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)
MÉMOIRES
DE L'ACADÉMIE
DES
SCIENCES , ARTS ET BELLES-LETTRES
DE DIJON.
MEMOIRES
DE L'ACADÉMIE
DES
SCIENCES, ARTS ET BELLES-LETTRES
DE DIJON.
PARTIE DES SCIENCES.
t^thnéfi éû3^.
DIJON ,
FRANTIIf, IMPRIMEUR DE L'ACADÉMIE.
1836.
MEMOIRES
DE L'ACADÉMIE
DES
SCIENCES, ARTS ET BELLES-LETTRES
DE DIJON.
i DES SCIENCES.
tTcnnéfi iû3^.
DIJON ,
FRANTIIf, IHPBIMEUB DE L'ACADÉMIE.
1836.
/
MÉMOIRES
DE L'ACADÉMIE.
a±=c
HISTOIRE NATURELLE
DES POISSONS
DU DÉPARTEMENT DE LÀ COTE-D'OR ,
PAR J.-N. VALLOT9
BOCTEVR EM MéDBClVIy MBMBBX DB PLU81BUB8 SOClirés Bàjàjmgy
BATI0IIALB8 ET iTEABCiEBS.
L'étude de Thistoire naturelle a de tout temps été
cultivée à Dijon ; il est aisé de s'en assurer en recourant
aux Mémoires , tant anciens que nouveaux , de FAca"
demie des Sciences , Arts et Belles-LetWes de Dijon , et
aux différens ouvrages ex professo publiés à Dijon sur
diverses parties des sciences naturelles.
Le développement acqub, par les sciences depuis
quelques années , exige que chacune de leurs parties
soit traitée à part ; jusqu'à ce jour l'ichthyolog^e du dé-
partement de la Cote-d'Or n^ayant occupé les loisirs
d'aucun de nos compatriotes ' , je l'ai choisie comme
' a Cette classe utile (des poissons) ^ qui n^a pas encore
été observée pour notre département ^ dans un aussi grand
détail que les autres y n^est ordinairement connue que par
les espèces quMIe fournit sur nos tables , et par le plaisir
objet d'un travail neuf , puisque lliistmre des poissons
d'eau douce deja France n'a pas encore été faite.
Notre département plaoé entre les bassins de la Seine,
de la Loire et du Rhône ' , ( par la Saône ) , se trouve
un des plus riches de France en ichthyologie.
Pour donner à mon ouvrage toute la certitude dé-
sirable , je me suis aidéd^une foule de renseignemens ^^
je me suis procuré tous les poissons de notre pays , je les
que procarent les moyens de les prendre. » Vaillant , Sta--
tistique du département de la Cote-d'Or^ mss» j tome i y
p. 196.
Dans la liste des 17 poissons dont Vaillant donne les
noms 9 cet auteur indique sous le no 4 la Loche franche ,
et sous le n° 5 la Moutelle ; il ignorait que ces deux noms
désignaient le même poisson.
' La pente du Rhône est communément par mètre , de
^iô ^^ millimètre.
* MM. Boudot , professeur de FËcole des Chartres y et
archiviste du Département ^ Baudot , juge honoraire du tri-
bunal de première instance; Roger 9 directeur de la poste
à Auxonne , m'ont donné, la liste des poissons de la Saône \
M. Andriot, docteur-médecin à Fontaine-Française, m'a
procuré celle des poissons de la Yingeanne ( Vigenna, nom
qui désigne aussi la^rivière de Vienne ) et de la Venelle ;
M. le docteur Bourée , médecin à Châtiilon- sur-Seine , m'a
communiqué celle des poissons de cet arrondissement \ en-
fin M. Quentin, archiriste à Auxer^e, m'a envoyé la liste
des poissons de ITonne. Je ne saurais trop reconnaître l'o-
bligeance de tous ces Messieurs, auxquels j'adresse de sin-
cères remercimens. Je me suis également adressé aux meil-
leurs pêcheurs de Dijon , près desquels j'ai recueilli diverses
dénominations que j'ai tontes rapportées au nom scienti-
fique.
(7)
ai déterminéiteaeMipeQl^ nnssi mon ouvrage fait d'après
nature , oontient'dkfi Qbi0ry^tion9 neuves et des éclair-
cissemens corieax sùVa^ divers points d'ichthyologie.
M. PataUle p^ y prc^riétaire à Mfjdlly-sur-Saône ,^t
amateur jsàlé de b science , ft eu la complaisance de me
procurer tous les poissons de la Saône; je le prie d'a-
gréer ici mes remerctmens et de recevoir les témoi-
gnages de ma reconnaissance. Tous les autres poissons,
dont je pcfrle , ont été trouvés sur le marché. Il est
assez difficile de se procurer toutes les espèces de pois-
sons , en les demandant aux pécheurs , parce que les
noms n'étant point fixés , chacun en impose à sa volonté; «
aussi le même nom est-il appliqué à des poissons bien
difierens. Voici ce qu'à ce sujet me mandait M. Pataille.
(( Vainement , m'écrit-il , on demande aux pécheurs
a d'habitude, même aux plus anciens , s'ils ont remarque
« tels ou tels poissons, etc.; la plupart se bornent à ré-
« pondre que les poissons pris , ils se hâtent de les jeter
a à la boutique , d'où ils les retirent pour les livrer aux
« particuliers ; que s'ils en rapportent à la maison pour
(( leur usage personnel , ils les remettent , sans le^
<( examiner , à la femme qui les écaille , les vide à Tins-
<( tant , puis les met sur le gril ou les jette dana la
<( poêle. » Lettre du i5 ai^ril iS36.
Ainsi , lorsque Ton voudra se procurer les diverses
espèces de poissons , le meilleur moyen sera d'accom-
pagner les pécheurs , et d'examiner ce qu'ils ramènent
dans leurs filets , parce que sous le nom générique de
friture y ils confondent tous les petits poissons, dont ils
ne peuvent pas se défaire utilement sur le marché : ils
ne s'attachent qu'aux poissons dont la taille ouia qua-
lité leur fait espérer un débit avantageux.
J^ai eu le soin de signaler et d'éviter les doubles em-r
( « ) ^ ;
plois , (( ce fléau de Thistoirè »ilntMl^irti|fùttw prêt à
« s^introduire , dit Cuvier ^flù^^^MÊL éhtêfUis^Dm , tom.
«(, 1 , ;?. 78 , sitôt qu'on n'app(Nrli|M^4nai» «rfil^ oompila-
«c^ion la critiqua l^ plus sévère ; doNiblet emplois si nui-
« sibles aux vrais progresse la scieiMWV » comme il le
répète oui^. cité y p. ia8.
Alleon Dulac , dans ses Mémoires pour sentir à this-
toire naturelle du Lyonnais y en fournit la preave ^
compilant Rondelet et Artedi , sans soin et Ans choix ,
il confond tout , jusqu'au point de donner des poissons
marins pour des poissons d^eau douce. On en trouve
nouvelles preuves dans plusieurs ouvrages récens ,
comme il est facile de s'en assurer en consultant les
annales agricoles y Utiéraires et industrielles de tA-
riège, Foix, i836, p. 887-390.
Sous le titre : 4* classe d'aiumAux a sang rouge ,
on cite les poissons de ce département , sans en assigner
les caractères , et sans donner leur nom scientifique. A
cette occasion , je ferai les observations suivantes sur
quatre poissons dont les noms vagues rendent assez difFi-*
cile leur détermination exacte.
« Le Meunier ou Têtu , ainsi appelé parce qu'on le
m trouve en quantité à Tentour des moulins , est un
« poisson blanc d'eau douce que Ton trouve en abon-
ft dance dans le Bas Salât , surtout du temps de son frai
« en mars. On Pappelle aussi en français Têtu , et en
« patois Cap Bejré , parce que sa tête à museau poin-
te tu est v^erie comme du i^erre, » p. 889.
Ce poisson peut être ou la Dobule, Cjprinus Dobula,
t)U mon Cyprin bouche en croissant , Cjprinus toxos-
toma ; Tauteur n'ayant point parlé de la couleur noire
du Péritoine , me laisse à penser que son Meunier ou
Têtu est notre chevanne, Cjprinus Bobula, ce dont il
(9)
pourra s'assurer par l'examen desiienlspharynpennfs;
le nom de Meunier n'a été donné à cepobson, qu'à
cause de sa blancheur.
« Le Gardon , Tulgaircment la ^àge, a comme le
i( Meunier , le corps liirfje et couvert d'écaïlles, le doS
« bleu , ta têie verditire, le venirc blanc et les yeux
K grands ; mais il n'a pas le museau anssi pointu , «
.?. 38*^
Cette ancnptioD , copiée de Bondelet , n'apprend
rien. Ce pcâsson peut être ou le Çyprinus rutilas, Lin.,
ou mon (^rimis rufus ,\v!A. y ou mon Çjrprinusfuscus ,
ou le Çyprinus erythropfohalmus , Lin. -, l'inspection de< ^
dents pharyngiennes pourra seule déterminer auquel
de ces quatre paissons appartient le Gardon de l' Ariège.
« AjA Sardine de ritHère , en patoîs Sopkio, est un
(( autre petit poisson blanc, diOërent du Gardon; c'est
« le moins estimé des poissons du Bas Salât, •» p. 390.
Cette Sardine peut être ou mon Cjrprimu toxostoma,
Vall. , ou mon Cy^priims mugil, Vall., ou le Gfprituis
jactdus, Jurine; la couleorduPéritoineet l'examendes
dents pharyngiennes feront disparaître l'incertitude.
K Le Satron , vulgairement appelé Jtabole, est tm
a très-petit poisson, peu estimé, d'environ deux pouces
u de long;.... on le prend en abondance avec des
K bouteilles percées par le fond et renfermant de la mie
K de pain pour l'attirer. Il est abondant dans te ruisseau
(I de la Gouarège , p. 3^0 . »
Ce poisson est le Vairon, Çyprinus phoxinus , Lin.
Le docteur Despine fils , Manuel de lévanger aux
Eaux {tj^ix en Savoie, i834, pp- 8^9, donne la
liste des poissons des environs d'Aii , avec une syno-
nymie défectueuse pour les suivans :
« a. Truite, Salmofario.
> V
( 10 )
« 3. Truite saumonée, «So^po tniàiP''^ii'
f( 4. Truite saumonée npîre ,tj&ii&|fta ml^wiffi vulg^
truite des Alpes. » V . /;,. .^ : ;,
D'après Jurine, ces trois espèce! de pcHMMS se ré-
duisent à celle de la truite tM:*dinaire. ^■'. • .
« 5. Umble chevalier, Salmo ihymallus, vulgaire-'
ment Ombre cha^alier. »
Il paraît que la liste des poissons des environs d^Aix
a été formée d'après le ConserweUeur suisse, (j^de très-
infidèle , comme le fait remarquer Jurine , HisU des
poissons du lac Léman, p. 186, dans le passage sui-
*vant :
<( Dans le Conservateur suisse , dit-il , on a commis .
(( une double faute d'impression , en nommant Ombrç
« clievcdier le Salmo umbla, et Umble, le Salmo thy^
m mallus. »
« 6. Garpeau , Salmo cyprinoïdes. »
Le Salmo cyprinoïdes est un poisson de Surinam ; le
Garpeau, dont parle l'auteur, est le Salmo carpione,
Linn.
« 17. Meunier, Cy^prinus cephidus ,yulg. Chei^ène^»
L'examen des dents pharyngiennes de ce poisson ap-
prendra si c'est la dobule , Cyprinus dobula , ou le Gher
vène du lac Léman , Cyprinus idus , Bloch.
« 18. Sardine, Clupea sardinia, vulg. Mirandèle. »
Ayant demandé infructueusement quelques échan-
tillons de ce poisson , il m^est impossible de dire s'il ap-
partient à ma Clupea sardinella, ou au Cyprinus albur-
nus, qui porte en Savoie le nom de Sardine.
Les naturalistes d'Aix sont invités h éclaircir ce point
d'ichthyologie,
u 21. Lamproie , Petromyzon fluviatUis , vulg.
Lampray. ))
(11 )
Ne serait-oe pasplutâtle Petromyzon branchialis ,
Lion. , Ammoçete Lamprqyon?
« 22. Gorydale.
(( 23. DormiUe , volg. DremiUon. »
Quels soat ces deux poissons indiqués sans dénomina-
tion systématique ?
« 24. Barbotte, (7oii</5£ar&atuiâ.
<( 25. Loche franche , Cobilis tœnia. »
Ces deux derniers poissons sont- ils désignés avec leur
véritable dénomination systématique ? Cela est douteux ,
surtout en ayant suivi le Conservateur suisse.
« 26. Misguri : lisez Misgum. » ^•
P. 9. (( On a vu dans le lac quelques raies et même
des esturgeons ^ mais ils sont devenus très-rares depuis
que les sels, qui se consomment dans le pays, n'arrivent
plus par le Rhône. »
Il serait curieux et intéressant de connaître les cir-
constances qui ont fait croire à la présence des Raies
dans le lac. Les savans d'Aix peuvent seuls indiquer la
source de cette assertion singulière. Les Raies étant des
poissons essentiellement marins, quelque malin n'aurait-
il pas jeté une Raie dans le lac pour faire croire à Fexis-
tencede ce poisson dans la Savoie?
Ce serait une nouvelle mystification à ajouter à celles
assez multipliées faites aux naturalistes.
Jean-Daniel Meyer , peintre en miniature à Nurem-
berg , a publié en 17489 dans cette ville , un ouvrage '
pour représenter d'après nature ( excepté cependant les
lièvres cornus, jict, Div^ion,, i835 , ;?. 79), des mam-
mifères, des oiseaux , des reptiles et des poissons , avec
' Johan Daniel M£Y£a8 Yorstelliingen allerley thiere
mit ihren gerippen.
(12)
kurs squelettes ; les figures sont disposées sans ordre.
Cuvier , Hisl. naU des poissons, tom. i , p. 3o2 , note 5 ,
a dénommé toutes celles relatives aux poissons ; mais
s^en rapportant , soit au nom de chaque figure . soit à la
description correspondante , il est tombé dans quelques
erreurs très-importantes à signaler.
La planche 53 du tome 2 est intitulée : Die ro-
ihauge, appelé dans le texte Ruhellio.
D'après ces deux noms , Cuvier rapporte la figure
au Çjrpnnus erythrophthcUmus.
Mais dans cette figure , la position de la nageoire
dorsale correspond à celle des ventrales ) aussi convien-
drait-elle plutôt au Cypiinus bUcca, Bloch , planche X ,
à raison de la longueur de la nageoire anale et de la
couleur safi^année de l'iris ' .
La planche 98 du même volume a pour titre : Der
heseUng, qui suivant Cuvier représenterait le Gardon ,
Gyprinus jeses.
Dans cet article , Cuvier attribue le nom de Gardon
au Cjprinus jeses ; et dans le Règne animal, édiU 2 ,
tom. 2 , p. 275 , il donne le nom de Gardon au Cjprinus
idus.
Laquelle de ces deux synonymies doit-on adopter ?
Le Heseling de Meyer ne serait-il pas le Cjprinus
erylhrophthcdmus ?
La planche 96 présente la figure supérieure , inti-
tulée : Der steinbeisser , rapportée par Cuvier au Cobi-
lis iœnia.
' Il est difficile de déterminer exactement le poisson re-
présenté dans cette figure; les naturalistes de Nuremberg
pourront seuls le reconnaître par la comparaison et par
rinspeclion des dents pharyngiennes.
(13) .
En lisant dans le texte allemand , la description in-
complète de ce poisson; en s'assurant que le dessin
ne représente aucun aiguillon ; puis en comparant la
figure donnée par Meyer , avec celles de Bloch , de
Jurine , etc. , oi^ s'assure que ce poisson est la Loche
franche, Cobitis barhatula, Linn. , dont Meyer uvait
déjà donné une figure sur la planche 74 dt^ tom. 1.
 la vérité en comparant les deux squelettes dessinés
par Meyer, on y trouve des diSerences marquées,
surtout pour le crâne. Il fendrait donc revoir ces
deux espèces en nature.
La figure inférieure de la planche 96 est certaine-
ment celle duYèron, Çyprinus phoxinus, indiqué avec
doute par Cuvier , dont l'incertitude provenait du texte
obscur de Meyer.
Ce peintre, ayant reçu d^un pêcheur, ce poisson
sans être nommé, crut le reconnaître dans le Ry série,
Jtjssling, dont parle Gesner, de AquaUUb. , p. é^rj^^linea
12, et dont la figure se trouve sur la même page , au-
dessous de la ligne 25. Mais il s^est évidemment trompé,
car le traducteur ' allemand de Gesner dit positive-
ment : « Ce poisson a le péritoine noir, comme le
« nase, le dos vert-bleu, les côtés et le ventre
<( blancs. » Or ces caractères ne se trouvent point dans
le Vèron, mais bien dans le Cj-prinus jaculus, Jurine,
auquel la figure de Gesner convient parfaitement.
La figure supérieure de la planche 97 est intitulée :
Die Laugele. Cuvier la rapporte à la Yandoise, sans en
donner le nom systématique latin.
Le Laugele de Meyer est effectivement le Cypri-
* Voyez Neue Sehauplatz dernaiun Leipsig. 1779 1 tom,
▼n,p. 335.
(14)
nus jaciduSy auquel Jurine attribue une nageoire anale
à XIV rayons , et Meyer xv.
Gesner dit avoir trouvé dans le Laugele, dont il
donne la figure , p. 3o , cinq dents pharyngiennes ,
comme dans le BaUerus^ la Bordelière des Lyonnais, dé-
crite p. 28.
Gesner se sera probablement borné à signaler les
dents extérieures, et il aura négligé les dents inté-
rieures. Il a fait le même oubli dans la denture du
Cjpnnus erjthrophûtalmus,
La figure inférieure de la planche 97 , intitulée :
Die Néinauge, représente le Petromyzon branchiaUs
Linn. , ammocete lamproyon , Cuv.
Ayant %i tous les poissons dont je parle , j'aurais
pu me dispenser de citer les auteurs; mais m'étant
fait une loi du suum cuique , et d'ailleurs persuadé
que la science se compose non-seulement des faits,
mais encore des observations auxquelles ils ont donné
lieu , j'ai regardé leur rapprochement comme d^autant
plus nécessaire , qu'il fournît le çioyen d'éclaircir
beaucoup de récits équivoques. Ainsi on peut recon-
naître que Jean Hermann , sous le titre de Cjpnnus
rutilus y consigné dans ses Observationes zoologicœ,
page 3^3 , s'en rapportant avec confiance au nom donné
par les pêcheurs, a décrit le Cjprinus rutilus, le Cyprinus
rufus , Nob. , et le Çyprifius eryihrophihalmus ; ce dont
on peut s'assurer à Strasbourg, en comparant les échan-
tillons laissés par Hermann, et en examinant leur appa-
reil dentaire pharyngien. Jurine , ffist. des poissons du
lac Léman, p. 2i3 , dans son artic^ Rosse , a de même
confondu sous le même nom le Cyprinus rutilus, le (7^-
prinus rufus, Nob., et peut-être le Cyprinus fuhus,
Nob. ; et dans ses Remarques sur la sjnonjmie de la
(16)
Rosse y il reconnaît que ce nom a été donné à plusieurs
espèces de poissons différens. Aussi Cuvier, Règne
animal y édii. a , tom. a , p, 2176 , à Toccaslon des Cy^
prinus grislagine et Cyprinus jeses cités à la note (1) ,
dit-il : (( La difficulté de reconnaître les figures donnée»
par les auteurs , d'espèces si semblables , est encore
augmentée , parce qu'il y a dans les rivières d'Europe
plusieurs autres espèces qui n'ont pas encore été repré-
sentées. »
Lorsqu^on se bornera à déterminer les Cyprins seu-
lement d'après les figures données par les auteurs , on
multipliera les causes de confusion. Si Ton veut éviter
les erreurs, il faudra adopter la méthode que j'ai
choisie , et baser les caractères des espèces JuMii forme ,
le nombre et ta disposition des dents pharyngiennes ,
dont la considération importante a été négligée jusqu'à
nous. Je suis parvenu , de cette manière , à préciser avec
la plus grande exactitude tous les cyprins du sous^enre
Able, dans lequel la confusion était excessive.
L'ichthyologie des eaux douces de la France n'a été
traitée , ex professa, que par trois auteurs , dont deux ,
Selon et Rondelet , vivaient au seizième siècle , et le
troisième , Duhamel du Monceau , au xvm*.
L'importance des poissons dans l'économie domestiquQ
et dans les arts , aurait dû cependant stimuler le zèle
des naturalistes français , et les déterminer à s'occuper
d'une partie qu'ils ont entièrement négligée ; plusieurs
à la vérité , ont voulu traiter des poissons , mais ils se
sont bornés à copier les anciennes descriptions , sans
avoir eu le soin de lés rattacher aux objets réels , qu'ils
ne cherchaient pas même à se procurer, et encore
moins à examiner. Basant leur travail sur des noms , i]s
ont introduit dans richthyologie une confusion extraor-
/
(16)
dinaire : il suffît pour s'en assurer de lire le court traité
d'Alléon du Lac , sur les poissons du Lyonnais , et de
parcourir V Histoire naturelle c/e^poi^^o/z^^ par Lacépède,
et celle de Bosc , son copiste.
Depuis le seizième siècle , les noms ont été ou altérés,
ou changés , ou transposés ; aussi en est-il résulté une
difficulté assez grande pour retrouver les véritables
objets dont les auteu^rs de cette époque voulaient parler.
Ainsi, d'après Olivier de Serres' , on aurait élevé de
son temps beaucoup plus d'espèces de poissons qu'au-
jourd'hui : voici le passage où se trouve le nom des
poissons qui, suivant le père de notre agriculture,
étaient nourris dans les viviers ou les étangs. (Yoy. le
chap^ x|||||,du cinquième lieu du Théâire d* agriculture
et mesnage des champs. J'y ajoute entre parenthèses
les noms systématiques.
<( Il est vrai qu^en général , l'on sait bien que les
(( terroirs pierreux et sablonneux nourrissent les Truites,
(( ( Salmofario , Linn. ) \ Loches , ( Cobiùs barbatula ,
a Linn. ) ; Brochets , ( Esox lucius, Linn. )^ Perches,
« { Perça Jlu^^iatiUs f Linn. )^ Barbeaux, ( Cjprinus
« barbus, Linn. ); Gardons, ( Cjprinus idus, d'après
« Cuvier) , ( Cjpr. erythrophthcd., d'après Rondelet ) 5
.« Carpes , ( Cjprinus carpio , Linn. ) ; Goujons ,
« ( Cjprinus gobio, Linn. ); Dorades * j ( /« Dorée ,
■ Né à Villeneuve-de-Berg , petite ville du Vivarais , en
Languedoc ( aujourd'hui département de l'Ârdèche).
* II paraît que ce nom a été aussi donné à un autre
poisson. Dorade , c'est le Gardon-Roscies des Anglais. Ses
œufs sont en masse un peu ferme , roussâtres et estimés par
liièaucoup de personnes. Aldrovandi , p, 608. Les Roscies
des Anglais ne seraient-ils pas les Rosières de Picardie?
Les Cheviniaux ; Meuniers et Dahles sont des Cyprins
(17)
te Carpe qui se trouve dans FC^on ); Ghal;>ots, ( Cottus
« gobio y Linn. ) \ Gheviniaux , ( Ç/prinus ) 5 Meusniers^
« {Cyprinus)\ Esperlans, ( Cypnrms bipunctaùis )\
« Dables , ( Cyprinus dobula ) , et les limoueux et fen-
« geux, aussi des Carpes, ( Cjprinus carpio , Linn. ) ,
« et Barbeaux, ( Cyprinus barbus , Linn. ) ; la Tanche,
« (^Cyprinus tinea^ Linn.)-, la Bourbette, ( Gadus
a Iota ) -, le Lanceron , {Esox lucius, Linn. , jeune ) ;
« l'Anguille, ( Murœna anguiUa), et autres ,•••• le
« Brochet , la truite ( estimée la Perdrix d'eau douce )
(( et la perche , les trois poissons plus désirables qui se'
a nourrissent en eau douce. »
Depuis ce temps , Tétude de Thistoire natmdlea (ait
de si grands progrès , elle a procédé à une dfelinctioa
tellement précise des objets , omfondus jadis sous un
même nom, que les descriptions, assez souvent vagues ,.
données par les Anciens , ne peuvent plus être adaptées,
qu'avec la plus grande réserve , aux espèces admises
aujourd'hui par les naturalistes modernes.
Malgré cela , les ouvrages de Bondelet > et de Be-
du sous-genre Able , dont les espèces ne peuvent être dé-
terminées qu'en les retrouyant dans le pays où écrivait Oli-
vier DE Serres.
' L'ouvrage original de Rondelet parut à Lyon en 1 554*
La traduction , qui a été publiée en î 558 , fut entreprise
par Joubert, à la sollicitation de Rondelet. LYpitre du
traducteur à Fauteur ne laisse aucun doute à ce sujet. «Ti-
gnore sur quelle base Amoreux s'est appuyé pour attribuer
cette traduction à Dumoulin; opinion qui a été adoptée
par Cuvier , Biographie, et par Barbier , Dict, des Ano^
nymes* Si Amoreux eût consulté jETo/Z^r^ Bibl, anat», tom»
1 , p. 2o5 ; et mieux encore , s'il eût lu la préface de la
(18)
Ion ' n'en sont pas moins précieux, parce que ces auteurs
ont parlé de ce qu'ils ont vu; et les localités dans
lesquelles leurs observations ont été faites, fourniraient
le moyen de retrouver les objets dont ils se sont occupés.
Mais jusqu'à cette heure , de pareilles recherches n'ont
pas même été tentées ; et malgré le grand travail de
Duhamel intitulé : Traité général des pèches y beaucoup
restait à faire pour compléter l'histoire de nos poissQns
d^eau douce , principalement de ceux rangés dans le
sous-genre Able , dont toutes les espèces sont confondues
sous les noms de Meunier y Poisson blanc ^ , etc.
Ayant comparé soigneusement toutes ces espèces , et
m'étant procuré dans les localités indiquées , des ren-
seignemeiis précis , je suis parvenu à porter la lumière
traduction , intitulée Le traducteur à l'auteur | il aurait re-
connu que le traducteur était réellement Laurent Joubert ,
a non usité à traduire les escris d^autrui en François é
ce tellement conjuré par Pamitié d^entre nous deux (joint
<c aussi plusieurs plaisirs que j'ai reçu de vous , lesquels je
ce ne mesconnaîtrai jamais ) , que j'ai été contraint avec
ce Pimportunité de quelques autres , de promettre cette tra-
ce duction y etc. »
Une assertion aussi positive ne laisse plus de doute.
' Dans le Levant, les poissons ont toujours été très-esti-
més \ mais jadis les Kabitans de TËurope continentale en
faisaient très-peu de cas. Yoy. Belon, Observations déplus^
singular, , lib, i , chap, lxxii.
* Le nom de Poissons blancs est très-vague. Je lis en
effet dans la Statistique du département de la Drôme, par
Af. Delacroix , i835,/?. 234 • ^^ pêcbe dans Pétang de
Chavannes des Carpes , des Tanches , des Brochets et de»
Goujons , vulgairement appelés poissons blancs*
(19)
dans cette partie de lUchthyologie restée jasqu^à cemo*
ment fort obscure , ou plutôt fort embrouillée.
Les poissons ne sont entrés que tard , comme néces-
sité , dans le régime alimentaire des Européens occiden-
taux ; on en trouve la preuve en lisant le chapitre in-
diqué ei-dessus et intitulé par Belon : Les nations du
hevani aiment rmeux manger du poisson que de la
chair. De son temps , on ne voyait guère de gibier aa
marché de Gonstantinople , le pœsson y abondait. Gela
est changé maintenant , d'après Olivier : a Les Turcs ,
c( dit-il , font très-peu d'usage de pcûsson, aujourd'hui;
« le poisson salé qui vient par le commerce de la Mer
<( Noire ou de quelque contrée de la Grèce , étant à vil
(( prix , est recherché par les Grecs , les Arméniens et
(( les Juifs pauvres , et la consommation en est con-
te sidérable. » F'oyage dans HEmpite Othoman ,
tom, 1 , p, i35. Le même auteur répète : « Les Arabes
« et les Turcs mangent , en général , peu de poisson. »
Ouv». cil, , tom, 4 ) P' 4^2.
Le voisinage de la mer , Fabondance du poisson dans
ces parages , la facilité de s'en procurer , et de le con-
server au moyen du sel , expliquent la préférence que
les nations du Levant donnent à ce genre de nourriture;
d'ailleurs de tout temps les orientaux ont été de grands
jeûneurs.
Dans les pays méditerranéens de l'Europe , Tabou-
dance du gibier , la multiplicité des troupeaux d'a-
nimaux ruminans, engagèrent les peuplés à les Êiire
servir à leur nourriture , et à ne recourir au poisson
que rarement et par extraordinaire. Dans ce cas même ,
ils ne mangeaient pas indistinctement toutes les espèces j
ils faisaient un choix , et ne servaient sur leurs tables
(20)
que les plus savoureuses , et celles qui offraient le moins
d'arêtes.
L'Eglise ayant fait une obligation de s'abstenir à
certaines époques derannée, ' de la cbairdes animaux à
sang chaud ; pour se conformer à la règle , on fut obligé
de se nourrir de la chair des animaux à sang froid. On
choisit lespoissonsquifournissaient aux peuples ichthijn&->
phages, une nourriture abondante. On crut, à cette
époque , que tous les animaux qui vivaient dans l'eau ,
et qu'une partie de ceux qui se nourrissaient de poissons,
se trouvaient nécessairement dans cette dernière caté-
gorie-, en conséquence, la chair des cétacés^, celle
' Les moines latins faisaient trois carêmes de quarante
jours chacun , et en outre les vendredis et samedis du restant
^ de Tannée, ce qui donnait 190 jours maigres.
^ Longtemps le Dauphin vulgaire et le Marsouin com-
mun figurèrent avec honneur sur nos tables , et ils sont en-
core une heureuse proie pour les populations pauvres dont
les ressources sont précaires. La chair de ces cétacés était
connue sous le nom de Graspois, Crassus Piscis ou Grassus
piscis f c^est- à-dire poisson épais, ou poisson gras.
Dans le Bosphore de Thrace, ou Détroit de Constanti-
nople , le Dauphin , tantôt seul , tantôt en troupes , vient ,
en bondissant tout près de son Kaïk , effrayer le voyageur
novice et quelquefois Famuser en le rendant témoin de sa
lutte avec un poisson plat ^\\ a saisi , mais qu'il ne peut
avaler. Neuf années d Cdnstantinople par A. B rayer, JD,
Af. P» i836, tom. i y p. ii5.
Il est fâcheux que Pauteur n'ait pas précisé les animaux
dont il parle , le nom de Dauphin ayant été donné au Cor-
moran , à des mammifères et à plusieurs poissons , et celui
de poisson plat étant trop vague.
\
(21 )
des Loutres , et de certains oiseaux d^eau ' , etc. ; celle
des grenouilles , des écrevisses et de certains coquil-
lages, entrèrent dans le régime alimentaire des jours
d'abstinence, qui étaient d'au moins 190 par année.
On recourut d'abord ad poisson de mer et surtout à
celui salé , dont on faisait depuis longtemps usage en
Orient -, ce qui aura amené la pèche du hareng , qui
prit une grande extension et devint une importante
branche de commerce. Sous Saint-Louis, des droits
étaient déjà établis sur la vente de cette espèce de
poisson.
Beaucoup d'individus ne pouvant se procurer ce
genre de nourriture, faute de moyens pécuniaires , se
rejetèrent sur les poissons de rivières ; il s'écoula sans
doute beaucoup de temps avant que l'on ' se fut assuré
de la qualité de chacun d'eux ; car à l'époque où écri«
vait Albert-le-Grand , la Carpe ne jouissait d'aucune
estime , on n'attachait de pHx qu'à sa langue. Peu à
peu , on se familiarisa avec l'usage des diverses espèces
de poissons , et on se décida à les faire entrer presque
toutes dans le régime alimentaire. L'habitude une fois
' Martin Lister , en parlant de la nourriture très-frugale
des Parisiens , s'élève contre la multiplicité des ragoûts \ et,
après avoir signalé les inconvéniens qu'ils ont occasionnés
à plusieurs de ses compatriotes ^ ajoute : ce Je recommande-
a rai cependant la Macreuse, espèce de poule d'eau qui,
ce préparée à la sauce piquante, est d'excellent goût, sur-
ce tout quand on l'arrose de quelques verres de vieux Bonr-
« gogne. Ce gibier a , comme on sait , le privilège d'être
ce classé parmi les poissons : aussi les prélats et les dévotes
ex en font-ils leurs mets de prédilection pendant le carême» »
Revue britannique, i836 , tom, vf^ p» i5(j. .
(22)
contractée se continua et s'entretint comme on la voit
de nos jours. Il est cependant des pays de FEurope oii
le préjugé contre certains animaux aquatiques ^ s^est.
soutenu. Ainsi , par exemple en Angleterre , les gre-
nouilles sont en horreur : de là vient aussi le nom de
frog eater, employé Comme injure par la populace
anglaise pour désigner les Français.
« Quand Tanglomanie se répandait en France , les
te Anglais, par leur instinct de haine pour nous, de-
« vinrent anti-français ; plus nous nous rapprochions
• <( d'eux , dit Chateaubriand , Essai sur la littérai. an*
<c glaise, i836, tom, ^^p. 289, plus ils s'éloignaient
<( de nous. Un Anglais sur notre scène était toujours
<( un milord ou un capitaine, héros de sentiment et de
« générosité. Sur le théâtre anglais, on voyait dans
« toutes les parades de John Bull , un Français maigre ,
<c air de danseur ou de perruquier afiamé ; on le tirait
<( par le nez , et il mangeait des grenouilles. »
Le prince Puckler-Muskau , dans son ouvrage alle-
mand Tutdfrutd , partage cette horreur ; on en a la
preuve dans le passage suivant fort peu poli : a Le
« peuple français avec son bavardage et ses cuisses de
« grenouilles à la broche , m'a paru pitoyable. )> Voyez
la traduction intitulée : De tout un peu, i835 , tom. 3,
p. 202. Il revient un peu de ce jugement, dans un autre
passage où il parle de l'ignorance des Français rela-
tivement aux mœurs allemandes : « Il serait aussi vrai
<( de représenter de jeunes et élégans Français de Paris
' Malgré cela dans quelques pays les Têtards du Bufo
fusctts, qui atteignent jasqii^à. la grosseur d'un œuf de poule ,
sont mangés comme des poissons ^ ils ont été pris pour tels
par les auteurs ^ dans leurs ikbles de pluies de poissons.
(23)
(( OU de Lyon, discourir près d'une iricassée de gre-
<c nouilles en buvant du Cognac. » Chroniques , lettres
et journal de Voyage, i836, tom. i , p. 3o6.
Le même auteur , en rendant compte de sa visite au
musée d'Oxford j où on lui fit voir la tête et le bec toufr-
à-fait extraordinaire du Dodo, Didus ineptus , Linn. ,
parle d'un oiseau curieux qui a les ailes garnies de
piquans, à Taide desquels il embroche de petits poissons
comme sur une lance. Mémoires et F^oyages du prince
Puckler-Muskau y i832, tom. i, p. a68.
Le prince Puckler-Muskau répète ici un conte ri-
dicule : Toiseau dont il parle est une espèce de Jacana.
Ce serait le Parra brasiUensis, Gmel. y Syst. nat. ,
erfif. xiu, ;?. 708, 5p. II, si cette espèce existait au»
trement que sur Tautorité équivoque de Harcgrave;
Quoi qu'il en soit, c'est réellement un Vanneau armé ,
mais qui n'embroche pas les poissons avec Péperon de
son aile. C'est un conte dans le genre de célui'telatif au
Rev^ersus squamosus, ( Diodon spinosissimus , défiguré
par rempaillage ) que j'ai expliqué. Act. DSHon., 1829,
p. 148.
De tous les départemens français , celui de la Câte-
d'Or , dominant les trois bassins de la Seine qui com-
munique à la Manche, de la Loire qui communique à
l'Océan , et du Rhône qui se rend à la Méditerranée ,
est le plus riche en poissons d'eau douce ; aussi soii
ichthyologie peut-*elle avec raison passer pour celle do
toutes les rivières de France. En efiet , à part le Mal ,
SUurus glanis , Linn., que l'on pêche dans le Rhin, et
peut-être encore une ou deux, espèces confinées dans
quelques rivières , oii peut regarder l'îchthyologie du
département de la Cote-d'Or comme celle de tous le»
départemens non maritimes.
( 24 )
Si dans quelques rivières de la France on trouve des
espèces qui loe sont point indiquées dans le présent ou-
vrage, il sera important de les faire connaître , afin de
compléter Thistoire des poissons d'eau douce de la
France.
Le point le plus difficile était de bien caractériser les
flq)d6es confondues jusqu'à ce jour sous un nom géné-
rique commun , et c^est ce à quoi nous nous sommes
appliqués. Pour les espèces du sous-genre Able, désignées
vulgairement sous le nom de Poissons blancs , Meih-
mers ^, etc. , j'ai remédié à la confusion introduite dans
l'histoire de ces poissons, dont le même nom est donné
à desespèces bien différentes et bien distinctes. Quoique
ces noms varient suivant les localités, les caractères
4onC j^ai fait usage en les fondant sur les dents pharyn*
giennes, fourniront à tous les lecteurs le moyen de
trouver le véritable nom des différens poissons qu^on
pourra leur présenter.
L'étude des poissons procure un double résultat :
celui de Futilité et celui de l'agrément.
* Cette dénomination de Meuniers a été donnée à ce«
poissons 9 non point à cause qu'ils se tT^^^^^ P^^s des
cliftes d'eau , ou dans le voisinage des usines , comme on se
plaît à le répéter, mais à ca^se de leur couleur blanche,
comparée à celle de la farine qui couvre les Têtemens des
meuniers ou fiyineurs. C'ett ainsi que dans le siècle dernier ,
lorsque la mode exigeait que l'on se couvrit les cheveux
d?amidon pulvérisé , les perruquiers étaient désignés par le
«obriquet de Merlans à frire , à raison de ce que leurs vé-
temens, blanchis par \a poudre y étaient comparés à la cou-
leur du Merlan 9 Gadus Merlangus^ Linn. , couvert d^ fa-
rine avant d'être mis dans la poêle.
( 25 )
Les poissons , dont beaucoup sont employés^ habitiiel'
lement dans réconomie domestique comme aliment,
deviennent, pour certains jours et pour diverses époques
de Tannée, une nourriture obligée , voilà pour Tutilité;
puis , la connaissance des particularités qu'offirent plu-
sieurs d'entre eux, la manière de se les procurer , Mut
une satisfaction pour Tesprit, une occupation pour le
corps, voilà Pagrément.
Parmi les agrémens que peut procurer la connais-
sance des poissons , il faut ranger le plaisir de la pèche,
dont elle indique les procédés.
Plusieurs ouvrages ont été publiés sur cet exercice.
On trouvera de très-grands détails à ce sujet dans le
Traité des pêches, par Duhamel, iom. i ^^secU i'*- Cet
auteur traite des difiEérens filets , et n'oublie pas la pêche
à la canne, vulgairement appelée dans notre .pays,
pêche à la ligne. U existait à Florence une jiciidemia
degtUnûdi, dont chaque membre adoptait le nom d^un
poisson. Cette Académie, fondée en i549 P^^ Gome I*%
fut plus tard incorporée daos TAcadémie délia Crusca,
Yoy. Bey. brilan. , i836 , tom. y, pè 817. •
A.-F. de Coupigny , célèbre par ses bons mots et par
quelques romances^ a fait un Traite de la pêche que Ton
dit fort spirituel et fort piquant. Cet auteur , sur la fin
de sa vie , devint un des plus déterminés pêchéqrs que
Ton connût *, il lui arrivait souvent de faire cent lieues
dans les chaises de poste de ses amis, afin d'aller pêcher
quelque poisson qui ne se trouvait pas dans la Seine.
Voy. Mém. encjrclop., i835, p. SSy, w** 298.
Une Notice sur la vie et les .ouvrages de jM. Aodré-
François de Coupigny est insérée dans le Journal de la
Sociélé dé la morale chrétienne , i836, n#^.> tom. x,
«** 6 , pp. 3o8-33o.
( 26 )
Saivant Fauteur de la notice, Goupigny avait le goût le
plus prononcé, que jamais homme ait eu , pour la pèche
à la ligne; c'était en lui une véritable manie, assuré-
ment la plus innocente de toutes; elle lui fit donner le
nom de Rai pécheur, en souvenir de celui de la 2\ible^
Bande.
Le Traité de la pêche , publié sous le nom de Gou-
pigny, est encore une de ces spéculations de libraires qui
se servent sans cesse de faux noms pour attirer des
acheteurs. Ce Traité n'est point de Goupigny , il est de
M. Horace Raisson. Ousf. cit., p. 827.
Cette passion de la pêche n^était pas le partage du
seul Goupigny ; on la retrouve encore dans un célèbre
chimiste anglais.
Humphry Davy eut dès son enfance un goût très-
prononcé pour la pêche, /ie(^. britan., i836,lom.-v,
p* 268; et dans Tannée de sa mort, malgré ses souf-
frances, il eut le courage d'achever son Traité de la
pèche {Sabnonia) ^ petit chef-d'œuvre de patience ,
d'observation , où l'on trouve les détails les plus curieux
sur les mœurs des poissons.. Ous^. cit., p. 287.
Dans le Laos , pays situé à l'est du royaume de Siam ,
M. Pallegoix a souvent admiré la dextérité des enfans
qui , d^un long javelot , perçaient le poisson dans les
eaux claires des torrens, et revenaient le soir à leur
cabane chargés du fruit de leur pêche. Bulletin de la
Société de géographie , i836 , tom. S^p. 5o.
Ce procédé a un certain rapport avec celui employé
dans nos pays par les enfans , qui se servent d'une four^
chette solidement attachée au bout dHin bâton pour
transpercer le Chabot.
Pour découvrir plus facilement la place où les han-
netons de la pêdie ont été déposés, les pêcheurs indi-
(27)
gènes de l'Archipel des lies Garolines, ayant de chercher
a les retirer, commencent par mâcher de la noix de-
coco qu'ils crachent danâ la mer, pour en rendre Teau,
par le moyen de Thuile qui s'en détache , plus calme et
plus transparente. BibL unii^., ib35 , Lîuér. i tnai,
Ainsi les Sauvages des Iles GaroUnes savaient, = ayant
Franklin , rendre unie la surface de bi mer.. ' ' -
Les Russes, en Sibérie, font entrer le poisson dans
leurs filets, au moyen de boules d'argile chauffées au
feu , qu'ils déposent sur le bord de la rivière. Re^. brk.^
1837, tom. vil, p. 340. r •
Il est fâcheux que le professeur Hanste^i^ de Chris-^
tiania , n'ait pas donné des détails plus précis sur ce pro-
cédé de pèche.
Obo, poisson d'Afrique, remarquable par unetrès-
g^nde quantité d'ai^tes. Il parait appartenir au genre
Clupe. Voyez Fables Sénégalaises , par Roger, ;?.• 180.
Espèce de poisson qui ressemble à la Carpe, ayant de
même beaucoup d'arêtes , vu par Gaillié à Couroussa.
Les habitans le font sécher à la fumée et en veadent à.
leurs voisins et aux marchands qui passent chez. aix.;
Foyage à Tomboctou, tom. i, p. 368. Ce poisson,. es-,
pèce de Carpe , est long de huit pouces sur quatre ou
cinq de large ; il contient beaucoup'd'arêtc^, /^ag". 369.
Pour réussir à la pêcl^e à la ligne ou à la canne , il
faut, dit Bloch , lehthyologie * , p. ao , avoir égard au.
goût des poissons , pour employer un appât convenable. .
* Ichthyologie ou Histoire naturelle générale et particu-'
lîère des poissons, avec des figures enluminées diaprés na-
ture, par Marc Eliezer Bloch (traduit par Laveaux). Berlin,
1785} 1786} trois parties in-foiio.
(48)
Oq prend le Vilain avec des pois cuits ; rOq>he avec
un morceau de hareng , et la Carpe avec un ver.
M. Bourée , dans la note qu'il a: eu la bonté de m'en-
voyer, a inséré des considérations importantes sur :1a
population des riviènes. « Les eaux de nos contrées,
dit-il , sont beaucoup moins poissonneuses qu^autrefaîs; ^
indépendamm^it de Fabus de la pêche qui a amené une
véritable dépopulation , il s'élève de toutes parts étS
jisinies contre la multiplication des lavoirs à minerai ,
qui ont Tinconvénient de porter , dans nos rivières et.
nos ruisseaux , des eaux troubles et de donner lieu à un
dépôt limoneux abondant qui bouche les trous où cer-
tains pmsscms aiment à se retirer. » '
M. Baudot père , juge honoraire au Tribunal de pre-
mière instance , qui a eu la complaisance de me donner
le nom des poissons connus par les pêcheurs de Fagny-
la-Yille , m^écrit ( i3 not^. i835 ) : « Il y a environ douze
ans, la pêche dans la Saâne était fructueuse; actud-«
lement elle a beaucoup perdu de son produit. »
Deux causes contribuent à la diminution du produit
de la pêche : la première vient de la multitude des
pêcheurs , la seconde vient de rétablissement des ba-
teaux à vapeur qui effraient le poisson et rejettent le
frai sur le terrain.
Avant que l'immortel Linné eut fixé les bases de
l'étude des animaux , on rangeait parmi les poissons
tousceux qui vivaient dans l'eau, quelle que fût leur or-
ganisation intérieure. Ainsi la Loutre , le Castor , plu-
sieurs oiseaux palmipèdes, les Grenouilles , les Ecre-
visses , les Coquillages , etc. , étaient rangés parmi les
poissons, et leur chair regardée comme aliment maigre.
Il suffit de parcourir les ouvrages d'ALBEUT-LE-GiiAND,
tom, VI, lib. XXIV, de ViwcEWT du Beâuvais, et même
(29)
ceux des fondateurs de la science , Roitdelbt , Belon 9
Gesner, de leurs copistes et commentateurs, àldro^
vaudi , JoNSTON , etc. , pour se convaincre de Texactitude
de cette assertion, confirmée par Textrait suivant ,
d^autant plus important à publier, que les naturalistes
modernes ont entièrement négligé', dans leurs travaux ,
de signaler les recherokes dé ces premiers observateurs.
* Rondelet , de Piscib. flux^iaûL , lib. p. ao8 , cap,
xxxiv , sous le titre de Cancro fluyiatiU , donne la figure
et la description de VOçypodaflmniUilis , Latr., répé-
tées par Gésier, ÀLOROVAimi, Jonston.
P. 210 , cap. XXXV, de AstucoflunatUi. L'écrevisse,
cancer astacus , Linn.
Nos pêcheurs, qui se soucient fort peu des distinc*
lions établies par les savans, continuent à regarder
Fi^crevisse comme un poisson , dont la pêche leur est
très-productive*, cecrustacé offrant plusieurs partici^la-
rites intéressantes , je rapporterai d'abord la note qui
m^a été transmise à son sujet , par mon estimable con-
frère , le docteur Bourée.
« L'Ecrevisse, me marque-t-il , se trouve dans toutes
« les rivières et tous les ruisseaux de Farrondisse-
« ment de Ghâtillon-sur-Seine , où elle présente des
« variétés de couleurs : il en est de presque noires , ^ qui
(( conservent cette couleur même après la cuisson ;
a elles sont plus dures ; il en est dont les pattes sont
<( rouges ; on en pêche dans TOurce qui sont entière-
tt ment rouges^ celles-ci et les précédentes sont recher^
« chées des connaisseurs qui trouvent leur chair plus
(c délicate. »
' Elles ressemblent à celle figurée et décrite par Marsi-
gli Danub. , toni. iv , p. 86, tab. xxX| fig, 1 , sons le nom
de Schwartz Krops, Cancer Aiiger.
( 30)
Notre confrère à rAcadémie , feu M. Picardet qui ,
au talent du poète , joignait celui du peintre , avait
dessiné pour son usage , des fleurs , des insectes , et
différensanimauir dont il désirait conserver le souvenir.
Parmi ces dessins , il en est un qui représente une
« Ecrevisse de huit pouces de longueur , du ruisseau
« de Merceuil, hameau dans le bailliage de Sauliea
« en Bourgogne. » Telle est Pinscription mise par
Fauteur au bas du dessin qui, mesuré, donne cette
étendue depuis l'extrémité des nageoires de la queue y
jusqu'à celle de la pince gauche. Ce dessin offre sur
le côté gauche de la carapace, région stomacale , les
mêmes tubercules que ceux indiqués par Marsigli , page
précédente, note '.
Lucas Antoine Portius a donné sur TEcrevisse,
des détails anatomiques , que Ton peut consulter avec
fruit; on les trouvera dans la Collection aceulémique ,
part, étrang,^ tom. iv, p. 127-1 36, pL m et iv; il
sera facile de les comparer à ceux représentés dans le
Dict. des Se, nat. , ados, crustacés, pL 1 j/ig* 3-4? ^t
décrits tom. 28 , p. 169 , 3o8.
Je ne quitterai pas Thistoire de TEcrevisse ' , sans
rappeller 1® un des usages auxquels on l'emploie pour
la chasse des lapins, 2,^* une expérience assez singulière
sur ce crustacé.
~ * Foiir, duvet blanc ou brun qu'on irouve sons l'enve-
loppe crust^cée des écrevisses. JSncy. métk», Desc. des
pêckes^p. 63. •
Ce sont les branchies de ces crustacés, branchies qui ^
par leurs pa#ties externes, sont encore bien plus apparentes
dans les entomostracés et dans quelques larves aquatiques
d'éphémères. j4cL Divion,, i836 , p. 233 et 234*
(31 )
i« Parmi les moyens , \_extraits du noui^. Dict. dhist.
nat.y éd. 2, iom. 17, p. 607-611 j et copiés sans en
avertir, par le Comte Français (de Nantes)] indiqués
pour chasser le lapin , il est dit : « Nous avons TEcre-
<( visse. Elle s'avance jusqu'au fond du terrier oii
<c elle trouve l^animal ; elle étend sur lui la patte , le
a serre sans perdre prise, en sorte que se sentant
«ainsi piqué, il Tentraine avec lui jusque dans la
« poche qui l'attend à Fissue du terrier. »
« Avec la patte du Crabe on fait un appeau qui
« imite parfaitement le cri du lapin , et si Ton sait
« s'en servir avec intelligence , saisir le lieu , le temps,
« la circonstance et se cacher soigneusement, on
Il réussit à faire une chasse abondante. » Le Cultiva^
tair, journal des progrès agricoles, i836, tom. 12,
p. 36.
2"* L'expérience suivante est relative à un phéno-
mène naturel observé siur les Ecrevisses , par le doc-^
teur Heinemann , à Schwerin.
Qu'on prenne une Ecrevisse fraîchement pêchée,
entre les doigts de la main gauche , de manière à ce
qu^un doigt tienne la tête , et que deux autres serrent
un peu la poitrine *, que Ton passe ensuite le bout d'un
doigt de la main droite sur le dos de l'animal, chi
le verra d'abord après quelques frottemens, faire beau«
coup de résistance; peu à peu son agitation diminuera,
et elle cessera au bout d'une minute \ si l'on retire alora
tout doucement les mains, l'animal restera immobile
et sans donner aucun signe de vie. Cette immobilité
dure pourtant rarement au delà d'un quart d'heure ,
etc., etc. Bulletin Férussac, lâ^S. Se, mathém*, tom.
IV, p. 262, /l°2l3.
pans les eaviiro<iS <jte Santiago, M. Gay a décmivert
(32)
une espèce de Sangsue qui vit sur les bratichies de
FEcrevisse-, il a aussi découvert une très-petite espèce
de Branchiobdelle , qui a la singulière habitude de
vivre dans la cavité pulmonaire de HAuricula dombeu.
Institut, Séance du 2 auril i836.
Les petites Tbr&te^, indiquées par Delamarre, ^ct.
Divion^y 1827,/?. 7a, sont tjipus cancrifomUs , indiqué
bien exactement dans un passage de Mouffet / négligé
par tous les entomologistes.
<( Ghristophorus Leustnerus , se scarabaBum in loco
quodam invenisse, scripsit ad Gesnerum , vaginaria (uti
soient) crustula,cui quasi formicas caput subluteum,
atquealae multae erant adixœ -, ventre inferiore pinnae
spargebantur, caudis astacorum similes, quibus (ceu
in aquis rémiges) divagabantur. Gauda prominebat
pro sua munitione exigua sed in longissimas setas
divisa. Ex aqua palustri in fontanam conjectus , paucis
interjectis diebus vita excessit. » Moufeû insector.
Tlieatrum, p, 164, Jonston y Ins. y p, 74, col. 2.
P. 211, cap. XXXVI. De Asiaco pofvo.
Cette deuxième espèce de Homard, dit Latrcille ,
HisU nat. des inseci. et crustac. , tom. 6 ^ p. 284, n'est
point citée par les modernes. Depuis , Risso en a fait un
genre sous le nom de Melia ( Voy. le Nou\f. BuUet. de
la Société philomatique y n*^ 66, 18 13, mars y tom. 3,
pag. 233) , et Ta désignée ensuite sous le nom de Calipso
dangereuse ; elle n'est, suivant M. Desmarest, 'Z)£C<.
des se. nat. y tom. 28, p. 296 (1) , que la Galathée , soit
la Spinigera, soit la Squandfera.
P. 212, cap. xxxvn. De SqwllafluvialiU.
Sous ce titre , Fauteur donne la figure et la descrip-
tion de la larve du grand Hydrophile. Gesner dit, De
AqualiUbuSy p. 545 : De SquUla fluyialUi, (gryllum flu-
(33)
vîatilem forte coijcimodius nominabimus); et p. 546,
Un, 44 9 ^us '^ ^itr^ d^ Wassergugen , il désigne les
Dytiques et les Hydrophiles.^
P. 212 , cap. xxxvm. Z)e Cicada/luuiatUi. '
Rondelet parle dans ce chapitre^ de la Naucore, Nau*
caris cimicoïdes, Fab.
t P; 2i3, cap. XXXIX. De lÀbeUa flwdaiiU.
.On reconnaît facilement la lawe d'une Libellulcif,
: P. 21 3, cap. XL. Dé Musca fluifiatiU.
Dans ce .flhapitre, Rondelet donne de la Gronda
punaise à Asnrqns, Geoff. , JVotonecta glauca, Linn. y une
description trè^-^xacte, à la fin de laquelle il invite les
savanset les amis de la naturà à s'occuper de Tétude des
animaux aquatiques et à publier le résultat de leurs re-
cherches.
P. 214^ cap. xLi. De MuscuU$ aquœ dulcis.
L'auteur, dans ce chapitre, indique toutes les coquillea
bivalves d'eau douce, telles que la Mye des peintres, les
Anodontes, et figure celle désignée sous le nom d'Ano-
dcmte de canard, Mjiilus anaiinus, Linn.
P. 214, cap. XLU. De Cochleis fluvialUibus.
Le commencement de ce chapitre indique les uni-
valves d'eau douce , mais surtout les Limnées. Trois fi-
gures grossières sont représentées : celle à gauche ap-
partient à une Limnée , Testa longiuscula in aciUum
defidens stromborum modo ,* celle du milieu ressemble
au C/yclostoma impurum. Drap. ^ et la troisième, dési-
gnée dan3.1e texte de la manière; suivante : Harwn
ppstrerKui depressa est magis, acideis aspera, et placée
à droite, e^ le Planorbis naudleus. Gmel. , syst. nat.^
tom. X111, p. 36 12, sp. 98.
:Gesner, De AquaU, p, 5^6^ lign. 60, parle des
Tinea vçl t^cn^fhuke aquaUcœ, Agrouèlles , EscroêUes j
■ ,. .. , ..3 ■
(34)
Gommants jmlex y Udd. ; p. 546, lign. 44 9 ^^ Can-^
Putrides ofuaticœ , aujourd^bui Nauçoris cimicoïdes^,
Linn. ; p. 5^5 , de Phrygamo casam sïbi constmente ,
avec sa figare, pag. laSo, charréê , non à cause de
sa rea^embiance avec les cendres lessivées, mais à
cause de rallemand Kerder ou Kafxler, mot générique
employé pour désigner tous les insectes aquatiques dont
les poisons sont ^ayides. Ces larveis de Pfaryganes^ sont
appelées AzeroUei aux environs de Dijon ; elles sont em-
ployées, parles pêdieurs à la ligne, pour dmoreer. Elles
sont encore désignées sous le nom de Cadets , du mot
cmulà ott thêca, à cau^e du logement qu'elles se cons-
truisent. L'étymologi€^ à^A^epoUe vient du grec «(roffror ^
ouvrage de mosaïqlie^ parce que les tuyaUx de larves
de Phryganes sont< formés par le rapprochement de
grains de sable , de coquillages , de brins tie végétaux ,
de portions de feuilles , etc.
AzëTôltè, Ài:ëUôte, pMt aussi venir de Casait^,
CàsuddUœ. Duham., tom. i, p. 29,soU5lenom depetites
loges renfermant des vers, pÉigè 56^ sect. 1, pi. xvi ,
figures 11^ 12 , 19-25 , parle des larves de Phryganes.
• P. 314. G<ea»6r , âbuâi le titre de Conchœ i&ngte spe-
des in duhS>us cufuis rejp^Htut, do^Mie ttfte figure très-^
neconnaissable de ¥ V7^& ^imùtà , Ijm:
Si nouls aviô^ à 'j^arter des pôfeéons^ttalngers, je
ngniaterafs de giraves erreut^ ébh^péeâf à Làcépède,
pp«r n*avc»r pas voulu Irévoquei* eu dsoUte le témoigila^
d'un autre écrivain, reproché juste qiu lui est adressé
dans les Méttioires' de llnaltitut , A et. Paris. /1829,
toiti. vm, p. ccxv. Je mè bornerai à celle i^lative au Paip-
son teinturier dont parle Lacépède , ffist. nai. des pois^
sons,édit. 12 , tom. 5 , pp. 55-59 , d'après Charvet, qui
n'avait pas reéonun dans ce prétendu poisson VApijrsia
protea. Rang, Monograph. Aplys., p. 56, sp. i3
(35)
appelé Baril-dé-^inn par les N^^res pêcheuK dé la
Martinique.
Daus les ^ct. Dwiàn.y 1829 , p. i43 , j'avais rap*
porté, à tort, ce Poisson teinturier à une*Sèchë.
On aura une idée exacte de la nature du travail de
Lacépède , en consultant Cuvier, Hist. ruà. des poiss, ,
lom. I, pp. 171-181.
Je ne parlerai point non plus d^un poisson qui enivré^
comme si ou avait bu du vin par excès , et qui dontie
la mort si on en mange beaucoup; Dutertre , SisU nat.
des AntiUeSy tam» 2, p. 2o5, n'ayant ' obtenu sur lui
aucun renseignement, je fçrai seulement remarquer
qu'il pourrait appartenir aux poissons formant le genre
Caranx. Le Coulirou, Caranx de Plumier, la &usse
Garangue, Caranx f£dlax, sont sujets à devenir veni*
mexa^.Cuvier, Hist. naU, Poiss., tenu 9, p. 67^
p. 95. Plusieurs Tetrodons , Diodons , Ostracions , le
iSportfsf/ytAn/iuf, leMégalopeCailleu-Tassart, Ch^a
Tkrissa, Linn., dans certaines saisons, dans certains
parages, deviennent vénéneux à du point incroyable.
Dict. Se. nat. y tom. 29 ,p./^i7.. D^utres poissons sont
dans le même cas. Dict. Se. nai., tom. 22, p. 553.
Linné a le premier , de concert avec Ârtédi , fixé les
caractères de cette classe d'animaux vertébrés ' : il les
■ Linné â divisé les animaux yertébrés de la manière soi«
▼ante : .
Cœur à denx ventricules et à deux oreillettes ; aang ronge
' (^ovipares, oiseaux*
Cœur à un ventricule et à une oreillette \ sang ronge et
f M i poumons véslculeux, amphibies.
' \ht9Jïic\î\e^^. poissons.
On reconnaît les vertèbres des poissons, à la fosse co«
( 36 )
a fondés sur des dispositions extérieures tellement en
rapport avec la structure intérieure j qu'elles deviennent
des signes constans.
Les poissons, animaux vertébrés à sang rouge et
firoid, sont destinés à vivre dans un élément autre que
Tair ; ils sont doués d'une organisation spéciale, dont la
différence avec celle des autres animaux ^ devient sur-
tout ^ frappante dans les systèmes de respiration, de
locomotion et d'appareil tégumentaire.
Lea poumons vésiculeux des animaux supérieurs, qui
reçoivent immédiatement Pair atmosphérique , sont
' 1
r
nique , dont chacune des faces de leur corps est creusée ;
ces fosses sont remplies par une substance membraneuse et
^gélatineuse molle qui passe d^un de des vides à Tauti'e par
un trou dont chacune des Tertèbres est presque toujours
percée dans son centre. Ces portions molles forment un
<:oj:don pu chapelet gélatineux alternatiTèment mince et
épais y qui enfile toutes les Tertèbres.
Dans quelques cho^droptérygienS| les corps des Tertèbres
peuTent être considérés comme des anneaux ^ et le cordon
qui les enfile n^ayant point d'inégalités dans son diamètre ,
ressemble à une Téritable corde , dont il porte , aussi depuis
longtemps, le nom dans la Lamproie. Cuç, , Hist, nat, des
poiss» f tom» i ^ p» 357.
La partie antérieure de Tépine dans les Loches, les Cy-
prins, {Présenté une structure très*- singulière ; p. 36 1.
Dans les Cyprins , les côtes portent en appendice un ou
deux stylets adhérens à quelque point de leur longueur ,
qui se dirigent en dehors et pénètrent dans les. chairs. Il y
a aussi de ces stylets qui partent du corps de la Tertèbre
en dessus de la c6te pour pénétrer dans les chairs. Oest
ainsi que les arêtes des poissons se multiplient, p. 362$ et
de là le proTerbe Dos de Brochet , ventre de Caqte.
(37)
chez les poissons remplacés par des branchies, c^est-à-
dire par des arcs garnis d'une membrane muqueuse
frangée , dont l'aotion sépare Tair contenu dans Teau ,
que les poisscms avalent par la bouche, et rejettent par
les ouïes.
En effet , les poissons ont aux deux cotés du cou un
appareil nommé branchies , lequel consiste en feuillets
suspendus à des arceaux qui tiennent à Tos hyoïde et
composés chacun d'un grand nombre de lames placées
à la file et recouvertes d'un tissu d'innombrables vais-
seaux sanguins. L'eau que le poisson avale s^échappe
entre ces lames et agit , au moyen de Pair qu'elle con-
tient , sur le sang continuellement envoyé aux branchies
par le cœur ' .
Outre l'appareil des arcs branchiaux , l'os hyoïde *
porte de chaque côté des rayons qui soutiennent là
membrane branchiale. Une sorte de battant composé
de trois pièces osseuses , V Opercule y le Subopercule et
V Interopercule y se joint à cette membrane pour fermer
la grande ouverture des ouïes *, il s'articule à l'os tym-
panique et joue sur une pièce nommée le Préopercule.
Plusieurs chondroptérygiens manquent de cet appa<*
reiL
' Voyez I sur la respiration des poissons , le Mémoire de
M. Floureos. Act, Paris., i83i , tom. x,/?. 53-71.
^ Geoffroi St.-Hiiaire y Philosoph. anatom. , p. 8jy a une
autre opinion. Il regarde Vopercule, Vintéropercule, le préo^
percute et le subopercule y comme correspondans de Vétrier,
de V enclume f du lenticulaire et du marteau , les quatre os
du ctmdnit auditif dans les animaux à* respiration aérienne.
Cette opinion est réfutée par Cuvîer. Hist>nat. des poissons ,
tom. 1 ^ p. 34^9 4^2.
(38)
Les organes de la locomotion sont les nageoires, c'est-
à-dire des expansions flabelliformes , situées sur le corps
du poisson , qui peut les plier ou lea étendre à sa vo-
lonté. Ces expansions sont formées d'une membrane
soutenue par des rayons ' ; ces rayons sont de deux
sortes : les uns consistent en une seule pièce osseuse ,
ordinairement dure et pointue, quelquefois flexible et
élastique, divisée longitudinalement; on les nomme
rayons osseux. Les autres sont composés d^un grand
nombre de petites articulations, et se divisent d^ordi-
naire en rameaux à l'extrémité ^ ils s'appellent rayons
mous , articulés ou branchus.
Artédi , le fondateur de l'icbthyologie et dont les ou-
vrages doivent être médités par toute personne qui veut
s^occuper de l'histoire des. poissons, s'est servi de la
considération des nageoires pour classer ces animaux-, il
les a considérées d'après la place qu'elles occupent sur
lé corps , place qui détermine le nom sous lequel elles
sont désignées.
On appelle nageoire dorsale ou simplement Dorsale ,
la nageoire placée sur le dos *, il y en a quelquefois deux^
alors celle du côté de la tête prend le nom de première
dorsale , et celle du côté de la queue , celui de seconde
dorsale.
Les nageoires situées sur les parties latérales du corps ,
près des ouïes , c'est-à-dire de ces ouvertures qui laissent
apercevoir les branchies ou les organes de la respiration,
dans les poissons, portent le nom de pectorales j elles
' Ces rayons , qu^ils aient des brandies ou des articula-
tions, ou qu'ils soient simplement épineux, se laissent tou-
jours diviser en deux moitiés sur leur longueur. Cuv,,H»N*
Poiss*, tom. I ,/7. 3o5, 367, 378, 549*
(39)
soat paires e| correspondent aux e^tirémités antérieures
ou thoracbiques des animaii^ d'un ordre supérieur.
Les nageoires placées sous 1^ ventre sont également
doubles \ elles, répondent aqx extrémités postérieures ou
pelviennes des animaux dont nous vendons de parler et
sont désignées sous le i^om de t^enUates ou inférieures^
mais on emploie rarement cette dernière désignation ,
la première seule est usitée.
L'existence et la, position des nageoîre$ ventrales ou
des ventrales est Irè^variée \ aussi cette variété esl-
elle d'un grand secours dans la classification des poi^
sons (îiomme.nous allons l'indiquer.
Lesi poisscms , chez lesquels les nageoires ventrales
n'existent pas, constituent la classe 4^ A f odes, par
suite de la comparaison ou de Tan^dogie dça nf^eoires
ventrales avec les pieds ou les e^tréipités pelviennes
des animaux qui en sont pourvus.
Si les nageoires ventrales soqt situées en savant ou
au'^essous de Vouverture des ouies, elles caractérisent
la. classe des poissoiis jugiUmre^.
Lorsque les nageoires ventrales sont placées^ sous
les pectorales , les poissons sont appelés ihor^çhiqwss.
Enfin les nageoires ventrales situées en arrière des
pectorales constituent la classe dos poissons abdomir
naux.
On appelle nageoire de Tanus ou nageoire anale ,
ou ^simplement AnaLe , celle qui est située en arrière
de Tanus ^ elle est impaire.
La nageoire de la queue , ou simplement caudale^
aussi impaire , termine le corps du poisson.
Dans les descriptions , les nageoires sont indiquées
d'une manière abrégée par la lettre initiale de leurs
f
•J
(40)
caractères \ et comme ces nageoires offrent des rayons ^
dont le nombre est souvent employé pour déterminer
les espèces , on le fixe par des chiffres placés à la suite
de rindicatioii des nageoires, ainsi D. 22 : P. i5 :
V. 10 : A. 8 : C. 24. signifient que la nageoire dorsale
a vingt-deux rayons ; la pectoro/e quinze ; la centrale
dix *^ Y anale huit , et la caudale vingt-*quatre.
L'oreille des poissons consiste en un sac qui repré-
sente le vestibule , et contient en suspension de petites
masses le plus souvent d'une dureté pierreuse , aux-
quelles on attribuait jadis des propriétés merveilleuses.
Le corps des poissons est recouvert d'écaillés cartila-
gineuses, disposées à recouvrement, de dimensions
variables , depuis la Lamproie qui ne présente rien de
ressemblant à des écailles, ou T Anguille qui les a
petites, minces et comme noyées sous un épiderme épais,
jusqu'à celles , de près de trois pouces de diamètre ,
vues par Broussohet , qui n'a f^as désigné dans son
Mémoire consigné, Joum.' phys. 1787, juillet ^ p. i3 ,
le poisson qui me paraît -être le Chœtodon Macrolepidcn
tus. Ces écailles sont presque toujours enduites d'une li-
queur mucilagineuse , sécrétée par des glandes , dont la
réunion sur les flancs des poissons constitue la ligne laté^
raie, qi^i commence à l'extrémité des opercules et se ter-
mine à la nageoire de la queue.
' Il y a son vent des variations dans le nombre de ces
rayons y peut-être à cause de la manière de les compter,
Itinsi que Bloch le fait observer dans son avant-propos , à
roçcasion du rayon dentelé de H nageoire dorsale de la
Carpe, que Linné dit être le second, Artédî , Gronow et
Leske le troisième , parce qu^iis ont compté le premier rayon
court} caché en grande partie dans la membrane adipeuse
et négligé par Linné.
■■*
(41 )
La difiSérence de structure dans les appareils de la
respiraticm , de la locomotion et dans Fappareil tegu-
mentaire ^ en entraine nécessairement uqe dans la
disposition des organes internes des autres fonctions.
Cette observation n'avait point échappé aux anciens
naturalistes. Aldrovandi, dont les ouvrages seraient
bien plus utiles s^ils étaient moins diffus , a donné le
premier des gravures grossières il est vrai , relatives à
la structure intet*ne du Brochet et de la Carpe. ParaU-
pomen, pp. 88-98.
Artédi , dans la seconde partie de son Icbthyologie^
donne des détails très - étendus sur la structure
de toutes les parties des poissons.
D^uis, Panatomie a occupé plusieurs sa vans. Fran-*
^is Petit a donné , u^cU Paris., lySS, p. 197, pi. 12-
17, celle de la Carpe, et cVst dans ce travail qu'ont
été prises les planches données par Bonna terre.
Tableau encyclôped. et méthodique des trois règnes de
la nature, Ichthyologie , 1788, pi, A. B.
Duhamel , Traité général des pêches , a donné le
squdette et quelques détails anatomiques de plusieurs
poissons. On trouve , mais sans explication , le squelette
de la Carpe , 2* part., p. 162, sect, 1 , pi, m , copié dans
l'Encyclopédie méthodique *, celui du Carrelet, 2,* part.,
p. 319, sect. IX, pi. XII ; celui de la Baie bouclée,
2* part., p. 275 , sect. ix , pi. vu , Jtg. 3 •, celui de la
Torpille, 2* part, sectpix^ pi. xiii ^Jig. 5-6.
Duhamel donne aussi quelques détails splanchno-
l(^ques relatifs à la Baie grise, 2* part. , p. 3i^^ pi.
Tiu jjig» 5-10 ^ aux œufs et reins de Baie, pi. xxii ^Jig.
4-7 V AUX œufs de Boussette , Scjllium, CuV.
Màrsigli, Danub., tom. vi, tab. ix-xxi, a figuré les
détails anatomiques de TEsturgeon.
(42)
Un travail plus étendu a été^onné par Yicq d'Azir
dans le Recueil des Mémoires des sm^an^ étrangers,
1773 , iom. vu , /?. 18 , pi, 1 , u 0I p. a33 , pL iv-viu.
Si Ton désirait des détails plus étendus sur la struc-
ture et la physiologie des poissons ^ il faudj^ait recourir
à Touvrage intitulé : The structure €md phjrsiologjr €^
/YsAe^ ^ Alexander Monro, M. D. Edimburg., 1785,
fol. pi., sans négliger PEncyclopédie méthodique, Sys-
tème anatom., tom. 4 9 PP- lyir-TSS.
Grouan, Hist. des Poissons, a donné aussi quelques
détails anatomiques ^ et tab. m^fig. 1 , il représente le
grand muscle latéral dont la chair est feuilleté^ , comme
je le rappelle à Tarticle Brochet.
M. Geoffiroi Saint-Hilaire s'est aussi beaucoup occupé
de Tostéologie des poissons dans sa Philosophie anaUsh
mique, tom. 1 , p. é^j\ , pi. 9 yfig. 107 ; il a bit con-
naître les os slyJoîdes de Pépaule des Amphacanthes,
Guv. , H.N.,Poiss.,tom.Xj p. 117; les secondes pièces
des stylets de Pépaule de FAmphacanthe à chaînettes,
Cuv., oui^. cit., p. \irj.
Meckel donne des preuves que la concordance des os
n'existe point. Guv. , Hist. nat. , Poiss. , iom. i , pp.
243-543.
M^is ces recherches d'anatomie transcendante , fort
du goût des Allemands, si amateurs de spéculations
théorétiques ou abstraites ' , n'ont pas encore trouvé
en France d'échos pour les faire prévaloir.
* Tonte découYerte en Allemagne s^y produit à Tétat de
rêve ou d'utopie. Les plus grands philosophes y bâtissent
dans le vide. Ce. sont de beaux monumens auxquels il ne
manque qu'une chose , en vérité : U base. Génie spéculât^
( 43 )
Depuis la rédaction de ce passage , les journaux ont
annoncé que M. Jourdan a traduit de Tallemand la se-
conde édition de Touvrage de G.-G. Garus , intitulé :
Traité élémentaire danatonUe comparée ^ suii^i de re-
cherches danaiomie philosophique ou transcendante sur
les parties primaires du système nerveux et du squelette
intérieur et extérieur.
L^auteur pousse son système jusqu'aux dernières con-
séquences; il ramène tout animal au squelette, repré-
senté par la coquille de l'œuf, par le test des animaux
inférieurs et par la réunion des os dans les animaux su-
périeurs. Il regarde la coquille de Fœuf, origine,
Toilâ en un mot le trait distinctif de rÂllemagne. France
littéraire, 1835, iom. xxn^p. 71.
Les Allemands aiment à planer dans les espaces imagi-
naires j la rêverie et le long travail intellectuel sont leurs
plus vives jouissances ; ils ne sVttachent pas à ce qui est
réel ; ils concluent de la possibilité à Vacte, et se perdent
dans des théories métaphysiques fondées sur le vague.
Il y eut un temps où tontes les hypothèses, pourvu
qu^elles arrivassent d^ Allemagne , étaient acceptées par nous
en France sans presque aucun contrôle. Il semblait quMies
portassent au front le signe visible de Tinfaillibilité. Plus
elles sortaient des habitudes reçue« , plus ces filles de la ré-
vélation nouvelle étaient accueillies avec avidité. Mais ces
temps sont passés ; un trop grand nombre de ces £intômes
nous ont trompés. Revue des Deux Mondes , i836, tom.
Far suite des idées allemandes , M. GeofTroi St.-Hîlaire ,
Principes de philosophie zoologique, 1 83o, prétend que le
poulpe est analogue à un animal vertébré plié par le dos, de
manière à ce que le cloaque soit appliqué sur la nuque.
Cuvier a réfuté cette singulière opinion.
(44)
dit-il , de la vertèbre , comme la véritable proioyertebre ,
close encore de toutes parts et ifésiculeuse. Suivant lui ,
le squelette se rapporte à la vertèbre ; d'oii il s'ensuit,
d'après son système, que la vertèbre procède de la co-
quille de l'œuf. Ne serait-on pas dans le cas de lui
appliquer l'observation suivante :
La yertèbre proTÎent de la coquille de Pœuf , sans doate ;
mais il faut conyenir qu'elle a bien changé sar la roate.
On peut lire une Notice relative au travail de
M. Geoffroi Saint-Hilaire sur la vertèbre , insérée dans
les Mémoires de t Institut, 1827, tom. vn, pp. clviij-
clxiij.
Oken , par sa loi posée pour l'ostéologie philosophique,
admet que tout le squelette ri est qu^une vertèbre répétée,
Spix et Oken trouvent dans les diverses parties de la
tête la répétition des diverses parties du corps : dans
le crâne , pris séparément , la tête de la tête \ dans le
nez , le thorax ; dans l'hyoïde , le bassin \ dans les os
maxillaires et les dents , tout l'appareil osseux des
membres supérieur et inférieur. Yôy. annales des se,
nat. , 1827, tom. xi, p. 5^.
M. Oken , dans un Mémoire sur le système dentaire ,
Bull, de M, de Férussac, 1824, Se. médic, tom. 1 ,
p, 97; tom, 3, p, 97, «a cherché à prouver que les msH
choires sont des répétitions des bras et des jambes , et
que les dents sont les analogues des doigts et des
ongles , etc.
Meckel , de son côté , compare le gland et le clitoris à
la languie; le vagin aux fosses nasales; le petit bulbe,
qui termine la moelle épinière, au cerveau.
Dans lé Journal complémentaire du Dictionnaire des
se, médic.y 1821 , tom. xi , pp. i24-i3i , on lit quelques
(45)
détails sur Panatomie transcendante et sur les os sui-
vans :
Les os wormiens, ou os occipito-pariétal ;
L'os épineux , situé en avant dans la membrane vo-
litante du pteromys ;
L'os falciforme, dans les pattes antérieures de la
taupe ;
Les os marsupiaux des didelphes , etc. *,
Les os du cœur chez le bœuf, le cerf;
Les os du pénis et du clitoris.
( L'as du pénis du morse servait aux B^mtschadales
de massue à la guerre. )
L'os du pénis a été comparé par Àutenrieth à Thyolde,
et Oken lui a donné le nom d*kyoïde des parties géni-
tales, parce quMl regarc^it autrefois le bassin et Thyolde
comme des homotypes. Leuckart croit qu'on peut com-
parer à plus juste titre Vos du pénis à la colonne verté-
brale , et lui donner le nom de Hachis ou Squelette
génital.
Dans le Bull, de M. de Férussac , 1824 > Se. médic,
tom. 1, ;?. 193 , se trouve annoncé le travail du docteur
Webe^,qui publie , iVo^'. ^cf. Acad. Cœsar.-Léopold.,
nàtur. curios., tom. xi, iS^S, p. a,/?/. 411 9 en alle-
mand , de nouveaux matériaux pour l'histoire de la
conformation de la tête et du bassin. Le docteur Weber
prétend que diaprés les dimensions de la tête, on peut
conclure celle du bassin. Un cas pathologique, indiqué
dans le Bull, de M. de Férussac, 1829 , Se. médic,
tom. XVII, p. 168, est employé pour confirmer ce sin-
gulier rapprochement.
P. 3i3 , Guvier compare les sept vertèbres de la tête
admises par Geoffix)i , avec les os du crâne.
• I v I ■• ) .
( 4< )
le «M enli^ daiM lef détaib d-dessiis . qoi
miffÂfmVêirettkftnt Tancien vers btin :
Nofcit^r ex nojêo quania ûi kâsia vûo,
et la crimparaisoD de» ori6oes transrersal et Tertical,
d<mt ploMcor» parties portent le même nom , afin de
mettre le» lecteurs, qui désireraient s'assurer de Tabus
An raisonnement , à même de consulter les sources oii
ils pourront puiser pour asseoir leur jugement. Ils
tr/iuvi;rant des animaux dont les uns vivent dans leur
colonne verti;liraic , tandis que les autres vivent en
dffliors ; et afin d'avoir le pour et le contre dans ce grand
proc^rs, ils pourront recourir au premier volume de
VlHiUiira naturelle des poissons, p. 807 et suivantes.
V. 4^2 , oii se trouve appréciée Topinion de ceux qui
ont voulu retrouver dans les os de Topercule des pois-
sons les quatre osselets de Torcille de Thomme , subi^
tementet prodigieusement développés. P. 543 etsuiv.,
oii Hont jiif;éH les vaines spéculations métaphysiques et
les rappr(x*Jicnien8 très-superficiels, d'après lesquels
on a voulu considérer la classe des poissons comme un
(lévclopptsuicnt , un perrcctionnement , un anoblis-
somont de celle des mollusques , ou comme une pi:;e-
mièro ébauche , comme un état de fétus des autres classes
des vertébrés ^
Cette dernière partie de phrase a pour but de rap-
peler une nouvelle brandie d^anatomie transcendante
expoëée dans un Métnoire de M. Serres, dont deux
parties out été publiées dans les Annales des Se. nat.,
iBay , tom. xi , pp. 4? 7® > '^''** *"> PP* 82-143.
" Suivant quelques Anatbmistet » les poissons , dans leur
pif mier âge ^ correspondent , eu égard à leur développe-
luenl I aux mammiftres dans leur état de fœtus.
(47)
Une loi de symétrie, comme le démontre cet auteur ,
T6ot que les organes se développent par deux parties
latérales qui , cessant de s^accroitre , laissent un inter-
valle et donnent lieu à un vice de conformation , comme
(ND le voit dans le bec de lièvre.
Suivant M. Sares , les variations infinies de formes
organiques que nous offre la série des animaux , sont
reproduites par les variations nombreuses des formes
organiques des embryons. Ainsi , pa^ exemple , de la
cinquième à la septième semaine , Fembryon humain a
ane queue qui disparait dans le cours du trobième mois.
Chez les jeunes embryons humains la glande thynoîde
est double ^ elle est double , permanente dans les mam-
mifères.
Ihi deuxièine au troisième mois de Tembryon hu-
main,-la matrice forme deux intestins isolés, comme
dans les lièvres.
Du troisième au quatrième jour de la conception,
Tembryon humain offi^ cinq pièces distinctes , concou-
rant [dus tard ,. par leur réunion , à la composition, du
maxillaire supérieur *^ les crocodiles ont ces cinq pièces
constamment séparées.
Je ne pousserai pas plus loin ces détails , d'après les-
quek les anatomistes transcendans font passer succes-
sivement Pembryon humain par toutes les classes de
b zoologie , en commençant par celle des vers et par-
tant, comme on le voit, de la conclusion affirmative de
la fameuse thèse soutenue le i3 novembre 1704, par
Etienne-François Geofiroi , et aytint pour texte : An
homims primordia^ i^enrUs ? thèse dont la traduction se
tiouvedans Touvrage d^Andry , intitulé : De la généra-
lion des vers, tom. %^ p. 784 et suiy. ,- thèse dont le
principe avait déjà été plaisanté d'una manière aussi
(48)
ingénieuse que sanglante par Plantade ' , ( sous Tana-
grararae Dalenpatius ) , comme on peut le voir dans les
Nou\felles de la République des Lettres , mai 1699, p*.
552 , art. v , avec une planche. Portai , Hist» de l'ana-*
tomie et de la clùrurgie , tom.^^ p. 2^3i , en a doniié
Panalyse ^ copiée dans le Dict. abrégé des se. médic. ,
lom.^SyPp. 379-280. Panckonckè, 1828.
Mais des plaisanteries n'étant point des raisons , nous
nous bornerons à répéter avec Cuvier , HisU nat. des
poissons y tom. 1, p. 545 : « On- pourrait toujours tout
« rapprocher , comme on le voudrait ; car enfin deux
« êtres , quelcpi'éloignés qu'ils soient , se ressemblent
« toujours par quelque point , ne fôt"ce qiK par Pexié^
« tence. » ..
Toutes les fois que Ton^ a voulu sortir des d^nitièns
caractéristiques , on s'est égaré dans les ôomparais(»s
les moins admissibles ; et l'on en a eu la preuve dans la
considération de la Sèche ou du Poulpe représenté par
M. Geoffroi St.-Hilaire comme Tanalôgue d^un animal
vertébré , plié en deux par le dos , de. oianière a rap-
procher le bassin de la tête. F^oir les journaux, du ûom*
mencement de i832.
On trouvera d'excellens détails sûr l'organisation
des poissons dans le Diciionn. des Se. nat. , tom. xui,
pp. 148-240.
Le travail le pltis complet sur Panatomie des poissons
* Plantade I secré^tire de PÂcadémie des sciences dé
Montpellier, connaissant probablement le 'tour joué par
Harisoeckér à Leuwenoeck , latinisa son nom en ajoutant
la terminaison tus, Plantadeàfs, et en fit Panagramme
Dalenpatius, ainsi qu'on peut s'en assure]^ en comparaat
tontes les kttres. ;
(49)
est sans contredît celui donné par Cuvier dans 4a
premier volume de son ffisU naU des Poissons , accom-
pagne d'un superbe Ados, ouvrage que la mort de
Fauteur laisse incomplet , au grand regret de la
science.
On trouve à la vérité des renseignemens curieux
dans VAnatxymie comparée et le Règne animal du
même auteur 5 mais des observations postérieures à
la publication de ces ouvrages, et les découvertes
journalières qu il faisait sont autant de détails qui
ne nous sont point encore connus , tels par exemple que
les appareib spéciaux relatifs à Toreille des Cyprins,
des Silures , etc. , promis dans YHisU naU des poiss. ,
lom. I, p. 470.
Il me suffit d^avoir indiqué les sources dans les-
cjaelles pourront aller puiser les amateurs désireux de
comparer la structure interne des poissons avec celle
de tous les autres animaux ; je me bornerai maintenant
à indiquer les bases de deux classifications employées
pour distribuer les poissons. Si Ton veut connaître
toutes celles qui ont été établies , on pourra recourir
au Dict. des sciences hat. , tom. xxii , p. 44^? ®^ surtout
à Cuvîer, Hist, nat, des Poiss., tom. 1, p. 102 et
sidv.
Le petit nombre de poissons qui se trouvent dans
nos rivières, quoiqu'elles aient des rapports avec les
trois bassins du Rhône, de la Loire et de la Seine,
aurait pu à la rigueur me dispenser d'adopter une
distribution systématique; mais le désir de faciliter
la détermination et surtout l'arrangement méthodique
dans les collections de ces animaux, peu connus en
général , m*a déterminé à exposer les bases de la clas-
sification , créée de concert par Artedi et Linné , et
4
(50)
dé celle créée par Cuvier. On pourra à volonté choisir
Tune ou l'autre.
Je commence par la plus ancienne , adoptée par
Gmelin, p. ii3o,qui Ta modifiée dans son édition
du Sjstcma naturœ de Linné ; j'ai eu Tattention d'in-
diquer dans chacpie classe , les poissons de notre dé-
partement qui y appartiennent.
SYSTÈME d\rTEDI ET UIXJHÈ.
I. Apodes. Nageoires ventrales nulles.
IIAnguiUe,
IL Jugulaires. Nageoires ventrales situées en avant
des pectorales , c'est-à-dire articulées tant avec Té-
pisternal ' , qu'avec les clavicules furculaires, (iSfa-
méral, Cuv. , p. SyS.)
La Lotte,
IIL Thoràghiques. Nageoires ventrales situées sous
les pectorales , c'est-à-dire attachées sur les clavi-
cules Circulaires, {Uumércd, Cuv.)
Le Chabot, Tête plus large que le corps.
La Perche, Opercule des branchies denté en scie.
LEpinoche, Epines dorsales distinctes.
lY. Abdominaux. Nageoires ventrales situées en arrière
des pectorales. ^
La Loche. Corps d'égale dimension dans sa lon-
gueur.
, La Truite. Nageoire dorsale postérieure adi-
peuse.
Sous le noQi de Truites, les voyageurs en Suisse,
confondent plusieurs poissons du lac Léman, bien
' Qai y sniyant Cuvier, Hist. nat. des Poissons , tom. i ^
p. 35o ; représente la queue 4^ l'os hyoïde.
(51 )
disÙDgiiés par Jurine. Ce savant en a donné des des-
criptions très-étendues et des dessins très-exacts que
je drus indiquer pour éclaircir ce point d^hbtoire
naturelle.
!• L'Omble chevalier, Salmo umbla, Linn.
>Bkx^, JchthyoL, pari, in, p. i3i , pL ci. L'Ombre
chevaHer.
Jurine, HisL des poissons du lac Léman, p, 179, ti*
7 , ph 5.
Duhamel, Pécher y 2.* part, , p. aao , tom. 3, ^. 68,
secdon iv , pL xiv. .,
Aldrovandi ^de Pisdbus, p. 649-651 , signale cette es^ .
pèoe facilement reconnaissable par ses écailles pluspetitetf;
que celles des autres*, sa chair, plus "grasse et blanche;
approche de celle de l'Anguille. L'Omble chevalier diî)( .
lac de Genève, est surtout célèbre. Jurine n'en a pas ^
vu au-dessus du poids de douze livres. Ce même savant
a fait sur ce poisson une observation trop importante
pour la passer sous silence. Dans le mois de janvier
1814 9 on lui apporta des Ombles , qui , après qifelques
jours de conservation dans Tarche d^un bateau et même
dans un réservoir, placés dans une eau vive et courante ,
(orent frappés de cataracte. Mém, de la Sociéu de
phjs. et dhist. naU de Genève j i825,tom. ni, i»*
part.,, p. i83,
a. La Fera ' , Corre^onus fera, Jurine. Mém. de la
Sociét. dephys. et dhist. nat.deGenèye, fom. m,
!'• partie y p. 190 , «** 9 , pL 7.
Aldrovandi , de Piscibus, p. 663.
' Ce nom a da rapport avec celai de FariOf employé par
Âusone pottr désigner les jeunes Saumons,
(52)
Cette espèce , dépourvue de dents y se nourrit essen-
tiellement^ de coquillages et d'herbes; la dernière
limite de sa longueur paraît être de 18 pouces. H est
rare de voir des Feras de trois à quatre livres. • ;
Ce poisson est sujet à une afiEection grave, impro-
prement nommée petite vérole des poissons, puisqu'elle
n*a aucun rapport avec cette dernière et qu'elle a son
siège dans les chairs et non sur la peau.
Cette maladie , qui ne tarde pas à faire périr la Fera ,
se reconnaît par des tumeurs irrégulièrement dissé-
minées sous la peau qui fait saillie. Ces tumeurs ^ de. la
grosseur d'un pois à celle «d'une noix , . contiennent un
liquide semblable à de la crème ^ et qui n'a ni goût
ni odeur; les chairs environnantes sont violettes et
décomposées , et les os complètement mis à nu. ffist.
des poissons du lac Léman, p, 194? ip^-
.3. LaGravenche, Corregonus hyemalis, Jurine. Ou"
vrag. cité , p. aoo , »** 10 , pL 8:
Les Gravenches marchent en troupes ; on les entend
de loin au bruit qu'elles font en ouvrant et fermant la
bouche à fleur d'eau , de manière à imiter assez
bien le barbotement des canards. La plus grande
longueur qu'atteignent ces poissons , n'excède pas un
pied ; alors ils pèsent une livre ^ p, 2.02.
On les pêche à la lanterne et à la serpe , au dire
de ^. Alexandre Duval, qui donne à ce sujet des
détails anecdoliques très piquans dans ses Impres-
sions de i^oyage^ tom, 1, p. i34-i56« Il place la scène
a l'auberge de Bex , et donne à ce poisson , qu'il dit
délicieux , le nom de Truite.
Cette manière de pêcher est la même que celle
signalée par Belon dans le chap. lxxv du livre i des
Singularités, p. i5^.
(53)
Llss os des poissons n*ont ni épiphyses ni canal
médullaire ; mais il en est quelcpies-uns , comme ceux
des Truites, où le tissu de Tos ' est plus ou moins pé-
nétré d'un suc huileux.
Cette disposition est bien plus sensible dans un
poisson des Indes orientales , appelé Escan bona ( au
lieu de Ican bona ow Ikon bona) ^ par le rédacteur
de Tarticie suivant :
a Escan bona des Malais, espèce de Ghaetodon,
« dont les os sont accompagnés de tumeurs assez con-
« çidérables, spongieuses, tendres, facilement atta-
« quables au couteau et remplies d^huile. Hun ter
« avait dans sa collection des os semblables , qu'il attri-
« buait (à tort), à la colonne vertébrale de quelque
« grande raie. » Magas, encjrclop., ir^^S^tom. i,
p. 148. Extrait des philosopha U^ans,, 1798, pa/t. 1,
«•m.
Ce poisson est le Platax noduleux , Chœtodon arthri"
ticus, dont Guvier donne Phistoire dans son IfisL naU
des poissons^ tom. vu , p, 229-232.
Il est du nombre de certains Chétodons dont les
premiers interépineux, tant supérieurs qu'inférieurs,
sont renflés en grosses massues.
Le Brochet. Mandibule supérieure aplatie plus
courte.
L'j4hse. Membrane branchiale à viu rayons.
Les Cyprinoïdes. Membrane branchiale à 111
rayons.
V. Braiîghiosteges. Point de rayons k la membrane
' J'ai trouvé la même disposition du tissu de Tes pénétré
d'un suc huileux , dans les os de la tête de TAlose j du Bro-
chet) des Cyprins , etc.
C 54 )
branchiale , ni d^os aux branchies , rayons artiodés
seulement aux nageoires. ..' o
Artedi caractérisait les Branchiostèges, parràbséncé-
de rayons à leur membrane branchiale. >
(( Branchiostegi in branchiis nulla ossicula gerunt , »
dit-il. Gen. pisc, p. S5.
Cette division est rejetée aujourd'hui. Gmelîn^ y
avait placé une partie des poissons, que Linné appelait :
^mphibia nantes ; la confiance du naturaliste suédois
dans le docteur Garden qui avait pris les reins des
Diodons et des Tetrodons , situés très-haut , pour des
poumons , Favait induit en erreur ; CuMier , Règne
animal, édiu 2 , tom. 2. , p. 366 (2); cependant il avait
désigné , d'une manière très -exacte , leurs caractère».
Gmelin range dans cette classe , mais fort mal à pro-
pos : lèsMormjrres, poissons malacopterygiens-abdomi-
naux, dont Cuvier, Règne anim, , cit., p. 288, donne
* On n^est point surpris de la confusion adoptée par
Gmelin y lorsque Ton sait la manière dont cet auteur s^y est
pris pour donner une i3e édition réformée, dit- il, du Sys'
tema naturœ de Linné. Les amateurs de calembourgs substi-
tueraient MU d k Vr, et ne se tromperaient pas beaucoup.
Cuyier, Hist, nat. des poissons, tome 1 , /?• 1 55- 1689
donne des détails curieux et piquans sur la manière dont
a été faite cette édition , qui est effectiTement un ouvrage
de fabrique dont les Allemands ont appris la méthode aux
Français , et dont la librairie actuelle offre de si nombreux
et de si fréquens exemples.
Si Ton est curieux de connaître le degré de confiance
que Ton doit accorder aux différens ouvrages publiés sur les
poissons, on trouvera dans VHist, naturelle de ces ani^
maux par Gavier, des renseigneînens exacts ^ consfgnés
dans le tom. 1 ^ livre premier»
(65)
une bonne descripticm, en éclaircissant leur synonymie.
Il y place d'autres poissons que Cuyier répartit de la
manière suivante dans sa méthode :
Syngnathus, PegasuSy 5* ordre, les Lophobranches.
Diodon, Tetraodon, Batistes, Ostracion^ 6* ordre,
les Plectognaihes.
Lophius, dans la xiii* famille , Pectorales pédiculées,
des poissons acanthoptérygiens..
Centriscus , dans la xv* famille , Bouches en fâte ,
des poissons acanthoptérygiens.
Cjrclopterus, dans la 3* famille, Discoboles, des
poissons malacoptérygiens subbrachiens.
Aucun des poissons, placés par Gmelin dans sa divi-
sion des Branchiostèges , n^étant d'eau douce , ne peut
se trouver dans Pichtyologie de notre département.
YI. CHONDROPTÉaTGiEns. Rayous des nageoires cartila-
gineux.
L'Esturgeon. Eveuts solitaires et linéaires.
La Lamproie, Sept é vents ronds de chaque côté.
Par le secours de cette distribution, on parviendra
facilement à déterminer tous les poissons de notre pays.
Système de Guvier.
Guvier a adopté la distribution suivante : il a sépare
les poissons en deux séries , dont la première comprend
tous les poissons osseux , c^est-à-dire tous ceux dont
le squelette est osseux ^ et la seconde réunit tous les
foiss6ns cartilagineux , c^est-à-dire ceux dont le
squelette au lieu d^os ne présente que des cartilages.
I** série. Poissons osseux.
Vos intermaxillaire forme le bord de la mâchoire
supérieure , et a derrière lui le maxillaire nommé
communément os labial ou mystaôe : squelette
( 56 )
osseux ou fibreux : mâchoires complètes libres :
branchies en forme de lames ou de peignes.
Cette série fort nombreuse se partage en deux divi-
sions qui forment six ordres , dont plusieurs ren-
ferment des familles formées de genres y partagés
eux-mêmes en sous-genres.
!'• DIVISION. ACANTHOPTERYGIENS « .
Rayons des nageoires osseux , quelques-^uns piquans.
Rayons des nageoires épineux ou piquans -, cette pre-
mière division forme aussi le premier ordre des pois-
sons.
i'* famille. Pergoides.
Ventrales thorachiques , sept rayons branchiaux.
Deux dorsales;
Perche,
u4pron.
Une seule dorsale : dents en yelonrs.
GremUle,
2? famille. Joues cuirassées.
CoUe.
Epinoche.
II* DIVISION. MALACOPTERYGIENS *.
, Tous les rayons mous , excepté quelques rayons des
nageoires osseux, mais non piquans, tels que le premier
de la dorsale ou des pectorales.
' On appelle ainsi les poissons, dont une partie des
rayons est simple et en forme d^épines. Cuv. , fflsl. nat.,
Pois9., tom, i y p* aça.
* Ce sont les poissons ossenx , dont tous les rayons des
nageoires sont articulés. Dans les Carpes la soudure des ar-
ticulations donne à certains rayons ^apparence d^épines;
Cuy.y UTisS» nat* des poissons p tom* 1 1 p. 291 , 292.
(67)
n^ ordre. MALACOPTERYGIENS abdominaux ' .
Nageoires ventrales situées en arrière des pectorales.
!'• famille. Cyprinoïdes.
Bouche peu fendue ] mâchoires faibles, sans dents;
os pharyngiens fortement dentés : rayons branchiaux
peu nombreux.
Ctpruts. Bouche petite , trois rayons plats à la mem-
brane branchiale.
Carpe, D. longue et A. garnies d'une épine den-
telée pour second rayon.
Barbeau. D. et A. courtes, forte épine pour 2*
et 3* rayon de la dorsale; barbillons.
Goujon, p. et A. courtes , sans épines : barbil-
lons.
Tanche y écailles très-petites.
Brème, épines et barbillons nuls. A. longue , D.
courte.
Ables* d. et a. courtes , épines et barbillons nuls.
Loche, corps alongé, enduit de mucosité : lèvres
propres à sucer.
a* famille. Esoces.
Brocltet.
3* famiille. Siluroïdes.
Aucun poisson de cette famille ne se trouve dans nos
eaux.
' ^ Dans les vrais abdominaux , Vos coxal ( représentant
Pos innominé , la cuisse^ la jambe et le tarse )| de forme
triangulaire , a sa pointe libre dans les cbairs ; «on côté pos-
térieur, comme dans tons les autres poissons , donne attache
aux rayons de la nageoire ventrale. Cuyier, Hîst* nat. des
poissm , tom. I y p. 377.
(58)
4* famille. Sàlmoïtbs.
Deuxième dorsale , petite , adipeuise , non soutenue
par des rayons,^ ^
Saumon y dents très-apparentes. '
Truite, dents très-apparentes.
Ombre y dent$ très-fines, à peine visibles.
5* fomille. Glupb&.
Alose.
IIP ordre. MÀLÀGOPTERYGIENS sîtbbrachieks.
Ventrales attachées sous les pectorales.
\^^ famille. Gadoîdes.
Lotte,
IV ordre. MÂLACOPTERYGIENS apodes.
Nageoires ventrales nulles.
Anguille.
V ordre. LOPHOBRÀNGHES.
Branchies en petites houppes rondes^ disposées en
séries et par paires le long des arcs branchiaux.
Cet ordre ne renferme que des poissons marins.
VP ordre. PLECTOGNATHES.
Os maxillaire soudé au coté de Tintermaxillaire.
Petite fente branchiale.
<]let ordre ainsi que le précédent ne contient que des
poissons marins.
IP série. Chondroptérygiens.
Squelette cartilagineux , parce que son tissu n'admet
jamais assez de phosphate de chaux pour acquérir
une consistance osseuse.
Cette série se divise en deux ordres , qui sont les 7*
et 8*" des poissons.
( 59 ) ,
VII* ordre. CHONDROPTERYGIENS à branchies
tibres par le bord externe.
STURONIENS : opercule , rayons nuls à la mem-
brane branchiale. Esturgeon.
Vffl' ordre. CHONDROPTERYGIENS à branchies
fixes , adhérentes par le bord externe.
i" famille. Sélaciens ' Guv. , Plàgiostomes ^ Dumer.
Les poissons qui composent cet ordre se reconnaissent
à leurs branchies adhérant par le bord externe , lais-
sant échapper Teau par autant de trous percés à la peau,
qu'il y a d'intervalles entre elles.
Cette femille , ne renfermant que des poissons marins»
aurait pu être supprimée sans inconvénient dans notre
travail; mais j'ai jugé convenable de la conserver^ pour
ne point rompre l'intégrité du tableau ; ensuite , parce
qu'elle renferme i"" les Squales, connus par leur voracité;
2" parce que la facilité et la promptitude des communi- '
cations rend actuellement très-communs à Dijon , plu-
sieurs espèces de poissons de mer , tels que le Congre ,
le Merlan , le Maquereau , le Hareng', la Sole, la Li<-
* Cavier a donné à cette fkmilie le nom de Sélaciens p
dn mot gœc se'AAXOS , employé par les Anciens pour dési*
gnerniie espèce de poisson cartilagineux. Les parties dures
des Sélaciens, c^est-à*dire celles qui remplacent les os chez
eax, consistent intérieurement en un cartilage homogène et
demi-fransparent qui se reirêty seulement à la surface , d^une
couche de petits grains opaques et calcaires , serrés les uns
contre les antres.
• Onmértl donne Tétymologie de Plàgiostomes, tirée des
mots grecs irAâyiet, transversal 9 <r7ôiua> bouche.
(60)
mande, le Turbot, etc. , et plusieurs espèces de Raies
que Ton voit aujourd'hui , non-seulement aux crochets
des traiteurs , mais même sur notre marché.
Dans les poissons de cette famille , seulement, la cein-
ture de l'épaule s'attache à de larges apophyses de
l'épine : elle est d'une seule pièce qui entoure le corps.
Cuv. , Hist, nat, des Poissons y t. i, 382.
La Raie bouclée , Reda claifota , Linn. , Dicl. Se.
nat. ytom.^^p» 36i , p. SyS, Rloch, Ichthjrol. , part.
in, p. 60, plane, lxxuii, l'une des plus estimées, se re-
connaît à son âpreté et aux gros tubercules osseux , gar«
nis chacun d'un aiguillon recourbé , qui hérissent irré*
gulièrementvses deux surfaces.
dette espèce de Raie est représentée par Duhamel ,
Traité général des pèches y a* part., sect. ix, pL ^^fig*
1, îa, qui donnc^g:. 3-6 de la même planche, la repré-
sentation de ces tubercules , sous le nom de Boucles.
Les boucles de la Baie sont des écailles plus dévelop-
pées , dont la nature est analogue à celle des dents. Leur
base , ovale et renfiée , est creuse à l'intérieur , et il y
pénètre des vaisseaux qui y vivifient un noyau pul-
peux , très-semblable à celui d'une dent. Cuv., Hist.
nat., Poiss. , içm. i, p. 4^2.
Artedi a donné une bonne description anatomique
de cette espèce. Ichthjr. ^ part. v. p. io3-io6.
La Raie blanche ou cendrée, Raia halis, Linn., Z)icf.
des sciences naturelles , iom> 44 ? P* ^79 ) Bloch , Ich-
thyologie , part, m , p. 5o , pi. lxxix , a le dessus du
corps âpre , mais sans aiguillons , et une seule rangée
d'aiguillons sur la queue : elle est tachetée dans sa jeu-
nesse , et prend avec l'âge une teinte plus pâle et plus
uniforme.
(61 )
La chair ' de ces deux espèces est très-dëlicate ,
parce que le ^voyage Tattendrit , et lui enlève son odeur
repoussante et sa saveur forte. Elle (ait pendant Phiver,
comme on le sait , les délices des tables délicates , et
constitue un mets recherché , comme l'a dit jadis Al-
bert-le-Grand , opéra y iom. vi , p. 6S^ , sous le titre :
Raychœ, Raye.
L^anatomie de la Raie présente une foule de considé-
rations intéressantes , qu41 n'entre pas dans mon plan
de développer ; je me bornerai à indiquer la substance
glanduleuse fort apparente qui se trouve dans l'épaisseur
des ptnt>is de Tœsophage de la Raie , et je renvoie au
. travail de Guvier , donné en grande partie dans le DicL
des Sciences naturelles ^ iom. 44 9 P' ^^^* ^^^^^ ^vec la
liiopce, Raja rubus, Linn* , et plusieurs autres, que Ton
&it les Rasilics, etc. , Rloch, Ich.,part. m, p. 63 ^ j'ai
parlé des Raies , parce que leurs caractères les difieren-
cient de tous les poissons des autres classes.
On trouve dans le Manuel de t étranger aux eaux
iAix en Savoie, parle docteur Despine,Jils, 18349
p. 8 et 9 , un tableau contenant le nom des poissons des
environs d'Aix.
hauteur dit : « On a vu dans le lac du Rourget
« quelques Raies et même des Esturgeons : mab ils
« sont devenus très-rares depuis que les sels , qui se con-
« somment dans le pays , n'arrivent plus par le Rhâne. »
' Dans les poissons , les muscles de la nageoire pectorale
présentent deux couches à chaque face. Ce sont ces couches
qui, agrandies par degrés dans les squales , deviennent enfin
les énormes muscles des ailes de la Raie, lesquels forment
]a plus grande partie de la chair mangeable de ce poisson»
(62)
n serait curieux de connaître robservation , par suite
de laquelle on a dit avoir vu quelques Raies dans le lac;
les Raies n étant point anadromes , ne peuvent se trouver
dans Teau douce. Voyez ci-dessus ,p. v\.
On ne sera donc pas surpris , si je ne fais aucune
mention des Harengs frais , Clupea harengus, Linn. , des
Soles, des Limandes, etc. , espècesde Pleuraneçtesjuxniik^^
des Merlans , Gadus merlangus , etc. , etc. , poissons
de mer plus ou moins estimés , qui , depuis la rapidité
des transports multipliés, se trouvent assez abqndfim^.
ment sur notre marché ; à l'exception des Pleuropjçctes,.
ils appartiennent tous à quelques-uns des genres de no&
poissons d'eau douce.
a* iamille. Suceurs.
Gorp$ alongé , terminé en avant par une lèvre char-
nue , circulaire , ou semi-circulaire.
Lamproie. '
Ammocète,
i" ordre des poissons. ACANTBfÔPTERTGtENS.
Les poissons de cet ordre se reconnaissent, parce
qu'ils ont toujours la première portion de la
dorsale, ou la première dorsale , quand il y en a
deux, soutenue par des rayons épineux, c'est-à-dire
très-piquans. L'anale a aussi quelques épines pour
premiers rayons , et il y en a généralement une à
chaque ventrale.
Excepté le rayon externe de la ventrale dans ces
poissons , .les autres sont presque toujours tous "^
articulés.
!'• femille. Percoïdes. .
Cette famille qui a reçu ce nom parce qu'elle a pour
type la Perche commune, comprend des poissons à.
(63)
Qorps obloDg, couvert d'écailles généralement dures
m âpres. L^opercule ou le préopercule et souvent
VMS les deux y ont les bords dentelés ou épineux;
les mâchoires , le devant du Yomer et presque toujours
les palatins sont garnis de dents.
!•' genre. Perche *.
Cca*. gen. Préopercule dentelé, opercule osseux
terminé en deux ou trois pointes aigiîes , langue lisse.
* I. Perche commune. Perça Jluviaiilis, Linn. Gmel.
S. N», éd. xin, p. i3o6, sp.'i.
Bloch y Ichthyologie , part, a > p. 6a, planche lu.
Juriney Hist» des poiss, du lac Léman, p. i5a, n« 4» P^* 3*
JMct, se, nat.y atlas, ichthyologie, pL jSy fig, a. Persèque commone*
GaYier^ Sist, nat, des poiss,, tom, a, p. ao. Perche flayiatile.
Lacépè^ei Jffist, nat, des poiss., tom, 8, p. a3. Persèque Perche.
Duhamel , Pêches, a^ part,, sect, y, pi, ▼, fig. i y p, 98.
Mtyefy Représentations, tom, i y pL 73.
Rondelet y de Piscib, fluviatil. lib,, cap, uni y p. 196.
Gesner , de ^quatilib, , p. 8aa.
Geoffroiy Mat, medic, in-^**y tom, 3 y p. 275.
Aldroyandii de Piscib,, p, 6a3.
!• D. 16 : a» D. 16 : P. 14 , i5 : V. 6 : A. la : C.
ao-a4*
40^4^ Vertèbres ;y 19 paires de côtes.
Le nom de ce poisson tborachique vient du latin
Perça, dérivé du grec irfpKo«, moucheté de noir, à cause
des bandes noirâtres transversales de son corps. Aldroif,,
dePiscib,,p. ^5.
La Perche se reconnaît à sa couleur verdâtre , in-
terrompue par des bandes verticales noirâtres , et re-
' Les perches ont de petites dents en crochet , formant
râpe y ou velours , aux deux mâchoires , à une plaque en
atant du Tomer ; à une bande longitudinale de chaque pa-
latin j mais elles en manquent à la langue.
(64)
levée par le beau rouge des nageoires ventrales et
anale.
Ce poisson est trèis vorace ' ; il vit de petits poissons,'
de reptiles, d'insectes , etc. ; il attaque FEpinoche , qni
dès qu'elle est saisie , redresse ses arêtes , les enfitmoe
dans le palais de la Perche , qui meurt de faim. Si on
Fen débarrasse , elle reste toujours la bouche béante.
La plus grande dimension à laquelle il puisse parvenir
n'est que de 18 à 20 pouces ^ et alors il pèse environ
quatre livres. Bloch la fixe à deux pieds , et au poids de
trois à quatre livres. Il est rare de la voir de cette taille
dans nos rivières.
Il fraie au commencement du printemps , en avril et
en mai •, un des ovaires s'oblitère , et il ne s'en dé-
veloppe qu*un ; ses œufs sont réunis par de la viscosité
en longs cordons entrelacés en réseaux ^. Bloch, /cA-
* Les poissons mettent peu de cKôix dans leurs alîmens ,
et leurs forces digestives suffisent pour dissoudre tout ce
qui a eu vie. Ils avalent dWtres poissons malgré leurs épines
et leurs arêtes ] les Crabes et les coquillages ne les effraient
point , et on en trouve souvent les débris dans leurs intes-
tins. Ils rejettent ces matières indigestes, corn me les oiseaux
de proie rejettent les plumés et les os des petits oiseaux
qu^ils ont avalés. Cuv, , Hist. nat. des poissons , tome 1 ^
p. 488.
* La peau qui renferme les œufs , et qui forme , dit Blocb,
un boyau troué , est large d« deux pouces , et longue de
deux à trois aunes; considérée au microscope, on trouve
toujours quatre à cinq œufs unis par une peau dure , et la
peau forme un angle où ces œufs se réunissent , de sorte
qu^ils paraissent quarrés ou hexagones. Bloch , Ichth.f p. 63.
Pour se défaire de ses œufs y ce poisson se frotte Tanus con-
I
(66)
AjTologie, part. i,p. loi , p/. xix , J!g. 18 , en donne
la figure ; fig. 17 9 il représente une petite masse de six
œufs attachés ensemble et formant une figure à six câtés ;
le tout vu à la loupe.
Les rayons épineux de sa première nageoire dorsale
90Dt pour la Perche une arme défensive \ en effet ,
quand elle tient cette nageoire relevée, aucun autre
poisson ne peut en faire sa proie , sans s'exposer à être
grièyement blessé. Cette observation a été faite depuis
très-longtemps par Vincent de Beauvais. Cet auteur, Spe^
odum natural. , tom. 1 , lib. xvii , cap. lxxviu , en par-
lant de la Perche , suivant lui , le meilleur poisson d^eau
douce , dit c « Au moyen de ses piquans , elle se dé-
« fend contre tous les autres poissons ^ si elle craint
« rapproche du Brochet , elle redresse ses épines et
<c échappe ainsi à la poursuite de son ennemi. »
La Perche , qui a la vie dure et qui , suivant Lacé-
pède, ne fraie au- printemps qu^à Tàge de trois ans, est
un poisson d'une saveur délicate; il est assez fréquemment
servi sur nos tables qu^il ne dépare point. On lui donne
qaebudbis le nom de Perdrix deau douce. Cette dé-
tre un. corps aigu ^ auquel il fait adhérer le cordon de ses
œQ&, puis se retire en faisant des mouvemens alternatifs
jusqu'à ce qu'il se soit débarrassé de la totalité.
Ces œufs , dit Marsigli y Danub, , tom. iv y p. 66 , sont
UtAcs , durs y sans saveur ; ils cuisent difHcilement \ aussi
ne les sert-on point sur les tables. Arnault de Noble ville et
Salerne disent ^u contraire : les œufs de Perche grillés sont
assez bons. GeofT.fAfâ/. médic^ tom. 3^ p. 278, etLieutaudy
Mat, média., tom. ^y p* 363, disent : les œufs de Perche
<ont asseï estimés ; ils donnent cependant quelquefois des
Bassées.
5
(66)
nomination française me paraît avoir sa source dans
une sorte de calembour. On lit en effet dans Gesner,
de AquaûL , p, 828, Un. 29 : et rappellerais en grec
« les petites Perches \ Percidia ,• les moyennes , Per*
(( cidas^ et les grosses^ Perças. » On a joué sur les
mots Percidia, Percidas^ en transportafnt le ^ à la place
du c^ on a obtenu Perdicia, Perdicas, dont Tanalogie
avec le mot français Perdnx, saisie très-promptement >
a fourni la dénomination dont l'étymologie a été encore
fortifiée par la comparaison que Ton a faite de la déli-
catesse de la chair de la Perche avec la délicatesse de
la chair de la Perdrix.
(( Dans le lac Léman, lorsqu^on pêche les Perches
« en hiver 9 avec un grand filet , sur un fond de 40 à
(( 5o brassées , on en voit beaucoup flotter à la surfece
« de Teau avec Testomac refoulé hors de la bouche ;
a elles périssent au bout de quelques jours si on ne fait
(( pas rentrer cette vessie en la perçant avec une
<( épingle. » Jurine, uict. Geneyf., tom, 3, !'• part. ,
pag. xSS".
€e phénomène était connu d^Aldrovandi. Cet auteur,
de Piscibus^p. 62^, signale d'une manière très-positive
la vésicule rouge sortant de la gueule des Perches ex-
traites , pendant l'hiver , du lac de Genève.
Cet accident, que Bloch, Ichlli.y part, ii, p. 65 y
appelle mal à propos Tjmpanitis, résultat du défaut
d'équilibre entre Tair intérieur de la vessie natatoire
du poisson et Tair atmosphérique , ne s'observe jamais
dans notre pays , dont les rivières n'ont pas une pro-
fondeur suttisante pour lui donner lieu.
a Lorsque Ton retire asâez vite d*une grande pro-
(( fondeur les poissons , ils n'ont pas le temps de corn-
(( primer leur vessie ou de^ la vider de l'air qu^elle
(67)
t contient. Cet air, n'étant plus comprimé par la grande
« colonne d^eau qui pesait 3ur lui » rompt la vessie et
« se répand dans Tabdomen , ou bien il la dilate ex-
« trêmement et &it saillir Toesophage et Testomac dans
c la bouche. » Cusner, Hisi. naU des poiss. , tome i ,
page 5a6.
La Perche devient la proie, non-seulement des grands
poissons , des grosses Anguilles , mais encore des canards
ft autres oiseaux d^eau. De petits animaux , et notam-
ment des Cloportes ' , s'attachent quelquefois à ses
branchies, déchirent ces organes et lui donnent l^,
mort. Lacépède, BisU naU, Poiss» > tom* 8 , p, 38.
Les Perches bossues dont Linné fait une espèce , ne
le deviennent que par la courbure de Tépine dorsale ,
courbure dépendant d'une cause accidentelle comme
dans le Brochet.
On trouve des Perches borgnes de Tœil gauche.
jict. Paris,, 1748,^. 127, a8.
La Perche est victime d^une espèce de Gymothoé^
qiii,.sHnflinuant dans les branchies, dévore vivantes
ces parties délicates et cause bientôt sa mort. On n'a
pas donné le nom spécifique de ce crustacé dans le DicU
classique dhisU naU, lom. xin, p. ao3, où l'on en
parle.
La Perche est tourmentée par plusieurs espèces de
vers intestinaux, tels que
1. L'Ascaride de la Perche, Ascaris Perces, Goeze,
GmeL,p, 3o36, 5/?. 64.
' Lacépède ne savait pas que c'est une espèce de Cimo-
tibé ; il ignorait également la vraie cause du refoulement
de restomac.
Les Jeunes Perches sont connues sous le nom de Mille
cantons f c'est un mets délicat.
(68)
2. UEchinorhynque de \sl Verche, Echinorfynchus
Percœ, VallaSyGmeL, Se. nat. , xui , tom. i , p. Zoéfij
sp. 3o.-
3. Le Cuculan de la Perche, Cuculanus Lacustris,
fB.y Percœ, Goeze^GmeL^p. 3o5i ysp. 6 ^ S. Encycl.,
pi., Vers, pi. XXXI, fig. 6. Cuculanus elegans, Zeder.
Dict. des se, nat. y tom. xii , p. \\i , tom. Lvn , p. 5\^.
Atlas, Vers, pi. 3o, fig. x3.
4- La Fasciole bouteille, Faseiola lagena, Braun,
Gmel. , p. 3o57, sp. 3o, appelée Distoma nodulosum.
Encycl. méth. , Vers, tom. a, p. 278, n" ii3.
5. Le Txnia noduleux, Tœnia nodulosa, Goeze,
Gmel., p. 3072, sp. 3o. Encycl., Vers, tom. 2, p. 753,,
Vers , pi. xLix, fig. i2-i5. Trienophore noduleux. Dieu
se. nat., tom. 55 , p. i85, tom. 57, p. 596. Atlas, Vers,
pi. 48 , fig. 3.
On prend dans les rivières , et notamment dans la
Seine , un poisson qui semble tenir de la Perche et du
Gardon , non-seulement par sa forme extérieure , mais
encore par la consistance et le goût de sa chair* Ces
points d'analogie ont engagé les pêcheurs à lui donner
le nom de Perehe gardonnée. Encycl. méth. , DieL des
Pèches, p. 218. C'est VAcérine vulgaire , p. j5.
Guvier, Hist. nat. des poiss., tom. 9, ^. 20, donne
sur la Perche des détails anatomiques fort étendus. G^est
sur elle qu'il a fait le travail anatomique contenu dans
le 1*' volume de son Histoire naturelle. On pourra aussi
consulter le Nouv^. Dict. dhist. nat., édit. 2, tom. xxv ,
p. 186, et le Dict. des se. nat., tom. xxxix, p. i45;
toais surtout Artédi , Ichthyologia , pars y, pp. 74*76,
qui donne la description des parties intérieures et exté*
rieures de la Perche , à laquelle il attribue 4^ vertèbres
(69)
et 19 paires de côtes. Bloch ne lui accorde que 89 ver-
tèbres.
Oa obtient avec la peau de la Perche une coUe qui
surpasse de. beaucoup celle des autres poissons. Bloch,
pag. 65 , indique la manière de la préparer.
Les pierres de Perche, qui se trouvent dans la tête,
prèsTorigine de la colonne vertébrale, Geoffroi, Mat.
médic. , in-'J^'' , tom. 3 , p. 278 , se rapprochent de celles
da Dorsch, qui sont les calculs auriculaires du Gadus
CaUarias»
IL L'Àp&on commun, Aspro vulgaris, Cuv. , Perça
asper,\Àïai.^ GmeL, S. N., ediu xni,/?. 1809, sp, 3.
ftonddlei, De piscibus fluviat, lib,,^cap, xxxit, p» 907. De as-
pero piscicalo.
Gesàer, De aquatilibus , p, 478. Asper pîsciculus Gobiooi similis.
Aldroy. De piscib., lib, ▼, cap, lukyiiiy p. 61 5.
Bloch, Ichthyologie j part, m, p. ]5i , pL cvii jfig, 1 , a.
Bonnaterre , Tableau encyclop, Ichthyol. , pL Sj^ fig, 206.
Lacépède, Hist, nat,, Poiss., t, vu, p, lay. Le Dipterodon apron.
Nouv\ Dict. d*h, nat., éd. 2, tom, ix, p, 493* Dipterodon apron.
Cuvier, SiisU nat, des Poissons, tom, 2 , p. 188, p/. a6.
i« D, 8 : 2^ D, i3 : P, 14 : V, 5 : A, la : C, 17.
Ce petit poisson, de la longueur de six à sept pouces ,
est Vfrdfttre; il offre trois ou quatre bandes verticales
noirâtres , et huit épines à la première dorsale.
n a le corps albngé , la peau rude ou âpre , les deux
àursales séparées ; de larges ventrales ] des dents en
velours , la tête déprimée \ le museau plus avancé que la
boache, et terminé en pointe arrondie.
Le mot Apron du DicU des Sciences nat. , tom, 2 ,
/'..Soi 4 renvoie au genre àUpterodon ( au lieu de diptS'--
rodpn), àqat le mot renvoie à celui à^ cingle, où,
««n. IX , p. ^\o , se trouve effectivement TApron.
( 70 )
Ce poisson facile à distinguer par la rudesse de ses
écailles , vit de vers , dUnsectes , de poissons plus petits;
il a la vie dure , et fraie , dit-on , en mars ; cependant
au mois de novembre j'ai vu les œufs fort gros et desti*
nés à être poiidus dès lé courant de décembre ' ^ ses
œufs, fort gros proportionnellement, sont d'un bï^nC sale
et abondans; suivant Artëdi, il a qiiarante^eiix ver-
tèbre^ et seize paires de c6tes.
Sa chair est blanche, légère, saine, de b6ti goÛtèt
estimée. Le Péritoine nacré ou argenté , est piqueté dé
noir.
Ce poisson, connu aujourd'hui à Lyon, d'après Guviéi*,
sous le nom de Sorcier y se trouve dans le Rhône et ses
affluens -, les pêcheurs des bords dé la Saône, le dérîgnent
■ ce Le Roi poisson f m'écrit M. Baudot^ i5 novembre
i835, fraie dans le mois de janvier 5 à cette époque il ré-
pand une odeur, et a un goût d^urine }'U ne les conserve
que pendant la durée du £rai. »
L'opinion de M. Bandôt , fondée sur le récit d^nn pé-
cheur , a pour base une observation mal '&ite ; elle pourrait
aussi être le résultat d'une confusion , carLieutaud,) MaU
médic, tom. 3 9/1. SSo, dit:. ce la chair du Go,uJ9n a i|ne
mauvaise odeur* » ' i . ..
A l'époque du frai , les poissons se frottent le. ventre
contre tous les corps qu ils rencontrent. Les Aprons, dont
parie M. Baudot, se seront frottés contre les pierres de
fosses d'aisances établies sur la Saône, et se seront impré^
gnés de leur odeur : ils auront ainsi doiané lieii' à l'od^ut'
et à la saveur signalées par M. Baudot.
On sait que tous les poissons sont attires par les matières
fécales , et les pécheurs n'ignorent pas T&lranliage que lerur
procure cet appât.
(71 )
«MIS la déaomiaatioQ de Roi poisson , Roi des poissons,
et quelques personnes à Dijon Tappdlent Dauphin.
La figure de TApron , ses couloirs Font &it confondre
fur. des observateurs peu attenciÊ , avec le CSiabot et
ayee Je Goujon, dont U^difEère par sa peau rude comme
deB^de la Bousspue, ( Squalus camcula. Lion.) t, telle
est la source des noms vulgaires qui hii ont été donnés.
hp bom de Roi poissant ou de Roi des poissons ^ , est
9f]^Uqué à XApron et au Cïiahot , soit àx^awse de la dé*
licatesae de leur chair , soit plutôt à cause de ce que
ces deux poissons ayant été pris P-un pour Tautre , au-
rait éfté àéÀ^k% par le même nom.
Le nom de Dauphin vient de la largeur de la partie
postérieure de la téfte de ce poisson , priaeipalement
)oraqaHl a iété cuit ^ et 4e la comparaison qu'on en a
£eiite avec la tête du Dauphin , fruit de Timagioation
4e8 peintres, des sculpteurs et autres artistes.
Les pêdieurs de la partie de Iq Saéne qui traverse
notre département , ont fait depuis longtemps une ob-
servation d'après laquelle ils se sont assurés que 1^
' On a appliqué le nom de Piscis regius à dlrers poissons.
Voy:. jN^om^ Diçt, Sç. mit, , éd. a , tonu 27^ p. 028 , et
Dici. ^ç. nat,, tom^ J^% ^ pag> \fyj.
AldroYandi, de Piscibus , p. 79, en parlant du Maigre.,
ainsi appelé à cause de la blancheur de sa chair , qui n'est
nullement colorée par le saiiig, dit : la Daine eA P/oyence
est appelée Peis rei, c'est-à-dire Poisson-roi, ou Roi-pois-
son , on Poisson royal 9 nom 9 contînue-t-il y que les plus
iostmits donnent au Piscis lotus de Rondelet , appelé Daina,
ni«/f«, Coracin , enfin Corb; et p. 49B9 à l'article De Lato,
il répète Peis rei. Poisson royal , c'est-à-dire digne d'être
terri sur la table des rois.
(72)
pèche sera mauvaise , s^ils ramènent un Apron dans
leurs filets: aussi mécontens de cette. rencontre , pre-
naient*ils le poisson , et le lançaient-ils avec dépit sur
leur Bachot ' ; ils n'en faisaient alors aucun cas : mais
depuis 9 ayant connu la délicatesse de la chair de F A*
piron, analogue à celle de la Perche , ils ne le jettent
plus , et se trouvent très-bien de le manger.
Le mécontentement des pécheurs, lorsquUIs ranSènent
ce poisson dans leurs filets , vient de ce que sa présence
est d'un très-mauvais augure ; elle annonce en effet. que
la pêche sera infructueuse , aussi la cessent-ils alors ^ ;
c^est de cette circonstance que vient à PApron le nom
de Sorcier, appliqué comme injure.
Ce poisson ,, qui se tient ordinairement au fond de
Teau , ne sort de son réduit , pour nager dans la rivière,
que par le mauvais temps , c'est-à-dire , par le temps
froid et par les vents de nord et d'ouest , époques aux-
quelles les autres poissons ne vaguent point ^. Cette
' Bachot ; on appelle ainsi le cofTre on la liuche de h,
barque, destiné à recevoir le fruit de la pêche.
* Un ancien pêcheur possédait une grève dans la SaÀne ;
lorsquUl voulait pêcher, il jetait son filet dans cet endroit ;
sHl ramenait un Apron, il remettait sa pêche à un antre
jour.
. ' L'agitation de Teau , contraire à la pêche des p«îssoha
d'eau douce , favorise celle des poissons de mer dans la
Syrie.
M. De Lamartine décrit la manière dont les Arabes pè-
chent le poisson , et dont il a été témoin dans le golfe de
Caïpha.
tt Un homme , dit-il , tenant un petit filet replié , élevé
au-dessus de sa tête et prêt à être lancé , s^avance à quelquea
(73;
considération a engagé à lui donner le nom de Boi des
poissons , parce qu^on le comparait ou à un souverain ,
dont la présence fait ébigner la foule , pour lui laisser
la place libre , ou au lion ( roi des animaux ) > à la vue
duquel fuient les mammifères.
De même TApron , ne vaguant qu'en Tabsence des
antres poissons, parait les avoir Ëdt retirer pour jouir
du champ libre , ou leur avoir inspiré une sorte de ter-
reur qui les aurait fait fîiire ; c^est la chouette des pois-
sons , puisque , comine cet oiseau , il ne vague qu'en
Tabsence des autres.
Cette singulière circonstance , observée constamment
par nos pêcheurs de la Saône , n'a été notée par aucun
ichdiyologiste , et comme elle est intéressante dans l'his-
toire de PApron , j'ai jugé convenable de la publier ,
d'autant plus qu'elle est analc^ue à celle attribuée au
Grenouiller, Blennius raninusy Linn. , Raniceps bleu"
fàoSdes, qui habite les lacs de la Suède , où il semble
pi dans la mer, et choisit Hienre et la place où le soleil
ttt derrière loi et illumine la vagae, sans Téblonir. l^attend
les fagoes qui Tiennent, en s'amoncelant et en se dressant ^
fondre à te^ pieds sur Técneil ou sur le sable. Il plonge un
regard perçant et exercé dans chaque écume , et sUl aper-
çoit ^^elle roule du poisson , il lance son filet au moment
uéme où elle se brise et entraînerait ce quelle apporte
avec son reflux : le filet tombe , la vague se retire , et le
poisson reste. Il faut un temps un peu gros pour que cette
pêche ait lien sur les côtes de Syrie ; quand la mer est calme,
le pécheur n'y découvre rien ; la vagué ne devient transpa-
rente qu'en se dressant an soleil à la surface de la mer. »
Souvenirs , impressions , pensées et paysages , pendant un
voyage en Orient, par M, Alphonse Dfi Lamajltine , i835,
tom* 9 y p. 9949 995.
(74)
redouté des autres poissons , qui s^écartent le plus qu'ils
peuvent des endroits fréquentés par lui.
Si , comme le dit Gesner , de AquaH. ^ pp, 354 9 877 ,
1275 ' , lé demi-chctrassius s'oppose siudéveloppemèiit
des Carpes , ( impediens efutn incrementa et saginadones
cjrprinorum. quos a pabulo depeltit), ce Ti^est fMmit par
antipadiie , comme on fiotirrak ie croire ^d'après 'un
passage d^ermann ^. L'assertion des pédbe^Évs ,'<Âtée
par Marsigli ^ , et répétée par Hermann, ObservM. zoo*
logicœ, p. 317 9 est certainement feu8seVpui|M|ue la
Laite d^une espèce de poisson ne peut pas féc^ider les
œufs d'une autre espèce.
/ ■ »
m. L'AcÉRiKE VULGAIRE , Grcmille 4 cppii^çame , Pçrdie
' Halbkaras (dîmidioç Carasios) Karpkamss quoniam
è Caraso et Carpa veluti compositus Tidetur , -dit Gesner.
^ Si verum est, quod Gesnerus rrfert camssos fiigar^
Carpiones ( dit- il ) ^fcdsum erit quod piscatores referont d^
ovorum Carpionis lacté Caraseii fecundationen
Cette manière de s^exprimer ferait croire à ^ne•i9.i|pit^l
dont Gesner ne parle pas.
' Cyprinns III. SUticb-Kharpfen^ Tab. xx,i| sipiilitndi-
ne inter Cyprinum et Cara^sium médiat , ^aopi ex otîs Cy-
prini^ .quantum pisoatores asserunt, et sen^iine Tel liaçte
Carassii y aut è contra progenera^ur. IV^^rsiUi ^ Danub* ,
Pannon, , tom. !▼ 9 />• 61 •
^ Un amateur ^ à Auxonne , a fippel^ Grei^nille nn pois*
son qu'il rangeait parmi les petites espèces; p^aîs les pêcheurs
de profession n'en connaissejit point de ce nom*
Le particulier grand ;amateur de pêche | à Auxonne | qui
m'avait parlé du poisson appelé Gremille, est mort, avant
d'avoir pu m'en transmettre mn échantillon ; de sorte qu'il
est impossible de rapporter cette GremiUe à un genre.
(75)
l^joaaière. Perça cemua, Linn. , Gmel. , S N. , p.
a3ao., sp. 3o.
- iSafttr^ de aquatUib,, p. .907 , ioon ; cemua fiuvUMis, Defcrip-
tio.j^^ 938. jlspredo Johann Cali angli , p. 826 » <2^ percœ flu»
piatÛis génère minore,
' Iftoâgli, Hamift. , tom» IT9 p. 67» tah, .xx» , /S^. s. Pefeoa n.
Bohaindy Pèches, ^•pari.y sect, nr, p. S9» p^ fm^^if. tt iVwche
flrdoaiiée ( voyez ci-dessus, ji. 68 ) ou goijjouiiière.
Bloch. Ichtyologie , part» n^p» 68 ^ pi. lui , jî^. a. t^etiU perche.
rionaaterre. TafrZ. encyc. , Jchth, , pi. Sj, fig, 320. Le j^st.
i^Êtépèée. Biaî, nat, des Paiss, , tem. ¥ii f p, â8a. Le poit , i^ho-
kcentre poit.
JToui^efltf i£M;f. Aùf. nat,, édiL a, tom. 149 p«6ii. Qoloceatre
^ostV lont. i3 , p. 4^* Grenaille.
ÉHct, des sciences nat. , tom, xix, p. 358. ji4tûis iekthyoL , pi.
0yfig' a. Gramiile goujoiiiiière.
Caviar. Sist. nat. des poiss.^t* 3, |»..4* Acériae vulgaire, pL 4>*
de petk ipoissop , appelé à Auxerre Perche à g^ufon,
estd'un goût agréable , se raconaait k aon.corp^- ioBg et
HhMDt, olivftlre, tacheté de brun, à des fossettes aux
08 de la tête -, le préopercule et l'opercule ,v^idtïi ^ue
de petite» épines sans-dentriures*
^- L'jl(oérine,dant les dents sont en vdiours^-n^a qu'une
'iorside à 07 ou 2B rayons ; Artedi , Ichfhyologie^ f^art.
]r,<.p..8o, Al, fan donne quinze paires »de -oôtes, et
SSVcartèbres, que fflodi, IchthyoL ^ p. 7o,'Pé4iHt à 3o.
XSe'péîsBm a la yie.dure, il se nouirrît ^des petits
(f attires espèces, de vers;, d'insectes, et devient la
^me tdu 'Brochet , de TAnguille , de la Perche ^ «de la
Lotte, des oiseaux d'eau \ sa chair tendre, de bon goût,
cttfiluk agréable et pl«s csalobre'que cdle de ia Perche,
wdit^deBlodi.
'•'* Ce poisson se Hxmve daps la Seine aux boudies des
petites rivières tributaires; il est long de 7 à 8 pouces
^ pèae 3 onces ; il fraie aux mois de mars ^ d'avril ,
les œu& sont petits et d'un blanc jaunâtre.
(76;
Dans t Encyclopédie méthodique, DicU des Péche$.^
p. 217, on Ut : (( Gremille, espèce de perche de ri^
R vière , petite , qui a sur la tête ou auprès , des.ardil-
(( Ions qu^elle relèye à sa Y(Jonté et qu'on a comparé
(( à une couronne \ se plaît principalement dans les
« petites rivières d'eau très-vive. »
L^auteur a-t-il voulu parler de F Acérine , ou bien de
la Loche de rivière , ou bien d'un autre acanthoptéry*
gien?Cest ce qu'il est difitcile de décider d'après les
vagues renseignemens qu'il fournit.
Grosley , dans ses Mémoires historiques sur Trqyes,
et dans ses Ephémérides , m* parL, chap. 8, tom. k
(1811), p. i63, parle d'un poisson signalé dans cette
ville sous le nom de Chagrin^ les détails qu'il fournit
et que nous allons rapporter , nous permettent de re-
connaître dans ce poisson FAcérine vulgaire.
« Chagrin, petit poisson dont la chair est très-r
« délicate.
« Nos pécheurs de la Seine au-dessous de Troyes.,.
u qui prétendent n'y voir ce poisson que depuis 3
<i ou 4 ans , l'ont ainsi nommé à cause de la forme àxk
« son écaille ; il a sur le dos et sous le ventre deux
<( crêtes'hérissées et aussi fortes que celles de la Perçue;
<( il porte sur le dos deux rangs parallèles de taches
<( d'un rouge noir, dont la teinte pénètre dans h
<( chair; nos pêcheurs ont imaginé que ce poisson
« vient delà mer. »
Ce poisson est la Gremille commune ou Acérine
vulgaire, dont la peau est effectivement rugueuae
comme du chagrin , ou plutôt comme la peau ^ de
chien marin , Squabis catulus , Linn.
. Bosc a donné la dénomination de Gentropôme saB«*.
dat , Perça lucio perça , Linn.^ à l'Acérine vulgaire. II.
(77)
dit en posséder un individu pris dans la Seine, Nouv^
Dict. dHisU nat, , édit. 2 , tom. 5 , p, J^%6.
£t Guvier dit positivement en parlant du Sandre :
« il est inconnu à Tltalie , à la France et à PAngle-
« terre. » Hist. tuU. des Poissons, tom. 2 , ;^. 110.
Bosc s'est trompé dans ce cas , comme il s'est trompé
pour le Termes radicum, qui, suivant lui, ravageait
ses confitures. Yoy. ma note à ce sujet dans les j4ct.
Divion.f 1827,^.72.
L'individu de Gentropome Sandat pris dans la Seine ,
et possédé par Bosc , Noui^. Dict. dHist. nat. , iom. y ,
p. 486 , était tout bonnement TAcérine vulgaire , pois-
son dans lequel on trouve plusieurs vers intestinaux ,
savoir :
EchinorhjTichus cemuœ, Gmel. , S. N. , p. 8048 , sp. Si .
CucuUanus lacustris , i cemuœ, Gmel. , p. 3o5 1 , sp. 6, j*
Fasciola luciopercœ, — Perc» — Lagena, Gmel. ,
S. N. , édit. xm , p. 8057 , sp. 28 , 29,80^ Disto^
ma noduloswn, Encycl. mélh. , Dict des Vers, tom.
2, p. 278, n"* ii3.
Tœma nodulosa, Gmel. , p. 8072, sp. 5o. Trienophore
noduleux, Encycl. , Vers, tom. 2, p. 753, Atlas, pi.
xux, fig. i2-i5^ Dict. Se. nat. , tom. 55 , p. ]85 ,
pi. 489 fig. 8.
Tœnia percœ cemuœ, Gmel., p. 8079 , sp. 77-79 ,
Dict. Se. nat. , tom. 68 , p. 64.
Deuxième famille. Joues cuirassées.
Cette famille comprend des poissons dont la tête , di«
Versement hérissée et cuirassée , offre un aspect sin-
gulier , à raison des sous-orbitaires plus ou moins éten-
dus sur la joue , et s^articulant en arrière avec le préo-
percule.
A
(78J
IV. Le Chabot , Coitus ' Gobio, Linn. , Gmel. , S. N.
XIII, p. 1211 , sp. 6.
Bléch , Johthyolog,, part, ii, pag, ii , planche xxxix, fig, i , ti.
Jùrine , Hist. des Poissons du lac Léman, p, i5oy n9 3, |i/.^a. Se*
chot 6^Chassot ^.
Marsigli, Danuh,, tom, iv,p. 73, tah, xxiy y fig. a. Gobio flavia-
tilis capitatiis.
Duhamel , Pêches, a« part., sect. t , p. ia3 , pL %\ , ySg-. S y 6. Ca-^
Bot testa, ^«ec^. Yiy p» 1^7 9 Chabot.
Meyer , Représ. , tom. a , pL xii.
Cuyier, J7Û/. naï. des Poissons, tom, ïv,p. i45-i5a.
Lacëpède, ffist. nat. des Poissons , tom. y y p. 3a4'
PrcTOst, uénnales des Sciences naturelles, idSo, tom, zix, p^
165-176, pi, 4i» Mulus Gobio. JIfém, de la Société de Physique et
d*Hist. nat, de Genève, 1828, tom, iv, p, 171-183 , pi,
Bonuaterre, Tableau encyclop. , Ichthyologie , pi. ^yfig- i49»
Rondelet, de Piscib.fluviatil, liber, cap. xxy,p. aoa. JDe Cotto»
Gesner, de jéijuatUib, , p^ 47^ > P* 7^^* Botetrissia.
Jfouv. Dict. d*Hist, nat,, éd. a, tom, viii, p, 19a. Meunier.
Dict. des Se. nat. , tom. xty p, 6a. Le Chabot ou le Meunier.
3i vertèbres, 10 paires de côtes.
1* D. 7 : 2!" D. 16 : P. 14 : V. 4 : A. la : C. 14.
Membrane branchiale à 6 feuillets.
Le Chabot a la tête large, déprimée, presque lisseet
seulement une épine ^ au préoperculé \ la première
* Cottus de xirln , tête, diaprés Hesycliius. Ce nom a été
donné à ce genre à cause dn volume de la tête des espèces
qui y sont contenues.
^ Le Chabot porte en Savoie le nom de Chasso ou Chas^
sotf qui , suivant Gesner, a du rapport avec celui de Scazon
donné par les Italiens à ce poisson.
' Bloch indique deux piquans : Tun grand a la pointe
tournée vers la bouche ; Tautre , petit , a la pointe tournée
Ters le tronc. Les auteurs ne parlent pas de ce dernier ;
mais pour le sentir | il suffira de passer le doigt le long de
la tête. Cuvier,/7. 146, eu parle sous le nom de « très-
petite dent cachée sous la peau. »
(
(79)
dorsale est très-basse. La ligne latérale, un peu sail-
lante 9 conserve cette dispo»tion sur la peau du pois-
son enlevée et séchée.
Ce poisson thorachique , noirâtre, de trois à cinq
pouces de longueur , est connu depuis longtemps. Vin-
cent de Beauvais, Spéculum naturœ, iom. i, lib. xvn,
cap. XL , en donne une description très-précise sous le
nom de Capitatus ,* Albert le Grand hii donne le même
nom ; l\in et l'autre en reparlent encore sous le nom
de Gobio, qui depuis a été appliqué à plusieurs au-
tres poissons.
Rondelet en donne une mauvaise figure et une des-
cription suffisante.
Le Chabot est un des poissons sur lesquels on a accu-
mulé un si grand nombre de noms ' , quMl en est ré-
sulté dans beaucoup d'ouvrages une confusion assez
i
' Les Français rappellent Chabot, les Romains Misons p
les Manceaux un Musnîer, parce qu^il se trouve dans les
Mefs des moulins; les Milanais, un Scatzoteï Botf les In-
snbriens , Strincius et Botetrissia. Botulns à grapaldo di-
citur, hinc et Botetrissia, compositum ab InsubrisTOcabu-
Inm est. Gesner , p. 4?^*
Clou de cbeval , à cause de sa grosse tête.
Artédî, Ichthyologie , part, iv , p. 77, écrit Chalot }
c'est sans doute par erreur typographique. An surplus ,
part. y\pp» 82-84 9 il décrit très-exactement les parties ex-
ternes et internes de ce poisson ; il signale la membrane
très-noire dans laquelle sont enveloppés, soit les laites,
•oit les ovaires, et n'oublie pas la couleur noirâtre du pé-
ritoine.
Il indique 3i vertèbres assez comprimées sur les côtés ,
et enTiron j o paires de côtes légèrement attachées aux ver-
tèbres par un cartilage.
( 80 )
difficile à tlébrôniller. Cette multitude de noms recon-
naît pour cause TexameQ particulier que cl^acun a fait
d'une des parties de ce poisson. Les uns , ne s^attachant
qu'à son énorme tête, Font appelé Capitatus, Testa,
Testard ', Teste dazCy Tête (Tâne^, Chabot, etc. Sur
la Bèze on lui donne le nom de Bdne ^ et , suivant
M. Locquin , Jacquard, Gau.
Les noms de Jac(piard, Gau , donnés sut la Bèze
au Chabot , viennent des deux vieux mots , Jacquet
' Le nom de Têtard ( Tulg. Queue de casse , c^est^à-dire
Queue de , poêle à frire), est usité pour désigner les larges
des Batraciens ( Grenouilles , Crapauds et Rainettes ).
Pour se former une idée de ia manière dont sont faits les
livres, j^engage à lire dans VEncycL méthod», DicU des
Pêches, p, 35 , l'article Chabot ou Tête d'âne ,• on y trou-
vera : ce Le trait de ses ailerons a la rapidité de la flèche ^ s»
pour dire ; Ce poisson nage avec la rapidité d'un trait.
* Dans le Dict. théorique et pratique de Chasse et de
Pêche , 1 769 , l'auteur , Delisle de Sales , publie l'article
suivant :
Same. Poisson à nageoires épineuses, qu'on trouve assez
communément dans le Rhône , dans la Loire et dans la Ga-
ronne. Le peuple des naturalistes croit qu'il ne vit que de
fange , tom, 2 , p. 33o.
Sous le nom de Same , les auteurs confondent des pois-
sons de mer et des poissons d'eau douce ^ mais ce nom de
Same venant du patois dauphinois Saumo , ânesse , me
porte à croire que le Same des rivières est le Chabot, ont
peut-être VApron , (;e qui est difEcile à décider, par suite
de l'indication inexacte donnée par les auteurs.
^ Le nom de Bane ( borgne } , est donné à ce poisson par
les pêcheurs de la Bèze ^ sans doute par antiphrase.
(.81 )
(petit coq), Gau (àegallus, coq), à raison de . ses
nageoires dorsales qui , redressées, sont comparées k la
crête d'un coq.
D'autres , s^attachant uniquement à b ferme de son
earfè enduit d'une mucosité visqueuse , comme rAn-
guille, lui ont donné le nom de Trissîa; d^autres en-
fin, considérant la forme générale du poisson, Tout
désigné par le mot de Botatrissia : de Bote, Crapaud ,
à cause de la grandeur de sa gueule, et trissia, à raison
de son corps anguilliforme. F'ojez Gesner , de AquaU ,
p. 711, lin. 52. Rondelet, dont Touvrage doit toujours
être consulté quand il s'agit dlchthyologie, avait très-
justement comparé le Chabot à la Grenouille pêcheuse
{Lophiuspiscaiorias, Linn.); il ressemble effectivement
enpetità ce poisson, soit par le volume de satêteetTaiiH
pleur de sa gueule , soit par son ensemble , soit par ses
habitudes; d'autres enfin l'ont désigné diaprés les lieux
oii on le disait se trouver : a Les Manceaux , dit Belon ,
« l'appellent un Musnier, parce qu'il se trouve dans
« les bieis des moulins. » Gesner , de AquatU. , p. 47^*
Je soupçonne ici une erreur de la part de Belon qui
aura confondu le Chabot avec le Chevanne , par suite
de répithète Çapitatus donnée à l'un et à l'autre de
ces poissons , quoiqu'il y ait une grande différence de
tolome et de forme entre leurs têtes.
Le Chabot est facile à reconnaître par sa tête plus
large que son corps , par sa peau muqueuse , par ses
écailles presque nulles.
n se nourrit d'insectes aquatiques, dé vers, de
petits poissons; il sévit même, dit-on, contre sa propre
espèce. -
n fraie à la fin de l'hiver , en mars et avril , éloigne
6
(82)
lès pierres avec sa queue pour déposer ses œufs dans
les petits enfoncemens qu'elles laissent*
Sur le Rhône on le nomme Sechoi, Ohassoi, quel-'
<^efois Sorcier, * d'après Cmner, Hist. nat. des PoUs^,
iom. vr^p* i5o.
Lor^ue le Chabot est en danger , il gonfle la mein*
bif^ne de ses ouies , soulève son préopercule de manière
à piôtivpir blesser avec Tépine osseuse , aiguë , recou-
verte de peau qui le termine.
' Ce poisson , dont la chair délicate devient rouge , par
là cuisson, comme celle du Saumon, constitue un
aliment très-agréable et fort sain; ^ il est après le
£roujon le poisson que de mai en juillet, rÀnguilIe
âiine lé plus; aussi s^en sert-on pour amorcer les
lignés de fond.
Lès Laites tout renfermées dans une membrane très^^
lioire, comme le péritoine, Dieu Se. nat, , tom. xi , p.
62.' Les ' sacs de ses ovaires, sont teiùts en noir , Cmner.
La femelle pleine est fortement gonflée par les œufs
petits et de éôttleurjaiïne.
Les entk'ns, pour pi*endre ce poisson , soulèvent avec
{irécàutiqn les pierres sous lesquelles il se blottit ,
et s'en emparent en les transperçant d'une Iburdiette
Solidement attachée au bout d'un bâton.
j, 'A Lyon ^ le nom de Sorcier est aussi donné à VApronp
résultat de la confusion faite de ces deux poissons par
les "^(^eikT^iel par Ijes. marchands.
* Quelques personnesr en lèvent la tête de ce poisson sous
le prétexte qu'elle est am^re ; ce qui n'est pas. Cette pré-
caution est plutôt le résultat soit de la figure hideuse de
cette tête, soit de Tabsence de chairs dans cette même
tété.
(83)
Le Chabot aime les eaux limpides , au fond desquelles
il se tient immobile.
Dans les endroits très-pien'etût de Flsar , on pêche et
Ton apporte au marché de Munich le Steinkressen ,
(Gonjon de pierres), Cyprinus urattoscopus ^ , qui meurt
tout de suite hors de Teau , ce en quoi il diffère du
Cbojon, qui perd difficilement la vie, et avec lequel pn
Ta confondu. BuUet. Feruss. , 182^, Scienc, nat. , tom.
Xix, p. ii5, n*6i.
Ce Cyprinus uranoscàpiis est lé Chabot désigné , par
les anciens auteurs ^, sous le nom de Gcbio, nom qui lui
a été conservé par les modernes comme dénomination
triviale , ou spécifique. Gronovius avait donné le nom
A^Uranoscopus au Chabot , Cottus gobio, à raison de la
forme de sa tête , comparée par lui k celle du Bat ,
Uranoscopus scaber , Linn. , désigné sous le nom de
CoUus anoslomus par Pallas, ZooL rossic., tom. 3, p.
ia8, n* loi.
EpivocHE , Gasterosieus ^ , Bloch , Ichthy. y part* n ,
p. 71.
Epines dorsales libres, ne formant point une nageoire:
k bassin se réunissant à des os hu^ranx phis larges
*■ ' • ■ ■
* Les yeux da Chabot , fort élerés sur la tête et toamia
Tert le ciel, ont porté quelques auteurs 4 ranger ce poisson
avec les iTranascopus , dit Dubamel, Pèches, up part. ^
*.On peut s^en assurer en «onsaltant Gesner^ de Aijum»
sSib.',p. \<jS y qui intitule le clmpilre du Gliabot : De Cotto
Bondeletlas : qnem itidem Oohimn fiwnoMlem , ab Ausonii
Gobiè dirersum , eruditi quidam kppellant.
) De Y««Nf » tentre , et «sitr , os , parce que le rentre de. ce
poisson est en pûtie osseux.
(84)
qu^à l'ordinaire , garnit leur ventre d*une sorte de cui"-
— rasse osseuse. Les ventrales placées plus en arrière que
les pectorales , se réduisent à peu près à une seule épine*
Ces poissons 9 très-voraces, avalent des vers près-
qu^aussi gros que leur corps et les laissent digérer dans
leur œsophage; ils se nourrissent aussi de larves, de
chrysalides , d'insectes , aquatiques , de petits poissons
qui viennent d'éclore.
<( Les pêcheurs de notre pays ne se sont point ap*
IL pliqués à remarquer le nombre des épines du dos , »
m'écrit M. Pataille.
Gela n'est pas étonnant , parce que TEpinoche , étant
un poisson dont on ne fait aucun usage, n^a point dû fixer
l'attention des pécheurs qui s'attachent uniquement à
distinguer les poissons dont ils sont assurés de tirer parti.
Cîependant des Anciens avaient remarqué la diffé-*
rence de l'Epinoche et de l'Epinochette ; d'autres en
ont parlé sous une dénomination commune ; Gesner ,
de aquatilih., p. B96 , parle des Epinoches , sous le nom
de Pungido, désignées, dit-il, à Lyon par le mot ardère.
Albert-le-Grand , opéra , tom. vi , p. 658 , sous le
nom de Pungitius, et Vincent de Beauvais , Spéculum •
natur. , iom. 1 , Ub. xvii , cap. hxxxi , sous celui de
Pungitiyus , parlent d'un petit poisson qui a deux épines
pour nageoires ventrales.
On distingue plusieurs espèces dans ce genre.
y. La grande Epinoche, Gasterosteus aculeatUSf^
linn., Gmelin, Se* nat., édii. xiii, p. iSaS, sp. z.
Bloch, Ichthyologie , part, if , p. 73 , pL lui , fig, 3.
• fielon donne k ce poisson le nom de Jtipe,
Rondelet , Ve piscib , JluviatiL , p. 206 , cap, zxx, fig, super*
JLacépède , Hist. nat., Poiss , y y 385.
Aldrovandi , Ve pisçib,, Ub. ? , cap, uulti, p* 6aS| de pungUU
pisee jilberU,
(85)
Dobaine], Pèches, 2» part,^ sect. m, p. 5i6, pi, xxTt, fig, 6.
Schardeott Epinarde, Epiaaude, Savetier '.
BoDuaterre, Tableau Encyclop,, ichthyologU, pi, 5j ^fig. aaa.
Caner, tiist, nat. des poissons, tom. 4* P* 43 1 -4^3*
Sncyclop. méthodiq,, Hist. nat., tom, 3 , p, 409.
Nouv, Dict. d'hist. nat,, édit. a» tom, su , /». 45i.
IHct. des sciences naturelles, tom,3LYin,p, i68.
Artedi^ Ichthy. , pcat. r^p. ^6^ dit, le Péritoine ta-
cheté de points noirs ; xv paires de cotes, 3o vertèbres.
Trois épines libres sur le dos , font facilement recon-
Daitre ce petit poisson dont la longueiir varie de 1 pouce
et demi à trois pouces; il fraie en avril et juin, et dépose
les œu& sur les pétioles des feuilles de nyropbaea , ne vit
^e deux à trob ans , il pond fort peu d^œufs. Lacépède,
p. 386 , pense que la durée de trois ans est supposée.
On confond sous ce nom deux espèces :
A. Gasierosieus trachmus, Guv., Blocb, pi. 53, fig. 3.
Tout le côté, jusqu'au bout de la queue, garni de
piaqaes écailleuses.
« G^est re^>èce qui se trouve en Sadne , sur les bords
« de laquelle elle est connue sous le nom à^Epinglâte.
Il vit de frai, de petits poissons, de vers, d'insectes, de
demoiselles. Dansquelques pays employé comme engrais,
n n^y a que le peuple qui , dit-on, en fait usage à causé
de ses œufs , opinion fondée siu* le passage suivant :
Epinocbe , petit poisson sans écailles , dont la plus
grande espèce s'appelle poisson épinarde, parce que ses
aiguillons ressemblent à la feuille d'épinards.
L'Epinocbeest une nourriture qu'estiment les gens de
' Ce nom lui a été donné ^ dît Duhamel , à cause des
pointes très- piquantes placées sur son dos, et comparées à
une alêne ; Toiià pourquoi y dans le département de laCôte-
d^Or , les petits enfans lui donnent le nom de Cordonnier»
la campagne. Dict. ihéor. et pratique de chasse et de
pêche , tom. i, p. 32i.
M. Delisle de Sales ^ auteur de ce Dictionnaire , a été
induit en erreur \ rEpiopch^ n'est nullement estimée.
« On rencontre en très-grande quantité, dans la
rivière de Bièvre , le petif Mulet remarquable par les
deux ^aiguillons qu'il porte sur le dos. » Hygiène pu-
hlique , par ParenUdu-Chdielet, i836 , tom. i , p. 1 18.
Le petit Mulet est FEpinoche caractérisée par l'au-
teur , d'après Klein qui ne parle en effet que de deux
aiguillons sur le dos , quoiqu^il y en ait certainement
trois.
B. Gasterosteus gymnurus, Guy., Willugb. , 34 !•
La région pectorale seule garnie de plaques écailleuses.
Le Binocle do Gàsteroâte s'attache à la peau de ces
poissons et l^ur suce le sang.
Le Botriocéphale solide leur remplit quelquefois
presque tout l'abdomen dont alors les intestins, compri-
més 5 sont réduits à un fort petit espace. Guvier , Hist.
naU des Poissons, tom. iv,^. 4^4*
Le JficnostomacaryophiUinus vit dans leurs intestins.
Bremser^ J?ï^ des i^ers, p^ i32. C'est YHypostoma
caryophyUùmm., YAçU Se. nàt* , tom. 3^ , p^ 4^^ 9 ^^^*
57 , p. 58i , pi. 4i- 9 %• 4*
On trouve encore dans l'Epinoche :
\^ Ascaris glohicola , O. Fabr. , Gmel. , S. N. , xm 5
p. 3o36 , sp. 65 ^
V Ascaris lacustris,0. Fabr., Gmel., p. 3o36 , sp. 66\
Le Tœnia soUda, MuU. , Gmel. , 3079 , sp. 80- 7>-
nia gasterostei, MuU. , Gmel. , p. 3079. Botriocéphale
solide, Dict. class. d'Hist. nat., tom. 2, p. 4^4^ ^^^Y^'*
méthod.y vers, tom. 2, p. 148 , sp. 14. Tœnia fUcoUis^
(«7)
Ency. méth. vers, tom. 2, p. 718, sp. a3^ Dict. Se.
nat. , tom. 53, p. 64 ; tom. 57 , p. 610.
YI. UEpihochettb , Gasterosteus pungitius, Linn.,
CkneL , Se. nat. , edit. xni , p. i3â6 , sp. 8.
filoch 9 Ichtyologie, part, tty p. 76, planche un , /^.. 4.
Aldrovandi , <2dr Piscib. , p. 698. Acaleati alteram g enai.
Hondelet , de Piscib. fiuviatil» Lib. ^ cap, zxx 9 p. ao6^ y^. ûi^r.
Lacëpède, y, 891 .
Boanaterre, Tableau encyclop., ichthyologie , pi. Sj^fig, ssS.
^oiM^. Dict. d'Mist. nat., édit. a, tenu xii , p. 4^3.
DiU. Se, nat; tom. zyiii, p. 169. jétlas, ichthyologie,pl. ti^fig. 1.
CavieTy Zfûf. ix/i^. des poiss,, tom, IT9 J>- 5o6-5o8.
L^Epinochette n'a guère que 18 lignes de longueur :
c^est notre plus petit poisson d*eau douce : elle a sur le
dos neuf épines toutes fort courtes ^ les côtés de sa queue
oQt des écailles carénées.
A. Gasterosteus lasins, Cuv.
Cette espèce ne diffère de la précédente que par Tab-
sence d^écailles carénées à la queue ; c'est celle de la
Seine. ^
L'Epinochette fraie en mai et juin ; elle est fréquem-
ment attaquée par le Binocle de tEpinoche ; elle est
sujette au Botriocéphale solide qui , par sa présence ,
gonfle le ventre , en sort souvent spontanément par
Tanus ou par une déchirure de Tabdomen , lorsqu^on
le comprime \ alors on peut trouver ces vers dans Peau.
Bull. Fer. , 1829, Se. nat. , t. xvni , p. 3i3 , ti* 197. *
L'Epinochette est très-bien indiquée sous le titre de
Spinachia, par la phrase suivante de Vincent de'Beau-
' vais, Spéculum natur,, Ub. xvn, cap. xciv : L'Epino-
chette , quoique petite, est hérissée d^épines de toutes
^garts, et conséquemment à Tabri de Fattaque de quelque
^poisson que ce soit.
En effet, aussitôt qu'elle craint du danger, elle hérisse
(88)
ses piquans, de la même manière que la Perche redresse
sa dorsale.
Le Brochet n*attaque jamais TEpinoche ; la Perche ,
au contraire , est si vorace qu^elle se jette sur tout ce
qu^elle peut attraper ; TEpinoche , pag, 64 , lorsqu'elle
est prise , redresse ses rayons et les enfonce dans le pa-
lais de la Perche. Bloch , ich, , part. 11 , p. 64.
Le PéritCHue de TEpinochette est moucheté de points
noirs. Artedi , Ichthy. , pars v, p. 97 , 98.
L'Epinoche n'est pas le seul poisson qui se défende
avec ses aiguillons. J. Hermann , ObseruaU zaologlcœ,
p. 309 , propose le nom de Silurus ichneumon y pour
désigner le poisson du Nil , appelé Gourgour ou Shahr,
et au Caire Shalh, par Pococke.
L'épine de la première dorsale et des pectorales
très-forte , peut causer la mort du Crocodile qui avale-
rait ce poisson , décrit sous les noms de Silurus clarias
par Hasselquist , Silurus schalpav Schneider , Pimélode
scheilan, par Geoffr., poiss. d Egypte, pL xiu ^Jig. 3,4»
!!• ordre. MALACOPTERYGIENS « ABDOMiirAux.
Les ventrales sont suspendues sous Tabdomen en ar-
rière des pectorales , parce que le bassin est sus-
pendu dans les chairs du ventre.
> Cet ordre comprend lamajeure partie de nos poissons
d'eau douce.
* Pour appliquer exactement la dénomination de Mala^
coptérygien, on est obligé de faire abstraction des premiers
rayons de la dorsale ou des pectorales dans certains Cyprins ,
où ces rayons présentent des épines fortes et solides ; à la
Vérité ces épines se forment de Tagglutination d^nne mul-
titude de petites articulations dont on voit les traces. Cv».,
' Hkt» nat,, Poiss,, ton. i j p» 55y.
/ (89)
CoTier le divise en cinq familles.
I** ÊuniUe. Ctpumoîdbs. Bloch, ichthyologie , pari, i,
p. 19, des Carpes.
Os pharyngiens fortement dentés. Rayons branchiaux
peu nombreux.
Dans les Cyprins , Tun des premiers rayons de la dor-
sale a quelquefois ses articles soudés en sorte que ce ne
sont pas vraiment des rayons épineux , malgré cette
af^Murenoe. Cm^. p HisU nai. des poissons, tom, 1,,
pugr. 379-
!•' genre. Ctpuh ■ .
Trois rayons aux ouïes.
Les Cyprins n'ont de dents qu'au pharynx. L^os
supérieur du pharynx présente une plaque unique , et
les deux os inférieurs sont armés chacun d*un certain
nombre de très-grosses dents , qui frottent en partie
contre celles de Pos analogue, en partie contre Tos su-
périeur.
!•' sous'genre. Caepb.
Dorsale longue , ayant , ainsi que Tanale , un os plus
mi moins fort pour deuxième rayon.
La denture des Cyprins est une partie importante de
leur histoire , trop négligée par les naturalistes mo-
dernes. Àlbert-le-6rand a , je crois , le premier parlé
des dents des Cyprins , mais sans aucun détail.
Rondelet a parlé de Tappareil dentaire pharyngien
' Dans les Cyprins Vintermaxillaire forme la presque to-
talité du bord de la mâchoire supérieure. Le maxilkUre
forme ce qu'on appelle communémeiU os labial ou os des
fi*y$tàces*
(90)
de la Bordelière , Cyprinus lotus, BL; mais sans fixer le
nombre des dents.
Gesner a (ait une attention spéciale à cette organi*
sation; il Ta décrite pour plusieurs espèces de poisscms;
aussi , en comparant ses notes ayec mes propres re-*
cherches , je suis parvenu à reconnaître exactement IcfT
espèces de Cyprins dont il a parlée
Guvier, Leçons et anatomie comparée , lom. S, pp^
190-192, a indiqué le nombre et la forme des dents
pharyngiennes de quelques Cyprins ; et-Jurine, itf!^
moires de la Société de physique et d! histoire - naturelle
de Genève, tom. impart. 1, 1821 , p. 19 , a publié une
Note sur les dents et la mastication des poissons appelés
Cyprins i mais il s^est borné à peu d'espèces , et ne s^est
pas même occupé de toutes celles du lac Léman.
Avant d'entrer dans le détail de la denture de tous
les Cyprins mentionnés dans cette Ichihjologiefrançaise,
je vais rappeler la disposition des dents dans les animaux
à sang froid et dans un invertébré.
Le Lézard ordinaire , Lacerta agilis, Linn. , a le fond
du palais armé de deux rangées de dents.
L'Orvet , Anguis fragilis , Linn. , a sur la moitié
postérieure de chaque arcade palatine de très-petites «t
très-courtes dents, rangées sur deux rangs.
Dans la Couleuvre, Coluber natrix, Linn., chaque
arcade palatine et mândibulaii^ est armée dé dents
coniques crochues , très-pointues , dirigées en arrière ;
il y a par conséquent qù'àtreSangées, à peu près, de dents
longitudinales à la mâchoire supérieure , et deux à Tia-
férieure.
Dans la Salamandre ^ Lacerta Salamandra,^ Linn,,
on trouve au palais deux rangées longitudinales de
(W )
denU- nombreuses, petites, attachées aux os qui repré-
$^tent le vomer.
. Dans les Crapauds et les Grenouilles, les dents
forment une ligne transverse interrompue dans son
fiilieu ; elles sont implantées dans les os palatins.
Dans les Cyprins les dents font corps avec les arcs
pharyngiens.
Dans le Coluber scaber, Linn., les dents sont situées
for la portion de Fcesophage appliquée contre les ver-
tèbres le plus rapprochées de la tête.
. Enfin dans TEcrevisse les 4ents sont placées sur Tes-
tDniac*
On voit, par ces détails, que les dents peuvent oc-
cuper toutes les parties du canal alimentaire , depuis
Tare des mâchoires jusqu'à Torifice de Testomac.
: Les dents des poissons ont besoin d'être examinées
jans^leur structure, pour s'assurer si elle a de Tana-
logie avec celle des dents des mammiCèreç»
Ces dents ne sont point enchatonnées dai^s des al-
véoles ; elles sont ou soudées à la mâchoire , ou quel-
quefois seulement fixées à la gencive ou à d'autres
parties molles.
P^ la coction , la couronne des dents se détache
quelquefois de leur corps et se présente alors coinme
une sorte de petite coupe. On ignore combien il doit
tféCtioler.^^. temps pour qu'elle soit complètement adhé-
rente avec l^fx>rps.dela dent.
Tai ttifayé fréquemment , dans des Cyprins cuits ,
des dents .<{tii vacillaient , probablement parée que le
noyau osseux n'aVait pas encore acquis une dureté suf-
fisante.
Le nombre des dents chez chaque Cyprin est cons-
tant; mais il peut varier par la chute ou roblitération
(92)
d'une ou plusieurs d'entre elles. Jurine soupçonnait que
les dents tombées étaient remplacées -, je pense le con-
traire, parce que ces dents, Élisant partie des mâ«
choires pharyngiennes , n'ont point de germe pulpeux.
Au surplus , c'est une opinion sur laquelle on discutera
longtemps à raison de Pimpossibilité d'observer les dents
pharyngiennes pendant la vie du poisson.
M. Isid. Geoffroi St.-Hilairë, Traité de Tératologie,
tom. 1, i83a, p. 4^6, dit : <c On sait que chez un grand
nombre de poissons, les dents sont , dans Tétat normal,
non pas implantées dans des alvéoles osseux ; mais seu-
lement adhérentes aux parties molles La dent
véritablement comparable à un poil , est une dépendance
du systêûie tégumentaire, et non, comme l'admettaient
tous les anciens anàtomistes, du système osseux, n
J'ignore comment il sera possible de (aire cadrer les
dents pharyngiennes des Cyprins avec Vadkérence aux
parties molles et avec la dépendance du système tégi^
mentaire.
TABLEAU DE LA DEITTURE DES CYPRINS.
Neuf dents disposées sur trois rangées.
Le Barbeau, Cjrprinus barbus, hinn.
Huit dents disposées sur deux rangées.
Cjrprinus fuUfus , Nob.
Le Rotengle , Cjprinus erythrophthalnuÀS,.lÀïm.
Le Goujon, Cyprinus gobio, Linn.
Sept dents disposées sur deux rangs.
Le Spirlin, Cyprinus bipunctatus, Bl.
Cyprinus mugiUs, Nob.
Cyprinus rufus, Nob.
Le Meunier , Cyprinus dobula, Linn.
Cyprinus jacuJtus , Jurine*
(M)
Six dents disposées sur deux rangs;
L'Ablette , Cyprînus aHumus, Linn;
Le Vairon, Cjrprinus phoxinus ,lixak.
Six dents sur un seul rang.
Le Vangeron , Cjprinus rutUus , Linn.
Çjrprinus fuscus y Nob.
Çjrprinus toxostoma, Nob. ^
Cinq dents.
La Tanche , Cjprinus tînca , Linn.
La Bouvière , Cjprinus amants , Bloch.
La Brème, Cjrprinus brama, Linn.
Çyprimis xanûiopterus , Nob.
La Bordelière , Çyprimis latus , Bloch.
Quatre dents.
La Dorade de la Chine , Çyprimis auratus, Linn.
Dents à couronne plate sillonnée.
La Carpe , Cjprimis carpio, Linn.
La forme des dents , jointe à Pexamen de la figure
deFapophyse de Tos basilaire, dans laquelle est sertie
hphque pharyngienne supérieure , fournit le moyen
de distinguer toutes les espèces que nous avons exa*
minées, et dont nous donnons Thistoire.
Yn. La Carpe, Cjrprimis ' Carpio, Linn. Gmel.,
S. N. , édit. xm , p. \^ii^ sp. 2.
Bloch , Tchthyologie , part, i > p. 77^ pi* vn,
Inriae, HiaU despoUs, du lac Léman, p. 004» n* 11, pi. 9.
liicëpède, Sist, nat, des poiss,, tom,x, pi 39a,
Dahamel, Traité général des Pêches, a* part., p, 609, sect. m ,
fl xxTi , fig, 1 , tom, 3 , p. 69.
Bouwterrey Tableau encyclopédique des trois règnes de la na^
t»$. Ichtyologie ,pl.ii>tfig.iy extraite des jâct. Paris., 17^.
' De «virfit, Vénus, à cause de la fécondité de ce poissoa
^1 dit-OA I dVprès Aristote | fraie cinq à six fois par an.
( 96 )
préjugé qiii existait oontreJes poissons y et notamment
contre la Carpe , que Ton choisit de préférence pour
les peupler aujourd'hui.
En effet, la très*grande fécondité de ce poisson , qui
fraie en mai et en août , et dont les œufs, d'un jaune
rouge , sont très-^abondans ; la facilité de relever dans
de Feau consenrée dans un tonneau , cliarbonné întériea-
rement.
En i8o4, ^' Schanb, chimiste de Cassel, employa la
poudre de charbon végétal pour désinfecter une fosse d'ai-
sances, abandonnée depuis longtemps parce que personne
n^osait y descendre; et en i8o5, Krusenstem, capitaine
de Taissean russe , employa le premier le procédé indiqué
par BertboUet , pour conserver Peau pure et bonne dans
les Toyages de long cours.
En 1810 9 &!• Figuier reconnut que le charbon d'os pos-
sède à un plus haut degré que le charbon de boit ^ la pro-
priété de décolorer et de désinfecter.
Vers 181 2 , M. Desrone fit Tapplication ^e cette nouyelle
découverte au raffinage du sucre de betteraves.
En 1822, M. Payen reconnut les grands avantages pour
Fagriculturej de l'emploi du mélange du résidu des raffi-
neries avec le dixième ou le quinzième de sang coagulé.
Pendant l'hiver ^ on est quelquefois obligé de pratiquer
des ouvertures dans la glace de l'étang. Dès qu'on aper-
çoit , dit Bioch , dans ces trous une espèce de ver noir e%
longi ou que les Carpes y viennent, il est nécessaire alors
d'ôter un peu de l'ancienne eau, pour y en introduire de
nouvelle. Bloch, IchA», part, 1 j p» Ç8. Comment cela
pourrait-il se faire dans les étangs alimentés par les eaux
pluviales ?
Le ver noir et long dont parle Bloch est sans doute «ne
larve de Ditique ou d'Hydrophile.
(97)
les étangs , la saveur de sa chair que Ton finit par ap-
précier ,• le cas que Fou fait des œu& de ce poisson qui ,
suivant Lieutaud, passent même pour être sains, et la
délicatesse des laites ou laitances , placèrent bientôt la
Carpe au premier rang des poissons dont Thomme peut
Êivoriser la reproduction pour ses propres besoins. Ce
poisson devint en quelque sorte domestique.
La Carpe vit habituellement de larves d'insectes , de
vers, de petits coquillages, de graines, de racines .et
déjeunes pousses de plantes ' . Les feuilles et les graines
de salade les engraissent promptement. Elle fait en-
teodre , en mangeant , un bruit particulier qui est pro-
duit , soit par le choc des mâchoires, soit par le cloque-
*
ment deTeau.
Dans la Carpe , les lobes du foie sont si longs , si
profondément divisés , et tellement disposés , qu'il de-
vient diQicile de les compter au milieu des trois circon-
volutions et demie de l'intestin , dont ils remplissent tous
les intervalles. -
La vésicule du fiel est grosse. S'il arrive qu'on la
crève en vidant le poisson , on peut , dit Bloch , /?, 81 ,
Ëdre passer l'amertume avec du fort vinaigre.
Le temps où les Carpes sont les meilleures , c'est de-
puis Pautomne jusqu'au printemps.
La Carpe (raie sur les herbes au milieu du printemps.
Hbert-le-Grand , Oper,, tom. vi, /?. 65 1, a signalé
Terreur de ceux qui prétendaient que la carpe femelle
avalait la laite du mâle pour se féconder.
Ce poisson s^élance au-dessus de l'eau avec une
adresse remarquable pour éviter le filet qui l'entoure
■ Blocbi Ichthy,, part, i , /?. 80, attribue à la Nayade
Tnlgaire la grosseur des Carpes des étaugs de M. Schlegel.
7
(98)
et le presse de toutes parts. Albert-le-6rand , Oper. ,
tom. m y p. 65 1 y et Vincent de Beaùvais, Specyhtm
naiur. , lib. xvii , cap. xl , parmi les ruses de la Carpe
pour éviter les filets des pêcheurs , parlent des sauts
qu^elle feit. Cette manière d^édiapper oblige les pê«
cheurs à placer deux ou trois filets , à une petite dis-^
tance les uns des autres ; de sorte qi^e si les Carpei
échappent au premier , elles sont prises dans le second
ou le troisième , éomme le dit Jurine , Ad. Genêts. _,
tom. 3,1'* part. , p. ao4.
Arnault de Nobleville et Sateme, médecins d'Orléans ,
dans la continuation de la Mat. médic. de Geoffroi ,
tom. 3, p. 2,66, parlent de deux os de forme ovale,
placés au-dessus des yeux , auxquels ils attribuent les
mêmes vertus qu'à la pierre de Carpe. Ce sont les
pierres doreille.
La pierre de Carpe ' , à laquelle on attachait jadis
' Hftbet et in medio capitis snfastantiam quandam , mt*
jnscitlam , crassam , cordis fere figorœ j duram sed tenacem
et flezUem dam recens est j sub dentibus mordentis : tan-
quam in acetabulo qaodam reposîtam \ si militer nt lenciscat
fluviatiiîs quem Gardonnm Yocant GttUî. Gesner,p. Syi,
lin. 12.
Sttnt antem in maxillœ recnrvœ medio dentés qnîni fere
«ccnmnlatiy cbœradum (saillies) instar , sitn et magni-
tndine inœquales 9 très majuscali ^ duo ezigui , prœdvri f
cavî y superficie snmma lata , sive plana y obtnsa , sed li-
nels quibasdam exasperata 9 anus tantvm et candidior cœ«
teris y et superficie lœvi est in mncronem brevissimam
fastigiata. Gesn., p. 371 , lin, %j.
On voit f par ces dérails , que Gesner connaissait les dents
pbaryngiennes de la Carpe aussi exactement que les icKthyo-
logittes modernes.
(99)
des vertus merveilleuses , remplace les dents pharyn-
giennes supérieures ; c'est une plaque triangulaire , de
substance dentaire ou d*émail, très-dure, qui est enchâs-
sée et comme sertie dans une dilatation de Tos basilaire ,
et située à la face supérieure du pharynx ^ c^est contre
elle que les pharyngiens inférieurs compriment et
broient les alimens. Guvier, HisU naU des poissons,
lom. 1 , p. 494 9 P* ^^'
La Carpe est un poisson lent , paresseux , peu dispose
à 9e déplacer ^ ' pour les forcer à Texercice , on leur
associe le Brochet , qui en les poursuivant les sollicite à
un exercice qui contribue à leur développement.
Dans les Chroniques , Lettres et Journal de i^oyage
extraits des papiers d'un défunt, 1.836 , tom. i^p. 66 ^
on lit :
« Dans la cour de la maison des bains d'Àlexander*
Il bad, il y a un grand bassin rempli d'une eau de
« source fraîche, courante et limpide comme du cris-
« tal , dans lequel on pêche un instant avant de les
« cuire, les délicieuses Truites et les Carpes exquises
« qui se servent journellement sur la table. II n'y a en
« effet aucune comparaison entre les Carpes que Ton
« mange ailleurs, et celles-ci , ce qui peut s'attribuer
« tant à la pureté et à la transparence de Teau dans
« laquelle elles vivent , qu'aux petites Truites dont elles
« s'engraissent -, c^est au surplus une observation à vé-
« rifier, et que je recommande aux amateurs. »
Packler Muskau avance une assertion erronée;
en effet , les Carpes n'étant point voraces , ne peuvent
' Cependant elles forment des routes dans la Tase,
comme Duhamel s^en est assuré. Traité des Pèches pf^ 609.
( 100 )
manger les Truites ^ ce sont au contraire ces dernières
qui mangent les Garpillons.
Un abonné du Bas-Rhin a envoyé au Cultivateur
la note suivante :
(( En 1792 , il existait à Strasbourg une Carpe ayant
au museau un anneau d'or, sur lequel était gravée
Tannée où elle avait été mise dans le réservoir ; cette
époque remontait à François P' ; son poids dépassait 5o
livres. Deux fois elle avait fait le voyage de Strasbourg^
à Paris , à l'aide du procédé qui vient d'être désigné,
(pain trempé dans de bon vin rouge sucré, mis dans
la bouche , paille neuve humectée entourant le poisson );
la dernière fois , c'était au mariage de Louis XYI ; le
conventionnel Merlin de Thion ville, en 1792, Tacheta
10,000 fr. et la fit servir sur sa table. » Le Cultii^ateur,
Journal des progrès agricoles , i835, Ai^ril^ iom. XI,
p. 254.
L'action du conventionnel Merlin était simplement
une bravade révolutionnaire , comme depuis il en a
fait étant à Mayence; car la chair de ces Carpes,
monstrueuses par leur grosseur , est courte y mollasse
et insipide.
Il y en avait dans les fossés du château de Pont-
chartrain qui étaient très-grosses ; beaucoup avant la
mort de Louis XIY , M. le Comte de Maurepas a dit
à Duhamel qu'il en avait fait pêcher une , pour con-
naître quelle était la qualité de sa chair, qui ne s'est
point trouvée bonne ^ Duhamel a vu servir sur une
table , une Carpe d'une grosseur monstrueuse 5 on con-
vint unanimement que c'était un mets au-dessous du
médiocre. Cependant les Carpes de 1 2 à 1 5 livres de l'é-
tang auprès de Montreuil-sur-mer , et qui se vendaient
( 101 ;
juscpia deux louîs, étaieut ea grande répulatîon.
Duhamel, TraUé général des Pêches , p. 5ii.
La Carpe est du nombre des poissons indiqués dans
t Ecole de Saleme. Le commentateur de Tédition i493,
aous Farticle 8, dit : « La Carpe est un poisson d'eau
c douoe bien connu, mais très-visqueux ; aussi les gens
« ridies le fixit cuire avec le vin , pour lui enlever sa
c viscosité. »
Ce mode de préparation , toujours usité , est connu
en Bourgc^e , sous le nom de moretie, prononcez
(meorette), expression pittoresque dont le radical
mare désigne la couleur noire de la sauce; notre
môreUe est appelée à Paris étuvée.
Suivant Amauld de Villeneuve, auquel on doit la
découverte de Feau -de-vie , de Thuile de térébenthine,
des eaux spiritueuses, dans son Commentaire de F Ecole
de Saleme, peu de poissons d'eau douce entraient
encore au xiv* siècle dans le régime alimentaire.
PSarmi les Carpes péchéesen août i836 , dans la ligne
du canal, depuis le bassin jusqu'à Larrey, se sont
trouvées des Carpes plus courtes , plus épaisses , à dos
bombé, ce qui les faisait paraître comme bossues. C'est
suivant les pécheurs une simple variété; serait-elle ana-
logue aux Carpes à dos fort recourbé , du canton de
Revermont? Les naturalistes du département de FAin
pourront nous rapprendre.
Il y a dans le canton de Revermont ' en Bresse, deux
r
' Revermont ; on donnait anciennement ce nom à une
seigneurie dn Bagey , dont les comtes de Savoie s'emparè-
rent vers la fin da xi® siècle. Cette seignearle comprenait
les terres qui se troavent présentement entre les Mande-
mens ( remplacés par les Bailliages ) de Coligny et de Pont
d'Ain.
r 102 ^
lacs souterrains , qui se dégorgent dans les sécheresses,
et inondent une grande étendue de pays ^ l'un s'appelle
le Dron, Pautre Cerdnes.
Là terre qui couvre ce dernier lac souterrain , s*élèvc,
en certain temps ^ se détrempe , et Ton voit sortir dé
cette espèce de limon des Carpes dont le dos est, dit-
on , fort recourbé. Après la vérification du fait , il fau-
drait examiner si c'est une espèce particulière à cet
étang , ou si la courbure de ces Carpes vient des Heux
souterrains oii elles vivent.
Beguillet, DescripU de la France, gouvernement de
Bourgogne , p. 264 , [1].
La Carpe est un poisson sur lequel on a beaucoup
écrit ; tous les ichthyologistes en ont parlé. Voyez le
Nomf. DicU dJdst. naU, éd. 2, t. v, p. BaS, et DicU des
se, naU y tom. vn, p. iS5. Elle est susceptible d'acquérir
de grandes dimensions, p. 100, et d'offrir quelquefois des
monstruosités par la difformité de la tête. Rondelet a
donné la figure exacte d'une Carpe à front très-bombé
et à museau très-court , sous le titre de Cyprini mira
specie. De Piscib, lacustrib. Uber, cap. vu, p. i54.
uicU Diinon. , i835, p. 19. Gesner, de AqualUibus p
p. 373 , donne aussi la figure d'une Carpe monstrueuse ,
sous le titre : Cyprinus rarus et monstrosus, qu'Aldro-
vandi , Monstror. historia ,p. 1 42 , 352 , a copiée , parce
qu'on a dessiné une tête humaine pour remplacer celle
de la Carpe.
Cette curieuse monstruosité de Carpe, A et. Dwîon.,
i835 , Se, pp. 77, 78, a reçu des Allemands le nom
de Mopskarpfen. Elle résulte de la brièveté extrênaé
de toute la région maxillaire supérieure , que la* mâ-
choire inférieure , seulement un peu plus courte qu'à
Pordinaire , dépasse de beaucoup en avant. La face se
( 103)
termine presqulmmédiatement au devant de Toeil,
par une sur&ce assez large , quadrilatère , à peu près
Tertiqde, s'étendant depuis la bouche jusqu'au sommet
delà tête. ^L'œil, de grandeur, ordinaire , est placé
piesqu^à égale distance du sommet de la tête et de Ton-
TerUire buccale. Traité de Téralologie, par M. Isidore
G0(ffm SU'UUaire, i83a, tom. i, p. a84-^5 ^ pL i,
Cette monstruosité présente des variétés à raison
de Falongement ou de raccourcissement du museau.
L^aloQgement du museau donne la Carpe à bec pointu
semblable à celui d'un Hochequeue , dont il est parlé,
Au. Paris. , 1747 , Hist., p. 5a , § iv.
Une autre monstruosité bien plus importante pour
nos tables , est celle désignée sous le nom de Carpeau ,
renommée pour la délicatesse de sa chair , et indiquée
par Ihihamel , Pèches , 11* part. , sect. lu^ p. 5i3.
DeLatourrette a publié des Recherches et obsen^alibns
wle Carpeau ^ y dans le Journal de physique , 1776 ,
ofiiûbre^p. 271-^0. U a démontré que ce poisson n^est
qu'une Carpe chez laquelle , par des circonstances par-
ticiiUères, josqu^à présent inconnues, les organes^xuels
ne se sont pas développés, ou sont atrophiés ^. Le D'
Gaspard , dans ces derniers temps , a confirmé d'une
manière très-précisè l'opinion de Latourrette.
Cette yariété de Carpe se pecJie dans la Saâne et est
■ Les petits Carpeânx d'une livre et au-dessous sont nom-
mh à Lyon Pergneeux, saiv. PEncycl. méth. , Dict. des
fiches, p. i43-
* Une autre monstrooaité est produite par Phermapluo*
Atisnie ) aceidenlel dans la Carpe, quoique coustaat dans le
Senraii» Cnvier^ Ifist. nal. des Pois., tom. i^ p^ 17O1 534*
(iOi)
très-recherchée ; elle ofiFre , comme ses congénères , de
grosses dents adhérentes aax os pharyhgiens înférieursî^
et pouvant presser les alimens îehtre elles et un bourrelet'
gélatineux qui tient & une 'plaque osseuse soudée sôt&'
lai !'• vertèfcré^ ce bourrelet , connu vulgaîremfent sbui^T
le nùm Aè larigue de Carpe /recaorré la. dernière pîècë?^
> liiédiaiie de I^pparefl hyoïdien qui feit saillie sous elte,^
Pour engraisser les Carpes , on les renferme dans liàV
petit filet y et on les nourrit dé paan trempé dans du lait^
comme le dît Defham , TTtêolôg, physique y p. iô ,' è*'
ài*rosé par intervalle de quelques gouttes d^eau de vie ,
comme rihdiquef^nçy.méS^., sjsi.ahat.y <.4>P'^4-'
Klein , Fisc. mùc. Ef^tab, xi , /. 4v parie de potb
très-fin^qttePbn' remarque quelquefois sûr la têt€, les
écailles /et lès riayons des nageoires de Cyprinoïdes. •''
Ces poils sont des animaux parasites du genre Lemëé'
et probablement la Lemœa clavatu y Mull. y' Zoàt/-
Damcàytom. i, p. yS. - *>
• Ea Carpe est quelquefois atteinte du Tœnîalatiàepir,'
Pall. , Gmeh, p*. 3o8i, sp. 86, CaryophyUœus pîsciwh,^
Goeze, Gmel. , p. 3o5a, sp. 15 Géroflée changeante',^
Dict. Se. nat. , tom. 18, p. 496 , figurée et décrite dafni'
la traduction de Ton vrage , sur les vers de Bremsérj-
p*. îiS, i36. Appendix^ pi. i, fig. 5.
M. Duquaire, dans un Mémoire sur les Etangs', à^
exposé tbieux qu'on ne Favait fait avant lui les ravages
de certains animaux ennemis des poissons ^ tels sont :
i"" La Grenouille, qui ne se bornant pas au menu
fretin , saute sur les plus grosses Carpes , se oramponne.
sur leur dos , leur implante dans les yeux ses deux,
pattes de devant, leur ronge la peau du crâne, tantôt
les fait périr , tantôt les laisse aveugles. On prévint'
( Î05 )
oeç incdoYénient par la présence des Brochets '. Ces
as9^ons sont dénuées de fondement.
' Les Brochets ne senriraient à rien dans ce cas (en sap*
posant que M. Duquaire Tait tu ) , car y sUl iaut en croire
Duhravius , éYéque de Bohême , le même malheur arrive
au Brochet. Me promenant , dit-il , avec Tévêque Thurzo ,
nr le bord d'un étang , en Bohême , j^ai tu une Grenouille
sauter sûr un Brochet , lui enfoncer les pattes antérieures
daps les yeux | les déchirer avec elles et ses dents; etc.) etc.
Isaac Wfllton , dans son parfait Pêcheur , The compleat
An^T of the Contemplative man*s récréation , 4* cdit,,
London^ 1668, /?. 1479 148^ rapporte les détails du coQi-
bat de la Grenouille et du Brochet , et signale Tobstination
de* la première qui ne lâcha prise qu'après la mort de ^on
adversaire.
€eâiit prouve l'inutilité de la présence des Brochets pour
eiipêcher les Carpes de devenir la proie des Grenouilles»
Au rarplut Walton ajoute : <c Cela parait aussi peu pro*
« bable que l'arrachement des yeux d'un chat par une sou-
« rit. » En effet c'est Thistoire de la souris qui niche dans
l'oreille d'up chat.
Les Anglais ont contribué à répandre en Histoire natu-
iriie des opinions fort étranges , parmi lesquelles il faut ran-
ger celle d'un naturaliste dont parle le prince Puclder Mus-
kan y Mémoires et Voyages, i833, tom. 2 , p, 32o.
ce Les Crapauds , est-il dît, ont la faculté de se propager
a par les pattes de devant. Quand les Crapauds mâles ne
ff trouvent pas de femelles ^ ils se posent y dans les étangs y
« sur des Carpes y fixent leurs pattes sur les yeux du pois-
« son y et restent souvent dans cette position jusqu'à ce que
« les Carpes en perdent la vue. Notre naturaliste assurait
« qu'il avait été lui*méme témoin de cette expérience, qu'il
« appelait spirituellement de l'amour aveugle. j>
U paraît que le naturaliste dont parle l'auteur a voulu ,
pour £iire un calembour^ et mystifier la société où il était.
( 106 )
A Farticle Carpe, Walton, ouu. cité, p. 161, 16a,
rapporte Tassertion d'un propriétaire qoi prétendait
que toutes ses Carpes, conservées dans son étang, avaient
été mangées par des grenouilles fixées si fortement à
leur tête , qu'on ne pouvait l^ en séparer qu^avec
beaucoup de peine, ou en les faisant périr.
Ne serait*<3e pas cette assertion du propriétaire dont
parle Walton, qui serait répétée par M. Duquaire'f^
Tout porte à le croire.
La Carpe à la vérité , n^attaque pas les g^renonillet
comme le Brochet , mais devient-elle la victime de ce
Batracien, comme le dit le propriétaire anglMsPLe fait»
qui paraît au mcans fort douteux , est fondée je pense ,
sur un passage du Traité des alimens , par JUhûs
Lémery, a* édition, p. 878, à Tarticle itfolte//e^ ou aa
trouvent confondues les Loches et les Lottes; il dit au
sujet de ces derniers poissons : a II est à remarqua* qa^on
« les tire quelquefois de Teau avec des grehouiUoB qui
<( leur pendent à la gueule , et qui s'y sont attadkëe»
c( comme pour sucer de la nourriture , etc. »
Cette assertion singulière a pour base une observation:
mal faite. On aura péché une Lotte qui n'avait pas encore
eu le temps d'avaler entièrement la grenouille dont die
s^était saisie, et l'on en aura conclu que le Batracien ,
pendant à la gueule de la Lotte, s'en nourrissait en la
suçant.
Les observations mal &ites sont la source de toutes
les opinions singulières répandues dans le monde.
2'' Le Chat.
3"" Le Putois. Voyez le Mémoire sur les Etangs, par
M. Duqoaire , dans les Mém. de la Société dAgriemlr^
ture de Lyon, 1834 , pp. 46, 47.
( Î07)
L^aateur n'a signalé ni la Loutre ' , ni le Rat d^eau ^ ,
SBDS doute parce que les habitudes de ces carnassiers
flooc as^ez connues. Mais il aurait dû parler du Ga^nard,
qui est un des plus grands ennemisdu poisson, et la
peste des rivières et des réservcûrs qu*il dépeuple.
Dans les forêts de PAustralie , le D. Morsten a décou-
vert une espèce d'araignée , qui a neuf pouces d'enver-
gare, kait pattes et six yeut , le corps d'un gris sale ,
zébré et tacheté de petits points rouges. Elle affecte
particulièrement les endroits humides et marécageux ,
se retirant dans des troncs d'arbres pourria. oii elle se
creuse un trou tubuleux de six pouces de diamètre,
grossièrement tapissé d^un enduit plastique et filant
dreux, qui ressemble assez à de Tamadou.
Ces araignées descendent de .Ifsur retraite ^ geignent
lefixid de Teau, d'oii elles sortent souvent japrès^^ne
demi hfure, çpaportant avec elles, tfintô|i de petits
p(HSK»ns^ des larves ou gros vers. Reifufi,bril(mmqiie ,
i835, lom. jLyiiip. 177.
l^ fiunille des araignées , qui offirait déjà jine .e3pèce
diasseresse, en a donc une autre pêcheuse. C'est dans
r^Qftralasie un nouvel ennemi des poissons , ^ robser-
vation du dpcteur Morsten est exacte.
' Pottrs'atinrer si les ravages exercés d*BS im^l^g, sont
le&it de la Loutre , il faut placer sur les bords de l'étang
q«el(pie8 pierres blanches , sur lesquelles les Loutres vien«
Beat fiettter , ce qui donne la certitude que l'on désire.
* « Le Bat d'eau , m'écrit M. Baudot, se place dans les
baillons qui se tronyent sur les bords de la Saône , pour y
guetter sa proie ^ et n'attaque que le poisson de moyenne
poMeur; il est souvent attaqué lui-aiém^ par la Loutre ,
<|«i le saisit et le mange. »
( 108 )
A. Reinc des Carpes ; Cyprin spéculaire \ Carpe à ini-
roir; Carpe à Cuic. Cjrprinus carpio, &. macrolopido^
tus, y^ alepidotus , Gmel., S. N», édit. xiii, tooi. i^
p. 141 1 , sp. a , var. /3 , y . : ,
JonstOB, de Piscibus, tab, aç ^fig* a , Spiegelkarpf.
Marsili, Danub, Pannon.y tom. ly, p, 69^ tab. ao. Gyprinos ii.
Duhamel , Traité général des Pêches , ii« part. ^ sect, m , p, SiOy
p. 556 , pi, XXVI , fig, a.
. Meyér , Représ, , tom, 1 ^pl, 8. Carpe Dauphin , à cause de la têt€
tronquée. Voyez ci-dessus, p. loa.
filoch , Ichthyolog, , part, i , pag, 89 , pL 17.
Bonnaterre , Tabl, Ichthyolog. > p. 189 , pi. 76 , ftg, 3i8.
Lacépède^ Hist, nat. des Poissons , tom. 10 ) p, 3a6.
. Nouv. Dict. d'Hist, nat., éd. a, tom* 5, p, 3^9; tom, 9, p* f^f
tom* 39 , p. 137.
l^ict. Se. nat. , tom. viij p. li^y sp. 5y p. i43 9 sp, 6 ; tom. xlt ^
p. ^y y aiÏBSy pi. ôg, fig.'Q.
Cette variété accidenteHe de Carpe ne {leut pas cotisa
titner une race ' , encore moins une bu deux espèces ,
comme l'ont fait plusieurs auteurs : elle est à là Carpe
ce que la Tanchor est à la Tanche. Elle est assez ratre
dans notre département , et c'est seulement parhaseùrd
que tous lés ans on eh rencontre une ou deuk en péchant
les étangs.
L'échântilt'oti sur lequel j'ai fait mes observations ,
était laite , et de la taille de 1 3 pouces depuis Textrémité
' Malgré, rassertîon de CuTier formulée dans les termes
suivans :
oc L'on eu {àeGatpe) élève une race à grandes écailles ^
a dont certains individus ont la peau nue par places ^ on
«c même entièrement ^ que Ton nomme Reine d$s Carpes p
« Carpe a Miroir, Carpe à Cuir, etc. » Règne animal p
tom, ^ 9 p. 271.
Hermann, Observai, zoologicœ, p, 3i6 , ^ij^ regardait
le Cyprin spéculaire comme une simple variété de Carpe*
(109)
de la téce ^ jusqu^à la naissance de la nageoire caudale;
ilm^ayait été donné par it. Dupuis , marchand de pois.
SOQ, qui Pavait trouvé dans les étangs fangeux de De-
ffligny , empoissonnés depuis deux ans.
Cette variété diffère de la Carpe ordinaire par la pré-
sence de larges écailles , placées sur les deux c6tés de la
crête dorsale, et celle dequelques autres disséminées irré-
gniièrement sur le corps , dont la plus grande partie de
k aur&ee^ lisse, d'un gris jaunâtre, ou couleur de
j^aise , imitait du cuir poli ; disposition qui explique un
des noms donnés à cette variété.
La grandeur des écailles, leur largeur, et leurs reflets
ks ont Êdt comparer à de petits miroirs , cause d'un
autre nom sous lequel cette variété est connue.
La taille plus considérable de cette variété l'a fait
ip|ieler Beine des Carpes.
(Test donc bien à tort que Bonnaterre a joint un asté-
risque au nom de ce poisson , comme espèce non in^
diqoée ^r Linné dans son Systema naturœ.
Cette variété est plutôt remarquable par sa rareté que
par rexcellence de sa chair , qui ne vaut pas mieux que
celle d'une Carpe vulgaire de pareille taille.
n serait curieux de savoir quelle est la disposition
individuelle qui favorise le développement des écailles
sur plusieurs parties du corps , et leur chute sur le reste,,
car à répoque où l'on empoissonne les étangs on ne re-
marque aucune différence syr les individus qu^on y
projette. On peut présumer que des organes digestifs,
plus énergiques dans ces individus, favorisent d'une
manière puissante leur développement , et celui d^un
certain nombre d'écaillés , en provoquant la chute des
antres. Cette cause est probable si Ton fait attention au
nombre, des dents pharyngiennes de cette variété j j'en
( 110 )
ai compté six à une mâchoire et huit à Tautre ;*et
Cuvîer n^en accorde que quatk et quelquefois cinq à la
Carpe ordinaire.
J'ai vu la couronne plate et sillonnée en travers de
deux dents se détacher cocàplètement de leur support y
d'oii je conclus que les couronnes des dents pharyn-
giennes tombent. Il est difficile de prouver si elles se re-
nouvell^it, comme le dit Jurine. Je suis porté à crcrâre
que les couronnes tombées, les dents s^oblitèrent, et
j'attribue à cette cause la diminution idu nombre des
dents. On peut voir dans d'autres Gypriils la couronne
se détacher de même : je m'en suis a^uré plusieurs fi».
On doit sans douté à cette chute la différence signalée
dans le nombredes dentô qu'il iaut toujours fixer d'après
le plus élevé.
Je ne parle pas de la plaque dentaire pharyngi^ine
supérieure, ënchatonnéedans la cavité triangulaire sphé-
rique de l'apophyse de l'os basilaire, parce qu'elle res-
semble à celle de la Carpe ordinaire ^ les dents pharyn*
giennes inférieures sont également à couronne plate
sillonnée. Il en est de même de la structure singulière
des apophyses des premières ^ vertèbres de la colonne
dorsale \ de celle de l'apophyse de la 3* vertèbre de
l'épine, apophyse appelée Os mitral, par Petit, ^d»
Paris», 1733,/?. 2i3, aai, et regardée par Cuvier,
comme formée par de simples démembrcmens des apo-
' M. Weber voit les analogues des osselets de Foreille
des mammifères dans les pièces osseuses qui sont aux côtés
des premières vertèbres , et qui soutiennent la vessie natoire
des Cyprins. Ces pièces ossenses , qui sont de simples dé-
membremens des apophyses transverses des premières ver-
tèbres , ont une connexion médiate avec le labyrinthe.
T^oy, Cuv. , Hisl. nat, des Poissons , tom, i y p» 4^3.
(111)
pbysâs transverses des premières vertèbres : cette struc*
tore singulière n'ayant point été signalée à Farticle de
b Carpe ordinaire , je vais en donner une idée ,
poisqu'ancun naturaliste n'en a parlé.
Les Pariétaux se touchent sur une grande partie de
ieor kmgueiur, Fos impair est en arrière d'eux» et
peut être regardé comme un occipital supérieur ^
pourvu postérieurement d^une crête mince irrégulière*
mentdattelée, et élargie supérieurement pour former
an lai^ sillon triangulaire.
VOcdpital inférieur ovL B asilaire est remarquable
par la dilatation de sa portion inférieure et par le
prolongement de sa portion postérieure, imitant un
prisme triangulaire creusé à sa face supérieure. A l'os
banlaire appartient la facette articulaire , en forme
de cAne creux , par laquelle la tête s'attache au corps
de la première vertèbre , très-mince et , seulement de
diaque coté , munie d'une apophyse , épineuse trian*
pdaire courte.
La a* vertèbre est pourvue de cinq apophyses , dont
quatre latérales , et une dorsale ; les deux latérales an*
térieures dirigées horizontalement , sont aplaties à leur
atfémité , rayée en dessus.
Les deux autres latérales postérieures très -larges,
partent de la partie moyenne du corps de la vertèbre;
dies sont aplaties et imitent les ailes de fer blanc
attachées aux Oiseaux de plaisir. Leur partie anté-
rieure passe sur les deux apophyses antérieures de
cette même vertèbre, et leur partie postérieure se
£rige au-dessous des apophyses antérieures de la troi-
âème vertèbre; mais elle se redresse pour ceindre
leur base.
La 3* vertèbre est également pourvue de cinq apo-
( 112 )'
pbyses , dont la dorsale confondue avec celle de metâe
nom de la 2" vertèbre , concourt à la formation d'aune
énorme et large crête verticale dont réchancrure pos*
térieure est bornée inférieurement par la petite pointe
de l'apophyse dorsale de la 3® vertèbre.
Les quatre autres apopbyses dirigées perpendiculai-
rement en bas , paraissent n'en faire que deux ; la base
des plus longues apophyses part de Tapophyse dorsale. .
Les apophyses les plus courtes prennent leur origine
à la partie inférieure et moyenne de la vertèbre.' Ces
pédicules, après s'être avancés horizontalement, s'élar^
gissent subitement en se dirigeant en bas, après avoir
fait corps avec une portion des deux premières apo-
physes.
Une suture réunit les apophyses les plus courtes , qui
présentent alors une plaque terminée par un <x)urt
prolongement, à Textrémité duquel se trouve un
petit bouton comprimé.
Cette plaque a été indiquée et figurée par Petit ,
ulct. Paris., 1733 , p. 2i3 , aai , sous le nom d'o5 mi^
irai, à cause de sa forme.
C'est contre cette plaque que s'appuie la partie pos-
térieure du prolongement de Tos basilaire dont nous
^vons parlé plus haut.
VIII. La Dorade ' de la Chine , Oyprinus auratus,
Linn. , Gmel. , S. N. , tom. xin , p. 141^8, sp. 7.
" On lit dans le Dict, pittor. d*Hist. natur» , i835 , tom^
2 , p. 5y4 ' Dorade ( poîss. } , nom valgaire du Cyprinus
amants y Linn •
L'auteur a sans doute voulu dire Cyprinus auratus, Linn.,
car Linné n^a point de Cyprinus amarus ; c'est Bloch qui a
adopté ce dernier nom pour désigner la Bouvière.
(113)
Baster, Oper* suhsces,^ tom, a, p. 78 , tah. 9.
' Dflfaamel, Traité général des Pêches, tom. 3, p. Sy , 122, ii*
pirt,, sect, it, pli M
Les figures i-5 oui été copiées par Bonnaterre, Tabl, encyc, Jcht, ,
P^' l^jfig' 324-3a6, pL 79 , fig, 337.
JBncyclopédie méthod. , Hist, nat. , tom, 3 , p. 209. Poisson doré
iélaCliitte , />« 217 » Kin-yu.
Bloch. f Ichtkyologie , part, m ^ p, loa , pi. xciu et pi. xciv , fig.
1-5.
Lacépède , Bist, nat. des Poiss., édit. i/t-ia , tom. x, p. 36o. Le
Cyprin doré.
Timweau dict. d*hist. nat., édit. a y tom. ix^ p. 69. Cyprin doré.
Dict. se. nat., tom. yii , p. i43.
Epines dorsale et anale dentelées. Ce poisson , d'abord
noirâtre , prend par degré ce beau rouge doré qui le
Guractérise et lui a fait donner vulgairement le nom
de Poisson rouge. '
Ce Cyprin , transporté depuis plus de deux siècles, de
U Chine en Europe , est actuellement assez répandu
dans cette dernière partie du monde. Il supporte aisé-
ifient les variations de température de notre climat , et
daii9 plusieurs localités on Télève dans les bassins.
Les premiers Cyprins dorés que Ton a vus en France,
y ont été apportés d'Angleterre , oii ils étaient connus
depuis 1611 , pour la Pompadour ' , dont les salons
aidbrés jouaient un si grand rôle sous Louis XY.
' Un asses joli conte I intitulé Le Pigeon blanc, dont
Diderot ayait fait quelques lectures à ses amis, et qui pou-
tait alors contenir quelques applications sur le roi, M^ue de
Pompadour et les ministres , avait éveillé y en juillet 1749 >
la tolUcitude de M. Ber rie c 9 lieutenant de police à cette
époque. Mémoires, correspondajice et ouvrages inédits de
Diderot, i83o, tom. lyp» 28.
Gt conte blxiu, comme le désigne l'auteur, est publié sout
le nom soirant : V Oiseau blancs ilpouTait avoir dans le
8
( 114 )
La bassessç de certains courtisans , dans l'espoir d'ob-
tenir des faveurs du Souverain , a voulu conserver le
nom de la favorite, en l'appliquant non-seulement à
deux oiseaux : Columba Pompadora, Lath. , et ^m-
peUs Pompadora, Linn. , mais encore à deux {dan tes ^
Tune le Cafy-canthusJIoridus, Linn. , et l'autre une es-
pèce de Quadrette , comme le dit Bosc , dans le Nouv.
Dieu cthist, naL, édit, 2, iom. 27, /?• 56i.
On peut voir des poissons rouges ou des Cyprinsdoréi^,
dans les boutiques de plusieurs marchands, mais surtout
dans le grand bassin du Jardin botanique de Dijon, oii
ils passent l'hiver.
Lorsqu^on les élève dans des bocaux , on les nourrit
avec des fragmens de petites oublies ou de la mie die
pain.
Il est des amateurs qui , pour se procurer un spec-
tacle extraordinaire, font febriqu^ de vastes bocaux
à doubles parois. Ils placent dans le centre une €»ge
remplie d'oiseaux \ l'intervalle entre les deux parois- est
rempli d^eau ; on y place des poissons dorés , et l'on a le
temps quelque sel^ mais il est aujourd'hui fort insipide et
surtout très-insignifiant. On peut le lire dans les CEus^res
complètes de Diderot, 1 81 9 , /. v , 1 '« part. , p. 1 94-246.
^Un M. de Resseguier s'est fait mettre à la Bsstilie, pour
des vers très-yiolens et très-bien faits contre le Roi et M*<*
de Pompadour.
VEpttre de Satan à Voltaire est de ce même de Resse*
guier : Tàbbé d'Oliret a été l'éditeur de cette mauvaise fif^-
tre, et M. de Pompignan le censeur. Mém* cités, p. %56.
V Epttre d,u Diable à Voltaire est mise par Barbier , Dici.
des Anonym. , sur le compte de M. Giraud | médecin, lilais
l^issertion de Diderot doit être préférée*
( 115 )
plaisir de voir voler des oiseaux au milieu de poissons
qoi nagent.
Lorsque les Cyprins dorés sont enfermés dans des
imses, ils n'atteignent guère que la taille de six à
huit ponees; mais dans les étangs, ils atteignent celle
de douze à quatorze pouces.
Pai vu deux échantillons de ce poisson , pris au mois
d'octobre i836 , dans Tétang de la commune de Saint-
Gennaio-du-Bois , ( département de Saône-et-Loire ,
arrondissement de Cfaâlon , canton de Buxi ). Les pe-
diears les regardaient comme des variétés accidentelles,
et ne redberchaient point à quelle espèce de poisson on
poavait les rapporter -, ils se contentaient de les dési-
gner sous le nom de Poissons rouges , Carpes rouges; la
eooleur en effet était aussi vive que celle des Cyprins
delà Chine. On remarquait à la surface de leur corps des
pointsdorés très-brillans et des reflets dorés fort éclatans.
Dans ce fioisson, la dépression de la tête , au point
de son adhérence à Fépine, est très-sensible^ la mâ-
choire inférieure est fort ascendante ; la ligne latérale
est droite , composée de 29 à 3o glandes ^ les écailles
sont grandes.
Près de chaque narine, antérieurement et supé-
rieurement , on remarque une membrane redressée
qoand.le poisson est dans Teau , et affaissée quand on
Fen extrait *, c'est une valvule , ou une espèce de soupape
qui recouvre l'ouverture de la narine , comme on le re-
inarque dans les Crocodiles. La longueur de la tête- est
trûs fois dans celle du corps , à partir de l'opercule à
l'origine de la queue.
La largeur du corps est deux fois et demie dans sa'
longueur totale , depuis Textrémité du museau jusqu^à
l'origine de la queue.
( 11« )
L'échantillon que j^aï examiné avait sept pouces et
demi. La nageoire dorsale, composée de dix-neuf rayons^
s^étend depuis Torigine des ventrales jusqu'au-delà du
point antérieur de Tinsertion de Tanale , à laquelle on
ne trouve que six rayons ; les ventrales en ont neuf. La
caudale est fourchue. L'appareil dentaire pharyngien
offre supérieurement une plaque ovoïde, sertie dan^
une cavité de même forme de Tos basilaire.
' Les dents pharyngiennes inférieures , au nombre de
quatre à chaque mâchoire , sont disp<^es sur un seul
rang : trois ont la forme d'une hache dont le tranchant
serait tronqué et imiterait le dos d^un couteau; la qua'^
trième est cylindracée. *
Cette espèce , voisine du Gàrassin et de la Gibèle ,
diffère de Pun et de l'autre par des caractères impor-
tans -, et pour en signaler la différence , je vais la mettre
en regard des caractères comparatifs, des deux derniers
poissons, donnés par Bloch^ IchthyoL, page 63.
Gibèle ' . Carassin * . Cyprin de la Chine.
Ecailles grandes. Ecailles plus petites. Ecailles grandes.
Ligne latérale courbée. Ligne latérale droite. Ligne latérale droite.
Kag. caud. en croissant. Nag. caud. droite. Nag. caud. fourchne!.
A- 8 ray., D, 19. A. 10 ray., D. ai. A. 6ray., D. 19.
Double rangée de dent3 Rangée simple de Rangée simpl&de dents
pointues, au nombre dents arrondies, an euformedeliache^an
de huit. nombre de cinq. nombre de quatre.
' La Gibèle est . mentionnée par Cavier dans les termes
auivans ; oc à corps un peu moins haut , à ligne latéirale ar-
ec quée vers le bas , à caudale coopée en croissant, j»
£lle est plus commune autour de Paris. Règne anim^p
édit. 2 , tom, ii^ p* 271 .
* ce Le Carreau, Carassin, à corps très-éleyé | à ligne la-
( 117)
. Au premier coup-d œil , on prendrait l'espèce que je
décris pour upe.Gibèle ou pour ua Garassiu; mais, un
examen plus attentif aura bientôt &it remarquer les
différences.
Son corps est couvert de grosses écailles , même au
▼entre, qui, dans les autres espèces , n'en a que de
petites ; ses ovaires sont considérables , même au mois
de novembre. m
Làveàux y dans la traduction , &it dire à Bloch : « La
« Gibèle n'a pour séjour que les petits lacs et les ma-
« rais, où elle est exposée à être dévorée par les
.« Grenouilles qui Tentourént. »
Mais Ginelin rétablit le texte en disant : Oi^aparU a
ranis sœpius devoraia. Ce qui est conforme à Tassertion
.de Bloch *. ^ i .
Il parait que Lavea^ux , en tr^uisant , se rappelait le
préjugé signalé aux articles Carpe et Brochet.
La .chair de la Carpe dorée est tendre , savoureuse.
Ce poisson offire , dans ses couleurs et dans ses na-
geoires, de nombreuses variétés : tantôt il est sans dor-
sale, d'autres fois il n'en a qu!une très-petite. La figure
.et Ii^ taille de la nageoire de la queue varient extraor-
dinairement \ aussi ont-elles fourni à Martinet l'occasion
« térale droite , à tête petite , à caudale coupée carrément. »
Il est rare dans nos enyirons , mais fort commun dans le
Nord. Ouv. cité ^ /?. 271.
iV. B. Dans le Dict, des Scienc. nat, , tom, yii y page 38 y au mot
Charaésin, on est renvoyé k Particle Carpe , où il n*est nullement
question de Charassin,
' Bloch dit : Der Frosch seinen ( Cyprinus Gibelio }
laich. verzehret. QEconqmischae naturgeschichte der Fische
J^eutschlands Erster theit, lySzyp. 72.
(118)
de (aire des gravures qui , réunies au nombre de 4^
planches, composent un ouvrage intitulé : HîsU nai.
des Diyrades de la' Chine, 1780 , et dont le texte a été
rédigé par de Sauvigny;
Le Cyprin doré a la vie dure; sa chair, au dire de
Bosc, est agréable à manger \ cependant , jusqu'à cette
heure , on s'est contenté d'élever le poisson doré , seule-
ment par curiosité. Il a quatre dents pharyngiennes
comprimées et tranchantes ; il fraie en mai.
M. Malot, à Yillers-les^Pots, élève dans les bassins
cle son jardin une grantle quantité de ces poissons.
Le Cyprin doré, si' recherché à la Chine, n'est pas
le seul poisson que l'on puisse élever dans des vases,,
pour l'agrément.
Les habitans de Tenasserim et de Mergui en ont tm
autre. Dans ces provinces de l'Asie orientale , oii les
combats de lutte , de pugilat , de buffles, de coqs , sont
fort à la mode, « on élève pour le combat tme espèce de
poisson que les Siamois appellent PlakaL Ces poissons
sont enfermés dans un grand vase , et quand on a fixé
les termes du combat et que les paris sont arrêtés ,
chaque amateur met un poisson dans un bassin d'eau
froidie. Dès que les deux poissons s'aperçoivent, ils
courent Pun sur l'autre, et le combat ne finit que
lorsqu'un des poissons succombe 3ous les coups de sdn
adversaire. » Nouy. Ann. des F^ojag, ^ x^'iS ^ lom.
3, pag> 395.
L'auteur n^indiquant d'aucune manière Tespèce de
ce poisson ni les armes dont il foit usage, reporte invo-
lontairement nos idées sur les combats ou duels de
hannetons, avec lesquels s'amusent les enfans; ou sur
les combats du Bourong-gema, Tilrnix combattant,
Hemipodius pugnax, Temming, oiseau très-recherché
(119)
des Javanais pour son habitude des combats ; ou enfin sur
ks combats de coqs , à Toccasion desquels les habitant
de Bornéo n'achètent de Tacier de TEurope que pour
garnir les éperons des coqs, armure qu'ils préfèrent
quand elle est feite d^un morceau de rasoir, au dire
d'un Toyageur cité dans les Nowdles Annales des
Foy^iges^ i832, tom. n^p. i3«
Les combats de coqs étaient aussi de mode en Angle-,
terre , ou , pour augmenter Tardeur de ces oiseaux dans
les combats et les rendre vainqueurs » quelques cham-
pions avaient le secret de leur &ire avaler de TaiU
Joum.. de pharmacie , 1819, sepU, p. 4^9^
Les Chinois élèvent et dressent des cailles et même
des grillons pour le combat.
. Tous ces rapprochemens ne mettant pas sur la voie
pour retrouver le poisson combattant , il faut diriger
90s recherches d'un antre câté.
n suffît de se rappeler un genre de poisson désigné
tous le nom d' Acanthure , et dont le caractère se tire
de la quene armée de chaque côté d^une ou plusieurs
finies épines mobiles. Dans l'état de repos, ces épines
sont inclinées vers la tête et couchées contre le corps ,
danstinefosscjtte longitudinale, dont le poisson la &it
sortir à volonté pour la redresser perpendiculairement
iox câtés de sa queue et la rendre une arme très-dan-
gereuse.
Ces fortes épines mobiles , tranchantes comme une
lanoette , font de grandes blessures à ceux qui prennent
ees poissons imprudemment.
C'est donc à une espèce d' Acanthure quHl fout rap
porter le Plakat. On ne^ pourra la déterminer exacte-
ment qu'à la vue du poisson \ car le genre est trop
nombreux, comme on peut le voir dans Guvier, Hisi.
( 120 )
nat. des Poiss, , tom. x, pp. 1 66-256, pour réussir k
bien nommer Téspèce en question.
C'est aussi au genre Acanthure qu'il fetit rapporter
le poisson vénéneux dont il est question dans le para-
graphe suivant.
Le fleuve Bendjer, dans Plie de Bornéo, nourrit un
poisson vénéneux qui pique les pieds des gens em{doy^
à traîner les bateaux par dessus la barre. Cette blessure
fiiit aussitôt gonfler Ja jambe avec une inflammatîoik
violente et cause lé délire qui est bientôt suivi de la
mort ; car , jusqu'à présent , les indigènes n'ont pas dé-
couvert de remède pour guérir ces accidens terribles.
Eyriès, Abrégé des Voyages modernes y tom* xu , pp.
\rjrj^ lyg. Ce poisson appartient au genre Acanthure-,
dont une espèce, (Acanthure bleu) , est décrite et
figurée par Puhamel; Pêches , tom. 3, sect. iv, p. 6S'^
pi. xu jfig* 3 , sous le nom de Porte^IanceUe.
M. Isidore Geofiroi Saint-Hilaire a quelquefois pro-
duit Talbinisme chez dé jeunes Cyprins dorés de la
Chine , nés avec leurs couleurs normales ; il lui suffisait
pour cela de les placer pendant quelques semaines dans
de Peau de puits. Si l'expérience durait trop longtemps,
ils ne tardaient pas à dépérir et à mourir; si au con^-
traire on l'interrompait et qu'on replaçât les jeunes
Cyprins dans de l'eau de rivière, on les voyait peu à
peu reprendre, au moins en partie, leurs couleurs nor^
maies. Traité de Téraiol. , l832, tom. i, pp. 299, 3i8.
IX. La Bouvière ou la Peteusb. Cjprmis amarus,
Blochy Gmel. , S^t. nat. , xiu , p. i433 , sp, 49*'
Gesner , JDe jiquatilibus , p, 27. De Bubuica Bellonii.
Aldroy. Depiscib.,p. 620. De Bubuica B^nouii.
Duhamel, Traité général des Fichés, 2^ part., iii« sect, , p. 5i4 9
pi. xxyi, fig» 5.
C Ï21 )
BottBÊieney JSneycL métk. l'ahleau icMyol.,pl. 60, fig, 3^3.
filgch, IckÈky^lagie , part. \^p. ^^ pL, \iii yfig, 3.
J.EttmsoiUyObseivat» zooUfg,,p. 3ao. filickleiu.
lac^pède, Hist, nat. des Poiss,, tom. xi y />. 68. '
JAiir. JXct, d'HUt, nmt; éd* a, tom, 9» /F. 76 y Idir. 4 1 P* s86»
Snf le Z2£(;t. dgsi sci^Hcei nat, ,. tom. y t p. sdop^ on reuToie aa
not Cl}fpnn,oii la BouTière n'est pas .mentionnée ; et au mot Péteuse,
toB XZX1X , p. ào5 f 'on est renyoyë an mot Soupière.
D,,io : fr, 7 : V, 7 : A, 11 : C, 20. . "'
3o vertèbres, et 14 paires Ae câtes.
Le Dom de Bouvière a été donné à ce poiâsbn', parce
qoW le trouve dans la boue , ou plutât parce qu'il a
on goût de boue , x>u peut^tre à causé de la. boue que
FoD trouve dans son pbarynx : de là Boueière. Belon ne
8*étsait point rappelé cette circonstance , ni celle de la
conversion du v voyelle en f^ consonne, a eniployé
le CSminin de ÈUbulcuSy cW-à-dire Bubulç'a, four
désigner ee poisson qui n^a aucun rapport avec un
Ixmvîer.
Duhamel, p. 5 il 9 dît : « Je ne sais pourquoi on
« nomme ce poisson Péteuse. » * 1 •
S'il eût consulté Gresner , de Aquai. , p*vj ^ il aurait
la : ^fiKi Péteuse , àbombis obscœnis tracta, etci Le
bruissement produit par ce poisson lorsqu'on* le; saisit
est la cause du nom qu'il porte.
Ce bruissement s^observe encore dans la Loche de
rinèrë, Cobitîs tcenia, Linn. , mais surtout dans le
Hisgum , Cobitis fossilis , Linn. , poisson très-commun
dans lès fossés autour de Mayence.
Les pêcheurs de la Saône ont tellement altéré le se-
cond des noms de la Boueière , qu'ils l'ont presque ren-
du méconnaissable ^ en effet ils emploient le mot Pe/-
Iftet, PeuUet, pour désigner ce poisson : voici com- '
inent cela est arrivé :
Au lieu de Péteuse, féminin, ils auront dit Peteu,
( tM)
masculin 5 et en variant très-peu la pnmônciatioD , ils
ont fait Peuheu, puis Peuhé, en adoucissant la der-
nière diphthongue -, et enfin PeuUet , PeUeieL On sait
combien Torthographe des mots varie d'après la pro-
faonciation. On eti a la preuve journalière dans les re-
lations des voyageurs ou les noms d^un même lien sont
si différemment écrits , à raison de la prononciation.
Un pécheur m*a apporté cç poisson sous le nom de
Gesner^ de AquaiiUb. ,p. 27 , sous la rubrique fiu^
bulca Bellomif rapport^ les propres expressioiis de
ribhtbyologiste français; et, p', 874, £n. 49 > îl parle
du même poisson (sans le.rapprochér de celui de Belon)
dans les termes suivans : « In Albi flumine pisciculi
« quidam , Carpis exiguis similes , caïuuntur ktiuaculi ,
« amari, ingrati,.Oberkottichen dicti : Piscibus albis
« adnumerant ; » et p. 844 9 ^ ^^ ^^^^ encore sous le
nom de Riemling.
Chàbwsseauj nom que les pêcheurs du Poitou et
d^Aunis donnent à un petit poissoil de deux ou trois
jppucçs de long , dont les écailles sont petites et blai^
ches, qui a, depuis les ouïes jusqu'à la queue,
une bande de deux à trois lignes de lai^ur , d^un bleu
clair et luisant. Il a un petit aileron sur le dos, un ou
deux derrière Tanus ; Talleron de la queue fendu , deux
nageoires sous la gorge , une derrière chaque ouïe , et
la tête petite. Encjrclop. ïïnéth., Dict. des Pèches^
p. 35.
L^auteur ne dit pas si c'est un poisson de mer ou
un poisson d'eau douce : dans ce dernier cas ce serait
la Bouvière , à laquelle on donne à tort deux anales.
Duhamel , en parlant de XdiBomfière ou Péteuse, dit :
a Petit poisson d'eau dopce^ qui y par la fiurme de son
( 123 ;
corps, a, en petit, assez de ressemUance avec la
Carpe. »
Malgré des caractères aussi précis, ce poissoD a été
confondu avec d'autres , par les auteurs qui se borneot
à copiisr, sans examiner les objets. De la Chesnaye-
des-Boîs, IHct. raisonné et universel des animaux , en
foomit la preuve aux mots Bouuier, tom. i; p. 33o,
H Péteuse, tom. 3 , p. 409 , où les descriptions ne con-
viennent nullement au Cyprinus canarus,
Ob trouve encore Une autre preuve de cette confu-
sion dans le Dieu théor. eiprat. de chasse ei de pèche,
(ptrDelisle de Sales) , où, dans le tom. i, /?. 101 , ou
lit : « BoirviEE , poisson de rivière , couvert de petites
eailles argentées et perlées , quoiqu'il se tienne ordi-
annment dans la vase ; il n'a que trois à quatre do%ts
ée longiieur ; ou le croît apéritif. Le peuple , qui s'en
nourrit , lui a donné les noms de Péteuse et de Rosière, »
DlQsle t4»n. 2 , p. 3ao, ou lit : a Rosière, Cyprin
long d'un demi pied ; sa chair est bonne à manger ,
quoique de difficile digestion. »
Ge dernier passage , copié d'autre^ ouvrages > n'a pas
de rappcHTt avec le poisson qui nous occupe.
La Bouvière aime les eaux pures et courantes qui ont
tm fond de sable ; elle se reconnaît par sa couleur ver-
deur en dessus et d'un bel aurore en dessous ^ le deu-
xième rayon de la dorsale forme une arête assez roide.
C'est le plus petit des Cyprins d'Europe ; sa taille est de
12a i5 Ugnes au plus ; il est transparent , comme presque
tous les petits poissons.
Ce poisson ne fait pas un objet de gain pour les
pêcheurs; ils y font même si peu d'attention, que
Soch n'a pu apprendre d'eux le temps du frai. Cet
auteur donne comme syn^myme du Cjrprinus amarus.
( 124 ) ^
dont la chair est amère , le petit Phoxinus de Rondelet,
de Piscib. fluv^iailL liber, p, 2045 mais c'est une erreur.
Ce petit Phoxinus est une BordeUère , bien caractérisée
par la longueur de sa nageoire anale.
Bloch donne encore pour synonyme de la Bouvière ,
la petite Bambele à écailles , de Gesner , De AquaiUxb.,
p, 843. Mais en recourant au texte du naturaliste suisse,
on remarque que la taille assignée à la Bambèle , ne
convient nullement à la Bouvière.
Malgré sa petitesse , la Bouvière se trouve quelque-
fois enveloppée dans les filets ; mais les pécheurs ne
daignent pas la ramasser , ils rabandonnent-sur place ;
on la prend au printemps pêle-méle avec les Ablettes.
Elle fraie en avril et en mai ; à cette époque elle a une
ligne dHin bleu d^acier , de chaque côté de la queue :
ses œu& peu nombreux, sont fort gros , ainsi que j'ai eu
occasion de l'observer.
Gomme il faut vider ce très-petit poisson , ainsi que
tous les autres , pour le manger , il est bien difficile de
ne pas rompre la vésicule du fiel , de la grosseur d*tm
pois , située sous le lobe droit du foie qui est très-volu*-
mineux : alors , ce poisson est d'une amertume insup-
portable ; il a d'ailleurs un goût de vase désagréable ,
( cause de son nom Boueière ) \ aussi n'est-il jamais
servi sur les tables.
Ce petit poisson a la tête plus large que le corps \ et
au dessus des ouïes elle offre une grande résistance ; le
front est aplati , les narines sont très-ouvertes et un peu
saillantes , les yeux sont rouges.
Ces poissons vont ordinairement au nombre de trois
ou quatre et se poursuivent continuellement.
L'appareil dentaire de la Bouvière présente supé-
rieurement une plaque ovoïde enchatonnée dans l'os
( 125 )
basilaire , pourvu d^un appendice triangulaire horizon*
tal , portant dans son milieu une lame perpendiculaire.
Les deux mâchoires inférieures portent chacune
cinq dents crochues placées sur une seule rangée.
a* sous^genre. Barbeaux. Barbus, Cuv,
Ce sous-genre a pour caractères : la dorsale et Tanale
courtes ^ une forte épine pour second ou troisième rayon
delà dorsale ^ quatre barbillons , dont deux sur le bout,
et deux aux angïes de la mâchoire supérieure.
Par les nageoires , dorsale et anale , très-courtes , ce
poisson diffère des Carpes , oii la nageoire dorsale
longue, a, ainsi que Panale, une épine dentelée pour 2*
rayon. Il se sépare naturellement des Goujons qui
manquent d'épines à toutes leurs nageoires , des Tanches
qui sont dans le même cas et dont les écailles sont très-
menues , des Brèmes et des Ables dépourvues d'épines
et de barbillons.
X. Le Barbeau commun. Ç/prlnus barbus, Linn.^
Gmel., S. N., édit. xui, p. i\o^^ sp. i.
filoch y Ichlhyologîe , part, i , p. 91 , planche xviii.
Dahamel, Fiches , a* part, , sect m, p, 5i<^j pi. xxyu^ftg. i*
JkAean ou Barbotte ) fig, u j mâchoire iuténeure yers le ba« des
krachies '.
* C'est un 08 pharyngien qui, dans les Cyprins, se reconr'»
lie pour entourer nne partie de l'œsophage.
On trouTe dans le Coluber scaher, Linn. , Gmel. , S. N,,
éiL xzn ^ p. 1 109 , n^ 272 y Anodon scaber, Smith ( l' r^/io-
doM de Klein y saivant le DîcL Se, nat, i, ^^ p, i83 ; Nouv.
Dict. d*Hist. naU, éd. 2 , t. 2 , /?• i25 , que les natura-
listes postérieurs n'ont pas connu ) , outre ses petites dents
maxillaîres y des dents œsophagiennes , formées par les apo-
physes additionnelles des premières vertèbres de Tépine.
Par cet arrangement le serpent peut casser les œtt& dont il
fidt sa nourriture ^ et se substanter ainsi.
(126;^
Meyér, Représ. , tom, a , pi. lo.
Marsili, JDanub, ^ tom. iv, p, 18, tah, Tiiffig. 1.
Bonnaterre^ Tableau encycL des trois Règnes, icthyologie, pi, j6f
Lacëpède y Hist, nat, des Poiss, j totn. x y p. Sao.
Bondelet, de Piscihus fluviatilibus liber , cap, six, p. 194.
Aldrovandi , De- piscibus j lib, y y cap, xti , p. 697 , de Barbo.
Nouv. Dict, d*h, nat,, édit, a, tom. S y p, a34*
Dict, Se. nat. , t, iVp supplém,, p. 6. ^tlas icht., pi. 70 y fig, i.
XVI paires de côtes et 4^ vertèbres.
Le nom de ce poisson lui a été donné à cause des
l>arbillons situés au bout et aux deux angles de la mâ->
choire supérieure. Il n^y a jamais eu équivoque sur la
détermination de ce poisson , quoique son nom de Bar^
botte ait été donné à d'autres poissons.
Le Barbeau , qui croit fort vite , se nourrit de petits
poissons , ( Bloch , p. 92, dit de Chélidoine ) : il avale
des Perches , des mollusques , des vers , des insectes, des
cadavres d^animaux submergés , des plantes en décom-
position. Il a la vie dure , la chair blanche et de bon
goût -, c'est au mois de mai quUl est le plus gras.
Suivant Marsili , Danub. , tom. iv, p. 19, la chair de
ce poisson est blanche , ^moUe , regardée par les Alle-
mands comme insalubre : aussi s^en absUennent-iLs pei>-
dant les mois de juin et juillet , époque pendant laquelle
le Barbeau est couvert de tubercules, et sujet à la dys-
senterie , ce qui avait fait dire qu'il était menstrué.
Dans roder, il y en a de deux à trois pieds de long qui
pèsent six à huit livres. Il fraie au milieu du printemps,
en mai et juin , et dépose ses œu& sur les pierres du
fond , dans les endroits où le courant est le plus rapide.
On le sert sur les tables : la partie moyenne de son corps
est celle que Ton mange. Cependant on dit tête de Bar^
beau et queue de Truite , pour désigner les meilleurs
morceaux de ces poissons.
(127)
Tant qa*il est jeune , il a pour ennemis tous les poi&«
sons Yoraces et les oiseaux d'eau \ le fiel est jaune.
Les œufs de Barbeaux , comme ceux de la Lotte et
du Brochet , sont nuisibles , et troublent les fonctions
digestives. Yoy. Mém. de tAcadém. des Sciences dé
Dijon, 1820, p, a4o-253. Aussi sont-ils rejetés soi-
gneosement par les cuisinières attentives ; cependant
Hoch , p. 93, dit en avoir mangé , ainsi que sa fiimille ,
sans en avoir été incommodés.
« Plusieurs Barbeaux se trouvent-ils réunis dans un
réservdur où ils manquent de nourriture ; ils sucent la
<joeoe les uns des autres , au point que les plus gros ont
bientôt exténué les plus petits. » Lacépède, Bist. nat.
iss Paissons , tom. x , p, 324.
Le Barbeau a neuf dents pharyngiennes , placées sur
trois rangs , quatre en bas , trois au milieu , deux au des«
soSyCn forme de massues 9 terminées par une pointe
un peu crochue. Cm^ier, Anal, comparée, tom. 3 |
p. 191.
Cette disposition n^est pas constante , puisque dans
le méoie individu j'ai vu une mâchoire qui portait cinq
dents en bas , deux au milieu et deux au dessus. Le pro-
longement de Tos basilaire est placé de champ. La
cavité de Tos basilaire est en ogive élargie , et présente
une saillie dans son milieu.
Dans les intestins du Barbeau vivent :
1. VEchinoiynchusbajrbi, SchranckyGmel., p. 3049^
a* 41.
%* Le Coiyophdlœus piscium , Goeze , Gmel. ^
p^ SoSft, sp. I. Géroflée cJumgeanle, Dict. Se. nat. ,
tom. zvui , p. 49^* Gary(^hyllée des poissons , Dict. Se.
Qat> ton. x^vtty p. 553.
( 128 )
3, Monosioma cocfdeariforme , Dict. Se. nat., t. 32,
p. 488*
4» Fasciola punctum , Dict. Se. nat», t. Sy^ p. 586.
5. Scolex auriculatus, Dict. Se. nat., t. 29, p. 3oi}
tom. 57, p. 606, pi. 46, fig. I.
6. Tœma recXang^a/um ^ Batsch,Gmel. , p. 3o8i , sp.
84. Botriocephahis rectangulum, Eucyclop. méthod^.
Vers, tom. a , p. 147, n** 10. Botriocephahis rectangw
him, Dict. Se. nat., t. 57, p. 610.
3* sous-genre. Goujon, Gobio, Cuv*
Barbillons, dorsale et anale courtes, Tune et Pautre
sans épines. ,^
XI. Le Goujon , Çyprinus Gchio, Linn. , Gmel. , S.
N. , édit. XIII, p. 141^9 sp. 3-
Bloch , JchthyoLogie , p. 49» P^* y^i^y fig* 9.
JurinC) Hist, des Poissons du lac Léman, p, 217, n^ 16, pL 14*
JEncycL Dict, des Pêches , p, 69. Goajou de rivière, Vairon , p.
992.
Bonnaterre, Tableau encycl, des trois règnes, Ichthyol, , pi, 77,
fig, 319.
Duhamel, ' Traité général des Pèches, 2,* part,, sect, lu^p»
497,/>/. :uLHiyfig.5,
Lacëpède , Jffist. nat, Poiss, , tom, x , p, 333.
Aondelet, De piscihus fluviat, lib. , cap,jiXJHfp, so6.
I
' Cet auteur, ^^ part, y p. 565 y dit: Chabot y voyez
Goujon de rivière ^ d ce mot, p, 566 , 2^ coi, , on lit :
ce Goujon de rivière. Quelques-uns ont nommé le Chabot
oc Goujon de rivière ^ il a un grand aileron sur le dos. s»
Duhamel , par ce caractère , désigne clairement le Goujon
qui nV qu'une nageoire dorsale , tandis que le Chabot en a
deux : nouvel exemple de la fausse application des nom8| ^
aussi Duhamel , dans le texte , p. 497 y ^ Tarticle Goujon^
ne lui donne pas pour synonyme le nom de Chabot.
( 129)
Ifeyer, Représent., tom, i , pL 74 ^fig, sup.
Getner, de Aquatilih, , p, 473 , 474, donne, jf. 479» me meilleure
fignre du Goujon *, c'est la seconde de cette page.
Aldrovaudi, de PUcib.,lib. v, cap. xxyii , De Gobio iluviatili.
Manigli, Danub,, tom, ly^p. 33 , tab, ix, fig. a. Mala, sed
deicriplio ezîmia.
Jfotfir. Dict, d'Hist, nat., éd. a, tom. ziii , p. 3a8 ; tom. », p» 66.
An Çypriniis Benacensis , Pollini^ Temolo des Italiens l
VicU Se, nat, t tom. xix , p. 245.
D. 10 ; P. 14. i5 : V. 8. 9 : A. 8 : C. 28. Côtes 14
paires.
Le Dom français de ce poisson , qui a 89 ou 40 ver-
tèbres, vient évidemment du latin Gobio ^ attribué
eDcore à d^autres poissons \ on l'appelle à cause de cela
et pour le distinguer , Goujon de rinère^ à Lyon il est
dit Goiffon , Goeffon,
Artedi , par erreur , appelle ce poisson Gonion et
VcÔTon. Il donne une description des parties externes
et internes, IchlhjoL^ part, v, /?. i3 , sp. 5.
Le Goujon le dispute au Vairon pour Téclat et la va^^*
riété des couleurs de son manteau , mais on le distingue-
ra Ëicilement à ses barbillons, à son iront déprimé , à
ses nageoires dorsale et anale , courtes et tigrées de
noir. Sa taille est de cinq à sept pouces ; suivant Du-
hamel il en faut douze pour faire une livre.
« Dans cette espèce de poisson , le nombre des indi-
c yidus femelles est cinq à six fois plus considérable
« (|ue celui des mâles. )> Lacépède , HisU nat. des Pois-
sons, tom, x,p. 338.
Le Goujon vit de vers , de larves , d'insectes aqua-
tiques, de coquillages, de végétaux ; il est fort avide
des charognes que Ton jette dans les rivières , et on
est toujours sûr d'en trouver beaucoup auprès d'elles ;
on l'accuse de manger le frai des autres poissons.
n fraie en mai, juin, dans le courant des riviè^
9 '
( 130)
res ; la couleur de ses œufs est bleuâtre , leur volume
est très-petit*, la femelle les dépose contre les pierres ^
mais peu à peu, ce qui dure un mois.
A répoque du frai , ces poissons voyagent en petites
troupes et semblent se plaire les uns avec les autres.
Jurine n'accorde au Goujon que cinq dents pharyn-
giennes , la première courte , les quatre autres longues
grêles et crochues à leur extrémité ^ AcU Gen., tom. i
part. 1, 1821 jp. 24, parce qu'à l'imitation de Gesner
parlant du Cyprinus erythrophthalmus, il a négligé les
trois dents de la rangée intérieure , comme il est aise
de s'en assurer par l'inspection.
L^appareil dentaire pharyngien du Goujon présenti
sur l'apophyse de l'os basilaire une cavité en, ogive
terminée par un prolongement en forme de sabre.
Les dents pharyngiennes inférieures sont au nombn
de huit sur deux rangées à chaque mâchoire ; cinq dent
sont extérieures et trois intérieures.
La chair du Goujon est blanche, grasse, délicate,
excellente et très-estimée. Suivant Marsigli , les Alle-
mands en font peu de cas. Dans certains cantons on le
confond avec les Têtards du Bufofuscus, dans le
fritures.
Le Goujon perd difficilement la vie, on peut le
conserver en réservoir , mais en peu de temps son corpi
se couvre de mousse , ce qui le fait périr. C'est un de
meilleurs poissons à introduire dans les étangs poui
servir de nourriture aux Brochets et aux Truites.
Autour du foie de ce poisson , on trouve quelquefi)i
t Ascaris gobioms, Goeze , Gmel., S. N. xiu, p. SoBy
sp. 74. Filaria ouata, Encycl. méthod. , vers, tom. a
p. 396, sp. 17.
Dans son mésentère on rencontre un autre parasit
( 131 ;
appelé Ugula abdominalis, a, gobionis , Bloch , Gmel. ,
p. 3043 , sp. 2 , ^ , a.
Schonevelde , Ichthjologîe y p. 35 , parle du Goujon
sous le titre de fundulo.
4* sous-genre. Tanche, Tinca , Cuv.
Il joint aux caractères des Groujons, celui de n'avoir
qae de très-petites écailles et de très-petits barbillons.
Les opercules des branchies sont lisses et sans écailles :
le ventre est arrondi ; nageoire du dos unique , courte
et à rayons osseux : lèvres protactiles, barbillons.
Les Tanches diSerent desGoujous dont les écailles
soDt de grandeur ordinaire ; des Ables et des Brèmes
dépourvues de barbillons ; des Carpes dont la nageoire
d(n^le est longue -, des dupées , au ventre caréné.
m. La Tanche , Çyprinus tinca, Linn. , Gmel., Se.
nat., édit. xiii, p. 14^3, sp. 4*
Ârtedi, Icthy.j part, y, p. 27. CyprinuA macosas ' totos nigrescens
otranitale csadaD sequali.
Joriney Hlst. des poissons du lac TAman , p, ao5 , n* la , pi. lo.
Dict. des Se, nat , tom. 62 , p. ]83, Atlas , Ichth., pL 69 y fig, i.
Hoch , Ichthyol., p. 70 , pi, xiy.
Ltc^pède , Hist. nat des poissons , tom, x , p. .^39 , 345.
Dolmnel , Pêches , p, 5o6, a« part,, sect, m y pi, xxv , fig. a.
Mandgli, Danuh., tom. ivi p. 47, tab. xv.
Bomialerre, Tableau encyclop, des trois Règnes, ichthyol,, pi, 77,
/Ir- 3ao.
Bondelct» de Piscib. lacustrib, liber, cap, Xy p. i5j.
Geofiroi , Aîat médic. , tom. 3, p. a66.
Getuer, de jâquatUibus , p 1 178.
Mfjer , Représ,, tom. a , pi, 5i.
' Cette hnineiir , ainsi que celle qui recouvre les antres
poiisons, est un luucus difficile à délayer dans Teau. Cuv.,
Bku Mot. des Poissons p tom. i ^ p. 52 1.
( 132)
Houv, DLct. d'hist» nat., édU,Qf tom. iXy p* 66; tom, xuiii,
p, 4o3'
D. la : P. 17 : V. 11 : A. 10 : C. 22*24*
Par erreur typographique , Linné , S. N., édit. xii ,
p. 626 , indique 25 rayons à la nageoire de Tanus. Cette
faute est répétée, dit Bloch , part, i, p. 72, par plusieurs
auteurs modernes, WuIfF, Pennant, Zûckert, Fischer;
elle est aussi répétée par Gmelin , SjsL nat., tom. xiii ,
p. 141 3, qui n'a pas eu l'attention de larectifier, malgré
Pavertissement de Bloch.
Le nom de ce poisson , que Ton écrit aussi Tenche,
vient du mot latin Tinctus , à cause de son dos coloré
d'un vert noir , comme s'il eût été teint. Ce poisson
prend quelquefois une belle couleur dorée , comme on le
verra dans l'article suivant , p. i35.
Les Tanches se nourrissent des mêmes alimens que les
Carpes : de plus, elles avalent les sangsues et les dé-
truisent , elles atteignent rarement la taille d'un pied.
Elles fraient à la fin de mai et en juin , autour des
herbes marécageuses ; les œufs sont verdâtres , petits et
excessivement nombreux. Ce poisson évite la Perche et
le Brochet , en se cachant dans la boue -, il a 16 paires
de côtes et 89 vertèbres.
Les os oii sont attachées les pectorales et les ventrales
sont très-forts *.
La Tanche a la vie dure , moins cependant que la
Carpe^ quand on I9 n^piurrit bien , elle croit promptement
et devient assez grosse; on en trouve de 7 à 8 Uvres;
quand le beau temps veut venir, elle saute hors de l'èau;
sa chair blanche , pleine d'arêtes , molle , fade , est im-
' Scapula et os innominatum robattiora | quam aliis pis-
cibot» Gmel. , /7. i4^*
, I
( t33)
prégnée fréquemment d'une odeur de limon et de boue.
Vincent de Beauvais, Spéculum natur., iom. ij Uh. xtii,
cap, xGYi , appelle la Tanche , Teucha. « Ce poisson ,
« dit-il , est de rivière ou d^étang ^ tout le monde le
« connaît y il se tient dans la vase , comme T Anguille ,
« dont il a la couleur , et la chair &de , difficile à di«
« gérer. »
On est revenu de ce jugement pour FAnguille , et
même pour la Tanche , désignée par Ausonne sous le
nom de Ressource du bas peuple, ( Solatia uulgi ) : en
effet quand la Tanche est dégorgée ' dans des eaux
mes j sa chair acquiert beaucoup de délicatesse , au
' Aa sud d^Aix-la-Chapelle , non loin de la porte Mars-
ckier, se trouve Borcette ( de Porcetum) ^ remarquable par
<ei eaux chaudes , qui , après avoir servi à dilférens établis-
Mmens de bains , vont se rendre à un petit lac en forme de
carré long) bordé d^arbres , et sur lequel flottent de légères
fumées.
Le petit lac de Borcette , appelé lïtang cbaud y à cause
dei eaux chaudes quMl reçoit , ne gèle jamais , nourrit quan-
tité de poissons médiocres. On ne peut manger de ces pois-
SOBS qu^après les avoir fait dégorger longtemps dans Teau
froide ; ils meurent à Finstant , si de Teau froide on les re-
jette dans Tétang où ils sont nés. Revue de Paris , i836 ,
toai, 3i ^ p, 55m
0 est Acbeux que M. Nisard n^ait pas précisé le degré de
température de l^étang chaud , et quUl n^ait pas donné le
véritable nom des poissons qui y pullulent \ ils sont sans
^oite différens de ceux observés : dans les eaux thermales
^^ Los-'Banos , près de Manille ^ par Marion de Procé ^
^Q8 Que fontaine thermale près Fériane , par Bruce ; dans
lei sources ^d*eau chaude d^une petite vallée située à moi-
tié chemin de Mascate à Mathah y par Clodoré.
( 134 )
point qu'une Tanche de trois livres est fort recherchée.'
Il en est de même, au dire d'AUéon Dulac, Mém. pour
servir à Fhist, nat, du Lyonnais, tom. i, p. i23, de la
peau épaisse de ce poisson , EncjcL méth.y Hist. nat. ^
iom, 3^ p. 389.
La Tanche est fort sujette aux vers ; on y en trouve
de plats et fort longs , indiqués sous le nom de Fer des
Tanches, dans le Journal des Sauans , 1728 , /?. 79 ,
Jtg. , et reproduits par Andry, De la génération deg-
vers dans le corps de F homme , 3* édition, 174^ 9 tom^ i,
p. 5a , fg.
Geoffroi en avait déjà parlé dans les Mémoires de
t Académie des Sciences , 1710 , Hist,, p, Sj, § 4*
G^est la Ligula simplicissima , Rudolph. , désignée
par Gmelin , sous le nom de Ligula abdominales , SjsL
naU, xiii, tom, i, p, 3o43, sp. 2, P. b-, Dict. Se. nat.,
tom. XXYI9 p. 4^^9 ^o^* ^7» ^'6\i. Atlas, vers, pi. 4^» '
fig. 5.
En Italie , la Ligule très-simple d^une espèce de
Cyprin du lac Facino, est connue sous le nom de Macor»
roni piatti , et regardée comme un mets agréable. i
Outre la Ligule très-simple , on trouve encore dans*
les intestins de la Tanche le CaryophjUœus piscium,
Goeze, Gmel. , p. 3ô52, sp. i. Tœnia laiiceps , Pallas,
Gmel., p. 3o8i , sp. 86. Laryovhyllœus mutabUiSy Ency*
raclh., vers, tom. 2, p. 4^5. Gérojlée changeante, Dict.
Se. nat., tom. 18, p. 496. Atlas, vers, pi. 4^9 %• 11 »
12. Bremser, vers, p. ii5, p. i36, Appendix, pi. i ,
fig. 5.
Gesner, de aquatiUb., p. 1177, décrit la Tanche,
dont il donne la figure p. 1 178 , et parmi les singularités .
dont il parle , j'ai remarqué la suivante : a Dans la tête ;
fc des Tanches , on trouve deux petites pierre^."» :
( 135 )
AroauU de Nobleville, et Salerne, parlent de deux
pierres qu'ils ont trouvées dans la tête de la Tanche ,
Mai. medic.y auL^ Geoffroi, tom. 3 , p. 269 , mais sans
les désigner.
Ce sont les osselets de Touie , dont le grand a une
fonne presque ronde avec un angle rentrant.
L'appareil dentaire de la Tanche se reconnaît &•
cilement : la dent pharyngienne supérieure est pyri-
&rme , enchatonnée dans la cavité de Tos basilaire.
Les dents pharyngiennes inférieures sont au nombre
de cinq sur une même ligne à chaque mâchoire *, il
arrive quelquefois que l'on en trouve moins , par suite
de la chute forcée de quelques-unes.
Ces dents portées sur un pédicule rétréci , s^élargissent
à leur sommet qui est sécuriforme^ et qui imite la der-
nière articulation des palpes des coccinelles : elles sont
terminées en dehors par un léger crochet^ et leur
sor&ce triturante offre un petit sillon.
A. La Dorée d'étang , Çyprinus Tinca auratus.
fAotk^Hist, nat, poiss, , part, 1 » i>« 74» ^^^' ^▼^
Jfou¥. Dieu d'Bist, nat. , édit, a , ton. 3a , p. 404. Tanche
dorée.
%t deâ Se, nat» , tom, Sa , p. i85. Tanchor.
TaUêOuene^cL des trois règnes. Poiss., p. 1919 n* S y pi. 77, fig.
321. Tanche dorée.
Caul.y 1^. if. ziziy tom. i, p. 14149 ^P* 4) ^- Tinca aarea.
Ucépèdey Hist, nat. Poiss. , tom. 10 » p. 345. Cyprin tanchor.
L'éclat de la robe' de ce poisson égale celui des-
poissons dorés de la Chine -, aussi plusieurs amateurs en
Allemagne se sont-ils empressée de déposer, dans leurs
viviers ou leurs réservoirs , cette belle variété.
La Tanche , dont la couleur est presque noire dans
marais fangeux, devient d^un jaune doré dans les
( 136)
rivières dont le fond est sablonneux et le cours rapide ,
ou dans les étangs dont la pureté des eaux est remar-
quable , ainsi qu^on le voit en Silésie.
Au surplus les teintes de ce poisson offrent beaucoup
de variétés de nuances , dépendantes de l'âge, du sexe,
du fjenre de nourriture et du climat.
Bosc, en parlant de la Tanche dorée, qui se trouve
dans certains étangs de la Silésie, variété produite par
la pureté des eaux de ces étangs , parait ignorer que
celle variété se rencontre en France.
M. Dupuis vient d'en trouver (mars 1 836 ) quatre
échantillons au moulin des Etangs près Dijon ; précé-
demment il avait vu des Tanches moins colorées que la
commune ; Tune offrait une teinte jaune , mais sans les
taches qui caractérisent la Tanchor.
Je dois à sa complaisance Féchantillon que j'ai fait
déposer dans le bassin du Jardin des plantes. .
Suivant Bloch , p, 76, la Dorée d'étang a la vie dure :
réchantillon , qu'il élevait , a survécu au Goujon , à la
Bordelière , au Rotengle , à la Rosse , et même à la
Tanche ordinaire qu'il avait mise dans le même vase.
Lacépède regarde à tort comme espèce , cette variété
de Tanche. Il la porte sous le /i** la de son 1 1* genre.
Bloch nous apprend que la reine de Prusse avait
fait venir de Silésie des Tanches dorées , pour les élever
dans les canaux de Schernhausen. Un prince allemand
et quelques grands , à l'imitation de la reine , en ont
fait venir pour les conserver dans leurs bassins.
L^échantillon décrit et 6guré par Bloch, lui avait
été donné par la reine de Prusse.
Cette variété ne se propagerait pas par le frai , et
M. Dupuis pensée qu'elle reprendrait la teinte sombre
de la Tanche ordinaire , parce que les quatre échantil-
( 137 )
Ions quUl a trouvés , se sont rencontrés parmi les
Tanches communes qu^il avait pêchées dans le vaste
réservoir du moulin des Etangs , commune de Saulon.
5* souS'genre, Les B&êmes, Abramis, Guv.
Les poissons de ce sous-genre n'ont ni épines ni bar-
billons ; leur dorsale courte est placée en arrière des
ventrales \ leur anale est longue. Ib sont distingués des
Carpes ^ des Barbeaux , des Goujons et des Tanches , par
.l*absence des barbillons \ des Ables , par la longueur de
Fanale.
XnL La Brème, Çyprinus brama p Linn. , Gmel.,
Sc^nat, , xiii, p. 1436 , sp. 27.
Bloch , Ichthyolog, , part, i , p. 64* pi. xiii y p. loa, pi. xwyfig.
9>]a, iKnîsxfig, 14 t Brème ëclose rëcemmenî; fig. i5, écailles.
Duhamel, Pêches , o^ part. , sect, m, p, So^y pi. JLxVyfig. i. Les
lettres V. X. représeutent l'os pharyngien , garni de dents , de la
Brème.
Marsîglî, Danuh.j tom. ly, p. 49» ttib. xvi.
Lacëpèdfl, HisU nat, des Poiss., tom. xi , p. 7a.
Meyer , Représent,, tom. i, pi. 7a.
Bounaterre, Tabl. encycl. des trois règnes, Icht,,pl. S^yfig. 346.
Rondelet, de Pisc. lacustr. liber, cap. yi , p. i5|. De Cyprino lato.
Yvesner , de ^^quatilib. , p. ^76. Cyprini lati Icon accuratius,
Nouv, Dict hist. nat,, édit. a , tom. iv, p. 35oy tom. xz, p, 77.
IHct. des Se, nat., tom. y, suppl., p. 7a.
D^ la : p. 17 : V. 9 : A. 29 : C. 19.
Le nombre des rayons n'est pas un caractère cons-
tant pour distinguer les poissons ^ en effet , Blocb en
indique 29 , et J. Hermann , Observai, zoolog. , pag.
3a7, n'en trouve que 26. Ce dernier naturaliste a vu
la vessie natatoire épaisse et devenue presque cartilagi-
neuse par la dessiccation. La Brème, dit-il, a deux
moelles épinières placées Tune sur l'autre, mais sépa-
rées. Pag. 328. -
( 138)
Le nom de Brème , Brama , vient évidemmenl par
contraction d^^bramis.
Ce poisson , qui a une longueur triple de sa largeur ,
qui a la vie assez dure , est facile à connaître par son
corps large et aplati ^ par son dos aminci en tranchant;
par sa nageoire dorsale courte , placée en arrière des
ventrales; par son anale longue à 29 rayons. Artédi en
compte 27 et quelquefois 28 ; il annonce 44 vertèbres,
Ichthyologie , tom. y , pp, 20-23.
Tels sont les caractères de la Brème adulte , qui a .
12-18 pouces de longueur, et pèse de ia-14 livres.
Celle de la Saône ne pèse jamais plus de 3 ou 4 livres-
La Brème, dans sa jeunesse, est confondue, dit
Bloch, Ichihyologie , p. 69, avec la Bordelière, à la-
quelle elle ressemble beaucoup par son corps mince » ,
de forme alongée , qui lui a fait donner le nom diEper^
lan bâtard ' par les pécheurs parisiens. Elle est repré-
sentée par la figure inférieure des Phoxinide Rondelet, "
de Piscib. flu\fiaU , p. 204 , caractérisée par la longueur
de la nageoire anale.
c( Les Brèmes gardonnées scmt de jeunes Brèmes. »
' n ne faut pas confondre les Eperlans bâtards ( jeunes
Brèmes) arec VEperlan bâtarddit Grasdos (jeune AtLérine )
figuré par DuLamel, Pêches, 2* part., sect. vi, pi, iv,
^g. 5, Les faux Eperlans soni ^ dit Cuyier, Hist, naU des
Poissons, tom. x, p. 417, des Athérines qui Tivent en
grandes troupes et sont regardées comme un aliment asses
délicat. Gesner, de AquatUihus, p. 4^2, donne, diaprés
Jean Caius , médecin anglais , la figure et la description
d'une Atkérine; mais la figure, n'offrant qu'une nageoire
dorsale, ne convient nullement aux Athérines; elle res-
semble beaucoup à celle de la page précédente.
( 189 )
EncjcL , Dlci. flèches, p. aa. Ne seraient-elles pas plu-
tôt des Bordelières , comme le dit Duhamel ?
Cresner, de AquatUib.^ p, éfii^ sous le titre: De
Epelano Sequanœ seu fluviaUli , Bellonius , confond
une jeune Brème , dont il donne la figure , avec le vé*
ritable Eperlan.
La Brème se plaît dans les eaux stagnantes et bour-
beuses; elle se nourrit de plantes, de vers, etc. ; aussi
jnord-elle facilement à Thameçon.
Suivant Vincent de Beauvais , Spéculum natur.^tom.
I, Ifb. XYM jCan, XXXV, ce poisson , qu^il désigne sous le
nom de Brena , se soustrait aux poursuites du Brochet
«H se plongeant dans la vase ; ce qui trouble le fluide et
Ja cache à son ennemi. Assez bon poisson, fort abon-
dant et qu'on multiplie aisément.
La Brème fraie au printemps, en mai , juin, et même
dès la fin d'avril , s'il fait chaud ; les œufs sont petits et
Tougeatres , déposés sur les herbes. Bloch , Ichthjolog. ,
part. 1, p. loa, pL xix, fig. i-ia, 14, i5. A cette*
époque, les écailles du mâle sont chargées de tubercules
dont on ignore l'usage. Lorsqu'il survient du froid à'
l'époque du frai , l'anm des femelles se referme , s'en^
flamme , le poisson enfle , dépérit et meurt.
La chair de ce poisson , qui , bien nourri , croît aussi»
vite que la Carpe, est blanche , de bon goût , et aasez»
généralement estimée.
Les Brèmes d'Auvergne , grasses et de grande taille,
sont recherchées. De là le proverbe : a Qui a brasme , >
peut bien brasmer( régaler) ses amis. » Ge6ner,p. 877.
La Brème, dans sa jeunesse , est atteinte de la ligule:
très-simple, Encjcl. méthod., F'ers , tom. 2, p. 494 >'
sp. 6* LtgulaabdominaUs, G met. , Sjst, nqt, , tom. xiu, •
p. 3043 , sp. a, /3, g. Ligula cingulum , Rudolph. , qui;
(140)
atteint jusqu'à cinq pieds de longueur. On regstrde ces
vers, dans quelques endroits de l'Italie , comme un
mets agréable. Guyier, Règn. o/pra. , édiu a, tam. 3,
p, 075. Ik sont connus sous le nom de Macarord piaUi.
Encycl. méthod. , Vers , n , 49^*
On trouve encore dans les intestins de la Brème :
1. Echinotynchus bramœ, Goeze. Gmel. , p. 3o5o,
sp. ^6*
2. Caryophjllœus piscium, Goeze. Gmel, p. 3o5a,
sp. i. Tœnialaticeps, Pall., Gmel., p. 3o8i,sp. 86. Gé"
rojlée changeante, Dict. Se. nat. , tom. xviu, p. 496.
Caryophyllus mutabilis, Encycl. méth. , Vers, tom. a,
p. 435. Bremser, Vers, p. ii5, p. i36; appendix, pi.
1, fig. 5.
3. Fasciola bramœ, MuU. , Gmel. , p. 3o58, sp. 38.
Distoma globiporum. Encycl. méthod. , Vers, tom. 2 ,
p. a6i,n'' 18.
La Brème est quelquefois contrefaite comme le Bro-
chet et la Truite.
InSleia, Cyprini lati sunt, caudam incurvatam vel
sinuatam gerentes, ac si ea bis Aracta fuisset \ piscatores
vocant Leidbrassen , quasi relicporum duces , quibus
conspectus felici omine amplam capturam sibi polli-
centur. Suntautem hi Cyprini inter reliques quasi nani,
' contracti corporis , et in orbem fere recurti. Ichikyol. ,
nuctore Stephano à Schoneyelde, D. M. , p. 33.
Jurine parait n'avoir eu aucune connaissance de
cette observation feite par Schonevelde.
Bloch, p. 69, attribue la difformité signalée par
Schonevelde , à ce que le poisson , étant encore jeune ^
s^est embarrassé dans des herbages et s'est forcé Fépine
du dos en voulant seNdébarrasser. Linné a aussi parlé
des Brèmes bossues et de Perches atteintes de la même
( 141 )
difformité. Bloch a vu la même chose dans le Sandre et
dans la Rosse.
Hermann a va aussi quelquefois des Brèmes bossues
monstrueuses , c^est-à-dire que la partie du dos après la
nageoire dorsale était concave , et la portion du ventre,
qui portait la nageoire anale , était très-convexe. Ob-
servai, zoologicœ, p. 327.
L'appareil dentaire pharyngien de la Brème se com-
pose d^une plaque ovale alongée, sertie dans une ca-
vité de Fapophyse du basilaire. Cette cavité y en ogive
pentagonale , est un peu élargie postérieurement. Le
prolongement de Papophyse basilaire est comprimé et
de la même largeur dans toute son étendue.
Les dents pharyngiennes , au nombre de cinq à chaque
mâchoire » sont assez fortes à leur base \ elles sont com-
primées à leur sommet , terminé par un crochet ^ quatre
<le ces dents ont leur sommet entouré d'une bordure
noire ^ la cinquième n'offre qu'une tache au sommet.
Dans une autre Brème dont j'ai examiné la denture ,
j'ai trouvé seulement sur les côtés , à la base du crochet,
im point noir ^ sans doute origine de la ceinture dont
J^ai parlé.
XIV. La BoRDELiERE, Çyprirtus lotus, Bloch., Gmel.,
Se. nat. , xui, p. ]438, sp. 5o.
Bloch , IcKthyologie , part, i , p. 56 ^ tab, z. Cjprinns blicca.
IhihBméi^ Traité gén, des Pèches , part» ii, sect, iii^ p, 5o6.
^erlan bâtard. Planche xxvi , fig, 4 > Platane.
. Duhamel y ouy. cU, , p. 5i4,f 6. De la Bordelière, Ballerus,
Hondelet.
Rondelet , de Piscih, lacustrib, lib,, cap, yin^p, i5^, DeBallero.
Gesner , de jâquatàlib, , p, 98. De Ballero.
Aldro?andi, de Piscib., lib, r , cap, xlit , p, 645. De Baliero
Aristotelis.
Bonnaterre, Tableau encyclop, et méthod. des trois règnes , ich-
thyolQgie, p. ao3y sp, 55, pL ^pfig» 348. Bordtlière.
( M2 )
J. Aermanii, Observât, zooiogicœ, p. 326. Cyprinns Mekel.
Nouv. Dict. d*Hist. nat , édit. a, tom. 4 » P* i^-' t tom. 9, ji. 78.
/>fcf. Se, nat- , tom y , p. 160, suppL, p 74* 20. \hramis blicca.
Lacëpède, Hist, nat. des poiss., tom. 11, pp, 81-8). Cyprin large*
7f . B. La Synonymie donnée par Lacépède est fort embrouillée.
Ce poisson , facile à reconnaître , porte aussi le nom
de Petite Brème ou Hazelin, du mot allemand Haszlè$
Levrault, à raison de son agilité.
Les échantillons de ce poisson que j^ai examinés au
mois de février et que je m'étais procurés sur le marché,
avaient cinq pouces et demi de longueur depuis Fex-
trémité du museau , jusqu^à la naissance de la nageoire
caudale. La tète qui ofire, au-dessus des yeux, un léger
enfoncement, outre la dopression marquée à Torigioe
du dos , est trois fois un quart dans la longueur da
corps , et la largeur de ce poisson , qui est très aplati ,
se trouve trois fois dans la longueur totale.
La lèvre inférieure arquée , ou la mâchoire inférieure
ascendante, est plus courte que la supérieure qui la
recouvre.
La naigeoire dorsale est située dans Tîntervalle des
nageoires "attàlé et ventrale. Le dos est caréné avant
la nageoire dorsale , et arrondi postérieurement à eette
nageoire. ; •
Les écailles qui recouvrent ce poissdti , sont minces
et plus petites que celles du Cyprlnus fuscus, Nob.
D. Il : P. 16 : V. 9 : A. îaS-ay : C. 22.
La ligne latérale est courbée, et formée de 5 1 glandes.
La membrane des nageoires dorsale et anale est
finement piquetée de noir , ce qui n^a pas lieu dans
la Brème.
Le péritoine est nacré avec quelques points noirs.
L'app^ejl dentaire pharyogieo de ce poisson con-*
siste : •
( 1« )
1* dans une petite plaque ovoïde , ^rtie dans une
cavité en vallon étroit de la base de Tapophyse du
basilaire \ à la partie postérieure de cette cavité , est
un prolongement droit inférieurement , et arrondi en
sabre recourbé supérieurement ; Tos mitral , accompa-
ffïé de deux apophyses latérales descendantes, est
lancéolé.
a"" Les mâchoires pharyngiennes sont garnies chacune
de cinq dents mignonnes, crochues à leur sommet,
disposées sur un seul rang , comme dans la Brème ;
on y remarque aussi cette tendance à présenter une
couleur noire , pour former couronne autour du som-
met ; quelquefois cependant cette apparence noirâtre ne
se &it pas remarquer d'une manière bien prononcée.
Ce poisson a été très-bien décrit par Rondelet ^ ce
savant avait signalé les dents pharyngiennes sans en
préciser le nombre ; mais en comparant la description
qu^il a donnée avec tous les caractères que j^ai rap-
portés, on acquerra la certitude qu'il avait bien
examiné ce poisson , et que nul doute ne peut s'élever
sur les détails dans lesquels il entre.
La Bordelière, peu estimée, ne sert guère qu*à
nourrir les poissons dans les viviers *, elle se trouve dans
la Saône , pêle-mêle avec les autres poissons blancs.
Alléon Dulac, Mém. pour servir à thisU nat. du^
Lyonnais, tom. i, ;?. i58 , dit de la Bordelière : « Elle
« est bonne à manger; elle est si semblable à la Brème,
« qu'on a peine à distinguer Tune de Fautre. »
Rondelet avait dit seulement : ci Bramae tam similis
« est, ut parum cautis pro bramis saepe vendatur, sed
« ab iis magnitudine corporis et squamarum distat , ac
« pinnarum ac caudae colore. »
(144)
On lit dans Duhamel , Traité général des Pêches,^
a* part. , m* sect. , p. 564 : « Ballerus , poisson d*eaa
« douce que Rondelet croit être la Bouvière, n
Cette erreur de Duhamel vient sans doute d'un
lapsus ccUami, en vertu duquel le mot Boux^ière a été
mis au lieu de Bordelière, Cela est d'autant plus pro-
bable, qu'à cette même page 564, on lit : « Bordelière,
« £ai/eru5 d^Àristote et de Rondelet, ayant quelque
« ressemblance avec la Brème; on Ta appelée Çyprinus
<c lotus et tenuis.
Duhamel , Traité général des Pêches , ii* partie , m*
sect. , p. 5o6 , donne à la Bordelière le nom de Brème
gardonnée, à cause de ses écailles brillantes comme
celles du Gardon.
Le nom d'Eperlan bâtard, donné , suivant Duhamel,
à un petit poisson de la Seine, convient parfaitement à
la Bordelière , dout la surface du corps a effectivement
un éclat perlé ou nacré , bien plus apparent que 4x\m
du Spirlin-, aussi Gesner, de AquaUlib. , p. 27, dit :
<( Piscis blicca Germanorum , seu alburnus lacustris ,
(( Sabaudis Platte , unde diminutivum Platton, à Ge-
a nève , Plateron ^ B!ick à splendore. »
Duhamel, Tra'té général des Pêches, 7? pari.,
sect. m, pi. xwî^Jig. 4? P* 5o6, § 3, parle du Plestia*
ou Platane ; on pèche dans la Seine un petit poisson
' ÂDJourd^HuI ce nom est employé à St-Saphorin, pour
désigner leRotengle, Çyprinus erythrophthalmus. Voyez Jm-
rine , Hist, des Poissons du lac Léman , p. 209.
* Si le poisson appelé par Duhamel Plcstia est le même
que le Çyprinus plestia ^ Leske^ ce serait la Bordelière.
( 145 )
quW appelle Esperlan bâlxird, et qui parait res-
:sembler à de petites Brèmes , qu'il dit lui sembler être
le Plestia de Belon , ou le Platane , dont il donne la des-
cription.
Nous ne pouvons prononcer sur cette ressemblance ,
jiuiaque nous n'avons point vu le poisson de Grèce, dont
jiarle Belon, Singularité z , liu. i, chap. lui, p. 117 ,
^hap, LV, p. laS, et que Gesner décrit d'après lui, de
^quuUilibuSy p, B67 , 482 , i2a5. Mais nous pouvons as-
surer que le poisson représenté par Duhamel est la
Sordelière. Voici comme il le décrit :
Tête petite , museau pointu , œil de médiocre
g^ndeur, prunelle noire et iris blanc ; le corps , assez
semblable à celui de la Brème , est bombé du côté du
dos, et encore plus sous le ventre; sa chair est blanche ,
moins estimée que celle delà Brème. On en trouve dans
les laes de Savoie , dans les étangs de la Bresse, dans le
Hhâne et la Saône. Duhamel, Pèches, iV part., sect.
m, p. 5i4*
Belon, Observ, de plus, singul. ,li\f. i, chap. lui,
p. 117, chap. Lv, p. 12S, p^rle d'un poisson nommé
Plestia, aux embouchures du Strymon ^ , et Platane,
en Macédoine.
Gesner, de AquatUib. , pp. 482 , 867 , 1225 , discute
sur ce poisson *, et Duhamel , ouv. cil. , p. 5o6 , § 3 , fait
un article du Plestia ou Platane, où , en adoptant les
détails donnés par Gesner , il regarde le Plestia ou le
Platane comme le même poisson que la Bordelière. Les
naturalistes grecs pourront seuls déterminer l'exactitude
du rapprochement fait par Gesner et par Duhamel.
' Karassou des Turcs.
10
(146)
6* soiiS'genre. Les Ables, Leuciscus, Klein.
Vulg. Poissons blancs. Blanchaille.
Dorsale et anale courtes , épines et barbillons nuls.
Ce sous*genre contient des poissons dont la chair
est peu estimée^ aussi les espèces sont-elles souvent
confondues sous la dénomination commune de Poissons
blancs i et dans quelques endroits on leur applique in--
distinctement les noms de Meânier, Chevfanne, etc. ,
Gardon.
Bloch et ses successeurs n^ont point suivi Fusage des
environs de Paris , dans Tapplication de ces noms fran-
çais , quHls ont répartis presqu^au hasard , comme le foit:
remarquer Cuvîer , Règn. an. , éd. a , «. 2 , p. ayS (a)-
Les Poissons blancs dont on fait peu de cas pour les
tables, sont employés de préférence pour nourrir les
poissons voraces dans les viviers. Tels sont la Bosse ^
la Bordelière et la Gibèle, Duhamel, Pèche, paru
1,^.9.
XV. Cyprin brun. Cyprinus fuscus, Nob.
Ce poisson dont un échantillon pris sur le marché ^
m^a été désigné sous le nom de Blanc, avait sepC
pouces de lon(];ueur \ et un autre , seulement quatre
pouces et demi.
La longueur de la tête était trois fois tiii quart dans
celle dii corps , c'est-à-dire entre tête et queue ; sa lar-
geur était un peu plus de trois fois dans la longueur*
totale du corps.
Son corps aplati le fait ressemblera la Bordelière^
mais il est plus épais que celui de cette dernière ; le»
écailles qui le recouvrent sont aussi plus épaisses , plus
larges et plus grandes.
(147)
La mâchoire inférieure peu ascendante y est légère-
ment dépassée parla mâchoire supérieure.
La nageoire dorsale se trouve placée dans Tinter-
valle des ventrales et de Tanale, mais très-rappro-
chée des premières. '
La ligne latérale courbée , est composée de cinquante
glandes ^ j*ai compté douze rayons à la nageoire dorsale,
neuf à chacune des ventrales , et treize à Tanale.
Le péritoine nacré, est piqueté de points noirs très-fins.
L'appareil dentaire pharyngien a du rapport avec
celui du Cyprinus ruiUus ; mais il en difiere par lés
dimensions.
La plaque pharyngienne ovoïde alongée , est sertie
dans une cavité de la même forme dans Tapophyse de
Vos basilaire ; le prolongement de cette apophyse parait
«m peu aplati en dessus , et offre en dessous une crête
verticale transparente.
Les dents des mâchoires pharyngiennes sont au nom-
lire de six sur une seule rangée ; mais elles sont plus me-
xiues, plus petites et plus délicates que celles de la Rosse.
Cest en effet par la comparaison des deux dentures
cjuUl est focile de s'assurer delà grande différence qui
existe entre le Cyprinus rutilus , Linn. , et mon Cypri-
wmsfuscus^^ l'apparence extérieure de ces deux poissons
ne permet pas d'ailleurs de les confondre.
])e plus l'aplatissement et la forme trapue du corps
de la dernière espèce , la situation de sa nageoire dor-
sale la rapprochent de la forme ^es Brèmes.
Ce poisson firaie en mai.
XVI. Cyprin nageoire jauite. Cyprinus xanthopierus, N.
Cette espèce se rapproche de la Rousse, Cjprinus
rutilus, Linn.
( 1« )
L'échantillon sur lequel je fais cette description était
long de cinq pouces à partir de l'origine de la nageoire
caudale. .
La ligne latérale est formée de 46 glandes.
La longueur de la tête est 3 fois i/a dans celle du
corps.
La largeur du corps est environ 3 fois dans, la
longueur totale.
La dorsale à xi rayons , est située un peu en arrière
des ventrales à ix rayons: Panale ofifre xiu ray<Mis,
la caudale , xix.
Ce poisson est court , ramassé ^ son corps est aussi
large que celui de la Bordelière, dont il difiere par des
écailles plus grandes.
La denture m'a offert cinq dents sur une seule ligne à
chaque mâchoire. Quelquefois , je n'en ai vu que quatre
sur l'une d'elles : à côté des plus élevées , j'ai vu une
saillie osseuse : serait-elle une base de dent fracturée ?
Il est difficile de s'en assurer.
Plusieurs dents gingivales se remarquent dans cette
espèce ; ces dents triangulaires, qui se retrouvent dans
mon Cyprin bouche en croissant , n'ont encore été si-
gnalées par aucun ichthyologiste : elles sont un nouveau
sujet de recherches; aussi dois-je le signaler aux na-
turalistes.
L'espèce de Cyprin dont je donne la description , se
rapproche de la Bordelière avec laquelle cependant on
ne peut la confondre; il y a en effet trop de différence
dans le nombre des rayons de la nageoire anale.
Cette espèce, prise dans l'Ouche au dessous du Parc,
nage avec une très-grande rapidité pour se soustraire à
l'épervier que jette le pêcheur.
( 149)
XVn. La DoBULE ' , Cyprinus dobula, Linn. Gmel.,
Syst.nat., éd. xiii, tom. i, p. 1424» sp. i3.
Rondelet, De piscib, flupiatil.j p, i(py seulement la figure,
Dict, des sciences naturelles, tom. i, suppL,p.^, i© Le Meûuier,
Lmdscus^dobulà.'
Bloch, Ichtl^ùlogie , part, i, p. 36, tab. y.
HermaoD , Obseru. zoolog, , p. Saa. CypriauB orthonotiu.
Cavier , Règne anim. , édit. a, tom. 2, p. 275. Le Meûaier '.
MejeTy Représ. , tom. 2 ,/>/. ç-».
Jfouv. Dict. d'hist. nat., édit. a, tom. 9, p. 72. Bosc a en f^rand
tort de rapporter, ouv. cit,,p.j\j le Cyprin Cheyauae an Qyprinus
je^es , Liuu.
Ce poissoa est connu ici sous le nom de Chei^anne ,
On le reconnaît à sa tête large, (d'où Chei^anne, di«
minutif de.cAef), à son museau rond, à ses pectorales
etyentrales rouges. La mâchoire supérieure dépasse lé-
gèrement rinférieure.
La longueur de la tête est un peu plus de trois fois
dans la longueur du corps ; le dos est large et arrondi ;
les opercules des ouïes ne présentent pas les lignes de
leurs divisions comme dans les autres Cyprins.
la ligne latérale offre 44 ^^ 4^ écailles- . .
' Le nom Dohule vient du mot saxon Diebel, on dn
not polonais Duhîel, employé pour désigner des poissons
appelés Capito fluviatiUs.
* U eiuste nne confusion extraordinaire dana la nomen-
datare de ce poisson, comme dans celle des poissons • da
nême sons-genre \ aussi Bloch et ses snceesseurs n^ont point
SQÎfi Pnsage des environs de Paris dans Papplication des
noms français, quMIs ont répartis presque au hasard : les
pêcheurs, donnant le même nom à des espèce^ différentes ^
contribuent à augmenter la confusion.
( 150 )
La nageoire dorsale a sa partie antérieure insérée
sur un point qui correspond à la partie postérieure do
la base des ventrales.
D. lo : P. ^ : V. 9 : A. 9 : C. 18 , fourchue.
Péritoine nacré , marbré d'une grande quantité de
points noirs très-fins et très-rapprochés ; dents pharyn-
giennes au nombre de sept à chaque mâchoire : deux
intérieures et cinq extérieures , toutes crochues à leur
sommet.
On compte 4© vertèbres et i5 paires dé câtés.
Ce poisson , dit Bloch , se nourrit d'herbages et de
vers , tels que de petites sangsues noires ' et de jeunes
limaçons blancs ' , qui s'attachent aux herbes ; il firaie ,
du milieu de mars au milieu de mai , sur les pierres des
rivières •, il meurt promptement hors de Feau.
Sa chair est blanche, saine, mais remplie d'arêtes,
et par cette raison peu recherchée. L'intestin ne pré-
senté qu'une circonvolution et demie , comme dans la
Tanche.
Les Dbbules de la Havel , dit Bloch , ne pèsent
pas plus d'une demi livre; celles de la Sprée pèsent
jusqu'à une livre et demie. '
Lacépède , HisU naU des Poissons , tom. x , p, 896 ,
indique le poids des Dobules de deux à quatre livres.
Un. marchand de poisson m'a dit que le Ghevannean
atteint quelquefois une taille de 18 à 20 pouces, et
qu'alors il pèse quatre à cinq livres environ *, mais ces
caractères ne conviennent point à notre Dobule.
Cependant voici ce que , d'après des renseignemçnsr
' Blocli 9 sons le nom de petites sangsues noires et de
jennes limaçons blancs , n'indiquerait- il pas des Planaires
( brune et lactée ) ?
( 151 )
fin eiaocs, m^écrit M. Pataille père, propriétaire a
Haxilly-sur-Sa&e :
« Che%f€ume. Les plus gros de ces poissons pèsent 3 à
5 livres au plus ; dans ce dernier cas , leur longueur est
cie i4 à i6 pouces environ, (depuis, et y compris, la tête
qui se mange, jusqu^à Torigine de la caudale). Une
cirooDStanoe particulière à ce poisson est la suivante :
comme il est très^vide et vorace, il est presque le
fleul que Ton prenne la nuit au cordeau. On amorce
principalement avec des Groujons. Sa chair est assez
lionne è manger ; mais elle contient beaucoup de petites
arêlfs.' » Ce passage a trait au Cjrprinus dobula.
n existe donc plusieurs espèces de Cyprins voraces :
k Barbeau , ( Cjprinus, barbus, Linn, ) ; la Dobule,
(Cftef^onne de nos pécheurs); ensuite llde de Bloch^
(^Cjrprinus jeses de Jurine; Gardon de Cuvier)..
Le Ghevanne de la Bèze a quelquefois i6 à i8 pouces ;
il pèse alors jusqu'à 6 livres. Je ne puis qu'engager les
naturalistes des bords de la Bèze, à s'assurer si le
Chevanne de cette rivière est le même que celui de la
Saône *.
Le nom de Chevanneau , appliqué à plusieurs ei^çes
' Ayant exposé mes doutes sur le Che vanne , à M. Pa-
tûBe y Toici ce qiiHl m^a répondu i
ce Le nommé Canserefc fils, pécheur à Heuîliey, et raison-
ce nant très-bien son état , m^a dit : Le Ghevanne de la Saône
«c et celui de la Bèze sont assurément de même espèce ; mais
ce ce dernier , à raison de la différence des eaux , devient
ce plus gros et beaucoup meilleur } et dans la Tille , rivière
« de sable y il y est, ainsi que la Truite, beaucoup meîl-
« leur encore que celui de la Bèze, toujours quoique de
<c même espèce , et cela par la différence des eaux, so hettre
du 22 août i836.
( 152)
de poissons , a induit en erreur tous les ichthyologiste»;
On en a la preuve dans la citation suivante : « Je ne
« sais , dit Bloch , IchûvyoL , paH, \^ p, 2,^^û\e Gar-
« don ou la Yandoise sont le même poisson que la
« Dobule. »
Duhamel a même, sous ce nom, décrit et figuré
mon Cyprin bouche en croissant. Quoi qu'il en soît',
réchantillon sur lequel j'ai fait la présente descriptiOD^
avait un pied de longueur , depuis l'extrémité du mu-
seau , jusqu'à l'origine de la queue , et pesait une livre
six onces. *
Le Dieu des Se. naU , tom. i , siippL , p. 3 , i" , ctle
Nom^, DicU (Thist. naU , tom. 9 , p. 72 , ne contiennent
que peu de renseignémens sur le Meunier <m la Dobulé^y
qui a sept dents sur deux rangées, deux en haut , cinq
en bas , toutes pointues et un peu crochues. Cuvier,
Anat. compar. , tom. 3 , jp. 1 9 1 .
Lacépède, Hist. naU des Poiss.y tom. x, p. 388 j re»
garde le Cyprinus dohula et le Cyprinus grislagine
comme le même poisson. Cuvier , Règn. anim. , éd. a ,
iom. a , pp. 2,rj5 et 276 (1) , en fait deux espèces.
C'est un point à examiner.
Rondelet, de Piscibus flitviatUib. liber , cap. xv,
p. 190 , dans son chapitre intitulé : De Cephalof flu,-
piatili y donne la figure de la Dobule , poisson appelé
eh latin Cànito, en français Manier , parce qu'il se
trouve , dit-il, dans le voisinage des moulins , ou au bas
de leur digue.
La véritable cause du nom Meunier, donné à ce pois-
son , vient de sa couleur blanche , comparée à celle des
farineurs. f^ojez ci-dessus, p. 24 (0* C'est par la
même raison , qu'avant la révolution , le sobriquet de
Merlan était donné aux perruquiers à raison de la
( 153 J
poudre dont leurs habits étaient couverts. Quelques
personnes appellent ce poisson Baiboiteau , à, causo d&
la ressemblance qu'on a cru lui trouver avec le Barbeau,
d'oii on a fait les noms Garbotin , GaxbiAteau.
' On donne encore à ce poisson le nom de FUain, à
raison de ce qu'il se plait dans la fange et les ordures ,
dont il se nourrit , ou plutôt à cause du peu de cas que
l^iMi fait de ce (o/ poisson. Ce poisson est aussi conau^
sons tes noms de ChevenCy Ckes^ansy Clias^eney Cha^
lidsféaU:{sùt ta Loire ), Chaboisseau ( petit Chabot ) ,
dMvés de Chef; à Angers on Tappelle Cliouany de-
TAnglais Chus , Chie\^en , d'oii Che^ene.
D'airtres lui ont donné le nom de Testardyk cause
de 4a grosseur de sa tête , et à Rome il porte le nom de
Squale.
Toutes ce^ dénominations vagues ont causé le plus,
glrand désordre dans la nomenclature ichthyologique ,
et les commentateurs qui se sont, bornés à les admettre
les ont- appliquées à tort et-k travers , à des poissons fort
différens , comme il est facile de s'en assurer. Rondelet ,.
lol-méme ^ dans le chapitre cité plus haut , a confondu
la Diobule et mon Cyprin bouche en croissant.
Gesner^ de A{iuatilibuSf p, 2,16 j 217, a décrit. la
Bokule sous le nom de Capito, pesant cinq livres et
demie, ( livre de 18 onces ) , long de dix-huit pouces.
L'origine de la dorsale à dix rayons , dit-il , se trouve à
égale distance de Torigine de la tête et de l'origine de la
queue. Les dents au nombre de sept , sur deux rangées,
cinq en dehors et deux en dedans, sont légèrement cro-*
chues au sommet. Ce poisson (raie en mai. Dans les en-
virons de Baie , les pêcheur^ garnissent leurs hameçons
avec un insecte appelé Aletmuggen , ( Capitonis musca,
mouche de Capito ); c'est une mouche grande, oblongue.
t 154)
noirâtre, qui pendant Thiver , est cachée dans Peau. Ne
serait-ce pas une espèce de Phrygane ^ ou de Semblis ?
Les œufs de ce CapUo, dit Cresner , sont bons à manger,
Oi^a palato sapiunt.
Je vais décrire Tappareil dentaire pharyngien de ce
poisson.
L'apophyse de Tos basilatre : présente une cavité
presque triangulaire , dans laquelle est sertie la plaque
dentaire supérieure; cette apophyse est terminée posté-
rieurement par un prolongement large et comprifné b*
téraleraent ; la première vertèbre a de diaque câté one
apophyse assez longue et fort aiguë.
Les dents pharyngiennes inférieures au nombre de
sept sur deux rangées , cinq en dehors , deux en dedans^
sont toutes crochues à leur sommet. Le nombre de C68
dents peut varier par suite de la chute de plusieurs
d'entre elles. J*ai vu des mâchoires oii une dent man-
quait à la rangée extérieure , d'autres oh il en manquait
deux à la rangée extérieuréet une à la rangée intérieure^
d'autres où une dent manquait à chaque rangée , daiift
d'autres enfin une dent ne manquait qu^à la rangée inté*
rieure. La place des dents manquantes est très-risibkl
sur le rang extérieur.
Les dents tombées se remplacent-elles chez les Cy-
prins ? C'est ce que l'observation ne peut faire cou*
naître ; et comme les dents pharyngiennes des Cyprins
paraissent être un prolongement recouvert d'émail , des
mâchoires , il est bien à croire que les dents une fois
tombées ne se remplacent plus. En effet dans les
Squales où le remplacement a lieu , il ne s'opère jamais
dans la place vide, mais seulement par des dents posté-^
rieures couchées qui se redressent alors.
La description du Cyprinus dobula , donnée par
( 155 )
J. Hermann, Observât, zoologicœ, p, 821, sur un
échantilloD de huit pouces et demi , présente quelque
diflfêrence avec la nâtre. Gela dépendrait-il de la dide-
rence de taille des échantillons examinés ?
On confond souvent le Cyprinus jeses avec le C^-
prinus dobula, Bloch a signalé leurs différences , que
nous allons mettre en parallèle.
Tiuun ou Meuiueii. Cyprin Dobule. Çyprimis dobula,
nus jeses, Bl. , p. ^^^pl. vi, Bloch , pL v.
DeveiiAiit très-gros. Moins grosse.
Tète beaucoup plus épaisse.
Corps plus gros, bleuâtre. Corps étroit | de couleur Ter-
dâtre.
Largeur d'une Carpe.
Lobes de la queue obtus. Lobes de la queue aigus.
Ecaillés gra'pdea. Ecailles petites.
Poida jusqu'à dix livres '. Poids ne dépassant jamais une
livre et demie.
Vie dure. 18 paires de côtes. Vie peu dure. i5 paires de
côtes.
Chair grasse, garnie d'arêtes y
paraissant jaune quand elle J* ajoute : Sept dents crochues,
est cuite. sur deux rangs.
' Le baron de Tschudy écrit à Duhamel, Pèches, 2«
jfari, , sect. m , p, 5oa , qa^on prend dans la Moselle des
Chevannes qui pèsent dix à douze livres. Ce sont àe% Cypr.
jeses* Elles ont été indiquées par Ansone , sous le nom de
CapUo.
V Achon, Attchon ou Aucon de la Moselle est un poisson
blanc qui ressemble au Vilain ; seulement il est un peu plus
alongé. Il est médiocrement estimé. Duhamel, 7fi part.,
sect. ni , p. 493 , § 4. Ne serait-ce pas la Dobsfle ?
( »56;
A Toccasion du Cyprinus jeses , décrit et figuré par
}\\Y\ne^ HisU des poiss. du lac Léman y p. 307, if
li^pL 11, sous le nom de Chevène , je ferai remarquer
que ce poisson est le Cyprinus idus, Bloch , Ichlhiolog.,
part. I , p. 202 , pL 36 j ainsi quUl e^t &cile de s^en as^
surer par la comparaison des figures et par celle des
mœurs et des habitudes.
L'Ide, appelé par Cuvier le Gardon^ Bègn. anim. ^
tom. 2 , p. 275 , habite les grands ' lacs ; sa longueur
' Il faut rapporter à Tlde le poisson appelé Cyprinus cla^
valus siye Pigus par Rondelet , de Piscibus lacustnb, Ub*,
cap. y^p- i53 , Gesner , de Aquatil, , p. ?ijS, C'est en effet
le Cyprinus idus mâle , au temps du frai, pris dans le lac
de Côme et dans le lac Majeur, où seulement il se trouTCi
au rapport ^t% Milanais. Artédi, JchthyoL , part, ty^
Synon. ^p, 1 3 , jp. a5 1 le signale sous le nom de Cyprinm
piclo (ne faut- il pas lire picho?) Pigo et Pigus dictus. 11
dit : ce Des épines blanches et pyramidales paraissent à la
£n du printemps et au commencement de Tété y sur le milieu
des écailles, et durent environ quarante jours; passé ce
temps on n'en observe plus. »
Duhamel, Traité des Pèches, n^ part», sec t. m, p. Si/^
en parle , sous le nom de Carpe épineuse ; et Lacépède j'^ist,
nat, des Poiss., t. 11, p. S6, répète ce quW dit Rondelet.
On trouve peu de renseignemens sur le Pigo , Cyprinus
pigus, dans le Dict. des Se, nat., tom* ^o ^p.^Sy.
Pigo , poisson semblable à la Carpe , qu^on pêche en été
dans le lac de Côme et le lac Majeur. Ce poisson a an milieu
de chaque écaille, du côté de la tête, une espèce d'épine
ou de boucle , piquant comme celle de la Raie \ sa qneae
est fourchue; son tentre est blanc, tirant sur le rouge
pâle ; le dos d'un bleu noirâtre. Les plus grands de ces
poissons pèsent cinq à six . livres ; la chair en est délicate*
EncycL méih,, Dict* des Pêches ; p. 21 9.
( 157)
est d\m à deux pieds, et son poids de six à huit livres ;
il a la vie dure; il mord surtout quand on prend pour
appât des queues d'Ecrevisses et des Grillons, Grjllus
campestris ; sa chair blanche est tendre et de bon goût ;
ila 4^ vertèbres et i5 paires de cotes.
Dans l'article consacré par Jurine à son Cyprinus
jeses ' , on Ut : C'est , je crois , le seul Cyprin * qui
mange d^autres poissons et morde ajox hameçons auxquels
tient un Chabot ou une Loche Il parvient à une
grosseur assez considérable, puisqu'il n'est pas rare
d'-en prendre de 4 ^ ^ livres. Quoique sa chair soit
blandie et délicate , on la prise peu , à caase du nombre
des arêtes.
On voit , par le rapprochement de ces passages et
par la confrontation des figures , que le Çyprinus jeses ^
' Le nom de Jeses ne aerait-il pas une altération de ce*
hi de Jefunus ?
On lit en effet dans le Traité des Alimens^ par Lémery ,
a« édit,f p. 4^3 9 AU sujet da Mulet de rivière :
a Le Mulet, Cephalus, est encore nommé en latin Mu--
a gdf parce quUl est fort agile; il est appelé par quelques-
ce uns J^unus ,,.»., parce qu^il ne mange point de chair.
<K Cést pour cela , dit Jovius , que les poissons , qui comme
« lui n^en dévorent point d'autres, honorent et respectent
te très*fort le Mulet , le regardant comme un bon et sain
« poisson, ao
* Les détails contenns ci-dessus, p. i5i , dans notre
article Dobule , prouvent qu'il y a plusieurs espèces de
Cjprinff qui mangent d'autres poissons.
Le basilaire auquel adhère la plaque pharyngienne de la
Dobnle a postérieurement une crête longue et large ^ placée
de champ. La forme de la plaque est triangulaire.
( 158 )
de Jurine est très-différent du Cjprirms jeses de Bloch.
Il est le même que le Cyprinus idus , Bloch.
Cyprinus jeses.
Celui de Jurine diffère de celui de Bloch :
D. à la partie post. des Y. D. à l'origine des Y*
C. à peine échancrée. C. fonrchue.
Corps alongé y droit de la D. Corps gonflé , bombé de la
à la tête. D. à la tête.
Aussi la figure du Cyprinus jeses de Jurine est-elle
la même que celle du Cyprinus idus, Bloch, pi. xxxTf,
appelé Gardon par Cuvier , Jiègn. anim. , édit, 2 , Ipifi;
2, ;?. 275. Ainsi , le Gardon de Cuvier est différent dn
Gardon de Rondelet et de Duhamel.
Le Cyprinus dobula et le Cyprinus leuciscus , dil
Bloch , se ressemblent beaucoup *, cependant le Meunier^
Cyprinus dobula , est plus arrondi et a les nageoires pec-
torales, ventrales et anales rouges , tandis que ces mêmet
nageoires sont d'un rose très-pâle dans la Vandoise. ••
a Chabuisseau , nom que les pécheurs de la Loin
donnent à la Chevanne, en Poitou et en Aunis, à m
petit poisson de deux à trois pouces de long , dont le
écailles sont petites et blanches , qui a depuis les ouie
jusqu'à la queue une bande de deux à trois lignes d<
largeur, d'un bleu clair et luisant; il a un petit aileron sui
le dos , un ou deux derrière Tanus ( ces deux derrièr
l'anus sont de la part de Duhamel une erreur dépendan
d'une déchirure de la nageoire anale), Taileron d
la queue fendu , deux nageoires sous la gorge , un
derrière chaque ouie, la tête petite. Quelques-un
le nommeht Chabisseau; on le nomme aussi en patoi
des bords de la Loire, Garbotin, Garbatteau. )> Duhs
mel, Traité gén. des Pêches, n^^part,, secU ni , p. 565.
( 159 ) ^.
« Un excellent correspondant que j^ai au hbrd de
la Loire ) et qui me recommande forlib de ne le pas
nommer , m^écrit que les uns nomment la Ghevanne
Garbotdn, d^autres Garbotteau, et d'autres Chabois"
seau, » Ouu. cité, p. 5o2.
Cet article est une nouvelle preuve de la confusion
introduite dans la nomenclature des poissons , lorsqu^on
se rapporte uniquen^nt aux noms , pour les indiquer.
Aussi Duhamel n'a-t-il pas reconnu dans le Chabuisseau
du Poitou et de TAunis, la Bouvière , i^ojez ci-dessus,
p. iaa,ou plutôt le CyprUius jaculus ; ce dont pourront
s^assnrer les naturalistes des bords de la Loire , en exa-
minant la denture de ce poisson.
N, B. Le nom de Chahoisseau est employé par CoTier ^
pour désigner les Chabots marins, Cottus, Linn. Lacépède
l'attriboe ( mais bien à tort } , à son Cjprin jesse.
Dans cet ouvrage j*ai eu à plusieurs reprises,, p. 7,
p. 74, Toccasion de signaler la difTiculté de se procurer
pour Fétude , les poissons que Ton désirerait ; je reviens
encore ici sur ce sujet. Toutes les espèces du sous-genre
AUe,Ga\,^ ont été confondues jusqu'à ce jour 5 j'ai
préci3é les caractères de toutes celles que j'ai examinées ;
le nombre et la disposition des dents pharyngiennes
m'ont servi de base fixe. Aussi je regrette beaucoup
de n^voir pu obtenir, malgré des demandes réitérées,
les deux espèces suivantes , connues dans l'arrondis-
sement de Châtillon , et sur lesquelles mon estimable
confrère, le docteur Bourée, m'a envoyé la note suivante :
fL Meunier^ vu'g- VtlœUy Cjpiinus oblongus, ou
« Dcbula, commun dans la Laigne, où il acquiert de
« grandes dimensions ; rare dans nos autres rivières.
« Ce poisson est connu sous le nom de F^ilna dans
« Tarrondissement de Châtillon.
*. ( 160 )
(c C^ei^alàij Chauigneau, sans doute le CheUiume,
« Leudscus jéses; très-abondant dans toutes nos ri-
c( vières , ou ce poisson blanc acquiert quelquefois le
c< poids de trois livres. » Lettre de M, Bourée, ii
noi^embre i835.
Mais il sufTira de comparer l'appareil dentaire pharyn-
gien de ces deux poissons , dont Tun est certainement
la Dobulc, pour reconnaître leui^litlërence, indiquer
leurs caractères et appliquer les noms.
« La difliculté, dit Guvier, de reconnaître les
« figures données par les auteurs d'espèces si serablableS|
c( dans le sous-genre Able, est encore augmentée,
ce parce qu'il y a dans les rivières d^Europe plusieurs
« autres espèces qui n'ont pas encore été représentées. »
Cuvier, règn, animal y éd. a, tom, ^^ p. 2.^6^ à la noie.
Les descriptions que je donne n'auront pas Tincon-
vénient que Guvier attribue aux figures ^ et Ton peut
s'assurer de Tinexactitude de Tarticle suivant , inséré
par Bosc dans le Noui^, Dict, dllist, nat, , édiU a ,
toni, VI, p. 4i4*
c( Chevanne, poisson du genre Cyprin , qu'on appelle
« aussi Meunier y Vilain ^ Testard^ et qu'on trouve
« dans les rivières et les ruisseaux 5 c'est le Oyprinus
« Jeses ^ de Linnaeus , et non le Cjp/inus cephalus
« du même auteur, comme Duhamel ^ et d'autres Font
« cru. Voy. au mot Cyprin, »
' Bosc aurait dik citer les autorités sur lesquelles il s^ap-
pnie pour dire que notre Chevanne est le Cyprinus jeses p
Linn. ; ce qui n'est pas. «
^ Duhamel, dans son Traité général des Pèches^ n^A
point rapporté la Chevanne an Cyprinus cephalus ^ Linn.
J'ignore s'il l'a fait dans quelqu'autre ouvrage.
( 161 )
Pai prouvé que la Chevanne de uos pays est' W Çjr^
prinus dobula, Bloch; et la Ghevene de Jur^, le
Cyprinus idus, Bloch^ on verra plus bas que le Che-
vanne de Duhamel est mon Cyprin bouche en croissant.
Le Chevenne mâle , au temps du frai , en mars et
avril , a sur ses écailles des épines irès-prononcécs.
Duhamel en parle Pêches, /7. 5i 4 , sous le nom de Pigo,
et lui donne le nom de Carpe épineuse y au surplus les
mâles de beaucoup de Cyprins, du sous-genre jéble,
offrent à Tépoquedu frai des écailles charg;ées d'épines.
La Chevanne offre quelquefois dans son intérieur :
1® La Giroflée changeante ^
a* Le Distoma inflexum y Encycl. méth., vers, t. 2,
p. 273 , n» 79 ;
3* Le Tœnia torulosa, Batsch, Gmel. , Syst. nat. ,
édit. XIII, p. 3o8i , sp. 85, Dict. Se. nat., t. 53, p. 64.
Je n'ai pu encore, malgré des demandes multipliées ,
parvenir^ me procurer les poissons dont les noms suivent :
Alense, Câted'Or.
Bonille, petit poisson rond, blanc^ et très-bon, Yonne.
Carpe beurnole , Câted'Or.
Carpe tanche, id.
Carrelet , poisson plat , Yonne,
Ckatooille, ayant la peau deTAngailley et sur les côtés
de la tête , deux crochels, id,
Chevalot, Càte-d'Or.
Gardon ) id.
Gardon carpe , id,
Gremille, id.
Landoite, id,
LoDTOtte , petit poisson blanc plus court que PAblette y
Yonne*
Me&nier, Câte^d'Oret Yonne,
11
(162)
RotÎMon I Meunier ^ Yillena , Yonne.
RoQSM oour^ et large , Câte^d'Or.
Rousse longue aux yeux rouges , /</.
Roussel, Gardon rouge, ayant les panneaux rouges, Yonne»
Seufle rousse , Cote^d'Or.
Yandoise , id,
Yapdoise imitant le Rotisson , mais plus petit ^ Yonne*
Yilna , Côte-d'Or et Yonne.
Il me serait facile de rapporter plusieurs de ces pois*
sons aux espèces dont j'ai tracé l'histoire \ mais les noms
ont donné lieu à trop d'équivoques , pour les appli-
quer sans voir les objets \ il n'y a d'ailleurs point de
certitude , parce que les pécheurs ne sont point d^ac-
cord entre eux ; d'ailleurs m'étant fait une loi de ne
parler que des poissons soumis à mon examen , je m'in-
terdis tout rapprochement jusqu'à ce quUl me soit per-
mis de vérifier par moi-même les caractères de ceux
compris daos cettç liste.
XYIII. La Rosse, Cyprinus rutilus, Linn. , Gmelin,
Syst. nat. , xiii , p. 14^6, sp. 16.
Bondelet, de Plscibus lacustribus liber ,p, i56, cap, tx, enie*
ietaut le titre et la figure ', mais adoptaot le nom de f^angerQ/i.
' Uîncurie de rimprimenr a placé en tête de ce dbapitr^i
qui contient une description exacte de la Rosse , appelée
Vangeron par notre auteur, le nom et la figure de la Férup
Coregonus Fera , Jurine , Act. Genev, , 1825, tom. 3,
irtpart.fp. 190, n^ 9, j:?/. 7, décrite au chapitre xTin|
p. 164, en tête duquel se trouve la figure du Yangeron.
Cette transposition de figures a été signalée par Gesneri de
Aquat. , p. 35 , et ensuite par Aldrorandi , de Plscibus p
p. 620.
( 163 )
Genier , De AquatiU,p, 966. De Rutilo y sipe Rubello fiUiTiatili.
Marigli y Danuh» Pannon. , tom. ly, p, 41 > iah. xiii, fig, 4*
Duhamel, Traité général des Pêches, w part. , sect, m 9 p. 499^
pi XXIV , fig. a.
filoch , Ichthyologie , part, i , p. 28 , pi, a.
Bonnaterre, Tableau Encyclop,, ichthyologie, pi. Soyfig, 334-
Lacépède , Hist. nat. des Poiss,, tom. x, p. 397.
Jorinei Hist, des pois s, du lac Léman, p. an, n* i5, />/. i3.
Ce poisson , dont l'épine a 44 vertèbres , est connu ,
dans ce pays, sous le nom de Rousse. Quelques pê-
cheurs l'appellent Dresson (dénomination altérée de
Rousse ou Rousseau ).
On le reconnaît par la couleur rougeâtre ou orangée
de ses nageoires. Les N. A. et G. sont d'une couleur
orange bien plus prononcée sur les ventrales -, l'extré-
mîté de la D. est d'un vert foncé. Le dos est caréné
depuis Tocciput à la nageoire dorsale , et arrondi depuis
cette nageoire à la queue *, le corps a une forme ovale ,
un peu resserrée depuis l'anus.
La nageoire dorsale correspond , à peu près , à la
partie postérieure des nageoires ventrales.
D. 12 : V. 9 : A. 12-, ligne latérale un peu courbée ,
formée de 44 glandes -, longueur de la téle : 3 fois i/4
dans celle du corps.
La mâchoire inférieure , légèrement ascendante , ob-
tuse et dépassée sensiblement par la mâchoire supé-
rieure.
Péritoine nacré , piqueté de points noirs nombreux.
L^appareil dentaire pharyngien consiste en une plaque
en poire , sertie dans la cavité de même forme de l'apo-
physe de l'os basilaire, terminée par un prolongement
aplati, disposé horizontalement, et muni d'une crête
médiane, imitant la saillie du sternum de poulet.
Les mâchoires pharyngiennes inférieures sont , cha-
( 164)
cnne, pourvues de six dents, (quelquefois une ' ou
deux avortent, comme je l'ai vu), disposées sur un
seul rang.
Cuvier, Anai. compar. , tom. 3 , p. 191, se borne à
dire : « La Rosse , Cyprinus rutilas , a les dents comme
« la Tanche, et encore plus grosses à proportion. »
MaisJurine, Act, Genei^., tom.i, part.i^ 1821, p.
a4j en précise le nombre. « La Rosse ou le Vangeron,
(( Cyprinus rutilus , dit-il , a cinq dents qui ressemblent
« à celles de la Tanche. » Jurine n'a vu qu'un indi-
vidu à mâchoires incomplètes par l'avortement ou la
destruction de la sixième dent, à moins qu'il n^ait exa-
miné mon Cyprinus xanÛiopterus,\, ci-dessus, p. 147.
Suivant Duhamel, la Rosse de rivière a ordinairement
dix pouces de longueur. On en trouve quelquefois d'un
pied et demi et du poids d'une à deux livres. Bloch dit
une livre , ou tout au plus une livre et demie.
Voici le passage de Duhamel :
« De la Rosse de rivière, Itoce, Rose, Roche.
■ Gmelin, S. N. , éd. xiii, p. 14^7» ne donnant que
cinq dents à cliaque mâchoire pharyngienne du Cyprinus
rutilus f Linn., me fait croire quHl a fait son observation
«ur mon Cyprinus xanthopterus , qu'il est facile de confon-
dre avec la Rosse quand on néglige le caractère fourni par
les dents. Gesner en a fait usage assez fréquemment, comme
on peut s'en assurer par le passage suivant :
a De capitone anadromo illo quem Miseni Zerle Tel Blicke
ce nominant. » 1
oc Maxilla utrinque valida , dentibus senis oblongît val*
ce lata. Maximi qui apud Misenos capiuntur bilibres sant. ^
Gesner, de AquatU, , p* 1270.
Les dents du poisson mentionné par Gesner iont en
même nombre que celles du Yangeron.
( 165 ;
. Elle confine beaucoup avec le Gardon -, elle a quel-
quefois 1 1/2 pied de long. , et pèse i i/a livre. Nageoires
d'un rouge beaucoup plus vif que dans les Gardons.
Rosse , plus large que le (xardon ; trois et demi de
largeur faisaient plus que la longueur ^ beaucoup plus
courte et plus large que la Ghevanne ou le Vilain.
Ecailles de la Rosse approchant beaucoup de la gran-
deur et de la couleur de celles de la Carpe.
Longueur, to pouces.
Iris de couleur d'or ; dessus de la tête d'un brun oli-
vâtre foncé , chargé de noir ] gueule petite -, mâchoire
inférieure parait un peu plus longue que la supérieure.
(Ce doit être le contraire.)
Chair moins délicate que celle du Gardon. »
Duhamel, Trait, gén, Pêch.^p, 499, pi* xxiv^Jlg, 2.
« Rosse, poisson de rivière fort commun en Suède; il
est de la grandeur d'une Carpe , et de même genre ; ses
nageoires et ses ailerons sont d'un rouge vif; l'iris de ses
yeux est de couleur d'or ; le dessus de la tête et le dos
d'un brun olivâtre foncé ; les côtés d'un jaune clair. Sa
gueule est petite et sans dents ; sa chair est bonne , mais
un peu amère. » EncycL méthod. , Dict. des Pèches,
p. 244-
«c Rosière , poisson d'eau douce à nageoires molles et
du genre des Carpes ; sa tête est grosse 5 ses yeux sont
grands ; sa chair est bonne à manger , mais de dif&cile
digestion. >» Op. ciu^p. 244*
Il est difficile de dire auquel des Cyprinus rufus,
Nob, , ou du Cjprlnus rutilas , Jur. , appartiennent la
Rosse et la Rosière citées par l'Encyclopédie méthodique.
Les échantillons que j'ai observés avaient neuf pouces
ie longueur, depuis l'extrémité du museau jusqu'à l'o-
rigine de la queue 3 ib n'étaient pas du même sexe ; aussi
( 166)
ai -je remarqué de très-grandes différences dans la pro-
portion de la tête avec le reste du corps , et dans celle
de la largeur , comparée à la longueur totale. Le nombre
des rayons des nageoires n*était pas le même non plus
dans les deux sexes ; tel est le motif pour lequel on ne
doit pas beaucoup compter sur les caractères des pois-
sons, tirés du nombre des rayons des nageoires, dans les
Cyprins du sous-genre Able. L'appareil dentaire pha-
ryngien m'a fourni des caractères invariables et
eonstans, que Thabitude et Texercice ne tardent pas à
familiariser avec Taspect extérieur des poissons , aspect
plus facile à saisir qu'à décrire. Il ne faut donc point
être étonné si dans le Dict, des Se. nat, , tom, i , suppL,
p,^^ sp, 2,^ tom, xLvi, p. -292, et dans le Nouv*. DicU
dhisU nat. , édil. 1 , tom, ix ^ p. 78 , les auteurs ont
confondu la Rosse avec le Gardon ; c'est le résultat des
mêmes noms donnés par les pêcheurs aux différentes
espèces de la sous-division du genre Cyprin , désignée
par Cuvier, Règn, amm. , éd't, 2, tom. a, p. ayS,
sous le titre : des bibles y et par le vulgaire , sous celui
de Poissons blancs.
La Rosse est aussi connue sous le nom de F'angeron,
du mot suisse Winger, dont le radical ff^ink , clin-d'œil,
désigne la rapidité avec laquelle nage ce pvoisson , qui
s^ la vie dure et se nourrit de substances végétales et
même animales. .
A l'époque du frai , on rencontre souvent des Van-
gerons couverts d'aspérités. Ce phénomène s'observe
dans plusieurs autres espèces de Cyprins : le Chevène,
le Gardon p etc. Je l'ai remarqué dans le Vairon.
Ce poisson fraie en avril et au commencement de mai,
ordinairement vers midi; la femelle dépose ses œufs,
verdâtres , auxquels la cuisson donne une couleur rouge.
( 167)
dans les endroits couverts d'herbages ou de brancb^s^
« C'est 9 dit Bloch , le plus rusé de tous les poissons
« de nos contrées ; il reste toujours caché dans le fond
tu de Teau, tant qu'il entend quelqu'un sur l'eau. »
De jeunes Yangerons , ayant à peine deui pouces de
longueur, ont déjà leur ovaire et leur laite tout à fait
développés* Cette disposition sert à éclaircir le chapitre
de Rondelet, intitulé : de Phoxinis.Y. ci-dessous, p. 168.
On recherche peu le Yangeron , à cause de ses nom-
breuses arêtes , petites et fourchues , quoique sa chair
soit délicate et légère ; et lorsqu^on se décide à le servir
sur les tables , on le fait frire.
Les Truites et les Brochets font une guerre continuelle
à ce poisson , employé avec avantage pour amorcer ', il
est très-^sujet aux vers.
« On trouve fréquemment dans les Yangerons , dit
« Jorine, ouu. cité, p. 21 3, un Taenia logé hors des
« intestins; ce qui distend leur ventre au point que les
K pêcheurs ont fait de ces individus une espèce parti-
a culière , à laquelle ils ont donné le nom de F'entru ou
« Goitreux, »
Jurine n'a pas indiqué si ce Taenia était VEchi-
norfnchus rutili , MuIl.,Gmel.,Syst. nat., xiii, p. 3o5o,
sp. 45. Encycl. méthod. , Yers , tom. a, p. 3o3, sp. 9,
ou V Eclùnoîynchus q^m^^MuU. , GmeL , Se. nat.,
xiu, p, 3o5o, sp. 4^, 44» P* 3048, sp. 32. Encyclop.
méthod., Yers, tom. 2, p. 3o3, sp. 10.
C'est aux observateurs à décider.
Jurine , ouy. cit. ^ ^. 2i3, a publié des remarques sur
la synonyçiie de la Bosse. Suivant lui , Bondelet a , le
premier , faXt connaître ce poisson sous le nom de Van-'
geron.
Selon dit peu de chose sur la Bosse , qu^il Croit être
( 168 )
quelque bâtard de la Brème , constituant cependant une
espèce différente.
C'est effectivement le Cfprlnus lafus, Gmel., Sysî. N.,
tom. i, p. 1438, sp. 5o , appelé Rosière par Rondelet,
qui en avait déjà parlé sous le nom de Ballerus,
Sous le titre de Phoxinis , Rondelet parle d'un petit
poisson qui, suivant Aristote, a des œufs dès qu'il
est né.
<( Cette disposition, dit Rondelet, se remarque dans
« plusieurs espèces de poissons ; je Ta i rencontrée sou-
« vent en Picardie sur le poisson appelé Ros'ère, * dont
tt la taille ne dépasse jamais six pouces; son corps est large
« et comprimé; ses yeux sont grands relativement à son
<( corps; il est de couleur jaune, et ressemble entière-
<( ment à de petites Brèmes ; quelque petit qu'on le
« prenne , il a toujours des œufs ; ^ aussi les pêcheurs les
ce plus instruits disent qu'il naît avec des œufs. » Ron-
delet, de piscib. flui^. lib. , cap, xxviir, p, 204.
La Ros'ère est représentée par la fi.^nre inférieure,
dont la nageoire anale fort longue ressemble à celle
de la Brème.
« Rosière, poisson d'eau douce du genre des Carpes;
' Ce nom ne viendrait-il pas de Roscies , dénomination
par laquelle les Anglais désignent le Gardon?
De Leucisco altero , s^u primo, Rondelet. AIdrov. , de
Tiscibus , lib, t, cap, xxiii , /?. 608, Gardon. Ab Aiiglis,
Roscies ^ Helvetiis, ein SwaJy Bellonius, Sargum , Sago*
nemve ; Monspeliensibus, Siège, p, 608.
* Déjeunes Vangerons, Cypri jus rutilas , ayante peine
deux pouces de longueur, ont déjà leur ovaire et leur laite
tout-à-fait développés. Jurine , Hist, Poiss* du lac Lé-
mon j p, 212.
( 169 )
€ il est long d^un demi pied . et sa chair est bonne à
« manger quoique de dillicile digestion. » Dicl. Hiéor.
etpraU de Chasse , tom, 2 , p. 32o.
« Belon parle aussi d'un poisson qu'il nomme Rosse,
m qui est moins grand que la Brème, que les Anglais
« nomment Rochiez ; ' il inclinerait à penser que c'est
« une espèce de Brème ; mais comme il a le dos brun
« de même que le Gardon , et les ailerons ainsi que
% les nageoires rouges , ce qui ne s'aperçoit point à la
c{ Brème, il en conclut qu'il ne faut pas confondre ces
« deux poissons , d'autant plus que son corps est plus
(( épais que celui de la Brème ; sa tète ressemble assez
« à celle du Gardon , ses écailles sont plus grandes et
« moins brillantes , et sa chair moins délicate. » Dulia"
mel. Pèches, ii« parf, , sect, lu , p. 499.
Dans cet article Duhamel confond deux poissons ,
savoir : le Cyprinus latus , Rosière de Picardie , et le
Cjpfinus rufus , Rosse de Belon , ce dont pourront
s'assurer les naturalistes de Tancienne province de
Picardie.
Dans le même chapitre , Rondelet rappelle la Rose
qui ressemble à la Rosière , mais elle est un peu plus
grande ; elle a la queue rouge ,^ son corps est moins
lai^e et de couleur bleue. Ce poisson est toujours plein
dœufs. Rondelet, loc, cit. , p, 2.o5 ,fg, super, ,• c'est le
Cyprlnusrutilus, vid, supr. p, 167.
Dans la traduction française , part. 2 , p. 1 5 1 , il y a
deux infidélités. Voici la première. « Vous le voyez tel
qu^il est au premier pourtrait. » Phrase qui n'est point
' Je rappellerai que le Gardon est appelé en anglais
Roscies, en Suisse S-wal, à Montpellier Siège. Belon lui
donne le nom de Sargus on Sago. AIdr. y de Pisc, p, 608.
( 170)
dans le texte, il faut lire : au second pourtrait. « Celui
de dessous, n lisez : celui de dessus. Le texte latin porte :
« Huie qui subjungitur non multum absimilis
(( est Rose. )> Ce qui signifie : la Rose ressemble à la
Rosière qui est dessous. '
La seconde inexactitude est bien plus forte ; elle dit :
(c moindre que le premier » et le texte latin porte : '
Paulo major, ce qui signifie : la Rose ressemble
beaucoup au poisson représenté à la a* figure ou à la
figure inférieure , mais elle est un peu plus grande.
Cette petite explication était nécessaire pour rectifier
le passage suivant de Gesner. a Omnino inversae sunt
« figurae , et nomina quoque mutanda , nam figuram
a Rose piscis subjungi ait , quae major sit et minus
« lata. » Gesner , de AquatiUb. p. 841 •
Gesner n'a pas compris la phrase de Rondelet ; les
mats huic qui suhjungitur , ne se rapportent pas à la
Rose , mais à la Rosière , ce dont il est facile de s'assurer
par la confrontation du texte avec les figures.
La figure intérieure ou celle de la Rosière , à raison
de rétendue de sa nageoire anale , ressemble beaucoup
à celle du poisson décrit et figuré par Duhamel , Traité
génér. des Pêches, n*^art., secU in, p. 5o6^pL xxvi,
La figure supérieure est efiFectivement celle d'an
jeune Cyprinus ruiilus.
Si l'on a trouvé de l'équivoque dans le texte de Ron-
delet , c'est pour n'y avoir pas fait attention et pour
s'être arrêté à la proportion des figures sans avoir
comparé les descriptions.
Siego.
Rondelet n'ayant pas donné de description exacte
de SOS Mugîtes , Leucisci, rend très-difficile la déter-
( 171 ;
minaiion des espèces de poissons qu'il a mentionnés
sons ces titres ; cependant en les cherchant dans les lieux
oii il les indique , on parviendra à les retrouver comme
je Fai fait pour le Cyprinus erythropklhalmus , et pour
le Çjrpnnus bipunctatus,
Bondelet, dans un chapitre, de Piscib. fluviadUb.
Ub., cap. XVI11 ^ p. 193 , parle du Si'ego, Siège, poisson
extrêmement fréquent dans les ruisseaux et les rivières
des Cévennes, dans THérault; sa taille est d'une cou*
dée ' ; il ressemble aux Mug^ies , seulement il a le mu-
seau plus pointu.
Cette description, donnée par Rondelet, est aussi
inexacte que la figure supérieure de ce chapitre ; figure
dans laquelle est oubliée la nageoire anale, et où le
placanent des nageoires ventrales bien en arrière de la
dorsale , ne conviendrait qu'au Cyprinus eiythrop/uhal"
musp A la figure n'était pas aussi alongée.
L^ensembie de cette figure se rapporterait à mon Cj^
prinus mugUis , ou peut-être au Cyprinus jaculus ,
Juriae : les naturalistes des Gévennes peuvent seuls con-
firmer ou infirmer cette S3rnonymie , par l'examen des
dents pharyngiennes du Siego , poisson dont plusieurs
aoleiirs oot parlé plus on mmns exactement d'après
Yoici ce que Delisle de Sales dit de ce poisson :
c Su»c , espèce de Muge d'eau douce , qu'on trouve
dans les rivières, proche des Cavernes. » Dict, théor,
apnotb/uede Chasse et de Pêche, 1769, fom. 2, p. SSp.
Vaprès cette indication il serait diflScile de savoir
' Cette mesmre est erroa^ , et k fiçare donsée pir
Koadelet ne pe«c servir à sacmae détemdjiatios ; el2e est
tiitp incomplète.
( m )
où se trouve le Slego ; car il ne viendrait à personne
ridée que les Cei^ennes ont été converties en Cavernes
par l'auteur du Dictionn. cité. Au surplus les bévues
des traducteurs sont connues depuis longtemps et con-
firment Texactitude du proverbe italien : Tradutore ,
Traditore.
« Le Siego , écrivait Dalechamp à Gesner , ne se
trouve pas dans notre Saône , mais dans THérault qui se
jette dans la mer à Agde. w JVomenclator àquatil.
' animant., per Gonradum Gesnerum^ i56o,/?. 3o5.
Cette assertion de Dàlechamp est contredite par
celle très-positive deBoussuET, qui dans son ouvrage in-
titulé : De natura aquatil, carmen in altéra parte ,
p. 104» dit expressément : ce Ce poisson se trouve dans
la Saône. »
Aussi je suis porté à croire que ce poisson est, comme
je Tai insinué plus haut , ou mon Oyprinus mugilis , ou
le Cyprinus jaculus , Jurine.
« Le Friton et le Siège, dit AUepn Dulac, sont
l'un et l'autre des espèces Ae Muges de rivière; leur
manière de vivre est la même , leur chair a le même
goût et le même suc. Le bec du Siège est un peu plus
pointu que celui du Friton; c'est ce que nous ap-
prennent Rondelet et Gesner. » Hist, naturelle du
Lyonnais y etc., tom, i, p, i58.
Duhamel parle aussi du Siège ; loin de le faire con-
naître exactement , il en augmente la confusion.
(( Siège, on nomme ainsi en Languedoc de petits
poissons, qui ressemblent au Gardon et encore plus à
la Vandoise ; i^ojez Fritons. » Traité général des
Pèches y tom. 2 , p, 670.
ce II me semble , dit Duhamel , que le Siège approche
( 173 )
plus de la Yahdoise. » Ouur, citéy n* pari,, sect, m,
p, 556.
Lacépède ne parle pas du Siego dans son Histoire
naturelle des Poissons ; aussi les Dictionnaires modernes
d'Histoire naturelle ne font aucune mention du Siège.
XIX. Le RoTENGLE, Cjprinus erythrophtlialnius ,
Linn. , Gmel. , S. N. xin, p. 14^9, sp. 19.
Roadelety de Piscib.fluviat, liber , cap, xvi , p. 191. De Leucisco.
Le Gardon. '. La forme de la tête^ la directioa de la mâchoire infé-
rieure ne laissent aucan doute.
AldroTandi, de Piscih. p, 608 , lib. y, cap, xxiii. De Leucisco
altero seu primo Rondeletii.
Duhamel , Pêches, o,* part,, p, 49^, sect, m , pi, xxiy, fig, 1.
Le Gardon. '
filoch, Ichthyol., part, i, p. ^5, sp, lypl, i.
Bonnaterre, Tableau encyclop. des trois Règnes, ichthyol., p. 199,
4p. 38 y pi, 8i y fig, 337, La Sarve. •
Lacëpède, Hist, nat, des poiss, , tom. x^p. ^00,
Jurine, Hist, des poissons du lac Léman , p. 209, n* 14 y pi, 12.
Nouv, Dict, d'Hist, nat., édit, 2 y tom. 9 , p.j\.
Ce poisson parfaitement décrit par Artedi,/c/?fA7'o/.,
pars y, p. 9, ' sous le nom suédois *Sa/v ou Sarf,
est désigné par nos pêcheurs sous les noms de Cherin,
' CnTier^ Règne animal, 2« édii,, tom, ^^ p» ^j5^ rap-
porte le nom de Gardon an Cyprinus idus , entièrement
dîfRrent du Cyprinus erythrophthalmus^ et Bosc, N, D,
H, N, , éd, a , tom, <)y p» 7^% au Cyprinus rutilas. Dans
le JDict. des Se, nat,, tom, xtiii ^ p, 54; tom, xl^i^ p,
29^ , on appelle aussi , par erreur y le Gardon Lçmiscus
(lisez Leuciscus ) rutilas,
* Le nom de Sarve, altéré de Sargus, est donné an Gar-
don par. quelques auteurs.
' Bramisaffinîs. Iconhujus nuUa extat. Artedi, /c^/^^o/.^
pars lY^ p. 4 y sp, 3.
(174)
Cfiairuif Charln, Schern, dérivés probablement da
suédois; à Genève on l'appelle Raufe, à Evian PUuelle,
à St.-Saphorin Plateron.
D'après AUéoa Dulac, le Gardon , poisson blanc mat,
peu estimé , a le corps lai^e , le dos bleu ^ la tête
verdàtre , le ventre blanc et les yeux grands. Mémoires
pour sennr à {Hist. naL du Lyonnœs , iom. i , p. 141.
Cette description vague convient à plusieurs pois-
sons.
Rotenglcy poisson assez semblable à la Brème, fort
connu en Allemagne; ses nageoires sont rouges , son
corps et ses yeux sont tachetés de la même couleur*
Encyclop. méth,, Dict. des Pêches y p. 244»
Roule, poisson de rivière et de lac , blanc, plus large
que la Rose et la Carpe et plus épais que la Brème. Sa
couleur est d^un brun jaune; il a la queue et les na-
geoires du ventre rouges; il a aussi une tache rouge
sur les ouies. On pêche de ces poissons dans le Rhin
et dans plusieurs lacs d'Angleterre ; il s'en trouve qui
ont douze à seize pouces de longueur. Encycl. méth^.
Dieu des Pêches , p. a44-
Duhamel est plus précis ; le Gardon, dit cet auteur,
est semblable à la Yandoise , dont il diSere par la
rougeur des yeux, par le corps moins large et le
museau moins aigu ; ses œufs fermes et roux sont déli-
cats; il a le dos bleuâtre , voûté , les côtés argentés et
brillans.
Ce poisson blanc est aussi appelé Garda ou Sargus;.
il est long de huit pouces, quelquefois, mais rarement^
de onze pouces; il a reçu le nom de Gardon, parce
qu'il vit plus longtemps que beaucoup d'autres dans un
vase plein d'eau; la largeur de son corps est quatre
fois ^lans sa longueur, les écailles paraissent distin**
( 175 )
ffxées par des traits bruns qui forment des lozanges ' ,
la chair est blanche et délicate , mais elle n'a pas beau-
coup de goût; néanmoins elle est assez bonne quand
on apprête ce poisson au sortir de Feau et lorsqu'il a été
péché dans une eau très-vive ; quand il est gros on le
fiût griller, s'il est petit on le fait frire. On en prend
quelquefois qui ont près de douze pouces de longueur :
Ceux-là sont les plus estimés parce que leurs arêtes sont
moins incommodes. Yoy. Duhamel, p. 498»
Ce poisson^ est distingué depuis longtemps comme
le prouve la citation suivante :
« Gardo piscis est fiiuviatilis , gratissimi saporis den-
deàœ {lisez Yendosiœ) similis, sed per ruborem
oculomm ab ea di^tcernitur. Uterque autem mediocris
quantitatis (lisez qualitatis) est. » F^incentde Beauvah,
Speculm naturœ , tom. 1 , Ub. xvii , cap. lv.
GesDfir répète ce passage en ces termes : Gardus
piscis Yendosiœ similis est : sed rdbore oculorum ab ea
differt; uterque mediocris est magnitudine.
J. Cu^ parle aussi du Gardon, u Ce poisson , dit-il,
a le corps large , le dos bleu , voûté , la tête verdâlre ,
bis cdiés argentés et brillans y le ventre blanc mut. Sa
chair est blanche.
Lacéjpède n'a point parlé du Gardon.
Le Rotengle est facile à reconnaître par sa mâchoire
inférieure ascendante, par la dépression à la partie
postérieure de la tête, résultat de la saillie brusque
de l'origine du dos. La longueur de la tête est trois JEbis
ex demie dans celle du corps.
Le pêcheur Noblot m'a donné ce poisson sous le nom
' Jarine attribue le même caractère au Cyprinus rutilus*
( 176 )
de P^andoise; ainsi est confirmée la note suivante d'AU
léon Dulac ' .
Le pêcheur Reverdy me l'a donné sous le nom de
Housse; c'est, d'après M. Pataille, sous ce même nom
de Rousse, que ce poisson est connu sur la Bèze.
Le Rotengle est agile et vivace , d'où vient le pro-
verbe des Français , parlant d'un homme dispos et sain :
Il est sain comme un Gardon.
Malgré la description que Duhamel a donnée du
Gardon , cet auteur l'a confondu avec d'autres poissons*
c< Gardo, Gardon, petit poisson assez estimé, dit-il;
a suivant Rondelet on le nomme en Languedoc Siège
« et les petits Fiitons y mais il me semble que le Siège
« approche plus de la Vandoise. » Duhamel, Pêches,
p. 566.
Dans cet article, Duhamel confond le Gardon de
Rondelet , avec le Siège et le Friton du même auteur,
qui en sont bien diflerens.
D'après la description du Gardon, faite par Ronde-
let , Belon et Duhamel , Jurine avait soupçonné que ce
poisson pouvait être son f^angeron [Cjprinus rutilus).
Afin iîe dissiper ses doutes à ce sujet il consulta divers
auteurs français , et ne trouvant le nom de ce poisson
' La Vandoise , dit Alléon Dulac , est un petit poisson
qui a le corps large et le museau pointu. Il est couvert d'é-
caiiles moyennes et de petites lignes. Sa couleur est entre
le brun, le vert et le jaune 5 il a Testomac petit, et le foie
blanc, où est attachée la bourse du fiel. Il devient fort*
gros. Sa chair est molle et assez agréable au gortt. Mémoires
pour servir à l'histoire nat. du Lyonnais, tom. 1 , p, 147.
Voilà la source de l'opinion de l'auteur du Dictionnaire des-
Sc. nat.
(177)
ardans le tableau encyclopédique de Bonnaterre, nî
dans Touvrage de Lacépède, il se détermina à iaire
tenir de Paris , dans de l'eau-de-vie , quelques-uns
de ces poissons. En les examinant, il reconnut que
quoique ces deux espèces fussent très-voisines , elles
éfaient néanmoins différentes. Le corps du Gardon
lui a paru un peu plus étroit que celui du Vangerony
la tête bien plus épaisse , et le dos roiid plutôt que ca-
réné ; outre cela la nageoire anale est moins longue ,
n'étant composée que de onze rayons , de même que
la dorsale. Quant à la couleur des écailles et des na-
geoires , il ne peut en rien dire , parce que Feau-
de-yie les avait altérées. Mém. de la Société de Phy^
doue et d Hist. nat. de Genèv^e , <. 3 , i'* part. , /?. 216*
J'ai démontré que le Gardon de Rondelet et le Gar-
don de Dubamel se rapportaient au Cjprinus ery-*
throphûialmus ; on en a aussi la preuve dans le passage
suivant de Gesner.
c GarduS) dit-il, piscis Yendosiœ similis est; sed
« nibore oculorum ab ea differt , uteix{ue mediocris est
« magnitodinis, obscurus. » Gesn,, de AquaU, p, 32.
« Argentinae Gardon dicitur ReUel vel Rotang.
tt Ova solidiuscula et rufa habet , quœ multis in cibo
« grata sunt. » Gesn. , p. 3o.
U dit ensuite : « Le Gardon des Français est appelé
« Schwal à Zurich; sur les bords du lac de Gons-
« tance ( Acronium lacus ) ein Furn , dans lequel les
tt yeux sont plutôt jaunes. Sarge, Sargon, Cardon,
« Roscies des Anglais, Scha^al des Suisses. Galculum
tt quemdam , vel similem calculo , sed molliorem sub-
« stantiam in capite babet Gardus noster. » P. 3o,
Un. 7.6.
Celui envoyé de Paris à Jurine était probablement
12
( 178 )
notrp Cyprifim rufus. Si Jurîpe eût examiné les dents y
il nç Iqi serait point resté d'incertitude.
Le Rotengle se reconnaît à la coulegr dorée de son
iris , à sa tête petite , relativei^ent à sop corps lai^c et
plat, s^ rétrécissant subitement de Tanus à la queue \ \g»
nageoires ventrales , anale, caudale, sont d'qn rou^^
cte cinabre *, les écailles sont grandes et striées ; la ligpe
latérale est courbée du coté du ventre ; et la nageoire
dorsale est insérée beaucoup plus en arrière que lea
ventrales. Dans leur jeunesse ob pourrait confondre le^
Cherim avec le Spirlin ; mais on les distinguera fa*
eilement parce que dans le Spirlin, la base de la na-
geoire est colorée, tandis que dans les jeunes Chérins
c'est l'extrémité.
Les nageoires du Rotengle scoit rouges comme celles
de la Rosse , mais le corps est plus haut et plus épais.
Ce poisson, dont la longueur est de lo pouces à la,
et le poids rarement d'une livre , se nourrit de plantes,
de coquillages et de substances animales ; c'est de tous
tes Cyprins , celui qui se prend le plus aisément à toutes
sortes d^appàts. Il parvient quelquefois à un pied de
Il fraie en mai, en avril, suivant Bloch; à cette
époque on voit sur les écailles du mâle de petites ex«
croissances dures, pointues, qui disparaissent après; la
daair cassante est peu estimée ; d^ailleurs , remplie dV
rêtes, elle est pénible à maqger.
Le meilleur emploi que l'on puisse fair^ de ce poisson
qui a la vie dure , est de l'employer à la nourriture des
Brochets, des Perches et autres poissons voraces qu'on
^lève dans les étangs , ou que l'on conserve dans des
viviers. .> ,
. Oo le prea4 dans toutes les saisons de ^'année^
( 179 )
JLe Rotengle fraie en avril ; lorsqu'il fait chaud pour
la saison, le frai ne dure communément que quatre
jours ^ les œufs sont déposes sur toutes sortes de plantes
aquatiques ; ces œufs ne sont point pondus en masses ,
Biais peu à peu , de manière que si une partie est perdue
fkv quelque cause , Taulre se trouve conservée.
Dans te temps du frai et en hiver , ce poisson est
ordinairement maigre ; mais en été , il est gras , et
a chair est blanche et de bon goût , surtout s*il est
jeune. Cependant comme il a beaucoup d'arêtes, il
n'y a guère que les gens du peuple qui s'en nourrissent.
Bloch, icht.fpart. i,p. 26.
Il a 37 vertèbres et xvi paires de côtes. Artédi a dit :
« Ce poisson a 14 ou i5 côtes longues; celui que j'ai
il décrit avait huit pouces neuf lignes. »
Dans le DicL des Se. nat,, au mot Gardon, tom, xvui,
p. i54 ) on renvoie au mot Able , tom, 1 , supplém, y où
il n^est nullement parlé du Gardon. Au mot Rosse,
lom. 4^ 9 P* ^9^ 9 ^^"^ ^^^ ^^ même renvoyé aux
mots Able et Gardon. Au mot Rotengle, ijom. 4^9
Z'. 3 10 , on est encore renvoyé au mot Able.
Jurine , HisU des poissons du lac Léman, p, 216 ,
s'est assuré de la dififérence qui existe entre le Gardon^
décrit par Rondelet ^ , Selon et Duhamel , et le Fan--
* Les erreurs qui , ayant F Invention de Pimprimene |
naissaient de la négligence ou de Tignorance des scribes ^
sont, en ce qui touche Thistoire naturelle, extrêmement
fréquentes \ et comme les fautes allaient toujours en crois-
lant dans les copies qui se faisaient d'un même livre , Per-
rear, loin de disparaître, se fortifiait davantage. C'est à
cetjte eause qu^il faut attribuer les noms défigurés qui se
( 180 )
geron, on la Rosse , Cypriniis rutilas , Lin. : le corpt
du Gardon lui a paru un peu plus étroit que celui du
Vangeroriy la tête bien plus épaisse, et le dos rond
plutôt que caréné ; outre cela , la nageoire anale est
moins longue , n'étant composée que de onze rayons, de
même que la dorsale ; tandis que la Rosse ou le Van*
geron a treize ou quatorze rayons à sa nageoire anale ,
et douze à la dorsale , comme on peut le voir p. 177.
Plus haut Jurine avait dit: Duhamel, Traité des
Pèches , art. 5 , p. 3io , a décrit la Rosse de riinère et
le Gardon, de manière à faire apprécier la différence
qu'il y a entre ces deux espèces de Cyprins ; mais la
description qu'il fait du premier de ces poissons laisserait
croire qu'il a en vue YErythrophthalmus, plutôt qnc le
Rutilas, quoique la figure qu^il en donne appartienne
plus au Rutilas par la position de la nageoire dorsale
presque opposée à la ventrale. Jarlne, ou\f. cit., p. ai4.
Le Gardon est accidentellement épineux, Magaz*
encycL, i8o5, tom, 6, p. 210. Cette observation a été
foite sur le mâle qui perd ses épines après avoir renda
sa laite , comme la Rosse , le Chevène. Cette remarque
ancienne a produit : De Cyprino clavato, sive Pigo.
Rondelet , de Plscib. locustr. Ub., cap, v, p. i53.
Le Gardon a le corps large , le dos bleu , voûté ; sa
chair est blanche et délicate. Quand on parle d'un
homme bien portant, on dit qu'il est frais et vif comme
un Gardon. On Tappelle Gardon , parce qu'il se garde
très-longtemps dans un vase plein d'eau. Deleuze dit
tronyent dans Albert le Grand ^ Vincent de Beanvais, etc.
Beaucoup de ces erreurs ont pour origine la substitution
d^une lettre , comme on le yoit dans Bufo^ mis pour Bmbof
Hirundo, pour Hirudo, etc.
( 181 )
que ce poisson parait être le même que le F^engeron du
lac de Lauzanne. Pisciceptologie , par J. *** ( J, Guça) ,
^* édit., 1828^ p» 1^2.
L'ostéologie du Rotengle, Cypriims erythrophihalmus,
«fire quelques singularités que je vais faire connaître.
lu os impair ou occipital supérieur est pourvu d^une
crête triangulaire mince , dentelée irrégulièrement à
ion côté postérieur.
L W basHaire ou occipital inférieur e&X remarquable par
son apophyse, dont la partie antérieure, creusée en val-
lon, reçoit la plaque dentaire pharyngienne supérieure.
La partie postérieure de Tapophyse, disposée de
diamp, imite un sabre obtus légèrement recourbé, dont
le dos élargi présente à sa base une cavité ouverte des
deux câtés.
Les dents pharyngiennes inférieures sont au nombre
de huit, disposées sur deux rangs, cinq sur Textérieur
et trob sur Tintérieur.
Sur une mâchoire pharyngienne je n^en ai trouvé que
«X, par suite de Toblitération ou de la chute d'une
dent de chaque rangée.
Ces dents terminées en crochet recourbé sont com-
primées à leur partie supérieure, garnies intérieurement
de dentelures peu apparentes il est vrai sur les dents de
la rangée intérieure.
La première vertèbre a de chaque côté une apophyse
très aiguë disposée horizontalement.
La seconde vertèbre , plus longue que les autres , a
cinq apophyses dont une verticale et quatre horizon-
tales. La dorsale, évasée à son sommet, présente une
cavité irrégulière sur ses bords et imite un verre à
pâte \ la base de cette apophyse , assez volumineuse , se
projette en avant.
( 182)
Les deux apophyses antérieures sont comprimées,
lancéolées et dirigées horizontalement.
Les deux apophyses postérieures, également horizon-
tales, partent de la partie médiane de la vertèbre ; elles
imitent les ailes de ces oiseaux de plaisir inventés pour
provoquer l'adresse des tireurs ; la partie antérieure de
ces larges apophyses est aiguë et dirigée sur les apo-
physes antérieures , et la partie postérieure , également
aiguë, se dirige sous la base des apophyses de la troi-
sième vertèbre , base qu'elle enveloppe.
La troisième vertèbre présente quatre apophyses
dirigées en bas et dont celles d'un même côté se réu-
nissent par leur base.
Les antérieures , plus longues , sont comprimées laté-
ralement à leur extrémité , et les postérieures, compri-
mées de devant en arrière , forment une sorte de lame
triangulaire , contre laquelle porte le sommet de l'apo-
physe de V occipital inférieur ou de l'os basilaire. Cette
lame triangulaire occupe la place de Vos mitral, indi-
qué dans la carpe , par Petit.
Sous la rubrique de Ruvlo sis^e RubeUo Jlus^iatUi
i^Cjrprinus rutilus) ^Gesnev donne une description exacte
du Cyprinus erj^throphthalmus , et il le caractérise dans
les termes suivans : « Dentibus quinis (i) , qui ab inte-
« riore parte singuli serrae instar asperantur -, quod ia
ce aliorum piscium dentibus nondum memini animad-
' Gesner n''a parlé que des cinq dents du rang extérieur^
parce que les dentelures , peu apparentes sur les trois
dents de la rangée inférieure, les lui auront fait négliger*
Cependant Gmelin, S. N., édit. xiii , p. i43o, no 19 , dit
positivement : Mandibules œquales duplici dentium serra^
tomm incurvorum série armatce, inferior incurva*
( 183 )
« vertisse. PIscis satls yivax , parit junio mense. Mus-
« carum fluviatilium ( sive Lacustrium ) genus quod-
€ dam magnum , oblongo , t^retë , varioque corporis
« alveo ( Tufblschosst ' vulgus do^trum a|>pellant)i
Y Has infigunt hamis ad ineScalEldoâ rutiles. » 4xésn&r^
de aquatiL p. 966 , lin. 4^-56.
xi. Cypeiw tÂvvEy Cypfifi^ fidiffii ^ Hôb.
Cette espèce de Cyprin , confoDdue avec beaucoup
d'autrçs sous le nom vulgaire de Blanc, se rapproche
(le la Rosse par son apparence extérieure.
. .^JLe museau de ce Cyprin est plus obtus , la mâchoire
inférieure est légèrement ascendante.
Le pcHSSon mâle que j'ai examiné avait cinq pouces
quatre lignes de longueur depuis Pextrémité du museau
jusqu'à Torigine de la nageoire caudale.
La tête est contenue 3 i/4 dans la longueur ducorps^
c'est-à-dire dans l'espace compris entre Textrémité de
l'opercule dies ouies et la naissance de la nageoire cau-
dale : proportion que j'ai toujours conservée dans
loutes mes mesures.
La largeur du corps est contenue un peu plus de
quatre fois dans la longueur totale , c'est-à-dire depuis
J'eitrémité du museau jusqu'à l'origine de la nageoirç
j^ndale.
La ligne latérale^ moins courbée , offre au moins
5p glandes.
La nageoire dorsale est placée de manière que son
preaiiei^ rayon correspond aii dernier des ventrales.^
D. 9. Y. 10. A. 10.
' Ne serait-ce pas des Libellules?
( 180
Le péritoine est nacré , piqueté de points noirs as^ez
larges.
L^appareil dentaire pharyngien de ce Cyprin se
compose de la plaque sertie dans la cavité de Tapophyse
de Tos basilaire , et des dents placées sur les arcs pha*-
ryngiens.
La cavité de Tapophyse de l'os basilaire présente un
contour pentagonal , et une surface comparable à celle
d'un ogive ^ cette surface est traversée par une ligne
saillante et arquée.
Les dents pharyngiennes sont au nombre de huit sur
chaque mâchoire ; elles sont crochues à leur sommet ;
disposées sur deux rangs , on en voit cinq extérieures
et trois intérieures , ou six extérieures et deux inté-
rieures , comme je l'ai remarqué dans l'individu sou-
mis à mon examen ; une de^ mâchoires offrait la pre-
mière disposition , et l'autre la seconde.
N'ayant encore observé qu'un individu de Cyprinus
fuluus y je ne puis assurer si la même irrégularité a lieu
dans d'autres.
Ce poisson a été trouvé au marché, où il était mêlé
avec les Rjusses, Cypnnus rut'Uis, Linn. , pour former
des fritures. Si ch lir , farcie d'arêtes comme celle de
ses congénères , conserve toujours une saveur de vase.
J'engige les naturalistes à examiner attentivement
tons les poissrms qu'on leur présentera sous le nom de
Rousse; ils trouveront probablement -de nouvelles
espèces , dont il sera nécessaire de fonder les caractères
sur h disposition de l'appareil dentaire pharyngien;
cette bise est la seule certaine et la seule exempte
d'équivoques.
Le nombre des rayons des nageoires est sujet à
varier ; celui des glandes de la ligne latérale n'est pas
(185)
oonstant.Les rapports entre la longueur de la tête et
celle du corps , ceux de la largeur avec la longueur
totale sont trop incertains pour ne pas laisser beaucoup
à Tarbitraire ; Tinspection de la denture pharyngienne
est le seul moyen pour préciser les espèces d'une ma-
nière constante.
Gesner s'en doutait : mais il n^en a point fait usage
pour distinguer les poissons dont il parlait ; aussi dans
don article de Rutdo ^ il en a confondu plusieurs comme
je le dis ci-dessus.
XXI. Cyprin houx , Çyprinus rufus, Nob.
J^ai reçu de Dijon , de Pontailler et d'Auxonne , sous
le nom de hresson y un poisson que quelques pêcheurs
appelent Feurtou, d'autres Rousse, à raison de la res-
semblance quMI offre au premier aspect, avec le ^-
j?rihus nUîlus , Linn.
Il faut en effet beaucoup d'habitude pour ne pas
confondre ces deux espèces , et si je n'eusse pas choisi
^appareil dentaire pharyngien pour servir de caractère,
j^siurais été fort embarrassé pour préciser exactement
cette espèce , qui présente une sinuosité sur le bord
postérieur de la pièce principale de Popercule.
La mâchoire inférieure est ascendante, un peu dé-
passée par la mâchoire supérieure ; la dépression de la
tête à la nuque est très-apparente et imite celle de la
figure intitulée de Leucisco, donnée par Rondelet^ de
t^iscib, fluviatU. lib,, cap, xvi , p, 191; fig. que j'ai
rapportée à Verythrophthalmus et qui conviendrait
peut-être mieux à notre Oyprinus rufus.
Ce poisson, appelé par nos pêcheurs Dresson,
( l'86 )
Dreucon ' y sans doute par corruplion du moi Rousseau^
a le péritoiae nacré , piqueté de noir.
La cavité de Tos basilaire, qui reçoit la plaque
dentaire pharyngienne , cfst en ogive élargi , traversé
par une crête ; la queue ou Tapophyse postérieure dé Tos
basilaire, comprimée latéralement, est placée de champ.
Les dents pharyngiennes inférieures sont au* nombre
de sept sur deux rangées à chaque mâchoire -, savoir :
cinq à la rangée extérieure, et deux* à la rangée inté-
rieure.
Les deux dents les plus grosses ne présentent pas des
crochets aussi poiptus que les autres.
Cette espèce de poisson est peu estimée ; la multitude
d'arêtes qui farcissent sa chair, 1^ rendent incommode à
manger. Aussi n'en fait-on usage qu'en friture.
On n'avait rien de positif sur (.'époque du frai de ce
poissoù, qui jusqu'à présent a^ été confondu avec la
Housse ; si , comme dans ce dernier poisson , les jeunes
étaient pourvus d'cèufs et de laitance , on aurait retrou-
vé tous les Phoxini indiquée pair Rondelet, de Piscibw
flu^f'iaiiL liber, p. 204 , cap. a8. .
Le péritoine est nacré , on y remarque des points
noirs très-fins et rares. . ^y
J'ai trouvé , sur le marché , des échantillons de ce
poisson , désignés sous le nom vulgaire de Blanc.
Les échantillons que j'ai examinés avaient Tun cinq
pouces neuf lignes de longueur , l'aqtre six pouces trois
quarts. La tête grosse offrait un museau un peu saillant ,
des narines larges et enfoncées^, des yeux gros, une
' Ce nom vulgaire pourrait aussi venir du grec ffiy^tt^à
cause des nombreuses el fines arêtes, comparées à des
cheveux , dont sa chair est farcie.
\
C 187 )
bôuChe ovale ; la mâchoire supérieure recouvre Tinfé-
rienre un peu remontante et arquée sans rebord. Cette
léCe était comprise trois fois et demie dans la longueur
da lx)rps, dont la largeur était près de quati'e fois
dans la longueur totale , c'est-à-dire y compris la fête, f
La mâchoire inférieure plus courte que la supérieure,
était Bd ()eu ascendante , et la dépression de la tété h la
naissance du dos était moins marquée que dans lie C/-
prinus rulilus , Linn.
La ligne la.térale jaune un peu arquée en avant . était
composée de cinquante glandes. Les nageoires P. V.
A', sont rouges.
L^orfginede la nageoire dorsale correspond à peu près '
aa milieu des ventrales, dont le disque offre une légère '
teinte orangée, tandis que le sommet et la base sont
blanchâtres.
7*ai compté 8 rayons à la nageoire dorsale , loà Ta^
nale, et lo à chacune des ventrales.
On reconnaîtra facilement ce poisson aux caractères
signalés ci-déssus ; et aux suivans : sous un certain jour
lasurfocede ce poisson offre un aspect nacré, frappant ;
soiùsun autre, il présente une couleur bleue admirable
/entre la ligne latérale et le dos, qui examiné perpendi-
culairement est d'un gris verdâtre.
Le péritoine est nacré et piqueté de points noirs
rares. Je me suis assuré de Tépoque du frai de ce poisson,
il a lieu en janvier , février et mars.
Toutes ces différences entre les caractères de ce pois-
son et ceux de la Rousse , Cjprinus rulilus , ne peuvent
laisser les plus légers doutes sur la constance de cette
espèce.
lurine, HisU des poissons du lac Léman ^ p. 21 3,
annonce avoir vu souvent des Yangerons, Cyprinus
(188)
rutiluSy Linn. , dont le corps était sensiblement plus large
et les nageoires bien plus colorées que chez d'autres de
même grandeur.... Il a supposé que le frai de ce poisson
pouvait être fécondé quelquefois par des raufes , Cypri*
nui eryihrophihalnms , Linn. , qui habitent les mêmes
lieux, et produire ainsi une espèce de métis.
Jurine, n'ayant point examiné les dents pharyn*
giennes de ces métis , nous met dans l'impossibilité de
prononcer sur eux. De plus, il est une loi certaine dans
la nature, c'est que la promiscuité des espèces n'est
que le résultat de TinQuence de l'homme et de l'état de
domesticité auquel il réduit les animaux ; que d'ailleurs
cette promiscuité ne réussit que dans des cas fort rares.
Autrement il n'existerait nulle constance dans les es-
pèces, et le désordre le plus complet se ferait remarquer
dans la nature. Or c'est ce qu'on n'observe pas , et c'est
d'ailleurs ce à quoi s'oppose l'ordre établi par la volonté
du Créateur.
XXII. Ctpri» bouche-eh-groissaut , Cyprinus loxos^
toma, Nob. '.
Ce poisson est connu sous les noms de Seuffe , Seufle,
Seuffre, etc., évidemment dérivés du mot grec KE<î>AAir,
prononcé d^une manière vive et contractée , en adou-
cissant la première syllabe, Seffle, et ensuite Seffe,
d'où Saiffe,
Le nom de Cephalus a été appliqué sans distinction
à plusieurs poissons du sous-genre Able, à raison du
volume de leur tête.
' Pour éditer d'augmenter la confusion de la nomencla-
ture ichthyologiqne , j'ai adopté des dénominations parti-
culières et précises , au lien des noms anciens , causes de
beaucoup d'équivoques.
(189)
Le Cyprin bouche-en-croissant, se reconnaît par sa
bouche arquée ou en croissant et située en dessous ; la
mâchoire supérieure dépasse d^une manière très-sen-
sibie Finférieure , dont la lèvre amincie a Tair d'être
tranchante sur les bords.
La longueur de la tête est contenue quatre fois dans
celle du corps, depuis la partie postérieure de Topercule
jusqu'à la naissance de la nageoire caudale ; la largeur
du corps est cinq fois dans la longueur ' totale du pois-
S(H1.
La ligne latérale légèrement inclinée , en partant de
la tête, est presque droite dans le reste de son étendue ;
elle est formée par 55 à 57 glandes. L'insertion du rayon
antérieur de la nageoire dorsale correspond au milieu de
la base des ventrales ; le lobe supérieur de la nageoire
caudale est plus court que l'inférieur.
Hors le temps du frai , Porifice du cloaque est dans
une espèce de fossette ovale formée par deux replis laté<
raux de la peau du ventre.
Le Péritoine est noir : telle est la cause du nom è^Ame
notre donné à ce poisson par quelques-uns de nos pé-
dbieurs , dont l'un m'a apporté ce poisson sous le nom de
Seufle grise, Alonge ; il en faut cinq à six pour la livre,
lorsqu'il n'a que cinq à six pouces de long ; j'en ai vu
on de la taille de huit pouces , pesant cinq onces. Sa
diair est fade et peu estimée ; mais , dit Rondelet , con-
fite dans le sel , elle devient meilleure ; aussi rappelle-
xAl l'usage où l'on est de la ttaiter ainsL
Cette espèce fraie en mars et avril.
L'appareil dentaire pharyngien de ce poisson s%
fistingue par l'apophyse de l'os basilaire élargie en
' Je ne compte jamais la longueur de la nageoire anale.
( 190 )
ovale , pour reœvoîr la plaque de même forme , tenant
lieu des dents pharyngiennes supérieures, contre laquelle
viennent jouer les inférieures ; l'apophyse est terminée
par un prokuigement aplati , dont Textrémité s'appuie
sur les apophyses de la 3*" vertèbre dorsale, comme dans
tous les autres Cyprins.
Les dents pharyngiennes inférieures , au nombre de
six j sont disposées sur un seul rang ; leur tige assez
longue est terminée par un élargissement securiforme ,
ressemblant beaucoup au dernier article des palpes de
la coccinelle.
Une mâchoire ne m'a présenté quelquefois que quatre
dents , suite de la chute de quelques-unes , comme on
l'observe dans bien des poissons.
Dans les villages des bords de la Saône , du côté de
Pontailler , le Cyprin bouche-en-croissant est salé,
comme le hareng , par les gens de la campagne , mais
jamais avant le mois de septembre, à cause des chaleurs ;
après avoir vidé le poisson, ils le placent dans un vase
ou baquet sur une couche de sel , alternativement :
après une quinzaine de jours, ils le suspendent à la che-
minée pour le sécher , et ils le conservent pour l'usage.
Rondelet , dan$ son chapitre de Cephalo flu^^iatUiy a
bien décrit ce poisson , fort commun dans nos rivières-;
voyez de Piscib, fluv^iatiL liber , p, 191.
Ce Cenhalus /lu\^iatilis de Rondelet est très-certaine-
ment notre Cjprlnas tojcostoma, caractérisé par son
péritoine noir, [Peritoneum nigricansy la toile du ventre
noire, i^oj. la traduction franc., p. i38) , par son genre
de vie et par la nourriture dont il fait usage : f^escitur
cœno et aqua^ a carne abstinet, ut exfrequenli dUsec^
tione et i^entriculi inspectione cogno^îmus. Rondelet , de
Piscib, Jlus^, y p. 191.
Or la Dobule , Cjprinus dobula ,- la Chevesne , ( Cj-
( J91 )
prUttiS jeses^ Jurine» non Linn., non Bl. , CyprinUsidus,
Bloch) , etc. , et l«Sfitttres Cyprins auxquels on a rap-
porté à tort le Cephalus Jluuiatilis de Bondelet,, sont
çamaciers et voraces. A la vérité la figure placée en
ifiie du chapitre de Bondelet , ne convient point à notre
Cyprin baochc-^rcroissant; elle ressemble à notre
C3ieveiine, Cjrptinus dobula, Linn.; mais Rondelet
Va confondu avec la Dobule, Çyprinus dobula, dont
iji donne la figure, et avec le Capito d'Ausonne, ( Cy-
prinu^ jeses, Bloch) , dont il cite les vers. G^est ce dont
aucun ichthyologiste ne s'est douté ; aussi ne doit-on
pas être surpris de la confusion observée dans la no-
menclature icbthyologique.
Cresper, de jiquatiUbus , a donné une description
bien plus exacte de mon Cyprin bouche-^n-croissant ,
dans son chapitre intitulé : De naso pisce Jlui^iaUU ; il
saSît de parcoijrir le texte suivant pour en être con«
vaincu.
Cypi^iniis nasus duorum trinmve palmorum magni^
tadiQÇ(7-io pouces), seni utrinque dentés, pixidatim
ÎQ^inviQçm infixi. Venter intrinsecus nigerrima mcm-
bl^çMi^ fiipbitur. Mihi specie , squamis et colore capito*
nem fl. referre videptur. Sed ad eam magnitudinem non
perveniunt , et oris formam peculiarem habent.
QeSQ^r p'a pa$ indiqué cettç forme particulière, c^est-
à-di^e }a bouche i^n crQi3S9nt et située en dessous,
€DiQi|ift. daQ3 \e^ squales , d'où le nom de SqiuJus donné
à ce poisson par quelques auteurs. '
Yemo tempore praeferuntur et pinguescunt , apud
nos tamen novembri mense laudantur : si modo unquam
laudandi sunt , nam caro eorum semper laxa et insipi-
da est , quamobrem assare eos potius quam elixâre
peritiores coqtii soient. Gesner, p. jii , De naso pisee
JlwiaUli. Cypririus nasus, Herm.^ Obi. zool.^ p. 326.
( 192)
AIdrovandi , de Piscibus, lib. v, cap. xxnr, p. 6to,
indique notre Cyprin bouche en croissant, sons le
nom de «Si/nu^, Pachyrhinchus , en italien Sai^e*j.Oa
le confond , dit-il , avec le Cap^'to fluuiat^Us y auquel il
ressemble, mais il est plus mince et a le nez épais; la
couleur noire de son péritoine, dit-il , a porté les Aile*
mands à donner, par plaisanterie , à ce poisson le nom
d'Ecrivain, Scriba.
Tous ces caractères et le nom ital ien, analogue à Smffe,
conviennent à notre poisson ; mais lorsque Aldrovandi
ajoute : u Cette couleur noire du pr^ritoine se remarque
« aussi dans le Capitofluv. ; » il me parait alors désigner
le Cyprinus nasusAe Bl. , dont nous parlerons plus bas.
Duhamel, Traité général des pêches , ii* part.,
secU m, p. 5o2, pL xxiv^Jig. 4» sous le nom de
Chexfonne ou Chevesne de Selon ; Meunier àe Rondelet;
décrit notre Cyprin ; le péritoine noir , et la taille de
dix pouces ' ne laissent aucun doute à ce sujet.
Les noms donnés par Duhamel sont fondés sur ceux
indiqués par le pécheur duquel il tenait son échantiltàoi.*
Je ne saurais affirmer si le Cyprinus nasus d^Artedi
est mon Cyprin bouche en croissant ; je le pense diaprés
ce qu'il dit de son Cyprinus nasus *.
' Dans cette longueur est comprise celle de la nageoire
catidale, dont je ne fais aucun usage dans mes mesurea.
^ Cyprinus rostro nasiforme prominente, pinna ani osaî«
culorum xiv.
Nasus Auctorum, Nase Germanorum.
Figura Leucisci. Venter planus latus,
Pinnae omnes pronœ partis aliquantùm rubescunt.
Squamae amplae. Linea iateralis yentri propior.
Perltonœum nigrum. Parit apriii in fluviis. .
PetrI Artedi gênera piscium, p» 5, sp, i5.
(193)
. Blûch , sous le nom de Nase ( Cyprinus tiosus) , Ichth,^
p. 3 1-33, a décrit et figuré un poisson différent du
nôtre , par sa forte taille ' et son poids ; Meyer, Lacé-
pède et Bosc , copistes de Bloch , n'ont rien donné de
certain sur ce poisson , propre au Rhin , disent-ils.
Gmelin , S, IV. y p. i43i , sp. 21 , ne donne non plus
rien de précis sur le Nase.
Cavier donne au Nase un caractère qui Téloigne en-
tièrement de notre Cyprin , c'est le nombre des dents
qu'il fiie à une vingtaine, f^oy. ci-dessous , p. 195.
Le. 'Nasus fœmina minor, Marsili , Dan. , pi. 3 ,
fig» 2, me parait pouvoir se rapporter à mon Cyprin
bouche-en-croissant.
Meyer, Représ. , tom. i , /?. 4» '^* ^* » figure un
nase long de i3 pouces ^ il donne , fig. 1 , le dessin des
dents, qui ont Tair de ressembler à celles de notre Cy-
prin bouche-en-croissant \ il rappelle la dénomination
vulgaire du nase , qui , à raison de sa chair peu délicate
et fiircie d'arêtes , est connu sous le nom de poisson de
iailleut. Meyer fait observer que le Nase a aussi le pé- «
citoine noir et six dents , représentées sur la même
planche; elles diffèrent peu de celles de mon Cyprin
bouche-en-croissant.
La couleur noire du péritoine était un caractère trop
saillant pour être négligé ; aussi a-t-il été signalé par
tous les observateurs qui ont vu le poisson en nature,
le Tavais. remarqué avant de savoir qu'il dût me servir
à distinguer mon Cyprinus toxostoma et le Cyprinus
jaculus des autres espèces du sous-genre ^ble.
Ayant retrouvé ce signalement dans plusieurs au*-
' Cest le Nase de Willugby , long d'un pied ; le Nase de
MarsiUi Danub, p iom* ^v | p. 9 ^ />/. 3 ^ fig* 1 .
i3
(194)
teurs , je dois les mentionner pour mettre les natuta^
listes à même de s'assurer si les Cyprins, dont ils parlent,
sont dififérens de notre Cyprin bouche-en-croissant , car
nous verrons un autre petit poisson du même sous^
genre nous offrir le péritoine noir.
Artedi , dans la troisième partie de son Ichthyologpe,
Gêner, etspecier., p. 5, sp. i5, parle d'un Cjrprinus
rostro nasiformi prominente, pinna ani ossiculorum
guatuordecim , rapporté, dans sa Synonymie, Ichthjr.
pars IV , p. 6 , 5/1. 9 , au Cjprinus nasus, Linn. Cest,
dit-il, le Nasus des auteurs, le Nase des Allemands;
les Italiens l'appellent Savettay et les habitans de Fer-
rare Sueta. Celui de Belon seulement a un demi-pied , il
ressemble au Leuciscus ( figura leucisci ) , il a le ventre
plane et large , son péritoine est noir.
De tous les Cyprins qu'a disséqués Artedi , le Nase
est le seul où il ait rencontre ce caractère. Il me parait
que dans cet article le savant Suédois parle de mon Cf'*^
prin bouche^erircroissanU
Dans V Encyclopédie méthodique, hisU nat,, iom. 3,
p. 274, on lit : (( Le Nase.... a la gueule très-étroite , et
l'endroit où elle est fendue représente un arc de
cercle... « n'a ordinairement qu\in demi-pied de lon-
gueur. »
C'est bien certainement de notre Cyprin bouche*
en-croissant qu'il est question dans ce passage.
Lacépède qui parle des poissons , sans les avoir vus ^
et qui s'est contenté de copier Bloch avec plus ou moins
de fidélité, dit : « Le Nase a le péritoine noir.... Lors^
« que ce Cyprin pèse un kilogramme ( deux livres,, ce
(c qui arrive quand il a vingt pouces de longueur
(( comme celui dont parle Bloch), il arrive souvent
« que ses nageoires offirent une couleur grise. » JSist.
( 195 ;
ma* des poissons, iom. xi , p. 65. a On lui donne , dit*
« il p. 55 , le nom d^Ecrii^ain i^enfre noir * . »
Cet article de Lacépède , copié par Bosc , suivant
lequel, d'après Bloch , Nouv. dict. hist, naU, édit. 2^
Iom. ne , p. 75 , les deux mâchoires du Cyprin nase sont
drmées de six dents, ne convient à notre Cjprinus
loxostoma qu^à raison de la couleur noire du péritoine,
et des six dents pharyngiennes , sur ime seule ligne , à
diaque arc pharyngien.
Les naturalistes allemands sont invités à examiner de
nooyeau le Cjprinus nasus, décrit et figuré par Bloch,
dans la description duquel, IchthjoL , part, i, p. 82,
je trouve des caractères bien difierens de ceux de notre
Cy[Ncin boudie-en-croissant. Bloch annonce « bouche
« carrée ; il y a , dit-il , à chaque mâchoire six dents
« aplaties des deux côtés et qui engrainent les unes
1^ dans les autres. L'individu que j'ai examiné avait
fc dn pied trois pouces de long , il pesait une livre. »
Cette taille difiere beaucoup de celle de notre poisson*
D'ailleurs, d'après Cuvier, le Nase a une vingtaine de
dents pharyngiennes , toutes comprimées , et qui vont
en diminuant vers le haut ; les inférieures seules sont
on peu grosses. Cuvier, Anal, comparée, tom. 3,
p. 191 , comme on Ta vu plus haut , p. 198.
La couleur noire du péritoine se remarque non seu-
lement dans quelques-uns de nos poissons d'eau douce,
' Lacépède n'a fait que copier Aldrovandi , qui , Hist*
Fisc», p. 601 , dit : Le Capito d'Âusone a le péritoine noir \
et p. 611 : Le Nase d'Albert se trouve dans le Bas-Rhin. Sa
longueur est de deux à trois palmes. Le péritoine est très-
noir : de là , en plaisantant , les Allemands ont appelé ce
poisson Ecrivain^
( 1^6 )
mais aussi dans des poissons de mer. Je me bornerai à
celui signalé par Muller, sous le nom de Clupea i^illosa,
Gmel. S. N., p. 1409? sp. i4? Scdmo groenlandîcus ,
Bloch,pl. 3815 Salmone Lodde, Lacép.,Hist. nat. pois.,
tom. IX) p. 279; Salmo arcticus, CovmAcV'^ BuUeU
'Féruss,, 1828, Sciences naU, tom, xv, p. 184. C'est
le Capelan, Duhamel, Histoire générale des Pêches,
sect, I , pL xxYi , petit poisson employé pour appât à la
pêche de la Morue ; sa taille est de 6 à 7 pouces au plus;
Il arrive vers la fin de juin , en se formant par essaims
de plus de 60 milles de longueur sur plusieurs milles
de largeur -, il part vers le commencement d'août ; son
péritoine est noir.
Linné, S. N. , p, 53i , sp. aS, à l'art. Vimba, dit
d'après Kramer : Abdomen intus mgrum 5 c'est certai-
nement par un lapsus calami, car Artedi , en parlant
du Cyprinus i^imba, dit positivement : Peritoneum ar^
genti coloris ,• aussi Gmelin ^ S, N. , p, i435 , sp, a5 ,
C P^imba, a supprimé la note de Linné.
XX. Cyprin Mugile, Çyprinus mugilis ', Nob.'
Cette espèce , confondue par nos pêcheurs avec notre
Cyprin bouche^en-croissant , sous le nom de Seuffe
donné à Tune et à l'autre , en difiere essentiellement.
Sa mâchoire supérieure, légèrement prolongée , forme
un mufle ; la bouche est en dessous ) mais la mâchoire
inférieure se termine antérieurement par un ovale
aigu, comme la petite pointe de Tœuf.
La tête est large , et le front légèrement déprimé.
' Ce nom vient de multum agUis , qui correspond au
nom Dard donné à une espèce du sous- genre Able.
(197)
La longueur de la tête se trouve un peu plus de trois
fois dans celle du corps , dont la largeur est le quart de
la longueur totale ; le dos est arrondi ^ la nageoire dor-
sale est en arrière des ventrales.
La ligne latérale se compose de ^5 glandes»
Le péritoine nacré est ponctué de noir.
L'appareil dentaire pharyngien présente la disposition
suivante :
L'apophyse de Tos basilaire offre une cavité à ogive
élargi , avec un petit enfoncement en arrière. Dans cette
cavité est sertie la plaque rhomboîdale formant la mâ-
choire supérieure ; le prolongement de Tapophyse imite
une lamé mince, large , disposée verticalement, et
tronquée à la partie postérieure.
Les mandibules pharyngiennes inférieures sont cha-
cune garnies de sept dents alongées , crochues au som-
met, et disposées sur deux rangs, savoir : cinq en dehors,
et deux , plus courtes , en dedans.
Le Cyprin Mugile fraie en mars et avril.
On le sale sur les bords de la Saâne.
. M. Pataille m'a transmis sur ce poisson des rensei-
gnemens précieux que je dois faire connaître.
u Malgré les caractères saillans que vous avez signalés
« dans les deux espèces de Seufles, m'écrit-il , les pê-
« cheurs persistent à n'en reconnaître qu'une seule
« espèce, dans laquelle ils les classent toutes, n'y
« regardant pas de si près. Je vous envoie la descrip-
« tion du procédé usité sur les bords de la Saône pour
<t saler et dessécher les Seufles.
« On prend un vase de terre , ou mieux encore un
« baquet en chêne-, après avoir vidé le poisson et rem-
« pli son corps de sel , on met d'abord un lit de Seujles,
^ puis un lit de sel , ensuite un autre lit de poisson ,
( 19S )
R puis un lit de sel ^ et ainsi de suite , jusqu'à ce qp!'(m
<( ait employé tout ce que Ton destine à la salaisoB.
<( Cette opération , à raison des chaleurs de Tété , ne se
<( fait qu'à commencer au mois de septembre. Lorsque
« le poisson est bien saturé de sel , c'est-à-dire après
f a dix ou quinze jours au plus, on le retire du saloir et
<( sans ressuyer on Tenfile par les ouïes dans de petites
<( baguettes qu^on place dans les cotés de la cheminée,
<( où ilxs'enfume , se dessèche et devient une espèce de
<( hareng sauret , après y être resté au moins une quin-*
<c zaine de jours , ou plus, suivant le feu déterminé par
<c la saison d^hiver ou d'été. A mesure des besoins , on
« le détache de la cheminée. Lorsqu^il est bien desséché ,
« on pourrait le conserver dans un endroit très-sec,
<( près de la cheminée. L'hiver est la saison oii la chair
(( de ce poisson est meilleure , étant alors plus ferme et
<c moins fade que l'été. Frais , ce poisson se mange ordi->
« nairement grillé. Sa taille est de 5 à 6 pouces. i>
Bondelet, de Piscih. fluifiaiU.lib, y cap, xvii^p, 102^
me parait avoir parlé de notre poisson , sous le titre :
de Leucisci secundd specie ; les traits suivans me portent
à le croire : « A Gallis f^andoise ' , à Santonibus et
« Pictonibus Dard, quod sagittse modo sese vibret; à
« nostris (c'est-à-dire en Languedoc), Sophio; à Lug-
« dunensibus aSui^ , » (ou plutôt Saijfe, comme il
est dit dans la traduction française , et comme il est
prouvé par le nom de Seuffe y donné chez nous, non-
seulement à cette espèce , mais encore à d'autres du
sous-genre Able, )
* Artedi, IchthyoL , pars iv, ^. 10, dit ; Ce poisson
s'appelle en français Fandoise, Dard et Suisse. ( 11 faut
lire Saijffe. )
( 199 )
ft Piscis iste ex iis est qui sale condiuntur,et qui lacustris
est, itaoonditusseipsomelior efficitur. Rond., p. içS. » *
Duhamel , Traité gén, des Pêches , ii* part» , m* secU,
p. Soi y art. VI, de la Vandoise ou Dard, Leuciscus,
Albicula , Jaculus , pi. xxiv , fig. 3 , parle de notre Cy-
prin Mugile.
a La Yandoise , dit-il , est un petit poisson d'eau
« douce , de la longueur d'un hareng , mais plus large ;
a il est rare d'en prendre d'un pied de long ^ ; il va si
tt vite dans Teau, qu'il semble s'élancer comme un
« dard ; ce qui lui a fait donner ce nom par les pécheurs
« de la Loire \ il devient fort gras ; sa chair est molle ,
« néanmoins d'un goût assez agréable ; elle passe
« pour être fort saine,
« La Yandoise que je vais décrire avait huit pouces
« quatre lignes de longueur ^ ^ son corps , propor^
« tionnellement à sa longueur, est moins large que celui
« du Gardon. Le museau est plus pointu ; la gueule
« n'est pas grande ; son ouverture est ronde, à peu près
« comme celle de la Carpe ; la mâchoire supérieure est
« un peu plus longue que l'inférieure ; la ligne latérale,
« un peu courbée du câté des ouïes , se prolonge en
« ligne droite du côté de la queue. Ce poisson se pré-
« pare comme le Gardon -, et quand il est frais et péché
« en bonne eau , il est assez bon. »
Cet article est répété dans VEncycL méthod. y Dict.
des Pèches, p. 298.
' On péclie en grande quantité dans le Gange une petite
espèce de Cyprin appelée Angana , pour être envoyée dans
l'intérieur du pays. Tableau pittoresque de l'Inde, par
Backingham , ]833, /?• 243.
^ Ici Duhamel confond ce poisson avec la Dobule.
^ f n y comprenant la longueur de la nageoire caudale.
( MO )
Notre Cyprinus mugîHs, la P^andoise de Rondelet et
de Duhamel , est très-différente de la F'andoise de Ju-
rine , Cyprînus jaculus , longue seulement de quatre
pouces , et de la Vandolse à laquelle Lacépède , qui
certainement ne Ta pas vue et qui l'a appelée impro-
prement P^audoise, Hist. nat. des Poiss. , tom. lo,
pp. 3(^5 , 396 , attribue la taille de cinq à six décimètres
(18-22 pouces).
Le Nouu. Dict. <T Hist, jiat, , édit, 2^ tom. 9 , p. 7a;
tom, 3i,p. 399, a suivi Lacépède.
Le Dict, des Se, nat, , tom, 1 , suppl. , p, 4 > 3® ; tom,
49, p. 4^7 î '^^* 5^ f P* 4^^ 9 ^*t • " I^^ Vandoise ou
Vaudoise * , corps élargi * -, mais Cuvier , Bègn. anim.,
' Le nom de Vaudoise f employé dans VEncyclop, méih.
et répété par plusieurs copistes, est fautif; il faut lire Van^
doiscy de Vendosia. Les pécheurs de Zug et de' Lucarne ^
dit Gesner, appellent JVinger la Vendoise et le Dard des
Français. Le nom Vendosia vient de Paliemand TVinken^
cligner, à cause de la rapidité de la natation de ce poisson.
' Le Rotengle, Cyprinus erythrophthalmus y Linn. , est
désigné par plusieurs de nos pêcheurs sous le nom de Van*
doise : c^est ce nom qui a guidé Altéon Dulac, dont la des<*
cription a été adoptée dans le Dict. des Se, natur,
ce La Vandoise , dit Alléon Dulac , est un petit poisson
ce qui a le corps large et le museau pointu. Jl est couvert
ce d^écailles moyennes et de petites lignes; sa couleur est
«c entre le brun , le vert et le jaune ; il a Testomac petit et
«c le foie blanc, où est attachée la bourse du fiel. 11 devient
ce fort gros. Sa chair est molle et assez agréable au goût. »
Mémoires pour servir à l'Histoire naturelle du Lyonnais ,
tom. I , p, 147.
Ainsi , en employant le même nom ^ on désigne denx
poissons différens.
( 2Ô1 )
é£i. a , iom. a , p. ajS , cnsant : « corps étroit » , carac-
tère convenant à notre espèce comme à d'autres , prouve
quelle confusion existe dans les descriptions, faites 'Sur
des noms, sans examiner les objets. Nous indiquons dans
h note (2) la cause de la contradiction entre corps
élargi et corps étroit y attribué au même poisson , ou
plutôt au même nom.
C'est une nouvelle preuve de la confusion qui existe
dans la nomenclature des poissons et qui rend si difficile
la détermination exacte de ceux mentionnés par divers
auteurs.
Lemery , Traité des Alimens , 2,* édiU , p. 4i7> nous
en fournit encore la preuve à Poccasion du Mulet , ap-
pelé en latin Cepkalus, Mugil. a L'os que Ton trouve
« dans la tête de ce poisson , dit-il , se nomme en latin
« Echinas et Sphondylus ab echinatd specie, parce
K qu'il est entouré de pointes , comme une châtaigne
« ou comme un hérisson. »
Cet os ne serait-il pas la mâchoire pharyngienne gar-
nie de ses dents? à moins qu'il ne soit Posseletde To^
reille 5 mais ses dentelures sont presqu'imperceptibles.
Diihamd, Traité des Pêches, a* part., vi* sect. ,
p. 146 , parle de notre poisson dans les termes suivans :
« Indépendamment des Muges qui passent dans les
eaux douces, les auteurs parlent d^un petit Muge qui
n'a guère plus d'un pied de longueur , qu'il nomme
Muge de rivière, et qu'on appelle à Strasbourg vil pois-
son , Schnotfisch ; ses écailles sont d'un vert argenté et
sa chair molle , ce qui , comme je l'ai dit , convient aux
Muges qui ont passé du temps dans les eaux douces ; ils
ont l'avantage d'avoir la chair grasse et déUcate , mais
elle n'a pas autant de goût que celle de ceux qu'on
pèche à la mer. »
( Mi )
Hermann^ Observai, zootogicee, p. Sas , falàmey
avec juste raison , Duhamel d'avoir rangé le Schna^isch
parmi les poissons délicats.
A la même page, Duhamel parle d*uû autre poisson^
qa^on devrait peut-être rapporter à notre Cyprin Mugil.
« II y a y dit^il , en Languedoc une espèce de Muge
qu^on nomme Same; il ne difiCère du Cabot, que parce
que sa tête est un peu moins grosse et son museau plus
pointu ; on trouve sa chair plus molle, il est sujet à sauter
par dessus les filets pour s^échapper ; à ces indices le
Same parait être , à peu de chose près , le Mulet dont
nous avons parlé plus haut. On en prend dans la Cra*-
ronne, le Rhône, la Loire ; on dit qu'il se nourrit de vase. »
Same étant le nom vulgaire donné au Mulet de mer,
Mugil cephalus, Linn. , pourrait &ire soupçonner équi-
voque de ma part dans la citation que j'extrais du Traité
gén, des Pêches; mais des noms de poissons de mer
ayant été plusieurs fois appliqués à des poissons d'eau
douce , il ^st probable que celui de Same a été em-
ployé aussi abusivement que ceux de Cabot, Chabot,
Têtard, etc.
Gesner , de AquatU. , p. 3a , sous le titre DeMugUis
vel cephaU Jluinatilis génère minore quod piscibus albis
adnumerandum iddelur, a donné une bonne descrip-
tion de ce poisson , mais sans figure. Non opus est,
dit-il, icône. Nam per omnia capitonem fluviaXilem
refert, idsi quod minor est. Voici le texte de Gesner*
Haselae nostrae ( quas cephales aut mugiles fluviatiles
minores dixerim , nam fluviatilem cephalum sive Squa-
lum,multo magisquam leucisci supra dicti referont )
pisciculi sunt molles, duos aut très palmos longi , albi-
cantes, per dorsum in viridi nigricantes, cauda et
pinna dorsi glaucis , cseteris r ubicundis \ minime lati )
( 20à }
sqiiamiilis tenuibus , argenteis , brançhiis ternis. O^ip
eonm arisds referta est , ut mugiluin fluviatiliuin nsitf^
jorum. Ex his qui in fluvio apnd nos capiuntur^
oculis rubere audio : qui in lacu non item observavi ,
postea lacustres supema oculorum parte flavere. Dentés
in £siucibus utrinque conditos babet ut Gapito fluvia-
tilis, in mandibula curva, exteriore ordine quinque
majusculos, intérim binos minores , omnes ferè in
sununo leviter aduncos. Parère incipiunt medio apriii
vei paulo ante.
Sao tempore (maio et apriii praecipue, deinde junio
et julio ) satis grati in eibo et salubres babentur. Àli-
quando vero vermes eis innascuntur ( iigulas nostri
Tocant, Nestel ) et omnino insalubres fiunt. Hyeme
macri sunt ac minime placent. Fluviatiles etiam lacus*
tribos prsefcruntur. Elixari debent in vino fervido ;
circa initium novembris ova in hoc pisce reperi , quœ
magia quam piscis placebant.
Haselae nostrae dentés in faucibus utrinque conditot
habet ut capito fluviatilis (Gyprinus dobula) in mandi-
bula curva. Exteriore ordine quinque majuscules , in*
terius binos minores , omnes fere in summo leviter
aduncos. Gesner , de AquaU, p. 33 , Un. lo.
Hermann, Observ. zoologicœ, p. 32 1 , dit : « le
k poisson appelé Haesel à Baie, Schnotjisch k Stras-
« boui^ , est le Cyprinus dobula. » C'est une erreur dé-
montrée par le texte de Gesner , rapporté ci-dessus.
Le Schnotfisch des pêcheurs de Strasbourg est mon
Çfprinus mugilis.
En effet la dénomination allemande Schnotfisch,
signifie ^il poisson, c'est-à-dire poisson de null^
valeur, non estimé, comme je Tai expliqué àTarticle
Bobule^ p. i53; caractère convenant parfaitement au
( 204 )
Çypriniis mugiUs, dont on fait peu de cas , comme d^
toutes les autres espèces du sous-genre Able.
XXIV. Le Ryssling ', Cyprinus jucidus^ Jurine ,
Ip^andoise du même, HisU des Poiss. du lac Léman,
p. 221, 71" i8, p/. 14. "^
Rondelet, De piscib ,fluviatil. lib ., cap. xv 1 1 1 , p. 1 93, fig, supérieure^
Cesuer, de u4quatilibus ,p, 479» Riserle, Ryssling, fig, passable,
Meyer^ Représ., tom. 2, pL. 97. Di« LaugeLe,
Ce petit Cyprin , longtemps confondu avec l'Àble ,
auquel il ressemble beaucoup , en diOere par la gran-
deur (2) de sa nageoire anale qui n'offre que quatorze
rayons.
D, 11 : P, 16, 17: V, 9, 10 : A, 14 : C, 28.
Ligne latérale formée de 44 glandes.
La tête de ce poisson est petite ; sa longueur est un
peu plus de 3 3;4 dans la longueur du corps*, l'ouverture
des narines très-ample ; l'œil fort grand \ l'iris argen-
tin , jaune et pointillé de noir en haut ; les mâchoires
sont d'égale longueur ; et quand la bouche est ouverte,
la mâchoire inférieure , qui est ascendante , ne dépasse
pas la supérieure , comme chez PAble. Le corps est
plus épais et plus large que celui de l'Able.
Les écailles du dos ont, durant la vie de l'individu ,
une couleur olivâtre , qui passe promptement au bleu
après la mort. Les nageoires à l'époque du frai , au prin-
temps , sont fréquemment lavées d'une teinte rougeâtre*
■ Pour éviter toute équivoque , j'ai substitué le nom al-
lemand de ce poisson à celui de Yandoise adopté par Jarine.
* Dans la Yandoise , Tanale est plus saillante ou pins
haute , mais moins étendue ou moins longue que dans PA-
blette , ou TAble \ c'est cette disposition que Jurine appelle
grandeur.
( 206 )
La grandeur ordinaire de ce poisson est de quatre
pouces , sa largeur est un peu plus de quatre fois dans
sa longueur totale.
Péritoine noir comme dans mon Çyprinus toxostoma,
dont le Çyprinus jaculus diffère par la taille , et surtout
par la mâchoire inférieure ovale et sans rebord , imitant
celle du Çyprinus mugilis par sa denture. Aucune des
descriptions données par les divers auteurs, (dont Jurine
rapporte le texte), du poisson qu'ils appellent Vandoise,
ne convient à celui dont a parlé Jurine , et qui est le
ndtre ; la figure de Bloch, qu'il a citée, se rapprocherait
plutôt de notre Çyprinus toxostoma.
Le petit Cyprin dont nous parlons dans cet article ,
est connu à Dijon sous le nom de Seuff'e^ et les enfans
rappellent un Blanc. Il est très-abondant à Taval du
pont des moulins d'Ouche , à raison du voisinage de la
tuerie.
Lorsqu^on veut le pêcher à la ligne , il suffit d^a-
morcer avec des mouches dont il est très-friand.
La ligne latérale est jaune ; elle commence à la partie
supérieure deToule, descendant ensuite pour parcourir
le milieu des côtés du poisson. Au dessus de cette ligne
on remarque une bande assez large produite par une
multitude de points noirs très-fins , placés sur les écailles.
La mâchoire supérieure dépasse un peu l'inférieure ,
ascendante et ovale ; ce qui diflFérencie le Çyprinus ja^
culus, Jurine, du Çyprinus toxostoma , auquel on serait
tenté de le rapporter , à cause de la couleur noire du
Péritoine ; mais en comparant la bouche de ces deux
poissons , on verra que celle du Cyprin bouche-en-crois-
sant est en croissant, avec la lèvre inférieure , bordée;
tandis que la bouche de notre Ryssling est ovale , avec
la lèvre inférieure sans rebord.
( 206 )
Les dents pharyngiennes, crochues au sommet, sont
sur deux rangs au nombre de sept , dont deux sont
sur l'intérieur, et les cinq autres sur Textérieur 5 (dans
le Çyprinus toxostoma , les dents pharyngiennes
au nombre de six , sont sécuriformes , et sur un seul
rang ) *, la cavité de Vos basilaire dans laquelle est sertie
la plaque dentaire est en ogive élargi.
La queue du basilaire est en spatule disposée verti*
calement.
De plus , Tanus est aux 2/3 de la longueur totale du
poisson , dont le dos est olivâtre.
Il y a dans les anciens auteurs d'ichthyologie , une si
grande confusion dans les dénominations des poissons
blancs, que je n^ai pu me décider à rapporter les
synonymes d'Aldrovandi et des ichthyologistes subsé-
quens.
Je me suis borné à bien décrire le poisson que j'ai eu
sous les y^ux. Son frai a lieu au printemps. Ce petit
poisson se mange seulement en friture , c'est la seule
manière de ne point être incommodé de la multitude
de fines arêtes qui en farcissent la chair.
La couleur noire du Péritoine se remarque dans le
Cottus gobio et dans les athérines , Cuu., HisU nat. des
Poissons, tom, x, p. 4^^? ^^^^ ^^ rappelle que TÀm-
phacanthe cordonnier , poisson des Sechelles , de Tlle
Bourbon , de la cote de Malabar , a la chair fort bonne
quoique noirâtre. Cuu., op. cit., p. 149.
Le nom de Vandoise me parait avoir été appliqué à
différentes espèces de poissons ; aussi existe-t-il à ce
sujet une grande confusion. Àldrovandi, HisL Piscium,
p. 606 , en fournit la preuve dans le passage suivant :
« Leuciscus, en Français Kandoise , Flndosad^Al^
<( bert : sur la Loire et dans le Poitou ; on l'appelle un
( 207 )
« Pard ' y à Lyon Suiffe^ sur les bords de quelques
« lacs de Suisse , Winger ,• en Savoie , f^engeron : il
« diffère du Vangeron du lac Léman ^ , auquel les
« Suisses ont donné un nom à cause de la couleur de
. tt ses nageoires. »
C'est effectivement , d'après Kondelet , le Çyprinus
' Yendosîa vel Dardas Galloram piscicnlus est qaem Ar«
gentinœ vocatur ein Lauck , Basileœ Laugele , à Zng et
Bieg Winger, en Savoie circa Neocomum Vengeron. ( Dif-^
lèrenl du Yangeron da lac de Genève , qui a les nageoires
rangea , Çyprinus rutilus, )
Ciim minimis densîs agmînibus natant , auîmœ à net tris
dicnntor , ainnt enim pisciculos esse vix longiores palmo ^
i^amosoS} quibas muiti abstineant| quod circa latrinat
pascantur.
Ego in fancibns ntrinque mandîbalam curram qninif ar-*
matam denticnlis reperi , ut in Ballero.
Commendantur strigiles apriii et maio mensibus. Memini
etiam £sbniario edisse non insuaves , qno tempore lactés vx
mare pleni erant et eodem mense laudantnr à nostrit.
Gesner^ de Aquat., p» 3i , 32.
G*ett un Çyprinus jaculus , Jurine , dans lequel Getner
a^avra pas vn les deux dents de la rangée intérieure. En effet
Gesner n^indiqnait quelquefois que le nombre et la formf
des dents extérieures , comme il est facile de sVn assurer
dans sa description du Çyprinus erythrophthalmus.
* Yangeron , poisson des lacs de Lausanne et de Nenfcliâ«
tel. 11 a près des ouïes deux nageoires couleur dW , deux
SOBS le ventre qui sont jaunes ^ un aileron derrière Tanua |
IB ssr le dos; celui de la queue est fourchu. Ce poisson a
lafigare et la chair semblables à celles de la Carpe. Encyd.
méik,, Dici. des Fâches ^ p. 293.
Ce Yangeron est le Çyprinus nMus, Linn,
( ôoô )
rutltus, Llnn. Malgré la distinction faite par Gesner ^
du F'angeron du lac Léman, ( Cyprinus rutilas ) ^ cet
auteur u^a pas moins, dans cet article, confondu les noms
du Çyprinus jaculus, Jurine, et celui de plusieurs
autres poissons.
Le Cyprinus jaculus , Jurine, est XeRyserleyRyssUng
de Gesner , dont la figure convient parfaitement à notre
poisson : mais ce qui ne laisse aucun doute est la
couleur noire du Péritoine.
On trouve dans le Ryssiing , le Triœnophore nodun
leuxy Dict. Se. nat., tom. 55, p. 69, i85, pi. 48, fiig. 3,
tom. 57 , p. 596. Encyclop. méthod. , vers, tom. z »
p. 753, pi. XLIX, fig. 12-l5.
. XXY. L^Able, Cyprinus albumus, Linn. , Gmel. ^
S. N. , édit. xm, p. 1434 9 sp. 24*
Rondelet y pUcium fluvial, lib ,cap. xxxirt,p. ao8, de Albnrno.
Duhamel, Pêches, ^^ part. , sect. m, p. 4^3 , pL zxiiif fig. ip
fig, 2 , et p. 55o.
Bloch , Ichthyologie , p. 47» pi' viii ^fig- 4»
Bonnaterre, Tableau encyclopédique des trois règnes. Ichthyol.,
pi. 83 , fig. 34S.
Jurine, Hist. des Poissons du lac Léman, p. 319, n^ ly, pi, 14*
Nouv. Dict. d'Hist. nat., édit. a, tom. i , p. 5o, tom. 9, p. 76.
Dict, Se. nat, , tom, i , suppl., p. 4> j4.tlas icht., pi. 70 , fig»'^ p
tom. i5 y p. 364*
Germann y Observât, zàologicœ , p. 326. Cyprinus albumus.
Ce poisson , dont il faut 20,000 pour obtenir une livre
d'essence d! Orient, a reçu les noms diAbleUe, * ./iblet,
jiliiet, du. mot latin Albus.
' Il y a quelques autres espèces de poissons que le peuple-
nommé Ablettes^ ce ne peut être qu'à cause de leur blan-*
chenr et de Pargent dé leurs écailles, dit Delisle de Saleiy-
auteur anonyme du Dict, théor* et pratique de Chasse'^
de Pêche, tom\ i y pé 3.
( 209 )
On le reconnaît à son corps étroit , argenté , brillant.
Les mâchoires sont égales quand la boiiche est fermée,
et quand elle est ouverte , la mâchoire inférieure , qui
était ascendante, dépasse la supérieure*, le front est
droit, les nageoires sont pâles, le rayon antérieur de la
nageoire pectorale est jaunâtre.
La nageoire anale, à 21 rayons, sufiit pour distinguer
ce poisson de celui appelé par nos pêcheurs sur le pont
de rOuche , Seufle, et avec lequel, à raison de sa taille
qui est aussi de 4 pouces , on pourrait le confondre ;
mais la Seufle ayant son péritoine noir , et seulement
10 rayons à la nageoire anale, est suffisamment
distinguée de TAble.
Àrtedi , dans la diagnose de TAble , donne 20 rayons
àTanale qui se fait remarquer par sa longueur, et 21
dans la description IchthyoL , pari, v , p. 17 , sp. 7.
La dorsale est située bien en arrière des ventrales \ la
caudale est profondément échancrée.
La ligne latérale descendante antérieurement , droite
postérieurement , parait dorée sous un certain jour sur
lepoisson vivant ; les écailles finement striées, adhèrent
peu à la peau et tombent au moindre attouchement.
La taille ordinaire de TAble est communément de
quatre pouces*, elle atteint rarement celle de six
pouces; ' cependant je viens de voir un Able de 5 pouces
3/4. La longueur de la tête était 3 3/4 dans la longueur
du corps ) la largeur de cet échantillon était un peu
> FAble de Willugliby , long de 6 pouces , large de deux ,
i dents comme la Carpe , plus longues et plus aiguës ^ à pa-
liis garni d'un os triangulaire , cité dans VEncycL méthod, ,
Sist, nai,, tom. 3 y p» 3 , est-il le même que le Cyprinus
^wnushCelaL me paraît très- douteux.
»4
( 210 )
plus de quatre fois dans sa longueur totale. Duhamel
a donné à VAble les noms à! Ablette, Ov^eUe ' , Albula
minor, ou AlbumUs. Voyez Pèches , a* part. , secU 3 ,
p. 4^3 , et 11* part. , sect. ii" , p. 229 ; le même auteur
dit : <c TAble est un petit poisson blanc qu'on prend an
<( haut de la Seine, et qn^on nomme à cause de la res-
« semblance, mais mal à propos, Eperlan ^ (Teau
A douce. »
a L'Ablette, dit Gesner, de Aquatll. , p. 27, est un
« poisson de rivière de la grandeur du doigt, semblable
<i aux petites aphyes ^ ; il est vorace et se laisse fecile»
<( ment prendre à Thameçon. Est-il le même que ces
a petits poissons appelés en France des Blanches, k
c( cause de leur couleur et de leurs écailles'^ ai^entées
a qui tombent au plus léger contact? »
■ Ce nom d^Ovelle vient , dit Gesner, de Aquatil., /?.
43 1 , lin. 56 , de ce qae ce poisson a des œufs en font
temps.
* Ne s^agiraît-il pas da Spirlin? que Duhamel appella
Able bordé, et qu'il dit, mais à tort, être une simple va*
rîété accidentelle de VAble. Il en est, suivant les pécheurs |
une espèce qui porte une raie sur les parties latérales, c^est
VAble rayé^ on le rejette parce que la couleur des écaillef
de cette raie teràiraît Pessence d'Orient. Cet Able rayé est
le Spirlin.
3 C'est salis doute à raison de cette ressemblanoê que J.
Hermann , Observ. zoolog., p. Sic, a désigné, suivant les
naturalistes de Strasbourg , de jeunes Ablettes sous le nom
de Cyprînus aphya, à moins que sous ce nom il n^ait TOidu
parler du Cyprinus jaculus de Jurine.
^ Les cannelures des écailles de TAble, dit Réaumnr| sont
au nombre de dix^ dont six en érentail^ tournées da ei^i
(211 )
Marsigli, Danubius pannonicus , iom. iv, p, 54 ,
tab. xYiu jjig» 2 9 parle de l'Ablette sous le nom de
Phoxinus squamosus , /"*. Suivant Bloch , ce poisison ,
outre les noms dont nous avons parlé , porterait encore
en France celui de Borde; à Genève on l'appelle Rondion
ou Mange^Merdei dans le canton de Vaud et en Savoie,
il porte le nom de Blanchet, Blanchaille , Sardine.
Ce dernier nom ne serait-il pas la cause de celui
porté sous le n^ i8 du tableau des poissons des en-
virons d^Àix , inséré dans le Manuel de F étranger aux
Eaux dAix en Savoie y par le docteur Despine fils,
18349 p. 8 , et mentionné ci-dessus , p. 10?
On y lit : Sardine , Clupea sardinia, le lac, Mirandele,
vulg. *
de la quene y et quatre du côté de la tête. Aci, Paris, , 1 7 1 6 ,
f, a36. On distingue sur TAble deux lignes latérales ponc*
tuées , ibid, , signalées déjà par Rondelet ^ et revues par moi.
Dans son curieux Mémoire , Réaumur rappelle , p» 242 ,
a un insecte qui se loge volontiers dans les livres rarement
fenilletéfl) ressemblant fort aux A blés par sa couleur ar-
gentée | et qui en a aussi quelque air par sa figure, à ses
jambes près. Son corps est couvert d'écaillés qui se déposent
inr les doigts qui le touchent^ »
Cet insecte , appelé vulgairement Poisson d'argent, est
kForbicine , Lepisma saccharina, Lînn. ^ indiquée par Al-
drovandi ^ de InsecL , p. 670 , n» 5.
* La Sardine, étant un poisson de mer non anadrome,
ne peut se trouver dans le lac du Bourget. La Sardine de ce
lac est ou VAble ou le Cyprinus agone, Scopoli , Deliciae
fhr. et Faun. Insuhriae, 1786 , part, 1 , p. 71 , dont je
donne le texte à Tarticle Clupea Sardinella,
Cest aux naturalistes d'Aix à nous apprendre auquel de
cet deux poissons doit être rapportée leur Sardine.
( 212 )
Je serais lenlé de le croire d'après la remarque
suivante faite par Jurine. u L^Able , dit ce savant, porte
« aux environs de Vevay le nom de Naze, » HisU des
Poissons du lac Léman, p, 221. Razoumowsky , £fist»
7uU. du Jorat , 1789 , tom. 1 , p. 182 , § 4^ , en a conclu
que le Cjprinus nasus se trmivait dans le lac de
ïïeufchâtel.
Des équivoques de cette nature se retrouvent dans
tous les livres qui sont faits à coups de ciseaux , et dont
les auteurs n'ont jamais vu les objets dont ils parlent.
L'Able est la proie des poissons voraces, et employé
comme appât pour les prendre \ comme il a beaucoup
d'arêtes , il n^est acheté que par les gens du peuple qui
le mangent en friture. Sa chair est d'assez bon goût^
quoique peu estimée.
On compte 11 rayons dans la nageoire dorsale; \6
dans les pectorales-, 9 dans les ventrales \ 21 dans Ta-
nale ^ et 24 dans la caudale.
L'appareil dentaire pharyngien de TAblette se re*
connaît aux caractères suivans :
Plaque ' sertie dans l'espace pentagonal alongé de
l'os basilaire , dont le prolongement dorsal est de champ
et spatuliforme.
Les dents minces et aiguës , au nombre de six , sont:
placées sur deux rangs : savoir, quatre à Textérieur^
et deux à l'intérieur.
Le péritoine nacré est piqueté de points noirs.
Les Ables traient en mai et jttin , près du rivage , ou
• ■
> Cette plaque, 'qui adlière au basîlaîre par une mev
brane intermédiaire, se détache facilement par la cniatç
et tombe iorsqu^on enlève les chairs pour dénuder Pos. Ce
arrive pour tous les Cyprins ^ dans la même circonstance
f 413)
ibse rassemblent en troupe; à cette époque on voit,
chez les mâles , le dessus de la tête, du dos et même des
opercules, hérissé de petites aspérités qui transforment
la surface de ces parties en une espèce de râpe.
Tous les ans, à 1 époque du frai, des particuliers de
Lyon viennent dans notre département pêcher les
Ables » , pour s'en procurer les écailles, dont ils tirent
Tessence d'Orient, (conservée par Tammoniaque li-
quide), et employée pour la fabrication des fausses
perles ^ , genre dUndustrie découvert en 1680 par un
* Les particuliers dont nous parlons rejettent avec soin
VAble rayé, c^est-à-dire le Spirlin , Cyprinus bipunctatus.
* \2 Àrgentina sphyrœna est employée en Italie pour co-
lorer les fausses perles.
CTest le derme qui sécrète sous les écailles cette matière
d'un éclat métallique argenté , qui rend tant de poissons si
brillans; elle se compose de petites lames pâles comme de
Fargent bruni , qui se laissent enlever par le lavage soit de
la peau , soit de Pécaille , dont elles Ternissent la face infé-
rieure. CVst cette matière qui colore les fausses perles.
Voyez le Mémoire de Réaumur à ce sujet dans les Act.
Paris., 1716, p, 329.
Il se sécrète aussi de cette matière argentée dans beaucoup
de poissons , dans Pépaisseur du péritoine et des enveloppes
que le péritoine fournit à certains viscères, particulièrement
à la vessie natatoire. Cuvier , Hist. nat. des Poiss, , tom.
1 , p. 483.
U se sécrète aussi de cette matière argentée dans l'inters-
tice des muscles : je l'ai retrouvée sur les os de la mâchoire
inférieure de TAlose et dans beaucoup d'autres poissons ;
d*où je conclus que les membranes muqueuses sont les
organes dans lesquels se sécrète la matière nacrée.
( 214 )
Parisîen nommé Jacquin ' , ainsi qu'en a acquis la cer*
titude J. Hermann, Observât, zoologicœ, p. 327.
Les Lyonnais , après avoir détaché les écailles , aban-
donnent sur le rivage les corps dépouillés de TAble ; sa
décomposition , excessivement rapide , répand dans le
voisinage une infection épouvantable , qu'un prompt
enfouissement préviendrait efficacement en. procurant
un engrais avantageux.
L'Able est tourmentée quelquefois par la Ligule très-
simple.
XXVL Le Spirlin*, Cyprinus bîpunctatus, Bloch,
Gmel. , Syst. nat. , édit. xiii, p. \épZ , sp. 48.
Bloch, Ichthyologie , part, i, p. 43» P^' viii,^/§^. i.
Bonnaterre, Tableau encycl, des trois Règnes, icthyologie , pi, Sa^
fig. 340.
Jurine, Hist. des poiss, du lac Léman , p. 226, tz» 19 , pi. 14*
Rondelet^ de Piscib, fiuifiatil, lib., cap. xviii, p. \{fi ^ fig, infer^
Fritoa.
Gesner, De Aquatil,, p. 844 > Phoxinus squamosus.
« Dans le Dict» des Sciences natur. y tom, i5, p. 365^
on appelle ce Parisîen Janin , parce qu^on sVst contenté de
copier la faute typographique du Dictionnaire du Commerce
de Savary ^ c2iT ^ dit J. Hermann , j^aî souvent entendu don-
ner le nom de Jacquin , an fils de Tinventeur. L^assertîon
d'Hermann est d'ailleurs confirmée par le témoignage plos
ancien de V Encycl. mélk. , Dictionn. des Arts et Métiers ^
tom. 2, 17839/7. 4^0.
» Bloch, Ichthyologie , part, 1 ,/?. 44, a dit : ce M. Her-
<c mann, professeur à Strasbourg, m'a envoyé ce poisson
ce sous le nom de Spirlin. y>
Dans ses Obsen^at, zooiog, , p, 320 , Hermann assure
n'avoir jamais envoyé à Blocb de Cyprinus bipunctatus , ne
connaissant ni ce poisson ni le nom de Spirlin*
C215)
Lacépid« » JSKh, nat. des jtoissons , iom. xi , p, d/.
Cavîer , Règne anim. , édit, 2, tom, a^p, 976. Le Spiriin oa Eper«
lan de Seine.
Ce poisson , dont la taille est d^environ 3 pouces 9 m*a
ëté donné par le pêcheur Reverdy , sous le nom de
Vairon de Saône.
On le connaît aux environs de Pontailler sous les
noms de Lugnote ou Lîgnotte , à cause de sa ligne laté-
rale fortement caractérisée , ce qui Ta fait aussi appeler
uible rayé ou Ahle bordé.
« Quelques-uns nomment Ables bordés ' ceux ou la
partie colorée a plus d^étendue , et ils prétendent qu'ils
sont moins alongés. J'avoue que je n^ai pas aperçu sen-
siblement cette différence. » DuJiam., pag. 433.
Dans les environs de Dijon , les enfans le nomment
Poisson blanc, et quelques pécheurs, Eperlan. Un
autre pêcheur me Ta donné sous le nom de Chérin.
A Genève, on l'appelle Platei; à Goppet , Boroche.
Ce poisson est assez semblable à TAblette \ il en dif-
fère par beaucoup de caractères , et entr'autres par deux
points noirs sur chacune des écailles delà ligne latérale.
Sa mâchoire inférieure , ascendante , est recouverte
par la supérieure lorsque la bouche est fermée ; ses na-
geoires sont orangées à leur base ; les yeux sont grands \
le corps est aplati \ les écailles sont grandes et sillonnées^
ime double rangée de points noirs accompagne les
écailles de la ligne latérale sinueuse et arquée.
La dorsale, composée de 10 rayons, est en arrière
des ventrales, qui en ont 9 : pectorales, 16 : anale ^
ix>iige à sa base, 18 : caudale, xxiv-xxvi.
* L'Able Bordé a le corps moins alongé que TAble. Du-^
iamel^ 7^ part, , sect. m ^ p, 493. Contradiction du texte*
(216)
La longueur de la tête est 3 i;i fois dans celle du
corps ; la largeur du Spirlin est 3 fois i/a dans sa lon-
gueur totale.
Le Spirlin a 33 vertèbres et i5 paires de côtes. Le
péritoine est nacré et piqueté de points noirs petits eu
rares.
Lacépède , HisU naU des Poiss. , édiU m-ia , tom, xi,
p* 6j^ se borne à copier Bloch plus ou moins exac-
tement.
Bosc , Nouv. DicU dHisU naU , édiU a , tom. 9, p^'
76 , copie Lacépède.
Dans le DicU des Se, nat. y tom, 5o , p, apS , on se
borne à dire :
Spirlin , nom spécifique d'un Cyprin , Cjprinus bi-
punctaius , du genre des Ables.
Rondelet, de Piscîb,Jlu\^iat. Ub, , cap, xviii, p. ipS,
Jlg. infer, , parle d'un petit poisson appelé à Lyon Fritou
et Friteauy semblable au Siego y mais plus petit. Sa
taille n'excède pas trois pouces \ il est commun dans la
Saône. Loc, cit.
Dalechamp avait envoyé à Gesner deux Frétas,
Friton et Friteau salés. Nomencl, , p, 3o6.
Ce poisson, jusqu'à ce jour, n'a pas été reconnu par
les naturalistes. Tous les auteurs d'Ichthyologie se sont
bornés à copier Rondelet \ loin d'éclaircir le passage ils
Pont embrouillé.
« Le Friton ou Fnian , . est le nom qu'on donne à
« Lyon, dit Rondelet, chap, i5, trad, franc, , à un
« petit poisson semblable au Siège, » AUéon Dulac ,
Ifist, nat, du Lyonnais y tom, i,p. i58.
« Fritons ou Friteaux, On nomme ainsi en Lan-
ce guedoc, suivant Rondelet, les petits Sièges, poisson
( 217 )
ic qui tient beaucoup du Gardon ou de la Yanddse. »
JDuham*, Pêches, ii* parL, secU m, p. 566.
Dans cette citation , Duhamel a erré : les noms de
J^ritons (il faut lire Fritous)^ ou Friteaux , sont em-
ployés à Lyon et non en Languedoc. Rondelet n'a point
^t que les petits Sièges étaient appelés Fritous ,• il a dît
seulement dans le chapitre cité : « Le Siego appartient
m. au genre des Mugiles , de même que ce petit poisson
«(.appelé à Lyon Fritou et Friteau, »
Lacépède et les Dieu dHisU nat. les plus modernes
^excepté celui de Lachenaye des Bois, tom. 2, p. 228),
xie parlent point du Fritou ou Friteau, Ces noms ont un
«2ertain rapport Si\ec fretin , mot employé pour désigner
^es choses de peu de valeur , et appliqué plus particu-
lièrement aux petits poissons en général, sans doute
rce qu'on les mange frits.
La chair du Spirlin est blanche , d'un bon goût , et
mange ordinairement en friture.
Ce poisson se plaît dans les ruisseaux d'eau vive et
cîourante 5 il joue à leur surface ; il fraie dans le mois
de mai ^ alors il cherche les endroits les plus rapides «
£ifin de se frotter contre les petits cailloux. Hors ce
lemps, il se tient continuellement à la surface de l'eau.
U se nourrit d'herbes , de vers , et sert de nourriture à
la Truite.
On le trouve dans la Saône, dans l'Ouche , etc.
U vit longtemps dans des bocaux de verre , dont on
renouvelle l'eau, et alors on l'entretient avec des subs-
tances végétales.
La mâchoire pharyngienne supérieure oflfre une plaque
sertie dans la cavité pentagonale élargie del'osbasilairei
dont le prolongement , placé de champ , est ovoïde.
. Les dents pharyngiennes inférieures sont au nombre
(218)
de sept, dont cinq sur le rang extérieur , et deux suf
le rang intérieur ; elles sont crochues au sommet.
Je ne sais pourquoi Cuvier , Anal. comp. , tom* 3 ^
p. 191 9 ne donne que cinq dents au Cjprinus bipunc^
tatus; il n'aura, sans doute , examiné qu^un individu,
chez lequel des dents étaient tombées, ainsi que je Tai
vu moi-même sur une des mâchoires d^un des Spirlins
qui m^ont servi à faire ma description.
Duhamel a parlé du Spirlin, dont la ligne latérale,
formée d'une suite de points géminés , imite effec-
tivement une sorte de bordure. Il le désigne sous le nom
A^Able bordé.
XXVII. Le Vairow , Cjprinus phoxinus, Linn. ,
Gmel. , p. 14^2, sp. 10.
Bloch , Ichthyol. , part, i , p. 5i , pi. viii , fig. 5.
Jurine, Histoire des Poissons du lac Léman, p, 329, n^ 20 ^
pi, 14.
Duhamel, Pêches, 2* part.,sect. m, p. 5i5y pi, xxvi ,fig» 7.
Bonuaterre, Tableau EncycL ichthyol., pi. 79, fig, 328.
Lacëpède , Hist. nat. Poissons , tom, x, p, 387.
Boudelet, de Pisc.fluv. lib., cap. xxi&,p. 2o5, de Pisciculo vario»
Meyer, Représ. , tom, 2, tab, gôyfig. infér.
Gesner , de jéquatilib, ,p.^\\,
Aldrovandi , De piscib., lib. v, cap,Xy p. 582.
Nouv. Dict. d*Hist. nat-, édit, 2, tom. ix, p. 71.
J. HermanO) Observât, zoolog,,p. 3i8.
D. 9. P. 14. V. 8. A. 10. G. 26-28.
Le nom français de ce poisson lui vient de la variété
de ses couleurs , pisciculus uarius , disent les anciens ; et
nullement , comme le dit Duhamel , parce qu'il est de
la grosseur à peu près d'un ver. Cet auteur, trompé par
son orthographe , a écrit Véron , et de là est tombé à
son étymologie \ il aurait dû indiquer le ver dont la
grosseur peut servir de comparaison à celle du Vairon.
( 219 ^
n est surprenant qu'un poisson, aussi commun et
Aussi bien caractérisé par ses écailles fort petites , poin-
cillées de noir et irisées , par la variété de couleur des
^inq bandes longitudinales des côtés du corps, ait été
eonfondu avec d'autres; cela vient, comme Cuvier,
ffisl. nat, des poissons, tom, lo^ p, 4^3, Ta feit ob«
server relativement à Lacépède , de Thabitude où Toa
est de faire des livres avec des livres , et de ne pas
étudier les objets dont on parle.
Dans le Dict, des sciences naturelles, iom. i , suppL,
p. 4 9 en parlant du Yéron , Leuciscus phoxinus, il est
dit : « Sa cbair est amère. )> Cette assertion n'a diantre
autorité que le passage suivant de Duhamel : a Le
ft Yéron a quelquefois deux pouces et demi de longueur;
« on dit que sa chair est toujours un peu amère, peut-
« être parce qu^on a de la peine à vider ce poisson sans
« rompre la vésicule du fiel. » Pêches, a* part.,
/?. 5i5.
Duhamel dans ce passage a confondu le Vairon avea
hBouinère ou Péteuse, Cjprinus amarus, Bloch *.
La chair du Vairon est au contraire fort délicate ,
comme Ta dit Rondelet depuis long-temps. FelUs mul^
tumhabet, quare non nisi ei^isceratus coquendus
Came est molli et suai^i. Aussi a-t-on soin de vider ce
poisson avant de le préparer pour la table.
Duhamel ne s'est pas contenté de confondre les pro-
priétés du Vairon avec celles de la Bouvière \ trompé
' Si Duhamel eût reconrn à Ârtédi , IchthyoL , pars v ^
/). 1 1 , sp* 20 , il aurait promptement recounn le GouJod,
appelé par Schoneyelde , Ichïhyol. , /?. 35 , Fundulus , Gal-
K« Govian, liai. Vairon, Angl. Gudgion. Artédi, par er-?
rear mus donte , a dit : Gallis Gonion et Voirons
( 226 )
par le mot Phoxînus donné par Rondelet à la Rosière,
et par Linné au Vairon ^ il a encore sous ce dernier
nom rangé un autre poisson, qui , d'après sa détermina-
tion, a fait naître un nouvel embarras, ainsi qu^il est
aisé de s'en assurer par les passages suivans :
« Véron , petit poisson de rivière , qui n'est pas le
(c Yairon dont nous avons parlé , quoiqu'il ait des rap-
« ports avec lui. » DicU théor. etprat. de chasse et de
pèche (par Delisle de Sales), 1769 , tom, 2, , p. 418.
« Vairon , petit poisson blanc et à nageoires molles ,
« qu'on pêche dans les rivières -, c'est une espèce de
« Goujon. » Tom. ^^ p. 4'^ î tom. 1 , p. 452.
La variété de couleur offerte par le Vairon , Cjrprinus
phoxînus, Lin., et par le Goujon, Cyprinus gobius.
Lin. , est la cause du même nom donné à deux poissons
très différens. Ce qui a engagé Gesner à dire : Cralli
veronem suum digiti ( palmi minoris ) longitudine
faciunt.
Aussi Delisle de Sales, sous le titre Véron , indique le
Cjrprinus phoxînus, et sous celui de Vairon, le Cjprir
nus gobioy Lin.
et Artedi semble penser quMl y a des Vérons de cinq
« pouces de longueur ; je n'en ai point vu qui approche
« de cette grandeur , ce qui me fait croire qu'il veut
« parler de la Rose ou Rosière de Picardie, qui, sui-
« vaut Gesner, est un poisson à écailles assez ressemblant
« au Goujon, et qui a quelquefois un demi-pied de
« longueur : le corps est un peu aplati, l'iris des
« yeux jaunes 5 suivant lui , les plus petits ont des œufs^
ce il me parait que toutes ces choses établissent plus dé
Il ressemblance avec le Groiijon , qu'avec le Vairon que
« nous avons décrit. » Duham. , Traité des pêches, u*
part. , sect. m , p. 5i5-5i6.
( 221 )
Duhamel a très bien vu.
« Les Vairons de cinq pouces ' , suivant Artedi, dît
« Duhamel , sont des Roses ou Rosières de Picardie,
« décrites par Rondelet , de piscibusfluyiatiUbus Uber. ,
« cap, xxviii,p. 2o5 , Phoxinus, Rosière , dont Gesner,
4k de aquaUUbus, p. 27, rapporte les termes, et p. 844 j
« donne une nouvelle description sous le titre Bambele;
« ces Roses ou Rosières, suivant Gesner , ressemblent
« au Goujon. » Duhamel, pèches, 2,* partie, p. 5 16.
Aussi dans le Dict, des Sciences naturelles, tom. 3,
suppL, p. 174, on lit :
« RiMBELE (Ichthyol.). Dans le canton de Zurich,
u on appelle ainsi une espèce d^Able , très voisine du
« Véron (Leuciscus phoxinus). Voyez Able. »
N. B. Il n^est pas question de Bambele dan» Tart. AbU
où l'on est renvoyé.
« RosiÈKE ( IchthyoL ) , un des noms vulgaires du
« Véron. Voyez ce mot et Able , dans le supplément du
« tom. 1 de ce Dictionnaire. » D. S, N,, ^. 46 » p» ^^91*
Dans ces deux articles, Able et Bambèle , le nom de
Rosière n'est pas rappelé.
On a eu tort dans le Dict. des Se, nat. , de donner le
nom de Rosière, comme un des vulgaires du Vairon.
Pour débrouiller cette confusion il faut recourir aux
texte originaux et les comparer.
Quelquefois d'après la remarque de Raj , Rondelet a
parlé dans plusieurs endroits d'un même poisson sous
différens noms, jirtedi, Bibl, Ichthjr, , p. 26.
Revenons actuellement au Vairon , dont la discussion
précédente nous avait écarté.
« Il est facile de distinguer le Vairon ( sons genre Able )
de la Bouvière ( sous-genre Cyprin). Les caractères essen-
tiel» sont très-différens.
( 222 )
Ce petit poisson, dit Rondelet , ressemble par la
figure de son corps au Cephalus ^mdadlis. Rond.,
de Piscib. fluvf, lib. , cap. xy ^ p, 190, le Ghevanne,
Cjprinus dobida, La variété de couleur répandue sur
sa robe a été signalée par tous les observateurs , et
c'est elle qui a engagé Pazumot à signaler les Vairons
sous le nom de petits Poissons de la belle fontaine de
F'emianton, comme je Tai déjà fait observer dans les
Act. Dinon., 1827,/?. 71.
Le Rotriocéphale du Phoxin attaque le Vairon. Dict.
Se, nat.y'tom. Sj ^ p, 71.
Le Vairon se nourrit de vers , de larves d'insectes
aquatiques , de substances animales et végétales en dé-
composition; il fraie à la fin du printemps, Blocbditàlafin
de juin , et périt aussitôt quUI est bors de Teau ; sa taiUe
surpasse rarement deux pouces et demi. Il préfère les
petits ruisseaux oii il ne trouve pas autant d'ennemis
que dans les rivières. Pendant Thiver , il se cache aà
fond de Feau autour des herbes qui y croissent ; aussitât
que Tatmosphère est réchauffée par les rayons solaires,
les Vairons viennent en troupe, se jouer à lasurfece de
Feau en s'élançant souvent au dessus; ce qui Ëiit, dit
Jurine , que lorsqu'on veut les conserver dans des bo-
caux , où ils vivent fort longtemps , il faut avoir l'atten-
tion de les couvrir. Dans les beaux jours d'été, lorsque
le ruisseau qui traverse le jardin botanique n^est pas à
sec , on peut se procurer le spectacle des jeux du Vai-
ron au dessous du dernier barrage ; on voit les Vairons
en troupe se presser en foule contre ce barrage , afin de
jouir de l'eau qui s'échappe en cascade , et plusieurs
d'entre eux s'élancent au dessus de la surface de l'eau ,
retombent et recommencent le même jeu.
Le Vairon aime beaucoup à remonter le cours des
( 223 )
ruisseaux , et à recevoir de la nouvelle eau : aussi dans
le grand bassin du Jardin Botanique , on les voit, réunis
en masse considérable, se porter continuellement contre
le grillage globuleux placé à l'extrémité du conduit qui
Talimente , lorsque les fontaines des Chartreux ne sont
pas taries , ou plutôt , ne sont point rendues mal saines ,
par la quantité de savon employée par les laveuses; car
dans ce dernier cas , presque tous ces poissons meurent^
et on voit leurs cadavres flotter à la surface de Feau.
L^étang de la Yalduc , à deux lieues de la ville de
Martigue en Languedoc , renferme , suivant Foderé ,
«ne espèce de petits poissons de la grosseur du petit
doigt , le seul qui puisse y subsister , dont le frai très*
abondant recouvre quelquefois une partie de la chaussée.
Montfalcon, HisU méd, des mar,, 1826, a* éd., ^. 70 (1).
Ne serait-ce pas le Vairon ?
Pàzumot| Nouy. Mém, Acad. de Dijon, 1782, a*
semestre, p. 114? parle des petits poissons de la belle
fimtaine de Yermanton , sans leur donner de nom. Ces
petits poissons sont des Vairons , comme il est facile de
s'en assurer. Le Péritoine nacré des Vairons est piqueté
de très-petits points noirs.
L'appareil dentaire pharyngien du Vairon présente
sur Tapophyse de Fos basilaire , un cavité pentagonale ,
lossi large que longue. Le prolongement postérieur de
Tapophyse est en forme de sabre tronqué.
Les dents pharyngiennes inférieures sont crochues ,
au nombre de six à chaque mâchoire , et disposées sur
deux rangs; Fextérieur montre quatre dents, et l'in-
térieur, deux beaucoup plus petites, plus minces , que
la loupe fait distinguer très-facilement.
Sur une mâchoire j'ai vu seulement trois dents au
r^ng externe , et une au rang interne.
(224)
Sur d^autres , j*ai vu cinq dents extérieures et une
intérieure. D'autres fois il y a quatre dents extérieures
et seulement une intérieure.
Le Vairon de la Bèzè a le dessous de la mâchoire
inférieure noir. Au mois d'avril on voit sur la tête du
mâle des petites épines coniques -, j'ai revu à la fia de
mai ces mêmes caractères sur des Vairons pris dans
rOuche, à l'aval du pont de Thôpital. Un mâle avait
sur la tête une multitude de ces petites épines coniques^
si remarquables sur la majeure partie des mâles da
genre Cyprin , à l'époque du frai.
« Véron, petit poisson de rivière , différent du
Vairon dont nous avons parlé ; il ressemble assez pour
la forme du corps , à un petit Gardon ^ mais il en di£Gère
beaucoup par les couleurs, qui sont très-brillantes,
surtout dans le temps du frai.... Ces couleurs appar-
tiennent à la peau , car il n'a pas d'écaillés. » EncjrclJ
mélhod., Dieu des Pêches y p. 298.
De cette description , il faut conclure que Tauteiir
n'avait jamais vu de Véron.
Genre des Loches ou Dormilles, Cobiûs, Linn. Dru^
milles, dans quelques parties du Dauphiné*
filoch, IchthyoLogie , part. i,p. 172.
Tête petite , corps alongé , revêtu de petites écailles
et enduit de mucosité \ les ventrales fort en arrière
et au-dessus d'elles une seule petite dorsale , la bouche
au bout du museau , peu fendue , sans dents , mais en-
tourée de lèvres propres à sucer , et de barbillons.
Les Loches sont sujettes à la ligula ahdominalis^
Bloch, Gmel. , S. N.,xni, p. 3o43 , sp. 2, a. Ligule
irès'simple , Encyclop. méthod., Vers, tom. 2, p. 494 >
sp. 6-, Dict. Se. nat. , tom. xxyi, p. 4o3> lvii, 611.
Atlas , Vers , pi. 46 , fig. 5.
4.
( 225 )
' XXVni. La Loche franche, Cobitis barbaUday Linn. ,
CfmeL , S. N. , édit. xui, p. i348 , sp. 2.
Bloch, IchthyoL, part, i, p. 179 , pU xnxiyfig. 3.
' Joriney Hist, des poissons du lac Léman ^ p, iSô^n^ 5, pL a.
Marsilii Danub. , tom. iv, p, 24, tab, ix, fig, 1. De Cobitide
fluTtatili , /y. 74 9 tab, xxv , fig, 1 , Fundulua.
Boonaterrey Tableau emoyclop. y ichthyQl,, pi, 61 yfig. 341.
I«ftcëpède| Hist, nat. des poiss, , tom, iZyp. 10.
Rondelet, Depiscibus fluv. lib., cap. xxvii , ' p. 204. Barbatula*
^tip, zzTiy p. ao3, <2e Cobite fluviatili ; la figure ne convient guère ^
^ nboa de Tabeence des barbillons.
fielcoy Lochia pinguis. Dromilla»
Aldrorandi, de Piscib, , lib, v, cap. xxiX) p* 616. De Cobite
floyîatill. Cap, xxxi, p, 618. De Cobite barbatnla.
liejrtr, Représ., tom. 1 ,p/. ji^fig- in fer. dio Grundel.
- Dict. des se, nat. , tom. ix , p. 484* -^tlas. Ichthyol. , pL 6y y fig. 1 .
Nouv» Dict, d'hist. nat., édit. a, tom^. rit^p. a36.
Duhamel, Traité général des Pèches, it« part., sect. m, p»
5ai , p/. xzTii , fig» 4*
JDau quelques communes du Lyonnais , Sarbou,
40 vertèbres , 20 paires de cotes.
Il» 10 : P. 11 : V. 7 : A. 7-8 : C. 2^-2,6.
Ce poissoa est appelé DormiUe, * Baromètre y ' à
> La figure supérieure de ce chapitre a une grande ressem*
^Uallce avec celle dn Gobioïde Bronssonnet, donnée dans le
iVow. Dict. d'Hist. nat. , édit. 2 , tom. xii ^ p. 454 9 pi*
D. Z%^Jig. 7. LVrcure dé la nageoire de la quene, fort
pononcée dans la fignre donnée par Rondelet 9 ne s^obsenre
pu dans le dessin du Gobioïde.
La figure aura peut-être été déplacée, comme il y en a
plusieurs exemples dans Touvrage de Rondelet \ cependant
on y Toit figuré raiguîllon de la Perce.
^ Ayant les travaux de Gesner| la Moutelle s^iippelait
déjà Doi-mille sur les bords du lac de Genève. -
3 Le nom de Baromètre a été donné à la Loche franche p
parce i^k l'approche de Forage elle se tient à la snrfiice de
i5
( 226 )
Genève; Gremelielte, à RoUe; Moutaile^ Mataile de nds'
seau, à Lutry •, Moustache, petit Barbot, à Versoix et à
Peau pour saisir les monclierons qui s^en rapprochent da-
vantage , ainsi que le dit Jurine.
Cette habitude ne dépendrait-elle pas plutôt de Porgani-
sation de la Loche qui la rendrait très- sensible aux Ticiisî-
tudes de Tatmosphère? On observe un pareil effet dans un
de ses congénères y le Misgurne , Cobitis fossilis, Linn. y
Loche d^étang , Bloch y /cAMj'o/.^ part, i ,/?. iji^pl, xxxif
^g, 1 ^ Lacépède, ix, p. 22 ; Misgurne fossile ,applée Ba*
romètre vivant, que ^ par un lapsus calami , Linné ^ S. N*f
éd. XII y p. 5oo , a dit Thermometrum vivum , désigné par
Frisch, Miscell. Berolin.^ tom. yi^ p. 1199 Tab. it^ n' a^
sous le nom de Lampe tra barbata.
Ce poisson monte à la surface de Tean , Tagite et la trou-*
ble au moment de Torage; et cette habitude le £ut conser'*
ver , dans un vase plein d'eau ^ dans plusieurs officines d^
pharmaciens allemands ; il est . appelé par Cuvier Laçk^
d'étang, dans son Règne animal^ éd. 2 ^ tom* 2, p. 278*
Sa robe bleuâtre ^ chargée latéralement de cinq lignes noire*
longitudinales , distingue cette espèce de ses congénères.
Le Misgurne, Cobilis fossilis , Linn. , J. Hermann, Obfm
zoologicae , p, 3o7, avale sans cesse de Pair atmosphériqvey
en convertit l'oxigène en acide carbonique , en le faisant
passer au travers de ses intestins \ il le rend par Panns» Qn
peut consulter les curieuses expériences de M. Ehrmann à
ce sujet. Voyez Cuvier , Hist, nat, des Poissons , tom* i^p»
619 , et Règne animal , éd. 2, tom. 2 , p. 278.
Dans tous les poissons , il se fait à la peau et sons lès
écailles une transmutation semblable. Ibid,
Gabriel Clander a donné à ce poisson, bien représenté
par Meyer , tom. 2,^ pi, g5 , le nom de Thermometrum vi'
vunif parce que, dit-il, lorsque la température de Tatmos*
phère doit varier, du chaud au froid ou dn froid au chftady
( 227 )
5t.-Prix *, Gaul, à Strasbourg. J. Hermann , Obsetv.
jsoolog. y p. 307.
Dans notre pays on lui donne le nom de Moutelle,
parce qu^à raison de sa forme et des couleurs de sa
peau, on Ta regardée comme une petite Lotte, Mustela,
et on lui en a donné le nom ; effectivement Gesner , de
uiqueuU, , /?. 714 ) parle de la Loche franche sous le nom
^e Mustela minima, ^ et p. 4^o, il avait rappelé
ce poisson, dès la Teille de ce cbaDgement, manifeste une
«^tatioa contiiiaelle ^ mais snrtout lorsque le temps menace
d^orage et de tonnerre , ce poisson Tannonce par une sorte
de btnissement ( Sibilos edere solet)*
Cest en suivant Clauder que Linné a mis Thermome^
tmm vwum.
Le nom de Loche d^ étang a fait commettre à AUéoa
Dalac y Mémoires pour servir â VHist, natur» du I/yonnaisp
tom, 1$ p» i52, une singulière bévue : s^attachant aux mot^
Loche et Goujon , employés par Rondelet pour désigner les
Gobies Aphye et Paganel, il a cru que Rondelet voulait
parler de nos poissons d^eau douce, désignés sous ce nom \
et AS £dsant point attention au titre du livre De Piscibus
ttagni marini, il a copié le chapitre , et Ta donné comme
i&diqvantla Loche. Cependant Rondelet avait eu Pattention
dédire : La Loche franche, c'esi-k-àire CobitisfluviatiliSf est
plu longue et plus grêle. Mais c^est ainsi qu'on fait des livres
avec des livres , comme le fait observer Cuvier^ Histoire na^
tarelle des Poissons y tom. x , p. 4^^ 9 o parlant des tra-
it ntx de Lacépède , quMl rectifie dans toutes les occasions.
Le même Alléon Dulac^ Mémoires, p^ i56, donne sous
ik| le nom de Chabot une description fort confuse de la Loche
^1 de rivière j Cobitis taenia y qu'il n'avait jamais vue.
*j * Moteila ( sic vulgus profert pro Mustela ) dicitnr
i^tl pisciculuS} magnitudine fere piscis Chasse t {id esiGobii
J
( 228 )
la déaomiaatioa Mouielle (dérivée deMust^), donnée
en Bourgogne à ce poisson. Quelques-uns, dit-il, écrivent
MoutloUe-y d'autres disent Estoile, par mauvaise pn>*
nonciation , à moins qu'on n^ait voulu par ce nom âéA*
gnér les taches de son corps.
D'après ce passage , le nom MouUoile était employé
pour désigner et la Lotte et spécialement la Loche
franche ' .
hes Loches, dit Âlbert-le-6rand , d'après Aldror.,
de Piscib., p. 618, sont de petits poissons qui porteniks
noms de Lostes ?•, ou Loxes , oaFundides, parce qn'ili
s'enfoncent dans la vase pendant Phiver.
Belon donne l'origine du nom Dormîlle. a Les LyoD-
<c nais , dit-il , par le déplacement de quelques lettres
<( du mot ^ndromis y ont employé celui de Dromille,
« pour désigner un petit poisson très-abondatft te été,
a rare en hiver, et dont la chair maigre et sèche est
« par cela même très-saine. » Gesner , e/e AqualU.,f.
45. De Andromide, Bellonius.
Lugdunenses detorlis quibusdam ah Andromide
litteris Dromillam vulgo vocant, pisciculum qaem
sestate frequentem habent, hyeme raro Defluvîi^
capitati) : cinerei est coloris, et stellîs insîgnis; in deliciii
maxime et propter caritatem à divitibas tantum delîcatidll
emttur. Gesner^p. yi5,
Gesner, ea parlant de la cherté de ce poisson, a été
trompé par le nom Mastela, qui était employé ponr désî^*
gaer ^ÏÊ^Lotte qui efTectivement orne plutôt Iti table des ri*
ches que* celle du pauvre.
> Ce qui est prouvé par la note ci-dessus qni parl« dei
étoiles sur la peau.
* Origine du mot français Lotte^
( 229 )
tilibos edanf enm qui dicitur andromis. Quibus ex
verbis intuli pitcem bunc macra ac sicca , et ob id
salubri came oonstare, quo fiu^tumestutLugdanensium
Dromillam cum Plinii andromide contulerîm. G^sner^
ilejéi/uatil.fp. 4^. De jindromide, BeUonius.
Cest bien la Locbe franche.
Les moXsmçigreel sèche sont les opposés de visqueux
^i mollasse, qualité de la chair des poissons dits lourds
et indigestes.
La Loche franche ou Moutelle se reconnaît à son
corps cylindroide, nuagéet pointillé de brun sur un fond
jaunâtre, à ses six bariiillonis , à sa tête sans aiguillons ,
à ses écailles très-petites.
Sa longueur varie de trois à quatre pouces.
Ge poisson commun dans nos ruisseaux ^ se tient
comme le Chabot sous les pierres , d^où il s^échappe
cpanA éù les remue , avec une telle vitesse que Tœil
peut à peine le suivre.
n fraie au printemps , c'est-à-dire en mars et en mai ,
suivant Marsigli , qui dit que sa couleur à cette époqhé
devient d'un rouge cinabre; ses œu& sont nombreux,
jaunes et petits ; ils sont déposés sur le sable et entre
les pierres. Ils sont si abondans, dit Marsigli, qù^ils
s^édiappent du ventre de la mère, déchiré par la
caisson.
n se nourrit de vers et d'insectes ; on peut le conser-
ver longtemps en vre dans des bocaux , sans qu'il soit
nécessaire de renouveler l'eau trop souvent , dit Jurine ;
ce qui détruit l'assertion d'H. G., qui, dans le Dict. des
Se. nai., X, ;?. éfiS^dÎM : il meurt très-rapidemoat dans
un vase dont Teau est dans un repos absolu , comme
rassure aussi Bloch , p. 180.
Sa chair est grasse , délicate et de f(x*tbon goût , trèS"
( 230 )
récherchée en aatomne et an printemps , c'est-à-dire es
novembre et en mai ; aussi Bloch a-t-il indiqué la ma-
nière d^élever ce poisson dans les viviers. Elle est
répétée dans le Dieu des Se. nat. , tom, ne , p. 485 , qui,
pour faire réussir ces poissons dans une rivière ou dans
un ruisseau, donne un extrait de Blodi, tiré de son
lehîhyologie y part, i , p. 180 , 181 .
- On trouve quelquefois dans les intestins de ce poisson
V Eehinorhjneus cobitidis , Goèze, Gmel. , p. 3o48 , sp.
32. Eehin, earpionis, Koelreut, Gmel., p. 3o5o, sp.
é^'^. Echin. affinis, Mull., Gmel. , p. SoSo, sp. 44*
Eehinorhynque de la Loche y Encyc. méth., vers, tom.
a, p. 3o4, n** 10.
XXIX. La Loche de rivière. Cobitis tœrUa, Lion.
Bloch , Ichthyologie , part, i , p. 177 , pL zxxi ^fig, a .
Bonnatorre , Tableau £ncyclop, des trois Règnes , icktfyologie y
Duhamel , Pêches , 2« part,, sect, m, p. 621, pi, xxm, fy, 3*
Maraili , lianub,, tom, iv, /y. 3 , /?/. i , fig. 9. Caada perp«rani
furcata de Cohitide aculeata.
Rondelet, de Piscib, Jluviat, liber , cap, ilxvii , p, ao4*, de Cobite
aculeata ;y^. super. Perce.
JLacépède, Sist, nat, Foiss,, tom, iXyp, 18.
Gesocr , dé Aquatilib, , p. 479. Cobilis acoleata. Rondelet. JLodw
perce * , de Belon,
Meycr, Représent., tom, a, pi, ^yfig, super, Der Steinbesser.
> Cette espèce est appelée Perce, parce que 9 par son corps
oblongi cylindrique et gluant, elle a Tair de percer les
pierres. Gesner , de AquatU. , p. 479-
Ce nom me paraît plutôt ?enir du grec «ifu«, movdieté
de noir \ caractère qu^offire en effet ce poisson.
Gesner , p, 48a , sous le titre Cobitîs aculeata , parie d'un
Pêscis mordems lapidem, appelé en grec DacoUiMus, en Fran-
cis Perce ^ el en Savoyard Maripiem (lisci Mord-Pierre)^
( 231 )
Jiouv. Dict. d'HisU nat., éd. 2, tom, yii^ j;. a^.
IHct, Se. nat» , tom. ix > p* 4^*
IfUcell. Berolia. , tom. yiy 1740» p. lao, tab, lY y fig» 3.
Loche à piquans.
40 vertèbres , a8 paires de côtes.
Cette espèce, -beaucoup plus petite que la précëdente,
et dont Artédi donne une description très-étendue ,
IchihyoL, part, v, p. 4-^5 se reconnaît à ses six bar-
bUloDS , à son corps comprimé , orangé , marqué de séries
de taches noires , et surtout à Taiguillon fourchu et
mobile que le sous-orbi taire forme en avant de l'œil .
Schonevelde Tappelle Tœnîa comuia, Icthyolog. p» j4*
Les habitudes de ce poisson se rapprochent de celles
de la Loche franche : il est beaucoup plus vif qu'elle ;
se tient entre les pierres 5 perd la vie difficilement , et
&it entendre une sorte de bruissement quand on le
saisit. Il vit de vers , d'insectes aquatiques , de petits
poissons , de frai ; il fraie en avril et en mai.
Sa chair maigre , coriace et peu recherchée , est in-
ctnnmode à manger à cause des aiguillons et des arêtes,
feit signalé bien clairement par Rondelet , en indiquant
le fraude des marchands de poissons , qui vendent la
Loche de rivière , pour la Loche franche. Duhamel a
donné à la Loche de rivière le nom deBarbotte grasse ' .
désigné ensuite sons le nom de Mustela Jluviaiilis parva
imberbis.
On Toit que dans cet article Gesner a fait une maéédoine
da Cobiiis Uenia {Verce) et de la Lamproie ( Mord-Pierre).
AldroTandi.y ife Piscib., lib, v, cap^ xxx , p. 617 , De
Cobite aculeata , répète le dire de Gesner.
> Il ne faut pas sVrrêter à cette épithète , donnée par Du-
hamel , et confondre cette espèce avec la Lochia pinguU de
BeloB ) la Loche franche.
( 232 )
« Ce poisson , dit-il , long de quatre polices , et large
d'un demi pouce , se plaisant dans la fange , est moins
bon que Isl franche Barbotte; » et p. 55o, il ajoute : « la
figure 3 est une petite Barbotte , dite Grane , ( sans
doute pour Grasse ). Elle est différente du Barb^u ,
par sa grosseur , par la forme de sa tête ,^ par le nombre
de ses barbillons. Quelques-uns veulent que ce soit une
Loche. »
, C^est en effet la Loche de rlvfière, Cohitis tœnia,ijaak*^
dont ï Encyclopédie méthodique y HisU naU, tom. 3 ' ,
p, 232 , dit : (( La Loche en Bourgogne , Mouteillé. »
« La Loche de rivière a été trouvée dans un vivier
<( du hameau des Grands Moulins , bord de la Bèze. »
Note fournie par M. Pataille.
M. Dumas, secrétaire perpétuel de l'Académie royale
des sciences, belles-lettres et arts de Lyon, nous apr
prend que dans quelques communes du département du
Bhone^ le Cobltis tœnia. Lin. , est appelé Shaiauillie.
« Cette ^espèce, écrit-il, moins grosse que la Loche
franche, en diffère essentiellement par une disposition
remarquable de son sous orbi taire. Cet os proéminent
en. dehors et eu arrière se termine par un double ai-
guillon ^ son articulation avec les autres os de la face est
très mobile; un muscle fixé à sa base lui fait éprouver
un mouvement de bascule de dedans en dehors, d^où ré-
sulte nécessairement la s;iillie des aiguillons ; ce petit ap-
pareil de défense est surtout misen jeu, lorsque ranimai
^
j ^'A
> Haûy, aatearde ce Dictionnaire , c^firmë le proverbe
Ne sutoT ultra crepîdam. Autant ses découvertes cristaHo-
graphiques font renda*^ célèbre , autant le Dictionnaire
ichthyologique lui fait peu d'honneur. Cuvier, Hiat. nat.
des Poissons f tom. i jf" i52 , en porte le même jugement»
( Î33 )
est saisi ; les blessures quUI peut &ire sont bien légères \
c^est ce qui a valu sans doute au poisson qui le porte ^
le nom de ShatouUUe ou Chatouille. » Voyez Lettre du
ai juin 1837, adressée à rAcadémie de Dijon.
Les noms de Shatouillie , ou Chatouille y appliqués à
cette Loche fournissent une nouvelle preuve de Tabus
des noms, puisque celui de Chatouille a toujours été, et
depnb longtemps , employé pour désigner TÀmmocète.
Je li*ai trouvé dans aucun des ouvrages d^cbthyolo-
gie que j^ai consultés le nom de Satouille, ShatouUUe
ou Chatouille^ donné à la Loche.
Ces noms ne se trouvent ni dans la table de Duhamel,
ni dans celle de Lacépède.
Aldrovande parle seulement du ChatiUon, ChatUlon.
Gesner dit Chatoile.
Dans YEncycL méth. , Poissoris , Pèches, on trouve
QiûJliUon, Chatouille.
Hais tous ces noms désignent FÀmmocète.
Suivant Marsili , la chair de ce poisson est dure et
tenace ; ce qui confirme le dire de Rondelet.
Les œufs de la Loche de rivière sont très-petits , peu
nombreux et blanchâtres.
Ce poisson fraie au mois de juin , entre le3 pierres y
dans le courant des rivières.
Deuxième famille des Malacoptérygiens abdominaux.
ESOCES.
Bord de la niAi^oire supérieure formé par Tinter-
maxillaire ; nageoire dorsale opposée à Fanale.
f^h f .Xp,hthyolog. , part, i^pag. 18a.
Une description détaillée de la tête du Brochet est don-
née par Cuvier , Règne animal, éd. 2^ toM. a, p. 2824
(234)
XXX. Le Bkocetet , Esox ( peut-être à^esiiare , à
cause de la voracité de ces poissons) lucius, Liim.,
(jrmel. , Se. nat. , xm, p. 1890, sp. 5.
Bloch , Ichthyologie , part, i , p. i83 , pi. xxxir.
Juriue , HUt, des Poissons du lac Léman , /». si3iy ri^'fii, pi. i5.
Duhamel, ifpart.,p. 5aa, pi, zztii yfig, 6, <om. 3 , ji. 70.
liacépède y Hist. nat. des Poiss,, tom, Xy p. 20.
Meyer, Représentations , tom. 1 y pi, 9.
Bounaterre , TabL encycl., IchthyoL, pi, 7a yfig* 996.
Geoffroi , Hîat. média, , in-i^y tom., 3 , p. 969.
Rondelet, de Piscibus JluviatiL liber , cap. xiii , p, 188.
Marsigli, Danub., tom. iVy p, 63, tab. xxiiyfig. 1.
2fouv. Dict. d*h, nat., édlt. a, tom^ ir, p. 363.
J, Hermann , Observ, zoolog, , p, 3i3.
Dict. des Se. nat. ^ tom. xv , p, 307.
Yertèbres^ 61 : paires de côtes , 3o. Bloch, {>. 187^
D. 20 : P. i3 : Y. 12 : A. 18 : G. 25. Membrane
Jiranchiale, 14 feuillets; vertèbres, 61 ; 39 paires de
côtes, d'après Artédi, Ichihjolog. , pùri. Vy yx. 53-55.
Le nom de ce poisson lui vient de sa forme alongée ,
comparée à une broche ; sa dénomination latiùe ,
LuciuSy donnée par Ausone , vient du mot avxv , Lupus y
altéré par les copistes , qui se contentaient souvent d'a-
bréger les mots et de favoriser ainsi leur transformation.
Dans le DicU des Se. nat. , tom. xv , /?. 317, on dérive
le mot Lucius de lucere.
Le Brochet ' est , comme on le sait , d'une voracité
» Les Brocliets sont au nombre des poissons qui ont le
plus de dents. Le Brochet ordinaire en a de très-grandes en
crocliet; sa langue, ses deux os palatins en sont hérissés
d^une multitnde dont les palatines sont pins grandes^ le
Tomer est tabercoleux comme une râpe. Cuvier ^ Anatom.
comparée y tom. ^ %p* 1 92.
La conforvA^Uon du sac de Foreille dans le Brochet pré-
C 235 )
ettrême; on pourrait l'appeler Requin deau douce,
comme le fiiit observer Lacépède, et il mérite le nom
de Loup des rivières ', qui lui est donné quelquefois. On
tire parti de cette voracité pour entretenir dans les
étangs une certaine proportion parmi les poissons qu'on
y élève. C'est pour cela , par ei^emple , qu'on met du
Brochet dans les étangs , pour modérer la multiplication
excessive de la Carpe , dont la fécondité est si consi-
dérable. Il suffit ^ pour atteindre ce but, de mettre dix
Brochets pour cent Carpes.
On reconnaît facilement le Brochet à son museau
oblong, obtus, large et déprimé.
«c Les petits intermaxillaires sont garnis de petites
K denta pointues , au milieu de la mâchoire supérieure,
« doQtilis forment les deux tiers; les maxillaires qui en
« occupent les côtés, n'ont p^s de dents. )> Cuvier,
Règh* anim.y édit. 2, tom. 2, p. 28. Et dans son AnaU
ùomp. , iom. 3 , p. 578 , il dit : Le Brochet a des dents
dans tous les endroits de la bouche où il peut y en
avoir.
aeate une disposition qai n*a été trourée jasquUci que dans
ee senl poisson. Ouv. cité, iom» 2, p. 4^7*
Cest un petit appendice creux.
Le grand osselet de Toreille interne du Brocliet ofEre deux
tttbercules ou avances à son extrémité antérieure. P. 4^8.
La partie antérieure du crâne offre un grand espace vide,
AU travers duquel passent les nerfs olfactifs. Dict.Sc. naU,
tom* fyh ^p* i68.
Les intermaxillaires des Brochets sont très-petits , courtSf
triangulaires et aplatis. Dict. Se, nat,,- tom. ^1 ^ p. 171.
s On appelle le jeune Brochet Lançon ou Lanceron , à
cause , dit Belon ^ de la rapidité avec laquelle il s'élance
VOLT sa proie. '• ^ ' -
( 236 )
Dans la tête , ({uelques parties demeurent toujours
cartilagineuses ^ , quoique le reste du squelette ait une
grande dureté ^ par suite de cette disposition , on sépare
fadlement les os de la tête du Brochet , dans laquelle
on a prétendu trouver tous les instrumens de la pas-
sion, comme on a cru les démontrer dans la fleur delà
grenadille. Voyez ci^dessous, p. 248.
On distingue aisément sur ce poisson la manière
dont les chairs sont disposées dans les animaux de cette
classe , comme nous allons l'indiquer.
\j&& grands muscles ^ latéraux du tronc sont divisés
■ La colle que Ton tire des mâchoires du Brochet à y
saivant Spielmann , tant de ténacité , qu'elle enlève réntaîl
de la faïence. Digressions académiques , par 'Guytoa de
Morvean , ^77^9 P' ^84 9 (i)«
Notre compatriote ne dit pas avoir Térifié la réalité de
Tassertion de Spielmann , qu'il faut entendre de la manière
•uivante t
La colle tirée de la tête du Brochet ( c'est ainsi qu'il
faut entendre les mâchoires | indiquées par Spielmann }
n'est pas plus tenace que la colle de poisson ordinaire \ elle
peut en efTet enlever de la faïence l'émail qui la reca«vr9
s'il n'y est pas très -adhérent.
^ 11 est difficile , dit M. Geoffroi-St.-Hilaîre, de faire de la
myologie arec des poissons : leurs muscles sont rapprochés
par un tissu cellulaire si court et si serré qu'on hésite sou-
vent sur leur réelle séparation. Pour savoir à quoi sVn te«
nir, il faut observer à la fois deux sujets de la même espèce ,
Tnn frais , l'autre bouilli. Le feu agit vivement sur le tissu
cellulaire et le déchire , et les muscles laissent apercevoir |
d'une manière plus prononcée , Icfurs limites et leur encais-
sement. Philosoph, anatomique , p* 96.
Cuvier n'a point été découragé par la dii&caltè signalée
C Î37 )
transversalement par des lames aponévrotiqnet , en
autant de couches de fibres qu'il y a de vertèbres. Ce
sont ces couches , qui , détachées par la cuisson (lors-
qa'elte a dissous la gélatine des tendons) , font paraître
la chair des poissons feuilletée. Cuvier, Hisu nat. des
Fioiss., tom. 1, p. 391. On peut se former une idée
très- exacte de cette disposition, en jetant un coupd^œil
fur la iab, ni^Jîg, 1 , de VHisU des Poiss., par Gouan.
Le Brochet , très-carnassier , avale des grenouilles j
dessèrpéns, des rats, des jeunes canards et autres oi-
seaux d'eau , même des chiens et des chats qu'on noie à
leur naissance pour s'en débarrasser *, il est aussi goulu
que le Requin ; sa nourriture habituelle consiste en
poissons. Albert-le-Grand, Oper., tom. vi, Ub. xxiv,
p. 656, et Vincent de Beauvais, Specul. natur^, tom.
ly lib. xvn 9 cap. lxiv , donnent sur le Brochet des ren-
amgnemens assez exacts \ ils indiquent très-clairement
k précaution employée par ce poisson pour avaler les
poissons Acanthoptérygiens ; ils signalent sa voracité,
qui lui a fait donner le nom de Loup des rmères, et
qui pourrait le faire appeler le Crocodile de nos rivières,
et cela avec d'autant plus de raison , que , pareil à ce
taurien , pendant les chaleurs de l'été il se tient presque
eonstanunent à la surface de Teau oii il dort des journées
entières; ce qui permet, suivant Jurine , de le pêcher
au harpon.
Le Brochet fraie, suivant Bloch , de février en avril,
et, d'après Jurine, pendant les trois mois du printemps.
Sa chair, dépourvue d'arêtes, forme uue excellente
ptr M.Gepffroi-St.-Hilaire; et on peut lire une myologie très*
savante des poissons dans V Histoire nat. de ces animaux ,
tom. 1 1 liftÊV^ cAap. itfP^ 3d5«
C 238 )
nourriture^ ses œufs sont nuisibles, comme ceusrdela
Lotte et du Barbeau ; aussi a-t-on soin de les jeter^ Mais
le foie est estimé et recherché , au dire d' Arnault de
Nobieville et Saierne , MM. D. D. d'Orléans , et au dire
de Lieutaud.
Les Brochets de la Norge étaient jadis très-estimés,
soit par leur grosseur , soit par la délicatesse de leur
chair ; aujourd'hui Ton n'en parle plus. Le Brochet a
la vie dure , d'après Bloch.
Les Brochets truites de la fontaine sans fond près de
Sablé en Anjou , et indiqués par Tinfetigable compilateor
Buchoz, DicU min. et hydrographe de la France, tom.
I , p. 3i8 , comme une espèce singulière qui ne se voit
point ailleurs , ne sont , s'ils existent , qu'une variété.
(( Un de nos pécheurs m'a assuré avoir vu, il y a envi-
ron douze ans, un Brochet, pesant une livre et demie et
sorti du Doubs , qui était absolument noir. Ce poissoD
ne fut vendu à Dijon qu^avec peine à cause de sa
couleur. Le pêcheur prétend que cette couleur provenait
de ce que ce Brochet avait été retenu dans un creux
d'eau bourbeuse. » Lettre de M. Baudot, i3 noi^ewbre
a835.
Cette variété accidentelle de couleur ou cette mêla-
nose , que l'on remarque aussi dans l'écrevisse , se re-
trouve encore dans la Truite , ( la ;Truite saumonée
tioire , Salmo alpinus ) , dans l'Omble chevalier , etc.
M. Dupuis , marchand de poissons en gros , a vu plu-
sieurs fois des Brochets noirs, il en a aussi rencontré
d'entièrement bleus.
Ces variétés de couleur , sur une espèce aussi tranchée
que le Brochet , vient bien à Tappui de l'opinion de
Jurine consignée à l'article Truite.
Suivant Hermann , Observai, zoologicœ, p. 3x4 > les
( 239 )
Brochets noirs se trouvent dans les eaux froides et dures ;
dans les eaux stagnantes ils sont jaunes. On en voit de
rouges.
Jurine , Mém. de la Société de phys. et dhist. nat.
de Genit^e, iom. m , i" part., p. 175 , a vu un gros
Brochet contrefait , de manière qu^à partir de Tocciput
le dos s^arrondissait , puis le milieu du corps se courbait
en sens in verse, pour se relever près de la queue, qui
conservait toujours la rectitude naturelle. Il a examiné
avec soin les vertèbres de ce poisson , sans pouvoir pé-
néfrer la cause de cette déviation.
Cette difibrmité se remarque sur plusieurs espèces de
poissons.
Dans la fontaine du Gabard, en Angoumois , on pêche
KNMrmitdes Brochets aveugles * , et jamais un qui ne soit
borgne de Tceil droit , lequel , chez les aveugles , a été
attaqué le premier , et est beaucoup plus endommagé
tpe l'autre. Cette fontaine est une espèce de goufire
dont ^xi ne peut trouver le fond. Ad. Paris., 1748»
Uist.,p.^^% 1.
La cause de ce phénomène aurait-elle du rapport
«vec celle de la cécité de TOmble Chevalier {Salmo
wnMd)j tenu en réservoir? fait dont Jurine, Mémoire
cM , p. i83 , s^est assuré par expérience. Cet auteur a
vu de même les yeux des Feras {Corregorms fera) ^
commencer à blanchir au bout de quelques heures
qu'elles étaient placées dans le réservoir , oii Ton peut à
peine les.garder un jour. Mém. cit.^^pp* 193, 194*
■ Ce pbéDomène de cécité â-t-îl da rapport avec celui det
ctaards de Yalvasor, aTeuglea et sana plames, dont M. Da-
BiEL de Cette a entretena TAcadémie de% Scieoces le 3o
octobre i836?
( 240 )
Cè^ différens phénomènes sont bien dignes de fixer
Vattention des naturalistes.
Au dire de Bloch , Ichthjolog. , pari, i , p. i85 , le
brochet est, de tous les poissons, celui qui croît le plus
promptement '. A la fin de la première année, il a
8-10 pouces ; la troisième , de i8 à 20 ; un Brochet de six
ans doit avoir une aune et demie de long; un de douze
ans, deux aunes. Il parvient jusqu^à la longueur de six
à huit pieds.
L'œsophage et Testomac sont garnis de grands plis,
qui donnent à ce pdisson la facilité de rendre à son gré
les corps qu'il a avalés , faculté qui , dit Bloch , ne lui
est commune qu'avec le Gabeliau.
Cette assertion est inexacte , parce que tous les pois-
sons voraces ont , comme les oiseaux de proie , la faculté
de rejeter les matières indigestes qu'ils ont avalées.
« Le Brochet se trouve dans la Seine en descendant
le fleuve depuis Châtillon \ il y est très-rare en remon-
tant vers la source. Il est abondant dans l'Ource et assez
fréquent dans l'Aube. » Note de M, Bourée.
« Il n'est pas rare , dit J. C*** ( J. Cuça) , Piscisceplol.,
« 1828, p. 80 , de voir des Brochets dont la grosse
« arête et une partie de la chair sont de couleur verte.
<( Les gourmets estiment beaucoup cette variété. Le foie
t( du Brochet est très-bon à manger. »
I
» M. Dnquaire , dans un Mémoire sur les Etangs, et lei
Moyens d'en tirer tes meilleurs produits , rapporte le fait
suivant :
ce On avait mis dans nn étang da Beaujolais , de trois quarts
ce dWpent, seize petits Brochets : au bout de deux ans
ce quelques-uns d^entr'eux pesaient cinq à six livres. 39 Mém*
Société d' Agriculture ^ d'Hist, nat. de Lyon, xH^^p. 45.
( Ml )
L^ppareil de Paudition chez les poissons est logé sur
les parties latérale et intérieure de la tête \ il se trouve
à peine séparé, de la cavité cérébrale par une mem-
brane. Le Brochet seul , parmi les poissons , semble pré-*
senter une troisième division du sac auriculaire.
Pour envoyer les Carpes et les Brochets au. loin, il
&ut leur emplir la gueule avec de la mie de pain gon-
flée dans Teau de vie , et leur verser ensuite dans la
gneule un demi verre d'eau de vie ; arrivés au lieu où
on les envoie , on enlève le pain et Ton met le poisson
dans Teau. Véaule philosoph.^ 1806 , tom, l, p. 187.
Le Brochet est sujet à plusieurs espèces de vers in-
testinaux.
On. trouve dans son foie : -
1® VAsc€uis lacustris, Fabr., Gordius lacustris, Linn.,
6mel. , Se. nat., xiii, p, 3o36 , sp. 66.
Dans ses intestins vivent :
a^ V Ascaris acus, Bloch , Gmel., p. 3o37, sp. yi.
3* V! Echynorynchus Lucii, MulL, Gmel. , p. 3o49 >
sp» 38.
4* \jt Tœnia nodulosay Goèze, Gmel., p. 3072,
sp. 5o , figuré dans l'Encyclop. , Atlas , vers , pi. 49 >
fig. i^i5. Tricuspidaria y Bremser, vers, p. 196, 399.
Triœnophorus nodulosus , Bremser ,p. i38. Trienophore
noduleux, Encycl., vers, tom. a, p. 753. Dict. Se. nat.,
tom. Lv , p. i85 , pi. 48 9 fig* 3. Cuvier , Règne animal ,
édit. 2, tom. 3, p. 270.
Cette espèce de vers est très-abondante au printemps,
on n^en trouve point en automne d'après la remarque
de Bremser.
Dans résophage et Festomac du Brochet vit 5^ la
Fasciola Lucii, MulL, Gmel., p. 3o58, sp. 36. Distoma
tereticoUe, Encycl. méth. , vers, tom. a» p. a68,
.iC
(242)
sp. 54* Douve à long col y AnnaL Se. nat., i8a4 i
tom. 3 , p. 490 9 tab. 23. Mém. de la Société de physique
et d'Hist. nat. de Genève, i8a3, tom. a, i'« part.,
p. 145 , tab.
Dans le crâne du Brocbet , à l'état frais, ( Cuv., hist. 1 ,
p. 333 ) , les solutions de continuité sont fermées par
des membranes ou des cartilages ; une solution de con-
tinuité entre le pariétal , le mastoïdien et Toccipital ex«
terne , se remarque dans le Brochet , qui en a encore
une autre entre le frontal postérieur , la grande aile et
le mastoïdien -, c^est même au milieu de ce cartilage
dans le Brochet qu^est suspendu un très-petit vestige
de rocher. Cuvier , Histoire naturelle des Paissons,
tome 1 , page 333. *•
Cette disposition est la source d^une assertion dont
tout le monde parle dans la société , et qu'il est assex
difficile d'éclaircir , quand on veut s'en occuper.
Le Brochet est , comme on le sait , un des poissons
que Ton sert sur les meilleures tables \ du temps d'Au-
sone , il n'était point estimé ; il était un mets de cabaret;
la conformation singulière de sa tête , dont le museau
se rapproche de celui ou du canard , ou de Fomitho-
rinque , a donné lieu à des considérations variées, d'a-
près l'une desquelles certains religieux , probablement
des Jésuites , astreints au régime maigre , ont cru trou»
ver, dans les pièces qui composent cette tête, les ins*
trumens de la passion : peu de personnes sont dans le
cas de les indiquer.
Désirant faire tourner à l'avantage de la science cet
objet d'amusement , j'ai jugé utile de rapporter à cha*
cune des pièces la dénomination anatomique des os
qui entrent dans la composition de la tête de brochet,
dénomination accordante qui n'a jamais été dmuiée ,
(243)
et qui servira à éviter des erreurs analogues à celles
coDteDues dans le Nouv. Dict, dHisi. naU , où il est
dit, edlîl. 2 , tom. 20 , p. 332. <( Le Mésentère est ce
« qu^on nomme le Riz de veau chez le jeune animal ; »
et iom. 22, p. 5j6j a Nerf de bœuf: on nomme ainsi
a les tendons de cet animal.... on prend ordinairement
« pour cela les tendons de la jambe et du calca-
« neum , qui correspondent au tendon d'Achille dans
« l'homme. »
Le Mésentère est connu dans les cuisines sous le nom
de Fraise.
Le Riz de veau est le Thymus du jeune animal ,
ain» a{^lé parce qu'il offre des rides ^ ou à cause de sa
blancheur comparée à celle du Riz.
Le Nerf de bœuf est la verge tendineuse, desséchée
de cet flni'"»^ 9 mentionnée dans le Moyen de parvenir
(par Beroalde de Varville) , tom. 2 , p. 345.
Voyez pour de plus amples détails , AcL Divion. ,
1818, p^ 5i , et 18 19, p. 58 (2).
1. La portion désignée sous le nom de Lanterne par
^pidqiies personnes, et par d'autres sous celui de
Cabmne, de Poteau ou de Siège, parce qu'elles la
oomparaient au banc sur lequel on représente VEcce
fftmto assis; cette portion, dis-je, est formée par le
€raB6y auquel on laisse adhérer les frontaux principaux,
dont le long prolongement antérieur sert de suspensoir,
â c^est une lanterne , ou imite une colonne , si l'on ad-*
met la seconde comparaison.
On trouve dans cette masse les Frontaux postérieurs }
les Mastoïdiens, reconnaissables à leur longue apophyse ;
les Pariétaux ; tos impair ou interpariétal ou occipital
supérieur^ les occipitaux externes remarquables par
leur d'été intermédiaire ; les occipitaux latéraux fldn-
( 244 )
quant le Basilalre; les Rochers , et les grandes ailes\ '
a. V Echelle est représentée , suivant les uns , par le
rapprochement des deux dentaires , dont les dents sont
prises pour les échelons ; et suivant d'autres , par le
rapprochement des maxillaires, dont plusieurs per-
sonnes font ou une scie ou une Urne.
3. Le Couteau ou la Hache est formé par la réu-
nion de VHyostemal et de VHjrpostemaL
4. Les Palmes sont représentées par les ùder^
maxillaires y pris par quelques personnes pour le /Zo-
seau, par d'autres pour le Fouet.
5. Le nom de Lance est donné au Sphénoïde^ quel-
ques personnes croient trouver la Lance dans les mfer-
maxiUaires.
6. La Croix principale est VEthmoïde, constamment
cartilagineux , qui , tronqué , est pris quelquefois pour
le Marteau.
7. Les Croix des larrons se trouvent dans les Tem^'
poraux.
8. On appelle Marteau, le Jugal; il me paraîtrait
plutôt se rencontrer dans le Sous-opercule ; d'autres
personnes ont cru le trouver dans YEûimoïde tronqué.
9. Le Fouet, ou le Faisceau de verges, est la queue
de l'o^ Hyoide.
10. Le Coqi on croît en trouver la ressemblance
dans la réunion du Jugal avec le corps du Tympanal
et le Piérygoïdien interne.
11. Le Soleil et la Lune sont représentés parles
opercules , dont la forme orbiculaire et Téclat nacré
ont servi de points de comparaison.
12. Les Dez sont les premières vertèbres 5 quelques
personnes les remplacent par des houles, c*est-à-dire >
par le CnsiaUin.
( 846 )
- 13» Le Vase du fiel est formé par la Sclérotique ou
la tunique la plus extérieure de l'œil.
i4* La Couronne d épines est trouvée dans la Ruys-^
chienne, qui forme effectivement un cercle de plis
ntyonnans et très fins.
i5. VEcriteau parait représenté par le Cubital et le
Rçidiali il le serait:peut*étre mieux par Vos lingual.
, i6. Les Cordes sont les tendons engagés dans les
diOntaires.
ij.yV Eponge est rapportée à une portion spon-
.gieqse située à la base de la queue de l'os hyoïde \ ne se
trouvant plus dans Téchantillon qui m'a été envoyé , je
rll'iâ pu la rapporter à sa véritable dénomination. -
.. ,i8. Les Chus: on appelle ainsi la pièce placée si:q)é-
rienrement à la partie postérieure des inter^maxillaires.
Ou ni| trouve rien; d'analogue à o^V^ pièce, dans la
;P^rqhe* ...
, 19» • Les Tenaiffes : cm prend pour cet instrument d^
mPhtIÎods osseuses particulières au brochet, et placé^f^T
le profôqgeuient des frontaux , et recouvrant leu)r,^:M^iO-
mité^ c^ portion^^çoi^t réunies par une substancç^icar-
; tiiagii^Kise. - . • ..,;..-■. .. i • ; ...■,;•,.
On ne doit pas s'attendre à trquver dans touVc^ p^
pièces une repréâentati<Hi fidèle, des olijel^ dont elles
portent les noms ^ il &ut nécessairement aider ^ la coqi-
,paraiso|i qui «n'a pu prendre naissance que dans quel-
ques monastères.
Suivant la direction des idées des personnes qui vou-
dront ezaioiner .les, pièces»^ osseuses et cariilagineuçes de
la tête du Brochet ^ prisesisolément ou réunies , chacune
.dédies pourra Élire de nouvelles comparaisoi^ et consé-*
quemmçnt donner un autre nom aux pièces désignées \
mais cela ne changera rien à leur dénomination anato-
(^46 )
mîque; ces comparaisons vulgaires rappellent un sin-
gulier passage des Chroniques , Lettres et Journal de
Voyage , extraits des papiers d*un défuM^ i836, tom. a,
p. 324- C'est le suivant :
a A l'entrée du village (Poney) , s*éïève une vieille
•« croix de bois;... un coq en couronne rexirétnité , et
« sur sa traverse sont attachés plusieurs objets, emblé-
« matiques sans doute, tels qu'aune coupe , un anneau,
<( des tenailles , un poignard , un flambeau , une petite
• « écheHe, etc. , dont j'ai aussi peu compris la signification
« que j'ai pu en obtenir l'explication de ceux à qui je
« l'ai demandée. Il y a là , je crois , quelque chose d6
<c maçoniqvie, et ces usages, qu'on respecte sdn^'M
« connaître l'origine , sont peut-être un reste de Ceux
« des Templiers. » . r,. îï
Le prince PatfKrer Muskau , qui ,• d'après la
littéraire, nou\f. série, i836 , tom, i , p, ^4^5 écrit à'iéc .
une grande prétenlioo à l-driginalilé, aurait -pa,' s'il
eûrvoulu se donner la peine de consulter le prètiiilir
paysan*, reconnaître , dans ces objets , les Instrumens
de là pflssibn : ce qu'il appelle atineau est la coùrônbé;
ce à quoi il donne le nom de poignard est la lance ^ le
flambeau à bien du tap^rt avec'la* lanterne ; etc.
J'ai rapporté ce passage pour démontrer ' comment
'jes choses les plus isimples et lespius-Viilgaires sont
quelquefois converties eii choses e.\tPaordinaires, par
les voyageurs superficiels.
Les raisons suivantes me p3i*tent' à soupçonner les
'Jésuites d'être les inventeurs de ces^^mparaisôns.
1" Ces religieux avaient rhâbitnde de tout rapporter
à la Croix et à son mystère : la Croix angélique de Si.
Thomas d' Acquin et la fleur de la GvenàdilieÇPassiflora)
en sont la preuve. '■'■■■'
■ 1
(247)
M'ayàirt troii?é la représentation de cette croix | ni daaa
TonTrage ^a Jésuite Gretser sur la croix ^ ni dans lea
Amusemeris phylologiques de M. Peignot^ je la donne ici.
sulaSaSalus
laSat a sal
8 a t r t a S
t r e r t
r e c e r
e c i c e
c i h i c
m *' i h i h i m
tii hiMih eu
i.gu iMxMi mec
gufcRihiMxuxDomi nime
afcRihi Mxur u x Domi nim
t {tf'R ihiMxurCr uxDomin i
liTeBihiBfxur u x Dom i nim
gùfeRihiMxu xD omi ki ime
i''9 u sexes mec
ni tsest eu
q t s t q * m
u q t q u
a u q u a
ma u a m
s m a m s
e s m s e
m e s e m
p m e m p
e p m p e
a r e p e r a
odarer ado
orodara doro
Cette Croix, composée, dit-on, par saint Thomas
(248)
'd^Acquin 5 contre le tonnerre quMl appréhendait ex-^
tfaordinairement , comprend le distique suivant , publié
sans figure par le Jésuite Gretser. Jaœbi Gretseri
Opéra omnia de sonda cruce, p. ^4^3.
Crux mihi certa Salus ; Cnix est quam semper adoro :
Crux Domini mecum ^ Crax mihi refuginm.
En partant du centre où est la lettre C , on trouve
dans les quatre sens , et dans une multitude d^autres,
les quatre parties du distiqi^e cindessus.
Nieremberg , Hist. naU peregr. , p. 299 , a donné
la figure de la fleur de la Grenaàille , reproduite mr
Parkinson, Paradisus, p. 894» avec le titre : TheJe^
suites figure cfthe maracocy GranadiUusfrutex iridUcus
Christi passiords imago.
Dans le dessin on a placé la couronne d^épiaes m
sommet, tandis qu^en réalité la couronne est à la^base
de la fleur. L'espèce qui a servi à faire cette figure de
fantaisie, est la. Passifloralaurifoliay Encycl. fiqtan. ,
tom. 3 , p. 34, sp. 9.
Voici les objets signalés dans Tépigramme latine,'
feîte sur cette fleur par un Jésuite. ' !
La colonne : c'est lé pistil , Linn. , dans lequel on
distingue le support colonniforme , droit et cylindrique
de Fovaire.
Les cinq plaies sont représentées par les anthères
des cinq étamines.
Les trois clous sont les trois styles , ou nerfs épaissis
vers leur sommet , ayant presque la forme de clous ,
( clai^œ très, Tourn.) terminés chacun par un stigmate
en tête.
■
La couronne d'épines ; on l'a trouviée dans cette cou-
ronne ( Nectaire , Linn. , Corolle frangée, Tournef. ) ,
( «49 )
ccMnposée d'un grand nombre de filamens ( étamines
rudimentaù^s, Dunal ) contenus dans la fleur.
Le fouet était supposé représenté par les vrilles.
La lance se trouvait dans la forme des feuilles
simples de la Grenadille à feuilles de laurier , espèce
très-différente de 4a Grenadille incarnate , Passifiora
incarnaia, Liqn.
Il tàut lire dans Tépigramme latine, comment
Fauteur, a 'comparé la béatitude des élus, avec Todeur
agriéaUe et la pulpe très-suave du fruit ( i^ulg. pomme
de Liane), qui,. dans IsiPassi/lora laurifoUa, succède
à Ibl ûem [i^ul/^fique y c'est Tépitbète adoptée par le
Jésuite , dont les confrères attachaient beaucoup de prix
à.cçfl^ étuniis de ïrapprotshemens.
SJrelier , dfins son JHu^ùs subterranèus, p. 49 > 1*^*.
vnki êed. %^ ^n donne un exemple frappant, à Toccs^
âoti A^iuiejiAffiiqsionite, dans le centre de laquelle il a
dewnéim^ Yierge , comme de nos jours Millin , Voyage
ékmsIeJnia de la France^ iom. i, p. 6d, pi. 3^ a
drame la figure d^une Vénus dans une coquille.
• 2f. Maitrés de leur temps, les Jésuites remployaient
fréquemment à des occupations plus pu moins sérieuse
ou fiivok^. Ne s€9rait-ce pas ,à eux qu'est dû )e procédé
saivant,pour former d'un seul coup de ciseaux une
croix en papieir?
Pour obtenir , d'un seul coup de ciseaux , une croix et
divers accompagnemens , on prépare un carré long avec
un papier , dont un des angles supérieurs est ramené
contre le côté opposé ^ on agit de même pour l'autre
angle ; il en résulte une figure pentagone que l'on alonge
en rapprochant les deux cotés parallèles, jusqu^à ce
qu'ils s'affleurent. On plie alors le papier par le milieu,
et l'on obtient un trapèze. En donnant un coup de ci-
C 850 )
seaux dans le milieu. da côté droit oppose an cdté
oblique , et prolongeant la section parallèlement an plus
long; coté , le problême est résolu.
' En dépliant les pièces , on trouve :
1* Une croix latine complète ;
2* Deux demi croix, c'est-à-dirè deux tiges, arec
chacune un seul croisillon ou une seule branche ; datés
dit croix des larrons ; /'
S"" Deux lances : celle de Longin et celle àeVéwtigei
4* Deux morceaux de papier angulaires , conipairâ^à
dès pierres qui retiendraient le pied de Kau croix ';* ^ I - ^'^
S"" Deux morceaux imitant les dés avec lés^éb'fik
jouée la tunique sans couture. ■ ' ^''- - " ?îî /
S"*. Désirant charmer Tennui, réstdtat dë-lMl»Vfe
uniforme, les moines étaient forcés de i<ecotifir>àAaie
multitude de moyens pour se procurer des diè^tMctibils
nécessaires, témoin Tinvention du ^lilair^'^i défait
récente du temps de Leibnitz et qui ^^âttfit^'33
^ches disposées en croix. Yoy, Reime de là'Câflé^Ch,
i836, tom. a, p.^S. "•»*^
S'il était démontré que la comparaison des^piècàs de
la tête du Brochet avec les instrumens de la posûon
dat&t du moyen âge, on trouverait la source -db' cette
opinion dans la légende du Saint-^raal , a^eêt-Ak^ditt
du vase mystique qui contient le sang du Christ. Voy.
VEi^angUe apocryphe de Nicodême , cap. ytvféi xv, et
surtout rhistoire du Graal, racontée par M. Faurid,
et rapportée dans les Etudes sur Goethe, pair %»
Marmier , i835 , p. 4^4*
( 251 )
Qaatrièiiie bm. des Malacoptérjrgièns abéhminàux*^
Salmones, Cuy. Dermoptères, Dumer.
Bloch , Ichthyolog. , y art, x , p, io3.
Ces poissoDS offreat une première dorsale à rayons
inoos 9 suivie d'une seconde petite adipeuse , c'est-à-dire
formée âmplemeat d'une peau remplie de graisse et
non soutenue par des rayons.
XXXI. Le Sactmon , Salmo salar, Linn. , Gmel. ,
Se. nat., xiii,p. i3649 sp. i.
Bloch, Ickthyolog , part, i fp, 106 1 pLxKf ^f part, m, p. la^
Duhamel , Pêches , a« ptirt,, sect, it , p. 184 i P^' ^9 fiS* i'^*
Karmgfi, Ùafiub. , tant, ly, p. 79; tmb, xxtii.
BoÉnatmito» VàbL encycl, 'des trois règnes , Ickthyolog,, pi. 65 p
Lacëp^e, Hist. naU Poist. , tom, n y p, i^.
fioBilelet , de Piscib fluviatîlîb, liber, cap. 11 , p. 167.
Le SlHkiiiÀti a^d«i denfa dèiik tous ' les endroUi de la bouche où il
|e«t j ea avoir Cuv., Anat, comp,, tant, 3^^.. 178.
Qptopr.^^e Aquatilib. , p. g6gi,
"$, Hermano , Observât ^ zoologicce, p.3io.
Wauv,'tfict,-'d*Ht^t, nat^ , édit. a, tom. TSXfp» d5i.
Ceollkai ^ Afat. medèc, , iA-4®, tom, 3> |r, qtQ,
Jpfcf. des Se. nat, , tom. lt, p, 533.
Artedit'TctA^^^i'^/^' v,j7. 48-60. .
• ■ ' ■ - . - .
D, i5 : P. 14 : V. 9-10 : A. i2-i3.
Vertèbres , 36 , et 33 paires de côtes.
Le Saumon est un poisson de mer qui remonte les
Qeaves à Pépoque du frai ' ; il le iait en troupe et en
deux rangées qui forment les côtés d'un triangle ; il ne
se trouve point dans la Méditerranée ; il se plaît dans
' U n^y a que les Truites et les Saumons | dit Bloch | où
faie TU des ceufs de la grosseur d'un pois.
( 452 )
rOcéan , et affectionne ^rtout le voisinage de Temboa-'
chure des grands fleaves , dont il habite les eaux douces
et rapides pendant une partie de Tannée , et dont il re-^
monte le cours à des distances fort considérables < ; voilà
pourquoi on le trouve très-haut dans la Loire, dan$ la
Seine, et même dans FArroux, etc. Les tachîes irrégu*
lières brunes de son eorps s'effacent promptement ^ms
Teau douce. Il fait, pendant Fhiver, Tornementdes
tables délicates et somptueuses ; il vit de petits poissons,
d'insectes , de vers ; il fraie en février, mars et avril;
sa natation est si rapide , qu'il peut parcourir i44^o
toise$(T^o66 mètres) par heure. . .. .,
Ces poissons sont sujets à une maladie particuliëk^ doitt
on ignore la cause, et qui leur fait alors doônçr 1ç nom
de Lcidres ; leur chair est mollasse et sans consistanpe.
Si on garde les Saumons quelque temps après leur moi^
la chair se détaché de' îépiné dorsale et gUs$e ^tis la
/peau, comme dans un sac. lAx:éfèdey Jffùfiu^j^aL des
Poiss, , tom, ^i pj ^s6\'
Dans le Saumon et dans les Truites, les înterTàotil'
laites, sont situés sur le devant de la m.àchoire supé-
rieure, avec un peu de mobilité^ les maxillaires ^n
os labiaux, mystaces, sut les datés , jusqu'à la commis-
sure , armés de ^ents qui continuent la série des dents
intermaxillaires. Guvier^jËTiV^. naU des Poiss, , iom. i,
p, 333 , pL m fifg» 5.
/
'•»' -.'.-. ;. T
i .
4. t
, f Albert Je Qraud, Oper,, tom* t1, jr. ^^<^i et .Y^GeAt
jde ^eauvais ^ SpecuL r^aiur, , tom, 1 1 lih, TWiy cap. ^xxrn ,
ont bien indiqué le nLoyen dont se sert Iç Çau.ijpLoii popr
franchir les cataractes et pour surmonter les obstacles qu'on
lui oppose.
A Tépoque du frai, les mâles ont sur \ts écailles des ta-
elles brunes et des petites éminences. Blocb | p. 1 14«
( 258 )
Le Saumon ordinaire et les Traites ont des dents en
crocfaet aux denx mâchoires ^ sur la langue , aux arcades
palatines , au vomer , au pharynx et même aux os qui
représentent les arcades zygomatiques , et qui , dans les
poissons , forment ce qu'on nomme les mystaces ou la
lèvre extensible. Guvier , Anatomie comparée, iom. 3 ,
pp. 189, 190.
Les oyaires des Truites sont collés à la région de Té-
pine et divisés intérieurement en lames transverses.
Rid. , p. 534.
Duhamel, lïist. gén. des Pèches y 2* part. , secU 11,
p. 294 9 pL XVI , Jig. 1-19 , donne la description et la
figure très exactes d'un insecte qui s'attache au Saumon,
sans en indiquer le nom.
Ce crustacé est le Caligus MuUeri, Leach. Encjclop.
mélhod.. Ados, Insectes ^pL 335, yîg'. 17-24* DicU
Se. nat. , tofh, xiv , p. 536 , iom. xxviii , p. 392. Adas^
Crustacés, pi. 5o, Jig. 4.
« H. Duméril rapporte , au genre Bopyre un petit
crustacé figuré par Duhamel, Péclies, pi. 16 j Jig.
11; )i Dict. Se. nat., tom. v, suppL, p. 3i, iom. 28,
pp. 388, 389 , sans doute par erreur.
Le Saumon n'a pas la vie dure ; il a la chair rouge.
Destandes, par suite d'expériences faites pour tâ-
cher de découvrir la cause de cette couleur , Fattribue
à un petit corps rouge, assez semblable à une grappe
de groseilles, situé dans l'estomac; il a reconnu en effet
qu'elle s'observe dans la chair des Saumons cuits en-
tiers, tandis qu'elle n^existe plus quand on les coupe
par morceaux et qu'on les fait légèrement griller.
Alléon Dulac, Mém. pour sentir à Fliist. nat. du
Lyonnais, tom. ^ ^ pp. 166-188, parle avec beaucoup
de détails du Saumon ) il rapporte les expériences de
( 2M )
Deslandes, et décrit ensuite la pèche des Saumons dans
la Loire, en donnant les dessins des ai^cUoirs construits
à cette occasion.
Cette pêche est en effet une branche d^iûdustrie assez
fructueuse ^
Lés œu& de Saumon sont enfermes par couches dans
dés membranes particulières , arrangées les unes sur
les autres en forme de plis. Bloch ^ Ichthjolog. , peut, i,
p. 101 jpLxïXjJig. 16. *
Le foie est gros et rouge, mais nullement bon à
manger. Bloeh, p. ii5.
La sclérotique est épaisse d^une ligne en arrière /et
aussi dure qu'un os en ayant.
I En Ecosse ^ dans le comté de BanfF, le prÎTilège de la
pêche du Sanmon , de la Spey , dans les limites des domai*
nes du duc de Gordon , est affermé huit mille livres sterling!
(aoO)OOO fr. ) par an. Revue britanniq,, i835, xtiii, p. 147*.
Les Boothniens construisent leurs traîneaux arec des
Saumons gelés , enveloppés de peaux et fiiés par des tra*
Terses en os de Rennes. Ces traîneaux sont très-solides et
très-coulans ; et dès que le thermomètre remonte au point
de glace I ils ue peuvent plus servir : les Boothniens les
Irisent alors. Ils mangent les Saumons, font des sac^ avec
les peaux et donnent les os aux chiens« Voy* du cap, Ross
au pâle Nord,
3 La figure ix, planch. viii, de rÀ.tIas joint an premier
Tolume de V Histoire natur, des Poissons par Cuviery mon-
tre un ovaire (de Perohe) fendu longitudinalement pour
faire voir les nombreuses lames membraneuses dont il se
compose, etqui se tapissent à chacune de leurs surfaces d^na
nombre d^œufs si considérable , que lorsquUlsont acquisieur
développement , ils cachent entièrement la membrane à la*
quelle ils adhèrent.
( S5S)
Le Saumon pamrit dans «m iiitérie«r :
l. VEMnqrywJms Sabnofds , Gmdt, /»• 3o48 ,t
sp. 33.
a. V Echinorynchus sublobatus , GmeL, p. 8049,
5/?. 34*
3. V Echinoiynchus quadrirostris , GmeK, p. 8049 ,
5;>. 35. Teirarjrnchus appendiculatus , Dict. Se. nat. ,
tom. 53 , p. 3i6 , tom. 57, p. 592.
4. Le Botriocephalus proboscideus , Dict. Se. nat.,
tom. 57, p. 6io.
5. Le CucuUanus lacusiris, Ç, Solaris, Gmel. , Se. nat. ^
édit. XIII, tom. 1 , p. SoSa, sp. 6, Ç. Ascaris marina,
Gmel. , p. 3o35, sp. 61. FUocapsularia communis ,
EocycL, vers, tom. a, p. 899. Filaria piscium , Diet.
Se. nat. , tom. 17 9 p* 9 , nf 29.
6. LaFasciola v^arica, Gmel., p. 3o57, n* 3i. Z)£y-
toma yarica, Encycl. méth., vers, tom. a, p. a7a,
n"» 8o.
7* Le Tœnia nodulosa, Gmel., p. 307a, sp. 5o.
Triœnophore nodideux , Diet. Se. nat. , tom. 55 ^
p. i85 , pi. 43 , fig. 3.
8. lue Tœnia Salmonis , Gmel., p. 3o8o, sp. 83.
Boiriocephalus proboscideus , Eneyel. métfa., vers ,
tom. a, p. 145, n'*4*
9* Il est eneore sujet au Lemœa salmonea. Lion. ,
qui adhère à ses ouïes.
Steele, eompatriote de Swift, parvenu à la Chambre
des Communes , en fiit expulsé eomme auteur de li-
belles séditieux. A Toeeasion de la eréation des douze
Pairs , sous l'administration d'Oxford et de Bolingbrocko,
il écrivit une lettre mordante à sir Milhes Wharton ,
sur les Pairs de circonstance. La liaison de Steele avec
le grand corrupteur Walpole ne Penrichit pas \ faisant
( 256 )
trêve à ses pamphlets, il commença la littérature indus*
trielle et inventa une machine pour transporter du
Saumon frais à Londres. Chateaubriand, Essai sur la
Uuérature anglaise y tom, 2 , /?. 267.
Sans cette machine, le Saumon frais parvient à-toutes
les villes de France. <( On en fait rostir des darnes ' sur
le gril , lardées de clous de ^roâe , puis on i &it sauce
avec sucre , canelleet vinaigre. » Rondelet, des Poissons
de rii^ière , p. ia4«
Je ne quitterai pas Fhlstoire du Saumon sans rappela
que la queue d'un poisson de cetf e espèce a servi ^ avec
Ja dépouille d'un orang-outang , à préparer la femense
sirène achetée aS^ooG francs , et placée dans le Musée
du Collège des chirurgiens de Londres , où le prince
Puckler Muskau Ta vue en août 1827. Mém. ei
yoyages , i833, tom. 2, p. 129.
Cette mystification va de pair , avec celle de Thydre
de Hambourg, dont la source reconnaît les disputes théo»
logiques; avec celle d\iGiœnia,et avecd'àûtrés signalées
dans les ^ct, Di\fion. , 1817 , p, 22, 1820 , p. 3o4, 3i2.
Les Anglais visant toujours à Toriginalité, cherchent
toutes les manières de se distinguer -, ils convertissent la
pêche en chasse.
<( Dans les environs du mont Snowden , on prend
<( beaucoup d^excellens Saumons , et cela , d'une
c( manière fort originale. On les chasse à Faide de
« certains petits chiens , dressés à cet exercice , qui les
a retirent de la vase dans laquelle ils s^enfoncent à
« certaines époques. » Mémoires et yojages du prince
Puckler Muskau , i833 , tom, 3 , p. ^2,.
■ Nom véritable des tranches de Saumon ^ dVprès le
Dictionnaire de Trévoux ^ au mot Dalle*
(867)
La gr&nde pêche de la G)loinbie a lieu au printemps
lorsque les Saumons remontent le fleuve. Lorsqu'ils sont
engagés dans un étroit passage du fleuve , les Indiens
debout sur les rochers ou sur des échafauds de bois ^
les pèchent avec de petits filets tendus sur des cerceaux,
les vident , les dessèchent , les emballent , et en forment
des colis pour les envoyer au loin. Revue briUmnique ,
a836 , tom. V , p. 3o49 3o5.
XXXII. La Truite, Sabnofario^ Linn. , Gmel. , S. N.,
xnii p. 1367, sp. 4*
Blocli, Ichtky.,part. i^p, lai , pL xxii , p. 127 , pL xuix.
Juriae, IC^t, des Poiss, du lac Léman, p. i58 , /i» 6 , p/. 4. Salma
tmtta.
Marsîgliy Uanub,, tom. it, p. 77, tab. xxyi yfig. 1 , a.
Boimaterre, Tableau encyclop,, ichthyologie,pl. 56,fig, a66y 26J0
Lacépèi&e, Hist, nat. des Poissi , tom, iz, p, a36.
Duhamel, Pêches , a* part., sect. 11 , p. 196, p/. ii^fig- 1 y a.
7. Hermann , Observât, zoologicœ , p. 809.
Bondelet, JDe Piscib, lacustrib, liber, cap. xv , p. 16a , cie Tmttif.
JDe Piscib. fiuviatillb. lib. , cap. ly , p. 169, De Trutta flaylatili.
Meyer^ Représ,, tom, i , pi, 44*
GeolFr.f Mat, médic, 4®> tom. 3, p. 289.
Aldrovandi , De piscibus , p. .588.
ifouv. Dict. d'Hist. nat.,édit, a, tom, 3o,p. 83, toTii. 34, p. 5da.
27û;^. des Se, nat,, tom, lv» p. 544*
D. i3: P. i3:y. 9: A. Il : C. 26.
lurine fait observer que ces nombres sont sujets à
de fréquentes anomalies.
Membrane Branchiale à 10-11 feuillets.
60 Vertèbres et 3o paires de côtes. Bloch, p. 124-
Peau de Testomac très forte.
Le nom de Truite a été donné à ce poisson du mot
TruUay dérivé du mot Trudo (je pousse avec violence)
à cause de Timpétuosité avec laquelle ce poisson se
meut contre le courant.
»7
( 258 )
Albert le Grand , Opéra, iom. vi , p* 661 , et YioceDt
de Beauvais, Spéculum natur., iom, i , Ub. xvir, çap.*
xGvii , parlent de la Traite , sans cependant entrer, dans
de grands détails^ '
Duhamel et Jurine ont fait sur ce poisson des recher-
ches multipliées pour s'assurer si les espèces en étaient
aussi nombreuses, que Tont avancé plusieurs natura*
listes : ils ont Tun et l'autre reconnu le peu de certitude
des caractères indiqués pour les désigner.
n n'est pas de poisson qui se colore avec autant de
facilité que la truite \ elle peut ensuite perdre la cou-
leur qu'elle a prise et reprendre la première \ les expé-
riences de Jurine , oun^r. cité, p. 160 , ne laissent aucun
doute à ce sujet ; aussi cet auteur regarde , comme
appartenant à la Truite, les espèces désignées soas les
noms de Truite ordinaire, Truite Saumonée, * Tt*ààe
de lac et de rinère , Truite des Alpes , Truite Fariç,
Truite Carpione ^. Dans le lac Lucendro, au
' La Truite sanmonée est distinguée comme espèce dant
le Dict, des Se. nat, , tant. 55^ p» 544} Atlas, ichthyolog.,
^ D'après des expériences très -multipliées, consignées
dans les Mémoires de là Société de physique tl tPhisiaire
naturelle de Genève, tom, m , 1'*^ partie, p. 159-166 9 et
d'après des observations très-exacteis, Jmrine a condm Tiden^
tité de toutes les espèces signalées ci- dessus { en Attriboftnt
leurs différences à des modifications dépendantes de Pi^ ,
du sexe , des saisons , de la nature des eaux , du genre d'»*
liment et de Finfluence de la lumière. Cuvier n'a proba-
blement pas goûté ces raisons | puisque dans le Règne
animal, édit, 2 ^ tom, 2 , p. 3o3 , 3o4 y il conserve comme
espèees les trois suivantes :
La grande Truite du lac de Genève ^ ( Salmo L^manus,
(459)
Gothard , les Truites étaient rouges , tandis que celles
de la Reuss , qui en sortent ^ sont blanches. La cupidité
mal entendue d'un aubergiste du bourg dé THoliîtal ,
qui ayant affermé le lac Lùcendro ,' voulait rendre sa
pêche plus productive , en faisant jeter de la chaux en
trop grande quantité , a détruit presque tout le poisson;
lorsque l'action de la chaux aura disparu dans ce lac ,
CaT. ) j dont la chair est très-blanclie ; il y en a de qnaraiita
et de cinquante livres , Ouv, cité, p. 3o3. G^est la Truite
de lac, de Jarine ; Juriue nVn a pas tu au delà de trente-
lix livret.
La Traite saumonée , Dict. Se. nat. , Atlas , ichthy. ^
pi. 73 9 fig. 2 9 Salmo initia, Linn. ; Bloch, ichthy. , part.
I, p. 1179 pi. XXI 9 a TU la tête jeter de la lumière, dane
robécurité.
La Tmite pointillée , Salmo punciaius, Cut. , Bloch ^
icktbyologîe , part. iii| p. i35| pi. cir; c^est celle deê
Alpes , de Jurine.
Il est assez difficile de juger entre Jurine et CuTier. Le
premier parle diaprés les faits et ses obsenrations ; il a
faiUeurs pour lui l'autorité d^Artédi, ichihy,, pari, n^
p. 76 , ys® ai4 9 qn'il ne cite pas : le dernier est le repré*
tentant de la science , au xix siècle.
De nooTelles recherches me paraissent nécessaires pour
fixer ce point d^histoire naturelle ; Guvier , qui avait con*
aaissiuice de Fourrage d^Artédi ^ du travail consciencieus
de Jurine ^ ne Payant pas adopté ^ fournit quelques motifî
de doutée.
Léi naturalistes de Genève sont invités à s^occuper de
cette recherche : ce sera le moyen de caractériser les espèces
confondues.
Artédi regarde comme excellent caractère spécifique, le
nombre dea vertèbres qui est constant s mais ai Ton j
( 260 )
il sera curieux de s'assurer si les Truites s'y reprodui*
ront rouges, Nouu. ann. des \foyages ^ i835, iom. 4»
p. tt^l64- -, *
C'est à croire diaprés les expériences de Jurine,
et d'après une lettre écrite par Pasch à Hermann,
pour lui apprendre que les habitans des bords du
lac de Thoun ( canton de Berne ) , disaient qu'aa
mois de décembre toutes les Truites étaient rouges , et
qu'au mois d'août. elles étaient toutes blanches* J. Her-
mann, Observ. zoolog», p. 3ii,
Tecoùrty il faut se conformer aux indications qu^il trace.
oc Pour éviter toute erreur, dit-il, JcAthyoLp part, u^
p, ^6 y jj ^ n^ 21 5-21 7, il faut faire cuire le poisson de
manière à ce que la chair se sépare facilement des ar^tef et
du squelette \ on enlève la colonne vertébrale ^ on. la pUce
sur une assiette et on sépare soigneusement les ver^tèbres au
moyen d'un instrument tranchant; il .ne faut pas négligef
de compter la vertèbre là plus rapprochée de )a tétq , ni celle
qui joint la queue. Pour plus grande sûreté | il faut répéter
Topera tion sur plusieurs échantillons de la même espèce. a>
Quelquefois les espèces d'un même genre ont le même
nombre de vertèbres \ mais alors leurs caractères extérieurs
les différencient assez. D'ailleurs ce cas est rare^ ^ Artédi
ne l'a observé que dans le seul genres Cyprin.
Bloch , Ichthyologie , ( traduite en Français) par Dele-
vaux ), a donné le nombre de vertèbres et de paires de côtes
de difTérens poissons : il n'est pas toujours d'accord| comme
on peut le voir , avec Artédi , d'où l'on pourrait conclure
que l'assertion de ce dernier ichthyologiste n'est pas cons-
tamment exacte \ c'est pour cela que les naturalistes sont
invités à répéter ces observations pour leur donner le degré
de certitude désiré.
n reste encore beaucoup à faire pour porter l'ichthyologie
au point où la science la souhaite*
( 261 )
Alors la température serait encore une cause du
diangement de couleur des Truites.
La couleur de la chair des Truites est trop variable
pour pouvoir servir de caractères : M. de Courtivron
s^en est assuré d'une manière positive sur les Truites
de rignon qui traversait son jardin. Il a transmis ses
observations à Duhamel ^ elles sont consignées dans le
TraUé général des pêches y u* part, y secU ii, p. 206-207,
p, 214) àToccasion des Truites de Courtivron, et rappe-
lées par Jurine, ffist. des poiss. du lac Léman, p. 164.'
Or les Truites de Courtivron sont les Truites deTIgnon;
elles ne difièrent d^aucune manière de celles du Yal-
Suzon , de Sainte-Foi , de la Bèze ' , et autres rivières
du département de la Cote-d^Or.
« Ce poisson se trouve quelquefois dans la Saône ; il
c provient du Doubs , lorsque cette rivière déborde
f dans le temps du frai quialieu du i5 décembre au i5
« février. » Note de M. Pataille.
Ce poisson , d'après Bloch, fraie en septembre et en
octobre, entre les racines des arbres et les grosses
pierres.
Les œufs de truites sont de la grosseur d'un pois,
d'une teinte orangée et d'une excellente saveur; ils dis-
tendent fortement l'abdomen de la femelle à l'époque
du frai* Hoch, IchthyoL, part. 1, p. 102-124 «p/*
xoLjJig. i3, en donne la représentation.
Ce poisson parvient à la taille de douze à quinze
pouces et pèse de douze à treize onces le plus commu-
* La truite est commune dans la Hante-Bèze , jusqu'à Mi-
jwbeau. Note de M. Boudot,
Pour pécher ce poisson à la ligne, il faut amorcer avec de
U chair d'écreyisses prise aux pattes ou à la queue.
( 26^ )
sèment ; îl est très-vorace , et sévit même contre sa
propre espèce ; les truites mises en réservoir se mangent
souvent les unes les autres , suivant Jurine ^p. 169 (i)«
La rapidité avec laquelle les plus grosses Truites
s^élancem sur un hameçon couvert de plumes , atteste
que les insectes sont du goût de ce poisson. Il vit de
petits poissons , de coquillages , de crustacés , de vers
et d^insectes ; il est surtout très avide de larves de
phryganes, connues aux environs de Dijon sous le nom
d^Azerottes, mot déformé de Casellotles, Casellœ, di«
minutif de Casa, fourreau dans lequel se tiennent ces
larves.
M. Dupuis, Tannée dernière , a pris dans TOuche,
derrière le clos de M. Brugnot, une Truite qui pesait
1 1 livres 1/2 et qui avait environ vingt-huit pouces.
Jurine, Hist, cit. , p. lyS , a vu des Truites bossues
et contrefaites , dont la forme arquée et tout à fait en S,
le surprit singulièrement ; depuis il a vu un Brochet
contrefait de la mâme manière , sans pouvoir pénétrer
la cause de cette déviation, malgré le soin avec lequel
il avait examiné les vertèbres de ce poisson. Schone-
velde a signalé une pareille difformité sur la Brème.
La Truite fait, comme on le sait, Tornementdes tables
délicates; elle passe pour le roi des poissons d*eau
douce, et fournit un aliment de bon goût et recher-
ché; accommodée en sortant de Teau, elle est bien pré*
férable.
K La Truite domine dans la Seine , elle est commune
dans r Aube et dans TOurce ; la variété dite Saumonée
se trouve aussi dans ces rivières ; mais elle est plus
commune et surtout plus belle dans les eaux vives des
fontaine9> commeà Touillon, à Thoires, àChâiillon, etc. ,
cil elle présente des tadies œuilletées, d'un rouge
C Î63 )
plus au iiKÛnfi ardeuc , qui varient eu étenduo. v Note
de M. Bourée.
La Truite aime une emx claire, froide, qui sorte
^ momagnes, qui coule avec rapidité et dont le fond
joît (û«rrew \ dans les TÎTÎers od la nourrit avec le foie
des animaui.
« À rentrée de Thi ver, on voit souvent attachés sur la
Thiite des espèces de vers à peu près semblables , pour
la forme , à une épingle , qui la sucent ^ la truite ne re-
fMrend sa santé qu'en pénétrant dans les ruisseaux oh ,
en se frottant sur le sable , elle se débarrasse de ces vers
inconunodes. » Piscicepiologie par J. C*** , ( Cuça ) ,
4* édk. , i8d8 , p. 68.
Ne serait-ce pas V Ascaris farioms ou \ Ascaris
TruUas, Goèze, Gmel. , p. 3o3<$, sp. 68, 69?
Une observation analogue, faite anciennement sur TA-
lûse, a donné lieu k la fable de ses arêtes qui la tuent,
La Truite est encore tourmentée par VEckinorhy-n'-
chus TruUœ, Goèze, Gmel. fS.N., xni, p. 3o49, sp. 36*
Eucydop. méth. , vers, tom. a, p. 3o5 , sp. 18 ;
Par la Fasciola farioms, Mull. , Gmel. , p. 3o58,
Sf. 33. Fasciaia TnOJUte , Froelicfa, Gmel., p. 3o58,
tp. 34» flqp|>elée Disloma UtareaUim, Ency. méth. , vers,
tom. a, p. 278, sp. ii4)
Par la, Fasciola Lucii , Mull., Gmel. , p. 3o58, sp. 36*
Act. Crenev. , 1823, tom. 2, r* part., p. i45, tab*
Distoma ieretic(dle, Ency. méth. , vers, tom. 2, p. 268,
sp. S/^/Doiu^ à long col, Ann. Se. nat. , 1824, ^™' ^9
p. 490 9 tab. 23 ;
Par le Tœma TruUœ, Froelich, Gmel., p. 3064^
Vf. 3o.
Du temps de Ronddet, \e$ habitans des Cevenncs
employaient les feuilles de noyer ou autres odorantes
1
( 264 )
jHîur conserver les Truites et les envoyer au loin , en
imitant le procédé employé par les riverains du lac de
Garde , pour transporter le Garpion , Scdmo carpio ;
après Tavoir fait frire dans la poêle, ilsTenveloppent de
feuilles de laurier , Farrosent de vinaigre , et le trans-*
portent dans les autres villes d'Italie. Rondelet , d^
Piscïb. lacust. Uber. , cap. xn, p, i58, p. 171.
XXXin. L'Ombre, Coregonus * thymcdlus, Linn. ^~
Gmel. 9 Se. nat. , édit. xui , p. 1 879 , sp. 17, sub Salmo-^
Bloch , Ichthyol, , part, i , p. 128 , pi. xziv. L'Ombre d'Auvergne.
Jnrine, Hist. nat. des Poissons du lac Léman, p, 187, n^ 8, pi, 6.
Marsigli , JDanub., tom. vr , p- yS , pi xxVffig. a. Thymallus.
Bonoaterre ' , Tableau encyclopédique des trois règnes. Ichthyol.
pi, 53 , fig. 20a. Mauvaise 6gure faite sur un individu aitëré, pi, 69,
fig, 381, assez bonne.
Meyer, Représ., tom. a , pi. 5a.
Geoffroi , JkTat. médic; in-^^^ tom. 3, p. 99a.
Dubamel, Pêches, a* part., sect. 11, p. ai 8, pi, m, J^, a*
Umbre de Clermout-Ferraud. *
Rondelet, De piscib ^fluviatil. lib.,cap. xiiyp. 187. JDeThjmo ; cap*
Yf p. 17a. De Umbra fluviatili.
Gesuer, de jéquatUibus , p. ia33.
Aldrovandi , lib. v, cap. xiv. De Thymallo.
Aldrovandi ^ de Piscib., lib. y, cap. xv, p. 396. De Umbra fla*
yiatili .
Dict. Se. nat., tom. x, p. SSy. L'Ombre d'Auvergne. ^llAr, léhih.,
pi, 7a, fig. 1.
* De xipv, pupile de Toeil, et y«M«, Angle^ parce que la pni«
nelle a l'air d'être anguleuse antérieurement.
Dans les poissons du genre Coregonas, les pierres delà
tête sont oblongues et planes. Artédi , Ichthyol, , pars Xj
page 39.
^ ce Bonna terre s^est quelquefois perdu lui-même dans sa
collection, an point de mettre (n° 2 1 2) V Ombre d'A.avergne|
Salmo thymallus, à Ja place dn Scictena umbra^-^ CaTierj
Hisi* nat* des Poiss*^ tom* i^ p, i53.
JTmi^. IHbL â^BliU nML, tam, thi p p* S7» GtrigiMM Tl^ymalc ;
iom. VLtiif p. 49^. Le nom seulement.
7. Hermann, Observât, zoologicœ , p 3ia.
D. ao : P. 16-17 : V. 10-11 : A. i3 : C. a8-3o.
L'Ombre a 69 vertèbres et 34 paires de cotes.
Membrane branchiostège à 1 o feuillets.
Le nom de ce poisson vient , dit-on , de la rapidité
avec laquelle il nage.
EiTaglens oculos céleri levis Umbra natatu.
AUSONE.
Yincent de Beauvais , qui peut-être ne connaissait
pas Auaone , dit : L'Ombre a reçu ce nom à cause de sa
couleur d'ombre. Spéculum natur. , tom. 1 , lib. xvii ^
cap. xcviu. Rondelet dit : A cause de sa couleur rem-
brunie. Cresner, à cause de la ressemblance de ce poisson
avec rOmbre de mer«
Quoi qu'il en soit , on distinguera facilement du Sau-
mon et de la Truite ce poisson , dont la première dorsale,
aussi haute que le corps et du double plus longue que
haute , est tachetée de noir et quelquefois de rouge.
L^Omhre vit d^insectes aquatiques , d'escargots , de
coquillages , dont on trouve les tests en quantité dans
son estomac, de petits poissons , de petits mollusques,
de firai , et d'autres substances animales ^ il aime surtout
les œufs de la Truite et du Saumon.
La femelle va déposer ses œufs sur les bords caillou-
teux, en avril et mai. Ses œufs, de la grosseur d^un
pois, sont jaunes, et leur présence augmente considé-
rablement le ventre de la femelle.
La chair de FOmbre est blanche , ferme et d'une sa-
veur très-agréable , surtout dans les temps froids*, elle
est plus grasse en automne que dans les autres saisons.
Jurine donne sur l'Ombre du lac de Genève des dé-
( 266 )
tails curient que Von peut voir dans son Hisimre des
Poissons du lac Léman.
Ce poisson croit fort vite ; il atteint la longueur d*nn
ou deux pieds et pèse alors deux ou trois livres ; il nage
fort, vite , et est par conséquent fort difficile à preiidre
hors le temps du frai.
Il meurt promptemént hors de Teau. Il n*y a , jusqu^à
présent, rien de certain , dit Bloch , sur Todettr
agréable que les Anciens disaient s'échapper du corps
de ce poisson , odeur comparée au thym par Elien , au
miel par Ambroise , etc.
Il est &cile de s'assurer que cette opinion des Andieas
est £3ndée sur une observation faite avec peu de soins.
Sur le bord des rivières et souvent même dans leur lit,
icroissent plusieurs plantes aromatiques , et principal
lement celles désignées sous le nom vulgaire de baume^
(ce sont des espèces de menthes, mentha aquatica,
Linn., mentha hirsuta, Linn.), à raison de Todetar
qu'elles exhalent lorsqu^on les froisse.
A répoque du frai , les Ombres se frottent le ventre
contre tout ce qu'ils rencontrent ; si dans l'endroit , oix
ils déposent leur frai , se trouvent quelques touffes de
menthe, le frottement en dégage l'odeur qui adhère an
corps du poisson ; et si dans cette circonstance le poisson
est pris, il exhalera Todeur de la plante labiée qu'il
aura rencontrée.
En général , au moment du frai , la chair des poissons
devient pitis molle , moins savoureuse 5 aussi les gour-
mets se rinterdisent-ils à cette époque.
L'Ombre , dans la Loue qui tombe dans le Doubs ,
près de Dole , pèse îa à 3 livres ; aussi bon manger que
la Truite. Les pêcheurs d'Heuilley en pèchent quel*
quefois de cette taille.
( *<*y )
« L^mbra est bote à manger , dit ïoubert , quand
PUmbre (lises Ombre) est bonne. » Eondetet, des
Poissons de riinère, p. 127.
a TocAK. Ce poisson qu*on pèche dans T Allier et antres
rivières , peut être comparé , pour la grandeur et la
couleur, aux harengs de bonne saison ; son dos est vert
d'dive, un peu plus foncé qu'aux harengs; cette teinte
s*éclaircit sur les cotés ; et vers le tiers de sa circonfé-
rence , elle devient changeante et brillante comme la
nacre de perle ; ses écailles sont fort petites \ le haut de
son dos est un peu voutq ; sa tête est petite ; et quand sa
gueule est fermée , la mâchoire supérieure excède un
peu rinférieure ; l'extrémité du museau est brune, ti«
rant au noir, et dénuée d'écailles jusqu^au haut de Ik
tête \ Tœil est petit et vif; la prunelle est brune , et Tiris
argenté ; les opercules des ouïes sont marquées des plus
vives couleurs de nacre; les nageoires sont placées
comme à la Truite; les écailles étant en lozange, il
semble, en regardant le poisson dans un certain sens,
que son corps soit rayé ; ce qui contribue à le rendre
plus brillant. On en prend dans les eaux douces et
dans les eaux salées. » Encyclop. méthod. , Dict. des
Pèches, p. 279.
Le nom de Tocan désigne ordinairement les Saumo-
nanx au-dessous d'un an. Rondelet, de Piscflm^, lib.^ p.
169 , cap, m , de parvo Salmone; mais dans le cas pré-
sent , il désigne le Thym, Thjmale ou Themero, décrits
dans VEncyclop. méthod. , D'eu des Pêches, p. 277,
rOmbre fluviatile , Coregonus Hijmallus , Jurine ,
comme il est aisé de s'en assurer par la description.
La peau de l'estomac est si dure dans ce poisson ,
qu'on croirait toucher un cartilage. Dans l'Ombre, l'oe-
sophage donne du côté droit la branche à l'extrémité
( M8 )
de laquelle est le pylore. Cette branche, transverse on
même montante y prend tant d^épaisseur dans sa tunique'
charnue, qu^elle forme un véritable gésier, dont Fes-
tomac ordinaire représente alors le jabot. Cuv. , tom. i,
pag. 5o4.
A répoque du frai , c^est-à-dire au mois de mars , ce
poisson marche en foule, par couple monogame ; il dé*
tourne les pierres avec sa queue *, la femelle dépose dans
les fossettes qu^elles laissent , ses œufs , que le mâle ar*
rose immédiatement de sa laite. Le frai , dit M arsigli ,
est ensuite recouvert, et les petits poissons édosent
en juin.
Cinquième famille des Malacopterygiens abdominaux.
GLUFES.
Corps écailleux , nageoire adipeuse nulle, mâchoire
supérieure formée , comme dans les Truites , au milieu
par des intermaxillaires sans pédicules, et sur les cotés
par les maxillaires.
Dans les dupées, le sternum consiste en une série
d'os impairs , auxquels les cotes viennent se fixer \ les
cotes sont fines comme des cheveux.
XXXrV. L^Alose , Clupea o/b^a ^ Linn. Gmel. , S.
N. , xin, p. 1404? sp. 3.
N. B. Excluez Bloch , tab, 3o , fig, 1 , qui représente une feinte '^
dont le bas ventre était dëpoaillë de ses écailles. Cette figure a induit
en erreur J. Hermann dans sa Tabula affinitat, animal», p. 826 (s).
' Ce mot Feinte vient de Vint, d'où Ton a fait Ficte on
FenictBy pour désigner la C/i/pea^cto^ appelée quelquefois
Pucelle, de Pulchella^ gentille ^ gracieuse ^ à cause de sa
forme délicate.
( 269 )
' Bloch annonce MQiement a5 vertèbres à Tépioe da dos.
ArtëdU , Ickthy., part, y, p. 34 , 55 Tertèbres et 3o paires de côtes.
Duhamel , Fâches, a« part., sect, m , cap, 1 , p, 3i6 , pZ. i *,
fig. i,p.54i.
* Laoépédey Hist, nat, Poiss,, tom. n, p. ai8.
fionnaterre. Tableau encyclop. tUs trou Bagnes, ichthyoUg. ,
pi, 75, fig. 3ia.
fioudelet, de Piscibus liber,, yii y cap, xv , p. 220. De Thrissa.
GcolTroi, Jlîat. médic., 4«, tom, 3 , p. 235-239.
Gesner , de ^quatilib,, p, ai. De Alausa , Clupen vel Thrissa. .
Nou¥, Dict, d'Hist. nat,, édit. 2 , tom. i , p. 337.
Did, des Se, nat,, tom, iHy p, 4^8*
. Le nom de ce Poisson vient du mpt Halsa employé
par AJbert-le-Grand, pour le désigner; suivant les
Saxons, T Alose est appelée Jesen. Dans la basse Alle-
inagne on l'appelle Ferich, et en làùn Aristosius ou
Aristosus *.
I Pahamel a figuré sur celle planche quelques détails ana.^
t^QÛques de PAlose.
* Albert *Ie*Grand , Opéra, tom. vi^p.66t^ parle, sous
\é tiLQm de Verich, d'un poisson désigné en latin sous le nom
HAnstosms , à cause de la grande quantité d^arêtes dont sa
diair est lardée; aussi ce poisson est peu estimé ; et diaprés
Vincent de Beau vais, Specul, natur,, tom, i, //^. xvii^
cap. xcvin 9 qui écrit Vtnth au lieu de Verich , il est la
nonniture seulement des gens pauvres.
Ss pêche se fait en usant du son d'une cloche y au dire de
nos deux auteurs , répété par Bloch , Ichthyologie , part. 1^
pag* lôç. Gesaer croit que ce poisson est une espèce d'Albae \
mait'ia description donnée par Albert-le- Grand et par Viu^
cent de Beauvais est trop vague pour permettre une appli-
cation exacte \ car cette description conviendrait également
à presque tous les Cjprinoïdes , aux Clupes | etc» ^ etc.
Souvent les côtes , ou plusieurs d'entre elles , portent , en
appendice, un ou deux stylets adhérens à quelque point de
( 270 )
1/ Alose ' se reconnaît à Téchancrure du milieu delà
mâchoire supérieure , à Tabsence de dents sensibles , et
h une tache irrégulière noîre derrière les ouies.
Elle atteint jusqu'à trois pieds de longueur , et re-
monte au printemps dans les rivières. Elle suit princi-
palement les bateaux chargés de sel, et pendant le
mois d^ivril et aux mois de mai et juin on en pèche
dans la Saône où elle vient frayer ; passé ce temps on
n'en trouve plus , elle retourne à la mer.
Ce poisson est simplement de passage dans notre dé-
partement, c'est un excellent manger, mais la grande
quantité de petites arctes qui traversent sa chair le
fait peu rechercher ; aussi Albert-le-6rand , dit-il , à
cause de ses nombreuses arrêtes, ce jpoisson n'est mange
leur longueur, qui se dirigent en dehors et pénètrent dans
ks chairs. Il y a quelquefois. aussi de ces stylets qui partent ^
du corps de la vertèbre, au-dessus de la côte, pour péné-
trer dans les chairs. C'est ainsi que les arêtes des poissons se
multiplient ; on en voit un exemple notable dans la fiioiiUe
des Harengs, dont presque toute la chair est traversée d^a*-»
rétes fines comme des cheveux. Cuvier, Hist. nat» des
Poissons, tom. i,/>. 362. Aussi Hermann , après avoir dit.
Observât, zoolog. 9 p. 3 1 5 : ce Le squelette de TAlose est "
a quelque chose d^admirable ; mais on ne peut l^obtenir qee
«c psr le secours des insectes aa , donne la description de crini
qu'il possédait.
Cette disposition nous donne la facilité d'expliquer la
aiultitude dVrêtes dont sont pourvus les Cyprinoîdes,
surtout ceux appartemant à la division des Ables,
> Parvam Alausam GalU Pucellam (Pucelle) nomînant,
velut transpositis lîtteris pro Clupella. Nomenclator aquai»
ttmmamt. , per Conradum Gesnemm , i56o j p. 322«
Telle est rorigine du nom Pucelle.
( 271 )
(}u^ par les pauvres. Il meurt promptement après son
extraction de Teau. Il se nourrit de vers , d'insectes et
de petits poissons. Il a pour ennemi, le Brochet, la
Perche.
Rondelet , Gesner , Aldrovandi , ont parlé de ce
poîssonf^ ils ont feit sur ses noms des commentaires assez
étendus. Gesner assure positivement que le Thrissa des
Grises est le Clupea des Latins ; aussi , dit-il , les Aloses
adultes sont dites Thrissœ et les jeunes Triclùdes, à
cause de la grande quantité d'arêtes capillaires de oe
poiasoD >appelé par Albert-le-Grand Aristosius.
Aldrovandi signale la rugosité âpre du ventre, aminci
esï carène, si on la suit à rebours, et la couleur noire
de fa langue.
n répète Tassertion de Rondelet qui avait dit : plus
les Aloses «ont péchées loin de la mer, plus elles sont
délicates , et c^est la raison pour laquelle on les mange
meilleures à Lyon qu'à Bfarseille.
Gesner parle d'excellemes Aloses péchées dans la
Loire, « Elles sont, dit^il j de la taille de grands Rar-
« beaux) leur diaii^ est tendre comm^ celle de TOmbre
« ( ThjrmaUus). »
Rondelet 9 en parlant de la grande quantité d^ Aloses
que l'on pédi^ dans r Allier, dit s'être assuré du pouvoir
de la musique sur ce poisson qui saute dans les filets
teedus pour le prendre ; il a fait ces observations à Ma«
ringnes , petite ville du département du Puy-de-Ddme.
Si on peuc ajouter foi à la narration de Rondelet ^ il
a va des Akises siocourir au son des violons , et sauter
ett nageant sur la surface de l'eau.
Il y a encore de Texagération dans le trait qu'ajoute
cet historien \ il dit avoir vu prendre dans l'Allier, d*un
seul coup de filet , plus de 1200 tant Aloses que poissons,
( 272 )
Dictionnaire théorique et pratique de diasse et de pèche
(par Delisle de Sales) , tom. i , p: 18-19.
Je ne quitterai pas l^histoire de TAIose sans rappeler
la Clupea, dont les Anciens ont parlé diaprés Callis-
ihenes de Sybaris , comme le dit Stobée.
« Callisthenes sybarita autor est , citante Stobaeo j ia
ArariGallis Qu vio nascitur magnus quidem piscis clqpea
( xxuvw- ) Dominatur ab incolis , qni crescente lima
albus est : decrescente, totus nigrescit : et corpore
niminm aucto a propriis spinis interimitur | in hajus
capite lapis reperitur similis grumo salis , qui Qp,time
fiicitad quartanas sinistro lateri corporb alligatusde*
crescente luna. Haec quidem an clupeae in Arari accidanl^
viri naturse studiosi quibus cognoscendi façultatem 4a->
minis illius vicinitas praebet , observabunt. Ego aliquan*
do an de carpioqe potius haec intelligenda e^sent , dnbi*
tavi. » Gèsner, de AquatiUb, , p* 2,\.
Voici la traduction dé ce passage- par Gdlbit ;
a Le philosophe Galisthene^ ( ainsi qu^escript Stobé ) ,
dict , que Arar est appelle:, pour autant quUl se mede
dedans le Bhosne , SX t«f « Toiiî /«»• , et adiouste ^ que. ce
fleuve de Arar nourrit un poisson , qu'il applèlle Glupea,
( que nostre du Pinet , traduict Alose ) , leque^l hat en
la teste, une petite pierre, comme un grain de sel,
laquelle sert pour les fiebures quartes , si Tpn l'attache
au costé gauche, sur le défaut! de la lune. Mais je ne
peux penser, que ce soit une. alose; car le mesme
autheur escript, que ce poisson est blanc au croissant
de la lune, et noirastre au défaut;, eti qu'il d^vieotsi
gras, que enfin il se tue de ses arestes, et espines pro-
pres. » Gollut , p. jS\ 76, àV. u, ch. IX ; sous les titres :
Poisson admirable en la Saône.
Poisson de mirable nature. .
( 273 )
Gollût y ne s^occupant nidlement d^ichthyologîe »
n^avait jamais examiné soigneusement TAIose : il ne
oonnaissait pas la pierre d'oreille de ce poisson ; aussi
a-t*il traduit Similis grumo scUis , semblable à un
morceau de sel , par les mots : Comme un grain de sel >
ce qui offire un sens entièrement différent, et totale*
ment oppose au texte de Gesner , et conséquemment à
celui de Stobée.
Gesner , à la suite de la citation de ce passage, dit :.
« Ifœc quidem an Clupeœ in Arari accidant, observa^
iiiffl^etc*, c'est-à-dire, les naturalistes rapprochés de
la Sadne , sont invités à nous dire si les Aloses de cette
rivière ont toutes les qualités dont parle Callisthènes. »
Jusqu'à présent ce passage est resté obscur , mais il est
fiudie de réclaircir comme nous allons le démontrer.
La petite pierre ' , comme un grain de sel , existant
dans la tête de P Alose, est Tos de Toreille.
QalUsthènes avait certainement vu la pierre d^oreille
de PAlose ; sa forme et sa blancheur lui avaient rappelé
les grains de sel blanc auxquels il Ta comparée , et cette
comparaison n'est pas entièrement dénuée d^exactitudeJ
Les vertus, attribuées aux pierres d'oreille de l'Alose,
pardifférens auteurs de matière médicale et entre autres
par Geoffiroi, ne laissent aucun doute sur la nature et
* Os saltem îllud petrosam , qnod in capite ejnsdem
{Alosae) detegimus, ad propellendum calculum et arenam»
imo virtutis snœ alkalinse ergo, ad absorbenda primamnl
Tiamm acida utilissimum judicatur. Sl Fn Geoffroy ,
Traciatiis xfe Mat. medîc, , tom, 3,/?. 238.
Les médecias d'Orléans se donnent à tort comme ayant
déconyert la pierre d'Alose 5 elle était connue longtemps
avant eax.
x8
( 274 >
sur le caractère de cette &meude pierre , dont Gtstkr
n'avait aucune idée.
On attribuait à ce poisson une petite pierFe ' , cotnne
un grain de sel , merreilleuse amulette contre la Ghrte
quarte; on disait ce poisson, blanc au croissant de k
lune, et noirâtre à son dé&ut; enfin on ajoutait c de
poisson devient si gras qu'il se tue parsespropresarétes^'
ainsi que le répète Jan Pierius Yalerian, Comment. stÊt
les HyérogUphUjues par Gabriel Chappms, tom. i,
p. 53îa.
Passons aux autres merveilles attribuées à rAlosê ,
blanche , disait-on , au croit de la lune , et noire à sob
déclin.
A répoque où Tastrologie était très-fort en Tog^ ,
on attribuait à la lune un pouvoir extraôitlinaikie \ jûHâa
en examinant avec un peu plus de soin , on rèdcHtaïut
Fabus , fondé seulement sur certaines épcMjués.
L'Alose , comme on le sait , est dé couleur bhmdiie ,
avec utié tache noire derrière les otiles \ mais l6rd^%B^
est écaillée , elle laisse voir quelquefois sur ëes câtés des
taches noires dont le nombre est très-variaMc.
Si à répoque de la nouvelle lune un pedlèur à|ttîs
une Alose pourvue seulement des deux tàehes ncmâ^ il
la regardera ôomme blanche; si troiâ selndilûles^ tt^k^ ,
il en prend une autre chargée d^une grande quantité
de taches noires , il regardera cette dernière commue
noire ; il attribuera alors à Tinfluence de la lune cette
difiérence de couleur , dépendant uniquement delà disr
, position individuelle de ces poissons.
' On trouve dans la tête de FAlose un os qui est estiiAé |
«te. f dit Léiriery , Traité des Alimens^ 2* (dit. , p. 4^5}
JDîct, Se» nat. , tom* vLjp* 44o«
( 875 )
Le changement de couleur de TÀlose a lien par sa
desquamation; en effet la chute des écailles laisse
apercevoir les taches de la peau.
Le changement de couleur du poisson suivant les.
I^iases de la lune, préjugé fondé sur Tinfluence attri-
buée jadis pai^ les Astrologues, au satellite de la terre,
^tait le résultat de la. présence des tâches sur les flandï
de ce poisson , taches dont le nombre est très variable**
Lorsque ce poisson est écaillé, on voit sur ses côtés des
taches dont le nombre varie : Hermann en a compté
sept d*un câté et huit de Tautre -, j^en ai vu quatre d^ua
cdté et siiL de Tautre.
Sot des Aloses non écaillées, j'ai compté huit taches
d^un oâté et six de l'autre, outre celles placées derrière
les ouies.' Quelquefois je n'en ai vu que quatre et même
' trois 9 d'autres fois six sur un coté, et seulement cimf
sur Taiitre : en général , il y a une très-grande variété
dans le nombre des taches.
La troisième merveille de l'Alose est son excessif
embonpoint, cause de sa mort amenée par les arêtes.
Ces prétendues arêtes sont totit simplement dés vers
intestioanx dont la trop grande abondance entraine là
mort do poisson.
L'Alose nourrit en effet dans son intérieur une sorte
dé "Mrs filiforme , appelé par les naturalistes Eckyno*
rpidms alosœ, Herm., Gmel., syst. nat., xni, p. Soi^ç,
jp« 4^; Encyd. méth,, i^erSf lom. 2, p. 3t2, n* 52. ,
Ce ver filiforme , trouvé dans une Alose , dont il
tara percé la peau , aura été pris pour une arête par
des observateurs superficiels et ignorans : la (able, bâtie
sur cette erreur, se sera ensuite propagée. Comme beau-'
Qoup d^àutres , puis on l'aura admise comme un fiût
po^tif. Cette explication est confirmée par des observa-'
( 276 )
tiotis analogues faites dans l^Epinoche et rËpinôcheUCy
à l*occasiôn du Botryocéphale solide ; v^oy. ci-dessus,
pp. 86, 87 ] et dans la Truite, à Foccasion de V Ascaris
farionis, ou de V Ascaris TruUœ, Voy^ ci^-dess., p. a63.
Les prétendues arêtes ou épines qui tuent TAIose de-
venue grasse, c'est-Wire gonflée, sont simplement
desî vers intestinaux , dont la trop grande abondance
dans ce poisson lui donne la mort.
L'Alose en effet nourrit dans son intérieur une sorte
de vers' filiforme, appelé par les naturalistes EchinçH
ryncfms Alosœ, Herm. €rme!. S. N. xiii, p. 3o49^
sp. 3o. Encyclopéd, méûiodU/ue, vers, tom, a, p, 3ia,
n"* 5a; le Bothriocéphale de T Alose, Dict» Se. nat.,
tom. 57, p* 6lo.
Ce ver filiforme », trouvé dans une Alo^ morte , aura
été. pris pour une arête par des observateurs ignorans,
et la fahle bâtie sur cette erreur , se sera ensuite pro-
pagée comme beaucoup d^autres, puis aura été admise
comme un Ëdt positif.
Les Aloses qui se sont rétablies de la maladie que le
frai leur a occasionnée , retournent à la mer. Dubamel ,
Traité génér. des pêches, ii« part. , sect. m, p. 319.
OctostomaAlosœ, Douve qui se trouve en abondance
dans les branchies de PAlose -, elle est repliée entre les
lames branchiales et imite de petits flocons de mucosité.
Kuhn, Mém. du Mus. d'Bist. naU, t. 18, p. 358, sp. 1.
La longueur de la tête de l'Alose est 3 i;a fois dans
celle du corps 5 à la base de la langue assez courte , on
remarque l'appareil pectine des arcs branchiaux qui
présente un aspect très agréable , ce dont il est fecile
de s'assurer en ouvrant les mâchoires.
Le cœur est tétraèdre , les appendices caecales très-
nombreuses soai appliquées contre l'estomac. ^^
( 277 )
Taî toujours été surpris que les ichthyidogistes ne se
soient jamais occupés de rechercher les faits réels sur
lesquels les commentateurs ont disserté longuement et
Inutilement, à Toccasion des récits merveilleux rap*
-portés diaprés les Anciens.
A la yérité , Guvier , à plusieurs reprises , est parvenu
il reccmnaître les véritables objets défigurés dans les
anciensauteurs. J'ai eu aussi la satisfaction de retrouver
placeurs objets mentionnés par Pline, voy. Act. Div.,
}835 , p. 84 ; par Bondelet , Op, cit. ,p. 28 ; et dans la
drooDStance actuelle, j'ai accepté l'invitation, faite dans*
le XVI* siècle, par Gesner aux naturalistes rapprochés de
la Saône , et j'ai ramené les merveilles annoncées par
CaUisthènes , à leurs véritables causes.
XXXY. L^Agone , Clupea sardineUa, Nob.
Rondelet, de Piscib. lacust, llb. , cap» 11. De Chalcide.
Ce poisson , commun dans les lacs du Dauphiné , et
vendu, jadis, à Lyon, sous le nom de Célerin ' , n'a pas
été décrit d'une manière exacte par les ichthyologistes
modernes. La' figure, que Rondelet eh a donnée, est la
lépétition de celle placée de Piscib. , Ub. vu , cap. xii ,
p. 217 , all^g^ée au Clupea spraitus, Linn. , par Lacé«
* Oa pèche dans les lacs de Savoie des poissons qii*oa
nomme Céienns, parce qn^ils ressemblent beaucoup aux
Célerins de mer ; leurs écailles sont menues , luisantes et'
pea adhérentes. Us sont très-gras \ on les prend an prin-
temps , et on sale les plus petits | parce qn^ils se conservent
mievx , ayant moins d'huile que les gros. Encycl., Diction*
4e*toutes les Pêches, ann { 1796 ), p, 35 , extrait de^RoiH
delet^ JSisi. des Poissons des lacsp ckap» ^y p^ io5.
(278)
pède , Hist. nat. des Po^ss. , iom» lo , p. 216 , signdée
depuis longtemps par Gesaer , de AquatUibus, p. 990 »
comme une mauvaise figure de Sardine , et mentionnée
par Cnvier, Règn. anim., édiU a, tom. 2, p. 235. .
a Dans les lacs des Alpes françaises , dit Bosc , on
a nomme aussi Célerins des poissons très-probablement
<c delà famille des Cyprins, mais dont on n'a point dé*
« terminé Tespèce. » Nouv. DicU dHist. nal., éd. 2,
lûm. 5, p. 46a. DicL Se. nai., tom. 7, p. 35 1.
En rédigeant cet article, Bosc ne s^est pas rappde
Farticle ^gon, qu'il avait placé dans le tome premier.
a Agon , poisson qu'on pèche en abondance dans les
(i lacs de Garde et de Gome en Italie. On l'appelle
(( Sardine sur le .premier de ces lacs , p^rce qu'il a h
« grosseur et la siveur de ce poisson de mer ; comme la
« Sardine , il perd de sa bonté peu d'insfans après sa
« mort. Aussi n'est-ce qu'à Garde et à Gome que j^en
a ai mangé d'excellens. Il est décrit sous le nom de (V-
« pn'nus agone dans les Delicrp Insubriœ de Scbpoli }
a mais il n'a pas été figuré. » Nou\^. DicU dffisU noLp
iom. 1, p. 209.
a La Sardine du l^c de Garde, dans la Lombardiey
a est une espèce de Gyprin , le même que celui appela
<( Agone sur le lac de Gome , également dans laX<om-
« bardie , et mentionné sons ce nom , pjge 71 de la
<c première partie de la Fauna Insubra de Scopoli. »
Nouif, fHct, d H'st. naU , éd'U 2, tom. 3o, p. 197.
Dans ces trois pissages, Bosc s'est borné à adopter,
sans critique , le nom donn^^ par Scopoli à son Gyprin
Agone^ mîiis la description de l'Agone donnée par Cu-
vier , cadre avec celle de la Finte, {ClupeaJînta^Civr.^
Clupea Jicta , hàcèj^de ; il aurait fallu dire Clupea
faUax, car Lacépède na point de Clupeaficta)\ Fenlh
\
( 279 )
tles Flamands , Agone de Lombardie , Lacida > alachia
d'Italie.
Il La Fînte , dit Guvier , est plus alongée que l'Alose
fc et a des dents très-marquées aux deux mâchoires et
« cinq à six taches noires le long des flancs; son goût
« est de beaucoup inférieur. » Cuider, Règn. anim. p
a* idà., iam. a, p. 820.
Les auteurs ne s'accordent point sur les dents de ce
poisscm. Scopoli lui en refuse , parce quUl le rapporte
an Cyprin et non à une Glupe. Voici la description qu^il
donne :
Cyprinus (^^one) lanceolatus, quinque uncialis,
oompressus; pinna dorsali anique i3 radiata. Corpus
totom argenteis squammulis obtectum, vix semipedale :
dorsum fuscum , latera pallidiora fusco maculata ; ma-
culis octo aut novem; venter attenuatus, albidus;
dentés nulli. Maxilla inferior longior , irides argenteœ
macula nigra haemisphaerica prope branchias linea in-
sidens* Membrana branchiostega , radis 3.
Nomen à Bellonio datum retineo : nam inter Cyprinos
Lûuuei, Gronovii aliorumque nullum invenio cujus dif-
ferentia specifica nostro huic conveniat. Descriptus
tamen extat apud Willughby , IchûijoL , lib. \^ g. 9 ,
J8. Ejusque iconem dédit nuper Clariss. Bertrand,
Traité des Pêches, p. 11 , § v, pL hfig* 5. Hujus duplex
tarietas occnrrit quarum una major in lacu Yerbano,
'ilia vero minor in Lario, utraque à nostris Agone vo-
cata. Inter Cyprinos clarissimi Leske banc speciem non
' Bondelet , de Piscib • fluviatU. liber. , cap, xyi , en par«
lant du Gardon , dit qnVn Italie on Pappelle LascAa, et en
Languedoc Siège. Le rapport de Lascba avec Lachia a pu
caaier plus d'une équivoque.
( 380 )
invenio, neque inter illas quas Lianaeas receiMt
cirrhis destitutas, et cauda bifida instructas. Sola est
idus et orfns, in quibus pinna ^ni constat radiis tredecim,
àquibus tamen nostra haec pluribuscaracteribusdiflEerrt
videtur. Gave etiam ne confundas cum Glupea Harengo,
cui Salvianus et Larias Agoni nomen dederunt, cujus
liabitum quodamraodo refert. Joh. Anl. Scopoli , /îcfi-
ciœ florœ et faunœ Insubriœ , pars i. Ticini, lyM,
pp. 71^ 72.
Il est à croire que ScopoU a fait cette singulière des-
cription sur notre Clupea sardlnella ,• mais en la rappor-
tant au genre Cyprin , il rend très-diilkcîle son adoption*
Le lacus F'erbanus est le lac Majeur ; et le Larfus ^
le lac de Côine. Rondelet avait déjà dit que le Ghalds
se trouvait dans ces deux lacs. >
a Petits poissons ressemblant à de grosses Sardines,
« apportés d'Italie par Fougeroux de Bondaroy , pédiés
(( dans le lac de Guarda '. Dents nulles au bord des m&-
(( choires ; longs de 7 à huit pouces. En passant le doigt
a sous le tranchant du ventre , depuis Tanus jusqu^à la
41 gorge , on sentait des dents à peu près semblables à
ce celles d^une faucille , de même qu'aux Aloses , aux
a Feintes, aux Harengs, aux &irdines, etc. On les confit
a avec une saumure. Fougeroux de Bondaroy , qui à
« mangé de ce poisson en Italie, dit qu'il est fort bon.
a Les Agonsde Beion se trouvent dans le lac Majeur,
« celui de Côme , de Garde, de Lugano, etc. On iie
> La pécbe dn lac de Garde fournit en abondance des
poissons d'espèces très-variées et d'an goût délicat , qaî 9
des ports de Desenzano , de Salo et de Peschiera p sont
portés dans les pays environnans. Voyages d*un exilé ^ par
le baron d^Haussez^ 1835, tom* i ^ p» s^Si.
(Ml )
« peut assurer si ce sont lesSardanelles du lac Grigolei,
^ à une petite distance de Yéronne. » Duhamel, Trailé
gén. des Pèches, u* part. , m* sect. , p. 490 > S ' » S ^*
« Gesner dit qu^un pécheur Tavait assuré qu'on non^
^ mait vulgairement Gobioni les petits Agons ; qu^on
« conservait la dénomination àiAgçns, pour ceux de
ti moyenne taille , et que les plus grands s'appelaient
te AUnes ou Cepiœ. » Duhamel, Ouv. cil, , p. 4^1.
Voici le texte de Gesner : « Piscator Lacarnensis
Agonos minimos , vulgo Gabianos dici mihi asserebat,
iqajusculos AgonoSy maximes Cepias. Sed Gepiae videntur
esse Clupeœ, genus ab Agonis diversum , et à mari
asoendens quod Agoni non faciunt. » Gesner, de
AtfMiotUib. , p. 19.
CSe passage est une preuve de la confusion qui existe
partout en ichthyologie ; car les petits Agons, Gobioni,
sont de véritables Goujons , méconnus par Pollini , qui
les a décrits et figurés sous le nom de Cyprinus bena--
censis, dans son ouvrage intitulé : F'iaggio al lago di
^arda. Les Agons sont notre Clupea sardinella, Yall.,
«t les Aloses le Clupea alosa, Linn.
M . Du Liparis de Belon , trouvé dans un lac de
mk Macédoine, appelé Govios ou limnous piscfUac,
«I ayant les mâchoires garnies d'aspérités , et a des as-
«t pérîtes sous le ventre. > » Duham. , Ouv. cit., p. 492.
J. Hermann, Obseru. zoolog., p. 3i6 , a parlé de
la Clupea sartUnella sous le nom de Misobini; il décrit
<3es individus salés dans lesquels il ne peut saisir tous les
c^aractères; cependant il indique Tabdomen non-seule-
suent caréné, mais denté en scie, a On les prend au moLs
'«c de mai, dit-il , dans le lac de Corne, et on les nomme
te Agones ; on les vide derrière les ouïes du câté droit.
^ Ou en prend de plus petits ; au mois de septembre ,
( iS2 }
« dans les profondeors du lac; on les appelle alon
« AgoTies gras. Etant salés , on leur donne le nom de
a MisaUini. d Hermann , Oui^. cit., p. 3fi6.
Les rebseignemens fournis à Hermann ne sont point
conformes à ceux donnés par Àidrovandi. « Ces poismii^
« dk-il 9 sont exquis dans les mois de juillet , août , 8ep>
«( tembre et octobre. » Ils les décrit sous la rubrique
de Saracho, et y rapporte le Chalcis de Rondeletv
jiquo vulg. Aldrw. , de Piscib., lib. v , cap. ltiu ,
p. 665-66 j.
Suivant Gesner, de Aquatilib^ , p. 19, p.^Sfj, \à
, nom SAco ou Aquo, radical A^Agone ' , a été donné à
la Clupea sardinella, Nob y à cause des petits aiguiUons
ou des écailles aiguës qui , sous le ventre, (orvièBt une
ligne rude et épineuse. Cet auteur, f?. 89, jdécritce
poisson sous le nom d*Albula mmima ^ et p. a6 , Im, 3f,
i! parle d'unr poisson blanc ( Tfeissfich des lacs de Carift»-
thie), si gras, qu^il est inutile d^employer d'autre graiaBe
pour le faire rôtir; et Rondelet, de Piscib. lacustnb,^
p. t49 9 dit des Agones : Ces poissons s^engraissent tel-
lement dans le lac de Gomë et dans le lac Majeur 9 que
placés sur le gril , leur graisse coule comme de Thuile.
Ces deux poissons seraient-ils les mêmes? Je le croirais^
Lacépède , qui n'avait jamais vu d^Agone , n'en a pas
inscrit le nom dans son Hist. nat. des Poiss. ,* seulement
iom. X9 p. 386, il dit : Agonen, Lagonen, /ooms
donnés en Suisse au Cypnnus leueiscus (Saiffe) , quand
il approche de tout son développement.
C'est donc par erreur que Scopoli et Bosc son copiste
ont rangé TAgoné parmi les Cyprins.
' Agone , ab acU} eo qnod 8nb yentre lineam habet ser*
ratam. Gesner.
( M3 )
Comment Bosc, en mangeant ces poissons, n^a-t*fl
pas reconnu les caractères des dupées , que Rondelet ,
Selon 9 Aldrovandi , Fougeroux de Bondaroy et Duha-
mel , avaient très-bien déterminés ? Soopoli , en ran-
geant TAgone dans le genre Cyprin j a augmenté la
confusion parmi les poissons des environs d^Aix , signalé^
dans le Mimuelde l'étranger aux Eaux d Aix, par la
docteur Desnne J-ls, iQ3\^p. 8. Je trouve, n* i8,
Sardine, Clupea sard'wa, le lac, vulg. Mirandèle.
S*agit-il de la ilupea sardineUa, Yall. , ou bien n^a-
t-onvouln qu'indiquer, soit 1e Cjprinus albumus,
Linn. , TAblette appelée Sardine en Savoie , soit le
Goujon , Çjrnn'nus gobio ?
C'est nne question à résoudre par les naturalistes de
la Savoie.
ni* ordre des poissons màlàcoptértgieiîs suBBRACHiEifs.
Nageoires ventrales attachées sous les pectorales ,
parce que le bassin des poissons de cet ordre est immé-
diatement suspendu aux ois de Tépaule.
L*os coxal, représentant l'os innominé, 4a cuisse,'
h jambe et le tai*se , est de forme triangulaire ; la pointe
du triangle est en avant et s^attache à la symphise des
es appelés Humérus , par Cuv., Poîss., i , p. 377.
Notre département ne possède qu'un seul poisson de
cet ordre 5 c'est la Lote, espèce du genre Gade, Gadus^
Linn. , reconnaissable à ses ventrales , attachées sous
la gorge , et aiguisées en pointe.
Bloch , IchthyoL, part. 11 j p. 122. Aigrefins.
XXXVI. La Lotte. Lotte commune ou de rivière,
Oadii5 /cita> Linn., Gmel., S. N., éd. xiu, p. ii72,sp. i4*
Hocb , IclUhyûlogie , part, iiy p* iSà^pl, lzz.
(484)
Marsîgli » Danuh,, tom» ir, p. 71 , to&. j.%fr ffig» 1.
Juriae , ^ûf. des Poissons du lac Léman , p. 148 y n^ ^%p^' <•
Lacëpède , Hist.nat des Poissons , tom. iv , p. 209.
iDict. des Se. nat., tom. 37, p. a3a. jdUas, içhthyoL,pL 35 9)^. ».
BoDuaterre , Tableau encycL, pL 3o , fig. .1 10.
Meyer , Représ. , tom. i , p/ . 7 1 .
Rondelet , Z7é; Piscib, lacustrib. liber,, cap. xix , de Lota, cap, xxi
de pisce qui U vulgo Barbota dicitur,
GresDer , de AquatiUb,, p. 707.
Nouv, Dict, d*Hist, nat., tom, xyiii ^ p, ao4-
!'• D. i3 : 2,' dorsale, 76 : P. ai : V. 7 : A. 55.
58 vertèbres , 18 paires de cotes.
Ce poisson jugulaire couvert d'une mucosité gluante,
se reconnaît facilement à sa forme alongée, à son ecHrpi
presque cylindrique , jaune , marbré de brun , à la
longueur de la deuxième nageoire dorsale, à la iongocm
de Tanale , à sa tête un peu déprimée, à un seulJbarbîlr
Ion au menton. Les Gades ont des dents, en crochets,
nombreuses et fortes partout , excepté à la langue et aai
arcades palatines^ leur vomer n^en a qu^une bande
transverse en avant.
Ce poisson a reçu une foule de noms. Molette 3
Mouielle, Barbotiey source de la confusion qui se re-
marque dans les ouvrages des anciens ickthyologistes :
pour s^en faire une idée , il suflit de recourir à Belon^
Rondelet , Willughby , qui Font regardé comme deui
espèces différentes. Gesner en fait six espèces ; d'après
lui, Aldrovandi, Jonston , en font de même six espèces.
Il suffit de parcourir Tarticle Mustela , donné pai
Gesner dans son ouvrage intitulé : De JlquatiUbus^,^
-p. 696-728 : sous ce titre Fauteur range la Lamproie ,
de Mustela sive Lampetra, fig. qui, p. 699, est désignét
sous le nom d'anguille étrangère*, p. 708 , sous celui di
Nuneugaal , novem oculorum anguilla ; la Lotte, et i
^
( 285 )
i^occaâioii de ce dernier poisson il dit , p. 709 i « A
^ Sens on l'appelle BouUause, à cause des bulles con-
^ tenues dans son yentre-, en Savoie on la désigne
^ soos le nom de Moustelle , MouttoUle y Moustcile $
^ sur le Rhône', dans le Valais Setchot ' . »
Rcmdelet a parlé deux fois de ce poisson , d'abord ^
p. 164, sous le nom de Lota, et ensuite, p. i65, sou$
celui de De pisce qui à uidgo Barbota v^ocàtur. Malgré
la mauTaise figure Ëiite d'après un individu desséché ,
on ne peut méconnaître la Lotte dont tous tes caractères
se retrouvent non-seulement dans la figure , mai»
enebre dans la description. La différence de nom en
avait imposé à Rondelet.
Le nom de Barbota ^ donné à ce poisson, vient du
bftitiilloii de son menton. Les Grecs appellent la Lbtt»
Claria ; on peut lire dans Selon , p. 117, Observai, dé
plus. Singularitez y Iw. i, chap. lui , l'anecdote de ces
Jai6 qui , se disputant sur les écailles de ce poisson y
farient sur le point d'en venir aux mains.
> Le nom Setchot, donné à la Lotte, est évidemment
currompu de Septem oculL En eflet le corps alongé de la
Lclte, de la Lamproie, de TAnguîHe, du Mal, dû Misgùm,,
et de beauconp d^antres poissons les a fait ranger sons la
même dénomination , Mustela* On conçoit alors comment
knrt synonymes ont été transposés, ft comment le nom
ée la Lamproie , Sept œils, a été appliqué à la Lotte ^ celni
Ile Hmùiattge , an Misgurn fossile, etc., etc.
Aussi Gesner avait-il déjà signalé Tinconvénient de
donner le même nom à des poissons diiférens.
^ Barbotte, parce qn'il se plaît à barbotter dans Feau
trenble. Dict. théor. et pratique de Chasse et de Pêche,
( par Delisie de Sales ) ^ tom» i ^ /?. 76. Lote , tom* 2 , /?. 1 aq.
Mustele^^. 196.
( *8« )
' ÀIdrovandi psit\e aussi plusieurs fois de la lotte,
d'abord sous le nom de Barbota Gallorum, AidroY., di
Piscib. lib. v, cap. vi, p* 5jS^ ensuite 5ous celui
LoUa Gallorum , lib. v, cap, xlvi, p. 648 ; puis sou
les noms de Cotatrissia ' fluPiatUis, à.cause de sa grand'
gueule et de- son corps anguilliforme , et de MusteUe^
fluuiatUis et lacustris Gesneri, il donne la figure d'un^^
Lotte de la plus grande taille ^ à la page 678 il Tappelle^
Trissia fiuvdailUs.
, Albert-le*6rand , opéra, tom* w , désigne la Lotte
sous* le nom de Boriopha y et Vincent de Beauvais ,
Spec. nat.y'tom, 1, lib, xvir, cap. ixxv, sous celui de
Borboiha *.
. Albert-le*Grand a formé le nom Borbocha de Barba
et Boca, pour caractérisa: le barbillon sous-meatonier
de ce poisson.
' Iresner 9 /h jéquat., p. 71a , dit : « On doniie le
% nom de Borboche à tous poissons qui se tiennent
« toujours au fond des rivières ou des lacs , et dont te
« forme, imitant celle de TAnguille, est cependant plus
tf courte €;t plus renflée. » Il dit ensuite : a Bar*
(( boUe désigne un poisson pourvu de barbillons. » Et
enfin les Borbotes sont des poissons visqueux , comme
.FAnguille , et que Ton dépouille comme elle. Sous
ce nom sont désignés , le Siàirus glanis ,' la Lotte ^
rSstutgeon. Gesner, de jàquadlib., p. 1048.
Cardan donne de la Lotte une description trè&-exacte ^
il lui impose le nom de Botta, outre , à laquelle left
■ Botatrissia désigne aussi le Chabot, cliez Gesner 9 i/<9
AquaHLy p* 7*1 ) ligne Sa.
« Vmcent de Beauvais a fréquemment altéré la vérilahte
orthographe des noms.
C 287 )
IHilanais Font comparée. La première lettre de ce moi
^yant été remplacée par une l, devient Toriginedu Hiom
JLoUe, sous lequel ce poisson est aujourd'hui connu^
"Comme la tête , dit Bloch , a beaucoup de rapport avec
celle de la grenouille , «t le tronc avec celui de Tangùille,
Jes Hollandais Tout appelé Putael, et les Anglais
£elpoui.
Les anciens auteurs, dépourvus' de la connaissance
des véritables caractères des êtres , s'en rapportaient
seulement aux noms dont on se servait pour les désigner,
et comme ces noms étaient imposés arbitrairement , les
mêmes étaient employés pour, désigner des objets très-
différens ; c'est ce qui rend si diflicile la détermination
de ceux dpnt les Anciens ont parlé.
\ Aivs^ par exemple Aldrovandi , de Piscib. , p. S^S. f
fii chapitre à& Barbota Gallorum, après avoir indiqué
(à tort je pense) que le nom Barbote avait été donné i^
la Lotte, BOB à cause de son barbillon, mais parce
^■elle 'barbotté dans la vase comme le catlard , ajoute :
« Ce poisson n'a jamais plus de six pouces , rx a de très
grandérapports avec la Lotte des Lyohnais. » Il est cer-
tain que dans ce chapitre il a confondu ce qui regarde là
Lotte, et ce qui regarde la Loche, Corbitis barbatula.
Lion.,, ou plutôt le Cobitis tœnia, Linn. , dont la ion-
^eur n^est effectivement que de six pouces.
La Lotte , dont la cornée est très convexe , a été dési'
gnée- anciennement par le mot Musiela (radical de
Jkfaui/dle qu'on lui donnait dans quelques endroits ) ,
appliqué encore à beaucoup d^espèces de poissons , soit
marins, soit d'eau douce. Le motif de cette dénômina-
iion se tire, dit Gresner, de Aquaidib. p. 700^ de la
longueur du corps de ces poissons, jaune sur le dos,
blanc sous le ventre, comme dans les Belettes , p. 698^
( 288 )
Bg. 1^; ille tirait, à musteUno colore id est sublîindo *y
•t dans un autre endroit, il Tattribuait à l^habitude
qu^a la Lotte de se tenir en embuscade dan& des trous,
' Rondelet, iie Piscibus marinis , lib, xit, pag* ^oo^
itait déjà parlé de la couleur aubllTide, cause du nom
Mustela.
Yoici le texte de 'Gesiier : DeMuste.la, sive Lampetnii
Bellonius.
Hune pîscem, Mustelam , nominant Latlni , à maculati
hujus nominia quadrupedis tegminis similitudine ^ p. 6961
lin. 17.
. Dans ce passage , il est évidemment question de la Lotte ^
dont la peau ofire des marbrures bien prononcées.
Quod si Musteiae, Lampetr» slnt, a mûstelliiiô colore^
id est , sublividô ( quid si a corpore oblongo potiusl
iitmÀrinfleetiain ptato) dictas fuisse arbitror, pog» 698 y
Un, 16.
' On ne peut méconnaître à ces traits la Lamproie. -
Mustela , dicitur nam ut Gale ( y«A» , id est MvstdU)
serpentes persequitur , p. 700, lin. 53. ...
Cette phrase, a trait à des espèces de Squales , dont W
nom Mustela a été donné à la Lotte, poisson rusé ^ se \9r
nant, disait- on, en embuscade comme les .Belettes et 1
Chats.
La Lolte aime particulièrement une eau claire , ditBlôch
et se cache au fond dans les creux formés par les pierres
d'où elle épie les poissons sur lesquels elle se jette avec ra
pidité. Sa cornée transparente, dit Jurine , Act» ùen,
1821 , tom. i ^ p' 2 , (2), est très-conTcxe , tandis que dan
la plupart des poissons Poeil est aplati en ayant et conyexi
en arrière. . • — -
Les pierres d'oreille des Gades sont elliptiques ^ créneléèflV
dans leur bord, relevées dans leur milieu.
L'orifice antérieur des narines dans la .IiO tte. a ses JboJ^d^
( MO )
et de 8*élaiicer sur la proie qu'elle guette , avec une
^^té comparée à celle des Chats et des Belettes , Màs^
iela,\d*6ix le nom de Moutelle, employé dans quelques
lieux \ mais borné en Bourgogne aux Loches.
On nourrit la Lotte dans les viviers avec le foie de
bœuf haché.
La Lotte est si vorace, dit Jurine, qu^on a trouvé
dans Festomac d'une, qui ne pesait qu^une demi-livre ,
jusque quinze Perchettes presque entières, AcU
Genev. , iom. 3, i** pari. > p. 149. Elle détruit le firai
des autres poissons, et beaucoup de fretin \ elle s'attache
même à TEpinoche qui lui enfonce ses arêtes dans
le gosier; elle chasse pendant la nuit; la meilleure amorce
pour la prendre est le Séchot et le Goujon ; prise sa cent
brasses et au-dessous, les Lottes ont souvent leur vessie à
air atrophiée , elles sont alors complètement aveugles.
Ce poisson qui a la vie dure , fraie en février , sui-
vant Jurine , et décembre et janvier, suivant Bloch.
Ses œufs ' sont nuisibles comme ceux du Brochet et du
Barbeau^ mais son foie ^volumineux est regardé comme
on mets délicat; aussi a-t-il donné lieu au dit- on
Tolgaire:
Pour an foie de Lotte
Femme donne sa cotte.
•
tabvleiix, et la tubulure du bord se proloage, par un de
lea côtés, en un tentacule.
lia Lotte , longue de plus de douze décimètres , apportée
1« Danube à Chantilly, Tue par Yalmont de Bomare, et
cîi6e par Lacépède, Hist. nat. des Poissons ^ tom. iv, p,
atSy était certainement un Mal, Silurus gtanis , Linn.
s Ova alba , exilia , mollia , obiter perquirenti lactés \i-
dlentur. Marsili, Dan. Pannon., tom. iv,/7. 7a.
» Hepar pro iliecebrâ existimatur. Marsili, /oc. cit.
>9
{ 290 )
Au dire de filoch , une comtesse de Beuchlingen em-
ployait la plus grande partie de ses revenus pour se
|)rQcurer des foies de Lotte.
La chair de ce poisson , garnie d'arêtes , est blanche ,
ligréable au goût.
Dans les appendices cœcales de la Lotte vit le Tœrda
rugosay Batsch, Gmel. , Syst» nat. , p. 8078 , sp. 75,
Sôirtocephalus rugosus, Encycl. mëth. , vers, tom. %y
fi 146 , sp. 6.
On t route encore dans la Lotte le Triœnophore nodn-
leiix. »Z>/c/. Se, nat,, tom, 55 ^ p, i85^ pi, ^^Jîg, 3.
lY* Ordre des poissons MiLiicoPTÉEiGiEjfs. apodes.
Ges poissons ont tous une forme alongée, une peau
épaisse et molle qui laisse peu paraître ïéurs écailles ^
ils ont peu d'arêtes.
L'anguille*, Bloch, IchthyoL, part, in^ p. 1. Corps
serpentiforiiae.
XXXYII. L'Anguille, Murœna ' AngwUa, Linn.^
Gmel. , 3- N. , xiii, p. ii33, ^. 4-
Bloch, Ichthyologie j part, m , p. 3 , pL Lxxin.
Juriue, Hist. ^es Poissons du lac TArfian , p. i|7, Ao >>P^* i*
Marsili , Danuh., tom, iv, p, ^^.pU i) fig» 3.
Bonnaterre , Tabl, encycl,, JchthyoL,pl, 24 ^fig, 81 •
Laccpède ^ Hlst, nat, Poiss, , tom, 3 , .p, 390.
Dîct, tLss Se, nat. , Atlas ^pL 82, fig, 1. Murène Anguille , tom,
2 , p, 143.
Koftdëlët , «fé Piscih/fluinàt, îiher , cap, kiiit , p, 199.
Meyer, Représentations , tbm. 1 , pi, 42*
Gesner , de uéquatilib, , p, ^6.
L'Augaille manque des dents palatines et linguales; loais la
deux mâchoires et le vomer 8ont<>hénssés de petites dents droites >
fortes, mousses, séktëes.
' De /uiffir» conlet^ glifiser, parce qn^à raivoB de m mu-
cosité } elle glisse des mains.
C 291 )
Albert le Grand , Opéra , tom, vt, p. 648.
Nouv, Dict, d'Ifist, nat,, édit, a^ tom» i, p, 53o.
Geof&ol 9 Jlfat. médic, , 4^, tom, 3 y p. 193.
JDict, des Se, nat, N. B. Au mot Anguille, on est renvoyé à l'ar-
ticle Jlfurène, où il n'est point question du poisson dont nous parlons y
malgré la bonne figure insérée dans Vuétlas, Ichthyol,,pl, 8a , fig. i.
Artedi donne une description complète des parties internes et
externes de ce poisson , Ichthyol. , part, y y p. 66.
Le nom français de ce poisson vient de son nom grec
ETXEATs qui lui a été donné soit parce qu^ii se tient au
fond de la vase , soit parce qu'on Ty pêche , soit parce
que sa flexibilité lui permet de se rouler sur lui-même.
L'Anguille a le corps long , étroit , uni et couvert
d'une mucosité visqueuse ; Y ouïe est petite et fort eu
arrière. '""^^ip*
Ce poisson connu depuis long-temps, et dont la forme
nelaisse aucune incertitude pour sa détermination exacte,
oflQre aux naturalistes un problème qui, jusqu'à ce jour,
est demeuré insoluble malgré les travaux de Spallanzani.
Quelques naturalistes , £)?&. nat. Cur., Dec, annus
1, 1670, obs. 119 , CoUecU Acad., part» étr., tom. 3,
p. 19, regardent l'Anguille comme vivipare, et Elsener
prétend avoir vu des jeunes dans le sein de la mère ;
mais les naturalbtes modernes n^ont pu s'assurer de
cette assertion.
La chair de ce poisson fait les délices des tables succu-
lentes ; je me bornerai seulement à dire que ce poisson
a la vie très dure , et s^il &ut en croire certains obser-
vateurs , des Anguilles avalées par des Brochets ou par
des Esturgeons, auraient été rejetées entières et
pleines de vie.
On prétend avoir rappelé à la vie , en les plongeant
dans l'eau froide , des Anguilles gelées depuis quatre
jours. ArcJiw. littér. de t Europe, tom. 1 , p. 80.
L^absence des nageoires ventrales a &it placer l'An-
( 292 )
guille, par Linné , dans sa division des poiaÉms
Apodes,
On trouve de temps en temps des Anguilles borgnes
de Tœil gauche. AcU Paris, , 1748 9 p- 27, 28.
Ce poisson a j comme nous Pavons dit , la vie très
dure ; mais si on le pique à la queue , il périt sur le
champ. M. Moreau, président du comité central d^a-
griculture , en a fait souvent Texpérience , et il a indi-
qué ce moyen à plusieurs pécheurs qui s^en sont servis
avec avantage, pour extraire , de leurs trous, Ua An-
guilles qui s^y étaient retirées.
M. Moreau a pris également sur un pré une énorme
Anguille qui s^y était réfiigiée, parce qu^on avait mis
rouir du chanvre dans la rivière où elle se tenait.
Elle se nourrit de vers , dHnsectes , de petits poissooSi
du frai des gros, des cadavres en décomposition, de
substances vitales , et même, dit-on, des pois ttifi-
vellement semés , dont elle est très avide , et qn^elle va
chercher ^ elle ne va à la chasse que la nuit , dit Bloch ;
pendant le jour elle se cache dans la bourbe, où elle s^en-
fonce en faisant deux ouvertures à sa retraite obscure,
afin que si Tune se trouve par hasard bouchée, elle
puisse s^échapper par Fautre. Dans les viviers , onîa
nourrit de foies de bœufs.
Le cœur de TAnguille est carré.
L'Anguille est sujette à une éruption qui consiste
dans des taches blanches, depuis la grandeur d^un
grain de millet , jusqu'à celle d'une lentille \ les pé-
cheurs croient que cette maladie se guérit par le con-
tact du Stratiotes aloïdes , Linn.
Dans TAnguille et dans le Congre , Tethmolde reste
toujours à l'état cartilagineux , et disparait quand les
squelettes sont trop macérés.
( MS )
téeê pécheurs , dit Cavier, reconnaissent quatre Aortes
d'AngoUles commanes , qu'ils prétendent former autant
d'espèces, mais que les auteurs confondent sous le non^
de Murena angmila, Linn.
V anguille vetTÙaux , que Guvier croit la plus com-
mu&e.
VjinguiUe à long bec, dont le museau est plus
comprimé et fdus pointu. .
VjingmUe plat bec, grig^eel des Anglais i le museau
p|qsm>hti et plus obtus ; rœil plus petit.
VÂnguiUô pùnpemaux , gbu^eel des Anglais ; mu-
seau |du8 court à prcqportion , yeux plus grands qu'aux
autres sortes.
CuTier,^^. animal, éd. ^^lom. a, p. 3499(1)»
ATOÎt promis une description comparative et des figures
exactes dans sa grande histoire des poissons ; mais . la
mgrt Ta empêché de tenir sa promesse.
m Le^^n^eurs de la Sai^e , dans les environs de
« Pèntainer, distinguent deux espèces d'Anguilles ^
« kl blanche. et la grise rougeàtre. » Noie de M.
BMaiUe.
Les pêcheurs de la Saâne, dans les environs de
SpQvre , distinguent quatre espèces d'Anguilles , l'ar-
g^née sous le ventre , la jaune, la brune et la longue
iioire. iVofe de M. Baudot.
r Ia diflfêrence de couleur n'est pas on caractère suffi-
Mit pour constituer des espèces; aussi je r^jarde
Qpoime de amples variétés les Anguilles blanche et
grise ro^seàti:?.
Les Anguilles sont sujettes à plusieurs vers intesti-
naux.
i. Ascaris anguUlœ, Bedi , Gmel. , p. 3o35, 9. 60 j
c'est on JUorhjrnchus^
( 494 )
" Zeder et Rudolphi ont vu dans Pestomac de VÀh^
gniUe le Liorhynque de l'Anguille. lÀorhyrtchus dend"
aulatus, Rud. , Dict. Se. nat. , tom. 5j, p. 548.
Ne serait-ce pas Y Ascaris anguUlœ vue par Redit^
' SI. Echinorhynchus anguUlœ, M uU. , Gmel. , p. 'io^6j
sp. 21, Encyclop. méthod. , vers, tom. 2, p. 3049
&p. 11.
3. CucuUanus lacustrisy Mul. , Gmel., p. 3o5l , ^. 6,
il. Vivipare suivant Leuwenoeck.
4* Fascîola anguUlœ, Leuw. , Gmel. , p. 3o56, s^
22, Ency. méth. , vers, tom. 2, p. 261 , sp. 17.
5. Tœma Tiodulosa, Gpeze, Gmel. , p. 8072, sp. 5o*
Triœnophore noduleux, Ency. , vers, tom. 2, p. 753,
Pict. Se. nat. , tom. lv, p. i85, atlas, pi. 489 fig* 3.
6. Tœma anguUlœ , Ratsch^, Gmel. , p. 3078, ip,
74* Rhytelndnthu$ anguiUœ, nduv. Dict. d^Hist. nat«|
éd. 2, tom. 29 , p. 285; Botriocephalus dat^iceps, Enc^V
"^rs, tom. 2, p. 145, sp. 3. IMct. Se. nat.^ tom. S7,
p. 610 j tom. 5 , suppl. sy p. 47*
• La peau d'Anguille, ooupée en lanières, est employée
par certains paysans pour attacher leurs fléaux , parce
qu'elle a plus de ténacité que le meilleur cUir. l<a peau
d'Anguille est souple et transparente ; les Tartares dee
confins de b Chine s^en servent au lieu de vitres à leurs
fenêtres.
Il y a une cinquantaine d'années, lorsque la mede
existait de porter les cheveux longs , soit roulés d^ns ml
Fuban , soit renfennés <ians une bourse de soie ,' on atCar
chait les cheveux près de la tête ave(yiine4aii(ière dé
peau d^ Anguille , pour les feire grandir , disaient les
perruquiers.
(f On voit quelquefois de jeunes Anguilles, dit Bloch ,
pari. m ^ p. 6, sortir du derrière des Cîcognes et des
( m >
Hérons qui les ont avaloes ' j j'ai été, Qo^^^ue^^-ily.
témoin d^un &it analogue : on avait mis, pap. plaiaant^«'
rie une Loche de marais , Cobitis fossUis , Lin. , dans la
gueule d^une chèvre; cettç Loche s'était inuroduîte
dans les boyaux à force de se démener , et eoj^ copu.la
vit sortir par Tanus. »
Bloch,^a/t. m, p. 6, ngte (y).
Bloch ne dit pas si les Anguilles et le Misgurn dont
il parle, ont été rendus vivans.; je ne le crois, pus, cela
serait en effet une exception bien extraordinaire aux
expériences de M. Flourens, consignées dans lesuinnales
I «e L'Bstargeon arale l'Anguille tout entièi'e , et souyent
sans la blesser; dans ce dernier cas, il arrire que déliée,
YÎsqnente et flexible, elle parconrt tontes les sinuosités du
canal intestinal , sort par leur anus , et se dérobe par Une
prompte natation , à une QOUTeUe poursuite. Il n'est per«
•onne qui n'ait ?u un lombric ayiilérpar dçs çani^rds, sortir
de même des intestins de cet pisi^an , ^opt il arait auÎTi^
tous les replis. » Lacép^de^ JSi^t» paL ^9 Pq^» p tom* 3^^
p. 3o9|3io.
Est-ce réellement le lombric avalé par le canard qui çst
rendu? ne serait-ce pas plutôt Y ascaris anatis?
Suivant Booçler, les maquignons introduisent une Aa-
gùille dans Tanus des cbevaùx pour les rendre plus Tiff, et
les faire paraître plus gras. Quelques Tétérinairés font araler
aux cheraux poussifs, uiîe Anguille qui traverse leur canal
tlimenlaire sans périr. Gesnèr dit avoir connu une per-
Mmno qui rendit entière une AngniHe qu^-elle avait aralée.
L'essaiera qui voudra. Suivant tfuslqiies ornithologistes on
fit avalée jusqu^à neuf fois la même- Anguille à an plongeon
qui la rendit oatiére chaque fbtf h '
J'en appelle toujours aux expériences de M* Flourens y
qui subiraient alors une exception bien aingulière»
(fW)
dès Sdeneès naturelles 1882 , iom. 27, p. 53, et dans
les Mémoires de tinstiud, i833, fom. xn, p. 483,
'5ba, 53i. *
L^orifice antérieur des narines de rAnguille a sei
YJbtàn tdbuleux.
L'enveloppe générale du corps de ce poisson offre
des écailles petites , minces et comme noyées sous un
épiderme. épais.
• Avûit de quitter Flnstoire de PAnguilIe, je dois
rapp^er celle retirée du puits de la maison de dételtr
tion de Beaiîlieu €ui mois de juUlet i83\, et dont
M . Eudes des Longchamps a donné Thistoire et la figure
dans les Mémoires de la Société Luméenne de Normanr
die, i833 ,, p. 47 ? P^- 4 > %• 4*'"^*
Cette Anguille était remarquable par le dévek^pe*
ment extraordinaire de ses yeux , dont les (urbites }4u8
agrandis déformaient la tête. Cette monstruosité dépen-
dàit-elle de la profondetur du puits dans lequd Vivait
cette Anguille, ou étailnélle congéniale ? C'est sur quoi
l'auteur n'osé se prononcer ; il se contente seulement
de faire observer que la Carpe commune , et le Cyprin
doré de la Chine , ont qûeilquefois montré un dévelop"*
pement extraordinaire des yeux.
La faculté dont Jouit TAnguille de yivre hors de Peau,
pendant quatre, et même cinq jours , surtout lorsque le
vent du nord souffle , me. fait penser qu'une d'elles ,
échappée de la petite rivière de l'Odon , éloignée d'un
bon quart de liôue , aura gagné la maison de détenfkm
de B^iuliâu^^elâera tpmlsfeéedans le puits. "/•
j Dans.la :8éance de rAoadémie- des sciences ( la octo-
bre i835 ) , M. Arago a montré des Anguilles de diverses
grosseurs , prises dans un^fteuve souterrain. Des poissons
de même e^pèbe ^^frùWQttûi jd'un puits artésien creusé
(m)
à Elbeof ,ont été aivoyét à rAcadémiepar M. Girardiii«
professenr de chimie à Bouen. jict* lànn., Budigal.,
i836, foui, a, p, 199.
n* série. Poiwons GAUTiULoiirEux ou Chohb&opté&t-
GiEifs , ou , pour parler plus exactement , à Péhioste
GWBxnSf Cuif. > HisU nat. , Poissons , tom. 1 , p. 553.
Ces poissons manquent des os maxillaires et inter-
maxillaires, ou plutôt, ils ne les ont qu^en vestiges
cachés sous la peau , tandis que leurs fonctions sont
remplies par les os analogues aux palatins , et même
quelquefois par le vomer.
Le squelette de ces poissons est essentiellement carti-
lagineux *, la matière calcaire s'y dépose par petits
grains et non par filets.
La substance gélatineuse , qui , dans les autres pois*
sons, remplit les intervalles des vertèbres et communique
seulement de Tun à Tautre par un petit trou , forme
dans plusieurs Ghondroptérygiens , une corde qui enfile
tous les corps des vertèbres sans presque varier de
diamètre.
h* ordre des GHOimROPTéRTGiBNs , ou TII* ordre ^ delà
classe des poissons.
SnmoxnExrs ou GHOHDROPTÉnTGiEif s à branchies libres.
' Les ouies n^offrent qu^un seul orifice très-ouvert et
gpmi d^un opercule , mais sans rayons à la membrane
Iri&nchiale.
' Les V* et YI* ordres , les Lophobranches et les Plec-
iagMihes, ne renferment que des poissons marins, étrangers
à notre département et aux eanx douces de la France.
( 298 )
Genre. Estubgeok. Acipenser, Linn.
Bouche placée sous le museau , petite et dénuée de
dents; corps plus ou moins garni d^écussons osseux ,
implantés sur la peau en rangées longitudinales. '
Bloch, Ichthyologie , part, m y p* 78.
XXXVIII. L'Esturgeon ordinaire. Acipenser sturio,
Linn. y Gmel., Se. naU, édit. xiii, p. i483 , sp. i.
Bloch, Ichthyologie , part, m , p. 80 y pi. lxszviii.
Buhainçl , Pêches , 2* part., sect, tue , p a20 , pi, z et ii.
Lacépède , Hlst. nat. Poiss,, tom, a , p. 257.
Nouv. £>ict, d'Hist. nat., édit. 2, tom. i, p» i5o. Acipenaor
Esturgeon, tom. z, p. 479. Esturgeon.
£)ict des Se. nat., tom. xv, p, 371. Atlas ,ichthyoL, pi. 10.
J. Hermaun, Observât, zoologicœ , p. 294.
Geoffr., Mat. médic.,in-\** y tom. 3, p. 187.
Ce poisson est connu depuis longtemps : Jçs Anciens
Font signalé ; dans le Moyen- Age , Albèrt-le-Grand ,
Opéra, tom. vi, p. 669, et Vincent de Bteauvais /
Spéculum natur,, tom. 1, lih. xvii, cap. xcv, ont parlé
de TEsturgeon.
Rondelet , de Piscibus flu^iatilib. lib,, cap. vi ,
p. 173 , Da. Attila^ donne une n;iauvaise figure de
l'Esturgeon.
L^Eslurgeon ordinaire se reconnaît aux écussons forts
et épineux disposés sur cinq rangs.
Ces écussons sont de véritable$ éicâilles dont la forme
et la grosseur ei^fqnt de vrais boucliers.
Il remonte les fleuves à Pépoque du frai : il fréquente
la Loire , le Rhône ; ainsi il n'est point surprenant qu'on
en prenne quelquefois dans nos environs.
Il y a une trentaine d'années , à l'époque des Aloses^
un Esturgeon a:été pris dans le Doobs. M. Moreau ^
( 899 )
président du Gomicé central d^Agricnhare , de Dijon ,
qni Ta vu , m*a dit qu^il avait environ hait pieds de
longaeur. Ge poisson suivant des bateaux de sel , avait
remonté le Bhâne , la Saône , et s^était engagé dans la
rivière du Doubs ' . A peu près à la même époque
un autre Esturgeon a été pris à Lyon , près de Tem-
bouchure de la Saône. Sa chair est assez semblable à
celle du veau.
L'Esturgeon peut avec sa mâchoire supérieure fouiller
dans la bourbe et le sable , et faire passer dans sa gueule
les poissons et les vers quUl y trouve. Il se nourrit de
Harengs , de Maquereaux et de Gades ; engagé dans
les fleuves , il attaque les Saumons ; sa chair est grasse
et de bon goût, sa laite est surtout fort délicate^ ce
poisson fraie au printemps, c'est«a-dire en avril et en
mai. Ses. œufs sont de la grosseur d'un grain de chêne vis.
L'épine dorsale de PEsturgeon consiste en un car*
tilage homogène et demi-transparent-, mais beaucoup des
os de sa tête et de son épaule ont au moins une lame
de leur sur&ce, complètement durcie et ossifiée.
On compte 2,8 vertèbres.
En partie, dans l'Esturgeon le trou de communica-
tion des vertèbres est si large que les corps des vertèbres
peuvent être considérés comme des anneaux , et que le
cordon qui les enfile n'a point d'inégalités dans son dia-
mètre.
n se forme dansTrés reins de l'Esturgeon commun ,
et dans ceux du Hausen , une production calculeuse
rayonnée du centrera la circonférence ; le peuple Russe
' n aurait pu totit aussi Lien remonter la SaAne plus
kautf et se laisser prendre dans la partie de cette rivière
quitraTerse notre département.
( 300 )
lui attribtie des vertus merveilleuses. BuUei. Féruss.,
18309 Se. nat.y lom. xxni, p. i3i.
Oa trouve quelquefoisdaas les intestins de rEsturgecm :
i"* VEcfunoFynchus.sturioms, Goèze, Gmel. , p.
SoSoj sp. 48.
%• VOpfÙQSiome de t Esturgeon , Dict. Se. nat.,
tom. 57, p. 540 , pi. 3o , fig. 7* .
3i^ Le MonostomafoUaceum, Dict. Se. nat., tom* 57,
p. 582.
4"* Sur les branchies et les opercules de ce poisson vit
hi^Nitfschie élégante, Dict. Se* nat., tom. 5y , p. $68.
yni* ordre des Poissons. Il* ordre des GinTiLiGurscx.
CBONDROPTiRiGiENS à brauchies fixes.
Dans ces poissons, les branchies sont attachées à la
peau par leur bord extérieur ; en sorte que Vèmx ne
isort de leurs intervalles que par des trous de la sÂïr&ice.
1'* femille. SELiaENs.
Elle comprend les Squales ; la peau de plusieurs f en^
tr'eux est employée dans les arts pour polir : et les
Raies, dont la Bouclée et la Ronce se trouvent sur hos
marchés et se voient fréquemment pendues aux crochets
de nos restaurateurs.
2* famille. Suceurs.
Les poissons de cette iamiUc n'ont ni pectorales ni
ventrales \ leurs parties dures n^^ consbtent qu'en un
cartilage homogène et demi-tcansparent^ leur corps,
alongé, se termine en avant par une lèvre charnue,
circulaire ou demi-circuljaire \ et Panneau cartilag[in6ux
qui suj^rte cette lèvre , résulte de la soudure des pa«
latins et des mandibulairea. ^
( 8M )
Le corps de tontes les vértèbtes^ est traversé par un
seul cordon tendineux , rempli intérienrement d*une
substance mucilagineuse ( corde ) qui n^ëprouve point
d'étranglemens , et qui les réduit à la condition d'an-
neaux cartilagineux à peine distincts les una des autres.
Cette corde ne constitue pas Tépine; elle représente
seulement les cartilages intervertébraux. AcU Paris. ,
1821, i8a6, tom. v, Hist. , p. 188. Cuvier, Progrès
des Se* nat., i834 9 tom. 4 9 P* ^^9 ^3.
Genre Lamfeotx* Dict* Se. nat., tom. 89, p. 3i2.
Petromyzon '•
L^enveloppe générale du corps ne parait rien offrir
qui ressemble à des écailles.
: Canutères génériques : Sept ouvertures branchiales
de chaque câté \ la peau se relève au-dessus et au-des-
sous de la queue , en une arête ou plutôt en une crête
longitudinale qui tient lieu de nageoires , mais où les
rayons ne s^aperçoivent que comme des fibres à peine
Les deux narines de la Lamproie scmt rapprochées sur
k sommet de la tête , et s^ouvrent par une petite ouver*
tare commune.
•
XXXIX. La grande Lamp&oib , Lamproie marbrée ^
Lamproie marine, Petromyzon marinus, Linn«, Gmd.^
Se. nat., xin, p. i5i3, sp. 1.
' Moch y IchtkyologU , part, ttty p- ^i^pl- lzxtu.
Boanaterre, Tableau £ncycl. , ichthyol. , tab, i^fig* i.
* ' -
• De mf%, pierre, et ^vj.,, je suce; traduction grecque
it peints lambere, d'où lamhenB petra9^ parce que ce pois-
son adhère aux pierres , par sa bouclie.
( 802 )
Lacépèdei HUt. naL Poissons, tom, i, ^. 3»
Rondelet, de Piscib. maria, , lib, xiv, cap. m. De Lampeirl.
Gesner, Ue Jtquatil,, p. 697. Lampetra ' major fluriatilis.
AldroYandi , de Piscib, , p, 533. Lampetra major.
. J. Hennaiiny Observât. %oelog.,p, 290.
AUbert-le-Grand : Tertium (îiampetne gênas } est magnom ad spis-
ntaduiem krachii homiuis , et ad longitudinem cnlxiti yei ampliosy
et non^ habet oculos. Gesner, de ^quatilib. , p, 702 , lin, 3o.
Getner n*a pas remanpié qa*Albert-le-Graad co^fonciait b Lam-
proie avec i'Ângoiiley qui effectiTement n*a point d'eTens Çoculùs)
latéraux.
Au sarplas , Gesner , de AqumHUb,, p, 698 , parait confondre I^
Lamproie , la Lotte , le Mal , FAnguille. etc.
Jfouv. Dict. t^kist, nat., édit, 2, tom, sS, jy. ^35. PetromjKon
Lamproie.
Dict. des Se, nat., tom, Sç, p. 3 18. La grande Lamproie. Atlas ^
IchthyoL, pi, 17.
Le dos d^iin vert brunâtre où jaunâtre , marbré <fe
brun ; corps anguilliforme , uni , couvert d'une mucosité
gluante \ deux nageoires dorsales bien distinctes et d'une
couleur orangée pâle ; corps long de deux à trois pieds ^
marbré de brun sur un fond jaunâtre; la prem^ré
dorsale bien distincte de la seconde ; detix grosses dents
rapprochées au haut de Panneau maxillaire \ les dents
nombretises, pyramidales, disposées en cercle dans la
cavité de la bouche , sont des caractères sufiisans pour
distinguer ce poisson de ses congénères.
La Lamproie marine remonte les rivières au prin-
temps , à répoque du Irai , aux mois de mars , avril et
mai , suivant Bloch ; lorsqu'elle commence à s^engagef
dans Fembouchure des fleuves , son squelette est géla-
tineux ou à peine visible ; plus tard il s'épaissit; c'est
' Lampetra mustela dicîtur, nam nt gale, ( >«x?, id est
mnstela ) , serpentes perseqnîtar. Gesner, de dquaiUibtts^
/>. 700, Uuf 52. Gesner atlribne à la Lamproie une habitude
de rAngoille et de iâ Lotte. -^'
ce qaè fe Vo%tfirfe appelle la Carde, et il se durcit à la
fio de là «biMi. Aussi , ce poisson , qoi atteint la taiUe
de «ketà à cinq pieds^ a la chair très-délicate, surtout
lorsqu'il y a peu de temps qu'il a quitté la mer. C'est
nn manger très^stimé.
Tons les ans 9 le jour de la St. Thomas d'Acquin, an
Duc de Bourgogne régalait son confesseur avec une
Lamproie ; et s'il n'était pas possible de se procurer un
poisson de cette espèce, il lui faisait donner , en dédom-
magement , une certaine somme.
Cette anecdote étant relative à notre département ,
je rapporte la pièce originale qui la constate :
JEiai des Officiers et Domestiques de Jzàjs , Duc de
Bourgogne.
Confesseur :
Frère Jean MA&cHAirr , Evéque de Bethléem.
M. le Duc donna è M. de Bethléem, son confesseur ,
irois francs , le quatre mars , pour et en récompensatioa
de la Lamproie saint Thomas d'Acquin (tombant le
7 mars) , dont on ne peut finer (trouver) à Provins où
il étoit , laquelle ledit confesseur a accoustumé d^avoir
tous les ans. Compte de Jean de Noident, commençant
le i*'jamner 1418 ^finissant le dernier juin i4' 9«
Voyez Mémoires pour sentir à (histoire de France et
de Bourgogne , par M. de la Barre, Paris, in-4% 1729^
tom. 2 , p. 92.
Ces Hémoires ont été recueillis par Dom des Salles ,
Bénédictin , et mis au jour par de la Barre. L^exemplaire
de la Bibliothèque du Roi l'attribue àN. de Bois-Morel,
religieux de St. -Bénigne de Dijon , qui se fit protestant.
Voy. tiarbier, Dict. des Ous^rages anonymes, a* édit.,
i8i3, tom. 2y p, 393, w® 11713.
/
(804)
Les dttails cootenius dans la pièce cfoe je tiens de
dler y sont bien plas exacts que ceux conaJU^nés dans le
JHct» des Se. nat., iom. Sç , p. 322 , et reprodniHiJk? la
manière suivante; :
« Le confesseur de Philippe-le-Hardi était un domi-
nicain , qui , d'après deux bulles d^Urbain Y , pouvait
te dispenser du jeûne et de Tabstinence de la cbair. On
donnait à ce confesseur une Lamproie , le jour de la
St. Tbomas d*Aoquin , ou 4^ sok s'il ne s^en trouvait
pas. » n avait boiKhe à la Cour et loo livres de pension,
assignées sur la terre d'Arconcey. France Uuér. , i836,
fom. 24, p* 128.
Les Ducs de Bourgogne, Philippe-le-Hardi et ensuite
lean-sans-Peur , envoyaient chaque année, le 17 jan-
vier, une oflErande aux Antonins (religieux de saint
Antoine) de Norges près Dijon , Abnanach de la pro-
innce, 17779 p* 2i5 , et cette offrande consistait en au-
tant de porcs gras qu'il y avait de princes et de
princesses dans leur maison. Philippe -le -Hardi en
donna neuf en 1896. France littéraire , i836, tom. 24,
pp. 128, 129.
M. Pataille , à Toccasion de la Lamproie , me transmet
les renseignemens suivans , qu'il tenait d*un excellent
pécheur d'Heuilley : « La Lamproie , en quittant la mer
« pour se rendre dans nos rivières, n'est point arrêtée
« par les écluses \ lorsqu'elle se trouve barrée par une
<( portière , d'après la conformation de sa bouche et de
« ses dents , elle s'attache fortement à la portière , &it
(( un mouvement de la queue qui la jette et la lance
c( plus haut , où elle s'attache de nouveau , et ainsi de
u suite, jusqu'à ce qu'elle soit parvenue à franchir la
c( barrière qui l'arrêtait. Quelquefois même elle s'at*
« tache ainsi après les bateaux , oii elle est si fortement
( 305 )
t fixée, qtfon ne peut Ten arracher. » Lettre du
Ad 0Oûi i836.
La Lamproie peut perdre de très-grandes portions de
son corps , sans être pour cela privée de la vie.
La Lamproie se nourrit de substances animales mortes
ou vivantes ; fieiisant sa proie de petits poissons , elle
devient elle-même celle des Brochets et d'autres poissons
voraces , ainsi que des Loutres, aux poursuites desquels
elle échappe par la fuite ou par une retraite dans
quelque réduit obscur et étroit. Elle atteint une grosseur
considérable \ celle décrite par Bloch avait trois pieds
de long et pesait trois livres ; quelquefois elle pèse de
quatre à six livres , et est grosse comme le bras.
Peut-être est-ce à cause du bon goût de ce poisson ,
que la ville de Glocester est dans Tusage de faire tous
les ans présent au roi d'Angleterre, d'un pâté do
Lamproie , aux fêtes de Noël ; Bloch , part, m , p. 32 ;
et comme elles sont très-rares dans cette saison , on
donne quelquefois jusqu^à une guinée pour une seule
Lamproie.
L^ovaire de ce poisson consiste en petits disques , ou
plaques très-minces , attachées en arrière le long de
ré[nne du dot, à un vaisseau comme un lacet ; les œufs
sont de couleur d'orange et de la grosseur de grains de
pavot.
Thom. Bartholin donne, dans la centurie Y, une
note de Bhodius sur la couleur tantôt rouge, tantôt
verte du foie de la Lamproie. Guvier , Histoire natur.
des Poissons, iom. i, p. 68.
Les dents de la Lamproie sont des cornets minces
moulés SOT des germes assez charnus -, il y en a sur les
lèvres, sur les mâchoires et sur la langue, de formes
et de directions différentes , sur lesquelles Guvier pro-
( 306 )
mettait , Hisi. mO. des Poissons, tom. i , p* 49^ > M
revenir. La mort de ce savant nous privera de tous les
détails qu*oQ attendait de lui.
On trouve dans la Lamproie XeMonosloma temUcoUis,
Dict. Se. nat., tom. 67 , p. 58a.
XL. La Satoillc. Peiromyzon branchiaUs. Linn. ,
Gmel. , S. N. , éd. xiu, tom. 1 , p. i5i5 , sp. 3.
Bloch y Ichik» , part, m 9 p* 37 , pi. lxviii , flg. a. Le Lamprillon.
Bonnaterre, Tabl, Encyclop, , Ichtyologie , pi, if fig* 3 (i).
liscépède , Hist, nat, des Poiss., tom, ly p. 34*
J. Hermano , Obsetv, zoolog, , p, 391.
Jf. D, d'Blst, n, , éd, a , t, a5 , p. 4^6. Peiromyzon Lamprojon.
Bondeiel, de Piscihus flutdatU, liber , cap, nxir^ p, aoa.
Meyer f Représent,, tom, a y pi, 97. Die N eûnaofe.
<
Ce poisson , qui se tient dans la vase des ruisseaux, a
beaucoup des habitudes des vers auxquels il ressemble
tant par sa forme \ il est connu depuis long*-temps sous
les noms de Chatouille, Chatoille, Chatillon, CUvdle,
Lamprillon, Lamprojyon, etc.
Albert-le-6rand le signale par ces mots : unum p«r-
vum generis Danubio quasi calami quantitatem et palmi
longitudine non excedens. Gesner j p. jo%y Un. at8.
Gesner , de AquaûL , p. 706 , dit que le nom de
'ChaioiUe a été donné à ce poisson , parce que renfermé
dans la main, il y produit , par ses mouvemeos^ une
sorte de chatouillement particulier.
Cresner s*est trompé dans cette explication : les qoqis
de Saioille, Satouille, Chatoille, Chatillon, dérivent
tous par corruption de celui Sept œil, Sept-em ocnU,
donné originairement à ce poisson , à cause de ses $1^
ouvertures branchiales de chaque côté.
Les Allemands le désignaient sous le nom de iVisu*
(307)
npi^en, Nmmaugen ■ enneopklhabtmt , à cause, dit
Gesoer , des sept oaTertures branchiales et des deux
yem, de j/ifâotU. , p. 740 , lin. 60 , p. laSi , laSa. Il
"valait mieux dire, à cause de sept ouvertures bran-
chiales, de celle de Tcnl, et de celle de la narine,
aboutissant à un soupirail commun ^ .
* Flemmiag , dans son Traité sur la pêche , a fait repré*
senter, pi. L, ce poisson | ayec neuf onrertnres de chaque
côté.
Si , comme on le dit dans le Dict. des Se, nat,, tom* 34$
p, 49^ 9 1^ >aot Neunaage est un des noms allenuinds da
Misgun fossile ^ CobiUsJossUis , Linn., c^est par suite d'une
erreur dépendant de la confusion faite par les anciens
ickthyologistes, qui ont rangé , sous le titre Mustela, tous
les poissons angttilliformes, c'est-à-dire, à corps alongé et
cjlindroUe, on cylindrique.
A Tarticle Lote nous avons déjà signalé Tabns du mémo
nom donné à difFérens poissons. ^
a 'Block , et Bonnaterre son copiste , pour faire ressortir
Feront de l'Ammocète Lamproyon , ont représenté un jet
d'eau sortant de cette partie, ainsi que Tarait déjà fait
Rondelet.
En parlant du Pefromyzon Pricka , Bosc , Nom. Dict*
d*hist. nat., édit* a ^ tom» 7.S ^ p. 436 , dit : ce Dnmëril en
«e a fait un genre , sous le nom d'Âmmocète. as
Cet article prouve la négligence avec laquelle Bosc tra-
vaillait, même sur les objets les plus communs. Dans le cas
présent il a confondu la Pricka , ou Lamproie de rivière , que
M. Duméril laisse dans le genre Petromyzortp avec le Lam-
prillon, dont il a fait effectivement le genre Ammocète*
1 Le rédacteur de l'article Lamproie, Z>/c/./7/7A)r. d^hist.
nai. i^ i836 , tom, 4 ) P* 34o 9 regarde , mais à tort^ la petite
lamproie, Pfitro/nyzon planeri , comme étant hiSatoille.
^
( 3eé )
On Conçoit facilement lé seiiis de Lamprojrôn , Lam^^
prillony diminutif du mot Lamproie.
Le nom de Civelle vient de Cweide, avoine, parce
que les Ammocœtes se mangpent en masse , comme les
chevaux mangent l'avoine. Cette explication 'est <lonnée
par Sachs Gammarol. P. 97 , à Foccasion de la Civade
(^crangon vulgaire) ; e garumna, dit-4l, copiosc extra*
hunt et pusiliatim dévorant , sicut avenam veterinae.
Ce petit poisson long de six à huit pouces , gros comme
un fort tuyau de plume , a été accusé à tort de sucer
les branchies des poissons ^ .
Le corps est cylindrique , annelé, pointu aux deux
extrémités; la bouche est dépourvue de dents; et par
en bas, le bord en est coupé des deux cotés.
Gesner en a parlé sous les titres : Minimœ lampredœ
icon, p. 706; Mustela sive Lampetra minor BellonU,
p, 696; Murœnœ genus v^alde parvum in Danubio
quasi calami quantitatem et palmi hngitudirte non exee*
dens y p. 702; Lumbricus aquaticus , die Neiîneugen,
p. 703.
Aldro vandi, d!ePÎ5ciJ., p. 58i, de Lampetra^uinadU*
Duhamel , Traité général des pêches , toni. i , sect, i,
p. 3o , se contente de dire : a la Chatouille est une espèce
ce de petite Lamproye , grosse seulement comme un
« tuyau de plume à écrire et qui se trouve dans la vase}
« c'est un excellent appât. »
Ce poisson est fort bon à manger en friture ; mais il
est repoussé par beaucoup de personnes , à cause de
sa ressemblance avec un Lombric.
< Oo l'a accusé de sucer les branchies des poissons^ peut-
être parce qu'on le confondait avec le Petrotnyzonplaneri,
CuTÎer , Règn. unim., édit. 9 , tom, 2 , p. 406.
( 300 }
. Bonddet d&igae.ce pflMoo sous le nom. de Lam-^
projon, de ChatUlon, Lamprillon, et le caractérise par la
phra^ suivante : jiliœ ( Lampetne) , x^ermibus terres^
tribut, crassioribus €Lssimilantur. Lampetra parva, et
fluviatilis.
Dans le Dictionnaire des Sciences naturelles, tom. 2 ,
supplément, p. i5, n'' a, la SatoUle est décrite sous le
nom à^Ammocaste lamprojon ; elle diffère des Pélro-
myzons^ parce que sa bouche est dépourvue de dents.'
Le nom d'Ammocœte vient du grec «/«ftt« ( sable ) ,
et ntîTK (lit), parce que Tanimal vit ordinairement
dans le sable, où il se tient habituellement.
Mon confrère M. le docteur Bourrée, médecin à Châ-
tillon, dit ce poisson très commun dans toutes les rivières
du Châtillonnais , où Ton s'en sert pour faire des appâts
pour pécher F Anguille.
Un autre confrère, M. leD. Andriot, médecin à Fon-
taine-Française, auquel j'avais écrit pour obtenir le
nom des poissons de la Yingeanne , me dit dans sa ré-
ponse très obligeante : « Dans mon jeune âge j'y (dans
« la Venelle) ai souvent pris , surtout dans les fossés qui
« avoisinent la rivière , une espèce de petite Anguille
.« jaune qu^on appelle Satouille dans le pays. »
Ces détails suffisent pour faire reconnaître VAmmo^
Costa .lamprayon, désigné sous le nom de Branchiale
^àa!OA.VEncYcL méthod., Hist. naU, tom. 3, Poissons.
Tontes les parties qui devraient constituer le squelette
àeUiSaiÊoUle, sont tellement molles et membraneuses ' ,
> Les Ammocètes n^ont pins de squelette ; toat leur ap-
pareil musculaire n^a que de^ appuis tendineux ou membra-
neux. Cuyier , Jlist. nat, des Poissons, tom, 1 , p. 568.
D'autres poissons présentent une structure aussi singu-
-:â^
(310)
qu^on pourrait considérer ce poisson comme n'ayant
point d'os du tout.
L^ouverture de la bouche, mince et accompagnée
de deux lobes , est garnie d*une rangée de ]^tits
barbillons branchus *, sa lèvre charnue n'est que
demi-circulaire, et ne couvre que le dessus de Ift bou-
che ; aussi F Ammocète , dont la forme générale et les
trous extérieurs des branchies sont les mêmes que
dans les Lamproies, ne peut-il se fixer comme lesr Lam-
)>roies proprement dites, et lorsqu'on l'accusait de
sucer les branchies des poissons , cette assertion venait
de ce qu'on la confondait avec le Petromjzon Planeri.
Nageoires à peine visibles. Les dorsales sont unies
entre elles et à la caudale , en forme de replis bas et
sinueux.
liére; outre le Myxine glutinosa , Linn. ^ Gasiroh.ranchus
cœcuSf Bloch ^ les Trachyptères et les Gymnètres en offrent
une analogue .
ce Leur squelette , quoique fibreux , est y dans toutes ses
parties , tendre comme celui du Cycloptère ; les os de la tête
ont à peine pliis de consistance que du carton fouillé \ lés
vertèbres tiennent si peu enseiiible , que le corps se brise dé
lui-même par les efforts du poisson ^iyant | comme celui de
rOrvet ou de POphisaure, ou comme lia queue du lésard*
Ses longs rayons , dans le premier Age surtout , se romqpent
comme des fils de verre \ la chair est si molle , qiu^eUt se dé-
compose en quelques heures, et que même data*l^eB{^t
de vin le corps se conserve difficilement entier. 39 Cuvier^
Hist. naU des Poissons , tom, x , p. 325,
CHIRURGIE.
RAPPORT
FAIT AV VOX D^ITHE COMMU6IOH COMFOSéS DE XX. SiXGtlEêf
SEZré BT PINGEON,
SUR tTN BRATËR PERFECTIONNÉ ,
yftilSATé FAft M. BOISAKT , CBlUUliaiBV-DBKTUTB-'aSllVlAtlf'
DU COLLiaS XOTAL'BT DSS P&lffOVS DB DUOV»
On a fidt de nombreuses tentatives ponr perfectionner
le brayer , et le rendre plus propre à remplir les indica*
tbns offertes par les bemies ; mais toutes les modifica««
tions tentées par k science ou signalées avec grand bmit
par le cbarlatanisme, n^ont pas jusqu'à ce jour rempli
le but qui les a fidt proposer; le praticien est toujours
oUigé de revenir an brayer ordinaire , et ces déceptions
continuelles lui font accueillir avec défiiveur toutes
its corrections proposées comme un perfectionnement.
Telles sont les préventions sous Tinfluence desquelles
nous nous sommes livrés à Texamen des principes et des
observations qui ont conduit M. Borsary, cbirurgien-»
deatiste-bemiaire du GoUége royal et des Prisons de
Dijon , à modifier un instrument généralement r^rdé
tsomme approcbant delà perfe^stion ; et i^us n'étions pas
«uis qœkpies craintes relativement à la' valeur de Ml
modifications; mab, nous devons le dire à la louange dé
M. Borsary , notre examen lui a été plus favorable que
nous n^osions Tiespérer.
En eflet , aucun bandage -n'a offisrt jusquMci les
mêmes avantages , savoir la mobilité de la peiotte dans
tous les sens , et la solidité du porte-pelotte« Ici , Técus^.
o« )
son est mobile ou immobile à la volonté du malade ; il se
meut de droite à gauche et de gauche à droite , selon le
besoin , à Taide d'une vis de pression goudronnée ; upe
ouverture longitudinale pratiquée à la plaque du porte-
pelotte , donne passage à deux boutons fixés sur la plaque
de la pelotte qui peut s'élever ou descendre à volonté ,
et qui est maintenue au point convenable par une cré-
maillère d^itel^e , ce qui permet au malade de chan-
ger fiicilement et à volonté la pelotte , et de la diriger
dans le sens le plus désirable.
Ce mécanisme si simple mérite d'autant plus les
éloges , qu'il permet à la pelotte du brayer, d'agir (dus
directement sur l'ouverture herniaire , d'en circonscrire
plus rigoureusement les i dimensions, et de multipUcir
son application à tous les- cas , sans rien pter à la soUdilé
du bandage; oes perfectionnemens. paraîtront encore
avoir plus de valeur » nous ajoutons que le prix de œ
brayer ne dépassera pas celui de l'ancien , et que dès-
lors il restera à la portée de toutes les fortune^.
M. Borsary a donc fait une chose utile à la.Gûrorgîé
liemiaire , et l'expérience viendra sans doute confirmer
ces prévisions. Qn sait d'ailleurs que le brayer <Nrdinaire
n^a pas toujpurs le pouvoir de maintenir les hernies,
celles des vieillards surtout ^ et que cela tient à ce quH
ncrpout pas dans tous les cas s'adapter convenablement
Il 4eg pcirties qui joffrent dUnfinies variétés de confor-
mation. Sans doute on peut le plus isouvent , par une
lik*sion plus ou moins prononcée du ressort , satis&ire
à toutes les exigences dé ces dispositions organiques ;
mais quelquefois aussi c'est vainement qu'on tourmente
l'instrument pour lui faire atteindre complètement le
but ; il reste insuffisant, et la hernie continue à s'échap-
per au dehors.
I
(313)
En multipliant davantage son action et en la particu-
larisant mieux, le brayer de M. Borsary doit plus
efficacement satisfaire à ces exigences , si même il n'en
triomphe pas dans la plupart des cas *, aussi n^avons-nous
pas hésité à le regarder comme étant plus propre que
l'ancien» à remplir toutes les indications réclamées
pour la complète' contention des hernies , et à rendre
tous lies services que Ton est en droit d^attendre d'un
liandage herniaire , surtout si , comme nous l'avons in-
diqué à l'auteur, il s^attache à donner à son instrument
toute la solidité dont il nous a paru susceptible.
Tels sont les motifs sur lesquels repose Tapprobcition
que nous vous proposons de donner, aux perfectionne-
mens introduits dans le brayer par M. Borsary, et Tin*
sertion , dans vos Mémoires , de la description suivante
de son bandage, accompagnée de la figure destinée à
en rendre Pintelligence plus &cile.
DESCRIPTION DU BANDâCE DE M. BORSAAT.
Sons le ressort H I J K , on voit une plaque en enivre
£xée par deux vis, dont Fnne sert à maintenir la plaque ^
«t Tantre Técnsson qui porte la pelotte et qui joue librement
dans la fourchette formée par le bout du ressort et la plaque
<le cnirre. Le porte-pelotte a tee entaille semicirculaire ^
qui lai permet un mouTement d^ler et venir selon le be-
soin ^ et qu'on arrête au point désiré par une vis de pression
à, t£te goudronnée N. Une ouverture longitudinale pra-
^'tîiquèe à Técusson qui porte la pelotte , est destinée à donner
^Missage à deux boutons accolés, fixés sur la plaque de la
jfàl/OÊ/bc I qui peut , par ce moyen , monter et descendre à
^TÎSbliié. Elle est maintenue au point convenable par une
crémaillère dentelée , fixée elle-même dans le haut par une
"^O, et appuyée par un ressort qui la presse. Au moyen
de ce mécanisme ^ on voit que Ton peut changer facilement
(314)
6l à Tolonté les pelottes et les diriger selon le besoin. L*oa*
Terture longitudinale est pratiquée de manière à introduire
les pelottes de bas en haut , au moyen d'un pont en cuivre ,
rivé de chaque ç6té de Touverture , pour empêcher Técar-
tement de la plaque en écusson du porte-pelotte M, et en
assurer la solidité. Un autre pont^ placé à côté de Tentaille
longitudinale, sert à donner passage à It courroie du ban-
dage qui se fixe au crochet qui lui est opposé. La longueur
du fer à bandage ordinaire doit être relative à la circonft4
rence du bassin , qui varie depuis 8,99 10, i2 0ui5 ponces
pour les enfans , et de 1 5 à 22 ponces pour les adultes.
Le mécanisme de ce bandage est le même pour les hernies
doubles, inguinales ou crurales; seulement 9 éoit être à
deux branches et k deux ressorts.
EXPUGATIOIV DE LÀ PLANCHE.
FIGVBE ire.
A) B, C}D, E, Bandage enve}oppé de ses garnitures et monté
de sa pelotte garnie.
F 9 Pelotte de rechange de ce Bandage»
G y Couverture en maroquin qui recouvre Fécns-
son et qui tient à la vis goudronnée et bou-
tonnée à la partie inférieure de la crémaillère.
FIOURE 2«»
H) ly J| K, Ressort à nv.
L j Plaque en acier non garnie.
M y Ecusson détaillé armé de sa crémaillère.
N, Vis goudronnée de Tentaille semi-circulaire*
O I Petite vis servant à fixer le ressort - après son
écusson.
P y Extrémités du ressort. Bandage à deux branches
réunies par une courroie postérîeurem^t f
formant de petites pelottes avec leurs garni-
tures.
TABLE
DES MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE DES SCIEPTCES^ ARTS
ET BELLES-LETTRES DE DUON.
PARTIE DES SCIENCES.
mSTOlRE NATURELLE DES POISSONS de la G0TE-D*0R.
Abdmninaax (poissons) , p. 89, 88. Angnilles bornes, p. apa.
AUe, p. i5, 34, i3]y 204» ao8 y Anguille retirée d'au poits^ p. 396.
309, ai 1 y aia, sai . uénguis fragilis , p. 90.
AUe bordéy p. aie, ai5, ai8. ^nodon scaber , p. ia5.
Able rayé y p. aie, ai 3, ai 5. Aocdoote, p. a3.
AUes, p. 57 y 146, i6iy i66j ai3 , ^plysia protea , p. 34*
970. Apodes ( poissons ), p. 3o, 58, 990.
AUet , p. ao8. Apron , p. 56 , 69» 80 y oa.
AUette, p. 93, ao4y ao8; ato. jipus cancnformis , p. Sa.
jibramU,^, i38. jiquo , p. a8a.
jÊbramis blicca , p. 14a. Araignée ichthyopbage , p. 107.
Académie degrUmidi, p. a5. — pêcheuse, p. 107.
Acanthoptérygiens ( poissons )y ^r^ntina sphyrœna , p. 21 3.
p. 56^ 69. ^ristosius , p. 369.
AcanUrarcy p. 119. ^ristosus, p. 369.
— Uea , p. 130. Artière , p. 84*
Acérine yfugaire, p. 68 » 74-77* Ascaride de la Perche, p. 67.
Achon , p. i55. jâscaris acus, p. aii •
jicipenser sturio , p. 298. — anatis , p. 396.
Aco ^ p. 383. • ' — anfçuillœ , p. aoS, 904*
jiaiieati altentm genus , p. 87. — fanonis , p. 36^, 376.
Agoiiy p. 378. — globicola, p. 86.
Agone, p. 377. — éobionis,^, i3o.
AfoneOy p. 383. -^lacustru, p. 86 , 341*
Agro^es , p. 33. •» marina , p. 355.
Alachia^ p. ajg, •» perccB, p. 67.
jilausa , p. 369. •» trutUB, p. 3o3 , 376.
Albicula,^, 199. jésper pisciculus , p. 09.-
jâlbula minima , p. 383. Aspreao JohanncB , p. 75.
-~ minor, p. 310. Aspro vulgaris , p. 69.
Jilhumus, p. 3o8. 31 G. Astacus fiiviatilis , p. 29.
Alei mogeii , p. i53. — paivus , p. 33.
Alenae, p. 101. Athérine, p. io8.
Alonge, p. 189. Attilus , p. 998.
Aloae, 1^. 53y 58, 368. Aubet, p. 308.
Ame-noire, p. i8)Q. Auchon, p. i55.
Amoiocète, p. a33. Auçon,jp. i55.
AmBOcète Lamproyon , p. 11, 14, Auricula Dombei, p. 3a.
6é. p. 3o6-3io. Avaloirs , p. 354.
Ampiiacanthe, p. 4a, 306. Aveugles (poissons), p. 239, 289.
Amphibia nantes, p. 54* Azellottes, p. 34*
Andromis, p: 338. Azerottes, p. 34.
Aagana, p. 199. Balistes, p. 55,
A]igiiille,p. 17^ 5o^58, 285}S86, Ballenu,^. i4| 141, i4j, 168,
290|3oa. :so7.
(316)
Branchies ) p. S/.
Branchiobdele , p. 32. _ r
Brauchiostèges ( poissonB *) , p. 53.
Brème, p. ôj^ 93» i3i, 1^7 , 169.
L gardonaée, p. i44*
•— (petite), p. 122 , 142.
Srena, p. iSç.
Brochet, p. 16, 4^ » 4^» ^^ > ^»
io5, 234'
— aveugle , p. 239.
•>- contrefait , p. 239.
Buhulca Bellonii, p. 120, i2a« ,
Bufo fuscus , p. 22, i3o.
Cai>ot, p. 202.
— testa , p. 78.
Caligus Miuleri, p. 253.'
CaUpso dangereuse , p. 32.
Canard, p. 107.
Canards de Valvasor« p. 239.
Cancer astacus , p. 29.
— fluviatilis , p. 29,
— m^er, p. 25).
Cantharis aquatica,-^, 34.
Cap beyré « p* ^*
Capelan , pi' 196.
Capitatus , p. ^^9-81.
Capito Ausonii , p, 191 , 195.
— fluviatilis, p. i49 9 1^3, 2o3.
Carangue , p. 35.
Caranx , p, 35.
Carassin, p. 116.
Carreau, p. iiC.
Bamhèle, p. 221.
Bambèle (petite ) ) pu 194*
Baue, p. 00.
Barbatula , p. 225.
Barbeau, p. 16, 17, 57 > 92, 125»
l5l, 2.^2.
Barbeau ( tête, de) , p^ 126.
Barbot ( petit) , p. 226.
Barbota , p. :^84t 285.
Barbote , p. 11, 1 25 , 284 « 285.
Barbote (franche), p. 232.
Barbote grasse , p. 23i.
Barbou , p. 225.
Barbus, p. 126.
Baril-de-vin, p. 35. '
Basilic, p. 61.
Baromètre vivant , p. 225.
Binocle de Ptlpinoche, p. 87.
— dn Gastérosté , p. 86.
Blanc, p. i83, 186, ao5.
Blanchaille, p. 146,211.
Blanches, p. aïo.
Blanchet, p. 211.
Blennius raninus, p. jS.
Blick, p. i44<
Biicke, p. 164.
Blicklein, p. 121.
Bopyre , p. 253.
Borbocha, p. 286.
Borboche,p. à86.
Borbotha y p. 286.
Borde, p. 211.
Bordelîere, p. i4» Q0> 93, 124, Carpe, p. 16, 17, 21,28, 4i> ^1^9
i38, 141 ) 14^) '4^ 89, 93, i65, 296.
Borgnes , p. 239, 292.
Boroche , p. 2i5.
Bot, p. 7^.
Botatrissia,'p. Si,
— fluviatuis , p. 286.
Botctrissia , p. 78 , 79.
Botriocéphale du phoxin , p. 222.
— solide , p. 86 , 87, 276.
Carpe à cuir, p. 108.
— beurnote, p. 16 c.
— - dauphin , p. 108.
— épineuse , p. id6 , i6t.
-— à miroir , p. 108.
— monstrueuse, p. 102.
— rouge, p. 11 3.
— • tanche , p. 161.
Botriocephalus clapiceps , p. 294. Carpeau , p. 10 , io3.
— proboscideus , p. 255.
•^- rectangulus , p. 128.
— rugosus , p. 290.
Botte, p. 286.
Bouches-en-flûte, p.' 55.
Boucles de la Baie , p. 60.
Bouille, p. 161.
Boullause , p. 285.
Bourbette, p* 17.
Bourong gema, p. 118.
Bouvier , p. i23.
Bouvière, p. 93, 120, laa,
144, 219, 221.
p. 55,
124
Carpion, p. 264*
Carpione, p. 258.
Carrelet, p. ^\ , i6i«
Cartilagineux (Poissons) ,
297.
Caryophyllœus mutabilis,^, i34f
140.
—piscium^ p. 104, 127, i34> i4^*
Castor, p. 28.
Cazets, p. 34*
Céleri n , p. 277.
Centriscus , p. 5S»
Centropome sandat > p. 76 , 77.
( 317 )
C^ÙIUS, p. l5^y itôy 90I.
-^ fiuviatilis , p. i52y 190, 193^
20a y a2a.
CepiiB , p. u9t,
CtebiMMu , p. i58.
Chahoîaseaii , p. i53, iSç. — trissa, p
Chabot, p. 17, a6, 5o, âi| 7I1 789 ^-^villosa , p. 196.
81, laôy aoa, 337. Clapëe, p. i3i.
ChaboÎMeaay». laa, i53, 168, 169. Clopes, p. a68
Clupea harengttSf'p, 6a.
— Sardineua. p. 10, an, 977*
a8o.
— < sardinia ^ p* 10 , a8S«
•^sprattus , ç. 977.
p. 53.
tus f p. 40.
16,
Chmtodon ûmriticus ,
Chœtodon macrotepiao
Cha^u,p-76.
Chairifiy p. 173.
Ckalot 9 p. 79*
Chalcis, p. sâa.
Charaaain, p. 117.
Ckario , p. 173.
Charrëe y p. 34*
ChassOy p. 78.
Chaasot, p. 78,8a, 397.
Chat y p. 106.
Chatilion , p. a33.
Chatillon, p. a33,3od*
Chaloile, p. a33.
Chatoille, p. 3o6.
Chatouille, p. 161, a33, 3o6'.
Chayigaeaa , p. 160. ,^
Cherin , p. 173, 178, ai 5. — tny malus, p. 964*
Chevalot, p. 160. 101. Corydale,p. 11.
Cheranne, p. 8, 01, 146, 149» i5i, Cotte , p. 56.
i5a, i5o, 160, i6j, i65, 19a. Cottus , p. 78.
Cbevanneau, p. 149* Cottus anostomus, p. 83.
Chevène, p. 166. — gohio, p. 17 , 78, ao^.
CheTeniieaalacLëman,p. 10, 161. Coaleurre , p. 90.
Chevesne, p. 190, 19a. Coulirou, p. 35.
Cheviniau, p. 17, Crangon valgaire, p. 3o8.
Chien marin , p. 76. Crapaud 9 p. 91 » io5.
Chieven , p. i53. Crocodile de nos rivières , p. a37.
Chondropwrygiens ( Poissons ) , Croix augëlique de St. Thomas y
Cobitis aculeata, p. 93o.
— barhatula, p. 11 , iS ,
aa5 , 287.
—fluviatilis , p. a95 , 227.
'•^fossilis , p. 326 , 295 , 307.
— tœnia ^ p. 11 , 12, 227, 23o-
a3a, 387.
Cûchleœ JluviatUes ^ p. 33.
Coluber natriXj p. 90.
'~- scaber , p. 91 , laS.
Coucha longa , p. 34«
Congre, p. 299.
Coracin, p. 71.
Corb, p. 71.
Cordonnier, p. 85.
Corëgone thymale , p. 365.
Conegonus fera , p. 5i, i6a| a39w
— hyemalis , p. 5a.
p. 55 , 58 , 397.
Cbbnan , p. i53L
Ghonette des poissons 9 p. 73.
Chub. p. i53.
OcadaflU^bMU, p. 33.
Cimotho#y p. 67.
Cingle, p. 69.
Ciradiây p. 3o8.
Civelle , p. 3o6 , 3o8.
Claria , p. a85.
Cloa de cheval , p. 79.
Cloporte 9 p* 67.
Clupea , p. 58| 369, 271 , 079.
Clupea alosa , p. i'68.
—faUax, p. 878.
•^ficta, p. 368.
-^finta, p. 978.
p. 947.
-— obtenue d'un seul coup d«
ciseaux , p. 949 •
Guculan de la Perche, p. 68.
Cuculanus elegans , p. 68.
— lacustris > p* 779 355 , 994.
Cyclopterus, p. 55, 3io.
Cyclostoma impurum , p. 33.
Cyprin , p. 89.
Cyprin bouche-en-croissant, p. 8y
i59, 188, 193-196.
-— de la Chine , p. 116.
.— doré, p. ii3, 996.
— fauve, p. i83.
— large, p. 142.
•~- mugile, p. 196.
»-< foux, p. i85».
( 318 )
Cyprin spëcalaîre , p. io3. Cyprinus toxostoma , p> 8, 9 y 93
— tauchor , p. i35. i88, 193 , 195,205.
Crpriaoïdes, p. 57, 89. — uranoscopus , p, 83.
Cyprinus agône, p. ai i^ 278, 379. — vimba , p, 190.
— albumuSf p. 10, 93, 208. — xanthopterus, p» 93 | 147
•^amarus, p. 93, 120, i23, 219. 164.
— aphya, p. 210. Dable, p. 17.
— auratus , p. o3 9 I19. JDacolitnus , p« 23o.
— barbus, p. lOy 17, 92, 125. Daiue, p. 71.
— benacensis , p. 129, 281. Dard , p. 198-200 » ao7«
-— bipunctatus, p. 17, 9a, 171 ^ Z)ardus, p. 207.
siSy 2]4> 316 y 2i8. Dame, p. 256.
— bliccaj^, 12, lii. Dauphin, p. 71.
— brama > p. 93 , 137. . Dauphin ynulgaire, p. ao*
•— carpio , p. 16, 17, 93. Demi-charass, p. 74*
-» -— alepiaotus, p. 108. Dents , p 90.
•— — macrolepidotus , p. 108. Denture des Cyprins, p. 90*
•— cephalus , p. 10 , 160. Dermoptères , p. 25i.
— clauatus ,'p. i56, 180. Didus meptus , ^, 23.
-^ dobula, p. 8, 10, 17, 92, 1499 Z>iodon spinosissimus , p. â3| Sf
i55, 161, 190, 2o3, 222. 55,
•» erythrophthalmus, p. 9, 12, Djpterodon Apron, p. 6g,
i4) 16, 92, i3o, 144) 1719 17^9 Discoboles, p. 55,
181, 180, 200, 207. Distoma globiporum, p. 140.
"—fulpus, p, iJLy 92, l83. ^ infleanim , 1^, 161.
^fuscus, p. 9, q3, i4a> ' 4^> *47» '~" ^oureatum , p. 263»
— ^6x0 , p. 1(5, 92, 128, 220. — nodulosum, p. 68, 77,
*^ grislagine y p. i5 , i52. — tereticolle , p. 24I9 a63,
^— icftfj^ p. 10, 12, 16, i56, '^varica, p. 255.
]58, 161, 173, 191. Dobule,p. 8, 10, 149» i5if 190
'— jaculus ^ p. 9 , i3, 145 92 , 101, 199.
159, 171, 172, 193, 200, 2o4> Dodo , p. 23.
ao5, 207, 208, 210. Dorade, p. 16.
^--'jeses , p. x2, i5, 191, i55- Dorade de la Chine, p. 93, ii3«
i58, 160. Dorée, p. i6.
— latus , p. 90, 93, i37, i4i> Dorée d*étang , p. i35.
168, 169. Dormille, p. 11,224, 228.
•— leuciscus, p. 158} 282. Dorsch , p. 69.
— mekel, p. 142* Douve à long col , p. 242 , a63*
•—mucosus, p. i3i* Dremillon, p. 11.
-^ mugilis, p* 9, 92, 171, 172) Dresson, p. i63, i85.
196, 200, 2o5. Dreuçou , p. 186. .,
•^•Tiasus , p. 191-195, 2i2. JDromilla , p. 225.
^'oblongus ,^. 159. Dromille, p. 224 y aaS*
— orthonotus , p. 147. . Dytique, p. 33.
— /i^oa;i/zu.r^ p. 9, i3, 93^ 220. Echarde , p. 85.
— picloy^. 106, £chinorhynchus affinis ^ p. i^
— plestia, p. i44» ^^o-
— rarus et monstrosus,y, 102. — alosœ > p. 275.
^- rufiis, p. 9, 14 y 93) io5, 169, — anguillûB , p. 294*
178, i85. — barbi , p. 127.
— rutilus j p. 9, 14» 93, 147, — bramce, p. 140.
162 , 164, i65, 160, 170, 176, — carpionis j p. 23o,
180 , 182, 184, i85, 187, «07, ^- cernuœ , p. '^j.
•— tinca, p. 17, 93, •— cobitidis, p. 23o.
— — auratus, p. i35é •— lucii, p. 241»
(319)
Echinorhynekus quadrirostris , p/ Friteau ^^p. ai6 , 317.
a55- FritOD, p. 172, 176, ai6| zvf,
— rutili, p. 167. Fritou, p. 9149 si6y 917.
— smimonis, p. a55. Frog-eater , p. 2a.
—> sturionu, p. 3oo. Fuudule , p. 228.
ji^ 4ubioèatiu, p. a55. Fundulus , p. i3i) 219, aaS*
— • truttof, p. 9o3. Furo, p. 177.
Ecliiiiorhynqae é% la Loche ^ p. Gadoides, p. 58.
a3o.
— de U Perch« , p. 68.
EcrcYi<pq»p.ai, 98, aç, 91.
EcrÎTaiiiyp* ic^i 195.
Sdlpout, p. a87.
Eptiamis Sequanœ, p* i39«
Eperlan , p. ai 5.
— bàUrd , p. i38 , 1419 144.
*— d'eau douce y p. aie.
— do Seine, p. ai5;
Epinarde, p. 8d.
EpiDOode f p. 85.
E^Mi^lôto , p. 85.
E^iioclie y p. 5oy 56, 64} 83| 88
— (mnde), p. 84.
EpÎBOcbette , p. 87.
Eaean boaa^p. 53.
EicroëUee, p. 33.
bocee , p. 57, a3S.
£100; lueùu , p. 16 9 17, a34»
Eperlan , p. 17»
— bAtara , p. i45.
Egaence d'Orient ^ p. ao8 , ai3*
Estoile, p. aa8
Gadus caÛarias , p. 69.
— Lota , p. 17, a83.
'•^ Jlferlangus , p* a4y 6a.
Galathëe, p. 3a.
Gale ) p. 3o2.
Gammaru^ pulex ^ p. 34.
Garbotin , p. i53, i58 , i59«
Garbotteau , p. i51, i58, i59.
Gardon, p. 9, la, 16, 14^, i56, i6if
i65, 166,168, 169, i74-»76>»8o.
— carpe, p. 161, 177, 179.
— rouge , p. 162.
Gasterosteus , p. 83.
-— aculeatus , p. Si.
— gywwarMJ, p. 86.
^-lœvis , p. 87.
— pun^Uius, p« 87.
— tracnurils , p. 85.
Gastrobranchus coffciix^p. 3io.
Gau , p. 80, 81.
Gaul.p. 227.
Géroflée chanseante > p* 104» 1279
iSi, 140, 101.
Gibèie, p. 116, 146.
Giœnia , p. 256.
Esturgeon, p« 41 y ^^y ^ ^i> ^^9 Gobie aphye , p. 227.
295 , 398. — Paganel , p. 227.
Fasciola anguillœ , p. 294* Gobio,n, 79, 83 , lap.
— hramœ ^ p. 1 40. Gobio juunatiLis capitatus, p. 78.
— •/âripRii^ p. 263.
— > tucii , p. 241, 263.
— luciopercœ, p. 77.
m^punctum, p. 120.
k- truUœ , p. a63.
— - varica , p. a55.
Faaciole bouteille, p. 68; 77.
Feinte , p. a68.
Fera, p. 5i, 16a, a39.
Feortoo, p. ]85.
Filaria ovata, p. i3o»
'^ piscium, p. 355I _ , ^ ^
VUocapsulaHa communis, p. s55. Graiâp , p^ a32^.
Foie de Lotte , p. 289. Grasdos , p. i38.
Foin des crustacés , p. 3q. Graspois , p. ao.
Fraiae , p. a43. Graveuche , p. 5a.
Ffetin , p. 917. Gremille, p. 56, 74'76> 162
Fnloi, p. 916. Greiuillette , p. 226.
Fritan , p. ai6. Grenadille ; p. a48.
Gobioîde Broussonnet , p. aaS-
Gobioni, p. 281.
Gobius fiuviatilis , p. 129*
Goeffon , p. 129.
Goiffon, p. 129.
Gouioa, p. 219.
Gordius taeustris , p. a4i*
Goujon, p. 16, 57, 71 f 9a, ta8,
a 19, aao, 927, 389.
Groujon de rivière, p. laS, 139.
Gk)uigour, p. 88.
GoTÏan , p. 919.
( âîo )
J^uciscus feses , "p, t60é
•"^phoxinus, p. ai9»9ai«
^-' secundus , p. 198.
Lézard ordinaire , p. 90^ 3io«
LigDote , p. ai5.
Ligula abdominalis , p. i3iy iZ^f
189, 224.
— cingulum , p. i39*
— simplicUsima , p. 184.
liigulé très-simple , p. ^ij^ ao^.
Limaçon blanc ( jeune ) ^ p* i5ei»
Limande , p. 62.
Limnée^ p . 33.
Xiiorhynchus denticulatus , p. 99^.
Loche, p. 16 , 5o , 57 y aa4| 997-*
939, a3a, 287, 280.
.— d'étang , p. aao, 297.
•» de marais, p. 295.
•— franche , p. 11, i3| 9a5) 997.
— perce , p. aSo.
i— Il pi^uans, p. 23i.
— de rivière, p. 121 , 93o, 939*
Lochia pinguis , p. a25) 93 1*-
Lophius, p. 55.
— piscatorius ^ p. 81.
Lophobranches , p. 55y 58, 997.
Lo8te, p. 228
LQtte> p. 5o, 58, 228, 283, a85, 3o9;
•— commune ou de rivière, p. 983»
-' aveugle , p. 289.
— de 12 décimètres y p. 989.
Loup des rivières , p. a35j 937.
Loutre, p ai, 28, 107.
Louyotte , p. 161.
Loxe, p. 228.
ttucius , p. 234«
Lugnâte, p. 21 5.
Macaroni piatti , p. i34 y i4o-
Macreuse, p. ai.
Maigre, p« 71*
Grenouille , p. 28 , 91, 104.
— pêcheuse, p. 81.
Grenouiller, p. 73.
Grillon , p. 1^7.
Grundel,p. 225.
Gudgion, p. 219.
Gymnètres, p. 010.
Haesel, p. 2o3.
Halbkaras , p. 74*
Halsa , p. 269.
Hareng , p. 62.
Hazelœ , p. 209.
Hazeling, p. 142.
Hemipodius pugnax, p. 118.
Heseling, p. 12.
Holocentre post , p. 75.
Hydre de Hambourg, p. 956,
Hydrophile , p. 33.
Hypostoma caryophillinum, p. 86.
Icaii bona , p. 53*
Ikau bona ^ p. 53.
Insecte qui Rattache au Saumon ^
p. 253.
Interopercule , p. 37.
Jacana , p. a3.
Jacquard , p. 80.
Jaculus fp, 199. j
Jesen , p. 269. j
Jugulaires ( poissons ), p. 89.
Karpkarass, p. 74*
Kin-yu, p. ii3.
Jjacerta agilis , p. 90.
— ' salamandra, p. 90.
Lachia , p. 279. \
Ladres , p. 252.
Lagonen , p. 282.
Lampetra , p. 284» 3o2.
— harhata , p. 226.
Lampray , p. 10.
Lamprillon , p. 3o6.
Lamproie, p. 10, 55,62| a3i| 2849 ^^1* P* ^S a85, 289, 3oa.
285, 288, 3oi
Lamproyon , p. 3o6.
Lanceron , p. 17, a35»
Lançon, p. a35.
Lanàoise, p. 161.
Langue de Carpe , p. 104.
JLatus , p. 71.
Lascha, p. 279.
Lauck , p. 207. J
Laugele, p. ]3, 14, 2o4f 207.
Lepisma saccharina , p. .211.
Lemea salmonea ^ p. 255.
Leruée, p. 104?
Malacoptérygiens ( Poissons)!^ pw
56 , 88.
— subbrachiens , p, a83.
Mange-Merde , p. an.
Marsouin, p. ao.
Jlifelia , p. 3a.
Merlan , p. a4f 6a, i5a.
Méseutère, p. a43.
Meunier, p. 8, 10, 17, 18^ 94» 78^
92, 146, 149» i52, 159, 160-169,
1Q2.
Millecantons , p. 6j,
Mirandele, p. 10, 211, a83.
£euciscusj p. 170, 173, i85, 1949 Misgurne, p. 11 , lai, 9a6, 985 >
199) 206. 295, 307.
( 3îl )
If ûoltiiii , p. d8i • Ocypoda fluviatilîâ , P . 19.
Misons, p. 79. OE!uts de Truite, p. aoi.
MonostomacaryophyllintUf^,^. Oiseau blanc ( L* ), p 11 3.
>— cochlearijorme, p. 128. Omble chevalier, p> 5o, aSg.
*— foliaceum , p. 3oo.
— tenuicollù, p. 3o6.
Mopskarpfeii , p. loa.
Ifomayre, p. 64.
llôratte, p. 101.
Iford-Pierre , p. q3o*
Mort- Pierre I p. a3o.
Motaîle de ruisseaux, p. 226.
llotelle, p. 284.
Moastache , p. 226.
Moestale, p. 285.
If oostoile , p. a85.
Moutaile , p. 226.
Mouteille, p. 282.
Montellei p. 227, 229, 284, 287,
289.
Moutoille , p. 228 ,285.
l(oS«» P* ^73, 201.
Mugit, n, i5jy 170, 201.
-— cephalus , p. 202.
Mulet, p. 167, 201
Malet (Petit ) , p. 86.
Mvlus gohio , p. 78.
Mwrmna anguilla , p. 17, 290.
Murène ungnillc, p. 290.
MuMca fiuvitttitis , p. 33.
MkseuÛ aqvm dmcis , p. 33.
Mosnîer, p. 79,81.
MusUla, p. 284,285, 287, \ 289,
3o2, 307.
*^ fluvimtilis parva , p. 23i«
.— minima, p. 227.
S^re dee pdittres, p. 33.
lyxine glutinosa , p. 3 10.
Nageoires , p. 38.
Ifaooore » p. 33.
NoMicoris cunicoides, p. 34.
Ifaae» p. 193-195.
Kasus , p. 191 y 194*
Ifaze, p. 212.
Ifeinange, p. i4*
Kerf dejbœnf , p. 243.
N estel , p. ao3.
Neunange, p. 285.
Neiinauge , p. 3o6.
Neuiiaugen, p. 307.
Ifeuneiigen, p. 284, 307.
Votonecta glaMica , p. 33.
If nnei%'aal , p. 284.
Oberkottichen , p. 122.
Obo, p. 27.
OdoHoma iiiosœ, p, 976.
Ombre, p. 58, 26 1.
— d'Auvergne , p. 264.
— chevalier, p. 10, 5i.
Opercule, p. ^7.
Ophiostome de TEsturgeon, p. 3oo;
Ophisaure , p. 3 10.
Oq)he, p. 28.
Orvet, p. yo, ^10.
Os des mystaches , p. 89*'
— labial, p. 89.
— mitral, p. 110.
Osseux ( Poissons ), p. 55,
Ostracion , p. 55. ^
Ovaire de Perche , p. 254.
— de Saumon , p- 254*
— de Truite, p. 25i.
Ovelle , p. 3 10.
Pachyrinchus , p. 192. -
Pargneaux, p. io3.
Parra brasitiensis ^ p. 23.
Passijlora incamata , p. 249.
— laurifoLia , p. 248.
Passion (lustrumens de la), p.
243-246.
Pectorales pëdiculées, p. 55.
Pe^asus, p. 55.
Peisreî, p. 71.
Perça cernua. p. 75.
— fluviatilis , p. i6 , 65.
— lucioperca, p. j6.
Perças, p. 66.
Perce, p. 23o, 23 1.
Perche, p. 16, 17, 5o, 56, 62.
— gardonuée, p. 68, 75.
^- à Goujon , p. 75.
— goujounière , p. jS»
— ( petite) , p. 76.
Percidas , p. 66.
Percidia, p. 66.
Percoïdes, p. 56, 62.
Perdicas, p. ^,
Perdicia , p. 66.
Perdrix d'eau douce, p. 65.
Persèque, p. 63.
Péteuse, p. 120- 123, 219.
Petite vérole des poissons , p. 52.
Petrohiyzon branchialis , p. 11 ^
14, 3o6.
*— fluviatUis , p 10.
-^^tnarinus , p. 3oi.
.— planeri, p. 3o8, 3iO«
— pricka, p. 3o7.
ai
( 322 )
Peultet. p. 121V
Phoxint, p. 168.
JPhoxinus , p. la^y i38, 167, 1869
320, 221.
•— squamosus , p. 21 1 ^ 21/^
Phrygaue , p. 34.
Phryganum , o, 34.
Picot, p. 83. ^
Pierre Je Carpe, p. 98.
— de Pcrcne, p. 69.
Pigeon blanc ( Le ) , p. ii3.
Pigo, p. i56, j6i.
"Pigus y p. j5ô, 180
Pimélocfe scheilan, p. 88.
"PiscicuLus varius , p. 218.
Piscis Latus , p. 71.
— regiùs , p. 71.
Plagio8tOBie« , p- 59.
Plakat, p. 11 3.
Planorbis nautUeus , p. 33.
Platane, p. 141, i44> i4^*
Platelle , p. 174*
Plateron , p. i44> ^74*
Platet, p. 2L.5.
Platte, p. i44*
Platton , p 144*
Pl^ctQgnatheâ {rDissoii&) , p. 55,
5^ y 297.
Plestii^ jf p. 144» 14^*
Pleuronectes , p. 6a.
Poisson admirable en la Sa6ne,
p. 27a.
-» blanc , p. id , a4*
■ — d'argent, p. 211.
<— doré de la Chine, p. 11 3.
•^ de mirable nature, p. 272.
— roi, p. 71.
^j— rouge, p. n3, ii5.
«— royal, p. 71.
*— det^ilieur, p. 19^*
— teinturier^ p 34.
— yil , p. 2o3.
poissons blancs, p. 146, 166, ai5»
— cartilagineux, p. 55.
-— osseux , p. 55.
>— ( Petits ) de la fpnCaine de
Vermanton , p. 222 , 223.
^^ ^- de rétaug de la Valduc ,
p. 22a.
Post , p. 75.
Préonercule , p. 37.
Pucelle, p. 260, 270.
Punaise (&raiide)^à avûoBS ^ p. 33.
Pungitius , p. 84*
Pungititius, p. 84»
Patael| p. 287»
Putois , p. 106.
Queue de casse, p. 80*
— de Truite, p. 126.
Rabote, p. 9.
Kaie, p. 11, 60, 6u
— bouclée, p. 41-
Haniceps bleunoïdes , p. 73^*
Hat d'eau, p. 107.
Bauffe, p. 174.
Raychœ , p. 61.
Reine des Carpes , p. iû8.
Requin d'eau douce, p. 935»
Rettel , p. J77.
Reversus squamosus j, p. s3.
Jthytelminthus anguillcB , p» S94«r
Riemliug, p. laa. . :,.
Ripe , p. 84. ''
Riz-de-?eau , p. a43v ,.
Riserle, p. ao4* •
Aoce, p. 164.
Roche , p. 164*
Roi -poisson , p* 70.
Roi des poissous r p^ 71, 73»
Rondion, p. 211.
Roscie , p. 168, 177.
Rose, p. 164» 170, 220, aai»
Rosière, p. ia3, i65, 168-1709^ 999^
22.».
Rosse, p. i5, 146, 16a y i64'&^7S
169, 179^ 180.
Rotaugle, p. 144, 178, X79> l^W.
Rotaug, p 177. \
Rothauge , p 12*
Rotele , p. 174.
Rotengle, p. 92, ]73-i75> aoo«
Rotisson, p. i6fl.
Rousse, p. 162, i63, 176, 184» l8>S^
187. ^
Rousset, p. 16a.
Roussette, p. 41 « 71*
Hubellia , p. la.
Rubeltus fluviatilis , p. i63 ^ iSa»
Rutilus ,^. 1,63,: 18a.
Ryserle, p. i3, ao8.
Ryssliug, p. i3, 2q4, ao8.
Sago, p. 168,
SaifTe , p. i8i3, 19a, 998, 282.
Salamandre, p. 90.
Salmo alpinus , p. lo. '
— articus ,ip, 196.
— carpÎA , p. 264..
— carpione , p. 10.
— cyprinoïde-tf p. 10.
—/ario , p. 9, 16, 367.
«— eroenlandicus , p. 196*
(
^mo pmnctaiu*, 9* ^9*
•— salar , p. a5i.
. -^ thywtmlùâs ^ p. 10.
'—trutta , p. 10, 2571 95^
— umbla , p. 239.
Sil»OD«lodde, p. 196.
Salmones, p.68-a5i.
Same, p. 8o-aoa.
SMdrCtP.TT*
^■«gsiM uoin , p. joo.
Sarachus , p. 28a.
SiMlm», pw iov9i>>97&| aSS.
•— de lÎTi^re > p* 9*
§«€» ^ »73.
§tf«e» p. 177.
Saigon, p. 177.
SàrgHM, p. »68 9 174.
Sanr , p. 173.
Sarve y p. 173.
Satoille^ p. 3o6.
Satonille, p. sl33, 307.
Aitron y p* 9*
StarnoB f p* i^ I a5i«
Savei| yp. 19a.
Savetier , p. S5.
Sa? et ta f p. 174.
Sméwo» » p. 79»
Scaxon » p- 70.
Scheriu 9 p. 173.
SchnotfiacD , p. aoi, so3*
Schwaly p. i77«
SchwarU krops 9 p* 99,
Scimna , p* 71*
— umbra , p, 964.
Scoleac auiicuCàtus ^^ loo.
Scriba, p. 199.
Scrophuîœ aquaticœ , p. 33.
Sechot, p. 70, 89.
S4adeiis , p« 69, 3oo.
Siécfcot^ p. 980.
Sep t-œ^ , p.. 507.
Setcbot', p 985.
Seuffe, p 188, 198, 9o5> aop.
Seuffle, p. 188, 197.
Seufle gnsT, p. 1^.
— rousse» p loa.
Seuffre^p. 108.
Shahr , p. 88.
Shalh» p. 88.
Shatouiliie ; p. 982 » 933.
Siège, p. 9, 168» 171, 216, 279.
Kego, P- 170-172, 176, 216, 217.
Silurolaetf, p. Â7-
Silurus clanas , p. 88.
—^lanis, p. 20, 286, 989.
•- ichncumon g p. 88.
8)3 )
Silunu schal, p. 68»
Slmus, p. 192.
Sirène , p. 256.
Sitrich-knarpfeiii p. 74*
Sole, p. 62.
Solttaure ( jeu de ) , p. aSo*
Sophio » p. Sb 198*
Sorcier, p. 70, 72, 82.
Sparus erythrlnus, p. 35#
Spiegelkarpf , p. 108.
Spinacia , p. 87*
Spirlin, p. 99^ 910, 9i3-9i6»
Spirliug, p. 178.
Squale, p. i53, 988*
Squalus , p. 19t.
— • canicula , p. 71.
'^~' ctUulus , p, 76.
— Squilla flupiatUis , p. Sa*
Steinbeisser , p. 19.
Steiubesscr , p. 93o«
Steinkresaen , p. 8).
Stratiotes aloiaes, p. 99a*
Strincius , p. 79. .
Sturooiens , p. 59» 997.
Subbrachiens, p. 58.
Subopercule , p. 37.
Suceurs, p. 69 ^ 3oo«
Soeta , p. &94.
Suiffe , p. 198 , 907*
Swal» p. 168.
Syngnathus , p. 55.
Tœiiia anguitU», p. 994*
— carnuta , p. a3x.
— fiiicollis , p. 86.
— easterostei , p. 86.
— laticeps , p. 104, i34, i4o»
— nodutosa , p, 68 , 77, 241 1
955 , 994.
— . percœ cemucB , p. 77.
— recta ngulum ^ p. i^.
— rugosa j p. 290.
•— salmonis , p. 955.
»— solida , p. 86.
_ torulosa , p. 161 •
— truttce, p. a63.
Tanche, p. 17, 5?, 93, xo8y i3i.
— dorée , p. iâ5.
Tanchor , p. 108, i35.
Temolo, p. 129.
Tenche , p. i3a.
Termes radicum , p. 77.
Testard , p. 80 , i53 , i60| ao2#
Teste d'Aze , p. 80.
Testu, p. 80.
Tête d'âne , p. 8o.
Tctraçdon , p. 55»
(3Î4)
Tetrarynchus appendiculatus y p. Timbre de Cleitnont-FeiTaiid , p^-
255. 264.
Tctrodon , p. 54- • Umidi ( Academia deg 1* ) , p. a5.
Têtu , p. 8. Unio sinuàta , p. 34,
Teucha, p. i33. Uranoscopus , p. 83.
Thermometrum vivum , p. 226. Vairon 9 p* 9 , 93^ 128 , 199 > 166 f
Thorachiques ( poissons) y p. 39. ai8, 219-292, 224.
^hrissa, p. 269, 271. — de Saône , p. 2i5.
ThymaLlus y p. 264» 271. Vangeron, p. 95, 16^-1649 166-
Thymusy p. 243. 168, 170, 177, 180, \^^ ^^r
Tinca aurea, p. i35. ^98.
Tinet» aquaticœ , p. 33. — • Ventra ou goitrénx , p. 1(57- "•
Tocau, p. 267. Vanneau armé , p< a3.
Torpille , p. j^i» Vandoise , p. i3 , 162 / 172, 173 i
.Tortues ( Petites }, p. 32. 17!, 176) 198-20O1 204-2069 ai7.-
Trachyptères, p. 3io. Vaudoise , p. 200. '
Triœnophoriu noduLosus , p. 241 9 P^eudosia , p.. 175, 177, 200*
294* Vengeron,p. 181, 207.
Tncuspidaflu y f* 241* Veuth,p. 269, 278.'
Triénophore nioauleuz , p. 68) 77, Ver des Tauclics , p. i34.
208, 241 ) 255, 9909 294. Verich , p. 269.
Trissia fluviatilis , 1^, Q.i6. Ver noir , p. 96.
Truite » p. 9, 16, 17, 5o, 58y 257. Vérole (petite)des poisaonsi p. Sa.
— ( Queue de ), p. 126. Veron , p. i3, 218-221, 224.
— carpione, p. 258. Vertèbre ( la ) , p. 44*
— des Alpes , p. 10 9 258. Vertèbres des poissons , p^ i35«
>— de lac, p. 259. Vilain, p. 28) ]53, 159, x60y i65.'
•» de lac et de rivière, p. 258. Villena , p. 162.
-— saumonée, p. 10, 258, 269. Vilna , p. 159, 16a.
— — noire, p. 10. p^imba,f. 196.
S*rutta fiupiatilis , n. zSff, J^indosia, p. noô*
Tufelscnossz , p. liÔ. Wasscrgue^eu , p. 33.
Turnix comb&ttaut, p. ii8. Weiss fiscn, p. 282;
Umble chevalier, p^ 10. Winger , p. 200,207.
JJmbra fluuiatilis, p. 964* Zerte , p. 164.
»
CHIRURGIE.
Rapport sur un Brayer perfectionné ^ présenté par M.
B0RSAB.Y| • ••••••••••••••••••p. 3ll
ris DP ïéÂ. TA.BLB*
( 325 )
CORRECTIONS ET ADDITIONS.
P. i3 y supprimez les onze premières lignes.
P. dj y note a« , GeofTroi, lisez M. Geoffroi.
P. 52 , ligue a6 , Daval , £zj6z Dumas.
P. 83 , avant Epinoche , placez Genre.
P. 89 , !•>' sous'genre , Carpe , et les deux lignes suivantes y à placer
p. 93 , avant VII. La Carpb.
P. 1089 lignes, Macrolopidotns, ^ûez Macrolepidotos. •
P. 191, ligne 6, oSo^ j lisez 389. r, ^
P. 146, ligne 8 , etc. Gardon , lisez Gardon y etc.
P. i5i, ligne 16, Jurine : lisez Inrincy
P. i53, Kgne la, Chus, lisez Chub.
P. i58, ligne pénultième , Garbattean, lisez Garbotteau.
P. içSylign. Q , Ecrivain ventre, lisez Ecrivain, de ventre*
P. i95,XX,/wezXXUr.
P. aai , après la ligne 16 , ajoutez Bambele.
Bambvlx 9 Cyprin de 6 à 7 doigts long. Caroncule jaune k la join->
ture de ses nageoires , ligne latérale oblique , brune *, iris des yeux de
couleor d*or safraué ; dans le lac de Zuric. JDict, théor, et pratiq, de.
Chasse et de Pêche ( par Delisle de Sales) , tom, a , p. 74*
P. a55, réunissez le n» 4 ^Q ^^ ^<
P. a6o, ligne 25, Delevaux, /ûez La veaux.
P. a68, ligne dernière, ajoutez: cette étymologie n'est point ezactei
v^, p. 370,
JP. a84f ligne dernière, Nunengaal, //^ez Neiinengen.
FIN DXS CORBCCTXOirS KT ADDITIOITS.
MÉMOIRES
DE L'ACADÉMIE
DES
SCIENCES , ABTS ET BELLES-LETTRES
DE DIJON.
, MEMOIRES
VGADÉMIE
'.LES-LEITHES
^és lettres.
DIJON ,
[If, IMPRIMEUR DE L'ACADÉMIE.
• ' > ^ ^
MÉMOIRES
DE L'ACADÉMIE.
.'U
■■ ■ ■ «1
ss
PHILOSOPHIE LITTÉRAIRE.
COUP-D'OEIL PHILOSOPHIQUE
SUR
LES PHASES DE LA UTTERATUBE EN FRANCE.
17"* 8IÈGLE.
La par M. JfkVLt k la séance puMiqae de F Académie de Dijon ,
le a6 août i836.
C^est une remarque à laquelle le témoignage de
rhistoire et Fexamen de la critique nous amènent,
que l'époque où la littérature d'une nation est arrivée
à son plus haut point de splendeur , est celle qui a tu
succéder à de violentes agitations une situation tran-
quille et prospère. Les grands siècles littéraires ont été
précédés de convulsions dans PEtat. Il semble que Tes-
prit humain ait besoin de ces secousses pour atteindre à
toute sa puissance. Mais , pour que les arts mettent à
profit ses forces , il faut que le calme succède aux orages :
(6)
c'est-à-dire que les hommes aient foi dans le présent ,
qu^ils puissent même étendre cette sécurité danii Ta-
venir.
Le siècle de Rome, auquel l'empereur Auguste a
laissé son nom , signalé par les plus grands événemens
qui aient agité le monde romain, fut eaméme temps
l'une des époques du plus haut développement de l'es-
prit humain dans la civilisation antique. Durant la lutte
colossale qui avait renversé la constitution romaine , la
scène avait été occupée par des hommes qui comptaient
des rois parmi leurs cliens , et dans leur trésor la dé-
pouille des provinces. Toutes les supériorités du caractère
ou de l'esprit avaient été mises en jeu dans les débâts où
avaient figuré César , Caton , Cicéron , Brutus , et tant
d'autres personnages illustres. Lorsque la société ro-
maine, remuée à fond par ces bouleversemens , vînt à
se rasseoir enfin sous l'administration habile et calme
d'Auguste, les esprits fatigués du mouvement des
grandes passions et des grands événemens se reposèrent
dans la jouissance des arts de l'imagination et dans les
paisibles travaux de la pensée. Rome se consola de sa
liberté perdue en chantant ses origines et en racontant
ses triomphes. La poésie et l'histoire firent éclorie les
chefs-d'œuvre qui ont illustré ce siècle mémorable.
La littérature romaine fut la continuation de la litté-
rature grecque qu'elle imita. Bien que les institutions et
le génie des deux peuples fussent dissemblables , la forme
et l'expression furent les mêmes dans les deux littéra-
tures. Par la forme, j'entends les procédés de l'art d'abord
instinctifs dans l'ame de l'artiste , et , plus tard, conver-
tis en règles par l'analyse philosophique. J'entends par
l'expression le résultat des sentimens et des idées
propres au poète ou à l'écrivain qu'il tire de son organi-
( 7;
sation individuelle , qu'il emprunte à Finfluenceda
climat , de la religion , de la coutume , de toutes les
choses extérieures , en un mot, qui peuvent modifier la
pensée de Thomme. Or, ces choses furent en partie
les mêmes chez les Grecs et chez les Romains. Ainsi ,
les deux littératures, indépendamment de Timitation,
devaient être analogues entre elles, sauf toutefois que
BcHne dooÛDe Fart alors même qu'elle s*y essaie ] le mot
de SOD poète : tu regere imperio, reluit dans toutes ses
^Eavres*
Aiprès.un intervalle de seize siècles, et avec la diffé-
Tenœ des temps , des institutions et des mœurs, le même
phénomène apparut encore sur la scène du monde.
Durant le seizième siècle de notre ère , la société euro-
péenne avait été remuée dans ses fondemens par les
doctrines et les guerres de la réforme. Le régime
féodal < abattu d'abord en France par Louis XI, avait
fidlli se relever à Faide des foctions qui avaient ébranlé
l'Etat sous les règnes des fils d'Henri IL Mais Richelieu
lui avait porté le dernier coup^ il avait fixé l'ascendant
du pouvoir royal. Q»:and Louis XIV vint s'asseoir sur
ee trâne dont les avenues étaient dégagées , il trouva
Fune des deux religions rivales prévalant définitive-
ment dans l'Etat, puis la puissance aristocratique
humiliée sans retour devant la couronne. Alors la société
française, encore tout émue des longues agitations
qu'elle avait subies , se recueillit , comme avait fait Rome
autrefois, pour enfanter, à la faveur du calme, les
prodiiQtions de Fesprit. La France , en arrière de l'Italie-
et de FEspagne , put étaler avec orgueil ses poètes , ses
orateurs, ses moralistes. L'éclat de sa littérature refléta
bientât sur toute FEurope : la langue latine avait été la
(8)
langue savante des peuples nouveaux , la langue fran-
çaise devint la langue universelle des peuples polis.
Le catholicisme prévalant sur la réforme, et la
royauté devenue pouvoir unique dans l'Etat, sont les
deux faits qui dominent la société française au dix-
septième siècle : ces faits déterminent le type de la
littérature.
I^ réforme, matériellement désarmée, luttait eticore
de doctrines avec la religion catholique. Claude dispu-
tait contre Bossuet , et la foi de Turenne était le prix de
la victoire. De cette position militante du catholicisme
dérivait pour lui la nécessité de se montrer grand et
imposant dans ses actes , puissant dans sa parole. Delà
rélan donné à Féloquence de la chaire , Ténergie et la
profondeur de la philosophie morale. Pascal, Bossuet,
fénélon , Bourdaloue , sont Texpression du catholicisme
V dominant la société par Pascendant de la Vertu et du
génie , de la religion fondant son autorité , non plus sur
la force , mais sur le libre assentiment des facultés de
Tame. La littérature sérieuse dut donc être marquée
d'un type religieux.
D'un autre coté , la royauté concentrait dans son
action le mouvement de la société; les intérêts et les
passions aboutissaient au pied du trône , source de la
fortune et des honneurs. L'opinion personnelle du
prince dut faire celle de la cour, et l'opinion de la cour
^'imposer à une société monarchique. Delà , l'influence
du monarque sur Texpression des beaux- arts, de la
poésie*, delà, dans la littérature d'imagination , une ex-
pression limitée par. la mesure, par la réserve, par le
sentiment d'une dignité soutenue. Ainsi , les deux faits
qui caractérisent l'époque , l'ascendant de la religion eC
(9)
celui de la royauté , expliquent toute la littérature : sa
tendance, sa force, ses lacunes. ,
On frit un reproche à cette littérature classique des
finrmet auxquelles elle s'est assujettie , celles des littéra-
tures grecque et romaine. On s'afflige à plus juste titre
de œ que , dans les arts de Timagination , elle s'est atta-
chée à reproduire l'expression souvent peu fidèle de la
cîvfliflation ancienne , plutôt que d^avoir retracé dans
des peintures fortes et naïves les faits et les mœurs de
nos pères , en associant ainsi à la gloire de nos arts Tin-
térêt et la popularité des souvenirs. La faute en fut
moins à nos grands écrivains qu'aux circonstances qui
dirigèrent leurs inspirations. La nature départit à
quelques êtres privilégiés les hautes facultés de l'esprit;
mais la société en règle l'emploi. Ces hommes supé-
rieurs réagissent à leur tour sur la société qu'ils
échan6fent et qu'ils éclairent ; mais , dans cette réci-
procité d'action, c^est toujours le mouvement social
qui prédomine.
Il faut reconnaître d'ailleurs que des traditions établies
dans le siècle précédent n'ont pas été sans influence sur
la forme de la littérature d^imagination , quand le mo*
ment de son essor en France fiit arrivé. A l'époque de
la renaissance , nos savans et nos gens de lettres , confir
nés dans leur cabinet, en dehors, en France, du mou-
viement social , vécurent solitaires en face de lejors livres ;
^ris des chefe-d'œuvre grecs et romains, oubliés de
leurs contemporains qu'ils dédaignaient à leur tour , ils
s'identifièrent avec une société qui n'était plus, ils ;se
firent les hommes du passé ; préoccupés des pensées et
des sentimens des Anciens, ils crurent que l'office de
Pintelligence humaine était désormais de les connaître
et de les imiter ^ ils déclarèrent notre propre fonds im-
(10)
productif, et ce préjugé du savoir était loin d'être dis-
sipé dans rage qui suivit.
II en était autrement chez un peuple voisin. En Es-
pagne , les gens de lettres guerriers ou navigat6«ri.|iFe-
naient une part active au mouvement d'une soeiété
pleine de vie , dont les actes exaltaient leur imaginatîoil
et leur ardeur : c'était Tépoque des triomphes dé TEs-
pagne , qui dominait les deux mondes. Hommes d'actioD
plus que de cabinet, et bien moins érudits qu'artistes,
les poètes de cette nation peignaient les mœurs oontem*
poraines , peu soucieux des exemples et des r^les l^^ués
par l'antiquité.
Pendant qu'au midi de la France , Cervantes , Lope
de Véga , puis Galdéron , en&ntaient avec une merveil*
leuse fécondité ces drames désordonnés et brillans qui
illustraient la littérature espagnole, Shakespeare , avec
moins d'éclat , bien qu'avec une supériorité plus rédie,
fondait en Angleterre un théâtre tout national. L'essor
original que sut prendre ce grand poète procède sans
doute d'un esprit observateur, d-un génie souple et
hardi qui voit tout et qui reflète tout *, on sent encore
qu'il a étudié l'humanité dans l'homme même , et non
dans ses œuvres; mais il faut tenir compte aussi des
mœurs sociales au sein desquelles il vécut , et qui ne lui
imposaient ni gêne ni contrainte. Comme une nature
sauvage et vigoureuse , ce génie inculte s'abandonne à
un jet libre. Ce qu'il nous faut remarquerlci , c'est que,
lors même que des esprits plus aventureux que nos éru-
dits du seizième siècle eussent tenté chez nous de sortir
d'une voie tracée pour se livrer à l'élan d'une inspira-
tion tout individuelle et moderne , ils eussent certaine-
ment rencontré dans la constitution même de la société
( 11 )
€1 dans les mœurs publiques de^ obstacles plus difficiles
â surmonter qu'un préjugé de littérature.
Figurons-nous en effet notre Corneille , étudiant au
Xea du théâtre espagnol le grand tragique de F Angle-
terre, ialors ignoré hors de sa patrie^ et voulant, en
saiyant la trace d'un poète historique et national j pro-
duire sur la scène française les vengeances de Louis XI ,
les intrigues ténébreuses de Catherine de Médicis, Tau-
dace et les complots des Guises. Le poète , avec la ru-
desse naïve de son génie , se fut trouvé d'abord en pré-
sence du cardinal , armé d'une ordonnance qui défend
aux sujets du Roi de rien écrire concernant les affaires
publiques et le gous^emement de notre État ( ordonnance
de 1629 ) Vl^ ministre tout-puissant, qui comprimait
sous une main de fer les restes agités des factions , n'eût
poiùt toléré sans doute la représentation scénique et
jmpulaire de la turbulence des grands , de Fambition du
liaut clei^ , des faiblesses ou des crimes du Palais ; il
fallait donc de gré ou de force déserter la scène natio-
xiale. C'était une nécessité du temps pour le poète de
Transporter chez les Romains les combinaisons de son
génie politique , et chez les Espagnols du moyen âge la
fierté de ses sentimens.
La nécessité avait plié les âmes sous le despotisme de
IBichelieu, mais on le haïssait; l'indépendance du ca-
Tactère eut son refuge alors dans le for de la conscience.
Sons Louis XIY, l'ascendant du pouvoir domina les
volontés mêmes •, le dévouement et Fadmiration justi-
fièrent une soumission sans réserve. Plaire au prince
fut la 'première élude de l'artiste comme de l'homme de
cour. Sous Richelieu , la raison d'état eût interdit les
sujets nationaux 5 sous Louis XIV , c'eût été la raison de
convenance. La royauté chez les Français , devenue
/■
i
(12)
Tobjet d'un culte , participait à l'inviolabilité de la re-
ligion ; et Ton sait que le législateur de Part décidait
que celle-ci d^omemens égayés n^ était point susceptible.
Le Roi unissait à la n(d)lesse et à Télégance des manières
un goût prononcé pour la régularité et Tordre qu'il
voulait retrouver dans ses plaisirs comme dans les af-
faires. La dignité , la noblesse et la grâce devinrent
donc le type exclusif des beaux-arts : c'étaient les qua-
lités du monarque. — Shakespeare avait écrit ses drames
en vue du peuple , Racine composa les siens en vue du
Roi. C'est à ces deux points de vue opposés , qu'avaient
choisis ces grands artistes, qu'il faut successivement
nous placer nous-mêmes pour apprécier la dissemblance
des deux écoles et pénétrer à fond la tendance de Técole
firançaise.
L'Anglais , livré , comme je Pai dit, aux inspirations
libres d'une imagination forte et non réglée , s'attache à
reproduire toutes les situations de la vie sociale, à
mettre en jeu tous les ressorts du cœur humain. La folie
elle-même excitera des émotions dans son drame , avec
ses formes dégradées et ses accens déchirans. Que la
peinture soit vraie : hideuse ou charmante , elle est du
domaine de son art ; et son public applaudira avec les
mêmes transports à la fidélité du tableau.
Le Français, préoccupé d'un type de pureté, d'élé-
gance , de perfection soutenue , choisit , sépare , limite
en toutes choses : situations, passions, caractères. L'i-
mitation naïve d'une nature commune , les mouvemens
désordonnés d'une passion violente, les contrastes em-
pruntés à l'inégalité des conditions sociales , furent ban-
nis d'une scène qui devait se modeler sur les sévères
convenances du Palais. La société , que le poète avait
sous les yeux , voulait retrouver encore l'empreinte de
( 13)
ses formes dans la représentation scénique des mœurs
étrangères, ^expression de figures antiques dut être
plus d^une fois transformée en un idéal de politesse ou
d'élégance qui fut alors un mensonge de Fart. H y a
plus : de la nécessité où Racine était placé de prendre
ses sujets de préférence dans la société ancienne , et en
même temps de se rapprocher de notre société moderne
pour Fexpression des passions et des caractères, il est
résulté que, lorsqu'il a introduit sur la scène française
Andromaque et Phèdre y il leur a prêté des sentimens
chrétiens ; je veux dire qu'en ranimant les deux Grec-
ques , dont Tune est le type du dévouement maternel ,
et Tefutre , celui de l'épouse en proie à une criminelle
passion , il a tiré du fond du cœur de ces femmes des
accens, des douleurs et des remords que l'antiquité
payenne ne connut point. Belle et heureuse infidélité ,
comme Ta excellemment remarqué Fauteur du Créniei
du Christianisme , parce qu'elle a enrichi le drame de
savaiiteis et profondes émotions ; mais qui ne témoigne
pas moins, toute louable qu'elle est , de la préoccupa-
tion du poète ; soit qu'il en fût dominé à son insçu , soit
qu'il* eût cru devoir en efiet revêtir ses personnages
soéni^ës des formes inhérentes à là vie humaine , dans
adn^âéèle et dans son pays*
Cette contrainte n'atteignit point à notre théâtre le
girakid peintre de mœurs dans la vie privée. La comé-
die , qui s^attaque au côté faible de la nature humaine ,
jnit un libre essor en présence d'une cour où il n*y
avait d'inviolable que la majesté royale. Molière put
traduire sur la scène les travers des grands et Fabus
même du masque de la religion. Le roi, qui le permit,
râlait souverainement les bienséances sociales, de
même qu^il était dans les arts l'arbitré du goût. Noire
( 16)
jetant le choix dans Fexpression, Fartiste s^expose à
faillir.
Le mauvais goût se déclare dans la peinture Iieurtée
et confuse de deux natures , Tune grossière et Tautre
polie ] il se montre encore dans la peinture à nu de ces
difformités dans l^ordre moral que la pudeur publ^ue
doit cacher ou flétrir ^ cette expression coupable n'est
plus l'œuvre de la naïveté , elle est le fruit d'pn éga-
rement de l'esprit ou d'une corruption du cœur. Le
mauvais goût se décèle enfin par les formes d'un style
qui poursuit l'originalité à l'aide de Combinaisons ard-
ficielles, qui s'étudie à remplacer par une chaleur
simulée l'élan d'une imagination vigoureuse, à sup^
pléer à une inspiration franche par uii arrangement
de mots pénible ou bizarre. Ces vices, dans la littéra-
ture , sont des signes de décadence qui n'aj^raisseqt
que dans une société avancée.
La littérature , au dix-septième siècle, (ut donc clas^
sique en France par instinct et par nécessité^ oê fut
celle d'une société forte et dirigée dans ses voies paor deè;
pouvoirs incontestés qui dominaient les volontés et les
consciences : foriné glorieuse qui éUouit l'Europe en lu
charmant , et rendit même pour un temps les peuples
voisins infidèles à leiu' propre génie. Où cette littérature
est véritablement incomparable , crest sous le type reli-
gieux , parce que lés grands esprits du siècle , qui ont
soutenu de leurs facultés la religion , ne pouvaient ren-
contrer aucune entrave à leur élan. Bossuet, Pascal,
Fénélon et Bourdaloue sont sans rivaux dans l'Europe
chrétienne , de même que parmi nous sans successeurs.
Ce n'est certes point un Français qui contestera la pri-
mauté qu'ont obtenue quatre autres grands maîtres dans
les lettres purement humaines -, mais on a pu dire de
(17)
notre Gomellle quMI a manqué quelque souplesse à son
génie ; de notre divin Racine , qu'il s'est montré par-
Ibis timide dans son essor ; de Molière inventeur , qu'il
a trop peu écrit ^ de Tiniraitable La Fontaine , qu'il est
resté sans pareil dans un genre secondaire. Bossuet et
Pascal dominent les anciens et les modernes *, sublimes
intelligences et rois de la pensée , ils seront l'honneur
étemel de la France chrétienne et littéraire.
Que s'il nous faut en. terminant juger les deux écoles,
dont la dernière en date chez nous a envahi sans retour
le domaine de l'art , nous dirons que celle-ci a étendu
le cercle des sentimens et des idées , puisqu'elle a ouvert
devant Tartiste un horizon sans bornes : là git sa puis-
sance. Mais nous dirons aussi qu'en rompant Punité, en
e&çant tout centre commun dans les affections du cœur
et dans la pensée, elle a favorisé l'individualisme au
détriment du lien social *, elle a introduit jusque dans
les arts je ne sais quel scepticisme qui , justifiant toutes
les témérités, tend incessamment à fausser le goût et à
ruiner les mœurs. L'autre école ^u contraire , en main-
tenant les esprits sous la tutelle de la règle , put entra-
ver,. il est vrai, quelque nouvel essor et ravir à notre
ame quelques émotions ^ mais elle faisait obstacle aux
écarts de l'imagination , aux aberrations de la pensée ;
et, sous ce rapport, elle oQrait à la fois à la société un
point d^arrêt et un point d'appui. L'école illimitée est
dans le mouvement du siècle. L'école classique a dû
$'éteindre avec les mœurs qui l'avaient enËintée^ elle
reste immortelle dans ses monumens.
RECHERCHES ^
SUR LE LUXE DES ROMAINS
DANS LEUR AMEUBLEMENT.
LU ▲ L'jlCÀDiMIK ) DAVS LA séAHCB DU 10 AOVT 1836,
«
PAR GAB. PEIGNOT.
Rome une fois devenue maîtresse du monde, et
n'ayant plus qu^à jouir du fruit de ses conquêtes , ne
tarda pas à être séduite par ce luxe dont les peuples
vaincus, et surtout les orientaux , lui avaient offert l'at-
trayant et dangereux exemple. Il est vrai que le débor-
deinent n^eut pas lieu tout-à-coup : on ne passe pas si
subitement de raustérité de mœurs et de la noble pau-
vreté des Gincinnatus , des Gurius et des Fabius , au
relâchement et aux richesses inouies des Crassus , des
Scaurus et des Lucullus ; ce n'est que successivement
qu'on a vu certaines branches de ce luxe , s'échappant
pour ainsi dire du char de la victoire , se glisser dans
Rome , et gagner progressivement les diverses classes
de la société. Par exemple , le triomphe de Scipion TA-
siatique , ( Fan 189 av. J.-G. ) , et celui de Gn.
ManUus, ( Fan 187 ), dans lesquels on étala , parmi les
dépouilles de Tennemi , beaucoup d'argenterie ciselée y
d^étoffes attaliques , de lits , de tables d'airain , com-
mencèrent à inspirer aux Romains le goût de ces su*
perfluités dangereuses. Le triomphe de Mummius l'A-
%
(20)
chaïquc, (Tau ii6), leur fit connaître les vases de
Gorinthe , les tableaux , les statues, comme objets de
décoration des temples, des palais , et même des maisons
particulières. Le triomphe de Sylla , ( l'an 81 ) , fut re-
marquable par le poids immense de For et de l'argent
tant en lingots que monnayé dont on y fit étalage. Ajou-
tons à ces trésors la collection des livres d'Apellicon ,
que la prise d'Athènes mit à la disposition de Sylla , et
qui 5 transportés à Rome , y inspirèrent le goût des bi-
bliothèques V, mais, par la suite , plutôt comme meubles
d'apparat , que comme objets d'utilité. Enfin le triomphe
de Pompée, ( l'an 61 ), fit naître la passion des perles,
des pierres précieuses en tous genres , et d'une infinité
d^autres frivolités. Telles sont les sources d'oii décou-
lèrent ces goûts pernicieux qui , au sein de la victoire ,
changèrent insensiblement le caractère du peuple ro-
main , l'énervèrent et finirent par hâter la chute de la
République et ensuite celle de l'Empire.
'Mais on aurait une idée bien incomplète du luxe qui
existait à Rome vers la fin de la république et sous les
premiers empereurs , si Ton s'en tenait à la relation ,
en masse, de toutes les richesses que les triomphes ont
accuoBiulées dans ses murs. Ces richesses , d'abord na-
' Nous dirons cependant que Sylla n'est pas le premier
dont le triomphe fut orné de livres pris sur Tennemi. Avant
lui , Paul-Emile avait étalé dans le sien la collection de
Fersée , roi de Macédoine , dont il triompha Pan 1 67 av.
J.-C. Mais Tun et l'autre ne firent point part au public de
ce fruit de leurs conquêtes. Cette gloire était réservée à
Lucullus , qui mit à la disposition de ses concitoyens les
trésors littéraires qu'il dut tant à la victoire qu'à son go&t
secondé par un« immense fortune.
( 21 )
tionales puisqu'elles étaient toutes versées dans le trésor
public , relevaient la gloire du peuple romain , et l'enor-
gueillissaient sans altérer la simplicité de ses moeurs ,
sans porter atteinte à Faustérité de son caractère ; mais
bientôt , les généraux s'en appropriant une partie et
disséminant l'or avec profusion, ces richesses devinrent-
le véhicule qui entraîna les particuliers dans le désir im-
modéré de toutes les jouissances du luxe le plus effréné.
Ce fut à qui posséderait ces objets somptueux dont l'A-
siatique efféminé faisait usage ; ce fut à qui Fimiterait
soit dans l'étendue et la magnificence des bâtimens , soit
dans la richesse et l'élégance des vêtemens, soit dans
la somptuosité et la délicatesse de la table , soit dans
l'éclat inoui des spectacles et des jeux publics, soit enfin
dans la variété, la singularité et la splendeur de l'ameu-
blement. Des sommes incalculables furent consacrées à
tous ces genres de luxe , et c'est par l'énormité de ces
sommes que l'on peut juger et de la fortune particulière
de certains Romains, et du funeste emploiqu'ils en firent
dans ces temps de la plus haute splendeur de Rome.
Nous ne parlerons ici que de l'ameublement des parti-
culiers, et du prix qu'ils mettaient à certains objets,
parce que c'est là que se remarquent davantage tes pro-
grès et les excès du luxe. La revue que nous allons passer
de quelques-uns de ces objets donnera une idée de la
dépense que faisaient les Romains pour satisfaire leur
goût en ce genre , et se procurer des jouissances danS
tout ce qui tient non-seulement aux aisances de la vie ,
mais encore à l'éclat de la représentation , lorsqu'on a le
triste bonheur de vivre au sein de l'opulence.
Avant d'entrer dans le détail des meubles , il serait
peut-être à propos de parler des riches habitations qui
les renfermaient , et de dire quelle était la forme et la
(22)
distribution de ces palais somptueux ; mais cet objet ,
( dont nous avons fait un traité particulier , encore iné-
dit ) j nous entraînerait beaucoup trop loin ; nous nous
contenterons pour le moment , afin que Ton puisse juger
de la valeur des maisons dç quelques citoyens notables ,
d'en citer trois ou quatre , prises au hasard dans notre
Traité, et dont nous donnerons seulement le prix d'acqui-
sition ou l'estimation , d'après les écrivains du temps ,
tels que Cicéron , Pline, Vitruve, etc. , etc.
Nous dirons donc très-succinctement que la maison
de PuBLius Glodius lui coûta quatorze millions huit cent
mille sesterces, ( 2,906,000 fr. de notre monnaie ac-
tuelle )• G^est ce Glodius que Milon tua dans une ren-
contre, sur la route deLanuvium, le 20 janvier, 5i
ans av. J.-G. , à trois heures après midi ; événement im-
prévu qui nous a valu l'une des plus belles harangues de
Cicéron.
La. maison de Locullus, qui avait appartenu à Cor-
nélie. mère des Gracques, puis à Marins, lui coûta
deuxmffllions cinq cent mille drachmes (i,25o, 000 fr.);
mais c'était la moindre de ses nombreuses propriétés.
Gelle que GicÉaoN, (le moins riche de tous ces grands
personnages, car il n'avait guère que vingt-cinq mil-
lions de fortune ) , acheta de Grassus l'orateur , qu'il
ne faut pas confondre avec Grassus le riche , ne lui
coûta que trois millions et demi de sesterces (700,000
francs.)
Celle de ce même Grassus , située sur le mont Palatin,
lui revenait à six millions de sesterces (1,200,000 fr. )
La basilique qu'un certain Lucius Paulus iSmlilios
fit construire , absorba , dit Appien d'Alexandrie , les
quinze cents talens (4,200,000 fr. ) que, Jules César lui
avait envoyés des Gaules , pour l'attirer à son parti*
~F
( 23)
Le palais de Messala était d'un bien autre prix ; il
avait appartenu à Antoine, et fiit payé quarante-trois
millions de sesterces (8,740,000 (r.).
Quant au palais d*or de Méron, la valeur en est inap*
préciable \ on sait seulement qu^Othon, pour en termi-
ner une petite partie , y dépensa 1 0,000,000 de fr. ^
On peut bien présumer maintenant que pour garnir
les appartemeos de telles habitations , il follaié des
meubles qui répondissent ^'leur importance , aipsi qu'à
(a fortune et au goût du maître. Ce sont doncees meu-
bles , ou du moins les principaux ? , sur la valeur des*
quels les auteurs anciens nous ont laissé quelques
renseignemens , dont nous allons donner une notice ou
plutât une espèce d'inventaire , auquel nous ajouterons
certains détails et certains rapprochemens propres à
diminuer la sécheresse inséparable de toute nomencla-
ture. Nous parlerons (l'abord des tableaux et des statues,
des tables , des lits , des coupes et des vases , des lampes
et des candélabres \ ensuite des pierres précieuses , des
' Nom avon» pensé que quelques rapprochermens ou
cbaiparaitont ebtrô la xaievr de certains objets anciens et
celle ^da certains b&jets modernes du même genre ^ pour-
Tiielti ajouter qnëlqne inlérét à cet opnscnle. On trouyera
d^iio dlatts^es notes renvoyées à la fin , et désignées par
das loUïjpf :€apîtalet, la valeur de quelques objets modernes ,
tek qae Mtimens, tableaux, pierres précieases, etc. 9 que
Ton pourra cpmparer avec celle des objets anciens de même
nature y à-mesure qu^on lira le texte. Voyez la note concer-
nant la valeur de certains bâtÎDicns modernes, à la lettre (A).
* Les limites de cette Notice nous forcent à nous res-
treindre à un petit nombre d^arlicles choisis dans chaque
genre.
1
(. M )
étoffes, des parfums; puis de la vente du mobiliei' de
deux empereurs^ avecdes détails sur celuid:^HéliogabaIe ;
enfin de quelques autres objets de iantaisie auxquels on
mettait un grand prix ; le tout terminé par une notice
chronol(^que du montant de la fortune particulière de
certains personnages connus soit par leurs richesses ,
soit par Jeurs prodigalités, depuis Sylla (né Tan i38
av» Ji'fC.), jusqu'à Pline Iç jeune (mort Tan ii3 de
J.-^.)vce qui fisiit un espace de deux cent cinquante-
un ans , pendant lesquels on a vu ^ au milieu des guerres
civiles , des actions , de la dépravation et des excès en
tous. genres, on a vu, disons-nous, surgir du sol ror
main les deux monumens les plus imposans de Thistoire,
le tombeau de la République et le berceau de TEmpire.
DES TABLEAUX ET DES STATUES.
Commençons par le trait du donsul L. Mummius ,
qui , comme nous Favons déjà dit?, inspira aux Romains
le goût des tableaux de prix , en exposant à leurs yeux ,
peu habitués à ce spectacle , ces chefs-d'œuvre de la
Grèce, fruits de la victoire qu'il venait de remporter.
Lorsque ce Mummius, Pan i^6 av. J;-C , eut brûlé
Corinthe et soumis rAchaïe, ce qui lui valut les bon*
neurs. du triomphe et le surnom d' Achaïcjoe , il fit
vendre le butin pris sur l'ennemi. Parmi lès effets ex-
posés aux enchères, se trouva un Séiccfms^ sufpertjè^tati
bleau peint par le célèbre Aristide de Thèbes. Le roi
Attale I" en offrit vingt-huit talens et demi (114,060
francs), et on le lui adjugea. Mummius, iqiii se côn-
naiissait mieux en stratégie qu'en peinture ' , voyant
' Voyez à la fin , note (B), ce que Velleîns Patercalus et
Tacite ont dit de ce Mummius.
(25)
ee haut prix , sUmagina que ce tableau <était une espèce
de talisman qui possédait quelque vertu. Il le fit enlever
malgré les plaintes du Roi , et ordonna qu'on le trans-
portât à Rome , où il fut placé dans le temple de Gérés.
'V Alexandre tançant la foudre ^ peint par Apelles,
décorait le temple de Diane à Ephèse. Il était fait avec
une telle perfection que les doigts et la foudre sem-
blaient sortir du tableau. Le peintre en reçut d'abord
vingt talens d'or ( 96,000 (r. ) ; mais par la suite le prix
en fot extraordinaire. On ne compta plus une somme
déterminée , dit Pline ; il fut couvert de pièces d'or ;
d'autres assurent qu'il fut vendu un boisseau plein d^or.
"Vjijax furieux et la Médée tuant ses enfans, que
fit Timomaque de Ryzance , ont été payés par J. Gésar
quatre-vingts talens (384,000 fr.) Ces deux tableaux
furent placés , par l'ordre du dictateur , dans le temple
de- Vénus. (Voy. Puifir, AV. vu, C. 38.)
M. Aghippà acheta des habitans de Gyziqueun Ajax
et une Vénus, trois cent mille deniers ( 228,487 fi*. ).
HonTEiîsius l'orateur paya les Argonautes de Gydias »
la somme de 27,888 fr. ; c'était pour embellir sa maison
de campagne sur le territoire de Tusculum. U consacra
ce ^tableau par une espèce de temple qui fut peint par le
niéme €jd4as. Gette maison de campagne fut achetée
dânâ là suite par Gicéron , qui en fit son délicieux Tus-
cûlaliitm ; qu'il préférait à ses dix-huit autres maisons
dè'éampagne.
Venus Anadyomène ou sortant de la mer, fiit évaluée
eu payée cent talens ( 480,000 fr.) Ce chef-d'œuvrte,
^lat'Plide^ a été célébré par des vers grecs , qui , en le
•sunpassant, Pont illustré davantage. On ne put trouver
personne qui pût réparer la partiç inférieure qui était
endommagée; mais ce dommage même tourna à la
^
(26)
gloire de l'artiste. Ce tableau périt de pourriture , et
Néron y en substitua un autre de la main de Dorothée.
LucuLLus paya 10,800 fr. une copie de la Bouque-
tière de Pausias, peintre qui vivait du temps de Phi-
lippe. — Une copie de la Gljcère, servante de Pam-
phile qui en avait peint l'original , lui coûta 9,628 fr.
— Il acheta le modèle de la P^énus genitnx ,11 ,6 i6.fr.
Tibère préféra un Alalanie et Méléagre, tableau
libre de Parrhasius, à un million de sesterces (200,000 f .).
Il avait le choix entre ces deux objets , insérés dans la
clause d'un testament où il était ncHmmé légataire , et
où le testateur lui laissait l'alternative ou du tableau ,
ou de la somme de 200,000 fr. ' .
On connaît un tableau d^ Aristide de Thèbes, déjà
eité, représentant une bataille entre les Grecs ; et les
Perses. On y comptait cent figures. Mnason , tyran
d'Elatée, paya, dit-on, ce tableau à raison de dix
mines ( 900 fr. ) par chaque figure \ ce qui' Êiit
90,000 fr. pour la totalité ^.
Les PP. Gatrou et Rouillé parlent ( dans leur ffis-
taire ro/7uwne[ jusqu'à l'an 4? de J.-C. ] , Paris , tjsiSr
48, 2 L ^o/. i/2-4°9 ^^' ^^^9 P- 1.8^)9 d'une superbe
peinture à fresque qui fut transportée, avec 1§ mur,
de Lacédémone à Rome , sans éprouver la moindrie. dé*
térioration. Mais ils ne donnent ni le sujet de ceM^
peinture , ni son estimation, ni la source où ils ont-p^fisé
ce fait. Us disent seulement que cela arriva sous le çon*^
' Voyez à la fin, note (C), un rapprodiemeDl ^tr»
rhistoirè de ce tablera etceiîedj^Samt'Jérâme 4ilÇbrrègfi.
^ Voyez à la fin , note (D) , un relevé des prix de qv^qa^s
tableaux madecnea qn^on peut comparer avec les prix des
taUeaux de TanUipiîté.
ïT.'ir,'
( 27 J
solat de L. Afranius Nepos et Q. Csecil. Metellus Celer,
TaD 693 de R. «^ ils auraient dû dire 694. ( Le procédé,
pour transporter les fresques , sans le mur , est mainte-
nant très-commuq en Italie. )
Statues. La première statue grecque qui excita la cu-
pidité des Romains fut celle d'Empédocles , célèbre phi-
losophe, que leshabitans d'Âcragas (Âgrigente en Sicile)
lui firent élever, parce qu'il avait refusé la souveraineté
de leur ville , ne voulant pas , disait-il , compromettre
leur liberté , et qu'il avait fait de grandes libéralités au
peuple , et doté de pauvres filles. Cette statue était cou-
verte de pourpre ; on y avait rapporté une cuirasse do-
rée et d^autres omemens : le tout fut pillé et enlevé par
les Romains. Dès-lors ils prirent goût à ce genre de dé-
pouilles ^ et à mesure qu'ils multiplièrent leurs conquê-
tes , ils encombrèrent Rome et d'autres cités de toutes
lès statues qui leur tombèrent sous la main ' .
Métrodore de Scépis dit formellement que les Yolo-
ciniens furent attaqués par les Romains, sans autre
motif que celui de s'emparer de deux mille statues qui
servaient d'ornement à leur ville. L. Mummius, cité
plus haut , en enleva un grand nombre de l'Achaîe ;
LucuUus , du Pont ; Antoine, d'Ephèse; Néron fit en-
lever toutes celles qui étaient à Olympie. Caton seul
se contenta de transporter de Cypre à Rome la statue
de Zenon ^ par considération pour le mérite de ce phi-
losophe.
Mais le bon Cicéron n^eut pas recours à ces violens
moyens pour orner son palais et ses maisons de cam-
. ' Rome seule en comptait plus de 70,000 9 sous les em-
pereurs.
( 28 )
pagne d^ ces sortes d^embellissemehs. Nous voyons
dans ses Lettres à AtUcus, liv. i, ép. 6, qu'il écrit
à cet ami, quHl a remboursé à Gincius, pour des sta-
tues de Mégare, pro sigrds Megariçis, qu'il lui avait
envoyées de Grèce , une somme de deux millions quatre
cent mille sesterces ( 480,000 fr. )• Il dit ailleurs. au
même Âtticus : « N'hésitez point à me faire parvenir
tout ce que vous trouverez digne de mon Académie....
( c'est-à-dire de l'une de ses maisons de campagne ap-
pelée la Puteolane)'^ j'ai encore des' fonds pour cela. »
Qidqiud dignum Academid \fidebis , non dubitaris mit"
tere. , . ,• arcœ nostrœ confidito. Cicéron prie encore son
ami, par la même lettre , de lui envoyer des Mercures
de marbre pentelicien (à cinq couleurs) , dont les têteisr
soient de bronze.
Une statue colossale d! Apollon ( trente coudées de'
hauteur ) , que Lucullus transporta du Pont à Rome ,
pour être placée dans le Capitole , avait coûté , selon
Pline, cinq cents talens (2,4°°5°°° ^^' )» ^^ suivant
un annotateur moderne de Pline , 2,780,000 fr.
Il existait à Athènes une statue de Minerve, pesant
quarante talens d'or pur (1,860,000 fr. ). On ne dit
pas si elle a été transportée à Rome.
Pline, liv. xxiv, chap. 18, raconte que la statue co-
lossale de Mercure, exécutée en Auvergne par Zéno-
dore , artiste qui vivait du temps de Néron , a coûté
dix années de travail et quatre cent mille sesterces par
an , ou 800,000 fr. , ce qui fait pour la totalité du
prix de l'ouvrage , quarante millions de sesterces
( 8,000,000 fr. ).
Ce Zénodore fut mandé à Rome pour exécuter la
stattue de Néron dans des dimensions également colos-
sales. Ce sculpteur , tout habile qu'il était , n'osa ja-
( 29 )
mais entreprendre de la jeter en or ou en bronze,
quoique Néron le désirât, preuve, dit Pline, que Part
de la fonte était déjà perdu. La statue, haute de cent
dix pieds , fut exécutée en marbre et placée dans le
vestibule du fameux palais dor. Elle y resta jusque sous
le règne de Yespasien ,%qui , ayant bâti le temple de. la
Paix , fit transporter le colosse au bout de la rue sacrée ,
près de son amphithéâtre ' , le consacra au soleil et lui
plaça sur la tête sept rayons de bronze dorés , ayant
chacun vingt-deux pieds et demi de longueur. Dans la
suite , Tempereur Commode fit abattre la tête de cette
statue et mettre la sienne à sa place \ il était donc dans
la destinée de ce malheureux marbre d*oGFrir successi-
vement aux regards des Romains les deux plus mau*
vaiseqi^êtes de toute la série impériale , depuis Auguste
jusqu^à Augustule.
On admirait dans le Forum établi par Jules César à
Rome, et qui portait son nom, une très-belle statue
équestre le représentant, quoiqu'elle n'eût point été
' Cet amphitliéâtre existe encore ; les Romains rappe-
laient Colosseum, du voisinage de cette statue colossale , ou
plutôt à cause de la masse énorme du bâtiment \ et les mo-
dermet ^ par corruption , Pont appelé Cotisée, L'abbé Bar-
thelemi désirant savoir ce qu'il en coûterait aujourd'hui
pour construire un tel édifice , a fait mesurer les anciens
murs avec la plus grande exactitude par le P. Jacquier , ha-
bile mathématicien-géomètre , et il a trouvé que leur seule
construction coûterait dix-sept millions de notre monnaie.
Que serait-ce s'il eût évalué la dépense de tout le Colisée !
Ainsi Cassiodore n'a point exagéré en disant ( Epit. 4^ y
liv. V ) que Titus , ou plutôt Yespasien avait (ait couler un
fleuve d'or pour construire ce monument.
(30)
Ëiite pour lui. Le cheval et la statue avaient été sculptés
par Lysippe pour Alexandre-le-Grand. César fit ôler la
tête d'Alexandre de dessus la statue et y substitua la
sienne. Cet échange de têtes dans les statues était assez
commun à Rome sous les empereurs.
Il existait dans la partie du Gapitole consacrée à Jû-»
non , un chien ^ en airain , léchant sa blessure, qui était
d'un travail si parfait , et d^une vérité si frappante ,
que nulle somme ne pouvait le payer , summa nuUa
par uidebatur. Un édit public ordonna que les gardiens
en répondissent sur leur tête. Ce chef-d'œuvre fut dé-
truit, dit-on, dans l'incendie du Capitole qui eut lieu
l'an 67 de J.^C. , de la part des soldats de Yitellius,
poursuivant le frère de Vespasien.
Nous ne nous étendrons pas davantage sur les ta-
bleaux et les statues dont les auteurs latins nous ont *
conservé le souvenir; nous croyons avoir mentionné
les plus remarquables.
DES TABLES. •
On peut mettre les tables au rang des meubles pour
lesquels les Romains conçurent une véritable passion ,
même avant que l'Empire eût amené tous les rafiinemens
du luxe dans les plus petits détails de Pameublement. La
manie d'en posséder à tout prix fut telle que les femmes
la reprochaient aux hommes , quand ceux-ci leur re-
prochaient leur fureur pour les perles.
Ces tables étaient de différentes formes : les unes ,
carrées ; les autres , ovales 5 celles-ci , en forme de crois-
sant; celles-là, rondes. Les rondes se nommaient orbes;
les demi-rondes , semi-rotundœ ; celles appuyées sur un
seul pied , s'appelaient monopodiœy celles qui en avaient
(31 )
deux, bipèdes; trois, tripedes; et au-delà, polypedes.
Quelques-unes étaient de la plus grande magnificence,
soit par la rareté du bois dont on les fabriquait , tels que
Je cèdre et le citre tiré du fond de l'a Mauritanie , soit
par les (H*nemens dont on les décorait , soit par les sup^
ports allégoriques qui les soutenaient et qui ordinaire-
ment étaient des animaux sculptés en ivoire , enrichis
de lames d'or et d'argent , et quelquefois entièrement
composés de ces précieux métaux. Pline nous parle de
deux dauphins d'argent massif, d'un travail exqms ^
que possédait G. Gracchus, et qu'il avait achetés sur le
pied de cinq mille sesterces , ( looo fr. ) la livre ' .
Ce luxe prodigieux dans leslables ne pouvait manquer
d'exciter la bile de Jùvénal. « Les tables de nos sobres
ayeux , dit-il , n'étaient faites qu'avec les arbres du
pays i si par hasard Paquilon renversait un vieux noyer ,
il servait à oet usage. Mais , aujourd'hui , les riches
xnaDgent sans plaisir , le turbot et le daim leur semblent
insipides , les roses et les parfums blessent leur odorat ,
si leur^ tables ne sont soutenues par un grand léopard à
^^eule béante , fabriqué avec Tivoire des plus belles
clents que nous envoient Syenne , la Mauritanie , «t les
toréts de TArabie où les déposa Féléphant fatigud de
leur poids. )» Une chose remarquable , c'est que ^Hvoire
' Quelques commentateurs prétendent que ce n'étaient
point des dauphins , mais des tables de Delphes. Il semble
cependant que le passage de Pline est assez clair : Delphinos,
«lit-il , quinis millihus sestertiûm in lihras emptos C, Grac*
<:hus habuit. Des tables de Delphes sVxprimeraient par
mensœ delphicœ, et jamais par delphinos. Il est plus natu-
Tel de penser que ces dauphins étaient des ornemens de
tablé , ou peut-être dp lits ou de tout autre meuble.
(32)
était alors plus estimé que Fargent ; car le même poète
BOUS dit encore : « Les riches ne dédaignent pas moins
de faire usage d'une table avec un pied d'argent que de
porter un anneau de fer. )> Cet embellissement des
tables provenait sans doute de ce que les Romains ont
été très-longtemps sans connaître les nappes ni les ser-
viettes.
Passons maintenant en revue quelques-uns de ces
meubles dont l'histoire nous a révélé soit la magni-
ficence , soit le haut prix.
La plus belle table connue, et la plus renommée était
celle de Ptolomée, Roi de Mauritanie *, elle était tout en
cèdre , et avait quatre pieds et demi carrés de surface et
trois doigts d'épaisseur ; on n'en donne pas l'estimation;
mais , avec ses accessoires qui étaient sans doute d^une
magnificence proportionnée à ses dimensions , elle devait
monter à un prix supérieur à celui des «utres taUe^
dont nous allons parler.
GicÉRON , quoiqu'ayant une fortune qui , comparée à
celle des grands personnages de son temps , ne passait
pas pour excessive , paya une table de citre, un million
de sesterces , ( 200,000 fr. ). Pline nous instruit de ce
fait en ces termes : Extat hodiè ( mensa ) M. Ciceronù
in iUd paupertate, et quod magis ndiuun est , îUo œ%fo
empta H-S X. Ce qui signifie /bien : a La table de
<i Cicéron existe encore , et , chose remarquable , avec
(( sa modique fortune, et dans ce siècle , il la paya un
ce million de sesterces. » M. Adam , dans ses Antiquités
romaines , quoique se servant du mot decies , n'en porte
Festimation qu^à 19,375 fr. ^ c'est évidemment une
erreur. /
Yerrès avait enlevé en Sicile une magnifique table
en citre ; Gcéron le lui reproche en ces termes : Tu
C33)
99zaximam et pulclierrimam mensam citrecan à Luiadio
^Mistulisti 1 Orat. yi , in Yerrem.
GkjAjJs AsiNius possédait aussi une table qui fut
payée onze cent mille sesterces ( 220,000 fr. ). Pline
«rjoute que dans la vente des meubles de ce Romain , se
trouvèrent deux tables de ce bois de citre, ornées de
marqueteries , de nacre de perle et d'ébène , qui furent
vendues si cher que le prix eût suffi pour acheter deux
riches métairies.
Que dirons-nous de celle de Nonius, afiranchi de
Tibère , qui était tout en bois de cèdre , et qui avait
quatre pieds de largeur sur un demi-pied d^épaisseur ?
TiBÈKE lui-même en possédait une de quatre pieds et
trois doigts de largeur sur un doigt et demi d'épaisseur.'
Senèque, au rapport de Xiphilin, avait cinq cents
tables à trois pieds , d'un très-grand prix , toutes en bois
de cèdre , avec des pieds d'ivoire et parfaitement égales
entre elles -, mais l'auteur ne nous en dit pas la valeur*'
^oici ses propres expressions : Qidngentas tripodas
^uibuit de Ugno cedrino pedibus ehumeis , sirnUes et pares
inter se, in quibus cœnahaX,
A la mort du roi Jubà, deux tables furent vendues ,
Vune douze cent mille sesterces ( 240,000 fr. ) , et l'autre
tsn peu moins cher.
Une table, également de citre et qui était héréditaire
dans la femille de Gethegvs , avait coûté quatorze cent
Tnille sesterces ( 280,000 fr. ) ; elle fut la proie des
flammes dans un incendie , du temps de Pline.
"Nous ne prolongerons pas cette liste. Les tables dont
i^ous venons de parler suffisent poijp Eure connaître la
somptuosité des Bomains dans ce genre.
(34;
DES LITS.
Les h(s étaient eucore uu objet de grand luxe chez
les Romains. On en distinguait de t/ois sortes : i"* le
lit pour le sommeil , lectus cubicularis ou torùs ; 2,^ le
lit de table, lectus tnclinaris ; et 3** le lit nuptial, lectus
genicdis *.
1** Du Ut cubkulaire. Ce n^était point à cette sorte de
lits que les Romains attachaient le plus d'importance ,
parce que placés dans la partie la plus retirée de la
maison , ils étaient moins exposés à là yue de ceux qui
la fréquentaient. Ces lits avaient la forme de nos lits de
repos ; mais ils étaient plus élevés , car on n'y montait
qu*avec un marche-pied ou gradin. Trois des câtés du
lit avaient un dossier, c'est-à-dire à la tête, dans le fond
* du coté de la muraille, et aux pieds \ le devant seul était
ouvert. Il n'y avait ni ciel , ni rideaux ; mais Torierller ,
le matelat , le lit de plumes et la couverture y étaient
d'usage, comme nous le voyons par plusieurs épi-
grammes de Martial, liv. xiv, epp. 146, 147, 148 >
i5a, etc. C'est de l'Egypte qu'on tirait les lits de
plumes, rembourrés du 'duvet de l'oie , aniiiial très-
' Qaelle est Pétymologie des mots lectus et torus? Si ron
en croit Varron, De ling. lat., c. iv, 35, le mot lectus
vient de Tusage où Ton était , dans les premiers temps , de
ne garnir les lits que de foin et. de feuilles , quàd herbis et
fi-ondibus lectis incuhahant / et le mot torus provient de ce
que super herbam tortam discumbebarit ; ou de ce que lecitts
toris id estfunibus Menderetur. Varron est-il plus fort sur
les étymologies de sa langue , que Ménage ne Test sur celles ^
de la nôtre ? Cela ne serait pas facile à décider d'après les
présent article.
(35;
commun sur les bords du Nil. Cependant les grands de
^ome étalaient encore un certain luxe dans ces sortes
de lits , soit pour la qualité du bois dont ils étaient fa-
briqués, soit pour les ornemensdont on les décorait,
soit pour la richesse des couvertures et des courte*
pointes. Il y avait même des lits en forme de paon , lecti
P^vomnL Martial nous le révèle dans cette épigramme :
Nomina dat spondée pictis pulcherrlma pennis
Nunc Junonis avis ^ sed prias Argus erat.
xivi ep. 85.
a, Les briUàntes plumes de Junon font ainsi nommer
«c ces lits ; jadis ils portaient le nom d'Argus. a>
a* DuJit triclinaire ou de table. Avant la seconde guerre
punique , Pan 20a av. J.-G. , les Romains , pour prendre
leurs repas, s'asseyaient sur de simples bancs de bois ;
mais Scipion F Africain , ayant apporté de Garthage des
lits sur lesquels on se couchait pour manger, on adopta
^ Borne cette nouvelle mode. Ces lits, qu'on appelait
f^t^nicam, africains , étaient fort bas , d'un bois commun,
Rembourrés seulement de foin ou de paille , et couverts
de peaux de chèvre ou de mouton. Un nommé Archias,
'Menuisier ou tourneur de son métier , les imita et les
fit un peu plus propres *, ils portaient le nom à^Archia^
^^^s, du nom du fabricant. Leur simplicité, la modicité
du prix, les rendirent très<-communs, et la moyenne
ol^sse du peuple continua à s'en servir jusqu'au temps
d^Auguste. ,
Mais le luxe des grands, qui avait commencé long»
^^xxips avant cet empereur, ne s'était point accommodé
de cette simplicité *, d'ailleurs Gn. Manlius leur fraya
le chemin dès l'an 187 av. J.-C. , en faisant paraître
ÏH>xirla première fois, dans son triomphe, des lits d*ai-
ï'ain, des tapis et des couvertures de grand prix , qu'il
(36)
avait enlevés aux vaincus (les Gaulois dé TAsie). Dès-
lors les archiaques en bois ordinaire , avec leurs formes
unies et leurs peaux d'animaux , furent dédaignés , et
bientôt les nouveaux lits, travaillés avec beaucoup
d'art , fijrent au niveau de tout ce qu'il y avait de plus
recherché dans le reste de Tameublement. Leur somp-
tuosité particulière consista dans Tébène , le cèdre , l'i-
voire , l'or , l'argent et autres matières précieuses dont
ils étaient faits ou enrichis ; dans de riches coussins et
matelats rembourrés du duvet le plus léger ; dans de
superbes couvertures de diverses couleurs , brodées d'or
et de pourpre ^ dans des trépieds d'or et d'argent -, enfin
dans une infinité d'accessoires qui ajoutaient à l'éclat et
à la commodité de ces meubles.
Rien n'était plus commun , sous Auguste , que de voir
des lits de table en bois de citre , entièrement couverts
de lames d'argent , ou bien garnis de sculptures et de
ciselures en or et en ivoire , de plaques d'écaillés de
tortue * , et d'autres matières les plus précieuses.
' Il est question de ces sortes de lits dans l'épigramme
suivante, que Martial adresse à Amœnus, fin matois , qui
yent Tendre sa maison. Nous en donnons seulement la tra-
duction :
■ a i?a maison, dit le poète, t*a coûté cent mille sesterces,
et tu voudrais t'en défaire à meilleur marché. Tu cherches
cependant à tromper Tacquéreur en cachant les défauts de
l^édifice sous le luxe des ornemens. D^abord tes lits éclatent
du feu de Fécaille de tortue, et ils sont en bois de citre
massif de Mauritanie , ce qui est rare. Une table de DelpLes,
travaillée avec art, y brille garnie d^or et d'argent En-
suite tu parles de deux cent mille sesterces , et tu assures
qu'elle ne sera pas donnée à moins. En eflët^ c'est vendre
à vil prix une maison si bien parée. »
(37)
Du temps de Sénèque, un accroissement de luxe
présentait assez souvent ces lits entièrement revêtus de
Icunes d'or et d'argent ou d'électrum , mélange de ces
3eux métaux. Un auteur grec fait même mention d'un
lit d*or massif, qu'on voyait dans File de Pandère *, mais
[^e lit appartenait à un lectistemium ' . En général , la
diversité des lits de luxe était étonnante ; il y en avait.
pour les différentes saisons « pour Thiver , pour Fêté ; et
léboL se remarquait à la matière du meuble y au choix
des étoffes pour les couvertures , à la perfection des
broderies, etc.
Ces riches couvertures que Ton étendait sur les lits,
et sur lesquelles se couchaient les convives, allaient
quelquefois, dans les ventes, à un prix très-élevé. On,
en connaît, dès le temps de Gaton , qui ont été adjugées
pour la somme de huit cent mille sesterces (160,000 f.).
Méron en a acheté une de drap babylonien , c'est-à-dire
de diverses couleurs dans le tissu, qui lui a coûté quatre
millions de sesterces (776,000 fr. ).
Il est bien présumable qu'on ne se servit pas de lits
de table aussi richement garnis , dans le fameux repas
que J. César donna au peuple romain lors de ses quatre
' Le lectistemium oa lectisterne , était un festin d'ap-
pareil que Ton donnait aux dieux dans les temples \ on y
dressait des lits couverts de riches tapis et de coussins par-
semés de fleura et de feuilles odoriférantes. On couchait les
statues des dieux sur ces lits , et on leur servait les mets les
plus délicats, qui sans doute ne leur causèrent jamais d'indi-
^tions. En pourrait-on dire autant des pontifes et de leur»
acolytes chargés de la desserte f La cérémonie du lectisterne
a été fondée à Rome Tan 398 avant J.-C. , à Toccasion d'une
peste qui ravagea la ville.
(38)
triomphes, (Tan 46 av. J.-C.)- Plùtarque dit qu'on y
servît vingt-deux mille tables , à trois lits chacune ; ce
qui suppose d*abord cent quatre-vingt dix-huit mille
convives; mais comme chez les citoyens sans façon, il
se plaçait souvent quatre personnes au lieu de troi^ sur
chaque lit , et que le peuple , dans cette circonstance ,
ne tenait sans doute pas beaucoup à l'étiquette , on peut
porter la masse de ces convives à au moins deux cent
mille. (Nous donnons la description de ce festin dans
notre Traité des Repas des Romains. )
3^ Du Ut nuptial. Ce lit , que Properce appelle lectum
ndversumy était dressé dans une salle située à Tcptrée
de la maison et qui était décorée des images des ancêtres
de répoux. Jamais ce lit ne sortait de Tappartement ,
parce que c'était le lieu que dans la suite la nouvelle
mariée devait habiter ordinairement pour vaquer à ses
occupations journalières, telles que filer, broder, feire
des étoffes. C'est ce que lui désignait le cérémonial qu'on
lui disait observer en entrant dans la chambre ; on la
faisait asseoir sur un siège couvert d'une peau de brebis,
garnie de sa toison. On avait le plus grand respect pour
le lit nuptial , et on le gardait religieusement /tant que
vivait la femme pour laquelle il avait été dressé. Si le
mari se remariait, il devait en faire tendre un autre
pour sa seconde épouse. C'était de rigueur, et jamais on
ne s'écartait de cet usage. Aussi , voyons-nous Cicéron
traiter de crime atroce l'action infâme de la mère de
Cluentius, qui devenue éperdument éprise de son
gendre qu'elle épousa, se fit tendre le même lit nuptial
qu'elle avait dressé deux ans auparavant pour sa propre
fille , et duquel elle la chassa.
Nous n'avons trouvé aucun détail sur la valeur et
l'estimation de ces différentes sortes de lits avec leurs
(30)
garnitures ; mais il n'y a pas de doute , d'après ce que
nous avons dit du prix de simples couvertures, que
ceux qui figuraient dans les palais des Scaurus, des
Saliuste , des Lucullus , des Tibère , des Néron , étaient
d'une valeur extraordinaire*
DES COUPES ET DES VASES.
Ces meubles tiennent une place considérable dans
rhistoire dû luxe de la table chez les Romains : on sait
à quel excès était porté leur faste dans tout ce qui re-
gardait la grandeur, le goût, le travail, la qualité et la
variété des pièces qui formaient l'appareil de leurs
buffets , qu'ils nommaient abaques. Ils avaient des
coupes, des vases, des flacons de toutes les espèces et
en toutes sortes de matières, en bois de hêtre, en terre
cuite, en pierre, en cristal , en verre, en ambre, en
cuivre , en argent et en or. Les coupes et les vas^s étaient
ou unis , ou ciselés , et parfois enrichis de pierres pré-
cieuses *, on les nommait pocula, calices y phiaUe ,
sc^pTiiy scaphia, çuluUus. Le caniharus était une coupe
à deux anses. Les Romains se passionnaient donc pour
ces sortes de meubles , soit à raison de la matière , soit
à raison de la forme et du talent de l'artiste qui les avait
fabriqués. Si Tun de ces objets était antique ou avait
appartenu à quelque grand personnage , cela en aug-
mentait beaucoup la valeur ^ . Mais un reproche à faire
' Cette dernière considération prêtait quelquefois à la
critique et à la plaisanterie. A Rome , comme chez nous ,
on se moquait de ces antiquaires maniaques qu^ donnent
aux morceaux qu^iU possèdent , une illustration ridicule»
Nous en voyons la preuve dans Martial , viii ^ ép. 6 ; il se
(40)
aux Romains , c'est de n'avoir pas rougi d'employer
quelquefois des coupes d'une forme plus qu'indécente ;
Juvénal et Pline les en ont vivement gourmandes ; Pline
appelle cette licence, per chscœnitates bibere ; heureu-
sement ces rares turpitudes ne paraissaient que sur la
table de quelques débauchés.
Voyons maintenant quels sont les vases précieux sur
la valeur précise desquels les Anciens nous ont laissé
quelques renseignemens.
L. Grassus possédait deux coupes ciselées par le célèbre
artiste Mentor ; elles lui coûtaient cent mille sesterces
( 20,000 fr. ) ; il avouait qu^il n'avait jamais osds'en
servir ; mais il en avait plusieurs autres qui lui revenaient
à six mille sesterces , la livre , ( 1,200 fr. ) , et dont sans
doute il ne faisait guère plus usage. Yoy. Pline , liv.
xxxni , ch. II.
Les vases murrhins, dont les premiers furent vus au
triomphe de Pompée sur Mithridate , ont été , du temps
des empereurs , un objet du plus grand luxe. Un seul
vase de cette matière, contenant trois setiers, a été
vendu soixante-dix talens ( 336,ooo fr. )^ mais, outre
ce vase , il y en avait à ce triomphe une telle quantité
d'autres, que l'on en couvrit neuf buffets.
Deux coupes en argent , ciselées par Zopire , célèbre
moque d^an vieil antiquaire (Euctvs), qui, à table, au
lieu de faire boire ses convives, ne leur parle que de l'an-
cienneté de ses coupes , de ses vases , etc. L'une a appartenu
au roi Laomédon ; Pautre a servi au féroce Rhœcus dans
aa querelle avec les Lapithes ; ces deux vases-ci viennent du
vieux Nestor^ etc. , etc. , etc. Chez les modernes, 'Walter-
Scott , dans son Antiquaire, a aussi parfaitement peint le,
ridicule des maniaques dans le genre dont nous parlons.
( 41 )
artiste romain , étaient estimées douze mille sesterces
( 2,4^^ fr • ) ^ sur Tune était représenté l'aréopage et sur
l'autre le procès d'Oreste.
Pythéas , autre artiste célèbre , excellait aussi dans
les ouvrages ciselés : on les vendait ordinairement sur
le pied de dix mille sesterces ( 2,000 fr. ) les deux onces,
entre autres une coupe où il avait gravé Ulysse et
Diomède ravissant le Palladium.
T. Petronius, personnage consulaire, condamné àmort
par Néron , brisa , avant de mourir , un vase murrhin ,
estimé trois cents talens ( 1 ,44oîOoo fr. ), par haine pour
le tyran et pour l'en priver. M'. P. Durand, traducteur
de Pétrone , croit qu'il est ici question de l'auteur du
A$af;^nco7z; cependant son nom ne parait point dans la
liste des consuls , à moins quHl n'ait été consul subrogé.
Néron dut éprouver un vif regret à la nouvelle de la
destruction de ce vase précieux , car il était fou de ces
sortes de meubles , et lui-même paya cent talens
( 480,000 fr.) , une coupe murrhine à deux anses ' .
Le même Néron, quelque temps après, et sur le
point d'expier tous ses crimes, (il s^est tué le 9 juin,
68 de J.-C), apprenant la révolte de ses armées et
voyant quHl était perdu sans ressource, brisa dans son
désespoir, deux belles coupes de cristal du plus
grand prix , et sur lesquelles on avait gravé des vers
d'Homère. Il crut punir son siècle en empêchant
qu^aucun autre y pût boire. (On estimait l'une de ces
coupes soixante et quinze mille sesterces ( i5,ooo fr. ) ,
ce qui ne serait pas un fort grand prix. )
Le cristal était très-estimé des Anciens, surtout
' Voyez à la fin , note (E) , les dîyerses opinions des sayans
sur la pierre précieuse dont se fabriquaient les vases murrhins.
( 42 )
quand il s^en rencontrait des morceaux d'un certain
volume. On rapporte que l'impératrice Livie en offrit
au Capitole un du poids de cinquante livres.
N'omettons pas le trait du vase de cristal de Poilion ;
il fait trop honneur à Thumanité d^ Auguste pour le
passer sous silence. Ce PoUion, favori du prince ^
avait imaginé un singulier supplice pour ses esclaves
coupables de quelques &utes : il les faisait jeter tout
vivans dans ses réservoirs pour y devenir la pâture
de ses murènes qu'il engraissait de sang humain.
Auguste soupait un jour chez lui; un esclave a le
malheur de laisser tomber un vase de cristal qui se
brise. PoUion , furieux , d'un seul signe , donne l'ordre
du fatal supplice. L'esclave tremblant se jette aux pieds
d'Auguste , le conjure , le supplie de ne pas permettre
que pour une telle feute , il soit guni d'un châtiment
aussi affireux que celui d'être jeté vivant dans le
réservoir et dévoré par les poissons. Auguste, fraj^
et indigné de ce nouveau genre de barbarie, &ic
délivrer l'esclave , ordonne que l'on brise les vaseis de
cristal et que Ton comble les viviers de Poilion; œ
qui fiit exécuté. C'est ce Poilion qui fut consul, et
dont le nom figure en tête de la quatrième éclogue de
Virgile, Sicelides musœ, etc., etc. (Oii le spirituel
auteur de la Physiologie du goût a-t-il trouvé que
Domitien est le héros de cette aventure? L'erreur est
un peu grave. Voy. h. Physiologie, etc. , édit. de i834,
tom. 1 , p. 17a,.) Le charmant poème de la Gastrono^
mie n'est pas non plus exempt de quelques erreurs
d'érudition.
Une mère de famille , peu opulente , paya , dit Pline ,
une coupe cent cinquante mille sesterces , ( 3o,ooo fr. )•
Nous avons dit précédemment qu*on enrichissait
( « )
les coupes de pierres précieuses. Le passage suivant de
Juvénal, (sat. v, ParasiU), va nous le prouver. Le
poète s'adresse, dans ce passage, à quelque chevalier
d'industrie^ car Rome n'en manquait pas plus alors
que Paris maintenant. « Virron se sert , dit Juvénal ,
d'une large coupe d'ambre, enrichie de pierreries; à
toi l'on ne te confie point de coupe d^or. Si par hasard
on t^en donne une, on a soin de mettre à tes cotés, un
gardien chargé d'en compter les diamans , et de suivre
de l'œil tes ongles rapaces. N'en sois pas choqué,
cette coupe est ornée d'une pierre fameuse , car Tir-
ron , à l'exemple de ses pareils , transporte de ses ,
bagues sur ses coupes , les diamans que portait au
pommeau de son épée ce jeune troyen préféré par
Didon au jaloux Hiarbe. ' Tu n'auras qu'une tasse à
quatre becs et désignée par le nom d'un cordonnier de
Bénévent, tasse fêlée, bonne à troquer contre des
allumettes. » Ce cordonnier se nommait Yatinius, il
fut l'inventeur de ces sortes de coupes.
Nous terminons ici ce que nous avions à dire sur
les vases et les coupes -, mais il est un autre objet qui
tient également aux repas, et qui même en est un
meuble essentiel , dont nous croyons devoir parler aussi :
ce sont les plats. Les auteurs anciens nous ont conservé
le souvenir de quelques-unes de ces pièces extraordi-
naires dont la matière et la forme prouvent que le dé-
bordement du luxe allait jusqu'à la folie. G)nsacrons
donc quelques lignes au souvenir historique des plats
chez les Romains.
* Encore une critique de ces pauvres maniaques d'anti-
quités ; on ne s'attendait guère à trouTer Enée* en cette
affaire.
( *i )
Des plats. Ils étaient à peu près de la même forme
que les nôtres. On en faisait en terre vernie , en bronze ,
en argent et même en or. On les nommait tanx , caûnus,
discus, paropsis. Le lanx satura était un plat rempli
de toutes sortes de fruits, ou contenant un ragoût farci
•
de différentes viandes. Les plats qui composaient le
premier ou le second service ( primœ aut secundœ
mensœ), n'étaient jamais servis simultanément , à moins
qu'ils ne fussent chargés d^œufs , de fruits ou de frian-
dises que Ton pouvait prendre à la main , sans le minis-
tère de récuyer tranchant *. Mais pour les grosses
pièces , les ragoûts , etc. , ils étaient apportés séparé-
ment ; et quand le morceau était remarquable par son
volume ou par sa rareté , on l'introduisait dans la salle ,
aux acclamations des convives , avec pompe , musique et
parfois en chantant et en dansant ; ceux qui l'apportaient
étaient couronnés de fleurs. Les plats , qui renfermaient
ces morceaux extraordinaires , s'appelaient rhombus ,
patina, et étaient ordinairement du plus grand luxe et
d'une étendue proportionnée. C'est de ceux-là dont nous
allons parler.
On prétend que Sylla en avait qui pesaient jusqu'à
deux cents marcs d'argent; et Pline ajoute qu'on en
aurait trouvé pour lors à Rome plus de cinq cents du
même poids. Cette fureur du luxe ne fit qu'augmenter
par la suite.
Du temps de l'empereur Claude , un de ses esclaves ,
nommé Drusilannus Rotundus, qui était trésorier de
' Cet ofEcier de bouche s^ap pelait carptor, carpus, scîssor,
on dirîbiior ^ il découpait les viandes d'une main savante.
On le nommait aussi chironomons ou gesticulator , lorsqu'il
découpait en cadence au son des instrumens.
( 45 )
la haute Espagne, fit faire, dît Pline, liv. xxxm, un
plat , nommé PromuUis, pour la fabrication duquel il
fallut établir une forge exprès. Ce plat-mo/wfre était en
argent pur et pesait cinq cents livres-, on le servait
au milieu de huit autres petits plats du poids de cent
marcs chacun. La machine qui soutenait ces neuf plats
rangés symétriquement, s^appelait du nom du grand
plat, Promidsidarium. « Combien, ajoute Pline ^ eût-
il fallu d^esclaves comme le propriétaire pour porter
et disposer une telle vaisselle sur la table ? et dans quel
festin eût-on pu le servir ? »
C'est sans doute ce plat qui a servi de modèle à celui
que fit fabriquer quelques années après le glouton Yi-
tellius , et dont il fit la dédicace avec tant de pompe.
Il appelait ce plat le bouclier de Minerve, à cause de
son excessive grandeur. On avait bâti un four en pleine
campagne pour le fabriquer. Rome de Tlsle, d'après
Pline (liv. xxxv), dit que ce plat énorme, en terre
cuite y coûta un million de sesterces ( aoo,ooo fr. ). N'est-
il pas présumable qu'il était plutôt en métal , soit en
argent , soit en or , ou du moins incrusté de ces matiè-
res, et que la somme de deux cent mille francs n'aura
été que le prix du travail ? Je fonde cette conjecture
sur deux £eiits : le premier, relatif à la matière , est que
ce plat a été conservé comme un monument remar-
quable jusqu'au temps d'Adrien qui le Jit fondre, et
l'on ne fond pas la terre. Le second , relatif à la somme,
est que Yitellius , pendant les huit mois de son règne ,
ayant dépensé pour sa table neuf cent millions de ses-
terces ( 180,000,000 fr. ) , que serait la modique somme
de 200,000 fr. pour la matière et les frab de &brication
de ce plat énorme auquel il attachait tant d'importance,
qu'il en fit une dédicace solennelle? Qu'on se rappelle
(46)
les dépenses inouies qui se faisaient alors à Borne pour
satisËdre aux exigences du luxe , soit en fait d^ameu-
blement, soit en fait de bonne chère ^ et la ocmjectiire
que je hasarde ne paraîtra peut-être pas entièrement
dépourvue de fondement.
Le goût pour ces énormes plats qui sans doute n^é-
taient souvent que des meubles d'ostentation, a survécu
aux Romains. Nous en retrouvons plusieurs dans les
premiers âges de notre monarchie -, quelques-uns pro-
venaient peut-être des Romains.
Après la mort de Mummol , patrice de Rourgogne ,
qui périt à la suite de sa perfidie , en 585 , on trouva
parmi les effets qui furent saisis chez lui , outre une
quantité considérable de vaisselle d*or et d'argent,
quinze grands bassins d'argent , dont un , entre autres,
pesait cent soixante-dix livres.
On connaît encore un plat dW massif, du poids de
cinquante livres , que Gbilpéric^ roi de Soissons (as-
sassiné à Ghelles en octobre 584 ) , fit faire et enrichir
de pierreries, pour honorer, disait- il, la nation fran-
çaise.
Saint Arnould, évéque de Metz, en 6i4, Tun'des
aïeux de GhaHemagne , possédait un plat d'argent , du
poids de soixante-douze livres, qu'il vendit pour sub-
venir aux besoins des pauvres.
Quand Sisenande, roi d'Espagne, voulut engager
Dagobert dans sa révolte , il lui promit un plat d'or, du
poids de cinq cents livres , et que l'on disait précieux
plus encore par la beauté du travail que par sa valeur
intrinsèque.
Enfin, Lothaire, étant sur le point d'être attaqué
par ses frères dans Aix-la-Ghapelle, y pilla le trésor de
Gharlemagne son grand-père , et brisa , disent les An^
(47)
ts de S. BerUn , un plat d'argent d'une immense
^^xxiension, qui représentait en bosse , Tunivers avec
1^ Cours des astres et des planètes , et il le distribua à
^^s soldats. Ce prince , roi dltalie , mourut en 856.
DES LAMPES ET DES CANDELABRES.
Ces meubles étaient encore à Rome un objet de luxe
ohez les riches particuliers. S. Clément d'Alexandrie
et Eusèbe attribuent aux Egifptiens Pinvention des
lampes. On en connaissait de différentes sortes , celles
qui étaient consacrées aux temples, d'autres destinées à
éclairer les appartemens dans les réjouissances ou les
festins; les lampes de nuit, les lampes d'étude, les
' lampes sépulcrales, etc. , etc. Aucun meuble chez les
Anciens n'a eu des formes plus variées , et quelquefois
de plus indécentes , surtout celles qui étaient portatives
ou de table. Dans les premiers temps , les lampes
étaient simples , en terre cuite ou en bronze ; ensuite
cm en a Ëdt en airain de Gorinthe, en argent et en or.
On en a trouvé un grand nombre à Herculanum , de
toutes matières et de toutes formes.
Les lampes destinées aux appartemens et surtout au
tricUnium ( salle à .manger ) , étaient ordinairement en
bronze ou en argent ^ et suspendues par des chaînes de
même métal. On les appelait lucemce^ et quand elles
avaient plusieurs branches (espèce de lustre), elles
prenaioit le nom de Poljmixos. Martial nous en repiré-
sente une dans cette épigramme, liv. xiv, ép, 4^-
Ulastrem cùm tota meis conTivia flammisy
Totque geram myxos , ima lucerna vocor.
a Mes brancheg allumées éclairent tout le festin ; qaoiqiie
a j^aie plosiears bras^ je n'ai qa^un nom | oéloi de lastre. »
\
f( <8 J .
Toutes les lampes n'étaient pas suspendues; on en
voyait beaucoup supportées' par des candélabres ; et ces
candélabres étaient d^un travail précieux. Les plus
beaux se faisaient à Egine pour la partie supérieure, et
les tiges se fabriquaient à Tarente. Les candélabres or-
dinaires se vendaient cinq à six cents francs de notre
monnaie -, mais d^autres allaient quelquefois jusqu'à
dix mille firancs. C'est ce qui a fait dire à Pline , que de
son temps on ne rougissait pas de donner la valeur des
appointemens annuels d'un tribun militaire , pour un
ustensile dont le nom rappelle Fidée de chandelle. Par-
lant de ces sortes de meubles , il raconte une aventure
assez extraordinaire pour que nous ne la passions pas
sous silence.
ccUn crieur public, nommé Théon , exposait en
vente sur la place un candélabre ; soit que les enchères
n'allassent pas à son gré , soit par un autre motif, il
réunit à ce lot , comme accessoire , un esclave bossu ,
hideux et foulon de son métier , qui s'appelait Clé-
sippe. Une dame romaine, du nom de Géganie, acheta
le tout moyennant cinquante mille sesterces (10,000 fr.).
Le lendemain, elle fit parade, à table, de son aa](ui-
sition, et exposa à la risée de ses convives, le bossu
dépouillé de ses vêtemens. Mais peu après, cédant à
une passion effrénée , elle lui fit partager sa couche ;
puis sur le point de mourir, lui légua des richesses im-
menses. Le bossu Clésippe rendit à ce candélabre des
hommages comme à une divinité , et éleva à Géganie
un magnifique tombeau qui fut moins un témoignage
de la reconnaissance du légataire, qu'un^ monument
de la honte de cette femme. »
Quoique les chandelles moulées ou à baguette, ainsi
que les bougies , existassent chez les Romains , comme
(49)
le pronvent plusieurs épigrammes de Martial , AV. xiv,
epp* 4^ 9 4^ 9 4^ 9 ^U^ n'étaient point d'un usage gé-
néral, puisqu'on n'a trouvé ni à Herculanum^ ni à
Pompei , aucun candélabre percé de manière à les
supporter.
DES PffiRRES PRÉCIEUSES.
Pline raconte que Scaurus, gendre de Sylla, est le
premier à Rome qui ait eu un écrin rempli de pierre-
ries , qui sans doute provenait de la riche succession de
ioa beau-père. Cet écrin fut le seul connu juaqu^à ce
]ue Pompée , lors de son triomphe sur Mithridate , dé-
liât au Gapitole celui qui avait appartenu à ce Roi , le
jliis riche et le plus somptueux de tous les princes
iraincus par les Romains.
L'écrin de Mithridate, si Ton en croit Yarron et les
latres auteurs du temps , était beaucoup plus précieux
|ue celui de Scaurus. Outre les rubis, les topases, les
liamans, les éméraudes, les opales, les onyx, et beau-
îoup d'autres pierreries d'un éclat et d'une valeur
oestimable, on y voyait une quantité infinie d'an-
leaux, de bagues, de cachets, de chaînes d'or d'un
ravail exquis , et d'autres objets de toilette et de pa-
gure noivnioins admirables.
Mais combien d'autres merveilles brillèrent à ce
riomphe sur Mithridate ! Un échiquier garni de toutes
es pièces , entièrement composé de pierres précieuses
ncrustées dans l'or \ trente-trois couronnes en perles ;
a Eaimeuse vigne d'or d'AristobuIe , estimée par l'his-
orien Josephe (/iV. xiv), cinq cents talens (2,400,900 f.) ;
e trône et le sceptre de Mithridate \ son char éclatant
l*or et de pierreries , qui avait appartenu à Darius \ le
xianteau brodé à fleurs d'or , qui passait pour être celui
4
J t
le pr:"-
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jue P : -T. z* -: . . : î'* . ie s«)n • •
liât au Opiî.le ctlui qui •.
3I115 riihe et le plus s.c : ..
^'ain*:::.? par les Roinain;
L'eiiriii de Mithrida*-.
luires mteurs du tcœ:- •
lue Celui de Scaurus. • •_•
iiamaDi, les émérau>
coup d'autres pierr-r-
inestimable , on v 1 .-.
neaux, de bagues. »
travail exquis , et c c.
Ture non^moins aoazr
Mais combiec *
triomphe sur llitz -
ses pièces 9 eoti-"*
incrustées dan
la bmense t: -
lorienloBep'
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d!oretci
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rdle
ilche
Ile y
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.)r, et
[)ierrcs
la, elle
les An-
out cela
;i Telle lui
■.;arquahle
I riiistoire
. elle avala.
/<'pélcr ici ;
MIS nos Re-
l'cstins av^ec
X1828),
■nie de Cali-
•ire galerie.
• (Muonie pu-
riste de l'o-
Irès-ordi-
?e d'éme-
■it encore
l'fje , ses
Ht char-
néme, se
.000 f.),
•hesses ,
raccrois-
\
(50)
d^Alexandre ; c'est celui que Pompée revêtit lors de son
triomplie; enfin les armes de Mithridate qui étaient
d^une ricbësse inonie -, mais son diadème et le foiMreau
de son épée n'y parurent point; ils avaient été volés.
Le diadème, étincelant de pierreries, avait été pris par
Caius , et le fourreau , plus riche encore que le dia-
dème , avait été dérobé par un certain Publius qui le
Vetià&t à Ariarthe. C!e fourreau , tout couvert dés '{lierres,
les [dus précieuses, avait coûté qdafl^ centà^ t&lens»
( 1 ,920,000 fr. ). Pompée ne sut rien aldris dé €ie^ detixL
vols; mais Phamace les ayant découverts, en rëvéta le^
auteurs et les fit punir.
César, à Texemple de Pompée, dédia' six écrins dan^
le temple de Vénus Grenitrix; etH^i^elluâ, fibd*Octa —
vie , en plaça un dans le petit temple d" Apottôn ', sur 1
mont Aventin.
Le même César fit présent à Servilie, mère de M
Junius Brutus , d'une perle qu'il avait achetée ^citis
prémieir consulat (59 av. J.-C. ), six millions dé s^
tcrces ( ï,aoo,ôoo fr. ) ^ .
Tout le monde connaît les excès du liixe et de la
digalité de Ciéopâtre dans ses orgies avec Antoine lors
' U nous semble que M. Mazois^ dajis sou savant *ot eu *
rieux ouvrage, Le Palais deScaurus, seconde édition $
Paris, 1822, in-80, fig. , sVst trompé, p. 118, en citan -^^^
Lollla au lieu de Ser ville. César a bien aussi séduit un^ ^
Lollia, femme d'Aulus Gabinius^ mais ce n^est point pou~ -^^
elle qu'il fit la folle dépense dont nous parlons ; c'est pou ^^
Servilie, mère de J. Brutus, à laquelle, outre les présen-^^*
considérables qu'il lui prodigua , il fit adjuger à vïl prix 9
pendant la guerre civile , de très-belles terres qu'on reudai^^t
k l'encan.
(51 )
^qa^'il daorda en Egypte. Dans le premier repas qu^elle
lui donna , elle lui ftt présent , non seulement du riche
«unedblonent qui décorait letricbmum, mais eDe y
«jouta tout le service de table ; c'est-à-dire qu^elle le
pria d^aocepter toute la vaisselle qui était eh or, et
tous les vases également en or et enrichis de pierres
précieuses. On prétend que , non contente de cela , elle
loi oifirit encore cette superbe chrysolithe, dont lés An-
ciens ont tant vanté la rareté et la valeur. Tout cela
s'était passé dans le premier repas *, le second qu'elle lui
• donoÀ deux jours après ne i'ùt pas moins remarquable
par un autre genre de folle prodigalité^ c'est l'histoire
de la fieimeuse perle , estimée 125,000 fr. , qu'elle avala.
Cette histoire est trop connue pour la répéter ici ;
d'ailleurs nous Tavons donnée en détail dans nos Rb-
CHBBCHBS sur le luxe de Cleopâtre dans ses festins avec
I JuleS'^César , puis avec Marc-Antoine. Dijon (1828),
iJi-8*, pp. 16-20.
Le luxe de Lollia Paulina , devenue femme de GaK^
gula., mérite bien aussi de figurer dans notre galerie.
« J'ai vu , dit Pline , non pas dans une cérémonie pu-
blique, où l'on étale ordinairement tout le faste de l'o-
pulence, mais dans un souper de fiançailles très-ordi-
naire 'j j'ai vu ^LoIlia Paulina toute couverte d'éme-
raudes et de perles , que leur mélange rendait encore
plus brillantes. Sa tête , ses cheveux , sa gorge , ses
oreilles , son cou, ses bras , ses doigts en étaient char-
^gés' • L'état, qu'elle afiectait d'en montrer elle-même^ se
joiontait à quarante millions de sesterces (8,000,000 f.),
içuœ summa quadragenties colUgebai. Et ces richesses ,
' Yoyez à la fin note (F) sur la loi Opia^et snr raccroia"
sement dn luxe des dames romaines.
(62)
elle ne les devait pas à la prodigalité de Tempereur;
c'était le bien de son aïeul , Marcus LoUius, c^est-à-dire
la dépouille des provinces. Mais une telle fortune ne la
^uva pas d'une mort tragique ; la jalouse Agrippine ,
à qui elle avait disputé la main de Claude y lui envoya ,
par un tribun , Tordre de se tuer , et se fit apporter sa
tête. »
Méron offrit à Jupiter Gapitolin les prémices de sa
barbe ' dans un vase d'or entouré de perles du plus
grand prix.
Lorsqu'il assistait aux jeux du cirque , pour ménager
sa vue il se servait, en guise de lorgnon, d^une su-
perbe émeraude concave, non gravée ; car les Anciens
respectaient trop cette pierre pour Tentamer par Iîl
gravure.
Héliogabale^ si Ton en croit Lampride, faisait mettr
à sa chaussure des pierres précieuses d'une valeur i
timable \ et tous les jours il en changeait , ne voulan
plus revoir celles qui lui avaient servi une seule fois
Il faut le dire , longtemps avant Héliogabale , le luxe e^ t
* La tonte de la première barbe était une cérémonie reli -
gieuse chez les Romains ; on Toffrait aux dieux.
La barbe longue fut en usage à Rome depuis la fonda—
lion de cette Tille jusqu^à Fan 4^4 > c^est-à-dîre pendan — t
quatre siècles. Alors un certain Publîus Ticinius Mœna ^s=^i
fit venir des barbiers de Sicile , et introduisit le premîe=^^f
cbez les Romains Pusage de se raser. ( V. Pline y vu , 59. )
Cet usage se conserva jusqu^au temps d'Adrien ( élu em]
reur le 1 1 août 1 17, £. vulg. ). Voulant cacher quelque e:
croissance quMi avait au menton , il laissa croître sa barh— -»e
( y. Spartian. in Adrian, 26 ) \ mais Pusage de se rase= — ^f
fut rétabli peu de temps après.
(53;
la mollesse s'étaient singulièrement accrus chez les Ro-
xnains. Ils n^avaient plus mis de bornes à Tusage et au
nombre des pierres précieuses travaillées par les ar-
'tistes les plus habiles pour la parure des deux sexes.
Ces pierres étaient des émeraudes , des saphirs , des
tqpa^es, des améthystes, etc. '. Les grands en déco-
daient leurs vêtemens et en relevaient ainsi la magnifi-
cence ; les femmes les plaçaient dans leurs coiffures ;
les bracelets, les agrafes, les ceintures en étaient sur-
chaïf^, et le bord des robes souvent parsemé aveo-
profusion ^.
DES CAMÉES.
Puisque nous sommes à parler des pierres précieuses
si estimées et si recherchées des Anciens , nous dirons
qull en est une sur laquelle leurs lapidaires se plai-
saient davantage à exercer leur talent , parce que cette
pierre, par sa nature, prêtait davantage au génie de
Tartiste , et le faisait quelquefois parvenir à un résultat
aussi singulier que curieux. Cette pierre est la sardoine-
onyx , ou agate-onyx. Les couches alternatives de
différentes couleurs dont elle se compose , étant enle-
vées artistement selon le suje^ qu^on a à traiter , for-
* Nous renvoyons à la fin, note (G), des détails snr le goût
des modernes pour les pierres précieuses, sur quelques col«
leçtions , et sur les plus beaux diamans connus.
^ C'est sans doute pour que ses nièces, les princesses
Braniski, Galitzin et la comtesse Samolinow, fussent aa
niTeaii deB dames romaines , que le prince Potemkin leur fit
un jour présent d^une garniture de robe , composée de quinze
archines ( trois quarts d^aune de France ) de fil de diamant.
(54)
ment des camées plus ou moins précieux, à raison d
nombre de couches et de la beauté du travail.
Piine {lii^. xxxvii, a3), ra^^rte, d'après Démos-
trate , que ce fut Scipion TAfiTicain cpn , le premier , a
porté une sardoine à Bome , et que> dès-lors cette pierre
lut trèsnesUmée des Bomains. On la tirait de différens
endroits;, entre autres, de 1? Arabie et^es inde^.
On en pcKSsède encore plusieurs qui datent du temps
de&emperéurs romains, et qu'un beureux hasard a fait
édbapper à la barbarie des siècles. Mous allons citer
quelques-uns de ces superbes camées.
L'un de ceux que l'on met au premier rang , et que
M. Visconti regarde comme le plus beau camée anti-
que , existait dans le musée minéralogique de M. Drée^
il a cinq couches et seize lignes de hauteur. Ûhabile
artiste y a gravé le buste de Faustine, femme d'Anto-
nin"-le-Pieux. A la vente du musée en question ,*^ce cu-
rieux morceau a été payé la somme de 7,171 fr.
Parmi les camées antiques qui sont à la bibliothèque
du Roi , on distingue les suivans :
L'Apothéose d! Auguste , gravée sur un onyx à qua-
tre couches , dont deux jbrunes et deux blanches. Il est
ovale et a 1 1 pouces de largeur sur 9 de hauteur.
Cérès et Triptolème cherchant Proserpine , gravés
sur un vase de 6 pouces de hauteur , connu sous le nom
de if ose de Brunswick.
Lbs Mystères de Cérès et de Bacchus, gravés sur une
coupe à couches de sardoine brune , de 4 pouces 6 Ug.
de diamètre et de 4 pouces de hauteur.
L'Apothéose de Germanicus, sur un onyx à quatre
couohes, d'une grande beauté. Germanicus y est repré-
senté enlevé sur un aigle.
Germanicus et Agrippine dans un char irainé par
( 55 )
n^fettj: dragons, bel onyx à trois couches bleues et
brunes.
uigrippine et ses enfanSy onyx à trois couches. 7ï-
hère, onyx à trois couches.
, JufiVer armé du foudre^ ^oigle à ses pieds, gr^pd et
bd poyx à trois couches.
Jln^ Querelle entre Mmerueet ffeptuneyOO^^k tcois
couches.
Tike dyiugusie, onyx à trois couçjlies.
rA^f- Aw^»- opy^ ^L deux couç;hf^ V Tune Mrache
çt Ij^autfe noire. Ce morceau çst plus reaiar<<|aable
ppUTpla beauté et la délicatesse du tr^y^LU'qu^par la
gn)Ddeur de la pièce.
..fpùms sur,'iM iaurecfu mariny enfourêe de petits
çofifHtrs, . çnyx. k . deux couches ^ f em^arquiMe par la
gueuse de la gravure.
., VfiL^muf^efiu, grajad pnyx^à deux couches , runebian-
çhe et TaiitFe d^un bcua foncé.
MaroAurèle et Fausûney onyx a quatre. couches,
4op$ deux Uaoch^s $i deip^ Ulas. Ou présume (pie cette
d^rniorei cpuleur.aété^a^iqiiée après coup.
. , . J^ous citerons Qpoûre :ia . T&e du. Christ. flageUé , pré-
f^tant d^es gouttcii? de sang^tses dans l«s taches :niêiDes
df[ Ja pieire.^AI^^s fi^^ pierre u'e^x point un onyx; ç!est
une agate ponctuée verte à points rouges ( jaspe sazH
gwp.df^s lapidaires, héUotmpe des Anciens ) , que les
g^veurs empbijent ii^k^efois . fort Joteureusement ,
cornue on vient de W vqir dans cette. tête, de Christ.
Il QOMS serait foc^ilç .de, citer une infinité d^autres ca-
sa^ et pierres. prépieifses qui npus viisnnent des An-
ciens ) mais le^ Umites asysigpées h pet opuscule ne nous
1<3 ,perme;tteat pas.
( Ô6 )
DES ANNEAUX.
Les Romains ont toujours attaché une trèg»grand
importance aux anneaux , qui d'ailleurs , comme 6n 1
sait, ont été en usage chez tous les peuples, dès là plu
haute antiquité. Les Sabins se servaient de l'ànneatu ^^
du temps de Bomulus ; il est présumable quHls {brenc
les premiers de l'Italie qui reçurent cet usage des Grècs^
tes Etrusques pourraient peut-être leur disputer cétt^
priorité. QucH qu'il en soit , l'usage des anneaux passa^
des Sabins aux Romains. Pline ne nous dit pas leqbeL
des rois de Rome l'a adopté le premier 5 mais ce qu'il y
a de certain, c'est que tes statues de Numa et dé SerVius^
Hostilius furent les premières où l'oii en trouva dés
marques. Les Romains se contentèrent IcHigtetnps de
Taiineau de fer , et Pline assure que Marins fot le premier
qui en porta un d'or, lors de son troisième consulat Taft.
io3 av, J.-C.
On reconnaissait à Rome trois différentes sdrtesr
d'anneaux. La première servait à distinguer les con—
dîticms et les qualités. La seconde était les anneaux d^
noces ou d'épousailles , aimuli sponsaUtU^ et la troisième»
comprenait ceux qui étaient destinéa à servir de sceaux»
tmnuU c/Urographi.
Dans le principe , il n'était pas permis aux sénateuï'S»
déporter Panneau d'or, à moins qu'ils n'eussent été
ambassadeurs ; et il ne leur était permis de le porter en.
public que dans les fêtes et les cérémonies nationales ; le
reste du temps ils portaient l'anneau de fer. Ceux qui
avaient eu les honneurs du triomphe étaient assujettis st
la mêmeloi ; mais depuis Marius , ils s'en sont affranchis.
Par la suite , la sévérité de la loi fléchit : les sénateurs.
(67)
les tribuns légionnaires et les chevaliers eurent le droit
de porter l'anneau d*or . Bien plus, on le permit quelque-
Ibis au peuple ; Auguste accorda cette permission aux
aflfranchis , et Sévère à ses soldats ; mais c'était en ré-
compense de quelque acte de bravoure ou de quelques
services importans rendus à l'Etat. Ainsi les anneaux
étaient pour les Romains ce que sont pour les modernes
les décorations des différens ordres. En général le peuple
portait des anneaux^d'argent et les esclaves des anneaux
de fer.
Dans Torigine, les Romains ne portaient qu'un seul
anneau à TavantHlemier doigt de la main gauche, de là
appelé digitus annularis. Quand par la suite des temps
le privilège s'aflaiblit , on en multiplia l'usage , et même
quelques particuliers en portèrent non-seulement un à
chaque doigt, mais un à chaque phalange de chaque
doigt. La bague la plus précieuse se mettait au petit
doigt ; elle ne servait jamais à cacheter ' . St. Clément
d'Alexandrie permit aux Chrétiens de porter une seule
bague à ce même petit doigt. Lucien parle d'un riche
Romain qui avait seize bagues , par conséquent deux à
chaque doigt , celui du milieu excepté. Au reste , tout
lionime riche était , dans les m* et ly* siècles , une espèce
d'écrin ambulant. Certaines gens mettaient tant de
recherches dans le choix de ces bijoux qu'ils avaient
des garnitures de bagues différentes pour chaque saison,
plus légères en été , plus pesantes en hiver. C'est ce qui
excitait la bile de Juvénal. <c Peut-on, s^écrie-t-il, se
' On la plaçait à la main gauche , dît Macrobe , parce que
Taction per|>étnelle de la main droite aurait pu faire courir
quelque risque à la pierrerie. Pline donne un autre motif)
il dit que Tannean pouvait embarrasser la main droite.
(58)
refuser à la sature, lorsqu'on voit un écbappé des
bourbiers d^Egypte, un Crispinus, autrefois esclave da^s
Ganope, r^ter noncba)iaminent sursesépaulesl^ pourpr^
tyrienne, et les doigts en sueur^ agiter dans Tair.flç^
bagues d'été ^ trop délicat pour supporter de;s fipip^^p
pli^ pçs£i^P y> Lajnpride ^emarq\ie g^ç. pef^pi)oe à-cet
égard ne ffeoussa le luxeau£^i loin.qu,'|]|iUog9b9Jei|iiiAe
|x>i:|a jajoaais deux fois le m^oie anneau.
Qjuand les bagues ou . s^^i^^i^ dçyi^^nt un .(^jel de
luxe , on en composa de toutes les espèces , soit d' WjI^I
et unique poétal ) soit de plu§ieurs^étai|X ip^l^g^^^oa
de deui^ niétaux disjtjngu^. Ensuite gnjiçç <etiriçlMl>4e
pierres précieuses;, p;iais il n'étak pas tj(^ijaura. «wpis
dapg^r 4!en avoir d'un grand prix, (iç .séPMtwrilHoiûui
fut proscrit Qu plutôt. fpTpé de s'çxiler.» parce quUl^aviût
à son ^neau une pierre précieuse quç, le. tdonurir
dintoine convoitait , et qu^il se fut procuriée en «M^rifiuit
le .propriétaire. . C'était 9 dit Pline ^ ^ne ppuledeja
grosseur d'une noisette « e^ valeur, de. vipgl.mîUe «aç»^
terces ( 4000 fr. )*
A^vant que les anneaux fussept orné^ d^ pierres pré?
çieuses, op lias portait à sa &ptaisie, et à diaqaemain;
mais aussitôt qu'ils /eurent reçu cet . accrsH^sement de
luxe , <vi ne les porta plus quià.la main gauche eA 4» se
rendait ridicule en les mettante la jnjiin droite.
L'étui ou éorin , dans lequel on .renfiermaît les 9st
neaux ,^gui^9 cachets ^ lew^^senai^msikJiaçtjrliaAfiGa.
Ces objets étaient . au rang, des .byoux im. plua.nureB.
Quant aux anneaux de la troisième espèce devant servir
de sceau ou cachet , on faisait graver sur le métal ou sur
la pierre précieuse un signe quelconque y soit le portrait
de ses ancêtres, de ses amis» de.quelqiie divinité, de
quelque prince, de quelque homme çél^re^.soit l'em-
(59)
blâme de quelque événement mémorable^ Pyrrlius avait
«rticmaimieau fin Apollon Avec sa lyre an milieu des
Sbsça^Sylfai avait sur le sien, le portrait de Jugurtha
}9^il avait yatncu. Sue œkiide Fompëe^éèaient sestrœs
mioniphes^ il.en avait un. autre portant uoi Uon armé
Tuaeépée. Ia 6gured'.une Vénus armée ornait Panneau
JeiCéear. Àugiuite eutd*abord.un sphynx ; maiâ comme
m^ en fit de$ . (daisanteries , parce que certains édits
sodHé^dex^ela^^nean n'é|;ûent pas fort clairs , il y subs-
lâliili la figtire d'Alexandre gravée par Diosooride^.puis
aofio la sienne, et ses suocesseurs immédiats continuèrent
k #9: servir de son anneau. Pline le Jeune avait un qua-
hige^fialba, une. liêlé de chien; sortant d'une prouede
eaisseau ; Commode , une amazone , et c'était Martia ^
n#ooncubiae^ qu^il avait fait graver dans ce cos-
iMMe i etc. , etc. Nous pourrions citer une grande qttan<«
tilé id'aulres empreintesd^anneam ;: mais i^ous- renvoyons
•HiK cbap. XI j, XII et xiu.du./oA. Kmhmanrd de tmmMs
Uèw mgidans , Sfevigae ^ 1 657 , pet. in-4}', pp. fi* lao.
DES ETOFFES.
Les principales 6i2d)6tances que Ton employait à la
SibriGatio& des étoffes dkex, les fiomains , -étaient la Jaine
et le lift que FoB entremêlait parfois (kins le tissu; puis
vJAtle é^Miitf/ (-oolon ) , et longtemps après ils con-
nurent la soie. Mais la laine était Tobjet essentiel de
leurs soins et de leur industrie -, ils en feisaient un Hel
cas que la direction des troupeaux de bêtes blanches
était confiée aux censeurs, à ces magistrats suprêmes
qui avaient infection sur la conduite et les mœurs de
obaque citoyen. Ils ccmdamnaient à de fortes ameudes
oduiqui né|^geait ses troupeaux , et iiécon4>ensaient
du titre honorable diOviims, celui qui av^t concouru
(80)
à ramâûntioa des kines. Célakiiiiebtaiiciieoonsîdé-
laUe d^agricoltiire et de oommefce. On reckeRbait
surtout les moatons de k Gahtie, de la Fouille, de
Tarente , de 11 ilet et des enTirons de Guiose, parce
que leur toison ' surpassait les autres en finesse, en
longueur et en douceur. On attachait un tel prix à odie
des moutons qui paissaient sur ks bords da Galèse en
Calabre, qu^on leur mettait sur k dos une espèce de
housse pour garantir leur toison de Tatieinie des buis-
SODS, et pour k rendre plus propre à receroirk teinture
et les apprêts (YAmmoit, liy. n, c. 2). Qtmnt à h
blancheur, les laines des environs du Pâ ne sonflEraient
aucune concurrence. Pline et Gifaunelle vantent ans»
cdles de k Craule.
Hais ce qui ajoutait un |Hix excessif aux étofiics-en
laine, c^était k teinture; et elles n'aoquâaient'uue
haute valeur que par k couleur dont elles étai^it im-
prégnées. Parmi les couleurs, la pourpre Pemporla
toujours au plus haut d^é sur toutes les autres, soit
à raison de sa cherté , soit à raison de son éclat qui lai
fit donner la préférence pour en faire le symbole de h
grandeur et de la puissance. « C'est devant cette coo-
kur précieuse , dit Pline , /!rV. ix , que les £ausceaux et
les haches romaines écartent k foule ; eUe est la majesté
deFenfance; elle distingue le sénateur du chevalier;
' Le mot toison vient cLe tonsum, sapin àe tondere, fon-
dre. Il se dit en latin velluSf qui Tient dé vellere, arra-
cher, parce qne, dans le prînci|>e , -on iie tondait pas les
moatons , mais on arrachait la laine de dessus leur dos. Cette
coutume subsistait encore dans quelques endroits de l'Italie
du temps de Pline. ( Voyez sur cette étymologié, Isidobe^
de originibusy liv. xix, C.-27. }
(61 )
au pied des autels , elle fléchit les Dieux ; son éclat
rehausse les vétemeus ; elle se mêle à Tor dans la robe
.triomphale : excusons donc la passion qu^elle inspire. »
Ce passage prouve que la pourpre, honorée dans tous
ks temps diez ies Romains , y a toujours été , pour cer-
tains Tétemens dont elle relevait Téclat, la marque
d*un privilège attaché soit à la naissance , soit aux di-
sputés. Ces sortes d'habillemens étaient au nombre de
trois , la prétexte , le laticlave et la trabée.
. La prétexte , robe ou espèce de tunique blanche bor*
.dée de pourpre , était le costume ordinaire des patri-
•cieiis; leurs fils la prenaient au sortir de Tenfance et
ne la quittaient qu'à dix-sept ans. Les magistrats la
portaient dans les solennités publiques ; le préteur ne
Ja quittait que lorsqu'il rendait un jugement criminel
âé&vorable à Taccusé; et les magistrats qui avaient
pris part au jugement retournaient leurs robes en signe
de deuil.
Le laticlave était une tunique bordée pardevant
d'une large bande de pourpre , semée de nœuds tantôt
de pouqure comme la bande même, tantôt d'étoffe
d'or , et semblables à des têtes de clous ^ c'était le cos-
tume des sénateurs , des magistrats patriciens et des
magistrats plébéiens supéi^ieurs.
La trabée était une robe de pourpre à bandes; les
premiers rois de Rome la portaient. Après leur expul-
sifHi, et quand la république fut bien assise, elle devint
commune aux consuls , aux augures , aux diverses ma-
gistratures supérieures , aux prêtres , etc. ; mais elle
avait des nuances diffîrentes pour chacune de ces di-
gnités. Par exemple , celle des triomphateurs était or-
née de palmes d^or brochées ou tissues dans l'étoffe ; ies
prêtres en portaient une de pourpre.mêlée d'une autre
(62 J
tQDulear motus éclatante ; celle des cavaliers , qu'ils tiie
prenaient que les jours de renie, était dPun fond iiknK$,
et rayée de bandes de pourpre tissiae^ d^ns Tétûfite; Ce-
pendant , IcHTsque Tnsage de là trabée fut devenu si ge^
néral ^ les cohsuk y renoncèrent pour pi^endihe une srutre
robe , qui , à cause dé la variété de ses coulent^ ^' pdrtaf,
outre le nom de {nrétexte , celui àéu>ga pahnMa: Cette
robe , qui était précédemment cdlè desf triompliateurs»
devînt commune aux consuls et aux préteurs.
D'après ces détails , il est donc certain que te pour-
pre , comme couleur , a tCFujours 'été mise ait rang dès
objets du plus grand luxe , surtout la douille pourpre
de Tyr ' , qui , du temps d'Auguste , se vendait^'^inille
deniers (près de 800 fr. ), la livre. Là teinture sintpie
en pourpre, d'une seule livre de laine, coûtait loi^ fr. *,
mais la couleur poùrpre-^violet se vendait moins dber,
une livre d'étoffe pourpre- violet ne coûtait guère que
80 fr. la livre. Pline , parlant de l'animal qui prodoit
la pourpre ^ , dit que la phis belle provient de Tyr en
Asie, de Meninx et des cotes de Gétulie en Afrique,
et dé la Laconieen Europe. Il en est qui prétendant
que la' pourpre de Grétûlie , mise d^abord en vogue par
le roi Juba , selon Pline , et connue dès le temps du roi
Syphax , selon Silius Italiens , était jdus précieuse qu6
la pourpre de Tyr.
La plus grande quantité de pourpre (comme subs-
tance servant à Ja teinture ) , qui soit mentionnée dans
Phistoire, est celle dont parle Plutarque, f^ie et A*
lexandre : « Ce prince , dit-il , s^étant rendu maître de
Suse, trouva dans le château quarante mille talens
• Voyez à la fin la note (H) sur ce passage.
> Voyez à la fin la note (I) sur ce passage.
(63)
4^af^[ient monnayé et une quantité considérable de
tueubted et d'effets précieux de toute espèce, entre au-*
très cinq mille tatens' de ponrp^ d'Hehnioné (ville
de rAr^foHde ) , qn^on y avait amassée pendant Fespace
de tàkt quati^^-Vitigt-dik ans , et qui conservait en-
core toute' sâi flbiir et tout son éclat. Cela vient, dit-on,
de ce que la teintuf é en écarlate s^y faisait avec dtt
miet, et la teinture en bhnc avec Tlmile la plus blan-
èhe ] on en voit aujoùtd^hui d^aussi anciennes qui ont
encore toute leur fraîcheur et toute leur vivacité. »
1^1 ejsft le récit de Plùtarque , ce biographe incompa-
rable, maid bel et bien crédule. Il est perïàis d'élever
dés ébutes sur cette quotité de pourpre.
T^rtullieâ dit, dans son traité de Pallia , que Ton
voyait à Rome des étoffes sorties des fabriques de Ba-
bybne , oh brillaient des plûmes d(f paon , que Tàrt fai-
sait servir à romement du fond ; ce n'était sans doute
qn^tine imitation de ces plumes , faite à FaiguilléJ
La laine a été très-longtemps là seule matière des
étoffes en uisagè chez lés Romains pour Thabillément du
plusgriand nombre des citoyens ; car ce n^est guère que
soQS lë règcie des empereurs que Ton a commencé à
portef dés tùniqtteé ou chemises de lin. Selon Tôpîscus,
la mode en est venue d'Egypte ; mais il parait qnê cette
sorte dé tissu était fort chère dans le principe, car nous
* Nous suivons ici la traduction de Ricard; il prétend
que le talent comme poids, était de soixante livres ; ce qui
ferait pour la totalité trois cent soixante mille livres pesant
de pourpre \ tandis que M. Dacier , dans sa traduction ,
porte cette quantité à cinq mille quintaux, c'est-à-dire cinq
cent mille livres. Le bon Amyot dit : c^ Il se trotava trois
à ctnt mille livres pesant de pourpre hermioniqtie. »
( 64 )
avons trouvé qu'une pièce de toile a , un jour ^ été payée
193,628 fr. sous le r^;ne d^ Auguste , &it dont nous
nous gardons bien de garantir l'autheotidté.
Les vétemens en coton , Bjssus ( car il est reccmna
que ce mot latin ne peut s^appliquer qu'an ooton),
étaient d'un prix assez élevé. On les nonunait vesles
byssinœ , et on les payait jusqu^à 1 185 fr.
Quant à la soie , elle ne fut connue à Rome que vers
la fin de la république -, et encore était -elle si rare que
son prix excéda de beaucoup celui de la pourpre la plus
précieuse. Dion nous apprend que J. César , dans les
spectacles qu'il donna lors de ses triomphes , couvrit
le théâtre de voiles de soie ; c'était de la soie lissue
avec d'autres substances , telles que le lin , le coton, etc.
L^usage en passa bientôt dans les habits des plus riches
citoyens. Tibère la proscrivit par un décret. Cependant
son successeur Caligula porta une espèce de casaque de
soie de couleur pourpre ; et même il se montra quel-
quefois en public avec un habit de triomphe et une
robe de cette matière. Mais l'empereur Aurélien , si
Ton en croit Yopiscus , ne voulut pas qu'il entrât le
moindre objet en soie dans s^ garde-robe. Il refusa
même à l'impédurice sa femme , un manteau de soie
qu'elle lui demandait en grâce : « Je n'ai garde, dit- il,
d'acheter des fils au poids de Tor, absit ut aurofila
pensenUir. » En eflTet , la livre de soie valait une livre
d'or. Il faut dire que jusqu^à Héliogabale , les étofifes ,
dites de soie , n'étaient point de soie pure ; il entrait
dans le tissu, comme nous l'avons déjà dit, d'autres
substances , telles que le lin ou le coton. C'est cet Hé-
liogabale qui passe pour avoir porté le premier une
robe toute de soie.
Ces détails prouvent que la soie était toujours excès-
(65)
srvement rare chez les Romains. Us la tiraient particu-
lièaremetit de la Perse qui possédait les belles province^
de rAssyrie et faisait le commerce avec les Indes. Ce
n'était qu'à grands frais que Ton s'en procurait. Justi-
nien , sur le point de &ire la guerre aux Perses , pensa
à changer la direction du commerce de la soie , et à la
tirer par l'Ethiopie , pour empêcher que les trésors de
ses Etats ne passassent en Perse. Mais il fut mieux servi
par d'heureuses circonstances : des moines de l'Inde y
cil la soie des Seres était alors cultivée, lui apportèrent
dé la graine de vers à soie ' . L'essai s'en fit avec succès
l'an 557 de J.-^. , et cette soie fut plus estimée que celle
que Ton avait tirée jusqu'alors d'Assyrie et de l'île de
Gos^ sans doute parce qu'elle était plus pup. C'est de
là que la soie s'est répandue en Europe, mais très-len-
tendent. Elle avait été plus de huit siècles à venir
de l'Asie à Gonstantinople ; et il lui fallut plus de
liuit siècles pour venir de Gonstantinople en Sicile , où
2e comte Roger l'apporta vers le milieu du douzième
siècle.
APPENDIX
Aux OBJETS DE LUXE ET d'aMETJBLEMEITT
Gl-DESSUS MESTIONlfÉS.
Quoique nous ayons déjà mentionné beaucoup d'objets
qui appartiennent à l'ameublement des Romains, nous
c^Toyons devoir encore rapporter , comme une espèce de
v*€capitulation de tout ce que le luxe ofi&*ait de plus
x*eaiarquable à Rome, sous les empereurs ^, le récit que
■ Vid. rpoTH Myriob. j Cod. ô^^de Theoph. Byz, hist.
^ Le débordement du luxe était déjà tel sous Tibère j
?^^il se regarda comme dans Timpossibilité d'en arrêter le
(66;
Jules Capitolin nous feit de la vente des meubles
deux de ces princes , savoir i"* de celle de Marc-Aurèle
qui fit lui-même cette vente pour ne pas surcharge::
d'impôts extraordinaires Rome et les provinces à l\
casion de la guerre qu'il projetait contre les M arcomans
a,"* de celle de son fils Commode , dont le mobilier (x
vendu après sa mort par Pertinax. Nous dirons enanit» .SJtç
un mot du luxe d^Héiiogabale. Voyons d'abord la yeatM'.mkte
de Marc-Aurèle.
« Marc-Aurèle , dit J. Capitolin , fit mettre à Tencai
sur la place Trajan , les omemens impériaux , et vend]
des coupes d'or, de cristal, des vases murrhins, d^.
vases royaux ; des vêtemens de femmes en soie ,
vailles en or , et beaucoup de pierres précieuses qu ïl
avait trouvées dans le trésor privé d'Adrien ; ainsi q^^we
des statues et des tableaux des plus célèbres artistes, et
raille autres efiets précieux servant à l'embellissemessbt
tonreftt 9 ainsi que le prouve le passage suivant d^tme de
lettres en réponse au Sénat qui lui demandait des réform
oc .... En effet , que défendre , dit-il , que réformer ? Seraît=-€e
ce ces parcs immenses et ce peuple d^esclaves? ces mai
rc d^or et dWgent, et ces merveilles de la toile et de I
tf rain? ces vêtemens efféminés qui confondent les di
icc sexes , ou ces dépenses particulières de femmes qui éch
<c gent de Por contre des pierres , et transportent chez ]
oc tranger, cliez Pennemi même , les trésors de I^m|ire..»
<c Qu^ont produit tant de lois de nos ancêtres , tant de 1
a d'Auguste? Les unes abolies par le temps, les autres,
a qui est plus honteux , abolies par le mépris , n'ont ^fiit | <
a qu'enhardir le luxe ; car si on se livre à des excès aimOD ; t
a encore défendus, on peut cratindre la défense; mais ^h i
oc après la défense, on la transgresse impunément} il il^I^ ; «
ce plus ni crainte ni honte«.t... » 1 ^
(67)
da palais. Cette vente dura deux mois et fournit assez
d'or pour mettre Marc-Aurèlé en état d'achever ,
eomme il le souhaitait , la guerre oontre les Marcomans ,
sans augmenter les impôts.
Dans la suite , il fit savoir à ceux qui avaient acquis
ees effists , qu^il les reprendrait au prix quHIs en avaient
donnée et il ne témoigna aucun mécontentement ni à
ceux qui les rendirent , ni à ceux qui les gardèrent. »
C^est Pertinax qui fit vendre les meubles de Commode
aon prédécesseur , parce qu'il ne restait plus dans le
trésor qu'un million de sesterces ( 200,000 fi*. ). Nous
ne parlerons point ici de la vente des domaines , des
esclaves ) des bouffons, etc. ; ne nous occupons que du
mobilier.
« Voici , dit Capitolin , ce qui distingua la vente des
effets de Commode : on y mit aux enchères des vétemens
tissus d'or et de soie, des tuniques , des surtouts, des
lacemes ( espèce de manteau ), des dalmatique$ à
manches, des casaques à fi:*anges, des manteaux de
pourpre à la grecque , des capuchons tels que les portent
les Shruides, des toges, des armes de gladiateurs, bril-
lantes d'or et de pierres précieuses , des épées comme
celle que les peintres et les. sculpteurs donnent à
Hercule , des colliers de gladiateurs , des vases d'or pur,
d'ivoire , d'argent , de bois odoritérans ; des coupes de
même matière , des vases samnites propres à chauffer la
résine et la poix dont on se sert pour dépiler. On y
voyait aussi des voitures d'une invention nouvelle , si
commodes et faites avec tant d'art que par l'arrangement
des roues et des sièges très-bien disposés on pouvait y
être Si Tabri de l'ardeur du soleil, ou s'y ménager un
air firais. D'autres , en roulant , indiquaient les heures
et la longueur du chemin qu'on avait parcouru ^ elles
(68)
étaient très-commodes, et prouvent que la mécanique
était déjà une science assez avancée ' . »
Si du luxe de Commode nous passons au luxe
d'Héliogabale , nous trouverons encore dans Tameu-
blement de celui-ci , des choses plus surprenantes , ou
^ur mieux dire, des prodigalités et des objets qui
tiennent vraiment de l'extravagance. Voici ce que les
historiens nous rapportent du mobilier de ce fou cou-
ronné.
Les salles du palais n^étaient tendues que d^étoffes
d'or et d'argent , enrichies de pierreries. Ses lits étaient
d'argent massif, relevé de ciselures en or ; les matelats
et les coussins couverts de tapis brochés en or , étaient
remplis de poil de lièvre , ou de ce léger duvet que l'on
trouve sous Paile des perdrix. Ses tables , ses sièges, sa
vaisselle , tout ce qui servait à l'ameublement de sa
chambre était en or pur. Son palais n'était éclairé que
par des lampes remplies de baume d^ Arabie. On n^y
brûlait pour l'échauffer que dû cinamome et de la
' Vitruve , qui TÎvait deux cents ans avant Commode y
parle d'une machine de ce genre dans son Architecture , 2fi
partie, ch. 3, art. 6. ce On attachait, au moyeu de la roue
d'un char, dit-il, une dent qui, à chaque tour, poussait
une des dents d'une grande roue qui en faisait tourner une
antre, et celle-là une autre encore qui enfin, attachée à une
aiguille , la faisait tourner et marquer le nombre de toises
et de lieues. Il y avait aussi à cette machine une espèce de
roue de compte | qui , à chaque mille que le char faisait y
laissait tomber un caillou dans un vase d'airain , pour mar-
quer et pour avertir que l'on avait fait un mille. » ( V. Abr£«
G£ des dix Livres d'architecture de Vitruçe ( par Gh. P^r- .
rault). Paris, i^74i ià'i^^ p« aiS.)
C 69 )
canelle. Il ne buvait que dans des coupes d'or et jamais
deux fois dans la même. Les vases destinés aux usages
les plus vils étaient également en or pur>Xes chars enri-
chis d'argent, d'ivoire ou de bronze d'un travail pré-
cieux , étaient indignes de lui \ il voulait qu'ils fussent
plaqués en or, parsemés de perles et de pierreries.
Quelquefois il conduisait lui-même ces chars tirés par
des éléphans ou par des chameaux , ou par des dogue»,
ou par des cerfs, ou même par des lions et des tigres. On
l'a vu d'autres fois joindre le scandale à la folie : il pa-
raissait nu sur un char traîné par des femmes, f I avait
toujours dans ses voyages une suite de soixante voitures.
Ses habits , ses armes, les lits et les coussins sur lesquels
il reposait, étaient de la plus grande somptuosité. I
portait des tuniques d'étoflFes d'or , de pourpre , des
manteaux à la perse » co«^ei<f de pierres précieuses et
si pesans qu'il disait que le poids du plaisir l'accablait.
11 avait aussi' ^' sa chaussure des pierres fines et gravées ,
ce dont tout le monde riait , car conunent juger du
travail des plus habiles artistes sur des pierres attachées
aux pieds. Il se fit faire un magnifique diadème , mais
il ne s'en servit que dans son palais ; aucun empereur
n'avait encore osé le ceindre en public. Il fut le premier
Romain qui porta des i^obes entièrement de soie. Il
faisait répandre de la poudre d'or et d'argent dans les
galeries couvertes et sur les escaliers par où il devait
passer, comme dédaignant de marcher sur la terre telle
qu'elle est pour les autres hommes*, tout son regret était
de ne pouvoir y faire répandre aussi de la poudre
d'ambre jaune. Souvent il s'amusait à mettre en pièces
ses plus riches vétemens , ou à faire couler bas des
vaisseaux richement chargés , croyant étaler ainsi une
magnificence vraiment royale. Passons sous silence une
( 70 )
infinité d^autres folies inconcevables ^ relatives aux toiles
d'araignées , aux rats , aux grenouilles , aux mouches ^
etc. , qu'il faisait recueillir de toutes parts.
Les prêtres de Syrie lui ayant prédit qu'il mourrait
de niort violente, il prépara des cordons de soie, de
pourpre et d'écarlate pour s'étrangler. Il avait aussi des
épées d'or enrichies de pierreries ^ et , dans des boites
de perles , d'hyacinthe et d'émeraudes , il conservait
des poisons pour s'ôter la vie, si quelque malheur le
menaçait ^ et tout cela , disait-il, afin que sa mort fut
magnifique , et digne de l'appareil quHl avait déployé
toute sa vie. En outre, il avait fait construire une tour
fort élevée pour s'en précipiter, et le sol au bas était
couvert de lames d'or et de pierres précieuses , afin ,
ajoutait-il , de périr dans le sein du luxe. Mais toutes
ces absurdes précautions; d'^^ûppc^nt inutiles , car il fut
tué par ses propres gens le 1 1 mars :&j^ ^ honteusement
traîné par les rues , dans les égoûts de la vîJJe , et enfin
jeté dans le Tibre. Il a régné trois ans, neuf mois et
quatre jours. J'oubliais de dire que , comme Néron , il
ne porta jamais plus d'une fois ses habits ' , son linge, sa
chaussure et ses bagues , disant qu'il ne convenait qu'à
des mendians de se servir de linge lavé.
Quittons ce prodigue insensé pour fiinir par un mot
sur Aurélien. Quoique le trait que nous allons citer , ait
moins rapport au luxe qu'à la générosité de ce prince ,
nous ne le croyons pas en j;ièrement étranger à notre sujet.
Aurélien , voulant subvenir aux frais du mariage du
tyran Bonose avec Hunile , fille d'une Emilie distinguée
chez les Goths , ordonna que les noces se fissent aux frais
de l'Etat et que l'on fît de sa part les présens suivans à
' Voyez à la fin la note (K)«
C 71 )
h nouvelle épouse, : des maateaux de demi-soie et
oooleur d'hyacinthe, une tunique de demi-soie, enri^
diie de clous dW et du poids d'une livre ; deux chemises
à deux bandes et le reste des choses qpi conviennent à
one dame : « Vous donnerez à Fépoux , ajoute-^t-il , cent
pittfippes d\)r , mille antonins d'argent et dix mille
sesterces de cuivre. » On conviendra qu'il n'y a rien de
merveilleux dans ces présens , surtout venant de la part
d'un empereur; mais du moins ils donnent une idée du
earactère éconmnique d' Aurélien et de Pétat du luxe
8008 son règne. Cependant on prétend qu'il aimait la
pompé el le &ste. C'est lui qui , le premier , a ceint le
diadème à Rome. Il a été assassiné par ses soldats le 29
janvier a75.
DE DIVB&S OBJETS DE LITXE ET DE FAUTAISIE
AUTRES QUE LES MEUBLES.
r
Nous mettront d'abord au nombre de ces objets les
parfums, pour lesquels on sait que les Romains avaient
Une véritable passion. On ignore le temps oii l'on^
commencé à en (aire usage ; mais il est certain que peti
après la débite d^ Antiochus et la réduction de l'Asie , en
565 de B.-189 av. J.-C. , les parfums étaient connus
et qu^'on les prodiguait déjà. En 664-90 av. J.-C. ,
les censeurs Licinius Grassus et Jules-César prohibé-
x«Bt la vente des parfums exotiques. On assure que
ft^art de fiiire les parfums fut porté , à Rome , au plus
liaut degré de perfection. Les parfumeurs , unguentarii,
Ctvaient leur quartier nommé i^icus thurarius, dans la
vue de Toscane qui faisait partie du Yélabre. Horace les
appeUe Tusci turha impia idci, parce que ces parfu-
meurs étaient ordinairement les entremetteurs , (es mi-*
lustres des plaisirs de tous les jeunes débauchés.
( 72 )
Les Romains faisaient le plus grand abus des parfums
et des essences même les plus exquises. Ils ne se conten-
taient pas de parfumer leurs cheveux , leurs vêtemens j
ils parfumaient encore toutes les parties de leur ccMrps ,
même les pieds 5 ils imprégnaient même de parfums les
murailles de leurs maisons. C'est surtout dans les festins
qu'ils les ménageaient le moins.
Pline , iV. xni , c. 3 , dit que a les parfums se ven-
daient plus de quatre cents deniers ( 356 fr. ) la livre.
Il y en avait de liquides et d'autres en pâté ; quelques-
uns donnent la préférence à ces derniers. Ils se plai-
sent à être, je ne dis pas arrosés, mais enduits de
parftims. J'en ai vu , continue Pline , qui se . faisaient
oindre la plante des pieds. On a prétendu qu'Othon en-
seigna ce raffinement à Néron. Un simple particulier
fit parfumer les murs de ses étuves -, Cçiligula versait
des essences dans ses baignoires; et ne croyez pas cette
jouissance réservée au seul maître de l'Empire -, un des
esclaves de Néron s^est donné dans la suite le même
plaisir. Enfin, jusque dans les camps, on frottait les
aig;les d'essences aux jours de fêtes. »
Le même Pline nous apprend encore que Néron fit
brûler aux funérailles de Popée son épouse (qu'il tua
d'un coup de pied pendant qu'elle était enceinte ) , plus
de parfums que toute l'Arabie Heureuse n'en peut pro-
duire en un an. ( Nous dirons en passant , qu'aux fu-
nérailles de Sylla , l'an 78 av. J.-C. , on brûla au de-
là de deux cents caisses de parfums. )
Revenons à Néron, car en fait d'extravagances, on
le trouve toujours sur son chemin. Néron donc avait
un singe qu'il chérissait. (Si c'eût été un tigre, rien
n'eût manqué à cette affectueuse sympathie. ) Ce singe
vint à mourir. Son digne maître lui fit de superbes, fu-
(73)
avilies ' , aux frais desquelles il employa toutes les
ichesses d'un nommé Paneros, le plus riche usurier de
4mie y que Ton dépouilla de sa fortune pour cet objet.
C'est encore ce fou couronné qui péchait avec un ha-
Leçon dW et des filets dont les mailles étaient de
Mirprc mêlée de fils d^or avec des cordeaux en soie.
LiOrsqu^il voyageait, il avait toujours à sa suite mille
argons, tant pour sa garde-robe, que pour sa cui-
ne , etc. , etc. Les mules qui traînaient ses équipages
Aient magnifiquement caparaçonnées ^ Targent bril-
it à leurs pieds. Ses muletiers étaient vêtus de belle
in^^ de Canuse, et ses cochers parés de bracelets
argent ainsi que ses coureurs.
Pbpée, son épouse, dont nous avons parlé plus haut,
isait chausser en or les plus belles de ses mules ; je
ts chausser, parce que l'on ne ferrait point les che-
lux chez les Anciens ^ et sur cela j je m'en rapporte à
ftbretti , qui , ayant examiné tous les chevaux repré-
incés sur les anciens monumens , sur lés colonnes et
vr les marbres , déclare n'en avoir jamais vu qu'un
ni soit ferré. On garnissait quelquefois ]es pieds de ces ,
ûaiaux d^nne espèce de bottines en genêt ou en cuir ,
or même en fer , attachées avec des liens autour du sa-
ot ou du paturon.
' Alexandre fit aussi de folles dépenses en fonérailies
»oiir la perte d^un ami ; mais dn moins cet aini n^était pas
m vil animal. La pompe fnnèbre dHépbestion coûta , dit-
in 9 douze mille talens ^ c'est-à-dire 57,600,000 fr. de-notre
aottnaiè. Il eat vrai (pie cela ne coûtait pas beaucoup à
Uexandre. Ses coffres regorgeaient de toutes les richesses
le r Asie. Voyez ci-dessus, p. 62, ce que^ d'un seul coup
le filet, il enleva au cbâteau de Suse.
(74)
Bu YRix d'acquisitioit i)e cEaTÂiHSÂHiMAiix. Il semUe*
rait que les Romains ont pris exem|de sur les Grecs
pour mettre un haut prix à TacquisitioD de certaine
animaux. Citons deux ou trois feits empruntés aux
Grecs ; ensuite nous passerons aux Bomains.
On sait que Xénophon , après la r^raite des dix milk
qu^il commandait , vendit son chev%l cÎDqnante da-
riques, ce qui ne forme cependant que 2,270 fr. de
notre monnaie, somme qui nous parait iMt modique,
et qui devait être très-forte pour le temps, puisque
rhistoirc en a conservé le souvenir.
Philippe de Macédoine a acheté de PkUonicw de
Thcssalic, pour son fils Alexandre, le fiimeux B110&-
phale, pour la somme de treize talens (4t9834 fr.).
Le chien d^Alcibiade lui a coûté 5,4^4 fr. < .
Chez les Romains , nous apprenons d'AuIn-GeUe , que
le superbe dieval séien , ainsi nommé de Gneius Seios,
son premier possesseur , que Haro-Antoine fit périr da
dernier supplice , fiit payé la somme de cent mille ses-
tcrcw (20,000 fr. ), par Corn. Dolabdla, gendre de
Cjrt^ron ; on dirait que ce cheval portait malheur k ses
innitrcs , car ce Dolabella se fit couper la tête par son
esclave pour ne pas tomber entre les mains de Cassins.
Varron , /r'^. 11, c 1 , raconte qu'un attelage de che-
vaux n coûté à Rome quatre cent mille sesteites
( 8o«ooo fr. ) *.
La siMiateur Axius a payé un âne la même somme
de 80,000 fr. \ et, selon Pline, un animal de la même
csjH'œ n*a clouté que soixante mille sest^t^es (i2,ooof.)*
Ou voit aussi des poissons portés à un haut prix chez
' VoyAii A la fin la note (L).
* Voyez à la fin la note (Mj.
(76)
Romains ; mab cela n'arrivait qu'accidentellement.
Par exemple, Pline, Us^. ix, c. 36, raconte qu^Asinius
Celer a donné , sons Caligula , un exemple de prodiga-
lité, en payant un muUe ( poisson qui , au dire de Ma-
crobe, ne pesait pas plus de deux livres ) , la somme de
hiait mille sesterces ( 1600 fr. )*, aussi, ajoute-t-il ,
K cette somme énorme reporte notre imagination étcm-
née vers ceux qui , dans leurs déclamations contre le
hixe, se plaignaieiit de ce qu'on achetait les cuisiniers
aussi cher que les chevaux. Aujourd'hui, continue-t-il ,
im cuisinier coûte autant qu'un triomphe ' , un poisson
ampit qu'un cuisinier ; et déjà nul mortel ne semble
d^uti plus haut prix que Tesclave qui a le mieux ap-
profondi Tart de ruiner son maître. »
Juvénal , soi. iv, parle aussi d'un surmulet qui a été
payé ii5o fr. par un nommé Grispinus.
Un rossignol, dont on fit présent à Àgrippine, femme
de Claude , fut payé six mille sesterces ( 1200 fr. ). Il
est vrai qu'il était blanc ^ chose infiniment rare, si le
fiât est vrai cependant.
Nous ne prolongerons pas la nomenclature de ces
firivoUtés et de tant d'objets d'ameublement^ ce que
nous en avons dit suffit pour prouver que les Bomains
ti'ont pas été moins sujets à ces goûts dispendieux , fu-
tiles et capriciein , que tous ces peuples que l'or a cor-
rompus et conduits à leur perte.
Finissons par jeter un coup d^œil sur quelques-unes
' ■ C^est un modus ïoquendi de la part de Pline : un bon
cnisinier coûtait 3 à 4000 fr. de notre monnaie. Il est vrai
qn\»n en a vendn dont le prix s'est élevé jnsqu^à 20 et aa^ooo
fr. , mais c'était piatôt objet de fantaisie, qn'évalnation dn
talent de resclave.
(76 J
de ces fortunes colossales , particulières , qui , à la suite
dé tant dé conquêtes sur Tennemi , n*ont pas peu con-
tribué à faire de Rome la sentine de tous les genres
de corruption.
TABLEAU
DE QUELQUES FORTUNES PARTICULIÈRES A ROME,
VERS LÀ FIN DE LÀ RÉPUBLIQUE
ET DANS LE PREMIER SIÈCLE DE L^EMPIRE.
Il nous a semblé que ce petit tableau , ( qui n'est
qu^un résumé d'un travail assez étendu que nous avions
préparé jadis sur le même objet ) , serait convenablement
placé à la suite de recbercbes relatives aux dépenses
qu'occasionna le luxe chez les Romains. La dépense est
une conséquence de la fortune , et la curiosité se porte
naturellement à savoir si l'une a été en proportion de
l'autre. Ce tableau offrira donc le montant de la fortune
particulière de la plupart de ceux dont le nom figure
dans les recherches précédentes. Nous n'avons pu at-
teindre à spécifier ce montant, résultat assez difficile à
obtenir, qu'en relevant, réunissant et comparant, dans
\ki grand nombre d'auteurs anciens, tous les passages
relatifs à la vie privée et publique , et même aux actions
les plus minutieuses des personnages dont nous parlons.
Ces personnages , pour la plupart , sont ceux qui ont
occupé la scène et joué un grand rôle dans les événemens
les plus remarquables de cette longue révolution qui a
converti la République en Empire. Nous avons présumé
qu'on ne serait pas fâché de voir ces illustres ambitieux
sous un aspect ordinairement négligé ou du moins peu
précisé dans l'histoire , c'est-à-dire sous un aspect qui
( 77 )
les présentât aussi avides des dons de la fortune , que
^les feveurs du pouvoir. Commençons par Sylla, nous
finirons par Pline le Jeune.
Stllâ le dictateur , ( mort 78 ans i|V. J.-G. ) : sa
fortune particulière était estimée • . . i5o,ooo,ooo fr.
Elle proTenait d^nne partie de Por immense étalé dans son
triomphe j et d'une partie de For non moins considérable
qoe produisirent ses terribles proscriptions; cependant il faut
dire que la faveur de la riche courtisane Nicopolis, qui le
fit son héritier y et les biens que lui laissa sa belle -mère y le
tirèrent d'abord de la gêne où il était dans son jeune âge.
ISouÈ n'avons rien de précis sur le montant de la fortune
de Marius 9 ( mort 86 ans av. J.-C. ); mais elle était au
moins égale à celle de Sylla, son émule et son rival , à qui
ilfiraya la voie des proscriptions , car Plutarquedit : «Marins
« laissa des richesses si grandes qu'elles auraient suffi à
a plusieurs rois. »
RosGius , comédien , ( mort 6a ans av. J.-C. ) , jouis-
sait d'une fortune d^au moins 20,000,000 fr.
Ce célèbre acteur, ami de Cicéron , gagnait ^ au dire de
ce dernier , aoo,ooo fr. par an , sans compter les présens
qu'on lui fiiisait. Il excellait dans la comédie.
Son camarade ^sopus, excellent tragique, laissa en
mourant 5,000,000 de fortune, quoiqu'il fit de son vivant
une dépense excessive j un jour , un seul plat de sa table lui
coÀta ao,ooo fr. ; et son fils , plus prodigue encore que son
père , en servit un qui , par le moyen de perles ditooutes y
revenait , dit-on , à 200,000 fr.
M.. Pub. Crassus, dit le Biche, (m. Fan 52 av. J.-C. ),
possédait en seuls fonds de terre .... 60,000,000 fr.
Le nombte de ses maisons à Bome , de ses esclaves et de
fes troupeaux à la campage , montait à peu près à la même
somme. C'est lui qui disait qu'un particulier n'était pas riche,
si de son revenu il ne pouvait entretenir une légion.
(80)
moins avec celle de Sylla^ Mais quand il fut assassiné, il
y avait en dépôt chez Galpurnie sa femme , 19,^0,000 f.
Antoine Toulait s'en emparer ^ mais Octave s'y opposa.
Verres, (mort 44^^ ^^- J.-G. ), fut accusé par
Cioéron chargé des plaintes des Siciliens, d'avoir extor^
que dans la seule province de Sicile ^ la valeur
de . . é . • . 20,000,000 fr.
Convaincu , malgré la belle défense d'Hortensins , il prit
le parti de s'exiler lui-même sans attendre la condamnation;
maitf vingt-six ans après, il fut proscrit par Antoine à qui
il avait refasé des vases de Corinthe, et fat tné par les soldats
dé ce triamvir.
^ M. T. GicÉRON, le prince des orateurs latins (mort
43 ans av. J.-G. ) , a laissé en mourant une fortune
de . . 26,000,000 fr.
D'après les hantes dignités dont il a été revêtu , les goa-
vememens dont il a été chargé, ses travaux au barreau,
etc. j etc. , cette fortune , tout élevée qu'elle paraisse , prouve
que Cicéron a été très-modéré dans les moyens de se k
procurer ' . Antoine lui reprochait d'avoir été négligé . par
ses amis dans leurs testamens ( ce qui passait à Rome pour
\
r
' Un auteur allemand , parlant de la dot de Tereàtîa ^
femme de Gicéron , s'exprime en ces termes : I^os T^EXif"
TiJE, uxoris Ciceronis, dôdeca myriadôn dicitur fuisse f et
haereditas quae obvenit, ennea dènariôn myriadôn , ibidem
adducitur» Latinus interpres per nummos sestcrtios 480,000
et 36o,oco. Quatuor nummos in denarium computandof
qui denarii collecti unciales nummos hostros 26,260 consti-
tuunt, ( II nous semble qu'on peut estimer cette somme en-
viron 1 57,600 fr. de notre monnaie. ) Vid. Otho Spbrliit-
GiiJS , de Nummis non cusis dissertatio. Amstelodamî , 1700,
pet. /ft-4^t P* ^6. Terentia ayant été répudiée par Cicéron ^
fut épousée par Salluste l'historien.
(81)
^«■ne etp^e de mépris ) ; Cicéron déclara y dans ta réponse ^
^ae son bien s'était accru , par cette seule voie j d'enyiroii
cinq millions de notre monnaie actuelle.
M. GATOiff (m. 4^ ans av. J.-G. ), n'ayait, au rap-
port de Sënèque , qu'une fortune de • . . 800,000 fr.
C. A. Salluste (m. 35 ans av. J.*G. ), laissa une
fortune d'environ 60,000.000 fr.
n la dut à ses exactions dans la Numidie et aux faveurs
dont le combla J. César; s'étant retiré des affaires , il bfttifc
à Rome un superbe palais et des jardins magnifiques qui
portent encore son nom. Il se livra à Tétudef bon histo-
rien 9 il fut grand moraliste dans ses préfaces ; mais il %yait
été fort débauché dans sa conduite. Milon, Payant surpris
dans un commerce criminel avec sa femme, la fameuse
Fausta, fille de Syila, Pavait fait noter dUnfamie, chasser
du Sénat et condamner à une forte amende. Ces petits dé-
^agrémens furent la source de sa fortune, car il quitta
3iome, et se jeta dans le parti de César qui le combla de fa-
-veurs et lui procura le gouvernement de la Numidie. Par
3a suite il épousa Terentia que Cicéron avait répudiée. De
Sa sa haine pour Torateur romain , et le peu de justice qu'il
i rendit dans son histoire de Catiiina.
M. AnTOiNE ( m. âi ans av. J.-C. ) ; on porte sa for-
une à 120,000,000 fr.
Ce taux n'est certes pas exagéré , si Ton fait attention à
^utes les folles dépenses , à toutes les prodigalités où l'ont
^ntndné ses plaisirs en tous genres, sa générosité et sou
effiréné; il poussait ce luxe jusqu'au point de se servir,
it l'orateur Messala , de vases d'or pur pour les besoins les
las honteux. On assure qu'il dissipa du trésor public y
septies millies ( 140,000,000 fr. ). L'or était si com-
un chez lui, qu'un jour il ordonna à sgia intendant de
loiineir un million de sesterces (200,000 fr. )) à un de
^'^s amis qui était dans l'indigence. L'intendant, surprix de
^énoonité de la somme ^ l'étalé dans un endroit par où
(82)
Antoine devait passer. Antoine demande, ee qne t\êl que
cet argent. -— • Cest ce qne tous avez comiband'iè qne Ton
donnât à un tel.-— Ce n'est que cela, dit Antoine s^tfpereerant
de Fintention de son intendant : qu'on dpuble la.^omme.
Virgile (m. 19 ans av. J,-G.), laissa, si Ton en
croit Servius, uqe fortune 46 1, 987 ,'4^4 f^-
C'est pen comparativement aux fortunes dont nous .par^
ions; mais c'est beaucoup en ég^rd à la naissancp obscnre
du poète. Servius ajoute qu'il avait un palais à Rome. Tout
cela provenait des bienfaits d'Auguste et de sa famille y- en-
tre autres d'Octavîe, qui, pour le iu Marcellus eris , lui
fit compter, à tant par vers qui composaient la tirade,. la
valeur de 62,000 fr. de natre monnaie. Les amis d^ Vir-
gile contribuèrent aussi à son bien-être.
On ne dit rien dé la fortune d'HoR ace ( m. 7 ans av. J.-C).
Vivant cbez Mécène, il ne manquait de rien; il avait ce-
pendant ui^e maison de campagne dans les environs de
Rome. En général, il mettait en pratique cette aimable
philosophie qui fait le charme de ses vers * .
C. Cl. IsiDORus ( m. 8 ans av. J.-C. ), simple parti-
culier à Rome , déclare par son testament que, malgré
ses pertes énormes dans la guerre civile, il laisse dans
' On les Ut avec tant de plaisir, qu'on serait presque tenté
d'excuser la folie de ce bibliomonomane anglais ( Jacqoe^
Douglas ) qui , en j 739 , pour toute bibliothèque , avait 4^^^^
éditions d'Horace (de 1476 a 1739), tiiutes différentes leiv
unes des autres; il en a publié le Catalogue, /«-&>• Vwk
autre anglais, M. Underwood, n'avait pas fait acte àe
inoindre folie, en exigeant par son testament, daté de 1733,
qu'on plaçât son corps tout habillé, dans son cercueil , avec
V Horace de Sanadon posé sous sa tête ; une autre petite édi-
tion du même poëte dans sa main gauche , et enfin V Horace
de Bentley, 1728, x/x-4^, sous son coccyx.
(83)
ses coffres, en espèces, (soixante millions desester-
<XS)j • 12,000,000 fr«
Sur quoi on prendra 220,000 fr. pour les frais de ses fané-
Tailles. Mais outre cet argent, illaissait encore 4,1 16 escla-
yr€B ', 3,600 paires de bœnfs et 200,057 têtes d'autre Bétaih
H. TiGELLius, affranchi ( m. vers Tan 10 de J.-C. ),
^tait une espèce de bouffon, qui, par son caractère
enjoué , ses bons mots et ses talens en musique , s'était
attiré la faveur de J. César , de Gléopâtre et d'Auguste.
Il parait qu'il avait amassé une fortune considérable,
car, dans cinq jours, il dépensa au jeu * et en orgies
avec ses camarades , la somme de ... . 193,628 fr.
Horace lui fait une singulière oraison funèbre dans les
premiers vers de sa satire 2 , //V. 1 ; il dit que toute la ca-
naille de Rome prit le deuil à la mort de Tigellius :
Mendici , minax , balatroiies , hoc genus omne
Mœstnm ac soliciium est cantons morte Tigelli.
AUGUSTE (m. l'an 14 de J.-C), a laissé une fortune
que Tacite porte à environ 200,000,000 fr.
Cependant Auguste lui-même déclare dans son testament
que ses héritiers nWront que trente millions ; mais ce tes-
tament porte en même temps des legs considérables : aa
peuple 8,000,000 fr. , aux tribus latines , 700,000 fr. ; à
Parmée , environ 4) 000,000 fr. , et beaucoup d^autres legs
particuliers. Cela ne doit pas surprendre , si , comme Au-
guste rassure dans le même testament , il a reçu pendant
yinst anS| en dons et en héritages, plus de cinq milliards
de sesterces (1,000,000,000 fr. ).
' Voyez à la fin, la note (N) sur les esclaves.
* Nous avons yu mieux que cela en 1780 , à Paris. Un
M. Bergeret de FrouTille qui, je crois, était Conseiller aa
Parlement, perdit au jeu, dans une séance, de trentersix
heures, une somme de 27,000 louis, c'est-à-dire 673,000
iî
(84)
. Nous dirons ici, en passant, que les revenus de TEmpire^
sons Auguste , étaient de 800,000,000 fr. , et que sous Té-
çonome et parcimonieux Vespasien , si habile en matière
d'impôts, ils furent, dit-on, de 7,000,000,000 fr.
Apicius ( mort vers Tan 3o de J.-C. ), célèbre gas-
tronome romain , avait une fortune que les auteurs
du temps portent à i9,373-,934fr'
On le croit auteur du Traité de Opsoniis^ cependant la
chose n^est pas certaine , car on connaît troia Apicius : Tnn
qui vivait sous Sylla, le second sous Auguste et Tibère, et
le troisième sous Trajan , et tous trois célM)res dans les an-
nales de la bonne chère | mais ce qu^il y a de siir , c^èst que
celui dont nous parlons , le second , s^était acquis une telle
réputation de gourmandise, que Pline , //V. x, ch. 48, l'ap-
pelle Nepotum omnium altissimus gurges, a le gouffre le
<c plus profond qui puisse exister ( en fait de bonne chère). »
Sénèque raconte que cet homme , voyant sa fortune réduite
à environ 2,000,000 fr. , car il en avait mangé plus de dix*
sept, se tua crainte de mourir de faim '•
' Nous pouvons comparer à Apicius un certain Anglais |
du même goût et du même appétit, qui s'est fait distinguer
à Londres dans le dernier siècle. C'est M. Rogerson , qui ,
pour sa table et pour ses expériences culinaires, a dépensé
dans un espace de temps assez bref, cent cinquante mille
livres sterl. (c'eSt-à-dire la modique somme de 3,75o,ooofr.).
C'était tonte la fortune de notre gastronome. Réduit à la
misère et au triste état de mendiant , il consacra la dernière
guinée dont on lui avait fait la charité , à acheter un orto-
lan , à le faire accommoder le plus succulemment possible ,
et il le mangea \ regardant cette haute jouissance comme la
dernière à laquelle il pût prétendre, il ne se donna pas
même le temps de faire la digestion , il se fit sauter la cer-
velle; c'était mourir au champ d'honneur ^ tout en nar-
guant les caprices de l'ingrate fortune.
/
(85)
Cn. Corn. Lentulus Augur (mort l'an 3o de J.-C. ) ;
comblé de biens par Auguste , se trouva maître d^une
fortune de .... • 80,000,000 fr.
Il éprouva que la possession de telles ricliesses n^était
pas sans danger sons Tibère , car elles lui coûtèrent la vie
sur un ordre du' tyran* II* avait été consul* en Pan i4*
TiBÈKE (mort l'an 87 de J.-C.). Ce prince, aUssi
avare que cruel et débauché , amassa une fortune plus*
considérable que celle d'Auguste. Lorsqu'il mourut , on
trouva dans ses coflres ...;... 540,000,000 fr.
Son successeur Caligula y dans les quatre ans quHl régna ,
ébréchafort ce trésor , au milieu de mille folies et de mille
cruautés auxquelles le glaive de Chéréas mit un terme.
Ckispus pAssi^NtJs ( mort 44 ^^^ ap^ès J.^. )^ possé-
dait une fortune de ..'.,..•.'. . 38,739,99a fr.»
C^était un orateur distingué qui ' avait épousé en pre-
mières noces Domitia, tante de Néron, et ensuite Agrip-
piqe f digiie mière de ce monstre. U avait eu Timpriidence
de la nommer héritière de tous ses biens dans son testa-
ment. Comme il ne mourait pas assez tôt an gré de celle-
ci', elle jugea à propos dé le débarrasser par le poison des
soucis de la vie et .d'une fortune aussi considérable. Ce que
Passienus regretta le plus en mourant, fut un arbre dont
il s^était épris dans ses jardins ; il Tembrassait , le baisait ,
coucbait à Pombre. de ses brancbcs^ et arrosait ses racines
avec du Siin; .
Callistp , afifranchi de Caligula , dont il reçut des ri-
diesses immenses, et contre lequel il conspira, devint,
ensuite (avori de Claude, qui le combla aussi de biens.
Il laissa en mourant une fortune qu'on estime à envi-
ron '. . . . . 4<5, 006,000 fr.
Narosse (mort Fan 54 de J.-C. ) , fut d'abord àffAh-'
chi , puis secrétaire de Claude. Vil courtisan , il se ser-
vit de la faiblesse de sou maître pour s^enrichir de» dé-
(86)
pouilles de ceux qu'il voulait perdre. Il amassa une
fortune de 5o,o6o,ooo fré- ^.
C'est lui qai conseilla la mort de Messaline* Il tenta
défaire aussi périr Agrippine; mais il succomba, ce fut
elle qui le fit exiler, et ensuite le' contraignît à se donner
la mort. Néron le regretta; c'était 'bien juste!
Pallas (mort Fan 61 de J.-C.)>«galenacntaflrranchi de
Claude, avait amassé une fortune de . 36,ooo,ooo fr.
Néron, ckei qui la soif de 1- or égalait celle d4.. sang,. Je
fit assassiner } et cependant Pallas avait été le fiiTori de ce
bon prince.
Sénèque le philosophe (mort Tan 6£de J.-G.), était à
sa mort riche de plus de ....... 60,000,000 fr.
On prétçnd que dans la Bretagne seule il avait des biens
pour cette somme. Quatre ans de faveuirs , près de Néron ,
son aimable élève , avaient su.ffi pour élever ce colosse de
fortune, à Tombre duquel Sénèque prêchait la morale et
le mépris des richesses. Mais un mot du disciple reconnais-,
sant suffit pour faire écrouler le colosse dans le sang di|
malheureux précepteur.
PunE le Jeune (mort Tan ii3 de J.-C*), possédait,
une fortune d'environ . ....... 20,000^000 fr«
On en juge par les détails qu^offrent plusieurs passages
de 9e9 lettres.. Il avait, à cent cinquante milles de Rome ^
une terre qui lui. rapportait 80^000 fr. de revenus, et ce
n'était qu'une faible portion de ses possessions; 11 donna
trois cent mille sesterces à son ami Romanus pour qu'il
pût être admis dans l'ordre des chevaliers. Il en donna
cent mille à sa nourrice; il dota la fille de Quin^ilien. de
cinquante mille sesterces ; il en fit de. même pour CoreUia
et pour beaucoup d'autres. Tout cela suppose une fortune
considérable qu'il devait sans doute tant à la faveur de
Trajan qu'à ses propres talens pour le barreau.
'Non pas de rentes, comme le dit M. Bouillet dans
son Dictionnaire classique des noms propres, etc^
( 87 ;
Nous aurions pu augmenter cette Notice de beaucoup
d'autres articles, et même de quelques-uns qui, étrangers
aux Romains, mais ù peu près du même temps, offriraient
des exemples de fortunes encore plus monstrueuses que
celles dont nous venons de parler. Pline, par exemple,
cite un Ptolêroée « qili ,' selon Varron , entretint à ses
K dépens huit mille bommes de cavalerie , du temps
« oii Pompée disait la guerre èn Judée , et qui donnait
« un repas de mille couverts où^ chaque convive bu-
« vait dans une coupe d^^H*^ et ou, à chaque service ,
« on diangeaitde plats et de vases. Il cite uii Pythius
tt de Bithynie , qui fit présent à Darius du platane et
a de la célèbre vigne dW ^ et qui traita les sept cent
« quatre-vin^^huit mille hommes de troupes de Xer-
a ces,, lui promettant en sus la 'Solde et les appirovision-*
« nemens pour toute cette armée pendant cinq mois,
a si , de dinq enhns , il voulait au moTBS en laisser un
(( à sa vieillesse. Que serait Pythius lui-même , comparé
« au roi Grésus? » On sait que ce Tt»i de Lydie passe
pour avoir été le plus riche des princes de l'antiquité ,
et , selon le beau mot prophétique de Solon , il en de-
vint le plus malheureux.
Mais en voilà suflisamment pour donner une idée
des fortunes colossales qui eiââtaient chez les Anciaiis ' .
Nous terminons ici le résumé de nos recherches siur
les objets d'ameublement des Romains et sur la fortune
particulière de quelques-uns d'entre eux. Que conclurons-
* Voyea à la fin la noté (O) relative à Pindicatioii de
m
quelques fortimes modernes que l'on pourra comparer avec
les anciennes.
( 88 )
nous de cet exposé ? Que Tor abondait à Rome. Mais cet
or, fruit dé tant de conquêtes , fruit de tant de rapines
dans les gouvernemens confiés aux proconsuls , circulait-
il parmi les citoyens? Képaindait-il Taisance dans les
diverses classes de la société? Le peuple , ^ jaloux de
cette liberté dont il jouissait sous la République., et que
le premier des Césars sembla d^abord respecter , était*
il plus heureux, était-il à Fabri du besoin? Non. Il
Êiut avoir étudié de près la vie et les mœurs des Ro^
mains pour être convaincu que le rôle brillant qa\)n
leur fait jouer dans Thistoire est bien diffîrc^nt de celui
auquel était condamné la masse du peuple -daâs Fioflé*
rieur de la ville et .dans les campagnes. Pour, un petit
nombre de fortunes colossales qui élevaient leur cime do*
rée sur quelques points des sept montagnes , quel mal-
être , quelle misère régnait sur le reste de ce sol aiidel
Voye:): ces nombreuses cohortes d^esdaves attachés.à la
glèbe, nourris avec parcimonie et exposés à chaque instant
aux caprices d^un.maitre qui avait sur eux droit de vie
et de mort ; voyez ces affranchis qui ne vivai^it guères
que de la libéralité de leurs anciens maîtres et pour les-
quels la sportule était le fond le plus dair de leur re-
venu ', voyez ces citoyens, propriétaires d'un petit coin
de terrain ingrat, qui, pour prix de leurs sueurs, leur
rendait à peine la moitié du pain que réclamait la fa-
mille ; car , personne ne l'ignore , l'Egypte et la Sicile
étaient les greniers de l'Italie ^ et quand les vents
étaient contraires , la famine arrivait. Voilà donc où
aboutissaient ces fortunes monstrueuses! Semblables
à ces fbnestes trombes qui , autour d'elles , aspirent et
dessèchent tout, elles étaient le plus terrible fléau de
Rome et de l'Italie. Leur éclat passager brillait comme
(89)
ces reflets de lumière qui, sillounant subitement la nue,
vous laissent ensuite dans une obscurité plus profonde.
Quelle différence de notre position à celle de ce peu-
ple si vanté 1 Grâces au Christianisme et à la grande
ame d*un de nos rois, Tesclavage, depuis bien des
siècles, a disparu de notre belle France. La féodalité,
autre poids énorme qui pesait sur le trône et sur le
peuple , a également disparu. Ce n^est plus cette France
du moyen âge, dont la carte, au x* siècle, était divi-
sée en trente ou quarante grandes portions apparte-
nant chacune à un maître , à un fier suzerain ; c*est
cette France moderne , dont la carte , au xix* siècle ,
est divisée en des millions de parcelles qui appartien-
nent à autant de propriétaires. Dans nos campagnes, le
cultivateur, appuyé sur le manche de sa propre char-
rue , sourit d^avance à Tespoir d'une récolte qui ne fuira
pas ses greniers. Dans nos cités , une active industrie ,
entretenue par une louable émulation , fait circuler le
bien-être parmi ces milliers de familles qui y sont ag«
g^omérées. l&ifin partout , Tasp^t de la société , sous
le rapport matériel et industriel ( le seul dont nous par-
lons ici) , offre une amélioration sensible, en ce qu^il
prouve que Taisance est généralement plus répandoe*
C'est sons ce point de vue que notre situation est bien
préiarable à celle de ces Romains si vantés. Quant à la
^kÂre des armes, à la culture des sciences et des arts,
nous n'aTons pas besoin d'attendre- que , par la suite
des sièdes , le prisme de rhistmre ait grossi et embdli
les objets, pomr lutter avantageusement avec ces an-
ciens maîtres du monde.
(90)
NOTES.
Ces Notes offrent , comme nons Tavons dit an bas de
la page 23 , des rapprochemens ou comparaisons entre
Testimation et la valeur de certains objets cbez les An-
ciens , et celles de certains objets du même genre chez
les modernes. Nous avons cru convenable de reporter
ces rapprochemens à la fin de Touvrage et non h la
suite de chaque article dans le texte , pour éviter la
confusion qui aui*ait pu résulter soit de la nature de
certains. objets, soit de la longueur de quelques ar-
ticles. Ainsi tout ce qui constitue la galerie ancienne a
été exposé précédemment , et tout ce. qui appartient à
la galerie moderne du même genre , va être Tobjet des
notes suivantes , qui porteront successivement y comme
dans le. texte , sur les bâtimens y sur les tableaux , sur
les pierres précieuses , sur les habillemens , sur les for-
tunes particulières y etc. y etc.
(A) pag. 23. Le rapprocliemeiit snîvant de restîmation
et dé la valeur de- quelques édifices actuels de Paris , avec
restîmation et la valeur de ceux de Pancienne Rome qae
nous avons cités , prouvera que dans tous les temps les ca-
pitales cherchent à se distinguer par des monnmens fastueux
et de grand prix.
Le palais fiourbon (où siège maintenant la Chambre
des Députés), est estimé 894^i<>oo fr.
Le palais du Luxembourg ( où siège la Chambre des
Pairs ) I est évalué y avec le jardin et les dépendances ,
la somme de • . • 5y3oo,ooofr.
L'ancien palais, du Temple, avec ses cours et jardins ^
est estimé 29000,000 fr.
L'hi^tei ( occupé par le ministère des finances ) , rue de
Rivoli, est évalué 1 1 ,060,000 fr.
(91 )
Celui (qu'occupe le ministère de la marine ), place Loois
XV) est porté à 6,7009000 fr.
L'hôtel des Invalides est estimé . .... 31,166,1 15 fr.
On a fait en 1818 Pinventaire du mobilier de tons les
chÂteanx royaux de France ; il monte , dit-on , non compris
les porcelaines et les verreries , à • . • . 429^00,000 fr.
La maison de Beaumarchais , qni était située sur le bou-
levard Saint- Antoine , n'a été vendue, en 1818, à la ville
de Paris, qoe la somme de 5o8,ooo fr*
Lliôtel Rœderer, rue du faubourg Saint-Honoré , a été
acquis , en janvier 1 837 , au prix de 37 1 ,000 fr.
Un pavîITon , dépendant du palais Bourbon , appartenant
à Mi>^^d e Féncbères , légataire de M. le duc de Bo<iâl)iVi|
prince de Gondé, mort en ]83o, a été,, dit- on, aSlftté
récemment par le jeune prince duc d'Aumale, pour la
somme de • •. • 40O9O00 fr.
Beaucoup d'autres bôtels de Paris montent bien cer-
tainement à des valeurs plus élevées que celles de ées trois
derniers; mais outre que leur^ nomenclature excéderait les
bomet d'une simple note , des renseignemens nous inanquenf
SUT leur estimation précise.
_ 1
(B)/K a4* Velleius Fatercnlus, liv. i, c. 1 3, a dit de ce Con-
sul : JSiuwimùts tdm ntdisfait, ut capta Corintko, quum ma^
ximomm artificum perfectas manihus tabulas ae statuas m
ItaUam portandas locaret, juberet prœdici conducentibus ,
si eas perdidissent , novas esse reddituros. — D'un autre
c6té, Tacite, liv. ïit, c. 31 àe% Annales, a dit du même
personnage : ...tf Z. Mummii triumpho, qui primas id ge-^
nus (Graecontm) spectaculiin urbe praebuent.
Comment un homme à qui l'on a délivré un certificat
d'ignorance aussi crasse, a-t-il pu être le premier qui ait
£nt connaître à Rome le genre àez spectacles de la Grèce?
Tacite annit-ii entendu par id genus spectaculi, le maté»
riel d'un théâtre grec qui existait à'Corintbe, et que Mum^
mins aurait fait transporter à Rome ? Cela est présumable.
(M)
Les formée élégtntea du matérid de la «cène grecque aa-
roAt remplaoé les tréteaux rustiques dont on frétait servi
jusqu'alors à Rome.
(Ç) p. a6. De nos jours, il en a été à peu près de même pour
le fameux Saint Jérôme du Corrège (peint sur bois y 6 pieds
4 pouces de hauteur, sur 4 pieds 4 pouces 6 lignes deUr«
geur). Le prince de Parme, à qui ce tableau appartenait ,
offrit un million an général Bonaparte pour le conserver*
Bonaparte refusa, et le tableau fut transporté à Paris. Il n'y
est plus. Jean Y, roi de Portugal, mort en i/So, en avait
offert aux Antonins de Parme, qui le possédaient alors,
4$>OjOOO fr. Ils étaient sur le point de le donner, quand
Pin.S^nt Don Philippe le fit enlever et placer par la ^uite
dans une des salles de TÂcadémle quHl fonda à Parme ea
Le tableau de la Vierge à VécuelUi ou le Repos en
Egypte, également du Corrège, a eu le même sort. (Il est
aussi peint sur bois ; cintré dans la partie supérieure , il a
6 pieds 9 pouces de hauteur et 4 pieds 5 pouces de largeur).
Vers 1 j5o , le général Brawn en oi&it 30|Ooo. thalers
(i5o,5oo fr. ); quelque temps après, le sénateur Barbieri
de Mantoue proposa 600,000 liv. de Parme ( i5o,ooo fn ) \
et vers 1754 9 le roi de Pologne fit offre dé 20,000 sequins
C 240,000 fr. ) ^ le Duc de Parme a refusé toutes ces of&es.
(D) p, 26. Les modernes ne se sont pas moins distingués que
les Anciens dans le luxe des tableaux de ha.ut prix. Nous
allons en citer quelques exemples pris au hasard dans un re-
levé assez étendu et assez détaillé que nous avons fait des ta-
bleaux dont Padjudication a passé 10,000 fr. dajis beaucoup
de ventes.publiques. .,
En 1771 , le Portrait en pied de Charles P% peint par
Van-Dyck , payé par la comtesse Dix Barry , 24,000 livr.
En 1772, chez M. de Choiseul, la Forêt de la ffaye ,
par Paul Poter , adjugée au prix de .... . 27,600 livr.
(93)
- En 177^9 c^^* ^* Blondely V Enfant prodigue , de
I3a¥id Teniers , venda 39,cx>o iî?r.
Bu 1 78a ) cbez M. Mènars ^ i* Accordée de village , de
Greuze , adjugée au prix de 1 6,65o lirr.
En 1783^ M. d^Ângîvillier a payé, pour la collection da
Roi, les Charlatans , de Karel Dujardin. . . i8,5oo livr.
En 180a , chez M. Tolozan , le petit tableau des Saules,
fart. Poter, ... • a7,o5o livr.
— Cliez le même f V Adoration des bergers , /pair Kem^
brand» • • • iO|00oliT.
. «— Chez le même, V Annonciation, par le Sueur, 1 1 , 090 Ht.
-« Chez le même, une Foire de Gand , par Téniers 9
Tendue » ............ 1 2,720 liv.
— Chez le même, le Mangeur de jambon, par Té*
niers, •..•••••• 17,000 livr.
•^ Chez le même , le Marché aux chevaux , par
"Wcavermans, i6,i5oliv.
-*- Chez le même , Jésus chez Marthe et Marie , par le
Sueur I •' io,3oo llv*
— -« Chez le même , le bon Pasteur et Saint Jean , par
Murillos. Le% deux tableaux adjugés poW . . 40|65o Ut.
. En i8o5, à Lopdres, le tableau Ae% grandes Bacchanales,
da F/oussin, qui faisait partie du cabinet de Louis XVI, a
été , dit-on , Tendu quinze mille guinées, . . 875,000 fr.
En 1807, ^ Londres , Vénus surprise avec Mars dans les
Jilets , adjugée à M. Clifibrt, moyennant 5ooo guinées,
«nviroB 120,000 fr.
. En i8i5, à la Malmaison, ]a Vache de Panl Poter ,
payée, dit- on , par Tempereur Alexandre , 200,000 ronb.
. En 1825 , chez M. Lapeyrière , Paysage vu en automne,
par le Lorrain , adjugé à 27, 000 fr..
«^ Chez le même , le Pâturage, par P. Poter , 28,900 fr.
— Chez le même, la Sainte Famille , de Rubens ,
adjugée à 64,000 fr«
(94)
•— Chei le mimé ^ I A Madone <m Sainte Famille f du Cor-
rège , «^< -8o,oo5 fr.
En 1826, à Londres , chez lord Rostoch 9 la Fille d'Hé-»
rode, par le Titien, ai3y36ofr»
En 1827, chez M* Bonnemaison, la Danaé, du Cor-
rège, • » • . Soyooo fr.
Etc. , etc. I etc. , etc.
(E) /y* 4^ • ^^ vasea mnrrhina ' étaient, anx yeux des Ro-
mains , ce qu^il y avait de pins précieux , de plus rare et de
plus recherché ; mais de quoi étaient-ils composés? Quelle
substance, quelle pierre servait à leur fabrication? Les
savans sont très-élo ignés d^étre d^accord sur ce point archéo-
minéralogique \ voici un résumé de leurs diverses opinions
à ce suj.et.
Pline 9 sans s^expliquer sur la nature de cette pierre, pré-
tend qu^elle venait de l'Orient , quMle s'y trouvai^ en plu-
sieurs endroits peu célèbres , surtout du royaume des Parthes;
que cependant la plus belle se tirait de la Caramanie« Quel-
ques auteurs, entre autres Cardan, Mercurialis, Scaliger,
Rempler et Mariette (dans son Traité des Pierres gravées)^
ont pensé que la matière des vases murrhins était tout sim-
plement de la porcelaine , et ils se sont fondés sur ce vers
de Properce :
Murrheaque in Parthis pocala cocta focis.
Ce vers en effet semblerait annoncer que la matière de
ces vases était cuite au feu. Mais cette opinion n'est point
admissible , puisque la découverte de la porcelaine est d'une
époque bien postérieure à celle où l'on faisait usage àe^
' On prétend que le mot murrhin provient de ce que les vases qae
Tou nomme ainsi , servaient aux riches voluptueux , pour boire- des
vins parfumes de myrrhe ; et le mot myrrhe , espèce de gomme ré-
sine , dont il est beaucoup parlé chez les Anciens , et dont cependant
on ne connait pas encore Torigine, provient du grec murrha, dérivé
de mttrd^ couler, distiller.
( 95 )
-vatjtfrltiwnrliliia à Rome. L^inTentîon de la porcelaine ne date
â' la Chine que dji if • siècle de Père Tulgaire.
M. Lagrange , dans une très-longne note qni se tronye
Jans sa traduction de Sénëque , édition de Toun, en 8 vol,
J/i'&Oj tom. III, pp. 4o&^4^o, plaide fortement anssi la
cause de- la porcelaine.
M. Pabbé Le Blond, rejetant le» conjectures précédentes,
a cherché à démontrer dans une savante dissertation ( Mé^
moires des Inscriptions; tom. 4^^ p. 17),- que les vases
morrhins étaient ou plutôt deraient être de sardoine orien«
tale; et M. Larcher (même tom. de ces Mémoires, p. a38) ,
après avoir discuté cette opinion et Taroir confrontée ayec
les passages de Pline , pense qu'il fautfaire de nouTellesre*
cherches et surtout ne pas perdre de Tue la description de
Pline.
M. Mongez a fait ces recherches et les a consignées dans
les Mémoires de l'Institut, littérat, et beaux-arts, tom. 2 ,
p. 1 36 ; il croit avoir trouvé la solution du problème dans
un passage de Vaierius, naturaliste suédois. Les Kalmouka ^
dit Yalerins d'après un voyageur de sa nation , emploient le
cacholong, variété opaline de la calcédoine, à faire des vases
et des idoles. Le pays des Kalmouks confine au nord-est
avec l'ancien royaume des Parthes qui vendaient ces beaux
vases aux Romains. On peut donc reconnaître la matière
des murrhins dans celle des vases fabriqués encore aujour-
d'hui chez cette nation qui conserve ses usages de temps
immémorial. Ainsi., selon M. Mongez , la matière des vases
mnrrhins n'est ni la porcelaine , ni la myrrhp , ni le benjoin }
il fant la chercher dans le règne minéral. Rejetant donc les
pierres opaques, les gemmes entièrement transparentes,
les onix et les sardoines , il se fixe au girasol et au cacho-i
long I qui n'est lui-même que du girasol un peu plus mêlé
d'argile.
M. Hager, dans sa Description des Médailles chinoises,
• Paris I i8o5, ir^^/^^^ est d'avis que ces vases étaient les
(96)
mêmes que les célèbres Tases connus à la Clime sons le aom
d^Yu ', pierre qui se trouve encore dans les montagAes, les ri-
vières , les vallées et les ravins tant de la Chine occidentale ^
que de la petite Bulgarie , et dont les Chinois ont fait dans
tous les temps et font encore des vases , des bijoux et même
des instrumens de musique. La pierre d^Yu est peut-être
une espèce de jaspe ou d^agate, dit M* Hager, et Ton
pourrait s^en assurerai si le sceptre , dont Pempereur Kien-
Long a fait présent au roi d^Ângleterre, est, comme on le
prétend , de la même matière que les anciens vases murrhias.
On en voit de très-grands à la Chine , et ils y sont très-pré-
cieux. M, Sylvestre de^'Sacy a combattu Topinionde M.
Hager dans le compte qu'il a rendu de Touvrage de ce sa-
vant ; voyez le Magasin encyclopédique, i8o5y tom. 3|
pp. 3i 1-322. M. Hager Ta défendue dans son Panikéon
chinois, Paris ^ i8o6| /Vi-4°.
M. Rozière^ ingénieur des mines j cherche à établir dans
un savant Mémoire inséré au Journal des Mines, tom. Î6|
que la matière des vases murrhins est le Spaik^/luor * ou
chaux flnatée. Il appuie son opinion sur la descriptioii même
des Anciens, qui , selon lui , ne permet pas de douter que
ce ne soit bien réellement cette matière qui avait servi à Ja
fabrici^tion de ces vases tant vantés^ et non pas, comme Tout
pensé d'autres savans , le verre volcanique , le jade ou pierre
' Te signifie pierre précieuse. Le nom géuérique des pierres pré-
cieuses étant, comme par excellence, le nom de cette ^erre , cda
prouve le cas qu*e\i font les Chinois. - >
* Le Spath-fluor, ou chaux iluatée, qu'on appelle vulgairement
prime d'améthyste ou prime d'émeraude , est une pierre dont le trait
caractéristique le plus apparent consiste dans le brillant et la vivacité
clés couleurs dont elle est rubanée. \,e bleu royal, le violet pourpré,
le vert céladon , le jaune de topaze, des parties incolores et vitreuses
se voient souvent sur la même pièce , et composent des- zones paral-
lèles et contournées qui rappellent les contours de certains albâtres,
et qui avaient probablement, suggéré le surnom d'albâtre vitreux que
Ton avait donné k cette belle substance.
( 97 )
J[9 Yuellû stéatite, pierre de lard. (Voy.DelAnntijyAïi»
némlogie'des Anciens , Bruxelles , i8o3) a vol. /Vx-B*', tom*
a f p. 87. ) Cette chaux flaatée antique se tirait de TOrient
et particulièrement du pays des Parties, dé la Caramaniey
de TBgypte , etc. , etc. Quant aux faux murrhins que Ton
fiibriquàit àTlièbes, ce devait être une matière vitreuse^
mêlée d*émail et colorée par bandes contournées , imitant
plus eu moins bien les couleurs de notre spath-fluor. L^opi-»»
aion de M. Rozière reçoit un nouveau degré de probabilité
par t*«xislence d'un vase antique de cette matière qui se troa*
vait dans ia collection de M. Giliet^Laumont , et qui seloa
toute apparence était un des murrhins qui ont iàit jusqu'à
«0 jour l'objet d'une foule de dissertations et de suppositions
plus tftt moins ingénieuses.
M. Abel Remusat, dont la mort prématurée ' a causé
tant de regrets aox savans , a publié V Histoire de la ville
de Khotfin , tirée des annales de la Chine et traduite du
chinois > suivie de recherches sur la substance minérale apt^
pelée par les Chinois pierre de* Yu , et sur le jaspe des An*
dens» Paris, Dondey-Dupré , 18249 in-S^ de xti*24o p.
L'auteur, dans la seconde partie de cet onrrage^ présente
une dissertation très* savante sur la pierre d'Yu des Chinois^
appelée kach ou gach, par les peuples turcs et mongols;
c^^Bt \0 y echem , y esel on y echef des Persans et des Arabes y
et lejaspis des Anciens. M. Remusat a recueilli avec soin
tout'ce qu'il était possible de découvrir sur cette productioit
des hautes montagnes de l'intérieur de l'Asie. 11 cherche à
démontrer %vec beaucoup de sagacité qu'elle ne pouvait être
la matière des précieux vases murrhins , et que ceux-ci de-*
vaient être du spatii-fluory flnate de chaux, comme l'a déjà
dit M. Rozière. On serait donc porté à croire que cette opi^
nioa réunit en sa faveur le plus grand nombre de probabi*
lités désirables.
' Il a iié Ticiime di> cf^çlért^^ U 4 j^i^ i832, k Tâge de 43 anf.
7
(98)
Malgré cela, quand nous voyons tant d'opinions diverses
avancées par des savans du premier ordre , sur un si^et aussi
obscur, et qui prête tant aux conjectures, nous ^mmes
tenté de nous écrier : AdAtfc sub judice lis est.
(F)/?. 5i.Ce n^était plus le tem ps où Ton exécuitail^^U ri-
gueur la loi Oppia, si sévère contre le luxe dek femmes. Gette
loi, rendue sur la proposition du tribuh, Pau de B^» 54<>r2t3
av. J.-C. , défendait aux feuunes de porter dansi leu.r paviire
plus dWe demi-once d'or, de se vêtir d'une rofee^ dedl-
'veriM:8 couleurs et de faire usage de voiture à Ronse on dans
d'ftutres villes , à un mille ( 4^449 pieds métr. } de leurs en-
ceintes , si ce n'est dans la circonstailce d'un sacrifice public.
^ Alaîs, par la suite, le luxe des dames romaines prit un
accroissement inoui. Mous avons plusieurs ouvrais mo-
dernes sur cet objet. L'abbé Nadal a fait une J^issertation
relative à ce luxe ; il l'a divisée en deux parties : la première
traite du lever, du bain, des onctions, des parfums , des
vétemensdu matin, de la toilette, du miroir, des peignes,
des aiguilles, des poinçons, des fers., de l'inconst^Ace dans
les coiffures , de la fureur pour les cheveux blojids, des
yoiles ^ des coiffes , des mitres et dés fards de diverses es-
pèces. Dans la seconde partie , l'auteur parle des habillemens
des dames romaines, de leurs différentes espèces et de leurs
«irnemens. Cette Dissertation est dans les Mémoires de
P Académie des Inscriptions, in-4^, t. iv , p. %%j , M^m>f
et •in^ri.a^ t. v, p. 297. Elle a été aussi imprimée sépiirémeiit
en ^"7^^^ in-ia, avec le Traité àe^ Vestales , du même
auteur.
Un ouvrage qui donne plus de détails que le précédent
sur le luxe des dames romaines, est celui de M. Bœttîger,
savant allemand , dont on a une traduction française ( par
M. Clapier ) , sous ce titre : Sabine, ou matinée d'une dame
romaine à sa toilette, etc. Paris, i8i3, in-8® de viij-4o6
pag.^âvec i3 gravures. Cet ouvrage est plein d'une éru-
C99)
dition irès-Tariée; maïs il serait à désirer que la traduction
jet l'exécution typographique eussent été plus soignées.
(G) p. 53. Une telle profusion ne se remarque point chez les
modernes ) quoique le luxe des diamans surtout y soit porté
â, «Il aases haut degré. Si des écrins de grand prix entrent
maintenant dans le patrimoine de quelques familles opu-
lentes y on nVn lait pas étalage public ^ comme cela se prati-
quait à Rome. Aujourd'hui I les femmes seules, dans à»^
occasions particulières , dans des réunions splendides , re-
lèvent les charmes de* leur parurç par Téclat ^es diainans \
encore sont- ils disposés avec plus de goût que de profusion.
Ce surcroît d'embellissement 9 qui Ta si bien à la beauté , a
surtout lieu dans les fêtes qui se donnent à la Cour. Quant
aQX.hommeS) ils ne font usage de pierreries que pour qnel-
cpies petits meubles portatifs qui ne tirent nullement à con-
séquence 9 tels qu'épingle pectorale, bague , cachet , etc.
Cependant , si à Rome il existait au Capitole et dans les
temples de magnifiques écrins , déposés arec une sorte de
consécration , comme pour relever la gloire du peuple ro-
main , nous devons dire que depuis longtemps , ^chez les
modernes, de riches collections de pierres précieuses, for-'
mées dans le palais des rois , tiennent à l'éclat du trdne y et
mie les souverains de l'Europe, ainsi que ceux de l'Asie •
possèdent chacun en ce genre un trésor plus ou moins pré-
cieux. Ce trésor est appelé en France Diam^j^s de jl4
Co umoinr B. Four en donner une idée , nous nous permeU
trons encore ici une petite digression que l'importance de
Pobjet nous fera pardonner. Cette digression consiste dans
un résumé, que nous avons rédigé le plus brièvement pos-
sijble , de l* inventaire des diamans de la Couronne de France p
dressé en 1791* Nous y ajouterons un mot sur les bijoux.
Nous nous bornons à donner l'ordre dans lequel est placée
chaque pièce , son poids et son estimation.
Voici ce résumé^ :
C 100 )
La premfère partie de PînTeiitaîre regarde les pierrerieff
el est dÎTÎsée en quatre chapitre». . - .
Le premier , relatii' aux diamans y comprend trois cent
soixante«sept articles, dont le pluà fort est le superbe dia-
mant blanc, appelé le Régent ; forme carrée, ( i4 lign* dé
longueur, 12 de largeur et 8 d*épaisseur),'40ins arrondtt|
ajant une petite glace dans le filetis, et uitë autre an coin
dans le dessous \ îi pèse cent trente six karats quatorze %^*
jiièmes, et est estimé 12,000,000 de liv. Il y en a pla*'
sieurs autres d'un grand poids, tels qu'un de ▼iagt'^oatrtf
karats treize seizièmes , qui est en forme de poire , et qu'on
estime 200,000 fr. ; et plusieurs estimés 60,000; 65,ooof
80,000 ; 1 5o,ooo liv. , etc. Enfin la totalité des trois cent
soixante«8cpt diamans est estimée 16,730,4^5 livres.
Le second chapitre est consacré aux perles. La plus belle
pèse sept karats cinq seizièmes ; elle est estimée 200,000 Ht^
Toutes les perles, au nombre de deux cent quatre, conte^
nues dans ce chapitre , sont estimées 996,700 livres.
Lé troisième chapitre regardé les rubis , rubis*balai , ta*
pazes, émeraudes, saphirs, améthistes orientales et grenats
syriens. La totalité de ces objets est estimée 36o,6o4 liv.
Le: quatrième chapitre donne, en quarante-quatre ar«
tîcles, le détail des parures de diamans, savoir :
ha pâture blanche qui contient 10 la toison composée de
douze cent cinquante-cinq pierres, tant briilans que rubis ,
estimée 4i3)O00 liv. • — a^ la plaque de l'ordre du Saint*
Esprit, en deux cent quatre-vingt-dix briilans et un rubis,
estimée 324)too liv.; — 3^ une épaulette en douze dia^»
mans, estimée 3o6,ooo liv.; — • 4^ La croix du cordon de
Tordre du Saint-Esprit, estimée 200,000 liv.
La pamrede couleur, 5° La toison estimée 3,394,000 \rf*^
( il s'y trouve un très-grand diamant bleu , pesant soixante*
sept karats douze seizièmes , estimé 3,ooo,ooo liv. , et ua
autre pesant trente et un karats douze seizièmes , estimé
3oo,ooo liv.); — 6© la plaque de Tordre dn Saint-Esprit,
(101 )
t%Ûmèe 9^2)000 liv. ; — 7° la croix de Tordre, 69,000 Ht.;
— 8^ Tépaulette, io5,ooo; — 9^ Tépée garnie en diamanS|
329,075 Ht.;— 10^ une garniture de boutons (%8 pour
.rhabit, 18 pour la veste, 10 pour la culotte), estimëe
294f85i Ut.ç ->* 1 io boucles de diamans pour souliers (80
pierres ),«8ti|»é0s ifiço Ht. ;— ia°, boucles de jarretières^
t^S^S Ut^; *^ i5° etc., etc. Les quarante-quatre articles
portes dans le ckapitre des parures , sont estimés en tota»
IM 5,834^49^ l^v* » ^^ Ia totalité des quatre chapitres re^
latifsaux diamans, perles, pierres de couleur et parures.
Ta à la somme de 331922,197 livres.
La 8e<»nde partie de Tiaventaire concerne les bijoux de la
Couronne, qui consistent 1^ en vases, coupes, urnes, etc. ,
de cristal , jaspe , etc., estimés 5,i44»^90 Hv.) — - 2** en
bronxef et marbres, estimés 34 1 9o36 liv. ; — 3^ en tableaux,
au nombre <de 1049 estimés 4m^4^ livres. Le total de ces
trois airticles est de 5,627^272 livres.
Enfin la totalité de tons les objets compris dans les deux
parties de l'inventaire des diamans et bijoux de la Coh«
ronne, monte à la somme de 29,44994^9 Uvre«*
Outre les plus beaux diamans dont nous venons de parler,
noi^s pourrions en citer beaucoup d^autres infiniment pré-
cieux. Kous en donnons la description dans un petit Traité
du diiimant (xnèàiï) ^ que nous avons divisé en sept dia-
pitres ; i^ de la nature du diamant; 2^ des lieux où on le
trouve; 3^ de sa taille; 4° description des plus beaux dia«-
mans «onnus , avec leurs prix ; 5» inanière de distinguer les
diamans vrais des diamans faux; 6° de Testimatioii des dia-
mans ; 7^ notice des ouvrages publiés sur le diamant.
Les principaux diamans, dont nous parlons dans ie cha-
pitre 4 de ce pelit Traité, sont :
Le Mathan , ainsi nommé parce qu'il appartient au Rajah
de Mathan , dans Pîle de Bornéo; il a la forme d'un œuf ^
pèse 367 karats, et est estimé , j S^ooo^oop fr«
( 102 )
Le MoGOL , tirant son nom du grand Mogoi , auquel
il appartient ; il ressemble , pour la forme et la grosseur ,*
à la moitié d'un œuf; il pèse 297 karAts neuf seizièmes , et
est estimé ..•.-.•... iSjôîS^ooo fir«
Le diamant de Russie, sur lequel nous manquons de
détails , mais qu'on estime •..••... ^^^S^ooo fr«
Dans le même pays existe TOrlow, pe6ant~i93 karats^
et qui a coûté , dit-on , 2,25o,ooo ir. comptant , outre
une pension Tiagère de 100,000 fr. au profit du Tendeur.
Le Bragance ; c'est , dit* on , le plus gros diamant connu)
il est brut et appartient à la maison de Bragance (Portugal) ;
il pèse 1680 karats, est à peu près gros comme un œuf ,
avec la forme d'un pois. Les lapidaires * du Brésil l'esfi^^
ment 7,500,000 ^«
La Mer de gloire , diamant de Perse , très-gros. On
révalueà 3,645,ooo fr.
Le grand Duc de Toscane ; il appartient à l'empereur
d'Autriche , pèse 1 Sç karats 1/2 , et est estimé 2,627,000 fr.
Le Jean "VI, qui se Toit au trésor du Brésil; c'es|
un magnifique brillant, taillé en forme de pyramide/, et
qui est enchâssé au haut de la poignée d'or ouvré de la canne
de Jean VI 5 on l'estime 872,000 fr.
La Montagne de splendeur, gros diamant de Perse|
estimé 762,000 fr»
Le Nassuck, diamant appartenant à la Compagnie des
Indes orientales; il pèse 89 karats i/4 9 et est estimé
la somme de 750,000 fr*.
Le PiGGOTT, diamant apporté en Angleterre; il pèse
47 karats 1/2 ; il fut mis en loterie en 1 80 1 pour la somme
de . • . • • 750,000 ff*
LeSANCT, qui faisait partie naguère des diamans de la
Couronne de France et qui, depuis i832 , est possédé
par la famille Demidoff de Russie ; il pèse 53 karats ip et
a coûté . ... « 625,000 fi**
Etc. y etc. , etc.
( 103 )
Nous ajouterons que les joarnaux de février 1807 ont an-
noncé quUl y aura à Londres , le troisième dimaniche (16)
du mois de juillet suivant , une vente publique de diamans
rares et précieux. Huit de ces diamans font partie du butin
conquis dans le Décan par les armées confédérées sous les
ordres du marquis de Hastings. Le plus précieux est le nas-
suck ( mentionné ci-dessus ) ; il est de la plus belle eau et
pèse 357 gmins et demi.
Ou rendra en même temps les bijoux connus sotis le nom
d^Ârcot, qui ont appartenu à la reine Charlotte , et au nom-
bre desquels se trouve le diamant rose du sultan Svlim^ du
poids de 63 grains ;
Le diamant spbérîque de 63 grains et demi qui ornait la
croix de Tordre du Saint-Esprit de Louis XVI;
Un autre diamant de 108 grains , autrefois propriété de
Joseph Bonaparte ;
Les pandeloques en brillans de Marie- Antoinette | pesant
] 00 grains et demi ;
Un saphir de jS karats et demi \
Des boucles d^oreiiles en émeraudes, de jS karats et
quart.
Des boucles d^oreilles en brillans ^ de 223 grains et demi \
Un brillant de forme ronde ^ de 1 25 grains et demi \
Un poignard turc, enrichi de diamans et de pierres
précieuses.
Etc. 9 etc. 9 etc. 9 etc.
On trouvera peut-être que nous nous sommes un pen
étendus dans cette note relative aux diamans. Nous avons
vottlu prouver que les modernes attachent autant de prix
que les Anciens à ces somptueuses superfluités.
r
(H) p* 62. Sénèque ^ dans le chupitre xi de la Consolation
à HehiCf se sert de l'expression Saturatam midto oonchylio
piuTwraite. Entendrait'il par là la double pourpre? Il est
certain que Pline ^ //V. ix ^ chap* 4> 9 ^^t qu^on faisait re-
(104)
teindre en couleur pourpre de Tyr , les laines déjà teinte» en
écarlate , pour leur donner une belle couleur qu-il nemmflr
hysginum^ mot sur lequel les savans ne sont pas d^ccord.
Turnebe a rassemblé leurs opinions , dans ^e& Adversarùif
]ib. zzx , c. 20 \ ce qu^il dît pour les concilier est raisonnable^
Vîtruve af&rme positivement que Ton imite la pourpre en
mêlant la garance qui est rouge , avec le hysginum^ or comme
on sait que la pourpre ou le violet est le résultat du mélange!
du rouge et du bleu , il faut en conclure que le hysginuin est
le bleu y ou du moins forme une belle couleur violette.
(1) p, 62. Selon Pline, les pocfrpreS ( petite testacées qui^
comme l^uitre, Habitent un coquillage uuivalve ) vivent or-*
dinairement sept aiis. Ainsi que le murex , elles restent ca-
chées trente jours vers le lever de la canicule. Elles s^a^
éemblent au printemps , et se froitaiit les unes contre les
autres f elles jettent une espèce de cire gluante. Le murex eA
fait autant \ mais cette fleur de pourpre si recherchée pour la
teinture, se trouve au milieu du gosier : c^ést uiie petite
goutte de liqueur , contenue dans une veine blanche et dont la
couleur est celle d'une rose foncée. Le reste du coirps est inu-
tile. On tâche de prendre les pourpres vivantes , parce qu'elle»
jetteùt cette liqueur en mourant. On l'extrait des plus
grandes , après les avoir arrachées de leur coquille. Les plus
]>etites sont écrasées vivantes avec la coquille même. 39 ( Voy.
Pline , ix , ch. 60 , 36 , etc. )
(K) p* jOé On a vu aussi dans les temps modernes
quelques personnes opulentes avoir cette manie de ne porter
jamais deux fois le même habillement; mais ces cas sont
assez rares 9 car outre qu'ils supposent dans ceux qui agissent
ainsi une fortune immense , il y a là quelque chose d'une
Vanité plus que ridicule. Voici les faits que nous avons re-
cueillis à cet égard.
Elisabeth de France, flUe de Henri II, née en 1 545, femme
dé Philippe II ) roi d'Espagne, morte en i56d, ne porta
( loi )
jamais cleox fots la même robe; toua lea jônta elle en avait
une nouvelle. Brantôme raconte qu'il tenait cela dn taîUeaf
même de. cette princesse.
. Le Bom^gnignon Chassenenx lions ap|>rend ( dans soli Ça*
iùlogus giùtiae mundi, part, xii, consid. 96) qu'il a vu
& Milan une femme qui avait trois cent soixante-cinq IkabiU
lemens , et qui en changeait tous les jours. Sans doute que
dans les années bissextiles elle en faisait faire un de plus.
L^impératrice de Russie , Ëlisabetb Pétrowua II, née en
1711 ) fille, de Pierre-le-Grànd et de Catherine, fut une
)>rince8se singulière dans ses goùts) elle possédait une garde^
jrobe telle qu'on n'en a jamais vu : elle la laissa garnie de
bait mille sept cents bàbits complets, de déshabillés in*
nombrables, et d'une grande quantité d'étoffes en pièces. Elle
eût pu changer plus de vingt fois de robe par jour sans ja^
mais porter la même pendant un an.— «Cette princesse était
tourmentée d^une erainte extraordinaire de la mort , et ses
médecins ne s'en trompaient pas plus mal. Dans les der*
nières années de sa vie , elle payait chaque saignée sept
mille cinq cents roubles, dont chacun de ses médecins or<^
dinaires recevait deux mille et le chirurgien quinae cents*
Stant à l'extrémité , elle promettait à chacun de ces mes<*-
sieurs vingt-cinq mille roubles, s'ils pouvaient lui sauver la
vie; mais l'inflexible Atropos ne ratifia pas le marché, car
Elisabeth mourut le 5 janvier 1762^4 di ans, après en
avoir régné neuf.
■ # ,
(L) p. 74. Chez les modernes , un petit chien de dame
a aussi été payé assez cher. Le fait est singulier et peut
trouver place ici, quoiqu'il soit très-connu.
Lotfise-Marie de Gonzague , fille du duc de Nevers et de
Mantoue, naquit en 1612. Ayant perdu dès le bas âge Ca*>
therine de Lorraine sa mère , elle fut confiée à M^^ de
Longueville sa tante , qui prit soin de son éducation , et
qui par la suite la produisit à la Cour* Cette jeune fer^
( 106 )
sonne était fort belle. Un jour, c^étaît en 1644 y ^ prome-
nant à Parts sur les boulevards , elle aperçut un charmant
petit chien que possédait un Italien, nommé Promontorio,
qui Élisait métier de vendre toutes sortes dé ckoses, et,
entres autres, des petits cbiens de Bologne. Elle demande
le prix du petit animal quVlle désirait : « Cinquante pis-
tôles ( 5oo fr. ) , Madame , répond Tltalien , mais j^y mets
la condition qtiie vous ne me le paierez que quand vous se**
rez reine, xt Marie de Gonzague rit de la proposition , l'ac-
cepte et compte bien n'avoir jamais à débourser un sou
pour cette acquisition ; car , certes , Tidée d'un tr6ne ne lui
était jamais venue, pas plus qu'à tant d'autres dames de la
Cour.— Cependant, dix-huit mois après, la même Marie
de Gonzague éti demandée en mariage par Uladislas YII,
roi de Pologne ; l'affaire est promptement conclue ( en
1 646 } ^ et la tbilà reine de Pologne. Notre Italien , qu'un
hasard inconcevable avait fait devin , ncr tarda pas à se pré-
senter à la nouvelle reine, et réclama le prix du petit
chien, puisque la condition du paiement était accçmplie. Rien
de plus juste, dit la reine, et elle s'empressa de fiiire
compter à Promontorio les cinquante pistoles, le regardant
comme une espèce de prophète ; du moins ce n'était pas un
prophète de malheur. —-Après la mort d'Uladislas , en
1649, Marte épousa Jean Casimir , son beau>frère, qui fut
aussi roi de Pologne; elle en eut deux fils, et mourut lé
10 mai 1677.
Un chien de Terre-Neuve a été payé 800 fr. par M. de
Momày , et revendu à un moindre prix, en i836 , à Fon-
taine-Française ( Côte -d'Or ) .
(M)/7. 74* On connaît aussi chez les modernes certains
chevaux qui ont été portés à des prix très- élevés :
En novembre 1828, les feuilles publiques ont annoncé
qu'un cheval de course anglais, le Colonel , a été acheté par
le Roi d'Angleterre , moyennant la somme de quatre mille
guinées ( io5,ooo fr. )
t 107 )
En fëTrler i833 , on a sa par la même roîe , qu'on antre
cheral de course ^ le prince Elewelyn ^ a été vendu 75,000 f.
Bn mars i836, un cheyal de selle , le Temr, a été adjugé
ckes M. de Mornay , à Fontaine-Française ( Côte-d'Or ) ,
pour la somme de 18,000 fr. ; il en avait coûté ^ dît- on 9
19,000.
En novembre i836, lord Cbesterfield a, dit-on , vendu le
célèbre cheval Priam, à M.Tattersall , poiir la somme de
trois mille trois cents gninées , ( 91 ,875 fr. ).
Ces faits suffisent pour prouver qu^en fait de prodigalité
de l*or pour satisfaire certains goûts 1 les modernes ne le
cèdent en rien aux Anciens.
(N)/7.83.Ce nombre ne doit pas étonner; beaucoup de
particuliers à Rome nourrissaient de dix à vingt mille es-
davesy seulement pour ie faste et sans en tirer aucune utilité.^
Mais ie prix des esclaves instruits que Pon nommait anagnos'
tae et de ceux qui étaient versés dans les arts , s'élevait trè»-
bant : il allait de t8 à 20,000 fr. Pline , /rv. xi , ch. 89 ^
raconte à ce sujet des folies inconcevables. Le grammairieik
Daphnvs fut payé àGnatius de Pisaure ^ par Scaurus, prince
du Sénat, la somme de sept cent mille sesterces (1 57,606 f.).
Séjan acheta de Lutorius Priscus, Teunuque Pezonte, le plus
bel homme de son temps , moyennant cinquante millions
de sesterces ( 1 1 ,25o,oco fr. }. Un esclave de Néron , devenu
payeur de Parmée dans la guerre d'Arménie pour Tiridate ,
paya son affranchissement treize millions de sesterces
(2,9!&5,ooo)* Mais en général un bouffon se vendait 3 à
4ooo fr., et un esclave vigneron ne coûtait guère que 1600
francs ; il suffisait pour cultiver sept jugères de vignes. (Le
jngère râlait 66^ toises carrées ou 25 ares cariées. )
Tout cela est très-bien pour ces temps anciens où le genre
humain était divisé légalement en hommes libres et en es*
ekires y et où iine dame romaine , à qui Ton reprochait de
£ure torturer ses esclaves , avait Pinsolence de dire : Est-ce
qu^un esclave est un homme? Mais Theureuse influence du
.( 108 )
cliristianisme ayant fait silpprimer. Tesclavage depuis Iriefi
des siècles , et tons les efforts des nations policées actuelles
tendant à éteindre la réhabilitation de cet affreux usage,
que l'ayidi té du commerce exerçait dans les Ilea depuis la
découverte de TAmérique, n'est-il pas surprenant qu'en
Fan de grâce 1 836 , on trouve dans un journal des Colonies
l'affiche suivante que nous rendons textuellement?
« An nom du Roi, de la Loi et de la JUSTICE , on &ii
« savoir que Dimanche 29 mai, heure de midi, sur la place
a du marché du bourg 4® la Trinité , il sera vendu ijfux en-^
ce chères publiques : 1^ un nègre nommé Elie, âgé de 34 ans \
a 2** une jument sous poil blancy hors d'âge^ 3^ une négresse
tt nommée Gertrude , âgée de 1 7 ans ! 3» En vérité notre
siècle offre à ^observateur un spectacle bien singulier, bien
hïzatre , â minimes nd majora.
(0) p. 87. Si l'on compare quelques-unes de ces for-^
tunes particulières des Romains avec certaines fortunes
{particulières modernes , surtout en Angleterre , on trou*
Vera encore quelques rapprochemens assez curieux. Pline ,
parlant des biens immenses que possédaient quelques-unc
de ses compatriotes , a dit qu'une moitié de l'Afrique était:
divisée entre six propriétaires \ un écrivain moderne , par*-
lant de la concentration des terres en Angleterre , a dit
que toutes celles qui sont situées, enjt^re Londres et Flj-
mouth (environ vingt lieues carrées), sont partagées entre
trois seigneurs. En général , depuis le règne du terrible ré-
formateur Henri YIII, des fortunes colossales se sont éle-
vées à Londres. Entrons dans quelques détails.
En 1817, un seul bien rural anglais a été vendu ]m
^omme de . ^ ••..... ^ •...• • 4^,000,000 fr
Dans la même année, le duc de Northumberland , paL
d^ Angleterre , mort; au mois de juillet | âgé de j5 ans, 4
laissé à son fils aîné un revenu de quatre-vingt mille livre
«terh ( plus de 1,920,000 fr. ) , et à chacun de ses antr^
iMifaas un capital de cent mille livres s terlings (près d
(109)
n,5oO)Ooo fr.)« On estimait son terenn total 3,600^000 f. ' .
On a prétendu qne lé - revenu annuel des propriétés dn
due de Devonshire en Angleterre , non compris celles d'Ir-*
lande, s'élevait , à Noël de 1816 , à la somme de cent qùa-o
rante mille liv. 8terl. ..•«..».•»•. 5,360yOOO fr«
On a annoncé, en 1814 y ^<^® 1^ jeune duc de Buc«
clengb, alors âgé de 18 ans, outre le duché de ce nom qui
lui arrivait par succession , venait encore d^hérlter du du*
ché de Queensberry et du comté de Doneaster, ce qui lui
faisait un revenu foncier de deux cent mille liv. sterl,
( près de 5,ooo,ooo fir.
Les journaux du mois de mai 1^828 ont publié que fé^
le duc de Bridgewater a laissé, à Ses kéHtiers des propriétés
dont le revenu foncier montait à ....:. 2,800)000^1*.
On a lu dans les journaux de i833, que le. comte de
Fitz- Williams allait partager ses immenses propriété»' entre
ses deux fils , chose inusitée en Angleterre ç que l*atné au-
rait les terres situées eu Angleterre, donnant un revenu'de
soixante et dix mille liv. sterl. ( 1,750,000 fr. ), et <j(ue
le second se contenterait des terres Âtuées en Irlande ^
dont le revenu est seulement de trente mille livres aterl,
(environ 720,000 fr. )• ' . )
' Les NortbumberlançL sont de la maison de Percy. An cominen-'
cernent de la révolution ^ vers 17929 un Français, M. Tabbë de Percy,
fut obligé de quitter la Noftnaiidie et de s*enfuir en Angleterre. Dé-
barqué à Londres , il perdit par nn vol le peu d'argent qa*il possédait.
Ses compagnons d'infortune, lui rappelant qu'il était parent de la
fan^ille anglaise des Percy , l'engagèrent k s'adresser au duc de IVor-
tliumberland y chef de cette famille, pour lui demander quelques se-
coure. L'abbé écrivit au duc. Celui-ci répondit sur-le-champ, et dé*
manda un délai de quelques' jours pour prendre des informations; il
s'adressa à cet effet à lord Harcourt , ctiez lequel demeurait alors la
duc d'Harcourt. Dès qu'il fut assuré que l'abbé était réellement d^
|a famille des Percy , il lui envoya une boite en qr avec mille livres
sterl. (a5,ooo fr. ) en billets de banque ; et lui annonça que sa maison
Ini serait ouverte tous les joiu-s.
( 110 )
En octobre i833, les même» journatix rapptKriaîent que
le testament du dac.de Sutherland, marqiij( da Stafford^
ayant été déposé à la Cour des prérogatives , la Taleur des
biens-meubles a été déclarée an-d^-ssns d'on million sterl* f
ce qui est le maximum pour lequel se perçoivent lès droits
de mutation ; la loi n^ayant pas prévu qu^un particulier pût
4tre plus riche que cela , tout ce qu^il laisse au-delà est
franc de droit.
Enfin, au mois de novembre , même année i833|. nous
levons p^isé à; la même source ( les journaux ) , une liste
des principaux propriétaires territoriaux d'outre-Mancbei
avec Tévaluation suivante de leur revenu ^ selon eux ,
Le duc de Rutland a de rqjite 2,520|Ooo fr«
lie duc de Bedford. • . a,4<>^9000 fr«
Le marquis df Bu.ckingham 2^a56,ooo fr.
Leduc de. ]!lor£>lk . ^ . . < 2|i 12,060 fr*
Le duc de Murlborough ••••.. ^. • . 2,040,000 fr.
Le marquis d^Hertlord .••....••# 1,800,000 fr.
: fje courte de Grosvenor • . . ^ 1,680,000 Ir.
Le cointe de Lonsdsle. • ' . • 1 ,.680,000 fr.
. Le marquis de Lansdown i,44o,boofr.
Le duc de Portland t,344)OOofr.
Le marquis de Siglo 1,128,000 fr.
Etc. , etc. , etc. , etc.
Si de ces nobles puissances nous descendons à de simples
particuliers, nous trouverons que U fortune n^accorde pas
toutes ses faveurs à la seule classe privilégiée.
Uïi célèbre joaillier de Londres, M. Rundell , mort en
1 827 , a laiss^ une fortune qui s^éloigne peu de deux millions
de liv. sterl. ( près de 5o,ooo,ooo fr. ) , dont 3o,ooo,ooo
pour la seule partie mobilière. LWregistrement de son tes-
tament au bureau , doctor's commons , a coàté pour droits
de timbre i5,ooo liv. sterl. ( 375,000 fr. )
Un fabricant de cirage pour les bottes , M. Day , mort à
Londres en i836, et qui n^a jamais fait d'autre état , a lais-
sé à ses héritiers plus de 1 1 ,000,000 fr.
( ï" ;
Dam mn ouvrage de M. James Liickock| qui a paru en
]836| on trouve une appréciation de la riçhesae immobi-
lière des habitans de Birmingham , Tune des Tilles les plus
industrielles de TAiigleterre ^ et qui compte iSo^ooo luibi-
tans. Voici comment la richesse y est repartie. :
Un habitant possède. • ^ 4^0,000 liy. st. ( i0|OOO|0O0f.)
Deux habitans . • • • • 3oo,ooo liv* st. ( 7,5oO)OOofr.s
Tioia habitans • • . • 200,000 Ht. st. ( $,000^000 ir.)
Quatre habitans . . • . i5o^oo Ut. st» ( 3,75o|OoQ fr.)
Cinq habitans J00|000 Ut* st. ( a^ioo^ooo fr.)
Six. habitans , etc.
Mous ne prolongerons pas ce tableau qui deaicebd jusqu^aû
taux, minime de i5 Iît. st. ( 36ofr. ) |. possédé .par 5ooo
habitans ; nous dirons seulement qu'il y a en tout, aa^çoS
habitMiS) c'est-à»dire chels de famille ayant propriété im-'
mobilière , et 5o^ooo ayant propriété mobilière.
Ne quittons pas lés bords de la Tamise sans parler d'une
célébra iamille qui, par sa haute, réputation financière^
•emblerait descendre en ligne directe du premier banquier
de la Cour du grand Boi Salomoni si toutefois le Iloi:Sa-
lomoA avait des banquiers , chose plua que douteuse d*a*
près le silence de la Bible.; n'importe. No a s ne citerons ici
qae le troisième des cinq frères de cette opulente famille f
M« Nathan Bothschild , chef de la maison de.JU^ndjres j mort
aecidentellement à Francfort, le 28 juillet i836y et qui a
laissé une fortune estimée. .•.•••• 107,000,000 fr.
Par son testament, il a légué 1^ à sa yeuTe une rente
dedQyOooliy. st. ( 5oo,ooo f. ), plus son b^W de Piçc^dilly,
|a^il UTait acheté»de la princesse Amélie , plus tous, les meur
lies , yaisselle plate , bijoux , etc. •?-« 9^ A chacune de 9e$
Het 124,000 liv. st. ( 3,ia5,ooo f. }. _ 3<» A chacun des
"èrea de sa femme 1 ,000 liv. st. ( 25,ooo f. }• •— 4^ A cha-
îne jdes sœurs de sa femme Jloo 1. st. ( i^,5oof. ). -^ 5^ A
l. Benjam. Cohen , l'un des exécuteurs testamentaires ,
),ooo lir. st. (^a5o,ooo fr. }. Après le prélèvement de ces
( H2 )
legs ^ des dons de diarîté , etc. , «a fortune doit être par«
tagée également entre ses quatre fils.
On prétend qne la ftmille Rothschild pent réaliser dans
son sein pins de 5oo,ooO|OOo fir* Ne' soyons donc pas sur-
pris de la puissance financière qn^elle a exetcée en Europe;
et convenons y d'après les immenseaf opérations àé MM.
RotscKild ayêc les divers gôuvernemens, que ce n'est pohik
à tort qu'on leur a appliqué la qualification de' Ban^iera
des Rois et deiftois des Banquiers.
11 existe encore des fortunes colossales dans beantonp
d'autres parties de l'Europe , telles qu'en Espagne (oà M,
le duc de Medina-^Cbli jouit d'un revenu de 9^875,066 f^),
en Italie, en Autriche, en Hongrie, etc.f etc. j maïs ces
détails nons entraîneraient beaucoup trop loin.' ' ' * *
On est peut-être surprift qu'ayant fait si large pari aux
grandes fortunes d'Angleterre, nous n'ayons rien dit de
celles de Prjince. La raison en est que la situation àeê doux
pays , sons le point de vue qui nous pccup^ , est Jbut^^fidl
différente. En Angleterre, le sphisme de Henri Vnr et la
suppression de tant de riches établissemens religieux que ce
prince prononça , furent le principe de la plupart de cet
grandes fortunes dues à son adroite politique , et qui dès^
lors ne firent que croître» et se consolider. Elles subsistent
et subsisteront encore long-temps. Eu France , c'est autre
chose t h, révolution de 1789 promenant le niveau de l'éga*'
)ité sur les sommités en tous genres, les abattit et préci*'
pita dans le gouffre toutes les fortunes colossales et bien
d'autres. Si quelques-unes , depuis le fort de. la tempêté qui
s'est apaisée , mais qui parfois gronde encore , se sont rele*
vées ou élevées V nous pensons qu'ils est à propos d'attendre
que les flots soient entièrement calmés, pour en parler...*
Nous ajournons D^aiileurs nous ne connaissons qu'uns
fortune dont le revenu excède plusieurs millions , et deux
ou trois autres dont le revenu va de un à deux milliom
fitt plus.
(lis;
ADDITION.
A la page toi , après la onzième ligne qui terminç la no-
menclatnre des diamans de la Couronne, le passage suivant ,
relatif au vol du garde-meuble , ayant été omis à l'impres-
sion y nous le rétablissons ici :
Dans la nuit du i5 au 16 septembre 1792, des bri-
gands armés ) au nombre de quarante , s'introduisirent
par escalade dans le garde-meuble et enlevèrent les
diamans de la Couronne. Deux de ces misérables, nom-
més Douligny et Chambon , furent arrêtés au moment
oii , découverts , ils se précipitaient de la galerie sur la
place , et on a trouvé beaucoup de diamans dans leurs
poches ; mais le reste de ces bijoux précieux fut empor^
té par ceux de ces brigands <iui avaient fui les pre-
miers , et qui , se sauvant avec précipitation , en per-
dirent plusieurs en chemin ^ car ji huit heures du ma-
tin , une superbe émeraudç fut ramassée au milieu de
la rue Saint-Florentin par un domestique qui la reporta
au garde-meuble. Ce n'est que le 9 décembre suivant
que le diamant le Régent fut retrouvé caché dans une
pièce de charpente où Ton avait pratiqué un trou d'un
pouce et demi de diamètre. Malheureusement ce ter-
rible désastre n^a pas été entièrement réparé.
Marat y annonçant alors dans son journal le vol fait
au garde-meuble , dit qu'il y eut pour vingt-cinq mil-
lions de diamans de dérobés, puis six millions remis à
Roland , ministre de Pintérieur.
Quant aux deux brigands arrêtés, DouUgny et Cham-«
bon y on instruisit leur procès , çt ils furent condamnés
( lU )
à mort le 26 septembre 1792 , après 24 heures de séance,
par la seconde section du tribunal criminel de Paris ,
mais il y eut sursis ; par la suite ils obtinrent tacitement
leur élargissement ; ils changèrent de nom , et Ton n^en-
tendit plus parler d^eux.
Napoléon , étant consul , fit orner la poignée de son
épée du superbe Régent et de quelques autres diamans
qu'on eut le bonheur de retrouver.
NECROLOGIE.
NOTICE
SUR M. PONCET ,
PROFESSEUR DE DROIT À LA FACULTÉ DE DUON.
La ville de Dijon et rAcadémie ont perdu en M.
Poncet un homme digne de nos regrets , un homme qui
a fait honneur aux lettres et à la jurisprudence , un de
ces hommes chers à Tamitié , et en qui le public recon-
naît d'abord la vertu réunie au savoir et au mérhe.
M. Bénigne Poncet naquit , le 20 octobre 1766 , de
parens dont la mémoire est encore honorée dans une
campagne , où ils s'étaient retirés et où ils sont
morts '. Il eut pour oncle maternel M. Lemoine, curé
de Notre-Dame de Dijon , homme de piété et d^onction^
déporté en 1792, et mprt à Presbourg en Hongrie^
^n i8i3, victime de son zèle qui lui avait fait braver la
ontagion pour porter les secours spirituels aux pri-
mniers de guerre français , qui se trouvaient en grand
^mbre dans cette ville. M. Poncet consacra, depuis,
cet oncle , une inscription tumulaire d^un style an-
(ue, que Ton lit sur une table de cuivre , dans Téglîse
A Jtncîgny ^ canton de Mirebeau.
(116)
que ce digne pasteur avait longtemps administrée et
édifiée par ses vertus.
D. 0. M.
». —
BENIG. LEMOINE, DIVIOW.
HUJUS ECCLESI^ PASTOR ET EXEMPLUM ,
PAtJPERtJM PATER f
l^ORIENTIUM EXIMIUS CONSOLATOR ,
PUBLIGIS DEJEGTUS PROCELLIS >
MtJLTA PRO FIDE, PRO REGE PASSUS ]
CAPTIYIS NOSTRATIBUS UîSERVlEirS ,
LUE QUA NEGABANTUR CORREPTUS ,
POSONU OCCUBUIT
VIE 3o NOVEMBRIS — • AUNO 51 l8l3.
JETATIS SUJE 77*
OFTIMI SAGERDOTIS CIKERES ÂbSUHT,
MEMORIA VIGET.
HOCCE PIETATIS MOirUMElfTUM
aVuISCULO DILEGTISSIMO
. BEKIG. ET STEPHAJEÎ. PONGET, DlVlONENSES ,
P.
Ce fut SOUS les auspices de ses parens, et principalement
4e cet oncle vénérable , que M. Poucet commença ses
premières études. Il puisa de bonne heure à cette source
ces principes solides d'honneur , cette religion éclairée,
cette piété douce et indulgente , et tous ces senttmens
honnêtes que nous avons aimés en lui , et qui gerjonèrènt
sans peine dans une ame aussi bien disposée par la na-
ture.
M. Poucet , après avoir terminé , d'une manière
brillante , le cours de ses humamtés et de sçs études
( 117 )
juridiques au Collège et à la Faculté de Dijon , fut reçu
avocat au pariement de Bourgogne, le ao décembre
1785* Quelques années après, en 1791 et i79a/ir oc-'
cupait remploi de chef de division dans les bureaux du
district de Beaune. Un nouvel et vaste théâtre, s'ouvrait
alors à l'ambition de la jeunessefrançaise. Le jeune bar-
reau surtout s^élançait et s'égarait dans les voies d'une
réforme politique devenue nécessaire, ïiiais impru-
demment conduite dès l'origine aux lueurs décevantes ,
aux théories périlleuses d'une philosophie .toute spécu-
lative. Bientôt Fédifioe , dont il fallait réparer ou re-
nouveler peu à peu les vieux étais, s'écroulant avec
fracas sous les coups précipités des novateurs, chacun
se trouva engagé par ses passions , par ses talens , par
les chances de la fortuné , loin de la carrière que son
éducation première lui avait tracée. Les événemens
graves qui s^accumulaient et la nécessité des temps
ayant imposé à M. Poncet d'autres devoirs que les
joutes du barreau et de l'école ou les travaux paisibles
de l'administration , il satisfit à la loi-, et prit les armes.
En quittant ses. foyers , il fut nommé Ueutenant , par le
tshoix de ses camarades , dans un bataillon de grenaldiers
de la Cdte-d'Or -, il prit part à la belle défense de
Yal^iciennes en 1793; fut blessé grièvement, étant de
«ervice dans les ouvrages avancés. La place rendue, et
'le bataillon ayant reçu Tordre de départ pour Lyœi ,
puis de là pour la Savoie, M. Poncet suivit son corps
dans ces différens pays. En Savoie, il fut promu au
grade de capitaine.
. â. Poncet , homme de méditation et de studieux la-
beurs , ne parut pour ainsi diredans les camps que pour
montrer qu'un esprit dlionneur , une chaleur patriotiquci
dignes d'un Français et dignes de son jeune âge , respi**
(118)
raient en lui, comme cessentimens vivaient à vrai dire
dans les cœurs de toute cette jeunesse dont il partagea
le généreux élan. Peu après sa promotion à ce nouveau
grade militaire , il fut appelé k d'autres fonctions^ou il
devait acquérir une réputation plus belle , plus durable ,
dans une carrière plus ^conforme à ses premières études
et à ses talens.
Toute ^activité de la nation , détournée des profes-
sions littéraires et civiles , s'était reportée vers la poli-
tique et vers la guerre. Cependant, un peu de calme
dans ^intérieur ayant accédé aux orages de la révo-
lution, ^on s^occupa de la réorganisation des études
presque abandonnées. Après avoir payé sa dette de
soldat, M. Poucet fin requis , selon Pexpression du
temps, pour Tinstniction publique. Nommé, le ao dé-
cembre 1795 , par le directoire du département de la
Côte-d'Or , professeur de législation à Fécole centrale
de Dijon , qui venait d'être^ instituée ,' il quitta Tarmée et
la Savoie , et vint prendre possession de sa chaire dans
les premiers mois de Tannée suivante.
Ce fut alors que commença la carrière honoraUe que
M. Poucet a parcourue parmi nous. Mais qu'étaient ces
chaires de législation , créées au milieu du •renouvel'^
lement ou plutôt du bouleversement social? Tout se res-
sentait alors du génie de la révolution. Des cours
informes et incohérens dé droit public ou privé , sans
unité de doctrine , abandonnés à Tesprit novateur ou
servilement philosophique du professeur , parsemés de
maximes puisées dans le Contrat social ou dans les au-
tres écrits des publicistes du dix -huitième siècle,
Science équivoque et mal digérée y où les paradoxes du
temps se trouvaient mêlés à quelques débris de la juris-
prudence antique , et qui du reste fournissait peu de
( 119 )
notions applicables à la vie civile , aux nobles professions
du barreau et de la magistrature.
M. f oncet ressuscita à Dijon Tétude du droit ; il fut
un des premiers en France qui rendirent k cette étude
sa gravité , et la dégagèrent du feux esprit qui Pinfeo-
taîL M. Poucet rédigea un cours oii il passa en revue
tout Tancien droit civil , romain et français , mis en re-
gard avec les nouvelles lois ; il signala avee soin les
modifications qu^uu nouvel ordre decboses avait néces-
sitées dans la législation , et suivit pied à pied toutes les
vicissitudes de cette science. Ce travail quUl termina
en quelques années, digne d'un bomme mûri dans
récole y remarquable surtout alors par la solidité de la
doctrine , par la lucidité de Texposition et retendue des
connaissances qu'il supposait , conquit Festime des
himimes éclairés pour un jeune professeur qui avait été
enlevé à ses premières occupations par les chances d'une
vie si diverse et déjà si agitée. Mais M. Poucet avait
été doué par la nature d'un esprit réfléchi , constant ,
d^une grande puissance d'attention ; il joignait à ces
dons une sagacité et une pénétration qui lui rendaient
le trafvail fecile , et que l'on eût pu encore apprécier
dans lés matières de pure littérature où son goût naturel
lé portait, et qu'il n'avait point négligées au milieu do
ses importans devoirs.
Le cours de M. Poncet fut la pépinière des adeptes
de la magistrature et du barreau dijonnais ; et ses leçons
manuscrites , recueillies , transmises de main en main
par les étudians , et conservées encore avec honneur
sur les tablettes des jurisconsultes, furent le premier
tmvrage de droit , et le plus complet peut-être qui ait
paru sur cette science avant les doctes commentaires
qu'a enfantés le nouveau code civil.
( 15^0)
Ce n'est donc point &ire un patiégyriqne , e^est se
renfermer dans l'exacte vérité, de. dire. que M. Poncet
iiit à Dijon le rénovateur de la jurisprudence , qqe lui
seul parmi nous a rempli la lacune entre la ruine dés
anciennes études juridiques et la fondation des nouvelles
écoles , qu'il a renoué la chaîne de cette gp:^ve science
dans une ville qui devait aux institutions judiciaires et
aux lumières du barreau son impcurtance et une grande
partie de son illustration. De même , il a formé par ses
leçons la magistrature qui a occupé en dernier lieu nos
tribunaux et nos parquets. L'on peut juger Picore du
maître par les élèves \ et la révolution de i83o , qui
a frappé plusieurs d'entre eux , a pu nous apprendre
quel vide le silence .de leurs voix et Finterruption dc^
leurs conseils a laissé dans le forum dijonnais.
M. Poncet occupa la chaire publique de législation
jusqu'au 24 octobre i8o3. Après la suppression de cette
diaire , il continua ses cours gratuitement. Professeur
libre jusqu^en 1806 , il exerça , pendant deux ans , cet
institut domestique si cher aux Papiniens , et dont
s'honorèrent^ ces grands jurisconsultes de Tancienne
Borne.
Enfin le renouvellement des Facultés de droit rappela
M. Poncet dans l'instruction publique. Nopmé l^vj
janvier 1806 , par décret impérial , professeur de légis"
lation criminelle et de procédure cii^ile et criadnelle à
l'école de droit de Dijon , il a rempli ces fonctions sans
interruption jusqu'au 2,3 avril i833, jour où il a été ad-
mis à la retraite avec le titre de professeur honoraire à
la Faculté.
Il semblait que l'enseignement de Taride procédure
fut peu digne de l'habile professeur qui , si longtemps ^
avait dicté des leçons de droit civil, seul, sans rival,
( lîl )
àaeOiS ime ville savante , avec taat de distinction.
M* Pdocet, avecla sagesse ordinaire de son esprit, ne
dédaigna pas le triste labeur qui lui était imixisé, et il y
Hmiva en efiet son plus solide titre de gloire. Il féoonda
uitaol ingrat. Il soumit cette science positive et presque
arbitraire anx grands principes du droit civil et de la
raison, universelle. Il a développé sa méthode dans deux
ouvrages Justement estimés ' • Et c'est là surtout cer
qui jreoommandera sa mémoire à la postérité. Car ses
autres services ont été rendus à sa ville natale. Les
traités qu'il publia sur une partie stérile et jusque là
négligée de la jurisprudence Tout placé au rang des
maîtres dans la nouvelle école française.
H. Ponoet est le premier qui ait rattaché la procès,
dure aux principes fondamentaux du droit , et en ait
fidt une science. Sa théorie àes Actions^ et surtout celle
des Jugemens, sont certainement }es ouvrages les plus
remarquables qu^on ait publiés sur ces matières dans les
teidps modernes. Ceux qui les méditeront avec Tatten-
tion qu'ils méritent, regretteront à jamais que k temps
n'ait pas [)ermis à leur auteur d'achever Tédifice dont
il avait si solidement établi les bases. M. Poncet peut
être considéré comme le Damât de la procédure. Ce
n*est pas seulement un juriste , c'est presque un législar
teur. Il se montre, comoie l'ami de Oaguesseau, tout-
, à^^fois'philosophe, -jurisconsulte. et chrétien. C'est la
même hauteur de pensée, la même proibndeur de vues,
et cette même raison éclairée par une étude approfondie
de la religion et des vérités qu^elle enseigne.
' Traités élémentaires de LégisUtion et 'de Procédure.
—Traité des Actions; i vol. in-8**. Dijon, 1817.
Traité des Jogemens ; a toI. in>8o. Dijon y Lagier , 1822.
( IM )
M. Poucet, rendu à la vie privée, mais accablé d^in*-
firmités, s'aperçnt bientâl que ses longs travaux l'a-
vaient a&ibli avant Tàge. Ses jours avaient été {rieins ^
et il n'avait suspendu le cours de ses leçons <{uè lorsque
ses forces n'y suffisaient plus. Il se consola par4a culture
des lettres et de Tamitié , «t surtout paf la pratiqué des
Tertus religieuses qui lui avait toujours- été chère»* Il se
reposa ou plutôt languit environ deux ans , court inter-
valle entre la vie et la mort, mais encore dignemodt
rempli. Qui dira ce que Tame de cet excellent homme
renfermait de bienveillance , de simplicité , ^ piété ,
autant que son esprit était doué de sagacité , de finesse ,
et orné de doctrine ? Ceux-là le savent qui ooft été admis
éans sa femiliarité. Mais le seqret de tant de belles
cpialités n'avait pu rester enfoui dans le sanctuaire do*
mestique. M. Poncet avait acquis chez tous les âges et
dans toutes les opinions cette estime universelle , cet
attachement d'affection, qui en faisaient un modérateur,
un conseiller, et , disons-le , un homme de téserve dans
nos tristes discordes ; un de ces hommes que les partis
désignent d'abord , lorsqu'enfin le besoin de la tecon-
dliation civile se fait sentir ; un de ces hommes utiles
et rares qui laissent de longs regfets, parce que c'est à
eux qu'il est donné de dresser le pacte de pacification à
la suite des dissections publiques '• Il s'entretenait
souvent avec ses amis de sa fin prochaine , et s'y prépa*
rait en philosophe chrétien.
' M. Poncet, dans sa retraite, aux dernières élections
municipales ( de 1 834 ) y venait d^être nommé membre da
conseil de la commune de Dijon | par le concours des ci^
toyens de toutes opinions.
C123)
n est mort le 5 février i835 , à l'âge de 68 ans, entre
ses amis et sa respectable épouse , leur dictant ei\core
des pafoles de paix. Cette dette amère de Phumanité fut
adoucie par la religion et par les soins d'une femme
digne de lui. Les derniers mots qu^il prononça , consi-
gnés dans son testament , déposent de tous les sentimens
qui résidaient au fond de son ame. C'est la conscience
de rhomme de bien qui s^duvre à la vue de Tétemité.
M. Poncet avait été reçu à TAcadémie de Dijon ,
section des Lettres j le 22 juillet 1802.
Fràntut.
NOTICE
SUR LÀ YIE ET LES OUTRAGES
DE M. CL.-NIC, AMANTQN.
Messieurs ,
Si des circonstances imprevnes^nt retardé de qudqnes
mois l^expression de nos regrets sur la perte de notre
digpie confrère M' G, N. Amanton , il est certain que ce
retard n^a en rien altéré ni la vivacité ni la sincérité
de ces regrets. Non-seulement ils ont retenti et reten-
tissent encore dans cette enceinte, mais ils sont bien
partagés par tous ceux qui ont connu cet estimable
concitoyen, ce véritable homme de bien. En effet,
Messieurs , quel est celui qui ne se rappelle cet heureux
naturel , cette bonté , cette douceur , cette amabilité de
caractère, qui a fait de M. Amanton, le. meilleur des
époux, le meilleur des pères, le meilleur des amis;
cette belle ame que n'a jamais effleurée ce penchant à la
critique sardonique, ordinairement si commun dans
les contrées où Tesprit abonde ; cet amour de son pays
dont il a continuellement cherché à relever et à illus-
trer les notabilités; ce dévouement sans bornes aux
intérêts de l'Académie , dont 11 nous a donné tant de
preuves pendant plus de vingt-cinq ans qu'il en a été
( 125 y
membre résidant ; enfin cet amour constant du travail,
attesté par une ii^nité de productions, plus substan-
délies à la vérité qu^étendues, mais qui, publiées de
1783 à i835 inclusivement , donnent la mesure de la
variété de ses connaissances en jurisprudence , en admi««
nistration, en littérature, en biographie et en histoire
littéraire*. Ce n'est donc pas un vain tribut , Messieurs ,
que celui que vous m'avez chai^ de payer à la mé-
moire de notre honorable confrère. Si le zèle de Tamitié
suffisait pour répondre à votre confiance , j'aurais peut-
être l'espoir de quelque réussite^ mais il y a d'auti^es
conditions à remplir et pour lesquelles je sens toyite mon
insuflisance ^ votre indulgence y suppléera.
Claude-Nicolas Àmanton est né le ao janvier 1760^
d'une honorable famille , à YiUers-les-Pots , près
d^Auxonne (Câte<rd'Or). Après avoir fait dans cette
ville de bonnes études, sous un maître habile, il vint
à Dijon suivre les cours de l'Université-, qui alors
a^avait qu'une Faculté de droit ' . Il (ut reçu avocat aU
' Depuis soixante ans seulement que cette Université
était fondée dans la capitale de la Bourgogne, ce L^édit du
«c Roi, portant établissement d^une Faculté des droits
ce ( ciyil , canonique et français ) en la ville de Dijbn , est
<c daté de Versailles , décembre 1722.^ Cet édit institue
cinq professeurs , savoir : un pour les institut} du droit
ctTÎ! , un pour le digeste ^ un pour le code et le's novelles ^
un pour le droit canonique , et un pour le droit français.
Les cinq premiers professeurs nommés furent MM. Bret|
avec le titre de doyen; Bânnelier, Delusseux, Fromageot,
et Davot^ aux appointemens fixes de mille livres cbacuii.
M. Provin, secréuire arckiviste et receveur ^ aux appoin*
temens de quatre cents livres.
( 126 )
Parlement le ai juillet 1783. Aimé et estimedes célèbres
avocats de Dijon à cette époque , les Ranfer , les Morin,
les Morisot , etc. , il débuta, sous leurs auspices, dans
la carrière du barreau. Mais , aux études sérieuses du
droit, se joignait déjà chez liii le goût des lettres. Dès
1783 , il avait composé , en société avec M. Ligeret de
Chazey , une petite pièce lyrique intitulée : V^pùAéo$e
de Hameau; Dijon, 1783, tn-8''. Il parait que cette
composition bourguignonne ne fot alors qu'une légère
distraction à ses travaux judiciaires; car non<-seulanent
il se familiarisa avec tous les détails qu'embrassaient les
jformalités de la procédure, avec le texte des différentes
coutumes , avec les savans commentaires des Bouhier,
des Davoty des Bannelier , avec les ordonnances de nos
rois; mais se rendant compte de ce qui se passait au bar-
reau, il commença, en 1787, à insérer divers articles
dé jurisprudence dans la Gazette des Tribunaux, pu-
bliée alors par M. Mars ' . Il consigna dans le Journal
de Bourgogne ^ , plusieurs lettres sur la proposilîoa
d^un établissement pour Tinstruction et la défense gra-
tuite des causes des pauvres dans la ville de Dijon et
le ressort du Parlement , proposition pour laquelle il fot
en société avec MM. les avocats Maurier , Dagallier,
Legoux , Derepas et Présevot.
Quand, en 179a, les troubles de la révolution com-
mencèrent à éclater et à prendre de jour en jour un
caractère plus sérieux , M. Amanton se retira à Auxonne.
■ Yoyez le tome xzii, J787, p. 36 1 et suiv. ; tome xxy,
1.788, p. 335 et çuiv. ^ tom. xxvii , 1789 , p. 179 et suit.
* B»* des ^j février et 39 avril i788«
( 127 ) ,
n éprouva d'abord quelques tracassieries ; mais la dou*
oeur de son caractère^ la prudence de sa conduite
firent qu'il en fut quitte pour quelques mois de surveil«
lance. Pendant ces temps d'orage , il continua son état
d'atocat et publia un mémoire curieux sur une ques*
tioQ de séparation d'habitation , soumise à un tribunal
de fiunille. Les affiiires du barreau devenant moins
multipliées, il se livra , dans le silence du cabinet , à
r^tude , et se perfectionna dans dijBTérentes parties dont
il présumait que la connaissance le mettrait un jour plus
à portée d^étre utile à ses concitoyens. C'est ainsi que
peu de temps après , il consigna dans plusieurs Recueils
périodiques estimés, une infinité d'articles intéressans.
On trouve dans la Feuille du cultii^aieur , du 17 nivdse
an vni, une question fort importante sur les chetels,
qu^il traita avec beaucoup d^habileté. Huit lettres sur
divers sujets furent insérées par lui dans le Journal
d'économie rurale et domestique : voyez les numéros de
messidor an xi à novembre 1807. Cinq autres lettres
parurent dans le Moniteur ums^ersel de vendémiaire
an IX , fructidor an xi , pluviôse an xiv. Il enrichit de
plusieurs articles curieux, \ePetit jUbum/ranc-comtoi^,
Enfin ces dijBTérens travaux partiels , aind que beaucoup
d'autres que l'auteur publiait hors de ces feuilles,' at*
testent, dès te temps, un zèle infatigable , toujours di-*
rigé vers des objets d'utilité publique ou d'histoire
li^éraire , comme on le verra encore, mieux dans la
série de ses ouvrages qui termine cette notice.
Cependant la tempête révolutionnaire commençait à
se calmer, et Ton songeait à relever les institutions que
la fureur démagogique avait détruites dans le Sort de la
' tourmente. De ce nomi^*e furent les Sociétés savantes
( 128)
et littéraires de France, supprimées en 1798 '^ Tontes
aspirèrent à renaître de leurs cendres; T Académie des
sciences, arts et belles-lettres de Dijon neftiCpask
dernière à solliciter son rétablissement ^. L'Adminis-*
tration de la Cote-d'Or et" le Gouvernement s'empres*-
sèrent de seconder ses vœux. La Compagnie réinstallée,
en 1798, reprit le cours de ses séances ordinaires, et
dès-lors elles n'ont plus été interrompues. M. Amanton
fut reçu membre de cette Compagnie , le 10 frimaire an
Yiu (ao novembre 1799)* On peut dire que jamais
académicien ne s'est montré plus digne de ce titre , par
son zèle et surtout par son assiduité , du moment ou
■ Le décret qui les supprima fut rendu par la Conventioa
nationale le 8 aoÀt 1793 , sur le rapport de M. Tabbé Gré-
goire, qui cependant, il faut lui rendre cette justice, fut
celui qui par la suite s^opposa avec le plus d^énergîe au
efforts du vandalisme qui voulait .tout mutiler et saccager
dans les dépôts des monuinens des arts et dans les Biblio-
thèques publiques, sous prétexte des armoiries et autres
emblèmes anciens conservés sur les livres.
^ L'Académie des sciences de Dijon, fondée par M.
Fouffier, en vertu de son testament du i^' octobre 1725^
autorisée par lettres-patentes du Roi, de juin 1740, fut
supprimée par le décret de la Convention du 8 août 1793.
Elle fut rétablie , sovs le Directoire , le 1 4 prairial aii vi
( 2 juin 1 798 ) , d'abord sous le titre de Société libre d*agn»
culture, sciences et arts^ et le 19 fructidor an x (6 sept,
j 802 ) , elle reprit son ancien titre à^ Académie des sciences,
arts, etc. ; enfin une ordonnance du Roi du 22 octobre i833
a assuré l'existence légale de la Compagnie , et la jouissance
des droits électoraux que la loi accorde à ses membres ré*
sldans.
( 129 )
irenant^, 4pielqtifts années après, fixer sa résidence à
Dijoav îl £it'(dus à portée de suivre les séances hebdo-
oiadaives de FAbeidéiiHe. ;
Mais pendant tout le temps qu'il demeura à Âuxonne ,
il y reçut les témoignages les^ plus flatteurs dé Testime
et de h confiance de ses concitoyen^. Il fut, en 1803,
notnmé premier adjoint au maire de cette ville , qui
alors 'était feu M. Tavocat Girault , son ami , cet nomme
de bieiiv ce digne coU^pie, si instruit , si actif, si labo-
rieux^ dont noiisavons eu-à déplorer la perte en 1823 ^.
M. Girault ayant donné sa démission en 1806 ,
M. Amanton lui succéda immédiatement dans les fonc-
tions pénibles de cette première magistrature locale , à
Auxonne , et les remplit avec son zèle accoutumé jus-
qu'en i8ii.
C'est alors que notre collègue , qui n'avait cessé de se
livrer aux soins de l'administration , sans cependant
négliger la culture des lettres , auxquelles il consacrait
tous ses momens de loisir , songea à venir s'établir dans
la capitale de la Bourgogne , théâtre plus étendu , plus
conforme à ses goûts littéraires et qui , dans tous les
genres , lui offrait plus de ressources que la ville d' Au-
xonne. Le Gouvernement qui avait apprécié son zèle et
ses talens dans la partie administrative, Pappela^ en
1812 , aux fonctions de conseiller de préfecture du dé-
partement de la Gote-d^Or. Pendant dix-huit ans , il
parcourut cette nouvelle carrière avec un succès égal à
celui qu'il avait obtenu comme maire. C'est en 1814,
* M. Amanton 9 dans la notice nécrologique qu'il a con-
sacrée à ce digne collègue , lui rend toute justice pour le
bien quUl a opéré dans son administration, et pour ses pro-
fondes connaissances en histoire et en archéologie.
9
( 130 )
que la reconnaissance du GrouvernemeDt lui décerna le
tilrede Glieyalier de la Légion d'Honneur. ^IJne fois
établi à Dijon , M. Amanton qui aentail tout le prii de
ce nouveau séjour , se montra^ digne d'habiter . cette
terre qu'une longue renommée a , pour ainsi dire , dé«
clarée classique en fait de littérature, de. sciences et
de beaux-arts '. Son attachement^ son dévoy^menl ii
r Académie, le rendirent un des memtoes les!pkis^as>^
sidus à suivre ses séances ordinaires et à partidipdr à
tous ses travaux. Il en fut nommé président bisannoél
■
* Ménage disait et publiait de son temps : a Après Paris y
« il n^y a pas de Tille qaî fournisse tant de sujets'à la repu-
a blique des leltres que Dijon. »
L^hymnique et sévère Santenil , parlant de la même ville ,
dit dans ses poésies :
Doctœ urbis stndia et mores mirabar honestos.
Vidi oratores centom ceotonique poetas ;
Omnes accensi studiis asqualibus, omnes
Irraere, et nostris certatim accurrere musis »
Richelet dit quelque part .* oc La capitale de la Bourgogne
<c est Dijon, où il y a de très -sa vans et très-babiles gens. »
Yoltaire^ dans un discours prononcé à PAcadémie fran-
çaise, s'exprime ainsi sur Dijon : oc Cette ville qui a pro-
« duit tant d^Kommes de lettres et où le mérite de Tesprit
ce semble être un des caractères des citoyens, »
EÀfin on a dit ailleurs : oc Dijon s'honore , à juste titre ,
oc des grands hommes qu'elle a produits dans tous les gen*
a res : prélats, hommes d'état, grands capitaines, roagis-
cc trats , orateurs et écrivains du premier rang , poètes et
«c musiciens célèbres, peintres et sculpteurs du premier
â mérite, historiens érudits, jurisconsultes profonds | mé«
ce décins habiles ; il n'est aucune partie dans laquelle cette
ce ville n'ait fourni des sujets distingués. i>
( 131 )
en i8i3,etn^a pas cessé dès-lors de se rendre utile à la
Compagnie , soit comme membre des diverses Commis-
sions qu'elle formait dans son sein , soit en enrichissant
ses Mémoires et sa bibliothèque ^ d'une infinité de pro*
ducûons qui , comme nous Tayons déjà dit , étaient plus
8^bstantielles qu'étendues , mais qui annoncent de la
fiicilité , du goût et des connaissances très-variées. C^est
surtout.dsps la biographie que notre confrère se plaisait
à gercer son.taie,nt. Dans toutes les notices nécrologiques
,qu'il,pous a données et parmi lesquelles on distingue
celjes qu'il a consacrées à la. mémoire du.fHxifesseur'
Lombard ^ de ,]M[grin de la Qiasieigneraie^ de Farchi-
tecte Racle, de Leschevin , de J.-B. Wolfius, du docteur
Ch^ussier , dja q^ipte de G^^sendi, du ms^rquis de Thiard ,
du.jparquisdç.Gourtiyron^ etc., etc., etc., on remarque
uf^ §ty|econyenable«, un jugement sain, «tunç érudition
qui«:hia9ée sur des recherches profondes, a procura à
Fauteur une foule de (délaib intéressans \ et remarquez,
iMi^eurfr,,qju'u)[), sentiment patriotique a toujours di-
rigé la plpisife/de; AI* Aman ton; ce n'est pas jseulement
suuç 39^ tffivmf !t>iograph|iqi|L que porte cette observa*
tîon^.Queilpji.ji^rcoifre tout ce quHl a écrit sur ThistairQ
iitiéir^[i^e et^fur be^^ucqiy;) d'autres sujets, pa trouyerii
tQuJ9Uif que; Iq^ Bourgogne et \^ Bourguignons ont été
l'unique,. objet de ^ 3eâ vailles. U av^t cela de'Ooppipmi
avec, son confrère et compatriote M. Girault ; a^^s Jk
résultat de leurf travaux ser^ , dans la suite des^ temps ;
cpnsi^lté avec ifruitpar ceux qui s'occuperont de j'hîs-*
toirç de la Bourgogne.
j^joutons,. Messieurs, que l'activité que déployait
JML.. Amanton dans ses occupations littéraires et acude^
Cliques, n^était pas restreinte à l'intérieur de cette en-
ceinlç \ ell« le mit en relation av^ un grand nombre de
( 132 )
Sociétés savantes qui s'empressèrent de Tassocier à
leurs travaux. II fut membre associé oôrrespondanl de
la Société royale des Antiquaires de France, des, Aca-
démies de Rouen , de Caen , de Bordeaux , de Besançon,
de Lyon, de Nancy , de Mâcon, etc., etc. Plusiéun de
ces Compagnies ont déjà témoigné leurs regféts sur là
perte de cet estimable confrère. ' '
Revenant encore sur ses travaux , n'oublions pas qu'il
a été propriétaire du Journal de Dijon èi 3e' la Côie^
dOr, depuis i8i3 jusqu'en i83i , et qu'il à enrilcbi ce
recueil d'un grand' bombre de notices intéressantes^
soit sur les événemens du jour , soit sat deà sujets litté-^
raires. ' "
G -est ainsi que remplissant avec zèle, exactitude eCr
dévouement ses fonctions de conseïlW de prèfeciïire ^
il consacrait aux lettres ses moiliens dcf loisir , loVscJu^r—
ri^la IHêvoIution de juillet i89o. MM. les conàèiUérSy
ses collègues , donnèrent leur' iBetnissrôb/âin^i que Mi
le préfet , exemple qui ne fut point sulVi |^r -M. Aman-
ton ;• et , pendant quelque temps , resté' seul à Tadminis-
tration , il en supporta tout le poid^ et Vàbqùittà 'de ces
multiples fonctions avec un vrai déViklément; Ceh
n'enbpêcba point que peu après il tUt cotisîdër^'éomtee
démissionnaire et remplacé dans lô^ Tonbtiohs dé con-
fiSieiltef* de préfecture. Ce coup liii fti^t d'autant phis'sen-
SfÙe^'il ne s'attendait' point à eti être frappé. Dès-lors
lé mour de Dijon lui devint pénible ; il y l*esta cepen-
dant encore jusqu'au 27 .octobre i832, époque où il
se rendit avec sa famille au château de Heudon près
Paris ^ dont son digne fils , M. Ferdinand Amanton, avait
été nommé lieutenant de Roi par S. M. Louis-Philippe.
* 'iTest là que notre collègue , parfaitement résigné , a
pa^ les dernières années de sa vie , aumiliai des soins
( 133 )
qae lui prodiguaient la meilleure des épouses , une ai-
mable nièce et le plus tendre des fils ' .
Entièrement débarrassé de tout emploi public, ha-
bitant Tun des plus beaux sites de France , il trouva le
repos et la plus douce consolation dans le sein d^une fa-
mille adorée, dans les charmes de Tétude et dans la
société d'hommes de lettres résidant près de MeudoU;,
tels que lesLaya , les Raynouard , les Patin , les Firmiu
Didot , les Panckoucke , etc. , etc. , dont il avait reçu .
Paccueil le plus flatteur. Enfin il venait de terminer un
ouvrage que son zèle patriotique lui avait fait entre-
prendre en rhonneur des illustres Auxonnais, lorsqu'une
maladie assez courte , mais sans vives douleurs , Ta fait
descendre au tombeau le 28 septembre i835,àdeux.
heures du matin. Il était âgé de 75 ans. Il serait diffi-
cile de peindre les viË; regrets de sa famille éplorée et
de tous les amis qu'il s'était déjà faits, soit à Meudon ,
soit dans les environs. Mais la nouvelle de sa mort , ar-
rivée dans le département de la Gote-d'Or , n'y a pas fiiit
une moindre sensation. On peut dire que dans la magis-
trature , dans l'administration , dans la société et surtout
dans cette enceinte , Messieurs , les regrets ont été
aussi unanimes que profonds. J'ajouterai cependant que,
d'après les relations intimes et journalières qui ont
existé entre nous pendant tant d^années , personne ne
peut dire avec plus de justice et un sentiment de dou-
leur plus prononcé que celui que j'éprouve :
Msltis ille bonis flebilis occidit ,
Nulli flcbilior quam mibi
' M. Amanton laisse encore tin autre fils, M. Victor
Amanton , qui est en ce moment inspecteur des forêts à
Alger.
(134)
NOTICE CHRONOLOGIQUE
DES OUVRAGES DE M. AMÀNTOliri
1 . Apothéose de Rameaa , stènes lyriques ^ paroles ie
MM (Ântianton et Ligeret de Chazey)^ musique de
M (Deval). D^on, Causse, 1783, //s-8^.
2. Mémoire et Consultation, sur une question de sépara-
tion d^habitation , soumise à un tribunal de famille. Z>^o/^ ^
Causse, 1792, i>i-8o.
3. MiMoiRE adressé au Corps législatif par Tadministra-
tion municipale d'Auxonne , sur la nécessité de consenrer
Técole d^artillerie et l'arsenal de construction établis dans
cette commune par Pancien Gouvernement. Dijon, Frandn,
ojs yn ( 1799 ) , i>ï-8®. ' ^
4- MiMOiRE pour le grand Hospice civil de la ville d'Au-
xonne 9 sur une question de liquidation de la dette publique.
Dijon, Franiin, an Viii ( 1800), //z-8^ de ^o pag,
5. Coup-d'oeix. sur les finances dé la ville d'Auxonne, et
sur les ressources qu'elles offrent à une bonne administra-
tion ( par MM. Amanton et Jacques Gille ) . Dijon , Fran"
tin, an ix ( 1801 ) 9 i>z-8o.
6. Recherches biographiques sur le professeur dVrtillerîe
Lombard. Dijon, i8oa , /«-8® de ^i^ pages.
Ces Recherches sont intéressantes , surtout par les notes philolo-
giques, histori<}ues et bibliographiques qui les accompagnent. Jean
Louis Lombard , ué à Strasbourg le a3 août 1733, et mort à Auxonne
le i«' avril 1794» fut un homme de mérite, qui exerça les fonctions
de professeur d'artillerie à Auxonne , depuis 1769 jusqu'à sa mort.
Très-instruit, il fit faire des progrès à la science y et publia de savaus
ouvrages sur sa partie. Napoléon avait pour lui une estime particulière.
7* Uromancie. Extrait du Journal d'économie rurale et
domestique. MisurocrisopoUs , an xiii ( iSoS), in-^^.
Cet article est dirigé contre les charlatans de campagne , qui pré-
tendent connaiti^ et guérir les maladies à Finspection des urines. Il
C 135 )
est signé : UftoscopiriLiA , cultivateur. Ce prétendu cultivateur n'est
Miijre que M. Massoo-Fouri alors pharm^cieu à Âuxonne. M. Aman-
ton a ajouté des observations très- judicieuses à cet opuscule.
8. Recherches biographiques sur Denis Marin de la
Chas.teîgneraye , conseiller d^état, intendant des finances de
France sons Lonii^ XIV. Dijon, Pmntin, 1807,1/1-80 de
a8 pag. •— Notes additionnelles, 1807 9 ^'^-B® de 6 pag.
' Denis Marin 9 né à Anxoune en janvier 1601 y d'un cordonnier selon
les uns y et d*im marchand selon les autres, est mort le 37 juin 1678,
laissant la réputation d*un homme de bien qui a rendu de grands
services à F£tat et à sou pays.
9. Notice biographique sur Léonard Racle, de Dijon.
NouTelle édition, avec quelques corrections, des additions
et des notes. Dijon, Trantin, 1810, in-V^ <i® '7 pages.
— Addition, ou plutôt Compte rendu de cette notice, par
M. Chardon de la Rochettè. //e-8o de 7 pages.
Léonard Racle, d^chitecte-ingénieur, né à Dijon le 3o novembre
1736, est mort à Pont-de-Vaux le 8 janvier 1791, Il a eu de la celé-
'brifé dans son temps, et l*a méritée; Voltaire en faisait grand cas;
7^a notice de M. Amanton a d'abord été insérée dans le Magasin
encyclopédique , août 1810. Et la notice de M. Chardon de la Ao-
chette JBe trouve dans ses Mélanges de Philologie et de Critique ,
Paris, 181a, 3 vol, in-%^^\ V. tom. ni ^ pp. 391-399.
lo* Dissertation de J.-B. Bullet, sur le festin du Roi
boit, avec des notes. Paris, Sajou, 1810, f/s-8^ de ao pag.
L'éditeur avait fait insérer cette dissertation dans le Magasin ency-
clopédique , décembre 1810. —-Elle a été réimprimée, avec des aug-
mentations, dans Vjénnuaire de la CSte-d^Or, 1897-, il en a été
tiré cent exemplaires k part, 1838, i/z-12 de Zn p.
1 1 • Notices biographiques sur Claude Gillot et sur Paul*
Ponce- Antoine Robert , peintres ^ par le choYalier de la
Touche; avec des notes de MM* Millin et Amanton.
Dole, Joly , 1810, //1-8** .
C'est un extrait du Maga-sin encyclopédique , décembre 1808,
p, 3o6.
là. Lettre à M. Chardon de la Rochettè, contenant des
éclaircissemens certains sur le véritable lien de naissance
( î36 ;
Au célèbre organiste L. Marchand j etc. ( Extrait du Ma^
gasin encyclopédique, ) Pafis ^ Sajou , i8ia , i>f-8«>.
i3. Note sur François Juret , Dijonnais. Dijon, iSiS^
in^%^.
Ce Jaret, ne en i553 à Dijon, j est mort le 21 décembre 1626.
Oëtait un homme distingué dans les lettres et p]tl& encore par la sa-
gesse de ses opinions politiques dans ces temps de trouble; il fut
l*ami intime des du Harlay, des de Thou, des Gillot, des Dapuy,
des Pithou, etc. Celte note, fournie à M. Âmauton par Chardon de
la Rochette^ est d'autant plus importante que Papillon , dans sa J9i-
hlioihèque de Bourgogne , dit que Juret est plus connu par ses écrits
que pu* les circonstances de sa vie. Chardon supplée dans cette note
au silence de Papillou.
i4* Notice nécrologique sur Jean-Edme Durande ,
avocat à Dijon. Dijon , Frantin , i5i3 , //z-8°.
M. Vavocat Duraude, né k Dijon en 1721, y est mort le la mai
a8i3, emportant Festime et les r^rets de ses concitoyens.
j5. Notice nécrologique sur Philippe-XaTÎèr Leschevin
de Précour, commissaire en cbef des poudres et salpêtres ^
à Dijon. 18149 in-bo, «. Addition , 18149 inS^,
M. Leschevîn, né à Versailles le 16 novembre 1771 , (il eut pour
|>arrain le comte d* Artois , dépuis Charles X ) , est mort k Dijon ,
le 6 juin 1814* C'était un savant distingué ; son édition du Mathana-
jMus prouve une érudition immense qu'on pourrait peut-être qualifier
ne surabondante. Il a beaucoup d'autres ouvrages qui attesteut des
connaissances aussi profondes que variées dans les hautes sciences ^ la
physique, la chimie, la minéralogie, etc., etc.
16. Recueil de planches gravées dVprès la collection
des jetons des villes et maires de Dijon^ Beanne et Anxonne,
tirée du cabinet de G. N. Aman ton. Dijon, imprimerie de
Trantin y 1814 9 in-É^ .
Ces planches, qui renferment chacune dix jetons , ( armes et revers
il l'exceptiou de la dernière qui n*en a que sept ) sont au nombre de
quinze, non compris uu frontispice allégorique et le portrait de
Fauteur. Elles étaient destinées à orner une numiimato^apA/e bourgui-
gnonne, qui n*a pas eu lieu. Ou n'en a tiré provisoirement que
VINGT épreuves, et, selon totfte apparence, il n'^y en aura famais un
plus grand nombre. De ces vingt exemplaires , quatre sont tirés sur
( 137)
papkr vélîn grand-nûsin , et cinq sar papiers de diverses coulews*
Le premier ietov gravé remonte à 1609 , et le dernier de Diioa
( pi. xui ), est de 1767. La pi, ziy eu reuferme douze de Beaune ^ et
la x?^ 9 sept d'Auxonne.
1 7. Notice sar M. Louis Bredin 9 directeur de Técole
Vétérinaire de Lyoo 9 né en 1738 , mort à Lyon le 17 mars
i8i4* Dijon , Frantin , 18149 ^-8^«
''i8. NoTtGB nécrologiqiie sur M. Rémi OUi^ier, né à
Paris le 26 février 1727 , mort à Dijon le 25 décembre 1 81 4*
Dijon , 1 8 1 5 9 in-S^,
M, OlUvier est l'auteur de r£rpn^ de VEru^clopédie, Paris ^798-
1800 y 12 vol, in-S*.
j 9* Notice sur Jean Boichot j statuaire du Roi. D^'on ^
i8i5,//i-8^
: M. BcHchct , né à Ghâlon-s.-S. en 1738, est mort à Âutun le 9 dé-
cembre 1814*
20. Notice historique sur le général Nansouty^ né en
17689 mort le 1 2 février 181 5. Dijon , Frantin, 181 5 1 inAf*
21 . Notice sur M. Pierre Baillot , professeur de Uttéra-f
ture française à la Faculté des Lettres de l'Académie de
Dijon , né dans cette ville le 8 septembre 1 752 y mort dans
la même ville 9 le 20 février i8j5. Dijon , 181 5 , Zn^^o*
C'était nu homme de bien très-estiiBé ^ habile professeur, «t qid
A formé d'excellens élèves.
22. Notice sur M' Cl. Didiet , ingénieur en chef des
ponts et chaussées , né à Châlons-sur-Marne 9 le 3 septembre
3753 9 mort àDijonle i^'mars 1816. Dijon ^ 1816, //i-8^.
Encore un homme de bien , fort instruit et emportant les regrets
de tons ceux qui l'ont connu. Cette Notice est de M. Girault , et les
notes , de M. Âmanton.
23. PARTicuLARiTés inédites et peu connues sur La Mon-
noye , Crébillon et Piron, recueillies par C. X. Girault 9 et
publiées avec des notes par M. Âmanton. Dijon , Frantinf
182O) in-^.
Cet particularités sont curieuses.
(138)
a4* Notice sur M. Claude^XâTier Gùravlt 9 Ancien ma*
gistrat , membre de TAcadémie des sciences | arts et belles-
lettres de Dijon , suivie de la liste d» ses outrages. Dijon ^
LcLgieri Paris ^ A. A, Renouard , iSsS, 1)1-80.
M. Giraolt, ne à Aazonne le i3 avril 17641 est mort à Dijon le 3
novembre iSaS. Cétait un des membres les plus laborieux de l'Aca-
démie de cette TÎUe; Tbistoire, la numismatique, Tarchéologié loi
étaient familières , comme t'attestent «ea aembreas pavi^ges. On
trouvera dans le Compte rendu des travaux de cette Académie,
( Séance publique du a3 août j8'j3 ) » pp* 975-379, une notice né-
crologique dans laquelle nous avons tâcbé de payer à cet académiden
le joate tribut d& à lesqnalités estimables et > à Ses ciriumisBaaces très-
étendues.
' a5. Notice svr M. J* B. Yolfids 9 prêtre du diocèse de
Dijon. Dijon, Frantin, i823, //i-8^.
Cette Notice est un eitrait d'un Mémmre beaucoup plus étendu
dont M. Amanton a fait part à 1* Académie. M. Volfius, homme de
beaucoup dTesprit , a été longtemps |>rofeaseur d'éloquence an Collège
de. Dijon. Il est né dans cette ville le 3 av^ 1734 ,. et y est mort 1^
8 février 1822. 11 avait été sacré évéque constitutionnel de la Côte*
d*Or, le i3 mars 1791 ; il donna sa démission en 1801 ^ et fut récon-
cilié avec l'Eglise le a8 avril 1816. ■
a6. Lettres bourguignonnes , ou correspondance sor
divers points d^kistoire littéraire , de biographie , de biblio-
graphie , etc. Dijon, Lagier, 1823 , i>i-8® de '^S pag*
n y a beaucoup de détails cprieux dans cette collection de treize
Lettres sur différeus sujets. J'aurai un jour occasion de revenir sur la
sixième qui est toute bibliographique, et qui a besoin d'un supplé-
ment que j'y ajouterai. Ce recueil a deux fac-similé , l'un de l'écri-
ture d'Alexis Piaoh, et l'autre de la signature du poète Vebgier.
27. Lettre ( de Gabriel P. ) à M' C. N. A. , sur
un ouvrage intitulé : Les PoiTES français depuis le xli^
siècle jusqu'à Malherbe, avec une notice historique et litté*
Taire sur chaque poète. ( Paris , Crapelet \ 6 voL «1-8^ } i
«— et Notice sur la nouvelle édition des Euvres de Lovise
Labé, lionnoize» (Lyon 9 1824 9 1 voL in^%^)\ par M'
€. N. A 9 (Amanton). Paris, 1824? i/>-8^-
Là Notice de M. Amanton ofïre de l'intérêt; il y rend justice à la
( 139;
profonde ëroffilion des éditeurs des QEiuMres de Ziouise Labé » parmi
lesquels il place an premier rang, le savant M. Breghot du Lut, qui a
eu la plus grande part à la pablication de cette belle et curieuse
édition.
28. Notice sarVabbé Fiard , prêtre do diocèse de Dijon.
D^on , Noëllat , i8a5 9 zW-So.
M. Fiardy né \ Dijon le 98 novembre 1736 , j est mort le 3o sep-
tembre 1818, avec la réputation d'un homme instruit , mais bizarre
démouographe. Ses ouvrages deviendront rares.
39. Notice «nr M. Jean Contarier^ ancien profeMeur
an Collège royal de Dijon; né dans cette ville, le 23 avril
1768 ) il y est mort le 20 noTembre i834 9 emportant Tes-
time et les regrets de tons les gens de bien. -» Notice sur
M. le baron Denon , administrateur des Musées , etc. ^ né
à Chalon-sur-Saône, le 4 janvier 17479 mort à Paris , le
27 ayril 1825. Dijon y Frandn, i8a5, ùir^^.
3o. Lettres sur trois Lyonnais, premiers présidons an
Parlement de Bourgogne dans le xti^ siècle, de t5o5à
i55i , (Humbert de Villeneuve , Hugues Fournier et Claude
Patarin). Lyon, Barret^ 1826 , in-^^ de 26 pages. — - Let*
tre à M. Amanton , au sujet de ses Lettres sur les trois
Lyonnais, etc. \ par M^ N. F* Cochard. Lyon, Banet, 1827,
jvi-80 de 1 5 pages.
Les détails biographiques sur ces trois magistrat^ ont exigé des
recherches assez pénibles de la part de M. Amanton *, elles ont été
complétées par M. Cochard , et sont un morceau préciewL sur
rhistoire de la magistrature en Bourgogne.
3â. Obseetations sur Thistoire de Napoléon diaprés
Im^méme , publiée par Léonard Gallois ^ 3« édition. Paris,
T/oiif'^, 1827, i>z-8o.
L*auteur s'est attaché à relever des erreurs graves échappées à
M. Gallois 9 sur les premiers temps de Bonaparte, sur sa fortune ,
quand il était lieutenant d'artillerie, sur etc.; MM. Amanton et
Girault d'Auxonne out connu le jeune lieutenant quand il était en
garnison dans cette ville ; et certes , il était bien éloigné de briller par
la fortune.
32. Notice sur M. François Cbantsier, docteur en méde-
( i40 )
cine, né à Dijon le s juillet 1746 9 mort i Paris le 1$ juin
1 828 V Dijon , Noëllatf . 1 828 , in-^^*
Cette Notice e ëtë tirée k csirr exemplaires* Il y a un supplément
qui rectifie quelques erreurs de dates et du prénom. Nous faisons usage
de ces corrections daus cette ennouce. M. Cbausiner était membre de
TAcadémie de Dijon depuis le 14 novembre 1776.
33. Annuaire du département' de la Côte-d'Or, pour
Faiinée 1827. Dijon, NoeUat, 1828, in^x^de 4^6 />.
L^anteur a terminé ce volume par une nonVelle édition
de sa Dissertation sur le festin du Rm-hoit, ( Yoy . ci-de-
vant, no 10.)
34* Notice sur M. le comte de Gassendi , ancien général
dWtillerie. Dijon , Odobé , 1828, //i-8o*
M. de Gassendi , né en Provence le 18 décembre 1748 9 est mort à
Nuits ( Côte-d'Or ), le 14 décembre i8a8. Il se délassait des travaux
militaires avec. les mus^. Il a publié un fort volome de stA poésies 1
z/i-i8y tiré à cent exemplaires.
35. Vavban. Dijon, Odobé, 1829 , in^Z^ ^ tiré d cin"
quante exemplaires»
On a toujours été incertain sur le lieu et sur la date de la nais-
sance du maréchal de Vauban. Cetttf^otice lève tous les doutes à cet
^ard, puisqu'elle rapporte son extrait de naissance relevé sur les
registres baptistaires, par M. Royer, maire de la commune où il est
né. 9 en résulte que Sébastien Leprestre, fils d*Àlbin Leprestre ( le
nom de Vauban n'était pas encore dans la famille ), est né le i5 mai
i633 à Saint-Léger de Foucheret, commune de l'ancien bailliage de
Saulieu ( C6te-d'Or) et maintenant du canton de Quarré-les-Tombes,
arrondissement d'Avallon. Vauban est mort à Paris le 3i mars 1707'
On voit dans la salle des grands hommes au musée des antiques , la
statue de Vauban , en marbre, ouvrage de Gh. Ant. Bridan, père,
célèbre sculpteur bourguignon , né à Ruvières , en 1 7S0 , mort en i8o5.
( V. la savante Description du Musée royal des antiques , par M. le
comte de Clarac. Paris, i83o , i/i-8^, p. 3So ). — Voyez aussi la Notice
des objets d'arts, exposés qu Jlfusée de Dijon, ( par M. de Saiut-
Mémin). 2>//on, 18349 in-ia,p. 102; mais ici il est question de
Pierre Bridan , fils du précédent ; il a fait la statue en marbre de
Bossueti objet de Farticle 471 de la curieuse Notice de M. de Saint-
Mémin.
36. Notice sur M. de Boisville, évêque de Dijon» Dijortf
Odobé, 1 83o 9 V/i-8o de 4 p. tiré à 60 exemplaires.
(141 )
2j. Notices sur M. Châtillon et sur M. Torombert«
Difon, i63o jin-Q^.
Nie. Claude Châtillon, aimable poète, ne à Rouen le 14 octobre
1776 , est mort fc Paria le 7 janvier i8a6. Il avait été reçu àasodë cor-
respondant de l'Académie de Dijon le a4 <^^i>'^^^ iftaS.
M. Cbarles-Louis-Honoré Toromberf , avocat à Lyon» né à Belmont
en Bugey le 17 décembre 1787 » y est mort le 8 mai 1829 ; il « travail-
lé sur réconomie politique.
58. YiRoiLE. VIRAI en borguignon \ choix des pins beaux
livres de rÉnéid||||snivis d'épisodes tirés des autres livres
( traduits jadis en patois bourguig]&o») a^ec sommaires et
notes 9 publiés par C. N. Aman ton , et un discours préliAii»
naîre par G. P. (Gabriel Peignot). Dijon, imprimerie de
Fmntinf ckez Victor Lagier , i83i', 1 9ol, m-id^ de 32/
pages, tiré â a44 exemplaires sur pap.Jik grand-raisin , et
SIX sur grand papier fort de Hollande.
Ce curieux voluriiey dont la publication est due au goât d'an ama*
tenr dijonnais qui en a fait les frais, est digne de figurer dans le cabinet
de tont bibliophile édairé, Unt par le fond da sujet que par sou im-
pres^on exécutée avec le plus grand soin. Il deviendra rare et sera
nn jour très-recherché.
39. Pairaibôle de TAnfiin pri^digue, et le livrô de Ruth
revirai po lai premeire foi an borguignon , par ein baibitan
de lai rue Sain-Felebar , ai Dijon. — Parabole de rfinfant
prodigue , et le liyre de Ruth traduits pour la première fois
en patois bourguignon , par un habitant de la rue Saint-
Philibert, à Dijon. (Q, N. Aman ton ). Dijon, Frantin ,
imprimeur du Roi et de l'Académie, i83i |.«>?-8^.</e ^% p.p
iirédtoixASTE.. exemplaires.
Les seize premières pages de cet oposcule sont consacrées aux re-
cbercl^es sur les diverses traductions de la Parabole de l'Enfant pro-
digue dans les différons patois de France , etc. , et sur d'autres pièces
en patois bourguignon. Ensuite vient la traduction de cette Parabole
et Celle dii livre de Ruth, dans ce patois. On peut les regarder
comme un chef-d'œuvre dans ce genre; c'est la simplicité , la naïveté
•tla finesse d'expression de ce patois 9 l'un des plus agréables et des
plus es^ressifs qui existent; mais il faut le connaître pour l'apprécier
k sa juste valeur. M. /kmanton excellait dans cette partie.
Une seconde édition de ce corieox opuscide > corrigée et augmen-
tëe» a paru à Dijon , aa mois de septembre de la même année i83i ,
iH'B9 de 38 pag. , également tirée à soixante exemplaires; celte édition
est fort belle.
40. Notice sur feu le marquis de ThUrd, Membre hono-
raire de r Académie dei Sciences , Arts et Belles*Lettres de
Dijon. Dijon, Frantùi, i83a, in-S^ de 28/?.^ Urée £k i5o
exempt.
Gaspard Pontbus de Thiard , né au cbftteaa de Jaill j pires Semor
en Aoxois , le 26 mars 17^3, est mort k Semar le a8 avril 1786.
4 1 . RiTiLATioNs snr !es deux GrébilloMPan^, 1 835, £pi-8^
C'est le tirage à pari d*an article foami par M* Amanton k la Franct
littéraire, août i835. L*autear j bat en brècbe Pilliistration nobi-
lière dont on a yoalu environner le berceau des Grébillon.
42* Elooe de M. le marquis de Courtivron, associé ho-
noraire résidant de T Académie de Dijon. Dijon, imprimem
de Frantin, ib'dôj in»8^.
H. 4e Courtivrpu , né dans le château de la terre de ce nom » le iS
juillet 1753, est mort au château de fiussyHla-Pesle , le 28. octobrt
j83a. L'auteur de l'éloge a suivi M. de Gourtivron dans toutes les
phases de s# longue carrière , carrière remplie de la manière la plus
honorable, soit comme militaire, soit comme savant y soit comme
administrateur.
43. KoTiCB sur madame Gardel. Dijon, i835^ iis-8^«
M. Aij^anton u'» consacré une Notice à cette célèbre danseuse de
l'opéra que parce qu'elle est née à AuxQnne ; fille d'un musicien aa
corps royal d'artillerie , nommé Houbert , elle a vu le jour , le 8 avril
1770; elle fut reçue k l'opéra le i3- janvier 1786, épousa M. Gardel
jeune le 24 décembre 1795, et est morte à Paris le 18 mai i833.
44* Galerie. AuxoNNAtsE) ou revue générale desAuxga-
nais dignes de mémoire , comprenant Im réimpression àei
biographies de Maillard du Mesle, intendant des îles de
France et de Bourbon ; et de madajne Gardel, première dan-
seuse de PAcadémie royale de musique, duxonne^ *X. T*
Saunié, iSSi, i>t*8o de 128 p. , avec une gravure et deax
planches.
M. Amanton est mort au moment où l*on terminait rimpressioif
de cet ouvrage , dernier tribut de son zèle pour la gloire de la Bour*
gogne et particulièrement de ks compatriotes.
NOTICE
SUR
.!•
■ « •
I
• •*» r
• ■ « . I
M. RIAMBOURG.
Je pais dire de lai sans nulle flatterie que
nul autre de "son temps n'àVàit tout ensemble
plu» de yrerhaàj et que je n*y ai remarqué
aucun ééfjuiU
Aàkauld n'AsDiLLTy JIfémoires,
• I
^ ' Ceci n^est poinU iiiréloge académique ': ce sont quel-
ques parole^ brèves 9 sincères en mémoire de l'homme
le rncâns ambitieut dèl liouange qui fût jamais.' Simple
téiÀoin,* je voudrais, je'n'espère ix>int pouvoir dire ce
que < j'ai vu et ce que je sçns.
' On a défini M; Riàmioukg une forte et saine intelli-
jgeoce au -service d!une vertu supérieure. En ajoutant
que (fêtait un homme du xm^ siècle naturalisé dans
le nâtre , la ressemblance eût été plus complétée encore
et plus frappante. Les qualités en quelque aorte fon-
damentales qui ont fait surgir à la fois, dans cette
époque éminente , un si grand nombre dé natures d'é-
lite, il les réunissait toutes à ce degré d'harmonie
qui a manqué trop souvent aux plus rares génies de'ce
temps-ci : l'équilibre des (acuités , la sérénité du coup-
d'œil, un grand sens, et cette force calme et vraie
qui nVi pas besoin de s'exagérer, parce qu'eUe est sûre
d'elle-même.
Penseur, il rappelait Nicole^ magistrat, il faisait
souvenir de Mathieu Slolé \ écrivain , c'était la marche
un peu lente , mais ferme et allant droit au but , de
l'auteur des .£»aîi de morale } c'était de plu9 l'ordon-
nance sévère et pleine de rhomme de cet âge et de tous
les âges qui a su le inieuiK composer , de Bourdaloue.
Mais le digne imitateur d^ Mathieu Mole, le disciple
de Bourdaloue* et de Nicole 'n'était point comme un
étranger au milieu de nous. Il connaissait bien son
temps y le xv^l' siècle , au déclin duquel il avait gran-
di , et le xix', où il semblait appelé à vivre de longues
années encore. Il n^avait point accepté les^enseigne-
mens de la science encyclopédiqtié ; mais il les avait
reçus , discutés , appréciés ai leur valeur. On s'aper-
cevait qu^il avait passé par Pécole polytechnique avant
d^entrer à Port-Boyal. Ej^is dans^de^ juste9 boriieB/de
Faustère discipline des maîtres dVDoiplACet' det jPasoal^
il i|,'en eut jamais }a, .rigidité, ^mpte, rhétérodcôie et
Tesprit d'exdusioOfvSa vertu demeura traitableechu*
Inaine ; son esprit n^était pas étroit et fermé , oomxne
il appartient aux sectaires ,. mais ouvert et compréhén-
sif , comme il sied à la vérité universelle. Les [dus
jeunes d'entre nous s'étonnaient de le voir aussi inces-
samment accessible aux idées nouvelles, non pour les
subir indistinctement sans doute , mais pour pénétrar
jusqu'au fond avant de les juger.
Toute la vie de M. Riambourg est dans ce portrait.
Il n'était point de ceux en qui Thomme dément le phi-
losophe, mais de ceux qui prennent au sérieux leur
mission terrestre , qui ont foi à quelque chose , et se
tiennent pour obligés d'agir selon ce qu'ils croient.
Il n'y eut pas de vie plus une que la sienne. Ce fîit
un dévouement continu à sa famille , à la société , et
par*-dessu3 tout , à ce qu'il regardait à bon droit comme
l'élément vital de la société, à la religion.
M. Riambourg naquit à Dijon, le 24 janvier 1776.
Après avoir traversé Fécole polytechnique , qui ne
(146)
pouvait être pour lui ce qu^elIe fut pour tBSxt dVutres ,
le dernier mot du savoir humain , il brilla un instant au
barreau, fut appelé à siéger dans notre Cour d'appel ,
sous TEmpire, et tint son premier serment sous la
menace des bayonnettes autrichiennes. Mais, délié par
Fabdication de 18149 il refusa de le renouveler durant
les cent jours, et se retira jusqu'à la seconde restaura-
tion. Rentré à la Cour comme Procureur général , il
exerça ces hautes fonctions avec une rare indépendance.
Il fot nommé Président de Chambre en 1817. En i83o,
il renonça définitivement à la vie publique : ce fut pour
se vouer tout entier à des travaux de philosophie reli«'
gieuse et d'érudition chrétienne dont jusque là les
devoirs de la magistrature lui avaient à peine permis
quelque ébauche^ et c'est au milieu de ces savantes et
pieuses méditations qu'une apoplexie foudroyante Ta
frappé le 16 avril i836.
M. Riambourg n'a publié que trois ouvrages : en
i8ao , les Principes de la Résolution française définis et
discutés y en 1 829, YEcoU d Athènes ; en i834 , Du Ra-
tionalisme et de la Tradition» Dans le premier de ces
écrits , la pensée philosophique et religieuse tient une
grande place sans doute ; mais la pensée monarchique
prédomine. Dans les deux autres , le philosophe chrétien
se montre seul. Il y a là plus de faits et plus d^idées que
dans de gros volumes publiés à Paris et prônés dans les
feuilles publiques. Les questions les plus graves de la
philosophie et de l'histoire y sont non-seulmnent remuées
mais résolues , avec une lucidité et une loyauté de dis-
cussion qui ne sont plus guères de notre temps. Il est
rare aussi d'avoir raison avec si peu d'intolérance et
même de hauteur.
Celui qui trace ce peu de mots ne pourrait, sans ré-
10
( 146 )
pét6r ce qu'il a dit ailleurs , rendre un hommage moins
incomplet à ces excellens travaux , comme à ceux que
9L Riambourg préparait avec Tassiduité de son zèle et
la constance de son caractère , et qui seuls auraient don-
né la mesure de sa supérior^ité dans les matières reli-
gieuses et philosophiques. On ne peut guère qu'entrevoir
ce qu'il valait , soit dans Rationalisme et Tradition, soit
dans les nombreux morceaux de critique dont il a enri-
chi divers recueib, et spécialement dans une série
d'articles singulièrement remarquables sur rînsufBsaiiBti
des doctrines écossaises» On admire seulement combien
d'aperçus féconds il semait dans sa polémique , et com-
bien son impartialité de juge dominait , alors même que
la dialectique du censeur se montrait plus pressante et
plus victorieuse. Tant il était fidèle en tout à la maxime
de PApôtre : Non plus sapere quàm oportet sapere,
sed sapere ad sobrietatem !
Cette maxime résume également sa vie privée , plus
admirable encore que sa vie publique. Mais que dirions-
nous de ses vertus qui ne parût faible et insuffisant à
tous ceux qui l'ont un peu connu ? Qu'ajouterions-nous
donc ici , sinon qu'il est glorieux à l'Académie d'avoir
inscrit sur sa liste un nom aussi pur , aussi respecté ?
Reçu académicien honoraire le 24 janvier 1816 ,
M. Riambourg ne considéra point son admission dans
cette compagnie comme un vain titre. Nos Mémoires
pour 1823 contiennent une appréciation approfondie
d'une doctrine alors puissante ^ , que M. Riambourg
sut des premiers réduire à sa valeur légitime. En 1825,
il nous donna sur le beau et sur le goût * des pages con-
' La philosophie de M. Fabbé de La Mennais.
* Mémoires pour 1825, pag. i54 et suiv.
d^W* siAstatiddlés V égalas dans un autre ordre dU-
dëe# à celtes qiie Mcmceaquieu avait écrites pour TEncy-
dépédte éoiis le 'teéme titre. L^année d'après, il publia,
toujours dans le recueil de rAcadémie , un fragment
sur cette question capitale : Faut-il s'étonner quily ait
des mystères dans la Religion ? ' Il y revint dans nos
Mémoires pour 1829 ^ ; et si depuis , la composition de
son ouvrage sur le Rationalisme et d'autres recherches
qui commandent la solitude l'avaient un peu éloigné de
Dijon et par conséquent de nos séances, on ne saurait en
accuser ses sentimens pour l'Académie , au sein de
laquelle siégeaient ses amis les plus chers.
Tel fut M. Riambourg, l'homme de tous les devoirs,
mai^ trop simple jpeut-étre dans ses mœurs et dans ses
écrits pour que sa réputation ne demeure pas inférieure
à son mérite \ infiniment éloigné d'une vertu âpre et
tendue comme celle des stoïques, mais homme d'une
perfection intime et sans effort, qui échappait^ l'admi-
ration par sa continuité même *, homme véritablement
modèle , qu^l est plus facile de regretter que d'imiter,
et qu'on ne pourrait louer dignement toutefois qu'en
suivant de loin ses traces et en tachant s'il se peut de lui
ressembler ^.
Th. Fo^set.
* Mém, pour 1826, p. 271.
^ Mém. pour 1829, p.. 32i.
' Admiratione tepotius quant temporalibus laudibus et,
si natura suppeditet , imitaiione decoremus.
Tacit. de vit, Jul. Agric»
Sed loDgè sequere et yestigia sempcr adora.
Stat.
(148)
On nous saura gré de joindre à ctette nécrc^Qgi^
de M. Riambourg Tépilaphe qui a été grayée ^^v j^
tombe , et qui a été composée par l'un de nos confi^elï
et de ses amis.
HIC REQUIESCIT iy PJLCB DOMIKI
JOÀITNES BÀPTISTA CLAXJDIUS RljiMBOURG ,
m REGIA DlVIONESSl XUDICIORUM GXJEU OLIM FRJESES,
VIR iNstcnis
RELIGIONE EUGA DEUH AG PlETATE EXIMIA ,
SINGULARI ERGA AMICOS FIDE ,
DOGTRINATAM IN DlVimS QUAM IN HUMANTS LITTERIS STTMMA,
GRAVITATEET iEQUITATE IN^ERENDO MAGISTRATU CONSPIGUA,
INCONGUSSA IN PURLICIS PROCELLIS
ANIMI FORTITUDINE ET CONSTANTIA.
PRIVATO OTIO REDDITUS,
PHILOSOPHIE NEGNON THEOLOGIE STUDIIS
MAGNAM SIBI PARAVIT SGIENTIE ATQUE INGENU LAUDIM
QUAM FIRMAVERE
PLURIMA HAUD PARUM COMMENDANDA SGRIPTA
OB DEFENSIONEM CHRISTIANI DOGMATIS.
NATUS ANNO 1776, DIE 24 JANUARII ,
OBUT DIE 16 APRILIS 1836.
BERNARDA SIGATJLT CONJUX CARISSIMA
HOC POLORIS ET AMORIS MONUMENTUM
P. c.
POESIE.
CHASSE NOCTURNE
ET
PLAIINTES DE L'AMIRAL CHABOT
9ra2>Uiim» i^UAme,
Chaque nnit qui précède la fête de Noël on
entend ramiral chasser dans tea forêts..
Tradition populaire.
Chabot ent le malheur de se mêler enz intrigvea de
Conr, et il en fat la victime.
A. SÀVAGirBA.
Il monrnt le i*' jnin 1543, par suite de rémotion
^QB lui causa la sentence qui le déclarait innocent.
Selon Bbartômb.
Voy-le ey aller, Toy-le cy, va avant, voy-le cy
par les portées, voy-le cy aller, il dit vray; il^bat
l'eau le cerf, il bat Teau.
LÀ yBlTBRIB SB lACQTES DY FOVILLOVZ,
SBIGHBVB DV DICT LIET, GEBTIL-HOMliB
D? PATS DB GASnVB BW POICTOY.
^■,
'.*_
*VÎ
A minuit , Iors<{ue les té&èbres
Jettent dt lears Toilea funèbres
«VkDans cette pièoTy dont la fiirme est neoYe en France, Schiller
Seul a abordé ce genre en Allempgue ( le JPondeur de clodke)^ il y a
rf *
il
Les grandes ombres à nos bois ;
Lorsque des Fidèles la voix ' *
Du Christ célèbre la venue ;
Quand la nei^eèlàfèrr^iBÛe .
Donne son manteau virginal ,
Et que ie flambeau sépulcral
De la lune au front blanc j s*è\èye
Comme dans notre ame un doux rêve«
A Pagny Tombre de ClMlbot/ '
En murmurant paraît bientôt.
IL
As-tu donc oublié , Valois , nos jeux d^Amboise y
JNotre jeunesse heureuse y ensemble et si courtoise ,
Les coups de mon épée aux champs italiens ?
Quoi! je gémis captif!... Ah! brise mes liens!
Qvand de Bourbon trahit , je te restai fidèle ,
Aux douleurs de Madrid se retrempa mon zèle!...
Mais y de ton amitié ,, toute ta Cour me haït
Et pousse avec Satan la langue dePoyet....
IIL
11 est minuit , la grande chasse
De PAmiral dans le bois passe \
deux sujets : d'une part , selon la tradition , la Chasse noctuvae de
rombre de PAmiral dans ses forêts jusqu'à la'mort du cerf; d'autre
part, les Plaintes de Chabot dans- sa prison, jusqu'à sa délivrance
qui fut promptement suivie de sa mort Ce morceau a été lu dans 1*
fiéance publique de T Académie' de Dijon, le^a6 août i836. Lc^
fitrophes alternent , et ce que l'on pourrait appeler les deux actions y
marchent sur deux rythmes diflférens , l'un rapide pour la chasse f
Fai^tre grave pour l'histoire.
(151 >
Ecoutez les piqueurs crîer
Et Fardente me^ute. aboyer.
Tous les Teneurs à Tassemblée ,
Sous la haute yoùte étoilée ,
Ont fait au lire leurs rapports ;
11 a diotsi le cerf dix-côrs j
Sur jambe haut et bien càurahle,
Qui promet chftsse délectable.
••■ Oà "euténd. tieunir les chenaux ,
Vibrer les - cors et les échos ! . . .
IV.
O mon roi ! je te plains ! nux intrigues des femmes
Tu livres ton palais ! Sais- tu pas que leurs âmes
Sont des livres scellés ! Leur regard gracieux y
Cest l'orage quVuinofioe iinbel éékîr des cieux.
Tu pleures d'Orléans.. ..'Eh' bien! j'ai tû l'abîme
Dans toute son horreUf!, ^ jH^i itf audit le crknè;...
Ils ont... parle poison... brisé sonarenir!...
Hélas! d'aToîrltop tu la mort doit me punir.
V.
Sur tes pa^'jeUeluKe jirûr^^
Veneur ^ «t ^oit. la i r^osée p
Le cerf est, sncor loin d'ici . • •^.
Non , iHH^ ,\Toy4e*Kiy>, T-i^y-le-cy !
Ton sage limier en silence
Suit Verre et lamente s'élance.. ••
La grande ombre de l'Amiral
Court rapide... • On dirait Fingal
Qiii glissfr à traTef s les «nages
Et reTÂest^-ac bruit des'orage»,''^
Où sa gviiHde ame se forma ,
Revoir le palais de Selma. .
( 152 )
VI.
Mais, tu le sais, pour toi je donnerais ma TÎe^
Souviens-toi de ce bras qi|i frappait à Pavie !..•
Au jour où ton courage égala ton malheur ,
Quand tu t'écrias : Tout est perdu fors l'honneur,,..
Tu succombas , mais grand comni^e un héros d'Homère ^
Dont la chute ébranlait sur son .axe la terre... •
Au dur jeu des combats ^ Charles-Quint cette fois
Fut bien heureux ^ car Dieu lui fit gagner deux rois.
VII.
L^ cor lointain des 'Teneurs tonne ^
Et toute la forêt résonne
Au galop hardi des jChevaux. .
Avec soin levez les défaux ,
Et toujours gardez bien le chatte i
De ruse le cerf souvent change.
Piqueurs ! piqueurs ! il gagne Peau y
J'entends au loin bruir l'écho
Des bords sinueux de la Saône \
Il fuit d'aval , l'onde bouillonne \
De nos limiers suivons les pas ;
Quand il bat l'eau ^ le cerf est las.
Vin. '
Moi) j'ai vu des grandeurs le néant et le vide !
J'ai vu courbé bieii bas le courtisan avide ,
Qui se redresse fier au jour de la douleur 9
Et qui vient de son rire insulter au malheur l_
( J53;
Maïs toi , François premier , ton ame est noble et belle ^
Et toujours Tinfortune eut de vrais droits sur elle.
CheTalier par Bayard ! écoute le guerrier
Qui jamais de Phonneur n^a perdu le sentier !
IX.
Il suit le fil de VeaoK profonde ;
Fasse , le . cerf $ passe , il bat Ponde f .
Et des flots ne sortir^ pas
S^il sent les. piqueurs sur ses pas*
Il fuit la rive avec vitesse ; •••. «
Remettez, les limiers, en laisse ;
Alors trompé. , .timidement
11 abordera lentement.
Cachezrvous prés de la rivière ,
Piqùeurs ! et restez en arrière ^
Cav sur Imi-méme il reviendrait
Et par les forts il s^enfuirait.
X.
«Ten tends qnelqu^un. . • On vient. . . Qui me parle de grâce ?. • • •
Je ne crois plus quVn Dieu !... Devant lui tout sWface...
Maïs écoutons... Combien le cacbot m^a vieilli !...
Mes aens y tout émoussés , à peine ont recueilli
De vagues bruits ! — Le Roi, Messieurs Le Roi s'a-
vance!
Us m'ont trompé , Cbabot !... L'ami de mon en&nce ,
Viens , oh ! viens sur mon cœur ! . . — Ab ! Sire, il est trop tard.
Les pleurs hâtent l'instant du funèbre départ !
•.••
( 15* )
XL
>•••
R«tiron8-noii8 y faisons silence ^
Pour que le cerf de Peau s'élance <
Sa force Tabandonne... Au bois
A terre il tiendra les abois, ••
Halali ! . • . découpiez ^ • . • alerte !
En pleurant il court à sa perte. '
Mels'pfed'à tdrre, fott piqùeur ^
Plonge ta dague jusquW cœur!
Il tombe!..,ii est mort Tu. La grande ombre
S'évanomt dans le bois sombre !..'•
Tout bruit s'éteint dalas k fbifèt , '
Et la nuit reprend son sécfet.-
, Ju^Es , J^ÀUTjET,
• ( ' ' • ■•Il > ti*f < ■ •
. I
t; 155 )
•!••<;• <••♦! !• ••«■-.# t ,1
LES DiÊtdt CfiïÈï^S dà;nois.
» b :
; --liMi.-
I ••«■il.».
Entre deux c1iien$ danois. né3 de la mème.m^re,
La ressemblance était entière ;
pans les taches de leurs manteaux ^
Dans leur allure et dans leur caractère •
' • r •
Rien qui fit distinguer ces Ménècnmes nouveaux.
Mais en vain la nature • en mère' impartiale»
Sans préférence avait doté
Ces deux jumeaux ^ du sart ^influence fatale
Détruisit (iette égalité. . ,
L^nn 9 commensal de l'opulence ,
Vivait au sein de ra}>on4ançe.}
Chien de bonite maison^ ai| colJi^r argenté j
11 bondissait devant le coursier de son maître
Avec grâce et légèreté ;
Son poil luisant , son œil plein de vivacité
Et ses flancs arrondis annonçaient le bien-être ^
Et la vigueur et la santé.
L'autre , sans maître, sans asile ,
Errait à l'abandon au milieu de la ville $
Comme l'Arabe du désert ,
Il ne vivait que de rapine
Et cherchait son dîner de cuisine en cuisine ^
Dans 1» premier logis ouvert.
( 156)
A de fôclieiises aventures
Ce métier i^exposait \ les pierres ^ les bâtons ,
Des chiens du logis les morsures ^
Lui faisaient payer cKer les moindres' rogatons.
Les marmots da pays^ turbulente cobue,
Le harcelaient tous à Tenvi.
Sanglant , couvert de boue , il fuyait dans la rue ,
Par de vils roquets poursuivi.
Un Jour ce malheureni^ nomade
Rencontre son jumeau qui lui dit : Camarade ,
Comme te voilà fait ! n'es-tu donc pas honteux
De traîner bassement ta vie
Dans cet excès d'ignominie ?
D'être à la fois poltron ^ voleur et paresseux t
Ami , lui dit alors son frère ^
Un peu moins de sévérité ,
Et nVccablepas ma misère
Du haut de ta prospérité.
Favori d'un grand de là yàle.
Habitant son palais , admis à ses repas ,
Tu n'es point vagabond et ne dérobes pas.
Caressé , bien choyé , tu te montres docile y
Fidèle ^ sobre et généreux.
De combien de vertus la pratique est facile ,
Mon ft^re ^ quand on est heureux !
. . Par ]VI. B&£S8i£&.
C ^^'^ )
GLOIRE A, DIEU , PAIX AUX HOMMES.
MÉDITATION POÉTIQUE
QUI À BBMPOrré LS PBIX DB POisn DSCIBHé PAB L'ÀCAOilIIE
DABS 8À SBABCB PCBUQUB 9^ii6 AOCT lâ36.
PAB M* ACCUBSB AMJXf . »
A POBT-8AIBT-B8PBIT ( CAAD ).
Non nolrif, Domiiw , non nobU , std nooiâm
tno ds gloriam. Ps. cxiii.
I.
Vous aves tout créé d^une seule parole ^
Le soleil est votre auréole ;
La gloire vous entoure ainsi qu^un vêtement y
O Seigneur I et vos mains divines ,
Comme une tente des collines j
Ont élevé le firmament.
Gloire à vous ! car c^est vous qui formez les orages ;
Vous prenez votre essor sur le flanc des nuages ^
Et sur Paile des vents vous traversez les airs^
Votre souffle a créé ces messagers fidèles
Qui franchissent du ciel les voûtes éternelles ^
Plus prompts que les éclairs.
La terre , à votre voix y s'élança dans l'espace ;
Vous l'avez affermie , et l'abyme l'embrasse
(158)
Comme un vaste réseaa ;
Vous élevez les monts, vous courbez la vallée ^
E^ l'onde de la nue ) en torrent éconUe ^
Roule au flanc du coteau.
Vous guidez , au vallon , la fontaine limpide ;
Et Tonagre sauvage , et le chevreuil timide
S'abreuvent dnÊM ses flots ;
Sur ses humides bords Toiseau du ciel habite ,
11 chante sous l'ombrage , et c^est là qu'il abrite
Ses petits frais éclos.
Vos mains dans nos vergers répandent l'abondance ]
Vous élevez le cèdre, et dans son ombre immense
La cigogne a son nid ;
Superbe de vos dons , la terre vous adore ,
Et dans ses mille voix du soir et de l'aurore |
C'est vous qu'elle bénit.
n.
Votre nom même est un mystère !
Gloire à vous! gloire à vous ! vous êtes le seul grand!
Toute gloire ici-bas passe et tombe éphémère \
Loin de vous la joie est amère ,
Et l'espérance est le néant !
Gloire à vous ! car c'est vous , Dieu que la terre adore ^
Qui donnez à la lyre une corde sonore y
A l'homme un cœur pour vous bénir ;
Gloire à vous ! je commence une hymne sur ma lyre;
Elle n'a dit que^ vous depuis qu'elle soupire j
C'est par vous qu'elle veut finir!
m.
Combien s^étaienl promu. osa gloiraimm^irlelle!
Combien avaient bftti dos BabeU en ces lient !
Et , combien dans lenVitempkirâjf^ . j
Ayaient dit i Nous AO]iiA»QS.d«s>^Piefuzi !
Puis ils sont morts, et lM|b^<iQifidèie,.<j
Comète vagabond, a.délaitipiRNrs cieuxl
Comme Inès dans la tomb^ un moipent cQuronnée ,
Ils ont mis sur lenr front nn glorieux bandeau \
Mais leur guirlande s^estfaii|éi»
Sur la pierre de leur tombea«.
Ainsi sur la tenré tout passe!
Le temps nous détnwfc tour à toror;
Là j chaque ruine a sa place ^
Et ohaqne béros a son jour.
Le voyageur triste s'égare
Sur les murs gisans de Mégare,
D'Athènes ou d'Herculanum ^
Sur les débris de tant de gloire.
Le pâtre sifBe , et sa mémoire
En garde à peine Fancien nom.
Sur la tombe vide d'Achille
On doute si Troye exista y
Les Dieux sont morts , et le reptile.
Rampe sur l'autel de Vesta.
Un jour, égaré dans sa route ,
L'étranger cherchera , sans doute y
Où s'élevait Rome autrefois,
Et sur la plage qu'il contemj^e
Les échos seuls d'un ancien teQipie
Au loin répondront à sa voix^
À
(160j
Danft le désert , les pyramiJef |
Ces vieux témoins de nos efForts j
Sont d'immenses sépulcres vides
Qvi n^ont'pu protéger leurs morts;
Bt dans la n^uit des catacombes ,
L'œil ne toit , en<ant sur des tombes ^
Qiie la pondre di» «us passés,
Des blatout vH^ eh ruine,
L'épitapke gn^ie on latine
Dont les mots tout presque efiacés.
Un géant apparut naguère;
Après un déluge de sang,
A tous les rois il fait la guerre,
Et vainqueur s'assied dans leur i:ang;
Dans le creux de sa main profonde ,
Il contînt les destins du monde
Doiit il devait briser les fers !
Trahi deux fois , deux fois il tombe ,
Et sa gloire n^a qu'une tombe
Que souille l'écume des mers.
Ainsi la gloire est un mensonge
Ici- bas où tout doit mourir ,
Yain rêve que la nuit prolonge ,
Fantôme que l'on croit saisir ,
Qui vous remplit le cœur d^ivresse.
Qui vous étreint et vous oppresse
Et qui vous échappe au réveil !
C'est le flambeau des nuits funèbres
Qui ne luit que dans les ténèbres
Et s'éclipse aux feux du soleil •
Oh! dans cet exil où nous sommes.
Seigneur ! la paix , la paix à nous !
Donnez la paix au cœur des hommes
( 161 )
Et gardez la gloire pour tous!
La gloire à yous , grandeur suprême y
Car TOUS derez tout à Yous-même ;
Mais mettez la paix dans mon cœur^
Cette paix qui vit d^espérance
Et qui même ici- bas commence \
Une éternité de bonkenr»
Dans ce désert , aride pleine ^
Montrez-moi donc .quelque Oasis ^
Une ombre au bord de. la fontaine
Où le pèlerin rêve assis;
Où Tame fidèle qui pense ,
A son gré mène et recommence
Ses rêves d^amour ou d^espoir $
Où le poète qui soupire
Trouve quelque écho pour sa lyre j
Un banc de gazon pour s^asseoir.
Ok ! montrez-moi quelque retraite
Où Ton vous adore à genoux ;
Où , dans une langue secrète ,
Les cœurs conversent avec vous ;
Où rinspiration divine,
Dans notre cœur qu'elle illumine j
Coule comme un fleuve de miel;
Où jamais la poussière immonde.
Que soulèvent les pas du monde ,
^e voile Tazur de mon ciel.
Là 9 seul , connu de quelques sages ,
L'on ne me verrait plus le soir,
Dans nos politiques messages
Puiser ma crainte ou mon espoir ;
M'enquérir , dans ma vie amère ,
Qui , d^iJ^téocle ou de son frère y
IX
(16Î)
Règne au trône de Portugal ;
Si les Yolcans jettent des iayes ^
Si les peuples passent esclaves
On s'ils brisent un joiig royal.
Jamais dans Tarène publique
Je n'irais plus battre des mains
Et souiller mâbUnclie tunique
Dans l'onde impure des chemins $
Mendier au monde qui passe
Dans son souvenir une place ^
L'obole de gloire à genoux ;
Cueillir un laurier dans la fiinge !!
Non ! à Dieu seul gloire et louange y
Gloire à Dieu seul et paix à nous !
Gloire à vous ! car c^est vous ^ Dieu que la terre adore j
Qui donnez à la lyre une corde sonore ,
A l'homme un cœur pour vous bénir ;
Par vous j'ai commencé cette hymne sur ma lyre \
Elle n'a dit que vous depuis qu'elle soupire |
C'est par vous qu''elle veut finir !
LISTE
DES IfflllBRES DE L^AGADÉMIE DES SCIENCES , ABTS
ET BELLES-LETTRES DE DIJON ,
POUR l'anhée i836.
BUREAU.
Président, M- Antoine.
Vice^P résident y M, Peignot.
Secrétaire y M. Pinoeon.
Secrétaire- Adjoint y M. Jules Pautet*
Bibliothécaire y M. Pingeon.
Bibliothécaire- Adjoint , M. Jnlei Pautet.
Garde des médailles et antiquités y M. FEYEETDEST.-MiMiN.
Conservateur des collections d'Hist. naturelle. M., Antoine.
Trésorier, M. Tilloy.
CONSEIL D'ADMINISTRATION.
Président, M. Antoine.
M. Feyret de Saint-Memin.
M. Bressier.
M. Frantin aîné.
Secrétaire, M. Toussaint.
COMMISSION ANNUELLE D'AGRICULTURE ET
D'INDUSTRIE ,
roRKéx DAirs lk ssin de L'icADémi.
M. TiixoY.
M. MORLAND.
M. SENi.
M. Pautet (Jules.)
COMMISSION PERMANENTE DES ANTIQUITÉS ,
FoaMÉs dahs le ssie os l'académie.
Président, M. Baudot.
(164)
M. DE ChARREY.
M. FevrET DR SAINT-MiMIK.
M. Peignot.
Secrétaire, M. J. Pautet.
ACADÉMICIENS HONORAIRES RÉSIDANS.
M. Ranfer , baron de Bretenière (OIK^) conseiller
d^état) premier président de la Cour royale. a4 Jonvkr
1816.
M. le clievalier de Berbis ^^ ancien député de la C6te-
d'Or. m Aïai iS!i2,
M. Chaper (A.) ^ y préfet de la Côte-d'Or. a6 Décembre
i832.
ACADÉMICIENS HONORAIRES RÉGNICOLES.
M. le comte de Tocqueyille (OlK^)y commandeur de
Tordre du Mérite civil , dît de la couronne de Bavière ,
de Tordre de TAigle rouge de Prusse , de seconde classe;
ancien préfet de laCôte-d'Or. 6 Mars 1816.
ACADÉMICIENS HONORAIRES ÉTRANGERS.
S. A. R. le prince Auguste-Frédéric d'Angleterre ^
DUC DE SUSSEX, à Londres. i3 Mai 1818.
Lord HoLLAND ) Pair d'Angleterre, à Londres. 6 Jlfa/.i8i8.
ACADÉMICIENS RÉSIDANS.
M. Antoine , docteur en médecine , agrégé au ci-devant
Collège de médecine de Dijon , ancien médecin des hôpi-
taux civil et militaire de la même ville , professeur et di-
recteur de Técole secondaire de médecine , membre corres-
pondant de l'Académie royale de médecine et de la Société
des arts et agriculture de i'Arriège , etc. ; l'an des fon-
dateurs de la Société médicale de Dijon. (Cl. des Sciences).
21 Décembre 1786.
M. Vallot, docteur en médecine, professeur-adjoint d'his»-
toire naturelle à la Faculté dea sciences de l'Académie
C 166 )
royale de Dijon ; médecin titulaire du Grand-Hôpital ;
professeur à Pécole secondaire de médecine , et de bota-
nique an Jardin des Plantes; membre de la commission
départementale des antiquités de la Gôte-d^Or , corres-
pondant de la Société royale et centrale d^agriculture de
Paris 9 et de l'Académie rayale de médecine de la tnéme
. Tille 9 membre de plusieurs autres Sociétés savantè^'^ na*
tionales et étrangères. ( Cl. des Sciences ). 26 Jaiiifier
1792.
M. MoRLAKD, docteur en médecine , professeur d'histoire
naturelle à la Faculté des sciences , et de botanique au
Jardin des Plantes ; professeur à l'école séékmdaire de
médecine. ( Cl. des Sciences et Cl. des Belles -Lettres }.
3o Novembre 1798.
M. le comte Charbonnel (C. V)^ (G. 4b), lieutenant
général des armées du Roi , inspecteur-général d'artillerie.
( Cl. des Sciences ). 21 Avril i8o3.
M. Berthot *, inspecteur-général de l'Université de
France , recteur de l'Académie royale de Dijon , doyen de
la Faculté des sciences , professeur de mathémati^Ms à
la même Faculté. ( Cl. des Sciences ). 7 Juillet i8o3.
M. F ROT AT, docteur en médecine, ancien chirurgien major
et médecin en chef dans les hôpltkux -tidilitaires et aun
armées; membre de l'ancienne société de médecine' de
Paris, des sociétés de médecine de Lyonî, Strasbourg,
Nancy, etc. ( Cl. des Sciences et Cl. dès Belles-Lettres ).
7 Juillet \^ob. •.;■''-■
M. Deyosge , directeur de l'école des B^eaux-Arts et pro-
fesseur de peinture à la même école , membre de la com-
mission départementale des antiquités de la Côte-d'Of»
( Cl. des Beaux- Arts ). 1 1 Mars i8o6.
M. Proudhon ( ^ ) , ancien bâtonnier -de l'ordre des avo-
cats , doyen et professeur de la Faculté de Droit. (<^1. des
Belles-Lettres). \j Juin 1807. \ . . ..'.
M* Peignot (Gabriel), inspecteur de l'Académie royale
( 166 )
de Dijon , ancien bibliothécaire de la Hante-Saône ; etc.
(Cl. des Belles-Lettres). 8 Décembre iSiS.
M. Gu^NEAv d'Aumont y secrétaire de la Faculté des
sciences, professeur de physique à la même Faculté et au
Collège royal ; membre de l'Académie de Nancy. ( Cl. des
. Sciepces et Cl. des Belles-Lettres )• 24 Janvier 181 6.
M. Nault , ( O. * ) , ancien procureur-général à la Cour
royale. ( Cl. des Belles-Lettres }. ai Février 181 6.
M. Grasset , propriétaire, membre correspondant du con-
seil supérieur d'agriculture près le ministère de rintérienr.
( CL des Sciences )• 3o Décembre 1818.
|A. pERj^iy^T DE CHAaaETi propriétaire. (Cl. des Belles-
Lettres et Cl. des Beaux- Arts ). 8 Mai i&aa*
JVA. TiLLOY, pharmacien, membre du Jury médical du dé-
partement de la Cd te- d'Or. (Cl. des Sciences). 3 Juillet
182a.
M. LoRAiN , avocat à la Cour royale, professeur à la Faculté
de Droit. ( Cl. des Belles-Lettres ). a4 Juillet i8aa.
M. Saloues , docteur en médecine. ( Cl. des Sciences )• 24
Juillet 1 8aa«
M.. SsN£ , docteur en médecine , professeur de chimie à la
Faculté des sciences. ( Ci. des Sciences ). 7 Août 1 822.
M. Baudot, juge honoraire au Tribunal de première ins-
tance, membre de la Commission départementale des
antiquités de la Côte-d'Or, de la Société royale des an-
tiquaires de France, de la société d'émulation du Jura,
etc. ( CL des Belles-Lettres). 28 Janvier 1824.
M. Toussaint, conservateur de la Bibliothèque publique
de la ville de Dijon. (Cl. des Belles -Lettres) . 1 9 Mai 1 824*
M. Baessier 4^ , directeur de l'enregistrement et des
domaines, membre de la Commission départementale des
antiquités de la Côte-d'Or. ( Cl. des Belles-Lettres )• 3
Décembre 1824.
M. Feyret de Saint-Memin, conservateur du Musée,
membre de la Commission départementale des antiquités
( 167 )
de la Côte-d'Or , corresjpondant dé PAcadémie des Beaux-
Arts de rinstitut , correspondant de la société d^ému-
lation du Jura. (CI* des Beaux- Arts). ^^ Décembre 1824*
M. Frantik ataé, ( CL des Belles-Lettres ). ^4 ^^ i8a6.
M. PiNGEON ) docteur en médecine , membre de la Commis-
sion départementale des antiquités de la C6te-d^Or, l'ua
des fondateurs de la société médicale de Dijon , médecin
des épidémies de Tarrondissement de Dijon ^ corres-
pondant de TAcadémie royale de médecine ^ du cercle
médical de Paris , de la société royale de médecine de
Bordeaux , de la société de médecine de Lyon, de la socié-*
té royale de médecine, chirurgie et pharmacie de Tou-
louse, de la société médicale de Bruxelles, de lasociété
médico-chirurgicale de Berlin , de la sckclété dé méde-
cine de Leipsig ] des Académies de Lyon et dm Rouen ^
de la société des sciences, agriculture et arts du Baa*
Hhin, de la société d'émulation du Jura , etc. ( CL des
Sciences). 10 Décembre 1828.
M. Dàrbois, professeur de sculpture à Técale spéciale des
Beaux- Art s. (Cl. des Beaux- Arts). i4 Décembre i83i«
M. Stiétenart ( J.-S. ), professeur de littérature grecque
à la Faculté de Dijon. ( CL des Belles-Lettrea )• i4 J^o9.
i832.
M. Paul ( Jean-Charles ) , officier d'Administration de U
marine en retraite , ancien sous-chef au ministère de la
' marine , chef de la division du secrétariat de la préfecture
de laC6te-d'Or, membre de la Commission départe-
mentale des antiquités. (Cl. des Belles- Lettres ).i 4 ^o*
vembre i832.
M. Pautbt ( Jules ), homme de lettres, membre de la
Commission départementale des antiquités de la Câte-
d'Or. ( Cl. des Belles-Lettres ),i6 Janvier i833.
M. L. NaocT, géologue, conservateur du Musée d'kiltoire
naturelle, membre de la Commission départementale des
antiquités de la Côte-d'Or . 1 o Juillet 1 833.
( 168 )
ACADÉMICIENS NON RÉSIDANS.
M. Adelon , docteur en médecine , professeur à la Facnlté
• de médecine de Paris , membre titulaire de l'Académie de
médecine 9 à Paris, i»' Décembre i824.
M. Ancelot é , membre de l'Académie fi-ançaise , à Paris.
26 Décembre 1821.
M. le marquis îd'Arbaud-Jouques # (O* ♦), décoré de
la plaque de l'Ordre de Charles III d'Espagne , conseiller
d'Etat y ancien préfet dé la C6te-d'Or , à Aîx. 7 Mars 1 8a3 .
M. Artur, professeur de phpique à 3i Décembre
1834.
M. Ch* Babbage, de la Société royale de Londres et de
celle d'Edimbourg , secrétaire de la Société astronomique
de Londres, etc., à Londres, 7 Aoât i82>.
M. le duc de Bassano ( G. C. 4^ ) , grand'croix de l'Ordre
de Saint-Etienne de Hongrie , grand^croix de l'Ordre de
la Fidélité de Bade, etc. ; ancien ministre - secrétaire
d'État , pair de France , à Paris. ^
M. Bastard , ancien professeur de Botanique y à Ckâlonnes
prés d'Angers. s4 •^'^^'^^'' *S*^'
'M. B0NAPOUS, directeur du jardin botanique, à Turm. 14
Décembre i83i.
M. BoLLUT Grillet , docteur médecin, àDôle. 9 Décembre
i835.
M. BouRjÊE, docteur en médecine, président du Comité dé
salubrité de Châtillon-sur-Seine, correspondant de la So-
ciété royale des antiquaires de France , à Châtillon. 18
Juillet i832.
M. Breghot du Lut, conseiller à la Cour royale de Lyon ,
membre de l'Académie royale des sciences , belles-lettres
et arts de Lyon , etc. , à Lyon. 8 Décembre 1824»
M. Brifaut , membre de l'Académie française, à Paris. 16
Mars 1825.
S. S. le duc HZ Brissac, (C. ^), pair de France, ancien
( 169 )
- préfet du département de la C6te-d^0r, à Paris. a4 J^^
1812.
M. le cheyalier Caitcht (O. W }, officier non commandevr
de Tordre du Saint-Esprit , garde àe% archtres de cet Or-
dre j etc. 9 à Paris. %i^Juin 1812.
M. le comte Maxime de Choiseul-p^Aii.lecourt i^^ mem-
bre de rinstitut , ancien préfet de la Côte-d^Or, à Paris.
"ili Septembre \^\ S. .1 . ..
M. Colin , professeur de chimie à l'Ecole royale militaire
de Saint-Cyr , à Saint-Cyr. 1 2 Avril 1 820.
M. CosTE , de r Académie royale des. sciences 9 belles-lettres
et arts de Besançon. 26 Juillet 1809.
M. CaAPELET, imprimeur à Paris. i3 Juillet i836.
M. Delcros ^ , capitaine de première classe au corps royal
des ingénieurs géographes , employé aux opérations de ht
carte de France ^ à Paris. 29 Novembre 1820.
yip DESFONTAiMsa 4jt 9 membre de Plnstitut ( Académie des
sciences), professeur de botanique au jardin du Roi , à
Paris. 3 Juillet 1 798*
M. le baron des Gbnettes (€. ^) , médecin en chef des
armées , membre du conseil de santé au ministère de la
guerre , à Paris. 14 Mars 1 8 1 o*
M. FofssETy juge au Tribunal de première instance, à
Beaune. 28 Juin 1 820-
JVI. Frsmiet-Monnier , greffier en chef des Etats du Hai-
naut, à Mons. 4 Mai i8o5.
M. Genissbt, secrétaire perpétuel de PAcadémie de Be-
sançon. 24 Février i83o.
M. Girard de Caudemberg, ingénieur des ponts et chaus-
sées, àSaint-Malo. 16 Décembre 1829.
M. Greffo, YÎcaire-général de Belley. 'h Juin i835.
M. Guillaume, juge au Tribunal de première instance de
Besançon , etc. , à Besançon. 22 Mars 1 820*
M. Hecker , professeur de médecine à FUniversité de Ber-
lin. 27 Avril i836.
( 170 ;
Sir Herschel (J.-Fr.-W.)» àe la Société royale de Lon«
dres, etc. , à Londres. 7 jéoât 1822.
M. Hetfeldrr, premier médecin de la régence de Sigma*
ringen , en Sonabe. 10 Juin i835.
M. Hubert , inspecteur de TAcadémie UniTersitaire d^A-
miens. 5 Mars i834«
M. le cheyalier Huzaro 4b ^ cKevalier de Pordre de Saint-
Michel 9 membre de rinstitut, etc« ^ à Paris. 22 Aoâi
1798.
M. Jacotot, ancien professeur de littérature à l^niversité
de Lourain , à Lille. 2)1 Août 1 798.
M. Labouderie (IVbbé de), TÎcaire général d^ Avignon ^
membre de la Société des bibliophiles y à Paris. 20 Açril
i83i.
M. Auguste de Labouïsse , homme de lettres , à Castel-
naudary. ^6 Mai 1824*
M. DE Lasalette #, maréchal-de«camp d'artillerie , \
Grenoble, i^r ^a/y i8i5.
M. Legrand # (G. ^)y décoré de direra ordres étrangers,
maréchal- de-camp du génie en retraite, à Yosne près
Nuits. 28 Novembre i8o4*
M. le chevalier Lenoir 4i^, administrateur des monnmens
de Féglise royale de Saint'Denis , à Paris. 2 jDécembn.
1818.
M. le comte Le Peletier de SAiNT*FARGEAtr , à Paris, 8
AvrH 1829.
M. LoRET ^, docteur en médecine , ancien chirurgien- ma-
jor , membre de la Société médicale de Paris , de celle
d'Histoire naturelle de Paris, des Sociétés linnéennes
de Bordeaux , de Lyon , correspondant du Muséum d'His-
toire naturelle de Paris. 26 Mai i83i.
M. Maillard de Chambure, avocat à Semur. 3o Dé^
cembre 1825.
M. Malo (Charles), homme de lettres, membre des Aca-
démies de Lyon, Rouen, Bordeaux, Toulouse, Mar-
( 171 )
seil le, directeur de la France Littéraire, à Paris* iS
Juillet 1827.
M. Marchant, docteur en médecine, membre de PAca*-
démie royale des sciences , belles-lettres et arts de Besan-
çon. ^Février 1800.
M. Martin , docteur en médecine , ancien président de
PAcadémie de Lyon, à Paris. 19 Février 1812.
M. Massom-Four , ancien pharmacien, à Paris* 12. Ainil
1809.
M. Masuter , agrégé au ci-devant Collège de médecine de
Dijon, professeur de chimie médicale à la Faculté de mé-
decine de Strasbourg. 23 Décembre j 784*
M. MoLLEVAUT , membre de lUnstitut, etc., à Issy, prêt
Paris.
M. MoNNiBR , membre de la Société royale des antiquaires
de France , à Lons-le -Saunier. 9 Juillet i834*
M. DR MoNTMETAN (Isidore), secrétaire de TAcadémiedes
. sciences , agriculture , lettres et arts d'Aix , à Aix. 23
jivril 1828.
M. Nodier (Charles), conservateur de la Bibliothèque de
Parsenal de Paris. 27 Décembre 1826.
M. PAILX.ET , (de Plombières -lès-Dijon), homme de lettres,
à Paris. 7 Mai i834«
M. Par&es (Sam. ) , membre de Tlnstitut royal de lalGrande-
Bretagne , etc. , à Londres. 24 Juillet 1822.
M. Passy , géologue , préfet de TEure , à Evreux* i»' Juillet
i835,
M. PiRicAUD, bibliothécaire de la ville de Lyon, membre
de TAcadémie royale des sciences , belles-lettres et arts
et du Cercle littéraire de -Lyon , à Lyon. 4 Mai 1825.
M. Persoon, naturaliste, à Paris. 3 Décembre 1823.
M. PiHAN DE LA FoREST, homme.de lettres, à Paris* 3 Jum
1&35.
M. Planche , pharmacien , membre titulaire de PAjcadémie
royale de médecine , à Paris. 24 Février i8x3»
( 172)
M. Pommer, professent à la Faculté de médecine de Zurich.
24 Juin i835.
M. PuTis , membre du Conseil général du département de
TAin, à Cuiseaux. 25 Mai i83i •
M. QuATREMiRE DE QuiNCY (O. 4^ ) , cHevalier de l'Ordre
de Saint-Michel , membre de Plnstitut , etc. à Paris. 8
Août 1821.
M. RoLLE , ancien bibliothécaire de la yille de Paris. 2
Mars 1825.
M. Seguier (O. # ), ancien préfet de la C6te-d*Or , préfet
du département de rOrney à St.-Brisson par Gien (Loiret).
12 Juin 1822.
M. SiTREMAiK DE MfssERT, ancien ofBcier au corps royal
d'artillerie , etc. , à Beaune. 23 Juillet 1789.
M. le chevalier Tessier #, cheralier de l'Ordre de Saint -
Michel, membre de l'Institut, inspecteur général des
bergeries de l'Etat , etc. , à Paris. 3 Juillet 1798*
M. Trijébaut de Bernàavd , sons-bibliothécaire à la Bi-
bliothèque Mazarine , à Paris. 4 Janvier 181 5.
M. Trayisini, ancien maître de chapelle à la cathédrale de
Dijon, à Tours. i^Juin 1809.
M. Van-Mons, professeur de chimie, à l'Université de
Louvain. 18 Janvier i^o^.
"M., Yaucher, ministre du saint Evangile et professeur de
botanique à Genève , membre correspondant de l'In&titut.
6 Décembre iSog,
M. DE Villeneuve ( François), homme de lettres, à Nancy.
2 Mai 1827. ' *
ASSOCIÉS CORRESPONDANS.
M. AïKiN ( Arthur ) , membre de la Société linnéenne,
secrétaire de la Société pour l'encouragement des arts ,
manufactures et commerce de Londres, à Londres. 18
Mai 1818.
( î7S ;
M* AiAssoN DE Grandsagne 9 directeur de la Bibliothèque
populaire, à Paris. 26 Juin i833.
M. Arnaud Taîné , docteur en médecine y au Puy. i«r Avril
1818.
M. Artaud , ancien directeur du Musée , à Lyon* j3 «Tait-
vier i8o8.
JV1. Audibert-Caille , docteur en médecine, à BrignoleS)
département du Yar. 28 Juin 1809.
M. Bard (Joseph } , de la Société royale des antiquaires de
France 9 à Chorey , près Beaune. 1 1 Juillet i832.
M. Barrau 9 principal du collège de Chaumont. 19 Dé-
cembre 1827.
M. Barrais y homme de lettres et Juge de paix , à Paray-
le-Monial (Saône-et-Loire.) 28 Mai i834*
M. Beocn y docteur en médecine , membre de plusieurs Aca-
démies ) à Metz.
M. Berriat-Saint-Prix, professeur à la Faculté de droit
de Paris. i«r Jlfai 1811.
M. B0MIER, professeur de langues anciennes , à Dijon. 25
Avril i83o.
M. Boucharlat, ancien professeur aux écoles militaires et
à PAthénée de Paris , etc. , à Paris. 5 Juillet 1820.
M. BouLLÉE , ancien magistrat, à Mâcon , résidant à Lyon.
\^^ Août i832.
M. Brugnatelli , professeur d^histoire naturelle, à Payie.
29 Novembre 1820.
M. Beurard, ancien ingénieur des mines du Palatinat, etc. >
à Paris. 18 Novembre 1802.
M. R. Chalon , président de là Société des Bibliophiles
de Mons. 3i Août i836.
M. le baron de CHAPUTS-MoNTi.AyiLi.E , à Mâcon. x^Jan^
vier i83o.
M. Chasle de Latouche, des Académies des sciences,
arts et belles-lettres de Mâcon et Lyon , des Sociétés
royale académique de Nantes , littéraire de Lyon , d^é-
(174)
mnlation dé Bonrg , philomatîque de Vannes , d'agricul-
ture et des arts de TArriège y à Belle-Isle-en-mer. 26 Mai
1824*
M. C0GHARD9 avocat, membre de TAcadémie de Lyon, à
Lyon. ^Janvier i8a8.
M. C0LBT9 esq. 9 membre de la Société royale , capitaine
royal des ingénieurs 9 à Edimbourg. 18 Alai 1818.
M. CoLLARD DE Mautignt , docteur en médecine, à Mi*
recourt. Mai 1828.
M. CoLLTEii, membre de la Société pbilosopbîque, à Lon-
^ dres. 28 Janvier 181 8.
M. CoLSON , cbirurgien de PHôtel-Dieu de Noyon. 23 Jan^ '
vier 1 828.
M. CuRWEN, esq. , membre du Parlement d^Angleterre,
président de la Société d'agriculture à Workington. 18
Mai 1818.
M. d'Ayezac db Cast^ra de Macata, membre de la
Société asiatique, à Paris. 29 Juillet 1829.
M. DE Latané de Putfoucault, au château de Chanteau
parSaulieu, Côte-d'Or. 11 Mai i83o.
M. Deluc, (J.-^. ), à Genève. i\Juin 1818.
M. Demesmat , homme de lettres , à Besançon. 28 Dé*
cembre 1 83 1 .
M. DisoRMES-DupLEssis, manufacturier à Verberie. x^Juiii
i8oo.
M. Despine fils, médecin, à Aix en Savoie. 23 Mars
i836.
M. Devillt (L. ), membre de plusieurs Sociétés savantes,
à Metz. 7,^ Janvier 1822.
M. le baron d'Hombres-Firmas, à Alais. S Mai i83o.
M. DoDWEL, à Londres. 14 Janvier 1818.
M. DoNNET (Alexis) , ingénieur géographe, à Paris, lû
Août 1825.
M« DucH&sNfi, docteur en médecine , à Paris. 21 Août 1 833'
( 175 )
M. DuRAMBX #9 membre du conseil général ^des mines, etc.^
à Paris, i^ Novembre i8oa.
M. DuRET , doctear en médecine , à Nuits. ^5 Mai i83i.
M. Brnest Falconnet, à Lyon. a3 Mars i836.
M. Fix>vK DB Saint-Genis, à la Rochelle. 25 Afoi i83r.
M. Aag. Gauthier, médecin de T Antiquaille, à Lyon. 28
Aîars i832.
M. Gintrac , docteur en médecine , à Bordeaux. 1 9 Jan"
vier i3^5m
M. Goulet, architecte , à Paris. 22 Juillet i8o3.
M. GoT, sculpteur, membre de Plnstitut, etc. 21 Juillet
i8o3.
M. Grateloup, naturaliste , à Bordeaux. 23 Mars i836.
M. GaicoRT (Olinthus), membre de la Société philoso-
phique de Londres , à Woolvich. 28 Janvier 1812.
M. Grogmier, professeur à FEcole royale d^écouomie ru-
rale vétérinaire de Lyon, etc. , à Lyon. 16 Mars 1821.
M.GuiGNiAUT, professeur de littérature grecque, 4 Paris.
4 Juin 1828.
M. GuTETANT, docteur en médecine, secrétaire perpétuel
de la Société d'émulation du Jura , à Paris. 23 Aoât 1826*
M. DE Haldat , docteur en médecine , professeur de chi*
mie , à Nancy. 23 Mai i6o4«
M. Hazard-Mirault, secrétaire général de TAthénée des
arts , etc. , à Paris. 27 Janvier 1819.
M. Hubaud, de l'Académie de Marseille, à Marseille. 5
Juillet ïb^o*
M. Hurtrel d'Arboval, amateur de Fart yétérinaire,
membre de plusieurs Sociétés nationales et étrangères, à
Montreuil-sur-mer. i««" ilfi?' 1816.
M. Jacquemyns, docteur en médecine, à Dadizeele, près
Menin (Belgique). 26 Août 1829.
M. Jobard, homme de lettres, ingénieur-lithographe, à
Bruxelles. 18 Juillet i832.
( 176 )
M. T. de JoLiMONT, ex -ingénieur, membre de l'Âcadémîe
des sciences, belles-lettres et arts de Caen, de la Société
libre d^émulation de Rouen , de celle des antiquaires de
Normandie , etc. , à Dijon, i*^' Décembre i83o.
M. KuHNHOLTz , bibliothécaire et membre de la faculté de
médecine I à Montpellier. i4 Décembre i836.
M. Lair ^ , conseiller de préfecture , secrétaire perpétuel
de r Académie de Caen , à Caen. 19 Décembre 1827.
M. Lamoureux ( Justin ) , substitut du procureur du Roi
près le Tribunal de première instance , à Nancy. 24 'Août
1808.
M. Laurens, auteur de P Annuaire statistique du Donbs , à
Resançon . 25 Mai 1 83 1 .
M. LegeaV, professeur au collège royal de Lyon. 11 Mai
i83i.
M. Lemaistre ^, ancien inspecteur général des poudres
et salpêtres , etc. , à S t. -Martin de la Lieue , près Lisieux
(Calvados), i^ Novembre 1802.
M. Lepeintre, homme de lettres, à Paris. 18 Juillet ib^j,
M. Lévt , professeur de mathématiques, à Rouen. i3 Avril
. i8ii5.
M. LivT ( Michel ) , chirurgien major à Parmée du nord,
membre de la Société des sciences , agriculture et arts du
- Bas-Rhin. 26 iVbi'em^re 1834.
M. Malle, professeur agrégé à la Faculté de médecine
de Strasbourg. 5 Février i834*
M. Matthey, secrétaire de la Société de médecine, à Généye.
0.^ Mars 1820.
M. MiGNERET , avocat , à Langres. 25 Mai i836.
M. MoNGis, procureur du Roi, à Arcis-sur-Aube. 23
Juillet 1834*
M. M0NTFALCON, docteur en médecine, à Lyon. 16 Avril
1823.
M. deMoNTHEROT, homme de lettres, à Lyon* 9 Juillet
^834.
( 177 )
M. MoreAu (César), ancien Tice-consul de France en
Angleterre } fondateur de TAcadémie de Tindustrie agri-
cole y manufacturière et commerciale , membre de la
Société royale de Londres, à Paris. 12 Novembre 1817*.
M. MoREAu DE JoNNÂs ^, Correspondant deTInstitut,
etc., à Paris. 26 Novembre 1817.
M. MoRELOT, docteur en médecine, correspondant de la
Société royale des antiquaires de France, etc., à Eguilly
prèsPouilly-en-Montagne,arrond. deBeaune. ZAoâti^2,Sm
JVl. MouRONTAL, membre de plusieurs Sociétés savantes
àBapaume. 25 Mai i836.
M. Nadaut-Buffon , Ingénieur des Ponts et Chaussées, à
Chaumont. 7 McU 1 834*
M. Naville , docteur en médecine , au Bourgneuf. 20 Août
1823.
M. NicoT, ancien chirurgien en chef de Thôpital Beaujon ^
à Paris. 3i Décembre i834.
M. OuTiER , professeur à PEcole centrale des arts et manu-
factures, à Paris. 24 Juin 1829.
M. Opoxx, inspecteur des eaux minérale^, à Provins. 9 Avril
1780.
M. Parent, docteur en médecine , membre correspondant
de la Société de médecine de Lyon , à Beaune. 28 Juillet
i83o.
M. Pasquier^ docteur en médecine, à Lyon. 23 Mars
i836.
M. Patris DE Breuil , homme de lettres, juge de paix^
à Troyes. 20 AvrU 1825.
M. Perolle, professeur d'tfnatomie, à Grasse. 29 Juillet
1792.
M. Peschier, docteur en médecine, membre de plusieurs
Sociétés savantes , à Genève. 10 Juin i835.
M. Petit ( Edouard ) 4^ 9 docteur en médecine, correspon-
dant de PAcadémie royale de médecine , à Corbeil. 1 9
Août 1818.
12
( 178)
M. Petitot, statuaire , à Paris. 23 Décembre i8o2.
M. Pett/grew, de la société philosophique, à Londres.
28 Janvier 1818.
M. PicQUETy docteur en médecine, décoré de la grande
médaille d^or du Mérite-Civil d'Autriche , etc. , à Saint-
Claude, i^ Décembre 1^0^. "*
M. PiERQUiK , docteur en médecine , à Versailles. 27 c/oa-
vier i83o.
M. Raymond, préfet et professeur de mathématiques spé-
ciales au collège royal de Chambéry , etc. , à Chambéry.
\j Juin 1807.
M. RévoLAT ^^ docteur en médecine, médecin en chef de
rhôpital des aliénés, à J^ordeaux. 16 Mars 1808.
M. Ret, homme de lettres et manufacturier, à Paris. 9
Juillet i834«
M.Richard db la Prade, docteur en médecine, profes-
seur de médecine clinique , à Lyon. 10 Août i8o8.
M. RiCRBROLLE, professeur de rhétorique, à Avalon. 22
Mars 1820.
M. RiCROND DBS Er us , docteur en médecine, au Puy. i4
Mai i834«
ftf . Rousseau , docteur en médecine , chef des travaux ana-
tomiques du Muséum d^histoire naturelle, à Paris. 4
Juillet i832.
M. Salverte (Eusèbe), membre de la Chambre des dé-
putés , membre de Plnstitut de France , à Paris. 3 Août
1801.
M. Sarrasin, docteur en médecine, à Paris. 3o Juillet
1828.
M. SiLVESTRE *, secrétaire perpétuel de la Société royale
et centrale d'agriculture , membre de PInstitut de France,
" à Paris. 8 Janvier i8o3.
Sir Sinclair (John), baronnet , fondateur de la Société
d'agriculture déLondres, à Londres. 19 Août 1818.
{179)
M. SoTER-WiLLEMET, bibliothécaire en chef de la ville de
Nancy, à Décembre 1829.
M. Tanchou, doctenr en médecine, k Paris, 3o Janvier
i833.
M. Thomas, secrétaire de la Société médicale de la Nou-
veile-Orléans. a4 Décembre iSaS.
M. le baron Westreenen de Tiellandt , ministre de S.
M. le Roi de Hollande, à La Haye. i3 Aoâe i834.
M. ViLLOT, archiviste de la ville de Paris , à Paris. 1 ««" Dé"
cembre 1824.
M. ViNOTHiGNiER, docteur en médecine, à Rouen. 9 c/o/i-
vier 1828.
M. YoiLLOT , chirurgien adjoint de THôtel-Dien de Beanne.
i^Mai i835.
M. VoizoT , professeur de mathématiques à Châtillon-sur-
Seine. 9 Décembre ]835.
Ladite liste a été arrêtée par le Conseil d^adminîstration
dans sa Séance du 28 décembre i836, à laquelle assis-
taient MM. Antoine, Président, Frantin aine, Bressier
et Toussaint.
Pour extrait conforme :
Le Président, Le Secrétaire ,
ANTOUSE. TOUSSAINT.
Nota. MM. les Académiciens dont les adresses pourraient
être inexactes , sont priés de vouloir bien les faire rectifier.
Je.
TABLE
* DES MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES, ARTS
ET BELLES-LETTRES DE DUON.
PARTIE DES LETTRES.
tTohnec/ / û3^»
Pages.
Coup-d'geil philosopliique sar les pKases de la Littéra-
ture en France, par M. Nault. ...« 5
RECHERCHES sur i,£ luxe des Romains dans leur
. AMEUBLEMENT , par M. PeIGNOT I9
Valeur et prix d'acquisition de quelques bâtimens et
palais occupés à Rome par les Clodius , les Lucullus,
les Cicéron , les Crassus , etc. , 22
Des tableaux et des statues.
Notice et valeur de quelques tableaux , 24
•— De quelques statues , 27
Des tables , 3o
Estimatiou de quelques tables de luxe ayaut appartenu à Ptolomée,
à Cicérou, à Oallus-Asiuius , au roi Juba, à Sénèque, etc., . 32
Des lits.
Du lit cubiculaire, 34
Du lit tricliuaire , 35
Du lit nuptial y 38
Des coupes et des yases , . • . . • 39
Valeur et estimation de plusieurs de ces meubles possédés par
Crassus, Pompée, Pétrouius, Néron, etc., 4°
Du vase de cristal de Polliou , 4a
(181 )
Pif.
Des plats*
De leur emploi ; — de leur grandeur ; — de leur poids ; — de
leur valeur , 44
Des lampes et des candelabb.es.
De leurs différentes espèces; de leur valeur, • . 47
Anecdote sur un candélabre et sur son singulier accessoire, ... 4^
Des pierres PRiciEusES.
Des écrins de Scaurus , de Mithridate , de César , 49
Du luxe de Lollia Paulina, dans ce genre, 5i
Des camées.
Du goût des Romains pour ce genre de pierreries, • 63
De quelques camées anciens que Ton possède encore aujourd'hui , 54
Des anneaux.
De leurs différentes sortes ; de leur usage , 56
Emblèmes de certains anneaux servant de cachet , • . 58
Des étoffes.
Des principales substances dont elles étaient fabriquées chez les
Komaius , 69
Du prix excessif qu'elles acquéraient par la teinture , surtout par
la pourpre , 60
De divers habillemens des Romains ,. •.... 61
Du coton, • 64
La soie connue fort tard et très-rare h Rome , 64
Appendix aux objets de luxe et d'ameublement ci-
dessus mentionnés , 65
Vente aux enchères du mobilier de deux empereurs, ( Marc-
Aurèle et Commode ); en quoi consistait ce mobilier, .... 66
Quelques détails sur les meubles d'Héliogabale, 68
De divers objets de luxe et de fantaisie autres que les
meubles.
Des parfums , , , 71
Prix d^acquisition de certains animaux, 74
TABLEAU de quelques fortunes particulières a
E.0ME vers la fin de la RiPUBLIQUE ET DANS LE
PREMIER SIÈCLE DE L^ËmPIRE j 76
Ces fortunes, dans Tordre chronologique , sont celles de Sylla ,
%
( 182 )
Pag.
«le Rosciusy de Crassas, de Scaiinis, de Deflietrius, de Milon y
de Lucullus, de J.-Ci^sar, de Verres, de Cicéron, de Caton, de
Salliute, d* Antoine , de Virgile , d'Isidorus , de Tigellius , d'Au-
guste , d'Apicius y de Lentulus , de Tibère , de Gr. Passienus, de
Calliste , de Narcisse^ de Pallas , de S^aèque, de Pline le Jeune, 77
GoNCLUSIO^f 9 •••••... 87
NOTES, 90
Ces Notes offrent presque toutes uu rapprochement entre la
▼■leur des objets de luxe anciens dont nous avons parlé précé-
demment , et la valeur des objets du même genre tels qu'ils
existent actuellement chez les modernes.
Note (A) : Valeur et estima tioa de quelques édifices
notables à Paris j • ço
Note (B) : Un mot de Velleius-Patercalus et de Tacite
sur le consul Mummius, pt
Note (C): Estimation du Si,- Jérôme du Corrège, etc. , 9a
Note (D) : Notice du haut prix auquel ont été portés
certains tableaux modernes dans les ventes publiques , 92
Note (E) : Opinions de plusieurs savans sur la substance
des vases murrhins, •...••...• 94
Note (F) : Du luxe des dames romaines ^ et de quelques
ouvrages relatifs à ce luxe , . . • 98
Note (G) : Des pierres précieuses chez les modernes , 99
Précis de Pinventaire des diamans de la Couronne de
France, fait en 1791 , • • • . . 100
(Addition relative au vol de ces diamans au garde-
meuble , à Paris 9 en 179a) ii3
De quelques diamans de baut prix , autres que ceux
mentionnés ci-dessus, 101
Note (H) : Opinion de Sénèque sur la double pourpre,
et de Pline sur la pourpre de Tyr , io3
Note (I) : Opinion de Pline surTanimal appelé poiripre^ 104
■^
•
l
*
( 183 ) *
Pag.
Note (K) : Sar certaines personnes ài^% temps modernes
qui , comme Néron et Héliogabale ^ n^ont jamais porté
deux fois le même habillement , 104
Notes (L) et (M) : Certains animaux payés un liant prix
chez les modernes , io5
Note (N) : Sur le nombre ^ Pemploi et le prix des esclaves
à Rome^ • i07
Note (O) : Notice sommaire de quelques fortunes par*
ticulières en Angleterre , . • • . . 108
A ces grandes fortunes , sont attachés des noms la plupart
très-illustres dans les fastes de la Grande-Bretagne , tels que les
Northumberland y les Devonshire) les Buccleugh , les Bridge-
water , les Fitz-Villiams , les Sutherland , les Rutland , les
Redford , les Buckingham , les Norfolk , les Marlborough , les
Hertford, etc., etc., et, eu Espagne, le doc de Medina-
Céli, etc., etc.
Motif pour lequel on ne parle pas des grandes fortunes
en France , 112
NÉCROLOGIE.
Notice sur M. Poncet, par M. Frantin. .' ii5
Notice sur la vie et les ouvrages de M. Amanton,
par M. Peignot 124
Notice sur M. Riambouro, par M. Foisset 14^
POÉSIE.
Chasse nocturne et Plaintes de PAmiral Chabot , par
M. Pautet 149
Les deux chiens danois, fable par M. Bressier. • . \SS
Gloire a Dieu , Paix aux hommes , par M. Accurse
Alix • xSj
Liste des Membres de l'Académie de Dijon i63
FIN DE LA. TABLB.
•M».-
|.6U9Ze90S
106 e
I
NVOIHOII^ dO Aiisy3AiNn
P^ 491698