathus  ,  p.  55. 
Tœiiia  anguitU»,  p.  994* 

—  carnuta  ,  p.  a3x. 

—  fiiicollis  ,  p.  86. 

—  easterostei  ,  p.  86. 

—  laticeps ,  p.  104,  i34,  i4o» 

—  nodutosa ,  p,   68  ,   77,  241 1 
955  ,  994. 

— .  percœ  cemucB ,  p.  77. 

—  recta ngulum  ^  p.  i^. 

—  rugosa  j  p.  290. 
•—  salmonis  ,  p.  955. 
»—  solida  ,  p.  86. 

_  torulosa  ,  p.  161  • 

—  truttce,  p.  a63. 

Tanche,  p.  17,  5?,  93,  xo8y  i3i. 

—  dorée  ,  p.  iâ5. 
Tanchor  ,  p.  108,  i35. 
Temolo,  p.  129. 
Tenche  ,  p.  i3a. 
Termes  radicum ,  p.  77. 
Testard ,  p.  80 ,  i53 ,  i60|  ao2# 
Teste  d'Aze ,  p.  80. 

Testu,  p.  80. 
Tête  d'âne ,  p.  8o. 
Tctraçdon  ,  p.  55» 


(3Î4) 

Tetrarynchus  appendiculatus  y  p.  Timbre  de  Cleitnont-FeiTaiid  ,  p^- 

255.  264. 

Tctrodon ,  p.  54-  •  Umidi  (  Academia  deg  1*  ) ,  p.  a5. 

Têtu  ,  p.  8.  Unio  sinuàta  ,  p.  34, 

Teucha,  p.  i33.  Uranoscopus ,  p.  83. 

Thermometrum  vivum  ,  p.  226.  Vairon  9  p*  9 ,  93^  128 ,  199  >  166  f 
Thorachiques  (  poissons)  y  p.  39.  ai8,  219-292,  224. 

^hrissa,  p.  269,  271.  —  de  Saône  ,  p.  2i5. 

ThymaLlus  y  p.  264»  271.  Vangeron,  p.  95,  16^-1649  166- 
Thymusy  p.  243.  168,  170,  177,  180,  \^^  ^^r 

Tinca  aurea,  p.  i35.  ^98. 

Tinet»  aquaticœ  ,  p.  33.  — •  Ventra  ou  goitrénx ,  p.  1(57-  "• 

Tocau,  p.  267.  Vanneau  armé  ,  p<  a3. 

Torpille  ,  p.  j^i»  Vandoise ,  p.  i3  ,  162  /  172,  173  i 
.Tortues  (  Petites  },  p.  32.  17!,  176)  198-20O1  204-2069  ai7.- 

Trachyptères,  p.  3io.  Vaudoise ,  p.  200.  ' 

Triœnophoriu  noduLosus ,  p.  241 9  P^eudosia  ,  p..  175,  177,  200* 

294*  Vengeron,p.  181,  207. 

Tncuspidaflu  y  f*  241*  Veuth,p.  269,  278.' 

Triénophore  nioauleuz  ,  p.  68)  77,  Ver  des  Tauclics  ,  p.  i34. 

208,  241  )  255,  9909  294.  Verich ,  p.  269. 

Trissia  fluviatilis  ,  1^,  Q.i6.  Ver  noir ,  p.  96. 

Truite  »  p.  9,  16,  17,  5o,  58y  257.  Vérole  (petite)des  poisaonsi  p.  Sa. 

—  (  Queue  de  ),  p.  126.  Veron  ,  p.  i3,  218-221,  224. 

—  carpione,  p.  258.  Vertèbre  (  la  )  ,  p.  44* 

—  des  Alpes ,  p.  10  9  258.  Vertèbres  des  poissons  ,  p^  i35« 
>—  de  lac,  p.  259.  Vilain,  p.  28)  ]53,  159,  x60y  i65.' 
•»  de  lac  et  de  rivière,  p.  258.  Villena  ,  p.  162. 

-—  saumonée,  p.  10,  258,  269.     Vilna ,  p.  159,  16a. 

—  —  noire,  p.  10.  p^imba,f.  196. 
S*rutta  fiupiatilis ,  n.  zSff,  J^indosia,  p.  noô* 
Tufelscnossz ,  p.  liÔ.  Wasscrgue^eu  ,  p.  33. 
Turnix  comb&ttaut,  p.  ii8.  Weiss  fiscn,  p.  282; 
Umble  chevalier,  p^  10.  Winger  ,  p.  200,207. 
JJmbra  fluuiatilis,  p.  964*  Zerte  ,  p.  164. 

» 

CHIRURGIE. 
Rapport  sur  un  Brayer  perfectionné  ^  présenté   par   M. 

B0RSAB.Y|    •     ••••••••••••••••••p.  3ll 


ris  DP  ïéÂ.  TA.BLB* 


(  325  ) 


CORRECTIONS  ET  ADDITIONS. 


P.  i3  y  supprimez  les  onze  premières  lignes. 

P.  dj  y  note  a« ,  GeofTroi,  lisez  M.  Geoffroi. 

P.  52 ,  ligue  a6 ,  Daval ,  £zj6z  Dumas. 

P.  83  ,  avant  Epinoche  ,  placez  Genre. 

P.  89 ,  !•>'  sous'genre ,  Carpe ,  et  les  deux  lignes  suivantes  y  à  placer 

p.  93  ,  avant  VII.  La  Carpb. 
P.  1089  lignes,  Macrolopidotns,  ^ûez  Macrolepidotos.  • 

P.  191,  ligne  6,  oSo^  j  lisez  389.  r,    ^ 

P.  146,  ligne  8  ,  etc.  Gardon  ,  lisez  Gardon  y  etc. 
P.  i5i,  ligne  16,  Jurine  :  lisez  Inrincy 
P.  i53,  Kgne  la,  Chus,  lisez  Chub. 
P.  i58,  ligne  pénultième ,  Garbattean,  lisez  Garbotteau. 
P.  içSylign.  Q  ,  Ecrivain  ventre,  lisez  Ecrivain,  de  ventre* 
P.  i95,XX,/wezXXUr. 
P.  aai  ,  après  la  ligne  16  ,  ajoutez  Bambele. 

Bambvlx  9  Cyprin  de  6  à  7  doigts  long.  Caroncule  jaune  k  la  join-> 
ture  de  ses  nageoires ,  ligne  latérale  oblique ,  brune  *,  iris  des  yeux  de 
couleor  d*or  safraué  ;  dans  le  lac  de  Zuric.  JDict,  théor,  et  pratiq,  de. 
Chasse  et  de  Pêche  (  par  Delisle  de  Sales)  ,  tom,  a ,  p.  74* 

P.  a55,  réunissez  le  n»  4  ^Q  ^^  ^< 

P.  a6o,  ligne  25,  Delevaux,  /ûez  La  veaux. 

P.  a68,  ligne  dernière,  ajoutez:  cette  étymologie  n'est  point  ezactei 

v^,  p.  370, 
JP.  a84f  ligne  dernière,  Nunengaal,  //^ez  Neiinengen. 


FIN   DXS  CORBCCTXOirS   KT  ADDITIOITS. 


MÉMOIRES 


DE  L'ACADÉMIE 


DES 


SCIENCES ,  ABTS  ET  BELLES-LETTRES 


DE  DIJON. 


,  MEMOIRES 

VGADÉMIE 


'.LES-LEITHES 


^és  lettres. 


DIJON , 

[If,  IMPRIMEUR  DE  L'ACADÉMIE. 


•      '    >      ^      ^ 


MÉMOIRES 


DE  L'ACADÉMIE. 


.'U 


■■  ■    ■  «1 


ss 


PHILOSOPHIE  LITTÉRAIRE. 


COUP-D'OEIL  PHILOSOPHIQUE 


SUR 


LES  PHASES  DE  LA  UTTERATUBE  EN  FRANCE. 


17"*   8IÈGLE. 


La  par  M.  JfkVLt  k  la  séance  puMiqae  de  F  Académie  de  Dijon , 

le  a6  août  i836. 


C^est  une  remarque  à  laquelle  le  témoignage  de 
rhistoire  et  Fexamen  de  la  critique  nous  amènent, 
que  l'époque  où  la  littérature  d'une  nation  est  arrivée 
à  son  plus  haut  point  de  splendeur ,  est  celle  qui  a  tu 
succéder  à  de  violentes  agitations  une  situation  tran- 
quille et  prospère.  Les  grands  siècles  littéraires  ont  été 
précédés  de  convulsions  dans  PEtat.  Il  semble  que  Tes- 
prit  humain  ait  besoin  de  ces  secousses  pour  atteindre  à 
toute  sa  puissance.  Mais ,  pour  que  les  arts  mettent  à 
profit  ses  forces ,  il  faut  que  le  calme  succède  aux  orages  : 


(6) 
c'est-à-dire  que  les  hommes  aient  foi  dans  le  présent , 
qu^ils  puissent  même  étendre  cette  sécurité  danii  Ta- 
venir. 

Le  siècle  de  Rome,  auquel  l'empereur  Auguste  a 
laissé  son  nom ,  signalé  par  les  plus  grands  événemens 
qui  aient  agité  le  monde  romain,  fut  eaméme  temps 
l'une  des  époques  du  plus  haut  développement  de  l'es- 
prit humain  dans  la  civilisation  antique.  Durant  la  lutte 
colossale  qui  avait  renversé  la  constitution  romaine ,  la 
scène  avait  été  occupée  par  des  hommes  qui  comptaient 
des  rois  parmi  leurs  cliens  ,  et  dans  leur  trésor  la  dé- 
pouille des  provinces.  Toutes  les  supériorités  du  caractère 
ou  de  l'esprit  avaient  été  mises  en  jeu  dans  les  débâts  où 
avaient  figuré  César ,  Caton ,  Cicéron  ,  Brutus ,  et  tant 
d'autres  personnages  illustres.  Lorsque  la  société  ro- 
maine, remuée  à  fond  par  ces  bouleversemens ,  vînt  à 
se  rasseoir  enfin  sous  l'administration  habile  et  calme 
d'Auguste,  les  esprits  fatigués  du  mouvement  des 
grandes  passions  et  des  grands  événemens  se  reposèrent 
dans  la  jouissance  des  arts  de  l'imagination  et  dans  les 
paisibles  travaux  de  la  pensée.  Rome  se  consola  de  sa 
liberté  perdue  en  chantant  ses  origines  et  en  racontant 
ses  triomphes.  La  poésie  et  l'histoire  firent  éclorie  les 
chefs-d'œuvre  qui  ont  illustré  ce  siècle  mémorable. 

La  littérature  romaine  fut  la  continuation  de  la  litté- 
rature grecque  qu'elle  imita.  Bien  que  les  institutions  et 
le  génie  des  deux  peuples  fussent  dissemblables ,  la  forme 
et  l'expression  furent  les  mêmes  dans  les  deux  littéra- 
tures. Par  la  forme,  j'entends  les  procédés  de  l'art  d'abord 
instinctifs  dans  l'ame  de  l'artiste ,  et ,  plus  tard,  conver- 
tis en  règles  par  l'analyse  philosophique.  J'entends  par 
l'expression  le  résultat  des  sentimens  et  des  idées 
propres  au  poète  ou  à  l'écrivain  qu'il  tire  de  son  organi- 


(  7; 

sation  individuelle ,  qu'il  emprunte  à  Finfluenceda 
climat ,  de  la  religion ,  de  la  coutume ,  de  toutes  les 
choses  extérieures ,  en  un  mot,  qui  peuvent  modifier  la 
pensée  de  Thomme.  Or,  ces  choses  furent  en  partie 
les  mêmes  chez  les  Grecs  et  chez  les  Romains.  Ainsi , 
les  deux  littératures,  indépendamment  de  Timitation, 
devaient  être  analogues  entre  elles,  sauf  toutefois  que 
BcHne  dooÛDe  Fart  alors  même  qu'elle  s*y  essaie  ]  le  mot 
de  SOD  poète  :  tu  regere  imperio,  reluit  dans  toutes  ses 
^Eavres* 

Aiprès.un  intervalle  de  seize  siècles,  et  avec  la  diffé- 
Tenœ  des  temps ,  des  institutions  et  des  mœurs,  le  même 
phénomène  apparut  encore  sur  la  scène  du  monde. 
Durant  le  seizième  siècle  de  notre  ère ,  la  société  euro- 
péenne avait  été  remuée  dans  ses  fondemens  par  les 
doctrines  et  les  guerres  de  la  réforme.  Le  régime 
féodal  <  abattu  d'abord  en  France  par  Louis  XI,  avait 
fidlli  se  relever  à  Faide  des  foctions  qui  avaient  ébranlé 
l'Etat  sous  les  règnes  des  fils  d'Henri  IL  Mais  Richelieu 
lui  avait  porté  le  dernier  coup^  il  avait  fixé  l'ascendant 
du  pouvoir  royal.  Q»:and  Louis  XIV  vint  s'asseoir  sur 
ee  trâne  dont  les  avenues  étaient  dégagées ,  il  trouva 
Fune  des  deux  religions  rivales  prévalant  définitive- 
ment dans  l'Etat,  puis  la  puissance  aristocratique 
humiliée  sans  retour  devant  la  couronne.  Alors  la  société 
française,  encore  tout  émue  des  longues  agitations 
qu'elle  avait  subies ,  se  recueillit ,  comme  avait  fait  Rome 
autrefois,  pour  enfanter,  à  la  faveur  du  calme,  les 
prodiiQtions  de  Fesprit.  La  France ,  en  arrière  de  l'Italie- 
et  de  FEspagne ,  put  étaler  avec  orgueil  ses  poètes ,  ses 
orateurs,  ses  moralistes.  L'éclat  de  sa  littérature  refléta 
bientât  sur  toute  FEurope  :  la  langue  latine  avait  été  la 


(8) 
langue  savante  des  peuples  nouveaux ,  la  langue  fran- 
çaise devint  la  langue  universelle  des  peuples  polis. 

Le  catholicisme  prévalant  sur  la  réforme,  et  la 
royauté  devenue  pouvoir  unique  dans  l'Etat,  sont  les 
deux  faits  qui  dominent  la  société  française  au  dix- 
septième  siècle  :  ces  faits  déterminent  le  type  de  la 
littérature. 

I^  réforme,  matériellement  désarmée,  luttait  eticore 
de  doctrines  avec  la  religion  catholique.  Claude  dispu- 
tait contre  Bossuet ,  et  la  foi  de  Turenne  était  le  prix  de 
la  victoire.  De  cette  position  militante  du  catholicisme 
dérivait  pour  lui  la  nécessité  de  se  montrer  grand  et 
imposant  dans  ses  actes ,  puissant  dans  sa  parole.  Delà 
rélan  donné  à  Féloquence  de  la  chaire ,  Ténergie  et  la 
profondeur  de  la  philosophie  morale.  Pascal,  Bossuet, 
fénélon ,  Bourdaloue ,  sont  Texpression  du  catholicisme 
V  dominant  la  société  par  Pascendant  de  la  Vertu  et  du 
génie ,  de  la  religion  fondant  son  autorité ,  non  plus  sur 
la  force ,  mais  sur  le  libre  assentiment  des  facultés  de 
Tame.  La  littérature  sérieuse  dut  donc  être  marquée 
d'un  type  religieux. 

D'un  autre  coté ,  la  royauté  concentrait  dans  son 
action  le  mouvement  de  la  société;  les  intérêts  et  les 
passions  aboutissaient  au  pied  du  trône ,  source  de  la 
fortune  et  des  honneurs.  L'opinion  personnelle  du 
prince  dut  faire  celle  de  la  cour,  et  l'opinion  de  la  cour 
^'imposer  à  une  société  monarchique.  Delà  ,  l'influence 
du  monarque  sur  Texpression  des  beaux- arts,  de  la 
poésie*,  delà,  dans  la  littérature  d'imagination ,  une  ex- 
pression limitée  par. la  mesure,  par  la  réserve,  par  le 
sentiment  d'une  dignité  soutenue.  Ainsi ,  les  deux  faits 
qui  caractérisent  l'époque ,  l'ascendant  de  la  religion  eC 


(9) 
celui  de  la  royauté ,  expliquent  toute  la  littérature  :  sa 
tendance,  sa  force,  ses  lacunes.  , 

On  frit  un  reproche  à  cette  littérature  classique  des 
finrmet  auxquelles  elle  s'est  assujettie ,  celles  des  littéra- 
tures grecque  et  romaine.  On  s'afflige  à  plus  juste  titre 
de  œ  que ,  dans  les  arts  de  Timagination ,  elle  s'est  atta- 
chée à  reproduire  l'expression  souvent  peu  fidèle  de  la 
cîvfliflation  ancienne ,  plutôt  que  d^avoir  retracé  dans 
des  peintures  fortes  et  naïves  les  faits  et  les  mœurs  de 
nos  pères ,  en  associant  ainsi  à  la  gloire  de  nos  arts  Tin- 
térêt  et  la  popularité  des  souvenirs.  La  faute  en  fut 
moins  à  nos  grands  écrivains  qu'aux  circonstances  qui 
dirigèrent  leurs  inspirations.  La  nature  départit  à 
quelques  êtres  privilégiés  les  hautes  facultés  de  l'esprit; 
mais  la  société  en  règle  l'emploi.  Ces  hommes  supé- 
rieurs réagissent  à  leur  tour  sur  la  société  qu'ils 
échan6fent  et  qu'ils  éclairent  ;  mais ,  dans  cette  réci- 
procité d'action,  c^est  toujours  le  mouvement  social 
qui  prédomine. 

Il  faut  reconnaître  d'ailleurs  que  des  traditions  établies 
dans  le  siècle  précédent  n'ont  pas  été  sans  influence  sur 
la  forme  de  la  littérature  d^imagination ,  quand  le  mo* 
ment  de  son  essor  en  France  fiit  arrivé.  A  l'époque  de 
la  renaissance ,  nos  savans  et  nos  gens  de  lettres ,  confir 
nés  dans  leur  cabinet,  en  dehors,  en  France,  du  mou- 
viement  social ,  vécurent  solitaires  en  face  de  lejors  livres  ; 
^ris  des  chefe-d'œuvre  grecs  et  romains,  oubliés  de 
leurs  contemporains  qu'ils  dédaignaient  à  leur  tour ,  ils 
s'identifièrent  avec  une  société  qui  n'était  plus,  ils  ;se 
firent  les  hommes  du  passé  ;  préoccupés  des  pensées  et 
des  sentimens  des  Anciens,  ils  crurent  que  l'office  de 
Pintelligence  humaine  était  désormais  de  les  connaître 
et  de  les  imiter  ^  ils  déclarèrent  notre  propre  fonds  im- 


(10) 

productif,  et  ce  préjugé  du  savoir  était  loin  d'être  dis- 
sipé dans  rage  qui  suivit. 

II  en  était  autrement  chez  un  peuple  voisin.  En  Es- 
pagne ,  les  gens  de  lettres  guerriers  ou  navigat6«ri.|iFe- 
naient  une  part  active  au  mouvement  d'une  soeiété 
pleine  de  vie ,  dont  les  actes  exaltaient  leur  imaginatîoil 
et  leur  ardeur  :  c'était  Tépoque  des  triomphes  dé  TEs- 
pagne ,  qui  dominait  les  deux  mondes.  Hommes  d'actioD 
plus  que  de  cabinet,  et  bien  moins  érudits  qu'artistes, 
les  poètes  de  cette  nation  peignaient  les  mœurs  oontem* 
poraines ,  peu  soucieux  des  exemples  et  des  r^les  l^^ués 
par  l'antiquité. 

Pendant  qu'au  midi  de  la  France ,  Cervantes ,  Lope 
de  Véga  ,  puis  Galdéron ,  en&ntaient  avec  une  merveil* 
leuse  fécondité  ces  drames  désordonnés  et  brillans  qui 
illustraient  la  littérature  espagnole,  Shakespeare ,  avec 
moins  d'éclat ,  bien  qu'avec  une  supériorité  plus  rédie, 
fondait  en  Angleterre  un  théâtre  tout  national.  L'essor 
original  que  sut  prendre  ce  grand  poète  procède  sans 
doute  d'un  esprit  observateur,  d-un  génie  souple  et 
hardi  qui  voit  tout  et  qui  reflète  tout  *,  on  sent  encore 
qu'il  a  étudié  l'humanité  dans  l'homme  même ,  et  non 
dans  ses  œuvres;  mais  il  faut  tenir  compte  aussi  des 
mœurs  sociales  au  sein  desquelles  il  vécut ,  et  qui  ne  lui 
imposaient  ni  gêne  ni  contrainte.  Comme  une  nature 
sauvage  et  vigoureuse ,  ce  génie  inculte  s'abandonne  à 
un  jet  libre.  Ce  qu'il  nous  faut  remarquerlci ,  c'est  que, 
lors  même  que  des  esprits  plus  aventureux  que  nos  éru- 
dits du  seizième  siècle  eussent  tenté  chez  nous  de  sortir 
d'une  voie  tracée  pour  se  livrer  à  l'élan  d'une  inspira- 
tion tout  individuelle  et  moderne ,  ils  eussent  certaine- 
ment rencontré  dans  la  constitution  même  de  la  société 


(  11  ) 

€1  dans  les  mœurs  publiques  de^  obstacles  plus  difficiles 
â  surmonter  qu'un  préjugé  de  littérature. 

Figurons-nous  en  effet  notre  Corneille ,  étudiant  au 
Xea  du  théâtre  espagnol  le  grand  tragique  de  F  Angle- 
terre, ialors  ignoré  hors  de  sa  patrie^  et  voulant,  en 
saiyant  la  trace  d'un  poète  historique  et  national  j  pro- 
duire sur  la  scène  française  les  vengeances  de  Louis  XI , 
les  intrigues  ténébreuses  de  Catherine  de  Médicis,  Tau- 
dace  et  les  complots  des  Guises.  Le  poète ,  avec  la  ru- 
desse naïve  de  son  génie ,  se  fut  trouvé  d'abord  en  pré- 
sence du  cardinal ,  armé  d'une  ordonnance  qui  défend 
aux  sujets  du  Roi  de  rien  écrire  concernant  les  affaires 
publiques  et  le  gous^emement  de  notre  État  (  ordonnance 
de  1629  )  Vl^  ministre  tout-puissant,  qui  comprimait 
sous  une  main  de  fer  les  restes  agités  des  factions ,  n'eût 
poiùt  toléré  sans  doute  la  représentation  scénique  et 
jmpulaire  de  la  turbulence  des  grands ,  de  Fambition  du 
liaut  clei^ ,  des  faiblesses  ou  des  crimes  du  Palais  ;  il 
fallait  donc  de  gré  ou  de  force  déserter  la  scène  natio- 
xiale.  C'était  une  nécessité  du  temps  pour  le  poète  de 
Transporter  chez  les  Romains  les  combinaisons  de  son 
génie  politique ,  et  chez  les  Espagnols  du  moyen  âge  la 
fierté  de  ses  sentimens. 

La  nécessité  avait  plié  les  âmes  sous  le  despotisme  de 
IBichelieu,  mais  on  le  haïssait;  l'indépendance  du  ca- 
Tactère  eut  son  refuge  alors  dans  le  for  de  la  conscience. 
Sons  Louis  XIY,  l'ascendant  du  pouvoir  domina  les 
volontés  mêmes  •,  le  dévouement  et  Fadmiration  justi- 
fièrent une  soumission  sans  réserve.  Plaire  au  prince 
fut  la 'première  élude  de  l'artiste  comme  de  l'homme  de 
cour.  Sous  Richelieu ,  la  raison  d'état  eût  interdit  les 
sujets  nationaux  5  sous  Louis  XIV ,  c'eût  été  la  raison  de 
convenance.  La  royauté  chez  les  Français ,  devenue 


/■ 


i 


(12) 

Tobjet  d'un  culte  ,  participait  à  l'inviolabilité  de  la  re- 
ligion ;  et  Ton  sait  que  le  législateur  de  Part  décidait 
que  celle-ci  d^omemens  égayés  n^ était  point  susceptible. 
Le  Roi  unissait  à  la  n(d)lesse  et  à  Télégance  des  manières 
un  goût  prononcé  pour  la  régularité  et  Tordre  qu'il 
voulait  retrouver  dans  ses  plaisirs  comme  dans  les  af- 
faires. La  dignité ,  la  noblesse  et  la  grâce  devinrent 
donc  le  type  exclusif  des  beaux-arts  :  c'étaient  les  qua- 
lités du  monarque. — Shakespeare  avait  écrit  ses  drames 
en  vue  du  peuple ,  Racine  composa  les  siens  en  vue  du 
Roi.  C'est  à  ces  deux  points  de  vue  opposés ,  qu'avaient 
choisis  ces  grands  artistes,  qu'il  faut  successivement 
nous  placer  nous-mêmes  pour  apprécier  la  dissemblance 
des  deux  écoles  et  pénétrer  à  fond  la  tendance  de  Técole 
firançaise. 

L'Anglais ,  livré ,  comme  je  Pai  dit,  aux  inspirations 
libres  d'une  imagination  forte  et  non  réglée ,  s'attache  à 
reproduire  toutes  les  situations  de  la  vie  sociale,  à 
mettre  en  jeu  tous  les  ressorts  du  cœur  humain.  La  folie 
elle-même  excitera  des  émotions  dans  son  drame ,  avec 
ses  formes  dégradées  et  ses  accens  déchirans.  Que  la 
peinture  soit  vraie  :  hideuse  ou  charmante ,  elle  est  du 
domaine  de  son  art  ;  et  son  public  applaudira  avec  les 
mêmes  transports  à  la  fidélité  du  tableau. 

Le  Français,  préoccupé  d'un  type  de  pureté,  d'élé- 
gance ,  de  perfection  soutenue ,  choisit ,  sépare ,  limite 
en  toutes  choses  :  situations,  passions,  caractères.  L'i- 
mitation naïve  d'une  nature  commune ,  les  mouvemens 
désordonnés  d'une  passion  violente,  les  contrastes  em- 
pruntés à  l'inégalité  des  conditions  sociales ,  furent  ban- 
nis d'une  scène  qui  devait  se  modeler  sur  les  sévères 
convenances  du  Palais.  La  société ,  que  le  poète  avait 
sous  les  yeux ,  voulait  retrouver  encore  l'empreinte  de 


(  13) 
ses  formes  dans  la  représentation  scénique  des  mœurs 
étrangères,  ^expression  de  figures  antiques  dut  être 
plus  d^une  fois  transformée  en  un  idéal  de  politesse  ou 
d'élégance  qui  fut  alors  un  mensonge  de  Fart.  H  y  a 
plus  :  de  la  nécessité  où  Racine  était  placé  de  prendre 
ses  sujets  de  préférence  dans  la  société  ancienne  ,  et  en 
même  temps  de  se  rapprocher  de  notre  société  moderne 
pour  Fexpression  des  passions  et  des  caractères,  il  est 
résulté  que,  lorsqu'il  a  introduit  sur  la  scène  française 
Andromaque  et  Phèdre  y  il  leur  a  prêté  des  sentimens 
chrétiens  ;  je  veux  dire  qu'en  ranimant  les  deux  Grec- 
ques ,  dont  Tune  est  le  type  du  dévouement  maternel , 
et  Tefutre ,  celui  de  l'épouse  en  proie  à  une  criminelle 
passion ,  il  a  tiré  du  fond  du  cœur  de  ces  femmes  des 
accens,  des  douleurs  et  des  remords  que  l'antiquité 
payenne  ne  connut  point.  Belle  et  heureuse  infidélité , 
comme  Ta  excellemment  remarqué  Fauteur  du  Créniei 
du  Christianisme ,  parce  qu'elle  a  enrichi  le  drame  de 
savaiiteis  et  profondes  émotions  ;  mais  qui  ne  témoigne 
pas  moins,  toute  louable  qu'elle  est ,  de  la  préoccupa- 
tion du  poète  ;  soit  qu'il  en  fût  dominé  à  son  insçu ,  soit 
qu'il*  eût  cru  devoir  en  efiet  revêtir  ses  personnages 
soéni^ës  des  formes  inhérentes  à  là  vie  humaine ,  dans 
adn^âéèle  et  dans  son  pays* 

Cette  contrainte  n'atteignit  point  à  notre  théâtre  le 
girakid  peintre  de  mœurs  dans  la  vie  privée.  La  comé- 
die ,  qui  s^attaque  au  côté  faible  de  la  nature  humaine , 
jnit  un  libre  essor  en  présence  d'une  cour  où  il  n*y 
avait  d'inviolable  que  la  majesté  royale.  Molière  put 
traduire  sur  la  scène  les  travers  des  grands  et  Fabus 
même  du  masque  de  la  religion.  Le  roi,  qui  le  permit, 
râlait  souverainement  les  bienséances  sociales,  de 
même  qu^il  était  dans  les  arts  l'arbitré  du  goût.  Noire 


(  16) 
jetant  le  choix  dans  Fexpression,  Fartiste  s^expose  à 
faillir. 

Le  mauvais  goût  se  déclare  dans  la  peinture  Iieurtée 
et  confuse  de  deux  natures ,  Tune  grossière  et  Tautre 
polie  ]  il  se  montre  encore  dans  la  peinture  à  nu  de  ces 
difformités  dans  l^ordre  moral  que  la  pudeur  publ^ue 
doit  cacher  ou  flétrir  ^  cette  expression  coupable  n'est 
plus  l'œuvre  de  la  naïveté ,  elle  est  le  fruit  d'pn  éga- 
rement de  l'esprit  ou  d'une  corruption  du  cœur.  Le 
mauvais  goût  se  décèle  enfin  par  les  formes  d'un  style 
qui  poursuit  l'originalité  à  l'aide  de  Combinaisons  ard- 
ficielles,  qui  s'étudie  à  remplacer  par  une  chaleur 
simulée  l'élan  d'une  imagination  vigoureuse,  à  sup^ 
pléer  à  une  inspiration  franche  par  uii  arrangement 
de  mots  pénible  ou  bizarre.  Ces  vices,  dans  la  littéra- 
ture ,  sont  des  signes  de  décadence  qui  n'aj^raisseqt 
que  dans  une  société  avancée. 

La  littérature ,  au  dix-septième  siècle,  (ut  donc  clas^ 
sique  en  France  par  instinct  et  par  nécessité^  oê  fut 
celle  d'une  société  forte  et  dirigée  dans  ses  voies  paor  deè; 
pouvoirs  incontestés  qui  dominaient  les  volontés  et  les 
consciences  :  foriné  glorieuse  qui  éUouit  l'Europe  en  lu 
charmant ,  et  rendit  même  pour  un  temps  les  peuples 
voisins  infidèles  à  leiu'  propre  génie.  Où  cette  littérature 
est  véritablement  incomparable ,  crest  sous  le  type  reli- 
gieux ,  parce  que  lés  grands  esprits  du  siècle ,  qui  ont 
soutenu  de  leurs  facultés  la  religion ,  ne  pouvaient  ren- 
contrer aucune  entrave  à  leur  élan.  Bossuet,  Pascal, 
Fénélon  et  Bourdaloue  sont  sans  rivaux  dans  l'Europe 
chrétienne ,  de  même  que  parmi  nous  sans  successeurs. 
Ce  n'est  certes  point  un  Français  qui  contestera  la  pri- 
mauté qu'ont  obtenue  quatre  autres  grands  maîtres  dans 
les  lettres  purement  humaines  -,  mais  on  a  pu  dire  de 


(17) 

notre  Gomellle  quMI  a  manqué  quelque  souplesse  à  son 
génie  ;  de  notre  divin  Racine ,  qu'il  s'est  montré  par- 
Ibis  timide  dans  son  essor  ;  de  Molière  inventeur ,  qu'il 
a  trop  peu  écrit  ^  de  Tiniraitable  La  Fontaine ,  qu'il  est 
resté  sans  pareil  dans  un  genre  secondaire.  Bossuet  et 
Pascal  dominent  les  anciens  et  les  modernes  *,  sublimes 
intelligences  et  rois  de  la  pensée ,  ils  seront  l'honneur 
étemel  de  la  France  chrétienne  et  littéraire. 

Que  s'il  nous  faut  en.  terminant  juger  les  deux  écoles, 
dont  la  dernière  en  date  chez  nous  a  envahi  sans  retour 
le  domaine  de  l'art ,  nous  dirons  que  celle-ci  a  étendu 
le  cercle  des  sentimens  et  des  idées ,  puisqu'elle  a  ouvert 
devant  Tartiste  un  horizon  sans  bornes  :  là  git  sa  puis- 
sance. Mais  nous  dirons  aussi  qu'en  rompant  Punité,  en 
e&çant  tout  centre  commun  dans  les  affections  du  cœur 
et  dans  la  pensée,  elle  a  favorisé  l'individualisme  au 
détriment  du  lien  social  *,  elle  a  introduit  jusque  dans 
les  arts  je  ne  sais  quel  scepticisme  qui ,  justifiant  toutes 
les  témérités,  tend  incessamment  à  fausser  le  goût  et  à 
ruiner  les  mœurs.  L'autre  école  ^u  contraire ,  en  main- 
tenant les  esprits  sous  la  tutelle  de  la  règle ,  put  entra- 
ver,.  il  est  vrai,  quelque  nouvel  essor  et  ravir  à  notre 
ame  quelques  émotions  ^  mais  elle  faisait  obstacle  aux 
écarts  de  l'imagination ,  aux  aberrations  de  la  pensée  ; 
et,  sous  ce  rapport,  elle  oQrait  à  la  fois  à  la  société  un 
point  d^arrêt  et  un  point  d'appui.  L'école  illimitée  est 
dans  le  mouvement  du  siècle.  L'école  classique  a  dû 
$'éteindre  avec  les  mœurs  qui  l'avaient  enËintée^  elle 
reste  immortelle  dans  ses  monumens. 


RECHERCHES  ^ 

SUR  LE  LUXE  DES  ROMAINS 

DANS  LEUR  AMEUBLEMENT. 

LU    ▲    L'jlCÀDiMIK  )    DAVS    LA    séAHCB    DU    10    AOVT    1836, 

« 

PAR  GAB.  PEIGNOT. 


Rome  une  fois  devenue  maîtresse  du  monde,  et 
n'ayant  plus  qu^à  jouir  du  fruit  de  ses  conquêtes ,  ne 
tarda  pas  à  être  séduite  par  ce  luxe  dont  les  peuples 
vaincus,  et  surtout  les  orientaux ,  lui  avaient  offert  l'at- 
trayant et  dangereux  exemple.  Il  est  vrai  que  le  débor- 
deinent  n^eut  pas  lieu  tout-à-coup  :  on  ne  passe  pas  si 
subitement  de  raustérité  de  mœurs  et  de  la  noble  pau- 
vreté des  Gincinnatus ,  des  Gurius  et  des  Fabius  ,  au 
relâchement  et  aux  richesses  inouies  des  Crassus ,  des 
Scaurus  et  des  Lucullus  ;  ce  n'est  que  successivement 
qu'on  a  vu  certaines  branches  de  ce  luxe  ,  s'échappant 
pour  ainsi  dire  du  char  de  la  victoire ,  se  glisser  dans 
Rome ,  et  gagner  progressivement  les  diverses  classes 
de  la  société.  Par  exemple ,  le  triomphe  de  Scipion  TA- 
siatique  ,  (  Fan  189  av.  J.-G.  )  ,  et  celui  de  Gn. 
ManUus,  (  Fan  187  ),  dans  lesquels  on  étala ,  parmi  les 
dépouilles  de  Tennemi ,  beaucoup  d'argenterie  ciselée  y 
d^étoffes  attaliques ,  de  lits ,  de  tables  d'airain  ,  com- 
mencèrent à  inspirer  aux  Romains  le  goût  de  ces  su* 

perfluités  dangereuses.  Le  triomphe  de  Mummius  l'A- 


% 


(20) 

chaïquc,  (Tau  ii6),  leur  fit  connaître  les  vases  de 
Gorinthe ,  les  tableaux ,  les  statues,  comme  objets  de 
décoration  des  temples,  des  palais ,  et  même  des  maisons 
particulières.  Le  triomphe  de  Sylla ,  (  l'an  81  ) ,  fut  re- 
marquable par  le  poids  immense  de  For  et  de  l'argent 
tant  en  lingots  que  monnayé  dont  on  y  fit  étalage.  Ajou- 
tons à  ces  trésors  la  collection  des  livres  d'Apellicon  , 
que  la  prise  d'Athènes  mit  à  la  disposition  de  Sylla ,  et 
qui  5  transportés  à  Rome ,  y  inspirèrent  le  goût  des  bi- 
bliothèques V,  mais,  par  la  suite ,  plutôt  comme  meubles 
d'apparat ,  que  comme  objets  d'utilité.  Enfin  le  triomphe 
de  Pompée,  (  l'an  61  ),  fit  naître  la  passion  des  perles, 
des  pierres  précieuses  en  tous  genres ,  et  d'une  infinité 
d^autres  frivolités.  Telles  sont  les  sources  d'oii  décou- 
lèrent ces  goûts  pernicieux  qui ,  au  sein  de  la  victoire , 
changèrent  insensiblement  le  caractère  du  peuple  ro- 
main ,  l'énervèrent  et  finirent  par  hâter  la  chute  de  la 
République  et  ensuite  celle  de  l'Empire. 

'Mais  on  aurait  une  idée  bien  incomplète  du  luxe  qui 
existait  à  Rome  vers  la  fin  de  la  république  et  sous  les 
premiers  empereurs ,  si  Ton  s'en  tenait  à  la  relation  , 
en  masse,  de  toutes  les  richesses  que  les  triomphes  ont 
accuoBiulées  dans  ses  murs.  Ces  richesses ,  d'abord  na- 

'  Nous  dirons  cependant  que  Sylla  n'est  pas  le  premier 
dont  le  triomphe  fut  orné  de  livres  pris  sur  Tennemi.  Avant 
lui ,  Paul-Emile  avait  étalé  dans  le  sien  la  collection  de 
Fersée  ,  roi  de  Macédoine ,  dont  il  triompha  Pan  1 67  av. 
J.-C.  Mais  Tun  et  l'autre  ne  firent  point  part  au  public  de 
ce  fruit  de  leurs  conquêtes.  Cette  gloire  était  réservée  à 
Lucullus ,  qui  mit  à  la  disposition  de  ses  concitoyens  les 
trésors  littéraires  qu'il  dut  tant  à  la  victoire  qu'à  son  go&t 
secondé  par  un«  immense  fortune. 


(  21  ) 

tionales  puisqu'elles  étaient  toutes  versées  dans  le  trésor 
public ,  relevaient  la  gloire  du  peuple  romain ,  et  l'enor- 
gueillissaient sans  altérer  la  simplicité  de  ses  moeurs  , 
sans  porter  atteinte  à  Faustérité  de  son  caractère  ;  mais 
bientôt ,  les  généraux  s'en  appropriant  une  partie  et 
disséminant  l'or  avec  profusion,  ces  richesses  devinrent- 
le  véhicule  qui  entraîna  les  particuliers  dans  le  désir  im- 
modéré de  toutes  les  jouissances  du  luxe  le  plus  effréné. 
Ce  fut  à  qui  posséderait  ces  objets  somptueux  dont  l'A- 
siatique efféminé  faisait  usage  ;  ce  fut  à  qui  Fimiterait 
soit  dans  l'étendue  et  la  magnificence  des  bâtimens ,  soit 
dans  la  richesse  et  l'élégance  des  vêtemens,  soit  dans 
la  somptuosité  et  la  délicatesse  de  la  table ,  soit  dans 
l'éclat  inoui  des  spectacles  et  des  jeux  publics,  soit  enfin 
dans  la  variété,  la  singularité  et  la  splendeur  de  l'ameu- 
blement. Des  sommes  incalculables  furent  consacrées  à 
tous  ces  genres  de  luxe ,  et  c'est  par  l'énormité  de  ces 
sommes  que  l'on  peut  juger  et  de  la  fortune  particulière 
de  certains  Romains,  et  du  funeste  emploiqu'ils  en  firent 
dans  ces  temps  de  la  plus  haute  splendeur  de  Rome. 

Nous  ne  parlerons  ici  que  de  l'ameublement  des  parti- 
culiers, et  du  prix  qu'ils  mettaient  à  certains  objets, 
parce  que  c'est  là  que  se  remarquent  davantage  tes  pro- 
grès et  les  excès  du  luxe.  La  revue  que  nous  allons  passer 
de  quelques-uns  de  ces  objets  donnera  une  idée  de  la 
dépense  que  faisaient  les  Romains  pour  satisfaire  leur 
goût  en  ce  genre ,  et  se  procurer  des  jouissances  danS 
tout  ce  qui  tient  non-seulement  aux  aisances  de  la  vie , 
mais  encore  à  l'éclat  de  la  représentation ,  lorsqu'on  a  le 
triste  bonheur  de  vivre  au  sein  de  l'opulence. 

Avant  d'entrer  dans  le  détail  des  meubles ,  il  serait 
peut-être  à  propos  de  parler  des  riches  habitations  qui 
les  renfermaient ,  et  de  dire  quelle  était  la  forme  et  la 


(22) 

distribution  de  ces  palais  somptueux  ;  mais  cet  objet , 
(  dont  nous  avons  fait  un  traité  particulier ,  encore  iné- 
dit )  j  nous  entraînerait  beaucoup  trop  loin  ;  nous  nous 
contenterons  pour  le  moment ,  afin  que  Ton  puisse  juger 
de  la  valeur  des  maisons  dç  quelques  citoyens  notables , 
d'en  citer  trois  ou  quatre ,  prises  au  hasard  dans  notre 
Traité,  et  dont  nous  donnerons  seulement  le  prix  d'acqui- 
sition ou  l'estimation ,  d'après  les  écrivains  du  temps , 
tels  que  Cicéron ,  Pline,  Vitruve,  etc. ,  etc. 

Nous  dirons  donc  très-succinctement  que  la  maison 
de  PuBLius  Glodius  lui  coûta  quatorze  millions  huit  cent 
mille  sesterces,  (  2,906,000  fr.  de  notre  monnaie  ac- 
tuelle )•  G^est  ce  Glodius  que  Milon  tua  dans  une  ren- 
contre, sur  la  route  deLanuvium,  le  20  janvier,  5i 
ans  av.  J.-G. ,  à  trois  heures  après  midi  ;  événement  im- 
prévu qui  nous  a  valu  l'une  des  plus  belles  harangues  de 
Cicéron. 

La.  maison  de  Locullus,  qui  avait  appartenu  à  Cor- 
nélie.  mère  des  Gracques,  puis  à  Marins,  lui  coûta 
deuxmffllions  cinq  cent  mille  drachmes (i,25o, 000  fr.); 
mais  c'était  la  moindre  de  ses  nombreuses  propriétés. 

Gelle  que  GicÉaoN,  (le  moins  riche  de  tous  ces  grands 
personnages,  car  il  n'avait  guère  que  vingt-cinq  mil- 
lions de  fortune  ) ,  acheta  de  Grassus  l'orateur ,  qu'il 
ne  faut  pas  confondre  avec  Grassus  le  riche ,  ne  lui 
coûta  que  trois  millions  et  demi  de  sesterces  (700,000 
francs.) 

Celle  de  ce  même  Grassus  ,  située  sur  le  mont  Palatin, 
lui  revenait  à  six  millions  de  sesterces  (1,200,000  fr.  ) 

La  basilique  qu'un  certain  Lucius  Paulus  iSmlilios 
fit  construire ,  absorba ,  dit  Appien  d'Alexandrie ,  les 
quinze  cents  talens  (4,200,000  fr.  )  que,  Jules  César  lui 
avait  envoyés  des  Gaules ,  pour  l'attirer  à  son  parti* 


~F 


(  23) 

Le  palais  de  Messala  était  d'un  bien  autre  prix  ;  il 
avait  appartenu  à  Antoine,  et  fiit  payé  quarante-trois 
millions  de  sesterces  (8,740,000  (r.). 

Quant  au  palais  d*or  de  Méron,  la  valeur  en  est  inap* 
préciable  \  on  sait  seulement  qu^Othon,  pour  en  termi- 
ner une  petite  partie ,  y  dépensa  1 0,000,000  de  fr.  ^ 

On  peut  bien  présumer  maintenant  que  pour  garnir 
les  appartemeos  de  telles  habitations ,  il  follaié  des 
meubles  qui  répondissent  ^'leur  importance ,  aipsi  qu'à 
(a  fortune  et  au  goût  du  maître.  Ce  sont  doncees  meu- 
bles ,  ou  du  moins  les  principaux  ? ,  sur  la  valeur  des* 
quels  les  auteurs  anciens  nous  ont  laissé  quelques 
renseignemens ,  dont  nous  allons  donner  une  notice  ou 
plutât  une  espèce  d'inventaire ,  auquel  nous  ajouterons 
certains  détails  et  certains  rapprochemens  propres  à 
diminuer  la  sécheresse  inséparable  de  toute  nomencla- 
ture. Nous  parlerons  (l'abord  des  tableaux  et  des  statues, 
des  tables ,  des  lits ,  des  coupes  et  des  vases ,  des  lampes 
et  des  candélabres  \  ensuite  des  pierres  précieuses ,  des 

'  Nom  avon»  pensé  que  quelques  rapprochermens  ou 
cbaiparaitont  ebtrô  la  xaievr  de  certains  objets  anciens  et 
celle  ^da  certains  b&jets  modernes  du  même  genre  ^  pour- 
Tiielti  ajouter  qnëlqne  inlérét  à  cet  opnscnle.  On  trouyera 
d^iio  dlatts^es  notes  renvoyées  à  la  fin ,  et  désignées  par 
das  loUïjpf  :€apîtalet,  la  valeur  de  quelques  objets  modernes  , 
tek  qae  Mtimens,  tableaux,  pierres  précieases,  etc. 9  que 
Ton  pourra  cpmparer  avec  celle  des  objets  anciens  de  même 
nature  y  à-mesure  qu^on  lira  le  texte.  Voyez  la  note  concer- 
nant la  valeur  de  certains  bâtÎDicns  modernes,  à  la  lettre  (A). 

*  Les  limites  de  cette  Notice  nous  forcent  à  nous  res- 
treindre à  un  petit  nombre  d^arlicles  choisis  dans  chaque 
genre. 


1 


(.  M  ) 

étoffes,  des  parfums;  puis  de  la  vente  du  mobiliei'  de 
deux  empereurs^  avecdes  détails  sur  celuid:^HéliogabaIe  ; 
enfin  de  quelques  autres  objets  de  iantaisie  auxquels  on 
mettait  un  grand  prix  ;  le  tout  terminé  par  une  notice 
chronol(^que  du  montant  de  la  fortune  particulière  de 
certains  personnages  connus  soit  par  leurs  richesses , 
soit  par  Jeurs  prodigalités,  depuis  Sylla  (né  Tan  i38 
av»  Ji'fC.),  jusqu'à  Pline  Iç  jeune  (mort  Tan  ii3  de 
J.-^.)vce  qui  fisiit  un  espace  de  deux  cent  cinquante- 
un  ans ,  pendant  lesquels  on  a  vu  ^  au  milieu  des  guerres 
civiles ,  des  actions ,  de  la  dépravation  et  des  excès  en 
tous. genres,  on  a  vu,  disons-nous,  surgir  du  sol  ror 
main  les  deux  monumens  les  plus  imposans  de  Thistoire, 
le  tombeau  de  la  République  et  le  berceau  de  TEmpire. 

DES  TABLEAUX  ET  DES  STATUES. 


Commençons  par  le  trait  du  donsul  L.  Mummius  , 
qui ,  comme  nous  Favons  déjà  dit?,  inspira  aux  Romains 
le  goût  des  tableaux  de  prix ,  en  exposant  à  leurs  yeux , 
peu  habitués  à  ce  spectacle ,  ces  chefs-d'œuvre  de  la 
Grèce,  fruits  de  la  victoire  qu'il  venait  de  remporter. 

Lorsque  ce  Mummius,  Pan  i^6  av.  J;-C  ,  eut  brûlé 
Corinthe  et  soumis  rAchaïe,  ce  qui  lui  valut  les  bon* 
neurs.  du  triomphe  et  le  surnom  d' Achaïcjoe ,  il  fit 
vendre  le  butin  pris  sur  l'ennemi.  Parmi  lès  effets  ex- 
posés aux  enchères,  se  trouva  un  Séiccfms^  sufpertjè^tati 
bleau  peint  par  le  célèbre  Aristide  de  Thèbes.  Le  roi 
Attale  I"  en  offrit  vingt-huit  talens  et  demi  (114,060 
francs),  et  on  le  lui  adjugea.  Mummius, iqiii  se  côn- 
naiissait  mieux  en  stratégie  qu'en  peinture  '  ,  voyant 

'  Voyez  à  la  fin ,  note  (B),  ce  que  Velleîns  Patercalus  et 
Tacite  ont  dit  de  ce  Mummius. 


(25) 
ee  haut  prix ,  sUmagina  que  ce  tableau  <était  une  espèce 
de  talisman  qui  possédait  quelque  vertu.  Il  le  fit  enlever 
malgré  les  plaintes  du  Roi ,  et  ordonna  qu'on  le  trans- 
portât à  Rome ,  où  il  fut  placé  dans  le  temple  de  Gérés. 

'V  Alexandre  tançant  la  foudre  ^  peint  par  Apelles, 
décorait  le  temple  de  Diane  à  Ephèse.  Il  était  fait  avec 
une  telle  perfection  que  les  doigts  et  la  foudre  sem- 
blaient sortir  du  tableau.  Le  peintre  en  reçut  d'abord 
vingt  talens  d'or  (  96,000  (r.  )  ;  mais  par  la  suite  le  prix 
en  fot  extraordinaire.  On  ne  compta  plus  une  somme 
déterminée ,  dit  Pline  ;  il  fut  couvert  de  pièces  d'or  ; 
d'autres  assurent  qu'il  fut  vendu  un  boisseau  plein  d^or. 

"Vjijax  furieux  et  la  Médée  tuant  ses  enfans,  que 
fit  Timomaque  de  Ryzance ,  ont  été  payés  par  J.  Gésar 
quatre-vingts  talens  (384,000  fr.)  Ces  deux  tableaux 
furent  placés ,  par  l'ordre  du  dictateur ,  dans  le  temple 
de- Vénus.  (Voy.  Puifir,  AV.  vu,  C.  38.) 

M.  Aghippà  acheta  des  habitans  de  Gyziqueun  Ajax 
et  une  Vénus,  trois  cent  mille  deniers  (  228,487  fi*.  ). 

HonTEiîsius  l'orateur  paya  les  Argonautes  de  Gydias  » 
la  somme  de  27,888  fr.  ;  c'était  pour  embellir  sa  maison 
de  campagne  sur  le  territoire  de  Tusculum.  U  consacra 
ce  ^tableau  par  une  espèce  de  temple  qui  fut  peint  par  le 
niéme  €jd4as.  Gette  maison  de  campagne  fut  achetée 
dânâ  là  suite  par  Gicéron ,  qui  en  fit  son  délicieux  Tus- 
cûlaliitm  ;  qu'il  préférait  à  ses  dix-huit  autres  maisons 
dè'éampagne. 

Venus  Anadyomène  ou  sortant  de  la  mer,  fiit  évaluée 
eu  payée  cent  talens ( 480,000  fr.)  Ce  chef-d'œuvrte, 
^lat'Plide^  a  été  célébré  par  des  vers  grecs ,  qui ,  en  le 
•sunpassant,  Pont  illustré  davantage.  On  ne  put  trouver 
personne  qui  pût  réparer  la  partiç  inférieure  qui  était 
endommagée;  mais  ce  dommage  même  tourna  à  la 


^ 


(26) 

gloire  de  l'artiste.  Ce  tableau  périt  de  pourriture ,  et 
Néron  y  en  substitua  un  autre  de  la  main  de  Dorothée. 

LucuLLus  paya  10,800  fr.  une  copie  de  la  Bouque- 
tière  de  Pausias,  peintre  qui  vivait  du  temps  de  Phi- 
lippe. —  Une  copie  de  la  Gljcère,  servante  de  Pam- 
phile  qui  en  avait  peint  l'original ,  lui  coûta  9,628  fr. 
—  Il  acheta  le  modèle  de  la  P^énus  genitnx ,11 ,6 i6.fr. 

Tibère  préféra  un  Alalanie  et  Méléagre,  tableau 
libre  de  Parrhasius,  à  un  million  de  sesterces  (200,000  f  .). 
Il  avait  le  choix  entre  ces  deux  objets ,  insérés  dans  la 
clause  d'un  testament  où  il  était  ncHmmé  légataire ,  et 
où  le  testateur  lui  laissait  l'alternative  ou  du  tableau , 
ou  de  la  somme  de  200,000  fr.  ' . 

On  connaît  un  tableau  d^ Aristide  de  Thèbes,  déjà 
eité,  représentant  une  bataille  entre  les  Grecs  ;  et  les 
Perses.  On  y  comptait  cent  figures.  Mnason ,  tyran 
d'Elatée,  paya,  dit-on,  ce  tableau  à  raison  de  dix 
mines  (  900  fr.  )  par  chaque  figure  \  ce  qui'  Êiit 
90,000  fr.  pour  la  totalité  ^. 

Les  PP.  Gatrou  et  Rouillé  parlent  (  dans  leur  ffis- 
taire  ro/7uwne[  jusqu'à  l'an  4?  de  J.-C.  ] ,  Paris ,  tjsiSr 
48,  2 L  ^o/.  i/2-4°9  ^^'  ^^^9  P-  1.8^)9  d'une  superbe 
peinture  à  fresque  qui  fut  transportée,  avec  1§  mur, 
de  Lacédémone  à  Rome ,  sans  éprouver  la  moindrie.  dé* 
térioration.  Mais  ils  ne  donnent  ni  le  sujet  de  ceM^ 
peinture ,  ni  son  estimation,  ni  la  source  où  ils  ont-p^fisé 
ce  fait.  Us  disent  seulement  que  cela  arriva  sous  le  çon*^ 

'  Voyez  à  la  fin,  note  (C),  un  rapprodiemeDl  ^tr» 
rhistoirè  de  ce  tablera  etceiîedj^Samt'Jérâme  4ilÇbrrègfi. 

^  Voyez  à  la  fin ,  note  (D) ,  un  relevé  des  prix  de  qv^qa^s 
tableaux  madecnea  qn^on  peut  comparer  avec  les  prix  des 
taUeaux  de  TanUipiîté. 


ïT.'ir,' 


(  27  J 

solat  de  L.  Afranius  Nepos  et  Q.  Csecil.  Metellus  Celer, 
TaD  693  de  R.  «^  ils  auraient  dû  dire  694.  (  Le  procédé, 
pour  transporter  les  fresques ,  sans  le  mur ,  est  mainte- 
nant très-commuq  en  Italie.  ) 

Statues.  La  première  statue  grecque  qui  excita  la  cu- 
pidité des  Romains  fut  celle  d'Empédocles ,  célèbre  phi- 
losophe, que  leshabitans  d'Âcragas  (Âgrigente  en  Sicile) 
lui  firent  élever,  parce  qu'il  avait  refusé  la  souveraineté 
de  leur  ville ,  ne  voulant  pas ,  disait-il ,  compromettre 
leur  liberté ,  et  qu'il  avait  fait  de  grandes  libéralités  au 
peuple ,  et  doté  de  pauvres  filles.  Cette  statue  était  cou- 
verte de  pourpre  ;  on  y  avait  rapporté  une  cuirasse  do- 
rée et  d^autres  omemens  :  le  tout  fut  pillé  et  enlevé  par 
les  Romains.  Dès-lors  ils  prirent  goût  à  ce  genre  de  dé- 
pouilles ^  et  à  mesure  qu'ils  multiplièrent  leurs  conquê- 
tes ,  ils  encombrèrent  Rome  et  d'autres  cités  de  toutes 
lès  statues  qui  leur  tombèrent  sous  la  main  ' . 

Métrodore  de  Scépis  dit  formellement  que  les  Yolo- 
ciniens  furent  attaqués  par  les  Romains,  sans  autre 
motif  que  celui  de  s'emparer  de  deux  mille  statues  qui 
servaient  d'ornement  à  leur  ville.  L.  Mummius,  cité 
plus  haut ,  en  enleva  un  grand  nombre  de  l'Achaîe  ; 
LucuUus ,  du  Pont  ;  Antoine,  d'Ephèse;  Néron  fit  en- 
lever toutes  celles  qui  étaient  à  Olympie.  Caton  seul 
se  contenta  de  transporter  de  Cypre  à  Rome  la  statue 
de  Zenon  ^  par  considération  pour  le  mérite  de  ce  phi- 
losophe. 

Mais  le  bon  Cicéron  n^eut  pas  recours  à  ces  violens 
moyens  pour  orner  son  palais  et  ses  maisons  de  cam- 

.  '  Rome  seule  en  comptait  plus  de  70,000  9  sous  les  em- 
pereurs. 


(  28  ) 

pagne  d^  ces  sortes  d^embellissemehs.  Nous  voyons 
dans  ses  Lettres  à  AtUcus,  liv.  i,  ép.  6,  qu'il  écrit 
à  cet  ami,  quHl  a  remboursé  à  Gincius,  pour  des  sta- 
tues de  Mégare,  pro  sigrds  Megariçis,  qu'il  lui  avait 
envoyées  de  Grèce ,  une  somme  de  deux  millions  quatre 
cent  mille  sesterces  ( 480,000  fr.  )•  Il  dit  ailleurs. au 
même  Âtticus  :  «  N'hésitez  point  à  me  faire  parvenir 
tout  ce  que  vous  trouverez  digne  de  mon  Académie.... 
(  c'est-à-dire  de  l'une  de  ses  maisons  de  campagne  ap- 
pelée la  Puteolane)'^  j'ai  encore  des' fonds  pour  cela.  » 
Qidqiud  dignum  Academid  \fidebis ,  non  dubitaris  mit" 
tere. , .  ,•  arcœ  nostrœ  confidito.  Cicéron  prie  encore  son 
ami,  par  la  même  lettre ,  de  lui  envoyer  des  Mercures 
de  marbre  pentelicien  (à  cinq  couleurs) ,  dont  les  têteisr 
soient  de  bronze. 

Une  statue  colossale  d! Apollon  (  trente  coudées  de' 
hauteur  ) ,  que  Lucullus  transporta  du  Pont  à  Rome , 
pour  être  placée  dans  le  Capitole ,  avait  coûté ,  selon 
Pline,  cinq  cents  talens  (2,4°°5°°°  ^^'  )»  ^^  suivant 
un  annotateur  moderne  de  Pline ,  2,780,000  fr. 

Il  existait  à  Athènes  une  statue  de  Minerve,  pesant 
quarante  talens  d'or  pur  (1,860,000  fr.  ).  On  ne  dit 
pas  si  elle  a  été  transportée  à  Rome. 

Pline,  liv.  xxiv,  chap.  18,  raconte  que  la  statue  co- 
lossale de  Mercure,  exécutée  en  Auvergne  par  Zéno- 
dore ,  artiste  qui  vivait  du  temps  de  Néron ,  a  coûté 
dix  années  de  travail  et  quatre  cent  mille  sesterces  par 
an ,  ou  800,000  fr. ,  ce  qui  fait  pour  la  totalité  du 
prix  de  l'ouvrage  ,  quarante  millions  de  sesterces 
(  8,000,000  fr.  ). 

Ce  Zénodore  fut  mandé  à  Rome  pour  exécuter  la 
stattue  de  Néron  dans  des  dimensions  également  colos- 
sales. Ce  sculpteur ,  tout  habile  qu'il  était ,  n'osa  ja- 


(  29  ) 

mais  entreprendre  de  la  jeter  en  or  ou  en  bronze, 
quoique  Néron  le  désirât,  preuve,  dit  Pline,  que  Part 
de  la  fonte  était  déjà  perdu.  La  statue,  haute  de  cent 
dix  pieds ,  fut  exécutée  en  marbre  et  placée  dans  le 
vestibule  du  fameux  palais  dor.  Elle  y  resta  jusque  sous 
le  règne  de  Yespasien  ,%qui ,  ayant  bâti  le  temple  de.  la 
Paix ,  fit  transporter  le  colosse  au  bout  de  la  rue  sacrée , 
près  de  son  amphithéâtre  '  ,  le  consacra  au  soleil  et  lui 
plaça  sur  la  tête  sept  rayons  de  bronze  dorés ,  ayant 
chacun  vingt-deux  pieds  et  demi  de  longueur.  Dans  la 
suite ,  Tempereur  Commode  fit  abattre  la  tête  de  cette 
statue  et  mettre  la  sienne  à  sa  place  \  il  était  donc  dans 
la  destinée  de  ce  malheureux  marbre  d*oGFrir  successi- 
vement aux  regards  des  Romains  les  deux  plus  mau* 
vaiseqi^êtes  de  toute  la  série  impériale ,  depuis  Auguste 
jusqu^à  Augustule. 

On  admirait  dans  le  Forum  établi  par  Jules  César  à 
Rome,  et  qui  portait  son  nom,  une  très-belle  statue 
équestre  le  représentant,  quoiqu'elle  n'eût  point  été 

'  Cet  amphitliéâtre  existe  encore  ;  les  Romains  rappe- 
laient Colosseum,  du  voisinage  de  cette  statue  colossale ,  ou 
plutôt  à  cause  de  la  masse  énorme  du  bâtiment  \  et  les  mo- 
dermet  ^  par  corruption  ,  Pont  appelé  Cotisée,  L'abbé  Bar- 
thelemi  désirant  savoir  ce  qu'il  en  coûterait  aujourd'hui 
pour  construire  un  tel  édifice ,  a  fait  mesurer  les  anciens 
murs  avec  la  plus  grande  exactitude  par  le  P.  Jacquier ,  ha- 
bile  mathématicien-géomètre ,  et  il  a  trouvé  que  leur  seule 
construction  coûterait  dix-sept  millions  de  notre  monnaie. 
Que  serait-ce  s'il  eût  évalué  la  dépense  de  tout  le  Colisée  ! 
Ainsi  Cassiodore  n'a  point  exagéré  en  disant  (  Epit.  4^  y 
liv.  V  )  que  Titus ,  ou  plutôt  Yespasien  avait  (ait  couler  un 
fleuve  d'or  pour  construire  ce  monument. 


(30) 

Ëiite  pour  lui.  Le  cheval  et  la  statue  avaient  été  sculptés 
par  Lysippe  pour  Alexandre-le-Grand.  César  fit  ôler  la 
tête  d'Alexandre  de  dessus  la  statue  et  y  substitua  la 
sienne.  Cet  échange  de  têtes  dans  les  statues  était  assez 
commun  à  Rome  sous  les  empereurs. 

Il  existait  dans  la  partie  du  Gapitole  consacrée  à  Jû-» 
non ,  un  chien ^  en  airain ,  léchant  sa  blessure,  qui  était 
d'un  travail  si  parfait ,  et  d^une  vérité  si  frappante , 
que  nulle  somme  ne  pouvait  le  payer ,  summa  nuUa 
par  uidebatur.  Un  édit  public  ordonna  que  les  gardiens 
en  répondissent  sur  leur  tête.  Ce  chef-d'œuvre  fut  dé- 
truit, dit-on,  dans  l'incendie  du  Capitole  qui  eut  lieu 
l'an  67  de  J.^C. ,  de  la  part  des  soldats  de  Yitellius, 
poursuivant  le  frère  de  Vespasien. 

Nous  ne  nous  étendrons  pas  davantage  sur  les  ta- 
bleaux et  les  statues  dont  les  auteurs  latins  nous  ont  * 
conservé  le  souvenir;  nous  croyons  avoir  mentionné 
les  plus  remarquables. 

DES  TABLES.  • 

On  peut  mettre  les  tables  au  rang  des  meubles  pour 
lesquels  les  Romains  conçurent  une  véritable  passion , 
même  avant  que  l'Empire  eût  amené  tous  les  rafiinemens 
du  luxe  dans  les  plus  petits  détails  de  Pameublement.  La 
manie  d'en  posséder  à  tout  prix  fut  telle  que  les  femmes 
la  reprochaient  aux  hommes  ,  quand  ceux-ci  leur  re- 
prochaient leur  fureur  pour  les  perles. 

Ces  tables  étaient  de  différentes  formes  :  les  unes , 
carrées  ;  les  autres ,  ovales  5  celles-ci ,  en  forme  de  crois- 
sant; celles-là,  rondes.  Les  rondes  se  nommaient  orbes; 
les  demi-rondes ,  semi-rotundœ  ;  celles  appuyées  sur  un 
seul  pied ,  s'appelaient  monopodiœy  celles  qui  en  avaient 


(31  ) 

deux,  bipèdes;  trois,  tripedes;  et  au-delà,  polypedes. 
Quelques-unes  étaient  de  la  plus  grande  magnificence, 
soit  par  la  rareté  du  bois  dont  on  les  fabriquait ,  tels  que 
Je  cèdre  et  le  citre  tiré  du  fond  de  l'a  Mauritanie ,  soit 
par  les  (H*nemens  dont  on  les  décorait ,  soit  par  les  sup^ 
ports  allégoriques  qui  les  soutenaient  et  qui  ordinaire- 
ment étaient  des  animaux  sculptés  en  ivoire ,  enrichis 
de  lames  d'or  et  d'argent ,  et  quelquefois  entièrement 
composés  de  ces  précieux  métaux.  Pline  nous  parle  de 
deux  dauphins  d'argent  massif,  d'un  travail  exqms  ^ 
que  possédait  G.  Gracchus,  et  qu'il  avait  achetés  sur  le 
pied  de  cinq  mille  sesterces ,  (  looo  fr.  )  la  livre  ' . 

Ce  luxe  prodigieux  dans  leslables  ne  pouvait  manquer 
d'exciter  la  bile  de  Jùvénal.  «  Les  tables  de  nos  sobres 
ayeux ,  dit-il ,  n'étaient  faites  qu'avec  les  arbres  du 
pays  i  si  par  hasard  Paquilon  renversait  un  vieux  noyer , 
il  servait  à  oet  usage.  Mais ,  aujourd'hui ,  les  riches 
xnaDgent  sans  plaisir ,  le  turbot  et  le  daim  leur  semblent 
insipides ,  les  roses  et  les  parfums  blessent  leur  odorat , 
si  leur^  tables  ne  sont  soutenues  par  un  grand  léopard  à 
^^eule  béante ,  fabriqué  avec  Tivoire  des  plus  belles 
clents  que  nous  envoient  Syenne ,  la  Mauritanie ,  «t  les 
toréts  de  TArabie  où  les  déposa  Féléphant  fatigud  de 
leur  poids.  )»  Une  chose  remarquable ,  c'est  que  ^Hvoire 


'   Quelques  commentateurs  prétendent  que  ce  n'étaient 

point  des  dauphins ,  mais  des  tables  de  Delphes.  Il  semble 

cependant  que  le  passage  de  Pline  est  assez  clair  :  Delphinos, 

«lit-il ,  quinis  millihus  sestertiûm  in  lihras  emptos  C,  Grac* 

<:hus  habuit.   Des  tables  de  Delphes  sVxprimeraient  par 

mensœ  delphicœ,  et  jamais  par  delphinos.  Il  est  plus  natu- 

Tel  de  penser  que  ces  dauphins  étaient  des  ornemens  de 

tablé ,  ou  peut-être  dp  lits  ou  de  tout  autre  meuble. 


(32) 

était  alors  plus  estimé  que  Fargent  ;  car  le  même  poète 
BOUS  dit  encore  :  «  Les  riches  ne  dédaignent  pas  moins 
de  faire  usage  d'une  table  avec  un  pied  d'argent  que  de 
porter  un  anneau  de  fer.  )>  Cet  embellissement  des 
tables  provenait  sans  doute  de  ce  que  les  Romains  ont 
été  très-longtemps  sans  connaître  les  nappes  ni  les  ser- 
viettes. 

Passons  maintenant  en  revue  quelques-uns  de  ces 
meubles  dont  l'histoire  nous  a  révélé  soit  la  magni- 
ficence ,  soit  le  haut  prix. 

La  plus  belle  table  connue,  et  la  plus  renommée  était 
celle  de  Ptolomée,  Roi  de  Mauritanie  *,  elle  était  tout  en 
cèdre ,  et  avait  quatre  pieds  et  demi  carrés  de  surface  et 
trois  doigts  d'épaisseur  ;  on  n'en  donne  pas  l'estimation; 
mais ,  avec  ses  accessoires  qui  étaient  sans  doute  d^une 
magnificence  proportionnée  à  ses  dimensions ,  elle  devait 
monter  à  un  prix  supérieur  à  celui  des  «utres  taUe^ 
dont  nous  allons  parler. 

GicÉRON ,  quoiqu'ayant  une  fortune  qui ,  comparée  à 
celle  des  grands  personnages  de  son  temps ,  ne  passait 
pas  pour  excessive ,  paya  une  table  de  citre,  un  million 
de  sesterces ,  (  200,000  fr.  ).  Pline  nous  instruit  de  ce 
fait  en  ces  termes  :  Extat  hodiè  (  mensa  )  M.  Ciceronù 
in  iUd  paupertate,  et  quod  magis  ndiuun  est ,  îUo  œ%fo 
empta  H-S  X.  Ce  qui  signifie  /bien  :  a  La  table  de 
<i  Cicéron  existe  encore ,  et ,  chose  remarquable ,  avec 
((  sa  modique  fortune,  et  dans  ce  siècle ,  il  la  paya  un 
ce  million  de  sesterces.  »  M.  Adam ,  dans  ses  Antiquités 
romaines ,  quoique  se  servant  du  mot  decies ,  n'en  porte 
Festimation  qu^à  19,375  fr.  ^  c'est  évidemment  une 
erreur.  / 

Yerrès  avait  enlevé  en  Sicile  une  magnifique  table 
en  citre  ;  Gcéron  le  lui  reproche  en  ces  termes  :  Tu 


C33) 

99zaximam  et  pulclierrimam  mensam  citrecan  à  Luiadio 
^Mistulisti  1  Orat.  yi  ,  in  Yerrem. 

GkjAjJs  AsiNius  possédait  aussi  une  table  qui  fut 
payée  onze  cent  mille  sesterces  (  220,000  fr.  ).  Pline 
«rjoute  que  dans  la  vente  des  meubles  de  ce  Romain ,  se 
trouvèrent  deux  tables  de  ce  bois  de  citre,  ornées  de 
marqueteries ,  de  nacre  de  perle  et  d'ébène ,  qui  furent 
vendues  si  cher  que  le  prix  eût  suffi  pour  acheter  deux 
riches  métairies. 

Que  dirons-nous  de  celle  de  Nonius,  afiranchi  de 
Tibère ,  qui  était  tout  en  bois  de  cèdre ,  et  qui  avait 
quatre  pieds  de  largeur  sur  un  demi-pied  d^épaisseur  ? 

TiBÈKE  lui-même  en  possédait  une  de  quatre  pieds  et 
trois  doigts  de  largeur  sur  un  doigt  et  demi  d'épaisseur.' 
Senèque,  au  rapport  de  Xiphilin,  avait  cinq  cents 
tables  à  trois  pieds ,  d'un  très-grand  prix ,  toutes  en  bois 
de  cèdre ,  avec  des  pieds  d'ivoire  et  parfaitement  égales 
entre  elles  -,  mais  l'auteur  ne  nous  en  dit  pas  la  valeur*' 
^oici  ses  propres  expressions  :  Qidngentas  tripodas 
^uibuit  de  Ugno  cedrino  pedibus  ehumeis ,  sirnUes  et  pares 
inter  se,  in  quibus  cœnahaX, 

A  la  mort  du  roi  Jubà,  deux  tables  furent  vendues , 
Vune  douze  cent  mille  sesterces  (  240,000  fr.  ) ,  et  l'autre 
tsn  peu  moins  cher. 

Une  table,  également  de  citre  et  qui  était  héréditaire 
dans  la  femille  de  Gethegvs  ,  avait  coûté  quatorze  cent 
Tnille  sesterces  (  280,000  fr.  )  ;  elle  fut  la  proie  des 
flammes  dans  un  incendie ,  du  temps  de  Pline. 

"Nous  ne  prolongerons  pas  cette  liste.  Les  tables  dont 
i^ous  venons  de  parler  suffisent  poijp  Eure  connaître  la 
somptuosité  des  Bomains  dans  ce  genre. 


(34; 

DES  LITS. 

Les  h(s  étaient  eucore  uu  objet  de  grand  luxe  chez 
les  Romains.  On  en  distinguait  de  t/ois  sortes  :  i"*  le 
lit  pour  le  sommeil ,  lectus  cubicularis  ou  torùs  ;  2,^  le 
lit  de  table,  lectus  tnclinaris  ;  et  3**  le  lit  nuptial,  lectus 
genicdis  *. 

1**  Du  Ut  cubkulaire.  Ce  n^était  point  à  cette  sorte  de 
lits  que  les  Romains  attachaient  le  plus  d'importance , 
parce  que  placés  dans  la  partie  la  plus  retirée  de  la 
maison ,  ils  étaient  moins  exposés  à  là  yue  de  ceux  qui 
la  fréquentaient.  Ces  lits  avaient  la  forme  de  nos  lits  de 
repos  ;  mais  ils  étaient  plus  élevés ,  car  on  n'y  montait 
qu*avec  un  marche-pied  ou  gradin.  Trois  des  câtés  du 
lit  avaient  un  dossier,  c'est-à-dire  à  la  tête,  dans  le  fond 
*  du  coté  de  la  muraille,  et  aux  pieds  \  le  devant  seul  était 
ouvert.  Il  n'y  avait  ni  ciel ,  ni  rideaux  ;  mais  Torierller , 
le  matelat ,  le  lit  de  plumes  et  la  couverture  y  étaient 
d'usage,  comme  nous  le  voyons  par  plusieurs  épi- 
grammes  de  Martial,  liv.  xiv,  epp.  146,  147,  148 > 
i5a,  etc.  C'est  de  l'Egypte  qu'on  tirait  les  lits  de 
plumes,  rembourrés  du 'duvet  de  l'oie ,  aniiiial  très- 

'  Qaelle  est  Pétymologie  des  mots  lectus  et  torus?  Si  ron 
en  croit  Varron,  De  ling.  lat.,  c.  iv,  35,  le  mot  lectus 
vient  de  Tusage  où  Ton  était ,  dans  les  premiers  temps ,  de 
ne  garnir  les  lits  que  de  foin  et.  de  feuilles ,  quàd  herbis  et 
fi-ondibus  lectis  incuhahant  /  et  le  mot  torus  provient  de  ce 
que  super  herbam  tortam  discumbebarit ;  ou  de  ce  que  lecitts 
toris  id  estfunibus  Menderetur.  Varron  est-il  plus  fort  sur 
les  étymologies  de  sa  langue ,  que  Ménage  ne  Test  sur  celles  ^ 
de  la  nôtre  ?  Cela  ne  serait  pas  facile  à  décider  d'après  les 
présent  article. 


(35; 

commun  sur  les  bords  du  Nil.  Cependant  les  grands  de 
^ome  étalaient  encore  un  certain  luxe  dans  ces  sortes 
de  lits ,  soit  pour  la  qualité  du  bois  dont  ils  étaient  fa- 
briqués, soit  pour  les  ornemensdont  on  les  décorait, 
soit  pour  la  richesse  des  couvertures  et  des  courte* 
pointes.  Il  y  avait  même  des  lits  en  forme  de  paon ,  lecti 
P^vomnL  Martial  nous  le  révèle  dans  cette  épigramme  : 

Nomina  dat  spondée  pictis  pulcherrlma  pennis 

Nunc  Junonis  avis  ^  sed  prias  Argus  erat. 

xivi  ep.  85. 

a,  Les  briUàntes  plumes  de  Junon  font  ainsi  nommer 
«c  ces  lits  ;  jadis  ils  portaient  le  nom  d'Argus.  a> 

a*  DuJit  triclinaire  ou  de  table.  Avant  la  seconde  guerre 

punique ,  Pan  20a av.  J.-G. ,  les  Romains ,  pour  prendre 

leurs  repas,  s'asseyaient  sur  de  simples  bancs  de  bois  ; 

mais  Scipion  F  Africain ,  ayant  apporté  de  Garthage  des 

lits  sur  lesquels  on  se  couchait  pour  manger,  on  adopta 

^  Borne  cette  nouvelle  mode.  Ces  lits,  qu'on  appelait 

f^t^nicam,  africains ,  étaient  fort  bas ,  d'un  bois  commun, 

Rembourrés  seulement  de  foin  ou  de  paille ,  et  couverts 

de  peaux  de  chèvre  ou  de  mouton.  Un  nommé  Archias, 

'Menuisier  ou  tourneur  de  son  métier ,  les  imita  et  les 

fit  un  peu  plus  propres  *,  ils  portaient  le  nom  à^Archia^ 

^^^s,  du  nom  du  fabricant.  Leur  simplicité,  la  modicité 

du  prix,  les  rendirent  très<-communs,  et  la  moyenne 

ol^sse  du  peuple  continua  à  s'en  servir  jusqu'au  temps 

d^Auguste.  , 

Mais  le  luxe  des  grands,  qui  avait  commencé  long» 
^^xxips avant  cet  empereur,  ne  s'était  point  accommodé 
de  cette  simplicité  *,  d'ailleurs  Gn.  Manlius  leur  fraya 
le  chemin  dès  l'an  187  av.  J.-C. ,  en  faisant  paraître 
ÏH>xirla  première  fois,  dans  son  triomphe,  des  lits  d*ai- 
ï'ain,  des  tapis  et  des  couvertures  de  grand  prix ,  qu'il 


(36) 

avait  enlevés  aux  vaincus  (les  Gaulois  dé  TAsie).  Dès- 
lors  les  archiaques  en  bois  ordinaire ,  avec  leurs  formes 
unies  et  leurs  peaux  d'animaux ,  furent  dédaignés ,  et 
bientôt  les  nouveaux  lits,  travaillés  avec  beaucoup 
d'art ,  fijrent  au  niveau  de  tout  ce  qu'il  y  avait  de  plus 
recherché  dans  le  reste  de  Tameublement.  Leur  somp- 
tuosité particulière  consista  dans  Tébène ,  le  cèdre ,  l'i- 
voire ,  l'or ,  l'argent  et  autres  matières  précieuses  dont 
ils  étaient  faits  ou  enrichis  ;  dans  de  riches  coussins  et 
matelats  rembourrés  du  duvet  le  plus  léger  ;  dans  de 
superbes  couvertures  de  diverses  couleurs ,  brodées  d'or 
et  de  pourpre  ^  dans  des  trépieds  d'or  et  d'argent  -,  enfin 
dans  une  infinité  d'accessoires  qui  ajoutaient  à  l'éclat  et 
à  la  commodité  de  ces  meubles. 

Rien  n'était  plus  commun ,  sous  Auguste ,  que  de  voir 
des  lits  de  table  en  bois  de  citre  ,  entièrement  couverts 
de  lames  d'argent ,  ou  bien  garnis  de  sculptures  et  de 
ciselures  en  or  et  en  ivoire  ,  de  plaques  d'écaillés  de 
tortue  * ,  et  d'autres  matières  les  plus  précieuses. 

'  Il  est  question  de  ces  sortes  de  lits  dans  l'épigramme 
suivante,  que  Martial  adresse  à  Amœnus,  fin  matois ,  qui 
yent  Tendre  sa  maison.  Nous  en  donnons  seulement  la  tra- 
duction : 

■  a  i?a  maison,  dit  le  poète,  t*a  coûté  cent  mille  sesterces, 
et  tu  voudrais  t'en  défaire  à  meilleur  marché.  Tu  cherches 
cependant  à  tromper  Tacquéreur  en  cachant  les  défauts  de 
l^édifice  sous  le  luxe  des  ornemens.  D^abord  tes  lits  éclatent 
du  feu  de  Fécaille  de  tortue,  et  ils  sont  en  bois  de  citre 
massif  de  Mauritanie ,  ce  qui  est  rare.  Une  table  de  DelpLes, 
travaillée  avec  art,  y  brille  garnie  d^or  et  d'argent En- 
suite tu  parles  de  deux  cent  mille  sesterces ,  et  tu  assures 
qu'elle  ne  sera  pas  donnée  à  moins.  En  eflët^  c'est  vendre 
à  vil  prix  une  maison  si  bien  parée.  » 


(37) 

Du  temps  de  Sénèque,  un  accroissement  de  luxe 
présentait  assez  souvent  ces  lits  entièrement  revêtus  de 
Icunes  d'or  et  d'argent  ou  d'électrum ,  mélange  de  ces 
3eux  métaux.  Un  auteur  grec  fait  même  mention  d'un 
lit  d*or  massif,  qu'on  voyait  dans  File  de  Pandère  *,  mais 
[^e  lit  appartenait  à  un  lectistemium  ' .  En  général ,  la 
diversité  des  lits  de  luxe  était  étonnante  ;  il  y  en  avait. 
pour  les  différentes  saisons  «  pour  Thiver ,  pour  Fêté  ;  et 
léboL  se  remarquait  à  la  matière  du  meuble  y  au  choix 
des  étoffes  pour  les  couvertures ,  à  la  perfection  des 
broderies,  etc. 

Ces  riches  couvertures  que  Ton  étendait  sur  les  lits, 
et  sur  lesquelles  se  couchaient  les  convives,  allaient 
quelquefois,  dans  les  ventes,  à  un  prix  très-élevé.  On, 
en  connaît,  dès  le  temps  de  Gaton ,  qui  ont  été  adjugées 
pour  la  somme  de  huit  cent  mille  sesterces  (160,000  f.). 
Méron  en  a  acheté  une  de  drap  babylonien ,  c'est-à-dire 
de  diverses  couleurs  dans  le  tissu,  qui  lui  a  coûté  quatre 
millions  de  sesterces  (776,000  fr.  ). 

Il  est  bien  présumable  qu'on  ne  se  servit  pas  de  lits 
de  table  aussi  richement  garnis ,  dans  le  fameux  repas 
que  J.  César  donna  au  peuple  romain  lors  de  ses  quatre 


'  Le  lectistemium  oa  lectisterne ,  était  un  festin  d'ap- 
pareil que  Ton  donnait  aux  dieux  dans  les  temples  \  on  y 
dressait  des  lits  couverts  de  riches  tapis  et  de  coussins  par- 
semés de  fleura  et  de  feuilles  odoriférantes.  On  couchait  les 
statues  des  dieux  sur  ces  lits ,  et  on  leur  servait  les  mets  les 
plus  délicats,  qui  sans  doute  ne  leur  causèrent  jamais  d'indi- 
^tions.  En  pourrait-on  dire  autant  des  pontifes  et  de  leur» 
acolytes  chargés  de  la  desserte  f  La  cérémonie  du  lectisterne 
a  été  fondée  à  Rome  Tan  398  avant  J.-C. ,  à  Toccasion  d'une 
peste  qui  ravagea  la  ville. 


(38) 

triomphes,  (Tan  46  av.  J.-C.)-  Plùtarque  dit  qu'on  y 
servît  vingt-deux  mille  tables ,  à  trois  lits  chacune  ;  ce 
qui  suppose  d*abord  cent  quatre-vingt  dix-huit  mille 
convives;  mais  comme  chez  les  citoyens  sans  façon,  il 
se  plaçait  souvent  quatre  personnes  au  lieu  de  troi^  sur 
chaque  lit ,  et  que  le  peuple ,  dans  cette  circonstance , 
ne  tenait  sans  doute  pas  beaucoup  à  l'étiquette ,  on  peut 
porter  la  masse  de  ces  convives  à  au  moins  deux  cent 
mille.  (Nous  donnons  la  description  de  ce  festin  dans 
notre  Traité  des  Repas  des  Romains.  ) 

3^  Du  Ut  nuptial.  Ce  lit ,  que  Properce  appelle  lectum 
ndversumy  était  dressé  dans  une  salle  située  à  Tcptrée 
de  la  maison  et  qui  était  décorée  des  images  des  ancêtres 
de  répoux.  Jamais  ce  lit  ne  sortait  de  Tappartement , 
parce  que  c'était  le  lieu  que  dans  la  suite  la  nouvelle 
mariée  devait  habiter  ordinairement  pour  vaquer  à  ses 
occupations  journalières,  telles  que  filer,  broder,  feire 
des  étoffes.  C'est  ce  que  lui  désignait  le  cérémonial  qu'on 
lui  disait  observer  en  entrant  dans  la  chambre  ;  on  la 
faisait  asseoir  sur  un  siège  couvert  d'une  peau  de  brebis, 
garnie  de  sa  toison.  On  avait  le  plus  grand  respect  pour 
le  lit  nuptial ,  et  on  le  gardait  religieusement  /tant  que 
vivait  la  femme  pour  laquelle  il  avait  été  dressé.  Si  le 
mari  se  remariait,  il  devait  en  faire  tendre  un  autre 
pour  sa  seconde  épouse.  C'était  de  rigueur,  et  jamais  on 
ne  s'écartait  de  cet  usage.  Aussi ,  voyons-nous  Cicéron 
traiter  de  crime  atroce  l'action  infâme  de  la  mère  de 
Cluentius,  qui  devenue  éperdument  éprise  de  son 
gendre  qu'elle  épousa,  se  fit  tendre  le  même  lit  nuptial 
qu'elle  avait  dressé  deux  ans  auparavant  pour  sa  propre 
fille ,  et  duquel  elle  la  chassa. 

Nous  n'avons  trouvé  aucun  détail  sur  la  valeur  et 
l'estimation  de  ces  différentes  sortes  de  lits  avec  leurs 


(30) 

garnitures  ;  mais  il  n'y  a  pas  de  doute  ,  d'après  ce  que 
nous  avons  dit  du  prix  de  simples  couvertures,  que 
ceux  qui  figuraient  dans  les  palais  des  Scaurus,  des 
Saliuste ,  des  Lucullus ,  des  Tibère ,  des  Néron ,  étaient 
d'une  valeur  extraordinaire* 

DES  COUPES  ET  DES  VASES. 

Ces  meubles  tiennent  une  place  considérable  dans 
rhistoire  dû  luxe  de  la  table  chez  les  Romains  :  on  sait 
à  quel  excès  était  porté  leur  faste  dans  tout  ce  qui  re- 
gardait la  grandeur,  le  goût,  le  travail,  la  qualité  et  la 
variété  des  pièces  qui  formaient  l'appareil  de  leurs 
buffets  ,  qu'ils  nommaient  abaques.  Ils  avaient  des 
coupes,  des  vases,  des  flacons  de  toutes  les  espèces  et 
en  toutes  sortes  de  matières,  en  bois  de  hêtre,  en  terre 
cuite,  en  pierre,  en  cristal ,  en  verre,  en  ambre,  en 
cuivre ,  en  argent  et  en  or.  Les  coupes  et  les  vas^s  étaient 
ou  unis ,  ou  ciselés ,  et  parfois  enrichis  de  pierres  pré- 
cieuses *,  on  les  nommait  pocula,  calices  y  phiaUe , 
sc^pTiiy  scaphia,  çuluUus.  Le  caniharus  était  une  coupe 
à  deux  anses.  Les  Romains  se  passionnaient  donc  pour 
ces  sortes  de  meubles ,  soit  à  raison  de  la  matière ,  soit 
à  raison  de  la  forme  et  du  talent  de  l'artiste  qui  les  avait 
fabriqués.  Si  Tun  de  ces  objets  était  antique  ou  avait 
appartenu  à  quelque  grand  personnage ,  cela  en  aug- 
mentait beaucoup  la  valeur  ^ .  Mais  un  reproche  à  faire 

'  Cette  dernière  considération  prêtait  quelquefois  à  la 
critique  et  à  la  plaisanterie.  A  Rome ,  comme  chez  nous , 
on  se  moquait  de  ces  antiquaires  maniaques  qu^  donnent 
aux  morceaux  qu^iU  possèdent ,  une  illustration  ridicule» 
Nous  en  voyons  la  preuve  dans  Martial ,  viii  ^  ép.  6  ;  il  se 


(40) 

aux  Romains ,  c'est  de  n'avoir  pas  rougi  d'employer 
quelquefois  des  coupes  d'une  forme  plus  qu'indécente  ; 
Juvénal  et  Pline  les  en  ont  vivement  gourmandes  ;  Pline 
appelle  cette  licence,  per  chscœnitates  bibere  ;  heureu- 
sement ces  rares  turpitudes  ne  paraissaient  que  sur  la 
table  de  quelques  débauchés. 

Voyons  maintenant  quels  sont  les  vases  précieux  sur 
la  valeur  précise  desquels  les  Anciens  nous  ont  laissé 
quelques  renseignemens. 

L.  Grassus  possédait  deux  coupes  ciselées  par  le  célèbre 
artiste  Mentor  ;  elles  lui  coûtaient  cent  mille  sesterces 
(  20,000  fr.  )  ;  il  avouait  qu^il  n'avait  jamais  osds'en 
servir  ;  mais  il  en  avait  plusieurs  autres  qui  lui  revenaient 
à  six  mille  sesterces ,  la  livre ,  (  1,200  fr.  ) ,  et  dont  sans 
doute  il  ne  faisait  guère  plus  usage.  Yoy.  Pline  ,  liv. 
xxxni ,  ch.  II. 

Les  vases  murrhins,  dont  les  premiers  furent  vus  au 
triomphe  de  Pompée  sur  Mithridate ,  ont  été ,  du  temps 
des  empereurs ,  un  objet  du  plus  grand  luxe.  Un  seul 
vase  de  cette  matière,  contenant  trois  setiers,  a  été 
vendu  soixante-dix  talens  (  336,ooo  fr.  )^  mais,  outre 
ce  vase ,  il  y  en  avait  à  ce  triomphe  une  telle  quantité 
d'autres,  que  l'on  en  couvrit  neuf  buffets. 

Deux  coupes  en  argent ,  ciselées  par  Zopire  ,  célèbre 

moque  d^an  vieil  antiquaire  (Euctvs),  qui,  à  table,  au 
lieu  de  faire  boire  ses  convives,  ne  leur  parle  que  de  l'an- 
cienneté de  ses  coupes ,  de  ses  vases ,  etc.  L'une  a  appartenu 
au  roi  Laomédon  ;  Pautre  a  servi  au  féroce  Rhœcus  dans 
aa  querelle  avec  les  Lapithes  ;  ces  deux  vases-ci  viennent  du 
vieux  Nestor^  etc. ,  etc. ,  etc.  Chez  les  modernes,  'Walter- 
Scott ,  dans  son  Antiquaire,  a  aussi  parfaitement  peint  le, 
ridicule  des  maniaques  dans  le  genre  dont  nous  parlons. 


(  41  ) 
artiste  romain ,  étaient  estimées  douze  mille  sesterces 
(  2,4^^  fr  •  )  ^  sur  Tune  était  représenté  l'aréopage  et  sur 
l'autre  le  procès  d'Oreste. 

Pythéas ,  autre  artiste  célèbre ,  excellait  aussi  dans 
les  ouvrages  ciselés  :  on  les  vendait  ordinairement  sur 
le  pied  de  dix  mille  sesterces  (  2,000  fr.  )  les  deux  onces, 
entre  autres  une  coupe  où  il  avait  gravé  Ulysse  et 
Diomède  ravissant  le  Palladium. 

T.  Petronius,  personnage  consulaire,  condamné  àmort 
par  Néron ,  brisa ,  avant  de  mourir ,  un  vase  murrhin , 
estimé  trois  cents  talens  (  1  ,44oîOoo  fr.  ),  par  haine  pour 
le  tyran  et  pour  l'en  priver.  M'.  P.  Durand,  traducteur 
de  Pétrone ,  croit  qu'il  est  ici  question  de  l'auteur  du 
A$af;^nco7z;  cependant  son  nom  ne  parait  point  dans  la 
liste  des  consuls ,  à  moins  quHl  n'ait  été  consul  subrogé. 

Néron  dut  éprouver  un  vif  regret  à  la  nouvelle  de  la 
destruction  de  ce  vase  précieux ,  car  il  était  fou  de  ces 
sortes  de  meubles  ,  et  lui-même  paya  cent  talens 
(  480,000  fr.) ,  une  coupe  murrhine  à  deux  anses  ' . 

Le  même  Néron,  quelque  temps  après,  et  sur  le 
point  d'expier  tous  ses  crimes,  (il  s^est  tué  le  9  juin, 
68  de  J.-C),  apprenant  la  révolte  de  ses  armées  et 
voyant  quHl  était  perdu  sans  ressource,  brisa  dans  son 
désespoir,  deux  belles  coupes  de  cristal  du  plus 
grand  prix ,  et  sur  lesquelles  on  avait  gravé  des  vers 
d'Homère.  Il  crut  punir  son  siècle  en  empêchant 
qu^aucun  autre  y  pût  boire.  (On  estimait  l'une  de  ces 
coupes  soixante  et  quinze  mille  sesterces  (  i5,ooo  fr.  ) , 
ce  qui  ne  serait  pas  un  fort  grand  prix.  ) 

Le  cristal   était   très-estimé   des  Anciens,  surtout 

'  Voyez  à  la  fin ,  note  (E) ,  les  dîyerses  opinions  des  sayans 
sur  la  pierre  précieuse  dont  se  fabriquaient  les  vases  murrhins. 


(  42  ) 

quand  il  s^en  rencontrait  des  morceaux  d'un  certain 
volume.  On  rapporte  que  l'impératrice  Livie  en  offrit 
au  Capitole  un  du  poids  de  cinquante  livres. 

N'omettons  pas  le  trait  du  vase  de  cristal  de  Poilion  ; 
il  fait  trop  honneur  à  Thumanité  d^ Auguste  pour  le 
passer  sous  silence.  Ce  PoUion,  favori  du  prince  ^ 
avait  imaginé  un  singulier  supplice  pour  ses  esclaves 
coupables  de  quelques  &utes  :  il  les  faisait  jeter  tout 
vivans  dans  ses  réservoirs  pour  y  devenir  la  pâture 
de  ses  murènes  qu'il  engraissait  de  sang  humain. 
Auguste  soupait  un  jour  chez  lui;  un  esclave  a  le 
malheur  de  laisser  tomber  un  vase  de  cristal  qui  se 
brise.  PoUion ,  furieux ,  d'un  seul  signe ,  donne  l'ordre 
du  fatal  supplice.  L'esclave  tremblant  se  jette  aux  pieds 
d'Auguste ,  le  conjure ,  le  supplie  de  ne  pas  permettre 
que  pour  une  telle  feute ,  il  soit  guni  d'un  châtiment 
aussi  affireux  que  celui  d'être  jeté  vivant  dans  le 
réservoir  et  dévoré  par  les  poissons.  Auguste,  fraj^ 
et  indigné  de  ce  nouveau  genre  de  barbarie,  &ic 
délivrer  l'esclave ,  ordonne  que  l'on  brise  les  vaseis  de 
cristal  et  que  Ton  comble  les  viviers  de  Poilion;  œ 
qui  fiit  exécuté.  C'est  ce  Poilion  qui  fut  consul,  et 
dont  le  nom  figure  en  tête  de  la  quatrième  éclogue  de 
Virgile,  Sicelides  musœ,  etc.,  etc.  (Oii  le  spirituel 
auteur  de  la  Physiologie  du  goût  a-t-il  trouvé  que 
Domitien  est  le  héros  de  cette  aventure?  L'erreur  est 
un  peu  grave.  Voy.  h.  Physiologie,  etc. ,  édit.  de  i834, 
tom.  1 ,  p.  17a,.)  Le  charmant  poème  de  la  Gastrono^ 
mie  n'est  pas  non  plus  exempt  de  quelques  erreurs 
d'érudition. 

Une  mère  de  famille ,  peu  opulente ,  paya ,  dit  Pline , 
une  coupe  cent  cinquante  mille  sesterces ,  (  3o,ooo  fr.  )• 

Nous  avons  dit  précédemment  qu*on  enrichissait 


(  «  ) 

les  coupes  de  pierres  précieuses.  Le  passage  suivant  de 
Juvénal,  (sat.  v,  ParasiU),  va  nous  le  prouver.  Le 
poète  s'adresse,  dans  ce  passage,  à  quelque  chevalier 
d'industrie^  car  Rome  n'en  manquait  pas  plus  alors 
que  Paris  maintenant.  «  Virron  se  sert ,  dit  Juvénal , 
d'une  large  coupe  d'ambre,  enrichie  de  pierreries;  à 
toi  l'on  ne  te  confie  point  de  coupe  d^or.  Si  par  hasard 
on  t^en  donne  une,  on  a  soin  de  mettre  à  tes  cotés,  un 
gardien  chargé  d'en  compter  les  diamans ,  et  de  suivre 
de  l'œil  tes  ongles  rapaces.  N'en  sois  pas  choqué, 
cette  coupe  est  ornée  d'une  pierre  fameuse ,  car  Tir- 
ron ,  à  l'exemple  de  ses  pareils ,  transporte  de  ses , 
bagues  sur  ses  coupes ,  les  diamans  que  portait  au 
pommeau  de  son  épée  ce  jeune  troyen  préféré  par 
Didon  au  jaloux  Hiarbe.  '  Tu  n'auras  qu'une  tasse  à 
quatre  becs  et  désignée  par  le  nom  d'un  cordonnier  de 
Bénévent,  tasse  fêlée,  bonne  à  troquer  contre  des 
allumettes.  »  Ce  cordonnier  se  nommait  Yatinius,  il 
fut  l'inventeur  de  ces  sortes  de  coupes. 

Nous  terminons  ici  ce  que  nous  avions  à  dire  sur 
les  vases  et  les  coupes  -,  mais  il  est  un  autre  objet  qui 
tient  également  aux  repas,  et  qui  même  en  est  un 
meuble  essentiel ,  dont  nous  croyons  devoir  parler  aussi  : 
ce  sont  les  plats.  Les  auteurs  anciens  nous  ont  conservé 
le  souvenir  de  quelques-unes  de  ces  pièces  extraordi- 
naires dont  la  matière  et  la  forme  prouvent  que  le  dé- 
bordement du  luxe  allait  jusqu'à  la  folie.  G)nsacrons 
donc  quelques  lignes  au  souvenir  historique  des  plats 
chez  les  Romains. 

*  Encore  une  critique  de  ces  pauvres  maniaques  d'anti- 
quités ;  on  ne  s'attendait  guère  à  trouTer  Enée*  en  cette 
affaire. 


(  *i  ) 

Des  plats.  Ils  étaient  à  peu  près  de  la  même  forme 
que  les  nôtres.  On  en  faisait  en  terre  vernie ,  en  bronze , 
en  argent  et  même  en  or.  On  les  nommait  tanx ,  caûnus, 
discus,  paropsis.  Le  lanx  satura  était  un  plat  rempli 
de  toutes  sortes  de  fruits,  ou  contenant  un  ragoût  farci 

• 

de  différentes  viandes.  Les  plats  qui  composaient  le 
premier  ou  le  second  service  (  primœ  aut  secundœ 
mensœ),  n'étaient  jamais  servis  simultanément ,  à  moins 
qu'ils  ne  fussent  chargés  d^œufs ,  de  fruits  ou  de  frian- 
dises que  Ton  pouvait  prendre  à  la  main ,  sans  le  minis- 
tère de  récuyer  tranchant  *.  Mais  pour  les  grosses 
pièces ,  les  ragoûts ,  etc. ,  ils  étaient  apportés  séparé- 
ment ;  et  quand  le  morceau  était  remarquable  par  son 
volume  ou  par  sa  rareté ,  on  l'introduisait  dans  la  salle , 
aux  acclamations  des  convives ,  avec  pompe ,  musique  et 
parfois  en  chantant  et  en  dansant  ;  ceux  qui  l'apportaient 
étaient  couronnés  de  fleurs.  Les  plats ,  qui  renfermaient 
ces  morceaux  extraordinaires ,  s'appelaient  rhombus , 
patina,  et  étaient  ordinairement  du  plus  grand  luxe  et 
d'une  étendue  proportionnée.  C'est  de  ceux-là  dont  nous 
allons  parler. 

On  prétend  que  Sylla  en  avait  qui  pesaient  jusqu'à 
deux  cents  marcs  d'argent;  et  Pline  ajoute  qu'on  en 
aurait  trouvé  pour  lors  à  Rome  plus  de  cinq  cents  du 
même  poids.  Cette  fureur  du  luxe  ne  fit  qu'augmenter 
par  la  suite. 

Du  temps  de  l'empereur  Claude ,  un  de  ses  esclaves , 
nommé  Drusilannus  Rotundus,  qui  était  trésorier  de 

'  Cet  ofEcier  de  bouche  s^ap pelait  carptor,  carpus,  scîssor, 
on  dirîbiior ^  il  découpait  les  viandes  d'une  main  savante. 
On  le  nommait  aussi  chironomons  ou  gesticulator ,  lorsqu'il 
découpait  en  cadence  au  son  des  instrumens. 


(  45  ) 
la  haute  Espagne,  fit  faire,  dît  Pline,  liv.  xxxm,  un 
plat ,  nommé  PromuUis,  pour  la  fabrication  duquel  il 
fallut  établir  une  forge  exprès.  Ce  plat-mo/wfre  était  en 
argent  pur  et  pesait  cinq  cents  livres-,  on  le  servait 
au  milieu  de  huit  autres  petits  plats  du  poids  de  cent 
marcs  chacun.  La  machine  qui  soutenait  ces  neuf  plats 
rangés  symétriquement,  s^appelait  du  nom  du  grand 
plat,  Promidsidarium.  «  Combien,  ajoute  Pline ^  eût- 
il  fallu  d^esclaves  comme  le  propriétaire  pour  porter 
et  disposer  une  telle  vaisselle  sur  la  table  ?  et  dans  quel 
festin  eût-on  pu  le  servir  ?  » 

C'est  sans  doute  ce  plat  qui  a  servi  de  modèle  à  celui 
que  fit  fabriquer  quelques  années  après  le  glouton  Yi- 
tellius ,  et  dont  il  fit  la  dédicace  avec  tant  de  pompe. 
Il  appelait  ce  plat  le  bouclier  de  Minerve,  à  cause  de 
son  excessive  grandeur.  On  avait  bâti  un  four  en  pleine 
campagne  pour  le  fabriquer.  Rome  de  Tlsle,  d'après 
Pline  (liv.  xxxv),  dit  que  ce  plat  énorme,  en  terre 
cuite  y  coûta  un  million  de  sesterces  (  aoo,ooo  fr.  ).  N'est- 
il  pas  présumable  qu'il  était  plutôt  en  métal ,  soit  en 
argent ,  soit  en  or ,  ou  du  moins  incrusté  de  ces  matiè- 
res, et  que  la  somme  de  deux  cent  mille  francs  n'aura 
été  que  le  prix  du  travail  ?  Je  fonde  cette  conjecture 
sur  deux  £eiits  :  le  premier,  relatif  à  la  matière ,  est  que 
ce  plat  a  été  conservé  comme  un  monument  remar- 
quable jusqu'au  temps  d'Adrien  qui  le  Jit  fondre,  et 
l'on  ne  fond  pas  la  terre.  Le  second ,  relatif  à  la  somme, 
est  que  Yitellius ,  pendant  les  huit  mois  de  son  règne , 
ayant  dépensé  pour  sa  table  neuf  cent  millions  de  ses- 
terces (  180,000,000  fr.  ) ,  que  serait  la  modique  somme 
de  200,000  fr.  pour  la  matière  et  les  frab  de  &brication 
de  ce  plat  énorme  auquel  il  attachait  tant  d'importance, 
qu'il  en  fit  une  dédicace  solennelle?  Qu'on  se  rappelle 


(46) 
les  dépenses  inouies  qui  se  faisaient  alors  à  Borne  pour 
satisËdre  aux  exigences  du  luxe ,  soit  en  fait  d^ameu- 
blement,  soit  en  fait  de  bonne  chère  ^  et  la  ocmjectiire 
que  je  hasarde  ne  paraîtra  peut-être  pas  entièrement 
dépourvue  de  fondement. 

Le  goût  pour  ces  énormes  plats  qui  sans  doute  n^é- 
taient  souvent  que  des  meubles  d'ostentation,  a  survécu 
aux  Romains.  Nous  en  retrouvons  plusieurs  dans  les 
premiers  âges  de  notre  monarchie  -,  quelques-uns  pro- 
venaient peut-être  des  Romains. 

Après  la  mort  de  Mummol ,  patrice  de  Rourgogne , 
qui  périt  à  la  suite  de  sa  perfidie ,  en  585 ,  on  trouva 
parmi  les  effets  qui  furent  saisis  chez  lui ,  outre  une 
quantité  considérable  de  vaisselle  d*or  et  d'argent, 
quinze  grands  bassins  d'argent ,  dont  un ,  entre  autres, 
pesait  cent  soixante-dix  livres. 

On  connaît  encore  un  plat  dW  massif,  du  poids  de 
cinquante  livres ,  que  Gbilpéric^  roi  de  Soissons  (as- 
sassiné à  Ghelles  en  octobre  584  ) ,  fit  faire  et  enrichir 
de  pierreries,  pour  honorer,  disait- il,  la  nation  fran- 
çaise. 

Saint  Arnould,  évéque  de  Metz,  en  6i4,  Tun'des 
aïeux  de  GhaHemagne ,  possédait  un  plat  d'argent ,  du 
poids  de  soixante-douze  livres,  qu'il  vendit  pour  sub- 
venir aux  besoins  des  pauvres. 

Quand  Sisenande,  roi  d'Espagne,  voulut  engager 
Dagobert  dans  sa  révolte ,  il  lui  promit  un  plat  d'or,  du 
poids  de  cinq  cents  livres ,  et  que  l'on  disait  précieux 
plus  encore  par  la  beauté  du  travail  que  par  sa  valeur 
intrinsèque. 

Enfin,  Lothaire,  étant  sur  le  point  d'être  attaqué 
par  ses  frères  dans  Aix-la-Ghapelle,  y  pilla  le  trésor  de 
Gharlemagne  son  grand-père ,  et  brisa ,  disent  les  An^ 


(47) 

ts  de  S.  BerUn ,  un  plat  d'argent  d'une  immense 
^^xxiension,  qui  représentait  en  bosse ,  Tunivers  avec 
1^  Cours  des  astres  et  des  planètes ,  et  il  le  distribua  à 
^^s  soldats.  Ce  prince ,  roi  dltalie ,  mourut  en  856. 

DES  LAMPES  ET  DES  CANDELABRES. 

Ces  meubles  étaient  encore  à  Rome  un  objet  de  luxe 
ohez  les  riches  particuliers.  S.  Clément  d'Alexandrie 
et  Eusèbe  attribuent  aux  Egifptiens  Pinvention  des 
lampes.  On  en  connaissait  de  différentes  sortes ,  celles 
qui  étaient  consacrées  aux  temples,  d'autres  destinées  à 
éclairer  les  appartemens  dans  les  réjouissances  ou  les 
festins;  les  lampes  de  nuit,  les  lampes  d'étude,  les 
'  lampes  sépulcrales,  etc. ,  etc.  Aucun  meuble  chez  les 
Anciens  n'a  eu  des  formes  plus  variées ,  et  quelquefois 
de  plus  indécentes ,  surtout  celles  qui  étaient  portatives 
ou  de  table.  Dans  les  premiers  temps  ,  les  lampes 
étaient  simples ,  en  terre  cuite  ou  en  bronze  ;  ensuite 
cm  en  a  Ëdt  en  airain  de  Gorinthe,  en  argent  et  en  or. 
On  en  a  trouvé  un  grand  nombre  à  Herculanum ,  de 
toutes  matières  et  de  toutes  formes. 

Les  lampes  destinées  aux  appartemens  et  surtout  au 
tricUnium  (  salle  à  .manger  ) ,  étaient  ordinairement  en 
bronze  ou  en  argent  ^  et  suspendues  par  des  chaînes  de 
même  métal.  On  les  appelait  lucemce^  et  quand  elles 
avaient  plusieurs  branches  (espèce  de  lustre),  elles 
prenaioit  le  nom  de  Poljmixos.  Martial  nous  en  repiré- 
sente  une  dans  cette  épigramme,  liv.  xiv,  ép,  4^- 
Ulastrem  cùm  tota  meis  conTivia  flammisy 
Totque  geram  myxos ,  ima  lucerna  vocor. 

a  Mes  brancheg  allumées  éclairent  tout  le  festin  ;  qaoiqiie 
a  j^aie  plosiears  bras^  je  n'ai  qa^un  nom  |  oéloi  de  lastre.  » 


\ 


f(  <8  J  . 

Toutes  les  lampes  n'étaient  pas  suspendues;  on  en 
voyait  beaucoup  supportées' par  des  candélabres  ;  et  ces 
candélabres  étaient  d^un  travail  précieux.  Les  plus 
beaux  se  faisaient  à  Egine  pour  la  partie  supérieure,  et 
les  tiges  se  fabriquaient  à  Tarente.  Les  candélabres  or- 
dinaires se  vendaient  cinq  à  six  cents  francs  de  notre 
monnaie  -,  mais  d^autres  allaient  quelquefois  jusqu'à 
dix  mille  firancs.  C'est  ce  qui  a  fait  dire  à  Pline ,  que  de 
son  temps  on  ne  rougissait  pas  de  donner  la  valeur  des 
appointemens  annuels  d'un  tribun  militaire ,  pour  un 
ustensile  dont  le  nom  rappelle  Fidée  de  chandelle.  Par- 
lant de  ces  sortes  de  meubles ,  il  raconte  une  aventure 
assez  extraordinaire  pour  que  nous  ne  la  passions  pas 
sous  silence. 

ccUn  crieur  public,  nommé  Théon  ,  exposait  en 
vente  sur  la  place  un  candélabre  ;  soit  que  les  enchères 
n'allassent  pas  à  son  gré ,  soit  par  un  autre  motif,  il 
réunit  à  ce  lot ,  comme  accessoire ,  un  esclave  bossu , 
hideux  et  foulon  de  son  métier ,  qui  s'appelait  Clé- 
sippe.  Une  dame  romaine,  du  nom  de  Géganie,  acheta 
le  tout  moyennant  cinquante  mille  sesterces  (10,000  fr.). 
Le  lendemain,  elle  fit  parade,  à  table,  de  son  aa](ui- 
sition,  et  exposa  à  la  risée  de  ses  convives,  le  bossu 
dépouillé  de  ses  vêtemens.  Mais  peu  après,  cédant  à 
une  passion  effrénée ,  elle  lui  fit  partager  sa  couche  ; 
puis  sur  le  point  de  mourir,  lui  légua  des  richesses  im- 
menses. Le  bossu  Clésippe  rendit  à  ce  candélabre  des 
hommages  comme  à  une  divinité ,  et  éleva  à  Géganie 
un  magnifique  tombeau  qui  fut  moins  un  témoignage 
de  la  reconnaissance  du  légataire,  qu'un^  monument 
de  la  honte  de  cette  femme.  » 

Quoique  les  chandelles  moulées  ou  à  baguette,  ainsi 
que  les  bougies ,  existassent  chez  les  Romains ,  comme 


(49) 

le  pronvent  plusieurs  épigrammes  de  Martial ,  AV.  xiv, 
epp*  4^  9  4^  9  4^  9  ^U^  n'étaient  point  d'un  usage  gé- 
néral, puisqu'on  n'a  trouvé  ni  à  Herculanum^  ni  à 
Pompei ,  aucun  candélabre  percé  de  manière  à  les 
supporter. 

DES  PffiRRES  PRÉCIEUSES. 

Pline  raconte  que  Scaurus,  gendre  de  Sylla,  est  le 
premier  à  Rome  qui  ait  eu  un  écrin  rempli  de  pierre- 
ries ,  qui  sans  doute  provenait  de  la  riche  succession  de 
ioa  beau-père.  Cet  écrin  fut  le  seul  connu  juaqu^à  ce 
]ue  Pompée ,  lors  de  son  triomphe  sur  Mithridate ,  dé- 
liât au  Gapitole  celui  qui  avait  appartenu  à  ce  Roi ,  le 
jliis  riche  et  le  plus  somptueux  de  tous  les  princes 
iraincus  par  les  Romains. 

L'écrin  de  Mithridate,  si  Ton  en  croit  Yarron  et  les 
latres  auteurs  du  temps ,  était  beaucoup  plus  précieux 
|ue  celui  de  Scaurus.  Outre  les  rubis,  les  topases,  les 
liamans,  les  éméraudes,  les  opales,  les  onyx,  et  beau- 
îoup  d'autres  pierreries  d'un  éclat  et  d'une  valeur 
oestimable,  on  y  voyait  une  quantité  infinie  d'an- 
leaux,  de  bagues,  de  cachets,  de  chaînes  d'or  d'un 
ravail  exquis ,  et  d'autres  objets  de  toilette  et  de  pa- 
gure noivnioins  admirables. 

Mais  combien  d'autres  merveilles  brillèrent  à  ce 
riomphe  sur  Mithridate  !  Un  échiquier  garni  de  toutes 
es  pièces ,  entièrement  composé  de  pierres  précieuses 
ncrustées  dans  l'or  \  trente-trois  couronnes  en  perles  ; 
a  Eaimeuse  vigne  d'or  d'AristobuIe ,  estimée  par  l'his- 
orien  Josephe (/iV.  xiv),  cinq  cents  talens  (2,400,900  f.)  ; 
e  trône  et  le  sceptre  de  Mithridate  \  son  char  éclatant 
l*or  et  de  pierreries ,  qui  avait  appartenu  à  Darius  \  le 
xianteau  brodé  à  fleurs  d'or ,  qui  passait  pour  être  celui 

4 


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jue  P  :  -T.  z*  -: .  .  :  î'* .  ie  s«)n  •  • 
liât  au  Opiî.le  ctlui  qui  •. 
3I115  riihe  et  le  plus  s.c  : .. 
^'ain*:::.?  par  les  Roinain; 
L'eiiriii  de  Mithrida*-. 
luires  mteurs  du  tcœ:-    • 
lue  Celui  de  Scaurus.  •  •_• 
iiamaDi,  les  émérau> 
coup  d'autres  pierr-r- 
inestimable ,  on  v  1 .-. 
neaux,  de  bagues.  » 
travail  exquis ,  et  c  c. 
Ture  non^moins  aoazr 

Mais  combiec  * 
triomphe  sur  llitz  - 

ses  pièces  9  eoti-"* 

incrustées  dan 

la  bmense  t:  - 

lorienloBep' 

letrteecr* 

d!oretci 
mante? 


rdle 
ilche 
Ile  y 
.Ile  le 
.)r,  et 
[)ierrcs 
la,  elle 
les  An- 
out  cela 
;i  Telle  lui 
■.;arquahle 
I  riiistoire 
.  elle  avala. 
/<'pélcr  ici  ; 
MIS  nos  Re- 
l'cstins  av^ec 

X1828), 

■nie  de  Cali- 
•ire  galerie. 
•  (Muonie  pu- 
riste de  l'o- 
Irès-ordi- 
?e  d'éme- 
■it  encore 
l'fje ,  ses 
Ht  char- 
néme,  se 
.000  f.), 
•hesses , 

raccrois- 


\ 


(50) 

d^Alexandre  ;  c'est  celui  que  Pompée  revêtit  lors  de  son 
triomplie;  enfin  les  armes  de  Mithridate  qui  étaient 
d^une  ricbësse  inonie  -,  mais  son  diadème  et  le  foiMreau 
de  son  épée  n'y  parurent  point;  ils  avaient  été  volés. 
Le  diadème,  étincelant  de  pierreries,  avait  été  pris  par 
Caius ,  et  le  fourreau ,  plus  riche  encore  que  le  dia- 
dème ,  avait  été  dérobé  par  un  certain  Publius  qui  le 
Vetià&t  à  Ariarthe.  C!e  fourreau ,  tout  couvert  dés '{lierres, 
les  [dus  précieuses,  avait  coûté  qdafl^  centà^  t&lens» 
(  1 ,920,000  fr.  ).  Pompée  ne  sut  rien  aldris  dé  €ie^  detixL 
vols;  mais  Phamace  les  ayant  découverts,  en  rëvéta  le^ 
auteurs  et  les  fit  punir. 

César,  à  Texemple  de  Pompée,  dédia'  six  écrins  dan^ 
le  temple  de  Vénus  Grenitrix;  etH^i^elluâ,  fibd*Octa — 
vie ,  en  plaça  un  dans  le  petit  temple  d" Apottôn  ',  sur  1 
mont  Aventin. 

Le  même  César  fit  présent  à  Servilie,  mère  de  M 
Junius  Brutus ,  d'une  perle  qu'il  avait  achetée  ^citis 


prémieir  consulat  (59  av.  J.-C.  ),  six  millions  dé  s^ 
tcrces  (  ï,aoo,ôoo  fr.  )  ^ . 

Tout  le  monde  connaît  les  excès  du  liixe  et  de  la 
digalité  de  Ciéopâtre  dans  ses  orgies  avec  Antoine  lors 


'  U  nous  semble  que  M.  Mazois^  dajis  sou  savant  *ot  eu * 

rieux  ouvrage,  Le  Palais  deScaurus,  seconde  édition  $ 

Paris,  1822,  in-80,  fig. ,  sVst  trompé,  p.  118,  en  citan  -^^^ 
Lollla  au  lieu  de  Ser ville.  César  a  bien  aussi  séduit  un^  ^ 
Lollia,  femme  d'Aulus  Gabinius^  mais  ce  n^est  point  pou~  -^^ 
elle  qu'il  fit  la  folle  dépense  dont  nous  parlons  ;  c'est  pou  ^^ 
Servilie,  mère  de  J.  Brutus,  à  laquelle,  outre  les  présen-^^* 
considérables  qu'il  lui  prodigua ,  il  fit  adjuger  à  vïl  prix  9 

pendant  la  guerre  civile ,  de  très-belles  terres  qu'on  reudai^^t 
k  l'encan. 


(51  ) 

^qa^'il  daorda  en  Egypte.  Dans  le  premier  repas  qu^elle 
lui  donna ,  elle  lui  ftt  présent ,  non  seulement  du  riche 
«unedblonent  qui  décorait  letricbmum,  mais  eDe  y 
«jouta  tout  le  service  de  table  ;  c'est-à-dire  qu^elle  le 
pria  d^aocepter  toute  la  vaisselle  qui  était  eh  or,  et 
tous  les  vases  également  en  or  et  enrichis  de  pierres 
précieuses.  On  prétend  que ,  non  contente  de  cela ,  elle 
loi  oifirit  encore  cette  superbe  chrysolithe,  dont  lés  An- 
ciens ont  tant  vanté  la  rareté  et  la  valeur.  Tout  cela 
s'était  passé  dans  le  premier  repas  *,  le  second  qu'elle  lui 
•  donoÀ  deux  jours  après  ne  i'ùt  pas  moins  remarquable 
par  un  autre  genre  de  folle  prodigalité^  c'est  l'histoire 
de  la  fieimeuse  perle ,  estimée  125,000  fr. ,  qu'elle  avala. 
Cette  histoire  est  trop  connue  pour  la  répéter  ici  ; 
d'ailleurs  nous  Tavons  donnée  en  détail  dans  nos  Rb- 
CHBBCHBS  sur  le  luxe  de  Cleopâtre  dans  ses  festins  avec 
I  JuleS'^César ,  puis  avec  Marc-Antoine.  Dijon  (1828), 
iJi-8*,  pp.  16-20. 

Le  luxe  de  Lollia  Paulina ,  devenue  femme  de  GaK^ 
gula.,  mérite  bien  aussi  de  figurer  dans  notre  galerie. 
«  J'ai  vu ,  dit  Pline ,  non  pas  dans  une  cérémonie  pu- 
blique, où  l'on  étale  ordinairement  tout  le  faste  de  l'o- 
pulence, mais  dans  un  souper  de  fiançailles  très-ordi- 
naire 'j  j'ai  vu  ^LoIlia  Paulina  toute  couverte  d'éme- 
raudes  et  de  perles ,  que  leur  mélange  rendait  encore 
plus  brillantes.  Sa  tête ,  ses  cheveux ,  sa  gorge ,  ses 
oreilles ,  son  cou,  ses  bras ,  ses  doigts  en  étaient  char- 
^gés'  •  L'état,  qu'elle  afiectait  d'en  montrer  elle-même^  se 
joiontait  à  quarante  millions  de  sesterces  (8,000,000  f.), 
içuœ  summa  quadragenties  colUgebai.  Et  ces  richesses , 

'  Yoyez  à  la  fin  note  (F)  sur  la  loi  Opia^et  snr  raccroia" 
sement  dn  luxe  des  dames  romaines. 


(62) 
elle  ne  les  devait  pas  à  la  prodigalité  de  Tempereur; 
c'était  le  bien  de  son  aïeul ,  Marcus  LoUius,  c^est-à-dire 
la  dépouille  des  provinces.  Mais  une  telle  fortune  ne  la 
^uva  pas  d'une  mort  tragique  ;  la  jalouse  Agrippine , 
à  qui  elle  avait  disputé  la  main  de  Claude  y  lui  envoya , 
par  un  tribun ,  Tordre  de  se  tuer ,  et  se  fit  apporter  sa 
tête.  » 

Méron  offrit  à  Jupiter  Gapitolin  les  prémices  de  sa 
barbe  '  dans  un  vase  d'or  entouré  de  perles  du  plus 
grand  prix. 

Lorsqu'il  assistait  aux  jeux  du  cirque ,  pour  ménager 
sa  vue  il  se  servait,  en  guise  de  lorgnon,  d^une  su- 
perbe émeraude  concave,  non  gravée  ;  car  les  Anciens 
respectaient  trop  cette  pierre  pour  Tentamer  par  Iîl 
gravure. 

Héliogabale^  si  Ton  en  croit  Lampride,  faisait  mettr 
à  sa  chaussure  des  pierres  précieuses  d'une  valeur  i 
timable  \  et  tous  les  jours  il  en  changeait ,  ne  voulan 
plus  revoir  celles  qui  lui  avaient  servi  une  seule  fois 
Il  faut  le  dire ,  longtemps  avant  Héliogabale ,  le  luxe  e^  t 

*  La  tonte  de  la  première  barbe  était  une  cérémonie  reli - 

gieuse  chez  les  Romains  ;  on  Toffrait  aux  dieux. 

La  barbe  longue  fut  en  usage  à  Rome  depuis  la  fonda— 
lion  de  cette  Tille  jusqu^à  Fan  4^4  >  c^est-à-dîre  pendan     — t 
quatre  siècles.   Alors  un  certain  Publîus  Ticinius  Mœna  ^s=^i 
fit  venir  des  barbiers  de  Sicile ,  et  introduisit  le  premîe=^^f 
cbez  les  Romains  Pusage  de  se  raser.  (  V.  Pline  y  vu ,  59.         ) 
Cet  usage  se  conserva  jusqu^au  temps  d'Adrien  (  élu  em] 
reur  le  1 1  août  1 17,  £.  vulg.  ).  Voulant  cacher  quelque  e: 
croissance  quMi  avait  au  menton  ,  il  laissa  croître  sa  barh— -»e 
(  y.  Spartian.  in  Adrian,  26  )  \  mais  Pusage  de  se  rase= — ^f 
fut  rétabli  peu  de  temps  après. 


(53; 

la  mollesse  s'étaient  singulièrement  accrus  chez  les  Ro- 
xnains.  Ils  n^avaient  plus  mis  de  bornes  à  Tusage  et  au 
nombre  des  pierres  précieuses  travaillées  par  les  ar- 
'tistes  les  plus  habiles  pour  la  parure  des  deux  sexes. 
Ces  pierres  étaient  des  émeraudes ,  des  saphirs ,  des 
tqpa^es,  des  améthystes,  etc.  '.  Les  grands  en  déco- 
daient leurs  vêtemens  et  en  relevaient  ainsi  la  magnifi- 
cence ;  les  femmes  les  plaçaient  dans  leurs  coiffures  ; 
les  bracelets,  les  agrafes,  les  ceintures  en  étaient  sur- 
chaïf^,  et  le  bord  des  robes  souvent  parsemé  aveo- 
profusion  ^. 

DES  CAMÉES. 

Puisque  nous  sommes  à  parler  des  pierres  précieuses 
si  estimées  et  si  recherchées  des  Anciens ,  nous  dirons 
qull  en  est  une  sur  laquelle  leurs  lapidaires  se  plai- 
saient davantage  à  exercer  leur  talent ,  parce  que  cette 
pierre,  par  sa  nature,  prêtait  davantage  au  génie  de 
Tartiste ,  et  le  faisait  quelquefois  parvenir  à  un  résultat 
aussi  singulier  que  curieux.  Cette  pierre  est  la  sardoine- 
onyx ,  ou  agate-onyx.  Les  couches  alternatives  de 
différentes  couleurs  dont  elle  se  compose ,  étant  enle- 
vées artistement  selon  le  suje^  qu^on  a  à  traiter ,  for- 


*  Nous  renvoyons  à  la  fin,  note  (G),  des  détails  snr  le  goût 
des  modernes  pour  les  pierres  précieuses,  sur  quelques  col« 
leçtions ,  et  sur  les  plus  beaux  diamans  connus. 

^  C'est  sans  doute  pour  que  ses  nièces,  les  princesses 
Braniski,  Galitzin  et  la  comtesse  Samolinow,  fussent  aa 
niTeaii  deB  dames  romaines ,  que  le  prince  Potemkin  leur  fit 
un  jour  présent  d^une  garniture  de  robe ,  composée  de  quinze 
archines  (  trois  quarts  d^aune  de  France  )  de  fil  de  diamant. 


(54) 

ment  des  camées  plus  ou  moins  précieux,  à  raison  d 
nombre  de  couches  et  de  la  beauté  du  travail. 

Piine  {lii^.  xxxvii,  a3),  ra^^rte,  d'après  Démos- 
trate ,  que  ce  fut  Scipion  TAfiTicain  cpn ,  le  premier ,  a 
porté  une  sardoine  à  Bome ,  et  que>  dès-lors  cette  pierre 
lut  trèsnesUmée  des  Bomains.  On  la  tirait  de  différens 
endroits;,  entre  autres,  de  1? Arabie  et^es  inde^. 

On  en  pcKSsède  encore  plusieurs  qui  datent  du  temps 
de&emperéurs  romains,  et  qu'un  beureux  hasard  a  fait 
édbapper  à  la  barbarie  des  siècles.  Mous  allons  citer 
quelques-uns  de  ces  superbes  camées. 

L'un  de  ceux  que  l'on  met  au  premier  rang ,  et  que 
M.  Visconti  regarde  comme  le  plus  beau  camée  anti- 
que ,  existait  dans  le  musée  minéralogique  de  M.  Drée^ 
il  a  cinq  couches  et  seize  lignes  de  hauteur.  Ûhabile 
artiste  y  a  gravé  le  buste  de  Faustine,  femme  d'Anto- 
nin"-le-Pieux.  A  la  vente  du  musée  en  question  ,*^ce  cu- 
rieux morceau  a  été  payé  la  somme  de  7,171  fr. 

Parmi  les  camées  antiques  qui  sont  à  la  bibliothèque 
du  Roi ,  on  distingue  les  suivans  : 

L'Apothéose  d! Auguste ,  gravée  sur  un  onyx  à  qua- 
tre couches ,  dont  deux  jbrunes  et  deux  blanches.  Il  est 
ovale  et  a  1 1  pouces  de  largeur  sur  9  de  hauteur. 

Cérès  et  Triptolème  cherchant  Proserpine ,  gravés 
sur  un  vase  de  6  pouces  de  hauteur ,  connu  sous  le  nom 
de  if  ose  de  Brunswick. 

Lbs  Mystères  de  Cérès  et  de  Bacchus,  gravés  sur  une 
coupe  à  couches  de  sardoine  brune ,  de  4  pouces  6  Ug. 
de  diamètre  et  de  4  pouces  de  hauteur. 

L'Apothéose  de  Germanicus,  sur  un  onyx  à  quatre 
couohes,  d'une  grande  beauté.  Germanicus  y  est  repré- 
senté enlevé  sur  un  aigle. 

Germanicus  et  Agrippine  dans  un  char  irainé  par 


(  55  ) 

n^fettj:  dragons,  bel  onyx  à  trois  couches  bleues  et 
brunes. 

uigrippine  et  ses  enfanSy  onyx  à  trois  couches.  7ï- 
hère,  onyx  à  trois  couches. 

,  JufiVer  armé  du  foudre^  ^oigle  à  ses  pieds,  gr^pd  et 
bd  poyx  à  trois  couches. 

Jln^  Querelle  entre  Mmerueet  ffeptuneyOO^^k  tcois 
couches. 

Tike  dyiugusie,  onyx  à  trois  couçjlies. 

rA^f-  Aw^»-  opy^  ^L  deux  couç;hf^  V  Tune  Mrache 
çt  Ij^autfe  noire.  Ce  morceau  çst  plus  reaiar<<|aable 
ppUTpla  beauté  et  la  délicatesse  du  tr^y^LU'qu^par  la 
gn)Ddeur  de  la  pièce. 

..fpùms  sur,'iM  iaurecfu  mariny  enfourêe  de  petits 
çofifHtrs, .  çnyx.  k .  deux  couches  ^  f  em^arquiMe  par  la 
gueuse  de  la  gravure. 

.,  VfiL^muf^efiu,  grajad  pnyx^à  deux  couches ,  runebian- 
çhe  et  TaiitFe  d^un  bcua  foncé. 

MaroAurèle  et  Fausûney  onyx  a  quatre. couches, 
4op$  deux  Uaoch^s  $i  deip^  Ulas.  Ou  présume  (pie  cette 
d^rniorei  cpuleur.aété^a^iqiiée  après  coup. 
. , .  J^ous  citerons  Qpoûre  :ia .  T&e  du.  Christ. flageUé ,  pré- 
f^tant  d^es  gouttcii?  de  sang^tses  dans  l«s  taches  :niêiDes 
df[  Ja pieire.^AI^^s  fi^^  pierre  u'e^x  point  un  onyx;  ç!est 
une  agate  ponctuée  verte  à  points  rouges  (  jaspe  sazH 
gwp.df^s  lapidaires,  héUotmpe  des  Anciens ) ,  que  les 
g^veurs  empbijent  ii^k^efois  .  fort  Joteureusement , 
cornue  on  vient  de  W  vqir  dans  cette. tête,  de  Christ. 

Il  QOMS  serait  foc^ilç  .de, citer  une  infinité  d^autres  ca- 
sa^ et  pierres. prépieifses  qui  npus  viisnnent  des  An- 
ciens )  mais  le^  Umites  asysigpées  h  pet  opuscule  ne  nous 
1<3  ,perme;tteat  pas. 


(  Ô6  ) 

DES  ANNEAUX. 

Les  Romains  ont  toujours  attaché  une  trèg»grand 
importance  aux  anneaux ,  qui  d'ailleurs ,  comme  6n  1 
sait,  ont  été  en  usage  chez  tous  les  peuples,  dès  là  plu 
haute  antiquité.  Les  Sabins  se  servaient  de  l'ànneatu  ^^ 
du  temps  de  Bomulus  ;  il  est  présumable  quHls  {brenc 
les  premiers  de  l'Italie  qui  reçurent  cet  usage  des  Grècs^ 
tes  Etrusques  pourraient  peut-être  leur  disputer  cétt^ 
priorité.  QucH  qu'il  en  soit ,  l'usage  des  anneaux  passa^ 
des  Sabins  aux  Romains.  Pline  ne  nous  dit  pas  leqbeL 
des  rois  de  Rome  l'a  adopté  le  premier  5  mais  ce  qu'il  y 
a  de  certain,  c'est  que  tes  statues  de  Numa  et  dé  SerVius^ 
Hostilius  furent  les  premières  où  l'oii  en  trouva  dés 
marques.   Les  Romains  se  contentèrent  IcHigtetnps  de 
Taiineau  de  fer ,  et  Pline  assure  que  Marins  fot  le  premier 
qui  en  porta  un  d'or,  lors  de  son  troisième  consulat  Taft. 
io3  av,  J.-C. 

On  reconnaissait  à  Rome  trois  différentes  sdrtesr 
d'anneaux.  La  première  servait  à  distinguer  les  con— 
dîticms  et  les  qualités.  La  seconde  était  les  anneaux  d^ 
noces  ou  d'épousailles ,  aimuli  sponsaUtU^  et  la  troisième» 
comprenait  ceux  qui  étaient  destinéa  à  servir  de  sceaux» 
tmnuU  c/Urographi. 

Dans  le  principe ,  il  n'était  pas  permis  aux  sénateuï'S» 
déporter  Panneau  d'or,  à  moins  qu'ils  n'eussent  été 
ambassadeurs  ;  et  il  ne  leur  était  permis  de  le  porter  en. 
public  que  dans  les  fêtes  et  les  cérémonies  nationales  ;  le 
reste  du  temps  ils  portaient  l'anneau  de  fer.  Ceux  qui 
avaient  eu  les  honneurs  du  triomphe  étaient  assujettis  st 
la  mêmeloi  ;  mais  depuis  Marius ,  ils  s'en  sont  affranchis. 
Par  la  suite ,  la  sévérité  de  la  loi  fléchit  :  les  sénateurs. 


(67) 

les  tribuns  légionnaires  et  les  chevaliers  eurent  le  droit 
de  porter  l'anneau  d*or .  Bien  plus,  on  le  permit  quelque- 
Ibis  au  peuple  ;  Auguste  accorda  cette  permission  aux 
aflfranchis ,  et  Sévère  à  ses  soldats  ;  mais  c'était  en  ré- 
compense de  quelque  acte  de  bravoure  ou  de  quelques 
services  importans  rendus  à  l'Etat.  Ainsi  les  anneaux 
étaient  pour  les  Romains  ce  que  sont  pour  les  modernes 
les  décorations  des  différens  ordres.  En  général  le  peuple 
portait  des  anneaux^d'argent  et  les  esclaves  des  anneaux 
de  fer. 

Dans  Torigine,  les  Romains  ne  portaient  qu'un  seul 
anneau  à  TavantHlemier  doigt  de  la  main  gauche,  de  là 
appelé  digitus  annularis.  Quand  par  la  suite  des  temps 
le  privilège  s'aflaiblit ,  on  en  multiplia  l'usage ,  et  même 
quelques  particuliers  en  portèrent  non-seulement  un  à 
chaque  doigt,  mais  un  à  chaque  phalange  de  chaque 
doigt.  La  bague  la  plus  précieuse  se  mettait  au  petit 
doigt  ;  elle  ne  servait  jamais  à  cacheter  ' .  St.  Clément 
d'Alexandrie  permit  aux  Chrétiens  de  porter  une  seule 
bague  à  ce  même  petit  doigt.  Lucien  parle  d'un  riche 
Romain  qui  avait  seize  bagues ,  par  conséquent  deux  à 
chaque  doigt ,  celui  du  milieu  excepté.  Au  reste ,  tout 
lionime  riche  était ,  dans  les  m*  et  ly*  siècles ,  une  espèce 
d'écrin  ambulant.  Certaines  gens  mettaient  tant  de 
recherches  dans  le  choix  de  ces  bijoux  qu'ils  avaient 
des  garnitures  de  bagues  différentes  pour  chaque  saison, 
plus  légères  en  été ,  plus  pesantes  en  hiver.  C'est  ce  qui 
excitait  la  bile  de  Juvénal.  <c  Peut-on,  s^écrie-t-il,  se 

'  On  la  plaçait  à  la  main  gauche ,  dît  Macrobe ,  parce  que 
Taction  per|>étnelle  de  la  main  droite  aurait  pu  faire  courir 
quelque  risque  à  la  pierrerie.  Pline  donne  un  autre  motif) 
il  dit  que  Tannean  pouvait  embarrasser  la  main  droite. 


(58) 

refuser  à  la  sature,  lorsqu'on  voit  un  écbappé  des 
bourbiers  d^Egypte,  un  Crispinus,  autrefois  esclave  da^s 
Ganope,  r^ter  noncba)iaminent  sursesépaulesl^  pourpr^ 
tyrienne,  et  les  doigts  en  sueur^  agiter  dans  Tair.flç^ 
bagues  d'été  ^  trop  délicat  pour  supporter  de;s  fipip^^p 
pli^  pçs£i^P  y>  Lajnpride  ^emarq\ie  g^ç.  pef^pi)oe  à-cet 
égard  ne  ffeoussa  le  luxeau£^i  loin.qu,'|]|iUog9b9Jei|iiiAe 
|x>i:|a  jajoaais  deux  fois  le  m^oie  anneau. 

Qjuand  les  bagues  ou .  s^^i^^i^  dçyi^^nt  un  .(^jel  de 
luxe ,  on  en  composa  de  toutes  les  espèces ,  soit  d' WjI^I 
et  unique  poétal  )  soit  de  plu§ieurs^étai|X  ip^l^g^^^oa 
de  deui^  niétaux  disjtjngu^.  Ensuite  gnjiçç  <etiriçlMl>4e 
pierres  précieuses;,  p;iais  il  n'étak  pas  tj(^ijaura.  «wpis 
dapg^r  4!en  avoir  d'un  grand  prix,  (iç  .séPMtwrilHoiûui 
fut  proscrit  Qu  plutôt. fpTpé  de  s'çxiler.»  parce  quUl^aviût 
à  son  ^neau  une  pierre  précieuse  quç,  le.  tdonurir 
dintoine  convoitait ,  et  qu^il  se  fut  procuriée  en  «M^rifiuit 
le  .propriétaire. .  C'était  9  dit  Pline  ^  ^ne  ppuledeja 
grosseur  d'une  noisette  «  e^  valeur,  de.  vipgl.mîUe  «aç»^ 
terces  (  4000  fr.  )* 

A^vant  que  les  anneaux  fussept  orné^  d^  pierres  pré? 
çieuses,  op  lias  portait  à  sa  &ptaisie,  et  à  diaqaemain; 
mais  aussitôt  qu'ils  /eurent  reçu  cet .  accrsH^sement  de 
luxe ,  <vi  ne  les  porta  plus  quià.la  main  gauche  eA  4»  se 
rendait  ridicule  en  les  mettante  la  jnjiin  droite. 

L'étui  ou  éorin ,  dans  lequel  on  .renfiermaît  les  9st 
neaux  ,^gui^9  cachets  ^  lew^^senai^msikJiaçtjrliaAfiGa. 
Ces  objets  étaient .  au  rang,  des  .byoux  im.  plua.nureB. 
Quant  aux  anneaux  de  la  troisième  espèce  devant  servir 
de  sceau  ou  cachet ,  on  faisait  graver  sur  le  métal  ou  sur 
la  pierre  précieuse  un  signe  quelconque  y  soit  le  portrait 
de  ses  ancêtres,  de  ses  amis»  de.quelqiie  divinité,  de 
quelque  prince,  de  quelque  homme  çél^re^.soit  l'em- 


(59) 

blâme  de  quelque  événement  mémorable^  Pyrrlius  avait 
«rticmaimieau  fin  Apollon  Avec  sa  lyre  an  milieu  des 
Sbsça^Sylfai  avait  sur  le  sien,  le  portrait  de  Jugurtha 
}9^il avait  yatncu.  Sue  œkiide  Fompëe^éèaient  sestrœs 
mioniphes^  il.en  avait  un.  autre  portant  uoi  Uon  armé 
Tuaeépée.  Ia  6gured'.une  Vénus  armée  ornait  Panneau 
JeiCéear.  Àugiuite  eutd*abord.un  sphynx  ;  maiâ  comme 
m^  en  fit  de$  .  (daisanteries ,  parce  que  certains  édits 
sodHé^dex^ela^^nean  n'é|;ûent  pas  fort  clairs ,  il  y  subs- 
lâliili la  figtire  d'Alexandre  gravée  par  Diosooride^.puis 
aofio  la  sienne,  et  ses  suocesseurs  immédiats  continuèrent 
k #9: servir  de  son  anneau.  Pline  le  Jeune  avait  un  qua- 
hige^fialba,  une. liêlé de  chien; sortant  d'une prouede 
eaisseau  ;  Commode ,  une  amazone ,  et  c'était  Martia  ^ 
n#ooncubiae^  qu^il  avait  fait  graver  dans  ce  cos- 
iMMe  i  etc. ,  etc.  Nous  pourrions  citer  une  grande  qttan<« 
tilé  id'aulres  empreintesd^anneam  ;:  mais  i^ous-  renvoyons 
•HiK  cbap.  XI  j,  XII  et  xiu.du./oA.  Kmhmanrd  de  tmmMs 
Uèw  mgidans ,  Sfevigae  ^  1 657 ,  pet.  in-4}',  pp.  fi*  lao. 

DES  ETOFFES. 

Les  principales  6i2d)6tances  que  Ton  employait  à  la 
SibriGatio&  des  étoffes  dkex,  les  fiomains ,  -étaient  la  Jaine 
et  le  lift  que  FoB  entremêlait  parfois  (kins  le  tissu;  puis 
vJAtle  é^Miitf/  (-oolon  ) ,  et  longtemps  après  ils  con- 
nurent la  soie.  Mais  la  laine  était  Tobjet  essentiel  de 
leurs  soins  et  de  leur  industrie  -,  ils  en  feisaient  un  Hel 
cas  que  la  direction  des  troupeaux  de  bêtes  blanches 
était  confiée  aux  censeurs,  à  ces  magistrats  suprêmes 
qui  avaient  infection  sur  la  conduite  et  les  mœurs  de 
obaque  citoyen.  Ils  ccmdamnaient  à  de  fortes  ameudes 
oduiqui  né|^geait  ses  troupeaux ,  et  iiécon4>ensaient 
du  titre  honorable  diOviims,  celui  qui  av^t  concouru 


(80) 

à  ramâûntioa  des  kines.  Célakiiiiebtaiiciieoonsîdé- 
laUe  d^agricoltiire  et  de  oommefce.  On  reckeRbait 
surtout  les  moatons  de  k  Gahtie,  de  la  Fouille,  de 
Tarente ,  de  11 ilet  et  des  enTirons  de  Guiose,  parce 
que  leur  toison  '  surpassait  les  autres  en  finesse,  en 
longueur  et  en  douceur.  On  attachait  un  tel  prix  à  odie 
des  moutons  qui  paissaient  sur  ks  bords  da  Galèse  en 
Calabre,  qu^on  leur  mettait  sur  k  dos  une  espèce  de 
housse  pour  garantir  leur  toison  de  Tatieinie  des  buis- 
SODS,  et  pour  k  rendre  plus  propre  à  receroirk  teinture 
et  les  apprêts  (YAmmoit,  liy.  n,  c.  2).  Qtmnt  à  h 
blancheur,  les  laines  des  environs  du  Pâ  ne  sonflEraient 
aucune  concurrence.  Pline  et  Gifaunelle  vantent  ans» 
cdles  de  k  Craule. 

Hais  ce  qui  ajoutait  un  |Hix  excessif  aux  étofiics-en 
laine,  c^était  k  teinture;  et  elles  n'aoquâaient'uue 
haute  valeur  que  par  k  couleur  dont  elles  étai^it  im- 
prégnées. Parmi  les  couleurs,  la  pourpre  Pemporla 
toujours  au  plus  haut  d^é  sur  toutes  les  autres,  soit 
à  raison  de  sa  cherté ,  soit  à  raison  de  son  éclat  qui  lai 
fit  donner  la  préférence  pour  en  faire  le  symbole  de  h 
grandeur  et  de  la  puissance.  «  C'est  devant  cette  coo- 
kur  précieuse ,  dit  Pline ,  /!rV.  ix ,  que  les  £ausceaux  et 
les  haches  romaines  écartent  k  foule  ;  eUe  est  la  majesté 
deFenfance;  elle  distingue  le  sénateur  du  chevalier; 

'  Le  mot  toison  vient  cLe  tonsum,  sapin  àe  tondere,  fon- 
dre. Il  se  dit  en  latin  velluSf  qui  Tient  dé  vellere,  arra- 
cher, parce  qne,  dans  le  prînci|>e , -on  iie  tondait  pas  les 
moatons ,  mais  on  arrachait  la  laine  de  dessus  leur  dos.  Cette 
coutume  subsistait  encore  dans  quelques  endroits  de  l'Italie 
du  temps  de  Pline.  (  Voyez  sur  cette  étymologié,  Isidobe^ 
de  originibusy  liv.  xix,  C.-27.  } 


(61  ) 

au  pied  des  autels ,  elle  fléchit  les  Dieux  ;  son  éclat 
rehausse  les  vétemeus  ;  elle  se  mêle  à  Tor  dans  la  robe 
.triomphale  :  excusons  donc  la  passion  qu^elle  inspire.  » 
Ce  passage  prouve  que  la  pourpre,  honorée  dans  tous 
ks  temps  diez  ies  Romains ,  y  a  toujours  été ,  pour  cer- 
tains Tétemens  dont  elle  relevait  Téclat,  la  marque 
d*un  privilège  attaché  soit  à  la  naissance ,  soit  aux  di- 
sputés. Ces  sortes  d'habillemens  étaient  au  nombre  de 
trois ,  la  prétexte ,  le  laticlave  et  la  trabée. 

.  La  prétexte ,  robe  ou  espèce  de  tunique  blanche  bor* 
.dée  de  pourpre ,  était  le  costume  ordinaire  des  patri- 
•cieiis;  leurs  fils  la  prenaient  au  sortir  de  Tenfance  et 
ne  la  quittaient  qu'à  dix-sept  ans.  Les  magistrats  la 
portaient  dans  les  solennités  publiques  ;  le  préteur  ne 
Ja  quittait  que  lorsqu'il  rendait  un  jugement  criminel 
âé&vorable  à  Taccusé;  et  les  magistrats  qui  avaient 
pris  part  au  jugement  retournaient  leurs  robes  en  signe 
de  deuil. 

Le  laticlave  était  une  tunique  bordée  pardevant 
d'une  large  bande  de  pourpre ,  semée  de  nœuds  tantôt 
de  pouqure  comme  la  bande  même,  tantôt  d'étoffe 
d'or ,  et  semblables  à  des  têtes  de  clous  ^  c'était  le  cos- 
tume des  sénateurs ,  des  magistrats  patriciens  et  des 
magistrats  plébéiens  supéi^ieurs. 

La  trabée  était  une  robe  de  pourpre  à  bandes;  les 
premiers  rois  de  Rome  la  portaient.  Après  leur  expul- 
sifHi,  et  quand  la  république  fut  bien  assise,  elle  devint 
commune  aux  consuls ,  aux  augures ,  aux  diverses  ma- 
gistratures supérieures ,  aux  prêtres ,  etc.  ;  mais  elle 
avait  des  nuances  diffîrentes  pour  chacune  de  ces  di- 
gnités. Par  exemple ,  celle  des  triomphateurs  était  or- 
née de  palmes  d^or  brochées  ou  tissues  dans  l'étoffe  ;  ies 
prêtres  en  portaient  une  de  pourpre.mêlée  d'une  autre 


(62  J 

tQDulear  motus  éclatante  ;  celle  des  cavaliers ,  qu'ils  tiie 
prenaient  que  les  jours  de  renie,  était  dPun  fond  iiknK$, 
et  rayée  de  bandes  de  pourpre  tissiae^  d^ns  Tétûfite;  Ce- 
pendant ,  IcHTsque  Tnsage  de  là  trabée  fut  devenu  si  ge^ 
néral  ^  les  cohsuk  y  renoncèrent  pour  pi^endihe  une  srutre 
robe ,  qui ,  à  cause  dé  la  variété  de  ses  coulent^  ^'  pdrtaf, 
outre  le  nom  de  {nrétexte ,  celui  àéu>ga  pahnMa:  Cette 
robe ,  qui  était  précédemment  cdlè  desf  triompliateurs» 
devînt  commune  aux  consuls  et  aux  préteurs. 

D'après  ces  détails ,  il  est  donc  certain  que  te  pour- 
pre ,  comme  couleur ,  a  tCFujours  'été  mise  ait  rang  dès 
objets  du  plus  grand  luxe ,  surtout  la  douille  pourpre 
de  Tyr  ' ,  qui ,  du  temps  d'Auguste ,  se  vendait^'^inille 
deniers  (près  de  800 fr.  ),  la  livre.  Là  teinture  sintpie 
en  pourpre,  d'une  seule  livre  de  laine,  coûtait  loi^  fr.  *, 
mais  la  couleur  poùrpre-^violet  se  vendait  moins  dber, 
une  livre  d'étoffe  pourpre- violet  ne  coûtait  guère  que 
80  fr.  la  livre.  Pline ,  parlant  de  l'animal  qui  prodoit 
la  pourpre  ^  ,  dit  que  la  phis  belle  provient  de  Tyr  en 
Asie,  de  Meninx  et  des  cotes  de  Gétulie  en  Afrique, 
et  dé  la  Laconieen  Europe.  Il  en  est  qui  prétendant 
que  la' pourpre  de  Grétûlie ,  mise  d^abord  en  vogue  par 
le  roi  Juba ,  selon  Pline ,  et  connue  dès  le  temps  du  roi 
Syphax ,  selon  Silius  Italiens ,  était  jdus  précieuse  qu6 
la  pourpre  de  Tyr. 

La  plus  grande  quantité  de  pourpre  (comme  subs- 
tance servant  à  Ja  teinture  ) ,  qui  soit  mentionnée  dans 
Phistoire,  est  celle  dont  parle  Plutarque,  f^ie  et  A* 
lexandre  :  «  Ce  prince ,  dit-il ,  s^étant  rendu  maître  de 
Suse,  trouva  dans  le  château  quarante  mille  talens 

•  Voyez  à  la  fin  la  note  (H)  sur  ce  passage. 
>  Voyez  à  la  fin  la  note  (I)  sur  ce  passage. 


(63) 

4^af^[ient  monnayé  et  une  quantité  considérable  de 
tueubted  et  d'effets  précieux  de  toute  espèce,  entre  au-* 
très  cinq  mille  tatens'  de  ponrp^  d'Hehnioné  (ville 
de  rAr^foHde  ) ,  qn^on  y  avait  amassée  pendant  Fespace 
de  tàkt  quati^^-Vitigt-dik  ans ,  et  qui  conservait  en- 
core toute' sâi  flbiir  et  tout  son  éclat.  Cela  vient,  dit-on, 
de  ce  que  la  teintuf é  en  écarlate  s^y  faisait  avec  dtt 
miet,  et  la  teinture  en  bhnc  avec  Tlmile  la  plus  blan- 
èhe  ]  on  en  voit  aujoùtd^hui  d^aussi  anciennes  qui  ont 
encore  toute  leur  fraîcheur  et  toute  leur  vivacité.  » 
1^1  ejsft  le  récit  de  Plùtarque ,  ce  biographe  incompa- 
rable, maid  bel  et  bien  crédule.  Il  est  perïàis  d'élever 
dés  ébutes  sur  cette  quotité  de  pourpre. 

T^rtullieâ  dit,  dans  son  traité  de  Pallia ,  que  Ton 
voyait  à  Rome  des  étoffes  sorties  des  fabriques  de  Ba- 
bybne ,  oh  brillaient  des  plûmes  d(f  paon ,  que  Tàrt  fai- 
sait servir  à  romement  du  fond  ;  ce  n'était  sans  doute 
qn^tine  imitation  de  ces  plumes ,  faite  à  FaiguilléJ 

La  laine  a  été  très-longtemps  là  seule  matière  des 
étoffes  en  uisagè  chez  lés  Romains  pour  Thabillément  du 
plusgriand  nombre  des  citoyens  ;  car  ce  n^est  guère  que 
soQS  lë  règcie  des  empereurs  que  Ton  a  commencé  à 
portef  dés  tùniqtteé  ou  chemises  de  lin.  Selon  Tôpîscus, 
la  mode  en  est  venue  d'Egypte  ;  mais  il  parait  qnê  cette 
sorte  dé  tissu  était  fort  chère  dans  le  principe,  car  nous 

*  Nous  suivons  ici  la  traduction  de  Ricard;  il  prétend 
que  le  talent  comme  poids,  était  de  soixante  livres  ;  ce  qui 
ferait  pour  la  totalité  trois  cent  soixante  mille  livres  pesant 
de  pourpre  \  tandis  que  M.  Dacier ,  dans  sa  traduction  , 
porte  cette  quantité  à  cinq  mille  quintaux,  c'est-à-dire  cinq 
cent  mille  livres.  Le  bon  Amyot  dit  :  c^  Il  se  trotava  trois 
à  ctnt  mille  livres  pesant  de  pourpre  hermioniqtie.  » 


(  64  ) 

avons  trouvé  qu'une  pièce  de  toile  a ,  un  jour  ^  été  payée 
193,628  fr.  sous  le  r^;ne  d^ Auguste ,  &it  dont  nous 
nous  gardons  bien  de  garantir  l'autheotidté. 

Les  vétemens  en  coton ,  Bjssus  (  car  il  est  reccmna 
que  ce  mot  latin  ne  peut  s^appliquer  qu'an  ooton), 
étaient  d'un  prix  assez  élevé.  On  les  nonunait  vesles 
byssinœ ,  et  on  les  payait  jusqu^à  1 185  fr. 

Quant  à  la  soie ,  elle  ne  fut  connue  à  Rome  que  vers 
la  fin  de  la  république  -,  et  encore  était -elle  si  rare  que 
son  prix  excéda  de  beaucoup  celui  de  la  pourpre  la  plus 
précieuse.  Dion  nous  apprend  que  J.  César ,  dans  les 
spectacles  qu'il  donna  lors  de  ses  triomphes ,  couvrit 
le  théâtre  de  voiles  de  soie  ;  c'était  de  la  soie  lissue 
avec  d'autres  substances ,  telles  que  le  lin ,  le  coton,  etc. 
L^usage  en  passa  bientôt  dans  les  habits  des  plus  riches 
citoyens.  Tibère  la  proscrivit  par  un  décret.  Cependant 
son  successeur  Caligula  porta  une  espèce  de  casaque  de 
soie  de  couleur  pourpre  ;  et  même  il  se  montra  quel- 
quefois en  public  avec  un  habit  de  triomphe  et  une 
robe  de  cette  matière.  Mais  l'empereur  Aurélien ,  si 
Ton  en  croit  Yopiscus ,  ne  voulut  pas  qu'il  entrât  le 
moindre  objet  en  soie  dans  s^  garde-robe.  Il  refusa 
même  à  l'impédurice  sa  femme ,  un  manteau  de  soie 
qu'elle  lui  demandait  en  grâce  :  «  Je  n'ai  garde,  dit- il, 
d'acheter  des  fils  au  poids  de  Tor,  absit  ut  aurofila 
pensenUir.  »  En  eflTet ,  la  livre  de  soie  valait  une  livre 
d'or.  Il  faut  dire  que  jusqu^à  Héliogabale ,  les  étofifes , 
dites  de  soie ,  n'étaient  point  de  soie  pure  ;  il  entrait 
dans  le  tissu,  comme  nous  l'avons  déjà  dit,  d'autres 
substances ,  telles  que  le  lin  ou  le  coton.  C'est  cet  Hé- 
liogabale qui  passe  pour  avoir  porté  le  premier  une 
robe  toute  de  soie. 

Ces  détails  prouvent  que  la  soie  était  toujours  excès- 


(65) 

srvement  rare  chez  les  Romains.  Us  la  tiraient  particu- 

lièaremetit  de  la  Perse  qui  possédait  les  belles  province^ 

de  rAssyrie  et  faisait  le  commerce  avec  les  Indes.  Ce 

n'était  qu'à  grands  frais  que  Ton  s'en  procurait.  Justi- 

nien ,  sur  le  point  de  &ire  la  guerre  aux  Perses ,  pensa 

à  changer  la  direction  du  commerce  de  la  soie ,  et  à  la 

tirer  par  l'Ethiopie ,  pour  empêcher  que  les  trésors  de 

ses  Etats  ne  passassent  en  Perse.  Mais  il  fut  mieux  servi 

par  d'heureuses  circonstances  :  des  moines  de  l'Inde  y 

cil  la  soie  des  Seres  était  alors  cultivée,  lui  apportèrent 

dé  la  graine  de  vers  à  soie  ' .  L'essai  s'en  fit  avec  succès 

l'an  557  de  J.-^. ,  et  cette  soie  fut  plus  estimée  que  celle 

que  Ton  avait  tirée  jusqu'alors  d'Assyrie  et  de  l'île  de 

Gos^  sans  doute  parce  qu'elle  était  plus  pup.  C'est  de 

là  que  la  soie  s'est  répandue  en  Europe,  mais  très-len- 

tendent.  Elle  avait  été  plus  de  huit  siècles  à  venir 

de  l'Asie  à  Gonstantinople  ;  et  il   lui  fallut  plus  de 

liuit  siècles  pour  venir  de  Gonstantinople  en  Sicile ,  où 

2e  comte  Roger  l'apporta  vers  le  milieu  du  douzième 

siècle. 

APPENDIX 

Aux   OBJETS   DE    LUXE    ET   d'aMETJBLEMEITT 
Gl-DESSUS   MESTIONlfÉS. 

Quoique  nous  ayons  déjà  mentionné  beaucoup  d'objets 
qui  appartiennent  à  l'ameublement  des  Romains,  nous 
c^Toyons  devoir  encore  rapporter ,  comme  une  espèce  de 
v*€capitulation  de  tout  ce  que  le  luxe  ofi&*ait  de  plus 
x*eaiarquable  à  Rome,  sous  les  empereurs  ^,  le  récit  que 

■  Vid.  rpoTH  Myriob.  j  Cod.  ô^^de  Theoph.  Byz,  hist. 

^   Le  débordement  du  luxe  était  déjà  tel  sous  Tibère  j 
?^^il  se  regarda  comme  dans  Timpossibilité  d'en  arrêter  le 


(66; 

Jules  Capitolin  nous  feit  de  la  vente  des  meubles 
deux  de  ces  princes ,  savoir  i"*  de  celle  de  Marc-Aurèle 
qui  fit  lui-même  cette  vente  pour  ne  pas  surcharge:: 
d'impôts  extraordinaires  Rome  et  les  provinces  à  l\ 
casion  de  la  guerre  qu'il  projetait  contre  les  M arcomans 
a,"*  de  celle  de  son  fils  Commode ,  dont  le  mobilier  (x 
vendu  après  sa  mort  par  Pertinax.  Nous  dirons  enanit»  .SJtç 
un  mot  du  luxe  d^Héiiogabale.  Voyons  d'abord  la  yeatM'.mkte 
de  Marc-Aurèle. 

«  Marc-Aurèle ,  dit  J.  Capitolin ,  fit  mettre  à  Tencai 
sur  la  place  Trajan ,  les  omemens  impériaux ,  et  vend] 
des  coupes  d'or,  de  cristal,  des  vases  murrhins,  d^. 
vases  royaux  ;  des  vêtemens  de  femmes  en  soie , 

vailles  en  or ,  et  beaucoup  de  pierres  précieuses  qu ïl 

avait  trouvées  dans  le  trésor  privé  d'Adrien  ;  ainsi  q^^we 
des  statues  et  des  tableaux  des  plus  célèbres  artistes,  et 
raille  autres  efiets  précieux  servant  à  l'embellissemessbt 


tonreftt  9  ainsi  que  le  prouve  le  passage  suivant  d^tme  de 

lettres  en  réponse  au  Sénat  qui  lui  demandait  des  réform 

oc  ....  En  effet ,  que  défendre ,  dit-il ,  que  réformer  ?  Seraît=-€e 

ce  ces  parcs  immenses  et  ce  peuple  d^esclaves?  ces  mai 

rc  d^or  et  dWgent,  et  ces  merveilles  de  la  toile  et  de  I 

tf  rain?  ces  vêtemens  efféminés  qui  confondent  les  di 

icc  sexes ,  ou  ces  dépenses  particulières  de  femmes  qui  éch 

<c  gent  de  Por  contre  des  pierres ,  et  transportent  chez  ] 

oc  tranger,  cliez  Pennemi  même ,  les  trésors  de  I^m|ire..» 

<c  Qu^ont  produit  tant  de  lois  de  nos  ancêtres ,  tant  de  1 

a  d'Auguste?  Les  unes  abolies  par  le  temps,  les  autres, 

a  qui  est  plus  honteux ,  abolies  par  le  mépris ,  n'ont    ^fiit        |  < 

a  qu'enhardir  le  luxe  ;  car  si  on  se  livre  à  des  excès  aimOD        ;  t 

a  encore  défendus,  on  peut  cratindre  la  défense;  mais     ^h  i 

oc  après  la  défense,  on  la  transgresse  impunément}  il  il^I^       ;  « 

ce  plus  ni  crainte  ni  honte«.t...  »  1  ^ 


(67) 

da  palais.  Cette  vente  dura  deux  mois  et  fournit  assez 
d'or  pour  mettre  Marc-Aurèlé  en  état  d'achever  , 
eomme  il  le  souhaitait ,  la  guerre  oontre  les  Marcomans , 
sans  augmenter  les  impôts. 

Dans  la  suite ,  il  fit  savoir  à  ceux  qui  avaient  acquis 
ees  effists ,  qu^il  les  reprendrait  au  prix  quHIs  en  avaient 
donnée  et  il  ne  témoigna  aucun  mécontentement  ni  à 
ceux  qui  les  rendirent ,  ni  à  ceux  qui  les  gardèrent.  » 

C^est  Pertinax  qui  fit  vendre  les  meubles  de  Commode 
aon  prédécesseur ,  parce  qu'il  ne  restait  plus  dans  le 
trésor  qu'un  million  de  sesterces  (  200,000  fi*.  ).  Nous 
ne  parlerons  point  ici  de  la  vente  des  domaines ,  des 
esclaves )  des  bouffons,  etc.  ;  ne  nous  occupons  que  du 
mobilier. 

«  Voici ,  dit  Capitolin ,  ce  qui  distingua  la  vente  des 
effets  de  Commode  :  on  y  mit  aux  enchères  des  vétemens 
tissus  d'or  et  de  soie,  des  tuniques ,  des  surtouts,  des 
lacemes  (  espèce  de  manteau  ),  des  dalmatique$  à 
manches,  des  casaques  à  fi:*anges,  des  manteaux  de 
pourpre  à  la  grecque ,  des  capuchons  tels  que  les  portent 
les  Shruides,  des  toges,  des  armes  de  gladiateurs,  bril- 
lantes d'or  et  de  pierres  précieuses ,  des  épées  comme 
celle  que  les  peintres  et  les.  sculpteurs  donnent  à 
Hercule ,  des  colliers  de  gladiateurs ,  des  vases  d'or  pur, 
d'ivoire ,  d'argent ,  de  bois  odoritérans  ;  des  coupes  de 
même  matière ,  des  vases  samnites  propres  à  chauffer  la 
résine  et  la  poix  dont  on  se  sert  pour  dépiler.  On  y 
voyait  aussi  des  voitures  d'une  invention  nouvelle ,  si 
commodes  et  faites  avec  tant  d'art  que  par  l'arrangement 
des  roues  et  des  sièges  très-bien  disposés  on  pouvait  y 
être  Si  Tabri  de  l'ardeur  du  soleil,  ou  s'y  ménager  un 
air  firais.  D'autres ,  en  roulant ,  indiquaient  les  heures 
et  la  longueur  du  chemin  qu'on  avait  parcouru  ^  elles 


(68) 

étaient  très-commodes,  et  prouvent  que  la  mécanique 
était  déjà  une  science  assez  avancée  ' .  » 

Si  du  luxe  de  Commode  nous  passons  au  luxe 
d'Héliogabale  ,  nous  trouverons  encore  dans  Tameu- 
blement  de  celui-ci ,  des  choses  plus  surprenantes ,  ou 
^ur  mieux  dire,  des  prodigalités  et  des  objets  qui 
tiennent  vraiment  de  l'extravagance.  Voici  ce  que  les 
historiens  nous  rapportent  du  mobilier  de  ce  fou  cou- 
ronné. 

Les  salles  du  palais  n^étaient  tendues  que  d^étoffes 
d'or  et  d'argent ,  enrichies  de  pierreries.  Ses  lits  étaient 
d'argent  massif,  relevé  de  ciselures  en  or  ;  les  matelats 
et  les  coussins  couverts  de  tapis  brochés  en  or ,  étaient 
remplis  de  poil  de  lièvre ,  ou  de  ce  léger  duvet  que  l'on 
trouve  sous  Paile  des  perdrix.  Ses  tables ,  ses  sièges,  sa 
vaisselle ,  tout  ce  qui  servait  à  l'ameublement  de  sa 
chambre  était  en  or  pur.  Son  palais  n'était  éclairé  que 
par  des  lampes  remplies  de  baume  d^ Arabie.  On  n^y 
brûlait  pour  l'échauffer  que  dû  cinamome  et  de  la 


'  Vitruve ,  qui  TÎvait  deux  cents  ans  avant  Commode  y 
parle  d'une  machine  de  ce  genre  dans  son  Architecture ,  2fi 
partie,  ch.  3,  art.  6.  ce  On  attachait,  au  moyeu  de  la  roue 
d'un  char,  dit-il,  une  dent  qui,  à  chaque  tour,  poussait 
une  des  dents  d'une  grande  roue  qui  en  faisait  tourner  une 
antre,  et  celle-là  une  autre  encore  qui  enfin,  attachée  à  une 
aiguille ,  la  faisait  tourner  et  marquer  le  nombre  de  toises 
et  de  lieues.  Il  y  avait  aussi  à  cette  machine  une  espèce  de 
roue  de  compte  |  qui ,  à  chaque  mille  que  le  char  faisait  y 
laissait  tomber  un  caillou  dans  un  vase  d'airain ,  pour  mar- 
quer et  pour  avertir  que  l'on  avait  fait  un  mille.  »  (  V.  Abr£« 
G£  des  dix  Livres  d'architecture  de  Vitruçe  (  par  Gh.  P^r-  . 
rault).  Paris,  i^74i  ià'i^^  p«  aiS.) 


C  69  ) 
canelle.  Il  ne  buvait  que  dans  des  coupes  d'or  et  jamais 
deux  fois  dans  la  même.  Les  vases  destinés  aux  usages 
les  plus  vils  étaient  également  en  or  pur>Xes  chars  enri- 
chis d'argent,  d'ivoire  ou  de  bronze  d'un  travail  pré- 
cieux ,  étaient  indignes  de  lui  \  il  voulait  qu'ils  fussent 
plaqués  en  or,  parsemés  de  perles  et  de  pierreries. 
Quelquefois  il  conduisait  lui-même  ces  chars  tirés  par 
des  éléphans  ou  par  des  chameaux ,  ou  par  des  dogue», 
ou  par  des  cerfs,  ou  même  par  des  lions  et  des  tigres.  On 
l'a  vu  d'autres  fois  joindre  le  scandale  à  la  folie  :  il  pa- 
raissait nu  sur  un  char  traîné  par  des  femmes,  f I  avait 
toujours  dans  ses  voyages  une  suite  de  soixante  voitures. 
Ses  habits ,  ses  armes,  les  lits  et  les  coussins  sur  lesquels 
il  reposait,  étaient  de  la  plus  grande  somptuosité.  I 
portait  des  tuniques  d'étoflFes  d'or ,  de  pourpre ,  des 
manteaux  à  la  perse  »  co«^ei<f  de  pierres  précieuses  et 
si  pesans  qu'il  disait  que  le  poids  du  plaisir  l'accablait. 
11  avait  aussi' ^' sa  chaussure  des  pierres  fines  et  gravées , 
ce  dont  tout  le  monde  riait ,  car  conunent  juger  du 
travail  des  plus  habiles  artistes  sur  des  pierres  attachées 
aux  pieds.  Il  se  fit  faire  un  magnifique  diadème ,  mais 
il  ne  s'en  servit  que  dans  son  palais  ;  aucun  empereur 
n'avait  encore  osé  le  ceindre  en  public.  Il  fut  le  premier 
Romain  qui  porta  des  i^obes  entièrement  de  soie.  Il 
faisait  répandre  de  la  poudre  d'or  et  d'argent  dans  les 
galeries  couvertes  et  sur  les  escaliers  par  où  il  devait 
passer,  comme  dédaignant  de  marcher  sur  la  terre  telle 
qu'elle  est  pour  les  autres  hommes*,  tout  son  regret  était 
de  ne  pouvoir  y  faire  répandre  aussi  de  la  poudre 
d'ambre  jaune.  Souvent  il  s'amusait  à  mettre  en  pièces 
ses  plus  riches  vétemens ,  ou  à  faire  couler  bas  des 
vaisseaux  richement  chargés ,  croyant  étaler  ainsi  une 
magnificence  vraiment  royale.  Passons  sous  silence  une 


(  70  ) 

infinité  d^autres  folies  inconcevables  ^  relatives  aux  toiles 
d'araignées ,  aux  rats ,  aux  grenouilles ,  aux  mouches  ^ 
etc. ,  qu'il  faisait  recueillir  de  toutes  parts. 

Les  prêtres  de  Syrie  lui  ayant  prédit  qu'il  mourrait 
de  niort  violente,  il  prépara  des  cordons  de  soie,  de 
pourpre  et  d'écarlate  pour  s'étrangler.  Il  avait  aussi  des 
épées  d'or  enrichies  de  pierreries  ^  et ,  dans  des  boites 
de  perles ,  d'hyacinthe  et  d'émeraudes ,  il  conservait 
des  poisons  pour  s'ôter  la  vie,  si  quelque  malheur  le 
menaçait  ^  et  tout  cela ,  disait-il,  afin  que  sa  mort  fut 
magnifique ,  et  digne  de  l'appareil  quHl  avait  déployé 
toute  sa  vie.  En  outre,  il  avait  fait  construire  une  tour 
fort  élevée  pour  s'en  précipiter,  et  le  sol  au  bas  était 
couvert  de  lames  d'or  et  de  pierres  précieuses  ,  afin , 
ajoutait-il ,  de  périr  dans  le  sein  du  luxe.  Mais  toutes 
ces  absurdes  précautions;  d'^^ûppc^nt  inutiles ,  car  il  fut 
tué  par  ses  propres  gens  le  1 1  mars  :&j^  ^  honteusement 
traîné  par  les  rues ,  dans  les  égoûts  de  la  vîJJe ,  et  enfin 
jeté  dans  le  Tibre.  Il  a  régné  trois  ans,  neuf  mois  et 
quatre  jours.  J'oubliais  de  dire  que ,  comme  Néron ,  il 
ne  porta  jamais  plus  d'une  fois  ses  habits  ' ,  son  linge,  sa 
chaussure  et  ses  bagues ,  disant  qu'il  ne  convenait  qu'à 
des  mendians  de  se  servir  de  linge  lavé. 

Quittons  ce  prodigue  insensé  pour  fiinir  par  un  mot 
sur  Aurélien.  Quoique  le  trait  que  nous  allons  citer ,  ait 
moins  rapport  au  luxe  qu'à  la  générosité  de  ce  prince , 
nous  ne  le  croyons  pas  en  j;ièrement  étranger  à  notre  sujet. 

Aurélien ,  voulant  subvenir  aux  frais  du  mariage  du 
tyran  Bonose  avec  Hunile ,  fille  d'une  Emilie  distinguée 
chez  les  Goths ,  ordonna  que  les  noces  se  fissent  aux  frais 
de  l'Etat  et  que  l'on  fît  de  sa  part  les  présens  suivans  à 

'  Voyez  à  la  fin  la  note  (K)« 


C  71  ) 

h  nouvelle  épouse,  :  des  maateaux  de  demi-soie  et 
oooleur  d'hyacinthe,  une  tunique  de  demi-soie,  enri^ 
diie  de  clous  dW  et  du  poids  d'une  livre  ;  deux  chemises 
à  deux  bandes  et  le  reste  des  choses  qpi  conviennent  à 
one  dame  :  «  Vous  donnerez  à  Fépoux ,  ajoute-^t-il ,  cent 
pittfippes  d\)r ,  mille  antonins  d'argent  et  dix  mille 
sesterces  de  cuivre.  »  On  conviendra  qu'il  n'y  a  rien  de 
merveilleux  dans  ces  présens ,  surtout  venant  de  la  part 
d'un  empereur;  mais  du  moins  ils  donnent  une  idée  du 
earactère  éconmnique  d' Aurélien  et  de  Pétat  du  luxe 
8008  son  règne.  Cependant  on  prétend  qu'il  aimait  la 
pompé  el  le  &ste.  C'est  lui  qui ,  le  premier ,  a  ceint  le 
diadème  à  Rome.  Il  a  été  assassiné  par  ses  soldats  le  29 
janvier  a75. 

DE   DIVB&S   OBJETS   DE   LITXE   ET   DE    FAUTAISIE 
AUTRES   QUE    LES  MEUBLES. 

r 

Nous  mettront  d'abord  au  nombre  de  ces  objets  les 
parfums,  pour  lesquels  on  sait  que  les  Romains  avaient 
Une  véritable  passion.  On  ignore  le  temps  oii  l'on^ 
commencé  à  en  (aire  usage  ;  mais  il  est  certain  que  peti 
après  la  débite  d^ Antiochus  et  la  réduction  de  l'Asie ,  en 
565  de  B.-189  av.  J.-C. ,  les  parfums  étaient  connus 
et  qu^'on  les  prodiguait  déjà.  En  664-90  av.  J.-C. , 
les  censeurs  Licinius  Grassus  et  Jules-César  prohibé- 
x«Bt  la  vente  des  parfums  exotiques.  On  assure  que 
ft^art  de  fiiire  les  parfums  fut  porté ,  à  Rome ,  au  plus 
liaut  degré  de  perfection.  Les  parfumeurs ,  unguentarii, 
Ctvaient  leur  quartier  nommé  i^icus  thurarius,  dans  la 
vue  de  Toscane  qui  faisait  partie  du  Yélabre.  Horace  les 
appeUe  Tusci  turha  impia  idci,  parce  que  ces  parfu- 
meurs étaient  ordinairement  les  entremetteurs ,  (es  mi-* 
lustres  des  plaisirs  de  tous  les  jeunes  débauchés. 


(  72  ) 

Les  Romains  faisaient  le  plus  grand  abus  des  parfums 
et  des  essences  même  les  plus  exquises.  Ils  ne  se  conten- 
taient pas  de  parfumer  leurs  cheveux ,  leurs  vêtemens  j 
ils  parfumaient  encore  toutes  les  parties  de  leur  ccMrps , 
même  les  pieds  5  ils  imprégnaient  même  de  parfums  les 
murailles  de  leurs  maisons.  C'est  surtout  dans  les  festins 
qu'ils  les  ménageaient  le  moins. 

Pline ,  iV.  xni ,  c.  3 ,  dit  que  a  les  parfums  se  ven- 
daient plus  de  quatre  cents  deniers  (  356  fr.  )  la  livre. 
Il  y  en  avait  de  liquides  et  d'autres  en  pâté  ;  quelques- 
uns  donnent  la  préférence  à  ces  derniers.  Ils  se  plai- 
sent à  être,  je  ne  dis  pas  arrosés,  mais  enduits  de 
parftims.  J'en  ai  vu ,  continue  Pline ,  qui  se .  faisaient 
oindre  la  plante  des  pieds.  On  a  prétendu  qu'Othon  en- 
seigna ce  raffinement  à  Néron.  Un  simple  particulier 
fit  parfumer  les  murs  de  ses  étuves  -,  Cçiligula  versait 
des  essences  dans  ses  baignoires;  et  ne  croyez  pas  cette 
jouissance  réservée  au  seul  maître  de  l'Empire  -,  un  des 
esclaves  de  Néron  s^est  donné  dans  la  suite  le  même 
plaisir.  Enfin,  jusque  dans  les  camps,  on  frottait  les 
aig;les  d'essences  aux  jours  de  fêtes.  » 

Le  même  Pline  nous  apprend  encore  que  Néron  fit 
brûler  aux  funérailles  de  Popée  son  épouse  (qu'il  tua 
d'un  coup  de  pied  pendant  qu'elle  était  enceinte  ) ,  plus 
de  parfums  que  toute  l'Arabie  Heureuse  n'en  peut  pro- 
duire en  un  an.  (  Nous  dirons  en  passant ,  qu'aux  fu- 
nérailles de  Sylla ,  l'an  78  av.  J.-C. ,  on  brûla  au  de- 
là de  deux  cents  caisses  de  parfums.  ) 

Revenons  à  Néron,  car  en  fait  d'extravagances,  on 
le  trouve  toujours  sur  son  chemin.  Néron  donc  avait 
un  singe  qu'il  chérissait.  (Si  c'eût  été  un  tigre,  rien 
n'eût  manqué  à  cette  affectueuse  sympathie.  )  Ce  singe 
vint  à  mourir.  Son  digne  maître  lui  fit  de  superbes,  fu- 


(73) 

avilies  ' ,  aux  frais  desquelles  il  employa  toutes  les 
ichesses  d'un  nommé  Paneros,  le  plus  riche  usurier  de 
4mie  y  que  Ton  dépouilla  de  sa  fortune  pour  cet  objet. 

C'est  encore  ce  fou  couronné  qui  péchait  avec  un  ha- 
Leçon  dW  et  des  filets  dont  les  mailles  étaient  de 
Mirprc  mêlée  de  fils  d^or  avec  des  cordeaux  en  soie. 

LiOrsqu^il  voyageait,  il  avait  toujours  à  sa  suite  mille 
argons,  tant  pour  sa  garde-robe,  que  pour  sa  cui- 
ne ,  etc. ,  etc.  Les  mules  qui  traînaient  ses  équipages 
Aient  magnifiquement  caparaçonnées  ^  Targent  bril- 
it  à  leurs  pieds.  Ses  muletiers  étaient  vêtus  de  belle 
in^^  de  Canuse,  et  ses  cochers  parés  de  bracelets 
argent  ainsi  que  ses  coureurs. 
Pbpée,  son  épouse,  dont  nous  avons  parlé  plus  haut, 
isait  chausser  en  or  les  plus  belles  de  ses  mules  ;  je 
ts  chausser,  parce  que  l'on  ne  ferrait  point  les  che- 
lux  chez  les  Anciens  ^  et  sur  cela  j  je  m'en  rapporte  à 
ftbretti ,  qui ,  ayant  examiné  tous  les  chevaux  repré- 
incés  sur  les  anciens  monumens ,  sur  lés  colonnes  et 
vr  les  marbres ,  déclare  n'en  avoir  jamais  vu  qu'un 
ni  soit  ferré.  On  garnissait  quelquefois  ]es  pieds  de  ces  , 
ûaiaux  d^nne  espèce  de  bottines  en  genêt  ou  en  cuir , 
or  même  en  fer ,  attachées  avec  des  liens  autour  du  sa- 
ot  ou  du  paturon. 

'  Alexandre  fit  aussi  de  folles  dépenses  en  fonérailies 
»oiir  la  perte  d^un  ami  ;  mais  dn  moins  cet  aini  n^était  pas 
m  vil  animal.  La  pompe  fnnèbre  dHépbestion  coûta ,  dit- 
in  9  douze  mille  talens  ^  c'est-à-dire  57,600,000  fr.  de-notre 
aottnaiè.  Il  eat  vrai  (pie  cela  ne  coûtait  pas  beaucoup  à 
Uexandre.  Ses  coffres  regorgeaient  de  toutes  les  richesses 
le  r Asie.  Voyez  ci-dessus,  p.  62,  ce  que^  d'un  seul  coup 
le  filet,  il  enleva  au  cbâteau  de  Suse. 


(74) 

Bu  YRix  d'acquisitioit  i)e  cEaTÂiHSÂHiMAiix.  Il  semUe* 
rait  que  les  Romains  ont  pris  exem|de  sur  les  Grecs 
pour  mettre  un  haut  prix  à  TacquisitioD  de  certaine 
animaux.  Citons  deux  ou  trois  feits  empruntés  aux 
Grecs  ;  ensuite  nous  passerons  aux  Bomains. 

On  sait  que  Xénophon ,  après  la  r^raite  des  dix  milk 
qu^il  commandait ,  vendit  son  chev%l  cÎDqnante  da- 
riques,  ce  qui  ne  forme  cependant  que  2,270  fr.  de 
notre  monnaie,  somme  qui  nous  parait  iMt  modique, 
et  qui  devait  être  très-forte  pour  le  temps,  puisque 
rhistoirc  en  a  conservé  le  souvenir. 

Philippe  de  Macédoine  a  acheté  de  PkUonicw  de 
Thcssalic,  pour  son  fils  Alexandre,  le  fiimeux  B110&- 
phale,  pour  la  somme  de  treize  talens  (4t9834  fr.). 
Le  chien  d^Alcibiade  lui  a  coûté  5,4^4  fr.  < . 
Chez  les  Romains ,  nous  apprenons  d'AuIn-GeUe ,  que 
le  superbe  dieval  séien ,  ainsi  nommé  de  Gneius  Seios, 
son  premier  possesseur ,  que  Haro-Antoine  fit  périr  da 
dernier  supplice ,  fiit  payé  la  somme  de  cent  mille  ses- 
tcrcw  (20,000  fr.  ),  par  Corn.  Dolabdla,  gendre  de 
Cjrt^ron  ;  on  dirait  que  ce  cheval  portait  malheur  k  ses 
innitrcs ,  car  ce  Dolabella  se  fit  couper  la  tête  par  son 
esclave  pour  ne  pas  tomber  entre  les  mains  de  Cassins. 
Varron ,  /r'^.  11,  c  1 ,  raconte  qu'un  attelage  de  che- 
vaux n    coûté  à   Rome  quatre  cent  mille  sesteites 
(  8o«ooo  fr.  )  *. 

La  siMiateur  Axius  a  payé  un  âne  la  même  somme 

de  80,000  fr.  \  et,  selon  Pline,  un  animal  de  la  même 

csjH'œ  n*a  clouté  que  soixante  mille  sest^t^es  (i2,ooof.)* 

Ou  voit  aussi  des  poissons  portés  à  un  haut  prix  chez 

'  VoyAii  A  la  fin  la  note  (L). 
*  Voyez  à  la  fin  la  note  (Mj. 


(76) 

Romains  ;  mab  cela  n'arrivait  qu'accidentellement. 
Par  exemple,  Pline,  Us^.  ix,  c.  36,  raconte  qu^Asinius 
Celer  a  donné ,  sons  Caligula ,  un  exemple  de  prodiga- 
lité,  en  payant  un  muUe  (  poisson  qui ,  au  dire  de  Ma- 
crobe,  ne  pesait  pas  plus  de  deux  livres  ) ,  la  somme  de 
hiait  mille  sesterces  (  1600  fr.  )*,  aussi,  ajoute-t-il , 
K  cette  somme  énorme  reporte  notre  imagination  étcm- 
née  vers  ceux  qui ,  dans  leurs  déclamations  contre  le 
hixe,  se  plaignaieiit  de  ce  qu'on  achetait  les  cuisiniers 
aussi  cher  que  les  chevaux.  Aujourd'hui,  continue-t-il , 
im  cuisinier  coûte  autant  qu'un  triomphe  ' ,  un  poisson 
ampit  qu'un  cuisinier  ;  et  déjà  nul  mortel  ne  semble 
d^uti  plus  haut  prix  que  Tesclave  qui  a  le  mieux  ap- 
profondi Tart  de  ruiner  son  maître.  » 

Juvénal ,  soi.  iv,  parle  aussi  d'un  surmulet  qui  a  été 
payé  ii5o  fr.  par  un  nommé  Grispinus. 

Un  rossignol,  dont  on  fit  présent  à  Àgrippine,  femme 
de  Claude ,  fut  payé  six  mille  sesterces  (  1200  fr.  ).  Il 
est  vrai  qu'il  était  blanc  ^  chose  infiniment  rare,  si  le 
fiât  est  vrai  cependant. 

Nous  ne  prolongerons  pas  la  nomenclature  de  ces 
firivoUtés  et  de  tant  d'objets  d'ameublement^  ce  que 
nous  en  avons  dit  suffit  pour  prouver  que  les  Bomains 
ti'ont  pas  été  moins  sujets  à  ces  goûts  dispendieux ,  fu- 
tiles et  capriciein ,  que  tous  ces  peuples  que  l'or  a  cor- 
rompus et  conduits  à  leur  perte. 

Finissons  par  jeter  un  coup  d^œil  sur  quelques-unes 

'  ■  C^est  un  modus  ïoquendi  de  la  part  de  Pline  :  un  bon 
cnisinier  coûtait  3  à  4000  fr.  de  notre  monnaie.  Il  est  vrai 
qn\»n  en  a  vendn  dont  le  prix  s'est  élevé  jnsqu^à  20  et  aa^ooo 
fr. ,  mais  c'était  piatôt  objet  de  fantaisie,  qn'évalnation  dn 
talent  de  resclave. 


(76  J 

de  ces  fortunes  colossales ,  particulières ,  qui ,  à  la  suite 
dé  tant  dé  conquêtes  sur  Tennemi ,  n*ont  pas  peu  con- 
tribué à  faire  de  Rome  la  sentine  de  tous  les  genres 
de  corruption. 


TABLEAU 

DE  QUELQUES  FORTUNES  PARTICULIÈRES  A  ROME, 

VERS    LÀ    FIN   DE    LÀ    RÉPUBLIQUE 
ET   DANS    LE    PREMIER   SIÈCLE   DE    L^EMPIRE. 

Il  nous  a  semblé  que  ce  petit  tableau  ,  (  qui  n'est 
qu^un  résumé  d'un  travail  assez  étendu  que  nous  avions 
préparé  jadis  sur  le  même  objet  ) ,  serait  convenablement 
placé  à  la  suite  de  recbercbes  relatives  aux  dépenses 
qu'occasionna  le  luxe  chez  les  Romains.  La  dépense  est 
une  conséquence  de  la  fortune ,  et  la  curiosité  se  porte 
naturellement  à  savoir  si  l'une  a  été  en  proportion  de 
l'autre.  Ce  tableau  offrira  donc  le  montant  de  la  fortune 
particulière  de  la  plupart  de  ceux  dont  le  nom  figure 
dans  les  recherches  précédentes.  Nous  n'avons  pu  at- 
teindre à  spécifier  ce  montant,  résultat  assez  difficile  à 
obtenir,  qu'en  relevant,  réunissant  et  comparant,  dans 
\ki  grand  nombre  d'auteurs  anciens,  tous  les  passages 
relatifs  à  la  vie  privée  et  publique ,  et  même  aux  actions 
les  plus  minutieuses  des  personnages  dont  nous  parlons. 
Ces  personnages ,  pour  la  plupart ,  sont  ceux  qui  ont 
occupé  la  scène  et  joué  un  grand  rôle  dans  les  événemens 
les  plus  remarquables  de  cette  longue  révolution  qui  a 
converti  la  République  en  Empire.  Nous  avons  présumé 
qu'on  ne  serait  pas  fâché  de  voir  ces  illustres  ambitieux 
sous  un  aspect  ordinairement  négligé  ou  du  moins  peu 
précisé  dans  l'histoire ,  c'est-à-dire  sous  un  aspect  qui 


(  77  ) 
les  présentât  aussi  avides  des  dons  de  la  fortune ,  que 
^les  feveurs  du  pouvoir.  Commençons  par  Sylla,  nous 
finirons  par  Pline  le  Jeune. 

Stllâ  le  dictateur ,  (  mort  78  ans  i|V.  J.-G.  )  :  sa 
fortune  particulière  était  estimée  •  .  .  i5o,ooo,ooo  fr. 

Elle  proTenait  d^nne  partie  de  Por  immense  étalé  dans  son 
triomphe  j  et  d'une  partie  de  For  non  moins  considérable 
qoe  produisirent  ses  terribles  proscriptions;  cependant  il  faut 
dire  que  la  faveur  de  la  riche  courtisane  Nicopolis,  qui  le 
fit  son  héritier  y  et  les  biens  que  lui  laissa  sa  belle -mère  y  le 
tirèrent  d'abord  de  la  gêne  où  il  était  dans  son  jeune  âge. 

ISouÈ  n'avons  rien  de  précis  sur  le  montant  de  la  fortune 
de  Marius  9  (  mort  86  ans  av.  J.-C.  );  mais  elle  était  au 
moins  égale  à  celle  de  Sylla,  son  émule  et  son  rival ,  à  qui 
ilfiraya  la  voie  des  proscriptions ,  car  Plutarquedit  :  «Marins 
«  laissa  des  richesses  si  grandes  qu'elles  auraient  suffi  à 
a  plusieurs  rois.  » 

RosGius ,  comédien ,  (  mort  6a  ans  av.  J.-C.  ) ,  jouis- 
sait d'une  fortune  d^au  moins  20,000,000  fr. 

Ce  célèbre  acteur,  ami  de  Cicéron  ,  gagnait ^  au  dire  de 
ce  dernier ,  aoo,ooo  fr.  par  an ,  sans  compter  les  présens 
qu'on  lui  fiiisait.  Il  excellait  dans  la  comédie. 

Son  camarade  ^sopus,  excellent  tragique,  laissa  en 
mourant  5,000,000  de  fortune,  quoiqu'il  fit  de  son  vivant 
une  dépense  excessive  j  un  jour ,  un  seul  plat  de  sa  table  lui 
coÀta  ao,ooo  fr.  ;  et  son  fils  ,  plus  prodigue  encore  que  son 
père ,  en  servit  un  qui ,  par  le  moyen  de  perles  ditooutes  y 
revenait ,  dit-on ,  à  200,000  fr. 

M.. Pub.  Crassus,  dit  le  Biche,  (m.  Fan  52  av.  J.-C.  ), 
possédait  en  seuls  fonds  de  terre  ....  60,000,000  fr. 

Le  nombte  de  ses  maisons  à  Bome ,  de  ses  esclaves  et  de 
fes  troupeaux  à  la  campage ,  montait  à  peu  près  à  la  même 
somme.  C'est  lui  qui  disait  qu'un  particulier  n'était  pas  riche, 
si  de  son  revenu  il  ne  pouvait  entretenir  une  légion. 


(80) 

moins  avec  celle  de  Sylla^  Mais  quand  il  fut  assassiné,  il 

y  avait  en  dépôt  chez  Galpurnie  sa  femme ,  19,^0,000 f. 

Antoine  Toulait  s'en  emparer  ^  mais  Octave  s'y  opposa. 

Verres,  (mort  44^^  ^^-  J.-G.  ),  fut  accusé  par 
Cioéron  chargé  des  plaintes  des  Siciliens,  d'avoir  extor^ 
que  dans  la  seule  province  de  Sicile  ^  la  valeur 
de  .   . é  .  •  .  20,000,000  fr. 

Convaincu ,  malgré  la  belle  défense  d'Hortensins ,  il  prit 
le  parti  de  s'exiler  lui-même  sans  attendre  la  condamnation; 
maitf  vingt-six  ans  après,  il  fut  proscrit  par  Antoine  à  qui 
il  avait  refasé  des  vases  de  Corinthe,  et  fat  tné  par  les  soldats 
dé  ce  triamvir. 

^     M.  T.  GicÉRON,  le  prince  des  orateurs  latins  (mort 
43  ans  av.  J.-G.  ) ,  a  laissé  en  mourant  une  fortune 

de  .  . 26,000,000  fr. 

D'après  les  hantes  dignités  dont  il  a  été  revêtu ,  les  goa- 
vememens  dont  il  a  été  chargé,  ses  travaux  au  barreau, 
etc.  j  etc. ,  cette  fortune ,  tout  élevée  qu'elle  paraisse ,  prouve 
que  Cicéron  a  été  très-modéré  dans  les  moyens  de  se  k 
procurer  ' .  Antoine  lui  reprochait  d'avoir  été  négligé .  par 
ses  amis  dans  leurs  testamens  (  ce  qui  passait  à  Rome  pour 

\ 

r 

'  Un  auteur  allemand ,  parlant  de  la  dot  de  Tereàtîa  ^ 
femme  de  Gicéron ,  s'exprime  en  ces  termes  :  I^os  T^EXif" 
TiJE,  uxoris  Ciceronis,  dôdeca  myriadôn  dicitur  fuisse  f  et 
haereditas  quae  obvenit,  ennea  dènariôn  myriadôn ,  ibidem 
adducitur»  Latinus  interpres  per  nummos  sestcrtios  480,000 
et  36o,oco.  Quatuor  nummos  in  denarium  computandof 
qui  denarii  collecti  unciales  nummos  hostros  26,260  consti- 
tuunt,  (  II  nous  semble  qu'on  peut  estimer  cette  somme  en- 
viron 1 57,600  fr.  de  notre  monnaie.  )  Vid.  Otho  Spbrliit- 
GiiJS ,  de  Nummis  non  cusis  dissertatio.  Amstelodamî ,  1700, 
pet.  /ft-4^t  P*  ^6.  Terentia  ayant  été  répudiée  par  Cicéron ^ 
fut  épousée  par  Salluste  l'historien. 


(81) 

^«■ne  etp^e  de  mépris  )  ;  Cicéron  déclara  y  dans  ta  réponse  ^ 
^ae  son  bien  s'était  accru ,  par  cette  seule  voie  j  d'enyiroii 
cinq  millions  de  notre  monnaie  actuelle. 

M.  GATOiff  (m.  4^  ans  av.  J.-G.  ),  n'ayait,  au  rap- 
port de  Sënèque ,  qu'une  fortune  de  •  .  .  800,000  fr. 
C.  A.  Salluste  (m.  35  ans  av.  J.*G.  ),  laissa  une 

fortune  d'environ 60,000.000  fr. 

n  la  dut  à  ses  exactions  dans  la  Numidie  et  aux  faveurs 
dont  le  combla  J.  César;  s'étant  retiré  des  affaires ,  il  bfttifc 
à  Rome  un  superbe  palais  et  des  jardins  magnifiques  qui 
portent  encore  son  nom.  Il  se  livra  à  Tétudef  bon  histo- 
rien 9  il  fut  grand  moraliste  dans  ses  préfaces  ;  mais  il  %yait 
été  fort  débauché  dans  sa  conduite.  Milon,  Payant  surpris 
dans  un  commerce  criminel   avec   sa  femme,  la  fameuse 
Fausta,  fille  de  Syila,  Pavait  fait  noter  dUnfamie,  chasser 
du  Sénat  et  condamner  à  une  forte  amende.  Ces  petits  dé- 
^agrémens   furent  la   source  de  sa  fortune,  car  il   quitta 
3iome,  et  se  jeta  dans  le  parti  de  César  qui  le  combla  de  fa- 
-veurs  et  lui  procura  le  gouvernement  de  la  Numidie.  Par 
3a  suite  il  épousa  Terentia  que  Cicéron  avait  répudiée.  De 
Sa  sa  haine  pour  Torateur  romain ,  et  le  peu  de  justice  qu'il 
i  rendit  dans  son  histoire  de  Catiiina. 
M.  AnTOiNE  (  m.  âi  ans  av.  J.-C.  )  ;  on  porte  sa  for- 
une  à 120,000,000  fr. 

Ce  taux  n'est  certes  pas  exagéré ,  si  Ton  fait  attention  à 
^utes  les  folles  dépenses ,  à  toutes  les  prodigalités  où  l'ont 
^ntndné  ses  plaisirs  en  tous  genres,  sa  générosité  et  sou 
effiréné;  il  poussait  ce  luxe  jusqu'au  point  de  se  servir, 
it  l'orateur  Messala ,  de  vases  d'or  pur  pour  les  besoins  les 
las  honteux.  On  assure  qu'il  dissipa  du  trésor  public  y 
septies  millies  (  140,000,000  fr.  ).  L'or  était  si  com- 
un  chez  lui,  qu'un  jour  il  ordonna  à  sgia  intendant  de 
loiineir  un  million  de  sesterces  (200,000  fr.  ))  à  un  de 
^'^s  amis  qui  était  dans  l'indigence.  L'intendant,  surprix  de 
^énoonité  de  la  somme  ^  l'étalé  dans  un  endroit  par  où 


(82) 

Antoine  devait  passer.  Antoine  demande,  ee  qne  t\êl  que 
cet  argent.  -— •  Cest  ce  qne  tous  avez  comiband'iè  qne  Ton 
donnât  à  un  tel.-— Ce  n'est  que  cela,  dit  Antoine  s^tfpereerant 
de  Fintention  de  son  intendant  :  qu'on  dpuble  la.^omme. 
Virgile  (m.  19  ans  av.  J,-G.),  laissa,  si  Ton  en 

croit  Servius,  uqe  fortune  46 1, 987 ,'4^4  f^- 

C'est  pen  comparativement  aux  fortunes  dont  nous  .par^ 
ions;  mais  c'est  beaucoup  en  ég^rd  à  la  naissancp  obscnre 
du  poète.  Servius  ajoute  qu'il  avait  un  palais  à  Rome.  Tout 
cela  provenait  des  bienfaits  d'Auguste  et  de  sa  famille  y-  en- 
tre autres  d'Octavîe,  qui,  pour  le  iu  Marcellus  eris ,  lui 
fit  compter,  à  tant  par  vers  qui  composaient  la  tirade,.  la 
valeur  de  62,000  fr.  de  natre  monnaie.  Les  amis  d^  Vir- 
gile contribuèrent  aussi  à  son  bien-être. 

On  ne  dit  rien  dé  la  fortune  d'HoR  ace  (  m.  7  ans  av.  J.-C). 
Vivant  cbez  Mécène,  il  ne  manquait  de  rien;  il  avait  ce- 
pendant ui^e  maison  de  campagne  dans  les  environs  de 
Rome.  En  général,  il  mettait  en  pratique  cette  aimable 
philosophie  qui  fait  le  charme  de  ses  vers  * . 

C.  Cl.  IsiDORus  (  m.  8  ans  av.  J.-C.  ),  simple  parti- 
culier à  Rome ,  déclare  par  son  testament  que,  malgré 
ses  pertes  énormes  dans  la  guerre  civile,  il  laisse  dans 


'  On  les  Ut  avec  tant  de  plaisir, qu'on  serait  presque  tenté 
d'excuser  la  folie  de  ce  bibliomonomane  anglais  (  Jacqoe^ 
Douglas  )  qui ,  en  j  739  ,  pour  toute  bibliothèque ,  avait  4^^^^ 
éditions  d'Horace  (de  1476  a  1739),  tiiutes  différentes  leiv 
unes  des  autres;  il  en  a  publié  le  Catalogue,    /«-&>•  Vwk 
autre  anglais,   M.  Underwood,  n'avait   pas  fait  acte  àe 
inoindre  folie,  en  exigeant  par  son  testament,  daté  de  1733, 
qu'on  plaçât  son  corps  tout  habillé,  dans  son  cercueil ,  avec 
V Horace  de  Sanadon  posé  sous  sa  tête  ;  une  autre  petite  édi- 
tion du  même  poëte  dans  sa  main  gauche ,  et  enfin  V Horace 
de  Bentley,  1728,  x/x-4^,  sous  son  coccyx. 


(83) 
ses  coffres,  en  espèces,  (soixante  millions  desester- 

<XS)j • 12,000,000  fr« 

Sur  quoi  on  prendra  220,000  fr.  pour  les  frais  de  ses  fané- 
Tailles.  Mais  outre  cet  argent,  illaissait  encore  4,1 16  escla- 
yr€B  ',  3,600  paires  de  bœnfs  et  200,057  têtes  d'autre  Bétaih 
H.  TiGELLius,  affranchi  (  m.  vers  Tan  10  de  J.-C.  ), 
^tait  une  espèce  de  bouffon,  qui,  par  son  caractère 
enjoué ,  ses  bons  mots  et  ses  talens  en  musique ,  s'était 
attiré  la  faveur  de  J.  César ,  de  Gléopâtre  et  d'Auguste. 
Il  parait  qu'il  avait  amassé  une  fortune  considérable, 
car,  dans  cinq  jours,  il  dépensa  au  jeu  *  et  en  orgies 
avec  ses  camarades ,  la  somme  de  ...  .  193,628  fr. 
Horace  lui  fait  une  singulière  oraison  funèbre  dans  les 
premiers  vers  de  sa  satire  2 ,  //V.  1  ;  il  dit  que  toute  la  ca- 
naille de  Rome  prit  le  deuil  à  la  mort  de  Tigellius  : 

Mendici ,  minax  ,  balatroiies ,  hoc  genus  omne 
Mœstnm  ac  soliciium  est  cantons  morte  Tigelli. 

AUGUSTE  (m.  l'an  14  de  J.-C),  a  laissé  une  fortune 
que  Tacite  porte  à  environ 200,000,000  fr. 

Cependant  Auguste  lui-même  déclare  dans  son  testament 
que  ses  héritiers  nWront  que  trente  millions  ;  mais  ce  tes- 
tament porte  en  même  temps  des  legs  considérables  :  aa 
peuple  8,000,000  fr. ,  aux  tribus  latines ,  700,000  fr.  ;  à 
Parmée ,  environ  4) 000,000  fr. ,  et  beaucoup  d^autres  legs 
particuliers.  Cela  ne  doit  pas  surprendre ,  si ,  comme  Au- 
guste rassure  dans  le  même  testament ,  il  a  reçu  pendant 
yinst  anS|  en  dons  et  en  héritages,  plus  de  cinq  milliards 
de  sesterces  (1,000,000,000  fr.  ). 

'  Voyez  à  la  fin,  la  note  (N)  sur  les  esclaves. 

*  Nous  avons  yu  mieux  que  cela  en  1780 ,  à  Paris.  Un 

M.  Bergeret  de  FrouTille  qui,  je  crois,  était  Conseiller  aa 

Parlement,  perdit  au  jeu,  dans  une  séance,  de  trentersix 

heures,  une  somme  de  27,000  louis,  c'est-à-dire  673,000 
iî 


(84) 

.  Nous  dirons  ici,  en  passant,  que  les  revenus  de  TEmpire^ 
sons  Auguste ,  étaient  de  800,000,000  fr. ,  et  que  sous  Té- 
çonome  et  parcimonieux  Vespasien ,  si  habile  en  matière 
d'impôts,  ils  furent,  dit-on,  de  7,000,000,000  fr. 

Apicius  (  mort  vers  Tan  3o  de  J.-C.  ),  célèbre  gas- 
tronome romain ,  avait  une  fortune  que  les  auteurs 
du  temps  portent  à i9,373-,934fr' 

On  le  croit  auteur  du  Traité  de  Opsoniis^  cependant  la 
chose  n^est  pas  certaine ,  car  on  connaît  troia  Apicius  :  Tnn 
qui  vivait  sous  Sylla,  le  second  sous  Auguste  et  Tibère,  et 
le  troisième  sous  Trajan ,  et  tous  trois  célM)res  dans  les  an- 
nales de  la  bonne  chère  |  mais  ce  qu^il  y  a  de  siir ,  c^èst  que 
celui  dont  nous  parlons ,  le  second ,  s^était  acquis  une  telle 
réputation  de  gourmandise,  que  Pline  ,  //V.  x,  ch.  48,  l'ap- 
pelle Nepotum  omnium  altissimus  gurges,  a  le  gouffre  le 
<c  plus  profond  qui  puisse  exister  (  en  fait  de  bonne  chère).  » 
Sénèque  raconte  que  cet  homme ,  voyant  sa  fortune  réduite 
à  environ  2,000,000  fr. ,  car  il  en  avait  mangé  plus  de  dix* 
sept,  se  tua  crainte  de  mourir  de  faim  '• 

'  Nous  pouvons  comparer  à  Apicius  un  certain  Anglais  | 
du  même  goût  et  du  même  appétit,  qui  s'est  fait  distinguer 
à  Londres  dans  le  dernier  siècle.  C'est  M.  Rogerson ,  qui , 
pour  sa  table  et  pour  ses  expériences  culinaires,  a  dépensé 
dans  un  espace  de  temps  assez  bref,  cent  cinquante  mille 
livres  sterl.  (c'eSt-à-dire  la  modique  somme  de  3,75o,ooofr.). 
C'était  tonte  la  fortune  de  notre  gastronome.  Réduit  à  la 
misère  et  au  triste  état  de  mendiant ,  il  consacra  la  dernière 
guinée  dont  on  lui  avait  fait  la  charité ,  à  acheter  un  orto- 
lan ,  à  le  faire  accommoder  le  plus  succulemment  possible , 
et  il  le  mangea  \  regardant  cette  haute  jouissance  comme  la 
dernière  à  laquelle  il  pût  prétendre,  il  ne  se  donna  pas 
même  le  temps  de  faire  la  digestion ,  il  se  fit  sauter  la  cer- 
velle; c'était  mourir  au  champ  d'honneur  ^  tout  en  nar- 
guant les  caprices  de  l'ingrate  fortune. 


/ 


(85) 

Cn.  Corn.  Lentulus  Augur  (mort  l'an  3o  de  J.-C.  )  ; 
comblé  de  biens  par  Auguste ,  se  trouva  maître  d^une 
fortune  de  ....  • 80,000,000  fr. 

Il  éprouva  que  la  possession  de  telles  ricliesses  n^était 
pas  sans  danger  sons  Tibère ,  car  elles  lui  coûtèrent  la  vie 
sur  un  ordre  du'  tyran*  II*  avait  été  consul* en  Pan  i4* 

TiBÈKE  (mort  l'an  87  de  J.-C.).  Ce  prince,  aUssi 
avare  que  cruel  et  débauché ,  amassa  une  fortune  plus* 
considérable  que  celle  d'Auguste.  Lorsqu'il  mourut ,  on 
trouva  dans  ses  coflres   ...;...  540,000,000  fr. 

Son  successeur  Caligula  y  dans  les  quatre  ans  quHl  régna , 
ébréchafort  ce  trésor ,  au  milieu  de  mille  folies  et  de  mille 
cruautés  auxquelles  le  glaive  de  Chéréas  mit  un  terme. 

Ckispus  pAssi^NtJs  (  mort  44  ^^^  ap^ès  J.^.  )^  possé- 
dait une  fortune  de   ..'.,..•.'.  .  38,739,99a fr.» 

C^était  un  orateur  distingué  qui  '  avait  épousé  en  pre- 
mières noces  Domitia,  tante  de  Néron,  et  ensuite  Agrip- 
piqe  f  digiie  mière  de  ce  monstre.  U  avait  eu  Timpriidence 
de  la  nommer  héritière  de  tous  ses  biens  dans  son  testa- 
ment. Comme  il  ne  mourait  pas  assez  tôt  an  gré  de  celle- 
ci',  elle  jugea  à  propos  dé  le  débarrasser  par  le  poison  des 
soucis  de  la  vie  et  .d'une  fortune  aussi  considérable.  Ce  que 
Passienus  regretta  le  plus  en  mourant,  fut  un  arbre  dont 
il  s^était  épris  dans  ses  jardins  ;  il  Tembrassait ,  le  baisait , 
coucbait  à  Pombre.  de  ses  brancbcs^  et  arrosait  ses  racines 
avec  du  Siin;     . 

Callistp  ,  afifranchi  de  Caligula ,  dont  il  reçut  des  ri- 
diesses  immenses,  et  contre  lequel  il  conspira,  devint, 
ensuite  (avori  de  Claude,  qui  le  combla  aussi  de  biens. 
Il  laissa  en  mourant  une  fortune  qu'on  estime  à  envi- 
ron  '.  .  .  .  .  4<5, 006,000  fr. 

Narosse  (mort  Fan  54  de  J.-C.  ) ,  fut  d'abord  àffAh-' 
chi ,  puis  secrétaire  de  Claude.  Vil  courtisan ,  il  se  ser- 
vit de  la  faiblesse  de  sou  maître  pour  s^enrichir  de»  dé- 


(86) 
pouilles  de  ceux  qu'il  voulait  perdre.  Il  amassa  une 
fortune  de 5o,o6o,ooo  fré-  ^. 

C'est  lui  qai  conseilla  la  mort  de  Messaline*  Il  tenta 
défaire  aussi  périr  Agrippine;  mais  il  succomba,  ce  fut 
elle  qui  le  fit  exiler,  et  ensuite  le' contraignît  à  se  donner 
la  mort.  Néron  le  regretta;  c'était 'bien  juste! 

Pallas  (mort  Fan  61  de  J.-C.)>«galenacntaflrranchi  de 
Claude,  avait  amassé  une  fortune  de  .  36,ooo,ooo  fr. 

Néron,  ckei  qui  la  soif  de  1- or  égalait  celle  d4.. sang,.  Je 
fit  assassiner }  et  cependant  Pallas  avait  été  le  fiiTori  de  ce 
bon  prince. 

Sénèque  le  philosophe  (mort  Tan  6£de  J.-G.),  était  à 
sa  mort  riche  de  plus  de  .......  60,000,000  fr. 

On  prétçnd  que  dans  la  Bretagne  seule  il  avait  des  biens 
pour  cette  somme.  Quatre  ans  de  faveuirs ,  près  de  Néron , 
son  aimable  élève ,  avaient  su.ffi  pour  élever  ce  colosse  de 
fortune,  à  Tombre  duquel  Sénèque  prêchait  la  morale  et 
le  mépris  des  richesses.  Mais  un  mot  du  disciple  reconnais-, 
sant  suffit  pour  faire  écrouler  le  colosse  dans  le  sang  di| 
malheureux  précepteur. 

PunE  le  Jeune  (mort  Tan  ii3  de  J.-C*),  possédait, 
une  fortune  d'environ  .  .......  20,000^000  fr« 

On  en  juge  par  les  détails  qu^offrent  plusieurs  passages 
de  9e9  lettres..  Il  avait,  à  cent  cinquante  milles  de  Rome  ^ 
une  terre  qui  lui.  rapportait  80^000  fr.  de  revenus,  et  ce 
n'était  qu'une  faible  portion  de  ses  possessions;  11  donna 
trois  cent  mille  sesterces  à  son  ami  Romanus  pour  qu'il 
pût  être  admis  dans  l'ordre  des  chevaliers.  Il  en  donna 
cent  mille  à  sa  nourrice;  il  dota  la  fille  de Quin^ilien. de 
cinquante  mille  sesterces  ;  il  en  fit  de.  même  pour  CoreUia 
et  pour  beaucoup  d'autres.  Tout  cela  suppose  une  fortune 
considérable  qu'il  devait  sans  doute  tant  à  la  faveur  de 
Trajan  qu'à  ses  propres  talens  pour  le  barreau. 

'Non  pas  de  rentes,  comme  le  dit  M.  Bouillet  dans 
son  Dictionnaire  classique  des  noms  propres,  etc^ 


(  87  ; 

Nous  aurions  pu  augmenter  cette  Notice  de  beaucoup 
d'autres  articles,  et  même  de  quelques-uns  qui,  étrangers 
aux  Romains,  mais  ù  peu  près  du  même  temps,  offriraient 
des  exemples  de  fortunes  encore  plus  monstrueuses  que 
celles  dont  nous  venons  de  parler.  Pline,  par  exemple, 
cite  un  Ptolêroée  «  qili ,'  selon  Varron ,  entretint  à  ses 
K  dépens  huit  mille  bommes  de  cavalerie ,  du  temps 
«  oii  Pompée  disait  la  guerre  èn  Judée ,  et  qui  donnait 
«  un  repas  de  mille  couverts  où^  chaque  convive  bu- 
«  vait  dans  une  coupe  d^^H*^  et  ou,  à  chaque  service , 
«  on  diangeaitde  plats  et  de  vases.  Il  cite  uii  Pythius 
tt  de  Bithynie ,  qui  fit  présent  à  Darius  du  platane  et 
a  de  la  célèbre  vigne  dW  ^  et  qui  traita  les  sept  cent 
«  quatre-vin^^huit  mille  hommes  de  troupes  de  Xer- 
a  ces,,  lui  promettant  en  sus  la 'Solde  et  les  appirovision-* 
«  nemens  pour  toute  cette  armée  pendant  cinq  mois, 
a  si ,  de  dinq  enhns ,  il  voulait  au  moTBS  en  laisser  un 
((  à  sa  vieillesse.  Que  serait  Pythius  lui-même ,  comparé 
«  au  roi  Grésus?  »  On  sait  que  ce  Tt»i  de  Lydie  passe 
pour  avoir  été  le  plus  riche  des  princes  de  l'antiquité , 
et ,  selon  le  beau  mot  prophétique  de  Solon ,  il  en  de- 
vint le  plus  malheureux. 

Mais  en  voilà  suflisamment  pour  donner  une  idée 
des  fortunes  colossales  qui  eiââtaient  chez  les  Anciaiis  ' . 


Nous  terminons  ici  le  résumé  de  nos  recherches  siur 
les  objets  d'ameublement  des  Romains  et  sur  la  fortune 
particulière  de  quelques-uns  d'entre  eux.  Que  conclurons- 

*  Voyea  à  la  fin  la  noté  (O)  relative  à  Pindicatioii  de 

m 

quelques  fortimes  modernes  que  l'on  pourra  comparer  avec 
les  anciennes. 


(  88  ) 
nous  de  cet  exposé  ?  Que  Tor  abondait  à  Rome.  Mais  cet 
or,  fruit  dé  tant  de  conquêtes ,  fruit  de  tant  de  rapines 
dans  les  gouvernemens  confiés  aux  proconsuls ,  circulait- 
il  parmi  les  citoyens?  Képaindait-il  Taisance  dans  les 
diverses  classes  de  la  société?  Le  peuple ,  ^  jaloux  de 
cette  liberté  dont  il  jouissait  sous  la  République.,  et  que 
le  premier  des  Césars  sembla  d^abord  respecter ,  était* 
il  plus  heureux,  était-il  à  Fabri  du  besoin?  Non.  Il 
Êiut  avoir  étudié  de  près  la  vie  et  les  mœurs  des  Ro^ 
mains  pour  être  convaincu  que  le  rôle  brillant  qa\)n 
leur  fait  jouer  dans  Thistoire  est  bien  diffîrc^nt  de  celui 
auquel  était  condamné  la  masse  du  peuple  -daâs  Fioflé* 
rieur  de  la  ville  et  .dans  les  campagnes.  Pour,  un  petit 
nombre  de  fortunes  colossales  qui  élevaient  leur  cime  do* 
rée  sur  quelques  points  des  sept  montagnes ,  quel  mal- 
être ,  quelle  misère  régnait  sur  le  reste  de  ce  sol  aiidel 
Voye:):  ces  nombreuses  cohortes  d^esdaves  attachés.à  la 
glèbe,  nourris  avec  parcimonie  et  exposés  à  chaque  instant 
aux  caprices  d^un.maitre  qui  avait  sur  eux  droit  de  vie 
et  de  mort  ;  voyez  ces  affranchis  qui  ne  vivai^it  guères 
que  de  la  libéralité  de  leurs  anciens  maîtres  et  pour  les- 
quels la  sportule  était  le  fond  le  plus  dair  de  leur  re- 
venu ',  voyez  ces  citoyens,  propriétaires  d'un  petit  coin 
de  terrain  ingrat,  qui,  pour  prix  de  leurs  sueurs,  leur 
rendait  à  peine  la  moitié  du  pain  que  réclamait  la  fa- 
mille ;  car ,  personne  ne  l'ignore ,  l'Egypte  et  la  Sicile 
étaient  les  greniers  de  l'Italie  ^  et  quand  les  vents 
étaient  contraires ,  la  famine  arrivait.  Voilà  donc  où 
aboutissaient  ces  fortunes  monstrueuses!  Semblables 
à  ces  fbnestes  trombes  qui ,  autour  d'elles ,  aspirent  et 
dessèchent  tout,  elles  étaient  le  plus  terrible  fléau  de 
Rome  et  de  l'Italie.  Leur  éclat  passager  brillait  comme 


(89) 

ces  reflets  de  lumière  qui,  sillounant  subitement  la  nue, 
vous  laissent  ensuite  dans  une  obscurité  plus  profonde. 

Quelle  différence  de  notre  position  à  celle  de  ce  peu- 
ple si  vanté  1  Grâces  au  Christianisme  et  à  la  grande 
ame  d*un  de  nos  rois,  Tesclavage,  depuis  bien  des 
siècles,  a  disparu  de  notre  belle  France.  La  féodalité, 
autre  poids  énorme  qui  pesait  sur  le  trône  et  sur  le 
peuple ,  a  également  disparu.  Ce  n^est  plus  cette  France 
du  moyen  âge,  dont  la  carte,  au  x*  siècle,  était  divi- 
sée en  trente  ou  quarante  grandes  portions  apparte- 
nant chacune  à  un  maître ,  à  un  fier  suzerain  ;  c*est 
cette  France  moderne ,  dont  la  carte ,  au  xix*  siècle , 
est  divisée  en  des  millions  de  parcelles  qui  appartien- 
nent à  autant  de  propriétaires.  Dans  nos  campagnes,  le 
cultivateur,  appuyé  sur  le  manche  de  sa  propre  char- 
rue ,  sourit  d^avance  à  Tespoir  d'une  récolte  qui  ne  fuira 
pas  ses  greniers.  Dans  nos  cités ,  une  active  industrie , 
entretenue  par  une  louable  émulation  ,  fait  circuler  le 
bien-être  parmi  ces  milliers  de  familles  qui  y  sont  ag« 
g^omérées.  l&ifin  partout ,  Tasp^t  de  la  société ,  sous 
le  rapport  matériel  et  industriel  (  le  seul  dont  nous  par- 
lons ici) ,  offre  une  amélioration  sensible,  en  ce  qu^il 
prouve  que  Taisance  est  généralement  plus  répandoe* 
C'est  sons  ce  point  de  vue  que  notre  situation  est  bien 
préiarable  à  celle  de  ces  Romains  si  vantés.  Quant  à  la 
^kÂre  des  armes,  à  la  culture  des  sciences  et  des  arts, 
nous  n'aTons  pas  besoin  d'attendre-  que ,  par  la  suite 
des  sièdes ,  le  prisme  de  rhistmre  ait  grossi  et  embdli 
les  objets,  pomr  lutter  avantageusement  avec  ces  an- 
ciens maîtres  du  monde. 


(90) 

NOTES. 

Ces  Notes  offrent ,  comme  nons  Tavons  dit  an  bas  de 
la  page  23 ,  des  rapprochemens  ou  comparaisons  entre 
Testimation  et  la  valeur  de  certains  objets  cbez  les  An- 
ciens ,  et  celles  de  certains  objets  du  même  genre  chez 
les  modernes.  Nous  avons  cru  convenable  de  reporter 
ces  rapprochemens  à  la  fin  de  Touvrage  et  non  h  la 
suite  de  chaque  article  dans  le  texte ,  pour  éviter  la 
confusion  qui  aui*ait  pu  résulter  soit  de  la  nature  de 
certains. objets,  soit  de  la  longueur  de  quelques  ar- 
ticles. Ainsi  tout  ce  qui  constitue  la  galerie  ancienne  a 
été  exposé  précédemment ,  et  tout  ce.  qui  appartient  à 
la  galerie  moderne  du  même  genre ,  va  être  Tobjet  des 
notes  suivantes ,  qui  porteront  successivement  y  comme 
dans  le.  texte ,  sur  les  bâtimens  y  sur  les  tableaux ,  sur 
les  pierres  précieuses ,  sur  les  habillemens ,  sur  les  for- 
tunes particulières  y  etc.  y  etc. 

(A)  pag.  23.  Le  rapprocliemeiit  snîvant  de  restîmation 
et  dé  la  valeur  de-  quelques  édifices  actuels  de  Paris  ,  avec 
restîmation  et  la  valeur  de  ceux  de  Pancienne  Rome  qae 
nous  avons  cités  ,  prouvera  que  dans  tous  les  temps  les  ca- 
pitales cherchent  à  se  distinguer  par  des  monnmens  fastueux 
et  de  grand  prix. 

Le  palais  fiourbon  (où  siège  maintenant  la  Chambre 
des  Députés),  est  estimé 894^i<>oo  fr. 

Le  palais  du  Luxembourg  (  où  siège  la  Chambre  des 
Pairs  )  I  est  évalué  y  avec  le  jardin  et  les  dépendances , 
la  somme  de  •  .  • 5y3oo,ooofr. 

L'ancien  palais, du  Temple,  avec  ses  cours  et  jardins ^ 
est  estimé 29000,000  fr. 

L'hi^tei  (  occupé  par  le  ministère  des  finances  ) ,  rue  de 
Rivoli,  est  évalué 1 1 ,060,000  fr. 


(91  ) 

Celui  (qu'occupe  le  ministère  de  la  marine  ),  place  Loois 
XV)  est  porté  à 6,7009000  fr. 

L'hôtel  des  Invalides  est  estimé  .   ....   31,166,1 15  fr. 

On  a  fait  en  1818  Pinventaire  du  mobilier  de  tons  les 
chÂteanx  royaux  de  France  ;  il  monte ,  dit-on ,  non  compris 
les  porcelaines   et  les  verreries ,  à  •  .  •  .  429^00,000  fr. 

La  maison  de  Beaumarchais ,  qni  était  située  sur  le  bou- 
levard Saint- Antoine ,  n'a  été  vendue,  en  1818,  à  la  ville 
de  Paris,  qoe  la  somme  de 5o8,ooo  fr* 

Lliôtel  Rœderer,  rue  du  faubourg  Saint-Honoré ,  a  été 
acquis ,  en  janvier  1 837  ,  au  prix  de 37 1 ,000  fr. 

Un  pavîITon ,  dépendant  du  palais  Bourbon ,  appartenant 
à  Mi>^^d  e  Féncbères ,  légataire  de  M.  le  duc  de  Bo<iâl)iVi| 
prince  de  Gondé,  mort  en  ]83o,  a  été,,  dit- on,  aSlftté 
récemment  par  le  jeune  prince  duc  d'Aumale,  pour  la 
somme   de •    •.   •    40O9O00  fr. 

Beaucoup  d'autres  bôtels  de  Paris  montent  bien  cer- 
tainement à  des  valeurs  plus  élevées  que  celles  de  ées  trois 
derniers;  mais  outre  que  leur^  nomenclature  excéderait  les 
bomet  d'une  simple  note ,  des  renseignemens  nous  inanquenf 
SUT  leur  estimation  précise. 

_  1 

(B)/K  a4*  Velleius  Fatercnlus,  liv.  i,  c.  1 3,  a  dit  de  ce  Con- 
sul :  JSiuwimùts  tdm  ntdisfait,  ut  capta  Corintko,  quum  ma^ 
ximomm  artificum  perfectas  manihus  tabulas  ae  statuas  m 
ItaUam  portandas  locaret,  juberet  prœdici  conducentibus  , 
si  eas  perdidissent ,  novas  esse  reddituros.  —  D'un  autre 
c6té,  Tacite,  liv.  ïit,  c.  31  àe%  Annales,  a  dit  du  même 
personnage  :  ...tf  Z.  Mummii  triumpho,  qui  primas  id  ge-^ 
nus  (Graecontm)  spectaculiin  urbe praebuent. 

Comment  un  homme  à  qui  l'on  a  délivré  un  certificat 
d'ignorance  aussi  crasse,  a-t-il  pu  être  le  premier  qui  ait 
£nt  connaître  à  Rome  le  genre  àez  spectacles  de  la  Grèce? 
Tacite  annit-ii  entendu  par  id  genus  spectaculi,  le  maté» 
riel  d'un  théâtre  grec  qui  existait  à'Corintbe,  et  que  Mum^ 
mins  aurait  fait  transporter  à  Rome  ?  Cela  est  présumable. 


(M) 

Les  formée  élégtntea  du  matérid  de  la  «cène  grecque  aa- 
roAt  remplaoé  les  tréteaux  rustiques  dont  on  frétait  servi 
jusqu'alors  à  Rome. 

(Ç)  p.  a6.  De  nos  jours,  il  en  a  été  à  peu  près  de  même  pour 
le  fameux  Saint  Jérôme  du  Corrège  (peint  sur  bois  y  6  pieds 
4 pouces  de  hauteur,  sur  4  pieds  4  pouces  6  lignes  deUr« 
geur).  Le  prince  de  Parme,  à  qui  ce  tableau  appartenait , 
offrit  un  million  an  général  Bonaparte  pour  le  conserver* 
Bonaparte  refusa,  et  le  tableau  fut  transporté  à  Paris.  Il  n'y 
est  plus.  Jean  Y,  roi  de  Portugal,  mort  en  i/So,  en  avait 
offert  aux  Antonins  de  Parme,  qui  le  possédaient  alors, 
4$>OjOOO  fr.  Ils  étaient  sur  le  point  de  le  donner,  quand 
Pin.S^nt  Don  Philippe  le  fit  enlever  et  placer  par  la  ^uite 
dans  une  des  salles  de  TÂcadémle  quHl  fonda  à  Parme  ea 

Le  tableau  de  la  Vierge  à  VécuelUi  ou  le  Repos  en 
Egypte,  également  du  Corrège,  a  eu  le  même  sort.  (Il  est 
aussi  peint  sur  bois  ;  cintré  dans  la  partie  supérieure ,  il  a 
6  pieds  9  pouces  de  hauteur  et  4  pieds  5  pouces  de  largeur). 
Vers  1  j5o ,  le  général  Brawn  en  oi&it  30|Ooo.  thalers 
(i5o,5oo  fr. );  quelque  temps  après,  le  sénateur  Barbieri 
de  Mantoue  proposa  600,000  liv.  de  Parme  (  i5o,ooo  fn  )  \ 
et  vers  1754  9  le  roi  de  Pologne  fit  offre  dé  20,000  sequins 
C 240,000  fr.  )  ^  le  Duc  de  Parme  a  refusé  toutes  ces  of&es. 

(D)  p,  26.  Les  modernes  ne  se  sont  pas  moins  distingués  que 
les  Anciens  dans  le  luxe  des  tableaux  de  ha.ut  prix.  Nous 
allons  en  citer  quelques  exemples  pris  au  hasard  dans  un  re- 
levé assez  étendu  et  assez  détaillé  que  nous  avons  fait  des  ta- 
bleaux dont  Padjudication  a  passé  10,000  fr.  dajis  beaucoup 
de  ventes.publiques.  ., 

En  1771 ,  le  Portrait  en  pied  de  Charles  P%  peint  par 
Van-Dyck ,  payé  par  la  comtesse  Dix  Barry ,  24,000  livr. 

En  1772,  chez  M.  de  Choiseul,  la  Forêt  de  la  ffaye , 
par  Paul  Poter ,  adjugée  au  prix  de  ....  .  27,600  livr. 


(93) 

-  En  177^9  c^^*  ^*  Blondely  V Enfant  prodigue ,  de 
I3a¥id   Teniers ,  venda 39,cx>o  iî?r. 

Bu  1 78a  )  cbez  M.  Mènars  ^  i* Accordée  de  village ,  de 
Greuze ,  adjugée  au  prix  de 1 6,65o  lirr. 

En  1783^  M.  d^Ângîvillier  a  payé,  pour  la  collection  da 
Roi,  les  Charlatans ,  de  Karel  Dujardin.  .  .   i8,5oo  livr. 

En  180a ,  chez  M.  Tolozan  ,  le  petit  tableau  des  Saules, 
fart.  Poter, ...   •  a7,o5o  livr. 

—  Cliez  le  même  f  V  Adoration  des  bergers  , /pair  Kem^ 

brand» •  •  •   iO|00oliT. 

.    «—  Chez  le  même,  V  Annonciation,  par  le  Sueur,  1 1 , 090  Ht. 

-«  Chez  le  même,  une  Foire  de  Gand ,  par  Téniers  9 
Tendue »  ............  1 2,720  liv. 

—  Chez  le  même,  le  Mangeur  de  jambon,  par  Té* 
niers, •..••••••  17,000  livr. 

•^  Chez  le  même  ,  le  Marché  aux  chevaux ,  par 
"Wcavermans, i6,i5oliv. 

-*-  Chez  le  même  ,  Jésus  chez  Marthe  et  Marie ,  par  le 
Sueur  I  •' io,3oo  llv* 

— -«  Chez  le  même  ,  le  bon  Pasteur  et  Saint  Jean ,  par 
Murillos.  Le%  deux  tableaux  adjugés  poW  .  .  40|65o  Ut. 

.  En  i8o5,  à  Lopdres,  le  tableau  Ae%  grandes  Bacchanales, 
da  F/oussin,  qui  faisait  partie  du  cabinet  de  Louis  XVI,  a 
été ,  dit-on ,  Tendu  quinze  mille  guinées,    .  .  875,000  fr. 

En  1807,  ^  Londres  ,  Vénus  surprise  avec  Mars  dans  les 

Jilets ,  adjugée  à  M.  Clifibrt,  moyennant  5ooo   guinées, 

«nviroB 120,000  fr. 

.  En  i8i5,  à  la  Malmaison,  ]a  Vache  de  Panl  Poter , 
payée,  dit- on  ,  par  Tempereur  Alexandre  ,  200,000  ronb. 

.  En  1825 ,  chez  M.  Lapeyrière  ,  Paysage  vu  en  automne, 

par  le  Lorrain ,  adjugé  à 27,  000  fr.. 

«^  Chez  le  même  ,  le  Pâturage,  par  P.  Poter ,  28,900  fr. 

—  Chez  le  même,  la  Sainte  Famille ,  de  Rubens , 
adjugée  à 64,000  fr« 


(94) 

•—  Chei  le  mimé  ^  I A  Madone  <m  Sainte  Famille f  du  Cor- 
rège , «^< -8o,oo5  fr. 

En  1826,  à  Londres ,  chez  lord  Rostoch  9  la  Fille  d'Hé-» 
rode,  par  le  Titien, ai3y36ofr» 

En  1827,  chez  M*  Bonnemaison,  la  Danaé,  du  Cor- 
rège, • »  •  .  Soyooo  fr. 

Etc. ,  etc.  I  etc. ,  etc. 

(E)  /y*  4^  •  ^^  vasea  mnrrhina  '  étaient,  anx  yeux  des  Ro- 
mains ,  ce  qu^il  y  avait  de  pins  précieux ,  de  plus  rare  et  de 
plus  recherché  ;  mais  de  quoi  étaient-ils  composés?  Quelle 
substance,  quelle  pierre  servait  à  leur  fabrication?  Les 
savans  sont  très-élo ignés  d^étre  d^accord  sur  ce  point  archéo- 
minéralogique  \  voici  un  résumé  de  leurs  diverses  opinions 
à  ce  suj.et. 

Pline  9  sans  s^expliquer  sur  la  nature  de  cette  pierre,  pré- 
tend  qu^elle  venait  de  l'Orient ,  quMle  s'y  trouvai^  en  plu- 
sieurs endroits  peu  célèbres ,  surtout  du  royaume  des  Parthes; 
que  cependant  la  plus  belle  se  tirait  de  la  Caramanie«  Quel- 
ques auteurs,  entre  autres  Cardan,  Mercurialis,  Scaliger, 
Rempler  et  Mariette  (dans  son  Traité  des  Pierres  gravées)^ 
ont  pensé  que  la  matière  des  vases  murrhins  était  tout  sim- 
plement de  la  porcelaine  ,  et  ils  se  sont  fondés  sur  ce  vers 
de  Properce  : 

Murrheaque  in  Parthis  pocala  cocta  focis. 

Ce  vers  en  effet  semblerait  annoncer  que  la  matière  de 
ces  vases  était  cuite  au  feu.  Mais  cette  opinion  n'est  point 
admissible ,  puisque  la  découverte  de  la  porcelaine  est  d'une 
époque  bien  postérieure  à  celle  où  l'on  faisait  usage  àe^ 


'  On  prétend  que  le  mot  murrhin  provient  de  ce  que  les  vases  qae 
Tou  nomme  ainsi ,  servaient  aux  riches  voluptueux ,  pour  boire-  des 
vins  parfumes  de  myrrhe  ;  et  le  mot  myrrhe  ,  espèce  de  gomme  ré- 
sine ,  dont  il  est  beaucoup  parlé  chez  les  Anciens ,  et  dont  cependant 
on  ne  connait  pas  encore  Torigine,  provient  du  grec  murrha,  dérivé 
de  mttrd^  couler,  distiller. 


(  95  ) 
-vatjtfrltiwnrliliia  à  Rome.  L^inTentîon  de  la  porcelaine  ne  date 
â'  la  Chine  que  dji  if  •  siècle  de  Père  Tulgaire. 

M.  Lagrange ,  dans  une  très-longne  note  qni  se  tronye 
Jans  sa  traduction  de  Sénëque ,  édition  de  Toun,  en  8  vol, 
J/i'&Oj  tom.  III,  pp.  4o&^4^o,  plaide  fortement  anssi  la 
cause  de-  la  porcelaine. 

M.  Pabbé  Le  Blond,  rejetant  le» conjectures  précédentes, 
a  cherché  à  démontrer  dans  une  savante  dissertation  (  Mé^ 
moires  des  Inscriptions;  tom.  4^^  p.  17),- que  les  vases 
morrhins  étaient  ou  plutôt  deraient  être  de  sardoine  orien« 
tale;  et  M.  Larcher  (même  tom.  de  ces  Mémoires,  p.  a38) , 
après  avoir  discuté  cette  opinion  et  Taroir  confrontée  ayec 
les  passages  de  Pline  ,  pense  qu'il  fautfaire  de  nouTellesre* 
cherches  et  surtout  ne  pas  perdre  de  Tue  la  description  de 
Pline. 

M.  Mongez  a  fait  ces  recherches  et  les  a  consignées  dans 
les  Mémoires  de  l'Institut,  littérat,  et  beaux-arts,  tom.  2 , 
p.  1 36  ;  il  croit  avoir  trouvé  la  solution  du  problème  dans 
un  passage  de  Vaierius,  naturaliste  suédois.  Les  Kalmouka  ^ 
dit  Yalerins  d'après  un  voyageur  de  sa  nation ,  emploient  le 
cacholong,  variété  opaline  de  la  calcédoine,  à  faire  des  vases 
et  des  idoles.  Le  pays  des  Kalmouks  confine  au  nord-est 
avec  l'ancien  royaume  des  Parthes  qui  vendaient  ces  beaux 
vases  aux  Romains.  On  peut  donc  reconnaître  la  matière 
des  murrhins  dans  celle  des  vases  fabriqués  encore  aujour- 
d'hui chez  cette  nation  qui  conserve  ses  usages  de  temps 
immémorial.  Ainsi.,  selon  M.  Mongez ,  la  matière  des  vases 
mnrrhins  n'est  ni  la  porcelaine ,  ni  la  myrrhp ,  ni  le  benjoin } 
il  fant  la  chercher  dans  le  règne  minéral.  Rejetant  donc  les 
pierres  opaques,  les  gemmes  entièrement  transparentes, 
les  onix  et  les  sardoines ,  il  se  fixe  au  girasol  et  au  cacho-i 
long  I  qui  n'est  lui-même  que  du  girasol  un  peu  plus  mêlé 
d'argile. 

M.  Hager,  dans  sa  Description  des  Médailles  chinoises, 
•  Paris  I    i8o5,   ir^^/^^^   est  d'avis  que  ces  vases  étaient  les 


(96) 

mêmes  que  les  célèbres  Tases  connus  à  la  Clime  sons  le  aom 
d^Yu  ',  pierre  qui  se  trouve  encore  dans  les  montagAes,  les  ri- 
vières ,  les  vallées  et  les  ravins  tant  de  la  Chine  occidentale  ^ 
que  de  la  petite  Bulgarie ,  et  dont  les  Chinois  ont  fait  dans 
tous  les  temps  et  font  encore  des  vases ,  des  bijoux  et  même 
des  instrumens  de  musique.  La  pierre  d^Yu  est  peut-être 
une  espèce  de  jaspe  ou  d^agate,  dit  M*  Hager,  et  Ton 
pourrait  s^en  assurerai  si  le  sceptre  ,  dont  Pempereur  Kien- 
Long  a  fait  présent  au  roi  d^Ângleterre,  est,  comme  on  le 
prétend ,  de  la  même  matière  que  les  anciens  vases  murrhias. 
On  en  voit  de  très-grands  à  la  Chine ,  et  ils  y  sont  très-pré- 
cieux. M,  Sylvestre  de^'Sacy  a  combattu  Topinionde  M. 
Hager  dans  le  compte  qu'il  a  rendu  de  Touvrage  de  ce  sa- 
vant ;  voyez  le  Magasin  encyclopédique,  i8o5y  tom.  3| 
pp.  3i  1-322.  M.  Hager  Ta  défendue  dans  son  Panikéon 
chinois,  Paris  ^  i8o6|  /Vi-4°. 

M.  Rozière^  ingénieur  des  mines  j  cherche  à  établir  dans 
un  savant  Mémoire  inséré  au  Journal  des  Mines,  tom.  Î6| 
que  la  matière  des  vases  murrhins  est  le  Spaik^/luor  *  ou 
chaux  flnatée.  Il  appuie  son  opinion  sur  la  descriptioii  même 
des  Anciens,  qui ,  selon  lui ,  ne  permet  pas  de  douter  que 
ce  ne  soit  bien  réellement  cette  matière  qui  avait  servi  à  Ja 
fabrici^tion  de  ces  vases  tant  vantés^  et  non  pas,  comme  Tout 
pensé  d'autres  savans ,  le  verre  volcanique ,  le  jade  ou  pierre 


'  Te  signifie  pierre  précieuse.  Le  nom  géuérique  des  pierres  pré- 
cieuses étant,  comme  par  excellence,  le  nom  de  cette ^erre ,  cda 
prouve  le  cas  qu*e\i  font  les  Chinois.  -  > 

*  Le  Spath-fluor,  ou  chaux  iluatée,  qu'on  appelle  vulgairement 
prime  d'améthyste  ou  prime  d'émeraude ,  est  une  pierre  dont  le  trait 
caractéristique  le  plus  apparent  consiste  dans  le  brillant  et  la  vivacité 
clés  couleurs  dont  elle  est  rubanée.  \,e  bleu  royal,  le  violet  pourpré, 
le  vert  céladon ,  le  jaune  de  topaze,  des  parties  incolores  et  vitreuses 
se  voient  souvent  sur  la  même  pièce ,  et  composent  des-  zones  paral- 
lèles et  contournées  qui  rappellent  les  contours  de  certains  albâtres, 
et  qui  avaient  probablement,  suggéré  le  surnom  d'albâtre  vitreux  que 
Ton  avait  donné  k  cette  belle  substance. 


(  97  ) 

J[9  Yuellû  stéatite,  pierre  de  lard.  (Voy.DelAnntijyAïi» 

némlogie'des  Anciens ,  Bruxelles ,  i8o3)  a  vol.  /Vx-B*',  tom* 

a  f  p.  87.  )  Cette  chaux  flaatée  antique  se  tirait  de  TOrient 

et  particulièrement  du  pays  des  Parties,  dé  la  Caramaniey 

de  TBgypte ,  etc. ,  etc.  Quant  aux  faux  murrhins  que  Ton 

fiibriquàit  àTlièbes,  ce  devait  être  une  matière  vitreuse^ 

mêlée  d*émail  et  colorée  par  bandes  contournées ,  imitant 

plus  eu  moins  bien  les  couleurs  de  notre  spath-fluor.  L^opi-»» 

aion  de  M.  Rozière  reçoit  un  nouveau  degré  de  probabilité 

par  t*«xislence  d'un  vase  antique  de  cette  matière  qui  se  troa* 

vait  dans  ia  collection  de  M.  Giliet^Laumont ,  et  qui  seloa 

toute  apparence  était  un  des  murrhins  qui  ont  iàit  jusqu'à 

«0  jour  l'objet  d'une  foule  de  dissertations  et  de  suppositions 

plus  tftt  moins  ingénieuses. 

M.  Abel  Remusat,  dont  la  mort  prématurée  '  a  causé 
tant  de  regrets  aox  savans ,  a  publié  V Histoire  de  la  ville 
de  Khotfin ,  tirée  des  annales  de  la  Chine  et  traduite  du 
chinois  >  suivie  de  recherches  sur  la  substance  minérale  apt^ 
pelée  par  les  Chinois  pierre  de*  Yu  ,  et  sur  le  jaspe  des  An* 
dens»  Paris,  Dondey-Dupré ,  18249  in-S^  de  xti*24o  p. 
L'auteur,  dans  la  seconde  partie  de  cet  onrrage^  présente 
une  dissertation  très*  savante  sur  la  pierre  d'Yu  des  Chinois^ 
appelée  kach  ou  gach,  par  les  peuples  turcs  et  mongols; 
c^^Bt  \0  y  echem  ,  y  esel  on  y  echef  des  Persans  et  des  Arabes  y 
et  lejaspis  des  Anciens.  M.  Remusat  a  recueilli  avec  soin 
tout'ce  qu'il  était  possible  de  découvrir  sur  cette  productioit 
des  hautes  montagnes  de  l'intérieur  de  l'Asie.  11  cherche  à 
démontrer  %vec  beaucoup  de  sagacité  qu'elle  ne  pouvait  être 
la  matière  des  précieux  vases  murrhins ,  et  que  ceux-ci  de-* 
vaient  être  du  spatii-fluory  flnate  de  chaux,  comme  l'a  déjà 
dit  M.  Rozière.  On  serait  donc  porté  à  croire  que  cette  opi^ 
nioa  réunit  en  sa  faveur  le  plus  grand  nombre  de  probabi* 
lités  désirables. 

'  Il  a  iié  Ticiime  di>  cf^çlért^^  U  4  j^i^  i832,  k  Tâge  de  43  anf. 

7 


(98) 

Malgré  cela,  quand  nous  voyons  tant  d'opinions  diverses 
avancées  par  des  savans  du  premier  ordre ,  sur  un  si^et  aussi 
obscur,  et  qui  prête  tant  aux  conjectures,  nous  ^mmes 
tenté  de  nous  écrier  :  AdAtfc  sub  judice  lis  est. 

(F)/?.  5i.Ce  n^était  plus  le  tem  ps  où  Ton  exécuitail^^U  ri- 
gueur la  loi  Oppia,  si  sévère  contre  le  luxe dek  femmes.  Gette 
loi,  rendue  sur  la  proposition  du  tribuh,  Pau  de  B^»  54<>r2t3 
av.  J.-C. ,  défendait  aux  feuunes  de  porter  dansi  leu.r  paviire 
plus  dWe  demi-once  d'or,  de  se  vêtir  d'une  rofee^  dedl- 
'veriM:8  couleurs  et  de  faire  usage  de  voiture  à  Ronse  on  dans 
d'ftutres  villes ,  à  un  mille  (  4^449  pieds  métr. }  de  leurs  en- 
ceintes ,  si  ce  n'est  dans  la  circonstailce  d'un  sacrifice  public. 
^  Alaîs,  par  la  suite,  le  luxe  des  dames  romaines  prit  un 
accroissement  inoui.  Mous  avons  plusieurs  ouvrais  mo- 
dernes sur  cet  objet.  L'abbé  Nadal  a  fait  une  J^issertation 
relative  à  ce  luxe  ;  il  l'a  divisée  en  deux  parties  :  la  première 
traite  du  lever,  du  bain,  des  onctions,  des  parfums ,  des 
vétemensdu  matin,  de  la  toilette,  du  miroir,  des  peignes, 
des  aiguilles,  des  poinçons,  des  fers.,  de  l'inconst^Ace  dans 
les  coiffures ,  de  la  fureur  pour  les  cheveux  blojids,  des 
yoiles  ^  des  coiffes ,  des  mitres  et  dés  fards  de  diverses  es- 
pèces. Dans  la  seconde  partie ,  l'auteur  parle  des  habillemens 
des  dames  romaines,  de  leurs  différentes  espèces  et  de  leurs 
«irnemens.  Cette  Dissertation  est  dans  les  Mémoires  de 
P Académie  des  Inscriptions,  in-4^,  t.  iv ,  p.  %%j ,  M^m>f 
et  •in^ri.a^  t.  v,  p.  297.  Elle  a  été  aussi  imprimée  sépiirémeiit 
en  ^"7^^^  in-ia,  avec  le  Traité  àe^  Vestales ,  du  même 
auteur. 

Un  ouvrage  qui  donne  plus  de  détails  que  le  précédent 
sur  le  luxe  des  dames  romaines,  est  celui  de  M.  Bœttîger, 
savant  allemand ,  dont  on  a  une  traduction  française  (  par 
M.  Clapier  ) ,  sous  ce  titre  :  Sabine,  ou  matinée  d'une  dame 
romaine  à  sa  toilette,  etc.  Paris,  i8i3,  in-8®  de  viij-4o6 
pag.^âvec  i3  gravures.  Cet  ouvrage  est  plein  d'une  éru- 


C99) 

dition  irès-Tariée;  maïs  il  serait  à  désirer  que  la  traduction 
jet  l'exécution  typographique  eussent  été  plus  soignées. 

(G)  p.  53.  Une  telle  profusion  ne  se  remarque  point  chez  les 
modernes  )  quoique  le  luxe  des  diamans  surtout  y  soit  porté 
â,  «Il  aases  haut  degré.  Si  des  écrins  de  grand  prix  entrent 
maintenant  dans  le  patrimoine  de  quelques  familles  opu- 
lentes y  on  nVn  lait  pas  étalage  public  ^  comme  cela  se  prati- 
quait à  Rome.  Aujourd'hui I  les  femmes  seules,  dans  à»^ 
occasions  particulières ,  dans  des  réunions  splendides  ,  re- 
lèvent les  charmes  de*  leur  parurç  par  Téclat  ^es  diainans  \ 
encore  sont- ils  disposés  avec  plus  de  goût  que  de  profusion. 
Ce  surcroît  d'embellissement  9  qui  Ta  si  bien  à  la  beauté ,  a 
surtout  lieu  dans  les  fêtes  qui  se  donnent  à  la  Cour.  Quant 
aQX.hommeS)  ils  ne  font  usage  de  pierreries  que  pour  qnel- 
cpies  petits  meubles  portatifs  qui  ne  tirent  nullement  à  con- 
séquence 9  tels  qu'épingle  pectorale,  bague ,  cachet ,  etc. 

Cependant ,  si  à  Rome  il  existait  au  Capitole  et  dans  les 
temples  de  magnifiques  écrins ,  déposés  arec  une  sorte  de 
consécration ,  comme  pour  relever  la  gloire  du  peuple  ro- 
main ,  nous  devons  dire  que  depuis  longtemps ,  ^chez  les 
modernes,  de  riches  collections  de  pierres  précieuses,  for-' 
mées  dans  le  palais  des  rois ,  tiennent  à  l'éclat  du  trdne  y  et 
mie  les  souverains  de  l'Europe,  ainsi  que  ceux  de  l'Asie  • 
possèdent  chacun  en  ce  genre  un  trésor  plus  ou  moins  pré- 
cieux. Ce  trésor  est  appelé  en  France  Diam^j^s  de  jl4 
Co umoinr B.  Four  en  donner  une  idée ,  nous  nous  permeU 
trons  encore  ici  une  petite  digression  que  l'importance  de 
Pobjet  nous  fera  pardonner.  Cette  digression  consiste  dans 
un  résumé,  que  nous  avons  rédigé  le  plus  brièvement  pos- 
sijble  ,  de  l* inventaire  des  diamans  de  la  Couronne  de  France p 
dressé  en  1791*  Nous  y  ajouterons  un  mot  sur  les  bijoux. 
Nous  nous  bornons  à  donner  l'ordre  dans  lequel  est  placée 
chaque  pièce ,  son  poids  et  son  estimation. 
Voici  ce  résumé^  : 


C  100  ) 

La  premfère  partie  de  PînTeiitaîre  regarde  les  pierrerieff 
el  est  dÎTÎsée  en  quatre  chapitre». .   -  . 

Le  premier ,  relatii'  aux  diamans  y  comprend  trois  cent 
soixante«sept  articles,  dont  le  pluà  fort  est  le  superbe  dia- 
mant blanc,  appelé  le  Régent  ;  forme  carrée,  (  i4  lign*  dé 
longueur,  12  de  largeur  et  8  d*épaisseur),'40ins  arrondtt| 
ajant  une  petite  glace  dans  le  filetis,  et  uitë  autre  an  coin 
dans  le  dessous  \  îi  pèse  cent  trente  six  karats  quatorze  %^* 
jiièmes,  et  est  estimé  12,000,000  de  liv.  Il  y  en  a  pla*' 
sieurs  autres  d'un  grand  poids,  tels  qu'un  de  ▼iagt'^oatrtf 
karats  treize  seizièmes  ,  qui  est  en  forme  de  poire ,  et  qu'on 
estime  200,000  fr.  ;  et  plusieurs  estimés  60,000;  65,ooof 
80,000  ;  1 5o,ooo  liv. ,  etc.  Enfin  la  totalité  des  trois  cent 
soixante«8cpt  diamans  est  estimée  16,730,4^5  livres. 

Le  second  chapitre  est  consacré  aux  perles.  La  plus  belle 
pèse  sept  karats  cinq  seizièmes  ;  elle  est  estimée  200,000  Ht^ 
Toutes  les  perles,  au  nombre  de  deux  cent  quatre,  conte^ 
nues  dans  ce  chapitre  ,  sont  estimées  996,700  livres. 

Lé  troisième  chapitre  regardé  les  rubis ,  rubis*balai ,  ta* 
pazes,  émeraudes,  saphirs,  améthistes  orientales  et  grenats 
syriens.  La  totalité  de  ces  objets  est  estimée  36o,6o4  liv. 

Le: quatrième  chapitre  donne,  en  quarante-quatre  ar« 
tîcles,  le  détail  des  parures  de  diamans,  savoir  : 

ha  pâture  blanche  qui  contient  10  la  toison  composée  de 
douze  cent  cinquante-cinq  pierres,  tant  briilans  que  rubis , 
estimée  4i3)O00  liv.  •  —  a^  la  plaque  de  l'ordre  du  Saint* 
Esprit,  en  deux  cent  quatre-vingt-dix  briilans  et  un  rubis, 
estimée  324)too  liv.;  —  3^  une  épaulette  en  douze  dia^» 
mans,  estimée  3o6,ooo  liv.;  — •  4^  La  croix  du  cordon  de 
Tordre  du  Saint-Esprit,  estimée  200,000  liv. 

La  pamrede  couleur,  5°  La  toison  estimée  3,394,000  \rf*^ 
(  il  s'y  trouve  un  très-grand  diamant  bleu ,  pesant  soixante* 
sept  karats  douze  seizièmes ,  estimé  3,ooo,ooo  liv. ,  et  ua 
autre  pesant  trente  et  un  karats  douze  seizièmes ,  estimé 
3oo,ooo  liv.);  —  6©  la  plaque  de  Tordre  dn  Saint-Esprit, 


(101   ) 

t%Ûmèe  9^2)000  liv.  ;  —  7°  la  croix  de  Tordre,  69,000  Ht.; 
—  8^  Tépaulette,  io5,ooo;  —  9^  Tépée  garnie  en  diamanS| 
329,075  Ht.;—  10^  une  garniture  de  boutons  (%8  pour 
.rhabit,  18  pour  la  veste,  10  pour  la  culotte),  estimëe 
294f85i  Ut.ç  ->*  1  io  boucles  de  diamans  pour  souliers  (80 
pierres ),«8ti|»é0s ifiço  Ht.  ;—  ia°, boucles  de  jarretières^ 
t^S^S  Ut^;  *^  i5°  etc.,  etc.  Les  quarante-quatre  articles 
portes  dans  le  ckapitre  des  parures ,  sont  estimés  en  tota» 
IM  5,834^49^  l^v*  »  ^^  Ia  totalité  des  quatre  chapitres  re^ 
latifsaux  diamans,  perles,  pierres  de  couleur  et  parures. 
Ta  à  la  somme  de  331922,197  livres. 

La  8e<»nde  partie  de  Tiaventaire  concerne  les  bijoux  de  la 
Couronne,  qui  consistent  1^  en  vases,  coupes,  urnes, etc. , 
de  cristal ,  jaspe ,  etc.,  estimés  5,i44»^90  Hv.)  — -  2**  en 
bronxef  et  marbres,  estimés  34 1 9o36  liv.  ;  —  3^  en  tableaux, 
au  nombre <de  1049  estimés  4m^4^  livres.  Le  total  de  ces 
trois  airticles  est  de  5,627^272  livres. 

Enfin  la  totalité  de  tons  les  objets  compris  dans  les  deux 
parties  de  l'inventaire  des  diamans  et  bijoux  de  la  Coh« 
ronne,  monte  à  la  somme  de  29,44994^9  Uvre«* 

Outre  les  plus  beaux  diamans  dont  nous  venons  de  parler, 
noi^s  pourrions  en  citer  beaucoup  d^autres  infiniment  pré- 
cieux. Kous  en  donnons  la  description  dans  un  petit  Traité 
du  diiimant  (xnèàiï)  ^  que  nous  avons  divisé  en  sept  dia- 
pitres  ;  i^  de  la  nature  du  diamant;  2^  des  lieux  où  on  le 
trouve;  3^  de  sa  taille;  4°  description  des  plus  beaux  dia«- 
mans  «onnus ,  avec  leurs  prix  ;  5»  inanière  de  distinguer  les 
diamans  vrais  des  diamans  faux;  6°  de  Testimatioii  des  dia- 
mans ;  7^  notice  des  ouvrages  publiés  sur  le  diamant. 

Les  principaux  diamans,  dont  nous  parlons  dans  ie  cha- 
pitre 4  de  ce  pelit  Traité,  sont  : 

Le  Mathan  ,  ainsi  nommé  parce  qu'il  appartient  au  Rajah 
de  Mathan ,  dans  Pîle  de  Bornéo;  il  a  la  forme  d'un  œuf  ^ 
pèse  367  karats,  et  est  estimé ,  j  S^ooo^oop  fr« 


(  102  ) 

Le  MoGOL ,  tirant  son  nom  du  grand  Mogoi ,  auquel 
il  appartient  ;  il  ressemble  ,  pour  la  forme  et  la  grosseur  ,* 
à  la  moitié  d'un  œuf;  il  pèse  297  karAts  neuf  seizièmes ,  et 

est  estimé ..•.-.•...   iSjôîS^ooo  fir« 

Le  diamant  de  Russie,  sur  lequel  nous  manquons  de 
détails ,  mais  qu'on  estime  •..••...  ^^^S^ooo  fr« 
Dans  le  même  pays  existe  TOrlow,  pe6ant~i93  karats^ 
et  qui  a  coûté ,  dit-on ,  2,25o,ooo  ir.  comptant ,  outre 
une  pension  Tiagère  de  100,000  fr.  au  profit  du  Tendeur. 
Le  Bragance  ;  c'est ,  dit* on ,  le  plus  gros  diamant  connu) 
il  est  brut  et  appartient  à  la  maison  de  Bragance  (Portugal)  ; 
il  pèse  1680  karats,  est  à  peu  près  gros  comme  un  œuf , 
avec  la  forme  d'un  pois.  Les  lapidaires  *  du  Brésil  l'esfi^^ 

ment 7,500,000  ^« 

La   Mer   de  gloire  ,  diamant  de  Perse  ,  très-gros.  On 

révalueà 3,645,ooo  fr. 

Le  grand  Duc  de  Toscane  ;  il  appartient  à  l'empereur 

d'Autriche ,  pèse  1  Sç  karats  1/2 ,  et  est  estimé  2,627,000  fr. 

Le   Jean   "VI,  qui  se    Toit   au    trésor  du  Brésil;  c'es| 

un  magnifique   brillant,   taillé  en  forme  de  pyramide/,  et 

qui  est  enchâssé  au  haut  de  la  poignée  d'or  ouvré  de  la  canne 

de  Jean  VI 5  on  l'estime 872,000  fr. 

La  Montagne  de  splendeur,  gros  diamant  de  Perse| 

estimé 762,000  fr» 

Le  Nassuck,  diamant  appartenant  à  la  Compagnie  des 
Indes  orientales;  il  pèse  89  karats    i/4  9  et  est  estimé 

la  somme  de 750,000  fr*. 

Le  PiGGOTT,  diamant  apporté  en  Angleterre;  il  pèse 
47  karats  1/2  ;  il  fut  mis  en  loterie  en  1 80 1  pour  la  somme 

de  .  •  .  •    • 750,000  ff* 

LeSANCT,  qui  faisait  partie  naguère  des  diamans  de  la 
Couronne  de  France  et  qui,  depuis  i832  ,  est  possédé 
par  la  famille  Demidoff  de  Russie  ;  il  pèse  53  karats  ip  et 

a  coûté  .    ...  « 625,000  fi** 

Etc.  y  etc. ,  etc. 


(  103  ) 

Nous  ajouterons  que  les  joarnaux  de  février  1807  ont  an- 
noncé quUl  y  aura  à  Londres ,  le  troisième  dimaniche  (16) 
du  mois  de  juillet  suivant ,  une  vente  publique  de  diamans 
rares  et  précieux.  Huit  de  ces  diamans  font  partie  du  butin 
conquis  dans  le  Décan  par  les  armées  confédérées  sous  les 
ordres  du  marquis  de  Hastings.  Le  plus  précieux  est  le  nas- 
suck  (  mentionné  ci-dessus  )  ;  il  est  de  la  plus  belle  eau  et 
pèse  357  gmins  et  demi. 

Ou  rendra  en  même  temps  les  bijoux  connus  sotis  le  nom 
d^Ârcot,  qui  ont  appartenu  à  la  reine  Charlotte ,  et  au  nom- 
bre desquels  se  trouve  le  diamant  rose  du  sultan  Svlim^  du 
poids  de  63  grains  ; 

Le  diamant  spbérîque  de  63  grains  et  demi  qui  ornait  la 
croix  de  Tordre  du  Saint-Esprit  de  Louis  XVI; 

Un  autre  diamant  de  108  grains  ,  autrefois  propriété  de 
Joseph  Bonaparte  ; 

Les  pandeloques  en  brillans  de  Marie- Antoinette  |  pesant 
]  00  grains  et  demi  ; 

Un  saphir  de  jS  karats  et  demi  \ 

Des  boucles  d^oreiiles  en  émeraudes,  de  jS  karats  et 
quart. 

Des  boucles  d^oreilles  en  brillans  ^  de  223  grains  et  demi  \ 

Un  brillant  de  forme  ronde  ^  de  1 25  grains  et  demi  \ 

Un  poignard  turc,  enrichi  de  diamans  et  de  pierres 
précieuses. 

Etc. 9  etc. 9  etc. 9  etc. 

On  trouvera  peut-être  que  nous  nous  sommes  un  pen 
étendus  dans  cette  note  relative  aux  diamans.  Nous  avons 
vottlu  prouver  que  les  modernes  attachent  autant  de  prix 
que  les  Anciens  à  ces  somptueuses  superfluités. 

r 

(H)  p*  62.  Sénèque  ^  dans  le  chupitre  xi  de  la  Consolation 
à  HehiCf  se  sert  de  l'expression  Saturatam  midto  oonchylio 
piuTwraite.  Entendrait'il  par  là  la  double  pourpre?  Il  est 
certain  que  Pline  ^  //V.  ix  ^  chap*  4>  9  ^^t  qu^on  faisait  re- 


(104) 

teindre  en  couleur  pourpre  de  Tyr ,  les  laines  déjà  teinte»  en 
écarlate  ,  pour  leur  donner  une  belle  couleur  qu-il  nemmflr 
hysginum^  mot  sur  lequel  les  savans  ne  sont  pas  d^ccord. 
Turnebe  a  rassemblé  leurs  opinions ,  dans  ^e&  Adversarùif 
]ib.  zzx  ,  c.  20  \  ce  qu^il  dît  pour  les  concilier  est  raisonnable^ 
Vîtruve  af&rme  positivement  que  Ton  imite  la  pourpre  en 
mêlant  la  garance  qui  est  rouge ,  avec  le  hysginum^  or  comme 
on  sait  que  la  pourpre  ou  le  violet  est  le  résultat  du  mélange! 
du  rouge  et  du  bleu ,  il  faut  en  conclure  que  le  hysginuin  est 
le  bleu  y  ou  du  moins  forme  une  belle  couleur  violette. 

(1)  p,  62.  Selon  Pline,  les  pocfrpreS ( petite  testacées  qui^ 
comme  l^uitre,  Habitent  un  coquillage  uuivalve  )  vivent  or-* 
dinairement  sept  aiis.  Ainsi  que  le  murex ,  elles  restent  ca- 
chées trente  jours  vers  le  lever  de  la  canicule.  Elles  s^a^ 
éemblent  au  printemps ,  et  se  froitaiit  les  unes  contre  les 
autres  f  elles  jettent  une  espèce  de  cire  gluante.  Le  murex  eA 
fait  autant  \  mais  cette  fleur  de  pourpre  si  recherchée  pour  la 
teinture,  se  trouve  au  milieu  du  gosier  :  c^ést  uiie  petite 
goutte  de  liqueur ,  contenue  dans  une  veine  blanche  et  dont  la 
couleur  est  celle  d'une  rose  foncée.  Le  reste  du  coirps  est  inu- 
tile. On  tâche  de  prendre  les  pourpres  vivantes ,  parce  qu'elle» 
jetteùt  cette  liqueur  en  mourant.  On  l'extrait  des  plus 
grandes ,  après  les  avoir  arrachées  de  leur  coquille.  Les  plus 
]>etites  sont  écrasées  vivantes  avec  la  coquille  même.  39  (  Voy. 
Pline  ,  ix ,  ch.  60 ,  36 ,  etc.  ) 

(K)  p*  jOé  On  a  vu  aussi  dans  les  temps  modernes 
quelques  personnes  opulentes  avoir  cette  manie  de  ne  porter 
jamais  deux  fois  le  même  habillement;  mais  ces  cas  sont 
assez  rares  9  car  outre  qu'ils  supposent  dans  ceux  qui  agissent 
ainsi  une  fortune  immense ,  il  y  a  là  quelque  chose  d'une 
Vanité  plus  que  ridicule.  Voici  les  faits  que  nous  avons  re- 
cueillis à  cet  égard. 

Elisabeth  de  France,  flUe  de  Henri  II,  née  en  1 545,  femme 
dé  Philippe  II  )  roi  d'Espagne,  morte  en  i56d,  ne  porta 


(  loi  ) 

jamais  cleox  fots  la  même  robe;  toua  lea  jônta  elle  en  avait 

une  nouvelle.  Brantôme  raconte  qu'il  tenait  cela  dn  taîUeaf 

même  de.  cette  princesse. 

.    Le  Bom^gnignon  Chassenenx  lions  ap|>rend  (  dans  soli  Ça* 

iùlogus  giùtiae  mundi,  part,  xii,  consid.  96)  qu'il  a  vu 

&  Milan  une  femme  qui  avait  trois  cent  soixante-cinq  IkabiU 

lemens ,  et  qui  en  changeait  tous  les  jours.  Sans  doute  que 

dans  les  années  bissextiles  elle  en  faisait  faire  un  de  plus. 

L^impératrice  de  Russie ,  Ëlisabetb  Pétrowua  II,  née  en 

1711  )  fille,  de  Pierre-le-Grànd  et  de  Catherine,  fut  une 

)>rince8se  singulière  dans  ses  goùts)  elle  possédait  une  garde^ 

jrobe  telle  qu'on  n'en  a  jamais  vu  :  elle  la  laissa  garnie  de 

bait  mille  sept  cents  bàbits  complets,  de  déshabillés  in* 

nombrables,  et  d'une  grande  quantité  d'étoffes  en  pièces.  Elle 

eût  pu  changer  plus  de  vingt  fois  de  robe  par  jour  sans  ja^ 

mais  porter  la  même  pendant  un  an.— «Cette  princesse  était 

tourmentée  d^une  erainte  extraordinaire  de  la  mort ,  et  ses 

médecins  ne  s'en  trompaient  pas  plus  mal.  Dans  les  der* 

nières  années  de  sa  vie ,  elle  payait  chaque  saignée  sept 

mille  cinq  cents  roubles,  dont  chacun  de  ses  médecins  or<^ 

dinaires  recevait  deux  mille  et  le  chirurgien  quinae  cents* 

Stant  à  l'extrémité ,  elle  promettait  à  chacun  de  ces  mes<*- 

sieurs  vingt-cinq  mille  roubles,  s'ils  pouvaient  lui  sauver  la 

vie;  mais  l'inflexible  Atropos  ne  ratifia  pas  le  marché,  car 

Elisabeth  mourut  le  5  janvier  1762^4  di  ans,  après  en 

avoir  régné  neuf. 
■  #    , 

(L)  p.  74.  Chez  les  modernes ,  un  petit  chien  de  dame 
a  aussi  été  payé  assez  cher.  Le  fait  est  singulier  et  peut 
trouver  place  ici,  quoiqu'il  soit  très-connu. 

Lotfise-Marie  de  Gonzague ,  fille  du  duc  de  Nevers  et  de 
Mantoue,  naquit  en  1612.  Ayant  perdu  dès  le  bas  âge  Ca*> 
therine  de  Lorraine  sa  mère ,  elle  fut  confiée  à  M^^  de 
Longueville  sa  tante ,  qui  prit  soin  de  son  éducation ,  et 
qui  par  la  suite  la  produisit  à  la  Cour*  Cette  jeune  fer^ 


(  106  ) 

sonne  était  fort  belle.  Un  jour,  c^étaît  en  1644  y  ^  prome- 
nant à  Parts  sur  les  boulevards ,  elle  aperçut  un  charmant 
petit  chien  que  possédait  un  Italien,  nommé  Promontorio, 
qui  Élisait  métier  de  vendre  toutes  sortes  dé  ckoses,  et, 
entres  autres,  des  petits  cbiens  de  Bologne.  Elle  demande 
le  prix  du  petit  animal  quVlle  désirait  :  «  Cinquante  pis- 
tôles  (  5oo  fr.  ) ,  Madame ,  répond  Tltalien ,  mais  j^y  mets 
la  condition  qtiie  vous  ne  me  le  paierez  que  quand  vous  se** 
rez  reine,  xt  Marie  de  Gonzague  rit  de  la  proposition ,  l'ac- 
cepte et  compte  bien  n'avoir  jamais  à  débourser  un  sou 
pour  cette  acquisition  ;  car ,  certes ,  Tidée  d'un  tr6ne  ne  lui 
était  jamais  venue,  pas  plus  qu'à  tant  d'autres  dames  de  la 
Cour.— Cependant,  dix-huit  mois  après,  la  même  Marie 
de  Gonzague  éti  demandée  en  mariage  par  Uladislas  YII, 
roi  de  Pologne  ;  l'affaire  est  promptement  conclue  (  en 
1 646  }  ^  et  la  tbilà  reine  de  Pologne.  Notre  Italien ,  qu'un 
hasard  inconcevable  avait  fait  devin ,  ncr  tarda  pas  à  se  pré- 
senter à  la  nouvelle  reine,  et  réclama  le  prix  du  petit 
chien,  puisque  la  condition  du  paiement  était  accçmplie.  Rien 
de  plus  juste,  dit  la  reine,  et  elle  s'empressa  de  fiiire 
compter  à  Promontorio  les  cinquante  pistoles,  le  regardant 
comme  une  espèce  de  prophète  ;  du  moins  ce  n'était  pas  un 
prophète  de  malheur.  —-Après  la  mort  d'Uladislas ,  en 
1649,  Marte  épousa  Jean  Casimir ,  son  beau>frère,  qui  fut 
aussi  roi  de  Pologne;  elle  en  eut  deux  fils,  et  mourut  lé 
10  mai  1677. 

Un  chien  de  Terre-Neuve  a  été  payé  800  fr.  par  M.  de 
Momày ,  et  revendu  à  un  moindre  prix,  en  i836 ,  à  Fon- 
taine-Française (  Côte  -d'Or  ) . 

(M)/7.  74*  On  connaît  aussi  chez  les  modernes  certains 
chevaux  qui  ont  été  portés  à  des  prix  très- élevés  : 

En  novembre  1828,  les  feuilles  publiques  ont  annoncé 
qu'un  cheval  de  course  anglais,  le  Colonel ,  a  été  acheté  par 
le  Roi  d'Angleterre ,  moyennant  la  somme  de  quatre  mille 
guinées  (  io5,ooo  fr.  ) 


t  107  ) 

En  fëTrler  i833 ,  on  a  sa  par  la  même  roîe ,  qu'on  antre 
cheral  de  course  ^  le  prince  Elewelyn  ^  a  été  vendu  75,000  f. 

Bn  mars  i836,  un  cheyal  de  selle ,  le  Temr,  a  été  adjugé 
ckes  M.  de  Mornay ,  à  Fontaine-Française  (  Côte-d'Or  )  , 
pour  la  somme  de  18,000  fr.  ;  il  en  avait  coûté  ^  dît- on  9 
19,000. 

En  novembre  i836,  lord  Cbesterfield  a,  dit-on ,  vendu  le 
célèbre  cheval  Priam,  à  M.Tattersall ,  poiir  la  somme  de 
trois  mille  trois  cents  gninées  ,  (  91 ,875  fr.  ). 

Ces  faits  suffisent  pour  prouver  qu^en  fait  de  prodigalité 
de  l*or  pour  satisfaire  certains  goûts  1  les  modernes  ne  le 
cèdent  en  rien  aux  Anciens. 

(N)/7.83.Ce  nombre  ne  doit  pas  étonner;  beaucoup  de 
particuliers  à  Rome  nourrissaient  de  dix  à  vingt  mille  es- 
davesy  seulement  pour  ie  faste  et  sans  en  tirer  aucune  utilité.^ 
Mais  ie  prix  des  esclaves  instruits  que  Pon  nommait  anagnos' 
tae  et  de  ceux  qui  étaient  versés  dans  les  arts ,  s'élevait  trè»- 
bant  :  il  allait  de  t8  à  20,000  fr.  Pline ,  /rv.  xi ,  ch.  89  ^ 
raconte  à  ce  sujet  des  folies  inconcevables.  Le  grammairieik 
Daphnvs  fut  payé  àGnatius  de  Pisaure  ^  par  Scaurus,  prince 
du  Sénat,  la  somme  de  sept  cent  mille  sesterces  (1 57,606  f.). 
Séjan  acheta  de  Lutorius  Priscus,  Teunuque  Pezonte,  le  plus 
bel  homme  de  son  temps ,  moyennant  cinquante  millions 
de  sesterces  (  1 1 ,25o,oco  fr. }.  Un  esclave  de  Néron ,  devenu 
payeur  de  Parmée  dans  la  guerre  d'Arménie  pour  Tiridate  , 
paya  son  affranchissement  treize  millions  de  sesterces 
(2,9!&5,ooo)*  Mais  en  général  un  bouffon  se  vendait  3  à 
4ooo  fr.,  et  un  esclave  vigneron  ne  coûtait  guère  que  1600 
francs  ;  il  suffisait  pour  cultiver  sept  jugères  de  vignes.  (Le 
jngère  râlait  66^  toises  carrées  ou  25  ares  cariées.  ) 

Tout  cela  est  très-bien  pour  ces  temps  anciens  où  le  genre 
humain  était  divisé  légalement  en  hommes  libres  et  en  es* 
ekires  y  et  où  iine  dame  romaine ,  à  qui  Ton  reprochait  de 
£ure  torturer  ses  esclaves ,  avait  Pinsolence  de  dire  :  Est-ce 
qu^un  esclave  est  un  homme?  Mais  Theureuse  influence  du 


.(  108  ) 

cliristianisme  ayant  fait  silpprimer.  Tesclavage  depuis  Iriefi 
des  siècles ,  et  tons  les  efforts  des  nations  policées  actuelles 
tendant  à  éteindre  la  réhabilitation  de  cet  affreux  usage, 
que  l'ayidi té  du  commerce  exerçait  dans  les  Ilea  depuis  la 
découverte  de  TAmérique,  n'est-il  pas  surprenant  qu'en 
Fan  de  grâce  1 836 ,  on  trouve  dans  un  journal  des  Colonies 
l'affiche  suivante  que  nous  rendons  textuellement? 

«  An  nom  du  Roi,  de  la  Loi  et  de  la  JUSTICE ,  on  &ii 
«  savoir  que  Dimanche 29  mai,  heure  de  midi,  sur  la  place 
a  du  marché  du  bourg  4®  la  Trinité ,  il  sera  vendu  ijfux  en-^ 
ce  chères  publiques  :  1^  un  nègre  nommé  Elie,  âgé  de  34  ans  \ 
a  2**  une  jument  sous  poil  blancy  hors  d'âge^  3^  une  négresse 
tt  nommée  Gertrude ,  âgée  de  1 7  ans  !  3»  En  vérité  notre 
siècle  offre  à  ^observateur  un  spectacle  bien  singulier,  bien 
hïzatre  ,  â  minimes  nd  majora. 

(0)  p.  87.  Si  l'on  compare  quelques-unes  de  ces  for-^ 
tunes  particulières  des  Romains  avec  certaines  fortunes 
{particulières  modernes ,  surtout  en  Angleterre ,  on  trou* 
Vera  encore  quelques  rapprochemens  assez  curieux.  Pline , 
parlant  des  biens  immenses  que  possédaient  quelques-unc 
de  ses  compatriotes ,  a  dit  qu'une  moitié  de  l'Afrique  était: 
divisée  entre  six  propriétaires  \  un  écrivain  moderne ,  par*- 
lant  de  la  concentration  des  terres  en  Angleterre  ,  a  dit 
que  toutes  celles  qui  sont  situées,  enjt^re  Londres  et  Flj- 
mouth  (environ  vingt  lieues  carrées),  sont  partagées  entre 
trois  seigneurs.  En  général ,  depuis  le  règne  du  terrible  ré- 
formateur Henri  YIII,  des  fortunes  colossales  se  sont  éle- 
vées à  Londres.  Entrons  dans  quelques  détails. 

En  1817,  un  seul  bien  rural  anglais  a  été  vendu  ]m 
^omme  de    .  ^  ••.....  ^  •...•  •  4^,000,000  fr 

Dans  la  même  année,  le  duc  de  Northumberland ,  paL 
d^ Angleterre ,  mort;  au  mois  de  juillet |  âgé  de  j5  ans,  4 
laissé  à  son  fils  aîné  un  revenu  de  quatre-vingt  mille  livre 
«terh  (  plus  de  1,920,000  fr.  ) ,  et  à  chacun  de  ses  antr^ 
iMifaas  un  capital  de  cent  mille  livres  s terlings  (près  d 


(109) 

n,5oO)Ooo  fr.)«  On  estimait  son  terenn  total  3,600^000  f.  ' . 

On  a  prétendu  qne  lé  -  revenu  annuel  des  propriétés  dn 
due  de  Devonshire  en  Angleterre ,  non  compris  celles  d'Ir-* 
lande,  s'élevait ,  à  Noël  de  1816 ,  à  la  somme  de  cent  qùa-o 
rante  mille  liv.  8terl.  ..•«..».•»•.  5,360yOOO  fr« 

On  a  annoncé,  en  1814 y  ^<^®  1^  jeune  duc  de  Buc« 
clengb,  alors  âgé  de  18  ans,  outre  le  duché  de  ce  nom  qui 
lui  arrivait  par  succession ,  venait  encore  d^hérlter  du  du* 
ché  de  Queensberry  et  du  comté  de  Doneaster,  ce  qui  lui 
faisait  un  revenu  foncier  de  deux  cent  mille  liv.  sterl, 
(  près  de  5,ooo,ooo  fir. 

Les  journaux  du  mois  de  mai  1^828  ont  publié  que  fé^ 
le  duc  de  Bridgewater  a  laissé,  à  Ses  kéHtiers  des  propriétés 
dont  le  revenu  foncier  montait  à  ....:.  2,800)000^1*. 

On  a  lu  dans  les  journaux  de  i833,  que  le.  comte  de 
Fitz- Williams  allait  partager  ses  immenses  propriété»' entre 
ses  deux  fils ,  chose  inusitée  en  Angleterre  ç  que  l*atné  au- 
rait les  terres  situées  eu  Angleterre,  donnant  un  revenu'de 
soixante  et  dix  mille  liv.  sterl.  (  1,750,000  fr.  ),  et  <j(ue 
le  second  se  contenterait  des  terres  Âtuées  en  Irlande  ^ 
dont  le  revenu  est  seulement  de  trente  mille  livres  aterl, 
(environ  720,000  fr.  )•  '  .         ) 


'  Les  NortbumberlançL  sont  de  la  maison  de  Percy.  An  cominen-' 
cernent  de  la  révolution ^  vers  17929  un  Français,  M.  Tabbë  de  Percy, 
fut  obligé  de  quitter  la  Noftnaiidie  et  de  s*enfuir  en  Angleterre.  Dé- 
barqué à  Londres ,  il  perdit  par  nn  vol  le  peu  d'argent  qa*il  possédait. 
Ses  compagnons  d'infortune,  lui  rappelant  qu'il  était  parent  de  la 
fan^ille  anglaise  des  Percy ,  l'engagèrent  k  s'adresser  au  duc  de  IVor- 
tliumberland  y  chef  de  cette  famille,  pour  lui  demander  quelques  se- 
coure. L'abbé  écrivit  au  duc.  Celui-ci  répondit  sur-le-champ,  et  dé* 
manda  un  délai  de  quelques' jours  pour  prendre  des  informations;  il 
s'adressa  à  cet  effet  à  lord  Harcourt ,  ctiez  lequel  demeurait  alors  la 
duc  d'Harcourt.  Dès  qu'il  fut  assuré  que  l'abbé  était  réellement  d^ 
|a  famille  des  Percy ,  il  lui  envoya  une  boite  en  qr  avec  mille  livres 
sterl.  (a5,ooo  fr.  )  en  billets  de  banque  ;  et  lui  annonça  que  sa  maison 
Ini  serait  ouverte  tous  les  joiu-s. 


(  110  ) 

En  octobre  i833,  les  même»  journatix  rapptKriaîent  que 
le  testament  du  dac.de  Sutherland,  marqiij(  da  Stafford^ 
ayant  été  déposé  à  la  Cour  des  prérogatives ,  la  Taleur  des 
biens-meubles  a  été  déclarée  an-d^-ssns  d'on  million  sterl*  f 
ce  qui  est  le  maximum  pour  lequel  se  perçoivent  lès  droits 
de  mutation  ;  la  loi  n^ayant  pas  prévu  qu^un  particulier  pût 
4tre  plus  riche  que  cela ,  tout  ce  qu^il  laisse  au-delà  est 
franc  de  droit. 

Enfin,  au  mois  de  novembre ,  même  année  i833|.  nous 
levons  p^isé  à;  la  même  source  (  les  journaux  )  ,  une  liste 
des  principaux  propriétaires  territoriaux  d'outre-Mancbei 
avec  Tévaluation  suivante  de  leur  revenu  ^  selon  eux  , 

Le  duc  de  Rutland  a  de  rqjite 2,520|Ooo  fr« 

lie  duc  de  Bedford. •  .  a,4<>^9000  fr« 

Le  marquis  df  Bu.ckingham 2^a56,ooo  fr. 

Leduc  de. ]!lor£>lk  .  ^  .  .  < 2|i  12,060 fr* 

Le  duc  de  Murlborough  ••••..  ^.  •  .  2,040,000  fr. 

Le  marquis  d^Hertlord  .••....••#  1,800,000  fr. 
:   fje  courte  de  Grosvenor  •  .  .  ^ 1,680,000  Ir. 

Le  cointe  de  Lonsdsle.  • '  .  •  1  ,.680,000  fr. 

.  Le  marquis  de  Lansdown i,44o,boofr. 

Le  duc  de  Portland t,344)OOofr. 

Le  marquis  de  Siglo 1,128,000  fr. 

Etc. ,  etc. ,  etc. ,  etc. 

Si  de  ces  nobles  puissances  nous  descendons  à  de  simples 
particuliers,  nous  trouverons  que  U  fortune  n^accorde  pas 
toutes  ses  faveurs  à  la  seule  classe  privilégiée. 

Uïi  célèbre  joaillier  de  Londres,  M.  Rundell ,  mort  en 
1 827 ,  a  laiss^  une  fortune  qui  s^éloigne  peu  de  deux  millions 
de  liv.  sterl.  (  près  de  5o,ooo,ooo  fr.  ) ,  dont  3o,ooo,ooo 
pour  la  seule  partie  mobilière.  LWregistrement  de  son  tes- 
tament au  bureau ,  doctor's  commons  ,  a  coàté  pour  droits 
de  timbre  i5,ooo  liv.  sterl.  (  375,000  fr.  ) 

Un  fabricant  de  cirage  pour  les  bottes ,  M.  Day ,  mort  à 
Londres  en  i836,  et  qui  n^a  jamais  fait  d'autre  état ,  a  lais- 
sé à  ses  héritiers  plus  de  1 1 ,000,000  fr. 


(  ï"  ; 

Dam  mn  ouvrage  de  M.  James  Liickock|  qui  a  paru  en 
]836|  on  trouve  une  appréciation  de  la  riçhesae  immobi- 
lière des  habitans  de  Birmingham ,  Tune  des  Tilles  les  plus 
industrielles  de  TAiigleterre  ^  et  qui  compte  iSo^ooo  luibi- 
tans.  Voici  comment  la  richesse  y  est  repartie.  : 

Un  habitant  possède.  •  ^  4^0,000  liy.  st.  (  i0|OOO|0O0f.) 
Deux  habitans  .  •  •  •  •  3oo,ooo  liv*  st.  (  7,5oO)OOofr.s 
Tioia  habitans  •  •  .  •  200,000  Ht.  st.  (  $,000^000  ir.) 
Quatre  habitans  .  .  •  .  i5o^oo  Ut.  st»  (  3,75o|OoQ  fr.) 

Cinq  habitans J00|000  Ut*  st.  (  a^ioo^ooo  fr.) 

Six.  habitans ,  etc. 

Mous  ne  prolongerons  pas  ce  tableau  qui  deaicebd  jusqu^aû 
taux,  minime  de  i5  Iît.  st.  (  36ofr.  )  |. possédé  .par  5ooo 
habitans  ;  nous  dirons  seulement  qu'il  y  a  en  tout,  aa^çoS 
habitMiS)  c'est-à»dire  chels  de  famille  ayant  propriété  im-' 
mobilière ,  et  5o^ooo  ayant  propriété  mobilière. 

Ne  quittons  pas  lés  bords  de  la  Tamise  sans  parler  d'une 
célébra  iamille  qui,  par  sa  haute,  réputation  financière^ 
•emblerait  descendre  en  ligne  directe  du  premier  banquier 
de  la  Cour  du  grand  Boi  Salomoni  si  toutefois  le  Iloi:Sa- 
lomoA  avait  des  banquiers ,  chose  plua  que  douteuse  d*a* 
près  le  silence  de  la  Bible.;  n'importe.  No  a  s  ne  citerons  ici 
qae  le  troisième  des  cinq  frères  de  cette  opulente  famille  f 
M«  Nathan  Bothschild ,  chef  de  la  maison  de.JU^ndjres j  mort 
aecidentellement  à  Francfort,  le  28  juillet  i836y  et  qui  a 
laissé  une  fortune  estimée.   .•.••••    107,000,000  fr. 
Par  son  testament,  il  a  légué  1^  à  sa  yeuTe  une  rente 
dedQyOooliy.  st.  (  5oo,ooo  f.  ),  plus  son  b^W  de  Piçc^dilly, 
|a^il  UTait  acheté»de  la  princesse  Amélie ,  plus  tous,  les  meur 
lies ,  yaisselle  plate ,  bijoux ,  etc.  •?-«  9^  A  chacune  de  9e$ 
Het  124,000  liv.  st.  (  3,ia5,ooo  f. }.  _  3<»  A  chacun  des 
"èrea  de  sa  femme  1 ,000  liv.  st.  (  25,ooo  f.  }•  •—  4^  A  cha- 
îne jdes  sœurs  de  sa  femme  Jloo  1.  st.  (  i^,5oof.  ).  -^  5^  A 
l.  Benjam.  Cohen ,  l'un  des  exécuteurs  testamentaires , 
),ooo  lir.  st.  (^a5o,ooo  fr. }.  Après  le  prélèvement  de  ces 


(  H2  ) 

legs  ^  des  dons  de  diarîté ,  etc. ,  «a  fortune  doit  être  par« 
tagée  également  entre  ses  quatre  fils. 

On  prétend  qne  la  ftmille  Rothschild  pent  réaliser  dans 
son  sein  pins  de  5oo,ooO|OOo  fir*  Ne' soyons  donc  pas  sur- 
pris de  la  puissance  financière  qn^elle  a  exetcée  en  Europe; 
et  convenons  y  d'après  les  immenseaf  opérations  àé  MM. 
RotscKild  ayêc  les  divers  gôuvernemens,  que  ce  n'est  pohik 
à  tort  qu'on  leur  a  appliqué  la  qualification  de'  Ban^iera 
des  Rois  et  deiftois  des  Banquiers. 

11  existe  encore  des  fortunes  colossales  dans  beantonp 
d'autres  parties  de  l'Europe ,  telles  qu'en  Espagne  (oà  M, 
le  duc  de  Medina-^Cbli  jouit  d'un  revenu  de  9^875,066  f^), 
en  Italie,  en  Autriche,  en  Hongrie,  etc.f  etc. j  maïs  ces 
détails  nons  entraîneraient  beaucoup  trop  loin.'  '  '  *  * 

On  est  peut-être  surprift  qu'ayant  fait  si  large  pari  aux 
grandes  fortunes  d'Angleterre,  nous  n'ayons  rien  dit  de 
celles  de  Prjince.  La  raison  en  est  que  la  situation  àeê  doux 
pays ,  sons  le  point  de  vue  qui  nous  pccup^ ,  est  Jbut^^fidl 
différente.  En  Angleterre,  le  sphisme  de  Henri  Vnr  et  la 
suppression  de  tant  de  riches  établissemens  religieux  que  ce 
prince  prononça  ,  furent  le  principe  de  la  plupart  de  cet 
grandes  fortunes  dues  à  son  adroite  politique ,  et  qui  dès^ 
lors  ne  firent  que  croître» et  se  consolider.  Elles  subsistent 
et  subsisteront  encore  long-temps.  Eu  France ,  c'est  autre 
chose  t  h,  révolution  de  1789  promenant  le  niveau  de  l'éga*' 
)ité  sur  les  sommités  en  tous  genres,  les  abattit  et  préci*' 
pita  dans  le  gouffre  toutes  les  fortunes  colossales  et  bien 
d'autres.  Si  quelques-unes ,  depuis  le  fort  de.  la  tempêté  qui 
s'est  apaisée ,  mais  qui  parfois  gronde  encore ,  se  sont  rele* 
vées  ou  élevées  V  nous  pensons  qu'ils  est  à  propos  d'attendre 
que  les  flots  soient  entièrement  calmés,  pour  en  parler...* 

Nous  ajournons D^aiileurs  nous  ne  connaissons  qu'uns 

fortune  dont  le  revenu  excède  plusieurs  millions ,  et  deux 
ou  trois  autres  dont  le  revenu  va  de  un  à  deux  milliom 
fitt  plus. 


(lis; 


ADDITION. 

A  la  page  toi ,  après  la  onzième  ligne  qui  terminç  la  no- 
menclatnre  des  diamans  de  la  Couronne,  le  passage  suivant , 
relatif  au  vol  du  garde-meuble ,  ayant  été  omis  à  l'impres- 
sion y  nous  le  rétablissons  ici  : 

Dans  la  nuit  du  i5  au  16  septembre  1792,  des  bri- 
gands armés  )  au  nombre  de  quarante ,  s'introduisirent 
par  escalade  dans  le  garde-meuble  et  enlevèrent  les 
diamans  de  la  Couronne.  Deux  de  ces  misérables,  nom- 
més Douligny  et  Chambon ,  furent  arrêtés  au  moment 
oii ,  découverts ,  ils  se  précipitaient  de  la  galerie  sur  la 
place ,  et  on  a  trouvé  beaucoup  de  diamans  dans  leurs 
poches  ;  mais  le  reste  de  ces  bijoux  précieux  fut  empor^ 
té  par  ceux  de  ces  brigands  <iui  avaient  fui  les  pre- 
miers ,  et  qui ,  se  sauvant  avec  précipitation ,  en  per- 
dirent plusieurs  en  chemin  ^  car  ji  huit  heures  du  ma- 
tin ,  une  superbe  émeraudç  fut  ramassée  au  milieu  de 
la  rue  Saint-Florentin  par  un  domestique  qui  la  reporta 
au  garde-meuble.  Ce  n'est  que  le  9  décembre  suivant 
que  le  diamant  le  Régent  fut  retrouvé  caché  dans  une 
pièce  de  charpente  où  Ton  avait  pratiqué  un  trou  d'un 
pouce  et  demi  de  diamètre.  Malheureusement  ce  ter- 
rible désastre  n^a  pas  été  entièrement  réparé. 

Marat  y  annonçant  alors  dans  son  journal  le  vol  fait 
au  garde-meuble ,  dit  qu'il  y  eut  pour  vingt-cinq  mil- 
lions de  diamans  de  dérobés,  puis  six  millions  remis  à 
Roland ,  ministre  de  Pintérieur. 

Quant  aux  deux  brigands  arrêtés,  DouUgny  et  Cham-« 
bon  y  on  instruisit  leur  procès ,  çt  ils  furent  condamnés 


(  lU  ) 

à  mort  le  26  septembre  1792 ,  après  24  heures  de  séance, 
par  la  seconde  section  du  tribunal  criminel  de  Paris , 
mais  il  y  eut  sursis  ;  par  la  suite  ils  obtinrent  tacitement 
leur  élargissement  ;  ils  changèrent  de  nom ,  et  Ton  n^en- 
tendit  plus  parler  d^eux. 

Napoléon ,  étant  consul ,  fit  orner  la  poignée  de  son 
épée  du  superbe  Régent  et  de  quelques  autres  diamans 
qu'on  eut  le  bonheur  de  retrouver. 


NECROLOGIE. 


NOTICE 


SUR  M.  PONCET , 


PROFESSEUR   DE   DROIT   À   LA   FACULTÉ   DE  DUON. 


La  ville  de  Dijon  et  rAcadémie  ont  perdu  en  M. 
Poncet  un  homme  digne  de  nos  regrets ,  un  homme  qui 
a  fait  honneur  aux  lettres  et  à  la  jurisprudence ,  un  de 
ces  hommes  chers  à  Tamitié ,  et  en  qui  le  public  recon- 
naît d'abord  la  vertu  réunie  au  savoir  et  au  mérhe. 

M.  Bénigne  Poncet  naquit ,  le  20  octobre  1766 ,  de 

parens  dont  la  mémoire  est  encore  honorée  dans  une 

campagne  ,    où  ils  s'étaient  retirés   et    où  ils  sont 

morts  '.  Il  eut  pour  oncle  maternel  M.  Lemoine,  curé 

de  Notre-Dame  de  Dijon ,  homme  de  piété  et  d^onction^ 

déporté  en  1792,  et  mprt  à  Presbourg  en  Hongrie^ 

^n  i8i3,  victime  de  son  zèle  qui  lui  avait  fait  braver  la 

ontagion  pour  porter  les  secours  spirituels  aux  pri- 

mniers  de  guerre  français ,  qui  se  trouvaient  en  grand 

^mbre  dans  cette  ville.  M.  Poncet  consacra,  depuis, 

cet  oncle ,  une  inscription  tumulaire  d^un  style  an- 

(ue,  que  Ton  lit  sur  une  table  de  cuivre ,  dans  Téglîse 

A  Jtncîgny  ^  canton  de  Mirebeau. 


(116) 

que  ce  digne  pasteur  avait  longtemps  administrée  et 
édifiée  par  ses  vertus. 

D.  0.  M. 

».  — 

BENIG.    LEMOINE,    DIVIOW. 

HUJUS   ECCLESI^   PASTOR    ET    EXEMPLUM , 

PAtJPERtJM   PATER  f 

l^ORIENTIUM    EXIMIUS   CONSOLATOR  , 

PUBLIGIS   DEJEGTUS    PROCELLIS  > 

MtJLTA    PRO    FIDE,    PRO    REGE    PASSUS  ] 

CAPTIYIS   NOSTRATIBUS  UîSERVlEirS  , 

LUE   QUA    NEGABANTUR   CORREPTUS  , 

POSONU   OCCUBUIT 

VIE   3o   NOVEMBRIS  — •   AUNO   51    l8l3. 

JETATIS   SUJE   77* 

OFTIMI   SAGERDOTIS   CIKERES   ÂbSUHT, 
MEMORIA   VIGET. 

HOCCE   PIETATIS   MOirUMElfTUM 
aVuISCULO   DILEGTISSIMO 
.  BEKIG.    ET   STEPHAJEÎ.    PONGET,    DlVlONENSES , 

P. 

Ce  fut  SOUS  les  auspices  de  ses  parens,  et  principalement 
4e  cet  oncle  vénérable ,  que  M.  Poucet  commença  ses 
premières  études.  Il  puisa  de  bonne  heure  à  cette  source 
ces  principes  solides  d'honneur ,  cette  religion  éclairée, 
cette  piété  douce  et  indulgente ,  et  tous  ces  senttmens 
honnêtes  que  nous  avons  aimés  en  lui ,  et  qui  gerjonèrènt 
sans  peine  dans  une  ame  aussi  bien  disposée  par  la  na- 
ture. 

M.  Poucet ,  après  avoir  terminé  ,  d'une  manière 
brillante ,  le  cours  de  ses  humamtés  et  de  sçs  études 


(  117  ) 
juridiques  au  Collège  et  à  la  Faculté  de  Dijon ,  fut  reçu 
avocat  au  pariement  de  Bourgogne,  le  ao  décembre 
1785*  Quelques  années  après,  en  1791  et  i79a/ir  oc-' 
cupait  remploi  de  chef  de  division  dans  les  bureaux  du 
district  de  Beaune.  Un  nouvel  et  vaste  théâtre,  s'ouvrait 
alors  à  l'ambition  de  la  jeunessefrançaise.  Le  jeune  bar- 
reau surtout  s^élançait  et  s'égarait  dans  les  voies  d'une 
réforme  politique  devenue  nécessaire,  ïiiais  impru- 
demment conduite  dès  l'origine  aux  lueurs  décevantes , 
aux  théories  périlleuses  d'une  philosophie  .toute  spécu- 
lative. Bientôt  Fédifioe ,  dont  il  fallait  réparer  ou  re- 
nouveler peu  à  peu  les  vieux  étais,  s'écroulant  avec 
fracas  sous  les  coups  précipités  des  novateurs,  chacun 
se  trouva  engagé  par  ses  passions ,  par  ses  talens ,  par 
les  chances  de  la  fortuné ,  loin  de  la  carrière  que  son 
éducation  première  lui  avait  tracée.  Les  événemens 
graves  qui  s^accumulaient  et  la  nécessité  des  temps 
ayant  imposé  à  M.  Poncet  d'autres  devoirs  que  les 
joutes  du  barreau  et  de  l'école  ou  les  travaux  paisibles 
de  l'administration ,  il  satisfit  à  la  loi-,  et  prit  les  armes. 
En  quittant  ses. foyers ,  il  fut  nommé  Ueutenant ,  par  le 
tshoix  de  ses  camarades ,  dans  un  bataillon  de  grenaldiers 
de  la  Cdte-d'Or  -,  il  prit  part  à  la  belle  défense  de 
Yal^iciennes  en  1793;  fut  blessé  grièvement,  étant  de 
«ervice  dans  les  ouvrages  avancés.  La  place  rendue,  et 
'le  bataillon  ayant  reçu  Tordre  de  départ  pour  Lyœi , 
puis  de  là  pour  la  Savoie,  M.  Poncet  suivit  son  corps 
dans  ces  différens  pays.  En  Savoie,  il  fut  promu  au 
grade  de  capitaine. 

.  â.  Poncet ,  homme  de  méditation  et  de  studieux  la- 
beurs ,  ne  parut  pour  ainsi  diredans  les  camps  que  pour 
montrer  qu'un  esprit  dlionneur ,  une  chaleur  patriotiquci 
dignes  d'un  Français  et  dignes  de  son  jeune  âge ,  respi** 


(118) 

raient  en  lui,  comme  cessentimens  vivaient  à  vrai  dire 
dans  les  cœurs  de  toute  cette  jeunesse  dont  il  partagea 
le  généreux  élan.  Peu  après  sa  promotion  à  ce  nouveau 
grade  militaire ,  il  fut  appelé  k  d'autres  fonctions^ou  il 
devait  acquérir  une  réputation  plus  belle ,  plus  durable , 
dans  une  carrière  plus  ^conforme  à  ses  premières  études 
et  à  ses  talens. 

Toute  ^activité  de  la  nation ,  détournée  des  profes- 
sions littéraires  et  civiles ,  s'était  reportée  vers  la  poli- 
tique et  vers  la  guerre.  Cependant,  un  peu  de  calme 
dans  ^intérieur  ayant  accédé  aux  orages  de  la  révo- 
lution, ^on  s^occupa  de  la  réorganisation  des  études 
presque  abandonnées.  Après  avoir  payé  sa  dette  de 
soldat,  M.  Poucet  fin  requis ,  selon  Pexpression  du 
temps,  pour  Tinstniction  publique.  Nommé,  le  ao  dé- 
cembre 1795 ,  par  le  directoire  du  département  de  la 
Côte-d'Or ,  professeur  de  législation  à  Fécole  centrale 
de  Dijon ,  qui  venait  d'être^  instituée ,'  il  quitta  Tarmée  et 
la  Savoie ,  et  vint  prendre  possession  de  sa  chaire  dans 
les  premiers  mois  de  Tannée  suivante. 

Ce  fut  alors  que  commença  la  carrière  honoraUe  que 
M.  Poucet  a  parcourue  parmi  nous.  Mais  qu'étaient  ces 
chaires  de  législation ,  créées  au  milieu  du  •renouvel'^ 
lement  ou  plutôt  du  bouleversement  social?  Tout  se  res- 
sentait alors  du  génie  de  la  révolution.  Des  cours 
informes  et  incohérens  dé  droit  public  ou  privé ,  sans 
unité  de  doctrine  ,  abandonnés  à  Tesprit  novateur  ou 
servilement  philosophique  du  professeur ,  parsemés  de 
maximes  puisées  dans  le  Contrat  social  ou  dans  les  au- 
tres écrits  des  publicistes  du  dix -huitième  siècle, 
Science  équivoque  et  mal  digérée  y  où  les  paradoxes  du 
temps  se  trouvaient  mêlés  à  quelques  débris  de  la  juris- 
prudence antique ,  et  qui  du  reste  fournissait  peu  de 


(  119  ) 

notions  applicables  à  la  vie  civile ,  aux  nobles  professions 
du  barreau  et  de  la  magistrature. 

M.  f  oncet  ressuscita  à  Dijon  Tétude  du  droit  ;  il  fut 
un  des  premiers  en  France  qui  rendirent  k  cette  étude 
sa  gravité ,  et  la  dégagèrent  du  feux  esprit  qui  Pinfeo- 
taîL  M.  Poucet  rédigea  un  cours  oii  il  passa  en  revue 
tout  Tancien  droit  civil ,  romain  et  français ,  mis  en  re- 
gard avec  les  nouvelles  lois  ;  il  signala  avee  soin  les 
modifications  qu^uu  nouvel  ordre  decboses  avait  néces- 
sitées dans  la  législation ,  et  suivit  pied  à  pied  toutes  les 
vicissitudes  de  cette  science.  Ce  travail  quUl  termina 
en  quelques  années,  digne  d'un  bomme  mûri  dans 
récole  y  remarquable  surtout  alors  par  la  solidité  de  la 
doctrine ,  par  la  lucidité  de  Texposition  et  retendue  des 
connaissances  qu'il  supposait ,  conquit  Festime  des 
himimes  éclairés  pour  un  jeune  professeur  qui  avait  été 
enlevé  à  ses  premières  occupations  par  les  chances  d'une 
vie  si  diverse  et  déjà  si  agitée.  Mais  M.  Poucet  avait 
été  doué  par  la  nature  d'un  esprit  réfléchi ,  constant , 
d^une  grande  puissance  d'attention  ;  il  joignait  à  ces 
dons  une  sagacité  et  une  pénétration  qui  lui  rendaient 
le  trafvail  fecile ,  et  que  l'on  eût  pu  encore  apprécier 
dans  lés  matières  de  pure  littérature  où  son  goût  naturel 
lé  portait,  et  qu'il  n'avait  point  négligées  au  milieu  do 
ses  importans  devoirs. 

Le  cours  de  M.  Poncet  fut  la  pépinière  des  adeptes 
de  la  magistrature  et  du  barreau  dijonnais  ;  et  ses  leçons 
manuscrites ,  recueillies ,  transmises  de  main  en  main 
par  les  étudians ,  et  conservées  encore  avec  honneur 
sur  les  tablettes  des  jurisconsultes,  furent  le  premier 
tmvrage  de  droit ,  et  le  plus  complet  peut-être  qui  ait 
paru  sur  cette  science  avant  les  doctes  commentaires 
qu'a  enfantés  le  nouveau  code  civil. 


(  15^0) 

Ce  n'est  donc  point  &ire  un  patiégyriqne ,  e^est  se 
renfermer  dans  l'exacte  vérité,  de. dire. que  M.  Poncet 
iiit  à  Dijon  le  rénovateur  de  la  jurisprudence ,  qqe  lui 
seul  parmi  nous  a  rempli  la  lacune  entre  la  ruine  dés 
anciennes  études  juridiques  et  la  fondation  des  nouvelles 
écoles ,  qu'il  a  renoué  la  chaîne  de  cette  gp:^ve  science 
dans  une  ville  qui  devait  aux  institutions  judiciaires  et 
aux  lumières  du  barreau  son  impcurtance  et  une  grande 
partie  de  son  illustration.  De  même ,  il  a  formé  par  ses 
leçons  la  magistrature  qui  a  occupé  en  dernier  lieu  nos 
tribunaux  et  nos  parquets.  L'on  peut  juger  Picore  du 
maître  par  les  élèves  \  et  la  révolution  de  i83o ,  qui 
a  frappé  plusieurs  d'entre  eux ,  a  pu  nous  apprendre 
quel  vide  le  silence  .de  leurs  voix  et  Finterruption  dc^ 
leurs  conseils  a  laissé  dans  le  forum  dijonnais. 

M.  Poncet  occupa  la  chaire  publique  de  législation 
jusqu'au  24  octobre  i8o3.  Après  la  suppression  de  cette 
diaire ,  il  continua  ses  cours  gratuitement.  Professeur 
libre  jusqu^en  1806 ,  il  exerça ,  pendant  deux  ans ,  cet 
institut  domestique  si  cher  aux  Papiniens ,  et  dont 
s'honorèrent^ ces  grands  jurisconsultes  de  Tancienne 
Borne. 

Enfin  le  renouvellement  des  Facultés  de  droit  rappela 
M.  Poncet  dans  l'instruction  publique.  Nopmé  l^vj 
janvier  1806 ,  par  décret  impérial ,  professeur  de  légis" 
lation  criminelle  et  de  procédure  cii^ile  et  criadnelle  à 
l'école  de  droit  de  Dijon  ,  il  a  rempli  ces  fonctions  sans 
interruption  jusqu'au  2,3  avril  i833,  jour  où  il  a  été  ad- 
mis à  la  retraite  avec  le  titre  de  professeur  honoraire  à 
la  Faculté. 

Il  semblait  que  l'enseignement  de  Taride  procédure 
fut  peu  digne  de  l'habile  professeur  qui ,  si  longtemps  ^ 
avait  dicté  des  leçons  de  droit  civil,  seul,  sans  rival, 


(  lîl  ) 

àaeOiS  ime  ville  savante ,  avec  taat  de  distinction. 
M*  Pdocet,  avecla  sagesse  ordinaire  de  son  esprit,  ne 
dédaigna  pas  le  triste  labeur  qui  lui  était  imixisé,  et  il  y 
Hmiva  en  efiet  son  plus  solide  titre  de  gloire.  Il  féoonda 
uitaol  ingrat.  Il  soumit  cette  science  positive  et  presque 
arbitraire  anx  grands  principes  du  droit  civil  et  de  la 
raison,  universelle.  Il  a  développé  sa  méthode  dans  deux 
ouvrages  Justement  estimés  '  •  Et  c'est  là  surtout  cer 
qui  jreoommandera  sa  mémoire  à  la  postérité.  Car  ses 
autres  services  ont  été  rendus  à  sa  ville  natale.  Les 
traités  qu'il  publia  sur  une  partie  stérile  et  jusque  là 
négligée  de  la  jurisprudence  Tout  placé  au  rang  des 
maîtres  dans  la  nouvelle  école  française. 

H.  Ponoet  est  le  premier  qui  ait  rattaché  la  procès, 
dure  aux  principes  fondamentaux  du  droit ,  et  en  ait 
fidt  une  science.  Sa  théorie  àes  Actions^  et  surtout  celle 
des  Jugemens,  sont  certainement  }es  ouvrages  les  plus 
remarquables  qu^on  ait  publiés  sur  ces  matières  dans  les 
teidps  modernes.  Ceux  qui  les  méditeront  avec  Tatten- 
tion  qu'ils  méritent,  regretteront  à  jamais  que  k  temps 
n'ait  pas  [)ermis  à  leur  auteur  d'achever  Tédifice  dont 
il  avait  si  solidement  établi  les  bases.  M.  Poncet  peut 
être  considéré  comme  le  Damât  de  la  procédure.  Ce 
n*est  pas  seulement  un  juriste ,  c'est  presque  un  législar 
teur.  Il  se  montre,  comoie  l'ami  de  Oaguesseau,  tout- 
,  à^^fois'philosophe, -jurisconsulte. et  chrétien.  C'est  la 
même  hauteur  de  pensée,  la  même  proibndeur  de  vues, 
et  cette  même  raison  éclairée  par  une  étude  approfondie 
de  la  religion  et  des  vérités  qu^elle  enseigne. 

'  Traités  élémentaires  de  LégisUtion  et 'de  Procédure. 
—Traité  des  Actions;  i  vol.  in-8**.  Dijon,  1817. 

Traité  des  Jogemens  ;  a  toI.  in>8o.  Dijon  y  Lagier ,  1822. 


(  IM  ) 

M.  Poucet,  rendu  à  la  vie  privée,  mais  accablé  d^in*- 
firmités,  s'aperçnt  bientâl  que  ses  longs  travaux  l'a- 
vaient a&ibli  avant  Tàge.  Ses  jours  avaient  été  {rieins  ^ 
et  il  n'avait  suspendu  le  cours  de  ses  leçons  <{uè  lorsque 
ses  forces  n'y  suffisaient  plus.  Il  se  consola  par4a  culture 
des  lettres  et  de  Tamitié ,  «t  surtout  paf  la  pratiqué  des 
Tertus  religieuses  qui  lui  avait  toujours- été  chère»*  Il  se 
reposa  ou  plutôt  languit  environ  deux  ans ,  court  inter- 
valle entre  la  vie  et  la  mort,  mais  encore  dignemodt 
rempli.  Qui  dira  ce  que  Tame  de  cet  excellent  homme 
renfermait  de  bienveillance ,  de  simplicité ,  ^  piété , 
autant  que  son  esprit  était  doué  de  sagacité ,  de  finesse , 
et  orné  de  doctrine  ?  Ceux-là  le  savent  qui  ooft  été  admis 
éans  sa  femiliarité.  Mais  le  seqret  de  tant  de  belles 
cpialités  n'avait  pu  rester  enfoui  dans  le  sanctuaire  do* 
mestique.  M.  Poncet  avait  acquis  chez  tous  les  âges  et 
dans  toutes  les  opinions  cette  estime  universelle ,  cet 
attachement  d'affection,  qui  en  faisaient  un  modérateur, 
un  conseiller,  et ,  disons-le ,  un  homme  de  téserve  dans 
nos  tristes  discordes  ;  un  de  ces  hommes  que  les  partis 
désignent  d'abord ,  lorsqu'enfin  le  besoin  de  la  tecon- 
dliation  civile  se  fait  sentir  ;  un  de  ces  hommes  utiles 
et  rares  qui  laissent  de  longs  regfets,  parce  que  c'est  à 
eux  qu'il  est  donné  de  dresser  le  pacte  de  pacification  à 
la  suite  des  dissections  publiques  '•  Il  s'entretenait 
souvent  avec  ses  amis  de  sa  fin  prochaine ,  et  s'y  prépa* 
rait  en  philosophe  chrétien. 

'  M.  Poncet,  dans  sa  retraite,  aux  dernières  élections 
municipales  (  de  1 834  )  y  venait  d^être  nommé  membre  da 
conseil  de  la  commune  de  Dijon  |   par  le  concours  des  ci^ 
toyens  de  toutes  opinions. 


C123) 

n  est  mort  le  5  février  i835 ,  à  l'âge  de  68  ans,  entre 
ses  amis  et  sa  respectable  épouse ,  leur  dictant  ei\core 
des  pafoles  de  paix.  Cette  dette  amère  de  Phumanité  fut 
adoucie  par  la  religion  et  par  les  soins  d'une  femme 
digne  de  lui.  Les  derniers  mots  qu^il  prononça ,  consi- 
gnés dans  son  testament ,  déposent  de  tous  les  sentimens 
qui  résidaient  au  fond  de  son  ame.  C'est  la  conscience 
de  rhomme  de  bien  qui  s^duvre  à  la  vue  de  Tétemité. 

M.  Poncet  avait  été  reçu  à  TAcadémie  de  Dijon , 
section  des  Lettres  j  le  22  juillet  1802. 

Fràntut. 


NOTICE 


SUR  LÀ  YIE  ET  LES  OUTRAGES 


DE  M.  CL.-NIC,  AMANTQN. 


Messieurs  , 


Si  des  circonstances  imprevnes^nt  retardé  de  qudqnes 
mois  l^expression  de  nos  regrets  sur  la  perte  de  notre 
digpie  confrère  M'  G,  N.  Amanton ,  il  est  certain  que  ce 
retard  n^a  en  rien  altéré  ni  la  vivacité  ni  la  sincérité 
de  ces  regrets.  Non-seulement  ils  ont  retenti  et  reten- 
tissent encore  dans  cette  enceinte,  mais  ils  sont  bien 
partagés  par  tous  ceux  qui  ont  connu  cet  estimable 
concitoyen,  ce  véritable  homme  de  bien.  En  effet, 
Messieurs ,  quel  est  celui  qui  ne  se  rappelle  cet  heureux 
naturel ,  cette  bonté ,  cette  douceur ,  cette  amabilité  de 
caractère,  qui  a  fait  de  M.  Amanton,  le.  meilleur  des 
époux,  le  meilleur  des  pères,  le  meilleur  des  amis; 
cette  belle  ame  que  n'a  jamais  effleurée  ce  penchant  à  la 
critique  sardonique,  ordinairement  si  commun  dans 
les  contrées  où  Tesprit  abonde  ;  cet  amour  de  son  pays 
dont  il  a  continuellement  cherché  à  relever  et  à  illus- 
trer les  notabilités;  ce  dévouement  sans  bornes  aux 
intérêts  de  l'Académie ,  dont  11  nous  a  donné  tant  de 
preuves  pendant  plus  de  vingt-cinq  ans  qu'il  en  a  été 


(  125  y 

membre  résidant  ;  enfin  cet  amour  constant  du  travail, 
attesté  par  une  ii^nité  de  productions,  plus  substan- 
délies  à  la  vérité  qu^étendues,  mais  qui,  publiées  de 
1783  à  i835  inclusivement ,  donnent  la  mesure  de  la 
variété  de  ses  connaissances  en  jurisprudence ,  en  admi«« 
nistration,  en  littérature,  en  biographie  et  en  histoire 
littéraire*.  Ce  n'est  donc  pas  un  vain  tribut ,  Messieurs , 
que  celui  que  vous  m'avez  chai^  de  payer  à  la  mé- 
moire de  notre  honorable  confrère.  Si  le  zèle  de  Tamitié 
suffisait  pour  répondre  à  votre  confiance ,  j'aurais  peut- 
être  l'espoir  de  quelque  réussite^  mais  il  y  a  d'auti^es 
conditions  à  remplir  et  pour  lesquelles  je  sens  toyite  mon 
insuflisance  ^  votre  indulgence  y  suppléera. 

Claude-Nicolas  Àmanton  est  né  le  ao  janvier  1760^ 
d'une  honorable  famille  ,  à  YiUers-les-Pots  ,  près 
d^Auxonne  (Câte<rd'Or).  Après  avoir  fait  dans  cette 
ville  de  bonnes  études,  sous  un  maître  habile,  il  vint 
à  Dijon  suivre  les  cours  de  l'Université-,  qui  alors 
a^avait  qu'une  Faculté  de  droit  ' .  Il  (ut  reçu  avocat  aU 


'  Depuis  soixante  ans  seulement  que  cette  Université 
était  fondée  dans  la  capitale  de  la  Bourgogne,  ce  L^édit  du 
«c  Roi,  portant  établissement  d^une  Faculté  des  droits 
ce  (  ciyil ,  canonique  et  français  )  en  la  ville  de  Dijbn ,  est 
<c  daté  de  Versailles ,  décembre  1722.^  Cet  édit  institue 
cinq  professeurs ,  savoir  :  un  pour  les  institut}  du  droit 
ctTÎ! ,  un  pour  le  digeste  ^  un  pour  le  code  et  le's  novelles  ^ 
un  pour  le  droit  canonique ,  et  un  pour  le  droit  français. 
Les  cinq  premiers  professeurs  nommés  furent  MM.  Bret| 
avec  le  titre  de  doyen;  Bânnelier,  Delusseux,  Fromageot, 
et  Davot^  aux  appointemens  fixes  de  mille  livres  cbacuii. 
M.  Provin,  secréuire  arckiviste  et  receveur  ^  aux  appoin* 
temens  de  quatre  cents  livres. 


(  126  ) 
Parlement  le  ai  juillet  1783.  Aimé  et  estimedes  célèbres 
avocats  de  Dijon  à  cette  époque ,  les  Ranfer ,  les  Morin, 
les  Morisot ,  etc. ,  il  débuta,  sous  leurs  auspices,  dans 
la  carrière  du  barreau.  Mais ,  aux  études  sérieuses  du 
droit,  se  joignait  déjà  chez  liii  le  goût  des  lettres.  Dès 
1783 ,  il  avait  composé ,  en  société  avec  M.  Ligeret  de 
Chazey ,  une  petite  pièce  lyrique  intitulée  :  V^pùAéo$e 
de  Hameau;  Dijon,  1783,  tn-8''.  Il  parait  que  cette 
composition  bourguignonne  ne  fot  alors  qu'une  légère 
distraction  à  ses  travaux  judiciaires;  car  non<-seulanent 
il  se  familiarisa  avec  tous  les  détails  qu'embrassaient  les 
jformalités  de  la  procédure,  avec  le  texte  des  différentes 
coutumes ,  avec  les  savans  commentaires  des  Bouhier, 
des  Davoty  des  Bannelier ,  avec  les  ordonnances  de  nos 
rois;  mais  se  rendant  compte  de  ce  qui  se  passait  au  bar- 
reau, il  commença,  en  1787,  à  insérer  divers  articles 
dé  jurisprudence  dans  la  Gazette  des  Tribunaux,  pu- 
bliée alors  par  M.  Mars  ' .  Il  consigna  dans  le  Journal 
de  Bourgogne  ^ ,  plusieurs  lettres  sur  la  proposilîoa 
d^un  établissement  pour  Tinstruction  et  la  défense  gra- 
tuite des  causes  des  pauvres  dans  la  ville  de  Dijon  et 
le  ressort  du  Parlement ,  proposition  pour  laquelle  il  fot 
en  société  avec  MM.  les  avocats  Maurier ,  Dagallier, 
Legoux ,  Derepas  et  Présevot. 

Quand,  en  179a,  les  troubles  de  la  révolution  com- 
mencèrent à  éclater  et  à  prendre  de  jour  en  jour  un 
caractère  plus  sérieux ,  M.  Amanton  se  retira  à  Auxonne. 

■  Yoyez  le  tome  xzii,  J787,  p.  36 1  et  suiv.  ;  tome  xxy, 
1.788,  p.  335  et  çuiv.  ^  tom.  xxvii ,  1789 ,  p.  179  et  suit. 

*  B»*  des  ^j  février  et  39  avril  i788« 


(  127  )        , 
n  éprouva  d'abord  quelques  tracassieries  ;  mais  la  dou* 
oeur  de  son  caractère^  la  prudence  de  sa  conduite 
firent  qu'il  en  fut  quitte  pour  quelques  mois  de  surveil« 
lance.  Pendant  ces  temps  d'orage ,  il  continua  son  état 
d'atocat  et  publia  un  mémoire  curieux  sur  une  ques* 
tioQ  de  séparation  d'habitation ,  soumise  à  un  tribunal 
de  fiunille.  Les  affiiires  du  barreau  devenant  moins 
multipliées,  il  se  livra  ,  dans  le  silence  du  cabinet ,  à 
r^tude ,  et  se  perfectionna  dans  dijBTérentes  parties  dont 
il  présumait  que  la  connaissance  le  mettrait  un  jour  plus 
à  portée  d^étre  utile  à  ses  concitoyens.  C'est  ainsi  que 
peu  de  temps  après ,  il  consigna  dans  plusieurs  Recueils 
périodiques  estimés,  une  infinité  d'articles  intéressans. 
On  trouve  dans  la  Feuille  du  cultii^aieur ,  du  17  nivdse 
an  vni,  une  question  fort  importante  sur  les  chetels, 
qu^il  traita  avec  beaucoup  d^habileté.  Huit  lettres  sur 
divers  sujets  furent  insérées  par  lui  dans  le  Journal 
d'économie  rurale  et  domestique  :  voyez  les  numéros  de 
messidor  an  xi  à  novembre  1807.  Cinq  autres  lettres 
parurent  dans  le  Moniteur  ums^ersel  de  vendémiaire 
an  IX ,  fructidor  an  xi ,  pluviôse  an  xiv.  Il  enrichit  de 
plusieurs  articles  curieux,  \ePetit  jUbum/ranc-comtoi^, 
Enfin  ces  dijBTérens  travaux  partiels ,  aind  que  beaucoup 
d'autres  que  l'auteur  publiait  hors  de  ces  feuilles,'  at* 
testent,  dès  te  temps,  un  zèle  infatigable ,  toujours  di-* 
rigé  vers  des  objets  d'utilité   publique  ou  d'histoire 
li^éraire  ,  comme  on  le  verra  encore,  mieux  dans  la 
série  de  ses  ouvrages  qui  termine  cette  notice. 

Cependant  la  tempête  révolutionnaire  commençait  à 

se  calmer,  et  Ton  songeait  à  relever  les  institutions  que 

la  fureur  démagogique  avait  détruites  dans  le  Sort  de  la 

'  tourmente.  De  ce  nomi^*e  furent  les  Sociétés  savantes 


(  128) 
et  littéraires  de  France,  supprimées  en  1798  '^  Tontes 
aspirèrent  à  renaître  de  leurs  cendres;  T Académie  des 
sciences,  arts  et  belles-lettres  de  Dijon  neftiCpask 
dernière  à  solliciter  son  rétablissement  ^.  L'Adminis-* 
tration  de  la  Cote-d'Or  et"  le  Gouvernement  s'empres*- 
sèrent  de  seconder  ses  vœux.  La  Compagnie  réinstallée, 
en  1798,  reprit  le  cours  de  ses  séances  ordinaires,  et 
dès-lors  elles  n'ont  plus  été  interrompues.  M.  Amanton 
fut  reçu  membre  de  cette  Compagnie ,  le  10  frimaire  an 
Yiu  (ao  novembre  1799)*  On  peut  dire  que  jamais 
académicien  ne  s'est  montré  plus  digne  de  ce  titre ,  par 
son  zèle  et  surtout  par  son  assiduité ,  du  moment  ou 


■  Le  décret  qui  les  supprima  fut  rendu  par  la  Conventioa 
nationale  le  8  aoÀt  1793 ,  sur  le  rapport  de  M.  Tabbé  Gré- 
goire, qui  cependant,  il  faut  lui  rendre  cette  justice,  fut 
celui  qui  par  la  suite  s^opposa  avec  le  plus  d^énergîe  au 
efforts  du  vandalisme  qui  voulait  .tout  mutiler  et  saccager 
dans  les  dépôts  des  monuinens  des  arts  et  dans  les  Biblio- 
thèques publiques,  sous  prétexte  des  armoiries  et  autres 
emblèmes  anciens  conservés  sur  les  livres. 

^  L'Académie  des  sciences  de  Dijon,  fondée  par  M. 
Fouffier,  en  vertu  de  son  testament  du  i^'  octobre  1725^ 
autorisée  par  lettres-patentes  du  Roi,  de  juin  1740,  fut 
supprimée  par  le  décret  de  la  Convention  du  8  août  1793. 
Elle  fut  rétablie ,  sovs  le  Directoire ,  le  1 4  prairial  aii  vi 
(  2  juin  1 798  ) ,  d'abord  sous  le  titre  de  Société  libre  d*agn» 
culture,  sciences  et  arts^  et  le  19  fructidor  an  x  (6  sept, 
j  802  ) ,  elle  reprit  son  ancien  titre  à^ Académie  des  sciences, 
arts,  etc.  ;  enfin  une  ordonnance  du  Roi  du  22  octobre  i833 
a  assuré  l'existence  légale  de  la  Compagnie ,  et  la  jouissance 
des  droits  électoraux  que  la  loi  accorde  à  ses  membres  ré* 
sldans. 


(  129  ) 
irenant^,  4pielqtifts  années  après,  fixer  sa  résidence  à 
Dijoav  îl  £it'(dus  à  portée  de  suivre  les  séances  hebdo- 
oiadaives  de  FAbeidéiiHe.  ; 

Mais  pendant  tout  le  temps  qu'il  demeura  à  Âuxonne , 
il  y  reçut  les  témoignages  les^  plus  flatteurs  dé  Testime 
et  de  h  confiance  de  ses  concitoyen^.  Il  fut,  en  1803, 
notnmé  premier  adjoint  au  maire  de  cette  ville ,  qui 
alors 'était  feu  M.  Tavocat  Girault ,  son  ami ,  cet  nomme 
de  bieiiv  ce  digne  coU^pie,  si  instruit ,  si  actif,  si  labo- 
rieux^ dont  noiisavons  eu-à  déplorer  la  perte  en  1823  ^. 
M.  Girault  ayant  donné  sa  démission  en  1806 , 
M.  Amanton  lui  succéda  immédiatement  dans  les  fonc- 
tions pénibles  de  cette  première  magistrature  locale ,  à 
Auxonne ,  et  les  remplit  avec  son  zèle  accoutumé  jus- 
qu'en i8ii. 

C'est  alors  que  notre  collègue ,  qui  n'avait  cessé  de  se 
livrer  aux  soins  de  l'administration ,  sans  cependant 
négliger  la  culture  des  lettres ,  auxquelles  il  consacrait 
tous  ses  momens  de  loisir ,  songea  à  venir  s'établir  dans 
la  capitale  de  la  Bourgogne ,  théâtre  plus  étendu ,  plus 
conforme  à  ses  goûts  littéraires  et  qui ,  dans  tous  les 
genres ,  lui  offrait  plus  de  ressources  que  la  ville  d' Au- 
xonne. Le  Gouvernement  qui  avait  apprécié  son  zèle  et 
ses  talens  dans  la  partie  administrative,  Pappela^  en 
1812 ,  aux  fonctions  de  conseiller  de  préfecture  du  dé- 
partement de  la  Gote-d^Or.  Pendant  dix-huit  ans ,  il 
parcourut  cette  nouvelle  carrière  avec  un  succès  égal  à 
celui  qu'il  avait  obtenu  comme  maire.  C'est  en  1814, 

*  M.  Amanton  9  dans  la  notice  nécrologique  qu'il  a  con- 
sacrée à  ce  digne  collègue ,  lui  rend  toute  justice  pour  le 
bien  quUl  a  opéré  dans  son  administration,  et  pour  ses  pro- 
fondes connaissances  en  histoire  et  en  archéologie. 

9 


(  130  ) 
que  la  reconnaissance  du  GrouvernemeDt  lui  décerna  le 
tilrede  Glieyalier  de  la  Légion  d'Honneur.  ^IJne  fois 
établi  à  Dijon ,  M.  Amanton  qui  aentail  tout  le  prii  de 
ce  nouveau  séjour ,  se  montra^  digne  d'habiter  .  cette 
terre  qu'une  longue  renommée  a ,  pour  ainsi  dire ,  dé« 
clarée  classique  en  fait  de  littérature,  de. sciences  et 
de  beaux-arts  '.  Son  attachement^  son  dévoy^menl  ii 
r Académie,  le  rendirent  un  des  memtoes  les!pkis^as>^ 
sidus  à  suivre  ses  séances  ordinaires  et  à  partidipdr  à 
tous  ses  travaux.  Il  en  fut  nommé  président  bisannoél 

■ 

*  Ménage  disait  et  publiait  de  son  temps  :  a  Après  Paris  y 
«  il  n^y  a  pas  de  Tille  qaî  fournisse  tant  de  sujets'à  la  repu- 
a  blique  des  leltres  que  Dijon.  » 

L^hymnique  et  sévère  Santenil ,  parlant  de  la  même  ville , 
dit  dans  ses  poésies  : 

Doctœ  urbis  stndia  et  mores  mirabar  honestos. 
Vidi  oratores  centom  ceotonique  poetas  ; 
Omnes  accensi  studiis  asqualibus,  omnes 
Irraere,  et  nostris  certatim  accurrere  musis » 

Richelet  dit  quelque  part  .*  oc  La  capitale  de  la  Bourgogne 
<c  est  Dijon,  où  il  y  a  de  très -sa  vans  et  très-babiles  gens.  » 

Yoltaire^  dans  un  discours  prononcé  à  PAcadémie  fran- 
çaise, s'exprime  ainsi  sur  Dijon  :  oc  Cette  ville  qui  a  pro- 
«  duit  tant  d^Kommes  de  lettres  et  où  le  mérite  de  Tesprit 
ce  semble  être  un  des  caractères  des  citoyens,  » 

EÀfin  on  a  dit  ailleurs  :  oc  Dijon  s'honore ,  à  juste  titre , 
oc  des  grands  hommes  qu'elle  a  produits  dans  tous  les  gen* 
a  res  :  prélats,  hommes  d'état,  grands  capitaines,  roagis- 
cc  trats ,  orateurs  et  écrivains  du  premier  rang ,  poètes  et 
«c  musiciens  célèbres,  peintres  et  sculpteurs  du  premier 
â  mérite,  historiens  érudits,  jurisconsultes  profonds |  mé« 
ce  décins  habiles  ;  il  n'est  aucune  partie  dans  laquelle  cette 
ce  ville  n'ait  fourni  des  sujets  distingués.  i> 


(  131  ) 
en  i8i3,etn^a  pas  cessé  dès-lors  de  se  rendre  utile  à  la 
Compagnie ,  soit  comme  membre  des  diverses  Commis- 
sions qu'elle  formait  dans  son  sein ,  soit  en  enrichissant 
ses  Mémoires  et  sa  bibliothèque  ^  d'une  infinité  de  pro* 
ducûons  qui ,  comme  nous  Tayons  déjà  dit ,  étaient  plus 
8^bstantielles  qu'étendues ,  mais  qui  annoncent  de  la 
fiicilité ,  du  goût  et  des  connaissances  très-variées.  C^est 
surtout.dsps  la  biographie  que  notre  confrère  se  plaisait 
à  gercer  son.taie,nt.  Dans  toutes  les  notices  nécrologiques 
,qu'il,pous  a  données  et  parmi  lesquelles  on  distingue 
celjes  qu'il  a  consacrées  à  la.  mémoire  du.fHxifesseur' 
Lombard  ^  de  ,]M[grin  de  la  Qiasieigneraie^  de  Farchi- 
tecte  Racle,  de  Leschevin ,  de  J.-B.  Wolfius,  du  docteur 
Ch^ussier ,  dja  q^ipte  de  G^^sendi,  du  ms^rquis  de  Thiard , 
du.jparquisdç.Gourtiyron^  etc.,  etc.,  etc.,  on  remarque 
uf^  §ty|econyenable«, un  jugement  sain,  «tunç  érudition 
qui«:hia9ée  sur  des  recherches  profondes,  a  procura  à 
Fauteur  une  foule  de  (délaib  intéressans  \  et  remarquez, 
iMi^eurfr,,qju'u)[), sentiment  patriotique  a  toujours  di- 
rigé la  plpisife/de;  AI*  Aman  ton;  ce  n'est  pas  jseulement 
suuç  39^  tffivmf  !t>iograph|iqi|L  que  porte  cette  observa* 
tîon^.Queilpji.ji^rcoifre  tout  ce  quHl  a  écrit  sur  ThistairQ 
iitiéir^[i^e  et^fur  be^^ucqiy;)  d'autres  sujets,  pa  trouyerii 
tQuJ9Uif  que;  Iq^  Bourgogne  et  \^  Bourguignons  ont  été 
l'unique,. objet  de  ^  3eâ  vailles.  U  av^t  cela  de'Ooppipmi 
avec,  son  confrère  et  compatriote  M.  Girault  ;  a^^s  Jk 
résultat  de  leurf  travaux  ser^ ,  dans  la  suite  des^  temps  ; 
cpnsi^lté  avec  ifruitpar  ceux  qui  s'occuperont  de  j'hîs-* 
toirç  de  la  Bourgogne. 

j^joutons,.  Messieurs,  que  l'activité  que  déployait 
JML..  Amanton  dans  ses  occupations  littéraires  et  acude^ 
Cliques,  n^était  pas  restreinte  à  l'intérieur  de  cette  en- 
ceinlç  \  ell«  le  mit  en  relation  av^  un  grand  nombre  de 


(  132  ) 

Sociétés  savantes  qui  s'empressèrent  de  Tassocier  à 
leurs  travaux.  II  fut  membre  associé  oôrrespondanl  de 
la  Société  royale  des  Antiquaires  de  France,  des, Aca- 
démies de  Rouen ,  de  Caen ,  de  Bordeaux ,  de  Besançon, 
de  Lyon,  de  Nancy ,  de  Mâcon,  etc.,  etc.  Plusiéun  de 
ces  Compagnies  ont  déjà  témoigné  leurs  regféts  sur  là 
perte  de  cet  estimable  confrère.  '  ' 

Revenant  encore  sur  ses  travaux ,  n'oublions  pas  qu'il 
a  été  propriétaire  du  Journal  de  Dijon  èi  3e' la  Côie^ 
dOr,  depuis  i8i3  jusqu'en  i83i ,  et  qu'il  à  enrilcbi  ce 
recueil  d'un  grand' bombre  de  notices  intéressantes^ 
soit  sur  les  événemens  du  jour ,  soit  sat  deà  sujets  litté-^ 
raires.  '  " 

G -est  ainsi  que  remplissant  avec  zèle,  exactitude  eCr 
dévouement  ses  fonctions  de  conseïlW  de  prèfeciïire  ^ 
il  consacrait  aux  lettres  ses  moiliens  dcf  loisir ,  loVscJu^r— 
ri^la  IHêvoIution  de  juillet  i89o.  MM.  les  conàèiUérSy 
ses  collègues ,  donnèrent  leur' iBetnissrôb/âin^i  que  Mi 
le  préfet ,  exemple  qui  ne  fut  point  sulVi  |^r  -M.  Aman- 
ton  ;•  et ,  pendant  quelque  temps ,  resté' seul  à  Tadminis- 
tration ,  il  en  supporta  tout  le  poid^  et  Vàbqùittà  'de  ces 
multiples  fonctions  avec   un  vrai  déViklément;    Ceh 
n'enbpêcba  point  que  peu  après  il  tUt  cotisîdër^'éomtee 
démissionnaire  et  remplacé  dans  lô^  Tonbtiohs  dé  con- 
fiSieiltef*  de  préfecture.  Ce  coup  liii  fti^t  d'autant  phis'sen- 
SfÙe^'il  ne  s'attendait'  point  à  eti  être  frappé.  Dès-lors 
lé  mour  de  Dijon  lui  devint  pénible  ;  il  y  l*esta  cepen- 
dant encore  jusqu'au  27  .octobre  i832,  époque  où  il 
se  rendit  avec  sa  famille  au  château  de  Heudon  près 
Paris  ^  dont  son  digne  fils ,  M.  Ferdinand  Amanton,  avait 
été  nommé  lieutenant  de  Roi  par  S.  M.  Louis-Philippe. 
*  'iTest  là  que  notre  collègue ,  parfaitement  résigné ,  a 
pa^  les  dernières  années  de  sa  vie ,  aumiliai  des  soins 


(  133  ) 
qae  lui  prodiguaient  la  meilleure  des  épouses ,  une  ai- 
mable nièce  et  le  plus  tendre  des  fils  ' . 

Entièrement  débarrassé  de  tout  emploi  public,  ha- 
bitant Tun  des  plus  beaux  sites  de  France ,  il  trouva  le 
repos  et  la  plus  douce  consolation  dans  le  sein  d^une  fa- 
mille adorée,  dans  les  charmes  de  Tétude  et  dans  la 
société  d'hommes  de  lettres  résidant  près  de  MeudoU;, 
tels  que  lesLaya ,  les  Raynouard ,  les  Patin ,  les  Firmiu 
Didot ,  les  Panckoucke ,  etc. ,  etc. ,  dont  il  avait  reçu  . 
Paccueil  le  plus  flatteur.  Enfin  il  venait  de  terminer  un 
ouvrage  que  son  zèle  patriotique  lui  avait  fait  entre- 
prendre en  rhonneur  des  illustres  Auxonnais,  lorsqu'une 
maladie  assez  courte ,  mais  sans  vives  douleurs ,  Ta  fait 
descendre  au  tombeau  le  28  septembre  i835,àdeux. 
heures  du  matin.  Il  était  âgé  de  75  ans.  Il  serait  diffi- 
cile de  peindre  les  viË;  regrets  de  sa  famille  éplorée  et 
de  tous  les  amis  qu'il  s'était  déjà  faits,  soit  à  Meudon  , 
soit  dans  les  environs.  Mais  la  nouvelle  de  sa  mort ,  ar- 
rivée dans  le  département  de  la  Gote-d'Or ,  n'y  a  pas  fiiit 
une  moindre  sensation.  On  peut  dire  que  dans  la  magis- 
trature ,  dans  l'administration ,  dans  la  société  et  surtout 
dans  cette  enceinte ,  Messieurs  ,  les  regrets  ont  été 
aussi  unanimes  que  profonds.  J'ajouterai  cependant  que, 
d'après  les  relations  intimes  et  journalières  qui  ont 
existé  entre  nous  pendant  tant  d^années ,  personne  ne 
peut  dire  avec  plus  de  justice  et  un  sentiment  de  dou- 
leur plus  prononcé  que  celui  que  j'éprouve  : 
Msltis  ille  bonis  flebilis  occidit , 
Nulli  flcbilior  quam  mibi 

'  M.  Amanton  laisse  encore  tin  autre  fils,  M.  Victor 
Amanton ,  qui  est  en  ce  moment  inspecteur  des  forêts  à 
Alger. 


(134) 
NOTICE  CHRONOLOGIQUE 

DES     OUVRAGES     DE    M.     AMÀNTOliri 


1 .  Apothéose  de  Rameaa ,  stènes  lyriques  ^  paroles  ie 

MM (Ântianton  et  Ligeret  de  Chazey)^  musique  de 

M (Deval).  D^on,  Causse,  1783,  //s-8^. 

2.  Mémoire  et  Consultation,  sur  une  question  de  sépara- 
tion d^habitation ,  soumise  à  un  tribunal  de  famille.  Z>^o/^  ^ 
Causse,  1792,  i>i-8o. 

3.  MiMoiRE  adressé  au  Corps  législatif  par  Tadministra- 
tion  municipale  d'Auxonne ,  sur  la  nécessité  de  consenrer 
Técole  d^artillerie  et  l'arsenal  de  construction  établis  dans 
cette  commune  par  Pancien Gouvernement.  Dijon,  Frandn, 
ojs  yn  (  1799  ) ,  i>ï-8®.  '  ^ 

4-  MiMOiRE  pour  le  grand  Hospice  civil  de  la  ville  d'Au- 
xonne  9  sur  une  question  de  liquidation  de  la  dette  publique. 
Dijon,  Franiin,  an  Viii  (  1800),  //z-8^  de  ^o  pag, 

5.  Coup-d'oeix.  sur  les  finances  dé  la  ville  d'Auxonne,  et 
sur  les  ressources  qu'elles  offrent  à  une  bonne  administra- 
tion (  par  MM.  Amanton  et  Jacques  Gille  ) .  Dijon  ,  Fran" 
tin,  an  ix  (  1801  )  9  i>z-8o. 

6.  Recherches  biographiques  sur  le  professeur  dVrtillerîe 
Lombard.  Dijon,  i8oa  ,  /«-8®  de  ^i^  pages. 

Ces  Recherches  sont  intéressantes ,  surtout  par  les  notes  philolo- 
giques,  histori<}ues  et  bibliographiques  qui  les  accompagnent.  Jean 
Louis  Lombard  ,  ué  à  Strasbourg  le  a3  août  1733,  et  mort  à  Auxonne 
le  i«'  avril  1794»  fut  un  homme  de  mérite,  qui  exerça  les  fonctions 
de  professeur  d'artillerie  à  Auxonne ,  depuis  1769  jusqu'à  sa  mort. 
Très-instruit,  il  fit  faire  des  progrès  à  la  science  y  et  publia  de  savaus 
ouvrages  sur  sa  partie.  Napoléon  avait  pour  lui  une  estime  particulière. 

7*  Uromancie.  Extrait  du  Journal  d'économie  rurale  et 

domestique.  MisurocrisopoUs ,  an  xiii  (  iSoS),  in-^^. 

Cet  article  est  dirigé  contre  les  charlatans  de  campagne ,  qui  pré- 
tendent connaiti^  et  guérir  les  maladies  à  Finspection  des  urines.  Il 


C  135  ) 

est  signé  :  UftoscopiriLiA ,  cultivateur.  Ce  prétendu  cultivateur  n'est 
Miijre  que  M.  Massoo-Fouri  alors  pharm^cieu  à  Âuxonne.  M.  Aman- 
ton  a  ajouté  des  observations  très- judicieuses  à  cet  opuscule. 

8.  Recherches  biographiques  sur  Denis  Marin  de  la 
Chas.teîgneraye ,  conseiller  d^état,  intendant  des  finances  de 
France  sons  Lonii^  XIV.  Dijon,  Pmntin,  1807,1/1-80  de 
a8  pag.  •—  Notes  additionnelles,  1807  9  ^'^-B®  de  6  pag. 

'  Denis  Marin  9  né  à  Anxoune  en  janvier  1601  y  d'un  cordonnier  selon 
les  uns  y  et  d*im  marchand  selon  les  autres,  est  mort  le  37  juin  1678, 
laissant  la  réputation  d*un  homme  de  bien  qui  a  rendu  de  grands 
services  à  F£tat  et  à  sou  pays. 

9.  Notice  biographique  sur  Léonard  Racle,  de  Dijon. 

NouTelle  édition,  avec  quelques  corrections,  des  additions 

et  des  notes.  Dijon,  Trantin,  1810,  in-V^  <i®   '7  pages. 

—  Addition,  ou  plutôt  Compte  rendu  de  cette  notice,  par 

M.  Chardon  de  la  Rochettè.  //e-8o  de  7  pages. 

Léonard  Racle,  d^chitecte-ingénieur,  né  à  Dijon  le  3o  novembre 
1736,  est  mort  à  Pont-de-Vaux  le  8  janvier  1791,  Il  a  eu  de  la  celé- 
'brifé  dans  son  temps,  et  l*a  méritée;  Voltaire  en  faisait  grand  cas; 
7^a  notice  de  M.  Amanton  a  d'abord  été  insérée  dans  le  Magasin 
encyclopédique ,  août  1810.  Et  la  notice  de  M.  Chardon  de  la  Ao- 
chette  JBe  trouve  dans  ses  Mélanges  de  Philologie  et  de  Critique  , 
Paris,  181a,  3  vol,  in-%^^\  V.   tom.  ni ^  pp.  391-399. 

lo*  Dissertation  de  J.-B.  Bullet,  sur  le  festin  du  Roi 
boit,  avec  des  notes.  Paris,  Sajou,  1810,  f/s-8^  de  ao  pag. 

L'éditeur  avait  fait  insérer  cette  dissertation  dans  le  Magasin  ency- 
clopédique ,  décembre  1810.  —-Elle  a  été  réimprimée,  avec  des  aug- 
mentations, dans  Vjénnuaire  de  la  CSte-d^Or,  1897-,  il  en  a  été 
tiré  cent  exemplaires  k  part,  1838,  i/z-12  de  Zn  p. 

1 1  •  Notices  biographiques  sur  Claude  Gillot  et  sur  Paul* 

Ponce- Antoine  Robert ,   peintres  ^  par  le  choYalier  de  la 

Touche;    avec  des    notes  de  MM*  Millin   et  Amanton. 

Dole,  Joly  ,  1810,  //1-8** . 

C'est  un  extrait  du  Maga-sin  encyclopédique ,  décembre  1808, 
p,  3o6. 

là.  Lettre  à  M.  Chardon  de  la  Rochettè,  contenant  des 

éclaircissemens  certains  sur  le  véritable  lien  de  naissance 


(  î36  ; 

Au  célèbre  organiste  L.  Marchand  j  etc.  (  Extrait  du  Ma^ 
gasin  encyclopédique,  )  Pafis  ^  Sajou ,  i8ia  ,  i>f-8«>. 

i3.  Note  sur  François  Juret ,  Dijonnais.  Dijon,  iSiS^ 
in^%^. 

Ce  Jaret,  ne  en  i553  à  Dijon,  j  est  mort  le  21  décembre  1626. 
Oëtait  un  homme  distingué  dans  les  lettres  et  p]tl&  encore  par  la  sa- 
gesse de  ses  opinions  politiques  dans  ces  temps  de  trouble;  il  fut 
l*ami  intime  des  du  Harlay,  des  de  Thou,  des  Gillot,  des  Dapuy, 
des  Pithou,  etc.  Celte  note,  fournie  à  M.  Âmauton  par  Chardon  de 
la  Rochette^  est  d'autant  plus  importante  que  Papillon ,  dans  sa  J9i- 
hlioihèque  de  Bourgogne ,  dit  que  Juret  est  plus  connu  par  ses  écrits 
que  pu*  les  circonstances  de  sa  vie.  Chardon  supplée  dans  cette  note 
au  silence  de  Papillou. 

i4*  Notice  nécrologique  sur  Jean-Edme  Durande  , 
avocat  à  Dijon.  Dijon  ,  Frantin  ,  i5i3 ,  //z-8°. 

M.  Vavocat  Duraude,  né  k  Dijon  en  1721,  y  est  mort  le  la  mai 
a8i3,  emportant  Festime  et  les  r^rets  de  ses  concitoyens. 

j5.  Notice  nécrologique  sur  Philippe-XaTÎèr  Leschevin 
de  Précour,  commissaire  en  cbef  des  poudres  et  salpêtres  ^ 
à  Dijon.  18149  in-bo,  «.  Addition  ,  18149  inS^, 

M.  Leschevîn,  né  à  Versailles  le  16  novembre  1771  ,  (il  eut  pour 
|>arrain  le  comte  d* Artois ,  dépuis  Charles  X  ) ,  est  mort  k  Dijon , 
le  6  juin  1814*  C'était  un  savant  distingué  ;  son  édition  du  Mathana- 
jMus  prouve  une  érudition  immense  qu'on  pourrait  peut-être  qualifier 
ne  surabondante.  Il  a  beaucoup  d'autres  ouvrages  qui  attesteut  des 
connaissances  aussi  profondes  que  variées  dans  les  hautes  sciences  ^  la 
physique,  la  chimie,  la  minéralogie,  etc.,  etc. 

16.  Recueil  de  planches   gravées  dVprès  la  collection 

des  jetons  des  villes  et  maires  de  Dijon^  Beanne  et  Anxonne, 

tirée  du  cabinet  de  G.  N.  Aman  ton.  Dijon,  imprimerie  de 

Trantin  y  1814  9  in-É^ . 

Ces  planches,  qui  renferment  chacune  dix  jetons ,  (  armes  et  revers 
il  l'exceptiou  de  la  dernière  qui  n*en  a  que  sept  )  sont  au  nombre  de 
quinze,  non  compris  uu  frontispice  allégorique  et  le  portrait  de 
Fauteur.  Elles  étaient  destinées  à  orner  une  numiimato^apA/e  bourgui- 
gnonne, qui  n*a  pas  eu  lieu.  Ou  n'en  a  tiré  provisoirement  que 
VINGT  épreuves,  et,  selon  totfte  apparence,  il  n'^y  en  aura  famais  un 
plus  grand  nombre.  De  ces  vingt  exemplaires ,  quatre  sont  tirés  sur 


(  137) 

papkr  vélîn  grand-nûsin ,  et  cinq  sar  papiers  de  diverses  coulews* 
Le  premier  ietov  gravé  remonte  à  1609 ,  et  le  dernier  de  Diioa 
(  pi.  xui  ),  est  de  1767.  La  pi,  ziy  eu  reuferme  douze  de  Beaune  ^  et 
la  x?^  9  sept  d'Auxonne. 

1 7.  Notice  sar  M.  Louis  Bredin  9  directeur  de  Técole 

Vétérinaire  de  Lyoo  9  né  en  1738  ,  mort  à  Lyon  le  17  mars 

i8i4*  Dijon  ,  Frantin  ,  18149  ^-8^« 

''i8.  NoTtGB  nécrologiqiie  sur  M.  Rémi  OUi^ier,  né  à 
Paris  le  26  février  1727  ,  mort  à  Dijon  le  25  décembre  1 81 4* 
Dijon  ,  1 8 1 5  9  in-S^, 

M,  OlUvier  est  l'auteur  de  r£rpn^  de  VEru^clopédie,  Paris  ^798- 
1800  y  12  vol,  in-S*. 

j  9*  Notice  sur  Jean  Boichot  j  statuaire  du  Roi.  D^'on  ^ 
i8i5,//i-8^ 

:  M.  BcHchct ,  né  à  Ghâlon-s.-S.  en  1738,  est  mort  à  Âutun  le  9  dé- 
cembre 1814* 

20.  Notice  historique  sur  le  général  Nansouty^  né  en 
17689  mort  le  1 2  février  181 5.  Dijon  ,  Frantin,  181 5 1  inAf* 

21 .  Notice  sur  M.  Pierre  Baillot ,  professeur  de  Uttéra-f 
ture  française  à  la  Faculté  des  Lettres  de  l'Académie  de 
Dijon ,  né  dans  cette  ville  le  8  septembre  1 752  y  mort  dans 
la  même  ville  9  le  20  février  i8j5.  Dijon  ,  181 5 ,  Zn^^o* 

C'était  nu  homme  de  bien  très-estiiBé  ^  habile  professeur,  «t  qid 
A  formé  d'excellens  élèves. 

22.  Notice  sur  M'  Cl.  Didiet ,  ingénieur  en  chef  des 
ponts  et  chaussées ,  né  à  Châlons-sur-Marne  9  le  3  septembre 
3753  9  mort  àDijonle  i^'mars  1816.  Dijon ^  1816, //i-8^. 

Encore  un  homme  de  bien ,  fort  instruit  et  emportant  les  regrets 
de  tons  ceux  qui  l'ont  connu.  Cette  Notice  est  de  M.  Girault ,  et  les 
notes ,  de  M.  Âmanton. 

23.  PARTicuLARiTés  inédites  et  peu  connues  sur  La  Mon- 
noye  ,  Crébillon  et  Piron,  recueillies  par  C.  X.  Girault  9  et 
publiées  avec  des  notes  par  M.  Âmanton.  Dijon  ,  Frantinf 
182O)  in-^. 

Cet  particularités  sont  curieuses. 


(138) 

a4*  Notice  sur  M.  Claude^XâTier  Gùravlt  9  Ancien  ma* 
gistrat ,  membre  de  TAcadémie  des  sciences  |  arts  et  belles- 
lettres  de  Dijon ,  suivie  de  la  liste  d»  ses  outrages.  Dijon  ^ 
LcLgieri  Paris  ^  A.  A,  Renouard ,  iSsS,  1)1-80. 

M.  Giraolt,  ne  à  Aazonne  le  i3  avril  17641  est  mort  à  Dijon  le  3 
novembre  iSaS.  Cétait  un  des  membres  les  plus  laborieux  de  l'Aca- 
démie de  cette  TÎUe;  Tbistoire,  la  numismatique,  Tarchéologié  loi 
étaient  familières ,  comme  t'attestent  «ea  aembreas  pavi^ges.  On 
trouvera  dans  le  Compte  rendu  des  travaux  de  cette  Académie, 
(  Séance  publique  du  a3  août  j8'j3  )  »  pp*  975-379,  une  notice  né- 
crologique dans  laquelle  nous  avons  tâcbé  de  payer  à  cet  académiden 
le  joate  tribut  d&  à  lesqnalités  estimables  et >  à  Ses  ciriumisBaaces très- 
étendues. 

'   a5.  Notice  svr  M.  J*  B.  Yolfids  9  prêtre  du  diocèse  de 
Dijon.  Dijon,  Frantin,  i823,  //i-8^. 

Cette  Notice  est  un  eitrait  d'un  Mémmre  beaucoup  plus  étendu 
dont  M.  Amanton  a  fait  part  à  1* Académie.  M.  Volfius,  homme  de 
beaucoup  dTesprit ,  a  été  longtemps  |>rofeaseur  d'éloquence  an  Collège 
de. Dijon.  Il  est  né  dans  cette  ville  le  3  av^  1734 ,.  et  y  est  mort  1^ 
8  février  1822. 11  avait  été  sacré  évéque  constitutionnel  de  la  Côte* 
d*Or,  le  i3  mars  1791  ;  il  donna  sa  démission  en  1801  ^  et  fut  récon- 
cilié avec  l'Eglise  le  a8  avril  1816.    ■ 

a6.  Lettres  bourguignonnes  ,  ou  correspondance  sor 
divers  points  d^kistoire  littéraire ,  de  biographie ,  de  biblio- 
graphie ,  etc.  Dijon,  Lagier,  1823 ,  i>i-8®  de  '^S  pag* 

n  y  a  beaucoup  de  détails  cprieux  dans  cette  collection  de  treize 
Lettres  sur  différeus  sujets.  J'aurai  un  jour  occasion  de  revenir  sur  la 
sixième  qui  est  toute  bibliographique,  et  qui  a  besoin  d'un  supplé- 
ment que  j'y  ajouterai.  Ce  recueil  a  deux  fac-similé  ,  l'un  de  l'écri- 
ture d'Alexis  Piaoh,  et  l'autre  de  la  signature  du  poète  Vebgier. 

27.  Lettre  (  de  Gabriel  P.  )  à  M'  C.  N.  A. ,  sur 
un  ouvrage  intitulé  :  Les  PoiTES  français  depuis  le  xli^ 
siècle  jusqu'à  Malherbe,  avec  une  notice  historique  et  litté* 
Taire  sur  chaque  poète.  (  Paris ,  Crapelet  \  6  voL  «1-8^ }  i 
«—  et  Notice  sur  la  nouvelle  édition  des  Euvres  de  Lovise 
Labé,  lionnoize»  (Lyon  9  1824  9  1  voL  in^%^)\  par  M' 
€.  N.  A 9  (Amanton).  Paris,  1824?  i/>-8^- 

Là  Notice  de  M.  Amanton  ofïre  de  l'intérêt;  il  y  rend  justice  à  la 


(  139; 

profonde  ëroffilion  des  éditeurs  des  QEiuMres  de  Ziouise  Labé  »  parmi 
lesquels  il  place  an  premier  rang,  le  savant  M.  Breghot  du  Lut,  qui  a 
eu  la  plus  grande  part  à  la  pablication  de  cette  belle  et  curieuse 
édition. 

28.  Notice  sarVabbé  Fiard ,  prêtre  do  diocèse  de  Dijon. 

D^on  ,  Noëllat ,  i8a5  9  zW-So. 

M.  Fiardy  né  \  Dijon  le  98  novembre  1736 ,  j  est  mort  le  3o  sep- 
tembre 1818,  avec  la  réputation  d'un  homme  instruit ,  mais  bizarre 
démouographe.  Ses  ouvrages  deviendront  rares. 

39.  Notice  «nr  M.  Jean  Contarier^  ancien  profeMeur 
an  Collège  royal  de  Dijon;  né  dans  cette  ville,  le  23  avril 
1768  )  il  y  est  mort  le  20  noTembre  i834  9  emportant  Tes- 
time  et  les  regrets  de  tons  les  gens  de  bien.  -»  Notice  sur 
M.  le  baron  Denon ,  administrateur  des  Musées  ,  etc.  ^  né 
à  Chalon-sur-Saône,  le  4  janvier  17479  mort  à  Paris ,  le 
27  ayril  1825.  Dijon  y  Frandn,  i8a5,  ùir^^. 

3o.  Lettres  sur  trois  Lyonnais,  premiers  présidons  an 
Parlement  de  Bourgogne  dans  le  xti^  siècle,  de  t5o5à 
i55i  ,  (Humbert  de  Villeneuve ,  Hugues  Fournier  et  Claude 
Patarin).  Lyon,  Barret^  1826 ,  in-^^  de  26  pages.  — -  Let* 
tre  à  M.  Amanton  ,  au  sujet  de  ses  Lettres  sur  les  trois 
Lyonnais,  etc.  \  par  M^  N.  F*  Cochard.  Lyon,  Banet,  1827, 
jvi-80  de  1 5  pages. 

Les  détails  biographiques  sur  ces  trois  magistrat^  ont  exigé  des 
recherches  assez  pénibles  de  la  part  de  M.  Amanton  *,  elles  ont  été 
complétées  par  M.  Cochard ,  et  sont  un  morceau  préciewL  sur 
rhistoire  de  la  magistrature  en  Bourgogne. 

3â.   Obseetations  sur  Thistoire  de  Napoléon  diaprés 

Im^méme  ,  publiée  par  Léonard  Gallois  ^  3«  édition.  Paris, 

T/oiif'^,  1827,  i>z-8o. 

L*auteur  s'est  attaché  à  relever  des  erreurs  graves  échappées  à 
M.  Gallois 9  sur  les  premiers  temps  de  Bonaparte,  sur  sa  fortune , 
quand  il  était  lieutenant  d'artillerie,  sur  etc.;  MM.  Amanton  et 
Girault  d'Auxonne  out  connu  le  jeune  lieutenant  quand  il  était  en 
garnison  dans  cette  ville  ;  et  certes ,  il  était  bien  éloigné  de  briller  par 
la  fortune. 

32.  Notice  sur  M.  François  Cbantsier,  docteur  en  méde- 


(  i40  ) 

cine,  né  à  Dijon  le  s  juillet  1746  9  mort  i  Paris  le  1$  juin 

1 828 V  Dijon  ,  Noëllatf .  1 828 ,  in-^^* 

Cette  Notice  e  ëtë  tirée  k  csirr  exemplaires*  Il  y  a  un  supplément 
qui  rectifie  quelques  erreurs  de  dates  et  du  prénom.  Nous  faisons  usage 
de  ces  corrections  daus  cette  ennouce.  M.  Cbausiner  était  membre  de 
TAcadémie  de  Dijon  depuis  le  14  novembre  1776. 

33.  Annuaire  du  département' de  la  Côte-d'Or,  pour 
Faiinée  1827.  Dijon,  NoeUat,  1828,  in^x^de  4^6 />. 

L^anteur  a  terminé  ce  volume  par  une  nonVelle  édition 
de  sa  Dissertation  sur  le  festin  du  Rm-hoit,  (  Yoy .  ci-de- 
vant,  no  10.) 

34*  Notice  sur  M.  le  comte  de  Gassendi ,  ancien  général 
dWtillerie.  Dijon ,  Odobé ,  1828, //i-8o* 

M.  de  Gassendi ,  né  en  Provence  le  18  décembre  1748  9  est  mort  à 
Nuits  (  Côte-d'Or  ),  le  14  décembre  i8a8.  Il  se  délassait  des  travaux 
militaires  avec. les  mus^.  Il  a  publié  un  fort  volome  de  stA  poésies  1 
z/i-i8y  tiré  à  cent  exemplaires. 

35.  Vavban.  Dijon,  Odobé,  1829 ,   in^Z^ ^  tiré  d  cin" 

quante  exemplaires» 

On  a  toujours  été  incertain  sur  le  lieu  et  sur  la  date  de  la  nais- 
sance du  maréchal  de  Vauban.  Cetttf^otice  lève  tous  les  doutes  à  cet 
^ard,  puisqu'elle  rapporte  son  extrait  de  naissance  relevé  sur  les 
registres  baptistaires,  par  M.  Royer,  maire  de  la  commune  où  il  est 
né.  9  en  résulte  que  Sébastien  Leprestre,  fils  d*Àlbin  Leprestre  (  le 
nom  de  Vauban  n'était  pas  encore  dans  la  famille  ),  est  né  le  i5  mai 
i633  à  Saint-Léger  de  Foucheret,  commune  de  l'ancien  bailliage  de 
Saulieu  (  C6te-d'Or)  et  maintenant  du  canton  de  Quarré-les-Tombes, 
arrondissement  d'Avallon.  Vauban  est  mort  à  Paris  le  3i  mars  1707' 
On  voit  dans  la  salle  des  grands  hommes  au  musée  des  antiques ,  la 
statue  de  Vauban ,  en  marbre,  ouvrage  de  Gh.  Ant.  Bridan,  père, 
célèbre  sculpteur  bourguignon ,  né  à  Ruvières ,  en  1 7S0 ,  mort  en  i8o5. 
(  V.  la  savante  Description  du  Musée  royal  des  antiques  ,  par  M.  le 
comte  de  Clarac.  Paris,  i83o ,  i/i-8^,  p.  3So  ). — Voyez  aussi  la  Notice 
des  objets  d'arts,  exposés  qu  Jlfusée  de  Dijon,  (  par  M.  de  Saiut- 
Mémin).  2>//on,  18349  in-ia,p.  102;  mais  ici  il  est  question  de 
Pierre  Bridan ,  fils  du  précédent  ;  il  a  fait  la  statue  en  marbre  de 
Bossueti  objet  de  Farticle  471  de  la  curieuse  Notice  de  M.  de  Saint- 
Mémin. 

36.  Notice  sur  M.  de  Boisville,  évêque  de  Dijon»  Dijortf 
Odobé,  1 83o  9  V/i-8o  de  4  p.  tiré  à  60  exemplaires. 


(141  ) 

2j.  Notices  sur  M.  Châtillon  et  sur  M.  Torombert« 
Difon,  i63o  jin-Q^. 

Nie.  Claude  Châtillon,  aimable  poète,  ne  à  Rouen  le  14  octobre 
1776 ,  est  mort  fc  Paria  le  7  janvier  i8a6.  Il  avait  été  reçu  àasodë  cor- 
respondant de  l'Académie  de  Dijon  le  a4  <^^i>'^^^  iftaS. 

M.  Cbarles-Louis-Honoré  Toromberf ,  avocat  à  Lyon»  né  à  Belmont 
en  Bugey  le  17  décembre  1787  »  y  est  mort  le  8  mai  1829  ;  il  «  travail- 
lé sur  réconomie  politique. 

58.  YiRoiLE. VIRAI  en  borguignon  \  choix  des  pins  beaux 
livres  de  rÉnéid||||snivis  d'épisodes  tirés  des  autres  livres 
(  traduits  jadis  en  patois  bourguig]&o»)  a^ec  sommaires  et 
notes  9  publiés  par  C.  N.  Aman  ton ,  et  un  discours  préliAii» 
naîre  par  G.  P.  (Gabriel  Peignot).  Dijon,  imprimerie  de 
Fmntinf  ckez  Victor  Lagier ,  i83i',  1  9ol,  m-id^  de  32/ 
pages,  tiré  â  a44  exemplaires  sur  pap.Jik  grand-raisin  ,  et 
SIX  sur  grand  papier  fort  de  Hollande. 

Ce  curieux  voluriiey  dont  la  publication  est  due  au  goât  d'an  ama* 
tenr  dijonnais  qui  en  a  fait  les  frais,  est  digne  de  figurer  dans  le  cabinet 
de  tont  bibliophile  édairé,  Unt  par  le  fond  da  sujet  que  par  sou  im- 
pres^on  exécutée  avec  le  plus  grand  soin.  Il  deviendra  rare  et  sera 
nn  jour  très-recherché. 

39.  Pairaibôle  de  TAnfiin  pri^digue,  et  le  livrô  de  Ruth 
revirai  po  lai  premeire  foi  an  borguignon ,  par  ein  baibitan 
de  lai  rue  Sain-Felebar ,  ai  Dijon.  —  Parabole  de  rfinfant 
prodigue ,  et  le  liyre  de  Ruth  traduits  pour  la  première  fois 
en  patois  bourguignon ,  par  un  habitant  de  la  rue  Saint- 
Philibert,  à  Dijon.  (Q,  N.  Aman  ton  ).  Dijon,  Frantin  , 
imprimeur  du  Roi  et  de  l'Académie,  i83i  |.«>?-8^.</e  ^%  p.p 
iirédtoixASTE..  exemplaires. 

Les  seize  premières  pages  de  cet  oposcule  sont  consacrées  aux  re- 
cbercl^es  sur  les  diverses  traductions  de  la  Parabole  de  l'Enfant  pro- 
digue dans  les  différons  patois  de  France  ,  etc. ,  et  sur  d'autres  pièces 
en  patois  bourguignon.  Ensuite  vient  la  traduction  de  cette  Parabole 
et  Celle dii  livre  de  Ruth,  dans  ce  patois.  On  peut  les  regarder 
comme  un  chef-d'œuvre  dans  ce  genre;  c'est  la  simplicité ,  la  naïveté 
•tla  finesse  d'expression  de  ce  patois  9  l'un  des  plus  agréables  et  des 
plus  es^ressifs  qui  existent;  mais  il  faut  le  connaître  pour  l'apprécier 
k  sa  juste  valeur.  M.  /kmanton  excellait  dans  cette  partie. 

Une  seconde  édition  de  ce  corieox  opuscide  >  corrigée  et  augmen- 


tëe»  a  paru  à  Dijon  ,  aa  mois  de  septembre  de  la  même  année  i83i , 
iH'B9  de  38  pag. ,  également  tirée  à  soixante  exemplaires;  celte  édition 
est  fort  belle. 

40.  Notice  sur  feu  le  marquis  de  ThUrd,  Membre  hono- 
raire de  r Académie  dei  Sciences ,  Arts  et  Belles*Lettres  de 
Dijon.  Dijon,  Frantùi,  i83a,  in-S^  de  28/?.^  Urée  £k  i5o 

exempt. 

Gaspard  Pontbus  de  Thiard ,  né  au  cbftteaa  de  Jaill  j  pires  Semor 
en  Aoxois ,  le  26  mars  17^3,  est  mort  k  Semar  le  a8  avril  1786. 

4 1 .  RiTiLATioNs  snr  !es  deux  GrébilloMPan^,  1 835,  £pi-8^ 
C'est  le  tirage  à  pari  d*an  article  foami  par  M*  Amanton  k  la  Franct 

littéraire,  août  i835.  L*autear  j  bat  en  brècbe  Pilliistration  nobi- 
lière  dont  on  a  yoalu  environner  le  berceau  des  Grébillon. 

42*  Elooe  de  M.  le  marquis  de  Courtivron,  associé  ho- 
noraire résidant  de  T Académie  de  Dijon.  Dijon,  imprimem 
de  Frantin,  ib'dôj  in»8^. 

H.  4e  Courtivrpu ,  né  dans  le  château  de  la  terre  de  ce  nom  »  le  iS 
juillet  1753,  est  mort  au  château  de  fiussyHla-Pesle  ,  le  28.  octobrt 
j83a.  L'auteur  de  l'éloge  a  suivi  M.  de  Gourtivron  dans  toutes  les 
phases  de  s#  longue  carrière ,  carrière  remplie  de  la  manière  la  plus 
honorable,  soit  comme  militaire,  soit  comme  savant  y  soit  comme 
administrateur. 

43.  KoTiCB  sur  madame  Gardel.  Dijon,  i835^  iis-8^« 
M.  Aij^anton  u'»  consacré  une  Notice  à  cette  célèbre  danseuse  de 
l'opéra  que  parce  qu'elle  est  née  à  AuxQnne  ;  fille  d'un  musicien  aa 
corps  royal  d'artillerie ,  nommé  Houbert ,  elle  a  vu  le  jour ,  le  8  avril 
1770;  elle  fut  reçue  k  l'opéra  le  i3-  janvier  1786,  épousa  M.  Gardel 
jeune  le  24  décembre  1795,  et  est  morte  à  Paris  le  18  mai  i833. 

44*  Galerie.  AuxoNNAtsE)  ou  revue  générale  desAuxga- 
nais  dignes  de  mémoire ,  comprenant  Im  réimpression  àei 
biographies  de  Maillard  du  Mesle,  intendant  des  îles  de 
France  et  de  Bourbon  ;  et  de  madajne  Gardel,  première  dan- 
seuse de  PAcadémie  royale  de  musique,  duxonne^  *X.  T* 
Saunié,  iSSi,  i>t*8o  de  128  p.  ,  avec  une  gravure  et  deax 
planches. 

M.  Amanton  est  mort  au  moment  où  l*on  terminait  rimpressioif 
de  cet  ouvrage ,  dernier  tribut  de  son  zèle  pour  la  gloire  de  la  Bour* 
gogne  et  particulièrement  de  ks  compatriotes. 


NOTICE 


SUR 


.!• 


■    «  • 


I 


•  •*»  r 

•  ■  «  .  I 


M.  RIAMBOURG. 


Je  pais  dire  de  lai  sans  nulle  flatterie  que 
nul  autre  de  "son  temps  n'àVàit  tout  ensemble 
plu»  de  yrerhaàj  et  que  je  n*y  ai  remarqué 
aucun  ééfjuiU 

Aàkauld  n'AsDiLLTy  JIfémoires, 


•  I 


^  '  Ceci  n^est  poinU  iiiréloge  académique  ':  ce  sont  quel- 
ques parole^  brèves  9  sincères  en  mémoire  de  l'homme 
le  rncâns  ambitieut  dèl  liouange  qui  fût  jamais.'  Simple 
téiÀoin,*  je  voudrais,  je'n'espère  ix>int  pouvoir  dire  ce 
que  < j'ai  vu  et  ce  que  je  sçns. 
'  On  a  défini  M;  Riàmioukg  une  forte  et  saine  intelli- 
jgeoce  au  -service  d!une  vertu  supérieure.  En  ajoutant 
que  (fêtait  un  homme  du  xm^  siècle  naturalisé  dans 
le  nâtre ,  la  ressemblance  eût  été  plus  complétée  encore 
et  plus  frappante.  Les  qualités  en  quelque  aorte  fon- 
damentales qui  ont  fait  surgir  à  la  fois,  dans  cette 
époque  éminente ,  un  si  grand  nombre  dé  natures  d'é- 
lite, il  les  réunissait  toutes  à  ce  degré  d'harmonie 
qui  a  manqué  trop  souvent  aux  plus  rares  génies  de'ce 
temps-ci  :  l'équilibre  des  (acuités ,  la  sérénité  du  coup- 
d'œil,  un  grand  sens,  et  cette  force  calme  et  vraie 
qui  nVi  pas  besoin  de  s'exagérer,  parce  qu'eUe  est  sûre 
d'elle-même. 

Penseur,  il  rappelait  Nicole^  magistrat,  il  faisait 
souvenir  de  Mathieu  Slolé  \  écrivain ,  c'était  la  marche 
un  peu  lente ,  mais  ferme  et  allant  droit  au  but ,  de 
l'auteur  des  .£»aîi  de  morale }  c'était  de  plu9  l'ordon- 


nance  sévère  et  pleine  de  rhomme  de  cet  âge  et  de  tous 
les  âges  qui  a  su  le  inieuiK  composer ,  de  Bourdaloue. 
Mais  le  digne  imitateur  d^  Mathieu  Mole,  le  disciple 
de  Bourdaloue*  et  de  Nicole 'n'était  point  comme  un 
étranger  au  milieu  de  nous.  Il  connaissait  bien  son 
temps  y  le  xv^l'  siècle ,  au  déclin  duquel  il  avait  gran- 
di ,  et  le  xix',  où  il  semblait  appelé  à  vivre  de  longues 
années  encore.  Il  n^avait  point  accepté  les^enseigne- 
mens  de  la  science  encyclopédiqtié  ;  mais  il  les  avait 
reçus ,  discutés ,  appréciés  ai  leur  valeur.  On  s'aper- 
cevait qu^il  avait  passé  par  Pécole  polytechnique  avant 
d^entrer  à  Port-Boyal.  Ej^is  dans^de^  juste9  boriieB/de 
Faustère  discipline  des  maîtres  dVDoiplACet'  det  jPasoal^ 
il  i|,'en  eut  jamais  }a,  .rigidité,  ^mpte,  rhétérodcôie  et 
Tesprit  d'exdusioOfvSa  vertu  demeura  traitableechu* 
Inaine  ;  son  esprit  n^était  pas  étroit  et  fermé ,  oomxne 
il  appartient  aux  sectaires ,.  mais  ouvert  et  compréhén- 
sif ,  comme  il  sied  à  la  vérité  universelle.  Les  [dus 
jeunes  d'entre  nous  s'étonnaient  de  le  voir  aussi  inces- 
samment accessible  aux  idées  nouvelles,  non  pour  les 
subir  indistinctement  sans  doute ,  mais  pour  pénétrar 
jusqu'au  fond  avant  de  les  juger. 

Toute  la  vie  de  M.  Riambourg  est  dans  ce  portrait. 
Il  n'était  point  de  ceux  en  qui  Thomme  dément  le  phi- 
losophe, mais  de  ceux  qui  prennent  au  sérieux  leur 
mission  terrestre ,  qui  ont  foi  à  quelque  chose  ,  et  se 
tiennent  pour  obligés  d'agir  selon  ce  qu'ils  croient. 
Il  n'y  eut  pas  de  vie  plus  une  que  la  sienne.  Ce  fîit 
un  dévouement  continu  à  sa  famille ,  à  la  société ,  et 
par*-dessu3  tout ,  à  ce  qu'il  regardait  à  bon  droit  comme 
l'élément  vital  de  la  société,  à  la  religion. 

M.  Riambourg  naquit  à  Dijon,  le  24  janvier  1776. 
Après  avoir  traversé  Fécole  polytechnique  ,  qui  ne 


(146) 

pouvait  être  pour  lui  ce  qu^elIe  fut  pour  tBSxt  dVutres , 
le  dernier  mot  du  savoir  humain ,  il  brilla  un  instant  au 
barreau,  fut  appelé  à  siéger  dans  notre  Cour  d'appel , 
sous  TEmpire,  et  tint  son  premier  serment  sous  la 
menace  des  bayonnettes  autrichiennes.  Mais,  délié  par 
Fabdication  de  18149  il  refusa  de  le  renouveler  durant 
les  cent  jours,  et  se  retira  jusqu'à  la  seconde  restaura- 
tion. Rentré  à  la  Cour  comme  Procureur  général ,  il 
exerça  ces  hautes  fonctions  avec  une  rare  indépendance. 
Il  fot  nommé  Président  de  Chambre  en  1817.  En  i83o, 
il  renonça  définitivement  à  la  vie  publique  :  ce  fut  pour 
se  vouer  tout  entier  à  des  travaux  de  philosophie  reli«' 
gieuse  et  d'érudition  chrétienne  dont  jusque  là  les 
devoirs  de  la  magistrature  lui  avaient  à  peine  permis 
quelque  ébauche^  et  c'est  au  milieu  de  ces  savantes  et 
pieuses  méditations  qu'une  apoplexie  foudroyante  Ta 
frappé  le  16  avril  i836. 

M.  Riambourg  n'a  publié  que  trois  ouvrages  :  en 
i8ao ,  les  Principes  de  la  Résolution  française  définis  et 
discutés  y  en  1 829,  YEcoU  d  Athènes  ;  en  i834 ,  Du  Ra- 
tionalisme  et  de  la  Tradition»  Dans  le  premier  de  ces 
écrits ,  la  pensée  philosophique  et  religieuse  tient  une 
grande  place  sans  doute  ;  mais  la  pensée  monarchique 
prédomine.  Dans  les  deux  autres ,  le  philosophe  chrétien 
se  montre  seul.  Il  y  a  là  plus  de  faits  et  plus  d^idées  que 
dans  de  gros  volumes  publiés  à  Paris  et  prônés  dans  les 
feuilles  publiques.  Les  questions  les  plus  graves  de  la 
philosophie  et  de  l'histoire  y  sont  non-seulmnent  remuées 
mais  résolues ,  avec  une  lucidité  et  une  loyauté  de  dis- 
cussion qui  ne  sont  plus  guères  de  notre  temps.  Il  est 
rare  aussi  d'avoir  raison  avec  si  peu  d'intolérance  et 
même  de  hauteur. 

Celui  qui  trace  ce  peu  de  mots  ne  pourrait,  sans  ré- 

10 


(  146  ) 

pét6r  ce  qu'il  a  dit  ailleurs ,  rendre  un  hommage  moins 
incomplet  à  ces  excellens  travaux ,  comme  à  ceux  que 
9L  Riambourg  préparait  avec  Tassiduité  de  son  zèle  et 
la  constance  de  son  caractère ,  et  qui  seuls  auraient  don- 
né la  mesure  de  sa  supérior^ité  dans  les  matières  reli- 
gieuses et  philosophiques.  On  ne  peut  guère  qu'entrevoir 
ce  qu'il  valait ,  soit  dans  Rationalisme  et  Tradition,  soit 
dans  les  nombreux  morceaux  de  critique  dont  il  a  enri- 
chi divers  recueib,  et  spécialement  dans  une  série 
d'articles  singulièrement  remarquables  sur  rînsufBsaiiBti 
des  doctrines  écossaises»  On  admire  seulement  combien 
d'aperçus  féconds  il  semait  dans  sa  polémique ,  et  com- 
bien son  impartialité  de  juge  dominait ,  alors  même  que 
la  dialectique  du  censeur  se  montrait  plus  pressante  et 
plus  victorieuse.  Tant  il  était  fidèle  en  tout  à  la  maxime 
de  PApôtre  :  Non  plus  sapere  quàm  oportet  sapere, 
sed  sapere  ad  sobrietatem  ! 

Cette  maxime  résume  également  sa  vie  privée ,  plus 
admirable  encore  que  sa  vie  publique.  Mais  que  dirions- 
nous  de  ses  vertus  qui  ne  parût  faible  et  insuffisant  à 
tous  ceux  qui  l'ont  un  peu  connu  ?  Qu'ajouterions-nous 
donc  ici ,  sinon  qu'il  est  glorieux  à  l'Académie  d'avoir 
inscrit  sur  sa  liste  un  nom  aussi  pur ,  aussi  respecté  ? 
Reçu  académicien  honoraire  le  24  janvier  1816 , 
M.  Riambourg  ne  considéra  point  son  admission  dans 
cette  compagnie  comme  un  vain  titre.  Nos  Mémoires 
pour  1823  contiennent  une  appréciation  approfondie 
d'une  doctrine  alors  puissante  ^  ,  que  M.  Riambourg 
sut  des  premiers  réduire  à  sa  valeur  légitime.  En  1825, 
il  nous  donna  sur  le  beau  et  sur  le  goût  *  des  pages  con- 

'   La  philosophie  de  M.  Fabbé  de  La  Mennais. 
*  Mémoires  pour  1825,  pag.  i54  et  suiv. 


d^W*  siAstatiddlés  V  égalas  dans  un  autre  ordre  dU- 
dëe#  à  celtes  qiie  Mcmceaquieu  avait  écrites  pour  TEncy- 
dépédte  éoiis  le 'teéme  titre.  L^année d'après,  il  publia, 
toujours  dans  le  recueil  de  rAcadémie ,  un  fragment 
sur  cette  question  capitale  :  Faut-il  s'étonner  quily  ait 
des  mystères  dans  la  Religion  ?  '  Il  y  revint  dans  nos 
Mémoires  pour  1829  ^  ;  et  si  depuis ,  la  composition  de 
son  ouvrage  sur  le  Rationalisme  et  d'autres  recherches 
qui  commandent  la  solitude  l'avaient  un  peu  éloigné  de 
Dijon  et  par  conséquent  de  nos  séances,  on  ne  saurait  en 
accuser  ses  sentimens  pour  l'Académie ,  au  sein  de 
laquelle  siégeaient  ses  amis  les  plus  chers. 

Tel  fut  M.  Riambourg,  l'homme  de  tous  les  devoirs, 
mai^  trop  simple  jpeut-étre  dans  ses  mœurs  et  dans  ses 
écrits  pour  que  sa  réputation  ne  demeure  pas  inférieure 
à  son  mérite  \  infiniment  éloigné  d'une  vertu  âpre  et 
tendue  comme  celle  des  stoïques,  mais  homme  d'une 
perfection  intime  et  sans  effort,  qui  échappait^  l'admi- 
ration par  sa  continuité  même  *,  homme  véritablement 
modèle ,  qu^l  est  plus  facile  de  regretter  que  d'imiter, 
et  qu'on  ne  pourrait  louer  dignement  toutefois  qu'en 
suivant  de  loin  ses  traces  et  en  tachant  s'il  se  peut  de  lui 
ressembler  ^. 

Th.  Fo^set. 


*  Mém,  pour  1826,  p.  271. 

^  Mém.  pour  1829,  p..  32i. 

'   Admiratione  tepotius  quant  temporalibus  laudibus  et, 
si  natura  suppeditet ,  imitaiione  decoremus. 

Tacit.  de  vit,  Jul.  Agric» 

Sed  loDgè  sequere  et  yestigia  sempcr  adora. 

Stat. 


(148) 
On  nous  saura  gré  de  joindre  à  ctette  nécrc^Qgi^ 
de  M.  Riambourg  Tépilaphe  qui  a  été  grayée  ^^v j^ 
tombe ,  et  qui  a  été  composée  par  l'un  de  nos  confi^elï 
et  de  ses  amis. 

HIC   REQUIESCIT   iy  PJLCB   DOMIKI 

JOÀITNES    BÀPTISTA   CLAXJDIUS   RljiMBOURG , 

m    REGIA   DlVIONESSl     XUDICIORUM   GXJEU   OLIM   FRJESES, 

VIR  iNstcnis 

RELIGIONE   EUGA   DEUH   AG   PlETATE   EXIMIA , 
SINGULARI   ERGA   AMICOS   FIDE , 
DOGTRINATAM  IN  DlVimS  QUAM  IN  HUMANTS  LITTERIS  STTMMA, 
GRAVITATEET  iEQUITATE  IN^ERENDO  MAGISTRATU  CONSPIGUA, 
INCONGUSSA  IN   PURLICIS    PROCELLIS 
ANIMI    FORTITUDINE    ET   CONSTANTIA. 
PRIVATO   OTIO   REDDITUS, 
PHILOSOPHIE   NEGNON    THEOLOGIE    STUDIIS 
MAGNAM   SIBI   PARAVIT   SGIENTIE    ATQUE   INGENU    LAUDIM 

QUAM   FIRMAVERE 

PLURIMA   HAUD    PARUM   COMMENDANDA   SGRIPTA 

OB   DEFENSIONEM   CHRISTIANI    DOGMATIS. 

NATUS   ANNO    1776,    DIE    24    JANUARII  , 
OBUT   DIE    16    APRILIS    1836. 


BERNARDA  SIGATJLT  CONJUX  CARISSIMA 
HOC    POLORIS    ET    AMORIS    MONUMENTUM 

P.  c. 


POESIE. 


CHASSE  NOCTURNE 


ET 


PLAIINTES  DE  L'AMIRAL  CHABOT 


9ra2>Uiim» i^UAme, 


Chaque  nnit  qui   précède    la  fête   de  Noël  on 

entend  ramiral  chasser  dans  tea  forêts.. 

Tradition  populaire. 

Chabot  ent  le  malheur  de  se  mêler  enz  intrigvea  de 

Conr,  et  il  en  fat  la  victime. 

A.   SÀVAGirBA. 

Il  monrnt  le  i*'  jnin  1543,  par  suite  de  rémotion 
^QB  lui  causa  la  sentence  qui  le  déclarait  innocent. 

Selon  Bbartômb. 

Voy-le  ey  aller,  Toy-le  cy,  va  avant,  voy-le  cy 
par  les  portées,  voy-le  cy  aller,  il  dit  vray;  il^bat 
l'eau  le  cerf,  il  bat  Teau. 

LÀ  yBlTBRIB  SB  lACQTES  DY  FOVILLOVZ, 
SBIGHBVB  DV  DICT  LIET,  GEBTIL-HOMliB 
D?  PATS  DB  GASnVB  BW   POICTOY. 


^■, 


'.*_ 


*VÎ 


A  minuit ,  Iors<{ue  les  té&èbres 
Jettent  dt  lears  Toilea  funèbres 


«VkDans  cette  pièoTy  dont  la  fiirme  est  neoYe  en  France,  Schiller 
Seul  a  abordé  ce  genre  en  Allempgue  (  le  JPondeur  de  clodke)^  il  y  a 


rf   * 


il 


Les  grandes  ombres  à  nos  bois  ; 

Lorsque  des  Fidèles  la  voix     '  * 

Du  Christ  célèbre  la  venue  ; 

Quand  la  nei^eèlàfèrr^iBÛe  . 

Donne  son  manteau  virginal , 

Et  que  ie  flambeau  sépulcral 

De  la  lune  au  front  blanc  j  s*è\èye 

Comme  dans  notre  ame  un  doux  rêve« 

A  Pagny  Tombre  de  ClMlbot/  ' 

En  murmurant  paraît  bientôt. 


IL 


As-tu  donc  oublié ,  Valois  ,  nos  jeux  d^Amboise  y 
JNotre  jeunesse  heureuse  y  ensemble  et  si  courtoise , 
Les  coups  de  mon  épée  aux  champs  italiens  ? 
Quoi!  je  gémis  captif!...  Ah!  brise  mes  liens! 
Qvand  de  Bourbon  trahit ,  je  te  restai  fidèle  , 
Aux  douleurs  de  Madrid  se  retrempa  mon  zèle!... 
Mais  y  de  ton  amitié ,, toute  ta  Cour  me  haït 
Et  pousse  avec  Satan  la  langue  dePoyet.... 

IIL 

11  est  minuit ,  la  grande  chasse 
De  PAmiral  dans  le  bois  passe  \ 


deux  sujets  :  d'une  part ,  selon  la  tradition  ,  la  Chasse  noctuvae  de 
rombre  de  PAmiral  dans  ses  forêts  jusqu'à  la'mort  du  cerf;  d'autre 
part,  les  Plaintes  de  Chabot  dans- sa  prison,  jusqu'à  sa  délivrance 
qui  fut  promptement  suivie  de  sa  mort  Ce  morceau  a  été  lu  dans  1* 
fiéance  publique  de  T Académie'  de  Dijon,  le^a6  août  i836.  Lc^ 
fitrophes  alternent ,  et  ce  que  l'on  pourrait  appeler  les  deux  actions  y 
marchent  sur  deux  rythmes  diflférens ,  l'un  rapide  pour  la  chasse  f 
Fai^tre  grave  pour  l'histoire. 


(151  > 

Ecoutez  les  piqueurs  crîer 
Et  Fardente  me^ute. aboyer. 
Tous  les  Teneurs  à  Tassemblée , 
Sous  la  haute  yoùte  étoilée , 
Ont  fait  au  lire  leurs  rapports  ; 
11  a  diotsi  le  cerf  dix-côrs  j 
Sur  jambe  haut  et  bien  càurahle, 
Qui  promet  chftsse  délectable. 
••■  Oà  "euténd.  tieunir  les  chenaux , 
Vibrer  les  -  cors  et  les  échos  ! . . . 

IV. 

O  mon  roi  !  je  te  plains  !  nux  intrigues  des  femmes 
Tu  livres  ton  palais  !  Sais- tu  pas  que  leurs  âmes 
Sont  des  livres  scellés  !  Leur  regard  gracieux  y 
Cest  l'orage  quVuinofioe  iinbel  éékîr  des  cieux. 
Tu  pleures  d'Orléans.. ..'Eh' bien!  j'ai  tû  l'abîme 
Dans  toute  son  horreUf!,  ^  jH^i  itf audit  le  crknè;... 
Ils  ont...  parle  poison...  brisé  sonarenir!... 
Hélas!  d'aToîrltop  tu  la  mort  doit  me  punir. 


V. 


Sur  tes  pa^'jeUeluKe  jirûr^^ 
Veneur  ^  «t  ^oit. la  i  r^osée  p 
Le  cerf  est,  sncor  loin  d'ici .  •  •^. 
Non ,  iHH^  ,\Toy4e*Kiy>,  T-i^y-le-cy  ! 
Ton  sage  limier  en  silence 
Suit  Verre  et  lamente  s'élance.. •• 
La  grande  ombre  de  l'Amiral 
Court  rapide... •  On  dirait  Fingal 
Qiii  glissfr  à  traTef  s  les  «nages 

Et  reTÂest^-ac bruit des'orage»,''^ 
Où  sa  gviiHde  ame  se  forma  , 
Revoir  le  palais  de  Selma.     . 


(  152  ) 


VI. 


Mais,  tu  le  sais,  pour  toi  je  donnerais  ma  TÎe^ 
Souviens-toi  de  ce  bras  qi|i  frappait  à  Pavie  !..• 
Au  jour  où  ton  courage  égala  ton  malheur  , 
Quand  tu  t'écrias  :  Tout  est  perdu  fors  l'honneur,,.. 
Tu  succombas ,  mais  grand  comni^e  un  héros  d'Homère  ^ 
Dont  la  chute  ébranlait  sur  son  .axe  la  terre... • 
Au  dur  jeu  des  combats  ^  Charles-Quint  cette  fois 
Fut  bien  heureux  ^  car  Dieu  lui  fit  gagner  deux  rois. 


VII. 


L^  cor  lointain  des 'Teneurs  tonne  ^ 
Et  toute  la  forêt  résonne 
Au  galop  hardi  des  jChevaux. . 
Avec  soin  levez  les  défaux , 
Et  toujours  gardez  bien  le  chatte i 
De  ruse  le  cerf  souvent  change. 
Piqueurs  !  piqueurs  !  il  gagne  Peau  y 
J'entends  au  loin  bruir  l'écho 
Des  bords  sinueux  de  la  Saône  \ 
Il  fuit  d'aval ,  l'onde  bouillonne  \ 
De  nos  limiers  suivons  les  pas  ; 
Quand  il  bat  l'eau  ^  le  cerf  est  las. 

Vin.    ' 

Moi)  j'ai  vu  des  grandeurs  le  néant  et  le  vide  ! 
J'ai  vu  courbé  bieii  bas  le  courtisan  avide , 
Qui  se  redresse  fier  au  jour  de  la  douleur  9 
Et  qui  vient  de  son  rire  insulter  au  malheur  l_ 


(  J53; 
Maïs  toi ,  François  premier  ,  ton  ame  est  noble  et  belle  ^ 
Et  toujours  Tinfortune  eut  de  vrais  droits  sur  elle. 
CheTalier  par  Bayard  !  écoute  le  guerrier 
Qui  jamais  de  Phonneur  n^a  perdu  le  sentier  ! 


IX. 


Il  suit  le  fil  de  VeaoK  profonde  ; 
Fasse ,  le .  cerf  $  passe  ,  il  bat  Ponde  f . 
Et  des  flots  ne  sortir^  pas 
S^il  sent  les.  piqueurs  sur  ses  pas* 
Il  fuit  la  rive  avec  vitesse  ;  •••.   « 
Remettez,  les  limiers,  en  laisse  ; 
Alors  trompé. ,  .timidement 
11  abordera  lentement. 
Cachezrvous  prés  de  la  rivière , 
Piqùeurs  !  et  restez  en  arrière  ^ 
Cav  sur  Imi-méme  il  reviendrait 
Et  par  les  forts  il  s^enfuirait. 


X. 


«Ten tends  qnelqu^un. .  •  On  vient. . .  Qui  me  parle  de  grâce  ?.  •  •  • 

Je  ne  crois  plus  quVn  Dieu  !...  Devant  lui  tout  sWface... 

Maïs  écoutons...  Combien  le  cacbot  m^a  vieilli  !... 

Mes  aens  y  tout  émoussés ,  à  peine  ont  recueilli 

De  vagues  bruits  ! —  Le  Roi,  Messieurs Le  Roi  s'a- 


vance! 


Us  m'ont  trompé ,  Cbabot  !...  L'ami  de  mon  en&nce , 
Viens ,  oh  !  viens  sur  mon  cœur  ! . .  —  Ab  !  Sire,  il  est  trop  tard. 
Les  pleurs  hâtent  l'instant  du  funèbre  départ  ! 


•.•• 


(  15*  ) 


XL 


>••• 


R«tiron8-noii8  y  faisons  silence  ^ 

Pour  que  le  cerf  de  Peau  s'élance < 

Sa  force  Tabandonne...  Au  bois 

A  terre  il  tiendra  les  abois,  •• 

Halali  ! .  • .  découpiez  ^  • .  •  alerte  ! 

En  pleurant  il  court  à  sa  perte.     ' 

Mels'pfed'à  tdrre,  fott  piqùeur  ^ 

Plonge  ta  dague  jusquW  cœur! 

Il  tombe!..,ii  est  mort  Tu.  La  grande  ombre 

S'évanomt  dans  le  bois  sombre  !..'• 

Tout  bruit  s'éteint  dalas  k  fbifèt ,  ' 

Et  la  nuit  reprend  son  sécfet.- 


,  Ju^Es ,  J^ÀUTjET, 

•  (  '  '  •  ■•Il  >  ti*f  <  ■  • 


.  I 


t;  155  ) 


•!••<;•     <••♦!  !•    ••«■-.#     t  ,1 


LES  DiÊtdt  CfiïÈï^S  dà;nois. 


»  b    : 


;   --liMi.- 


I  ••«■il.». 


Entre  deux  c1iien$  danois.  né3  de  la  mème.m^re, 
La  ressemblance  était  entière  ; 
pans  les  taches  de  leurs  manteaux  ^ 
Dans  leur  allure  et  dans  leur  caractère  • 

'  •  r  • 

Rien  qui  fit  distinguer  ces  Ménècnmes  nouveaux. 
Mais  en  vain  la  nature  •  en  mère' impartiale» 

Sans  préférence  avait  doté 
Ces  deux  jumeaux  ^  du  sart  ^influence  fatale 

Détruisit  (iette  égalité.  .     , 

L^nn  9  commensal  de  l'opulence , 

Vivait  au  sein  de  ra}>on4ançe.} 
Chien  de  bonite  maison^ ai|  colJi^r  argenté  j 
11  bondissait  devant  le  coursier  de  son  maître 

Avec  grâce  et  légèreté  ; 
Son  poil  luisant ,  son  œil  plein  de  vivacité 
Et  ses  flancs  arrondis  annonçaient  le  bien-être  ^ 

Et  la  vigueur  et  la  santé. 

L'autre  ,  sans  maître,  sans  asile , 
Errait  à  l'abandon  au  milieu  de  la  ville  $ 

Comme  l'Arabe  du  désert , 

Il  ne  vivait  que  de  rapine 
Et  cherchait  son  dîner  de  cuisine  en  cuisine  ^ 

Dans  1»  premier  logis  ouvert. 


(  156) 

A  de  fôclieiises  aventures 
Ce  métier  i^exposait  \  les  pierres  ^  les  bâtons , 

Des  chiens  du  logis  les  morsures  ^ 
Lui  faisaient  payer  cKer  les  moindres' rogatons. 
Les  marmots  da  pays^  turbulente  cobue, 

Le  harcelaient  tous  à  Tenvi. 
Sanglant ,  couvert  de  boue  ,  il  fuyait  dans  la  rue  , 

Par  de  vils  roquets  poursuivi. 

Un  Jour  ce  malheureni^  nomade 
Rencontre  son  jumeau  qui  lui  dit  :  Camarade , 
Comme  te  voilà  fait  !  n'es-tu  donc  pas  honteux 

De  traîner  bassement  ta  vie 

Dans  cet  excès  d'ignominie  ? 
D'être  à  la  fois  poltron  ^  voleur  et  paresseux t 

Ami ,  lui  dit  alors  son  frère  ^ 

Un  peu  moins  de  sévérité , 

Et  nVccablepas  ma  misère 

Du  haut  de  ta  prospérité. 

Favori  d'un  grand  de  là  yàle. 
Habitant  son  palais ,  admis  à  ses  repas , 
Tu  n'es  point  vagabond  et  ne  dérobes  pas. 
Caressé ,  bien  choyé ,  tu  te  montres  docile  y 

Fidèle  ^  sobre  et  généreux. 
De  combien  de  vertus  la  pratique  est  facile , 

Mon  ft^re  ^  quand  on  est  heureux  ! 

.  .  Par  ]VI.  B&£S8i£&. 


C  ^^'^  ) 


GLOIRE  A,  DIEU ,  PAIX  AUX  HOMMES. 


MÉDITATION  POÉTIQUE 

QUI  À  BBMPOrré  LS  PBIX  DB   POisn  DSCIBHé  PAB   L'ÀCAOilIIE 
DABS  8À  SBABCB  PCBUQUB  9^ii6  AOCT   lâ36. 

PAB  M*  ACCUBSB  AMJXf        .    » 
A    POBT-8AIBT-B8PBIT    (  CAAD  ). 


Non  nolrif,  Domiiw ,  non  nobU ,  std  nooiâm 
tno  ds  gloriam.  Ps.  cxiii. 


I. 


Vous  aves  tout  créé  d^une  seule  parole  ^ 

Le  soleil  est  votre  auréole  ; 
La  gloire  vous  entoure  ainsi  qu^un  vêtement  y 

O  Seigneur  I  et  vos  mains  divines , 

Comme  une  tente  des  collines  j 

Ont  élevé  le  firmament. 

Gloire  à  vous  !  car  c^est  vous  qui  formez  les  orages  ; 
Vous  prenez  votre  essor  sur  le  flanc  des  nuages  ^ 
Et  sur  Paile  des  vents  vous  traversez  les  airs^ 
Votre  souffle  a  créé  ces  messagers  fidèles 
Qui  franchissent  du  ciel  les  voûtes  éternelles  ^ 
Plus  prompts  que  les  éclairs. 

La  terre ,  à  votre  voix  y  s'élança  dans  l'espace  ; 
Vous  l'avez  affermie ,  et  l'abyme  l'embrasse 


(158) 

Comme  un  vaste  réseaa  ; 
Vous  élevez  les  monts,  vous  courbez  la  vallée ^ 
E^  l'onde  de  la  nue  )  en  torrent  éconUe  ^ 

Roule  au  flanc  du  coteau. 

Vous  guidez ,  au  vallon ,  la  fontaine  limpide  ; 
Et  Tonagre  sauvage ,  et  le  chevreuil  timide 

S'abreuvent  dnÊM  ses  flots  ; 
Sur  ses  humides  bords  Toiseau  du  ciel  habite , 
11  chante  sous  l'ombrage ,  et  c^est  là  qu'il  abrite 

Ses  petits  frais  éclos. 

Vos  mains  dans  nos  vergers  répandent  l'abondance  ] 
Vous  élevez  le  cèdre,  et  dans  son  ombre  immense 

La  cigogne  a  son  nid  ; 
Superbe  de  vos  dons ,  la  terre  vous  adore , 
Et  dans  ses  mille  voix  du  soir  et  de  l'aurore  | 

C'est  vous  qu'elle  bénit. 


n. 


Votre  nom  même  est  un  mystère  ! 
Gloire  à  vous!  gloire  à  vous  !  vous  êtes  le  seul  grand! 
Toute  gloire  ici-bas  passe  et  tombe  éphémère  \ 

Loin  de  vous  la  joie  est  amère , 

Et  l'espérance  est  le  néant  ! 
Gloire  à  vous  !  car  c'est  vous ,  Dieu  que  la  terre  adore  ^ 
Qui  donnez  à  la  lyre  une  corde  sonore  y 

A  l'homme  un  cœur  pour  vous  bénir  ; 
Gloire  à  vous  !  je  commence  une  hymne  sur  ma  lyre; 
Elle  n'a  dit  que^  vous  depuis  qu'elle  soupire  j 

C'est  par  vous  qu'elle  veut  finir! 


m. 


Combien  s^étaienl promu. osa  gloiraimm^irlelle! 
Combien  avaient  bftti  dos  BabeU  en  ces  lient  ! 

Et , combien  dans  lenVitempkirâjf^      .   j 

Ayaient  dit  i  Nous  AO]iiA»QS.d«s>^Piefuzi  ! 
Puis  ils  sont  morts,  et  lM|b^<iQifidèie,.<j 
Comète  vagabond,  a.délaitipiRNrs  cieuxl 
Comme  Inès  dans  la  tomb^  un  moipent  cQuronnée , 
Ils  ont  mis  sur  lenr  front  nn  glorieux  bandeau  \ 

Mais  leur  guirlande  s^estfaii|éi» 

Sur  la  pierre  de  leur  tombea«. 


Ainsi  sur  la  tenré  tout  passe! 
Le  temps  nous  détnwfc  tour  à  toror; 
Là  j  chaque  ruine  a  sa  place  ^ 
Et  ohaqne  béros  a  son  jour. 
Le  voyageur  triste  s'égare 
Sur  les  murs  gisans  de  Mégare, 
D'Athènes  ou  d'Herculanum  ^ 
Sur  les  débris  de  tant  de  gloire. 
Le  pâtre  sifBe ,  et  sa  mémoire 
En  garde  à  peine  Fancien  nom. 

Sur  la  tombe  vide  d'Achille 

On  doute  si  Troye  exista  y 

Les  Dieux  sont  morts ,  et  le  reptile. 

Rampe  sur  l'autel  de  Vesta. 

Un  jour,  égaré  dans  sa  route , 

L'étranger  cherchera ,  sans  doute  y 

Où  s'élevait  Rome  autrefois, 

Et  sur  la  plage  qu'il  contemj^e 

Les  échos  seuls  d'un  ancien  teQipie 

Au  loin  répondront  à  sa  voix^ 


À 


(160j 

Danft  le  désert ,  les  pyramiJef  | 
Ces  vieux  témoins  de  nos  efForts  j 
Sont  d'immenses  sépulcres  vides 
Qvi  n^ont'pu  protéger  leurs  morts; 
Bt  dans  la  n^uit  des  catacombes , 
L'œil  ne  toit ,  en<ant  sur  des  tombes  ^ 
Qiie  la  pondre  di» «us  passés, 
Des  blatout  vH^  eh  ruine, 
L'épitapke  gn^ie  on  latine 
Dont  les  mots  tout  presque  efiacés. 

Un  géant  apparut  naguère; 

Après  un  déluge  de  sang, 

A  tous  les  rois  il  fait  la  guerre, 

Et  vainqueur  s'assied  dans  leur  i:ang; 

Dans  le  creux  de  sa  main  profonde  , 

Il  contînt  les  destins  du  monde 

Doiit  il  devait  briser  les  fers  ! 

Trahi  deux  fois ,  deux  fois  il  tombe , 

Et  sa  gloire  n^a  qu'une  tombe 

Que  souille  l'écume  des  mers. 

Ainsi  la  gloire  est  un  mensonge 
Ici- bas  où  tout  doit  mourir , 
Yain  rêve  que  la  nuit  prolonge , 
Fantôme  que  l'on  croit  saisir , 
Qui  vous  remplit  le  cœur  d^ivresse. 
Qui  vous  étreint  et  vous  oppresse 
Et  qui  vous  échappe  au  réveil  ! 
C'est  le  flambeau  des  nuits  funèbres 
Qui  ne  luit  que  dans  les  ténèbres 
Et  s'éclipse  aux  feux  du  soleil • 

Oh!  dans  cet  exil  où  nous  sommes. 
Seigneur  !  la  paix ,  la  paix  à  nous  ! 
Donnez  la  paix  au  cœur  des  hommes 


(  161  ) 

Et  gardez  la  gloire  pour  tous! 

La  gloire  à  yous  ,  grandeur  suprême  y 

Car  TOUS  derez  tout  à  Yous-même  ; 

Mais  mettez  la  paix  dans  mon  cœur^ 

Cette  paix  qui  vit  d^espérance 

Et  qui  même  ici- bas  commence         \ 

Une  éternité  de  bonkenr» 

Dans  ce  désert ,  aride  pleine  ^ 

Montrez-moi  donc  .quelque  Oasis  ^ 

Une  ombre  au  bord  de. la  fontaine 

Où  le  pèlerin  rêve  assis; 

Où  Tame  fidèle  qui  pense , 

A  son  gré  mène  et  recommence 

Ses  rêves  d^amour  ou  d^espoir  $ 

Où  le  poète  qui  soupire 

Trouve  quelque  écho  pour  sa  lyre  j 

Un  banc  de  gazon  pour  s^asseoir. 

Ok  !  montrez-moi  quelque  retraite 
Où  Ton  vous  adore  à  genoux  ; 
Où ,  dans  une  langue  secrète , 
Les  cœurs  conversent  avec  vous  ; 
Où  rinspiration  divine, 
Dans  notre  cœur  qu'elle  illumine  j 
Coule  comme  un  fleuve  de  miel; 
Où  jamais  la  poussière  immonde. 
Que  soulèvent  les  pas  du  monde , 
^e  voile  Tazur  de  mon  ciel. 

Là  9  seul ,  connu  de  quelques  sages , 
L'on  ne  me  verrait  plus  le  soir, 
Dans  nos  politiques  messages 
Puiser  ma  crainte  ou  mon  espoir  ; 
M'enquérir ,  dans  ma  vie  amère , 
Qui ,  d^iJ^téocle  ou  de  son  frère  y 

IX 


(16Î) 

Règne  au  trône  de  Portugal  ; 
Si  les  Yolcans  jettent  des  iayes  ^ 
Si  les  peuples  passent  esclaves 
On  s'ils  brisent  un  joiig  royal. 

Jamais  dans  Tarène  publique 
Je  n'irais  plus  battre  des  mains 
Et  souiller  mâbUnclie  tunique 
Dans  l'onde  impure  des  chemins  $ 
Mendier  au  monde  qui  passe 
Dans  son  souvenir  une  place  ^ 
L'obole  de  gloire  à  genoux  ; 
Cueillir  un  laurier  dans  la  fiinge  !! 
Non  !  à  Dieu  seul  gloire  et  louange  y 
Gloire  à  Dieu  seul  et  paix  à  nous  ! 


Gloire  à  vous  !  car  c^est  vous  ^  Dieu  que  la  terre  adore  j 
Qui  donnez  à  la  lyre  une  corde  sonore , 

A  l'homme  un  cœur  pour  vous  bénir  ; 
Par  vous  j'ai  commencé  cette  hymne  sur  ma  lyre  \ 
Elle  n'a  dit  que  vous  depuis  qu'elle  soupire  | 

C'est  par  vous  qu''elle  veut  finir  ! 


LISTE 

DES  IfflllBRES  DE  L^AGADÉMIE  DES  SCIENCES ,  ABTS 
ET  BELLES-LETTRES  DE  DIJON  , 

POUR  l'anhée  i836. 


BUREAU. 

Président,  M-  Antoine. 

Vice^P résident  y  M,  Peignot. 

Secrétaire  y  M.  Pinoeon. 

Secrétaire- Adjoint  y  M.  Jules  Pautet* 

Bibliothécaire  y  M.  Pingeon. 

Bibliothécaire- Adjoint ,  M.  Jnlei  Pautet. 

Garde  des  médailles  et  antiquités  y  M.  FEYEETDEST.-MiMiN. 

Conservateur  des  collections  d'Hist.  naturelle.  M.,  Antoine. 

Trésorier,  M.  Tilloy. 

CONSEIL  D'ADMINISTRATION. 

Président,  M.  Antoine. 
M.  Feyret  de  Saint-Memin. 
M.  Bressier. 
M.  Frantin  aîné. 
Secrétaire,  M.  Toussaint. 

COMMISSION  ANNUELLE  D'AGRICULTURE  ET 

D'INDUSTRIE  , 

roRKéx  DAirs  lk  ssin  de  L'icADémi. 

M.  TiixoY. 

M.    MORLAND. 

M.  SENi. 

M.  Pautet  (Jules.) 

COMMISSION  PERMANENTE   DES  ANTIQUITÉS , 

FoaMÉs  dahs  le  ssie  os  l'académie. 
Président,  M.  Baudot. 


(164) 

M.    DE    ChARREY. 

M.    FevrET   DR    SAINT-MiMIK. 

M.  Peignot. 

Secrétaire,    M.  J.  Pautet. 

ACADÉMICIENS  HONORAIRES  RÉSIDANS. 

M.  Ranfer  ,  baron  de   Bretenière  (OIK^)     conseiller 

d^état)  premier  président  de  la  Cour  royale.  a4  Jonvkr 

1816. 
M.  le  clievalier  de  Berbis  ^^  ancien  député  de  la  C6te- 

d'Or.  m  Aïai  iS!i2, 
M.  Chaper  (A.)  ^  y  préfet  de  la  Côte-d'Or.  a6  Décembre 

i832. 

ACADÉMICIENS  HONORAIRES  RÉGNICOLES. 

M.  le  comte  de  Tocqueyille  (OlK^)y  commandeur  de 
Tordre  du  Mérite  civil ,  dît  de  la  couronne  de  Bavière , 
de  Tordre  de  TAigle  rouge  de  Prusse  ,  de  seconde  classe; 
ancien  préfet  de  laCôte-d'Or.  6  Mars  1816. 

ACADÉMICIENS  HONORAIRES  ÉTRANGERS. 

S.  A.  R.   le   prince  Auguste-Frédéric  d'Angleterre  ^ 

DUC  DE  SUSSEX,  à  Londres.  i3 Mai  1818. 
Lord  HoLLAND  )  Pair  d'Angleterre,  à  Londres.  6  Jlfa/.i8i8. 

ACADÉMICIENS  RÉSIDANS. 

M.  Antoine  ,  docteur  en  médecine ,  agrégé  au  ci-devant 
Collège  de  médecine  de  Dijon ,  ancien  médecin  des  hôpi- 
taux civil  et  militaire  de  la  même  ville ,  professeur  et  di- 
recteur de  Técole  secondaire  de  médecine ,  membre  corres- 
pondant de  l'Académie  royale  de  médecine  et  de  la  Société 
des  arts  et  agriculture  de  i'Arriège ,  etc.  ;  l'an  des  fon- 
dateurs de  la  Société  médicale  de  Dijon.  (Cl.  des  Sciences). 
21  Décembre  1786. 

M.  Vallot,  docteur  en  médecine,  professeur-adjoint d'his»- 
toire  naturelle  à  la  Faculté  dea  sciences  de  l'Académie 


C  166  ) 

royale  de  Dijon  ;  médecin  titulaire  du  Grand-Hôpital  ; 
professeur  à  Pécole  secondaire  de  médecine ,  et  de  bota- 
nique an  Jardin  des  Plantes;  membre  de  la  commission 
départementale  des  antiquités  de  la  Gôte-d^Or ,  corres- 
pondant de  la  Société  royale  et  centrale  d^agriculture  de 
Paris  9  et  de  l'Académie  rayale  de  médecine  de  la  tnéme 
.  Tille  9  membre  de  plusieurs  autres  Sociétés  savantè^'^  na* 
tionales  et  étrangères.  (  Cl.  des  Sciences  ).  26  Jaiiifier 
1792. 

M.  MoRLAKD,  docteur  en  médecine  ,  professeur  d'histoire 
naturelle  à  la  Faculté  des  sciences ,  et  de  botanique  au 
Jardin  des  Plantes  ;  professeur  à  l'école  séékmdaire  de 
médecine.  (  Cl.  des  Sciences  et  Cl.  des  Belles -Lettres  }. 
3o  Novembre  1798. 

M.  le  comte  Charbonnel  (C.  V)^  (G.  4b),  lieutenant 
général  des  armées  du  Roi ,  inspecteur-général  d'artillerie. 
(  Cl.  des  Sciences  ).  21  Avril  i8o3. 

M.  Berthot  *,  inspecteur-général  de  l'Université  de 
France ,  recteur  de  l'Académie  royale  de  Dijon ,  doyen  de 
la  Faculté  des  sciences ,  professeur  de  mathémati^Ms  à 
la  même  Faculté.  (  Cl.  des  Sciences  ).  7  Juillet  i8o3. 

M.  F  ROT  AT,  docteur  en  médecine,  ancien  chirurgien  major 
et  médecin  en  chef  dans  les  hôpltkux -tidilitaires  et  aun 
armées;  membre  de  l'ancienne  société  de  médecine' de 
Paris,  des  sociétés  de  médecine  de  Lyonî,  Strasbourg, 
Nancy,  etc.  (  Cl.  des  Sciences  et  Cl.  dès  Belles-Lettres  ). 
7  Juillet  \^ob.  •.;■''-■ 

M.  Deyosge  ,  directeur  de  l'école  des  B^eaux-Arts  et  pro- 
fesseur de  peinture  à  la  même  école ,  membre  de  la  com- 
mission départementale  des  antiquités  de  la  Côte-d'Of» 
(  Cl.  des  Beaux- Arts  ).  1 1  Mars  i8o6. 

M.  Proudhon  (  ^  ) ,  ancien  bâtonnier  -de  l'ordre  des  avo- 
cats ,  doyen  et  professeur  de  la  Faculté  de  Droit.  (<^1.  des 
Belles-Lettres).  \j  Juin  1807.  \  .    .  ..'. 

M*  Peignot  (Gabriel),  inspecteur  de  l'Académie  royale 


(  166  ) 

de  Dijon ,  ancien  bibliothécaire  de  la  Hante-Saône  ;  etc. 
(Cl.  des  Belles-Lettres).  8  Décembre  iSiS. 

M.  Gu^NEAv  d'Aumont  y  secrétaire  de  la  Faculté  des 
sciences,  professeur  de  physique  à  la  même  Faculté  et  au 
Collège  royal  ;  membre  de  l'Académie  de  Nancy.  (  Cl.  des 

.    Sciepces  et  Cl.  des  Belles-Lettres  )•  24  Janvier  181 6. 

M.  Nault  ,  (  O.  *  ) ,  ancien  procureur-général  à  la  Cour 
royale.  (  Cl.  des  Belles-Lettres  }.  ai  Février  181 6. 

M.  Grasset  ,  propriétaire,  membre  correspondant  du  con- 
seil supérieur  d'agriculture  près  le  ministère  de  rintérienr. 
(  CL  des  Sciences  )•  3o  Décembre  1818. 

|A.  pERj^iy^T  DE  CHAaaETi  propriétaire.  (Cl.  des  Belles- 
Lettres  et  Cl.  des  Beaux- Arts  ).  8  Mai  i&aa* 

JVA.  TiLLOY,  pharmacien,  membre  du  Jury  médical  du  dé- 
partement de  la  Cd te- d'Or.  (Cl.  des  Sciences).  3  Juillet 
182a. 

M.  LoRAiN ,  avocat  à  la  Cour  royale,  professeur  à  la  Faculté 
de  Droit.  (  Cl.  des  Belles-Lettres  ).  a4  Juillet  i8aa. 

M.  Saloues  ,  docteur  en  médecine.  (  Cl.  des  Sciences  )•  24 
Juillet  1 8aa« 

M..  SsN£ ,  docteur  en  médecine ,  professeur  de  chimie  à  la 
Faculté  des  sciences.  (  Ci.  des  Sciences  ).  7  Août  1 822. 

M.  Baudot,  juge  honoraire  au  Tribunal  de  première  ins- 
tance, membre  de  la  Commission  départementale  des 
antiquités  de  la  Côte-d'Or,  de  la  Société  royale  des  an- 
tiquaires de  France,  de  la  société  d'émulation  du  Jura, 
etc.  (  CL  des  Belles-Lettres).  28  Janvier  1824. 

M.  Toussaint,  conservateur  de  la  Bibliothèque  publique 
de  la  ville  de  Dijon.  (Cl.  des  Belles -Lettres) .  1 9  Mai  1 824* 

M.  Baessier  4^ ,  directeur  de  l'enregistrement  et  des 
domaines,  membre  de  la  Commission  départementale  des 
antiquités  de  la  Côte-d'Or.  (  Cl.  des  Belles-Lettres  )•  3 
Décembre  1824. 

M.  Feyret  de  Saint-Memin,  conservateur  du  Musée, 
membre  de  la  Commission  départementale  des  antiquités 


(  167  ) 

de  la  Côte-d'Or ,  corresjpondant  dé  PAcadémie  des  Beaux- 
Arts  de  rinstitut ,  correspondant  de  la  société  d^ému- 
lation  du  Jura.  (CI*  des  Beaux- Arts).  ^^  Décembre  1824* 

M.  Frantik  ataé,  (  CL  des  Belles-Lettres  ).  ^4  ^^  i8a6. 

M.  PiNGEON  )  docteur  en  médecine ,  membre  de  la  Commis- 
sion départementale  des  antiquités  de  la  C6te-d^Or,  l'ua 
des  fondateurs  de  la  société  médicale  de  Dijon ,  médecin 
des  épidémies  de  Tarrondissement  de  Dijon  ^  corres- 
pondant de  TAcadémie  royale  de  médecine  ^  du  cercle 
médical  de  Paris ,  de  la  société  royale  de  médecine  de 
Bordeaux ,  de  la  société  de  médecine  de  Lyon,  de  la  socié-* 
té  royale  de  médecine,  chirurgie  et  pharmacie  de  Tou- 
louse,  de  la  société  médicale  de  Bruxelles,  de  lasociété 
médico-chirurgicale  de  Berlin ,  de  la  sckclété  dé  méde- 
cine de  Leipsig  ]  des  Académies  de  Lyon  et  dm  Rouen  ^ 
de  la  société  des  sciences,  agriculture  et  arts  du  Baa* 
Hhin,  de  la  société  d'émulation  du  Jura  ,  etc.  (  CL  des 
Sciences).  10  Décembre  1828. 

M.  Dàrbois,  professeur  de  sculpture  à  Técale  spéciale  des 
Beaux- Art  s.  (Cl.  des  Beaux- Arts).  i4  Décembre  i83i« 

M.  Stiétenart  (  J.-S.  ),  professeur  de  littérature  grecque 
à  la  Faculté  de  Dijon.  (  CL  des  Belles-Lettrea  )•  i4  J^o9. 
i832. 

M.  Paul  (  Jean-Charles  ) ,  officier  d'Administration  de  U 
marine  en  retraite ,  ancien  sous-chef  au  ministère  de  la 
'  marine ,  chef  de  la  division  du  secrétariat  de  la  préfecture 
de  laC6te-d'Or,  membre  de  la  Commission  départe- 
mentale des  antiquités.  (Cl.  des  Belles- Lettres ).i 4  ^o* 
vembre  i832. 

M.  Pautbt  (  Jules  ),  homme  de  lettres,  membre  de  la 
Commission  départementale  des  antiquités  de  la  Câte- 
d'Or.  (  Cl.  des  Belles-Lettres  ),i6  Janvier  i833. 

M.  L.  NaocT,  géologue,  conservateur  du  Musée  d'kiltoire 
naturelle,  membre  de  la  Commission  départementale  des 
antiquités  de  la  Côte-d'Or .  1  o  Juillet  1 833. 


(  168  ) 

ACADÉMICIENS  NON  RÉSIDANS. 

M.  Adelon  ,  docteur  en  médecine  ,  professeur  à  la  Facnlté 

•  de  médecine  de  Paris ,  membre  titulaire  de  l'Académie  de 
médecine  9  à  Paris,  i»'  Décembre  i824. 

M.  Ancelot  é ,  membre  de  l'Académie  fi-ançaise ,  à  Paris. 
26  Décembre  1821. 

M.  le  marquis  îd'Arbaud-Jouques  #  (O*  ♦),  décoré  de 
la  plaque  de  l'Ordre  de  Charles  III  d'Espagne ,  conseiller 
d'Etat  y  ancien  préfet  dé  la  C6te-d'Or ,  à  Aîx.  7  Mars  1 8a3 . 

M.  Artur,  professeur  de  phpique  à 3i  Décembre 

1834. 

M.  Ch*  Babbage,  de  la  Société  royale  de  Londres  et  de 
celle  d'Edimbourg ,  secrétaire  de  la  Société  astronomique 
de  Londres,  etc.,  à  Londres,  7  Aoât  i82>. 

M.  le  duc  de  Bassano  (  G.  C.  4^  )  ,  grand'croix  de  l'Ordre 
de  Saint-Etienne  de  Hongrie ,  grand^croix  de  l'Ordre  de 
la  Fidélité  de  Bade,  etc.  ;  ancien  ministre  -  secrétaire 
d'État ,  pair  de  France ,  à  Paris.  ^ 

M.  Bastard  ,  ancien  professeur  de  Botanique  y  à  Ckâlonnes 

prés  d'Angers.  s4  •^'^^'^^'' *S*^' 
'M.  B0NAPOUS,  directeur  du  jardin  botanique,  à  Turm.  14 

Décembre  i83i. 

M.  BoLLUT  Grillet  ,  docteur  médecin,  àDôle.  9  Décembre 
i835. 

M.  BouRjÊE,  docteur  en  médecine,  président  du  Comité  dé 
salubrité  de  Châtillon-sur-Seine,  correspondant  de  la  So- 
ciété royale  des  antiquaires  de  France ,  à  Châtillon.  18 
Juillet  i832. 

M.  Breghot  du  Lut,  conseiller  à  la  Cour  royale  de  Lyon , 
membre  de  l'Académie  royale  des  sciences ,  belles-lettres 
et  arts  de  Lyon ,  etc. ,  à  Lyon.  8  Décembre  1824» 

M.  Brifaut  ,  membre  de  l'Académie  française,  à  Paris.  16 
Mars  1825. 

S.  S.  le  duc  HZ  Brissac,  (C.  ^),  pair  de  France,  ancien 


(  169  ) 

-  préfet  du  département  de  la  C6te-d^0r,  à  Paris.  a4  J^^ 
1812. 

M.  le  cheyalier  Caitcht  (O.  W  },  officier  non  commandevr 
de  Tordre  du  Saint-Esprit ,  garde  àe%  archtres  de  cet  Or- 
dre j  etc.  9  à  Paris.  %i^Juin  1812. 

M.  le  comte  Maxime  de  Choiseul-p^Aii.lecourt  i^^  mem- 
bre de  rinstitut ,  ancien  préfet  de  la  Côte-d^Or,  à  Paris. 
"ili Septembre  \^\ S.  .1  .  .. 

M.  Colin  ,  professeur  de  chimie  à  l'Ecole  royale  militaire 
de  Saint-Cyr ,  à  Saint-Cyr.  1 2  Avril  1 820. 

M.  CosTE  ,  de  r Académie  royale  des. sciences  9  belles-lettres 
et  arts  de  Besançon.  26  Juillet  1809. 

M.  CaAPELET,  imprimeur  à  Paris.  i3  Juillet  i836. 

M.  Delcros  ^ ,  capitaine  de  première  classe  au  corps  royal 
des  ingénieurs  géographes ,  employé  aux  opérations  de  ht 
carte  de  France  ^  à  Paris.  29  Novembre  1820. 

yip  DESFONTAiMsa  4jt  9  membre  de  Plnstitut  (  Académie  des 
sciences),  professeur  de  botanique  au  jardin  du  Roi ,  à 
Paris.  3  Juillet  1 798* 

M.  le  baron  des  Gbnettes  (€.  ^)  ,  médecin  en  chef  des 
armées ,  membre  du  conseil  de  santé  au  ministère  de  la 
guerre ,  à  Paris.  14  Mars  1 8 1  o* 

M.  FofssETy  juge  au  Tribunal  de  première  instance,  à 
Beaune.  28  Juin  1 820- 

JVI.  Frsmiet-Monnier  ,  greffier  en  chef  des  Etats  du  Hai- 
naut,  à  Mons.  4  Mai  i8o5. 

M.  Genissbt,  secrétaire  perpétuel  de  PAcadémie  de  Be- 
sançon. 24  Février  i83o. 

M.  Girard  de  Caudemberg,  ingénieur  des  ponts  et  chaus- 
sées, àSaint-Malo.  16  Décembre  1829. 

M.  Greffo,  YÎcaire-général  de  Belley.  'h  Juin  i835. 

M.  Guillaume,  juge  au  Tribunal  de  première  instance  de 
Besançon ,  etc. ,  à  Besançon.  22  Mars  1 820* 

M.  Hecker  ,  professeur  de  médecine  à  FUniversité  de  Ber- 
lin. 27  Avril  i836. 


(  170  ; 

Sir  Herschel  (J.-Fr.-W.)»  àe  la  Société  royale  de  Lon« 
dres,  etc. ,  à  Londres.  7  jéoât  1822. 

M.  Hetfeldrr,  premier  médecin  de  la  régence  de  Sigma* 
ringen ,  en  Sonabe.  10  Juin  i835. 

M.  Hubert  ,  inspecteur  de  TAcadémie  UniTersitaire  d^A- 
miens.  5  Mars  i834« 

M.  le  cheyalier  Huzaro  4b  ^  cKevalier  de  Pordre  de  Saint- 
Michel  9  membre  de  rinstitut,  etc«  ^  à  Paris.  22  Aoâi 
1798. 

M.  Jacotot,  ancien  professeur  de  littérature  à  l^niversité 
de  Lourain  ,  à  Lille.  2)1  Août  1 798. 

M.  Labouderie  (IVbbé  de),  TÎcaire  général  d^ Avignon ^ 
membre  de  la  Société  des  bibliophiles  y  à  Paris.  20  Açril 
i83i. 

M.  Auguste  de  Labouïsse  ,  homme  de  lettres ,  à  Castel- 
naudary.  ^6  Mai  1824* 

M.  DE  Lasalette  #,  maréchal-de«camp  d'artillerie  ,  \ 
Grenoble,  i^r  ^a/y  i8i5. 

M.  Legrand  #  (G.  ^)y  décoré  de direra ordres  étrangers, 
maréchal- de-camp  du  génie  en  retraite,  à  Yosne  près 
Nuits.  28  Novembre  i8o4* 

M.  le  chevalier  Lenoir  4i^,  administrateur  des  monnmens 
de  Féglise  royale  de  Saint'Denis ,  à  Paris.  2  jDécembn. 
1818. 

M.  le  comte  Le  Peletier  de  SAiNT*FARGEAtr ,  à  Paris,  8 
AvrH  1829. 

M.  LoRET  ^,  docteur  en  médecine ,  ancien  chirurgien- ma- 
jor ,  membre  de  la  Société  médicale  de  Paris ,  de  celle 
d'Histoire  naturelle  de  Paris,  des  Sociétés  linnéennes 
de  Bordeaux  ,  de  Lyon ,  correspondant  du  Muséum  d'His- 
toire naturelle  de  Paris.  26  Mai  i83i. 
M.  Maillard  de  Chambure,  avocat  à  Semur.  3o  Dé^ 

cembre  1825. 
M.  Malo  (Charles),  homme  de  lettres,  membre  des  Aca- 
démies de  Lyon,  Rouen,  Bordeaux,  Toulouse,  Mar- 


(  171   ) 

seil le,  directeur  de  la  France  Littéraire,  à   Paris*   iS 

Juillet  1827. 
M.  Marchant,  docteur  en  médecine,  membre  de  PAca*- 

démie  royale  des  sciences ,  belles-lettres  et  arts  de  Besan- 
çon. ^Février  1800. 
M.   Martin  ,  docteur  en  médecine ,  ancien  président  de 

PAcadémie  de  Lyon,  à  Paris.  19  Février  1812. 
M.  Massom-Four  ,  ancien  pharmacien,  à  Paris*   12.  Ainil 

1809. 
M.  Masuter  ,  agrégé  au  ci-devant  Collège  de  médecine  de 

Dijon,  professeur  de  chimie  médicale  à  la  Faculté  de  mé- 
decine de  Strasbourg.  23  Décembre  j  784* 
M.  MoLLEVAUT  ,  membre  de  lUnstitut,  etc.,  à  Issy,  prêt 

Paris. 
M.  MoNNiBR ,  membre  de  la  Société  royale  des  antiquaires 

de  France ,  à  Lons-le -Saunier.  9  Juillet  i834* 
M.  DR  MoNTMETAN  (Isidore),  secrétaire  de  TAcadémiedes 
.  sciences ,  agriculture ,  lettres  et  arts  d'Aix ,  à  Aix.  23 

jivril  1828. 
M.  Nodier  (Charles),  conservateur  de  la  Bibliothèque  de 

Parsenal  de  Paris.  27  Décembre  1826. 
M.  PAILX.ET ,  (de  Plombières -lès-Dijon),  homme  de  lettres, 

à  Paris.  7  Mai  i834« 
M.  Par&es  (Sam.  ) ,  membre  de  Tlnstitut  royal  de  lalGrande- 

Bretagne ,  etc. ,  à  Londres.  24  Juillet  1822. 
M.  Passy  ,  géologue ,  préfet  de  TEure ,  à  Evreux*  i»'  Juillet 

i835, 
M. PiRicAUD,  bibliothécaire  de  la  ville  de  Lyon,  membre 

de  TAcadémie  royale  des  sciences ,   belles-lettres  et  arts 

et  du  Cercle  littéraire  de -Lyon  ,  à  Lyon.  4  Mai  1825. 
M.  Persoon,  naturaliste,  à  Paris.  3  Décembre  1823. 
M.  PiHAN  DE  LA  FoREST,  homme.de  lettres,  à  Paris*  3  Jum 

1&35. 
M.  Planche  ,  pharmacien ,  membre  titulaire  de  PAjcadémie 

royale  de  médecine ,  à  Paris.  24  Février  i8x3» 


(  172) 
M.  Pommer,  professent  à  la  Faculté  de  médecine  de  Zurich. 

24  Juin  i835. 
M.  PuTis ,  membre  du  Conseil  général  du  département  de 

TAin,  à  Cuiseaux.  25  Mai  i83i  • 
M.  QuATREMiRE  DE  QuiNCY  (O.  4^  )  ,  cHevalier  de  l'Ordre 

de  Saint-Michel ,  membre   de  Plnstitut ,  etc.  à  Paris.  8 

Août  1821. 
M.  RoLLE ,  ancien  bibliothécaire  de  la  yille  de  Paris.  2 

Mars  1825. 
M.  Seguier  (O.  #  ),  ancien  préfet  de  la  C6te-d*Or ,  préfet 

du  département  de  rOrney  à  St.-Brisson  par  Gien  (Loiret). 

12  Juin  1822. 
M.  SiTREMAiK  DE  MfssERT,  ancien  ofBcier  au  corps  royal 

d'artillerie ,  etc. ,  à  Beaune.  23  Juillet  1789. 
M.  le  chevalier  Tessier  #,  cheralier  de  l'Ordre  de  Saint - 

Michel,   membre  de  l'Institut,  inspecteur  général  des 

bergeries  de  l'Etat ,  etc. ,  à  Paris.  3  Juillet  1798* 
M.  Trijébaut  de  Bernàavd  ,  sons-bibliothécaire  à  la  Bi- 
bliothèque Mazarine ,  à  Paris.  4  Janvier  181 5. 
M.  Trayisini,  ancien  maître  de  chapelle  à  la  cathédrale  de 

Dijon,  à  Tours.  i^Juin  1809. 
M.  Van-Mons,  professeur  de  chimie,  à  l'Université  de 

Louvain.  18  Janvier  i^o^. 
"M.,  Yaucher,  ministre  du  saint  Evangile  et  professeur  de 

botanique  à  Genève ,  membre  correspondant  de  l'In&titut. 

6  Décembre  iSog, 
M.  DE  Villeneuve  (  François),  homme  de  lettres,  à  Nancy. 

2  Mai  1827.  '     * 

ASSOCIÉS  CORRESPONDANS. 

M.  AïKiN  (  Arthur  ) ,  membre  de  la  Société  linnéenne, 
secrétaire  de  la  Société  pour  l'encouragement  des  arts , 
manufactures  et  commerce  de  Londres,  à  Londres.  18 
Mai  1818. 


(  î7S  ; 

M*  AiAssoN  DE  Grandsagne  9  directeur  de  la  Bibliothèque 

populaire,  à  Paris.  26  Juin  i833. 
M.  Arnaud  Taîné ,  docteur  en  médecine  y  au  Puy.  i«r  Avril 

1818. 
M.  Artaud  ,  ancien  directeur  du  Musée  ,  à  Lyon*  j3  «Tait- 

vier  i8o8. 
JV1.  Audibert-Caille  ,  docteur  en  médecine,  à  BrignoleS) 

département  du  Yar.  28  Juin  1809. 
M. Bard  (Joseph  } ,  de  la  Société  royale  des  antiquaires  de 

France  9  à  Chorey ,  près  Beaune.  1 1  Juillet  i832. 
M.  Barrau  9  principal  du  collège  de  Chaumont.  19  Dé- 
cembre 1827. 
M.  Barrais  y  homme  de  lettres  et  Juge  de  paix  ,  à  Paray- 

le-Monial  (Saône-et-Loire.)  28  Mai  i834* 
M.  Beocn  y  docteur  en  médecine ,  membre  de  plusieurs  Aca- 
démies )  à  Metz. 
M.  Berriat-Saint-Prix,  professeur  à  la  Faculté  de  droit 

de  Paris.  i«r  Jlfai  1811. 
M.  B0MIER,  professeur  de  langues  anciennes ,  à  Dijon.  25 

Avril  i83o. 
M.  Boucharlat,  ancien  professeur  aux  écoles  militaires  et 

à  PAthénée  de  Paris ,  etc. ,  à  Paris.  5  Juillet  1820. 
M.  BouLLÉE ,  ancien  magistrat,  à  Mâcon ,  résidant  à  Lyon. 

\^^  Août  i832. 
M.  Brugnatelli  ,  professeur  d^histoire  naturelle,  à  Payie. 

29  Novembre  1820. 
M.  Beurard,  ancien  ingénieur  des  mines  du  Palatinat,  etc.  > 

à  Paris.  18  Novembre  1802. 
M.  R.  Chalon  ,   président  de  là  Société  des  Bibliophiles 

de  Mons.  3i   Août  i836. 
M.  le  baron  de  CHAPUTS-MoNTi.AyiLi.E ,  à  Mâcon.  x^Jan^ 

vier  i83o. 
M.  Chasle  de  Latouche,  des  Académies  des  sciences, 

arts  et  belles-lettres  de  Mâcon   et  Lyon ,  des  Sociétés 

royale  académique   de  Nantes ,  littéraire  de  Lyon ,  d^é- 


(174) 

mnlation  dé  Bonrg ,  philomatîque  de  Vannes ,  d'agricul- 
ture et  des  arts  de  TArriège  y  à  Belle-Isle-en-mer.  26  Mai 

1824* 
M.  C0GHARD9  avocat,  membre  de  TAcadémie  de  Lyon,  à 

Lyon.  ^Janvier  i8a8. 
M.  C0LBT9  esq.  9  membre  de  la  Société  royale ,   capitaine 

royal  des  ingénieurs  9  à  Edimbourg.  18  Alai  1818. 
M.  CoLLARD  DE  Mautignt ,  docteur  en  médecine,  à  Mi* 

recourt.  Mai  1828. 
M.  CoLLTEii,  membre  de  la  Société  pbilosopbîque,  à  Lon- 
^    dres.  28  Janvier  181 8. 
M.  CoLSON ,  cbirurgien  de  PHôtel-Dieu  de  Noyon.  23  Jan^  ' 

vier  1 828. 
M.  CuRWEN,  esq. ,  membre  du  Parlement  d^Angleterre, 

président  de  la  Société  d'agriculture  à  Workington.  18 

Mai  1818. 
M.  d'Ayezac  db  Cast^ra  de  Macata,  membre  de  la 

Société  asiatique,  à  Paris.  29  Juillet  1829. 
M.  DE  Latané  de  Putfoucault,  au  château  de  Chanteau 

parSaulieu,  Côte-d'Or.   11  Mai  i83o. 
M.  Deluc,  (J.-^.  ),  à  Genève.  i\Juin  1818. 
M.  Demesmat  ,  homme  de  lettres ,  à  Besançon.  28  Dé* 

cembre  1 83 1 . 
M.  DisoRMES-DupLEssis,  manufacturier  à  Verberie.  x^Juiii 

i8oo. 
M.   Despine  fils,    médecin,  à  Aix   en  Savoie.  23  Mars 

i836. 
M.  Devillt  (L.  ),  membre  de  plusieurs  Sociétés  savantes, 

à  Metz.  7,^  Janvier  1822. 
M.  le  baron  d'Hombres-Firmas,  à  Alais.  S  Mai  i83o. 
M.  DoDWEL,  à  Londres.  14  Janvier  1818. 
M.  DoNNET  (Alexis)  ,   ingénieur  géographe,  à  Paris,  lû 

Août  1825. 
M«  DucH&sNfi,  docteur  en  médecine ,  à  Paris.  21  Août  1 833' 


(  175  ) 

M.  DuRAMBX  #9  membre  du  conseil  général ^des  mines,  etc.^ 
à  Paris,  i^  Novembre  i8oa. 

M.  DuRET ,  doctear  en  médecine ,  à  Nuits.  ^5 Mai  i83i. 

M.  Brnest  Falconnet,  à  Lyon.  a3  Mars  i836. 

M.  Fix>vK  DB  Saint-Genis,  à  la  Rochelle.  25  Afoi  i83r. 

M.  Aag.  Gauthier,  médecin  de  T  Antiquaille,  à  Lyon.  28 
Aîars  i832. 

M.  Gintrac  ,  docteur  en  médecine ,  à  Bordeaux.  1 9  Jan" 
vier  i3^5m 

M.  Goulet,  architecte ,  à  Paris.  22  Juillet  i8o3. 

M.  GoT,  sculpteur,  membre  de  Plnstitut,  etc.  21  Juillet 
i8o3. 

M.  Grateloup,  naturaliste ,  à  Bordeaux.  23  Mars  i836. 

M.  GaicoRT  (Olinthus),  membre  de  la  Société  philoso- 
phique de  Londres ,  à  Woolvich.  28  Janvier  1812. 

M.  Grogmier,  professeur  à  FEcole  royale  d^écouomie  ru- 
rale vétérinaire  de  Lyon,  etc. ,  à  Lyon.  16  Mars  1821. 

M.GuiGNiAUT,  professeur  de  littérature  grecque,  4 Paris. 
4  Juin  1828. 

M.  GuTETANT,  docteur  en  médecine,  secrétaire  perpétuel 
de  la  Société  d'émulation  du  Jura ,  à  Paris.  23  Aoât  1826* 

M.  DE  Haldat  ,  docteur  en  médecine  ,  professeur  de  chi* 
mie ,  à  Nancy.  23  Mai  i6o4« 

M.  Hazard-Mirault,  secrétaire  général  de  TAthénée  des 
arts ,  etc. ,  à  Paris.  27  Janvier  1819. 

M.  Hubaud,  de  l'Académie  de  Marseille,  à  Marseille.  5 
Juillet  ïb^o* 

M.   Hurtrel  d'Arboval,  amateur  de  Fart  yétérinaire, 
membre  de  plusieurs  Sociétés  nationales  et  étrangères,  à 
Montreuil-sur-mer.  i««"  ilfi?' 1816. 
M.  Jacquemyns,  docteur  en  médecine,  à  Dadizeele,  près 

Menin  (Belgique).  26  Août  1829. 
M.  Jobard,  homme  de  lettres,  ingénieur-lithographe,  à 
Bruxelles.  18  Juillet  i832. 


(  176  ) 

M.  T.  de  JoLiMONT,  ex -ingénieur,  membre  de  l'Âcadémîe 

des  sciences,  belles-lettres  et  arts  de  Caen,  de  la  Société 

libre  d^émulation  de  Rouen ,  de  celle  des  antiquaires  de 

Normandie ,  etc. ,  à  Dijon,  i*^'  Décembre  i83o. 
M.  KuHNHOLTz ,  bibliothécaire  et  membre  de  la  faculté  de 

médecine  I  à  Montpellier.  i4  Décembre  i836. 
M.  Lair  ^ ,  conseiller  de  préfecture ,  secrétaire  perpétuel 

de  r Académie  de  Caen ,  à  Caen.  19  Décembre  1827. 
M.  Lamoureux  (  Justin  ) ,  substitut  du  procureur  du  Roi 

près  le  Tribunal  de  première  instance ,  à  Nancy.  24  'Août 

1808. 
M.  Laurens,  auteur  de  P Annuaire  statistique  du  Donbs ,  à 

Resançon .  25  Mai  1 83 1 . 
M.  LegeaV,  professeur  au  collège  royal  de  Lyon.  11  Mai 

i83i. 
M.  Lemaistre  ^,  ancien  inspecteur  général  des  poudres 

et  salpêtres ,  etc. ,  à  S  t. -Martin  de  la  Lieue ,  près  Lisieux 

(Calvados),  i^  Novembre  1802. 
M.  Lepeintre,  homme  de  lettres,  à  Paris.  18  Juillet  ib^j, 
M.  Lévt  ,  professeur  de  mathématiques,  à  Rouen.  i3  Avril 
.    i8ii5. 
M.  LivT  (  Michel  ) ,  chirurgien  major  à  Parmée  du  nord, 

membre  de  la  Société  des  sciences ,  agriculture  et  arts  du 

-   Bas-Rhin.  26  iVbi'em^re  1834. 

M.  Malle,  professeur  agrégé  à  la  Faculté  de  médecine 

de  Strasbourg.  5  Février  i834* 
M.  Matthey,  secrétaire  de  la  Société  de  médecine, à  Généye. 

0.^  Mars  1820. 
M.  MiGNERET ,  avocat ,  à  Langres.  25  Mai  i836. 
M.  MoNGis,  procureur   du  Roi,  à  Arcis-sur-Aube.  23 

Juillet  1834* 
M.  M0NTFALCON,  docteur  en  médecine,  à  Lyon.   16  Avril 

1823. 
M.  deMoNTHEROT,  homme  de  lettres,  à  Lyon*  9  Juillet 

^834. 


(  177  ) 

M.  MoreAu  (César),  ancien  Tice-consul  de  France  en 
Angleterre }  fondateur  de  TAcadémie  de  Tindustrie  agri- 
cole y  manufacturière  et  commerciale ,  membre  de  la 
Société  royale  de  Londres,  à  Paris.  12  Novembre  1817*. 

M.  MoREAu  DE  JoNNÂs  ^,  Correspondant  deTInstitut, 
etc.,  à  Paris.  26  Novembre  1817. 

M.  MoRELOT,  docteur  en  médecine,  correspondant  de  la 
Société  royale  des  antiquaires  de  France,  etc.,  à  Eguilly 
prèsPouilly-en-Montagne,arrond.  deBeaune.  ZAoâti^2,Sm 

JVl.   MouRONTAL,  membre  de  plusieurs  Sociétés  savantes 
àBapaume.  25  Mai  i836. 

M.  Nadaut-Buffon  ,  Ingénieur  des  Ponts  et  Chaussées,  à 
Chaumont.  7  McU  1 834* 

M.  Naville  ,  docteur  en  médecine ,  au  Bourgneuf.  20  Août 
1823. 

M.  NicoT,  ancien  chirurgien  en  chef  de  Thôpital  Beaujon  ^ 
à  Paris.  3i  Décembre  i834. 

M.  OuTiER ,  professeur  à  PEcole  centrale  des  arts  et  manu- 
factures, à  Paris.  24  Juin  1829. 

M.  Opoxx,  inspecteur  des  eaux  minérale^,  à  Provins.  9  Avril 
1780. 

M.  Parent,  docteur  en  médecine ,  membre  correspondant 
de  la  Société  de  médecine  de  Lyon ,  à  Beaune.  28  Juillet 
i83o. 

M.  Pasquier^  docteur  en  médecine,  à  Lyon.  23  Mars 
i836. 

M.  Patris  DE  Breuil  ,  homme  de  lettres,  juge  de  paix^ 
à  Troyes.  20  AvrU  1825. 

M.  Perolle,  professeur  d'tfnatomie,  à  Grasse.  29  Juillet 

1792. 
M.  Peschier,  docteur  en  médecine,  membre  de  plusieurs 

Sociétés  savantes ,  à  Genève.  10  Juin  i835. 
M.  Petit  (  Edouard  )  4^  9  docteur  en  médecine,  correspon- 
dant de  PAcadémie  royale  de  médecine ,  à  Corbeil.  1 9 
Août  1818. 

12 


(  178) 

M.  Petitot,  statuaire ,  à  Paris.  23  Décembre  i8o2. 

M.  Pett/grew,  de  la  société  philosophique,  à  Londres. 
28  Janvier  1818. 

M.  PicQUETy  docteur  en  médecine,  décoré  de  la  grande 
médaille  d^or  du  Mérite-Civil  d'Autriche ,  etc. ,  à  Saint- 
Claude,  i^  Décembre  1^0^.  "* 

M.  PiERQUiK ,  docteur  en  médecine ,  à  Versailles.  27  c/oa- 
vier  i83o. 

M.  Raymond,  préfet  et  professeur  de  mathématiques  spé- 
ciales au  collège  royal  de  Chambéry ,  etc. ,  à  Chambéry. 
\j  Juin  1807. 

M.  RévoLAT  ^^  docteur  en  médecine,  médecin  en  chef  de 
rhôpital  des  aliénés,  à  J^ordeaux.  16  Mars  1808. 

M.  Ret,  homme  de  lettres  et  manufacturier,  à  Paris.  9 
Juillet  i834« 

M.Richard  db  la  Prade,  docteur  en  médecine,  profes- 
seur de  médecine  clinique ,  à  Lyon.  10  Août  i8o8. 

M.  RiCRBROLLE,  professeur  de  rhétorique,  à  Avalon.  22 
Mars  1820. 

M.  RiCROND  DBS  Er us ,  docteur  en  médecine,  au  Puy.  i4 

Mai  i834« 
ftf .  Rousseau  ,  docteur  en  médecine ,  chef  des  travaux  ana- 

tomiques  du  Muséum   d^histoire  naturelle,  à  Paris.  4 

Juillet  i832. 
M.  Salverte  (Eusèbe),  membre  de  la  Chambre  des  dé- 
putés ,  membre  de  Plnstitut  de  France  ,  à  Paris.  3  Août 

1801. 
M.  Sarrasin,  docteur  en  médecine,  à  Paris.   3o  Juillet 

1828. 
M.  SiLVESTRE  *,  secrétaire  perpétuel  de  la  Société  royale 

et  centrale  d'agriculture  ,  membre  de  PInstitut  de  France, 
"  à  Paris.  8  Janvier  i8o3. 
Sir  Sinclair  (John),  baronnet ,  fondateur  de  la  Société 

d'agriculture  déLondres,  à  Londres.  19  Août  1818. 


{179) 

M.  SoTER-WiLLEMET,  bibliothécaire   en  chef  de  la  ville  de 

Nancy,  à  Décembre  1829. 
M.  Tanchou,    doctenr  en  médecine,  k  Paris,  3o  Janvier 

i833. 
M.  Thomas,  secrétaire  de  la  Société  médicale  de  la  Nou- 

veile-Orléans.  a4  Décembre  iSaS. 
M.  le  baron  Westreenen  de  Tiellandt  ,  ministre  de  S. 

M.  le  Roi  de  Hollande,  à  La  Haye.  i3  Aoâe  i834. 
M.  ViLLOT,  archiviste  de  la  ville  de  Paris ,  à  Paris.  1  ««"  Dé" 

cembre  1824. 
M.  ViNOTHiGNiER,  docteur  en  médecine,  à  Rouen.  9  c/o/i- 

vier  1828. 
M.  YoiLLOT ,  chirurgien  adjoint  de  THôtel-Dien  de  Beanne. 

i^Mai  i835. 
M.  VoizoT ,  professeur  de  mathématiques  à  Châtillon-sur- 

Seine.  9  Décembre  ]835. 

Ladite  liste  a  été  arrêtée  par  le  Conseil  d^adminîstration 
dans  sa  Séance  du  28  décembre  i836,  à  laquelle  assis- 
taient MM.  Antoine,  Président,  Frantin  aine,  Bressier 
et  Toussaint. 

Pour  extrait  conforme  : 

Le  Président,  Le  Secrétaire  , 

ANTOUSE.  TOUSSAINT. 


Nota.  MM.  les  Académiciens  dont  les  adresses  pourraient 
être  inexactes  ,  sont  priés  de  vouloir  bien  les  faire  rectifier. 


Je. 


TABLE 

*  DES  MÉMOIRES  DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES,  ARTS 
ET  BELLES-LETTRES  DE  DUON. 


PARTIE  DES  LETTRES. 


tTohnec/    /  û3^» 


Pages. 
Coup-d'geil  philosopliique  sar  les  pKases  de  la  Littéra- 
ture en  France,  par  M.  Nault.  ...« 5 

RECHERCHES  sur  i,£  luxe  des  Romains  dans  leur 

.  AMEUBLEMENT  ,  par  M.  PeIGNOT I9 

Valeur  et  prix  d'acquisition  de  quelques  bâtimens  et 
palais  occupés  à  Rome  par  les  Clodius ,  les  Lucullus, 
les  Cicéron ,  les  Crassus  ,   etc. , 22 

Des  tableaux  et  des  statues. 

Notice  et  valeur  de  quelques  tableaux , 24 

•—  De  quelques  statues , 27 

Des  tables  , 3o 

Estimatiou  de  quelques  tables  de  luxe  ayaut  appartenu  à  Ptolomée, 
à  Cicérou,  à  Oallus-Asiuius ,  au  roi  Juba,  à  Sénèque,  etc.,  .    32 

Des  lits. 

Du  lit  cubiculaire, 34 

Du  lit  tricliuaire  , 35 

Du  lit  nuptial  y 38 

Des  coupes  et  des  yases  ,  .  •  .  .  • 39 

Valeur  et  estimation  de  plusieurs  de  ces  meubles  possédés  par 

Crassus,  Pompée,  Pétrouius,  Néron,  etc., 4° 

Du  vase  de  cristal  de  Polliou , 4a 


(181  ) 

Pif. 
Des    plats* 

De  leur  emploi  ;  —  de  leur  grandeur  ;  —  de  leur  poids  ;  —  de 
leur  valeur , 44 

Des  lampes  et  des  candelabb.es. 

De  leurs  différentes  espèces;  de  leur  valeur, •  .    47 

Anecdote  sur  un  candélabre  et  sur  son  singulier  accessoire,  ...    4^ 

Des  pierres  PRiciEusES. 

Des  écrins  de  Scaurus ,  de  Mithridate  ,  de  César , 49 

Du  luxe  de  Lollia  Paulina,  dans  ce  genre, 5i 

Des  camées. 

Du  goût  des  Romains  pour  ce  genre  de  pierreries,  • 63 

De  quelques  camées  anciens  que  Ton  possède  encore  aujourd'hui ,    54 

Des  anneaux. 

De  leurs  différentes  sortes  ;  de  leur  usage , 56 

Emblèmes  de  certains  anneaux  servant  de  cachet , •  .    58 

Des  étoffes. 

Des  principales  substances  dont  elles  étaient  fabriquées  chez  les 

Komaius , 69 

Du  prix  excessif  qu'elles  acquéraient  par  la  teinture  ,  surtout  par 

la  pourpre  , 60 

De  divers  habillemens  des  Romains ,. •....  61 

Du  coton, • 64 

La  soie  connue  fort  tard  et  très-rare  h  Rome , 64 

Appendix  aux  objets   de  luxe  et   d'ameublement   ci- 
dessus  mentionnés , 65 

Vente  aux  enchères  du  mobilier  de  deux  empereurs,  (  Marc- 

Aurèle  et  Commode  );  en  quoi  consistait  ce  mobilier,  ....    66 
Quelques  détails  sur  les  meubles  d'Héliogabale, 68 

De  divers  objets  de  luxe  et  de  fantaisie  autres  que  les 
meubles. 

Des  parfums  , , , 71 

Prix  d^acquisition  de  certains  animaux, 74 

TABLEAU  de  quelques  fortunes  particulières  a 

E.0ME  vers    la    fin    de    la    RiPUBLIQUE    ET    DANS   LE 
PREMIER    SIÈCLE    DE    L^ËmPIRE  j 76 

Ces  fortunes,  dans  Tordre  chronologique ,  sont  celles  de  Sylla , 


% 


(  182  ) 

Pag. 

«le  Rosciusy  de  Crassas,  de  Scaiinis,  de  Deflietrius,  de  Milon  y 
de  Lucullus,  de  J.-Ci^sar,  de  Verres,  de  Cicéron,  de  Caton,  de 
Salliute,  d* Antoine ,  de  Virgile ,  d'Isidorus ,  de  Tigellius ,  d'Au- 
guste ,  d'Apicius  y  de  Lentulus  ,  de  Tibère ,  de  Gr.  Passienus,  de 
Calliste ,  de  Narcisse^  de  Pallas ,  de  S^aèque,  de  Pline  le  Jeune,  77 
GoNCLUSIO^f  9 •••••...   87 

NOTES, 90 

Ces  Notes  offrent  presque  toutes  uu  rapprochement  entre  la 
▼■leur  des  objets  de  luxe  anciens  dont  nous  avons  parlé  précé- 
demment ,  et  la  valeur  des  objets  du  même  genre  tels  qu'ils 
existent  actuellement  chez  les  modernes. 

Note  (A)  :  Valeur  et  estima tioa  de  quelques  édifices 

notables  à  Paris  j  • ço 

Note  (B)  :  Un  mot  de  Velleius-Patercalus  et  de  Tacite 
sur  le  consul  Mummius, pt 

Note  (C):  Estimation  du  Si,- Jérôme  du  Corrège,  etc. ,  9a 

Note  (D)  :  Notice  du  haut  prix  auquel  ont  été  portés 
certains  tableaux  modernes  dans  les  ventes  publiques ,  92 

Note  (E)  :  Opinions  de  plusieurs  savans  sur  la  substance 
des  vases  murrhins, •...••...•  94 

Note  (F)  :  Du  luxe  des  dames  romaines  ^  et  de  quelques 
ouvrages  relatifs  à  ce  luxe ,   .   .   • 98 

Note  (G)  :  Des  pierres  précieuses  chez  les  modernes ,  99 

Précis  de  Pinventaire  des  diamans  de  la  Couronne  de 
France,  fait  en  1791  , •   •  •  .  .  100 

(Addition  relative  au  vol  de  ces  diamans  au  garde- 
meuble ,  à  Paris  9  en  179a) ii3 

De  quelques  diamans  de  baut  prix  ,  autres  que  ceux 
mentionnés   ci-dessus, 101 

Note  (H)  :  Opinion  de  Sénèque  sur  la  double  pourpre, 
et  de  Pline  sur  la  pourpre  de  Tyr  , io3 

Note  (I)  :  Opinion  de  Pline  surTanimal  appelé  poiripre^  104 


■^ 


• 


l 


* 


(  183  )       * 

Pag. 

Note  (K)  :  Sar  certaines  personnes  ài^%  temps  modernes 

qui ,  comme  Néron  et  Héliogabale  ^  n^ont  jamais  porté 

deux  fois  le  même  habillement , 104 

Notes  (L)  et  (M)  :  Certains  animaux  payés  un  liant  prix 

chez  les  modernes , io5 

Note  (N)  :  Sur  le  nombre  ^  Pemploi  et  le  prix  des  esclaves 

à  Rome^ • i07 

Note  (O)  :  Notice  sommaire  de  quelques  fortunes  par* 

ticulières  en  Angleterre ,  .    •  •  .   . 108 

A  ces  grandes  fortunes ,  sont  attachés  des  noms  la  plupart 
très-illustres  dans  les  fastes  de  la  Grande-Bretagne ,  tels  que  les 
Northumberland  y  les  Devonshire)  les  Buccleugh ,  les  Bridge- 
water ,  les  Fitz-Villiams ,  les  Sutherland ,  les  Rutland ,  les 
Redford ,  les  Buckingham ,  les  Norfolk ,  les  Marlborough ,  les 
Hertford,  etc.,  etc.,  et,  eu  Espagne,  le  doc  de  Medina- 
Céli,  etc.,  etc. 

Motif  pour  lequel  on  ne  parle  pas  des  grandes  fortunes 
en  France  , 112 

NÉCROLOGIE. 

Notice  sur  M.  Poncet,  par  M.  Frantin.  .' ii5 

Notice  sur  la  vie  et  les  ouvrages  de  M.  Amanton, 

par  M.  Peignot 124 

Notice  sur  M.  Riambouro,  par  M.  Foisset 14^ 

POÉSIE. 

Chasse  nocturne  et  Plaintes  de  PAmiral  Chabot ,  par 
M.  Pautet 149 

Les  deux  chiens  danois,  fable  par  M.  Bressier.  •  .  \SS 

Gloire  a  Dieu  ,  Paix  aux  hommes  ,  par  M.  Accurse 
Alix • xSj 

Liste  des  Membres  de  l'Académie  de  Dijon i63 


FIN   DE  LA.  TABLB. 


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106  e 


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P^     491698