Skip to main content

Full text of "Mémoires de la Société des sciences physiques et naturelles de Bordeaux"

See other formats


Google 


This  is  a  digital  copy  of  a  book  thaï  was  prcscrvod  for  générations  on  library  shelves  before  it  was  carefully  scanned  by  Google  as  part  of  a  project 

to  make  the  world's  bocks  discoverablc  online. 

It  has  survived  long  enough  for  the  copyright  to  expire  and  the  book  to  enter  the  public  domain.  A  public  domain  book  is  one  that  was  never  subject 

to  copyright  or  whose  légal  copyright  term  has  expired.  Whether  a  book  is  in  the  public  domain  may  vary  country  to  country.  Public  domain  books 

are  our  gateways  to  the  past,  representing  a  wealth  of  history,  culture  and  knowledge  that's  often  difficult  to  discover. 

Marks,  notations  and  other  maiginalia  présent  in  the  original  volume  will  appear  in  this  file  -  a  reminder  of  this  book's  long  journcy  from  the 

publisher  to  a  library  and  finally  to  you. 

Usage  guidelines 

Google  is  proud  to  partner  with  libraries  to  digitize  public  domain  materials  and  make  them  widely  accessible.  Public  domain  books  belong  to  the 
public  and  we  are  merely  their  custodians.  Nevertheless,  this  work  is  expensive,  so  in  order  to  keep  providing  this  resource,  we  hâve  taken  steps  to 
prcvcnt  abuse  by  commercial  parties,  including  placing  lechnical  restrictions  on  automated  querying. 
We  also  ask  that  you: 

+  Make  non-commercial  use  of  the  files  We  designed  Google  Book  Search  for  use  by  individuals,  and  we  request  that  you  use  thèse  files  for 
Personal,  non-commercial  purposes. 

+  Refrain  fivm  automated  querying  Do  nol  send  automated  queries  of  any  sort  to  Google's  System:  If  you  are  conducting  research  on  machine 
translation,  optical  character  récognition  or  other  areas  where  access  to  a  laige  amount  of  text  is  helpful,  please  contact  us.  We  encourage  the 
use  of  public  domain  materials  for  thèse  purposes  and  may  be  able  to  help. 

+  Maintain  attributionTht  GoogX'S  "watermark"  you  see  on  each  file  is essential  for  informingpcoplcabout  this  project  and  helping  them  find 
additional  materials  through  Google  Book  Search.  Please  do  not  remove  it. 

+  Keep  it  légal  Whatever  your  use,  remember  that  you  are  lesponsible  for  ensuring  that  what  you  are  doing  is  légal.  Do  not  assume  that  just 
because  we  believe  a  book  is  in  the  public  domain  for  users  in  the  United  States,  that  the  work  is  also  in  the  public  domain  for  users  in  other 
countiies.  Whether  a  book  is  still  in  copyright  varies  from  country  to  country,  and  we  can'l  offer  guidance  on  whether  any  spécifie  use  of 
any  spécifie  book  is  allowed.  Please  do  not  assume  that  a  book's  appearance  in  Google  Book  Search  means  it  can  be  used  in  any  manner 
anywhere  in  the  world.  Copyright  infringement  liabili^  can  be  quite  severe. 

About  Google  Book  Search 

Google's  mission  is  to  organize  the  world's  information  and  to  make  it  universally  accessible  and  useful.   Google  Book  Search  helps  rcaders 
discover  the  world's  books  while  helping  authors  and  publishers  reach  new  audiences.  You  can  search  through  the  full  icxi  of  ihis  book  on  the  web 

at|http: //books.  google  .com/l 


Google 


A  propos  de  ce  livre 

Ceci  est  une  copie  numérique  d'un  ouvrage  conservé  depuis  des  générations  dans  les  rayonnages  d'une  bibliothèque  avant  d'être  numérisé  avec 

précaution  par  Google  dans  le  cadre  d'un  projet  visant  à  permettre  aux  internautes  de  découvrir  l'ensemble  du  patrimoine  littéraire  mondial  en 

ligne. 

Ce  livre  étant  relativement  ancien,  il  n'est  plus  protégé  par  la  loi  sur  les  droits  d'auteur  et  appartient  à  présent  au  domaine  public.  L'expression 

"appartenir  au  domaine  public"  signifie  que  le  livre  en  question  n'a  jamais  été  soumis  aux  droits  d'auteur  ou  que  ses  droits  légaux  sont  arrivés  à 

expiration.  Les  conditions  requises  pour  qu'un  livre  tombe  dans  le  domaine  public  peuvent  varier  d'un  pays  à  l'autre.  Les  livres  libres  de  droit  sont 

autant  de  liens  avec  le  passé.  Ils  sont  les  témoins  de  la  richesse  de  notre  histoire,  de  notre  patrimoine  culturel  et  de  la  connaissance  humaine  et  sont 

trop  souvent  difficilement  accessibles  au  public. 

Les  notes  de  bas  de  page  et  autres  annotations  en  maige  du  texte  présentes  dans  le  volume  original  sont  reprises  dans  ce  fichier,  comme  un  souvenir 

du  long  chemin  parcouru  par  l'ouvrage  depuis  la  maison  d'édition  en  passant  par  la  bibliothèque  pour  finalement  se  retrouver  entre  vos  mains. 

Consignes  d'utilisation 

Google  est  fier  de  travailler  en  partenariat  avec  des  bibliothèques  à  la  numérisation  des  ouvrages  apparienani  au  domaine  public  et  de  les  rendre 
ainsi  accessibles  à  tous.  Ces  livres  sont  en  effet  la  propriété  de  tous  et  de  toutes  et  nous  sommes  tout  simplement  les  gardiens  de  ce  patrimoine. 
Il  s'agit  toutefois  d'un  projet  coûteux.  Par  conséquent  et  en  vue  de  poursuivre  la  diffusion  de  ces  ressources  inépuisables,  nous  avons  pris  les 
dispositions  nécessaires  afin  de  prévenir  les  éventuels  abus  auxquels  pourraient  se  livrer  des  sites  marchands  tiers,  notamment  en  instaurant  des 
contraintes  techniques  relatives  aux  requêtes  automatisées. 
Nous  vous  demandons  également  de: 

+  Ne  pas  utiliser  les  fichiers  à  des  fins  commerciales  Nous  avons  conçu  le  programme  Google  Recherche  de  Livres  à  l'usage  des  particuliers. 
Nous  vous  demandons  donc  d'utiliser  uniquement  ces  fichiers  à  des  fins  personnelles.  Ils  ne  sauraient  en  effet  être  employés  dans  un 
quelconque  but  commercial. 

+  Ne  pas  procéder  à  des  requêtes  automatisées  N'envoyez  aucune  requête  automatisée  quelle  qu'elle  soit  au  système  Google.  Si  vous  effectuez 
des  recherches  concernant  les  logiciels  de  traduction,  la  reconnaissance  optique  de  caractères  ou  tout  autre  domaine  nécessitant  de  disposer 
d'importantes  quantités  de  texte,  n'hésitez  pas  à  nous  contacter  Nous  encourageons  pour  la  réalisation  de  ce  type  de  travaux  l'utilisation  des 
ouvrages  et  documents  appartenant  au  domaine  public  et  serions  heureux  de  vous  être  utile. 

+  Ne  pas  supprimer  l'attribution  Le  filigrane  Google  contenu  dans  chaque  fichier  est  indispensable  pour  informer  les  internautes  de  notre  projet 
et  leur  permettre  d'accéder  à  davantage  de  documents  par  l'intermédiaire  du  Programme  Google  Recherche  de  Livres.  Ne  le  supprimez  en 
aucun  cas. 

+  Rester  dans  la  légalité  Quelle  que  soit  l'utilisation  que  vous  comptez  faire  des  fichiers,  n'oubliez  pas  qu'il  est  de  votre  responsabilité  de 
veiller  à  respecter  la  loi.  Si  un  ouvrage  appartient  au  domaine  public  américain,  n'en  déduisez  pas  pour  autant  qu'il  en  va  de  même  dans 
les  autres  pays.  La  durée  légale  des  droits  d'auteur  d'un  livre  varie  d'un  pays  à  l'autre.  Nous  ne  sommes  donc  pas  en  mesure  de  répertorier 
les  ouvrages  dont  l'utilisation  est  autorisée  et  ceux  dont  elle  ne  l'est  pas.  Ne  croyez  pas  que  le  simple  fait  d'afficher  un  livre  sur  Google 
Recherche  de  Livres  signifie  que  celui-ci  peut  être  utilisé  de  quelque  façon  que  ce  soit  dans  le  monde  entier.  La  condamnation  à  laquelle  vous 
vous  exposeriez  en  cas  de  violation  des  droits  d'auteur  peut  être  sévère. 

A  propos  du  service  Google  Recherche  de  Livres 

En  favorisant  la  recherche  et  l'accès  à  un  nombre  croissant  de  livres  disponibles  dans  de  nombreuses  langues,  dont  le  français,  Google  souhaite 
contribuer  à  promouvoir  la  diversité  culturelle  grâce  à  Google  Recherche  de  Livres.  En  effet,  le  Programme  Google  Recherche  de  Livres  permet 
aux  internautes  de  découvrir  le  patrimoine  littéraire  mondial,  tout  en  aidant  les  auteurs  et  les  éditeurs  à  élargir  leur  public.  Vous  pouvez  effectuer 
des  recherches  en  ligne  dans  le  texte  intégral  de  cet  ouvrage  à  l'adressefhttp:  //book  s  .google .  coïrïl 


B7^ 


: 


MÉMOIRES 


H  U  SOCiiti  BIS 


SCIENCES  PHYSIQUES  ET  NATURELLES 


i 

DS  BORDEAUX  1 


l 


J 


MÉMOIRES 


DE  LÀ  SOCIETE 


DES  SCIENCES 


PHYSIQUES  ET  NATURELLES 


DE  BORDEAUX 


3«  SÉRIB 


TOME   II 


PARIS 


OAUTHIER-VILLARS 

IIIPRIMBUR-LIBRAIRB  DB  l'KCOLB  POLYTECHNIQUE,  DU  BUREAU 
DES  LONGITUDES,  SUCCESSEUR  DE  MALLET-BACHELIBR, 

Qaal  des  Angastlni,  55. 


A    BORDEAUX 

CHEZ      DUTHU,      LIBRAIR 
17,  rue  Sainte-Catherine,  17 


1886 


B7^ 


MÉMOIRES 


Bi  u  soQKTi  m 


SCIENCES  PHYSIQUES  ET  NATURELLES 


DE  BORDEAUX 


MM.  fiRUNBL,  professeur  de  mathématiques  pures  à  la  Faculté  des  Sciences. 
CAGNIEUL,  préparateur  de  Botanique  à  la  Faculté  des  Sciences 
CâRLES,  Agrégé  à  la  Faculté  de  Médecine. 
CâRMIGNâC-DBSCOMBBS,  ingrénieur. 
CâRON,  professeur  de  Mathématiques  au  Lycée. 
CÂSTBT,  chef  d'institution. 
CHADU,  professeur  de  Mathématiques  au  Lycée. 
CHAGNOLBAU,  préparateur  à  la  Faculté  des  Sciences. 
CHASTBLLIER,  ingénieur  des  Ponts  et  Chaussées. 
CHATARD,  docteur  en  médecine. 
CHENBVRIBR,  chimiste  au  Chemin  de  fer  du  Midi. 
CLAVBL,  ingénieur  des  Ponts  et  Chaussées. 
COLOT,  licencié  es  sciences,  professeur  de  Mathématiques. 
COUPBRIE,  secrétaire  général  de  la  Société  d'Agriculture. 
DAGUILLON,  professeur  au  Lycée. 
DALMBYDA,  professeur  au  Lycée. 

DBLMAS,  #,  docteur  en  médecine,  direct,  de  Vhydrothérapie  des  Hôpitaux. 
DEVULFF,  colonel  du  génie. 
■DOUBLET,  aide-astronome. 

DROGUBT,  ^,  directeur  ingénieur  des  Télégraphes,  à  Bordeaux. 
DUBOURG,  chimiste  à  la  Douane. 

DUPETIT,  préparateur  de  Chimie  à  la  Faculté  des  Sciences. 
DUPUY,  professeur  de  Mathématiques  au  Lycée. 
DURÈGNE,  sous-ingénieur  au  Télégraphe. 
ELGOYHBN,  élève  à  la  Faculté  des  Sciences. 
FALLÛT,  professeur  à  la  Faculté  des  Sciences. 
FIGUIER,  ^,  professeur  à  la  Faculté  de  Médecine. 
FLAMME,  aide-astronome. 

FORQUIGNON,  professeur  à  la  Faculté  des  Sciences  de  Dijon. 
FOUGEROUX,  percepteur  des  Contributions  directes. 
*FOURNET,  ^  A.,  ancien  fabricant  de  produits  chimiques. 
GADEN,  négociant. 

GARNAULT,  préparateur  de  Zoologie  à  la  Faculté  des  Sciences. 
GAULNB  (db),  propriétaire. 

*GAYON,  profr  de  Chimie  à  la  Fac.  des  Sciences,  chimiste  en  chef  à  la  Douane; 
GOUJON,  ^,  vice-président  du  Conseil  de  préfecture  de  la  Gironde. 
GUESTIER  (Daniel),  négociant. 
GUILLAUD,  professeur  à  la  Faculté  de  Médecine. 
GYOUX,  docteur  en  médecine. 
HAUTRBUX,  ^,  lieutenant  de  vaisseau,  directeur  des  mouvements  du  port 

de  Bordeaux. 
HUYARD,  fabricant  de  produits  chimiques. 
JOANNIS,  maître  de  Conférences  à  la  Faculté  des  Sciences. 
JOLYBT,  professeur  à  la  Faculté  de  Médecine. 
KOWALSKI,  professeur  de  Mathématiques. 
KUNSTLER,  professeur  adjoint  à  la  Faculté  des  Sciences. 
LABAT,  #,  ingénieur  de  constructions  maritimeB. 


MM.  LACROIX,  professeur  <îe  MathématiquoR  au  liVcée. 
LAGACHE,  ingénieur  des  Arts  et  Manufactures. 
LAGRANDVAL  (db),  ^^  professeur  de  Mathématiques  spéciales  au  Lycée, 

maître  de  conférences  à  la  Faculté  des  Sciences. 
LAGROLBT,  docteur  en  médecine. 

LANDE,  ^,  agrégé  à  la  Faculté  de  Midecine,  médecin  adjoint  des  hôpitaux. 
LARNAUDIE,  pharmacien. 

LAVAL,  professeur  de  Physique  et  de  Chimie  aux  Ecoles  communales. 
LAVERGNE  (comte  db),  >li«,  propriétaire. 
*LESPL1ULT,  ^,  professeur  de   Mécanique  rationnelle   à  la  Faculté  des 

Sciences. 
MERGET,  ^,  professeur  de  physique  à  la  Faculté  de  Médecine. 
MICE,  i^,  recteur  de  l'Académie  de  Besançon. 
MILLARDET,  professeur  de  Botanique  à  la  Faculté  des  Sciences. 
MOMONT,  étudiant  à  la  Faculté  des  Sciences. 
MONDIET,  professeur  de  Mathématiques  au  Lycée. 
MORISOT,  professeur  de  Physique  au  Lycée. 
PÉREZ,  professeur  de  Zoologie  à  la  Faculté  des  Sciences. 
PERRIN,  ingénieur  des  Ponts  et  Chaussées. 
PIÉCHAUD,  agrégé  à  la  Faculté  Médecine. 
RAGAIN,  licencié  es  sciences,  professeur  de  dessin  graphique. 
RAYET  (G.),  if^, professeur  d'Astronomie  physique  à  la  Faculté  des  Sciences, 

directeur  de  l'Observatoire  de  Bordeaux. 
ROCH,  chimiste. 

RODIER,  maître  de  Conférences  à  la  Faculté  des  Sciences. 
ROZIER,  professeur  de  Sciences. 
SCHUSTER,  préparateur  à  la  Station  agronomique. 
SELLERON,  ^,  ingénieur  des  constructions  navales. 
SOULE,  officier  supérieur  du  génie  en  retraite. 
SOUS,  docteur  en  médecine,  oculiste. 
•TANNERY  (P.),  ingénieur  des  Manufactures  de  l'État,  à  Paris 
THOUVENEL,  professeur  au  Lycée. 

TRENQUELÉON  (de  Batz  db),  professeur  de  Mathématiques  au  Lycée. 
VERGELY,  professeur  à  la  Faculté  de  Médecine. 
VIAULT,  professeur  à  la  Faculté  de  Médecine. 
VOLONTAT  (de),  ingénieur  des  Ponts  et  Chaussées. 

Membres  honoraires. 

MM.  BATTAGLINI  (G),  professeur  à  l'Université  de  Rome,  rédacteur  du  Giornate 
di  Mafematiche. 
BERT  (Paul),  membre  de  l'Institut,  professeur  à  la  Faculté  des  Sciences  de 

Paris. 
BONCOMPAGNI  (le  prince  D.  Balthazar),  h  Rome. 
DARB0UX(G.),^,  membre  de  l'Institut,  professeur  à  la  Faculté  des  Sciences 

de  Paris. 
DE  TILLY,  major  d'Artillerie,  rlireoleur  de  l'arsenal  d'Anvers. 


MM.  FORTI(Angelo),  ancien  professeur  de  Mathématiques  au  Lycée  Royal  de  Pise. 
FRENET,  ^,  professeur  honoraire  à  la  Faculté  des  Sciences  de  Lyon,  à 

Périgueux. 
KOWALSKI,  directeur  de  l'Observatoire  de  l'Université  impériale  de  Kazan 

(Russie). 
LINDER,  O.  ^,  inspecteur  général  des  Mines,  à  Paris. 
RUBINI  (R.),  professeur  à  l'Université  Royale  de  Naples. 
SVEYR  (Em.),  professeur  à  l'Université  Impériale  de  Vienne. 

Membres  correspondants. 

MM.  ANDREEFF,  professeur  à  l'Université  de  Kharkof. 

ARDISSONE,  professeur  de  Botanique  à  l'Ecole   Royale  d* Agriculture  de 

Milan. 
ARIÈS,  capitaine  du  Génie. 

BJERKNES,  professeur  à  l'Université  de  Christiania. 
BOURGET,  ^,  recteur  de  l'Académie  deClermont. 
CURTZE  (Max.),  professeur  au  Gymnase  de  Thorn. 
DILLNER  (G.),  professeur  à  l'Université  d'Upsal. 
ÉLIE,  professeur  au  collège  d'Abbeville. 

ERNST  (A.),  professeur  d'Histoire  naturelle  à  l'Universilé  de  Caracas. 
GARBIGLIETTI,  docteur  en  médecine,  à  Turin. 
GAUTHIER-VILLARS,  0.  *,  ancien  élève  de  l'École  Polytechnique,  libraire 

éditeur,  à  Paris. 
GOMES  TEIXEIRA  (F.),  professeur  à  l'Université  de  Coimbre. 
GRAINDORGE,  professeur  à  l'École  des  Mines,  à  Liège. 
GUNTHER  (Dr.  Sig.)  professeur  au  Gymnase  d'Ansbach. 
HAILLECOURT,  inspecteur  d'Académie  en  retraite,  à  Périgueux. 
HAYDEN,  géologue  du  Gouvernement  des  Etats-Unis. 
IMCHENETSKY,  membre  de  l'Académie  Impériale  de  Saint-Pétersbourg. 
LAISANT,  ^,  ancien  oflScier  du  Génie,  députa  de  la  Loire-Inférieure. 
MUELLER  (baron  Ferd.  von\  membre  de  la  Société  Royale  de  Londres. 

directeur  du  Jardin  Botanique  de  Melbourne  (Australie). 
PEAUCELLIER,  0.  *,  général  du  génie. 

PICART,  professeur  de  Botanique  eu  retraite,  îi  Marmande  (Lot-et-Garonne). 
PONSOT  (M""»),  propriétaire  aux  Annereaux,  près  Libourne. 
ROIG  Y  TORRES  (D.  Rafaël),  naturaliste  à  Barcelone,  directeur  de    la 

Crànicd  Cientifica. 
ROUMBGUERE,  naturaliste,  à  Toulouse,  rédacteur  de  la  Rente  Mycoîogique 
ROUX,  ^,  docteur  en  Médecine,  à  Paris. 
TRÉVISAN  DE  SAINT-LÉON  (comte  de),  à  Milan. 
WEYR  (Ed.),  professeur  à  l'Université  de  Prague. 


EXTRAITS 

DES 

PROGÊS-VERBADX  DES  SÉANCES  DE  LA  SOCIÉTÉ 


ANNÉE  1883-84. 


Présidence  de  »£.   O.  R^YKX. 

Séance  du  15  novembre  1883.  —  La  Société  procède  au  renou- 
veliement  de  son  Bareau.  Sont  élus  : 

Président M.  RAYET. 

Vice-Président M.  FOURNET. 

Secrétaire  général M.  ABRIÂ. 

Archiviste M.  HOUEL. 

Trésorier M.  FOUCEROUX. 

Sécrétâmes MM.  FORQUIGNON  et  CAGNIEUL. 

—  MM.  Lespiault,  Hautreux,  Mergbt  et  Bayssellance  sont 
élus  membres  du  Conseil  d'administration,  qui  se  trouve  ainsi 
composé  : 


MM.  KOWALSKI. 
GAYON. 
MIILARDET. 
DE  LAGRANDVAL. 
DE  LACOLONGE. 
DUPUY. 


MM.  AZAM. 
JOLYET. 
LESPIAULT. 
MERGET. 
HAUTREUX. 
BAYSSELLANCE. 


—  M.  le  Président  fait  part  à  la  Société  de  la  mort  d'un  de 
ses  membres^  M.  Rayez.  Il  annonce  que  deux  autres  membres, 
JdM.  MicÉ  et  FouRNET,  ont  été  récemment  l'objet  de  distinctions 
honorifiques.  M.  le  D'^  Micé  a  été  nommé  chevalier  de  la  Légion 
d'honneur  et  M.  Fournet  a  reçu  les  palmes  académiques. 

Séance  dn  29  novembre  1883.  —  M.  Garles  est  élu  membre 
titulaire. 

—  M.  Merget  décrit  un  procédé  pour  la  recherche  du  mercure 
dans  les  liquides  et  les  tissus  de  Téconomie.  Après  avoir  détruit 
la  matière  organique  par  le  chlore,  ou  plus  simplement  par  Tacide 
nitrique,  dans  la  liqueur  ainsi  obtenue,  et  qui  renferme  le  meta 
à  rétat  de  bichlorure  ou  d'azotate  acide,  on  introduit  l'extrémité, 

T.  l!  (8*  série).  a 


ir  EXTRAITS 

bien  décapée,  d'un  fil  de  cuivre  qui  réduit  le  mercure  en  s'amal- 
gamant.  On  laisse  séjourner  ce  fil  pendant  une  douzaine  d'heures 
au  minimum  dans  la  liqueur  dressai  ;  on  Ten  retire  alors,  et,  après 
l'avoir  simplement  essuyé,  on  l'introduit  dans  un  pli  formé  avec  du 
papier  sensible  à  l'azotate  d'argent  ammoniacal,  dont  on  le  sépare 
par  quelques  doubles  de  papier  de  soie.  La  portion  amalgamée 
donne  sur  chacun  des  feuillets  du  pli  une  empreinte,  due  à  l'action 
réductrice  des  vapeurs  mercurielles. 

Ce  procédé  permet  de  reconnaître  la  présence  de  1/80  de  milli- 
gramme de  mercure  dans  une  solution,  tandis  que  le  plus  sensible 
de  ceux  qui  ont  été  proposés  jusqu'à  présent  ne  dépasse  pas 
1/10  de  milligramme.  A  ces  limites  si  reculées,  il  permet  encore 
de  faire  de  l'analyse  quantitative,  par  l'emploi  des  liqueurs  titrées 
comparatives. 

M.  FoRQuiGNON  présente  un  travail  de  M.  le  D'  Quélet  sur  les 
qualités  utiles  et  nuisibles  des  champignons.  (Ce  travail  est  publié 
dans  le  t.  II,  3®  série,  des  Mémoires  de  la  Société,) 

M.  HoiîEL  offre  à  la  Société  un  exemplaire  de  la  nouvelle  édition 
de  son  ouvrage  intitulé  :  Essai  critique  sur  les  principes  fondamen- 
taux de  la  géométrie  élémentaire. 

M.  Lespiallt  rappelle  que  les  idées  exposées  dans  ce  travail 
ont  exercé  une  très  heureuse  influence  sur  l'enseignement  de  la 
géométrie. 

Séance  du  13  décembre  1883.  —  M.  le  Président  annonce  que 
le  Conseil  général  de  la  Gironde  vient  d'accorder  à  la  Société  une 
subvention  de  cinq  cents  francs. 

M.  Marty  adresse  à  la  Société  une  brochure  dont  il  est  l'au- 
teur. 

M.  LE  D'  Qlelet  est  nommé  membre  correspondant. 

M.  CosTANTiN  est  nommé  membre  titulaire. 

M.  Roux  remercie  M.  le  Président  et  la  Société  de  Thonnenr 
qu'ils  font  à  ses  collègues,  MM.  Straus  et  Nocard,  et  à  lui-même 
en  rappelant  à  exposer  devant  eux  les  recherches  de  la  mission 
française  sur  le  choléra  en  Egypte  pendant  l'épidémie  de  1883. 

Lorsqu'on  apprit  en  France  que  le  choléra  avait  éclaté  en  Egypte, 
le  Comité  consultatif  d'hygiène,  sur  la  proposition  de  M.  Pasteur, 
demanda  l'envoi  d'une  mission  qui  rechercherait  la  cause  de  la 
maladie.  Les  progrès  qui  ont  été  faits  dans  la  connaissance  des 
maladies  contagieuses  depuis  la  dernière  apparition  du  choléra  en 
Europe  permettaient  d'espérer  que  Ton  pourrait  aborder  avec  quel* 
ques  chances  de  succè    l'étude  de  Tétiologio  de  cotte  terrible 


DES  PROCÈS-VRRBAUX.  III 

maladie.  Le  gouvernement  décida  d'envoyer  en  Egypte  MM.  Straus, 
Thuillier,  Nocard  et  Ronx. 

La  tâche  de  la  mission  était  bien  précisée;  elle  devait  rechercher 
la  cause  du  choléra;  elle  n'avait  point  à  s'occuper  du  mode  d'im- 
portation de  la  maladie  en  Egypte.  Ce  point  devait  être  étudié 
par  M.  le  D'  Mahé,  dont  la  compétence  en  matière  d'épidémiologie 
est  bien  connue  du  monde  savant.  Pour  aborder,  avec  quelques 
chances  de  réussir,  les  recherches  qui  lui  étaient  confiées,  la  mis- 
sion française  devait  se  munir  d'appareils  nombreux  et  délicats; 
car  aujourd'hui  c'est  autant  par  des  expériences  an  laboratoire  que 
par  l'observation  au  lit  des  malades  que  l'on  fait  avancer  nos  con- 
naissances sur  les  affections  contagieuses.  La  libéralité  du  Parle- 
ment a  permis  à  la  mission  française  de  se  procurer  tous  les 
appareils  nécessaires. 

Lorsque  la  mission  débarqua  à  Alexandrie,  le  15  août,  le  choléra 
avait  complôtement  cessé  au  Caire;  il  sévissait  dans  quelques 
villages  de  la  Haute-Egypte  et  aussi  à  Alexandrie,  où  la  mortalité 
atteignait  son  chiffre  le  plus  élevé,  quarante-cinq  décès  en  vingt- 
quatre  heures.  L'obligeance  des  médecins  de  l'hôpital  Européen,  des 
D"  Ardoime-bey  et  Sierra,  permit  de  se  mettre  à  l'œuvre  aussitôt. 
La  nature  de  la  maladie,  pour  des  motifs  qui  tiennent  plus  à  la 
politique  qu'à  la  science,  était  discutée  par  quelques  médecins  égyp- 
tiens. Il  suffisait  de  voir  un  des  malades  de  Fhôpital  Européen  pour 
être  assuré  que  l'on  avait  affaire  au  choléra  asiatique  le  mieux 
caractérisé.  Aucun  doute  n'était  possible. 

Dans  l'état  actuel  de  la  science,  rechercher  la  cause  d'une  maladie 
contagieuse  c'est  rechercher  le  «  microbe  p  qui,  par  son  dévelop- 
pement dans  l'organisme,  produit  cette  maladie.  On  a  réussi  dans 
cette  étude  lorsqu'on  a  prouvé  que  chez  tous  les  ti\alades  il  existe 
un  microbe  spécial,  lorsqu'on  a  cultivé  ce  microbe  un  grand  nombre 
de  fois,  à  l'état  de  pureté,  dans  des  milieux  appropriés  et  en  dehors 
de  l'organisme.  L'inoculation  de  ces  cultures  doit  reproduire 
la  maladie.  Lorsqu'il  s'agit  d'une  maladie  humaine,  l'épreuve  de 
l'inoculation  n'est  pas  possible;  mais  on  arrivera  au  môme  degré 
de  certitude  si,  par  l'inoculation  du  microbe  de  culture  à  un  animal 
convenablement  choisi,  on  arrive  à  donner  à  cet  animal  une  maladie 
identique  à  celle  qu'il  éprouve  lorsqu'il  reçoit  des  produits  mor- 
bides pris  directement  sur  un  homme  malade.  Tel  est  le  cycle 
d*expériences  à  réaliser  pour  faire  la  preuve  en  cette  matière. 

Tout  ce  que  Ton  sait  du  choléra  semble  indiquer  que  c'est  dans 
le  tube  digestif  que  se  développe  d'abord  le  virus  cholérique.  C'est 
donc  par  Texamon  des  selles  et  de  l'intestin  des  cholériques  que 


lY  EXTRAITS 

Ton  doit  commencer  les  investigations.  Les  selles  riziformes  carac- 
téristiqaes  que  rendent  les  malades  atteints  de  choléra  sont  peu- 
plées d'un  grand  nombre  d'organismes  microscopiques  mobiles 
et  immobiles.  Les  uns  ont  la  forme  de  bâtonnets,  les  autres  sont 
des  micrococcus  plus  ou  moins  ténus,  isolés  ou  réunis  en  chapelets. 
Parmi  ces  espèces  variées,  il  n'en  est  aucune  qui  attire  plus  spé- 
cialement l'attention  de  l'observateur,  soit  par  ses  caractères  ou 
par  sa  prédominance  dans  les  selles  de  tous  les  cholériques.  Entre- 
prendre d'isoler  le  microbe  du  choléra  de  ceux  qui  pullulent  dans 
les  matières  diarrhéiques  lorsqu'on  n'a  aucune  indication  sur  ses 
propriétés,  serait  s'aventurer  dans  un  travail  très  long  et  plein  des 
plus  grandes  difficultés.  Il  est  préférable  de  rechercher  si  dans 
quelques  points  de  l'organisme  des  cholériques  on  ne  trouve  pas  un 
microbe  à  l'état  de  pureté. 

Quand  on  ouvre  la  cavité  abdominale  d'une  personne  qui  a  suc- 
combé au  choléra,  on  trouve  le  péritoine  sec  ou  recouvert  d'un 
enduit  poisseux;  l'intestin  est  rempli  par  un  liquide  très  alcalin 
qui  tient  en  suspension  des  grumeaux  riziformes  formés  par  la  chute 
des  cellules  épithéliales  de  la  muqueuse.  Cette  muqueuse  est  pâle 
et  comme  lavée  dans  les  cas  où  la  mort  est  survenue  très  rapide- 
ment. Lorsque  la  maladie  a  été  plus  prolongée,  on  trouve  quelque- 
fois de  la  congestion  et  de  la  psorentérie,  surtout  dans  la  dernière 
portion  do  l'iléon. 

Lorsqu'on  pratique  des  coupes  des  parois  intestinales  et  qu'on 
les  traite  par  des  solutions  de  matières  colorantes  appropriées, 
pour  rendre  plus  apparents,  en  les  colorant,  les  microbes  qu'elles 
pourraient  contenir,  on  voit  que  dans  beaucoup  de  cas  des  orga- 
nismes microscopiques  ont  envahi  les  couches  superficielles  de  la 
muqueuse.  Parfois  ils  ont  pénétré  dans  les  glandes  de  l'intestin 
jusqu'au  fond  des  culs-de-sac  et  obstruent  les  conduits  glandu- 
laires. Ils  ne  dépassent  jamais  la  couche  musculeuse.  Ces  microbes 
sont  le  plus  souvent  des  bacilles;  ils  diffèrent  les  uns  des  autres 
par  leur  longueur  et  leur  grosseur.  Un  de  ceux  que  l'on  rencontre 
le  plus  abondamment  est  un  bacille  assez  semblable  à  celui  de 
la  tuberculose.  C'est  sans  doute  ce  bacille  que  le  chef  de  la  mission 
allemande,  le  D'  Koch,  regarde  comme  l'organisme  du  choléra 
dans  le  rapport  qu'il  vient  de  publier  sur  cette  affection.  En  pré- 
sence de  la  variété  des  microbes  que  Ton  trouve  dans  les  parois 
intestinales,  on  ne  peut  attribuer  à  l'un  plutôt  qu'à  l'autre  un  rôle 
prépondérant  dans  la  production  de  la  maladie.  De  plus,  les  microbes 
sont  d'autant  plus  nombreux  dans  le  tissu  de  l'intestin  des  choléri- 
ques que  la  maladie  a  été  plus  prolongée  ou  que  l'autopsie  a  été 


DES  PROCES-VERBAUX.  V 

pratiquée  plus  longtemps  après  la  mort.  Dans  des  cas  de  choléra 
foudroyant,  où  Fantopsie  a  été  pratiquée  immédiatement  après  la 
mort,  les  mômes  méthodes  dMnvestigation  n'ont  montré  que  de 
très  rares  microbes  dans  les  parois  intestinales.  Il  a  même  été 
impossible  d'en  découvrir  aucun  dans  plusieurs  cas  de  choléra  très 
rapide.  Dans  les  ganglions  mésentériques,  la  rate,  le  foie,  les  reins, 
on  n'ftpa  trouver  aucun  oi^anisme  microscopique. 

Lorsqu'on  ouvre  le  corps  d'une  personne  qui  a  succombé  au 
choléra,  on  est  frappé  de  la  turgescence  des  veines  profondes 
et  de  la  coloration  noire  du  sang.  Le  sang  des  cholériques  a  tous 
les  caractères  du  sang  asphjxique  et  infectieux.  Souvent  la  coagu- 
lation ne  fe  fait  pas  et  les  globules  tombent  sur  le  fond  des  vases 
où  on  a  recueilli  le  sang,  en  laissant  au-dessus  d'eux  un  sérum  très 
clair.  D'autres  fois  la  coagulation  survient  lentement,  et  le  caillot, 
sans  consistance,  donne  au  sang  l'aspect  d'une  gelée.  Au  microscope, 
on  voit  que  les  globules  rouges  s'étalent  sous  le  couvre-objet  sans 
s'agglutiner,  comme  dans  le  sang  charbonneux.  Les  globules  blancs, 
augmentés  en  nombre,  forment  des  amas  granuleux.  Dans  les 
espaces  libres,  entre  les  globules,  on  voit,  à  un  fort  grossissement, 
de  très  petits  articles  transparents  paraissant  étranglés  dans  leur 
milieu  et  assez  semblables  à  ceux  du  ferment  lactique,  mais  tou- 
tefois beaucoup  plus  petits.  Ces  petits  articles  sont  parfois  très 
nombreux  dans  le  sang  des  cholériques,  surtout  dans  les  veines 
mésentérique  et  gastrique,  môme  lorsque  l'examen  est  fait  presque 
aussitôt  après  la  mort. 

Si  on  aspire  avec  pureté  dans  des  tubes  effilés  stérilisés  du 
sang  cholérique  et  qu'on  le  laisse  à  une  température  de  38^,  dans 
la  profondeur  du  tube,  là  où  l'air  ne  peut  pénétrer,  le  nombre  des 
petits  articles  semble  augmenter  considérablement.  Parfois  ils  sont 
réunis  par  deux  ou  trois  en  formant  de  petits  chapelets.  Il  semble 
qu'il  7  ait  culture  d'un  petit  organisme  microscopique.  An  bout  de 
quelques  jours,  on  voit  se  former  des  chapelets  de  grains  plus  gros 
et  irréguliers,  qui  paraissent  provenir  de  la  désintégration  des  glo- 
bules. Gomme  les  petits  articles  se  sont  rencontrés  dans  le  sang 
de  tous  les  cadavres  de  cholériques  qui  ont  été  examinés,  on  n'hési- 
terait pas  à  voir  en  eux  un  organisme  microscopique  spécial  au 
choléra  si  leur  culture  avait  pu  être  réalisée  en  dehors  de  l'orga* 
nisme.  Tous  les  efforts  que  l'on  a  faits  dans  cette  direction  ont 
échoué.  On  n'a  obtenu  aucune  culture,  soit  à  l'air,  soit  dans  le  vide, 
ni  dans  les  bouillons  ordinaires,  ni  dans  le  sang  de  lapin,  ni  dans 
le  sérum  de  sang  de  bœuf,  ni  môme  dans  le  sérum  de  sang  cholé- 
rique. En  outre,  les  petits  articles  se  colorent  mal  par  les  matières 


VI  EXTRAITS 

colorantes  d'aniline,  et  il  est  très  difficile  de  faire  des  préparations 
démonstratives.  On  n'a  donc  point  donné  la  preuve  rigoureuse 
qu'il  existe  un  organisme  microscopique  dans  le  sang  des  cholé- 
riques. 

Si  on  examine  la  réaction  du  sérum  limpide  qui  se  sépare  des 
globules  lorsqu'on  conserve  avec  pureté  du  sang  de  cholérique 
dans  des  tubes  de  verre,  on  voit  qu'elle  est  acide  dans  beaucoup 
de  cas  et  quelquefois  neutre.  Cette  réaction  légèrement  acide  du 
sang  et  du  liquide  péricardique  a  pu,  dans  deux  cas,  être  constatée 
aussitôt  après  la  mort.  Cette  altération  rend  compte  de  ce  fait  que 
le  sang  noir  foncé  des  cholériques  prend  mal  l'oxygène  et  ne  devient 
pas  rutilant  à  l'air.  Il  semble  que  les  lésions  du  sang,  bien  plus 
que  celles  de  l'intestin,  expliquent  le  symptôme  dominant  du  cho* 
léra:  l'asphyxie. 

Dans  l'étude  d'une  maladie  contagieuse  on  doit  surtout  s'efforcer 
de  trouver  une  espèce  animale  qui  prenne  cette  maladie;  et  l'on 
peut  dire  que  nous  n'avons  de  connaissances  certaines  que  sur 
celles  des  maladies  contagieuses  qui  ont  pu  être  communiquées 
aux  animaux.  On  a  tenté  vainement  de  donner  le  choléra  à  une 
espèce  animale.  On  a  fait  ingérer  à  des  lapins,  à  des  cobayes,  à 
des  chiens,  à  des  porcs,  à  des  poules,  à  des  souris,  à  des  rats, 
à  un  singe,  etc.,  de  grandes  quantités  de  selles  cholériques  fraîches 
ou  conservées  soit  à  l'air,  soit  dans  l'acide  carbonique,  sans  pro- 
voquer chez  eux  autre  chose  qu'un  malaise  passager.  Les  mômes 
animaux  ont  reçu,  sans  éprouver  aucune  indisposition,  de  grandes 
quantités  de  sang  de  cholérique  sous  la  peau  et  dans  les  veines. 
Pour  mettre  les  animaux  dans  un  état  de  réceptivité  plus  favorable, 
on  les  a  purgés  avant  de  leur  faire  ingérer  les  matières  contami- 
nantes; le  résultat  n'a  pas  été  meilleur;  aucun  d'eux  n'a  pris  le 
choléra.  Dans  toutes  ces  expériences,  une  seule  poule  succomba 
avec  de  la  diarrhée;  on  voyait  dans  son  sang  de  petits  articles 
analogues  à  ceux  que  Ton  voit  dans  le  sang  cholérique;  mais 
l'expérience  ne  put  être  reproduite,  et  des  poules  saines  mangèrent 
sans  inconvénient  l'intestin  de  celle  qui  était  morte. 

Cette  difficulté  de  contaminer  les  animaux  est  un  des  plus  grands 
obstacles  de  l'étude  du  choléra.  Il  faudra,  dans  les  recherches 
à  venir,  faire  tous  les  efforts  pour  trouver  un  mode  d'inoculation 
ou  des  conditions  de  virulence  telles  que  cette  transmission 
devienne  possible. 

On  voit  donc  que  les  recherches  de  la  mission  française  ne  don- 
nent pas  le  secret  du  choléra;  cependant,  elles  rendent  plus  faciles 
les  travaux  ultérieurs.  D'ailleurs,  on  se  montrera  indulgent  si  l'on 


DES  PROCES-VERBAUX.  VII 

pende  qu'arrivée  à  Alexandrie  le  15  août,  la  mission  ne  trouvait 
plus  de  cadavres  cholériques  dès  les  premiers  jours  de  septembre, 
c'est-à-dire  an  moment  où  elle  allait  soumettre  à  Texpérimentation 
les  idées  qu'avaient  fait  naître  les  études  des  premiers  jours. 

M.  Roux  termine  en  disant  que  l'accueil  qai  lui  est  fait  par 
la  Société  est  un  hommage  à  M.  Pasteur,  qui  a  eu  Fidée  d'envoyer 
une  mission  française  en  Egypte,  et  aussi  à  la  mémoire  de  Louis 
Thuillier,  qui  a  trouvé  la  mort  dans  ces  recherches. 

La  communication  de  M.  Roux  est  accueillie  par  des  applaudis- 
sements unanimes. 

—  M.  MicÉ  demande  si  le  petit  organisme  signalé  dans  le  sang 
a  été  également  trouvé  dans  les  matières  intestinales. 

—  M.  Roux  répond  qu'il  était  pour  ainsi  dire  impossible  de  le 
rechercher  au  milieu  de  tous  les  microbes  divers  qui  pullulent  dans 
rintestin. 

—  M.  MoRisoT  demande  si  le  sang  a  été  observé  dans  le  vide. 

—  M.  Roux  dit  que  le  petit  organisme  paraît  se  développer  à 
l'abri  de  l'air  un  peu  mieux  qu'à  l'air  libre.  Quand  on  observe  le 
gang  au  moment  môme  où  la  mort  vient  d'avoir  lieu,  on  lui  trouve 
d'ordinaire  une  réaction  manifestement  acide.  Quelquefois  cepen- 
dant cette  réaction  est  neutre,  mskis  Jamais  elle  n'est  alcaline. 

Snr  la  demande  de  M.  Dupetit,  M.  Roux  ajoute  que  la  réaction 
constatée  quelques  instants  avant  la  mort  était  alcaline.  L'acidité 
du  sang  des  cadavres  cholériques  est  peut-être  due  à  l'acide  lactique 
développé,  comme  on  sait,  sous  l'influence  des  contractions  muscu- 
laires intenses  qui  précèdent  la  mort. 

Sur  la  demande  de  M.  Jolyet,  M.  Roux  dit  que  l'organisme  du 
sang  a  été  trouvé  dans  tous  les  cas  sans  exception,  tandis  que  le 
microbe  de  M.  Koch  manquait  dans  quelques  cas  môme  foudroyants. 

—  M.  Gayon  demande  quelles  précautions  hygiéniques  ont  été 
prises  par  les  membres  de  la  mission  française  au  cours  de  leur 
travail. 

—  M.  Roux  répond  qu'aucune  précaution  spéciale  n'a  été  prise 
et  qu'il  était  d'ailleurs  à  peu  près  impossible  d'en  prendre  aucune. 

—  M.  le  Président  remercie  M.  Roux  de  son  intéressante  corn 
mnnication  et  propose  à  la  Société  de  lui  décerner,  séance  tenante 
le  titre  de  membre  correspondant. 

Cette  proposition  est  adoptée  à  l'unanimité. 

Séance  du  27  décembre  1883.  —  M.  Rayet  communique  à  la 
Société  quelques  remarques  sur  la  comète  de  1812,  comète  de  Pons, 
actuellement  visible  le  soir  dans  la  partie  nord-ouest  du  ciel. 


VIII  EXTRAITS 

La  révolation  actuelle  sera  de  72,37  ans,  durée  intermédiaire 
entre  celle  calculée  parEncke  et  celle  déterminée  parMM.  Schulhof 
et  Bossert. 

Il  résulte  des  observations  faites  dans  un  grand  nombre  d'obser- 
vatoires de  TEurope  et  aussi  à  Bordeaux  que  les  variations  d'éclat 
du  noyau  ont  été  tout  à  fait  irrégnlières  ;  il  y  a  eu  par  exemple  une 
augmentation  brusque  d'éclat  le  22  septembre. Le  21  septembre,  le 
nojau  était  de  11™®  grandeur,  le  22  de  8™«  ;  à  la  fin  de  septembre 
le  no3'au,  diminuant  toujours  d'éclat,  était  redevenu  de  11°^®  gran- 
deur. Il  y  a  donc  eu  à  la  date  du  22  septembre  une  sorte  de  combus- 
tion spontanée  de  la  masse  centrale  de  la  comète,  combustion  «qu'on 
ne  saurait  comparer  qu'à  celle  qui  produit  les  étoiles  temporaires. 

Un  autre  phénomène  singulier  offert  par  la  comète  est  le  chan- 
gement de  couleur  du  noyau;  ce  noyau,  d'un  blanc  bleuâtre  jusqu'au 
12  décembre,  est  [devenu  orangé  le  16,  blanchâtre  le  20  et  de  nou- 
veau orangé  le  24. 

Les  panaches  ont  commencé  à  se  former  le  22  décembre. 

Séance  du  10  janvier  1884.  —  MM.  Schustbr  et  Guilhaumon 
sont  nommés  membres  titulaires. 

—  M.  Haillecourt,  membre  titulaire,  est  nommé  sur  sa  demande 
membre  correspondant  de  la  Société. 

—  M.  Imchenetzki  adresse  à  la  Société  un  exemplaire  de  son 
mémoire  sur  la  Généralisation  des  fonctions  de  Jacques  BernouilU. 

—  M.  HoUbl  présente  en  môme  temps,  au  nom  de  M.  Andréieff, 
professeur  à  l'Université  de  Kharkof,  un  mémoire  sur  une  Relation 
entre  les  intégrales  définies  des  produits  de  fonctions.  Le  mémoire 
de  M.  Andréieff  est  publié  dans  le  t.  II,  3®  série,  des  Mémoires  de 
la  Société. 

—  M.  Andréieff  est  nommé  membre  correspondant. 

Séance  du  24  janvier  1884.  — M.  Raybt,  en  son  nom  et  au  nom 
de  M.  Salats,  fait  la  communication  suivante  au  sujet  de  la  déter- 
mination de  la  différence  de  longitude  entre  Paris  et  l'Observatoire 
de  Bordeaux  (Floirac). 

Les  observations  astronomiques  nécessaires  à  la  détermination  de 
la  différence  de  longitude  entre  Paris  et  TObservatoire  de  Bordeaux 
(Floirac)  ont  été  faites  en  octobre  et  novembre  i881.  La  station  de 
Paris  avait  été  placée  dans  le  pavillon  méridien  de  la  marine  à 
l'Observatoire  de  Montsouris;  la  station  de  Bordeaux  était  établie 
à26'"10,  dans  l'est  du  cercle  méridien  de  l'Observatoire  de  Bor- 
deaux, et  se  trouvait  pourvue  d'un  cercle  méridien  de  Rigaud, 


DES  PROCES-VEnBAUX.  IX 

très  obligeamment  prêté  par  M.  l'amiral  Monchez,  et  d'nn  chrono- 
graphe  de  Bréguet,  appartenant  au  Bureaa  des  longitudes. 

Les  observateurs  ont  été  :  M.  le  lieutenant  de  vaisseau  Salats, 
au  nom  de  l'Observatoire  de  Montsouris;  M.  G.  Bayet,  pour  l'Ob- 
servatoire de  Bordeaux. 

La  méthode  suivie  pour  les  observations  et  pour  la  discussion 
des  résultats  individuels  est,  dans  ses  principes  essentiels,  analogue 
à  celle  employée  par  M.  Lœwy  dans  son  mémoire  sur  les  longitudes 
de  Berlin  et  de  Bonn. 

L'équation  personnelle  relative  des  observateurs  a  été  déter- 
minée deux  fois,  au  commencement  et  à  la  fin  des  observations,  et 
les  observateurs  ont  été  intervertis.  Dans  chaque  soirée  les  pen- 
dules ont  été  comparées  deux  fois. 

Le  tableau  suivant  renferme  les  diverses  valeurs  de  la  longitude 
(non  corrigée  de  Téquation  personnelle)  obtenues  dans  les  diverses 
soirées. 

lr«  Série  :  M.  Rayet  à  Paris  ;  M.  SalaU  à  Bordeaux. 


Date 

Loogitode 

Xnsor  moyemiA 

Poids 

1881  Octobre   16 

11  26,316 

+  0,025 

1,6 

— 

—          17 

11  26,223 

4-  0,024 

1,7 

— 

—          18 

11  26.264 

+  0,025 

1,6 

— 

—          29 

11  26,296 

±  0,024 

1,7 

— 

—        30 

11  26,279 

+  0,028 

1,3 

Moyenne  pondérée.    . 

.    .     11  26,275 

2«°«  Série: 

M.  SalaU  à  Paris;  H. 

Rayet  à  Bordeaux. 

1881  Novembre  6 

m      s 
11  26,014 

■ 
-»-  0,040 

0,6 

— 

—       7 

11  25,973 

±  0,042 

0,5 

— 

—       8 

11  25,939 

±  0,029 

1,2 

— 

—        9 

11  25.975 

4-  0,029 

1.2 

— 

—      11 

11  26,033 

+  0,030 

M 

— 

—      22 

H  25,907 

+  0,029 

1,2 

— 

—      19 
pondérée.   .  . 

11  26,008 

+  0,025 

1.6 

Moyenne  i 

.    .    11  25,977 

Les  deux  séries  de  longitudes  présentent  une  différence  de  0",298 
dont  la  moitié  O^^i^d  devrait  être  égale  à  la  différence  d'équation 
personnelle  des  observateurs.  En  réalité  cette  équation  personnelle 
(Salats-Rayet)  a  varié  de  4-  0^,158  à  4-  0%098  entre  le  commence- 
ment d'octobre  et  la  fin  de  novembre. 

Les  valeurs  individuelles  de  la  longitude  doivent  donc  être  com- 
binées à  l'aide  de  deux  hypothèses  différentes. 

On  peut  d'abord  supposer  que  les  séries  d'observations  anté- 
rieures au  16  octobre  ont  définitivement  fixé  la  manière  d'observer 


EXTRAITS 


des  observateurs;  la  première  série  des  longitudes  doit  alors  être 
diminuée  de  08,149  (valeur  de  Téquation  personnelle  révélée  par  la 
longitude  elle-mdme)  et  la  seconde  augmentée  de  la  môme  quantité. 
Les  longitudes  individuelles  sont  alors. 


1881      Octobre 

16 

11  26,167 

—           — 

17 

U  26,074 

—           — 

18 

11  26,115 

—           — 

29 

11  26,145 

—           — 

30 

11  26,130 

—      Novembre  6 

U  26,163 

—           — 

7 

11  26,122 

—           — 

8 

11  26,088 

—           — 

9 

11  26,124 

—           — 

U 

11  26.182 

—           — 

12 

11  26,056 

—           — 

19 

11  26,157 

Moyenne  pondérée. 

11  26,126 

Erreur  moyenne  de  Is 

s            •            ■           • 

i  moyenne. 

+  0,008 

Ces  nombres  ne  montrent  pas  de  marche  sensible,  en  sorte  que 
l'hypothèse  de  la  constance  de  Toquation  personnelle  paraît  très 
probable. 

Si  Ton  suppose^  au  contraire,  que  Féquation  personnelle  a  varié 
proportionnellement  au  temps,  et  c'est  la  seule  hjpothèse^  mathé- 
matique susceptible  d'ôtre  traduite  en  chiffres  certains,  puisque 
Ton  ne  dispose  que  de  deux  déterminations  directes  de  cet  élément, 
il  faut  appliquer  aux  longitudes  individuelles  une  correction  pro- 
portionnelle à  la  date  de  la  longitude  considérée  et  variant  de 
0",J58  (4  octobre)  à  0%098  (30  novembre). 

Les  valeurs  individuelles  de  la  longitude  sont  alors  les  suivantes  : 

m    • 
1881      Octobre  16  11  26,170 

—  —        17  11  26,078 

—  —        18  11  26,120 

—  —        29  11  26,168 

—  —        30  11  26,147  (») 

—  Novembre  6  11  26,139 

—  —  7  il  26,097 

—  —  8  11  26,062 

—  —  9  il  26,097 

—  —  H  1)  26,153 

—  —  12  11  26,026 

—  —  19  U  26.120  («) 

Moyenne  pondérée 11  26,116 

Erreur  moyenne  de  la  moyenne.     .        ^  0,t08 

(S)  Moyenne  pondérée  de  la  première  série,  11'»26*,135. 
(*)  Moyenne  pondérée  de  la  seconde  série,  11<»26*,097. 


DES  PROCES-VERBAUX.  M 

L'erreor  probable  de  ce  second  mode  de  combinaison  est  iden- 
tique à  ceUe  du  précédent,  le  mode  de  correction  de  l'erreur 
systématique  d'équation  personnelle  n'intervenant  pas  dans  le 
calcul. 

Cette  seconde  valeur  de  la  longitude  diffère  de  la  première  de 
0^,010  seulement,  mais  elle  ne  nous  paraît  pas  devoir  être  adoptée. 

En  effet,  dans  cette  seconde  hypothèse  : 

!•  La  moyenne  des  longitudes  d'octobre  est  Jl™26*,t35,  et  la 
moyenne  de  celles  de  novembre,  11™26",097,  inférieure  de  (y,038 
à  la  précédente,  ce  qui  ne  devrait  pas  se  produire  dans  le  cas  où 
la  correction  de  l'équation  personnelle  aurait  été  faite  correcte- 
ment. 

2^  Les  longitudes  de  chaque  série  sont  concordantes  entre  elles, 
et  ne  montrent  pas  de  variation  systématique  analogue  à  celle  que 
donnerait  un  changement  progressif  dans  l'équation  personnelle. 

3^  Si  l'on  considère  les  diverses  déterminations  individuelles  de 
la  longitude  comme  des  mesures  indépendantes  et  de  même  poids, 
d'une  quantité  constante,  l'erreur  moyenne  de  la  valeur  de  la 
longitude  est,  dans  la  première  hypothèse,  de  ±  0',011,  et  dans 
la  seconde  hypothèse,  da  ±{y*,013;  l'accroissement  de  l'erreur 
moyenne  dans  la  seconde  hypothèse  semble  prouver  qu'elle  com- 
porte une  correction  inexacte  de  l'équation  personnelle  (*). 

4°  Enfin  tout  concourt  à  faire  penser  que  les  conditions  physio- 
logiques dans  lesquelles  se  fait  la  détermination  directe  de 
l'équation  personnelle  sont  assez  différentes  des  conditions  des 
observations  elléS-mémes  pour  pouvoir  conduire  à  une  valeur 
inexacte  de  l'équation  personnelle. 

Pour  ces  diverses  raisons,  nous  croyons  qu'il  faut  adopter  le 
mode  de  combinaison  qui  suppose  l'équation  personnelle  constante 
et  adopter  comme  différence  de  longitude  des  piliers  de  Montsouris 
et  de  Bordeaux. 

ll°'26»,126  + 0S008 

Le  pilier  de  Montsouris  est  de  0^,238  à  l'ouest  du  méridien  de 
Cassini;  le  cercle  méridien  de  l'Observatoire  de  Bordeaux  est  à 
0*,080  à  l'ouest  du  pilier  de  la  longitude. 

La  longitude  du  cercle  méridien  de  l'Observatoire  de  Bordeaux 
est  donc  de  : 

ll"'26«,444  +  0»,008 

à  l'ouest  du  méridien  de  l'Observatoire  de  Paris. 

(0  La  moyenne  arithmétique  des  long^itudes  individuelles  calculées  dans  la 
première  liypollièse  est  11™26»,t24  +  0%01i;  la  moyenne  des  lonjçitudcs  indivi- 
duelles calculées  dans  la  seconde  hypothèse  est  ll>"26sll4  +  0S013. 


XII  EXTRAITS 

—  M.  Hautreux  fait  une  communication  sur  les  sondages  du 
Talisman  dans  l'Atlantique  en  1883.  La  campagne  a  compris  l'étude 
des  fonds  depuis  Cadix  jusqu'au  Gap-Vert,  dans  la  mer  de  Sargas- 
ses, et  des  Açores  en  France. 

Les  sondes  ont  été  prises  avec  un  fil  d^acier  de  0*^001  de  dia- 
mètre ;  le  dragage,  avec  un  chalut  traîné  par  un  câble  en  acier 
de  0"*01  de  diamètre  et  pouvant  supporter  une  charge  de  4000  kilos. 

Avec  ces  appareils  il  a  été  donné  212  coups  de  sonde,  et  l'on  a  fait 
156  dragages;  le  fond  a  été  amené  par  le  chalut  à  5000  mètres 
de  profondeur  et  l'on  a  trouvé  par  3000  mètres  des  échantillons 
nombreux  de  poissons,  crustacés  et  mollusques. 

Ten^péraiure  de  la  mer,  —  Ces  observations  confirment  les  faits 
signalés  par  les  données  provenant  des  paquebots  des  Messageries; 
la  constatation  d'un  minimum  thermal  aux  environs  du  banc  d'Ar- 
guin,  inférieur  de  2^  à  2^,5  aux  températures  observées  dans  le 
môme  temps  plus  au  nord  aux  Iles  Canaries. 

Les  températures  jsous-marînes  de  la  région  montrent  l'isotherme 
de  8<>  à  800  mètres  de  profondeur,  tandis  que  plus  au  nord  dans  les 
Canaries,  et  plus  au  large  dans  la  mer  de  Sargasses  et  aux  Açores, 
cette  isotherme  est  à  1400  mètres  de  profondeur;  l'horizontalité 
des  couches  d'égale  température  est  détruite  et  cette  isotherme 
remonte  vers  la  surface  de  600  mètres.  La  densité  observée  aux 
diverses  profondeurs  suit  une  loi  contraire  à  celle  qui  existe  dans 
toutes  les  régions  alisées;  elle  est  beaucoup  plus  faible  à  la  surface 
que  dans  les  eaux  profondes;  elle  n'est  que  de  24^,8,  tandis  qu'en 
plein  alise  elle  devrait  être  de  27^,5.  * 

La  couleur  de  l'eau  est  changée;  elle  devient  vert  bouteille 
comme  le  sont  les  eaux  arctiques.  Ces  faits  tendent  à  démontrer 
l'hypothèse  de  la  circulation  sous-marine  des  eaux  arctiques  venant 
surgir  à  la  surface  dans  les  régions  océaniques  où  les  divergences 
des  vents  tendent  à  diviser  la  surface.  —  Les  températures  de  fond 
montrent  ainsi  l'Océan  divisé  en  deux  bassins  par  une  arôte  sous- 
marine  allant  de  l'Islande  aux  Açores  et  au  Tropique.  —  Chaque 
bassin  alimenté  dans  ses  fonds  par  des  eaux  de  température 
différente  et  provenant  de  la  région  Islando-Norwégienne  pour 
la  vallée  Européo-Africaine  et  de  la  région  Groënlandaise  pour  la 
vallée  Américaine.  Cette  campagne  confirme  les  éléments  fournis 
par  le  Challenger  et  par  la  Gazelle  sur  les  profondeurs  de  l'Atlan- 
tique. 

—  M.  Hautreux  communique  quelques  observations  sur  le  climat 
de  Kita  (Haut-Sénégal). 

Kita  est  dans  l'intérieur  de  l'Afrique,  à  peu  près  au  centre  de  l'arc 


DES  PROCÈS-VERDAUX.  XIII 

de  cercle  formé  par  les  côtés  d'Afrique  :  à  150  lieaes  de  Saint- 
Louis  et  à  200  lieues  de  la  côte  de  Oninëe,  par  13°  lat.  Nord.  Le 
baromètre  y  oscille  peu; ramené  au  niveau  de  la  mer,  il  varie  entre 
755  et  765  millimètres,  plus  bas  pendant  la  saison  sèche,  plus  élevé 
pendant  Thivernage,  lequel  dure  de  mai  à  novembre. 

La  température  moyenne  atteint  33^  dans  la  saison  sèche  et 
tombe  &  25''  pendant  l'hivernage. 

Dans  cette  saison  on  a  observé  98  jours  de  pluie  sur  180  et  la 
quantité  d'eau  recueillie  a  été  de  1274  millimètres.  Le  maximum 
des  pluies  a  lieu  en  août  et  septembre,  c'est  la  saison  la  plus 
malsaine. 

Les  vents  régnants  pendant  la  saison  sèche  sont  franchement  Est, 
ceux  de  l'hivernage  souflent  de  l'Ouest  ou  du  Sud-Ouest. 

Les  orages  sont  très  fréquents  en  hivernage  :  on  a  observé 
102  orages  dans  ces  six  mois  et  74  tornades  ;  le  sens  de  rotation  des 
tornades  est  celui  des  cyclones  de  l'Atlantique  nord,  mais  la  trans- 
lation se  fait  tantôt  du  Sud  vers  le  Nord  [c'est  le  cas  le  plus 
fréquent],  tantôt  du  Nord  vers  le  Sud.  Les  variations  de  direction 
à  la  surface  dépendent  de  la  situation  de  Kita,  soit  dans  l'est,  soit 
dans  l'ouest  du  trajet.  Les  orages  et  tornades  amènent  une  hausse 
du  baromètre  d'environ  5  millimètres  et  une  baisse  du  thermomètre 
d'environ  5**. 

Le  ciel  est  presque  constamment  couvert  en  juin,  juillet  et  août  ; 
on  a  observé  deux  fois  de  la  grôle. 

L'influence  de  la  mousson  de  Guinée  est  donc  excessivement 
marquée,  quoique  Kita  soit  à  150  lieues  de  la  côte  et  à  une  altitude 
de  250  mètres.  Ce  qui  est  très  remarquable,  c'est  la  quantité  de 
phénomènes  électriques  concordant  avec  les  vents  océaniens  et  les 
tourbillons  s'accusant  par  de  la  hausse  barométrique. 

Séance  du  7  février  1884.  —  M.  Momont  est  nommé  membre 
titulaire. 

—  MM.  Gaton,  Hactreux  et  Lespuult  sont  nommés  membres 
de  la  Commission  des  finances. 

— MM.  Abriâ,  de  Lacolonge  et  Coupérie  sont  nommés  membres 
de  la  Commission  des  archives. 

—  M.  Bouchard  fait  une  communication  sur  le  larvnx  des  mammi- 
fères  aquatiques.  Il  décrit  les  particularités  que  présentent,  chez 
certains  de  ces  animaux,  l'épiglotte  et  les  cartilages  aryténoïdes. 

—  M.  Ratbt  fait  une  communication  sur  les  changements  de 
forme  de  la  comète  de  Pons,  1812,  au  voisinage  de  son  passage  au 
périhélie. 


XIV  EXTRAITS 

La  comète  de  Pons  a,  comme  toutes  les  comètes,  présenté,  en 
approchant  de  son  périhélie,  des  changements  de  forme  rapides, 
qui  sont  Tindice  des  modifications  profondes  que  le  voisinage  du 
soleil  produit  dans  la  distribution  de  la  matière  de  ces  astres. 
Quoique,  dans  le  cas  actuel,  ces  modifications  nient  été  moins 
intenses  que  celles  que  l'on  a  reconnues  dans  la  plupart  des  grandes 
comètes,  elles  m'ont  cependant  semblé  dignes  d'être  notées,  et 
je  vais  essayer  de  les  décrire  à  l'aide  des  observations  faites  à 
réquatorial  de  14  pouces  de  l'Observatoire  de  Bordeaux. 

Jusqu'au  26  octobre  1883,  la  masse  nébuleuse  centrale  de  la 
comète  a  conservé  une  forme  sensiblement  circulaire  avec  un  noyau 
central  assez  brillant,  inais  d'un  éclat  variable.  Ce  nojan  avait, 
à  la  fin  d'octobre,  l'éclat  d^une  étoile  de  dixième  à  onzième  gran- 
deur et  la  nébulosité  un  diamètre  d'environ  3'  à  4'  d'arc. 

La  première  trace  de  queue  a  été  notée  le  27  octobre. 

Jusqu'au  21  novembre  1883,  les  observations  physiques  ont  été 
contrariées  par  la  présence  de  la  lune;  mais  dans  cet  intervalle 
la  physionomie  de  l'astre  ne  paraît  pas  s'être  modifiée. 

Le  22  novembre  1883,  la  nébulosité  cométaire  est  ronde,  avec 
une  légère  trace  de  queue,  et  un  noyau  très  marqué  ayant  l'éclat 
d'une  huitième. 

Le  24  novembre,  le  noyau  brille  comme  une  huitième  grandeur, 
et  derrière  la  nébulosité,  dont  le  diamètre  est  d'environ  6',  il  y  a 
à  la  naissance  de  la  chevelure  un  étranglement  qui  donne  a  l'en- 
semble de  Tastre  une  ressemblance  marquée  avec  la  forme  des 
courbes  de  niveau  de  M.  Roche. 

Le  29  novembre  1883,  le  diamètre  de  la  nébulosité  est  d'envi- 
ron?', et  le  noyau  diffus,  un  peu  estompé,  paraît  avoir  une  ten- 
dance à  émettre  des  panaches  dans  la  direction  du  soleil. 

Le  16  décembre  1883,  le  diamètre  de  la  nébulosité  s'est  un  peu 
augmenté.  Le  noyau  brille  comme  une  belle  huitième  et  a  un  dia- 
mètre sensible;  sa  lumière,  blanche  jusqu'alors,  est  devenue  oran- 
gée et  tranche  sur  la  masse  bleuâtre  de  l'astre  ;  au  contact  immé- 
diat du  noyau  on  remarque  une  augmentation  d'éclat  brusque 
et  très  sensible. 

Le  20  décembre  1883,  le  noyau  brille  comme  une  septième  et  sa 
couleur  est  redovenue  blanche.  La  nébulosité,  dont  le  diamètre  est 
d'environ  8',  présente  une  condensation  de  lumière  très  marquée 
en  avant.  La  comète  est  visible  à  l'oeil  nu. 

Le  22  décembre  1883,  la  teinte  du  noyau  est  très  légèrement 
orangée  et  l'existence  des  panaches  est  certaine. 

Le  24  décembre  1883,  les  premiers  panaches  se  montrent  avec 


DES  PROCES-VERBAUX.  XV 

leur  forme;  la  coloration  jaunâtre  du  noyau  est  bien  visible  par 
contraste  avec  la  teinte  bleuâtre  de  la  chevelure. 

Le2  janvier  1884,  rëquatorial  de  14  pouces  montre  deux  panaches 
dissymétriques  très  marqués.  Celui  du  premier  bord  (bord  Ouest) 
naît  dans  une  direction  presque  perpendiculaire  à  Taxe  de  la  queue 
et  présente  une  courbure  très  marquée;  celui  du  second  bord,  plus 
faible,  est  presque  dans  la  direction  de  Taxe  de  la  queue. 

Le  11  janvier  1884,  un  éventail  de  lumière,  à  éclat  presque 
uniforme,  remplit  Tintervalle  des  deux  panaches,  ainsi  reliés  entre 
eux  d'une  manière  continue. 

Le  12  janvier,  un  éventail  de  lumière  très  net  se  montre  en 
avant  de  la  comète.  La  branche  de  Téventail  la  première  en  ascen- 
sion droite  se  recourbe  vers  la  chevelure  et  est  la  plus  lumineuse; 
le  deuxième  bord  de  Téventail  est  presque  dans  la  direction  de 
la  queue.  L'ouverture  totale  de  Téventail  est  d'environ  90''.  Le 
noyau,  orangé,  paraît  très  net  vers  la  chevelure  et  estompé  vers 
la  tête.  Le  diamètre  de  la  nébulosité  est  d'environ  9'. 

Le  13  janvier  1884,  la  forme  de  la  comète  a  complètement 
changé  et  est  devenue  très  singulière.  Autour  du  noyau,  d^un  éclat 
très  vif,  comparable  à  celui  d'une  cinquième,  il  existe  une  zone 
circulaire  continue  d'environ  30'  de  diamètre  et  d'une  lumière  très 
vive;  cette  zone  est  enveloppée  dans  une  seconde  zone  moins  lumi- 
neuse, comprise  elle-même  dans  l'ensemble  de  la  nébulosité.  La 
zone  lumineuse  centrale  est  traversée  par  deux  rayons  très  lumi- 
neux dirigés  vers  la  queue.  L'éclat  du  noyau  central  est  tel  qu'il 
paraît  s'élever  au-dessus  de  la  masse  cométaire  comme  certains 
pics  lunaires  font  saillie  au-dessus  des  plaines  du  centre  des  cra- 
tères. 

Cette  même  apparence  se  montre  dans  les  deux  équatoriaux 
de  8  et  14  pouces  ;  elle  paraît  donc  réelle. 

Le  16  janvier  1884,  la  comète  a  repris  l'apparence  connue  de 
ces  astres.  Un  éventail  de  lumière  d'une  ouverture  d'environ  100* 
se  montre  en  avant  et  la  majeure  partie  de  la  lumière  se  déverse 
vers  le  deuxième  bord  de  la  queue  (bord  Est),  qui  est  ainsi  sensi- 
blement plus  intense  que  l'autre.  Deux  sillons  de  lumière  se  mon- 
trent dans  cet  éventail.  Le  noyau  est  sensiblement  blanc  et  d'un 
éclat  très  vif. 

Le  17  janvier  1884,  le  noyau  de  la  comète  est  blanc,  extrême- 
ment lumineux,  visible  sur  le  champ,  très  brillamment  éclairé  de 
l'équatorial.  A  partir  du  noyau  et  dirigé  en  avant  existe  un  éventail 
de  lumière  intense  de  30'  de  diamètre  environ  et  d'une*"  ouverture 
de  2W  ;  Taxe  en  est  incline  de  45^  sur  la  direction  de  la  quene^ 


XVI  EXTRAITS 

De  la  partie  antérieure  de  Téventail  part  un  rayon  de  lumière  diffus 
dont  répanouissement  se  relie  avec  une  couclie  lumineuse  parabo- 
lique, distante  du  centre  d'environ  T  d*arc.  Les  bords  de  la  queue 
sont  plus  brillants  que  le  centre  et  donnent  ainsi  la  sensation  d'un 
cône  creux. 

Le  24  janvier  1884,  la  comète  n'a  pu  être  observée  que  dans 
la  brume,  et  la  nébulosité  centrale  ne  paraît  plus  caractérisée  que 
par  un  éventail  de  lumière  projeté  en  avant  et  à  peu  près  symé- 
trique. 

Toutes  ces  apparences  sont  assez  difficiles  à  décrire;  je  me  suis 
efforcé  de  les  reproduire  dans  des  dessins  qui  seront  conservés  à 
l'Observatoire. 

Quant  au  spectre  de  la  comète,  il  est  toujours  resté  composé  des 
trois  bandes  ordinaires  des  hydrogènes  carbonés  :  bande  jaune 
verdâtre,  bande  verte  et  bande  bleue.  La  bande  centrale  était 
extrêmement  lumineuse.  Le  noyau  donnait  un  spectre  continu 
très  faible. 

Le  ciel  s^est  du  reste  montré  défavorable  aux  études  sur  la 
comète  ;  plusieurs  des  observations  précédentes  ont  été  faites  dans 
des  éclaircies  de  peu  de  durée  ou  à  travers  des  brumes  légères. 

—  M.  Lespiault  aborde  aujourd'hui  une  nouvelle  série  de  con- 
sidérations météorologiques,  qu*il  se  réserve  de  développer  ulté- 
rieurement. 

Voici  les  faits  sur  lesquels  il  appelle  pour  le  moment  l'attention 
de  la  Société  : 

I.  Le  service  météorologique  de  Washington  publie,  depuis 
quelques  années,  dans  un  recueil  spécial  intitulé  :  Monthly  Weather 
Heview,  des  cartes  qui  montrent  la  marche  des  centres  de  dépres- 
sion sur  tout  rhémispbère  Nord.  Un  examen,  même  sommaire,  de 
ces  cartes  montre  : 

1^  Que  ces  centres  de  dépression  suivent,  sur  les  divers  points 
de  l'hémisphère,  des  arcs  de  trsgectoire  dirigés  constamment  de 
l'Ouest  à  l'Est,  avec  des  inclinaisons  variables  quelquefois  vers 
le  Sud,  plus  souvent  vers  le  Nord; 

2^  Qu'un  grand  nombre  de  bourrasques  passent  d'Amérique  en 
Europe,  en  conservant  évidemment  leur  individualité;  d'autres  se 
déforment  ou  se  subdivisent  pendant  le  trajet.  A  certaines  époques, 
elles  se  dirigent  du  Saint -Laurent  aux  rives  occidentales  de  TEu- 
rope;  à  d'autres  moments,  elles  traversent  l'Atlantique,  du  Sud- 
Ouest  au  Nord -Est,  en  marchant  de  la  Floride  ou  des  Caroline» 
vers  la  Norwège  et  l'Angleterre,  ou  mieux  vers  le  Portugal, 
l'Espagne  et  la  Méditerranée. 


DES  PROCÈS -VERBAUX.  XVII 

Les  grandes  tempêtes  da  2  septembre  1883  et  du  24  jan- 
vier 1884  ont  été  précédées,  à  dix  ou  douze  jours  de  distance,  de 
tornados  terribles  sur  le  Minnesota  et  sur  le  Canada.  Le  tornado 
du  16  janvier  1884  au  Canada  paraît,  d'autre  part,  dépendre  d'une 
série  de  bourrasques,  qui  ont  amené,  du  commencement  au  milieu 
de  février,  les  inondations  désastreuses  de  TOhio  et  du  Mississipi. 
L'examen  des  tempêtes  qui  ont  assailli  l'Europe  depuis  le  mois 
de  mai  1883  (époque  à  laquelle  s*arrôtent  les  publications  de 
M.  Lespiault)  semble  montrer  que  ces  tempêtes  correspondent  à 
des  mauvais  temps  antérieurs  aux  États-Unis. 

-^  M.  Garnault  fait  une  communication  sur  la  glande  à  concré- 
tions du  Cyclosioma  elegans. 

Le  Cyclostoma  elegans  présente  dans  la  région  dorsale  une  glande 
blanche  plus  ou  moins  volumineuse,  suivant  l'époque  et  les  indi- 
vidus, disposée  entre  les  circonvolutions  de  l'intestin.  Cette  glande 
est  composée  de  follicules  à  dimensions  variables,  dans  l'intervalle 
desquels  le  microscope  montre  de  nombreux  vaisseaux.  Les  folli- 
cules sont  revêtus  d'une  membrane  anhiste^  tapissée  de  cellules 
dans  l'intérieur  desquelles  se  développent  des  concrétions  blanches 
et  opaques  qui  donnent  à  la  glande  son  aspect  particulier;  elles 
sont  de  dimensions  très  variables;  traitées  par  les  acides  forts, 
elles  se  dissolvent  avec  effervescence;  les  alcalis  les  dissolvent  en 
laissant  un  squelette  fort  intéressant  à  étudier.  Le  squelette  des 
plus  grosses  concrétions  est  formé  de  couches  concentriques  plus 
ou  moins  nombreuses  qui  occupent  la  périphérie  et  renferment 
plusieurs  centres  de  formation,  entourés  eux-mêmes  d'un  certain 
nombre  de  couches  concentriques.  Les  concrétions  plus  jeunes 
traitées  par  les  mêmes  réactifs  ne  présentent  que  des  centres  de 
formation  plus  ou  moins  nombreux,  mais  qui  ne  sont  pas  encore 
entourés  d'une  enveloppe  commune.  Les  noyaux  des  cellules  tapis- 
sant la  paroi  se  sont  segmentés,  et  autour  de  chaque  noyau  des 
couches  concentriques  se  sont  formées.  Les  couches  qui  forment 
l'enveloppe  commune  à  toutes  ces  petites  concrétions  se  sont  dépo- 
sées dans  le  corps  de  la  cellule. 

A  cette  époque  de  l'année,  la  glande,  chez  la  plupart  des  animaux 
recueillis,  est  peu  développée  et  n'a  plus  son  aspect  éclatant;  ceci 
tient  à  ce  que  les  concrétions  sont  en  voie  de  résorption.  On  trouve 
en  effet  en  ce  moment,  dans  les  follicules,  de  grandes  vésicules 
claires  de  même  volume  que  les  concrétions  et  qui  crèvent  au 
contact  de  l'eau;  ces  vésicules  sont  formées,  à  l'état  de  régression 
le  plus  avancé,  de  deux  sphères  emboîtées  l'une  dans  l'autre  :  la 
sphère  extérieure  correspond  au  système  de  stries  unissantes;  elle 
T.  U  (3«  série).  h 


XVIII  EXTRAITS 

est  parfaitement  hyaline  ;  la  sphère  intérieure  contient  de  petits 
amas  granuleux,  débris  des  centres'  de  formation.  D'ailleurs,  j'ai 
pu  suivre  toutes  les  phases  de  la  régression.  La  cavité  du  follicule 
est  remplie  en  tout  temps  de  microbes  extrêmement  nombreux 
qui  occupent  tout  Tespace  qui  reste  entre  les  cellules  tapissant  la 
paroi  et  les  concrétions;  ce  sont  des  bactéries  immobiles  longues 
de  0°»°»,003, 

J'ai  recherché,  avec  Taide  de  M.  Dnpetit,  préparateur  à  la  sta- 
tion agronomique,  la  nature  des  substances  qui  composent  les 
concrétions  ;  nous  avons  trouvé  de  la  chaux,  de  Tacide  phosphorique  ; 
elles  dégagent,  par  l'action  des  acides  forts,  de  l'acide  carbonique. 
La  plus  grande  partie  de  la  concrétion  se  dissout  dans  l'eau  chaude 
et  on  recueille  à  froid  une  poudre  blanche  dont  nous  ignorons 
la  nature  ;  nous  savons  seulement  que  c'est  une  matière  organique 
contenant  de  l'azote. 

J^ai  voulu  seulement  décrire  la  glande,  le  développement  histolo- 
gique  et  la  régression  des  concrétions.  N'ayant  pas  la  compétence 
nécessaire  pour  étudier  cet  organe  au  point  de  vue  physiologique, 
je  me  borne  à  indiquer  la  résorption  des  concrétions,  ainsi  que 
la  présence  constante  d'une  quantité  énorme  de  microbes  dans 
l'intérieur  de  follicules  dont  je  n'ai  pu  voir,  malgré  de  longues 
recherches,  la  communication  avec  l'extérieur  ;  un  illustre  anato- 
miste,  Glaparède,  n'avait  pas  été  plus  heureux. 

Séance  du  21  février  1884.  —  M.  le  Président  prononce  le  dis- 
cours suivant  : 

«  Celles  de  vos  commissions  qui  ont  vérifié  la  comptabilité  de 
notre  Trésorier  et  Tétat  de  nos  archives  témoignent  que  pendant 
Tannée  1883  l'administration  de  la  Société  a  été  régulière  et  que 
notre  bibliothèque  a  continué  à  s'enrichir  de  nombreuses  publica* 
tions  étrangères,  toutes  obtenues  par  voie  d'échange. 

»  Il  ne  reste  donc  à  votre  Président  qu'un  devoir  à  accomplir, 
celui  de  constater  l'état  de  nos  publications  et  celui  de  résumer 
très  brièvement  la  situation  de  nos  finances. 

»  Il  y  a  quelques  jours,  vous  avez  reçu  le  troisième  et  dernier 

fascicule  du  tome  V  de  la  2®  série  de  nos  mémoires;  ce  fascicule 

contient  nos  procès-verbaux  de  1882«1883,  et  des  mémoires  de 

MM.  Vachtchenko-Zakhartchenko,  Dillner,  P.  Tannery,  général 

P^aucellier,  Bonnel,  Jolyet,  Lespiault  et  Claverie. 

»  Le  premier  fascicule  du  tome  I  de  la  3®  série  de  nos  mémoires 
doit  contenir  la  traduction  de  la  Vied^Abel^^vM.  Houel  (onze  feuilles 
sont  déji  tirées),  et  un  mémoire  de  M.  Quélet  sur  les  champignons 


/ 


UH:S  PROCÊS-VEIlfrAUX.  MX 

(la  Sud-Ouest  (deux  feuilles  sont  déjà  composées);  il  sera  publié 
datïs  quelques  mois. 

»  Nos  recettes  de  1883  ont  été  de  3,000  fr.  20;  les  dépenses  se 
sont  élevées  à  3,538  fr.  90.  L'équilibre  n'a  pu  être  établi  que  par 
un  prélèvement  sur  nos  fonds  de  réserve. 

»  Pour  Tannée  1884,  la  Commission  des  finances  prévoit  une 
recette  de  2,900  fr.;  en  présence  des  mémoires  qui  'nous  soni 
annoncés  ou  qui  sont  déjà  à  l'impression,  votre  Bureau  vous  pro- 
pose de  fixer  comme  suit  le  budget  des  dépenses  de  1884  : 

Eotrelien  de  la  bibliothèque 500  fr. 

Convocations 300 

Frais  de  recouvrement 10  J 

Frais  de  correspondance 100 

1  mpression  des  mémoires , . . .  2,500 

3,500 

»  Le  budget  que  nous  vous  présentons  se  solde  donc  par  un 
déficit  de  600  fr.;  nous  espérons  que  l'équilibre  pourra  être  établi 
par  une  subvention  spéciale  du  ministère  de  l'instruction  publique; 
mais  il  est  rigoureusement  indispensable,  pour  que  la  Société  ne 
tsoit  pas  obligée  de  ralentir  Tactivité  de  ses  publications,  que  nous 
ne  soyons  abandonnés  d'aucun  de  lios  protecteurs.  La  continuation 
de  notre  activité  est  à  ce  prix.  > 

—  M.Dâ  Lacolong^  donne  lecture  d'un  mémoire  sur  la  Théorie 
.diê  parallélogramme  de  Watt, 

Il  rappelle  que,  le  5  juillet  dernier,  il  avait  indiqué  le  résultat 

de  ses  premières  recherches  sur  ce  sujet.  En  les  continuant,  il  s'est 

aperçu  que  le  hasard  l'avait  fait   tomber  sur  un  cas  particulier 

;plus  facile  à  traiter  que  le  cas  général.  Les  conclusions  posées 

.à  cette  époque  ne  s^appliquent  qu*au  premier. 

L'équation  qu'il  avait  donniée  alors  et  qui  a  été  reproduite 
-tome  V,  3®  cahier,  est  : 


P 


'^==.r{f  +  I/r*  —  À*) ûïfiiù  ± r cos wy  r* - (r^ — J/r^  —  ]fi)^ùïi^ 


(i). 


Celle  relative  au  cas  général  a  la  même  forme.  Mais  la  longueur 
de  la  bridé  reste  arbitraire  dans  certaines  limites,  tandis  que  daos 
.le  cas  particulier  traité  en  1883  elle  était  fonction  des  données 
de  la  question. 

—  M .  Gayon  donne  le  tableau  comparatif  des  températures  obser- 
.vées  dans  un  mètre  cube  de  fumier  placé  soit  dans  une  caisse 
.ouverte,  soit  dans  une  caisse  fermée.  Dans  le  premier  cas,  là  tem- 
pérature mente  jusqu'à  72  et  môme  74";  dans  lo  second  cas,  après 


! 

■ 

i 


XX  KXTK.VITS 

s'ôtre  élevée  de  quelques  degrés,  elle  s'abaisse  rapidement  et  reprend 
sa  valeur  primitive.  , 

Quel  que  soit  le  mode  de  fermentation  du  fumier,  on  constate 
toujours  la  présence  d'organismes  variés,  aérobies  au  contact 
de  Tair,  anaérobies  dans  les  parties  soustraites  à  son  action. 

M.  Gayon  montre  ensuite  un  flacon  contenant  des  tiges  et  racines 
de  monocotylédones,  à  moitié  rempli  d*eau  et  ensemencé  avec 
de  la  houille.  Ce  flacon  dégage  d*une  manière  continue  un  mélange 
d'acide  carbonique  et  de  formène,  pendant  que  les  matières  végé- 
tales baignées  par  Teau  se  carbonisent  et  prennent  Taspcct  de 
la  tourbe. 

—  M.  Abria  met  sous  les  jeux  de  la  Société  la  feuille  du  baro- 
mètre enregistreur  Rédier,  qui  se  rapporte  à  Toscillation  produite 
par  Texplosion  du  volcan  le  Krakatoa  le  27  août  dernier.  Le  phé- 
nomène est  arrivé  à  Bordeaux  à  la  môme  heure  sensiblement  qu'a 

,  Toulouse  ;  seulement,  l'oscillation  du  28  août,  trois  heures  du  matin, 
est  beaucoup  plus  marquée  que  celle  du  27,  une  heure. 

A  cette  occasion,  M.  Abria  met  aussi  sous  les  yeux  de  la  Société 
la  feuille  du  20  août  1877,  sept  heures  soir.  L'oscillation  du  baro- 
mètre fut  extrêmement  marquée.  On  se  rappelle  qu'an  ouragan 
terrible  arriva  à  la  même  heure. 

« 

Séance  du  6  mars..  —  Sur  la  proposition  de  M.  HoiiEL,  la  Société 
adresse  un  télégramme  à  M.  Darbqux,  membre  correspondant, 
pour  le  féliciter  de  son  élection  récente  à  l'Académie  des  Sciences. 

—  M.  Gayon  annonce  qu'il  a  constaté  la  présence  de  microbes 
dans  le  tabac  à  priser,.dans  toutes  les  phases  de  sa  fabrication,  aus^i 
bien  dans  la  fermentation  en  masses  que  dans  la  fermentation  en 
cases.  Leur  véritable  nature  et  leurs  fonctionsrestent  à  déterminer. 

—  M.  Lespiault  met  sous  les  yeux  de  ses  collègues  un  grand 
nombre  de  cartes  de  diverses  natures,  publiées  par  le  service  météo- 
rologique  des  Etats-Unis.  L'examen  détaillé  de  ces  cartes  apportera 
probablement  quelques  modiôcations  aux  idées  les  plus  générale- 
ment admises  aujourd'hui  sur  la  circulation  atmosphérique  de 
l'hémisphère  Nord.  Mais  une  inspection,  même  sommaire,  suffit 
pour  démontrer  que  toutes  les  grandes  tempêtes  qui  éclatent  en 
Europe  proviennent  de  dépressions,  généralement  assez  profondes, 
qui  ont  précédemment  traversé,  sur  une  plus  ou  moins  grande 
étendue,  le  continent  américain.  Il  y  a  donc  un  rapport  nécessaire 
d'énergie  entre  les  tempêtes  d'Amérique  et  celles  d'Europe.  M. 
Lespiault  se  propose  de  développer  plus  tnrd  cette  partie  de  sa 
communication. 


DES  PIIOCES-YERDAUX.  XXI 

Il  revient  aujourd'hui  spécialement  sur  les  particularités  très 
curieuses  qu'a  présentées  la  tempête  du  26  janvier  1884  dont  il  a 
déjà  entretenu  la  société,  il  y  a  un  mois. 

Cette  tempête,  qui  ne  s'est  manifestée  à  Bordeaux  que  par  un 
vent  d'une  extrême  violence,  est  due,  d'après  Tcnsemble  des 
documents  recueillis  et  publiés  par  le  Génie  civile  au  cyclone  le 
plus  important,  le  plus  étendu  dont  on  ait  jamais  enregistré  les 
effets. 

Le  vent,  qui  a  été  assez  violent  à  Paris  pour  renverser  nombre 
de  cheminées,  de  murs,  de  réverbères,  etc.,  a  dépassé  toutes  les 
vitesses  précédemment  cataloguées.  Pendant  plus  d'uoe  heure,  l'en- 
registreur Bourdon,  de  l'Observatoire,  est  resté  à  bout  de  course/ 
indiquant  une  vitesse  d'au  moins  40  mètres  par  seconde,  vitesse 
qu'Arago  croyait  bien  voisine  de  la  limite  maximum,  bien  qu'elle 
soit  très  inférieure  à  colle  qu'on  observe  dans  les  tornades  améri- 
cains. La  force  du  vent  paraît  avoir  été  bien  supérieure  encore  en 
Ecosse,  car  on  y  a  enregistré,  à  l'aide,  il  est  vrai,  d'appareils  assez 
peu  précis,  la  pression  de  31*7  kilog.  par  mètre  oarré,  tandis  que  la 
plus  forte  pression  admise  par  Fresnel  n'est  que  de  275  kilog. 

Mais  ce  qui  donne  à  cette  tempête  un  caractère  tout  à  fait  nou- 
veau et  inattendu,  c'est  la  baisse  absolument  extraordinaire  du 
baromètre. 

Voici  les  chiffres  des  pressions  minima,  ramenées  au  niveau  de  la 
m^,  qui  ont  été  observées  on* Ecosse.  Ces  chiffres  sont,  pour  la 
plupart,  empruntés  au  Génie  civil  {n^  du  9  février  1884).  L'un  d'eux 
(celui  d'Aberdeen)  a  été  pris  dans  le  Bulletin  international  (revue 
de  janvier). 

A  Craigardy  le  mercure  baisse  de  40™™6,  entre  dO  heures  du 
matin  et  7  heures  30  du  aôir,  atteignant  à  ce  moment  701  millimè- 
tres. (C'est  à  peu  près  la  différence  entre  la  plus  grande  et  la  plus 
petite  hauteur  barométrique  observées  à  Alais  par  M.  d'Hombres- 
Firmns,  dans  un  espace  de  trois  ans.) 

A  EdimburÇy  à  10  heures  du  soir,  on  constatait  697™'"7. 

A  Glasgow^  à  9  heures  du  soir,  le  professeur  Grant  constatait 
une  hautè<^r  de  696"^"^7.  La  chute  de  pression,  dans  les  quinze 
heures  qui  précédaient,  était  de  39"^™2. 

A  Aberdten,  à  minuit,  le  baromètre  marquait  696™°^. 

A  Compar-Angus,  on  observait  680™"?7. 

A  Pénicuicky  enfin,  le  baromètre  s'abaissait  à  678"*°3,  près  de 
30  millimètres  au-dessous  de  la  plus  basse  pression  connue. 

—  M.  Lespiault  rappelle,  à  cette  occasion,  le  tableau  qu'il  a 
donné,  dans  sa  communication  du  10  mai  1883,  des  plus  basses 


XXII  EXinAlTS 

pressions  enregistrées,  depuis  vingt  ans,  dans  les  diverses  statipns 
météorologiques  de  l'Europe.  Voici  ce  tableau  : 

mm  mm  mm 

14janv.  1865  719  16janv.  !871    71î»,9  !•' mare  t880    718,3 

16    —  1866  710/2  18    —     1872    714,0  (TlmrsÔ).  •_,  f  714,8  (Ulcaborff). 

Bfévr.  1867  710,7  24    —     1872    718,3  (Scarboro).  ''*    ""     ''"*4  711,5  (Arkangel). 

1er  _  1^68  7-20,0  ^,  ,  (  713,S  (Tlmrsô).  4  713,9  (Dunioness) 

4110V.  1868  719,3  *'    ~"     '^''^^  717,1  (Scarboro).  27  nov.    1881}  711,9  (Mullaghm). 

12déc.  1868  721  9  mars  1876    714,2  V  708,9  (Slornoway). 

2fcvT.  1869  719  12  nov.  1877    719,8      '  21  févr.  1882    720,4  (Arkangel  ». . 

II  y  a  lieu  de  remarquer  ici  que  ces  chiffres  sont  exclusivement 
empruntés  au^  stations  météorologiques  qui  concourent  à  la  cons- 
truction des  cartes  du  Bulktin  internationaL  II  ne  serait  pas  impos- 
sible qu'on  eût  obtenu  ailleurs  des  pressions  plus  basses;  c'est  ainsi 
que  le  Génie  civil  donne  comme  le  chiffre  le  plus  bas  connu  jusqu'ici 
eelui  de  704'""^8  observé  dans  un  phare  situé  à  Fouest,  dans  les 
Hébrides,  à  Monach,  près  Worth-Wist;  on  voit  combien  ce  chiffre* 
a  été  dépassé,  le  26  janvier  dernier. 

Il  faut  ajouter  que  la  dépression  du  26  janvier  succédait,  à  vingt- 
quatre  heures  de  distance,  à  deux  autres  dépressions,  déjà  très  pro- 
fondes, qui  venaient  de  passer  sur  TÉcosse.  Il  paraît  s'être  produit 
ici,  mais  en  sens  contraire,  un  mouvement  atmosphérique  analogue 
au  mouvement  marin  qui  est  la  cause  probable  du  mascqiret. 

Dans  sa  communication  du  10  mai  1883,  qu'il  vient  de  rappeler, 
M.  Lespiault  faisait  observer  que  si,  par  suite  dés  déboisements 
américains,  les  dépressions  cjcloniques  prennent,  comme  il  le  croit, 
une  énergie  croissante,  il  doit  s'en  présenter,  de  temps  à  autre, 
quelques-unes  d'une  profondeur  exceptionnelle  ;  mais  il  était  loin 
de  s'attendre  à  des  chiffres  aussi  extraordinaires  que  ceux  qu'il  a 
cités  plus  haut. 

Paris,  protégé,  comme  on  sait,  par  les  Pyrénées,  le  massif  central 
et  les  Alpes,  n'a  enregistré  que  "737  millimètres.  A  Londres,  plus 
éloigné  des  grands  massifs,  le  baromètre  est  descendu  a  733. 
Entre  Paria  et  Pénicuick,  il  y  avait  60  millimètres  de  différence, 
pour  une'distancc  de  000  kil.;  ce  qui  constitue  nnçradient  inconnu 
jusqu'ici.  La  bourrasque  avait  donc  une  îovme  plus  cyclonigue^-qu^tkVi'' 
cune  de  celles  qui  l'ont  précédée.  M.  Lespiault  eti  conclut  que  les 
effets  du  déboisement  de  l'Amérique  du  Noté  se  font  sentir  plus 
rapidement  et  plus  énergiqnement  qu'il  ne  le  supposait  lui-môme. 

Séance  du  20  mars  1884.  —  M.  Selleron,  ingénieur  de  la 
marine,  est  nommé  membre  titulaire. 
—  M,  DuPETiT  confirme  les  conclusions  de  ses  premières  recher- 


DES  PROCÈS- VERBAUX.  XXIII 

ches  sar  les  poisons  des  champignons  et  expose  les  résultats  9e 
nouvelles  expériences  relatives  à  l'action  conoparée  des  sucs  de 
divers  champignons  sur  les  grenouilles.  Ces  animaux  meurent  rapi- 
dément  â  la  suite  d'une  injection  sons-cutanée  de  suc  d'Amanita 
ruleseens,  tandis  que  les  sucs  du  Boleius  edulis,  de  VAmanita  vagi- 
naia,  de  VAmanita  casarea,  etc.,  n'ont  qu'une  action  à  peu  prés 
nulle  dans  les  mômes  conditions.  L'activité  des  amanites  vénéneuses 
A.  phalloïdes j  A.  mappa,  A,  pantherina,  A.  muscaria,  etc.,  est  tout 
aussi  peu  marquée  que  celle  du  Boletus  edulis.  M.  Dupetit  fait 
remarquer  en  terminant  qu'il  y  a  de  grandes  analogies  entre  les 
ferments  solnhles  qu'il  a  extraits  des  champignons  et  le  principe 
toxique  des  venins  des  serpents. 

—  M.  Gagnieul  a  observé  la  division  du  noyau  cellulaire  dans 
un  certain  nombre  de  Characées  et  notamment  dans  le  Nitella 
intricala  et  le  iVT.  opaca;  il  est  arrivé  aux  résultats  suivants  : 

1^  Contrairement  à  ce  qu'a  dit  M.  Johow,  la  division  du  nojau 
cellulaire  dans  les  Characées  se  fait  suivant  la  marche  ordinaire  et 
non  par  simple  étranglement  toutes  les  fois  que  cette  division  est 
suivie  de  la  bipartition  de  la  cellule.  Dans  les  cellules-môres  des 
anthérozoïdes,  la  plaque  nucléaire  et  le  fuseau  achromatique  dont 
la  présence  chez  ces  plantes  est  niée  par  M.  Johow,  se  montrent 
avec  la  plus  grande  netteté. 

29  Dans  les  rhizoïdes  et  dans  les  grandes  cellules  des  entre-nœuds 
le  noyau  se  fragmente  un  certain  nombre  de  fois,  il  est  vrai,  par 
suite  d'un  simple  étranglement,  mais  ces  sortes  de  division  du  noyau 
ne  sont  jamais  suivies  d'une  division  correspondante  de  la  cellule. 

En  résumé  la  division  du  noyau  cellulaire  des  Characées  ne 
constitue  pas  un  cas  spécial,  ainsi  qu'on  l'admet,  mais  rentre  an 
contraire  dans  le  type  général  de  la  karyokinèse. 

Séance  du  3  avril  4884.  —  M.  Claverib  a  déterminé  les  diffé- 
rences de  potentiel  qui  existent  entre  deux  fils  de  cuivre  qui  plon- 
gent dans  deux  dissolutions  en  contact  inégalement  saturées  de 
sulfate  de  cuivre.  Tantôt  ces  dissolutions  étaient  superposées  dans 
un  même  vase  ou  elles  restaient  séparées  par  la  différence  des 
densités,  tantôt  elles  étaient  dans  deux  vases  voisins  et  commu- 
niquaient par  un  siphon.  —  Les  fils  de  cuivre  sortant  é'un  bain 
galvanique,  puis  lavés,  étaient  plongés  dans  les  dissolutions  et 
communiquaient  avec  les  bornes  de  l'électromètre  capillaire  de 
Lippmann.  Dans  chaque  dissolution  plongeaient  deux  fils  dont  l'un 
permettait  de  reconnaître  à  chaque  instant  l'absence  de  toute  pola- 
risation sur  l'autre,  polarisation  qui  se  produisait  fréquemment 


XXIV  EXTRAITS 

môme  dans  une  solution  cuivrique,  mais  disparaissait  bientôt  quand 
on  réunissait  les  deux  fils  d'une  même  dissolution.  Un  des  liquides 
avait  pour  densité  constante  1,002  et  ne  contenait  de  sulfate  cui- 
vrique que  ce  qu'il  fallait  pour  empêcher  une  polarisation  durable 
des  ôls,  Pautre  avait  une  densité  variant  de  1,002  à  1,100. 

Le  fil  qui  plonge  dans  la  dissolution  la  plus  étendue  est  toujours 
négatif  par  rapport  à  Tautre.  On  peut  représenter  les  résultats  obte- 
nus par  une  courbe  dont  les  abscisses  sont  les  différences  de  densité 
des  liquides,  et  les  ordonnées  les  différences  de  potentiels  exprimés 
en  Yoôô  ^®  volts.  Cette  courbe  a  la  forme  d'une  parabole  ayant 
pour  axe  principal  Taxe  des  densités;  mais  devient  bientôt  à  peu 
prés  rectiligne.  —  Si  on  fait  communiquer  les  fils  avec  les  bornes 
d*un  galvanomètre  sensible,  on  observe  un  courant  continu  qui  est 
accompagné  d'un  transport  de  cuivre  du  fil  de  la  dissolution  la  plus 
étendue  sur  Fautre;  le  dépôt  galvanique  qui  se  fait  sur  ce  dernier 
Qst  brillant  et  homogène.  Un  transport  analogue  a  lieu  si  Ton 
remplace  les  deux  solutions  cuivriques  par  des  solutions  de  chlorure 
de  zinc  dans  lesquelles  plongent  les  extrémités  d'un  fil  de  zinc;  le 
fil  de  zinc  de  la  dissolution  étendue  s'est  môme  coupé  en  moins  de 
huit  jours,  mais  sur  Tautre  fil  le  dépôt  était  pulvérulent.  L'énergie 
dépensée  par  le  courant  observé  ne  semble  pouvoir  être  produite 
que  par  la  diffusion  du  sel  dissous. 

— MM.  Gayon  et  Dupetit  présentent  un  appareil  destiné  à  rendre 
plus  facile  et  plus  précis  le  dosage  du  sulfure  de  carbone  dans  les 
sulfo-carbonates.  Lorsque,  selon  le  procédé  ordinaire,  on  reçoit  les 
vapeurs  de  sulfure  de  carbone  dans  du  pétrole  contenu  dans  une  sim- 
ple éprouvette  graduée,  on  peut  commettre  une  erreur  de  lecture 
assez  importante.  Le  nouvel  appareil,  destiné  à  remplacer  l'éprou- 
vette  graduée,  est  construit  de  façon  à  supprimer  cet  inconvénient; 
il  permet  de  plus  de  faire  écouler  au  dehors  l'eau  qui  se  condense 
en  môme  temps  que  le  sulfure  do  carbone  à  la  fin  de  l'opération. 

—  M.  FiouiGR  communique  à  la  Société  un  grand  nombre  de' 
synthèses  chimiques  qu'il  a  effectuées,  soit  par  la  pile  à  gaz,  soit  par 
des  décharges  électriques  plus  particulièrement  sous  forme  d'efiluve. 
Le  mémoire  de  M.  Figuier  est  inséré  dans  le  t.  II,  3<^  série,  des 
MémoireB  de  la  Sociité. 

,  —  M.  Raybt  communique  une  note  sur  la  position  géographique 
de  la  flèche  Ouest  de  Saint-André.  La  note  de  M.  Rayet  est 
publiée  dans  le  t.  II,  3^  série,  des  Mémoires  de  la  Société, 

Séance  du  1^^  mai  1884.  —  M.  Malinouski  est  nommé  membre 
titulaire. 


DES  PROCES-VERBAUX.  XXT 

—  M.  le  Président  annonce  qa^ane  subvention  de  trois  cents  francs 
a  été  accordée  à  la  Société  par  le  ministère  de  Tinstruction  publique. 

—  M.  Claverie  présente  un  appareil  de  construction  très  simple 
qui  permet  de  répéter  aisément  les  expériences  classiques  sur  la  loi 
de  Mariotte  dans  le  cas  des  pressions  supérieures  ou  inférieures 
à  la  pression  atmosphérique.  Le  même  appareil  se  prête  égale- 
ment très  bien,  sans  modification  aucune,  à  la  vérification  de  la  loi 
du  mélange  des  gaz  et  des  vapeurs. 

—  M.  FioriBR  fait  les  observations  suivantes  sur  la  pile  zinc- 
charbon. 

La  production  du  courant  secondaire  dans  le  voltamètre,  amorcé 
avec  de  Teau,  implique  la  décomposition  préalable  de  cette  eau. 

Becquerel  a  montré  que  l'électricité  statique  pouvait  remplacer 
à  cet  effet  Télectricité  dynamique.  Il  a  pu  apprécier,  à  l'aide  d'un 
galvanomètre  très  sensible,  un  courant  secondaire  provoqué  dans 
un  voltamètre,  après  avoir  touché  l'une  des  lames  avec  un  bâton 
de  gomme  laque,  électrisé  par  frottement. 

Becquerel  en  conclut  à  la  décomposition  de  l'eau  par  l'électricité 
statique,  môme  de  très  faible  tension. 

J'ajouterai  Texpérience  suivante  :  Deux  lames  de  platine  préa- 
lablement flamblces  et  ne  donnant  aucun  indice  de  courant,  après 
avoir  été  plongées  dans  de  l'eau  très  faiblement  acidulée  contenue 
dans  une  éprouvette,  ont  été  mises  séparément  en  relation  avec 
les  pôles  d*un  de  mes  couples  à  un  seul  liquide,  zinc  et  charbon 
platiné.  Ce  couple  est  incapable  de  décomposer  l'eau,  comme  l'in- 
dique du  reste  la  théorie.  Après  avoir  supprimé  le  couple,  les  deux 
lames  de  platine  se  trouvaient  fortement  polarisées;  Taiguille  d'un 
galvanomètre  introduit  dans  leur  circuit  était  violemment  déviée. 
L'effet  est  plus  énergique  lorsqu'on  remplace  les  lames  de  platine 
par  des  cylindres  pleins  ou  des  lames  de  graphite  imprégnées  de 
mousse  de  platine.  Il  faut  attendre  au  préalable  qu^à  la  suite  d'une 
immersion  prolongée  tout  courant  propre  à  l'imbibition  ait  disparu. 
La  charge  peut  atteindre  un  degré  plus  élevé;  elle  se  maintient 
fort  longtemps,  après  suppression  de  la  pile  inductrice,  si  le  circuit 
secondaire  reste  ouvert;  le  courant  qui  en  résulte  peut  avoir  une 
assez  grande  durée. 

Il  est  difficile  d'admettre  pour  ces  cas  particuliers  quUl  y  ait  eu 
accumulation  pure  et  simple  de  mouvement  électrique;  mais  on 
peut  imaginer  qu'une  décharge  d'électricité  statique  ou  raction 
inductive  d'une  pile  à  un  seul  liquide  soit  suffisante  pour  orienter 
la  file  de  molécules  liquides  interposées  entre  les  lames  du  volta- 
mètre. Les  atomes  d'hydrogène  et  d'oxygène  isolés  a  chaque  extré- 


XXVI  EXTKAITS 

mité  de  la  chaîne,  suivant  la  théorie  de  Grotthus,  se  trouveraient 
absorbés  consécutivement,  au  fur  et  à  mesure,  par  les  lames 
poreuses,  en  vertu  de  cette  force  puissante  qui  spécifie  Poccluiion- 
En  réalité,  Teau  serait  décomposée,  sans  que  le  phénomène  puisse 
se  traduire  au  dehors,  par  Taction  combinée  de  Télectricité  et 
de  Tattraction  capillaire.  La  décomposition  prendrait  fin  seule- 
ment dès  que  l'une  des  deux  lames  se' trouverait  saturée  du  gaz 
qu*elle  a  occlu. 

A  priori,  ce  n 'est  là  qu'une  hypothèse  ;  mais  on  peut  vérifier  si 
elle  est  fondée  en  exposant  dans  une  cloche  contenant  de  Toxjgène, 
suivant  le  procédé  employé  déjà  par  Mateucci  dans  ses  recherches 
sur  la  polarisation  des  électrodes,  la  lame  supposée  contenir  do 
l'hydrogène;  la  diminution  du  volume  gazeux  serait  Tindice  qu'elle 
en  contient. 

L'expérience  directe  a  justifié  ces  prévisions  : 

Deux  lames  de  platine  de  deux  centimètres  de  largeur  pour 
un  décimètre  de  longueur  environ  ont  été  mises  en  relation  avec 
les  pôles  d'un  couple  à  un  seul  liquide,  zinc  et  charbon,  excité  avec 
de  l'acide  sulfurique  étendu. 

Ces  lames  plongeaient  dans  de  l'eau  distillée,  à  peine  aiguisée 
par  de  l'acide  sulfurique  pur.  L'action  de  la  pile  ayant  été  main- 
tenue plus  d'une  heure,  la  lame  négative  a  été  retirée  du  vase 
et  introduite  brusquement  dans  une  cloche  graduée  contenant 
de  l'oxygène  et  disposée  sur  la  cuve  à  mercure.  Tout  à  côté  se 
trouvait,  comme  témoin,  une  deuxième  cloche  graduée  contenant 
la  même  quantité  de  gaz  et  qui  permettait  d'apprécier  les  modifi- 
cations possibles  du  volume  gazeux,  par  suite  de  causes  exté- 
rieures. 

Au  contact  de  la  lame  de  platine,  l'oxygène  a  perdu  deux 
dixièmes  de  centimètre  cube  de  son  volume,  mais  assez  lente- 
ment pour  écarter  la  cause  d'erreur  qui  aurait  pu  être  attribuée 
à  réchauffement  préalable  du  gaz  pendant  cette  rapide  manœuvre. 

L'expérience,  refaite  à  trois  reprises,  a  donné  très  sensiblement 
les  mômes  résultats.  On  peut  en  induire  qu'une  faible  quantité 
d'hydrogène  avait  été  occlue  par  les  lames  de  platine. 

Cette  démonstration  est  rendue  plus  précise  de  la  manière  sui- 
vante, qjui  permet  d'éviter  la  saturation  de  la  lame  négative,  en 
la  débarrassant,  au  fur  et  à  mesure,  de  l'hydrogène  qu'elle 
absorbe. 

Il  suffit,  à  cet  effet,  de  la  laisser  partiellement  en  contact  perma- 
nent avec  de  l'air  confiné,  dont  la  diminution  de  volume  donnera 
la  mesure  du  phénomène. 


DKS  PUOCES-VKRBAllX.  XXVU 

Un  couple  à  an  seul  liquide,  ziiic  et  charbon,  a  été  mis  en  rela- 
tion avec  une  auge  en  verre  contenant  de  Teau  distillée  additionnée 
de  quelques  gouttes  d*acide  sùlfurique  pur.  Les  réophores  se  termi- 
naient par  deux  lames  de  platine  platinisées  dont  Tune,  la  lame 
négative,  é<ait  renfermée  dans  une  cloché  graduée  contenant  de 
Tair  et  plongeant  en  partie  dans  le  liquide,  dont  les  niveaux  inté- 
rieur et  extérieur  coïncidaient.  La  lame  affleurant  le  bord  de  la 
cloche  se  trouvait  en  contact  à  la  fois  avec  le  liquide  et  avec  Fair 
confiné. 

La  lame  positive  pénétrait  dans  le  liquide  en  dehors  et  à  une 
faible  distancé  de  la  cloche  graduée. 

Enfin,  dans  une  auge  voisine,  remplie  aussi  d'eau  acidulée,  était 
disposée  delà  même  façon,  et  comme  témoin,  une  deuxième  cloche 
ne  contenant  que  de  Tair. 

Une  heure  après  la  fermeture  du  circuit,  Tascension  du  liquide 
dans  la  cloche  contenant  la  lame  de  platine  était  devenue  appré- 
ciable; le  troisième  jour,  le  volume  do  Tair  disparu  a  été  évalué 
à  1*^^7,  ce  qui  correspond  à  un.  volume  double  d'hydrogène.  Ce 
phénomène  n'est  pas  en  contradiction  avec  l'ensemble  des  effets 
connus,  dont  Texplication  découle  de  la  théorie  thermique  de 
la  pile.  Un  coupe  â  un  seul  liquide  est  impuissant,  il  est  vrai,  à 
décomposer  l'eau,  puisque  la  dissolution  d'un  équivalent. de  zinc 
dans  l'acide  sùlfurique  dilué  ne  produit  pas  la  quantité  de  chaleur 
nécessaire  pour  décomposer  un  équivalent  d^eau;  mais  on  comprend 
très  bien  que  l'occlusion  puisse  parfaire  la  différence.  Deux  forces 
de  même  direction  agissant  successivement  sur  le  môme  obstacle 
peuvent,  dans  certains  cas^  accomplir  intégralement  un  travail 
qu'elles  ne  pourraient  produire  isolément. 

Séance  du  15  mai  1884.  —  M.  Dupetit  présente  à  la  Société 
un  nouveau  régulateur  de  température,  dont  il  donne  la  description 
suivante  : 

Un  réservoir  fermé  contient  de  l'huile  de  pétrole  et  un  peu  de 
mercure  qui  le  remplissent  complètement.  Un  tube  droit  soudé  au 
réservoir  pénètre  jusqu'à  une  petite  distance  du  fond  et  plonge 
par  son  extrémité  inférieure  dans  le  mercure;  ce  dernier  liquide 
monte  même  jusqu'à  une  certaine  hauteur  dans  l'Intérieur  du  tube 
droit,  oti  sa  surface  libre  porte  un  flotteur.  Lorsqu'on  échauffe 
le  réservoir,  le  pétrole,  qui  eist  un  liquide  très  dilatable,  chasse 
dans  le  tube  droit  une  plus  grande  quantité  du  mercure  qui  est  au 
fond  du  vase  et  élève  par  conséquent  le  flotteur.  A  ce  flotteur  est 
flxée  une  petite  spirale  de  platine  formant  ressort,  surmontée  elle- 


XXII  EXTHAITS 

pressions  enregistrées,  depuis  vingt  ans,  dans  les  diverses  stations 
météorologiques  de  l'Europe.  Voici  ce  tableau  : 

■•«  «ni  mm 

Ujanv.  18Ô5  719  16janv.  !87l    •îlt»,9  1«  mars  1880    718,3 

16    —  1866  710/2  18    —     1872    714.0  (TliiirsO).  .„  •_,  f  714,8  (Ulcaborji). 

Bfévr.  1867  710,7  24    —     1872    718,3  (Scarboro).  "    ""     ^'^U  711,5  (ArkangeU. 

|tr  _  \S6S  7>0,0  ^,  ,  (  713,S  (Thursô).  i  7t3,9  (Dunionoss) 

4110V.  1868  719,3  *•    ""     '^'**M17,I  (Searboro).  27  nov.    1881}  711,9  (MuHaghm). 

12(!éc.  1868  721  0  mars  1876    714,2  V  708,9  (Slorooway). 

2fcvr.  1869  719  12  nov.   1877    719,8      '  21  févr.  1882    720,4  (ArkaDgol«.. 

II  y  a  lieu  de  remarquer  ici  que  ces  chiffres  sont  exclusivement 
empruntés  au^  stations  météorologiques  qui  concourent  à  la  cons- 
truction des  cartes  du  Bulktin  tnternationalAl  ne  serait  pas  impos- 
sible qu'on  eût  obtenu  ailleurs  des  pressions  plus  basses;  c'est  ainsi 
que  le  Génie  civil  donne  comme  le  chiffre  le  plusbas  connu  jusqu'ici 
celui  do  704"^"*8  observe  dans  un  phare  situé  à  Touest,  dans  les 
Hébrides,  à  Monach,  près  Worth-Wist;  on  voit  combien  ce  chiffre< 
a  été  dépasse,  le  26  janvier  dernier. 

Il  faut  ajouter  que  la  dépression  du  26  janvier  succédait,  à  vingt- 
quatre  heures  de  distance,  à  deux  autres  dépressions,  déjà  très  pro- 
fondes, qui  venaient  de  passer  sur  TÉcosse.  Il  paraît  s'être  produit 
ici,  mais  en  sens  contraire,  un  mouvement  atmosphérique  analogue 
au  mouvement  marin  qui  est  la  cause  probable  du  mascaret. 

Dans  sa  communication  du  10  mai  1383,  qu'il  vient  de  rappeler, 
M.  Lespiault  faisait  observer  que  si,  par  suite  dés  déboisements 
américains,  les  dépressions  cjcloniques  prennent,  comme  il  le  croit, 
une  énergie  croissante,  il  doit  s'en  présenter,  de  temps  à  autre, 
quelques-unes  d'une  profondeur  exceptionnelle  ;  mais  il  était  loin 
de  s'attendre  à  des  chiffres  aussi  extraordinaires  que  ceux  qu'il  a 
cités  plus  haut. 

Paris,  protégé,  comme  on  sait,  par  les  Pj^rénées,le  massif  central 
et  les  Alpes,  n'a  enregistré  que  737  millimètres.  A  Londres,  plus 
éloigné  des  grands  massifs,  le  baromètre  est  descendu  à  723. 
Entre  Paria  et  Pénicuick,  il  y  avait  60  millimètres  de  différence, 
pour  une'dîstanco  de  900  kil.;  ce  qui  coiistitue  un  gradient  inconnu 
jusqu'ici.  La  bourrasque  avait  donc  une  forme  plus  cyé^font'^iftf -qu'au* 
cune  de  celles  qui  l'ont  précédée.  M.  Lespiault  en'  conclut  que  les 
effets  du  déboisement  de  l'Amérique  du  Not*d  se  font  sentir  plus 
rapidement  et  plus  énergiqnement  qu'il  ne  le  supposait  lui-môme. 

Séance  du  20  mars  1884.  —  M.  Selleron,  ingénieur  de  la 
marine,  est  nommé  membre  titulaire. 
—  M.  DuPBTiT  confirme  les  conclusioms  de  ses  premières  rècher- 


DES  PROCÈS-VERBAUX.  XXIII 

ches  8ar  les  poisons  des  champignons  et  expose  les  résultats  de 
nouvelles  expériences  relatives  à  l'action  comparée  des  sucs  de 
divers  champignons  sur  les  grenouilles.  Ces  animaux  meurent  rapi- 
dement à  la  suite  d'une  injection  sous-cutanée  de  suc  d^Amanita 
ruiescens,  tandis  que  les  sucs  du  Bolelus  edulis,  de  VAmanita  vagi- 
nala,  de  VAmanita  casarea^  etc.,  n'ont  qu'une  action  à  peu  près 
nulle  dans  les  mdmes  conditions.  L'activité  des  amanites  vénéneuses 
A.  phalloïdes^  A.  mappa,  A.  pantherina,  A.  muscaria,  etc.,  est  tout 
aussi  peu  marquée  que  celle  du  Boletus  edulis.  M.  Dupetit  fait 
remarquer  en  terminant  qu'il  y  a  de  grandes  analogies  entre  les 
ferments  soinbles  qu'ail  a  extraits  des  champignons  et  le  principe 
toxique  des  venins  des  serpents. 

—  M.  Gagnieul  a  observé  la  division  du  nojau  cellulaire  dans 
un  certain  nombre  de  Charades  et  notamment  dans  le  Nitella 
inlrieata  et  le  N.  opaca;  il  est  arrivé  aux  résultats  suivants  : 

1^  Oontrairement  à  ce  qu'a  dit  M.  Johow,  la  division  du  nojau 
cellulaire  dans  les  Gharacées  se  fait  suivant  la  marche  ordinaire  et 
non  par  simple  étranglement  toutes  les  fois  que  cette  division  est 
suivie  de  la  bipartition  de  la  cellule.  Dans  les  cellules-môres  des 
anthérozoïdes,  la  plaque  nucléaire  et  le  fuseau  achromatique  dont 
la  présence  chez  ces  plantes  est  niée  par  M.  Johow,  se  montrent 
avec  la  plus  grande  netteté. 

29  Dans  les  rhizoïdes  et  dans  les  grandes  cellules  des  entre-nœuds 
le  noyau  se  fragmente  un  certain  nombre  de  fois,  il  est  vrai,  par 
suite  d'un  simple  étranglement,  mais  ces  sortes  de  division  du  noyau 
ne  sont  jamais  suivies  d'une  division  correspondante  de  la  cellule. 

En  résumé  la  division  du  noyau  cellulaire  des  Gharacées  ne 
constitue  pas  un  cas  spécial,  ainsi  qu^on  l'admet,  mais  rentre  au 
contraire  dans  le  type  général  de  la  karyokinèse. 

Séance  du  3  avril  4884.  —  M.  Glaverie  a  déterminé  les  diffé- 
rences  de  potentiel  qui  existent  entre  deux  fils  de  cuivre  qui  plon- 
gent dans  deux  dissolutions  en  contact  inégalenient  saturées  de 
sulfate  de  cuivre.  Tantôt  ces  dissolutions  étaient  superposées  dans 
un  même  vase  où  elles  restaient  séparées  par  la  différence  des 
densités,  tantôt  elles  étaient  dans  deux  vases  voisins  et  commu- 
niquaient par  un  siphon.  —  Les  fils  de  cuivre  sortant  A'un  bain 
galvanique,  puis  lavés,  étaient  plongés  dans  les  dissolutions  et 
communiquaient  avec  les  bornes  de  Télectromètre  capillaire  de 
Lippmann.  Dans  chaque  dissolution  plongeaient  deux  fils  dont  l'un 
permettait  de  re3onnaître  à  chaque  instant  l'absence  de  toute  pola- 
risation sur  l'autre,  polarisation  qui  se  produisait  fréquemment 


XXiV  EXTRAITS 

même  dans  une  solution  cuivrique,  mais  disparaissait  bientôt  quand 
on  réunissait  les  deux  fils  d'une  môme  dissolution.  Un  des  liquides 
avait  pour  densité  constante  1,002  et  ne  contenait  de  sulfate  cui- 
vrique que  ce  qu'il  fallait  pour  empêcher  une  polarisation  durable 
des  fils,  Pautre  avait  une  densité  variant  de  1,002  à  1,100. 

Le  fil  qui  plonge  dans  la  dissolution  la  plus  étendue  est  toujours 
négatif  par  rapport  à  Pautre.  On  peut  représenter  les  résultats  obte- 
nus par  une  courbe  dont  les  abscisses  sont  les  différences  de  densité 
des  liquides,  et  les  ordonnées  les  différences  de  potentiels  exprimés 
en  Yoôô  ^^  volts.  Cette  courbe  a  la  forme  d'une  parabole  ayant 
pour  axe  principal  Taxe  des  densités  ;  mais  devient  bientôt  à  peu 
prés  rectiligne.  —  Si  on  fait  communiquer  les  fils  avec  les  bornes 
d'un  galvanomètre  sensible,  on  observe  un  courant  continu  qui  est 
accompagné  d'un  transport  de  cuivre  du  fil  de  la  dissolution  la  plus 
étendue  sur  Fautre;  le  dépôt  galvanique  qui  se  fait  sur  ce  dernier 
Qst  brillant  et  homogène.  Un  transport  analogue  a  lieu  si  Ton 
remplace  les  deux  solutions  cuivriques  par  des  solutions  de  chlorure 
de  zinc  dans  lesquelles  plongent  les  extrémités  d'un  fil  de  zinc;  le 
fil  de  zinc  do  la  dissolution  étendue  s'est  môme  coupé  en  moins  de 
huit  jours,  mais  sur  Tautre  fil  le  dépôt  était  pulvérulent.  L'énergie 
dépensée  par  I0  courant  observé  ne  semble  pouvoir  être  produite 
que  par  la  diffusion  du  sel  dissous. 

— MM.  Gayon  et  DuPETiT  présentent  un  appareil  destiné  à  rendre 
plus  facile  et  plus  précis  le  dosage  du  sulfure  de  carbone  dans  les 
sulfo-carbonates.  Lorsque,  selon  le  procédé  ordinaire,  on  reçoit  les 
vapeurs  de  sulfure  de  carbone  dans  du  pétrole  contenu  dans  une  sim- 
ple éprouve tte  graduée,  on  peut  commettre  une  erreur  de  lecture 
assez  importante.  Le  nouvel  appareil,  destiné  à  remplacer  l'éprou- 
vette  graduée,  est  construit  de  façon  à  supprimer  cet  inconvénient; 
il  permet  de  plus  de  faire  écouler  au  dehors  l'eau  qui  se  condense 
en  même  temps  que  le  sulfure  de  carbone  à  la  fin  de  l'opération. 

—  M.  FiouiBR  communique  à  la  Société  un  grand  nombre  dé 
synthèses  chimiques  qu'il  a  effectuées,  soit  par  la  pile  à  gaz,  soit  par 
des  décharges  électriques  plus  particulièrement  sous  forme  d'efiluve. 
Le  mémoire  de  M.  Figuier  est  inséré  dans  le  t.  II,  3«  série,  des 
Mémoires  de  la  Société. 

.  —  M.  Ratbt  communique  une  note  sur  la  position  géographique 
de  la  fièche  Ouest  de  Saint-André.  La  note  de  M.  Rayet  est 
publiée  dans  le  t.  II,  3«  série,  des  Mémoires  de  la  Société, 

Séance  du  l^**  mai  1884.  —  M.  Malii^ouski  est  nommé  membre 
titulaire. 


DES  PROCES-VERBAUX.  XXT 

—  M.  le  Président  annonce  qa^une  subvention  de  trois  cents  francs 
a  été  accordée  à  la  Société  parle  ministère  de  l'instruction  publique. 

—  M.  Glaverie  présente  un  appareil  de  construction  trôs  simple 
qui  permet  de  répéter  aisément  les  expériences  classiques  sur  la  loi 
de  Mariotte  dans  le  cas  des  pressions  supérieures  ou  inférieures 
à  la  pression  atmosphérique.  Le  môme  appareil  se  prête  égale- 
ment très  bien,  sans  modification  aucune,  à  la  vérification  de  la  loi 
du  mélange  des  gaz  et  des  vapeurs. 

—  M.  Figuier  fait  les  observations  suivantes  sur  la  pile  zinc- 
charbon. 

La  production  du  courant  secondaire  dans  le  voltamètre,  amorcé 
avec  de  Teau,  implique  la  décomposition  préalable  de  cette  eau. 

Becquerel  a  montré  que  Télectricité  statique  pouvait  remplacer 
&  cet  effet  Télectricité  dynamique.  Il  a  pu  apprécier,  à  l'aide  d'un 
galvanomètre  très  sensible,  un  courant  secondaire  provoqué  dans 
un  voltamètre,  après  avoir  touché  Tune  des  lames  avec  un  bâton 
de  gomme  laque,  électrisé  par  frottement. 

Becquerel  en  conclut  à  la  décomposition  de  l'eau  par  l'électricité 
statique,  même  de  très  faible  tension. 

J'ajouterai  Texpérience  suivante  :  Deux  lames  de  platine  préa- 
lablement fiamblces  et  ne  donnant  aucun  indice  de  courant,  après 
avoir  été  plongées  dans  de  l'eau  très  faiblement  acidulée  contenue 
dans  une  éprouvette,  ont  été  mises  séparément  en  relation  avec 
les  pôles  d*un  de  mes  couples  à  un  seul  liquide,  zinc  et  charbon 
platiné.  Ce  couple  est  incapable  de  décomposer  l'eau,  comme  l'in- 
dique du  reste  la  théorie.  Après  avoir  supprimé  le  couple,  les  deux 
lames  de  platine  se  trouvaient  fortement  polarisées;  Taiguille  d'un 
galvanomètre  introduit  dans  leur  circuit  était  violemment  déviée. 
L'efi^et  est  plus  énei^ique  lorsqu'on  remplace  les  lames  de  platine 
par  des  cylindres  pleins  ou  des  lames  de  graphite  imprégnées  de 
mousse  de  platine.  Il  faut  attendre  au  préalable  qu'à  la  suite  d'une 
immersion  prolongée  tout  courant  propre  à  l'imbibition  ait  disparu. 
La  charge  peut  atteindre  un  degré  plus  élevé;  elle  se  maintient 
fort  longtemps,  après  suppression  de  la  pile  inductrice,  si  le  circuit 
secondaire  reste  ouvert;  le  courant  qui  en  résulte  peut  avoir  une 
assez  grande  durée. 

Il  est  difficile  d*admettre  pour  ces  cas  particuliers  quUl  y  ait  eu 
accumulation  pure  et  simple  de  mouvement  électrique;  mais  on 
peut  imaginer  qu'une  décharge  d'électricité  statique  ou  raction 
inductive  d'une  pile  à  un  seul  liquide  soit  suffisante  pour  orienter 
la  file  de  molécules  liquides  interposées  entre  les  lames  du  volta- 
mètre. Les  atomes  d'hydrogène  et  d'oxygène  isolés  à  chaque  extré- 


XXVI  EXTIIAITS 

mité  de  la  chaîne,  suivant  la  théorie  de  Grotthus,  se  trouveraient 
absorbés  consécutivement,  au  fur  et  à  mesure,  par  les  lames 
poreuses,  en  vertu  de  cette  force  puissante  qui  spécifie  Focclusion. 
En  réalité,  Teau  serait  décomposée,  sans  que  le  phénomène  puisse 
se  traduire  au  dehors,  par  Taction  combinée  de  Télectricité  et 
de  Tattraction  capillaire.  La  décomposition  prendrait  fin  seule- 
ment dès  que  Tune  des  deux  lames  se' trouverait  saturée  du  gaz 
qu'elle  a  occlu. 

A  priori,  ce  n^est  là  qu'une  hypothèse  ;  mais  on  peut  vérifier  si 
elle  est  fondée  en  exposant  dans  une  cloche  contenant  de  Tozygène, 
suivant  le  procédé  employé  déjà  par  Mateucci  dans  ses  recherches 
sur  la  polarisation  des  électrodes,  la  lame  supposée  contenir  do 
Thydrogène;  la  diminution  du  volume  gazeux  serait  Tindice  qu'elle 
en  contient. 

L'expérience  directe  a  justifié  ces  prévisions  : 

Deux  lames  de  platine  de  deux  centimètres  de  largeur  pour 
un  décimètre  de  longueur  environ  ont  été  mises  en  relation  avec 
lés  pôles  d'un  couple  à  un  seul  liquide,  zinc  et  charbon,  excité  avec 
de  l'acide  sulfurique  étendu.  . 

Ces  lames  plongeaient  dans  de  l'eau  distillée,  à  peine  aiguisée 
par  de  l'acide  sulfurique  pur.  L'action  de  la  pile  ayant  été  main- 
tenue plus  d'une  heure,  la  lame  négative  a  été  retirée  du  vase 
et  introduite  brusquement  dans  une  cloche  graduée  contenant 
de  l'oxygène  et  disposée  sur  la  cuve  à  mercure.  Tout  à  côté  se 
trouvait,  comme  témoin,  une  deuxième  cloche  graduée  contenant 
la  môme  quantité  de  gaz  et  qui  permettait  d'apprécier  les  modifi- 
cations possibles  du  volume  gazeux,  par  suite  de  causes  exté- 
rieures. 

Au  contact  de  la  lame  de  platine,  l'oxygène  a  perdu  deux 
dixièmes  de  centimètre  cube  de  son  volume,  mais  assez  lente- 
ment pour  écarter  la  cause  d'erreur  qui  aurait  pu  être  attribuée 
à  l'échaufi'ement  préalable  du  gaz  pendant  cette  rapide  manœuvre. 

L'expérience,  refaite  à  trois  reprises,  a  donné  très  sensiblement 
les  mêmes  résultats.  On  peut  en  induire  qu'une  faible  quantité 
d'hydrogène  avait  été  occlue  par  les  lames  de  platine. 

Cette  démonstration  est  rendue  plus  précise  de  la  manière  sui- 
vante, qui  permet  d'éviter  la  saturation  de  la  lame  négative,  en 
la  débarrassant,  au  fur  et  à  mesure,  de  l'hydrogène  qu'elle 
absorbe. 

Il  suffit,  à  cet  effet,  de  la  laisser  partiellement  en  contact  perma- 
nent avec  de  l'air  confiné,  dont  la  diminution  de  volume  donnera 
la  mesure  du  phénomène. 


OKS  PUOCES-VERBAUX.  XXVU 

Un  couple  à  an  seul  liquide,  zinc  et  charbon  j  a  été  mis  en  rela* 
tion  avec  une  auge  en  verre  contenant  de  Teau  distillée  additionnée 
de  quelques  gouttes  d'acide  sulfurique  pur.  Les  réophores  se  termi- 
naient par  deux  lames  de  platine  platinisées  dont  l'une,  la  lame 
négative,  était  renfermée  dans  une  cloché  graduée  contenant  de 
Tair  et  plongeant  en  partie  dans  le  liquide,  dont  les  niveaux  inté- 
rieur et  extérieur  coïncidaient.  La  lame  afSeurant  le  bord  de  la 
cloche  se  trouvait  en  contact  à  la  fois  avec  le  liquide  et  avec  Fair 
conûné. 

La  lame  positive  pénétrait  dans  le  liquide  en  dehors  et  à  une 
faible  distancé  de  la  cloche  graduée. 

Enfin,  dans  une  auge  voisine,  remplie  aussi  d'eau  acidulée,  était 
disposée  delà  même  façon,  et  comme  témoin,  une  deuxième  cloche 
ne  contenant  que  de  l'air. 

Une  heure  après  la  fermeture  du  circuit,  Tascension  du  liquide 
dans  la  cloche  contenant  la  lame  de  platine  était  devenue  appré- 
ciable; le  troisième  jour,  le  volume  de  l'air  disparu  a  été  évalué 
d  1^^7,  ce  qui  correspond  à  un.  volume  double  d'hydrogène.  Ce 
phénomène  n'est  pas  en  contradiction  avec  l'ensemble  des  effets 
connus,  dont  Texplication  découle  de  la  théorie  thermique  de 
la  pile.  Un  coupe  à  un  seul  liquide  est  impuissant,  il  est  vrai,  à 
décoRiposer  l'eau,  puisque  la  dissolution  d'un  équivalent  de  zinc 
dans  l'acide  sulfurique  dilué  ne  produit  pas  la  quantité  de  chaleur 
nécessaire  pour  décomposer  un  équivalent  d^eau;  mais  on  comprend 
très  bien  que  l'occlusion  puisse  parfaire  la  différence.  Deux  forces 
de  même  direction  agissant  successivement  sur  le  môme  obstacle 
peuvent,  dans  certains  cas,  accomplir  intégralement  un  travail 
qu'elles  ne  pourraient  produire  isolément. 

Séance  du  15  mai  1884.  —  M.  Dupetit  présente  à  la  Société 
un  nouveau  régulateur  de  température,  dont  il  donne  la  description 
suivante  : 

Un  réservoir  fermé  contient  de  l'huile  de  pétrole  et  un  peu  de 
mercure  qui  le  remplissent  complètement.  Un  tube  droit  soudé  au 
réservoir  pénètre  jusqu'à  une  petite  distance  du  fond  et  plonge 
par  son  extrémité  inférieure  dans  le  mercure  ;  ce  dernier  liquide 
monte  môme  jusqu'à  une  certaine  hauteur  dans  l'intérieur  du  tube 
droit,  oii  sa  surface  libre  porte  un  flotteur.  Lorsqu'on  échauffe 
le  réservoir,  le  pétrole,  qui  est  un  liquide  très  dilatable,  chasse 
dans  le  tube  droit  une  plus  grande  quantité  du  mercure  qui  est  au 
fond  du  Vase  et  élève  par  conséquent  le  flotteur.  A  ce  flotteur  est 
fixée  une  petite  spirale  de  platine  formant  ressort,  surmontée  elle- 


XXVIII  EXTRAITS 

même  d'an  disque  de  verre  usé  à  rémeri.  Au-dessus  de  ce  disque 
de  verre,  qui  monte  ou  descend,  suivant  que  la  température  s*él(We 
oii  s'abaisse,  se  trouve  le  tube  d'admission  du  gaz,  placé  dans  Taxe 
du  premier  tube,  de  telle  sorte  que  le  disque  de  verre  vient  s'appli- 
quer sur  l'orifice  d'entrée  du  gaz  si  la  température  atteint  un  degré 
trop  élevé.  On  peut  élever  ou  abaisser  le  tube  qui  donne  admission 
au  gaz  suivant  le  degré  que  l'on  veut  obtenir  constant.  Une  dispo- 
sition spéciale  empêche  l'obturateur  de  fermer  complètement  l'ori- 
fice de  ce  tube,  afin  qu'il  passe  toujours  une  certaine  quantité 
de  gaz  qui,  sortant  par  une  tubulure  latérale,  maintient  le  brûleur 
constamment  allumé.  Cet  appareil  est  susceptible  d'être  gradué  ; 
il  maintient  la  température  constante,  avec  des  variations  moindres 
que  un  quart  de  degré. 

Séance  du  29  mai  1884.  —  M.  le  Président  annonce  à  la  Société 
la  mort  de  M.  Vandercruyce. 

—  M.  Merget  expose  le  résultat  de  ses  recherches  sur  l'action 
toxique  des  vapeurs  mercurielles. 

Les  recherches  antérieures  avaient  porté  sur  des  cas  complexes 
où  il  y  avait  eu  simultanément  inhalation  de  mercure  en  vapeurs, 
introduction  de  ce  métal  en  gouttelettes  fines  dans  les  voies  respi- 
ratoires, ingestion  par  les  voies  digestives,  et  on  ne  s'était  pas 
préoccupé  de  séparer  les  effets  de  ces  causes  diverses  d'intoxi- 
cation. 

Pour  mettre  les  vapeurs  seules  en  jeu,  des  animaux  d'espèces 
variées  ont  été  confinés  dans  des  cages  largement  ouvertes  à  la  cir- 
culation de  l'air  et  dont  les  parois  étaient  tapissées  de  toiles  qu'on 
recouvrait  de  mercure  réduit,  en  les  immergeant  successivement 
dans  deux  solutions,  l'une  d'azotate,  acide  de  protoxyde  de  mercure, 
l'autre  d'ammoniaque.  L'interposition  d'un  grillage  en  fil  de  fer 
empêchait  tout  contact  direct  entre  le  mercure  et  le  sujet,  et 
celui-ci  vivait  dans  une  atmosphère  constamment  saturée  de 
vapeurs  de  mercure  émises  à  la  température  de  l'air  ambiant,  ce 
qui  rendait  leur  condensation  impossible  dans  les  organismes  à 
température  plus  élevée  où  elles  pénétraient. 

Dans  ces  conditions,  les  animaux  qui  les  inhalent  sont  bien 
intoxiqués  par  elles,  mais  seulement  lorsque  l'inhalation  est  con- 
tinue, et  non  lorsqu'elle  est  intermittente. 

Des  lapins  et  des  pigeons  soumis  à  leur  action,  chaque  jour  pen- 
dant douze  heures,  et  soustraits  à  cette  action  pendant  le  reste  de 
la  journée,  n'ont  nullement  souffert  de  ce  régime,  quoiqu'ils  l'aient 
subi  pendant  plus  d'une  année;  ils  se  sont  engraissés,  au  contraire, 


DES  PROCES-VERBAUX.  XXIX 

et  ils  ont  accusé  un  surcroît  marqué  de  vigueur,  alors  qu'il  suffisait 
(le  quelques  jours  d'inhalation  continue  pour  les  tuer. 

Quand  la  mort  arrive,  elle  est  précédée  seulement  d'accidents 
nerveux,  tremblements,  paralysies  et  convulsions;  la  stomatite,  la 
salivation  et  les  troubles  gastro-intestinaux,  qu'on  attribuait  aussi 
a  Taction  de8  vapeurs  mercurielles,  font  absolument  défaut. 

Pour  Thomme,  à  défaut  d'expériences  impossibles,  des  obser* 
vations  nombreuses  prouvent  aussi  qu'il  ne  ressent  aucun  effet 
nuisible  de  l'action  des  vapeurs  de  mercure  quand  il  les  respire  par 
intermittence,  et  elles  peuvent  alors  devenir  polir  lui  des  agents 
curatifs  d'une  incontestable  valeur. 

Les  frictions,  en  particulier,  n'ont  d'efficacité  contre  la  syphilis 
que  par  les  vapeurs  qu'elles  émettent;  aussi  peut-on  avantageuse- 
ment les  remplacer  par  le  port  de  plastrons  de  flanelle  mercurisés. 

Séance  du  12  jain  1884.  —  M.  le  Président  fait  part  à  la  Société 
de  la  mort  de  M.  Glotin. 

M.  le  Président  annonce  également  que  trois  membres  de  la 
Société,  MM.  Millardet,  Gayon  et  Dupetit,  ont  été  l'objet  de 
distinctions  honorifiques. 

—  M.  BoNEL  adresse  à  la  Société  un  mémoire  sur  les  réseaux 
téléphoniques  de  Bordeaux.  Le  mémoire  de  M.  Bonel  est  imprimé 
dans  le  t.  II,  3«  série,  des  Mémoires  de  la  Société, 

—  M.  Gayox  donne  lecture,  au  nom  des  auteurs,  MM.  E.  Doumer 
et  D.  THiBAro,  de  la  communication  suivante  sur  les  spectres 
d'absorption  des  huiles  : 

Spectres  d'aisorpiion  des  /tuiles,  —  i.  Lorsque  l'on  place  une  huile 
devant  la  fente  du  spectroscope,  on  constate  que  le  spectre  est 
plus  ou  moins  altéré  suivant  la  nature  de  l'huile.  Cette  altération 
est  due  à  l'absorption  de  certaines  radiations.  Il  nous  a  paru  intéres- 
sant d'étudier  ce  phénomène,  à  cause  de  l'importance  pratique  qu'il 
peut  présenter  dans  l'analyse  des  huiles,  généralement  si  laborieuse. 

2.  Tons  les  échantillons  d'huiles  que  nous  avons  examinés,  sauf 
l'huile  d'olives,  ont  été  obtenus  dans  nos  laboratoires  soit  par 
pression  a  froid,  soit  par  pression  a  chaud,  mais  la  température  n'a 
jamais  dépassé  60°. 

3.  Les  huiles,  au  point  de  vue  spectroscopique,  se  comportent 
de  trois  façons  différentes  :  les  unes  ne  modifient  presque  en  rien 
le  spectre;  d'autres  présentent  d'une  manière  fort  nette  les  bandes 
d'absorption  de  la  chlorophylle;  d'autres  enfin  absorbent  toute  la 
moitié  la  plus  réfrangible  du  spectre,  laissant  Tautre  moitié  abso- 
lument intacte. 


XXX  .       •     EXTBAITS 

4.  Le  type  de  la  première  catégorie  est  Thuile  <ie  Ricin.  On  ne 
constate  dans  son  spectre  aucune  bande,  môme  sons  une  épaisseur 
de  3  Centimètres.  Vers  le  rodge  le  spectre  reste  normal,  mais  vers 
Tautre  extrémité  les  rayons  les  pliis  rêfrangibles  sont  absorbés.  La 
photographie  montre  que  cette  absorption  porte  également  sur  les 
rayons. chimiques  \ï\tv2ir^ïo\ei».  Jamais  toutefois,  sous  les  épaisseurs 
employées,  h  tiolet  n'a  été  aisofbé  eh  totalité. 

Les  huiles  d^œillette  et  d'amandes  douces  se  comportent  de  la 
môme  manière. 

Le  caractère  du  spectre  de  ces  huiles  est  donc  Paisenee  complète 
de  bandes  d'absorption,  Vintégriié  de  resùtrimité  rouge,  tabsorption 
plus  ou  moins  grande  de  rayons' cMmîqtus  hmineuœ  ou  non  lumi- 
neux. 

.  5.  Le  type  de  la  seconde  catégorie  est  l'huile  d^olives.  L'examen 
sommaire,  dont  cette  huile  a  été  Tobjet,  a  permis  de  constater  la 
présence  dé  la  large  bandé  rouge'  de  la  chlorophylle.  La  région  vio- 
lette du  spectre  est  absorbée  et  cette  absorption  s'étend  sur  presque 
tous' les  rayons  chira^iques:  an  examen  aitentif  et  surtout  la  photo- 
graphie du'  ]$pectre  pormetteat  de  voir  des  bandes  dans  le  vert,  le 
bleu  et  le  violet  coïncidant  avec  les  bandes  de  la  chlorophylle.  Nous 
n'avotis  pas  encore  étudié  avec  soin  le  spectre  de  cette  huile, 
n'ayant  pu  la  préparer  nons-mémes.  Tout  ce  que  pour  le  moment 
noas  tenons  à  indiquer,  c'est  la,  pre'sence  d'une  large  bande  dans  le 
rouge* 

ô.  Le  type  de  la  troisième  catégorie  est  l'huile  de  lin.  Le  spectre 
de  cette  huile  est  fort  intéressant:  môme  sous  une  faible  épaisseur 
(2^^),  il  est  caractérisé  par'  une  absorption  complète  de  tous  les 
rayons  chimiques.  On  constate  un  arrôt  subit  du  spectre  en  plein 
vert,  la  portion  la  plus  extrême  de  cette  couleur,  tout  le  bleu,  tout 
rindigo  et  tout  le  violet  sont  absolument  absorbés.  Par  contre,  le 
rouge,  l'oranger^  le  jaune  sont  intacts.  La  limite  rouge  est  la  mémo 
que  celle  du  spectre  normal,  et  la  large  bande  rouge,  si  nette  dans 
les  huiles  de  la  seconde  catégorie,  fait  ici  entièrement  défaut. 

7.  Ces  faits  ont  une  certaine  importance,  car  ils  peuvent  dans 
certains  cas  offrir  un  procédé  aussi  sûr  que  précis  de  reconnaître 
la  pureté  d'une  huile. 

8.  Comme  exemple,  nous  nous  contenterons  de  citer  le  mélange 
frauduleux  de  Thuile  de  lin  avec  ThuSle  d'œillette.  L'analyse  spec- 
trale permettra  de  recorinaître  d'une  manière  certaine  le  mélange  de 
10  litres  d'huile  de  lin  et  de  90  litres  d'huile  d'œillette.  Lorsque  la 
dilntion  devient  plus  forte,  lorsque  le  mélange  d'huile  de  lin  et 
d'huile  d'œillette  est  fait  dans  les  proportions  de  5  p.  100  et  môme 


DES  PHOCES-YERRAUX.  XXXl 

dû  2  p^  100»  le  spectro  dévoilera  encore  la  fraude.  II  prédente 
en  effet  des  bandes  dans  le  vert,  dans  le  bien  et  dans  le  TÎolet, 
qu'un  œil  exercé  à  ce  genre  de  recherches  pourra  facilement  aper- 
cevoir. La  photographie,  du  reste,  permettra  bien  plus  sûrement 
de  les  déceler. 

9.  Cette  note. résume  les  premiers  résultats  obtenus.  Nous  conti- 
nuons cette  étude  et  nous  espérons  pouvoir  soumettre  sous  peu,  à 
la  Société,  l'examen  de  toutes  ou  presque  toutes  les  huiles  commer- 
ciales, avec  des  photographies  à  l'appui. 

Séance  du  26  juin  i884.  —  M.  Millardet  communique  à  la 
Société  une  analyse  dn  mémoire  de  M.  Gcethe  sur  la  maladie  du 
pommier  causée  par  le  Neciria  diti$sima. 

M.  Millardet  fait  ensuite  connaître  les  résultats  de  ses  observa- 
tions personnelles  sur  ce  sujet.  La  communication  de  M.  Millardet 
est  insérée  in  extenso  dans  le  t.  II,  3*  série,  des  Mémoires  de  la 
SoeiéU. 

—  M.  Batssbllancb  rappelle  que,  d'après  M.  Lesplault,  la  grêle 
tombe  rarement  dans  la  région  d'un  orage  ou  se  font  entendre  les 
plus  violents  coups  de  tonnerre.  Il  y  a  deux  ans?,  prés  de  Bergerac, 
et  tout  récemment  à  Mende,  il  a  vu  se  produire  une  confirmation 
très  nette  de  cette  théorie. 

—  M.  Lbspiaclt  répond  que  le  fait  auquel  M.  Bajssellance  vient 
de  faire  allusion  n'est  peut-être  pas  d'une  généralité  absolue,  mais 
qu'il  paraît  cependant  très  net  dans  la  majeure  partie  des  cas. 

—  M.  Hautrelx  présente  les  observations  suivantes  sur  la  région 
équatoriale  et  les  perturbations  qu'éprouve  la  surface  de  la  mer  à 
la  naissance  du  grand  courant  qui  alimente  le  Gulf-Stream. 

1"  Limite  nord  des  eaux  chaudes. 

Dans  le  mois  de  septembre,  où  la  pénétration  des  eaux  chaudes 
est  la  plus  considérable  dans  Thémisphère  Nord,  on  a  rencontré, 
prés  du  Cap-Vert,  les  eaux  à  25®  : 

en  septembre  1882  pur  20«  80'  lat.  Nord. 

—  1881  —  20»  80'          — 

—  1883  —  19«30'          — 

—  1879  —  18»  45'          — 

—  1880  —  18»  45'         — 

L'oscillation  paraît  bien  marquée. 

Ces  mouvements  ont«>ils  une  influence  sur  le  climat  de  notre 
région  T 
En  prenant  pour  base  d'appréciation  la  quantité  de  pluie  recueillie 


XXXII  EXTRAITS 

à  Bordeaux,  dans  la  période  automne-hiver,  suivant  le  mois  de 
septembre,  on  trouve  : 

•    Quantité  d'«au  recueillie  : 

1882  656°"»  .  Humidité. 

1881  278™"»  SéchercBSc. 

1879  24  i"»"»  Sécheresse. 

1880  451  «"  Moyenne. 

On  ne  voit  aucune  induction  à  tirer  de  ces  résultats. 

2^  Pénétration  Nord  des  alises  du  S.-E.  On  a  rassemblé  prés  de 
600  observations  pour  les  périodes  comprises  entre  1873  et  1884. 
II  existe  des  écarts  considérables,  à  des  intervalles  très  courts, 
dans  les  limites  Nord  des  vents  du  S.-E.,  —  on  la  trouve  quelque- 
fois de  200  lieues  dans  le  mâme  mois.  On  peut  dire  qu'en  général, 
en  février,  mars,  avril  et  mai,  cette  limite  oscille  entre  Téquateur 
et  le  2®  ou  le  3^  parallèle  Nord,  et  que  du  mois  de  juin  au  mois  de 
décembre  elle  oscille  entre. le  A^  et  le  6®  parallèle  Nord,  mais 
toujours  avec  des  écarts  considérables  dans  des  observations  très 
rapprochées. 

En  1878,  en  juin,  juillet  et  août,  ces  vents  n'ont  pas  dépassé  le 
3"  parallèle  Nord,  le  courant  du  Gulf-Stream  a  été  moins  alimenté; 
les  conséquences,  au  point  de  vue  de  notre  région,  semblent  nulles. 

En  1875,  en  février,  mars  et  avril  et  mai,  ces  vents  se  maintien- 
nent au-dessous  de  Téquateur  ;  cette  année  est  très  caractérisée, 
Tautomne  suivant  est  humide  dans  notre  région;  il  avait  été 
ordinaire  pour  1878.  On  ne  voit  encore  dans  cet  ordre  d'observa- 
tions aucun  lien  avec  le  climat  de  notre  pajs. 

Ces  résultats  négatifs  n'ont  d'autre  importance  que  de  montrer 
que  nos  climats  n'éprouvent  pas  le  contre-coup  de  modifications 
aussi  lointaines,  bien  qu'elles  affectent  le  Gulf-Stream. 

Séance  du  17  juillet  1884.  —  M.  le  Président  annonce  à  la 
Société  que  des  démarches  ont  été  faites  auprès  de  l'Administration 
supérieure  par  l'intermédiaire  de  M.  le  Recteur  de  l'Académie  de 
Bordeaux  dans  le  but  d'obtenir  un  local  pour  la  Société  des  Sciences 
physiques  dans  la  nouvelle  Faculté  des  sciences.  Ces  démarches 
ont  été  couronnées  de  succès  :  une  salle  sera  mise  à  la  disposition 
de  la  Société  pour  y  tenir  ses  séances  et  un  local  séparé  sera 
réservé  pour  sa  Bibliothèque,  sous  la  seule  condition  que  les 
ouvrages  qui  la  composent  pourront  être  consultés  par  les  lecteurs 
ordinaires  de  la  Bibliothèque  universitaire. 

—  M.  Garnault  communique  sur  la  spermatogénèse  du  Cyclo* 
stoma  elegans  les  observations  suivantes  : 


CES  PROCES-VERBAUX.  XXXIir 

Les  follicules  testiculaires  sont  limités  extérieurement  par  une 
membrane  anhiste  sous  laquelle  se  trouvent  des  cellules  à  granu- 
lations jaunes,  ressemblant  aux  granulations  deutolécithiques  de 
Tœuf  femelle;  au-dessous  une  couche  de  cellules  indifférentes 
(couche  germinative),  qui  donne  naissance  d'un  côté  aux  cellules 
granuleuses,  de  l'autre  aux  œufs  mâles  ou  spermatogénes,  qui  se 
transforment  après  de  nombreuses  segmentations  du  noyau  en 
spermatogemmes  ou  amas  de  spermatocytes.  Le  cytophore  très 
rudimentaire  ne  contient  aucun  corps  que  Ton  puisse  considérer 
comipe  le  reste  d'un  noyau-mère;  souvent  môme  il  n'existe  pas  et 
les  spermatozoïdes  évoluent  séparément  dans  la  cavité  du  testicule. 
Le  cytophore  n''a  donc  pas  la  valeur  qui  lui  a  été  attribuée  par 
plusieurs  auteurs  :  Mekel,  Duval,  Sabatier;  il  ne  représente 
jamais  le  noyau-mère  qui  aurait  donné  naissance  par  bourgeonne- 
ment aux  spermatocytes  ;  il  n'y  a  donc  pas  lieu  de  considérer  ces 
derniers  comme  homologues  des  globules  polaires  (Sabatier,  Van 
Beneden),  mais  on  doit  regarder  le  spermatogerame  comme  un 
embryon  mâle  formé  par  la  segmentation  répétée  de  l'œuf  mâle, 
les  spermatocytes  sont  homologues  des  sphères  de  segmentation. 

Le  noyau  du  spermatocyte  très  granuleux  se  fragmente  en  deux 
parties  :  l'une  déciles  se  met  en  rapport  avec  la  queue  et  s'allonge, 
elle  forme  la  tête  du  spermatozoïde  tôte  cylindrique  et  très  longue  ; 
l'autre  débris  du  noyau  reste  dans  le  protoplasma  et  est  résorbé 
ensuite  avec  lui,  c'est  peut-être  ce  corps  qui  a  été  considéré  par 
divers  auteurs  comme  étant  le  véritable  noyau  destiné  à  disparaître 
tandis  qu'un  corps  particulier  corpuscule  spermatogène  se  trans- 
formait en  la  tête  du  spermatozoïde. 

On  trouve  à  la  fin  de  l'hiver  dans  les  organes  génitaux  de  femelles 
enterrées  des  spermatozoïdes  en  parfait  état  qui  proviennent  d'un 
accouplement  remontant  à  cinq  mois  environ. 

—  MM.  Gayon  et  Dupetit  indiquent  un  mode  de  dosage  des  pro- 
duits réducteurs  qui  se  trouvent  d'ordinaire  dans  les  alcools  commer- 
ciaux. Une  dissolution  de  permanganate  de  potasse,  légèrement 
alcaline,  ajoutée  à  un  alcool  étendu  de  son  volume  d'eau  se  décolore 
plus  ou  moins  vite.  Par  des  expériences  comparatives  ils  ont  trouvé 
que  la  durée  de  la  réaction  est  sensiblement  en  raison  inverse  de 
la  quantité  d'impuretés  réductrices.  L'observation  acquiert  un  grand 
degré  de  précision,  si  Ton  suit  les  changements  de  couleur  par 
réflexion  à  travers  les  liquides  essayés,  lesquels  sont  contenus  dans 
de  petites  auges  cylindriques  à  fond  transparent.  Un  appareil  très 
simple  permetde  faire  six  dosages  simultanés.  Des  tracés  graphiques 
sont  aussi  placés  sous  les  yeux  des  membres  de  la  Société. 

T.  Il  (3«  série).  c 


XXXÎV  EXTIUITS 

MM.  Gajon  etDupetit  présentent  ensuite  un  appareil  â  distil- 
lation fractionné  plus  propre  que  le  tube  d'Henninger  et  Lebel  et 
autres  tubes  semblables  à  réaliser  la  séparation  des  liquides 
volatils.  Cet  appareil  est  essentiellement  formé  de  plateaux  métal- 
liques percés  de  trous  et  portant  de  petits  siphons  renversés  et 
séparés  les  uns  des  autres  par  des  manchons  en  verre.  La  vapeur, 
en  sortant  de  l'appareil,  met  en  ébullition  un  liquide  choisi  conve- 
nablement et  placé  dans  un  réservoir  en  verre  autour  duquel  elle 
circule  de  façon  que  la  distillation  s*opère  à  une  température 
toujours  constante. 

En  faisant  varier  la  nature  du  liquide  et  en  maintenant  constante 
sa  composition  par  l'emploi  d'un  réfrigérant,  l'opérateur  recueille 
à  volonté  des  produits  d'ébullition  à  points  déterminés  et  fixes. 

—  MM.  Gayon  et  Dupetit  signalent  à  l'attention  de  la  Société  les 
propriétés  antiseptiques  des  sels  de  bismuth.  Ces  sels  peuvent  être 
rendus  solubles  soit  par  les  acides,  soit  par  la  glycérine,  soit  par  la 
formation  de  sels  doubles,  tels  que  l'iodure  double  de  bismuth  et 
de  potassium.  Ces  derniers  procèdes  ont  l'avantage  de  permettre  la 
neutralisation  du  liquide,  tout  en  maintenant  dissoute  une  partie  du 
sel.  L'addition  de  l'un  de  ces  corps  à  des  milieux  propres  à  la 
putréfaction,  ensemencés  avec  des  microbes  vivants,  empêche  à  de 
faibles  doses  le  développenient  des  infiniment  petits  et  l'altération 
corrélative  des  liquides.  La  dose  minima  est  variable  d'un  sel  à 
l'autre,  mais  elle  est  toujours  inférieure  aux  doses  antiseptiques 
admises  pour  l'acide  borique,  l'acide  phénique,  le  salicylate  de 
sonde,  le  chlorure  de  zinc  et  même  le  sulfate  de  cuivre.  Les  sels 
de  bismuth  ont  sur  quelques-unes  de  ces  dernières  substances, 
notamment  le  salicylate  de  soude,  l'avantage  de  ne  pas  empêcher 
les  réactions  dues  aux  ferments  solubles.  Les  observations  qui 
précèdent  ont  une  grande  importance  en  thérapeutique,  car  elles 
peuvent  dans  une  certaine  mesure  expliquer  les  eff'ets  et  justifier 
l'emploi  des  sels  de  bismuth  dans  certaines  affections. 

—  M.  MiLLARDET  rappelle  à  la  Société  que  M.  Brefeld  a  indiqué 
que  les  acides  minéraux  et  organiques  jouissent  de  propriétés  anti- 
septiques très  énergiques.  A  la  dose  de  1/2000  les  acides  sulfurique, 
chlorhydrique  et  azotique  empêchent  le  développement  du  Bacillus 
subtiUs;  il  en  est  de  même  de  quelques  acides  organiques,  comme 
l'acide  citrique  et  l'acide  tartrique.  Les  acides  qui  doivent  leur 
origine  aux  excrétions  de  microbes,  comme  l'acide  butyrique  et 
l'acide  lactique,  sont  moins  énergiques,  ils  ne  deviennent  antisep- 
tiques qu'à  la  dose  de  1/500.  Enfin  l'acide  acétique  se  montre  encore 
plus  faible  puisqu'il  n^agit  qu'à  la  dose  de  1/300.  Les  acides  miné- 


DES  PROCES-VERBAUX.  XXXV 

raux  et  les  acides  tartrique  et  citrique  peuvent  donc  pren  re  rang 
parmi  les  antiseptiques,  les  plus  énergiques. 

—  M.  Gayon  répond  <iu'il  y  aurait  peut-être  des  inconvénients  à 
introduire  des  acides  dans  l'organisme;  il  s'est  d'ailleurs  proposé 
de  signaler  de  nouveaux  antiseptiques  très  puissants,  sans  vouloir 
exclure  de  la  pratique  ceux  qui  sont  déjà  employés. 

—  M.  JoLYET  pense  que  le  sous-nitrate  de  bismuth,  dans  le  trai- 
tement de  la  diarrhée,  fonctionne  d'abord  comme  substance  anti- 
septique, bien  qu'il  agisse  encore  probablement  en  ralentissant  la 
circulation  du  sang  et  en  modérant  les  sécrétions  de  la  muqueuse 
intestinale. 

—  M.  Gayon  a  observé  qu'au  moment  du  passage  du  train  rapide 
la  pression  atmosphérique  s'élève  rapidement  de  0"*™5  pour  revenir 
ensuite  lentement  a  son  point  de  départ. 


EXTRAITS 


DES 


PROCÈS-VERBAUX  DES  SÉANCES  DE  LA  SOCIÉTÉ. 


ANNÉE  1884-86. 


PréMidence  de  Al.    O-.  R^YKX. 

Séance  du  13  novembre  1884.  —  M.  lo  Président  prend  la 
parole  et  s'exprime  en  ces  termes  : 

«  Mes  chers  Collègues, 

»  Avant  de  procéder  à  Télection  d'un  nouveau  Bureau  pour 
Tannée  1884  85,  permettez  a  votre  Président  de  tous  rendre 
compte  de  l'état  actuel  de  la  Société  et  des  changements  survenus 
dnns  le  personnel  de  ses  Membres  depuis  sa  dernière  réunion. 

»  Plusieurs  de  nos  collègues  ont  quitté  Bordeaux,  après  avoir 
fait  parmi  nous  un  séjour  plus  ou  moins  long.  Ce  sont  :  M.  Micé, 
membre  fondateur  de  la  Société,  nommé  recteur  de  l'académie  de 
Besançon;  M.  Forquignon,  qui  a  été  chargé  d'un  cours  de  métal- 
lurgie à  la  Faculté  des  sciences  de  Dijon;  M.  Gostantin,  appelé 
aux  fonctions  d'aide-naturaliste  au  Muséum;  enfin,  M.  Claverie, 
nommé  professeur  de  physique  au  Ijcée  de  Vanves. 

»  Pendant  le  cours  des  vacances,  le  Bureau  a  pris  soin  d'activer 
les  publications  de  la  Société.  J'ai  la  bonne  fortune  de  vous 
annoncer  que  la  traduction  de  \dkVie  d'Aiel  vous  sera  distribuée 
avant  le  1«^  janvier,  et  je  me  permets  d'arrêter  votre  attention  sur 
la  somme  considérable  de  travail  que  M.  Houel  a  dû  déployer  pour 
mener  cet  ouvrage  à  bonne  fin.  Notre  collègue  a  eu  pour  lui  seul 
la  presque  totalité  de  la  besogne,  tous  ses  collaborateurs  lui  ayant 
successivement  fait  défaut,  sauf  un  seul  qui  désire  garder  l'ano- 
nyme. 

»  Le  premier  fascicule  du  t.  P'  de  la  3®  série  des  Mémoires  vous 
sera  remis  très  prochainement,  ainsi  que  le  recueil  des  procès- 
verbaux  de  nos  séances  pour  les  deux  années  1882-83  et  1883-84.  » 

M.  le  Président  donne  ensuite  lecture  d'une  lettre  qui  lui  a  été 

T.  Il  (4*  série).  a 


Il  EXTHAITS 

adressée  par  M.  HoUel,  pour  lui  demander  que  la  Société  voulût 
bien  le  relever  des  pénibles  fonctions  d'archiviste,  que  Tétat  de  sa 
santé  ne  lui  permet  plus  de  remplir. 

M.  le  Président  pense  que  la  Société  doit  déférer  à  ce  désir, 
quelque  regret  qu'elle  puisse  en  éprouver.  Si  la  Société  Vy  autorise, 
M.  le  Président  se  fera,  près  de  M.  Houel,  l'interprète  de  ses 
regrets,  en  lui  exprimant  la  gratitude  qu'a  inspirée  à  tous  ses 
collègues  un  dévouement  dont  la  maladie  seule  a  pu  suspendre  les 
effets.  Vous  n'oublierez  certairiement  pas,  ajoute  M.  le  Président, 
l'impulsion  que  M.  Hoiiel  a  su  donner  à  vos  travaux.  L'extension 
que  prennent  chaque  jour  vos  relations  avec  les  diverses  Sociétés 
savantes  est  due  à  son  activité.  Grâce  à  lui,  chacun  de  vous  peut 
aujourd'hui  trouver  dans  notre  bibliothèque  un  grand  nombre  de 
publications  des  plus  importantes  qui  ont  été  obtenues  par  voie 
d'échange. 

La  Société  décide  par  acclamation  qu^une  lettre  sera  écrite  à 
M.  Hoiiel  dans  le  sens  qui  vient  d'être  indiqué;  elle  y  joint,  en 
outre,  tous  ses  vœux  pour  le  prompt  rétablissement  de  sa  santé. 

—  M.  Picard  est  nommé,  sur  sa  demande,  membre  correspon- 
dant. 

—  M.  Brunel  est  élu  membre  titulaire. 

La  Société  procède  au  renouvellement  de  son  Bureau.  Sont 
élus  : 

Président M.  G.  RAYET. 

Vice-Président M .  FOURNET. 

Secrétaire  général M.  ABRI  A 

Secrétaires  adjoints MM.  GAGNIEUL  et  GARNAULT. 

Archiviste M.  RRUNEL. 

Trésorier M.  FOUGEROUX. 

—  MM.  Gaton,  Millardbt,  db  Laorandval  et  Bouchard  sont 
élus  membres  du  Conseil  d'administration,  qui  se  trouve  composé 
de  : 


MM.  DE  LACOLONGE. 
DUPUY. 
AZAM. 
JOLYET. 
LESPIAULT. 
MERGET. 


MM.  HAUTREUX. 
UAYSSELLANGE. 
GAYON. 
MILLAliDET. 
DE  UGRANDVAL. 
DOUCHARD. 


—  M.  DE  Lacolonge  annonce  qu'un  industriel  de  Pons  a  préco- 


DES  PROCES-\ERBAUX.  III 

nisé  une  machine  poar  rélévation  des  eaux  destinées  à  la  submer- 
sion des  vignes;  cette  machine,  déjà  connue,  ne  peut  Ôtre  employée 
que  dans  les  cours  d'eau  à  niveau  extrêmement  peu  variable. 

M.  de  Lacolonge  a  remarqué,  dans  une  ferme,  que  des  canes 
ont  cessé  de  donner  des  œufs  féconds  après  que  le  canard  d'Inde, 
avec  lequel  on  les  faisait  accoupler,  eut  reçu  un  compagnon  de 
son  espèce  et  de  son  sexe.  Ces  deux  animaux  se  livraient  entre 
eux  à  des  simulacres  d'accouplement;  peut-ôtre  doit-on  attribuer 
à  cette  cause  d'affaiblissement  chez  les  mâles  la  stérilité  des 
femelles. 

Séance  du  27  novembre  1884.  —  M.  Gaton  dépose  une  com- 
munication de  M.  DouMBRC  qui  est  renvoyée  à  la  Commission 
d'impression. 

—  M.  MiLLARDET  présente  à  la  Société  des  échantillons  de 
souches  de  vignes  atteintes  du  pourridié,  et  des  photographies 
faites  sur  nature,  représentant  diverses  phases  de  la  même  maladie 
et  s'exprime  ainsi  : 

Dans  le  travail  intitulé  :  Pourridié  et  Phylloxéra,  qui  a  été 
publié  dans  le  t.  IV  de  la  2^  série  des  Mémoires  de  la  Société  des 
Sciences  physiques,  j'ai  donné  le  résumé  de  mes  recherches  sur  le 
Pourridié  de  la  vigne.  Je  concluais  à  Texistence  de  deux  sortes  de 
Pourridié  :  l'un,  Pourridié  observé  chez  M.  Lacomme,  à  Lavardac 
(Lot-et-Garonne),  causé  par  le  Rhizomorpha  de  VAgaricus  melleus; 
l'autre,  Pourridié  du  Médoc,  Pourridié  des  mortaouses,  observé 
chez  M.  Johnston,  causé  par  un  mycélium  qui  paraît  à  la  surface 
des  souches  atteintes,  sous  forme  de  cordons  blancs  semblables  à 
de  la  laine  à  tricoter,  ou  de  nappes  arachnoïdes  (voir  t.  IV,  p.  215, 
note). 

Deux  ans  environ  après  la  publication  de  mon  mémoire  je  reçus 
de  M.  Robert  Hartig,  professeur  à  l'Université  de  Munich,  un 
travail  sur  le  môme  sujet  (^).  Dans  ce  travail,  qui  fait  le  plus 
grand  honneur  à  son  auteur,  M.  Hartig,  s'appuyant  sur  ce  fait  que 
jusqu'ici  on  n'a  pas  constaté  d'une  façon  certaine  la  présence  de 
VAgaricus  melleus  sur  les  souches  pourridiées  atteintes  du  rhizo- 
morpha, arrive  à  ces  conclusions  :  1^  que  le  Rhizomorpha  du  Pour- 
ridié de  Lavardac  n'est  pas  celui  de  VAgaricus  melleus;  2°  que  ce 
rhizomorpha  est  identique  à  celui  qu'il  a  étudié  sur  des  souches  de 

(*)  Rhizomorpha  necatrix  dans  Vntersuchungen  aus  dem  forstbotaniechen 
Institut  zu  Munchen;  herausgegeben  D'  Robert  Hartig,  Heft  lïl,  1883. 


IV  EXTRAITS 

vignes  pourridiées  provenant  des  bords  du  lac  de  Constance  ;  3^  que 
le  Pourridié  du  Médoc  est  identique  aux  deux  autres. 

Malgré  que  Topinion  de  M.  Hartig  me  semblât  inconciliable 
avec  les  descriptions  et  les  analyses  que  nous  donnions,  chacun  de 
notre  côté,  des  cordons  rhizomorphiques  qui,  soit  à  Lavardac,  soit 
dans  le  Médoc,  soit  enfin  sur  les  bords  du  lac  de  Constance,  sont 
la  cause  du  Pourridié,  je  résolus  de  reprendre  ce  travail. 

Au  mois  de  mai  1883  j'allai  chercher  moi-même  trois  souches 
pourridiées  à  Lavardac.  L'une  fut  mise  en  culture  dans  un  grand 
cylindre  de  verre  fermé  en  haut  par  un  morceau  de  vitre,  dans  le 
fond  duquel  j'eus  soin  de  conserver  constamment  quelques  centi- 
mètres d'eau.  Ce  vase  est  resté  jusqu'à  ce  jour  dans  une  orangerie, 
enveloppé  d'une  feuille  de  papier  noir  qui  en  maintenait  le  contenu 
à  l'obscurité.  La  seconde  souche  fut  placée  dans  un  vase  semblable 
que  je  remplis  ensuite  de  la  terre  sableuse  du  jardin.  Ce  vase, 
couvert  également  d'une  plaque  de  verre,  fut  placé  au  pied  d'un 
mur  humide  au  nord.  J'eus  soin  d'en  arroser  légèrement  la  terre, 
de  temps  en  temps,  afin  de  la  maintenir  humide.  Enfin,  la  troisième 
souche  fut  enfoncée  dans  le  sol  du  jardin  dans  un  lieu  frais. 

En  môme  temps  que  j'installais  ces  cultures  du  Pourridié  de 
Lavardac,  je  recevais  du  Médoc,  grâce  à  Tobligeance  de  M.  David, 
régisseur  de  M.  Johnston,  des  souches  atteintes  de  l'autre  variété 
du  Pourridié.  Je  fis  de  celles-ci  un  second  lot  de  cultures  identiques 
à  celles  du  Pourridié  de  Lavardac. 

Voici  le  résumé  des  observations  que  j'ai  faites  sur  ces  cultures  : 

A.  Pourridié  de  Lavardac. 

Aujourd'hui  les  deux  souches  mises  en  terre,  soit  au  jardin,  soit 
dans  un  vase,  n'ont  rien  produit  de  particulier.  Il  n'en  est  pas  de 
même  de  la  première  souche  placée  à  l'orangerie,  dans  le  vase 
fermé,  où  régnait  une  température  plus  douce  et  une  humidité 
constante.  Après  ôtre  restée  sans  changements  pendant  près  d'une 
année,  j'ai  vu  se  produire  à  sa  surface  des  filaments  rhizomor- 
phiques d'une  très  grande  longueur  et  d'une  ramification  extrême- 
ment riche,  remarquables  par  leur  grande  ténuité,  puisque  chez  la 
plupart  la  grosseur  ne  dépasse  pas  celle  d'un  crin  de  cheval.  A  peu 
près  en  même  temps  apparaissaient  sur  l'écorce  une  grande  quan- 
tité d'appareils  fructifères  produisant  des  conidies,  sur  lesquels  je 
me  propose  de  revenir,  ainsi  que  sur  le  système  de  Rhizomorpha 
capillaires  dont  il  vient  d'être  question.  Enfin,  il  y  a  une  vingtaine 
de  jours  je  vis  apparaître,  par  groupes  de  deax  à  cinq,  des  agarics. 
Le  groupe  le  plus  élevé,  constitué  par  deux  individus,  se  trouvait 


DES  PROCES-YBRBAUX.  Y 

complètenient  développé  il  y  a  hnit  jour».  Je  Tai  fait  photographier 
avec  la  souche. 

Voici  la  photographie  et  la  souche  elle-mônae  avec  les  restes  des 
deux  agarics  les  plus  développés,  et  ceux  des  divers  autres  groupes 
plus  jeunes.  Vous  les  vojez  sortir  de  Técorce,  et  sur  deux  très 
jeunes  individus  hauts  de  trois  millimètres  seulement,  j'ai  pu 
m'assurer  par  des  coupes  convenables,  à  Taide  du  microscope,  que 
la  base  de  Tagaric  est  formée  d'hjphes  qui  sortent  d'un  cordon  de 
Rhizomarpha  suicoriicaUs,  rampant  sous  Técorce  à  un  demi-milli- 
mètre de  profondeur. 

Quant  au  nom  spécifique  de  cet  agaric,  il  n'y  a  aucun  doute  que 
ce  soit  VÂgaricus  melleus  de  Pries.  Je  l'ai  comparé  à  la  diagnose 
de  cet  auteur  et  à  des  Agaricus  melleus  pris  dans  la  fordt  où  ils  sont 
abondants  en  cette  saison.  Le  doute  n'est  pas  possible. 

J'ajouterai  que  la  base  de  la  souche,  au  point  où  elle  était  en 
contact  avec  l'eau,  porte  une  trentaine  de  filaments  de  rhizomorpha, 
longs  de  un  à  trois  centimètres  sur  un  millimètre  environ  d'épais- 
seur, qui  sont  sortis  récemment  de  l'écorce.  Leur  coloration  brune 
à  la  base,  jaunâtre  au  sommet,  comme  leur  forme  et  leur  aspect 
général,  sont  une  preuve  cei*taine  que  c'est  bien  là  la  forme  fragilis 
ou  zubUrranea  du  rhizomorpha  du  môme  Agaricus  melleus. 

B.  Ponrridié  du  Médoc. 

Les  trois  cultures  de  ce  Pourridié  ont  donné  des  résultats  iden- 
tiques, mais  c'est  dans  le  vase  où  il  n'y  avait  que  de  l'air  et  de 
l'eau,  que  le  développement  a  été  le  plus  facile  à  suivre. 

Je  dirai  tout  d'abord  que  ce  Pourridié  est  exactement  celui  que 
M.  Hartig  a  observé  et  si  bien  décrit,  ce  qui  me  dispense  d'en 
donner  une  description.  Dès  le  mois  de  juin  de  l'année  dernière 
j'ai  pu  observer  la  formation  des  cordons  blancs  et  des  nappes 
arachnoïdes  à  la  surface  des  souches,  leur  brunissement  graduel 
au  contact  de  l'air,  et  la  formation  des  appareils  conidifères  décou- 
verts et  représentés  par  M.  Hartig.  La  comparaison  seule  des 
photographies  que  j'ai  fait  faire  en  juin  ou  juillet  dernier,  avec  les 
figures  du  mémoire  de  M.  Hartig,  suffirait  à  nous  convaincre  que 
c'est  bien  le  mdme  organisme.  La  démonstration  devient  com- 
plète par  l'identité  des  appareils  conidifères  des  deux  Rhizomorpha, 
celui  du  Médoc  et  celui  du  lac  de  Constance. 

En  résumé  :  1^  Le  Pourridié  de  Lavardac  est  bien  causé,  comme 
je  l'avais  dit,  par  le  parasitisme  du  Rhizomorpha  de  VAgaricus 
melleus; 

29  Le  Pourridié  du  Médoc  est  causé  par  un  parasite  différent  de 


dernier,  ainsi  que  je  l'avais  dit  également,  mfiis  s.ing  préciser 
ïantage.  M.  R.  Hartig;,  qui  a  étudié  cette  secomîe  espèce  de 
nrrldié,  a  donné  à  ce  parasite  )e  nom  de  Rhizomorpha  necatrix. 

—  M,  Gayon  présente  à  la  Société  un  filtre  inventé  par  M.  Cham- 
rlnnd,  et  servant  à  débarrasser  les  eaux  destinées  à  la  consom* 
ition,  des  germes  morbides  qu'elles  peuvent  contenir. 

—  H.  DB  Lacolonob  a  constaté  qne  les  tubes  manométriquos  en 
TC  se  brisaient  fréquemment  quand  on  avait  introduit  dans  leur 
érieur  une  baguette  de  métal;  on  éviterait  ces  accidents  en  les 
ttoyant  avec  une  baguette  de  saule. 

SéaDce  du  18  décembre  1884.  —  MM.  Joamnis  et  Martinet 
it  nommés  membres  titulaires. 

—  M.  Caqnikul  donne  sa  démission  de  secrétaire  adjoint. 

—  M.  Brunbl  fait  une  communication  sur  l'application  de  la 
imétrie  à  »  dimensions  à  la  théorie  des  nombres. 

La  théorie  des  nombres  peut  âtre  considérée  comme  ayant  pour 
t  la  recherche  des  points  rationnels  ou  entiers  (c'est-à-dire  à 
ordonnées  rationnelles  ou  entières)  appartenant  à  un  espace 
nche  situé  dans  un  espace  à  n  dimensions. 
Un  exemple  simple  auquel  s'applique  facilement  la  considération 
géométrie  à  n  dimensions  est  fourni  par  l'équation  : 

y' y' y—'O, 

Oy' r~'y"\ 


.Oy». 


La  méthode  qui  permet  de  résoudre  cette  équation  en  nombres 
tiers  ou  rationnels  étant  l'extension  de  celle  employée  par 
Hermite  pour  l'équation  : 

Xî  +  XÎ=y'  +  y:. 

La  considération  des  coordonnées  homogènes  de  la  droite  dans 
space  ordinaire,  et  dans  l'espace  à  quatre  dimensions,  fournis* 
Ht  deux  autres  exemples,  le  dernier  surtout  étant  intéressant  en 
qu'il  s'y  présente  un  espace  gauche  de  5"  ordre  à  six  dimensions, 
ué  dans  l'espace  linéaire  à  neuf  dimensions  et  défini  par  cinq 
nations  dn  second  degré. 

Le  mémoire  de  M.  Bruncl  est  inséré  dans  le  t.  II  de  la  3*  série 
s  Mémoire»  de  la  Société. 


DES  PROCBS-VERRAUX.  Vil 

Séance  du  8  janvier  1885.  —  M.  Clavbl  est  nommé  membre 
titulaire. 

—  M.  JoANNis  est  nommé  secrétaire  adjoint  en  remplacement 
de  M.  GAONiErL  démissionnaire. 

—  M.  Pbrbz  critique  quelques  points  des  théories  de  M.  Fabre, 
sur  rinfaillibilité  de  Tinstinct  chez  les  insectes. 

Séance  du  22  janvier  1885.  —  M.  Flammb  est  nommé  membre 
titulaire . 

—  M.  Pbrbz  fait  une  communication  sur  les  mœurs  des  insectes 
dont  le  résumé  sera  renvojé  à  la  Commission  d'impression. 

. 

Séance  du  5  février  1885.  —  M.  le  Président  présente  les 
comptes  du  trésorier. 

—  MM.  Laval,  Morisot  et  Rodier  sont  nommés  membres  d'une 
Commission  chargée  de  vérifier  ces  comptes. 

—  MM.  AzAM,  Hautrbux  et  Lbspiault  sont  désignés  pour  exa- 
miner l'état  des  archives  de  la  Société. 

—  M.  le  Président  annonce  à  la  Société  que  le  t.  I  de  la  3*  série 
de  ses  Mémoires,  contenant  la  traduction  de  la  Vie  de  N.-E.  Abei 
par  M.  C.-A.  Bjerkness,  est  en  distribution.  Cette  traduction  est, 
comme  tous  les  membres  de  la  Société  le  savent,  presque  entière- 
ment due  &  M.  Hoiiel. 

—  M.  Bjbrknbss  (^),  en  accusant  réception  à  M.  HoUbl  du  pre- 
mier exemplaire  de  cet  ouvrage,  écrit  d'ailleurs  : 

«  Christiania,  le  90  janvier  1885. 

»  MoNsiBua  ET  cher  Collègue, 

»  Je  viens  de  recevoir  de  vous  le  livre  qui,  pendant  ces  deux 
»  dernières  années,  nous  a  à  tous  deux  coûté  tant  d'efforts.  En  le 
»  voyant  ainsi  terminé,  presque  comme  une  œuvre  de  grande 
»  étendue,  l'importance  et  la  grandeur  du  travail  que  vous  avez 
»  accompli  est  devenue  encore  plus  évidente  pour  moi,  et  je  sens 
»  davantage  encore  combien  je  dois  vous  être  reconnaissant.  Le 
»  vif  intérêt  que  vous  avez  porté  à  cette  entreprise  a  seul  pu  vous 
»  rendre  capable  de  vaincre  les  difficultés  qui  si  souvent  ont  paru 
»  devoir  être  insurmontables. 

»  Et  après  cela.  Monsieur,  votre  nom  comme  collaborateur  est 
»  omis!  quand  sans  vous  ce  livre  n'aurait  jamais  existé,  en  fran- 

0)  Professeur  à  TUniversité  de  Christiania,  et  notre  correspondant. 


vin  EXTRAITS 

»  çais  tout  au  moins,  avec  cette  étendue  narrative  et  explicative. 
»  Cet  oubli  de  votre  part  de  votre  personne,  après  une  si  longue 
»  confraternité  en  de  si  durs  travaux,  je  la  regarde  avec  respect, 
»  mais  elle  me  cause  de  la  douleur. 

»  Permettez  au  moins,  Monsieur,  en  adressant  l'expression  de  ma 
»  reconnaissance  à  la  Société  des  Sciences  physiques,  d'y  com- 
»  prendre  aussi  le  savant  dont  le  précieux  travail  m'a  été  si  indis- 
»  pensable  pour  Taccomplissement  de  cette  œuvre.  » 

Tous  les  membres  de  la  Société,  ajoute  M.  le  Président,  vou- 
dront adresser  à  M.  Bjerkness  Texpression  de  leur  reconnaissance 
pour  Timportante  et  magistrale  analyse  des  œuvres  d'Abel  dont  il 
a  bien  voulu  nous  confier  la  publication  ;  tous  aussi  regretteront 
que  les  plus  affectueuses  insistances  de  ses  amis  les  plus  intimes 
huaient  pu  décider  M.  Hoiiel  à  associer  son  nom  à  celui  de  notre 
savant  correspondant. 

La  Société  vote  d'unanimes  remercîments  à  MM.  Bjerkness  et 
Hoiiel  pour  leur  publication  en  français  de  la  Vie  d'Aiel, 

Séance  du  19  février  1885.  —  M.  le  Président  communique 
la  lettre  suivante  : 

«  Christiania,  2  février  1885. 

r 

»  A  Monsieur  le  Président  de  la  Société  des  Sciences  physiques 

et  naturelles  de  Bordeaux. 

»  Monsieur, 

»  La  biographie  d'Abel  étant  maintenant  publiée  dans  les 
Mémoires  de  votre  Société,  je  considère  comme  un  devoir  pour 
moi  de  présenter  mes  remercîments  à  la  Société,  et  aussi  au 
savant  qui,  pendant  ce  travail  de  deux  années,  m'a  prêté  une 
assistance  si  zélée  et  si  précieuse. 

»  J'ai  reconnu  à  chaque  instant  les  efforts  personnels  qu'a  faits 
M.  Hoiiel  pour  la  bonne  réussite  de  cette  entreprise.  Les  preuves 
ne  m*ont  pas  manqué.  Laissant  de  côté  ses  propres  travaux,  il  a 
persévéré  jusqu'à  la  fin,  en  dépit  de  Tinsuâfisance  des  moyens  mis 
à  sa  disposition,  en  dépit  de  sa  santé  vacillante.  .Je  crois  que  je 
ne  suis  point  le  seul  à  lui  devoir  de  la  reconnaissance  pour  tout  le 
travail  dépensé  à  faire  connaître  cette  histoire  d'Abel.  Mais  dans 
ce  volume  qui  nous  a  occupés  tous  deux  pendant  ce  long  intervalle, 


DES  PROCES-VERBAUX.  IX 

le  nom  de  mon  collaborateur  n'apparaît  pas;  je  pense  que  ce  ne 
sera  qu'un  acte  de  justice  de  reconnaître  que,  sans  l'active  assis- 
tance de  M.  Houel,  cet  essai  sur  une  époque  importante  dans 
l'histoire  des  progrès  de  la  science  n'aurait  guère  existé  en  fran- 
çais, ou,  tout  au  moins,  jamais  dans  son  développement  actuel. 

»  Ce  n'est  pas  seulement  à  un  membre  honoré  de  votre  Société 
que  je  dois  exprimer  ainsi  mes  sentiments  de  gratitude,  c'est  aussi 
à  votre  généreuse  Société. 

»  On  le  sait,  il  se  présente,  à  chaque  époque  et  dans  tous  les 
pays,  des  hommes  qui  ne  sont  point  compris  de  leur  temps.  Dans 
un  champ  de  recherches  jusqu'alors  inculte,  les  hommes  d'élite  qui 
vivent  à  ses  côtés,  n'ont  pas  môme  le  privilège  de  suivre  les  traces 
d'un  penseur  profond.  Il  reste  solitaire,  et  plus  ses  conceptions 
sont  différentes  des  idées  reçues,  plus  on  met  de  temps  à  les  com- 
prendre. Il  est  donc  bien  facile,  dans  la  suite,  d'être  injuste;  et  si 
l'on  ne  s'efforce,  lorsqu'il  est  temps  encore,  de  réparer  cette  injus- 
tice, il  pourra  arriver  deux  choses  :  l'histoire  de  la  science  sera 
faussée,  on  sera  exposé  à  perdre  la  connaissance  importante  de 
l'origine  des  idées  nouvelles. 

»  Le  petit  pays  auquel  appartenait  cet  homme  supérieur  a  eu, 
dans  le  sort  inique  qui  lui  a  été  fait,  une  trop  grande  part;  on  a 
maintenant  commencé  à  le  comprendre,  et  aux  frais  de  l'État, 
avec  de  grandes  dépenses,  on  a  publié  à  nouveau  ses  œuvres  com- 
plètes, alors  que  de  son  vivant  on  lui  niait  le  nécessaire. 

»  La  France  a  eu  aussi,  à  son  égard,  quelque  chose  à  se  repro- 
cher, elle  répare  maintenant  d'une  façon  bien  noble  et  bien  géné- 
reuse les  torts  qu'elle  a  pu  avoir.  En  ce  cas,  et  sur  l'initiative  de 
M.  Hoiiel,  votre  Société  des  Sciences  de  Bordeaux  marche  en  tôte. 
Elle  a  offert  avec  une  large  libéralité  une  place  dans  ses  écrits  à 
un  étranger  qui  s'est  fait  de  ces  anciens  événements  un  sujet 
d'étude  ;  elle  m'a  fourfii,  en  outre,  le  concours  efficace  d'un  de  ses 
membres  savants. 

»  Agréez,  Monsieur,  l'assurance  de  mes  sentiments  dévoués  et 
de  ma  hante  considération. 

»  G. -À.  Bjbrkness.  » 


La  Société  décide  que  cette  lettre  sera  imprimée  et  glissée  dans 
le  volume  de  la  Vie  d*Aiel. 

—  M.  DE  Lacolonge  rappelle  qu'en  1863  il  a  traité  des  vins  par 
l'électricité  sans  obtenir  d'autre  résultat  que  d'affaiblir  le  vin. 


—  M.  le  PréBident  lit  le  compte-renda  solvant  de  la  CommisBÏoD 
ies  archives  et  des  finances  : 

«En  exécution  de  l'article  X  de  nos  statots,  les  Commissions 
nommées  par  vous  ponr  la  Térification  des  comptes  de  notre 
trésorier  et  l'examen  de  l'état  de  nos  archives,  se  sont  réunies 
ieadi  dernier,  et  j'ai  le  devoir  de  vous  faire  part  dn  résultat  de 
leurs  délibérations. 

»  Nos  archives  et  notre  bibliothêfiue,  confiées  à  M.  Brnnel,  depuis 
notre  première  réunion  de  novembre,  ont  été  trouvées  dans  tin 
ordre  parfait.  Notre  bibliothèque  a  continué  à  s'enrichir  de  publi- 
cations précieuses  an  moyen  de  l'échange  de  nos  publications.  Les 
Sociétés  savantes  de  France  et  de  l'étranger,  avec  les<]uelles  nous 
sommes  en  relations  suivies,  pensent  donc  que  nous  n'avons  pas 
démérité  et  que  nos  travaux  offrent  toujours  de  l'intérêt. 

»  Dans  la  dernière  séance  J'ai  en  la  satisfaction  de  vous  annoncer 
la  distribntion  du  t.  I*'  de  la  3*  série  de  nos  Mémoires,  contenant 
la  traduction,  par  notre  collégne,  M.  Hohel,  de  l'Importante  Vie 
fÂiei  par  M.  Bjerkness. 

»  Nous  avons,  en  outre,  fait  imprimer  nos  procès-verbaux  de  nos 
séances  de  J883-84,  et  j'espère  que  le  1''  fascicule  dn  t.  I"  de  la 
3'  série  de  nos  Mémoires  sera  distribué  an  printemps. 

»  Les  comptes  de  notre  Trésorier  ont  été  trouvés  d'une  régularité 
parfaite  et  approuvés  par  votre  Commission. 

s  Ces  comptes  constatent  que  les  recettes  de  1884  se  sont  élevées 
à  3,8S1  fr.  30,  non  compris  la  subvention  du  Conseil  général  qui 
doit  nous  être  versée  dans  quelques  jours.  Les  dépenses  fe  sont 
élevées  à  2,236  fr.  05  et  laissent  ainsi  un  boni  apparent  de 
1,635  fr.  25;  mais  ce  boni  n'est  réellement  qu'apparent,  car  nous 
devons  à  M.  Oounouiihou,  pour  impression  du  volume  de  la  Vie 
d'Âiet,  2,063  fr.  La  Société  s'est  donc  en  réalité  appauvrie  de 
417  fr.  75,  somme  presque  égale  à  celle  qui  doit  nous  rentrer  dn 
Conseil  général. 

>  Ponr  l'année  1884,  la  Commission  des  finances  prévoit  une 
recette  de  2,800  &.,  et  elle  vous  propose  de  régler  comme  suit  le 
budget  des  dépenses  de  1884  : 

Entretien  delà  bibliothèque F.  500 

Convckcations 300 

Frais  dp  recouvrements 100 

Frai»  de  correspondance 1"0 

Impression  des  Mémoire* I,8IM 

F.  ^,800 


DES  PROCÈS-VERBAUX.  XI 

»  Le  budget  qae  votre  Commission  voas  présente  est  juste  en 
équilibre.  Nous  espérons  que  cet  équilibre  ne  sera  pas  trop  ébranlé 
par  les  dépenses  nécessaires  au  transport  de  notre  bibliothèque 
dans  la  salle  qui  doit  nous  être  consacrée  dans  la  nouvelle  Faculté 
des  sciences  et  des  lettres.  » 

Séance  du  5  mars  1885.  —  M.  le  Président  communique  à  la 
Société  une  note  de  M.  Baule,  capitaine  du  Niger,  sur  un  résultat 
magnétique  obtenu  à  bord  de  ce  paquebot.  Cette  note  est  insérée 
dans  le  t.  II  de  la  2^  série  des  Mémoires  de  la  Société. 

—  M.  Brunbl  fait  une  communication  sur  quelques  théorèmes 
à'Anabfsie  situs^  dans  laquelle  il  expose  Thistorique  de  la  question 
et  donne  quelques  propriétés  des  nœuds  et  des  surfaces  à  un  seul 
côté.  Un  modèle  simple  d*une  telle  surface  est  présenté  à  la 
Société. 

Séance  du  19  mars  1885.  —  M.  le  colonel  Dewulf  est  nommé 
membre  titulaire. 

—  M.  JoANNis  fait  sur  les  oxydes  de  cuivre  une  communication 
qui  est  insérée  dans  le  t.  II  de  la  3®  série  des  Mémoires  de  la 
Société. 

—  MM.  Gaton  et  Dupbtit,  continuant  leurs  recherches  sur  la 
réduction  des  nitrates  par  les  microbes  purs,  sont  arrivés  à  produire 
du  protoxjde  d'azote  avec  le  microbe  qui  leur  donne  de  l'azote  pur 
dans  le  bouillon,  en  faisant  simplement  varier  la  nature  et  la 
composition  du  milieu  nitrate.  Il  n'est  donc  point  besoin  pour 
expliquer  la  présence  de  ce  gaz  dans  les  expériences  de  Schlœsing 
et  de  Deherain  de  faire  intervenir  un  microbe  spécial. 

—  M.  Ratet  fait  une  communication  sur  les  erreurs  accidentelles 
dans  les  observations  de  passage  par  la  méthode  de  l'œil  et  de 
l'oreille. 

Séance  dn  21  ayril  1885.  —  M.  Doublet  est  nommé  membre 
titulaire. 

—  M.  MiLLARDET  fait  uuc  communication  sur  le  greffage  de  la 
vigne. 

De  toutes  les  greffes  employées  à  la  reconstitution  des  vignobles 
détruits  par  le  phylloxéra,  celle  qui  d'après  lui  donne  les  meilleurs 
résultats  est  la  greffe  en  fente  simple  sur  plant  américain  racine 
en  place.  C'est  cette  greffe  qui  a  prévalu  dans  le  Midi  où  elle  donne 
des  résultats  qui  varient  entre  80  et  95  p.  100  en  grande  culture. 


XII  EXTRAITS 

M.  Millardet  présente  A  la  Société  deux  instruments  de  son 
invention  destinés  à  faire  la  greffe  dont  il  vient  de  parler. 

L*un  est  un  couteau  muni  sur  le  dos  de  la  lame  d'un  arrôt  qui 
limite  la  profondeur  de  la  fente  faite  au  sujet.  Gomme  la  largeur 
de  la  lame  augmente  du  sommet  à  la  base  du  couteau,  ou  peut 
graduer  à  volonté  la  profondeur  de  la  fente  du  sujet,  selon  Tâge  et 
le  développement  en  épaisseur  de  ce  dernier.  La  lame  est  terminée 
par  une  courte  serpette  avec  laquelle  on  peut  très  bien  tailler  le 
greffon. 

Le  second  instrument  est  une  pince  qui  sert  à  poser  la  ligature. 
On  coupe  dans  un  tube  en  caoutcbouc,  aux  ciseaux,  des  anneaux 
de  2  à  3  millimétrés  de  hauteur.  A  l'aide  de  la  pince  on  les  saisit 
d'abord  puis  on  les  élrrgit  et  on  en  entoure  l'extrémité  du  sujet 
dès  que  la  fente  est  faite.  Le  greffon  préalablement  taillé  en  coin 
est  enfoncé  jusqu'au  fond  de  la  fente  après  seulement  que  la  bague 
de  caoutchouc  a  été  placée. 

Cette  ligature  a  l'avantage  de  se  faire  sans  peine  et  très  rapide- 
ment. M.  Millardet  a  vu  chez  M.  de  Grasset,  grand  propriétaire  de 
Pézénas  (Hérault),  plus  de  cent  cinquante  mille  greffes  de  un  à 
cinq  ans  d'âge,  faites  et  liées  par  ce  procédé  qui  ne  laisse  rien  à 
désirer. 

Séance  da  7  mai  1885.  —  M.  le  Président  lit  une  lettre  de  la 
Société  des  Sciences  de  Christiania  exprimant  à  M.  Hoiiel  et  à  la 
Société  des  Sciences  physiques  et  naturelles  de  Bordeaux  toute  sa 
gratitude  pour  la  publication  de  la  Vie  d'Aôel. 

—  Le  général  Fealxbllier  est  nommé,  sur  sa  demande,  membre 
correspondant. 

—  M.  Hautreux  fait  une  communication  sur  les  températures 
de  la  mer  et  coups  de  vent  de  Bordeaux  à  New-York. 

Les  paquebots  de  la  Compagnie  Bordelaise  font  route  à  travers 
TAtlantique  100  lieues  plus  au  Sud  que  leurs  concurrents  qui  partent 
de  la  Manche;  ils  traversent  le  Gulf-Stream  moins  obliquement  que 
les  autres  paquebots.  Partant  de  Bordeaux,  ils  suivent  à  peu  près 
Tare  de  grand  cercle  jusqu'au  sud  du  banc  de  Terre-Neuve 
par  43^  Nord  et  52°  Ouest.  L'examen  des  journaux  du  bord  depuis 
trois  années  fait  ressortir  les  faits  suivants. 

Températures  de  la  mer.  De  Bordeaux  jusqu'au  40*  méridien  les 
températures  restent  très  uniformes;  du  42®  au  48®  méridien  se 
rencontrent  des  eaux  chaudes;  du  50®  an  55®  des  eaux  froides,  à 
température  très  basse,  et  du  mois  de  février  au  mois  de  juin,  des 


DES  PROCBS-VERDAUX.  XIII 

glaces;  dn  55®  aa  66®  méridien,  des  eaux  chaades;  du  66^  au  Ib^ 
(New-York),  des  eaux  froides,  depuis  le  mois  d'octobre  jusqu'au 
mois  de  juillet. 

La  région  des  eaux  froides  du  grand  banc  est  la  mieux  accusée 
et  la  mieux  limitée  ;  elle  se  déplace  un  peu  vers  TEst,  poussée  par 
le  Gulf-Stream  pendant  les  mois  d'été. 

Les  glaces  flottantes  signalées  en  avril  1885  ont  une  limite  sud 
orientée  O.-S.-O.  —  E.-N.-E  —  de  44^  lat.  N  et  52*»  long.  W  à 
48**  lat.  N.  et  42^30  long.  W. 

Les  coups  de  vent  violents  modifient  passagèrement  la  tempéra* 
ture  de  la  surface,  surtout  dans  les  points  où  les  eaux  froides  sont 
très  rapprochées  des  eaux  chaudes,  vers  les  bancs  de  Terre-Neuve 
et  du  Nouctoillet. 

Coups  de  vent.  La  route  des  paquebots  de  Bordeaux  passe  géné- 
ralement au  sud  du  trajet  ordinaire  des  cyclones  qui  atteignent 
l'Europe.  On  a  relevé  dans  le  Bulletin  international  que  le  nombre 
des  jours  où  le  vent  a  été  supérieur  à  la  force  6  pendant  les  trois 
périodes  hivernales  1882-83-84-85  a  été  : 

Entrée  de  la  Manche 170 

Embouchure  de  la  Gironde 61 

Les  paquebots  de  Bordeaux,  supportent  donc  le  tiers  des  coups 
de  vent  qui,  au  départ  ou  à  Tarrivée,  atteignent  leurs  concurrents. 
Pendant  les  traversées  de  l'Atlantique  durant  la  mauvaise  saison 
sur  21  parcours,  ces  navires  ont  éprouvé  34  coups  de  vent,  répartis 
à  peu  prés  également  sur  la  surface  de  l'Océan.  —  Un  tiers  à  peine 
de  ces  tourbillons  a  pu  se  relier  aux  coups  de  vent  qui  ont  assailli 
l'Europe  à  la  môme  époque.  Les  deux  autres  tiers  ont  dû  passer 
entre  le  Groenland  et  l'Islande  ou  se  dissiper  en  route. 

Parmi  les  34  bourrasques  essuyées  en  mer,  trois  seulement  ont 
passé  au  sud  de  la  route  des  navires,  toutes  trois  Font  atteinte, 
entre  les  méridiens  42  et  48  Ouest  dans  la  région  des  eaux  chaudes. 

De  ces  observations,  résulte  le  conseil  aux  navires  qui  vont  de 
Bordeaux  à  New-York  de  se  rapprocher  de  la  route  loxodromique, 
depuis  le  mois  d'octobre  jusqu'au  mois  de  février  et,  pendant  le 
printemps  et  l'été,  de  se  diriger  par  arc  de  grand  cercle  de  manière 
à  croiser  le  méridien  de  52°  Ouest  par  42°  ou  même  41°  de 
latitude  Nord. 

—  M.  Rayet  fait  une  communication  sur  «  les  températures 
minima  ubsorvées  dans  le  département  de  la  Gironde  du  15  au 


XIV  EXTRAITS 

31  mars  1885  :  époque  à  laquelle  se  sont  produites  dans  la  Gironde 
des  galées  désastreuses  pour  les  arbres  fruitiers.  > 
Les  rainima  de  température  observés  ont  été  : 

■Cara,         LB  FORGE.  ADÈS.         SAINTE-BÉIËME.  IMm-Miimtiln. 


V 

1,1 

2,8 

t,2 

-0,2 

0,2 

M 

-1,0 

-1,0 

1,8 

-1,4 

0,1 

2,5 

1,1 

0,2 

3,4 

2,4 

3,7 

3,8 

0,0 

-1,0 

2,9 

2,5 

3,2 

2,9 

3,2 

3,2 

15  0,5  1,4  3,5  1,3  2,3 

16  — 1,6  —  0,6  3,6  2,2  1,9 


-5,3 
-5,1 
-2,7 


31  —  0,3  0,6 

C'est  donc  sur  les  plateaux  des  Landes  que  ce  froid  a  été  le  plus 
TÎf.  Quoique  le  froid  n'ait  pas  été  très  considérable  à  Floirac,  il  a 
cependant  été  capable  de  geler,  sur  les  abricotiers  en  particulier, 
les  branches  d'un  an  qui  étaient  couvertes  de  fleurs. 

Séance  da  21  mai  1885.  —  M.  Hautreux  présente  à  la  Société 
une  carte  où  sont  indiquées  les  différentes  températures  observées 
entre  Bordeaux  et  New- York  et  revient  sur  quelques  points  de  sa 
communication  précédente. 

Le  mémoire  de  M.  Haati-enx  est  inséré  dans  le  t.  Il  de  la  3^  série 
des  Mémoires  de  la  Société. 

Séance  du  4  juin  1885.  —  La  Société  s'est  réunie  sur  l'invitation 
de  son  Président  à  l'observatoire  de  Floirac.  M.  le  Président  a 
montré  les  divers  instruments  de  l'observatoire  et  en  a  expliqué  le 
fonctionnement. 

Séance  du  18  juin  1885.  —  M.  Dupetit,  continuant  l'étude  du 
principe  toxique  qu'il  a  retiré  d'un  champignon,  le  iolet  comestible, 
a  constaté  que  ce  principe  jouit  de  la  propriété  de  dédoubler 
l'am^gdaline.  Se  basant  sur  ce  fait  et  sur  les  rétiultats  des  diverses 
expériences  communiquées  antérieurement  à  la  Société,  M.  Dupetit 
conclut  que  le  poison  du  iolet  est  uu  véritable  ferment  soloble  et 


DES  PROCES-VERBAUX.  XV 

propose  de  le  désigner,  ainsi  que  les  substances  analogues  existant 
dans  les  autres  champignons,  sous  le  nom  de  mycofymase. 

La  mjcozjmase  de  VAmanita  rubescens  agit  sur  Famygdaline 
comme  celle  du  boUt,  mais  Tamidon  et  la  saccharose  ne  sont 
nullement  modifiés  parles  diastases  de  ces  deux  champignons. 

L'action  toxique  spéciale  de  VAmanita  rubescens  Bur  les  gre- 
nouilles est  due  à  un  corps  soluble  dans  Talcool  et  non  à  la 
mycozymase. 

M.  Brunel  fait  la  communication  suivante  à  propos  des  systèmes 
articulés.  Soit  ABGD  un  quadrilatère  articulé.  Si  Ton  fixe  les 
points  A  et  B  et  si  Ton  prend  sur  les  côtés  BC  et  AD  deux  points 
Gf  et  D^  que  Ton  relie  par  une  tige  de  longueur  invariable,  le 
système  articulé  est  en  général  rendu  fixe.  Il  arrivera  cependant 
en  certains  cas  où  le  système,  en  raison  du  jeu  qui  existe  aux 
différentes  articulations  et  de  la  flexibilité  des  lames  qui  le  consti- 
tuent, admet  pour  des  positions  déterminées  des  déplacements 
considérables.  C'est  ce  qui  se  présente  dans  les  systèmes  de 
MM.  Hart  et  Darboux.  Les  déplacements  sont  surtout  considérables 
si  le  quadrilatère  ABGD  est  dans  une  position  telle  que  la  distance 
des  points  G^  D^  pris  sur  les  deux  côtés  opposés  passe  par  un 
maximum.  Dans  le  cas  des  systèmes  de  MM.  Hart  et  Darboux,  cela 
a  lieu  lorsque  le  quadrilatère  est  un  trapèze.  En  général  le  même 
fait  se  présente  lorsque  les  droites  AB,  Ql^  et  Gj  Q^  passent  par 
un  même  point.  Dans  les  applications  il  faudrait  donc  s'arranger 
en  sorte  que  le  quadrilatère  ne  se  trouve  pas  dans  le  voisinage 
d'une  position  où  il  y  a  maximum. 

Séance  dn  2  juillet  1885.  —  M.  Durègne  est  nommé  membre 
titulaire. 

—  M.  MiLLARBET  fait  hommagc  à  la  Société  de  son  ouvrage  sur 
les  vignes  américaines. 

—  M.  Lespiault  rend  compte  d'un  orage  qu'il  a  observé  à  Nérac, 
le  28  juin  18S5,  orage  exceptionnel  par  la  violence  et  surtout  par 
la  quantité  d'eau  qu'il  a  déversée  sur  la  viUe. 

La  matinée  avait  été  très  chaude.  A  1  heure  de  l'après-midi,  une 
masse  profonde  de  nuages  noirs,  accumulée  au  S.  et  au  S.-E,  voilait 
déjà  l'horizon  comme  une  muraille  opaque,  tandis  que  la  partie 
nord  du  ciel  demeurait  lumineuse  et  découverte.  Tout  à  coup  un 
vent  impétueux  s'élève,  poussant  devant  lui  de  véritables  nappes 
d'eau  qui  frappent  horizontalement  les  façades  des  maisons,  péné- 
trant par  toutes  les  ouvertures,  et  inondent  en  quelques  instants  un 


XVI  EXTRAITS 

grand  nombre  d'appartements.  Ce  déluge  dure  une  heure  et  demie 
environ,  avec  la  môme  violence.  Les  trombes  d'eau  ont  une  telle 
épaisseur  qu'elles  masquent  complètement  des  édifices  situés  à 
moins  de  cent  mètres.  Les  rues  sont  converties  en  torrents.  Les 
parties  basses  de  la  ville  sont  entièrement  noyées. 

Cet  orage  s'étend  sur  toute  la  partie  de  la  vallée  de  la  Baïse, 
située  entre  le  village  de  Lasserre  et  l'embouchure,  sur  une  lon- 
gueur d'une  trentaine  de  kilomètres  (il  est  à  remarquer  que  cette 
vallée  court  presque  exactement  du  Sud  au  Nord).  La  rivière  a 
instantanément  débordé;  mais  c'est  sur  les  petits  affluents  de 
droite  et  de  gauche  que  la  crue  s'est  surtout  manifestée  d'une 
manière  inattendue.  Tous,  jusqu'au  moindre  ruisseau,  sont  sortis 
de  leur  lit,  ont  franchi  les  lignes  de  faîte,  et,  dès  que  la  diminution 
de  la  pluie  a  permis  d'apercevoir  la  campagne,  on  a  vu  les  pentes 
environnantes  partout  sillonnées  de  torrents  d'une  eau  blanchâtre 
et  boueuse.  L'un  d'eux,  le  ruisseau  de  Malle,  petit  cours  d'eau 
insignifiant  qui  ne  s'élève  jamais  que  de  2  ou  3  mètres  dans  son 
lit  encaissé,  a  entièrement  rempli  son  étroit  bassin,  et,  suivant  la 
route  d'Agen  à  Nérac,  il  s'est  précipité  sur  la  partie  haute  de  la 
ville  éloignée  de  plus  d*un  kilomètre.  En  môme  temps  il  couvrait 
d'un  mètre  et  demi  d'eau  les  champs  qui  s'étendaient  entre  cette 
route  et  son  embouchure,  sur  une  surface  d'une  centaine  d'hectares, 
enlevant  les  foins  coupés,  couvrant  les  blés  et  les  vignes,  renver- 
sant les  clôtures,  défonçant  les  maisons,  entraînant  les  animaux 
domestiques.  D'autres  ruisseaux,  tout  aussi  insignifiants,  ont 
abattu  des  murs  de  soutènement,  crevé  la  conduite  en  béton  qui 
va  de  l'abattoir  à  la  rivière,  raviné  les  terres,  quelquefois  jusqu^à 
plusieurs  mètres  de  profondeur,  laissant  à  nu  les  larges  masses 
rocheuses  du  sous-sol. 

A  chaque  embouchure  8*est  formé  un  long  delta  qui  dépasse  de 
plus  d'un  mètre  la  hauteur  normale  des  eaux,  et  qui  parfois  inter- 
cepte presque  entièrement  toute  la  largeur  de  la  rivière. 

Ajoutons  que  le  chemin  de  fer  de  Condom  à  Port-Sainte-Marie 
a  été  coupé  sur.  plusieurs  points,  heureusement  sur  une  petite 
longueur,  et  que  des  vallons,  qui  n'avaient  jamais  été  inondés, 
roulaient  des  masses  d'eau  qui  dépassaient  la  hauteur  d'un  homme. 

Il  aurait  été  intéressant  d'évaluer  en  millimètres  la  quantité 
de  pluie  tombée  en  moins  de  2  heures.  Malheureusement  le  seul 
udomètre  existant  à  Nérac  est  celui  des  ponts  et  chaussées,  qui  ne 
mesure  que  45  millimètres,  hauteur  jusqu'ici  largement  suffisante. 
Cet  udomètre  était  rempli  dès  la  première  demi-heure,  et  la  tem- 


DES  PROCÈS -VERBAUX.  XVII 

péte  était  si  violente  qu'il  était  impossible  d'essayer  de  le  remettre 
en  service.  Il  a  donc  fallu  se  contenter  de  mesures  très  peu  exactes 
qui  ont  été  prises  à  Taide  de  baquets,  de  cuviers, qui  se  trou- 
vaient par  hasard  dans  les  cours  ou  les  jardins.  Les  évaluations 
approchées  obtenues  par  ce  procédé  varient  entre  160  et  200  milli- 
mètres, ce  qui  répond  à  plus  du  quart  de  la  pluie  normale  d'une 
année. 

Cet  orage  effrayant  se  relie  sans  doute  à  celui  qui  éclatait  à 
Tarbes  dans  la  matinée,  qui,  vers  midi,  couvrait  de  grêle  Auch  et 
la  vallée  du  Gers,  et  qu'on  retrouve  vers  3  ou  4  heures  du  soir  aux 
environs  de  Limoges.  Il  est  à  désirer  que  des  observations  multi- 
pliées permettent  de  le  reconstituer  sur  tout  son  parcours,  et  de  le 
suivre  jusque  dans  le  nord  de  la  France. 

Le  samedi  11  juillet,  entre  4  et  5  heures  du  soir,  une  trombe 
analogue  à  la  précédente,  et  suivant  la  même  direction,  s'est  de 
nouveau  abattue  sur  Nérac;  mais  elle  a  duré  moins  longtemps,  a 
donné  moins  d^eau,  et  n'a  touché  que  la  rive  droite  de  la  Baïse. 
A  1  kilomètre  de  la  rivière,  la  rive  gauche  n'a  pas  reçu  une  goutte 
d^eau.  Ce  qu'il  j  a  de  remarquable,  c'est  que  le  ruisseau  de  Malle 
a  de  nouveau  débordé  et  est  venu,  comme  au  28  juin,  se  jeter  dans 
la  rivière  par  la  route  d'Agen.  Ce  phénomène  se  produisant  deux 
fois  en  quinze  jours,  sur  un  cours  d'eau  qui  n'était  jamais  sorti  de 
son  bassin,  parait  digne  d'être  mentionné. 

Séance  du  16  juillet  1885.  —  M.  Carmionac-Descombes  est 
nommé  membre  titulaire. 

—  MM.  Gayon  et  Dl'bourg,  en  traitant  de  la  levure  de  bière 
successivement  par  une  dissolution  à  100  p.  100  de  tartrate  neutre 
de  potasse  et  par  de  l'eau  distillée  ou  de  l'eau  sucrée,  déterminent 
une  excrétion  abondante  et  une  modification  profonde  de  l'albu- 
mine contenue  dans  cette  levure.  En  voici  un  exemple  : 

Albumine  dissoute  par  le  tartrate ^)1  P- 1^  de  Talbumine  primitive. 

icoagulable  par  la 
chaleur,  l'alcool 
ou  les  acides        »M    - 
non       coagulable 
par  ces  agents..    28,0    —  — 

Albumine  restant  dajis  la  levure 28,0    —  — 

Perte 0,8    —  — 

100,0 

La  proportion  d'albumine  coagulable  diminue  avec  l'âge  de  la 
levure. 

T.  II  (4*  série).  h 


XTIII  RETRAITS  IIES  PROCES- VERBAUX. 

La  levure  Je  brasserie,  ainsi  traitée  parle  tartrate,  se  contracte, 
se  déforme  et  perd  ses  contours  accentués  ;  mais  elle  ne  meurt  pas, 
car,  semée  dans  un  liquide  nutritif,  du  moOt  de  bière,  par  exemple, 
elle  se  rajeunit  et  provoque  la  fermentation.  Toutefois,  elle  no 
reprend  pas  son  aspect  primitif;  elle  devient  blanche  et  caséeu^e, 
se  rapetisse  et  s'allonge;  elle  présente,  en  un  mot,  tons  les  carac- 
tères d'une  levure  nouvelle.  Les  produits  même  de  la  fermentation 
différent  par  le  goût  et  l'odeur  de  ceux  que  donne  la  levure  normale. 

L'albumine  coagnlable  paraît  apte  à  nourrir  la  levure  épuisée 
par  le  tartrate,  car  si  on  l'additionne,  sa  proportion  diminue  régu- 
lièrement pendant  la  fermentation  alcoolique,  comme  dans  l'exem- 
ple suivant  : 

Avant  fermentai  ion 

Aprèsljour  de  rermentation....  35,8  —  — 

—  ajoure  —  ....  33,2  —  — 

-  3    -  -  .,..  M,5  —  — 

—  MM.  Gaiom  et  Dupbtit  exposent  que  la  décomposition  des 
nitrates  parles  microbes  peut  s'expliquer  par  l'action  secondaire 
de  substances  liydrogénées  (en  particulier  de  l'hydrogène),  prenant 
naissance  an  sein  des  liquides  nutritifs  sous  l'influence  directe  ds 
ces  microbes.  La  réduction  des  nitrates  ne  serait  alors  qu'un  épi- 
pbénoméne. 

Quelles  que  soient  la  vraisemblance  et  la  simplicité  de  cette 
explication,  il  faut  cependant  remarquer  que  les  microbes  qu'ils 
ont  étudiés  se  développent  mal  ou  ne  se  développent  point  dans 
les  milieux  non  nitrates,  mais  qu'il  suffit  d'ajouter  à  ces  derniers 
une  petite  quantité  do  nitrate,  pour  qu'aussitôt  la  fermentation 
s'établisse  avec  tous  ses  caractères  habituels  :  trouble,  mousse  et 
dégagement  de  gaz. 

Bien  plus,  si  l'on  sème  du  Baeillus  amylohaster  pur,  dans  une 
solution  nutritive  de  glucose  ou  d'amidon,  on  obtient  une  fermen- 
tation butyrique,  avec  dégagement  d'acide  carbonique  et  d'hydro- 
gène. Dana  ces  conditions,  si  l'on  ajoute  à  la  liqueur  une  petite 
quantité  de  nitrate  de  potasse,  la  fermentation  continue,  et  de 
l'hydrogène  se  dégage  sans  décomposer  le  nitrate. 

11  résulte  de  ce  fait,  plusieurs  fois  constaté,  que  si  l'action  réduc- 
trice de  l'hydrogène  naissant  est  suffisante,  elle  n'est  pas  nécessaire 
pour  expliquer  le  mécanisme  de  la  décomposition  des  nitrates  dans 
les  premières  expériences  de  MM.  Gayon  etDupetit. 


EXTRAITS 


DES 


PROCÈS-VERBAUX  DES  SÉANCES  DE  LA  SOClî?TÉ 


ANN£E  1885-86. 


Présidence  de  Al.   O.   RA.lifK'T. 


Séance  du  19  novembre  1885.  —  M.  le  Président  fait  part  a  la 
Société  de  la  perte  doaloureuse  de  deux  de  ses  membres  :  M.  P.-M. 
Albxandrb  et  m.  O.  de  Lagolongr. 

«  Pierre-Mentor  Alexandre  est  décédé  à  Bordeaux  le  5  août  1885, 
à  Tâge  de  quatre-vingt-un  ans.  Il  était  Tun  des  membres  fonda- 
teurs de  la  Société,  et,  s'il  n'a  donné  à  nos  Mémoires  aucun  travail 
original,  il  s'est  toujours  vivement  intéressé  à  nos  travaux  et  à 
notre  prospérité,  ainsi  que  le  témoigne  son  assiduité  a  nos  réu- 
nions et  le  don  de  plusieurs  livres  précieux,  comme  la  collection 
de  la  première  série  des  Annales  de  chimie  et  de  physique.  » 

«  Louis-Wilhem-Philibert-Philippe-Paul  Ordinaire  de  Lacolonge, 
que  nous  avons  en  la  douleur  de  perdre  le  2  novembre  1885, 
était  membre  de  la  Société  depuis  le  8  mars  1866  et  a  été  notre 
président  en  1882-83. 

»  Ordinaire  de  Lacolonge  était  né  à  Belfort  en  1814,  pendant  le 
siège  de  cette  ville  par  les  armées  alliées,  et  de  son  berceau, 
dressé  dans  Tune  des  casemates  de  la  forteresse,  il  put  entendre 
les  bombes  prussiennes  éclater  sur  sa  tôte.  A  Tépoque  de  la  paix, 
son  père,  directeur  des  Postes,  fut  appelé  à  Strasbourg,  où  son  fils 
fit  ses  premières  études.  Plus  tard,  le  jeune  Louis  fut  envoyé  à 
Paris  dans  une  école  préparatoire,  et  il  entrait  à  l'Ecole  polytech- 
nique en  1833. 

>  En  1835,  il  sortait  de  l'École  polytechnique  dans  les  services 
de  Tartillerie,  était  envoyé  à  l'École  d'application  de  Metz  et  puis 
à  Besançon,  Lyon  et  Toulouse  comme  sous-lieutenant,  lieutenant 
et  capitaine  d'artillerie.  Enfin,  en  mars  1843,  il  était  appelé  à  la 
poudrerie  de  Saint-Médard-en-Jalle  avec  le  titre  de  capitaine 
inspecteur  ac^oint.  Depuis  cette  époque,  0.  de  Lacolonge  n*a  pas 

T.  Il  (3«  série).  c 


i  Bordeaux,  où  l'avaient  appelé  de  nombreases  relatioDS  de 
e,  le  sooveDJr  de  Eon  père,  Tenu  autrefois  prendre  sa  retraite 
cette  ville,  et  enfin  une  alliance  prochaine  avec  l'une  des 
iurcs  familles  du  pays. 

.  de  Lacolonge  est  resté  à  Saint-Médard  jusqu'en  1864,  pas- 
jQccessivement  capitaine  inspecteur  en  1848  et  chef  d'esca- 
en  1859;  il  avait  été  décoré  en  1854,  Pendant  cette  période 
is  de  vingt  ans,  la  poudrerie  de  Saint-Médard  s'est  considé- 
nent  accrue  et  les  plans  des  usines,  des  magasins  de  toute 
a,  des  roues  hydrauliques  multiples  qui  actionnent  encore 
rd'hui  les  machines  à  mélanger  ou  à  broyer  la  poudre,  sont 
ne  tons  de  la  main  de  notre  collègue,  qui  s'est,  dans  ces 
istances,  montré  ingénieur  de  grand  mérite  et  travailleur 
gable, 

ette  vie  active,  la  surveillance  incessante  qu'il  avait  dû 
ST  sur  les  ouvriers  de  t'usine  avaient  cependant  beaucoup 
é  M.  de  Lacolonge,  et  en  1863  il  fut  heureui  de  pouvoir 
re  sa  retraite  et  de  venir  se  axer  à  Bordeani.  Bientôt  après, 
trs  1866,  il  devenait  notre  collègue,  et  je  puis  dire  qu'il  a  été 
es  plus  actifs. 

es  travaux  de  M.  0.  de  Lacolonge  procàdent  tous  de  la  même 
cnpation  :  celle  de  rendre  un  compte  exact  de  la  marche  et 
>de  d'action  de  tontes  les  machines  qu'il  pouvait  voir  fonc- 
tr  autour  de  lui;  celle  de  chercher  si,  par  une  application 
euse  des  principes  de  la  mécanique,  principes  que  ses  études 
z  et  puis  à  Saint-Médard  lui  avaient  rendus  familiers,  il  ne 

pas  possible  de  déterminer  les  défauts  qu'elles  pouvaient 
nter  et  pas  possible,  par  suite,  d'améliorer  leur  rendement.  Il 
rait  pas  facile  d'énumérer  ici  d'une  manière  complète  les 
rches  faites  par  M.  O.  de  Lacolonge  dans  cet  ordre  d'idées; 
nplaisance  était,  à  cet  égard,  inépuisable,  et  ses  très  oom- 

obligés  pourraient  seuls  dresser  le  catalogue  de  ses  travaux. 
je  voudrais  au  moins  donner  aujourd'hui  un  souvenir  à  des 
rches  plus  étendues  et  publiées  dans  nos  recueils  locaux,  soit 
les  Âclei  de  VAcadémie  de  Bordeaux,  dont  il  faisait  partie 
I  1854,  soit  surtout  dans  les  Mimoiret  de  notre  Société,  cnr 
i  elle  qu'il  a  toujours  réservé  ses  recherches  les  plus  éten- 

sndant  qu'il  était  encore  en  partie  absorbé  par  son  service 
M.  0.  de  Lacolonge  a  créé  un  ventilateur  qui  a  figuré  avec 
ur  à  l'Exposition  universelle  de  1855  et  a  plus  tard  été  poor 


DES  PROCES-VERBAUX.  XXI 

lai  l'objet  d'études  et  dVxpériences  sur  la  mesure,  par  les 
naanomètres,  de  la  vitesse  d'un  courant  d'air  passant  dans  la 
tujére  d'une  machine  soufflante  [Actes  de  V Académie  de  Bardeaux, 
23«  année,  1861). 

»  C'est  ensuite  l'emploi  de  la  chaîne  à  augets  comme  moteur  qui 
attire  son  attention,  et  il  s'applique  en  1860  {Actes  de  l'Académie 
de  Bardeaux,  22^  année,  1860)  à  étudier  le  rendement  et  le  mode 
de  fonctionnement  d'une  machine  pareille  formant  le  moteur  d'une 
meunerie  placée  sur  Tune  des  jalles  des  environs  de  Bordeaux. 

»  En  1867,  M.  de  Lacolonge  nous  donne  {Mémoires,  1^®  série,  t.  V) 
un  mémoire  intéressant  sur  la  question  de  savoir  si  un  puits 
doit  être  ouvert  ou  foncé,  puis  une  note  sur  les  divers  moyens 
proposés  pour  faire  contribuer  la  traction  à  l'adhérence  des  loco- 
motives. 

»  En  1873,  il  nous  communique  un  mémoire  critique  important 
sur  la  question  de  l'étuvée  des  farines  {Mémoires,  2^  série,  1. 1, 1873). 
Les  appareils  employés  dans  l'industrie  pour  effectuer  cette  opé- 
ration, indispensable  aux  farines  qui  doivent  être  conservées  ou 
exportées,  sont  nombreux  et  très  différents  même  par  leur  prin- 
cipe. M.  0.  de  Lacolonge  étudie  les  principaux,  les  décrivant  avec 
autorité,  donnant  la  théorie  de  leurs  organes  et  cherchant  leur 
rendement  utile. 

»  Les  années  s'écoulaient  cependant  et  avec  elles  venait  pour 
notre  collègue  une  vie  plus  calme  et  plus  retirée,  de  longues  soi- 
rées de  réflexions  et  aussi  la  possibilité  de  songer  à  des  questions 
plus  difficiles,  d'aborder  des  problèmes  d'une  portée  théorique  plus 
élevée.  M.  0.  de  Lacolonge  travaillait  toujours,  mais  il  aimait  à 
travailler  à  loisir,  poursuivant  sans  hâte,  mais  poursuivant  jusqu'à 
les  résoudre,  les  problèmes  qui  avaient  excité  sa  curiosité,  tou- 
jours en  éveil.  C'est  ainsi  que  pendant  plusieurs  années  il  a  étudié 
le  problème  si  complexe,  et  peut-être  encore  incomplètement 
résolu  aujourd'hui,  du  mouvement  du  pendule  de  Foucault.  Dans 
son  mémoire  de  1880  {Mémoires,  2^  série,  t.  IV,  1880),  il  n'hésite 
pas  à  admettre  comme  un  principe  l'invariabilité  du  plan  de  rota- 
tion, c'est  l'hypothèse  de  Foucault,  et  il  examine  dans  ses  moindres 
détails,  s'aidant  d'une  analyse  géométrique  élégante,  les  consé- 
quences que  le  mouvement  de  rotation  de  la  terre  doit  avoir  sur 
les  oscillations  d'un  pendule  complètement  libre.  Les  résultats 
auxquels  il  parvient  sont  sensiblement  concordants  avec  les  expé- 
riences de  M.  Fonrroque. 

»  Mais  des  études  purement  spéculatives  ne  pouvaient  absorber 


emps  l'ancien  inspecteur  de  la  poudrerie  de  Saint-Médard. 
S83  {Mémoires,  3^  aérie,  t.  Il,  1883),  avec  son  mémoire  sur 
rallélogramme  de  Wat,  M.  0.  de  Lacolonge  revient  à  ses 
!g  de  prédilection  et  assigne  les  conditions  que  cet  organe 
remplir  pour  offrir  au  piston  un  guide  aussi  rectiligne  que 
ble. 

l'est  aussi  au  point  de  vue  des  applications  industrielles  que 
I  regretté  collègue  avait,  depuis  près  de  deux  ans,  entrepris 
borieusea  recherches  sur  les  cjcloïdes.  Les  chagrins  d'abord, 
rte  d'une  compagne  à  laquelle  il  avait  donné  le  meilleur  de 
ffections  et  de  sa  vie,  la  maladie  ensuite,  l'ont  empêché  dd 
iner  ce  travail  sur  lequel  bien  dea  notes  doivent  exister  et 
il  m'entretenait  il  ;  a  quelques  semainea,  se  plaignant  seule- 

de  n'avoir  plus  la  force  de  continuer  ses  calculs. 
I.  0.  de  Lacolonge  laissera  parmi  nous  un  vide  véritable, 
u  à  nos  séances,  il  avait  par  son  affabilité,  par  sa  bienveil- 

extréme,  par  la  solidité  d'une  amitié  que  rien  ne  pouvait 
sr,  par  la  droiture  abaolue  de  son  caractère,  conquis  une 

spéciale  parmi  noua.  Quant  à  moi,  il  me  semble  que  je  viens 
Tdre  un  véritable  ami.  » 

M.  le  Président,  en  prenant  possession  du  nouveau  local  que 
linistration  supérieure  et  le  Conseil  municipal  ont  bien  voulu 
[^er  à  la  Société  des  Bciences  pbjsiques  et  naturelles  dans  le 
s  des  Facultés,  croit  devoir  faire  en  qneltiues  mots  l'histoire 

création  et  du  développement  de  1a  Société  : 
la  Société  des  Sciences  ph^aiqnea  et  naturelles,  qui  compte 
ird'hni  quatre-vingt-quinze  membres  titulairea,  a  eu  des  com- 
ements  modestes.  Son  origine  première  remonte  à  1848  et  à 
François  Laterrade,  directeur  de  l'ancien  jardin  des  plantes 
,  rue  d'Ares.  Laterrade  n'était  pas  un  spécifiste  émineni;  il 
it  médiocrement  les  dissections  et  le  microscope,  mais  il 
idait  une  qualité  bien  plus  gran^^e  :  il  avait  pour  les  plantes 
3  ffenra  une  de  ces  passions  communicatives  qui  sont  seules 
)les  de  grouper  des  élèves  et  de  former  une  école.  Aussi  Bor- 
I  possédait-il  dana  le  jardin  de  Saint-Bruno  une  véritable 

de  botanique.  Chaque  année,  la  Ville  décernait  des  prix  aux 

forts,  et  les  vainqueurs  des  couronnes  dispnléea  étaient, 
juin  suivant,  invités  par  la  Société  Linnéenne  à  assister  à  la 
lu  grand  naturaliste  suédois.  Au  banquet,  qui  terminait  cette 
tonjours  célébrée  avoc  un  grand  éclat  et  hors  de  Bordeaux, 
cupaient  une  place  d'honnaur. 


DK^  PUOCÈS-VEKBAUX.  XXIII 

»  De  tels  moyens  d'émulation  et  le  caractère  pratique  de  rensei- 
gnement du  maître  avaient  fini  par  grouper  autour  de  Laterrade 
de  nombreux  étudiants,  élèves  de  la  Faculté  des  sciences  ou  de 
FEcole  de  médecine,  futurs  horticulteurs,  apprentis  droguistes  et 
même  simples  amateurs. 

»  Ils  sont  rares  aujourd'hui  les  survivants  de  ces  jeunes  botanistes 
qui  comptaient  parmi  les  meilleurs  d'entre  eux  :  M.  le  D'  Micé  et 
M.  H.  Brochon,  encore  nos  collègues;  M.  Lafont,  plus  tard  direc- 
teur de  l'aquarium  d'Arcachon  ;  M.  Fischer,  directeur  du  Journal 
de  Conchyliohgie ;  Eugène  Ramej  (*),  qui  devait  devenir,  quelques 
années  après,  l'un  des  intéressés  de  la  maison  Vilmorin-Andrieu 
et  C*®;  Petit-Lafitte,  fils  de  l'ancien  professeur  d'agriculture  de  la 
Gironde;  Lavernelle...  et  bien  d'autres,  dont  leurs  camarades 
gardent  un  pieux  souvenir. 

»  Plusieurs  de  ces  jeunes  gens  essayèrent  d'entrer  à  la  Société 
Linnéenne;  mais  celle-ci  ne  pouvait  alors  recevoir  parmi  ses  mem- 
bres que  les  auteurs  de  mémoires  originaux.  Repoussés,  au  nom  du 
règlement,  ils  conçurent  la  pensée  de  constituer  entre  eux  une 
Société  d'étude,  de  faire  des  excursions  en  commun,  de  récolter 
des  plantes  ou  des  fossiles  et  de  se  réunir  ensuite  en  assemblée 
générale  pour  écouter  le  récit  de  ces  courses  et  discuter  sur  les 
trouvailles  qu'elles  devaient  amener.  Ces  réunions  du  jeune  groupe, 
encore  innommé,  se  tenaient  alternativement  chez  les  divers  adhé- 
rents, le  plus  souvent  chez  MM.  H.  Brochon  ou  Micé;  on  y  discu- 
tait avec  ardeur  et  pendant  de  longues  heures. 

»  Les  succès  obtenus  par  les  adhérents  du  groupe  dans  les  con- 
cours de  l'École  de  botanique,  l'heureuse  organisation  de  leur 
mode  de  travail,  attira  bientôt  sur  leur  association  l'attention  des 
professeurs  d'histoire  naturelle  de  la  Faculté  des  sciences.  MM.  Ba- 
zin et  Raulin  comprirent  que  ces  étudiants  étaient  des  élèves  à 
encourager;  ils  les  prirent  sous  leur  patronage,  et  bientôt  après 
la  Société  d'Histoire  naturelle  de  Bordeaux  était  fondée  (décem- 
bre 1850).  Son  premier  président  fut  Bazin;  les  membres,  au 
nombre  de  onze,  se  réunissaient  tous  les  quinze  jours  dans  l'un 
des  laboratoires  de  la  Faculté  des  sciences.  MM.  Micé  et  H.  Bro- 
chon représentent  seuls  aujourd'hui  les  premiers  fondateurs. 

La  Société  d'Histoire  naturelle  de  Bordeaux  avait  un  but  bien 
défini  :  étudier  la  physique,  la  chimie,  la  météorologie,  la  constitu- 
tion géologique,  la  fiore,  la  faune  du  sud-ouest  de  la  France  et  du 

(*)  Le  magnifique  herbier  de  E.  Ramey  est  aujourd'hui  à  la  Faculté  de  méde- 
cine de  Bordeaux. 


XXIV  EXTRAITS 

bassin  girondin  en  particulier.  Dans  le  premier  volume  de  ses 
]>ublications  (1854*  1855)  nous  trouvons  en  effet  des  Mémoires  du 
D'  Micé  sur  la  théorie  dualistique  et  unitaire  de  la  chimie,  des 
monographies  botaniques  par  MM.  Bourguignat  et  E.  Ramey,  une 
description  géologique  du  bassin  de  TAdour  par  M.  J.  Delbos,  et 
les  procès-verbaux  des  séances  de  quinzaine  des  années  1850, 
1851,  1852,  1853  sont  remplis  d'intéressantes  communications  sur 
les  sciences  naturelles  et  la  physique. 

»  La  Société  comptait  alors  parmi  ses  membres  (au  nombre  de 
vingt  en  août  1854)  :  Banon,  chef  de  division  à  la  mairie  de  Bor- 
deaux, qui  avait  formé  une  riche  collection  des  fossiles  de  Gradi- 
gnan;  Delbos,  devenu  plus  tard  professeur  à  l'École  industrielle  de 
Mulhouse  et  à  la  Faculté  des  sciences  de  Nancy;  M.  Musset, 
aujourd'hui  professeur  de  zoologie  à  la  Faculté  des  sciences  de 
Grenoble;  Germain,  naturaliste  préparateur;  M.  Ahria,  doyen  de 
la  Faculté  des  sciences;  MM.  Baudrimont  père  et  fils 

»  Indépendamment  de  ses  publications,  la  Société  composait  un 
herbier  de  la  Gironde,  dont  elle  décrivait  dans  son  recueil  les  nou- 
veautés ou  les  variétés.  Le  groupe  homogène  des  premiers  natura- 
listes donna  pendant  quelques  années  tous  ses  soins  à  cette  collec- 
tion de  plantes;  mais  bientôt,  d'une  part,  la  mort,  de  l'autre,  la 
lutte  pour  l'existence  ou  les  déplacements  de  fonctionnaires  ayant 
disséminé  les  travailleurs,  force  fut,  après  quelques  années  d'aban- 
don, de  partager  l'herbier  entre  les  membres  restés  fidèles  au 
culte  de  la  Botanique. 

»  En  même  temps  que  le  groupe  des  naturalistes  fondateurs  se 
disloquait,  des  éléments  nouveaux  venaient  donner  à  la  Société 
une  vie  d'un  nouveau  genre  et  étendre  la  sphère  de  ses  travaux. 
Dès  le  2  juin  1853,  la  Société  avait  pris  le  titre  définitif  de  Société 
des  Sciences  physiques  et  naturelles  de  Bordeaux,  et,  bientôt 
après,  les  professeurs  de  physique,  de  chimie  et  de  mathématiques 
de  la  Faculté  des  sciences  se  faisaient  inscrire  au  nombre  de  ses 
membres  titulaires.  Le  caractère  des  réunions  se  modifie  dès  lors 
rapidement,  et  bientôt  les  questions  de  mathématiques  et  de  méca- 
nique, théorique  ou  appliquée,  alternent  avec  les  communications 
d'histoire  naturelle  et  de  physiologie.  Le  mot  de  science  physique 
est  pris  dans  son  acception  la  plus  large. 

»  A  partir  du  tome  II  de  ses  Mémoires  (1861)  la  Société  des  Sciences 
physiques  publie  dans  ses  recueils  :  les  recherches  mathématiques 
de  V.-A.  Lebesgue,  correspondant  de  l'Institut,  sur  la  théorie 
des  nombres;  les  principaux  Mémoires  de  M.  G.  Lespiault  sur  le 


DES  PROCES-VERBAUX.  XXV 

mouvement  des  nœuds  de  la  lune  et  le  groupe  des  petites  planètes 
situées  entre  Mars  et  Jupiter;  le  plus  grand  nombre  des  travaux 
d'optique  phjsique  de  M.  Abria  et  enfin  la  série  presque  complète 
des  Mémoires  de  M.  Baudrimont.  Doué  d'une  activité  sans  limites, 
d'an  esprit  ouvert  à  toutes  les  idées  nouvelles,  M.  Baudrimont  a 
porté  son  attention  sur  les  questions  les  plus  diverses,  s'occupant 
alternativement  de  chimie,  de  mathématiques,  de  linguistique  et 
de  philosophie. 

»  Les  Sciences  naturelles  ou  médicales  n'étaient  cependant  pas 
abandonnées  par  les  membres  de  la  Société;  elles  avaient  toujours 
une  grande  place  dans  ses  réunions,  et  je  ne  puis  oublier  ici  que 
nous  avons  eu  la  primeur  des  recherches  du  D'^  Oré  sur  la  transfu- 
sion du  sang. 

»  La  publication  de  cette  série  de  travaux  avait  peu  â  peu  appelé 
l'attention  sur  notre  Société  et  le  nombre  des  membres,  qui  était  de 
26  en  1861,  s'élevait  successivement  à  29  en  1863,  à  36  en  1864 
et  enfin  à  51  en  1865. 

»  Avec  cet  accroissement  du  nombre  de  nos  collègues,  la 
Société  obtenait  une  richesse  relative,  très  relative,  heureusement 
augmentée  par  les  généreuses  subventions  du  Conseil  municipal  de 
Bordeaux  et  du  Conseil  général  de  la  Gironde.  En  même  temps 
aussi  l'un  de  nos  plus  savants  collègues  de  la  Faculté  des  sciences, 
M.  Hoiiel,  prenait,  comme  archiviste,  la  direction  des  publications 
de  la  Société  et  la  faisait  profiter  de  sa  grande  érudition  et  des 
relations  qu'il  avait  depuis  longtemps  su  se  créer  parmi  les  savants 
étrangers.  C'est  de  1865  que  date  la  prospérité  complète  de  la 
Société  des  Sciences  physiques,  et  c'est  à  cette  date  que  commen- 
cent les  services  qu'elle  a  rendus  à  la  science  en  général  et  à  la 
science  française  en  particulier. 

»  Je  crois  en  effet  que  c'est  un  honneur  pour  nous  d^avoir  fait 
connaître,  par  des  traductions,,  des  travaux  qui  n'ont  obtenu 
l'influence  légitime  qu'ils  devaient  avoir  en  France  que  le  jour  où 
ils  ont  été  publiés  à  Bordeaux.  La  première  de  ces  traductions 
(due  à  M.  Hoiiel)  et  publiée  dans  le  tome  IV  de  nos  Mémoires  est 
celle  des  études  géométriques  de  N.  L.  Lobatschewskj  sur  la  théorie 
des  parallèles,  imprimées  à  Berlin  en  1840;  elle  fut  bientôt  suivie  de 
la  traduction  du  Mémoire  de  J.  Bolaj  sur  la  science  absolue  de 
l'espace  (t.  VI,  1867).  Les  années  suivantes,  1867  à  1876,  M.  Hoiiel 
publiait  dans  nos  Mémoires  sa  théorie  élémentaire  des  quantités 
complexes  (t.  VI,  1867  —  t.  VII,  1869  —  t.  VIII,  1812  —  et 
2«  série,  t.  I,  1876). 


RXTBAITS 

08  ces  mdmea  To'uroes,  à  c4té  des  hautes  théories  raalhéma- 
de  notre  coUégae  M.  Hoiiel,  se  trouvent  les  savantes  recher- 
I  M.  P.  Bert  sur  les  mouvements  de  la  sensitive,  sur  la  mort 
ssons  de  mer  dans  l'ean  douce,  sur  l'action  éléroenLaire  des 
hiques,  sur  l'amph^oiua,  sur  la  locomotion,  sur  la  phy- 
)  de  laseiche  ;  les  Mémoires  de  M.  Delforterie  sur  les  stations 
oriqaes  et  lacustres  de  Bordeaux  et  de  Cubzac;  enfin,  le 
Mémoire  de  M.  Ferez  sur  la  génération  des  mollusques  gas- 
les. 

tre  Société,  qui  atoujonrspratiquéralliance  la  plus  cordiale 
outes  les  sciences,  consacrait  en  même  temps,  tout  le  t.  VII 
Mémoiret  (1869)  à  la  publication  de  l'Ëtude  de  M.  le  D*"  Micè 
progrès  de  la  chimie  organique  pure.  En  1870  (t.  VIII)  elle 
t  de  même  les  travaux  de  M,  E.  Royer,  sur  la  transforma- 
l'acide  oxalique  et  de  l'acide  carbonique  en  acide  formique. 
mémo  temps,  et  par  les  efforts  continus  de  notre  archiviste, 
iel,  la  Société  étendait  ses  relations  à  l'ancien  continent 
tier  et  à  l'Amérique.  En  1868,  nous  échangions  nos  pnblica- 
vec  presque  toutes  les  institutions  savantes  de  l'Europe,  et 
imptions  presque  partout  des  correspondants,  et  ces  der- 
mdme  parvenus  à  une  haute  situation  scientifique,  étaient 
x  de  recourir  à  notre  publicité.  C'est  ainsi  qu'à  partir  de 
los  volumes  de  Mémoires  renferment  des  travaux  importants 
,  Darboux,  Laisant,  do  Tilly,  P.  Tannery..,  et  l'an  dernier 
ons  avons  publié,  en  un  gros  volume,  une  traduction,  par 
uel,  de  la  biographie  du  célèbre  mathématicien  Abel,  que 
rknes,  professeur  à  l'Université  de  Christiania,  venait 
)  en  norwégien. 

I  publications  d'un  caractère  absolument  scientifique  n'empd- 
.  pas  la  Société  de  faire  en  m^me  temps  une  large  place  anx 
ns  d'un  intérêt  plus  immédiatement  pratique,  plus  industriel 
local.  Dans  les  volumes  de  nos  Mémoires  on  retrouvera:  les 
de  M.  A.  de  Lacolonge  sur  les  étnvea  k  farine,  sur  les  roues 
liques,  sur  le  parallélogramme  de  Watt;  les  travaux  de 
itreux  sur  la  température  de  la  mer  et  sur  la  route  la  plus 
entre  Bordeaux  et  l'Australie,  sur  la  navigation  du  golfe  de 
ne  aux  côtes  du  Brésil,  et  enfin  sur  la  route  suivie  par  les 
ots  de  la  Compagnie  bordelaise  entre  le  golfe  de  Gascogne 
-York. 

cause  de  nos  hivers  pluvieux  et  de  la  violence  des  coups  de 
li  paraissent  être  maintenant  devenus  une  déplorable  carac- 


DES  PKOCES-VERBAUX.  XVVII 

térisiique  de  notre  climat  ont  été  Tobjet  d'inoportantes  communica- 
tions de  M.  Lespiaalt  et  de  discussions  animées  avec  M.  Raulin. 

»  Las  maladies  de  la  vigne  qui,  sous  des  formes  diverses,  ont, 
depuis  quinze  ans,  fait  disparaître  de  TEntre-deux-Mers,  de  la  Cha- 
rente, des  vallées  de  la  Garonne  et  de  la  Dordogne,  une  culture 
qui  faisait  la  richesse  du  Sud-Ouest,  ont  été  pour  nos  collègues 
Tobjet  de  recherches  dont  quelques-unes  ont  eu  un  succès  complet. 
Les  communications  de  cette  nature  commencent,  en  1875,  par  des 
Mémoires  de  M.  Baudrimont  sur  l'action  des  insecticides,  sur  le 
phylloxéra  et  une  description  des  mœurs  de  ce  parasite  par 
M.  Ferez.  M.  Millardet  nous  a  fait  part  de  ses  études  sur  le  carac- 
tère et  le  développement  du  pourridié,  la  structure  de  la  racine  des 
vignes  américaines,  et  nous  a  montré  pourquoi  certaines  d'entre 
elles  pouvaient  résister  à  la  piqûre  du  phylloxéra.  La  greffe  de  ces 
variétés  résistantes  à  l'aide  de  plants  français,  faisait  en  même 
temps  l'objet  d'un  important  Mémoire  de  M™®  Ponsot,  bien  connue 
de  tous  les  viticulteurs,  que  la  Société  a  été  heureuse  de  publier 
dans  le  tome  II  de  la  2®  série  de  ses  Mémoires. 

»  Enfin,  c'est  aux  expériences  méthodiques  de  notre  collègue 
M.  Millardet  que  l'on  devra  l'étude  complète  du  procédé  de  des- 
truction de  l'ennemi  le  plus  récent  de  la  vigne,  le  mildew,  par  le 
mélange  de  sulfate  de  cuivre  et  de  chaux. 

»  Dans  un  autre  ordre  d'idées,  nos  procès-verbaux  récents  ren- 
ferment les  résultats  des  recherches  de  M.  Merget  sur  le  traite- 
ment des  maladies  par  les  vapeurs  de  mercure,  une  étude  de 
MM.  Gajon  et  Dupetit  sur  la  décomposition  des  nitrates  par  les 
microbes,  des  travaux  de  M.  Gajon  sur  la  production  d'un  gaz 
pouvant  servir  à  l'éclairage  par  la  fermentation  du  fumier  de 
forme. 

»  Mes  collègues  voudront  bien  me  pardonner  la  longueur  de  cette 
étude,  incomplète  à  beaucoup  d^égards,  sur  le  passé  de  notre 
Société;  elle  ne  me  semble  pas  cependant  inutile,  et,  quand  les  plus 
anciens  d'entre  nous  auront  disparu,  il  n'aurait  plus  été  possible  de 
la  faire.  Il  m'a  semblé  aussi  que  nous  devions  aujourd'hui,  au 
moment  où  nous  prenons  possession  d'une  salle  qui  nous  est  régu- 
lièrement attribuée  dans  le  palais  des  nouvelles  Facultés,  donner 
un  souvenir  à  la  petite  salle  de  la  rue  Montbazon,  dans  laquelle 
nous  nous  sommes  réunis  pendant  près  de  trente-six  ans,  grâce  à 
l'extrême  bienveillance  de  M.  le  doyen  de  la  Faculté  des  sciences. 
L'exiguité  de  la  pièce  ne  nous  a  pas  empêchés  de  prospérer  et 
d'arriver  a  compter  parmi  nous  la  majeure  partie  de  ceux  qui  à 


X  aiment  ou  cultivent  la  science.  Je  désire  que  la  salle 
9t  bien  aménagée,  dans  laquelle  nous  Bomnies  assemblés 
bui,  entende  à  son  tour  des  communications  capables  de 
lus  haut  encore  le  renom  de  la  Société  des  Sciences  pbysi- 
laturelles  de  Bordeaux. 

38  livres,  autrefois  cachés  dans  des  armoires,  sont  mainte- 
rectement  rangea  autour  de  nous  sur  des  rayona  fort  bien 
Is  ;  si  nous  avons  une  salle  de  réunion  que  bien  des  Sociétés 
is  envier,  nouane  pouvons  oublier  que  nous  sommes  rede- 
le  cette  large  hospitalité  à  M.  le  Maire  de  Bordeanx  et 

Recteur  de  l'Académie  qui,  connaissant  l'importance  de 
ciété,  ont  bien  voulu  dtre  les  intermédiaires  entre  votre 

le  Conseil  municipal  de  Bordeaux  et  M.  le  Ministre  de 
tion  publique. 

DUS  propose  donc,  mes  chers  collègues,  de  nommer  mem- 
loraires  de  notre  Société:  M.  le  Maire  de  Bordeanx,  M.  1» 

de  l'Académie,  et  aussi  M.  l'architecte  Durand,  auquel 
l'honneur  de  tous  lea  détails  de  notre  installation.  > 
ropositions  sont  votées  par  acclamation. 
Président  propose  également  d'adresser  des  remerciements 
UNEL,  archiviste,  qui  a  présidé  à  tous  les  détail:]  du  trans- 
la  bibliothèque. 

proposition  est  votée  à  l'unanimité. 

r  la  proposition  de  M.  Gaton,  M.  Fournet,  vice-président, 
mé  président  honoraire. 

le  Président  annonce  la  mise  en  distribution  du  premier 
)  àa  tome  II  (3*  série)  des  Mémoires  de  la  Société.  Ce  fasci- 
ferme  les  procès-verbaux  de  1884-85. 

Société  procède  au  renouvellement  du  Bureau  ;  sont  élus  : 

toiUWiHWair*.. M.  FOURNET. 

Imt M.  G.  UAYET. 

Préàdml M.  BOUCHABD. 

foir»  ornerai M.  ABRIA 

[aJTM  nlÂtiRlt UK.  GARNAULT  ET  JOANNIS. 

i-m» M.  BRUHF.U 

Tier M.  FOUCERdUX. 

A.  Dupuy,  Aiam,  Jolyet,  Rojer  et  Morisot  sont  élus  mem- 
Conseil  d'administration,  qui  se  trouve  ainsi  constitué  : 


MH.  LESHAULT. 

MU.  DE  LACBIHDVAL. 

MERGET. 

HAUTBEliS. 

DUPUV. 

IIAVSSELLANCE. 

AZAM. 

GAYO». 

JOLïET. 

HILLAnOET. 

MORISOT. 

DES  PUOCES-YEnDAUX.  XXIX 

—  M.  Garnault  fait  une  communication  sur  les  applications 
ihérapentiques  des  sels  solobles  de  bismuth.  MM.  Gayon  et  Dupetit 
aj'ant  montré  que  les  9els  soinbles  de  bismuth,  et  notamment  Fio*' 
duro  double  de  bismuth  et  de  potassium,  étaient  des  antiseptiques 
très  puissants,  M.  Garnault,  après  avoir  fait  quelques  expériences 
montrant  que  dans  des  conditions  à  peu  près  semblables  à  celles 
où  il  se  proposait  d*essajer  Tiodure  de  bismuth  et  de  potassium, 
ce  sel  n'était  pas  toxique.  Ta  employé  en  solution  de  1  p.  100  dans 
le  traitement  des  otorrhécs  chroniques  des  ulcères,  d'une  fistule  à 
Fanas,  d'une  plaie  chirurgicale  fortement  septique,  un  abcès  de 
la  cuisse  avec  carie  du  fémur.  Il  a  obtenu  une  désinfection  rapide 
de  ces  plaies,  ainsi  que  la  disparition  ou  la  diminution  rapide  du 
pus;  tous  les  malades  sont  ou  p^éris  ou  en  voie  de  guérison. 

—  M.  Gaton  et  Dupetit  déposent  leur  mémoire  sur  la  réduction 
des  nitrates  par  ks  infiniment  petits.  Ce  mémoire  est  imprimé  dans 
le  tome  II  de  la  3'  série  des  Mémoires  de  la  Société. 

Séance  du  3  décembre  1885.  —  M.  le  Président  donne  lecture 
des  lettres  de  M.  le  Recteur  et  de  M.  Durand,  remerciant  la  Société 
des  Sciences  physiques  et  naturelles  de  les  avoir  nommés  membres 
honoraires. 

M.  Fallot  est  nommé  membre  titulaire. 

—  M.  Millardbt  rend  compte  à  la  Société  des  résultats  qu*il  a 
obtenus  récemment  dans  le  traitement  du  mildew  et  du  rot  au 
moyen  d^un  mélange  de  chaux  et  sulfate  de  cuivre. 

L'idée  d'employer  les  sels  de  cuivre  au  traitement  de  cette  nou- 
velle maladie  de  la  vigne  lui  a  été  suggérée  en  octobre  1882  par 
la  constatation  des  bons  effets  qu'exercent  sur  le  développement  du 
parasite  les  aspersions  cuivreuses  (})  qu'on  a  l'habitude  de  faire  en 
Médoc,  le  long  des  chemins,  sur  les  pampres  et  les  raisins,  dans  le 
but  de  prévenir  le  grappillage  par  les  passants.  Les  feuilles  tou- 
chées par  le  mélange  cuivreux  montraient  une  résistance  remar- 
quable à  la  maladie.  Aussi,  dès  le  15  mars  1883,  M.  Millardet 
exprimait-il  publiquement  (')  l'espoir  d'obtenir,  au  moyen  des  sels 
de  cuivre,  des  résultats  plus  satisfaisants  dans  le  traitement  du 
mildiou  que  ceux  auxquels  on  était  arrivé  jusque-là. 

Dès  les  mois  de  juin  et  juillet  suivants,  il  se  livra  sur  les  vignes 

O  Soit  avec  le  verdet,  soit  avec  un  mélange  à  proportions  variées  de  chaux  et 
sulfate  de  cuivre  dans  Teau. 

(*)  ZeiUchrïft  fur  ObsL,  Wein.,  und  Garlenbau  fur  Elsasz-Lothringen  ; 
numéros  des  1«<'  et  15  mars  1883. 


XXX  EXTRAITS 

de  son  jardin  à  des  essais  préliminaires,  dans  le  but  de  déterminer 
la  nocuité  et  Tinnocuité  de  divers  composés  cuivreux,  ferreux,  etc. 
En  avril,  il  faisait  part  des  résultats  auxquels  il  venait  d'arriver  à 
M.  Ernest  David,  régisseur  de  M.  Johnston  au  château  Dauzac 
(Médoc).  Ce  dernier  répéta  immédiatement  les  mêmes  expériences 
en  plein  vignoble.  Il  en  fut  de  même  en  1884.  Malheureusement,  l'ab- 
sence presque  complète  de  mildiou  en  1883  et  1884  dans  les  vigno- 
bles où  les  essais  avaient  été  institués  empêcha  les  expérimenta- 
teurs déjuger  de  la  valeur  exacte  des  procédés  employés. 

Cependant,  ces  deux  années  de  recherches  avaient  permis  de 
constater  que  le  mélange  de  chaux  et  sulfate  de  cuivre  avait,  à 
plusieurs  égards,  une  supériorité  marquée  sur  les  autres  procédés 
mis  à  l'essai.  Elles  avaient  servi,  en  outre,  a  déterminer  exacte- 
ment les  doses  les  plus  avantageuses  des  substances  qui  entrent 
dans  sa  composition. 

Le  l®'"  avril  de  cette  année  (1885),  au  moment  d'entreprendre 
une  nouvelle  campagne  contre  le  mildiou,  M.  Millardet  fit  part  à 
la  Société  d'Agriculture  de  la  Gironde  des  résultats  acquis  dans 
ces  deux  années  de  recherches  et  donna  la  formule  du  procédé  de 
traitement,  a  laquelle  il  était  arrivé  avec  l'aide  de  M.  David.  La 
voici  : 

Faire  dissoudre  d'^un  côté  8  kilos  de  sulfate  de  cuivre  dans  100  li- 
tres d'eau  quelconque;  d'un  autre,  faire,  avec  15  kilos  de  chaux 
grasse  en  pierre  et  30  litres  d'eau,  un  lait  de  chaux.  Mélanger  les 
deux  liquides. 

On  verse  la  bouillie  bleuâtre,  qui  résulte  du  mélange,  dans  un 
.'eau  ou  un  arrosoir  qu'un  ouvrier  tient  dans  la  main  gauche; 
tandis  que  de  la  droite,  à  l'aide  d*un  petit  balai  de  bruyère,  il 
asperge  les  pampres,  à  droite  et  à  gauche,  en  marchant  à  reculons, 
afin  de  ne  pas  se  tacher.  —  Avoir  soin  de  tacher  les  raisins  le 
moins  possible. 

Il  est  important  que  le  traitement  ait  lieu  préventivement,  c'est- 
à-dire  dès  la  première  apparition  du  mildiou.  Il  doit  être  suivi  de 
quelques  heures  de  beau  temps,  afin  que  le  mélange  ait  le  temps 
de  sécher  complètement. 

Le  traitement  a  été  appliqué,  du  10  au  20  juillet  dernier,  chez 
M.  Johnston,  par  les  soins  de  M.  David,  sur  une  surface  de  vingt- 
cinq  hectares.  Le  résultat  en  a  été  vraiment  merveilleux  :  les 
vignes  traitées  ont  gardé  leurs  feuilles  jusqu'à  la  fin  de  novembre, 
tandis  que  partout  ailleurs  il  n'en  restait  plus  dès  le  8  septembre. 
La  récolte  dans  les  vignes  traitées  a  été  normale  comme  quantité 


DES  PROCES-YERBAL'X.  XXXI 

et  qualité,  tandis  que  dans  celles  qui  ne  Tont  pas  été  la  quantité  a 
été  très  réduite  et  la  qualité  mauvaise. 

La  diminution  de  quantité  a  sa  cause  principale  dans  le  dévelop- 
pement du  roê,  ou  mildiou,  du  raisin. 

L'expérience  de  cette  année  a  montré  que  cinquante  litres  du 
mélange  suffisent  pour  mille  souches  basses  du  Médoc.  Le  prix  du 
traitement,  tous  frais  compris,  n'a  pas  atteint  cinquante  francs  par 
hectare. 

Un  autre  essai,  sur  une  très  grande  échelle,  puisqu'il  s'agit  de 
100  hectares  de  vignes,  a  été  fait  également,  en  août  dernier,  en 
Italie,  non  loin  de  Novi  (Ligurie),  par  M.  le  marquis  G.  Pinelli 
Gentile  et  M.  Gisueppe  Rebora.  Gomme  en  Médoc,  les  résultats  en 
ont  été  très  satisfaisants. 

L'explication  de  l'efficacité  du  traitement  a  sa  source  dans  la 
sensibilité  vraiment  prodigieuse  des  conidées  du  Peronospora  aux 
sels  de  cuivre.  Si  Peau  dans  laquelle  on  les  met  pour  les  faire  ger- 
mer renferme  seulement  deux  ou  trois  dix-millionièmes  de  cuivre, 
à  l'état  de  sulfate,  leur  germination  est  empochée  :  elles  meurent. 

Or,  il  est  constant,  d'après  les  essais  que  M.  Gayon  a  bien  voulu 
faire  pour  éclairer  cette  question,  que  l'hydrate  d^oxyde  de  cuivre, 
tel  qu'il  se  trouve  à  la  surface  des  feuilles  après  le  traitement, 
englobé  dans  le  sulfate  et  le  carbonate  de  chaux  (qui  se  forme  peu 
à  peu),  est  très  légèrement  soluble  dans  l'eau  pure,  un  peu  plus 
dans  l'eau  chargée  d'acide  carbonique,  davantage  encore  dans 
l'eau  tenant  en  solution  du  carbonate  d'ammoniaque. 

Il  est  donc  naturel  de  conclure  que  les  eaux  météoriques  (pluie 
et  rosée),  qui  contiennent  toujours  plus  ou  moins  d'acide  carbo- 
nique et  de  carbonate  d'ammoniaque,  sont  capables  de  dissoudre 
une  faible  quantité  de  l'oxyde  de  cuivre  déposé  par  le  traitement  à 
la  surface  des  feuilles.  Le  cuivre,  bien  qu'en  quantité  infinitésimale 
dans  l'eau  ou  les  conidées,  déposées  par  le  vent  à  la  surface  des 
feuilles,  sont  appelées  à  germer,  suffit  à  empêcher  le  développe- 
ment de  ces  germes  reproducteurs. 

M.  Gayon  a  bien  voulu  prêter  encore  son  concours  à  M.  Mil- 
lardet  pour  la  recherche  du  cuivre  dans  les  vins  provenant  des 
vignes  soumises  an  traitement.  Il  a  établi  que  ces  vins  contiennent, 
au  maximum,  moins  de  un  dixième  de  milligramme  de  ce  métal 
par  litre,  souvent  même  beaucoup  moins. 

Pour  de  plus  amples  détails,  M.  Millardet  renvoie  à  plusieurs 
notes  qu'il  a  publiées  dans  les  Comptes  rendus  de  V Académie  des 
Sciences  et  dans  le  Journal  d^agricnlture pratique,  depuis  le  i®'  octo- 


nier,  soit  en  son  nom  personnel,  Boit  en  collaboration  avec 
on. 

.  KowALSKi  donne  communication  à  la  Société  d'na  travail 
héorie  des  machinos  dynamo-électriques, 
avail  a  pour  point  de  départ  une  obsorration  sur  la  manière 
.  S. -P.  Thomson,  dans  son  récent  ouvrage  sur  les  djnamo, 
la  différence  de  potentiel  aux  bornes  d'une  machine  anto- 
rice. 

.uteur  admet  d'abord  poiir  ce  calcul  la  proportionnalité  entre 
ité  du  champ  magnétique  et  celle  du  courant  excitateur; 
1  égard  à  l'indétermination  qui  en  résulte  pour  la  valeur  du 
b1,  il  se  borne  à  tirer  de  son  hypotlièse  deux  conditions 
régulation,  et  achève  le  calcul  en  partant  des  formules  éta- 
lur  lui  pour  la  série  dynamo,  en  partant  de  la  loi  de  satu- 
iite  loi  de  Frôlicb.  M.  Kowalski,  admettant  cette  loi,  établit 
une  formule  générale  pour  toutes  les  machines,  et  en 
comme  cas  particuliers  celles  obtenues  par  M.  Thomson 
s  séries  et  shunt  djnamo.  Puis,  prenant  pour  base  les 
ins  de  construction  des  machines  auto-régulatrices,  il  en 
directement  la  nécessité  de  donner  ù  la  machine  une 
déterminée,  dont  il  obtient  la  valeur,  et  calcule  la  force 
■motrice  correspondante. 

brmules  qu'il  obtient  coïncident  du  reste  arec  celles  obte- 
ar  M.  Thomson  par  une  voie  toute  différente  et  moins 
e.  (Voiries  Mémoires,  t.  II.) 

ce  du  17  décembre  1885.  —  MM.  Daovillon,  Thui'Vbnbl 
MER  sont  élus  membres  titulaires. 

.  KowALSKi,  comme  suite  h  sa  précédente  communication, 
l'équation  de  la  courbe  dite  caractéristique  pour  les  trois 
rincipaux  de  dynamo. 

I  courbe  se  réduit  a  priori  à  une  droite  pour  les  Compound 
gulatrices.  Pour  les  deux  autres  types,  son  équation  est  celle 
lyperbole  passant  par  l'origine  des  coordonnées.  Quatre 
liions  suffisent  donc  théoriquement  pour  la  déterminer.  La 
in  de  la  conrbo  est  du  reste  différente  pour  les  deos  type?, 
Icoulent  pour  les  conditions  du  désamorçage  des  machines 
eurs  de  la  résistance  variant  en  sens  inverse.  M.  Kowalski 
i  ensuite  les  relations  qui  existent  entre  los  éléments  géomé- 
des  courbes  et  les  constantes  des  macliines,  d'o&  l'on  peut 
ent  déduire  ces  dernières. 


DES  PROCBS-YERBAL'X.  XXXMI 

Le  mémoire  de  M.  Kowalski  est  imprimé  dans  le  tome  II  de  la 
3®  série  des  Mémoires  de  la  Société. 

—  M.  Bouchard  communique  le  résultat  d'observations  faites 
par  lui  sur  les  cerveaux  de  trois  suppliciés. 

Depuis  quelque  temps,  Tattention  des  anatomistes,  appelée 
d'abord  sur  les  centres  moteurs  de  Fécorce  de  l'encépbale,  tend  à 
rechercher  des  centres  psychiques.  Cette  étude  est  des  plus  diffi- 
ciles, et  aujourd'hui  encore  nul  ne  saurait  rien  affirmer. 

Les  circonvolutions  cérébrales  présentent  un  type  général  tou- 
jours le  môme  chez  l'homme  normal;  leurs  plis  de  passage  peuvent 
varier  et  varient  en  effet  beaucoup  suivant  les  sujets,  mais  tou- 
jours le  nombre  des  circonvolutions  paraît  rester  le  même.  Le  lobe 
frontal,  qui  seul  nous  intéresse  dans  cette  étude,  est  constitué, 
chacun  le  sait,  par  trois  circonvolutions,  dont  la  plus  inférieure, 
la  troisième,  est  bien  connue  depuis  Broca,  dont  elle  porte  le 
nom.  C'est  la  que  se  trouvent  les  centres  moteurs  de  Tarticulation 
des  sons.  Elle  se  rattache  donc  à  la  zone  motrice  et  est,  en  réalité, 
indépendante  des  régions  que  nous  supposons  jusqu'à  présent  psy- 
chiques. Il  est  à  remarquer,  du  reste,  que  sa  nutrition  ne  lui  vient 
pas,  comme  celle  des  deux  premières  circonvolutions  frontales,  par 
l'artère  cérébrale  antérieure,  mais  bien  par  la  branche  extérieure 
de  l'artère  sylvienne,  dont  les  autres  divisions  se  rendent  toutes 
aux  régions  motrices  de  l'écorce. 

Si  donc  on  recherche  des  centres  psychiques,  c'est  dans  l'état 
actuel  de  la  science,  aux  deux  premières  circonvolutions  frontales, 
aux  deux  supérieures  qu'il  faut  s'adresser.  Les  plis  de  passage,  ou 
plicatures  secondaires,  y  sont  nombreux  et  variables;  mais,  je  le 
répète,  à  l'état  normal,  on  ne  trouve  que  deux  circonvolutions  qui, 
par  leurs  pieds,  se  rattachent  à  la  circonvolution  frontale  ascen- 
dante, qui  tient  en  avant  la  scissure  de  Rolande.  La  troisième  fron- 
tale, frontale  inférieure,  se  rattache  elle  aussi  par  son  pied  sur  la 
frontale  ascendante;  de  telle  sorte  que,  en  étudiant  le  bord  anté- 
rieure de  celle-ci,  on  ne  trouve  que  trois  pieds,  trois  soudures  qui 
le  raccordent  avec  le  lobe  frontal. 

Benedickt  ayant  pu  étudier  un  grand  nombre  de  cerveaux  d'as- 
sassins, a  constaté  que  sur  beaucoup  d'entre  eux,  45  0/0  à  peu 
près,  il  existait,  au  contraire,  quatre  circonvolutions  frontales  se 
rattachant,  par  quatre  pieds  distincts,  à  la  frontale  ascendante. 
L'une  d'elles  était  dédoublée,  et  ce  dédoublement  portait  sur  les 
deux  supérieures,  que  nous  admettons  comme  psychiques,  la  troi- 
sième, centre  des  mouvements  de  l'articulation  des  sons,  ne  parti*- 


XXXIV  EXTRAITS 

cîpant  jamais  à  cette  multiplication.  Le  type  des  circonvolutions 
frontales  chez  ces  criminels  était  donc  non  plus  ternaire,  mais 
quaternaire,  et  chez  les  animaux  carnassiers,  chez  les  grands  félins 
surtout,  le  type  quaternaire  est  normal. 

Chose  étrange!  le  nombre  d'assassins  qui,  pour  une  cause  ou  une 
autre,  ont  échappé  à  la  peine  de  mort,  et  qui  sont  récidivistes 
d'assassinat,  se  rapproche  de  la  proportion  des  cerveaux  anormaux 
indiqués  par  Benedickt. 

J'ai  pu,  depuis  un  an,  me  procurer  trois  cerveaux  de  criminels 
exécutés,  l'un  à  Bordeaux  môme,  les  deux  autres  à  Riom  (Puy- 
de-Dôme),  et  ce  sont  ces  cerveaux  que  je  vous  soumets  aujour- 
d'hui. 

Tous  les  trois  présentent  manifestement  quatre  pieds  de  raccor- 
dement sur  la  frontale  ascendante,  mais  chez  tous  le  dédoublement 
ne  porte  pas  sur  la  môme  circonvolution,  et  la  division  ne  s'étend 
que  jusqu'à  la  môme  distance  en  avant. 

Sur  les  cerveaux  n^  1  et  n°  3  vous  voyez  nettement  la  circonvo- 
lution frontale  supérieure;  la  première,  dédoublée  jusque  tout 
à  fait  en  avant;  la  division  porte  sur  sa  totalité. 

Sur  le  cerveau  n^  2,  c'est  la  deuxième  circonvolution  frontale, 
qui  est  dédoublée,  qui  s'insère  par  deux  pieds  distincts  sur  la 
frontale  ascendante;  mais  le  dédoublement  n'atteint  que  jusqu'à  la 
moitié  du  lobe  frontal,  oii  un  pli  de  passage  vient  réunir  les  deux 
divisions  en  une  seule. 

Le  cerveau  n<>3  est  moins  difficile  à  étudier  que  les  deux  autres; 
il  est  plus  simple  dans  ses  plicatures;  le  nombre  des  plis  de  pas- 
sage est  très  petit,  les  circonvolutions  sont  presque  rectilignes  et 
d'une  simplicité  qui  rappelle  la  disposition  du  cerveau  chez  les 
animaux. 

Conclure  de  tout  cela  que  la  division,  le  dédoublement  d'une 
des  deux  circonvolutions  frontales  supérieures  est  cause  de  l'ins- 
tinct homicide  serait  chose  hasardée  et  prématurée,  bornons-nous  à 
constater  les  faits;  quand  ils  seront  plus  nombreux,  il  sera  permis 
de  hasarder  une  théorie. 

Mais,  néanmoins,  en  admettant  a  priori  les  conséquences  que  ces 
recherches  semblent  imposer,  faut-il  conclure  à  l'irresponsabilité 
des  criminels?  Ouil...  Mais,  d'autre  part,  et  ici  je  m'écarte  de  tous 
points  des  conséquences  que  certains  esprits  pourraient  en  faire 
découler,  le  cerveau  des  assassins  étant  constitué  sur  le  type 
frontal  quaternaire,  il  n'y  a  jamais  espoir  de  songer  à  le  modifier 
et  à  le  ramener  au  type  normal. 


DES  PROCES -VERBAUX.  XXXV 

Si  donc  on  arrivait  un  jour  ou  l'autre  à  démontrer  qu'ils  ne  sont 
assassins  que  parce  que  leur  cerveau  antérieur  est  vicieusement 
conformé,  —  comme  cette  conformation  est  celle  ou  se  rapproche 
de  celles  des  grands  carnassiers,  —  la  société,  qui,  si  elle  n'a  pas 
le  droit  de  se  venger,  a  toujours  le  droit  et  le  devoir  de  se  garder, 
doit  s'en  débarrasser  tout  aussi  bien  qu'elle  se  met  à  l'abri  des 
animaux  qui  sont  un  danger  permanent  pour  la  collectivité  qui  la 
constitue. 

—  MM.  Gayon  et  Dupbtit  font  une  communication  sur  un  acci- 
dent de  fabrication  dû  aux  microbes  dans  Tindustrie  du  salpêtre. 

Dans  une  usine  de  Bordeaux  où  Ton  fabrique  du  salpêtre  par  la 
double  réaction  de  l'azotate  de  soude  sur  le  chlorure  de  potassium, 
il  arrive  fréquemment  que  les  eaux-mères  de  çalpôtre  se  colorent 
subitement»  surtout  quand  on  les  soumet  à  la  concentration;  elles 
prennent,  ainsi  que  les  cristaux  qu^elles  imprègnent,  des  teintes 
qui  varient  du  brun  rouge  foncé  an  bleu  noir. 

Ces  colorations  sont  causées  par  de  l'iode  libre  et  de  l'iodure 
d'amidon  en  proportion  variable. 

MM.  Gajon  et  Dupetit  expliquent  ainsi  la  mise  en  liberté  de 
l'iode  : 

Les  nitrates  de  soude  du  Chili  contiennent  généralement  des 
traces  très  appréciables  de  nitrites  dont  l'origine  va  être  expli- 
quée, et,  de  plus,  des  iodures  en  quantité  plus  faible. 

D*autre  part,  les  chlorures  de  potassium  d'Allemagne  contien- 
nent un  peu  de  chlorure  de  magnésium.  Dans  une  fabrication 
normale,  les  impuretés  s'accumulent  dans  les  eaux-mères  quand  le 
chlorure  de  magnésium  est  assez  abondant;  son  hjdrate  se  dissocie 
sous  l'influence  de  la  chaleur,  en  donnant  de  la  magnésie  et  de 
Tacide  chlorhjdrique  ;  celui-ci,  agissant  sur  les  azotites,  met  en 
liberté  de  l'acide  azoteux,  qui,  à  son  tour,  décompose  les  iodures 
en  dégageant  de  l'iode. 

Les  matières  amylacées  produisant  les  teintes  bleues  proviennent 
des  sacs  d'emballage,  qui  sont  lavés  pour  en  extraire  le  sel  adhé- 
rent, et  dont  les  eaux  de  lavage  rentrent  dans  la  fabrication. 

Une  condition  nécessaire  pour  que  l'iode  soit  mis  en  liberté  est 
la  présence  des  azotites.  Quelle  est  l'origine  de  ces  composés?  Si 
l'on  prélève  dans  les  sacs  de  nitrate  de  soude  des  échantillons  en 
divers  points  de  la  masse,  on  constate  aisément  que  les  nitrites, 
peu  abondants  vers  les  parties  centrales,  se  trouvent  en  bien  plus 
grande  quantité  dans  les  couches  voisines  de  Textérieur  et  surtout 
dans  le  tissu  même  du  sac. 

T.  11  (8«  série).  d 


Drmation  do  ces  nilrites  doit  être  attribuée  à  des  microbes 
,  développés  à  la  faveur  de  l'iiumidité  et  de  la  matière  orga- 
du  tissu  d'emballage;  on  peut  observer  ces  organismes  an 
cope  et  les  cultiver  dans  divers  milieux;  quand  on  les  ense- 
dans  du  boaillon  nitrate,  ils  donnent  rapidement  deE  quan- 
[>ns)â érables  de  nitrites. 

nt  à  l'accident  de  fabrication  causé  par  les  azotitcs  ainsi 
ts,  on  peu  le  combattre  aisément  par  remploi  de  l'Iijposul- 
soude,  dont  une  très  petite  quantité  suffit  pour  faire  liis- 
re  les  colorations  signalées.  On  peut  encore  cmpâcher  la 
m  en  éliminant  de  temps  en  temps  la  magnésie  des  eaut- 
nu  mojen  du  carbonate  de  soude. 

iéance  da  14  janvier  1886.  —  MM.  Soulé,  Cue:nevrier  et 
ND  sont  élus  membres  titulaires. 

1.  le  Président  donne  lecture  de  la  lettre  suivante  qui  lui  a 
ressée  par  M.  le  Mairo  de  Bordeaux  : 

fl  Monsieur  le  Président, 

3us  m'avez  fait  connaître  par  votre  lettre  du  23  novembre 
r  qu6  la  Société  des  Sciences  physiques  et  naturelles,  réunie 
a  première  fois  dans  le  nouveau  bâtiment  des  Facultés,  mis 
isposition  pour  la  tenue  de  ses  séances,  a  bien  voulu  conférer 
ire  de  Bordeaux  le  titre  de  membre  honoraire, 
kr  ses  travaux,  par  te  nombre  et  l'importance  de  ses  publîca- 
la  Société  que  vous  présidez  a  pris  une  place  trop  marquée 
ie  mouvement  scientiSque  qui  s'est  produit  depuis  quelques 
9  dans  notre  ville  pour  que  je  n'accepte  pas  comme  un  hon- 
,e  titre  que  vous  avez  conféré  au  premier  magistrat  de  la 

1  nom  de  l'Administration  municipale  et  en  mon  nom  per- 
.,  je  remercie  la  Société  du  vote  qu'elle  a  émis,  et  je  vous 
cie  personnellement.   Monsieur  le   Président,   des  termes 
irs  par  lesquels  vous  me  l'annoncez, 
suillez  agréer  l'assurance  de  ma  considération  la  plus  dis- 

B  Le  Maire  de  Boi-deaux, 
9  Alfred  Daney.  * 

ri.  Baysbellancb  présente  à  k  Société  quelques  exemplaires 


DES  PROCES-VERBAUX.  XXXVIi 

d'ane  note  extraite  de  l'Annuaire  da  Club  Alpin  français  (année  1886) 
sur  un  phénomène  lumineux  observé  au  pic  du  Midi,  dont  il  a 
entretenu  la  Société  il  y  a  quelque  temps. 

—  M.  Rayet  présente  k  la  Société  un  mémoire  sur  la  détermi- 
nation de  la  latitude  de  TObservatoire  de  Bordeaux. 

La  méthode  employée  pour  la  détermination  de  la  latitude  du 
cercle  méridien  de  TObservatoire  a  été  celle  de  la  mesure  de  la 
distance  zénithale  vraie  d'étoiles  fondamentales  de  déclinaisons 
connues.  Cette  méthode  était  la  seule  qui  pût  ôtre  employée, 
puisque  Ton  avait  à  faire  usage  de  cercles  dont  les  erreurs  de  divi- 
sions ne  sont  point  encore  déterminées;  en  répartissant  les  étoiles 
à  observer  entre  le  pôle  et  l'équateur,  on  fait  servir  aux  mesures 
un  très  grand  nombre  de  divisions  des  cercles,  et  on  peut  espérer 
ainsi  avoir  éliminé  dans  une  forte  proportion  l'influence  des 
erreurs  de  divisions.  Les  observations  ont  d'ailleurs  été  faites  dans 
les  deux  positions,  directe  et  inverse,  de  l'instrument,  ce  qui  doit 
avoir  encore  contribué  à  éliminer  du  résultat  anal  l'influence  des 
erreurs  de  traits. 

Des  observations  faites  uniquement  sur  des  circompolaires,  à 
leurs  passages  supérieurs  ou  inférieurs,  auraient  au  contraire  porté 
sur  les  mômes  traits  de  la  division,  et  leur  multiplication  n'aurait 
pas  corrigé  les  erreurs  de  division  des  cercles. 

Les  séries  d'observations  se  sont  étendues  à  presque  toute 
Tannée,  de  manière  à  varier  l'ascension  droite  moyenne  des  étoiles 
observées. 

Chaque  série  comprend  deux  ou  trois  déterminations  du  nadir 
et  l'observatioi  de  dix-huit  à  vingt  étoiles  différentes. 

Dans  le  but  de  calculer  l'erreur  moyenne  du  résultat  pnrtiel  de 
chaque  soirée^  il  a  été  fait  des  observations  particulières  pour 
déterminer  l'erreur  moyenne  d'une  lecture  aux  six  microscopes 
des  cercles  divisés,  d'une  coïncidence  des  fils  dans  l'observation 
du  nadir,  et  enfin  de  la  bissection  d'une  étoile  par  le  fil  horizontal 
du  micromètre. 

Les  détails  de  ces  déterminations  sont  exposés  en  entier  dans  le 
mémoire  :  il  en  résulte  que  l'erreur  moyenne  de  la  détermination 
de  la  latitude  par  une  série  dans  laquelle  on  a  observé  n  nadirs  et 
e  étoiles  est  donnée  par  la  formule 


y       n  e 


XXWIII  EXTRAITS 

et  que  le  poids  de  cette  détermination  est 
/0',10\« 


-m* 


en  prenant  pour  unité   de  poids   celui  d'une   observation   dont 
Teprenr  moyenne  serait  O'.IO. 

Le  tableau  suivant  renferme  les  diverses  valeurs  de  la  latitude, 
obtenues  en  position  directe  ou  inverse,  leurs  erreurs  moyennes 
et  leurs  poids  calculés  d'après  les  principes  précédents  : 


POSITION  DIRECTE 

" 

HUHIk 

Imir», 

un. 

UUIlM. 

■muni. 

niù. 

MU. 

188*  Fév.   23 

44-  50'  7',28 

O'.ll 

0,94 

Fév.   27 

44 

50   6,57 

0  ,09 

1,16 

Mars    7 

44 

50'  6',83 

0',09 

1,15 

Mars    8 

44 

50    6,87 

0,10 

i,oa 

Marais 

44 

50    6.86 

0,09 

1,05 

Mai      6 

44 

50    7,11 

0  ,09 

1,13 

.     Mui      9 

41 

50    7,47 

0,09 

1,09 

Mai    10 

44 

50    7,25 

0,09 

1,12 

Mai    25 

44 

50    7  ,16 

0,09 

1,08 

Juin  10 

44 

50    7  ,53 

0  ,09 

1,17 

Juin  il 

44 

50    7  ,71 

0,09 

1,17 

Aoùl  12 

44 

50    7  ,86 

0,09 

1,15 

Août  13 

41 

50    7,58 

0,09 

1,12 

Août  15 

41 

50   8,24 

0,03 

1,09 

Noï.    4 

44 

50  7,84 

0,09 

1,15 

Noï.    6 

44 

BO   7  ,14 

0  ,09 

1.17 

Noï.    8 

44 

50   6,99 

0,11 

o,a2 

MO  Y.  PONDÉRÉE 

4f  50'  7'^ 

POIDS. 

~»^ 

4i> 

50'  7',16 

POIDS. 

9fi\ 

La  moyenne  pondérés  des  deux  résultats  précédents  donne 
enfin  pour  latitude  du  cercle  méridien 

Latitude  du  cercle  méridien  =  44"  50'  7',33  ±  0',02 

Si  on  supposait  qae  les  observations  du  zénith  sont  rigoureuse- 
ment exactes  et  que  les  erreurs  de  division  du  cercle,  ainsi  que  les 
erreurs  dans  les  déclinaisons  des  étoiles,  peuvent  âtre  regardées 
comme  des  erreurs  accidentelles,  soumises  aux  lois  du  calcul  des 
probabilités,  on  trouverait  que  ta  latitude  du  cercle  du  méridien 
serait 

Latitude  du  cercle  méridien  =  44"  50'  7',24  ±  0',05 
ce  rèsiillat  ne  difTcro  que  de  0',09  du  précédent. 


DES  PROCES-VERBAUX.  XXXIX 

La  moyenne  des  deux  nombres  précédents  44°  50'  V,2d  doit 
donc  être  très  voisine  de  la  valeur  vraie  de  la  latitude. 

L'examen  des  nombres  du  tableau  précédent  paraît  d'ailleurs 
montrer  qu'il  y  a  dans  les  valeurs  trouvées  pour  la  latitude  une 
oscillation  annuelle  d'environ  l',00;  les  latitudes  étant  plus  grandes 
pendant  la  période  chaude  que  pendant  la  période  froide.  Cette 
variation  annuelle,  analogue  à  celle  que  M.  Y.  Villarceau  a  trouvée 
pour  la  latitude  de  l'Observatoire  de  Paris  (Annales  de  rOâserva- 
toire  de  Paris,  Mémoires,  t.  VIII,  p.  319)  doit  d'ailleurs  être  attri- 
buée, en  grande  partie  au  moins,  à  une  erreur  systématique  dans 
la  déclinaison  des  étoiles  fondamentales  de  la  Connaissance  des 
Temps. 

Séance  du  28  janvier  1886.  —  M.  Brunel  fait  une  communi- 
cation sur  la  détermination  analytique  des  courbes  et  des  surfaces 
données  par  des  conditions  topologiques. 

Il  étudie  d'une  façon  plus  particulière  les  courbes  sans  point 
double  que  l'on  peut  tracer  sur  le  tore  et  donne  les  équations  de 
ces  courbes  pour  tous  les  cas  qui  peuvent  se  présenter;  des  modèles 
sont  présentés  à  la  Société. 

La  méthode  employée  s'applique  à  la  détermination  analytique 
de  l'équation  générale  des  propulseurs.  Partant  d'une  surface 
absolument  quelconque,  on  peut  en  déduire  une  infinité  de  propul- 
seurs à  ailes  hélicoïdes,  cycloïdes  ou  autres. 

—  MM.  Gayon  et  Dupetit  font  une  première  communication  sur 
les  recherches  qu'ils  ont  entreprises  sur  la  salure  des  eaux  du 
bassin  d'Arcacbon. 

La  salure  des  eaux  du  bassin  est  soumise  à  des  variations  conti- 
nuelles dépendant  principalement  de  l'état  de  la  marée,  ainsi  que 
le  montrent  les  résultats  ci-dessous  des  dosages  du  chlore  total 
exprimé  en  chlorure  de  sodium. 

EAU  PRISE  LE  31  MAI  1885 

à  rextrémité  de  la  jetée,  à  la  surface. 


N*C1 
Heare.       par  litre. 

Matin    7^150'". . . .  26,3  mar.  descendante 
SU  5".... 26,1 
8ho0-"....25,6 
9M0™....25,7 

lOhQO" 25,5  basse  mer. 

10i»30™...  .25,9  marée  montante. 
Matin  llhOO".... 26,0 


N«C1 
Heure.  par  litre. 

Ilh30'« 26,4 

111145" 28,2 

Soir      3^45™ 29,4  pleine  mer. 

4h30>» 29,6 

Shis™ 29,2 

Shfô" 29,2 


XL  EXTRAITS 

Ces  variations  peuvent  s'expliquer  en  admettant  qu'au  moment 
de  la  marée  descendante  les  eaux  douces,  provenant  des  cours 
d'eau  situés  à  Test  d'Arcachon,  s'écoulent  vers  la  mer,  glissant  à 
la  surface  des  eaux  fortement  salées,  et  ne  se  mélangeant  que 
lentement  et  incomplètement  avec  celles-ci.  L'écoulement  de  ces 
eaux  douces  cesse  à  la  marée  niontante. 

S'il  en  est  ainsi,  on  doit  trouver  de  notables  différences  de  com- 
position dans  les  eaux  prélevées  à  différentes  profondeurs.  C'est 
ce  qui  résulte  en  effet  des  dosages  suivants  : 


EAUX  PRÉLEVÉES  LE  11  MAI 

au  milieu  du  chenal  de  Gujan,  en  face  Tembouchure  du  canal  de  Cazanx, 

à  91^20™  du  malin  (basse  mer  à  8h30'"). 

Eau  de  la  surface 22,3  de  ClNa  par  litre. 

2«n25  de  profondeur 23,8  -— 

4">50  —  2i,3  — 

12  MAI  3h30™ 
à  rextréinilé  de  la  jetée  (haute  mer). 

Eau  de  !a  surface 28,6  de  ClNa  par  litre. 

4^25  de  profondeur 29,4  — 


8  JUIN  Ihiô»»  (haute  mer  à  12^50"') 
eaux  prélevées  à  250  mètres  dans  l'axe  de  la  jetée. 

Eau  de  la  surface 29,9  de  CilNa  par  litre. 

2^50  de  profondeur 30,1  — 

5ni  -  30,1  — 

lOra  —  30,8  — 


A  1^55'"  à  50  mètres  plus  à  l'Est. 

Eau  de  la  surface 28,7  de  ClNa  par  litre. 

12ni50  de  profondeur 30,7  — 

Ces  recherches  ont  été  faites  dans  les  laboratoires  de  la  Société 
scientifique  d'Arcachon,  à  l'aquarium. 

Séaiice  du  11  février  1886.  —  M.  le  Présir^ent  donne  lecture 
d'une  lettre  de  M.  le  Ministre  de  Tinstruction  publique  annonçant 
à  la  Société  une  allocation  de  six  cents  francs. 


DES  PROCÈS-VERBAUX.  XLC 

M.  le  Président  donne  lecture  d*ane  circulaire  de  M.  le  Ministre 
de  l'instruction  publique  relative  à  Téchouement  éventuel  de  flot- 
teurs abandonnés  dans  l'océan  Atlantique  pour  Tétude  des  courants 
marins. 

—  M.  Alengry  est  élu  membre  titulaire. 

—  M.  le  Président  entretient  ensuite  la  Société  de  Fétat  de  ses 
finances  et  de  ses  archives. 

«Conformément  à  nos  statuts,  les  Commissions  nommées  par  vous, 
pour  la  vérification  des  comptes  de  notre  trésorier  (MM.  Morisot 
Gaton,  Azam)  et  l'examen  de  l'état  de  nos  archives  (MM.  Fouge- 
ROLz,  Bayssellancb,  Hautreux)  se  sont  réunies  jeudi  dernier,  et 
je  dois  vous  faire  connaître  les  résultats  de  leurs  délibérations. 

»  Nos  archives  et  notre  bibliothèque,  confiées  à  M.  Brunel,  ont  été 
trouvées  en  bon  ordre,  et  la  Commission  proclame  qu'il  a  fallu  à 
notre  archiviste  beaucoup  de  soin  et  un  grand  zèle  pour  accomplir, 
sans  perte  aucune,  le  déménagement  et  le  Rangement  nouveau  de 
notre  bibliothèque. 

»  La  distribution  du  premier  fascicule  du  tome  II  de  la  3®  série 
de  nos  Mémoires^  fascicule  qui  vous  a  été  distribué  en  décembre, 
peut  être  considérée  comme  terminée.  Ce  fascicule  renferme  les 
procès-verbaux  de  nos  séances  de  1884-85,  qui  ont  été  imprimées 
par  les  soins  de  vos  secrétaires  pendant  la  période  des  vacances. 
J'espère  qu'il  en  sera  maintenant  toujours  ainsi  et  que  cette  publi- 
cation sera  régulièrement  faite  à  la  fin  de  notre  année  académique. 

»  Les  Sociétés  françaises  et  étrangères  avec  lesquelles  nous 
sommes  en  relation  d'échanges  n'ont  pas  cessé  de  nous  transmettre 
leurs  publications,  et  notre  riche  bibliothèque  a  ainsi  continué  à 
amasser  des  documents  précieux. 

»  Les  comptes  de  notre  trésorier  ont  été  trouvés  d'une  régularité 
parfaite  et  approuvés  par  la  Commission  des  finances.  Je  les 
dépose  sur  le  bureau  afin  qu'ils  soient  conservés  dans  nos  archives. 

^  Ces  comptes  font  voir  que  les  recettes  de  1885  se  sont  élevées  a 
2,905  fr.  50,  non  compris  la  subvention  du  Conseil  général,  qui  ne 
nous  sera  versée  que  dans  quelques  jours.  Les  dépenses  d'adminis- 
tration et  d'impression  de  la  biographie  d'Abel  se  sont  élevées  à 
2,385  fr.  50,  laissant  ainsi  un  boni  de  520  fr.  Les  comptes  payés 
depuis  le  l^**  janvier  et  relatifs  à  l'année  1885  ont  déjà  dépassé 
cette  somme. 

»  Pour  l'année  1886,  la  Commission  des  finances  prévoit  une 
recette  de  3,925  fr.,  comprenant  une  subvention  extraordinaire  de 
600  fr.  qui  vient  de  nous  ôtre   accordée  par  M.  le  Ministre  de 


XLII  EXTRAITS 

rinstruction  publique.  Elle  vols  propose  donc  de  régler  comme 

suit  le  budget  des  dépenses  de  J880  : 

EiilL-elien  Je  la  bibliothèque F.  210 

Krais  de  go ti vocations 2{0 

Fr.iis  Je  recouvrements  des  cutisulions 50 

Frais  de  correxpondanue 50 

Reliure 500 

Impression  des  Mémoire! 2,500 

F.  ~3^55Ô" 

>  Le  Budget  que  votre  Commission  vons  présente,  laisse  donc  an 
;xcédent  de  recette  de  315  fr. 

V  parmi  les  difTéronts  articles  de  ce  budget,  deux  scuU  eoot  en 
augmentation  sur  les  prévisions  des  années  précédentes,  ce  sont 
;eus  relatifs  à  la  reliure  et  aux  publications,  et  demandent  une 
lustification. 

>  Aucune  dépense  relative  A  la  reliure  n'a  été  faite  en  1885  et  la 
Msposition  nouvelle  de  notre  bibliothèque  ne  permet  pas  délaisser 
]lus  longtemps  épars  et  non  réunis  les  fascicules  qui  nous  arrivent 
ie  l'étranger.  Pour  les  conserver  nous  devons  les  relier. 

>  La  Commission  d'impression  a  dnns  les  mains,  prêts  à  l'irapres- 
)ion  ou  en  cours  do  composition  :  1°  un  Mémoire  de  MM.  Oayon 
)t  Dupetit  sur  la  décomposition  des  nitrates  par  les  microbes; 
i°  un  mémoire  de  M.  Kowaslki  sur  la  théorie  des  machines 
îynamo-électriques;  3"  un  Mémoire  de  M.  Dupetit  sur  les  princi- 
pes toxiques  des  champignons  vénéneux;  4° un  Mémoire  deM.Élie 
sur  la  théorie  de  l'élasticité  dans  les  milieux  anisotropes.  Cis 
Mémoires  suffiront  à  former  le  2<  fascicule  du  2^  volume  de  la 
3*  série  de  nos  Mémoires.  Ce  fascicule  peut  Stre  imprimé  et  distri- 
bué dans  peu  de  mois. 

B  D'un  autre  cdté,  notre  collègue,  M.  Millardet,  a  bien  voulu  s'en- 
s;ager  à  composer  pour  nos  Xémoirei  un  travail  complet  sur  le  déve- 
loppement et  le  traitement  du  mildew,  et  M.  Brunel  écrit  actuel- 
lement pour  nos  publications  une  importante  monograpliie  des 
intégrales  Eulcricnncs.  Enfin,  nous  attendons  depuis  longtemps 
l'intéressant  travail  de  M.  Merget  sur  ractioo  physiologique  des 
sapeurs  de  mercure. 

»  Votre  Conseilapensé  que  vons  voudriez  bien  mettre  à  la  dispo- 
sition de  votre  Bureau  les  sommes  nécessaires  à  ces  diverses 
publications,  et  que  vous  seriez  heureux  de  donner  à  nos  collègues 
es  moyens  d'imprimer  rapirlement  leurs  Mémoires. 

B  C'est  dans  cette  prévision  que  les  dépenses  d'impression  ont  été 


DFS  PROCES-VRRRAUX.  XLIII 

portées  à  an  chiffre  qni  noas  permettra  de  publier  cette  année 
deux  fascicules  de  nos  Mémoires. 

»  Le  Conseil  espère  que  vous  voudrez  bien  ratifier  par  votre  vote 
le  projet  de  budget  que  j'ai  Thonneur  de  vous  proposer  en  son 
nom.  » 

La  Société  vote  Tapprobation  des  comptes  de  M.  le  Trésorier  et 
le  projet  de  budget  pour  1886. 

—  M.  Blarez  fait  les  communications  suivantes  : 

1°  Dosage  addimitrique  de  V acide  phosphorique  et  de  V acide 
arsénique  en  se  servant  de  la  cochenille  comme  réactif  indicateur.  — 
Lorsque  dans  une  solution  d'acide  orthophosphorique  ou  d'acide 
orthoarsénique,  on  ajoute  deux  gouttes  de  teinture  de  cochenille, 
puis  une  solution  alcaline,  on  observe  que  la  cochenille  vire  très 
nettement  du  jaune  rougeâtre  an  rouge  violacé  lorsque  le  premier 
hydrogène  a  été  remplacé  par  le  métal  alcalin. 

Donc  en  présence  du  réactif  cochenille,  les  acides  orthophospho- 
rique et  orthoarsénique,  tribasiques  tous  les  deux,  se  comportent 
comme  des  acides  monobasiques. 

Gommé  application  imnoédiate  de  ce  mode  de  dosage,  on  peut 
effectuer  les  titrages  des  phosphates  et  des  arséniates. 

Si  on  opère  avec  des  solutions  décinormales  d'acide  phospho- 
rique  et  d'alcali,  les  réactions  sont  très  nettes.  On  remarque  que  si 
on  ajoute  à  un  équivalent  d'un  phosphate  ou  d'un  arséniate  trois 
molécules  d'acide  orthophosphorique  ou  orthoarsénique  le  sel  en 
absorbe  deux  molécules,  une  molécule,  ou  n'en  absorbe  pas,  suivant 
qu'il  est  tri,  bi  ou  mono-métallique. 

C'est  ce  qu'il  est  facile  d'établir  en  mesurant  l'excès  d'acide  au 
mojen  de  la  cochenille  et  de  l'acide  décinormal. 

Ces  résultats,  conformes  du  reste  à  la  théorie,  sont  susceptibles 
d'applications  analytiques  nombreuses;  nous  avons  déjà  étudié  un 
certain  nombre  de  ces  applications,  et  d'ici  quelque  temps  nous 
donnerons  un  résumé  de  nos  recherches. 

2p  Présence  du  Jluor  dans  les  vins  naturels  et  sa  conséquence  au 
point  de  vue  analytique.  —  Il  n'y  a  rien  de  surprenant  a  ce  que 
cette  substance,  abondamment  répandue  dans  le  règne  animal  et 
le  régne  végétal,  se  rencontre  dans  le  vin.  Si  nous  appelons  l'atten- 
tion des  chimistes  sur  ce  point,  c'est  à  cause  des  erreurs  involon- 
taires que  cette  présence  pourrait  faire  commettre. 

A  une  certaine  époque  on  a  conseillé  de  caractériser  la  présence 
des  sulfoconjugués  dans  les  vins  ronges,  en  constatant  la  présence 
d'acide   sulfurique   dans  les  cendres  de  ces  vins  préalablement 


XMV  EXTRAITS 

débarrassés  de  tout  Tacide  dos  sulfates  qu^iis  pouvaient  renfermer. 
Après  avoir  répété  un  grand  non>bre  de  fois  ces  essais,  et  avoir 
chaque  fois  précipité  tous  les  sulfates  solubles  des  vins  en  ques- 
tion, nous  avons  été  amené  à  partager  les  vins  en  trois  catégories. 

1^  Ceux  dont  les  cendres  ne  donnaient  pas  de  précipité  par  le 
chlorure  de  baryum  acide.  Ces  vins  pouvaient  être  considérés 
comme  exempts  de  sulfoconjugués; 

29  Ceux  dont  les  cendres  donnaient  des  précipités  par  le  chlorure 
de  barjum  acide.  Ces  vins  renfermaient  en  effet  des  dérivés  sulfo- 
conjugués; 

3^  Ceux  enfin  dont  les  cendres  donnaient  des  précipités  et  qui 
étaient  absolument  exempts  ide  dérivés  sulfoconjugués. 

Ce  sont  ces  derniers  qui  ont  attiré  d'une  façon  spéciale  notre 
attention.  Nous  avons  reconnu,  après  de  minutieuses  recherches, 
que  le  précipité  (ou  le  trouble  obtenu)  était,  pour  la  majeure  partie, 
formé  par  du  fluorure  de  baryum,  corps  difficilement  soluble  dans 
les  acides. 

d*'  Dosage  volumétrique  des  principes  aliuminoïdes  au  moyen  du 
caméléon,  —  Le  procédé  que  nous  allons  décrire  s'applique  plutôt  à 
établir  des  différences  de  quantités  dans  une  série  d^expériences 
analogues  qu'à  des  dosages  proprement  dits  de  substances  albumi- 
noïdes. 

Il  repose  sur  la  propriété  que  possède  le  caméléon  de  se  réduire, 
lorsqu'on  le  fait  bouillir,  en  liqueur  acidulée  par  de  l'acide  ortho- 
phosphorique,  avec  des  matières  albuminoïdes. 

La  quantité  de  permanganate  décomposé  est  proportionnelle  à 
la  quantité  de  principe  albuminoïde. 

On  fait  donc  bouillir  la  matière  albuminoïde,  additionnée 
d  acide  orthophosphorique,  avec  un  excès  de  caméléon  pendant 
12  minutes. 

On  évalue  ensuite  l'excès  de  permanganate.  A  cet  effet,  on  place 
dans  une  capsule  une  quantité  d'acide  oxalique  en  solution  acidulée 
par  de  l'acide  sulfurique  en  quantité  suffisante  pour  pouvoir  déco- 
lorer tout  le  permanganate  introduit. 

On  verse  la  liqueur  manganique  dans  l'acide  oxalique  et  on 
détermine  ensuite  au  moyen  d'une  solution  titrée  de  permanganate 
l'acide  oxalique  non  détruit. 

De  la  quantité  de  caméléon  employé  on  déduit  celle  des  prin- 
cipes albuminoïdes. 

4*^  Réaction  caractéristique  de  la  sul/ofuchsine  et  sa  recherche  dans 
les  vins.  —  En  faisant  agir  l'oxyde  puce  de  plomb  sur  des  solutions 


DES  "PnOCES-VEH3AUX.  XLV 

aqueuses  colorées  en  rouge,  nous  avons  observé  que  toutes  ces 
liqueurs  étaient  décolorées,  soit  qu'elles  aient  dû  leur  teinte  à  des 
produits  colorants  végétaux,  ou  bien  à  des  matières  colorantes 
dérivées  de  la  houille. 

En  remplaçant  la  solution  aqueuse  neutre  par  une  solution  légè- 
rement acidulée,  particulièrement  avec  Tacide  tartrique,  nous 
avons  observé  que  toutes  les  substances  rouges  étaient  également 
détruites  à  Texception  du  dérivé  iulfoconjugui  de  la  fuchsine. 

De  là  résulte  un  moyen  de  reconnaître  le  corps,  même  en  pré- 
srnce  d'autres  substances  rouges.  Ce  procédé  s'applique  d'une 
façon  spéciale  aux  vins  ronges.  Ces  derniers  sont  tous  décolorés 
lorsqu'on  en  agite  20  centimètres  pendant  une  minute  avec 
5  grammes  de  bioxyde  de  plomb.  Si  le  liquide,  séparé  par  âltra- 
tion  de  l'oxjde  de  plomb,  est  coloré  en  rose  ou  en  rouge,  cela 
indique  la  présence  de  la  sulfofuchsine. 

Les  vins  colorés  avec  cette  substance  sont  très  nombreux^  et  ne 
paraissent  pas  être  sans  inconvénients  sur  la  santé,  comme  l'ont 
récemment  affirmé  MM.  Cazeneuve  et  Lépine,  de  Lyon. 

—  M.  Rayet,  revenant  sur  la  question  de  variation  apparente 
annuelle  de  la  latitude  de  Bordeaux,  donne  lecture  de  la  note  sui- 
vante : 

M.  A.  Auwcfrs  a  publié,  dans  le  Berliner  Astronomische 
Jakrbvch  de  1884^  un  Mémoire  étendu  sur  la  comparaison  de  la 
position  moyenne  des  étoiles  fondamentales  dont  les  positions 
diurnes  sont  publiées  dans  les  principales  éphémérides,  avec  les 
positions  adoptées  pour  le  Berliner  Jahrbuch  (*)  ;  ces  dernières 
positions  sont,  pour  le  plus  grand  nombre,  déduites  des  observa- 
tions faites  à  Pouikowa  et  elles  ont  été  adoptées  par  la  Société 
astronomique  allemande  dans  la  réduction  des  observations  entre- 
prises pour  la  révision  des  zones  de  l'hémisphère  nord. 

La  comparaison  des  positions  moyennes  de  la  Connaissance  des 
Temps  avec  les  positions  moyennes  du  Berliner  Jahrbuch  montre 
immédiatement  qu'il  y  a  entre  les  deux  catalogues  des  différences 
systématiques,  fonctions  de  l'ascension  droite  et  de  la  déclinaison. 
M.  .A-  Auwers  a  étudié  avec  le  plus  grand  soin  la  marche  de  ces 
différences  et,  dans  un  tableau  annexé  au  Mémoire  déjà  cité,  il 
donne  la  valeur  des  corrections  systématiques  à  faire  aux  positions 

(»)  A.  Auwers,  Fund'*mentaUCatalog  fur  die  Zonen-Beobachtungen  am 
NordlU'hen  Himmel^Publicatiqn  der  Astrononiischen  Gesellscfiafl,  n» xiv,  1879. 

A.  Auwers,  Vergleichting  des  Fundanienial-Catatogs  des  Berliner  Jahrbuchs 
mit  denjenigen  der  Connaissance  des  Temps-Berliner  Jahrbuch  fur  188^88"^. 


ites  étoiles  àe  la  Connaissance  des  Temps  pour  ramoner 
is  au  système  <ju  Jahrbuch. 

actuelle  a  pour  but  de  rechercher  si  la  plus  grande 
la  variation  annuelle  de  la  latitude  indiquée  par  les 
is  de  Bordeaux  ne  proviendrait  pas  des  erreurs  sjsté- 
récédentes. 

jes  tableaux  donnés  par  M.  A.  Auwers,  j'ai  donc  formé 
e  série  d'observations  la  valeur  moyenne  de  la  correc- 
latique  qui,  suivant  lui,  devait  être  apportée  aux  décli- 
nuées  par  la  Connaissance  des  Temps  pour  les  étoiles 
lans  la  série  considérée.  Cette  correction  moyenne  étant 
i  In  latitude,  il  en  résulte  une  nouvelle  valeur  de  cet 
le  l'on  trouvera  dans  le  tableau  suivant  : 


dirocie    ii*  50<  7 


41-  âO'  T^+if.tH 


-  0  ,13        41-  50'  7 


tion  systématique  se  trouve  ramenée  à  0',34;  et,  ainsi 
le  est  peut-être  oxplinable  par  la  considération  des 
division  des  cercles. 

luant  aux  latitudes  corrigées  le  système  des  poids  de  la 
lente,  on  arrive  aux  valeurs  suivantes  de  la  latitude  ; 

LAirrUDE  MOYENNE.  POIDS. 

osition  directe 4*"  50'  7',»  8,88 

osition  Inverse 44  SO  7,17  S,81 


ICOYEKSE  PONDÉRÉE..     44'  50'  7',18+0',{ 


me  des  déclinaisons  du  JahHuci,  amène  donc  à  la  coïn- 
esque  absolue  les  latitudes  déterminées  dans  les  deux 


DES  PROCES-VERBAUX. 


XLVII 


positions  de  rinstrament;  dans  le  système  de  la  Connaissance  des 
Temps,  la  différence  était  de  0\d6. 

Les  catalogues  de  la  Connaissance  des  Temps  et  du  Jahrbuch  ont 
d'ailleurs  une  série  d'étoiles  communes;  en  sorte  que  j'ai  pu  uti- 
liser, pour  une  détermination  nouvelle  de  la  latitude,  celles  des 
étoiles  observées  à  Bordeaux  qui  se  trouvent  dans  les  éphémérides 
de  Berlin. 

La  réduction  nouvelle  faite  pour  les  étoiles  communes  aux  deux 
catalogues  a  conduit  aux  résultats  suivants  : 


Date. 
1884  Fév.  23 

—  n 

Mars   7 

—  8 

—  12 

8 

9 

10 


Porttion. 

directe 
inverse 


LaUtad* 
pw  U 

CotUMIÛMUMX  <2ef  TCMfM. 


Srreor  moj. 


lobs.       Xoj. 


LAtltnd* 

parle 

Jakrtmch, 


Mai 


—  25  directe 

Juin  10  ~ 

—  Il  — 

Août  12  — 

—  13  — 

-  15  — 

Nov.   4 

-  6 

-  8 


inverse 


7,94  1 

7  ,13  5  7  ,39 

7,10) 


0».53 
0,36 

0,72 
1,18 
1  ,28 

1,18 
0,99 
0,87 
1,24 

1,12 
0,85 

0,88 
0,90 
0,65 

0,64 
0,86 
0,49 


0F,19 
0,09 

0.19 
0,30 
0,36 

0,31 
0,26 
0,22 
0,3i 

0,26 
0,20 

0,22 
0,23 
0,16 

0,17 
0,22 
0,17 


44o  50^ 


7'.63  ]  ,,  20 

6  ,77  J  '  '^" 

6,90J 

7, 22  J  7, 15 

7  ,24  J 

7,04J 
6,93; 

7.45J 
7,13  5  7,45 
7,78l 

7  ,79  1 


Xrrrar  moy.      Noinlwe 


i     ,01     l    t     y'Z 

6,85) 


oo 


1  obi.        Moj.    étoilM.  FoMc 

0,61 
1,19 

1,12 
0,99 
0,93 

1,12 
1.12 
1,12 
1,19 

1,32 
1,32 

1,25 
1,25 
1,19 

1,05 
1,12 
0,60 


0»,51 
0,38 

0»,18 
0.10 

8 
16 

0,48 
1  ,03 
1  ,10 

0,12 
0,29 
0,30 

15 
14 
13 

0,67 
0,90 
0,85 
1,28 

0,17 
0,23 
0,22 
0,32 

15 
15 
15 
16 

0,84 
0,62 

0,20 
0,15 

18 
18 

0,88 
0,86 
0,58 

0,22 
0,2-2 
0,14 

17 
17 
16 

0,43 
0,50 
0,33 

0,12 
0,13 
0,12 

14 

15 

8 

LATITUDE  MOYENNE  PONDÉRÉE. 

ConnaÎMaanee  des  Temp$, 

Position  directe 44»  50'  7',48 

Position  inverse 44   oO    7  ,19 


Berliaer  JaJirbucS. 

4t«  50'  7',23 
44   50    7,23 


POIDS. 

9,32 
9,17 


Moy.  GÉNÉRALE  PONDÉRÉE  ....    44»  50'  7',34       44»  50'   7%23     18,49 

Les  poids  ont  été  calculés  en  tenant  compte  du  nombre  d'étoiles 
observées  dans  chaque  série  et  du  nombre  des  déterminations  du 
nadir. 

Le  tableau  précédent  montre  que  Temploi  des  éphémérides  du 
Berliner  Jahrbuch  fait  disparaître  presque  complètement  la  varia- 
tion annuelle,  et  que  Terreur  moyenne  d'une  observation  isolée  est 
légèrement  diminuée.  Enfin,  avec  la  môme  éphéméride,  il  y  a  accord 
complet  entre  les  latitudes  déterminées  dans  les  deux  positions  du 
cercle  méridien. 


Séance  du  25  février  1886.  —  M.  Brlnel  lit,  en  son  nom  et  au 

0 

nom  de  M.  de  Lagrandval,  une  analyse  du  mémoire  que  M.  Elie 


lirésonte  à  la  Société  des  Sciences  physiques  et  naturelles.  I.'auleur 
so  propose  d'établir  les  formules  qui  peuvent  ôtre  utiles  pour  la 
détermination  des  constantes  d'élasticité  des  milieux  cristallins  à 
axes  obliques.  Ces  constantes,  au  nombre  de  vinçt  et  une,  ne  sont 
pas  indépendantes;  l'introduction  de  certaines  hypothèses  permet 
de  les  réduire,  duns  les  différents  cas  qui  peuvent  so  présenter,  à  un 
nombre  bien  moindre.  Des  vérifications  expérimentales  seraient 
nécessaires  pour  établir  la  justesse  des  li^pothèsea  faites.  11  était 
donc  utile  d'établir  et  de  réunir  les  différentes  formules  qui  seraient 
indispensables  pour  ces  expériences. 

M.  Voigt  a  publié  un  mémoire  sur  ce  sujet,  mais  il  s'était  astreint 
d  employer  les  coordonnées  rectangulaires.  L'emploi  judicieux  des 
coordonnées  obliques  conduit  d'une  façon  plus  sQre  et  plus  naturelle 
M.  Klie  à  des  simplifications  plus  considérables. 

Après  avoir  rassemblé  dans  un  premier  chapitre  les  formules  de 
transformations  auxquelles  il  sera  nécessaire,  dans  tout  le  mémoire, 
d'avoir  recours,  l'auteur  étudie  les  déformations  et  les  tensions 
qu'il  est  possible  d'employer  en  coordonnées  obliques.  II  établit 
ninsi  une  série  de  relations  de  forme  semblable  à  celles  données 
par  Lamé  en  coordonnées  rectangulaires. 

Il  déduit  ensuite  l'expression  de  l'énergie  en  coordonnées  obli- 
ques de  son  expression  en  coordonnées  rectangulaires;  ce  procédé 
a  l'avantage  de  montrer  que  l'expression  de  l'énergie  no  contient 
ni  plus  ni  moins  d'hypothésfls  dans  un  cas  que  dans  l'autre.  Rankine 
avait  employé  la  même  forme  de  l'énergie  que  celle  trouvée  ici; 
mais,  chez  l'auteur  anglais,  l'emploi  des  notations  symboliques  et 
la  concision  de  l'exposition  rendent  les  résultats  peu  pratiquas. 
D'ailleurs,  Rankine  se  sert,  pour  classer  les  cristaux  au  point  de 
vue  de  l'élasticité,  d'une  surface  qu'il  appelle  latinomiçue;  M.  Elle 
arrive  à  une  classification  un  peu  différente,  en  prenant  comme 
point  de  départ  la  notion  de  plan  de  symétrie,  plus  fondamentale 
que  celle  de  la  surface  tasinomique.  Il  arrive,  do  la  sorte,  à  établir 
que  le  nombre  des  constantes  nécessaires  pour  caractériser  les 
cristaux  homoédres  est  de  : 

KOHOaE  DES  CONSTANTES. 

ConBtiinte*    +     Angles 


pour  le  cu)>?. 

—     prisme  qu.ulr.itiqiic. 

—     prisineorthorlioinliiqiic!. 

1=   4 

—     iliomboèdre. 

—     prisme  liexugonal. 

2=   8 

—     prisme  moiiutl inique. 

3  =  12 

—     prisme  triuli nique. 

DES  PROCES-VERHAUX.  XLIX 

Les  formules  de  réduction  des  vingt  et  une  constantes  au  ndmbre 
final  sont  données  dans  les  différents  cas. 

En  résumé,  nous  estimons  que  ce  mémoire,  qui  peut  ôtre  consi- 
déré comme  l'introduction  d'un  traité  d'élasticité  des  milieux  ani- 
sotropes,  est  pour  les  physiciens  d'une  importance  considérable. 
C'est  seulement  par  des  travaux  de  cette  nature  que  les  expéri- 
mentateurs pourront  parvenir  à  pénétrer  plus  intimement  dans  la 
connaissance  des  milieux  cristallisés. 

Nous  concluons  en  priant  la  Société  des  Sciences  physiques  et 
naturelles  de  Bordeaux  de  nommer  M.  Elie  membre  correspondant 
et  de  vouloir  bien  imprimer  dans  ses  Mémoires  le  travail  que  nous 
venons  d'analyser  rapidement. 

—  L'insertion  du  mémoire  de  M.  Elie  dans  les  Mémoires  de  la 
Société  est  votée.  Ce  travail  fait  partie  dut.  II  de  la  3^  série. 

La  Société  nomme  en  outre  M.  Elie  membre  correspondant. 

—  MM.  Gayon  et  Dlbourg  font  connaître  d  la  Société  la  suite 
de  leurs  recherches  sur  la  sécrétion  anormale  d'albumine  par  les 
levures  qui  ont  été  traitées  successivement  par  une  solution  con- 
centrée de  tartrate  neutre  de  potasse^et  par  de  l'eau  distillée. 

1^  Cette  sorte  d'albuminurie  coïncide  avec  une  hypersécrétion 
d'invertine,  ou  ferment  soluble  de  sucre  cristallisable.  Voici,  par 
exemple,  les  poids  de  sucre  transformé  en  sucre  interverti  par  les 
eaux  de  lavage  d^une  levure  traitée  et  de  la  môme  levure  non 
traitée  : 


Après  4  heures. 

A  pris  f4  heures. 

Avec  la  levure  ti*aitée 

17gr,32 

3agr,io 

—           non  traitée 

1     ,32 

9    ,08 

29  La  présence  du  tartrate  de  potasse  affaiblit  l'action  de  l'inver- 
tine,  môme  à  des  doses  peu  élevées;  l'acétate  d'urane  produit  un 
effet  semblable. 

3^  Les  levures  alcooliques  qui,  normalement,  ne  sécrètent  pas 
d'invertine,  et  qui  se  distinguent  par  ce  caractère  des  levures  ordi- 
naires de  brasserie,  diffèrent  encore  de  celle-ci  par  la  manière 
dont  elles  se  comportent  avec  le  tartrate  neutre  de  potasse.  Elles 
ne  cèdent  pas  d'albumine  coagulable  à  l'eau  distillée. 

40  Les  moisissures  qui  produisent  de  l'invertine,  telles  que  le 
Pénicillium  çlaucum  et  Yaspergillus  niger,  donnent  les  mômes  résul- 
tats que  les  levures  de  brasserie  lorsqu'on  les  traite  par  les  solutions 
concentrées  du  tartre  neutre  de  potasse. 


L  EXTRAITS 

^  M.  Garnault  a  observé  chez  un  infusoire,  qu*il  décrit  rapi- 
dement, la  communication  des  vésicules  contractiles  avec  Texte- 
rieur. 

Séance  du  11  mars  1886.  —  M.  Millardet  fait  hommage  à  la 
Société  d'une  brochure  dans  laquelle  se  trouve  exposé  le  traite- 
ment qu'il  a  institué  pour  combattre  le  mildiou. 

—  M.  Cazenave  présente  à  la  Société  un  appareil  qui  permet 
d'asperger  rapidement  les  vignes  malades  avec  le  mélange  de 
sulfate  de  cuivre  et  de  chaux  préconisé  par  M.  Millardet. 

—  M.  Hautreux  entretient  la  Société  des  résultats  qu'il  a  obte- 
nus en  étudiant  les  divers  bancs  que  présentent  la  Garonne  entre 
Bordeaux  et  Royan. 

—  M.  Duregne  appelle  l'attention  des  membres  de  la  Société 
des  Sciences  physiques  et  naturelles  sur  l'utilité  et  le  développe- 
ment des  laboratoires  créés  à  Arcachon  par  la  Société  scientifique 
de  cette  ville. 

Séance  du  25  mars  1886.  —  M.  Hautrbux  fait  quelques  obser- 
vations au  sujet  de  sa  dernière  communication. 

Tl  présente  quarante  échantillons  des  fonds  pris  dans  la  Dordogne, 
la  Garonne  et  la  Gironde  ;  montre  les  dififérences  d'aspect  des  bancs 
de  sable  dans  les  trois  régions  et  à  l'embouchure,  et  présente  une 
carte  de  la  rivière  montrant  les  points  où  les  fonds  ont  été  pris;  il 
remet  cette  carte  et  ces  échantillons  à  la  Société. 

—  MM.  Gayon  et  Dubourg,  complétant  leurs  recherches,  annon- 
cent que  le  mucor  erectus  et  le  mucor  racemosus  traités  par  le 
tartrate  ne  sécrètent  pas  non  plus  de  ferment  inversif. 

MM.  Gayon  et  Dubourg  ont  essayé  différentes  substances  pour 
comparer  leur  action  sur  la  production  d'albumine;  ils  ont  pu 
ranger  ces  corps  en  quatre  catégories  : 

1^  Composés  ne  donnant  rien  avant  l'addition  d'eau  et  donnant 
un  coagulum  après  : 


Tartrate  de  soude. 
Tartrate  d*ammoniaque. 
Paratartrate  d'ammoniaque. 
Tartrate   d'ammoniaque   et    de 

soude. 
Tartrate  droit  d'ammoniaque  et 

de  soude. 


Tartrate  gaucho  d  ammoniaque 

et  de  soude. 
Glycérine. 
Glycol. 

Alcool  propyliquc. 
Alcool  caprylique. 
Alcool  allylique. 


DES  PROCÈS -VERBAUX.  LI 

29  Composés  donnant  on  trouble  avant  l'addition  d*eau  et  un 
coagulun)  après  : 

Chlorure  de  potassium.  Acétate  de  soude. 

Chlorure  de  sodium.  Acétate  de  potasse. 

Sulfate  de  soude.  Oxalate  d'ammoniaque. 

Sel  de  Seignette.  Oxalate  neutre  de  potasse. 
Succinate  d*ammoniaque. 

3^  Sels  donnant  un  coagulum  avant  et  après  : 

Sulfate  d*ammoniaque.  Sulfate  de  magnésie. 

Phosphate  d'ammoniaque.  Chlorate  de  potasse. 

Phosphate  de  soude.  '   Ferrocyanure. 
Nitrate  de  potasse.  Sulfate  de  zinc. 

Hyposulfite  de  soude.  Sulfate  de  cuivre. 

4^  Composés  qui  n'ont  rien  donné  ni  avant  ni  après  : 

Alcool  ordinaire.  Nitrate  d'ammoniaque. 

Alcool  méthylique.  Crème  de  tartre  soluble. 

Alcool  amylique.  Chlorure  de  barj'um. 

Alcool  isopropylique.  Chlorure  de  calcium. 

Alcool  butylique.  Sulfate  ferreux. 

Alcool  isobutylique.  Chromate  de  potasse. 

Acétone.  lodure  de  potassium. 

Aldéhyde.  Ferricyanure. 

Les  acides  minéraux  ou  organiques  ne  donnent  rien  ni  avant  ni 
après,  ainsi  que  les  sels  acides  minéraux  ou  organiques. 

Séance  du  18  avril  1886.  —  M.  Mortsot  reproduit  devant  la 
Société  quelques  expériences  disposées  par  lui  pour  montrer  com- 
ment un  liquide  traverse  un  autre  liquide  sans  se  mêler  avec  lui, 
môme  quand  ces  deux  liquides  diffèrent  à  peine  par  leur  nature  ou 
leur  densité. 

Le  premier  liquide  A  est  contenu  dans  un  vase  de  verre  :  on  y 
fait  plonger  Tune  des  branches  d'un  siphon  amorcé  dont  Taulre 
branche  plonge  dans  le  liquide  B.  Pour  déterminer  Tafflux  de  ce 
dernier,  il  suffit  de  provoquer  une  légère  élévation  du  niveau  B, 
soit  en  soulevant  le  vase,  soit  en  y  plongeant  un  corps  suffisam- 
ment volumineux. 

Pour  mieux  suivre  la  marche  du  liquide  amené,  il  est  bon  de  le 
colorer  avec  du  rouge  ou  du  violet  d*aniline,  qui,  tout  en  le  ren- 
dant très  visible,  altère  à  peine  sa  nature. 

T.  H  (3*  léric).  e 


On  voit  alors,  dans  tous  les  cas,  le  liquide  amène  former  des 
âleta  oa  des  nappes  qui  restent  très  longtemps  faciles  À  distinguer 
au  milieu  du  liquide  incolore,  ne  se  confondant  avec  lui  que  par 
l'agitation. 

Voici  les  principaux  cas  étudiés  : 

1"  Dans  de  l'eau  froide  contenue  dans  le  vase  A,  on  fait  arriver 
de  l'eau  colorée  échauffée  dans  le  vase  B.  Au  début,  l'extrémité  du 
siphon  étant  entourée  d'eau  froide  et  remplie  d'eau  fi-oide,  la  pre- 
mière eau  qui  arrive  est  froide  aussi.  Elle  descend  alors  sous  forme 
d'un  filet  rectiligne  prolongeant  la  direction  du  siphon.  Ce  filet  vient 
se  briser  sur  le  fond  du  vase,  ay  épanouit  en  nappes,  présentant  la 
forme  de  volutes,  de  tores,  de  couronnes  qui  demeurent  accumu- 
lées au  fond. 

Mais  bientdt  le  tube  s'échauffe;  l'eau  qu'il  amène  n'a  pas  le 
temps  de  se  refroidir.  Alors  le  filet,  après  une  descente  de  quel- 
ques centimètres,  s'arrête,  se  relève  et  traverse  tonte  la  hauteur 
de  l'eau  froide  sans  se  mêler  avec  elle;  enfin  il  vient  s'étaler  à  la 
surface. 

Si  la  branche  du  siphon  est  effilée  et  légèrement  oblique,  le  filet, 
en  se  relevani,  affecte  la  forme  d'un  arc  de  parabole,  absolument 
comme  nn  jet  d'eau  renversé.  Si  la  branche  du  siphon  est  bien 
verticale  et  peu  efQIée  à  l'ouverture,  le  filet  s'épanouit  peu  à  peu 
pendant  qu'il  descend,  présente  la  forme  d'une  embouchure  de 
trompette  dont  les  bords  se  relèvent  de  plus  en  plus,  et  finissent 
par  remonter  en  entourant  le  tube  d'une  véritable  gaine  qui  ordi- 
nairement se  maintient  à  quelque  distance  du  tabo,  lequel  en 
occupe  l'axe.  —  Si  la  vitesse  d'écoulement  est  sufiSsamment  faible, 
cette  gaine  se  replie  sur  le  tube  lui-même:  en  augmentant  alors 
progressivement  la  vitesse  d'écoulement,  on  fait  descendre  plus 
bas  le  point  de  rebroussement,  mais  la  nappe  remontante  ne  cesse 
pas  d'adhérer  au  tube. 

On  fait  arriver  de  l'eau  ordinaire  colorée  dans  de  l'eau  salée 
présentant  à  peu  près  la  densité  de  l'eau  de  mer. 

On  voit  se  reproduire  les  mêmes  phénomènes  que  dans  les  expé- 
riences précédentes,  mais  avec  un  peu  moins  de  netteté.  I.e 
mélange  semble  plus  facile  entre  l'eau  douce  et  l'eaq  salée  qu'entre 
l'eau  chaude  et  l'eau  froide. 

Ces  expériences  confirment  et  reprodaisent  sur  une  petite 
échelle  et  sous  une  forme  assez  frappante  les  résultats  généranx 
des  obscrvalions  communiquées  a.  la  Société  par  M.  Hautreux  snr 
les  températures  de  la  mer,  et  par  MM.  Gajon  et  Dupetît  sur 


DES  PROCES-VERRAUX.  I.III 

rinvasioD  de  Teau  douce  dans  le  bassin  d'Ârcachon.  Elles  rappel- 
lent aussi  des  phénomènes  naturels  bien  connus:  la  persistance  du 
Gulf-Stroam  traversant  Tocéan  Atlantique  septentrional,  celle 
du  Rhône  traversant  le  lac  de  Genève,  enfin  Tindépendance 
durable  signalée  par  M.  Hautreux,  dans  la  Garonne  et  la  Gironde, 
entre  les  différents  bancs  plus  ou  moins  vaseux,  de  Teau  de  chenal 
apportée  par  le  fleuve,  et  l'eau  de  mer  refoulée  par  le  flot. 

—  M.  Hautreijx  communique  à  la  Société  les  résultats  fournis 
par  les  bouteilles  flottantes  qui  ont  été  jetées  à  la  mer  par  le 
prince  de  Monaco,  vers  42^30  lat.  Nord  et  34®  long.  O.  Paris; 
quelques-unes  ont  été  recueillies  &  San-Miguel  et  à  Péco  (Açores). 

Les  courants  les  ont  entraînées  au  S.-Ë.  à  raison  de  8  milles  par 
24  heures. 

Cette  information  montre  que  les  eaux  atlantiques,  sur  le  paral- 
lèle du  cap  Finistère  (Espagne),  loin  de  remonter  vers  le  N.-E. 
comme  on  le  croyait  généralement,  se  dirigent  vers  le  S.-E.  et  ne 
peuvent  gagner  ni  les  côtes  d'Angleterre,  ni  les  côtes  de  France. 

Ces  flotteurs  seront  donc  entraînés  soit  vers  les  côtes  d'Afrique, 
soit  vers  les  Antilles. 

—  MM.  Gaton  et  Dubouro  ont  étendu  leurs  observations  sur 
les  levures  inversives  à  d'autres  cellules  capables  de  sécréter  des 
ferments  solubles. 

En  traitant,  par  des  dissolutions  concentrées  de  tartrate  de 
potasse,  des  graines  de  moutarde  ou  des  amandes,  ils  ont  obtenu 
une  excrétion  abondante  de  matières  albuminoïdes  et  en  môme 
temps  de  grandes  quantités  de  sjnaptase  et  d'émulsine. 

Les  cellules  du  foie  se  comportent  de  la  môme  manière  et  per- 
dent par  le  môme  traitement  de  l'albumine  et  un  ferment  soluble 
qui  agit  non  sur  l'amidon,  mais  sur  le  sucre  de  canne. 

L'expérience  avec  le  foie  ne  réussit  que  si  cet  organe  est  pris 
quelques  instants  après  la  mort  de  l'animal  ;  au  bout  de  24  heures 
ce  traitement  est  inefficace. 

Séance  du  13  mai  1886.  —  M.  le  Président  fait  part  à  la 
Société  de  la  perte  douloureuse  qu'elle  vient  de  faire  dans  la  per- 
sonne de  M.  E.  Rojer,  brusquement  enlevé  à  l'affection  des  siens, 
dans  la  journée  du  i^^  mai  1886. 

«  M.  Ernest  Royer  avait  été  admis  dans  notre  Société  le  10  jan- 
vier 1856,  et  pendant  trente  ans  il  fut  l'un  des  plus  assidus  à  nos 
réunions,  nous  entretenant  de  ses  recherches  de  physique  et  de 
chimie,  s'intéressant  à  tous  nos  travaux,  désireux,  par-dessus  tout, 


d'encourager  ceax  qui,  comme  lui,  nimuient  la  science,  La  veille 
de  sa  mort,  il  s'occupait  encore  d'expériences  qu'il  espérait  nous 
présenter  dans  l'une  de  nos  prochaines  séances. 

»  Toujours  affable,  toujours  modéré  dans  l'eipression  de  ses  opi- 
nions, notre  cher  collègue  ne  comptait  parmi  nous  que  des  amis. 
La  Société  fut  donc  heureuse  de  l'appeler  à  la  vice-présidence  en 
J862  et  en  1864,  et  à  la  présidence  en  1865.  De  1863  à  1870  il  n'a 
pas  cessé  de  faire  partie  de  notre  Conseil,  et  nous  aurions  tous  été 
satisfaits  de  lui  conserver  ces  fonctions,  si,  par  un  sentiment 
exagéré  de  modestie,  par  attachement  pour  les  élèves  de  l'institu- 
tion qu'il  venait  de  fonder  et  auxquels  il  estimait  qu'il  devait  tout 
son  temps  et  toutes  ses  forces,  il  ne  nous  eût  priés  de  le  laisser 
tout  entier  à  ses  soins  de  chef  d'une  nombreuse  famille  de  jeunes 
gens. 

j>  Royer,  né  à  Poitiers  le  23  mai  1821,  fit  ses  études  an  l^'cée 
de  cette  ville  et  puis  à  Paris  où  il  fut  reçu  bachelier  és-lettres  en 
septembre  1842.  11  fut  alors  successivement  nommé  maître  d'études 
au  Ijeée  de  Tours  (10  février  1844),  et  au  l^cée  Saint-Louis 
(3  décembre  1845).  Il  venait  bientôt  après  à  Bordeaux,  oii  il  obte- 
nait son  diplAme  de  bachelier  ès-scîences  mathématiques,  en 
août  1846. 

>  La  carrière  de  l'enseignement  lui  était  désormais  ouverte,  et, 
à  sa  demande,  un  arrêté  du  3  septembre  1847  le  nommait  régent 
de  mathématiques  au  collège  rojal  de  La  Réole.  Il  ne  devait  plus 
quitter  l'Académie  de  Bordeaux,  et  c'est  devant  notre  Faculté  des 
sciences  qu'il  obtenait  le  grade  de  licencié  es  sciences  physiques 
(août  1850)  et  puis  le  titre  de  licencié  es  sciences  mathématiques 
(juillet  1851). 

»  Un  brillant  avenir  universitaire  paraissait  donc  s'ouvrir  devant 
le  jeune  professeur  du  collège  de  La  Réole;  mais  Rojer  avait  des 
idées  libérales,  il  aimait  la  République  et  ne  savait  pas  le  cacher. 
A  la  snite  du  coup  d'Etat,  il  fut  exilé  et  obligé  de  se  rendro  d'abord 
à  Jersey  et  puis  à  Bilbao  ;  il  ne  rentra  en  France  que  vers  la  fin 
de  1855. 

>  Dès  son  retour  à  Bordeaux,  Royer  était  retourné  au  labora- 
toire de  M.  Baudrimont,  dont  il  fut  l'ami  dévoué  et  le  préparateur 
de  juin  1856  à  18S0.  A  cette  Ecole,  dans  des  entretiens  de  chaque 
jour,  il  puisa  l'exactitude  d'esprit  dont  témoignent  tous  ses  tra- 
vaux. 

»  Dans  lo  laboratoire  de  l'ancienne  Faculté  des  sciences,  dans  le 
cabinet  de  notre   ancien  collège  Baudrimont,  M.  Royer  s'était 


DES  PROCES-VERBAUX.  LV 

trouvé  en  relations  avec  un  autre  membre  de  notre  Société,  M.  le 
D''  Micé.  Tous  deux  étaient  sincèrement  dévoués  à  l'instruction, 
tous  deux  aimaient  à  enseigner  et  tous  deux  avaient  quelques 
élèves.  L'idée  de  s'associer  pour  fonder  une  pension  devait  être  la 
conséquence  forcée  de  ce  goût  commun  d'enseignement.  En  1860 
fut  fondée  la  pension  Royer-Micé,  qui,  pendant  onze  ans,  a  compté 
comme  Tune  des  meilleures  de  notre  ville.  Toutefois,  l'association 
des  deux  jeunes  professeurs  fut  rompue  en  1871,  et  M.  Royer  fon- 
dait immédiatement  une  nouvelle  institution  qu'il  a  dirigée  jusqu'en 
août  1884. 

»  Vingt-quatre  ans  d'enseignement  actif  avaient  fatigué  notre 
collègue,  et  il  fut  heureux  de  se  retirer  dans  sa  maison  de  la 
route  du  Médoc,  où  nous  sommes,  l'autre  jour,  venus  lui  rendre  un 
dernier  hommage.  Il  espérait  y  travailler. 

>  E.  Rayer  a  successivement  donné  à  nos  procès-verbaux,  ou  à 
nos  Mémoires  : 

»  1856.  —  Expériences  sur  la  cristallisation  du  soufre. 

»  1860.  —  Note  sur  un  sel  nouveau  nommé  sulfoschistate  de 
baryte. 

»  1862.  —  Note  sur  un  moyen  de  production  des  alcaloïdes  arti- 
ficiels. 

»  1863.  —  Essai  sur  la  constitution  chimique  de  l'huile  de 
schiste. 

»  1863.  —  Action  du  phosphore  sur  l'essence  de  térébenthine. 

»  1865.  —  Expériences  sur  la  production  du  bioxyde  d'azote  par 
l'action  de  l'acide  azotique  dilué  sur  le  cuivre. 

p  1869-1870.  —  Recherches  sur  le  pouvoir  hydrogenant  du  cou- 
rant intrapilaire  et  sur  la  transformation  de  l'acide  carbonique  en 
acide  formique. 

»  1876.  —  Note  sur  le  galvanomètre  de  Bourbouze. 

»  1876.  —  Influence  des  rayons  de  lumière  diversement  colorés 
sur  le  développement  des  racines  de  jacinthes  de  Hollande. 

»  1880.  —  Recherches  sur  la  diffusion  des  vapeurs  de  mercure  à 
travers  les  liquides. 

»  Ces  recherches  resteront,  j'en  ai  la  conviction,  et  si  nous 
n'avons  plus  le  bonheur  de  voir  parmi  nous,  chaque  jeudi  de 
quinzaine,  notre  collègue  bien-aimé,  le  souvenir  de  l'homme  de 
cœur,  de  l'ami  sûr  et  dévoué,  surviva  de  longues  années  parmi 
nous.  » 

—  M.  JoANNis  communique  à  la  Société  le  résultat  de  ses  recher- 
ches sur  l'oxyde  noir  de  cuivre.  Ce  corps  présente,  selon  la  tempe- 


lire  à  laquelle  on  l'a  préparé,  des  propriétés  bien  différentes. 
imisà  des  températures  ne  dépassant  pas  440°,  il  se  dissout  faci- 
lent  dans  les  acides  ;  après  avoir  été  calciné  au  rouge  vif,  il  ne 
laisse  au  contraire  attaquer  qu'avec  une  extrâme  lenteur.  Cette 
ërence  de  propriétés  est  due  à  un  changement  d'état  éprouvé 

■  l'oxjde,  changement  d'état  qui  est  attesté  par  le  dégagement 
li=,a  qui  se  manifeste  quand  on  passe  de  l'oxjde  soluble  à  l'oxyde 
oluble  dans  les  acides.  Cette  quantité  de  chaleur  a  été  mesurée 

attaquant  comparativement  les  deux  oxydes  par  un  tnâme 
lange  d'acide  chlorhydrique  et  d'iodure  d'ammonium. 
1  résulte  en  outre  des  observations  faites  dans  l'étude  de  cet 
i'de,  que  la  matière  noire  obtenue  par  l'ébullition  de  l'ean 
este  est  un  hydrate  d'oxyde  de  cuivre  et  non  de  l'oxyde  de 
vre  anhydre.  De  nouvelles  expériences  sont  nécessaires  pour 
,blir  la  formule  de  cet  hydrate,  qui  a  paru  comprise  entre 
0  1/2  HO  et  CuO  1/3  HO. 

V  la  suite  de  cette  communication,  M.  Foumet  dit  avoir  remar- 
i  en  effet  que  dans  la  préparation  industrielle  du  sulfate  de 
vre  au  moyen  du  cuivre  métallique,  celui-ci  devait  être  oxydé 

■  calcination  à  la  plus  basse  température  possible;  les  parties 
sines  de  l'autel  se  dissolvaient  moins  facilement  que  les  autres 
i  avaient  été  moins  chauffées. 

—  M.  Ddput  présente  à  la  Société  un  porte-greffe;  le  nparia, 
nt  l'écorce  a  été  entièrement  rongée  par  les  vers  blancs.  Un 
ind  nombre  des  ceps  d'une  vigne  qu'il  possâde  étalent  atteints 
la  même  façon. 
M.  Lespiault  dit  que  le  fait  était  déjà  connn. 

Séance  du  27  mai  1886.  —  M.  Blarbz  fait  une  communication 

■  une  réaction  permettant  de  différencier  les  matières  colo- 
ites  dérivées  de  la  bouille  des  matières  colorantes  d'origine 
pétale. 

!tl.  Blarez  rappelle  que  depuis  longtemps  il  a  essayé  de  résoudre 

,te  question;  qu'il  a  traité  successivement  les  matières  colo- 

ites  par  des  oxydes  métalliques  et  des  sels  métalliques,  soit  en 

ueur  acide,  soit  en  liqueur  alcaline,  soit  à  froid,  soit  à  chaud. 

As  que  certaines  matières  colorantes  végétales   n'étaient  pas 

truites  par  les  réactifs  employés. 

[1  propose  aujourd'hui,  en  son  nom  et  en  celui  de  M.  Denigès,  le 

>yen  suivant  pour  atteindre  ce  but  : 

Dn  ajoute  à  une  solution  alcoolique  légèrement  acidulée  par  de 


DES  PROCES-VERBAUX.  LVII 

Tacide  tartriqae  et  renfermant  une  petite  quantité  de  sabsiances 
tannantes,  la  matière  à  essayer. 

On  prend  10  centigrammes  du  liquide  ainsi  obtenu,  on  y  ajoute 
dix  gouttes  d'acide  acétique  cristallisable,  et  on  porte  à  lOO'.  A  ce 
moment,  on  ajoute  dans  le  liquide  0  gr.  20  d'acétate  mercurique 
en  poudre  ;  on  agite  et  on  filtre  après  avoir  laisse  refroidir. 

Toutes  les  matières  colorantes^végétales  sont  précipitées  à  l'état 
de  laque  insoluble. 

Toutes  les  matières  colorantes  originaires  de  la  houille  sont 
maintenues  en  solution  en  totalité  ou  en  grande  partie.  Dans  cer- 
tains cas,  celles  qui  sont  entraînées  avec  le  précipité  peuvent  être 
enlevées  par  le  traitement  de  ce  dernier  par  de  l'alcool  acidulé 
par  de  l'acide  acétique. 

On  peut  retrouver  ainsi  dans  10  centigrammes  d'un  liquide 
coloré  artificiellement  0^^000002  de  sulfo-fuchsine,  0^0001  de  ronge 
de  Bordeaux,  0^00002  de  fuchsine,  0^00002  de  rocelline  ou  orsel- 
line  n**  3,  etc. 

Les  substances  suivantes  ont  été  essayées  et  ont  été  retrouvées 
à  très  petites  doses  :  les  différents  ponceaux,  les  oranges  I,  II  et  III 
de  Poirrier,  le  brun  de  phénjlène,  la  safranine,  la  fluorescéine^ 
l'oésine,  l'érjthuésine,  le  jaune  d'aniline,  le  vert  d'aniline,  les  diffé- 
rents violets  d'aniline  et  les  bleus  d'aniline. 

M.  Dlarez  indique  ensuite,  à  propos  du  dosage  de  l'eau  oxygénée, 
une  modification  de  l'appareil  qu'il  a  construit  pour  le  dosage  cli- 
nique de  Turée,  et  qu'il  a  déjà  présenté  à  la  Société;  cette  modifi- 
cation permet  de  faire  plus  commodément  le  dosage  non  seulement 
de  l'urée,  mais  encore  des  sels  ammoniacaux,  des  carbonates  et  de 
Teau  oxygénée. 

A  propos  de  ce  corps,  l'auteur  rappelle  que  dans  ces  derniers 
temps  il  a  relevé  une  erreur  dans  les  procédés  de  dosage  rapide 
préconisés.  On  faisait  agir  Feau  oxygénée  sur  le  bioxyde  de  man- 
ganèse, et  tout  Toxygène  dégagé  était  compté  comme  provenant 
de  ce  liquide.  Or,  avec  les  eaux  oxygénées  du  commerce,  qui  sont 
toujours  acides,  la  réaction  est  plus  compliquée,  car  le  bioxyde 
intervient  dans  la  réaction  et  dégage  un  volume  d'oxygène  égal  à 
celui  fourni  par  l'eau  oxygénée. 

Voici  le  procédé  qu'emploie  M.  Blarez  : 

On  place  dans  le  ballon  à  réaction  de  l'appareil  une  pincée  de 
bioxyde  de  plomb,  quelques  grammes  d'eau  et  une  dizaine  de 
gouttes  d'acide  azotique.  On  met  le  ballon  en  communication  avec 
le  tube  gradué,  et  on  fait  tomber  un  ou  deux  centimètres  cubes 


EXTIIAITS 


de  l'eau  oxjgénée  à  analyser  au  moyen  de  la  pipette-pompe  dont 
l'appareil  est  muni,  La  rëactioo  qui  a'opére  -en  quelques  secondes 

peut  être  représentée  ainsi  : 

H'O»    +    PbO'    +    2.\ïOTI    =    (AiO")»Pb    +    2H>0    +    0> 


L' oxygène  provenant  pour  une  moitié  de  l'eau  oiygénée  et  pour 
l'autre  moitié  du  bioxyde  de  plomb,  on  doit  prendre  la  moitié  du 
volume  dégagé  pour  avoir  le  résultat. 

—  M.  Raybt  communique  à  la  Société  le  résultat  de  ses  obser- 
vations sur  l'orage  du  12  mai;  ces  observations  seront  complétées 
à  la  Euite  de  l'enquâte  ouverte  à  ce  sujet  par  la  préfecture  de  la 
Gironde. 

—  A.  titre  de  renseignement,  M.  BAYSsGr.LANCE,  qui  se  trouvait 
sur  la  Garonne  entre  le  Bec-d'Ambès  et  Bordeaux  pendant  l'orage, 
fait  à  la  Société  la  communication  suivante  : 

Il  partait  de  l'iie  Cazaux  vers  quatre  heures  et  demie;  le  vent 
était  faible  du  sud-est,  mais  le  ciel  était  complètement  noir  & 
l'ouest.  Vers  cinq  heures,  un  premier  ornge  éclatait  et  jetait  sur 
le  pont  du  bateau  une  grdle  nsst?z  abondante  mêlée  de  pluie  et 
grosse  au  plus  comme  des  noisettes.  Après  un  quart  d'heure  envi- 
ron, vers  cinq  heures  et  demie,  un  second  orage  couvrait  le  pont 
d'une  couche  beaucoup  plus  abondante  de  grêle,  dont  quelques 
grains  atteignaient  la  grosseur  d'une  noix.  Cet  orage  était  évidem- 
ment celui  qui  venait  de  passer  sur  Bordeaux.  Les  éclaira  étaient 
violents,  mais  assez  rares. 

Cette  bourrasque  passée,  la  pluie  cesse  pendant  un  certain 
temps;  le  ciel  restait  très  noir  à  l'ouest,  mais  les  nuages  sem- 
blaient se  diriger  vers  le  nord.  A  l'arrivée  à  Lormont,  vers  six 
heures  un  quart,  une  averse,  venant  de  Bordeaux,  enveloppe  le 
bateau  avec  une  telle  violence  qu'on  ne  voyait  plus  à  conduire;  il 
fallut  ralentir  considérablement  l'allure  de  la  machine;  on  ne  put 
reprendre  la  marche  normale  que  dans  la  rade  de  Bordeaux.  Pen- 
dant tout  le  temps  du  trajet,  l'air  avait  été  assez  calme  :  aucune 
bourrasque  de  vent  n'a  été  ressentie. 

—  M.  Batssellance  donne  à  la  Société  quelques  renseignements 
sur  les  travaux  de  rescindement  en  cours  à  l'tle  Cazaux. 

L'entreprise  consiste  ^  enlever  une  bande  de  400  métrés  de  large 
environ  sur  toute  la  longueur  de  l'île,  en  reportant  les  déblais  sur 
le  territoire  restant,  et  à  creuser  en  cet  endroit  un  chenal  de 


DES  PROCES-VERBAUX.  LIX 

cinq  mètres  de  profondeur  an  minimum  au-dessous  des  basses 
mers. 

Quatre  genres  d*engins  différents  sont  employés  à  ce  travail.  Un 
excavateur  creuse  jusqu'à  4  ou  5  mètres  de  profondeur  et  rejette 
les  terres  sur  des  wagons.  C'est  là  le  moyen  le  plus  primitif.  La 
couche  attaquée  se  compose  presque  entièrement  d'argile  com- 
pacte ;  en  dessous,  se  trouve  du  sable,  qui  sera  enlevé  plus  facile- 
ment par  les  dragues  à  rspiration. 

Un  autre  grand  excavateur,  pouvant  enlever  jusqu'à  2,000  mètres 
cubes  en  dix  heures  de  travail,  jette  les  déblais  sur  une  longue 
courroie  sans  fin  de  1°^20  do  largeur  environ,  qui,  glissant  sur  les 
rouleaux  d'une  poutre  métallique  de  300  mètres  de  long,  va  déverser 
les  terres  sur  la  partie  de  l'île  qui  ne  doit  pas  être  enlevée.  Far  un 
mécanisme  ingénieux,  cette  poutre,  portée  sur  une  série  de  pié- 
droits roulant  sur  des  rails,  se  meut  automatiquement,  parallèle- 
ment à  elle-môme,  en  môme  temps  que  l'excavateur.  Lorsque 
celui-ci  a  fait  une  série  de  passées,  on  le  fait  reculer  en  déplaçant 
ses  rails,  mais  on  n'a  pas  besoin  de  toucher  aux  rails  de  la  poutre, 
qui  peut  avancer  en  roulant  sur  les  piédroits  qui  la  supportent.  La 
courroie  se  compose  d'un  treillis  métallique  de  six  centimètres 
d'épaisseur,  emprisonné  dans  une  épaisse  couche  de  caoutchouc. 
Elle  coûte  à  elle  seule  50,000  francs. 

Dans  le  bassin  déjà  creusé  par  les  excavateurs,  on  a  fait  pénétrer 
de  l'eau  à  haute  mer,  et  on  a  amené  des  dragues  qui  attaquent  à 
leur  tour  le  terrain,  soit  en  élargissant,  soit  en  approfondissant  la 
fouille.  Une  pompe  centrifuge  puissante  lance  un  violent  courant 
d'eau  dans  un  tube  d'environ  25  centimètres  de  diamètre,  qui,  au 
moyen  de  raccords  en  cuir,  peut  être  allongé  indéfiniment.  Les 
terres  enlevées  par  la  drague  sont  déversées  dans  une  trémie,  d'où 
elles  tombent  dans  le  tube,  et  sont  entraînées  par  le  courant  jus< 
qu'au  point  ou  on  veut  les  déposer,  sans  ravoir  à  traverser  les 
organes  de  la  pompe.  Quand  la  distance  est  trop  longue,  une 
pompe  de  relai  est  interposée  sur  le  parcours  du  tuyau.  L'eau, 
après  avoir  déposé  la  vase  en  suspension,  revient  dans  la  fouille. 

La  compacité  des  déblais  dragués  a  obligé,  pour  éviter  l'obstruc- 
tion du  tuyau,  à  intercaler  au-dessous  de  la  trémie  un  malaxeur 
qui  divise  au  passage  les  blocs  de  terre  en  morceaux  de  petit 
volume  au  moyen  de  lames  tournantes  croisant  des  couteaux  fixes. 

Ces  dragues  fonctionnent  d'une  manière  satisfaisante.  Au  point 
de  vue  de  la  force  dépensée,  elles  présentent  cependant  un  défaut  : 
c'est  que,  pour  déverser  les  terres  dans  la  trémie,  elles  doivent  les 


à  4  oa  5  mètres  au-dessua  du  ta^au  dans  lequel  elles  retom- 
[1  y  a  là  une  dépense  de  travail  inutile. 
n,  une  drague  d'un  système  plus  simple,  évitant  ce  défaut, 
d'ôtre  installée,  Fur  les  indications  de  M.  l'ingénieur  en 
asqueau.  L'organe  eRsentiel  est  une  pompe  centriTuge  établie 
es  palettes  en  acier  de  25  à  30  millimètres  d'épaisseur,  assez 
lont  espaces  pour  que  les  blocs  de  terre  puissent  la  traverser 
anger.  Le  tuyau  d'aspiration  plonge  à  l'avant  entre  deux 
JX  tournant  sur  le  mâme  axe  et  armés  de  lames  héliçoï- 
Ces  lames  découpent  le  terrain  en  morceaux  de  petit  volume, 
nt  entraînés  avec  l'eau  aspirée  et  refoulés  à  la  distance 
Ekire. 

me  on  le  voit,  cet  engin  est  d'une  grande  simplicité  de 
isme,  par  conséquent  d'un  prix  relativement  modique,  et 

peu  de  dérangements.  Le  fonctionnement  en  est  très  satis- 
.;  aussi,  l'entrepreneur  a-t-il  commandé  une  nouvelle  drague 
ne  genre  beaucoup  plus  puissante. 

travaux  sont  donc  entrepris  en  ce  moment  sur  une  large 
:  et  poussés  de  plus  en  plus  activement.  Mais  la  masse  de 
i  déplacer  est  tellement  considérable,  qu'il  faudra  encore 
irs  années  avant  que  le  nouveau  chenal  puisse  être  ouvert 
i  à  la  navigation. 

tce  du  24  juin  1886.  —  M.  le  Président  annonce  à  la  Société 
■fi  douloureuse  qu'elle  vient  de  faire  dans  la  personne  de 
ioiifll,  et  s'exprime  en  ces  termes  :  . 
puis  notre  dernière  réunion,  la  Société  a  fait  une  perte 
reuse,  qui  sera  vivement  ressentie  par  nous  tous.  M.  G.-J. 
notre  collègue  depuis  le  9  janvier  1862  et  notre  archiviste 
17  à  1884,  a  succombé,  le  lundi  14  juin  1886,  à  la  longue 
e  qui  le  tenait  éloigné  de  nous  depuis  près  de  deux  ans.  Ne 
ant  aucune  illusion  sur  le  mal  qui  l'avait  frappé,  il  avait 
au  mois  de  mai  1885,  après  nous  avoir  fait  ses  adieux,  après 
^oir  distribué  des  souvenirs,  revenir  aux  environs  de  Caen, 
\  maison  de  Périers,  où  il  avait  passé  son  enfance,  et  dont 
parlait  jamais  qu'avec  émotion;  pour  elle  seule,  pour  la 
,  il  consentait  parfois  à  interrompre  pour  quelques  jours  ses 
E.  C'est  là  qu'il  s'est  éteint,  après  plusieurs  jours  de  vives 
ne  es. 

iltnume-Jules  Hoiiel  était  né  à  Thaon  (Calvados)  le  7  avril 
.1  fit  ses  études  au  lycée  de  Caen,  puis  à  Paris,  au  collège 


DES  PnOCES-VERDAUX.  LXI 

Rollin.  Elève  modèle,  travaillear  assidu,  d'ane  intelligence  égale- 
ment apte  à  sentir  la  musique,  a  comprendre  les  beautés  des  litté- 
ratures grecque  et  latine  ou  à  pénétrer  les  secrets  d'une  démons- 
tration géométrique  difficile,  Hoiiel  eut  de  grands  succès  scolaires, 
et  il  entrait  à  TÉcole  normale  supérieure  en  1843,  Fan  des  pre- 
miers de  sa  promotion.  A  la  fin  de  sa  troisième  année,  il  fut  envoyé 
au  collège  royal  de  Bourges  (octobre  1846);  puis,  ayant  été  reçu 
au  concours  d'agrégation  en  1847,  il  fut  successivement  nommé  au 
collège  royal  de  Bordeaux  (septembre  1847),  au  lycée  de  Pau 
(octobre  1849),  au  lycée  d'Alençon  (mars  1851)  et  enfin  au  lycée 
de  Caen  en  janvier  1856.  Dans  ce  dernier,  il  obtenait  la  chaire 
de  mathématiques  spéciales,  à  laquelle  lui  donnait  droit  le  succès 
de  ses  thèses  de  doctorat  soutenues  à  la  Sorbonne  en  1855. 

»  Trois  ans  après  sa  nomination  à  Caen,  en  mars  1859,  il  succé- 
dait à  Lebesgue  dans  la  chaire  de  mathématiques  pures  de  la 
Faculté  des  sciences  de  Bordeaux,  et  il  devenait  titulaire  en  jan- 
vier 1862. 

»  Désormais,  M.  Hoiiel  était  définitivement  ûxé  à  Bordeaux,  et  il 
devenait  notre  collègue  le  9  janvier  1862,  sur  la  présentation  de 
MM.  Baudrimont  et  Lespiault. 

»  Je  ne  veux  pas  analyser  aujourd'hui  l'œuvre  mathématique  de 
M.  Hoiiel;  un  de  nos  jeunes  collègues,  plus  compétent  que  moi, 
voudra  bien,  je  Tespère,  le  faire  dans  une  de  nos  prochaines  réu- 
nions. Je  désire  seulement,  comme  c'est  mon  droit  de  Président, 
rappeler  en  quelques  mots  ce  que  notre  collègue  a  fait  pour  le 
développement  de  la  Société,  pour  la  création  de  cette  bibliothèque 
dont  les  livres  nous  entourent  et  qui  est  la  plus  grande  et  la  plus 
précieuse  de  nos  richesses.  Il  eût  certainement  été  heureux  de  la 
voir  sur  ses  nouveaux  rayons. 

»  Notre  Société  ne  possédait  qu'un  petit  nombre  de  membres  et 
notre  bibliothèque  était  plus  réduite  encore  lorsque  M.  Hoiiel, 
succédant  à  Valat,  devint  notre  archiviste  en  1867;  mais  déjà 
notre  collègue  avait  publié  ses  thèses  de  mécanique  et  d'astrono- 
mie (1855),  ses  tables  de  logarithmes  à  cinq  décimales,  qui  sont  si 
rapidement  devenues  classiques  (1858);  un  Bssai  d^une  exposiiion 
rationnelle  des  principes  fondamentaux  de  la  géométrie  (1863),  un 
important  mémoire  sur  le  Développement  des  fonctions  en  séries  pério- 
diques au  moyen  de  l'interpolation  (1864),  et  enfin  de  nombreuses 
traductions,  parmi  lesquelles  je  citerai  :  la  Théorie  des  détermi- 
nants de  Baltzer  (1861)  et  de  nombreux  mémoires  de  Lejeune- 
Dirichlet,   de  Kummer   et   de  Kronecker.   Gos    divers   travaux 


EXTRAITS 
it  rendu  le  nom  de  M.  Houel  très  populaire  parmi  les  savants 
;erB  et  l'avaient  mis  en  relations  suivies  avec  un  grand 
■e  d'entre  eux. 

98  relations,  notre  archiviste  les  mit,  avec  empressement,  an 
e  de  la  Société,  et,  grâce  à  elles,  nos  premiers  livres  arrivé- 

;u  de  temps  après,  M.  Houel  imprimait  dans  nos  Mémoires 
'£eueil  de  formules  et  tables  numériques  (ltS80),  la  traduction 
teherches  géomélriques  sur  la  théorie  des  parallèles  de  Lobat- 
.;  (1866)  et  du  mémoire  de  Bolyai  sur  le  mdme  sujet  (1868), 
in  ses  mémoires  sur  la  Théorie  élémentaire  des  çuantitès  eom- 
(1867-1874). 

38  publications  de  la  Société  des  Sciences  physiques  et  naturelles 
it  désormais  conquis  une  place  importante  parmi  lespublica- 
soientifiques  françaises,  et  les  demandes  d'échanges  arri- 
,  nombreuses,  se  transformant  bientôt  en  envois  de  volumes 
nplissaient  rapidement  nos  armoires.  Ces  armoires  se  multi- 
it  sans  cesse,  mais  elles  étaient  toujours  trop  petites.  C'était 
B  matin  pour  M.  Hoiiel  un  problème  nouveau  que  le  classe- 
du  paquet  que  la  poste  venait  d'apporter.  Perpétuellement 
;eait  à  ce  problème,  toujours  renaissant  et  toujours  résoin, 
àl'extrâme  obligeance  du  doyen  de  la  Facnlté  des  sciences. 
!S  inquiétudes  n'étaient  pas  d'ailleurs  exemptes  de  joies, 
archiviste  considérait,  avec  raison,  que  notre  bibliothèque 
m  grande  partie  son  œuvre  :  il  en  était  âer,  il  en  aimait  les 
,  un  peu  pour  leur  habit  et  pour  leur  origine,  beaucoup  pour 
ils  renfermaient.  Avec  lui,  jamais  un  volume  ne  prenait 
sur  les  rayons  sans  avoir  été  tout  au  moins  rapidement  par- 
.  Que  d'heures  il  a  ainsi  consacrées  au  classement  de  nos 
,  k  la  rédaction  de  leur  catalogue,  aux  envois  de  nos  Mémoi- 
}ur  lesquels  il  a  toujours  fait  les  adresses  lui-même,  et  à  la 
pondance  relative  à  nos  échanges.  Ceux-là  seuls  qui  venaient 
Faculté  tous  les  jours  peuvent  savoir  le  dévouement  de 
>uel  envers  notre  Société.  Aussi  était-il  jaloux  de  ses  fonc- 
J'archiviste,  et  ce  n'est  qu'à  regret,  quoique  il  ait  parfois  pu 
qu'il  eQt  permis  à  un  autre  d'avoir  le  plaisir  d'ouvrir  un 
t  provenant  d'Allemagne  on  d'Amérique. 
.  Hoiiel  aimait  les  livres  avec  passion,  avec  une  passion 
unicative,  et  il  avait  réuni  chez  lui,  dans  son  cabinet,  une 
Ihèque  que  bien  des  savants  ont  dû  lui  envier.  Parmi  les  plus 
ux  de  ces  livres,  dont  quelques-uns  ont  une  histoire,  figu- 


DES  PROCES-VKRBAUX.  LXIII 

rait  une  collection  presque  complète  de  tables  de  logarithmes, 
depuis  la  première  édition  de  Néper  jusqu*aux  tables  les  plus 
modernes.  Cette  collection,  il  aimait  d  la  montrer;  il  était  heureux 
de  vous  faire  suivre  les  changements  successifs  introduits  dans  la 
disposition  de  ces  tables  usuelles  si  précieuses;  mais  il  ne  parlait 
jamais  des  améliorations  qu'il  y  avait  lui-même  introduites. 

»  Les  livres  de  sa  bibliothèque,  notre  collègue  les  confiait  volon- 
tiers à  tous  ceux  qui  travaillaient,  et  il  leur  accordait  aussi,  avec 
la  plus  généreuse  complaisance,  les  secours  de  la  vaste  érudition 
qu'il  avait  acquise  par  trente  ans  de  lectures  continuelles  dans  des 
livres  écrits  dans  toutes  les  langues  de  l'Europe. 

»  M.  Hoiiel  savait  depuis  longtemps  l'anglais  et  l'allemand  ;  il 
avait  un  jour,  avec  le  concours  d'un  étudiant  de  notre  Faculté, 
appris  le  russe  pour  traduire  un  mémoire  d'Imchenetsky.  Nous  lui 
avons  vu  apprendre  le  norvégien  pour  traduire  la  Vie  d'Aiel  et 
concourir  à  faire  rendre  justice  à  Téminent  géomètre.  Il  prétendait 
d'ailleurs  que  les  langues  n'étaient  pas  difficiles,  et  je  me  souviens 
qu'un  matin  il  était  presque  parvenu  à  me  persuader  que  je  devais 
savoir  le  suédois,  dont  les  relations  avec  Tallemand  et  l'anglais 
étaient  évidentes  pour  lui. 

»  Cette  connaissance  des  langues,  il  la  mettait  à  la  disposition 
de  tons,  à  la  disposition  de  tous  les  recueils  scientifiques.  On  ne 
saura  jamais  le  nombre  de  mémoires  qu'il  a  traduits  pour  le  Bul- 
ktîn  des  sciences  matàématigues,  de  la  publication  duquel  il  s'est  tou- 
jours occupé  activement,  conservant  pour  lui  le  travail  aride  et  fati- 
gant de  la  correction  des  épreuves  et  de  la  construction  des  tables. 

»  Pendant  plus  de  vingt  ans  M.  Hoiiel  a  ainsi  dépensé  la  plus 
grande  partie  de  son  activité  et  usé  ses  forces  à  des  travaux  qui 
étaient  indignes  de  la  hauteur  de  ses  vues  et  de  la  vigueur  de  son 
esprit.  Son  dévouement  à  la  chose  publique,  aux  modifications 
nécessaires  dans  l'enseignement  de  bien  des  parties  de  la  géomé- 
trie, la  conscience  et  le  soin  qu'il  apportait  à  la  préparation  de  la 
plus  facile  de  ses  leçons  l'ont  empêché  de  produire  tous  les  travaux 
originaux  qu'il  aurait  dû  entreprendre,  que  semblaient  promettre 
ses  premiers  mémoires  et  que  la  force  de  sa  volonté  lui  aurait 
rendus  faciles. 

»  La  volonté,  la  passion  même,  que  notre  collègue  portait  dans 
toutes  ses  entreprises  étaient,  en  effet,  un  des  côtés  les  plus  sail- 
lants de  son  caractère;  il  n'élevait  jamais  la  voix,  ne  s'emportait 
que  rarement;  mais,  si  une  idée  lui  semblait  exacte,  si  une  cause 
lui  paraissait  juste,  il  la  défendait  avec  acharnement. 


>  Cependant,  les  travaux  incessants,  les  veilles  trop  prolongées, 
l'absence  complète  de  tout  repos  avaient  peu  à  peu  détruit  la 
vigoureuse  santé  de  notre  collègue  bien-aimé,  et  depuis  plusieurs 
années  déjà  il  se  plaignait  d'être  fatigué,  de  n'être  plus  lui-mâme. 
cJe  me  sens  incapable  de  faire  mon  cours»,  disait-il  parfois.  Une 
douleur  violente,  la  perte  d'une  fille  admirablement  douée,  vint,  il 
y  a  quatre  ans,  s'ajouter  à  une  fatigue  qui  était,  hélasl  trop  réelle. 
Notre  collègue  aurait  dû,  à  cette  époque,  abandonner  ses  conrs, 
abandonner  la  correction  des  épreuves  des  nouvelles  éditions  de 
Laplace  et  de  Lagrange,  et  surtout  us  pas  entreprendre  la  traduc- 
tion de  la  Vie  d'Aiel.  Il  n'en  voulut  rien  faire;  il  fut  violemment 
rebelle  aux  prières  de  ses  meilleurs  amis,  et,  pour  avoir  travaillé 
au  delà  des  forces  humaines,  il  n'a  pas  joui  d'un  repos  qu'il  méri- 
tait plus  que  tout  autre. 

>  La  notoriété  et  l'excellence  de  son  enseignement,  qui  r«vit 
tout  entière  dans  son  Traité  dt  calcul  inHnilésimal,  ses  publica- 
tions originales,  sa  collaboration  à  la  publication  des  oeuvres  de 
Laplnce  ont  fait  offrir  !t  M.  Hoiiel  des  distinctions  nombreuses;  ces 
dietinctionB,  il  les  a  toujours  impitoyablement  refusées,  et,  peut- 
être,  n'a-t-il  pas  été  vraiment  satisfait  lorsque,  en  mars  1885, 
l'Académie  lui  a  décerné  le  prix  Poncelet.  Il  aimait  le  travail  pour 
lui-même,  il  voulait  se  rendre  utile  pour  la  satisfaction  intime 
d'être  utile. 

>  Pour  la  Société,  pour  nous  tous,  qui  étions  ses  obligés  et  ses 
amis,  la  perte  de  M.  Hoiiel  est  une  grande  douleur,  et  son  souvenir 
restera  de  bien  longues  années  vivant  parmi  nous;  bien  longtemps 
il  manquera  à  nos  séances,  qu'il  a  souvent  remplies  d'intéressantes 
lectures,  et  les  seize  volumes  de  nos  Mémoiret  aujourd'hui  publiés 
resteront  comme  le  témoignage  de  l'activité  qu'il  a  déployée  dans 
ses  fonctions  d'archiviste. 

>  Les  circonstances  n'ont  pas  permis  que  nous  puissions  accom- 
pagner M.  HoUel  à  Ba  dernière  demeure;  nous  n'avons  pas  pu 
joindre  nos  pleurs  à  ceux  de  sa  famille  et  de  ses  amis  d'enfance; 
mais  je  vous  propose,  à  titre  de  dernier  hommage  à  M.  Hoiiel,  et  en 
signe  de  deuil,  de  lever  cette  séance  ;  je  vous  demande  aussi  de  vou- 
loir bien  m'autoriser  à  envoyer  à  M""  Hoiiel,  au  nom  de  la  Société 
tout  entière,  l'expression  bien  sincère  de  notre  douleur  à  tous.  > 

Les  propositions  de  M.  le  Président  sont  acceptées  à  l'unanimité. 

Séance  du  8  Juillet  1886.  —  M.  Meroet  lit  une  note  posthume 
de  M.  RoTBR. 


DES  PROCES-VERBAtX.  I.XV 

Si  on  plonge  dans  de  Teau,  qui  a  séjourné  longtemps  sur  du 
mercure  et  à  laquelle  on  ajoute  un  peu  d'acide  sulfurique  pur  pour 
la  rendre  conductrice,  deux  lamelles  d'or  très  brillantes,  et  si  on 
relie  chacune  d'elles,  au  mojen  d'un  fil  de  platine,  aux  deux  pôles 
d'une  petite  pile  d'un  seul  élément  (celle  dont  je  me  sers  est  au 
bichromate  de  potasse),  on  constate  qu^au  bout  de  quelques  heures 
la  lame  qui  communique  avec  le  pôle  négatif  de  la  pile,  le  pdle 
charbon,  et  qui  constitue,  par  suite,  le  pdle  positif  dans  l'eau  sou- 
mise à  l'électroljse,  reste  toujours  brillante  et  sans  la  moindre 
altération  de  couleur;  l'autre,  au  contraire,  qui  constitue  le  pôle 
négatif  dans  le  liquide  électroljsé,  et  qui  communique  avec  le  pôle 
zinc  de  la  pile  au  bichromate,  présente  des  reflets  blanchâtres  qui 
s'accentuent  de  plus  en  plus  à  mesure  que  les  vapeurs  mercurielles 
viennent  se  déposer  à  sa  surface.  Pour  s'assurer  que  ce  sont  bien 
des  vapeurs  mercurielles  qui  ont  terni  la  lame  d^or  qui  constitue  le 
pôle  négatif,  on  retire  les  deux  lames,  on  les  essuie  soigneusement 
avec  du  papier  Joseph,  et  on  les  suspend  dans  une  éprouvette 
pleine  d'air,  sur  le  fond  de  laquelle  on  a  placé  quelques  minimes 
parcelles  d'iode.  Au  bout  de  quelque  temps,  la  lame  blanche 
devient  rougeâtre,  tandis  que  la  lame  qui  était  au  pôle  positif, 
dans  l'eau  électroljsée,  conserve  sa  couleur  et  son  brillant  métal- 
lique. Cette  expérience,  répétée  un  certain  nombre  de  fois,  m'a 
toujours  donné  le  même  résultat. 

Outre  que  cette  expérience  peut  apporter  une  preuve  de  plus  à 
Tappui  de  mon  travail,  elle  nous  donne  un  moyen  excessivement 
délicat  de  déceler  la  présence  dans  l'eau  de  minimes  quantités  de 
mercure. 

Gomment  la  chose  se  passe-t-elle?  Est-ce,  comme  on  est  tenté 
d'admettre  de  prime  abord,  que  les  vapeurs  mercurielles  soumises 
à  l'influence  du  courant  dans  un  milieu  qui  contient  de  Tacide  sul- 
furique, sont  attaquées,  transformées  en  sulfate  de  mercure,  puis 
finalement  décomposées  par  le  courant  avec  transport,  comme  cela 
arrive  d'habitude  dans  Télectroljse  des  sels,  du  métal  au  pôle 
négatif? 

Y  a-t-il  phénomène  de  transport?  Toutes  les  parties  du  liquide 
sont-elles  successivement  appelées  à  suivre,  sous  l'influence  de 
rélectrolyse,  la  môme  direction  du  pôle  positif  au  pôle  négatif,  et 
toutes,  en  passant  sur  la  lame  négative,  j  déposent-elles  les  vapeurs 
mercurielles  qu'elles  contenaient? 

Les  vapeurs  mercurielles  disséminées  dans  la  masse  d'eau,  bien 
qu'elles  soient  uniformément  diffusées  dans  la  masse,  y  sont  en  si 


LXVI  EXTRAITS 

petite  quantité  qae  leur  action  sur  une  lame  d'or  de*  petite  dimen- 
sion qu'on  trempe  dans  Teau  mercurielle  n^est  pas  suffisante  pour 
altérer  sensiblement,  et  du  tout  d'une  manière  visible,  la  surface 
de  cette  lame.  Si  toutes  les  parties  de  la  masse  venaient  successi- 
vement frapper  la  lame,  ces  petits  effets  s'ajoutant,  produiraient 
peut-être  le  môme  résultat  que  celui  que  nous  obtenons  dans 
Télectrolyse. 

Cette  manière  de  penser  nous  est  suggérée  par  ce  fait  qu'il  pour- 
rait bien  se  faire  qu'il  ne  se  formât  pas  de  sulfate  de  mercure,  car 
l'expérience  se  fait  à  une  température  inférieure  à  celle  où  l'acide 
sulfurique,  môme  concentré,  pourrait  attaquer  le  mercure.  Toute- 
fois, il  convient  de  dire  que,  sous  l'influence  du  courant,  il  y  a 
décomposition  de  l'eau  dont  l'oxygène,  se  combinant  à  l'état  nais- 
sant aux  vapeurs  du  mercure,  formerait  de  l'oxjde  de  mercure 
qui,  en  présence  de  l'acide  sulfurique,  donnerait  du  sulfate  de 
mercure  qui,  par  l'électrolyse,  serait  décomposé;  le  métal  dirigé 
sur  le  pôle  négatif  ou  la  lame  d'or  qui  constitue  ce  pôle  se  Axerait 
à  sa  surface. 

Alors  il  devrait  y  avoir  au  pôle  négatif,  en  môme  temps  que 
transport  des  vapeurs  mercurielles,  dégagement  d'hydrogène. 
Jusqu'à  présent,  dans  mes  expériences,  je  ne  l'ai  pas  trop  constaté; 
c'est  surtout  la  lame  positive  qui  paraît  se  couvrir  de  bulles  de 
gaz. 

M.  Merget  ajoute  :  Comme  M.  Royer  l'avait  prévu,  c'est  du 
sulfate  de  mercure  qui  se  forme,  et  c'est  par  suite  de  l'électrolyse 
du  sel  que  la  lame  d'or  négative  s'amalgame. 

—  M.  Meroet  lit  une  note  de  M.  Figuier,  sur  une  synthèse 
nouvelle  de  l'acide  acétique. 

Un  courant  lent  et  régulier  d'oxyde  de  carbone  traversait  un 
ozoniseur  disposé  verticalement  et  rempli  de  pierre  ponce  impré- 
gnée d'alcool  méthylique.  Le  gaz  barbottait  dans  l'alcool  en  excès 
occupant  le  fond  de  l'ozoniseur;  l'action  s'est  effectuée  sous  la 
décharge  obscure  d'après  l'équation  : 

CH3.  OH  H-  CO  =  C«H30.  OH. 

Dans  ces  conditions  elle  est  lente  :  au  bout  de  plusieurs  heures 
seulement  la  liqueur  retirée  de  l'ozoniseur  était  devenue  franche- 
ment acide,  elle  possédait  une  odeur  particulière  qui  laissait  sup- 
poser la  formation  d'une  faible  quantité  d*éther  méthylacétique, 
par  suite  de  la  réaction  de  l'acide  acétique  d  l'état  naissant  sur 
l'alcool  méthylique  non  encore  transformé.  Cette  liqueur,  saturée 


DLS  PROCES-VERDAUX.  LXVII 

par  de  la  potasse  caustique,  a  été  évaporée  à  siccité  au  bain-marie 
et  son  résidu  repris  par  Teau  distillée.  Le  liquide  ainsi  obtenu  a 
fourni  les  caractères  suivants  : 

Perehhrurê  de  fer.  Coloration  rouge  foncé. 

Acide  sulfurique  dilué.  A  chaud,  émission  de  vapeurs  colorant  en 
rouge  le  papier  bleu  de  tournesol  et  possédant  Todeur  de  Tacide 
acétique.  ^ 

Mélange  diacide  sul/wrique  et  d'akool  éthylique,  A  chaud,  odeur 
d^éther  acétique. 

Potasse  caustique  et  acide  arsinieux.  Après  évaporation  à  chaud 
le  produit  a  noirci  et  a  dégagé  du  cocodyle. 

Ces  réactions  indiquent  nettement  la  formation  de  Tacide  acé- 
tique. 

Un  deuiième  essai  a  été  exécuté  dans  des  conditions  différentes  : 

L'alcool  méthjlique  a  été  additionné  d'une  faible  quantité  de 
méthylate  de  sodium  avant  d'être  soumis,  sous  l'effluve,  &  l'action 
de  Toxjde  de  carbone;  après  deux  heures  seulement  on  a  pu 
constater  la  formation  d'une  quantité  très  appréciable  d'acide 
acétique. 

L'addition  de  l'oxyde  de  carbone  à  une  molécule  d'alcool,  sous 
l'effluve,  permet  d'entrevoir  une  méthode  générale  pour  obtenir  la 
synthèse  des  acides  en  partant  de  l'alcool  correspondant  à  une 
série  homologue  et  d*un  rang  immédiatement  inférieur. 

Je  poursuis  actuellement  des  recherches  tendant  à  confirmer  ces 
vues,  en  faisant  agir  dans  les  conditions  indiquées  l'oxyde  de 
carbone  sur  différents  alcools. 

Mes  expériences  ne  sont  pas  actuellement  assez  avancées  pour 
que  je  puisse  en  faire  connaître  les  résultats. 

Avant  de  pénétrer  dans  l'ozoniseur,  Poxyde  de  carbone  barbet* 
tait  dans  nn  petit  flacon  laveur  destiné  à  régler  la  vitesse  du  gaz 
provenant  d'un  gazomètre. 

L'eau  distillée  contenue  dans  ce  flacon  finit  par  devenir  acide. 
L'on  peut  constater  alors  la  formation  en  quantité  notable  d'acide 
formique. 

Un  essai  comparatif  a  été  fait  dans  les  mômes  conditions  de 
temps  sur  de  l'eau  distillée  retirée  du  barbotteur,  et  une  égale 
quantité  d'eau  contenue  dans  un  flacon  bouché  à  l'émeri,  disposé 
sur  une  cuve  à  eau  et  contenant  environ  un  litre  d'oxyde  de 
carbone.  Cette  dernière  liqueur  a  bruni  légèrement  la  dissolution 
ammoniacale  de  nitrate  d'argent;  la  première,  tout  au  contraire, 
a  fortement  noirci  en  déposant  de  l'argent  réduit.  Ce  résultat 

T.  Il  (8«  série).  f 


tXVm  F.XIIIAITS 

paraît  démontrer  une  fois  de  plus  le  rôle  efficace  des  mouvements 
mécaniques  dans  les  actions  chimiques. 

—  M.  Garnavlt  lit  une  note  sur  Tanatomie  du  corps  de  Bojanns 
chez  le  Cyclosloma  elegans;  il  décrit  la  structure  de  cet  organe,  ses 
rapports  avec  l'appareil  circulatoire,  son  canal  excréteur,  qui  avait 
échappé  à  Claparôde,  et  surtout  sa  communication  avec  le  péri- 
carde au  moyen  du  tube  coudé;  il  décrit  la  structure  du  péricarde 
qui  présente  des  cellules  granuleuses  jaunes  qui  tombent  dans  la 
cavité  et  arrivent  dans  le  rein  par  Tinterraédiaire  du  canal  indiqué. 
Il  en  conclut  que  le  péricarde  possède  une  fonction  comparable  à 
celle  du  rein  dont  il  peut  être  considéré,  à  ce  point  de  vue,  comme 
une  sorte  de  diverticule.  Il  indique  rapidement  leâ  théories  de 
Jhering,  Grobben  et  de  Meuron,  sur  la  signification  morphologique 
de  ces  organes. 

Séance  du  22  juillet  1886,  —  M.  le  Président  lit  la  lettre  sui- 
vante adressée  par  M.  Bjerknes  à  la  Société,  à  l'occasion  de  la 
mort  de  M.  Hoiiel  : 

a  Christiania,  le  6  juillet  1886. 

»  Monsieur  le  Président, 

*  Vous  m'avez  annoncé  le  décès  de  votre  collègue* de  la  Société 
des  Sciences  de  Bordeaux,  de  celui  qui  pendant  deux  ans  a  été 
mon  collaborateur  de  chaque  jour  dans  la  traduction  de  la  Vie 
(VAheL  Je  vous  remercie.  Monsieur  le  Président,  de  m'avoir  fait 
connaître  avec  quelques  détails  ce  triste  événement  dont  j&  pres- 
sentais l'approche,  hélas I  depuis  quelque  temps. 

»  Je  n^étais  point  le  seul,  parmi  les  étrangers  dont  M.  Hoiiel  était 
devenu  Pami,  à  être  inquiet  pour  sa  santé.  Les  informations  pré- 
cises nous  manquaient,  ce  qui  ne  laissait  point  que  de  nous 
attrister.  Cette  inquiétude  est  pour  celui  qui  l'a  excitée  un  signe 
de  dévouement  plus  parlant  que  les  mots. 

»  Un  des  amis  que  M.  Hoiiel  avail  à  l'étranger  m'écrivait  une 
fois  qu'il  était  un  des  plus  nobles  hommes  qu'il  ait  jamais  connus; 
je  crois  que  bien  des  personnes  ont  eu  la  même  pensée,  mais  je 
doute  que  personne  plus  que  moi  n'en  ait  des  preuves  aussi  irréfu- 
tables. 

»  M.  Hoiiel  était  un  savant  profond,  aimant  la  science  jusqu'à 
entreprendre  des  travaux  qui  ont  peut-être  contribué  à  miner  sa 


DES  rnocÈs  YiamAUX.  i\\\ 

vie.  On  peut  certainement  dire  de  lui  qu'il  sacrifiait  tout  pour  sa 
science  chérie,  jusqu'à  la  vie  et  au  bonheur.  Homme  de  grand 
cœur,  il  aimait  tous  ces  hommes  supérieurs  qui,  comme  lui,  ont 
pensé  grandement,  qui,  comme  lui,  ont  travaillé  avec  le  plus 
grand  désintéressement. 

»  Il  avait  pris  à  tâche  une  entreprise  extrêmement  difficile,  et 
tandis  qu*un  autre  savant  français,  érudit  distingué,  reculait 
devant  la  besogne,  M.  Hoiiel  la  conduisait  à  bien.  Il  s'ngissait  de 
comprendre  les  mots  d'une  langue  étrangère,  d'en  saisir  les  pen* 
sces.  Il  fallait  être  à  la  fois  profond  mathématicien  et  savant 
linguiste.  M.  Hoiiel  n'avait  jamais  été  dans  notre  pays;  il  n'avait  à 
sa  disposition  que  des  dictionnaires  incomplets,  n'ayant  jamais  lu 
dans  notre  langue  que  quelques  contes  et  une  Vie  de  Tycho-Brahé, 
lorsqu'il  entreprit  la  traduction  de  la  ViecTAèel.  Il  avait  cependant 
pour  l'aider  ses  profondes  connaissances  linguistiques. 

»  Bien  des  fois  il  fut  péniblement  arrêté  dans  son  œuvre.  Tantôt 
c'était  le  véritable  sens  des  phrases  qui  se  dérobait  à  lui,  les  mots 
principaux  manquaient  dans  ses  dictionnaires;  il  lui  fallait  alorek 
passer  du  norwégien  au  français  par  l'intermédiaire  de  l'anglais. 
Tantôt  des  constructions  étrangères  et  compliquées  le  laissaient 
en  doute.  Puis  il  fallait,  sans  ôtre  guidé  par  des  formules  et,  par 
suite,  dans  des  conditions  extrêmement  difficiles,  arriver  à  rendre 
d'une  façon  précise  des  considérations  d'ordre  abstrait. 

»  Et,  cependant,  toujours  il  continuait,  malgré  les  arrêts  trop 
longs  on  trpp  fréquents  qui  eussent  abattu  un  tempérament  moins 
courageux.  Il  demandait  des  explications  sur  tout  ce  qui  ne  lui 
paraissait  point  suffisamment  clair;  il  y  revenait  deux,  trois  et 
même  quatre  fois  jusqu'à  ce  que  les  moindres  détails  aient  été 
bien  mis  en  évidence.  En  dépit  de  toutes  les  difficultés,  il  voulait 
toujours  continuer. 

»  Et,  après  tout  cela,  après  deux  années  d'un  travail  acharne, 
quelle  abnégation  admirable I  II  ne  mettait  même  pas  son  nom  sur 
notre  livre  commun!  Mais  l'histoire  le  gardera. 

>  Agréez,  Monsieur,  l'assurance  de  ma  haute  considération. 

»  O.-A.  Bjerknes.  » 

—  M.  JoANNis  fait  une  communication  sur  un  procédé  de  sépa- 
ration de  l'hydrogène  dans  les  mélanges  gazeux.  Lorsqu'un  mélange 
de  gaz  a  été  traité  par  les  divers  réactifs  absorbants,  il  peut  rester 
de  l'azote,  de  l'hydrogène,  du  formène  et  de  l'hydrure  d'éthylène; 


l\\  EXTRAITS  DKS  PROCES-VERBAUX. 

on  ne  connaît,  en  effet,  pour  ces  gaz  aucun  procédé  d'absorption. 
Pour  déterminer  la  composition  d*nn  pareil  mélange,  on  a  recours 
aux  procédés  eudiométriques.  On  peut  cependant  absorber  Thy- 
drogéne  par  une  réaction  particulière,  ce  qui  simplifie  d'autant  la 
complexité  du  mélange  et  permet  de  tirer  de  la  combustion  eudio- 
métrique  du  résidu  des  nombres  plus  exacts;  en  outre,  dans  le  cas 
particulier  d'un  mélange  d'azote  et  d'hydrogène,  on  peut  ainsi  sans 
avoir  recours  à  l'eudiométrie  déterminer  les  proportions  de  ces 
deux  gaz.  La  réaction  utilisée  consiste  dans  la  réduction  de  l'oxyde 
de  cuivre;  elle  peut  être  employée  par  suite  des  faits  suivants  : 

1^  La  réduction  de  l'oxyde  de  cuivre  par  l'hydrogène  commence 
vers  250^-260°. 

2^  L'oxyde  de  cuivre  ne  fournit  pas  d'acide  carbonique  avec  les 
carbures  d'hydrogène  au-dessous  de  440^.  Du  formène  a  été  main- 
tenu à  cette  température  pendant  plus  d'une  heure,  sans  qu'il  se 
soit  formé  une  trace  diacide  carbonique. 

On  peut  donc,  en  opérant  à  une  température  comprise  entre  260^ 
et  440°,  ce  qu'il  est  très  facile  de  réaliser  d*une  façon  très  simple 
à  cause  de  l'écart  de  ces  températures,  séparer  l'hydrogène  des 
carbures  forméniques,  seuls  étudiés  et  seuls  intéressants,  les  autres 
carbures  étant  parfaitement  absorbés  par  des  réactifs  convenables. 

L'opération  est  commode  à  faire  dans  une  cloche  courbe  dont  la 
partie  horizontale  est  assez  longue  pour  contenir  la  presque  tota- 
lité du  gaz.  De  dette  façon,  les  mouvements  éprouvés  par  les  gaz 
chauds  ont  pour  effet  de  mélanger  les  diverses  parties  du  gaz 
beaucoup  plus  facilement  que  dans  les  cloches  courbes  ordinaires. 
Les  cloches  sont  bouchées  pendant  l'opération  pour  éviter  l'éléva- 
tion de  mercure  qui  résulterait  de  l'absorption  de  l'hydrogène.  On 
introduit  l'oxyde  de  cuivre  sous  forme  d^'un  mélange  des  deux 
oxydes  Cu*0  et  GuO.  Ce  mélange  peut  être  fondu  et  compact,  il 
n'amène  pas,  par  suite,  d'air  comme  le  ferait  Toxyde  noir  pulvé- 
rulent. 


NOTE 


SUR  UNE 


RELÀTIOll  ERTRE  LES  IRTESKiLES  lÉFIHIES 


DES    PRODUITS    DES    FONCTIONS 


PAR  M.  C.  A\DREIEF. 


l) 


I 

\ 


1.  Le  but  de  la  présente  note  est  de  donner  une  relation 
générale  entre  les  intégrales  définies  de  laquelle  s'obtient  comme 
un  cas  particulier  une  formule  donnée  il  y  a  quelque  temps  par 
M.  Tchébychef. 

Nous  commencerons  par  établir  deux  théorèmes,  dont  le  pre- 
mier nous  servira  pour  le  point  de  départ,  et  le  second  nous  sera 
utile  comme  un  lemme. 

Théorème  I.  —  Quelles  que  soient  deux  séries  de  fonctions 

f{^)y  fiK^),   A(«),   "'^  fn{x), 

(p(a?),  9j(a?),  ç,(a:),  ...,(pn(aî), 
il  existe  entre  ces  fonctions  la  relation  identique 


jf<fdXy  jf^idx,  ...,  jfondx 
Ifi^^dx,  jfi^idx,  ...,  jfiOndx 

Ifn^dX,     Ifn^idX,     ...,     j  f„<fndX 


...,  f{v) 


Ma?),  f-{s),  ■■■,  /■«(«') 


?(aj),  f  (if)i  •••,?  (2) 
?«(aj) ,  oJvy  •  •  •  r  ?«(') 


dxdy...dv, 


T.  II  (S-  série). 


2         G.  ANDRÉIEF,  —  RELATION  ENTRE  LES  INTÉGRALES 

dans  laquelle  toutes  les  intégrales  sont  définîtes  et  prises  entre  les 
mêmes  limites  constantes  a  et  h. 

Soit  A  le  déterminant  formant  le  premier  membre  de  celte 
relation.  Si  Ton  désigne  la  variable  x  dans  les  diverses  colonnes 
de  ce  déterminant  par  les  lettres  différentes  x,y^z^  ..,jV^  on 
pourra  le  présenter  sous  la  forme  suivante  : 


A  = 


(«+!) 


?(^)?i(y)---?»(v) 


f{x\f(j,),...,f{v) 

AW,  fn(y)y    .  .  .  ,  fn{v) 


dxdy ,  .,dv^ 


Findice  (n  + 1)  désignant  Tordre  de  multiplicité  de  l'intégrale. 

En  échangeant  dans  cette. expression  les  lettres  x^y,  ...,  t;  de 
toutes  les  manières  possibles,  on  en  obtient,  en  tout,  (n  +  1)! 
pareilles  expressions  dont  les  valeurs  sont  égales,  de  sorte  que  leur 
somme  est  le  déterminant  A  multiplié  par  (n  +  1)!. 

D'un  autre  côté,  on  aperçoit  sans  peine  que,  les  produits  qui  se 
trouvent  sous  le  signe  de  Fintégrale  multiple  dans  toutes  ces 
expressions  ayant  pour  facteur  commun  le  déterminant 

nx),f{y),  ...,nv) 


A(a?)5  fn{y),  ...,  fn{v) 


la  somme  de  tous  les  autres  facteurs  est  le  déterminant 


9n(.X-),    ?«(y),    ...,    Çh(») 


Il  s'ensuit  que  la  somme  de  toutes  ces  expressions  est  précisé- 
ment Fintégrale  multiple  contenue  dans  le  deuxième  membre  de 
la  relation  (1).  Celle-ci  est  donc  vérifiée. 


DÉFINIES  DES  PRODUITS  DES  F0NCTI02IS.  3 

2.  Théorème  IL  —  Étant  donnés  deux  groupes  de  fonctions 
d'une  seule  variable, 

VoCiSP),  V,  (a?),  ...,  Vn(a?), 
si  Von  attribue^  dans  les  déterminants 


\hi[x)^  \^(^)i  •  ••  ;a«W 


et 


awa?  variables  x,  y,  ...,  v  te5  i;a{(?ur^  déterminées  a?of  Vo»  •••>  ^« 
comprises  entre  les  limites  a  et  b,  on  pourra  choisir  entre  les 
mêmes  limites  les  grandeurs  y^y  z^^  ...,  Vnj  en  sorte  qu'il  existe  la 
proportion 


(2) 


1*1  (^o)>  1*1  (ïo),  ---j  1*1  W 

i*»(^o)»  N(yo)j  •••>  l*nW 

Vo  (^o)>  V(yo)j    •••3    Vo(«^o) 

vi  (a?o)»  vj  (yo),  ...,  v^W 


i*o(^o),  i*i(yi)>  -M  i*îrK«^«) 
i*i(a?o),  i*I(yi)>  •..,  i*?Kt'«) 

i*n(a?o),  i*i(yi), ...,  i*:"K«^«) 

vo(a?o)>  v;  (y J,  ...,  v?Ut^O 
Vi(a?o),  v;(y,),  ...,  vi-)(i;„) 



V»  W,  v;  (y,),  ...,  vW(t?«) 


oz€  les  lettres  accentuées  représentent  les  dérivées  successives. 

Désignons  par  K  la  valeur  du  rapport  présentant  le  premier 
membre  de  celle  proportion,  et  soit 


F(y)= 


1*0  (^o)j  1*0  (y).  —  j  H'o(t^o) 

1*1  [^0)»  1*1  (y)j  -.5 1*1  W 


—  K 


Vo  (^0),  ^0  (y),  — >  Vo(t?o) 

Vi(a?o).Vi(y),  ...,Vj(t?o) 

Vn(a?o),V„(y),   ...,  Vn(t?o) 


II  est  clair  que  cette  fonction  est  continue  pour  les  valeurs  de 
la  variable  y  comprise  entre  les  limites  a  et  b.  En  outre,  elle 
s'annule  pour  y  =  x^  d'après  une  propriété  connue  des  détermi- 


4  0.  AXDRÉIEF.  —  RELATION  ENTRE  LES  INTÉGRALES 

nanls,  et  pour  y=y9  d'après  la  définilion  même  de  K.  Il  s'ensuit 
que  la  dérivée  F' (y)  doit  disparaître  au  moins  pour  une  valeur 
y  =  y^,  comprise  entre  x^  et  j/^,  et  par  conséquent  entre  a  et  b.  On 
aura  donc 


• »    •.•••«•••• 


=  K 


Vo(^o).  V;(y4),    ....  Vo(t?o) 

vi (aîo)>  v; (y,),  ...,  v,(t?o) 


ce  qui  donne  une  nouvelle  expression  du  rapport  K« 

Les  mêmes  raisonnements  dont  nous  venons  de  nous  servir  pour 
transformer  ainsi  les  deuxièmes  colonnes  des  déterminants  consi- 
dérés peuvent  s'appliquer  évidemment  aux  colonnes  suivantes. 
Or,  il  est  aisé  de  voir  qu'après  les  avoir  appliqués  deux  fois  aux 
troisièmes  colonnes,  trois  fois  aux  quati  ièmes  et  ainsi  de  suite, 
on  obtiendra  pour  K  l'expression  que  présente  le  deuxième  rapport 
de  la  proportion  (2). 
Le  théorème  est  donc  démontré. 

3.  Revenons  à  l'identité  (1)  du  premier  théorème.  Dans  ce  qui 
suit  nous  supposerons  que  toutes  les  fonctions  qui  y  entrent  soient 
continues  entre  les  limites  de  l'intégration.  En  outre,  les  fonctions 
(f{x)y  Oi{x),  ...  étant  arbitraires,  nous  pouvons  les  remplacer  par 
les  produits  de  ces  mêmes  fonctions  par  une  fonction  quelconque 
0  (x),que  nous  supposerons  de  signe  constant,  c'est-à-dire  restant 
positive  ou  négative,  quand  la  variable  varie  entre  les  limites  de 
l'intégration.  Ainsi  on  aura  une  relation  un  peu  plus  générale, 
savoir  : 


/ 


(3) 


lf(f^dx,  I /"fiôda?,  ...,  l  f(fn^dx 

=  .    _^^  J  '^  P.Q.O(.r)0(y)  . . .  ^{v)dxdy  ...  de?, 


DÉFINIES  DES  PRODUITS  DES  FONCTIONS. 

OÙ  les  lettres  P  et  Q  représentent  les  déterminants 


5 


et 


On  revient  à  la  relation  (1  )  en  supposant  6  =  1. 

Soit  maintenant  S  une  fonction  quelconque  de  n  +  1  variables 
^>  !/»  ••  V  ^9  assujettie  à  la  condition  de  ne  disparaître  que  pour  les 
valeurs  des  variables  qui  rendent  simultanément  nulles  les  fonc- 
tions P  et  Q,  ce  qui  arrive  toutes  les  fois  que  deux  ou  plusieurs 
variables  reçoivent  des  valeurs  égales. 

En  introduisant  cette  fonction  dans  la  relation  précédente 
comme  le  diviseur  des  fonctions  P  et  Q,  et  en  conservant  le  signe  A 
pour  présenter  le  premier  membre  de  cette  relation,  on  pourra 
écrire 

•^  =  (n-hl)\J         S ■  i '  ^''  Hx)Hy)  •  •  *^{v)dxdy  ...dv. 
Mais,  comme  on  sait,  l'intégrale  définie  simple 


£ 


VYdx 


du  produit  de  deux  fonctions  qui  restent  continues  entre  les 
limites  d'intégration  et  dont  la  .deuxième  ne  change  pas  de  signe 
entre  ces  limites,  se  transforme  en  un  produit 


"•X' 


Ydx 


où  le  facteur  U^  est  la  valeur  de  U  correspondante  à  une  certaine 
valeur  de  a:,  comprise  entre  a  et  6  (*). 

Puisque  cette  transformation  s'applique  évidemment  aux  inté- 
grales multiples,  on  peut  donner  à  la  relation  précédente  la  forme 
qui  suit  : 


(')  Voir  J.-A.  Serbet,  Cours  de  calcul  diff.  cl  int.,  t.  îl,  1868,  n«  469. 


6  C.  ANDRÉIEF.  —  RELATION  ENTRE  LES  INTÉGRALES 

OÙ  les  lettres  P,,  Qo,  So  représentent,  d'après  ce  qui  est  dit,  les 
valeurs  des  fonctions  P,  Q,  S>  correspondantes  à  un  certain  groupe 
de  valeurs  des  variables 

dont  aucune  ne  dépasse  les  limites  d'intégration. 

4.  La  condition  à  laquelle  doit  satisfaire  la  fonction  S  sera 
évidemment  remplie  lorsqu'on  suppose 

11  1 

a? ,  y  ,  .. .,  V 
S  =    x*y  y',  ...,.  v^ 


n      ««n 


*%  y 


Dans  celte  hypothèse,  le  produit 


»• 


in+i)\J  "   ^^^^'^^^^y)  •  •  •  ^(«')*»<^y  •••<*» 

devient  égal,  d'après  la  formule  (3),  à  un  déterminant  de  la 
forme  A,  à  savoir  : 


(8) 


A.= 


/éd.    / 


X  Odo; 


...      j; 


X»   ôdo? 


lœOda!    |a!*Oda!     ...      l af^^^dx 


ra!"6d«  j 


"6d«  /  a;»+'6<te 


...     J 


»*•  ed» 


et  la  relation  (4)  se  réduit  à 


(6) 


P.   Q 


'  =  t't-'" 


Mais  le  deuxième  de  nos  théorèmes  nous  apprend  qu'on  doit  avoir 
la  proportion 

Po^P.^ 


défîmes  des  produits  des  fonctions. 
dans  laquelle  les  termes  du  deuxième  rapport  sont 


Pi  = 


et 


/■.(a;.),  r;(y.),  riW-  .••,A"'(».) 

AW,  r;(y.), /K^;.),  •",r:'{t>n) 
A(«.)./:(y.)./":w,  ...,r:(».) 


s.  = 


1,0, 

0    , 

Xf    ,      1     , 

0    , 

ml  ,   iy„ 

21   , 

,  0 
,  0 
,  0 


a^,  ny'i"-",  n(n—l)zr-',  ...,  w! 


ce  qui  revient  à 


S,  =  21  3t  ...  (n  — l)t«!  =  (nO!. 


Donc  on  a 


(n!)l 


et  de  même 


9i 

S. 


1 


(«1)1 


r(a^,),r(y.),  ...,p'(».) 

A(^.),  rKy.),  ...,A"'K) 

?(»o),  ç'CyOj  •••,?"'(»») 
?.(»«),  ?l(yi)-  •••,?'?'(»») 


(«1)1 


La  formule  (6)  devient  donc 


(7) 


A  = 


1 


[<.«!)!] 


ïPiQiA.. 


C'est  précisément  la  relation  que  nous  avons  voulu  déduire.  Elle 
est  simple  et  générale,  parce  que  les  fonctions  des  séries 


(8) 


i  fi"")}   flC'»),    •••)    ?"(^)» 


C.  ANDBËIEF.  —  RELATION  ENTRE  LES  INTÉGRALES 

y  enlreat  ne  sont  assujetties  qu'à  la  condition  d'être  continues 
re  de  certaines  limites.  Mais  ce  qui  mérite  le  plus  d'attention 
is  cette  formule,  c'est  qu'elle  présente  la  décomposition  du 
Brminant  A  en  trois  facteurs,  dont  les  deux  premiers  dépendent 
arément  de  deux  séries  de  fonctions  (8)  et  dont  le  troisième 
n  dépend  point. 

>.  Maintenant  nous  allons  restreindre  ta  généralité  des  fonc- 
is  des  séries  (8),  en  leur  attribuant  de  certaines  propriétés. 
Supposons,  en  premier  lieu,  que  les  termes  de  ces  séries,  à 
tir  des  deuxièmes,  satisfassent  à  la  condition  générale 


i: 


ft<ffidx  =  0, 


k  et  /  sont  des  nombres  entiers  positifs  quelconques  différents 
:rc  eux.  Dans  cette  bypothèse,  tous  les  éléments  du  détermi- 
it  A,  excepté  ceux  de  la  première  ligne,  de  la  première  colonne 
de  la  diagonale  principale,  s'évanouissent. 
Donc,  en  décomposant  ce  déterminant  d'après  les  éléments  de 
première  colonne,  et  en  prenantjpour  le  facteur  commun  de 
is  ses  termes  le  produit 

//;ç,6dx  I /;ç,Od!F  ...    j/.ç.flrfiT, 

e  nous  désignerons  par  U,  on  aura 


=  v)  CffUx- 


ffi^Mx  if.fn^l 


'mule  qui  présente  le  développement  de  l'intégrale  définie 

Jj{_x)<^{x)H{x)dx 


DÉFINIES  DES  PRODUITS  DES  FONCTIONS.  9 

en  série  dont  les  termes  dépendent  des  intégrales  de  la  même 
forme,  mais  dans  lesquelles  les  fonctions  f{x)  et  9(0;)  entrent 
séparément  entre  elles  et  en  combinaison  avec  les  fonctions  fk{x)^ 
Ok(x),  qui  sont  d'un  caractère  spécial. 
D'après  la  relation  (7),  le  terme  complémentaire  ou  le  reste  de 

cette  série,  étant  égal  au  rapport  -  y  peut  être  mis  sous  la  forme 

6.  La  formule  (9)  n'est  qu'une  généralisation  de  la  formule 
analogue 

(11)  \Màx=    2 ir^^ -+-Rm 

donnée  il  y  a  quelque  temps  par  M.  Tchébychef  dans  l'hypothèse 
que  les  fonctions  J^o>  ^'u  •••  sont  des  dénominateurs  des  fractions 
convergentes  successives  qu'on  obtient  par  le  développement  en 
fraction  continue  de  l'intégrale 

b{z)dz 


£ 


X 


M.  Possé  et  puis  M.  Tchébychef  lui-même  ont  donné,  en  s'ap- 
puyant  sur  cette  hypothèse,  l'expression  générale  du  reste  de  la 
série  (11)  (').  Mais  il  faut  remarquer  que  cette  expression,  qui 
n'a  lieu  que  dans  les  cas  où  les  fonctions  ^o»  ^n  -••sont  entières, 
ne  comporte  pas  toute  la  généralité  qui  est  propre  à  la  série  même. 

Or,  il  suit  de  ce  qui  précède  que  Fexpression  la  plus  générale 
du  reste  de  la  série  de  M.  Tchébychef  est  ce  que  devient  notre 
formule  (10)  quand  on  y  pose 

/i  =  ?i  =  ^a^    A  =  ?f  =  "^i^  etc. 

Q)  G.  Possjî  :  Sur  le  terme  complémentaire  de  la  formule  de  M.  Tchébychef,  etc, 
(Bulletin  des  Se.  math,  et  astr.,  l.  VII,  2«  série,  1883,  p.  214-224.) 

P.  Tchébychef  :  Sur  une  série  qui  donne  les  valeurs  limiles  des  intégrales,  efc* 
(Mémoires  deVÂc.  des  Se.  de  Saint-Pétersh,  (en  russe),  t.  )CLVII,  n»  4,  1883.) 


,ÉrEF.  —  RELATION  ENTRE  LES  INTÉGRALES 

obtient  de  nos  formules  (9)  et  (10)  les  résultais 
Possé  et  Tchébychef,  lorsqu'on  suppose,  comme 
ns  ce  qui  suit,  que  les  fonctions 

it  à  la  condition 

soumises  aux  conditions  suivantes  : 


4^=0, 


[pourn  =  1,2,  3,  .. 


prouver  d'abord  que  les  conditions  (13),  (14), 
chacune  des  fonctions  (12)  à  un  facteur  constant 
}  de  ces  fonctions  qui  sont  du  même  rang,  fx 
3,  ne  diffèrent  entre  elles  que  par  ces  fadeurs 

ffet,  des  conditions  (14)  les  expressions  suivantes 

a,  +  a,a;  M-  a,ic'  +  ...  4-  a.X*-', 

g,  +  g.a;  +  ^yx*  +  ...  +  f>.xf-', 

p„  ...  sont  des  constantes  indéterminées, 
le  la  condition  (13),  la  première  de  ces  cspres- 
un  système  de  relations  suivantes  : 

a,  IfilôdiB  +  ...  4-  a.  |!f,a;"-'edj;  =  0, 

»,  Ut^^dx  +  ...  +1.  i^tX'-'Hdx  =  fi, 

-iJ<},-iXhdx  +  ...+7.  jî,_ir"-'0(ijî— 0. 


DÊFI!flES  DES  PftODUITS  DES  PONCTIONS.  11 

En  portant  dans  ces  relations  les  expressions  de  ç^,  9,,  ...| 
données  par  In  formule  (17),  et  en  ayant  égard  aux  conditions  (15), 
on  arrive  sans  difficulté  à  un  autre  système  de  n  —  1  relations, 
à  savoir  : 


I  a,  Udx 


r,  jxbdx     +  ...  +  au  laf'^^dx  =  0, 


(18) 


'•i  jx^dx    -4- a,  lx*bdx 


,/x 


-*-...  4-  a«  ix"8rfa?     =0, 


:,  / a?"-*ôda?4- a,  jx^'-^^dx-h  . ..  H-  a„  Ixl'^^^dx  =  0. 

Puisque  c'est  un  système  de  n  —  1  équations  linéaires  et  homo- 
gènes par  rapport  à  n  inconnues  a,,  (z.,  ...,  a„,  on  en  peut  déduire 
n  quantités  proportionnelles  à  ces  inconnues. 

En  portant  ces  quantités  dans  Texpression  (16),  ou,  ce  qui 
revient  au  même,  en  éliminant  les  constantes  a  entre  n  équa- 
tions (16)  et  (18),  on  trouve 

j^dx  jx^dx     ...        Ix^^^^dx 


fn{x)  =  % 


jx^dx  ix*^dx    ...        laf'^dx 


/af-*eda?      jaf-^bdx    ...     ti 


l  X     

M.  étant  un  facteur  constant  indéterminé. 
Et  si  Ton  pose  en  général 


(19)        U^)  = 


> 
> 


/ 


X  ^dx 


...  f 


x'^bdx 


^dx 


jx*^dx     ...       /a?"-^' 


^dx 


jx^-^^dx      L 


l 


x"^dx 
X     ,. 


...       Cx""-' 


-'^dx 


xf 


C.  ANDRËIEF.  —  RELATION  CNIHE  LES  INTÉGRALES 

formule  prendra  la  forme 

f.{x)  =  M,'l,-i{ic). 
me  manière,  on  trouve 

ç»(3;)  =  N»J.„-,(a;). 

que  nous  avons  voulu  prouver, 
essions  (20)  et  (â1)  des  fonctions  f,(x)  et  <fn{x),  étant 
18  les  termes  de  la  série  (9),  la  rendent  identique  avec 
Tchébychef,  puisque  les  facteurs  constants  M,  et  N.se 
lans  chaque  terme. 

ns  maintenant  ce  que  devient  notre  formule  générale 

D)  ensuite  des  conditions  (13),  (U),  (15). 

inseu 


■  ,r,-'(p-) 


A(«.),  /:(?,), 


,  A-'C-) 


uant  la  substitution  circulaire  des  lignes  de  ce  déter- 
manière  que  la  première  ligne  prenne  la  place  de  ta 
en  ayant  égard  aux  conditions  {H),  on  aura 


facteurs  de  ce  produit,  le  dernier  excepté,  sont  con- 
rà-dire  ne  dépendent  pas  de  leurs  arguments  x„  y„ .... 


f,M,  0,         0, 

..,    0 

/.w.  r.M,  0. 

..,    0 

:(-()■ 

U'.),  r.diù,  r.(--.), 

..,   0 

f{^.\  r(y.). /'('.), 

■  ■,/"'(«■.) 

Sdilit  à 

1 

(-l)V 

Mni.s,)r,{',)---f.— 

(«(.-.W'C 

) 

DÉFINIES  DES  PReDCITS  DBS  FONCTIONS.  13 

En  les  remplaçant  par  leurs  expressions  tirées  de  la  formule  (20), 
on  peut  écrire 

où  Ton  suppose 

M  =  M|  H|  .  •  •  Ma  9 

et  où  la  lettre  ^,  introduite  tiu  lieu  de  v»,  représente  une  certaine 
grandeur  comprise  entre  les  limites  dMntégration  a  et  b. 
De  la  même  manière,  on  trouve 

g,-.^     ijP^Vo  j^  ^^.  ...     ^^_,    y    W, 

la  lettre  t]  désignant  une  autre  grandeur  comprise  entre  a  et  b, 
et  N  désignant  le  produit  N,N, . . .  N,. 

Enfin  le  produit  U  se  présente  en  vue  des  relations  (20)  et  (21) 
sous  la  forme  suivante  : 

U  =  MN  C^l^dx  A/î ^dx  ...  Ç^S^ibdx. 

Si  Ton  porte  maintenant  les  expressions  trouvées  de  P^,  Q^  et  U 
dans  la  formule  (10),  on  aura 

L(»l)l]  LlUxh\Ux...  Ul-xUx 

Mais  des  expressions  générales  de  (l),(x)  et  A,  (19)  et  (5)  on  déduit 
les  relations  suivantes  : 

(22)  r<}i,«"drf«  =  A, 

et 


> 


A'  étant  moindre  que  n. 
Il  en  résulte 


(23)  rtj;îôda?  =  A„_,  |"^î^„a;-ôda?  =  An-iA„, 


6  C.  ANDRÉIEF.  —  RELATION  ENTRE  LES  INTÉGRALES 

OÙ  les  lettres  Po,  Q.,  So  représentent,  d'après  ce  qui  est  dit,  les 
valeurs  des  fonctions  P,  Q,  S,  correspondantes  à  un  certain  groupe 
de  valeurs  des  variables 

dont  aucune  ne  dépasse  les  limites  d'intégration. 

4.  La  condition  à  laquelle  doit  satisfaire  la  fonction  S  sera 
évidemment  remplie  lorsqu'on  suppose 

*     ?      1     5       •  •  •  >      1 

*^  9   y  y    *  *  '  y    ^ 

x^y  y",  ...,.  t;" 


S  = 


x%  y",  ...,  t?» 


Dans  celte  hypothèse,  le  produit 


1  /•(«+!) 

t^^iYJ        S'e(a;)0(y) . . .  e(v) Acdy  ...dv 

devient  égal,  d'après  la  formule  (3),  à  un  déterminant  de  la 
forme  A,  à  savoir  : 


(8) 


A.= 


Ju.  J 


x^dx 


...    j(t 


bdx 


j  x^dx    l  x*^dx     ...      I  af^^^dx 


Taî-Od^  j 


x^^dx  \  x'^^bdx 


...    Ja^ 


^dx 


et  la  relation  (4)  se  réduit  à 

(6)  A  =  -52  •  ^' .  A.. 


P..Q, 

So        So 


Mais  le  deuxième  de  nos  théorèmes  nous  apprend  qu'on  doit  avoir 
la  proportion 

P       P 
^ ^ 

S©     s, 


'-^     '    - 


défîmes  des  produits  des  fonctions. 
dans  laquelle  les  termes  du  deuxième  rapport  sont 


Pi  = 


/;(«-.),  r;(».), r«(2,), ..., rrc».) 


et 


S.  = 


1 


0      9 

t 
0     > 


0 

1 


0 
0 


,  0 
,  0 


2y.,   2«  ,    ,  0 


al»  ny'r'^,  n{n—^)zT•\  ••.,  ni 


ce  qui  revient  à 

S.r 

Donc  on  a 

P._ 

s.~ 

1 

(«1)1 

et  de  même 

s.~ 

1 

S,  =  2!3!  ...  (n  — l)tn!  =  (n!)!. 


?.(a-,),  ?:(y,),  ...,çir'(».) 


(n!)!' 


_   0. 


(n!)! 


(7) 


La  formule  (6)  devient  donc 

1 


'^-Ï(ÏÏ!)T?^*^'^- 


Cest  précisément  la  relation  que  nous  avons  voulu  déduire.  Elle 
est  simple  et  générale,  parce  que  les  fonctions  des  séries 


(8) 


(  ?(^)j    ?l(^)5     •••5    ^n(X), 


«KDRËIEF.  —  RELATION  ENTRE  LES  INTÉGRALES 

ne  sont  assujetties  qu'à  la  condition  d'être  continues 
lines  limites.  Mais  ce  qui  mérite  le  plus  d'attention 
ipmule,  c'est  qu'elle  présente  la  décomposition  du 
i  en  trois  Tucleurs,  dont  les  deux  première  dépendent 
e  deux  séries  de  fonctions  (8)  et  dont  le  troisième 
loint. 

lant  nous  allons  restreindre  la  généralité  des  fonc- 
es (8),  en  leur  attribuant  de  certaines  propriétés. 
,  en  premier  lieu,  que  les  termes  de  ces  séries,  à 
ixièmes,  satisfassent  à  la  condition  générale 


i: 


ftijfidx  —  o, 


t  des  nombres  entiers  positifs  quelconques  différents 
ans  cette  hypothèse,  tous  les  éléments  du  détermi- 
plé  ceux  de  la  première  ligne,  de  la  première  colonne 
)naie  principale,  s'évanouissent, 
lécomposant  ce  déterminant  d'après  les  élémenU  de 
colonne,  et  en  prenant'pour  le  facteur  commun  de 
les  le  produit 

//■,ç,8rfa;  //;ç,9dit  ...    \  f.f.^dx, 

rgnerons  par  U,  on  aura 


!'■ 


^i^dx  \U<in^dx 


_  JMx 

f<}^dx 


M.  " 


•^'  Jfl.Hl'xJlf.lli 
présente  le  développement  de  Tintégrale  définie 


DÉFINIES  DES  PRODUITS  DES  FONCTIONS.  9 

en  série  dont  les  termes  dépendent  dés  intégrales  de  la  même 
forme,  mais  dans  lesquelles  tes  fonctions  f(x)  et  9(0;)  entrent 
séparément  entre  elles  et  en  combinaison  avec  les  fonctions  /L(x), 
9ft(x),  qui  sont  d'un  caractère  spécial. 
D'après  la  relation  (7),  le  terme  complémentaire  ou  le  reste  de 

cette  série,  étant  égal  au  rapport  -  >  peut  être  mis  sous  la  forme 

(10)  R.  =  -Mi^-. 

6.  La  formule  (0)  n'est  qu'une  généralisation  de  la  formule 
analogue 

(li)  \f^,hdx=   2    ^ —^ +  K, 

donnée  il  y  a  quelque  temps  par  M.  Tchébychef  dans  l'hypothèse 
que  les  fonctions  ^e>  ^i,  ...  sont  des  dénominateurs  des  fractions 
convergentes  successives  qu'on  obtient  par  le  développement  en 
fraction  continue  de  l'intégrale 


£ 


X  —  z 


M.  Possé  et  puis  M.  Tchébychef  lui-même  ont  donné,  en  s'ap- 
puyant  sur  cette  hypothèse,  l'expression  générale  du  reste  de  la 
série  (11)  (*).  Mais  il  faut  remarquer  que  celte  expression,  qui 
n'a  lieu  que  dans  les  cas  où  les  fonctions  ^0»  ^i>  .-.sont  entières, 
ne  comporte  pas  toute  la  généralité  qui  est  propre  à  la  série  même. 

Or,  il  suit  de  ce  qui  précède  que  l'expression  la  plus  générale 
du  reste  de  la  série  de  M.  Tchébychef  est  ce  que  devient  notre 
formule  (10)  quand  on  y  pose 

/i  =  ?i  =  'î'oj    A  =  ?«  =  4^15  etc. 

(')  G.  Posst  :  Sur  le  terme  complémentaire  de  la  formule  de  M.  Tchébychef ,  etc. 
{Bulletin  des  Se,  math,  et  astr.,  l.  VU,  2«  série,  1883,  p.  214-224.) 

P.  Tchébychef  :  Sur  une  série  qui  donne  les  valeurs  limites  des  intégrales,  etc, 
{Mémoires  deVAc.  des  Se.  de  Saint-Pétersb,  (en  russe),  t.  MVII,  n»  4, 1883.) 


•      • 


10        G.  ANDRÉIEF.  —  RKLATION  ENTRE  LES  INTÉGRALES 

En  général,  on  obtient  de  nos  formules  (9)  et  (10)  les  résultats 
trouvés  par  MM.  Possé  et  Tchébycher,  lorsqu'on  suppose,  comme 
nous  le  ferons  dans  ce  qui  suit,  que  les  fonctions 

,J2X  iA(^)5    h{x),     ...,    fnix), 

f  ?l(^).    ?î(^)5     •..',    ^n(x), 

tout  en  satisfaisant  à  la  condition 

(13)  jfk{x)oi{x)^x)dx  =  0, 
soient  entières  et  soumises  aux  conditions  suivantes  : 

(14)  -^  =  0,     4^  =  0, 
d-'^f  d-^^  Jpourn=  1,2,3,  .... 

7.  Nous  allons  prouver  d'abord  que  les  conditions  (13),  (14), 

(15)  déterminent  chacune  des  fonctions  (12)  à  un  facteur  constant 
près,  et  que  celles  de  ces  fonctions  qui  sont  du  même  rang,  fx 
et  <fx  par  exemple,  ne  diffèrent  entre  elles  que  par  ces  facteurs 
indéterminés. 

On  trouve,  en  effet,  des  conditions  (14)  les  eiipressions  suivantes 
des  fonctions  /"„  et  9»  : 

(16)  /•„  =  aj  4-  a,a?  -♦-  a^x*  4-  . . .  +  a^oj^^^ 

(17)  ç«=  P,  -h  P,(r  -t-  ^3.1?*  +  . . .  4-  P„a?»-S 

où  ai,  a„  . . . ,  ^1,  p29  •  •  •  sont  des  constantes  indéterminées. 

Mais  en  vertu  de  la  condition  (13),  la  première  de  ces  expres- 
sions nous  donne  un  système  de  relations  suivantes  : 

a^  jÇiOdx  4-  a,  l(f^xbdx  4-  ...  4-  a„  U^x^^^^dx  =  0, 
otj  |ç,6da?  4-  a,  lo^x^dx  4-  ...  4-  a„  |ç,.r"~*6da7  =  0, 

^i  |9n-iMa7  4-aJç„-iJ:^6(te  4-  . ..  4-7„  l^n-i^"~^^dx=0. 


I 


DÉFIXieS  DES  PRODUITS  DES  FONCTIONS.  11 

En  portant  dans  ces  relations  les  expressions  de  9,,  9,,  ...| 
données  par  In  formule  (17),  et  en  ayant  égard  aux  conditions  (15), 
on  arrive  sans  difficulté  à  un  autre  système  de  n  —  1  relations, 
à  savoir  : 


/ 


a,  / 6da?       -hy^lxbdx     +  . ..  -f  a»  ia;*"*6da?  =  0, 


(18) 


il  Ix^dx    4- a,  Ix* 


bdx    H-  . . .  +  a«  I  j:"Orfa?     =  0, 


/"■ 


Puisque  c'est  un  système  de  n  —  1  équations  linéaires  et  homo- 
gènes par  rapport  à  n  inconnues  a„  a„  ...,  a^,  on  en  peut  déduire 
n  quantités  proportionnelles  à  ces  inconnues. 

En  portant  ces  quantités  dans  Texpression  (16),  ou,  ce  qui 
revient  au  même,  en  éliminant  les  constantes  a  entre  n  équa- 
tions (16)  et  (18),  on  trouve 

Udx  Ix^dx     ...        lx^-^(}dx 


A(a?)  =  M. 


jx^dx  jx*^dx    ...        la 


x^^dx 


x^-^^dx 


ji— i 


laf-'bdx      iaf-^^dx    ...     li 

1  X     X 

M.  étant  un  facteur  constant  indéterminé. 
Et  si  Ton  pose  en  général 

l^dx  Ix  ^dx     ...       u 

Ix^dx  jx^bdx     ...       jaf"^^ 


(19)        U*)  = 


x^^dx 


^dx 


jixf-^^dx      n 


l  X 


...       /a?'"-^ 


-'^dx 


af 


12        C.  ANDRÉIEF.  —  RELATION  ENTRE  LES  INTÉGRALES 

la  dernière  formule  prendra  la  forme 


(20) 


fn{x)  =  M„Ç;„..i(ûf). 


De  la  même  manière,  on  trouve 


(21) 


(p,.(a:)  =  N„il,._i(a7). 


.Or  c'est  ce  que  nous  avons  voulu  prouver. 

Les  expressions  (20)  et  (21)  des  fonctions  f^{x)  et  <p»(a?),  étant 
portées  dans  les  termes  de  la  série  (9),  la  rendent  identique  avec 
celle  de  M.  Tchébychef,  puisque  les  facteurs  constants  M»  et  N«  se 
détruisent  dans  chaque  terme. 

8.  Voyons  maintenant  ce  que  devient  notre  formule  générale 
du  reste  (10)  ensuite  des  conditions  (13),  (14),  (15). 
Nous  avons  eu 


Pi  = 


En  effectuant  la  substitution  circulaire  des  lignes  de  ce  déter  • 
minant  de  manière  que  la  première  ligne  prenne  la  place  de  la 
dernière  et  en  ayant  égard  aux  conditions  (14),  on  aura 


Pi  =  (- 1)' 


fiM,  0,         0, 

A(^o),  nivùy  0, 


•  9 


0 
0 


A(«.),  Mi),  n{2,),  ••-,  0 

n^o),  riyù,  rw,  •••,  f^'(«'") 


ce  qui  se  réduit  à 

Pi =(-  i)'fi(.x,)n{y,)niz,) . . .  /?-"(«(-.))  r-K».). 

Tous  les  facteurs  de  ce  produit,  le  dernier  excepte,  sont  con- 
stants, c'est-à-dire  ne  dépendent  pas  de  leurs  arguments  x„  j/„  .... 


DÉFINIES  DES  PRODUITS  DES  FONCTIONS.  13 

En  les  remplaçant  par  leurs  expressions  tirées  de  la  formule  (20), 
on  peut  écrire 

OÙ  Ton  suppose 

M  =  M|  M{  •  •  •  Mny 

et  où  la  lettre  ^,  introduite  *au  lieu  de  v»,  représente  une  certaine 
grandeur  comprise  entre  les  limites  d'intégration  a  et  b. 
De  la  même  manière,  on  trouve 

U.-^     i;  jNvo  ^^  ^^.  ...     ^^_,    i   W, 

la  lettre  t]  désignant  une  autre  grandeur  comprise  entre  a  et  b, 
et  N  désignant  le  produit  N,N, . . .  N,. 

Enfin  le  produit  U  se  présente  en  vue  des  relations  (:20)  et  (2 1  ) 
sous  la  forme  suivante  : 

U  =  MN  U\U^  Ç^\ ^dx  ...  U:.i^dx. 

Si  l'on  porte  maintenant  les  expressions  trouvées  do  P^,  Q^  et  U 
dans  la  formule  (10),  on  aura 

[(«on*     Uiuxhiux...  hi-Mx 

Mais  des  expressions  générales  de  ijn{x)  el  A,  (19)  et  (5)  on  déduit 
les  relations  suivantes  : 

(«)  /^*.M.  =  i. 

et 


> 


k  étant  moindre  que  n. 
Il  en  résulte 


(23)  /4;»erfa?  =  A„_,  H„aferfa?=:A„_,A„, 


.• 


14  C.  ANDRÊIEF.  —  RELATION  ENTRE  LES  INTÉGRALES,  ETC. 

et  puisqu'on  a  évidemment 

(J;o  =  l,      Ao  =  jeda?, 
l'expression  de  R„  devient 


R.= 


[(ni)!]'  ^l^î  ...  M-,  A,-i 

£n  même  temps,  la  différenliation  de  l'expression  générale 
de  à^{x)  donne 

ce  qui  réduit  la  dernière  formule  à 

""  ~      (ni)»       ■  A._,  * 
Mais  des  relations  (22),  (23)  et  {U)  on  tire 


A«-i         r...j_  ^^ 


n.l.  \  > 


Donc  l'expression  du  reste  peut  être  présentée  sous  les  trois  formes 
suivantes  : 


Odo? 


ni  3 — 
dit" 


r*:6da? 

R.=/(.)(Ç),H(,)j^_ 

\da?"/ 

Kharkof,  10  décembre  1888. 


^I>EIICXJ 


DES 


QUALITÉS  UTILES  OU  BIBLES  DES  CUIFIliMS 


PAR  M.  L.  QUÉLET 


Indiquer  parmi  les  innombrables  espèces  de  champignons, 
même  parmi  les  plus  connues,  quelles  sont  les  bonnes  ou  les 
mauvaises,  est  encore  impossible  dans  Pétat  actuel  de  cette  partie 
de  la  science.  Cependant,  depuis  quelques  années,  grâce  au  goût 
croissant  des  mycophiles  pour  les  mets  variés  et  souvent  délicats 
de  la  nature  fongine,  la  connaissance  des  propriétés  des  champi- 
gnons a  fait  des  progrès  en  rapport  avec  ceux  de  la  flore  descrip- 
tive  dont  quelques  naturalistes  ne  dédaignent  pas  de  s'occuper, 
persuadés  qu'elle  est,  en  même  temps,  la  clef  de  la  mycologie  et 
le  flambeau  de  la  mycophagie. 

Le  mépris,  dont  naguère  ils  étaient  encore  Tobjel,  a  fait  place  à 
une  attrayante  étude  chez  ces  êtres  intéressants  qui  ne  sont  pas 
des  animaux,  qui  ne  sont  plus  des  végétaux  et  qui  forment  la 
branche  la  plus  importante  de  la  cryptogamie,  sinon  de  la 
botanique.  Cependant  on  lit  encore  dans  les  journaux,  de  France 
surtout,  le  récit  de  nombreux  et  terribles  accidents  causés  par 
Tusage  des  champignons,  sans  que  jamais  il  y  soit  fait  mention 
du  nom  de  Yespèce  coupable  ou  tout  au  moins  du  groupe  auquel 
elle  appartient,  faute  d'un  botaniste  ou  d'un  médecin  muni  de 
notions  mycologiques  suffisantes  et  un  peu  familiarisé  avec  la 
flore  de  la  contrée. 

En  1876,  j'ai  publié  dans  le  bulletin  de  la  Société  botanique  de 


16  .  L.  QUÉLET. 

France,  une  liste  des  principales  espèces  de  la  région  de  TEst, 
réputées  comestibles,  suspectes  ou  vénéneuses.  Depuis,  ne  tenant 
compte  que  d'expériences  faites  sur  Thomme  —  celles  faites  sur 
les  animaux,  chat,  chien,  etc.,  peuvent  et  doivent  servir  de 
précieux  avertissemenls  —  j'ai  reconnu  des  qualités  inédites  dans 
des  espèces  encore  inusitées  et  trouvé  parfois,  dans  certaines 
autres,  des  qualités  différentes  de  celles  que,  sur  la  foi  des 
auteurs,  je  leur  avais  d'abord  attribuées.  Cette  fois  encore,  je  n'ai 
pas  toujours  émis  des  assertions  certaines,  mais  bien  convaincu 
de  Tinsuffisance  de  mes  efforts  —  ce  vita  brevis,  ars  longa,  expe- 
rientia  fallax,  judicium  difficile  :»  —  j'ai  voulu  provoquer  de 
nouveaux  essais  et  de  meilleures  obserxfations ;  car  la  notion  du 
poison  et  de  Yaliment  fongicoles,  si  importante  pour  l'hygiène, 
est  une  parcelle  de  la  vérité  aussi  féconde  et  tout  aussi  digne  de 
recherche  que  la  découverte  de  nouveaux  phénomènes  dans  les 
autres  régions  de  la  science.  J'espère  et  prévois  un  temps 
prochain  où  la  chimie,  avec  ses  merveilleux  moyens,  fera 
connaître  entln  les  propriétés  encore  si  mystérieuses  de  ces 
fertiles  productions  de  la  nature  qui,  par  leurs  éléments  nutritifs, 
peuvent  rivaliser  avec  la  matière  animale  et  doivent  jouer  un 
grand  rôle  dans  l'alimentation  de  l'homme. 

Ayant  à  cœur  de  compléter  cette  trop  brève  indication  des 
diverses  qualités  reconnues  aux  champignons  cités  dans  cette 
nomenclature,  j'ai  recueilli  les  observations  de  mes  amis  et  de 
mes  correspondants,  j'ai  souvent  partagé  avec  eux  d'agréables 
repas  qui  n'empruntaient  à  l'art  culinaire  que  ce  qu'il  faut  aux 
préparations  fongines,  et,  dans  la  solitude,  j*ai  fait  maints 
périlleux  essais. 


I.  —  Espèces  utiles. 

Amanita  : 

Baccata,  sapide.  Sud  de  la  France  (Barla). 

Cœaarea,  délicioux,  sud. 

Coccola,  très  fin.  Italie.  Var.  d'ovoidea. 

Echinocephala,  doit  partager  les  qualités  de  strohilifoymis. 


APERÇU  DBS  QUALITÉS  UTILBS  OU  NUISIBLES  DES  CHAMPIGNONS.        17 

Amanita  (Suite)  : 

Friesii  (?),  succulent,  odeur  agréable. 

Junquillea,  assez  délicat,  Est  et  Ouest. 

Ovoidea,  avec  ses  formes  leucocephala  et  regia,  très  délicat.  ■ 

Rubescens,  très  sapide,  un  peu  amer;  regardé  à  tort  comme  mauvais  par 

Krombholz,  etc. 
Solitaria,  aliment  fin;  il  ne  faut  pas  le  confondre  avec  verna, 
Spissa,  cormelle  du  printemps.  Vosges.  (D^  Mougeot.) 
Strangulata,  variété  luxuriante  de  vaginata;  peu  délicat  et  fade. 
Strohiliformis,  variété  de  aoîitaria. 
Vaginata,  avec  ses  variétés  livida,  spadicea,  fulva  et  alba, 
Lepiota  : 

Carcharias  (?),  nauséeux. 
Clypeolaria,  parait  suspect  à  quelques  auteurs. 
Excoriata,  très  agréablement  parfumé  et  sapide. 
Felina  (?) 

Gracilenta,  très  agréablement  parfumé  et  sapide. 
Granuloea,  fade.  Var  :  amianthina  et  cinnabarina. 
Guttata  (?),  doux,  succulent. 
Holosericea,  assez  fin,  verna  1.  Sud  et  Ouest. 
Maatoidea,  excellent. 
Naucina,  très  fin,  succulent. 
Procera,  assez  bon. 
Rachodes,  moins  délicat. 
Sistrata,  peu  charnu. 
Armillaria  : 

Imperialis,  assez  bon,  consommé  dans  le  canton  de  Neuchatel  (Suisse). 
Mellea.  Un  demi-champignon   cru  a  causé,  un  quart  d'heure   après 

ringestion,  des  serrements  douloureux  de  Festomac  et  des  vomissements. 

Cependant  il  est  généralement  mangé  sans  inconvénient. 
Robusta,  mangé  dans  les  Alpes-Maritimes. 
Rufa,  id. 

Scruposa,  délicieux  ;  m'est  inconnu. 
Straminea,  id. 

Verrucipes,  obsen'é  seulement  dans  le  Jura,  en  Suède  et  dans  le  Tyrol. 
Tricholoma  : 

Albo4>runneum,  comestible,  malgré  son  amertume. 

Argyraceum  (scalpturatum  Fr.)  comme  terreum. 

Brevipes,  peu  sapide. 

Cartilagineum,  mange  à  Rochefort,  etc. 

Cnista,  savoureux,  rappelle  les  mousserons  :  odeur  de  farine  fraîche,  de 

viande  rôtie  (Pries). 
Colo88um,  aliment  fin,  consommé  dans  les  Vosges. 

Columhelta,  très  délicat. 

Cuneifolium,  délicat. 

Equestre,  assez  fin.  Auratum  en  est  une  variété  luxuriante. 

T.  Il  (8«  Série).  2 


!8  L.  QUÉLET. 

Tricholoma  (Suite)  : 

Exscisfium. 

Geminum,  environs  de  Paris. 

Glaucocanum,  qualités  de  Nuclum.  Tyrol  (Brosadola). 

Grammopodium,  peu  savoureux. 

Humile,  assez  bon. 

Imbricatum,  recherché  autrefois;  parait  bien  grossier  comme  aliment. 

Jonidcs,  exigu,  mais  de  bon  goût. 

Jrinum,  très  délicat  {boréale,  en  Suède),  légère  odeur  de  violette. 

Leucocephalum  (?\  odeur  de  farine. 

Melaleucum,  fade. 

Nudum,  bon  aliment. 

Oreinum,  sapide. 

Panœolum,  délicat. 

Personatum,  très  bon  et  très  savoureux."  Pied-bleu  de  La  Rochelle. 

Pes'Caprœ,  comestible. 

Portentosum,  très  sapide. 

Prunulus,  mousseron,  le  plus  agréable  de  tous,  avec  ses  variétés  :  Georgii, 
albellum,  palutnbinum,  graveolens,  tigrinum  Fr.  (non  Schaef.),  et 
garnbosum,  qui  n'est  que  Georgii  luxuriant. 

Sejunctum,  très  afûne  à  portentosum,  mais  moin3  délicat. 

Sordidum,  a  les  qualités  du  Nudum,  auquel  il  est  très  affine. 

Subpulverulentum,  comme  Humile. 

Terreum,  peu  savoureux  ;  se  vend  au  marché  dans  l'Ouest,  à  La  Rochelle. 
Glitocybe  : 

Auricula,  odeur  de  farine.  Ouest;  m'est  inconnu. 

Brumalis,  assez  délicat. 

Candida,  délicieux.  Tyrol  (BresadolaV 

Catinus,  sapide  et  parfumé. 

Cinerascens  Bull.,  peu  sapide. 

Conglobata.  Italie,  Tyrol. 

Connata,  délicieux.  Tyrol  (Bresadola). 

Cyathiformis,  très  bon  lorsqu'il  est  jeune. 

Dealbata,  assez  délicat;  odeur  de  farine. 

Ericetorum,  aliment  fin. 

Expallens,  assez  délicat. 

Fragrans,  parfumé,  mais  de  petite  taille. 
♦     GaiHdelli,  pinedo,  odeur  et  saveur  agréables.  Provence;  m'est  inconnu  : 
peut-être  Hygr.  Erubescens? 

Geotropa,  très  sapide,  odeur  prononcée  de  flouvc  odorante.  Stipe  coriace. 

Gigantea,  un  peu  coriace,  mais  très  parfumé. 

Gilva  (?)  paraît  bon. 

Gymnopodia,  odeur  et  saveur  agréables. 
Hirneola,  bon,  mais  petit. 
Infundibuliformia. 
NeapoUtana.  Italie. 


APERÇU  DES  QUALITÉS  UTILES  OU  NUISIBLES  DES  CHAMPIGNONS.         19 

Glitocybe  (Suite)  : 

Nebularia.  Je  Tai  mangé  souvent  et  Tai  trouvé  bon;  cependant  il  est 
quelquefois  indigeste,  lourd  et  nauséeux. 

Obbata,  comme  cyathiformis. 

Obsoleta,  comme  fragrana. 

Odora  ou  viridis,  trop  parfumé. 

Opipara,  délicat. 

QiÊtieiii,  même  goût  que  cyathiformis. 

SocUêUs  1>,C^  odeur  agréable,  très  savoureux;  m'est  inconnu. 

Splendens  (?) 

Squamulosa,  corame  infundibuUformis. 

Suaveolens,  parfumé,  assex  agréable  au  goût. 

VermicularU,  espèce  vemale,  assez  délicate. 

Vibecina,  insipide. 
GoUybia  : 

Collina,  abondant,  mais  grêle. 

Dryophila,  assez  délicat. 

Erythropus,  comme  le  précédent. 

Esculenta,  aliment  délicat,  mais  par  trop  exigu. 

Extuherana,  comme  dryophila. 

Funpes,  très  bon,  quoique  coriace. 

Hariolorum,  peu  sapide  et  coriace. 

Laccata,  me  parait  grossier  et  coriace. 

Longipes,  sapide,  mais  très  filamenteux. 

Siiccinea,  comme  extuberana. 
Pleurotus  : 

Aquifolii  «  grande  gyrole  »  de  Paulet;  excellent.  Pourrait  bien  n'être  que 
geotropus,  var.  gigtmteus. 

Cardarella  ou  Eryngii,  saveur  exquise. 

Dryinus,  un  peu  coriace.  f 

Ferulœ,  comme  nebrodensis. 

Geogenius,  fade,  malfaisant  (Paulet). 

Lingulatus,  amarescent,  odeur  de  farine. 

Nebrodensis,  savoureux,  comme  cardarella. 

Ostreatus,  assez  savoureux,  s'il  est  très  frais  et  jeune.  Var.  cohimbinus. 

Petaloîdes,  parait  trop  lardacé-coriace. 

Pometi  (?),  me  parait  un  peu  coriace. 

Porrigens,  excellent. 

Salignus,  assez  fin  lorsqu'il  est  tout  jeune. 

SapidtiSy  odeur  de  farine  ou  de  fleurs  de  châtaignier.  Ouest. 

Vlmarius,  sapide,  mais  doit  être  mangé  tout  jeune. 

Velutipes,  un  peu  coriace. 
Volvaria  : 

Bombycina  (?),  comestible,  suivant  les  auteurs. 
Pluteufl  : 

Cervinus,  peu  sapide,  humide. 

Petasalus,  id. 


■1 


.  »  '  ■ 


20  L.  QUÊLET. 

Entoloma  : 

Chjpeatum,  excellent.  Potiron  d'avril  (La  Rochelle);  mousseron  gris 

(Poitou). 
Fertile,  bon,  d'après  les  auteurs.  Est^  je  crois,  une  variété  du  précédent. 
Prunuloldes,  parait  bon. 
Glitopilus  : 

Orcella,  très  tendre  et  très  sapide. 
Priinulus,  très  sapide  et  plus  ferme. 
Pholiota  : 

^gerita,  et  var.  attenuaia,  cylindracea,  sapides. 
Mutahilis^  doux,  un  peu  fade. 
Prœcox,  succulent,  inodore. 
Sphaleromorpha,  succulent,  inodore. 
Squarrosa,  pas  très  délicat. 
Togularis,  sapide,  mais  grêle. 
Hebeloma  : 

CrtMtuliniforme,  espèce  que  je  croyais  mauvaise  et  qui  est  très  recherchée 

de  certains  amateurs,  dans  la  Champagne  et  la  Franche-Comté. 
Elatum  (?) 

Longicaudum,  assez  estimé. 
Sacchariolens,  forte  odeur  de  fleurs  d'oranger. 

Sinapizans,  variété  de  crustiilini forme.  Vireux,  parait  à  peine  comestible. 
Grepldotus  : 
Alveolus  (?) 
Calolepis  (?) 
Mollis  (?) 

Translucens,  à  Montpellier.  M'est  inconnu. 
Naucoria  : 

Furfuracea,  doux  et  sapide. 
Psalliota  : 

Arvensia,  avec  variété  acicola.  Très  sapide  et  très  nourrissant. 

Augusta,  sapide;  peu  délicat. 

Bemardii,  gros  pied;  bon.  Prairies  maritimes  du  littoral  de  l'Ouest 

(G.  Bernard). 
Bitorquis,  très  fin.  Alpes-Maritimes,  Italie. 
Campestris,  délicat. 

Comtula,  plus  parfumé  que  le  précédent. 

Cretacea,  souvent  il  a  une  odeur  fétide  (urine  de  chat).  Me  parait  indigeste. 
Pratensis  (?) 

Rusiophylla,  très  parfumé  et  délicat. 
Semota,  sapide  et  parfumé. 
Silvatica,  délicat. 
Pllosace  : 

Algeriensis,  très  savoureux.  (Algérie,  Tunisie,  etc.) 
Stropharia  : 

Coronilla,  en  petite  quantité,  il  ma  paru  très  bon. 
Cotonea  (?).  Jura  et  Vosges. 


APERÇU  DES  QUALITÉS  UTILES  OU  NUISIBLES  DES  CHAMPIGNONS.        21 

Hypholoma  : 

Appendiculatum,  fragile  et  mince,  mais  sapide. 

Candolleanum,  id. 

Hypsicum,  assez  bon. 

Spintriger,      id. 
Psilocybe  : 

Fœnisecii, 

Sarcocephala  (?),  succulent. 
Psathyra  : 

Fatua,  bon.  II  est  probable  que  tout  le  genre  est  bon,  mais  trop  peu 
charnu. 

Spadiceogrisea,  un  peu  exigu. 

Torpens,  id. 

Coprinus  : 

Atramentarius,  quelquefois  nauséeux  ;  il  provoque  des  coliques. 

•  Cotnatus,  très  sapide  et  délicat,  à  Tétat  naissant. 

Eburneus,  assez  délicat,  étant  très  jeune. 

Fimetarius,  vil  aliment. 

Ovatus,  comme  comatus, 
Gortinarius  : 

Azur  eus,  peu  sapide. 

Castaneus,  vient  dès  le  printemps,  ce  qui  engage  à  manger  cette  espèce 
insipide. 

CinereO'violaceus,  sapide. 

Cœrulescens,  succulent. 

Collinitus,  peu  attrayant  par  sa  viscosité. 

Erythrinus,  bon. 

Hœmatochelis,  comestible,  d'après  Roques. 

Myrlillinus,  assez  bon. 

Percomis,  odeur  agréable  de  lavande.  (Barla.) 

Turhinatu8  (?) 

Turgidus,  sapide.  (Alpes-Maiitimes.) 

Variicolor. 

Violaceus,  sapide,  succulent. 

(Il  est  probable  que  toutes  les  espèces  du  genre  sont  comestibles,  mais  elles 
me  paraissent  peu  savoureuses  et  parfois  suspectes.) 

PaxiUus  : 

Involutusj  comestible,  suivant  les  auteurs  ;  a  cependant  causé  des  vomis- 
sements et  de  la  diarrhée  dix  ou  douze  heures  après  Tingestion. 

Lepista  (?) 

Gomphidius  : 

Glutinosus,  aigrelet,  saveur  agréable  d'acide  tirtrique  ou  citrique  (For. 

quignon). 
Roseus,  saveur  douce. 
Hygrophorus  : 

Agathosmus,  un  peu  trop  parfumé  (laurier-cerise).  Var.  :  candida,  odeur 

de  jacinthe. 


ophoFas  ISuite)  : 

Arbuatifiis,  sapîdc. 

Uiesadolœ  (?).  Tyrol  (Brcsadola). 

Calophyllu»  (?) 

Capnnus  (?) 

Cinereu*  (?) 

OUvalis,  comme  niesus. 

Ei-ubesceru  ou  ruamla  Si^haeff,  aliment  li-és  sapide  et  Ircs  agn;al)lc. 

Gl-jocyclits,  très  bon. 

Hypotlieim,  assez  bon. 

Lticorttm,  délicat. 

tiiceus,  délicat,  s'il  est  emplayû  très  jeune. 

OUvaceo-Albui  (?) 

Penarius,  l'un  des  plus  Uns  cl  des  plus  gras  cliampignons. 

Pmfeniit,  très  agréable. 

Puniceu».  insipide. 

Pudorinus,  parait  bon,  mais  encore  peu  mis  en  usage. 

Quelelii.  Tyroi  méridional  (Bresadola). 

Slreptopus,  bon. 

Virgineui,  très  délicat. 

ControversUK,  comesliblc,  suivant  les  auteurs;  il  ne  me  parait  pas  d'un 

usage  entièrement  sur. 
^tjathula,  sapide. 

Oeliciosu),  certainement  très  bon,  lorsqu'il  est  accommodé  avec  soin. 
jlijciotmui,  1res  parfumé  ;  consommé  dans  les  Vosges  (Ferry). 
Uiiiisimut  (?),  parfois  acre,  peu  délicat.  Je  ne  le  crois  pus  toujours  inol- 

Pallidua  (?),  me  parait  un  .ilîment  grossier  et  indigeste. 

Piperatus,  àcre-poivré,  ne  convient  qu'aux  palais  peu  chatouilleux.  On  le 

consomme  en  grand  dans  les  Vosges. 
Sanguifluut,  plus  Gn  que  deliciosui,  auquel  il  est  préféré  dans  le  Tjrol  et 

dans  les  AlpeS'Maritimcs.  Odeur  de  poivre  et  de  menthe  poivi-ée. 
Sabdulcii,  peu  sapide;  il  n'est  employé  qu'on  temps  de  disetle. 
Vtit's,  très  estimé  eu  Russie. 

Vellereu»,  comestible  encore  plus  acre  que  piperatus,  et  dont  je  me  défie. 
Voiemui  (lactipuua).  Cest  à  l'état  cru  qu'il  est  le  meilleur  :  son  lait  doux 

et  très  abondant  est  une  boisson  agi'éoble  pour  le  botaniste,  pendant  les 

jours  les  plus  cliauds  de  l'aJinée. 
lia: 
Sruginca,  consommé  dans  les  Vosges,  malgré  sa  ressemblance  avec 

furcala. 
ilulnrea,  bon  paùt  A  l'^Int  cm;  peu  sapide  étant  cuit. 
Itiiœna,  odeur  Iri-s  agréable. 

iurala,  lépulé  délicieux;  me  parait  peu  sitpide,  fragile. 
izurea,  délicieux.  Tyrul  (Bresadolu). 


APERÇU  DES  QUALITÉS  UTILE!)  OU  NUISIBLES  DES  CHAMPIGNONS.        23 

Rossnla  (Suite)  ; 

Barlœ,  doux,  légère  odeur  de   mclilot,    de   moi^se  de   Corse.   Alpes- 
Maritimes  (Barla). 

Chamœleontina,  doux  (?) 

Cyanoxantha,  bon  et  agréable  par  sa  chair  plus  compacte. 

Decolorans,  bise  jaune  des  Vosges,  assez  bon. 

Delica,  très  bon,  malgré  son  aspect,  étant  le  plus  souvent  sali  par  la  terre 
que  soulève  son  entonnoir. 

Depallens,  assez  bon  :  la  chair  est  moins  fragile  que  chez  la  plupart  des 
rtLssules. 

Grisea,  sapide,  ferme. 

Heterophylla,  espèce  peu  connue,  excellente.  (Alpes-Maritimes.) 

Incarnata,  sapide,  ferme.  Alpes-Maritimes  (Barla),  Savoie  (A.  Mougeot). 

Lactea,  espèce  très  rare,  dure,  très  sapide.  Alpes-Maritimes  et  Vosges. 

Lepida,  goût  de  noisette  étant  cru  ;  odeur  désagréable  par  la  cuisson. 

Lilacea,  délicat. 

Luiea,  peu  sapide. 

Mollis  (?),  acidulé. 

Olivascens,  comme  alutctcea. 

Palumbina,  sapide. 

Roseipes,  Tyrol  (Bresadola). 

Turci.         id.  id. 

Vesca  ou  rosea  Sch.,  la  plus  délicate  du  genre. 

Virescens,  bon  ;  le  plus  recherché  comme  aliment. 

Xerampelina,  a  les  qualités  d'alutacea, 
Gantharellus  : 

Albidus,  uu  peu  exigu. 

Cibarius,  assez  fm  quand  il  est  jeune;  peu  nutritif  étant  développé. 

Cinereus,  mince,  laisse  à  désirer  comme  goût. 

Friesii,  bon,  mais  un  peu  trop  petit. 

Olidus,  odeur  suave.  Rare  et  rai^ment  employé. 
Marasmias  : 

Alliaceus.  Cette  espèce  rare  peut  servir  d'assaisonnement. 

Cepaceus,  m'est  inconnu.  Condimentaire  en  Italie. 
.  Fœniculaceus,  sapide  et  doux.  Condimentaire  en  Suède;  voisin  de  oreades. 

GlobulariSf  doux  et  sapide. 

Oreades,  très  bon  lorsqu'il  est  jeune. 

Prasiosmus,  bon  comme  assaisonnement. 

Scorodonius,  id. 

Terginus,  peu  sapide. 

lirons  ("!).  Malgré  sa  saveur  très  poivrée,  il  peut  servir  d'assaisonnement; 
dangereux,  selon  Noulet  et  Dassier. 
Lentinus  : 

Cochleatus,  exhale,  à  l'élat  adulte,  une  fine  odeur  anispc. 

Lepideus,  roriace  et  un  peu  amer.  Consouimé  néannioiiis  a  Soiilac  ((iironde) 
(Forf(uignon). 


i'h  L.  QUÉLET. 

lieniinus  (Suite)  : 

Suavissimus,  celui  de  tous  les  champignons  qui  a  Todeur  la  plus  agréable 
et  la  plus  expansive. 

Panas  : 

Conchatus,  bon  étant  tout  jeune;  il  devient  rapidement  très  coriace. 

Rudis,  id. 

Torulo8U8,    id.    un  peu  plus  tendre. 

Eolettts  : 

^reus,  le  plus  délicat  des  bolets. 

jEstivalis,  comme  edulis. 

Bovinus,  Taspect  est  engageant;  il  passe  pour  bon.  Var.  mitis,  id. 

Bresadolœ,  doit  avoir  les  qualités  de  viscidua.  Tyrol  (Bresadola). 

Castaneus,  espèce  rare  et  peu  abondante  ;  serait  délicieux. 

Edulis,  bon,  très  estimé  et  fort  recherché. 

Elegaiis,  chair  molle,  peu  sapide. 

Fragrans,  sapide.  Italie  surtout. 

Granulatus,  assez  bon. 

Jmpolitus,  très  bon.  Bien  voisin  de  fragrans,  «  Inter  maxime  deliciosos  » 
(Pries). 

Luteuê,  parait  un  aliment  grossier  et  est  peu  employé,  malgré  son  exubé- 
rante abondance. 

Obsonium,  très  bon.  Midi  de  l'Europe  et  de  la  France. 

Regius,  très  bon. 

Sanguineus  (?),  très  tendre,  doux,  peu  connu. 

Scaber,  bon  étant  tout  jeune. 

Strobilaceus,  mangé  sans  inconvénient,  mais  en  petite  quantité. 

Subtomentosus  (?).  J'ai  quelque  doute  sur  ses  propriétés  alimentaires. 

Vaccinua,  très  bon.  Suède. 

Variegatua  (?),  son  odeur  de  chlore  me  le  rend  suspect. 

Veraipellia,  avec  ses  variétés  aurantiua,  brunneus  et  duriuacuîus,  très 

bon  quand  il  est  frais. 

Viscidua,  son  aspect  verdâtre  et  sa  grande  viscosité  ne  le  recommandent 
nullement  aux  amateurs. 

Polyporns  : 

Acanthoidea,  odeur  de  bolet  comestible  (Duby);  un  peu  subéreux. 

Betulinua,  sert  de  cuir  à  rasoir  en  Angleterre  (Badham). 

Confluena,  très  estimé,  quoique  dur.  (Alpes-Maritimes,  Ouest  et  Vosges.) 
Amarescent,  odeur  de  pomme. 

Fomentariua,  sert  à  faire  de  Tamadou. 

Frondoaua,  assez  bon,  mais  trop  coriace. 

Giganteua,  comestible  (?)  (Pries). 

Hirautua,  sert  de  brosse  fine. 

Igniartua,  sert  à  faire  de  Tamadou. 

Incendiariua  Boug.  {Corylinua  Viv.),  apprécié  en  Russie  (Weinro#)  et 
dans  le  Tyrol  (Bresadola). 

Nigricana,  sert  à  foire  de  Tamadou. 

Ovinua,  assez  fin,  parfumé. 


APERÇU  DES  QUALITÉS  UTILES  OU  NUISIBLES  DES  CHAMPIGNONS.        25 

Polyporus  (Suite)  : 

Pescaprœ,  bon.  Vosges  (pied  de  mouton  noir). 

Squamosus,  trop  coriace  :  tout  jeune  il  pourrait  à  peine  être  mangé. . 

Subsquamosus,  peu  délicat;  cependant  employé  en  Suéde  et  dans  les 
Alpes-Maritimes. 

Sulfureus^  amarescent,  comestible  étant  très  jeune;  fournit  ime  teinture 
jaune. 

Tinctorius,  sert  à  teindre  en  jaune  dans  le  Sahara  algérien  (D^  Reboud). 

Umbellatus,  excellent  lorsqu'il  est  frais,  mais  vite  altéré. 

Trametes  : 

Odorata,  très  parfumé  (vanille  ?)  offert  par  les  Lapons  à  leurs  fiancées. 
Aphrodisiaque. 

Suaveolens,  odeur  suave,  anisée.  Â  été  employé  contre  la  phtisie,  les 
névroses. 

FlBtQlina  : 

Hepatica,  On  en  fait,  â  Tétat  cru,  une  salade  plus  originale  que  succulente. 
  peine  mangeable  étant  cuit. 
Ilryodon  : 

Coralloides,  délicat,  mais  un  peu  coriace. 

Erinaceus,  délicat,  estimé  dans  les  Alpe^-Maritimes. 
Hydnum  : 

Cinereum  (Bull,  non  Fr.),  très  sapide.  Vosges  (R.  Ferry). 

Cirratum.  Suède.  Délicat  (Fries). 

Corrugatiim.  Nord  de  l'Europe  (Fries). 

DiversidenSf  id.  Délicat  (Fries). 

Fragile,  succulent.  Suède  (Fries). 

Imbricatum,  peu  délicat  ;  aphrodisiaque  (Forquignon).  Chevrettede  Suisse. 

LœvigtUum.  Alpes-Maritimes.  Sapide,  amarescent,  odeur  d'immortelle. 

Politum,  ^veur  agréable.  Suède  (Fries). 

Repandum,  bon  étant  frais,  quoique  amer.  Pied  de  mouton  blanc  des 
Vosges. 

Bufescens,  variété  du  précédent;  moins  employé. 

Subsqwimosum,  à  peine  comestible. 
Graterellus  : 

Clavalus,  assez  fin.  Bonnet  d'évêque  des  Vosges. 

Crispus,  assez  bon. 

Cornucopioides,  très  bon  étant  tout  jeune;  goût  de  truffe. 

Lutescens,  peu  employé  à  cause  de  sa  rareté. 

Pusillus,  assez  bon. 

Sinuosus,     id. 
Tremellodon  : 

Vulgare,  rafraîchissant  à  l'état  cru,  surtout  avec  du  sucre  (René  Q.). 
Guepinia  : 

.Helvelloïdes,  frais;  peu  sapide. 
Si>arassis  : 

Crispa,  délicat  tout  jeune;  un  peu  coriace. 

Laminosa,  délicat,  plus  rare  et  peu  connu. 


26  L.  QUÉLET. 

Clavaria  : 

Amethystea,  le  plus  délicat,  selon  Paulet. 

*Botryte8,  quoique  regs^rdé  par  tous  les  auteui*s  comme  comestible,  il  est, 
ainsi  que  les  suivants,  indigeste  et  même  dangereux. 

Çinerea. 

Coralloides. 

Flava. 

Formosa. 

Fragilis, 

Kunzei. 

Rufescens. 

RufO'violacea, 

Rugosa.  • 

Vermiculata. 
Ezidia  : 

Recisa,  fade. 
Tremella  : 

Mesenterica,  frais,  mais  insipide. 

Lycoperdon  : 

Cœlatum,  me  parait  peu  sapide  et  même  un  grossier  aliment. 

Furfuraceum,  insipide. 

Pratense,  me  paraît  assez  bon  étant  tout  jeune. 

Velatum,  à  peine  comestible. 
Globaria:  "  * 

Gigantea,  étant  très  jeune  ;  peu  sapide.  Founiit  une  ouate  très  fine. 

Nigrescens,  sapide;  étant  très  jeune,  il  a  le  goût  àepsalliota  campeetris. 

Plumbea,        id. 

Pusilla,  à  peine  comestible,  insipide. 
Gauiieria  : 

Graveolens,  douteux,  odeur  d'oignon  pourri. 

Morchellœformis,  douteux,  odeur  fétide,  dictame  blanc  (Vitt.). 
Hymenogaster  : 

Arenarius,  odeur  alliacée,  à  peine  comestible. 

Bulliardi,  odeur  de  punaise,  de  musc  (Vitt.). 

Calosporus. 

Citrinua,  odeur  de  musc,  de  fromage  (Vitt.). 

Decorus. 

Griseus,  odeur  de  convallaria  nuxjalis. 

Klotschii,  peu  odorant. 

Lilacinus,  odeur  de  champignon. 

Luteus,  odeur  agréable  de  fraise. 

Lycoperdineus,  odeur  puante,  alliacée,  de  troncs  de  chou  (Vitt.). 

Niveus,  odeur  de  pelargonium. 

Olivaceus,  aromatique,  odeur  de  dédale  du  chêne.  (Vitt.) 

Pallidus,  odeur  faible  de  primevère. 

Populetorum,  parfum  d'œillet  et  de  musc. 


APERÇU  DES  QUALITÉS  UTILES  OU  NUISIBLES  DES  CHAMPIGNONS.        27 

Hymenogastar  (Suite)  : 

Bufus,  odeur  faible. 

Tener,  légère  odetir  de  fmiU. 

Vulgaris,  odeur  de  muguet  dos  bois. 
J'ai  mangé  la  plupart  de  ces  espèces,  mais  en  petite  quantité,  vu  leur 

peu  d'abondance  ou  leur  rareté.  II  faudrait  pouvoir  les  manger  en  plus 

grande  quantité. 
Hydnangium  : 

Asterosperma,  odeur  de  basilic;  parait  bon. 

Candidum,  odeur  suave;  parait  comestible. 

Carneum,  est  d'un  usage  douteux. 

Carotœcolor,  id. 

Stephensii,  odeur  de  lactariu8  insulsus;  douteux,  me  parait  suspect. 

Virescens,  comme  candidum. 
Hysteranginm  : 

Clathroides,  odeur  de  clathre  ;  suspect. 

Fragile,  odeur  de  tuber  Borchii;  parait  comestible. 

Nephriticum,  odeur  de  millepertuis;  douteux. 

Pompholix,  odeur  de  caoutchouc. 

Thwaitesii,  comme  clathroides. 
Melanogaster  : 

Tuberiformis,  parfumé,  assez  bon. 

Variegatus^  truffe  musquée,  assez  fin. 
GhsBromyces  : 

MeandriformiSf  comestible,  mais  un  peu  dur. 
Terfezia  : 

Castanea,  odeur  fine. 

LeoniSj  savoureux.  Algérie. 
Tuber  : 

Asa,  très  fétide,  à  peine  mangeable. 

jEstivum,  assez  délicat.  Souvent  mêlé  avec  brumale,  et  vendu  sous  le 
même  nom. 

Bituminalum,  parfum  désagréable  ;  peu  sapide. 

Borchiij  peu  délicat,  odeur  de  trufife  et  d'ail . 

Brumale,  très  parfumé,  saveur  agréable. 

Dryophilum,  délicat. 

Excavatum,  à  peine  comestible  à  cause  de  sa  grande  dureté. 

Ferrugineum,  arôme  très  fin  et  saveur  agréable. 

Fulgens,  dur  et  d'odeur  agréable. 

Macxdatuniy  assez  bon,  quoique  amer. 

Magnatum,  très  estimé  ;  assez  délicat. 

Melanosporum,  très  parfumé  :  l'un  des  diamants  de  la  cuisine.  Saveur  et 
odeur  de  fraise  (Vill.). 

Mesenterlcuirif  parfumé  et  agréablo. 

Microsporutn,  assez  fin. 

Mougeotii,  odeur  de  morille.  Vosges. 

Mutabile^  assez  délicat,  très  aromatique. 


28  L.  QUÉLET. 

Tttber  (Suite)  : 

Rapaeodorum,  T)on . 

Rufutrij  un  peu  trop  dur. 

Scleroneurony  à  peine  comestible  ;  très  coriace. 
Leucangium  : 

Ophtalmosporutrij  finement  parfumé,  parait  comestible.  Odeur  de  melon. 
Genea : 

Hispidula,  délicat,  mais  bien  peu  charnu. 

Papillosa,  id. 

Sphœrica,  délicat. 

Verrucosaf     id. 
Balsamia  : 

FragiformiSy  finement  parfumé. 

Vulgarisj  odeur  d'urine  de  souris;  coliques  et  diarrhée  (Vilt.). 
c  Hydnobolites  : 

Cerebriformis,  'délicat,  mais  bien  exigu. 
Hydnotria.  Inconnus,  paraissent  comestibles. 
Grenabea.  Id.  id. 

Pachyphlœns  : 

Citrinus,  parfumé  et  tendre. 

MelanoxanthuSf  saveur  sucrée. 
Mitmia  : 

Spathulataf  doux,  sapide. 

Rufa,  id. 

Morchella  : 

Conica,  rare,  peu  employé;  délicat. 

Delicio8a,  très  fin  et  très  parfumé. 

Elata,  très  délicat. 

Esculenta,  très  bon.  Cependant  cause  parfois  de  véritables  empoisonne- 
ments :  éblouissements,  nausées  et  vomissements. 

Semilibera,  assez  délicat. 
Verpa: 

AgaricoideSy  etc.,  sont  à  essayer  encore. 

Digitaliformis,  parait  comestible;  sa  rareté  ne  permet  pas  de  Texpérimen- 
ter  suffisamment. 

PusilUif  id. 

Gudonia: 

CircinanSj  parait  assez  délicat. 
Gyromitra  : 

Esculenta  ('),  morille  noire,  recherché  et  assez  fin;  cause  cependant  des 
empoisonnements  suivis  de  mort.  Le  G.  suspecta  est  la  même  espèce. 

GigaSy  succulent,  sapide.  Haut-Jura,  Tyrol. 


(*)  J'ai  soaffert,  i  deux  reprises  différentes,  d'indigestions  assez  fortes  causées  par  ce  champignon, 
que  j'avais  mangé  le  soir  en  quantité  un  peu  notable.  Il  m'a  toujours  paru  indigeste,  à  cause  de  sa 
consistance  carlilaghneuse,  mais  je  n'ai  jamais  constaté  de  véritables  symptômes  û'empoisonMment. 
(r^ote  de  M.  Forquignon.) 


APERÇU  DES  QUALITÉS  UTILES  OU  NUISIBLES  DES  CHAMPIGNONS.        29 

Helvella  : 

Atra,  bon,  mais  coriace. 

Capucinaf         id. 

Crispa,  très  bon  lorsqu'il  est  jeune. 

ElasticUf    id.     plus  coriace. 

Infula,  estimé  dans  les  Vosges  et  dans  les  Alpes. 

iMcunosaf  assez  délicat  ;  un  peu  coriace. 

Monachella,  délicat.  Goût  de  morille,  odeur  de  cuir  tanné. 

Nana,  comme  atra. 

Queletii,  sapide,  analogue  à  crispa. 

Sulcata,  sapide,  mais  dur. 
Pesisa  : 

Acetabulunif  bon,  rappelle  helvella  crispa. 

Ancilis,  variété  luxuriante  du  précédent. 

Amphora,  assez  délicat. 

Catinus,  délicat,  un  peu  membraneux. 

Cochleata,  assez  bon,  tendre. 

Corona,  très  délicat,  tendre  et  croquant. 

Cupularis,  comme  catinus. 

Fulgens,  délicat  et  tendre. 

Helvelloides,  un  peu  coriace. 

Macropwif  coriace. 

Repanda,  succulent  et  délicat,  rappelle  morchella  esculenta. 

Splendens,  délicat. 

Vesicuîosa,  peu  sapide. 
Bnlgaria  : 

Inquinans,  fade. 


II.  —  Espèces  nuisibles. 

Amanita: 

Aspera,  vomissements,  entérite. 

Cariosa,  suspect. 

Excelsa,      id. 

Mappa,  dysenterie. 

Muscaria,  folie  passagère,  à  petite  dose;  cause  la  mort  s'il  est  pris  en 

quantité. 
Pantherina,  id. 

Phalloides,  accidents  cholériformes  souvent  suivis  de  mort. 
Porphyria,  suspect. 
Valida,  id. 

Vema,  très  dangereux. 
Virosa,  id. 

Vittadinii,  parait  suspect,  reste  à  essayer. 


0  L.  (H^LET. 

.epiota  : 

Badhami,  vireut,  vomissemenls 
Cepœitipet,  vomissements. 
Crigtafa,  suspecl. 
Echinafa,    id. 
Erminca,  vireai,  amer. 
Frieaii,  iadige%te. 
Htentatoiperma,  indigeste. 

Lilacina  (?),  odeur  de  gaz  d'éclairage  en  séchant, 
'richoloma  ; 

Acerbum  (?),  vomissements;  donné  coinme  comestible  par  Roques, 

jEituans  (?),  saveur  de  fiel.  Suède,  Hongrie. 

Album,  fétide,  icre  et  très  amer.  Empoisannement  à  Lyon.  (J.  Péteaui, 

Venillot.) 
Capniocephalum,  odeur  bitumineuse. 
Flavobritnnettm,  suspecl. 
FtuMlum  (?). 
Hordum,  suspect. 
Inamœnum,  id. 
Lascivum,    id. 

Mirabite,      id.    Tyrol.  (Bresadola.) 
Pardinutn,  maux  de  teie,  vomissements  et  diarrhée  pendant  deux  Jours, 

après  l'ingestion  de  20  grammes  à  l'étal  cru. 
Petaumdalum,  vomissements  abondants  et  diarrhée,  ilovx  heures  après 

l'ingestion  de  deux  de  ces  champignons  à  l'état  cuit.  (L.  Forquigiion.) 
Rutilana,  suspect. 
Saponaceum,  vomissements. 
Sud  uni,  suspect. 
Siilfureum,  suspecl,  — GO  grammes  donnés  à  un  chien  n'ont  produit  au<'tin 

symptôme  d'empoisonnement,  (J.  Téteaux.) 
YariegatWTii,    id. 

ilitocybe  : 

Atnara,  amertume  de  la  genliane;  suspect. 

Atnarella,  très  amer. 

Candicani  (?). 

Ceruasala,  maux  de  lèle,  diari'hée. 

Clavipes,  suspect. 

Inoi'nata,  odeur  de  rancc. 

Inversa,  indigeste. 

Phyllophila  (?). 

BÎKuloia,  maux  do  tiMe,  vomissements  et  Jiari'lu'c,  douic  heures  après 

l'ingeslion. 
Tornala,  suspecl. 
oUybia  : 

Anibuita,  suspecl. 


APERÇU  DE»  QUALITÉS  UTILES  OU  NUISIBLES  DES  CHAMPIGNONS.        31 

Collybia  (Suite)  : 

Atraia,  suspect. 

Jngrata,  fétide,  repoussant  d'aspect  et  de  goût. 

Inolens,  suspect. 

Maculatay  suspect. 

NitelUna^      id. 

Platyphylla,  coriace. 

Radicata,  suspect. 

Rancida,  odeur  fétide. 

SemitaliSf  suspect. 
Mycena  : 

Pelianthinày  odeur  vireuse. 

Pura,  dangereux. 
Plenrotos  : 

CorticatuSj  coriace,  un  peu  acre. 

Palmatus  (?),  un  peu  amer  et  poivré,  odeur  de  mirabelle, 

Pfwsphoreus  (Olearius),  amer,  purgatif,  vénéneux.  Sud  de  la  France. 

Volvaria  : 

Gloiocephala,  très  vénéneux;  mort  après  Fingestion  d'un  seul. 

Plumulosa,  suspect. 

Speciosa,  gastro-entérite,  coma  et  mort. 

Viperina,  m'est  inconnu  ;  très  vénéneux  selon  les  auteurs. 

Volvacea,  dangereux. 
Entoloma  : 

Ameides,  suspect,  odeur  de  sucre  brûlé. 

Lividum,  gastro-entérite,  vomissements  et  gastralgie  pendant  trois  jours, 
à  la  suite  de  Tingestion  d'un  spécimen  cuit. 

Madidum,  suspect. 

Nidorosunif  vomissements. 

Nitidum,  suspect. 

Rhodopolium,  suspect. 

Sericeum,  vomissements  et  diarrhée. 

Turbidunif  suspect. 

Costaturriy        id. 

Juhatum,        id. 
Leptonia,  paraissent  suspects. 
Nolanea,  id. 

Eccilia,  id. 

Pholiota  : 

Adiposa  (?). 

Aurea,  suspect. 

Aurivellus  (?). 

Caperata  (?),  peut-être  comestible. 

Curvipes  (?). 

Destruens,  très  amer,  suspect. 

Dura,  nausées  et  diarrhée. 


32  L.  QUÉLET. 

Pholiota  (Suite)  : 

Flammans  (?). 

Fuscaf  suspect. 

Lucifer  (?). 
.  Rctdicosck^!^)  arôme  doux,  très  intense. 

Spectabilis,  amer,  suspect. 
Flammnla.  Ce  genre  entier  paraît  suspect. 
Inocybe  : 

Corydalina,  très  aromatique. 

Pyriodoraj  id.  odeur  de  jasmin.  (BaHa .) 

Rimosa  et  ses  afQnes.  Ce  genre  est  suspect. 
Hebeloma  : 

Fctstibile  et  ses  affines. 

Glutinosum  (?). 
Naucoria  : 

AmarescenSj  espèce  vernale  assez  sapide,  puis  très  amère.  Jura. 
Grepidotus  : 

Nidulans,  suspect. 
Stropharia  : 

jEruginosa,  vomissements. 

AWocyaneay  suspect. 

Albonitens  (?). 

Battarœ  (?). 

Luteonitens  (?). 

Melaspermaj  vomissements. 

Merdaria  (?). 

Semiglobaia.  (Roques.) 

Squamosa,  suspect. 

Stercarana  (?). 
Hypholoma  : 

Capnoides. 

Dispersutn, 

Epixant?ium. 

Faaciculare,  vomissements.  Paulet  le  dit  salubrc. 

Hydrophilum  (?). 

Lacrymàbundam,  dangereux. 

Pyrotrichunij  id. 

Sublateritium,  id. 

Psilocybe  : 

Coprophila  (?). 

Encœa  (?). 

Semilanceolata  (?). 
Coprinarlos.  Ce  genre  parait  très  suspect. 
Coprinus,  on  général  suspect. 
Monta^nltes,       id. 
Bolbitlus,  id. 


APERÇU  DES  QUALITÉS  UTILES  OU  NUISIBLES  DES  CHAMPIGNONS.        33 

Gomphldius  : 

Viscidus  (?). 
Pazillus  : 

Atrotomentosus. 

Leptopua.  '   * 

Paniwides. 

Paradoxus  (?). 
Cortinarius  : 

Hircinus  (?). 

Traganus  (?). 
Hygrophoms  : 

Coccineus. 

Conicus, 

Cossus,  odeur  repoussante,  nausées.  (Le  blanc  d*ivoire  mortel  de  Paulet.) 

Chrysodon  (?). 

EbumeiAs  (?),  on  dit  qu'il  est  bon  en  Italie. 

Irrigatus  (?). 

Metapodius  (?). 

Obrusseus. 

Ovinus  (?). 

Puniceus,  etc. 
Les  espèces  de  ce  genre  sont  peut-être  toutes  comestibles. 
Lactarins  : 

Acris,  lait  blanc  rougissant,  acre. 

Aspideus,  lait  blanc  puis  purpurin  comme  la  chair,  acre. 

Azonites,  vénéneux,  suspect.  (Barla.) 

Blennius,  parait  mauvais. 

Cilicioides,  acre. 

Circellatus,  comme  pyrogalus, 

Flexuosus  (?).  Bongard  le  dit  comestible. 

Helvus,  p*iraU  mauvais  au  goût,  quoique  l'odeur  soit  bonne. 

Hysginus  (?). 

Insulsus,  entérite  et  vomissements. 

Lignyotus. 

Lilacinits,  acre. 

Picinus. 

Plumbeus  ou  turpis,  très  vénéneux. 

Pyrogalus,  le  plus  acre  de  tous,  très  redoutable. 

Quietus  (?),  doux. 

Resimus,  comme  scrobiculatus. 

Ru  fus,  serait,  d'après  les  auteurs,  le  lactariua  le  plus  vénéneux. 

Scrobiculatus,  très  acre,  vireux. 

Spinosulus,  acre. 

Subumbonatus  (?). 

Theiogalus,  acre,  vénéneux.  (Barla.) 

Torminosus,  serait  mangé  impunément  en  Suède.  (Fries.) 

T.  II  (3*  Série).  3 


t  (Suite): 

alis  (?). 

«s  (?). 

te,  acre,  suspect. 

lié,  acre. 

riw,  très  dangereuï. 

ta,  aspect  repoussant  et  mauvais  goût. 

a,  très  acre,  suspect. 

ybrina,  acre. 

me,  acre.  TjtoI.  (Bresadola.) 

tca,  très  vént^neui. 

a,  saveur  de  flel,  dangcreui. 

n»,  odeur  et  aspect  repoussants. 

ilia,  doit  avoir  les  qualités  d'emelica, 

i(a,  amer  et  nausâeux.  Dysenterie  et  mort. 

lialo,  très  ilcre. 

eoaa,  suspect. 

cane,  comme  advata. 

icea,  suspect. 

7leuca,  id. 

nata,     id. 

loris,  dangereuï,  malgr»!  son  eiiguilè. 

!(ii,  très  Icre,  dangereux. 

:ea,  très  acre,  suspect. 

a,  très  icre.  Cette  belle  espèce  serait  l'une  des  plus  redoutables. 

utnen  (?)  rougetto  de  Toulouse,  acre;  comestible  par  la  cuisson. 

lulet  el  Dassier.) 

a nia,  vénéneux. 

•nota,  acre,  suspect. 

lias: 

ntiacui,  viSnèneux  <?). 
ulibuliformiB,  suspect. 
■formU,  id. 

lus,  fétide,  dou'.eux, 
•purpureu»,  suspect. 
dicus,  id. 


etlus,  suspect 

m,  miuvais  (Fi  les.)  Il  ne  faut  pas  le  prendre  pour 

II»,  dangereux. 


APERÇU  DBS  QUALITÉS  UTILES  OU  NUISIBLES  DES  CHAMPIGNONS.        3S 

fl 

Boletns  (Suite)  : 

Cyanescenêf  suspect;  quelques  auteurs  le  disent  comestible. 

Felleua,  saveur  de  fiel  ;  dangereux. 

Flavus  (?). 

LividuSf  suspect.  (Persoon.) 

LupinuSy  entérite. 

Luridus,  suspect;  cité  quelquefois  comme  comestible. 

Pachypu8,  vénéneux. 

PiperatUB,  suspect. 

Porphyro8poru8,  suspect. 

PurpureuSj  id.      serait  vénéneux  (Pries)  comme  tous  ceux  qui  ont 

Torifice  des  tubes  rouge. 

SatawUf  vénéneux;  maux  de  tête,  vomissements  et  gastrite  après  Tinges- 
tion  d*un  fragment  de  la  grosseur  d'une  noix. 

Tridentinus  (?).  Tyrol.  (Bresadola.) 
Boletiniu  : 

Cavipes  (?),  saveur  douce.  Vosges. 
Polypoms  : 

Borealis,  suspect. 

C(ueariU8,  acide,  suspect. 

CrxBtatua,  suspect,  malgré  sa  grande  affinité  avec  Pet^aprœ. 

Destructor,  contribue  à  la  destruction  des  bois  travaillés. 

Hispidus,  aspect  et  goût  repoussants. 

Imbricatus,  suspect. 

Laricis  ou  o//îctna2i«,  amarescent.  Alpes.  Les  dieux  ont  voulu  que  ce  seul 
fungus  serve  à  la  médecine. 

Leucomelcu,  saveur  de  fiel  après  la  cuisson.  (Forquignon.) 

Osseus,  amer  et  dur,  suspect. 

StypticuSf  amer,  suspect. 
Meralins  : 

Destruens,  détruit  les  bois  de  charpente  exposés  à  Thumidité. 
Hydnum  : 

Acre,  fortement  acre  et  poivré.  Environs  de  Paris,  Alpes-Maritimes.  (Barla.) 

Amarescena  (?),  chair  douceâtre,  puis  amère. 

FrcLceolens,  m'est  inconnu;  odeur  de  marc  d'olives. 

Graveolens,  odeur  de  fenugrec,  coriace  et  mince. 

Melilotinumy  odeur  fine  de  mélilot  bleu  ;  subsubéreux. 

SiMveolens,  odeur  anisée  très  expansive;  subéreux. 
Anricolaria  : 

Auricula  judœ,  purgatif. 
Galocera  : 

Viacosa  (?).  Cette  brillante  espèce  a  causé  des  nausées  à  l'état  de  crudité; 
odeur  de  réséda.  (Barla.) 
Scleroderma  : 

Bovista^  suspect. 

Geaster,     id. 


36  L.  UÏIÉLET. 

Scleroderma  (Suite)  : 

Verrucosuniy  suspect. 

Vulgare  (?),  a  été  mangé  jeune  sans  inconvénient. 
Elaphomyces  : 

Granulatns  et  alUnes,  aphrodisiaques  et  dangereux  (Persoon),  mangés 
par  les  cerfs  et  les  sangliers. 
Endogone  : 

Lacliflua,  balsamique,  vireux. 
Rhizopogon  : 

Luteolus,  nauséabond.  Comestible  et  aphrodisiaque.  (Saint-Amans.) 

Provincialis,  fétide;  parait  nuisible. 

Rubescens,  id. 

Suavis  (?),  fine  odeur  de  miel  et  de  miLSc.  Jura. 
Picoa  : 

Juniperi,  insipide  et  fétide. 
Gyromitra  : 

Pleopos,  morille  de  loup.  «  Accidents  presque  mortels  »,  dit  Paulet.  Ce  doit 
être  6r.  suspecta  Kr. 
Glathrus  : 

Ruher,  balsamique  et  fétide. 
Phallus  : 

Caninus,  balsamique  et  fétide. 

ImpudicuSy  id. 


EVAPORATION 


DES  DISSOLUTIONS 


ET   DES    LIQUIDES 


QUI  RENFERMENT  DES  CORPS  SOLIDES  EN  SUSPENSION 


P.1R  U.  E.  LAVAL 


INTRODUCTION 

On  s'accorde  à  reconnaître  que  Tévaporation  de  Teau  est 
retardée  par  la  présence  des  sels  qu'elle  tient  en  dissolution  ;  mais 
aucune  loi  n'a  été  donnée  de  celte  influence.  Quant  aux  autres 
liquides,  on  ignore  absolument  si  leur  évaporation  est  accélérée 
ou  retardée  par  la  présence  de  corps  solides  en  dissolution^ 
D'ailleurs,  il  est  d'autres  cas  de  l'évaporation  des  liquides  sur 
lesquels  on  ne  possède  jusqu'à  présent  aucune  donnée  expéri- 
mentale. 

D'abord,  celui  du  mélange  de  plusieurs  liquides  volatils,  ou 
c<.'lui  des  solutions  gazeuses. 

Ensuite,  celui  de  la  suspension  d'un  corps  solide  insoluble  au 
sein  du  liquide,  et,  par  une  extension  naturelle  de  la  même  idée, 
celui  où  le  liquide  ne  fait  que  mouiller  une  surface  solide,  c'est-à- 
dire  y  est  répandu  en  couche  très  mince. 

C'est  cette  étude  que  je  donne  ici,  au  point  de  vue  purement 
expérimental,  du  reste;  car  je  crois  avoir  démontré  dans  un 
précédent  mémoire  l'impuissance  actuelle  de  la  théorie  des  gaz  à 
expliquer  l'évaporation  (*).  Cette  théorie  ne  donne  même  pas  la 

(*;  Véf  if  cation  expérimentale  des  lois  de  Dation  sur  Vévaporalion.  (Mcm.  de  la 
Société  des  Sciences  phys.  et  nat.  de  Bordeaux,  t.  V,  2«  série,  p.  107.) 


38        E.  LAVAL.  —  ÉVAPORATION  DES  DISSOLUTIONS  ET  DES  LIQUIDES 

cause  de  la  spontanéité  du  phénomène,  puisqu'on  est  obligé  d'ad- 
mettre que  le  départ  des  molécules  de  la  surface  du  liquide  ne 
peut  avoir  lieu  qu'à  la  suite  d'un  trouble  dans  l'équilibre  de  cette 
surface  ;  à  plus  forte  raison  ne  peut-on  lui  demander  d'expliquer 
les  variations  de  l'évaporation  dans  les  circonstances  diverses 
énoncées  ci-dessus.  Il  est  bien  probable  que  les  idées  actuellement 
admises  sur  la  constitution  des  gaz  et  des  liquides  éprouveront 
encore  bien  des  modifications.  Je  serai  heureux  si,  par  ce  travail, 
je  puis  apporter  une  pierre  à  la  base  d'expérience  sur  laquelle  on 
devra  les  appuyer. 


Qti  renfërnbut  des  corps  solides  en  suspension  39 


PREMIÈRE  PARTIE. 


Évaporation  des  dissolutions. 

Il  faut  distinguer  ici  le  cas  où  le  corps  en  solution  est  solide  ou 
liquide,  s'il  est  fixe  ou  volatil.  J'ai  essayé  d'y  rattacher,  aussi  par 
une  extension  naturelle,  le  cas  des  solutions  gazeuses. 

Éraporation  des  liquides  tenant  en  dissolution  un  corps  solide 

non  volatil. 

Les  expériences  ont  été  faites  par  la  méthode  de  comparaison. 
Deux  vases  plats  et  à  bords  cylindriques  contenaient,  Tun  le 
liquide  pur,  Fautre  le  même  liquide  tenant  en  solution  un  corps 
solide  dont  on  faisait  varier  les  proportions  dans  des  expériences 
successives.  Ils  étaient  chaque  fois  placés  Tun  à  côté  de  Fautre. 
en  un  lieu  fermé  et  obscur,  où  aucun  courant  d'air,  aucune  varia- 
tion de  température  ne  pouvaient  agir  sur  eux.  On  les  rapportait 
sur  le  plateau  de  la  balance  et  on  prenait  le  rapport  des  évapora- 
tions.  Celles-ci  ayant  lieu  dans  le  même  temps,  leur  rapport  est 
le  même  que  celui  des  vitesses  moyennes;  il  est  évident  d'ailleurs 
qu'il  est  uniquement  fonction  de  la  concentration  plus  ou  moins 
grande  des  liqueurs. 

Or,  ce  degré  de  concentration  peut  se  définir  très  bien  par  la 
fraction  de  saturation^  c'est-à-dire  le  rapport  de  la  quantité  du 
corps  soluble  que  contient  la  dissolution  à  la  quantité  qu'elle  con- 
tiendrait si  elle  était  saturée  à  la  même  température. 

J'ai  opéré  d'abord  sur  l'eau  et  différents  sels.  Après  avoir  pré- 
paré pour  chacun  d'eux  une  solution  concentrée  à  la  température 
ordinaire,  je  ramenais,  par  Faddilion  de  volumes  convenables 
d'eau  pure,  cette  solution  à  avoir  pour  fraction  de  saturation  un 
rapport  simple,  tel  que  7,  [,  {,  etc. 


40        E.  LAVAL.  —  ÉVAPORATION  DES  DISSOLUTIONS  ET  DES  LIQUIDES 

Dans  le  tableau  suivant,  en  regard  de  la  fraction  de  saturation, 
on  voit  les  évaporations,  puis  leur  rapport  dans  la  colonne  sui- 


SEL  DISSOUS 


FRACTION 

de 

Fatura- 

tlon 


Carbonate  de  potasse. < 


2/3 

1/3 

1/4 


ÉVAPORATION 

de  l'eaa 
pure 

e 


delà 
solution 

e 


1,787 
0,875 
0,975 
0,733 


2,055 
0,975 
1,050 
0,775 


RAPPORT 

des 
évaporât' 

e 

~f 


0,870 
0,896 
0,929 
0,946 


Log-f 


1[,  93952 
1[,9S231 
1,96801 
1,97589 


Logfc 


1,90428 
1,90462 
1,90403 
1,90356 


Ctetlckta 


8022 
8028, 
8017 
8009 


(     3/4 
Carbonate  de  soude. .  \    1/2 

(    1/4 


1,930 
0,900 
1,660 


2,220 
0,990 
1,740 


0,869 
0,909 
0,953 


1^,93902 
1,95856 
1,97909 


1,91869 
1^,91712 
1,91636 


8292 
8263 
8248 


Chlorure  de  potassium < 


2/3 
1/2 
1/3 
1/4 


0,622 
1,200 
1,652 
1,670 


1,025 
1,750 
2,110 
2,015 


0,607 
0,686 
0,783 
0,828 


1,78247 
1,83632 
î',89376 
1,91803 


1,67870 
1,67264 
|[,68058 
1,67212 


4717 
47061 
4793 
4701 


Chlorure  de  sodium. . 
(lf«  série.) 


3/4 
2/3 
1/2 
1/3 
1/4 


1,350 
0,880 
1,515 
0,^13 
0,746 


2,310 
1,410 
2,165 
1,155 
0,890 


0,584 
0,624 
0,699 
0,791 
0,839 


1,76641 
1,79518 
1,84447 
1,89818 
1,92428 


1^,68855 
1,69277 
1,68894 
1,69454 
1,69712 


4882 
4929, 
4886| 
4949 
4979 


Clilorure  de  sodium . .  )      / 
(2e  série.)  j    //5 


1,265 

1,940 

0,652 

1,81425 

1,69042 

1,342 

1,910 

0,703 

1,84695 

1,69390 

0,815 

0,940 

0,867 

1,93802 

1,69010 

4903 
4942 
4899 


o   „       .      .  i     */3 

Sulfate  de  zinc j    ^/^ 

2/3 

1/2 
Sulfate  de  soude {    /„ 

1/5 
Borate  de  soude ]    ^ /^ 


0,960 
0,638 


1,400 
0,850 


0,686 
0,751 


1,83632 
1,87564 


1,75448 
1,75128 


0,170 

0,250 

0,680 

0,416 

0,555 

0,749 

0,915 

1,110 

0,824 

0,910 

1,020 

0,892 

1,83251  1,74876 

1,87A48<  1,74896 

i, 91593 I  1,74779 

1,95036,  1,75181 


5682 
5640 


5607, 
5610 
559^, 
5647 


0,600 
1,585 


0,615 
1,615 


0,976 
0,982 


1,98900 
1,99211 


1,98533 
1,98422 


Azotate  de  potasse. . 


1/2 

0,570 

0,770 

0,740 

1,86923 

'1/3 

8,560 

4,350 

0,818 

1,91275 

1/* 

0,581 

0,675 

0,860 

1,93450 

1,73846 
1,73825 


9668 
9643 


l,73800j  0 


5476 
5473 
5470. 


(     5/6 
Chlorate  de  potasse ..\    2/3 

f     1/2 


1,298 
1,990 
0,97.1 


1,390 
9,090 
1,010 


0,934 
0,952 
0,963 


1,97035 
1,97862 
1,98362 


1,96442 
ï,  96794 
1,96724 


9214 
9289 
9274 


(     2/3 
Acétate  de  soude  . . . .  j    1/2 

(    1/5 


0,280 

0,575 

0,487 

1,68753 

1,53129 

0,255 

0,440 

0,579 

1,76268 

1,52536 

1,150 

1,430 

0,805 

1,90580 

1,52900 

3898^ 
835t; 

S38l! 


QUI  RENFERMENT  DKS  CORPS  SOLIDES  EN  SUSPENSION.  41 

vante.  On  reconnaît  bien  que  Tévaporation  est  d'autant  plus 
retardée  par  la  présence  du  corps  dissous  que  la  fraction  de 
saturation  se  rapproche  davantage  de  Tunité,  mais  la  loi  du 
phénomène  ne  ressort  pas  à  simple  vue;  elle  est  en  effet  assez 
compliquée;  c'est  par  des  essais  successifs  de  diverses  formes  de 
fonctions,  que  je  suis  arrivé  à  reconnaître  que  :  le  logarithme  du 
rapport  des  évaporations  donne  un  quotient  constant  par  la 
fraction  de  saturation. 

Dès  lors,  si  on  désigne  par  -  le  rapport  de  Tévaporation  de  la 

dissolution  à  celle  de  Peau  pure,  par  s  la  fraction  de  saturation, 
et  par  log  k  leur  quotient,  on  aura 

log-=:s\ogk, 


d'où  on  lire 

ce  qui  permet  d'énoncer  la  loi  autrement  : 

L'évaporation  dune  dissolution  est  égale  à  Vèvaporation  de 
teau  pure  multipliée  par  un  coefficient  constant  élevé  à  une 
puissance  marquée  par  la  fraction  de  saturation. 

Il  résulte  du  tableau  précédent  que,  pour  l'eau,  le  coefficient  k 
est  caractéristique  de  chaque  sel,  et  qu'il  est  toujours  plus  petitt 
que  l'unité.  L'évaporation  est  retardée. 

Voici,  en  résumé,  ces  coefficients  réduits  à  leurs  deux  chiffres 
certains  : 

Carbonate  de  potasse 0,80 

Carbonate  de  soude 0,83 

Chlorure  de  potassium 0,47 

Chlorure  de  sodium 0,49 

Sulfate  de  zinc 0,56 

Sulfate  de  soude 0,56 

Borate  de  soude 0,96 

Azotate  de  potasse 0,55 

Chlorate  de  potasse 0,93 

Acétate  de  soude 0,34 

On  peut  remarquer  que  les  sels  du  même  genre  ont  des 
coefficients  voisins.  Ceux  qui  relardent  le  plus  l'évaporation  sont 


I 


Ï2        E.  LAVAL.—  eVAPORATION  DES  DISSOLUTIWXS  KT  UES  LIOUIDES 

les  chlorures,  les  sulfates,  el  surtout  l'acétate  de  soude.  Ceux  qui 
la  retardent  le  moins  sont  des  corps  peu  solubles,  les  chlorates  et 
les  borates.  Certains  corps,  comme  la  gomme,  se  liquéiient  dans 
l'eau  en  toutes  proportions,  quelle  que  soit  la  température;  on 
peut  dire  que  leur  solubilité  est  £n  quelque  sorte  indéfmie.  Il  y  a 
là  une  difficulté  pour  l'appréciation  de  la  fraction  de  saturation; 
voici  le  sens  que  je  crois  devoir  lui  donner  dans  ce  cas. 

Ces  corps  (qu'on  appelle  aussi  colloïdes)  peuvent  être  introduits 
en  quantité  aussi  grande  qu'on  voudra  dans  leur  dissolution; 
mais,  comme  le  poids  du  corps  dissous  est  la  différence  entre  le 
poids  total  de  la  dissolution,  et  le  poids  du  dissolvant,  il  ne  peut 
pas  dépasser  évidemment  le  poids  de  la  dissolution  qui  est  pour 
lui  un  maximum,  une  limite  que  l'on  peut  considérer  comme 
correspondant  à  ta  saturation.  Nous  dirons  donc,  par  suite  de 
cette  extension  d'idée,  que  la  saturation  a  tieu  lorsqu'il  n'y  a  pas 
de  dissolvant  du  tout,  le  corps  occupant  alors  à  lui  tout  seul  le 
volume  total  de  la  dissolution.  La  fraction  de  saturation  se 
définira  donc  :  le  rapport  du  poids  du  corps  dissous  au  poids 
d'un  volume  de  ce  corps  égal  au  volume  total  de  la  solution. 

J'ai  préparé  d'après  ces  données  deux  solutions  de  gomme  ara- 
bique, l'une  ayant  pour  fraction  de  saturation  -^  et  l'autre  -rrrr  ; 
en  dédoublant  ensuite  celte  dernière,  j'ai  obtenu  une  troisième 
solution  à  j^.  Voici  le  résultat  des  expériences  effectuées  au 
moyen  de  ces  solutions  (')  : 


(<)  Pour  établir  cea  disiotulioni,  ja  me  Euia  servi  du  poid»  ipèciH(|ue  de  la  gomme 
solide  (déterminé  apicialctnent  aur  l'échantillon  emp<o;t),  Théoriqiienicnl,  dint 
ce  quB  j'appelle  par  eximsiim  la  taturalion,  la  gumme  est  ceniie  entièrement 
liquide;  aurait-elle  alori  Ea  mfime  densitË  qu'i  l'état  aulide!  C'est  un  deaideralum. 
Hais  il  est  permis  de  croire  que  la  reclificAlion  de  cette  inexactitude,  si  elle  était 
posrible,  n'inllrroerail  pas  la  loi  trouvée. 


QUI  RENFERMENT  DES  CORPS  SOLIDES  EN  SL'SPENSIOiN, 


43 


FRACTION 

DB  SATUfiATION 

LogA 

Logk 

k 

0,55 
0,12 
0,06 

1,79934 
1,96190 
1,98045 

1,62608 
1,68250 
1,67417 

0,4227 
0,4814 
0,4722 

Les  deux  derniers  nombres  coïncident  mieux  entre  eux  qu'avec 
le  premier;  c*est  qu'ils  ont  été  obtenus  avec  la  même  solution 
dédoublée. 

Dans  tous  les  tableaux  qui  précèdent,  on  pourra  remarquer  que 
je  ne  fais  pas  figurer  le  cas  où  ^  =  1,  c'est-à-dire  celui  de  la 
saturation.  D'après  la  loi  énoncée,  on  devrait  alors  avoir  pour 
rapport  des  évaporations  le  coefficient  k  lui-même;  mais  les 
expériences  tentées  dans  ces  conditions  divergent  notablement, 
tantôt  dans  un  sens,  tantôt  dans  Tautre,  et  leurs  résultats  doivent 
être  abandonnés  pour  les  raisons  suivantes  : 

Le  premier  effet  de  Tévaporation,  dans  ce  cas,  est  de  faire 
passer  une  partie  du  sel  à  l'état  solide;  s'il  reste  à  la  surface 
comme  le  sel  marin  en  trémies,  il  diminue  celle-ci  en  cachant  le 
liquide;  s'il  grimpe  le  long  des  parois  du  vase,  comme  les 
azotates,  les  sulfates  de  soude  et  de  zinc,  etc.,  il  augmente  cette 
surface  par  l'imbibition  des  cristaux;  enfin,  dans  tous  les  cas^  la 
solution  se  trouve  dans  la  situation  des  liquides  mélangés  aux 
solides,  ou  imbibant  seulement  leur  surface. 

Il  faut  ajouter  enfin  que  beaucoup  de  solutions  concentrées 
absorbent  l'humidité  de  l'air,  ce  qui  est  un  obstacle  à  leur  miçe 
en  expérience. 

Expériences  avec  les  liquides  autres  que  Teau. 

Ces  expériences  ont  porté  sur  l'alcool,  la  benzine  et  le  sulfure 
de  carbone;  avec  le  premier  de  ces  liquides,  j'ai  préparé  une 
solution  d'acide  tartrique;  dans  les  deux  autres,  j'ai  fait  dissoudre 
dn  soufre.  Le  tableau  suivant  montre  que  l'évaporation  de  l'alcool 
et  de  la  benzine  a  été  très  peu  influencée  par  la  présence  du 
corps  tenu  en  dissolution,  mais  que  dans  ces  deux  cas  l'évapora- 


44        K.  UVAL.  —  ÉVAPORATION  DKS  DISSOLUTIONS  ET  OES  LIQtlUKS 

lion  est  relardée  suivant  la  même  loi  que  les  solutions  aqueuses 
que  nous  avons  étudiées  : 


SOLUTIONS 

SOLUTION 

de 

■atura- 

tlon. 

ÉVAPORATION 

de  U      4i  li^iid* 
solution        pnr 
e                 S 

RAPPO;iT 
« 

s 

Log-f 

Logfc 

(•dUinik 

Acifle  tarlrique 
dans  Talcouf. 

8/4 

1/2 
1/3 

0,577 
1,026 
0,797 

0,595 
1,050 
0,810 

0,970 
0,977 
0,984 

r,  98677 
1,98989 
1,99300 

1,97949 
1,97978 
1,97900 

0,958 
0,954 
0,953 

Soufre 
dans  la  benzine. 

3/4 
1/2 

1/8 

1,08 
1,28 
0,86 

1,12 
1,31 

0,87 

0,96 
0,97 
0,98 

1,98227 
1,98677 
1,99122 

r,97636 
1,97354 
1,97366 

0,947 
0,941 
0,941 

Soufre  dans  le  sulfure 
de  carbone 
(lf«  série.) 

3/4 
1/2 
1/3 

1,341 
1,194 
1,251 

0,911 
0,924 
0,055 

1,482 
1,2U2 
1,186 

0,17084 

0,11126' 

0,07408 

0,22778 
0,22252 
0,22224 

1,689 
1,679 
1,668 

(2«  série.) 

2/3 
1/5 

1,663 
0,939 

1,182 

0,841 

1,407 
1,108 

0,14829 
0,04453 

0,22243 
0,22265 

1,669 
1,685 

La  solution  du  soufre  dans  le  sulfure  de  carbone  accélère  au 
contraire  Tévaporation  de  ce  liquide,  il  en  résulte  qu'en  essayant 
comme  pour  les  précédents  la  vérification  de  la  loi,  on  arrive  à 
un  coefficient  plus  grand  que  Tunité.  Sa  constance,  dans  les  cinq 
expériences  relatées  ci-dessus,  montre  du  reste  que  la  loi  énoncée 
peut  encore  s'appliquer  au  cas  d'une  augmentation  de  Tévapôra- 
lion. 

Avant  de  quitter  cette  étude  des  dissolutions  de  corps  solides 
dans  des  liquides,  il  importe  de  répondre  à  deux  questions 
importantes. 

La  première  se  présente  sous  la  forme  d'une  objection  à  la  loi 
que  je  viens  d'énoncer  :  nous  avons  démontré  dans  un  travail 
précédent  que  Tévaporalion  est  proportionnelle  à  la  tension 
maximum  du  liquide;  dans  le  cas  des  solutions  salines,  doit-on 
entendre  par  là  la  tension  de  la  solution  ou  celle  de  Veau  pure? 
D'après  MM.  Babo  et  Wiillner  (^),  la  tension  d'une  dissolution 
saline  est  égale  à  la  tension  de  l'eau  pure  diminuée  d'une  quantité 


(*)  Wullncr,  Traité  de  physique,  1. 111,  page  611  (3-  édition}. 


QUI  RENFERMENT  DES  CORPS  SOLIDES  EN  SUSPENSION.  45 

qui  est  exactement  proportionnelle  au  poids  du  sel  dissous;  on  est 
donc  autorisé  à  se  demander  si  la  diminution  de  la  tension 
maximum  ne  serait  pas  suffisante  pour  expliquer  la  diminution 
de  révaporation. 

S'il  en  était  ainsi,  la  diminution  de  révaporation  serait,  comme 
la  diminution  de  la  tension,  proportionnelle  aux  quantités  de 
sel  en  dissolution.  Or,  on  peut  essayer  cette  vérification  sur  une 
quelconque  de  mes  expériences.  Je  choisirai  Tune  des  séries  du 
chlorure  de  sodium,  parce  que  c'est  avec  ce  sel  que  j'ai  fait  le 
plus  grand  nombre  d'essais.  Comme  pour  chacune  des  observa- 
tions la  durée  a  été  différente;  j'ai  comparé  la  diminution  brute 
de  révaporation  à  révaporation  de  l'eau  dans  le  même  temps.  Les 
quantités  de  sel  dissoutes  ont  été  calculées  en  partant  du  nombre 
0,35  comme  représentant  la  saturation  à  la  température  moyenne 
des  expériences. 


FRACTION 

1        de 

QUANTITÉS 

de  sel 
en  dissolution 

DIMINUTION 
brute 

DIMINUTION 

rapportée 

i  révaporation 

de 

l'eau  pure 

d 

RAPPORTJ 
7 

saturation 

(pour  cent) 
9 

de 
révaporation 

d 

2/4 

2fi,3 

0,960 

0,416 

63 

2/3 

23,3 

0,530 

0,376 

61 

1/2 

17.5 

0,650 

0,800 

58 

1/3 

11,7 

0,242 

0,209 

56 

i/* 

8,7 

0,144 

0,161 

54 

Le  rapport  |  qui  devrait  être  constant  dans  l'hypothèse  ci- 
dessus,  va  au  contraire  en  diminuant,  ce  qui  prouve  que  la 
diminution  de  révaporation  n'est  pas  proportionnelle  aux  quan- 
tités de  sel  dissoutes  et  par  conséquent  que  la  variation  de 
révaporation  ne  peut  être  attribuée  à  la  variation  de  la  tension 
maximum.  Il  convient  donc,  jusqu'à  plus  ample  informé,  de 
conserver  dans  l'énoncé  de  la  loi  la  proportionnalité  de  révapora- 
tion à  la  tension  de  l'eau  pure;  l'observation  qui  va  suivre 
achèvera  d'ailleurs  la  démonstration. 

La  deuxième  question  a  examiner  est  relative  à  la  température 


4ti       B.  UVAL.  —  ËVAPORATION  DES  DISSOLUTIONS  ET  DES  LIQUIDES 

de  la  dissolution.  La  solubilité  des  sels  augmente  en  général  a\*ec 
la  température,  par  suite  la  fractiou  de  saturation  d'une  même 
dissolution,  dont  la  température  s'élève,  doit  aller  en  diminuant; 
le  coefBcient  k  que  nous  avons  trouvé  constant  pour  toutes  les 
dissplutioDS  d'un  même  sel  à  la  même  température  devra-t-il 
être  conservé  à  toute  température? 

Cette  vériflcation  demande  évidemment  que  l'on  tienne  compte 
de  la  variation  de  Tévaporation  proportionnellement  à  la  tension 
maximum  de  Veau  pure,  ainsi  qu'il  vient  d'être  dit,  et  elle 
servira  par  là  de  démonstration  à  posteriori  du  principe  ci-dessus. 

J'ai  choisi  pour  cette  expérience  l'azotate  de  potasse  dont  la 
courbe  de  solubilité  présente  une  grande  inclinaison  ;  une  disso- 
lution de  ce  sel,  ayant  pour  fraction  de  saturation  s  ^  '^ 
température  de  1 1  degrés,  a  été  placée  dans  mon  appareil  à  vase 
de  Mariette  {<).  Un  thermomètre  était  placé  dans  le  vase,  qui  fut 
échauffé  de  H  à  40  degrés,  puis  abandonné  au  refroidissement. 
Pendant  la  période  d'échaufTement  ainsi  que  pendant  la  période 
de  refroidissement,  je  faisais  en  sorte,  comme  dans  les  expé- 
riences relatives  à  l'influence  de  la  température  des  liquides, 
dans  ma  vériflcation  des  lois  de  Dalton  d'obtenir  de  temps  en 
temps  une  température  stationnaire  pendant  une  durée  assez 
longue  pour  observer  l'intervalle  écoulé  entre  l'apparition  des 
bulles. 

Les  fractions  de  saturation  étaient  calculées  au  moyen  de  la 
courbe  de  solubilité  du  sel,  donnée  par  Regnault. 

A  une  température  quelconque  l,  nous  avons  vu  que  l'on  a 

Puisque  e,  est  proportionnel  à  la  tension  maximum  F,  de  l'eau 
j)ùre,  écrivons 


(')  Voirla  description  de  cet  appareil  dans  le  mémoire  dÉjft  ci 
expirimenUle  dei  lois  de  Dalton. 


QUI  RENFERHENT  DES  CORPS  SOLIDES  EN  SUSPENSION.  47 

à  une  autre  température  t^^  si  on  admet  que  le  coefficient  k  soit 
le  même,  on  aura  : 

et  en  prenant  les  rapports 

Désignons,  pour  abréger,  ces  rapports  par  R,  et  R  et  prenons 
les  logarithmes,  on  aura 

logRi  =  logRy  4-  (*i— O  log*, 

ce  qui  permet  de  calculer  log  k  d'après  les  données  de  Texpé- 
rience  et  d'en  vérifler  la  constance.  On  trouvera  les  éléments  de 
ce  calcul  dans  le  tableau  suivant  : 


(UPPOIIT 

RAPPORT 

i^ 

Mférfica 

Iitonallfi 

inTen« 
d«i 

t 

Fi 

Vi 

LogR/ 

t 

ihierrM 

interrallM 

Logifc 

k 

11 

~F.. 

*-0.16 

f 

R.  =  ?? 

9,79 

0,178 

1,25042 

0,50 

0,34 

227 

0,145 

r,  73839 

0,5475 

20 

17,39 

0,316 

1,49968 

0,33 

0,17 

515 

0,286 

1,74580 

0,5569 

40 

5i,91 

1 

0 

0,16 

0 

33 

1 

35 

41,82 

0,761 

1,88138 

0,18 

0,02 

44 

0,750 

1,68400 

0,4830 

32 

35,36 

0,644 

1,80888 

0,21 

0,05 

53 

0,622 

1,69820 

0,4992 

2;» 

29,78 

0,542 

1,73400 

0,23 

0,07 

63 

0,523 

1,77858 

0,6006 

26 

24,99 

0,455 

1,65801 

0,25 

0,09 

76 

0,434 

1,77440 

0,5948 

22 

19,66 

0,358 

1,55388 

0,30 

0.14 

100 

0,830 

1,74785 

Moyenne.. 

0,5594 

3,8414 
0,5485 

Le  nombre  k  ainsi  calculé  présente  des  divergences  très 
notables;  cela  tient  au  procédé  d'observation,  qui  est,  ainsi  que 
je  Tai  démontré,  beaucoup  moins  précis  que  ceux  où  on  fait 
usage  de  la  balance.  Les  quatre  figures  que  j'ai  conservées  aux 
nombres  de  la  dernière  colonne  ne  représentent  que  la  lecture 
brute  des  tables  de  logarithmes;  un  examen  scrupuleux  du  degré 
d'approximation  possible  montre  quil  faudrait  même  en  toute 
conscience  les  réduire  à  deux.  Quoi  qu'il  en  soit,  si  Ton  prend  la 


48        E.  LAVAL.—  ÉVAPORATION  DES  DISSOLUTIONS  ET  DES  LIQUIDES 

moyenne  de  tous  ces  nombres,  on  trouve  pour  k  une  valeur  qui 
coïncide  remarquablement  avec  celle  obtenue  précédemment  : 

Coefficient  calculé  avec  la  même  solution  à  diverses 
températures 0.5485 

Coefficient  calculé  avec  des  solutions  à  divers  titres, 
à  la  même  température 0,5470 

On  doit  donc  admettre  que  le  coefficient  A-  est  constant  à  toute 
température. 

ÉTaporation  d^an  mélange  de  liquides. 

Les  cas  où  le  corps  dissous  s'évapore  lui-même  présentent  de 
telles  complications,  que  j'ai  dû  me  borner  à  n'en  étudier  spécia- 
lement qu'un  petit  nombre.  Comme  exemple  d'un  mélange  de 
deux  liquides,  j'ai  choisi  celui  de  l'eau  et  de  l'alcool,  et  j'ai 
comparé,  comme  précédemment,  l'évpporation  de  chacun  de  ces 
liquides  en  mélange  à  celle  qui  aurait  eu  lieu  s'ils  avaient  été 
isolés.  L'évaporation  totale  du  mélange  étant  déterminée  par  une 
différence  de  pesées,  j'ai  calculé  la  perte  en  alcool  au  moyen  de 
la  diminution  du  degré  alcoométrique,  et  la  perte  en  eau  par  lu 
différence  entre  l'évaporation  totale  et  celle  de  l'alcool.  Enfin, 
placés  dans  des  circonstances  identiques,  deux  autres  vases 
évaporatoires  renfermaient,  l'un  de  l'eau  pure,  l'autre  de  l'alcool, 
aussi  anhydre  que  possible. 

Dans  ces  expériences,  les  divers  mélanges  étaient  faits  long- 
temps d'avance,  pour  être  à  l'abri  des  variations  de  densité,  et 
renfermés  dans  des  flacons  bien  bouchés.  Les  trois  vases  évapo- 
ratoires renfermant  l'un  l'alcool,  l'autre  l'eau  et  le  troisième  le 
mélange,  étaient  abandonnés  pendant  le  même  temps  dans  une 
enceinte  formée  d'une  caisse  en  bois  assez  vaste,  dont  l'air  était 
desséché  au  moyen  de  fragments  de  chaux  vive;  l'alcool  s'évapo- 
rant  dans  une  atmosphère  privée  de  sa  vapeur,  il  fallait  que  Teau 
fut  dans  les  mêmes  conditions. 

On  sait  que  le  mélange  de  l'alcool  et  de  l'eau  se  fait  suivant  des 
proportions  quelconques,  dont  la  grandeur  n'a  de  limites  que  le 
volume  même  du  mélange;  il  faut  donc  lui  appliquer,  pour  définir 
la  fraction  de  saturation,  ce  qui  a  été  dit  de  la  gomme  et  des  corps 


QUI  RENFERMENT  DES  CORPS  SOLIDES  EN  SUSPENSION.  49 

appelés  colloïdes.  La  fraction  de  saturation  de  Teau  sera  le  rapport 
du  poids  de  Talcool  contenu  dans  le  mélange  au  poids  de  Talcool  qui 
occuperait  le  volume  même  du  mélange;  cette  définition  revient 
exactement  à  celle  du  degré  observé  avec  Talcoomètre  centésimal. 
Inversement  Falcool,  considéré  comme  tenant  en  dissolution 
Tean,  aura  pour  fraction  de  saturation  Tunité  diminuée  du  degré 
alcoométrîque.  Voici  le  résultat  de  quatre  expériences,  choisies 
parmi  les  plus  concordantes  : 


DEGRÉ 

alcoométrî- 
que 

ÉVAPOMTiON 
totale 

CYAraïUTIOI 
de  l'alcool 

dans 
le  mélange 

ÉVAPORALON 

de  l'eau 

dan» 

le  mélange 

tVAPOMTIOI 

de 
l'alcool  pur 

1 

ÉVAPOMTtON 

de 
1  eau  pure 

43,5 
23,8 
21,3 
14,2 

0,450 
0,383 
0,685 
1,040 

0,860 
0,303 
0,543 
0,797 

0,090 
0,080 
0,142 
0,243 

0,580 
0,589 
1,079 
1,690 

0,290 
0,157 
0,254 
0,360 

On  voit  que  Vévaporation  de  chacun  des  liquides  est  retardée. 
Les  tableaux  suivants  montrent  que  la  loi  de  ce  retard  est  la 
même  que  celle  qui  concerne  les  corps  solides  : 


FRACTION 

de 
saturation 


RAPPORT 

des 
évaporations 

e 

e 


Log 


Log  k 


k 


2,298 
_1_ 
4,201 

1 
4,694 

1 

7,042 


1 

1,769 

1 
ï;3Ô5 

1 
1^276 

1 
1,165 


Eau. 

0,310 

1,49146 

2,83114 

0,509 

1,70757 

2,77115 

0,559 

r,74741 

2,81434 

0,675 

1,82930 

2,79793 

0,620 
0,515 
0,503 
0,471 


Alcool. 

1,79239 

Î,71181 
1,70157 


1,62273 
1,62391 
1,61920 


1,67302    1,62023 


0,06783 
0,05909 
0,06521 
0,06280 


0,4195 
0,4206 
0,4161 
0,4171 


T.  11  (3*  Série), 


50        E.  LAVAL.  -^  ÉVAPORATION  DES  DISSOLUTIONS  ET  DES  LIQUIDES 

Dans  ces  tableaux,  j'ai  donné,  pour  plus  de  simplicité,  à  la 
fractiou  de  saturation  la  forme  d'un  rapport  ayant  pour  numéra- 
teur l'unité. 

On  peut  remarquer  combien  le  coefficient  relatif  à  Teau  est 
faible. 

En  définitive,  l'évaporation  totale  du  mélange  est  donnée  par 
la  formule 

Évaporation  des  solutions  gazeuses. 

Ce  cas  présente  une  grande  analogie  avec  le  précédent,  sauf 
quMl  n'y  a  lieu  de  s'occuper  que  de  l'évaporation  du  liquide 
dissolvant,  le  gaz  n'existant  pas  à  l'état  liquide  pour  la  tempéra- 
ture à  laquelle  on  opère. 

J'ai  choisi  la  solution  aqueuse  d'acide  carbonique  et  celle  du 
gaz  ammoniac  comme  se  prêtant  le  mieux  aux  dosages  rapides 
que  nécessite  ce  genre  d'expérience  (^).  Toutefois  il  surgit  dans  le 
détail  tant  de  difficultés  d'expérimentation,  que  je  ne  puis  donner 
ces  deux  séries  d'expériences  qu'à  titre  d'essai;  les  résultats, 
quoique  vérifiant  grossièrement  la  loi  déjà  trouvée,  ne  présente- 
raient pas  une  précision  suffisante  pour  la  prouver  à  eux  seuls. 

Quant  à  la  manière  d'opérer,  elle  est  toujours  la  même  :  l'éva- 
poration totale  de  la  solution  et  celle  de  l'eau  pure  dans  les 
mêmes  circonstances,  s'obtiennent  à  l'aide  de  la  balance.  La 
perte  de  gaz  se  détermine  par  des  analyses  volumétriques  exécutées 
avant  et  après  l'expérience  (*). 

Il  reste  à  déterminer  la  fraction  de  saturation.  D'après  la 


(*)  Au  point  de  vue  chimique,  on  pourrait  objecter  que  ces  deux  liquides  ne  sont 
peut-être  pas  de  simples  solutions  de  gaz,  car  l'un  renferme  l'acide  hydraté  et  l'autre 
l'oxyde  d'ammonium.  Je  me  crois  autorisé  à  ne  pas  tenir  compte,  au  point  de  vue 
purement  physique,  de  ces  considérations  théoriques,  puisque,  dès  que  le  corps 
dissous  est  mis  en  liberté  par  une  cause  quelconque,  il  prend  la  forme  de  gas 
ammoniac  ou  d'anhydride  carbonique,  et  que  d'ailleurs  les  réactions  chimiques  sur 
lesquelles  s'appuient  ces  considérations  théoriques  ne  se  passent  qu'entre  liquides. 

(*)  Ces  dosages  volumétriques  devaient  être  très  rapides.  Dans  le  cas  de  la  solution 
sursaturée  d'acide  carbonique,  il  importait  surtout  de  ne  faire  qu'un  seul  transvase 


QUI  RENFERMENT  DES  CORPS  SOLIDES  EN  SUSPENSION.  51 

définition  adoptée,  il  faut  comparer  le  poids  du  gaz  contenu  dans 
le  liquide  (et  que  donnent  les  analyses)  au  poids  que  celui-ci 
contiendrait  à  égal  volume  sous  la  même  pression  et  à  la  même 
température.  Pour  plus  de  commodité,  j'ai  supposé  ces  condilions 
constantes  760  millimètres  pour  la  pression  et  15  degrés  pour  la 
température.  Le  coefficient  de  solubilité  a  été  pris  égal  à  1  pour 
Tacide  carbonique  et  à  740  pour  Tammoniaque. 

L'expérience  avait  lieu,  comme  pour  Talcool  et  Peau,  dans  une 
enceinte  limitée,  mais  suffisamment  vaste.  Dans  le  cas  de  Tacide 
carbonique,  les  deux  vases  étaient  disposés  Tuu  à  côté  de  Tautre; 
des  fragments  de  potasse  caustique  en  morceaux  privaient  Tair 
de  Fenceinte  à  la  fois  d'eau  et  d'acide  carbonique,  afin  que  les 
deux  gaz  pussent  se  dégager  dans  une  atmosphère  à  peu  près  sèche 
au  point  de  vue  de  Tun  et  de  l'autre. 

Dans  le  cas  de  l'ammoniaque,  le  dégagement  du  gaz  étant  très 
abondant,  on  a  surtout  à  craindre  que  l'eau  pure  ne  dissolve  une 
portion  notable  du  gaz  qui  s'échappe  de  l'autre  vase.  Il  fallait, 
pour  éviter  cette  cause  d'erreur,  éloigner  le  plus  possible  les  deux 
vases.  Pour  cela,  l'enceinte,  composée  d'une  caisse  en  bois,  ainsi 
qu'il  a  été  dit,  était  partagée  par  une  cloison  horizontale  en  deux 
compartiments;  l'eau  était  placée  dans  le  compartiment  inférieur, 
le  liquide  ammoniacal  dans  le  compartiment  supérieur.  De  plus, 
chacun  des  deux  vases  évaporatoires  était  accompagné  d'un  autre 
vase  plat  renfermant  de  l'acide  sulfurique. 

Les  conditions  de  similitude  de  circonstances  sont  de  cette  façon 
toutes  observées,  sauf  une  :  la  température  de  la  dissolution 
ammoniacale  est  constamment  plus  basse  que  celle  de  l'eau  pure. 


ment,  et  avec  le  moins  d'agitation  possible.  J*ai  dû  imaginer  pour  cela  un  procédé 
qui,  s'il  n'est  pas  susceptible  d'une  grande  exactitude,  ni  d'une  sensibilité  particu- 
lière, donne  néanmoins  de  bons  résultats,  une  fois  qu'on  l'a  pratiqué,  qu'on  s'y  est 
fait  la  main.  J'ai  remarqué  qu'en  versant  une  solution  concentrée  d'acide  carbo- 
nique dans  de  l'eau  de  chaux,  on  saisit  très  exactement  le  moment  où  le  précipité 
se  redissout.  Sans  entrer  dans  les  détails  qu'on  peut  se  figurer  sur  les  manipulations 
nécessaires,  je  dirai  que,  d'après  les  notions  que  l'on  possède  sur  la  solubilité  du 
carbonate  de  chaux,  et  les  quelques  expériences  préliminaires  que  j'ai  dû  faire, 
5  centimètres  cubes  d'eau  de  chaux  exigent  pour  la  précipitation  et  la  dissolution 
08^03  d'acide  carbonique. 


52        E.  LAVAL.  —  ÉVAPORATION  DES  DISSOLUTIONS  ET  DES  LIQUIDES 

Cette  dissolution  se  comporte  à  la  manière  des  liquides  volatils; 
abandonnée  à  elle-même  en  masse  peu  considérable,  elle  se 
refroidit  jusqu'à  production  d'une  différence  de  température  qui 
devient  constante  au  bout  d'un  certain  temps.  Des  expériences 
préalables  m'ayant  donné  (dans  un  air  calme)  à  15  degrés  une 
différence  de  3  degrés,  il  suffisait  dès  lors  de  corriger  Tévapora- 
tion  observée  de  Teau  pure,  en  la  diminuant  dans  le  rapport  des 

tensions  maxima  correspondantes  à  15  et  à  1!2  degrés,  c'est-à-dire 

^       1  .  10*467      ^  ^.a.« 

dans  le  rapport  îâ-gôo  =  0,8156. 

Les  deux  tableaux  suivants,  disposés  comme  je  Tai  fait  pour  le 
cas  de  Talcool  et  de  Teau,  montrent  qu'en  prenant  le  logarithme 
du  rapport  des  évaporations  et  en  le  divisant  par  la  fraction  de 
saturation,  on  a  encore  un  nombre  suffisamment  constant,  ce  qui 
démontre  que  la  loi  exponentielle  indiquée  est  commune  à  toutes 
les  substances  en  dissolution  : 

Évaporation  de  la  solution  d'acide  carbonique. 


FRACTIOI 

de 

saturation 

ËVAPORATIOR 
totale 
de 
la  dissolu- 
tion 

PERTE 
d'acide 
carboni- 
que 

ËVAPORATIOR 
de  l'eau 
dans  la 
dissolu- 
tion e 

ËVAPORATIOR 

de 
l'eau  pure 

E 

RAPPORT 

e 
t 

Log-1 

LogX; 

k 

2,35 

0,555 

0,070 

0,485 

0,310 

1,50 

0,17609 

0,0749 

1,18 

1,72 

0,270 

0,030 

0,240 

0,155 

1,55 

0,19033 

0,liu6 

1,29 

1,29 

0,300 

0,020 

0,280 

0,200 

1,40 

0,14613 

0,1132 

!,30 

1,01 

0,175 

0,020 

0,155 

0,120 

1,29 

0,11058 

0,1094 

1,28 

0,82 

0,265 

0,015 

0,230 

0,200 

1,25 

0,09691 

0,1181 

1,31 

0,71 

0,210 

0,015 

0,195 

0,158 

1,25 

0,09691 

0,1365 

1,37 

0,250 

0,240 

0,015 

.  0,225 

0,210 

1,070 

0,02938 

0,11750 

1,311 

0,168 

0,195 

0,012 

0,183 

0,175 

1,046 

0,01953 

0,11618 

1,306 

Évaporation  de  la  dis|olntion  du  gai  ammoniac. 


FRAHIOR 

de 

saturation 

ËVAPORATIOR 
totale 
de 
la  dissolu- 
tion 

PERTE 

de  gaz 
ammoniac 

EVAPORATION 
de  l'eau 
dans  la 
dissolu- 
lion  e 

ËVAPORATIOR 

de 
l'eau  pure 

e 

RAPPORT 

e 

E 

Log-f 

LogX: 

A; 

0,471 

0,287 

0,234 

!    0,140 

1,415 
0,930 
0,730 
0,690 

1,286 
0,832 
0,632 
0,569 

0,129 
0,098 
0,098 
0,121 

0,085 
0,075 
0,080 
0,110 

l,il 
1,30 

1,22 

1,10 

0,14922 
0,11394 
0,08635 
0,04139 

0,316 
0,397 
0,369 
0,295 

«,07 
2,49 
2,34 
1,98 

QUI  RENFERMENT  DES  CORPS  SOLIDES  EN  SUSPENSION.  S3 

Dans  le  cas  de  Tacide  carbonique,  le  tableau  commence  par  des 
dissolutions  sursaturées;  on  y  voit  aussi  la  fraction  de  satura- 
tion 1,01  très  voisine  de  Tunité;  j^avais  en  effet  cherché  à  réaliser 
la  saturation  eiacte  en  abandonnant  à  elle-même  pendant  long- 
temps une  solution  sursaturée. 

Les  deux  derniers  liquides,  qui  ont  des  fractions  de  saturation 
plus  faibles,  ont  été  analysés  par  le  procédé  au  chlorure  de 
baryum,  plus  précis  que  celui  qui  a  servi  aux  précédents;  aussi 
ai-je  cru  devoir  conserver  trois  chiffres  au  rapport  qui  les  concerne. 

On  peut  remarquer  qu'à  partir  de  la  fraction  de  saturation  1 ,01 
et  au-dessus,  la  loi  ne  se  vérifie  plus  exactement  ;  le  coefficient  k 
va  en  diminuant.  Cette  anomalie  doit  évidemment  être  attribuée 
à  une  cause  d'erreur  inhérente  à  la  manière  de  procéder  :  Topé- 
ration  du  dosage  volumétrique  exige  des  transvasements  successifs 
qui^  bien  que  faits  avec  rapidité,  renouvellent  et  augmentent  la 
surface  d'évaporation  et  permettent  de  s'échapper  à  une  portion 
du  gaz,  qui  serait  restée  dans  le  liquide  si  celui-ci  eût  conservé 
son  immobilité.  On  obtient  donc  une  perte  d'acide  carbonique 
trop  considérable,  et  comme  la  perte  en  eau  est  calculée  par 
différences,  on  a  pour  celte  dernière  un  nombre  trop  petit.  11  est 
d'ailleurs  impossible  de  pousser  les  expériences  plus  loin;  à  ce 
degré  de  sursaturation,  les  dissolutions  sont  en  général  recouvertes 
de  bulles  qui  présentent  une  autre  cause  d'erreur. 

Dans  le  cas  de  l'ammoniaque,'  dont  la  tension  est  considérable 
à  la  température  ordinaire,  la  rapidité  des  opérations  est  tout  aussi 
essentielle;  aussi,  quoique  mes  pesées  à  trois  chiffres  soient  très 

exactes,  je  n'ai  cru  devoir  en  conserver  que  deux  au  rapport  -  • 

En  résumé,  il  ressort  de  l'examen  de  ces  tableaux  : 

1^  Que  Févaporation  de  l'eau  est  activée  dans  ces  deux  cas, 

puisque  le  coefficient  k  est  plus  grand  que  l'unité; 
S''  Que  la  loi  déjà  énoncée  pour  les  dissolutions  salines  s'applique 

probablement  encore  au  cas  des  gaz  au-dessus  comme  au-dessous 

du  point  de  saturation. 


5i        E.  LAVAL.  —  ÉVAPORATION  DES  DISSOLUTIONS  ET  DES  LIQUIDES 


DKUXIÈME  PARTIE. 


Évaporation  des  liquides  mélangés  à  des  corps 

insolubles. 

Les  corps  qu'on  peut  mettre  réellement  en  suspension  dans  un 
liquide  se  réduisent  à  ceux  dont  le  poids  spécifique  n'est  pas  trop 
différent  de  celui  du  liquide  :  dans  Teau,  par  exemple,  on  peut 
mettre  des  quantités  plus  ou  moins  grandes  d'amidon,  de  cellu- 
lose, etc. 

Les  corps  plus  lourds  se  précipiteraient  au  bout  de  très  peu  de 
temps  et  laisseraient  au-dessus  d'eux  une  épaisseur  de  liquide 
limpide,  si  on  n'avait  pas  soin  d'en  mettre  assez  dans  le  vase  éva- 
poratoire  pour  que  leur  surface  ne  soit  en  quelque  sorte  que 
baignée  par  le  liquide. 

Enfin,  en  suivant  le  même  ordre  d'idées,  j'ai  été  amené  à 
composer  une  surface  en  quelque  sorte  artificielle,  c'est-à-dire 
formée  d'un  corps  solide  imprégné  de  liquide  :  une  feuille  de 
papier,  par  exemple,  un  tissu,  etc.;  pour  cela,  le  vase  évaporatoire 
étant  toujours  cylindrique  et  plat,  un  anneau  de  liège  entrait  à 
frottement  dans  le  vase  et  servait  de  support  à  la  surface  dont  on 
voulait  étudier  l'influence.  Si  celle-ci  était  plus  légère  que  le 
liquide,  deux  ou  trois  épingles  la  fixaient  sur  le  liège,  et  dans  tous 
les  cas  le  liquide  devait  le  surmonter  d'une  faible  hauteur,  tou- 
jours inférieure  à  1  millimètre. 

Le  procédé  est  toujours  celui  de  la  comparaison  des  pesées  : 
deux  vases,  l'un  renfermant  les  substances  en  question  avec  le 
liquide,  l'autre  le  liquide  pur,  étaient  mis  en  expérience  en  même 
temps  et  dans  des  conditions  identiques,  et,  comme  pour  les 
solutions  salines,  je  prenais  les  rapports  des  pertes  de  poids  obte- 
nues dans  le  même  temps. 

Les  rapports  consignés  dans  les  tableaux  suivants  sont  des 
moyennes  de  plusieurs  expériences  semblables;  ils  ont  été  obtenus 


QUI  RENFERMENT  DES  CORPS  SOLIDES  EN  SUSPENSION.  S5 

en  prenant  pour  numérateur  la  perle  de  poids  du  liquide  mélangé 
à  des  solides  et  pour  dénominateur  Vévaporation  de  Peau  pure 
dans  les  mêmes  circonstances  : 

f  •  Ckirp*  en  aviipeiiiiîoB  dan»  Tean. 

Amidon  délayé  k  froid 1,28 

Empois  d'amidon  fait  à  chaud,  puis  refroidi 1,53 

Pâte  de  cellulose  destinée  à  la  fabrication  du  papier. .  1,38 

Sciure  de  bois  (pin  maritime  )  1,22 

Gomme  adragante  gonflée 1,25 

Je  dois  faire  observer  que  ces  nombres  ne  peuvent  pas  être 
donnés  comme  des  coefficients  absolus,  mais  qu'ils  ne  sont  destinés 
qu'à  fournir  des  indications  sur  le  sens  dans  lequel  agit  Tinter- 
vention  des  corps  en  suspension  :  ici,  Tévaporation  de  Teau  est 
bien  évidemment  activée.  11  resterait  à  établir  Tinfluence  de  la 
quantité  de  matière;  je  Tai  essayé  pour  Tamidon  à  Tétat  de 
poudre  et  à  Tétat  d'empois  :  en  délayant  le  liquide  primitif  dans 
un  volume  d'eau  deux,  trois  fois  plus  grand,  j'ai  obtenu  des 
rapports  décroissants,  mais  aucune  de  ces  expériences* n'a  pu 
m'amener  à  un  résultat  traduisible  en  formule.  Sans  doute  le 
corps  en  suspension  n'est  jamais  répandu  d'une  manière  uniforme 
et  homogène  aux  environs  de  la  surface. 

to  Corp»  iiMolablefl  prèeipitéii  et  siirracefi  artilleiellefl. 

Ici  il  n'en  est  pas  de  même  que  pour  le  cas  précédent.  Le  vase 
évaporatoire  était  toujours  rempli  du  corps  insoluble  mouillé  et  les 
surfaces  étaient  toujours  identiques  à  elles-mêmes.  On  peut  donc 
considérer  les  rapports  ci-dessous  comme  de  vrais  coefficients 
d'évaporation  : 

ÉTaporalion  de  l*eaa  mélaiifl^ée  deii  corps  snivaiiCs  i 

Carbonate  de  chaux  (précipité  chimique) ....  1,32 

Hydrocarbonate  de  magnésie 1,29 

Kaolin  blanc 1,09 

Argile  plastique 1,05 

•   Sesquioxyde  de  fer  (colcothar) 1,03 

Ocre  jaune 1,02 

Marne  limoneuse  de  la  Garonne 1,25 


S6        E.  LAVAL.  —  ÉVAPORATION  DES  DISSOLUTIONS  ET  DES  LIQUIDES 

ÉvAporalioD  de  l'eau  finr  une  sarflBee  de  s 

Papier  à  filtrer  commun,  gris 1,U 

Papier  à  filtrer  blanc 1,12 

Papier  dit  suédois,  moins  serré  que  le  précé- 
dent   1,06 

Tissu  de  coton 1 ,28 

Tulle  de  soie 1,05 

Étoffe  de  laine 1,04 

Vessie 1,08 

Toile  de  fer  galvanisé  (mailles  de  plus  de 

2  millimètres) 1,25 

Toile  de  laiton  (mailles  plus  fines) 1 ,23 

Les  expériences  sur  les  divers  papiers  ont  eu  pour  but  de 
discuter  le  fonctionnement  de  Tappareil  de  M.  Piche,  dont  je 
reparlerai  plus  loin.  On  remarquera  que  le  rapport  relatif  aux 
tissus  de  coton  se  rapproche  de  celui  de  la  pâte  à  papier,  qui  est 
également  de  la  cellulose  au  même  degré  de  pureté.  Le  nombre 
faible,  relatif  au  tulle  de  soie,  s'expliquerait  par  la  faiblesse  même 
de  la  masse  de  ce  tissu;  mais  il  est  singulier  que  l'étoffe  de  laine, 
dont  la  masse  est  beaucoup  plus  considérable,  donne  un  rapport 
tout  aussi  voisin  de  Tunité.  Il  est  à  remarquer  également  que  la 
vessie  donne  un  rapport  qu'on  peut  encore  identifier  avee  le  pré- 
cédent. Il  y  a  donc  lieu  de  rapprocher  les  membranes  et  les  tissus 
d'origine  animale;  les  unes  et  les  autres  n'augmentent  que  très 
peu  la  vitesse  d'évaporation  de  l'eau. 

Les  liquides  autres  que  l'eau  donnent  avec  des  substances  di- 
verses des  résultats  variables,  dont  le  tableau  suivant  peut  donner 
une  idée  : 


Alcool  éthylique ........ 

Alcool  mélhylique 

Élher 

Benzine 

Essence  de  térébenthine.. 

E«8ence  de  pétrole 

Sulfure  de  carbone 


CÉRUSE 


1,4 
1.1 
1,0 

1,0 
0.7 
0,9 
1,0 


CARBONATE 

de 
chaux 


1,0 

1,1 

1,0 

1.0 
0,8 
0,9 
0,9 


PAPIER 


0,7 
0,8 
0,9 
1,6 
0,8 
1,3 
0,7 


TOILE 

de 
colon 


0,6 

0,8 
0,8 

1,4 
0,6 
1,5 
0,6 


TULLE 
de 

soie 


1,6 

i,l 

0,9 

1,2 

0,7 

1,0 
0,9 


TOILE 
métalli- 
que 


i.o 
i,« 

0,9 
1,8 
0,7 

1,2 

0,8 


i^m 


QUI  RENFERMENT  DES  CORPS  SOLIDES  EN  SUSPENSION.  57 

Il  ressort  à  première  vue  de  Texameiy  de  ces  rapports  : 

l*'  Que  la  vitesse  d'évaporalion  des  liquides  plus  volatils  que 
Teau  subit  de  la  part  des  corps  étrangers  une  influence  tantôt 
accélératrice,  tantôt  retardatrice; 

S""  Les  composés  minéraux  sont  ceux  qui  exercent  la  moindre 
influence ; 

3°  La  cellulose,  au  contraire,  soit  à  Tétat  de  papier,  soit  à  Tétat 
de  tissu,  exerce  une  action  sensible,  accélératrice  sur  les  carbures 
d'hydrogène,  retardatrice  sur  les  liquides  oxygénés  et  le  sulfure 
de  carbone  (^). 

On  pourrait  se  demander  quelle  est  Tinfluence  de  la  température 
sur  les  rapports  ci-dessus.  Je  me  suis  borné,  pour  répondre  à  cette 
question,  à  quelques  expériences  sur  des  liquides  très  volatils 


ÉVAPORATION 

TEMPÉRATURE 

du                   1                  du 

RAPPORT 

liquide  mélangé 

liquide  pur       j 

i                    1 

Kther  el  Carbonate  de  ehaax. 

98 

1,46 

1,33 

1,09 

18 

0,98 

1,00 

0,98 

12 

0,91 

0,89 

1,02 

Éiher  el  Papier. 

25 

1,40 

1,41 

0,99 

17.5 

1,75 

1,81 

0,97 

11,3 

0,89 

0,88 

1,01 

Salfore  de  earbone  et  Carbonate  de  < 

etaaux. 

27 

1,15 

1,18 

0,97 

17,8 

0,66 

0,70 

0,94 

12,1 

1,70 

1,77 

0,96 

Sulfure  de  carbone  et  Papier. 

21,5 

0,80 

1,12 

0,71 

18 

0,65 

0,90 

0,72 

11,8        1          0,77 

1,08 

0,71 

(*)  L'eisence  de  térébenUiine  parait  faire  excepUon;  mais  on  sait  que  ce  liquide 
absorbe  l'oxygène  de  l'air,  et  il  est  possible  que^  de  ce  fait,  les  nombres  donnés 
ci^essus  soient  entachés  d'inexactitude.  Quoique  j'aie  pris  la  précaution  de  faire 
évaporer  ce  liquide  dans  une  atmosphère  d'acide  carbonique,  il  a  pu  absorber  un 
peu'  d'oxygène  pendant  le  transport  du  vase  sur  le  plateau  de  la  balance. 


58        E.  LAVAL.  —  ÉVAPORATION  DES  DISSOLUTIONS  ET  DES  LIQUIDES 

dans  des  conditions  de  température  aussi  différentes  que  me  Font 
permis  les  variations  atmosphériques.  J'ai  trouvé  des  rapports 
concordants,  du  moins  dans  les  limites  de  Tapproximation  qu  il 
était  permis  d'espérer.  Je  ferai  remarquer  de  nouveau  que  la  pesée 
d*un  liquide  tel  que  le  sulfure  de  carbone  ou  Téther  doit  être  faite 
avec  une  rapidité  extrême,  et  que,  par  suite  de  cette  condition,  il 
règne  sur  le  chiffre  des  centigrammes  lui-même  une  certaine 
incertitude. 


RÉSUiMÉ  ET  CONCLUSIONS. 


Les  résultats  précédents  peuvent  se  résumer  ainsi  : 

1^  L'évaporation  d'un  liquide  est  modifiée  par  la  présence  des 
corps  qu'il  tient  en  dissolution;  Tévaporation  de  la  dissolution 
est  égale  à  celle  qui  aurait  eu  lieu  avec  le  liquide  pur,  multipliée 
par  un  coefficient  spécifique,  élevé  à  une  puissance  marquée  par 
la  fraction  de  saturation. 

2°  Ce  coefficient  est  plus  petit  que  l'unité  pour  l'eau  et  les 
substances  salines;  l'évaporation  de  l'eau  est  donc  retardée.  Pour 
les  autres  liquides,  il  est  tantôt  plus  grand,  tantôt  plus  petit  que 
l'unité. 

3""  La  même  loi  s'applique  certainement  au  mélange  de  deux 
liquides  et  probablement  aussi  aux  solutions  gazeuses. 

iP  La  présence  des  corps  solides  insolubles,  immergés  dans  le 
voisinage  de  la  surface,  modifie  également  l'évaporation  des  divers 
liquides;  celle  de  l'eau  est  toujours  accélérée  par  ce  fait. 

Si  on  cherche  les  causes  de  ces  modifications  de  l'évaporation, 
on  songera  tout  d'abord  à  la  conductibilité  et  à  la  capacité  calori- 
fique des  corps  en  présence. 

Si  le  corps  dissous  ou  mélangé  a  une  capacité  calorifique  plus 
faible,  par  exemple,  que  le  liquide,  comme  il  tient  la  place  d'une 
certaine  quantité  de  celui-ci  et  ne  peut  fournir  autant  de  chaleur 


OUI  RENFERMEKT  DES  COUPS  SOLIDES  EN  SUSPENSION.  59 

dans  le  même  temps,  il  se  formera  évidemment  moins  de  vapeur. 
Le  contraire  arrivera  si  sa  chaleur  spécifique  est  plus  grande  que 
celle  du  liquide. 

Si  le  corps  dissous  ou  mélangé  a  un  pouvoir  conducteur  plus 
grand  ou  plus  petit  que  le  liquide,  la  vapeur  en  formation  pourra, 
par  une  raison  analogue,  trouver  dans  la  masse  plus  ou  moins  de 
chaleur. 

Mais  quand  on  veut  vérifier  ces  prévisions,  on  se  heurte  à  une 
difficulté  qui  consiste  en  ce  que  les  corps  les  plus  conducteurs  ont 
en  général  la  moindre  capacité  calorifique;  il  se  produira  donc 
dans  certains  cas  une  compensation  plus  ou  moins  complète  des 
effets  produits,  et  la  prépondérance  de  Tune  ou  de  Tautre  cause 
ne  sera  pas  toujours  facile  à  expliquer. 

Dans  les  solutions  salines  aqueuses,  Finfluence  de  la  chaleur 
spécifique  doit  passer  en  première  ligne,  car  tout  étant  liquide, 
les  mouvements  et  les  courants  intérieurs  ou  superficiels  se  font 
sans  obstacles,  et  h  chaleur  nécessaire  à  la  vaporisation  peut  être 
puisée  à  une  profondeur  sensiblement  la  même  dans  tous  les  cas, 
sans  rintervention  de  la  conductibilité. 

La  même  explication  convient  à  Falcool  tenant  en  dissolution 
de  Tacide  tartrique;  mais  les  chaleurs  spécifiques  du  sulfure  de 
carbone  et  de  soufre  étant  à  peu  près  égales  (0,22  et  0,20),  la 
forte  augmentation  de  Tévaporation  peut  difficilement  s'expliquer 
par  une  plus  grande  conductibilité. 

Il  en  est  de  même  de  l'alcool  et  de  Peau  :  ces  deux  liquides 
voient  leur  évaporation  diminuer  par  le  fait  de  leur  mélange.  Cela 
prouve  que  pour  Tun  au  moins  des  deux  liquides  Pexplication 
ci-dessus  est  insuffisante. 

Dans  le  cas  des  solides  insolubles,  les  courants  sont  à  peu  près 
nuls;  la  chaleur  est  prise  au  corps  solide,  et  dans  la  plupart  des 
cas  la  conductibilité  agit  pour  augmenter  Tévaporation.  Toutefois 
cette  explication,  satisfaisante  pour  le  cas  des  toiles  métalliques, 
devient  faible  pour  le  cas  des  membranes  ou  des  tissus  de  nature 
animale. 

Dans  toutes  ces  circonstances  en  litige,  il  n'est  pas  d'ailleurs 


60        B.  LAVAL.  —  ÉVAPORATION  DES  DISSOLUTIONS  ET  DES  LIQUIDES 

nécessaire  d'imaginer  une  nouvelle  cause  physique;  raltraclion 
moléculaire,  qui  varie  avec  les  corps  en  présence,  peut  bien  inter- 
venir ici  concurremment  avec  les  deux  autres  causes. 


De  robservation  de  révaporation  en  météorologie. 

Bien  des  instruments  différents  ont  été  imaginés  pour  observer 
révaporation  de  Peau  en  météorologie.  Quand  il  s'agit  de  Teau 
pure,  on  se  sert  en  général  d'un  vase  plein  d'eau,  à  large  surface, 
et  portant  un  flotteur  qui  accuse  et  enregistre  même  au  besoin  les 
variations  du  niveau  du  liquide.  Il  existe  aussi  un  petit  appareil 
très  ingénieux,  dû  à  M.  Piche^  dans  lequel  Peau  s*évapore  sur  un 
disque  de  papier  sans  colle  placé  à  la  partie  inférieure  d'une 
petite  éprouvette  renversée  :  Pair  remonte  en  bulles  imperceptibles 
pour  remplacer  Peau  à  la  partie  supérieure  de  Péprouvette,  et  on 
peut  observer  à  chaque  instant  Pévaporation  en  lisant  le  niveau 
de  Peau  sur  une  graduation  appropriée. 

Cet  évaporomètre  a  dû  à  sa  simplicité  et  à  la  facilité  de  sa 
manipulation  d'être  adopté  dans  tous  les  observatoires.  Â  Mont- 
souris,  M.  Moureaux,  qui  en  a  suivi  pendant  longtemps  les  indica- 
tions, a  reconnu  qu'il  donne  un  résultat  constamment  moindre 
qu'un  évaporomètre  à  large  surface  placé  sous  le  même  toit;  cela 
tient  surtout  à  ce  que  Péprouvette  se  refroidit  plus  que  Pévapo- 
romètre  à  grande  masse  d'eau,  à  cause  de  sa  faible  masse  et  de 
sa  forme.  On  pourrait  alléguer  aussi  que  Pévaporation  s'y  fait  à  la 
partie  inférieure  de  la  colonne  d'eau,  ce  qui  ne  permet  pas  le 
renouvellement  de  la  couche  déjà  refroidie;  mais  je  crois  cette 
cause  sans  grande  influence,  d'après  quelques  expériences  qui 
seront  citées  plus  loin.  Le  refroidissement  peut  donc  non  seulement 
compenser  Pinfluence  accélératrice  de  la  présence  du  papier,  mais 
même  agir  en  sens  inverse. 

Si  donc  un  vase  évaporatoire  de  grande  masse  peut  seul  donner 
une  idée  exacte  de  Pévaporation  de  l'eau  pure  dans  un  bassin ,  un 


OUI  RENFERMENT  DES  CORPS  SOLIDES  EN  SUSPENSION.  61 

lac,  etc.  9  en  revanche  rév«nporonièlre  Piche  pourra  être  ulile  pour 
comparer  en  un  même  lieu  par  des  observations  rapides  les  éva- 
poralions  dans  diverses  circonstances. 

Voici  quelques  expériences  ayant  pour  but  de  rechercher,  dans 
ce  dernier  instrument,  Tinfluence  de*  retendue  et  de  la  nature  de 
la  surface.  Deux  évaporomètres  à  surfaces  différentes  étaient 
placés  à  côté  d*un  vase  évaporatoire  ayant  une  surface  sensible- 
ment égale  à  celle  de  Tun  d'eux  et  contenant  une  masse  de  liquide 
à  peu  près  égale  à  celle  de  chacun  d'eux  :  Tinfluence  du  refroidis- 
sement était  ainsi  la  même  pour  les  trois  instruments.  L'évapora- 
tion  dans  le  vase  à  surface  libre  était  obtenue  par  des  pesées. 


ÉVAPORATION  PENDANT           | 

Êvaporomètre  n<>  1, 

papier  de  15  millim.,  \ 

surface  1285n™i. 

4  heures 

p  heures  '  9  heures 

12  heures' 

0,350 

0,650 

1,900 

2,650 

Évaporomètrn  n*»  2,    ï 

papier  de  19  roillim.,  >  0,100 

surface  549»»»«i.       ) 

1 

0,250 

1,000 

1,600 

Vase  H  en  verre,      )        , 
surface  lîiS"»»'!.      y*^^^ 

0,275 

1,500 

2,310 

Dans  le  vase  H  et  Tévaporomètre  n^  1 ,  Tévaporation  a  lieu  sur 
des  surfaces  qu'on  peut  considérer  comme  égales  sans  erreur 
sensible.  Les  rapports  des  évaporations  de  Tinstrument  à  Tévapo- 
ration  vraie  sont  : 

Pour   4  heures 1 ,09 

Pour   6  heures 1,13 

Pour   9  heures 1,26 

Pour  12  heures 1,25 

On  voit  que  ces  nombres  vont  en  croissant  pour  se  maintenir 
ensuite  à  1,26  ou  1,25  lorsque  le  papier  fonctionne  depuis  long- 
temps. Ce  nombre  est  précisément  le  coefficient  qui  convient  au 
papier,  à  la  cellulose  et  au  coton. 

L'évaporomètre  n^  2,  à  plus  petite  surface,  ne  donne  de  résultats 


62  E.  LAVAL.  —  ÉVAPORATION  DES  DISSOLUTIONS,  ETC. 

concordants  ni  avec  le  premier  ni  avec  le  vase  H.  Il  faut  donc 
renoncer  à  des  surfaces  aussi  petites. 

Quant  à  Finfluence  de  la  nature  du  papier,  j'ai  reconnu  que  le 
papier  généralement  en  usage  pour  cet  instrument  peut  être 
indifféremment  remplacé  par  la  plupart  des  papiers  à  filtrer  en 
usage  dans  les  laboratoires  de  chimie. 


LES 


RÉSEAUX  TÉLÉPHONIQUES 


DE  BORDEAUX 


PAR  M.  AUGUSTE  BONEL 

Directeur  de  l'Agence  de  la  Société  générale  des  Téléphones. 


I. 

RÉSEAU  DE  LA  SOCIÉTÉ 

Appelé  en  1880  à  établir  le  reseau  de  la  Société  générale  des 
téléphones  à  Bordeaux,  après  une  longue  attente,  c'est  en  mars 
1881  seulement  que  j'ai  pu  commencer  à  le  faire  fonctionner. 

Les  difficultés  rencontrées  furent  cause  de  ces  longs  retards, 
li' incrédulité  et  la  routine,  opposées  aux  efforts  employés  à  Hûre 
triompher  Fentreprise,  faillirent  en  compromettre  le  succès;  car 
au  bout  de  huit  mois,  avec  un  seul  abonné,  il  était  assez  naturel  de 
se  laisser  aller  au  découragement.  Les  objections  présentées  prove- 
naient du  téléphone  lui-même,  on  se  rappelait  l'appareil  employé 
à  TExposition  de  1878  et  jamais  on  ne  voulait  admettre  que, 
même  avec  des  perfectionnements,  on  arriverait  à  un  résultat 
sérieux.  D'autre  part,  on  se  refusait  à  accepter  une  innovation 
dérangeant  les  vieilles  habitudes,  adoptées  par  les  ancêtres  et 
transmises  avec  respect  de  génération  en  génération. 

Le  premier  noyau  d'abonnés  se  forma  de  négociants  possédant 
deux  points  à  relier.  On  parla  de  son  comptoir  à  son  chai;  puis, 
trouvant  le  moyen  commode,  les  abonnés  conversèrent  entre  eux, 
ensuite  quelques  courtiers  prirent  le  téléphone.  Us  amenèrent 


\ 


-1 


64  A.    BONEL. 

beaucoup  d'adhésions  et  il  en  résulta  que  d'autres  négociants, 
mécontents  de  voir  les  courtiers  favoriser  les  possesseurs  du 
nouvel  instrument,  suivirent  le  courant;  si  bien  que  beaucoup  de 
personnes,  ayant  tout  d'abord  accueilli  ce  moyen  de  correspon- 
dance avec  indifférence  et  quelquefois  avec  dédain,  ne  voudraient 
pour  beaucoup  s'en  passer  aujourd'hui. 

Il  ne  fallait  pas  seulement  vaincre  les  difficultés  pour  trouver 
des  abonnés;  il  pouvait  s'en  rencontrer  encore  d'autres.  Le 
cahier  des  charges  imposait  la  construction  des  lignes  par  l'État. 
On  devait  en  outre  faire  accepter  le  réseau  souterrain  par  la 
municipalité  et  obtenir  les  autorisations  nécessaires  des  adminis- 
trations diverses  et  des  particuliers. 

Il  m'est  très  agréable  de  déclarer  que  dans  ces  questions 
souvent  très  ardues  j'ai  rencontré  l'accueil  le  plus  favorable  des 
fonctionnaires  de  tout  ordre.  Quoiqu'on  acomplissant  strictement 
son  mandat,  chacun  a  bien  voulu  donner  son  appui  à  l'entreprise 
naissante. 

Je  voudrais  en  dire  autant  des  propriétaires  dont  les  maisons 
ont  à  supporter  les  poteaux  qui  soutiennent  les  fils.  Il  s'en  trouve 
de  très  complaisants;  mais  j'ai  le  regret  de  constater  que  certains 
abusent  de  la  situation.  Plus  d'un,  profitant  de  l'occasion,  a  su 
faire  réparer  gratuitement  sa  toiture  ou  remplacer  sa  tapisserie 
endommagée  par  des  gouttières  dont  les  agents  téléphonistes 
étaient  parfaitement  innocents.  Dans  les  comitiencements,  une 
malveillance  intéressée  répandit  le  bruit  que  les  poteaux  formaient 
autant  d'attire-foudre.  C'est  absolument  faux,  et  même  une  expé- 
rience de  quatre  ans  m'a  prouvé  au  contraire  que  le  réseau  pré- 
servait les  maisons,  en  servant  de  paratonnerre.  L'électricité 
condensée  dans  l'atmosphère  trouve  par  les  fils,  pour  s'écouler 
dans  le  sol,  une  foule  de  conducteurs,  et,  en  cas  de  fort  orage, 
on  a  seulement  vu  les  indicateurs  tomber  au  bureau  central  et 
entendu  tinter  les  sonneries  chez  les  abonnés. 

Le  réseau  téléphonique  bordelais  se  composait,  il  y  a  trois  ans, 
de  fort  peu  de  lignes.  Elles  se  sont  considérablement  augmentées, 
on  en  jugera  par  les  chiffres  suivants  : 


LES  RÉSEAUX  TÉLÉPHONIQUES  DE  BORDEAUX.  65 

En  août  1881,  on  comptait:  27,000  mètres  de  fils  aériens; 
36,000  câbles  sous  plomb  et  120,000  câbles  ordinaires. 

En  avril  1884,  il  existait  :  201,000  fils  aériens;  59,000  câbles 
sous  plomb  et  347,000  câbles  ordinaires. 

On  remarquera  Ténorme  accroissement  du  réseau  aérien  com- 
parativement aux  autres.  C'est  que  les  câbles  avaient  été  placés 
en  attente.  Le  chemin  était  à  moitié  fait.  Il  a  fallu,  pour  relier 
les  abonnés,  simplement  de  distance  en  distance  transformer  les 
conducteurs  souterrains  en  aériens. 

La  pose  des  fils  en  F  air  commence  à  causer  de  sérieux  embar- 
ras pour  les  lignes  d'intérêt  privé;  leur  aspect  est  disgracieux, 
tandis  que  les  fils  de  la  Société,  placés  sur  les  toits  les  plus  élevés, 
ne  blessent  en  rien  la  vue  de  l'observateur  et  ne  se  découvrent 
même  qu'après  un  examen  assez  soutenu. 

Dans  les  premiers  temps,  le  fil  employé  à  Bordeaux  était  en 
acier  de  deux  millimètres.  La  plus  longue  portée  construite  avec 
ce  conducteur  a  été  de  deux  cent  vingt  mètres;  mais  malgré  sa 
galvanisation,  après  deux  ans  de  service,  il  s'est  réduit  à  cause 
de  rhumidité,  dans  certains  endroits,  à  un  millimètre  d'épaisseur, 
ce  qui  nécessite  son  changement. 

Si  les  fils  aériens  présentent  de  grands  avantages,  leurs  incon- 
vénients sont  nombreux.  Les  premiers  se  résument  dans  Téconomie 
et  la  facilité  de  les  réparer.  Ils  donnent  peu  d'induction;  mais 
par  contre  le  bruit  causé  par  le  vent  et  les  mélanges  est  difficile 
à  éviter.  J'ai  combattu  le  premier  au  moyen  de  sourdines  en 
caoutchouc.  Cette  matière  se  durcissant  à  l'air,  j'ai  employé  avec 
plus  de  succès  le  chanvre  pour  entourer  le  fil  eu  contact  avec  la 
cloche  en  porcelaine;  toutefois,  je  n'ai  obtenu  de  résultat  complet 
qu'avec  un  conducteur  en  bronze  de  onze  dizièmes  de  millimètre. 
Avec  d'autres  fils,  l'inconvénient  du  vent  est  fort  grave.  Parfois  le 
bruit  est  insupportable,  surtout  si  le  support  est  placé  contre  un 
mur  plein.  On  entend  alors  résonner  le  fil  dans  tout  le  bâtiment. 
11  est  préférable  de  mettre  le  poteau  sur  le  faîtage  au-dessus  d'un 
grenier.  Il  existe  dans  ce  cas  une  couche  d'air  qui,  en  partie  du 
moins,  empêche  le  son  de  se  propager. 

T.  II  (3«  Série).  5 


66  A.   BONEL. 

Il  est  à  remarquer  que  le  côté  d'où  souffle  le  vent  produit  un 
bruit  plus  ou  moins  désagréable.  Ainsi  pendant  une  forte  tempête 
venant  de  TOuest,  on  Tenlend  faiblement;  tandis  que  la  bise, 
même  légère,  donne  un  ronflement  sonore  comme  une  grosse 
cloche  ou  le  grondement  de  la  vapeur  qui  se  condense.  J'ai 
remarqué  aussi  que  le  temps  passant  du  chaud  au  froid  produisait 
un  son  très  étendu  pendant  quelques  instants. 

J'ai  mis  à  Pépreuve  un  nouveau  fil  de  bronze  fabriqué  à  Àngou- 
lême  par  M.  Lazare  Weiller.  Il  se  compose  de  cuivre  et  d'étain 
et,  au  lieu  d'y  mélanger  du  phosphore  au  moment  de  la  fusion, 
on  y  introduit  du  silicium. 

M.  L.  Weiller  assure  à  ses  fils  aériens  une  conductibilité  de  97 
à  98  p.  ^/o,  une  ténacité  de  45  à  46  kilogrammes  par  millimètre 
carré,  et  enfln  ils  ne  se  rompent  qu'avec  1  p.  ^/^  d'allongement 
seulement. 

J'ai  employé  du  fil  de  onze  dizièmes  de  millimètre.  Ce  diamètre, 
un  peu  faible,  donne  trop  de  ruptures,  et  je  n'en  fais  usage  que  si 
le  bruit  du  vent  m'y  oblige;  autrement,  je  place  du  fil  de  deux 
millimètres,  bien  qu'il  revienne  à  un  prix  assez  élevé;  il  offre  de 
grands  avantages  pour  la  solidité  et  pour  l'audition  téléphonique. 

Dans  un  temps  donné,  à  cause  de  Taccroissement  du  nombre 
des  fils,  on  devra  employer  des  câbles  souterrains.  En  outre,  il 
existe  des  villes  dont  la  topographie  réclame  des  artères  souter- 
raines. Telle  est  la  ville  de  Bordeaux  étendue  sur  la  rive  gauche 
de  la  Garonne,  otTrant  plus  de  largeur  que  de  profondeur.  On  ne 
peut  charger  les  maisons  d'une  trop  grande  quantité  de  fils  aériens, 
et  des  réseaux  de  ce  genre  avec  cent  ou  deux  cents  conducteurs 
sont  absolument  impossibles.  Bordeaux  exige  donc  beaucoup  de 
câbles  sous  terre.  Ainsi  que  je  l'ai  dit  dans  une  première  notice  (^), 
le  réseau  est  formé  de  fils  aériens  partant  de  chez  les  abonnés  et 
devenant  pour  la  majorité  souterrains,  placés  dans  deux  égouta» 
les  autres  dans  des  tuyaux  en  ciment  qui  aboutissent  au  bureau 


Voir  les  Mémoires  de  la  Société  des  Sciences  physiques  et  naturelles,  i»  série, 
tome  V,  page  27. 


LES  RÉSEAUX  TÉLÉPHONIQUES  DE  BORDEAUX.  67 

central.  Les  lignes  aériennes  directes  n'ont  pas  sensiblement 
augmenté,  sauf  deux  réseaux  de  dix  Tils  chacun,  allant  rue  Esprit- 
des-Lois  et  rue  Lafayelte. 

Les  réseaux  en  égout  emploient  celui  des  Quinconces,  en 
laissant  des  câbles  jusqu'à  la  rue  Huguerie.  Les  fils,  devenus 
aériens,  vont  rue  Fondaudège  jusqu'à  la  Croix-dc-Seguey,  en 
alimentant  les  abonnés  situés  sur  ce  parcours.  L'autre  égout  est 
celui  du  Peugue,  renfermant  des  fils  sous  plomb  greffés  au  grand 
réseau  des  quais.  Ces  fils  sont  semés  cours  d'Alsace-et-Lorraine, 
cours  Saint-Jean,  rue  du  Palais-de-Justice  et  rue  Nauville.  De  là, 
les  lignes  aériennes  s'étendent  dans  une  partie  des  quartiers  du 
sud  et  de  Touest.  Le  réseau  du  bureau  central  à  la  place  de 
Bourgogne  dessert  la  Bourse,  la  Bastide  par  le  pont  de  pierre, 
le  quartier  Saint-Michel  et  se  termine  en  Paludate.  L'artère  du 
cenfral  à  la  rue  Lucien  Faure  relie  les  abonnés  des  quais 
Louis  XYIII,  des  Chartrons  et  de  Bacalan,  en  même  temps  ceux 
des  rues  voisines  comprises  entre  le  cours  du  Jardin-Public  et 
celui  de  Balguerie-Sluttenberg.  Arrivé  aux  docks,  le  réseau 
devient  totalement  aérien.  11  contourne  le  bassin  à  flot  et  s'arrête 
rue  de  Lormont.  Un  nouvel  embranchement  traverse  les  Quin- 
conces, les  allées  de  Tourny  et  la  rue  Jean-Jacques-Bel,  monte 
sur  la  tour  de  la  Bibliothèque  et  rayonne  en  fils  aériens  sur  les 
environs. 

Enfin,  pour  augmenter  le  nombre  des  fils  en  Paludate,  je  fais 
continuer  la  tranchée  de  la  porte  de  Bourgogne  sur  le  quai 
Sainte-Croix;  de  cette  façon,  vingt  ou  trente  fils  de  plus  permet- 
tront de  satisfaire  les  abonnés  nouveaux  qui  attendent  de  ce 
côté. 

Il  est  permis,  sous  certaines  conditions,  de  relier  des  abonnés 
en  dehors  de  la  ville.  Il  en  existe  fort  peu,  quelques-uns  à 
Talence  et  les  autres  en  Queyries  et  à  Lormont. 

La  Société  se  sert  pour  le  service  de  ses  abonnés  du  téléphone 
Bell  et  du  microphone  Crossley.  Le  premier  est  bien  connu,  c'est 
un  aimant  À  (fig.  1)  au  sommet  duquel  s'enroule  du  fil  de  cuivre 
très  fin  recouvert  de  soie  faisant  partie  du  circuit.  Devant  le  pôle 


68 


A.   BONEL. 


garni  de  cette  bobine  B,  on  fixe  un  diaphragme  P  ou  plaque 
métallique  dite  vibrante,  enduite  d'une  légère  couche  de  vernis. 


(Figure  1.) 

Les  vibrations  émises  au  départ  par  le  microphone  influencent 
Taimant  qui,  à  son  tour  agissant  sur  la  plaque,  reproduit  exacte- 
ment la  voix. 

Voici  la  description  du  microphone  Crossley.  Remarquons,  en 
passant,  que  les  dispositions  intérieures  des  systèmes  se  servant 
du  microphone  sont  toutes  les  mêmes  à  peu  de  chose  près. 

Dans  Tappareil  Crossley,  les  crayons  sont  en  quadrilatère.  La 
plaque  vibrante  est  une  planchette  de  sapin  contre  laquelle  sont 
fixés  les  supports  des  charbons.  Le  tout  est  placé  dans  une  boite 
renrermant  également  une  sonnerie  à  relais  et  une  bobine  d'induc- 
tion. Un  ressort  établit  automatiquement  la  communication,  soit 
avec  les  téléphones,  soit  avec  le  trembleur. 

Une  barre  AB  {fig.  2)  pouvant  basculer  au  point  C  s'appuie,  au 


(Figure  2.) 

moyen  du  ressort  (non  indiqué  dans  la  figure),  sur  le  bouton  D. 


LES  RÉSEAUX  TÉLÉPHONIQUES  DB  BORDEAUX.  09 

Son  support  C  communique  c^  Tarrêl  F,  contre  lequel  presse  6K. 
Sur  le  côté  de  la  lame  ÂB  se  trouve  une  plaque  en  ébonite  et, 
au  dessus,  une  lame  de  cuivre,  celte  dernière  indépendante  de  ÂB, 
mais  se  mouvant  avec  elle.  De  cette  façon,  l'appareil  étant  sur 
téléphone,  les  deux  ressorts  r  et  r'  communiquent  entre  eux. 

La  transmission  a  lieu  de  la  manière  suivante  :  quand  on  parle 
devant  la  planchette,  la  voix  la  fait  vibrer  et  imprime  son  mouve- 
ment au  microphone  M,  déterminant  des  variations  de  courant 
dans  le  gros  fil  de  la  bobine  R,  dont  le  circuit  est  ainsi  constitué  : 
le  négatif  du  premier  élément  vient  du  bouton  ZT  attaché  au  zinc 
et  à  la  terre,  traverse  MR,  les  ressorts  r  et  r',  et  va  rejoindre  le 
positif  CM.  Les  modifications  du  courant  principal  font  naître  des 
courants  secondaires  dans  le  fil  induit,  qui.  dHin  côté,  va  à  la 
terre  par  ZT,  de  Tautre  gagne  la  ligne  par  t't  et  DCK. 

La  réception  s'opère  simplement.  Les  courants  induits  du 
correspondant  arrivant  de  la  ligne  L  traversent  KCD,  ainsi  que 
les  téléphones,  et  aboulissent  à  la  terre  par  R  et  ZT. 

Lorsqu'on  suspend  un  téléphone  en  B,  la  barre  bascule.  A  quitte 
D  et  va  s  appuyer  contre  le  butoir  I;  alors  r  et  r'  glissent  sur  la 
lame  d'ébonite  et  se  trouvent  isolés.  L'appareil  est  sur  sonnerie. 
Pour  produire  le  signal,  il  suffit  de  presser  6  contre  H.  G  cesse 
d'être  en  contact  avec  F  et  prend  le  positif  C,  tandis  que  le  zinc 
de  la  pile  entière  va  à  la  terre  par  ZT. 

Pour  former  le  signal,  le  courant  du  correspondant  arrive  par  L, 
traverse  KFCI,  la  bobine  N  du  relais  et  se  rend  à  la  terre,  en 
'  attirant  la  lame  a  contre  fr,  ce  qui  ferme  le  circuit  local  de  ZT 
à  C,  en  traversant  a,  6,  S,  m  et  w.  De  cette  façon,  le  trembleur 
fonctionne.  Le  marteau  m,  sous  l'attraction  du  fer  doux  de  S, 
quitte  n.  Alors  le  circuit  est  rompu.  Il  se  referme  quand  m 
retombe  sur  n,  et  ainsi  de  suite  quand  le  courant  vient  de  L. 

Le  système  employé  pour  mettre  les  abonnés  en  communication 
était  formé  jadis  de  commutateurs  suisses  et  d'indicateurs  dont  le 
signal  était  donné  par  des  lames  de  fer  vulgairement  appelées 
lapins.  Aujourd'hui,  on  les  a  supprimés  et  voici  la  description  de 
Torganisation  actuelle. 


70  A.   BONEL. 

Les  fils  aériens  viennent  de  la  terrasse  de  la  maison  occupée 
par  la  Société  et  rejoignent  les  câbles  souterrains  qui  montent  du 
sol  dans  des  tuyaux  en  fonle^  puis  tous  suivent  des  caniveaux  en 
bois  jusqu'à  un  appartement  où  se  trouve  une  sorte  de  guérite 
dont  les  deux  parois  latérales  possèdent  une  ouverture  circuIai^e 
d'un  mètre  de  diamètre,  autour  de  laquelle,  à  l'extérieur,  sont 
placés  des  serre-fils  à  double  vis  munis  d'un  paratonnerre  à  papier. 
Les  câbles,  après  avoir  été  répartis  en  dedans  de  la  guérite, 
sortent  par  des  trous  et  se  relient  symétriquement  aux  vis  des 
serre-fils,  tandis  que  des  fils  paraffinés,  attachés  aux  autres  bornes 
plus  près  du  centre,  s'étendent  par  séries  de  sept  sur  le  bord  de 
l'ouverture  circulaire,  retenus  par  des  boules  en  caoutchouc  vissées 
contre  le  cercle,  pour  se  réunir  dans  un  anneau  soutenu  au  centre 
de  la  circonférence  en  dedans  de  la  guérite  au  moyen  d'appuis  en 
fer.  De  celte  façon,  les  fils  paraffinés  s'épanouissent  en  rosace.  Us 
retombent  jusqu'au  sol  et,  se  relevant  par  séries  de  vingt-cinq, 
gagnent  au  plafond  un  caniveau  qui  les  mène  au  bureau  central. 
Sur  la  rosace  auprès  des  câbles,  sont  clouées  des  fiches  portant 
le  nom  des  abonnés  et  sur  les  fils  paraffinés  d'autres  indiquent  le 
numéro  des  fils.  Le  but  de  cette  rosace  est  de  séparer  les  commu- 
nications entre  les  abonnés  et  le  bureau  central,  afin  de  manipuler 
les  fils  avec  plus  de  facilité  en  cas  de  changement  de  lignes. 

Les  fils  paraffinés  relient  la  rosace  aux  tableaux  (Jig.  3).  Chaque 
tableau  renferme,  par  rangées  de  cinq,  vingt-cinq  annonciateurs 
surmontant  vingt-cinq  blocs  appelés  jack-knives,  avec  lesquels 
ils  communiquent  séparément,  le  premier  annonciateur  avec  le 
premier  jack-knife  et  ainsi  de  suite.  Le  jack-knife,  d'importation 
américaine,  se  compose  d'un  bloc  de  cuivre  sur  le  haut  duquel 
est  un  ressort  posé  à  plat  qui  sert  à  amener  le  courant.  Il  est  fixé 
sur  le  tableau  au  moyen  de  deux  vis;  celle  de  droite  est  isolée  du 
jack-knife  au  moyen  d'une  rondelle  en  ébonite;  elle  communique 
à  la  terre  à  travers  la  bobine  de  l'annonciateur.  Au  repos,  le  bout 
du  ressort  touche  à  cette  vis  par  une  légère  saillie.  Le  bloc  est 
percé  de  deux  trous;  dans  celui  de  droite  dépasse  un  goujon 
soudé  au  ressort,  de  telle  f^içon  que  si  l'on  introduit  une  fiche 


LES    RÉSEAUX    TËLËPHONIQUES    DE   BORDEAUX.  ^^ 

métallique,  le  ressort  soulevé  abandonne  la  saillie  de  la  seconde 
vis  et  la  communication  se  trouve  interrompue  entre  le  fil  de 
ligne  et  l'annonciateur. 


(Figure  3.) 

L'annonciateur  possède  sur  le  devant  du  tableau  un  volet 
métallique  retenu  par  le  prolongement  de  la  palette  d'un  électro- 
aimant  placé  derrière  la  boiserie.  Lorsque  Tabonné  veut  appeler 
l'attention  du  bureau  central,  il  appuie  sur  le  bouton  de  sonnerie 
de  son  appareil.  Le  courant  suit  la  ligne,  arrive  à  la  rosace,  passe 
dans  le  fil  paraffiné,  traverse  le  jack-kuife  et  la  bobine  de  l'indi- 
cateur pour  se  perdre  à  la  terre.  Alors  la  palette  attirée  bascule  et 
le  volet  tombe  en  découvrant  le  numéro.  Ce  dernier  se  trouve 
répété,  avec  le  nom  et  l'adresse  de  l'abonné,  sur  une  plaque 
au-dessus  du  jack-knife.  Le  volet  en  s'abaissant  frappe  contre  un 
boulon  de  cuivre  et  ferme  ainsi  le  circuit  local  pour  actionner 
une  sonnerie  d'avertissement  qu'on  met  en  fonction  seulement 
pendant  la  nuit. 

Dans  la  Hgure  3,  les  numéros  il,  12,  39  et  /iO  appellent  le 
bureau  central.  L»  disposition  pour  répondre  aux  abonnés  est  un 
peu  plus  compliquée.  11  existe  entre  les  deux  tableaux  une  clef 


72  A.   BONEL. 

d'appel,  en  dessous  de  cette  dernière  une  ouverture  carrée  et,  en 
dessous  encore,  un  cordon  souple  rouge  métallique  terminé  par 
une  fiche  enfoncée  au  repos  dans  un  bloc. 

La  clef  G  B  (/îjf.  A)  est  une  lame  relevée  contre  un  arrêt  E. 
Le  bouton  H  communique  avec  le  positif  d'une  pile  P  d'environ 


(Figurr  i.) 

dix  éléments.  Au  bloc  B,  supportant  la  lame,  est  attaché  le 
cordon  rouge  précité,  et  de  cette  façon,  en  introduisant  la  fiche  F 
dans  le  trou  de  droite  du  jack-knife  correspondant  au  numéro 
découvert,  on  rompt  la  communication  avec  l'indicateur  et  on  la 
met  entre  la  clef  et  Tabonné,  de  sorte  que  si  Ton  presse  sur  le 
bouton  G,  la  lame  quitte  l'arrêt  E,  touche  H  et  lance  le  courant 
sur  la  ligne. 

Pour  parler  à  l'abonné,  l'employée  possède  un  appareil  Edison, 
transformé  et  rendu  portatif.  11  se  compose  d'un  téléphone  placé 
de  façon  à  s'appuyer  contre  l'oreille,  tandis  que  le  transmetteur 
horizontal  et  légèrement  mobile  s'adapte  contre  la  bouche.  Les 
deux  instruments  sont  joints  par  l'intermédiaire  d'un  barreau 
aimanté  redressé  convenablement  et  qui  joue  le  rôle  de  poignée. 

Trois  fils  s'attachent,  un  bleu  et  un  vert  au  téléphone,  le 


LES  RÉSEAUX  TÉLÉPHONIQUES  DE   BORDEAUX.  73 

troisième,  rouge,  au  transmetteur.  Par  leur  autre  extrémité  ils 
sont  reliés  à  des  ressorts  légèrement  bombés  fixés  sur  une 
plaque  d'ébonite  qui  peut  s'adapter  hermétiquement  dans  l'ouver- 
ture carrée  située  au-dessous  de  la  clef.  Cette  ouverture  possède 
deux  montants  en  cuivre  revenant  en  équerre  en  bas  et  en  haut, 
et  dans  cette  dernière  partie  existent  en  outre  deux  petites 
plaques  métalliques  qui,  avec  les  montants,  forment  quatre 
contacts  suffisamment  écartés  les  uns  des  autres  et  fixés  sur  une 
lame  d'ébonite.  (Ils  sont  indiqués  dans  la  figure  4",  avec  la 
plaque  prête  à  être  glissée  dans  louverture.)  Le  fil  bleu  du 
téléphone  s'attache  à  la  lame  1 ,  le  fil  vert  à  la  lame  4  et  le  fil 
rouge  du  microphone  à  la  lame  2.  Les  lames  communiquent  aux 
contacts  du  même  numéro.  La  lame  et  le  contact  3  servent 
seulement  quand  il  existe  un  fil  de  retour. 

Supposons  la  planchette  R  appliquée  aux  contacts  de  l'ouver- 
ture, voici  comment  se  forme  le  circuit  de  transmission.  D'un 
côté,  en  quittant  la  pastille  de  charbon  C^  il  gagne  le  négatif  de 
la  pile  P'  en  passant  par  le  fil  rouge,  la  lame  et  le  contact  S;  de 
l'autre,  il  suit  l'aimant  A;  arrivé  en  N  il  est  joint  à  K,  traverse  le 
fil  bleu,  la  lame  et  le  contact  1 ,  touche  en  passant  le  positif  de  P' 
et  se  rend  à  la  terre  t'  à  travers  le  petit  fil  de  D  ;  par  conséquent, 
en  parlant  devant  M,  les  vibrations  vocales  déterminent  des 
diflerences  moléculaires  dans  la  pastille  de  charbon  C.  Les 
courants  induits  développés' dans  le  petit  fil  se  rendent  à  la  ligne 
par  le  contact  et  le  ressort  1,  le  fil  bleu,  K,  N,  la  bobine  du 
téléphone,  L,  le  fil  vert,  la  lame  et  le  contact  4,  E,  B,  le  cordon 
rouge  et  F. 

La  réception  par  le  téléphone  s'opère  ainsi  :  les  courants 
induits  émis  par  l'abonné  arrivent  par  F,  B,  R,  le  contact  et  le 
ressort  4,  le  fil  vert  jusqu'à  L,  d'où  ils  remontent  dans  la  bobine 
entourant  l'aimant  considérablement  réduit,  pour  agir  sur  la 
plaque  vibrante  et  ensuite  se  rendre  à  la  terre  par  N,  K,  le  fil 
bleu,  le  ressort  et  le  contact  1  et  enfin  le  petit  fil  de  la  bobine  D. 

Les  blocs  situés  en  dessous  des  tableaux  (fig.  3),  marqués 
longitudinalement  A,B,C,D,E,F  et  numérotés  perpendiculaire- 


74  •  A.    BONBL. 

ment  de  i  à  8,  servent  à  faire  correspondre  entre  eux  les  tableaux 
éloignés.  Chaque  série  est  reliée  par  le  même  fil^  ainsi  A  1  du 
premier  tableau  communique  avec  Ai  de  chaque  groupe,  A3 
avec  A  2  et  ainsi  de  suite,  on  obtient  ainsi  le  moyen  de  mettre  en 
rapport  quarante-huit  abonnés  à  la  fois.  Les  rangs  pairs  sont 
noirs  et  les  impairs  jaunes,  afin  de  les  mieux  distinguer. 

En  résumé,  voici  comment  sexécutent  les  manœuvres  : 

Qtiand  un  abonné  veut  parler,  son  volet  tombe,  l'employée 
enfonce  la  fiche  F  dans  le  trou  de  droite  du  jack-knife  de  cet 
abonné,  puis  elle  sonne,  introduit  la  planchette  du  téléphone 
dans  Touverture  carrée  en  dessous  de  la  clef;  elle  dit  ensuite  : 
c  voilà,  monsieur!  d  L'abonné  donne  le  nom  de  la  personne  qu'il 
veut  entretenir. 

Pour  parler  à  Vautre  abonné.  L'employée  place  la  fiche  F  dans 
le  trou  de  droite  du  jack-knife  du  second  abonné,  sonne,  puis 
met  son  téléphone  en  communication,  appelle  l'abonné  et  lui  dit  : 
a  avec  Monsieur  X.  »  Elle  retire  la  fiche  ainsi  que  l'appareil  et 
replace  la  première  dans  le  jack-knife  de  l'abonné  appelant,  pour 
l'avertir  par  un  coup  de  sonnette  qu'il  peut  parler.  Elle  prend 
alors  un  cordon  souple  vert  métallique  terminé  par  deux  fiches, 
enfonce  l'une  dans  le  trou  de  gauche  du  plus  bas  numéro  et 
l'autre  dans  le  trou  de  droite  du  numéro  supérieur. 

Cette  différence  a  pour  but  de  laisser  une  communication  par 
le  premier  jack-knife  avec  son  avertisseur  et  la  terre,  de  façon 
que  si  l'un  des  abonnés  sonne,  le  volet  en  tombant  signale  la  fin 
de  la  conversation. 

Cette  façon  d'opérer  ne  peut  se  faire  que  sur  deux  tableaux 
voisins.  On  irait  encore  au  besoin  aux  premiers  numéros  d'un 
troisième;  mais  s'il  s'agit  d'une  plus  grande  étendue,  on  se  sert 
des  conjoncteurs  du  bas.  Je  suppose  que  le  numéro  200  veuille 
parler  au  numéro  310;  on  place  une  fiche  d'un  cordon  vert  dans 
le  trou  de  gauche  du  jack-knife  200,  la  fiche  d'un  second  cordon 
dans  le  trou  de  droite  du  jack-knife  310  et  les  fiches  libres  de 
chaque  cordon  dans  les  blocs  du  bas  portant  le  même  numéro  et 
la  même  lettre. 


LES  RÉSEAUX  TÉLÉPHONIQUES  DE  BORDEAUX.  75 

Comme  dans  Tautre  disposition  aussitôt  que  Findicateur  laissé 
en  dérivation  fait  tomber  son  volet,  la  conversation  est  terminée 
et  on  enlève  les  cordons. 

Dans  la  figure  3,  on  a  relié  les  jack-knifes  des  numéros  17  et  43. 
Le  premier  tableau  a  des  communications  avec  d'autres  plus 
éloignés,  par  le  jack-knife  numéro  4  relié  au  bloc  B  4  et  le 
jack-knife  numéro  20  en  rapport  avec  le  bloc  A  2.  Le  cordon 
rouge  du  milieu  est  au  repos  et  le  second  tableau  a  seulement 
sur  les  conjoncteurs  le  bloc  D8  avec  le  jack-knife  numéro  30. 

Il  existe  seize  tableaux  au  bureau  central.  Ils  sont  destinés  à 
quatre  cents  abonnés  et  il  est  à  supposer  qu'ils  seront  bientôt 
insuffisants,  puisqu'à  Theurc  qu'il  est  trois  cent  trente  numéros 
fonctionnent. 

Le  réseau  de  Bordeaux,  ainsi  qu'on  Ta  vu  par  ce  qui  précède, 
s'est  considérablement  développé  ;  on  apprécie  de  plus  en  plus  ce 
mode  de  correspondance,  de  sorte  que  dans  un  temps  prochain 
le  téléphone  sera  considéré  comme  un  accessoire  indispensable. 

Les  chiffres  suivants  donneront  une  idée  de  l'accroissement  du 
service.  Au  mois  de  novembre  1881,  il  y  avait  146  abonnés  avec 
825  communications  par  semaine;  en  novembre  1882,  233  abon- 
nés et  4,500  communications  ;  au  même  mois  1883, 298  abonnés 
et  12,100  communications. 

On  voit  que  les  abonnés,  en  tenant  compte  de  leur  nombre, 
ont  usé  du  téléphone  dans  une  forte  progression. 


II. 

RÉSEAU  MUNICIPAL. 

En  1883,  la  ville  de  Bordeaux,  sur  l'initiative  de  M.  Bayssel- 
lance,  ingénieur  de  la  marine,  adjoint  délégué  aux  travaux 
publics,  et  de  M.  Wolff,  ingénieur  en  chef  des  ponts  et  chaussées, 
directeur  des  travaux  municipaux,  a  fait  établir  un  réseau  destiné 
à  relier  les  postes  d'octroi  et  de  police  au  moyen  du  téléphone. 

Il  y  a  quelques  années,  alors  que  les  moyens  de  correspondance 


76  A.  BONEL. 

se  trouvaient  limités  au  télégraphe,  la  ville  de  Bordeaux  avait 
fait  établir  des  appareils  Bréguet  pour  le  service  des  incendies. 

Le  télégraphe  à  cadran,  très  bon  jadis,  quand  on  ne  connais- 
sait pas  d'autre  instrument,  est  aujourd'hui  complètement  démodé, 
on  le  retire  de  partout.  La  Compagnie  des  chemins  de  fer  du  Midi 
Tabandonne  pour  le  iMorse,  et  les  grandes  usines  le  rejettent  pour 
les  téléphones;  malgré  son  apparente  simplicité,  le  cadran  ne 
laisse  pas  que  d'être  fort  compliqué  et  sous  prétexte  qu'il  n'exige 
d'autre  apprentissage  que  de  connaître  ses  lettres,  on  le  confie 
à  des  mains  inexpérmientées,  comme  les  sinlples  pompiers  qui, 
malgré  la  manœuvre  enseignée  par  le  chef  télégraphiste,  occa- 
sionnent des  retards  par  leur  mauvaise  manipulation  ;  tandis 
qu'avec  un  téléphone,  les  appels  seraient  entendus  d'une  façon 
intelligible  et  rapide,  et  c'est  justement  un  service  d'une  impor- 
tance aussi  majeure  qui  devrait  être  muni  de  cet  appareil. 

L'instrument  téléphonique  choisi  pour  les  autres  établissements 
municipaux  est  TAder. 

Le  réseau  téléphonique  de  la  ville  comporte  les  points  suivants  : 

Police,  1er  arrondissement,     cours  Balguerie-Stuttenberg,  124. 

—  2»  —  rue  Sicard,  4. 

—  3®  —  rue  Jean-Jacques-Bel,  2. 

—  4®  —  rue  de  la  Franchise,  18. 

—  5«  —  rue  Guiraude,  18. 

—  6®  —  rue  Bonafoux,  28. 

—  70  —  rue  du  Hâ,  22. 

—  8«  —  rue  Sainte-Catherine,  232. 

—  9e  —  rue  de  Belleville,  151. 

—  IQo  —  route  d'Espagne,  67. 

—  11®  —  rue  Lafargue,  1. 

—  12®  —  avenue  Thiers,  127. 

—  le  poste    des  Docks. 

—  —         des  Quinconces. 

—  —         de  la  rue  Lambert. 

—  —         du  pont  La  Bastide. 

—  —         de  Brienne. 
Le  cabinet  du  Préfet. 

—        du  Commissaire  central. 
Octroi,    la  Direction,  rue  du  Loup. 

—  le  poste    d*Ârës. 


LES  RÉSEAU!  TÉLÉPHONIOUES  DE  BORDEAUX.  77 

Octroi,  le  poste  Croix  de^  Sejçuey. 

—  —  route  de'Saint-Médard. 

—  —  route  de  Toulouse. 

—  —  rue  de  Pessac. 

—  —  rue  de  la  Benauge. 

—  —  rue  Saint-Genès. 

—  —  rue  de  Lormont. 

—  —  de  Brienne. 
L'hôpital  Saint-André. 

Ces  lignes  seront  augmentées  dans  Tavenir;  car  la  municipalité 
et  ses  différents  services  ont  pu  apprécier  les  avantages  des 
téléphones  déjà  posés. 

Il  faut  encore  ajouter  au  réseau  de  la  ville  pour  le  service  des 
incendies  un  fil  placé  gratuitement  par  la  Société  entre  son 
poste  central  et  celui  de  la  municipalité;  de  cette  façon  les 
abonnés  peuvent  signaler  un  accident  grave,  un  incendie  et 
même  au  besoin  demander  les  secours  médicaux  de  nuit. 

Au  bureau  central  de  la  Permanence,  où  tous  les  fils  des 
services  municipaux  viennent  aboutir,  se  trouve  un  appareil  à 
peu  près  semblable  à  celui  décrit  précédemment  (voir  la  jig.  3). 
Il  y  a  deux  tableaux  chacun  de  trente  annonciateurs  et  de  trente 
jack-knives;  on  a  supprimé  les  conjoncteurs  et  au  lieu  de  la  clef 
à  sonnerie  et  du  téléphone  Edison,  on  a  placé  entre  les  deux 
tableaux  un  Ader  grand  modèle. 

Cet  appareil  possède  un  transmetteur  et  deux  récepteurs.  Le 
prenHer  se  compose  d'une  planchette  comme  le  Crossiey,  seule- 
ment les  charbons  au  lieu  d'être  en  quadrilatère  sont  parallèles. 
Le  système  intérieur  est  le  même  et  un  paratonnerre  à  pointes 
existe  au-dessus  de  la  planche  contre  laquelle  est  fixé  le  système. 
Il  existe  quatre  boulons  en  haut  et  quatre  en  bas.  Ceux  du  haut 
communiquent,  le  premier  à  gauche  avec  la  ligne,  le  second  et 
le  troisième  avec  le  paratonnerre  et  la  terre  et  le  quatrième  avec 
la  sonnerie  placée  au  dehors.  Ceux  du  bas  sont  reliés  le  premier 
et  le  second  à  la  pile  microphonique,  le  troisième  au  négatif  et 
le  quatrième  au  positif  de  la  pile  d'appel. 

On  parle,  comme  dans  tous  les  systèmes  de  ce  genre,  devant  la 
planchette  et  on  appuie  les  cornets  des  récepteurs  contre  les  oreilles. 


70  A.   BONEL. 

Les  fils  aériens  viennent  de  la  terrasse  de  la  maison  occupée 
par  la  Société  et  rejoignent  les  câbles  souterrains  qui  montent  du 
sol  dans  des  tuyaux  en  fonle,  puis  tous  suivent  des  caniveaux  en 
bois  jusqu'à  un  appartement  où  se  trouve  une  sorte  de  guérite 
dont  les  deux  parois  latérales  possèdent  une  ouverture  circulaire 
d'un  mètre  de  diamètre,  autour  de  laquelle,  à  l'extérieur,  sont 
placés  des  serre-fils  à  double  vis  munis  d'un  paratonnerre  à  papier. 
Les  câbles,  après  avoir  été  répartis  en  dedans  de  la  guérite, 
sortent  par  des  trous  et  se  relient  symétriquement  aux  vis  des 
serre-fils,  tandis  que  des  fils  paraffinés,  attachés  aux  autres  bornes 
plus  près  du  centre,  s'étendent  par  séries  de  sept  sur  le  bord  de 
l'ouverture  circulaire,  retenus  par  des  boules  en  caoutchouc  vissées 
contre  le  cercle,  pour  se  réunir  dans  un  anneau  soutenu  au  centre 
de  la  circonférence  en  dedans  de  la  guérite  au  moyen  d'appuis  en 
fer.  De  celte  façon,  les  fils  paraffinés  s'épanouissent  en  rosace.  Ils 
retombent  jusqu'au  sol  et,  se  relevant  par  séries  de  vingt-cinq, 
gagnent  au  plafond  un  caniveau  qui  les  mène  au  bureau  central. 
Sur  la  rosace  auprès  des  câbles,  sont  clouées  des  fiches  portant 
le  nom  des  abonnés  et  sur  les  fils  paraffines  d'autres  indiquent  le 
numéro  des  fils.  Le  but  de  cette  rosace  est  de  séparer  les  commu- 
nications entre  les  abonnés  et  le  bureau  central,  afin  de  manipuler 
les  fils  avec  plus  de  facilité  en  cas  de  changement  de  lignes. 

Les  fils  paraffinés  relient  la  rosace  aux  tableaux  {fig.  3).  Chaque 
tableau  renferme,  par  rangées  de  cinq,  vingt-cinq  annonciateurs 
surmontant  vingt-cinq  blocs  appelés  jack-knives,  avec  lesquels 
ils  communiquent  séparément,  le  premier  annonciateur  avec  le 
premier  jack-knife  et  ainsi  de  suite.  Le  jack-knife,  d'importation 
américaine,  se  compose  d'un  bloc  de  cuivre  sur  le  haut  duquel 
est  un  ressort  posé  à  plat  qui  sert  à  amener  le  courant.  Il  est  fixé 
sur  le  tableau  au  moyen  de  deux  vis;  celle  de  droite  est  isolée  du 
jack-knife  au  moyen  d'une  rondelle  en  ébonite;  elle  communique 
h  la  terre  à  travers  la  bobine  de  l'annonciateur.  Au  repos,  le  bout 
du  ressort  touche  à  cette  vis  par  une  légère  saillie.  Le  bloc  est 
percé  de  deux  trous;  dans  celui  de  droite  dépasse  un  goujon 
soudé  au  ressort,  de  telle  f^içon  que  si  l'on  introduit  une  fiche 


LBS   RÉSEAUX    TËLËPHONIQUES    DB   BORDEAUX.  71 

métallique,  le  ressort  soulevé  abandonne  la  saillie  de  la  seconde 
vis  et  la  communication  se  trouve  interrompue  entre  le  fit  de 
ligne  et  l'annonciateur. 


(Figi.re3.) 

L'annonciateur  possède  sur  le  devant  du  tableau  un  volet 
métallique  retenu  par  le  prolongement  de  la  palette  d'un  électro- 
aimant placé  derrière  la  boiserie.  Lorsque  l'abonné  veut  appeler 
l'attention  du  bureau  central,  il  appuie  sur  le  bouton  de  sonnerie 
de  son  appareil.  Le  courant  suit  la  ligne,  arrive  à  la  rosace,  passe 
dans  le  fil  paraffiné,  traverse  le  jack-kuife  et  la  bobine  de  l'indi- 
cateur pour  se  perdre  à  la  terre.  Alors  la  palette  attirée  bascule  et 
le  volet  tombe  en  découvrant  le  numéro.  Ce  dernier  se  trouve 
répété,  avec  le  nom  et  l'adresse  de  l'abonné,  sur  une  plaque 
au-dessus  du  jack-knire.  Le  volet  en  s'abaissant  frappe  contre  un 
bouton  de  cuivre  et  ferme  ainsi  le  circuit  local  pour  actionner 
une  sonnerie  d'avertissement  qu'on  met  en  fonction  seulement 
pendant  la  nuit. 

Dans  la  figure  3,  les  numéros  11,  12,  39  et  40  appellent  le 
bureau  central.  La  disposition  pour  répondre  aux  abonnés  est  un 
peu  plus  compliquée.  Il  existe  entre  les  deui  tableaux  une  clef 


72  A.   BONEL. 

d'appel,  en  dessous  de  celle  dernière  une  ouverture  carrée  el,  en 
dessous  encore,  un  cordon  souple  rouge  métallique  terminé  par 
une  fiche  enfoncée  au  repos  dans  un  bloc. 

La  clef  G  B  (fig.  i)  est  une  lame  relevée  contre  un  arrêt  E. 
Le  bouton  H  communique  avec  le  positif  d'une  pile  P  d'environ 


(Figure  4.) 

dix  éléments.  Au  bloc  B,  supportant  la  lame,  est  attaché  le 
cordon  rouge  précité,  et  de  cette  façon,  en  introduisant  la  fiche  F 
dans  le  trou  de  droite  du  jack-knife  correspondant  au  numéro 
découvert,  on  rompt  la  communication  avec  l'indicateur  et  on  la 
met  entre  la  clef  et  Tabonné,  de  sorte  que  si  Ton  presse  sur  le 
bouton  6,  la  lame  quitte  Tarrêt  E,  touche  H  et  lance  le  courant 
sur  la  ligne. 

Pour  parler  à  l'abonné,  l'employée  possède  un  appareil  Edison, 
transformé  et  rendu  portalif.  11  se  compose  d'un  téléphone  placé 
de  façon  à  s'appuyer  contre  l'oreille,  tandis  que  le  transmetteur 
horizontal  et  légèrement  mobile  s'adapte  contre  la  bouche.  Les 
deux  instruments  sont  joints  par  l'intermédiaire  d'un  barreau 
aimanté  redressé  convenablement  et  qui  joue  le  rôle  de  poignée. 

Trois  fils  s'attachent,  un  bleu  et  un  vert  au  téléphone,  le 


LES  RÉSEAUX  TÉLÉPHONIQUES  DE   BORDEAUX.  73 

troisième,  rouge,  au  transmetteur.  Par  leur  autre  extrémité  ils 
sont  reliés  à  des  ressorts  légèrement  bombés  fixés  sur  une 
plaque  d'ébonite  qui  peut  s'adapter  hermétiquement  dans  l'ouver- 
ture carrée  située  au-dessous  de  la  clef  Cette  ouverture  possède 
deux  montants  en  cuivre  revenant  en  équerre  en  bas  et  en  haut, 
et  dans  celte  dernière  partie  existent  en  outre  deux  petites 
plaques  métalliques  qui,  avec  les  montants,  forment  quatre 
contacts  suffisamment  écartés  les  uns  des  autres  et  fixés  sur  une 
lame  d'ébonite.  (Ils  sont  indiqués  dans  la  figure  4,  avec  la 
plaque  prête  à  être  glissée  dans  louverture.)  Le  fil  bleu  du 
téléphone  s'attache  a  la  lame  i ,  le  fil  vert  à  la  lame  4  et  le  fil 
rouge  du  microphone  à  la  lame  2.  Les  lames  communiquent  aux 
contacts  du  même  numéro.  La  lame  et  le  contact  3  servent 
seulement  quand  il  existe  un  fil  de  retour. 

Supposons  la  planchette  R  appliquée  aux  contacts  de  Touver- 
ture,  voici  comment  se  forme  le  circuit  de  transmission.  D'un 
côté,  en  quittant  la  pastille  de  charbon  C^  il  gagne  le  négatif  de 
la  pile  P'  en  passant  par  le  fil  rouge,  la  lame  et  le  contact  2;  de 
Tautre,  il  suit  Taimant  A;  arrivé  en  N  il  est  joint  à  K,  traverse  le 
fil  bleu,  la  lame  et  le  contact  1,  touche  en  passant  le  positif  de  P' 
et  se  rend  à  la  terre  t'  à  travers  le  petit  fil  de  D  ;  par  conséquent, 
en  parlant  devant  M,  les  vibrations  vocales  déterminent  des 
différences  moléculaires  dans  la  pastille  de  charbon  C.  Les 
courants  induits  développés' dans  le  petit  fil  se  rendent  à  la  ligne 
par  le  contact  et  le  ressort  1,  le  fil  bleu,  K,  N,  la  bobine  du 
téléphone,  L,  le  fil  vert,  la  lame  et  le  contact  4,  E,  B,  le  cordon 
rouge  et  F. 

La  réception  par  le  téléphone  s'opère  ainsi  :  les  courants 
induits  émis  par  Tabonné  arrivent  par  F,  B,  E,  le  contact  et  le 
ressort  4,  le  fil  vert  jusqu'à  L,  d'où  ils  remontent  dans  la  bobine 
entourant  Taimanl  considérablement  réduit,  pour  agir  sur  la 
plaque  vibrante  et  ensuite  se  rendre  à  la  terre  par  N,  K,  le  fil 
bleu,  le  ressort  et  le  contact  1  et  enfin  le  petit  fil  de  la  bobine  D. 

Les  blocs  situés  en  dessous  des  tableaux  (fig.  3),  marqués 
longitudinalement  A,B,C,D,E,F  et  numérotés  perpendiculaire- 


74  •  A.    BONEL. 

ment  de  1  à  8,  servent  à  faire  correspondre  entre  eux  les  tableaux 
éloignés.  Chaque  série  est  reliée  par  le  même  fil,  ainsi  A  1  du 
premier  tableau  communique  avec  AI  de  chaque  groupe,  A3 
avec  A 2  et  ainsi  de  suite,  on  obtient  ainsi  le  moyen  de  mettre  en 
rapport  quarante-huit  abonnés  à  la  fois.  Les  rangs  pairs  sont 
noirs  et  les  impairs  jaunes,  afin  de  les  mieux  distinguer. 

En  résumé,  voici  comment  s'exécutent  les  manœuvres  : 

Quand  un  abonné  veut  parler,  son  volet  tombe,  remployée 
enfonce  la  fiche  F  dans  le  trou  de  droite  du  jack-knife  de  cet 
abonné,  puis  elle  sonne,  introduit  la  planchette  du  téléphone 
dans  Touverture  carrée  en  dessous  de  la  clef;  elle  dit  ensuite  : 
c  voilà,  monsieur!  i»  L'abonné  donne  le  nom  de  la  personne  qu'il 
veut  entretenir. 

Pour  parler  à  l'autre  abonné.  L'employée  place  la  fiche  F  dans 
le  trou  de  droite  du  jack-knife  du  second  abonné,  sonne,  puis 
met  son  téléphone  en  communication,  appelle  l'abonné  et  lui  dit  : 
c  avec  Monsieur  X.  »  Elle  retire  la  fiche  ainsi  que  l'appareil  et 
replace  la  première  dans  le  jack-knife  de  l'abonné  appelant,  pour 
l'avertir  par  un  coup  de  sonnette  qu'il  peut  parler.  Elle  prend 
alors  un  cordon  souple  vert  métallique  terminé  par  deux  fiches, 
enfonce  l'une  dans  le  trou  de  gauche  du  plus  bas  numéro  et 
l'autre  dans  le  trou  de  droite  du  numéro  supérieur. 

Cette  différence  a  pour  but  de  laisser  une  communication  par 
le  premier  jack-knife  avec  son  avertisseur  et  la  terre,  de  façon 
que  si  l'un  des  abonnés  sonne,  le  volet  en  tombant  signale  la  fin 
de  la  conversation. 

Cette  façon  d'opérer  ne  peut  se  faire  que  sur  deux  tableaux 
voisins.  On  irait  encore  au  besoin  aux  premiers  numéros  d'un 
troisième;  mais  s'il  s'agit  d'une  plus  grande  étendue,  on  se  sert 
des  conjoncteurs  du  bas.  Je  suppose  que  le  numéro  200  veuille 
parler  au  numéro  310;  on  place  une  fiche  d'un  cordon  vert  dans 
le  trou  de  gauche  du  jack-knife  200,  la  fiche  d'un  second  cordon 
dans  le  trou  de  droite  du  jack-knife  310  et  les  fiches  libres  de 
chaque  cordon  dans  les  blocs  du  bas  portant  le  même  numéro  et 
la  même  lettre. 


LES  RÉSEAUX  TÉLÉPHONIQUES  DE  BORDEAUX.  75 

Gomme  dans  Tautre  disposition  aussitôt  que  Findicateur  laissé 
en  dérivation  fait  tomber  son  volet,  la  conversation  est  terminée 
et  on  enlève  les  cordons. 

Dans  la  figure  3,  on  a  relié  les  jack-knifes  des  numéros  17  et  43. 
Le  premier  tableau  a  des  communications  avec  d'autres  plus 
éloignés,  par  le  jack-knife  numéro  4  relié  au  bloc  B  4  et  le 
jack-knife  numéro  20  en  rapport  avec  le  bloc  A 2.  Le  cordon 
rouge  du  milieu  est  au  repos  et  le  second  tableau  a  seulement 
sur  les  conjoncteurs  le  bloc  D8  avec  le  jack-knife  numéro  30. 

Il  existe  seize  tableaux  au  bureau  central.  Ils  sont  destinés  à 
quatre  cents  abonnés  et  il  est  à  supposer  qu'ils  seront  bientôt 
insuffisants,  puisqu'a  Theure  qu'il  est  trois  cent  trente  numéros 
fonctionnent. 

Le  réseau  de  Bordeaux,  ainsi  qu'on  Ta  vu  par  ce  qui  précède, 
s'est  considérablement  développé  ;  on  apprécie  de  plus  en  plus  ce 
mode  de  correspondance,  de  sorte  que  dans  un  temps  prochain 
le  téléphone  sera  considéré  comme  un  accessoire  indispensable. 

Les  chiffres  suivants  donneront  une  idée  de  l'accroissement  du 
service.  Au  mois  de  novembre  1881,  il  y  avait  146  abonnés  avec 
825  communications  par  semaine;  en  novembre  1882,  233  abon- 
nés et  4,500  communications  ;  au  même  mois  1883, 298  abonnés 
et  12,100  communications. 

On  voit  que  les  abonnés,  en  tenant  compte  de  leur  nombre, 
ont  usé  du  téléphone  dans  une  forte  progression. 


II. 

RÉSEAU  MUNICIPAL. 

En  1883,  la  ville  de  Bordeaux,  sur  l'initiative  de  M.  Bayssel- 
lance,  ingénieur  de  la  marine,  adjoint  délégué  aux  travaux 
publics,  et  de  M.  Wolff,  ingénieur  en  chef  des  ponts  et  chaussées, 
directeur  des  travaux  municipaux,  a  fait  établir  un  réseau  destiné 
à  relier  les  postes  d'octroi  et  de  police  au  moyen  du  téléphone. 

Il  y  a  quelques  années,  alors  que  les  moyens  de  correspondance 


^'■^^^ 


NOTid] 


suu 


UNE  NOUVELLE  PILE  A  GAZ 

ET  L'ACTION  CHIMIQUE  DE  L'EFFLUVE  ÉLECTRIQUE 


PARU.  A.  FIGUIER. 


Pile  à  gaz.  --  Synthèses  chimiques  obtenues 

avec  cet  appareil. 

Cette  pile  (fig.  1)  est  constiluéc  par  deux  cylindres  creux  en 
graphite,  fermés  à  leur  base  inférieure,  et  rendus  inipolarisables 
par  un  dépôt  adhérent  de  mousses  charbonneuses  ou  métalliques. 
Chaque  cylindre  est  muni,  à  sa  partie  supérieure,  d'un  collier 
métallique  servant  d'attache  au  réophore;  ce  collier  comprime 
fortement  le  cylindre,  enduit  ultérieurement  de  résine  dans  la 
portion  qui  lui  est  contiguë,  afin  d'éviter  Tascension  capillaire  du 
liquide  dans  lequel  plonge  le  couple. 

Ces  deux  cylindres,  offrant  ainsi  un  grand  développement  de 
surface  à  Faction  des  gaz  et  du  liquide,  sont  maintenus  par  le 
couvercle  de  la  pile,  qui  ferme  hermétiquement,  à  une  très  faible 
distance  Tun  de  Tautre,  ce  qui  atténue  la  résistance  intérieure 
provenant  du  liquide  interj^sé.  Enfin,  chacun  de  ces  cylindres 
est  fermé  par  un  bo'hon  livrant  passage  à  deux  tubes  servant  à 
rentrée  et  à  la  sortie  des  gaz.  L'un  de  ces  tubes  afiSeure  la  base 
inférieure  du  bouchon  ;  Tautre,  le  tube  de  sortie,  pénètre  jusqu'au 
fond  du  cylindre. 

Cette  disposition  a  pour  but  d'expulser  dans  un  récipient  disposé 
à  cet  effet,  au  fur  et  à  mesure,  et  par  la  simple  pression  des  gaz, 
le  liquide  qui  peut  s'infiltrer  à  la  longue  dans  les  cavités  des 
cylindres.  J'ai  employé  également,  en  place  de  cylindres  en 
charbon  de  cornue,  des  godets  en  porcelaine  dégourdie,  et 
fortement  imprégnés  de  mousse  de  platine.  L'argent,  le  plomb 


92  A.  FIGUIER. 

et  d'autres  nicUiux  peuvent  âtre  substitués,  par  économie,  au 
platine,  dans  des  cas  spéciaux.  L'un  des  cylindres  peut  être 
remplacé  par  une  tige  pleine  en  charbon  im^jolarisable,  lorsqu'on 
veut  faire  agir  isolément  un  gaz  sur  un  liquide. 

II  y  a  avantage  à  employer  un  liquide  alcalin  toutes  les  fois 
que  les  gaz,  en  réagissant  Tun  sur  Faulre,  doivent  donner  lieu  à 
un  composé  acide,  et  réciproquement. 

Ces  piles  ne  consomment  que  par  suite  de  la  fermeture  du 
circuit;  dans  le  cas  contraire,  Tusure  des  gaz  provenant  d'actions 
locales  se  réduit  à  peu  de  chose. 

La  détermination  du  courant  définitif,  dans  la  pile  à  gaz,  est 
subordonnée  à  un  ensemble  de  conditions  dont  il  faut  d'abord 
tenir  compte. 

1^  La  simple  immersion  des  deux  charbons  dans  le  liquide  de 
la  pile  donne  lieu  à  un  courant  différentiel,  dont  on  ne  peut 
prévoir  le  sens,  provenant  d'actions  capillaires  inégales,  et  qui 
ne  cesse  qu'après  que  l'imbibilion  est  complète.  J'ai  pu  constater, 
par  une  expéripnce  directe,  que  ce  courant  était  dirigé  du  liquide 
au  charbon,  c'est-à-dire  dans  le  sens  même  du  transport  méca- 
nique. 

2^  Tant  que  le  liquide  électrolytique  n'est  pas  saturé  par  les 
gaz  qui  y  parviennent,  en  traversant  les  cylindres,  il  s'établit  un 
double  courant  de  dissolution,  dont  la  résultante  est  dirigée  du 
gaz  le  plus  soluble  au  liquide. 

3°  Une  fois  que  le  liquide  est  saturé,  le  courant  devient  très 
régulier,  et  de  sens  invariable;  il  se  dirige  alors  dans  le  sens  du 
mouvement  diffusif  prépondérant  de  l'un  des  deux  gaz.  On  peut 
donc  le  prévoir  par  la  loi  de  la  diffusion  simple,  qui,  bien 
qu'altérée  par  suite  de  l'interposition  d'un  septum  entre  les  gaz 
en  présence,  conserve  néanmoins  ses  allures  générales. 

4^  Les  liquides  qui  ont  pénétré  dans  les  cavités  des  charbons 
contiennent  en  plus  grande  quantité,  surtout  au  pôle  positif,  le 
produit  formé.  Ce  dernier  parait  prendre  naissance  au  contact  du 
charbon,  et  par  suite  de  l'occlusion. 

L'action  chimique  s'accomplissant  inégalement,  mais  simulta* 


•      * 

«       ■ 


NOTE  SUR  LA  PILE  A  GAZ.  93 

Dément  aux  deux  pAles  de  la  pile,  donne  encore  lieu  à  un  courant 
différentiel,  de  même  sens  que  celui  provenant  de  la  diffusion, 
qui  n'a  pour  effet  que  de  maintenir  la  saturation  du  liquide. 

Il  n'en  est  pas  moins  vrai,  pour  ces  dernières  raisons,  que  le 
courant  extérieur  indiqué  par  le  galvanomètre  ne  saurait  traduire 
la  somme  d'actions  chimiques  accomplies. 

Le  courant  issu  d'une  pile  à  gaz  à  deux  cylindres  peut  être  très 
faible,  et  néanmoins  l'action  chimique  concomitante  relativement 
énergique. 

Les  mousses  charbonneuses  ou  métalliques,  qui  imprègnent  les 
électrodes,  ont  pour  double  but  de  maintenir  l'évolution  du  courant, 
en  s'opposant  à  la  polarisation,  et  de  faciliter  l'union  des  gaz  qui 
s'accumulent  simultanément  par  occlusion,  et  par  conséquent 
sous  des  pressions  énormes,  dans  les  interstices  des  corps  poreux. 

Chaque  charbon  est  maintenu  saturé  par  suite  d.e  la  circulation 
continue  du  gaz  qu'il  reçoit  et  qu'il  cède  au  liquide  de  la  pile, 
tant  que  ce  dernier  n'en  est  point  saturé;  ce  qui  ne  peut  avoir 
lieu  qu'autant  que  le  circuit  est  fermé,  c'est-à-dire  pendant  que 
les  deux  gaz,  en  se  combinant,  tendent  à  appauvrir  le  liquide. 
Des  gazomètres  bien  réglés  permettent  d'introduire  séparément, 
sous  pression  si  l'on  veut,  les  gaz  dans  les  cylindres.  Un  excès  de 
pression,  soit  directe,  soit  provenant  de  la  circulation  rapide  des 
gaz,  a  pour  effet  d'augmenter  l'intensité  du  courant. 

Les  cylindres  saturés  de  gaz  différents  accusent  une  polarité 
distincte,  de  même  que  le  liquide  et  le  cylindre  récepteur  du  gaz, 
lorsqu'on  fait  intervenir  un  seul  gaz  sur  un  liquide..  Ces  piles 
donnent  des  courants  faibles  mais  très  constants,  contribuant, 
avec  l'occlusion,  à  combiner  des  gaz  qui,  dans  les  conditions 
ordinaires,  resteraient  indéfiniment  à  l'état  de  mélange.  Leur 
jeu  peut  se  rapprocher  de  celui  des  autres  électro-moteurs,  où 
l'on  voit  le  courant  se  propager  dans  le  sens  même  du  transport 
mécanique,  du  mouvement  moléculaire  ou  d'ordre  purement 
physique,  comme  cela  a  lieu  pour  la  machine  hydro-électrique 
d'Amstrong,  pour  les  piles  ordinaires,  où  le  métal  dissous 
pénètre  chimiquement  dans  le  liquide  actif. 


94  A.  FIGUIER. 

La  fermeture  du  circuit  doit  augmenter  le  mouvement  diffùsif 
dans  la  pile  ù  gaz;  j'ai  démontré  un  fait  analogue  pour  la  dialyse 
des  liquides.  Ce  phénomène  s'accompagne  d'un  courant  électrique, 
dirigé  dans  le  sens  du  transport  plus  rapide  de  Tun  des  deux 
liquides,  à  travers  le  septum  qui  les  sépare.  La  vitesse  de  diffusion 
augmente  ou  diminue,  suivant  qu'on  ferme  ou  qu'on  ouvre  le 
circuit.  Cette  vitesse  augmentera  si  l'on  relie  plusieurs  dialyseurs 
en  tension  électrique,  soit  entre  eux,  soit  avec  un  couple  ordi- 
naire; elle  diminuera,  au  contraire,  si  le  courant  propre  de  la 
dialyse  est  opposé  à  celui  du  couple  extérieur.  Dans  quelques^nes 
des  expériences  que  je  mentionnerai,  j'ai  soumis,  &  un  moment 
donné,  à  l'action  de  l'effluve,  successivement  secs  et  humides,  les 
gaz  qui  alimentaient  la  pile.  Cette  dernière,  ea  relation  ccmattofe 
avec  un  galvanomètre  sensible,  permettait  d'apprécier  les  modifi- 
cations survenues  dans  les  gaz,  propres  à  influer  nécessairement 
sur  le  régime  du  courant. 

La  bobine  de  Ruhmkorff,  qui  excitait  les  tubes  à  décharge 
traversés  par  les  gaz,  était  disposée  dans  une  pièce  voisine,  de 
même  que  les  tubes  juxtaposés  à  la  pile,  à  une  assez  grande 
distance  du  galvanomètre  ainsi  soustrait  à  leur  influence. 


Expériences  faites  avec  la  pile  à  gaz. 

Couples.  —  Hydrogène  et  Oxygène.  —  Acide  sulfurique  étendu. 
Hydrogène,  pôle  négatif.  L'effluve  a  été  sans  influence  sur  l'hydro- 
gène; le  courant  a  fortement  augmenté  après  l'ozonisation  de 
l'oxygène. 

Acide  sulfureux  et  Air  atmosphérique.  —  Eau  ordinaire.  Acide 
sulfureux,  pôle  positif.  Formation  d'acide  sulfurique.  Courant 
intense. 

Chlore  et  Hydrogène.  —  Eau  distillée;  chlore,  pôle  positif.  Coi^ 
rant  énergique.  Formation  d'acide  chlorhydrique. 

a.  Chlore  et  Oxygène.  —  Eau  distillée  contenant  cinq  millièmes 
de  soude  caustique.  Chlore,  pôle  positif.  L'effluve  a  été  sans  action 


NOTE  SUR  LA  PILE  A  GAZ.  95 

sur  ie  chlore  ;  sur  Toxygène  elle  a  eu  pour  effet  d'augmenter  le 
courant.  Acide  chlorique. 

b.  Chlore  et  Oxygène.  — Eau  pure.  Chlore,  pôle  positif.  L'effluve 
n'a  point  agi  dans  cette  expérience.  La  liqueur  rendue  acide 
contenait  de  Facide  chlorique. 

Nota.  —  Les  couples  qui  ont  servi  aux  essais  sur  le  chlore  étaient  montés  avec 
des  charbons  à  mousse  charbonneuse. 

Azoteet  Oxygène. — Solution  très  étendue  de  carbonate  de  soude. 
Oxygène,  pôle  positif.  Courant  faible.  Le  couple  était  formé  de 
quatre  cylindres,  contenus  dans  im  même  vase  et  reliés  deux  à 
deux  en  quantité.  L'effluve  a  été  sans  effets  appréciables  sur 
l'azote  ;  avec  l'oxygène  ozonisé,  le  courant  est  devenu  plus  fort. 
Acide  azotique. 

Azote  et  Hydrogène.  —  Eau  très  légèrement  acidulée.  Formation 
d'ammoniaque. 

a.  Acide  carbonique  et  Oxyde  decarbone.  —  Solution  très  étendue 
de  carbonate  d'ammoniaque.  Acide  carbonique,  pôle  positif.  Acide 
formique.  Traces  d'acide  oxalique. 

b.  Oooyde  de  carbone  et  Carbonate  neutre  de  soude  à  2  OjO. — 
Un  seul  cylindre  recevant  l'oxyde  de  carbone.  L'autre  pôle  était 
constitué  par  une  baguette  de  charbon.  Oxyde  de  carbone,  pôle 
négatif.  Formation  simultanée  d'acides  oxalique  et  formique. 

Gaz  olé fiant  et  Oxygène. — Carbonate  de  soude  dilué  au  centième. 
Courant  faible.  Oxygène  pôle  positif;  effluve  sans  action  appré- 
ciable sur  rbydrocarbure.  L'ozonisalion  de  Toxygène  active  forte- 
ment le  courant.  Acides  acétique  et  formique. 

Acide  carbonique  et  Hydrogène.  —  Cette  expérience  a  été  faite 
avec  une  pile  formée  de  quatre  cylindres  en  porcelaine,  fortement 
platinés,  associés  deux  à  deux  en  quantité,  et  contenus  dans  un 
seul  vase.  Bicarbonate  de  soude  dilué  au  centième;  hydrogène, 
pôle  négatif.  Acide  formique.  Après  quelques  jours  d'action,  on 
a  fait  cesser  le  courant  d'acide  carbonique  en  maintenant  le 
courant  d'hydrogène.  L'acide  formique  a  fini  par  disparaître 
presque  complètement.  La  liqueur  a  donné  alors  toutes  les 


NOTJa 

8L'U 

UNE  NOUVELLE  PILE  A  GAZ 

ET  L'ACTION  CHIMIQUE  DE  rEFFLU\^  ÉLECTRIQUE 

PAR  H.  A.  FIGUIER. 


Pile  à  gaz.  —  Synthèses  chimiques  obtenues 

avec  cet  appareil. 

Cette  pile  (fig.  1)  est  constituée  par  deux  cylindres  creux  en 
graphite,  fermés  à  leur  base  inférieure,  et  rendus  inipolarisables 
par  un  dépôt  adhérent  de  mousses  charbonneuses  ou  métalliques. 
Chaque  cylindre  est  muni,  à  sa  partie  supérieure,  d'un  collier 
métallique  servant  d'attache  au  réophore;  ce  collier  comprime 
fortement  le  cylindre,  enduit  ultérieurement  de  résine  dans  la 
portion  qui  lui  est  contiguë,  afin  d'éviter  l'ascension  capillaire  du 
liquide  dans  lequel  plonge  le  couple. 

Ces  deux  cylindres,  offrant  ainsi  un  grand  développement  de 
surface  à  Taction  des  gaz  et  du  liquide,  sont  maintenus  par  le 
couvercle  de  la  pile,  qui  ferme  hermétiquement,  à  une  très  faible 
distance  Tun  de  Tautre,  ce  qui  atténue  la  résistance  intérieure 
provenant  du  liquide  inter(k)sé.  Enfin,  chacun  de  ces  cylindres 
est  fermé  par  un  bouchon  livrant  passage  à  deux  tubes  servant  à 
l'entrée  et  à  la  sortie  des  gaz.  L'un  de  ces  tubes  afiSeure  la  base 
inférieure  du  bouchon;  l'autre,  le  tube  de  sortie,  pénètre  jusqu'au 
fond  du  cylindre. 

Cette  disposition  a  pour  but  d'expulser  dans  un  récipient  disposé 
à  cet  effet,  au  fur  et  à  mesure,  et  par  la  simple  pression  des  gaz, 
le  liquide  qui  peut  s'infiltrer  à  la  longue  dans  les  cavités  des 
cyliadres.  J'ai  employé  également,  en  place  de  cylindres  en 
charbon  de  cornue,  des  godets  en  porcelaine  dégourdie,  et 
fortement  imprégnés  de  mousse  de  platine.  L'argent,  le  plomb 


«  •    •  • 


9i  A.  FIGUIER. 

et  d'autres  métaux  peuvent  4tre  substitués,  par  économie,  au 
platine,  dans  des  cas  spéciaux.  L'un  des  cylindres  peut  être 
remplacé  par  une  tige  pleine  en  charbon  impolarisable,  lorsqu'on 
veut  faire  agir  isolément  un  gaz  sur  un  liquide. 

Il  y  a  avantage  à  employer  un  liquide  alcalin  toutes  les  fois 
que  les  gaz,  en  réagissant  Tun  sur  Fautre,  doivent  donner  lieu  à 
un  composé  acide,  et  réciproquement. 

Ces  piles  ne  consomment  que  par  suite  de  la  fermeture  du 
circuit;  dans  le  cas  contraire,  Tusure  des  gaz  provenant  d'actions 
locales  se  réduit  à  peu  de  chose. 

La  détermination  du  courant  définitif,  dans  la  pile  à  gaz,  est 
subordonnée  à  un  ensemble  de  conditions  dont  il  faut  d'abord 
tenir  compte. 

1^  La  simple  immersion  des  deux  charbons  dans  le  liquide  de 
la  pile  donne  lieu  à  un  courant  différentiel,  dont  on  ne  peut 
prévoir  le  sens,  provenant  d'actions  capillaires  inégales,  et  qui 
ne  cesse  qu'après  que  l'imbibilion  est  complète.  J'ai  pu  constater, 
par  une  expérience  directe,  que  ce  courant  était  dirigé  du  liquide 
au  charbon,  c'est-à-dire  dans  le  sens  même  du  transport  méca- 
nique. 

2°  Tant  que  le  liquide  éleclrolytique  n'est  pas  saturé  par  les 
gaz  qui  y  parviennent,  en  traversant  les  cylindres,  il  s'établit  un 
double  courant  de  dissolution,  dont  la  résultante  est  dirigée  du 
gaz  le  plus  soluble  au  liquide. 

3^  Une  fois  que  le  liquide  est  saturé,  le  courant  devient  très 
régulier,  et  de  sens  invariable;  il  se  dirige  alors  dans  le  sens  du 
mouvement  diffusif  prépondérant  de  l'un  des  deux  gaz.  On  peut 
donc  le  prévoir  par  la  loi  de  la  diffusion  simple,  qui,  bien 
qu'altérée  par  suite  de  Tinterposition  d'un  septum  entre  les  gaz 
en  présence,  conserve  néanmoins  ses  allures  générales. 

4"^  Les  liquides  qui  ont  pénétré  dans  les  cavités  des  charbons 
contiennent  en  plus  grande  quantité,  surtout  au  pôle  positif,  le 
produit  formé.  Ce  dernier  parait  prendre  naissance  au  contact  du 
charbon,  el  par  suite  de  l'occlusion. 

L'action  chimique  s'accomplissant  inégalement,  mais  simult^ 


•  «  »  ■ 


NOTE  SUR  LA  PILE  A  GAZ.  93 

nément  aux  deux  pAles  de  la  pile,  donne  encore  lieu  à  un  courant 
différentiel,  de  même  sens  que  celui  provenant  de  la  diffusion, 
qui  n'a  pour  effet  que  de  maintenir  la  saturation  du  liquide. 

Il  n'en  est  pas  moins  vrai,  pour  ces  dernières  raisons,  que  le 
courant  extérieur  indiqué  par  le  galvanomètre  ne  saurait  traduire 
la  somme  d'actions  chimiques  accomplies. 

Le  courant  issu  d'une  pile  à  gaz  à  deux  cylindres  peut  être  très 
faible,  et  néanmoins  Faction  chimique  concomitante  relativement 
énergique. 

Les  mousses  charbonneuses  ou  métalliques,  qui  imprègnent  les 
électrodes,  ont  pour  double  but  de  maintenir  révolution  du  courant, 
en  s'opposant  à  la  polarisatioDi  et  de  faciliter  Funion  des  gaz  qui 
s'accumulent  simultanément  par  occlusion,  et  par  conséquent 
sous  des  pressions  énormes,  dans  les  interstices  des  corps  poreux. 

Chaque  charbon  est  maintenu  saturé  par  suite  d.e  la  circulation 
continue  du  gaz  qu'il  reçoit  et  qu'il  cède  au  liquide  de  la  pile, 
tant  que  ce  dernier  n'en  est  point  saturé;  ce  qui  ne  peut  avoir 
lieu  qu'autant  que  le  circuit  est  fermé,  c'est-à-dire  pendant  que 
les  deux  gaz,  en  se  combinant,  tendent  à  appauvrir  le  liquide. 
Des  gazomètres  bien  réglés  permettent  d'introduire  séparément, 
sous  pression  si  l'on  veut,  les  gaz  dans  les  cylindres.  Un  excès  de 
pression,  soit  directe,  soit  provenant  de  la  circulation  rapide  des 
gaz,  a  pour  effet  d'augmenter  l'intensité  du  courant. 

Les  cylindres  saturés  de  gaz  différents  accusent  une  polarité 
distincte,  de  métne  que  le  liquide  et  le  cylindre  récepteur  du  gaz, 
lorsqu'on  fait  intervenir  un  seul  gaz  sur  un  liquide..  Ces  piles 
donnent  des  courants  faibles  mais  très  constants,  contribuant, 
avec  rocclusion,  à  combiner  des  gaz  qui,  dans  les  conditions 
ordinaires,  resteraient  indéfiniment  à  Tétat  de  mélange.  Leur 
jeu  peut  se  rapprocher  de  celui  des  autres  électro-moteurs,  où 
l'on  voit  le  courant  se  propager  dans  le  sens  même  du  transport 
mécanique,  du  mouvement  moléculaire  ou  d'ordre  purement 
physique,  comme  cela  a  lieu  pour  la  machine  hydro-électrique 
d'Amstrong,  pour  les  piles  ordinaires,  où  le  métal  dissous 
pénètre  chimiquement  dans  le  liquide  actif. 


94  A.  FIGUIER. 

La  fermeture  du  circuit  doit  augmenter  le  mouvement  diffusif 
dans  la  pile  à  gaz;  j'ai  démontré  un  fait  analogue  pour  la  dialyse 
des  liquides.  Ce  phénomène  s'accompagne  d'un  courant  électrique, 
dirigé  dans  le  sens  du  transport  plus  rapide  de  Tun  des  deux 
liquides,  à  travers  le  septum  qui  les  sépare.  La  vitesse  de  diffusion 
augmente  ou  diminue,  suivant  qu'on  ferme  ou  qu'on  ouvre  le 
circuit.  Cette  vitesse  augmentera  si  l'on  relie  plusieurs  dialyseurs 
en  tension  électrique,  soit  entre  eux,  soit  avec  un  couple  ordi- 
naire; elle  diminuera,  au  contraire,  si  le  courant  propre  de  la 
dialyse  est  opposé  à  celui  du  couple  extérieur.  Dans  quelque&imes 
des  expériences  que  je  mentionnerai,  j'ai  soumis^  à  un  moment 
donné,  à  l'action  de  Fcffluve,  successivement  secs  et  humides,  les 
gaz  qui  alimentaient  la  pile.  Celte  dernière,  ea  celatioa  comtânie 
avec  un  galvanomètre  sensible,  permettait  d'apprécier  les  modifi- 
cations survenues  dans  les  gaz,  propres  à  influer  nécessairement 
sur  le  régime  du  courant. 

La  bobine  de  Ruhmkorff,  qui  excitait  les  tubes  à  décharge 
traversés  par  les  gaz,  était  disposée  dans  une  pièce  voisine,  de 
même  que  les  tubes  juxtaposés  à  la  pile,  à  une  assez  grande 
distance  du  galvanomètre  ainsi  soustrait  à  leur  influence. 


Expériences  faites  avec  la  pile  à  gaz. 

Couples.  —  Hydrogène  et  Oxyghu.  —  Acide  sulfurique  étendu. 
Hydrogène,  pôle  négatif.  L'effluve  a  été  sans  influence  sur  l'hydro- 
gène; le  courant  a  fortement  augmenté  après  l'ozonisation  de 
l'oxygène. 

Acide  sulfureux  et  Air  atmosphérique.  —  Eau  ordinaire.  Acide 
sulfureux,  pôle  positif.  Formation  d'acide  sulfurique.  Courant 
intense. 

Chlore  et  Hydrogène.  —  Eau  distillée;  chlore,  pôle  positif.  Cou- 
rant énergique.  Formation  d  acide  chlorhydrique. 

a.  Chlore  et  Oxygène.  —  Eau  distillée  contenant  cinq  millièmes 
de  soude  caustique.  Chlore,  pôle  positif.  L'effluve  a  été  sans  action 


NOTE  SUR  LA  PILE  A  GAZ.  95 

sur  i&  chlore  ;  sur  Toxygène  elle  a  eu  pour  effet  d'augmenter  le 
courant.  Acide  chlorique. 

b.  Chlore  et  Oxygène.  — Eau  pure.  Chlore,  pôle  positif.  L'effluve 
n'a  point  agi  dans  cette  expérience.  La  liqueur  rendue  acide 
contenait  de  Tacide  chlorique. 

Nota.  —  Les  couples  qui  ont  servi  aux  essais  sur  le  chlore  étaient  montés  avec 
des  charbons  à  mousse  charbonneuse. 

Azote  et  Oxygène. — Solution  très  étendue  de  carbonate  de  soude. 
Oxygène,  pôle  positif.  Courant  faible.  Le  couple  était  formé  de 
quatre  cylindres,  contenus  dans  un  même  vase  et  reliés  deux  à 
deux  en  quantité.  L'effluve  a  été  sans  effets  appréciables  sur 
l'azote;  avec  l'oxygène  ozonisé,  le  courant  est  devenu  plus  fort. 
Acide  azotique. 

Azote  et  Hydrogène.  —  Eau  très  légèrement  acidulée.  Formation 
d'ammoniaque. 

a.  Acide  carbonique  et  Oxyde  decarbone.  —  Solution  très  étendue 
de  carbonate  d'ammoniaque.  Acide  carbonique,  pôle  positif.  Acide 
formique.  Traces  d'acide  oxalique. 

b.  Oxyde  de  carbone  et  Carbonate  neutre  de  soude  à  2  OjO. — 
Un  seul  cylindre  recevant  l'oxyde  de  carbone.  L'autre  pôle  était 
constitué  par  une  baguette  de  charbon.  Oxyde  de  carbone,  pôle 
négatif.  Formation  simultanée  d'acides  oxalique  et  formique. 

Gaz  olé fiant  et  Oxygène. — Carbonate  de  soude  dilué  au  centième. 
Courant  faible.  Oxygène  pôle  positif;  effluve  sans  action  appré- 
ciable sur  rhydrocarbure.  L'ozonisalion  de  Toxygène  active  forte- 
ment le  courant.  Acides  acétique  et  formique. 

Acide  carbonique  et  Hydrogène.  —  Cette  expérience  a  été  fiute 
avec  une  pile  formée  de  quatre  cylindres  en  porcelaine,  fortement 
platinés,  associés  deux  à  deux  en  quantité,  et  contenus  dans  un 
seul  vase.  Bicarbonate  de  soude  dilué  au  centième;  hydrogène, 
pôle  négatif.  Acide  formique.  Après  quelques  jours  d'action,  on 
a  fait  cesser  le  courant  d'acide  carbonique  en  maintenant  le 
courant  d'hydrogène.  L'acide  formique  a  fini  par  disparaître 
presque  complètement.  La  liqueur  a  donné  alors  toutes  les 


96  A.  FIGUIER. 

réactions  de  Pacide  acétique  »   avec  des  traces   insignifiantes 
d'acide  oxalique. 

La  recherche  synthétique  des  acides  oxalique,  formique  et 
acétique  a  été  faite  en  vue  d'éclairer  la  genèse  de  ces  composés 
dans  réconomie  vivante. 

Nota.  —  Les  couples  Chlore  et  Oxygène,  Acide  carbonique  et  Hydrogène  ont  donné 
lieu  au  début  à  un  courant  de  dissolution.  Le  chlore  et  l'acide  carbonique  ont  fixé 
d'abord  le  pôle  négatif.  Le  courant  dans  chacun  de  ces  couples  a  diminué  peu  à  peu 
et  a  fini  par  s*inverser,  pour  faire  place  au  courant  normal  de  diffusion.  Cette  obser- 
vation vi^nt  à  l'appui  de  ce  qui  a  été  dit  plus  haut  à  propos  du  sens  dn  courant  dans 
les  piles. 


Expériences  faites  par  Fintermédiaire  de  l*eflluve 
à  l'aide  de  nouveaux  ozouisenrs. 

Ces  expériences  ont  été  exécutées  à  Faide  des  appareils  à 
décharge  électrique  figurés  sur  le  croquis  ci-joint,  accompagné 
d  une  légende  explicative. 

Les  gaz  expérimentés,  soit  isolément,  en  présence  d'un  composé 
solide,  soit  mélangés  à  d'autres  gaz  ou  à  des  vapeurs,  parcouraient 
lentement,  et  d'une  façon  continue,  Tappareil.  J*ai  cherché  ainsi 
à  éviter  la  formation  de  produite  secondaires,  qui  auraient  pu 
provenir  de  la  condensation  ou  de  la  dissociation  de  la  molécule 
primitivement  formée.  Cet  effet  a  lieu  généralement  quand  on 
opère  en  vase  clos,  en  prolongeant  Taction  de  Télectricité. 
L'ensemble  des  résultats  obtenus  parait  montrer  que  la  décharge 
disruplive,  qui  peut  déterminer  la  combinaison  de  cerlaios 
mélanges  gazeux,  est  propre  en  même  temps  à  provoquer  des 
phénomènes  de  dissociation  ; 

Que  Teffluve,  sous  forme  de  pluie  de  feu,  convient  pour 
provoquer  des  actions  chimiques  par  voie  de  substitution,  et  enfin 
que  Teffluve  obscure  se  prête  davantage  à  la  formation  de  composés 
par  voie  d'addition. 

Action  de  l'effluve  sur  le  soufre.  — -  Une  solution  de  sulfure  de 
sodium  sursaturée  de  soufre  a  été  introduite  dans  un  petit  ozoni- 
seur  vertical.  Une  baguette  d'étain  et  une  lame  de  platine  platini- 


NOTE  SUR  LA  PILB  A  GAZ.  97 

sée  plongeaient  simultanément  dans  la  liqueur,  et  constituaient 
ainsi  un  couple  dont  le  courant  Irès  régulier  était  mesuré  à  Taide 
d'un  galvanomètre  intercalé  dans  son  circuit.  Dès  que  Fozoniseur 
a  été  excité,  le  courant  est  devenu  plus  fort;  TefOuve  ayant  cessé 
d^agir^  le  courant  a  rétrogradé  très  lentement.  L'expérience, 
répétée  plusieurs  fois,  a  donné  des  résultats  concordants,  et  paraît 
démontrer  que  le  soufre  aurait  subi  une  modification  analogue  à 
celle  de  Toxygène  devenu  ozone,  et  activant  son  affinité. 

Oxygène  et  Soufre.  —  L'oxygène  était  dirigé  dans  Tozoniseur 
contenant  de  la  pierre  ponce  imprégnée  de  fleur  de  soufre  humide. 
L'acide  sulfurique  se  forme  plus  rapidement  et  en  plus  grande 
abondance  que  par  l'action,  en  dehors  de  l'ozoniseur,  de  l'ozone 
sur  le  soufre  délayé  dans  l'eau. 

Ozone  et  Sélénium.  —  Acide  sélénieux. 

Ozone  et  Tellure.  —  Action  insensible. 

Oxygène  et  Chlore  humides,  sur  ponce  potassée.  — Acide  chlo- 
rique. 

Oxygène  et  vapeurs  (Vacide  chlorhydrique.  —  Acide  chlorique. 

Ozone  et  Iode,  en  présence  de  l'eau.  —  Acide  iodique. 

Ozone  et  Brome,  en  présence  de  F  eau.  —  Acide  bromique. 

Air  atmosphérique  et  Potasse  caustique;  pierre  ponce  potas- 
sée contenue  dans  l'ozoniseur  traversé  par  Fair.  —  Acide  azo* 
tique. 

Oxygène  et  Protoxyde  d^azote,  sur  pierre  ponce  potassée.  — 
Acide  azotique. 

Hydrogène  et  Azote;  ponce  imbibée  d'acide  sulfurique  très 
étendu.  — De  l'Ammoniaque  s'est  dégagé  en  abondance,  au  sortir 
de  l'ozoniseur. 

Hydrogène  et  Soufre.  —  Hydrogène  sulfuré. 

Hydrogène  et  Sélénium.  —  Hydrogène  sélénié;  action  moins 
énergique  que  la  précédente. 

Hydrogène  et  Tellure.  —  Action  insensible. 

Hydrogène  et  Arsenic.  —  d^ 

Hydrogène  et  Antimoine.  —  d^ 

Hydrogène  et  Phosphore  rouge.  —  d° 

T.  II  (8«  Série).  7 


1° 
lo 


8  A.  FIGUIER. 

Hydrogène  et  Phosphore  ordinaire.  —  Hydrogène  phosphore, 
spontanément  inflan) inable. 

Oxygène  et  Alcool;  Toxygène  pénétrait  dans  Tozoniseur  conte- 
nant de  la  ponce  potassée,  après  avoir  barboté  dans  de  Talcool 
tiède.  —  Acide  acétique  souillé  d'un  peu  d'acide  formique. 

Oxygène  et  Formiate  de  soude  (pluie  de  feu).  —  Acide  oxalique 
en  quantité  notable,  et  traces  d'acide  carbonique. 

Oxygène  et  Acide  formique  (décharge  disruptive  sur  mélange 
d'oxygène  et  de  vapeur  d'acide  formique).  —  Acide  carbonique  et 
traces  d'acide  oxalique.  Avec  Teffluve,  Tessai  a  été  négatif. 

Oxyde  de  carbone  et  Carbonate  de  potasse.  —  Formation  en 
laible  quantité  d'acides  oxalique  et  formique. 

Oxyde  de  carbone  et  Carbonate  d'ammoniaque.  —  Même  résul- 
tat que  ci-dessus. 

Oxyde  de  carbone  et  Potasse  caustique.  —  Acide  formique  en 
quantité  notable. 

a.  Oxyde  de  carbone  et  Ammoniaque;  l'oxyde  de  carbone 
barbotait  dans  de  Tammoniaque  liquide,  avant  de  se  rendre 
dans  l'ozoniseur  contenant  de  la  ponce  potassée.  —  Acide  for- 
mique. 

b.  Oxyde  de  carbone  desséché  et  Ammoniaque  anhydre,  sur 
ponce  desséchée.  —  Acides  cyanbydrique  et  formique. 

Oxyde  de  carbone  et  Acide  carbonique  (pluie  de  feu).  Cet 
essai  a  été  exécuté  dans  un  ozoniseur  vertical  contenant  un  peu 
d'eau  distillée,  reposant  sur  un  bain  d'amiante  et  chauffé  par  en 
bas.  —  Absence  d'acide  oxalique.  Acide  formique  en  quantité 
notable,  provenant  probablement  de  l'action  exclusive,  sur  la 
vapeur  d'eau,  de  l'oxyde  de  carbone  à  l'état  naissant,  par  suite  de 
la  dissociation  de  l'acide  carbonique. 

Dissociation  de  V Acide  carbonique  en  présence  de  teau  et  de 
Vhydrogène  (décharge  disruptive  en  vase  clos).  —  Traces  d'acide 
formique. 

Hydrogène  et  Acide  carbonique  (effluve).  —  Acide  formique 
en  quantité  notable.  (Cet  essai  a  été  fait  dans  un  ozoniseur  traversé 
par  le  mélange  gazeux). 


NOTB  SUR  LA  PILB  A  GAZ.  99 

Hydrogène  et  Adde  formique  (décharge  disruptive).  —  Réduc- 
tion de  Tacide  formique,  avec  dépôt  charbonneux. 
Hydrogène  et  Bicarbonate  de  soude.  —  Acide  formique. 
Hydrogène  et  Oxalate  de  potasse.  —  Acide  formique. 

a.  Gaz  des  marais  et  Acide  carbonique  (décharge  obscure).  — 
Acide  acétique  et  traces  d'acide  formique. 

b.  Même  essai  avec  la  pluie  de  feu.  —  Acide  acétique  et  acide 
formique,  ce  dernier  en  plus  grande  quantité  que  dans  Tessai 
précédent. 

Éthylène  et  Hydrogène  passant  sur  le  soufre  contenu  dans 
Vo^oniseur  (déchai^  obscure).  —  L'hydrogène  sulfuré  à  Tétat 
naissant,  agissant  sur  Télhylène,  a  formé  du  mercaplam. 


:  •  •  •  :•    •••: 


*'l 


4  « 


cMa 


i>cyoxM.^^^^ 


.fitb 


Il  te  Ic^tnvcc  VAX,  ivnc  t^f"^ 
,  en.  .wve^Am.  e*L  c^hwhc 


^ 


.^^^A?l4.o^^t'  0^  caito^^^^  • 


/ 


1^      -,  ^^  ^    '^ 


r 


J^*:  .yovlic  .(hL  aax  - 


r 


•V- 


.•  • 


/ 


DU 


PARALLÉLOGRAMME  DE  WATT 


Précis  historique. 

L'ingénieux  appareil  qui  porte  le  nom  de  Watt,  son  inventeur, 
a  été,  presque  dès  son  apparition,  l'objet  des  études  soit  géomé- 
triques, soit  analytiques  des  savants  contemporains. 

Malgré  ses  avantages  pour  certaines  fabrications,  la  machine  à 
balancier  est  aujourd'hui  moins  fréquemment  construite  que  par 
le  passé,  et  telle  machine  horizontale  à  glissières  fonctionne  tout 
aussi  régulièrement. 

Le  problème  de  cynématique,  que  Watt,  il  y  a  près  de  cent 
ans,  avait  résolu  avec  une  grande  approximation,  Ta  été  rigou- 
reusement en  1867  (^)  par  le  général  Peaucellier,  alors  capitaine 
du  génie.  Son  Losange  réciprocateur,  plus  connu  et  mieux  apprécié 
en  Angleterre  que  dans  son  pays  d'origine,  remplacera  très  cer- 
tainement un  jour  le  mécanisme  de  W^Ut.  Chercher  la  théorie  de 
ce  dernier  peut  donc  sembler  aventureux  et  hors  de  saison.  Mais  il 
y  a  toujours  un  attrait  puissant  à  s'occuper  d'une  courbe,  ancienne 
il  est  vrai,  mais  dont  personne  jusqu'à  ce  jour  n'a  donné  une 
équation  simple. 

Il  convient  d'abord  de  bien  connàifre  et  saisir  l'idée  mère  de 


'  (1)  Ed  1864,  cet  oflBciér  avait,  dans  les  iVouveUes  Annales  de  Terquem,  proposé 
une  question  qui  montre  qu'il  possédait  déjà  sa  découverte.  Mais  ce  n*est  que  le 
20  juillet  1867  que  son  appareil  a  été  présenté  à  la  Société  Philomatbique  de  Paris 
par  M.  Miinheîai.  De  son  côté,  M.  Lipkine  avait  trouvé  la  même  solution.  mai8i1>ii 
été  prouvé  que  c'est  postérieurement  à  M.  Peaucellier. 


102  0.  PE  LACOLONGE. 

Pinvenleur  pour  établir  les  bases  du  calcul,  puis  de  résumer  les 
recherches  dont  Tappareil  a  été  déjà  Tobjet,  afin  de  comparer  la 
nouvelle  théorie  aux  plus  anciennes,  et  préciser  les  résultats  nou- 
veaux qu'elle  indique. 

Le  30  juin  1784  (^),  Watt  écrivait  à  son  associé  Boulton  pour 
lui  faire  connaître  Tobjet  et  le  fruit  de  ses  recherches  du  moment, 
a  Je  suis  sur  une  nouvelle  piste;  j'ai  Tidée  d'une  méthode  dont 
ib  l'application  doit  avoir  pour  résultat  d'obliger  une  tige  de  piston 
»  à  se  mouvoir  verticalement  dans  les  deux  sens,  à  la  condition 
i>  de  la  relier  simplement  au  balancier  par  une  pièce  en  fer,  sans 
:»  chaînes,  sans  glissières  ou  frottement  nuisibles,  sans  secteurs  ou 
]»  autres  pièces  pesantes...  J'ai  commencé  par  exécuter  un  petit 
»  modèle  d'essai,  d'après  lequel  on  ne  peut  pas  encore  construire... 
»  Toutefois  je  vous  prie  de  ne  rien  dire  de  la  chose  jusqu'à  ce  que 
ib  j'aie  produit  la  spécification  de  ma  patente.  » 

Cette  patente  est  datée  du  24  août  1784.  Elle  a  pour  litre  ; 
Perfectionnements  de  /.  Watt  aux  machines  à  vapeur. 

Elle  porte,  à  la  collection  grand  in-octavo  des  patentes  anglaises, 
le  n^  14â2,  comprend  quatorze  pages  de  texte  et  vingt  figures. 
Parmi  les  nombreuses  améliorations  que  l'auteur  y  indique,  on 
en  compte  six  relatives  à  la  transmission  du  mouvement  de  la  tige 
du  piston  au  balancier.  Page  5  de  la  patente  se  trouve  la  descrip- 
tion du  parallélogramme,  appuyée  de  trois  figures  portant  les 
numéros  9, 10  et  11.  La  figure  i  de  la  planche  ci-jointe  est  la 
reproduction  du  calque  relevé  sur  la  figure  9  de  Watt.  Elle  suffit 
pour  comprendre  la  description. 

La  pièce  K  est  une  forte  poutre  en  bois  de  position  invariable. 
Elle  porte  en  A  le  coussinet  recevant  Taxe  d'oscillation  du  balan- 
cier A',  qui  est  aussi  en  bois.  De  ce  centre  A  partent  deux  rayons 
ponctués,  dont  un  seul  AH  est  précisé  par  des  lettres.  L'extré- 
mité A'  du  balancier  est  armée  d'un  étrier,  auquel  est  jointe,  en 
dessous,  une  bride  droite  rigide  E,  D,  G.  En  chacun  de  ces  trois 


(*)  Cynémaliquê  de  F.  Reuleaux,  traduite  de  rallomand  par  Débite.  Par»,  $a\y, 
1877,  gr.  in-8^  p.  5  et  625. 


THÉORIE  OU  PARALLÉLOGRAMME  DE  WATT.  103 

points  est  indiquée  une  articulation.  Celle  en  E  permet  à  la  bride 
de  tourner  autour  de  ce  point.  Sur  celle  D  est  montée  la  tige  du 
piston  DB.  Celle  en  C  reçoit  rextrémité  de  la  tringle,  ou  contre- 
balancier,  en  bois  CF  mobile  autour  de  son  centre  F.  La  position 
de  ce  dernier  est  assurée  par  un  tourillon  solidement  fixé  à  un 
mur  ou  tout  autre  appui  parfaitement  invariable.  Watt  ajoute  que 
la  position  du  point  D»  par  rapport  à  ceux  E  et  C,  varie  avec  la 
longueur  relative  des  tringles  ou  bras  AA',  FC,  mais  il  n'indique 
pas  dans  quelle  proportion. 

Dans  sa  correspondance,  et  particulièrement  dans  une  lettre 
écrite  à  son  fils  en  novembre  1808,  Watt  a  laissé  quelques  indi* 
cations  sur  la  marche  de  sa  pensée.  Elles  la  précisent  et  font 
savoir  comment  il  a  été  conduit  à  la  conception  du  mécanisme 
dont  il  s'agit  (<). 

c  L'idée  prit  naissance  de  la  manière  suivante  :  comme  je  trou- 

>  vais  remploi  des  doubles  chaînes  ou  des  arcs  dentés  avec 
»  crémaillères  très  peu  satisfaisant,  pour  passer  du  mouvement 
»  rectiligne  du  piston  au  mouvement  angulaire  du  balancier,  je 

>  méditai  de  rechercher  s'il  ne  serait  pas  possible  de  réaliser  cette 
1  transformation,  en  ayant  recours  à  des  mouvements  autour 
1»  d'axes  de  rotation,  et,  au  bout  de  quelque  temps,  j'arrivai  à 
•  trouver  que,  si  AB  et  CD  (fig.  2)  (^)  sont  deux  rayons  égaux, 

>  mobiles  autour  des  centres  B  et  C,  et  réunis  par  une  bride  AD,  ces 
»  rayons,  en  tournant  (fun  certain  angle,  éprouvent,  par  rapport 
»  aux  lignes  hori^iontides  passant  par  leur  centre^  des  déplace^ 

>  ments  égaux  de  sens  contraire^  en  même  temps  que  le  point  E 

>  décrit  une  ligne  sensiblement  droite.  Je  reconnus,  en  outre,  que, 

>  dans  le  cas  où  il  serait  nécessaire  de  faire  le  rayon  CD  égal  à  la 

>  moitié  seulement  de  À  B,  la  même  propriété  subsisterait  encore, 
»  à  la  condition  de  prendre  le  point  E  plus  rapproché  du  point  D. 
»  Je  me  suis  ainsi  trouvé  conduit  au  dispositif  qu'on  a  désigné 

>  plus  tard  sous  le  nom  de  parallélogramme. 

C)  F.  Reuleaux,  déjà  cité,  p.  5. 

(*)  La  figure  S  est  calqaée  fur  celle  donnée  par  M.  Reuleaux.  Elle  semble  être  le 
fac-shnile  de  celle  existant  dans  la  lettre  de  Watt.  .     . 


104  0.  DE  LACOLONGE. 

:»  Bien  que  je  n'aie  pas  pour  la  gloire  un  amour  exagéré,  je 
]>  dois  avouer  pourtant  que  je  suis  plus  fier  de  Tinvention  de  ce 
D  dispositif  que  d'une  quelconque  de  mes  autres  découvertes  en 

I  mécanique.  > 

M.  Reuleaux  fait  observer,  avec  juste  raison,  que  cette  Içtlre, 
écrite  vingt-quatre  ans  après  Tobtention  de  la  patente,  est  natu- 
rellement le  produit  de  la  réflexion  et  du  souvenir,  nous  ajoute- 
rons même,  de  l'expérience. 

Remarquons  que,  dans  la  citation  précédente,  le  passage  souli- 
gné ferait  croire  que  Watt  admet  que,  pendant  le  mouvement,  les 
angles  a',  ol\  faits  par  ÂB  et  CD  avec  Thorizonlale,  sont  égaux; 
ce  qui  n'est  pas.  II  semble  ensuite  le  reconnaître  en  disant  que  le 
point  E  décrit  une  ligne  sensiblement  droite. 

Quoi  qu'il  en  soit,  il  est  bien  démontré  par  ce  qui  précède  que, 
en  1808  et  probablement  avant,  Walt  considérait  comme  organes 
principaux  et  élémentaires  de  son  appareil  deux  bras  égaux  et  une 
bride,  dont  le  point  E,  qu'il  ne  précise  pas,  mais  qui  semble  en 
être  le  milieu,  décrit  la  courbe  cherchée. 

Le  dessin  de  la  machine  à  vapeur  montée  à  Paris  à  Tlle-des- 
Cygnes  par  les  frères  Perrier  fait  comprendre  comment,  dix  ou 
douze  ans  après  la  patente  de  1784,  Watt  ou  ceux  à  qui  il  en 
accordait  la  licence  réalisaient  dans  la  pratique  les  conceptions  du 
brevet. 

Celte  machine,  construite  pour  conduire  des  meules  à  blé,  est 
décrite  dans  la  Nouvelle  Architecture  hydraulique  de  M.  de  Prooy 
(S""  partie)  (').  Cet  illustre  ingénieur  l'étudié  très  minutieusement. 

II  dessine,  à  grande  échelle,  le  parallélogramme  tel  que  nous  le 
connaissons,  mais  avec  un  balancier  en  bois.  Il  donne  aussi  une 
transmission  absoluiDcnt  pareille  à  celle  du  brevet  de  Watt  indi- 
quée figure  1.  Prony  donne  encore,  à  petite  échelle,  une  figure 
qui,  réduite  aux  lignes  élémentaires  du  tracé,  est  présentée 
figure  3.  Il  fait  observer  que  les  points  Â  et  B  sont  en  ligne  droite 
avec  le  centre  0  d'oscillation  du  balancier  et  décrivent  des  courbes 

(i)  Paris,  Firmin  Didot,  1796.  in-4«. 


THÉORIE  DU  PARALLÉLOGRAMME  DE  WATT.  105 

• 

semblables,  qui  sont  de  la  classe  des  lemniscates  ou  courbes  à 
iiœud. 

Il  établit  eu  fonction  des  dimensions,  longueurs  et  angles  du 
mécanisme,  Texpression  des  coordonnées  d'un  point  quelconque 
de  la  courbe  décrite.  Il  peut,  au  moyen  de  ces  formules,  déterminer 
numériquement  la  position  de  tel  point  à  connaître  et  sa  distance 
à  la  verticale  de  la  tige,  c'estrà-dire  la  déviation  que  Tappareil 
imprime  à  la  tige  du  piston. 

Par  ce  procédé  il  arrive,  pour  la  machine  de  Tlle-des^llygnes, 

à  une  déviation  maxima  de  xxjt  =  0,0028  de  la  demi-course  du 

piston,  chiffre  qui  se  trouve  d'accord  avec  ce  qu'il  a  relevé 
soigneusement  sur  la  machine  même. 

Prony  n'a  pas  jugé  nécessaire  de  déduire  l'équation  du  lieu 
décrit,  de  Texpression  générale  des  coordonnées  d'un  point.  Son 
mémoire  se  retrouve  en  partie  dans  les  tomes  X  et  XII  des 
Annales  des  Mines. 

VHistoire  des  machines  à  vapeur,  par  J.-N.-P.  Hachette  (*), 
donne  sur  le  parallélogramme  de  Watt  des  détails  fort  intéres- 
sants et  complets.  L'ensemble  décrit  par  Pillustre  inventeur  à 
son  fils,  dans  sa  lettre  de  1804,  comporte  bien  deux  tringles  ou 
bras  égaux;  Watt  le  dit  expressément  dans  un  appendice  du 
tome  II  du  Système  de  phy.nque  mécanique  de  Robison,  p.  153  (^). 

Hachette  ajoute  que,  plus  tard,  pour  réduire  la  longueur  de 
Fensemble,  Watt  a  inventé  le  parallélogramme.  Cela  doit  être 
avant  l'établissement  de  la  machine  de  l'Ile-des-Cygnes,  puisqu'on 
le  trouve  dans  les  figures  de  Prony  en  1796. 

Hachette  observe  que,  dans  le  parallélogramme  {fig.  3),  les 
courbes  décrites  par  les  points  A  et  6  sont  semblables. 

L'élimination  que  Prony  avait  négligée,  ou  plutôt  passée  sous 
silence  après  Favoir  opérée,  ce  qui  parait  plus  probable,  cette 
élimination  Hachette  l'a  faite.  11  est  arrivé  à  une  équation  du 
6"  degré,  sans  utilité  pour  la  pratique.  Il  cherche  alors,  et  trouve 

(1)  Paris,  Corby,  mars  IMO,  in-S». 
(^  Edimbourg,  iSSt,  in-S"*. 


DU 


PARALLÉLOGRAMME  DE  WATT 


Précis  historique. 

L'ingénieux  appareil  qui  porte  le  nom  de  Watt,  son  inventeur, 
a  été,  presque  dès  son  apparition,  l'objet  des  études  soit  géomé- 
triques, soit  analytiques  des  savants  contemporains. 

Malgré  ses  avantages  pour  certaines  fabrications,  la  machine  à 
balancier  est  aujourd'hui  moins  fréquemment  construite  que  par 
le  passé,  et  telle  machine  horizontale  à  glissières  fonctionne  tout 
aussi  régulièrement. 

Le  problème  de  cynématique,  que  Watt,  il  y  a  près  de  cent 
ans,  avait  résolu  avec  une  grande  approximation,  Ta  été  rigou- 
reusement en  1867  (^)  par  le  général  Peaucellier,  alors  capitaine 
du  génie.  Son  Losange  réciprocateur,  plus  connu  et  mieux  apprécié 
en  Angleterre  que  dans  son  pays  d'origine,  remplacera  très  cer- 
tainement un  jour  le  mécanisme  de  Walt.  Chercher  la  théorie  de 
ce  dernier  peut  donc  sembler  aventureux  et  hors  de  saison.  Mais  il 
y  a  toujours  un  attrait  puissant  à  s'occuper  d'une  courbe,  ancienne 
il  est  vrai,  mais  dont  personne  jusqu^à  ce  jour  n'a  donné  une 
équation  simple. 

Il  convient  d'abord  de  bien  connaître  et  saisir  l'idée  mère  de 


(1)  Eli  1864,  cet  officier  avait,  dans  les  Nouvelles  Annales  de  Terquem,  proposé 
une  question  qui  montre  qu'il  possédait  déjà  sa  découverte.  Mais  ce  n*est  que  le 
SO  juillet  1867  que  son  appareil  a  été  présenté  à  la  Société  Philomathique  de  Paris 
parV.  HanheiiB.  De  son  cdté,  M,  Lipkine  avait  trouvé  la  même  solution,  mais  ilxi 
été  prouvé  que  c'est  postérieurement  à  M.  Peaucellier. 


108  0.  DE  LACOLONGE. 


Théorie  du  Parallélogramme  de  Watt. 

Le  général  Morin  et  plusieurs  autres  auteurs  tracent  comme  il 
suit  Tappareil  composé  de  deux  bras  égaux,  reliés  par  une  bride, 
ensemble  qui  forme  la  première  conception  de  Watt. 

Soit  (/!jf.  4-)  une  horizontale  GP,  sur  laquelle  le  point  6  est  le 
centre  de  rotation  du  bras  de  gauche.  Par  ce  point,  avec  la 
longueur  G D  de  ce  bras  pour. rayon,  décrivons  un  arc  de  circon- 
férence FDH.  Sur  cet  arc  on  prend  deux  points  F, H,  tels  que  la 
corde  F  H  soit  égale  à  la  course  du  piston  et  que  cette  corde  soit 
perpendiculaire  au  bras  GD.  Du  point  D  comme  centre  avec  la 
longueur  DE  de  la  bride  pour  rayon  on  décrit  un  arc  qui  courbe 
en  E  la  corde  H  F.  Dans  cette  position  le  milieu  M  de  la  bride  DE 
est  le  centre  de  Taxe  ou  bouton,  sur  lequel  est  articulée  la  télé  de 
la  tige  du  piston,  et  il  se  trouve,  en  ce  point,  sur  la  vertic-ale 
même  de  celte  tige. 

On  mène  ensuite  E  K  égale  et  parallèle  à  GD.  K  est  le  centre  de 
rotntion  du  bras  de  droite,  M  est  le  milieu  de  la  ligne  GK,  KP  est 
la  projection  verticale,  et  GP  celle  horizontale  de  la  distance  GK 
des  centres. 

De  K  comme  centre,  avec  KE  =  GD  comme  rayon,  on  décrit 
l'arc  LEN  que  Ton  arrête  à  son  intersection  N  avec  celui  FDH, 
et  que  Ton  prend,  LEN  =  HDF.  Joignant  par  des  droites  les 
points  N  et  H  et  ceux  L  et  F.  Les  lignes  LF,  NH  sont  parallèles 
et  égales  Tune  et  Tautre  à  la  bride  DE.  Elles  représentent  ses 
positions  extrêmes  en  haut  et  en  bas  de  la  course  de  la  lige. 
Leurs  milieux  A  et  B  sont  les  positions  limites  du  bouton  M  et  se 
trouvent  rigoureusement  en  ligne  droite,  condition  imposée 
pour  que  la  déviation  latérale  de  ce  bouton  soit  très  faible. 

Ceci  bien  établi  par  M.  Morin,  prolongeons  la  tige  KL  d'une 
quantité  LL'  =  KL.  Par  L'  menons  L'F'  parallèle  à  LF  et 
prenons  L'F'  =  2  LF.  Par  suite  de  la  similitude  des  triangles,  la 
ligne  A'K  passera  par  le  point  k  et  celle  F'K  par  le  point  F. 


THÉORIE  DU  PARALLËLOGRAMIIE  DE  WATT.  109 

Par  F'  menons  F'G'  parallèle  à  FG;  toujours  par  la  même 
raison,  F'G'  =  2  FG  et  le  point  G'  sera  sur  le  prolongement 
de  la  ligne  des  centres  KG.  11  s  y  trouvera,  et  à  cette  distance, 
quelle  que  soit  la  position  du  point  L  sur  Tare  NL;  si  en  K,  L,  F, 
G,  L',  A'  il  existe  des  articulations  qui  permettent  à  la  figure  de 
se  déformer  sans  que  ses  côtés  changent  de  longueur,  le  point 
F'. changera  de  position,  mais  la  longueur  FF'  sera  invariable, 
et  F'G'  devra  rester  parallèle  à  GK  et  d'une  longueur  double; 
le  point  G'  ne  changera  pas  de  position;  absolument  comme  si 
en  F'  il  exécutait  une  articulation  et  en  G'  un  centre  autour 
duquel  une  tringle  G'F'  soit  forcée  de  se  mouvoir. 

Le  système  partie  existant,  partie  fictif,  KL'F'G'  se  comportera 
donc  absolument  comme  celui  existant  KLFG,  et  la  courbe 
tracée  par  le  point  A'  sera  semblable  à  celle  décrite  par  le  point  A, 
comme  cela  existe  pour  le  panlographe  (i).  Or  Tensemble  des 
tringles  articulées  représentées  par  les  lignes  KL',  L'A',  AT, 
FL,  FG  et  les  deux  centres  fixes  K  et  G  n'est  autre  chose  que  le 
parallélogramme  de  Watt.  On  arrivera  donc  à  Téqualion  de  la 
courbe  décrite  en  cherchant  celle  que  trace  le  milieu  A'  de  la 
ligne  F'L'  reliée  aux  bras  L'K  et  FG'.  Par  suite  de  la  similitude 
des  systèmes,  si  A'  marche  sensiblement  en  ligne  droite,  il  en 
sera  de  même  pour  A  et  tout  autre  point  de  la  ligne  A'K.  Pour 
ce  motif  on  articule  généralement  la  tige  d'une  pompe  au  point  A. 

En  plaçant  son  deuxième  centre  d'oscillation  en  G  à  mi-distance 
du  point  K,  et  prenant  son  contrebalancier  égal  en  longueur 
à  KL,  Watt  a  supprimé  le  centre  éloigné  G',  et  réduit  de  moitié 
la  longueur  de  son  mécanisme. 

Il  veut  que  le  balancier,  étant  à  la  position  horizontale,  ait 
décrit  en  dessus  et  en  dessous  la  moitié  de  son  oscillation,  et 
le  piston  opéré  la  moitié  de  sa  course;  il  recommande  encore 
que  le  centre  G  soit  sur  la  verticale  de  la  tige  du  piston.  Cette 
dernière  condition  exige  que  GF  =  FA'  =  LL',  car  d'après  la 
première  recommandation,  le  balancier  étant  horizontal,  L'L 

(1)  Plusieurs  auteurs  nomment  ces  courbes  homothétiques  et  le  point  K  centre 
d'Homothéité. 


110  0.  DE  LACOLONGE. 


sera  couché  sur  L'E,  et  AT  sur  6D,  d'où  la  nécessité  que  ces 
deux  longueurs  soient  égales. 

Il  n'est  pas  indispensable  que  le  point  fixe  G  soit  sur  la  rertU 
cale  de  la  tjge  du  piston.  Par  un  point  quelconque  L^  de  la  ligne 
KL',  menons  la  ligne  LT'  parallèle  à  LF  et  arrêtons-la  au  point 
F'  où  elle  rencontre  celle  KF'.  Par  F'  menons  F'G'  parallèle  à 
.  FG;  le  point  6'  où  elle  coupe  la  ligne  HG'  pourra  être  le  centre 
de  rotation  d'un  autre  contrebalancier,  par  les  raisons  détaillées 
ci-dessus.  Le  parallélogramme  sera  alors  L'^L'A'F',  mais  le  point 
d'attache  de  la  tige  devra  toujours  être  en  A'  parce  que  les 
points  seuls  de  la  ligne  A'K  jouissent  de  la  propriété  de  tracer  la 
courbe  dont  Tare,  dans  les  limites  voulues,  diffère  très  peu  d'une 
ligne  droite. 

On  trouve  dans  la  cynématique  du  général  Morin,  un  autre 
procédé  pour  obtenir  le  centre  G  dans  des  cas  particuliers.  Après 
avoir  tracé  le  parallélogramme  pour  le  cas,  on  détermine  les 
points  F  pour  la  position  la  plus  élevée,  moyenne,  et  la  plus  basse 
du  balancier.  On  cherche  alors  le  centre  du  cercle  passant  par 
ces  trois  points,  c'est  le  centre  d'oscillation  du  contrebalancier. 

Il  est  évident  qu'il  y  a  avantage  à  avoir  KL'  et  G' F'  très 
grands,  car  s'ils  étaient  infinis  la  courbe  serait  absolument  une 
ligne  droite  et  la  bride  serait  égale  à  0.  Il  y  a  donc  de  l'intérêt 
à  prendre  un  balancier  de  grand  rayon  ;  alors  les  angles  des  petits 
côtés  du  parallélogramme  avec  les  grands  ne  sont  ni  trop  ouverts 
ni  trop  fermés  par  rapport  à  la  direction  de  la  tige,  ce  qui  est 
désirable  à  cause  des  frottements  latéraux.  Quant  à  la  bride,  on  ne 
peut  poser  en  principe  absolu  qu'elle  doit  être  très  petite.  On 
verra  par  la  suite  que  cette  disposition  n'est  bonne  que  dans 
certaines  limites. 

Avec  les  indications  primitives  de  Watt,  deux  bras  égaux 
reliés  par  une  bride,  quelle  que  soit  la  longueur  de  celle-ci,  le 
mouvement  des  tringles,  ou  bras,  sera  le  même  pour  la  même 
course,  seulement  les  deux  centres  de  rotation  seront  plus  ou 
moins  éloignés;  leur  distance  pourra  donc,  suivant  la  dimension 
de  la  bride,  être  plus  petite,  plus  grande  que  la  double  longueur 


THÉORIE  DU  PARALLÉLOGRAMME  DE  WATT.  111 

du  bras,  ou  lui  être  égale,  ce  qui  constitue  trois  cas.  En  cher- 
chant Tcquation  du  lieu,  on  ne  fera  à  ce  sujet  aucune  hypothèse 
préalable  pour  arriver  à  une  équation  qui  les  comprenne  tous  les 
trois  et  permette  au  besoin  de  les  discuter. 
Soient  (fig.  5)  : 

LN=:3A  La  course  du  piston. 

GD  =  KE  =  r       Le  rayon  des  bras  ou  tringles. 

ED  =  2m  La  longueur  de  la  bride 

2a  =  LKN  L'angle  d*oscillation  du  balancier  correspon- 

dant à  la  course  2  A  du  piston. 

Y=K6P=KMX  L'angle  de  la  ligne  des  centres  avec  Thorizon- 

tale. 

c  =  VLJ  L'angle  que  la  bride  fîût  avec  la  verticale, 

quand  cette  bride  occupe  sa  position  supé- 
rieure, moyenne  ou  inférieure. 

OL  L'angle  variable  du  bras  de  gauche  avec  Thori- 

zontale. 

a  L'angle  variable  du  bras  de  droite  avec  l'horizon- 

tale, cet  angle  compte  à  partir  des  x  positifs. 

6K  =  2c  La  distance  des  centres  d'oscillation  des  bras. 

KP  =2p  La  projection  verticale  de  cette  distance. 

GP  =  29  La  projection  horizontale  de  cette  distance. 

Watt  suspend  son  balancier  par  son  milieu  et  donne  à  chacune 
de  ses  deux  parties  une  longueur  égale  à  (  3  -»-  jâ  j  A = 3,0833  A=r. 

Le  grand  côté  du  parallélogramme  LL'  {fig.  i)  et  le  contre- 

r 
balancier  ont  une  longueur  ô* 

1        3 
La  bride  L'k'=m  est  égale  à  ^A  ou = A^  soit  0,50  A  ou  0,42858 A. 

La  dislance  horizontale  GP  entre  la  verticale  de  la  tige  et  la 
verticale  de  l'axe  de  tourillon  du  balancier,  est  g  =  3A. 

On  a  déjà  dit  comme  il  recommande  de  placer  Taxe  de  rotation 
du  contrebalancier. 

D'après  plusieurs  auteurs,  a  le  demi-angle  d'oscillation  du 
balancier  ne  doit  jamais  dépasser  30"". 


112  0.  DE  LACOLONGE. 

Avec  les  données  précédentes,  celui  de  Walt  n'est  que  de 
180  55'  30'. 

Les  prescriptions  de  Fillustre  ingénieur  peuvent  se  résumer 

comme  suit  : 

r=:  3,0833  A, 

fn=:0,50Aoo0,42858A, 

Î  =  3A. 

On  a  (fig.  5)  dans  le  triangle  KNB. 

(1)  A  =  rsina        el        KB  =  rcosa; 
d'où  Ton  déduit  : 

(2)  EB  =  r(l  — cosa),  EC  =  BC  =  ^  (1  —  cosa). 
Dans  le  triangle  KG  M,  on  a  : 

(3)  KC  =  î  =  r(l -*- cosa)  =  ccosY,    p=csînY,    c*=p'-i-j*. 

Dans  le  triangle  ECM  : 

(4)  ;)  =  wjcos5,        CB  =  EC  =  wîsinS. 

En  remplaçant  dans  la  valeur  (2)  de  EC,  r  par  sa  valeur 

tirée  de  (1),  i  —  cos  a  par  celle  connue  2  sin*  ^  et  sin  a  par 

CL  OL 

2  sin  ^  COS  ô ,  on  aura  : 

(8)  EB  =  wsin8=:-lang^; 

d'où  : 

(6)     {  Alang| 


tang8  = 


l/4ro»-*Mang*^ 
Au  moyen  de  la  valeur  de  cos  8,  p  (4)  devient 


(7)  P  =  |y/*'»«-/iMang'| 


THÉORIE  DU  PARALLÉLOGRAUME  DE  WATT.  113 

Kn  remplaçant  dans  la  valeur  (3)  de  q,  r  par  sa  valeur  (I),  et 
1  +  cos  a  par  celle  connue  2  cos*  â,  on  aura,  réductions  faites  : 


(8)  q  = 


et  Ton  sera  amené  pour  c*  à 


2 
h 


«laDg| 


A*  /        a  a\ 

(9)    c*  =  p' -i- g*  =  fil* -f-  T(co^*â~-^ng*-j  =  m*4-r*cosa, 

après  avoir  remplacé  les  lignes  trigonométriques  en  r  par  d'autres 

en  a. 
Les  équations  (3),  (4)  conduisent,  à  cause  de  (8),  à  : 

langY=-  -=  — r—  2mcos8. 
q         h 


L'équation  (5)  donne 


2m      »^"8| 


sinS 


et  on  arrive  à  : 

(10)  tang  Y  lang  8  =  tang*  -• 

Les  angles  y  et  8  ne  sont  donc  égaux  que  dans  des  cas  particu- 
liers; on  aura  occasion  d'y  revenir. 

Le  point  M  est  situé  à^gale  distance  des  deux  centres  6  et  K. 
Si  par  ce  point  on  mène  une  perpendiculaire  indéfinie  à  GK,  à 
cause  de  la  position  symétrique  des  centres  et  de  Tégalité  des 
bras,  ce  qui,  pendant  le  mouvement,  se  passera  à  droite  de  cette 
perpendiculaire  se  reproduira  à  gauche.  Il  en  sera  de  même  au- 
dessus  et  au-dessous  de  la  ligne  GK.  Ces  lignes  seront  donc  des 
diamètres  de  la  courbe.  On  est  donc  amené  à  prendre  M  pour 
origine,  GK  pour  axe  des  x,  et  la  perpendiculaire  à  GK  pour 
axe  des  y. 

T.  II  (8«  Série).  8 


104  0.  DE  LACOLONGE. 

i>  Bien  que  je  n'aie  pas  pour  la  gloire  un  amour  exagéré,  je 
]»  dois  avouer  pourtant  que  je  suis  plus  fier  de  l'invention  de  ce 
1^  dispositif  que  d'une  quelconque  de  mes  autres  découvertes  en 
>  mécanique.  » 

M.  Reuleaux  fait  observer,  avec  juste  raison,  que  cette  lettre, 
écrite  vingt-quatre  ans  après  Tobtention  de  la  patente,  est  natu- 
rellement le  produit  de  la  réflexion  et  du  souvenir,  nous  ajoute- 
rons même,  de  Texpérience. 

Remarquons  que,  dans  la  citation  précédente,  le  passage  souli- 
gné ferait  croire  que  Watt  admet  que,  pendant  le  mouvement,  les 
angles  a',  a',  faits  par  AB  et  CD  avec  Thorizontale,  sont  égaux; 
ce  qui  n'est  pas.  Il  semble  ensuite  le  reconnaître  en  disant  que  le 
point  E  décrit  une  ligne  sensiblement  droite. 

Quoi  qu'il  en  soit,  il  est  bien  démontré  par  ce  qui  précède  que, 
en  1808  et  probablement  avant,  Walt  considérait  comme  organes 
principaux  et  élémentaires  de  son  appareil  deux  bras  égaux  et  une 
bride,  dont  le  point  E,  qu'il  ne  précise  pas,  mais  qui  semble  en 
être  le  milieu,  décrit  la  courbe  cherchée. 

Le  dessin  de  la  machine  à  vapeur  montée  à  Paris  à  Tlle-des- 
Cygnes  par  les  frères  Perrier  fait  comprendre  comment,  dix  ou 
douze  ans  après  la  patente  de  1784,  Watt  ou  ceux  à  qui  il  en 
accordait  la  licence  réalisaient  dans  la  pratique  les  conceptions  du 
brevet. 

Cette  machine,  construite  pour  conduire  des  meules  à  blé,  est 
décrite  dans  la  Nouvelle  Architecture  hydraulique  de  M.  de  Prony 
(2^  partie)  (*).  Cet  illustre  ingénieur  Tétudie  très  minutieusement. 
11  dessine,  à  grande  échelle,  le  parallélogramme  tel  que  nous  le 
connaissons,  mais  avec  un  balancier  en  bois.  Il  donne  aussi  une 
transmission  absolument  pareille  à  celle  du  brevet  de  Watt  indi- 
quée figure  1.  Prony  donne  encore,  à  petite  échelle,  une  figure 
qui,  réduite  aux  lignes  élémentaires  du  tracé,  est  présentée 
figure  3.  Il  fait  observer  que  les  points  Â  et  B  sont  en  ligne  droite 
avec  le  centre  0  d'oscillation  du  balancier  et  décrivent  des  courbes 

(1)  Paris^  Firmin  Didot,  1796,  in-4». 


THÉORIE  DU  PABALLÊLOGRAmiE  DE  WATT.  lOK 

sembiaUeSi  qui  sont  de  la  classe  des  lemniscate$  ou  courbes  à 
nœud. 

Il  établit  en  fonction  des  dimensions,  longueurs  et  angles  du 
mécanisme,  Texpression  des  coordonnées  d*un  point  quelconque 
de  la  courbe  décrite.  Il  peut,  au  moyen  de  ces  formules,  déterminer 
numériquement  la  position  de  tel  point  à  connaître  et  sa  distance 
à  la  verticale  do  la  tige,  c'est-à*dire  la  déviation  que  l'appareil 
imprime  à  la  tige  du  piston. 

Par  ce  procédé  il  arrive,  pour  la  machine  de  Tlle-des-Cygnes, 

à  une  déviation  maxima  de  ^ââ  =  0,0028  de  la  demi-course  du 

piston,  chiffre  qui  se  trouve  d'accord  avec  ce  qu'il  a  relevé 
soigneusement  sur  la  machine  même. 

Prony  n'a  pas  jugé  nécessaire  de  déduire  l'équation  du  lieu 
décrit,  de  l'expression  générale  des  coordonnées  d'un  point.  Son 
mémoire  se  retrouve  en  partie  dans  les  tomes  X  et  XII  des 
Annales  des  Mines. 

VHistoire  des  machines  à  vapeur^  par  J.-N.-P.  Hachette  (*), 
donne  sur  le  parallélogramme  de  Watt  des  détails  fort  intéres- 
sants et  complets.  L'ensemble  décrit  par  l'illustre  inventeur  à 
son  fils,  dans  sa  lettre  de  1804,  comporte  bien  deux  tringles  ou 
bras  égaux;  Watt  le  dit  expressément  dans  un  appendice  du 
tome  II  du  Système  de  physique  mécanique  de  Robisonj  p.  153  (^). 

Hachette  ajoute  que,  plus  tard,  pour  réduire  la  longueur  de 
fensemble,  Watt  a  inventé  le  parallélogramme.  Cela  doit  être 
avant  l'établissement  de  la  machine  de  l'Ile-des-Cygnes,  puisqu'on 
le  trouve  dans  les  figures  de  Prony  en  1796. 

Hachette  observe  que,  dans  le  parallélogramme  (fig.  3),  les 
courbes  décrites  par  les  points  A  et  B  sont  semblables. 

L'élimination  que  Prony  avait  négligée,  ou  plutôt  passée  sous 
silence  après  Tavoir  opérée,  ce  qui  parait  plus  probable,  cette 
élimination  Hachette  l'a  faite.  11  est  arrivé  à  une  équation  du 
6*  degré,  sans  utilité  pour  la  pratique.  Il  cherche  alors,  et  trouve 


SParit,  Corby,  mars  ISIO,  in-S"». 
Edimbourg,  iS8t,  in-8«. 


1 


108  0.  DE  LACOLONGE. 


Théorie  du  Parallélogramme  de  Watt. 

Le  général  Morin  et  plusieurs  autres  auteurs  tracent  comme  il 
suit  l'appareil  composé  de  deux  bras  égaux,  reliés  par  une  bride, 
ensemble  qui  forme  la  première  conception  de  Watt. 

Soit  (fig,  4)  une  horizontale  6P,  sur  laquelle  le  point  G  est  le 
centre  de  rotation  du  bras  de  gauche.  Par  ce  point,  avec  la 
longueur  G D  de  ce  bras  pour,  rayon,  décrivons  un  arc  de  circon- 
férence FDH.  Sur  cet  arc  on  prend  deux  points  F, H,  tels  que  la 
corde  F  H  soit  égale  à  la  course  du  piston  et  que  cette  corde  soit 
perpendiculaire  au  bras  GD.  Du  point  D  comme  centre  avec  la 
longueur  DE  de  la  bride  pour  rayon  on  décrit  un  arc  qui  courbe 
en  E  la  corde  H  F.  Dans  cette  position  le  milieu  M  de  la  bride  DE 
est  le  centre  de  Taxe  ou  bouton,  sur  lequel  est  articulée  la  tête  de 
la  tige  du  piston,  et  il  se  trouve,  en  ce  point,  sur  la  verticale 
même  de  cette  tige. 

On  mène  ensuite  E  K  égale  et  parallèle  à  GD.  K  est  le  centre  de 
rotition  du  bras  de  droite,  M  est  le  milieu  de  la  ligne  GK,  KP  est 
la  projection  verticale,  et  GP  celle  horizontale  de  la  distance  GK 
des  centres. 

De  K  comme  centre,  avec  KE  =  GD  comme  rayon,  on  décrit 
Tare  LEN  que  Ton  arrête  à  son  intersection  N  avec  celui  FDH, 
et  que  Ton  prend,  LEN==HDF.  Joignant  par  des  droites  les 
points  N  et  H  et  ceux  L  et  F.  Les  lignes  LF,  NH  sont  parallèles 
et  égales  Tune  et  Taulre  à  la  bride  DE.  Elles  représentent  ses 
positions  extrêmes  en  haut  et  en  bas  de  la  course  de  la  tige. 
Leurs  milieux  A  et  B  sont  les  positions  limites  du  bouton  M  et  se 
trouvent  rigoureusement  en  ligne  droite,  condition  imposée 
pour  que  la  déviation  latérale  de  ce  bouton  soit  très  faible. 

Ceci  bien  établi  par  M.  Morin,  prolongeons  la  tige  KL  d'une 
quantité  LL'  =  KL.  Par  L'  menons  L'F'  parallèle  à  LF  et 
prenons  L'F'  =  2  LF.  Par  suite  de  la  similitude  des  triangles,  la 
ligne  A'K  passera  par  le  point  A  et  celle  F'K  par  le  point  F. 


THÉORIE  DU  PARALLÉLOGRAMME  DE  WATT.  109 

Par  F'  menons  F'G'  parallèle  à  FG;  toujours  par  la  même 
raison,  F'G'  =  2  FG  et  le  point  G'  sera  sur  le  prolongement 
de  la  ligne  des  centres  KG.  11  s'y  trouvera,  et  à  celle  dislance, 
quelle  que  soit  la  position  du  point  L  sur  Parc  NL;  si  en  K^  L,  F, 
G,  L\  A'  il  existe  des  articulations  qui  permettent  à  la  figure  de 
se  déformer  sans  que  ses  côtés  changent  de  longueur,  le  point 
F'  .changera  de  position,  mais  la  longueur  FF'  sera  invariable, 
et  F'G'  devra  rester  parallèle  à  GK  et  d'une  longueur  double; 
le  point  G'  ne  changera  pas  de  position;  absolument  comme  si 
en  F'  il  exécutait  une  articulation  et  en  G'  un  centre  autour 
duquel  une  tringle  G'F'  soit  forcée  de  se  mouvoir. 

Le  système  partie  existant,  partie  fictif,  KL'F'G'  se  comportera 
donc  absolument  comme  celui  existant  KLFG,  et  la  courbe 
tracée  par  le  point  A'  sera  semblable  à  celle  décrite  par  le  point  A, 
comme  cela  existe  pour  le  panlographe  (').  Or  Tensemble  des 
tringles  articulées  représentées  par  les  lignes  KL',  L'A',  A'F, 
F  L,  F  6  et  les  deux  centres  fixes  K  et  G  n'est  autre  chose  que  le 
parallélogramme  de  Watt.  On  arrivera  donc  à  Péqualion  de  la 
courbe  décrite  en  cherchant  celle  que  trace  le  milieu  A'  de  la 
ligne  F'L'  reliée  aux  bras  L'K  et  FG'.  Par  suite  de  la  similitude 
des  systèmes,  si  A'  marche  sensiblement  en  ligne  droite,  il  en 
sera  de  même  pour  A  et  tout  autre  point  de  la  ligne  A'K.  Pour 
ce  motif  on  articule  généralement  la  tige  d'une  pompe  au  point  A. 

En  plaçant  son  deuxième  centre  d'oscillation  en  G  à  mi-distance 
du  point  K,  et  prenant  son  contrebalancier  égal  en  longueur 
à  KL,  Walt  a  supprimé  le  centre  éloigné  G',  et  réduit  de  moitié 
la  longueur  de  son  mécanisme. 

Il  veut  que  le  balancier,  étant  à  la  position  horizontale,  ait 
décrit  en  dessus  et  en  dessous  la  moitié  de  son  oscillation,  et 
le  piston  opéré  la  moitié  de  sa  course;  il  recommande  encore 
que  le  centre  G  soit  sur  la  verticale  de  la  tige  du  piston.  Cette 
dernière  condition  exige  que  GF  =  FA'  ==  LL',  car  d'après  la 
première  recommandation,  le  balancier  étant  horizontal,  L'L 

(^)  Plusieurs  auteurs  nomment  ces  courbes  homothétiques  et  le  point  K  centre 
^homothéité. 


110  0.  DE  LACOLONGE. 

sera  couché  sur  L'E,  et  A'F  sur  GD,  d'où  la  nécessité  que  ces 
deux  longueurs  soient  égales. 

Il  n'est  pas  indispensable  que  le  point  fixe  G  soit  sur  la  verti- 
cale de  la  tige  du  piston.  Par  un  point  quelconque  V  de  la  ligne 
KL\  menons  la  ligne  LT'  parallèle  à  LF  et  arrëtons-la  au  point 
F'  où  elle  rencontre  celle  KF'.  Par  F'  menons  F'G"  parallèle  à 
F6;  le  point  G'  où  elle  coupe  la  ligne  HG'  pourra  être  le  centre 
de  rotation  d'un  autre  contrebalancier,  par  les  raisons  détaillées 
ci-dessus.  Le  parallélogramme  sera  alors  L'^L'AT',  mais  le  point 
d'attache  de  la  tige  devra  toujours  être  en  M  parce  que  les 
points  seuls  de  la  ligne  A'K  jouissent  de  la  propriété  de  tracer  la 
courbe  dont  Tare,  dans  les  limites  voulues,  diffère  très  peu  d^une 
ligne  droite. 

On  trouve  dans  la  cynématique  du  général  Morin,  un  autre 
procédé  pour  obtenir  le  centre  G  dans  des  cas  particuliers.  Après 
avoir  tracé  le  parallélogramme  pour  le  cas,  on  détermine  les 
points  F  pour  la  position  la  plus  élevée,  moyenne,  et  la  plus  basse 
du  balancier.  On  cherche  alors  le  centre  du  cercle  passant  par 
ces  trois  points,  c'est  le  centre  d'oscillation  du  contrebalancier. 

Il  est  évident  qu'il  y  a  avantage  à  avoir  KL'  et  G' F'  très 
grands,  car  s'ils  étaient  inBnis  la  courbe  serait  absolument  une 
ligne  droite  et  la  bride  serait  égale  à  0.  11  y  a  donc  de  l'intérêt 
à  prendre  un  balancier  de  grand  rayon  ;  alors  les  angles  des  petits 
côtés  du  parallélogramme  avec  les  grands  ne  sont  ni  trop  ouverts 
ni  trop  fermés  par  rapport  à  la  direction  de  la  tige,  ce  qui  est 
désirable  à  cause  des  frottements  latéraux.  Quant  à  la  bride,  on  ne 
peut  poser  en  principe  absolu  qu'elle  doit  être  très  petite.  On 
verra  par  la  suite  que  cette  disposition  n'est  bonne  que  dans 
certaines  limites. 

Avec  les  indications  primitives  de  Watt,  deux  bras  égaux 
reliés  par  une  bride,  quelle  que  soit  la  longueur  de  celle-ci,  le 
mouvement  des  tringles,  ou  bras,  sera  le  même  pour  la  même 
course,  seulement  les  deux  centres  de  rotation  seront  plus  ou 
moins  éloignés;  leur  distance  pourra  donc,  suivant  la  dimension 
de  la  bride,  être  plus  petite,  plus  grande  que  la  double  longueur 


THÉORIE  DU  PARALLÉLOGRAMME  DE  WATT.  11  i 

du  bras,  ou  lui  être  égale,  ce  qui  constitue  trois  cas.  En  cher- 
chant réqudtion  du  lieu,  on  ne  fera  à  ce  sujet  aucune  hypothèse 
préalable  pour  arriver  à  une  équation  qui  les  comprenne  tous  les 
trois  et  permette  au  besoin  de  les  discuter. 
Soient  {fig.  5)  : 

LN=2A  La  course  du  piston. 

GD  =  KE  =  r       Le  rayon  des  bras  ou  tringles. 

ED  =  2m  La  longueur  de  la  bride 

2a=LKN  L'angle  d'oscillation  du  balancier  correspon- 

dant à  la  course  2  A  du  piston. 

Y=K6P=KMX  L'angle  de  la  ligne  des  cen  1res  avec  l'horizon- 
tale. 

G  =  VLJ  L'angle  que  la  bride  fait  avec  la  verticale, 

quand  cette  bride  occupe  sa  position  supé- 
rieure, moyenne  ou  inférieure. 

a  L'angle  variable  du  bras  de  gauche  avec  l'hori- 

zontale. 

a  L'angle  variable  du  bras  de  droite  avec  l'horizon- 

tale, cet  angle  compte  à  partir  des  x  positifs. 

GK  =  2c  La  distance  des  centres  d'oscillation  des  bras. 

KP=2;i  La  projection  verticale  de  cette  distance. 

GP=29  La  projection  horizontale  de  cette  distance. 

Watt  suspend  son  balancier  par  son  milieu  et  donne  à  chacune 
de  ses  deux  parties  une  longueur  égale  à  (3  +  Ta)  A=3,0833A=r. 

Le  grand  côté  du  parallélogramme  LL'  (Jig,  A)  et  le  contre- 

r 
balancier  ont  une  longueur  ô* 

La  bride  L'A'=m  est  égale  à  ^Z*  ou = A>  soit 0,50 A  ou  0,42858A. 

La  dislance  horizontale  GP  entre  la  verticale  de  la  lige  et  la 
verticale  de  l'axe  de  tourillon  du  balancier,  estq  =  Sh. 

On  a  déjà  dit  comme  il  recommande  de  placer  Taxe  de  rotation 
du  contrebalancier. 

D'après  plusieurs  auteurs,  a  le  demi-angle  d'oscillation  du 
balancier  ne  doit  jamais  dépasser  30"". 


120  0.  DE  LACOLONGE. 


est  donc  réel  et  celui  p=  ±  l/r'  — (<:  —  »?)*  imaginaire.  On  dési- 
gnera  le  premier  par  p,„.  Comme  -^^  est  négatif,  p^  corrrespond 

u'  Cm 

à  un  maximum  et  à  un  point  de  tangence.  On  le  verra  plus 
clairement  sur  la  figure  6.  C'est  pour  ce  motif  que  Ton  ne  donne 

pas  ici  le  calcul  de  j-^  qui  est  assez  long. 

On  peut  facilement  construire  géométriquement  cos  îù'  (17), 
?i  ('8),  p«  (22).  Pour  cela  on  a  tracé  la  figure  6,  en  prenant  les 
données  de  Watt,  à  l'échelle  de  OH)^  pour  mètre,  et  faisant  A=  l  "*. 
Mesurant  sur  la  ligne  MK  une  longueur  M  A  =  m,  élevant  au  point 
A  une  [)erpendiculaire  indéfinie,  du  point  M  comme  centre,  avec 
c  pour  rayon,  décrivant  un  arc  de  circonférence,  il  coupera  la 
perpendiculaire  en  B,  et  on  aura  : 

_-, .       MA      m  , 

COSBMA  =-— ;r=  -  =  COSW   . 

MB       c 

11  en  sera  de  même  de  Tautre  côtn  en  B'  pour  lequel  on  a 
COS  B'MA'  =  —  cos  6)'.  Comme  ces  angles  sont  les  limites  de  ceux 
pour  lesquels  le  premier  radical  est  réel,  il  y  aura  une  branche  de 
courbe  comprise  dans  Tangle  B'MB,  et  une  autre  symétrique  en 
dessous  dans  Tangle  formé  par  le  prolongement  des  côtés  B'M,  BM. 

La  longueur  BA  est  le  côté  d'un  triangle  rectangle  ayant  MB 
pour  hypoténuse  et  MA  pour  troisième  côté,  BA=c'— m"  =  MC. 
Si  du  point  C  comme  centre,  avec  CD  =  r  pour  rayon,  on  trace 
un  arc  de  cercle,  il  coupera  en  D  la  ligne  M K  et  on  aura 

MD'  =  r«  —  (c*  —  m')  =  p[. 

En  reportant,  par  un  arc  de  cercle,  le  point  D  en  V  et  V  sur 
les  lignes  MB,  MB',  on  aura  les  points  du  lien  correspondant  aux 

valeurs  de  cos  <d'  =  ±  - . 

c 

Si  du  point  K  comme  centre  avec  KT  ==  r  pour  rayon,  on 
trace  un  arc  de  cercle,  il  coupera  en  T  la  ligne  AB;  et  ÂK  étant 
par  construction  égal  à  c  —  m  y  on  aura 

Âï'  =  r»~(c  — w)*  =  p'. 


THÉORIE  DU  PARALL(^LO^.RAMME  DE  WATT.  121 

l.e  point  T  reporté  en  S  par  une  parallèle  à  GK  donnera  le 
sommet  de  la  courbe  et  son  point  de  tangence.  La  ligne  TT'  sera 
la  position  correspondante  de  la  bride,  et  GT',  KT  celles  des  bras, 
il  y  aura  donc  une  branche  de  courbe  partant  de  V,  s'élevan^ 
jusqu'en  S  et  redescendant  ensuite  pour  rejoindre  le  point  V;  il 
en  sera  de  même  symétriquement  en  dessous  de  M. 

Sous  sa  forme  (16)y  Téquation  qui  donne  p',  se  prête  bien  aux 
déductions  géométriques.  Il  convient  de  lui  faire  subir  une 
légère  transformation  pour  faciliter  les  calculs  numériques 
qu'exige  le  tracé  du  lieu  par  points.  Il  faut  y  remplacer  B  par  sa 
valeur  (14),  et  calculer  celle  de  c';  on  écrira  alors 


(23)    p*=r'(l  -H cosa)— 2c*sin"to)  ±  iesintù  l^c*8in*w  —  r*co8a, 

en  prenant  r  comme  Watt  Ta  indiqué,  et  se  donnant  la  course 
âAz^â"*,  soit  A  =  1.  Les  formules  précédentes  donnent  toutes 
les  dimensions,  longueurs  et  angles  des  divers  organes  du  méca- 
nisme. Les  numéros  entre  parenthèses  indiquent  la  formule  dont 
on  s'est  servi. 

(1)    a=18»85'30',        ^  =  ff>27'46'. 

On  a  pris  m.=  0,4286  parce  que  cette  longueur  semblait  plus 
avantageuse  que  r  =  0,50.  On  y  reviendra. 

(8)    î  =  3,00033. 

Watt  avait  indiqué  q  =  3,000.  Ceci  vérifie  donc  sa  disposition. 

(6)  3  =  11°12'43%    (7)  p  =  0,4204,    (10)  y  =  7«58'39', 

(3)  c  =  3,0290. 

Watt  n'a  donné  ni  p,  ni  c,  qu'il  est  commode  de  connaître 
pour  un  tracé  à  faire. 

(17)  0)'  =  81^62'6^      (18)  p,  =  0,3684, 
90  -  (w'  -4-  -r)  =  90«  —  89»50'48'  =  0^9' 15', 
(21)  «'  =  82»r2r,      (22)  p«=  1,6881. 

e  étant  plus  petit  que  r,  que  Watt  prend  égal  à  3,0833,  dans  son 
tracé,  les  cercles  décrits  par  les  bras  se  coupent. 


122  0.  DE  lACOLONGE. 

En  introduisant  dans  Téquation  (23)  les  valeurs  de  r,  a  et  m 
qui  viennent  d'être  indiquées,  et  y  donnant  successivement  à  <d 
des  valeurs  comprises  entre  90^  et  Tangle  limite  cd',  on  trouve  les 
valeurs  de  p  présentées  dans  le  tableau  ci-dessous  : 

u)=    90O  88«»         86*  84»  82»    B%^i'%V=ztJ'  81»56'        81»61'6^=»' 

p  =  C6551    M381     l75804    M436    i7o364  0  oToO 70  et  0^4335      0^3584 

L'angle  (ù"  =  82<^4'2r  est  (fig.  7),  le  complément  de  celui 
que  Taxe  MC  de  la  courbe  fait  avec  la  verticale  MU.  Celu^ 
Cl)'  =  81^52' 6*  est  le  complément  de  Tangle  que  cet  axe  fait 
avec  la  ligne  MB  qui  limite  le  lieu.  On  a  cherché  la  valeur  de  p 
correspondant  à  8t°56,  pour  avoir  des  points  de  la  courbe  très 
rapprochés  de  MB.  Ce  qui  suit  fera  mieux  comprendre  sa  forme. 

Entre  les  angles  o'  et  o'  il  existe  deux  séries  de  valeurs  de  p, 
Tune  faisant  évidemment  partie  de  la  branche  V'SV  {fig. G);  l'autre, 
appartenant  à  une  seconde  branche  comprise  entre  les  lignes  qui 
forment  les  côtés  de  Yangletù  — <o'  =  0°9't5',  ne  peut  être 
tracée  à  moins  de  prendre  une  échelle  énorme.  Cette  portion  de 
courbe  part  de  M  pour  (ù  et  arrive  en  V,  pour  (ù\  où  elle  se 
raccorde  tangentiellement  avec  la  branche  supérieure.  Il  en  est 
de  même,  de  Tautre  côté  du  diamètre  (0  CM,  et  encore  symétri- 
quement en  dessous  du  point  M,  ainsi  qu'on  Ta  fait  observer  en 
discutant  les  angles  q'  et  cd'.  On  donne  (fig.  7)  une  idée  de  sa  forme 
en  exagérant  beaucoup  les  angles.  La  verticale  MU  fait  avec  le 
diamètre  MC  un  angle  y  =  7^58' 39 \  La  ligne  MB  fait  avec  le 
diamètre  celui  90  —  co' =  8«7'54',  Tangle  UMB  est  donc 
90  —  <û'  —  Y  =  0°9'45'.  Le  point  B  est  à  droite  de  la  verticale,  et 
cet  angle  est  le  plus  grand  écartement  angulaire  entre  la  verticale 
et  la  courbe  tracée  par  le  point  d'attache  de  la  tige  du  piston. 

Du  point  V  (/îgf.  7),  pour  lequel  on  a 

P,  =  I/r'  —  (c*  —  m')  =  r  Kl—  cos  a, 
abaissant  une  perpendiculaire  VQ  sur  la  verticale,  on  aura  la 

(1)  On  insiste  sur  cette  circonstance,  pnrce  que  la  figure  41,  PI.  III,  du  Traité  de 
M.  Haton  de  la  Goupillière  pourrait,  par  suite  d'une  erreur  du  graveur,  faire  douter 
(le  cette  symétrie. 


THÉORIE  DU  PARALLÉLOGRAMME  DE  WATT.  123 

plus  grande  déviation  latérale  de  la  tête  de  tige.  En  la  nommant/' 
on  a  : 

/•=pjSin  [90 —(w'  -♦-  y)]  =  pi  co8(a)'  -H  y)=  Pi  (cosw'  ces  y  —  sin  w'  m  y). 
On  connaît  la  valeur  de  p.,  on  a  déjà  trouvé  : 

(3)  sinY  =  -j  cosY=--    (17)  cosw  =-5  sinu)  = 

ce  c  c 

après  ces  substitutions  /  devient  : 

(2i)  /=g|t»î-p^^?^=^•j> 

formule  qui  donnera  la  plus  forte  déviation  de  la  tige  dans  un 
cas  donné,  où,  comme  ici,  toutes  les  quantités  qui  y  entrent  ont 
été  préalablement  calculées. 

Dans  tous  les  calculs  qui  précèdent,  on  a ,  avec  Watt,  pris 
fy  m,  7  en  fonction  de  A,  et  on  en  a  déduit  c,  p,  p„  p„,  également 
en  fonction  de  A  ;  par  conséquent  dans  la  formule  (24)  h  entre  au 
cube  dans  le  numérateur,  et  au  carré  dans  le  dénominateur.  Elle 
peut  donc  s'écrire  : 

f=zh  const., 

qui,  en  faisant  le  calcul  numérique,  devient 

^=0,0009634*. 

Ainsi,  avec  les  dimensions  de  Watt,  et  pour  une  course  2  A=  2*", 
la  déviation  latérale  n'atteint  pas  un  millimètre. 
En  y  remplaçant  p  et  g  par  leurs  valeurs,  Féquation  (24)  peut 


s'écrire  : 


Pi  i    tnh 

tang^ 


-/'^'('"•-'•""«D  • 


On  pourrait  encore  agir  de  même  pour  p,  et  c,  ce  qui  n'y  laisserait 
subsister  que  A,  m  et  a.  En  regardant  m  comme  variable  indépen- 
dante, et  différentiant,  on  arriverait  à  j^  qui,  égalé  à  0,  indiquerait 


124  0.  DE  LACOLONGE. 

la  valeur  de  m  correspondant  à  un  maximum  ou  à  un  minimum 
de  f.  Mais,  Téqualion  finale  esl  du  Q^  degré,  et  par  conséquent  sans 
utilité  pratique. 

Il  est  évident  que  f  sera  le  plus  grand  possible,  avec  les 
proportions  de  Watt,  quand  le  radical  sera  nul,  ce  qui  exige  que 
Ton  ait  : 

h  h 

»»  =  5  «ang  ^  =  0,083336  s  =  0,166672A. 

On  ne  saurait  donc  prendre  m  aussi  petit  que  Ton  veut,  et  il  doit 
être  plus  grand  que  cette  valeur  limite. 

En  se  servant  des  formules  (7)  et  (8),  la  valeur  de  tangy 
peut  s'écrire  : 

tangr 


langY  =  - =  — T—  t/4m'  — fc'tang*|5 

qui,  pour  la  limite  m  =  -  lang  ^,  donne  tang  y  =  0.  Ainsi,  en 

se  donnant  à  priori  y  =  0,  on  arrive  au  maximum  de  déviation. 
D*un  autre  côté,  on  a  également  tang  y  =  0,  pour  a  =  0.  Ainsi, 
en  plaçant,  à  priori^  les  centres  sur  une  ligne  horizontale,  on 
arrive  ou  à  une  impossibilité,  ou  à  un  maximum  de  déviation. 
C'est  donc  une  disposition  à  éviter  soigneusement. 

Il  semble  cependant  qu'il  y  ait  avantage  à  avoir  y  petit  pour 
que  le  diamètre  s'écarte  peu  de  la  verticale  et  que  la  courbe  soit 
plus  resserrée. 

Pour  les  mêmes  motifs,  on  peut  désirer  encore  que  cosco'  soit 
petit,  et  <d'  grand.  On  a  (9)  : 

m  1 

COSd)    =  —  = 


\/' 


^        -  /.        fc*  cosa 


m*sin*a 


Pour  y  arriver  m  doit  donc  être  petit  par  rapport  à  h. 

Si  Tangle  tù  —  tù'  était  nul,  la  seconde  branche  du  lieu  (fig.  6), 
qui  part  de  M  et  aboutit  à  V,  serait  absolument  en  ligne  droite. 
Mais  on  a  déjà  vu  que  ces  angles  ne  peuvent  être  égaux. 


THÉORIE  DU  PARALLÉLOGRAMME  DE  WATT.  125 

Ces  considérations  montrent  que  la  théorie  donne  bien  des 
indications  générales,  mais  ne  fournit  pas  des  chiffres  précis 
menant  au  meilleur  résultat  possible.  Watt  est  arrivé  à  faire  simul- 
tanément Tangle  y  et  celui  iù  —  <ù'  assez  petits,  en  même  temps 
que  m  assez  grand,  pour  obtenir  une  très  faible  déviation  latérale. 
Ses  lettres  précitées  montrent  qu'il  lui  a  fallu  un  certain  temps 
pour  arriver  à  cette  solution.  Il  est  à  croire  qu'il  y  est  parvenu, 
soit  par  des  tracés  graphiques  à  très  grande  échelle,  soit  par  des 
essais  avec  des  règles  en  bois,  ce  qui  semble  plus  probable  d'après 
sa  correspondance. 

Serait-il  possible,  en  sMmposant  une  condition  de  plus  que 
l'inventeur  ne  l'a  fait,  d'arriver  à  une  solution  meilleure  ou 
équivalente?  Telle  est  la  question  que  Ton  a  dû  se  poser  et  chercher 
à  résoudre. 

On  s'est  donné  la  condition  c  =  rj  et  on  est  arrivé,  en 
l'introduisant  dans  les  diverses  équations,  aux  formules  suivantes; 
puis,  en  faisant  les  calculs  numériques,  aux  chiffres  qui  les 
accompagnent,  en  partant  toujours  des  valeurs  de  r,  a,  adoptées 
par  Watt  : 

m  =  — - —  =  0,7169.A,     5  =  — ^  =  3,0000.A, 
cos|»/2  2lang| 


*     l/l  +  cos*|  =  0,7120J. 


«cosj 


.    a. 
sin- 

**°^~W'        langY=lang^ 

8  =  6^40' 32',        Y  =13021 '8'. 

cosw'  =  sin|^^2,  o)'=76<'93'42', 

90— u'  =  13°26'18',  90— w'  — Y  =  0''5'13'. 


136  0.  DE  LACOLONGE. 

p^  z=^ =  0,7169  A  =  m,     sin  w'  =  cos*  55 

cos-\/2 

0»'  =  76°38'KK',  90  —  «'  =  13»21'5'. 


-=^\/t^-Î='.' 


u'_«'=0<'8'43',  p«= 1/ 5=1,979U, 

u>'  -h  Y  =  89«>6*'47',     •    /=  pt  cos  (co'  -h  y)  =  0,001443.A, 

En  traçant  la  figure  8,  à  la  même  échelle  et  par  les  mêmes 
moyens  que  celle  6,  on  voit  que  le  lieu  de  Téquation  est  compris 
dans^  Tangle  B'MB,  dont  les  côtés  font,  à  droite  et  à  gauche 
du  diamètre,  un  angle  90°  —  co'  =  13°26'18',  plus  grand 
de  90''  —  G)'  —  Y  =  0'5'13'  que  celui  du  diamètre  avec  la 
verticale. 

La  branche  supérieure  a  son  sommet  en  S,  et  s'arrête  en  V 
et  V  où  elle  est  tangenle  à  MB'  et  MB.  La  seconde  branche  est  de 
chaque  côté  enserrée  dans  un  angle  de  w"  —  w'  =  0°5'13'.  Ces 
branches  diffèrent  donc  très  peu  de  la  ligne  droite.  La  déviation 

Ialéraleici0,0014/i.3fte6tles?de  celle  de  Walt  0,0009634. A. 

Ces  chiffres,  calculés  par  logarithmes,  et  pour  un  angle  très 
voisin  de  90°,  peuvent  laisser  du  doute  dans  Tesprit;  mais  il  est 
certain  qu'en  se  donnant  c  =  r,  c'est-à-dire  la  condition  que  les 
cercles  soient  tangents,  on  arrive  à  une  déviation  latérale  plus 
forte  que  celle  de  Watt. 

On  a  encore  cherché  si,  en  partant  de  0  =  y  ^^  obtenait  un 
résultat  satisfaisant.  Sans  résumer  ici  le  calcul,  on  peut  faire 
prévoir  ce  quMl  doit  donner  dans  Texpression  de  la  déviation 

/•=PjCos((o'4- y); 

Pi  est  généralement  fractionnaire,  il  est  dans  le  cas  présent  égal 
à  0,7 1 69  A.  La  caractéristique  de  son  logarithme  est  donc  f .  Pour 
que  f  soit  aussi  petit  que  pour  les  données  de  Watt,  il  faut  que 
celle  du  logarithme  de  cos  (co'  +  y)  soit  3  ou  même  4,  ce  qui 
n'existe  que  pour  des  angles  de  89^30'  et  au-dessus.  Ici,  le  calcul 


THÉORIE  DU  PARAKLÉLOCRAMNË  DE  WATT.  127 

donne  w'  =  79^38'  et  w'  4-  y  =  89°5'45'  dont  le  cosinus  a  2 
pour  caractéristique,  ce  qui  conduit  à  /*=  0,011  32. /i.  Il  Hmt 
donc  pour  qu'un  tracé  soit  admissible  que  co'  +  y  ne  diffère  de  9{)^ 

que  de  3  ou  4  minutes  au  plus.  On  ne  doit  donc  pas  se  donner 

(\ 

En  ramenant  la  théorie  du  parallélogramme  de  Watt  à  celle  de 
l'ensemble  de  deux  bi*as  égaux  reliés  par  une  bride,  on  a  pu 
arriver  à  Téquation  bicarrée  (16),  tandis  que  l'hypothèse  de  deux 
bras  inégaux  amenait  à  celle  du  6*  degré  trouvée  par  divers 
auteurs,  équation  que  remploi  des  coordonnées  polaires  ne  rendait 
pas  plus  utile  pour  la  pratique. 

La  courbe  de  Watt  est  bien  une  courbe  à  nœud,  mais  non  la 
lemniscate  de  Bernoulli,  qui  est  généralement  présentée  sous  deux 
formes  : 

y*  — a?*  4- a?*  =0,  (y*  4-  a;*;'  +  (y*  — ^*)  =  0. 

Toutes  deux  donnent  des  courbes  en  oo  couché,  de  même 
amplitude  horizontale,  la  seconde  ayant  moins  d'amplitude 
verticale  que  la  première.  Ces  deux  équations  rapportées  à  des 
coordonnées  polaires  deviennent  : 


KC0S2(I>  _    ,y — -- 

p  = i — ?       p  =  Rkcos2w, 

qui  diffèrent  toutes  deux  deTéquation  (1R).  La  figure  7  en  fait 
facilement  comprendre  la  raison.  Le  lieu  de  Bernoulli  n'a  qu'un 
point  d'inflexion  double  au  centre,  celui  de  Watt  en  a  en  outre 
un  simple  sur  chacune  de  ses  quatre  branches. 


A' 


?   LACOSTE.  BORDEAUX 


•"• 


>     ♦ 
»     • 

I       • 


NOTE 


SUR 


L'ANALYSE  INDÉTERimÉE  ET  LA  GÉOIÉTRIE 


A  n  DIMENSIONS 


PAR  U.  6.  BRUMEL. 


1.  V Analyse  indéterminée  s'occupe  de  la  résolution  en  nombres 
entiers  ou  fractionnaires  des  équations  à  plusieurs  inconnues  ou 
des  systèmes  d'équations  où  le  nombre  des  inconnues  est  supérieur 
au  nombre  des  équations  proposées. 

2.  Considérons  n  quantités  a;^,  x^y  ...,  x^  indépendantes  Tune 
de  l'autre,  et  pouvant  prendre  chacune  toutes  les  valeurs  depuis 
+  00  Jusqu'à  —  00 ,  nous  appelons  espace  à  n  dimensions 
Tensemble  des  valeurs  de  ces  diRërentes  quantités.  Si  Ton  se  donne 
entre  a?„  a?„  ...,  x^  p  équations,  cesp  équations  définiront  pour 
nous  un  espace  à  n —  p  dimensions  détaché  dans  Fespace 
fondamental.  Lorsque  les  p  équations  sont  linéaires,  nous  dirons 
que  l'espace  an — p  dimensions  est  linéaire;  sinon,  lespace 
est  gauche.  Nous  conservons  aux  espaces  à  deux  dimensions  et  à 
une  dimension  respectivement  les  noms  de  surfaces  et  de  courbes; 
des  valeurs  déterminées  pour  les  n  variables  définiront  un  point. 

il  y  a  souvent  avantage  à  introduire  une  nouvelle  quantité  Xn^  i 
qui  permet  de  rendre  homogènes  les  diverses  équations. 

3.  Nous  pouvons  dès  lors  définir  l'objet  de  l'Analyse  indéter 
minée  comme  le  suivant  :  déterminer  sur  un  espace  an  —  p 
dimemions  tracé  dans  t espace  fondamental  linéaire  à  n  dimensions 
les  points  à  coordonnées  rationnelles  ou  entières* 

T.  II  (8«  Série).  9 


1SS4  0.  DE  LACOLONGE. 

la  valeur  de  m  correspondant  à  un  maximum  ou  à  un  minimum 
de  f.  Mais,  Féqualion  finale  est  du  6*  degré,  et  par  conséquent  sans 
utilité  pratique. 

11  est  évident  que  f  sera  le  plus  grand  possible,  avec  les 
proportions  de  Watt,  quand  le  radical  sera  nul,  ce  qui  exige  que 
Ton  ait  : 

wi  =  5  lang  l  =  0,083336  5  =  0,166672 A. 

On  ne  saurait  donc  prendre  m  aussi  petit  que  Ton  veut,  et  il  doit 
être  plus  grand  que  cette  valeur  limite. 

En  se  servant  des  formules  (7)  et  (8),  la  valeur  de  tang-f 
peut  s'écrire  : 

tangr 


1/4  m«  — 


-?_         2i/i.^t^i.f.««t? 


langY  =  - =  — ^—  1/  4m'  — A'tang'âî 

h  a 

qqi,  pour  la  limite  m  =  -  tang  -,  donne  tang  y  =  0-  Ainsi,  en 

se  donnant  à  priori  y  =  0,  on  arrive  au  maximum  de  déviation. 
D'un  autre  côté,  on  a  également  tang  y  =  0,  pour  a  =  0.  Ainsi, 
en  plaçant,  à  priori^  les  centres  sur  une  ligne  horizontale,  on 
arrive  ou  à  une  impossibilité,  ou  à  un  maximum  de  déviation. 
C'est  donc  une  disposition  à  éviter  soigneusement. 

Il  semble  cependant  qu'il  y  ait  avantage  à  avoir  y  petit  pour 
que  le  diamètre  s'écarte  peu  de  la  verticale  et  que  la  courbe  soit 
plus  resserrée. 

Pour  les  mêmes  motifs,  on  peut  désirer  encore  que  cosd)'  soit 
petit,  et  (o'  grand.  On  a  (9)  : 

,      m  1 

COS  G)    =  —  = 


.    /  ft*C0Sî 

y  m*  sin' 


^       .  / .       ft*  cos  a 

m*sin'a 

Pour  y  arriver  m  doit  donc  être  petit  par  rapport  à  h. 

Si  l'angle  (ù  —  co'  était  nul,  la  seconde  branche  du  lieu  (fig.  6), 
qui  part  de  M  et  aboutit  à  V,  serait  absolument  en  ligne  droite. 
Mais  on  a  déjà  vu  que  ces  angles  ne  peuvent  être  égaux. 


THÉORIE  DU  PARALLÉLOGRAMME  DE  WATT.  125 

Ces  considérations  montrent  que  la  théorie  donne  bien  des 
indications  générales,  mais  ne  fournit  pas  des  chiffres  précis 
menant  au  meilleur  résultat  possible.  Watt  est  arrivé  à  faire  simul- 
tanément Tangle  y  et  celui  tù  —  co'  assez  petits,  en  même  temps 
que  m  assez  grand,  pour  obtenir  une  très  faible  déviation  latérale. 
Ses  lettres  précitées  montrent  qu'il  lui  a  fallu  un  certain  temps 
pour  arriver  à  cette  solution.  Il  est  à  croire  qu'il  y  est  parvenu, 
soit  par  des  tracés  graphiques  à  très  grande  échelle,  soit  par  des 
essais  avec  des  règles  en  bois,  ce  qui  semble  plus  probable  d'après 
sa  correspondance. 

Serait-il  possible,  en  sMmposant  une  condition  de  plus  que 
rinventeur  ne  Ta  fait,  d'arriver  à  une  solution  meilleure  ou 
équivalente?  Telle  est  la  question  que  Ton  a  dû  se  poser  et  chercher 
à  résoudre. 

On  s'est  donné  la  condition  c  =  ry  et  on  est  arrivé,  en 
l'introduisant  dans  les  diverses  équations,  aux  formules  suivantes; 
puis,  en  faisant  les  calculs  numériques,  aux  chiffres  qui  les 
accompagnent,  en  partant  toujours  des  valeurs  de  r,  a,  adoptées 
par  Watt  : 

m  =  — - —  =  0,1  m.h,     q  =  —A—  =  3,0000.A, 
coSjWÎ  2lang5 


=  — ^l/l-+-cos'|  =  0,7i20.)l. 
2COS5 


.    a 

sm- 
^^^^^~ï7i'        lang'Y  =  lang^ 

cosw'  =  sin^  ^2,  o>'  =76«93'42', 

90—  w'  =  13«26'  18',  90  —  u>'  —  V  =  0°5'13'. 


NOTE 


SUR 


l'kmm  INDÉTEIIIHÉE  ET  LÀ  GEOIETRIE 


A  n  DIMENSIONS 


PAR  U.  6.  BRUNEL. 


1.  V Analyse  indéterminée  s'occupe  de  la  résolution  en  nombres 
entiers  ou  fractionnaires  des  équations  à  plusieurs  inconnues  ou 
des  systèmes  d'équations  où  le  nombre  des  inconnues  est  supérieur 
au  nombre  des  équations  proposées. 

2.  Considérons  n  quantités  x^y  x^,  ...,  ^„  indépendantes  Tune 
de  Tautre,  et  pouvant  prendre  chacune  toutes  les  valeurs  depuis 
+  00  jusqu'à  —  00 ,  nous  appelons  espace  à  n  dimensions 
l'ensemble  des  valeurs  de  ces  différentes  quantités.  Si  Ton  se  donne 
entre  a?,,  a?„  ...,  x^  p  équations,  ces  p  équations  définiront  pour 
nous  un  espace  à  n —  p  dimensions  détaché  dans  Tespace 
fondamental.  Lorsque  les  p  équations  sont  linéaires,  nous  dirons 
que  l'espace  an — p  dimensions  est  linéaire;  sinon,  Tespace 
est  gauche.  Nous  conservons  aux  espaces  à  deux  dimensions  et  à 
une  dimension  respectivement  les  noms  de  surfaces  et  de  courbes; 
des  valeurs  déterminées  pour  les  n  variables  définiront  un  point. 

U  y  a  souvent  avantage  à  introduire  une  nouvelle  quantité  Xn^  i 
qui  permet  de  rendre  homogènes  les  diverses  équations. 

3.  Nous  pouvons  dès  lors  définir  l'objet  de  l'Analyse  indéter 
minée  comme  le  suivant  :  déterminer  sur  un  espace  an  —  p 
dime)isions  tracé  dans  t espace  fondamental  linéaire  à  n  dimensions 
les  points  à  coordonnées  rationnelles  ou  entières. 

T.  n  (a*  Série).  9 


130  r,.  BRL'NEL. 

Pour  montrer  l'avantage  de  remploi  des  considérations 
géométriques,  ii  suffirait  de  rappeler  la  théorie  des  points  dérivés 
sur  une  cubique  plane.  En  un  point  P,  de  la  cubique,  qui  n'est 
pas  un  point  d'inflexion,  menons  la  tangente  qui  rencontre  la 
courbe  en  un  point  P,  déterminé  individuellement,  de  P,  on 
déduit  de  même  un  point  P„  etc.  Si,  par  suite,  les  coordonnées  du 
point  Pj  étaient  rationnelles,  il  en  sera  de  même  pour  P„  P„elc. 
Nous  voyons  donc  comment,  d'une  solution  rationnelle  de 
réquation  homogène  du  troisième  degré  /"(a;,,  a?,,  a?,)  =  0,  on 
déduira  en  général  une  infinité  de  solutions;  je  dis,  en  général, 
car  il  pourrait  se  faire  que  le  point  P„  et  le  point  P,  fussent  les 
mêmes,  d'où  Timportance  de  la  considération  des  polygones  de 
Steiner,  dans  la  théorie  des  nombres.  En  Analyse  indéterminée, 
on  ne  se  borne  pas  au  cas  de  deux  ou  trois  variables  en  coordon-^ 
nées  non  homogènes,  de  trois  ou  quatre  variables  en  coordonnées 
homogènes;  nous  ferons  de  même,  en  employant  les  termes  de 
la  géométrie,  quel  que  soit  le  nombre  des  variables. 

4.  Dansson  Algèbre,  Euler,  après  avoir  démontré  Timpossibilité 
de  la  résolution,  en  nombres  entiers,  de  l'équation 

x^  -h  y^  =  2', 

s'occupe  de  l'équation  : 

(i)  a;'  4-  y'  =  2'  4-  tt'. 

Les  formules  auxquelles  il  arrive,  après  avoir  été  modifiées  par 
Binet,  ont  appelé  l'attention  de  M.  Hermiie,  qui,  remarquant  que 
l'équation  (!)  représentait  une  surface  du  troisième  ordre,  a  déduit 
de  considérations  géométriques  simples  les  formules  d'Euler  et 
de  Binet.  {Nouvelles  Annales,  1872.) 

5.  Considérons  l'équation  plus  générale  : 


a';  4-  x\ 


(2) 


y,  j/j  ...  fj„-i  0 
0   y^  ...  y„_ji  y„-i 


•    •  • 


•    .    • .  • 


y»  y»  • • •   0    y, 


NOTE  SUR  l'analyse  INDÉTERMINÉE  ET  LA  GÉOMÉTRIE.  131 

dont  les  équations 

xl  +  xl-  y?  -h  yl, 

ne  sont  que  des  cas  particuliers. 

Nous  supposerons,  pour  plus  de  simplicité,  n  impair  et  premier, 
et  nous  désignerons  par  a  une  quelconque  des  racines  imaginaires 
de  réquation 

a»  4-  1  =  0. 

L'équation  (2)  représente,  en  coordonnées  homogènes,  un 
espace  an  —  1  dimensions  détaché  dans  lespace  linéaire  à 
n  dimensions.  Nous  pouvons  écrire  cette  équation  sous  la  forme  : 

(a?4  +  ao?,)  {x^  4-  a'a?,)  ...  {Xi  -h  cCx^  = 
(yi  -♦-  ayt  +  a'ys  4-  • . .  +  a"-*yn_,)     X. 


(yi  +  a"yi+  *'"y3         +  a«î"-*Jy„_o- 

Celle  forme  nous  montre  que  l'espace  an  —  \  dimensions 
considéré  contient,  en  particulier  les  n  —  1  espaces  linéaires  à 
n  — 2  dimensions  définies  par  les  équations 

(3)       x^  4-  a*a?,  =  0,       y*  +  a*y,  +  . . .  +  a*  »-»  y«_i  =  0, 

OÙ  A  prend  les  valeurs  1,  2,  3,  ...,  n  —  1. 

Considérons  dès  lors,  dans  Tespace  linéaire  à  n  dimensions 
que  nous  avons  choisi,  une  droite.  Si  elle  était  quelconque, 
elle  rencontrerait  Tespace  gauche  en  question,  qui  est  du 
n**"*"  ordre  en  n  points;  mais,  si  nous  assujettissons  n  —  1  de  ces 
points  à  se  trouver  sur  les  espaces  linéaires  an  —  2  dimensions 
définis  par  les  équations  (3),  il  ne  restera  plus  qu'un  point 
arbitraire,  et  c'est  ce  point  dont  nous  allons  maintenant  chercher 
les  coordonnées  : 

Une  droite  quelconque  a  pour  équations  : 

/y^=a^    Xi-h  b^    X, 

(4) 


'n. 


y,      =  a,     a?!  4-  b,     a?,, 


132  G.  BRUNEL. 

si  nous  faisons 

of-,  =  —  a*.r,, 

nous  trouvons,  en  substituant  dans  Téquation 
les  valeurs  correspondantes  de  j/,,  y„  ...,  j/„_,, 

4-      (64  4-  a»  b,  4-  ...  4-  a»«"-«  6,-  ,)  =  0; 

et,  comme  correspondant  aux  h  —  1  valeurs  de  &,  nous  avons 
ainsi  n  —  1  équations  de  condition.  Ces  n  —  1  équations  nous 
permettent  de  déduire  ft,,  6,,  ...,6„_i  en  fonction  de  a,,  «„  ..,, 

Posons  : 

h       =58        4-  t7j, 


fc«-i  =  Sh-i  4-  fl„«,; 
le  résultat  de  la  substitution  devient  simplement  : 

Si  4-  £,a*  4-  ...  4-  £^_ia*>-»^  —  ff„-.ia*  "-«^ 

et  si  nous  faisons  : 


=  0, 


s,  =  e, 


£«— l  ^n  — 1? 


réquation  est  identiquement  satisfaite.  On  a  donc  : 


6,1-1  =  —  fl«-i  4-  fl„_j. 


Les  points  d'intersection  de  la  droite  et  de  l'espace  sont 
donnés  par  Téqualion  de  degré  n  : 


0^1 


rrî 


OiX^-hb^x^f ...  fl„-ia7|-i-&«-itT,,  0 

0  ...a«_jrr,4-6«-îir,,  a„-i£rj4-&«-i^. 


t      1  4~   ^1**15    ••• 


0 


«iX, +  fej.T, 


l  A. 


NOTE  SUR  l'analyse  INDÉTERMINÉE  ET  LA  GÉOMÉTRIE. 

OU  bien  en  posant  : 


133 


0    Vi  ...  y—,  yi— 


Vt    Vi 


0     Vi 


fiUi    ...   Vn-l), 


par  réqualion  : 


•»1  [*  — /(«i5  «j>  ...j  fl— i)l  +  . . .  +  a??  [1 — /(''ij  ^1»  •••»  fr— 0]  =  0- 


Soit  : 


X 


i  =  r 


a?, 
nous  connaissons  déjà  n  —  1  valeurs  de  t 


.»— l. 


or,  le  produit  des  racines  de  Téquation  est  égal  à  : 

*  — A'^ii'^fi  •••1  ft«-i). 


f|  .  f  j    ...    fn  _  i .  fn  ( 1)' 


*— A«i»^r  ...,  fl»-i) 


on  a  donc  : 


u  = 


1— /"(frjyftfl   '>M  &«-.i) 

que  nous  écrivons  plus  simplement  encore 

1  -B 


L  = 


A— 1 


Les  coordonnées  d'un  point  de  Tespace  h  n  —  1  dimensions  se 
trouvent  alors  exprimées  rationnellement  en  fonction  des  n  —  1 
paramètres  a j  ...,  a„_i,  puisque  nous  pouvons  supposer  dans  B 
les  b  exprimés  en  fonctions  des  a  : 

a-,  =  i  -  B, 
a?,  =  A  —  1 5 

yi  =  «i(i  — B)  +  fl»-i.(i— A), 

(6)        {  y,  =  a,{l  -  B)  4-  (a,.-i  -  a,)  (1  -  A), 


Pn-i  =  fl«-î(l  —  B)  +  (a„_i  —  a„  -3)  (1  —  A), 
yn-i  =  a»-i(t  — B)  -*-  (cfn-i  — a„_,)  (i  — A), 


134  G.  BIIOKKL. 

OÙ  Ton  pose  : 

Si,  dans  ces  formules,  nous  reniplaçons  les  a  par  des  nombres 
fractionnaires,  nous  avons  des  solutions  de  Téquation  proposée 
en  nombres  fractionnaires.  D'une  solution  en  nombres  fraction- 
naires se  déduit  immédiatement  une  solution  en  nombres  entiers; 
il  suffit  de  multiplier  les  expressions  trouvées  pour  x,,  a;,,  y,, 
î/„  ...,  Vn-xy  par  le  plus  petit  multiple  commua  de  leurs 
dénominateurs. 

6.  Il  est  évident  que  la  méthode  que  nous  avons  employée  ou 
une  méthode  analogue  s'applique  dans  un  grand  nombre  de  cas. 

Elle  s'applique  également  aux  espaces  rationnels  à  n  —  2, 
n  —3,  ...,  2,  1  dimensions,  situés  dans  l'espace  à  n  dimensions, 
c'est-à-dire  à  la  résolution  en  nombres  entiers  ou  rationnels 
de  2,  3,  ...,  n  —  2,  n  —  1  équations  simultanées  homogènes 
à  n  +  1  variables. 

Un  bel  exemple  nous  est  offert,  par  la  simple  considération  de 
la  droite.  Dans  l'espace  à  n  dimensions,  la  droite  est  définie 
par  n  —  1  équations,  par  exemple  par  les  équations  (4)  où  les  a 
et  les  b  ont  des  valeurs  déterminées.  Nous  voyons  donc  qu'il  y  a 
dans  l'espace  linéaire  à  n  dimensions  oo*^»-»^  droites,  mais  au 
lieu  de  définir  une  droite  par  les  quantités  a  et  6,  il  y  a  souvent 
avantage  à  introduire  d'autres  paramètres,  considérés  déjà  depuis 
longtemps  par  Plûcker,  Clebsch,  etc.,  dans  le  cas  de  l'espace  à 
trois  dimensions  et  auxquels  on  a  donné  le  nom  de  coordonnées 
de  la  droite. 

7.  Considérons  dans  le  plan  une  droite  : 
si  nous  posons, 

V\  Pty  Pi  s'appellent  les  coordonnées  de  la  droite. 


NOTE  SUR  l'analyse  INDÉTERMINÉE  ET  LA  GÉOMÉTRIE.  135 

Une  équation  homogène  entre  p„  p„  p,  représente  une  courbe 
comme  enveloppe  de  ses  tangentes. 

Entre  les  coordonnées  p,,  p„  p,  n'existe  évidemment  aucune 
relation. 

8.  Dans  Tespace,  une  droite  est  définie  par  deux  équations 
linéaires  : 

«11^1  +  «lî'^s  -^  «18^8  -t-  «u^-^  =  0, 

Entre  ces  deux  équations^  éliminons  par  exemple  x^ 

(^n»j|— «««ii)j?j-+-(ai8«îi  — ajsaiO'^s  +  C^tii^îi  — ^Î4«ii)«r4=0, 

d'où  oh  déduit  les  équations  obtenues  en  éliminant  a?„  x^  ou  a?^, 
par  une  permutation  circulaire  effectuée  pour  les  a  sur  les  seconds 
indices,  et  pour  les  x  sur  les  seuls  indices  qu'ils  contiennent  : 

-  «14 a,,)  J!-,  4- (a„  3t„  —  3fsi «is)  J'i -+- (3ti j «M  —  3t„a„) o;,  =  0, 


quatre  équations,  en  y  posant  : 


*tî*ii 


Pm 

Psn 
Pin 
Pas  5 
Pu» 
Pis» 


«ii*fî 

«11*J3 
*11*Î4 


3tjl*lt  = 

«fl  «13  ~~  ^**  """ 

«îl*14 - 


«««'«.1  «••«!»   P«2I  


■18 -^ÎS 
3^11*24 
*13*t4 


«ÎÏ^IS 
^ÎS*1* 
«18  «14 


Pu 
Pis 

Pli 

Pis 

Pîi 

Psi 


—  Pjl5 

—  Psn 

—  Pii» 

—  Psî» 

—  Piî» 

—  Pis  3 


Pîl^S   +   Psi  ^3    +   Pil^i  =  0, 
^1  »  ^-  PSÎ^S    +Piîa?4=03 

Psi^i— Psî^t  •        -*-Pis^i  =  0, 

Pil^l  PiS^t  PiS'^S  •         =  0> 

nsque  Ton  peut  écrire  plus  simplement  : 


0     p.. 

p»l 

p.l 

(j/'i5  d?j,  â/j,  J7^) 

-P.i       0 

p« 

lUt 

—  P.i  —  Psj 

0 

Pn 

—  Vu  —  Pu 

—p.. 

0 

=  0. 


134  G.  BIUIKKL. 

OÙ  Ton  pose  : 

Si,  dans  ces  formules,  nous  remplaçons  les  a  par  des  nombres 
fractionnaires,  nous  avons  des  solutions  de  Téquation  proposée 
en  nombres  fractionnaires.  D'une  solution  en  nombres  fraction- 
naires se  déduit  immédiatement  une  solution  en  nombres  entiers  ; 
il  suffit  de  multiplier  les  expressions  trouvées  pour  x^y  a?,,  y,, 
j/„  ...,  Vn-ii  par  le  plus  petit  multiple  commua  de  leurs 
dénominateurs. 

6.  Il  est  évident  que  la  méthode  que  nous  avons  employée  ou 
une  méthode  analogue  s'applique  dans  un  grand  nombre  de  cas. 

Elle  s'applique  également  aux  espaces  rationnels  à  n  —  2, 
n  — 3,  ...,  3,  1  dimensions,  situés  dans  Tespace  à  n  dimensions, 
c'est-à-dire  à  la  résolution  en  nombres  entiers  ou  rationnels 
de  2,  3,  ...,  n  —  2,  n  —  \  équations  simultanées  homogènes 
à  n  +  ]  variables. 

Un  bel  exemple  nous  est  offert,  par  la  simple  considération  de 
la  droite.  Dans  Tespace  à  n  dimensions,  la  droite  est  définie 
par  n  —  i  équations,  par  exemple  par  les  équations  (4)  où  les  a 
et  les  b  ont  des  valeurs  déterminées.  Nous  voyons  donc  qu'il  y  a 
dans  l'espace  linéaire  à  n  dimensions  oo'^"-ï>  droites,  mais  au 
lieu  de  définir  une  droite  par  les  quantités  a  et  6,  il  y  a  souvent 
avantage  à  introduire  d'autres  paramètres,  considérés  déjà  depuis 
longtemps  par  Plùcker,  Clebsch,  etc.,  dans  le  cas  de  l'espace  à 
trois  dimensions  et  auxquels  on  a  donné  le  nom  de  coordonnées 
de  la  droite. 

7.  Considérons  dans  le  plan  une  droite  : 

aiX^  -h  a,a?,  -+-  ajXj  :=  0; 

si  nous  posons, 

«1  =  -Pi  ) 

PiPti  P)  s'appellent  les  coordonnées  de  la  droite. 


NOTE  Sun  l'analyse  indéterminée  et  la  géométrie.         135 

Une  équation  homogène  entre  p„  p„  p,  représente  une  courbe 
comnie  enveloppe  de  ses  tangentes. 

Entre  les  coordonnées  p,,  p„  Pa  n'existe  évidemment  aucune 
relation. 


8.  Dans  Fespace,  une  droite  est  définie  par  deux  équations 
linéaires  : 

«11^1   -+-   «U^l   -+-   «18^8  +   «14^4  =  0, 

a„a?i  -h  a„a?j  -f-  ««arj  +  (l^^x^  =  0. 
Entre  ces  deux  équations^  éliminons  par  exemple  Xi 

d'où  on  déduit  les  équations  obtenues  en  éliminant  x,,  x^  ou  x^, 
par  une  permutation  circulaire  effectuée  pour  les  a  sur  les  seconds 
^.indices, et  pour  les  x sur  les  seuls  indices  qu'ils  contiennent  : 


a^,a 


13  ^Ȕ 


«24  — 


^Î3*lî)''^8 


(«14*«~"  «ît*12)'^4  +  («11  «2J «21  «n)*^!  — 

(«11  «23  «21«13)'''l  "^  V«12«23  «22 «23)  «^2  ^^ 

(«12«2i  «22«14)**^2  "^  («18  «21  " 


«2S«14)'^J 


0, 
0, 
0. 


quatre  équations,  en  y  posant  : 


(7) 


«12  «21  —  «22  «11 — P 

«21  — «23  «11=  P 

P 


^13  *21 


213 


319 


««â» 


24*11 


419 


«11  «22  «21  «12 P12 

«11  «23  —  «21  «13  =  Pis  = 
«11  «24  «21  «14  ^— ^  Pl4  ^~^ 


«22 «23«12— P 

p22  «24  «12^^^  P 


329 


42  9 


hS  «24  «IS  P4S  9 


«12^23  «22«13  P28 

«12«24  «22  «14  ^^^  P24 

a 


13  «24  «23  «14 P84 


—  P2I9 

—  P319 

—  P4I9 

—  P329 

—  P429 

—  P48Î 


devicnn) 


(8) 


rons 


Pn^t  +  Psi  ^3   -+-  P41'ï'4.=  0, 

y*  9  H-Ps2a^3    -+-P42a?4  =  09 

Xi  p32*^2  •  "^  P43'^4  ^-^  O9 

P4l^l  P42^2  P43'^S  •         =  0> 

que  Ton  peut  écrire  plus  simplement  : 


P21  -1 
Psi-i 


0         Pu 

P»i 

P.l 

(*1J  *J»  ^3>  •''1) 

-Pu        0 

P>t 

P.. 

—  Psi  —  Pa« 

0 

P.» 

—  Pn  —  P». 

—  P.8 

0 

=  0. 


136  G.  BRUNEL. 

'  Les  six  quantités  p  que  nous  avons  conservées 

Pu        Pu        Pil        Psi        Vit        ViZ 

peuvent  être  appelées  coordonnées  de  la  droite. 

Ces  quantités  ne  sont  pas  indépendantes;  en  effet,  si  des  deux 
premières  équations  (8)  par  exemple  on  tire  x^  et  a?,,  on  doit  en 
posant  ces  valeurs  dans  les  deux  autres  obtenir  des  identités. 

On  trouve,  en  effectuant  la  substitution  : 

(PiîPai— PuP.I— P48Pîl)^3  -^  (— PilPi.  -+-P4tP4l)j?4  =  0, 

c'est-à-dire  que  les  six  quantités  p  sont  liées  par  la  relation  : 

(9)  P41  Pst — P4Î  P31  +  P48  Pu  =  0- 

Nous  pouvons  donc  considérer  Tétude  de  Tespace  à  trois 
dimensions  où  les  éléments  constituants  sont  des  droites,  ou  bien, 
suivant  Texpression  adoptée,  de  Tespace  réglé,  comme  identique 
à  rétude  des  fonctions  homogènes  à  six  variables,  ces  six  variables 
étant  assujetties  à  la  restriction  de  satisfaire  à  Téquation  du 
second  degré. 

Ce  résultat  peut  s'exprimer  autrement  en  ayant  recours  aux 
termes  de  la  géométrie.  L'étude  de  l'espace  réglé  est  identique  à 
rétude  d'un  espace  gauche  à  quatre  dimensions  et  du  second 
ordre  situé  dans  un  espace  linéaire  à  cinq  dimensions.  Les 
complexes,  les  connexes  et  les  surfaces  réglées  sont  des  espaces  à 
trois,  deux,  une  dimension  situés  sur  cet  espace  gauche  du 
second  ordre. 

Laissant  de  côté  ce  point  de  vue  plus  général  et  revenant  à  la 
question  qui  nous  occupe,  nous  voyons  que  l'équation  (9)  sera 
résolue  en  nombres  entiers  si  Ton  substitue  dans  les  expressions  (7) 
aux  a  des  nombres  entiers. 

9.  Faisons  encore  un  pas  en  avant.  Dans  l'espace  à  quatre 
dimensions,  la  droite  peut  être  considérée  comme  intersection  de 


NOTE  SUR  l'analyse  INDÉTEIIMINÉE  ET  LA  GÉOMÉTRIE.  137 

trois  espaces  linéaires  à  trois  dimensions.  Ses  équations  sont, 
par  exemple  : 

^otiXi  =  0,        i=  I,  2,  3,  4,  5. 

i 

< 

Formons  la  matrice  dont  les  éléments  constituants  sont  les 
coefficients  des  x  dans  ces  équations 


«11 

«i« 

«Il 

«14 

«18 

«Jl 

«» 

«13 

«Î4 

«M 

«ai 

«Sf 

«»• 

«.4 

«3. 

(10) 


nous  désignerons  parp^^g    ou  plus  simplement  encore  par  (a^y) 
le  déterminant  obtenu  en  prenant  dans  cette  matrice  les  colonnes 
de  rang  a,  P  et  y. 
On  a  évidemment 

Le  nombre  total  des  p  est  égal  au  nombre  des  arrangements, 
et  le  nombre  des  p  réellement  distincts  au  nombre  des  combinai- 
sons de  cinq  indices  trois  à  trois,  c'est-à-dire  à 


5.4.3 
l.îf.3 


=  10. 


Nous  considérerons  en  particulier  les  dix  p  dont  les  indices  sont 

(123),  (124),  (125),  (134),  (135),  (145),  (234),  (235),  (245),  (345), 

et  ce  sont  ces  dix  quantités  que  nous  appellerons  coordonnées 
de  la  droite.  Nous  verrons  qu'elles  ne  sont  pas  indépendantes  et 
nous  allons  établir  les  relations  qui  existent  entre  elles. 

Désignons  par  i,  k,  l,  m,  n  les  nombres  1,2,3,  4,  5  pris  dans 
un  ordre  quelconque  ;  si  nous  éliminons  entre  les  équations  (9) 


138  G.  BRUNEL. 

successivement  x\  et  Xn.,   Xi  et  Xi,   x,  et  j:„,,  nous  obtenons  les 
équations  : 

f  {lik)Xi  -h  {mik)x„,  -h  {nik)Xn  =  0, 
(H)  I  {kil)xu  +  {mil)x„,  -+-  {nil)Xn  =■  0, 

(  (kim)Xk  4-  {lim)  xi  -h  (ntm)Xn  —  0; 

tirant  x^  et  Xi  des  deux  premières  et  substituant  dans  le  troisième, 
nous  devons  obtenir  une  identité.  Le  résultat  de  la  substitution  est: 

[{kim)  (mt/)  —  {lim)  (mik)]Xn, 
-h  [{kim)  {nit)  —  {lim)  {nik)  -+■  {lik)  {nim)]x^  =  0, 

ce  qui  donne  entre  les  quantités  p  la  relation 

(12)  {ikl)  {inm)  +  {ilm)  {ink)  -+-  {imk)  {inl)  =  0, 

relation  dont  la  loi  de  formation  est  évidente. 

Si  nous  remplaçons  les  lettres  par  des  nombres,  nous  obtenons 
en  tout  vingt  relations,  mais  qui  se  groupent  quatre  par  quatre, 
les  relations  d'un  même  groupe  étant  identiques  et  ne  différant 
que  par  la  forme.  Nous  prenons  encore  pour  simplifier  : 


(123)  =  (6)  =!/,, 

(m)  =  (7)  =y„ 

(12S)  =  (8)  =^3, 

1(134)  =  (8')  =y„ 

,,..x  j(i35)=:(9)  =:y,, 

^    ^  (145)  =  (10)  =  y„ 

(234)  =  (9')  =!/„ 

(238)  =  (10')=!/8, 
,  (245)  =  (H)=y,, 

\(345)  =  (12)=y,o. 

Les  relations  différentes  fournies  par Téquation  (12)  deviennent: 

/       (6)  (10) -(7)   (9)     +(8)    (8')    =0, 
l       (6)  (11) -(7)  (100 +  (8)    (9')    =0, 
(14)  -  (6)  (12)  +  (8')  (10')  -  (9)    (9')    =0, 

/       (7)  (12) -(8')  (11)   4- (10)  (9')    =0, 
,       (S)  (12) -(9)  (11)   -+- (10)  (100  =  0, 


NOTE  SUR  l'analyse  INDÉTERMINÉE  ET  LA  GÉOMÉTRIE.  139 

équations  caractérisées  par  ce  fnil  que  dans  chacune  d'elles  la 
somme  des  nombres  qui  figurent  dans  h  s  symboles  d'un  produit 
est  constante.  La  constante  est  pour  les  différentes  équations 
16,  17,18, 19  ou  20. 

10.  Nous  écrivons  ces  équations  sous  la  forme  : 

iVi  »e  —  y»  y,  +  y.  y*  =  o, 
\yi  y.  —yiVs^  y»  yi  =  o. 
»S)  yiyio  — yiy.  +  y»y7  =  0j 

'y^yio-  y*y«  +  y«y7  =  o, 
ysyio^ysy. +  y6y8  =  o. 

II  est  bon  de  remarquer  que  ces  cinq  équations  ne  sont  pas 
indépendantes;  en  effet,  si  nous  multiplions  les  deux  membres 
des  trois  premières  équations  respectivement  par  y^,  —  y^  et  y„ 
nous  obtenons 

yi(y«yio  — y4y9-+-yey7)  =  0; 

et  de  même  en  multipliant  par  y,,  —  j/^  et  y„  nous  avons 

yiCysyio  — y.y9  +  y«y8)  =  o. 

Nous  avons  vis-à-vis  de  nous  cinq  équations  représentant  seule- 
ment trois  conditions.  C'est  là  quelque  chose  de  semblable  à  ce 
qui  se  présente  déjà  dans  l'espace  ordinaire  pour  una  courbe  du 
troisième  degfë,  par  exemple;  pour  la  définir  complètement,  il 
est  nécessaire  d'avoir  recours  à  trois  équations  et  non  à  deux 
seulement,  et  cela  tient  à  ce  que  la  courbe  du  troisième 
degré  n'est  pas  l'intersection  complète  de  deux  surfaces.  Nous 
sommes  donc  amenés  à  examiner  plus  attentivement  les  cinq 
équations  (15),  si  nous  voulons  avoir  une  notion  plus  précise  sur 
l'espace  gauche  à  six  dimensions  qu'elles  déterminent  dans  l'espace 
linéaire  à  neuf  dimensions. 

Les  deux  dernières  des  équations  (15)  sont  une  conséquence 
de&trois  premières,  à  moins  que  y^  ne  soit  égal  à  0.  Dès  lors,  faisons 

yi  =  0; 


140  G.  BRUNEL. 

les  trois  preiwières  équations  deviennent 

il  arrive  encore  ici  que  Ton  a  affaire  à  des  équations  non  indépen- 
dantes, on  peut  en  effet  écrire 

(j7)  ^^=y^=yi. 

Vs    y»     Vs 

Les  deux  premières  des  équations  (16),  avec  la  condition  ^1=0, 
représentent  un  espace  gauche  à  six  dimensions  et  du  quatrième 
ordre,  mais  cet  espace  contient  l'espace  linéaire 

yi  =  o,       y,  =  o,       y,  =  Q, 

qui  est  superflu  comme  le  montre  la  dernière  des  équations  (16). 
L'espace  considéré  n'est  donc  que  du  troisième  ordre. 

Les  coordonnées  d'un  point  quelconque  de  cet  espace  ne  satis- 
font pas  aux  cinq  équations  (15)  puisque  les  conditions  (17), 
substituées  dans  les  deux  dernières  équations,  ne  conduisent  pas 
à  une  identité. 

Ainsi,  la  présence  des  deux  dernières  équations  nous  montre 
que  dans  l'espace  à  six  dimensions  déflni  par  les  trois  premières 
et  qui  est  du  huitième  ordre,  existe  un  espace  à  six  dimensions 
du  troisième  ordre  surabondant.  Les  équations  conîidérées  repré- 
sentent donc  un  espace  du  cinquième  ordre. 

L'étude  de  l'espace  réglé  à  quatre  dimensions  revient  donc  à 
l'étude  des  espaces  tracés  dans  l'espace  linéaire  à  neuf  dimensions 
sur  l'espace  gauche  à  six  dimensions  et  du  cinquième  ordre 
défini  par  les  équations  (15). 

Quoi  qu'il  en  soit,  au  point  de  vue  de  la  théorie  des  nombres, 
nous  savons  maintenant  former  autant  de  solutions  en  nombres 
entiers  que  nous  voulons  des  mêmes  équations  (15);  il  suffit  de 
prendre  pour  les  variables  les  expressions  (13)  où  on  donne  aux 
a  des  valeurs  entières. 


NOTB  SUR  l'analyse  INDÉTERMINÉE  ET  LA  GÉOMÉTRIE.  l&l 

11.  Dans  le  cas  général,  la  considération  de  la  droite  dans 
fespace  à  n  dimensions  nous  conduit  à  considérer  une  matrice  à 
n  —  1  lignes  et  n  +  1  colonnes;  les  déterminants  différents 

d'ordre  n  —  1  qui  la  constituent  et  qui  sont  au  nombre  de  — ^ — 

seront  les  coordonnées  homogènes  de  la  droite  et  il  existe  entre 

,       .     nin-hl)      .^        ,.       (n  — l)(n— 2)        .... 
ces  coordonnées  — ^ —  —  (2n  — 1)= '-^ conditions 

représentées  en  réalité  par  un  plus  grand  nombre  de  relations 
du  second  degré.  La  solution  en  nombre  entiers  de  ces  équations 
simultanées  est  immédiate. 

Des  considérations  analogues  s'appliquent  à  un  espace  linéaire 
à  p  dimensions  situé  dans  un  espace  fondamental  linéaire  à 
n  dimensions,  n  étant  plus  grand  que  p.  Le  cas  de  la  droite  est 
celui  de  p  =  1 . 

12.  Nous  nous  contentons  ici  des  exemples  simples  que  nous 
avons  donnés  et  qui  suffisent  à  montrer  l'intérêt  que  présentent 
les  considérations  de  géométrie  à  n  dimensions.  Il  est  certain 
que  Ton  pourrait  faire  abstraction  complète  des  termes  de  géomé- 
trie; ils  nous  paraissent  cependant  donner  aux  résultats  plus  de 
netteté,  aux  raisonnements  plus  de  rapidité. 


NOTE 


SDR 


UN  RÉSULTAT  MAGNÉTIQUE 

OBTENU  A  BORD  DU  PAQUEBOT  NIGER 

des  MeaiaferiM  maritimes 


PAR   y.    BAULE 

CAPITAIXX  DU  «  SFIQXB  » 


La  théorie  de  la  régulation  des  compas  ou  boussoles  marines 
aidée  des  excellents  instruments  de  Sir  W.  Thomson  permet  de 
mesurer  les  forces  magnétiques  provenant  du  navire  qui,  indépen- 
damment des  forces  magnétiques  terrestres,  agissent  sur  Taiguille 
aimantée.  Ces  forces  perturbatrices,  très  considérables  sur  les 
bâtiments  en  fer,  proviennent  de  deux  sources  distinctes  : 

i^  Des  fers  restés  doux  ou  à  peu  près  doux  dont  Taiman talion 
varie,  par  suite,  avec  Torientation  du  navire  et  sa  position  sur  le 
globe. 

2°  Des  fers  qui  ont  atteint  un  état  d'aimantation  à  peu  près 
stable.  Les  forces  qui  en  résultent  sont  sensiblement  constantes; 
elles  constituent  ce  que  Ton  appelle  le  magnétisme  permanent  ou 
sous- permanent. 

Il  est  naturel  de  supposer  que  ce  magnétisme  a  été  contracté, 
du  moins  en  partie,  pendant  la  construction,  alors  que  le  marte- 
lage nécessité  par  la  mise  en  place  des  rivets  ou  autres  opérations 
analogues  déterminait,  dans  diverses  pièces  de  fer,  une  aimanta- 
tion correspondante  à  leur  orientation.  La  direction  du  chantier 
doit  donc  avoir  une  influence  marquée  sur  les  propriétés  magné- 
tiques du  navire.  D'après  les  résultats  obtenus  à  bord  du  Niger, 
cette  influence  semblerait  prépondérante. 


144  BAULR. 

Pour  délerminer  séparément  les  forces  dues  au  fer  doux  et  au 
magnétisme  permanent,  il  est  nécessaire  de  recueillir  des  obser- 
vations dans  divers  parages  où  les  conditions  du  magnétisme 
terrestre  sont  très  différentes.  Les  voyages  réguliers  qu'effectue 
le  Niger  depuis  six  mois  de  part  et  d'autre  de  Téquateur  magné- 
tique m'ont  permis  d'observer  mes  boussoles  dans  des  conditions 
favorables. 
En  désignant  pour  plus  de  clarté  par 

P  la  composante  horizontale  du  magnétisme  permanent  qui 
attire,  ve^^s  l'avant  du  navire^  le  pôle  nord  de  raiguille 
aimantée, 
Q  la  composante  horizontale  qui  attire  le  même  pôle  vers 
bâbord, 
j'obtiens  (l'unité  étant  la  force  horizontale  ù  Greenwich)  : 
Pour  la  boussole  n°  1  : 

P  =  +  0,098,         0=4-  0,2B5. 

La  résultante  de  ces  deux  forces  fera  donc,  avec  Taxe  longitu- 
dinal du  navire,  un  angle  compté  de  Yavant  vers  bâbord 

arc  tg.  ^  =  69°. 

Or,  si  on  suppose  la  direction  de  cette  résultante  tracée  sur  le 
pont,  et  si  on  reporte,  par  la  pensée,  le  Niger  sur  son  chantier» 
cette  direction  coïncidera  à  trois  degrés  près  avec  le  méridien 
magnétique.  L'orientation  du  chantier  est  en  effet  S.  7i°  0. 
magnétique. 

Pour  la  boussole  n°  S  : 

P  =  +  0,031,      Q  =  +  0,148,      arc  Ig.  p  =  78°. 

La  coïncidence  ne  serait  plus  qu'à  six  degrés  près,  mais  il  faut 
tenir  compte  que  la  boussole  n^  2,  beaucoup  plus  élevée  au-dessus 
du  pont,  est  moins  soumise  à  l'influence  de  la  masse  du  navire, 
mais  par  contre  l'est  beaucoup  plus  à  celle  d'une  passerelle  garnie 
de  fer,  construite  plusieurs  années  après  le  lancement  du  Niger. 


NOTE  SUR  UN  RÉSULTAT  MAGNÉTIQUE.  145 

Une  pareille  coïncidence  n'a  jamais  été  signalée,  que  je  sache, 
sur  aucun  bâtiment;  je  me  garderai  donc  bien  de  lui  attribuer 
une  généralité  qui  ne  pourrait  être  établie  que  par  des  vérifications 
nombreuses  et  obtenues  avec  des  compas  bien  placés,  c'est-à-dire 
éloignés,  comme  ceux  du  Niger,  de  toute  masse  de  fer  considé- 
rable. Je  constate  simplement  un  fait  que  je  crois  de  nature  à 
attirer  l'attention  des  navigateurs  qui  s'occupent  de  l'importante 
question  des  boussoles  marines. 


T.  Il  (3«  série).  iO 


NOTE 


SUR  LES  OXYDES  DE  CUIVRE 


PAR  U.  A. JOANNIS 


Exposé. 

On  connaît  depuis  longtemps  deux  oxydes  de  cuivre  répondant 
aux  formules  Cu^  et  CuO.  Plus  récemment,  MM.  Favre  et 
Maumené  ont  signalé  Pexistence  d'un  composé  Cu^O^  formé  en 
chauffant  au  rouge  blanc  de  Toxyde  de  cuivre  dans  un  creuset  de 
platine;  depuis,  M.  Schulzenberger  a  obtenu,  dans  des  conditions 
analogues,  mais  probablement  à  une  autre  température,  le 
composé  Cu^*. 

Mais  rien  ne  démontre  Texislence  de  ces  composés  intermé- 
diaires, en  tant  que  composés  déûnis;  pour  trancher  la  question, 
nous  avons  étudié,  M.  Debray  et  moi,  la  dissociation  de  ces 
composés;  les  résultais  de  nos  observations  ont  été  présentés  à 
l'Académie  des  Sciences,  et  je  ne  fais  ici  qu'en  donner  le  résumé  : 

1°  A  une  température  insuffisante  pour  fondre  le  mélange 
d'oxyde  noir  et  d'oxydule,  l'oxyde  noir  se  décompose  intégralement 
en  oxydule  et  en  oxygène  en  conservant  une  tension  de  dissocia- 
tion constante,  montrant  qu'à  ces  températures  il  ne  se  forme  pas 
d'oxyde  intermédiaire; 

2^  A  ces  températures,  un  mélange  préparé  à  l'avance  par  la 
fusion  des  deux  oxydes  et  ayant  la  composition  Cu%^,  a  présenté 
la  même  tension  de  dissociation  que  l'oxyde  noir; 

3"  A  des  températures  suffisantes,  pour  fondre  le  mélange  des 
deux  oxydes,  on  n'observe  plus  de  tension  constante,  et  nous 


148  A.  JOANNIS. 

avons  interprété  ce  résultat  en  comparant  la  dissociation  à  la 
vaporisation  .  on  sait  qu'un  liquide  contenant  un  corps  en  disso- 
lution possède  en  général  une  tension  de  vapeur  variable  avec  la 
quantité  du  corps  dissous;  l'oxydule  de  cuivre  jouerait  le  même 
rôle  dans  ces  expériences; 

h""  Si  on  laisse  refroidir  le  mélange  fondu,  la  pression  augmente 
soudainement  et  atteint  la  tension  de  dissociation  de  Toxyde  noir 
à  cette  température,  lorsque  le  mélange  se  solidifie.  Ce  fait  est 
une  conséquence  directe  de  l'interprétation  que  nous  avons  donnée 
de  Texpérience  précédente. 

Méthode. 

Un  tout  autre  genre  d'expériences  se  prêtait  également  à  exa- 
men de  ces  corps  et  permettait  de  rechercher  si  les  mélanges 
fondus  des  deux  oxydes  étaient  des  combinaisons.  Il  suffisait  pour 
cela  de  rechercher  la  chaleur  de  formation  de  ces  composés 
intermédiaires.  C'est  le  résultat  de  ces  expériences  de  thermo- 
chimie qui  fait  le  sujet  de  cette  note. 

Pour  cela,  on  a  fondu  un  mélange  des  deux  oxydes  répondant 
sensiblement  à  la  formule  Cu%^,  puis  on  a  fait  un  simple  mélange 
des  deux  oxydes  possédant  exactement  la  même  composition;  Ton 
a  cherché  si  en  se  dissolvant  dans  une  même  quantité  d'un  même 
réactif,  ils  donnaient  la  même  quantité  de  chaleur.  Pour  que  les 
comparaisons  fussent  exactes,  on  avait  pris  la  précaution  de  faire 
le  mélange  avec  de  l'oxyde  noir  et  de  l'oxydule  chauffés  séparé* 
ment,  le  premier  dans  de  l'oxygène  sous  pression  (pour  éviter  sa 
dissociation),  le  second  dans  le  vide,  afin  que  si  ces  corps  éprou- 
vent par  la  chaleur  des  changements  isomériques,  comme  cela 
arrive  pour  un  grand  nombre  d'oxydes,  tous  les  oxydes  fussent 
dans  des  états  identiques. 

Ceci  fait,  il  fallait  dissoudre  en  quelques  minutes  les  oxydes 
ainsi  obtenus.  Différents  acides  furent  essayes,  mais  sans  succès; 
les  acides  sulfurique,  chlorhydrique,  tluorhydrique,  azotique 
n'ont,  à  froid,  qu'une  action  extrêmement  lente.  L'acide  iodfay- 


NOTE  SUR  LES  OXYDES  DE  CUIVRE.  i49 

drique  donne  une  action  plus  rapide,  mais  encore  trop  lente. 
L'iodure de  potassium  et  Tacide  chiorbydrique  donnent  une  attaque 
un  peu  plus  vive.  On  s'est  enfin  arrêté  pour  un  mélange  d'iodure 
d'ammonium  et  d'acide  chiorbydrique  contenant  tOO  grammes 
d'iodure  d'ammonium  dissous  dans  100  centigrammes  d'acide 
chlorhydrique,  contenant  deux  équivalents  et  demi  d'acide  par 
litre.  L'excès  d'iodure  d'aujmonium  favorise  beaucoup  la  rapidité 
de  l'attaque  en  dissolvant  une  partie  de  l'iodure  cuivreux  formé. 

La  réaction  est  la  suivante  :  l'oxyde  noir  est  transformé  par 
l'acide  iodhydrique  en  iodure  cuivreux  et  en  iode 

2CuO  +  2HI  =  CuM  -f-  2H0  +  L 

L'oxydule  de  cuivre  est  transformé  en  iodure  cuivreux  sans  que 
de  l'iode  se  trouve  mis  en  liberté.  Une  portion  de  l'iodure  cuivreux 
formé  se  précipite,  une  autre  partie  reste  en  dissolution  dans 
l'iodure  alcalin. 

Mesure  de  la  chaleiw  de  dissolution  du  mélange  Cu^O  +  CuO  et 
du  mélange  fondu  possédanl  la  même  composition  Cu^O*  dans 
Viodure  d'ammonittm  et  V acide  chlorhydrique. 

L'appareil  qui  a  servi  aux  mesures  est  un  calorimètre  en  platine 
de  M.  fiertbelot  protégé  contre  Taction  des  corps  environnants 
par  les  enveloppes  ordinaires.  Dans  le  calorimètre  en  platine 
d'une  contenance  de  600  centimètres  cubes  environ  étaient  placés 
un  agitateur  hélicoïdal  de  M.  Berthelot,  un  thermomètre  calori- 
métrique divisé  en  ^  de  degré  et  un  tube  laboratoire  en  verre 
mince  dans  lequel  se  faisait  la  réaction.  Pour  bien  mélanger  le 
liquide  et  l'oxyde  sur  lequel  on  opérait,  une  tige  creuse  en  verre, 
portant  à  sa  partie  supérieure  une  boule  soufflée  d'un  diamètre 
presque  égal  à  celui  du  tube,  servait  d'écraseur  et  d'agitateur. 

Pendant  une  période  préliminaire  de  15  minutes  environ  on 
notait  le  refroidissement  ou  le  réchauffement  du  calorimètre. 
On  faisait  ensuite  l'expérience  proprement  dite  qui  durait  de  30  à 
40  minutes  et  sa  durée  était  sensiblement  la  même  pour  le 


152  A.  JOANNIS.  —  NOTE  SUR  LES  OXYDES  DE  CUIVRE. 

possède  pas  une  tension  de  dissociation  propre;  il  ne  correspond 
à  aucun  phénomène  thermique  appréciable. 

Ces  expériences  montrent,  en  outre,  que  l'oxyde  Cu'^O^  est  aussi 
Tormé  sans  dégagement  ou  absorption  de  chaleur;  car  si  Ton 
admet  que  c'est  ce  composé  intermédiaire  qui  prend  naissance  au 
lieu  de  Cu^O*,  le  mélange  fondu  que  nous  avons  employé  conte- 
nait un  mélange  de  Cu^O^  et  de  CuO  : 

2  Cq'O*  =  Ca'O'  -f-  CuO. 

Or  ce  mélange  fondu  s'est  comporté,  d'après  nos  expériences, 
comme  le  mélange  simple  : 

2CuW=2(Cu«0  +  CuO) 

que  Ton  peut  écrire 

(2  Cu'O  +  CuO)  4-  CuO. 

Donc  Cu*03  s'est  comporté  aussi  comme  le  mélange  2  Cu*0  +  CuO. 


TEIPÉRÀTDRES  DE  U  lEE 

BT 

COXJP8     DE     VENT 

DE   BORDEAUX    A   NEW-YORK 
PâR  U.  HAUTREUX 

LIXUTBHAKT  DB  VAI8BSAV 


La  route  suivie  par  les  paquebots  de  la  Compagnie  Bordelaise, 
entre  Bordeaux  et  New-York,  est  la  plus  méridionale  de  toutes 
celles  que  suivent  les  autres  Compagnies  de  navigation  se  rendant 
des  côtes  d'Europe  à  celles  des  États-Unis  du  Nord;  ces  dernières 
partent  soit  de  la  Manche  par  50^  latitude  Nord  et  remontent  par 
arc  de  grand  cercle  jusque  par  52  ou  53^  de  latitude;  les  autres 
partent  de  FÉcosse  vers  55°  de  latitude  Nord  et  remontent  jusque 
par  58  ou  59°  pour  de  là  gagner  Terre-Neuve  par  la  voie  la  plus 
courte.  Toutes  ces  routes  boréales  refoulent,  en  allant  vers  l'Ouest, 
le  grand  courant  d'eaux  chaudes  qui  prolonge  le  Gulf-Stream 
jusque  sur  les  côtes  de  Norvège  et  enveloppe  l'Irlande  de  ses 
eaux  tièdes.  La  route  de  Bordeaux  à  New-York  partant  du  fond 
du  golfe  de  Gascogne,  par  45°  de  latitude  Nord,  ne  remonte  que 
jusque  vers  4-7*^  Nord,  vient  reconnaître  la  pointe  sud  du  grand 
banc  de  Terre-Neuve  par  43"  de  latitude  Nord  et  de  là  se  rend  sur 
New-York;  elle  se  maintient,  dans  la  traversée  de  l'Atlantique 
jusqu'au  banc,  à  une  centaine  de  lieues  plus  au  Sud  que  les 
routes  partant  de  la  Manche  et  à  deux  cents  lieues  des  routes 
partant  de  l'Ecosse;  elle  traverse  le  grand  courant  d'eaux  chaudes 
bien  moins  en  écharpe  que  les  autres  routes  et  par  conséquent 
peut  servir  à  délimiter  ses  rives  d'une  manière  plus  précise. 
L'étude  de  ces  limites  est  poursuivie  par  toutes  les  nations 
maritimes;  il  y  a  un  grand  intérêt  à  multiplier  les  documents 
pouvant  servir  à  ces  travaux. 

T.  II  (8«  Série).  11 


<54  HAUTREUX. 

Le  service  régulier  de  la  Compagnie  Bordelaise  dure  depuis 
près  de  trois  années  ;  ces  navires  font,  tant  à  Taller  qu'au  retour, 
plus  d'un  départ  par  mois;  ses  capitaines  ont  toujours  le  thermo- 
moire à  la  main,  leurs  journaux  m'ont  été  communiqués;  ce  sont 
ces  documents  que  je  vais  analyser. 

A  l'origine  du  service,  les  capitaines  ont  hésité  sur  les  routes 
les  plus  avantageuses,  soit  en  se  rapprochant  de  l'arc  de  grand 
cercle  pour  diminuer  le  parcours,  soit  en  se  rapprochant  de  la 
route  loxodromique  pour  diminuer  les  chances  de  mauvais  temps; 
depuis  cette  époque,  ils  ont  adopté  une  route  mixte  suivant  à  peu 
près  l'arc  de  grand  cercle  jusqu'à  la  pointe  méridionale  du  banc 
de  Terre-Neuve  et  de  là  jusqu'à  New-York  par  la  route  loxodro- 
mique. Ces  routes  passant  ainsi  toujours  à  peu  près  au  même 
point,  fournissent  des  données  qui  sont  devenues  comparables  et 
dont  on  peut  tirer  des  moyennes  utiles. 

La  route  de  ces  paquebots  croise  le  52*  méridien  Ouest,  celui 
du  grand  banc  de  Terre-Neuve,  par  43*  de  latitude  Nord.  Des 
glaces  flottantes  ont  été  rencontrées  en  ce  point  depuis  février 
jusqu'en  juin  ;  c'est  l'axe  d'une  zone  froide  qui  existe  toute  l'année 
et  sépare  nettement,  en  deux  parties  bien  distinctes,  la  zone  des 
eaux  chaudes  équatoriales  ;  c'est  la  région  des  brumes  épaisses  et 
toujours  le  point  critique  de  la  traversée. 

Entre  TEurope  et  le  40*  méridien  Ouest,  les  températures  de 
la  mer  restent,  toute  Tannée,  remarquablement  uniformes;  entre 
40  et  50^  de  longitude  Ouest,  la  température  s'élève  et  décèle  la 
présence  d'eaux  plus  chaudes,  de  provenance  équatoriale;  puis 
entre  50  et  55°  de  longitude  Ouest  existe  une  nappe  froide  à 
température  très  basse;  au  delà, de  55°  jusqu'à  66°  ou  68° Ouest, 
on  trouve  une  seconde  région  d'eaux  chaudes.  Enfin  de  68  à  75®, 
c'est-à-dire  jusqu'à  New-York,  pendant  neuf  mois  de  Tannée,  de 
novembre  à  juillet,  c'est  une  seconde  nappe  froide  qui  longe 
toute  la  côte  des  États-Unis. 

Ces  deux  zones  d'eaux  froides  sont  évidemment  de  provenance 
polaire,  les  deux  régions  d'eaux  chaudes  de  provenance  équato- 
riale; leurs  directions  générales  sont  connues;  comme  elles  sont 


TEMPÉRATURES  DE  LA  MER  ET  COUPS  DE  VENT.         1S5 

traversées  en  écharpe  par  la  route  des  navires,  la  largeur  du 
courant  chaud  est  bien  loin  d'avoir  les  dimensions  qu'indiqueraient 
les  limites  signalées. 

Températures  de  la  mer.  —  v  Glaces  rencontrées. 


LONGITUDES 

OUEST. 

i 

1 

S 

S 

1 

• 

75« 

70o 

65«> 

60O 

550 

vi 

52» 

50» 

450 

40° 

350 

30O 

25« 

20° 

15« 

100 

m 
8 


Janvier... 

40 

6« 

8- 

10» 

50 

-1° 

10° 

140 

140 

140 

13°  5 

Février. .. 

4 

7 

11 

15 

5 

ov 

14.5 

14 

12.5 

12.5 

12.5 

Mars 

4 

6 

13 

15 

10 

ov 

15 

14 

13 

13 

13 

Avril 

5 

5 

15 

17 

13 

iv 

8 

15 

15 

14 

13.5 

Mai 

7 

9 

15 

17 

16 

6V 

8 

14 

14 

14 

14 

Juin 

11 

14 

20 

21 

21 

sv 

15 

20 

18 

16 

15.5 

Juillet.... 

19 

18 

22 

22 

19 

11 

16 

21 

18 

18 

18 

Août 

19 

21 

24 

24 

21 

14 

18 

23 

20 

20 

19 

Septemb.. 

18 

19 

22 

21 

17 

11 

15 

23 

20 

20 

19 

Octobre  . . 

16 

18 

21 

21 

16 

8 

11 

20 

18 

17 

16.5 

Novembre 

13 

11 

17 

17 

10 

6 

U 

16 

14 

14 

13.5 

Décembre 

11 

10 

16 

17 

9 

4 

10 

16 

14 

14 

13.5 

13» 

12.5 

12.5 

13.5 

14 

16 

17.5 

18 

18.5 

16.5 

14.5 

13.5 


1205 

1205 

12-55 

12 

12 

11.5 

12.5 

12 

11.5 

13 

13 

18 

13.5 

13.5 

13.5 

16 

16 

16 

17 

17.5 

17.5 

18 

18 

18 

18 

18 

18 

16 

16 

16 

14 

14 

14 

13 

13 

13 

120 
11 

U 
13 

14 
17 
19 
20 
19 
17 
15 
13 


40°   41°   420 


LATITUDES  NORD. 

430    44"    450    46» 


470 


47° 


46° 


Tableau  des  moyennes  observées  des  limites  et  températures  de  la  zone  froide 

du  Grand-Banc. 


LONGITUDES   OUEST. 

É                ■                 ■                1                •                1                ■                    1 

1 

62° 

61° 

60° 

590 

58° 

57° 

56° 

55° 

540 

53° 

52° 

51° 

50° 

490 

48° 

470 

Janvier .... 

»o 

11°     9° 

70 

70     6° 

6° 

40 

0° 

-1° 

—  ^ 

30 

9° 

14° 

»o 

>o 

Février .... 

B 

15 

12 

12 

8 

5 

2 

0 

2 

8 

14 

1  7 

B 

a 

Mars 

» 

• 

14 

8 

—  1 

3 

8 

13 

14 

9 

» 

a 

Avril 

■ 

> 

S 

15 

12 

6 

2 

2 

3 

8 

11 

13 

15 

Mai 

> 

» 

fU 

» 

16 

U 

7 

6 

7 

8 

10 

12 

14 

Juin 

» 

» 

L. 

9 

21 

19 

11 

8 

11 

15 

l'8 

19 

Juillet 

> 

> 

» 

» 

19 

16 

13 

12 

13 

17 

20 

21 

S 

Août 

» 

» 

"5 

22 

21 

18 

14 

14 

16 

17 

20 

21 

03 

Septembre. . 

a 

■ 

0 

19 

18 

17 

13 

12 

11 

12 

15 

18 

21 

Octobre .... 

» 

» 

20 

19 

16 

12 

8 

8 

9 

11 

13 

16 

«JL 

Novembre . . 

18 

16 

13 

U 

10 

8 

6 

7 

8 

10 

13 

15 

17 

'^ 

Décembre .. 

» 

17 

16 

15 

13 

11 

8 

5 

4 

4 

7 

U 

15 

17 

" 

LATITUDES  NORD. 

420                                                  4 

3° 

44° 

154  HAUTREUX. 

Le  service  régulier  de  la  Compagnie  Bordelaise  dure  depuis 
près  de  trois  années  ;  ces  navires  font,  tant  à  Taller  qu'au  retour, 
plus  d'un  départ  par  mois;  ses  capitaines  ont  toujours  le  thermo- 
mètre à  la  main,  leurs  journaux  m'ont  été  communiqués;  ce  sont 
ces  documents  que  je  vais  analyser. 

A  Torigine  du  service,  les  capitaines  ont  hésité  sur  les  routes 
les  plus  avantageuses,  soit  en  se  rapprochant  de  Tare  de  grand 
cercle  pour  diminuer  le  parcours,  soit  en  se  rapprochant  de  la 
route  loxodromique  pour  diminuer  les  chances  de  mauvais  temps; 
depuis  cette  époque,  ils  ont  adopté  une  route  mixte  suivant  à  peu 
près  Tare  de  grand  cercle  jusqu'à  la  pointe  méridionale  du  banc 
de  Terre-Neuve  et  de  là  jusqu'à  New-York  par  la  route  loxodro- 
mique. Ces  routes  passant  ainsi  toujours  à  peu  près  au  même 
point,  fournissent  des  données  qui  sont  devenues  comparables  et 
dont  on  peut  tirer  des  moyennes  utiles. 

La  route  de  ces  paquebots  croise  le  52*  méridien  Ouest,  celui 
du  grand  banc  de  Terre-Neuve,  par  Aâ'*  de  latitude  Nord.  Des 
glaces  flottantes  ont  été  rencontrées  en  ce  point  depuis  février 
jusqu'en  juin  ;  c'est  l'axe  d'une  zone  froide  qui  existe  toute  l'année 
et  sépare  nettement,  en  deux  parties  bien  distinctes,  la  zone  des 
eaux  chaudes  équatoriales  ;  c'est  la  région  des  brumes  épaisses  et 
toujours  le  point  critique  de  la  traversée. 

Entre  TEurope  et  le  AG^  méridien  Ouest,  les  températures  de 
la  mer  restent,  toute  l'année,  remarquablement  uniformes;  entre 
40  et  50*^  de  longitude  Ouest,  la  température  s'élève  et  décèle  la 
présence  d'eaux  plus  chaudes,  de  provenance  équatoriale;  puis 
entre  50  et  55°  de  longitude  Ouest  existe  une  nappe  froide  à 
température  très  basse;  au  delà, de  55^*  jusqu'à  66°  ou  68° Ouest, 
on  trouve  une  seconde  région  d'eaux  chaudes.  Enfin  de  68  à  75^ 
c'est-à-dire  jusqu'à  New-York,  pendant  neuf  mois  de  Tannée^  de 
novembre  à  juillet,  c'est  une  seconde  nappe  froide  qui  longé 
toute  la  côte  des  États-Unis. 

Ces  deux  zones  d'eaux  froides  sont  évidemment  de  provenance 
polaire,  les  deux  régions  d'eaux  chaudes  de  provenance  équato- 
riale; leurs  directions  générales  sont  connues;  comme  elles  sont 


TEMPÉRATURES  DE  LA  MER  ET  COUPS  DE  VENT.         ISS 

traversées  en  écharpe  par  la  route  des  navires,  la  largeur  du 
courant  chaud  est  bien  loin  d'avoir  les  dimensions  qu'indiqueraient 
les  limites  signalées. 

Températures  de  la  mer.  —  v  Glaces  rencontrées. 


LONGITUDES 

OUEST. 

i 

1 

S 

1 

■ 

750 

700 

650 

6O0 

55" 

52» 

50» 

450 

40» 

350 

ao» 

25« 

20° 

i5o 

100 

s 

T 
& 


Janvier... 

40 

60 

8'» 

100 

50 

-10 

100 

140 

140 

140 

1305 

130 

1205 

Février. .. 

4 

7 

11 

15 

5 

ov 

14.5 

14 

12.5 

12.5 

12.5 

12.5 

12 

Mars 

4 

6 

13 

15 

10 

ov 

15 

14 

13 

13 

13 

12.5 

12.5 

Avril 

5 

5 

15 

17 

13 

iv 

8 

15 

15 

14 

13.5 

13.5 

13 

Mai 

7 

9 

15 

17 

16 

6V 

8 

14 

14 

14 

14 

14 

13.5 

Juin 

11 

14 

20 

21 

21 

8V 

15 

20 

18 

16 

15.5 

16 

16 

Juillet.... 

19 

18 

22 

22 

19 

11 

16 

21 

18 

18 

18 

17.5 

17 

Août 

19 

21 

24 

24 

21 

14 

18 

23 

20 

20 

19 

18 

18 

Septemb.. 

18 

19 

22 

21 

17 

11 

15 

23 

20 

20 

19 

18.5 

18 

Octobre  . . 

16 

18 

21 

21 

16 

8 

11 

20 

18 

17 

16.5 

16.5 

16 

Novembre 

13 

11 

17 

17 

10 

6 

11 

16 

14 

14 

13.5 

14.5 

14 

Décembre 

11 

10 

16 

17 

9 

4 

10 

16 

14 

14 

13.5 

13.5 

13 

1205 

12 

12 

13 

13.5 

16 

17.5 

18 

18 

16 

14 

13 


1205 

11.5 

11.5 

18 

13.5 

16 

17.5 

18 

18 

16 

14 

13 


120 

11 

11 

13 

14 

17 

19 

20 

19 

17 

15 

13 


400   410   42° 


LATITUDES  NORD. 
430  44'^  450  46» 


470 


47^ 


460 


Tablean  des  moyennes  observées  des  limites  et  températures  de  la  lone  froide 

du  Grand-Banc. 


LONGITUDES  OUEST. 

■                   <■•■■                        1 

.    .  1 

620 

610 

6O0 

59° 

580 

570 

560 

550 

540 

530 

520 

510 

500 

490 

480 

470 

Janvier .... 

»o 

110 

90 

70 

70     60 

60 

40 

00 

-10 

-lo 

30 

90 

140 

»o 

>o 

Février .... 

9 

» 

15 

13 

12 

12 

8 

5 

2 

0 

2 

8 

14 

1  7 

» 

B 

Mars 

> 

» 

• 

14 

8 

—  1 

3 

8 

13 

14 

> 

» 

B 

Avril 

» 

» 

» 

S 

15 

12 

6 

2 

2 

3 

8 

11 

13 

15 

Mai 

> 

9 

» 

9 

16 

11 

7 

6 

7 

8 

10 

12 

14 

Juin 

> 

» 

» 

k. 

» 

21 

19 

11 

8 

11 

15 

l'8 

19 

Juillet 

> 

■ 

» 

» 

19 

16 

13 

12 

13 

17 

20 

21 

S 

Août 

> 

» 

» 

"S 

22 

21 

18 

14 

14 

16 

17 

20 

21 

Septembre. . 

■ 

B 

» 

0 

19 

18 

17 

13 

12 

11 

12 

15 

18 

21 

or 

Octobre .... 

» 

9 

» 

20 

19 

16 

12 

8 

8 

9 

11 

13 

16 

ui 

Novembre .. 

> 

18 

16 

14 

13 

11 

10 

8 

6 

7 

8 

10 

13 

15 

17 

s 

Décembre.. 

» 

» 

17 

16 

15 

13 

11 

8 

5 

4 

4 

7 

11 

15 

17 

0 

LATITUDES  NORD. 

420                                                4 

30 

440 

156  HAUTREUX. 

Nous  présentons  les  deux  tableaux  des  moyennes  mensuelles 
observées  des  températures  de  la  mer  sur  le  parcours  indiqué  : 

1°  De  5  en  5  degrés  de  longitude,  en  indiquant  plus  spéciale- 
ment les  températures  minima  observées  à  la  pointe  du  Grand- 
Banc  vers  52**  longitude  Ouest  et  par  W  latitude  Nord. 

2^  Un  tableau  des  moyennes  mensuelles  et  des  limites  de  la 
zone  froide  du  Grand-Banc  de  degré  en  degré  de  longitude. 

Ces  deux  tableaux  n'ont  certainement  pas  la  régularité  que 
Ton  devrait  espérer  dans  les  mouvements  ascendants  ou  descen- 
dants des  températures.  Plus  d'un  chiffre  devra  être  rectifié  par 
des  observations  plus  nombreuses,  nous  les  donnons  tels  qu'ils 
ressortent  des  observations  enregistrées,  et  tels  quels  ils  peuvent 
servir  à  donner  une  notion  assez  précise  de  la  façon  dont  se 
modifient  les  températures  de  la  surface. 

Le  premier  tableau  montre  que  la  zone  froide  du  Grand-Banc 
existe  toute  Tannée  et  divise  en  deux  parties  bien  tranchées, 
comme  le  ferait  un  mur,  le  grand  courant  chaud  équatorial  du 
Gulf-Stream;  la  séparation  de  ces  deux  branches  est  absolue  et 
l'on  ne  voit  pas  comment  là  branche  occidentale  qui  longe  les 
bancs  du  Nautucket  pourrait  franchir  cet  obstacle  de  la  surface 
et  rejoindre  la  branche  orientale  à  l'est  du  48®  méridien,  la 
séparation  entre  les  deux  branches  étant  au  minimum  de  7  degrés 
de  longitude  ou  de  100  lieues  marines.  Ce  tableau  fait  ressortir 
la  zone  froide  qui  existe  le  long  des  côtes  des  États-Unis  pendant 
neuf  mois  de  l'année  et  ne  disparaît  qu'en  juillet,  août  et  septem- 
bre; sa  plus  grande  extension  vers  l'Est  a  lieu  en  décembre  et 
janvier  et  atteint  le  65®  méridien.  Ces  deux  faits  sont  en  corréla- 
tion directe  avec  l'extension  plus  ou  moins  grande  du  Gulf-Stream. 
On  comprend  que,  dans  les  mois  chauds  de  Tannée,  ce  courant, 
arrêté  dans  TEst  par  la  zone  froide  du  Grand-Banc  et  amenant  des 
eaux  chaudes  plus  abondantes,  est  obligé  de  se  déverser  vers  le 
Nord  et  de  couvrir  les  bancs  du  Nautucket,  qui  pendant  Thiver 
lui  forment  obstacle  et  l'obligent  à  se  détourner  vers  TEst. 
Comme,  d'autre  part,  la  zone  froide  forme  arrêt  absolu  dans  cette 
direction,  le  courant  chaud  équatorial  disparait  presque  coroplè- 


TEMPÉRATURES  UK  LA  MER  ET  COUPS  DE  VENT.         157 

temenl  au  nord  du  Ai^  parallèle  depuis  le  mois  de  janvier  jusqu'au 
mois  de  juin.  La  roule  des  paquebots  rencontre  le  courant  chaud 
entre  les  méridiens  de  42  et  de  48^  longitude  Ouest;  mais  la 
direction  du  courant  n'est  pas  en  travers  du  parcours  des  navires, 
elle  le  prend  en  écharpe  ;  le  courant  n'a  donc  pas  6^  de  longitude 
de  largeur,  on  peut  estimer  qu'il  en  a  à  peu  près  la  moitié,  soit 
environ  45  lieues  de  largeur;  ce  n'est  pas  un  dixième  de  la 
surface  de  l'Atlantique  compris  entre  les  bancs  de  Terre-Neuve 
et  les  côtes  d'Irlande. 

Le  second  tableau  montre  que  le  minimum  thermal  de  la 
région  froide  du  Grand-Banc  se  déplace  légèrement,  tout  en  se 
maintenant  dans  d'étroites  limites.  Ainsi,  de  janvier  à  mars  il  se 
trouve  par  53  ou  54^  de  longitude,  tandis  que  de  juin  à  septembre 
il  est  par  le  52®  méridien.  C'est  en  février  que  commence  la 
dérive  des  glaces,  c'est  à  la  même  époque  que  commence  l'exten- 
sion du  Gulf-Stream  et  sa  poussée  vers  l'Est  de  tout  l'ensemble,  y 
compris  la  zone  froide  au  milieu  de  laquelle  les  glaces  flottantes 
se  maintiennent  jusqu'au  mois  de  juin;  mais  à  partir  du  mois 
de  septembre,  la  puissance  du  Gulf-Stream  diminue,  les  eaux 
froides  regagnent  leur  région  habituelle  et  repoussent  au  sud  du 
41"  parallèle  les  eaux  chaudes  qui  longent  la  côte  américaine. 

Cette  marche  bien  marquée  des  eaux  froides  et  des  eaux 
chaudes  sur  le  parcours  des  paquebots  de  la  Compagnie  Bordelaise 
est  un  indice  certain  des  courants  plus  ou  moins  contraires  ou 
favorables  qu'ils  doivent  rencontrer.  Il  est  bien  évident  que  ces 
navires  doivent  sérieusement  en  tenir  compte  et  s'attendre  à 
trouver  des  courants  portant  vers  l'Est  depuis  le  mois  d'avril 
jusqu'au  mois  d'août.  Pendant  les  autres  mois  de  l'année,  leur 
influence  doit  être  très  faible  et  modifiée  par  la  poussée  des 
vents  de  la  surfrce. 

Cette  modification  des  températures  de  la  surface  de  l'eau  par 
les  coups  de  vent  est  bien  marquée  dans  ces  parages  où  des 
diflérences  de  température  considérables  sont  très  voisines  les 
unes  des  autres.  Je  n'en  citerai  que  deux  exemples  : 

Octobre  i884.  —  Du  20  au  22,  le  Château-LéoviUe  a  éprouvé 


158 


HAUTREUX. 


un  coup  de  vent  de  ONO  d'une  violence  extrême,  il  se  trou- 
vait entre  38°  et  45°  de  longitude  Ouest,  et  entre  47^30'  et  46° 
de  latitude  Nord;  il  aurait  dû  observer  des  températures  de 
surface  variant  entre  17°  et  49°.  Voici  celles  qu'il  a  rencontrées  : 


DATES. 

LONGIT. 

LATITUDE 

VENTS. 

BAROM. 

THERM. 

Direct. 

Force. 

20  octobre  midi. 

38037 

47^38' 

N-0 

7 

758 

14» 

—      soir.. 

39  46 

47  18' 

0-N-O 

9 

762 

12 

il  octobre  m.... 

41  03 

47  14' 

0-N-O 

10 

765 

12 

—      midi. 

42  20 

46  50' 

N 

11 

756 

10 

—      soir.. 

43  28 

46  37' 

0-N-O 

9 

761 

10 

22 octobre  m.... 

44  32 

46  28' 

N-0 

8 

766 

5 

-      midi. 

45  32 

46  11' 

N-O 

7 

771 

17 

—      soir.. 

47  07 

45  58' 

0-N-O 

6 

776 

8 

Ainsi,  après  trente-six  heures  de  coups  de  vent  de  ONO, 
la  température  de  Teau  avait  baissé  de  9^  et  il  suffit  que  le  vent 
mollisse  dans  la  matinée  du  22  octobre  pour  qu'elle  remonte  à 
1 7°  voisine  de  la  température  normale  en  cet  endroit  ;  le  soir  on 
retrouvait  la  zone  froide  régulière,  indiquée  par  la  température 
de  8°. 


Décembre  1884.  —  Du  14  au  15,  le  ChâteaU'Léoville  a  subi 
un  fort  vent  de  NO  variable  au  Nord,  qui  a  amené  une  chute 
anormale  de  la  température  de  la  mer  : 


DAtES. 

LONGIT. 

LATITUDE 

VENTS. 

BABOM. 

THERM. 

Direct. 

Force. 

14  décembre  m. 

33« 

45"30 

W 

3 

766 

130- 

—     midi. 

35 

1 

NO 

5 

766 

14 

—     soir.. 

87 

> 

N 

6 

770 

7 

15  décembre  m. 

38 

45  00 

N 

5 

770 

U 

—     midi. 

40 

» 

N 

6 

771 

9 

—     soir.. 

42 

44  30 

Variab. 

3 

776 

13 

La  température  régulière  qu'on  devait  rencontrer  dans  ces 


TEMPÉRATCRES  DE  LA  MRn  ET  COUPS  DE  VENT.         159 

parages  devait  être  de  14''  à  15"^.  On  voit  que,  aussitôt  que  le 
vent  du  Nord  augmente  de  force,  la  température  de  Teau  s'abaisse 
de  7**,  et  sitôt  que  le  vent  mollit,  on  retrouve  les  températures 
normales  de  la  région. 

Ces  deux  exemples  suffisent  pour  montrer  Tinfluence  modifica- 
trice manifeste  des  vents  forts  sur  la  température  de  la  surface 
de  Teau  dans  ces  régions  de  TAtlantique  où  les  eaux  chaudes  sont 
très  voisines  des  eaux  froides,  tandis  que  cette  influence  est 
presque  nulle  dans  les  parties  de  TAtlantique  où  les  températures 
sont  uniformes  sur  de  vastes  espaces  ;  ils  montrent  aussi  combien 
cette  influence  est  passagère  et  trouble  peu  les  données  thermales 
habituelles. 

Ces  brusques  oscillations  sont  aussi  très  fréquentes  dans  la 
région  plus  voisine  des  côtes  d'Amérique,  vers  la  limite  orientale 
des  bancs  du  Nautucket  et  les  atterrissages  de  New-York  el, 
pour  la  raison  indiquée  plus  haut,  pendant  la  période  hivernale 
de  novembre  à  mai,  parce  qu'à  cette  époque  la  route  de  nos 
paquebots  longe  la  ligne  de  séparation  entre  la  rive  gauche  du 
Gulf-Stream  et  la  zone  froide  du  Saint-Laurent  et  des  bancs. 


Glaces  rencontrées, 

La  rencontre  des  ice-bergs  est  l'un  des  grands  dangers  de  la 
route  entre  Bordeaux  et  New-York;  les  paquebots  en  ont  aperçu, 
au  sud  du  Grand-Banc,  dans  la  région  des  eaux  froides,  depuis  le 
mois  de  février  jusqu'au  mois  de  juin  pendant  leurs  parcours  des 
années  précédentes.  Ces  dangers  sont  à  l'état  de  blocs  erratiques; 
ce  sont  eux  qui  produisent  les  eaux  froides;  le  thermomètre  les 
signale  d'assez  loin,  mais  ces  observations  exigent  une  attention 
continue,  de  nuit  comme  de  jour,  bien  difficile  à  obtenir  sur  les 
bâtiments  à  faibles  équipages. 

Depuis  le  mois  de  mars  dernier,  le  bulletin  international  publie 
des  dépêches  du  Signal  Service  de  Washington  indiquant,  par 


152  A.  JOANMS.  —  NOTR  SUR  LRS  OXYDES  DE  CUIVRE. 

possède  pas  une  tension  de  dissociation  propre;  il  ne  correspond 
à  aucun  phénomène  thermique  appréciable. 

Ces  expériences  montrent,  en  outre,  que  l'oxyde  Cu^O^  est  aussi 
formé  sans  dégagement  ou  absorption  de  chaleur;  car  si  l'on 
admet  que  c'est  ce  composé  intermédiaire  qui  prend  naissance  au 
lieu  de  Cu'O*,  le  mélange  fondu  que  nous  avons  employé  conte- 
nait un  mélange  de  Cu^O^  et  de  CuO  : 

2Cu'0'  =  Ca'0'+CuO. 

Or  ce  mélange  fondu  s'est  comporté,  d'après  nos  expériences, 
comme  le  mélange  simple  : 

2Cu'0'=2{Cu'0  +  CmO) 

que  Ton  peut  écrire 

(2  Cu'O  +  CaO)  +  CqO. 

Donc  Cu'K)^  s'est  comporté  aussi  comme  le  mélange  2  Cu^  +  CuO. 


TElFÉRiTURES  DE  LA  1ER 

BT 

COUPS     DE     VENT 

DE   BORDEAUX    A   NEW-YORK 
PAR  U.  HAUTREUX 

LXXUTXKAKT  DB  TAISSIAV 


La  route  suivie  par  les  paquebots  de  la  Compagnie  Bordelaise, 
entre  Bordeaux  et  New-York,  est  la  plus  méridionale  de  toutes 
celles  que  suivent  les  autres  Compagnies  de  navigation  se  rendant 
des  côtes  d'Europe  à  celles  des  États-Unis  du  Nord;  ces  dernières 
partent  soit  de  la  Manche  par  50°  latitude  Nord  et  remontent  par 
arc  de  grand  cercle  jusque  par  52  ou  53°  de  latitude  ;  les  autres 
partent  de  TÉcosse  vers  55^  do  latitude  Nord  et  remontent  jusque 
par  58  ou  59°  pour  de  là  gagner  Terre-Neuve  par  la  voie  la  plus 
courte.  Toutes  ces  routes  boréales  refoulent,  en  allant  vers  l'Ouest, 
le  grand  courant  d'eaux  chaudes  qui  prolonge  le  Gulf-Stream 
jusque  sur  les  côtes  de  Norvège  et  enveloppe  l'Irlande  de  ses 
eaux  tièdes.  La  route  de  Bordeaux  à  Nev^-York  partant  du  fond 
du  golfe  de  Gascogne,  par  45°  de  latitude  Nord,  ne  remonte  que 
jusque  vers  47°  Nord,  vient  reconnaître  la  pointe  sud  du  grand 
banc  de  Terre-Neuve  par  43"  de  latitude  Nord  et  de  là  se  rend  sur 
New-York;  elle  se  maintient,  dans  la  traversée  de  l'Atlantique 
jusqu'au  banc,  à  une  centaine  de  lieues  plus  au  Sud  que  les 
routes  partant  de  la  Manche  et  à  deux  cents  lieues  des  routes 
partant  de  l'Ecosse;  elle  traverse  le  grand  courant  d'eaux  chaudes 
bien  moins  en  écharpe  que  les  autres  routes  et  par  conséquent 
peut  servir  à  délimiter  ses  rives  d'une  manière  plus  précise. 
L'étude  de  ces  limites  est  poursuivie  par  toutes  les  nations 
maritimes;  il  y  a  un  grand  intérêt  à  multiplier  les  documents 
pouvant  servir  à  ces  travaux. 

T.  II  (8«  Série).  il 


154  HAUTREUX. 

Le  service  régulier  de  la  Compagnie  Bordelaise  dure  depuis 
près  de  trois  années  ;  ces  navires  font,  tant  à  l'aller  qu'au  retour, 
plus  d'un  départ  par  mois;  ses  capitaines  ont  toujours  le  thermo- 
mètre à  la  main,  leurs  journaux  m'ont  été  communiqués;  ce  sont 
ces  documents  que  je  vais  analyser. 

A  l'origine  du  service,  les  capitaines  ont  hésité  sur  les  routes 
les  plus  avantageuses,  soit  en  se  rapprochant  de  l'arc  de  grand 
cercle  pour  diminuer  le  parcours,  soit  en  se  rapprochant  de  la 
route  loxodromique  pour  diminuer  les  chances  de  mauvais  temps; 
depuis  cette  époque,  ils  ont  adopté  une  route  mixte  suivant  à  peu 
près  l'arc  de  grand  cercle  jusqu'à  la  pointe  méridionale  du  banc 
de  Terre-Neuve  et  de  là  jusqu'à  New-York  par  la  route  loxodro- 
mique. Ces  routes  passant  ainsi  toujours  à  peu  près  au  même 
point,  fournissent  des  données  qui  sont  devenues  comparables  et 
dont  on  peut  tirer  des  moyennes  utiles. 

La  route  de  ces  paquebots  croise  le  52'  méridien  Ouest,  celui 
du  grand  banc  de  Terre-Neuve,  par  4â*  de  latitude  Nord.  Des 
glaces  flottantes  ont  été  rencontrées  en  ce  point  depuis  février 
jusqu'en  juin;  c'est  l'axe  d'une  zone  froide  qui  existe  toute  l'année 
et  sépare  nettement,  en  deux  parties  bien  distinctes,  la  zone  des 
eaux  chaudes  équatoriales;  c'est  la  région  des  brumes  épaisses  et 
toujours  le  point  critique  de  la  traversée. 

Entre  TEurope  et  le  40*  méridien  Ouest,  les  températures  de 
la  mer  restent,  toute  l'année,  remarquablement  uniformes;  entre 
40  et  50°  de  longitude  Ouest,  la  température  s'élève  et  décèle  la 
présence  d'eaux  plus  chaudes,  de  provenance  équatoriale;  puis 
entre  50  et  55"^  de  longitude  Ouest  existe  une  nappe  froide  à 
température  très  basse;  au  delà, de  55**  jusqu'à  66*^  ou  68° Ouest, 
on  trouve  une  seconde  région  d'eaux  chaudes.  Enfin  de  68  à  75®, 
c'est-à-dire  jusqu'à  New- York,  pendant  neuf  mois  de  Tannée»  de 
novembre  à  juillet,  c'est  une  seconde  nappe  froide  qui  longé 
toute  la  côte  des  États-Unis. 

Ces  deux  zones  d'eaux  froides  sont  évidemment  de  provenance 
polaire,  les  deux  régions  d'eaux  chaudes  de  provenance  équato- 
riale; leurs  directions  générales  sont  connues;  comme  elles  sont 


TEMPÉRATURES  DE  LA  MER  ET  COUPS  DE  VENT.  1S5 

traversées  en  écharpe  par  la  route  des  navires,  la  largeur  du 
courant  chaud  est  bien  loin  d'avoir  les  dimensions  qu'indiqueraient 
les  limites  signalées. 

Températures  de  la  mer.  —  v  Glaces  rencontrées. 


LONGITUDES  OUEST. 


• 

t 

>> 
1 

S 

1 

• 

750 

700 

650 

6O0 

550 

520 

50O 

450 

400 

350 

30O 

25» 

200 

IS-» 

lOo 

Janvier. .. 

40 

60 

8- 

100 

50 

_lo 

100 

140 

140 

140 

1305 

130 

1205 

Février. .. 

4 

7 

11 

15 

5 

ov 

14.5 

14 

12.5 

12.5 

12.5 

12.5 

12 

Mars 

4 

6 

13 

15 

10 

ov 

15 

14 

13 

13 

13 

12.5 

li.5 

Avril 

5 

5 

15 

17 

13 

IV 

8 

15 

15 

14 

13.5 

18.5 

13 

Mai 

7 

9 

15 

17 

16 

6V 

8 

14 

14 

14 

14 

14 

13.5 

Juin 

il 

14 

20 

21 

21 

8V 

15 

20 

18 

16 

15.5 

16 

16 

Juillet.... 

19 

18 

22 

22 

19 

11 

16 

21 

18 

18 

18 

17.5 

17 

Août 

19 

21 

24 

24 

21 

14 

18 

23 

20 

20 

19 

18 

18 

Septemb.. 

18 

19 

22 

21 

17 

11 

15 

23 

20 

20 

19 

18.5 

18 

Octobre  . . 

16 

18 

21 

21 

16 

8 

11 

20 

18 

17 

16.5 

16.5 

16 

Novembre 

13 

11 

17 

17 

10 

6 

il 

16 

14 

14 

13.5 

14.5 

14 

Décembre 

11 

10 

16 

17 

9 

4 

10 

16 

14 

14 

13.5 

13.5 

13 

1205 

12 

12 

13 

13.5 

16 

17.5 

18 

18 

16 

14 

13 


120 

11. 

11. 

13 

13. 

16 

17. 

18 

18 

16 

14 

13 


120 

11 

11 

13 

14 

17 

19 

20 

19 

17 

15 

13 


LATITUDES  NORD. 

400      410      420  430    44.1    450    460  470 


47c 


460 


Tablean  des  moyennes  observées  des  limites  et  températures  de  la  zone  froide 

du  Grand-Banc. 


LONGITUDES  OUEST. 


620 

610 

6O0 

590 

580 

570 

560 

550 

540 

530 

520 

510 

500 

490 

480 

470 


Janvier .... 

»o 

lie 

90 

70 

70 

60 

60 

40 

00 

—  10 

_lo 

30 

90 

140 

»o 

Février .... 

0 

15 

13 

12 

12 

8 

5 

2 

0 

2 

8 

14 

1  7 

» 

Mars 

» 

B 

14 

8 

—  1 

3 

8 

13 

14 

» 

» 

Avril 

B 

• 

S 

15 

12 

6 

2 

2 

3 

8 

11 

18 

Mai 

» 

» 

es 
ai 

» 

16 

11 

7 

6 

7 

8 

10 

12 

Juin 

» 

» 

•M. 

s 

21 

19 

11 

8 

11 

15 

l'8 

19 

Juillet 

B 

» 

» 

19 

16 

13 

12 

13 

17 

20 

21 

Août 

» 

» 

3 

22 

21 

18 

14 

14 

16 

17 

20 

21 

Septembre. . 

• 

» 

0 

19 

18 

17 

13 

12 

11 

12 

15 

18 

21 

Octobre.. .. 

» 

» 

20 

19 

16 

12 

8 

8 

9 

11 

13 

16 

Novembre . . 

18 

16 

14 

13 

11 

10 

8 

6 

7 

8 

10 

13 

15 

17 

Décembre . . 

j» 

17 

16 

15 

13 

11 

8 

5 

4 

4 

7 

11 

15 

17 

ao 


15 
14 


B 

ee 


s 


LATITUDES  NORD. 


420 


430 


440 


156  HAUTREUX. 

Nous  présentons  les  deux  tableaux  des  moyennes  mensuelles 
observées  des  températures  de  la  mer  sur  le  parcours  indiqué  : 

1®  De  5  en  5  degrés  de  longitude,  en  indiquant  plus  spéciale- 
ment les  températures  minima  observées  à  la  pointe  du  Grand- 
Banc  vers  52^  longitude  Ouest  et  par  W  latitude  Nord. 

2""  Un  tableau  des  moyennes  mensuelles  et  des  limites  de  la 
zone  froide  du  Grand-Banc  de  degré  en  degré  de  longitude. 

Ces  deux  tableaux  n'ont  certainement  pas  la  régularité  que 
Ton  devrait  espérer  dans  les  mouvements  ascendants  ou  descen- 
dants des  températures.  Plus  d'un  chiffre  devra  être  rectifié  par 
des  observations  plus  nombreuses,  nous  les  donnons  tels  qu'ils 
ressortent  des  observations  enregistrées,  et  tels  quels  ils  peuvent 
servir  à  donner  une  notion  assez  précise  de  la  façon  dont  se 
modifient  les  températures  de  la  surface. 

Le  premier  tableau  montre  que  la  zone  froide  du  Grand-Banc 
existe  toute  Tannée  et  divise  en  deux  parties  bien  tranchées, 
comme  le  ferait  un  mur,  le  grand  courant  chaud  équalorial  du 
Gulf-Stream;  la  séparation  de  ces  deux  branches  est  absolue  et 
Ton  ne  voit  pas  comment  là  branche  occidentale  qui  longe  les 
bancs  du  Nautucket  pourrait  franchir  cet  obstacle  de  la  surface 
et  rejoindre  la  branche  orientale  à  Test  du  48®  méridien,  la 
séparation  entre  les  deux  branches  étant  au  minimum  de  7  degrés 
de  longitude  ou  de  100  lieues  marines.  Ce  tableau  fait  ressortir 
la  zone  froide  qui  existe  le  long  des  côtes  des  États-Unis  pendant 
neuf  mois  de  Tannée  et  ne  dispara!t  qu'en  juillet,  août  et  septem- 
bre ;  sa  plus  grande  extension  vers  l'Est  a  lieu  en  décembre  et 
janvier  et  atteint  le  65®  méridien.  Ces  deux  faits  sont  en  corréla- 
tion directe  avec  Textension  plus  ou  moins  grande  du  Gulf-Stream. 
On  comprend  que,  dans  les  mois  chauds  de  Tannée,  ce  courant, 
arrêté  dans  TEst  par  la  zone  froide  du  Grand-Banc  et  amenant  des 
eaux  chaudes  plus  abondantes,  est  obligé  de  se  déverser  vers  le 
Nord  et  de  couvrir  les  bancs  du  Nautucket,  qui  pendant  Thiver 
lui  forment  obi^tacle  et  l'obligent  à  se  détourner  vers  TEst. 
Comme,  d'autre  part,  la  zone  froide  forme  arrêt  absolu  dans  cette 
direction,  le  courant  chaud  équatorial  disparait  presque  compté- 


TEMPÉRATURES  DE  LA  MER  ET  CUUPS  DE  VENT.         157 

temenl  au  nord  du  44®  parallèle  depuis  le  mois  de  janvier  jusqu'au 
mois  de  juin.  La  roule  des  paquebots  rencontre  le  courant  chaud 
entre  les  méridiens  de  42  et  de  48°  longitude  Ouest;  mais  la 
direction  du  courant  n'est  pas  en  travers  du  parcours  des  navires, 
elle  le  prend  en  écharpe  ;  le  courant  n'a  donc  pas  6°  de  longitude 
de  largeur,  on  peut  estimer  qu'il  en  a  à  peu  près  la  moitié,  soit 
environ  45  lieues  de  largeur;  ce  n'est  pas  un  dixième  de  la 
surface  de  l'Atlantique  compris  entre  les  bancs  de  Terre-Neuve 
et  les  côtes  d'Irlande. 

Le  second  tableau  montre  que  le  minimum  thermal  de  la 
région  froide  du  Grand-Banc  se  déplace  légèrement,  tout  en  se 
maintenant  dans  d'étroites  limites.  Ainsi,  de  janvier  à  mars  il  se 
trouve  par  53  ou  54°  de  longitude,  tandis  que  de  juin  à  septembre 
il  est  par  le  52®  méridien.  C'est  en  février  que  commence  la 
dérive  des  glaces,  c'est  à  la  même  époque  que  commence  l'exten- 
sion du  Gulf-Stream  et  sa  poussée  vers  l'Est  de  tout  l'ensemble,  y 
compris  la  zone  froide  au  milieu  de  laquelle  les  glaces  flottantes 
se  maintiennent  jusqu'au  mois  de  juin;  mais  à  partir  du  mois 
de  septembre,  la  puissance  du  Gulf-Stream  diminue,  les  eaux 
froides  regagnent  leur  région  habituelle  et  repoussent  au  sud  du 
41®  parallèle  les  eaux  chaudes  qui  longent  la  côte  américaine. 

Cette  marche  bien  marquée  des  eaux  froides  et  des  eaux 
chaudes  sur  le  parcours  des  paquebots  de  la  Compagnie  Bordelaise 
est  un  indice  certain  des  courants  plus  ou  moins  contraires  ou 
favorables  qu'ils  doivent  rencontrer.  Il  est  bien  évident  que  ces 
navires  doivent  sérieusement  en  tenir  compte  et  s'attendre  à 
trouver  des  courants  portant  vers  l'Est  depuis  le  mois  d'avril 
jusqu'au  mois  d'août.  Pendant  les  autres  mois  de  l'année,  leur 
influence  doit  être  très  faible  et  modifiée  par  la  poussée  des 
vents  de  la  surfrce. 

Cette  modification  des  températures  de  la  surface  de  l'eau  par 
les  coups  de  vent  est  bien  marquée  dans  ces  parages  où  des 
différences  de  température  considérables  sont  très  voisines  les 
unes  des  autres.  Je  n'en  citerai  que  deux  exemples  : 

Octobre  1884.  —  Du  20  au  22,  le  Château-LéoyiUe  a  éprouvé 


166  HAUTREUX. 

plus  de  chance  de  rencontrer  du  mauvais  temps  qu'à  Tembouchure 
de  la  Gironde;  qu'à  l'entrée  de  la  Manche  la  moyenne  des  coups 
de  vent  est  d'un  tous  les  quatre  jours,  tandis  qu'à  la  Coubre  elle 
n'est  que  d'un  pour  douze  jours. 

Ce  sont  des  résultats  très  importants  à  considérer  pour  la  navi- 
gation et  qui  sont  en  concordance  avec  les  indications  de 
M.  Hoffmeyer,  sur  la  fréquence  relative  des  arrivées  de  cyclones 
en  Europe,  suivant  la  latitude  du  lieu. 


Si  l'on  relève,  sur  le  Bulletin  international,  le  nombre  des 
dépressions  distinctes  qui  ont  atteint  les  côtes  d'Europe  pendant 
ces  trois  hivers,  on  en  compte  environ  95,  ce  qui  représente  une 
nwyenne  de  32  par  hiver. 

Parmi  ces  dépressions  on  en  trouve  : 

De  720  à  730  millimëtres 9 

De  730  à  740          —         30 

De  740  à  750          —         39 

De  750  à  760          —         17 

Le  plus  grand  nombre  se  tient  entre  735  et  745  millimètres. 
Le  gradient  barométrique  est  en  moyenne  de  8  à  10  lieues  pour 
chaque  millimètre  de  différence  de  pression.  Une  difTérence  de 
1U0  lieues  en  latitude  peut  donner  une  différence  de  pression 
barométrique  de  10  à  12  millimètres. 

La  route  des  navires  de  la  Compagnie  Bordelaise  est,  sur  le 
méridien  d'Ouessant,  distante  d'au  moins  100  lieues  de  celle  des 
concurrents  français  ou  étrangers;  elle  doit  croiser  le  parcours 
des  cyclones  en  partie  hors  de  leur  rayon  dangereux  et  le  plus 
souvent  à  la  limite  de  la  région  des  forts  vents.  Dans  la  période 
des  mauvais  temps,  lorsque,  par  l'inspection  des  cartes  du  Bulletin 
météorologique  et  les  prévisions  qu'on  en  peut  tirer,  on  voit  que 
le  trajet  des  bourrasques,  s'éloignant  des  régions  arctiques,  gagne 
l'Angleterre,  les  capitaines  en  se  rapprochant  de  la  route  ioxodro- 
mique  peuvent  éviter  les  avaries  ou  les  retards  résultant  des  forts 
vents  contraires. 


TEMPÉRATURES  DE  LA  MER  ET  COUPS  DE  VENT.         167 

Si  Ton  suit  les  paquebots  de  la  Compagnie  Bordelaise  dans  leur 
route  à  travers  rAllantique  en  examinant  leurs  journaux  de  bord, 
on  peut  en  tirer  quelques  remarques  intéressantes. 

Du  mois  d'octobre  1882  au  31  décembre  1884,  ces  navires 
ont  effectué  21  traversées  pendant  les  mauvaises  saisons.  La 
durée  du  voyage  est  de  onze  à  douze  jours,  il  a  été  essuyé 
34  coups  de  vent  dont  nous  donnons  les  caractères  principaux  : 


iMtes. 

BalM. 

Uifitaë. 

LiUlsdcs 

Bariaitre 

IfUtiti  in  feits. 

lelèT^  il  esitre. 

i8S2 

Aller. 

2  octob. 

lOo 

46» 

7390 

SSO,  OSO,  ONO 

NNO,  NNE 

Retour 

19  nov. 

53 

44 

741 

NE,  SE,  s,  SO 

S,  0,  NO 

A. 

15  déc. 

82 

48 

789 

SSO.  0,  ISO 

0,  NO,  NE 

A. 

18  déc. 
1883 

46 

45 

749 

S£,SO 

SO.NO 

R. 

iîjanv. 

29 

46 

748 

ONO,  NO 

NE 

A. 

8  févr. 

6 

45 

752 

SE,  SO,  NO 

SO,  NE 

A. 

14  févr. 

25 

45 

736 

SO,  ONO 

NO,  NNO. 

R. 

8  mars. 

55 

41 

754 

OSO,  NO 

NNO,  NE 

R. 

S  sept. 

25 

46 

741 

SO,  NO 

NO,  NE 

A. 

S  octob. 

18 

47 

763 

NO 

NE 

R. 

25  octob. 

51 

45 

754 

SE,  E.  NE 

SO,  S,  SE 

loUUoi  iiTtnt. 

R. 

28  octob. 

36 

47 

749 

SSO,  SO 

ONO,  NO 

A. 

11  nev. 

55 

42 

744 

S,  NO 

0,NE 

A. 

14  nov. 

62 

42 

740 

SO,  NO 

NO,  NE 

• 

A. 

24  nov. 

34 

47 

752 

OSO,  ONO,  N 

ONO,  E 

A. 

26  nov. 

42 

46 

732 

0,  NO,  N 

N,  E 

R. 

28  nov. 

66 

41 

761 

SO,NE 

NO,  NE 

R. 

2  déc. 
1884 

55 

41 

731 

SE,  NE,  N,  NO 

SO,  SE,  E,  NE 

ItUtiti  tifene. 

A 

4  janv. 

33 

45 

734 

SE.  S,  NO 

SO,  0,  NE 

A. 

7 ]anv. 

50 

44 

746 

S.  NO 

0,  NE 

A. 

9 janv. 

62 

43 

750 

SE,  S,  NO 

SO,  NE 

A. 

8  févr. 

46 

43 

765 

SO,NO 

NO,  NE 

R. 

17  févr. 

41 

43 

745 

NE,  NO 

SE,  NE 

KcbUon  iaiem. 

n. 

20  févr. 

24 

42 

742 

NO,  NE 

NE,  SE 

R. 

28  févr. 

64 

41 

740 

SE,  SO,  OSO 

SO,  NNO 

A. 

8  mars. 

28 

46 

759 

0,N0 

N.  NE 

A. 

11  mars. 

46 

42 

750 

SO,  NO 

NO,  NE 

A. 

15  mars. 

21 

45 

734 

SO,  0,  N 

NO,  E 

A. 

22  mars. 

47 

42 

747 

SSO,  NO 

ONO,  NE 

A. 

12  sept. 

34 

46 

736 

SSE,  NO 

OSO,  NE 

R. 

3  octob. 

42 

46 

748 

SO.  0 

NO,  N 

A. 

13  nov. 

39 

46 

741 

SSE,  NO,  N 

OSO,  NE,  E 

A. 

15  nov. 

48 

46 

747 

SE.  S,  0,  N 

SO,  N,  E 

R. 

4  déc. 

49 

44 

748 

SSE,  SO,  0,  NO 

OSO,  NE 

Dans  ce  tableau»  la  colonne  où  Ton  indique  le  relèvement  du 
centre  de  la  dépression  par  rapport  au  navire,  montre  que  presque 
toutes  ces  bourrasques  passaient  au  Nord  de  la  route  suivie  par 


168  IIAUTRKUX. 

le  navire;  on  n'en  trouve  que  trois  qui  aient  passé  au  sud  de  celle 
route,  et  toutes  trois  sont  plus  Ouest  que  le  40®  méridien,  et  de 
plus  dans  la  région  chaude  du  Gulf-Stream  qui  passe  à  Test  du 
Grand-Banc. 

Si  l'on  cherche  à  relier  ces  coups  de  vent  avec  ceux  qui  ont 
affecté  TEurope  à  peu  près  aux  mêmes  dates,  on  en  trouve  à 
peine  un  tiers  qui  puissent  être  rattachés  les  uns  aux  autres;  le 
reste  s'est  dirigé  vers  les  régions  arctiques,  passant  entre  Tlslande 
et  le  Groenland,  ou  bien  s'est  dissipé  en  route.  C'est  un  résultat 
qui  est  assez  concordant  avec  les  opinions  de  M.  Hoffmeyer, 
lequel  admet  que  55  p.  0/0  des  bourrasques  qui  ont  affecté  les 
États-Unis  se  dirigent  entre  le  Groenland  et  l'Islande. 

Puisque  presque  toutes  les  dépressions  qui  ont  atteint  ces 
navires  passaient  au  Nord  de  leur  route,  il  est  bien  évident  que 
si  cette  route  avait  été  plus  au  Sud  et  se  fût  rapprochée  davantage 
de  la  route  loxodromique,  les  navires  auraient  moins  souffert  de 
ces  mauvais  temps  et  en  auraient  même  évité  complètement  un 
certain  nombre. 

Les  conclusions  de  cette  étude  aboutissent  aux  mêmes  résultats 
que  celles  qui  sont  déduites  des  observations  du  Bulletin  inter- 
national sur  le  point  d'aboutissement  des  bourrasques  soit  à 
l'embouchure  de  la  Gironde,  soit  à  l'entrée  de  la  Manche,  et 
recommandent  aux  capitaines  qui  se  rendent  de  Bordeaux  à 
New-York  pendant  les  mois  d'octobre  à  février  de  se  rapprocher 
de  la  route  loxodromique  jusqu'à  la  pointe  du  Grand-Eanc,  et  de 
ne  se  servir  de  la  route  par  arc  de  grand-cercle  que  pendant  la 
belle  saison. 

Mai  1885. 


TEllI'EnATURF.S  nE  LA  HEIt  ET  COll'S  DE  VË\r. 


.A 


■^i    -g 


h 


U  I 


NOTE  SUR  LA  POSITION  GÉOGRAPHIQUE 


DB    LA 


FLÈCHE  OUEST  DE  SAINT-ANDRÉ 


PAR  U.  6.  RATET 


A  la  suite  de  la  détermination  télégraphique  de  la  longitude  de 
rObservatoire  de  Bordeaux  et  de  la  mesure  directe  de  sa  latitude, 
la  jonction  trigonométrique  du  nouvel  établissement  et  du  signal 
géodésique  de  Bordeaux  (flèche  ouest  de  Saint-André)  s'imposait 
d'elle-même,  à  titre  de  vériGcation  de  la  chaîne  des  triangles  par 
lesquels  le  colonel  Brousseaud  a  relié  le  parallèle  moyen  à  la  base 
de  Bordeaux.  Cette  opération  a  été  faite  en  mars  1884  avec  le 
concours  de  MM.  les  Ingénieurs  des  ponts  et  chaussées. 

Deux  triangles,  appuyés  sur  une  base  commune,  ont  suffi  pour 
cela. 

La  base  a  été  prise  le  long,  et  au  sud-est,  de  la  ligne  de  raccor- 
dement des  gares  d'Orléans  et  du  Midi;  les  stations  extrêmes  ont 
été  établies  sur  le  quai  de  Brienne  et  au  voisinage  du  passage  à 
niveau  de  la  rue  de  la  Benauge.  La  longueur  de  cette  base  a  été 
mesurée  avec  un  ruban  d'acier  de  20  mètres,  vérifié  à  l'école  des 
ponts  et  chaussées  :  trois  chaînages  ont  donné  pour  la  base  réduite 
à  l'horizon  : 

1899°>,895 
1899°»,  855 
1899°»,895 


1899»n,882  ±  0™,013 
T.  U  (3«  série).  12 


170  G.  RAYET.  —  NOTE  SUIt  LA  POSITION  G^.OGRAPHIQUE 

Les  angles  ont  été  mesurés  avec  un  théodolite  de  Gambey, 
dont  le  cercle  horizontal  donne  immédialement  les  5". 
Les  résultats  obtenus  sont  les  suivants  : 

I.  —  Station  du  quai  de  Brienne. 

ItBbre 
iiflU  «lin  i»  TéMnOm 

S*- André  et  le  piquet  de  Benauge. .  99<>5r  I4',0  11 
Le  piquet  de  Benauge  et  le  piquet 

de  l'Observatoire 41^20'  17^2        1 1 

S^- André  et  le  piquet  de  TObserva- 

toire 141«ll'3r,2        11 


Irmr  M) 
4f  b  ■•;«■■• 

±  2',84 
±  3^30 
±  r,85 


Les  visées  sur  le  piquet  de  Benauge,  faites  par  des  rayons  qui 
rasaient  de  très  près  un  chemin  exposé  au  soleil,  sont  moins 
satisfaisantes  que  les  visées  sur  les  stations  extrêmes;  l'erreur 
probable  des  angles  ayant  pour  côté  la  direction  Brienne-Benauge 
est  donc  plus  grande  que  celle  de  l'angle  total. 

II.  —  Station  de  Benauge. 


iii|l«  6i(n 


iMkn 
48  rtiténtitu 


S*.André  et  le  piquet  de  Brienne.. .     42^25' 57',  1        13 

Le  piquet  de  Brienne  et  le  piquet 

de  l'Observatoire 79o  4'25',5        16 

S*-André  et  le  piquet  de  l'Observa- 
toire    121^30'22',4        16 


4c  U  ■•^M 

±  3',39 
±  3',80 
±  3',  16 


Statiou 
(le  Brienne. 


Observa- 
toire. 


DB  LA  FLÈCHE  OUEST  DE  SAINT-ANDRÉ.  171 

Les  triangles  ABC  et  BOC  donnent  alors  pour  les  côtés  Saint- 
André-Brîenne  et  Brienne-Observatoire  : 

SaintrAndré-Brienne 2095",5TfO  ±  0«>,071 

Brienne-Observatoire 2163»,058  ±  0™,035 

Les  erreurs  probables  ont  été  calculées  par  la  formule 

<-=-[(7)'*C^)'-Ql- 

Enfin,  la  résolution  du  triangle  ABO,  dans  lequel  on  connaît 
deux  côtés  et  Tangle  compris,  a  donné  : 

Saint-André-Observatoire. .  4016°>,795  ±  0",073 

L'erreur  probable  est  déduite  de  la  formule 

{dcf=  y j  ((?a)«  +  ( j  {dhY -h  (—  smC j  {dCy 

La  distance  du  sommet  de  la  flèche  ouest  de  Saint-André  au 
piquet  de  TObservatoire  est  donc  connue  avec  une  approximation 
très  satisfaisante  et  cela  malgré  la  forme  un  peu  défectueuse  que 
les  obstacles  de  toute  sorte  ont  forcé  d'accepter  pour  les  triangles. 

Par  deux  séries  d'observations  du  Soleil,  l'azimut  du  côté 
Observatoire-Saint-André  a  été  trouvé  égal  à 

95°29'48',15  ±  3^52 

D'autre  part,  le  piquet  de  l'Observatoire  est  à  23"», 00  à  l'ouest 
et  à  42'",25  au  sud  du  cercle  méridien  de  l'Observatoire. 

De  l'ensemble  de  ces  données,  il  résulte  que  : 

10  Saint-André  est  à  4021"»,33  ±  0°»,08  =  12%21  à  l'ouest  du 
cercle  méridien  de  l'Observatoire; 

2«  Saint-André  est  à  342^51  ±0°» ,08  =  1i',1  au  nord  du 
cercle  méridien  de  l'Observatoire. 

Les  coordonnées  géographiques  du  cercle  méridien  sont  d'ail- 
leurs 

Longitude  Ouest. . .        1 1™26%44 
Latitude  Nord 44«50'    7',2 


172         G.  RAYET.  —  NOTE  SUn  LA'  POSITION  GÉOGRAPHIQUE,  ETC. 

Les  coordonnées  du  clocher  ouesl  de  Saint-André,  déduites  de 
celles  de  TObservatoire,  sont  donc  : 

Saint-André.  —  Longitude  Ouest . . .        1 1«»38»,65 

Latitude  Nord 44<»50'  18',3 

Les  coordonnées  résultant  des  opérations  géodésiques  et  données 
dans  le  Mémorial  du  Dépôt  de  la  guerre  (tome  VI,  p.  308)  sont  : 

Saint-André.  —  Longitude  Ouest. . .         11°>39'»,*73 

Latitude  Nord 44^50'  19',0 

La  longitude  géodésique  est  donc  en  excès  de  1%08= 355^,82, 
et  la  latitude  Nord  également  en  excès  de  0\7  =  2i",t)1. 


Juillet  1885. 


AUTOLYGOS  DE  PITANE 


PAR  U.  PAUL  TAMERT 


Le  seul  mathématicien  grec  qui  pourrait  avoir  précédé  Euclide 
et  dont  il  nous  reste  un  ouvrage,  est  AutoIycosdePitane,  qui  vivait 
vers  la  fin  du  W  siècle  av.  J.-C.  Il  avait  écrit  trois  livres  qui  ont 
eu  la  bonne  fortune  d'être  conservés  par  les  anciens  dans  la 
collection  dite  la  Petite  Astronomie,  par  opposition  à  la  Grande 
Composition  de  Ptolémée.  De  ces  trois  livres,  le  premier  est 
intitulé  :  Sur  le  mouvement  de  la  sphère;  les  deux  suivants  :  Sur 
les  levers  et  couchers  des  étoiles  (I  et  II).  En  réalité,  ces  trois 
livres  forment  un  ensemble  qui  constitue  une  théorie  des  levers 
et  couchers  vraid  et  apparents  des  étoiles  fixes.  Je  me  propose  de 
rechercher  les  origines  historiques  de  cette  théorie,  qui  n'a 
d'ailleurs  de  valeur  que  comme  première  approximation,  et  que 
Ptolémée  avait  déjà  complètement  abandonnée. 

Le  texte  grec  d'Autolycos  est  resté  longtemps  inédit,  à  l'excep- 
tion des  énoncés  des  propositions  (et  des  définitions).  Ses  démons- 
trations avaient  été  prises  pour  des  scholies  d'un  âge  récent,  de 
même  que  celles  d'Euclide  ont  été,  à  une  certaine  époque, 
attribuées  à  Théon  d'Alexandrie.  Le  savant  philologue  de  Dresde, 
F.  Hultsch,  vient  de  nous  donner  l'édition  d'Autolycos  qu'il 
promettait  depuis  longtemps;  mais  il  était  déjà  possible,  sur  les 
seuls  énoncés  que  nous  possédions,  de  reconstituer  une  théorie  en 
(ait  assez  simple.  Je  commencerai  par  l'exposer  succinctement, 


174  P.  TANNERY. 

sans  rrfastreindre  en  aucune  façon  à  lui  conserver  la  forme  de 
répoque,  mais  en  distinguant  la  partie  rigoureusement  exacte  et 
les  conséquences  des  hypothèses  seulement  approximatives. 

I 

DES  LEVERS  ET  COUCHERS  VRAIS. 

Supposons  un  observatoire  de  latitude  donnée.  Une  étoile  non- 
circompolaire  déterminée  franchira  à  son  lever  l'horizon  astrono- 
mique en  même  temps  qu'un  point  de  Técliptique  de  longitude 
déterminée,  soit  l^  toujours  la  même,  si  Ton  fait  abstraction  de  la 
précession  des  équinoxes  et  de  la  variation  de  Tobliquité  de 
récliplique,  phénomènes  ignorés  au  temps  d'Autolycos.  Pour  son 
coucher,  la  même  étoile  sera  de  même  invariablement  liée  à  un 
autre  point  de  Técliptique,  atteignant  en  même  temps  qu'elle 
l'horizon  astronomique.  Si  Ton  représente  par  /  +  S  la  longitude 
de  ce  second  point  de  l'écliptique,  il  est  facile  de  voir  que  la  diffé- 
rence Sy  fonction  des  coordonnées  de  Fétoile,  sera  nulle  avec  la 
latitude  de  cette  dernière,  positive  pour  les  latitudes  boréales, 
négative  pour  les  australes. 

Si  nous  disons  que  le  lever  vrai  du  matin  de  Fétoile  a  lieu  le 
jour  où  le  soleil  passe  à  la  longitude  {,  et  le  coucher  vrai  du  soirle 
jour  où  le  soleil  passe  à  la  longitude  2  +  S,  nous  pourrons  dire 
par  analogie  que  le  lever  vrai  du  soir  a  lieu  le  jour  où  le  soleil 
passe  à  la  longitude  180^  +  /,  et  le  coucher  vrai  du  malin  le 
jour  où  le  spleil  passe  à  la  longitude  ISO""  +1  +  3.  Dès  lors,  en 
tant  que  la  fraction  de  jour  dont  Tannée  dépasse  le  nombre  365 
e&t  négligeable,  en  tant  que  les  variations  de  Tanomalie  de  longi- 
tude du  soleil  le  sont  également,  les  levers  et  couchers  vrais  du 
malin  et  du  soir  paraîtront  invariablement  liés  à  des  jours  fixes 
de  l'année. 

Il  est  clair  d'ailleurs  que  du  jour  du  lever  vrai  du  matin  à  celui 
du  lever  vrai  du  soir,  le  lever  de  l'étoile  aura  lieu  pour  chaque 
période  de  vingt-quatre  heures  pendant  que  le  çoleil  est  au-dessou$ 


AUTOLTCOS  DE   PITANE.  175 

de  rhorizon  ;  du  jour  du  lever  vrai  du  soir  à  celui  du  lever  vrai  du 
matin,  il  aura  lieu  au  contraire  pendant  que  le  soleil  sera  au-dessus 
de  rhorizon,  et  par  suite  sera  invisible. 

De  même  le  coucher  journalier  de  Tétoile  se  fera  pendant  la 
nuit  dans  Fintervalle  de  temps  entre  le  jour  du  coucher  vrai  du 
matin  et  le  jour  du  coucher  vrai  du  soir;  il  se  fera  au  contraire 
pendant  que  le  soleil  sera  au-dessus  de  Thorizon,  dans  Tintervalle 
de  temps  courant  du  jour  du  coucher  vrai  du  soir  au  jour  du 
coucher  vrai  du  matin. 


II 


DES  LEVERS  ET  COUCHERS  APPARENTS. 

Si  Ton  appelle  jour  du  lever  apparent  du  malin  le  premier 
jour  où  Ton  peut  voir  Tétoile  se  lever  réellement  à  la  pointe  du 
jour,  il  est  clair  qu'il  y  aura  un  retard  par  rapport  au  lever  vrai; 
ce  retard  correspondra  pour  la  longitude  l  du  soleil  à  Tadditiori, 
d*un  certain  arc,  soit  r^. 

Si  de  même  on  appelle  jour  du  coucher  apparent  du  matin  le 
premier  jour  où  Ton  peut  voir  Tétoile  se  coucher  réellement  à  la 
pointe  du  jour,  il  y  aura  de  même  un  retard  par  rapport  au 
coucher  vrai^  et  ce  retard  correspondra  à  Taddition  d'un  certain 
arc  r,  à  la  longitude  180°  +  i  +  2. 

Les  jours  du  lever  et  du  coucher  apparent  du  soir  étant  au 
contraire  les  derniers  jours  où  Ton  puisse  voir  Uétoile  se  lever  ou 
se  coucher  réellement  vers  la  fin  du  crépuscule,  seront  non  pas 
en  retard,  mais  bien  en  avance  par  rapport  aux  jours  du  lever  ou 
coucher  vrai  ;  ces  avances  correspondront  au  retranchement  d'un 
arc  a,  de  la  longitude  180''  +  ^  pour  le  lever,  et  d'un  arc  a,  de 
la  longitude  /  +  3  pour  le  coucher. 

Si,  toutes  choses  étant  égales  d'ailleurs  et  pour  la  même  étoile, 
on  admet  qu'elle  devient  visible  dès  que  le  soleil  est  descendu  au 
dessous  de  l'horizon  d'un  arc  déterminé  compté  sur  le  vertical. 


176  P.  TANNERY. 

hypothèse  adoptée  plus  tard  par  Ptolémée,  il  est  facile  de  conchire 
que  Ton  doit  avoir  : 

a^  =  fi       et       a,  =  r,. 

Nous  aurons  donc  pour  les  longitudes  du  soleil  aux  jours  des 
levers  et  couchers  de  l'étoile  : 

Lever  vrai  du  maUn,      7,  Lever  apparent  du  matin,     2  +  f  o 

Coucher  vrai  du  soir,      I  -f  ^»  Coucher  apparent  du  soir,    2+  5  —  r^. 

Lever  vrai  du  soir,  ISO^  -f  I,  Lever  apparent  du  soir,         180»  -4-2 — r„ 

Coucher  vrai  du  matin,  ISO»  +  '+ 8f  Coucher  apparent  du  matin,  ISO^-l-^-t-^+ri. 

III 

ORDRE    DE   SUCCESSION   DES   LEVERS  ET  COUCHERS 

APPARENTS. 

Les  intervalles  entre  les  quatre  jours  des  levers  et  couchers 
apparents  pour  chaque  étoile  se  comportent  de  trois  façons 
différenteSy  suivant  que  B  est  ou  non  inférieur  en  valeur  absolue 
à  ^\  +  ^si  <^t  dans  ce  dernier  cas,  suivant  que  S  est  positif  ou 
négatif. 

Nous  conviendrons  d'après  cela  de  diviser  les  étoiles  non- 
circompolaires  en  trois  classes  :  zodiacales,  boréales  et  australes. 

I"  Classe.  —  Étoiles  zodiacales. 

(d  est  en  valeur  absolue  inférieur  à  fj  -|~  O- 

i''  Période.  —  Du  coucher  apparent  du  soir  au  lever  apparent 
du  matin,  Tétoile  est  invisible;  c'est  le  temps  que  les  anciens 
appelaient  sa  crypsis.  Évalué  en  degrés  de  longitude  du  Soleil, 
il  est  : 

2^  Période.  —  Du  lever  apparent  du  matin  au  lever  apparent 
du  soir,  on  voit  Tétoile  se  lever  pendant  la  nuit,  on  ne  la  voit 
pas  se  coucher.  La  variation  de  longitude  du  Soleil  est  : 

B  =  180°  —  2rj. 

3°  Période.  —  Du  lever  apparent  du  soir  au  coucher  apparent 


AUTOLYCOS  DE  PITANE.  177 

du  matin,  on  voit  Tétoile  pendant  toute  la  nuit  sans  qu^elte  ne  se 

lève  ni  ne  se  couche  : 

C  =  r^  -f-  r,  +  8. 

4°  Période.  —  Du  coucher  apparent  du  matin  au  coucher 
apparent  du  soir,  Tétoile  est  déjà  sur  Fhorizon  au  soir,  on  la  voit 
se  coucher  pendant  la  nuit  : 

D  =  i80*>  —  2r,. 

II*  Classe.  —  Étoiles  australes. 
(6  =  — detd>  r^+r^). 

1°  Période.  —  Du  coucher  apparent  du  soir  au  lever  apparent 
du  matin,  Tétoile  est  invisible  {crypsis)  : 

A  =  Tj  +  r,  -h  d. 

2°  Période.  —  Du  lever  apparent  du  matin  au  coucher  appa- 
rent du  matin,  on  voit  Fétoile  se  lever  pendant  la  nuit,  on  ne  la 
voit  pas  se  coucher  : 

Ba  =  180**  —  d  —  (r^  -  r,). 

3*  Période.  —  Du  coucher  apparent  du  matin  au  lever  apparent 
du  soir,  on  voit  Tétoile  se  lever,  puis  se  coucher  pendant  la  nuit  : 

E  =  d  —  (r^  -h  r,). 

i^  Période.  —  Du  lever  apparent  du  soir  au  coucher  apparent 
du  soir,  rétoile  est  déjà  sur  Thorizon  au  soir,  on  la  voit  se 
coucher  pendant  la  nuit  : 

J>a  =  180°  —  d-hir^  —  r,). 

III*  Classc.  —  Étoiles  boréales. 

(fi  >  r,  +  f ,). 

!<>  Période.  —  Du  coucher  apparent  du  soir  au  lever  apparent 

du  soir,  on  voit  Tétoile  se  lever  pendant  la  nuit,  on  ne  la  voit  pas 

se  coucher  : 

Bft  =  180<'  —  5  —  (r,  —  r,). 

2°  Période.  —  Du  lever  apparent  du  soir  au  coucher  apparent 
du  malin,  on  voit  rétoile  pendant  toute  la  nuit  : 

C  =  Tj  -f-  r,  +  S. 


178  I».  TAMNERY. 

3°  Période.  —  Du  coucher  sïpparenldu  malin  au  lever  apparent 
du  matin,  Fétoile  est  déjà  levée  le  soir,  on  lu  voit  se  coucher 
pendant  la  nuit  : 

Dé  =  18(P  —  8  +  (r,  —  r,). 

4^  Période.  —  Du  lever  apparent  du  malin  au  coucher  apparent 
du  soir,  on  voit  Tétoile  se  coucher  après  le  soir,  puis  se  relever 
avant  le  matin  : 

F  =  5  -  (r,  4-  r,). 
JV 

LES   HYPOTHÈSES   D'AUTOLYCOS. 

Autolycos  admet  les  hypothèses  suivantes  : 
.  l''  L'arc  de  retard,  compté  sur  Técliptique,  est  indépendant  de 
rinclinaison  de  Fécliptique  sur  Thorizon  et  par  conséquent  de  la 
distance  du  Soleil  à  l'horizon.  Par  suite  on  peut  poser  r,  =  r,. 

2^  L'arc  de  retard  est  le  même  pour  toutes  les  étoiles,  quelle 
que  soit  la  différence  de  leur  éclat. 

3°  Cet  arc  peut  être  évalué  à  la  moitié  d'un  signe  du  zodiaque, 
par  suite  à  ib"". 

4*"  On  peut,  pour  les  déterminations  dont  il  s'agit,  négliger 

■ 

l'anomalie  du  mouvement  du  Soleil. 

En  dehors  de  la  troisième  hypothèse,  sa  théorie  se  résume  par 
suite  dans  les  formules  ci-après  pour  les  intervalles  des  phases 
différentes  : 

ÉTOILES  BORÉALES.  ÉTOILES  ZODIACALES.  ÉTOILES  AUSTRALES. 

8  >  2r.  S'  <  4r'.  d  >  2r. 

F  =  S  — îfr,  A  =  2r  — 8,  A  =  2r  +  d,   ' 

B6=  180*»  —  S,  B  =  180^  —  2r,  Ba=  180°  —  d, 

C  =  8  +  2r,  C  =  8  4-2r,  E=d  — 2r, 

D,=  I80«  —  8.  D  =  180°  —  2r.  Da=  180°  —  d 

Il  résulte  de  cette  théorie  que  les  périodes  B  et  D  sont  cons- 
tamment égales  entre  elles,  et  c'en  est  le  trait  d'autant  plus 


AUTOLYCOS  DE  PITANE.  179 

caractéristique  qu'il  n  est  pas  conforme  aux  données  de  l'expé- 
rience. Nous  désignerons  celte  conséquence  sous  le  nom  de  règTe 
d'Autolycos,  ou  règle  de  symétrie. 


RECHERCHES  HISTORIQUES. 

L'objet  de  la  théorie  d'Autolycos  n'offre  plus  guère  d'intérêt  à 
nos  yeux  ;  ce  fut  au  contraire  un  des  principiaux  points  sur  lesquels 
se  portèrent,  au  début  de  l'astronomie  hellène,  les  observations  et 
les  études.  C'est  qu'en  fait  les  travaux  des  cultivateurs  se  réglaient 
d'après  les  levers  et  couchers  apparents  de  certaines  étoiles  et  que 
ces  phénomènes  déterminaient  par  suite  les  saisons,  dans  l'accep- 
tion vulgaire  de  ce  mot.  On  peut  dire  qu'en  ce  sens,  indépendam- 
ment de  leurs  années  civiles  lunisolaires,  les  Grecs  possédaient 
une  année  sidérale  qui,  eu  égard  aux  faibles  différences  de  latitude 
sur  les  régions  qu'ils  occupaient,  était  sensiblement  la  même 
pour  tous. 

Si  Hésiode  donne  le  solstice  d'été  comme  marquant  le  commen- 
cement d'une  période  de  cinquante  jours,  celle  des  vents  étésiens, 
particulièrement  fiivorable  à  la  navigation;  s'il  indique  l'autre 
solstice  comme  début  de  la  période  des  grands  froids,  il  faitcom- 
.mencer  le  printemps  soixante  jours  après  le  solstice  d'hiver,  au 
lever  du  soir  de  l'Arcture.  C'est  le  moment  où  apparaît  l'hirondelle, 
où  l'on  doit  tailler  la  vigne  et  planter  les  arbres,  la  saison  que 
l'on  appellera  plus  tard  phytatie.  Puis  arrive  le  coucher  du  soir 
des  Pléiades;  leur  crypsis  dure  quarante  jours,  après  lesquels 
leur  lever  du  matin  marque  le  commencement  de  l'été,  le  moment 
de  la  moisson.  Le  lever  d'Orion  indique  le  temps  de  battre  le  blé, 
celui  de  Sirius  la  récolte  deà  fruits,  l'arrière-été  fop(>raj.  L'au- 
tomne et  les  vendanges  commencent  au  lever  du  malin  de 
l'Arcture.  Enfin  Thiver  ou  la  saison  des  labours  est  marqué  par  le 
coucher  du  matin  des  Pléiades,  que  suivent  presque  immédiate- 
ment ceux  des  Hyades  (Taureau)  et  d'Orion. 


180  ['.  TASNEBY. 

Dans  les  écrits  hippocratiques  du  v«  siècle  av,  J,-C.,  on  voit 
l'hiver  proprement  dit  commencer  au  solstice  et  te  printemps  k 
l'équinoxe;  mais  le  solstice  d'été  et  l'équinoxe  d'automne  ne  ser- 
vent nullement  à  la  détermination  des  saisons  populaires,  et,  en 
écartant  les  variations  dans  les  habitudes  du  langage,  il  est  clair 
que  les  usages  consacrés  dans  les  poèmes  hésiodiques  se  mainte- 
naient d'autant  plus  fidèlement  que  les  variations  de  durée  de 
l'année  lunisolaire  civile  la  rendaient  plus  impropre  à  régler  les 
travaux  des  champs. 

A  ces  usages  populaires  se  lia  naturellement  de  bonne  heure  la 
croyance  superstitieuse  que  c'étaient  les  étoiles  elles-mêmes  qui, 
par  leur  influence  propre,  déterminaient  les  changements  des 
saisons.  Celte  erreur,  que  combattait  déjà  au  vi'  siècle  le  physio- 
logueÂnaximène,  fut  un  des  mobiles  particuliers  qui  favorisèrent 
la  naissance  de  l'astronomie;  on  se  mit  à  observer  les  levers  et 
couchers  des  diverses  constellations,  et  l'on  crut  trouver  ainsi  des 
bases  suffîsantcs  pour  la  prédiction  du  temps.  Bienlût  tout 
astronome  eut  à  faire  un  almanach  solaire  (parapegmé)  indiquant 
les  variations  de  temps  comme  liées  aux  levers  ou  couchers  des 
étoiles;  les  plus  grands  noms,  ceux  d'Hipparque  et  de  Jules  César, 
restent  attachés  à  de  pareilles  prédictions. 

Le  dernier  chapitre  de  Vlnlroduetion  au.c  phénomènes  de 
Geniinus  nous  a  conservé  les  débris  de  quelques  parapegmes 
d'astronomes  antérieurs  à  Autolycos,  savoir  :  Méton,  Euctémon, 
Démocrite,  Eudoxe  et  Callippe.  C'est  seulement  dans  l'examen  des 
données  qu'on  y  rencontre  qu'il  est  possible  de  rechercher  si  la 
théorie  d'Autolycos  a  eu  des  antécédents. 

De  Melon,  l'auteur  du  cycle  lunisolaire  de  19  ans  qui  commença 
à  la  nouvelle  lune  après  le  solstice  d'été  de  l'année  433  av.  J.-C, 
il  ne  reste  qu'une  observation.  Mais  pour  son  coliabomleur 
Euctémon,  les  données  sont  complètes  en  ce  qui  concerne  trois 
astres,  les  Pléiades,  l'Arcture,  les  Hyades,  et  la  règle  d'Autolycos 
ne  s'applique  k  aucun;  la  différence  entre  les  nombres  B  et  D  csl 
de  5  jours  pour  les  Pléiades,  de  ii  pour  l'Arcture,  de  3  pour 
l'Aigle,  d'après  les  leçons  qui  h  diminuent  le  plus.  Il  n*y  a  donc 


AL'TOLYCOS  DE  PITANE.  181 

point  d'apparence  que  Ton  se  fût  préoccupé  dès  lors  de  soumetlre 
à  une  théorie  les  résultats  de  Texpérience. 

Pour  Démocrite,  qui  est  intermédiaire  entre  Méton  et  Eudoze, 
on  peut  formuler  la  même  conclusion  ;  à  la  vérité  il  n'y  a  pas 
pour  lui  de  données  complètes  relativement  à  un  même  astre  ; 
mais  si  Ton  compare  les  trois  dates  qu'il  assigne  pour  les  Pléiades 
avec  celles  d'Eudoxe,  lesquelles  satisfont  à  la  règle  d'AutoIycos, 
on  voit  que  deux  de  ces  dates,  coucher  du  soir,  lever  du  matin, 
sont  identiques  de  part  et  d'autre,  tandis  que  pour  le  coucher  du 
matin,  il  y  a  une  divergence  de  15  jours;  il  devient  donc  probable 
que  la  symétrie  des  dates  d'Eudoxe  a  été  systématiquement  établie 
parce  dernier,  tandis  qu'elle  n'existait  pas  dans  les  déterminations 
antérieures. 

Quant  à  Callippe,  nous  n'avons  guère  que  des  levers  et  couchers 
vrais  pour  les  constellations  du  zodiaque;  il  ne  nous  reste  donc  à 
considérer  que  les  données  relatives  à  son  maître,  Eudoxe  de 
Gnide,  données  dont  partie  au  moins,  ainsi  que  nous  venons  de 
l'indiquer,  satisfont  à  la  règle  d'Âulolycos. 

J'ai  réuni  ces  données  dans  le  tableau  suivant;  elles  portent 
sur  treize  séries  de  phases. 

La  première  colonne  du  tableau  donne  les  noms  des  étoiles  et 
constellations;  les  quatre  suivantes  (LM,  LS,  CM,  CS),  les  dates 
assignées  par  Eudoxe  aux  levers  apparents  du  matin  et  du  soir 
et  aux  couchers  apparents  du  matin  et  du  soir.  Ces  dates  sont 
exprimées  en  quantièmes  de  l'année,  en  supposant  1  compté  pour 
la  date  de  l'équinoxe  du  printemps. 

Celles  de  ces  dates  qui  se  trouvent  entre  crochets  sont  celles 
qui  ne  sont  pas  réellement  fournies  par  le  texte  de  Geminus;  la 
discussion  qui  suit  le  tableau  indique  leur  degré  de  probabilité. 

Les  quatre  colonnes  suivantes  donnent,  d'après  les  désignations 
adoptées  plus  haut,  lea  durées  des  intervalles  entre  les  phases;  les 
deux  dernières  colonnes  donnent  enBn  la  valeur  de  la  différence 
B  —  D,  et  le  double  2 B  de  la  différence  entre  les  longitudes 
(comptées  €n  temps)  des  points  de  l'écliptique  correspondant  au 
coucher  et  au  lever. 


182 


p.  TANXEHY. 


Les  nombres  entre  crochets  de  ces  dernières  colonnes  sont  ceux 
qui  proviennent  de  nombres  qui  se  trouvent  eux-mêmes  entre 
crochets. 

Il  est  facile  de  reconnaître  que  la  différence  B — D  est  double 
de  la  différence  des  arcs  r,  —  r,.  Quant  à  2$,  il  est  égal  à  C  —  A 
pour  les  étoiles  zodiacales,  et  au  contraire  égal  à  A  +  E  en  valeur 
absolue  pour  les  australes^  à  F  +  C  pour  les  boréales. 

A  la  suite  du  tableau,  j'ai  doinné  le  détail  des  observations 
qu'appelle  chaque  série  de  données;  plus  loin,  je  reviendrai  à  la 
question  qui  se  pose,  à  savoir  jusqu'à  quel  point  il  peut  être 
plausible  de  regarder  la  théorie  d'Autolycos  comme  antérieure  à 
ce  dernier  et  comme  remontant  en  fait  à  l'astronome  de  Cnide. 


VI 


LE    PARAPEGME    D'EUDOXE. 


]â:xoiLi£:s 


ZODIACALES. 

Pléiades 

Hyades  

Orion  (commencement) . . . 

Orion  (fin) 

Scorpion  (  commencement 
dei  leren  et  fin  des 
oonchen) 

AUSTRAtBS. 

Chien 

Scorpion  (  An  dw  leren  et 
commencement  des 
couchera) 

BORéALES. 
Aigle 

Dauphin  

Chèvre » 

Arcture 

Lyre 

Couronne  


A 

C 

LM 

LS 

CM 

es 

on 

F 

B 

on 

E 

D 

B-D 

A 

B 

G 

D 

0 

48 

190 

23 1 

8 

40 

142 

41 

142 

63 

toi 

241 

16 

47 

141 

37 

140 

+1 

8ie 

224 

231 

8 

74 

142 

7 

142 

0 

IQl 

[243J 

250 

27 

74 

[142] 

m 

142 

W 

230 

![17] 

47 

199 

81 

[152] 

[80] 

152 

w 

u 


C-A 

1 

-10 
—67 

-[67] 


A 

Ba 

E 

Da 

117 

258 

254 

[30] 

[87] 

137 

4 

[137] 

[0] 

263 

[55] 

37 

194 

69 

139 

[18] 

[189] 

[0] 

-A-E 


[-87]' 


L 


F 

B6 

c 

D6 

F+C 

268 

65 

126 

[289] 

[211 

[141] 

61 

142 

r-îj 

[81 

[276] 
35 

76 
186 

139 
265 

304 

1511 

28 
16 

137 

(1351 

63 
79 

[137] 
135 

0 
0 

91 
95 

171 

334 

71 

220 

49 

114 

102 

100 

+14 

151 

233 

22 

143 

311 

78 

76 

121 

90 

—14 

199 

[192] 

351 

131 

280 

[88] 

71 

145 

[61] 

+10 

[2M] 

Il  convient  d'observer  en  première  ligne  sur  ce  tableau,  pour 


AUTOLYCOS   DE  PITANE.  183 

la  fidélité  historique,  que,  si  nous  avons  pris  pour  point  de  dépnrt 
réquinoxe  du  printemps,  en  nous  conformant  en  cela  aux  habitu- 
des modernes,  ce  point  de  départ  n'est  nullement  celui  qu'Eudoxc 
avait  adopté,  pas  plus  que  celui  du  parapegme  de  Geminus. 

Boeckh  a  établi  {Ueberdie  vierjàhrigmSonnenkreiseder  Allen, 
Berlin,  1863),  que  Tannée  solaire  d'Ëudoxe  ne  commençait  pas 
à  un  des  points  équinoxiaux  ou  solsticiaux,  mais  au  lever  apparent 
du  matin  de  Sirius,  suivant  une  tradition  qui  marque  une  influence 
égyptienne.  D'après  cette  tradition,  Méton,  et  probablement  aussi 
£uctémon,  faisaient  déjà  partir  leur  division  du  zodiaque  du  point 
correspondant  de  Fécliptique,  qu'ils  prenaient  connue  fin  du 
Cancer  et  commencement  du  Lion.  Eudoxe  suivit  leur  exemple, 
et  Boeckh  a  donné  la  date  du  13  juillet  381  av.  J.-C.  comme 
répondant  au  premier  jour  du  cycle  de  Tastronome  de  Cnide. 
Il  semble  que  ce  soit  Callippe  qui,  le  premier,  ait  reporté  aux 
points  équinoxiaux  et  solsticiaux  le  commencement  des  signes. 
Cesl  d'ailleurs  évidemment  son  parapegme  qui  a  servi  de  base  à 
celui  de  Geminus,  dont  le  premier  jour  est  celui  du  solstice  d'été. 

Une  question  se  pose  dès  lors;  la  réduction  du  parapegme 
d'Eudoxe  a-t-elle  été  bien  faite  et  sommes-nous  à  cet  égard  abso- 
lument sûrs  des  données  de  Geminus?  L'opération  était  certes 
assez  facile  à  bien  faire,  et  l'on  ne  comprendrait  guère  qu'elle  ait 
été  efiectuée  autrement  qu'en  reportant  toutes  les  dates  à  partir 
d'un  même  point  de  repère  fixe  et  bien  déterminé.  Il  y  a  cepen* 
dant  deux  indices  qui  peuvent  nous  inspirer  quelques  doutes; 
d'une  part  les  divergences  constatées  par  Boeckh  et  inexpliquées 
entre  les  réductions  de  Geminus  et  celles  de  Plolémée  {Phases 
des  fixes)  pour  les  prédictions  météorologiques  d'Eudoxe;  en 
second  lieu,  le  fait  hors  de  conteste  que,  d'après  la  date  assi- 
gnée par  le  parapegme  à  Téquinoxe  du  printemps  d'Eudoxe  et 
d'après  la  durée  donnée  aux  saisons  par  ce  dernier^  son  solstice 
d'été  devait  tomber  au  second  jour  du  parapegme  de  Geminus; 
la  réduction  du  parapegme  avait  dû  cependant  naturellement 
s'effectuer  en  faisant  coïncider  les  jours  du  solstice.  On  peul  donc 
craindre  dos  erreurs  d'un  ou  deux  jours.  Cependant  si  la  réduction 


184  p.  TANNER Y. 

des  parapegmes  d'Eudoxe  a  élé  faite  en  identifiant  son  premier 
jour  avec  la  date  du  lever  du  malin  de  Sirius  pour  Euctémon,  la 
seconde  difficulté  est  levée;  la  première,  d'autre  part,  ne  repose 
pas  sur  un  texte  en  assez  bon  état,  en  ce  qui  concerne  Ptolémée, 
pour  présenter  une  gravité  considérable  :  en  tous  cas,  pour  la 
question  qui  nous  occupe  principalement,  il  n'y  a  pas  lieu  d'en 
tenir  compte. 

Avant  d'aborder  la  critique  des  dates  entre  crochet  dans  notre 
tableau,  il  convient  de  préciser,  s'il  est  possible,  comment 
Eudoxe  marquait  les  phases  dans  le  cas  d'une  constellation. 
Prenait-il  la  première  ou  la  dernière  étoile  levée,  la  première  ou 
la  dernière  couchée?  Supposait-il  bien  que  la  même  étoile  mar- 
quait les  levers  et  les  couchers,  condition  essentielle  pour  l'appli- 
cation de  la  règle  d'Autolycos? 

En  tous  cas,  sur  les  treize  séries  de  phases,  nous  eu  avons  cinq 
qui  concernent  des  étoiles  bien  déterminées.  Arcturus  et  la  Chèvre 
n'ont  jamais  élé  des  noms  de  constellations,  et  pour  le  Chien 
(Sirius),  l'Aigle  (Altaïr),  la  Lyre  (Wéga),  dans  l'origine,  c'étaient 
aussi  là  des  noms  d'étoiles  parliculières. 

Pour  des  groupes  de  peu  d'étendue  comme  les  Pléiades,  ou  le 
Dauphin  (le  petit  quadrilatère  «^^y),  la  question  n'a  pas  une 
grande  importance;  toutefois,  d'après  les  données  d'Eudoxe, 
Terreur  sur  la  position  des  étoiles  est  minimum  en  supposant  que 
ses  dates  représentent  celles  de  l'achèvement  des  phases.  Pour 
ces  groupes  il  n'y  a  pas  par  suite  d'erreur  notable  à  admettre 
qu'Eudoxe  se  soit  guidé  sur  l'étoile  dont  la  longitude  est  la  plus 
considérable  dans  le  catalogue  de  Ptolémée  :  ainsi  on  pourra 
prendre  l'étoile  y)  des  Pléiades  et  y  du  Dauphin. 

Pour  les  Hyades  et  la  Couronne,  quoique  les  groupes  soient 
plus  considérables,  on  peut  conserver  les  mêmes  conclusions;  on 
*  prendra  donc  pour  les  Hyades,  a  du  Taureau  (Aldébaran),  et  pour 
la  Couronne,  l'étoile  i. 

Quant  aux  séries  du  Scorpion  et  d'Orion,  où  il  y  a  des  dates 
pour  le  commencement  et  la  fin  des  phases,  la  question  est 
toute  différente.  Pour  la  première  de  ces  deux  constellations,  elle 


AUTOLYGOS  DE  PITANE.  185 

peut  être  facilement  tranchée.  En  effet,  Hipparque  remarque  que, 
sous  le  climat  de  la  Grèce,  la  première  étoile  à  se  lever  (la  plus 
au  nord  du  front,  ^)  est  la  dernière  à  se  coucher  ;  qu'au  contraire 
la  dernière  à  se  lever  (la  troisième  articulation  à  compter  du 
Centaure,  i)  est  la  première  à  se  coucher.  Les  nombres  d'Eudoxe 
se  prêtent  assez  bien  à  Tapplication  à^  cette  remarque,  pour  que 
je  n'aie  pas  hésité  à  en  tenir  compte  dans  le  tableau  ci-dessus. 

Pour  Orion,  au  contraire,  la  question  est  assez  obscure  ;  d'après 
Hipparque  la  première  étoile  à  se  lever  est  dans  la  main  gauche 
(vers  x),  la  dernière  est  au  pied  droit  (probablement  x);  la 
première  à  se  coucher  est  celle  du  pied  gauche  (0  =  RigeI),  les 
dernières  sont  celles  de  la  massue  (vers  y).  D'autre  part,  les 
données  d'Ëudoxe  sont  celles  qui  offrent  la  symétrie  la  plus 
complète,  puisque  chacune  des  phases  est  exactement  de 
19  jours. 

II  est  possible  que  cette  symétrie  ait  été  établie  par  une  exten- 
sion abusive  de  la  règle  d'Àutolycos  à  la  constellation  tout 
entière.  On  peut  r^arder  comme  certain  que  ce  n'est  pas,  avec 
les  nombres  d'Eudoxe,  la  même  étoile  qui  indique  le  commence- 
ment des  phases  et  une  autre  étoile  déterminée  qui  en  indique  la 
fin  ;  d'autre  part,  il  est  permis  de  douter  qu'il  ait  considéré,  comme 
Hipparque,  les  étoiles  en  dehors  du  quadrilatère  (ay^x);  mais  il 
est  diflBcile  d'admettre  un  renversement  comme  pour  le  Scorpion. 
En  somme,  les  nombres  des  deux  séries  n'ont  guère  que  la 
valeur  d'une  seule  série,  à  établir  comme  moyenne. 

Ces  remarques  faites,  j'aborde  la  justification  des  dates  jnises 
entre  crochets. 

Orion  (fin).  —  Le  lever  du  soir  manque,  mais  la  constance  de 
l'intervalle  de  19  jours  pour  les  trois  autres  couples  des  commen- 
cements et  fins  de  phases  ne  peut  laisser  aucun  doute  sur  la 
restitution,  déjà  indiquée  par  Boeckh. 

Scorpion.  —  Les  levers  du  soir  manquent  pour  le  commence- 
ment et  pour  la  fin;  j'ai  supposé  l'application  de  la  règle  de 
symétrie;  si,  par  comparaison  avec  les  séries  voisines,  cette  resti- 
tution me  parait  assurée,  les  données  relatives  au  Scorpion  n'en 

T.  II  (3«  Série).  J  18 


186  p.  TANNEUY. 

sont  pas  moins  sans  valeur  réelle  comme  témoignage  de  l'emploi 
de  cette  règle  par  Eudoxe. 

Chim,  —  Le  texte  ordinaire  donne,  pour  Eudoxe,  le  coucher 
du  soir  au  quantième  28  (Taureau  2)  sous  la  forme  suivante, 
après  indication  de  la  même  phase  pour  Euctémon  : 

Tfj  8  ajtîj  Xupa  STriTéXXst.  EiSoÇo)  xJwv  àxpévu)fcç  Suv£i.  (Le  même 

jour,  lever  de  la  Lyre.  Pour  Eudoxe,  coucher  acronyque  du 
Chien.) 

Mais  la  forme  Tf)  B  ajif]  (le  même  jour)  est  absolument  inusitée 
dans  tout  le  parapegme.  Boeckh  a  remarqué  qu'une  correction 
était  nécessaire,  et  il  convient  évidemment  de  lire  : 

['Ev  8à]  Tî)  5  ajTO)  (pour  EuxT^jiJLovt  à  rétablir)  Xjpa  Iwoç  extTéXXst, 
etc.  (Le  4  (quantième  30),  pour  Euctémon,  lever  du  matin  de  la 
Lyre;  pour  Eudoxe,  coucher  acronyque  du  Chien.) 

Aigle.  —  Le  coucher  du  soir  manque;  j'ai  pris  le  quantième 
de  Capricorne  18,  où  se  trouve  la  mention  suivante  : 

*Ev  8à  'rtj  tY)  oc».p6rjyoq  èTrtSuvsi  Ô  Ilepaeyç,  xal  viTCç  tt/sÎ.  (Le  18, 

coucher  acronyque  de  Persée;  le  vent  du  sud  souffle.) 

Le  texte  est  évidemment  corrompu  ;  d'abord  le  nom  de  l'obser- 
vateur manque;  le  terme  iy.p6rjy(pç  étant  d'ailleurs  spécial  à  Eudoxe 
et  à  Dosilhée,  il  y  a  toute  probabilité  pour  le  premier,  le  second 
n'étant  cité  que  pour  trois  autres  phases.  Le  nom  de  l'étoile  manque 
aussi,  car  régulièrement  il  doit  précéder  àxpovuxcç,  et  la  constella- 
tion de  Persée,  qui  n'apparait  nulle  part  ailleurs  dans  le  parapegme 
de  Geminus,  ne  peut  en  aucune  façon  convenir  5  cette  date.  En 

lisant  :  ev  8à  'rtj  iV[Eù865w  «stoç]  àxpévu^cç  Suvei  (au  lieu  de  ewSyvei, 

forme  douteuse),  on  obtient  au  contraire  une  date  qui  se  prête 
assez  bien  à  la  règle  de  symétrie.  Quant  aux  mots  à  Flepaeûç, 
j'estime  qu'ils  doivent  être  supprimés  comme  venus  d'une  glose 
marginale,  telle  qu'àoTrépioç,  destinée  à  expliquer  ôxpévyys;,  à 
moins  qu'ils  ne  représentent  une  indication  météorologique  cor- 
rompue. 

Dauphin.  —  Le  lever  du  matin  manque;  j'ai  appliqué  la  règle 
de  symétrie  qui  donne  le  quantième  correspondant  à  Capricorne  5. 
Comme  Euctémon  plaçait  la  phase  trois  jours  seulement  avant,  il 


AUTOLYCOS  DE  PITANE.  187 

ost  assez  probable  qu'Eudoxe  ne  s'est  pas  sensiblement  écarté  de 
la  règle  supposée.  Néanmoins  cette  série  est  dans  le  même  cas 
que  celle  du  Scorpion. 

Chèvre.  —  Le  coucher  du  soir  de  la  Chèvre  est  donné  à  un 
quantième  (199)  évidemment  faux  {Balance,  17)  sous  la  forme 
suivante  : 

'Ev  Sa  Tî}  tÇ  EuSoÇg)  oxipxioç  oXcç  oxpcvu^roç  af$  oXw;  Suvsi.  (Le  17, 

pour  Eudoxe,  le  Scorpion  tout  entier  acronyque,  la  Chèvre  se 
couche  entièrement.) 

Il  faut  certainement  supprimer  aî;  oXwç  ou  bien  âXc^  et  ai;  ;  la 
seule  phase  dont  il  s'agit  est  le  lever  du  soir  de  la  fin  du  Scorpion. 

D'autre  part,  au  mois  du  Taureau,  on  lit  : 

'Ev  5à  Tî}  y.e,  'EixTi^jjLovt  ieToç  èsiripicç  Buvet.  'Ev  Sa  'rtj  a,  Ejxtt^jxcvi 
EOTcéptoç  èxiTéXXet.  'Ev  Sa  tî}  Xa,  Euxtt^jI^.cvi  àsTcç  krizipioq  exiTéXXet. 

(Le  25  (quantième  51),  pour  Euctémon,  coucher  du  soir  de 
TAigle.  Le  30  (=  56),  pour  Euctémon,  coucher  du  soir.  Le  31 
(z=  57),  pour  Euctémon,  lever  du  soir  de  l'Aigle.) 

Le  texte  est  encore  ici  évidemment  corrompu;  la  dernière  phase 
indiquée  est  seule  valable.  Pour  la  première,  le  nom  de  l'astre 
est  certainement  faux;  en  lisant  afç  (la  Chèvre)  au  lieu  d'iiicq 
(l'Aigle),  on  obtient  une  date  qui  se  prête  exactement  à  la  règle 
de  symétrie  avec  les  autres  données  d'Eudoxe,  et  qu'on  peut  donc 
regarder  comme  admise  par  ce  dernier  aussi  bien  que  par  Eucté- 
mon. Quant  à  la  seconde  phase,  pour  laquelle  manque  le  nom 
de  l'astre,  il  s'agit  probablement  du  Scorpion. 

Couronne.  —  J'ai  utilisé  le  quantième  de  Balance  10,  auquel 
se  trouve  indiqué  pour  Eudoxe  un  lever  du  matin,  sans  nom 
d'étoile,  tandis  qu'autrement  la  phase  manquerait. 

De  la  sorte,  toutes  les  indications  du  parapegme  de  Geminus 
relatives  à  des  phases  pour  Eudoxe  se  trouvent  utilisées,  à  l'ex- 
ception de  celle  du  Sagittaire  19.  Euxt^jacvi  xal  EiSo^w  S^vs». 
Mais  comme  cette  date  de  coucher  ne  peut  convenir,  ni  pour  le 
matin,  ni  pour  le  soir,  à  aucun  astre  observé  par  Euctémon  ou  par 
Eudoxe,  je  pense  qu'il  faut  lire  tz^^û  (il  vente)  et  qu'il  ne  s'agit  par 
suite  que  d'une  prédiction  météorologique. 


VI  [ 

LA    RÈGLE   DE   SYMÉTRIE. 

En  résumé,  des  treize  séries  de  phases  d'Eudoxe,  si  l'on  écarte 
les  deux  du  Scorpion  et  celle  du  Dauphin  et  si  l'on  réduit  à  une 
les  deux  d'Orion,  on  peut  en  utiliser  neuf  pour  la  question  qui 
nous  occupe.  Sur  ces  neuf,  trois  (Pléiades,  Orîon,  Chien)  se  prê- 
tent rigoureusement  à  la  règle  de  «symétrie, 'comme  Boeckh  Ta 
déjà  reconnu  sans  s'être  rendu  compte  de  la  valeur  théorique  de 
cette  règle;  mais  il  en  est  très  probablement  de  même  d'une 
quatrième  (Chèvre),  et  pour  deux  autres  (llyades  et  Aigle),  dont 
l'une  est  un  peu  douteuse,  la  différence  d'un  jour  seulement  doit 
être  négligée,  soit  à  cause  de  l'incertitude  qui  reste  sur  la  rigueur 
des  réductions  de  Geminus,  soit  parce  qu'il  peut  se  faire  qu'Eudoxe 
ait  déterminé  ses  dates  par  des  opérations  qui  lui  aient  donné  des 
fractions  de  jour  qu'il  aura  négligées. 

Trois  autres  séries  au  contraire  (Arcture,  Lyre,  Couronne),  dont 
une  seulement  probable,  ne  se  prêtent  nullement  à  la  règle  de 
symétrie,  et  les  divergences  sont  de  10  à  14  jours. 

Il  est  à  remarquer  que  ces  trois  astres  sont  ceux  pour  lesquels 
ta  différence  S  est  la  plus  considérable;  nous  arriverions  donc  à 
cette  conclusion  :  qu'Eudoxe  avait  reconnu  et  appliqué  la  règle  de 
symétrie  pour  les  étoiles  zodiacales  australes,  ainsi  que  pour  les 
boréales,  tant  que  la  différence  S  entre  les  longitudes  correspon- 
dant aux  levers  et  aux  couchers  ne  dépasse  pas  50  jours,  si  on 
l'évalue  en  temps. 

Ainsi,  il  est  bien  certain  qu'Eudoxe,  au  moment  oij  il  rédi- 
geiiit  son  parapegme,  n'était  pas  en  possession  complète  de  la 
théorie  que  nous  retrouvons  développée  par  Autolycos.  Mais  faut- 
il  croire  avec  Boeckh  qu'Eudoxe  ne  soit  arrivé  qu'empiriquement 
à  établir  une  certaine  symétrie  pour  les  dales  des  phases  de 
certaines  étoiles,  et  qu'il  ait  cru  que  cette  symétrie  ne  devait 
nullement  être  généralisée? 

Nous  avons  vu  que  l'extension  de  la  règle  va  beaucoup  plus 


AUTOLTCOS   DE   PITANE.  189 

loin  que  ne  le  supposait  Boeckh,  et  qu'elle  est  telle  que  Tesprit  de 
système  ne  peut  être  méconnu;  à  la  vérité,  il  peut  se  faire  que 
ridée  première  de  cette  règle  ait  eu  une  origine  empirique;  mais, 
même  dans  cette  hypothèse,  un  géomètre  aussi  puissant  que  le 
Cnidien  s'est  nécessairement  rendu  compte  qu'il  y  avait  à  celle 
symétrie  une  raison  mathématique,  et  s'il  s'est  proposé  de  cher- 
cher cette  raison,  on  ne  peut  douter  qu'il  ne  l'ait  trouvée. 

On  doit  donc,  pour  expliquer  les  conséquences  auxquelles  nous 
sommes  arrivés,  supposer  un  autre  motif,  et  il  est  facile  d'en 
trouver  un  assez  plausible.  La  publication  du  calendrier  d'Eudoxe 
a  dû  être  liée  à  celle  de  son  ouvrage  sur  Yoctaétéride^  où  il  propo- 
sait un  cycle  lunisolaire  qui,  perfectionnant  les  antiques  procédés 
d'intercalation  suivis  plus  ou  moins  empiriquement  dans  l'usage 
civil,  eut  la  gloire  de  relarder  d'au  moins  cinquante  ans  le  triom- 
phe à  Athènes  du  cycle  de  Melon,  plus  commode  à  cerlains 
égards,  mais  en  fait  inférieur  en  exactitude. 

Boeckh  a  établi  que  le  cycle  d'Eudoxe  a  dû  commencer  en  381 
ou  en  373  av.  J.-C.  et  que  la  publication  en  fut  faite  presque 
immédiatement  après  le  retour  d'Eudoxe  d'un  voyage  en  Egypte, 
dont  il  avait  rapporté  de  précieuses  données  astronomiques.  Or, 
à  cette  date,  Eudoxe  était  encore  relativement  jeune  et  s'était 
occupé  surtout  de  questions  étrangères  à  l'astronomie. 

Il  a  donc  dû  se  hâler  pour  la  confection  de  son  parapegme,  et 
il  est  possible  de  reconnaître,  si  l'on  discute  les  dates  en  elles- 
mêmes,  qu'elles  ont  effectivement  été  établies  avec  une  certaine 
précipitation  ;  dans  ces  conditions,  il  est  très  naturel  de  croire 
qu'Eudoxe,  en  possession  des  principes  de  la  théorie,  mais  ne 
possédant  pas  assez  de  données  d'observation  bien  contrôlées 
pour  appliquer  sa  règle  à  toutes  les  étoiles  sans  chance  de  graves 
erreurs,  aura  restreint  l'étendue  de  l'application;  il  pouvait 
d'ailleurs  n'être  pas  suffisamment  éclairé  sur  le  point  de  savoir 
jusqu'à  quelles  limites  pouvaient  rester  valables  les  hypothèses 
servant  de  base  à  sa  théorie. 

Il  n'y  a  aucune  preuve  qu'Eudoxe  ait  poursuivi  plus  tard  l'étude 
de  la  question,  ni  qu'il  ait  publié  le  résultat  de  ses  travaux  dans 


190  p.  TANNERY. 

un  des  oombrcux  ouvrages  astronomiques  qu'il  avait  composés, 
mais  qui  sont  perdus;  il  est  cependant  bien  permis  de  conjecturer 
qu'Aulolycos  aura  puisé,  dans  un  de  ces  ouvrages,  au  moins  les 
traits  essentiels  de  la  lliéorie  qu'il  nous  expose. 

Nous  pouvons  d'ailleurs  trouver  quelques  autres  indices  favora- 
bles à  cette  conclusion. 

Il  est  bien  établi  que  l'astronome  de  Cnide  avait  négligé  de  fait 
et  systématiquement,  soit  dans  son  parapegme,  soit  dans  sa 
théorie  des  planètes,  l'anomalie  du  Soleil,  non  pas  sans  doute 
qu'il  l'ignorât,  car  elle  était  déjà  bien  reconnue  par  Euctémon, 
mais  probablement  il  ne  considérait  pas  les  observations  faites 
comme  as^ez  précises  pour  pouvoir  servir  de  base  à.  une  théorie. 
Nous  avons  donc  là  une  concordance  marquée  avec  la  4'  hypothèse 
d'Âulolycos;  il  suffît  de  remarquer  que  ce  dernier  devait  écrire 
après  que  Callippe  avait  déjà  apporté  aux  théories  d'Eudose  les 
modifications  nécessaires  pour  tenir  compte  de  l'anomalie  du 
Soleil;  Aulolycos  devait  donc  bien  savoir  que  son  hypothèse,  si 
commode  qu'elle  fût,  correspondait  à  des  erreurs  d'au  moins  deux 
jours.  Mais  pour  les  phases  des  étoiles,  il  pouvait  sans  grand 
inconvénient  maintenir  une  théorie  déjà  jugée  suf^sante.  Cette 
quatrième  hypothèse  d'Autolycos,  et  la  première,  suffîsent  pour 
l'établissement  de  la  règle  de  symétrie.  Quant  aux  deux  autres 
hypothèses,  Eudoxe  ne  les  a  pas  admises  dans  son  parapegme, 
car  les  arcs  de  retard  sont  différents  pour  les  différentes  étoiles. 

Pour  les  Pléiades,  les  Hyades,  Orion  et  te  Chien,  ils  sont  à  ta 
vérité  sensiblement  égaux  (de  20  Vi  à  21);  mais  aussi  plus  forts 
que  l'arc  de  15"  correspondant  à  la  3=  hypothèse  d'Autolycos. 
Eudoxe  semble  sur  ce  point  avoir  voulu  se  conformer  à  l'antique 
tradition  fixant  à  40  jours  la  crypsis  des  Pléiades,  qui,  d'après 
Aulolycos,  doit  tomber  au-dessous  de  30  jours;  pour  cette  série 
d'astres  voisins,  le  Cnidien  a  évidemment  voulu  prendre  des  arcs 
de  retard  égaux;  mais  pour  les  autres  il  aura  trouvé  que  la 
valeur  donnée  à  cet  arc  ne  concordait  plus  suffisamment  avec  les 
observations  ou  avec  les  traditions;  et  il  a  adopté  des  valeurs 
inférieures  et  variant  sans  règle  appréciable  :  15  '/v  pour  le  front 


AUTOLTCOS  DE  PITANE.  191 

du  Scorpion,  15  *U  pour  la  Chèvre,  14  V^  (moyenne)  pour  la 
Couronne,  13  V*  (moyenne)  pour  rArcture,  10  pour  TAigle, 
10  Vk  (moyenne)  pour  la  Lyre,  8  "/*  pour  le  Dauphin. 

Cependant  il  est  très  digne  de  remarque  que  la  moyenne 
générale  de  tous  les  arcs  de  retard  est  à  très  peu  près  de  15;  ce 
qui  rattache  suffisamment,  même  sur  ce  point,  la  théorie  d'Auto- 
lycos  au  parapegme  d'Eudoxe. 

La  théorie  en  question  (comme  au  reste  celle  du  Soleil  d'Eudoxe) 
nous  apparaît  en  somme,  si  on  la  rapproche  des  résultats  des 
observations,  comme  constituant  un  degré  d'approximation  du 
premier  ordre,  mais  avec  des  écarts  très  sensibles  par  rapport  à 
la  réalité.  Toutefois  il  ne  faut  pas  la  juger  avec  nos  habitudes 
d'esprit  modernes;  pour  être  justes,  il  convient  de  se  rendre 
compte  du  but  que  pouvait  se  proposer  Eudoxe. 

Les  auteurs  de  parapegmes  devaient  moins  s'attacher  à  fixer 
une  date  précise  pour  une  observation  aussi  incertaine  dans  la 
pratique  et  ayant  en  théorie  aussi  peu  de  valeur  que  celle  d'une 
phase  d'une  étoile,  qu'ils  ne  devaient  chercher  à  lier  à  des  jours 
déterminés  des  prédictions  météorologiques,  dépendant,  à  leur 
point  de  vue,  non  pas  du  fait  que  telle  ou  telle  étoile  fût  réelle- 
ment vue  dans  telle  ou  telle  phase,  mais  bien  de  la  position 
relative  de  l'ensemble  des  étoiles  par  rapport  au  Soleil  pour  ce 
jour  déterminé.  Il  y  avait  là  une  question  théorique  à  résoudre, 
et  sa  solution  est  donnée  en  fait  d'une  &içon  satisfaisante  dans 
l'œuvre  d'Autolycos.  Les  phases  y  correspondent  non  pas  aux 
positions  à  donner  pour  l'observation  réelle,  mais  à  des  positions 
défmies  théoriquement  .et  qui  dépendent  uniquement  pour  chaque 
étoile  de  la  valeur  de  ses  coordonnées. 

D'autre  part,  au  temps  d'Eudoxe,  les  observations  de  phases, 
faites  par  différents  observateurs  à  différentes  latitudes,  sur 
l'horizon  apparent  plutôt  que  sur  l'horizon  astronomique,  devaient 
former  un  chaos  à  peine  utilisable;  le  plus  important  était  donc 
de  tracer  une  théorie  suffisamment  approchée  pour  pouvoir  servir 
de  point  de  départ  au  contrôle  des  observations,  et  de  l'adopter 
provisoirement  pour  constater  méthodiquement  les  écarts  avec 


192  p.  tannery. 

la  réalité  et  obtenir  ensuite,  par  la  modification  des  hypothèses 
primitives,  un  degré  d'approximation  plus  satisfaisant. 

La  théorie  d'Âutolycos  a  donc  joué  un  rôle  aussi  nécessaire 
qu'utile;  c'était  un  stade  indispensable  avant  d'arriver  aux  théories 
plus  perfectionnées,  qui  d'ailleurs  laissent,  même  encore  aujour- 
d'hui, assez  à  désirer;  mais  le  peu  d'intérêt  de  la  question  et 
l'accord  suffisant  avec  l'expérience  permettent  de  croire  qu'elles 
resteront  longtemps,  sinon  toujours,  sans  nouveaux  progrès. 

VIII 

LA   SPHÈRE   D'EUDOXE. 

J'aborde  maintenant  une  question  indispensable  à  élucider 
pour  qui  voudrait  apprécier  la  valeur  des  données  du  parapegme 
d'Eudoxe  au  point  de  vue  de  l'observation. 

J'ai  dit  que,  d'après  la  théorie  d'Autolycos,  les  phases  d'une 
étoile  sont  déterminées  d'après  la  valeur  de  ses  coordonnées.  Si 
d'ailleurs  à  cette  époque,  quand  même  les  coordonnées  auraient 
été  connues,  le  défaut  de  procédés  pour  la  trigonométrie  n'eût 
permis  d'en  rien  tirer  pour  le  calcul,  les  anciens  n'en  possédaient 
pas  moins  un  moyen  pratique  pour  obtenir  les  phases  d'une 
étoile,  étant  donnée  sa  position  sur  la  sphère. 

Depuis  Ânaximandre,  les  Grecs  figuraient  les  constellations  sur 
des  globes,  qui  restèrent,  pendant  toute  l'antiquité,  l'un  des  objets 
les  plus  indispensables  à  un  astronome.  Imaginons  ce  globe, 
enchâssé  dans  un  cercle  fixe  horizontal  et  mobile  autour  de  son 
axe,  incliné  suivant  la  hauteur  du  pôle.  En  le  faisant  tourner, 
on  peut  reconnaître  quelle  correspondance  il  y  a  entre  les  étoiles 
et  les  points  de  l'écliptique  pour  le  lever  et  pour  le  coucher  de 
chaque  jour.  Ces  correspondances  formaient  un  sujet  tout  particu- 
lier d'étude  pour  les  astronomes  comme  on  le  voit  par  le  seul 
écrit  qui  nous  reste  d'Hipparque  et  dont  précisément  l'un  des 
objets  est  la  critique  des  correspondances  établies  par  Eudoxe; 
on  ne  peut  guère  mettre  en  doute  que  la  sphère  oblique  ne  fût 
le  principal  moyen  de  cette  étude. 


AUTOLYCOS  De  PITANE.  193 

Je  dirai  plus,  si  Ton  se  rend  compte  des  erreurs  considérables 
dont  Hipparque  accuse  Eudoxe,  il  est  tout  à  fait  improbable  que 
les  Grecs  du  iv®  siècle  aient  possédé  des  méthodes  et  des  instru- 
ments pour  la  mesure  directe  d'un  système  de  coordonnées 
quelconques;  ils  n'ont  pas  même  dû  avoir  le  cercle  divisé  avec 
alidades  pour  la  mesure  de  la  distance  de  deux  étoiles,  qui  leur 
aurait  sufB,  avec  des  constructions  sur  la  sphère,  pour  placer  les 
astres  avec  une  exactitude  relativement  satisfaisante.  Je  crois 
qu'au  contraire  c'était  précisément  par  l'observation  des  levers  et 
couchers  journaliers  qu'on  arrivait  à  placer  les  étoiles  sur  la 
sphère;  les  circompolaires  qui,  ne  se  levant  ni  ne  se  couchant, 
n'offraient  pas  d'intérêt,  étaient  placés  à  l'œil  sur  leur  méridien. 

Sans  la  superstition  qui  s'attacha  d'abord  aux  éclipses,  puis  au 
mouvement  des  planètes,  enfm  aux  phases  des  fixes,  l'astronomie 
ne  serait  pas  née  ;  les  questions  qu'elle  soulève  ne  se  seraient  pas 
même  posées;  le  premier  pas  fut  la  reconnaissance  du  lieu  du 
ciel  où  se  produisent  les  éclipses  du  Soleil  et  de  la  Lune;  à  la  suite 
d'une  longue  période  d'observations,  les  Chaldéens  arrivèrent  à 
déterminer  ce  lieu  comme  une  bande  comprenant  des  étoiles 
bien  précisées,  et  pouvant  d'ailleurs  être  considérée  d'autre  part 
comme  le  chemin  parcouru  par  le  Soleil  et  comme  suivant  un  des 
grands  cercles  de  la  sphère. 

Le  second  pas  considérable  dans  la  même  voie  fut  la  détermi- 
nation de  l'heure  pendant  la  nuit  au  moyen  de  l'observation  du 
point  de  l'écliptique  à  l'horizon  du  levant  (centre  de  l'horoscope 
des  astrologues),  ou  secondairement  par  l'observation  du  point  de 
l'écliptique  au  méridien  ou  à  l'horizon  du  couchant. 

A  l'origine,  les  Chaldéens,  d'après  les  documents  cunéiformes, 
divisaient  le  nycthémère  en  douze  heures  égales,  et  ils  se  servaient 
sans  doute,  pour  la  mesure  du  temps,  d'appareils  à  eau,  réglés 
d'après  le  passage  du  Soleil  au  méridien  par  exemple.  Le  procédé 
naturel  pour  passer  de  là  à  la  détermination  de  l'heure  pendant 
la  nuit  au  moyen  d'observations  d'étoiles,  aurait  été,  semble- t-il, 
de  déterminer  des  cercles  horaires  par  le  repérage  d'étoiles  passant 
en  même  temps  au  méridien,  de  créer  en  somme  un  système 


19  P.  TANNERY. 

• 

d'ascensions  droites.  Mais  les  Cbaldéens  suivirent  une  tout  autre 
voie. 

Lorsque  Hérodote  nous  rapporte  que  le  cadran  solaire  et  les 
douze  divisions  de  jour  ont  été  empruntés  par  les  Grecs  aux 
Babyloniens,  on  ne  peut  douter  qu'il  ne  s'agisse  d'une  part  du 
cadran  hémisphérique  creux  dont  la  pointe  du  style  occupe  le 
centre,  et  d'un  autre  côté  de  la  division  du  jour  naturel  en  douze 
heures  variables  avec  les  saisons  (*).  Ces  heures  sont  connues 
dans  l'astronomie  ancienne  sous  Tépithète  de  xatpaal  qu'on 
traduit  par  temporaires  :  il  vaudrait  mieux  dire  saisonnières. 

Les  observations  chaldéennes  d'éclipsés  lunaires  conservées  par 
Ptolémée  prouvent  que  les  maîtres  des  Grecs  en  astronomie 
avaient  adopté  ce  système  spécial  de  division  du  temps,  non 
seulement  pour  le  jour,  mais  aussi  pour  la  nuit.  Gela  suppose 
qu'ils  avaient  un  procédé  pour  déterminer  Yheure  saisonnière 
quand  le  soleil  est  au-dessous  de  F  horizon. 

Quel  était  ce  procédé,  nous  l'ignorons,  mais  peut-être  est-il 
possible  de  le  deviner;  l'emploi  des  heures  saisonnières  a  persisté, 
malgré  son  incommodité,  dans  toute  l'astronomie  grecque;  il  a 
de  là  passé  aux  Arabes. 

Ideler,  se  demandant  comment  il  se  fait  que  les  observations 
astronomiques  grecques  ou  arabes  nous  sont  ordinairement 
transmises  en  heures  de  cette  sorte,  a  cru  que  leur  usage  était 
purement  civil  et  qu'elles  n'étaient  obtenues  que  par  transforma- 
tion. Nous  savons  au  contraire  maintenant,  d'après  la  description 
de  Tastrolabe  planisphère  donnée  par  Sédillot  ('),  que  tout  au 
contraire  Yheure  saisonnière  était  obtenue  par  Tobservation 
directe,  et  qu'on  la  réduisait  pour  les  calculs  astronomiques. 

L'astrolabe  planisphère  n'est  nullement  au  reste  l'invention  des 
Arabes;  'dès  le  commencement  du  vi*  siècle,  Jean  Philopon  en  a 


(1)  Voir  sur  ces  deux  points  la  remarquable  étude  de  M.  G.  Rayet  :  Les  Cadrants 
solaires  coniques,  dans  les  Annales  de  chimie  et  de  physique,  VI,  1875. 

(*)  Mémoire  sur  les  instruments  astronomiques  des  ArabeSy  18i4>  dans  les 
Mémoires  présentés  par  divers  savants  à  VAcadémie  des  Inscriptions  et  Belles- 
lettres,  tome  I. 


AUTOLYCOS  DE  PîTANE.  195 

donné  une  description  (^)  où  il  en  attribue  la  connaissance  à  Ptolé- 
mée,  et  quoique  ce  dernier  ne  nous  en  parle  pas,  il  n'existe 
aucune  raison  sérieuse  de  rejeter  ce  témoignage. 

Or  quelle  est  l'essence  des  observations  faites  avec  cet  instru- 
n)ent? — Supposons  deux  projections  sléréographiques  de  la  sphère 
dont  Tune,  âxe,  porte  les  lignes  horaires,  dont  Tautre,  qu'on 
déplace  sur  la  première,  représente  la  sphère  mobile;  on  observe 
la  hauteur  d'une  étoile  dont  la  position  est  connue  et  marquée 
sur  la  sphère  mobile;  cela  suffit  pour  pouvoir  amener  cette 
dernière  à  la  position  qu'elle  a,  pour  Theure  de  l'observation, 
par  rapport  à  la  sphère  fixe. 

On  connaît  d'ailleurs  le  jour  de  l'observation,  par  suite  le 
degré  où  se  trouve  le  Soleil  sur  l'écliptique;  la  {losition  de  ce 
degré,  par  rapport  aux  lignes  horaires,  donne  l'heure.  Il  est  clair 
d'ailleurs  que  ces  lignes  horaires  peuvent  être  tracées,  soit  pour 
les  heures  équinoxiales,  soit  pour  les  heures  saisonnières,  et  le 
fait  est  que  ces  dernières  étaient  employées  de  préférence. 

Par  une  singulière  coïncidence,  le  cercle  de  l'astrolabe  plani- 
sphère qui  représentait  la  sphère  mobile  s'appelait  en  grec  Yarai- 
gnée  {ipx/rrD,  mot  que  les  Arabes  ont  traduit  dans  leur  langue; 
ce  même  nom  est  celui  que,  d'autre  part,  Vitruve  donne  au  cadran 
solaire  d'Eudoxe. 

Nous  avons  ici,  semble-t-il,  le  mot  de  l'énigme;  imaginons  le 
cadran  solaire  primitif,  l'hémisphère  creux  des  Chaldéens;  on  a 
l'heure  saisonnière  pendant  le  jour  d'après  l'ombre  du  Soleil, 
comment  l'avoir  pendant  la  nuit? 

Supposons  une  sphère  concentrique  à  cet  hémisphère  et  mobile 
autour  de  l'axe  du  monde;  si  elle  porte  un  cercle  figurant  l'éclip- 
tique, et  si  nous  pouvons  placer  le  Soleil  sur  ce  cercle  à  un  jour 
donné,  il  nous  suffira  d'amener  par  exemple  à  l'horizon  le  .point 
de  l'écliptique  qui  s'y  trouve  en  réalité  au  moment  de  l'obser- 
vation, pour  obtenir  immédiatement  Theure  d'après  les  tracés 
du  cadran  solaire. 

(')  Publiée  i>ar  Hase  dans  le  Rheinisches  Muséum  en  1843. 


196  r>.  TANNERV. 

C'est  la  même  opération  en  fait  que  pour  l'astrolabe  plani- 
sphère; la  seule  différence  est  que,  dans  ce  dernier  instrument,  on 
emploie  des  représentations  planes  de  la  sphère;  dans  celui  que 
nous  essayons  de  restituer,  on  emploie  des  sphères  réelles.  Mais 
n'est-il  pas  infiniment  probable  qu'avant  de  s'élever  à  l'idée  de 
Tastrolabe  planisphère,  on  a  dû  s'arrêter  à  celle  qui  découlait 
immédiatement  de  la  conception  du  monde? 

Inutile  de  dire  que  cette  sphère  mobile  ne  pouvait  âtre  massive, 
c'était  une  sphère  armillaire,  formée  par  un  réseau  de  cercles 
anali^ue  à  une  toile  d'araignée  :  de  là  son  nom  conservé  pour  le 
plan  mobile  de  l'astrolabe  planisphère,  plan  découpé  à  jour 
d'après  les  mêmes  raisons,  mais  qui  certainement,  d'après  les 
modèles  arabes  qui  nous  en  restent,  ressemble  beaucoup  moins 
à  la  toile  d'araignée  que  le  prototype  sphérique. 

La  sphère  des  astronomes  chaldéens  aura  été  adoptée  et  peut- 
être  perfeclionnée  sur  certains  points  par  Eudoxe,  qui  en  aura 
fait  l'accessoir»  de  son  cadran  solaire.  Plus  tard,  à  une  époque 
postérieure  à  Hipparqiie,  l'instrument  sphérique  aura  disparu 
devant  l'astrolabe  planisphère;  mais  en  fait  ce  moyen  mécanique 
de  connaître  l'heure  à  la  suite  d'une  seule  observation  n'en  aura 
pas  moins  joué,  sous  une  forme  ou  sous  l'autre,  un  rôle  capital  en 
astronomie  jusqu'à  l'invention  du  pendule.  Aujourd'hui  ce  rôle  est 
fini,  et  l'oubli  a  été  tel  que  les  historiens  de  l'astronomie  connais- 
sent à  peine  l'astrolabe  planisphère  ou  le  confondent  avec  l'astro- 
labe sphérique  de  Ptolémée,  dont  la  forme  et  l'objet  étaient  tout 
à  fait  différents. 

J'ai  dit  qu'avec  l'astrolabe  planisphère,  on  devait  observer  la 
hauteur  d'une  étoile  connue;  ceci  doit  être  considéré  comme  un 
perfectionnement  très  récent;  h  l'origine  il  n'y  avait  aucun 
instrument  des  hauteurs;  ni  les  Chaldéens  ni  Eudoxe  n'en  possé- 
daient; la  sphère,  un  plan  servant  d'horizon,  peut-être  un  rour 
suivant  le  méridien,  voilà  à  quoi  se  réduisait  un  observatoire 
pour  la  nuit;  qu'on  y  joigne  tout  au  plus  quelque  moyen  primitif 
pour  mesurer  les  petites  fractions  de  temps  par  l'éioutemenl  de 
l'eau  ou  du  sable. 


AUTOLYCOS  DE  PITANE.  197 

Le  terme  astrologique  de  centre  horoscope  donné  au  point  de 
récliptique  émergeant  à  Thorizon  du  levant  à  un  moment  précis, 
témoigne  que  c'était  sur  ce  point  que  devaient  porter  directement 
les  obser\'alions  des  créateurs  de  Tastrologie;  indirectement,  ils 
pouvaient  faire  Tobservation  aux  deux  autres  centres  astrologiques 
visibles  au  point  de  Técliptique  à  Thorizon  du  couchant  ou  bien 
au  méridien. 

Ce  procédé  suppose  récliptique  bien  repéré  et  divisé  en  arcs 
d'égale  ascension;  ceci  sans  doute  se  fit  peu  à  peu  et  à  mesure 
que  Ton  chercha  une  plus  grande  approximation.  Il  n'en  est  pas 
moins  clair  que  dans  ce  repérage  par  heures,  demi-heures  ou 
quarts  d'heure,  on  fut  conduit  à  utiliser  les  étoiles  qui,  sans  être 
situées  sur  récliptique,  marquaient  la  limite  de  deux  arcs,  se 
levaient  donc  (ou  se  couchaient)  en  même  temps  que  tel  point 
déterminé  de  récliptique. 

Lorsque  la  relation  de  correspondance  fut  ainsi  établie  pour  les 
principales  étoiles  ou  constellations,  on  arriva  par  un  procédé 
mécanique  très  simple  à  les  placer  sur  la  sphère;  il  suiBt  de 
marquer  sur  celle-ci  la  trace  de  l'horizon  dans  les  positions  où  les 
points  de  récliptique  coordonnés  à  l'étoile  ont  été  amenés  respec- 
tivement au  levant  et  au  couchant;  l'intersection  de  ces  deux 
tracés  donne  la  position  de  l'étoile. 

11  est  inutile  d'insister  sur  l'imperfection  de  ce  procédé  (<);  il 
devait  entraîner  des  erreurs  grossières,  comme  celles  qu  Hippar- 
que  a  reprochées  à  Eudoxe;  si  ce  dernier  avait  possédé  des 
instruments  de  mesure  et  des  méthodes  pour  la  détermination 
directe  des  coordonnées,  de  pareilles  erreurs  seraient  inexplicables. 

(>)  Je  remarquerai  seulemeDi  que  le  point  de  départ  du  procédé,  la  division  de 
récliptique^  n'était  obtenu  que  d'une  façon  très  grossière;  les  distances  à  l'horizon 
ou  au  méridien  des  étoiles  servant  de  point  de  repère  pour  cette  division  semblent 
au  reste,  pour  les  corrections  à  faire,  avoir  été  estimées  soit  seulement  à  l'œil  nu,  soit 
avec  un  instrument  analogue  au  bAton  de  Jacob  ;  cette  estimation  se  faisait  en 
coudées  et  en  doigts,  sans  doute  en  raison  du  système  de  graduation  adopté  pour 
cet  instrument.  L'usage  de  ces  unités  (le  doigt  comptant  pour  5  minutes)  a  persisté 
pendant  toute  l'antiquité  à  côté  de  la  division  en  degrés  qui  apparaît  pour  la 
première  fois  dans  l'Ava? opix6c  d'Hypsiclès  ;  l'instrument  en  question  semble  iden- 
tique au  dioptre  d'nipparquc. 


198  p.  TANXKUY. 

Mais  Hipparque  a  été  injuste  envers  Eudoxe,  comme  envers  la 
plupart  de  ses  prédécesseurs;  il  ne  faut  pas  reprocher  aux  anciens 
astronomes  d'avoir  fait  des  observations  inexactes,  il  faut  plutôt 
s'étonner  de  ce  que  sans  aucun  matériel  pour  ainsi  dire,  avec  des 
procédés  défectueux  de  tous  points,  ils  aient  pu  pousser  leurs 
connaissances  aussi  loin  et  ne  pas  commettre  d'erreurs  encore 
plus  grandes;  cela  doit  faire  penser  que  leurs  observations  en 
elles-mêmes  étaient  faites  aussi  soigneusement  que  possible. 

La  position  d'un  astre  étant  déterminée  sur  la  sphère,  il  est 
facile  de  déterminer  mécaniquement  les  dates  des  phases,  si  Ton 
se  donne  les  arcs  de  retard  ou  d'avance;  mais  Eudoxe  ne  dut  pas 
procéder  de  la  sorte,  au  moins  dans  la  plupart  des  cas,  car  il  y 
avait  des  observations  antérieures  de  ces  dates,  et  il  devait  cher- 
cher à  mettre  d'accord  avec  elles  des  positions  qui  n'étaient  pas 
déterminées  par  des  moyens  sensiblement  plus  exacts  que  ces 
observations. 

Actuellement,  étant  données  les  quatre  dates  des  phases 
annuelles  d'une  étoile,  on  peut  en  déduire,  sans  aucune  des 
hypothèses  d'Autolycos,  la  longitude  ^  et  2  +  §,  du  point  de 
récliptique  se  levant  et  se  couchant  en  même  temps  que  l'étoile, 
ainsi  que  les  arcs  r^  et  r,  d'avance  et  de  retard  ;  si  l'on  donne,  en 
outre,  l'obliquité  de  l'écliptique  et  si  l'on  connaît  la  latitude  de 
l'observation,  on  en  déduira  la  position  qui  pour  l'étoile  résulte 
de  ces  données. 

Si  l'on  fait  de  pareils  calculs  pour  les  dates  du  parapegme 
d'Eudoxe,  on  trouve  des  erreurs  de  position  énormes,  qui  peuvent 
atteindre  jusqu'à  près  de  20°.  Les  longitudes  sont  généralement 
trop  fortes  pour  les  étoiles  boréales,  trop  faibles  pour  les  australes. 
Les  latitudes  sont  également  trop  faibles. 

Cette  discussion  pourrait  offrir  un  certain  intérêt  pour  la  ques- 
tion que  je  me  suis  proposé  de  traiter.  Ainsi  que  je  l'ai  indiqué» 
elle  peut  permettre  de  reconnaître  certaines  traces  de  précipitation 
dans  la  rédaction  du  parapegme  d'Eudoxe;  mais  pour  juger  ce 
dernier  équitablement,  il  convient  avant  tout  de  le  comparer  à 


AUTOLYCOS  DE  PITANE.  199 

ses  prédécesseurs  ;  il  s'agit  de  savoir  si  son  parapegme,  avec  la 
régularité  artificielle  qu'il  y  avait  d'ailleurs  introduite  en  partie, 
était  plus  ou  moins  satisfaisant  que  ceux  d'Euctémon  ou  de 
Démocrite.  11  est  également  intéressant  de  rechercher  quels  per- 
fectionnements on  peut  constater  après  Eudoxe  jusqu'au  temps 
d'Hipparque. 

Le  travail  indiqué  doit  donc  porter  sur  l'ensemble  des  données 
réunies  par  Geminus;  c'est  une  question  que  je  me  propose  de 
reprendre  plus  tard,  après  avoir  examiné  au  préalable  quels  autres 
renseignements  historiques  peuvent  nous  fournir  les  divers  écrits 
de  la  Petite  Astronomie  des  Grecs. 


l 


H-ECHERCHES 


SUB  LA 


REDUCTION  DES  NITRATES 


PAR  LES  INFINIMENT  PETITS 


PAR  MU.  U.  GflYON  ET  G.  DUPETIT. 


1.  La  réduction  de  Tacide  azotique  des  nitrates,  à  Tétat  d'acide 
nitreux,  de  bioxyde  d*azote,  de  protoxyde  d'azote  ou  d'azote  pur 
a  été  signalée  par  plusieurs  observateurs  dans  les  eaux  de 
drainage,  dans  la  terre  végétale  et  dans  diverses  fermentations. 
Il  ne  s'agit  ici,  à  Texclusion  des  décompositions  purement 
chimiques,  que  des  réactions  qui  se  passent  entre  certaines 
limites  de  températures  et  en  présence  de  matières  organiques. 

2.  l"*  Acide  nitreux.  —  Des  nitrites  ont  été  trouvés  dans 
l'azotate  de  soude  du  Chili  par  Schœnbein  (*),  dans  les  eaux  de 
drainage  par  MM.  Lawes  et  Gilbert  (^),  dans  la  terre  végétale 
par  le  colonel  Chabrier  (')  qui  en  a  étudié  avec  beaucoup  de  soin 
le  rôle  et  les  variations;  mais  ces  auteurs  n'ont  déterminé 
exactement  ni  leur  origine,  ni  leur  mode  de  formation.  Plus  tard, 
M.  Meusel  a  observé  la  transformation  des  nitrates  en  nitrites 
dans  les  eaux  naturelles  (^),  et  fait  voir  que  certaines  substances, 

(^)  Aep.  de  Chimie  pure,  t.  IV,  p.  248, 1861.  —  Nous  montrerons  bientôt,  dans  un 
mémoire  spécial,  que  la  proportion  des  nitrites  dans  les  nitrates  de  soude  naturels 
peut  s'accroître  sous  l'influence  des  infiniment  petits,  et  déterminer  certains 
accidents  de  fabrication  dans  les  usines  où  l'on  prépare  le  salpêtre  par  double 
décomposition  chimique. 

(*)  Rothamsted,  Trente  années  d^expériences  agricoles,  p.  163. 

(S)  Annales  de  Chimie  et  de  Physique,  5«  série,  t.  XXIIl,  p.  161 ,  1871. 

(♦)  Journal  de  Pharmacie  et  de  Chimie,  4»  série,  t.  XXII,  p.  430, 1875. 

T.  II  (3»  Série).  14 


202  U.  GAYON  ET  G.  DUPËTIT. 

comme  Tacide  phénique»  Tacide  salicylique,  l'acide  benzoïque, 
Tentravent,  tandis  que  d'autres,  comme  la  cellulose,  le  sucre, 
Talcool,  la  favorisent.  Ce  savant  est  le  premier  qui  ait  attribué 
la  formation  d'acide  nilreux  à  la  présence  des  bactéries. 

Nous  avons  vérifié  Texactitude  des  observations  de  M.  Meusel 
et  constaté  que  les  nitrites  apparaissent  presque  toujours,  si  on 
laisse  à  Pair  libre  un  bouillon  tenant  en  dissolution  de  Tazotate 
de  potasse  ou  de  soude;  le  liquide  se  trouble,  se  peuple  d'orga- 
nismes microscopiques  et  donne  rapidement  les  réactions  de 
Tacide  azoteux . 

3.  Pour  caractériser  cet  acide,  nous  avons  employé  soit 
riodure  de  potassium  amidonné  et  Facide  acétique,  soit  le 
chlorhydrate  de  métaphénylènediamine  (*).  La  première  méthode 
donne,  dans  les  solutions  un  peu  concentrées,  un  précipité  bleu 
qui  se  prête  mal  à  des  dosages  comparatifs;  la  seconde,  au 
contraire,  donne  une  coloration  rouge-brun  très  limpide  et 
propre  aux  observations  colorimétriques.  Pour  les  dosages,  nous 
avons  utilisé  cette  dernière  réaction  et  comparé,  à  l'aide  du  colori- 
mètre  Laurent,  la  couleur  due  au  liquide  étudié  avec  celle 
fournie  par  une  solution  titrée  d'azotite  de  potasse  pur. 

Voici  les  volumes  relatifs  et  la  composition  des  solutions  qui 
nous  ont  fourni  les  meilleurs  résultats  : 

Pour  la  teinte  type,  on  met  dans  une  fiole  de  25  centimètres 
cubes  : 

1  centimètre  cube  de  solution  de  chlorhydrate  de  métaphénylène- 
diamine à  1/2  pour  cent; 

1/2  centimètre  cube  d'une  solution  de  nitrite  de  potasse  à  5  gr. 
par  litre; 

5  gouttes  d'acide  acétique  pur, 

et  Ton  complète  le  volume  avec  de  Peau  distillée. 

En  remplaçant  la  solution  de  nitrite  de  potasse  par  *;,  centi- 
mètre cube  du  liquide  à  essayer,  on  obtient  la  teinte  qui  doit  être 
comparée  à  la  précédente. 

(*)  Procédé  Tiemann  et  Preussc,  Birichie  der  deutschenChemischen  GeselUchaft, 
l.XI,  p  624.  —  Journal  de  Pharmacie  et  de  Chimie,  4»  série,  t.  XXiX,  p.  195,1879. 


RRCHBRCHES  SUK  LA  RÉDUCTfON  DES  N'ITIUTES.  203 

4.  Le  inicrobe  qui,  dans  nos  expériences,  a  donné  le  plus  de 
nilrites  (*),  est  un  être  anaérobie,  constitué  par  de  très  petits 
bâtonnets  mobiles  formant  peu  de  spores  \  vu  la  difficulté  de  le 
séparer  spécifiquement  des  autres  microorganismes  de  mêmes 
dimensions,  nous  le  désignons  seulement  par  la  lettre  a. 

Si  Ton  sème  une  trace  infiniment  petite  de  ce  microbe  dans 
du  bauillon,  additionné  de  1U  grammes  de  nitrate  de  potasse 
par  litre,  et  renfermé  dans  des  tubes  longs  et  étroits,  en  présence 
d'une  petite  quantité  d'air,  ou  dans  une  atmosphère  d'acide 
carbonique,  ou  dans  le  vide,  il  s'y  développe  rapidement  à  la 
température  de  :}5  degrés,  et  trouble  le  liquide  dans  toute  sa 
masse,  sans  dégager  la  moindre  quantité  de  gaz.  En  même  temps, 
tout  le  nitrate  se  transforme  en  nitrite;  une  partie  de  l'oxygène 
disparu  donne  de  Tacide  carbonique  qui  se  dissout  à  l'état  de 
carbonate  de  potasse;  le  reste  de  l'oxygène  sert  au  développement 
du  microbe  et  à  des  oxydations  dont  Tétude  n'a  pas  été  faite. 

Le  microbe  dont  il  s'agit  se  développe  mal  dans  les  liquides 
artificiels. 

5.  La  plupart  des  organismes  microscopiques  sont  doués  de 
la  même  propriété  réductrice,  mais  leur  action  décomposante  ne 
va  pas  toujours,  à  beaucoup  près,  aussi  loin.  Rarement  elle  est 
nulle;  nous  n'avons  en  effet  trouvé  qu'un  seul  être  qui,  tout  en 
étant  capable  de  vivre  dans  le  bouillon  nitrate,  n'y  donne  pas  de 
nitriles. 

Parmi  ceux  qui  produisent  des  nitrites,  et  que  nous  avons 
isolés,  nous  citerons,  outre  le  microbe  a,  un  second  microbe  6, 
également  anaérobie,  constitué  par  des  bâtonnets  allongés, 
ifnmobiles,  se  résolvant  rapidement  en  spores,  et  deux  microbes 
aérobies  :  l'un*,  c,  formé  de  longs  filaments  riches  en  spores  et 
produisant  à  la  surface  des  liquides  un  vofle  épais  et  mucilagi- 
neux;  l'autre,  d,  constitué  par  de  petits  bâtonnets  immobiles,  avec 
une  seule  spore  dans  chaque  article,  et  formant  à  la  surface  des 
liquides  une  couche  continue,  peu  épaisse  et  facile  à  désagréger. 

(^)  Nos  recherches  sur  les  nilrites  ont  été  résumées  dans  une  note  communiquée 
àrAcadémie  des  Sciences  le  26  décembre  1882.  —  Voir  aussi  Mémoires  de  la 
Société  des  Sciences  physiques  et  naturelles  de  Bordeaux,  2*  série,  t.  V,  p.  XXXVI . 


204  U.  (iAYON  ET  (;.  DUPETIT. 

Ces  quatre  microbes,  cultivés  parallèlement  dans  les  mêmes 
conditions,  ont  donné  les  résultats  suivants  avec  du  bouillon 
contenant  10  grammes  d'azotate  de  potasse  par  litre: 

Nllr.ilo  iransfornié  en  nitrite, 
par  litre,  en  un  j^ur. 

Microbe  a 9-^6 

~       h 2  ,8. 

—       c 6  ,8 

~        d 5  ,6 

6.  Nous  avons  essayé  également  le  microbe  du  choléra  des 
•poules,  la  bactéridie  charbonneuse,  le  vibrion  septique,  dont  les 
semences  sont  conservées  à  Tétat  de  pureté  au  laboratoire  de 
M.  Pasteur.  Nous  avons  oBtenu,  avec  le  bouillon  nitrate  à 
10  grammes  par  litre  : 

Nitrate  transformé  en  nitrile, 
par  litre  : 

en  I  jour,    eu  3  jours,    en  6  jours. 

Microbe  du  choléra  des  poules O'^S         2'",3         2«%2 

Bactéridie  charbonneuse 0  ,1  2  ,0         .3  ,4 

Vibrion  septique 0  ,8  0  ,9  »    » 

On  voit  qu'avec  ces  organismes,  non  seulement  la  production 
de  nitrite  est  lente,  mais  encore  qu  elle  est  limitée  à  des  doses 
peu  élevées  et  qu'elle  est  beaucoup  moins  facile  qu'avec  les  autres 
microbes. 

U  résulte  de  ce  qui  précède  que  Ton  ne  doit  presque  jamais 
trouver,  dans  la  nature,  des  nitrates  sans  nitrites,  puisque  les 
germes  des  inflniment  petits  sont  répandus  à  profusion  dans 
Tair,  la  terre  et  les  eaux. 

7.  Dans  des  recherches  sur  les  variations  de  propriétés  du 
ferment  nitrique,  M.  Warington  a  vu  se  former  de  l'acide 
nitreux  au  sein  de  ses  cultures,  dès  que  l'épaisseur  de  la  couche 
liquide  devenait  un  peu  grande  (*).  On  peut  expliquer  ce  fait  en 
admettant  que  l'oxydation  par  le  même  ferment  nitrique  se  fait 
en  deux  périodes,  dont  la  première  donnerait  précisément  l'acide 
nitreux,  ou  en  supposant,  avec  M.  Duclaux  (*),  que  deux  ferments, 
l'un  nitreux,  l'autre  nitrique,  s'étaient  développés  simultanément. 

(»)  Bulletin  de  la  Société  chimique  de  Paris,  t.  XXX IX.  p.  614;  1883. 
^«)  Duclaux,  Chimie  biologiquey  p.  714;  1883. 


RECUEUCHES  SUR  LA  RÉDUCTION  DES  NITRATES.  205 

Nous  pensons  plus  volontiers  que  les  nitrites  étaient  dus,  non 
il  une  oxydation  partielle  de  la  matière  organique,  mais  à  une 
désoxydation  incomplète  de  Taoîde  nitrique  déjà  formé,  soit  que 
le  ferment  nitrique  de  M.  Warington  ne  fut  pas  pur,  soit,  ce 
qui  est  moins  probable,  qu'il  eût  acquis  des  propriétés  réduc- 
trices, en  vivant  en  profondeur,  hors  de  l'oxygène  de  Tair. 

8.  2°  Bioxyde  d azote.  —  La  formation  de  ce  gaz  dans  la  réduc- 
tion partielle  des  nitrates  a  été  signalée  pour  la  prennère  fois 
en  1868  par  M.Tb.Schlœsing  ('),  qui  Ta  obtenu  mélangé  avec  de 
Pazote  ou  du  protoxyde  d'azote,  dans  la  putréfaction  de  l'urine 
et  dans  la  fermentation  lactique  du  sucre,  en  présence  du 
nitrate  de  potasse. 

Des  vapeurs  nitreuses,dues  à  la  réaction  de  l'air  sur  du  bioxyde 
d*azote,  apparaissent  souvent  dans  les  distilleries,  pendant  la 
fermentation  des  jus  de  betteraves.  M.  Reiset  etM.  Th.  SchlœsingC*) 
ont  appelé  successivement  l'attention  sur  ce  phénomène. 

Il  n'est  pas  rare  de  voir  encore,  dans  certaines  usines  où  l'on 
distille  les  mélasses  de  betteraves,  de  grosses  bulles,  de  plusieurs 
décimètres  de  diamètre,  venir  crever  à  la  surface  des  cuves  de 
fermentation  et  former  comme  un  nuage  de  vapeurs  rutilantes. 
Dans  ces  cas,  le  rendement  en  alcool  est  toujours  diminué.  Si 
l'on  observe  au  microscope  une  goutte  du  liquide  sucré,  on  voit 
que  la  levure  alcoolique  est  rare,  granuleuse,  peu  bourgeonnante, 
et  souillée  d'une  infinité  de  microbes  les  plus  variés.  Ceux-ci 
nuisent  au  développement  de  la  levure,  déterminent  des 
fermentations  secondaires,  et  décomposent  les  nitrates  contenus 
normalement  dans  les  mélasses.  M.  Reiset  a  montré  qu'on  atténue 
ces  accidents  de  fabrication  en  ajoutant  un  excès  d'acide  dans 
les  cuves  (^). 

9.  On  reproduit  assez  facilement  les  conditions  où  se  forme  le 
bioxyde  d'azote,  en  mettant  dans  une  étuve  des  flacons  pleins  de 


(*)  Comptes  rendus,  t.  LXYI,  p  237.  —  Journal  de  Pharmicie  et  de  Chimie^ 
i»  série,  tome  VI H,  page  213;  1868. 

(*)  Comp'es  rendus,  t.  LXVI,  p.  177;  1868. 

(3)  D*après  des  renseignements  qu*a  bien  \oulu  nous  donner  M.  Ueiscl,  il  est 
nécessaire  d'employer  2  litres  ^'acide  sulfurique  monoliydraté  par  cuvier  mac6ra- 
teur,  contenant  i,OUO  kilogr.  de  racines  «n  cossettes. 


206  U.  GAYON  KT  G.  DUPETIT. 

jus  de  betteraves  non  ensemencé;  une  fermentation  complexe 
s'établit,  et  le  gaz  qui  se  dégage  est  rutilant  à  Tair  (^). 

Le  26  octobre,  nous  avons  rempli  complètement  de  jus  non 
stérilisé  deux  flacons  a  et  6,  de  300  centimètres  cubes  de  capacité, 
munis  de  tubes  abducteurs  se  rendant  sous  le  mercure.  Dans  a, 
le  jus  était  seul;  dans  b,  il  contenait  5  grammes  par  litre 
d'azotate  de  potasse. 

La  fermentation  a  été  lente;  elle  a  donné  successivement: 

Avec  a  : 

Le  3  nov.      Le  19  nov.       Totaux. 

Azote 3'',0  3",5  6",5 

Bioxyde  d'azote ■  2  ,2  3  ,5  5  ,7 

Acide  carbonique 3  ,7  6  ,5        10  ,2 

Totaux......        8  ,y        13  ,."3        22  ,4 

mélange  dont  la  composition  en  centièmes  est  : 

Le  2  Ditv.  Le  19  uov.  Ituvennes. 

Azote 33,71  25,93        29,02 

Bioxyde  d'azote 24,72  25,93        25,45 

Acide  carbonique 41,57  48,14        45,53 

Totaux 100,00      100,00      100,00 

Avec  b  : 

Le  i  nov.  Le  13  iiov.  Le  1'.)  nov.  Tolaui. 

Azote 2",6  6",0  2'%8  ir%4 

Bioxyde  d'azote 1  ,6  4  ,0  2  ,7  8  ,3 

Acide  carbonique 2,1  6  ,0  3  ,4  11   ,5 

Totaux 6  ,3        16  ,0         8  ,9        31  ,2 

d'où  Ton  déduit  la  composition  coiitésimnle  : 

Le  2  nov.  I^  1)  nov.  Le  !9  nnv.  Hovenae^. 

Azote 41,27  37,.j0  31,46  36,54 

Bioxyde  d'azote 25.40  25,00  30,34  26,60 

Acide  carbonique 33,33  37..50  38,20  33.86 

Totaux 100,00      100,00      100,00      100,00 

Le  19  novembre,  on  met  fin  à  rexpérience.  En  ouvrant  les 
flacons,  le  goulot  se  remplit  de  vapeurs  nitreuses.  Au  microscope, 
on  voit  dans  a  et  ft  le  môme  organisme,  composé  de  petits 
bâtonnets  immobiles,  étranglés,  isolés  ou  en  chapelets,  ressein- 

r 

(')  Voir  Mémoires  de  la  Société  des  Sciences  physiques  et  naturelles  de  Bordeaux. 
î«  série,  t.  V,  p.  XXXVI. 


RECHERCHES  SUR  LA  RÉDUCTION  DES  NITRATES.  207 

blant  au  ferment  lactique.  Les  liquides  sont  très  filants  et 
renferment  encore  du  salpêtre  non  décomposé. 

Les  tentatives  que  nous  avons  faites  pour  isoler  le  microbe  du 
bioxyde  d'azote  ont  échoué.  Dès  les  premières  cultures  dans  des 
liquides  stérilisés,  la  semence  cessait  de  se  développer;  c'est  une 
étude  à  reprendre. 

10.  3°  Protoxyde  (Tazote.  —  La  réduction  du  nitre  à  Tétat  de 
protoxyde  d'azote  a  été  également  signalée  par  M.  Th.  Schlœsing 
en  1868  (^).  Ce  gaz  s'était  dégagé  seul  dans  du  jus  de  tabac 
abandonné  à  la  putréfaction  en  vase  clos;  il  était  mélangé  avec 
de  Tazote  et  du  bioxyde  d'azote  dans  la  fermentation  lactique  de 
Teau  sucrée. 

MM.  Dehérain  et  Maquenne  (*),  plus  récemment,  ont  montré 
que  le  protoxyde  d'azote  apparaît  encore  dans  la  réduction  des 
nitrates  en  présence  de  la  terre  végétale. 

Nous  avons  aussi  retrouvé  ce  gaz  en  mettant  à  Tétuve^  comme 
MM.  Dehérain  et  Maquenne,  des  flacons  qui  contenaient  un  mé- 
lange de  terre,  d'eau  sucrée  et  de  nitrate  de  potasse  (^).  Dans  une 
de  nos  expériences,  commencée  le  29  janvier,  la  proportion  de 
protoxyde  d'azote,  qui  était  de  24  pour  cent,  le  3 1 ,  au  début  de  la 
fermentation,  s'est  régulièrement  abaissée  jusqu'à  6  pour  cent. 
Pendant  ce  temps,  le  liquide  n'avait  point  acquis  d'acide  buty- 
rique, et  le  gaz  dégagé  était  exempt  d'hydrogène.  Le  5  février, 
l'hydrogène  a  commencé  à  apparaître,  mélangé  à  4  pour  cent  de 
protoxyde  d'azQte,  à  91  pour  cent  d'acide  carbonique  et  à  une 
trace  d'azote;  avec  lui,  la  fermentation  butyrique  s'est  développée. 
Le  dégagement  d'hydrogène  a  augmenté  les  jours  suivants,  et, 
chose  inattendue,  la  réduction  du  nitrate  de  potasse  est  restée 
stationnaire. 

Il  semble  donc  qu'il  y  ait  eu  là  deux  fermentations  succes- 
sives :  dans  la  première,  le  salpêtre  seul  a  été  décomposé;  dans  la 
seconde,  le  sucre  a  subi  la  transformation  butyrique  sans  réduire 


(ï)  Comptes  rendus,  t.  LXVI.  p.  237;  1868. 
(»)  Compte»  rendus,  t.  XCV,  p.  691,  732  et  854;  1882. 

(')  Voir  Mémoires  de  la  Société  des  Sciences  physiques  et  naturelles  de  Bordeaux, 
3«  série,  t.  II.  Extraits  des  procès-verbaux,  p.  XI,  1884-1885. 


208  U.  GAYON  ET  G.  DUPETIT. 

le  nitrate  restant.  L'observation  microscopique  confirme  cette 
hypothèse,  car  les  bâtonnets  du  vibrion  butyrique,  rares  au  com- 
mencement, ne  sont  devenus  nombreux  qu'à  la  fin  de  Texpérience . 

Mais  cette  conclusion  ne  peut  être  rigoureuse,  étant  donné 
le  grand  nombre  d'organismes  différents  qui  se  sont  multipliés  en 
même  temps  que  le  vibrion  butyrique. 

Nous  reprendrons  plus  loin  l'expérience  avec  des  organismes 
purs,  et  nous  montrerons  que  la  fermentation  butyrique  ne  suffit 
pas  pour  expliquer  la  réduction  des  nitrates  dans  la  terre,  et  que 
la  formation  de  protoxyde  d'azote  dépend  à  la  fois  de  la  nature 
du  ferment  et  de  la  nature  de  la  matière  organique  du  milieu. 

11.  4°  Azote.  —  La  désoxydation  complète  des  nitrates  avec 
production  d'azote  seul  a  été  observée  par  M.  Th.  Schloesing  dans 
la  terre  végétale  (*).  Nous  savons  déjà  qu'il  a  aussi  trouvé  ce  gaz 
mélangé  avec  du  protoxyde  d'azote  et  du  bioxy de  d'azote  dans  une 
fermentation  lactique  du  sucre  en  présence  de  l'azotate  de  potasse. 

C'est  la  réduction  à  Tétat  d'azote  et  de  protoxyde  d'azote  que 
nous  étudierons  spécialement  dans  les  chapitres  suivants. 

12.  Si  l'on  considère  l'ensemble  des  recherches  que  nous 
venons  de  résumer,  on  constate  qu'à  l'exception  de  M.  Meusel, 
aucun  autre  observateur  n'a  signalé,  avant  nous,  la  présence  et 
le  rôle  des  infiniment  petits  dans  la  décomposition  des  azotates. 

MM.  Dehérain  et  Maquenne  (*)  ont  confirmé  nos  observations  à 
ce  point  de  vue,  mais  ils  n'ont  pas,  non  plus  que  M.  Meusel, 
isolé  à  l'état  de  pureté  les  microbes  trouvés  dans  leurs  cultures. 

13.  Le  présent  mémoire  comprend  quatre  chapitres  : 

Chapitre  L  —  Élude  de  quelques  microbes  détutri/ianls. 

—  II.  —  Produits  de  la  réacUon. 

—  III.  —  Mécanisme  de  la  réduction, 

—  IV.  —  Applications  agricoles. 

(*)  Comptes  rendm,  t.  LXXVII,  p.  353;  1873. 

(')  Notre  première  note  à  Tlnstitut  est  du  9  octobre  1882  ;  la  première  de 
MM.  Dehérain  et  Maquenne  est  du  16  octobre  suivant.  Mais,  dès  le  20  juillet  1882, 
nous  avons  commencé,  sur  ce  sujet,  une  série  de  communications  à  la  Société  des 
Sciences  physiques  et  naturelles  de  Bordeaux  (Voir  Mémoires  de  la  Société,  9,* ^ne, 
t.  V,  p.  XXXr,  et  S«  série,  t.  II.  Extraits  des  procès-verbaux,  année  188i-85,  p.  XI 
et  XVUI.) 


RECHERCHES  SUR  LA  RÉDUCTION  DES  NITRATES.  209 


CHAPITRE  1" 


ÉTUDE  DE  QUELQUES  MICROBES   DËNITRIFIANTS 


14.  Nous  ne  reviendrons  pas,  dans  ce  chapitre,  sur  la 
transformation  des  nitrates  en  nitrites;  nous  ne  nous  occuperons 
que  de  leur  décomposition  à  Tétat  d'azote  ou  de  protoxyde 
d'azote. 

15.  Expériences  préliminaires.  —  Citons  d'abord  nos  pre- 
mières expériences: 

Le  7  avril  1882,  on  met  à  l'étuve  à  30  degrés  un  flacon 
complètement  rempli  d'eau  d'égout,  additionnée  de  20  milli- 
grammes d'azotate  de  potasse  par  litre  et  d'un  centimètre  cube 
d'urine  putride  pour  semence;  on  recouvre  le  liquide  d'une  mince 
couche  d'huile,  afin  de  l'isoler  de  l'air  extérieur. 

Le  10  juillet,  il  ne  reste  plus  que  3  milligrammes  de  sel  par 
litre  (*).  On  remplit  de  nouveau  ce  flacon  avec  une  solution  de 
100  milligrammes  de  nitre  par  litre  d'eau  d'égout. 

Le  17,  il  ne  reste  plus  que  6  milligrammes  de  sel  par  litre. 

(^)  Tous  nos  dosages  de  nitrales  ont  été  efTectués  par  la  méthode  Schlœsi.ng,  en 
mesurant  le  volume  de  bioxyde  d'azote  dégagé  par  Taclion  du  protochlorure  do  fer 
très  acide  sur  un  volume  donné  de  liquide  à  essayer.  On  a  toujours  opéré  par 
comparaison  avec  une  solution  titrée  de  nitrate  de  potasse  pur,  dans  les  mêmes  condi- 
tions de  température  et  de  pression.  Toutes  les  fois  que  cela  a  été  nécessaire,  on  a 
enlevé  Tacide  carbonique  par  la  potasse  et  Ton  a  tenu  compte  d'un  léger  résidu 
d*azote. 


210  U.  GAYON  ET  G.  DUPETIT. 

Le  18,  avec  une  partie  du  liquide  précédent,  on  ensemence 
largement  un  flacon  de  cinq  litres  environ,  qu'on  remplit  jusqu'au 
goulot  d'eau  d'égout  filtrée  et  contenant  en  dissolution  200  nnlli- 
grammes  de  salpêtre  par  litre.  On  met  encore  une  couche  d'huile 
pour  empêcher  le  contact  direct  de  l'air  extérieur. 

Le  19,  après  vingt-quatre  heures  de  séjour  à  la  température  de 

30  degrés,  il  ne  reste  plus  que  88  milligrammes  de  sel  par  litre; 

112 

la  dénilrification  a  donc  été  de  -^  =  56  pour  cent. 

Jl  s'est  dégagé  un  peu  de  gaz  azote. 

L'observation  microscopique  montre  que  la  destruction  du 
nitrate  s'est  effectuée,  dans  tous  ces  flacons,  au  milieu 
d'organismes  nombreux  et  variés  :  bâtonnets  longs  et  courts, 
mobiles  et  immobiles;  spirillums  agiles;  monades. 

Dans  ces  conditions,  il  est  impossible  d'attribuer  avec  certitude 
la  réduction  observée  à  la  présence  de  ces  microbes,  et  encore 
bien  moins  de  dire  quel  est  celui  qui  devrait  en  être  considéré 
comme  l'agent  véritable. 

16.  L'action  de  la  chaleur  et  celle  des  antiseptiques  ne  tar- 
dèrent pas  à  nous  convaincre  que  le  phénomène  était  bien, 
comme  nous  le  supposions,  d'ordre  physiologique. 

Le  20  août,  on  remplit  exactement  trois  malras  Pasteur, 
préalablement  stérilisés,  de  la  même  eau  d'égout  filtrée  et 
additionnée  de  I  gramme  de  nitre  par  litre. 

Le  matras  a  reçoit  le  liquide  stérilisé,  sans  semence; 

Le  matras  b  reçoit  le  liquide  stérilisé,  mais  ensemencé  avec 
quelques  gouttes  de  liquide  d'une  opération  antérieure. 

Le  matras  c  reçoit  le  liquide  non  stérilisé  et  non  ensemencé. 

Le  23,  b  est  légèrement  trouble. 

Le  24",  c  se  trouble  à  son  tour. 

Le  27,  a  est  resté  limpide,  sans  organismes;  les  deux  autres 
sont  très  troubles  et  pleins  de  microbes  variés. 

L'analyse  donne,  pour  le  nitrate  disparu  : 

Dans  a Néant. 

—  b 0«',84  par  litre. 

—  c 0  ,88        — 


RECHERCHES  SUR  LA  RÉDUCTION  DES  NITRATES.  211 

Donc»  la  chaleur,  en  tuant  les  microbes,  a  empêché  la  réduction 
du  nitrate  de  potasse. 

17.  Avec  les  antiseptiques,  même  résultat. 

Le  6  août,  on  met  à  35  degrés  des  flacons  pleins  d'eau  d'égout 
nilratée  et  stérilisée,  avec  les  antiseptiques  suivants  : 

Flacon  a 100  milligrammes  d'acide  salicylique       par  litre. 

—  b —  —  de  salicylate  de  soude       — 

—  c —  —  d'acide  pbéaique  — 

—  d —  —  de  sulfate  de  cuivre  — 

^-      e Quelques  gouttes  de  chloroforme  avec  Idsquelles  Teau 

dégoût  est  agitée. 

Tous  ces  liquides  reçoivent  en  outre  une  forte  dose  de  semence 
prise  dans  une  fermentation  achevée. 

La  proportion  de  nitrate  détruit  a  été  successivement  : 

8  août.     10  août.     26  août. 

Dansa 0  o/o         37  «/o         74  «/o 

—  [» 21  42  53 

—  c 11  42  79 

—  d Néant.  Néant.  Néant. 

—  c id.  id,  id. 

Le  nitrate  de  polassc  est  donc  reste  intact  pendant  vingt  jours 
avec  deux  d»'s  rmtiseptiques  employés,  le  sulfate  de  cuivre  et  le 
chloroforme;  los  liquides  correspondants  sont  restés  parfaitement 
limpides. 

Quant  à  Taoide  silicylique,  le  salicylate  de  soude  et  Tacide 
phéniqne,  ils  n'ont  fait  que  ralentir  la  marche  de  la  dénitriflca- 
tion.  Les  liquides  ont  donné  du  trouble,  de  la  mousse,  et  se  sont 
peuplés  de  microbes.  Bien  plus,  Tacide  salicylique  a  disparu 
dans  a,  et  ne  reste  qu'à  Télat  de  traces  dans  b;  Fodeur  d'acide 
phénique  est  complètement  in.sensible  dans  c.  Nous  trouverons 
plus  loin  Texplication  de  ce  liiit,  qui  se  produit  même  avec  des 
doses  plus  élevées  que  dans  rexpérience  actuelle. 

Il  résulta  de  là  qu  il  y  a  corrélation  entre  la  destruction  des 
nitrates  et  le  développement  des  infiniment  petits. 

18.  Purification  des  microbes  dmitrifiants.  —  Avant  d'aller 
plus  loin  dans  cette  élude,  il  importait  de  préparer  des  microbes 


212  U,  CAÏON  ET  G.  DUPETIT. 

déiiilriliiinls  à  l'état  de  pureté.  Nous  avons  employé  pour  cela  la 
iniHhode  classique  des  cullupcs,  en  fiiisanl  varier  successivement 
la  composition  des  liquides  stérilisés,  leur  épaisseur,  leur 
température,  et  en  essayant  sur  la  semence  l'aclion  de  la  chaleur, 
de  la  dilution,  de  l'âge,  de  l'acide  carbonique,  du  vide,  etc.  (•). 

19.  Pour  les  cuiluresen  profondeur,  nous  avons  adopté  le  tube 
de  la  figure  1,  qui  n'est,  comme  on  le  voit,  qu'une  modification 
du  matras  Pasleur.  Il  a  l'avantage  de  n'exiger  que  peu  de  liquidi; 
et  peu  de  place.  Le  réservoir  A  n'ii  en  effet  qu'un  centimètre  i'i 
un  cenlimètre  et  demi  de  diamètre  extérieur,  pour  une  capacité 
de  5  à  8  centimètres  cubes. 

Dans  quelques  cas,  nous  avons  utilisé  avec  profit  les  dispositifs 
des  figures  2  et  3;  ils  ont  tous  le  môme  but  :  séparer  en  un  très 


TUjl 


Fiy  î 


(')  Vuir  Gr^incleau,  Ttaili  d'Analyst  des  Maliirt!  agiicoUi,  V  édilion,  p.  516. 


HFXHKKCHES  SUU  LA  1:ÉUIXTI0N  DES  NimAlKS.  !213 

petit  nombre  d'opérations,  luônie  en  une  seule,  le  microbe  qui 
convient  le  mieux  à  un  liquide  donné. 

Les  tubes  A  sont  ceux  de  la  figure  1 ,  à  Pintérieur  desquels  on 
introduit  soit  un  tube  G  (fig.  2)  plusieurs  fofs  replié  sur  lui-même 
dans  le  sens  vertical,  soit  un  petit  serpentin  S  {fig.  3),  dont  le 
tube  n'atteint  pas  un  millimètre  de  diamètre. 

Ces  appareils  ayant  été  stérilisés  et  remplis  d'un  bouillon  de 
culture  convenable,  on  dépose,  à  l'aide  d'un  tube  effilé,  une  goutte 
de  semence  impure  dans  l'ouverture  a.  Le  microbe  qui  s'accommode 
le  mieux  du  liquide  nutritif,  ou  bien  celui  qui  se  trouve  le  plus 
anaérobie,  se  développe  de  préférence  et  parcourt  toute  la  longueur 
du  tube  avant  de  gagner  l'orifice  o  et  de  tomber  dans  le  liquide 
extérieur.  Il  est  rare  que  plusieurs  êtres  puissent  ainsi  cheminer 
parallèlement  dans  un  tube  capillaire,  sur  une  longueur  de 
plusieurs  décimètres;  mais,  comme  ils  i)euvent  se  suivre  à  petite 
distance,  il  faut  avoir  soin  de  faire  uue  nouvelle  culture  avec 
une  goutte  du  liquide  extérieur,  dès  que  celui-ci  est  ensemencé. 

Il  ne^faut  pas  attendre  pour  cela  que  le  trouble  s'y  manifeste  ; 
il  est  préférable  d'y  faire  des  prises  très  fréquentes,  tous  les 
quarts  d'heure  par  exemple,  à  partir  du  moment  où  le  trouble 
du  liquide  contenu  dans  le  tube  capillaire  s'est  propagé  jusque 
dans  le  voisinage  de  l'extrémité  o. 

En  recommençant  l'opération  deux  ou  trois  fois,  surtout  avec 
des  liquides  variés,  on  arrive  rapidement  à  la  purification  do 
l'espèce  cherchée. 

Si,  dans  les  conditions  de  l'expérience,  il  y  a  production  de 
gaz,  les  appareils  ne  peuvent  convenir;  on  change  alors  le 
liquide  de  culture. 

20.  Le  dispositif  de  la  figure  4  est  destiné  à  rendre  les  mêmes 
services;  il  est  d'une  construction  plus  difficile,  mais  d'une  mani- 
pulation plus  commode  et  plus  sûre.  Le  serpentin  S,  au  Heu 
d'être  libre,  est  soudé  par  son  orifice  supérieur,  en  t,  à  un 
étranglement  du  tube  A.  On  a  soudé  latéralement  un  réservoir 
k  boule  G,  fermé  par  un  bouchon  conique  à  recouvrement  B'.  En 
déposant  la  semence  impure  en  a,  on  n'a  pas  à  craindre  de  la 


214  U.  r.AÏOS  ET  C.  DUPETIT. 

répondre  dans  \o  liquide  extérieur;  puis,  quand  le  microfte 
purifiô  est  sorti  du  serpentin,  on  fuit  aisément  les  prises  de  1 1 
nouvelle  seitience  en  a'. 


Fi0.i. 

21.  A  l'aide  des  divers  procédés  ou  appareils  que  nous 
venons  d'indiquer,  nous  avons  obtenu  plusieurs  variétés  de 
microbes  dénitrilîants,  dont  les  germes  se  trouvaient  primitive- 
ment soit  dans  l'eau  d'égout,  soit  dans  la  terre  végétale,  soit  dans 
les  poussières  de  l'air.  11  faut  remarquer  que  la  purification  de 
tels  êtres  présente  une  fijcilité  relative,  grâce  à  la  composition 
particulière  des  liquides  de  culture,  dont  le  nitrate,  s'oppose  au 
développement  d'un  grand  nombre  d'espèces. 

Nous  en  avons  spécialement  étudié  deux  que  nous  allons 
maintenant  décrire,  sous  le  nom  de  Baclerium  denitrificant. 


RECHERCHES  SUR  LA  RÉDUCTION  DES  NITRATES.  215 

Comme  ces  organismes  ont  entre  eux  de  grandes  ressemblances, 
nous  les  distinguerons  seulement  Tun  de  Tautre  par  les  lettres  a 
et  ^.  C'est  avec  le  premier,  qui  est  le  plus  actif,  que  nous  avons 
fait  la  plupart  de  nos  expériences. 

22.  Baclerium  ienitrificans  a.  {Voir  fig.  1  de  la  Planche). 
—  Ce  microbe  est  une  bactérie  de  0,4  à  0,6  [x  de  largeur  et 
de  2  à  4  (i.  de  longueur  ;  ses  dimensions  sont  en  général  un  peu 
plus  grandes  dans  les  liquides  artificiels  que  dans  les  bouillons  de 
viande. 

Sa  réfringence  est  faible  et  ses  contours  ne  sont  nettement 
accusés  que  dans  les  préparations  colorées.  Il  est  plus  facile  à 
observer  dans  les  liquides  artificiels  que  dans  les  bouillons. 

Quand  on  examine  au  microscope  une  culture  récente  dans 
un  milieu  nitrate,  on  voit  un  assez  grand  nombre  de  bactéries 
immobiles,  tandis  que  d'autres  sont  animées  de  mouvements 
parfois  très  vifs.  Dans  les  préparations  faites  avec  des  liquides 
dépourvus  de  nitrates,  peu  d'instants  après  la  mise  en  place 
du  couvre-objet,  les  microbes  mobiles  sont  relativement  plus 
nombreux  et  leurs  mouvements  plus  rapides.  Au  bout  de 
quelques  minutes,  presque  tous  cessent  de  se  mouvoir  au  centre 
de  la  préparation;  mais  le  mouvement  continue  vers  les  bords  de 
la  lamelle.  Le  contraste  est  bien  plus  frappant,  si  on  laisse  une 
bulle  d'air  sous  le  couvre-objet;  autour  de  cette  bulle,  les 
microbes  s'agitent  avec  une  extrême  vivacité;  la  rapidité  de  leur 
allure  eist  si  grande  qu'il  est  presque  impossible  de  les  suivre 
dans  leurs  déplacements;  tantôt  ils  décrivent  des  courbes  irré- 
gulières, tantôt  ils  vont  en  ligne  droite,  s^arrêtant  parfois  brusque- 
ment, pour  repartir  en  sens  opposé;  souvent  ils  sontanimésd'un 
mouvement  d'oscillation  rapide  ou  de  vibration.  Après  un  certain 
temps,  les  bactéries  se  rapprochent  de  plus  en  plus  des  bords  de 
la  bulle,  si  bien  qu'elles  ne  peuvent  alors  que  s'agiter  sur  place, 
jusqu'au  moment  où  elles  sont  assez  serrées  les  unes  contre  les 
autres  pour  être  complètement  immobilisées. 

L'espace  qui  entoure  immédiatement  cet  amas  de  microbes 
est  à  peu  près  complètement  dépourvu  d'organismes  ;  un  peu  au 


21G  U.  GAYON  ET  G.  DUPETIT. 

dehà,  on  trouve,  disséminés  et  immobiles,  ceux  qui  étaient  hors 
de  la  zone  de  diffusion  de  l'oxygène. 

On  peut  dire  que  Tobservateup  assiste  à  la  formation,  autour  de 
la  bulle  d'air,  d'une  véritable  zooglœa,  semblable  à  celle  qui  se 
produit,  comme  on  le  verra,  à  la  surface  des  bouillons  de  culture 
exempts  de  nitrates,  et  exposés  au  contact  de  Tair  extérieur. 

Le  B.  denilri/icans  se  multiplie  par  sissiparilé  dans  les  premiers 
jours  de  son  développement,  quel  que  soit  le  liquide  de  culture; 
plus  tard,  on  voit  apparaître  de  ime  à  trois  spores  dans  chaque 
bâtonnet;  quelquefois,  leur  nombre  atteint  cinq  ou  six,  dans  des 
niamcnts  plus  longs,  mais  formés  vraisemblablement  de  deux 
bactéries  soudées  Tune  à  l'autre  et  dont  la  ligne  de  séparation  est 
difficile  à  saisir.  Cette  observation  ne  se  fait  bien  que  dans  une 
préparation  colorée,  car  dans  l'état  normal,  la  réfringence  de  la 
spore  diffère  à  peine  de  celle  du  bâtonnet  lui-même. 

La  formation  de  spores  est  précédée  d'une  accumulation  de 
matière  protoplasmique,  sous  forme  de  corps  allongés,  qui  occu- 
pent une  longueur  variable  dans  chaque  bâtonnet,  et  qui  se 
résolvent  ultérieurement  en  corpuscules  sphériques.  Leur  présence 
explique  comment  les  germes  de  la  bactérie  conservent  leur 
vitalité  dans  certains  milieux  pendant  des  années  entières. 

23.  Baclerium  denilrificans  g.  —  Ce  microbe  diffère  peu  au 
microscope  A\x Baclerium  denitrificans  a;  il  est  seulement  un  peu 
plus  réfringent  et  un  peu  plus  large  j  sa  largeur  est  de  0,5  à  0,7  [jl. 
II  est  assez  difficile  de  les  distinguer  l'un  de  l'autre,  autrement 
que  par  la  rapidité  de  leur  développement  et  par  les  produits  de 
leur  action  sur  les  nitrates,  quand  on  les  cultive  comparativement 
dans  les  mêmes  milieux.  Nous  indiquerons,  chemin  faisant,  ces 
différences. 

24.  Coloralion  des  microbes.  —  On  peut  colorer  les  dt  ux  Bac* 
terium  denitrificans  avec  diverses  matières  colorantes;  celles  que 
nous  avons  spécialement  essayées  sont  : 

Le  bleu  de  méthylène, 

Le  brun  de  phénylëne  (Vésuvine), 

Le  violet  de  méthyle  B, 

Le  violet  de  gentiane. 


RECHERCHES  SUR  LA  RÉDUCTION  DBS  NITRATES.  217 

Le  bleu  de  méthylène  et  le  brun  de  phénylène  sont  absorbés 
lentement  et  ne  donnent  que  des  colorations  peu  intenses. 

Les  violets  de  méthyle  et  de  gentiane  donnent  au  contraire 
d'excellents  résultats;  mais  le  second  est  d'un  emploi  un  peu 
plus  avantageux  que  le  premier. 

Si  la  préparation  colorée  ne  doit  pas  être  conservée,  il  suffit  de 
mélanger  une  goutte  de  liquide  de  culture  avec  une  très  petite 
quantité  de  solution  de  violet  de  gentiane  à  0.5  p.  100.  Cela 
convient  très  bien  pour  Fobservation  des  spores. 

Si,  au  contraire,  la  préparation  est  destinée  à  être  conservée, 
on  étale,  à  Taide  d'un  fil  de  platine,  une  très  petite  goutte 
de  liquide  contenant  les  bactéries  sur  une  lamelle  couvre-objet, 
ou  mieux  sur  une  lame  porte-objet,  préalablement  débarrassées 
des  plus  infimes  traces  de  matières  grasses  par  un  lavage  à 
réther  alcoolisé.  Il  convient  de  les  chauffer  légèrement  vers  30 
ou  35^  avant  d'y  déposer  le  liquide  de  culture. 

L'évaporation  de  la  goutte  étant  terminée,  on  passe  à  plusieurs 
reprises  la  lame  dans  la  flamme  d'une  lampe  à  alcool  de  façon 
à  la  porter  à  une  température  un  peu  supérieure  à  60''.  Après 
refroidissement,  on  met  une  ou  deux  gouttes  de  solution  aqueuse 
de  violet  de  gentiane  à  1  p.  100,  et  on  laisse  en  contact  pendant 
5  à  10  minutes.  L'excès  de  matière  colorante  est  ensuite  entraîné 
par  un  lavage  à  Teau  distillée;  la  durée  du  lavage  ne  doit  pas 
dépasser  une  minute  avec  une  préparation  en  couche  mince  et 
régulière,  si  Ton  tient  à  avoir  une  coloration  intense. 

25.  La  préparation  ainsi  obtenue  peut  être  étudiée  dans  feau 
ou  montée  après  dessiccation.  Pour  cette  dernière  opération,  on 
peut  faire  usage  de  baume  de  Canada;  mais  cette  substance, 
employée  seule  ou  mélangée  à  un  fluidifiant,  a  Tinconvénient  de 
pâlir  la  teinte  du  microbe  et  de  rendre  celui-ci  moins  net.  La 
glycérine  le  décolore  en  dissolvant  le  violet  de  gentiane;  la 
solution  d'acétate  de  potasse  agit  de  même,  quoique  à  un  degré 
moindre. 

Nous  préférons  faire  usage  d'une  solution  concentrée  de 
chlorure   de  calcium    dans  laquelle    le   violet  de  gentiane  est 

T.  Il  (3«  Série).  15 


218  U.  GAYON  ET  G.  DlIPETIT. 

complètement  insoluble.  Quand  on  emploie  ce  dernier  liquide, 
il  est  très  avantageux  de  fixer  la  préparation,  contrairement 
à  Tusage,  sur  la  lame  porte-objet  et'non  sur  la  lamelle  (*). 

Les  microbes  colorés  selon  ce  procédé  apparaissent  très  nets  et 
fortement  teintés>  quand  on  les  examine  avec  un  objectif  12  a 
immersion  homogène  de  Vérick  avec  tout  le  tirage  de  ToculaireS. 
Toutefois,  les  préparations  dans  le  chlorure  de  calcium  conservent 
un  fond  un  peu  plus  coloré  et  plus  chargé  d'impuretés  que  celles 
qui  sont  montées  dans  le  baume. 

26.  Indépendamment  des  préparations  faites  comme  on  vient 
de  le  dire,  nous  employons,  pour  la  photographie,  des  prépa- 
rations fixées  sur  la  lame  et  recouvertes,  sans  aucun  liquide 
intermédiaire,  soit  d'un  couvre-objet,  soit  d'une  seconde  lame 
porte-objet,  qu'on  enlève  au  moment  de  l'usage.  Ces  préparations 
à  sec  ne  sont  pas  très  favorables  à  l'observation  des  détails 
intérieurs  du  microbe,  à  la  recherche  des  spores  par  exemple, 
mais  elles  montrent  des  bactéries  colorées  en  violet  opaque 
presque  noir  et  d'un  relief  remarquable,  permettant  d'obtenir  de 
bonnes  photographies. 

27.  Influence  des  nitrates  sur  le  développement  des  B. 
denitriftcans.  —  Avant  d'étudier  le  mode  d'action  de  ces 
microbes  sur  les  nitrates  et  les  circonstances  qui  peuvent 
modifier  leur  pouvoir  réducteur,  il  convient  d'insister  sur 
l'influence  du  nitrate  lui-même  sur  leur  développement. 

Ensemencé  dans  un  vase  à  fond  plat,  contenant  en  grande 
surface,  sous  une  faible  épaisseur,  du  bouillon  ou  du  liquide 
artificiel  exempt  de  nitrate,  le  B.  denitrificans  se  multiplie  dans 
toute  la  masse,  parce  qu'il  reçoit  largement  le  contact  de  l'air 
extérieur.  Mais  dans  un  vase  étroit,  tel  que  le  tube  de  la  figure  1, 
par  exemple,  il  ne  se  développe  que  dans  les  couches  supérieures 
du  liquide,  là  seulement  où. l'oxygène  peut  se  diffuser. 

Dans  ce  cas,  il  forme  à  la  surface,  en  moins  de  24  heures, 


(*)  C'est  au  contraire  sur  la  lamelle  couvre-objet  qu'il  faut  étaler  le  liquide  de 
culture,  si  Ton  emploie  le  baume  de  Canada. 


RECHERCHES  SUR  LA  RÉDUCTION  DES  NITRATES.  219 

une  couche  membraneuse  zoogléique,  bientôt  glaireuse,  dont 
répaisseur,  variable  avec  la  nature  du  milieu,  va  en  augmentant 
et  dont  les  bords  se  redressent  sur  les  parois  de  l'appareil  à  une 
hauteur  de  plusieurs  millimètres.  La  production  de  cette  membrane 
s'explique  par  la  tendance  qu'a  le  microbe  à  se  grouper  sous 
Tinfluence  de  Pair,  sans  d'ailleurs  changer  de  forme  et  sans 
perdre  la  faculté  de  se  mouvoir,  lorsqu'il  se  retrouve  libre  dans 
un  liquide  oxygéné.  Nous  avons  eu  la  preuve  de  cette  tendance 
dans  l'observation  microscopique. 

Si  Ton  fait  rensemoncement  dans  un  milieu  tout  à  fait  privé 
d'air,  le  microbe  donne  avec  le  bouillon  une  très  légère  opales- 
cence et  laisse  au  liquide  artiticiel  toute  sa  limpidité  primitive. 

28.  Le  Bacterium  denitrificans  se  présente  donc  comme  l'un 
des  êtres  les  plus  avides  d'oxygène;  et,  non  seulement  il  prend  ce 
gaz  à  l'air  libre,  mais  il  peut  aussi  l'emprunter  à  un  milieu  nitrate, 
de  telle  sorte  qu'il  est,  suivant  les  cas,  et  avec  la  même  facilité, 
aérobie  ou  anaérobie.  Aussi,  quand  on  le  sème  dans  des  bouillons 
riches  en  nitrates,  se  répand-il  uniformément  dans  toute  la  masse, 
quelles  que  soient  la  forme  du  vase  et  l'épaisseur  du  liquide; 
celui-ci  se  trouble  rapidement,  se  recouvre  d'une  mousse 
épaisse  et  devient  le  siège  d'une  fermentation  énergique. 
Lorsque  le  gaz  a  cessé  de  se  dégager,  le  liquide,  qui  est  devenu 
visqueux  et  filant,  s'éclaircit  peu  à  peu,  et  le  microbe  se  ramasse 
au  fond  du  vase  en  couche  glaireuse;  quelquefois,  après  la  fermen- 
tation, si  le  contact  de  l'air  devient  psssible,  il  se  fait  à  la  surface 
une  membrane  zoogléique,  analogue  à  celle  que  donnent  les 
milieux  non  nitrates. 

La  viscosité  ne  se  produit  pas  pendant  que  la  fermentation  est 
en  pleine  activité;  elle  n'apparaît  qu'à  la  fin,  alors  que  le 
liquide  peut  être  assimilé  à  un  milieu  exempt  de  nitrates.  Or, 
de  tels  milieux  sont  précisément,  comme  on  Ta  vu,  très  favorables 
à  la  production  des  matières  glaireuses. 

29.  Circonstances  qui  influent  sur  la  dénitrification.  —  La 
quantité  de  nitrate  décomposé  dans  un  temps  donné  dépend 
évidemment   de    l'activité    du    ferment   et,    par    conséquent, 


230  U.  GAYON  ET  G.  DUPETIT. 

pour  un  même  microbe^de  la  nature  du  milieu,  delà  température, 
de  rage  de  la  semence,  etc.,  toutes  circonstances  qui  influent 
sur  sa  vitalité. 

30.  1°  Influence  de  la  nature  du  microbe.  —  Comparons 
d'abord  nos  deux  Bacterium  denitri/icans. 

Le  9  janvier,  à  4  heures  du  soir,  on  ensemence  deux  tubes  à 
culture  profonde  {fig.  1)  contenant  le  même  bouillon  nitrate,  Tun 
a  avec  le  B.  denitrificans  a  et  Tautre  b  avec  le  B.  deniirificans  ^. 

Le  lendemain  10,  à  8  heures  du  matin,  a  est  trouble  avec 
une  mousse  fine;  b  est  plus  trouble,  mais  sans  mousse.  A  4  heures 
du  soir,  la  mousse  apparaît  dans  b  ;  elle  a  une  épaisseur  de  1  cen- 
timètre environ  dans  a. 

Le  11,  à  4  heures  du  soir,  mousse  très  abondante  dans  b\ 
mousse  tombante  et  fermentation  achevée  dans  a. 

La  marche  de  la  dénitrification  a  été  : 

Le  10.  Le  li. 

Avec  le  B.  denitrificans  a 52  ^/o         100  «/o 

Avec  le  B.  denitrificans  p 50  77 

Les  deux  microbes  donnent  des  nitrites  pendant  la  fermentation. 

Ainsi,  avec  le  bouillon  de  bœuf,  il  y  a  une  différence  dans  le 
trouble  du  liquide,  dans  l'apparition  de  la  mousse  et  dans 
l'intensité  de  la  réduction.  Le  microbe  a  s'est  toujours  montré  plus 
actif  que  le  microbe  p.  Quant  aux  produits  de  la  réaction,  on  verra 
plus  loin  qu'ils  ne  diffèrent  pas  sensiblement. 

Avec  le  liquide  artificiel,  dont  on  trouvera  la  composition  à  la 
page  232,  les  différences  s'accentuent. 

Le  10  janvier,  à  4  heures  du  soir,  deux  tubes  a  et  6  contenant 
du  liquide  artificiel  sont  ensemencés,  a  avec  le  £.  denitrificans  a 
et  b  avec  le  B.  denitrificans  0. 

Le  lendemain,  à  11  heures  du  matin,  a  est  très  trouble,  avec 
une  mousse  de  plusieurs  centimètres  d'épaisseur;  6  est  trouble, 
mais  sans  mousse. 

Le  12,  la  mousse  est  abondante  dans  6,  tombante  en  a,  où  la 
fermentation  est  achevée. 


RECHERCHES  SUR  LA  RÉDUCTION  DES  NITRATES.  221 

La  dénitritication  a  été  : 

Le  11.  Le  13. 

Avec  le  B,  denitrificans  % 77  ^/o  100  «/o 

Avec  le  B,  denitrificans  p 50  77 

Ces  deux  ferments  ne  diffèrent  pas  seulement  par  leur  activité; 
le  premier,  qui  donnait  des  nitrites  avec  le  bouillon  de  viande, 
n'en  fait  pas  dans  le  liquide  artificiel  ;  le  second,  au  contraire,  en 
donne  dans  les  deux  cas.  De  plus,  a  dégage  du  protoxyde  d^azote 
quand  p  ne  dégage  que  de  l'azote.  {Voir  page  254  d  suiv.) 

En  raison  de  sa  grande  puissance  réductrice,  le  Bacterium 
denilrificans  a  a  été  choisi  pour  les  expériences  ultérieures,  sauf 
indication  contraire. 

31.  2°  Influence  de  la  température.  —  Le  10  septembre,  on 
distribue  dans  des  vases  de  culture  du  bouillon  additionné  de 
nitrate  de  potasse  ;  après  ensemencement,  on  n)et  : 

a,  à  la  température  de  2^^ 
6,         —  —  30° 

c,         —  —  350 

c?,         —  —  40O 

Le  1 1 ,  tous  les  liquides  sont  troubles  et  donnent  de  la  mousse. 

Le  12,  la  fermentation  est  achevée  dans  c  et  d;  elle  continue 
dans  a  et  b.  Le  dosage  du  salpêtre  restant  permet  de  calculer  par 
différence  la  mesure  de  la  dénitrification ;  on  trouve  : 

Dans  a 77  0/0 

—  b 95 

—  c 100 

—  d 100 

Une  température  voisine  de  35^  est  donc  très  favorable  à  la 
réduction  du  nitrate;  c'est  celle  que  nous  avons  généralement 
adoptée.  Nous  verrons,  à  la  fin  du  chapitre  suivant,  que  la  tempé- 
rature influe  sur  la  composition  du  gaz  dégagé  et  qu'elle  favorise 
la  formation  de  protoxyde  d'azote  dans  le  liquide  artificiel. 

32.  3°  Influence  du  chauffage  de  la  semence,  —  Le  27  octobre, 
on  remplit  une  série  de  petites  ampoules  efTilées  aux  deux  bouts 


222  U.  GAYON  ET  G.  DUPETIT. 

avec  un  liquide  en  fermentation  ;  on  les  scelle  à  la  lampe  et  on 
les  plonge  dans  un  bain-marle  dont  on  élève  progressivement  la 
température. 

Ces  ampoules,  chauffées  à  des  degrés  divers,  servent  ensuite, 
après  refroidissement,  à  ensemencer  des  tubes  de  bouillon  nitrate. 

Un  tube  a  reçoit  la  semence  chauffée  a    35^ 

—  6  —  —  60° 

—  c  —  —  80O 

—  r/  —  —  100« 

Le  28,  a  est  trouble  et  donne  de  la  mousse;  b  est  opalin,  sans 
mousse;  c  et  d  sont  limpides. 
Le  29,  b  se  trouble  et  mousse  à  son  tour. 
Le  4  novembre,  c  eid  sont  restés  limpides. 

33.  Le  même  jour,  27  octobre,  expérience  toute  semblable, 
mais  en  resserrant  les  températures  entre  50  et  100  degrés. 

Un  tube  a  reçoit  la  semence  chauffée  à  50^ 

—  6      *     —  —  60O 

—  c  —  —  70O 

—  rf  —  —  80° 

—  e  —  —  90<' 

—  /•  —  —  lOOo 

Le  28,  a  et  &  sont  troubles;  les  autres  tubes  sont  limpides. 

Le  29,  dénitrification  très  avancée  dans  a;  fermentation  et 
mousse  dans  b\  ni  trouble,  ni  mousse  dans  les  autres  tubes. 

Le  4  novembre,  c,  d,  e  et  /"sont  restés  limpides. 

Le  microbe  dénitriflant  est  donc  tué  à  la  température  de 
70  degrés,  mais  il  souffre  déjà  de  Faction  d'une  température  de 
60  et  même  de  50  degrés. 

34.  ¥  Influence  de  Vair.  —  lia  décomposition  des  nitrates 
doit  diminuer  au  contact  de  Tair,  parce  que,  dans  ces  conditions, 
le  microbe  est  largement  pourvu  de  l'oxygène  dont  it  a  besoin 
pour  son  développement,  et  quMl  lui  est  plus  facile  de  le  prendre 
là  qu'à  une  combinaison  chimique.  Les  expériences  suivantes 
justifient  cette  hypothèse. 

/.  Le  7  avril,  on  distribue  de  Peau  d'égout  additionnée  de 


RECHERCHES  SUR  LA  RÉDUCTION  DES  NITRATES.  223 

nitrate  de  potasse  dans  deux  flacons  égaux  remplis,  l'un  entière- 
ment, Tautre  à  moitié. 

Le  10  juillet,  ta  dénilnficatioD  était  de  85  pour  cent  dans  le 
premiep  et  de  27  pour  cent  seulement  dans  le  second. 

II.  Le  6  août,  un  flacon  de  .%0  centimètres  cubes  est  rempli 
jusqu'au  goulot  d'eau  d'égout  nitratée;  un  volume  égal  de  liquide 
est  versé  dans  un  flacon  de  60U  centimètres  cubes  de  capacité. 
Môme  semence  dans  les  deux  liquides. 


».' 


Après  un  séjour  de  24  heures  à  Tétuve,  le  premier  a  perdu 
42  pour  cent  et  le  second  11  pour  cent  seulement  du  nitrate 
employé. 


224  U.  GAYON  ET  G.  DUPETIT. 

///.  Le  12  février,  on  met  un  même  volume  de  bouillon  de 
bœuf  additionné  de  salpêtre  dans  une  fiole  de  culture  à  fond 
plat  A  (fig.  6),  où  il  occupe  une  épaisseur  de  2  à  3  millimètres 
seulement»  et  dans  un  tube  de  culture  A',  sous  une  épaisseur  de 
12  centimètres  environ. 

Les  deux  vases  reçoivent  chacun  une  goutte  de  la  même 
semence. 

Le  \Ay  la  réduction  a  été  de  14  pour  cent  dans  A  et  de  4-7  pour 
cent  dans  A'. 

Malgré  la  faible  épaisseur  du  bouillon  dans  la  fiole  A,  on  voit 
qu'il  y  a  eu,  néanmoins,  une  dénitrificalion  partielle.  Les  choses 
se  passent  sans  doute  comme  dans  Taclion  de  la  levure  de  bière 
sur  du  moût  en  grande  surface.. On  ne  peut,  dans  les  deux  cas, 
supprimer  complètement  la  fermentation,  parce  que  Taération  de 
tous  les  points  du  liquide  est  impossible.  Les  organismes  tout 
voisins  de  la  couche  superficielle  protègent  en  effet  les  autres 
contre  le  contact  de  Tair,  et  ceux-ci  fonctionnent  alors  comme  ^ 

dans  une  culture  en  profondeur. 

35.  Plus  le  milieu  sera  nutritif,  plus  les  organismes  se  dévelop- 
peront, et  plus  il  sera  difficile  d'avoir  une  réduction  nulle  dans  un 
liquide  en  couche  mince.  Mais  si  le  milieu  est  pauvre  en  aliments, 
comme  Teau  d'égout,  les  microbes  seront  peu  abondants,  Tair 
pourra  se  dissoudre  dans  toute  la  masse  et  le  nitrate  ne  sera  pas 
décomposé.  L'expérience  suivante  réalise  ces  conditions. 

IV.  Le  6  août,  on  fait  trois  parts  égales  d'eau  d'égout  nitratée, 
qu'on  distribue  dans  trois  vases  de  capacités  différentes  : 

a Flacon  complètement  rempli. 

b Flacon  k  moitié  rempli. 

c Fiole  à  camphre,  où  le  liquide  occupe 

2mm  environ  d'épaisseur. 

Même  semence  dans  les  trois  appareils. 
Le  26,  la  proportion  de  nitrate  réduit  a  été  : 

Dans  a.. de    33  «/o 

—  b de    14 

—  c de      0 


RECHERCHES  SUR  LA  RÉDUCTION  DES  MTUATKS.  2Î5 

Il  résulte  de  là  que,  pour  obtenir  des  fermentations  rapides,  il 
Faudra  faire  usage  de  vases  profonds  et  complètement  remplis  de 
liquide. 

36.  5^  Influence  de  Vâge  de  la  semence.  —  Si  Ton  prend  pour 
semence,  dans  des  cultures  nouvelles,  le  B.  denitrificans  aux 
différentes  périodes  de  son  développement,  on  constate  que  ce 
microbe  s'affaiblit  progressivement  jusqu'à  la  perte  complète 
de  son  activité,  jusqu'à  la  mort. 

Le  17  novembre,  après  avoir  éprouvé  à  l'étuve  un  certain 
nombre  de  tubes  de  culture,  contenant  du  bouillon  additionné  de 
10  grammes  de  nitrate  de  potasse  par  litre,  on  ensemence  Tun 
d'eux  avec  un  microbe  très  jeune.  Le  lendemain,  les  jours 
suivants,  puis  à  des  intervalles  plus  éloignés,  on  ensemence  suc- 
cessivement les  autres  tubes,  avec  des  prises  faites  dans  celui-là. 
La  proportion  de  nitrate  réduit  a  été  mesurée  pour  chaque  tube 
après  24  et  après  48  heures. 

Le  tableau  suivant  résume  cette  expérience  : 


Numéro  d'ordre 
de  la  culture. 

Date 
de  l'ensemencemeut. 

Age 
de  la  semence. 

Proportion  de  nitrate  réduit  : 
après  24  heures,    après  48  heures. 

0 

17 

nov. 

» 

> 

» 

1 

18 

— 

1  jour 

68^/0 

84  "/o 

2 

19 

2   — 

66 

84 

3 

20 

— 

3    — 

48 

76 

4 

21 

— 

4   — 

48 

60 

5 

22 

— 

5   — 

42 

72 

6 

27 

— 

10 

28 

64 

7 

2 

déc. 

15 

18 

54 

8 

7 

20   — 

12 

40 

9 

17 

— 

30   — 

16 

20 

10 

27 

._ 

40   — 

Traces.    Li( 

Quide  limpide 

Malgré  quelques  irrégularités  qui  pourraient  s'expliquer  par 
les  différences  de  volumes  de  semence  employée,  on  voit  que  le 
sens  du  phénomène  est  très  net  et  que  la  vitalité  du  ferment 
diminue  assez  rapidement,  lorsqu'il  est  laissé  en  contact  avec  son 
liquide.  C'est  un  fait  fréquent  chez  les  infmiment  petits. 

37.  La  nature  du  liquide  de  culture  influe  d'ailleurs  sur  la 
vitesse  d'affaiblissement  du  microbe. 


226  U.  GAYON  ET  G.  DUPETIT. 

A  la  fin  dû  juin  188S,  on  sème  du  Terment  pur  dans  les 
liquides  suivants  : 

a. . .  Liquide  artificiel,  contenant  1  ^/o  de  nitrate  de  potasse. 

6. . .  Bouillon  de  bœuf  neutre  contenant  1  ^/o  de  nitrate  de  potasse. 

c. . .        id,  Id,         contenant  1  %  de  nitrate  de  potasse 

et  5  o/o  de  sucre, 
rf. . .         id.  id,         contenant  1  o/o  de  nitrate  de  potasse 

et  2  o/o  d'amidon, 
e. . .  Eau  de  levure  neutre,  sans  nitrate. 
f, . .  Bouillon  de  bœuf  neutre,  sans  nitrate,  contenant  2  %  d'amidon. 

Ces  cultures  sont  abandonnées  à  la  température  ordinaire 
jusqu'en  janvier  1884.  Â  cette  date,  les  liquides  sont  opalins; 
au  fond  des  tubes,  on  trouve  un  dépôt  grisâtre,  constitué  par 
un  amas  de  microbes,  de  cristaux  de  phosphate  aramoniaco- 
magnésien  et  de  granulations  amorphes. 

Le  6  janvier,  avec  des  prises  faites  dans  ces  divers  liquides, 
les  unes  à  la  surface,  les  autres  dans  le  dépôt,  on  ensemence  large- 
ment du  bouillon  de  bœuf  neutre  contenant  1  %de  salpêtre. 

Le  7,  les  cultures  issues  de  c,  d,  e  et  f  donnent  une  mousse 
abondante,  tandis  que  celles  issues  de  a  et  6  ne  sont  même  pas 
troubles. 

Le  8,  le  tube  ensemencé  avec  le  dépôt  de  b  est  devenu  trouble 
à  son  tour,  et  mousse  légèrement;  celui  qui  a  reçu  une  goutte 
de  la  surface  est  limpide. 

Le  9,  mêmes  tubes  qu'hier  en  fermentation;  dans  plusieurs, 
la  dénitrification  est  achevée. 

Le  10  et  jours  suivants,  les  tubes  déjà  stériles  n'ont  donné  ni 
trouble^  ni  réduction,  ni  microbes. 

La  semence  provenant  du  liquide  artificiel  a  était  donc  morte; 
celle  provenant  du  bouillon  de  bœuf  nitrate  b  ne  s'est  rajeunie 
qu'avec  peine;  à  la  surface  même,  elle  était  morte.  Quant  aux 
autres  semences,  celles  qui  avaient  été  prises  dans  les  bouillons 
nitrates  c  et  d,  additionnés  de  sucre  ou  d'amidon,  se  sont 
FJijeunies  moins  vite  que  celles  qui  avaient  été  extraites  des 
liquides  non  nitrates  e  et  f;  en  effet,  le  9,  la  réduction  était 
complète  avec  ces  dernières,  tandis  qu'elle  n'était  que  de  56  pour 


RECHERCHES  SUR  LA  RÉDUCTION  DES  NITRATES.  227 

cent  dans  les  tubes  ensemencés  avec  c  et  de  68  pour  cent  dans 
les  tubes  ensemencés  avec  d. 

L'ordre  dans  lequel  nous  avons  placé  les  liquides  de  culture 
est  précisément  inverse  de  celui  qui  indique  leur  valeur  nutritive 
relative  pour  le  B.  denitrificans.  Celui-ci,  comme  beaucoup 
d'autres  organismes,  s'épuise  donc,  dans  un  milieu^  d'autant  plus 
vite  qu'il  s'y  est  montré  plus  actif. 

38.  L'eau  de  levure  non  nitratée  est,  de  tous  les  liquides  que 
nous  avons  essayés,  celui  qui  conserve  le  plus  longtemps  la 
semence  de  notre  microbe.  Grâce  à  celte  propriété,  nous  avons  pu 
le  retrouver  vivant  au  mois  de  décembre  1884,  c'est-à-dire  un  an 
et  demi  après  son  ensemencement.  Ce  fut  une  résurrection  des 
plus  heureuses,  car,  à  la  suite  d'une  élévation  accidentelle  de  la 
température  dans  notre  éluve,  le  ferment  qui  servait  à  nos  expé- 
riences fut  tué,  et  nous  l'eussions  perdu  sans  retour,  si  le  tube 
d'eau  de  levure  conservé  dans  notre  collection  ne  nous  avait 
permis  de  le  rajeunir.  Aujourd'hui  encore,  25  août  1885,  on 
retrouve  des  spores  vivantes  dans  le  tube  ensemencé  à  la  fin  de 
juin  1883  et  dans  le  tube  ensemencé  en  janvier  1884-. 

39.  6°  Influence  de  la  proportion  de  nitrate,  —  /.  Le  2 1  juillet, 
on  ensemence  des  flacons  exactement  remplis  d'eau  d'égout, 
contenant  des  doses  croissantes  de  nitrate  de  potasse. 

a 08'^,25  par  litre. 

h 0  ,50       — 

c 1  ,00       — 

d 2  ,50       — 

e 5  ,00       — 

Les  liquides  se  sont  tous  troublés  et  la  réduction  a  suivi  la 
marche  suivante  : 

Au  â3  juillet.    Au  23  juillet.    Au  2S  juillet.    Au  l^*- auûl.    Au  7  août. 

Dansa 58%  92  o/o  100  o/o  »               » 

—  6 12  60  100  »                » 

—  c 24  44  96  99  100  «/ 

—  rf »  20  63  90  103 

—  e »  »  14  49  100 


228  U.  CAYON  ET  G.  OUPETIT. 

On  déduit  de  là  : 

Durée  Nitrate  décomposé  par  joor, 

de  la  réduction.  en  moyenne. 

Dans  a 7  jours.  0«%036  par  litre. 

—  6 7—  0  ,071      — 

—  c 11    —  0  ,090       — 

—  d 17    —  0  ,147       — 

—  e 17    —  0  ,294       — 

//.  Avec  un  liquide  plus  nutritif  que  Feau  d'égout,  du  bouillon 
de  viande  par  exemple,  la  destruction  du  nitrate  est  beaucoup 
plus  rapide. 

Le  5  septembre,  on  ensemence  du  bouillon  de  poulet  renfer- 
mant : 

a 1  gramme  de  nitrate  de  potasse  par  litre. 

b 2      —  —  —  — 

La  marche  de  la  dénitrification  a  été  de  jour  en  jour  : 

6  septembre.         7  septembre.       8  septembre.     9  septembre. 

Dans  a 86  o/o  lOO  %  »  » 

—  b 71  100  »  » 

—  c 30  65  91  o/o         100  o/o 


On  a  donc  obtenu  : 


Durée  maximum  de       >itrate  détruit  par  jour, 
la  rédurlioD.  en  moyenne. 


Dans  a 2  jours.  0«',5  par  litre. 

—  6 2    —  1  ,0       — 

—  c 4—  1,0       — 

///.  La  dénitrification  peut  se  produire  aussi  avec  des  doses 
plus  élevées  de  sel. 
Le  8  septembre,  on  dispose  un  autre  essai  dans  du  bouillon 

tenant  en  dissolution  : 

a 4  grammes  de  nitrate  de  potasse  par  litre. 

b 8       —  -  —  - 

c 12        —  —  —  — 

d 16        —  —  —  — 

e 20—  —  —  — 


RBCHERCHB8  SUR  LA  RÉDUCTION  DES  NITRATES.  229 

La  semence  est  prise  dans  un  flacon  en  pleine  fermentation. 
Les  dosages  successifs  ont  donné  pour  la  dénitriflcalion  : 

9  septembre.  Il  septembre.  13  septembre.  15  septembre.  22  septembre. 

Dansa 25  «/o         75  «/o          100  o/o             »  » 

—  6 26       68       84        89  «/o  » 

—  c 15       47        40        52  59% 

—  d »       25       27        27  34 

—  e »        4       13       28  » 

Si  Ton  calcule  les  doses  de  nitrate  détruit  au  13  septembre, 
c'est-à-dire  5  jours  après  Tensemencement,  on  obtient: 

Total.  Moyenne  par  jour. 

Dans  a 4«%00  0«%80  par  litre. 

—  6 6  ,72  1  ,34      — 

—  c 4  ,80  0  ,96      — 

—  rf 4  ,32  0  ,86      — 

—  e 2  ,60  0  ,52      — 

40.  L'activité  du  microbe  dépend  donc  de  la  richesse  du 
milieu  et  de  la  proportion  de  nitrate  dissous.  Dans  les  bouillons 
de  viande,  elle  paraît  maximum  pour  les  doses  de  salpêtre  voisines 
de  1  pour  cent;  mais  la  bactérie  peut  vivre  et  agir  avec  2  pour 
cent  de  sel.  Dans  ce  dernier  cas,  la  fermentation  se  ralentit  au 
bout  de  peu  de  jours  et  ne  se  termine  pas,  soit  parce  que  le 
liquide  est  devenu  fortement  alcalin  et  gêne  le  développement 
du  ferment,  soit  parce  que  la  matière  organique  n'y  est  plus  en 
quantité  suffisante.  {Voir  page  251 .) 

La  proportion  que  nous  adoptons  généralement  est  celle  do 
10  grammes  par  litre. 

La  quantité  de  sel  décomposé  par  litre  et  par  jour  a  dépassé 
1  gramme  dans  Texpérience  précédente.  Dans  certains  cas,  nous 
avons  eu  3  grammes  dans  du  bouillon  de  poulet,  6  grammes  et 
même  9  grammes  dans  du  liquide  artificiel. 

41.  7°  Influence  de  la  base  du  nitrate.  —  Les  azotates  alcalins 
et  Tazotatede  chaux  sont  tousdécomposables  par  le  B.denilrificans. 

L  Le  6  août,  on  ensemence  de  Feau  d'égout  renfermant  des 
poids  égaux,  1^%67  par  litre,  de  ces  divers  sels;  la  fermentation 


224  U.  CAYON  ET  G.  DUPETIT. 

///.  Le  12  février,  on  met  un  même  volume  de  bouillon  de 
bœuf  additionné  de  salpêtre  dans  une  fiole  de  culture  à  fond 
plat  A  {fig.  6),  où  il  occupe  une  épaisseur  de  2  a  3  millimètres 
seulement,  et  dans  un  tube  de  culture  A',  sous  une  épaisseur  de 
12  centimètres  environ. 

Les  deux  vases  reçoivent  chacun  une  goutte  de  la  même 
semence. 

Le  14,  la  réduction  a  été  de  14  pour  cent  dans  A  et  de  47  pour 
cent  dans  A'. 

Malgré  la  faible  épaisseur  du  bouillon  dans  la  fiole  A,  on  voit 
qu'il  y  a  eu,  néanmoins,  une  dénitrification  partielle.  Les  choses 
se  passent  sans  doute  comme  dans  Taclion  de  la  levure  de  bière 
sur  du  moût  en  grande  surface.. On  ne  peut,  dans  les  deux  cas, 
supprimer  complètement  la  fermentation,  parce  que  Taération  de 
tous  les  points  du  liquide  est  impossible.  Les  organismes  tout 
voisins  de  la  couche  superficielle  protègent  en  effet  les  autres 
contre  le  contact  de  Pair,  et  ceux-ci  fonctionnent  alors  comme 
dans  une  culture  en  profondeur. 

35.  Plus  le  milieu  sera  nutritif,  plus  les  organismes  se  dévelop- 
peront, et  plus  il  sera  difficile  d'avoir  une  réduction  nulle  dans  un 
liquide  en  couche  mince.  Mais  si  le  milieu  est  pauvre  en  aliments, 
comme  Teau  d'égout,  les  microbes  seront  peu  abondants,  Tair 
pourra  se  dissoudre  dans  toute  la  masse  et  le  nitrate  ne  sera  pas 
décomposé.  L'expérience  suivante  réalise  ces  conditions. 

IV.  Le  6  août,  on  fait  trois  parts  égales  d'eau  d'égout  nitratée, 
qu'on  distribue  dans  trois  vases  de  capacités  différentes  : 

a Flacon  complètement  rempli. 

b Flacon  k  moitié  rempli. 

c Fiole  à  camphre,  où  le  liquide  occupe 

2mm  environ  d'épaisseur. 

Même  semence  dans  les  trois  appareils. 
Le  26,  la  proportion  de  nitrate  réduit  a  été  : 

Dans  a.. de    33  o/o 

—  b de    14 

—  c de      0 


RECHERCHES  SUR  LA  RÉDUCTION  DES  NITRATES.  225 

Il  résulte  de  là  que,  pour  obtenir  des  fermentations  rapides,  il 
f\\udra  faire  usage  de  vases  profonds  et  complètement  remplis  do 
liquide. 

36.  5^  Influence  de  Vâge  de  la  semence.  —  Si  Ton  prend  pour 
semence,  dans  des  cultures  nouvelles,  le  B.  deniirificans  aux 
différentes  périodes  de  son  développement,  on  constate  que  ce 
microbe  s'affaiblit  progressivement  jusqu'à  la  perte  complète 
de  son  activité,  jusqu'à  la  mort. 

Le  17  novembre,  après  avoir  éprouvé  à  l'étuve  un  certain 
nombre  de  tubes  de  culture,  contenant  du  bouillon  additionné  de 
10  grammes  de  nitrate  de  potasse  par  litre,  on  ensemence  Tun 
d'eux  avec  un  microbe  très  jeune.  Le  lendemain,  les  jours 
suivants,  puis  à  des  intervalles  plus  éloignés,  on  ensemence  suc- 
cessivement les  autres  tubes,  avec  des  prises  faites  dans  celui-là. 
La  proportion  de  nitrate  réduit  a  été  mesurée  pour  chaque  tube 
après  24  et  après  48  heures. 

Le  tableau  suivant  résume  cette  expérience  : 


Numéro  d'ordre 
de  la  culture. 

Date 
de  l'ensemencemeut. 

A{?e 
de  la  semeuce. 

ProporlioD  de  nitrate  réduit  : 
aprt's  34  heures,    après  48  heures. 

0 

17  nov. 

» 

» 

» 

1 

18    — 

1  jour 

68  «/o 

84  "/o 

2 

19    — 

2   — 

66 

81 

3 

20     — 

3    — 

48 

76 

4 

21     — 

4    — 

48 

60 

5 

22    — 

5   — 

42 

72 

6 

27     — 

10 

28 

64 

7 

2  déc. 

15    — 

18 

54 

8 

7    — 

20   — 

12 

40 

9 

17    — 

30    — 

16 

20 

10 

27    — 

40   — 

Traces.    Li 

quide  limpidi 

Malgré  quelques  irrégularités  qui  pourraient  s'expliquer  par 
les  différences  de  volumes  de  semence  employée,  on  voit  que  le 
sens  du  phénomène  est  très  net  et  que  la  vitalité  du  ferment 
diminue  assez  rapidement,  lorsqu'il  est  laissé  en  contact  avec  son 
liquide.  C'est  un  fait  fréquent  chez  les  infiniment  petits. 

37.  La  nature  du  liquide  de  culture  influe  d'ailleurs  sur  la 
vitesse  d'affaiblissement  du  microbe. 


226  U.  GAYON  ET  G.  DUPETIT. 

A  la  fin  de  juin  188â,  on  sème  du  ferment  pur  dans  les 
liquides  suivants  : 

a, . .  Liquide  artificiel,  contenant  1  °/o  de  nitrate  de  potasse. 

6 . . .  Bouillon  de  bœuf  neutre  contenant  1  %  de  nitrate  de  potasse. 

c. . .        id.  id,         contenant  1  %  de  nitrate  de  potasse 

et  5  o/o  de  sucre. 
d,,.        id,  id.         contenant  1  ^/o  de  nitrate  de  potasse 

et  2  o/o  d'amidon, 
e. . .  Eau  de  levure  neutre,  sans  nitrate. 
f. . .  Bouillon  de  bœuf  neutre,  sans  nitrate,  contenant  2  °lo  d'amidon. 

Ces  cultures  sont  abandonnées  à  la  température  ordinaire 
jusqu'en  janvier  1884.  Â  cette  date,  les  liquides  sont  opalins; 
au  fond  des  tubes,  on  trouve  un  dépôt  grisâtre,  constitué  par 
un  amas  de  microbes,  de  cristaux  de  phosphate  ammoniaco- 
magnésien  et  de  granulations  amorphes. 

Le  6  janvier,  avec  des  prises  faites  dans  ces  divers  liquides, 
les  unes  à  la  surface,  les  outres  dans  le  dépôt,  on  ensemence  large- 
ment du  bouillon  de  bœuf  neutre  contenant  1  %  de  salpêtre. 

Le  7,  les  cultures  issues  de  c,  d,  e  et  f  donnent  une  mousse 
abondante,  tandis  que  celles  issues  de  a  et  6  ne  sont  même  pas 
troubles. 

Le  8,  le  tube  ensemencé  avec  le  dépôt  de  b  est  devenu  trouble 
à  son  tour,  et  mousse  légèrement;  celui  qui  a  reçu  une  goutte 
de  la  surface  est  limpide. 

Le  9,  mêmes  tubes  qu'hier  en  fermentation;  dans  plusieurs, 
la  dénitrification  est  achevée. 

Le  10  et  jours  suivants,  les  tubes  déjà  stériles  n'ont  donné  ni 
trouble^  ni  réduction,  ni  microbes. 

La  semence  provenant  du  liquide  artificiel  a  était  donc  morte; 
celle  provenant  du  bouillon  de  bœuf  nitrate  b  ne  s'est  rajeunie 
quavec  peine;  à  la  surface  même,  elle  était  morte.  Quant  aux 
autres  semences,  celles  qui  avaient  été  prises  dans  les  bouillons 
nitrates  c  et  dj  additionnés  de  sucre  ou  d'amidon,  se  sont 
riïjeunies  moins  vile  que  celles  qui  avaient  été  extraites  des 
liquides  non  nitrates  e  et  f;  en  effet,  le  9,  la  réduction  était 
complète  avec  ces  dernières,  tandis  qu'elle  n'était  que  de  56  pour 


RECHERCHES  SUR  LA  RÉDUCTION  DES  NITRATES.  227 

cent  dans  les  tubes  enseoiencés  avec  c  et  de  68  pour  cent  dans 
les  tubes  ensemencés  avec  d. 

L'ordre  dans  lequel  nous  avons  placé  les  liquides  de  culture 
est  précisément  inverse  de  celui  qui  indique  leur  valeur  nutritive 
relative  pour  le  B.  denitrificans.  Celui-ci,  comme  beaucoup 
d'autres  organismes,  s'épuise  donc,  dans  un  milieu^  d'autant  plus 
vite  qu'il  s'y  est  montré  plus  actif. 

38.  L'eau  de  lewive  non  nitratée  est,  de  tous  les  liquides  que 
nous  avons  essayés^  celui  qui  conserve  le  plus  longtemps  la 
semence  de  notre  microbe.  Grâce  à  celte  propriété,  nous  avons  pu 
le  retrouver  vivant  au  mois  de  décembre  1884,  c'est-à-dire  un  an 
et  demi  après  son  ensemencement.  Ce  fut  une  résurrection  des 
plus  heureuses,  car,  à  la  suite  d'une  élévation  accidentelle  de  la 
température  dans  notre  étuve,  le  ferment  qui  servait  à  nos  expé- 
riences fut  tué,  et  nous  l'eussions  perdu  sans  retour,  si  le  tube 
d'eau  de  levure  conservé  dans  notre  collection  ne  nous  avait 
permis  de  le  rajeunir.  Aujourd'hui  encore,  25  août  1885,  on 
retrouve  des  spores  vivantes  dans  le  tube  ensemencé  à  la  fin  de 
juin  1883  et  dans  le  tube  ensemencé  en  janvier  1884. 

39.  6*'  Influence  de  la  proportion  de  nitrate.  —  /.  Le  21  juillet, 
on  ensemence  des  flacons  exactement  remplis  d'eau  d'égout, 
contenant  des  doses  croissantes  de  nitrate  de  potasse. 

a 0»'*,23  par  litre. 

b 0  ,50       — 

c 1  ,00       — 

d 2  ,50       — 

e 5  ,00       — 

Les  liquides  se  sont  tous  troublés  et  la  réduction  a  suivi  la 
marche  suivante  : 

Au  â3  juillet.    Au  2o  juillet.    Au  2S  juillet.    Au  !<''- août.    Au  7  août. 

Dans  a 58  o/o  92  o/o 

—  6 12  60 

—  c 24  44 

—  rf »  20 

—  e »  > 


100  o/o 

> 

» 

100 

» 

» 

96 

99 

190°/ 

63 

90 

10) 

14 

49 

100 

U,  CAVON  ET  G.  DUPETIT. 


CHAPITRE  II 


pRoonrrs  de  la  réduction 


45.  Nous  avons  vu  que  la  transformation  des  nitrates  en 
litrites  se  fait  en  général  sans  dégagement  de  gaz;  au  contraire, 
3  réduction  plus complètede l'acide  nitrique  par  lefi.  denUrificam, 
|u'ette  engendre  de  l'azote  ou  du  protoxyde  d'azote,  produit  uoe 
nousse  abondante  et  une  effervescence  très  vive,  comme  dans 
ine  véritable  fermentation. 

I.  —  Production  d'azote. 

46.  Nous  examinerons  d'abord  le  cas  où  l'azote  se  dégage  en 
iberté,  sans  être  combiné  avec  de  l'oxygène;  c'est  d'ailleurs  le 
ilus  fréquent. 

Dans  un  milieu  très  riche  en  matières  organiques,  ce  gaz  est 
nélangé  avec  une  certaine  quantité  d'acide  carbonique;  mais  si 
es  conditions  sont  telles  que  le  liquide  ne  puisse  être  saturé  par 
e  dernier,  b  la  température  de  l'expérience,  le  gaz  dégagé  est  de 
azote  pur.  Il  suffit  pour  cela  que  le  milieu  soit  peu  nulritif,  car 
lors  la  proportion  de  nitrate  décomposé  est  faible.  En  voici  un 
xemple  : 


RECHERCHES  SUR  LA  RKOUCTION  DBS  NITRATES.  235 

Le  8  août,  on  dissout  21  grammes  de  salpêtre  dans  10  Ut.  800 
d'eau  d'égout  stérilisée,  et  Ton  porte  le  flacon  ensemracé  dans 
une  étuve  à  température  constante. 

Le  9,  le  liquide  s'est  troublé  dans  toute  la  masse. 

Le  12,  le  dégagement  gazeux  commence  et  se  continue  les 
jours  suivants;  très  faible  pendant  le  mois  de  septembre,  il  a 
cessé  complètement  le  11  octobre. 

Les  volumes  de  gaz  successivement  recueillis  ont  été  : 


Le  14  août 17",5 

23    —    92  ,5 

25    -    101  ,5 

3  septembre ....  80  ,0 

11  octobre 29  ,0 


Total....  320",5 

Ce  gaz  a  toujours  été  formé  d'azote  pur,  sans  acide  carbonique. 

Comme  Teau  d'égout  renferme  peu  de  matières  organiques,  la 
fermentation  s'est  arrêtée,  bien  qu'il  restât  encore  dans  ce  liquide 
une  très  grande  quantité  de  sel  non  décomposé.  Il  n'y  a  eu  en 
effet  que  3  grammes  environ  de  nitrate  réduit,  correspondant  à 
800  centimètres  cubes  environ  d'acide  carbonique  engendré.  On 
voit  que  ce  volume  est  tout  à  fait  insuffisant  pour  saturer  près  de 
11  litres  de  liquide,  en  supposant  même,  ce  qui  n'arrive  pas, 
que  le  gaz  soit  entièrement  libre  et  qu'aucune  partie  ne  se 
combine  avec  la  potasse  du  nitrate. 

47.  Voici,  au  contraire,  des  exemples  de  fermentation  plus 
active,  où  de  l'acide  carbonique  s'est  dégagé  avec  l'azote. 

I.  Le  30  septembre,  on  met  à  Tétuve  un  flacon  d'un  litre 
renfermant  de  la  semence  active  et  du  bouillon  de  poulet  addi- 
tionné de  nitrate  de  potasse. 

La  fermentation  s'est  établie  rapidement  et  s'est  prolongée 
jusqu'au  11  octobre,  en  donnant  les  gaz  suivants  : 

Le  i"  octobre.      Le  2  octobre.         Le  4  octobre.        Le  11  octobre. 

Volume  total  dégagré.  102"  100"  115''  42" 


436  U.  GAYON  ET  G.  DUPETIT. 

Composition  centésimale  : 

Azote 75,90/0         87,5  n/o  97,7  0/0  100,0  0/0 

Acide  carbonique 24,1  12,5  2,3  0,0 


Le  5  mars. 

Le  9  mars. 

136" 

21" 

93,8  0/0 

98,6 

6,2 

1,4 

100,0  100,0  100,0  100,0 

II.  Le  27  février^  on  met  en  marche  un  ballon  de  bouillon 
de  bœuf  contenant  10  grammes  d*azotate  de  potasse  par  litre. 
La  fermentation  a  dégagé  successivement  : 

Le  28  février. 

Volume  total  dégagé.    76" 

Composition  centésimale  : 

Azote 92,2  o/o 

Acide  carbonique 7,8 

100,0  100,0  100,0 

48.  La  proportion  d'acide  carbonique  diminue  toujours  à  la 
fm  de  la  fermentation.  Cela  s'explique  sans  doute  par  ce  fait 
qu'avec  le  microbe  employé  il  se  forme  d'abord  du  nitrite  et  que  les 
deux  tiers  de  l'oxygène  de  l'acide  azotique  servent  à  faire  de  l'acide 
carbonique  avant  que  l'azote  puisse  se  dégager.  En  réalité,  les 
deux  phases  de  la  réduction  ne  sont  pas  absolument  distinctes  et 
successives  ;  elles  coïncident  en  grande  partie,  car  le  nitrite  est 
lui-même  décomposable  par  le  B.  denilrificans. 

Les  exemples  précédents  montrent  bien  quelle  est  la  nature 
des  gaz  formés  pendant  la  désoxydation  complète  de  l'acide  des 
nitrates;  mais  ils  ne  permettent  pas  de  savoir  ce  que  deviennent 
tout  Fazote  et  tout  l'oxygène  provenant  de  cette  réduction.  Il 
reste,  il  est  vrai,  dans  les  liquides  fermentes  beaucoup  d'acide 
carbonique  combiné  avec  la  base;  mais  quel  est  le  volume  exact 
de  l'acide  carbonique  produit? 

49.  Pour  établir  l'équation  exacte  du  phénomène,  il  faut 
mesurer  et  doser  avec  précision  les  gaz  dégagés,  recueillir  et 
analyser  tout  le  liquide  fermenté.  On  ne  peut,  sans  causes 
d'erreur,  faire  servir  à  cet  usage  les  appareils,  tels  que  flacons 
ou  ballons  munis  de  tubes  abducteurs,  d'où  Fair  ne  serait  pas 
chassé  complètement. 


RECHERCHES  SUR  LA  RÉDUCTION  DES  NITRATES.  ^37 

Il  faut,  en  outre,  que  liquides  et  récipients  soient  stérilisés,  et 
que  la  semence  puisse  être  introduite  avec  sa  pureté  primitive, 
afin  d'éviter  toute  fermentation  secondaire  par  des  microbes 
étrangers. 

50.  Le  dispositif  le  plus  simple,  qui  paraisse  propre  à  éviter 
tout  inconvénient,  est  celui  qui  a  servi  à  M.  Pasteur  pour  Télude 
de  la  fermentation  alcoolique.  Il  consiste  en  une  éprouvotte  ou 
un  ballon  à  long  col  remplis  de  mercure  et  renversés  sur  ce 
liquide.  On  y  introduit  un  poids  convenable  du  sel  à  décomposer, 
un  volume  connu  de  bouillon,  et  une  trace  de  semence;  si  la 
fermentation  s'établit,  le  gaz  produit  déprime  le  mercure  sans 
sortir  de  Tappareil,  et  les  lectures  se  font  avec  facilité. 

Malgré  sa  simplicité  apparente,  cet  appareil  est  lourd,  peu 
maniable  et  difficile  à  stériliser  dans  toute  sa  masse.  Nous  Pavons 
essaye  néanmoins  plusieurs  fois,  en  stérilisant  à  la  fois  le  mer- 
cure et  le  liquide  nitrate,  mais  malheureusement  sans  succès. 
Nos  microbes  s'y  sont  à  peine  développés. 

51.  Nous  avons  alors  imaginé  la  disposition  ci-contre  (fiç.  7). 
Une  grosse  boule  A,  de  150  centimètres  cubes  environ  de 


F^.7. 


capacité,  est  soudée  à  deux  tubes  diamétralement  opposés;  le 
tube  inférieur  B  est  recourbé  en  S  et   son  extrémité  eflîlée  o 


238  U.  GAYON  ET  G.  DUPETIT. 

s'ouvre  au-dessus  d'un  verre  à  pied  G;  le  lube  supérieur  B',  deux 
fois  recourbé,  est  effilé  à  son  extrémité  a,  et  porte  latéralement, 
au  point  le  plus  élevé,  un  petit  tube  c  étranglé  et  muni  d'une 
bourre  de  coton  b. 

Après  avoir  introduit  du  mercure  en  A  jusque  vers  le  milieu 
de  la  boule,  on  ferme  les  effilures  a  et  o  et  Ton  stérilise  le  tout 
dans  Pair  chaud.  Pendant  le  refroidissement,  Tair  extérieur,  en 
pénétrant  dans  la  boule,  se  puriiie  sur  le  coton  b. 

Pour  remplir  cet  appareil  de  bouillon  nitrate,  on  flambe  la 
pointe  a,  on  la  brise,  on  la  flambe  de  nouveau,  et  on  Tintroduit 
dans  le  flacon  contenant  le  liquide  préalablement  stérilisé;  on 
aspire  alors  par  la  tubulure  c,  et,  quand  la  boule  est  pleine,  on 
retire  le  tube  a  qu'on  scelle  à  la  lampe. 

La  prise  de  la  semence  se  fait  de  la  même  manière.  Dès  qu'elle 
est  introduite,  on  brise  Textrémité  o,  et  Ton  scelle  à  la  lampe  la 
tubulure  c. 

S'il  y  a  dégagement  de  gaz,  celui-ci  s'accumule  dans  la  partie 
supérieure  de  la  boule  A,  et  refoule  à  la  fois  le  liquide  et  le 
mercure.  Ce  dernier  sort  alors  par  l'oriflce  o  et  s'écoule  dans  le 
verre;  son  poids  permet  de  calculer  le  volume  du  gaz  produit,  en 
tenant  compte  de  latempératureet  desdiversélémentsdela  pression. 
On  peut  d'ailleurs  recueillir  le  gaz  lui-même  dans  une  éprouvelte 
graduée,  en  recourbant  Textrémité  a  en  forme  de  tube  abducteur, 
et  en  exerçant  en  o  une  pression  convenable  de  mercure. 

52.  Le  25  janvier,  un  de  ces  appareils  fut  rempli,  comme  il 
vient  d'être  dit,  avec  du  bouillon  contenant  10  grammes  de  salpêtre 
par  litre,  et  ensemencé  avec  le  B.  denilrificans  p. 

Après  un  séjour  de  trois  jours  à  la  température  de  35  degrés, 
le  liquide  est  resté  limpide,  tandis  que  dans  nos  tubes  habituels 
de  culture,  la  fermentation  s'était  déclarée  en  moins  de  vingt- 
quatre  heures,  avec  la  même  semence. 

Le  28  janvier,  l'expérience  fut  répétée  avec  une  semence  plus 
jeune  et  plus  active;  même  résultat.  Tandis  que  dans  un  ballon 
sans  mercure  ensemencé  le  même  jour,  avec  le  même  microbe, 
la  fermentation  s'est  régulièrement  établie,    au    contraire,  le 


RECHERCHES  SUR  LA  RÉDUCTION  DES  NITRATES.  239 

liquide  en  contact  avec  le  mercure  est  resté  limpide  jusqu'au 
93  février  suivant,  c'est-à-dire  pendant  près  d'un  mois.  Le 
microbe  soumis  à  l'influence  du  mercure  n'était  cependant  pas 
mort,  car,  semé  dans  un  tube  de  culture,  il  s'y  est  développé  avec 
ses  caractères  ordinaires^  seulement  avec  un  peu  plus  de  lenteur. 

53.  La  présence  du  mercure  a  donc  complètement  empêché 
la  multiplication  et  les  fonctions  du  B.  denilrificans  0.  Avec  le 
B.  deiiitrificmis  x,  dont  l'activité  est  beaucoup  plus  grande,  l'action 
du  mercure  dans  les  appareils  à  boule  est  simplement  diminuée; 
la  fermentation  y  commence  plus  tard,  dure  plus  longtemps  et 
donne  moins  de  mousse  que  dans  une  fermentation  comparative 
faite  sans  mercure. 

Dans  l'éprouvette  renversée  sur  le  mercure  (50),  le  B.  denUrifi- 
cans  %  s'est  développé  plus  péniblement  encore  que  dans  l'appareil 
précédent;  le  liquide  s'esta  peine  troublé  et  n'a  point  donné  de 
gaz.  Cette  différence  tient  sans  doute  à  ce  que  la  stérilisation  du 
bouillon  et  celle  du  mercure  ont  été  simultanées  et  que,  dans  ces 
conditions,  il  a  dû  se  diffuser  plus  de  vapeurs  mercurielles  au 
sein  du  liquida  nitrate  que  dans  l'appareil  à  boule,  où  ce  liquide 
a  été  superposé  au  mercure,  à  froid,  après  une  stérilisation 
indépendante. 

54.  Quant  à  la  présence  du  mercure  dans  le  bouillon,  elle  est 
facile  à  démontrer  par  les  méthodes  si  sensibles  et  si  précises 
imaginées  par  M.  Merget.  Le  savant  professeur  de  la  Faculté  de 
médecine  de  Bordeaux  a  bien  voulu  le  rechercher  lui-même  dans 
les  trois  échantillons  suivants  : 

a  Bouillon  stérilisé  et  non  ensemencé,  en  contact  avec  du 
mercure  également  stérilisé  ; 

h  Bouillon  non  stérilisé  et  non  ensemencé,  en  contact  avec  du 
mercure  stérilisé; 

c  Bouillon  stérilisé  ayant  fermenté  en  contact  avec  du  mercure 
stérilisé,  sous  l'influence  du  B.  denilrificans  a. 

4  Les  trois  échantillons  de  bouillon  de  culture,  dit  M.  Merget 
dans  la  noie  qu'il  nous  a  remise,  ont  été  soumis  au  même  mode 
d'analyse. 


240  U.  GAYON  ET  G.  DUPETIT. 

»  Une  première  prise,  faite  sur  chacun  d'eux,  a  été  traitée  par 
lacide  sulfhydrique ' et  les  sulfhydrates  alcalins,  sans  donner  la 
plus  minuscule  trace  de  précipité  de  sulfure  de  mercure. 

i>  Sur  une  seconde  prise,  on  a  fait  agir  un  fil  de  cuivre  bien 
pur  et  bien  décapé,  plongeant  d'un  centimètre  environ,  qui  a  été 
retiré  après  vingt-quatre  heures  d'immersion,  et  introduit,  après 
avoir  été  lavé  à  grande  eau  et  desséché,  dans  un  pli  de  papier 
sensible  à  Tazotate  d'argent  ammoniacal,  dont  il  était  séparé  par 
quelques  doubles  de  papier  de  soie;  on  n'a  constaté  aucune 
apparence  d'impression  mercurielle. 

»  Une  troisième  prise,  au  contraire,  traitée  comme  la  précé- 
dente, mais  après  avoir  été  préalablement  additionnée  d'acide 
nitrique  et  portée  pendant  quelques  instants  à  l'ébuUition,  a 
fourni  des  impressions  mercurielles  très  nettement  accusées. 

D  Les  résultats  négatifs  des  deux  premières  séries  d'essais 
permettent  de  conclure  que  les  trois  échantillons  de  bouillon  de 
culture  ne  renfermaient  pas  de  sels  de  mercure  en  dissolution. 
Comme  on  y  rencontre  néanmoins  ce  métal,  ainsi  que  le  démon- 
trent  les  résultats  positifs  de  la  troisième  série  d'essais,  cest 
qn'il  s'y  trouvait  diffusé  en  vapeur,  c'est-à-dire  au  même  état  que 
dans  l'eau  mercurielle. 

y>  Cette  conclusion  est  confirmée  par  l'expérience  suivante:  des 
papiers  sensibles  disposés  au  dessus  de  couches  de  bouillon, 
stérilisé  ou  non,  recouvrant  du  mercure,  sont  nettement 
impressionnés  par  les  vapeurs  mercurielles  qui  traversent  les 
liquides  superposés.  i> 

Les  constatations  faites  par  M.  Merget,  en  établissant  que  le 
mercure  se  volatilise  et  se  retrouve  en  nature  dans  les  bouillons 
de  culture  (^),  expliquent  les  insuccès  dont  nous  avons  parlé  plus 
haut,  et  prouvent  que  ce  métal  ne  peut  pas  être  employé  sans 
inconvénient  dans  l'étude  de  certains  infiniment  petits. 


(*)  M.  Royer  a  montré  que  les  vapeurs  de  mercure  peuvent  se  diffuser  à  travers 
les  liquides.  {Mémoires  de  la  Société  des  Sciences  physiques  et  naturelles  de 
Bordeaux,  V  série,  t.  IV,  p.  \1V,  XXVII  et  259.) 


RECHERCHES  SUR  LA  RÉDUCTION  DES  NITRATES.  241 

55.  Obligés  de  renoncer  aux  appareils  précédents,  nous  avons, 
après  plusieurs  tentatives  inrructueuses»  adopté  le  dispositif  de 
la  figure  8. 

Une  boule  À  de  150  centimètres  cubes  de  capacité  environ,  est 
soudée  à  deux  tubes  diamétralement  opposés.  Le  tube  inférieur 
est  retourné  en  bec  effilé  a,  le  tube  supérieur  porte  un  tube  de 
dégagement  capillaire  B,  et  un  étranglement  c,  au-dessus  duquel 
on  place  une  bourre  de  coton  b. 

Les  ouvertures  a  et  (/  étant  scellées  à  la  lampe,  on  flambe  cet 
appareil  dans  un  poêle  à  air  chaud  ;  pendant  le  refroidissement, 
lair  se  purifie  sur  la  bourre  de  colon. 


Pour  introduire  un  liquide,  bouillon  ou  semence,  on  y  plonge 
le  tube  d,  préalablement  flambé  et  ouvert,  et  on  aspire  par  b. 
On  retire  ensuite  d,  on  le  flambe,  et  on  détache  à  la  lampe 
l'extrémité  6. 

L'appareil  ainsi  ensemencé  est  plongé  dans  un  bain-marie  à 
température  constante,  comme  le  montre  la  figure  9,  où  T  est  un 
thermomètre  et  R  un  régulateur  de  M.  Dupelit. 


242  V.  CATON  ET  G.  BUPETIT 

Le  tube  abducteur  seul  et  la  pointe  c  sortent  du  bain.  Le  tube 
à  dégagement  se  rend  sous  une  éprouvette  pleine  de  mercure, 


mais  on  attend  pour  mettre  réprouvette  que  le  bouillon  ait  pris 
la  température  du  bain;  la  dilatation  du  liquide  chasse  alors  la 


RECHERCHES  SUR  LA  RËOUCTION  DES  NITRATES.  243 

plus  grande  partie  de  l'air  contenu  en  B,  de  sorte  que  ce  qui  en 
reste  est  absolument  négligeable  (')• 

l')  Le  rcgulaleur  dool  noua  nous  tervODi  a  ilé  imaginé  par  H.  Dupetit  {Uimoires 
de  la  Société  4«s  Sciences  phytiquet  et  nalurtUes  de  Bordeaux;  S*  >Ëri«,  I.  V, 
V.  XLVU.) 


nvr-//- 


%./i 


tl  se  compofe  (flg.  10  el  It)  d'un  gros  riierroir  A  contenant  du  mercure  et  du 
pétrole  superpoeéi  ;  un  tube  central  B,  toadè  au  riwrvoÎT  dani  «a  partie  rètrécic, 
plonge  dans  le  mercure  H  et  eit  lui-même  rempli  deeeliinide.Parsadilatation,  le 


244  U.  CAYON  ET  G.  DUPETIT. 

56.  Appliquons  maintenant  Tappareil  de  la  figure  8  à  Téludede 
la  réduction  du  nitrate  de  potasse  par  le  B.  denilrificam  a,  le  plus 
actif  de  ceux  que  nous  avons  isolés. 

Le  12  février,  on  met  dans  le  bain,  à  la  température  de 
35  degrés  {fig.  9),  un  vase  plein  de  bouillon  de  bœuf  contenant 
12  grammes  par  litre  d'azotate  de  potasse  avec  une  petite  quantité 
de  semence  âgée  de  trois  jours. 

Le  liquide  s'est  troublé  en  quelques  heures,  et,  en  moins  d'un 
jour,  la  fermentation  est  complètement  établie.  La  mousse  gagne 
le  tube  abducteur  et  vient  se  liquéfier  à  la  surface  du  mercure, 
où  le  nitrate  entraîné  continue  à  fermenter. 

Le  14,  la  fermentation  est  moins  tumultueuse. 

Le  16,  elle  est  très  ralentie. 

Le  20,  elle  est  à  peine  sensible. 

Le  23,  elle  est  nulle;  on  met  fin  à  Texpérience. 

A  ce  moment,  la  plus  grande  partie  du  gaz  est  dans  Téprouvetle, 
en  contact  avec  une  petite  quantité  de  liquide  fermenté;  le  reste 
est  dans  Tappareil,  à  la  place  du  bouillon  que  la  mousse  a  entraîné. 
Pour  recueillir  ce  dernier  gaz,  on  relie  par  un  caoutchouc  le  tube  a 
avec  un  réservoir  plein  de  mercure,  et  Ton  brise  la  pointe;  en 
pénétrant  dans  le  ballon,  le  mercure  chasse  le  gaz  dans  une 
éprouvette  disposée  à  cet  effet. 

Ces  deux  volumes  gazeux  sont  mesurés  à  zéro  degré  dans  la 
glace  fondante;  pour  tenir  compte  de  la  pression  propre  à  la 
vapeur  du  liquide  fermenté,  on  la  détermine  directement  dans 
un  baromètre  mouillé  dont  la  chambre  est  recourbée  et  entourée 
de  glace  fondante. 

pétrole  fait  monter  le  mercure  dans  le  tube  B;  en  même  temps  un  flotteur  en  verre  F, 
\  lesté  en  m,  et  dont  les  mouvements  sont  facilités  par  quelques  gouttes  d*eau  glycé- 

rinée,  se  soulève  et  vient  fermer  plus  ou  moins  l'orifice  d'arrivée  du  gaz.  L'obturation 
est  obtenue  à  l'aide  d*un  disque  de  verre  D,  relié  au  flotteur  par  un  petit  ressort  en 
spirale  r  ;  une  tige  métallique  t,  qu'on  peut  élever  ou  abaisser  à  volonté,  permet  de 
laisser  entre  le  tube  i\  gaz  G  et  le  disque  D,  l'ouverture  nécessaire  à  l'entretien  de  la 
flamme  minimum  du  bec.  On  règle  à  des  températures  plus  en  moins  élevées,  en 
remontant  plus  ou  moins  le  tube  C,  qui  est  maintenu  dans  l'axe  de  l'appareU  à  l*aide 
d'une  couronne  de  bourrelets  de  verre  h. 
Cet  appareil  est  d'une  très  grande  sensibilité. 


KKCHËRCHES  SUR  LA  RÉDUCTION  DES  NITRATES.  245 

Quant  au  liquide  fermenté,  on  s  assure  qu'il  ne  renferme  plus 
de  nitrate,  et  on  Tulilise  pour  le  dosage  de  Tacide  carbonique 
dissous  ou  combiné  et  de  Tammoniaque  formée. 
Voici  les  données  de  l'expérience  actuelle  : 

Volume  de  l'appareil 155",8 

Densité  du  bouillon  nitrate 1014 

Richesse  du  bouillon  en  nitrate  de  potasse. . .     12b%000  par  litre. 
Poids  du  nitrate  dissous 1  ,870 

/  Azote 0*',259 

contenant  J  Oxygène  nitrique .      0  ,741 

\  Potasse 0  ,870 

Pour  déterminer  le  volume  à  0^  et  à  760  du  gaz  contenu  dans 
la  première  éprouvelte,  on  a  les  observations  suivantes  : 

Volume  lu  à  Oo 208" 

Pression  atmosphérique  réduite  à  0° 764''",0 

A  retrancher  : 
1*  Hauteur  du  mercure  dans  Téprouvette.  . .  31'«'",0  \ 
2^  Hauteur  en  mercure  du  liquide  fermenté.     1     ,4   >      S5    ,5 
3°  Tension  de  vapeur  k  0<>  id.  .3,1' 

Pression  du  gaz 728    ,5 

on  en  déduit  par  le  calcul  : 

Volume  du  gaz  à  0»  et  à  760 199",4 

La  composition  de  ce  gaz,  déduite  de  deux  analyses  concor- 
dantes, est  de  : 

Azote 93,91 

Acide  carbonique 6,09 

100,00 

On  a  de  même  pour  la  seconde  éprouvette  de  gaz  : 

Volume  lu  à  0" 23'%4 

Pression  atmosphérique  réduite  à  0<* 76 4""", 0 

A  retrancher  : 

1°  Hauteur  du  mercure  dans  Téprouvette.  • .  80""",0  \ 

2^  Hauteur  en  mercure  du  liquide  fermenté .  1     ,3  |      84     ,4 

3°  Tension  de  vapeur  à  0°             id.            .  3    ,1  ) 

Pression  du  gaz 679    ,6 

D'où  l'on  déduit  : 

Volume  du  ^z  à  Oo  et  à  760 20",9 


246  U.  GAYON  ET  G.  DUPETIT. 

Ce  gaz  est  composé  de  : 

Azote ; 97,67 

Acide  carbonique 2,33 


100,00 

Le  gaz  produit  par  la  fermentation  se  compose  donc  de  : 

Azote.  Acide  carbonique.  Total. 

!'•  éprouvette 187'%3  12",l  199",4 

2«  —         20  ,4  0,5  20  ,9 

Totaux 207  ,7  12,6  220  ,3 

A  ce  volume  d'acide  carbonique,  il  faut  ajouter  celui  qui  a 
été  retenu  dans  le  liquide  fermenté.  Or,  50  centimètres  cubes 
de  ce  liquide,  traités  par  Tacide  phlorhydrique  dans  le  vide, 
ont  donné  159  centimètres  cubes  d'acide  carbonique  pur,  me- 
suré à  O''  et  à  760;  les  155''%8  de  bouillon  en  contenaient  donc 

159X^=496^4. 
On  a  par  conséquent  : 

Acide  carbonique  gazeux 12'%6 

Id.  dissous  ou  combiné 495,4 


Total 508,0 

Si  Ton  suppose  que  tout  Tazote  du  nitrate  se  dégage  à  Tétat  de 
gaz  et  que  tout  Toxygène  nitrique  donne  un  volume  d'acide  carbo- 
nique égal  au  sien,  on  pourra  calculer  les  volumes  théoriques  et 
les  rapprocher  des  volumes  donnés  par  Texpérience,  comme  il  est 
fait  dans  le  tableau  suivant  : 

Volumes  calculés  (*).         Volumes  trouvés. 

Azote 206"  207",7 

Acide  carbonique 515  508  ,0 

57 .  Ces  nombres  sont  assez  voisins  pour  qu'on  puisse  admettre 
que  la  réaction  se  passe  suivant  la  formule  simple  : 

2(AzO»,KO)  4-  5C  =2Az  +  2(2C0*,K0)  -h  C0% 

le  carbone  étant  emprunté  à  la  matière  organique  du  bouillon. 


(1)  On  a  pris  pour  le  poids  du  litre  d'azote  le  nombre  l>%t56,  et  pour  rapport  des 

5     vol  0^ 
volumes  d'oxygène  nitrique  et  d'azote  le  nombre  |=^  .  .- . 


RECHERCHES  SUR  LA  RÉDUCTION  DES  NITRATES.  247 

L'acide  carbonique  non  combiné  à  Tétat  de  bicarbonate  de 
potasse  s'unirait  en  partie  à  Tammoniaque  formée  pendant  la 
réaction;  une  autre  partie  se  trouverait  en  solution  dans  le 
bouillon  et  le  reste  se  dégagerait  à  Tétat  gazeux. 

Il  se  fait  en  effet  de  Tammoniaque,  car  on  trouve^  à  Taide  de 
Fappareil  de  M.  Schlœsing  : 

Par  litre.  Total. 

Ammoniaque  dans  le  bouillon  fermenté 493"'  76"*,8 

Id.  id.  non  ensemencé 19  3   ,0 

Id.         formée  pendant  la  réaction ....    474  73    ,8 

58.  Voici  les  résultats  d'une  autre  expérience  faite  aussi  à  35'' 
avec  le  B.  denitrificans  a,  commencée  le  39  janvier  et  terminée 
le  9  février  suivant  : 


Volume  du  liquide  employé 60" 

Poids  de  nitrate  de  potasse 0'%725 

Î  Azote 0«',100 
Oxygène  nitrique.  0  ,287 
Potasse 0  ,338 

Volume  et  composition  du  gaz  recueilli  : 

Azote 95,84        soit        83-%0 

Acide  carbonique 4,16  3  ,6 

100,00      Total.  86  ,6 
Volume  d'acide  carbonique  extrait  du  bouillon  fermenté  :  ^00'^ 

Comparaison  entre  les  volumes  calculés  et  les  volumes  trouvés  : 

Volumes  calculés.  Volumes  trouvés. 

Azote 80'*  83",0 

Acide  carbonique 200  203,6 

Dosage  de  Tammoniaque  : 

Dans  le  liquide  fermenté 577"'«  par  litre. 

Dans  le  liquide  non  ensemencé 19         — 

Ammoniaque  formée  dans  la  réaction. .    558'"<  par  litre. 
Soit  33"»,5  pour  le  bouillon  employé. 

59.  Citons  encore   Texpérience  suivante,  relative   aussi  au 


248  .  U.  GAYON  ET  G.  BUPETIT. 

Badermm  denilrificans  ol,  commencée  le  29  janvier  et  terminée 
le  4  février  suivant  : 

Température  de  l'expérience Sb^ 

Volume  du  bouillon  nitrate 157**" 

Poids  du  nitrate  de  potasse  employé 1«%884 

/  Azote 0«',261 

contenant  |  Oxygène  nitrique.     0  ,746 

(  Potasse 0  ,877 

Volume  et  composition  du  gaz  recueilli  : 

Azote 90,82        soit      225'%5 

Acide  carbonique 9,18  22  ,8 

100,00      Total.  248  ,3 

Volume  de  Tacide  carbonique  dissous 498"  ,0 

Id.  id.  dégagé 22    ,8 


Volume  total  de  l'acide  carbonique  produit 520   ,8 

Comparaison  entre  les  volumes  calculés  et  les  volumes  trouvés  : 

Calculés.  Trouvés. 

Azote 208",0         225",5 

Acide  carbonique 520  ,0         520  ,8 

Ammoniaque  formée  pendant  la  réaction  :  576">  par  litre. 
Soit  90'"«,4  pour  le  bouillon  total. 

60.  Enfin,  dans  la  dernière  expérience  que  nous  rapportons, 
l'ensemencement  a  été  fait  le  27  février;  on  a  recueilli  successi- 
vement quatre  éprouvettes  de  gaz  jusqu'à  la  fin  de  la  fermentation, 
arrivée  le  9  mars.  La  température  était  toujours  de  35"*. 

Volume  du  ballon 151'*^ 

Poids  du  nitrate  de  potasse U'',832 

/  Azote 0«'',254 

contenant  \  Oxygène  nitrique. .     0  ,726 

\  Potasse 0  ,852 

Volumes  de  gaz  dégagés  dans  les  quatre  éprouvettes  : 

l"**  éprouvetle    2«éprouvetle    3«  éprouvelte      4*  éprouvctte       Gai  lolal 

Azote 70",1  77«,8  49",5  20'%3         217^7 

Acide  carbonique.      5  ,9  5  ,2  3  ,2  0  ,3  H  fi 

Totaux...     76  ,0  83  ,0  52  ,7  20  ,6         232  ,3 

L'acide  carbonique  dissous  ou  combiné  n'ayant  pas  été  dosé 


RECHERCHES  SUR  LA  RÉDUCTION'  DES  MTRATES.  249 

exactement,  on  ne  peut  comparer  que  les  volumes  d'azote.  On  a 
ainsi  : 

Volume  d'azote  calculé 202'',0 

Id.  trouvé 217  ,7 

Ammoniaque  produite  pendant  la  réaction  :  570"'5  par  litre. 
Soit  ST""»  pour  le  bouillon  mis  en  expérience. 

61.  Résumons  les  quatre  expériences  précédentes,  et  nous 
aurons  le  tableau  suivant  : 


Pciiils  de  nitrate 
•lëcomi»osé. 

Volume 
calculé. 

d'azote 
irouv»'. 

Vitlume  d' 
ralculé. 

nride 

carbonique 
trouv»'. 

Ammoniaque 

formée. 

1«',870 

206'' 

2or\i 

515",0 

508'',0 

73-»,8 

0  ,725 

80 

83   ,0 

200   ,0 

203   ,6 

33    ,5 

1  ,884 

203 

225  ,5 

520  ,0 

520  .8 

90    ,t 

1  ,832 

202 

217  ,7 

» 

» 

87    ,0 

6  ,311  696  733  ,9  1235  ,0  1232  ,4  284  ,7 

On  en  déduit  comme  moyenne,  pour  un  gramme  de  nitrate  de 
potasse  décomposé  : 

Calculé.  Trouvé.  Différences.    • 

Azote 110",3        116"  ,3        6'%0  soit  5,4  «/«  en  plus. 

Acide  carbonique .  275  ,7        275    ,2        0  ,5    —   0,2  o/o  en  moins. 
Ammoniaque >  45'"«,1 

62.  On  voit  que  la  différence  entre  le  volume  théorique  et  le 
volume  trouvé  d'acide  carbonique  est  négligCctble;  tout  Toxygène 
de  Tacide  nitrique  peut  donc  être  considéré  comme  combiné 
avec  le  carbone  de  la  matière  organique  du  bouillon.  Quant  à 
l'azote,  récart  entre  le  volume  trouvé  et  le  volume  calculé 
d'après  la  formule  écrite  plus  haut  ne  peut  s'expliquer  en  entier 
par  des  erreurs  d'analyse;  Texcès  provient  donc  de  la  matière 
organique  azotée  du  liquide. 

63.  On  le  vérifie  d'ailleurs  autrement.  Supposons,  en  effet,  que 
la  matière  organique  azotée  du  bouillon  ail  la  composition  habi- 
tuelle des  matières  albuminoïdes  (^).  Comme  pour  faire  275"7 


(«)                                            Carbone ;i.4.3 

Hy(l^og^ne 7.1 

Azole i3,N 

OxygtMie 21.0 

Soufre 1,8 


100.00         {Dictionnaire  de  Wiirlz) 
T.  II  (3*  Série).  17 


2S0  U.  GAYON  ET  G.  DUPETIT. 

d'acide  carbonique  à  0°  et  à  760,  correspondant  à  1  gramme 
d'azotate  de  potasse,  il  faut  0*',i48  de  carbone  (*),  le  bouillon 
devra  contenir  0«%273  de  matières  albuminoïdes,  qui  se  décom- 
posent ainsi  : 

carbone 0",148 

Azote 0  ,043 

Hydrogène,  oxygène  et  soufre 0  ,082 

Total 0  ,273 

Or,  pendant  la  fermentation,  il  s'est  fait  45™*, 1  d'ammoniaque 
renfermants?  milligrammes  d'azote.  Il  reste  donc  43 — 37=6  milli- 
grammes d'azote  non  combiné  à  l'hydrogène,  et  pouvant 
donner  4*^%8  d'azote  gazeux  (^).  Ce  chiffre,  très  peu  différent  de  6,0, 
justifie  donc  l'excès  de  gaz  azote  trouvé  dans  nos  expériences. 

64.  En  résumé,  si  l'on  ne  considère  que  le  nitrate,  la 
formule  déjà  admise  : 

2(AzOSKO)  +  8C  =  2Az  +  2(K0,2C0')  4-  CO* 

est  bien  celle  de  la  réaction. 

Il  en  résulte  une  conséquence  importante  au  point  de  vue  de 
la  richesse  que  doivent  avoir  les  liquides  de  culture  en  matière 
organique.  En  effet,  nous  venons  de  voir  que,  pour  utiliser  tout 
l'oxygène  nitrique  de  l'azotate  de  potasse,  il  faut  au  moins 
0*'148  de  carbone  ou  0*^'273  de  matières  albuminoïdes  pour 
un  gramme  de  sel.  Nos  solutions  étant  faites  généralement  à  la 
dose  de  lU  grammes  de  nitrate  par  litre,  il  taul  que  les  bouillons 
renferment  au  moins  ^1«^,1S  de  matière  azotée  par  litre.  Si  l'on  y 
ajoute  le  poids  des  autres  matières  organiques  et  des  matières 
minérales,  l'extrait  devra  atteindre  4  à  5  grammes  au  moins  par 
litre.  Or,  le  bouillon  de  bœuf  qui  nous  a  servi  jusqu'ici  en 
renferme  16^^,40,  ce  qui  est  plus  que  suffisant.  Il  est  peu  de 


(»)  On  prend  pour  poids  du  litre  d'acide  carbonique  1»%293X1»52®— ï«  ,977 

(*)  On  néglige  ce  que  le  microbe  a  pu  utiliser  pour  sa  multiplication,  car  le  poids 

formé  est  exirèmement  faible,  il  a  pu  d'ailleurs  emprunter  de  l'azote  à  de  la  matière 

albuminoïdc  non  oxydée. 


RECHKIICHES  SUK  LA  RÉDUCTrON  DES  NITRATES.  251 

microbes  aussi  exigeants  que  ceux  qui  nous  occupent,  et  nous  en 
voyons  la  raison. 

65.  Influence  de  la  concenlration  du  bouillon.  —  D'après  ce 
qui  précède,  en  affaiblissant  un  bouillon  avec  de  Peau,  on  doit 
diminuer  la  dose  de  nitrate  décomposable.  C'est  aussi  ce  qui  est 
arrivé  dans  Texpérience  suivante  : 

Le  23  mai,  on  ensemence  également  avec  du  B.  d^nitrificans  % 
deux  appareils  de  culture  contenant  : 

a  Bouillon  de  bœuf  de  densité  1014  (*). 

Nitrate  de  potasse,  10  grammes  par  litre. 
h  Bouilon  de  bœuf  étendu  au  quart  {d  =  1004). 

Nitrate  de  potasse,  10  grammes  par  litre. 

A  la  température  de  35  degrés,  la  fermentation  a  été  plus  lente 
et  moins  énergique  avec  b  qu'avec  a;  le  29,  elle  éfôit  terminée 
dans  les  deux  appareils. 

On  a  obtenu  comparativement  : 

a  b 

Volume  de  l'appareil 162''  156" 

Nitrate  restant  par  litre 0«',130  6»',300 

Nitrate  décomposé  par  litre 9  ,870  3  ,700 

Poids  total  de  nitrate  décomposé  .  1   ,599  0  ,577 

Volume  total  du  gaz  dégagé 210''  ,3  60",5 

Azote          —           —             187  ,9               » 

Acide  carbonique     —            22  ,4               » 

11  a  donc  suffi  d'ajouter  de  Tenu  distillée  au  bouillon  pour  le 
priver  d'une  partie  du  carbone  nécessaire  à  Tutilisation  de  tout 
Toxygène  nitrique. 

66.  En  restituant  ce  carbone  sous  une  autre  forme,  on  pourra 
espérer  que  la  fermentation  du  nitrate  sera  totale.  Pour  le 
vérifier,  nous  avons  essayé  d'emprunter  ce  corps  à  des  matières 
non  azotées,  telles  que  glucose,  amidon,  lactate  de  chaux. 

L'expérience  a  été  Taite  à  33  degrés,  dans  les  appareils  de  la 
figure  8,  avec  le  même  bouillon  étendu  au  quart  que  celui 


{})  Ce  bouillon  est  préparé  par  rébuUilion,  pendant  une  lieurr,  d'une  partie 
viande  de  bœuf  désossée  et  dégraissée  dans  deux  parties  eau. 


k 


282  U.  GAYON  ET  G.  DUPETIT. 

de  b  dans  Texpérience  précédente,  et  le  B.  deniirificans  %  pour 
semence. 
Le  20  mai,  on  a  ensemencé  : 

Bouillon  de  bœuf  étendu  {d  =  1004). 
a  \  Glucose,  5  «/o. 

Nitrate  de  potasse,  10  grammes  par  litre. 
Bouillon  de  bœuf  étendu  (d  =  1004). 
h  \  Amidon,  2  %. 

Nitrate  de  potasse,  10  grammes  par  litre. 
î  Bouillon  de  bœuf  étendu  {d  =  1004) 
c  I  Lactate  de  chaux,  5  ^/o. 
{  Nitrate  de  potasse,  10  grammes  par  litre. 

La  fermentation  ne  s'est  établie  que  dans  a  et  b;  elle  a  été 
terminée  le  29;  le  bouillon  c  est  resté  limpide.  Le  liquide 
glucose  n'a  nullement  Todeur  butyrique;  Tamidon  s'est  fluidifié  et 
le  bouillon  est  devenu  presque  transparent. 

Le  résultat  est  celui-ci  : 

a  b 

Volume  de  l'appareil 156"  136'' 

Nitrate  restant  par  litre O5'",000  5«%250 

Nitrate  décomposé  par  litre 10  ,000  4  ,750 

Poids  total  de  nitrate  décomposé.  .    1   ,560  0  ,646 

Volume  total  du  gaz  dégagé 240"  ,3  66"  ,3 

Azote        —             —            181  ,9  » 

Acide  carbonique    —            58  ,4  » 

Le  poids  total  de  glucose  détruit  a  été  de0^'',952. 

67.  Si  Ton  rapproche  ces  nombres  de  ceux  de  rexpérience 
précédente,  on  voit  que  les  éléments  du  glucose  peuvent  se 
substituer  à  ceux  du  bouillon,  pour  conduire  jusqu'à  la  fin  la 
décomposition  du  nitrate.  L'amidon,  au  contraire,  n'a  produit 
aucun  effet,  car  la  fermentation  n'a  pas  été  poussée  plus  loin 
qu'avec  le  bouillon  étendu  seul  ;  bien  que  devenu  soluble,  sans 
doute  sous  l'action  de  diastases  sécrétées  par  le  microbe,  il  n'a 
pas  été  saccharifié,  et  n'a  pas  pu  s'oxyder  en  réduisant  le  salpêtre. 
Quant  au  lactate  de  chaux,  il  n'a  même  pas  permis  le  développe- 
ment du  ferment. 

68.  Le  Bacterhim  deniirificans  g,  quoique  moins  actif  que 


RECHERCHES  SUR  LA  RÉDUCTION  DES  NITRATES.  253 

Tautre,  décompose  néanmoins  une  assez  forte  proportion  de 
salpêtre,  et  donne  très  sensiblement  les  mêmes  produits,  avec  le 
bouillon  de  bœuf,  ainsi  qu'on  peut  en  juger  par  Texpérience 
suivante  : 

Le  28  janvier,  on  ensemence  un  appareil  {fig.  8)  contenant  du 
bouillon  de  bœuf  nitrate  à  la  dose  de  12  grammes  de  sel  par  litre, 
et  on  le  place  à  la  température  constante  de  35  degrés. 

Le  29,  trouble  léger;  pas  de  bulles. 

Le  3U,  le  trouble  a  augmenté;  un  peu  de  mousse  dans  le  tube 
abducteur. 

La  fermentation  s'est  établie  peu  à  peu;  elle  a  atteint  son 
maximum  le  10  février;  puis  elle  s'est  ralentie,  et,  le  26  février, 
elle  était  terminée.  Le  nitrate  de  potasse  n'était  pas  entièrement 
détruit;  il  en  restait  2^,550  par  litre;  il  en  avait  été  décomposé 
9e^',450  par  litre. 

On  a  : 

Volume  du  ballon 136" 

Poids  total  de  nitrate  détruit. P\285 

Volume  et  composition  du  gaz  dégagé  : 

Azote 143'%4        soit    83,15 

Âcide  carbonique 29  ,0  16,85 

Total 172  ,4  100,00 

Le  volume  calculé  d'azote  est  de  liS'^^l,  très  voisin  du  volume 
trouvé. 

Il  ne  s'est  pas  fait  de  protoxyde  d'azote. 

Le  poids  d'ammoniaque  n'a  été  que  de  187  milligrammes  par 
litre,  soit  25"^,4  pour  le  volume  de  bouillon  fermenté. 


254  U.  GAYON  ET  G.  DUPETIT. 

II.  —  Production  de  protoxyde  d'azote. 

69.  Nous  avons  trouvé  (page  232)  que  les  B.  denitrificans  {ol  et  ^) 
se  développent  très  bien  et  donnent  une  mousse  abondante  dans 
le  liquide  artificiel  ainsi  composé  : 

Nitrate  de  potasse 10»' 

Acide  citrique 7 

Asparagine 5 

Phosphate  de  potasse 5 

Sulfate  de  magnésie 5 

Chlorure  de  calcium  cristallisé. .        0,50 

Sulfate  de  protoxyde  de  fer 0,05 

Sulfate  d'alumine 0,02 

Silicate  de  soude 0,02 

Eau 1000 

Ammoniaque q.  s.  poir  neutraliser. 

Considérons  d'abord  Faction  du  microbe  a.  Avec  lui,  le  nitrate 
est  rapidement  décomposé;  mais,  au  lieu  de  donner  de  Tazote  pur, 
il  dégage  du  protoxyde  d'azote  en  quantité  telle,  que  le  gaz, 
débarrassé  de  son  acide  carbonique,  peut  rallumer  une  allumette 
présentant  quelques  points  en  ignition. 

70.  L'appareil  de  la  figure  8,  que  nous  avons  déjà  employé 
pour  le  bouillon  de  viande,  va  encore  nous  servir  pour  étudier  la 
composition  exacte  du  gaz  dégagé,  et  rechercher  l'influence  de 
quelques  conditions  particulières  sur  cette  composition. 

Le  27  février,  un  de  ces  appareils  est  rempli  de  liquide  artificiel 
stérilisé,  ensemencé  avec  du  B.  denitrificans  a,  et  placé  dans  un 
bain-marie  à  la  température  constante  de  Sf)  degrés. 

Un  autre  appareil  contenant  le  même  liquide  artificiel,  mais 
sans  nitrate,  est  ensemencé  comme  le  premier,  et  disposé  à  côté 
de  lui  ;  il  est  resté  parfaitement  limpide  jusqu'à  la  fin  de  l'expé- 
rience. C'est  une  nouvelle  preuve  que  le  milieu  dont  il  s'agit  est 
impropre  au  développement  du  microbe. 

Le  28,  à  8  heures  du  matin,  léger  trouble;  pas  encore  de 
bulles;  à  6  heures  du  soir,  le  liquide  est  très  trouble,  et  le  gaz 
commence  à  se  dégager. 


i 


RECHERCHES  SUR  LA  RÉDUCTION  DES  NITRATES.  25S 

Le  1^'  mars,  la  fermentation  est  très  active;  elle  s'affaiblit  dès 
le  lendemain,  et,  le  9,  elle  a  cessé  complètement. 
Tout  le  nitrate  a  disparu. 
Voici  les  données  et  les  résultats  de  Texpérience  : 

Volume  de  l'appareil 153",8 

De  asité  du  liquide  artificiel 1021 

Richesse  du  liquide  en  nitrate  de  potasse. .     10«%340  par  litre  (*). 
Poids  total  de  nitrate  employé 1  ,590 

I  Azote 08',220 
Oxygène  nitrique.  0  ,630 
Potasse 0  ,740 

Le  gaz  a  été  recueilli  dans  deux  éprouvettes;  les  lectures,  fentes 
à  0  degré,  ont  été  ramenées  à  la  pression  de  760. 

On  s'est  assuré,  dans  chaque  cas,  de  Fabsence  du  bioxyde 
d'azote,  et  Ton  a  dosé  le  protoxyde  en  l'absorbant  par  de  Talcool 
absolu  préalablement  bouilli  et  conservé  dans  des  ampoules 
scellées. 

Composition  en  centièmes  : 

i""»  éprouTette.  2«  êprouvctte. 

Azote 38,70  40,43 

Protoxyde  d^azote 49,10  40,96 

Acide  carbonique 12,20  18,61 

d'où  pour  les  volumes  recueillis  : 

1"  éprouvelte. 

Azote 47",8 

Protoxyde  d'azote  . .      60  ,7 
Acide  carbonique...      15  ,1 

Totaux 123  ,6  33  ,2  156  ,8 

Dosage  de  Tammoniaque  : 

Dans  le  liquide  fermenté 2«',414  par  litre. 

—  —       non  ensemencé 1  ,887      — 

Ammoniaque  formée  pendant  la  réaction.     0  ,527      — 

soit  81"*,i  pour  le  volume  total  du  liquide  employé. 


100,00 

100,00 

2«  éprouvelle. 

Gaz  total. 

13",  4 

61",2 

13   ,6 

74   ,3 

6  ,2 

21   ,3 

(^)  Ce  nombre  diffère  un  peu  de  celui  qui  est  indiqué  dans  le  tableau  de  la  compo- 
sition du  liquide  artificiel,  parce  que  la  stérilisation^  qui  est  faite  à  Tautoclave  dans 
des  flacons  bouchés  seulement  avec  du  coton,  modifie  légèrement  la  proportion 
d'eau. 


256  II.  GAYOX  ET  G.  DUPETIT. 

Les  gaz  dissous  et  Pacide  carbonique  combiné  dans  le  liquide 
n*ont  pas  été  mesurés  directement;  mais  on  peut  admettre,  sans 
erreur  sensible,  les  proportions  de  Texpérience  suivante  (71),  qui 
a  été  faite  dans  les  mêmes  conditions.  On  trouve  ainsi  : 

Protoxyde  d'azote 29'^%9 

Acide  carbonique 414  ,4 

On  en  déduit  pour  la  composition  des  produits  gazeux  de  la 
réaction  : 

Azote 61",2 

Protoxyde  d'azote 104  ,2 

Acide  carbonique 435  ,7 

71.  Le  12  mars,  on  répète  l'expérience  avec  le  même  microbe, 
dans  un  appareil  que  nous  désignerons  par  la  lettre  A. 
Le  18,  la  fermentation  est  achevée  : 

Volume  de  l'appareil 141" 

Poids  du  nitrate  de  potasse  employé 1«%385 

Î  Azote 0«^192 
Oxygène  nitrique.    0  ,549 
,  Potasse 0  ,644 

Volume  total  et  composition  du  gaz  dégagé  : 

Azote 63",6        soit     48,03 

Protoxyde  d  azote 54,4  41,09 

Acide  carbonique....       14  ,4  10,88 

132  ,4  100,00 

Gaz  dissous  et  acide  carbonique  combiné  : 

Protoxyde  d'azote 27*^%  4 

Acide  carbonique 379  ,9 

Les  produits  gazeux  de  la  réaction  sont  donc  formés  de  : 

Azote 63'%6 

Protoxyde  d'azote 81  ,8 

Acide  carbonique 394  ,3 

Ammoniaque  formée  pendant  la  fermentation  :  459*"^  par 
litre,  soit  64™^,7  pour  le  volume  de  liquide  artificiel  employé. 


RFXHERCHES  SUR  LA  RÉDUCTION  DES  NITRATES.  257 

72.  Le  protoxyde  d'azole  renfermant  son  volume  d'azoie,  on 
obtiendra  le  volume  total  de  Tazote  dégagé,  libre  ou  combiné  avec 
Foxygène,  en  faisant  la  somme  Az  +  AzO;  si  Ton  rapproche 
alors  les  résultats  de  Texpérience  des  volumes  calculés,  on  trouve  : 


Poids  de  nitrate 
décomposé. 

1«',590 

1  ,385 

2  ,975 


Volume  d'azote 

calculé.  trouvé. 

175'%0  165",4 

152  ,7  145   ,4 


V^.2"Jî;ejracidewi^ique^    Ammoniaque 
calculé.  trouvé.  ^""^''^ 


437",5 
381  ,7 


435",7 
394  ,3 


8rsi 

64    ,7 


327  ,7  310  ,8 


819  ,2  830  ,0  145    ,8 


La  moyenne  de  ces  résultats  donne,  pour  un  gramme  de  sel 
décomposé  : 

Calculé.  Trouvé.      Différences. 

Azote 110'%2        104'^5       5",7      soit  5,1  o/o  en  moins. 

Acide  carbonique..     275  ,7        279  ,0        3  ,3        —  1,2  ^/o  en  plus. 
Ammoniaque »  49"*,0 

Comme  dans  la  fermentation  du  bouillon  nitrate,  la  différence 
entre  le  volume  calculé  et  le  volume  trouvé  d'acide  carbonique 
est  peu  importante;  on  peut  admettre  que  tout  Toxygène  nitrique 
sert  à  brûler  le  charbon  de  la  matière  organique  du  milieu.  Le 
poids  d'ammoniaque  formée  est  sensiblement  le  même  dans  le 
liquide  artificiel  que  dans  le  bouillon.  Quant  à  Tazote,  au  lieu  de 
trouver  un  excès,  comme  à  la  page  249,  nous  avons  au  contraire 
un  déficit  de  5  pour  cent,  qui  tient  sans  doute  à  la  composition 
spéciale  du  liquide.  Nous  n'avons  pas  contrôlé  cette  hypothèse, 
parce  que  notre  but  principal,  dans  ces  expériences,  était  de 
constater  la  formation  de  protoxyde  d'azote  dans  des  conditions 
déterminées  de  milieu  et  de  rechercher  quelques  circonstances 
pouvant  influer  sur  sa  proportion. 

73.  1°  Influmce  de  la  température.  —  Le  12  mars,  on  dispose 
un  appareil  à  fermentation  B,  sur  la  table  du  laboratoire,  à  la 
température  ordinaire,  dont  la  moyenne  a  été  de  15  degrés.  Cet 
appareil  renferme  le  même  liquide  artificiel,  la  même  quantité  de 
la  même  semence,  et  est  installé  en  même  temps  que  l'appareil  Â 
de  l'expérience  précédente,  lequel  a  été  mis  à  35  degrés. 


258  U.  GAYON  ET  6.  IWJPETIT. 

La  fermentation  s*est  établie  lentement. 

Le  17,  le  liquide  est  opalin;  la  mousse  commence  à  se  former. 

Le  26,  le  liquide  est  trouble;  le  gaz  se  dégage  faiblement. 

Le  10  avril,  le  dégagement  a  cessé,  bien  quMl  reste  dans 
l'appareil  beaucoup  de  nitrate  de  potasse  non  décomposé. 

Voici,  par  comparaison  avec  l'appareil  maintenu  à  35  d^rés, 
le  volume  et  la  composition  du  gaz  recueilli  : 

A  :  «  =  35».    B  :  /  =  IS». 
Volume  total  dégagé 132"  ,4         58",0 

Composition  centésimale  : 

Azote 48,03  60,35 

Protoxyde  d'azote 41 ,09  16,55 

Acide  ckrboaique 10,88  28,10 

100,00  100,00 

L'élévation  de  la  température  favorise  donc  la  production  du 
protoxyde  d'azote. 

74.  2®  Influence  de  la  quantité  de  semence.  —  A  la  même 
température,  et  dans  le  même  liquide,  on  peut  aussi  faire  varier 
la  proportion  du  protoxyde  d'azote;  il  suffit,  pour  cela,  d'une 
modification  en  apparence  insignifiante  dans  le  détail  de  la  mise 
en  marche  de  la  fermentation. 

Ainsi,  le  12  mars,  on  a  placé  à  côté  de  l'appareil  A  ci-dessus, 
dans  le  même  bain,  à  la  température  de  35  degrés,  un  appareil 
semblable  C  ;  mais,  tandis  que  A  a  reçu  10  gouttes  de  semence, 
C  n'en  a  reçu  qu'une  goutte. 

Le  13,  alors  que  A  dégageait  déjà  du  gaz,  C  commençait  à 
peine  à  se  troubler. 

Le  lendemain  14,  la  fermentation  était  très  active  dans  les 
deux  appareils;  elle  était  achevée  dans  Tun  et  l'autre,  le  17. 

Il  y  a  donc  eu  seulement  du  retard  dans  le  départ  de  la 
fermentation,  et  cependant  la  production  de  protoxyde  d'azote 
a  été,  toutes  choses  égales  d'ailleurs,  beaucoup  plus  abondante 
dans  C  que  dans  A^  ainsi  que  le  montre  la  comparaison  des 
résultats  obtenus  : 


RECHERCHES  SUR  LA  RÉBUCTION  DES  NITRATES.  259 

A  C 

Volume  total  du  fi^az  dégagé.      132",4  127",7 

Composition  centésimale  : 

Azote 48,03  13,31 

Protoxyde  d'azote 41 ,09  75,57 

Acide  carbonique 1 0,88  11,12 

100,00  100,00 

Ammoniaque  formée  par  litre.       459"«  476"^ 

Tandis  qu'avec  A  il  s'est  fait  moins  de  protoxyde  d'azote  que 
d'azote,  avec  C  il  y  en  a  eu  près  de  six  fois  plus. 

75.  3°  Influence  de  la  concentration.  —  Enfin,  la  concentration 
même  du  liquide  artificiel  fait  varier  la  composition  du  gaz  dégagé. 

Le  17  mai,  on  ensemence  avec  le  B,  denitrificans  %  et  on  met 
à  35  degrés  deux  ballons  contenant  : 

a  —  Liquide  artificiel  normal  (d  =  1021). 
b  —  Liquide  artificiel  étendu  {d  =  1012). 

La  fermentation  est  commencée  dès  le  lendemain  et  achevée 
le  20  dans  les  deux  appareils. 
Le  gaz  recueilli  est  ainsi  composé  : 

Dans  a.  Dans  b. 

Azote 35,24  61,89 

Protoxj^de  d'azote 47,68  31,83 

Acide  carbonique 17,08  6,28 

100,00  100,00 

La  proportion  relative  de  protoxyde  d'azote  augmente  ainsi 
avec  la  concentralion  comme  avec  la  température. 

76.  4°  Influence  de  la  nature  du  microbe.  —  Après  un  tel 
résultat,  on  ne  sera  pas  étonné  qu'en  changeant  de  microbe,  le 
liquide  et  la  température  restant  identiques,  on  puisse  voir  dispa- 
raître le  protoxyde  d'azote  lui-même.  Le  cas  se  présente  si  l'on 
prend  pour  semence   le  B.  denitrificans  g. 

Ainsi,  le  12  mars,  en  même  temps  que  les  appareils  A  et  C  (74), 
on  a  mis  à  35  degrés  un  ballon  D,  contenant  du  liquide  artificiel 
complet  et  ensemencé  avec  dix  gouttes  d'un  bouillon  où  le 
microbe  dont  il  s'agit  s'était  développé  :  A  et  H  sont  donc  tout  à 
fait  comparables. 


262  U.  CAYON  ET  G.  DUPETIT. 


CHAPITRE  III 


HËC&NISlfE  DE  LA  RÉDUCTION 


80.  Nous  avons  fréquemment  employé,  dans  les  chapitres 
précédents,  les  expressions  de  e:  rermentation  x»  et  de  c  ferment  »  ; 
il  nous  reste  à  examiner  si  elles  sont  justifiées. 

On  a  déjà  vu  que  la  réduction  des  nitrates  par  le  Baclerium 
denitrificans  (a  ou  P)  présente  les  caractères  extérieurs  d'une  véri- 
table fermentation  :  trouble,  mousse,  dégagement  de  gaz.  Déplus, 
le  poids  des  organismes  développés  est  infime  par  rapport  au  poids 
des  ^substances  détruites,  ce  qui  est  le  propre  des  ferments.  Enfin^ 
la  chaleur  dégagée  est  considérable,  comme  le  prouve  Texpérience. 

81.  Il  est  difficile  de  mesurer  toute  la  chaleur  produite  pendant 
une  fermentation,  parce  que  le  phénomène  est  lent  et  que  les 
pertes  par  rayonnement,  par  conductibilité  ou  par  toute  autre 
cause,  compensent  en  grande  partie  l'élévation  de  température  due 
à  la  réaction.  Mais  on  peut  avoir  une  première  approximation,  un 
minimum,  en  déterminant  une  fermentation  énergique  à  Taide 
d'une  semence  active  et  abondante^  et  en  opérant  sur  de  grands 
volumes  de  liquide,  dans  des  vases  peu  conducteurs  ou  protégés 
contre  le  refroidissement  par  une  couche  isolante  de  laine  ou  de 
colon. 

82.  Voici  une  expérience  disposée  avec  ces  précautions  : 

Un  grand  ballon  en  verre,  de  six  à  sept  litres  de  capacité,  est 
fermé  par  un  bouchon  percé  de  trois  trous  {fin.  12),  par  où 
passent  :  1""  un  tube  D  deux  fois  recourbé  et  effilé  en  e/,  destiné 


RECHERCHES  SUR  LA  RÉDUCTION  DES  NITRATES.  ^63 

au  remplissage  et  à  rensemeDcement  ;  ^  un  tube  coudé  C^  muni 
d'une  bourre  de  coton  fr,  pour  Taspiration;  3°  un  tube  à  essai  ordi- 
naire A,  dont  le  fond  pénètre  jusqu'au  centre  du  ballon  :  ce  tube 


Ficf.  12 . 

renferme  un  peu  de  mercure  où.  plonge  un  thermomètre  T,  destiné 
à  mesurer  les  températures  du  liquide. 

L'ensemble  peut  être  chauffé  à  200  degrés  dans  un  poêle  à  gaz, 
si  cela  est  nécessaire.  Après  refroidissement,  on  introduit  Fextré- 
mité  ouverte  du  tube  a  dans  un  réservoir  contenant  le  liquide  de 
culture,  préalablement  stérilisé,  et  Ton  aspire  par  le  tube  C.  On 
remplit  ainsi  lentement  le  ballon,  jusqu  à  une  certaine  distance  du 
col,  de  façon  à  laisser  de  la  place  à  la  mousse  produite  pendant 
la  fermentation. 

Le  17  octobre,  on  prépare,  comme  on  vient  de  le  dire,  quatre 
ballons  contenant  respectivement  : 

B, .  du  bouillon  de  bœuf  k  10  grammes  de  nitrate  de  potasse  par  litre  ; 
Bi,  de  Teau  pure; 

B',  du  liquide  artificiel  renfermant  15  grammes  de  salpêtre  par  litre; 
B'i,  de  Teau  pure. 

Chaque  ballon,  muni  d'un  thermomètre  contrôlé,  est  porté  à  la 
température  de  35  degrés;  B  et  B'  sont  ensemencés  largement 


262  U.  GAYON  ET  G.  DUPETIT. 


CHAPITRE  III 


HÉC&NISHE  DE  LA  RÉDUCTION 


80.  Nous  avons  fréquemment  employé,  dans  les  chapitres 
précédents,  les  expressions  de  <[  fermentation  p  et  de  €  ferment  >  ; 
il  nous  reste  à  examiner  si  elles  sont  justifiées. 

On  a  déjà  vu  que  la  réduction  des  nitrates  par  le  Baclerium 
denitrificans  (a  ou  P)  présente  les  caractères  extérieurs  d'une  véri- 
table fermentation  :  trouble,  mousse,  dégagement  de  gaz.  Déplus, 
le  poids  des  organismes  développés  est  infime  par  rapport  au  poids 
des  «substances  détruites,  ce  qui  est  le  propre  des  ferments.  Enfin, 
la  chaleur  dégagée  est  considérable,  comme  le  prouve  rexpérience. 

81.  Il  est  difficile  de  mesurer  toute  la  chaleur  produite  pendant 
une  fermentation,  parce  que  le  phénomène  est  lent  et  que  les 
pertes  par  rayonnement,  par  conductibilité  ou  par  toute  autre 
cause,  compensent  en  grande  partie  Télévation  de  température  due 
a  la  réaction.  Mais  on  peut  avoir  une  première  approximation,  un 
minimum,  en  déterminant  une  fermentation  énergique  à  Taide 
d'une  semence  active  et  abondante^  et  en  opérant  sur  de  grands 
volumes  de  liquide,  dans  des  vases  peu  conducteurs  ou  protégés 
contre  le  refroidissement  par  une  couche  isolante  de  laine  ou  de 
coton. 

82.  Voici  une  expérience  disposée  avec  ces  précautions  : 

Un  grand  ballon  en  verre,  de  six  à  sept  litres  de  capacité,  est 
fermé  par  un  bouchon  percé  de  trois  trous  {fuj,  12),  par  où 
passent  :  1°  un  tube  D  deux  fois  recourbé  et  eflilé  en  a,  destiné 


RECHERCHES  SUR  LA  REDUCTION  DES  MTHATF.S.         2C3 

au  remplissage  et  à  l'ensemencement;  S°  un  tube  coudé  G,  muni 
d'une  bourre  de  coton  b,  pour  l'aspiration;  3"  un  tube  à  essai  ordi- 
naire A,  dont  le  fond  pénètre  jusqu'au  centre  du  ballon  :  ce  tube 


Fi<f.je. 

renferme  un  peu  de  mercure  où  plonge  un  thermomètre  T,  destiné 
à  mesurer  les  températures  du  liquide. 

L'ensemble  peut  être  chauffé  à  200  degrés  dans  un  poêle  à  gaz, 
si  cela  est  nécessaire.  Après  refroidissement,  on  introduit  l'extré- 
mité ouverte  du  tube  a  dans  un  réservoir  contenant  le  liquide  de 
culture,  préalablement  stérilisé,  et  l'on  aspire  par  le  tube  C.  On 
remplit  ainsi  lentement  le  ballon,  jusqu'à  une  certaine  distance  du 
col,  de  façon  it  laisser  de  la  place  à  la  mousse  produite  pendant 
la  fermentation. 

Le  17  octobre,  on  prépare,  comme  on  vient  de  le  dire,  quatre 
ballons  contenant  respectivement  : 

B, .  du  bouillon  de  bœuf  a.  10  grammes  de  nitrate  de  potasse  par  litre; 

B,,  de  l'eau  pure; 

B',  du  liquide  artiSciel  renfermant  lô  grammes  de  salpêtre  par  litre  ; 

B',,de  l'eau  pure. 

Chaque  ballon,  muni  d'un  thermomètre  contrôlé,  est  porté  à  la 
température  de  :}5  degrés;  \i  et  B'  sont  ensemencés  largement 


264  U.  GAVON  ET  G.  DCPtTlT. 

avec  du  Baderium  denitrificans  a  pris  dans  un  bouillon  en  pleine 
fermentation;  B,  et  B',  doivent  servir  de  termes  de  comparaison. 


Fig.  13. 

tes  quatre  ballons  sont  alors  disposés,  comme  l'indique  la 
figure  13,  au  milieu  d'une  couche  épaisse  de  laine  L  dans  une 
cnisse  rectangulaire  en  bois,  à  l'intérieur  d'une  étuve  chauFTée  à  la 
température  moyenne  de  35  degrés. 

Le  tableau  suivant  donne  les  températures  observées  : 


BHlInil  t> 

Balln»  B, 

Ballon  B' 

Ballon  B', 

(bouilUm). 

(Paul.  ' 

(Hq.  arliHfiell 

Lel7,îi    e^SO-dusoir.. 

35;o 

35Î0 

35Î0 

35?Û 

Le  18,  !>    9  30    du  matin 

37,5 

34,0 

36,6 

34,0 

—       à  10  33           — 

37,7 

33,5 

37,4 

33,5 

—      Ml  30          — 

38,0 

33,5 

38,2 

33,9 

—      à    4  00    du  soir.. 

39,3 

33,8 

43,5 

34,0 

-      à   5  15          —      . 

39,3 

34,0 

44,0 

34,0 

—      à    6  45           —      . 

39,0 

34,0 

43,8 

34,0 

~      îi    8  30          —      . 

38,8 

34,0 

43.2 

34,0 

Le  19,  à  10  00   du  matin 

34,3 

39,0 

34,0 

—      &    3  30    du  soir.. 

36',5 

34,1 

37,8 

34,0 

Le  20,  à    9  00    du  matin 

35,4 

34,0 

35,1 

33,6 

Le  ai,  à   3  00   du  soir.. 

33,0 

32,5 

32,5 

32,1 

RECHEllCHES  SUR  LA  RÉDUCTION  DKS  NITRATKS.  265 

En  prenant  les  moyennes  de  B.  et  de  B\  et  les  retranchant 
respectivement  des  chiffres  trouvés  pour  B  et  pour  B',  on 
aura  les  excès  successifs  de  température  dus  à  la  fermentation, 
abstraction  faite  de  la  température  variable  de  Tétuve.  On  obtient 
ainsi  : 


Temps  ('roulé  depuis 
reiiscmcncemcut. 

0      heures ..... 

15  —     

17  —     

20  1/2  —     

22  3/4  —     

24  1/4  —     

26  —     

39  1/2  —     

45  —     

66  1/2  —     

92  1/2  —     


Températures 

muyennes 

deD,  et  B'i. 

35^00 

34,00 

33,50 

33,85 

34,00 

34,00 

34,00 

34,10 

34,05 

33,80 

32,30 


Exfès  de 
dans  0. 

o;o3 

.  3,50 
4,50 
5,45 

5,30 
5,00 
4,80 
4,60 
2.45 

« 

1,60 
0,70 


tcmp^îrature 

dans  B'. 
0^00 
2,60 
4,70 
9,65 

10,00 
9,80 
9,20 
4,90 
3,75 
1,30 
0,20 


83.  Ces  résultats  sont  représentés  d'une  manière  plus  saisis- 
sante par  les  courbes  de  la  figure  l^,  où  les  abscisses  sont 
proportionnelles  aux  temps  et  les  ordonnées  proportionnelles  aux 
excès  de  température. 


io 


tàO 


30,  iQ  60       .     QO  70 

Tmtps  eaprUnés  en  Heures, 


HO 


90 


ioo 


Fig  .14. 


T.  II  (3«  Série 


18 


206  U.  GAÏOS  KT  li.  DUPETIT. 

Un  voit  que  l'élévation  de  température,  dans  les  conditions  de 
notre  expérience,  a  atteint  : 

Pour  le  bouillon 5",^5 

Pour  le  liquide  artificiel 10",00 

84.  On  peut  prévoir,  par  le  calcul,  qu'il  doit  y  avoir  dégage- 
ment de  chaleur,  bien  que  la  décomposition  du  nitrate  de 
potasse  suivant  la  formule 

AzO'.KO  ^  Az  +  0'  +  KO 

se  fasse,  comme  on  sait,  avec  absorption  de  chaleur. 

Soit  d'abord  le  bouillon.  On  a  vu  que  le  carbone  de  la  matière 
albuininoïde  est  brûlé  par  l'oxygène  de  l'acide  nitrique,  et  que 
les  -n-  de  l'acide  carbonique  formé  donnent  du  bicarbonate  de 
potasse,  le  reste  de  l'acide  carbonique  se  retrouvant  à  l'état  libre 
dans  le  gaz  dégagé,  ou  en  solution  dans  la  liqueur,  ou  en  combi- 
naison avec  de  l'ammoniaque.  Si  l'on  ne  considère  que  les 
réactions  les  plus  importantes,  on  a  : 

2(KO,AzO')dl8S.  =  2KOdisa. +2AZ-H100...     —  28<^,1X2^—   56^.2 

&C(diamant)+10O  =  5CO'disfi +  49  ,8X5— +249  ,l) 

2K0di88. +  4C0'diss.  =2(KO,2CO')dis8 +11  ,1X2=+  22  ,2 

Total +215,0 

Pour  avoir  un  chiffre  exact,  il  faudrait  ajouter  au  précédent  les 
quantités  de  chaleur  provenant  de  toutes  les  autres  réactions,  et 
en  particulier,  de  la  décomposition  de  la  matière  organique  et 
de  la  formation  de  carbonate  d'ammoniaque.  Mais  cette  première 
approximation  est  suffisante  pour  montrer  le  sens  du  phénomèni; 
thermique. 

C'est  donc  au  minimum  -j-  =  \0T,^  qui  apparaissent  dans 


(•)  Ce  nombre  ic  calmle  ai 
hO.A/.lHili.ss. 


n  f.iiaant  la  ïoinmc  mcmlire  à  membre  ; 

Kll,.\iU»Jl-s,  =  Kililis>i.  +  .\/  +  :u 


UECHERCHËS  SUIl  LA  RI^IDUCTION  hKS  NiTRATKS.  267 

la  réduction  d'un  équivalent,  soit  de  101  grammes  de  salpêlre  ; 
admettons,  pour  simplifier,  une  Calorie  par  gramme  de  sel. 

Comme  notre  bouillon  renferme  10  gr.immcs  de  nitrate  de 
potasse  par  litre,  la  fermentation  lui  fournira  10  Calories  par  litre; 
et  comme,  pour  ce  liquide,  Pc  (*)  diffère  peu  de  Tunilé,  la 
température  devra  s'élever  de  10  degrés  environ.  Dans  la 
pratique,  Taugmentation  sera  moindre,  parce  que  le  phénomène 
n'est  pas  instantané,  quMl  y  a  des  causes  de  déperdition  et  que 
le  microbe  utilise  une  partie  de  la  chaleur  pour  son  développe- 
ment. Nous  n'avons  obtenu  plus  haut  que  5°,45. 

85.  Avec  le  liquide  artificiel,  on  trouve  des  résultats  analogues. 
Le  cas  le  plus  simple  est  celui  où  nous  n'avons  employé  comme 
matière  organique  que  de  l'acide  citrique,  sans  asparagine;  nous 
avons  montré  (78)  que  le  B,  denilrificans  a  décompose  alors  le 
nitrate,  comme  avec  le  bouillon,  et  dégage  de  l'azote  sans  pro- 
toxyde  d'azote. 

Le  calcul  s'établit  comme  suit,  en  supposant  que  l'acide 
citrique  se  transforme  tout  entier  en  acide  carbonique  et  en  eau  : 

18(KO,Az05)diss.  =  18K0diss. -M8AZ4-90O...    —   28^,1X18  =  —   505^,8 

5C"H8O*MiS3.  +  90O  =  60COMiss.-h40HO -f- 520  ,0  X    5  =  4-2630,0 

ISKOdisa  4-36CO*(iiss.  =18(KO,2CO«)diss -f-   11,1X18  =  -+-    199,8 

Total +2324,0 

On  néglige  toutes  les  autres  réactions,  telles  que  décomposition 
du  citrate  d'ammoniaque,  formation  de  carbonate  d'ammoniaque, 
dissolution  ou  dégagement  d'une  partie  de  l'acide  carbonique, 
dont  l'ensemble  ne  changerait  pas  sensiblement  le  total  précédent. 

Il  résulte  de  cette  première  approximation  que  la  réduction 

(^)  P  esl  le  poids  d'un  litre  de  bouillon,  c  sa  chaleur  spécifique. 
(')  Ce  nombre  résulte  du  calcul  suivant  : 

On  a  : 

Chaleur  de  combuslion  de  l'acide  citrique  solide,  dégage  +  -WCC; 
donc  : 

C«n80i*diss.  -♦-  180  =  laCOSdiss.  -4-  8110,  d.-gagc  18G  +  r.,-4  -♦-  2,8  x  12  =  +  0260. 

6.4  et  2,8  étant  les  chaleurs  de  dissolution  de  Tacidc  citrique  et  do  Tacidc  carbo- 
nique. 


U.  GATON  ET  G.  DUPETCT. 

'est  peu  troublé  ;  le  gaz  n'a  commencé  à  se  dég.iger 
infin  toute  rermentation  n'a  cessé  que  le  10  avril 
tait  beaucoup  de  nitrate  non  décomposé. 

Volume  du  gaz  recueilli 48" ,6 

1  centésimale  : 

Azote 82,30 

Protoxyde  d'azote 0,00 

Acide  carbonique 17,70 

100,00 

invoquer  ici,  pour  expliquer  l'absence  de  protoxyde, 
la  fermentation,  car  dans  l'appareil  B  (73),  où  elle 
18  active,  on  a  trouvé  néanmoins  16,55  pour  cent 
;ré  la  température  relativement  basse  de  l'expérience- 
te  de  ces  divers  essais  que  : 
mitri/icans  a  donne  toujours  à  la  fois  de  l'azote  et 
l'azote  avec  notre  liquide  artificiel  complet. 
etiitri^cans  3  ne  donne  que  de  l'azote  dans  les 
ons. 

uence  de  l'asparagine.  —  Mais  le  premier  de  ces 
its  peut  aussi  ne  dégager  que  de  l'azote;  il  suffît 
jpprimer  l'aaparagine  dans  le  liquide  artiflciel. 
i   est   faite   parallèlement   dans   deux   appareils 

a  :  Liquide  artificiel,  avec  aaparagine. 
b  :     —  —        sans  asparagine. 

■semence  ces  deux  liquides  avec  le  même  microbe  >, 
1  appareils  à  la  température  de  35  degrés, 
ation  a  été  plus  active  dans  t  que  dans  <i,surloiiL 
7,  elle  est  terminée  dans  les  deux  liquides, 
eilli  est  composé  de  : 

a.  b 

3 61,fi5  81,35 

ixyde  d'azote 23,23  0,00 

1  carbonique 12,12  18,65 


RFXHRRCHES  SUR  LA  RÉDUCTION  DES  NITRATES.  261 

On  s'est  assuré  qu'il  n'y  avait  point  de  bioxyde  d'azote. 

Le  liquide  était  un  peu  étendu  (rf  =  1018  au  lieu  de  1021),  ce 
qui  explique  pourquoi  la  proportion  de  protoxyde  est  plus  faible 
qu'avec  le  liquide  normal. 

79.  La  formation  de  protoxyde  d'azote,  dans  la  décomposition 
des  nitrates  par  les  infmiment  petits,  est  donc  fonction  à  la  fois 
de  la  composition  du  milieu,  de  la  nature  du  microbe,  et  de  son 
activité  physiologique.  Il  est  peu  probable,  d'après  cela,  qu'il 
existe  des  organismes  donnant  du  protoxyde  d'azote  pur,  quel  que 
soit  le  liquide  nutritif  employé  dans  les  cultures. 


262  U.  CAYON  ET  G.  DUPETIT. 


CHAPITRE  III 


HËCANISHE  DE  LA  RÉDUCTION 


80.  Nous  avons  fréquemment  employé,  dans  les  chapitres 
précédents,  les  expressions  de  c  fermentation  i^  et  de  «  ferment  »  ; 
il  nous  reste  à  examiner  si  elles  sont  justifiées. 

On  a  déjà  vu  que  la  réduction  des  nitrates  par  le  Bactenum 
denitrificans  {ol  ou  P)  présente  les  caractères  extérieurs  d'une  véri- 
table fermentation  :  trouble,  mousse,  dégagement  de  gaz.  De  plus, 
le  poids  des  organismes  développés  est  infime  par  rapport  au  poids 
des  «substances  détruites,  ce  qui  est  le  propre  des  ferments.  Enfin, 
la  chaleur  dégagée  est  considérable,  comme  le  prouve  Texpérience. 

81.  Il  est  difficile  de  mesurer  toute  la  chaleur  produite  pendant 
une  fermentation,  parce  que  le  phénomène  est  lent  et  que  les 
pertes  par  rayonnement,  par  conductibilité  ou  par  toute  autre 
cause,  compensent  en  grande  partie  Télévation  de  température  due 
ù  la  réaction.  Mais  on  peut  avoir  une  première  approximation,  un 
minimum,  en  déterminant  une  fermentation  énergique  à  Taide 
d'une  semence  active  et  abondante^  et  en  opérant  sur  de  grands 
volumes  de  liquide,  dans  des  vases  peu  conducteurs  ou  protégés 
contre  le  refroidissement  par  une  couche  isolante  de  laine  ou  de 
coton. 

82.  Voici  une  expérience  disposée  avec  ces  précautions  : 

Un  grand  ballon  en  verre,  de  six  à  sept  litres  de  capacité,  est 
fermé  par  un  bouchon  percé  de  trois  trous  (/î/;.  12),  par  où 
passent  :  1"  un  tube  D  deux  fois  recourbé  et  effilé  en  a,  destiné 


RECHERCHES  SUR  LA  RÉDUCTION  DES  NITRATES.  t263 

au  remplissage  et  à  rensemenceinent  ;  3^  un  tube  coudé  C^  muni 
d'une  bourre  de  coton  6,  pour  Taspiration  ;  3""  un  tube  à  essai  ordi- 
naire Â,  dont  le  fond  pénètre  jusqu'au  centre  du  ballon  :  ce  tube 


renferme  un  peu  de  mercure  où  plonge  un  thermomètre  T.  destiné 
à  mesurer  les  températures  du  liquide. 

L'ensemble  peut  être  chauffé  à  200  degrés  dans  un  poêle  à  gaz, 
si  cela  est  nécessaire.  Après  refroidissement,  on  introduit  Textré- 
mité  ouverte  du  tube  a  dans  un  réservoir  contenant  le  liquide  de 
culture,  préalablement  stérilisé,  et  Ton  aspire  par  le  tube  C.  On 
remplit  ainsi  lentement  le  ballon,  jusqu  à  une  certaine  distance  du 
col,  de  façon  à  laisser  de  la  place  à  la  mousse  produite  pendant 
la  fermentation. 

Le  17  octobre,  on  prépare,  comme  on  vient  de  le  dire,  quatre 
ballons  contenant  respectivement  : 

B, .  du  bouillon  de  bœuf  à  10  grammes  de  nitrate  de  potasse  par  litre  ; 
B|,  de  Teau  pare; 

B',  du  liquide  artificiel  renfermant  15  grammes  de  salpêtre  par  litre; 
B'i,  de  Teau  pure. 

Chaque  ballon,  muni  d'un  thermomètre  contrôlé,  est  porté  à  la 
température  de  r)5  degrés;  B  et  B'  sont  ensemencés  largement 


272  U.  GAYON  ET  G.  DUPETIT. 

Malgré  ce  lavage,  il  est  fort  difficile  d'obtenir  une  bonne  prépa- 
ration colorée,  si  le  liquide  contient  une  forte  proportion  de 
glucose;  presque  toujours,  dans  ce  cas,  Tadhérence  des  microbes 
à  la  lame  de  verre  est  nulle  et  la  plupart  des  organismes  sont 
entraînés  dans  le  lavage  à  Teau. 

La  décoloration  du  fond  de  la  préparation  est  plus  difficile 
qu'avec  la  Bactérie  des  nitrates;  aussi  le  séjour  dansTeau  distillée 
doit-il  être  un. peu  plus  prolongé. 

92.  Voici  quelques  expériences  qui  établissent  le  mode  d'action 
du  Bacillus  amylobacter  sur  le  glucose  et  sur  l'amidon.  Elles  ont 
été  faites  avec  des  appareils  de  la  forme  de  la  figure  8  à  la  tem* 
pérature  de  35  degrés. 

Le  3  juin,  on  ensemence  avec  du  Bacilliis  amylobacter 
deux  appareils  contenant  : 

a  Bouillon  de  bœuf  étendu  (d  =  1004). 

Glucose,  5  °lo» 
h  Bouillon  de  bœuf  étendu  (d  =  1004). 

Amidon  en  empois,  2  %. 

La  fermentation  s'est  établie,  beaucoup  plus  active  avec  b 
qu'avec  a;  le  8,  elle  s'est  arrêtée  dans  les  deux  appareils,  sans 
doute  parce  que  le  liquide  y  est  très  acide. 

Volume  et  composition  du  gaz  dégagé  : 

a  b 

Volume  total  du  gaz 73''  1 68" 

Composé  de  : 

Hydrogène 75,34  49,46 

Acide  carbonique 24,66  50,54 

100,00         100,00 

Il  a  disparu  dans  a  0,29  pour  cent  de  glucose,  soit  O^^yii  pour 
le  liquide  employé,  dont  le  volume  était  de  146^®. 

Dans  l'appareil  6,  il  ne  reste  plus  d'amidon,  car  l'iode  n'est  pas 
bleoi  ;  on  y  trouve  : 

Glucose 0,64  "/o 

Dextrine 0,36  «/y 


RRCHKnCHES  SUR  LA  RÉDUCTION  DES  NITRATES.  ^73 

représentant  environ  1  ®/o  d'amidon.  II  y  a  donc  eu  à  peu  près 
i  °'o  d'amidon  transformé  pnr  la  fermentation  butyrique. 

93.  Le  il  juin,  nouvelle  expérience  dans  les  mêmes  appareils 
contenant  : 

a  BouiUoa  de  bœuf  étendu  {cl  =  1004y. 

Glucose,  2  o/o. 
b  Bouillon  de  bœuf  étendu  {d  =  1004). 

Amidon  en  empois,  2  ^/q. 

Le  12,  fermentation  avec  grosse  mousse  dans  a,  sans  mousse 
dans  b. 

Le  15,  a  ne  fermente  plus;  dans  b,  fermentation  très  active. 

Le  18,  b  ne  fermente  plus. 

Comme  dans  Texpérience  précédente,  l'amidon  convient  mieux 
à  ce  Bacille  que  le  glucose.  Le  liquide  fermenté  est  très  acide 
dans  les  deux  cas. 

Gaz  recueilli  : 

a  b 

Volume  total 58*',4  346'%0 

Composition  centésimale  : 

Hydrogène 80,47  44,10 

Acide  carbonique 19,53  55,90 

100,00  100,00 

Si  Ton  prend  la  moyenne  des  résultats  assez  concordants 
obtenus  dans  ces  deux  expériences,  on  aura  des  chiffres  qui 
représenteront  Faction  relative  du  Bacillus  amylobacter  sur  le 
glucose  et  sur  Tamidon,  dans  les  conditions  spéciales  où  la 
fermentation  s'est  opérée  : 

Pour  le  glucose.    Pour  rainidon. 

Hydrogène 77,90  46,78 

Acide  carbonique 22,10  53,22 

100,00  100,00 

94.  En  mettant  dans  Tappareil  à  glucose  du  carbonate  de 
chaux,  pour  saturer  les  acides,  à  mesure  qu'ils  se  produisent,  on 
pousse  plus  loin  la  fermentation,  comme  on  devait  s'y  attendre. 

Ainsi,  le  18  juin,  on  ensemence  avec  le  B.  amylobacter  une 
fiole  à  fond  plat  contenant^  avec  du  carbonate  de  chaux  stérilisé 


274  U.  GAYON  ET  G.  DUPETIT. 

et  étalé  en  grande  surface,  du  bouillon  de  bœuf  étendu  (rf  =  1004) 
et  additionné  de  2  pour  cent  de  glucose. 
La  fermentation  a  été  très  active;  on  a  obtenu  jusqu'au  22  : 

Volume  total  de  gaz 595"' 

Composé  de  : 

Hydrogène 38,67     soit  230'%1 

Acide  carbonique 61,33  364  ,9 

100,00  595  ,0 

95.  Nous  voilà  donc  en  possession  d'un  microbe  qui  peut 
dégager,  si  on  le  désire,  de  grandes  quantités  de  gaz  hydrogène  à 
rétat  naissant,  et  qui,  vraisemblablement,  réduira  rapidement 
les  nitrates.  Nous  allons  voir  qu'il  n'en  est  rien. 

Et  d'abord,  on  ne  peut  faire  agir  sur  lui  que  de  faibles 
quantités  de  nitrate,  car  son  action  sur  le  glucose  ou  sur  l'amidon 
s'arrête  dès  que  la  proportion  de  sel  dépasse  5  grammes  environ 
par  litre;  il  faut,  pour  réussir,  ajouter  peu  à  peu  ce  sel  à  la 
liqueur  en  fermentation,  ce  qui  exige  l'emploi  d'un  dispositif 
spécial. 

96.  Dans  divers  essais,  faits  soit  avec  de  la  terre  calcaire 
sucrée,  soit  avec  du  bouillon  glucose',  additionné  de  carbonate 
de  chaux,  nous  avons  constaté  que  le  nitrate  était  à  peine  réduit, 
malgré  le  dégagement  abondant  d'hydrogène.  Nous  avons  craint 
que  l'état  solide  du  carbonate  ne  fût  une  cause  d'erreur  et 
d'illusion.  Si  l'on  considère  en  effet  un  grain  de  carbonate  ou  de 
terre  entouré  d'une  solution  de  glucose  et  de  nitrate,  l'action 
du  ferment  est  très  énergique  en  ce  point,  puisque  la  saturation 
des  acides  y  est  complète.  L'hydrogène  naissant  peut  réduire  par 
conséquent  tout  le  nitrate  immédiatement  voisin,  mais  s'il  y  en  a 
en  excès,  ce  qui  est  admissible,  le  gaz  inutile  sort  bien  vite,  en 
se  dégageant,  de  la  sphère  d'action  du  microbe.  L'énergie  qu'il 
possédait  au  moment  précis  de  sa  formation  cesse  alors  d'être 
utilisable,  et  il  traverse  les  couches  supérieures  du  liquide, 
comme  un  simple  courant  d'ydrogène,  sans  attaquer  le  sel 
dissous. 


RECHERCHES  SUR  LA  RÉDUCTION  DES  NITRATES. 


275 


97.  Si  peu  importante  que  puisse  êlre  celte  cause  d'erreur 
dans  un  milieu  toujours  en  mouvement  par  Teffet  même  de  la 
fermentation,  nous  avons  néanmoins  voulu  l'écarter  complète- 
ment, en  saturant  les  acides,  au  fur  et  à  mesure  de  leur 
production,  non  par  un  carbonate  solide,  mais  par  une  solution 
de  carbonate  de  potasse. 

L'appareil  suivant  permet  d'ajouter  aux  liqueurs,  quand  on  le 
veut,  des  solutions  alcalines  ou  nitratées,  sans  introduire  de  gaz 
étranger,  et  tout  en  conservant  la  pureté  primitive  du  Bacillus 
amylobacler. 

98.  Cet  appareil,  représenté  seul  dans  la  figure  16  et  dans  un 
bain  d'eau  à  température  constante  {fig.  9),  se  compose  d'une 
fiole  ou  ballon  A,  dont  le  col  porte  un  tube  de  dégagement  B, 
et  un  petit  tube  l  étranglé  et  muni  d'une  bourre  de  coton  b; 


Fi^.  16. 


l'ouverture  du  col  est  soudée  à  un  tube  à  robinet  R  surmonté 
d'un  réservoir  cylindrique  T,  de  forme  allongée  et  divisé  en  par- 


276  U.  GAYON  KT  G.  DUPETIT. 

lies  d*égale  capacité.  L'extrémité  inférieure  o  s'ouvre  à  Tintérieur 
do  A  et  ropiHcc  supérieur  est  recouvert  du  bouchon  conique  C 
des  matras  Pasteur. 

L'appareil  est  stérilisé  vide,  dans  Tair  chaud,  avec  son  tube 
abducteur  scellé  à  la  lampe  et  le  robinet  R  fermé.  Pendant  le 
refroidissement,  Tair  qui  pénètre  en  A  se  purifie  en  b  et  celui 
qui  entre  en  T  se  purifie  sur  le  coton  du  bouchon  conique  C. 

On  introduit  le  liquide  de  fermentation,  puis  la  semence,  par 
la  tubulure  B,  préalablement  flambée  et  ouverte,  en  aspirant  par 
le  tube  i\  on  ferme  alors  Tétranglement  à  la  lampe.  La  solution 
alcaline  ou  nitratée  est  versée  en  T,  avec  les  précautions 
habituelles,  comme  dans  une  fiole  de  culture.  Si  Ton  veut  en 
faire  écouler  un  volume  connu  dans  le  ballon  A,  il  n'y  a  qu'à 
ouvrir  le  robinet  R,  de  manière  que  le  niveau  supérieur  du 
liquide  parcoure  un  nombre  déterminé  de  divisions. 

99 .  P  Fermentation  butyrique  du  glucose, — Le  28  juillet,  nous 
semons  du  Bacillus  amylobacter  très  jeune  dans  deux  de  ces 
appareils,  a  et  a',  contenant  chacun  du  bouillon  de  bœuf  étendu 
(d  =  1004)  et  2  pour  100  de  glucose. 

Le  réservoir  de  a  reçoit  une  solution  aqueuse  de  : 

Carbonate  de  potasse,  à  20  «/o. 

Celui  de  a\  une  solution  aqueuse  de  : 

Carbonate  de  potasse,  à  20  ^jo. 
Nitrate  de  potasse,  à  20  ^/o. 

Les  deux  ballons  sont  mis  dans  un  bain  à  la  température  de 
35  degrés. 

Le  lendemain  24,  la  fermentation  est  établie  dans  les  deux; 
le  volume  et  la  composition  du  gaz  dégagé  sont  sensiblement  les 
mêmes  ;  on  a  en  effet  : 

Volume  total  du  gaz  à  0°  et  à  760". 

Composition  centésimale  : 

Hydrogène 

Acide  carbonique 

100,00  100,00 


Dans  a 

Dans  a' 

25^' 

19" 

83,83 

85,41 

14,17 

14,59 

RECHERCHES  SUR  LA  RÉDUCTION  DES  NITRATES.  277 

Cette  composition  diffère  de  celle  de  la  page  273,  ce  qui 
s'explique  parce  que,  avant  de  se  dégager,  Tacide  carbonique  doit 
saturer  le  liquide. 

L'état  de  la  fermentation  étant  ainsi  le  même  dans  les  deux 
appareils,  on  fait  écouler  dur  réservoir  dans  le  ballon  respective- 
ment un  centimètre  cube  de  la  solution  alcaline  de  a  et  un 
centimètre  cube  de  la  solution  alcaline  nitratée  de  a';  c'est  donc 
200  milligrammes  de  carbonate  de  potasse  et  200  milligrammes 
d'azotate  de  potasse  que  Ton  ajoute. 

Le  dégagement  gazeux  s'est  d'abord  un  peu  ralenti  dansa'; 
puis,  il  est  devenu  plus  actif  dans  a'  que  dans  a.  Le  26,  on  a 
recueilli  une  première  éprouvelte  de  gaz;  le  1^^  août,  la  fermen- 
tation a  cessé. 

Le  dosage  de  l'acide  carbonique  a  été  fait  avec  la  potasse,  celui 
de  l'hydrogène  par  l'eudiomètre. 

On  a  ainsi  obtenu  : 

Avec  a  Avec  a' 

1"  éprouv.  2*  éprouv.  Gazlolal.  1"  éprouv.   2*  éprouv.  Goz  total. 

Azote 0'',0        0",0  0",0  V%9        0'%8  2",7 

Hydrogène 35  ,9        3  ,9  39  ,8  21   ,9        5  ,3       27  ,2 

Acide  carbonique.     36  ,1        5  ,0  41  ,1  21  ,2        9  ,9       31   ,1 

Totaux..     72  ,0        8  ,9        80  ,9        45  ,0      16  ,0       61  ,0 

correspondant  aux  compositions  centésimales  suivantes  : 

Avec  a  Avec  a' 

l'T'prouv.  2"  éprouv.  Gaz  tolal.  1"  éprouv.  2*  éprouv.  Gaz  total. 

Azote 0,00  0,00  0,00  4,19  4,45         4,43 

Hydrogène 49,86  43,56  49,20  48,73  33,43      44,59 

Acide  carbonique.    50,14  56,44  50,80  47,08  62,12      50,98 


100,00       100,00       100,00      100,00       100,00     100,00 

Les  deux  ballons  avaient  exactement  la  même  capacité, 
159  centimètres  cubes. 

La  proportion  d'acide  carbonique  s'est  accrue  par  la  décompo- 
sition du  carbonate  de  potasse;  mais  il  est  remarquable  qu'elle 
soit  exactement  la  môme,  51  0/U  environ,  dans  les  deux  cas.  Si 


278  U.  GAYON  ET  G.  DUPETIT. 

le  volume  total  du  gaz  dégagé  est  plus  faible  avec  a'  qu'avec  a, 
cela  peut  tenir  à  la  gêne  que  le  microbe  éprouve  en  présence  du 
nitrate  dépotasse. 

Les  deux  liquides  sont  butyriques  et  un  peu  acides;  a'  renferme 
de  faibles  traces  de  nitrite. 

Le  dosage  du  nitrate  et  du  glucose  montre  qu'il  a  disparu  : 

Dansa,  0«'',51  de  glucose; 

Dans  a\         0  ,51  de  glucose; 

SS^^jS  de  nitrate,  soit  26,7  ^/o  du  sel  ajouté. 

Le  titrage  de  Tammoniaque  a  donné  : 

Par  litre.         Pour  i:>9<'  (v»l.  mbsii  itatî  a'). 

'  Dans  le  bouillon  non  ensemencé.    45-%9         7"«,3 

Dans  a 40    ,1  6    ,4 

Dansa' 71    ,1        11    ,3 

D'où  Ton  déduit  les  variations  dues  à  la  fermentation  : 

Parlilre.  Pour  139". 

Perte  dans  a 5"«  ,8  0-«,9 

Gain  dans  a' 25    .2  4    ,0 

Gain  total  dil  à  la  présence  du  nitrate.     31"«^,0  4"»,9 

Azote  correspondant  à  ce  gain 25    ,5  4    ,0 

Ajoutons  le  poids  de  l'azote  ammoniacal  à  celui  des  S""^,?  d'azote 
dégagé  à  l'état  de  gaz,  et  nous  aurons  : 

Azote  ammoniacal 4'"<,0 

Azote  gazeux 3    ,4 

Total 7"»,4 

Or,  les  53™^,5  de  salpêtre  détruit  renferment  précisément  7^*^,4 
d'azote.  Nous  voyons  ainsi  que  Thydrogène  naissant  n'a  transformé 
en  ammoniaque  que  54  0/0  de  l'azote  nitrique  provenant  de  la 
réduction. 

100.  2®  Fermentation  butyrique  de  Vamidon.  —  En  même 
temps  que  l'essai  précédent,  et  dans  le  même  bain  à  35  degrés, 
on  a  disposé,  le  23  juillet,  deux  autres  ballons  h  et  b'  ensemencés 


RECHERCHES  SUR  LA  RïvDUCTlON  DES  NITRATES.  ^79 

avec  le  même  ferment  et  contenant  Tun  et  Tautre  du  bouillon  de 
bœuf  étendu  {d  =^  1004)  avec  2  0/0  d'empois  d'amidon.  Le  réser- 
voir de  b  ne  renferme  qu'une  solution  aqueuse  de  carbonate  de 
potasse  à  20  0/0;  celui  de  b'  renferme  une  solution  aqueuse  de 
20  0/0  de  carbonate  de  potasse  et  de  20  0  0  de  nitrate  do  potasse. 
Le  24,  la  fermentation  est  établie  également  dans  les  deux  ; 
les  gaz  dégagés  ont  même  composition  et  sensiblement  même 
volume.. On  a  en  effet  : 

Dans  b   Dans  6' 
Volume  total  du  gaz  à  0°  et  à  760°.        66'^'  62'' 

Composition  centésimale  : 

Hydrogène 78,20       77,79 

Acide  carbonique 21,80       22,21 

100,00      100,00 

On  fait  alors  écouler  respectivement  un  centimètre  cube  des 
solutions  alcalines. 

La  fermentation  n'a  pas  paru  retardée  dans  b'  par  suite  de  la 
présence  du  nitrate  de  potasse;  le  gaz  a  été  recueilli  et  analysé 
les  26,  27,  28  juillet  et  l^^  août.  On  met  fin  à  Texpérience  le 
1®'  août,  parce  que  la  fermentation  est  achevée  dans  les  deux 
ballons. 

Voici  les  volumes  de  gaz  recueillis  successivement  : 

Dans  b  : 

iOjuilloL  àTjuillol.  2S  juillet.  1"  août.  (îaz  total. 

Azote 0'%0  0'%0            0'%0  0'%0  0",0 

Hydrogène 80  ,6  68  ,7  45  ,3  44  ,0  238  ,6 

Acide  carbonique..   108  ,4  114  ,3  73  ,7  74  ,4  370  ,8 

189  ,0    183  ,0    119  ,0    118  ,4   609  ,4 

correspondant  à  la  composition  centésimale  : 

26  juillet.  27  juillet.  28  juillet.  i"août.  Gaz  total. 

Azote 0,00  0,00  0,00  0,00  0,00 

Hydrogène 49,86  36,16  38,04  43,56  39,15 

Acide  carbonique. .        50,l4  63,84  61,96  56,44  60,85 

100,00         100,00         100,01)         100,00        100,00 


280  U.  GAYON  ET  G.  DU  PETIT. 

Dans  6',  on  a  eu  : 

2C  juillet  (1).  27  juillet.  2S  juillet.  l"août.  Gaz  total. 

Azote 0'%0  0",0  0",3  1",!           1*%4 

Hydrogène 84  ,1  77  ,1  33  ,0  14  ,8  209  ,0 

Acide  carbonique..   108  ,9  142  ,9  72  ,2  37  ,1  361  ,1 

193  ,0    220  ,0    105  ,5     53  ,0   571  ,5 

correspondant  à  la  composition  centésimale  : 

26  juillet.  27  juillet.  28  juillet.  1"août.  Gaz  total. 

Azote 0,00  0,00  0,28  2,05  0,25 

Hydrogène 43,55  35,00  31,26  27,86  36,57 

Acide  carbonique. .        56,45  65,00  68,46  70,09  63,18 

100,00         100,00         100,00         100,00         100,00 

Il  est  possible  que  la  gt*ande  dilution  de  Tazote  dans  Thydrogène 
rende  l'analyse  un  peu  incertaine,  et  que  le  volume  total  de  cet 
azote  soit  un  peu  plus  fort  que  celui  que  nous  avons  trouvé; 
quoi  qu'il  en  soit,  il  ne  saurait  être  beaucoup  plus  élevé. 

Le  liquide  fermenté  a  Todeur  butyrique,  mais  il  est  peu  acide 
et  ne  renferme  pas  de  nitriles.  L'amidon  n'existe  plus;  ce  qui  n'a 
pas  été  décomposé  par  le  B.  amylobacler  a  été  transformé  en 
glucose  et  en  dexlrine  par  les  diastases  de  ce  ferment;  on  trouve 
en  effet  : 

Volume  du  ballon.      Glucose.  Dextrine. 

Dans  b  :  170"  0»',54  0«";,63 

Dans  6'  :  165  0  ,34  0  ,62 

ce  qui  correspond  à  1 5  gratiimes  environ  d'amidon  disparu  par  litre. 


(1)  En  raison  de  rimportance  de  ces  résultats,  r.ou8  donnons  ci-dessous,  comme 
exemple,  le  détail  des  analyses  eudiométriques  du  26  juillet,  faites  sur  les  gaz 
de  6  et  de  d'  dépouillés  de  leur  acide  carbonique  par  la  potasse. 

On  a  pour  6  : 

Gaz  mis  dans  rcudioinMrc.     17,3),^      v        •     ..  ^«.» 

Après  addition  doxygcne...    413  j  Oxygène  ajoute ±..0 

Après  étincelle 16.5  |  Disparu  :  2:i,8,  reprèsenlaiit  |  Jw^e"^"  *hG 

Après  pyrogallatc  <•  iwtassc.     0,1     Oxygène  non  utilisé 16.4 

Pour  6': 

Gaz  mis  dans  l'cudiomètre..    17,0)-,      x       •     i-  ^..  « 

Après  addition  d'oxygène. . .    42,3  i  ^-^ye^»®  *J«"^« -''^ 

Après  étincelle 17,1  }  Disparu  :  25,2,  représentant  [  oxygène".*^.  H.t 

Après  pyrogallatc  4e  potasse.     0,2  |  Oxygène  non  employé lt»,U 

ce  qui  reprëiente  de.s  traces  douteuses  d'azote. 


KECHERCHES  SUR  U  RÉDUCTION  DES  NITRATES.  281 

La  comparaison  du  nitrate  ajouté  et  du  nitrate  restant  donne  : 

Ajouté 200-5,0 

Restant 176    ,5 

Disparu. .        23   ,5    soit  11,7  o/o  du  sel  ajouté. 

Quant  à  Tammoniaque,  non  seulement  il  ne  s'en  est  pas  fait, 
mais  encore  la  plus  grande  partie  de  celle  qui  existait  dans  le 
bouillon  non  ensemencé  a  disparu.  On  a  en  effet  trouvé  : 

Par  litre.  Pour  16.V' (*•!■■•  d«  b'). 
Ammoniaque  dans  le  bouiUon  non  ensemencé .  45-»,9        7"'«,6 

—  dans  6 2    ,4        0    ,4 

—  dans  6' 3    ,4        0    ,6 

d'où  Ton  déduit  : 

Perte  d'ammoniaque  dans  b 43"'s,5        7"'«,2 

—  dans  h' 42    ,5       7   ,0 

Diflférence  en  faveur  du  liquide  nitrate 1    ,0        0    ,2 

Ces  derniers  chiffres  montrent  que  l'azote  provenant  du  nitrate 
réduit  n'a  pas  formé  de  quantité  appréciable  d'ammoniaque  et  qu'il 
s'est  dégagé  presque  tout  entier  à  l'état  gazeux. 

101.  Si  l'on  compare  les  poids  d'ammoniaque  disparue  dans  les 
appareils  a  au  n°  99  et  b  du  n®  100  avec  les  volumes  totaux  de 
gaz  dégagés,  on  trouve  exactement  le  même  rapport.  On  a  : 

Avec  a  (glucose j.    Avec  b  (amidon).     Rapport  - 
Volume  total  du  gaz  dégagé. . . .     80"  ,9  609"  .4  7,53 

Ammoniaque  absorbée  par  litre.      5"f,8  43""^, 5  7,50 

Ce  résultat  curieux  s'explique  naturellement,  si  l'on  admet  que 
l'énergie  de  la  fermentation  soit  mesurée  par  le  volume  total  du 
gaz  dégagé^  et  que  le  ferment  ait  emprunté  à  l'ammoniaque  l'azote 
de  ses  matières  albuminoïdes.  C'est  dire,  ce  qui  est  admissible, 
que  l'énergie  de  la  fermentation  a  été  proportionnelle  au  poids  du 
ferment  engendré. 

102.  3"*  Fermentation  butyrique  du  sucre  de  canne.  —  Enfin, 
nous  avons  voulu  nous  placer  dans  les  conditions  des  expériences 
de  MM.  Dehérain  et  Maquenne,  et  faire  fermenter  ensemble  du 
sucre  et  du  nitrate  de  potasse  dans  de  la  terre  végétale;  mais 

T.  Il  (3»  Série).  19 


282 


U.  GAYON  ET  G.  DUPETIT. 


nous  avons  opéré  avec  des  vases  et  des  liquides  stérilisés  et  avec 
un  ferment  pur. 

*  Les  appareils  de  fermentation  qui  nous  ont  servi  jusqu'ici  ne 
pouvaient  convenir  pour  la  terre  sucrée.  En  effet,  celle-ci, 
soulevée  par  les  gaz  qui  se  dégagent,  obstrue  bientôt  le  tube 
abducteur.  Pour  éviter  cet  inconvénient,  nous  avons  adopté  la 
modification  ci-contre  {{ig,  17).  Le  ballon  A  est  toujours  soudé 
à  un  tube  abducteur  G  et  a  un  petit  tube  i  étranglé  et  muni 
d'une  bourre  de  coton  b\  mais  la  tubulure  B'  est  largement 
ouverte,  pour  permettre  l'introduction  des  matières  solides.  Quand 
on  a  mis  la  terre,  le  sucre  et  le  nitrate  voulus  dans  le  ballon,  on 
introduit  une  sorte  de  corbeille  en  fils  de  platine  p,  qui  doit 
descendre  au-dessous  de  Toriflce  du  tube  de  dégagement,  et  on 
ferme  l'ouverture  avec  un  excellent  bouchon  de  liège  /.  La  stérili- 


Fî^,  17. 

sation,  puis  l'introduction  de  l'eau  et  de  la  semence  se  font  avec 
les  précautions  déjà  décrites;  enfm,  on  ferme  à  la  lampe  le  tube  t 
et  l'on  mastique  le  bouchon  de  liège  avec  de  la  cire  Golaz. 
Si  Ton  redoute  le  passage  d'une  trop  grande  quantité  de 


KECIIKRCHES  SUR  LA  RÉDUCTION  DES  NITRATES.  283 

liquide  dans  i'éppouvette,  par  suite  du  soulèvement  de  la  terre, 
on  ne  remplit  pas  complètement  l'appareil  ;  mais  alors  on  chasse 
lair  piîp  un  courant  d'acide  carbonique,  avant  de  sceller  le  tube  l! 

103.  Le  9  juillet,  on  met  dans  un  de  ces  appareils  : 

Terre  de  jardin  riche  en  calcaire. .  lOO*' 

Nitrate  de  potasse 0,50 

Sucre  de  canne 5 

Eau  distillée q.  s. 

Après  stérilisation,  on  ensemence  le  ballon  avec  du  Bacillus 
amylobacter  jeune. 
La  fermentation  a  été  très  active  et  s'est  terminée  le  20. 
Voici  le  résultat  : 

Azote Traces. 

Hydrogène  dégagé 203'% l 

Acide  carbonique 228  ,5 

Gaz  total  dégagé. .   .      431  ,6 

Composé  pour  cent  de  : 

Azote Traces. 

Hydrogène 47,06 

Acide  carbonique 52,94 

100,00 

De  Tanalyse  du  liquide  fermenté,  on  déduit  : 

Nitrate  de  potasse  disparu.    Traces. 
Sucre  disparu 0»'',76 

104.  L'expérience  a  été  répétée  le  30  juillet  avec  les  mêmes 
poids  relatifs  de  terre,  de  sucre  et  de  salpêtre,  et  elle  a  donné 
un  résultat  tout  semblable. 

Nitrate  restant 494™» 

Nitrate  disparu 6""^ 

Sucre  disparu Os'^,75 

Le  gaz  dégagé  renfermait  iiT'^b  d'hydrogène. 

Ces  essais  prouvent  que,  dans  les  expériences  de  MM.  Dehérain 
et  Maquenne,  la  réduction  du  nitrate  de  potasse  n'était  pas  due 
àThydrogène  naissant  et  que  leur  vibrion  butyrique  n'était  pas  pur. 

105.  En  résumé,  on  voit  que  le  Bacillus  amylobacler  laisse 


284  U.  GAYON  ET  G.  DUPETIT. 

intact  le  nitrate  de  potasse  en  présence  du  sucre,  et  qu'il  n'en 
réduit  qu'une  faible  partie  en  présence  de  ramidon  ou  du  glucose, 
bien  que  les  liqueurs  soient  acides  et  que  de  Thydrogène  en 
excès  se  dégage  à  Tétat  gazeux. 

Cependant,  si  Ton  calcule  la  chaleur  produite  par  la  transforma- 
tion du  glucose  (*)  en  acide  butyrique,  hydrogène  et  acide 
carbonique,  suivant  la  formule  : 

et  par  la  réaction  de  ces  corps  sur  le  salpêtre,  on  trouve  des 
nombres  qui  expliqueraient,  théoriquement  du  moins,  la  réduction 
complète  du  nitrate  de  potasse. 
106.  Deux  cas  principaux  peuvent  se  présenter  : 
h  L' azote  nitrique  se  dégage,  d'après  la  réaction  : 

AzOSKO  -+-  5H  =  Az  4-  5H0  4-  KO. 

2^  L'azote  nitrique  se  transforme  en  entier  en  ammoniaque, 
suivant  la  formule  : 

AzOSKO  H-  8H  =  AzH»  4-  5H0  +  KO. 

Chacun  de  ces  cas  se  subdivise  lui-même  en  deux,  selon  que 
Tacide  carbonique  produit  pendant  la  fermentation  butyrique  se 
dégage  en  liberté,  ou  qu'il  se  combine  avec  le  carbonate  alcalin 
pour  former  du  bicarbonate. 


1^  L*azote  nitrique  se  dégage. 

a.  L'acide  carbonique  se  dégage. 

L'équation  de  la  réaction  finale  est  : 

5C"H"0"  +  (AzO»,KO)  -h  KO,CO*  =  5  C«H'KO*  4-4  Az  + 2100*4-25 HO. 


C)  Avec  notre  microbe,  il  se  fait  aussi  de  l'alcool  butylique  et  de  Talcool  amylique, 
mais  par  des  réactions  qui  ne  dégagent  pas  d'hydrogène  et  qui  ne  peuvent  avoir,  ici, 
d'effet  réducteur  sur  le  salpêtre.  Ces  réactions  ont  pour  formules  : 

Cmiisoiï  =  C8H100Î  4-  mo»  +  2C«0t. 
Î>C«I1«01»=  iCioiI»0«+  GH«0«  +  10C«0*. 


RECHERCHES  SUR  LA  RÉDUCTION  DES  NITRATES.  288 

On  a,  pour  le  calcul  de  la  chaleur  dégagée  : 

État  initial. .  5(C",H",0"),  4Az,  20O,  5K0diss.,  CO*gaz. 
État  final.. . .  5C«H''K0*diss.,  4Az,  21C0*gaz,  25 HO. 

PREMIER  CYCLe. 

5(C"  +  H"-hO")  =  5C"H"0**diss 267c  X5=1335c 

4  Az  -4-200  -h  4KOdis8.  =  4(AzOSKO)di8S 28,1  X  4  =    112,4 

KOdiss.  -f-  CO»gaz.  =  K0,C0*di8S 12,9 

5C"H«0"di88.  4-  4(AzO»,KO)dis8.  +K0,C0*di8S. 

=  5C»H'KO*di8S.  -}-  4 Az  +  21  CO*gaz  4-  25  HO.  x 

1460,3  4-  X 

DEUXIÈME  CYCLE. 

5  (C»  +  H»  +  0*)  =  5  C«  H«  0*  diss 156c  X  5    =  780c 

5C«H«0*di8S.  +  5K0di88.  =  5C«H'K0*diss.4-5H0.  13,7X5   ==   68,5 

20H  4-  20O  =  20  HO 34,5X  20  =  690 

20C4-40O  =  20CO»gaz 47    X 20  =940 

2478,5 

d'où  : 

X  =  2478,5  —  1460,3  =  1C18,2. 


La  chaleur  dégagée  est  donc  de  : 

1018,2 

et  de: 


=  203°,6  pour  180  grammes  de  glucose 

5 


— —JL-  ==  254c,5  pour  101  grammes  de  salpêtre. 


a'.  Vacide  carbonique  fait  du  bicarbonate. 

L'équation  de  la  réaction  est  : 

5C**H«0"  4-  4(AzO«,KO)  4-  22(KO,CO*)  =  5C8H^KO*  4-  21(K0,C«0*) 

4-4AZ4-25H0 

En  tenant  compte  du  calcul  précédent,  on  a  : 

5C"H"0"diss.  4-  4(Az05,K0)  diss.  4-  K0,C0*dis8. 

=  SC^H^KO*  diss.  4-  4  Az  4-  21  CO»gaz.  4-  25  HO.  1018c,2 

21C0*gaz.4-aq.  =21C0*diss 2,8X21=58,8 

21(K0,CO«)di8S.  4-  21C0Sdiss.  -^  2l(K0,C»0*)diss. .. .  21  ,0 

1098  ,0 

ce  qui  fait  : 

1098 

_-—  =  219^,6  pour  180  grammes  de  glucose 
5 


286  U.  GAYOiV  ET  G.  DUPETIT. 

et 

— -—  =  274^,5  pour  101  grammes  de  salpêtre. 


2^  L*azote  nitrique  tait  de  l*ainmoniaque. 

b.  Vadde  carbonique  se  dégage. 

Équation  de  la  réaction  : 

2C*-H"0"  4-  K0,Az05  =  C«mKO*-h  C^H^OSAzH'-t-  SCO»  4-  6H0. 

Le  calcul  s'établit  ainsi  : 

État  initial. .  2(C",H",0"),  AzO*,  KOdiss. 

État  final . . .  C^H'^KOMiss  ,  C»HW,  AzH'diss.,  SCO'gaz.,  6H0. 

l'RKHIIER  r.YCLK. 

2(C"  +  H»«  +  0")  =  2C"H»0**di8S 534*^ 

Az  +  0»4-  KOdiss.  =  AzO»,  KOdiss 28,1 

2(C"H«0")diss.  -h  AzO'KOdiss.  =  C«H'KOMiss. 

-i-  C«H«0*,  AzHMiss.  -h  SCO*  gaz.  -}-  6H0  .  y 

562,  IH-^ 

DEUXIÈME  CYCLE. 

2(C8  +  H8  4-  0*)  =  2C8H«0*diss 312 

C^H^OMiss.  4-  KOdiss.  =  C^H'KO^diss.  4-  HO 13,7 

Az  4-  H«  =  Az  HMiss 21 

C^HW  diss.  4-  Az  H»  diss.  =  C^H'O*.  Az  H^  diss 12,4  (*) 

se  4-  160  =  SCO'gaz 376 

5H4-50  =  5HO 172,5 

907,6 

d'où  : 

y  =  907,6  —  562,1  =  345^,5, 

ce  qui  fait  : 

345  5 

— ;r^  =  172^,7  pour  ISO  grammes  de  glucose, 

et 

315^^,5  pour  101  grammes  de  salpêtre. 


(')  Ce  chiffre  a  été  déterminé  pour  nous  par  M.  Joannis,  qui  a  bien  voulu,  en  outre, 
vérifier  l'exactitude  de  nos  calculs.  Nous  sommes  heureux  de  l'en  remercier  publi- 
quement. 


RECHERCHES  SUR  LA  RÉDUCTION  DES  NITRATES.  287 

6'.  V acide  carbonique  forme  du  bicarbonate. 

L'équation  de  la  réaction  est  : 

2C"H"0"  -h  KO.AzO'  +  8(K0,C0*j  «C^H'^KO*  -f-  C»HW,AzH« 

8(KO,C*0*)  +  6HO. 


En  s'appuyant  sur  le  calcul  précédent,  on  a  : 

2C»H**0"diss.  4-  K0,Az0Mi8S.  =  C«H''KO* diss. 

-f-  C«H«0SA2H»dis8.  +  SCO'gaz.  -h  6H0 . .  345^,5 

8C0*gaz.  4-  aq.  =  8C0*diss 22  ,4 

8C0*diss.  +  8  (KO,CO')diss.  =  8(KO,C*0*)di3s 8  ,0 

375  ,9 

La  chaleur  dégagée  est  donc  de  : 

375  9 

— -1-  =  187^,9  pour  180  grammes  de  glucose 

et  de  : 

375^,9  pour  101  grammes  de  salpêtre. 

107.  D'après  ces  calculs,  la  chaleur  dégagée  par  la  décompo- 
sition simultanée  du  glucose  et  du  nitrate  de  potasse,  en  présence 
du  carbonate  de  potasse,  varie  : 

Moyenne. 
Pour  180  grammes  de  glucose,  entre  172^,7  et  219^,6. . .      186^,1 
—    101        —       de  salpêtre,   —    254^,5  et  375^,9. . .       315^,2 

Ainsi,  il  parait  possible  de  réduire  les  nitrates  par  la 
fermentation  butyrique,  de  façon  qu'il  reste  encore  de  la  chaleur 
disponible  pour  le  Bacillus  amylobacter. 

108.  Malheureusement,  on  ne  connaît  pas  les  exigences 
thermiques  de  ce  ferment  ;  mais,  si  Ton  en  juge  par  l'expérience 
suivante,  elles  doivent  être  assez  considérables. 

Le  10  novembre,  utilisant  les  appareils  des  figures  12  et  13 
qui  nous  avaient  déjà  servi  pour  mesurer  approximativement 
l'élévation  de  température  due  à  la  déni  tri  fication,  nous  avons 
mis,  avec  du  bouillon. 

Dans  le  ballon  B  :  Glucose  pur ^ 20  grammes  par  litre. 

Carbonate  de  chaux 20       —  — 

Dans  le  ballon  B'  :  Amidon  en  empois 20       —  — 

Carbonate  de  chaux 20       —  — 

Dans  les  ballons  Bj  et  B'^  :  De  Teau,  pour  terme  de  comparaison. 


288  U.  GAYON  ET  G.  DUPETIT. 

Après  avoir  ensemencé  B  et  B'  avec  une  forte  dose  de  Bacillus 
amylobacter  en  pleine  activité,  nous  avons  entouré  les  ballons 
avec  de  la  laine  et  porté  le  tout  à  Tétuve. 

Voici  le  tableau  des  températures  observées  : 

Moyenne 
Dans  B.         Dans  B'.    de  B,  et  de  B',. 

Le  10  novembre,  à  7  heures  du  soir. . .  35o,0  35o,0  35^,15 

n  —  à  11     —      du  matin.  33,0  33,0  33,10 

11  —  à  4 h. 30 m. du  soir...  32,5  32,7  32,90 

12  —  à  5  heures  du  soir. . .  32  ,0  32  ,3  32  ,10 

13  —  k  9     —      du  matin.  32,0  32,2  32,15 

14  -  à  3     —      du  soir...  32,3  32,7  32,70 

15  —  à  3     —      du  soir...  32,8  33,0  33,10 

La  fermentation  a  produit  beaucoup  de  mousse  et  de  gaz;  tout 
le  glucose  et  tout  Tamidon  ont  disparu;  et,  malgré  cela,  il  n'y  a 
pas  eu  la  plus  légère  augmentation  de  température. 

109.  Si  Ton  cherche  par  le  calcul  la  chaleur  théorique  dégagée 
par  la  formation  d'acide  butyrique  ('),  en  présence  du  carbonate 
de  chaux,  suivant  Téquation  : 

0«H"0"  +  CaO,C02  =  C«H'^CaO*  -t-  4 H  4-  5 C0«  -h  HO, 

on  a  : 

État  initial. .     C",  H",0",  CaOdiss.,  CO*gaz. 
État  ûnal . . .     C^H'^CaO'diss.,  4H,  SCO^gaz.,  HO. 

PREMIER  CYCLE. 

C*'  4-  H"  4-  0"  =  C"H4*0*'diss 267^ 

CaO diss.  -h  C0*gaz.  =  CaO,  CO' 12,6 

C"H»0"dis8.  4-  CaO,CO*  =  C«H'^CaOMiss.  4-  4H  4-  5C0*gaz. 

HO X 


279,6  4-  X 

DEUXIÈME  CYCLE. 

C»  4-  H»  4-  0*  =  C»H«0*diss 156 

C^H^OMiss.  4-  CaOdiss.  =  C«H' CaO* diss. 4-  HO 15,1  (*) 

4C  4- 80  =  4C0* gaz 188 

359,1 

d'où  : 

X  =  359,1  —  279,6  =  79^,5. 

(^)  La  formation  d'alcool  butylique  et  d'alcool  amylique  dégage  des  quantités  de 
chaleur  peu  différentes  de  celle-là. 
(')  Ce  nombre  a  été  également  déterminé  par  M.  Joannis. 


RECHERCHES  SUR  LA  RÉDUCTION  DES  NITRATES.  289 

Ainsi,  180  grammes  de  glucose  dégagent  79^,5  et  20  grammes 
en  dégageront  8,8. 

Par  conséquent,  s'il  n'y  avait  aucune  cause  de  déperdition,  et  si 
le  phénomène  était  instantané,  le  thermomètre  aurait  accusé  une 
température  supérieure  de  8  à  9  degrés  à  celle  des  ballons  témoins. 

110.  Le  rapprochement  de  cette  expérience  et  de  celles  de  la 
page  265,  où  la  réduction  de  10  grammes  seulement  par  litre 
de  nitrate  de  potasse  a  produit,  dans  des  conditions  semblables, 
un  excès  de  température  de  5*',45,  montre  qu'ici  l'absence  de 
chaleur  sensible  n'est  due  ni  aux  pertes  par  rayonnement  ou  par 
conductibilité,  ni  à  la  durée  de  la  fermentation.  Il  est  vraisem- 
blable que  le  Bacillus  amylobacter  a  absorbé,  pour  son  propre 
développement,  la  presque  totalité  de  la  chaleur  mise  en  liberté 
par  la  décomposition  du  glucose. 

S'il  en  est  ainsi,  l'énergie  disponible  doit  être  d'autant  plus 
faible  que  la  fermentation  est  plus  active,  ou,  ce  qui  est  corrélatif, 
que  le  ferment  se  multiplie  plus  abondamment.  Si  donc  on 
ajoute  du  salpêtre  à  la  liqueur,  la  proportion  de  sel  réduit  sera, 
en  quelque  sorte,  proporlionnelle  à  la  gêne  du  microbe  et 
à  la  lenteur  de  la  fermentation  butyrique.  Or,  c'est  précisément 
ce  qui  est  arrivé  dans  nos  expériences  :  avec  le  glucose,  qui  n'a 
donné  que  60  centimètres  cubes  environ  de  gaz,  nous  avons  eu 
53*^,5  de  nitrate  de  potasse  décomposé,  tandis  qu'avec  l'amidon, 
qui  a  dégagé  600'=*^  environ  de  gaz,  il  n'y  a  eu  que  2â"^^,v5  de  sel 
réduit.  Bien  plus,  avec  l'amidon,  l'azote  n'est  apparu,  en  pro- 
portion bien  dosable,  qu'à  la  fin  de  la  fermentation,  lorsque  le 
microbe  était  déjà  vieux  et  usé. 

111.  Nous  venons  de  montrer  comment  de  l'hydrogène, 
réputé  à  Yélal  naissant,  peut,  dans  certains  cas,  rester  sans 
action  sur  une  dissolution  de  nitrate  alcalin;  les  exigences 
de  la  vie  du  Bacillus  amylobacter  l'avaient  dépouillé  de  son 
énergie  disponible  et  transformé  en  hydrogène  ordinaire. 

Ce  travail  de  réduction,  que  n'a  pu  faire  notre  ferment 
butyrique,  pourra  être  exécuté  par  d'autres  ferments,  s'ils 
produisent  assez  de  chaleur,  d'abord  pour  les  faire  vivre,  et 


290  l'.  CAÏON  ET  G.  DUPETIT 

ensuite  pour  restituer  aux  nitrates  toute  leur  chaleur  de 
formation. 

112.  Il  résulte  de  tout  ce  qui  précède,  que  la  réduction  des 
nitrates  par  le  Bacicrium  denilrificatis  ne  se  présente  ni  comme 
une  fermentation  proprement  dite,  analogue  à  la  fermentation 
alcoolique,  ni  comme  une  fermentation  secondaire,  rappeliint 
l'hydrogénation  du  soufre  dans  les  expériences  de  M.  Miquel. 

C'est  en  réalité  un  nouveiiu  type  de  fermentations  qui  ne 
peuvent  s'accomplir  que  par  le  concouis  simultané  de  plusieurs 
réactions  chimiques.  La  dénitrification  nous  fournil,  en  outre,  un 
exemple  remarquable  de  combustions  énergiques,  produites  à 
l'abri  de  l'oxygène  de  l'air.. 


RECHERCHES  SUR  LA  RÉDUCTION  DRS  NITRATES.  291 


CHAPITRE  IV 


APPLICATIONS  AGRICOLES 


113.  L'étude  de  la  réduction  des  nitrates  dans  le  sol  n  a  été 
abordée  avec  fruit  que  par  M.  Th.  Schlœsing  en  i873  0).  Dans 
deux  expériences  successives,  le  savant  directeur  de  TÉcoIe  d'appli- 
cation des  manufactures  de  FÉtat  mit  dans  de  grands  flacons  de 
la  terre  calcaire,  riche  en  principes  humiques,  avec  de  Tazotate 
de  potasse,  à  la  dose  de  78^%5  de  sel  pour  12  kilogrammes 
environ  de  terre. 

Il  y  eut  d'abord  diminution  de  pression,  puis  formation  et 
dégagement  d'un  mélange  d'azote  et  d'acide  carbonique.  En 
dosant,  à  la  fin  de  l'expérience,  le  volume  d'azote  produit,  il 
trouva  que  la  terre  avait  perdu  non  seulement  tout  Tazoto  du 
nitrate,  mais  encore  une  partie  de  celui  de  la  matière  organique 
azotée.  Tout  le  nitre  avait  disparu.  Il  y  avait  eu,  en  outre, 
production  d'ammoniaque,  mais  en  proportion  non  équivalente  au 
nitrate  réduit. 

114.  Ces  résultats  confirmaient  une  expérience  précédente  où 
M.  Schlœsing,  étudiant  l'influence  de  la  proportion  d'oxygène  sur 
la  nitriflcation  dans  une  atmosphère  combinée,  avait  montre 
qu'à  la  limite,  lorsque  la  proportion  d'oxygène  est  nulle,  le  sol 
devient  un  milieu  réducteur  et  que,  loin  de  faire  des  nitrates,  il 
décompose  ceux  qu'il  renfermait  déjà  {^). 

M.  Schlœsing,  dont  l'attention  n'avait  pas  encore  été  appelée 


(^)  C.  R.,t.  LXXVII,  p.  353, 1873.  —  Consulter  aussi,  sur  ces  matières,  le  chapitre 
fort  intéressant  que  M.  Grandcau  a  consacré  à  Torigine  et  aux  sources  de  l'azote 
des  végétaux  dans  le  premier  volume  de  son  Cours  d'agriculture  de  l'École  fores- 
tière :  —  Nutrition  de  fa  plante,  1879. 

(«)  C.  II.,  t.  LXXVU,  p.  203,  $873. 


292  U.  GAYON  ET  G.  DUPETIT. 

sur  le  rôle  des  infiniment  petits,  attribuait  la  destruction  de 
Tacide  nitrique  à  l'action  réductrice  de  la  matière  organique. 

H5.  Depuis  lors,  en  1877  (*),  MM.  Schlœsing  et  Mùntz  ontétabP 
que  la  nitrification  n'est  point  un  simple  phénomène  chimique, 
mais  bien  une  oxydation  corrélative  de  la  présence,  du  développe- 
ment et  de  la  multiplication  de  certains  microorganismes  aérobies; 
les  recherches  de  M.  R.  Warington  ont  confirmé,  dès  4878  (^) 
celles  de  MM.  Schlœsing  et  Mûntz. 

Il  était  naturel  de  supposer  que  la  réaction  inverse  de  la 
nitrification,  savoir  la  réduction  des  nitrates  dans  le  sol,  déjà 
observée  par  M.  Schlœsing,  serait  aussi  un  phénomène  physio- 
logique. C'est  cette  remarque  qui  a  été  le  point  de  départ  de  nos 
recherches. 

116.  Notre  première  expérience  sur  la  terre  fut  commencée 
le  10  juillet  188:2.  Du  terreau  de  jardin,  mélangé  avec  un  poids 
égal  de  pierre  ponce  calcinée,  fut  mis  dans  deux  allonges  en 
verre  a  et  6,  parcourues  de  bas  en  haut  par  un  courant  d'azote, 
tandis  que  de  l'eau  d'égout,  nitratée  à  100  milligrammes  par  litre 
et  stérilisée,  tombait  goutte  à  goutte  à  la  surface  du  terreau. 

Le  tableau  ci-dessous  donne  les  volumes  de  bioxyde  d'azote 
dégagé  en  présence  du  protochlorure  de  fer  et  de  facide 
chlorhydrique,  par  le  nitrate  contenu  dans  l'eau  sortant  des 
allonges.  Le  dosage  a  été  fait  chaque  fois  sur  50  centimètres 
cubes  de  liquide  préalablement  concentré  par  la  chaleur. 

a  h 

Le  11 1",2  0",7 

13 0  ,9  1  .1 

16 0  ,7  0  ,7 

17 0  ,6  0  ,7 

18 0  ,3  0  ,7 

19 0  ,4  0  ,4 

20 0  ,2  0  ,2 

24 0  ,0  0  ,0 

26 0  ,1  0  ,3 

Totaux...      4  ,4  4  ,8 


(«)  C.  n  ,  l.  LXXXIV,  p.  301. 

(*)  Journal  ofthe  Chemicdl  Socidy,  janvier  1878,  p.  44. 


RRCHERCHRS  SUR  I.A  RÉDUCTION  DES  NITRATES.  293 

Correspondant  à  : 

a  h 

Nitrate  de  potasse. .     20"'»  22"'« 

Le  volume  total  du  liquide  recueilli*  étant  de  450  centimètpes 
cubes^  on  aurait  dû  avoir  45  milligrammes  de  nitrate;  la  perte 
est  donc  : 

Pour  a de      25'"« 

—    h de      23 


Moyenne. ...      24,    soit  53  "/o. 

Ce  chiffre  est  un  minimum,  parce  que  le  nitrate  préexistant 
dans  le  terreau  n'a  pas  été  déterminé. 

Cette  expérience  laisse  à  désirer,  puisque  le  terreau  n'a  été 
ni  stérilisé,  ni  ensemencé;  elle  montre  cependant  que  la  terre 
végétale  renferme  normalement  les  germes  de  microbes  dénitri- 
fiants, et  que  ceux-ci  évoluent  dès  qu'on  les  confine  dans  une 
atmosphère  privée  d'oxygène  libre  (*).  On  les  voit  facilement 
au  microscope  dans  l'eau  qui  s'écoule  des  allonges  et  l'on  constate 
qu'ils  ont  les  formes  les  plus  variées. 

117.  Le  nombre  des  organismes  contenus  dans  le  sol  (^) étant 
considérable,  et  leurs  propriétés  très  différentes,  il  était  nécessaire 
d'opérer  avec  des  microbes  purs.  Nous  avons  pris  pour  lype 
le  B.  denitrificans  a,  dont  l'étude  a  été  faite  dans  les  chapitres 
précédents,  et  nous  Tavons  fait  agir  sur  de  la  terre  nitratée  seule 
ou  additionnée  de  matières  hydrocarbonées. 

118.  Le  13  janvier,  on  remplit  des  ballons  à  long  col  de 
500  centimètres  cubes  environ  de  capacité  avec  de  la  terre  de 
jardin,  calcaire,  riche  en  humus  et  intimement  mélangée  avec 
du  salpêtre.  On  ferme  ces  ballons  à  la  lampe  ;  on  les  stérilise  et, 
après  refroidissement,  on  ajoute  de  la  semence  prise  dans  une 
culture  récente. 

Les  baUons  a  et  a'  renferment  r'"*  de  salpêtre  par  kilogramme  de  terre  ; 
—  6  et  6'        —         10  --  —  — 

(')  Le  20  juillet,  l'expérience  prouvait  déjà  qu'il  y  avait  eu  dénitrificaiion.  Nous 
^communiquâmes  le  fait,  pour  prendre  date,  à  la  Sociélé  des  Sciences  physiques  et 
naturelles  de  Bordeaux.  (Séance  du  20  juillet  1882,  2«  série,  t.  V,  p.  \XXI.) 

(<)  Annitairc  de  l'Observatoire  de  Montsouris  (années  1879-1881). 


â94  U.  GAYON  ET  G.  DUPETIT. 

Les  ballons  a  et  b'  sont  seuls  ensemencés;  a  el  b  doivent 
servir  de  termes  de  comparaison  ;  ils  sont  placés  tous  les  quatre 
dans  une  étuve  à  35  degrés. 

Le  23  janvier,  on  met  fin  à  Texpérience  et  on  dose  les  nitrates. 
On  trouve  : 

Nitrate  restant  dans  a . .     1»'  par  kilogr. 

—  —        g'..     0,727        — 

Nitrate  disparu  dans  a'..     0,273        — 
Proportion  de  sel  réduit  dans  a', .     27,3  ^1^, 

Nitrate  restant  dans  b  . .     10''  par  kilogr. 

—  —        6'..     8,571        — 

Nitrate  disparu  dans  b'. .     1,429 
Proportion  de  sel  réduit  dans  b'..     14,3  ^lo. 

Ainsi,  en  dix  jours  seulement,  le  microbe  a  décomposé  une 
quantité  très  importante  de  sel,  bien  qu'il  ait  trouvé  de  mauvaises 
conditions  de  développement  dans  une  terre  peu  humide.  Si  Ton 
iiicilitesa  multiplication  en  ajoutantàla  terre,  soit  de  Peau  distillée, 
soit  de  Teau  sucrée,  la  dénitriQcation  est  beaucoup  plus  rapide. 

119.  En  même  temps  que  les  ballons  précédents,  on  a  ense- 
mencé avec  le  même  microbe  les  ballons  suivants  qui  ren- 
fermaient : 

tti  de  la  terre  nitratée  h  V  par  kilogramme  -+-  eau  distillée. 

r(,        —  —  1  —  -f-  eau  sucrée  k  5  ".o. 

/>,        —  —  10  —  4-  eau  distillée. 

ùi        —  —  10  —  +  eau  sucrée  à  5  %. 

Le  15,  couronne  de  bulles  à  la  surface  des  liquides  dans  les 
quatre  ballons. 

Par  la  fermentation,  la  terre  a  été  soulevée  dans  tous;  avec 
Tenu  sucrée,  la  mousse  a  été  plus  abondante  qu'avec  Teau  distillée. 

Le  16,  tout  le  nitrate  est  décomposé  dans  a^. 

Le  18,  tout  le  nitrate  a  disparu  dans  a^. 

Le  23,  on  met  fin  à  Texpérience  et  Ton  dose  les  nitrates  ;  on 
obtient  par  kilogramme  de  terre  : 

Nitrate 
restant.  disparu. 


Dénitrification. 


Dans  a, Néant.  1^'  100  «/o 

—  Ui Néant.  1  100 

—  ^1 6«',992  3,008  30,1 

—  bi Néant.  10  100 


RECHERCHES  SUR  LA  RÉDUCTION  DES  NITRATES.  295 

120.  Si  Ton  rapproche  ces  résultats  de  ceux  trouvés  avec  la 
terre  seule  (118),  on  voit  que,  toutes  choses  égales  d'ailleurs,  la 
décomposition  du  salpêtre  a  été  plus  rapide  avec  Tcau  distillée 
qtfavec  la  terre  seule,  plus  rapide  aussi  avec  Teau  sucrée  qu'avec 
Teau  distillée.  L'examen  microscopique  montre  en  outre  que  le 
développement  du  microbe,  son  abondance  et  sa  jeunesse  sont  en 
relation  directe  avec  l'énergie  de  la  réduction. 

Le  dosage  des  nitrates  dans  la  terre  non  ensemencée  montre 
en  outre  que,  pendant  la  durée  de  l'expérience,  les  matières  orga- 
niques n'ont  pas  réduit  le  nitrate  en  l'absence  des  microbes. 

121.  Dans  l'expérience  que  nous  venons  de  résumer,  nous 
n'avons  pas  fait  l'analyse  quantitative  du  gaz  dégagé;  nous  avons 
simplement  vérifié  qu'il  était  composé  d'acide  carbonique  et 
d'azote. 

Pour  avoir  sa  composition  exacte,  et  une  fermentation  rapide, 
nous  avons  employé  l'appareil  décrit  page  282  {fig.  17).    * 
Le  9  juillet,  on  y  a  stérilisé  : 

Terre  de  jardin,  riche  en  calcaire. . .  lOO»'" 

Nitrate  de  potasse 0,50 

Sucre  de  canne 5 

Eau  distillée q.  s. 

L'ensemencement  a  été  fait  avec  du  B.  denilrificans  a  prove- 
nant d'une  culture  récente.  La  température  du  bain-marie  était 
de  35  degrés. 

La  fermentation  a  été  terminée  le  20. 

Le  gaz  dégagé  est  formé  de  : 

Azote 48",l 

Acide  carbonique 7  .9 

Total 5(3  ,0 

correspondant  à  la  composition  centésimale  : 

Azote 83,84 

Acide  carbonique 14,16 

100,00 


i9()  U.  GAYON  ET  G.  DUPETIT. 

On  a  en  outre  : 

Nitrate  disparu 0e'-,314    soit  02,8'  /o. 

Sucre  disparu Traces. 

Le  nitrate  décomposé  aurait  dû  donner  44  centimètres  cubes 
d'azote,  au  lieu  de  48,  volume  trouvé. 

Cette  différence  est  du  même  ordre  que  celle  que  nous  avons 
constatée  dans  Tétude  de  la  dénitrification  dans  les  bouillons  de 
culture.  Elle  est  en  relation,  comme  on  l'a  vu,  avec  la  formation 
d'une  certaine  quantité  d*ammoniaque  aux  dépens  de  la  matière 
organique  azotée. 

122.  Le  30  juillet,  on  a  répété  l'expérience  avec  les  mêmes 
poids  relatifs  de  terre,  de  salpêtre  et  de  sucre;  cinq  jours  après, 
le  4  août,  il  avait  disparu  0^'',325  de  salpêtre,  soit  65  pour  cent 
de  sel  employé. 

Ces  dfeux  essais,  rapprochés  de  ceux  de  la  page  283, 
montrent  qu'en  se  plaçant  dans  les  conditions  des  expériences 
de  MM.  Dehérain  et  Maquenne,  notre  B.  denitrificans  peut 
réaliser  ce  que  n'a  pu  faire  le  Bacillus  amylobacter. 

123.  Les  conditions  expérimentales  réalisées  ci-dessus  ne 
permettent  pas  de  faire  circuler  des  gaz  dans  la  terre  végétale 
et  de  rechercher  T influence  de  Toxygène  sur  le  microbe  déni- 
triflant. 

Pour  résoudre  ce  problème,  et  nous  rapprocher  en  même  temps 
davantage  des  conditions  dans  lesquelles  fonctionnerait  ledit 
microbe,  s'il  existait  seul  dans  un  sol  arable  humide,  nous  avons 
disposé  l'appareil  de  la  figure  18. 

La  partie  essentielle  de  cet  appareil,  représentée  en  triple  à 
gauche  de  la  figure,  comprend:  un  gros  tube  vertical  A,  conte- 
nant la  terre,  un  réservoir  R,  où  se  trouve  le  liquide  nitrate,  le 
récipients,  destiné  à  recueillir  les  produits  s'écoulant  du  tube  A. 

Le  tube  A  s'engage  à  la  partie  inférieure  dans  un  excellent 
bouchon  de  liège  qui  ferme  Torifice  du  récipient  B;  il  porte  à 
sa  partie  supérieure  un  tube  recourbé  vers  le  bas  et  effilé  en 
pointe  a,  et  un  tube  6,  muni  d'une  bourre  de  coton  et  relié  par 


RECREHCHES  SUR  LA  RËOtICTION  DES  NITRATES.  297 

un  tube  de  caoutchouc  à  un  petit  barboteur  D.  Le  réservoir  R,  à 
robinet  r,  est  un  cylindre  divisé  en  parties  d*égate  capacité, 


298  U.  GAYON  ET  G.  DU  PETIT. 

corame  celui  de  la  figure  16;  il  est  fermé  en  haut  par  un 
bouchon  conique  à  recouvrement  garni  de  coton.  Son  extrémité 
inférieure  pénètre  dans  la  partie  supérieure  de  Â  ;  un  tube  de 
caoutchouc  rend  la  fermeture  hermétique.  Le  récipient  B 
est  fait  avec  un  ballon  dont  le  fond  est  soudé  à  un  tube  en  S 
eirilé  0  et  dont  le  col  porte  une  tubulure  latérale  b^,  munie  aussi 
d'une  bourre  de  coton  et  reliée  par  un  tube  de  caoutchouc  à  un 
tube  barboteur  E  contenant  de  Teau  distillée  pour  saturer  les  gaz 
d'humidité.  Le  tube  plongeant  du  barboteur  est  réuni,  pârTinler- 
médiaire  du  robinet  r^,  à  une  canalisation  de  gaz. 

Dans  la  figure,  les  récipients  A  et  A'  communiquent  avec 
un  appareil  à  acide  carbonique.  A'  avec  une  trompe  à  air. 

Ces  trois  appareils  semblables,  placés  parallèlement  sur  un 
support  en  bois  S,  sont  déposés  à  Tintérieur  d'une  grande  éluve 
en  bois  dont  la  double  paroi  est  représentée  en  C. 

L'acide  carbonique  est  produit  dans  un  grand  flacon  bitubulé  F, 
par  la  réaction  de  l'acide  chlorhydrique  étendu  sur  le  marbre. 
Pour  que  le  courant  soit  lent  et  puisse  durer  plusieurs  jours,  on 
fait  tomber  goutte  à  goutte  l'acide  chlorhydrique  du  flacon  de 
Mariette  H  dans  le  tube  à  entonnoir  G.  Le  gaz  dégagé  passe 
dans  un  barboteur  M  avant  de  se  rendre  dans  les  appareils  A 
et  A'.  Malgré  la  lenteur  de  la  réaction,  le  flacon  F  finit  par  se 
remplir  d'une  solution  concentrée  de  chlorure  de  calcium.  Pour 
l'enlever,  on  ferme  un  instant  les  robinets  r^  et  r\;  le  gaz 
carbonique  comprime  le  chlorure  de  calcium  et  le  chasse  par 
le  siphon  N  dans  un  verre  V;  on  rétablit  l'état  primitif  en 
rouvrant  les  robinets  r^  et  ri. 

Le  courant  d'air  est  fourni  par  une  trompe  à  vide  T  transfor- 
mée en  petite  soufflerie  à  l'aide  d'une  éprouvette  P.  L'eau  venant 
du  robinet  0  s'écoule  par  la  tubulure  inférieure  de  l'éprouvette. 

Le  flacon  producteur  d'acide  carbonique  et  la  trompe  soufflante 
sont  extérieurs  à  l'étuve. 

124.  Cela  posé,  il  est  facile  de  voir  comment  circulent  les  gaz 
dans  nos  appareils.  L'acide  carbonique  arrive,  par  exemple,  dans 
le  barboteur  E,  où  l'écoulement  est  réglé  à  Taide  du  robinet  }\; 


I* 


RECHERCHES  SUR  LA  RÉDUCTION  DES  NITRATES.  299 

puis  il  pénètre  dans  le  réservoir  B,  dont  le  tube  o  est  fermé  à 
la  lampe,  s'élève  dans  la  colonne  A,  à  travers  la  terre  végétale, 
et  s'échappe  à  l'extérieur  par  le  barboteur  D,  la  pointe  a  étant 
aussi  fermée  à  la  lampe. 

Si  le  robinet  r  est  ouvert,  le  liquide  de  R  s'écoule  et  tombe  à 
la  surface  de  la  terre;  en  descendant,  il  imprègne  celle-ci,  se 
divise  à  TinAni,  reçoit  Faction  du  courant  ascendant  de  gaz  et 
arrive  enfin  en  B,  où  il  s'accumule. 

Pour  extraire  ce  liquide  à  un  moment  donné  sans  démonter 
l'appareil,  on  ferme  le  robinet  r,  on  brise  la  pointe  o  et  Ton 
bouche  avec  le  doigt  l'orifice  du  barboteur  D;  le  gaz  continuant  à 
arriver  s'accumule  en  B  et  force  le  liquide  à  sortir  par  o  ;  on  le 
recueille  dans  un  verre.  On  remet  les  choses  dans  l'état  pri- 
mitif en  retirant  le  doigt  et  scellant  de  nouveau  à  la  lampe 
reffilure  o. 

125.  Toutes  ces  manipulations  n'ont  d'intérêt  que  si  on  peut 
les  appliquer  à  Tétude  d'un  être  vivant  unique  et  maintenu  pur 
pendant  toute  la  durée  de  l'expérience.  Il  faut  pour  cela  que 
l'appareil  puisse  être  stérilisé  dans  toutes  ses  parties,  que  la 
semence  pure  puisse  y  être  introduite,  que  le  gaz  soit  purifié 
avant  d'agir,  et  enfin  que  le  liquide  nitrate  ne  soit  jamais  souillé 
de  germes  étrangers. 

Ces  conditions  sont  toutes  réalisables. 

Et  d'abord,  l'ensemble  A,  B,  R  peut  être  stérilisé  en  entier 
dans  un  autoclave  (^),  à  la  condition  de  fermer  les  orifices  o  et  a. 
Pendant  le  refroidissement,  l'air  extérieur  ne  peut  pénétrer  que 
par  les  tubulures  b,  b^  et  parle  bouchon  conique  de  R;  partout  il 
se  purifie  sur  du  coton  calciné.  Si  les  dimensions  de  cet  appareil 
sont  trop  grandes  pour  l'autoclave  dont  on  dispose,  on  peut  le 
démonter  en  ses  trois  parties,  en  envelopper  les  extrémités 
ouvertes  avec  une  épaisse  couche  de  ouate,  et  les  stériliser 
isolément.  Il  faudra  seulement  prendre  plus  de  précautions  pour 


(^)  La  stërilisaUon  dans  un  poêle  à  gaz  est  à  peu  près  impossible  quand  A  est 
garni  de  terre. 


300  U.  GAYON  ET  G.  DUPETIT. 

les  relier  ensuite  les  unes  aux  autres.  Il  faut  remarquer  que  la 
stérilisation  de  la  terre  est  une  opération  difficile  qui  exige  raction 
prolongée  d'une  température  élevée. 

Quand  Tappareil  stérilisé  est  fixé  sur  son  support,  on  le  réunit 
par  un  tube  de  caoutchouc  au  barboteup  E.  Pour  Tensemencement, 
on  ferme  r^  et  on  introduit  la  tubulure  a,  ouverte  avec  les 
précautions  habituelles,  dans  le  vase  contenant  la  semence;  puis 
on  aspire  doucement  par  Torifice  du  barboteur  D,  au  moyen 
d'un  caoutchouc,  si  cela  est  nécessaire.  On  retire  ensuite  le  vase; 
on  flambe  la  tubulure  a,  et  on  la  scelle  à  la  lampe. 

Quant  au  liquide  nitrate,  on  le  prélève  avec  une  pipette  flam- 
bée dans  le  ballon  où  il  a  été  stérilisé,  et  on  le  transporte  en  R, 
avec  les  précautions  connues. 

Enfin,  le  gaz  carbonique  et  Pair  sont  purifiés,  avant  leur  entrée 
dans  l'appareil,  par  les  bourres  de  coton  6,,  b\  et  b\. 

En  résumé,  le  dispositif  que  nous  venons  de  décrire  avec  détail 
est  d'une  manipulation  sûre  et  d'un  emploi  avantageux  pour 
l'étude  physiologique  des  microbes  aérobies  ou  unaérobies,  toutes 
les  fois  qu'il  y  a  intérêt  à  multiplier  les  surfaces  de  contact  d'un 
liquide  de  culture  et  d'un  gaz  déterminé.  Nous  l'avons  appliqué 
à  la  dénitrification  et  à  la  nitrification.  Nous  ne  parlerons  ici  que 
des  phénomènes  de  réduction  obtenus  avec  le  B.  denilrificans  a. 

126.  Voici  comment  nous  procédons  : 

Les  tubes  A,  A' ,  A''  reçoivent  chacun  70  grammes  d'une  bonne 
terre  de  jardin,  calcaire  et  riche  en  humus.  La  terre,  préalablement 
séchée  à  l'air  libre,  est  tamisée  et  l'on  ne  retient  que  les  grains 
ayant  de  2  à  3  millimètres  environ  de  diamètre.  Ces  dimensions 
sont  convenables  pour  que  liquides  et  gaz  circulant  en  sens 
contraire  se  trouvent  en  contact  sur  une  grande  surface,  et  pour 
que  la  terre  ne  se  tasse  pas  par  Timbibition.  On  empêche  tout 
entraînement  de  matières  solides  dans  les  ballons  inférieurs  en 
faisant  reposer  la  terre  sur  une  couche  de  gros  grains  de  carbonate 
de  chaux  et  ceux-ci  sur  des  fragments  de  verre. 

Après  stérilisation  de  tout  l'appareil,  on  met  dans  les  réservoirs 
supérieurs  R,  R',  R'^  de  l'eau  distillée  tenant  en  dissolution  un 


> 


RECHERCHES  SUR  LA  RÉDUCTION  DES  NITRATES.  301 

gramme  par  litre  de  nitrate  de  potasse,  et  dans  les  ballonsB,  B',  B'' 
qui  doivent  recevoir  des  liquides  fermentes,  un  volume  connu 
d'une  solution  étendue  de  sulfate  de  cuivre  ou  de  tout  autre 
antiseptique.  Cette  précaution  est  indispensable  pour  empêcher 
que  le  nitrate  non  réduit  par  la  terre  ne  le  soit  ultérieurement 
par  les  organismes  entraînés  avec  le  liquide  dans  les  ballons. 

Si  Tun  des  appareils  n'est  pas  ensemencé,  on  ne  met  pas  d'anti- 
septique dans  le  ballon  correspondant  ;  l'absence  de  microbes  dans 
le  liquide  écoulé  est  la  preuve  que  la  stérilisation  avait  été  bien 
faite. 

127.  Le  24  juin,  tout  étant  préparé  comme  on  vient  de  le  dire, 
on  ensemence  A  et  A''  avec  du  B.  denitrificans  a  jeune,  et 
l'on  fait  circuler  de  l'acide  carbonique  dans  A  et  A',  de  l'air 
dans  A''  ;  le  tube  A'  non  ensemencé  doit  servir  de  terme  de  com- 
paraison. La  température  de  l'étuve  est  de  35  degrés. 

A  partir  de  l'ensemencement,  on  fait  écouler  dans  chaque 
appareil  : 

Le  24  juin 10"  de  liquide  nitrate. 

Le25  —  5  — 

Du  25  juin  au  8  juillet,  2'%5  par  jour,  soit. .    32,5  — 

Total 47,5 

Le  8  juillet,  on  met  fin  à  l'expérience.  Les  poids  de  nitrate 
trouvé  dans  les  liquides  écoulés  sont  : 

Dans  A 46-«,8 

—  A' 79   ,2 

—  A' 81    ,5 

On  voit  tout  de  suite  qu'il  y  a  eu  perte  de  nitrate  dans  A,  et 
que  la  présence  de  l'oxygène  n'a  point  déterminé  une  nitrifica- 
tion  sensible  dans  A'.  En  prenant  la  moyenne  des  nombres 
obtenus  avec  A'  et  A*",  on  aura  le  poids  de  sel  entraîné  en 
dissolution,  celui  auquel  il  faut  comparer  46'°^,8  pour  connaître 
le  poids  exact  de  nitrate  réduit,  ce  qui  donne  : 

Moyenne  de  A'  et  A' 80-S3 

Poids  de  A 46   ,8 

Nitrate  détruit. . .      33  ,5 


302  U.  GATON  ET  G.  DUPETIT. 

soil  41,7  0/0  du  nitrate  total  et  480  milligrammes  environ  par 
kilogramme  de  terre. 

Dans  une  autre  expérience,  au  bout  de  quatre  jours,  du  17  au 
20  juin,  la  proportion  de  nitrate  décomposé  dans  la  terre  a  été 
de  19  0/0. 

128.  Il  résulte  de  ces  expériences  et  de  celles  de  la  page  293 
que  le  fi.  deniirificans  n  réduit  les  nitrates  alcalins  dans  une  terre 
végétale  riche  en  humus,  sans  qu'il  soit  nécessaire  de  lui  ajouter 
des  substances  étrangères,  telles  que  du  sucre  ou  du  glucose. 
Les  matières  organiques  de  la  terre  suffisent  don6  à  la  nutrition 
du  microbe  et  leur  carbone  peut  être  brûlé  par  Foxygène  de 
Tacide  nitrique. 

129.  Que  ce  microbe,  ou  le  B.  deniirificans  3>  ou  tout  autre 
semblable,  se  soit  développé  dans  les  expériences  de  M.  Th. 
Schlœsing  sur  la  réduction  des  nitrates  dans  le  sol,  et  Ton 
comprendra  que  la  terre  ait  perdu,  comme  dans  nos  bouillons 
de  culture,  non  seulement  tout  Tazote  de  son  nitrate,  mais  encore 
une  partie  de  celui  de  ses  matières  organiques  azotées. 

130.  On  comprendra  également  que  Tammoniaque  formée  ne 
fût  pas  en  proportion  équivalente  au  nitrate  réduit,  puisque  nos 
expériences  nous  ont  donné  : 

Pour  le  B.  deniirificans  a  (page  249)  : 

Ammoniaque  correspondant  à  1  gramme  de  nitre lôS^^S 

—  formée  pendant  la  réduction 45   ,1 

Proportion  d'ammoniaque  formée  pendant  la  réduction.      26   ,8  % 

et  pour  le  B.  deniirificans  p  (page  253)  : 

Ammoniaque  correspondant  à  1<^%285  de  nitrate 216*^2 

—  formée  pendant  la  réaction 25   ,4 

Proportion  d'ammoniaque  formée  pendant  la  réaction. .      11    ,7  o/o 

Or,  M.  Schlœsing  a  trouvé  dans  ses  deux  essais  : 

1.  II. 

Ammoniaquecorrespondaut  au  nitrate  employé...  1528"«      1262''» 

—  formée  pendant  la  réaction 101  192,7 

Proportion  d'ammoniaque  formée 6,6 ^/o     15,  3  o/o 

L'un  de  nos  nombres  est  précisément  compris  entre  ceux  de 
M.  Schlœsing. 


RECHERCHES  SUR  LA  RÉDUCTION  DES  NITRATES.  303 

131.  La  proportion  d'ammoniaque  formée  pendant  la  dénitriG- 
cation  dépend  donc  de  la  nature  du  microbe  et  sans  nul  doute 
aussi  de  la  composition  des  matières  azotées  du  sol. 

II  est  probable  que  Torigine  de  cette  ammoniaque  varie  avec  les 
propriétés  physiologiques  des  organismes  réducteurs  qui  vivent 
dans  la  terre  végétale,  et  que  son  azote  peut  être  emprunté  soit  à 
Tacide  nitrique,  soit  aux  substances  organiques  azotées.  Dans  le 
premier  cas,  les  nitrates  ne  sont  pas  détruits  en  pure  perte  et  sans 
aucune  compensation  ;  dans  le  second,  Tazote  organique  devient 
soluble  et  plus  aisément  assimilable  par  les  racines  des  végétaux. 

132.  La  décomposition  des  nitrates  employés  comme  engrais, 
ou  formés  par  nitrification  spontanée,  n'est  pas  à  redouter  dans 
une  terre  en  bonne  culture,  labourée  souvent,  meuble  et  bien 
aérée,  car  l'oxygène  y  pénètre  assez  profondément  pour  empêcher 
les  microbes  anaérobies  de  se  développer  et  d'exercer  leur  fâcheuse 
influence  réductrice. 

Mais  si  la  terre  est  recouverte  d'eau  ou  simplement  imprégnée 
d'humidité,  l'air  n'y  circule  plus  librement,  et  les  phénomènes 
de  réduction  ne  tardent  pas  à  apparaître,  surtout  à  la  température 
de  l'été.  La  nature  du  sol,  sa  composition  chimique,  les  germes 
qu'il  renferme,  influent  naturellement  sur  la  rapidité  et  sur  la 
nature  de  la  réaction. 

133.  Dans  ces  conditions,  la  réduction  de  l'acide  nitrique 
s'arrête  souvent  à  son  premier  degré,  c'est-à-dire  à  la  formation 
d'acide  nitreux;  aussi  trouve-t-on  presque  toujours  des  nitrites 
dans  les  terres  humides. 

Par  les  temps  secs,  la  proportion  d'acide  nitreux  va  en  dimi- 
nuant à  mesure  qu'on  se  rapproche  de  la  surface  du  terrain  ; 
mais  ce  n'est  point,  comme  le  pense  le  colonel  Chabrier, 
parce  que  c  les  nitrites  en  dissolution  dans  l'humidité  terrestre 
»  sont  attirés  à  la  surface  du  sol  par  la  capillarité  et  qu'ils  s'y 
)  convertissent,  au  moins  partiellement,  en  nitrates  ^  (^),  c'est 
simplement  parce  que  la  dessiccation  facilite  l'accès  de  l'oxygène 

,*}  Annales  de  chimie  et  de  physique,  $•  série,  t.  XXI  H,  p.  161, 1871. 


RECHERCHES  SUR  U  RÉDUCTION  DES  NITRATES.  305 


RÉSUMÉ  ET  CONCLUSIONS 


1^  Nous  avons  démontré  que  la  destruction  des  nitrates,  dans 
les  liquides  de  culture  et  dans  la  terre  végétale,  quel  que  soit  le 
degré  de  réduction,  n'est  point  un  simple  phénomène  chimique, 
mais  qu'elle  est  corrélative  de  la  présence,  du  développement  et 
de  la  multiplication  des  infiniment  petits.  Elle  exige  des  milieux 
riches  en  matières  organiques. 

3^  Indépendamment  des  microbes  qui  ne  font  que  transformer 
les  nitrates  en  nitrites,  nous  avons  isolé  à  Tétat  de  pureté  deux 
bactéries  dénitrifiantes  {Baclerium  denitrificaiis  a  et  ^)  et  étudié 
spécialement  les  propriétés  de  Tune  d'elles,  en  insistant  sur  son 
aspect,  son  mode  de  développement,  les  milieux  qui  lui  convien- 
nent, et  sur  les  circonstances  qui  favorisent  son  activité  et  ses 
propriétés  réductrices. 

3^  Nos  deux  microbes  se  multiplient  avec  la  même  facilité  dans 
les  bouillons  de  viande  et  dans  le  liquide  artificiel  suivant  : 

Nitrate  de  potasse 10<%00 

Acide  citrique 7  ,00 

Àsparagine 5  ,00 

Phospliate  de  potasse 5  ,00 

Sulfate  de  mag^iésie 5  ,00 

Chlorure  de  calcium  cristallisé 0  ,50 

Sulfate  de  protoxyde  de  fer 0  ,05 

Sul&te  d'alumine 0  ,02 

Silicate  de  soude 0  ,02 

Ammoniaque,  pour  neutraliser q.  s. 

Bau,  pour  compléter  le  volume  à 1000" 


306  U.  GAYON  ET  G.  DUPETIT. 

/tP  Les  vapeurs  de  mercure  nuisent  ciu  développement  des 
Bacterium  deniirificans,  tandis  que  Tacide  salicylique  et  Facide 
phénique  sont  sans  action  antiseptique  sur  ces  deux  organismes. 

5"*  Nous  avons  montré  que,  suivant  la  composition  du  milieu 
nutritif,  Fazote  de  Facide  nitrique  se  dégage  seul  ou  mélangé  à 
du  protoxyde  d'azote.  La  température,  la  concentration  des 
liqueurs  font  varier  la  proportion  de  protoxyde  d'azote. 

6°  L'oxygène  de  Facide  nitrique,  qui  ne  reste  pas  combiné  avec 
l'azote  dans  le  protoxyde,  brûle  le  carbone  de  la  matière  organique, 
et  donne  de  Facide  carbonique  qui  se  dissout  en  grande  partie  à 
l'état  de  bicarbonate  de  potasse. 

7°  Si  la  matière  organique  est  azotée,  comme  dans  le  bouillon 
de  viande,  il  y  a  formation  d'ammoniaque  et  dégagement  d'un 
léger  excès  de  gaz  azote  qui  s'ajoute  à  celui  du  nitrate. 

8°  Les  résultats  oblenus  dans  les  liquides  de  culture  ont  été 
étendus  à  la  terre  végétale.  Cette  application  rend  compte  non 
seulement  des  phénomènes  de  dénitriQcation  constatés  dans  le 
sol,  mais  encore  de  toutes  les  particularités  signalées  par  M.  Th. 
Schlœsing. 

9®  En  cherchant  à  nous  rendre  compte  du  mécanisme  de  la 
dénitrification  par  les  B.  deniirificans,  nous  avons  été  amenés  à 
étudier  Faction  de  l'hydrogène  naissant  sur  les  nitrates.  Nous 
avons  montré  que  le  Bacilhis  amylobacier  peut  dégager  de 
grandes  quantités  d'hydrogène  dans  la  fermentation  butyrique  du 
sucre,  du  glucose  ou  de  Famidon,  et  néanmoins  ne  réduire  que 
de  très  petites  quantités  de  nitrate  de  potasse. 

10°  Nous  pensons  que  la  différence  d'énergie  réductrice  de  ces 
divers  organismes  est  due  à  la  quantité  totale  de  chaleur  mise  à 
leur  disposition  par  Fensemble  des  réactions  chimiques,  et  surtout 
à  la  différence  de  leurs  exigences  thermiques,  lorsqu'ils  jouent  le 
rôle  de  ferments. 

Il''  La  décomposition  des  nitrates  par  le  B.  deniirificans  n'est 


I 


RECHERCHES  SUR  LA  RÉDUCTION  DES  NITRATES.  307 

ni  une  fermentation  proprement  dite,  ni  un  phénomène  secondaire; 
c'est  une  combustion  des  matières  organiques  par  Toxygène 
nitrique,  produite  avec  dégagement  d'une  grande  quantité  de 
chaleur. 

C'est  le  type  de  fermentations  qui  ne  peuvent  s'accomplir  que 
par  le  concours  simultané  de  plusieurs  réactions  chimiques. 


NOTE  SUR  LÀ  THËORIË  ËLËMENTÂIRE 


DES 


MACHINES  DYMMO-ÉLEGTRIQIIES 


PAtt  H.  E.  EOWALSEI    ' 

INOÉNIBUR  DES  ÀRT8  ET  MANUFACTURES,  LICENCIA  È8  SCIENCES  PHYSIQUES, 
MEMBRE  DE  LA  SOCléTÉ  FRANÇAISE  DE  PHYSIQUE. 


INTRODUCTION 

M.  Sylvanus  P.  Tliomson  a  publié  récemment  un  remarquable 
ouvrage  sur  les  machines  dynamo-électriques.  Cet  ouvrage  vient 
d'être  traduit  par  M.  Boistel;  il  renferme  une  théorie  élémentaire 
des  divers  types  de  machines,  basée  sur  la  loi  de  Frôlich  relative 
à  la  relation  qui  existe  entre  Tintensité  du  champ  magnétique 
d*un  électro  et  celle  du  courant  excitateur,  loi  que  M.  Thomson 
met  sous  la  forme  suivante  : 


1  4-G(Vt)' 


(Vf) 

6,  coefficient  purement  géométrique,  dépendant  des  formes  et 
dimensions  des  électro;  k,  coefficient  de  perméabilité  magnétique 
du  fer,«variable  de  2  à  50;  a,  un  très  petit  nombre  dépendant  de  la . 
qualité  et  de  la  masse  des  noyaux  de  fer  des  électro;  Vt,  sym- 
bole représentant  le  nombre  d'ampères  tours  excitateurs. 

Partant  de  cette  relation,  M.  Thomson  l'applique  successive- 
ment aux  machines  dites  séries  dynamo  et  dynamo  en  dérivation. 
Puis,  passant  à  Tétude  des  machines  dites  Compound,  très  impor- 
tantes en  pratique,  puisque  c'est  à  ce  type  qu'appartiennent  les 


310  B.  KUWALSKI.  —  NOTE  SUR  LA  THÉORIE  ÈLËVENTAtHB 

machines  autorégulatrices  permettant  de  maintenir  automatique- 
ment une  différence  de  potentiel  constante  aux  bornes  pour  ne 
citer  que  le  cas  le  plus  important,  M.  Thomson  laisse  de  côté  (sauf 
à  y  revenir  nous  verrons  comment)  cette  relation  fondamentale 
et  prend  comme  point  de  départ  l'Iiypotlièse  de  la  proportionnai  lié 
de  H  et  de  t.  Il  établit  ainsi,  page  259  de  la  traduction  française, 
uue  relation  entre  la  force  électro- motrice  aux  bornes  e,  les 
constantes  de  la  machine,  su  vitesse  et  les  intensités  iV  et  t„  du 
courant  parcourant  le  circuit  excitateur  dérivé  et  du  courant 
engendré  dans  l'armature  rotative  génératrice  du  courant. 
Cette  relation  serait  de  la  forme 

et  M.  Thomson  égale  à  zéro  la  quantité  M' — M',  ce  qui  lui  donne 
une  première  équation  de  condilion  d'oîi  il  déduit  la  titesse 
critique  de  la  machine. 

Je  remarque  d'abord  que  la  valeur  de  e  n'est  pas  pour  cela 
constante,  car  on  a  e^=Mtdet  rien  ne  prouve  que  i^soit  Gse;de 
plus  id  est  lui-même  proportionnel  à  e  de  telle  sorte  que  l'on  a,  en 
définitive,  une  relation  d'où  on  ne  peut  tirer  la  valeur  de  e. 

M.  Thomson  fait,  du  reste,  remarquer  lui-même,  page  232  de 
la  traduction  française,  l'indétermination  résultant  de  l'hypothèse 
H  ^ki.  Aussi,  dans  le  cas  qui  nous  occupe,  a-t-il  recours,  pour 
déterminer  e,  au  moyen  suivant  :  Observant  qu'une  machine 
Compound  devient  une  série  dynamo,  si  on  ouvre  la  dérivation 
ou  si  on  ouvre  le  circuit  extérieur;  que,  d'autre  part,  si  e  est  effec- 
tivement constant,  on  trouvera  sa  valeur,  quelle  que  soit  l'hypothèse 
particulière  sur  la  résistance  extérieure,  il  déduit  e  de  la  formule 
obtenue  par  lui  pour  la  série  dynamo  en  partant  de  la  loi  de 
Frolich,  et  introduit  ainsi,  pour  achever  le  calcul,  une  hypothèse 
différente  de  celle  admise  au  début.  La  valeur  de  e  ainsi  déterminée 
lui  fournit  ensuite  une  deuxième  équation  de  condition. 

Quelle  que  soit  la  haute  situation  et  l'autorité  de  M.  Thomson, 
ce  mode  de  procéder  m'a  paru  défectueux.  D'autre  part,  il  me 
semblait  que  la  machine  Compound  comprenant  les  deux  autres 


DES  MACHINES  DYNAMO-ÉLECTRIQUES.  311 

types  comme  cas  particulier,  il  était  possible  d'établir  des  formules 
générales  déduites  de  la  loi  de  Frôlich  et  embrassant  les  trois 
types;  je  me  proposais  enfin  de  voir  si  les  conditions  mêmes  de 
construction  admises  dans  la  pratique  ne  permettaient  pas  de 
réaliser  Tautorégulation  sans  supposer  la  proportionnalité  de  H 
et  i  que  M.  Thomson  rejette  ensuite.  —  J'ai  consacré  quelques 
instants  de  loisir  que  me  laissaient  les  vacances  à  cette  recherche, 
et  j'ai  été  assez  heureux  pour  trouver  des  formules  me  donnant 
comme  véritication  toutes  celles  trouvées  par  M.  Thomson  dans 
les  divers  cas  particuliers.  J'ai  ensuite  appliqué  la  formule  générale 
à  l'étude  de  la  question  de  l'amorçage  et  du  désamorçage  des 
trois  types  de  machines,  puis  à  la  recherche  de  l'équation  de  la 
courbe  dite  caractéristique,  et  établi  la  relation  qui  lie  ses  élé- 
ments géométriques  aux  constantes  de  la  machine. 

Dans  le  courant  de  ce  travail  j'emploierai  le  système  de  nota- 
tions indiqué  par  le  tableau  ci-après  : 

Fig.  1. 


Diagramme  général 
d  une  Dynamo. 

A,  Balais  servant  de 

borne  négative. 

B,  Second  balais. 
G,    Borne  positive. 

Notations. 


SHUNT. 


t.  Intensité  du  cou- 
rant dans  le  cir- 
cuit {général. 

R,  Résistance  de  celui- 
ci  entre  les  bor- 
nes A  et  C. 

Tm,  Résistance  de  la 
portion  du  cir- 
cuit général  en- 
roulée sur  les 
électros. 
Nombre  de  tours  de 

cette  portion. 
Résistance    de   la 

dérivation  exci- 
tatrice. 


S, 


r., 


£,  Fem  induite  dans 
Tarmature. 

t'a,  Intensité  du  cou- 
rant parcourant 
celle-ci. 

fa,  Sa  résistance. 

Z,      Nombre  de  tours  correspondant. 

Intensité  du  courant  dans  cette  dérivation  (Shunt). 

Différence  de  potentiel  entre  A  et  B. 

Différence  de  potentiel  entre  A  et  C. 

Nombre  de  tours,  par  minute,  de  Tarmature. 

Intensité  du  champ  magnétique. 
K,  <7,  Coefïlcienls  de  perméabilité  et  de  saturation  magnétique. 
A,  G,  Coefficients  de  construction. 


e, 
H. 


312  E.  K0WAL8KI.  —  NOTE  SUR  LA  THÉORIE  ÉLÉMENTAIRE 

§  1 .  —  Établissement  de  la  formule  générale 

Dans  la  théorie  élémentaire  que  nous  voulons  établir,  nous 
négligerons  les  actions  secondaires  telles  que  les  réactions 
deParmalure  sur  le  champ  magnétique  des  électros,  etc.,  etc., 
ainsi  que  le  fait  M.  Thomson  dans  son  traité  des  Dynamo.  En 
vertu  des  principes  fondamentaux  de  Finduction,  la  Fem  induite 
dans  Tarmature  est  proportionnelle  à  H  et  au  nombre  de  tours  n. 
Nous  poserons  donc  E  =  nAH,  A  étant  un  coefficient  constant 
pour  une  machine  donnée. 

D'autre  part,  d'après  la  loi  de  Frôlich,  nous  poserons 

En  vertu  de  ces  relations,  en  tenant  compte  de  la  loi  de  Ohm, 
et  de  celle  des  courants  dérivés,  nous  aurons  les  équations 
suivantes  : 


0) 

(2) 
(3) 
(4) 
(8) 

(6) 
(7) 

»«       t  -4-  I,. 

e  —  Rt. 
e  =r,i,. 

e  =  (r«  +  R)i. 

E  —  6  =  r«t«. 

If 

H  —  fi  (7i    1  tA  -.  .           . 

E  =  nAH. 

(8)  E  =  (r„^-i?^±^^)e„. 

^  ^  \        R  -f-  r«  +  r./ 

Le  facteur  entre  parenthèses  étant  la  résistance  du  circuit 
complexe  formé  par  Tarmature  le  Shunt  et  le  reste  du  circuit. 

Des  éléments  à  déterminer  à  Taide  de  ce  système  d*équations, 
le  plus  important,  pour  notre  but  du  moins,  est  la  différence  de 
potentiel  e  aux  bornes  de  la  machine. 

Les  équations  (1),  (2),  (3)  donnent 

e       e 


DES  MACHINES  DYNAMO-ÉLECTRIQUES.  313 

et,  tenant  compte  de  (4), 

Substituant  dans  (8),  il  vient,  après  réduction, 
E  =  ^^  [(R  +  r«)  {ra^r.)  +  raf.]. 

Les  équations  (2),  (3)  et  (4)  donnent,  d'autre  part, 

R4-r« 
Rn 

Substituant  dans  Téquation  (6),  on  a 

et  posant  R  +  r«,  =  p,  il  vient] 

Rr.-*-a^(Zp  +  Sr,)' 
d'où,  d'après  l'équation  (7),  la  nouvelle  valeur  de  E 

(9)  E  =  nkGKe ?±±l!l . 

Rr,  +  ae(Zp  +  Sr,) 

Égalant  les  deux  valeurs  trouvées  pour  E  et  supprimant  le  facteur 
commun  e,  on  a,  en  posant  n  AGK  =  P  : 

Zp  +  Sn  !.. 

^Rr.4-..(Zp4.Sr.)  =  RF;[P(^--*-^-)-*-^-^l' 

d'où  l'on  tire 

^_Rr,    P(Zp  +  Sr,)^p(r.-4-r,)-r,r, 
a        (Z  p  +  SrO  [p  {Ta  -h  r,)  +  raV.] 

et 

(10)  .  =  !.[ ^^^^^ ^^1 

^    Lp(^a+^)H-^«''.      Zp-t-SrJ* 

T.  II  (8*  Série).  SI 


314  fi.  KOWALSKI.  —  NOTE  SUR  LA  THÉORIE  ÉLÉMENTAIRE 

La  valeur  de  e  étant  ainsi  obtenue,  les  équations  (9),  (â),  {i)y 
(3),  (1)  donneront  successivement  les  quantités  E,  t,  e,  t„  ta-  On 
connaîtra  donc  tous  les  éléments  de  fonctionnement  de  la 
machine. 


§  2.  —  Examen  des  cas  particuliers. 

1^  Si  nous  supposons  le  circuit  extérieur  ouvert,  c'est-à-dire  si 
nous  supposons  R  =  oo ,  la  machine  fonctionne  comme  une  série 
Dynamo,  où  r,  représente  la  résistance  extérieure  totale,  et  où  e 
coïncide  avec  la  différence  de  potentiel  e  aux  balais.  Faisant  dans 
la  formule  générale  (10)  S  =  0,  R  et  p  infinis  et  observant  que 

le  rapport  -  a  pour  limite  l'unité,  on  trouve 


(") 


^       aL(r«4-r.)      zj' 


formule  utilisée  par  M.  Thomson  pour  trouver  la  différence  de 
potentiel  aux  bornes  d'une  Compound  régulatrice,  d'après  la 
remarque  faite  au  début  de  cette  note. 

2^  Série  dynamo.  *-  Pour  obtenir  la  formule  applicable  à  ce 
type  de  machines,  il  sufTit  de  supposer  r«  =  oo  ;  dans  la  formule 
générale,  la  valeur  de  e  peut  s'écrire 

^  _  R  r  P 1      "[ 

L'hypothèse  r,  =  oo  nous  donnera,  en  nous  rappelant  que 
p  =  R  +  r„, 

'">  •=;(ifT^-|)- 

C'est  précisément  la  formule  établie  directement  par  Thomson 
pour  ce  genre  de  machines,  page  228  de  la  traduction  française. 


DBS  MACHINES  DYNAMO- ÉLBGTRIQUB8.  315 

S"^  Shunt-dynamo.  —  Nous  devrons  supposer  dans  notre 
formule  générale  S  ==  0,  r«  =  0  et  par  suite  p  =  R,  ce  qui  nous 
donne 

rlo^  _nr      PR         n 

^"^  "^  ~  7  LR(ra  4- n)  +  far.  ^zj- 

Cette  formule  dififère  par  la  forme  de  celle  établie  directement 
par  Thomson,  page  240  de  la  traduction  française,  mais  on  peut 
facilement  la  ramener  à  celle-ci. 

On  peut  écrire 


e=  - 


la  fraction 


1  r  P rn 

L  Rr.  J 


Rr.  ~r,      r.      R' 


et  remplaçant  -  =  1  par  -  et  mettant  r.  en  facteur  commun ,  on 
pourra  écrire 


(IS"-)  e  =  - 


'['•(-«4-r.)"^] 


(Test  la  forme  donnée  par  Thomson. 


§  3.  —  De  la  Self-régulation. 

Si  Ton  exallnine  les  conditions  de  construction  des  machines 
autorégulatrices  à  potentiel  constant  aux  bornes,  on  arrive,  d'après 
les  chiffres  mêmes  fournis  par  M.  Thomson,  aux  conclusions 
suivantes  : 

iTa  et  r»  sont  des  quantités  très  petites,  leur  produit  est  donc 
négligeable. 

S""  La  résistance  extérieure  variable  R  a  en  général  une  valeur 


316  E.  KOWALSKI.  —  NOTE  SUR  LA  THÉORIE  ÉLÉMENTAIRE 

notable.  Ainsi,  un  ensemble  de  192  lampes  Edison  disposées  sur 
autant  de  circuits  séparés  en  dérivation  sur  les  bornes  présente- 
rait  encore  une   résistance  R  au  moins  égale  à  0,88*  I^ous 

pourrons  donc  supposer  la  fraction  -—  toujours  négligeable  devant 

Tunité. 

â"*  Le  nombre  de  tours  Z  est  considérable  par  rapport  au  nom- 
bre de  tours  S,  de  telle  sorte  que  la  quantité  S  (g)  {ra^-rj)» 

évidemment  négligeable  devant  la  quantité  Z  ^  (r.  +  r,»)  pour  des 

valeurs  un  peu  fortes  de  R>  est  encore  faible  par  rapport  à  celle-ci 
même  pour  des  valeurs  un  peu  inférieures  à  Funité  et  exception' 
nellesj  telle  que  celle  indiquée  ci-dessus;  nous  pourrons  donc 
négliger  le  premier  de  ces  termes  devant  le  second. 

Sous  le  bénéfice  de  ces  conditions  résultant  des  données  mêmes 
de  construction,  nous  allons  pouvoir^  sans  changer  la  base  fonda- 
mentale de  nos  calculs,  en  continuant  par  conséquent  à  adopter  la 
loi  de  Frôlich,  établir  et  la  possibilité  et  les  conditions  mêmes  de 
Tautorégulation . 


En  négligeant  le  produit  r^r^j  la  formule  générale  (10)  peut 


s'écrire  : 


or 


[(ra-4-r.)  +  ^(r«-i-r„)      Z  (* -*-^)  +  S^J' 


et  négligeant  maintenant  ^'devant  Tunité 


n  r-  P 


[(r-  +  r.)  +  g'  (r»  +  r.)      Z  +  s| J  ' 

réduisant  au  même  dénominateur  et  effectuant,  il  vient 

^r  PZ  +  PS^-(r.+r.)-^(r,4-r.)  1 

'  \z  (r, + r.) + Z  ^  (r,  +  r») + S  ^(r. + r.) + S  (^V  (r. + r,) J 


DES  MACHINES  DYNAMO-ÉLECTRIQUES.  317 

1 

Négligeant  alors  au  dénomiDateur  le  terme  en  g^,  il  vient 


(r.-hr,)  +  J[PS-(ra  +  r«)]   1 
•0-Hj[Z(r«-hra)  +  S(ra  +  r.)]j' 


et  posanti  pour  simplifier^ 

r«-Hr.  =  X,         ra  +  rM  =  ^. 
on  a 


(14)  e  =  --• 


^  r(PZ--X)  +  ^(PS-pL)l 
""  I       XZ  +  g(iJLZ4.XS)     J 


Ceci  posé^  pour  que  e  soit  indépendant  de  R,  il  faut  et  il  suffit 
d'avoir 

PZ  — X_  PS  — tJL 

XZ     "^  jxZ  +  XS' 

relation  qui  donne 

Telle  est  laxondiiion  du  sdf'régulation.  —  Comme  P=nAGK 
et  que  AGK  est  une  constante  pour  une  machine  donnée,  on  voit 
que  celte  condition  s'interprète,  en  disant  qu'il  faut,  pour  Tauto- 
régulation,  que  la  machine  possède  une  vitesse  déterminée 
par  ses  conditions  de  construction.  Cette  vitesse  a  été  désignée 
sous  le  nom  de  vitesse  critique. 

Cette  condition  étant  supposée  remplie,  la  valeur  constante 
de  e  devient 

Remarque.  —  Si  Ton  se  rappelle  que  X=ra+r„  on  voit  que 
cette  valeur  de  e  coïncide  avec  celle  fournie  par  la  formule  (11). 
Ce  qui  est  une  vérification  de  nos  calculs,  puisque  si  e  est  effecti- 


318      E.  KOWALSK^.  —  NOTE  SUR  LA  THÉORIE  ÉLÉMENTAIRE 

vement  constant,  on  doit  trouver  cette  valeur  même  si  le  circuit 
extérieur  est  ouvert. 

En  éliminant  P  entre  les  relations  (15)  et  (16),  on  obtient  faci- 
lement 

(17)  ^j  =  - = — . 

Cette  nouvelle  forme  donnée  à  e^  nous  conduit  à  la  remarque 
suivante:  9  et  fx  étant  des  quantités  très  petites,  leur  produit  9a 
est  excessivement  faible,  le  dénominateur  de  e^  est  donc  un  nom- 
bre très  petit.  Si  donc  on  veut,  et  c'est  ce  qui  a  toujours  lieu, 
obtenir  pour  «,  une  valeur  tant  soit  peu  considérable,  le  numé- 
rateur lui-même  devra  être  très  petit;  mais  la  quantité  r^  est 
toujours  assez  notable  (1000  à  1500  r»),  il  faut  doncque  la 
quantité  AS — jxZ  soit  un  très  petit  nombre. 

S  UL 

Le  rapport  ^  doit  donc  être  peu  différent  du  rapport  ^  ou  de 

■7—-^;  et  comme  r,  est  fort  grand  par  rapport  à  r„et  r,»,  on  voit 

que  S  doit  être  très  petit  par  rapport  à  Z.  Condition  de  construc- 
tion que  nous  avons  admise  et  dont  nous  voyons  maintenant  la 
raison. 

M.  Thomson  est  conduit  par  son  procédé  de  calcul  à  la  même 
relation,  ou  du  moins  à  poser  rigoureusement  X S— ,aZ=0.  Ce 
qui  est  peu  différent  de  notre  résultat. 

Si  nous  admettons  avec  cet  auteur  l'égalité 

(!8)  S  _  II.  _  r«  -*-  r« 


Z      X       Ta-hr,' 

notre  formule  (16)  se  simplifie  et  Ton  trouve  pour  la  condition 
d'autorégulation 

(19)  P  =  |.   ou      P  =  î^4^, 

■ 

valeur  très  simple  qui  coïncide  avec  celle  obtenue  tout  autrement 
par  M.  Thomson,  page  259  de  la  traduction  française. 


DES  MACHINES  DYNAMO -ÉLECTRIQUES.  319 

§  4.  —  De  r Amorçage  et  du  Désamorçage 

des  Dynamo. 

Si  on  calcule,  en  partant  de  la  formule  fondamentale  (10),  la 
valeur  de  la  Fem  induite  par  une  dynamo,  on  trouve  dans  tous 
les  cas  une  expression  de  la  fof  me 

E  =  *[P-AR,X)]. 

X  étant  une  quantité  dépendant  des  éléments  de  construction 
de  la  machine  et  R  désignant  la  résistance  extérieure,  E  devant 
être  positif,  la  machine  ne  fonctionnera  qu^autanl  que  Ton  aura 
P>/(R,X). 

D'où 

^>j^  AR.X). 

L'influence  de  R  sur  la  vitesse  d'amorcement  varie  du  reste 
suivant  le  type  de  la  machine. 
I^'  Série  dynamo.  —  On  trouve  facilement 


E 


_  1  /p _  R-t-fg-hf^X 
"^\  S        } 


La  condition  de  fonctionnement  est  donc 

^^        S       • 

On  voit  que  P  et  par  suite  la  vitesse  n  d'amorcement  croit 
avec  R,  et  qu'on  pourra  toujours  désamorcer  une  machine  fonc- 
tionnant à  une  vitesse  donnée  en  augmentant  suffisamment  la 
résistance  R. 

2°  Shunt  dynamo.  —  En  posant  r^  +  r,z=zr  (Résistance  inté- 
rieure totale),  on  a 


-='('-'-=^)- 


320  E.  KOWALSKI.  ~  NOTE  SUR  LA  THÉORIE  ÉLÉHENTAIRE 

La  condition  de  fonctionnement  est  donc  : 


P> 


li'-ï^')- 


Dans  ces  machines  P  et  par  suite  n  varient  en  sens  inverse  de 
la  résistance  R;  c'est  en  diminuant  celle-ci  qu'on  peut  les  désa- 
morcer. Cette  différence  capitale  entre  les  deux  catégories  de 
machines  s'explique  du  reste  a  priori,  en  observant  que  la 
machine  se  désamorce  lorsque  l'intensité  du  courant  excitateur 
des  électros  devient  très  faible. 

3^  Compotind  dynamo.  —  En  posant  R  +  r„  ■=  p,  on  a  : 


F  —  *  fp  —  9(ra  +  r.)'hrarr\ 
""""^L  Zp  +  Sr.     J 


ou 


E=:**. 


On  a 


dp~         (Zp  +  Sr.)»       ' 


et  le  signe.de  cette  dérivée  dépend  du  signe  du  numérateur 

(ra+r.)Sr.  — Zfan, 

g 
et  par  suite  du  rapport  ^  des  nombres  de  tours  excitateurs  en 

série  ou  en  dérivation. 

Ces  machines  se  comporteront  donc  suivant  les  cas,  au  point 
de  vue  de  l'amorçage,  comme  la  série  ou  comme  les  Shunt 
dynamo. 
Si  l'on  a 

S_     r, 
Z~ra+r.' 

do 

T^sera  nul  et  la  vitesse  d'amorçage  sera  indépendante  de  la 
résistance  extérieure. 


DES  MACHINES  DTNAMO-ÉLEGTRIQUES.  321 

§  5.  —  De  la  Caractéristique. 

Pour  une  vitesse  déterminée  une  dynamo  présente  à  ses  bornes, 
pour  une  résistance  extérieure  R  donnée,  une  différence  de 
potentiel,  ou  fem,  e,  donnant  naissance  dans  le  circuit  extérieur 
à  un  courant  d'intensité  i  correspondante  et  nous  avons  les  deux 

équations  simultanées  J    __  /./ny  f  étant  une  fonction  que  nous 

avons  calculée  pour  les  trois  types  de  machines.  En  éliminant  R 
entre  ces  deux  équations,  nous  obtiendrons  une  équation  9  (e,  i) 
subsistant  pour  toutes  les  valeurs  de  R  et  ne  dépendant  pour  une 
vitesse  donnée  que  des  éléments  de  construction  de  la  machine. 
Si  on  trace  la  courbe  correspondante,  on  a  une  courbe  à  laquelle 
H.  Despretz  a  donné  le  nom  de  caractéristiqxœ.  L'expérience 
permet  de  la  tracer  par  points,  mais  je  me  propose  ici  d'en 
déterminer  réquation,  en  négligeant  bien  entendu  comme  ci-dessus 
les  actions  secondaires  et  admettant  la  loi  de  Frôlich,  puis  d'en 
déduire  quelques  conséquences  remarquables.  Il  est  bien  évident 
d'abord  que  pour  une  dynamo  autorégulatrice  à  potentiel  cons- 
tant aux  bornes,  cette  courbe  est  une  droite  parallèle  à  l'axe 
des  t;  et  pour  des  machines  bien  établies  les  résultats  expérimen- 
taux s'écartent  très  peu  de  ceux  de  la  théorie  (Voir,  p;  321  de  la 
traduction  française  les  caractéristiques  des  machines  Gulcher  et 
Schuckert  Mordey).  Pour  les  deux  autres  types  de  machine  nous 

allons  les  examiner  successivement. 

i 
1<*  Série  dynamo,  —  En  posant  ra  +  rn  =  r  et  «  =  T,  on 

d 

aura  à  éliminer  R  entre  les  deux  équations 

e  =  Rt, 

ff  \R4-r        / 

La  deuxième  équation  peut  s'écrire  (ae  +  TR)  (R  +  r)  =  PR; 
l'élimination  est  immédiate  et  donne,  après  simplification, 

(fft  +  T)  (e  4-  ri)  =  Pi. 


322  E.  KOWALSKI.  —  NOtE  SUR  LA  THÉORIE  ÉLÉMENTAIRE 

La  courbe  est  une  hyperbole.  Elle  passe  par  Forigine.  Les 
coordonnées  du  centre  sont 


T 

\  (7 


L'une  des  asymptoles  est  la  droite  (îi  +  T  =  0;  et  la 
seconde  est  parallèle  à  la  droite  e  +  rt  =  0.  On  connaît  donc 
tous  les  éléments  de  cette  courbe  en  fonction  des  constantes  de 
la  machine. 

Réciproquement,  on  voit  que  quatre  observations  permettront 
(l'origine  étant  un  point  de  la  courbe)  de  déterminer  la  courbe 
et  Ton  pourra  alors  obtenir  géométriquement  les  éléments  essen- 
tiels de  celle-ci;  et  par  suite  on  pourra  obtenir  les  constantes 
d'une  machine  construite. 

Si  nous  supposons  connus  1°  le  nombre  de  tours  S,  d'oùT; 

2^  le  rapport  —,  nous  aurons  successivement: 

'm 

(a)  La  résistance  intérieure  r  =  Ta  +  r^  par  le  coefficient 
angulaire  -.  de  Fasymptote  oblique  aux  axes;  et  r  étant  connu, 

nous  aurons  r»  et  r^  ; 

T 

(b)  Le  rapport  - ,  d'où  la  constante  a  de  saturation  nous  sera 

donnée  (au  signe  près)  par  Fàbscisse  du  point  où  Fasymplote 
parallèle  à  Faxe  des  e  coupera  celui  des  i  ; 

(c)  L'ordonnée  Bc  du  centre  ( j  nous  donnera  P  pour  la 

p 

vitesse  n  des  expériences.  Le  quotient  -  nous  donnera  alors  le 

produit  A6K  qui  se  présmte  dans  les  calculs  comme  une  cons- 
tante  unique.  Celle-ci  connue,  en  la  multipliant  par  n  on  aura  P 
pour  toute  vitesse  imprimée  à  la  machine. 
On  a  donc  en  définitive  toutes  les  constantes  caractéristiques  de 

la  machine. 
2^  Shunt   dynamo.  —  Une  marche   tout   à   fait    identique, 


DES  MACHINES  DYNAMO-ÉLECTRIOUES.  323 

c'est-à-dire  rélimination  très  simple  de  R  entre  les  deux  équations 

e  =  Ri, 

_  Rn  /     P  T\ 

^~   G    V-hRr      RJ' 

où  Ton  a  posé 

donne  pour  équation  de  la  caractéristique 

{ae 4-  Tr.)  (p«t  4-  ré)  —  ?r.e  =  0. 

C'est  encore  une  hyperbole  passant  par  Torigine. 
Les  coordonnées  du  centre  en  sont 


€c  —  5 


Tjr. 

T-i-  Pr 
(jra 

L'une  des  asymptotes  cré  +  Tr«  =  0  est  parallèle  à  Taxe  des  t. 

La  deuxième  est  parallèle  à  la  droite  p'i  +  re  =  0. 

La  courbe  peut  être  comme  ci-dessus  déterminée  par  quatre 
points  fournis  par  quatre  observations  ;  et  Ton  en  déduira  comme 
suit  les  constantes  de  la  machine,  connaissant  Z  ou  son  inverse  T 

et  le  rapport  ^ . 

»  o 

(a)  Le  coefficient  angulaire  -  de  Tasymptote  oblique  aux  axes 

f*     \ 

nous  donnera  r,  d'où  r». 

(6)  L'ordonnée  ( -' j  du  pied  sur  Taxe  des  e  de  l'autre 

asymptote  nous  fournira  la  constante  g  de  saturation. 

1  /P  +  Tf\ 
(c)  Enfin  l'abscisse  du  centre  -  ( j  nous  donnera  P,  d'où 

la  constante  ÂGK. 

Remarque  1 .  —  Dans  les  deux  cas,  la  portion  de  la  courbe 
répondant  au  point  de  vue  physique  est  évidemment  celle  qui 


32&  E.  KOWALSKI.  —  NOTE  SUR  LA  THÉORIE  ÉLÉMENTAIRE,  ETC. 

répond  à  des  valeurs  +  des  variables  e  et  i,  c'est-à-dire  celle  qui 
est  située  dans  Pangle  des  coordonnées  positives.  Si  on  cherche 
les  intersections  de  la  courbe  et  des  axes,  on  voit  que,  l'origine 
mise  à  part,  et  tenant  compte  des  conditions  d'amorçage  trouvées 
plus  haut,  la  courbe  coupe  les  axes  savoir  :  celui  des  i  en  un 
point  dont  l'abscisse  est  positive  dans  le  cas  de  la  série  dynamo; 
celui  des  e  en  un  point  d  ordonnée  positive  pour  la  Shunt  dynamo. 
Cette  remarque  achève  de  préciser  l'allure  de  la  courbe  représentée 
figure  2  pour  le  premier  cas,  figure  3  pour  le  second. 


Fia.  2. 


En  se  reportant  aux  diagrammes  donnés  par  Thomson 
pages  302, 313  de  la  traduction  française,  on  voit  que  l'expérience 
donne  des  résultats  s'approchant  assez  de  ceux  du  calcul  pour  que 
l'écart  puisse  être  attribué  aux  réactions  secondaires  que  nous 
avons  sciemment  négligées. 

Remarque  2.  — Comme  il  est  facile  de  transformer  une  machine 
Compound  en  une  série  ou  une  Shunt  dynamo  (il  suffit  d'ouvrir 
dans  le  premier  cas  la  dérivation  et  dans  le  second  de  mettre  les 
bornes  B  et  C  en  relation  directe  par  un  conducteur  de  résistance 
pratiquement  nulle),  on  pourra  toujours  obtenir  les  caractéristi- 
ques relatives  à  ces  deux  modes  de  fonctionnement,  et  obtenir  les 
constantes  de  la  machine  par  la  considération  de  ces  deux 
courbes. 


SABLES  ET  VASES 

DE    LA     GhlHONDB 

ÉTUDE 
PAR  M.  HAUTREUX 

LIIUTBNART  Dl  VAISSEAU. 


Vases  en  suspension  dans  le  fleuve. 

Débit  du  fleuve.  —  Dans  le  Mémoire  à  Tappui  de  Pavant-projet 
pour  Tamélioration  des  passes  de  la  basse  Garonne  et  de  la  partie 
supérieure  de  la  Gironde,  par  M.  Pairier,  ingénieur  des  ponts  et 
chaussées  (Bordeaux,  1851,  p.  11),  on  trouve  que  le  volume  d'eau 
que  reçoit  la  Gironde  des  deux  rivières  Garonne  et  Dordogneest  : 

A  rétiage,  au  minimum,  de 175  îîî'ZoSSr 

Dans  les  eaux  moyennes,  de 1 ,000     — 

Dans  les  crues  ordinaires,  de 6,000     — 

Dans  les  crues  extraordinaires,  de . .  1 7,000     — 

D'autre  part,  à  Tembouchure,  entre  la  pointe  de  Grave  et  la 
pointe  de  Suzac,  la  largeur  du  fleuve  est  de  5,000  mètres,  sa 
profondeur  moyenne  de  20  mètres.  La  surface  de  section  est 
d'environ  100,000  mètres  carrés.  La  vitesse  des  courants  de 
marée  est,  en  une  seconde, 

de  1  mètre  50  en  morte  eau, 
de  2  mètres  en  vive  eau. 

C'est  150,000  à  200,000  mètres  cubes  à  la  seconde  qui  sont 
mis  en  mouvement  par  les  courants  jde  marée... 


>    • 


326  HAUTREUX. 

Ainsi  le  débit  des  deux  rivières  est  au  volume  des  eaux  de 
marée  dans  le  rapport  suivant  : 


itoo 

SIO 


Al'étiage ïi^àrs^ 

Dans  les  eaux  moyennes rh  à  ^ 

Dans  les  crues  ordinaires ^  à   j^ 

Dans  les  crues  extraordinaires.  •  i  à  ^ 

Vases  en  suspension,  —  La  Gironde  est  très  limoneuse  ;  elle 
tient  en  suspension  des  vases  en  quantité  considérable. 

On  estime  (même  Mémoire,  p.  34)  que  les  deux  rivières 
Garonne  et  Dordogne  apportent  un  débit  moyen  d'hiver  et  d'été 
de  4,000  mètres  cubes  à  la  seconde  et  que  la  vase  en  suspension , 
en  amont  de  la  limite  où  se  fait  sentir  la  marée,  est  de  ^oo.ôoo  ^^ 
ce  volume  et  de  tô|^  en  poids,  soit  230  grammes  par  tonne; 
enfin  que  rapport  total  annuel  peut  s'estimer  à  cinq  millions  de 
mètres  cubes  de  vase  :  c'est  une  moyenne  par  jour  de 
13,700  mètres  cubes. 

Le  mouvement  des  eaux  de  marée  étant  de  150,000  à 
200,000  mètres  cubes  à  la  seconde,  est  de  150  à  200  fois  plus 
considérable  que  l'apport  moyen  des  deux  rivières.  Cette  masse 
d'eau  est  chargée  aussi  d'une  certaine  quantité  de  limon;  une 
partie  de  cette  eau  qui  a  dépassé  la  pointe  de  Grave  est  entraînée 
au  large  avec  les  vases  qu'elle  tient  en  suspension,  et  en  débar- 
rasse à  tout  jamais  la  rivière. 

L'avance  du  jusant  sur  le  flot  ou  la  différence  de  parcours  des 
deux  courants  à  l'embouchure,  déterminée  par  les  travaux  de 
M.  Manen,  ingénieur  hydrographe  de  la  marine,  est  connue  et 
estimée  à  6,000  mètres. 

Le  jeu  des  marées  entraîne  ainsi  chaque  jour  deux  milliards  de 
mètres  cubes  d'eau,  ayant  subi  tous  les  mélanges  dans  l'intérieur 
du  fleuve  et  qui  ont  aussi  de  la  vase  en  suspension. 

Cette  vase  peut  être  en  très  petite  quantité  et  cependant  par  la 
grandeur  des  masses  mises  en  mouvement  produire  des  résultats 
considérables. 


SABLES  BT  VASES  DB  LA  GIRONDB.  327 

Il  suffit,  en  effet,  que  cette  eau  contienne  la  quantité  infinité- 
simale de  7  grammes  de  vase  par  mètre  cube  d'eau  pour  que  les 
14,000  mètres  cubes  apportés  journellement  par  les  deux  rivières 
soient  expulsés  et  transportés  hors  du  bassin  de  la  Gironde,  et  que 
réquilibre  entre  l'apport  des  vases  provenant  des  deux  rivières  et 
leur  sortie  à  la  mer  existe. 

Des  expériences  sur  la  quantité  de  vase  tenue  en  suspension 
dans  les  eaux  du  fleuve,  près  de  Fembouchure,  auraient  un  grand 
intérêt,  car  on  trouve  des  différences  très  considérables  dans  la 
composition  de  ces  eaux  et  dans  des  points  très  rapprochés.  Ces 
différences  s'accentuent  d'autant  plus  qu'on  est  plus  voisin  de  la 
pointe  de  Grave  et  de  l'irruption  dans  le  fleuve  des  eaux  de  marée 
qui  oscillent  dans  l'estuaire. 

Nous  avons  fait  recueillir  de  l'eau  de  la  surface  du  fleuve,  et 
pour  éviter  ces  causes  d'aberrations,  nous  avons  fait  prendre  ces 
échantillons,  tantôt  dans  le  chenal  du  Médoc,  tantôt  dans  le 
chenal  de  Saintonge,  sur  la  ligne  qui  joint  By  et  Maubert.  Cette 
ligne  étant  la  limite  extrême  que  peuvent  atteindre,  en  une  seule 
marée,  les  eaux  qui,  de  l'estuaire  marin  proprement  dit,  viennent 
d'au  delà  de  la  pointe  de  Grave  pénétrer  avec  le  flot  dans  le 
fleuve.  Cest  aussi  à  partir  de  cette  ligne  que  les  eaux  entraînées 
par  le  jusant  dépassent  en  une  seule  marée  la  pointe  de  Grave,  et 
sont  déûnitivement  expulsées  vers  le  large. 

Au  point  du  fleuve  que  nous  considérons  et  où  ont  été 
recueillis  ces  échantillons,  la  section  de  marée  basse  est  de 
!24,000  mètres  carrés;  la  différence  des  chemins  parcourus,  sur 
l'une  et  l'autre  rive,  par  les  courants  de  flot  et  de  jusant,  est  de 
6  à  7  kilomètres  en  faveur  du  jusant,  ce  qui  constitue  l'écoulement 
du  fleuve  vers  la  mer;  c'est  donc  à  chaque  marée  de  jusant,  deux 
fois  par  jour,  que  le  fleuve  charrie  au  delà  de  la  pointe  de  Grave 
une  colonne  d'eau  de  (24,000  X  6,000)  ou  de  150,000,000  de 
mètres  cubes,  et  pour  24  heures  près  de  300  millions  de  mètres 
cubes. 

On  a  laissé  décanter  ces  échantillons,  séché  et  pesé  les  résidus 
et  Ton  a  obtenu  les  résultats  suivants  : 


328 


HAUTREUX. 


Vases  en  suspension  dans  les  eaux  de  la  Gironde 

par  mètre  cube  d'eau. 


DATES 

HADTBDR 
de  marée 

PHASE 
InneiTC 

• 

COCRANT  DK  VAR^B 

23  février 

4,90 

P.  L.  le  18. 

Vers  By. 

4  h.  de  jusant. 

id. 

4,90 

id. 

Vers  Maubert. 

4  h.  1/2  de  jusant. 

22  avril, 
id. 

4,75 
4,75 

P.  L.  le  18. 

Vers  By. 
Vers  Haubert. 

3  h.  de  Jusant. 

4  h.  de  Jusant. 

24 

uin. 

3,85 

0.  Q.  le  24. 

Vers  By. 

4h.de 

usant. 

25 

uin. 

3,80 

— 

id. 

lh.de 

usant. 

27, 

uin. 

4,00 

— 

Id. 

4  h.  de 

usant. 

29 

uin. 

4,25 

— 

Vers  Maubert. 

3h.de 

lot. 

1 

uUlet. 

4,75 

N.  L.  le  1er. 

id. 

5  h.  de 

usant. 

2 

uillet. 

4,95 

— 

Vers  By. 

4  h.  1/2  de  flot. 

3 

uillet. 

5,20 

._ . 

id. 

5  h.  de  jusant. 
3  h.  de  flot. 

5 

uiliet. 

5,00 

— 

Vers  Maubert. 

8, 

uillet. 

4,30 

P.  Q.  le  8. 

Vers  By. 

4  h.  1/2  de  jusant. 

9 

uillet. 

4,15 

— 

id. 

Pleine  mer. 

11 

uillet. 

4,10 

— 

id. 

5  h.  de  jusant. 
5  h.  de  flot. 

13 

uillet. 

4,25 

— 

id. 

14 

uillet. 

4,25 

-^ 

id. 

5  h.  1/2  de  jusant. 
3  h.  45  de  flot 

16 

uillet. 

4,65 

P.  L.  le  16. 

id. 

17 

uillet. 

4.70 

-^ 

id. 

Basse  mer. 

20 

uillet. 

^,45 

— 

id. 

5  h.  1/2  de  flot. 

22 

uillet. 

4,20 

— 

id. 

4  h.  1/2  de  jusant. 

23 

uillet. 

4,00 

0.  Q.  le  24. 

id. 

5  h.  de  flot. 

25 

uillet. 

3,85 

— 

id. 

4  h.  1/2  de  jusant. 

27 

uillet. 

4,00 

~— 

id. 

4  h.  de  flot. 

29, 

uillet. 

4,50 

— 

id. 

5  h.  1/^2  de  jusant. 

30 

uillet. 

4,95 

— 

id. 

3  h.  de  flot. 

31 

uillet. 

5,20 

N.  L.  le  1*'. 

id. 

5  h.  1/^  de  jusant. 
2  h.  1/2  de  flot. 

3{ 

lOÛt. 

5,25 

— 

id. 

5  août. 

4,80 

— 

id. 

Basse  mer. 

6  août. 

4,40 

P.  Q.  le  6. 

id. 

4  h.  de  flot. 

6  août. 

»    » 

Mascaret. 

Bordeaux. 

5  h.  de  jusant. 

8  août. 

3,95 

— 

Vers  By. 

5  h.  de  jusant. 
4  h.  de  flot. 

10  août. 

3,95 

— 

id. 

12  août. 

4,20 

— 

id. 

5  h.  1/2  de  jusant. 

13  août. 

4.50 

— 

id. 

5  h.  1/2  de  flot. 

14  août. 

4,65 

P.  L.  le  14. 

id. 

5  h.  1/2  de  jusant. 

17  août. 

4,75 

-^ 

id. 

3  h.  de  flot. 

19  août. 

4,50 

— 

id. 

Basse  mer. 

20  août. 

4,45 

— 

id. 

Pleine  mer. 

PARHftTRB 
e«1ie 


SOgr. 

esogr. 

100  gr. 
700  gr. 
300  gr. 

200  gr. 

.  SOgr. 
2,150  gr. 

150  gr. 
2,300  gr. 

100  gr. 

500  gr. 

150  gr. 

900  gr. 

SOgr. 

1,400  gr. 

550  gr. 
1,300  gr. 

«00  gr. 
100  gr. 
200  gr. 
150  gr. 
350  gr. 
350  gr. 

200  gr. 
700  gr. 
150  gr. 
100  gr. 
200  gr. 
1.50  gr. 
450  gr. 
300  gr. 
700  gr. 
200  gr. 
600  gr. 
50  gr. 


Le  chiffre  moyen  de  vase  trouvé  dans  ces  eaux  est  de 
500  grammes  par  mètre  cube,  il  donnerait  150,000  mètres  cubes 
de  vase  rejelés  à  la  mer  chaque  jour;  c'est  dix  fois  ce  qu'apportent 
les  fleuves  réunis  dans  une  journée  moyenne. 

On  voit  que,  dans  ces  expériences,  les  eaux  du  fleuve,  quel 
que  soit  le  point  où  elles  ont  été  recueillies,  étaient  chargées  de 
bien  plus  de  vases  qu'il  n'était  nécessaire  pour  entraîner  au  large 
tout  l'apport  limoneux  des  deux  rivières. 

Dans  ce  tableau,  on  voit  clairement  ressortir  la  relation  qui 
existe  entre  la  quantité  de  vase  en  suspension  et  la  hauteur  des 
marées,  c'est-à-dire  avec  les  difiérentes  vitesses  du  courant;  en 
syzygie,  les  eaux  de  jusant  contenaient  2,300,  1;500,  lyOOOet 


I 

I 
SABLES  ET  VASES  DR  LA  GIRONDE.  329 

700  grammes,  soit  une  moyenne  de  1,300  à  1,400  grammes  de 

vase  par  mètre  cube  d'eau;  en  quadrature,  les  quantités  ont  été  : 

300,  500,  200  et  200,  soit  une  moyenne  de  300  grammes  par  j 

mètre  cube  d'eau.  1 

Les  eaux  à  la  fin  du  flot  sont,  au  contraire,  assez  uniformément  ^ 

composées  et  contiennent  100  à  150  grammes  de  vase.  j 

Si  Ton  prend,  comme  expression  du  transport  effectif  à   la  \ 

mer,  l'excès  du  transport  du  jusant  sur  l'apport  du  flot,  c'est-  ] 

à-dire    500  —  150  =  350   grammes,  on  aurait  toujours  un  J 

transport  de  (300,000,000™^  X  0^,350  ^  105  millions  de  kilo- 
grammes), soit  100,000  lonnes  de  vases  expulsées  chaque  jour. 

On  remarquera  aussi  que  les  quelques  chitfres  recueillis  dans 
le  chenal  de  Saintonge,  en  jusant,  sont  bien  plus  considérables 
que  ceux  du  chenal  du  Médoc;  cela  tient  à  la  faible  profondeur 
du  fleuve,  sur  la  rive  droite,  vers  Maubert. 


f 


Les  eaux  ont  été  recueillies  dans  une  région  du  fleuve  où  il 
n'existe  pas  de  bancs  et  où  le  fond  est  remarquablement  plat, 
sans  accident  du  sol,  sur  une  étendue  de  15  kilomètres,  depuis 
Saint-Estèphe  jusqu'à  By  et  Maubert;   c'est  le  plateau  de  la  ij 

Maréchale.  j 

Les  eaux  devraient  y  trouver  toute  focilité  pour  se  mélanger  •! 

et  devenir  uniformes  de  composition;  c'est  ce  qui  n'existe  pas,  f 

malgré  les  déviations  forcées  qu'éprouvent  les  courants  dans  .{ 

l'élargissement  du  fleuve  en  cet  endroit.  l 

Les  observations  antérieures  faites  sur  la  salure  des  eaux  et  sur  } 

leur  température  en  toute  saisonet  aux  différentes  heures  de  la  j 

marée  ont  montré  que,  dans  les  courants  de  marée,  les  eaux 
oscillent  en  se  maintenant  dans  les  chenaux  qui  ont  le  plus  de 
profondeur  et  ne  se  mélangent  que  très  difficilement  avec  les  eaux 
voisines  qui  séjournent  sur  les  bancs.  Ces  expériences  sont  une  nou-  .i 

velle  preuve  qui  vient  confirmer  cette  loi  de  circulation  des  eaux  . 

Variations  annuelles  dans  le  débit  du  fleuve,  —  Les  variations 
annuelles  dans  le  débit  du  fleuve  tiennent  à  deux  causes  principales  : 

1^  La  quantité  d'eau  qui  tombe  chaque  année  dans  le  bassin  des 
rivières  qui  forment  la  Gironde  ; 

T.  11  (3«  Série).  22 


•1 

■A 


* 


.1 

•r; 


330 


HAUTREL'X. 


2"  La  fonte  des  neiges  qui  recouvrent  les  montagnes  des 
Pyrénées  et  de  TAuvergne. 

De  ces  deux  causes,  la  seconde  qui  se  produit  souvent  très 
brusquement,  en  avril  ou  mai,  est  celle  qui  amène  les  plus 
grandes  perturbations  dans  le  lit  du  fleuve,  par  la  soudaineté 
d'irruption  des  eaux  et  l'augmentation  de  leur  vitesse  d'écoulement. 
C'est  alors  que  la  puissance  d'érosion  du  fleuve  est  considérable- 
ment augmentée. 

L'autre  cause  :  la  quantité  d'eau  qui  tombe  annuellement  dans 
le  bassin  du  fleuve  est  excessivement  variable,  car  d'une  année 
à  lautre  on  observe  des  différences  qui  vont  du  simple  au  double. 
Les  masses  d'eau  produites  par  les  pluies  sont  recueillies  tantôt 
par  le  bassin  de  la  Dordogne,  tantôt  par  celui  de  la  Garonne;  leur 
écoulement  se  fait  d'une  manière  moins  brusque,  plus  prolongée, 
et  généralement  dans  ces  sonbernes,  le  fleuve  n'entraîne  que  des 
sables  très  Ans  mêlés  aux  vases,  et  qu'il  peut  trier  dans  les 
mouvements  alternatifs  des  courants  de  marée. 

Pour  indiquer  les  variations  produites  par  celte  dernière  cause, 
nous  présentons  le  tableau  des  quantités  de  pluie  recueillies  à 
Bordeaux,  aux  pluviomètres,  depuis  l'année  1870. — Nous  joignons 
a  ce  tableau  les  profondeurs  qui  ont  été  observées  à  marée  basse 
dans  la  passe  de  navigation  du  Bec-d'Ambès,  profondeur  donnée 
par  les  sondages  dos  pilotes  : 


ANNÉES 

iMU)F()M)i:rns 

à  inart'c  l)ussc. 

PLIVIOMÈTHE 

en  millièmes. 

1871 

ilfrtrp*. 

2,rjo 

2,30 
1.80 

2,;îo 

2,;;0 

2,(1'; 

Mil  itnètm. 

860 
KMN) 

712 

ÎHi 

887 

913 
•8.S8 
1187 

528 

nm 

(Wl 

iOli 

7W 

C28 

1872 

1873 

1874 

1875 

1876 

1877 

w.  2.rso 

2.00 
2,10 

i.:;o 

2,00 

E.  2.80 
2.80 
3,00 
2,(») 
2.(X) 

1878 

1879 

1880 

188 1 

1882 

2,80 
3,10 
2,50 

1883 

1884 

Ce  tableau  montre  qu'il  paraît  exister  une  relation  peut-être  un 


SABLES  ET  VASES  DE  LA  GIRONDE.  331 

peu  confuse  entre  le  débit  du  fleuve  et  la  profondeur  des  passes 
du  Bec-d'Ambès.  La  passe  s'approfondit  lorsque  le  débit  augmente, 
elle  s'exhausse  lorsque  le  débit  devient  plus  faible. 

Dispositions  relaih  es  des  bancs  et  passes.  —  11  est  très  difiîcile 
de  se  rendre  compte  des  causes  réelles  qui  ont  modifié  les  dispo- 
sitions des  bancs  et  des  passes  dans  la  Gironde  et  qui  ont  provo- 
qué les  dépôts  de  vases  et  de  sables  ou  leur  déplacement.  On  ne 
sait  pas  bien  l'influence  que  les  travaux  de  rétrécissement  du  lit 
des  rivières  en  amont  peut  avoir  sur  le  volume  des  eaux  mis  en 
mouvement  par  les  marées  dans  l'estuaire.  Suivant  les  époques 
qui  servent  de  points  de  comparaison,  les  ingénieurs  les  plus 
habiles  arrivent  à  des  constatations  dans  l'état  des  bancs  qui 
peuvent  être  très  différentes.  Ainsi,  dans  le  mémoire  de  M.  l'ingé- 
nieur Pairier  on  trouve  pour  la  surface  des  bancs  et  îles  existant 
dans  la  Garonne  et  la  Gironde  : 

En  1825 1,816  hectares. 

Enl842 1,774      — 

Dans  cette  période  la  surface  des  bancs  et  îles  aurait  donc 
diminué,  le  fleuve  aurait  retiré  plus  qu'il  n'aurait  apporté. 

Dans  une  étude  de  M.  Bouquet  de  La  Grye,  le  cubage  du  fleuve 
de  1825  à  1874  indiquerait  que  le  volume  du  dépôt  du  fleuve 
pendant  49  ans  aurait  été  de  158  millions  de  mètres  cubes,  soit 
environ  3  millions  de  mètres  cubes  par  an. 

Dans  le  travail  de  M.  Manen,  on  trouve  que  dans  le  chenal  de 
navigation,  de  1825  à  1874,  les  profondeurs  se  sont  maintenues 
presque  sans  variation  dans  la  Gironde  inférieure,  et  qu'elles  ont 
augmenté  vers  Saint-Estèphe  et  Trompeloup. 

Les  modifications  subies  par  les  bancs  du  fleuve,  pendant  le 
siècle  dernier,  ont  été  bien  plus  considérables  encore,  puisque 
trois  bancs  qui  existaient  en  1751  sur  la  carte  de  Beliii  les  bancs 
de  By,  de  Castillon  et  de  Gadourne,  ont  complètement  disparu 
depuis  cette  époque  et  que  sur  leur  emplacement  le  fleuve  n'offre 
plus  qu  une  surface  uniformément  plate,  uii  peu  plus  creuse  vers 
la  côte  du  Médoc  que  vers  la  côte  de  Saintonge. 

La  disposition  actuelle  des  bancs  et  passes  depuis  Bordeaux 


332  HAUTREUX. 

jusqu'à  la  mer  est  indiquée  dans  le  tableau  ci-joint  et  dans  les 
deux  croquis  du  fleuve. 


0 

m 
H 


tu 

t. 

0 

H 

H 

H 

0 


3  "S 

§  ^ 
|8 


Ë 
o 


Q 

d 


se 
o 

p 
o 


de 


V 


O 

•a 
a 


c 
o 

sa.  (a 


B 

S 

Pu 

•a 


C4 


O 

n 


09 


c 


^  ^  C 

«}  qS  o 

c  s  «^ 
c«  ed  S 


C 
O 

ed 

jC 

o    tcex 

I       TS-S 


0(9 
S 

'5 


S? 

o 

.2  «3 


a> 

S* 


09  O 


a.CQPQ 


•  ■a 


m  xn 


3  3      » 


o 

•o 

ce 

Cm 


û^.2 


(S  es  cd 

S  B  B 

00  x:  .s 


B  ft> 

«  ».S 

B'Q  es 
B  mC/2 

ed  ed  00 


hi    •    .  ce 

B     .■•->  ^ 

a   '"S  B 

B  O 


09 


'.  «  es 
un 


9 

9 
•B 

ed 


o 

T3 

o 


OC 

C9 


0) 
et  ^ 

il 


I 

B 

O 


B 


•B  S<a  "* 


o  «  V  cd  oa 


« 


es 


«>   .  M  en 

(A      .•""•— 

es    *  B  S 
j-    •  O  Q 

•■5   '-JJ 

•     •■    •» 

.  V  a> 

«       S2 
2  tô.M  en 

-,  S    I  *^ 
B^  fi-B-B 

Pu      PQPQ 


B 
ed 

u 
ed 

fi. 
C? 

•B 


V 


C? 


■s     "S      o—  Ç 


i^SSB- 

*-«   (^    0)    03    ^^ 

•B  a;  a>  oi-^ 
^-3-373 

îi  ;/5  V3   C«  55 

B  ce  cO  es  (/) 
cd  t.  u  b.  se 

PSPQPSPQfi* 


o 

> 
o 

>-. 

pa 

•B 


ed 


•  o 

•  «^^ 

oc  W  E 

OB 


«s  5  ^cd 
=3  2  « 

•5  £s« 

o  i^îd  ed 


^ 


B  3 
O  O 
UU 

•B-B 

O  u 
B  B 
es  ed 
PQPQ 


en 
o 

'C 
•^  o 

o  Cl 
■B-B 

O  o 
B  B 
ed  od 
PQM 


S  5" 

ed  ti:.'    ed 


3 
o 
;j-B-S 

tT  ed  ed 

*"  >.  es  ed 
PQPCfiS 


3 
ed 

•-• 

u 

■B 

•B 
ed 

^  — 
ed    *■ 

^  O 
«•B 

=  *'' 
ëê  V 
PU -2 


0 

D 
0 


3 

•B 


© 
I 

T 


en 
"ëic 

B 
es 

û  3 

ce  es 

es  td 


ed  c 

3  9 

•B-B 
es  e 

ce. 


« 

ar: 

>- 

1 

nt 

«^ 

i!: 

v: 

(;s 

c; 

0 

■B 

■B 

£ 

B 

%» 

^* 

ea 

^ 

&« 

c> 

3  >S 
■§3£ 

-,      — 

^—     .— 

-  «^  :: 
3  >  3 

sS  ç  33 

^  Ocd 


$ 


Od 


v>  •'A4       ^ 


•^ 


S 


f.iT.A'/i-rococooi   ,S2îS 


-      CO  _ 


S?    2| 

2     iij^^!?^     ir*''' 


(M 


?^ 


^ 


S 

OC  9) 


s  II 

"Il 

2 


SABI.es  et  VASRS  UF.  la  GIRONDE. 
PauUlac  , 


SABLBS  ET  VASES  \)E   LA  GIRONDE.  335 

Nature  des  fonds  du  fleuve. 

On  a  recueilli  des  échantillons  du  fond  sur  la  plupart  des  bancs, 
dans  les  passes  de  navigation  et  dans  les  mouillages  des  deux 
rivières,  depuis  Bordeaux  jusqu'au  Bec-d'Ambès  pour  la  Garonne; 
depuis  Libourne  jusqu'à  Blaye  pour  la  Dordogne;  depuis  le  Bec- 
d'Ambès  jusqu'au  Verdon,  sur  l'une  et  l'autre  rive  pour  la  Gironde, 
depuis  la  pointe  de  Grave  jusqu'en  dehors  de  la  Coubre  pour 
l'estuaire  marin  proprement  dit. 

Ces  échantillons  du  fond  ont  été  pris  en  octobre  1885,  à  la  fin  de 
la  période  estivale,  avant  les  perturbations  qu'amènent  les  grandes 
pluies  de  l'automne,  par  conséquent  à  une  époque  de  calme  relatif 
pour  le  fleuve  et  de  plus  grande  régularité  dans  le  régime  des  cou- 
rants de  marée.  La  première  inspection  de  ces  divers  échantillons 
montre,  tout  d'abord,  des  différences  très  considérables  de  compo- 
sition entre  ceux  qui  ont  été  ramassés  sur  les  bancs  et  ceux  qui  ont 
été  recueillis  dans  les  passes  et  mouillages,  les  premiers  ne  con- 
tiennent presque  que  du  sable,  et  les  seconds  ne  sont  composés 
que  de  vase  presque  pure,  dans  toute  la  partie  des  rivières  et  du 
fleuve  où  ne  remonte  pas  l'eau  salée.  Dans  la  partie  de  la  Gironde 
où  les  eaux  sont  saumAtres,  de  Caslillon  au  Verdon,  le  fond  des 
passes  est  un  mélange  de  sable  et  de  vase;  dans  la  partie  pure- 
ment maritime,  où  les  eaux  sont  salées,  de  la  pointe  de  Grave  à 
la  Coubre,  les  vases  diparaissent  et  Ton  trouve  les  sable  partout. 

Si  l'on  pense  que  les  dépôts  apportés  d'amont  par  les  deux 
rivières  Dordogne  et  Garonne  qui  constituent  la  Gironde  ont  formé 
et  continuent  à  former  tous  les  bancs  de  sable  qui  parsèment  le 
cours  du  fleuve,  on  doit  rencontrer  dans  tous  ces  bancs  une  uni- 
formité de  composition  qui  décèle  leur  provenance  et  leur  mode 
de  formation.  Les  apports  de  la  Dordogne  doivent  différer  de  ceux 
de  la  Garonne,  et  il  peut  être  intéressant  de  connaître  ces  diff'é- 
rences  et  leur  distribution  sur  les  bancs  et  dans  les  passes. 

Mais  les  bancs  de  sable  eux-mêmes  sont  loin  d'être  unifor- 
mément composés  : 

Dans  les  deux  rivières,  Dordogne  et  Garonne,  ces  sables  sont 
grisâtres  et  dans  beaucoup  de  points  mélangés  de  graviers  et  de 
cailloux;  ils  contiennent  très  peu  de  mica. 

Dans  la  Gironde,  depuis  la  ligne  Blaye-Pauillac  jusqu'au  Verdon, 
les  sables  sont  gris  foncés  noirs,  ne  contiennent  pas  de  graviers, 


336  HAUTUIDUX. 

sont  trùs  fins  et  remplis  d'une  quantité  considérable  de  particules 
de  mica.  Hors  de  la  Gironde,  dans  Fesluaire,  de  la  pointe  de  Grave  à 
la  Coubre,  les  sables  sont  jaunes  et  en  certains  points  mélangés  de 
graviers,  ils  conliennont  des  coquilles  brisées  et  un  peu  de  mica. 

Cette  composition  des  sables,  si  différente,  si  accentuée  par  la 
proportion  de  mica  qu  ils  contiennent,  si  uniforme  dans  chacune 
des  régions  indiquées  et  si  brusquement  tranchée  par  le  passage 
de  Tune  à  l'autre  est  certainement  une  chose  fort  extraordinaire 
et  qui  ne  permet  plus  d'admettre,  sans  réticences,  le  cheminement 
continu  des  sables  d'amont  en  aval. 

On  a  pu  constater  aussi  que  des  bancs  voisins  les  uns  des  autres 
étaient  constitués  tantôt  par  des  sables  fins  mélangés  de  graviers, 
tantôt  par  des  sables  très  fins,  sans  aucun  mélange  de  graviers. 

Nous  avons  pensé  qu'en  dehors  de  toute  analyse  chimique  et 
de  tout  examen  des  éléments  géologiques  formant  ces  dépôts,  il  y 
avait  lieu  de  les  considérer  au  point  de  vue  des  vases  qu'ils  con- 
tiennent et  des  sables  plus  ou  moins  fins,  plus  ou  moins  gros 
dont  ils  sont  composés. 

Pour  déterminer  ces  rapports,  on  a  pesé  100  grammes  des 
dépôts  recueillis,  puis,  par  des  lavages  successifs,  éliminé  tous  les 
troubles  que  contenait  l'eau  après  une  minute  de  décantation,  et 
recommencé  l'opération  jusqu'à  ce  que  l'eau  de  lavage  fût  complè- 
tement claire;  puis  pesant  le  résidu  séché,  la  différence  donne  la 
proportion  pour  100  des  vases  contenues  dans  l'échantillon. 

Enfin,  ce  résidu  séché,  qui  n'était  composé  que  de  sables  plus 
ou  moins  gros,  a  été  criblé  dans  un  tamis  dont  les  trous  avaient 
un  demi-millimètre  de  section.  Ce  que  le  tamis  a  retenu,  a  été 
pesé  et  a  donné  le  quantum  pour  cent  des  gros  sables  et  graviers 
mélangés  aux  sables  fins. 

Ces  derniers,  qui  passent  complètement  dans  le  tamis  à  un 
demi-millimètre  de  section,  paraissent  être  les  éléments  que  le 
fleuve  a  la  force  de  déplacer  dans  les  courants  ordinaires  de 
marée,  il  semble  qu'au-dessus  de  cette  dimension  il  faut  des 
circonstances  extraordinaires,  coups  d'eau,  inondations,  pour  que 
les  rivières  actuelles  puissent  enlever  les  cléments  plus  gros,  les 
graviers  qui  paraissent  avoir  été  transportés  et  fixés  aux  points 
qu'ils  occupent  dans  les  périodes  géologiques  très  anciennes. 

Voici  le  tableau  de  la  nature  des  fonds  des  bancs  et  passes 
après  les  lavages  et  criblages  indiqués  ; 


SABLES  ET  VASES  OK  LA  GIRONDE. 


337 


BANCS  ET  PASSES 


\ 


Graveyroli-Fronsac 

Arveyres 

Vayres 

Saint-Pardon . . , 

Izon 

Carney  

Asques 

Valenton 

St-Vinccnt-Cubzac 

Despaux 

Bourg 


NATL'.E  DES  FO?iDS 


Sables  gris  jaunâtres,  graviers , 

Sables  gris  jaunâtres,  graviers 

Sables  gris  jaunâtres 

Sables  gris  foncô,  vase , 

Sables  vasard,  peu  de  mica 

Sable  vasard,  peu  de  mica 

Sable  gris  jaunâtre 

Sable  gris,  peu  de  mica , 

Sable  gris  jaunâtre,  peu  de  mica,  graviers.. 

Sable  gris  jaunâtre 

Sable  gris,  peu  de  mica 


TA8I 

»  Vo 

SilLU 

fini 

20  Vo 

» 

6G 

» 

08 

28 

m 

50 

40 

50 

40 

» 

î)2 

» 

99 

» 

48 

<    » 

98 

» 

98 

SilUS 
iros 


0 


Cbarlrons 

Queyries 

Bacalan 

I-.e  Tigre 

Lormont 

Bassens 

La  Sole 

Pachan  

Macau 

Bec-d' Arabes.. .. 
ll^Verte 


VîLSp  brune 

Sable  gris,  graviers 

Vase  brune 

Sable  vasard  brun,  graviers 

Vase  brune 

Vase  brune 

Sable  gris 

Sable  grisâtre,  graviers 

Sable  gris 

Sable  gris 

Sable  gris,  graviers 

Sable  gris  jaunàtro,  peu  de  mica. 


98  Vo 

'2o/o 

» 

55 

98 

2 

6 

66 

98 

2 

98 

2 

4 

96 

2 

78 

» 

100 

» 

100 

10 

a3 

6 

89 

45 

» 

28 

» 

» 
20 

» 
7 
5 


La  Roque  . . 

Plassac 

Saint-Julien. 
Pauillac. .. . 
Lazaret  . . . . 


'i 

;:) 

Q  (  Saint-Estèphe 
Jj  j  Saint-Louis. ..   . 

2  f  Richard 

^  '  Saiiit-Seurin. . . . 

Ttilmont 

Verdon 


Sable  gris  jaunâtre,  peu  de  mica. . . 

Sable  gris  jaunâtre,  mica 

Sable  gris,  vasard 

Sable  gris,  graviers 

Sable  gris,  mica 

Sable  gris  foncé,  très  micacé 

Sable  gris  foncé,  mica 

Sable  gris  foncé,  mica 

Sable  gris  foncé,  mica 

Sable  gris  jaunâtre,  mica,  coquilles 
Sable  gris  foncé,  très  micacé 


6Vo 

89o/o 

1 

99 

5 

95 

2 

90 

4 

96 

i 

96 

2 

98 

8 

92 

2 

98 

2 

98 

8 

92 

5»/. 

» 

» 

8 

» 

» 

» 
» 
» 
» 


,  y  I  Marguerites .... 

i  35 1  Saint-Georges. . . 

3  I  Monrevel 

3"  l  Palmyre 
r,  i  Mauvaise  (Sud). . 
(0  [  Mauvaise  (Nord). 
SI  LaCoubre 


Sable  jaune,  mica,  graviers 

Sable  gris  jaunâtre,  mica,  coquilles 

Sable  jaune,  coquilles 

Sable  jaune,  pou  de  mica,  coquilles 

Sable  jaune,  peu  de  mica,  coquilles 

Sable  jaune,  peu  de  mica,  coquilles,  graviers 
Sable  jaune,  coquilles,  graviers 


.»  % 

87o/o 

» 

100 

» 

100 

» 

100 

» 

100 

» 

80 

» 

80 

13  0/, 

» 

» 

» 

» 

20 
20 


338  HAUTKEUX. 

Dans  ce  tableau  nous  n'avons  présenté  que  quelques  échan- 
tillons des  fonds  des  passes  de  navigation  et  des  mouillages,  leur 
uniformité  étant  absolue  tant  en  Dordogne  qu'en  Garonne  ;  ils 
sont  composés  de  95  à  98  pour  cent  de  vase  pure  et  ne  contien- 
nent que  2  à  5  pour  cent  de  sables  fins. 

Les  échantillons  recueillis  sur  les  bancs  de  sable  offrent  au 
contraire  des  différences  très  sensibles,  ainsi  que  nous  l'avons  déjà 
dit;  ces  différences  permettent  de  les  grouper  suivant  qu'ils  con- 
tiennent une  plus  ou  moins  grande  proportion  de  gros  sables  et 
de  graviers. 

Ainsi,  en  Dordogne,  les  bancs  de  Graveyron,  d'Arveyres,  d1zon 
et  Garney,  d'Asques,  de  Saint-Vincent-Cubzac  ;  en  Garonne,  ceux 
de  Queyries,  du  Tigre,  d'Alenet,  du  Bec-d'Ambès;  en  Gironde, 
ceux  de  Pauillac,  des  Marguerites,  de  Ja  Mauvaise  et  de  la  Coubrc 
contiennent  une  quantité  notable  de  graviers. 

Le  même  banc,  du  reste,  sur  lequel  on  recueille  plusieurs 
échantillons,  donne  aux  différents  points  des  proportionnalités 
variables  entre  les  éléments  gros  et  petits.  En  général,  les  gros 
éléments  sont  près  de  la  rive,  et  les  petits  sont  plus  rapprochés 
de  la  passe  de  navigation;  bien  plus,  si  Ion  prend  les  échantillons 
dans  la  partie  amont  et  dans  la  partie  aval  du  même  banc,  on 
trouvera  souvent  en  amont  le  sable  absolument  pur,  sans  vase, 
tandis  qu'en  aval  ce  ne  sera  que  de  la  vase  comme  dans  les 
passes;  c'est  ce  qu'indiquent  les  échantillons  pris  en  Dordogne,  à 
Saint-Pardon,  Izon  et  Carney. 

Les  chiffres  de  proportionnalité  que  nous  avons  trouvés  et 
indiqués  dans  le  tableau,  n'ont  donc  pas  une  valeur  absolue, 
mais  seulement  une  valeur  relative;  ils  indiquent  la  décroissance 
des  gros  éléments  à  mesure  qu'on  se  rapproche  de  la  Gironde  et 
caractérisent  chaque  banc. 

Les  bancs  à  éléments  très  petits  qui  constituent  la  plupart  des 
dépôts  :  1°  dans  la  Dordogne,  depuis  le  pont  de  Cubzac  jusqu'à  la 
Roque-sur-Gironde;  2°  dans  la  Garonne,  depuis  Lagrange  jusquà 
nie  Verte;  S^  dans  toute  la  Gironde  depuis  Plassac  jusqu'au 
Verdun,  ne  contiennent  non  plus  qu'une  très  faib'e  proportion  de 


SABLES  ET  VASES  DE  LA  GIRONDE.  339 

vase;  on  peut  remarquer,  en  Gironde,  que  ceux  do  la  rive  gauche 
en  contiennent  un  peu  plus  que  ceux  de  la  rive  droite. 

Ces  bancs  ne  contiennent  pas  du  tout  de  graviers,  les  passes  de 
navigation  n'en  contiennent  pas  non  plus.  Les  bancs  qui  contien- 
nent des  gros  sables  et  des  graviers  sont  voisins  et  entourés  de 
bancs  constitués  par  des  éléments  beaucoup  plus  petits;  cette 
constatation  est  une  preuve  absolue  que  ces  gros  éléments  ne  se 
déplacent  pas  en  temps  ordinaire  et  que  ces  bancs,  formés  jadis, 
sont  devenus  indépendants  les  uns  des  autres.  Il  n'est  pas  possible 
d'admettre  que  les  graviers  que  Ton  trouve  aux  Marguerites,  sur 
la  Mauvaise  et  à  la  Coubre,  puissent  être  encore  charriés  par  le 
fleuve  et  provenir  des  bancs  de  la  Garonne  ou  de  la  Dordogne, 
distants  de  80  à  lUO  kilomètres  quand  dans  ce  long  espace  on 
n'aperçoit  pas  trace  de  leur  passage. 

Les  éléments  très  petits  qui  passent  au  travers  d'un  crible  d'un 
demi-millimètre  de  section  sont  certainement  très  mobiles  et 
facilement  remués  par  le  fleuve,  cependant  les  bancs  qu'ils  consti- 
tuent diffèrent  essentiellement  d'aspect,  et  l'on  ne  peut  admettre 
que  les  bancs  de  l'embouchure  qui  sont  jaunes  et  ne  contiennent 
que  peu  de  traces  de  mica,  soient  formés  par  le  cheminement  des 
sables  du  Verdon  qui  sont  presque  noirs  et  contiennent  du  mica 
en  proportion  considérable. 

De  même,  dans  la  Gironde,  cette  si  grande  quantité  de  mica, 
constatée  sur  tous  les  bancs  et  surtout  sur  ceux  de  la  rive  gauche, 
ne  peut  provenir  exclusivement  du  cheminement  des  sables  de  la 
Garonne  et  de  la  Dordogne  qui,  les  uns  et  les  autres,  n'en  con- 
tiennent qu'une  fiuble  quantité. 

Il  faut  donc  admettre,  même  pour  ces  très  petits  éléments, 
une  stabilité  relative,  puisqu'ils  ne  passent  pas  en  temps  ordinaire 
dans  les  mouillages  et  les  passes  de  navigation.  Les  bancs  de 
sable  sont  donc  ordinairement  indépendants  les  uns  des  autres. 

Cependant  le  transport  de  ces  matériaux  existe  dans  certaines 
circonstances,  en  temps  d'inondation  par  exemple,  lorsque  les 
durées  relatives  des  courants  de  flot  et  de  jusant  sont  modifiées, 
lorsque  les  courants  acquièrent  plus  de  vitesse  et,  par  suite,  ont 
une  plus  grande  force  entraînante. 


340  HAL'TREUX. 

Cheminement  des  sables.  —  Au  mois  de  février  1886,  la 
Garonne  a  débordé  vers  Agen  et  Ln  Réole;  son  niveau  a  atteint 
S'SO  au-dessus  de  i'étiage,  il  y  a  eu  à  Bordeaux  envahissement 
des  quais,  et,  pendant  plusieurs  jours,  levitage  des  navires  au 
courant  de  flot  n'a  pas  eu  lieu  comme  d'habitude,  il  y  avait  ce 
que  les  marins  appellent  la  sotiberne.  A  la  fin  de  cette  période 
d'inondation,  il  a  été  pris  des  échantillons  du  fond  dans  différents 
points  de  la  rade  de  Bordeaux.  Os  échantillons  ont  été  examinés 
|)ar  les  mêmes  procédés  que  précédemment. 

Plus  tard,  en  juin  1886,  il  a  été  prélevé  sur  les  mêmes  points 
d'autres  échantillons  du  fond,  lesquels,  traités  comme  précédem- 
ment, ont  donné  les  résultats  suivants,  que  Ton  peut  comparer 
avec  les  éléments  qui  avaient  été  recueillis  en  octobre  1885  : 


BANCS  ET  PASSES 


Odotire  1883 
Vaso   Snhla 


Féiriw  1X86 

Vnse    Snble 


Charlrons,  mouillage 

Baiii;  de  Ouoyries,  plus  au  nord. 

■tacaliiD,  passe 

Banc  du  Tigre,  A18-I  mâlrus  île  1, 


De  cette  comparaison,  il  ressort  que  :  aux  Chartrons,  dans  la 
fosse  qui  est  te  mouillage  des  navires;  sur  le  banc  de  Queyries, 
vers  la  pointe  Nord  qui  forme,  à  I'étiage,  la  rive  droite  du  chenal 
de  navigation;  sur  le  banc  du  Tigre  qui  en  forme  la  rive  gauche, 
les  fonds  n'ont  pas  été  modifiés  d'une  manière  sensible  par 
l'inondation  de  février;  on  a  constaté  : 

Absence  de  sables  aux  Chartrons; 

Absence  de  vase  sur  le  banc  de  Queyries  nord  et  sur  le  banc 
du  Tigre. 

Nais  les  modifications  ont  été  profondes  vers  la  rive  droite  de 
la  rade  de  Bordeaux,  aussi  bien  sur  le  banc  de  Queyries  sud,  que 
sur  la  passe  de  Bacalan  et  au  mouillage  de  Lormont;  les  éléments 
du  fond  ont  été  violemment  remués  et  mélangés  dans  ces  trois 
points,  puisque  nous  y  trouvons  partout  un  mélange  de  sables  et 


SABLES  ET  VASES  DE  LA  GIRONDE.  341 

de  vases;  des  sables  ont  été  entraînés  sur  la  passe  de  Bacalan  et 
dans  le  mouillage  de  Lormont. 

D'autre  part,  en  juin  1886,  trois  mois  après,  cet  effet  d'irrup- 
tion des  sables  a  presque  complètement  disparu,  et  nous  retrou- 
vons à  Bacalan  et  à  Lormont  presque  la  même  proportion  de 
vase  et  de  sables  qu'en  octobre  ;  il  y  a  lieu  de  penser  qu'après  Tété 
les  choses  seront  revenues  exactement  dans  le  même  état  au'avant 
l'inondation  de  février. 

La  souberne  a  donc  entraîné  des  sables  fins  tout  le  long  de  la 
rive  droite  de  la  rade  de  Bordeaux  ;  elle  n'en  a  pas  entraîné  le 
long  de  la  rive  gauche.  Ces  sables,  dans  leur  cheminement,  ont 
suivi  une  route  différente  du  chenal  de  navigation  puisqu'ils  ont 
suivi  la  rive  droite,  en  respectant  la  rive  gaucho,  où  se  trouve  la 
passe  des  Chartrons  et  le  banc  du  Tigre. 

L'expérience  du  mois  de  juin  nous  montre  que  ces  sables  fins, 
entraînés  en  février,  ont  presque  disparu,  et  on  peut  penser  qu'ils 
n'existeront  plus  sur  ces  points,  à  la  fin  de  l'été.  Que  deviennent- 
ils?  Les  oscillations  des  courants  de  marée  les  entraînent  avec 
les  vases  qui  les  enveloppent  et  diminuent  leur  poids,  les  lavent 
peu  i^i  peu,  en  les  déposant  à  nouveau  sur  les  bancs  soit  d'amont, 
soit  d'aval,  et  toujours  dans  des  parcours  restreints.  C'est  le  travail 
de  Tété. 

Il  est  une  autre  observation  à  faire  sur  ces  déplacements  des 
sables;  c'est  que  pendant  qu'ils  se  sont  produits,  la  passe  de 
Bacalan,  que  traversaient  obligatoirement  tous  les  navires  qui 
sont  venus  à  Bordeaux  ou  qui  en  sont  partis,  n'a  présenté  aucun 
exhaussement  appréciable  du  fond;  c'est  donc  sur  une  très  faible 
épaisseur  que  s'est  produite  cette  irruption  des  sables;  ceux-ci  se 
sont  substitués  aux  vases  qui  ont  été  entraînées  vers  l'aval  et 
emportées  à  la  mer  par  le  jeu  des  marées. 

Ainsi,  même  dans  les  inondations,  les  gros  sables  restent 
immobiles,  les  petits  éléments  seuls  sont  déplacés  et  mélangés 
aux  vases;  ils  sont  transportés  à  de  faibles  dislances  sans  suivre 
le  thalweg  du  fleuve  et  selon  des  lois  encore  peu  connues. 

Si  ces  transports  de  sables  résultant  des  inondations  sont  si  peu 


1)42  IIAUTUEUX.  — SABLES   ET   VASES   DE  LA   lillîONnE. 

importants  dans  la  Garonne,  combien  seront-ils  plus  faibles  n 
75  kilomètres  plus  bas,  ù  mesure  que  les  sections  du  fleuve 
s'agrandissant  diminuent  Tinfluence  des  inondations. 

Celte  étude  des  fonds  du  fleuve  montre  que  les  courants  ordi- 
naires de  la  marée  ne  déplacent  pas  les  gros  sables  et  n'ont 
d'action  que  sur  les  vases  ;  les  courants  du  fleuve  ont  trié  ces 
éléments  de  façon  que  les  sables  forment  les  bancs  et  que  les 
vases  forment  le  fond  des  mouillages  et  des  passes  de  navigation. 

La  puissance  de  déplacement  du  fleuve,  même  en  temps 
d'inondation,  parait  limitée  aux  vases  et  aux  éléments  sablonneux 
très  petits;  les  graviers  et  gros  sables  paraissent  fixés  depuis 
longlenips  aux  points  qu'ils  occupent  actuellement.  On  voit  aussi 
que  les  bancs  de  sable  sont  plus  ou  moins  indépendants  les  uns 
des  autres,  et  qu'il  faut  des  circonsUuices  extraordinaires  pour  que 
le  fleuve  puisse  y  opérer  des  déplacemenls.  Dans  ce  cas,  on  ne 
peut  compter  sur  les  courants  de  marée  seuls  pour  enlever  les 
obstructions,  si  elles  se  produisent  dans  le  chenal  de  navigation. 

Septembre  188G. 


DES  CONSTANTES  D'ÉLASTICITÉ 


DANS    LES    MILIEUX    ANISOTROPES 


PAR  M.  B.  EUE 

PROFESSEUR   AU  COLLÈGE   d'ABBEVILLE 


INTRODUCTION 

Afin  de  faciliter  la  lecture  de  ce  mémoire,  je  crois  utile  d'en 
donner  une  brève  analyse.  Mon  but,  en  le  publiant,  a  été  de  rendre 
service  aux  physiciens  expérimentateurs  en  leur  fournissant  les 
formules  dont  ils  auront  à  se  servir  sils  veulent  mesurer  les 
constantes  d'élasticité  des  milieux  cristallins  à  axes  obliques, 
constantes  dont  certaines  hypothèses  réduisent  considérablement 
le  nombre  et  dont  Tévaluation  expérimentale  se  trouve  par  cela 
même  grandement  simplifiée.  N.  Voigt  (^)  a  publié  des  mémoires 
tendant  au  même  but  en  se  servant  de  systèmes  d'axes  rectangles, 
ce  qui  ne  conduit  pas  aux  mêmes  simplifications.  Malheureusement 
les  expériences  sur  ces  sujets  sont  rares  et  si  Ton  élimine  les 
résultats  relatifs  aux  matériaux  de  construction  et  aux  corps  non 
homogènes  pour  lesquels  il  faudra  probablement  adopter  des  systè- 
mes de  constantes  d  une  autre  nature  {^),  je  ne  connais  que  celles 


(*)  Voigt.  —  Bestimmung  des  Biegunsund  Torsionscoefficienten  durch  die 
Elastidlats  constanten  desKristaîles,  —  Volumen und  Winkelanderung  ciistullinchcr 
Korper  bei  ail  oder  einseiiigem  Drûck,  —  Annalen  des  Physik  und  Chemie,  t.  XVI, 
1882. 

(')  De  Sainl-Vcnant.  —  Sur  la  distribution  des  élasticités  au'our  de  chaque  point 
d'un  solide  anisotrope.  — Journal  de  mathématiques  pvrcs  et  appliquées^  l.XHI, 
1863. 

Mimoires  sur  la  torsion  des  prismes.  Mémoires  présentés  par  divers  savanis 
à  V Académie  des  Sciences,  l.  XIV,  1856. 


344  B.  ÊL!E.  —  DES  CONSTANTES  d'ÉLASTICITÊ 

dues  à  MM.  Voigt,  Grolh  et  Baurngarten  sur  le  sel  gemme  et  la 
calcite.  Les  hypothèses  simplificatrices  que  fai  signalées  auraient 
donc  besoin  d'une  vérification  expérimentale  que  la  lecture  de  ce 
mémoire  pourrait  faciliter. 

J'ai  cru  devoir  réunir  dans  un  premier  chapitre  toutes  les 
formules  relatives  à  des  systèmes  d'axes  obliques  auxquelles 
j'aurai  recours  et  que  Ton  n'a  pas  l'occasion  de  rencontrer 
ailleurs. 

Dans  le  chapitre  suivant,  je  définis  deux  genres  de  déformations 
(slrain)  qu'il  serait  possible  d'employer  en  coordonnées  obliques. 
J'établis  les  relations  entre  les  déformations  d'un  même  genre, 
relatives  à  deux  systèmes  d'axes  ainsi  que  les  invariants  de  ces 
quantités.  La  forme  de  ces  relations  est  absolument  semblable  à 
celle  que  Ton  trouve  consignée  pour  le  cas  d\ixes  rectangles  dans 
l'ouvrage  classique  de  I^mé  sur  l'élasticité. 

Dans  le  troisième  chapitre,  on  trouvera  des  relations  presque 
calquées  sur  les  précédentes  entre  les  six  tensions  (stress)  dont 
la  connaissance  est  nécessaire  pour  l'étude  de  l'équilibre  d'un 
milieu.  Là  encore,  il  est  possible  de  considérer  deux  genres  de 
tensions  dont  la  combinaison  avec  les  déformations  définies  précé- 
demment nous  donnera  l'énergie  de  l'unité  de  volume  du  milieu. 

J'ai  adopté  pour  Texpression  de  l'énergie  d'un  milieu  isotrope, 
celle  à  21  coefficients  proposée  par  Grcen  (*),  comme  la 
plus  générale,  lorsqu'on  néglige  les  déformations  du  deuxième 
crdre  et  que  l'on  n'admet  pas  des  tensions-antérieures  aux  actions 
déformatrices.  Rankine  {^)  a  employé  cette  même  forme  en 
utilisant  les  déformations  du  second  genre  (système  des  con- 
traordonnées).  Mais  la  notation  symbolique  dont  il  a  fait 
usage  et  la  concision  de  son  exposition  me  semblent  avoir 
empêché  les  idées  renfermées  dans  le  remarquable  mémoire  de  ce 
savant  de  pénétrer  rapidement  dans  le  domaine  commun.  Il  me 


(')  Green.  —  Om  propagation  ofUght  in  cristalliscd  mfoid.  (Transactions  ofthe 
Cambridge  Society,  t.  VII,  1839  ) 

(')  Om  axes  of  elasticity  and  cristalline  forms.  {Transactions  of  The  Hoyal 
Society,  London,  1885.) 


DANS  LES  MILIEUX  ANISOTROPES.  345 

semble  préférable  de  déduire  par  l'analyse  ordinaire  l'expression 
de  rénergie  en  coordonnées  obliques  de  celle  admise  en  coordon- 
nées rectangles.  On  voit  mieux  de  la  sorte  que  la  première 
n'inclut  ni  plus  ni  moins  d'hypothèses  que  la  seconde. 

Avant  d'appliquer  ces  principes  aux  systèmes  cristallins,  j'ai 
consacré  le  cinquième  chapitre  à  définir  les  plans  des  symétries 
et  les  axes  d'isotropie  mécanique,  à  étudier  la  forme  que  prend 
l'expression  dans  des  cas  généraux,  la  dépendance  de  quelques 
coefficients  d'élasticité  entre  eux  et  enfin  la  surface  que  Rankine 
a  appelée  tasinomique. 

Cette  surface  lui  sert  de  point  de  départ  pour  classer  les  cristaux 
au  point  de  vue  de  Télasticité.  J'ai  pris  une  autre  direction  en 
considérant  comme  plus  fondamentale  la  notion  du  plan  de 
symétrie,  telle  qu'on  la  trouve  définie  dans  l'ouvrage  de  mécani- 
que de  Kirchoff. 

Les  systèmes  de  constantes  d'élasticité  de  chaque  système 
cristallin  rapportés  à  des  axes  rectangles  sont  ceux  indiqués  par 
Yoigt  dans  le  mémoire  cité,  et  qu'il  attribue  à  C.  Neumann. 

Ces  six  chapitres  pourraient  servir  d'introduction  à  un  traité 
de' l'élasticité  dans  les  milieux  anisotropes.  L'absence  de  faits 
expérimentaux»  comme  je  l'ai  dit  précédemment,  ne  m'a  pas 
permis  de  conibler  les  lacunes  qui  apparaissent  dans  le  dernier 
chapitre,  alors  qu  il  s'agit  de  donner  à  chaque  cristal  un  système 
de  coeflBcients  approprié.  A  ceux  qui  me  reprocheraient  d'avoir 
été  trop  long  dans  mes  calculs,  je  répondrai  que  je  les  ai  rendus 
explicites  dans  le  dessein  de  permettre  au  travailleur  de  les 
reprendre  pour  son  usage  personnel  et  d'en  corriger  les  fautes 
s'il  m'en  était  échappé. 

AbbeviUle,  janvier  1886. 


T.  Il  (3«  Série).  23 


346  B.  ÉLIE.  —  DBS  CONSTANTES  D  ÉLASTICITÉ 


CHAPITRE  I 


Formules  préliminaires. 


§  1.  Les  quantités  que  Ton  aura  à  considérer  dans  la  suite  de 
ce  travail  devront  être  rapportées  à  des  systèmes  d'axes  de 
coordonnées  obliques.  Comme  il  est  fait  rarement  usage  de  ce 
genre  de  coordonnées,  j'ai  cru  nécessaire  d'exposer  ou  de  rappeler 
les  formules  qui  leur  sont  relatives,  et  j'ai  préféré  les  grouper  dès 
le  début  en  un  ensemble  auquel  je  renverrai,  afin  de  simplifier 
l'exposition  ultérieure. 

Je  désignerai  par  : 

0^,  OiQ,  Oi;  les  axes  quelconques  d'un  premier  système; 
0^',  Oy)',  or  des  perpendicalaires  aux  plans  iqOi;,  etc.,  que 

j'appellerai  les  conjugués  de  OÇ,  Ovî,  01; 
Oxy  Oy,  O^^les  axes  quelconques  d'un  second  syslëme  de 

môme  origine  que  le  premier; 
Ox'y  Oy\  Oz'  leurs  conjugués. 

En  égalant  les  projections  orthogonales  faites  sur  Ox\  puis 
sur  Oy\  puis  sur  Oz\  des  contours  formés  par  les  coordonnées 
^,  Y],  C  6t  07,  y,  z  d'un  point,  relatives  au  premier  et  au  second 
système  d'axes,  on  obtient  les  trois  relations  du  groupe  (1).  Celles 
du  groupe  (I)  s'obtiendront  par  un  procédé  semblable. 

ÇcosÇa?'  -h  TQ  cos  Y) a?'  +  Ç  ces  Ça?'  =  a? ces a?a;', 
(1)  ]  Çcosçy'  -htjcosiQy'  -hÇcosïy'  =ycosyy\ 

ÇcosÇ^'  +'if3C0St)Z'  -j-Çcosî;;?'  r=zzcoszz\ 


DANS  LES  MILIEUX  ANISOTROPES.  347 

a?cosa?5'  +  ycosyS'  +  zcosz^'  =  ÇcosÇS', 

(I)  \  xcosxri'  -h  ycosyr/  -h  zcoszt;'  =  r|COSTf;T)', 

arcosiPi;'  4-.ycosy'C'   4- zcos;:^;' zziÇcosÇ;'. 

Les  Ix'  y  etc. ,  sous  les  signes  cos  sont  mis  pour  les  angles  I0x\ 
etc.  Autant  que  possible  on  emploiera  des  lettres  grecques  pour 
représenter  les  quantités  rapportées  aux  axes  ^y}^  et  des  lettres 
françaises  pour  ces  mêmes  quantités  rapportées  aux  x,  y,  z;  de  la 
sorte  on  pourra  écrire  comme  dans  le  cas  précédent  par  symétrie 
et  sans  autre  information  un  second  groupe  de  formules  après 
rétablissement  d'un  premier. 

Je  mets  les  formules  (1)  (I)  sous  la  forme  (2)  (II)  : 

(2)  jp,Ç4-r,Y)  4-«,Ç  =  py,      (II)  jpiiTH-  p,y  H-  p,z  =  cnr), 

et  je  vais  chercher  les  relations  existant  entre  ces  20  quantités 
p^r,  s;  CI,  fy  (Sy  et  les  cosinus  des  angles  des  axes. 
  cet  effet;  je  désignerai  par  : 

X  =  C0SiqÇ,       [JL  =  C0SÇÇ5       v==cosÇyî, 

l  =  cosyZy     m=icoszXy    n  =  cosxy'y 

les  cosinus  des  angles  des  axes  entre  eux;  par  n  et  p  les  détermi- 
nants respectifs  : 

i    V    [j.  1    n    m 

(JL    X    1  mil 

par  : 

X'=[JLV  X,  jx'=v6 \Ly  V'=X{JI.  —  v, 

1-X%  i-H.%  l-v% 

l'=mn—l,         m'=nl  —  m,         n' =  lm — n. 

leurs  mineurs  ;  enfm  par  : 

aj  =  CDsa?55        P4  =  cosa;r,5        7i  =  cosa?;;, 
a,=:cosyÇ,        p,  =  008^/3,        T,  =  cosyr, 

a,  =  008  2^5  P5=:C0SZYJ5  Y8  =  C0SZÎ;, 


348  B.  ÉLIE.  —  DES  CONSTANTES  D'ÉLASTICITÉ 

les  cosinus  des  angles  des  axes  d'un  système  avec  ceux  de  Taulre. 
Si  Ton  projette  orthogonalement  sur  OE,  puis  sur  Otq,  puis 
sur  0!;^,  le  contour  formé  par  les  coordonnées  2,  tq,  1^  d'un  point 
situé  sur  Taxeûa:,  on  obtient  les  trois  équations  : 


ç 

4-  VYJ  -h 

y-l 

a^x, 

-+- 

fi  + 

xi: 

Piy, 

l^Ç 

+ 

Xt,  4- 

y 



[l.i2, 

d'où  Ton  tire,  en  se  servant  des  notations  indiquées  : 


a-[ji.'ai  4-X'Pi  +  (1 


_v')Y,]=ai:, 


le  point  considéré  ayant  pour  coordonnées  x^  0,  0,  les  multipli- 
cateurs de  X  devront,  d'après  (II),  être  égalés  respectivement 
à  c.PjCi;  on  aura  ainsi  : 


/ 


TS, 


Pi 


=  (1-X')a, 


u,= 


ix'a,  +  X'Pj  4-  (1 


(-'î) 


\  ?2 


a.  = 


[x'  aj  +  a'  3j  4-  (1  —  V 


tJ, 


=  (* 


(III) 


\    «3  = 

P.= 

ï"!  = 

»■.  = 

»i  = 

«t  = 

«.  = 


?,  +  (* 

l/.'  a,  +  X'  P,  +  (1  — 


I* 
X' 

X 


P" 


p3  =  v'  a,  4- 


(i  —  i*)ai  4-  n'a,  4-  m 
n'  a^  4-  (1  —  m*)  a,  4-  l  a^ 
m'cti  +  r  a,  +  (i  —  «')  a, 

«'  p,  +  (i  —  m»)  p,  +  l' p, 
m' p.  +  r  p.  +  (1  _  n»)  g, 

(1  — nïi  +  w'ïi  +  m'ïj 
«j'Yi  +  «j't,  +  (1  — i*)ïj 


Yi 


Yi 


ïl 


11 


Ï5 


Ï8 


Ï8 


a, 


DANS  LES  MILIEUX  ANISOTROPES. 

et  en  résolvant  ces  équations  par  rapport  à  a,„,  3,„,  etc., 


349 


/  tjai  =  a^     4-  Vj;^   4-  j;- 


i^ 


13 


CTY,  =  [Acy,4-  Xpj  -t-  a„ 


1*^5  3 


/pai==    ;?,  4-np,  H- WI/Î3, 
P«a  =  ^^Pi+  'Ps  -+-P3, 

P3i  =  ^i    -h»r,  4-mr3, 
(IV){p?,  =  wr, +  r,    +/r3, 
pg.,  =  wri+  /r,  -f-  r,, 


uaj  =  ^3    -h  vp8 


ctP3=  vu,     4-   P3         4-   Xffg, 

CTYs=  IXCT3  +  Xpa  4-  (73. 


PY,=  »5i4-5,      4-/53, 

PY,=z=m5j4-  /5,  4-53. 


Si  Ton  veut  obtenir  les  relations  entre  les  coordonnées  obliques 
d'un  point  rapporté  soit  aux  Et;?;,  soit  à  leurs  conjugués  l' r/  C',  il 
suffira  dans  le  groupe  (1)  de  faire  x  =  ^',  x'  =S,  elc.  Les 
seconds  membres  ^'cos^E',  tq'cosy)-/;',  etc.,  ne  sont  alors  autres 
que  les  distances  normales  du  point  aux  trois  plans  conjugués;  je 
les  désignerai  par  S^^.  Les  groupes  (1)  et  (I)  deviennent  ainsi  : 


(8) 


\ 


l  4-vr,  4-  ii.;  =  |, 
v;  4-  Trj    4-XÇ  ='0, 
(|x;4-Xr,4-Ç     =^ 


(V) 


a?  4-  wy  4-  m^:  =  â?5 
nx  +  y    -i-  Iz   =y ^ 
mx  -h  ly  -{-  z     =  z. 


Par  la  substitution  dans  (V)  des  valeurs  (2),  en  tenant  compte 
de  (IV),  on  a  le  groupe  (6)  : 


(^  =  ai?-H&ir,  4- Y,Ç, 
j  y  =  a,?  4-  P,r,  +  y,l, 
U  =  a,?  4-  &3YÎ  4- Y8S, 


(  =: 


=  aiX  4-  a,y  4-  a^z, 


(6)       J  y  =  a,?  4-  P,r,  +  y,Z,        (VI)      U  =  ^,x  4-  &,y  +  .63Z, 

(  ç  =  Yi^+  ïîy  +  ï8^3 


et  par  la  substitution  dans  (6)  des  valeurs  de  E,  t],  ^  tirées  de  (5), 
en  tenant  compte  des  (3),  on  a  le  groupe  (7). 


l  V5X  =  tj^Ç  4-  p^fi  4-  cTjÇ,  l  p?  =  p,x  4-  p^y  4-  P3Z, 

(7)  j  vsy  =  cT,Ç  4-  p^Yj  +  cTj'C,  (VII)  I  pY)  =  r^x  4-  r,y  4-  r,z, 

\  T3Z  - 


h^C)' 


^si  ■+-  Pjy;  4-  cg^  l  pl^=z  s^x  -h  s^y 

§  2.  Je  rappelle  ensuite  les  6  relations  entre  les  9  cosinus  a,„, 


0)  Les  quantilcs  x,  y,  l,  etc.,  ont  été  désignées  par  Rankine  sous  le  nom  de 
contraordonnées. 


350  B.  ËLIE.  —  DES  CONSTANTES  D'ÉLASTICITÉ 

etc.,  et  les  angles  des  axes  entre  eux.  Si  l'on  porte  sur  Oz  runité 
de  longueur  et  si  Ton  projette  orlhogonalement  le  contour  formé 
par  cette  unité  et  les  coordonnées  ^,  r„  1^,  de  son  extrémité 
d'abord  sur  Oy,  puis  sur  0^,  puis  sur  Or„  puis  sur  Oti,  on  obtient 
successivement  les  4  équations  suivantes  : 

—  l  ^-  a,?+  P,T,  +  Y,Ç  =  0, 

—  a,+      5  +  VY)    +  iaÇ   =  0, 

—  3,+    vÇ+  Y,     +>.!:   =0, 

—  ï,+  i*;  +  Xy)  +Ç     =0. 

Elles  donnent  par  l'élimination  des  ^,  r„  !|,  la  première  du 
groupe  (8),  et  en  supposant  nul  l'angle  des  directions  Oz  et  Oy  la 
sixième  du  même  groupe  : 

/  tzl  =  «,a,(l  -  X')  +  p,g,(i  -  i*')  +  Y.ï,(l  -  V») 

+  (Ptï.  +  ?>Ï»)X'  +  (t»««+  ï.»j)l*'  +  («.?.  +  «sWv', 
njf»=  a,a,(l  —  X')  -t-  p,P,(l  -  |x')  +  Y,Yi(l  -  v') 

on  =  «,a,(i  —  X')  +  M^{1  —  ix»)  +  Yiï.(i  —  V*) 
^  '    ^    o  =  aUl  -  X')  +  PU*  -  y-*)  +  yU*  -  v') 


23,Y,X'  +2Y,a,ii.'+2a,g.v', 

o  =  aî(l  -  X')  +  3Î(1  -  l*')  +  ïî  (i  -  v') 

+  2^.Y,V  +  2Y,a.iJL' +  2«,g.v', 
o  =  aî  (1  -  X')  +  &î  (1  -  i*')  +  YÎ  (1  -  v') 
\  +2p,Y,X'+2Y,a,liL'  +2a,p,v'. 

pX  =  PiP,(l  -  /•)  +  p,Y.(l  -  «')  +  P.Y,(1  -  «') 

+  (P.Ï»  +  P»ï.)«'  +  (?,Yi  +  3iY»)»»'  +(PiY.  +  3.Y,)»', 
PI*  =  Yi«i(*  —  n  +  Y.«i(*  —  m*)  +  Ys«j  (*  —  n') 

|pv  =  a,P,(l  —  i»)  +  «,P,(1  -  »»*)  +  a,P,(l  —  n») 

/viiiv       "^  ^*'^'  "*■  *»^«^''  "^  ^*»^«  "^  *«^')'"'  "^  (*iP»+  ««3,)»'. 
(VIll)^  p  =  aî(l  —  i*)  +  *î(*  —  »»')  +  a*,(l  —  n') 

+  2a,*,r  +  2a,a,f»'  +  2a,a,n', 
p  =  PU*-  P)  +  Pî(i  -  m')  +  3Î(1  -  «') 

+  2g,P,r +23,p,t»'+23,M', 
^  =  y1(i  +  O  +  yI  (1  -  »'*)  +  YÎ  (*  -  «*) 
\  +  2y,Y»''  +  2y,Yi'"'  +  2Y,Y,n'. 


DANS  LES  MILIEUX  ANISOTROPES.  351 

On  peut  mettre  ces  relations  sous  la  forme  suivante  en  intro- 
duisant les  /),„  o,  (formules  (3)  (III)  : 


(9) 


ICO  |/ If  9    U)j    yiUI  lllUkCO  \tJ/   y»-"/  • 

CT  =  a,CT,  4-  P,p,  4-  Yf^«5 
cy  =  ajtJg  4-  Paps  4-  Ys^a- 


(IXJ 


u  —  »,a»j  -T-  tJjpj  -r  T}5,. 

/    pX  =  p,»,  +  P,»,  +  p,«,  =  Y,r,  +  Y,r,  +  y»»"», 

PI*  =  TiPi  +  ïfPi  +  TjP»  =  *i»i  +  «f««  +  ««  »«> 
pv  =  a,r,  4-  a,r,  +  s,r,  =  p,Pj+  p,p,  +  p,p„ 

i  P=«lPl    +    «ïPî    +    «5P35 

f  P  =  Piri  4-  P,r,  4-  p.r,, 


I 

1 


§  3.  Les  9  rapports  —,  -,  etc.,  pourraient  s'exprimer  à  Taide 

de  3  variables  seulement;  ils  doivent  donc  être  liés  par  6  équations 
indépendantes  des  a,  ^,  y*  On  y  arrive  si  dans  Tun  des  membres 
de  régal  i  té  : 

0?'  4-  y'  4-  s'  4-  ilyz  4-  imzx  4-  inxy 

=  V-h  r,'  4-  ;;'  4-  2Xr,Ç  -h  i^V^  4-  2v?y,, 

représentant  la  distance  d'un  point  à  Torigine,  on  remplace  les 
variables  par  leurs  valeurs  tirées  des  équations  de  transformation 
(2)  ou  (II)  et  si  Ton  identifie  ensuite  les  coefficients  des  variables; 
elles  sont  : 

p^\z=:r^8i  4-  fj^s  4-  Tj^s 

4-  /(r,.ç,  4-  rjSj)  4-  w(r3«i  4-  ri8;)-hn{r,s^  4-  r,s,), 
p';^'  =  «iPi  +  «îP»  +  hPi 

4-  /(S.Ps  4-  S,p,)  4-  m(S3Pi  4-  S^Ps)  4-  n(5,Pj  4-  5,?,), 
(iO)  (P**'  =Pi''t  "^  P»''»  "^  Ps^» 

+  '(P.^-^PbO  -^  w(p3r,4-Pir,)4-n(p,r,4-p,r,), 

p«  =  p\  4-  pî  4-  pî  4-  2/p,P3  4-  awpjPi  4-  2np,p„ 
p*  =  r«  -h  r\  4-  rj  4-  2/rjr3  4-  îmr^r^  ■+-  2nrir,, 

p»  =  5»    -^  s\    -h  $1    -h  2/5j53  4-  2m585i    4-  2»5i5,. 


3S2  B.  ÉLIE.  —  DES  CONSTANTES  D'ÉLASTICITÉ 

H-  X(p,a8  +  PjC,)  +  Ia((7,cJs 4- cTjCîj)  +  v(cj,p8  +  OjP,), 
r3'wi=  cJaCT^  4-  pjpi  4-  G^^^ 

4-  XCpsŒi  4-  PiO  4-  [x ((73 cy^  4-^4^5)  4-  v(cy3Pi4-o,p8), 

(X)  {  ^*^  =  ^1^8  -^  PiPi-^  ^1^9 

4-  X(pja,4-  p,(J,)  4-  p*(aiCJ2  4-  ajO,)  4-  v(njPj4-cy,p,), 

cj'  =  cj*  4-  pî  4-  a*  4-  2Xpi(7j  4-  2;ji.Ginj4  4-  âvo^pj, 
ct'  z=  oî  4-  pî  4-  cr'  4-  2Xp,ar,  4-  2[X(7,nj  4-  2vOjp„ 
CJ*  =  t3Î  4-  pj  4-  a|  4-  2Xp8(78  4-  21X^8^18  4-  2vcy8p8. 

Il  est  possible  d'exprimer  simplement  les  p^  r,  5,  en  fonction 
des  o,  p,  c.  Pour  cela,  j'élimine  tout  d'abord  soit  les  or,  y,  2, 
soit  les  E,  7),  Jl,  entre  les  formules  (2)  (II)  de  transformation  et 
j'égale  les  coefficients  des  variables  restant  dans  les  deux  membres, 
ce  qui  conduit  à  : 


(11) 


(XI) 


/  r^lpi 

-h  nj/?3 

4- 

^aPs 

_ra/^ 

ci.r, 

4-  njfj 

4- 

^3'*3 

-0, 

7Z^S^ 

"h  rTjSj 

4-  CTg^a 

0, 

FiPi 

+  riPî 

4- 

rbPa 

0, 

-^  P,r, 

■1- 

r3  '3 

—  rsp, 

Pi^i 

4-  f,5g 

4- 

?3  ^3 

0, 

^iPi 

4-  7,/;, 

4- 

^3^3 

-0, 

^1^1 

+  7,r, 

4- 

^3  's 

-0, 

\  7i*'i 

4-  75.S3 

4- 

^3  ^'3 

np. 

+  ^i?i 

-h 

*i^i 

—  pvs, 

+   ^'l?S 

4-  5,C7s 

0, 

Pi  ^3 

+    ^^  ?3 

4- 

'***!  ^3 

0, 

1  Ps^i 

-^    r,?i 

4- 

.S'j7, 

=  0. 

'    Pi^i 

-^rtPi 

4- 

S*     T 

_pcj, 

Pf^S 

-^  r.?. 

4-  S,  73 

-0, 

Ps^i 

+  ''a?! 

-1- 

*'3^1 

-0, 

1)3  n. 

"^  ''3?  2 

-4- 

A3  Jj 

0, 

\  Ps^3 

+    >'3F3 

4- 

«s's 

—  pci. 

De  ces  deux  groupes,  on  pourra  tirer  les  expressions  demandées 


DANS  LES  MILIEUX  ANISOTROPES. 


Si  l'on  pose  : 


CJj 

ra, 

ra. 

Pi 

ri 

•-1 

Pi 

P« 

f  »  =  ''o 

et 

Pi 

^ 

s,: 

'i 

'î 

<73 

Pz 

»•» 

«3, 

on  aura  : 

'0  5 


^oPi  =P^(?J^3  —  Ps^î)    •••?    etc. 

Mais  en  désignant  par  §«  1^  déterminant  : 


Pi     Yi 


«8 


H3 


Tî 


Ï3 


=  5o. 


353 


en  vertu  des  valeurs  (3)  (lil)  de  o, . . .  p, . . .  etc.,  on  vérifie  : 


T3a   = 


CqVS' 


PO  =  \Pl  3 


et  par  conséquent  : 


(12) 


(XII) 


/  ^^oPi 

=  P(P2<78    — 

Pa'î) 

nSo^i 

—  P(^S^3 

«3^5!") 

dSo^i 

=  P  (^2?8 

^3?,) 

1  nBoP, 

—  Pi^S^i  — 

Pi '3) 

<  cïBor, 

=  P{^3^1 

^l"») 

5 

1  ciOofa 

—  Pi^iPi  — 

''ips) 

I5 

f  nSoPs 

=  P(Pi^s  — 

pî'-i) 

. 

;   ^OoTs 

—  P  (^1^2  — 

îj^S,) 

1  nîo^a 

—  P(^l?î  — 

C!,?,) 

/    P^O^l 

— ^(^^3— 

r,s,'^ 

5 

P^O^Î 

• 

f-i^s) 

, 

P^0^3 

=  rî(r,s, 

^s,) 

. 

IP^oPi 

—  ra(«î/>8 

■  «3P,1 

1, 

P^oPs 

=  C5  (Sj  Pi  — 

•S1P3J 

* 

P^O  p3 

_n(s,p, 

«3P1I 

•5 

P^o^l 

=  ra(p,r,. 

P3''î) 

? 

P^O^Î 

=  cj(p,r, — 

Pi '•3) 

3 

P5o^3 

_ra(;j,r,— 

P«»-i) 

. 

384  B.  ÉLIE.  —  DES  CONSTANTES  D'ÉLASTICITÉ 

§  4.  On  peut  encore  établir  des  relations  entre  les  p,„  ...u,„  ... 
et  les  mineurs  «',„.. .  du  déterminant  o",  soit  posé  : 

(13)  I  a;  =  PjYj  —  PiY,,   p;  =  Y^aj  —  y^  a,,   y;  =  a,  g^  —  a^  g,, 
f  ai  =  PiTt  —  PîTiJ   Pi  =  Tiaj  —  T^a^,   yi  =  a,  ?,  —  a,?i. 

La  substitution  des  valeurs  (3)  (III)  de  p,„ . . .  n,„. . .  dans  les 
groupes  (12)  (XII)  ou  encore  la  résolution  des  équations  (6)  (VI) 
par  rapport  à  ces  quantités  donne  : 

^or,  =  p{yoL[  +  p;  +  xt;), 

5oPî  =  P(a;  +  v&;  -+-  i^Yi), 

(14)  {  5or,  =  p  (v  a;  +  p;  4-  XYi) , 

5o'^2  =  p(i^a;H-x&;  +  Y;), 

BoP8=P(ai  + vg;  +  {XYi), 
Sor3=p(va;4-Pi  +  XYi), 

5o«3=p(i^a;4-  xp;4-  Yi). 

/  BoHJi  =  C3(a[  4-  n ai  -h  tw ag) , 
BqO;  =  n(nai  H-  ai  -h  lai),   • 
Bo^j  =  cj(mal  4-  /ai  4-  ai), 

oo?i=^(?;+wgi4-w&i), 

(XIV)  {  5oP,  =  u(n^[  4-  Pi  4-  / Pi), 

aoPa=^(wPi+^PiH7Pi). 
S,a4=:r3(Y;4-r<Yi4-WYi), 

B,7,  i=n(»Yi+  ïi  -^  ^ri)^ 
So^g  =  r3(mY;  4- iYi  4- yi)- 

Les  formules  inverses  sont  : 

/  pna;  =  Bo[(l  —  X')p,  4-  v'fi  4-  ii/.Sj], 
P^P;  =  5o[v'Pi  4-  (1  —  ix')r,  4-  X'5,], 
poYi  =  5o[l^'Pi  -4-  >^>i  +  (1  —  v')Sil, 

I  pcjai  =  Bo[(l  —  X')p,  4-  v'r,  4-  \x  sj, 
(15)  \  pa^i  =  âo[v'p,  4-  (1  —  ^^')r,  4-  X'  5,], 

pnYi  =  SolVpt  +  >^'^'i  4-  (1  —  V,)*,], 
pnai  =  5o[(l  —  X')Ps  4-  v'r,  -h  «/s,], 
pcjpi  =  SoLv'Pa  4-  (1  —  m')r,  4-  X'  .s,], 

\  poYi  =  SoÏh-'P»  -+-  >^'^  -H  (1  —  Os,]. 


DANS  LES  MILIEUX  ANISOTROPRS.  35S 

pma[  =8o[(l  —  /')aj  +  n'o,  4-  w'cjj], 
pcjai  =  3o[w'cti  +  (1  —  m')cT,  4-  /'  cj,], 
pcja;  =  5o[m'aj  4-  /'n,  -f-  (1  —  W-'l^j], 

pop;  =  BoKl  -  /»)pi  +  w'p,  4-  m'  p,], 
(XV)  s  pn3;  =  Bjn'  p,  4-  (i  -  m')p,  4-  /'  p,], 

Pcrp;  =  Oe  [m' p,  4-  /'  p,  4-  (1  —  w')  pj , 

P^ïv;  =iz  Bo[(l  —  Oa,  4-  n'  c7,  4-  w' ffg], 
poy;  =  8o[n'  C7t  4-  (i  —  W')c7,  4-  r  ff,], 
P^T3  =  èo[m'  C7,  4-  r  5,  4-  (1  —  n')73]. 

Le  sinus  de  l'angle  des  deux  droites  tel  que  i  — 1\  etc.,  et  en 
général  les  mineurs  des  délerniinantsp  ou  vs  peuvent  s'exprimer 
à  l'aide  des  a',,,...  ou  des  p,„,  etc.  En  effet,  on  peut  écrire  les 
expressions  : 

C5'(4  —  /*)  =  rj.n  —  tsLtsI, 

en   recourant  aux  groupes   (9)   (iX),   respectivement  sous  les 
formes  : 

(a,04  4-  PjPj  4-  Yjîj)  (a,©,  4-  ^^p,  4-  YjJj) 

—  (a^cj,  4-  Pip,  4-  Yi7,)  (7^77,  4-  PjPi  4-  Yî^i)? 
(a^cj,  4-  3jP3  4-  Yi^s)  K'^i  -^  PîPi  -*-  ïîO 

—  (a^Oi  4-  PiPi  4-  Yi^i)  (^î^3  +  Pjp3  -H  Tf^s)- 

d'où  en  effectuant  les  produits  : 

nTp(l  —  0  =  Co(a;r;3  4-  P;r3  4-  Yi^s). 

T^pv       =  8o(a;p,  4-  ^^r,  4-  y;*,). 

Si  l'on  substitue  aux  p^^g  leurs  valeurs  (14)  on  a  : 

.  o(i -P)  =  a;  4-  &; -^  y;  ■+-  2x^;y;  +  "^v^^ùA  +  2va;&;, 
(io)   ni'        =a;a;4-p;3;4-Y;Y; 

» 

Si  l'on  substitue  au  a'„„  etc.,  leurs  valeurs  (13),  on  a  : 

'''^^(1-0  =  0 ->.')/>? +(l-t**)rî  +  (l-v')sî 

+  2/s'r,s,  +  2(1.' .v,p,  +  2v'p,rj. 


'o 


(17)  ,„._. 


''  ^  /'  =  (1  —  a'jPjPs  +  (1  —  •^.')r,r,  +  (I  —  v')s,s, 


Si 


+  X'  {r^s,  +  r^s^)  +  i;.'  Cs,p,  +  s,p,)  +  ^'{p^r,  +  p,r,> . 


356  B.  ÉLIE.  —  DES  CONSTANTES  D'ÉLASTICITÉ 

§  5.  Je  termine  ce  recueil  de  formules,  dont  on  verra  plus 
lard  rutililé,  en  indiquant  la  dépendance  qui  existe  enlre  les 
coefficients  p,„,  cyi„,  a\„,  etc.,  et  les  angles  des  axes  des  deux 
systèmes. 

On  sait  tout  d'abord  que  n  représente  le  sextuple  du  volume  de 
la  pyramide  formée  par  des  longueurs  égales  à  l'unité  portées 
sur  OS,  Oï),  0!^,  volume  égal  aussi  à  sint;!^,  cosE^'.  D'où  : 

(18)      Ko  =  sinr^Ç  cos?^'    =  sinÇ?  cosYjr/  =  sinÇvj  cosÇ;', 
(XVIii)  \/p=:siïïyzcosxx'  =sinzxcosyy'  =^sinxy  coszz', 

La  comparaison  des  formules  de  transformation  (1)  et  (2) 
donne  ensuite  : 

cosSoî'       cos r^a?'       ces  Ça;'       coso^oî' 


(19) 


Pi  f\  h  p 

cos;y'  __  cosYjî^'  ___  cosÇy'  _  cosyy' 

Pî  ""  r,  ""  5,  "^  p 
COScz'        C0Sr,2'        COSÇ2'         0082:2' 


(XfX) 


Pi              r,              «8  P 

/cosrr;'  cosy;' cos2;'  cos  ^;' 

Cî|  lïïj  CÎ3  T3 

COSXt/  cosyv;'  C0S;^t/  COSr^Y)' 

Pi  Pî  p3         ^         ^ 

cos a?C ces yV  __  ces zl'  _^  cos  Ç  î;' 

^^      jj  Œj  (jg  n 


5 


Cherchons  les  valeurs  des  cosinus  des  angles  ^'  x\  etc.,  de 
deux  conjugués.  On  peut  remarquer  pour  cela  que  la  première 
formule  du  groupe  (8)  donne  le  cosinus  de  l'angle  de  deux  droites 
en  fonction  des  cosinus  directeurs  a^p^y,,  a^^^^  de  ces  droites. 

Or  ceux  de  OE'  sont  : 

Kn 

a8  =  cos;;'  =-— -^,        Pg^cosr,;'  =0,       7,  =  cosÇ;'  =0; 

smr^v, 

ceux  de  Ox  sont  (d'après  XIX)  : 


DANS  LES  MILIEUX  ANISOTROPES.  357 

y     f  Pi 

a,=  cos;a;  =  — z~ 5 

P,  =  cosYîa?'  =  -—  *  — , 

Kpsinyz 

Y,=  cosÇa?'  =  ^ 

kpsiny^: 

La  formule  indiquée  devient  alors  : 

Vu         i 

j/-,  sinyÇ  smyz  ^'  ''*  *       ru? 

et  le  dernier  fadeur  vaut  :  ^  a',  d'après  (15);  d'où  : 

«i  _.  &1  _.  ïi  __    3o       . 

cosÇ'aj'simr;!;      cosT)'a7'sinïç       cos;;'a;'sin;Yj  ~"  ^^^^       ''^' 

"^ ^^ ^* ^»     sinzo., 


cos^'y'sinr^î;      cosYj'y'sinÇS      cos';'^' sin^t)       |/~ 

«8  _.  Ps  __  ÏS  _,         «^0  . 

cosÇ'^'simr;?      cosYj'^'sinC?  ~  cosî;';2:'sin;Y3  ""  j/^   *      ^' 

§6.  Si  l'un  des  systèmes  d'axes  (celui  des  xyz)  devient 
rectangle,  voici  les  simplifications  qui  se  présentent  dans  les 
principales  formules  :  On  a  : 

/  =  m==n  =  0,      p=l,      i'=m'=n'=0; 

/   a\  -t-  a*  H-  aj  =  1,  g^Yj  +  g,Y,  -+-  PsY,  =  >m 

(VIII) ^«       Pî  -+-  PJ  +  PI  =  1,  Yi^i  +  Y,*,  +  ï^a,  =  [JL, 

(  Y?  +  YÎ  +  yJ  =  *.  «iPi  +  «îPî  -+-  «aPa  =  v. 

Les  p,„,  r,,a,  5,„,  deviennent  a,„,  p,»,  y,„. 

Les  n5„3,  etc.,  sont  les  a',„,  etc.,  multipliés  par  Kn,  et  ni  =  8î. 

Ainsi  : 


cjj  =  a^ôo,      t3,  =  «j^o,  etc. 


358  B.  ÈLIE.  —  DES  CONSTANTES  D'ÉLASTICITÉ 

Les  conjuguées  de  (17)  donnent  : 


(xvn)w** 


CjJ  H-  cj|  4-  oj   =X3{1 X'), 

Pî   -+-FÎ  -H  9Î  =0(1  — |x'), 
cl   4-^1   +  sj  zz=nj(l -— v'). 

Pi  ^1  +  Ps  ^f  -»-  P3  ^8  =  ^>^'  5 

^iPl   "*~   ^iPl  "+"  ^8p8  =CJV', 

^;.  ^_a;« +  «;«  =  (! -x«), 

&;T;-+-p;T;  +  p;ï;  =  v,eic. 

On  conservera  les  notations  adoptées  dans  ce  chapitre  pour  les 
suivants  à  moins  d'avertissement  du  contraire. 


ou 


DANS  LES  MILIEUX  AMSOTROPES.  359 


CHAPITRE  II 


Déformations  rapportées  à  des  axes  obliques. 


§  1.  On  sait  que  dans  le  cas  d'axes  rectangles,  si  u,  v,  w  el  u 
sont  les  projections  sur  les  axes  du  déplacement  d'un  point  d'un 
milieu  déformé  de  coordonnées,  x^  j/,  z,  il  se  présente  dans  in 
théorie  de  l'élasticité  9  quantités  : 


8ti     8y    Stt?. 

8t?       8a? 

itv       8  11 

8u       8t? . 

^       9     - —  3      ■.        > 

ÏT-  +  ;^' 

r-^  +  ^r-' 

^  -i-         î 

8a?    8y     8z 

8z      8y 

8a?       8z 

8y       8a? 

2\8y       82J'      2\$2       $n/'      2  \8i      8yj' 

dont  les  trois  premières  ont  été  appelées  dilatations,  les  trois 
suivantes,  glissements  (cosinus  de  Tangle  des  axes  après  la 
déformation),  les  trois  dernières,  composantes  de  la  rotation 
élémentaire.  Je  désignerai  les  6  premières  du  nom  commun 
de  déformations  {strain  des  Anglais)  et  les  représenterai 
respectivement  par  x^x^x^x^x,^x^\  les  3  dernières  seront  appelées 
rotations  élémentaires  et  représentées  par  0^,  0^,  0^.  Dans  un 
deuxième  système  d'axes  rectangles  OE,  Otq,  0!^,  on  emploiera 
9,  ^y  X,  pour  les  composantes  du  déplacement;  Sj^j^s^^SaSg 
pour  les  déformations  et  co^,  cdy],  coc  pour  les  rotations  élémen- 
taires. On  trouvera,  dans  les  ouvrages  relatifs  à  l'élasticité, 
comment  les  déformations  ou  les  rotations  relatives  à  un  système 


360  B.  ÉLIE.  —  DES  CONSTANTES  D'ÉLASTICITÉ 

d'axes  rectangles  s'expriment  en  fonction  des  déformations  ou 
des  rotations  relatives  à  un  autre  système  d'axes  rectangles. 

C'est  le  problème  que  je  me  propose  de  traiter  dans  ce  chapitre 
pour  des  systèmes  d'axes  obliques.  Mais  dans  ce  cas  il  y  a  deux 
genres  de  déformations  que  Ton  peut  adopter  et  que  je  vais 
étudier  tour  à  tour. 

§  2.  Si  u,  v,  Wy  et  <p,  i,  /w,  sont  les  projections  obliques  sur 
les  axes  obliques  Ox,  Oi/,  Oz,  et  OE,  Oi^,  Oj;,  du  même  déplace- 
ment d'un  même  point  dont  les  coordonnées  sont  xyz  et  Çr^j; 
dans  les  deux  systèmes  d'axes,  on  a  : 


(i) 


d'après  les  formules  (2)  de  transformations. 

Les  déformations  du  premier  genre  que  je  vais  considérer 
seront  formées  avec  les  dérivées  partielles  relativement  aux 
variables  xyz  ou  EyjÎ^  des  fonctions  suivantes: 


(2)      j  r  ==  WM  +  r  -h  Iw, 
w=  mu  -{-  Iv  -i-  w. 


^  ?  =  ?  +  V'!;  4-  [i-X, 
(II)       .  '>  =V9  4-tî^ -h  Xx, 

^  X  =  l^?  H-  >^*  +  X- 


Ce  sont  les  projections  orthogonales  du  déplacement  sur  les 
axes. 
Or,  d'après  (1)  on  a  : 

pii  =  ç(Pj  +  npi  -h  mp,)  4-  ^(fj  +  nr^  -t-  mr^) 

+  x(«i  -*-  W5,  4-  ms,), 

c'est-à-dire  la  première  équation  (d'après  les  formules  IV  du  ch,  I) 
du  groupe  suivant  : 


DANS  LES  MILIEUX  ANISOTROPES.  361 

Si  Ton  substitue  dans  cette  même  équation  les  ç,  6,  x,  tirées 
de  (II),  elle  devient  : 

oti^a^Kl— X*)ç4.v'?4-ix'x]4-Pi[v'ç  +  (l-ix«);!^  +  X'x] 

Y,[|x'?-4-V^  +  (l-v«)x], 


■     ■     ■ 

OU  en  mettant  les  (f^7.  en  facteurs  (d'après  le  groupe  (3)  ch.  I)  la 

premières  des  suivantes  : 

•            •          •  ■ 

•                             •                         •  • 

(3)                                   [   T3V  =o,9  4-  p^^  4-  v/> 

f                    •                                     •                                 •  • 

^    X310  =  cjj?  -+-  pjd^  4-  C73X- 

Je  forme  ensuite  les  dérivées  totales  par  rapport  aux  xyz  des 

•    •     •  •    •    • 

fonctions  uvwie  96X.  On  a  : 

8ti___8tt  89       ZÙ  Z^  8m  8x 

8a?      89  8a?      ^  8a?  8x  8a? 


ou  d'après  (3)  : 


8t«  89  8tj;  8x 

8a?         *  8a?       '^^  8a?        *  8a? 


•    •    • 

D'autre  part,  les  dérivées  totales  en  a?  de  9^x  considérées  comme 

fonctions  de  ^r^l^j  sont,  en  s'aidant  des  formules  de  transformation 

(II)  du  ch.  1  : 

•  •  •  ■ 

9  89  09  89 


8<^       ^       S(|<       8<i« 

•  •  •  • 

8y  8y  8y  8y 

8  M 

La  substitution  de  ces  valeurs  dans   la  dérivée  totale  :r- 

ca? 

donnera  explicitement  cette  dérivée   en   fonction  des  dérivées 
de  9,  i,  7,  par  rapport  à  5,  iq,  î;. 

Ce  sera  la  première  ligne  du  tableau  suivant,  où,  pour  abréger, 
je  n'ai  écrit  que  les  coefficients  en  supprimant  les  signes  +  et 

T.  II  (3*  Série).  24 


362  B.  ÉLIE.  —  DES  CONSTANTES  D'ÉLASTICITÉ 

mettant  en  tête  des  colonnes  les  quantités  que  ces  coefficients 
multiplient  : 


•  • 


•  • 


w 


8w 

805 

,Stt 


8ç       89      Sç      SiJ;     5^1^      B^      8x     Sx     ^X 
•=0?      HjPj  nîi  (Tj  PjCJj  pî       Pi7,    CjO,  (j^p,  cf. 


au 


^i^î^iPî  ^i^a  Pi^«  PiPî    Pi^^j    ^1^1  ^ipi    '^iPîJ 


(4)   ( 


^\ 


=  CJÎ       Cîjpj  Oj7,    PjOj   PÎ         P,(J,    ŒiCîj  7,p,    cj, 


T3   z-^  =  cjiHa  Oipa  Ojdj  PjOs   pjp,   pi?,    tj^nj  a^pj    Cidj, 

G    M 

cj  r- =  i3,nj,  cjjpj  ra,5j  p,r3,  p,p,  p,?,   (t,ct,  5,p,   7,5,, 

^     g^  —  ^l^S^ÎPs    ^8^8     Pî^3    PlPa     Pt^S     ^i^i    ^«?J     ^1^85 

CJ  g^  =  nïsCÏ4  OjPi  HjJi  psnjj  p^p^    p,Ji   cjjCJj  Cjp,    (Jj^^, 

s» 

jSîT 


13   r- =  ni3nijni3p,  Oj^i,  paCî,  pap,   pj7,  ^,0,  Cap,   g^7j. 


^'g^  =  cjj      OjPj   OjCTa   pjOa  aj       pa^j    CjO,  ^jp,   cJ. 


Si  Ton  pose  : 


8ti 


J^i  =  ^:- 

*       Sa? 


Btt7 


ir*  =  r-  -H 


^'""5;        ^'""St;        ^*~SÇ 
^*  ~  5Ç  ■*■  St;       ^»  ■"  SÏ  ■*■  8;       ^«  ""  8r,  "^  85= 


*       I    . 


V,  ■■^••l 


i)ANS  LES  MltiÈÛX  ANISOTliOPES  353 

on  s^assure  facilement  que  ces  relations  peuvent  s'écrire  : 

•  •  ■  ■  •  •  • 

•  ■  ■  •  •  •  • 

;    0*0?,  =  cïî^j  -h  p«5,  +  ffî^s  +  p,<7,^4  -H  (JjCJj^s  +  o,p,;,, 

•  •  •  •  •  •  • 

■  •  •  • 

•  •  • 

+  (Pa'^i  ■+-  Pi ^3)^4  4-  (<J3nyi4-(ri08)Ç5  4-  (njap^  4-  cjjPa)?^, 

•  •  •  • 

T3*X^  =  ÎCJjCJjÇj  4-  2piP,Çj  4-  2(7,ff,?3 

4-  (pi^j  4-  PjîJ^j  4-  (^i^f4-  C7jT3i)H5  -*-  (^iPi  +  CJspJÇe. 

On  passera  de  ces  formules  à  leurs  inverses  en  changeant  les  x 
en  ^y  et  en  substituant  aux  lettres  n,  Pi  a,  les  indices  1,  2,  3,  et 
aux  indices  1,  2,  3,  les  lettres  p,  r,  5.  Le  résultat  est  le  suivant  : 

p'ç,  =  rlx^  4-  rîir,  4-  rjx^  4-  r^r^x^  +  rjr^a-j  4-  r^r^a?,, 

p*;,  =  SÎa?i  4-  5Îa?j  4-  Slx^  +  S^S^X^  4-  Sg^^iTs  +  «i«,a?e, 

p«2^  =  ar^^^aJi  4-  2r,s,a7,  +  2r358a73 
(V)  {       4-  (r,«,  -+-  r,5,)a?,  4-  {r,8^  4-  riSj)^?^  4-  (r,8^  4-  r.^Ja?^, 
p'Çj  =  is^p^x^  4-  25,p,a?,  4-  2«3p,a?3 

4-  («sP,  4-  5sP,)a?,  4-  {s, Pi  -h  S^p,)x,  +  (5iP,  -h  S^p^)x,, 

P'§6  =  Spifii^j  4-  2p,r,a?,  4-  2p3r3a;3 
^       +  (P«^8  4-  P3r.)a?,  4-  (ps^  4-  Pir,)a?3  4-  (p,r,  +  p,r,)iPe. 

Lorsque  les  axes  Ox,  Oy,  Oz  sont  rectangles,  il  suffit  de 
remplacer  dans  (Y)  p,r„  etc.,  par  a,p„  avec  p  =  i  et  dans  (5), 
lesny,p„  etc.,  par  a',p'p  etc.,  n*  par  ô^. 

On  peut  faire  usage  d'une  notation  symbolique  et  convenir  que 
les  produits  des  quantités  e^e^e^  :  e\,  e\,  e\,  g, 63,  636,,  e,^,  vau- 
dront respectivement  2a;,  Sa?,  2a;,  x^  x^  x^.   Un  des  sextinômes 

précédents  pourra  s'écrire  alors,  le  quatrième  par  exemple  : 

# 

{r^e^  4-  r,^,  4-  r^e^)  (s,e^  +  s^e^  4-  «3^3). 


364  B.  ÉLIE.  —  DES  CONSTANTES  D'ÉLASTICITÉ 

Si  l'on  désigne  par  0,,  etc.,  crç,  etc.,  les  différences  : 

on  trouve  en  effectuant  les  différences  à  Faide  de  (4)  et  en  rem- 
plaçant les  quantités  (p.n, — pso,),  etc.,  à  Taide des  relations  (12) 
du  ch.  1  : 

(6)  i  ¥"    '^  ~  ^*^^  "^  '''^''  "^  ^^^^^ 

pcj  X  •  •  • 

(VI)  { I?  w„  =  Pi  Ô«  4-  p,Ô|,  -H  p,  Ô„ 

J9C5  • 

—    (I)y  =   Œ^Oo;   -+-    ffjOy     +     CJj  0,. 

§  3.  Les  déformations  du  deuxième  genre   se  forment  avec 

fi  91 

les  dérivées  —,  etc.,  des  projections  obliques  du  déplacement  par 

rapport  aux  variables  xyz  définies  par  les  groupes  (5)  et  (V)  du 
premier  chapitre. 
Pour  arriver  à  exprimer  ces  déformations  relatives  à  un  système 

d'axes  en  fonction  de  celles  relatives  à  un  autre  système,  il  m'est 

du 
nécessaire  de  chercher  les  valeurs  des-—,  etc.,  en   fonction 

dx 

des  TF ,  etc. 

La  dérivée  totale  en  x  de  la  quantité  u  définie  par  Téquation  (1) 
de  ce  chapitre  et  considérée  comme  une  fonction  de  ç,  i{^,  x,  est: 

â^  ""  a©  S^  ■*■  8^  Sa;  "*"  Bx  3a?  ~  p  V  *  â^  "^  ''^  Sa?      ^*  Ix)  ' 


DANS  LES  MILIEUX  ANISOTROPES.  365 

d'autre  part,  les  dérivées  totales  en  x  de  9,  d;,  7,  considérées 
comme  des  fonctions  de  Ç,  y),  2^,  sont,  en  tenant  compte  des 
équations  (II)  de  transformation  du  cb.  1  : 

9 c  9  0  ç       09  or,        09  cÇ  1   /      09  69  ô9\ 

^^  —  ^^  71.  "^  ^^^  ^m  "*"  ^  ÎII ""l^l^TF'^'Pl^^         1"    ^î^CïtIj 

GX         O^CX         OTi  OX         Os  sa?         O  \        0;  OTi  cÇ/ 


Sa? 


1  /      Sv  OY  ovX 


La  substitution  de  ces  trois  dérivées  dans  Téquation  antécédente 
fournit  la  première  du  tableau  suivant  où  Ton  a  supprimé  les 
signes  et  mis  en  haut  des  colonnes  les  multiplicateurs  des 
coefficienls  de  ces  colonnes. 


£90909  oj;      0^      0^  .^Z     ^-     5^ 

oç     or,      oÇ  0;      ôy;      0;  0^     cr,     o^ 


ou 


^u 


pu  7r-  =  Pi^%  PiPî  Pi-i      ''i^!  ^i?î  n^j      •'^i^î  «ipî  ^i^j. 


ow 


J 


P^   ^=Pi^9   Plp8    Pi  ^8  ^1^8    ''iPs    ^1^8  «1^3    h?Z    «1«3> 

0^ 

ot? 
pcj  —  =  p,r3i  p,pi  p,c7i      r,cj,  f.pi  r,c:i       s,t5i  s^p^  «j^^, 

0  a? 

pcj  —  =;?jn3  />,p,  /),73      r.ng  r,pj  r.j,       5,^3  5,0,  5,-3, 
0^ 

CM? 

0  «i/ 

'   pcj  —  =  p3n,  f/3pj  P37,      r,nï,  r3p,  r^^^      s^u,  5.,p,  S37,, 
8tt? 

P^   ^  =P8^8    PsPs    P8^3  ^8^3    ^sPti    ^3^8  ^3^3    *3  ?3    «3  ^3  • 

oz 


366  B.  ÉLIE.  —  DES  CONSTANTES  D'ÉLASTICITÉ 

On  formerait  facilement  les  relations  inverses  qui  nous  sont 
inutiles  parle  changement  des  lettres  t^p?  en  indices  123  et  des 
indices  en  lettres  pr  s. 

Si    maintenant   nous    exprimons    les  — -  etc.  -ri  en  fonction 

ax        a^ 

des  -r^  etc.,  tI>  Téliminalion  entre  les  relations  ainsi  trouvées  et 
ax  a^ 

les  formules  (7)  nous  donnera  les  formules  de  transformation 
cherchées.  On  a  : 

Sti ou^x      8tt  oy       ouoz 

5i      ^x^x      ^y  oy      Sz5i 


et  d'autres  semblables  qui,  d'après  la  déûnition  des  a?,  etc.,  sont  : 


1     lu 

?.-  = 
ax 

(!• 

„.  CW                       ,  OM 

0.»                  oy 

,5« 

«»  — 

5z 

S  M 

7i'  --  4-  (l-m*)—  4- 

00?                   oy 

5  m 

5= 

Su 

^1 

,  ou                 .,  ou        .. 
ox                  oy 

• 

St) 
'li- 

(1- 

-0—4-         n'  — 4- 
ca?                  oy 

m'  — 

3z 

(B)         lpt  = 

»'  —  4-  (l-m*)  —  4- 
Ba?       ^         ^3y 

3z 

3» 
3z 

(1- 

OX                  8y 

m'  r- 

Iz 

Iw 

n  —  -+-(l-m')—  4- 
Ix      ^         ^By 

ow 

Iz 

Iw 

W'  —  4-              /'  .  -  4-  (1- 

^x                  ly       ^ 

,,  cm; 
-''>3-.- 

et  de  môme 

(VIII) 

i      5= 

.  . 

5  etc. 

DAN&LES  MILIEUX  ANISOTROPES. 

Les  formules  inverses  sont  : 


367 


(9) 


j  Sa?"" 


eu 


8tt 


Su 


r=  4-  «r-r 


ox 


^y 


m  -^y  etc. 


et  : 


(IX) 


cç 


8'^ 


OT 


os 
—  + 

=  '51-' 


OC 


oc 


05 

09 

St; 

06 
or^ 


09 

8?' 

09 


•^,ii 


07 


X!|4- 


où 


Sx 


'^  I 

07 

si' 


=  +   Ur- 


oy 


:ri;=  I* 


«N  *" 

>• 

"* 


Ô- 


OTJ 
8Yi 


Nous  porterons  dans  les  seconds  membres  de  (8)  les  valeurs 

du 
(7)  de  j-^f  etc.,  et  y  ferons  disparaître  les  tïïjP,  ...  à  l'aide  des 


dx 


d^ 


formules  (XV)  du  ch.  I.  Les  ^,  etc.,  entrant  dans  ces  expressions 

seront  remplacées  par  leurs  valeurs  (IX)  et  on  y  fera  disparaître 
les  a',P'„  etc.,  à  l'aide  des  relations  (XIY)du  ch.  I.  Des  9  égalités 
obtenues  en  opérant  de  la  même  façon  sur  chacune  du  groupe 
(8),  on  déduira  en  posant  : 


Bu 


*  m 

Ix 


=  ^15 


Iv 


Iw 


0& 


=  H-  ;^  —  ^4î  etc.,      -^^  —  ^1,  etc., 

Iz       ly  B; 


368  B.  ÉLIE.  — DES  CONSTANTES  D'ÉLASTICITÉ 

le  tableau  suivant  : 

Ç  Ç  £  5  S  S 

?!  Çî  '«S  Ç4  Çs  ?6 

P*^i=    P?       »•*       s»  rj«j  »,Pj  p,r,, 

p'»,=   pî       rî       «î  r,s,  «,p,  p,r„ 

(10)  {p*x,=    pl       ri       s*  r,«,  »,p,  p,r„ 

p'«,  =  2p,p,  2f,r,  2«,«,  (r,»,4-r,«,)  («,p,  +  «,p,)  (p,r,+p,r,), 
p«œ,  =  2p,p,  2r,r,  2s,«,  (r,s,  +  r,«,)  («,p,+«iP,)  (p,r,+p,r,), 
p»ic,  =  2pjp,  2r,r,  2s,s,  (rj«,  +  r,»,)  (s,p,+«,Pt)  (p,r,+p,r,), 

où  les  quantités  en  haut  des  colonnes  sont  les  multiplicateurs  de 
chacun  des  termes  de  cette  colonne. 
Les  relations  inverses  sont  : 


(X) 


a?, 

TES 

a?. 

»» 

«4 

«. 

«. 

"m  =  ra? 

ul 

nî 

I3,l3j 

t3,CJj 

niHj, 

r^%  =  ?l 

PÎ 

PÎ 

P«P» 

PJ  Pt 

pl  Pî 

r^%  =  5Î 

<^î 

'J 

5,  îj 

"«Tj 

or^cr. 

t3'l,  =  2piCJi  2p,J,  2P573  (Psîj+PjJ,)  (paCi-f-piO  (p|5,4-p,7,), 
o'ç,  =  2!JiGïi  27jt3,  2J3GÏ8  (î^jnJsH- ajCJ,)  (ffs'^i-i-ainïs)  (^idj-h^jOi), 
cj'?j  =  2nïipi  2nï,p,  2q3P8  (o.pj+ôap,)  (OsPj+cïiPs)  (nïiP,4-C5,Pi). 

Telles  sont  les  formules  de  transformation  qui  lient  les 
déformations  du  2'  genre  relatives  à  deux  systèmes  d'axes 
obliques.  On  peut  encore  se  demander  quelles  relations  existent 
entre  les  déformations  de  Fun  et  de  l'autre  genre.  Pour  les 
trouver,  remarquons  que  si  les  axes  àesxyz  sont  rectangles,  les 
déformations  a?,,  etc.,  x^,  etc.,  sont  égales  entre  elles  et  à  a:,,  etc. 
Il  suffira  donc  de  substituer  dans  les  équations  (V)  les  valeurs  de 
a;,,  x^y  etc.,  données  par  (10)  et  de  simplifier  les  coefficients 
en  Pi„,  etc.  Ces  derniers  sont,  dans  Thypothèse  introduite,  égaux 
aux  a,„,  etc.,  et  satisfont  aux  relations  (VIU)  bis  du  ch.  I.  Le 
résultat  écrit  de  la  façon  abrégée  ordinaire  est  le  suivant  : 


>• 

^1 

5, 

1. 

?. 

t6 

i-1 

v' 

1*' 

lAV 

1* 

V, 

^.  =  v' 

1 

X* 

X 

vX 

''j 

DANS  LES  MILIEUX  ANISOTROPES.  369 


X 

l* 

\[f.. 

|,  =  2;i.v    2X     2k 

i 

V 

V-y 

çs  — 2iJt.     2vX   2;i. 

V 

1 

>^, 

Cg  =:  2v      2v      2X;j.  |x       X         i. 

Les  Ç„  seraient  donnés  en  fonclion  des  £„,  elc,  par  des 
formules  un  peu  moins  simples. 

§  4.  Je  termine  ce  chapitre  en  indiquant  des  fonctions  des 
six  déformations  du  premier  genre  et  des  angles  des  axes  auxquels 
on  les  rapporte,  qui  gardent  leur  forme  lorsqu'on  change  d'axes  de 
coordonnées.  On  peut  donc  les  désigner  sous  le  nom  d'invariants. 

Considérons  pour  cela  Tellipsoïde  des  dilatations.  Il  s'obtient, 
on  le  sait^  en  portant  sur  une  direction  arbitraire  Ox  définie  par 
les  coefficients  directeurs  cy„  p,,  j,,  une  longueur  égale  à  l'inverse 
de  la  racine  de  la  dilatation  suivant  cette  direction.  Les  coordonnées 
de  cette  extrémité  sont  donc  : 

T3  T3  T3 

Ces  valeurs  de  u5^f^o^  substituées  dans  la  première  des  équa- 
tions (5)  donne  en  supprimant  le  point,  puisqu'il  ne  peut  y 
avoir  d'ambiguilé  : 

équation  d'un  ellipsoïde  rapporté  aux  axes  OS,  Oy),  0!!^.  Le  plan 
tangent  à  l'extrémité  du  rayon  vecteur  défini  par  n,p,ai  est 
représenté  par  : 


U-OjÇj  +  2^*^*  "^  ^i?8)  =  0. 


D'autre  part,  comme  les  angles  de  ce  rayon  avec  les  axes  ont 


370  B.  ÉLIB.  —  DES  CONSTANTES  D'ÉLASTICITÉ 

des  cosinus  aj^^Yi  donnés  par  les  formules  (4)  du  ch.  1,  le  plan 
qui  lui  est  perpendiculaire  a  pour  équation  : 

En  écrivant  que  les  plans  mentionnés  sont  parallèles,  on 
déterminera  les  axes  de  Tellipsoïde  des  dilatations.  Si  S  désigne 
le  rapport  commun  des  3  coefficients  des  équations  des  plans, 
on  a  : 

(::,  -  S)r3,  +  (I  ;.  -  vs)  p,  -^  (^  £s  -  1*S)  a,  =  0, 
(i  ;«  -  s)ni,  +  C;,  -  S)p,         +  (I  ?4  -  >^S)  a,  =  0, 

(^  ?5  -  Sjt.,  +  Q  5,  -  s)  p,  4-  (5,  -  S).,  =  0. 

soit  : 

CoS»-CiS«4-C,S  +  C,  =  0 

réquation  en  S  obtenue  par  Télimination  des  n^  Pia.  ;  les  invariants 
cherchés  sont  les  rapports  des  coefficients  G^  G,  G»  à  Go-  Le  déve- 
loppement du  déterminant  résultant  de  TéFimination  donne  : 

G,  =  ;,(1-X«)  +  ?.(t-ix«)  +  ç,(l-v«)  4-  X'?,  4-  ix';.  +  v';., 

4P    —  A/S  c    _i_  5  î:    ^  s  s   ?:« îi» î:t\ 


5 
^1 

1  r 

1;. 

c,- 

is 

»  ^6 

^1 

i?« 

1^ 
î  ^6 

i  "t4 

?3 

  Taide  des  formules  de  transformation  (Y)  et  en  utilisant  les 
relations  du  premier  chapitre,  on  peut  vérifier  la  propriété 
d'invariance  de  ces  expressions.  Ainsi  Gj  se  reproduit  en  a?»  x^ 

...If  w.,  n,  multiplié  par  ;7^;  Ci  se  reproduit  multiplié  par  d\, 

et  G,  multiplié  par  p'^d*^.  Quant  aux  invariants  formés  avec  les 
déformations  du  second  genre,  on  les  établira  d'une  façon  très 
3imple  au  chapitre  suivant. 


DANS  LES  NIttEUX  ANISOTROPES.  371 


CHAPITRE  III 


Pressions  rapportées  à  des  axes  obliques. 


§  1 .  Je  vais  résoudre  dans  ce  chapitre,  relativement  aux 
pressions,  le  même  problème  qui  a  été  résolu  dans  le  chapitre 
précédent  relativement  aux  déformations.  C'est-à-dire  que  je  vais 
exprimer  les  composantes  convenablement  choisies^des  pressions 
s'exerçimt  sur  trois  plans  obliques,  en  fonctions  des  composantes 
des  pressions  s'exergant  sur  trois  autres  plans  obliques. 

Je  désignerai  du  nom  commun  de  pressions  {stress  des  Anglais) 
et  représenterai  par  : 

Se  s.  Sç, 

He    H,    Hc, 

Zl      Z„      Zr , 

les  composantes  obliques  suivant  05,  Oy),  OC,  des  forces  rapportées 
à  Tunité  de  surface,  s'exerçant  sur  les  faces  d'un  parallélipipède 
élémentaire  d'arêtes  parallèles  aux  £,  tj,  C-  La  première  lettre 
indique  la  face  sur  laquelle  s'exerce  la  pression,  la  deuxième  en 
indice  la  direction  de  la  décomposition.  Les  symboles  : 

Ax         Ay         A,, 

Y      Y      Y 

•»x         *y         •»«» 
Zx         /jy  Z„ 

auront  la  même  signification  pour  un  parallélipipède  d'arêtes 
parallèles  aux  axes  obliques  Ox^  Oy,  Oz  de  même  centre  (jqe  I^ 
premier. 


373                        B.  ÉLIE. 

-T  DES  CONSTANTES  D'ÉLASTICITÉ 

Enfin  j'appellerai  : 

Xç    X^    Xç, 

Yç    Y,    Yç, 

Il    Z,^   Zç, 

les  composantes  obliques  suivant  ^,  t],  !^,  des  pressions  s'exerçant 
sur  les  faces  du  deuxième  parallélipipède. 

On  sait  (théorème  du  tétraèdre)  que,  dans  un  milieu  élastique 
en  équilibre,  si  une  aire  infinitésimale  est  traversée  par  un  flux 
de  force,  la  composante  de  ce  flux  suivant  une  direction  quelcon- 
que est  égaie  à  la  somme  des  composantes  suivant  la  même  direc- 
tion des  flux  de  force  traversant  les  trois  projections  obliques  de 
Taire  considérée  sur  trois  plans  quelconques.  Soit  Â^  cette  aire 
parallèle  au  plan  yOzy  Ag,  Atj,  A^;  ses  trois  projections  sur  les 
plans  des  ^igt^,  et  opérons  la  décomposition  successivement  sui- 
vantOE,  Or^elOC,;  nous  aurons  par  Tapplication  du  théorème  cité  : 

i  A,Xf,  =  AçSç  -h  A„Hp  +  AcZs, 
(1)  A.X>,  =  A^S„  4-  A,H„  4-  AcZ„  , 

f  A,X:  =  AeHç-f- A„Hç  4- AçZ^. 

On  voit,  de  plus,  en  considérant  A.  et  ses  3  projections  comme 
les  faces  d'un  tétraèdre,  que  les  projections  orthogonales  de  A,  et 
de  sa  projection  Aç  sur  un  plan  perpendiculaire  à  0^  sont  égales. 
Comme  Fangle  de  deux  plans  est  égal  à  celui  de  leurs  normales, 
on  aura  donc  la  première  égalité  suivante  : 

AxCOs;a?'  =  Açeos^Ç',        AxC0SY;a:'  =  Ar,cosr<r/, 

AxCOsÇaj'  =  Aî;cosîï'; 

d'où  on  tirera  les  valeurs  de  A^nc  pour  les  substituer  dans  les  trois 
précédentes. 

Si  l'on  considère  ensuite  la  résultante  de  la  pression  exercée  sur 
la  face  A^  comme  la  diagonale  de  deux  parallélipipèdes  construits 
l'un  sur  les  directions  $,  t),  î^,  l'autre  sur  celles  rc,  j/,  z;  les  côtés 
de  ces  parallélipipèdes  seront  dans  le  premier  ou  le  deuxième  cas  : 

Xç  X,j  Xç  ou  Xx   Xy  Xx5 

et  l'on  évaluera  les  côtés  du  premier  en  fonction  de  ceux  du  second 


DANS  LBS  MILIEUX  ANiSOTROPES.  373 

* 

à  Taide  des  formules  de  transformation  de  coordonnées  (I)  ch.  1 , 
c'est-à-dire  qu'on  aura  : 


_       cos^g?'  cosr^a?''  ces  X,x' 

Ax  A^   r  -+-    A>j  :   -+-   AjJ   r , 

co^xx  cosaya?  co^xx 

(2)        ^  X,  =  X,  £^ -^  X,  î:2!M;  +  xc  ^-^, 

^f  »  cosyy'  cosyy  cosyy' 

cos?^'       _-    cosr^^'            cosÇz' 
X.  =  X^ ^  4-  X„ -,  -+-  Xc 7. 

C0SZ2  COS-ÎZ  coszz 

J'élimine  les  x^Xr^,  etc.,  entre  les  deux  groupes  d'équations,  de 
plus  je  pose  :  E  cosÇ^'  =  Sç,  etc.,  ou  d'une  façon  abrégée  : 


cosira?  cosyy'  cos^^r 


Je  rappelle  de  plus  que,  d'après  les  formules  (19)  du  premier 
chapitre,  on  a  : 

cos  oc  x' 
cos^a?'  ou  cosr^o?'  ou  cosÇa?'  = p^  ou  r,  ou  Si. 

r  t  f  ^1      cosyy' 

cos^y  ou  cosr,y'  ou  cosÇy  =  — ^-^Vt  ^^  ^«  ou  5,, 

P 

r     ,                            r                    Vf            C0SZ2' 
008^2    ou  COSr^Z    ou  C0Si;2    = Ps  OU  Tj  OU  *.. 

Le  résultat  de  l'élimination  s'écrit  alors,  avec  l'abréviation 


connue  : 

• 

H, 

Sç      Hç 

H« 

Hç     Z| 

Z» 

h 

P'X,  -  Pî 

• 

Pt»"! 

Pi»i     Pi^i 

r? 

S^r^      PiSt 

fiS, 

si, 

p'X»—  p,p. 

flP. 

»iPj      Pi»"» 

'"t»'. 

«i»'.     PiSi 

ftS. 

.*i*»  j 

Ip'X.  _  pj), 

'•iP. 

»iP.      Pi»"» 

Tir, 

«i»"»      PiS» 

»*i-«. 

*1*J5 

(4)  m^=^^ 

^*^     P*Y,-(p. 

«»)Pi  (p. 
«»)P.  (p. 

«l)»"!    (p, 
»»)'•«    (Pl 

«.)Sl, 

P'Y.       (p. 

»". 

«.)P.  (p. 

»•. 

».)''»    (P. 

^ 

«,)»», 

P*  Z.  _  (p. 

*•» 

«s)  Pi  (P. 

^ 

«>)'"l    (P. 

r» 

»s)«i, 

p»Z,  =  (p, 

»•» 

»»)P.  (p. 

»•» 

*»)»•.    (p. 

r» 

«j)«», 

\p»Z.  =(p, 

»•« 

s,)Pj  (p* 

>■. 

*.)'•»    (P. 

r* 

»•)»»• 

374  B.  ÉLIE.  —  DES  CONSTANTES  ù'ÉLASTlCltÊ 

Remarquons  enfin  qu'en  vertu  du  théorème  de  réciprocité  des 

questions  on  a  : 

•        «  «        •  '        • 

Hr  =  Zr,,        Zç  =  £c,        Hc  =  Z„. 

En  effet,  Tune  de  ces  égalités  Zç  =  Sç  par  exemple  revient  à 

ZçcosÇÇ'  =S!;C0Sî;J1'. 

Or  le  premier  membre  est  la  projection  orthogonale  sur  0$'  nor- 
male à  TjOî^  de  la  projection  oblique  sur  0$  de  la  pression  exercée 
sur  le  plan  ÇOy;;  elle  est  égale,  d'après  la  définition  des  projections 
obliques,  à  la  projection  orthogonale  sur  0^'  de  la  pression 
exercée  sur  $0t].  On  verra  de  même  que  le  second  membre  est  la 
projection  orthogonale  sur  Oî^'  de  la  pression  exercée  sur  le  plan 
7)0!^.  Or  on  sait  que  la  pression  sur  un  plan  projeté  sur  la 
normale  à  un  second,  vaut  la  pression  sur  ce  second  plan 
projetée  sur  la  normale  au  premier. 

Les  équations  (3)  se  transforment,  par  cette  remarque,  en  les 


suivantes  : 

/       ^' 

H. 

'k 

Hc 

Zç 

■ 

P'X,-  Pî 

ri 

si 

2r,s, 

2s,p, 

2p,r,, 

L'Y,  -  Pî 

ri 

si 

2r.s, 

2s.P. 

«P,»-,, 

(4)    <P'Z.        Pî 

ri 

si 

2r,«, 

2»,P, 

2p,r„ 

P*Y.  =p,p,  r^r,  s^Sj  (r,s,+r,s,)  («,p,+sj>,)  (p,V,+p,r,), 

P*L=p>Pt  r»r^  Vi  ('•s»i+»"i*.)  («aPi+«tP,)  (P^ri+piff), 

p»X,=pj),  r,r,  SiS,  {r^St+r^Si)  (»,p,+»,p,)  (Ptrt+Ptrù- 

Leurs  inverses  sont  : 

•  •  •  •  •  • 

Hx    Yy     Zg  Y,  Zjj  Xx 

i3*Sf=  CT?     cjj     nij        2cj,cj5  2cT,nJi  ÎOits,, 

nï'H„=  pî     PÎ      PÎ         2p,p,  2p5pi  2p4p„ 

(IV)  {  o*  Z;  =  (7*      gJ      g J         2 g, g,  2 cr, a^  2 7^  ç, . 

cj*H!;  =  PiGi  p,ff,  p,(j,  (p,a3 -f- p,7,)  (pa^j  +  piî:,)  (pt7,4-p,a,), 

t3*Zç   =  Crit3i    Œ,0,   ffjOj   (ijnjj-hCJjCT,)  (GsO^H- (J^CÎ,)  (c7,CJ,+C,CJt), 

cj*S„==cï4p|  cJjPj  OaPa  (Ojpj+Oap,)  (cjjp^H-cjjp,)  (nyip,-hnj,pi). 


DANS  LES  MILIEUX  ANISOTtlOPES.  375 

Telles  sont  les  relations  qui  existent  entre  les  quantités  X^,  etc., 
Se  que  j'appellerai  pressions  du  premier  genre.  Les  coefBcients 
qui  y  entrent  (abstraction  du  facteur  2),  sont  les  mêmes  que 
ceux  entrant  dans  les  relations  (10)  et  (X)  entre  les  déformations 
du  second  genre  du  chapitre  précédent, 

§  2.  Il  existe  un  autre  système  de  pressions,  que  j'appellerai 
du  second  genre,  dont  je  vais  donner  les  formules  de  transforma- 
tion et  qui  a  été  considéré  par  M.  de  Saint-Venant  (^)  dans  une 
note  de  son  mémoire  sur  la  torsion  des  prismes.  Représentons, 
comme  précédemment,  la  composante  d  une  pression  par  deux 
lettres;  la  première  indiquant  la  Hice  sur  laquelle  se  fait  la 
pression;  la  deuxième  en  indice  la  direction  suivant  laquelle  on 
la  projette  orthogonalement.  Ainsi  : 

Ax  Ai  A,  5 
Y'  Y'  Y' 

Zx  ity  L% , 

désigneront  les  pressions  s'exerçant  sur  les  plans  conjugués  des 
^y  y*  ^9  ^>  "Oy  Cl  décomposées  suivant  ces  axes  eux-mêmes, 
soient:  kod  un  élément  d'aire  parallèle  à  y'Oz',  Aç,  Ai,Aj;  ses 
trois  projections  obliques  sur  les  plans  des  $',  if)',  Il .  On  verra 
comme  précédemment  que  A,  et  AJ  ont  la  même  projection 
orthogonale  sur  un  plan  perpendiculaire  à  ^',  etc.,  d'où  les 
égalités  : 

Axicosa;;'  ^A^'OOsEÇ',        Ax'COsa?r/  =  A„iC0sr,r/, 

Ax'C0sa?Ç'  =  Ae'cosÇi;'. 

D'après  les  définitions,  A^.S^  est  la  projection  orthogonale 
sur  \  du  flux  de  force  traversant  l'aire  A^;  la  projection  oblique 
de  ce  flux  sur  0^'  sera  AçSé/cosÇ^'.  De  même  les  projections 
obliques  de  ce  fleuve  suivant  Ot)   et  OC  seront  A^Si /costqiq' 

etAçSj/cosa'. 

»«■■.■  ■  ■  !■     ■  ■  ■■  ■  .       I     «         ■ 

(*)  Mémoires  présentés  par  div>ers  savants  à  l'Institut,  t.  XIV,  1856. 


Ml 

H^  Hi 

"c- 

Zc. 

376  B.  ÉLIR.  —  DES  CONSTANTES  D'ÉLASTICITÉ 

La  projection  orthogonale  sur  une  direction  telle  que  Ox  de  la 
pression  sur  la  face  Â'^,  s'obtiendra  en  projetant  orthogonalement 
les  3  pressions  trouvées  sur  cette  direction  ;  elle  sera,  en  rempla- 
çant A'^,  par  sa  valeur  tirée  des  égalités  précédentes  et  faisant 


a;=i: 


ces 
cos 


^5'  /«»  cosa?;'       ^,  cosxTi'       „,  cosa?i;'\ 


On  aura  de  même  pour  les  composantes  suivant  Ox  des  pres- 
sions s'exerçant  sur  les  foces  Ar,,  Aç  : 

cosa;r;'  /    ,  coso?^'  ,  cos  g?  y;'  ,  cosipÇ'X 

cos  r^Tj'  \    ^COSÇÇ'  "  cos  7]  Y)'  ^cosÇÇ'/' 

cosa;i;'  (j,  cosflgg'        ,  coso^r/  cos^CX 

Zôs^  \-^  côsW  "^       cosr.Yî'  "*"  ^  côs^A 

D'après  le  théorème  du  tétraèdre,  la  somme  de  ces  pressions 
vaudra  la  pression  sur  la  face  AL  et  projetée  suivant  Ox,  c'est-à- 
dire  Xle- 

Si  l'on  substitue  aux  rapports  des  cosinus  leurs  valeurs 
en  o,Pi<j,,  etc.,  tirées  des  formules  (XIX)  du  premier  chapitre,  on 
trouve  les  mêmes  coefficients  que  ceux  de  la  première  ligne  du 
tableau  (4)  du  chapitre  II. 

Mais  le  théorème  de  réciprocité  permet  d'écrire  : 

Y'  y  yt  Y'  Y'  V' 

I  —  *«y5  ^x  —  A»  5  Aff  —   1*5 

et 
On  obtient  alors  les  formules  de  transfortnation  suivantes  : 


Si 


•s"  P'  7'  U'  7' 

£.ç  Tir)  Aç  Hç  L^ 

nj*Xi=   Tsl  PI  (7Î         2pi7i  a^idi  2r3,p,, 

cy*Yi=  nj  pi  cj        2p,7,  2j,n,  2n,p,, 

(8)    {t3*Z;=c5j  pî  cj        2p,73  273t7j  2cy3p,, 

cj'Y;  =cy,cjs  p,p3  Cjîj  (pj^s+pa^î)  (ffi^ïs  +  ^s^s.)  (cJjPs+cJjP,), 

a*Zi  =  cy3njj  P3P4  7,7i  (ps^i+PiO  (^sCJi-HCinïa)  (t3,pi-f-rïip,), 

a'Xi  =  CTiCT,  p,p,  7^7,  (pi5,+p,îi)  (îiTîî,-+-î,ra,)  (cyip,+T3,pj). 


DANS  LBS  MILIEUX  ANISOTROPES. 

377 

x; 

y; 

z; 

y; 

z; 

x: 

P»S'Ç      = 

pî 

pi 

pt 

2p.P, 

2p,P. 

2p,p„ 

P'K= 

ri 

ri 

ri 

ar.r, 

2r,r, 

2r.r„ 

p'Zç  = 

s* 

Ȕ 

Ȕ 

2s,«, 

2»,«i 

2«,«., 

(V)   ^ 

p'H;  =  ri5i  r,»,  r,*,  (r,s,  +  rj5,)  (r^^i-hri^,)  (fA  +  r^Sj), 

P'Zç  =  «iPi  «tP.  «3P3  («iPj  +  ^sPî)  («3P1 -+■  «1P3)  («iP«-+-««Pi), 
Ip'Sirzip^fj  p,r,  p,r,  (p,r,+p,r,)  (p.r^-^-p.r,)  (Pir,4-p,rO. 

Ces  formules,  relatives  à  un  système  de  pressions  que  nous 
avons  appelé  du  second  genre,  ont  les  mêmes  coefficients  (abs- 
traction du  Tacteur  2)  que  celles  relatives  aux  déformations  que 
nous  avons  appelées  du  premier  genre. 

.^  §,3.  Un  système  de  pressions  aura  les  mêmes  invariants  que 
le  système  des  déformations  qui  est  régi  par  les  mêmes  formules 
de  transformation.  Il  suffira  de  substituer  aux  x^x^x^  les  X^Y^Z^, 
et  (pour  tenir  compte  du  facteur  2)  aux  x^x^x^  les  2  Y„  2Z„  X^. 
Les  invariants  des  pressions  du  deuxième  genre  nous  sont  donc 
connus  d'après  ce  qui  a  été  dit  au  chapitre  II.  Il  reste  à  établir 
ceux  des  pressions  du  premier  genre,  qui  nous  feront  connaître 
les  invariants  des  déformations  du  second  genre. 

Supposons  les  axes  des  Xy  y,  z,  rectangles.  Dans  ce  cas  Ox'  se 
confond  avec  Ox^  et  les  composantes  obliques  sur  OE,  Ot),  0!^, 
de  le  pression  s'exerçant  sur  le  plan  yOz  sont  donnés  par  les 
formules  (1)  où  Ton  remplace  cosÇa?,  cosija;, cos  J^o;,  par  a,,  p„  y^: 

X„=2„ai-HH,PiH-Z„Yi, 
Xc  =  Si;a, +  HçP,  +  Z^v,. 

Les  directeurs  de  Orr,  cj^Pidj  sont  d'autre  part,  par  les  (3)  du 
premier  chapitre  : 

nj,  =  (l— X*)a4  +  v'?,  -f-  ix'yi, 

Pi  =v'a,  +(1  — l^*)?i  -^  Vyi, 

La  condition  pour  que  la  pression  sur  yOz  soit  normale  à  ce 

T.  II  (8e  Série).  25 


378  B.  ÉLÏE.  —  DES  CONSTANTES  D'ÉLASTICITÉ 

plan,  c'est-à-dire  parallèle  h  Ox,  s'obtiendra  en  écrivant  que 
ces  deux  groupes  de  quantités  sont  proportionnels.  On  en  déduira 
3  systèmes  de  valeurs  pour  a  ^  y  définissant  trois  plans  rectangu- 
laires sur  lesquels  la  pression  est  normale. 

Si  l'on  désigne  par  S  le  facteur  de  proportionnalité,  on  aura, 
par  l'élimination  des  a^y,  le  déterminant  : 

il  —  s(i— X*)  m  —  Sv'        zç  —  Six' 

S„  — Sv'  H„  — S(l  — ix«)    Z„  — SX'  =0, 

2ç  — Six'  Hç  — SX'  Zç  — S(l— v') 

qui  développé  est  une  équation  du  3®  degré  en  S  : 

roS»-r,s«-t-r,s  — r,  =  o, 

.  . 

dont  les  coefficients  sont,  en  désignant  par  S,S„  etc.,  les 
6  pressions  £;,  n,,,  etc.  : 

r,  =  a% 
Ti  =  (S,  +  S.  +  S,  -H  2XS.  +  2i*S,  +  2vS,)cj 
r,  =  (2,2,-SÎ)  (1  -X')  S- (S,È -S.')  (l-pi*)  +  (S.S.-SÎ)  (l-v») 
+  2X'  (S,S.-S,S.)  +  2|x'  (S,S,-H,S«)  +  2v'  (S,2,-2.S,), 

•  •  • 

rsi         Q         tN 

N  M  M 

—  1        —6        *-6 

a  a  . 

1  3  -<f        ^2        —4 


On  peut  vérifier  à  l'aide  des  expressions  (V)  que  r,  et  r,  se 
reproduisent  sans  altération  ;  r,  doit  être  multiplié  par  —^. 


DANS  LES  MILIEUX  ANISOTHOPES.  379 


CHAPITRE  IV 


Expressions  de  TÉnergie. 


§  1.  Je  prendrai  pour  point  de  départ  Texpression  de  Pénergie 
proposée  par  Green  (*)  dans  les  cas  de  coordonnées  rectangles, 
consistant  en  une  fonction  quadratique  homogène  des  six  défor- 
mations et  par  conséquent  à  21  coefficients.  De  cette  expression 
je  déduirai  par  voie  analytique  celle  relative  à  des  coordonnées 
obliques,  qui  par  suite  n'inclura  ni  plus  ni  moins  d  hypothèses 
que  celle  admise  par  Green. 

Je  rappelle  sommairement  les  raisons  qui  conduisent  à  adopter 
celte  expression,  en  renvoyant  le  lecteur  désireux  d'en  connaître 
la  critique  à  un  mémoire  de  M.  de  Saint- Venant,  inséré  dans  le 
Journal  de  Liouville  (1863). 

On  admet  que  chacune  des  G  pressions  normales  et  tangentielles 
définissant  l'équilibre  du  milieu  sont  des  fonctions  des  compo- 
santes des  déplacements  développables  en  séries  dans  lesquelles 
on  négligera  les  dérivées  secondes  des  déplacements;  de  telle  sorte 
que  Taxe  des  pressions  sera  représenté  par  : 

Ao  -I-  A^tt  4-  Ajt'  -h  AjM? 


•s 


+  B  ^-ï -hB' '^ -H  B'=^  +  C  !-^  +  C  1^  +  ...,  etc. 

ex         oy         QZ  ex  oy 

On  supprime  la  constante  Ao  par  l'hypothèse  qu'aucune  pression 


(I)  Green.  —  Mathematical  and  Physical  Papers. 


380  B.  ÉLIE.  —  DES  CONSTANTES  D'ÉLASTICITÉ 

n'existe  dans  le  milieu  avant  la  déformation.  Les  coefficients  A,„ 
doivent  êlre  nuls,  puisqu'un  déplacement  d'ensemble  ne  modifie 
pas  rénergie  moléculaire.  De  plus  B'  =  B',  G'  =  G',  D'  =  D', 
puisque  cette  énergie  n'est  pas  modifiée  non  plus  par  une  rotation 
d'ensemble  définie  par  u  =  oy,  v  =  —  (ùx.  Il  en  résulte  pour  la 
valeur  de  chaque  pression  une  fonction  linéaire  des  six  déforma- 
tions. 
D'autre  part,  le  travail  fait  par  une  pression  normale  X^.  est  le 


Bti 


produit  de  cette  pression  par  la  dilatation  principale  ir-  dans  cette 

direction  r-  X-.. 
Sa;    "^ 

Du  travail  produit  par  une  pression  normale,  on  peut  déduire 
celui  d'une  pression  tangentielle.  En  effet,  en  appliquant  les  for- 
mules de  transformation  (II)  (ch.  III)  adaptées  à  des  systèmes  de 
coordonnées  rectangles  dont  l'un  a  deux  de  ses  axes  bissecleurs 
de  ceux  de  Tautre,  on  s'assure  qu'une  pression  tangentielle  Y, 
peut  êlre  remplacée  par  deux  pressions  normales  S?,  Ilr,,  égales 
à  Y^y  en  valeur  absolue,  de  signes  contraires  l'une  à  faulre,  et 

dirigée  suivant  les  bissectrices  de  x  et  y.  Les  formules  (V)  du  ch.  H 

Su      Iv 
montrent,  de  même,  qu'un  glissement  —  +  7-  est  équivalent  à 

deux  dilatations  gT,  g-,  de  signes  contraires  égales  en   valeur 

absolue  à  la  moitié  du  glissement  et  dirigées  suivant  les  mêmes 
bissectrices.  Le  travail  de  la  force  tangentielle  est  donc  : 

Bç  Srj  \ùy       IxJ 

et  le  travail  total  : 

(1)         E  =  XxCP^  4-  Y,,y,  +  Z,;?,  4-  Y,a?4  +  Z^^s  -»-  ^v^t • 

Cette  fonction,  après  substitution  des  valeurs  de  X,,  Y„  etc., 
contient  36  coefficients;  mais  on  admettra  qu'en  altérant  infini- 
ment peu  les  six  variables,  la  variation  qu'elle  subit  est  une  diffé- 


DANS  LES  MILIEUX  ANISOTROPES.  381 

renliellc  exacte  afin  qu'après  un  cycle  fermé  de  transformations,  il 
n'y  ait  pas  d'énergie  accumulée  dans  le  milieu.  Les  36  coefficients 
se  réduisent  ainsi  à  21.  Les  pressions  sont  alors  les  dérivées  par- 
tielles relatives  aux  variables  a?,,  a?,,  etc.  Inversement,  si  des 
relations  linéaires  entre  les  pressions  et  les  déformations  on  déduit 
ces  dernières,  pour  les  substituer  dans  l'expression  du  travail  (1), 
les  déformations  seront  les  dérivées  en  X,,  X^,  etc.,  de  cette 
expression. 

Si  Ton  désigne  par  les  lettres  a  affectées  d'indices  les  21  coeffi- 
cients, on  aura  : 


(2) 


+  ï  a^iXl  -h  a.^x^x^-i-  a^^x^Xt-h  a^^x^x^-h  a^^x^x^ 

"*"  î  ^38^8  "^  ^ZV^^k^  ûf 35*^8^6"*"  ^86''^3'^6 


§  2.  Cette  expression  admise,  il  est  facile  de  montrer  que 
l'énergie  peut  aussi  être  représentée,  en  coordonnées  obliques, 
par  une  fonction  quadratique  homogène  des  six  déformations  de 
Tun  ou  l'autre  genre  et  que  les  pressions  du  genre  correspondant 
en  sont  les  dérivées  partielles  relativement  aux  déformations.  La 
première  partie  de  l'énoncé  se  voit  par  une  substitution  directe 
dans  la  fonction  (2),  des  a;,  a?,  exprimées  à  l'aide  des  ^1^,  etc., 
(form  (5)  ch.  II). 

Pour  voir  la  deuxième  partie,  appelons  8  l'expression  ainsi 
obtenue,  supprimons  les  points  puisqu'il  ne  peut  y  avoir  de  doute, 
les  axes  xyz  étant  rectangles  et  ceux  des  E,  tj,  î^,  obliques,  et 
remplaçons  les  symboles  X^,,  Y^,  etc.,  et  Sç,  etc.,  par  Xj,  X,,  etc., 
et  E„  Sj,  etc. 

La  pression  X,  est  la  dérivée  en  x^  de  E  ou  encore  la  dérivée 

totale  en  a?,  de  8  considérée  comme  fonction  desa;,x„  etc.  On 

a  donc  : 

rf8  d\^       dl'y  dz^       rf8  rfïg 

a;i  (xa?,       dZi  dx^       dz^  dx^ 


382  B.  ÉLIE.  —  DES  CONSTANTES  d'ÉUSTICITÉ 

OU  par  les  (V)  du  ch.  Il,  la  première  des  équations  suivantes  : 

dg  dB  dg            ^g                 dg                   dg 

d?i  d;j  dc^           d;^                 dEj                   d;, 

p'Xi=  pi  r\       si           2rjS,             25,Pi               ip,r,, 

P'X,  =  ;?î  r«       .9|           2r,5,             25^?,              2p,r,, 

p«X,=  pî  rj       5j           2r353             253P3               2p,r„ 

p'X,  =p,p3  r^r,  5,5,  (r,53  4-r,^,)  («^Pa-^^sP*)  (Pî^'s+Ps^). 

P'Xj^PjPi     rjf,     5,5,      (fa^i  +  fiSa)    (5,Pi  +  5iPs)     (Pa^i+PiO» 

P'Xe=PiP,    r,r,    5,5,    (riS,  +  r,Si)    (SiP,-4-J?,Pi)    (Pir,4-p,rO. 

La  substitution  de  ces  valeurs  de  Xj  X„  elc .  ,dans  les  relations  (IV) 
du  chapitre  III  donnera  les  S,  S„  etc.  Or,  le  coefficient  de  ~jy  est 

p\  tandis  que  ceux  des  autres  dérivées  sont  nuls.  C'est  ce  que 
Ton  peut  voir  en  éliminant  les  SiS,,  etc.,  entre  les  formules  (4) 
et  (IV)  du  ch.  III  et  en  identifiant  les  deux  nombres  des  équations 
résultant  de  cette  élimination. 

•La  même  démonstration  s'applique  aux  déformations  et  pressions 
du  second  genre. 

Je  représenterai  par  les  lettres  a  les  21  coefficients  relatifs  à 
des  coordonnées  obliques  Ht;  î^  et  j'écrirai  : 

§  3.  Il  sera  nécessaire  par  la  suite  d'exprimer  un  quelconque 
des  coefficients  d'élasticité  relatif  à  un  système  d'axes  en  fonction 
de  ceux  relatifs  à  un  autre  système.  Écrivons  la  valeur  d'un  des$ 
sous  la  forme  : 

u.  prenant  toutes  les  valeurs  de  1  à  6;  portons  ces  valeurs  dans 


DANS  LES  MILIBUX  ANISOTROPES.  383 

Texpression  g,  et  évaluons  le  coefBcient  de  x^x„.  Il  est  Facile  de 
voir  qu'il  est  : 

Y«l^  («iiTiv  +  a„Yr/  4-  a,5 Ys-;  H-  a^^Yiv  4-  a^ysv  -f-  a^vg.,) 
/Q^  ^     -_;-*"  ï»l*  (*si  Ï1-'  -^  a„  Y»v  +  a„  Y»v  -*-  a,^  Y4v  +  a„  y*v  4-  a„ Ys.) 

'    Y4|*  («41  Yiv  +  a^jYw  +  «isYsv  +  9t44Y4v  4-  a^Ysv  4-  a^eYsv) 


+  Yif*  («Il  Yiv  -4-  «,1  Yr'  -+■  «5$Y3v  4-  ag^ Y*-'  "^  «ssY^v  4-  ageYe'') 
Y6Î*  («61  Yiv  +  «6îYw  +  «esYsv  +  «64Y4V  4-  a„  Yiv  4-  a^eYe-O 


OÙ  le  premier  indice  ul  est  celui  du  ^  que  Ton  considère  et  le 
deuxième  v  le  rang  de  la  variable  x  dans  la  valeur  de  ^;  on  a  en 
outre  a^,  =  ol^.  Je  me  servirai  de  celte  expression  en  y  adjoignant 
le  tableau  des  formules  donnant  les  déformations  ^  en  fonction  de 
celles  a?,  (V)  ou  (X)  (ch.  II). 

Mais  j'indiquerai  une  autre  expression  symbolique  employée 
par  M.  de  Saint-Venant  et  commode  pour  opérer  des  transforma- 
tiens.  Elle  est  basée  sur  les  conventions  suivantes  :  On  remplace 
les  indices  1 ,  2,  3,  4,  5,  6  de  a,  respectivement  par  xx,  yy,  zz, 
î/z,  xZy  xy\  de  telle  sorte  que  a„  par  exemple  s'écrira  a^^,^.  Le 
produit  a^a^  est  considéré  comme  égal  à  a,y.  Les  mêmes  conven- 
tions sont  adoptées  pour  a  en  remplaçant  les  x^  \jj  z  par  ^,  r^,  I^. 
On  pose  de  plus  : 

Pi  ^1  *i 

p*  r,  *, 

(4)  \  «.  =  ^~+**ï^+«ç^. 

Ps  ^s  *s 

^  p         p       ^  p 

si  Ton  utilise  le  tableau  de  transformation  (Y)  du  ch.  II.  Si  on 
utilise  le  tableau  (5)  du  même  chapitre,  on  remplacera  p^r^s^  par 
vs^xs^tSif  etc. 
Un  terme  quelconque  tel  que  a^^^.  s'écrit  symboliquement 

et  le  développement  effectué  dans  l'ordre  indiqué  fournira  la 
même  expression  que  celle  (3). 


384  B.  ÉLIE.  —  DES  CONSTANTES  D*ÉLASTICITÉ 

Si  Ton  ajoute  à  ces  conventions,  celles  faites  sur  les  e.,,  au  §  3 
du  ch.  il,  rénergie  pourra  s'écrire  symboliquement  : 

2E  =  [{a^e^  +  OyC^  -h  a,e^Y]\ 

Les  pressions  Xj,  etc.,  ou  S,,  etc.,  sont  données  par  les  tableaux 
suivants  : 


(8) 


ou 


(5') 


a?i 


a. 


X, 


X, 


Xm 


x.= 

Ou 

«I. 

Ots 

Ou 

«u 

X. 

Ol. 

«M 

«.> 

«„ 

fl.. 

X,- 

«t» 

«.» 

«.. 

«»♦ 

o« 

X. 

«u 

«.« 

a». 

«« 

«« 

X, 

flll 

«». 

«35 

a«. 

«« 

X.- 

«1. 

«16 

«s. 

»4. 

fl.. 

»1 

a?. 

». 

«« 

a?. 

X.- 

«,T.rT.T 

0>xxyy 

Oixxa 

^xxyx 

X. 

Oyyii 

dtnfvv 

"vtin 

Oiffftfj 

dyytx 

X,- 

ttuTT 

(Isxvv 

dan 

(^xtyt 

a„„ 

X,- 

OffJXX 

(lytVtf 

av>» 

Upxyt 

tty^ 

X,- 

dxxxx 

Otxyy 

Uu3X 

^sxys 

a^XMX 

x._ 

(Izllxx 

(Ixyyy 

dxyu 

dj^yyt 

dxytx 

^6 

^«6  5 
^36  5 
«46  5 


a?. 


a 


xxxyy 


a 


yyxyy 


a 


sxxy  5 


a 


Vixy  } 


a 


ixxy  y 


xyxy  • 


DANS  LES  MILIEUX  ANISOTROPES.  385 


CHAPITRE  V 


Axes  d'isotropie.  —  Plans  de  symétrie. 
Ellipsoïdes   hétérotatique,    orthotatique. 

Surface  tasinomique. 


§  1.  Avant  d'appliquer  les  résultats  précédents  aux  cristaux,  il 
Taut  établir  les  relations  existant  entre  les  coefficients  dans 
certains  cas  particuliers. 

Axes  d'isotropie.  —  J'appellerai  axe  d'isotropie  d'ordre  ?i,  et  je 
désignerai  par  I/,  dans  un  système  d'axes  rectangles,  une  droite 
telle  que  l'expression  de  l'énergie  ne  change  pas  lorsqu'on  fait 

tourner  le  milieu  d'un  angle  égal  à  a  ==  "  -  autour  de  celle  droite. 

Dans  le  système  d'axes  adoptés,  les  p^,,,  etc.,  sont  égaux  aux 
a,„,  etc.  Si  Oz  est  l'axe  autour  duquel  s'effectue  la  rotation  a, 
on  aura  : 

a,  =  CCS  a,       3i  =  sîna,       Yj  =  0, 
aj  =  —  sina,    ^,  =  C0Sa5      Yf  =  0, 

L'emploi  de  la  formule  (:})  ou  celui  des  formules  (V)  du 
chapitre  (II)  et  leur  substitution  dans  l'expression  de  l'énergie 
donne  pour  les  nouveaux  coefficients  en  fonction  des  anciens, 
en  posant  p  =  cos  a,  g  =  sin  a  ; 


(i) 


386  B.  ÊLIB.  —  DES  CONSTANTES  D^ÊUSTICITÉ 

«l.  =  —  «llP*?  +  «uP^CP'  — î*)  +  *.iPÎ* 

+  a..(p*-3p'?»)  +  oi„(3p»î*— î')  +  2a.,p?(p*-î»), 

fl..  =  —  ûiiP?'  +  *i.P?(9*— P*)  +  «.tP'î 

+  au(3p*?*-î*)  +  «..(P*-3p'«»)-2a.,P«(p'-«'), 
<'«e  =  «itP*?*  — 2a,,p'î'  4-  attP*q* 

-  iftuPQiP^—q*)  +  2a„pj(p*— î»)  +  a,4(p*— îT, 

«u  =  «uP*  +  «..9'  +  2a».PÎ, 
««  =  «uî'  +  *«P*  —  2a„PÎ, 
«je  =  —  <^iiPQ  +  <^nV9  +  «leCP*— ?*). 


«'S«  =  «J4P  —  ««Î5 

«4»  =  «44P*  +  «.S  9'  —  2a«,py, 


fs««;\    «„  =  a„pî  —  a„pï  +  a„(p'  — J*), 
I  0»  =  «44  î*  +  «iiP'  +  2a„pî, 

«14  =  ai4P'  —  fli.P'?  +  «,»î'P  —  ««î' 

+  2a„p*v  — 2j„p?', 

+  2«„p5'  +  2a„p'î, 

—  2a„p'y  +  2«„p9', 

«H  =  «14?'   +   »1.«'P  +   ««P'î  +  «tsP' 

—  2a«,p«*-  2a„p'î, 

«4.  =  «uP'î  +  «I.P9'  +  ««4P*? 

—  a„pî*  +  ««,p(p'— </')  —  «M?(P*— 'y')> 

"•6  =  —  «t4V*P  —  «i.P'ï  +  at4P?' 

««P'î  +  a4eî(p'  — ?*)  +  «..P(P*— ?*)• 


Si  la  rotation  avait  lieu  autour  des  Oy  ou  des  Oz,  il  faudrait 
permuter  dans  ces  fornnules  les  indices  1,  2,  3  en  3,  1,  2  ou  en 
2,3,1. 

Axe  binaire  V.  —  Soit  n  =  2,  a  =:  i80',  p  =  —  1 ,  ?  =  0. 
Après  substitution  de  ces  valeurs  dans  les  équations  précédentes 
les  a^.,  doivent  être  égaux  aux  7^.,,  ce  qui  fournil  les  équations 
des  conditions.  Il  faut  que  9  des  coeflicients  d'élasticité  s'annulent, 
les  13  autres  étant  quelconques.  Je  grouperai  ces  derniers  sous  la 


DANS  LES  MILIEUX  ANISOTROPES.  387 

forme  d'un  déterminant  qui  permettra  d'évaluer  immédiatement 
les  pressions  en  fonction  des  déformations,  et  je  supprimerai  les  a 
en  ne  conservant  que  les  indices.  Il  s'écrit  suivant  que  l'axe 
d'isotropie  binaire  est  : 


(13  coeffic.) 


ou 

1 
1 

Oz  =  Li 

il 

12 

13   0 

0 

16 

22 

23   0 

0 

26 

33   0 

0 

36 

1 

44 

45 

0 

55 

0 

56, 

on 

Oy  =  L« 

11 

iâ 

.13   0 

15 

0 

22 

23   0 

25 

0 

33   0 

35 

0 

44 

0 
55 

46 

0 

66, 

ou 

Qx  -  L? 

{h) 

11 

12 

13  14 

0 

0 

22 

23  24 

0 

0 

1 

33  34 

0 

0 

44 

0 
55 

0 

56 
66. 

S'il  y  a  deux  axes  d'isotropie  binaires  à  angle  droit,  le  détermi- 
nant ne  contient  plus  que  9  constantes,  et  il  existe  un  troisième 
axe  perpendiculaire  aux  deux  autres  : 


(9  coeffic.) 


\ 


11 


'iSJ 

12  13   0 

0 

0 

22  23   0 

0 

0 

33   0 

0 

0 

44 

0 

0 

55 

0 
66, 

388 


B.  ÉLIE.  —  DBS  CONSTANTES  D'ÉLASTICITÉ 


% 


Axe  quaternaire  U.  —  On  fera  a  =  q  =  90°,  p  :=  0,  ç  =  1 

dans  le  système  (1).  Les  déterminants  fournis  par  les  équations 
de  condition  sont,  suivant  que  l'axe  est  : 


ou 


11 


12 
11 


(P.) 
13      0 


13 
33 


0 

0 

44 


0  16 
0—16 
0      0 


0 
44 


0 

0 

66, 


ou 


11 


(7  coeffic.) 


12 

22 


ou 


11 


12 

22 


Oy-L» 

(P.) 

13   0 

15 

12   0 

0 

11   0- 

-15 

44 

0 

55 

Oa;-L* 

(P,) 

12   0 

0 

23  24 

0 

22—24 

0 

44 

0 

1 


55 


0 
0 
0 
0 
0 
44, 


0 
0 
0 
0 
0 
55. 


Il  est  inutile  d'écrire  les  termes  sous  la  diagonale  puisque  le 
déterminant  est  symétrique  relativement  à  cette  diagonale. 

Deux  axes  quaternaires  perpendiculaires  entraînent  un  3"'  axe 
perpendiculaire,  et  le  système  des  coefficients  : 


(3  coeffic.) 


(?.„) 

11  12  12   0 

0 

0 

11  12   0 

0 

0 

11   0 

0 

0 

44 

0 

0 

44 

0 
44. 

DANS  LES  MILIEUX  AKISOTROPES. 


1 


389 


Axes  ternaires  L*.  —  a  :=  120',  «  =  —  5,  q 
suivant  que  Taxe  ternaire  est  : 


K3 


=  -2;  on  a, 


(6  coefQc.) 


ou 

11    12 
11 


ou 

11    12 

22 


ou 

11     12 

32 


1 


(Y,) 
13      0    IS      0 

13      0— IS      0 

33      0      0      0 

44      0—15 

44      0 
11— n 

Oy  =  L« 

(ï,) 
13—14       0       0 

12      0       0       0 

11  14       0       0 
44       0       0 

"="-14 

44, 
Qx  =  V 

(ï») 

12  0      0      0 

23      0      0—36 

32      0      0    36 

î^ii  36      0 

66      0 

66. 


S'il  y  a  deux  axes  ternaires  à  angle  droit,  le  déterminant  ne 
contient  plus  que  deux  constantes  (d  =  o,„  (i  =  o^„ d  +  2a=  a„ 
suivant  les  dénominations  de  Lanné)  : 


11 


(2  coefflc.) 


(Yi«) 

12    12      0 

0 

0 

11     12      0 

0 

0 

11      0 

0 

0 

II— Il 

t 

0 

0 

u 

—  u 
t 

0 

JJ 

t     • 

390  U,  ÉLIE.  —  DES  CONSTANTES  D^ÉLASTICITÉ 

T  1/3 

Axes  senaires  L^  —  Pour  p  =  ô  ,  </  =  -â~ ,  on  obtient,  si  O2 
est  l'axe  sénaire  : 

Oz  =  Le 

(5t) 
11    12    13      0      0      0 

(Scoeffic.)^         "    Js      0      0      0 

44      0      0 

44      0 

11—11 

s 

Il  en  est  de  même  si  Tordre  d'isotropie  est  plus  élevé. 

§  2.  Plans  de  symétrie.  —  Un  plan  est  dit  de  symétrie 
mécanique,  lorsque  ce  plan  étant  pris  pour  celui  des  xOy,  en 
coordonnées  rectangles,  le  changement  de  sr  en  —  z  et  de  tt;  en 
—  w  n'altère  pas  l'expression  de  l'énergie.  Ce  changement 
modiGe  le  signe  de  x^  et  x^  seuls  ;  les  termes  contenant  ces 
variables  à  une  puissance  impaire  doivent  donc  disparaître.  Il  en 
résulte  que  pour  x^  et  x,  =  0  on  a  :  X^  et  X.  =  0.  Les  détermi- 
nants des  coefficients  sont  alors  ceux  (a,)  (a,) (a,)  déjà  rencontrés, 
suivant  que  le  plan  de  symétrie  est:  ou  a:Oy,  ou  zOx^  ou  yOz. 
On  en  conclut  que  tout  axe  dMsotropie  binaire  est  perpendiculaire 
à  un  plan  de  symétrie  mécanique,  et  réciproquement.  De  la 
comparaison  des  déterminants  on  voit  que  deux  plans  de  symétrie 
perpendiculaires  entraînent  l'existence  d'un  plan  de  symétrie  à 
angle  droit  des  premiers  ainsi  que  celle  d'un  axe  d'isotropie 
quaternaire;  mais  l'existence  de  cet  axe  n'entratne  pas  celle  de 
deux  plans  de  symétrie  rectangulaires.  En  effet  (a,)  (a,)  pris 
simultanément  vérifient  (P,)  et  l'inverse  n'est  pas  vrai. 

On  dit  encore  qu'un  plan  est  de  symétrie  mécanique,  lorsqu'étant 
pris  pour  bissecteur  d'un  dièdre  des  plans  coordonnés,  celui  des 
z  par  exemple,  la  permutation  de  â;  en  y  et  de  u  en  t;  n'altère  pas 
l'expression  de  l'énergie.  Cette  permutation  entraîne  celles  de  a?,  en 
07.  et  de  x^  en  x^;  par  suite  celles  de  a;^  en  x^  et  de  x^  en  x^.  Les 


DANS  LES  MILIEUX  ANISOTROPES.  391 

conditions  tirées  de  cette  définition  donnent  aux  déterminants 
les  formes  (e,),  (e,),  (e,),  suivant  que  le  plan  bissecteur  passe 
par: 

ou  0^ 

(Si) 
Il    12    13    14    15    16 


11 

13  15 

33  34 

44 

14  16 
34  36 
45  46 
44  46 
66, 

ou 

11 

12 

13  14 

15  16 

(13  paramètres)  ( 

22 

12  24 
11  16 

25  24 
15  14 

44 

45  46 
55  45 
44, 

oa 

Ox 

'  11 

12 

12  14 

15  16 

33 

23  24 

33  24 

44 

25  26 

26  25 
45  45 

1 

55  56 

55 

II  faut  remarquer  que  cette  seconde  définition  n'est  pasdifiîérente 
de  la  première,  au  point  de  vue  mécanique.  Car  si  on  opère  une 
rotation  de  45"^  qui  transforme  le  bissecteur  passant  par  Oz  dans 
le  plan  des  zOx,  les  nouveaux  coefficients  exprimés  en  fonction 
des  anciens  à  Taide  des  formules  (i)  satisfont  au  déterminant  (a,). 
Inversement  une  rotation  de  âb"*  fera  passer  du  délerniinant  (a,) 
à  celui  (e,). 

Les  formules  (1),  où  l'on  fera  a  =  90°,  appliquées  aux 
systèmes  de  coefficients  (e),  donneront  les  déterminants  répon- 


392  B.  ÉLIE.  —  DES  CONSTANTES  d'ÉLASTICITÉ 

dant  aux  cas  où  le  plan  de  symétrie  est  le  deuxième  bissecteur  du 
dièdre  d'arête  : 

/  Soit  Oz 


li 

12 

13    14 

15    16 

11 

13    15- 

22    34- 
44 

-14    16 

-34    36 

45    46 

44    '^6 

66, 

Soit 

t 

0^ 

" 

12 

13-14 

15    16 

22 

12—24 

25    21 

(13  constantes)  \ 

11—16 

15    14 

44- 

-45    46 
55    45 
44. 

Soit 

'     11 

12 

8l 

12    14 

15    15 

1 

22 

23    24 

22    24 
44 

25    26 
26—25 
45—45 
55    56 
55. 

Si  (a,)  et  (e,)  sont  satisfaits  simultanément,  (a,)  et  (ej)  le  seront 
aussi;  donc,  deux  plans  de  symétrie  à  45°  en  entraînent  deux 
autres  passant  par  leur  intersection  et  à  90^  des  premiers.  Cette 
intersection  sera  un  axe  d'isotropie  quaternaire. 

Pour  que  (e»)  (e,)  (s,)  soient  satisfaits  simultanément,  on 
devra  avoir  : 


11 


12 
11 


(6  constantes) 


12 
12 
11 


■ii> 


14 
15 
15 

44 


15 
14 
15 
45 
44 


15 
15 
14 
45 
45 
44. 


Si  par  une  transformation  de  coordonnées  on  fait  de  la  bissec- 


UANS  LES  MILIEUX  ANISOTROPES.  393 

Irice  du  trièdre  Oxyz,  Taxe  O2,  le  déterminant  nouveau  obtenu, 
n'exprime  pas  que  Taxe  Oz  est  un  axe  d'isotropie  ternaire. 

Ces  exemples  suffisent  pour  montrer  que  les  axes  et  les  plans 
de  symétrie  mécaniques  ne  sont  pas  soumis  aux  mêmes  lois  que 
les  axes  et  les  plans  de  symétrie  cristallographique  ou  géométrique. 

Ellipsoïde  hétéroîatique ,  —  On  peut  toujours  'rapporter  le 
milieu  à  des  axes  rectangles  tels  que  les  coefficients  soient  liés 
par  3  équations,  trois  étant  le  nombre  des  indéterminées  fixant  la 
position  des  axes.  Si  les  axes  sont  obliques,  les  3  constantes  fixant 
les  angles  des  axes  entre  eux  permettent  d'établir  3  nouvelles 
relations  entre  les  coefficients.  On  pourra  donc  toujours  réduire 
les  21  coefficients  à  ne  dépendre  que  de  18  constantes  dans  le  cas 
d'axes  rectangles  et  de  15  constantes  plus  les  angles  des  axes 
dans  le  cas  d'axes  obliques. 

Hauglon  et  Rankine  {})  ont  remarqué  que  par  un  choix  d'axes 
convenable  on  pouvait  avoir  : 

^14  ^^^  ^56  5  ^Î5  ^^^  ^46  3  ^30  ^"^  ^45' 

Formons  en  effet  les  différences  a,^—  aje,  a„  —  a^e,  ajg  — a^j, 
à  Taide  de  la  formule  (3)  du  chap.  4,  en  remplaçant  les  y  en 
fonction  des  p,„>  etc.,  entrant  dans  les  éq.  (V)  du  ch.  H  et  en 
éliminant  les  différences  telles  que  r,5,  — fj^,,  etc.,  par  les  (XH) 
du  premier  chapitre.  Posons  pour  abréger  : 

3tu  ^Î8  =  «^"^^3  ^55  ^13   ==  ^^5  *66  *lî  =  ^y 

«14  (^SC  =  *^^  3  *«5  *i6  =^  ^'  3  ûtjg  —    a„  =  6 

et  nous  trouvons 


3 


n' 


'      «lïli  («14  — O  =  ^^^t^i   +   iBp,?8    +   (?'^1^8 
P   ^0 

(3)     I   ^^  (^«  —  ^^e)  =  ^^^^^i  +  ^?3Pi  +  e^Jj^i 

4-  .y  (?3^l  +  PlO  -+-  ^JÔ'  (^3^l  +  ^1^3)  +  C  (CÏ3P4  +  CJiPj)  , 

-H  X'  (pi^j+pi^i)  +  îB'  (TiOj-HdjOO  +  (5'  (cyjp,-|-njjpi) . 

(t)  Haugton.  —  Transactions  ofirish  Academy,  1846. 

Rankine.  —  Transactions  of  the  royal  Society,  —  London,  1855. 
T,  II  (3«  Série).  2G 


394  B.  ÉLIE.  —  DÉS  CONSTANTES  D'ÉLASTICITÉ 

On  aura  par  la  même  méthode  : 

P  ^0 

-h  2^'piCi4-  2lB'c7jni-t-  2f'nï,pi, 

+  2.Vp2C7j+  2iiy(7jCÎ2-r2c^'c>,p,, 

\        '  +  2^'p3(73+  2îB'73n,4-  2c^'cï3p,. 

Les  six  différences  mentionnées  relatives  à  un  système  d'axes 
ne  dépendent  donc  que  des  six  différences  pareilles  relatives  à  un 
autre  système.  Elles  sont  liées  les  unes  aux  autres  comme  le  sont 
les  coefficients  des  équations  d'un  même  ellipsoïde  rapporté  à  ces 
deux  systèmes. 

L'une  de  ces  équations  est  : 

Annuler  les  3  différences  a^^ — a^e,  etc.,  c'est  rapporter 
l'ellipsoïde  à  ses  3  axes  ou  à  3  diamètres  conjugués.  On  trouvera 
les  3  directions  rectangles  qui  les  annulent  par  la  résolution 
d'une  équation  du  3*  degré,  elle  s'obtient  en  écrivant  que  la 
normale  à  un  plan  tangent  à  l'ellipsoïde  E  dont  les  cosinus 
directeurs  sont  proportionnels  ù  : 

ei)'  n,  +  a  Pi  +  rry  cr, 

eni-hâî'pi  +  A'^i 
ii?>'  cji  +  A/pi  -i-  C^'  cTi 

est  parallèle  au  rayon  vecteur  allant  au  point  de  contact  et  dont 
les  cosinus  directeurs  a^^jY»  sont,  en  supprimant  le  facteur  tô  : 

voi  +  pi    -+-  X^i 

[LZSi  +  Xpi  +  fff 

En  appelant  S  le  facteur  de  proportionnalité,  entre  ces  deux 
groupes  de  quantités,  l'élimination  des  aiP,<7i  donnera  la  même 


DANS  LES  MILIEUX  ANISOTROPES.  395 

équation  du  3*»  degré  en  S  que  celle  rencontrée  au  §  3  du  ch.  II. 
Il  est  fiicile  de  voir  que  les  axes  de  Tellipsoïde  E  sont  en  raison 
inverse  des  racines  carrées  des  produits  des  différences  a^^  —  a„, 

^M— «13,  «c«— «1.,  par  —y-  ou  |/âo. 

Ces  directions  rectangulaires  peuvent  être  obtenues  à  Taide 
d'une  équation  en  S  différente  et  relative  à  un  autre  ellipsoïde 
ayant  des  axes  de  même  direction,  mais  inverses  de  ceux  du 
premier.  Si  en  effet  on  pose  : 

Aj  =^rj4  -f-(5'pi  4-ifi's,, 
B^  =e'ni  +  lB  pi  +  .l)':;^, 

C,  =rP)'n2-h.Vp,  +  e  7j, 

A,  =  a)nj,  4-e'P5  +  iR'7„ 

les  seconds  membres  des  équations  (3)  égalés  à  zéro  peuvent 
s'écrire  sous  les  deux  formes  : 

nïjAj  +  PjB,  +  ^iC,  =  0,  cTjAj  +  pjB,  +  j^C,  =  0, 
r^jA,  -^PsB,  +  c7,Ci  =  0,  cyiA3  4-piB3  +  5jC5  =  0, 
OjAj  4-  PiB,  +  jjCj^O,         nj,Ai-+-  p^Bi  +  SjC^  =  0. 

En  tirant  OiP.a,  de  deux  de  ces  équations,  on  a  : 


^ Pi ^L 

'2^3  B5C2 


B.C,  -  B,C,       C, A3—  CjA,       A,B3—  A3B,' 


OU,  en  effectuant  les  différences,  s'aidant  des  formules  du  premier 
chapitre  et  désignant  par  S  un  facteur  de  proportionnalité  : 

(6)  %»(eViB'-(?e')+r,(e  .h  -iW')-\-s,{^'e'  -.h.h')  =  sp„ 


396  B.  ÉLIE.  —  DES  CONSTANTES  D'ÉLASTICITÉ 

Comme  les  axes  des  xyz  sont  rectangles,  on  devra  remplacer 
lesp,  r,  5,  par  a^y  et  les  o,  p,  c,  par  : 

(en  omettant  le  facteur  u). 

L'équation  en  S  qui  en  résulte  a  la  même  forme  que  celle 
rencontrée  au  §  2  du  ch.  III.  Le  nouvel  ellipsoïde  a  pour  équation  : 

Si  Ton  s'était  servi  des  déformations  du  second  genre  au  lieu 
de  celles  du  premier,  on  aurait  obtenu  des  équations  en  S  plus 
simples.  Je  ne  ferai  pas  le  calcul  puisqu'il  suffit  de  substituer  dèg 
le  début  les  zs^fiC^  aux  p^r^s^  et  de  le  poursuivre  comme 
précédemment. 

C'est  aux  quantités  A,\  05',  (?',  relatives  aux  déformations 
du  2^  genre  qu'il  emploie  seules  que  Rankine  a  donné  le  nom  de 
différences  hétérota tiques.  Lorsqu'elles  sont  nulles  et  que  les 
glissements  x^  elx^  égaux  entre  eux,  sont  les  seules  déformations 
qui  existent,  X^  est  égal  à  X.,.  On  peut  remarquer,  par  la  considé- 
ration des  déterminants  précédents,  que  tout  plan  de  symétrie  est 
un  plan  principal  de  l'ellipsoïde  hétérotatique.  S'il  y  en  a  deux 
non  à  angle  droit,  rellipsoïde  est  de  révolution.  Il  en  est  de  même 
s'il  y  a  un  axe  d'isotropie  d'ordre  plus  grand  que  deux.  C'est 
l'axe  de  révolution. 

Ellipsoïde  orthotalique.  —  Les  formules  (1)  montrent  qu'on 
peut  toujours  annuler  la  différence  a„  —  a^^;  elle  se  réduit  en 
effet,  puisque  d'après  les  défmitions  de  p  et  9  : 

4p^(p'— }')  =  sin4a,      p*  +  ç*  — 6p'}'  =:  cos4a, 

à  : 

sin  4^ 
(fli.  — «..)  cos4a  — (i„  +  a„  -  2a„  -  4a„)  — r— ; 

Ht 

ce  qui  donne  4  directions  à  45''  Tune  de  l'autre  dans  un  plan,  qui 


DANS  LES  MILIEUX  ANISOTROPES.  397 

permettront  de  réaliser  cette  condition.  Pour  que  Ton  ait  simul- 
tanément : 

il  suffira  de  prendre  pour  axes  des  Xy  y,  %y  trois  pareilles 
directions,  et  il  y  en  aura  encore  6  autres,  bissectrices  des  axes, 
jouissant  des  mêmes  propriétés. 

Rankine  a  montré  de  plus  qu'il  existe  toujours  trois  directions 
rectangles  telles  que  Ton  a  : 

^l«  ■*-  ''se  +  ^38  =0, 
«15  +  C^i5  +  «35  =  0, 
«1*  +  «i4  -+-«34  =  0. 

En  effet,  considérons  en  plus  les  trois  sommes  : 

«Il  +  «12  +  «135 
«âl  +  «f2  +  «83  5 
«31  +  «32  +  «33- 

Employons  les  notations  symboliques  de  M.  de  Saint-Venant, 
ces  six  sommes  s'écrivent  : 

«xxx/r  -h  (iyjxu  -i"  «*3xy    =  ^xy  («xi  +  «yy  +  ««)  =  Sg , 

«xxM  -H  «yy„  4-  (7,^    =  a^  (Oj^  4-  ttvif  +  ««)  =  Sg, 

Oxxi/z  •+•  «yyys  +  ûjay»  =  Ùtji  (flxx  +  (^yu  +  «»)  ^^^  S^, 
«xrxx  +  «xxyy  +  «xxm  =  «xx  («xx  +  «i/y  +  «a)  =  Sj  , 
"yyxx  '  ^yvvv  +  «yyw  —--  ^yy  ^«xx  "^  ^yy  '  «»y  — —  "^j  i 
«»xx   +  ««yy  +  ««a     =  ««   («xx  +  «yy  +  û«)  =  S3 . 

La  parenthèse  commune  vaut  (§  3,  ch.  IV)  : 

+  (P3a$  +  ^s3t>î  +S3*ç)% 

OU,  en  nous  limitant  au  cas  de  deux  systèmes  d'axes  rectangles, 
après  simplification  : 

Développons  chacun  des  facteurs  a^^,  a^^  etc.,  effectuons  le 
produit  de  ce  développement  par  la  somme  précédente  et  revenons 
a  la  notation  des  (/,„  etc.,  chacune  des  six  sommes  devient,  en 


398  B.  ÉLIE.  — DES  COiNSTANTES  D'ÉLASTICITÉ 

désignant  par  S^SjSjS^ïjSe  les  mêmes  sommes  composées  avec 
les  coefficienls  a  : 

Elles  sont  donc  liées  comme  le  sont  les  coefficients  des  équa- 
tions d'un  même  ellipsoïde,  rapporté  à  2  systèmes  d'axes  ;  et  Ton 
sait  qu'on  peut  annuler  par  un  choix  d'axes  convenable  les 
3  (j^efficients  S^SaSg.  Rankine  a  appelé  orthotalique  cet  ellipsoïde. 

Les  directions  de  ces  axes  jouissent  de  cette  propriété  que  si 
3  dilatations  égales  x^  =  x^  =  x^  =  d  existent  seules  dans  ces 
trois  directions,  il  en  résulte  trois  pressions  normales  sans 
composante  tangentielle  comme  il  ressort  des  équations  (Sj  du 
ch.  4.  Les  longueurs  de  ces  axes  sont  les  inverses  des  racines 
carrées  de  8,8,83. 

Je  termine  ces  généralités  par  la  définition  d'une  surface 
nommée  tasinomique  par  Rankine.  On  y  est  conduit  par  cette 
remarque  que  l'un  des  3  coefficients  d'élasticité  longitudinale 
a^^a^^  ou  «35  s'exprime  en  fonction  des  21  coefficients  d'élastfcité 
aptv  et  des  trois  seules  quantités  directrices  p^r^s^y  ou  o,?,^, 
suivant  le  genre  de  déformations  que  l'on  adopte.  Si  nous  nous 
limitons  au  cas  de  coordonnées  rectangles,  ces  quantités  directrices 
deviennent  oL^^^y^.  Développons  l'expression  symbolique  : 

(8)  a^5,çç  =  [{a,x,  +  a/fi,  4-  flr,vi)']% 

ou  encore  appliquons  la  formule  (l),  puis  dans  le  résultat 
remplaçons  a.p.y,  par  a;Ka„,yKa„,  zva^^;  nous  obtiendrons 
l'équation  suivante  du  4®  ordre  en  xyZy  à  15  coefficients,  dont 
la  racine  4°  de  l'inverse  du  rayon  vecteur  représentera  le  coeffi- 
cient d'élasticité  longitudinale  a^^  dans  cette  direction  : 

Y=:a^^x'-\'a,,y'-ha,^z' 

-h  2  (a,3  +2  «,,)  y'z'  --2  {a,,  4-2  {aj  z'x'-h2  (a,,4-2  aj  xY 
4-2(ai,+^:r/Jx'y24-2(a254-2flJy'2:a?4-2(tf„4-2tf,5)2'xy 

-i-ia^^y^x  =  l. 


DANS  LES  MILIEUX  ANISOTROPES.  399 

On  trouvera  les  maxinia  ou  minima  du  rayon  vecteur  en 
prenant  égalant  à. zéro  la  différentielle  totale  au  premier  membre 
F  où  a?,  y,  z  doivent  être  remplacés  par  les  cosinus  a^p^yi  ^^  '^ 
direction  du  rayon  vecteur.  Cette  différentielle  peut  s'écrire 
symboliquement  : 

On  lui  adjoindra  celle  de  :  aj  +  Pî  +  yî  =  1  ;  d'où  : 

(J) _- _-    ^^    -__2K 

Ce  mode  de  calcul  permet  de  voir  simplement  qu'une  dilatation 
longitudinale  o  dans  la  direction  d'un  rayon  vecteur  0$  n'engendre 
qu'une  pression  parallèle  à  cette  direction  et  aucune  pression 
perpendiculaire.  Car  en  notation  symbolique  la  pression  Sg  s'écrit  : 

ou  par  les  proportions  qui  précèdent  : 

ce  qu'il  fallait  démontrer. 
Les  équations  (9)  du  h"  degré  en  a,  P»  Yi  donneront  4  X  ^  =  l(î 

a      â 

systèmes  de  rapports^,  -,  ou  10  directions  pour  les  maxima 


M      Yl 


ou  les  minima  du  rayon  vecteur.  Ce  sont  les  diamètres  de  la 
surface. 

Cette  surface  et  l'ellipsoïde  hétérotatiquc  E  suffisent  pour 
déterminer  complètement  un  milieu;  les  15  coefficients  de  la 
surface  F  et  les  six  de  l'ellipsoïde  E  permettront  en  effet  de  trouver 
les  21  coefficients  qui  caractérisent  ces  milieux. 


400  B.  ÉLIE.  —  DES  CONSTANTES  D'ÉLASTICITÉ 


CHAPITRE  VI 


Coefficients  d'élasticité  dans  les  systèmes 

cristallins. 


§  1.  Je  vais  appliquer  dans  ce  dernier  chapitre  les  considérations 
exposées  dans  les  précédents  aux  divers  types  de  cristaux.  Si  Ton 
se  borne  aux  cristaux  holoèdres,  il  semble  exister  un  parallélisme 
exact  entre  les  propriétés  mécaniques  dont  un  milieu  est  susceptible 
et  les  formes  géométriques  qu'affectent  ces  cristaux.  En  raison 
de  la  multiplicité  des  combinaisons  que  peuvent  présenter  les 
21  coefficients  de  Texpression  de  l'énergie,  on  peut  retrouver  ce 
parallélisme  dans  bien  des  cas  d'hémiédrie.  Mais  les  expériences 
ne  sont  pas  encore  nombreuses  pour  nous  permettre  de  juger  du 
rdie  que  joue  tel  ou  tel  coefficient  élastique  dans  la  formation 
d'un  cristal.  11  n'entrait  pas  dans  le  but  de  ce  mémoire  d'essayer 
une  pareille  systématisation  qui  exigerait  une  révision  de  la 
cristallographie  tout  entière.  Aussi  me  suis-je  borné  aux  types 
holoèdres  en  m'arrêtant  surtout  au  cas  des  cristaux  obliques. 

Système  cubique.  —  Le  symbole  cristallographique  de  ce 
système  est  : 

3L*.  4L'.  6L».  C.  3P*.  6P». 

Les  indices  affectant  les  lettres  P  indiquent  que  le  plan  de 
symétrie  est  perpendiculaire  à  l'axe  d'isolropie  affecté  du  même 
indice. 


DANS  LES  MILIEUX  ANISOTROPES.  401 

Par  les  considérations  du  chapitre  Y,  on  voit  que  les  axes  do 
coordonnées  étant  ceux  du  cube,  on  devra  adopter  le  détermi- 
nant : 

11    12    12     0      0     0 


st.)   j 

11     12      0      0 

0 

11      0      0 

0 

44      0 

0 

44 

0 

\  44. 

Il  implique  pour  plans  de  symétrie  les  trois  plans  coordonnés  et 
les  six  bissecteurs  des  dièdres  des  axes,  pour  axes  quaternaires 
les  3  axes^  pour  axes  binaires  les  6  perpendiculaires  aux  bissecteurs 
des  dièdres  et  pour  axes  ternaires  les  4  bissectrices  des  dièdres 
coordonnés.  La  dernière  proposition  exige,  pour  être  démontrée, 
que  Ton  prenne  son  système  d'axes  dont  Tun  d'eux  soit  la  diago- 
nale du  cube.  Ceci  est  facile  lorsque  Ton  utilise  les  résultats  rela- 
tifs au  rhomboèdre  dans  lesquels  on  fera  le  cosinus  dç  son 
angle  X  égal  à  zéro.  On  obtient  le  déterminant  (voir  §  4)  : 

'    H     12    13      0     15      0 


(7  coeflic.) 


11     13      0-15      0 

33      0      0      0 

44      0—15 

44      0 

66, 


dont  les  coefficients  sont  liés  par  quatre  relations,  dont 
Tune  2a„  =  a,i  —  fl„  est  la  condition  pour  que  la  diagonale, 
prise  pour  axe  Oz,  soit  un  axe  ternaire. 

L'ellipsoïde  E  se  réduit  à  une  sphère,  évidemment  dans  le  pre- 
mier système  d'axes,  et  dans  le  deuxième  système,  parce  qu'une 
des  relations  entre  les  coefficients  du  rhomboèdre  appliquée  au 
cube  devient  : 


flçg        ^lî  —  0^^  —  fljj. 


402  n.  EUE.  —  DES  CONSTANTES  D'ÉLASTICITÉ 

L'ellipsoïde  orlhotatique  est  aussi  une  sphère,  car  on  vérifie 

^H   -+-0^12  +   «13=2  flr,3  +   ûfjj. 

La  surface  biquadratique  F  est  : 
Ses  diamètres  sont  donnés  par  : 

=  ^  [«11»*  +  («li  +  2«J  (2' +  a;')] 
=  ~  ["il-*  +  («u  +  2a„)  (»'  +  y')]; 

ils  sont  au  nombre  de  13  : 

1^  Les  3  axes,  x=y  =  0  z=ly  x=z=0  y  =  l,  y  =  z=.0  x=^; 

2°  Les  6  bissectrices  des  axes,  a;  =  y,  2  =  0,  etc.; 

3°  Les  4  bissectrices  des  angles  Irièdres,  a?=y=z,  etc. 

Leurs  longueurs  respectives  sont  : 

1  i  i 


.4,  -  '    _  ^ ,         ^     .  .1 5 


ï^«n      [2«n  +  2(^1.  +  2«J]*      [3a,i  +  6(fl,,  -f-  2a,,)]-v 

Il  est  remarquable  que  le  nombre  et  la  direction  de  ces  diamè- 
tres correspondent  au  nombre  et  aux  directions  des  26  sommais 
de  rhexoctaèdre  et  du  trapézoèdre.  La  diminution  de  ces  som- 
mets  dans  les  autres  formes  du  système  cubique  et  leur  rempla- 
cement par  une  face  ou  une  arête  pourrait  s'expliquer  par  la  prédo- 
minance de  la  longueur  de  ces  diamètres  sur  celles  des  autres. 

§  2.  Système  quadratique,  —  Son  symbole  çristallographique 
de  symétrie  complète  est  ; 

L*.  2L'.  2L".  C.  P2P.  2P'. 


DANS  LES  MILIEUX  ANISOTIIOPES.  403 

En  adoptant  le  déterminant  : 


(6  consl.) 


11     12    f3      0      0      0 

11     13      0      0      0 

33      0      0      0 

44      0      U 

44      0 

66, 


le  milieu  a  pour  plans  de  symétrie  les  3  plans  coordonnés  et  les 
deux  bissecteurs  du  dièdre  d'arête  Oz,  un  axe  d'isotropie  quater- 
naire et  A  axes  d'isolropie  binaire.  Les  deux  ellipsoïdes  orthota- 
tiques  et  hétérolaliques  sont  de  révolution  autour  de  Oz.  La 
surface  biquadralique  est  : 

Elle  a  4  diamètres  à  45°  dans  le  plan  xOy^  8  autres  dans  les 
autres  plans  coordonnés  et  les  bissecteurs  de  ces  plans;  le  13® 
est  Taxe  O2.  ils  expliquent  les  octaèdres  et  les  dioctaèdres  de  ce 
système. 

§  3-  Système  orlhorliombiquc.  —  Son  symbole  est  : 


(9  consl.) 


L'L»L"( 

CPP'P'. 

rininanl  : 

11    M    13 

0 

0 

0 

22    23 

0 

0 

0 

33 

0 

0 

0 

a 

0 

0 

53 

0 
66 

Il  inclut  3  plans  de  symétrie  à  angles  droits  qu'on  prend  pour 
plans  coordonnés  et  3  axes  binaires.  Les  deux  ellipsoïdes  sont 
quelconques  et  rapportés  à  leurs  axes.  La  surface  du  4^  degré 
n  est  plus  de  révolution,  mais  admet  encore  9  diamètres  dans  les 


404  B.  ÉLIB.  —  DES  CONSTANTES  D^ÉLASTICITÉ 

plans  coordonnés  et  4  autres  dans  les  4  Irièdres.  Son  équation 
est  : 

-h2K,  4-20^^'»'  =  *. 

Avant  d'aborder  les  milieux  u  axes  obliques,  je  remarquerai 
que  la  notion  qui  nous  a  le  plus  servi  pour  réduire  le  nombre  des 
constantes  d'élasticité  a  été  celle  du  plan  de  symétrie  et  nous 
continuerons  de  considérer  dans  ce  qui  va  suivre  cette  notion 
comme  fondamentale.  La  surface  F,  au  contraire,  a  été  pour 
Rankine  le  point  de  départ  qui  lui  a  servi  à  classer  les  systèmes 
cristallins.  Ainsi  le  système  cubique  est  caractérisé  pour  lui  par 
l'égalité  des  coefficients  de  x',  j/\  z^  de  j/'^*,  z^x",  x*y\  de 
^*y^'f  y*^^y  z^xy.  Dans  le  système  quadratique,  les  coefficients 
de  X*  et  y*  sont  égaux  entre  eux,  de  même  ceux  de  t*x'  et  y^z*  et 
ceux  de  x^yzj  y*zx.  Dans  le  cas  du  prisme  orthorhombique,  ces 
trois  groupes  de  coefficients  sont  différents.  Ce  même  savant 
admet  que  les  6  autres  entrant  dans  Téquation  de  la  surface  sont 
nuls,  lorsque  le  milieu  est  rapporté  aux  axes  principaux  du  cristal. 
Lors  des  milieux  obliques,  il  admet  les  mêmes  relations  entre 
les  coefficients  de  la  surface  F  qui  conserve  la  même  forme,  mais 
dont  les  variables  sont  là  ce  qu'il  appelle  les  contraordonnées, 
c'est-à-dire  les  quantités  désignées  par  xyz  au  %  \  du  premier 
chapitre.  Au  cube  correspond  le  rhomboèdre,  au  type  quadratique 
le  prisme  clinorhombique-,  et  au  type  orthorhombique  le  prisme 
triclinique.  On  verra,  plus  tard,  que  cette  hypothèse  conduit  à 
des  résultats  différents  de  ceux  déduits  des  hypothèses  que 
j'adopte,  surtout  dans  le  cas  du  système  hexagonal.  Il  serait  de  la 
plus  haute  importance  de  chercher  expérimentalement  les  rela- 
tions que  ces  diamètres  ont  avec  les  pointements,  les  troncatures 
et  les  arêtes  d'un  cristal. 

§  4.  Rhomboèdre,  —  Le  symbole  cristallographiquc  de  ce 
système  est  : 

L'3L'C.3P'. 


DANS  LES  MILIEUX  ANISOTROPES.  405 

Il  exprime  qu'il  y  a  3  plans  de  symétrie  passant  par  la 
diagonale  principale,  3  axes  d'isotropie  binaire  perpendiculaires 
à  ces  plans  et  un  axe  dMsotropie  ternaire,  la  diagonale.  Si  Ton 
prend  celte  diagonale  pour  axe  0^  une  arête  du  rhomboèdre  dans 
le  plan  zOx  qui  sera  un  plan  de  symétrie,  le  déterminant  qu'on 
a  proposé  et  qui  satisfait  à  ces  conditions  est  : 


(6  const.) 


11    12    13 

0    IS      0 

11    13 

0-15      0 

33 

0      0      0 

44      0-lS 

44      0 

ll-H 

2 

J'introduis  une  hypothèse  qui  établit  des  relations  entre  les 
coefficients,  relations  que  Texpérience  aurait  à  vériOer,  et  réduit 
leur  nombre  à  trois  plus  Tangle  du  rhomboèdre.  Elle  consiste  à 
prendre  pour  axes  obliques  les  trois  arêtes  du  solide;  à  exprimer 
rénergie  du  milieu  à  Taide  des  déformations  obliques  ^i,„  etc., 
ou  li„,  etc.,  et  à  admettre  que  les  3  plans  de  coordonnées  et  les 
3  bissecteurs  des  dièdres  de  ces  plans  sont  de  symétrie  oblique. 
La  définition  de  ces  plans  de  symétrie  oblique  reste  la  même  que 
dans  le  cas  de  la  symétrie  droite.  L'énergie  de  l'unité  de  volume 
doit  conserver  la  même  forme  lorsqu'on  change  2^  en  —  1^ 
et  i  en  —  4  si  l'on  considère  les  déformations  du  premier  genre; 

et  J^  en  —  C  ^i  <}'  <^n  —  "l*  si  l'on  considère  les  déformations  du 
second  genre.  Le  déterminant  est  le  même  que  dans  le  cas  du 
cube;  c'est  : 

11    12    12     0 
11    12      0 

(Sconsl.)  /  ^^ 


0 

0 

0 

0 

0 

0 

0 

0 

44 

0 

44. 

Par  une  transformation  de  coordonnées,  on  pourra  exprimer  les 
coefficients  a^^a^^J  etc.,  relatifs  à  des  axes  rectangles  xyz  en 


406  B.  ÉLIE.  —  DES  CONSTANTES  D'ÉLASTICITÉ 

fonction  des  coefficients  an  a,,,  etc.,  relatifs  aux  axes  obliques, 
voir  si  le  déterminant  des  «n,  etc.,  est  vérifié,  et  trouver  les 
relations  entre  les  6  coefficients  ana^,  etc. 

Si  X  est  le  cosinus  de  Tangle  du  rhomboèdre,  9  Tangle  qu'une 
arête  forme  avec  la  diagonale, 


la  géométrie  élémentaire  donne  : 


1/2 i 


sin  ç  =  —  |/i  _  X,        cos ?  =  — :  Kl  +  2X ; 

d'autre  part  Oz  étant  la  diagonale,  05,  Oy;,  0!^,  les  3  arêtes,  la 
première  située  dans  le  plan  zOx;  on  a  pour  les  cosinus  direc- 
teurs de  xyz  par  rapport  aux  axes  obliques,  en  se  reportant  aux 
notations  du  premier  chapitre  : 

^  sin  o  sin  o 

a,  =  0,  p2  = ^sins,     Yi= 2^sin5, 

ij  =z  cos  ç  5         P3  —  cos  9  5  Y,  =  cos  9 . 

Je  me  sers  de  la  formule  de  transformation  (3)  du  chap.  5,  qui 
est  dans  ce  cas  : 

+  «11  [TiH-Cï»-/  +  >)  +  Ys|^(Y3v  + Yiv)  +  Y3}x(Yiv-f-Yr»)] . 

Les  Y  sont,  comme  on  Ta  vu,  les  coefficients  des  formules  de 
transformation  (Y)  ou  (X)  du  ch.  II,  suivant  le  genre  des  défor- 


DANS  LES  MILIEUX  ANISOTHOPES  407 

malions  que  l'on  adopte.  Le  premier  indice  1,  3,  etc.,  est  celui 
d'un  des  Ei,...  de  ces  formules,  le  seconda  ou  v  est  le  rang 
de  a;,,...,  elc,  entrant  dans  Texpression  de  $i,....  On  donnera  àv. 
(ch.  V)  toutes  les  valeurs  de  1  à  6. 

Si  Ton  opère  avec  le  premier  genre  de  déformations,  les 
axes  X,  y,  z  étant  rectangles,  lesp,  r,  s  deviennent  les  a,  p,  y,  et 
]es  coefficients  des  équations  (Y),  chap.  H,  sont,  en  écrivant  S 
'    et  G  pour  sin  o  et  cos  o 


S' 

0 

G» 

0 

s* 

4 

!^' 

C 

ï'îsc 

S» 

4 

!«• 

G» 

-■^^so 

S' 
2 

-l- 

2  G* 

0 

S* 

0 

2G*. 

-î^^sc 

S' 

0 

2  G* 

"/se 

SG 

0 

se 

>^3„, 

2 

4    ^ 

SG 

1/3 

4^ 

2 

SG 

0 

SG 

K3 

2   ^ 

2' 

SG 
2 

1/3 

On  obtient  pour  les  coefficients  axs  qui  ne  sont  pas  nuls  : 

3 

«ii  =  «iî  =  ^S*     (Sa^i-f-    6a,,  4-    3aJ, 

3 

3 

«c6  =  gS*     (   a„-+-    4a,,—       a„), 

3 

«iî  =  gS*     (    ail—    2a,,  4-    rjaj,), 

fl,,=:a,3  =  |s'C'(4aii-   8a„+    8a,,), 

3 

-ûf,e=— a,5  =  «i5  =  8S'G  (2aii—   4a,,—   Sa,,). 


408  B.  ÉLIE.  —  DES  CONSTANTES  d'ÉLASTICITÉ 

Ces  valeurs  vérifient  bien  : 
L'élimination  des  a  donne  : 


2 


^66—   «lî        _^U—Oiti 


nî 


15 


S*  G*  S»G' 

M.  de  Saint- Venant  (^)  admet  que  dans  un  milieu  étiré  suivant 
3  directions  rectangles  on  a  les  3  relations  : 

4ae6  +  2fli,  =  ûrii  4- a^j. 

Si  Ton  admet  les  mêmes  relations  en  coordonnées  obliques  se 
réduisant,  dans  ce  cas  du  rhomboèdre,  à  : 

on  trouve,  pour  les  coefficients  relatifs  aux  axes  rectangles, 

^15=0?  2û'e6   +   «1J   =«115 

mais  non  pas  : 

Cependant  si  Ton  substitue  la  moyenne  géométrique  à  celle 
arithmétique,  ce  que  M.  de  Saint- Venant  propose,  on  vérifie  bien  : 

2fl*4  -+-««=   >^«li'  «33- 

Opérons  ensuite  avec  les  déformations  du  second  genre,  c'esl-à- 
direavec  les  formules  (X)  du  cïi.  Il,  dont  les  coefficients  cj,  pro- 
portionnels aux  X3,  p,  G,  sont  a',  P',  y' du  premier  chapitre.  On  a: 

a;  =  o,  ^;=     l  se,      y;  =  -  l  se, 

^»  __  '^^  et  ft'  _         •'^•^  Cl  I  ^^'^  et 

(0  De  Saint-Venant.  -  Journal  des  Mathématiques,  1863,  t.  VIU. 


DANS  LES  MILIEUX  ANISOTROPES.  409 

et  les  coefTicients  des  formules  (X)  sont,  en  omettant  le  diviseur 
commun  à  tous,  i]ui  est  la  quatrième  puissance  du  déterminant 

desa,  p,  y:  (ê^^S'CV 

3S'C'  0  ^S*         0  Is'C 

4  z  u 

4  4  4  4  4  4 

jS'C'        ?S»C«      ^S*-^S'C-?S'C       ?^S'C« 
4  4  4  4  4  4 

|s*c«  -|s*c«     |s*       0        -|s»c       0 

-3S«C'  0  ïs*— ^S»C      ^S'C  — ^S*C' 

2  4  4  2 

-3S'C'  0  5  S*       ^S'C      ?S»C      ^S*C»; 

2  4  4  2  ' 


.• 


d'où  pour  les  termes  qui  ne  sont  pas  nuls,  en  conservant  la  forme 
des  parenthèses  du  cas  précédent,  afin  de  faciliter  les  comparai- 
sons : 

1  i 

^«ii=2ys*      (^^i*  "*"    6 a,,  4-    3a„), 

1 
8  fl^s.  =  27C^      ^^ "^^^  "**  ^^ ***  "^  *^  "^^'^ ' 

1 

2  ^^ii  =  g^gF^  (4 a^ -+-    4a^j—    4a„), 

2^" — 27S*     ^  *ii  "*"    *^*i —      ^23)5 

1  _     1 

â  ^u  —  a^o4      (   *ii  "    2a44  +    oa,,), 

2  ûfi3  — -  g^ôiTTi  (4aii —    Sa^t  +    8a„), 
^15  ~"27S^C   *^^***~"    **♦*"   2a,3). 

La  relation  linéaire  précédemment  trouvée 

2a66  =  flfii  — û'ij 

T.  Il  (8«  Série).  27 


410  B.  ÉLIE.  —  DES  CONSTANTES  D'ÉLASTICITÉ 

subsiste.  Les  deux  ellipsoïdes  sont  dans  les  deux  modes  de  défor- 
mation de  révolution  autour  de  la  diagonale.  P4)ur  celui  désigné 
par  E,  le  rapport  des  racines  carrées  des  axes  a^ — «i»/«44 — a^aest 

dans  le  premier  mode,  -^,  et  dans  le  deuxièuje,  — |-^. 

L'équation  de  la  surface  F,  rapportée  aux  coordonnées  obli- 
ques, a  la  même  forme  que  dans  le  cas  du  cube,  et  rapportée  aux 
axes  rectangles  est  : 

—  i2fl,5y'x2:  4-  ka^^x^z  =  1. 

Si  nous  considérons  xyz  comme  des  cosinus  liés  par  la  rela- 
tion ;  a:'  +  î/'  +  5'  =  1,  et  appelons  F  le  premier  membre  de 
l'équation,  nons  obtiendrons  les  diamètres  en  résolvant  : 


5F 

5F       5F 

X 

y      - 

On  vérifie  que  a?  =  j/  =  02:=1  est  une  solution  qui  correspond 
ù  la  diagonale. 

Pour  y  =  0,  le  deuxième  rapport  est  indéterminé;  l'égalité  des 
deux  autres  donne  l'équation  (en  écrivant  b  pour  a,3  +  2  «44)  : 

^i5  Q  -  («11  —  b)  Q  —  3^45  ^  -h  t733  -  ft  =  0. 

Une  rotation  des  axes  de  60°  a  pour  résultat  de  changer  les 
signes  de  aij.  Il  y  a  donc  3  racines  et  par  conséquent  3  diamè- 
tres dans  le  plan  des  zQx  et  dans  deux  autres  à  60°  de  ce  plan.  Si 
l'équation  du  3®  degré  a  deux  racines  imaginaires,  il  ne  restera 
que  4  diamètres.  Il  n'en  existe  pas  dans  d'autres  plans  passant 
par  la  diagonale. 

Prisme  hexagonal.   -  Son  symbole  cristallographique  est  : 

LS3LS  3L'*.  C.  P^3P«.  3P'». 


DANS  LES  MILIEUX  ANISOTROPES.  41f 

On  y  satisfait  par  le  déterminant  (les  coordonnées  étant  rectan- 
gles) : 

/   H    12    13      0      0  0 

11    13      0      0  0 

33      0      0  0 

(S  const.)  {  44      0  0 

44  0 

2 

Si  Ton  considère  le  rhomboèdre  comme  un  cas  d'hémiédrie  du 
type  hexagonal,  ce  qu'ont  fait  certains  auteurs,  on  pourrait 
déduire  le  déterminant  précédent  de  celui  du  rhomboèdre  en  y 
admettant  a^  égal  à  zéro,  et  laissant  subsister  les  relations  (R) 
entre  les  coefficients.  Le  déterminant  ne  contiendrait  plus  que 
2  constantes  indépendantes,  plus  le  paramètre  9. 

L'ellipsoïde  E  est  de  révolution  autour  de  Taxe  du  prisme,  et  le 
rapport  de  la  racine  carrée  de  ses  axes  est  : 


On  a  aussi  : 


«u  -  «is      2  ^  ^ 


La  surface  F  est  de  révolution  et  a  pour  équation  : 

Le  rayon  vecteur  est  maximum  ou  minimum  suivaat  Taxe  et 
réquation,  et  dans  deux  directions  inclinées  également  sur  Taxe 
d'un  angle  dont  la  tangente  est  : 


ya,^—b 


La  méthode  de  Rankine  consistant  à  ne  prendre  en  considéra- 
tion que  la  surface  tasinomique  pour  caractériser  les  divers  élé- 
ments de  symétrie  du  milieu,  conduit,  dans  ce  cas,  à  des 


413  B.  ÉLIE.  —  DES  CONSTANTES  D^ÉUSTICITÊ 

résultats  plus  avantageux.  Il  obtient,  en  effet,  dans  le  cas  du  type 
hexagonal  une  surface  hors  de  révolution  et  ayant  les  niaxima  ou 
niinima  de  ses  rayons  vecteurs  correspondant  aux  faces  ou  aux 
arêtes  du  didodécaèdre  qu'on  rencontre  dans  ce  système. 

§  5.  Prisme  monoclinique.  —  Le  symbole  cristallographiquc 
de  ce  système  est  : 

L'CP. 
En  coordonnées  rectangles,  son  déterminant  est  : 


(13  coeffic.) 


11  12  13 

0 

15 

0 

22  23 

0 

25 

0 

33 

0 

35 

0 

44 

0 

46 

53 

0 
66, 

exprimant  qu'il  y  a  un  plan  de  symétrie  perpendiculaire  à 
Taxe  Oy. 

Mais  si  nous  poursuivons  notre  hypothèse,  nous  pourrons  dire 
qu'un  cristal  homoèdre  de  ce  type  a  trois  plans  de  symétrie 
oblique  (les  faces  primitives  du  cristal)  et  un  plan  de  symétrie 
droite  (le  bissecteur  du  dièdre  OQ.  En  coordonnées  obliques,  son 
déterminant  sera  donc  : 


(6  const.) 


Il     12    13      0      0      0 

11    13      0      0      0 

33      0      0      0 

44      0      0 

44      0 

66. 


Par  une  transformation  des  coordonnées,  on  pourra  exprimer 
les  13  coefficients  du  premier  déterminant  en  fonction  des  six 
du  second,  plus  des  2  angles  des  axes. 

Soit  la  base  du  prisme  ^Ot;  sur  le  plan  xOy  des  axes  rectan- 


DANS  LES  MILIEUX  ANISOTROPES.  413 

gles,  Oj^  perpendiculaire  au  plan  de  symétrie  droite  du  milieu, 
ç  le  demi-angle  ÇOt;,  à  l'angle  i^Oz. 


On  a  : 

a,  =       COSÇ5  pi  =  COSç,  Yi  =  cos^J^, 

aj=:  — sinç,  p,  =  sin?,  Y,  =  0, 

3^3  =  0,  P,  =  0, .  Ys  =  sin'|. 

Les  coefTicients  des  formules  (Y)  du  cb.  II  sont  : 


CCS*  9 
cos'9 

CCS*  6 

2co.s  9  cos'l 
2  ces  9  cos'i> 


sin*9 
sin'ç 

0 

0 

0 


2  ces' 9  —  2siu'9 


0  0  0  — C0S9  sinç 

0  0  0  COS9  siD9 

s^iiï^^        0  ces 9  s\n^  0 

0        sin9  sin'^    ces  9  sin^      sin9  cos^ 
0    — sin9  sin»^    ces  9  sintj/  — sin9  cos^J; 

0  0 


0  0 

Par  réquation  (V)  du  ch.  V,  il  en  résulte  : 

1)  a,j  =  2 ^n  CCS* 9  4-  a,5  ces* ^J;  +  8 a^^  ces'  9  cos' '>}/ 

-+-  4ajjCOS*9  +  2ai,  cos*9  4-  4  a,,  ces' 9008*'^ 

2)  (7„  =  2anSJn*9 

-f-  4  a„  sin*  9  4-  2  «1,  sin*  9 

3)  0^^  = "*■  ^3s  s'^*  ^ 

4)  a^^= 4-  2  «44  sin*^  sin*  à 

5)  ^55= 4-  «33  sin'  ^  cos*  ^-^l7.^^  ces'  9  sin'  ^ 

6)  <ï„  =  2a,i  cos*9sin'9 +2a4jSin'9COs'i!^ 

—  2  a,,  cos*9sin'9 

7)  a„  =  23t,iCOs*9Sin*9 

4-4a„cos'9sin'9-f-2ai,cos'9sin'94-2ai5Sin*9COS'<;^ 


414  B.  ÉLIB.  —  DES  CONSTANTES  D'ÉLASTICITÉ] 

8)  ^1,= a„siD*^cos'ti^ 

+2  ajjCOs'ç  sin'  ^ 

9)  ««= 

+2ai8siD'<psin*6 

JO)  «15  = a3jSintî^cos'^4-4a^4Cos'çsin'^cos  ^}< 

4-2a,3C0s'9sin'i^  cos'!^ 

+2aijSin'9sin^cos'!^ 

12)  (/„= ajjsin'^cos^ 

13)  a^^=z 2a^4sin'?sind;COs4* ; 

et  pour  les  relations  entre  les  a  provenant  de  Télimination  des  a  : 
Ig^  =  ^  =  ^'  =  ^  (par  3.  4,  9,  11,  12  et  13), 

''"-lg«^^  lg«ç'    ^""-  tg«^^  lg«?' 

a^,  =  -^  4-  ^  4-  ^  (par  5, 8, 10  el  les  précédentes) , 

a.^Jli.-^-giL^-f",';'^?^   (panel  2). 

tg*9        Ig*^       lg*^  +  tg«9 

De  S,  6  et  7  on  ne  peut  tirer  que  les  valeurs  de  om,  an  +  «i> 
el  oLii  — ~  du» 

En  opérant  une  rotation  autour  de  Oy,  qui  est  un  axe  de  Tellip- 
soïde  E,  on  rapporterait  le  milieu  aux  axes  de  cet  ellipsoïde,  ce 
qui  réduirait  à  12  les  coefficients.  Après  cette  rotation,  les  nou- 
veaux a'„  et  a\,  obtenus  devront  être  égaux.  Si  Ton  pose  cette 
égalité  et  que  Ton  utilise  les  formules  de  rotation  (1)  du  ch.  V, 
on  trouve  ; 

[û'u  —  ff«  —  K«  —  ciM)]pq  =  («i.  —  aj  (p*  —  g'), 

où  en  appelant  aTangle  de  rotation,  A  et  C  les  différences  hété- 
rotatiques  a^  —  «u  ef  ««e  —  «i,, 

,  a  A)Sin2^}/ 

Ig  2  a  =  — 

.l»cos26—  4C'cos'9' 

Si  Ton  y  joint  : 

A  =  COS^COS',!;,      C0S2'!<  =  V, 


DANS  LES  MILIEUX  ANISOTROPES.  415 

on  aura  toutes  les  formules  nécessaires  pour  une  vérification 
expérimentale. 

Si  Tarête  0!^  est  perpendiculaire  sur  la  base,  on  obtient  un 
prisme  orthorhombique  de  déterminant  à  9  constantes,  mais  liées 
par  3  relations  : 

lo^O=z^'  =  ^'  =  ^ 

""     '  ^S5  «13  Ou      ' 

ce  qui  la  réduit  à  7  indépendantes,  plus  Tangle  o. 
On  obtiendra  le  même  déterminant  : 

11    12    13      0      0      0 
22    23      0      0      0 
33      0      0      0 
44      0      0 
8S      0 
66 
et  les  mêmes  relations,  si  dans  le  cas  général  Tangle  6  étant 
quelconque  on  prend  pour  axes  0!1,  la  diagonale  Ox  delà  base  et 
une  perpendiculaire  à  ces  droites.  Il  en  résulte  que  le  plan  paral- 
lèle à  0^  passant  par  la  deuxième  diagonale  est  un  plan  de  symé- 
trie oblique. 

Quant  à  la  surface  F,  la  forme  plus  compliquée  de  son  équation 
ne  permet  pas  de  déterminer  facilement  ses  diamètres.  Elle  est 
symétrique  relativement  au  plan  xOy  de  symétrie  droite  ;  Taxe  Oy 
est  un  rayon  vecteur  maximum,  et  il  s'en  trouve  un  ou  trois  dans 
le  plan  qui  lui  est  perpendiculaire. 

§  6.  Prisme  asymétrique.  —  Si  Ton  admet  que  les  trois  plans 
principaux  du  cristal  sont  de  symétrie  oblique,  son  déterminant 
relatif  à  ce  système  de  coordonnées  sera  : 

11    12    13      0      0      0 
22    23      0      0      0 

(9const.)(  33      0      0      0 

44      0      0 

55      0 
66. 

Il  sera  possible  de  rapporter  le  milieu  à  des  axes  rectangles,  et 
le  déterminant  y  relatif  aura  21  coefficients  fonctions  des  9  cons- 


416  B.  EUE    —  DRS  CONSTANTES  D'ÉLASTICITÉ 

tantes  précédentes  et  des  3  angles  des  axes.  Par  un  choix  d  axes 
convenable  (les  axes  de  rellipsoïde  E),  on  pourra  réduire  le  nombre 
des  coefficients  à  dix-huit  liés  par  9  relations. 

Si,  pour  les  applications,  on  choisit  les  axes  rectangles  sui- 
vants :  Oy  perpendiculaire  à  un  plan  diagonal  du  prisme,  Ox  sui- 
vant la  diagonale  d'une  face,  Oz  perpendiculaire  aux  droites 
précédentes;  si  Ton  désigne  par  l  Tangle  de  Farêle  0!;  avec  Os, 


par  0  Finclinaison  sur  xOy  de  la  face  iOr.  et  par  s  et  z  les 
angles  de  la  diagonale  Ox  de  cette  face  avec  ses  arêtes  Oi  et  Oi;  ; 
les  axes  des  3  axes  rectangles  avec  ceux  ii;  !1  auront  pour  cosinus 
directeurs  : 

3Lj=:  —  sins'sinO,       ^,  =  siD^sinO,        y,  =  0, 
z,=:  —  sios'cosO,       ^,  =  sinscosQ,       y,  =  sîni. 

Il  sera  alors  &cile  de  former,  en  suivant  la  méthode  d^à  indiquée, 
d^obtenir  les  nouveaux  coefficients  en  fonction  des  anciens.  Le 
résultat  me  parait  trop  compliqué  et  assez  peu  utile  pour  le  trans- 
crire, surtout  en  Fabsence  de  toute  expérience  relative  à  ce  sujet. 

Il  résulte  de  l'analyse  de  ce  chapitre  que  le  nombre  des  cons* 
tantes  nécessaires  pour  caractériser  les  cristaux  homoèdres  des 
difiereots  types  cristallins  seraient  respectivement  trois,  six  et 
neuf  pour  le  cube,  le  prisme  quadratique  et  le  prisme  orthorhom- 
bique,  de  trois  plus  Fangle  du  solide  pour  le  rhomboèdre,  de  trois 
pour  le  prisme  hexagonal,  de  six  plus  les  deux  angles  du  solide 
pour  le  type  monoclinique,  de  neuf  plus  les  trois  angles  du  solide 
pour  le  prisme  triclinique. 


DANS  LES  MILIEUX  AXISOTROPES.  417 


RÉSUMÉ  ET  APPLICATION. 


Afln  de  simplifier  la  tâche  de  Texpérimentateur  et  même  de  lui 
éviter  la  lecture  de  formules  au  milieu  desquelles  il  risquerait  de 
se  perdre^  je  résume,  en  terminant,  Tidée  principale  de  ce 
mémoire  et  j'indique  une  vérification  expérimentale  en  consi- 
dérant le  cas  simple  du  rhomboèdre. 

On  admet,  avec  Green,  que  Ténergie  élastique  de  Tunité  de 
volume  d'un  milieu  anisotrope  déformé,  rapportée  à  des  axes 
rectangles  d'orientation  quelconque,  est  une  fonction  quadratique 
homogène  des  six  déformations  : 

8tt      Iv      Bft?      et;       ^w      GW       on      Sw       ^v 

•  _J_     . _L     «1_     

Sa?      oy      oz       Iz      5y       Ix       Iz      oy      Ix 

m 

que  je  désigne  pour  abréger,  respectivement  par  a?,,ti„...,a7g,  et 
où  Uy  t;,  w  sont  les  projections  du  déplacement  d'un  point  sur  les 
axes  x^yyZ, 
Celle  fonction  que  j'écris  : 

E  =  (iaiiiTi  4-  fli.a;,  -h  a^^x^  +  a^^x^  +  a,^x^  +  a^^x^)x^ 

+  (}  a^^x^  -¥  a,^x^  +  a^^x^  +  a^^x^  -h  a^^x^)x^ 

+  (?  ^^ss  a?3  +  a^,x,  +  flajO?,  4-  a^^x;)x^ 

-H  (i  a^,x,  +  a,^x^  4-  «46^6)^4 

conlient  vingt  et  un  coefficients  réductibles  et  dix-huit  par  un 

choix  d'axes  convenables  (axes  des  ellipsoïdes  spécifiées  au  ch.  V). 

Si  l'on  définit  un  plan  de  symétrie  mécanique  par  la  condition 


4i8  B.  ÉLIE.  — -  DES  CONSTANTES  d'ÉLASTICITÉ 

qu'étant  pris  pour  plan  de  xOy,  Texpression  de  Vénergic  ne  soit 
altérée  par  le  changement  de  w;  en  — ti;  et  de  2  en  — 2,  ou 
encore,  ce  qui  revient  analytiquement  au  môme,  qu'étant  pris 
pour  bissecteur  du  dièdre  Oir,  cette  express'on  ne  soit  pas  altérée 
par  le  changement  de  t*  en  t?  et  de  x  en  y,  il  résulte  du  ch.  V  que 
Ton  satisfait  à  la  symétrie  des  formes  homoèdres  des  types 
cubique,  quadratique,  terbinaire  par  les  systèmes  de  coeflicienls 
suivants  qui  ne  renferment  respectivement  que  trois,  six  et 
neuf  constantes  : 


«it 

(lu 
(lu 

a» 
«1. 

Ou 

0 
0 
0 

«u 

0 
0 
0 
0 

a«4 

0 
0 
0 
0 
0 

Ou 

«Il 

«u 

"1. 

0 

0 

0 

«H 

Ou 

On 

0 

0 

0 

ffn 

(In 

0 

0 

0 

Ou 

«« 

0 

0 

0 

tf« 

0 

0., 

0 
0 

0 
0 
0 

0.. 

• 

0 

0 
0 

On 

0 
0 
0 
a 

6C 


Dans  les  systèmes  cristallins  autres  que  ceux  énoncés  précc- 
demment,  les  axes  choisis  par  les  cristallographes  sont  obliques 
et  il  semble  à  priori  probable  que  les  calculs  d'élasticité  gagne* 
raient  en  simplicité  si  on  les  rapportait  à  ses  axes;  sans  même 
introduire  aucune  hypothèse,  on  pourrait  profiter  de  Tindétemn- 
nation  des  trois  angles  des  axes  de  coordonnées  pour  réduire  de 
dix-huit  à  quinze  le  nombre  des  coefficients.  Mais  c'est  à  une 
réduction  plus  grande  que  je  veux  arriver.  Cette  réduction  ne  se 
présente  qu'en  adoptant  un  système  déterminé  d'axes  obliques 
qui  définirait  sans  ambiguïté  la  forme  primitive  du  cristal,  forme 
que  les  cristallographes  doivent  laisser  quelque  peu  arbitraire, 
s'il  n'ont  recours  à  l'élasticité. 

On  arrive  à  cette  réduction  de  deux  façons,  suivant  que  l'on 


DANS  LES  MILIEUX  AMSOTROPES.  4i9 

adopte  pour  expression  de  Ténergie  une  fonction  quadratique 
homogène  des  six  difrormations  définies  soit  au  §  2,  soit  au  §  3 
du  ch.  II.  Dans  le  premier  cas,  si  : 

IfTHyti,  sont  les  cosinus  des  angles  que  font  entre  eux  les  axes 
de  la  forme  primitive; 

Uj  v^  w,  les  projections  obliques  sur  ces  axes  du  déplacement 

moléculaire; 

*    •    • 

u,  r,  tf?^  les  quantités  : 

u  =n    -h  Hv  -h  mtVy 

w  =  mu  -h  Iv  4-  w; 

•      ■ 
Su   ov 
les  six  déformations  sont  définies  par  :  ;r-j  — ,  •-.,  etc.  Dans  le 

deuxième  cas,  si  u,  v,  w  gardant  leur  signification,  on  pose  : 

X  =  X    -h  ny  -h  mZy 
y  =znx  +  y    h-  /z, 
z  =  mx  +  /y  4-^5 

les  six  déformations  sont  définies  par  —j  —,  ...,  etc. 

Ix  ly 

On  démontre  alors  que  l'expression  proposée  de  Ténergie  8  se 
déduit  de  celle  E  admise  en  coordonnées  rectangles;  que  les 
dérivées  de  Ténergie  relativement  à  ces  déformations  sont  six 
pressions  définissant  Téquilibre  du  milieu  (§  2,  ch.  IV);  que  ces 
pressions  ou  ces  déformations  considérées  dans  deux  systèmes 
d'axes  obliques  s'expriment  en  fonction  les  unes  des  autres  par 
des  formules  toutes  semblables  à  celles  rencontrées  dans  le  cas 
d'axes  rectangles  (ch.  II  et  ch.  III). 

Ces  analogies  aperçues,  il  est  possible  de  faire  un  pas  de  plus, 
et  d'admettre  que  les  faces  de  la  forme  primitive  ou  leurs  plans 
bissecteurs  sont  des  plans  de  symétrie  oblique,  en  définissant 
celte  symétrie  absolument  comme  on  l'a  fait  pour  des  axes  rec- 
tangles. Dès  lors,  les  systèmes  de  coefficients  des  types  rhomboé- 


420  B.  ÉLIE.  —  DES  CONSTANTES  d'ÉLASTICITÉ 

drique,  nionoclinique  et  anorlhique,  ne  sont  autres  que  ceux 
écrits  plus  haut  pour  les  cristaux  à  axes  rectangles.  Aux  trois, 
six,  neuf  constantes  spécifiées,  il  faudra  seulement  adjoindre  les 
angles  entre  elles  des  arêtes  de  la  forme  primitive  (s'élevant  au 
nombre  de  un,  deux  ou  trois). 

Prenons  pour  exemple  simple  le  rhomboèdre.  Rapporté  à  des 
axes  rectangles  dont  l'un,  0^,  la  diagonale,  est  un  axe  ternaire  et 
un  autre,  Ox,  situé  dans  Tun  des  trois  plans  de  symétrie  équidis- 
tanls  qui  contiennent  la  diagonale,  il  a  pour  système  de  coeffi- 
cients le  suivant  : 


(6  const.) 


«Il 

«IS 

Ou 

0 

«..    0 

Oh 

«1» 

0   - 

-fl„    0 

«ï>3 

0 

• 

0      0 
0  -fl,. 

Oii-Ott 

Rapporté  aux  faces  du  rhomboèdre  que  Ton  considérera  par 
hypothèse  comme  des  plans  de  symétrie  oblique  tandis  que  leurs 
plans  bissecteurs  seront  des  plans  de  symétrie  droite,  le  système 
do  ses  coeffjcienls  ne  contiendra  plus  que  trois  constantes  et  sera 
comme  pour  le  type  cubique  le  suivant  : 


/  «11 


(3  const.) 


«11 

«IJ 

0 

0 

0 

«11 

«u 

0 

0 

0 

'il 

0 

0 

0 

«4. 

0 

«u 

0 
0 
a 

li* 


H  se  prosente  alors  une  première  vérification  des  idées  émises. 
Elle  consiste  en  ce  que,  si  Ton  passe  de  ces  coordonnées  obliques 
aux  premières  coordonnées  rectangles,  les  vingt  et  un  coefficients 
que  Ton  trouvera,  n,,,  ...,  devront  être  précisément  ceux  du 
déterminant  à  six  const.  C'est  ce  à  quoi  conduisent  les  calculs 


DANS  LES  MlLIEtX  AMSOTROPRS.  421 

du  ch.  VI.  Les  seuls  coeRicienls  qui  ne  sont  pas  nuls  sont  : 

3 

«11  =  ûr„  =  -  siii*9  (3ai,  -h    Oa^t  -f-     Sa^,), 

3 
«3s  =  ^  cos*9  (Sa,,  4-  32a,,  -h  J6a,,), 

3 

«44  =  ^55  =  8  ^'"'^  ^^^'^  ^****    "^       ***«  ""      **"^' 

«e«  =  3Sin*9  (   3t„  -f-    4a44—       aj, 

3 

«is  =  gS>n*?  (   3tH—    2a,,  4-    5ai,), 

3 

«ii  =  «M  =  gSin'çCOS'9(4a,i—    8a„4-    8a,j), 

3 

—  «4e  =  — ««  =  «15  =  8^*"'?^^^  ?(**ii~    4*u—    2a,,), 

OÙ  9  est  Tangle  d'une  arête  du  rhomboèdre  avec  la  diagonale.  On 
vérifie  immédiatement  la  relation  obligée  indépendante  de  <f, 

2fl«  =  «ii  — «ij; 

puis  par  élimination  des  a,  on  a  : 


2 


«66  —  «»  _  «44  —  «18 


sln'ç  cos* 


y 


«U      _2       «IS      __  «15 


cos'ç         sin'ç       sinçcosç' 


IS 


sm'ç       cos'f         sm'ç  cosç 

La  détermination  expérimentale  des  six  coefBeienlsa,t,  a,„ ..., 
exige,  comme  dans  le  cas  général,  que  Ton  ait  recours  à  la  fois 
aux  phénomènes  d'extension  et  de  torsion,  ce  qui  peut  rendre 
pénible  la  vérification  de  ces  trois  relations.  Mais  une  combi- 
naison d'entre  elles  est  vériQable,  en  ne  s'adressant  qu'à  des 
expériences  d'extension. 

En  éliminant,  en  effet,  a^  entre  les  deux  dernières,  on  obtient  : 

(A)  4(flH  +  «lî)  =  «38  Ig*?  +  2a,,  tg»?. 


ki^  B.  ÉLIE.  —  DES  CONSTANTES  D'ÉLASTICITÉ,  ETC. 

D'autre  part,  étant  donné  un  cristal  rhomboédrique  taillé  en 
parallélipipède  rectangle  dont  deux  arêtes  sont  parallèles.  Tune, 
Oz,  à  la  diagonale,  l'autre,  Ox,  dans  un  plan  de  symétrie,  toute 
pression  p  exercée  suivant  O2  laisse  nulles  les  déformations 
^4>  ^s>  ^8>  et  les  équations  d'équilibre  à  la  surface  donnent  : 

(«11  -^  ««)a?i  +  a^,x,  =  0, 

Une  pression  p'  exercée  suivant  Oo;  laisse  nulles  x^  et  x^,  et, 
par  rélimination  de  x^  entre  les  équations  d'équilibre  à  la  surface, 
on  a  : 

flijCo?;  +  a?;)  +  (Ï33a?;  =  o. 

Connaissant  les  pressions  p  et  p',  les  déformations  correspon- 
dantes 0^1, ...,  x/, ...,  et  l'angle  9,  on  tirera  de  ces  relations  les 
valeurs  de  (du  +  ai,),  ai,, ...,  outre  une  équation  de  condition 
entre  les  déformations.  Il  sera  donc  possible  de  vérifier  (A).  Lors- 
que Ton  considère  les  déformations  du  second  genre,  (A)  se 
change  en  la  suivante  : 

(A')  (fl^i  4-  fl^,)  =  4a„  col*?  +  2(Ï45  col*?, 

vérifiable  par  le  .même  procédé. 


TABLE  DES  MATIÈRES 


^îste  des  présidents  et  vice-présidents  de  la  Société  de  1853  k  1886. 
.  Liste  des  membres  de  la  Société  pour  l'année  1886-87.  ' 

^xtrait  des  Procès- verbaux  des  séances.  —  Année  1884-^5 ' 

extrait  des  Procès-verbaux  des  séances.  —  Année  188b-86 xix 


ANDRÉIEF  (G.).  —  Noie  sur  une  relation  enlre  les  intégrales 

définies  des  produits  des  fonctions 1 

QUÉLET  (L.).  —  Aperçu  des  qualités  utiles  ou  nuisibles  des 

champignons jS 

LAVAL  (E.).  —  Évaporation  des  dissolutions  et  des  liquides  qui 

renferment  des  corps  solides  en  suspension 37 

BONEL  (A.).  —  Les  réseaux  téléphoniques  de  Bordeaux G3 

HILLARDET  (A.).  —  Note  sur  le  chancre  du  pommier  et  du 

poirier  (avec  une  planche) 83 

FIGUIER  (A.).  —  Note  sur  une  nouvelle  pile  à  gaz  et  l'action 

chimique  de  Teffluve  électrique  (avec  une  planche) ...  91 
0.  DE  LAC0L0N6E.  —  Théorie  du  parallélogramme  de  Watt 

(avec  une  planche) iOI 

BRUNEL  (G.).  —«Note  sur  Tanalyse  indéterminée  et  la  géomé- 
trie à  n  dimensions 129 

BAULE.  —  Note  sur  un  résultat  magnétique  obtenu  à  bord  du 

paquebot  Niger 143 

JOANNIS  (A.).  —  Note  sur  les  oxydes  de  cuivre 147 

HAUTREUX.  —  Températures  de  la  mer  et  coups  de  vent  de 

Bordeaux  à  New-York 183 

RATET  (G.).  —  Note  sur  la  position  géographique  de  la  flèche 

Ouest  de  Saint-André 169 

TANNERY  (P.).  —  Aulolycos  de  Pitane 173