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Mémoires de la Société de Vhistoire
de Paris et de l'Île-de-France
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MÉMOIRES
DE LA SOCIÉTÉ
DE L'HISTOIRE DE PARIS
ET DE L'ILE-DE-FRANCE.
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IMPRIMERIE DAUPELEY-GOUVERNEUR
A NOGENT-LE-ROTROU.
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MÉMOIRES
DE LA SOCIÉTÉ
L'HISTOIRE DE PARIS
ET DE
UILE-DE-FRANCE
TOME XXXV
(1908)
A PARIS
Chez H. CHAMPION
Libraire de la Société de l'Histoire de Paris
Quai Malaquais, 5 (VI*]
1908
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CONFLANS
PRÈS PARIS
PRÉFACE.
Le nom de Conflans est commun à plusieurs villages situés au
confluent de deux rivières. Les Parisiens connaissent surtout Con-
flans fin d'Oise, placé sous le vocable de sainte Honorine; bien peu
savent qu'il existe près d'eux, sur la pente de la colline qui domine
le confluent de la Marne et de la Seine, un autre Conflans, plus
important que le premier pour l'historien, mais qui n'est aujour-
d'hui qu'une dépendance de la commune de Charenton.
Au xi« siècle, époque des titres les plus anciens que Ton ait con-
servés, notre Conflans relevait du prieuré de Saint-Martin-des-
Champs-lez-Paris ; peut-être s'était-il formé peu à peu autour d'un
monastère dont on n'a retrouvé que de brèves mentions. C'était le
siège d'une paroisse limitée au sud par la Seine, à l'est et au nord
par la paroisse de Charenton-Saint-Maurice qui renfermait ancien-
nement le hameau de Saint-Mandé, à l'ouest par la paroisse pari-
sienne de Saint- Paul dont fut détachée, au xviii« siècle seulement,
celle de Sainte-Marguerite, et qui comprenait, outre le village de
Conflans : la Grange-aux-Merciers, la maison ou tour de Bercy, le
hameau des Carrières et le bourg du Pont-de-Charenton. Il sera
question, ici, surtout de Conflans proprement dit, de son château,
de son église, de ses seigneuries.
Jusqu'au xnr» siècle, Conflans ne fut qu'un village obscur. La plus
grande partie de son territoire était occupée par la garenne royale
qui s'étendait au delà du bois de Vincennes, jusque vers Pantin.
Puis, à l'époque où l'hôtel des Tournelles, l'hôtel Saint-Paul, les
châteaux de Vincennes et de Beauté devinrent les demeures pré-
férées des rois de France, la proximité de Conflans, sa situation pit-
toresque et riante y attirèrent la cour. De l'ancien fort qui comman-
dait l'approche du pont de Charenton, on fit une maison royale, ce
xiM. XXXV I
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CONFLANS
PRÈS PARIS
PRÉFACE.
Le nom de Conflans est commun à plusieurs villages situés au
confluent de deux rivières. Les Parisiens connaissent surtout Con-
flans fin d'Oise, placé sous le vocable de sainte Honorine; bien peu
savent qu'il existe près d'eux, sur la pente de la colline qui domine
le confluent de la Marne et de la Seine, un autre Conflans, plus
important que le premier pour l'historien, mais qui n'est aujour-
d'hui qu'une dépendance de la commune de Charenton.
Au xi« siècle, époque des titres les plus anciens que l'on ait con-
servés, notre Conflans relevait du prieuré de Saint-Martin-des-
Champs-lez-Paris ; peut-être s'était-il formé peu à peu autour d'un
monastère dont on n'a retrouvé que de brèves mentions. C'était le
siège d'une paroisse limitée au sud par la Seine, à l'est et au nord
par la paroisse de Charenton-Saint-Maurice qui renfermait ancien-
nement le hameau de Saint-Mandé, à l'ouest par la paroisse pari-
sienne de Saint- Paul dont fut détachée, au xviii« siècle seulement,
celle de Sainte-Marguerite, et qui comprenait, outre le village de
Conflans : la Grange-aux-Merciers, la maison ou tour de Bercy, le
hameau des Carrières et le bourg du Pont-de-Charenton. Il sera
question, ici, surtout de Conflans proprement dit, de son château,
de son église, de ses seigneuries.
Jusqu'au xiy« siècle, Conflans ne fut qu'un village obscur. La plus
grande partie de son territoire était occupée par la garenne royale
qui s'étendait au delà du bois de Vincennes, jusque vers Pantin.
Puis, à l'époque où l'hôtel des Toumelles, l'hôtel Saint-Paul, les
châteaux de Vincennes et de Beauté devinrent les demeures pré-
férées des rois de France, la proximité de Conflans, sa situation pit-
toresque et riante y attirèrent la cour. De l'ancien fort qui comman-
dait l'approche du pont de Charenton, on fit une maison royale, ce
M^M. XXXV I
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2 GONFLANS.
qu'on appelait alors un séjour; le nom en est resté. Dans la pre-
mière moitié du xiv« siècle, le sire de Noyers habite la Grange-aux-
Merciers; à Conflans même sont le maréchal de Trie, le sire de
Sully et plusieurs riches bourgeois de Paris. La comtesse d'Artois
y possède un important manoir, qui appartient après sa mort aux
comtes de Flandre, puis aux ducs de Bourgogne. Ceux-ci Tagran-
dissent et Tembellissent ; Philippe le Hardi en fait sa demeure pré-
férée, Charles le Téméraire son quartier général pendant la guerre
du Bien Public, terminée par le traité de Conflans (5 novembre
1465).
Avec Charles le Téméraire finit la lignée des ducs de Bourgogne.
Leurs domaines reviennent à la couronne; mais les rois délaissent
Paris et ses environs pour les bords de la Loire : Conflans, au
xvi« siècle, est abandonné.
Les derniers Valois ramènent la cour à Paris : le ministre Ville-
roy acquiert le vieux manoir de Conflans et le relève de ses ruines ;
il appartient après lui à des magistrats, à de grands seigneurs;
Richelieu Thabite en i635. Enfin, l'archevêque de Paris François de
Harlay l'achète (1673) et en fait le château de Conflans, maison de
plaisance qu'il lègue à ses successeurs.
La Révolution rattache Conflans à Charenton-le-Pont; le domaine
des archevêques, vendu comme bien national, est divisé. M. de Qué-
len, archevêque de Paris, en rachète une partie sous la Restaura-
tion : c'était dernièrement le petit séminaire. Une autre partie est la
propriété de M. G. Hartmann. Autour s'élève le Conflans moderne,
industriel et commerçant, qui a donné son nom à une gare du che-
min de fer P.-L.-M. et à un pont sur la Seine. Ainsi Conflans,
presque oublié au milieu du xixe siècle, renaît à présent pour des
destinées nouvelles. N'est-ce pas un moment favorable pour en
retracer le passé, incomplètement connu de ceux mêmes qui s'inté-
ressent à l'histoire de la banlieue parisienne?
Au début de cette étude, je tiens à citer le nom de M. l'abbé
Jacques, vicaire à Charenton, enlevé prématurément à l'afi*ection de
ses amis. Il recherchait les souvenirs concernant sa paroisse, et
avait édité une série de vues de Charenton, anciennes et modernes;
je lui dois d'utiles indications.
J'adresse, d'autre part, l'expression de ma vive reconnaissance à
M. le marquis de Nicolay. Héritier de la famille de Bercy, il en a
conservé les archives qui renferment des documents du plus grand
intérêt sur la région de Charenton et du faubourg Saint-Antoine.
M. de Boislisle y a déjà puisé la matière d'une publication siir la
topographie historique de Bercy. M. le marquis de Nicolay a bien
voulu m'autoriser à consulter à mon tour ces titres précieux et à en
extraire ce qui concerne Conflans.
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GONFLANS. 5
Il me reste à parler de celui dont le nom devrait figurer en tête
de ces pages. Lorsqu'il acquit, il y a vingt ans, une partie de l'an-
cien château de Conflans, mon père entreprit d'en écrire l'histoire.
Plus tard, le temps lui faisant défaut pour exécuter ce projet, il me
confia ses notes et le soin de les continuer. Voici enfin achevée cette
étude qui nous est chère à tous deux et que je suis heureux de lui
dédier.
P. Hartmann.
RÉPERTOIRE DES PRINCIPALES SOURCES
AVEC l'indication DES ABRÉVIATIONS QUI LES DÉSIGNENT DANS LE COURS
DE CETTE ÉTUDE.
I. — SOURCES MANUSCRITES.
[Arch. nat.] Archives nationales.
Q* 1081, 1082. — Charenton et Conflans, titres seigneuriaux et
registres du greffe (xvu« siècle).
L719, S 3546, H* 3742». — Église de Conflans.
S 1 129. — Château de Conflans, titres de propriété de l'archevêque
(xyu« et XVIII0 siècles).
L 1044^ 1045, S 4592, 4643, H 3898. — Bénédictines.
H» 3925, 3926, T 1075. — Carmes.
T 1607 (Bénédictines), T 1628 (Église), T 1686 (Carmes). — Inven-
taires et procès-verbaux de perquisitions sous la Révolution.
Etc...<.
[Arch. Nie] Archives de M, le marquis de NicolaJTy provenant de
la famille de Bercy.
Ces archives ont été, au début du xix« siècle, classées et divisées
en diflérentes séries intitulées : Bercy, Charenton-le-Pont, Charen-
ton-Saint-Maurice, Carrières, Conflans, Grange-aux-Merciers, etc.
Voici l'inventaire sommaire de la série Conflans :
Liasse i. — Titres de propriété, mémoire composé en 1737.
Liasse 2. •— Titres de propriété, pièces diverses (i 545-1 588).
Liasses 3, 4, manquent.
I. On trouve une liste des cotes des Archives nationales relatives à la
région de Charenton dans : Mentienne, Mémorandum ou guide nécessaire
à ceux qui voudront écrire les monographies des communes du départe^
ment de la SeinCy 189g, p. 48 et suiv.
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4 CONFLANS.
Liasse 5. — Saisies féodales (iSoô-iôog).
Liasse 6. — Titres de la haute justice (1482-1615).
Liasse 7. — Acquisition de la haute justice par le seigneur de Bercy
(1613-1629).
Liasse 8. — Actes de justice (1610-1789).
Liasse 9. — Procédures relatives à la justice, et titres divers :
Titres des religieux de Saint-Martin (1317-1490). — Inventaires des
cens et rentes dus aux religieux de Saint-Martin (i 3 1 7-1 568). —
Saisies féodales par Tengagiste du domaine {i585-i588). — Procès du
seigneur de Bercy avec les religieux de Saint-Martin (1599-1649). —
Procès avec divers propriétaires (1649- 1709).
Liasse 10. — Procédures touchant la seigneurie (i6oo-i663).
Liasse 11. — Fondations de la paroisse (i2o3-i6o5). — Comptes de
fabrique (i57i-i6o5).
Liasse la. — Procédures contre les marguilliers (i6i5-i62i).
Liasse i3. — Rentes diverses (1646- 1739).
Liasse 14. — Comptes de fabrique (i 738-1 791).
Liasse i5. — Titres de la maison seigneuriale (i 529-1724).
Liasse 16. — Pièces relatives à la suppression de la ruelle qui tra-
versait la propriété de Tarchevéque (1686).
Liasse 17. — Déclarations pour la maison, depuis château de
Conflans (i 529-1748).
Liasse 18. — Procès-verbaux d'arpentage (1724-1786).
Liasse 19. — Maisons diverses (17 17-1766).
Liasse 20. — Maisons du Lyon-d'Or et de la Croix-Blanche (i658-
1789).
Liasse 21. — Mémoires sur le domaine royal et procès entre
Malon et Le Jay (xvip siècle).
Liasse 22. — Séjour du roi (1481-1698).
Liasse 23. — Séjour du roi (1606- 1745).
Liasse 24. — Séjour de Bourgogne (i 538-1738).
Liasse 25, manque.
Liasse 26. — Arrêts relatifs à l'engagement du Domaine (1696-
1700).
Liasse 27, manque.
Liasse 28. — Procès du seigneur de Bercy avec Villeroy et avec
le président de Verdun (i6o5-i634).
Liasse 29. — Procès avec le président Le Jay (i634-i638).
Liasse 3o. — Procès Le Jay (i63i-i645).
Liasse 3i. — Moulin de Quiquengrogne (1604- 1642).
Liasse 32. — Moulin de Quiquengrogne (1628- 1669).
Liasse 33, manque.
Liasse 34. — Bac de la Râpée (1639- 1746).
Liasse 35. — Bac de la Râpée {1738-1777).
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CONFLANS.
Liasse 36. — Bac de la Râpée (1772-an IV).
Liasse Sy. — Bac des Carrières (i688-an II).
Liasse 38. — Bac des Carriè|:es (zyiô-an IX).
Liasse 39. — Anciens baux (i383-i7i8).
Liasse 40. — Baux à rente et à cens (1605-1718).
Parmi les autres séries, nous citerons comme intéressant en par-
ticulier Conflans :
Bercy, liasse 52. — Registre des cens des seigneuries de : Bercy,
Charenton, les Carrières, Conflans, Grange-aux- Merciers, fief Malon,
fief de Thérouanne (mémoire très complet et très net, composé
en 1737).
Dans la même liasse, un mémoire sur la rente de 8 livres due aux
Montmorency et un mémoire sur le domaine du roi.
[Arch. P.-de-C] Archives du Pas-de-Calais.
[Arch. Seine.] Archives de la Seine.
[Arch. S.-et-O.] Archives de Seine-et-Oise.
[B. N.] Bibliothèque nationale, manuscrits français.
II. — BIBLIOGRAPHIE.
[P. Anselme.] Pierre de Guibours, dit le Père Anselme de Sainte-
Marie, Histoire généalogique et chronologique de la maison de
France et des grands officiers de la couronne.
[De Boislisle.] A. de Boislisle, Topographie historique de la sei-
gneurie de Bercy, Mém. Soc. Hist. Paris, t. VIII, 1882.
[Cartulaire de N.-D.] B. Guérard, Cartulaire de Notre-Dame de
Paris, i85o, 4 vol.
[Du Breul.] Le Père J. Du Breul, le Théâtre des Antiquité^ de
Paris, augmenté d'un supplément, 1639.
[Du Chesne.] A. Du Chesne, les Antiquités et recherches des villes,
1614.
[État des communes.] Département de la Seine, état des com-
munes à la fin du xixe siècle, Charenton-le-Pont, 1902 (notice histo-
rique par F. Bournon).
[Félibien.] Dom M. Félibien, Histoire de la ville de Paris, aug-
mentée et mise à jour par dom Lobineau, 1725, 5 vol.
[Guilhermy.] F. de Guilhermy, Inscriptions de la France du V^ au
XVni^ siècle, ancien diocèse de Paris, 1870-1883, 5 vol.
[Historiens de la France.] Rerum gallicarum et francicarum
scriptores, ouvrage commencé par dom Bouquet en 1738, continué
par les Bénédictins, repris par l'Académie des inscriptions.
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6 CONFLANS.
[La Chesnaye-Desbois.] A. de La Chesnaye-Desboîs, Dictionnaire
de la noblessey 3« édition, 1870-1877, 9 vol.
[Lebeuf.] Abbé J. Lebeuf, Histoive de la ville et de tout le diocèse
de Paris, ijS^y i5 vol.
[Marrier.] Dom M. Marrier, Monasterii regalis S. Martini de
Campis Paris. Ordinis Cluniacensis historia^ i63j,
[Martiniana.] Dom M. Marrier, Martiniana, id est litterœy cartof,
etc. Monasterii 5. Martini, etc., 1606. •
[Moreri.] L. Moreri, Grand Dictionnaire historique, 1674, 9 vol.
[Nouvelles recherches.] Nouvelles recherches sur la France, chez
Hérissant fils, libraire, 1766, 2 vol.
[Ordonnances des rois.] Recueil des ordonnances des rois de
France, commencé par la chancellerie en 1723, continué par l'Aca-
démie des inscriptions de 181 1 à 1849.
[Piganiol.] Piganiol de la Force, Description historique de la ville
de Paris, 1765, 8 vol.
[Sauvai.] H. Sauvai, Histoire et recherches des antiquités de la
ville de Paris, 1724, XIV livres en 3 vol.
[Soc. Hist. Paris.] Publications de la Société de l'Histoire de Paris
et de r Ile-de-France : Bulletin, Mémoires, et ouvrages à part.
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CONFLANS. 7
CHAPITRE I.
LA PAROISSE ET LA SEIGNEURIE.
I. — LoL terre de Saint-Martin-des-Champs à Conflans : La
légende, — L'histoire. — La paroisse. — La justice. — Les
droits seigneuriaux.
II. — Le domaine royal : Le séjour du roi. — La garenne
royale. — Les séjours d'Artois^ de Flandre et de Bourgogne.
— La Grange-auX'Merciers.
III. — Seigneuries diverses : Le fief de Bercy et la famille
Malon. — Le fief de Conflans '.familles Hesselin, de Con-
flans et de Hacques. — Droits seigneuriaux de Vévêque de
Paris à Charenton. — Titres de la seigneurie du Pont-de^
Charenton. — Petites censives.
I.
Le point où se réunissent les deux vallées de la Seine et de
la Marne fut de tout temps un lieu très passager. Labîenus
arriva de ce côté lorsque, à la tête des légions romaines, il vint
s'emparer de Lutèce, l'an 52 avant Jésus-Christ; mais le récit
assez ambigu que César a tracé de cette expédition ne permet
pas de préciser son itinéraire avec certitude*.
Le pont de Charenton, jeté sur la Marne un peu au-dessus
du confluent, et d'où partent les deux grandes routes de Cham-
pagne et de Bourgogne, existait, nous le verrons plus loin, à
l'époque gallo-romaine; c'est donc le plus ancien pont des
environs de Paris. Il ne faut pas oublier qu'en ce temps-là
les voies de communication étaient peu nombreuses et les
obstacles naturels beaucoup plus considérables qu'aujour-
d'hui. Telle était l'importance de ce confluent de la Seine
et de la Marne, aux yeux des voyageurs, qu'un géographe
t. Voir Quicherat, Du lieu de la bataille entre Labienus et les Pari-
siens, i852 (extrait des Mém. de la Soc. des Antiquaires de France^
t. XXI), et, plus loin, p. i6, note 2.
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8 CONFLANS.
latin, Ammien Marcellin, y plaçait Tancienne Lutèce'. Sui-
vant d'autres, on y voyait seulement un autel élevé à Mercure *.
Mais ne nous attardons pas à ces vagues légendes. L'histoire
authentique de Conflans commence pour nous à l'époque du
premier texte de date certaine où il soit question de cette loca-
lité : c'est une bulle par laquelle le pape Urbain II confirme
les privilèges du monastère Saint-Martin-des-Champs près de
Paris (Nîmes, 14 juillet 1096); parmi les dépendances de ce
monastère est citée l'église de Conflans'.
I. Du Chesne, les Antiquités et recherches des villes, 1609, t. I, p. 39;
Ammien Marcellin, éd. Teubner, p. 73. — Ceci pourrait s'expliquer
par les transformations du lit de la Seine : sur les anciens plans figure,
entre Charenton et la Cité, un chapelet d'îles allongées; ces îles étaient
peut-être les débris d'une langue de terre qui, aux premiers siècles de
notre ère, séparait de la Seine le cours inférieur de la Marne.
3. A. Thevet, dans sa Cosmographie universelle, publiée en iS'jSf réé-
ditée partiellement par Tabbé Dufour {la Grande et excellente cité de
Paris, 1881, p. 31), écrit :
« Auprès de Charenton, à une lieue de Paris, où se joint cette rivière
[la Seine] avec celle de Marne, ceux qui voyagent laissent à droict ou à
gauche une poincte de terre faite en péninsule, où jadis fut eslevée une
colomne de marbre de quelque trente pieds de haulteur, et huict en gros-
seur, au sommet de laquelle estoit posé le simulachre de Mercure, et
auprès un autel dressé en l'honneur d'iceluy, où se faisoient plusieurs
sacrifices. J'estime que ce fut ce Julian, duquel j'ay ailleurs parlé, qui la
fit dresser pour l'immortelle et perpétuelle renommée qu'il désiroit
acquérir, y ayant fait soubzcrire ces mots :
VIRTVS AVGVSTORVM
« ... Parquoy je vous ay bien voulu effigier ladite colomne, et comme
ces rivières prennent leur cours, jusques à Paris. Et, à fin que le lecteur
n'ayt à se mescontenter de la diligence par moy faite, je vous veux encore
icy ramentevoir que l'an mil cinq cens soixante-cinq, assez près de ce
lieu, l'eau ayant miné la terre, fut trouvé un grand nombre de médalles
de bronze, voire quelques-unes d'or et d'argent, et qu'en estant adverty,
je me transportay jusques sur les lieux, en la meson d'un pescheur, lequel
m'en donna plusieurs. »
Malheureusement, Thevet ne dit pas de quelle source il tient ses ren-
seignements sur la colonne de Mercure; peut-être confond-il avec Con-
flans-Sainte-Honorine, où il y avait une statue de Mercure, assure Lebeuf
(t. IV, p. 137), d'après Cod, Monasterii S. Victoris, p. 419. — On a décou-
vert des antiquités gauloises à Charenton en 1869 (Leguay, Bull, de la
Soc. de numismatique et d* archéologie, 1870, p. 33o).
3. « Ecclesia de Confluentia. » -^ De Lasteyrie, Cartulaire général,
p. 143; Félibien, t. II, p. 53; Martin Marrier, Monasterii regalis S. Mar»
tini de Campis,,. historia, i636, p. 48; Lebeuf, t. V, p. 5.
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CONFLANS. 9
D'autre part, Guillaume, évéque de Paris, donna eti 1098 à
Saint-Martin-des-Champs deux panies de l'autel de Conflans^
et, d'après les lettres de Thibaud, évéque de Paris, ratifiant
des donations antérieures, le prieuré de Saint-Martin avait en
ii5o c l'église de Conilans avec la ville et la tierce panie de la
dtme » * ; ceci conduirait à penser que l'évêque eut en ce lieu
des droits au moins contemporains de ceux du monastère ; nous
verrons plus loin qu'il possédait de temps immémorial la sei-
gneurie voisine du pont de Charenton.
Quoi qu'il en soit, des bulles des papes Calixte II (1119J,
Innocent II (1142) et Eugène III (1147) témoignent qu'au
XII* siècle les religieux de Saint-Martin possédaient « la ville de
Conflans, avec son église et ses dépendances »'.
Ainsi les droits du monastère de Saint-Martin-des-Champs
à Conflans sont bien établis au xii« siècle. En quoi consis-
taient-ils exactement, nous pouvons le savoir par un document
dont l'original fut rédigé au xiv« siècle, mais dont il n'existe
plus que deux copies ou plutôt deux états dressés au xvi« siècle,
l'un écrit en latin, l'autre en français, présentant quelques
variantes. Ils sont conservés dans les archives de M. le mar-
quis de Nicolay; nous les publions en appendice.
Ce document, intitulé Rôle de Conflans pour Saint-Martin-
des^ChatnpSy se rattache par son origine et par sa rédaction au
Registre Bertrand^ dont M. Cocheris a publié et annoté d'im-
portants extraits dans son édition de Lebeuf, 1864, t. II, p. 333
à 397; le Registre Bertrand^ écrit en i540, est un exposé de
l'organisation du monastère de Saint-Martin-des-Champs au
xive siècle. Il est à remarquer que les Archives nationales, qui
ont recueilli, avec le Registre Bertrand^ les titres de Saint-Mar-
tin-des-Champs, possèdent peu de chose sur la seigneurie de
Saint-Martin à Conflans. Très probablement les titres de Con-
flans furent remis à la famille de Bercy lorsqu'elle acquit, au
xviï» siècle, les droits du prieuré. La publication du Rôle de
Conflans est donc également une contribution à l'histoire de
Saint-Martin-des-Champs de Paris.
1. « Confluentium. k — De Lasteyrie, p. 146; Félibien, t. II, p. 5a.
2. « Ecdesiam de Conflens cum villa et tertia parte decimae. » —
M. Marner, p. 180; Lebeuf, p. 5.
3. « Villam Confluentiam cum ecclesia et appenditiis » ; la bulle d'Eu-
gène II renferme seulement < cum ecclesia v. — De Lasteyrie, p. 146,
207; M. Marner, p. i58, 171; Lebeuf, p. 5.
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10 COKFLANS.
La seigneurie des religieux de Saint-Martin, qui comprenait
haute, moyenne et basse justice, paraît s'être étendue primiti-
vement sur toute la paroisse, c'est-à-dire sur tout le pays situé
entre le pont de Charenton à l'est, la Seine au sud, la culture
Saint-Éloi à l'ouest^ et le bois de Vincennes au nord*. Mais,
1. La culture Saint-Éloi était une vaste censive qui dépendait du
prieuré de Saint-Éloi, dans la cité de Paris; elle comprenait la paroisse
Saint-Paul, qui, au xiv* siècle, s'étendait sur Bercy; entre Saint-Éloi et
Saint-Martin, la délimitation des censives donna lieu à maintes contes-
tations : le i8 mai i343, en présence de dom Guy, sous-chambrier, dom
Rogier, cellérier du vin de Saint-Martin, commis par le prieur, Guibert
le Court, maire de Conflans, Pierre de Senlis, prévôt de Saint-Éloi, et
Jacques de la Croix, maire de Saint-Éloi, on plaça une borne « sus le
chemin par où on va à la Grange-aux-Merciers, près de la dicte Grange;
et fu, en alant de Paris à la dicte Grange, à main senestre es terres qui
sont de la dicte Grange; et départ la dicte borne les dismes qui appar-
tenent à Saint-Martin-des-Champs et de Saint-Eloy de Paris » (Tanon,
Registre criminel de la justice de Saint-Martin-des-Champs à Paris au
XIV* siècle, 1877, p. 191).
Aux termes d'un procès-verbal du 18 janvier 1491, voici quelle était de
ce côté la limite exacte de la paroisse de Conflans : elle partait du pon-
ceau qui traversait le rû (ruisseau) de Bercy un peu avant qu'il se jetât
dans la Seine, c'est-à-dire près du pont de Tolbiac aujourd'hui; elle lon-
geait les fossés de la Grange-aux-Merciers, puis, à partir de la grand'-
porte de la Grange, suivait une sente au travers des a vignes de dessus le
pré », en descendant la vallée de Fécan jusqu'au vieux chemin du Pont-
de-Charenton « et d'illec en montant le long du dit vieilz chemin, en tra-
versant le dit chemin le long d'une sente qui fait la séparacion des
vignes de la seigneurie de maistre Etienne Boucher à cause de sa sei-
gneurie du Pont-de-Charenton et les terres de là chambre de France, et,
de là, en tirant au chemin qui va de Saint-Denis au chemin de Saint-
Mor » (Arch. nat., L6i3, publié par Cochcris dans son édition de Lebeuf,
1864, t. III, p. 439).
Les noms de lieu que nous venons de citer demandent quelques éclair-
cissements : le rû de Bercy recevait les eaux d'une partie du bois de Vin-
cennes; il descendait la vallée de Fécan, que suivent à peu près aujour-
d'hui les rues Claude Decaen et de Wattignies, à Paris. Le ponceau est
déjà mentionné en i335, date à laquelle un certain Nicolas de Pacy, qui
fit partie de l'échevinage parisien, donna à l'hôpital Saint-Jacques-aux-
Pèlerins : a xx s. de rante avec une piesse de terre contenant iiii arpens
ou environ assize houtre le ponsiau du Bras de Bercy » [Mém. Soc. hist.
Paris, t. I, 1875, p. 194, note). La Grange-aux-Merciers, dont nous aurons
plusieurs fois l'occasion de parler, existe encore en partie à l'angle des
rues de Charenton et de Nicolaï; elle dépendait de la Grande Chambrerie
de France. Nous retrouverons également Etienne Boucher, seigneur du
Pont-de-Charenton.
2. Dans le Bois de Vincennes, le prieuré de Saint-Martin possédait
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CONFLANS. 1 1
comme nous le verrons plus loin, leur autorité fut peu à peu,
du xiv« au xvi« siècle, amoindrie et réduite presque à rien par
les empiétements soit du roi, soit de princes et de seigneurs
puissants et avides.
Ils avaient le privilège de nommer le curé ; tous les pouillés
du diocèse depuis le xiii« siècle le leur reconnaissent, et ils le
conservèrent jusqu'à la Révolution^. L'église s'élevait au centre
du village primitif, au sommet de la colline qui domine la
vallée de la Seine et la plaine de Bercy; elle fut en partie
reconstruite à la même place en 1448^, restaurée plusieurs fois
depuis et démolie en i858; son emplacement, situé à l'angle
de la rue Camille-Mouquet et de l'impasse de Conflans, dépend
actuellement du couvent du Sacré-Cœur de Conflans. Le pres-
bytère était au nord et près de l'église, qu'entourait le cime-
tière.
La paroisse de Conflans était, comme on vient de le voir,
fort étendue. Dès le début du xiii« siècle, il y avait près du
pont de Charenton, non seulement sur la paroisse de Conflans,
mais aussi sur celle de .Charenton (Saint-Maurice), de nom-
breux habitants qui se plaignaient de l'éloignement de leurs
églises respectives. Pour les satisfaire, le prieur et le chapitre
de Saint-Martin conclurent, en mars i2o3, avec le doyen et le
chapitre de Saint-Marcel de Paris, de qui dépendait l'église de
Charenton (Saint-Maurice), une convention qui n'a pas encore
été publiée et dont nous reproduisons intégralement le texte en
appendice : les fidèles furent autorisés à élever une chapelle en
l'honneur de saint Nicolas près du pont de Charenton, mais
sur la paroisse de Conflans, « parce que l'emplacement qui y
était désigné a paru le mieux disposé et le plus convenable » ;
les curés de Charenton et de Conflans devaient la desservir
anciennement un droit d'usage; Philippe-Auguste le lui racheta en 1190
moyennant six livres de rente (DeHsle, Catal. des actes de Philippe-
Auguste^ n* 294). Le rédacteur du Registre Bertrand^ cité plus haut, énu-
mérant les droits du prieur de Saint-Martin-des-Champs, écrit en 1340 :
« Item debentur nobis pro usagio Nemoris Vincenarum, in octab. S. Dyo-
nisii, Yi libr. par. que per receptorem régis solvi consueverunt » (Lebeuf,
éd. Cocheris, 1864, t. II, p. 340).
1. Recueil des Historiens de la France, Pouillé de la province de Sens,
publiés par A. Longnon, p. 353 b, 438 c.
2. Tout ce que nous savons du premier édifice, c'est que Mahaut, com-
tesse d'Artois, dont il sera question plus loin, donna, en i323, 33 livres
parisis pour rapareiller le clocher (Richard, Mahaut, p. 87).
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12 CONFLANS.
alternativement, chacun une semaine, « par eux-mêmes ou par
leurs chapelains », et se panager par moitié les dons et les
offrandes ^
Dans le Rôle de Conflans et dans quelques autres titres du
xiv« siècle, il est question d'un « moustier, clos de murs ». Il
ne s'agit pas là, semble-t-il, d'un véritable monastère où des
moines eussent résidé à demeure, mais d'une sorte de maison
de repos et de retraite, comprenant quelques cellules, un cloître
et un oratoire, qui s'élevait probablement sur le terrain formant
la panie est du jardin actuel du petit séminaire, et qu'on appe-
lait encore au xvn« siècle les Petits-Montreuils.
Les religieux de Saint-Martin, avons-nous dit, possédaient
à Conflans la justice haute, moyenne et basse; elle était exercée
par un juge ordinaire, portant le titre de maire, qui relevait,
en appel, des assises et du bailli du prieuré'. On trouvera de
1. Alors que Charenton-le-Pont ne cessa de s'accroître depuis cette
époque jusqu'à nos jours, l'ancien village de Conâans, dont les maisons
se groupaient en étage sur le flanc de la colline, autour de la vieille
église, diminua peu à peu : au xvi* siècle, il figure encore sur le plan de
Bftle (vers i553) et sur la vue cavalière qui illustre la Cosmographie uni-
verselle de Thevet, citée plus haut (i575); au début du xvu* siècle, il n'en
reste plus que quelques masures, que le chfttelain de Conflans englobe
dans ses communs; au xviir siècle, l'on ignore même qu'il y ait jamais
eu un village à Conflans. Le meilleur historien des environs de Paris,
l'abbé Lebeuf, écrit en 1755 (t. V, p. 4) : « Il faut qu'il y ait existé une
paroisse de Conflans qui s'étendoit dès son origine jusqu'au pont bftti sur
la Marne, pour que les premières maisons bâties proche de ce pont en
tirant vers Paris ayent été de cette paroisse; autrement l'augmentation de
ces maisons auroit été plutôt de Saint-Maurice, où il n'y a pas tout à fait
si loin à aller, et dont les maisons sont contiguês à cette augmentation,
et si la première église bâtie à Conflans n'eût pas étendu son territoire
jusqu'au bourg du Pont, sans doute que lorsqu'on l'a rebâtie et rendue de
capacité à contenir le grand peuple qui lui est survenu, on en eût placé
l'édifice entre les Carrières et ce bourg. Mais, selon l'ancienne règle,
quelque accroissement qu'ait pris un lieu quant au nombre de ses habi-
tans, il faut qu'il reconnoisse le même curé que ceux qui les premiers ont
habité ce lieu ont reconnu pour leur pasteur. Ainsi, il ne doit pas
paroitre étonnant qu'un lieu fermé tel qu'est le bourg de Charenton ait
son église paroissiale dans un village éloigné et non fermé de murs, parce
que ce bourg de Charenton n'avoit pas toujours été bourg et ne l'est
devenu que depuis la détermination du territoire des paroisses, et surtout
depuis que l'importance de la place pour les abords de Paris obligea d'y
construire des forteresses. »
2. Il y avait une échelle de justice devant une masure appartenant aux
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CONFLANS. l3
nombreux actes de justice à Conflans, de 1340 à i343, dans le
remarquable ouvrage de M. Tanon : Registre criminel de la
justice de Saint-Martin-des-Champs à Paris au XIV^ siècle
(1877)*. Dans ces actes figurent un certain nombre d'habitants
de Conflans cités d'autre part dans le Rôle : Jehan Guibert, dit
le Court, qui était alors maire, et d'autres le Court; Thomas
de Montigny, Colas le Normant, Marie la Casselle, Henry le
Piquart*, etc.
Le Rôle^ auquel nous avons déjà fait plusieurs emprunts,
s'étend principalement sur le détail des cens, rentes, dîmes et
redevances auxquels a droit le prieuré. Il commence par un
exposé des dîmes et redevances générales : dîme des grains, qui
produit quatre muids par an; dîme et droit de panage sur le
vin; on voit ici quelle était l'importance de la culture de la
vigne dans cette région au xiv« siècle.
Ensuite vient l'énumération des cens, rentes et redevances
particuliers, qui sont divisés par termes : à la Saint-Rémy
(i» octobre), aux octaves Saint-Denis (16 octobre), à la Saint-
Martin (11 novembre), aux octaves de Noël et à la Saint-Jean
(24 juin). Cette panie contient des renseignements précieux sur
la topographie de Conflans et sur ses habitants à cette époque ;
et l'on est de suite frappé par les qualités et les titres de certains
redevables du monastère. C'est qu'il y avait alors à Conflans,
non seulement des masures de paysans, mais encore nombre
de maisons de plaisance et de riches manoirs. Citons d'abord
des noms de bourgeois de Paris : Hugues de Dammanin,
Alexandre Desmarets, la famille Hesselin, que nous retrouve-
rons plus loin en possession d'un fief notable, celle bien connue
des Gentien, qui occupait alors la Grange-aux-Merciers, et
religieux, et qui, en x326, tenait d'une part à la masure des enfants de
feu Jehan Hesselin, bourgeois de Paris, d'autre part à la masure de Mons.
Jehan d'Orléans, chapelain de la comtesse d'Artois (Arch. Nie, Con-
flans 9).
1. P. XXXII, i6t, 191, 195, 196.
2. En i3i7, les religieux de Saint-Martin avaient acheté ao sols parisis
une maison étant dans leur censive et seigneurie, et appartenant à Henry
le Piquart et à Jehanne sa femme, laquelle maison était voisine de celle
de Girard de Conflans (Arch. Nie, Conflans 9). — On trouve un Jehan le
Picart, demeurant au Pont-de-Charenton, dans les comptes de confisca-
tion sous la domination anglaise (Sauvai, t. III, p. 304). Pour les autres,
voir le Rôle.
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14 CONFLANS.
qui donna plus tard des seigneurs au Pont-de-Charenton ;
Charles et Girard de Conâans, dont nous reparlerons aussi.
Puis des nobles : Jean de Villiers, chevalier, représentant d'une
illustre maison, qui eut, outre bien d'autres terres, celle de
Bercy; Henri, sire de Sully, grand bouteillier de France et
président des comptes; Mathieu de Trie, maréchal de France.
Enfin, un prince du sang royal-, le comte de Flandre, et le roi
de France lui-même.
Sur les rapports entre le roi et les religieux de Saint-Martin,
nous avons peu de renseignements. Le Rôle nous apprend que
le prieuré prétendait recevoir sept deniers de cens annuel pour
un arpent de terre appartenant au roi et situé aux confins de
la paroisse, et le tiers des offrandes données à certaines fêtes
dans la chapelle du séjour royal; il n'y a pas de preuve que ces
cens et redevances fussent effectivement acquittés.
En ce qui concerne le comte de Flandre, nous sommes
mieux documentés. Toujours d'après notre Rôlej le prieuré
de Saint-Martin avait les mêmes droits dans la chapelle du
comte de Flandre que dans celle du roi, et il lui réclamait
divers cens et redevances sur sa salle et sa cuisine, « joignant
de toutes parts à son manoir », ainsi que cinq quartiers de
terre en cerisaie et vigne. Le 3o avril i365, la comtesse Mar-
guerite de Flandre délivra aux religieux une lettre dont le texte
est conservé dans les archives de M. le marquis de Nicolay;
nous la publions intégralement en appendice. La comtesse y
déclare que, bien que son hôtel de Conflans soit franc et quitte
de toutes charges, elle consent, par piété et par déférence pour
le prieur de Saint-Martin, à payer une rente dont le montant
n'est pas fixé^
I. Il n'est question ici des domaines du roi et du comte de Flandre à
Conflans qu'en ce qui concerne les droits du prieuré de Saint-Martin.
Nous aborderons plus loin l'histoire particulière de ces domaines.
Sur l'hôtel du comte de Flandre, les Célestins de Paris prétendaient
également avoir des droits. Le ii février i3bg, ils avaient reçu en don
d'un secrétaire du roi « xxxv deniers sur une maison assise à Conflans,
appartenant au comte de Flandre, qu'il avait droit d'y prendre » (Arch*
nat., S. 38oi, fol. 261). La mention de cette donation est suivie d'une
observation écrite au xvi* siècle et ainsi conçue : « Nota que cette rente
est abastardie ou perdue, car on n'en trouve aucune recognoissance, bien
que pour la dite donation plusieurs recommandations du duc de Bour-
gogne de nous payer. Mais depuis sa mort on nous a rien payé. Pour ce
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GONFLAMS. l5
Pendant les premières années du xv« siècle, les religieux de
Saint-Martin continuèrent à exercer directement leurs droits à
Conflans. Mais, le 12 juillet 1447, ils les affermèrent à Girard
de Conflans, notaire du roi au Châtelet, procureur en la
Chambre des comptes, à la charge de rendre la justice et de
payer deux livres par an, outre le gros du curé*.
Girard, qui possédait à Conflans un fief relevant du seigneur
d'Yerres (voir ci-après), dut laisser tomber en désuétude les
droits de Saint-Martin afin d'accroître les siens propres, car
depuis cette époque il n'est plus question d'actes de justice faits
au nom des religieux. La déclaration du temporel de i532
afiirme cependant qu'à eux appartient la terre, censive, sei-
gneurie, haute justice, moyenne et basse au lieu, village et
terrouer de Conflans, ainsi qu'au lieu, ferme et appartenance
de la Grange-aux-Merciers*..
Ce sont ces droits que Charles II de Malon, seigneur de
Bercy, acquit, par plusieurs contrats et arrêts de 1629 et de
i638, moyennant 200 livres de rente sur le grenier à seP. Ils
comprenaient à cette époque :
lo Le titre de seigneur de Conflans.
2<> 3o sols parisis de rente sur une grange dépendant de la
maison de Conflans.
3<^ 9 sols parisis de rente sur diverses terres à Conflans au lieu
dit les Bordeaux^ et sur l'île Martinet.
40 La prééminence à l'église.
Les religieux ne gardèrent que le droit de présentation à la
cure. Cette vente se rattache aux diverses acquisitions de la
famille de Malon, acquisitions qui seront indiquées plus loin.
on ne serait que dire. Il y a d'aultres titres d'une carrière de pierre de
Conflans nous appartenant sur M. Jacques de Conflans, et Taccord faict
entre nous et lui est en la caisse, et le bail faict par nous à Thomas Les-
selin, carrier, pour douze ans, moyennant xxiiii [s.] de loyer, en date du
23 octobre 1478. Mais nous ne jouissons plus de rien. » Nous retrouvons
plus loin Jacques de Conflans, seigneur de Conflans à la fln du xv* siècle.
1. Arch. Nie, Conflans 9.
2. Arch. nat., P 2890.
3. Arch. Nie, Conflans 9.
4. Sur l'origine du nom des Bordeaux, voir Bull. Soc, Hist, Paris, 1896,
p. 90, article de M. Pérot.
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l6 CONFLANS.
IL
Les terres que le roi et le comte de Flandre possédaient
dans la censive des religieux de Saint-Martin-des-Champs à
Conflans étaient les annexes de deux domaines plus impor-
tants, qui, au xiv« siècle, ne relevaient que de la couronne :
l'un, celui du roi, se composait de i5 arpents environ, situés
entre le village de Conflans et le pont de Charenton ; l'autre,
celui du comte de Flandre, était à Conflans même et contenait
à peu près 17 arpents*.
L'histoire du premier de ces fiefs se rattache à celle du pont
de Charenton, que nous n'avons pas l'intention d'étudier ici.
Rappelons que ce pont, l'un des plus imponants passages de
la banlieue de Paris, avait été construit à l'époque gallo-
romaine par les habitants des pays voisins'. Les Normands
l'ayant ruiné en 865, Charles le Chauve fit venir des ouvriers
de provinces éloignées pour le rétablir'. Eudes, comte de
Paris, donna en 887 à l'évéque de Paris le péage du pont, qui
I. Arch. de Seine-et-Oise, A 906.
3. < On n'a point de certitude absolue que, dès le temps de César, il y ait
eu un pont à l'endroit qu'on appelle Charenton. Il y en a seulement
quelque apparence, à en juger par la facilité qu'eurent les troupes romaines
lorsqu'au retour de leur vaine tentative sur Lutèce, du côté de la rivière
de Bièvre, elles vinrent repasser la Seine à Melun, afin de se rendre proche
la même ville de Lutèce du c6té du rivage droit de la Seine. On croit que
la rivière de Marne était à cet endroit, comme ailleurs, remplie d'isles
grandes et petites qui avaient facilité la construction d'un pont de bois.
Du moins, il est constant par la vie de saint Merri qu'il existait au
vil* siècle un pont sous le nom de Pont-de-Charenton, Pons Carentonis^
et que ce pont était alors facile à rompre et à défaire : ce qui indique un
pont de bois. Il est sûr, d'un autre côté, par les Annales de SainUBertin
à l'an 865, que cet ancien pont avait été fait par les habitants du lieu »
(Lebeuf, t. V, p. 3, 3, d'après Acta SS. Bened., III, P i, p. i3; Annales Ber-
tinianif Historiens de la France, t. VII, p. 91}.
3. «... Quoniam ab incolis, qui ex antiquo ipsos pontes fecerant, propter
infestationem Nortmannorum refici non valebant, ab eis ergo, qui ex
longinquioribus partibus ad operandum deputati erant, ut perficerent fir-
mitates in Sequana, ea conditione refici jubet propter imminentem neces-
sitatem ipsos pontes. » Il s'agit à la fois du pont de Charenton et du pont
d'Auvers, sur l'Oise {Annales Bertiniani^ Historiens de la France, t. VII,
p. 91 ; dom T. du Plessis, Siège de Paris par les Normands^ 17S3, p. 1S4;
W. Vogel, Die Normannen und das Frànkische Reich, p. 3i3).
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CONFLANS. ' 17
rapportait cent sous*. Depuis cette époque, le territoire avoisi-
nant releva en partie du roi, en partie de Tévéque.
Il sera plus loin question de la seigneurie de l'évéque. Dans
Tautre partie du territoire, à l'endroit qu'on appelle encore le
séjour du roi, et où se trouve aujourd'hui la gare de Charenton
(chemin de fer P.-L.-M.), les premiers Capétiens bâtirent un
fort qui commandait les approches du pont de Charenton vers
Paris'. Ce fut ensuite un lieu de relais et de rendez-vous, à
égale distance de Paris et du château de Beauté', entre les
garennes du bois de Vincennes et les chasses de Créteil. Phi-
lippe-Auguste, par son testament (1222), lègue 2,000 livres
parisispour construire une abbaye près du pont de Charenton,
et 240 livres de rente pour y maintenir vingt religieux de l'ordre
de Saint-Victor^. Il ne parait pas que ces volontés aient été
exécuté^, mais on voit bien par là que le roi de France avait
une terre à Charenton. Une charte de saint Louis est datée de
Conflans, juillet i256*.
Les documents sur le séjour du roi deviennent particulière-
ment nombreux et intéressants à partir du xiv« siècle ; nous y
1. Cartulaire de Notre-Dame, t. I, p. 298.
2. Lebeuf, t. V, p. 2 et suiv.
3. Le chftteau de Beauté, entièrement détruit à présent, se trouvait sur
la lisière du bois de Vincennes, entre Nogent et Joinviile ; une plaque de
marbre posée à rentrée d'une propriété en indique l'emplacement (voy.
H. Bordier, Notice historique sur le château de Beauté. S. 1. n. d., in-8*,
19 p.; eztr. du Bull, de la Soc, bibliophile historique, 1837- 1 838).
4. Testament de Philippe-Auguste, Historiens de la France, t. XVII,
p. 114, E : « Item donamus et legamus abbatiœ quam jussimus aedifîcari
jttxta pontem de Charenton pro salute animœ nostrae, et poni ibidem
▼iginti sacerdotes de ordine Sancti Victoris, qui singulis diebus célèbrent
dÎYina pro salute anims nostrœ, ducentas et quadraginta libras Parisien-
stum, in praepositura nostra Parisius singulis annis percipiendas in per-
petuuxn ad terminos prœpositurarum nostrarum, et duo millia librarum
Parisiensium ad faciendum ibidem œdificia et capellam. »
5. Table des diplômes concernant VHistoire de France, t. VI, p. 293. —
Joinviile dit que ce roi < pourveut les frères dou Carme et lour acheta
une place sus Seinne devers Charenton, et fist faire une lour maison, et
leur acheta vestemens, calices et tiex choses come il appartient à faire le
servisse Nostre Signour » (éd. de Wailly, 1868, p. 259). A cette époque, il
y «vait aussi à Charenton, mais du côté de Saint-Maurice, une Maison-
Dieu ou léproserie qui subsista jusqu'au xvi* siècle (Le Grand, Maisons-
Dieu et léproseries, Mém. Soc. Hist. Paris, 1897-98; Lebeuf, t. V, p. 6 et
p. 26).
MiM. XXXV 2
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l8 CONFLANS.
reviendrons en détail. Signalons ici seulement que le séjour,
engagé, c'est-à-dire affermé, en 1481, constitua un fief distinct,
relevant directement du roi, jusqu'en 1 554, époque où il fut com-
pris dans l'engagement total du domaine royal de Conflans.
D'autre part, le roi de France possédait au xiip siècle une
garenne qui contenait quatre lieues de terre « de long et de
lé ou environ, et duroit du pont de Charenton jusquez au Pré-
Saint-Gervaiz, et de Rony jusquez au commun gibet de Paris
et aux mares d'environ Paris ^ ». De 1274 à 1276, Philippe le
Hardi acheta plusieurs terres à Conâans, à Charenton, à Saint-
Mandé pour agrandir cette garenne^; elle renfermait des ter-
rains appartenant au domaine royal et des propriétés particu-
lières grevées de servitudes. Mais les habitants des villages
voisins ne tardèrent pas à se plaindre des lapins qui « détrui-
soient toutes les semences et le grain des dictes terres et man-
geoient les bourjons des vignes en la saison »^. Pour mettre fin
à ces doléances, Philippe le Long décida en i3i6 de réduire
la garenne : il donna à sa belle-mère Mahaut, comtesse d'Ar-
tois, les terres comprises depuis le pont de Charenton jusqu'à
la tour de Bercy, et depuis la rivière de Seine jusqu'au chemin
par lequel on va de Paris à Saint-Maur, c'est-à-dire la plus
grande partie du territoire de Conflans^. Enfin, en i325,
Charles IV supprima complètement les servitudes, moyen-
nant une taxe de douze sous par arpent de vigne et de six sous
par arpent de terre à payer en deux termes*; Philippe VI con-
firma cette décision en i328*.
La comtesse Mahaut, à qui Philippe V céda en 1 3 16 une partie
de sa garenne, est la grand'mère de Marguerite, comtesse de
Flandre, dont il a été question p. 14. Elle possédait antérieu-
rement à ce don un hôtel à Conâans, sans doute dans la par-
1. Chronique parisienne anonyme^ Mém. Soc. Hist. Paris, t. XI, p. 99.
2. Poncet de la Grave, Mém. intéressants pour servir à Vhist, de France^
1788, t. I, p. 54, 75; Arch. nat., J 67 B, reproduit en partie par U. Robert,
Notice hist, sur Saint-Mandé, 1889, p. 12-34; Lebeuf, p. 5. Le roi paya
notamment 14 livres parisis pour décharger de la dîme un terrain dépen-
dant de l'église de Conflans.
3. Chronique parisienne,
4. Poncet de la Grave, t. I, p. 89; Lebeuf, t. V, p. 11; Arch. nat., JJ 53,
n« 319.
5. Arch. nat., JJ 64, n* 366.
6. Arch. nat., JJ 72, n* 464.
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CONFLANS. 19
tie qui relevait de Saiat-Martin-des-Champs, ce qui explique
les revendications des religieux. Après i3i6, elle agrandit et
embellit cet hôtel, dont on trouvera l'histoire ci-après. Cette
fraction du domaine royal, qui appartint successivement aux
comtes d'Artois et de Flandre et aux ducs de Bourgogne,
revint par déshérence à la couronne à la fin du xw^ siècle, et
fut, à partir du xvi«, donnée en engagement. On verra plus
loin dans quelles circonstances cet engagement, d'abord con-
fondu avec la propriété de la maison de Conflans, fut en 1642
acquis par Charles-Henri I«' de Malon, seigneur de Bercy, et
demeura dans sa famille jusqu'à la Révolution.
La Grange-aux-Merciers, déjà citée, se ranachait à la fois
au domaine royal et à Saint-Martin-des-Champs. Une partie
relevait des religieux, une autre de la Grande Chambrerie, juri-
diction affectée à l'office de chambrier de France et hérédi-
taire dans la maison de Bourbon ^
La Grange proprement dite, maison seigneuriale qui s'élevait
à l'endroit où la rue de Nicolay vient à présent rejoindre la rue
de Charenton (XII« arrondissement)*, était ainsi nommée,
croit-on, parce que les merciers de Paris y installaient leurs
marchandises quand la cour habitait le château de Vincennes.
Au début du xiv« siècle, la Grange appartenait à Mile X de
Noyers, maréchal de France, puis porte-oriflamme ; il la tenait
peut-être par héritage de sa grand'mère Alixant d'Étampes,
femme de Mile VIII de Noyers. L'hôtel de la Grange ayant été
pillé en iSig, les voleurs furent arrêtés et condamnés par arrêt
du 2 juin iSiQ. Mile X de Noyers réunit à cet endroit en
décembre i338 les féodaux qu'il conduisit ensuite à Péronne
auprès du roi Philippe VI de Valois ; l'hôtel pouvait alors rece-
voir trente à quarante chevaliers avec leurs équipages^.
Le Rôle de Conflans pour Saint-Martin-des-Champs nous
apprend qu'au milieu du xiv« siècle les religieux de Saint-Mar-
tin réclamaient 4 livres 14 sols de cens et rentes « aux hoirs
Nicolas Gentian pour sa masure avec ses appartenances, qu'il
1. La Grande Chambrerie fat réunie au domaine royal en iSBg et sup-
primée en tant que service distinct en 1545.
2. Cet endroit s'appelle aujourd'hui la Grande^Pinte^ en souvenir d'un
cabaret célèbre au xviii* siècle.*
3. Petit, Itinéraire des ducs de Bourgogne^ 1888, p. 279, note.
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20 CONFLANS.
appella la Grange-aux-Merciers, joignant d'une part au bras de
Bercilx et au grand chemin de Paris et, d'autre part, à la terre
du curé de ladite ville et à la terre Messire Jehan de Villiers » *,
L'abbé Lebeuf (t. V, p. 17 et suiv.) donne la liste complète
des propriétaires de la Grange depuis i385, d'après « les
Mémoires de feu M. Lancelot, qui avait vu les titres ». Ce sont,
à la fin du xiv« siècle, le chancelier Pierre de Giac, puis le duc de
Berry, oncle de Charles VI, qui l'embellit fort et y reçut maint
haut personnage, notamment le duc de Bourgogne, qui habitait
alors à Conflans; au xv« siècle, le sieur de Saye, baron d'Ivry,
et ensuite la famille de Coëtivy. Jehan Hennequin, conseiller
au Parlement, l'acheta aux héritiers de Coëtivy par deux con-
trats de 1 529 et 1 53o ; il la donna, en 1 548, à Martin Hennequin,
son frère, abbé de la Trappe et conseiller au Parlement de
Rouen ^. Elle appartenait en i55oà la famille de Grouches, en
i553 à Charles le Prévost^ intendant des finances, et en 1698 à
le Cocq, seigneur de Grisy. Enfin, le 22 juillet 1624, Thomas
le Cocq vendit la terre et seigneurie de la Grange-aux-Merciers
à Nicolas de Malon, seigneur de Bercy'.
Malon possédait déjà autour de la Grange :
i® Une maison appelée la Folie-Cornu et acquise en i555
par Nicole Malon. Lebeuf remarque que « les Cornu étaient
au xni* siècle une famille distinguée qui fournit alors plusieurs
archevêques à l'église de Sens ». On peut ajouter qu'en 1473
un certain Jehan Cornu, administrateur du prieuré de Saint-
Martin pour le compte du cardinal d'Estouteville, commen-
dataire dudit prieuré, eut des difficultés avec les religieux qui
1. Une sentence du Châtelet du 28 avril i5i5 condamna Antoine de
Luxembourg et sa femme, née de Coëtivy, à payer à Saint-Martin-des»
Champs les 4 liv. 14 sols dus sur la Grange, et on lit dans la Déclaration
du temporel des religieux de Saint-Martin, en 1 53a : c A nous appartient
la terre, censive, seigneurie, haute justice, moyenne et basse... au lieu,
ferme et appartenance de la Grange-aux-Merciers. »
2. Cette donation, ignorée de Lebeuf, a été analysée par MM. Compar-
don et Tuetey, Registre des insinuations du Châtelet de Paris, 1906,
n* 2912. Elle porte aussi sur la maison de la Rftpée et contient une stipu-
lation de substitution « au profit du plus ancien et proche parent mftle
dudit Hennequin ». La même année (1548) mourait Guillaume Henne-
quin, qui se faisait appeler seigneur de la Grange-aux-Merciers et de la
Râpée, d'après Moreri (article Hennequin).
3. Contrat reçu par Pierre Longuet, notaire à Paris.
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CONFLANS. 21
lui reprochaient ses dilapidations. C'est peut-être lui qui
éleva sur les terres de Saint-Martin cette Folie; « on entendait
par Folie^ dit Lebeuf, une maison de divertissement ». Cette
maison, d'abord unie à la Grange, fut aliénée en i5oi par
Charles de Coëtivy qui en fit don à Olivier Le Marie, puis
réunie à nouveau en i555 par N. Malon^
2<> Des terres situées du côté de Belleville achetées le 7 avril
161 5 à M««de Mercœur*.
3« Un hôtel et des terres sis à la Grange-aux-Merciers, acquis
le 16 avril 161 5 des héritiers du chancelier Philippe Hurault
de Cheverny'.
Cette seigneurie de la Grange-aux-Merciers ainsi reconstituée
fut, par lettres patentes de septembre 1625, unie à la châtel-
lenie de Charenton, dont les Malon étaient aussi titulaires.
III.
Outre la terre de Saint-Martin et le domaine royal, on trouve
à Conilans, dès le xiv« siècle, plusieurs autres seigneuries ; les
deux principales, dont Lebeuf semble ignorer l'existence,
dépendaient de la chàtellenie d'Yerres^, et leur origine est assez
obscure; voici les deux plus anciens aveux qui s'y rapportent :
i® L'un fut rendu le 16 mai i383, par Pernelle de Villiers, à
Jean de Courtenay, seigneur d'Yerres, pour un fief comprenant
Bercy, l'île des Javeaux (île Louviers, à Paris) et plusieurs
terres situées sur les limites de Conflans et de Bercy ou de la
Grange-aux-Merciers*.
20 L'autre, du 21 mai iSgo, par Jean Hesselin à Bureau, sei-
I. Lebeuf; Félibien, Preuves, t. II, p. 599 ^. —La liste des propriétaires
de la Folie-Cornu se trouve dans les archives de Nicolay, Grange-aux-
Merciers, 14.
3. Arch. nat., S 1139, 3* liasse.
3. Id. — Noua avons résumé l'histoire de la Grange-aux-Merciers, qui
sort un peu de notre sujet. Pour plus de détails, voir Lebeuf, passage cité,
et : Arch. nat., S 1129; arch. Seine, carton 277, n* i6a3 (domaine).
4. Yerres, commune dei'arrondissement de Corbeil (Seine-et-Oise).
5. Arch. de Seine-et-Oise, A 912. Les Courtenay, seigneurs d'Yerres,
étaient issus de Jean de Courtenay, cinquième fils de Pierre de France
(septième fils de Louis le Gros), qui avait épousé en ii5o Elisabeth, dame
de Courtenay. Cette branche était éteinte en 1428 (Du Bouchet, Histoire
de la maison de Courtenay, 1601).
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22 C0NFLAN8.
gneur dTerres, pour un fief sis à Conflans, contenant environ
52 arpents. Ce fief était dans la partie ouest de Conflans et joi-
gnait le précédente
Le premier de ces fiefs appartenait dès le début du xiy siècle
à la famille des seigneurs de Villiers-le-Sec. Le 27 février 1329,
Jean de Villiers, chevalier, et Mahy de Villiers, écuyer, son
frère, divisèrent entre eux les biens provenant de la succession
de leurs parents. Jean de Villiers eut dans sa part Ttle des
Javeaux et Bercy*; d'après le Rôle de Saint-Martin, il possé-
dait également vers 1340, dans la censive de Saint-Martin-des-
Champs, « un petit pré assis dessoubs Bercilx joignant le bras
dudit Bercilx d'une part et la terre dudit chevalier de l'autre ».
Après lui ces terres furent à Adam le Bègue, son petit-fils,
mort en 1372. Adam eut pour fille Pernelle de Villiers, dont il
est plus haut question. Celle-ci épousa Charles, sire de Mont-
morency, et lui apporta la terre de Bercy et ses appartenances.
On trouvera dans l'étude de M. de Boislisle sur la Topographie
historique de Bercy ^ l'histoire de ce fief qui, à partir de i52i,
fut possédé par la famille de Malon; il comprenait seigneurie,
moyenne et basse justice, relevant de la seigneurie d'Yerres
par l'intermédiaire du seigneur de Montmorency, auquel étaient
dus aveu et huit livres de rente.
Laissant de côté le fief de Bercy, bien qu'il fût situé dans la
paroisse de Conflans, nous nous attacherons à l'histoire encore
inédite du fief de Conflans proprement dit.
Jean Hesselin, dans son aveu de 1390, déclarait que ses terres
étaient grevées de i5 livres de rente au profit de Jean de Con-
flans. Un an après, le 28 juin 1391, Jean de Conflans rendit lui-
même aveu au seigneur d'Yerres pour les mêmes biens. Il est
à remarquer que Jean Hesselin et Jean de Conflans déclarent
seulement tenir ces biens en fief, sans prétendre seigneurie ni
justice^.
Le nom de Hesselin et le nom patronymique de Conflans ont
1. Arch. Nie, Conflans i et Bercy 52. La terre et seigneurie d'Yerres
avait été adjugée moyennant 3,010 Uvres à Bureau de la Rivière, le 4 juin
1389 (Arch. de Seine-et-Oise, A 966).
2. Arch. de Seine-et-Oise, A 9x2.
3. Mém, Sùc. HisU Paris, t. VIII, 1882.
4. Arch. Nie, Conflans i, Bercy 52.
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CONFLANS. 23
déjà été cités. Les Hesselin, vieille famille parisienne, avaient
dès le xiii« siècle à Saint-Mandé un fief dont les seigneurs
dTerres réclamaient Thommage^ D'après le Rôle de Saint-
Martin au xiY* siècle, les hoirs Hesselin possédaient à Conflans
une masure devant le moustier; une note postérieure nous
apprend que cette masure fut acquise par Jean de Conflans.
Le Rôle mentionne également Charles de Conflans et Girard
de Conflans, peut-être le même qui, en 1 3 17, avait une maison
à côté de celle d'Henry le Piquart. En i386, Gauthier de Con-
flans vend au chancelier de Giac une vigne sise à la Grange-
aux-Merciers, tenant à M*^® de Montmorency et au grand che-
min de Paris à Conflans et comprise dans la censive de
Saint-Martin'.
En 1405, les religieux de Saint-Martin dressent procès-verbal
de vue et montrée à Girard de Conflans, pour deux pièces de
terre situées en leur justice, ce qui indique que déjà à cette
époque leurs droits étaient méconnus'.
Le 21 juillet 1417, Jean de Conflans rend aveu à Marguerite
de la Rivière, dame dTerres*. C'est probablement ce Jean de
Conflans qui figure comme notaire, secrétaire du roi et greflier
en la Chambre des comptes dans les procès-verbaux de confis-
cation sous la domination anglaise'; il habitait à Paris en
1428, rue de Jouy, la maison à l'image Saint-Christophe, à l'em-
placement de l'hôtel d'Aumont*.
Le 12 juillet 1447, les religieux de Saint-Martin donnent en
bail, ou engagent, leurs droits de seigneurie et de justice sur
Conflans à Girard de Conflans, clerc et notaire du roi au Châ-
telet et procureur en la Chambre des comptes (p. i5j. Ce
même Girard rend aveu pour son fief patrimonial à Dreux
I. U. Robert, Notice hist. sur Saint-Mandé, p. 34; Arch. nat., J 167 b;
arch. de Seine-et-Oise, A 914 et surtout À 1374, que M. Robert ne parait
pas avoir connu. — Vers 1275, un Jean Hesselin céda au roi des terrains
sis entre Saint-Mandé et Conflans, pour l'agrandissement de la garenne
royale (U. Robert, p. 34). — Un autre Jean Hesselin mit, en iSgi, un droit
sur les chandelles vendues aux pèlerins qui venaient à Saint-Mandé
(Lebeuf, t. V, p. 37, d'après les Registres du Parlement).
3. Arch. Nie, Conflans 9.
3. Id.
4. Arch. Nie, Bercy 53.
5. Sauvai, t. III, p. 309, 566, 575.
6. Sellier, Hôtel d^Aumont, p. 37 (1903, in-8*).
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24 CONFLANS.
Budé, seigneur d'Yerres, le 12 juin 1453'. Il possédait en 1447
la maison à l'image Saint-Christophe*.
En 1476, Jacques de Conflans reconnaît devoir aux religieux
de Saint-Martin, pour une maison, huit sols, un setier et un
boisseau d'avoine, deux poules et un quart de chapon 3. Par
un contrat du 3 juin 1478, où il s'intitule seigneur de Conflans
et du Plessis-le-Vicomte-en-Multien\ il s'engage à payer à
maître François Perdrier 40 écus d'or couronne et lui donne
en garantie sa terre et seigneurie de Conflans, consistant en un
grand corps d'hôtel sis à Conflans, lequel a plusieurs corps de
maison, cours, jardins, étables, écuries, soit sept à huit arpents
en plusieurs pièces, quinze arpents de prés et un clos de sept
arpents clos de murs'. Le 12 juillet et le 5 août 1483, il rend
aveu à Jean Budé et mentionne, en plus des terres énumérées
ci-dessus, six arpents de friche sur les carrières, deux bouches
et plusieurs ateliers de carrières •.
27 mai i5o4. — Aveu de Jean de Conflans, fils de Jacques, à
Dreux Budé, seigneur d'Yerres^.
6 juillet i5o6. — Aveu d'Isabelle de Conflans, sœur et héri-
tière de Jean. Moyennant cet aveu, Budé met en liberté « quatre
hommes, à présent prisonniers ou chastel dudit Yerres, et un
cheval prisonnier es prisons de Saint Mandé, lesquels ont été
pris... pour ce que, oultre et par dessus la main mise dudit
seigneur d'Yerres..., ils furent et ont estez trouvez seyant, fau-
chant et enlevant les fruits et gaignaiges estant en icelles
(terres) »®. Isabelle de Conflans épouse Guillaume de Hacques,
avocat au Parlement, bailli de l'artillerie du roi. De Hacques,
par un aveu du 27 mai i5i6, aflirme expressément et pour la
première fois avoir à Conflans la seigneurie et la justice
moyenne et basse, la haute justice étant au seigneur d'Yerres*.
I. Arch. Nie, Bercy 62.
3. Sellier, loc, cit.
3. Arch. Nie, Conflans Sg.
4. Plessis-Vicomte, dans la Brie champenoise, diocèse et élection de
Meaux, intendance de Paris; on y compte cinquante-deux feux {Dict.
géogr. des Gaules^ abbé Expilly, 1768). — Aujourd'hui Plessis-Belleville
(Oise), d'après Longnon, Pouillé de la province de Sens.
5. Arch. Nie, Conflans x.
6. Arch. Nie, Bercy 52.
7. Arch. Nie, Bercy 52 ; arch. de Seine-et-Oise, A 906 et ioi3.
8. Arch. de Seine-et-Oise, A 906.
9. Arch. Nie, Conflans 6; arch. de Seine-et-Oise, A 906.
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CONFLANS. 25
Par un testament du 17 septembre iSSy, Isabelle de Conflans
demande à être enterrée dans la chapelle Notre-Dame en
Péglise de Conflans, au lieu où est défunt son mari ; elle lègue
à Téglise 5 sols de rente à condition qu'on célèbre un service
annuel. Elle meurt avant le 27 juin i538, puisque à cette date
ses héritiers concluent un accord avec les marguilliers pour
reiécution des 'clauses de son testament^.
Le fief de Conflans appartient alors à Pierre et à Louis de
Hacques, fils de Guillaume et d'Isabelle. Ils vendent à Nicole
Malon, seigneur de Bercy, par divers contrats de 1645, 1547
et iS52, 14 arpents de prés, 14 arpents de terre, un clos de
vigne et une oseraie, avec tous droits seigneuriaux. Ces terres
doivent encore une rente aux héritiers Hesselin. Nicole Malon
rend directement aveu à Yerres pour ces biens (i3 décembre
1545, 26 avril 1546, etc.)^.
Lors d'une information faite en i553, avant de procéder à
l'engagement du domaine royal, les commis^ires reconnurent
que les de Hacques avaient le titre de seigneurs de Conflans et
possédaient la justice moyenne et basse.
En i563, Martin de Hacques et ses trois sœurs, enfants de
Pierre de Hacques, mort en iSSg, ont le fief de Conflans (aveu
du 2 septembre). Le bailli d'Yerres, exerçant la haute justice,
nent ses assises dans leur maison, dite maison seigneuriale.
Manin de Hacques est avocat au bailliage de Vermandois et au
siège présidial de Laon. Il vend le fief de Conflans à Claude
de Malon le 8 août 1567'. Depuis cette époque, la famille de
Hacques se fixe en Vermandois, où l'on trouve un Martin de
I. Arch. Nie, Confians 11.
3. Arch. Nie, Bercy 53. Le la juin 1545, Claire de Hagues (51c), veuve
de Charles Genaille, en son vivant médecin à Saint-Quentin, domiciliée à
Paris, rue au Feurre, et son frère Louis de Hagues, écuyer, seigneur de
Plessis-le* Vicomte, dit Belleville, vendent à Etienne Lemaistre et Jean
Chevalier, laboureurs, au Bois de Vincennes, les deux cinquièmes par
indivis à eux échus dans la succession de leur mère Ysabeau de Con-
flans, d'une pièce de terre contenant 7 arpents et joignant une autre pièce
de 7 arpents appartenant aux acheteurs, le tout sis au terroir de Saint-
Mandé, lieu dit la Vallée de Fescan, et tenant : d'une part, au seigneur de
ReuiUy, d'autre part aux vignes qui sont en la censive du seigneur de la
Rivière, aboutissant d'un bout par bas au grand chemin de Saint-Maur,
et d'autre bout par haut aux fourches de la justice de Conflans (Coyecque,
Recueil d*actes notariés, Paris, 1906, t. I, n» 35i4).
3. Arch. Nie, Bercy 53.
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26 CONFLANS.
Hacques notaire et procureurvers 1660, un Simon de Hacques
conseiller du roi au bailliage de Chauny en 1724^ Quant aux
Malon, ils reparaissent souvent dans l'histoire de Conâans et
nous les retrouverons plus loin.
A la paroisse de Conflans se rattache encore le fief du Pont*
de-Charenton, — mais non la seigneurie de Charenton-Saint-
Maurice. Ceci demande quelques explications.
Charenton est à l'origine le nom d'un pont sur la Marne, de
même que Vincennes est le nom d'un bois. Le bourg du Pont-
de-Charenton, jusqu'au milieu du xviii® siècle, comprend seu-
lement les quelques maisons enfermées dans les murs qui pro-
tégeaient l'accès du pont vers Paris. La ville de Charentotty
c'est Saint-Maurice^. Cependant la dénomination de Charenton
s'étend, dans certains documents du xiii« et du xiv« siècle, à la
région située sur la rive gauche de la Marne. Ainsi le manoir que
possédait en 1266 à Charenton Pierre d'Aigueblanche, évéque
de Hereford, se trouvait sans doute à l'endroit qui s'est appelé
successivement Hereford, Herford, Alfort'; d'ailleurs l'un des
écarts d'Alfort se nomme encore Charentonneau.
Depuis qu'Eudes, comte de Paris, avait donné à l'évéque de
Paris le péage du pont, qui rapportait cent sous (887)*, le terri-
toire avoisinant relevait en panie du roi, en panie de l'évéque.
On a vu ce qu'était le domaine ou séjour du roi; voici en
quelques lignes ce que devint la seigneurie de l'évéque.
A la fin du xii« siècle ou au début du xni«, l'évéque de Paris
donna en fief la terre de Charenton aux Leloup, seigneurs de
la Tour de Senlis (titres de 1206, 1227, 1234)*. Ce fief appartint
ensuite à la famille Pasté (titres de 1217, 1242, 1268)*, puis à la
famille Blancbet (aveu de i3i3, ignoré de Lebeuf, actes de
I. Archiyes du département de r Aisne, B i363, iSSg, 1391, 1463.
d. Le registre Noster, cité par Fëlibien, t. V, p. 6ai, mentionne en i3i3,
parmi les villages de la vicomte de Paris : Conflans-la-Carrière, le Pont-
de-Charenton et la ville de Charenton.
3. Communication de M. Delisle à la Soc. de l'Hist. de Paris, Bulletin,
i8$x, p. ^5; Chenal, Hist de Maisons^Alfort, 1898.
4. Cartulaire Notre-Dame^ t. I, p. 298.
5. Ibid., t. I, p. 7, 19; Lebeuf, t. V, p. 8, g; Alliot, Hùt. d*Yerres, 1899,
p. 46.
6. Lebetif, t. V, p. 8, 9; t. XII, p. 4.
7. Arch. Nie, Charenton 4.
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CORPLAK8. 27
i36j et années suivantes) ^ Le prévôt de Paris exerce la justice
à Charemon en i3i8', et en 1874 Cbarenton est considéré
comme relevant entièrement du domaine royal'.
Louis Blanchet, seigneur de Charemon à la fin du xiv« siècle,
était clerc et secrétaire du roi ; il avait épousé Guillemette Bail-
let, qui mourut en 1397. Il soutint, de 1400 à 1406, un procès
retentissant contre Jeanne Gentien ou La Gentienne, héritière
de Guillemette Baillet et veuve d'un membre de la puissante
famille des Gentien. Jean Jouvenel, alors propriétaire à Cha<^
renton, et depuis prévôt des marchands, fut témoin à ce procès,
qui se termina par la ruine de Blancbet, condamné à la prison
pour faux, escroquerie et captation d'héritage. La Gentlenne
fut mise en possession de ses biens et exerça la seigneurie à
Charemon depuis cette époque jusqu'à la domination anglaise^
Nous verrons plus loin les événements qui se déroulèrent à
Charemon pendant cette période.
L'histoire du fief du Pont- de -Cbarenton au cours du
xv^ siècle est assez obscure; en 1441, le roi rétablit le péage du
pont*; l'évêque le revendique en i486*. Au compte de la pré-
vôté de Paris figure, en 1492, Pierre Brunel, écuyer, seigneur
de Grigny, comme fermier du péage ^. En 1490, Etienne Bou-
cher est seigneur de Cbarenton^; il cède ses droits à Pierre de
Cerisay le 26 juin 1499*. ^^ famille Olivier, qui avait hérité
des biens et des titres des Cerisay, vend la seigneurie de Cha-
remon, relevant alors directement du roi, à Charles II de
Malon le 3 juillet i6o5**.
Les Malon de Bercy y joignirent plusieurs seigneuries avoi-
sinantes et obtinrent en 1619 ^^ création de la chàtellenie du
Pom-de-Charenton, qu'ils possédèrent jusqu'à la Révolution.
1. Arch. Nie, Bercy 52; Lebenf, t. V, p. 14.
2. Arch. nat., Olim IV, fol. 362 r.
3. Lcbcuf, t. V, p. 9.
4. Mém. Soc, Hist. PariSy t. XVII (iSgo), p. 319; Bsitïffol, Jean Jùupenel,
1894, p. 143; Sauvai, t. III, p. 324, 567, 584, 655; Lebeuf, t. V, p. 14.
5. Journal d'un bourgeois de Paris (1405- 1449}, publié par Tuetey, 1881,
p. 359 (Documente de la Soc. Hist. Paris).
6. Lebeuf, t. V, p. 8.
7. Sauvai, t. III, p. 5o2.
8. Arch. Nie, Conflans 9.
9. Arch. Nie, Charenton 4.
10. Lebeuf, t. V, p. 14, i5.
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28 CONFLANS.
Pour achever l'histoire de la terre de Conâans, il reste à
mentionner quelques censives isolées.
Au xni« siècle, les Le Loup, seigneurs de la Tour-de-Senlis,
et seigneurs du Pont-de-Charenton par rengagement de Tévéque
de Paris, revendiquaient le port de Conflans comme étant sous
leur dépendance; ils avaient constitué sur ce port une rente à
l'abbaye d'Yerres (actes de 1210, 1227 et I234)^ Gazon de Mau-
buisson, qui avait à la même époque deux sous de cens sur des
terres labourables sises à Conflans, près le pont de Charenton,
dans la seigneurie de Tévéque, vendit cette rente à ce dernier
en 1247'. L'évéque, semble-t-il, ne continua pas à faire valoir
ses droits.
D'autres privilèges fort anciens étaient ceux de l'abbaye de
Saint-Magloire à Paris. Vers l'an io33, Henri !«' déclare que ce
monastère possède un moulin et une pêcherie près de l'église
de Charenton (Saint-Maurice), et trois gords, dont l'un au con-
fluent de la Marne et de la Seine'. Il est fait mention de ces
biens dans une charte de Louis VI (ii3i)^. Ils appartiennent
ensuite au prieuré de Saint-Mandé, dépendance de Saint-
Magloire. A la fin du xiii« siècle, Saint-Mandé perçoit à Con-
flans « la dîme des trois quartiers de la vigne dite la Heceline,
la dîme des trois quartiers de la vigne du chevalier de Bercieus
et la dîme de la vigne du tapissier » ^
Enfin, les religieux de la Saussaye avaient des biens au lieu
dit les Carrières, par suite d'un don du roi Philippe V (i3i6)*,
et l'hôpital de Saint -Esprit -en -Grève possédait encore au
xviii« siècle des terres à Conflans et à Charenton provenant de
l'héritage de Jean Creté, maître des comptes sous Charles VI
(testament du 21 février 1407)^.
1. Lebeuf, t. V, p. 9.
2. Cartulaire de Notre^DamCy t. III, p. 21a.
3. De Lasteyrie, Cartulaire général, p. 116.
4. De Lasteyrie, Cartulaire général, p. 239.
5. Ârch., nat., LL 168, fol. 19 v*, d'après U. Robert, Notice sur Sainte
Mandé, léSg.
6. Ordonnances des rois de France, t. XV, p. 295.
7. Brièle, ColL des Doc, inédits : Mélanges historiques^ 1880, t. III,
p. 439.
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GONFLANS. 29
CHAPITRE IL
LES SÉJOURS (xiV* BT XV sièclbs).
I. — L'hôtel d'Artois : La comtesse Mahaut, son hôtel à Con-
fions au commencement du XIV^ siècle, — Travaux de cons-
truction^ de peinture. — Séjours de Mahaut à Conflans.
II. — Lhôtel de Flandre. — Les comtes de Flandre (i33o-
i384), — Les ducs de Bourgogne : Philippe le Hardi (i 384-
1404)^ Jean sans Peur (i4o4'i4ig)j Philippe le Bon (141g'
1467).
III. — Le séjour du roi : Le séjour au début du XIV^ siècle.
— Le siège de Paris par le régent^ depuis Charles V(i358).
— Le séjour sous Charles F/, l'écurie royale. — Les guerres
civiles(i382'i4i8). — Ladominationanglaise(i4ig-i436).
IV. — La ligue du Bien Public et le traité de Conflans : Charles
le Téméraire campe à Conflans (1465). — Combats autour
de Conflans. — Négociations et traité. — La croix de la
Planchette. — Revues passées à Conflans (1467-1474).
I.
Dans le chapitre qui précède, il a été plusieurs fois question
d^un important hôtel ou séjour situé à Conflans et que possé-
dèrent successivement au xiv« siècle les comtes d'Artois, les
comtes de Flandre et les ducs de Bourgogne. Nous allons à
présent retracer Tbistoire particulière de ce manoir, qu'on
trouve mentionné pour la première fois au temps de la com-
tesse Mahaut d'Artois.
Cette princesse de sang royal était fille de Robert, comte
d'Artois, lui-même neveu de saint Louis. Elle avait épousé
Othon IV, comte palatin de Bourgogne. Son père et son mari
moururent tous deux sur le champ de bataille à un an d'inter-
valle, le premier à Courtray (i3o2), le second à Cassel (i3o3).
Restée veuve avec trois enfants, Mahaut se vit disputer le
comté d'Artois par son neveu Robert; l'on se souvient de ce
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30 CONF{.iNS.
procès célèbre, cause indirecte de la guerre de Cent ans, car
Robert, convaincu de faux, s'enfuit auprès du roi d'Angleterre,
et, pour se venger, lui persuada de déclarer la guerre au roi de
France.
Le fils unique de Mahaut, Robert, comte de Bourgogne, mou-
rut en i3i7, âgé seulement de dix-huit ans. Ses deux filles.
Blanche et Jeanne, épousèrent les fils de Philippe le Bel,
Charles et Philippe, qui tous deux régnèrent sur la France.
Mais Blanche, reconnue coupable d'adultère, fut déchue de ses
droits et enfermée jusqu'à sa mort dans le monastère de Mau-
buisson; Jeanne, au contraire, devint reine en i3i6 et posséda
après sa mère le manoir de Conflans.
Bien qu'elle n'ait pas pris une part considérable à la poli-
tique de son temps, la comtesse Mahaut, nièce, cousine et
belle-mère de rois, presque souveraine elle-même dans ses
apanages, occupa noblement son rang et laissa le souvenir
d'une princesse généreuse et aimant les arts. M. Richard, dans
son livre : Mahaut^ comtesse d'Artois et de Bourgogne* y a
réuni sur sa vie privée et sur l'organisation de sa maison de
nombreux documents, la plupart extraits des comptes d'Artois
(Archives du Pas-de-Calais). Ces documents renferment des
détails précieux sur l'hôtel ou séjour de Conflans'. Mahaut y
fit exécuter, principalement entre les années 1 3 14 et i320, d'im-
portants travaux. On n'en a malheureusement pas conservé les
devis; il ne reste que des quittances, pleines de détails curieux,
mais que ne relie aucun plan d'ensemble. M. Richard les a
publiées dans l'ordre chronologique; nous voudrions, au con-
traire, les présenter de façon à reconstituer la topographie pro-
bable de Conflans à cette époque.
L'hôtel de la comtesse d'Artois comprenait :
1^ Une partie située dans la censive de Saint-Martin, et
paraissant antérieure à Mahaut, qui peut-être l'avait reçue en
héritage du comte Robert son père. Le premier texte qui s'y
rapporte est une quittance délivrée le i^ mai i3o3 par Jeanne,
concierge, « pour mises faites en l'hostel madame à Conflans
1. Paris, 1887, in-S*. — Sauf indication contraire, toutes les références
de ce paragraphe se rapportent à cet ouvrage.
2. Et sur rh6tel d'Artois à Paris, appelé depuis hôtel de Bourgogne,
dont il subsiste la tour dite de Jean-Sans-Peur, rue Etienne-Marcel.
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CONFLAN8. 3l
en labourer les terres et les vignes ». Dans les comptes des
années suivantes, à côté de constructions nouvelles, il est
question de réparations aux t vieilles maisons de l'hostel »'.
2° Une partie élevée par Mahaut sur les terres de l'ancienne
garenne que lui donna en i3i6 son gendre le roi Philippe V
(voir p. i8).
Les travaux commencent en mars i3i4 par la construction
d'une salle, pour laquelle Évrart d'Orléans, qui était à la fois
peintre et entrepreneur de bâtiments', passe avec la comtesse
un marché au prix de 1,200 livres petits tournois; il reçoit des
acomptes les 18 juin i3i4, 1*^ février, 28 mai, 26 octobre i3i5 ;
il paie à son tour Thomas et Jean de Créteil, maçons. Chariot,
le carrier, et Joudoin d'Orléans, charpentier, son neveu. Le
24 décembre, fiertaut le maçon reçoit 60 livres parisis t pour
le pavement de la salle madame à Conflans pavé de lyons ». En
i3i6, il fait des cheminées et pave le porchet devant la salle. La
même année. Renier le maçon élève « les créteaux d'entour
la salle, devers le bos de Vincennes » '. Thomas le maçon fait
les cloisons de deux chambrières devant la salle^. Pierre de la
Rue lambrisse la salle' et Jean de Seez y place des verrières*.
En i32o, Henri de Bauchain reçoit 44 livres parisis « pour
toutes les fourmes de pierre » qu'il a faites au pignon de la
salle, et Michelet le maçon scelle de plâtre le verre du pignon.
Jean du Hamel fournit des tuiles pour couvrir « le pignon de
la salle qui fut fet à verreries » et trois porches devant la salle,
qui sont pavés par Jean-aux-Chiens. Thomas de Créteil reçoit
12 livres parisis <c par marché fait, pour abattre la cheminée de
la salle de Conflans au lez devers le bos, et pour refaire le
mantel et le tuau de pierre taillée jusques au reiz de la couver-
ture et la flesche de la dite cheminée »^. Enfin, en i32i, Pierre
de Bruxelles peint le pignon de la salle ^.
I. Richard, p. 291.
3. P. 3S4. — Au livre de la taille de 1393, Évrart d'Orléans, imagier,
demeurant à Paris en la Grand-Rue, paroisse Saint-Eustache, est taxé
quatre sous. — Voir une note de M. de Montaiglon dans les Archives de
VArt français (i858.i86o), p. 61.
3. P. 391, 392. — 4. P. 393. — 5. P. 392. — 6. P. 395. — 7. P. 395, 396.
8. P. 358. — Il est à remarquer que cette salle, entreprise avant i3i6,
se trouvait sur la terre de Saint-Martin ; en effet, les religieux en réclamaient
le cens (voir p. 14).
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32 CONFLANS.
Après la construction de la grande salle, Mahaut entreprit
celle d'une tour carrée, surmontée de créneaux, flanquée d'une
tour ronde plus petite et de tourelles. Germain le maçon
reçut en 1817 588 livres 17 sols pour cet ouvrage; Guillaume
Bellebarbe fit le pavé de la tour pour 40 livres tournois, et Phi-
lippe de Jouy les lambris moyennant 17 livres parisis. Philippe
de Jouy eut encore 10 livres parisis « pour cinc porchez de
fust, dont li III furent mis en la basse chambre de la tour de
Conflans et les autres 11 en la chambre dessus, pour un escran
coulant mis devant la chapelle de la dite tour, et 11 huis encha-
seillies mis en la dite chambre dessus, pour lambrussier la
garde-robe de la dite tour par haut et la garde-robe de la tour
roonde delès la grosse tour costé les galeries devers le pont de
Charenton, par marchié fait », plus 3o sols pour fournir le
merrain et faire « les membres des hostevens et huis de la tour
de Conflans ». Pierre de Pons livre au prix de 14 livres 3 sols
parisis la quantité de 409 livres d'étain « pour estamer et souder
le pion dessus la tour »*. Jean de Seez fournit « xxvii paniaus
de voirre ouvrés et une chapelle d'ymageries à tabernacles qui
montoient vu" pies mis es fenestres de la tour de Thostel madite
dame a Conflans, iiii sols six d. le pié, 3i liv. 10 s. par. » (i3i8).
En i3i9, André le Flamand exécute des travaux de serrurerie
et fait « huit grans chandeliers de fer qui furent mis es chambres
d'en bas et de haut de la grant tour » ^.
La salle et la tour communiquaient avec, un corps de bâti-
ment plus ancien où se trouvaient les chambres. Les comptes
mentionnent :
lo La chambre de la comtesse; Girard le paveur la pave de
carreaux, et Bertaut le maçon y fait une cheminée en i3i6'.
Philippe de Jouy met un châssis de bois « en la fenestre par
où on entre de la chambre madame ou prael costé la tour »
(i3i8) et construit un porche entre cette chambre et la tour
(i32o)^. Guillaume Bellebarbe pave de carreaux plombés le
« clotet par où on entre de la chambre madame en la tour »
(i32o)'. En i323, Nicolas Malet reçoit i3 liv. 10 s. « pour la
chambre madame de Conflans lambrisser de bois d'IUande » *.
2® a Deux grans viex chambres, la chambre basse delez les-
I. P. 293, 294. — 2. P. 3o3. — 3. P. 292. — 4. P. 294, 296. — 5. P. 296. —
6. P. 297.
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CONFLANS. 33
dites chambres, la chambre costé à viex chapelle et la chambre
sus les piliers en la court. » Guillot de Proyans les peint en
i32opour 6 livres parisis^ Ces chambres, dites chambres sur
la cour, avaient été recouvenes en i3i8, ainsi que les chambres
c sus la porte », par Jean de Créteil qui y avait employé six
milliers de tuiles amenées par eau. Elles étaient desservies par
un escalier de bois donnant sur la cour et construit moyennant
loliv. par Baudet de Morant, charpentier (iSig)^. « Le porche
à rentrée de la chambre de la cour et de la chambre basse » et
t la grant viex chambre » sont recouverts de tuiles en i320*.
3» La chambre sur la cave, dont la clôture est construite en
i3i6 par Thomas de Créteil, qui y place une cheminée; elle
est pavée par Renier (i3i6) et couverte de tuiles par G. Belle-
barbe^.
40 La garde-robe et les « chambres aisées » (cabinets d'ai-
sances) ; parmi celles-ci Ton distingue les vieilles, les neuves
et celles qui sont « devers le pont de Charenton » (maçonnerie,
charpente et peinture en i3i6, i3i7, i3i8)'.
50 c Les loges devers le pont de Charenton », dites aussi
< loges devant la chapelle » ; Thomas de Créteil y fait 1 5 toises
de plancher et une cloison de plâtre ; Renier y place des sièges
(i3i6j; G. Bellebarbe les pave de carreaux plombés (i3ig)^,
La chapelle existait avant Mahaut; on n'y exécute que des
réparations. Aubert et Jean de Créteil y font une porte (i3i5),
Girart pave les galeries qui sont devant, Thomas de Créteil
maçonne des « parpains de pierre tailliée souz les alées » (i3i6j.
Ce dernier reçoit encore 32 livres parisis pour maçonner un
oratoire « lez la chapelle » (i3i8) et pour la façon d'un autel et
« remuer un huis » (i32o). Henri de Blanchel touche 7 liv.
10 s. « pour la façon d'un pignon de pierre taillée en la cha-
pelle, ouquel la cloche pend ». Cette cloche est vendue par
Jean de Dinant 4 livres parisis (i32o)^. Un compte de la Tous-
saint i3i9 mentionne des fournitures de verrières : « A Jehan
de Ses, voirrier de Paris, pour iiii petits paniaus de voirre
vigneté, tenanz v pies et demie, 11 s. vi d. le pié, mis es chas-
seisdes deux dotes costé la chapele... et un paniaus de voirre
1. P. 356. — 2. P. 294. — 3. P. 296. — 4. P. 292, 293, 294. — 5. P. 292,
193, 355. — 6. P. 292, 293, 295. — 7. P. 292, 293, 295, 296.
MÉM. XXXV 3
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34 CONFLANS.
blanc mis en chasseis de la chambre costé le viex chapelle
tenanz xxx piez, ii sols le pié. Pour v pies de voirre d'ymagerie
mis en la fourme du grant clotel costé la chapele, iiii s. vi d J. v
Evrard d'Orléans peint la chapelle en i3i7 et reçoit 60 livres
pour cet ouvrage; en iSig, il travaille à la galerie devant la
chapelle '. Mahaut achète pour la chapelle de Conflans des
« vestemens de prestre » et des draps d'autel (i 317), un calice
fait par Robert Lescrivain et payé 4 liv. 4 s. (i 3 17), des « formes
pour seoir» (i32i),un «letry » (i 323), deux aunes de toile peinte
pour courtines (i328)*.
Les communs comprennent la cuisine, maçonnée et pavée
en i3i5, le garde-manger, la « sausserie », la cave et les étables.
En i32o, on fait dans la cuisine un « drecheur » et deuxfours^.
En i32o et i32i, Henri de Blanchel maçonne, Aubry couvre
d'ardoises, Philippe de Jouy lambrisse, Pierre de Bruxelles
peint un pavillon « sus la mote », sans doute sur le « preau de
motes devers le bos de Vincennes » que Guillaume Sauwalle a
ouvré et fait en i3i7^
Le jardin est régulièrement entretenu et fournit à la table de
la comtesse des légumes et des fruits; en i32o, on maçonne le
vivier et on répare les « conduits à eaue » ; Baudet de Morant,
charpentier, place « une bonde de fust » au vivier où sont
nourris des brochets •.
Les divers corps de logis sont reliés par des galeries et
entourés de murs surmontés de tourelles. Le 24 janvier i3i7,
Robert, le peintre, reçoit 60 sous parisis de M« Etienne, clerc
de l'hôtel, pour avoir peint les allées de devant la conciergerie,
le porche de la grande porte et le petit pignon''. En i32o, Tho-
mas de Créteil fait a deux assises de quarreaus au lonc des
petites galeries mouvant de la chambre sus les piliers devers la
court jusques aus petites galeries devers la cave ». Guiart, le
maçon, pave et clôt les petites galeries qui entourent la cour;
I. P. 3o3. — 2. P. 354.
3. P. 106, 293, 321. — Mahant fait également reconstruire le clocher de
l'église de ConBans en i323 (p. 87).
4. P. 292, 293, 296. •— 5. P. 292, 296, 358. — 6. P. 293, 294, 296.
7. Table chronologique des chartes concernant l'histoire de Belgique^
1892, t. VIII, p. 645. — Cet ouvrage contient en outre plusieurs des comptes
relevés par M. Richard.
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CONFLANS. 35
Philippe de Jouy, charpentier, met en œuvre trois milliers de
lattes données par le roi à Mahaut « pour couvrir les petites
galeries devers l'hostel ou concierge »^ Henriet Haquin,
peintre, déclare, le 25 mars i32o, avoir reçu 6 livres parisis
t pour toutes les peintures du ciel des grans galeries, des tirans
et des lymandes de icelles galeries faites à destrempe » ^. En
i32o, Pierre de Bruxelles exécute dans les galeries de Conflans
une suite de peintures dont nous parlerons plus loin.
Voici enfin les comptes relatifs aux murs : Aubert et Jean de
Créteil construisent, en i3i5, 43 toises de murs à créneaux, du
coin de la chapelle jusqu'au dernier pilier des galeries du bout
de la salle. En i3i6, Jehan, le plombier, plombe « les vi tor-
neles desus les murs » ; Renier, le maçon, les pave et fait le
mur qui est entre la cave et les créneaux d'entour la salle; en
i32o, Jean Folie de Montreuil fournit 36 muids de plâtre pour
la façon du pont et des murs^.
En résumé, l'hôtel de la comtesse d'Artois à Conflans était
un manoir protégé de murs et de fossés; il se composait d'un
corps de logis central comprenant les chambres, flanqué (pro-
bablement au sud) d'une tour dominant la Seine; du côté du
pont de Charenton, c'est-à-dire à l'est, était la chapelle; à l'op-
posé de la chapelle, par conséquent à l'ouest, du côté de Paris,
la granHe salle; vers le bois de Vincennes, au nord, la cour
entourée de galeries et les communs. Bien qu'on n'ait aucun
plan, aucune indication précise, on peut dire, d'après les docu-
ments postérieurs et d'après la disposition des lieux, que cet
hôtel s'élevait où est aujourd'hui le château de Conflans, et que
les communs occupaient l'emplacement du couvent actuel du
Sacré-Cœur.
Il nous reste à dire quelques mots du plus intéressant docu-
ment sur Conflans que contiennent les archives d'Artois : c'est
un marché conclu, le 20 juin i320, entre la comtesse Mahaut et
le peintre Pierre de Bruxelles, pour une série de travaux à exé-
cuter dans les galeries, moyennant 48 livres parisis. Ce traité a
déjà été publié dans les Mémoires de la Société des Antiquaires
de France^ t. XXXVI, et dans l'ouvrage de M. Richard; nous
ne le reproduirons pas à nouveau. Tout y est fixé en détail :
les sujets des peintures, qui étaient les exploits et expéditions
I. Richard, p. 295, 296. — 2. P. 356. — 3. P. 292, 296.
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36 CONFLANS.
lointaines du comte d'Artois, père de Mahaut ; les légendes qui
devaient les expliquer, et les couleurs à employer. Pierre de
Bruxelles avait achevé son œuvre avant le 26 juillet i32o, date
à laquelle il donna quittance du paiement.
En 1 321, il reçut 18 sols « pour rappareiller les peintures de
Conflans quand li roy s'en partit » ; le roi et la reine avaient
dîné chez Mahaut le 29 juin^ En i328, il revernit « les guer-
reries de Conflans ». « Pour couleurs etestain pour ramender
plusieurs paintures, xxxii sols »*. Il reçoit encore, le 17 no-
vembre i32g, 24 livres parisis pour ouvrages faits à Conflans'.
Ces comptes de travaux sont des documents d'un intérêt excep-
tionnel pour l'histoire de la peinture dans notre pays; ils
prouvent l'existence d'une école parisienne au début du
xiv« siècle. Malheureusement, les œuvres de cette école, exé-
cutées sur pierre, ont disparu ; mais elle forma, grâce au goût
et à la munificence de Mahaut, une génération de peintres arté-
siens dont plusieurs tableaux, qui datent de la deuxième moi-
tié du même siècle, sont parvenus jusqu'à nous'.
Conflans était une des résidences préférées de Mahaut; l'énu-
mération des travaux qu'elle y exécuta suflit à le prouver ; ses
comptes d'hôtel nous renseignent, de plus, sur les séjours qu'elle
y fit, séjours plus nombreux que longs, car elle voyageait beau-
coup, partageant son temps entre l'Ile-de-France, l'Artois et la
Bourgogne. Voici les principaux événements qui marquèrent
sa présence à Conflans :
Le 7 juin i3o8, Robert, fils de Mahaut, dîne à Conflans avec
maître Jean Pierart, chirurgien du roi. Le 10, il a pour hôte le
sire de Sully (qui, nous l'avons vu, avait un hôtel à Conflans)*;
trois jours plus tard, il reçoit sa sœur Blanche, Charles de
Valois, la demoiselle de Valois, Jean de Clermont, les enfants
1. P. 357, 358, 359.
2. Archives du Pas-de-Calais, A 1004.
3. Table chronologique des chartes concernant Vhtstoire de Belgique^
1896, t. IX, p. 347.
4. Demay, Note sur quelques artistes artésiens, Nouvelles Archives de
l'Art français, 1878, p. 223; Dehaisne, Documents concernant Vhistoire
de Varty 1886 ; Catalogue de VExposition des Primitifs français, 1904,
p. XIX, 10.
5. Suivant un usage de la chevalerie, Mah&ut distribua aux gens de sa
maison des selles aux armes du sire de Sully à Pâques i32i, et aux armes
de Mathieu de Trie à Pâques i322. Tous deux habitaient Conflans (p. 128).
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CONFLANS. 37
de Melun, le sire de Sully et Geoffroy Coquatrix. Le jeudi
saint, 27 mars i3o9, trente-trois personnes mangent à Thôtel,
y compris les pauvres du mandé ; on sert des harengs, du pois-
son apprêté à l'huile, du riz, des amandes, figues et raisiné
Le jour de Noël i3i5, maître Renier de Brabant « aide à
chanter » à la chapelle; la comtesse achète vingt « dras
buriaus » pour donner en aumône aux pauvres; vers le même
temps, elle fait des dons aux ouvriers qui travaillent à l'hôtel,
et à « six povres pèlerins de Normandie » qui traversent Con-
flans en revenant de Saint-Jacques en Galice*. Le 5 juin iSig,
elle distribue quatre livres « à plusieurs trompeurs, naquareurs,
corneurs et autres menesterez qui jouèrent aux noces Thierriet
de Montagu et aux Denise sa suer quant ils espouserent à Con-
flans en Thostel madame d^. En avril i320, mariage de Roberte
de Moreuil et de Robert de Saint- Venant, également en l'hôtel
de Conflans; la comtesse leur donne un hanap et un pot d'ar-
gent à couvercles émaillés, et les ménétriers reçoivent 12 livres
tournois*.
Le 26 juin i3i9, dînent à Conflans le roi, le comte de Valois,
le comte de Beaumont, le sire de Noiers et plusieurs autres
seigneurs; le ménestrel qui joua des orgues devant le roi
reçoit huit sous. Le roi dîne eacore à Conflans le 29 juin i32i *.
Ces extraits de comptes, malgré leur forme peu littéraire,
donnent une idée de l'existence princière que menait Mahaut,
lorsque la mort la surprit, à Paris, le 28 novembre 1329, avec
une soudaineté qui laissa croire à un empoisonnement*.
IL
Après le décès de Mahaut (1329), l'hôtel de Conflans appar-
tint à la reine Jeanne, veuve de Philippe le Long; celle-ci
mourut deux mois après sa mère, le 21 janvier i33o (n. st.),
i. P. 145, 154. — 2. P. 96, 97, no. — 3. P. 109. — 4. P. 79, 109. —
5. P. 110.
6. Les textes cités par M. Richard permettent d'hésiter entre le 27 et
le 28 pour fixer la date de la mort de Mahaut; M. Richard se prononce
pour le 27, d'accord avec Lancelot {Mém, de VAcad. des inscr.y t. X,
p. 504). Mais, d'après la Chronique parisienney publiée dans les Mém,
de la Soc. Hist, Paris, 1884, p. 129, il faut placer cet événement le mardi
dans l'octave saint Clément, c'est-à-dire le 28 novembre.
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38 CONFLANS.
laissant, par testament, ses biens à sa fille, Jeanne de France,
qui avait épousé Eudes, duc de Bourgogne ^
I. E. Petit, Histoire des ducs de Bourgogne de la race capétienne y
t. VII, 1901, p. ii5, 127, 128. — Pour rintelligence de ce qui suit, nous
donnons ci-dessous la généalogie des descendants de Mahaut :
Mahaut, comtesse d'Artois, -J- 1329,
épouse en i285 Othon IV, comte db Bourgogne, f i3o3.
Jbannb,
reine
DE France,
. + '3304
ep. en i3o7
Philippe
LE Long, roi
(i3i6-i322).
I
Blanche,
ép. en i3o7
Charlbs
LB Bel. roi
ri322-i328),
reléguée dans
un monastère,
+ i325.
Robert,
t i3i5.
Jeanne,
comtesse
d'Artois,
• ■*■ '^^7» -
ep. en i3i8
ÉUDBS IV,
duc DE
Bourgogne,
+ i349-
Marguerite,
comtesse
DE Flandre,
puis
d'Artois,
ep. Louis !•'
DE NeVBRS,
comte
DE Flandre,
+ «347-
Isabelle,
dauphine.
Blanchb,
religieuse.
Louis,
+ i3i7-
Philippe,
ti346.
Philippe,
duc DE
Bourgogne,
+i36i,
Louis II de Nevers,
comte DE Flandre,
ép. Marguerite
DE Brabant.
ep.
Marguerite,
comtesse
DE Flandre,
ép. en 2" noces
en i36q
I
î
Philippe lb Hardi,
duc
DE Bourgogne,
i 1404.
Jean Sans-Peur,
duc DB Bourgogne,
+ 1419-
Philippe le Bon,
duc DE Bourgogne,
+ 14^-
Charles lb TAmAraire,
duc db Bourgogne,
t Ï477-
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CONFLANS. 39
Le duc et la duchesse de Bourgogne viennent à Conflans le
i3 mai i33o, et y restent jusqu'à la fin du mois d'août. Leurs
comptes signalent que, le 22 juillet, Jehan de Montbard célèbre
sa première messe à la chapelle de Thôtel. Les années qui
suivent, le duc et la duchesse séjournent surtout en Bourgogne;
Conflans n'est pourtant pas négligé, car, en i334, les fenêtres
des chambres et de la garde-robe sont munies de verre blanc,
celles de la chapelle de « voirre vigneté » et de panneaux de
« voirre d'ymagerîe ». En 1346, la duchesse se fait apporter en
Bourgogne des cerises et des noix de Conflans ^
Ainsi, le duc de Bourgogne, comte d'Artois, et la duchesse,
sa femme, paraissent avoir possédé l'hôtel de Conflans en i33o,
1344, 1346. Cependant, le Rôle de Saint-Martin-des-Champs^
que nous publions en appendice, désigne le comte de Flandre
comme propriétaire de cet hôtel. Or, le Rôle^ d'après les noms
cités, date de 1340 environ; par exemple, il y est question,
comme d'un personnage alors vivant, de Mathieu de Trie,
maréchal de France en i320 et mort en 1344. De plus, le seul
comte de Flandre qui ait pu posséder Conflans à cette époque
est Louis I^"^ de Nevers, car il avait épousé Marguerite, seconde
fille de la reine Jeanne; il mourut au début de 1347 (n. st.), et
sa femme reprit alors ses héritages personnels ; par conséquent,
si le Rôle était postérieur à 1347, son auteur parlerait non du
comte, mais de la comtesse de Flandre, laquelle mourut seule-
ment en i382.
Faut-il dire, avec SauvaP, que le comte de Flandre et le duc
de Bourgogne avaient chacun un hôtel à Conflans? Il est alors
invraisemblable que les religieux de Saint-Martin ne men-
tionnent ni l'hôtel de Bourgogne, ni la chapelle qui y était
jointe et qui devait relever de leur paroisse de Conflans, au
même titre que les chapelles du roi et du comte de Flandre.
Ce qui a trompé Sauvai, c'est que les comtes" d'Artois et de
Flandre et les ducs de Bourgogne, qui possédèrent successive-
ment Conflans aux xiv« et xv« siècles, y élevèrent à diverses
époques des constructions auxquelles ils donnèrent leurs noms,
de sorte qu'au début du xv« siècle on distinguait les séjours
d'Artois^ de Flandre et de Bourgogne; mais l'ensemble ne for-
1. E. Petit, t. VII, p. 168, 170, 226; t. VIII, 1903, p. 82, 87, 2o3, 322.
2. T. III, p. iio, 112.
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40 CONFLANS.
mait qu'un seul manoir. Voici d'ailleurs la topographie géné-
rale de la région sous Charles VI, d'après Guillebert de Metz^ :
La porte Saint Anthoine : au dehors, près d'icelle, est une abbaye
de Nonnains appellée de Saint Anthoine; après est la Granche aux
Marchiers; après lostel de Conflans; item, le séjour du Roy; item,
le Pont de Charenton, où il a deux grosses tours, oultre lequel est
Teglise Notre Dame de Mets ^.
La contradiction signalée plus haut s'explique ainsi :
Marguerite de France, comtesse de Flandre, seconde fille de
la reine Jeanne, déshéritée au profit de sa sœur la duchesse de
Bourgogne, attaqua le testament de sa mère. Plusieurs tran-
sactions intervinrent; sans doute par une de ces transactions,
Marguerite fut reconnue propriétaire de l'hôtel de Conflans, à
la condition toutefois d'en laisser la jouissance à sa sœur.
Celle-ci étant morte au début de 1347, on trouve le 17 mai de
cette année, à Conflans, le fils de Marguerite, le jeune comte
de Flandre Louis II de Nevers, qui nomme des procureurs
pour traiter son mariage avec Marguerite de Brabant^ Son
père avait confirmé les privilèges de la ville de Béthune par
une charte datée de Conflans le 2 mai i334^; mais il n*y était,
semble-t-il, que de passage.
Quoi qu'il en soit, la race des ducs de Bourgogne de la
dynastie capétienne s'éteignît en i36i dans la personne de Phi-
lippe, petit-fils d'Eudes et de Jeanne de France, lequel avait
épousé sa cousine Marguerite, petite-fille de Marguerite de
France. Marguerite de France, comtesse de Flandre, eut alors
l'entière propriété des héritages d'Artois. On a vu, page 14,
qu'elle fit en i365 une déclaration favorable aux prétentions des
religieux de Saint-Martin'.
Les archives d'Artois renferment des quittances de tra-
vaux que cette princesse fit exécuter à Conflans. — En
septembre i366, Jehan Bizet, clerc, règle des dépenses pour
1. Le Roux de Lincy, Paris et ses historiens, 1867, P- 225.
2. Lieu de pèlerinage, sur la paroisse de Créteil.
3. Froissarty éd. Siméon Luce, t. IV, p. xxxv, note.
4. Table chronologique des chartes concernant V histoire de Belgique,
t. IX, p. 5oo.
5. Voir appendice III.
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GONFLANS. 41
Tentretien de l'hôtel ^ — Michelet Joli, concierge de Thôtel
d'Artois à Paris, rédige un mémoire des ouvrages faits
à Conflans du i3 juillet iSyi au 3 mars iByS par Jehan le
Roy, charpentier, Henry le Munyer, couvreur, Samson
Roussel, serrurier, Jehan le Fèvre, tailleur de pierres; ce
dernier reçoit 114 livres « pour graver la theraisse de la tour
de l'ostel »*. — Le 6 septembre iSyô, compte de travaux de
couverture payés par Gautier le Cordouannier, concierge de
rhôtel de Conflans. Regnaut Thibout, maçon, André du Ver-
gier, serrurier, travaillent à Conflans en iSyy. Le 3o juillet
1379, Berthelot Berthelin fournit dix-huit milliers et demi de
tuiles qui sont employées « pour les reparacions en la grant
chambre de madame et en la salle et es grans galleries et autres
lieux dudît hostel »^.
La comtesse Marguerite mourut en i382 et son fils Louis II
de Nevers en i385. Conflans revint alors à Marguerite de
Flandre, dont nous avons déjà parlé, et qui avait épousé en
secondes noces (1369] Philippe le Hardi^ premier duc de Bour-
gogne de la dynastie des Valois.
Ce prince fit de fréquents et longs séjours à son manoir de
Conflans, qu'il agrandit et embellit^. Tel était son faste que,
malgré ses immenses revenus, il ne laissa que des dettes à sa
mort (1404). Il avait vécu, à Conflans comme dans ses États,
au milieu d'une cour digne d'un roi, tandis que le silence
1. Ârch. P.-de-C, A 721.
2. A 753. — A propos de Michel Joli, citons cette note : « En octobre
13S4, Colin Amours, maire et garde de la juridiction de la ville du Pont-
de-Charenton, pour honorables hommes et sages maistres Pierre et Louis
Blanchet, seigneurs de la dite ville, déclare que les exécuteurs testamen-
taires de feu Huguette, jadis femme de Michel Joliz, consierge de l'ostel
d'Artoys, se sont dessaisis en sa main d'une rente de 16 1. p. sur une
maison sise à Charenton, à l'enseigne du Cigne, en le requérant d'en
saisir l'hospital Saint Jacques, auquel la testatrice l'a léguée » (Mém.
Soc. HisU Paris, 1875, t. I, p. 219, d'après les archives de l'Assistance
publique).
3. A 763, 766,774.
4. La fin de ce paragraphe est écrite en partie d'après VHistoire de
Bourgogne^ par Urbain flancher, bénédictin, 1748, en partie d'après
E. Petit, Itinéraire de Philippe le Hardi et de Jean Sans-Peur, 1888. —
Nous ne renvoyons pas aux pages, les événements se suivant dans ces
deux ouvrages par ordre chronologique et les tables alphabétiques per-
mettant de trouver rapidement les références.
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42 CONFLANS.
s'étendait autour de Charles VI, fou, enfermé dans l'hôtel
Saint-Paul.
Le jeudi 4 mai i385, le duc, la duchesse et le comte de
Nevers\ leur fils, sont à Conflans, « et ce jour y furent le roy,
mons. de Valois, mons. de Bourbon, mons. Pierre de Navarre
et plusieurs seigneurs et dames estrangiers, et fist on les noces
du petit Montoban et de la niepce madame de Bauval... et y
ot très grand desroy ». Quelques jours après, le duc reçoit à
Conflans le roi d'Arménie et l'abbé de Saint-Maur. Le i«»^ jan-
vier 1389 (n. st.), étant à Conflans, il donne en étrennes au roi
« un gobelet d'or couvert, semé de fleurs de bouresches, et sur
chacune fleur ayant une perle, tant sur le couvercle que sur le
pié, avec un frutillet d'or fin, garni de six perles et d'un safir,
du prix de ccc livres ». Les cadeaux au roi se renouvellent non
seulement chaque année, mais presque à chaque visite; le
5 juillet 1394, le roi, soupant à Conflans, reçoit en présent une
bague avec un gros diamant. C'est sans doute pour ne pas se
montrer moins généreux qu'il offre au duc, en janvier 1397
(n. st.), « une Annonciation de Notre Dame esmaillée, du prix
de 3,600 livres », — mais, ajoute le trésorier de Bourgogne,
(c Sa Majesté n'en paya que 2,000 seulement, mondit seigneur
acheva de payer le reste ».
Le duc de Bourgogne demeura presque tout l'été de l'année
1389 à Conflans, « où plusieurs varlets apportèrent d'Arras à
mons. plusieurs oyseaux et bestes estranges » (3o septembre).
Quelques jours après, il distribua « treize pièces de veluau,
lorsque le roy fit son entrée en son hostel de Conflans, savoir :
au roy, à mons. de Thouraine, son neveu, etc., pour leur faire
des houppelandes »; il donna à la reine « quatre pièces de
veluau orné d'or de Chypre » et à divers seigneurs « six pièces
de satin en gresne ». Il fit faire à cette époque, pour l'hôtel de
Conflans, deux ameublements de chambre, « l'un de drap d'or
violet, ayant en chacune pièce un soleil avec broderie d'or et
d'argent où sont les armes du pays du duc, ayant à chaque
coin un aigle sur une terrasse, tenant un rouleau où sont ces
mots : y me tarde ».
I. Jean Sans-Peur, duc de Bourgogne en 1404.
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CONFLANS. 43
Les séjours sont fréquents, mais courts, de iBço à iSgô*. Au
mois de mai de cette dernière année, le duc s'installe à nou-
veau à Confians, et en fait désormais jusqu'à sa mort sa rési-
dence préférée. Le 25 mai 1396, « y soupa le roi, et des Englois
à grand desroy, mons. d'Orléans, mons. de Bourbon, messire
Pierre de Navarre, le frère du roy d'Engleterre, le comte de
Saint Pol et d'autres personnages 1». Cette année et les suivantes
viennent dîner à Conflans : le dauphin, les ducs d'Orléans, de
Bourbon et de Berry, le roi de Navarre, le duc de Bavière, le
roi de Sicile, le chancelier Pierre de Giac, le comte de Clèves,
le comte de Savoie, le comte d'Armagnac, monseigneur d'Al-
bret, l'évéque de Tournay, le grand chambellan d'Angleterre,
le duc de Bar, les ambassadeurs d'Espagne, de Constanti-
nople, d'Allemagne, et quantité de seigneurs moins illustres.
Le duc traite aussi, aux grandes fêtes, « les ambassadeurs des
bonnes villes de Flandre et du plat pays », les chevaliers ses
vassaux, les écuyers, les chapelains et les officiers de l'hôtel.
A la chapelle de l'hôtel, on célèbre des mariages, on sacre des
évêques : le dimanche 29 mai 1401 « fut sacré eveque de Nevers,
à Conflans, mess. Robert Danguel, et y ot plusieurs prélats,
i'archevesque de Sens, l'evesque d'Arras, l'evesque de Tournay,
les chappelains de mons. et plusieurs autres, qui furent tout le
jour aux despens de mondit seigneur ». A partir de 1397, le duc
de Bourgogne visite fréquemment son frère le duc de Krry,
qui habite alors la Grange-aux-Merciers.
Philippe le Hardi mourut à Halle le 27 avril 1404. Jean Sans-
Peur, qui posséda l'hôtel de Conflans, tout au moins après la
mon de sa mère (1405), l'habita rarement. Il y était en mai 1407 ;
le 3o septembre 141 2, il y dîna avec le duc de Bourbon et plu-
sieurs seigneurs et bourgeois de Paris ; il y reçut le duc de Bre-
tagne en septembre 141 8.
Philippe le Bon (1419-1467) unit à l'hôtel de Conflans des
maisons, granges et jardins sis aux Carrières et confisqués pen-
dant la domination anglaise (1427 à 1434)^; puis il délaissa ce
1. Le duc de Bourgogne exerce à cette époque la haute justice à Con-
flans : en iSçi, Jean de Châlons, ayant tué un sergent du duc nommé
Guillaume Faquier, est arrêté et emprisonné à Conflans, d'où il part le
10 juillet pour être jugé à Lille (Hist. de Bourgogne^ t. III, p. 122).
2. Sauvai, t. III, p. 566.
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44 CONFLANS.
manoir, dont il n'est plus question jusqu'à la guerre du Bien
Public (1465), à laquelle Conflans doit la page la plus connue
de son histoire; le récit des événements de cette époque trou-
vera place plus loin.
III.
Nous avons relaté au chapitre I les origines du domaine du
roi dans la paroisse de Conflans, et signalé Texistence d'un
manoir ou séjour royal près du pont de Charenton, dès le
xni« siècle. Les comptes du xiv^ siècle renferment de nom-
breuses mentions touchant le séjour de Conflans ou du Pont-de-
Charenton; on l'appelle aussi séjour des Carrières, à cause des
carrières creusées dans la colline sur laquelle -s'étage Charen-
ton et d'où furent extraites la plupart des pierres employées à
construire le château de Vincennes. D'après une tradition du
pays, les galeries de ces carrières pénétraient jusqu'à Vin-
cennes*.
Philippe le Bel est au séjour en avril i3o6eten octobre i3io*.
Philippe V y demeure en juillet, août et septembre i32i^. Phi-
lippe VI* et Jean II* y viennent fréquemment. Le 7 septembre
1341, les douze pairs de France se réunissent à Conflans pour
décider entre les prétendants au duché de Bretagne et se pro-
noncent en faveur de"Charles de Blois*. C'est à Conflans que
meurt, le 6 octobre 1349, Jeanne, fille de Louis X et veuve de
Philippe, comte d'Évreux, roi de Navarre^.
Le vendredi 29 juin i358, le régent Charles, fils de Jean II,
1. « Il y a dans cet hôtel [le Séjour] un souterrain qui, passant dans le
bois de Vincennes, vient jusque dans l'intérieur du château; les sei-
gneurs du Séjour l'ont laissé ébouler, et on en voit encore l'entrée dans
le parterre du Séjour aux carrières de Charenton » (Poncet de la Grave,
Mémoires intéressants pour servir à Vhistoire de France y 1788, t. I,
p. 118).
2. Lebeuf, t. V, p. 10; Index Mansionum, Historiens de la France^
t. XXI, p. 5o2.
3. Index Mansionum, /</.; Ordonnances des rois de France, t. XV,
p. 295.
4. J. Viard, Documents parisiens sur Philippe 77, Soc. Hist. Paris (1898-
1899). — Le testament de ce prince est daté de Conflans (Lebeuf, p. 11).
5. E. Petit, Itinéraires de Jean II.
6. Dom Lobineau, Hist. de Bretagne, t. I, p. 3 16.
7. André Favyn, Hist. de Navarre, 1612, 1. VIII, p. 427; Lebeuf, p. 11.
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CONFLANS. 45
et qui fut, depuis, Charles V, arriva par la Brie au pont de Cha-
renton; il était à la tête d'une armée qui comptait 3o,ooo che-
vaux ^ Il logea au séjour et se prépara à assiéger. Paris, sou-
levé contre lui par Etienne Marcel. Le roi de Navarre Charles
le Mauvais, campé à Saint-Denis avec 10,000 hommes, vou-
lait tenir la balance entre les deux partis; il eut une entrevue
avec le régent, le dimanche 8 juillet, « en un pavillon qui, pour
ce, fu tendu près de Saint Antoine, en un lieu que Ton dit le
Moulin à Vent »*. Le 10, on livra contre les Parisiens un pre-
mier combat devant la Grange-aux-Merciers; le 12, le régent
établit un pont sur la Seine, où se trouve à présent le Port-à-
TAnglais^ ; les jours suivants, on batailla aux abords de ce pont ;
Rigaut de Fontaine, maréchal de Normandie, y fut fait pri-
sonnier'*; le 19, par l'entremise de la reine Jeanne, mère du
régent, une trêve fut conclue. Le meurtre d'Etienne Marcel
(3i juillet) décida les Parisiens à la soumission : le lendemain,
six bourgeois de la ville vinrent saluer le régent au séjour, et le
2 août les troupes royales occupèrent Paris*.
Charles V délaissa Conâans, qui lui rappelait les tristes sou-
venirs de la guerre civile*. Charles VI, au contraire, y vint
maintes fois, principalement entre les années i385 et 1400^;
mais il n'y séjourna jamais longtemps, et le plus souvent y fut
l'hôte du duc de Bourgogne.
Le 16 février iSgo {n. st.), la prieure de l'Hôtel-Dieu de
Paris alla, avec sa compagnie, « à Conilans, par devers la royne,
en un chariot pour charier le barsuel [berceau] de la fille du
roy qui estoit lors nouvellement trespassée ». Il s'agit de
Jeanne, fille de Charles VI, née en i388 et morte au début de
1. Grandes Chroniques, éd. Paulin Paris, i838, t. VI, p. 119; Froissarty
éd. Kervyn de Lettenhove, t. VI, p. 53.
2. Grandes Chronique^, p. 120; A. Favyn, Hist, de Navarre^ 1612,
p. 438.
3. Localité dépendant de la commune de Vitry et située sur la rive
gauche de la Seine, en amont du confluent de la Marne.
4. Grandes Chroniques, p. 124, i25.
5. Ibid,, p. 126, i32, 134; Froissart, p. 81.
6. Il y retourna cependant depuis cette guerre, car il y a un ordre de
payer 20 francs d'or à Mahaut, concierge de Conflans, donné à Conflans,
le 6 mai i363, par Charles, fils aîné du roi de France (Bibl. nat., ms.
fr. 21443).
7. E. Petit, Séjours de Charles VI, 1894.
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46 CONFLANS.
l'année. La reine avait donné son berceau à l'Hôtel-Dieu *.
Durant les règnes de Charles V et de Charles VI, le séjour
fut spécialement affecté au service de Técurie royale. D'après
' les comptes du Trésor, elle y était installée dès le milieu du
xiv« siècle*. Par une ordonnance du i5 novembre i35i, Jeanll
exempte les habitants de Créteil et de Maisons de fournir la
paille nécessaire au séjour des Carrières, où sont gardés ses
chevaux'. A partir de i38o, on peut connaître tous les détails
de rinstallation du séjour, au moyen des comptes spéciaux de
récurie, tenus par le premier écuyer*.
Les bâtiments du séjour étaient entourés d'un grand jardin
clos de murs, qui s'étendait depuis les bords de la Marne jus-
qu'au chemin de Paris à Charenton; en face, dans une île
dépendant de la censive de Saint-Martin, se trouvait le moulin
Martinet. Plusieurs des terres du roi étaient également sou-
mises au cens de Saint-Martin'.
En i385, Thomas Girart, maçon, demeurant à Charenton,
refait de neuf « plusieurs pans de murs du jardin qui estoient
cheus et fonduz à terre ». Jehan Coquaigne, charpentier,
demeurant à Noisy-le-Grand, et Jehan Doucet, serrurier,
demeurant au Pont-de-Charenton, établissent « une porte
toute neufve au haut jardin du séjour sur le chemin de Paris »
et « un huis tout neuf en un autre jardin plus bas au costé du
molin de Martinet »•. En 1400, Jehan Arondelle, maçon à
Sucy, reçoit 37 s. 4 d. pour avoir fait de neuf huit toises de
mur au jardin d'en haut^.
Le jardin est dans le même temps l'objet de travaux d'entre-
tien : tt A Robin Poingdestre, courtillier, demeurant au Pont
de Charenton, pour sa peine et salaire d'avoir essarté plusieurs
espines, ronces, mauvais arbres estans es jardins du séjour
1. Brièle, Arch, de VHôtel-Dieu, 6555.
2. Viard, Journaux du trésor de Philippe VI, 1899, n*' 536, 741, etc.
3. Ordonnances des rois, t. VI, p. 701 ; Du Gange, Glossaire, article
Sejornum.
4. Arch. nat., KK 84 et 35.
5. Le droit de pêche, de la pointe Notre-Dame (à Paris) au pont
de Saint-Maur, appartenait au roi ; en 1412, il est affermé à Guérin, et le
garde de l'eau aux Garnères est Jehan de Mouret (E. Boileau, Livre des
métiers, éd. Lespinasse-Bonardot, 1879, P* ^^^)-
6. Arch. nat., KK 34, fol. 77.
7. Ibid., KK 35, fol. 3o.
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CONFLANS. 47
dudit Pont de Charenton, fouy plusieurs parties dudit jardin,
fait de nouvel deux préaux, dont l'un d'iceulx est losengé,
planté plusieurs vuignes, arbres, et fait plusieurs autres
ouvraiges, et pour avoir livré plusieurs faisseaux de mer-
rien et osiers. Pour tout par quittance donnée le xxx de juing
MCCC IIII" et III, XII 1. XII s. VI d. par. » ^ La même dépense
figure aux comptes des années suivantes.
Les bâtiments se composent d'un logis, situé entre préau et
cour, d'étables ou écuries donnant sur la cour, et d'une vaste
grange dont le toit est supporté par des piliers. Une cave,
creusée dans la colline, a son entrée dans le jardin'.
Chaque année, on exécute des travaux de maçonnerie ou de
charpente aux étables. Le logis comprend au rez-de-chaussée
une salle basse et une chambre^; au premier étage sont une
grande salle et plusieurs chambres, dont la principale est
appelée la chambre d'Olive ; ces chambres sont reliées par une
galerie de six toises et demie de long ; on y accède par deux
escaliers de pierre, l'un montant à la grande salle, l'autre à la
chambre d'Olive. Au-dessus de la chambre d'Olive, et faisant
second étage, est une « manière de galerie »^. Cet hôtel est
surmonté d'une flèche en forme de beffroi, haute de quatre
toises, où se trouvent une horloge et des cloches ; la flèche a
été construite par Jean Arondelle, maçon, et Guillaume Norry,
charpentier, en iSgg*.
La chambre d'Olive renfermait d'abord des harnais; par
quittance du i3 août i383, Jehan Coquaigne, charpentier,
reconnaît avoir reçu 112 s. 4 d. pour y avoir fait « un lonc
eschaffault double, sur lequel ont esté et sont mis plusieurs
choses appartenant au fait de l'escuierie et au harnois du roy » *.
Mais, quelques années plus tard, elle est appelée la chambre
du Roi, et on y fait de nombreux embellissements : Raulet du
Gué, huissier'', reçoit 19 liv. 8 s. pour un châssis de fenêtre.
1. Arch. nat., KK 34, fol. 32.
2. Ibid., KK34, fol. 77, i33; KK35, fol. 97.
3. Ibid., KK 35, fol. 97.
4. Ibid., KK 34, fol. 5o, 77; KK35, foL 3i.
5. Ibid., KK35, fol. 3o, 3i.
6. Ibid., KK 34, fol. 5o.
7. C'est-à-dire constructeur de portes, menuisier.
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48 CONFLANS.
une cage et une porte en bois d'Irlande (compte de 1402). La
même année figure la dépense suivante^ :
A Aubert Golletier, voirier, demourant à Paris, pour xvi piez de
voire blanc pour mettre et asseoir en trois châssis audit séjour, et
en chacun châssis un escusson (ou premier les armes de France, ou
ne les armes de la roine, et ou ni« les armes de mons. le dauphin),
IV sols pour chacun pié, Lxiin s. par.
A luy pour xn piez de voire assis en la chambre du Roy appellée
la chambre d'Olive devers la court où sont les estables, et y a deux
escussons, Tun de France et l'autre de mons. de Guienne, v sols
pour chacun pié, lx s. par.
Audit Aubert, pour xvui autres piez de voire assis en lad. chambre
devers le preau en châssis qui y estoient, lx s. par.
A lui pour xn piez de verre blanc mis en trois fenestres qui sont
en la chambre basse devers le preau, nn sols parisis pour chacun
pié, XLvin s. par.
En 1419, à rapproche des Anglais, le service de l'écurie fut
transféré du séjour de Conflans au petit séjour à Paris, près de
Saint-Eustache^. Depuis cette époque, les comptes ne font plus
mention du séjour de Conflans, qui fut complètement aban-
donné pendant le cours du xv« siècle.
Voici, pour la période qu'on vient de parcourir, quelques
faits isolés qui se rapportent au pont de Charenton :
Le 7 septembre iSyS, Jacques de Hangest, capitaine du pont
de Charenton, reçoit du maître de l'artillerie deux gros canons,
cent garrots pour l'espringole, et une certaine quantité d'armes
et de munitions, pour mettre en la forteresse du pont^.
Le 3 juin 1400, Manuel, empereur de Grèce, est accueilli au
pont de Charenton par le chancelier de France, le Parlement
et 2,000 bourgeois à cheval, qui l'escortent à son entrée dans
Paris*.
« Environ le treizième jour de juillet [1405], il y eut horribles
tempestes de tonnerres et gresles. Et cheut le tonnerre sus le
pont de Charenton, où il abatit trois cheminées, et les jetta en
1. Arch. nat., KK35, fol. 97.
2. Douêt d'Arcq, Choix de pièces inédites^ 1864, p. 394. — Sur le Séjour
de Paris, voir Arch. nat., KK 34, et Sauvai, t. VII, p. 221 ; Jaillot,
t. II, p. 26.
3. Bibl. de VÉc. des chartes^ 2* série, t. I, 1846, p. 55.
4. Chroniques de Saint-Denis^ t. Il, p. 755. '
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CONFLANS. 49
la rivière. Et rencontra un compagnon auquel osta le chappe-
ron et la manche dextre de sa robe, et passa oultre sans luy
mal faire. Et par un trou entra en la maison de monseigneur
le dauphin, et en une chambre rencontra un jeune enfant,
lequel il' tua, luy consommant la chair, les os et tout, et ne luy
laissant que la peau toute noire, et plusieurs autres blessa en
. diverses manières. Et continuoit jusqu'à ce qu'on prit de l'eau
beniste, en l'aspergeant en la chambre, et ailleurs par l'hostel :
et ne sceut on oncques depuis qu'il devint.^ »
Pendant les guerres civiles qui ensanglantèrent le règne de
Charles VI, les partis se disputèrent le pont de Charenton.
Déjà, en i382 les Maillotins avaient essayé, sans succès, de
s'en emparer; le capitaine du pont était alors Jean de l'Hô-
pital*.
Au début de la lutte entre Armagnacs et Bourguignons, ces
derniers, maîtres de Paris, occupent la forteresse du pont de
Charenton et y tiennent une forte garnison; l'écorcheur
Caboche en est le capitaine. Pierre des Essarts, qui tente un
coup de main pour y pénétrer, échoue, est fait prisonnier et
mis à mort (1413)^. Peu après, les Armagnacs s'y introduisent;
puis les Bourguignons la reprennent en juin 1418. Le duc de
Bretagne, qui cherche à conclure la paix entre les deux partis,
vient à Charenton (i3 septembre 1418), où il est reçu par le duc
de Bourgogne et par la reine Isabeau de Bavière; il dîne au
séjour de Bourgogne et loge au séjour du roi. « Mais il n'y
put rien accorder; et pour tant s'en retourna le dit duc de
Bourgogne à Paris, et le duc de Bretagne en son pays. Et la
cause pourquoi s'assemblèrent au pont de Charenton, si fut
pource qu'on mouroit d'epidemie très merveilleusement dedans
la ville de Paris'*. »
En 1419, les Anglais envahissent la France; Paris et ses envi-
1. Jovénal des Ursins, éd. Michaud, p. 43i. — Les Chroniques de Saint-
Denis, t. III, p. 281, donnent le même récit, mais le placent à Phôtel du
Dauphin à Paris.
2. Lebeaf, p. 10 ; Chroniques de Saint-Denis, t. I, p. 143.
3. Journal d*un bourgeois de Paris, éd. Michaud, p. 638 ; Juvénal des
Ursins, p. 481, 483.
4. Monstrelet, éd. de 1859, t. III, p. 288 ; Mém. de P, de Fenin,
éd. Michaud, p. 394; Chroniques de Saint-Denis, t. VI, p. 279; Félibien,
i. IV, p. 371.
MiM. xzxv 4
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50 CONFLANS.
rons sont en leur pouvoir. Le 9 mai 1420, leur roi Henri V, se
rendant à Troyes auprès de Ciiarles VI, loge au Pont-de-Cha-
renton, « et là lui furent présentées quatre charrettées de
moult de bon vin de par ceulx de Paris. Il laissa de ses gens
pour garder le passage ^ d La domination anglaise se fit dure-
ment sentir à Charenton : les principaux propriétaires censiers,
victimes de leur fidélité à la France, furent dépouillés de leurs
biens. Jean Jouvenel, dont il a été question plus haut, possé-
dait une terre à la Croix-de-Charenton, et le moulin de la
Chaussée, « assiz sur la rivière de Marne, au plus près et au
dessoubs du pont de Charenton », où il avait cens et basse
justice. Ces biens furent confisqués et donnés à Pierre de Mor-
viUiers, depuis premier président du Parlement (décembre
1422)*.
Philippe de Morvilliers acquit de la même façon les biens
confisqués sur Pierre Féron, comprenant entre autres « un
hôtel sis sur la rivière de Marne (territoire actuel de Saint-
Maurice), 25o arpents environ de terres, prés, vignes, saulsayes
et deux bouches de gorz en la rivière de Seine au dessous des
carrières de Conflans, en Teau du roi »^.
Jeanne la Gentienne avait à Charenton deux hôtels situés
près du pont, entre la Marne et le chemin allant de Charenton
à Saint-Maur (cet endroit est à présent dans la commune de
Saint-Maurice), deux moulins sur le pont et l'hôtel dit de
la Geôle, « où on tient les plaids pour la justice du roi au Pont-
de-Charenton », qu'on voyait à gauche sur le chemin de Paris
lorsqu'on entrait à Charenton. Ces biens, possédés après sa
mort par ses fils, Oudart, Jean, Benoît et Pierre Gentien, furent
confisqués et donnés à Jean de Pressy, gouverneur général des
finances (9 mars 1423)^.
Le 2 mai 1433, le roi Henri VI d'Angleterre gracia un plom-
bier qui avait volé du plomb à la fontaine de Confians, sans
doute à la pompe par où l'on montait l'eau de la Marne au
séjour du roi*.
1. Journal d'un bourgeois de Paris, p. 664; Monstrelet, t. IV, p. 238.
2. Sauvai, t. III, p. 324; Lebeuf, p. i3; Arch. nat., JJ 172, n* i85; Batif-
fol, Jean Jouvenely prévôt des marcfiands (j36o-i43i)^ 1894.
3. Arch. Seine, Domaine, carton 750, n* 12285 ; Sauvai, p. 324.
4. Sauvai, p. 324, 567, 584, 655; Lebeuf, p. 14; Arch. Seine, car-
tons 277-278, n» 12285. — Sur la Gentienne, voir p. 27.
5. A. Longnon, Paris pendant la domination anglaise, 1878, p. 346.
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CONFLANS. 5 1
En 1430, un capitaine bourguignon remplaça le capitaine
anglais au pont de Charenton. Enfin, en 1436, les troupes de
Charles VI l'occupèrent sans combat, à la suite du traité d*Ar-
ras^ Les Français n'abusèrent pas de leur triomphe, et 'ils ne
semblent pas avoir exercé de représailles contre ceux qui
s'étaient approprié les biens confisqués. Cependant, en sep-
tembre 1436, les habitants des villages qui font la vendange se
plaignent de ce que la garnison du pont les rançonne ^ Puis
les documents sur Charenton deviennent rares : c*est le signe
d'une période tranquille et heureuse.
IV.
On sait comment se forma la ligue du Bien Public, coalition
de princes et de seigneurs déçus par la politique de Louis XI.
Les troupes des deux partis se rencontrèrent pour la pre-
mière fois à Montlhéry, le 16 juillet 1465; le succès resta indé-
cis. Un mois après cette bataille, l'armée des princes, forte de
5o,ooo hommes, se présenta devant le pont de Charenton, « qui
tost fut gaigné sur quelque peu de francs archiers qu'il y avoit
dedans' » (19 août) : les Bretons et les Bourguignons a assirent
plusieurs pièces d'artillerie et d'icelles tirèrent aulcuns coups
contre la tour dudît pont. Et incontinent ce fait, ceux qui
avoient la garde dudit pont l'abandonnèrent et s'en vindrent à
Paris; par quoy, et qu'ils n'eurent nulle résistance, passèrent
incontinent par dessus ledit pont avecques leur dite artillerie,
et ce mesme jour, environ vespres, vinrent voulster par devant
Paris D ^. Le comte de Charolaîs* s'en fut « à sa maison de
Conflans, près de là, au long de la rivière, et ferma ung grand
pays de son charroy et de son artillerye, et mist tout son ost
dedans; et avec lui se logea le duc de Calabre »♦. Les Bour-
guignons comptaient environ 2,000 lances. Le comte de Saint-
Pol, commandant l'avant-garde, s'établit entre Paris et Con-
1. Monstrelet, t- V, p. 264; Félibien, t. II, p. 822.
2. Journal d'un bourgeois de Paris^ p. 280. -^ Sur le péage du pont à
cette époque, voir p. 27.
3. Communes, éd. Chantelauce, 1881, ch. vi, p. 43 et suiv.
4. Chronique scandaleuse (Jean de Roye), éd. de Mandrot, 1894, t. I,
p. 83 et suiv.
5. Charles le Téméraire, depuis duc de Bourgogne.
6. Commynes, loc, cit.
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52 CONFLANS.
flans et près du Pont-de-Charenton*; les ducs de Berry et de
Bretagne, à Saint-Maur et à Beauté, « avec ung nombre de leurs
gens, et tout le demeurant envolèrent à Sainct Denys »'. « Les
gens du comte d'Arminacq et du duc de Nemours demeurèrent
en Brye, lesquels on estimoit à cinq ou six mille combattants*.
Et là fut toute cette compaîgnée unze sepmaines...; le lende-
main commencèrent les escarmouches jusques aux portes de
Paris » *.
Ces escarmouches, d'abord peu importantes et coupées de
pourparlers, devinrent de sérieux combats lorsque le roi fut
rentré dans Paris, ayant ramené de Normandie une armée et
des vivres (28 août). Le guet des Bourguignons a estoit de cin-
quante lances, qui se tenoient vers la Grange aux Merciers »'.
Le 29, ils « vindrent bailler une reverdie devant le boulevart
de la Tour de Billy, et avoient avecques eulx trompettes, cle-
rons, hauts menestriers et aultres instrumens, dont ils fesoient
grand bruit ». L'artillerie du roi les repoussa et les força, dans
la nuit du 3o, à abandonner la Grange : a Au desloger abatirent
toute la couverture dudit lieu, et en emportèrent tout le por-
tatif, comme huis, fenestres et aultres bois, pour eux taudir et
pour ardoir » •.
Le samedi 3i août 1465, « le roy saillit aux champs du côté
de son bolevart de la Tour de Billy, et illec fist passer au tra-
vers de Seine, de l'autre costé, de trois à quatre cens piétons
pionniers qui estoient venus du païs de Nbrmendie, pour aller
pionner à l'endroit du Port à l'Anglois et devant Conflans...,
et après les dicts pionniers..., le roy aussi passa la dicte rivière
tout à cheval dedans un bac, sans descendre de dessus le dict
cheval »^. En même temps sortaient de Paris par le faubourg
1. Du Clercq, continuateur de Monstrelet, éd. Buchon, t. XV, 1827,
p. 32 et suiv.
2. Commynes, p. 44.
3. Du Clercq, /oc. cit,
4. Commynes, p. 44.
5. Ibid., ch. viii, p. 52.
6. Chronique scandaleuse, p. 94 à g6.
7. Ibid., p. 97. — On lit dans Sauvai, Comptes de la prévôté (t. III,
p. 387) : te A Guillaume Lallemant, pour avoir baillé une grant tente que
on disoit appartenir aux hoirs de feu Poton de Saintrailles, laquelle le
roi a fait prendre pour tendre en son ost, estant à Topposite de Yvri, sur
la rivière de Seine, par lettres du roi du deuxième septembre 1463. »
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CONFLANS. 53
Saint- Victor 4,000 francs-archers, qui occupèrent la rive
gauche de la Seine, et une troupe de nobles Normands à che-
val, qui vint se mettre en bataille devant Vîtry, « en un lieu
plain comme la main, et en belle prée ». Les gens du roi firent
aussitôt un boulevard de bois et de terre, « et là affûtèrent
grant nombre d'artillerie qui, d'entrée, chassa tous les gens du
duc de Calabre hors du village de Charanton,... et y eut des
gens et des chevaulx tuez... et tira deux coups par la chambre
où le seigneur de Charroloys estoit logié, comme il disnoit, et
vînt tuer une trompette, en apportant ung plat de viande, sur
le degré. Après le disner, ledit conte de Charroloys descendit
en l'estage bas et délibéra n'en bouger; et le fist tendre au
myeulx qu'il peut » *.
Le lendemain (dimanche i*»" septembre) au matin, les princes
tinrent conseil à Conflans dans l'hôtel du comte de Charolais;
ils décidèrent d'opposer aux Parisiens un boulevard sur la
rive droite de la Seine, et de construire un pont pour les atta-
quer sur l'autre rive*. Le duc de Calabre et le comte de Cha-
rolais « firent aporter grandes cuves à vendanger (car légère-
ment pouvoit on recouvrer desdictes cuves, pource que grands
vignobles sont en ce quartier) et de ce firent gros boulevarts
garnis de bonne artillerie » '. On fit aussi « de grans trous es
murailles qui sont au long de la rivière derrière le dit hostel de
Conflans, et y assortist on toutes les meilleures pièces;... grant
quantité de ceulx de nostre ost feîrent des fossez en terre à
l'endroit de leur logis. Encores davantage en y avoit beaucoup
pour ce que c'est lieu où on a tiré de la pierre»^. « Je n'ay
jamais, dit Commynes, veu tant tirer pour peu de jours;
les Normans qui estoient es tranchis n'osoient lever la teste » * ;
néanmoins, « la crainte fut plus grande que la perte des deux
costez » •. Dans le même temps, les Bourguignons essayaient
d'établir un pont au Port-à-l'Anglais ; mais les Nornuinds les
en empêchèrent.
I. Commynes, ch. ix, p. Ç3, 54.
a. Ibid.
3. Olivier de la Marche, Mémoires, éd. Renouard, i885, t. III, ch. xzzv,
p. 23 et suiv.
4. Comm3mes, p. 55.
5. O. de la Marche, loc. cit,
6. Comm3mes, p. 55. ,
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54 CONFLANS.
Cependant, Louis XI hésitait à risquer sa couronne dans une
bataille décisive; il préférait conclure la paix à tout prix, per-
suadé qu'il aurait plus facilement raison de chacun des coalisés
en particulier, lorsqu'ils se seraient dispersés. Ceux-ci, d'autre
part, s'impatientaient de ces combats à distance ; de plus, ils man-
quaient d'argent, et leurs soldats, mal payés, murmuraient. Le
lundi 2 septembre, une trêve fut conclue, et des négociations s'en-
gagèrent à la Grange-aux-Merciers, « dessoubsung pavillon pour
ceste cause illec ordonné >\ entre le comte du Maine pour le
roi, et le comte de Saint-Pol pour les alliés. Le roi lui-même,
un matin, remonta la Seine en bateau, et vint trouver le comte
de Charolais entre Conflans et Paris; en une page souvent
citée, Commynes a rapporté les paroles échangées à cette
entrevue'. « Et s'entrevoyoient beaucoup de gens des deux
armées, ung grant foussé entre deux ». Ces entrevues entraî-
nèrent des défections de part et d'autre, « et pour ceste cause
se appela depuis ce lieu le Marché, pour ce que telles mar-
chandises s'y fesoient » ^. Les Bourguignons profitaient de la •
trêve pour piller les vignes et vendanger à leur profit; un pro-
cureur du Chàtelet s'en plaignit au roi, qui répondit « qu'il
valloit mieux qu'ils vendengeassent lesdites vignes et man-
geassent lesdits raisins que ce qu'ils vensissent dedans Paris
prendre leurs tasses et vaillant qu'ils avoient mis et mussez
dedans leurs caves et celliers » *.
« La trêve ne duroit jamais gueres que ung jour ou deux.
Aux autres jours se faisoit la guerre tant aspre qu'il estoit
possible : et continuoyent les escarmouches depuis le matin
jusques au soir »'. Les Bourguignons avaient profité des pre-
miers jours de trêve pour achever le pont de bateaux com-
mencé au Port-à-l'Anglais, sous la direction de maître Girault,
canonnier, qui, fait prisonnier à Montlhéry, s'était rangé de
leur parti; « tous les jours y avoit grande escarmouche de là
l'eaue : et quand François se venoient monstrer, le duc de
Calabre avoit une petite compaîgnie de Suisses qui prestement
passoient l'eaue, et ne doutoient point les gens de cheval, car
1. Chronique scandaleuse, p. loi.
2. Commynes, ch. xii, p. 68.
3. Ibid.y ch. IX, p. 57.
4. Chronique scandaleuse y p. 104.
5. Commynes, ch. xi, p. 65.
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CONFLANS. 55
ils estoient communément trois Suisses ensemble, un pique-
naire, un coulevrinier et un arbalestrier : et estoient si duictz
de ce mestier qu'ils secouroyent l'un l'autre au besoing* ».
Le i8 septembre, les pourparlers engagés à la Grange-aux-
Merciers furent rompus, le roi repoussant les prétentions du
duc de Berry, son frère, sur la Normandie*. Aussitôt les Bour-
guignons s'avancèrent sur le pont de bateaux pour donner
l'assaut au boulevard des Français; mais ceux-ci ne les atten-
dirent pas et se replièrent en bon ordre au faubourg Saint-
Victor et aux Chartreux, après avoir mis le feu à leurs campe-
ments^.
Les jours suivants, une bataille parut imminente ; la garni-
son de Paris fit plusieurs sorties vers Conflans et vers le bois
de Vincennes, dont le château était occupé par les gens du roi.
« Le roy, dit Commynes, avoit bonne artillerie sur la muraille
à Paris, qui tira plusieurs coups Jusques en nostre ost, qui est
grand chose (car il y a deux lieues), mais je croy bien que on
avoit levé aux bastons le nez bien bault ». Une nuit, les Bour-
guignons s'imaginèrent voir les troupes du roi rangées en
bataille ; ils s'armèrent à la hâte, le comte de Charolais et le
duc de Calabre en tête; mais, s'étant avancés, et le jour com-
mençant à poindre, ils virent que ce qu'ils avaient pris pour
des hommes étaient de grands chardons^.
Sur ces entrefaites, Louis XI apprit que Rouen, sa ville la
plus sûre après Paris, était tombée aux mains de ses ennemis
(27 septembre 1465); aussitôt il proposa une entrevue au comte
de Charolais. Celle-ci eut lieu près de Conflans ; tout en cau-
sant, le roi emmena son adversaire jusque dans les tranchées
des Parisiens ; l'alarme se répandit dans le camp dés Bourgui-
gnons, qui crurent à un guet-apens. Ils furent promptement
rassurés en voyant revenir le comte Charles, qui rapportait de
sérieuses propositions de paix*.
Dès lors, les hostilités furent interrompues, et pendant qu'on
1. Olivier de la Marche, p. 22. — C'est la première fois que des merce-
naires suisses interviennent dans une guerre française.
2. Jean Maupoint, Journal y Mém. Soc. Hist. Paris, t. IV (1877),
I128.
3. Commynes, ch. ix, p. 56.
4. Ibid., ch. XI, p. 66.
5. Commynes, ch. xiii, p. 72.
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56 CONFLANS.
discutait les conditions du traité, les seigneurs des deux partis
fraternisèrent. Tantôt le comte de Charolais va souper à la
Bastille avec le roi^, tantôt Louis XI, n'ayant avec lui que cinq
cavaliers, vient assister à la revue des troupes bourguignonnes
(il octobre). Le comte reçoit à dîner en Thôtel de Conâans le
comte de Saint-Paul, nouvellement nommé connétable (22 oc-
tobre)*. En ce môme logis de Conflans, le duc de Calabre,
pour occuper ses loisirs, se fait lire par Vasque de Lucène sa
traduction de Quinte-Curce^. Les marchands de Paris s'étaient
installés à la Grange-aux-Merciers et y vendaient aux soldats
de la ligue « drap, chausses, souliers, vins et autres denrées » *.
Bientôt les seigneurs Bourguignons entrèrent librement dans
Paris.
Le traité de paix, arrêté à Conflans le 5 novembre 1465, fut
signé à Saint-Maur le 29. Le 3o, le roi reçut les princes au
château de Vincennes; le 3 1, il vint retrouver le comte de Cha-
rolais à Conflans, et l'accompagna jusqu'à Villiers-le-Bel.
Son premier but était atteint : les chefs de la ligue s'étaient
séparés et chacun rejoignait sa province avec ses vassaux.
Louis XI conserva toujours un amer souvenir de la paix
humiliante qu'il avait consentie à Conflans, et, chose curieuse
et peu connue, il fit élever en Juin 1466 par Jehan Chevrin,
maçon, un monument commémoratif de ce funeste traité.
C'était une croix placée « près la Grange-du-Roi, au lieu dit le
fossé des trahisons, derrière Saint- Antoine-des-Champs », à
Tendroit où ce fossé, qui allait de l'abbaye Saint-Antoine à la
Seine, était traversé par « une planchette par laquelle on passe
pour aler de .Paris à Saint Mor »*. La croix portait « une plate
pierre, en laquelle estoit engravé : « ... L'an MCCCCLXV, ou
« mois de septeqfibre, fut cy tenu le lendit des traïsons, et fut par
« une trêve que on print. Mauldît soit il qui en fut cause! »
Cette croix tomba en ruines, fut oubliée, puis retrouvée en
1. Olivier de la Marche, p. 37.
2. Arch. du Nord, B343o.
3. « Jehan, duc de Calabre, prince de très dere connoissance, estant
en vostre logis de Conflans, en présence de monseigneur de Crequy, me
dist que c'estoit la meilleure histoire qu'il avoit oncques veu » (dédicace
à Charles le Téméraire, Bibl. nat., ms. fr. 6899).
4. Jean Maupoint, loc. cit,, § 141.
5. De là le nom de la ruelle de la Planchette, à Paris (XII* arr.).
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CONFLANS. 57
i562 par le maître des oeuvres de maçonnerie de la ville, qui
transporta Tinscription dans les magasins de l'Hôtel-de- Ville,
où le continuateur de Du Breul la vit vers i63o*.
On peut encore mentionner les monstres ou revues de la
milice de Paris, que Louis XI passa le 14 septembre 1467 et le
20 avril 1474, entre la porte Saint-Antoine et Conflans*.
CHAPITRE III.
LA MAISON DE CONFLANS
(xvr ET XVII» siècles).
I. — Morcellement du séjour de Bourgogne : Jacques Dix^
homme, — Gaillard Spifame. — Claude Dodieu. — Vente du
séjour et engagement du domaine royal à Conflans (i554).
— André Guillard.
II . — Le séjour du Roi et le Pont^de-Charenton au XV b siècle :
Louis XI cède le séjour (1481), — Propriétaires successifs,
— Les guerres de Religion. — La Ligue.
III. — Les Villeroy à Conflans (i568-i6ig). — Souvenirs
d'Henri IV à Conflans et à Charenton.
IV' — Description de Conflans en 161 g : Les jardins. — Les
terrasses. — Les appartements. — La galerie. — L'écho. —
Les Carmes des Carrières.
V — Les premiers présidents : Nicolas de Verdun (lôig^
162 j). — Nicolas Le Jay (1634-1640). — Le cardinal de
Richelieu à Conflans (i 635-1 63^).
VI. — Les Malon de Bercy ^ seigneurs de Conflans : Acquisi-
tion du fief de Conflans (1567)^ de la seigneurie du Pont-
de-Charenton (i6o5). — Charenton érigé en châtellenie
/.Jean Maupoint, | 181 (vendredi i3 juin 1466); Sauvai, t. III, p. 436;
Ou Breul, p. 1025. — Un aveu rendu par Isabelle de Conflans au seigneur
dYerres en i5o6 mentionne « un fossé planté de faulx, dit vulgairement
le fossé le Roy », entre Conflans et Bercy.
2. Chronique scandaleuse, t. I, p. 181 ; t. II, p. 194.; Sauvai, t. II, p. 87.
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58 CONFLANS,
(i6ig). — Achat de la Grange-aux^Merciers (1615^1624)^
de la terre de Saint-Martin (i62g'i638). — Procès avec
les engagistes du Domaine royal (i6io-i638), — Acquisi-
tion de rengagement du Domaine (1642),
VII. — M*»® de Seneçay et le duc de Richelieu : La marquise
de Seneçay; travaux de Le Vau et de Le Sueur. — Le duc
de Richelieu; Molière à Conflans. — La Fronde.
I.
Lorsque Charles le Téméraire mourut (1477), les hôtels qu'il
possédait à Paris et à Conflans étaient depuis plusieurs années
abandonnés. Louis XI s'en empara, et, suivant Sauvai, les
donna en 1481 à Jean Bouchaux, que Lebeuf appelle Jean de
Saint-Omer, dit Bastard de Valère Capelle, pour en jouir et
en percevoir les revenus. Cependant, par le traité de 1482,
Maximilien d'Autriche, qui avait épousé Marie de Bourgogne,
fille de ^Charles le Téméraire, se réserve la propriété de ces
hôtels et nomme concierge Olivier de la Marche, le chroni-
queur^ En 1483, Louis XI les aliène à nouveau au profit de
Sixte d'Allemagne, son chirurgien; mais, quelques mois après,
il meurt, et Charles VIII révoque toutes les concessions de
domaine faites par son père (22 septembre 1483)*. D'autre part,
Maximilien d'Autriche maintient toujours ses droits ; le i5 mai
1490, Etienne Boucher, seigneur du Pont-de-Charenton, ayant
fait saisir pour cens non payés et devoirs non faits :
lo « Une maison assise aux Carrières; où souloit avoir mai-
son qu'on appeloit l'hôtel de Brabant »;
2® Deux masures faisant le coin de la ruelle qui descend à la
rivière de Seine;
3*> Deux masures, l'une tenant au duc de Bourgogne, l'autre
à la ruelle qui vient des Bordeaux à la rivière de Seine^.
I. Le fils d'Olivier, Charles, lui succéda dans cette fonction, alors
honorifique, de concierge.
3. Sauvai, t. II, p. 63, 79, 80, no, 112; t. 111, p. 446, 481 (d'après les
comptes de la prévôté de Paris); Lebeuf, t. V, p. la, i3.
3. Ces biens avaient été confisqués par les Anglais au profit du duc
Philippe le Bon, de 1427 à 1484 (p. 43).
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CONFLANS. 59
Le 24 mai suivant, Anne de la Fayette, « estant garde et
concierge des dits hosteis et héritages dudit duc [de Brabant] *
soubs maistre Olivier de la Marche, concierge desdits lieux »,
assigne Boucher devant le prévôt de Paris pour produire ses
titres*. On ne sait quelle suite eut cette procédure. Les terres
contestées, qui se trouvaient au coin de la rue des Bordeaux
et de la rue des Carrières actuelles, s'appelaient encore au
xvin« siècle le clos Brabant; c'était alors « une place vague ser-
vant aux blanchisseuses de Charemon pour faire sécher leur
linge^ ».
Par un traité de 1493, Maximilien se réserve à nouveau les
hôtels^. Les comptes de la prévôté cités phr Sauvai mention-
nent en i5o2, i5ii et i5i5 « les hosteis d'Artois, de TEstoille
et du Grand Lion, scis à Paris, donnés par le roi au roi des
Romains, père de l'archiduc d'Autriche, ainsi qu'il appert par
un registre du grefife de la Chambre des comptes cotté T » *.
En fait, ces hôtels tombent en ruines, les terres sont morcelées
et l'empereur Maximilien ne fait plus valoir ses droits®.
A cette époque, le propriétaire de la principale maison de
Conflans est Jacques Dixhomme, seigneur de Servant, avocat
au Parlement®, « qu'on disoit être celui qui avoit apporté le
premier les bonnes lettres au barreau »•. Il avait épousé, en
premières noces,- Marie de Rueil, qui mourut en i5ii*®. Sa
seconde femme, Jeanne le Coq, fille d'un conseiller au Parle-
1. C'est en qualité de duc de Brabant que Maximilien d'Autriche pos-
sédait c lesdits hosteis et héritages ».
2. Arch. Nie, Conflans 9.
3. Arch. S.-et-O., A 906.
4. Lebeuf, t. V, p. i3 ; Sauvai, t. II, p. 80.
5. Sauvai, t. III, p. 53i, 555, 591.
6. Il n'y a jamais renoncé, et le jeune prince des Asturies, héritier du
trône d'Espagne, qui a reçu à sa naissance le titre de duc de Brabant,
pourrait encore aujourd'hui revendiquer le séjour de Conflans.
7. P. Anselme, t. II, p. 106^.
8. Seigneur de Cernoy-en-Beauvoisis (Raunié, Épitaphier, t. II, p. 358),-
lieutenant général au siège des eaux et forôts de France (Sauvai, t. III,
p. 533). — Les comptes de la prévôté mentionnent Antoine Ysome ou
Disome, notaire et secrétaire du roi, années 1474 et suiv. (Sauvai, t. III,
p. 339, 416, 438, etc.).
9. A. Loisel, Pasquier ou Dialogue des avocats, éd. Dupin, 1844, p. 69.
10. Raunié, Épitaphier, t. III, p. 3 16.
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60 CONFLANS.
ment, a inspiré à Marguerite de Navarre la vingt-cinquième
nouvelle de VHeptaméron^ dont voici le commencement :
« En la ville de Paris y avoît ung avocat plus estimé que neuf
hompies de son état, et, pour estre cherché d'un chacun à
cause de sa suffisance, estoit devenu le plus riche de tous ceux
de sa robbe. Mais, voyant qu'il n'avoit eu nulz enfans de sa
première femme, espéra d'en avoir d'une seconde, et combien
que son corps fust vieux, son cueur ny son espérance n'estoient
point morts ; par quoy il alla choisir une des plus belles filles
qui fust dedans la ville, de l'aage de dix huit à dix neuf ans,
fort belle de visage et de teint^ encore plus de taille et d'embon-
poinct..., mais si n'eut elle de luy non plus d'enfans que la pre-
mière ». Ce qui arriva, on le devine : la belle s'en fut « cher-
cher récréation aux danses et bancquets », où elle rencontra
« un bien grand prince, qui m'a defiFendu de le nommer », dit
la princesse sa sœur, car c'était François I*»". L'aventure se
prolongea, et Ton en causa beaucoup à la ville et à la cour;
dans une farce jouée sur les tréteaux de la place Maubert, au
printemps i5i5, il est sujet d' « une poule qui se nourrissoit
soubz une sallemande; laquelle poule portoit sur elle une
chose qui estoit assez pour faire mourir dix hommes ». C'est
à cette occasion que fut publiée une ordonnance défendant de
représenter aucune farce contre l'honneur du roi (5 janvier
i5i6)^
Dixhomme était partisan de la Pragmatique Sanction et
hostile au Concordat; son attitude, au Parlement et à l'Uni-
versité, le fit emprisonner en i5i8, et le roi ne consentit à lui
1. Ed. Montaiglon, 1880, t. IV, p. 271; lire la note du baron Pichon;
Paulin Paris, Études sur François /", i885, 1. 1, p. 63 et suiv. — Le méde-
cin Guyon, dans son livre intitulé : Diverses leçons, i6o3, t. II, p. iio,
prétend que c'est Dixhomme qui, par sa femme, aurait communiqué
r « avarie » à François I*' ; mais le fond même de cette anecdote célèbre,
dont le héros habituel est un certain Féron, est tout à fait invraisemblable
(Paulin Paris, t. II, p. 324). On raconte encore que Dixhomme s'étant
chargé d'un procès contre la Faculté de médecine, les médecins de Paris
décidèrent de ne plus jamais lui donner de soins; pour dégager sa res-
ponsabilité, il requit alors distribution de conseil (Delachenal, HisU des
avocats au Parlement de Paris, i885, p. yS).
3. Journal d*un bourgeois de Paris (j5i6-i536), éd. Lalanne, 1854,
p. i3; Félibien, t. IV, p. 634.
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CONFLANS. 6l
rendre la liberté que moyennant une forte caution* : il avait
sans doute ses raisons pour le maintenir sous les verrous.
Dixhomme mourut de la peste, dit-on, en septembre iSig,
« hors de ceste ville de Paris, à Tun de ses heritaiges » ', peut-
être à Conflans, oQ il possédait dans la censive des religieux
de Saint-Martin « une maison, court, jardins, coUombier,
manoir..., le tout clos de murailles, contenant dix arpents ou
environ..., tenant d'une pan à la ruelle par laquelle on va de
l'église de Conflans à la rivière de Seine, d'autre part au dit
manoir, abboutissant d'un bout à la dicte ruelle, d'autre bout
à la rivière » '.
Il avait fait mettre sur la porte, du côté de la Seine, l'inscrip-
tion suivante, imitée de Térence, et qui existait encore au
xviir siècle :
Consequor ex hoc nire senex quod comicus olim,
Ne urbis vel ruris satias me capiaf*.
Le kianoir de Dixhomme est sans conteste la partie centrale
du château actuel, dont on peut suivre en détail les transfor-
mations de cette époque à nos jours.
Dixhomme n'avait pas d'enfants. Nous ne savons comment
fut partagé son héritage; on trouve seulement qu'après sa
mort la maison de Conflans appartint pour un cinquième à
Claude Barbeau et à Marie le Picart, sa femme, et pour les
quatre autres cinquièmes à Émeri, seigneur de Ferrières, et à
Louise le Picart, sa femme*. Ceux-ci, par l'entremise de
Pierre Perdrier, notaire et secrétaire du roi, qui avait épousé
la veuve de Dixhomme*, vendirent leur part, le 24 avril 1529, à
Gaillard Spifame, seigneur de Bisseaulx, conseiller du roi et
trésorier général de France'. La vente fut ratifiée par les reli-
1. Ibid., p. 65, 67 (11 septembre i5i8).
2. Livre de raison de Nicolas Versoris, Mém. Soc. Hist. Paris, t. XII,
188S.
3. Arch. Nie, Conflans 10.
4. Loisel, ouvr, cité, p. 69.
5. Arch. Nie, Conflans i5.
6. Jeanne le Coq, qui mourut en 1546 (Raunié, Épitaphier, t. II, p. 358).
— Sur Perdrier, voir Masson, Bobigny, 1887, p. 43 et suiv.
7. Arch. Nie, Conflans i5.
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62 CONFLANS.
gîeux de Saint-Martin qui, dans leur Déclaration de temporel
de la même année, reconnurent Spifame comme propriétaire;
outre le manoir de Dixhomme, il possédait : <( Un arpent de
terre joignant^ icelluy manoir au lieu dict les Bassins, tenant
d'une part audit manoir, d'autre part et abboutissant d'un bout
à la dame Isabeau de Conflans ^, et d'autre bout à ladite rivière ;
— item, une pièce d'isle des appartenances dudit manoir assis
en lad. rivière près le moullin de Quiquangrongne, contenant
iiii arpents ».
Toute cette propriété, située dans la censive de Saint-Mar-
tin, était grevée d'une rente de trente sols parisis (aveu du
24 avril 1529)*.
Gaillard Spifame^, qui habitait, à cette époque, à Paris, près
la fontaine Saint-Leu-Saint-Gilles, avait exercé pendant cinq
ou six ans la charge de trésorier extraordinaire des guerres, et
y avait amassé une grosse fortune. Après la bataille de Pavie,
il fut accusé d'avoir détourné les fonds destinés à la solde des
troupes, et d'avoir ainsi causé la défection de plusieurs, corps
mercenaires. On l'arrêta, et, de i53o à i535, il demeura pri-
sonnier, d'abord au Palais, puis à la Bastille. Le vendredi saint
26 mars i535, a estant sur un ays pourri et corrompu, disant
ses heures en une fenestre, le dict ays se rompist et tresbucha
en bas, et se rompit le col, tellement qu'il se tua par cest
inconvénient. Il estoit homme de bien et avoit le jour de
devant faict ses pasques. Son corps fut gardé pendant qu'on
adviseroit s'il seroit pendu pour confisquer ses biens ». Ses
1. Voir p. 24.
2. Arch. Nie, Conflans 10 et 17.
3. Seigneur de Bisseaulx, conseiller du roi, échcvin en i52i, prévôt des
marchands de i528 à i53o, avait épousé Anne de Marie, morte en 1629
(Anselme). — Un jeton de Gaillard Spifame est décrit et reproduit dans
le Rapport du Musée rétrospectif de la classe / 5 (monnaies et médailles)
de l'Exposition de 1900. Les Spifame tirent leur origine de Barthélémy
Spifame, fils de Simon Spifame de Lucques, qui vint s'établir à Paris
vers 1340. — Voir, sur la généalogie de cette famille, Arch. nat., MM 821,
fol. 212; Bibl. nat., ms. fr. 29208, dossier 60766, fol. 121, et 30164,
dossier 1641, fol. 5. — Un certain Barthélémy Spifame possédait en 1422
u un molin à tan et à blé assiz en la rivière de Marne, au dessoubz du
Pont de Charenton, et ses appartenances, et un pou d'isle plantée de
saulsoics ». Ces biens furent confisques par les Anglais (Longnon, Paris
sous la domination anglaise^ 1S78, p. 35).
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CONFLANS. 63
parents obtinrent pourtant de l'enterrer en secret au cimetière
des Innocents, « en la fosse des misérables, qu*on dit de sainte
Catherine )). Il fut jugé après sa mort, et condamné à payer
Soo,ooo écus d'or * .
Le 17 septembre 1541, Jacques Spifame, chancelier de TUni-
versité, frère de Gaillard et tuteur de ses enfants, vendit les
quatre cinquièmes de la maison de Conflansà Claude Dodieu,
évêque de Rennes. Celui-ci avait acheté Tautre cinquième des
héritiers Dixhomme par contrat du 4 février 1541. Les reli-
gieux de Saint-Martin ratifièrent ces ventes*.
Claude Dodieu, plus connu sous le nom de seigneur de
Velly, appartenait à une ancienne famille lyonnaise*; entré de
bonne heure dans les ordres, il était maître des Requêtes de
l'hôtel en i535, ambassadeur à Naples auprès de Charles-
Quint, puis à Rome auprès du pape en i536; il prit une part
importante à la politique de son temps; sa correspondance
diplomatique est conservée à la Bibliothèque nationale. Il fut
nommé coadjuteur de Tévéque de Rennes en 1 540 et lui suc-
céda Tannée suivante. Il assista au sacre de Catherine de
Médicis (1549), ^^^ États Généraux (i557), et mourut à Paris
en i558. Son tombeau était aux Célestins^.
Au moment où Dodieu acheta la maison de Conflans, les
séjours d'Artois, de Flandre et de Bourgogne, tant à Paris qu'à
Conflans, étaient considérés comme domaine royal, mais
François 1*^ en avait concédé la jouissance, par une lettre du
1. Journal d'un bourgeois de Paris, cité plus haut.
2. Àrch. Nie, Conflans i5. — Jacques Spifame, une des plus curieuses
personnalités du xvr siècle, fut successivement maître des requêtes, cha-
noine de l'église de Paris, chancelier de TUniversité, évêque de Nevers
(de 1546 à i558); il prit le parti de la Réforme, se maria, se réfugia
à Genève, où il exerça le métier de boulanger, et mourut sur l'échafaud
en i566.
3. Il était sans doute parent et héritier de Guillaume Dodieu, Conseiller
au Parlement, qui acquit en iSaô l'hôtel de la Grange-aux-Merciers
(Lebeuf, t. V, p. 19).
4. Biographie Didot; dom Pernety, Recherches sur la ville de Lyon,
Les Lyonnais dignes de mémoire^ t. I, p. 3i5; dom Morice de Beaubois,
l'Église de Bretagne^ 1839, p. 27; Du Brcul, p. 693; Gallia christiana,
t. XIV, p. 761. Dodieu avait eu trois bâtards, pour lesquels il obtint des
lettres de légitimation, avec remise des droits à payer, le i" janvier i538
[Catalogue des actes de François /", t. III, p. 436).
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64 CONFLANS.
19 janvier i538, à Don Diego de Mandosse, premier maître de
l'hôtel*. Don Diego était un noble Espagnol qui, après la cap-
tivité de Madrid, quitta son pays d'origine et s'attacha à Fran-
çois I»*^; c'est lui qui démolit l'hôtel de Bourgogne à Paris, hor-
mis la tour qui subsiste encore; il bâtit sur les ruines l'hôtel
de Mandosse'.
Cependant, François I«% ayant besoin d'argent, ordonna, le
20 septembre 1543, que les séjours seraient mis en vente; cette
décision ne fut pas d'abord exécutée; Henri II la prit à nouveau
le 14 septembre 1548 (lettres de la côte Sainf-André) •. En i55o,
la Chambre des comptes donna acte à Mandosse qu'il acceptait
la vente. De i55i à i553, les commissaires procédèrent à plu-
sieurs adjudications de terrains en roture, avec baux à cens et
à rente ^
C'est ainsi que Jean de Gauchery, secrétaire du roi, acquit
« une vieille maison en mazure et en ruine, avec sept arpens
un quartier et demy de cerisaye et cinq quartiers et demy de
terre, faisant ensemble huit arpens et demy, le tout situé à
Conflans, appelé l'hostel, clos et parc de Bourgogne », pour
le prix de 2,121 livres de deniers comptant, et en outre à la
charge de 20 sols parisis de rente foncière au domaine*. C'est
l'emplacement du couvent actuel du Sacré-Cœur.
Le 3i mai i553, Dodieu adressa au roi une requête à fin d'ob-
tenir l'engagement du domaine royal à Conflans. Autrement
dit, il demandait que le roi lui cédât en fief ses droits de sei-
gneurie et de justice, moyennant une redevance annuelle.
Le roi ordonna immédiatement d'informer, car des commis-
saires se rendirent sur les lieux le i^^ juin i553. D'après les
témoignages recueillis, ils déclarèrent que le roi avait la sei-
gneurie et toute justice sur le séjour du roi, l'hôtel de Bour-
gogne, le clos de Brabant, huit maisons de la vieille rue des
Bordeaux et la maison de Dodieu. Au roi appartenaient égale-
1. D'après cette lettre, datée de l'abbaye du Bosc, un certain maître
Charles Gaillard aurait eu auparavant la jouissance de ces hôtels (Àrch.
Nie, Conflans 24).
2. Sauvai, t. I, p. 32.
3. Ces lettres ont été imprimées à Paris, chez Prault, 1744, in-4».
4. Arch. Nie, Conflans 24; Lebeuf, t. V, p. i3.
5. Mémoire [imprimé] pour dame Armande Gigault de Beliefont,
prieure du couvent de Conflans, sans date (xvii' siècle); Arch. nat.,
S 1129.
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CONPLANS. 65
ment les pêcheries, depuis le pont de Charenton jusqu'au pon-
ceau de la Grange-aux-Merciers. L'information ne parle pas
des droits des religieux de Saint-Martin, mais elle reconnaît
que les seigneurs dTerres avaient la haute justice, et le sieur
de Hacques les justices moyenne et basse, sur cenaines mai-
sons et terres dont il a été parlé au chapitre i^ Les commis-
saires conclurent à la vente des droits du roi à Conflans, sur
une mise à prix de 3oo livres*. Cette vente eut lieu, et Dodieu se
rendit acquéreur, moyennant 480 livres comptant et 3o livres
de rente. Voici la lettre d'engagement :
Henry, parla grâce de Dieu, etc., comme notre féal conseiller et
maistre des requestes ordinaires de notre hostel Claude Dodieux,
evesque de Resnes, nous a présenté requeste et par icelles remonstré
qu'il a acquis une maison accompagnée de quelque jardin, au
devant duquel il y. a une isle tenue de nous en censive, assize en la
rivière de Seine, à l'endroit de la paroisse de Peglise de Conflans
lez Charenton, en laquelle isle il a faict planter plusieurs arbres,
aulnes, saulx, peupliers, aubespines et esglantiers, tant pour la
décoration du lieu que proffit du revenu et commodité du public,
7 estant grand nombre desquels arbres duisant bien fort à l'indi-
gence qu'en ont les vignerons du pays au moïen des deffences que
nous avons faict faire qu'on ne convertisse point désormais les
chesnes et autres arbres de merien en eschalas ou autres tels
usages^ mais pource que lad. isle est plus prochaine de Paris et si
couverte de bois que ceux qui y entrent ne peuvent estre apperceus
pour garder d'icelle despeupler, gaster et destruire comme ils y font,
les uns sous couleur qu'ils ont de nous afermé la pescherie de lad.
rivière, et à ces causes prétendant de pouvoir entrer dans lad. isle
pour y estendre et scieger leurs fillets et fouiller au rivage pour y
prendre et pescher des escrevisses et autre poisson, en quoy fai-
sant ils détruisent et desracinent les arbres qui y sont plantez pour
la deffense et entretiennement de l'isle et de la terre que l'eau
porte et emmenne par le moien des trous et ouvermres que lesquels
pescheurs y font en y fouillant comme dit est, de sorte que, qui les
laissera continuer, l'héritage dudit seigneur evesque s'en ira, et
perdrions le cens et seigneurie dud. isle, et le public la commodité
desd. arbres et eschallas et vignes, et les autres voisins, tant de
Charenton, Conflans que de la ville de Paris, y pouvoient entrer à
toute heure tant de jour que de nuict comme en place commune
1. Supra, p. 25. — 2. Arch. S.-et-O., A 906; Arch. Seine, Domaine, 750;
Arch. Nie, Conflans 21.
uAu, XXXV 5
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66 CONFLANS.
et y faire desgats intollerables, encore que les jardiniers dud. lieu,
que les vallets du moulin qui y est joignant lad. isle fassent ce
qu'ils peuvent pour defTendre l'entrée, dont il advient souvent plu-
sieurs noises et desbats, et y a bien apparent danger s'il n^est per-
mis aud. exposant d'user aud. lieu de quelque plus grande autho-
rité que celle qu'il y a du présent*.
A ces causes... vendons, ceddons, transportons et délaissons dès
maintenant et à toujours à notre conseiller et me des requestes ordi-
naire de notre hostel Claude ûodieux, evesque de Resnes, pour iuy,
ses successeurs et ayant cause, toute U terre, rente, justice et sei*
gneurie, droits et devoirs à nous appartenant en lad. paroisse de
Conflans, depuis le Pont de Gharenton exclus jusques au ponceau
de la Grange aux Merciers, icelle grange en ce comprise et contenue,
avec tous les droits de justice, pescherie et debvoirs, et seigneurie
que nous avons en la rivière de Seine, isles, gors et moulins estant
le long du pourpris d'une part et d'autre, à commencer comiue
dict est aud. Pont de Gharenton, achevant au ponceau de lad.
Grange aux Merciers, à condition que ledit Dodieu aura prevost,
greffier, sergent et autres officiers... et y faire bonne et sûre prison
pour la garde des prisonniers, etc..
Donné à OfTémo^t le 26 mai i554.
Par le roy :
Db l'Aubespinb.
Enregistré au Parlement le 6 août i553. Signé : Le Gamus.
Enregistré à la Chambre des comptes le 4 septembre i554. Signé :
Le Maistre*.
La même année (i554), Dodîeu, tout en se réservant la sei-
gneurie et la justice, revendit la maison de Conflans à André
Guillard, seigneur du Monstier, de Tlsle et autres lieux, pre-
mier président au Parlement de Bretagne, ambassadeur à Rojxxe
pendant le concile de Trente; Guillard avait épousé en i55i
Marie Robertet'.
Seuls, les actes d'achat et de vente signalent le passage de
OulUard à Conflans. Il n'en sera pas de même pour le posses*
1. Ltle en question était encore pendant la Ligue un refuge de voleurs ;
le 5 septembre .1591, le bureau de la ville chargea le sieur Santeuil,
colonel du quartier Saint- Antoine, d'y faire une rftfle (Bureau de la viiie^
t. X, p. i6a). Elle est & présent réunie au Hrage.
2. Ârch. Seine, Domaine, 750, n* iaaS5.
5. Arch. nat., S 1139; Lebeuf^ t. V, p. 12. — Sur Gaillard, voir Blan-
chard, les Présidents au Parlement, 1647, p. 137.
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CONFLANS. 67
seur suivant, qui fera du vieux logis le rival des « plus beaux
bastiments » de la Renaissance.
IL
Le séjour du roi fut, comme Thôtel de Bourgogne, délaissé
par la cour pendant le xv« siècle. Par lettres datées de mars
1481 et enregistrées le i*"* juillet suivant, Louis XI donna à
Gillette Hennequin, veuve de Jacques de Hacqueville, « une
maison et masure à nous appartenante, située et assise près le
pont de Charenton, appellée le séjour du Roy, ainsi qu'elle se
comporte et extend, avec les jardins, appartenances et appen-
dences, laquelle est de présent toute en ruines, et ne nous est
d'aucune utilité », ce moyennant 5o sois parisis de rente
annuelle ^
Ragonde de Hacqueville, fille de Gillette Hennequin et
femme de Jean de Miraumont, écuyer d'écurie de la reine,
cède le séjour en i5io à Jean de Vignacourt, seigneur d'Avri-
gny, conseiller au Parlement, son cousin. Les enfants de ce
dernier vendent en iSSg à Eustache Luillier, seigneur de Giron-
ville. Nicolas de Mornay, seigneur de Villarceau, gendre de
Luillier, revend en 1674 à Guillaume Bailly, président de la
Chambre des comptes*.
Le 3 mai 1575, Bailly acquiert d'Aubin Rossignol, meunier,
le moulin Martinet, « situé en la rivière de Marne, devant le
séjour du Roy, près et au dessous du pont de Charenton », dans
lacensive des religieux de Saint-Martin-des-Champs, auxquels
le propriétaire doit 5o sols tournois de cens^.
Charles Bailly, fils de Guillaume, mort en iSSz, et président
en la Chambre des comptes, possédait à la fin du xvi<^ siècle le
fief du séjour, relevant du roi par l'intermédiaire de l'engagiste
du domaine de Conflans et comprenant : la maison et ses
1. Arch. Nie, Conflans 22 ; Nouvelles recherches sur la France,
p. ao6. — Sur « la grande maignée • des Hennequin, voir Bibl. nat., ms.
fr. 3141 1.
3. Arch. Nie, Conflans 22.
3. Arch. Nie, Charenton 24. — Parmi les propriétaires antérieurs du
moulin Martinet, on remarque en i523 Jean Le Picard le jeune, notaire
«secrétaire du roi {BulLSoc. Hist. Paris, 1893, p. i23). Nous avons déjà
rencontré des Le Picard à Charenton et à Conflans.
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68 confLans.
dépendances, — un colombier, — deux cours, clos et jardin, —
une vieille masure appelée TÉcho, — le tout fermé de murs,
contenant quinze arpents environ. Il avait de plus le moulin
Martinet, dans la censive des religieux de Saint-Manin. Ces
biens, chargés de 3 livres 2 sols 6 deniers de cens et rentes, for-
maient la plus grande partie du territoire situé aujourd'hui
dans la commune de Charenton entre la rue de Paris, la Marne
et la rue Victor-Hugo*.
La région de Conflans et de Charenton fut fort paisible
pendant la première moitié du xvi« siècle*. Le pont de Cha-
renton était alors un but de promenade pour les Parisiens.
Ainsi, Rabelais nous montre Gargantua et son mattre Pono-
crates avisant « une fois le mois quelque jour bien clair et
serain, auquel bougeoient au matin de la ville et alloient ou à
Gentilly, ou à Bologne, ou à Montrouge, ou au pont Charan-
ton..., et là passoient toute la journée à faire la plus grande
chère dont ilz se pouvoient adviser : raillans, gaudissans, beu-
vans d'autant; jouans, chantans, dansans, se voytrans en
quelque beau pré, denigeans des passereaux, prenans des
cailles, peschant aux grenouilles et escrevisses. d C'est au cours
d'une promenade de ce genre que Pantagruel fit la connais-
sance de Panurge, auprès de l'abbaye de Saint-Antoine, sur le
chemin de Charenton^.
Parmi un certain nombre d'actes passés à cette époque entre
habitants ou propriétaires de Charenton, nous en citerons seu-
lement un qui contient quelques détails assez pittoresques : les
3i juillet 1541 et i5 mars 1542, Antoine du Bois, conseiller au
Parlement, fait bail à Nicolas Félix, laboureur aux Carrières,
d'une maison, cour et jardin sis aux Carrières, et de trois
I. Arch. Nie, Conflans 21. — On retrouvera p. 87 la « vieille masure
appelée l'Écho ».
a. Cependant, en i525, à la suite des revers et de la captivité de Fran-
çois I*', alors que la capitale était exposée & un coup de main, on réta-
blit le pont-levis et fortifia les tours du pont de Charenton (Félibien,
t. IV, p. 658, 659). — Il y eut aussi une chaude alerte en septembre 1644,
lors de l'invasion de la France par Charles-Quint. Pierre Le Gendre,
dont nous parlerons plus loin, était capitaine de la tour du pont de Cha-
renton au commencement du xvi* siècle. Après sa mort (3 février i525
n. st.), François Gobé fut nommé à ce poste par lettre du roi du 19 fé-
vrier même mois. {Catalogue des actes de François /•', t. V, p. 675.)
3. Gargantua, ch. zziv; Pantagruel , ch. iz.
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COKFLANS. 69
arpents de terre à défricher sur le grand chemin de Charenton
à Paris, à la réserve du bâtiment postérieur, de la grande
chambre ayant vue sur la rue, de la moitié de tous les fruits du
jardin, noix, cerises, amandes et autres, de la totalité du verjus,
dont le preneur recevra seulement deux setiers par an, moyen-
nant un loyer de dix livres tournois par an, à charge pour le
preneur de fournir la main-d'œuvre pour l'entretien du par-
terre, des plates-formes, treilles et appuies du jardin, et de
conduire, dans un bateau, de Paris aux Carrières, et de recon-
duire le bailleur, sa femme et ses enfants, toutes les fois qu'il
plaira à celui-ci ; le bailleur aura la faculté d'entrer au jardin,
lui et ses gens, et d'y cueillir herbes, fleurs et autres choses; le
preneur reçoit deux vaches à lait, l'une blanc et noir, âgée de
huit ans, l'autre blanc et rouge, âgée de douze ans; pour l'une,
le bailleur aura droit, chaque année, à douze fromages « cou-
lerez »; de l'autre, la moitié des veaux lui appartiendra; ces
veaux seront gardés et nourris par le preneur ^
Les guerres de Religion mirent fin à cette période tranquille
et prospère. Le 29 octobre iSôy, les protestants s'emparèrent
du pont, « avec l'intelligence du capitaine qui estoit en garni-
son en la tour dudit pont, lequel leur livra ». Ce capitaine, qui
s'appelait Jehan Dupré, tomba aux mains des gens du roi et
fut pendu en place de Grève. Après leur victoire, les protestants
ravagèrent le pays, brûlant « plusieurs moulins, maisons et
fermes, tant à Charenton que aux environs » ^ ; puis, à l'ap-
proche des troupes royales, ils se retirèrent « après avoir
rompu et démoli les grosses tours de pierre qui estoient sur
les ponts de la rivière de Marne, brûlé les moulins et jeté les
"ponts et arches par terre en la dite rivière, qui fut un dom-
mage fort grand » ^. L'année suivante, Charles IX ordonna de
raccoutrer et garnir de pont-levis le pont de Charenton*. Il ne
semble pas que ces ordres aient été exécutés, car, en iSyô,
Henri III demanda aux Parisiens 200,000 livres pour refaire le
pont de Charenton, « auquel pont de Charenton ne fut faite
aucune réparation pour cette année' ». Le 5 décembre iSyS,
1. Coyecque, Recueil d'actes notariés, xgo6, t. I, n* 3o32.
2. Journal de François Grin, religieux de Saint-Victor, Mém. Soc. Hist.
Paris, t. XXI, 1894, p. 42.
3. Claude Haton, Mémoires, t. I, p. 447.
4. Félibien, t. III, p. 710.
5. Claude Haton, t. II, p. 828.
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70 CONFLANS.
Messieurs de Ville accompagnent, jusqu'au pont de Charenton,
Elisabeth d'Autriche, veuve de Charles IX. — Le 20 mai iSyô,
ils vont, avec le roi, au-devant de la reine mère, au pont de Cha-
renton * .
La Ligue succède presque sans interruption aux guerres de
Religion. En janvier iSSg, les habitants du bourg reçoivent
des Parisiens soulevés l'ordre de se clore et de faire bonne
garde; ils ont la permission de courir sur les soldats du roi
qui sortent du bois de Vincennes pour fourrager. Le pont est
rompu et remplacé par un bac*. « Le 25 avril iSgo, le roi de
Navarre [Henri IV] s'en vint mettre le canon devant Charen-
ton, à la vue de la ville, où il y avoit dix soldats parisiens dans
une tour qui se défendirent courageusement trois ou quatre
jours. Mais, feignant un jour de vouloir parler à eux, fit aller
par un autre côté de cette tour pour les surprendre ; ce qu'ayant
été fait et gagné le pont, il fit pendre leur capitaine et le même
jour se présenta à la ville, où il gagna quelques maisons, et
puis tout ce qui étoit autour d'icelles, et à cela s'étant passé
quelques jours, il délibéra de tenter les forces des Parisiens »•.
Il établit un pont de bateaux sur la Seine, vis-à-vis de Conflans,
et, pendant le printemps iSgo, plusieurs escarmouches eurent
lieu autour de Charenton. L'arrivée du duc de Parme força le
Navarrais à abandonner le bourg (septembre iSgo), que les
ligueurs occupèrent aussitôt : « Ayant esté recongneu combien
de préjudice ont apporté à cette ville de Paris les terrasses,
boulevers et tranchées que les ennemys de nostre saincte Reli-
gion et de cet estât on faites depuis six mois en ça es advenues
proches du pont de Charenton et du village de Conflans », le
bureau de la ville, par ordonnance du 24 septembre, commit
le sieur de Mongeot, commandant du pont de Charenton,
pour démolir ces ouvrages, et enjoignit « à tous paysans,
manans et habitans desdits villages d'y travailler..., à peine du
feu, du sang et de confiscation ». Bien plus, le 22 décembre
1. Registres du Bureau de la ville, t. VII, p. 3o8, 38o. — UEstoile
raconte dans son Journal, le 2 février 1578, que Bussy d*Amboise ayant
eu une querelle avec Quélus s*est enfui à Charenton.
2. Bureau de la ville, t. IX, p. 267, 333, 432 ; Félibien, t. III, p. 456.
3. Mémoires de la Ligue, éd. de 1758, t. IV, p. 281. — D'après Mézeray
et Félibien, tous les défenseurs de la tour furent pendus.
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CONFLANS. 7Ï
tSgo, la démolition du pont fut décidée; mais on né passa pas
à Inexécution * .
Voici encore un document de la même époque et de la même
origine : « 26 janvier iSgi. — Il est ordonné que LoisChaillou
se transportera, avec le nombre d*hommes qu'il verra bon
estre, au pont de Charenton et es environs, et illec fera coup-
per les saulx qui se trouveront appartenir à ceulx qui tiennent
le party contraire, et la coupe desdits saulx fera admener par
bateaux en ceste ville de Paris, pour estre mis en Thostel de
ccste ville, pour estre cmplolez aux pallissades et fortifica-
tions »^.
Dans les premiers jours de Tannée ! 594, les troupes du roi,
venant de Saint-Denis, s'emparent à nouveau du pont de Cha-
renton'. Henri IV entre à Paris le 2! mars 1694. Le 3 avril,
un arrêt du Conseil d'État prescrit Une surtaxe sur le sel, pour
payer la réfection du pont, que Michel Marteau exécute en
octobre. Le i3 janvier 1597, 600 écus sont affectés aux répara-
tions. Le 29 novembre de la même année, le prévôt et les éche-
vins de Paris ordonnent une levée de 5 sols sur minot de sel
pour les travaux des ponts de Saint-Maur et de Charenton*.
La grosse tour, à moitié démolie par les Huguenots sous
Charles IX, est rasée complètement en 1602*.
III.
Revenons à la maison de Conflans, dont il a été question au
début de ce chapitre, et que nous avons quittée un moment
pour le séjour du roi. André Guillard, qui l'avait achetée à
l'évéque de Rennes, ne la conserva pas longtemps : il la reven-
dit le 18 juin i568 à Nicolas Legendre, seigneur de Villeroy*.
Le i« juin 1677, Villeroy acquit par adjudication rengage-
ment du domaine royal dans la paroisse de Conflans, moyen-
I. Bureau de la ville, t. X, p. 56, 84.
î. Ibid., t. X, p. 97.
3. Journal de VEstoile.
4. Bureau de la ville, t. XI, p. 95, 467 ; Valois, Inventaire des arrêts du
Conseil sous Henri JV, 1886, 1. 1, n" 687, 966, 336o.
5. La Rochcmaillet, Théâtre de PariSy éd. de 1880, p. 49.
6. Arch. Nie, Conflans i5.
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72 CONFLANS.
nant 480 livres remboursées aux* héritiers Dodieu, 460 livres
payées au Trésor et 3o livres de rente annuelle ^
Le 7 novembre i585, Claude de L'Aubespine et Marie de
Malon, sa femme, lui vendirent : !<> « La maison seigneuriale
de ConilanSf située entre la maison du dit Villeroy et la ruelle
qui mène à la rivière ». — 2® Une autre maison et huit arpents
de vigne clos de murs. Ces biens se trouvaient dans le fief des
Malon (ch. i, p. 25). Les vendeurs se réservaient la justice,
les rentes féodales et les lods et ventes^.
D'après une déclaration du 29 août i6o5*, le seigneur de
Villeroy possédait à Conflans :
i^ Dans la censive de Saint-Martin-des-Champs : « La grande
maison » et son jardin.
^^ Dans le domaine du roi : le séjour de Bourgogne et les
îles, passages de Marne, gords et pêcheries, depuis le pont de
Charenton jusqu'au ponceau de la Grange-aux-Merciers.
3«> Dans la censive de Malon : la maison seigneuriale, — la
maison du pressoir, — huit arpents de terre au lieu dit les
Bassins, — un arpent d'une part, six perches d'autre part,
enclos dans le jardin, — le « jardin de Belu, joint à la cui-
sine », — une maison rasée pour le passage du chemin du bas
vers Paris, — un bûcher, — cinq arpents de vignes près la
Croix-Boisée, tenant d'une part au grand chemin de la plan-
chette et d'autre part au carrefour de Conflans.
Si l'on rapproche ces titres de ceux que nous avons cités
précédemment et de la description qui prendra place au para-
graphe suivant, on retrouve le château actuel dans la maison
de Villeroy, — celle-ci étant elle-même formée par la réunion
de trois maisons plus anciennes, que le nouveau possesseur
restaura et relia par des constructions nouvelles :
fo L'hôtel d'Artois primitif (voir p. 18 et 3o), avant le mor-
cellement de la garenne royale (i3i6); cette panie, située dans
la censive de Saint-Martin-des-Champs, s'appelle au xvi* siècle
la grande maison. Elle devient, au temps de Villeroy, le bâti-
1. Ârch. Seine, Domaine, carton 277, n* 391. — Comme engagiste, le
seigneur de Villeroy reçut, en 1608, aveu de Charles Bailly pour son fief
du Séjour du Roi, chargé de 5o sols, payables à la Saint-Jean (Arch.
S.-et-O., A 906; voir p. 67).
2. Arch. Nie, Conflans i5.
3. Arch. Nie, Conflans 17; Arch. nat., S 1129.
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conplàns. 73
ment central (petit séminaire actuel) et la galerie, dont le sou-
bassement voûté semble être resté intact, mais dont l'étage
supérieur est aujourd'hui transformé en appanements (pro-
priété Hartmann).
2*> Des bâtiments de Thôtel d'Artois, de Flandre et de Bour-
gogne, élevés au xiv« siècle sur les terrains cédés par Philippe V
(i3i6), et qui n'ont pas cessé de dépendre du domaine royal.
Ces vestiges du séjour de Bourgogne subsistent aujourd'hui,
partie dans l'aile est du château (petit séminaire), partie dans
le couvent du Sacré-Cœur.
3<> La maison seigneuriale de Conflans, qui est l'aile ouest
du château (propriété Hartmann), orientée perpendiculaire-
ment au bâtiment central, auquel elle fut réunie par Villeroy.
Nous aurions voulu, pour compléter ces indications, parler
des travaux considérables que les Villeroy firent exécuter à
Conflans ; mais nous n'avons trouvé aucun renseignement à ce
sujet. Nous possédons du moins des descriptions très complètes
de la maison de Conflans après ces travaux. L'une de ces des-
criptions formera le paragraphe suivant; avant de la repro-
duire, nous dirons quels furent les hôtes de Conflans à cette
époque.
Les acquisitions que nous venons d'énumérer avaient été
faites par Nicolas HI de Neuville (1 5 12-1 598), premier secré-
taire d'État, plus connu sous le nom de Le Gendre; il portait
ce nom en souvenir de son grand-oncle, Pierre Le Gendre,
seigneur de Villeroy, dont il avait héritée Mais le principal
hôte de Conflans fut Nicolas IV de Neuville, fils du précédent;
ce fut aussi le plus illustre membre de cette famille, qui compte
deux maréchaux de France. Il naquit en iS/^'i. A seize ans, il
^ " .... I I .1.1. . , , ■ ■■
I. Pierre Le Gendre, chevalier, seigneur de Villeroy et d'Alincourt,
notaire et secrétaire du roi, maître des comptes en la Chambre de Paris
(i3o4), trésorier de France, capitaine de garde des tours et pont de Cha-
renton, prévôt des marchands (i5o8), mort le 3 février i525, légua ses
biens à son neveu Nicolas II de Neuville, secrétaire des Ifînances,
mort en i554. — Sur la généalogie des Villeroy, consulter Essai histo-
rique sur Alincourt et ses archives, Mém. de la Soc. hist. et archéol.
de Pontoise et du Vexin, t. III, p. 33, 1881 ; Aymé Darblay, Villeroy^
Mém. de la Soc. hist. et archéol. de Corbeil, d'Étampes et du Hure-
poix, t. III, 1901 ; Tauvelet du Toc, Hist. des secrétaires d*Estaty 1668; et
les ouvrages du P. Anselme, de Moreri, de Lachesnaye Desbois, de
Lebeuf (t. XI, p. m), etc.
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74 CONFLANS.
épousa Madeleine de l'Aubespine, fille de Claude II de TAu-
bespine, secrétaire d^État, et cousine germaine de Claude de
TAubespine, président à la Chambre des comptes, personnage
dont il a été question ci-dessus.
A la cour de Charles IX, M«« de Villeroy avait une grande
réputation d'esprit; elle aimait la société des poètes, et on lui
attribue une traduction en vers desépîtres d'Ovide. C'est peut-
être sur son conseil que Villeroy prit, en 1 570, le poète Desportes
pour secrétaire particulier, à l'exemple de son père qui avait
eu pour page Clément Marot. Desportes, reconnaissant, dédia
Rodomont au mari et composa une épître sur la chienne pré-
férée de Madame. Madeleine de L'Aubespine mourut, en iSgô,
au château de Villeroy, situé près de Corbeil, et dont il reste
quelques vestiges*.
Nicolas de Neuville, peu instruit dans les lettres, s'était, tout
jeune, entièrement donné à la politique. « Monsieur de Villeroy,
sans science, disait Richelieu, fut trouvé aussi propre aux
affaires que Monsieur de Thou inhabile avec toute son étude ».
Voici l'impression qu'il laissa à un diplomate étranger bien
placé pour le juger; ceci fut écrit en i6o5, à l'époque où Ville-
roy et Sully se disputaient la prééminence dans les conseils
d'Henri IV : « Monsieur de Villeroy surpasse en mérite tous
les ministres du roi; c'est un esprit vaste; il a une inclination
et une aptitude uniques à pénétrer le secret des autres cours ;
il les connaît à fond... Il n'a peut-être pas 3o,ooo écus de rente
en tout et pour tout, et il supporte les dépenses très lourdes de
sa charge;... de complexion délicate et toujours soufifrant, il
serait mort depuis longtemps s'il ne s'était soumis à un régime
très ponctuel et très minutieusement observé*. » Cet homme,
d'apparence chétive, fut ministre sous quatre rois et pendant
cinquante ans (1567-1617). Quand il mourut (i6i7),son revenu
personnel n'était accru que de 4,000 livres. Ce n'est pas ici le
lieu d'exposer son œuvre politique, ni d'analyser ses mémoires
et sa correspondance, « premiers modèles de la belle langue
diplomatique )i>^. Mais, alors que chacun admire les efforts de
Sully pour restaurer les finances ou pour encourager l'agricul-
1. Potîquet, Notice sur M, de Villeroy ^ 1877; UEstoile, Journal de
Henri III y juin 1687, etc.
2. Relations des ambassadeurs vénitiens^ t. I, p. 23i (Pietro Duodo).
3. Hanoteaux, RichelieUy t. II, p. 64.
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CX>NFLANS. 75
ture, on oublie trop facilement Villeroy ; c'est pourtant grâce à
lui qu'Henri IV mit fin aux guerres civiles, et qu'il releva aux
yeux de l'étranger le prestige de la France*.
Nicolas III de Neuville s'est retiré dans ses terres de Villeroy
ou d'Alincourt dès le règne de Charles IX; son fils habite
alors Conflans et y entreprend des travaux de construction et
d'embellissement. Les événements (je la Ligue le forcent à
s'éloigner; après la journée des Barricades (12 mai i588), il
suit Henri III à Blois; puis il s'entremet entre les partis et on
le trouve alternativement dans l'un et l'autre camp. Cependant,
sa maison de Conflans est gardée « par un seigneur qui hono-
rait le père et avait été instruit avec le fils ». La paix conclue,
il s'y établit de nouveau*.
Le mardi 16 mars 1699, il y reçoit le roi « où, le comte de
Chomberg s'estant trouvé, avoit donné sur le bon vin et mangé
un peu trop d'ung poisson qu'on appelle le flettan », à tel point
qu'en s'en retournant à Paris il a mourut tout saoul dans son
coche » '.
C'est à Conflans, chez Villeroy, que le maréchal de Biron
se rencontra avec le duc de Savoie, et forma la conspiration
qui lui coûta la vie (1603)*.
Henri IV est souvent venu, soit à Conflans, soit à Charen-
ton. Gabrielle d'Estrées demeura quelque temps à Charenton,
où le roi lui adressa le billet suivant :
Comme ma lettre estoyt fermée, çà qu'elle m'a dit que vous
estyez passée pour aller à Charenton. Sy je me porte tant soyt peu
bien, je ne prenderé point medecyne demayn pour vous voyr.
Je vous donne encores un mylion de besers '.
Les habitants du pays appellent pavillon de Gabrielle le
principal corps de bâtiment de la mairie actuelle. Il faut se
1. M. J. Nouaillac doit publier prochainement un livre sur Villeroy,
secrétaire d'État.
2. Villeroy, Mémoires d'État; P. Matthieu, Remarques d'estat et d'his-
toire f sur la vie et les services de M. de Villeroy, 1622 ; L'Estoile, Journal
de Henri III.
3. L'Estoile, Journal de Henri /V, mars iSgg.
4. Histoire de la vie, conspiration, etc., du mareschal de Biron, i6o3;
Annales générales de la ville de Paris, 1640, p. 472.
5. Delort, Mes voyages aux environs de Paris, 182 1, t. I, p. 228.
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j6 CONFLANS.
méfier de cette attribution ingénieuse, mais qui semble ne
s'être accréditée qu'à la fin du xviii® siècle, alors que les sou-
venirs d'Henri IV redevenaient de mode. La vérité est que
Gabrielle d'Estrées n'a jamais possédé de maison à Charen-
ton*. Le pavillon en question est bien son contemporain; il
rappelle par son style les maisons de la Place-Royale et figure
pour la première fois sur le plan de Mérian (1610). Lebeuf dit
seulement qu'il était habité par la duchesse de Sforce en 1691 ;
en 1755, il appartenait à M. l'Advocat, maître des comptes, « et
auparavant il étoit à M. Poupardin, son beau-père, qui l'avoit
acheté de M. Lope de Bourdeaux »'. Il fut probablement cons-
truit par Barthélémy Cenamy, financier italien venu en France
à la suite des Médicis et qui mourut en 161 1'. Cenamy pos-
sédait, suivant Sauvai, le plus beau logis de Charenton, et c'est
chez lui qu'Henri IV traita, le 14 octobre 1602, les ambassa-
deurs suisses^. On voit encore des C entrelacés dans la déco-
ration très remarquable d'un plafond qui orne une des salles
de ce pavillon. Bassompierre dit qu'en 1608 la marquise de
Verneuil* logeait « à Conflans, chez Cenamy », et M™« d'En-
tragues, sa sœur, à la maison de Monsieur Jean de Vienne, au
même bourg*. On peut supposer qu'avant la marquise de Ver-
neuil, Cenamy avait reçu Gabrielle d'Estrées dans sa maison
1. M. Desclozeaux, dans son livre sur Gabrielle d'Estrées, dpnne Tin-
ven taire complet des biens qu'elle possédait à sa mort (1399) ; dans cet
inventaire, il n'est pas question de maison à Charenton.
2. Lebeuf, t. V, p. 19.
3. Raunié, Épitaphier, t. III, p. 583.
4. Sauvai, t. II, p. 99; Félibien, t. III, p. 489-a ; « Les ambassadeurs
suisses se rendirent à Charenton prez Paris le samedy 14 d'octobre, où
ils furent visitez et festoyez de la part du roy par les sieurs de Sillery et
de Vie, au logis de Senamy, au haut du village de Charenton. Le disner
fut plus court qu'en leur pais, car il ne dura que deux heures, mais tou-
jours la saturité en fut la borne. Ils montèrent à cheval pour marcher
devers Paris : le premier ambassadeur estoit conduit par le sieur de Sil-
lery, qui lui donna la main droite, après l'avoir longtemps refusé ;
chaque ambassadeur avoit un gentilhomme françois qui l'accompagnoit...
En cet ordre, ils arrivèrent à la porte de Saint Antoine. »
5. Henriette de Balzac d'Entragues, maîtresse d'Henri IV.
6. Mémoires, éd. Renouard, 1870, t. I, p. 201. — Le 18 octobre 1609,
Sully dîne chez M** de Vienne après le mariage de son fils, célébré au
temple de Charenton (L'Estoile). Cette maison devait être sur Charenton-
Saint-Maurice.
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CONFLANS. 77
de Charenton. Ainsi la légende locale serait en partie justi-
fiée*.
On sait qu'Henri IV, après avoir signé Tédit de Nantes,
autorisa les protestants à ouvrir un temple aux environs de
Paris, et que ceux-ci en choisirent l'emplacement à Charenton.
Ce temple, commencé en 1606, incendié en 1621, fut recons-
truit par Jacques De Brosse et démoli en 1686, à la révocation
de l'édit de Nantes. Il s'élevait au bord de la Marne, non loin
du pont, et sur le territoire de Saint-Maurice; son histoire
n'est donc pas à faire ici, mais on ne peut omettre de signaler
l'importance de ce voisinage. Pour se rendre au temple, les
religionnaires de Paris prenaient soit le coche, ancêtre de nos
bateaux parisiens, soit la route de terre : de toute façon, ils
passaient devant Conflans, où eurent lieu de nombreuses
bagarres entre réformés et catholiques*.
Après la mort d'Henri IV, Villeroy fit de longs séjours à
Conflans. Il s'y retirait toutes les fois qu'un dissentiment s'éle-
vait entre lui et les autres ministres, et annonçait alors bien
haut qu'il prenait sa retraite; puis, cédant aux prières de la
reine mère, il revenait occuper au Conseil la place qu'on lui
garda jusqu'à sa mort.
La première de ces retraites est du mois d'août 1610; le
dimanche 16 août, Messieurs de Sully et de Bouillon, qui font
cause commune avec leur vieux compagnon de luttes, viennent
déjeuner à Conflans, en sortant du prêche de Charenton;
Concini, envoyé par la reine, les. rejoint et ramène au Louvre
les trois mécontents*. Bientôt, Sully, moins souple, se retire
définitivement. Villeroy est de nouveau à Conflans en décembre
1614, en juillet i6i5, eç août 1616; cette fois, il y reste jusqu'au
1. Au moment de donner le présent travail à l'imprimeur, nous dépouil-
lons une série de documents qui nous ont déjà fourni de nouveaux ren-
seignements sur les anciens propriétaires du pavillon dit de Gabrielle et
qui, nous Tespérons, nous permettront d'en reconstituer l'histoire; ce
sera l'objet d'une publication ultérieure.
2. Sur le temple de Charenton, consulter Ma rty-La veaux, Charenton au
XVII* siècle, i853, et surtout une série d'articles de M. Read parus dans
le Bulletin de la Société de Vhist, du Protestantisme français en 1854-
i855. — Sur l'emplacement du temple fut transféré en 1701 le prieuré du
Val d'Osne (voir l'article de M. l'abbé Jobin dans le Bulletin du Comité
d'histoire du diocèse de Paris y avril i883).
3. Zeller, Louis XIII, t. I, p. 101-107.
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78 CONFLANS.
meurtre de Concini. On Vy vient chercher pour le replacer
au pouvoir, et son autorité est plus grande que jamais, lorsqu'il
meurt à Rouen, le i3 décembre 161 7, d'un dernier accès
d'une maladie d'intestins qui le fit souffrir toute sa vie. & Sa
fin fut très belle et digne d'un chrétien ^
II fut enterré à Magny, où se voit encore son tombeau, à
côté de celui de sa femme. Ses serviteurs de Conflans ne furent
pas oubliés dans son testament; il légua : « A Nicole Royer,
palfrenier, et à sa femme, qui sert à Conflans, six vingts livres,
et à Salomon, autre palfrenier, trente livres ; à François Bou-
deu, portier, six vingts livres; à M» Jeh. Boullart, concierge à
Conflans, sept cens cinquante livres » '.
Il est plusieurs fois question de Conflans dans la correspon-
dance de Villeroy, conservée à la Bibliothèque nationale. Le
secrétaire d'État, écrivant à des ambassadeurs français à l'étran-
ger, profite souvent de l'occasion pour leur demander des
objets rares ou exotiques destinés à sa maison préférée; et,
lorsqu'il voyage, il se fait tenir au courant de ce qui s'y passe
par ses amis : ainsi, dans une lettre du 6 mai i6o3, Brulart,
après l'avoir entretenu des affaires politiques, termine par ces
mots : a J'alai hier visiter votre bêle maison de Conflans, qui
est bien tenue, les alées bien netes et les palissades en bon
estât, et ne se défend de l'absence du seigneur; les peintures
sont bêles et avancées jusques à la porte qui descend au parc;
je désire bien qu'avec toute commodité vous le puissiez bien-
tôt revoir » '.
Des érudits comme Du Chesne, Du Breul, des voyageurs
comme A. Gôlnitz, Van Buchel, ont visité la maison de Con-
flans au temps de Villeroy, et lui OQt consacré des pages
curieuses^. Il existe en outre une description latine très détail-
1. Maréchal d'Estrées, Mémoires^ coll. Petitot, t. XVI, p. aog, 18a, 3o3;
Arnauld d*Andilly, Mémoires^ Petitot, t. XVI, p. 18; Pontchartrain,
Mémoires^ Petitot, t. XVII, p. 65, 189, aaa, 253.
2. Potiquet, Notice sur M. de Villeroy^ 1877. — « Magny-en-Vexin, où
se trouve le tombeau de Villeroy, est un chef*lieu de canton de Tarron-
dissement de Mantes (Seibe-et-Oise).
3. Bibl. nat., ms. fr. n* 15578, fol. 67.
4. Dû Chesne, les Antiquités et recherches des villes, 1609, p. 40, 248;
Du Breul, Antiquités de Paris, Suppl., lôSg, p. 87; A. Gôlnitz, Ulysses
Belgyco-GallicuSf i655, p. 160; Arnold Van Buchel, Description de Paris,
publiée par L.-A. Langeraad et A. Vidier, Mém. Soc. Hist. Paris, t. XXVI,
1899, p. ii5.
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GONFLONS. 79
lée« qui fut imprimée en 1619, mais qui est extrêmement rare
et presque ignorée. Nous n'en connaissons qu'un exemplaire,
celui de la Bibliothèque nationale ^ C'est pourquoi nous en
donnons au chapitre suivant une traduction complète, où nous
nous sommes efforcés de rendre à la fols les réflexions naïves
et les expressions un peu prétentieuses de l'auteur.
D'après cette description, on comprendra que Conflans ait
inspiré à Ronsard les beaux vers qui terminent son épitre à
Villeroy' :
Reçoy donc mon présent, s'il te plaist, et le garde
En ta belle maison de Gonflant, qui regarde
Paris, séjour des Roy s, dont le front spacieux
Ne voîd rien de pareil sous la voûte des cieux,
Attendant qu'Apollon m'eschaufle le courage
De chanter tes jardins, ton clos et ton bocage,
Ton bel air, ta rivière et les champs d'alentour
Qui sont toute l'année eschauffez d'un beau jour.
Ta forest d'orangers, dont la perruque verte
De cheveux éternels en tout temps est couverte
Et tous) ours son fruict d'or de ses feuilles défend.
Comme une mère fait de ses bras son enfant.
Ronsard, hélas! oublia sa promesse de continuer à chanter
Conflans et ses jardins ; il faut donc nous contenter de la prose
de Tabbé Le Masson.
IV.
Description de la demeure dite maison de Conflans
ET SITUÉE PROCHE LA VILLE DE PaRIS.
(Par J,-B. Le Masson, Forezien^, aumônier du roi très chrétien.)
A Paris, au mois de mai 16 19.
A deux mille pas de la porte Saint-Antoine se trouve la paroisse
de Conflans, ainsi nommée en langage français à cause du confluent
de la Marne et de la Seine, qui s'y réunissent non loin du pont de
Charenton. L'église, consacrée à saint Pierre, est bâtie sur une
1. ImpriméSy^Lk' 2223.
2. Ronsard, éd. Lemerre, 1887, t. I, p. 343.
3. Jean-Baptiste Le Masson, né à Saint-Germain-Laval, mort à Paris
vers i63o, successivement archidiacre de Bayeux, référendaire de la chan-
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80 CONPLANS.
hauteur et orientée vers le côté du ciel d'où la terre reçoit la
lumière. Près de l'église, dont elle n'est séparée que par le chemin
très étroit qui conduit, ou plutôt qui dévale vers le fleuve, est située
l'aimable retraite de très illustre gentilhomme Nicolas, seigneur et
marquis de Villeroy- sur- Yonne*.
Le terrain, dont la pente est. assez raide, s'élève par degrés à
mesure qu'on s'éloigne de la Seine ; on aperçoit de part et d'autre
plates-bandes, arbres, berceaux, arbustes et buissons. Des allées
s'entrecroisent en tous sens, celles-ci toutes droites, celles-là con-
tournées et se divisant en trois ou en quatre autres, les unes longues,
les autres courtes ; des pavillons de pierre et des cabanes faites de
troncs d'arbres renferment des sièges, des bancs et des tables de
bois poli ; sous des arbres taillés en berceaux arrondis, à l'abri du
soleil ou de la pluie, on goûte un repos plein de charmes. Le mur
qui longe le fleuve soutient un talus fait de terres rapportées, lequel
est de la hauteur du mur et disposé de manière qu'il ne fasse point
obstacle au son, si bien que les bruits du dehors s'entendent au
dedans. Ce talus forme une promenade unique par sa beauté comme
par son étendue et qui s'étend jusqu'à la porte occidentale, du côté
de Paris.
Une petite maison placée à l'angle du jardin potager abrite les
laveuses; tout auprès, une porte et un escalier de quelques marches
donnent accèâ vers la Seine. On remarque, dans ce jardin, un puits
pour l'arrosage et, un peu plus loin, une pelouse carrée, entourée
d'arbres élevés et de buissons épais, au centre de laquelle se dresse
une statue de pierre extrêmement blanche, placée sur un piédestal
et représentant une jeune fille aux formes gracieuses; son visage
est tourné vers le midi ; elle porte sur la tête une couronne de roses
tressée, en tient une autre de la main gauche et s'appuie de la main
droite sur un bâton; elle a le sein, le bras et la jambe gauches nus.
Ces roses, ces fleurs, ces guirlandes et les vêtements de la statue
sont très habilement peints en plusieurs couleurs. On pour-
rait l'appeler la déesse des fleurs, ou, encore mieux, des fleurs
sauvages.
On voit non loin de là, au milieu d'un vaste carré d'arbres, je ne
dirai pas un étang, ni un vivier (car on n'y trouve pas de poissons),
ni une mare, mais un réservoir qui recueille l'onde des fontaines et
cellene, aumônier du roi, a composé une dizaine d'ouvrages, parmi
lesquels on cite une histoire de Jeanne d'Arc et le calendrier des confré-
ries de Paris, réédité par l'abbé Dufour. — Nous rappelons que la des-
cription qui suit est traduite du latin.
I. C'est Villeroy, comm. de Mennecy, arr. de Corbeil (Seine-et-Oise),
et non Villeroy-sur-Yonne.
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CONFLANS. 8l
qui sert en même temps de citerne ; son niveau est tel que les eaux
du fleuve le puissent facilement traverser ; s'il n'en était point de la
sorte, et si les eaux demeuraient stagnantes, elles dégageraient une
odeur fétide et repoussante. Ce réservoir, dont la forme est celle
d'un théâtre, est entouré de très petits buissons taillés; il mesure
cent quarante pas de tour; chaque pas vaut trois pieds et chaque
pied douze pouces. Ceux qui viennent ici pour la première fois et
qui n'ont pas été avertis, lorsqu'ils pénètrent tout à coup sur
la pelouse et qu'ils aperçoivent le réservoir des eaux, sont frappés
d'étonnement^
En s'éloignant de ces lieux, on rencontre un peu plus haut une
cage de bois qui renferme des oiseaux domestiques et sauvages et
qui est appuyée contre une voûte où ces oiseaux se peuvent mettre
à l'abri des violences du vent ; sur le côté est un petit jardin planté
de fleurs, très étroit, mais très long. On monte ensuite quarante
marches qui contournent en partie la pompe dont nous parlerons
plus après, et l'on arrive devant une porte : cette porte occupe le
milieu d'un mur, et dans le mur sont percées vingt-six grandes
arcades. Avant de franchir la porte, on traverse une terrasse, for-
mant une très vaste promenade, où s'élève une colonne de marbre
blanc comme la neige, haute de plus de dix pieds et mesurant
quatre pieds de tour; cette colonne est surmontée d'une statue
de bronze qui fait face au midi et qui représente le célèbre David
sous la figure d'un jeune homme tenant de la maip gauche une
pierre transparente, de l'autre main une fronde, et écrasant du pied
droit la tête de Goliath*. A droite, une tourelle pointue domine la
I. Arnold van Buchel, qui vint à Conflans en i58S, y admira « un bas-
sin circulaire analogue aux piscines, où les anciens empereurs romains
donnaient des combats navals, tels qu'on les voit sur les monuments
antiques >. Il en fit un dessin, reproduit dans la publication citée p. 78,
note 4.
c On y voit aussi, ajotite-t-il, un jardin en forme de celhif en contre-bas
avec le reste du sol ; il est en pleine verdure; au milieu, une fort belle fon-
taine et des chalets d'été, sur la façade desquels on a placé des statues de
Tibère et de Germanicus; tout autour, des treilles, des haies de lauriers,
de cyprès et de plantes vivifiantes et odoriférantes toujours vertes ; on y
cultive avec beaucoup de soin des fruits exotiques. En sortant, nous
vîmes à la porte de grands médaillons représentant les travaux d'Her-
cule et les guerres d'Alexandre » {loc. cit,y p. ii5-ii6).
3. Cette description s'applique en tous points à une statue célèbre de
Michel Ange, qui, acquise par Florimond Robertet, ornait au xvi* siècle
son château de Bury (comm. de Saint-Secondin, près Blois, Loir-et-Cher},
et dont la disparition mystérieuse a excité la curiosité des plus éminents
historiens de l'art. Or, il est à remarquer : i* que de 1604 à i633 le châ-
M^M. XXXV 6
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82 GONFf^ANS.
route et sert en quelque sorte d'observatoire; tout contre est un
petit jardin rempli de fleurs et d'arbrisseaux d'espèces variées qtii
répandent un délicieux parfum; on peut les voir à travers une erille
et des treillages peints de diverses couleurs; mais il est peu de
gens auxquels il soit permis d'y entrer.
A gauche sont'enclos de la même façon des orangers, des pêchers
et desjcitronnierSy plantés dans des caisses de bois ; il y en a exac-
tement cent, auxquels il faut ajouter quatre arbres nains (nous les
avons comptés); tous portent des fruits; la plupart en sont telle-
ment chargés qu'il les faut soutenir avec de nombreux étais. Pour
les protéger contre le froid de l'hiver, on les rentre sous une voûte
oblongue au-dessus de laquelle s'élève une galerie dont nous ne
tarderons pas à parler. On remarque, au milieu des arbres, une fon-
taine ornée d'une statue de marbre qui représente une déesse. Cette
voûte est close au midi par onze fenêtres en forme d'arcades et
munies de carreaux de vitres; trois autres, tournées vers l'orient,
sont fermées ou ouvertes, selon que les jardiniers le jugent bon et
convenable, car plusieurs jardiniers sont employés sans cesse à
arroser les jardins, planter les arbres, éclaircir et couper les buis-
sons, tailler, arracher et transplanter la vigne. Ils ont pour chef le
concierge de la maison, nommé Boulard; celui-ci est marié, fort
honnête homme et habile musicien; nous l'avons entendu qui
jouait du violon en perfection. Les dépenses du jardinage s'élèvent,
par an, à mille livres tournois. Boulard semble jouir du charme de
ces lieux davantage que son maître, qui prend une part continuelle
aux affaires les plus considérables du royaume en qualité de premier
secrétaire, et qui ne se peut rendre en cette maison que rarement et
à la dérobée.
Sous une partie de la voûte dont il a été fait mention, l'on voit,
contre la muraille, des statuettes fort bien sculptées, une table de
marbre et des vases travaillés avec un art consommé ; les musiciens
aiment chanter en cet endroit, parce que la voûte fait résonner
leur voix. Il y a là encore une gracieuse fontaine faite de marbre
parsemé de taches noires et présentant la couleur de la cendre.
teau de Bury appartint aux Villeroy ; 2* que la statue de Michel Ange
disparut de Bury au début du zvii* siècle, bien que les guides qui, alors
comme aujourd'hui, se copiaient à tour de rôle, continuent de Ty men-
tionner; 3* qu'on la trouve au château de Villeroy vers i65o. Il est donc
fort possible qu'elle ait été à Conflans dans l'intervalle. — Voir Athenœum,
i853, article de M. de Reiset; Bull, des Antiquaires de France^ 1874,
p. 87; Galette des beaux-arts, t. XIII, 1876, p. 24a, articles de M. de
Montaiglon; Ga!(ette archéologique ^ i885, p. 77, article de M. Courajod;
de la Saussaye, Blois et ses environs, 1867, p. 365.
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CONFLAN8. 83
L'eau y vient du fond de la Seine; des tuyaux de plomb la con-
duisent du moiilin de la propriété à un réservoir orné de quatre
tourelles. Sur le socle de la fontaine se dresse une statue de
femme, faite en marbre blanc; le visage en est fort beau; près
d'elle, quatre enfants sont assis sur de superbes dauphins, par
la bouche desquels Peau jaillit ; c'est, pensons-nous, une allusion
au jeune dauphin royal qui gouverne aujourd'hui la France sous le
nom de Louis XIII, nom qui lui fut donné en mémoire de son
aïeul saint Louis.
Après avoir encore gravi quelques marches, on arrive au sommet
de la colline, où s'élèvent plusieurs bâtiments dont les toits magni-
fiques sont surmontés de faîtes en plomb et de girouettes en fer.
Voici une cour, des salles, des cabinets de curiosités, des chambres
ornées de meubles précieux, de tapis, de tentures, de tissus de soie
que l'on change deux fois par an, selon la saison, au début de l'été
ou de l'hiver. Au-dessous du palier sont creusées les caves pour le
vin, les cuisines et autres salles de service ; cette partie est souter-
raine et voûtée. La bibliothèque contient environ deux mille volumes,
œuvres de genres divers et dont le choix est excellent. Elle mesure
six pas de large sur vingt-quatre de long; le plafond, ravalé en
plâtre et cintré, est orné de reliefs et de peintures figurant des
sujets variés ; la cheminée, très étroite, est accotée à une autre che-
minée correspondant à l'appartement situé au-dessous, et où habite
le concierge de la maison avec sa famille. Tout auprès se trouve la
porte de l'est, par où l'on entre et sort chaque jour, et qui donne
sur la ruelle étroite dont nous avons déjà fait mention; à l'entrée
est ime petite place pavée. La chapelle est disposée en face de la
porte et tournée vers le nord, de telle sorte que l'autel et le retable
sont construits contre la cheminée de la cuisine et empêchent qu'on
ne la voie de l'intérieur. Le reste de la chapelle est orné de pein-
mres pieuses. Vis-à-vis de l'horloge, il y a une cour de faible éten-
due, pavée, et, dans le milieu, un puits.
C'est du côté de la grande cour, qui n'est point pavée, mais ensa-
blée, que se peut le mieux considérer la grande et belle galerie
construite en pierres de taille, laquelle est couverte d'une voûte
remarquable par son élévation et ornée de peintures très ingé-
nieuses où l'œil se plaît à reconnaître plusieurs empereurs de
Rome, les emblèmes des arts libéraux, des arbres chargés de fruits,
des fleurs, et quantité d'oiseaux, de lions, de paons, de singes,
d'oies, de taureaux, de coqs, de perroquets, de crocodiles, d'ours,
de brebis, de chiens, de loups et de sangliers. Le peintre a terminé
son ouvrage en l'année i6o3, ainsi que nous l'apprend une inscrip-
tion faite au pinceau. Au milieu de la voûte est suspendue une
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84 CONFLANS.
grande lanterne apportée de Venise. Cette galerie mesure six pas
de lacge, quatre-vingts de long, et s'étend de Test à Touest; elle
a onze fenêtres qui ouvrent au sud, six au nord, une seule à Touest.
Celle-ci, d'où Ton découvre Paris et Montmartre, est surmontée
d'une plaque de marbre blanc où sont gravées en caractères dorés
des inscriptions latines et grecques dont voici le sens :
« Toi qui, de cette merveilleuse galerie comme d'un observatoire,
admires le coucher du soleil^ le cours de la Seine et surtout la
superbe cité de Paris (spectacle comparable à celui de la vallée de
Tempe, en Thessalie), admire comme chancelle ce qui paraissait
inébranlable, comme demeure ce qui semblait mouvant, admire...,
et pendant que tu admires, toi-même tu t'écoules, car cette vie
n'est qu'un souffle et une ombre. »
Premier commandement : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu,
etc. » (Luc, X, 27).
Deuxième^ commandement : « Tu aimeras ton prochain comme
toi-même, etc. » (Luc, XII, 33).
A gauche de la galerie est une aile bâtie à la moderne, où se
trouve ce qu'on appelle l'appartement du roi; il s'agit du roi
Henri IV, dont on aperçoit, du dehors, le buste, rehaussé de cet or
très pur nommé vulgairement bux, et placé dans une niche, au-des-
sus de l'arcade par laquelle on descend dans le verger et dans
le jardin; il est tourné vers l'orient, ou, pour mieux dire, le soleil
levant frappe droit de ses rayons la figure du roi, dont les yeux
brillent alors comme s'ils étaient vivants. Au-dessous s'étend une
sorte de verger ou de bosquet qui renferme des berceaux, des
buissons et des arbres fruitiers, pruniers, pommiers et autres ; une
fontaine de marbre occupe le milieu de ce jardin,^qu'on voit par-
faitement de la galerie et de l'appartement du roi en baissant
les yeux.
A la suite de cet appartement, est un balcon, non couvert, de
forme carrée, bâti de pierre, et dont les côtés sont garnis de balus-
trades également en pierre qui servent d'ornement et de protection.
De ce balcon, la vue embrasse sans obstacles Paris, Montmartre,
le fleuve, la plaine, les collines, les églises et les ruines de l'ancien
château du duc de Berry, Jean, frère de Charles V et oncle de
Charles VI ; ce château s'appelait autrefois Vincestre, dont on fit
par corruption Bicêtre.
Celui qui se tient dans la galerie et qui regarde par les fenêtres
dans la direction du sud ne laisse pas d'apercevoir les lieux dont
nous avons parlé, sauf Montmartre et le bois de Vincennes. Le
château royal du bois de Vincennes, bien que tout proche, se
découvre à peine.
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CONFLANS. 85
Aux murs de la galerie sont pendus plus de trois cent cinquante
tableaux, faits au naturel par les peintres les plus habiles; ces
tableaux représentent plusieurs pontifes romains, des empereurs,
des rois, des cardinaux, des princes, de grands seigneurs étrangers
et autres nobles et illustres personnages, tant hommes que femmes.
On y a joint naguère le portrait de la pucelle d'Orléans, nommée
Jeanne d'Arc, portrait composé d'après un excellent modèle que
m'ont envoyé les magistrats d'Orléans lorsque j'eus écrit la vie de
cette invincible guerrière*.
Par une porte située au nord, on sort dans une cour de même
longueur que la galerie, mais de largeur double ou triple; dans
cette cour, près du mur, est une citerne ; au milieu du mur s'ouvre
une porte par laquelle entrent les hôtes de la maison et où peut
passer un carrosse attelé de quatre chevaux ; entre le cintre et l'ar-
chitrave, on a sculpté les armes du seigneur, qui sont d'un chevron
et de trois croix d'or sur un champ d'azur. La porte est haute
et large (une chambre voûtée est construite au-dessus). Du seuil, on
voit vers le nord, au delà de la place de l'église, les écuries, le
bûcher, les granges pour le foin et pour la paille, et tous les autres
communs nécessaires au service domestique. L'ensemble de ce que
nous venons de décrire tient dans un carré de douze arpents
de terre ; l'air y est fort salubre. Nous savons que tous les bâti-
ments et toutes les allées ont été ordonnés avec le niveau et avec
la corde.
Sur le mur qui longe le fleuve, en face d'une île très étroite
et très longue, est placée une plaque de marbre blanc où l'on
a gravé un distique de Térence en lettres onciales dorées et en
caractères romains, de manière que ceux qui passent en bas le
peuvent lire, mais en été seulement, car en hiver le chemin public
est interrompu par les débordements du fleuve. C'est le père du
possesseur actuel, Nicolas, seigneur magnanime et généreux, qui
fit jadis poser cette plaque ; c'est lui aussi qui entreprit la construc-
tion de la maison, que son fils agrandit et embellit pour lui-même
et pour son propre fils Charles d'Alincourt, l'illustre gouverneur de
la ville de Lyon; le fils de ce dernier, jeune homme de grand
I. Un auteur du xvm* siècle dit, en parlant des embellissements de
Conflans au temps de Villeroy : « Les ornemens furent prodigués dans
les meubles et sur les lambris, qui subsistent encore. La voûte de la gal-
lerie étoit peinte sur un fonds d'or, mais on n'en voit plus aucune trace ;
les deux côtés supérieurs étoient couverts d'une longue suite de portraits
qu'on a conservés, et qui furent, dit>on, peints en Italie. On assure que
la plupart ont le mérite de la ressemblance > {Nouvelles recherches sur
la France f 1766, t. I, p. 319).
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86 GONFLANS.
mérite, porte aussi le nom de Nicolas ; son aïeul lui fait à présent
donner le titre de marquis de Villeroy-sur-Yonne*.
Voici le distique dont j'ai parlé ci-dessus :
On ne craint en ces lieux, suivant le voeu d'un sage,
Ni le bruit des cités, ni Tennui du village >.
Dans les alentours, lorsqu'on se dirige vers le pont en suivant le
fleuve, on rencontre un groupe de maisons, en un endroit nommé
les Carrières, à cause des pierres qu'on en a extraites autrefois ; il
est habité par des blanchisseurs' et par des mariniers. Parmi ces
maisons, au bas de la colline, est une ancienne construction, ayant
la forme d'une grande cour carrée, avec des murs de pierre, et, de
chaque côté, une rangée de douze piliers ronds ; la hauteur totale
est de six toises environ, et chaque pilier, mesure six pieds. Cette
construction ressemble un peu à une église ; elle n'est pas couverte.
En cet endroit se cache Écho, déesse bizarre, fille de l'air et plai-
sante image de la voix. Si, tourné vers l'orient, vous lui adressez la
parole, en prononçant un seul mot. Écho le reproduit distinc-
tement, non seulement une fois, mais six fois et davantage. Lorsque
vous récitez un vers entier, il est répété exactement trois ou quatre
fois. Si vous jetez plusieurs mots d'une manière confuse, Écho les
renvoie, excepté le dernier. Certain vent de l'est semble surtout lui
convenir; il rend la réplique plus distincte et plus forte. Quand on
souffle de la trompette, le son retentit merveilleusement. Ce lieu
est visité presque chaque jour, principalement par les étrangers *.
Fait par le frère de Papire Le Masson', deux ans après sa mort,
c'est-à-dire en l'année i6i3, à l'occasion d'une visite que l'auteur
1. Il devint maréchal de France, gouverneur de Louis XIV, ministre
d'État, duc et pair.
2. Voir p. 6i.
3. Un voyageur qui, dans les premières années du règne de Louis XIV,
arrivait à Paris par le coche d'eau, notait sur son journal : « Chalanton.
Là on blanchit les toiles au bord de la rivière de Sene. Pour les blanchir,
voici tout l'artifice qu'on y fait : on estand les dites toiles, et à l'ardeur
du soleil, estant ainsy exposées, on y jette de l'eau dessus, avec une casse
de bois qui a un manche as^és long, et une femme mesme peut faire
cest ouvrage » (Pélissier, Un voyage du Pont-Saint-Esprit à Paris
en i658y publié dans la Revue des Etudes historiques, mai-juin 1904).
4. Voir page suivante.
5. Jean Papire Le Masson, né à Saint -Germain-Laval en 1544, successi-
vement jésuite, professeur, bibliothécaire du chancelier de Chivemy,
avocat, référendaire de la chancellerie, substitut du procureur général,
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OONFLANS. 87
rendit à François Cfaevriers de Saint- Mauris^, gentilhomme de la
cour, son ami, malade de la fièvre, en cette maison où il était venu
chercher un air salubre, sur le conseil de son protecteur et seigneur.
C'était en automne, à l'époque où les feuilles des arbres tombent
vite, où les plantes perdent leur couleur et changent d'aspect. Il
mit ses notes à jour cinq ans après, au début du printemps, alors
que les arbres reprennent vie et portent, chacun selon son espèce,
leur production annuelle de feuilles et de fruits.
L'écho si célèbre dont nous avons parlé ci-dessus est aujourd'hui
silencieux. Il a complètement disparu à la suite de la construction
entreprise à cet endroit dans ces dernières années par les Carmes
surnommés Déchaussés.
(Fin de la description de J.-B. Le Masson.)
L'écho décrit par Le Masson était, au début du xyii® siècle,
une des principales curiosités des environs de Paris; sa répu-
tation fut universelle; cinquante ans après qu'il eut disparu,
les guides le signalaient encore à l'admiration des étrangers.
On l'observait dans t une vieille masure appelée l'Écho » qui
appartenait à Charles Bailly, seigneur du séjour du Roi. Cette
t masure » avait dû faire partie des écuries royales au
xiv« siècle'; le toit s'était effondré, et il ne restait que les murs
et les piliers. « Deux grands pignons de sept à huit toises de
haut étaient appuyés et soutenus de trois grands arcs-boutants,
dont chacun avoit vingt-deux arcades sur piliers de pierre de
taille élevés de cinq à six toises » ^. Aussi nommait-on encore
ce bâtiment la Grange-aux-Piliers.
« Pour appeller l'echo, il falloit monter sur une grosse pierre
au pied du pignon placé du côté de Paris, et se tourner vers le
pignon opposé s'*. En 1609, Du Chesne écrivait : « La voix de
cettuy-cy frappe souvent l'oreille jusques à dix fois et d'un son
mourut le 9 janvier 161 1 et fdt enterré au couvent des Billettea à Paris.
Homme d'une extraordinaire érudition, il a publié une quarantaine d'ou-
vrages, parmi lesquels on consulte encore une histoire de Charles IX et
un éloge des ducs de Savoie.
I. La famille de Chevriers est originaire du Mficonnais; Papire Le Mas-
son en a dressé la généalogie.
3. Les comptes de l'écurie mentionnent au Séjour, en i387, une grange
dont le toit est supporté par des piliers (Arch. nat., KK 34, fol. i33).
3. Nouvelles recherches sur la France^ p. aïo.
4. Ibid,
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88 CONFLANS.
si violent que les boulets de canons emportez des feux et de la
poudre ne sifflent pas avec plus de véhémence »^ Le religieux
Carme, auteur de VHistoire des comtes de Ponthieu^ qui a fait
son noviciat à Conflans dans un monastère dont il sera bientôt
question, parle de Técho en termes plus mesurés et sans doute
plus exacts : « Il répétoit distinctement sept fois les paroles
qu'on y prononçoit d'un ton assés haut :
Dicta ubi verba semel, septenna reciprocat Echo,
de sorte que, quand un seul luth étoit pincé, il faisoit autant
d'harmonie comme s'il y eust eu un concert de sept luths bien
accordés »*.
On vient de voir que Jean-Baptiste Le Masson dit à peu
près la même chose. Il existe une description de l'écho, en
vers latins, dans la Luteîta^ de Raoul Boutray'. Nous cite-
rons encore ces vers de l'imprimeur Frédéric Morel :
Voce una audita ter sena vocabula reddens
Echo prœstiterat dicta Carentonia.
Nunc, postquam Ascetîs sedes aedesque parata est
Ballivi sumptu praesidis ezimii,
Inculcant voces recitandum cantica fratrum,
Personat innumeris nocte dieque tonis*.
A croire Morel, notre écho répétait donc dix-huit fois le son ;
il y a sans doute dans ces vers un peu d'exagération poétique '.
Cependant, Bacon assure l'avoir entendu redire seize fois un
mot; il ajoute que l'écho changeait les S en V, de telle sorte
que lorsqu'on lui criait « Satan » il répondait « Va-t'en »•.
Les derniers vers de Morel nous apprennent quelle fut la fin
de l'écho des Carrières : Charles Bailly, seigneur et proprié-
taire du séjour, donna, le i8 février 1617, aux Carmes déchaus-
I. Du Chesne, Antiquités^ p. ^.
3. Hist. des comtes de Ponthieuy i656, p. 647.
3. Rodolphi Boterei, Lutetia, 161 1, p. i38.
4. Nouvelles recherches, p. 211.
5. L'écho répétait dix-huit fois le son, d'après La Rochemaillet,
Théâtre de Paris, éd. Dufour, 1880.
6. Bacon, Historia naturalis, cent. III, n* 34g; voir sur cette question
une polémique dans V Intermédiaire des chercheurs, t. XXXI, p. 243, 427;
t. XXXIV, p. 349, 495.
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CONFLANS. 89
ses, pour y établir un monastère; la masure appelée l'Écho, et
une partie du clos du séjour, consistant en un jardin bas et une
allée d'ormes qui conduisait de sa maison à la Marne, — en
tout six arpents et demi environ, compris aujourd'hui entre la
Marne, le chemin de fer de Lyon et la rue Victor-Hugo. — Les
Carmes en prirent possession le dimanche de Quasimodo,
2 avril 161 7, * auquel jour la première messe y fut dite solen-
nellement »^ Les années qui suivirent, ils firent réparer la
Grange-aux-Piliers, si bien que l'écho disparut*. Les habitants
du lieu l'avaient tout à fait oublié, lorsque, en 1721, Mehemet
Effendi, ambassadeur extraordinaire de la Sublime Porte, tra-
versa Charenton pour se rendre à Paris. Voici ce qu'il écrit
dans ses mémoires : « Le fameux Atlas que le défunt Kiatib-
tcheleby a traduit en turc^ raconte une particularité fort extra-
ordinaire de Charenton. On dit, rapporte-t-il, que dans le bourg
de Charenton il y a un endroit où l'écho répète les paroles
jusqu'à treize fois. Je m'informai avec beaucoup de soin et
d'exactitude d'une chose si surprenante ; mais il ne se trouva
personne qui en eût connaissance, et tout le monde me répon-
dit que jamais on n'en avait entendu parler, de sorte que je ne
pus point savoir s'il y a eu véritablement un endroit semblable
qui ait été ruiné par l'écoulement des temps, ou bien pourquoi
l'Atlas l'a marqué »*.
Sur Conflans, au temps de Villeroy, on lira encore avec inté-
rêt ce passage traduit du poème latin de Raoul Boutray, Lute-
fûi(i6ii, p. i38) :
Dans la boucle de la Marne, au confluent où elle se précipite,
telle une épouse rejoignant son époux, et où d'elle-même elle
abandonne son nom et ses eaux au fleuve ami, s'élève la demeure
royale de Villeroy, bâtie sur une hauteur, et dont les deux cents
fenêtres s'étendent à la face du ciel, ouvertes aux vents salubres.
C'est là que, accablé de lourds travaux et las d'un pouvoir trom-
peur, de Neuville, auquel la souveraine puissance royale a confié
1. Ârch. Nie, Conflans si ; Hist. des comtes de Ponthieu (par un reli-
gieux carme), i656, p. 646.
2. Nouvelles recherches^ p. 212.
3. C'est Tatlas de Biaeu (G. Blaeu, Grand Atlas, Amsterdam, i663,
12 vol.).
4. Relation de V ambassade de Méhémet Effendi , 1762, p. 70.
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90 CONFLANS.
les fonctions de secrétaire, oublie les ennuis de la cour et de
la ville lorsque le roi lui accorde de courts loisirs, lorsqu'il peut
quitter les affaires de l'État et se ménager un doux repos dans cette
retraite préférée. La roche bavarde qu'habite la nymphe est pour
lui comme un observatoire d'où il regarde les deux rivières qui
s'unissent à ses pieds, d'où il aperçoit les fumées de Paris, d*où il
peut entendre ses bruits accoutumés, de telle sorte qu'il se peut
croire à la fois dans et hors la ville: il s'y plaît à provoquer la
nymphe cachée dans le rocher, à se faire répéter sept fois une
parole, à causer avec la colline qui parle d'une voix mystérieuse
et à échanger avec elle de gaies réparties.
V.
Charles de Neuville de Villeroy, fils de Nicolas IV, ne con-
serva pas longtemps la maison que son grand-père et son père
avaient acquise et embellie; le i5 décembre 1619, il la vendit à
M. de Verdun, premier président au Parlement de Paris,
moyennant 95,000 livres. Dans cette vente est compris l'enga-
gement avec les justices ^
Nicolas de Verdun, fils d'un intendant des finances, avait été
successivement président aux requêtes et aux enquêtes à Paris,
puis premier pfésident au Parlement de Toulouse (1600), lorsque
la faveur de la reine-mère et de Concini l'appela au. poste de
premier président à Paris, vacant par suite de la retraite de
M. de Harlay (mars 161 1)'. L'Estoile, qui ne lui pardonne pas
sa bienveillance pour les Jésuites, s'indigne de ce qu'il dépensa,
afin d'acquérir sa charge, environ 3 10,000 livres, somme con-
sidérable pour l'époque. Le nouveau président prononça sa
mercuriale le i3 avril 161 1 ; « il parla fort contre les brelans et
les bordeaux »; ses ennemis prétendirent qu' « il en devoit
commencer la reformation par sa maison ». Il avait épousé,
écrit L'Estoile, « la fille de Jean le Guay, marchand de draps
de soie à Paris, qui fournissoit beaucoup de bonnes maisons
de cette ville, mesme celle des Montelons et la nostre ». Elle
mourut en 1626, et Malherbe entreprit de composer une « Con-
solation à Monsieur le premier Président sur la mort de
Madame sa femme' ». Mais quand les vers furent achevés,
1. Arch. Nie, Conflans i5, Bercy 52.
2. Moreri.
3. Malherbe, éd. Lalanne, 1. 1, p. 268.
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CONFLANS. gi
Verdun éuit remarié avec Charlotte de Fonlebon, veuve de
François de Barbesières.
M. de Verdun s'acquitta de ses emplois avec dignité, mais
sans éclat. « Il se montra grand amateur de la justice; il fut
aussi très désintéressé, jusqu'à distribuer aux hôpitaux plusieurs
emolumens de ses charges. Enfin, il fut grand homme de
lettres et posséda parfaitement les langues latine et grecque,
repondant sur-le-champ aux harangues qu'on lui faisoit dans
l'une et l'autre de ces langues ^ » — « Etant devenu incommodé
par les soings et par les années, il se retira dans sa maison des
champs qu'il avoit près de Paris (Confians), où tout à coup,
étant saisi d'une fiebvre violante à laquelle son flge et la débi-
lité de sa personne ne pouvoient résister, il deceda le seizième
jour de mars 1627. » Il fut enterré aux Jacobins, à Paris*.
C'est à l'époque où M. de Verdun possédait la maison de
Conflans qu'il faut rapporter cette anecdote que raconte Tal-
lemant des Réaux' :
Un jour, le duc de Nemours demanda à la maréchale de The-
mines^ si elle ne voudroit point s'aller promener en quelque maison.
« Je le veux bien, repondit-elle ; envoyons chercher de nos voisines. »
Ces voisines venues, « où irons-nous ? Vous plairoit-il aller vers la
Porte-Saint-Antoine? Après, voudriez-vous aller à Bagnolet, à Cha-
ronne ou à Conflans? — Où vous voudrez, dit la maréchale. —
Cocher, va donc à Conflans ». Les y voilà arrivés. On heurte long-
temps sans qu'il vienne personne : les dames commençoîent à s'en-
nuyer ; lui feignoit des caprices étranges. Il appelle une paysanne :
< Ma grande amie, n'y a-t-il personne? Ne sauroît-on entrer? Ne
sauriez-vous nous donner du lait chez vous? » Enfin, on ouvre une
petite porte et une femme dit assez mal gracieusement que M. le
premier président y devoit coucher. * Hé ! ma grande amie, nous ne
voulons que nous promener et qu'on nous donne du lait. — Bien,
monsieur, pourvu que vous n'y soyez guère. » Après, il vint un homme
qui, d'un air assez rude, lui dit : c Que demandez-vous, monsieur? »
I. Moreri.
3. J.-B. de rHermite-Souliers, Éloges des premiers présidents^ 1645.
3. Tallemant des Réaux, Historiettes, éd. Techener, i855, t. IV, p. 007.
4. Le duc de Nemours, alors sexagénaire, faisait une cour un peu ridi-
cule à la veuve du maréchal de Thémines, qui, ftgée de trente-deux ans,
avait déjà enterré trois maris. Ils étaient voisins : la rue des Grands-
Augustins séparait Thôtel de Nemours, sis rue Pavée-Saint-André-des-Arcs,
de l'hôtel de Thémines, dont rentrée était rue Christine.
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92 CONFLANS.
et en même temps dît à cette femme : c Retirez-vous, vous n'êtes
qu'une bête ». M. de Nemours lui dit ce qu'il avoit dit à cette
paysanne. « Oui dea! monsieur, repondit l'autre, oui dea! » On
entre donc; les dames, et surtout Le Pailleur*, sentirent bien je ne
sais quelle odeur de sauces. Le bon seigneur, qui ne pouvoit se pro-
mener, les fit tenir dans une salle, où l'on ne servit d'abord que du
lait et quelques autres bagatelles. Après, voici des gens qui, au son
du violon et en cadence, mettent le couvert et servent une collation
toute feinte. Cela fait, il prie les dames d'aller faire un tour dans le
jardin : au retour, elles trouvèrent une véritable collation qui étoit
magnifique. Il y avoit des galanteries à la vieille mode, car on ser-
vit des pâtés pleins de petits oiseaux en vie, qui avoient au col des
rubans des couleurs de la maréchale ; il y en avoit aussi un de petits
lapins blancs en vie avec des rubans de même. Il fit présenter, après
la collation, des bassins de gants d'Espagne, et n'oublia rien de tout
ce dont il put s'aviser pour divertir celle à qui il vouloit plaire.
Le président de Verdun laissa Conflans en l'état où il l'avait
pris; il y ajouta seulement quelques arpents de terre, et fit plan-
ter par Claude Mollet, premier jardinier du roi, une allée
d'ormes qui conduisait de la principale entrée de la propriété
à la route de Paris à Charenton : c'est la partie haute de l'avenue
de la Liberté actuelle*.
Nicolas de Verdun n'avait pas d'enfants; son héritage échut
à des parents éloignés; sa maison de Conflans fut mise en
adjudication. Son successeur en sa charge, Nicolas Le Jay,
se rendit acquéreur de l'engagement pour i3,75o livres (6 mars
1634) et des propriétés pour 27,500 livres (18 novembre 1634), à
la condition de payer les cens et rentes dont ces propriétés
étaient tenues envers le seigneur de Bercy*.
Le nom de Le Jay est celui d'une ancienne famille de robe;
il y eut un Le Jay président aux enquêtes en 1344*. Nicolas
Le Jay, né vers iSyo, était fils de Nicolas Le Jay, conseiller,
1. Le Pailleur, commis aux finances, musicien, poète, auteur de ballets,
mathématicien et finalement intendant de la maréchale. C'est à lui que
le président Pascal, son ami intime, confia d'abord sa surprise quand il
s'aperçut que son fils avait deviné la géométrie ( Vie de Biaise Pascal,
par M— Perier). Le Pailleur a son historiette dans Tallcmant.
2. Cl. Mollet, Théâtre des plans et jardinages (Bibl. nat., ms. fr. ancien
fonds n* 71 17', fol. 74); Arch. nat., S 1129.
3. Arch. nat., S 1139; Arch. Nie, Conflans 17.
4. J.-B. de l'Hermite-Souliers, Éloges des premiers présidents, 1645.
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CONFLANS. 93
notaire et secrétaire du roi, correcteur en la Chambre des
comptes, mort en iSyi, et de Madeleine Gron; ces derniers
furent enterrés à ChoiseP, dont les Le Jay étaient seigneurs et
où Ton voit encore leur tombeau, construit par leur fils en
i636*. Nicolas Le Jay était conseiller au Châtelet lorsque, en
1600, il acquit une charge de conseiller à la Cour de Paris. Peu
après, il devint procureur au Châtelet'. Il épousa, vers cette
époque, Madeleine Marchand, morte en 1625*.
A la mort de François Miron (1609), Le Jay, protégé par la
reine et par son parti, fut nommé lieutenant civil; il paya
5o,ooo écus, sans compter 25,ooo écus pour les épingles; en
revanche, il vendit sa charge de procureur 40,000 écus*. Par
son nouvel emploi, il se trouvait à la tète de la police pari-
sienne. Sans faire oublier son illustre prédécesseur, il s'acquitta
de sa tâche avec habileté et avec énergie, surtout pendant la
période troublée qui suivit l'assassinat d'Henri IV.
En i6i3. Le Jay fut nommé président en la grand'chambre
du Parlement*; peu après, il se brouilla avec Concini et se ral-
lia au prince de Condé, qu'il reçut en i6i5 dans une maison de
campagne qu'il venait de bâtir à Charonne^. La reine le fit arrê-
ter (17 août 161 5] et mener prisonnier à Amboise; à la suite
de la conférence de Loudun, il fut délivré et rétabli en sa charge
(16 mai 1616)^. Depuis, on le voit prendre le parti de Richelieu
contre la reine mère, devenir premier président (journée des
Dupes, II novembre i63o)*, puis garde des sceaux (27 février
i636)*®. Dans ces hautes fonctions, il fut l'exécuteur docile des
volontés de Richelieu, auquel il avait lié sa fortune. Il mourut
à Paris le 3o décembre 1640 et fut enterré, le i«' janvier sui-
I. Choisel, comm. de l'arr. de Rambouillet (Seine-et-Oise).
3. Guiliiermy, Inscriptions, t. III, p. 484.
3. De l'Hermite-Souliers, loc, cit.; Galette du 5 janvier 1641.
4. Fille de Charles Marchand, capitaine des archers de Paris, qui fit
construire le pont Marchand, entre le Pont-au-Change et le Pont-Ncut
(brûlé en 163 1).
5. L'Estoile, Journal, juin-juillet 1609.
6. De l'Hermite-Souliers, loc. cit,
7. Zeller, Louis XIII; Du Breuil, Supplément des Antiquités de Paris,
p. 86.
8. Bassompierre, Mémoires, coll. Michaud, t. XX, p. g8.
9. Brienne, Mémoires, coll. Petitot, série II, t. XXXVI, p. 19.
10. P. Anselme.
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94 CONPLANS.
vant, aux Minimes de la place Royale ^ Le buste placé sur son
tombeau^ « figure croquée, faite par Biard le jeune », fut trans-
porté en 1792 au musée des Monuments français*.
Le président Le Jay, ainsi que son prédécesseur, conserva la
maison de Conflans telle que les Villeroy l'avaient disposée, et
n'y exécuta que des travaux d'entretien. Il répara les terrasses,
et, au pied des escaliers, mit des lions de pierre tenant ses
armoiries'. Au reste, la seule chose mémorable qu'il ait faite à
Conflans, ce fut d'y recevoir Richelieu.
Au printemps i635, le cardinal relevait d'une grave maladie;
ses médecins lui recommandaient d'habiter (plutôt que Rueil)
un lieu sec et bien aéré. Il vint alors loger à Conflans, certai-
nement dans la maison de Le Jay, bien que le nom de son hôte
ne soit pas cité, et y demeura pendant les mois d'août et de sep-
tembre. L'année suivante, il y retourna et y resta de mai à
septembre, ne la quitunt que pour aller à Paris, ou pour passer
quelques jours à Charonne, chez le financier Barentin^. On le
retrouve à Conflans en août et septembre 1637. Voici des
extraits de la Galette relatifs à ce séjour :
i635. lef septembre. — Le cardinal-duc eut agréable d'entendre à
Conflans l'archevesque de Rouen en la manière qu'il avoit ci-devant
pratiquée en l'Académie où il presidoit, il y a cinq ans, dans son
abbaye de Saint-Victor; des doctes discours duquel, et de cinq
autres qui le suivirent, Son Eminence tesmoigna grande satisfaction.
i636. ai juin. — Le 16, S. M. arriva de Crone à Conflans et y tint
conseil. La grande foule de noblesse qui s'y trouva fit admirer à un
chacun comment la France, en fournissant comme elle fait tant
d'armées, en peut avoir encore plus qu'aucun autre état de l'Europe.
Le duc d'Orléans, le nonce du pape rendirent visite au car-
dinal à Conflans'. Mathieu Mole, alors procureur général, y
1. Goj^ette du 5 janvier 1641.
2. Sauvai, t. IV, p. 443; Courajod, A, Lenoir, 1878, t. I, p. 14; t. II,
p. 264.
3. Nouvelles recherchesy p. 220; Piganiol, p. 173.
4. D'Àvenel, Correspondance de Richelieu^ années i635, i636, 1637 ;
Aubery, Mémoires pour Vhistoire de Richelieu^ 1660, 1. 1, p. 63o, 640 ; t. II,
p. 80.
5. Bassompierre, Mémoires , éd. Renouard, 1870, t. IV, p. a66; Nie. Gou-
las, Mémoires^ t. I, p. 282.
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OOMPLAMS. 95
Tint à mainte reprise : le Parlement de Paris refasait à ce
moment d'enregistrer les lettres instituant FAcadémie française ;
les difficultés furent aplanies à la suite des entretiens qu'eurent
à Conflans le cardinal, le président Le Jay et le procureur
Mole. On pourrait donc, avec quelque raison, dater de Con-
flans la fondation de l'Académie (décembre I635)^
VI.
Nicolas Le Jay étant mort sans enfants, son neveu Charles
Le Jay, maître des requêtes, hérita de Conflans et le fit mettre
en adjudication. On vendit séparément les droits seigneuriaux
et les droits de propriété qui, depuis Dodieu (i554), apparte-
naient au même titulaire. Le 19 août 1642, Charles-Henri de
Malon, seigneur de Bercy, fut déclaré engagiste du domaine
royal moyennant 3o,ooo livres versées au Trésor et 24,286 livres
à Le Jay».
Cette acquisition achève, au profit des Malon, la réunion de
toates les seigneuries de la paroisse de Conflans. Elle termine
une lutte longue et ardente sur laquelle nous allons revenir
avant de continuer l'histoire de la maison de Conflans qui, à
partir de cette époque jusqu'à la Révolution, ne sera plus pos-
sédée qu'en roture.
On a vu* qu'en 1567 Claude de Malon, seigneur de Bercy,
grand-oncle de Charles-Henri, avait acheté à la famille de
Hacques le fief de Conflans, relevant directement de la seigneu-
rie dTerres, avec justice moyenne et basse ; ce fief comprenait
n&e maison seigneuriale et 54 arpents de terres labourables,
prés, vignes qui sont aujourd'hui partagés entre M. Hartmann,
la Société de l'Entrepôt de Bercy-Conflans, la Compagnie du
parc de Bercy et la Compagnie du chemin de fer P.-L.-M.
Presque aussitôt commence une interminable série de con-
testations et de procès entre les Malon, d'une part, et, d'autre
part, leurs suzerains ou leurs voisins.
Ce sont d'abord des saisies exécutées sur l'ordre du seigneur
I. Pellisson et d'Olivet, HisU de V Académie française, éd. i858, p. Sg;
Mtthicn Mole, Mémoires, t. II, p. 317.
3. Arch. Nie, Bercy 52, Conflans z, 3o.
3. P. 25.
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96 CONFLÀNS.
d'Yerres pour droits non payés ou devoirs non faits. Le détail
des mainlevées et des aveux présente peu d'intérêt ^
Puis, en 1574, Claude de Malon intente un procès à Jean
Olivier de Cerisay, seigneur du Pont-de-Charenton, au sujet
de la limitation de leurs seigneuries. Ce procès semble n'avoir
pas été poursuivi, et, le 3 juillet i6o5, Charles II de Malon,
neveu de Claude, met fin aux contestations en achetant la sei-
gneurie du Pont-de-Charenton, relevant du roi*. Alors sur-
gissent des différends avec Tévéque de Paris, seigneur de Mai-
sons, et qui avait conservé des débris de sa seigneurie de
Charenton. L'évéque cède et renonce à presque tous ses droits
(transaction du 26 février i6i3)'.
En 16 19, Charles II de Malon obtient l'érection de la sei-
gneurie du Pont-de-Charenton en châtellenie, et, en 1625, il
y réunit la seigneurie de la Grange-aux-Merciers, acquise par
divers contrats de la dame de Mercœur (161 5), des héritiers du
chancelier Hurault (161 5) et de Thomas le Cop ou le Cocq,
seigneur de la Râpée (1624)^.
A l'égard des religieux de Saint-Martin, Charles de Malon
procéda de même que vis-à-vis des seigneurs de Charenton : il
leur intenta un procès pour les amener à lui vendre leurs droits
à bon compte (transaction de 1629, contrat de i638)*.
Enfin, il acheta par fractions aux héritiers Budé la haute jus-
tice sur le fief relevant de la seigneurie d'Yerres (contrats de
i6i3, 1621, 1624, 1628, i629)'.
Restait le domaine royal. Les engagistes, M. de Ville-
roy d'abord, les premiers présidents ensuite, n'étaient pas
hommes à plier devant les Malon de Bercy ; aussi, la lutte
fut longue et ardente. Voici sous quel prétexte Charles II de
Malon la commença : en avril 1610, Emery, notaire au bail-
liage royal de Conflans, passa une procuration en cette qualité
en l'église du lieu pour les affaires des habitants; M. de Bercy,
qui disait posséder seul les droits honorifiques de l'église en
qualité de seigneur de Conflans, intenta procès à Emery. Vil-
1. Arch. de Seine-et-Oise, A 906; Arch. Nie, Bercy 62, Conflans 5.
2. Arch. Nie, Bercy 52.
3. Arch. Nie, Charenton 39. Voir p. 27.
4. Arch. Nie, Bercy 52, Charenton 8. Voir p. 21.
5. Voir p. i5.
6. Arch. Nie, Bercy 52.
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CONFLAKS. 97
leroy prit le fait et cause du notaire, et, pour mieux affirmer
ses droits, nomma un garde des vignes dans la paroisse de
Conflans. Ces deux affaires furent ponées devant le Parlement
en 1611*.
Le procès traîna plusieurs années; enfin, le 9 juillet 1628,
intervient un premier arrêt entre Malon et le président de Ver-
dun, engagiste depuis la mort de Villeroy : les seigneurs
d'Yerres, et Malon à eux substitué, sont maintenus en la justice
sur les terres ci-dessus énumérées, mais plus ample informa-
tion est ordonnée en ce qui concerne le titre de seigneur de
Conflans, les droits honorifiques de Téglise et le droit de pêche
depuis le pont de Charenton jusqu'à la rue des Bordeaux.
Après la mort de Verdun (1629), l'adjudication de l'engage-
ment fut retardée plusieurs années par les procédures de
Malon; enfin, le 6 mars 1634, elle eut lieu au profit du premier
président Le Jay, qui, presque aussitôt, reprit le procès inter-
rompu et usa de tout son crédit au palais et à la cour pour rui-
ner les prétentions du seigneur de Bercy.
Tout d'abord, il obtint que le cardinal de Richelieu, en qua-
lité de prieur de Saint-Martin-des-Champs, s'opposât à la tran-
saction par laquelle les religieux avaient, en 1629, cédé leurs
droits à Malon. Puis, profitant de ce que le prince de Condé
avait à cette époque plusieurs affaires pendantes devant le
Parlement, il lui acheta une rente féodale de huit livres que,
comme héritier des Montmorency, le prince percevait sur
Bercy (3 juillet i635). Du fait de cette vente, le seigneur de
Bercy devenait le vassal de son adversaire. Malon contesta la
validité de la cession : la rente de huit livres, disait-il, était,
non une rente féodale, mais une rente de soulte de partage n'en-
traînant pas foi et hommage'.
Une nouvelle procédure commença et, entre temps, le grand
conseil rendit son arrêt sur le premier procès. Cet arrêt (3i mars
i638j, tout en reconnaissant à Malon la justice haute, moyenne
1. Arch. de Seine-et-Oise, A 906. — Toute la procédure résumée dans
les lignes suivantes est exposée très exactement, quoique avec un peu de
partialité, dans la Réponse au blâme de Taveu du 2 mai 1782, qu'on
trouvera dans le carton A 906. Contrôler avec : Arch. nat., S iisg;
Arch. de Seine-et>Oise, Agis; Bibl. nat., ms. fr. 26413; Arch. Nie,
Bercy 52, Conflans 28, 29, 3o.
2. Cette affaire est relatée dans Boislisle, ouvrage cité, p. 71.
Min. XXXV 7
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98 CONFLANS.
et basse sur le fief relevant du seigneur d'Yerres, d'après les
aveux précités, donne à Le Jay seul le titre de seigneur de Con-
flans, les droits honorifiques de l'église et la justice sur presque
tout Conflans. La partie était perdue pour Charles II de Malon,
qui mourut peu après (20 juin i638). Son fils, Charles-Henri I»',
se résigna à acheter le titre et les droits d'engagiste après la
mort de Le Jay, On a vu que les héritiers Le Jay les lui firent
payer cher*.
Charles-Henri l^ de Malon acquit également de Charles Le
Jay, le 22 décembre 1659, moyennant 600 livres, la rente de
huit livres sur Bercy, qu'Henri, prince de Condé, avait vendue
3oo livres à Nicolas Le Jay en i635; mais, en 1693, Henri-Jules
de Condé, sous prétexte que la cession n'avait été consentie
qu'au président Le Jay ou à ses descendants, fit résilier la
revente et reprit la rente à son profit.
Les Malon conservèrent l'engagement de Confians jusqu'à
la Révolution; parfois, les trésoriers du roi menaçaient de le
remettre en vente ; le seigneur de Bercy payait une taxe et obte-
nait une prolongation'. Pour échapper au fisc, les Malon s'ef-
forcèrent de diminuer peu à peu l'importance du domaine
royal au profit de leur seigneurie patrimoniale. Quant aux
droits des religieux de Saint-Martin, ils étaient depuis long-
temps oubliés. Lorsque, le 23 pluviôse an II, le tuteur de Jean-
François Malon de Bercy fit déclaration, suivant la loi, au dis-
trict de Bourg-Égalité (Bourg-la-Reinej, du domaine engagé,
celui-ci se réduisait à 678 livres 4 sols 6 deniers de cens et rentes
(supprimés), à l'emplacement du moulin de Quiquengrogne, et
à six arpents de terres incultes occupées par les étendoirs des
blanchisseuses (clos de Brabant)'.
VIL
La maison de Conflans et ses dépendances, sans les droits
seigneuriaux, furent mises en vente par le neveu du président
Le Jay et adjugées pour 75, 100 livres, le 10 août 1645, à M»« de
Seneçay^.
I. 54,286 livres (adjudication du 19 août 1642, p. gS).
3. Ârch. nat., S 1139, 12* liasse; Q 1081; Ârch. Nie, Conflans 26.
3. Arch. Seine, domaine engagé, n» 12286, carton 760.
4. Arch. nat., S 1129; Arch. Nie, Conflans 17, 3o.
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CONFLANS. 99
Catherine de La Rochefoucauld, yeuve du marquis de Sene-
çayV était dame d'honneur de la reine lorsque Richelieu, qui
la soupçonnait d'intriguer contre lui, la fit exiler (1640)'. Anne
d'Autriche, devenue régente (i643|, s'empressa de la rappeler
et la nomma gouvernante du jeune roi Louis XIV; après s'être
acquittée de cette charge (1646), elle resta à la cour, jouissant
de la faveur de la reine et de la considération de tous, et mou-
rut le 10 mai 1677'.
La marquise de Seneçay fut sans doute attirée à Conflans par
le voisinage de Vincennes, où la cour séjournait fréquemment
à cette époque. La Porte, valet de chambre du roi, raconte que
Louis XIV, enfant, venait de Vincennes se baigner à Conflans^.
Quelques années plus tôt, le duc de Vendôme demeurait à
Conflans, on ne sait en quelle maison, lorsque son fils, le duc
de Beaufon, fut arrêté comme conspirateur (2 septembre 1643)*.
Dès qu'elle fut entrée en possession de Conflans, M"« de
Seneçay y exécuta de grands travaux. On n'a conservé qu'un
mémoire résumant les sommes payées aux entrepreneurs : le
total est de 25,243 livres ; Le Vau, architecte, figure pour
1,000 livres, et Du Mée, peintre du roi, pour 5,56o livres*. Le
Sueur n'est pas nommé, et cependant il travailla à Conflans : il
peignit un plafond où il représenta le jeune roi « assis dans un
char superbe avec M. le duc d'Anjou qui est aujourd'hui duc
d'Orléans. Le char estoit conduit par une dame, pour faire allu-
sion aux soins de Madame la gouvernante. Mais, pour marquer
que toute la gloire d'une conduite si illustre estoit due à la
vigilance et à la sagesse de la reyne mère, cette auguste prin-
cesse paroissoit sous la figure d'une Renommée qui leur mon-
troit le chemin »''.
Un auteur qui visita Conflans un siècle plus tard, en 1766,
1. Blessé dans la guerre contre les protestants du midi, il mourut à
Lyon en 1622. — Voir le joli portrait que trace, de M"* de Seneçay, M"* de
Motteville, dans ses Mémoires,
2. Brienne, Mémoires^ coll. Petitot, II, t. XXXVI, p. 71.
3. Ga!(ette de France; Moreri.
4. La Porte, Mémoires^ coll. Petitot, II, t. LIX, p. 418.
5. La Châtre, Mémoires, coll. Petitot, II, t. LI.
6. Arch. nat., S 1129, liasse 12. — Il s'agit ici de Louis II Le Vau
(1611-1670).
7. Guillet de Saint-Georges, Mémoire sur E. Le Sueur, lu à l'Académie
le 5 août 1690, publié par Dussieux, i852, p. 3i.
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tOO CONFLANS.
vit « dans l'appartement de Monsieur Tarcheveque les armes de
Madame de Seneçay et un tableau des Machabées, dont les
figures sont les portraits mêmes des trois enfants de France » ^
On lira plus loin la description d'un pavillon dont les pein-
tures étaient aussi attribuées à Le Sueur.
La Fronde vint troubler la retraite de M«« de Seneçay :
en 1649, les soldats de Condé pillèrent et dévastèrent sa mai-
son. Depuis cet événement, elle délaissa Conflans; enfin elle
le vendit, le 19 avril i655, moyennant 25,ooo livres comptant
et 3,o55 livres 11 sols 2 deniers de rente, à Armand-Jean du
Plessis, duc de Richelieu, neveu et héritier du cardinal'.
Le duc de Richelieu était à cette époque dans une situation
de fortune embarrassée ; après avoir dilapidé presque tout l'hé-
ritage de son oncle, il s'était, par un mariage mal assorti,
brouillé avec le reste de sa famille. Il paya sans doute Confians
avec l'argent qu'il venait de réaliser par la vente des maisons
du Palais-Royal; mais il le greva aussitôt d'hypothèques, et,
^pressé par ses créanciers, le revendit en 1673 à l'archevêque de
Paris*.
A son séjour se rattache un fait que nous n'aurons garde
d'oublier : le 5 juillet i663, Molière et sa troupe jouèrent à
Conflans, en présence de la reine, du duc et de la duchesse
d'Orléans, la Critique de l'École des femmes^ dont la première
avait eu lieu à son théâtre le 5 juin précédent^. Il reçut
55o livres pour cette représentation, dont Loret parle ainsi
dans la Mu:{e historique du 7 juillet :
Jeudy, si ma mémoire est bonne
(Ce m'a dit certaine personne),
Dans Conflans, noble et charmant lieu,
La duchesse de Richelieu,
Fort sage et fort habile femme,
Régala la reine et Madame,
En grande jubilation,
D'une exquise colation,
I. Nouvelles recherches sur la hrance, 1766, t. I, p. 220.
3. Ârch. nat., S 1139; Ârch. Nie, i, 17.
3. Arch. nat., S 1129, 4* liasse.
4. Gcu^ette du 7 juillet i663; Registre de La Grange, cité dans Molière^
éd. Despois, t. III, p. i lo. — Le théâtre de Molière était alors établi au
Palais-Royal.
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CONFLANS. lOI
Qui, pour le fruit et la viande»
Fut tout à fait rare et friande :
De plus, après ou bien devant
(Car je n'en suis pas trop sçavant),
La critique du sieur Molière,
Pièce comique et singulière,
Fut un autre mets précieux
Pour les oreilles et pour les yeux.
Enfin, le mariage manqué de la grande Mademoiselle avec
Lauzun faillit être célébré à Conflans (1670). Laissons la parole
àThéroïne* :
« Monsieur de Montausier nous demanda où est-ce que nous
nous marierions. Je lui dis : à Eu ou à Saint- Fargeau... Après
avoir rêvé un moment, il [Lauzun] me dit,'^si je n'avois point
de répugnance pour Conflans, que c'estoit une jolie maison ; que
M. de Richelieu la tenoit bien propre... La conclusion de cette
conversation fut que nous irions nous mariera Conflans... Il
[Lauzun] s'en alla à huit heures et, à dix, il m*envoya Baraille,
qui m'appona un billet de sa part, par lequel il me mandoit
que M. de Richelieu lui avoit esté dire que madame sa femme
avoit quelques mesures à garder auprès de la roine; qu'il ne
pouvoit me prêter sa maison; qu'il en étoit bien aise, parce
qu'il lui avoit paru que j 'a vois quelque répugnance à y aller...
Je dis à Baraille que la maréchale de Crequi en avoit une à
Charenton qui seroit notre affaire... Je devois aller le lende-
main à confesse et partir à quatre heures pour être à six à Cha-
renton chez la maréchale de Crequi. .. L'on nous redit quelques
contes que l'archevesque de Reims avoit faits. Ainsi nous
primes resolution que ce ne seroit point lui qui nous marieroit,
que nous prendrions le curé de Charenton... »
Tous ces projets furent anéantis par le refus du roi, qui empê-
cha le mariage.
La résolution prise par Mademoiselle de célébrer son
mariage à Conflans, les séjours qu'y fit Richelieu, la partie fine
du duc de Nemours et de la maréchale de Thémines, divers
autres traits que les mémoires du temps ont conservés^, et plus
encore la qualité des possesseurs que nous venons d'y voir s'y
1. M"* de Montpensier, MémoireSy coll. Michaud, t. XXVIII, p. 449-451.
2. Scarron, dans une lettre du 20 août 1639 adressée au maréchal d'Al-
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102 GONFLANS.
succéder, tout cela montre bien qu'au xvn« siècle Conflans avait
reconquis la faveur de la haute société, de ceux qu'on appelait
alors « les honnêtes gens ». Quand on parcourt à présent ces
espaces couverts de maisons et d'entrepôts, il est difficile de se
représenter le charme qu'on y trouvait il y a deux à trois cents
ans : la nature et les soins des hommes y avaient formé un de
ces paysages champêtres, sans être sauvages, qu'on goûtait fort
au grand siècle. Aussi, lorsque Racan composa ses Bergeries^
leur choisit-il Conflans pour décors, sans doute Conflans au
temps des Druides, mais aussi Conflans tel qu'il le voyait en
1625. Suivons le vieil Alcidor, qui, poursuivi par « les tem-
pestes du sort i>, abandonne « le rivage d'Oyse » pour venir
chercher « un favorable port aux champs où Marne à la Seine
se croise ».
Il y rencontre le berger Cléantc, lequel l'accueille par cette
poétique description :
Ne cherchez point ailleurs où vous mettre en repos :
Vous ne sauriez trouver un lieu plus à propos
Pour rendre vostre vie en tous biens fortunée.
Nos fertiles cousteaux portent deux fois Tannée,
Et les moindres epics qui dorent nos guerets
S'égalent en grandeur aux chesnes des forests.
Icy le bien sans peine abonde en nos familles,
On use moins de socs qu'on ne fait de faucilles ;
Icy le doux zephir, roy de nostre orison,
Fait de toute Tannée une seule saison.
La nymphe de la Marne et le dieu de la Seine,
Qui pour leur mariage ont choisi cette plaine,
Nous tesmoignent assez, par leurs tours et retours,
Le desplaisir qu'ils ont d'en esloigner leur cours*.
Vingt-cinq ans après que Racan eut écrit les Bergeries^ ces
riantes campagnes furent ensanglantées par la Fronde. Les
Parisiens révoltés avaient mis une garnison de 3,ooo hommes
bret, fait le récit d'une promenade à Charenton, en compagnie de Pelli-
son et de M"« de Scudéry (éd. 1786, t. I, p. 209). Sa veuve, la future
M"* de Main tenon, séjourna chez la duchesse de Richelieu, à Conflans
(d'Haussonville et Hanotaux, Souvenirs sur Af"* de Maintenons s. d., 1. 1,
p. 38).
I. Bergeries f acte V, scène i, éd. elzévirienne, 1857, t. I, p. iio.
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CONFLANS. I03
dans Charenton, sous les ordres du marquis de Clanleu; l'armée
royale, commandée par Condé et campée à Vincennes, attaqua
le bourg et s'en empara le 8 février 1649; ce fut le plus sérieux
combat de cette guerre : le comte de Châtillon qui menait l'as-
saut, ayant à son bras une jarretière de M"« de Guerchy, fut
tué dès le début : ses soldats le vengèrent en massacrant
presque tous les défenseurs, M. de Clanleu des premiers. Le
marquis de Cugniac se sauva par miracle, en s'accrochant à un
glaçon qui flottait sur la Seine et qui le porta jusqu'à Paris. Une
armée de frondeurs, enfermée dans la vallée de Fécamp*, assis-
tait impuissante à cette bataille. Plusieurs officiers des deux
partis, tués dans l'action, furent enterrés dans le jardin des
Carmes. Les troupes du roi pillèrent le bourg et la maison de
M«»« de Seneçay, à Conflans*.
Trois ans plus tard, Condé occupait de nouveau Charenton,
mais pour le parti de la Fronde. Il abandonna bientôt cette
position, et le combat décisif eut lieu dans le faubourg Saint-
Antoine où, malgré le canon que Mademoiselle tira du haut de
la Bastille, le vainqueur de Rocroi fut battu par Tùrenne.
Le pont de Charenton avait été fort ébranlé par la Fronde,
car, le samedi 5 mars i65o, Louis XIV, sa mère et son frère,
obligés d'y passer pour aller à Melun, mirent pied à terre « à
cause qu'il est mal sûr et que l'on le refait »'. En i665, le roi
racheta définitivement le péage à l'évéque, et il continua de
l'affermer jusqu'à la Révolution*.
1. Sur la vallée de Fécan ou de Fécamp, voir p. 10, note i.
2. Registres de l'hôtel de ville pendant la Fronde; de Larochefoucauld,
Mémoires; Mademoiselle, Mémoires; Nouvelles recherches y p. 176;
du Buisson-Aubenay, Journal, — Le combat de Charenton est raconté
avec des noms d'emprunt dans le Grand Çyrus, t. III, liv. II, p. 611; il
a inspiré de nombreuses mazarinades : les Attaques et la prise de Cha-
renton ; Harangue de feu M. de Clanleu à la garnison de Charenton ;
Louange de feu M. de Clanleu tué à Charenton; les Dernières paroles de
M. de Chastillon tué à Charenton; la Rencontre des esprits du duc de
Chastillon et du baron de Clanleu après leur mort, arrivée à Charenton ;
Très humble remonstrance d'un gentilhomme bourguignon... avec la
réponse de VÉcho de Charenton aux plaintes de la France. — On trou-
vera une vue assez curieuse du combat de Charenton dans la Galerie des
batailles du Grand Condé, à Chantilly.
3. Du Buisson-Aubenay, Journal, S mars i65o.
4. Félibien, t. V, p. 201.
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104 CONFLANS.
CHAPITRE IV. r
LE CHATEAU DES ARCHEVÊQUES
(1673-1790).
I. — François de Harlay : Sa vie à Conflans (lôjS-iôgS). —
Constructions et embellissements. — Visites de M"« de
Sévigné.
IL — Les derniers archevêques de l'ancien régime : Le cardi"
nal de Noailles (i6g5'i72g), — De Vintimille(iy2g-iy46).
— De Bellefonds (1J46}, — De Beaumont {1^46-1^81)^ ses
exils à Conflans; le poète Gilbert. -— De Juigné (i ySi-i^go).
III. — Le château au XVIII^ siècle : Les abords^ les bâtiments^
les jardins, — Le moulin de Quiquengrogne.
IV. — L'église Saint^Pierre et les établissements religieux :
Le curé et la fabrique. — Les Carmes. — Les Bénédictines.
— Les Lazaristes.
V. — Charenton et les carrières au XVIII^ siècle : Le bourg de
Charenton. — Le port des Carrières. — La maison du séjour.
— Le pont de Charenton. — Description des carrières et
du sol.
Dans le cours du xvii« siècle, la maison de Conflans a changé
souvent de possesseurs ; les derniers dont nous avons parlé, la
marquise de Seneçay et le duc de Richelieu, y ont passé rapide-
ment et laissé peu de souvenirs. Au contraire, depuis 1673
jusqu'à la Révolution, Conflans va rester propriété des arche-
vêques de Paris qui en feront leur maison de plaisance et même
parfois leur résidence principale. Les lettres patentes qui rati-
fièrent cette acquisition présentent un intérêt particulier :
Louis, par la grâce de Dieu, etc., nostre amé et féal conseiller en
nos conseils François de Harlay, commandeur de nos ordres, arche-
V
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CONFLANS. 105
vesque de Paris, nous a faict remontrer que, pour raccroissement de
nostre chasteau du Louvre, ayant été besoing de desmolir quantité
de maisons scises en nostre bonne ville de Paris qui estoient eni la
censive dudict archevesché, pour la recompense du fond, propriété,
des maisons, prez, terres, bois et autres héritages, droict de justice,
cens, rentes et autres droicts quelconques, appartenant et dépendant
du prieur de Versailles, annexe dudict archevesché, dont la plus
grande partie se trouve comprise en l'accroissement et bastiment de
nostre chasteau et parc de Versailles, pour l'indemnité desquelles
maisons et héritages nous aurions accordé au s^ archevesque la
somme de cent trente sept mille soixante livres à prendre en nostre
trésor royal, suivant l'estimation et liquidation faite en nostre con-
seil des choses ci-dessus esnoncées par l'arrêt du cinq janvier 1672 ^
pour ladite somme de cxxxvii» lx livres estre employée au payement
de partye du prix de la baronie de Meudon vendue au proffit dudit
archevesché et l'acquisition de laquelle baronie, ses circonstances
et dépendances. Y ayant eu difficulté, par autre arrêt de nostre con-
seil du xxvm mars dernier, nous aurions permis au sr archevesque
d'acquérir, au proffit dud. archevesché de Paris, de nos très chers
cousin et cousine les sr« duc et duchesse de Richelieu, la terre et
maison de Conflans, ses circonstances et dépendances, pour luy
servir de maison de campagne et à ses successeurs audit archevesché,
au domaine duquel les terre et maison de Conflans et ses dépen-
dances demeureroient joints, unis et incorporés...
A ces causes, désirant favorablement traicter led. sr archevesque
de Paris et donner des marques de nostre pieté envers led. arche-
vesché et de l'estime particulière que nous faisons de la personne
dud. sr archevesque..., avons amorty et amortissons par ces mesmes
présentes à perpétuité la terre et maison de Conflans... pour pareil-
lement en jouir led. s' archevesque franchement et quittement... à
la charge néanmoins de payer les cens et rentes et autres choses
dont la terre et maison de Conflans et ses dépendances pourroient
être tenus envers autres que nous...
Donné à Arras, au mois de may Tan de grâce mil six cent soixante
treize et de nostre règne le trente uniesme.
Louis.
Visa d'Aligre».
L'acte de vente est daté du i" avril 1673 ; le prix, 95,000 livres,
servît à rembourser les créanciers hypothécaires du duc de
I. 104,060 livres pour les maisons du Louvre et 33,ooo livres pour les
terrains de Versailles.
3. Arch. nat, S 1129.
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I06 GONPLANS.
Richelieu. Le 6 avril, l'archevêque paya à M. de Bercy
26,916 liv. i3 s. 4 d. pour lods et ventes*.
La vie de François de Harlay de Champvallon, archevêque
de Paris (1625-1695)*, appartient beaucoup plus à Fhîstoire
générale qu'à celle de Conflans. Saint-Simon' a tracé le por-
trait de ce prélat et opposé « son profond savoir, Teloquençe et
la facilité de ses sermons, l'excellent choix des sujets et l'habile
conduite de son diocèse, jusqu'à sa capacité dans les affaires et
l'autorité qu'il y avoit acquise dans le clergé » à « sa conduite
particulière, ses mœurs galantes, ses manières de courtisan du
grand air i»*. Ce bizarre mélange de grandes qualités et d'ha-
bitudes contraires à l'état ecclésiastique, après avoir contribué
à sa rapide carrière d'évêque de cour, lui fit perdre la faveur de
Louis XIV vieilli et converti. « On dit que Sa Majesté se lasse
de Monsieur de Paris et de sa vie; il sera quitté comme les
maîtresses », écrit M"« de Sévigné au président de Harlay, le
3o juin 1680. « Le monde, qui n'eut plus besoin de lui pour des
evechés et des abbayes, l'abandonna. Toutes les grâces de son
corps et de son esprit, qui etoient parfaitement naturelles, se
flétrirent. Il ne se trouva de ressources qu'à se renfermer avec
sa bonne amie la duchesse de Lesdiguieres, qu'il voyoit tous
les jours de sa vie, ou chez elle ou à Conflans, dont il avoit fait
un jardin délicieux, et qu'il tenoit si propre, qu'à mesure qu'ils
s'y promenoient tous deux, des jardiniers les suivoient à dis-
tance pour effacer leurs pas avec des râteaux... La duchesse n'y
couchoit jamais, mais elle y alloit toutes les après-dînées, et
toujours tous deux tous seul » (Saint-Simon).
Ce que Saint-Simon laisse entendre, d'autres l'ont dit plus
crûment : la duchesse de Lesdiguieres passait pour être la
maîtresse de l'archevêque*. On prêtait d'ailleurs à celui-ci
quantité d'aventures galantes : la présidente de Bretonvilliers
et Mil» de Varenne en étaient les principales héroïnes*. Cer-
1. Arch. nat., S 1129.
2. Archevêque de Rouen en i65i, de Paris en 1671, membre de l'Aca-
démie française la même année, désigné pour le cardinalat en 1690, mort
le 6 août 1695.
3. Éd. de Boislisle, 1879, t. II, p. 35i-354.
4. Toutes les clefo de La Bruyère appliquent à François de Harlay un
passage des Caractères : de Vhomme^ | 98.
5. Voir la note de Saint-Simon au Journal de Dangeau^ 31 janvier 17 16.
6. Chansonnier Maurepas, année 1680, t. V, p. 69; Spanheim, Relation
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CONFLANS. 107
taine comtesse de Northumberland, qui avait été la maîtresse
du roi d'Angleterre, vint demeurer au couvent des Bénédic-
tines, dans l'ancien séjour de Bourgogne, pour se rapprocher
du « damoiseau de Conflans », ainsi que des chansons sati-
riques surnommaient François de Harlay*. Un prêtre mécon-
tent, l'abbé Blache, a recueilli dans ses mémoires la plupart de
ces médisances^. Voici un trait assez amusant qu'on trouve
dans les Bons mots joints aux anecdotes de Tallemant des
Réaux :
« L'Angeli étant entré un matin chez l'archevesque, on lui
dit à l'antichambre que Monseigneur etoit malade. Il attendit
et vit sortir de la chambre une jeune fille habillée de vert. Enfin
il entra et Monseigneur lui dit qu'il avoit eu trois ou quatre
évanouissemens la nuit. « C'est donc cela, dit-il, que j'en ai vu
« passer un habillé de vert, v Monseigneur ne répondit rien et
lui donna quatre louis d'or pour boire, crainte des évanouis-
semens. i>
Vers la fin de juillet 1695, l'archevêque, après avoir présidé
l'assemblée du clergé, se rendit à Conflans. Le samedi 6 août,
« il lui prit une foiblesse en se promenant le matin dans son
jardin, ce qui l'obligea de se faire apporter un peu de vin et de
se retirer dans son cabinet, où il ordonna qu'on le laissât repo-
ser et qu'on le fit dîner entre midi et une heure. Lorsqu'on le
vint avertir, il ne repondit point, ce qui fit craindre quelque
accident; après plusieurs coups redoublez, on força la porte et
on fut bien surpris de le trouver sans connoissance, étendu sur
un lit de repos » '. « On dit qu'il tiroit la langue d'une manière
effroyable et qu'il suoit à grosses gouttes*. » « On envoya
d'abord chercher du secours, qui arriva trop tard, puisqu'il ne
fut pas possible de le faire revenir de cette apoplexie qui l'em-
de ta cour de France, p. 347; Correspondance de Bussy, éd. Lalanne,
t. V, p. 39; lettre de M»» de Scudéry à Bussy, 12 juillet 1675; M»* du
Noyer, Lettres historiques et galantes, l^b^, t. I, p. 384; Sainte-Beuve,
Port-Royal, t. V, p. 196 et suiv., 283; Éloge satirique de F, de Harlai,
sans date.
1. Sainte-Beuve, Nouveaux lundis, t. V, p. 182, d'après le Journal de
M. de Pontchâteau, 25 août 1678.
2. Revue rétrospective, t. I, p. 161 et suiv.
3. Ga^^ette de Hollande, i5 août 1695.
4. Lettre de M. Tronchai, cité par Sainte-Beuve, Port-Royal, t. V,
p. 283.
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I08 CONFLÀNS.
porta sur les cinq heures du soir'. » « Il est mort de la
quinzième ou seizième attaque d'apoplexie, sans être secouru
de personne, parce qu'il defendoit à ses domestiques de dire à
personne qu'il fût sujet à ces sones d'attaques, et c'etoit assez
pour les faire chasser s'ils en avoient parlé'. »
Le corps fut ramené à Paris et enterré à Notre-Dame. Un
jésuite, le père Gaillard, fit l'oraison funèbre. « Il n'y a, disait
M°^^ de Sévigné, que deux petites bagatelles qui rendent cet
ouvrage difficile : c'est sa vie et sa mort. » L'orateur s'en tira
assez adroitement : il loua la beauté du prélat, le compara au
berger de Virgile :
Formosi pecoris custos, formosior ipse,
puis tourna court sur la morale.
François de Harlay fut peu regretté; « le roi se trouva fort
soulagé, M™« de Maintenon encore davantage »■. La mémoire
de l'archevêque eut cependant des défenseurs fidèles et coura-
geux parmi ses anciens familiers; le plus connu est l'abbé
Legendre*.
François de Harlay rebâtit presque entièrement Conflans,
qui changea à cette époque son modeste nom de maison en
celui de château. Il conserva la disposition primitive des bâti-
' ments : un corps de logis faisant face au midi (petit séminaire
actuel) et une aile à l'ouest, en équerre (propriété Hartmann)',
reliés par une galerie, — au nord, une cour et des communs ; au
sud, une série de terrasses descendant vers la Seine. Les jardins
I. Gas^ette de Hollande; Mercure,
3. Lettre de M. Tronchai, citée ci-dessus.
3. Le mariage secret de Louis XIV avec M"* de Maintenon avait été
bénit, dit-on, par François de Harlay.
4. L'abbé Legendre a publié : Éloge de messire François de Harlay ^
archevêque de Paris (lôgS) ; Nouvel éloge, etc. (1696) ; Francisa de Harlai^
archiepiscopi parisiensiSj laudatio (1698) ; De vita F, de Harlai libri VI
(1720). On peut encore consulter : de Martignac, Éloges historiques des
archevêques de Paris (1698), dédié à très haute et puissante dame Paule
de Gondi, duchesse de Lesdiguières. « Il a été assez heureux, écrit
Tauteur, pour trouver en vous, Madame, une illustre et généreuse
amie. »
5. Piganiol de la Force écrit (éd. 1765, t. IX, p. 174) : « Ce fut, dit-on,
ce prélat qui fit ajouter au bout de la galerie de ce château une aile en
retour, espèce de hors-d'œuvre qui ne symétrise en aucune façon avec
le corps du grand bâtiment : au reste, il y a dans cette partie un appar-
tement très commode; et, quoique la vue soit charmante en général dans
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CONPLANS. 109
furent dessinés par Le Nôtre. A Test, l'archevêque acquit plu-
sieurs maisons et terrains, séparés de sa propriété par une
ruelle fort ancienne qui menait directement de Téglise à la
Seine; il obtint la permission de supprimer cette ruelle, à con-
dition de la remplacer par un chemin à l'ouest (rue de l'Arcade
actuelle) (1686)*. Dans le même temps, Anne-Louis de Malon,
seigneur de Bercy, de Conflans, de Charenton, etc., fut égale-
ment autorisé à changer l'ancien chemin sinueux de Paris à
Charenton (rue de la Planchette) en la route droite plantée
d'arbres qui existe encore aujourd'hui*.
Nous regrettons de n'avoir aucun état des travaux exécutés à
Conflans suivant les ordres de M. de Harlay. Les descriptions
du temps sont assez brèves. Il y a du moins les gravures de Sil-
vestre, de Pérelle, d'Aveline. Quelques lignes de M°»« de Sévi-
gné sont encore à citer : « Le samedi [3 octobre 1676] M. et
M°>« de Pompone, M"« de Vins, d'Hacqueville et l'abbé de
Feuquieres me vinrent prendre pour aller nous promener à
Conflans. Il faisoit très beau. Nous trouvâmes cette maison
cent fois plus belle que du temps de M. de Richelieu. Il y a six
fontaines admirables, dont la machine tire l'eau de la rivière et
qui ne finira que lorsqu'il n'y aura pas une goutte d'eau : on
pense avec plaisir à cette eau naturelle et pour boire et pour se
baigner quand on veut. M. de Pompone étoit gai; nous causâmes
et nous rîmes extrêmement. Avec sa sagesse, il trouvoit partout
un air de cathédrale'^ qui nous rejouissoit beaucoup. Cette
petite partie nous fit plaisir à tous'^. »
les différentes parties de ce château, cependant celle dont on jouit dans
l'appartement pratiqué dans cette aile en retour l'emporte infiniment sur
tout le reste par l'étendue et la variété des points de vue qu'on y découvre.
On dit que ce fut sur le grand balcon qui donne sur la Seine que ce pré-
lat fut frappé d'apoplexie et mourut sur-le-champ le 6 août 1693. » L'aile
en question (propriété Hartmann) est bien antérieure à F. de Harlay
et les récits contemporains de la mort de l'archevêque, rapportés plus
haut, ne concordent pas avec les assertions que Piganioi émet soixante-
quinze ans après l'événement.
1. Ârch. nat., S 1129, 5* liasse; Brièle, Archives de l*Hôtel-Dieu, 1489.
2. Boislisle, Topographie historique de Bercy, p. 58. Plan, titres de
propriété Hartmann.
3. C'est une allusion à la duchesse de Lesdiguières, qu'on surnommait
la cathédrale à cause de son air majestueux et aussi, sans doute, à cause
de sa liaison avec l'archevêque.
4. Lettre à M** de Grignan, 7 octobre 1676.
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IIO GONFLANS.
M"><^ de Sévigné vint aussi plusieurs fois à Charenton visiter
la maréchale de Créqui, chez laquelle Mademoiselle avait pensé
se mariera « Notre marquise d'Huxelles est à Charenton, chez
M°»« du Plessis-Belliere (mère de la maréchale), en attendant
qu'on lui ajuste sa nouvelle maison. La Garde y a passé deux
jours avec elle, à tourner toutes les affaires du monde. J'y allai
dîner samedi^. » Mais le pont de Charenton lui rappelait un
triste souvenir : c'est là que sa fille, panant pour la Provence,
la quitta le 3 octobre 1688^.
IL
A la mort de François de Harlay, le château de Conflans appar-
tenait de droit au nouvel archevêque ; celui-ci, Louis- Antoine de
Noailles, depuis cardinal, était un prélat vertueux, simple et
faible de caractère^. Ses mœurs ascétiques contrastaient avec le
luxe de son prédécesseur. « Je ne doute pas, écrit M"«de Main-
tenon un mois après son installation (lettre du 12 septembre
1695), je ne doute pas que l'archevêché ne soit rétabli et entre-
tenu modestement et que Conflans ne soit un peu négligé'. »
Cependant, l'archevêque va passer à Conflans l'été 1696, et c'est
encore M™« de Maintenon qui lui écrit, le 27 août : « Je suis
ravie de voir une lettre datée de Conflans et de penser, Mon-
seigneur, que vous vous y reposez un peu. » Il reçoit à Con-
flans, le 6 avril 1697, Racine venant défendre auprès de lui
la cause de Port-Royal ; le 26 septembre 1700, Bossuet y
dîne avec les prélats de l'assemblée du clergé*. Le 27 mars
1719, on célèbre à Conflans le mariage du prince de Bournon-
ville et. de M"« de Guiche^. L'année suivante, le duc de Riche-
lieu, sortant de la Bastille^ y est l'hôte de l'archevêque, son
oncle®.
1. Voir p. loi. Nous reparlons plus loin de la maison de M"* du Plessis-
Bellière.
2. Lettre à M"* de Grignan, 7 février 1680.
3. Lettres de AT- de Sévigné j éd. Monmerqué, 1862, t. VIII, p. igS.
4. Voir comte de Barthélémy, le Cardinal de Noailles, 1886.
5. Correspondance générale, éd. Lavallée, t. IV, p. 20.
6. Journal de Vabbé Le Dieu, septembre 1700.
7. Buvat, Journal de la Régence, éd. Pion, 1860, t. I, p. 36g.
8. Saint-Simon, éd. Chéruel, i88i, t. XVI, p. 3o2.
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CONFLANS. 1 1 1
Sans exécuter, comme M. de Harlay, des travaux considé-
rableSf le cardinal de Noailles entretint Conflans fort convena-
blement*. Il avait racheté à la succession de son prédécesseur
les orangers, lauriers et grenadiers qui faisaient le plus bel
ornement du jardin. Par son testament, il légua 5oo livres à
chacun des jardiniers, au concierge et au fontainier de Con-
flans*. Il mourut le 4 mai 1729 à Paris. Voici des extraits d'un
procès-verbal de vente après son décès* :
Le lundi 4^ jour de juillet 1729, huit heures du matin, je me suis,
huissier commissaire-priseur, vendeur de biens meubles, exprès
transporté au chasteau de Conflans, dépendant de Tarchevesché de
Paris, distant de Paris de deux lieues, pour y vendre, adjuger et
dellivrer les biens meubles et effets qui ont appartenu à feu S. E.
Mgr le cardinal de Noailles, et contenus en l'inventaire qui en a
esté fait après son deceds. Y estant, et les parties ayant comparu,
i'ay fait attacher un tapis à la porte et principalle entrée dudit
chasteau.
Suit rénumération des meubles vendus. On y remarque :
Dix aulnes ou environ de tapisserie, fabrique de Bruxelles, à per-
sonnages, représentant une histoire romaine en plusieurs pièces et
morceaux faisant l'article 597 de l'inventaire, criées à la somme de
35o liv. et adjugées au sieur Ruby pour le prix de 695 liv.
Douze aulnes, compris les dessus de portes, de tapisseries de
damas, fonds Isabelle, deux grands canapés et six chaises de bois
<ie noyer, couvertes de mesme damas, adjugés au sieur Ruby pour
la somme de 400 liv.
Conflans fut ainsi dépouillé de ses meubles anciens; il garda
seulement les tableaux de la galerie, qui furent reconnus faire
partie de l'immeuble.
U fallut vendre aussi les « 66 grands orangers, citronniers et
*• Le contrefort qui soutient Taile ouest, du côté de la Seine, fût refait
par ses soins et porte encore dans on cartouche la date 1709. La réfection
^° grand bassin, exécutée en 1712, occasionna un procès entre Tarche-
veque et l'entrepreneur, un sieur Rennequin (Ârch. nat., S 1x39, 9* liasse).
^' Brièle, Collection de documents pour servir à l'histoire des hôpi-
ï««jf, t. IV, p. 3 10. Dans ce testament, l'archevêque règle l'ordre de ses
obsèques et ajoute : a Point d'oraison funèbre, elle embarrasserait trop
^orateur > {fait an Mont-Valérien en 1720).
3- Brièle, t. IV, p. 3i5.
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112 CONFLANS.
bergamotiers, dans leurs caisses de bois de chesne peint en
vert 10 et les 109 pieds d'arbres de diverses espèces; ils furent
adjugés 1 1 ,000 livres au financier Samuel Bernard, qui com-
pensa son prix avec une créance qu^il avait sur le cardinal.
Gaspard de Vintimille (1729- 1746) succéda au cardinal de
Noailles ; rien ne marque son passage à Conflans, si ce n'est son
testament'. Il y habita pourtant trop souvent au gré de ses
ouailles, qui le chansonnèrent irrévérencieusement' :
Notre archevêque est à Conflans
Comme un grand solitaire,
Comme un grand so... comme un grand solitaire.
Il pourrait sans s'incommoder
Vivre de son... vivre de son domaine.
Il se fait servir en mangeant'
Toujours en porc... toujours en porcelaine.
Pour vaincre la tentation
On le voit sous... on le voit sous les armes, etc.
Après le très court pontificat de M. de Bellefonds (1746),
Christophe de Beaumont du Repaire, archevêque de Vienne,
alors âgé de quarante-trois ans seulement, fut transféré sur le
siège de Paris, qu'il devait occuper jusqu'à la veille de la Révo-
lution (1781)^. Ce fut un adversaire acharné des jansénistes et
1. U légua à Fribourg, concierge de Conflans, 1,000 livres et à la
paroisse 5oo livres pour être employées à la reconstruction de la mai-
son des sœurs de la Charité (Brièle, ouvr. cité, t. IV, p. 379).
2. Raunié, Chansonnier du XVIII* siècle, t. V, p. 268.
3. « Vintimille est le plus gros corps et le plus gros mangeur du
royaume de France » {Mémoires de Maurepas, cités par Raunié). Dans
une variante du Temple de ri4mifté(i733), Voltaire tourne en dérision un
prélat « au menton triple, au col apoplectique » qui.
Sur le chemin de Conflans à Gaillon^
Fut pris en bref d'une indigestion.
Gaillon était le séjour d'été de l'archevêque de Rouen, qui passait aussi
pour fort gourmand.
4. P. Emile Regnault, S. J., Christophe de Beaumont, 1882, 2 vol. — La
plupart des citations qui suivent sont empruntées à cet ouvrage.
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conflàns. ii3
des philosophes qui ne l'ont pas ménagé dans leurs écrits et
qui, pourtant, ont reconnu « la fermeté de son caractère, la
sainteté de sa vie, son amour de la religion, ses libéralités'
envers les pauvres et les malheureux, l'éclat de ses vertus^ ».
Voici un trait de sa charité :
« De Beaumont était soni seul, un jour, de son château de
Confians pour se promener dans la campagne. Un vieux
officier l'aborde et lui fait le tableau de son infortune. « Mon-
« sieur, lui dit le prélat, je n'ai pas d'argent sur moi ni à Con-
te flans. Venez dans huit jours à l'archevêché et ne soyez plus
« en peine de votre sort ni de celui de votre famille. En atten-
« dant, voici ma montre; elle a quelque valeur, disposez-en. »
L'archevêque étant allé, quelque temps après, faire sa cour à
Mesdames de France, il fut bien surpris d'entendre M"« Adé-
laïde lui dire : a Monsieur l'archevêque, je sais que cette année
« vous vous êtes plusieurs fois privé de votre montre; en voilà
« une que je vous donne, mais à la condition que vous la gar-
« derez. » Le prélat la reçut avec une respectueuse reconnais-
sance, mais ne la porta jamais sur lui, car il aurait pu être
tenté de la donner malgré la condition du cadeau'. »
Avec Christophe de Beaumont, Conflans, jusqu'ici maison
de plaisance, va devenir lieu d'exil. L'archevêque, ayant
ordonné à son clergé de refuser les sacrements à ceux qui
n'adhéreraient pas à la bulle Unigenitus^ souleva contre lui un
orage que Louis XV crut apaiser en le reléguant à Confians
par une lettre de cachet (3 décembre 1754)'. Les chansonniers
jansénistes ne manquèrent pas de célébrer cette disgrâce :
Le père du peuple^ à Pontoise,
Puis à Soissons a séjourné :
Son père en Dieu, pour même noise,
A Conflans vient d'être emmené.
X. Épitaphe de son tombeau, à Notre-Dame de Paris.
2. Michaut, Biographie universelle,
3. Regnault, t. I, p. 274. — La lettre portait cette apostlUe de la main
du roi : < Il partira ce soir ou demain matin. » Beaumont dit au courrier :
• Vous pouvez assurer Sa Majesté que je serai ce soir même à Conflans
vers onze heures. »
4. Le Parlement de Paris, qui soutenait les" Jansénistes et qui avait été
exilé Tannée précédente.
MÉM. xzxv . 8
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114 CONFLAMS.
L'un dix-huit mois a gardé sa retraite;
Que l'autre y reste sans retour.
Chacun à son tour,
Liron, lirette,
Chacun à son tour.
Voici un autre couplet du même temps :
Corrigez-vous 1 Prenez, monseigneur du Repaire,
Un plus évangélique et plus paisible ton,
Car de Conflans à Charenton,
Vous >n'avez plus qu'un pas à faire ^.
C'est là une des premières allusions à l'asile' qui a rendu le
nom de Charenton célèbre.
De Conflans, l'archevêque continua de diriger son diocèse et
de lutter contre les jansénistes avec autant de fougue qu'au
début de son épiscopat. Les chanoines, les curés de Paris, les
supérieurs de communautés, des prélats, des gens de qualité
s'empressaient autour de lui. Ses ennemis, irrités par ces
témoignages de sympathie et trouvant Conflans trop proche
encore de Paris, le firent reléguer à Lagny-sur-Marne (21 février
1755); mais, quinze jours après, le roi, revenant sur sa déci-
sion, l'autorisa à rentrer à Conflans à l'occasion du sacre de
Pierre Annet de Pérouse, promu évéque de Gap; la cérémo-
nie fut célébrée dans la chapelle des Bénédictines de Conflans ;
c'est dans cette chapelle qu'avait eu lieu l'ordination de Noël
1764; celle de la Passion 1755 fut faite à la paroisse, celle de la
Trinité aux Carmes des Carrières '.
Le lundi 12 mai 1755, les prêtres du diocèse se réunirent à
Conflans pour nommer des députés à l'assemblée du clergé ;
1. Regnault, p. 275; Grimm, Correspondance y 1877, *• ^1» P* 4^7» Réu-
nie, Chansonnier du XVIJI* siècle, t. VII, p. 247.
2. Fondé par S. Le Blanc en 1642 sur la paroisse de C ha ren ton-Saint-
Maurice. L'opinion populaire a donné à Charenton>le>Pont une réputa-
tion que mérite seule la commune voisine. C'est une injustice contre
laquelle les habitants de Charenton protestent; mais il est bien difficile
d'y mettre un terme. Voir Strauss, la Maison nationale de Charentony
zgoo. M"* Elisabeth Louis doit publier prochainement un ouvrage sur Cha-
renton-Saint-Maurice .
3. Regnault, t. I, p. 280 à 290.
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CONFLANS. 1 1 5
Tun des premiers actes de cette assemblée, qui se tint à Paris
pendant l'été lySS, fut d'envoyer à Conflans plusieurs prélats
saluer Tarchevéque exilé et lui offrir de faire des démarches
en sa faveur. Mais Beaumont repoussa leurs propositions^;
loin de chercher à apaiser la querelle, il n'attendait que
l'occasion de la ranimer par un nouvel éclat. Le dimanche
19 septembre lySô, il présidait l'office du matin à l'église de
Conflans; après l'Évangile, il publia lui-même, de l'autel, les
bans de mariage et les annonces du prône, à la grande surprise
du curé et du bedeau ; puis il monta en chaire et lut une ins-
truction pastorale qui était un véhément réquisitoire contre le
Parlement*.
Le Châtelet ordonna que cette instruction fût brûlée par la
main du bourreau. Le roi, qui ménageait le Parlement et qui
estimait l'archevêque, semblait prendre parti tantôt pour l'un,
tantôt pour l'autre' : en octobre 1767, Beaumont est autorisé
à rentrer à Paris; en janvier 1758, il est exilé au fond du
Périgord, au château de la Roque; il revient en octobre 1759,
toujours aussi opiniâtre : nous le retrouvons à Conflans en
1764, lors de la suppression des Jésuites; ses protestations
le font reléguer à la Trappe (diocèse de Séez)^.
Après neuf mois passés à la Trappe, Beaumont malade obtint
de revenir à Conflans'. Ce fut la fin de ses épreuves; la querelle
du jansénisme s'apaisait peu à peu, au milieu de l'indifférence
1. Regnault, t. I, p. 392, 293.
2. Ibid., p. 317; Nouvelles ecclésiastiqueSy 1756, p. i85.
3. Au mois d'août 1757, Mathias Poncet de la Rivière, évêque deTroyes,
ayant quitté la résidence que le roi lui avait assignée pour rendre visite
à M. de Beaumont, fut arrêté à Conflans et conduit à la Bastille (Jean
Lemoine, Sous Louis le Bien- Aimé, igo5, lettre de M"* de *** à M. de
Mopinot, 2 septembre 1757).
4. Regnault, t. I, p. 392, 404, 477 ; t. II, p. 26, 83.
5. Il souffrait d'une tumeur fistuleuse au podex et se faisait soigner par
le chirurgien Moreau. Bachaumont rapporte à ce sujet l'épigramme sui-
vante (Mémoires^ t. II, à la date du 6 octobre 1764) :
« Moreau ! quelle est ta gloire et ta vocation !
Le ciel t'a réservé pour cette occasion :
Il anime ton zèle et ton patriotisme;
Par toi s'opérera ce grand événement.
Ton bras frappera sourdement
Le fondement du fanatisme. »
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Il6 CONFLANS.
générale; Louis XVI, dès son avènement (1774), témoigna au
vieil archevêque une faveur marquée. Ses dernières années
ne furent troublées que par la maladie. L'air de Conâans lui
était particulièrement salutaire; aussi y demeure-t-il, volontai-
rement cette fois, le plus longtemps possible. Les visiteurs ne
lui manquent pas : c'est Soufflot, venant lui soumettre les
plans de la nouvelle sacristie de Notre-Dame *; — le duc de
Luynes, qui trouve « la maison fort belle, le jardin bien planté
et la vue charmante » (juin 1755)'; — l'abbé de la Grive, géo-
graphe de la ville de Paris, auquel l'archevêque confie la tâche
de dresser le plan terrier de sa censive (3i décembre 1755)*; —
Marmontel, discutant dans les jardins de Conâans avec les doc-
teurs de Sorbonne les opinions de son Bélisaire (1767)*; — le
jeune prince Louis de Saxe, qui emporte de Conâans « un
panier de superbes pêches » (5 septembre 1781)'; — Necker et
Tronchin, qui dînent à Conâans en i776*; — enfin le poète
Gilbert, dont la mort prématurée a donné lieu à tant de
légendes^. Voici la vérité : Gilbert, qui, sans être riche, avait
assez de revenu pour vivre, était entré une première fois à
l'Hôtel-Dieu, au printemps de l'année 1780, à la suite d'une
chute de cheval qu'il avait faite près des fossés du Luxembourg.
Il eut quelques accès de délire, puis sortit de l'hôpital, guéri en
apparence, et, pour achever de se rétablir, vint passer l'été à
Conâans; « il y loua un joli appartement sur les bords de la
Seine et il prit un domestique avec lui » *. Muni d'une recom-
mandation de l'abbé Grosîer, bibliothécaire de Monsieur, il
fut reçu à Conâans, en audience privée, par M. de Beaumont,
qui lui accorda une pension de 5oo livres. Peu après, la fièvre
le reprit, et une nuit, à demi vêtu, il alla demander les sacre-
ments au curé de Saint-Pierre de Conâans. Le curé l'engagea
à rentrer chez lui. Il se précipita alors chez l'archevêque, péné-
1. Regnault, t. I, p. Sog.
2. Mémoires, t. XÎV, p. 182.
3. Ârch. Seine, dossier G^, achat n* 564.
4. Marmontel, Mémoires^ 1804, t. III, p. 39.
5. Regnault, t. II, p. 409.
6. Regnault, t. II, p. 327.
7. Légendes dont sont responsables La Harpe {Correspondance littéraire)
et Ch. Nodier {Notice sur Gilbert).
8. Ferlet, Année littéraire, 1786, t. V, lettre sur M. Gilbert.
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^OIST
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conflàns. 117
tra jusque dans sa chambre et se roula par terre, criant qu'il
allait mourir et qu'on avait gagné le curé pour qu'il lui refusât
les sacrements. L'archevêque le fit porter à l'Hôtel-Dieu, où il
mourut le 16 novembre 1780, âgé de trente ans*.
Le même jour, M. de Beaumont quittait Conâans pour n'y
plus revenir. Affaibli par de perpétuelles douleurs, il s'éteignit
à Paris le 12 décembre 1781, dans sa soixante-dix-neuvième
année'.
L'avènement de son successeur, Leclercde Juigné, suggérait
à un prêtre parisien les lignes suivantes : « Il feroit bien de ne
pas demeurer si longtemps à Conflàns, joli séjour, mais trop
éloigné pour toutes les personnes qui ont besoin de l'arche-
vêque lui-même. On ne fait pas deux lieues pour s'amuser,
incertain si Sa Grandeur sera visible*. »
M. de Juigné paraît avoir suivi ces conseils, car, à Conâans,
peu de chose signale son épiscopat, qui fut d'ailleurs bientôt
interrompu par la Révolution*.
Avant d'entrer dans la période moderne, il n'est pas sans
intérêt d'exposer l'état de Conflàns à la fin de l'ancien régime :
tel sera le sujet des pages suivantes.
III.
Ce qu'était le château de Conflàns à la fin du xvni« siècle,
nous le savons très exactement grâce à deux documents :
L'un est la description qu'en firent, le i«' février 1791, les
experts chargés de l'estimer avant qu'il fût mis en vente comme
bien national. Ces experts étaient le sieur Cathala, désigné par
l'Assemblée nationale, et le sieur Boutinot, nommé par la com-
mune de Paris '.
L'autre est un plan manuscrit, colorié, provenant des archives
de l'archevêché et qui est aujourd'hui en nos mains. Il a été
I. Abbé Huot, Florent Gilbert (lySi-iySo), 1893. — On trouvera une
longue discussion sur la mort de Gilbert dans V Intermédiaire des cher-
cheurs et des curieux,
3. Regnault, t. II, p. 412-4x6.
3. Abbé Mulot, Journal^ 5 janvier 1782, Mém. Soc. Hist. Paris, 1902,
p. 56.
4. Abbé Lambert, Vie de A. Leclerc de Juigné, 182 1.
3. Arch. nat., Q* 121, et Titres de propriété Hartmann.
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Il8 CONFLANS.
levé en 1770, par F. Benoist, ingénieur géographe; nous
le reproduisons hors texte. Le château, ses communs et ses
dépendances, les terrasses, les jardins, l'église, le couvent des
Bénédictines, le moulin de Quiquengrogne et une partie du
parc de Bercy y sont représentés avec tous leurs détails.
Pour se rendre de Paris à Conâans, après être sorti par la
porte Saint-Antoine, on suivait la route de Charenton, passant
devant Rambouillet^ traversant la Grande-Pinte*, longeant le
mur de Bercy, puis, avant d'arriver au bourg, on prenait à
droite une avenue « plantée en partie d'ormes et partie de til-
leuls; ces derniers ont été plantés par M. le ci-devant arche-
vêque, et lorsqu'il a changé le chemin dit des Meules qui
ci-devant coupoit en deux la pièce de terre entre lad. avenue et
les murs du parc de Bercy ». La pièce de terre en question avait
été acquise par M. de Juigné en 1785'.
« L'entrée du château est composée d'une grande grille en
fer ; les pilastres sont en pierre et les deux ailes en moèlons et
pierre ayant une porte bâtarde à gauche qui est figurée au côté
opposé. » L'ancienne porte était plus en arrière et plus étroite;
en 1777, M. de Beaumont obtint l'autorisation d'avancer le por-
tail de quatre toises, de façon à lui donner une largeur de
douze pieds* : tel il le construisit alors, tel il existe à présent,
avec ses pilastres surmontés de vases sculptés.
La porte franchie, on entrait dans une cour aujourd'hui
sablée, alors pavée en grès. Le pavillon du concierge, à gauche,
subsiste encore; au fond s'étendait la façade du château, à pré-
sent coupée en deux par le mur qui sépare le séminaire de la
propriété Hartmann.
Au midi, le château présentait un étage de plus que du côté
de la cour; il donnait sur une terrasse longue de 708 pieds, qui
1. RambouiUet avait été la plus somptueuse de ces folies que des sei-
gneurs et des financiers élevèrent dans le faubourg Saint-Antoine. On
consultera sur ce sujet des articles de MM. Vial et Capon dans Vlntermé-
diaire des chercheurs et dans le Bulletin de la Société historique du fau-
bourg Saint- Antoine.
2. Voir p. 19, note 2.
3. Arch. nat., S 1129. — L'avenue bordée d'arbres est à présent l'avenue
de la Liberté.
4. Arch. nat., S 1129.
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CONFLANS. 119
dominait les jardins et d'où la vue embrassait la vallée de la
Seine. Le corps de bâtiment central (séminaire actuel) a été
refait au iviii* siècle et est une des parties les mieux conservées.
Le rez-de-chaussée ne comprenait, en 179 1, que des chambres;
au premier étage, où Ton accède toujours par un grand escalier
de pierre, se trouvaient deux salles à manger. Tune pour l'été,
l'autre pour l'hiver, un grand salon qui a gardé ses boiseries,
et, du côté de la cour, « la chapelle ornée de pilastres d'ordre
corinthien au pourtour avec entablement taillé ainsi que les
archivoltes; la coupoUe est ornée de caissons et rosaces ayant
un jour vitré pratiqué au milieu » et surmontée d'une lanterne.
Cette gracieuse chapelle a été conservée presque intacte. Une
inscription nous apprend que M. de Juigné en avait entre-
pris la réfection en 1788; les travaux, interrompus par la Révo-
lution, furent terminés par Mgr de Quélen en 1824.
A l'est, dans le prolongement du corps de logis principal,
l'aile dite du secrétariat renfermait, au rez-de-chaussée, une
salle de bain et des chambres ; au premier, la chambre à cou-
cher de l'archevêque, la bibliothèque et les appartements des
secrétaires.
Au nord de cette aile était la cour du secrétariat, séparée de
la grande cour par le bâtiment des cuisines. Derrière le loge-
ment du concierge s'ouvrait l'entrée de vastes caves établies
dans les anciennes carrières et qui s'étendaient fort loin.
Le bâtiment central était continué à l'ouest par la grande
galerie*, construction plus légère que les corps de logis et qui
a été modifiée depuis; mais il en est resté le soubassement
voûté, donnant sur la terrasse, et qui formait l'orangerie.
A l'extrémité de la galerie, et en retour d'équerre, s'étendait
l'aile ouest (aujourd'hui propriété Hartmann), une des plus
anciennes panies du château. Le contrefort massif qui la sou-
tient du côté de la Seine a été refait en 1709, comme en témoigne
une inscription. Cette partie subsiste, ainsi que le grand escalier
par où l'on y accède; le rez-de-chaussée donnant deplain-pied
sur la terrasse servait de serre ; au-dessus étaient des apparte-
I. Cette galerie renfermait une série de portraits dont nous avons parlé
et que tous les guides mentionnent; ils ont été dispersés à la Révolution
(voir plus loin).
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120 CONFLàNS.
ments qui ont conservé d'anciennes boiseries. — Tous les bâti-
ments, sauf la galerie, avaient un deuxième étage en mansardes
et étaient couverts d'ardoises*.
Entre l'aile ouest et le chemin dit des Meules (rue de l'Ar-
cade actuelle), il y avait un boulingrin planté de tilleuls et
mesurant i85 pieds de large sur 244 de long; au milieu était
a un bassin en vétusté ». Le boulingrin communiquait de plain-
pied, par une grande arcade ménagée sous l'aile ouest, avec la
terrasse du château, et l'ensemble formait une promenade de
906 pieds de longueur.
Au delà du boulingrin, en allant vers l'ouest, on rencontrait
le potager des deux bassins et la melonnière ; on traversait le
chemin des Meules', près des bords de la Seine, sur un pont de
pierre, construit en 1786, qui fit donner plus tard à ce chemin
le nom de rue de l'Arcade, et l'on pénétrait dans le potager
neuf, contenant huit arpents. De ce côté, la limite du jardin de
Confians était le mur de Bercy. A l'angle de ce mur et du che-
min des Carrières (quai de Bercy prolongé), M. de Juigné avait
élevé, en 1786, « un pavillon en tour ronde en pierre de taille et
comble en calotte, couvert en ardoise armé de plomb ».
Du milieu de la terrasse, un escalier à deux rampes, qui existe
encore, conduisait dans le grand jardin, long de 906 pieds, pro-
fond de 65 toises, « planté partie en quinconce et en differens
compartiments, formant promenade, bosquets et gazon..., orné
de cinq bassins ayant chacun un jet d'eau, dont un jet en
herbe ».
Le jardin, écrivait en 1742 Piganiol de la Force* (et ce qu'il en dit
était encore vrai en 1790), le jardin est composé de trois terrasses
Tune sur Tautre. On y descend par plusieurs rampes d'escalier qui
sont d'une grande commodité. Celle du haut est ornée d'une grande
balustrade dont les socles, qui sont d'espace en espace pour en rete-
nir les travées, portent des vases de fayance ou de bronze dans
lesquels sont des arbustes. Ce jardin est d'une forme très irreguliere,
mais Le Nautre a sçu habilement corriger les défauts du terrein. On
remarque entre autres choses un amphithéâtre* orné d'un grand
•
1. Comparer cette description avec celle des p. 79 et suiv.
2. Ainsi nommé parce qu'il aboutissait au Port-aux-Meules, où l'on
débarquait des blés.
3. Description de Paris, 1742, t. VIII, p. 170.
4. On a lu une description de cet amphithéâtre en 16 19, p. 81. Le
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CONFLANS. 121
perystile de treillage composé de six grandes colonnes doriques avec
leur entablement et surmonté de beaux vases. Derrière ce perystile
est un berceauy aussi de treillage, en forme de niche, décoré du
même ordre. De chaque côté sont deux arcs de treillage sous lesquels
sont deux grands piédestaux qui portent chacun un vase de fayance.
Le jardin consiste en deux grands parterres à l'angloise, entre
lesquels est une grande allée couverte d'environ cinquante toises de
long, qui conduit à une belle et magnifique grotte. C'est un petit
pavillon quarré qui a environ quatre toises à chaque face et donne
sur la rivière. Les peintures en sont de Le Sueur, c'est-à-dire des
chefs-d'œuvre. Le plafond représente Junon et la frise est ornée de
Tritons et de Dauphins faits de coquilles blanches avec beaucoup de
goût. De là sortent quantité de jets d'eau qui mouillent, quand on
veut^ ceux qui sont dans la grotte. Il en sort même du pavé une
quantité prodigieuse qui, étant entre le joint des cailloux qui
forment le pavé, ne paroissent point. Les trumeaux qui sont entre
les angles et les ouvertures sont ornés, sçavoir, ceux qui sont du
côté de la rivière, chacun d'une grande glace de huit à neuf pieds de
haut sur deux pieds de large, et les six autres chacun d'une niche de
laquelle s'élève un jet d'eau. Au milieu de cette grotte est im bassin
rond de marbre blanc, élevé d'environ deux pieds et demi sur un
pied du même marbre. Le Mail a cent trente toises de long; les
bois, les bosquets, les eaux et les autres agremens de cette maison
en font un séjour délicieux.
... Toutes les eaux, dont cette maison est abondamment pourvue,
sont fournies par deux grands réservoirs placés dans l'endroit le
plus haut de Conflans, au delà de l'église paroissiale. Ces deux
réservoirs se voient dans la cour d'une espèce de ferme où sont les
remises et les écuries : l'eau y est portée par une machine hydrau-
lique, placée entre une petite isle qui est sur la Seine et le rivage
de cette rivière. Le bâtiment qui renferme cette machine est solide-
ment construit et communique à la terre par un pont de bois de
plusieurs [six] arches ^
La machine hydraulique était installée dans un vieux mou-
lin connu sous le nom pittoresque de moulin de Quiquen-
grogne; des titres de 1629 et de i554, cités p. 62 et 66, le men-
tionnent. Il figure sur la vue de Confians en iSyS, que nous
reproduisons, ainsi que sur le plan de Mérian (1610). Il servait
grand bassin, qui était aussi très remarqué, avait été refait en 171 2
(Ârch. nat., S 1129).
I. Ce dernier alinéa est extrait de Tédition de 1765, t. IX, p. 176, qui
offre de notables différences avec Tédition de 1743.
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122 CONFLANS.
alors à moudre farine; Villeroy le reconstruisit à neuf en 1600
et Tutilisa pour monter l'eau. Il était compris dans le domaine
royal, et, par conséquent, dans l'engagement qui en fut fait
aux Malon de Bercy à partir de 1642. Le 16 août lôjS, M. de
Bercy le loua à perpétuité à l'archevêque, moyennant 3oo livres
de rente annuelle. Pour le remettre en état, François de Harlay
conclut, en 1676, un contrat avec deux entrepreneurs, les sieurs
Noury et Etiennon : moyennant 5,5oo livres une fois payées,
et 1 ,000 livres par an, ceux-ci s'engageaient à construire et à
entretenir une machine pouvant fournir 20 pouces d'eau. La
machine, une fois achevée, n'eut jamais le débit promis et
dut être, à plusieurs reprises, réparée. Vers lySo, René Lambot,
contrôleur de la pompe du pont Notre-Dame à Paris, modifia
le mécanisme et y apporta de grands perfectionnements V
Voici, enfin, ce que coûtait chaque année l'entretien du châ-
teau de Conflans vers 1789' :
Pour le jardinier 3,400 liv. moyennant quoi il est chargé de four-
nir de fleurs, de gazon, de sable, du rétablissement des palissades
et du treillage de Torangerie, etc 3,400 liv.
Pour le concierge 1,100 pour avoir soin des meubles,
entretenir les planchers frottés, fournir de balets, de cire
à froter, etc 1,100
Au vitrier, pour Tentretien des vitres tant de Con-
flans que de Tarchevesché 38o
Au couvreur, pour l'entretien de la couverture et des
plombs aussy tant de Conflans que de Tarchevesché . . 800
Au fontainier, pour l'entretien de tous les tuyaux et
pour faire jouer les eaux 85o
A un autre fontainier, qui est aussy menuisier, pour
l'entretien de la pompe et des portes et croisées, etc. . '400
Au garde moulin, pour l'entretien des tournans et
pour le gravouliage gSo
Au serrurier, pour l'entretien de la petite machine. . 25o
Total 8,i3o liv.
1. Arch. nat., S 1139, 8* liasse; Nouvelles recherches, p. 223; Bibl. nat.,
ms. fr. 26314, — M. de Beaumont payait 800 livres par an au fontainier
chargé de l'entretien du moulin (traités du i5 avril lySS avec le sieur
Chaillon, du 3o août 1761 avec le sieur Fleuret, ex-fontainier à la machine
de Marly). Arch. nat., T i63 (i et 2).
2. Arch. nat., S 1129, 9* liasse. — Voir un traité entre M. de Beaumont
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CONPLANS. 123
L'ensemble du château et de ses dépendances (non compris
le moulin de Quiquengrogne, qui appartenait au domaine) fut
estimé en 1791, par les e^^perts, i63,5o2 livres se décomposant
ainsi :
ii5,ooo liv. pour le château. — 6,000 liv. pour le logement
du fontainier. — 12,400 liv. pour le grand potager neuf. —
18,000 liv. pour le logement du jardinier. — 2,5oo liv. pour
6 arpents 12 perches de terre. — 102 liv. pour 22 perches de
terre. — 3,ooo Iïy. pour la glacière. — 5oo liv. pour la grange.
— 6,000 liv. pour les communs*.
Aucun procès-verbal de l'époque révolutionnaire ne fait men-
tion du mobilier ni des peintures de Conâans. C'est que, dès
les premiers troubles, M. Grisart, ci-devant avocat au Parle-
ment, fondé de procuration de l'archevêque, avait vendu à
l'amiable tout ce qui pouvait s'emporter facilement : meubles,
livres, tableaux disparurent de la sorte. Les orangers, que
M. de Juigné avait repris aux héritiers de M. de Beaumont,
furent achetés par Louis- Alexandre Boursault, jardinier fleu-
riste, demeurant à Paris, rue Saint-Bernard, au faubourg Saint-
Antoine ; l'acquéreur paya son prix comptant le 3o décembre
1791, mais n'enleva pas tout de suite les caisses. Lorsqu'il se
représenta à Conflans, en mai 1792, le concierge, nommé
Dufour, refusa de le laisser emporter quoi que ce fût. Bour-
sault adressa une pétition au procureur général syndic Rœde-
rer, et, sur avis favorable de celui-ci, le Directoire du dépar-
tement l'autorisa à prendre livraison, reconnaissant ainsi la
légitimité des ventes mobilières faites par le représentant de
M. de Juigné*.
IV.
L'église Saint-Pierre de Conflans, dont on a vu les origines
au chapitre I, s'élevait au nord-est du château, au point le plus
et Philippe Balu, jardinier, du 24 juin 1760, donnant le détail des travaux
à exécuter. Arch. nat., T i63 (i et 2).
1. Ârch. nat., Q*i2i. — En 1770, d'après notre plan, le château, ses
cours et ses jardins (non compris le potager des bassins et les dépen-
dances isolées) contenaient en tout 3o arpents 86 perches et demie, à la
mesure de 18 pieds pour perche; la basse-cour au nord, 72 perches;
diverses dépendances à côté de Téglise, 24 perches et quart; et le loge-
ment du fontainier, 7 perches un tiers.
2. Arch. nat., T 1493, n- 3.
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124 CONFLANS.
élevé de la colline; nous en donnons, en appendice, une des-
cription détaillée, faite peu de temps avant sa démolition, par
M. de Guilhermy (iSSg); d'autre part, le tableau de Ranson-
nette fils, que nous reproduisons, en montre Taspect extérieur
à la même époque ; elle n'avait pas changé depuis le xviii« siècle ^ .
Les plus anciennes parties dataient du xiiP, mais il y avait eu
de grands remaniements aux xv« et xvi« siècles ; le clocher carré,
du xiv«, qui avait dû être primitivement surmonté d'une flèche
(marquée sur les plus anciennes vues du xvp siècle), se termi-
nait par un toit en pyramide flanqué de quatre frontons aigus.
L'extérieur de l'église était peu ornementé; la façade était
percée d'une porte centrale avec pilastres doriques, frise et fron-
ton triangulaire, et de deux petites portes, surmontées de baies
ogivales. A l'intérieur, l'église se divisait en trois nefs et sept
travées, voûtées, d'une décoration très simple; un mur droit
formait le chevet. Le maître-autel, les deux autels latéraux
dédiés, celui du nord à saint Nicolas, celui du midi à la Vierge,
les stalles, la chaire étaient des ouvrages des xvii« et xviii« siècles,
en bois, ne présentant rien de remarquable. Guilhermy signale
en outre : des fonts baptismaux en marbre, du xviii« siècle, un
tableau sur bois, du xvi* siècle, représentant le martyre de
sainte Catherine, une inscription rappelant la dédicace de
l'église par Guillaume Chartier, évéque de Paris, en 1448, et
deux pierres tombales intéressantes, pour lesquelles nous ren-
voyons à l'appendice*.
Le clocher renfermait huit cloches dont Guilhermy n'a
pas parlé. Les quatre premières furent placées en 1608;
l'une d'elles, nommée Nicolle^ eut pour parrain Nicolas de
Neuville de Villeroy, pour marraine M™« de Bercy. En 1622,
nouveau baptême de cloche : parrain, le président de
Verdun; marraine, Anne de Maulon, dame du Gast. Enfin,
en i638, les trois dernières cloches sont bénites : une grosse,
z. < L'église de Saint-Pierre de Conflans, dit Lebeuf, est un bâtiment du
XVI* siècle qui est tout voûté et qui a un collatéral de chaque côté, mais
sans abside ou sans fond, en forme de rond-point. »
3. Un cimetière était attenant à l'église ; au cours de travaux faits au
zix* siècle, on y a découvert la pierre tombale de Maximilien de Lens de
Licques, comte de Rupelmonde, maréchal de camp, tué à vingt-huit ans,
pendant la guerre d'Espagne, le 11 décembre 1710. On trouve de nom-
breux détails sur les fondations affectées à l'église de Conflans dans le
carton Arch. nat., S 3546, et aux archives de Nicolay, Conflans 11, 12, 14.
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CONFLANS. 125
Nicolle^Catherine^ a pour parrain Nicolas Le Jay, pour mar-
raine Catherine de Malon, femme d'Edouard Olier, seigneur
de Noîntel; une moyenne, Charlotte - Françoise ^ est pré-
sentée par Henry de Malon et par Françoise Marescot, femme
de M. de Bailly, seigneur du séjour du roi; la plus petite,
Antoinette-Françoise^ par Antoine Coquelin, conseiller, et par
Françoise de Pradines.
M. l'abbé Jacques, vicaire à Charenton, avait réussi à dresser
une liste complète des curés de Conflans depuis la fin du
xvi« siècle jusqu'à nos jours. L'un d'eux, Dominique-Marie
Varlet, curé de 1700 à 1712, devint, en 1719, évôqued'Ascalon.
On trouvera dans les Nouvelles ecclésiastiques du 20 février
1741 la biographie de Jacques Naudier, curé de Conflans de
1725 à 1740, ami du diacre Paris et janséniste fougueux*.
D'après la déclaration des biens de la cure, faite en 1757,
voici comment s'établissait le budget de la paroisse :
Recettes :
Dixme 3oo liv.
M. de Bercy, rente annuelle 108
Séminaire des Bons-Enfants, rente annuelle ... 28
Bénédictines, rente annuelle i5
Domaine iS
Total du fixe 476
Casuel 768
Fabrique (fondations) 207
Total des recettes i,45i liv.
DÉPENSES :
Pension du vicaire 5oo liv.
Honoraires du vicaire 89
Catéchisme 72
Entretien et réparations 5o
Pour les sept grandes fêtes, carosse du prédicateur
(6 liv. chaque fois) 42
(Nota : que si on ne prend pas de carosse on dîne,
soupe, couche, on reste.)
Collation des prédicateurs 14
Total des dépenses 767 liv.
I. Il était dans les plus mauvais termes avec Tarchevêque de Viatl-
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126 CONFLANS.
La conclusion du curé est qu'il n'a pas de quoi vivre. « On
dit que c'est ce qui a fait abandonner le bénéfice à plusieurs.
Les anciens de la paroisse voyent le septiesme curé*. »
Les registres de fabrique donnent des détails parfois amu-
sants sur l'organisation de l'église : le maître d'école chante et
joue du serpent aux offices du dimanche; le suisse a un habit
rouge avec galons d'argent; le bedeau, une robe en drap de cas-
tor. En 1792, un marguillier proposa de changer la robe du
bedeau en habit, veste et culotte, ce qui fut accepté avec enthou-
siasme « comme plus conforme à l'esprit national n. Le bedeau
eut peu d'occasions d'endosser sa nouvelle tenue; depuis
1791, le culte était presque suspendu; les ornements et les
objets d'argent avaient été vendus ; le curé, François Leveau,
expulsé pour refus de serment, était remplacé par un prêtre
assermenté, l'abbé CoUard. Enfin, le 22 janvier 1793, lendemain
de l'exécution de Louis XVI, le maire de Conflans, Masson,
ferma le registre de fabrique; le culte cessait officiellement*.
Nous avons relaté la fondation d'un monastère de Carmes
déchaussés, aux Carrières, en 1617, dans une partie du séjour
du roi (p. 88)3.
Ces religieux élevèrent, de 1623 à 1628, plusieurs bâtiments,
et en particulier une église dont Jean Marot a reproduit le por-
tail par la gravure; Piganiol de la Force l'a décrite en 1765 :
L'église est assez belle et bien symétrisée ; le sanctuaire est séparé
de la nef par une balustrade de fer qui est bien travaillée. Le maître-
autel et en général tout ce qui forme le sanctuaire est entretenu
avec la plus grande propreté.
A côté du maître-autel est une chapelle dans laquelle est le mau-
solée des fondateurs de cette maison. On voit, sur une base ornée
de marbre et garnie d'une inscription, une plate-forme à la hauteur
mille, qui « refusoit de recevoir le pain bénit des mains de ce curé
lorsqu'il se trouvoit à Conflans les jours de fêtes ou de dimanches ».
I. Arch. nat., S 3546.
3. Registres de fabrique, conservés à la mairie de Charenton; Tuetey,
Répertoire de Vhistoire de Paris pendant la Révolution y 1890, t. III,
n» 3985; Arch. nat., T 1686, 1628, H» 3742».
3. L'historique de cette fondation et les travaux que les Carmes exécu-
tèrent dans leur nouveau couvent sont exposés et décrits en détail dans
les Annales des Carmes déchaussés de France de 1608 à i665y par le
R. P. Louis de Sainte-Thérèse.
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GONFLANS. I27
de six à sept pieds, sur laquelle sont les statues de Charles Bailli et
de Christine Le Clerc, son épouse. Ils sont à genoux l'un et l'autre
sur un prie-Dieu. Le tout est d'un très beau marbre blanc et d'une
très bonne exécution ^ C'est bien dommage qu'un morceau si digne
d'être vu soit, pour ainsi dire, enseveli dans les ténèbres. La cha-
pelle qui le contient est par elle-même assez obscure, et elle est
d'ailleurs placée de manière qu'on ne peut y aborder facilement*.
L'histoire du couvent des Carmes ne présente pas de traits
bien saillants. Signalons seulement que, par lettres patentes du
4 mai 1772, Louis XV, sur la demande de sa fille Louise de
France, carmélite à Saint-Denis, l'assigna comme résidence à
tous les frères de l'ordre qui désiraient suivre les règles de l'ins-
titut primitif.
A la Révolution, les Carmes résistèrent assez énergiquement
aux décrets qui ordonnaient la dissolution de leur communauté ;
nous les voyons encore installés dans leur couvent en 1791-
1792 et refusant d'entrer en rapports avec le curé constitution-
nel de Conflans; celui-ci ayant, suivant la tradition, fait passer
par le couvent la procession de la Fête-Dieu, l'attitude hostile
des religieux provoqua des troubles sérieux. Le commissaire
du département aux Bibliothèques nationales, Ameilhon, ne
parvint qu'avec peine à dresser l'inventaire de leur bibliothèque.
Ils durent cependant se disperser sans incidents à la fin de
l'année 1792; leur couvent fut vendu par lots à divers particu-
liers *.
Le couvent des Dames du Sacré-Cœur est aujourd'hui l'une
des parties de l'ancien Confians qui ont le mieux conservé
1. Sur le sort de ces statues, voir les notes de M. de Guilhermy, que
nous publions en appendice.
2. FÏganiol de la Force, Description historique de Paris, 1765, t. IX,
p. 179. — D'après « le Livre de la sépulture des séculiers inhumés dans
l'église des Carmes déchaussés » (manuscrit; Arch. nat., L934), la cha-
pelle décrite par Piganiol renfermait les tombes de douze membres de la
famille Bmlly et de neuf membres de la famille Dionis (voir plus loin);
en outre, on avait inhumé dans l'église, ou autour, plusieurs militaires de
l'armée parisienne mes pendant la Fronde (combat du 8 février 1649).
3. Âxch. nat., T 1493, n* 3. Le couvent des Carmes et sa chapelle ont
été entièrement démolis au xix* siècle; leur emplacement est occupé
actuellement par la gare de marchandises de Charenton (C* P.-L.-M.) et
par la partie inférieure de la rue de l'embarcadère.
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K28 CONFLJLNS.
le caractère du passé; on pourrait s'y croire encore au temps
des Bénédictines, qui l'occupèrent avant la Révolution. L'em-
placement du couvent, tout proche du château et de l'église,
faisait partie de l'ancien séjour de Bourgogne et en garda
longtemps le nom. On a vu (p. 64) que lors du morcelle-
ment du Domaine, en i55i et les années suivantes, il avait
été vendu à Jean Gauchery, secrétaire du roi. Après Gau-
chery, il appartint aux frères Lotin, puis fut adjugé avec le
Domaine royal et les droits d'engagiste aux premiers présidents
de Verdun et Le Jay. M. de Bercy, lorsqu'il acheta l'engage-
ment, acquit également le séjour de Bourgogne, lequel n'était
estimé alors que 2,000 livres et devait 2 deniers de cens. En
1645, il est mis en vente et adjugé à Salo de Beauregard, con-
seiller du roi, avec les droits de bienvenue et de retenue sur
trente et une ou trente-deux maisons sises aux Carrières et aux
Bordeaux, le tout pour 18,000 livres. Ce dernier revendît ces
biens moyennant 25,ooo livres à Éléonore de la Rivière, veuve
du marquis de Mareuil, qui les légua à sa fille, Françoise de
Nargonne, femme du duc d'Angouléme, bâtard de Charles IX.
Enfin, le 6 décembre i653, la duchesse d'Angouléme céda au
prix de 3 1,000 livres le séjour de Bourgogne et ses dépendances
à Charlotte Le Bret, religieuse de Farmoutier, prieure des
Bénédictines de la Conception et de Saint-Joseph, à Saint-
Thomas de la Val, dans le diocèse de Sens, laquelle y trans-
porta, à cause des guerres, un monastère qu'elle avait fondé à
L^gny en 1641^ Cent ans après, l'archevêque de Paris y
réunit le prieuré des Bénédictines de Saint-Germain-des-Prés*.
La situation de ce monastère, dit Piganiol de la Force', est des
plus avantageuses. On y respire un air très sain et on y jouit d'une
vue charmante et très étendue. Cette maison est d'ailleurs parfaite-
ment bien entretenue, de même que les jardins qui sont très
agréables.
1. Arch. nat., S 1129; Arch. Nie, Conflans i, 2, 24, 26; Arch. Seine,
Domaine 277, n* 12285; Mémoire pour de Bellefonty prieure (XVIII* siècle)^
imprimé.
2. Décision du 18 avril 1741, imprimée. Les biens du couvent des Cor-
delières, rue de Grenelle, supprimé en 1745, furent partagés entre Tabbaye
de Longchamps, le monastère de Saint-Marcel et celui de Conflans (arrêt
du Conseil, 1746; décret de Tarchevêque de Paris, 1749; Arch. nat., S 4679).
3. Description de Paris^ éd. de 1765, t. IX, p. 176.
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CONFLANS. 129
Le chœur des religieuses et la chapelle qui y est jointe sont de la
plus grande propreté, et l'office s'y fait avec la dignité et l'exactitude
la plus édifiante.
Près de la balustrade du maître-autel, on voit, du côté de l'Évan-
gile, un monument de marbre orné de dorure : c'est là que repose
le cœur de Guy de Duras, duc de Quintin, que l'on appeloit le
maréchal de Lorges.
Voici l'inscription qu'on lit sur ce marbre :
Ici est le cœur
de très -haut et très -puissant seigneur^ mon-
seigneur GUY DE DURASy maréchal de France^
duc de Quintin, chevalier des ordres du Roi,
capitaine d'une des compagnies des gardes du
corps de Sa Majesté, comte de Lorges, ci-devant
gouverneur de la Lorraine et du Barois,
seigneur de Pommerit, Avaugour, VHermitage
Quintin, Auguemene et autres lieux ^ qui
décéda le 21 octobre 1702, âgé de 72 ans.
Priesf Dieu pour son âme.
Ce monument est couronné des armes de ce seigneur. Il avoit
deux filles religieuses à Conflans, savoir: Elisabeth-Gabrielle de Dur-
fort, qui a été ensuite abbesse d'Andecies, et Claude-Suzanne de
Durfort, morte abbesse de Saint- Amand de Rouent
Les religieuses de Conflans eurent à soutenir de longs pro-
cès contre les Malon de Bercy à propos de leurs droits sur les
maisons des Carrières. Ces procès se terminèrent en 1739 par
une transaction qui leur assura des droits de bienvenue et de
retenue. Le 3o décembre 1778, un arrêt du Conseil royal
ordonna la revente du séjour de Bourgogne; les religieuses
ayant fait opposition, le Parlement décida de surseoir à la
vente (9 mai 1780), et, le 3i janvier 1789, un nouvel arrêt du
Conseil confirma les Bénédictines en possession. Quelques
mois plus tard, la Révolution les dispersait : le couvent, décrété
bien national, fut, sur une folle enchère du sieur Menant,
vendu à un sieur Noël (1793), que nous retrouverons plus loin^.
I- Leurs deux sœurs aînées, qui avaient été élevées à Conflans, épou-
»*rent, l'une Saint-Simon, Tautre Lauzun (Saint-Simon, Mémoires, éd. de
^«lisle, t. II, p. 267; t. V, p. 407).
*• Arch. Seine, Domaine 277, n* i2285; Arch. nat., T 1493, n* 3.
x^. XXXV 9
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l3ô CONFLANS.
Au nord du monastère des Bénédictines se trouvait un autre
établissement religieux; c*était un séjour de vacances dépen-
dant du séminaire des Lazaristes, à Paris. Les Lazaristes avaient
acquis en i658 une maison avec jardin^ dite maison Jean de
Messe, sise près la Croix-Boisée ; ils y joignirent ensuite plu-
sieurs terres aux lieux dits les Bordeaux et la Cerisaie. Cette
maison, vendue comme bien national en 1791, fut rachetée
depuis par la communauté du Bon-Pasteur, qui y tient encore
un refuge ^
En 161 9, lorsque Charenton fut érigé en châtellenie au pro-
fit des Malon de Bercy*, les pouvoirs civils et judiciaires des
diverses seigneuries que nous avons énumérées y furent réu-
nis; Charenton devint officiellement ce qu'il était déjà réelle-
ment : la principale agglomération de la paroisse de Conflans^.
On y trouvait, au milieu du xviii® siècle : bureau des aides,
étude de notaire, département de la maréchaussée, bureau de
la poste aux lettres, poste aux chevaux, maison des sœurs de la
Charité*. Un marché s'y tenait tous les vendredis, une foire le
jour de la Saint- Pierre, 29 juin (ordonnance du roi, 1618,
renouvelée en 1726 et en 1744)'. La maison de la geôle (pri-
1. On peut aussi mentionner l'hospice que les frères de la doctrine
chrétienne dirigeaient dans une partie des bâtiments de Tancienne Grange-
aux-Merciers, qui leur avaient été donnés en 1677 par Jacques Champion,
avocat au Parlement {Nouvelles recherches, p. 229).
2. Voir p. 96. ,
3. On comptait dans la paroisse de ConDans : en 1709, 8x9 feux, en
1726, 1,100 communiants, en l'jbb, x,5oo communiants, i5o chefs de
famille, en 1789, 1,800 habitants (Lebeuf, t. V, p. 3; État des communes,
p. 17). — D'après le Mémoire de la généralité de Paris, pour l'instruction
du duc de Bourgogne, éd. de Boislisle, appendice p. 424, il n'y avait en
1709 que 21 5 feux {État des communes, p. 49).
4. Lebeuf, t. V, p. 3; Nouvelles recherches, p. 178. Un acte reçu par
M'Provot, notaire à Paris, le 22 mars 1778, contient vente de la poste aux
chevaux de Charenton, installée dans la maison à l'enseigne des Quatre
fils Aimond, sise près le pont, et de diverses terres et maisons à Charen-
ton et à Maison- Alfort, moyennant iii,5t)0 livres pour les immeubles, et
3o,ooo livres pour la cavalerie, comprenant quarante-cinq chevaux, leurs
équipages et harnais et les approvisionnements.
5. Nouvelles recherches, p. 178.
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GONPLANS. l3l
son), qui s'élevait à l'entrée du Bourg, à gauche, en venant de
Paris, près la maison de l'Épée-Royale, datait d'avant 1423*.
Comme elle tombait en ruines, on la démolit en 1789 et l'on
transféra la prison dans une maison située au coin du pont,
en avaP. Vers le même temps, Tancienne porte du Bourg fut
détruite et remplacée par deux piliers; les murs qui entou-
raient Charenton disparurent^. Alors, il n'y eut plus lieu de
distinguer le Bourg proprement dit des maisons situées en
dehors des murs : le tout s'appela Charenton-le-Pont.
Dès cette époque, Charenton était relié à Conflans par une
suite continue de maisons construites le long de la rivière :
c'était le hameau des Carrières, groupé autour du séjour du
roi, et qui était devenu, au xviii® siècle, grâce au développe-
ment de la navigation, un village important : « Il y a aux
Carrières, écrit Piganiol*, un port très fréquenté : c'est là que
l'on dépose les vins de Bourgogne et de Champagne qui
viennent par la rivière et qui sont destinés pour les environs
de Paris ou pour les provinces. Ce port rend cette partie du
village très vivante, mais aussi un peu tumultueuse. La partie
inférieure des Carrières est beaucoup plus tranquille et d'au-
tant plus agréable que l'on n'y voit pas, comme dans. le haut,
cette quantité de bateaux de charbon qui sont comme en rade,
près d'une petite isle voisine que l'on appelle Visleau charbon.
Ce triste coup d'œil altère un peu l'agrément que l'on a d'ail-
leurs d'une vue très étendue le long du cours de la Seine jus-
qu'à Choisi et au delà. »
Vers 1766, on déchargeait chaque année aux Carrières
80 muids d'eau-de-vie, 20,000 muids de vin, tandis que les voi-
tures y amenaient par la route i5,ooo pièces de vin'*. A cette
1. Sauvai, t. III, p. 324, 655.
2. Arch. Nie, Charenton 26. — Depuis que Gisles Pasté, seigneur du
Pont-de-Charenton, avait rétabli les fourches . patibulaires (1268, Olim I,
fol. 168 r*), la plupart des aveux mentionnent droit de fourches patibu-
laires, pilori et carcan. Pendant la guerre du Bien Public, Charles le
Téméraire, ayant ses quartiers en son hôtel de Conflans (voir p. 5i), fit
pendre «( à la justice estant près du pont de Charenton » un archer de la
compagnie du duc du Maine qui avait tué un Bourguignon (4 octobre
1466 ; Chronique scandaleuse, éd. de Mandrot, t. I, p. 96).
3. Nouvelles recherches, p. 177.
4. Description historique de Paris, 1765, p. 181.
5. Nouvelles recherches, p. 216.
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l32 CONFLANS.
époque, un Anglais nommé Lancake établit aux Carrières une
fabrique de papiers peints; il la transféra ensuite à Paris, bou-
levard du Temple, où il fit d'ailleurs de mauvaises affaires ^
Sur la Marne, près des Carrières, se trouvaient deux mou-
lins, dont l'origine est antérieure au xiv" siècle, et qui ne furent
détruits qu'au milieu du xix« siècle, lorsqu'on rectifia le cours
de la rivière et que l'on créa le canal : le moulin Martinet et le
moulin à tan. Ils appartenaient au milieu du xviii^ siècle à la
famille Héricourt*.
Le port des Carrières était dominé à l'est par le couvent des
Carmes et par la maison du séjour, à l'ouest par des maisons de
campagne : « Les Carmes, dit Piganiol', ont, indépendamment
de ce qui forme leur couvent, quelques maisons qui leur appar-
tiennent. Une des plus considérables, quoique très simple, est
celle qu'occupe depuis longtemps M. d'Argouges, ci-devant
lieutenant civil, l'un des plus grands magistrats qui aient
jamais présidé au Châtelet. Cette maison jouit d'une vue
admirable, et elle a cela de commun avec toutes celles qui
bordent la rivière de ce côté-là : depuis une ruelle qui conduit
à Charenton jusqu'aux murs du château de Conflans, une
bonne partie du village des Carrières est meublée de maisons
de plaisance qui présentent le coup d'oeil le plus agréable à
ceux qui les regardent de l'autre bord de la Seine. »
L'une de ces maisons fut acquise, le 4 juillet 1782, d'une
demoiselle Bouquet, par Jean-Honoré Fragonard, peintre du
roi, et demoiselle Marie-Anne Gérard son épouse, demeurant
au château du Louvre à Paris, moyennant 8,011 livres 4 sols;
elle comprenait deux corps de logis et une terrasse donnant sur
la Marne; le célèbre artiste paraît l'avoir habitée pendant la
belle saison, jusqu'à l'époque de la Révolution -•.
I. Décision du Conseil d'État, 9 janvier 1773.
3. Plan générai des îles, bras de rivière, des moulins Martinet et à tan
aux Carrières, etc., dressé sur Tordre du Bureau de la Ville le 8 août
1759, et procès-verbaux annexés (Arch. nat., N, Seine II, i55).
3. Ouvr. cité, p. 180. — Dans l'une de ces maisons habitait une demoi-
selle Mazarelli, qui, en octobre 1750, fut l'objet d'une agression de la part
du sieur Lhomme, son voisin. L'affaire, portée devant le Châtelet, puis
évoquée au Parlement, causa dans Paris une vive émotion, qui se tradui-
sit par des pamphlets et par des chansons.
4. Acte reçu par M» Rameau, notaire à Paris.
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CONFLANS. l33
Une autre maison, qui avait appartenu à Pierre Augier, pro-
cureur au Parlement, fut ensuite la propriété de Robert-Fran-
çois Quesnay de Saint-Germain, chevalier, seigneur de la
Motte, conseiller en la Cour des aides de Paris ^
Quant aux fief et maison du séjour, ils avaient été cédés, en
1698, par les héritiers Bailly, à Gédéon Dumetz, président en la
Chambre des comptes, qui les revendit en février 1699 a Pierre
Dionis, secrétaire du roi *. La famille Dionis les conserva pen-
dant tout le jyiu^ siècle, et, à cause de cette propriété, une de
ses branches prit le nom de Dionis du Séjour. Ce nom a été
illustré par plusieurs savants, en particulier par l'astronome
Achille-Pierre Dionis du Séjour (i734-i794)'.
1. Ârch. de la Seine, centième denier de Charenton, enregistrement du
12 avril 1779.
2. Aveu du 28 mars 1699 (Arch. nat., P 21). — C'est dans cette maison
que logea, du 26 janvier au 7 février 171 5, Mehemet Riza Beg, ambas-
sadeur du schah de Perse auprès de Louis XIV. Il ne devait d'abord s'y
arrêter que trois jours; il y demeura treize jours à discuter des questions
d'étiquette et de préséance avant de se décider à faire son entrée solen-
nelle dans Paris (Herbette, Une ambassade persane sous Louis XIV^
1907).
3. Pierre Dionis était mort sans enfants le 20 décembre 1744, laissant
pour héritiers ses trois neveux : i* François-Marie Dionis, payeur des
rentes de l'hôtel de ville de Paris, né le 27 février 1698; 2* Louis-Achille
Dionis du Séjour, conseiller en la Cour des aides de Paris, né le 17 sep-
tembre 1702; 3** et Pierre-Augustin Dionis des Carrières, commissaire des
guerres, puis secrétaire du roi, lieutenant général du Bazadais en Guyenne,
né le 10 septembre 1706. Le séjour du Roi est attribué à François-Marie
(aveu du 17 août 1745, Arch. nat., P812); celui-ci meurt le 17 octobre
1747 ; le séjour appartient alors à son fils François-Louis (aveu du 9 juil-
let 1761, Arch. nat., P845; aveu du 3i janvier 1774, Arch. nat., Y 60), qui
le vend à son oncle Louis-Achille suivant contrat reçu par Goupy, notaire
à Paris, le 17 mars 1778. Louis-Achille Dionis du Séjour a laissé des
Mémoires pour servir à l'histoire de la Cour des aides, et fait à l'Acadé-
mie des sciences plusieurs communications sur des expériences de phy-
sique. Il mourut le 10 mai 1796, ayant survécu de deux ans à son fils
Achille-Pierre. Ce dernier, né à Paris le u janvier 1734, se distingua de
bonne heure par des publications mathématiques et astronomiques. Con-
seiller au Parlement et membre de l'Académie des sciences, il fut à la fois
un magistrat éminent et un savant de grande valeur. La plupart de ses
travaux scientifiques sont réunis dans son Traité analytique des mouve-
ments apparents des corps célestes j 2 vol., 1786-1789. Il fut député de la
noblesse à l'Assemblée constituante, où il se montra libéral ; les excès
révolutionnaires le firent se retirer dans sa propriété d'Angerville (Seine-
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l34 CONFLANS.
D'après un acte de vente de 1778*, le fief du séjour du roi,
relevant directement du Chfttelet de Paris et chargé envers le
domaine de 5o sols parisis de rente, valait 34,070 livres et com-
prenait :
i<> Un grand corps de bâtiment, basse-cour dans laquelle il
y avait un colombier à pied en forme de tour carrée, écuries,
jardins et dépendances, le tout enclos de murs, contenant
6 arpents ou environ.
2^ Une voirie et rue plantée d'ormes, joignant et régnant tout
le long de l'étendu dudit fief, et allant aux rivières de Marne et
de Seine.
30 Une grande fosse à eau dans la rivière de Marne, à partir
du moulin Martinet.
40 Quatre îles situées dans la dite rivière.
S^ Deux sols parisis de cens et vingt-quatre sols parisis de
rente foncière à prendre sur deux arpents trois quartiers de
terre hors des enclôtures, lieu dit le clos Meunier, sur le chemin
de la Planchette. 1
6^ Quatre sols parisis, un chapon et un oison de cens.
70 Et quarante sols parisis de rente foncière dus annuellement
par les Carmes des Carrières.
Il y avait en outre un droit de pêche en Seine, depuis la
basse Marne jusqu'au Port-à-l'Anglais, chargé de trente sols
de redevance envers le seigneur de Bercy ^.
Au delà du séjour du roi commençait le bourg du Pont-de-
Charenton; dans cette étude, nous ne devons nous étendre que
sur ce qui rattache Charenton à Conflans. Rappelons seulement
que l'une des principales maisons du bourg appartenait, à la
fin du xvii« siècle, à Suzanne de Bruc, veuve de Jacques de
Rougé, marquis du Plessis-Bellière; sa fille, la maréchale de
et-Oise), où il mourut le 22 août 1794 (renseignements fournis en partie
par M. l'abbé Jacques, qui les tenait de la famille Dionis] (Michaud, Bio-
graphie universelle).
1. Cité dans la note qui précède.
2. Le séjour a été complètement modifié au xix* siècle; la gare de Cha-
renton (C** P.-L.-M.) en occupe la partie inférieure, vers la Marne; l'étude
de M* Leclerc, notaire à Charenton, se trouve sur l'emplacement de la
partie supérieure, en face de la mairie. Entre les deux, au flanc de la
colline, subsistent des vestiges des murs du xiii* siècle qui fortifiaient
l'ancien séjour; d'autres murs de la même époque ont été détruits en
1903 seulement, pour l'agrandissement de la gare du chemin de fer.
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CONFLANS. l35
Créquiy y habita, et M»« de Sévigné l'y vint visitera Cette mai-
son, voisine du séjour dont la séparait une ruelle, avait son
entrée sur la grand'rue, et ses jardins s'étendaient jusqu'à la
Marne.
La marquise du Plessis-Beilière mourut presque centenaire
en 1705 ; son hôtel de Charenton fut ensuite la propriété de son
fils Louis de Rougé, marquis du Plessis-Beilière, qui, le
29 mai 1722 (il avait alors vingt-deux ans seulement) le vendit
25,000 livres à dame Philiberte Guyet, épouse non commune
en biens de Jérôme Chamillart, chevalier, maréchal des camps
et armées du roi, demeurant à Paris rue Richelieu*; ce
Chamillart était le frère de Michel Chamillart, contrôleur des
finances sous Louis XIV; la famille Chamillart conserva l'hôtel
en question jusqu'à la Révolution^.
Le pont de Charenton était à quelques pas de là ; réparé en
1714 par l'architecte Jean Marot*, il avait, au xviii® siècle, dix
arches : six en pierre aux extrémités et, au milieu, quatre
en bois surmontées chacune d'un moulin; du côté d'Alfort,
il commençait de plain-pied devant l'école vétérinaire; vers
Charenton, au contraire, il arrivait à la hauteur du premier
étage des maisons bâties le long de la berge et se conti-
nuait par une chaussée qui allait rejoindre la route de Paris.
Le cours de la Marne, était à cet endroit, rapide et irrégulier ;
les quartiers bas de Conflans et des Carrières, que ne protégeait
aucun quai, furent souvent inondés à l'époque des crues. Les
eaux limoneuses de cette rivière se distinguaient de celles de la
Seine longtemps après s'y être réunies*. Devant Charenton^la
Marne se divisait en plusieurs bras qui entouraient des îles
verdoyantes; on y voyait de pittoresques moulins et des ponts
rustiques : les aspects de ces bords ont été souvent reproduits
par le dessin et par la gravure.
Une Anglaise, M°»« Cradock, voyageant en France quelques
I. Ci-dessus, p. iio.
3. Contrat reçu par M* Bouron, notaire à Paris, enregistré au centième
denier de Charenton le 3 août 1722.
3. L*hôtel Chamillart existe toujours avec ses jardins; il porte le n* 37
de la me de Paris à Charenton et appartient, en 1908, à M. Paul LeroUe,
député de Paris, et à M. Henry Lerolle, le peintre, son frère.
4. Nouvelles recherches, p. 174.
5. Mémoires de V Académie des sciences j 1762, p. 36o.
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1 36 CONFLANS.
années avant la Révolution, note ainsi ses impressions d'une
promenade à Confians et aux Carrières : « Le pays alentour
est ravissant. Pendant un quart de mille, la route borde la
berge de si près que nous en fûmes effrayés et préférâmes mar-
cher que de rester en voiture. Nous y vîmes débarquer des
bois amenés par des radeaux, et des barriques de vin transpor-
tées par de grandes barques. L'animation de la scène, Thori-
zon éclairé de tous côtés par un soleil brillant et une belle
soirée, tout concourut à rendre notre promenade charmante ^ p
Les Carrières continuaient d'autre part à mériter leur nom;
le sol en fut exploité jusqu'au milieu du xviii« siècle :
Le château de Vincennes, le pont de Charenton et une partie des
maisons de Paris ont été bâtis avec les pierres de ces carrières ^, Les
bancs n'en sont pas également épuisés dans tous les endroits, et ce
n'est que depuis peu qu'on commence à exploiter le terrain du
séjour. Les Carmes, qui en occupent une partie, font aussi usage des
carrières ouvertes dans leur jardin : ils en ont tiré une espèce de
pierre dont le grain est dur, blanc et propre aux ouvrages fins en
moulure et en sculpture. Mais le voisinage de la rivière et la situa-
tion des différents lits, qui s'inclinent dans l'eau par une pente
insensible, a empêché les ouvriers d'enlever le dernier banc, connu
sous le nom de lambourde, et dont l'espèce, assez semblable à la
pierre de Saint- Leu, leur a paru un peu plus ferme et moins fine.
Le nombre des carrières exploitées aux environs de Confians a
formé dans cet endroit un vaste souterrain qui s'étend jusqu'auprès
de Vincennes. On peut y pénétrer par une ouverture qui est dans le
jardin que les prêtres de la mission, directeurs du séminaire de
Saint-Firmin à Paris, ont (depuis i658) à Confians, assez près de la
paroisse. Une pente considérable, qui succède à un escalier de
35 marches, conduit dans cette immense carrière, dont le ciel s'élève
à mesure que l'on avance. D'espace en espace, on a conservé des
piliers pour le soutien de cette voûte ruineuse. Les fondrières qui,
malgré ces colonnes naturelles, se sont faites de temps en temps, ont
interrompu la suite de quelques rues. Quand on a fait à peu près un
quart de lieue, on trouve une espèce de grotte que les gens du pays
nomment la Fontaine parce qu'aux environs on entend en quelque
1. M"* Cradock, Journal, traduit par M"* Delphin Balenguîer, 1886;
(!•' mai 1784).
2. Voir un procès-verbal de visite des Carrières par les commissaires de
la ville de Paris chargés de réunir des pierres pour la reconstruction du
pont Notre-Dame, le 3 mars i5oo {Registres du Bureau de la Ville, t. I,
p. 25 j Le Roux de Lincy, Recherches sur le pont Notre-Dame, 1845).
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CONFLANS. l37
sorte le bruit d'une fontaine qui coule goutte à goutte. Les eaux
extérieures, chargées de différentes matières qu'elles entraînent, se
sont fait jour en cet endroit jusque dans l'intérieur du souterrain
où elles distillent lentement. Les sucs pierreux s'en séparent et
forment en se durcissant des corps de différentes figures auxquels
les naturalistes ont donné le nom de stalactites. Une partie de la
voûte est formée de stiria, c'est-à-dire d'espèces de tuyaux semblables
à ces glaçons qui, dans l'hiver, sont suspendus aux toits des mai-
sons. Le long des piliers sont des concrétions irrégulières dont les
cassures paraissent d'un blanc brillant. La terre est semée de ces
incrustations qu'on appelle communément dragées ou pois pierreux.
Il n'y a que cette grotte de remarquable dans la vaste étendue de ce
souterrain. A quelque distance est ime véritable fontaine dont l'eau
sert à désaltérer les ouvriers que le seigneur de Bercy envoie de
temps à autre pour prévenir l'affaissement total du terrein^.
Le sol du pays est en général léger et graveleux. Ce défaut ôte à
certaines espèces de plantes le degré de perfection qu'elles acquièrent
dans d'autres campagnes. Celles qui y croissent le plus communé-
ment et avec le plus d'avantage sont l'argentine, la traînasse ou
renouée, le marrube, la mauve, le bouillon-blanc dont on trouve
cinq espèces différentes. La patience, le passerage, le gremie, la mer-
curiale, la nummulaire ou perle aux écus y croissent aussi, mais avec
moins d'abondance. On y ramasse un grand nombre de plantes
aquatiques, la flèche d'eau surtout et le nénuphar jaune. Le
saule, qui se plaît dans les lieux arrosés par des rivières, vient très
bien dans le pays, où l'on en compte sept. espèces. Du côté de Saint-
Mandé, il y a quelques vignes peu estimées. La plaine de Charenton,
qui est très vaste, est presque tout entière en luzerne et en seigle. Il
y a aussi du froment et des mars, mais en moins grande quantité.
Près de Bercy sont des marais bien cultivés.
L'air de ce canton est purgé de toutes les exhalaisons qui rendent
pernicieuse en plusieurs endroits l'atmosphère de la capitale.
Il n'est pas le même dans toute l'étendue du pays. Du côté de
la paroisse de Conflans, il est vif comme celui de Vincennes et peu
salutaire pour les poitrines délicates.
Cette trop grande activité ne se fait point sentir dans le hameau
des Carrières, à cause du voisinage de la rivière et de la situation de
ce lieu au pied d'un coteau qui le met à l'abri des vents dangereux*.
1. On trouve des détails analogues dans le rapport des commissaires
du i5 mars 1780, publié par Guillaumot, Mémoire sur les travaux ordonnés
dans les carrières sous Paris, 1804.
2. Nouvelles recherches, p. 282 et suiv. — Les Nouvelles recherches sur
la France sont un recueil de monographies locales publié en 1766 chez
Hérissant fils, libraire. Lauteur anonyme de l'étude très complète consa-
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l38 CONFLANS.
CHAPITRE Vo
CONFLANS AU XIX- SIÈCLE.
I. — La commune de Charenton-le-Pont : Municipalité et
mairie. — La Révolution. — La défense du pont en 1814. —
Déplacement dé l'église paroissiale. — Modifications territo-
riales. — La guerre de i8jo^ la Commune^ la troisième
République.
IL — Le château de Conflans : Morcellement. — Principaux
propriétaires jusqu'à nos jours.
III. — M. de duélen^ archevêque de Paris^ à Conflans (182^^
i83g) : La Révolution de 1 83 o^ pillage du château. — Les
cholériques soignés à Conflans (1882). — Le séminaire. —
Le couvent du Sacré-Cœur.
IV. — Conflans en 1860 : Description de Labédollière.
V. — Conflans aujourd'hui : Les Magasins généraux. — Le
pont de Conflans. — État actuel du château.
L
A la veille de la Révolution, l'organisation féodale était à
Conflans plus puissante, les biens du clergé plus vastes que
crée à Gharenton et à Conflans a eu en mains de nombreux documents
ignorés par Tabbé Lebeuf; il ne donne pas ses sources, mais parait avoir
connu les archives de Bercy. Nous l'avons souvent cité au cours des der-
niers chapitres. C'était, croyons-nous, l'éditeur lui-même, Jean-Thomas
Hérissant, ancien consul de Paris, imprimeur ordinaire du roi, demeurant
à Paris, rue Saint-Jacques; il avait, aux Carrières, une maison de cam-
pagne acquise conjointement avec son beau-frère Louis Boulanger moyen-
nant 8,000 livres, le 3 février 1750 (M« Doyen, notaire à Paris), et attribuée
à lui seul par un partage du 6 août 1751. Hérissant mourut vers 1775, et
sa succession fut pourvue d'un curateur qui vendit la maison des
Carrières, le 36 avril de la môme année, moyennant 9,760 livres, à Antoine-
François Boucher, brodeur du roi (actes de M* Raffineau de Lisle, notaire
à Paris; registres ou centième denier de Charenton, Archives de la
Seine).
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GONPLANS. iSg
jamais. En un jour, les Malon de Bercy perdirent leurs droits
seigneuriaux, fruit de deux cents ans de luttes; les établisse-
ments religieux qui s'étaient multipliés dans le même temps
furent supprimés ; leurs terres, vendues par lots, divisées en pro-
priétés bourgeoises.
La transformation économique ne fut pas aussi rapide que
révolution sociale : longtemps, le commerce, Tindustrie, le
nombre des habitants restèrent statîonnaires, et Ton ne remar-
quait à Conflans que des maisons de campagne, entourées de
vastes jardins. Depuis quelques années seulement, des habita-
tions ouvrières, des chais, des usines se sont échelonnés le
long des voies qui pénètrent dans la capitale. Ainsi s'est déve-
loppé le Charenton moderne, dont nous ne parlerons que pour
signaler ce qui intéresse notre vieux Conflans.
Le 25 janvier 1790, les citoyens actifs de la paroisse se réu-
nirent pour la première fois dans l'ancien château archiépis-
copal. L'assemblée choisit pour président le curé François
Leveau, puis élut maire Louis-Nicolas Masson, avocat au Par-
lement, demeurant aux Carrières ^
La commune de Conflans se confondait alors avec la paroisse
et comptait environ i ,800 habitants. Mais, après de nombreuses
démarches, les habitants de la Grande-Pinte (anciennement
Grange-aux-Merciers), de la vallée de Fécamp et de Bercy
obtinrent de former une commune à part (décret de l'Assem-
blée nationale, 19 octobre 1790). L'autre moitié de l'ancienne
commune, qui ne renfermait plus que Charenton, les Carrières
et Conflans, prit le nom de Charenton-le-Pont*. D'autre part,
le siège du. canton, qui comprenait Bry, Nogent, Champigny,
Saint-Maur, Charenton, Saint-Maurice, Charenton-le-Pont,
Maisons, Créteil et Bonneuil, fut transféré en 1792 de Saint-
Maur à Charenton-le-Pont. Déjà, le 18 octobre 1790, les
I. Registre de délibérations conservé à la mairie de Charenton, cité
dans VÈtat des communeSj p. 16.
a. n y eut pendant plusieurs années une profonde mésintelligence entre
les municipalités de Charenton et de Bercy; les limites mêmes des deux
communes étaient l'objet de contestations. Des vagabonds ayant pillé le
chargement d'un chariot qui avait versé près de la Grande-Pinte, les deux
gardes nationales prétendirent intervenir; peu s'en fallut qu'elles n'en
vinssent aux mains (avril 1791] (Arch. nat., T 1493, n* i).
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140 CONFLANS.
citoyens actifs de ce canton s'étaient réunis au château de
Conflans pour nommer sept électeurs ^
Lorsque le château de Conâans fut vendu, la municipalité
tint ses séances dans une salle de l'ancien couvent des Carmes' ;
elle y resta jusqu'en i833, époque où elle loua un local 6, rue
des Quatre- Vents. Enfin, en vertu d'une ordonnance royale du
5 juillet i838, elle acquit de MM. Carrette et Minguet, moyen-
nant 28,000 francs, le pavillon dit de Gabrielle, dont il a été
question p. 76. Ce pavillon avait appartenu précédemment à
la duchesse douairière d'Orléans, mère de Louis-Philippe. On
en trouve une description pittoresque, mais un peu fantaisiste,
dans V Histoire des environs de Paris ^ par LabédoUière (1864,
p. 2o3). Au pavillon ancien ont été ajoutées, de 1886 à 1888,
des constructions de même style*.
La région de Charenton et de Conflans fut peu troublée
par la Révolution. Dans les registres de la nouvelle municipa-
lité, nous relevons seulement quelques mentions : c'est une
pierre de la Bastille qu'on place solennellement dans l'église
Saint-Pierre (i3 juin 1791)^; c'est une visite que l'on fait à la
Convention pour déposer sur l'autel de la patrie toute l'argen-
terie et tous les cuivres qui étaient dans les églises (25 brumaire
an II; i5 novembre 1793)'. Le 3o ventôse an II (20 mars 1794),
une députation de la Société populaire de Conflans-sous-Cha-
renton félicite la Convention sur ses travaux, notamment sur
1. État des communes^ p. 33 et suiv.; Chenal, HisU de Maisons- A Ifort,
1898, p. 67, d'après les archives de Maisons.
2. La première assemblée qui s'y réunit fut celle des citoyens actifs du
canton, les x5 et 16 juin 1791; les séances eurent lieu dans Téglise du cou-
vent, sous la présidence du curé constitutionnel de Conflans, Paul-Nico-
las Collard (Arch. nat., T 1493).
3. État des communes, p. 3o, 38; Delort, Mes voyages aux environs de
Paris, 1821, 1. 1, p. 228.
4. Après le Te Deum, chanté par l'abbé Collard, « il a été convenu que
la dite pierre resterait déposée pour cette nuit dans la sacristie de la dite
paroisse et que demain, à la diligence du procureur de la commune de
Conflans, elle serait scellée à l'un des murs de la dite église à l'endroit
le plus apparent pour y demeurer provisoirement, jusqu'à ce que la
municipalité ait choisi définitivement une maison commune où elle pourra
être transférée » (Arch. nat., T 1493, n* 3).
5. A rapprocher : Procès-verbal de la visite domiciliaire faite par les
membres du comité de surveillance de la commune de Conflans-Charen-
ton chez le citoyen Perrot, marchand de vin aux Carrières, pour y cons-
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GONFLANS. I4I
la découverte de la conjuration [des Hébertistes], et Tinvite à
rester à son poste jusqu'à la paix; elle réclame des subsistances
et la liberté du citoyen Chicheret, agent national de cette com-
mune; enfin elle dépose en dons patriotiques un drap, soixante-
seize chemises, treize autres chemises propres à la charpie, dix
paquets de linge, six serviettes, trois mouchoirs..., suit une
longue énumération d'objets de toilette. La Convention natio-
nale accorde les honneurs de la séance aux pétitionnaires^
Le 29 juillet 1792, Conflans-Charenton avait offert l'hospita-
lité au bataillon des Marseillais, dont l'intervention devait
déterminer la journée du 10 août. Barbaroux, Rebecqui, Bour-
don (de l'Oise), Fournier l'Américain attendaient les Marseil-
lais au pont de Charenton ; les patriotes de la commune leur
avaient préparé un banquet fraternel. Là fut chanté pour la
première fois, devant Paris, Thymne de Rouget de l'Isle; là eut
lieu, le soir môme, un important conciliabule entre les chefs
du pani révolutionnaire : Danton, Desmoulins, Marat, etc. Le
lendemain, Santerre, à la tête de deux cents gardes nationaux
et de cinquante fédérés armés de piques, vint au-devant des
Marseillais aux Carrières et les escorta à travers le faubourg
Saint-Antoine*.
Lamartine, qui fait un long et dramatique récit de cet évé-
nement, assure que le conciliabule dont il vient d'être question
eut lieu « dans une maison isolée du village, entourée de jar-
dins, et qui servait depuis plusieurs mois d'asile mystérieux
aux conjurés... C'est dans cette maison, ajoute-t-il, que toutes
les journées de la Révolution avaient eu leur veille. On y son-
nait l'heure, on y donnait le mot d'ordre. Des délibérations
intimes, mais souvent orageuses, précédaient ces résolutions.
Des ruelles désertes et de larges champs cultivés par les maraî-
chers des faubourgs séparaient la maison des conjurés des
tater la présence d'emblèmes de féodalité, le 3o brumaire an II (20 no-
▼cmbrc 1793) (Coetlogon et Tisserand, les Armoiries de la ville de Paris^
1875, t. Il, p. 157).
I. Tuctey, Répertoire des sources de VhisU de Paris pendant la Révo-
lution, 1890, 1. 1, n* 60a, et t. II, n*' 68, 86; Procès-verbaux de la Con-
vention.
3. J. Pollio et A. Marcel, le Bataillon du 10 aoûty 1881, p. 177 à 182;
Aulard, la Société des Jacobins, 1892, t. IV, p. i52; Barbaroux, Mémoires^
éd. Dauban, 1866, p. 347.
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142 CONFLANS.
autres habitations, pour que le concours des conspirateurs ne
pût être aperçu et que les vociférations se perdissent dans Tes-
pace. Les portes et les volets toujours fermés donnaient à cène
demeure Tapparence d'une maison de campagne inhabitée. Le
concierge n'en ouvrait la porte que la nuit et sur des signes de
reconnaissance convenus » * .
Lamartine n'indique pas ses sources, et nous ne connaissons
aucun document qui justifie ses affirmations. Cependant, après
le 9 thermidor, les ennemis de Robespierre racontèrent qu'il
avait tenu à Charenton, au printemps 1793, des conciliabules
avec Marat, Danton, Chaumette et Pache et que la perte des
Girondins y avait été décidée; le seul survivant, Pache, démen-
tit formellement le fait, dont on n'apporta aucune preuve*.
Une chose plus certaine, c'est que la dernière entrevue de
Danton et de Robespierre eut lieu à Charenton chez leur ami
commun Humbert, chef du bureau des fonds au ministère des
Affaires étrangères; dans cette entrevue (mars 1794) éclata une
rupture depuis plusieurs mois inévitable : quelques jours après,
Robespierre envoyait à la guillotine son ancien compagnon de
lutte».
Il faut ensuite arriver à la fin du premier Empire pour que
l'histoire s'occupe à nouveau de Charenton. Napoléoo est
vaincu, les Alliés s'avancent vers la capitale; l'une de leurs
colonnes, commandée par le prince royal de Wurtemberg, suit
la route de Meaux à Paris et gagne Charenton par Nogent et
le bois de Vincennes (mars 18 14). Les élèves de l'école vétéri-
naire d'Alfort, réunis en bataillon sous les ordres du major
Renard, organisent la défense du pont de Charenton; ils
abattent les arbres de la route de Maisons et en font une bar*
ricade à l'entrée du pont; ils placent deux canons derrière cette
1. Lamartine, Hist. des Girondins, 1. XIX, § 16, éd. 1847, ^* HIt P- 80
et suiv.
2. Garât, Mémoires j 1862, p. 220; Hamel, Hist. de Robespierre, 1866,
t. II, p. 712; Table du Moniteur, Convention, séances du i*' brumaire
an III (21 octobre 1794), des 4 et 7 brumaire.
3. Hamel, t. III, p. 467; Tissot, Hist. de la Révolution, t. V, p. i25. —
On signale à Charenton des rassemblements révolutionnaires en décembre
1795, des réunions royalistes en février 1796 (Àulard, Paris pendant le
Directoire, t. II, p. 529; t. III, p. i). Dans ces dernières années, une petite-
nièce de Danton^ M"* Aviat, âgée et misérable, habitait à Charenton,
x5, rue des Bordeaux {Éclair du 2 septembre 1903).
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CONFLANS. 143
barricade et une batterie sur la rive gauche de la Marne. Le
3o mars, au matin, l'ennemi est signalé; aussitôt, des trois
compagnies du bataillon, Tune va occuper Saint-Maurice, une
autre se poste sur la route de Saint-Mandé, la troisième reste en
réserve. A dix heures du matin, l'ennemi débouche sur le coteau
de Saint-Maurice et commence à descendre dans la vallée; la
fusillade s'engage. Bientôt les deux premières compagnies sont
forcées de se replier sur le pont; alors la batterie d'artillerie
ouvre son feu ; mais au bout de peu de temps le tir de l'ennemi
met les canonniers hors de combat.
La lutte était trop inégale. Le bataillon, très éprouvé,
repassa la Marne et l'on tenta de faire sauter le pont, qui avait
été miné à l'avance ; mais on n'y parvint pas. Alors, pendant
qu'on transportait à l'école d'Alfort les blessésf et les morts, les
combattants traversèrent la Seine, les uns sur des barques, les
autres à la nage, et les Alliés occupèrent Charenton et Alfort.
Le i5 avril, l'empereur d'Autriche, suivant ses troupes, entra à
Paris par la barrière de Charenton, qui pendant l'Empire avait
porté le nom de barrière de Marengo. En souvenir de la
défense du pont par les élèves d'Alfort en 181 4, la ville de Cha-
renton a donné à l'une des rues de Conflans le nom de Jean
Pigeon, héros et victime de ce combat ^
A cette époque, le pont ne portait plus de moulins ; ils avaient
été démolis deux ou trois ans avant. Le vieux pont, avec quatre
arches en bois et six en pierre, subsista jusqu'en 1861 ; l'établis-
sement du canal de Saint-Maurice nécessita sa reconstruction.
En i863 fut livré à la circulation le pont actuel, qui a cinq
arches inégales, une sur le canal, une sur la digue et les trois
autres sur la Marne*.
Comme la mairie, Téglise paroissiale fut déplacée^. Le der-
nier curé de l'ancien régime, M. Le veau, qui avait refusé le
serment, était rentré dans sa paroisse à l'époque du Concor-
1. Goabaux, Défense du pont de Charenton, extrait du Recueil de méde-
cine vétirinairey i5 avril i885; Delvau^ les Barrières de Paris^ i865, p. aoi.
2. État des communes, p. 34, 92.
3. De même, le cimetière qui entourait l'ancienne église fut transféré
aux Carrières, en xSaS, et, des Carrières, à l'emplacement qu'il occupe
aujourd'hui dans le bois de Vincennes, en 1848. On vient de créer (1906)
un nouveau cimetière, près de la porte de Charenton (État des communes^
P-33,44).
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144 CONFLANS.
dat. Il fut alors question de démolir l'église de Conflans, qui
était en fort mauvais état, et de la remplacer par l'ancienne
chapelle des Carmes; mais l'acquisition demandait 7,000 francs,
l'aménagement 5, 000 francs et la vente des matériaux de démo-
lition n'eût produit que 3,ooo francs : le projet fut ajourné,
repris en i83o, puis abandonné. Le i5 juin i856, la commune
acheta 40,000 francs, aux époux Moreau, le terrain où s'élève
aujourd'hui l'église de Charenton. L'édifice, dont l'érection
coûta 431,670 fr. 45, fut consacré le 3i juillet i858. La vieille
église de Conflans, désaffectée, fut vendue aux Dames du Sacré-
Cœur le 10 juin i858 et détruite en 1859*.
Vers 1860 eut lieu une importante modification dans la topo-
graphie de la commune : d'une part, le bois de Vincennes,
entièrement transformé sous la direction d'Alphand, s'étendit
sur tout le nord du territoire de Conflans-Charenton, dans une
plaine jusqu'alors dénudée où se sont conservées les appella-
tions caractéristiques de la fosse Saint-Martin et des fonds de
Bourgogne^. D'un autre côté, la ville de Paris atteignit ses
limites actuelles : la commune de Bercy fut supprimée et la
partie-est réunie à Charenton. Ainsi fut constituée la commune
de Charenton-le-Pont telle qu'elle existe à présent^.
Charenton devait encore connaître en 1871 les tristesses de
l'invasion étrangère, non pendant le siège, mais après l'armis-
tice (29 janvier 1871) et durant la Commune. Du moins, nul
épisode sanglant n'y survint et les traces de la guerre y furent
promptement effacées. Depuis lors, ce pays calme et prospère
n'a inscrit dans ses annales, comme événements mémorables,
que de pacifiques et joyeuses inaugurations^.
1. État des communes j p. 32, 41. Voir les notes de M. de Guilhermy en
appendice.
2. Pour l'agrandissement du bois de Vincennes, le comte de Nicolay
vendit 927,200 mètres dans la Plaine de Bercy (Boislisle, p. 24). « Naguère
encore on y apercevait çà et là d'immenses roues en charpente, ressem-
blant assez à des soleils de feux d'artifice; c'étaient les cabestans des
nombreuses carrières qu'on y exploitait » (Labédollière, Hist. des envi-
rons de Paris ^ 1684, p. 202).
3. État des communes^ p. 20, 24, 38.
4. La population de Charenton a sans cesse augmenté pendant le
XIX* siècle. En 1801, on y comptait 1,126 habitants; en 1861, après l'an-
nexion de Bercy, 5,53i; en 1872, 7,141; en 1886, i3,535; en 1901, 17,980; en
1906, 18,372.
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GONFLANS. X^
IL
Gomme toutes les autres propriétés ecclésiastiques de la
paroisse, le château de Conflans fut décrété bien national à la
Révolution. On a vu (p. i23) que les experts désignés par
l'Assemblée nationale et par la Commune Testimèrent, le
icr février 1791, i63,5o2 livres. Mis en vente, le 22 novembre
suivant, au directoire du district de Bourg-Égalité (Bourg-la-
Reine), il fut adjugé pour la somme de 23o,8oo livres au sieur
Vallery-Charles Menant, bourgeois de Pari«, demeurant 12,
rue Grenier-Saint-Lazare ^
Menant n'acquitta pas le prix de vente. Une nouvelle adjudi-
cation, sur folle enchère, eut lieu le i3 avril 1792, en faveur du
sieur Hanot, Jean-Gharles, marchand, demeurant à Saint-
Maur; le prix atteint ne fut que de 179,000 livres.
Le 21 avril suivant, Hanot déclara avoir acheté pour le
compte de Philippe-Jacques Noël, architecte, demeurant
32, rue des Gravilliers, à Paris.
Le 5 mai, Noël, à son tour, passa déclaration pour Gharles
Marchand, demeurant à Paris, rue Goquillière.
Marchand revendit la propriété par lots; voici la liste des
acquéreurs successifs, depuis cette époque jusqu'à nos jours :
/«' lot (moitié ouest du château^ partie sud-ouest des jardins).
25 frimaire an II (i5 décembre 1793), Louis Doulcet.
18 germinal an VII (7 avril 1799), Bernard-Charles Martin-
Despallières.
18 prairial an XI (7 juin i8o3). Société Callias frères et C»«.
17 mai 1808, Pierre Lemarcis, décédé à Paris, 12, rue Gaillon,
le 7 mars 1826, laissant sa veuve née de Belletrux et deux
enfants qui meurent avant leur mère; M"« veuve Lemarcis,
devenue seule propriétaire, meurt à Conflans le 3 juin 1843,
laissant cet immeuble à sa nièce, M™« Louise-Jeanne de Gou-
lard, comtesse de Gironde, qui demeure alors avec son mari à
Paris, rue de la Pépinière, 43 bis.
i5 juillet i856, M. Louis Portier, négociant en vins à Bercy;
1. Titres de propriété G. Hartmann.
MÉM. ZZXV 10
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146 CONFLANS.
il établit son habitation et ses magasins dans cette partie du
château.
Il vend, en 1860, à M. Champroux, un potager situé à
Tangle du quai et de la rue de TArcade ; c'est à cette place que
se trouvent aujourd'hui les magasins de MM. Penicaut, Pelle-
tier et C»% négociants en vins ; Cusenier et C»«, distillateurs ;
Durouchoux frères, négociants en vins.
2« lot (partie nord^uest des jardins; communs transformés
en maison d'habitation).
2 âoréal an II (21 avril 1794), Catherine Defaix, épouse
divorcée d'Étienne-Claude Dagoret-Desfranches, demeurant à
Paris, rue de la Révolution.
4 germinal an III (24 mars 1795), Jean-Baptiste Fontaine,
demeurant à Paris, 48, rue du Bouloi.
6 germinal an IX (27 mars 1801), Pierre Daniel, demeurant
à Conflans.
26 brumaire an XI (17 novembre 1802), Louis Bongrand et
Edme Raimbault, exerçant ensemble le commerce de vins en
gros.
3o germinal an XII (20 avril 1804), Michel Saladîn, ancien
jurisconsulte, et Gérard Saladin, prêtre de la paroisse de Con-
flans, son frère; Tabbé Saladin meurt en 1809, laissant son
héritage à son frère; celui-ci décède en 1820. Sa veuve, née
Thuillier, possède ensuite cet immeuble; elle meurt en i832,
laissant pour légataire universelle sa nièce, M°»« de Franque-
ville d'Abancourt, née Thuillier de Monrefuge, demeurant à
Amiens.
17 juillet i832, M. Robert-Alexandre Colombel, qui demeure
dans la propriété et y meurt le 23 août 1864, laissant pour
héritiers sa sœur M"« veuve Coste, et quatre neveux portant le
nom de Colombel.
28 janvier 1869, M. Louis Portier, déjà propriétaire du pre-
mier lot.
Après sa mort (5 juillet 1884), M. Charles Portier, son
fils unique, possède les deux lots, moins la partie cédée à
M. Champroux.
L'ensemble, mis en vente au Palais le 28 mars 1888, est
acquis par M. Georges Hartmann, propriétaire actuel (1908).
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CONFLANS. 147
3^ lot (partie est du château et des jardins),
5 ventôse an III (23 février 1796), Jean-Baptiste Fontaine.
4 thermidor an III {22 juillet 1795), Thomas-Joseph Van-
dooren.
27 février 1809, Jean-Charles-Célestin Lucq.
12 et 14 mars 1827, Hyacinthe-Louis de Quélen, archevêque
de Paris, dont nous reparlerons plus loin; il avait déjà acquis
une maison voisine en janvier de la même année.
Le couvent des Bénédictines^ mis en vente au directoire du
district le 8 février 1793, fut adjugé à Noël, déjà nommé, et
appartint ensuite aux propriétaires suivants :
Chastenet (12 ventôse an VI, 2 mars 1798).
Félix (9 messidor an VIII, 28 juin 1800).
Degosse (9 floréal an X, 29 avril 1802).
Marie-Jacques Pays de Lathan et son épouse née Féron
{i«' prairial an XII, 21 mai 1804).
Les époux de Lathan meurent, le mari vers 181 5, la femme
en 1817, laissant une fille unique majeure, célibataire; cette
dernière vend la propriété, le 10 juin 1820, à M. Philippe-
Antoine Frère, chanoine titulaire de l'église métropolitaine,
supérieur du séminaire Saint-Nicolas à Paris, qui en fait une
maison de campagne succursale de cet établissement; il en
sera de nouveau question ci-après \
L'auteur d'un guide publié en 1812 parle de Conflans en ces
termes : « La situation de cet endroit est si agréable, surtout
pour la vue, qu'il n'y a point d'autres habitations que de belles
maisons de campagne '. » On a pu lire ci-dessus les noms de
z. Renseignements recueillis dans les titres de propriété; nous tenons à
remercier particulièrement M* Couturier, notaire à Paris, qui nous a
communiqué, avec une grande obligeance, des actes importants pour cette
période.
2. Oudiette, Dict. des environs de Paris, 1812, p. 100. — Le savant
Baume, mort en 1804, habitait les Carrières pendant les dernières années
de sa vie. Berville, avocat renommé, avait, sous la Restauration, une
maison de campagne aux Carrières; P.-L. Courier vint y dîner au moment
de son procès pour l'afifiiire du Simple Discours (lettre à M~ Courier,
août 1821). Quelques années plus tard, Charenton et Saint-Maurice abri-
taient une colonie d'acteurs, parmi lesquels on cite Potier et Vernet. Uun
d'eux, Marty, fut maire de Charenton de 1843 à 1860. Une rue porte son
nom.
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148 CONFLANS.
certains propriétaires de ces maisons. L'un d'eux, Bernard-
Charles Martin Despallières {1767- 1848), qui posséda une
partie du château de Tan II à Tan XI, fut député de la Vendée
au Corps législatif et chevalier de l'Empire. Son fils, le général
Martin Despallières (1823-1876), se distingua pendant la guerre
de 1870 et fut ensuite député à l'Assemblée nationale*.
Au début du xix« siècle, une maison, sise rue de l'Église
(aujourd'hui rue Camille-Mouquet), et qui avait fait partie des
communs de l'archevêché, était habitée parle D^ Joseph Gastaldy
(1741-1805), médecin en chef de l'hôpital de Charenton. C'était
le plus fin connaisseur en cuisine de son temps, et VAlmanach
des gourmands^ dont la cinquième année lui est dédiée, cite
fréquemment ses avis. Sa mort fut digne de sa réputation; elle
rappelle celle du maréchal de Schomberg (p. jS) : le vendredi
20 décembre i8o5, il dîna chez le cardinal de Belloy, arche-
vêque de Paris, et reprit trois fois d'un excellent saumon ; mais
en rentrant chez lui il tomba frappé d'une attaque d'apoplexie et
expira deux jours après. Sa fille avait épousé le grand musicien
Méhul; elle hérita de la maison du docteur, qui appartient
aujourd'hui aux Dames du Sacré-Cœur*.
Sans agriculture, sans commerce et sans industrie, Confians
proprement dit ne comptait en i83o que 83 habitants, alors
qu'il y en avait 917 aux Carrières et 908 à Charenton-le-Pont*.
III.
L'hôte le plus illustre de Conflans, dans la première moitié
du XIX* siècle, fut l'archevêque de Paris, M. de Quélen, qui avait
racheté en 1827, pour i55,ooo francs, une partie du château de
ses prédécesseurs.
Hyacinthe- Louis de Quélen^ occupa le siège archiépiscopal
de Paris pendant une époque particulièrement troublée (1821-
1839). Il était issu d'une ancienne famille bretonne; Renan
X. Robert et Cougny, Dictionnaire des parlementaires y 1889.
2. Titres de propriété; Biographie Michaut; Almanachdes gourmands»
3. Ramon, Description du choléra-morbus^ qui a régné épidémiquement
dans les communes de Charenton et de Charenton-Saint-Maurice en
i832, 1834, p. 14.
4. Né en 1778.
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CONFLANS. 149
trace de lui ce spirituel portrait : « Il m'a laissé l'idée du parfait
évéque de l'ancien régime. Je me rappelle sa beauté (une beauté
de femme), sa taille élégante, la ravissante grâce de ses mouve-
ments. Son esprit n'avait d'autre culture que celle de l'homme
du monde d'une excellente éducation. La religion était pour
lui inséparable des bonnes manières et de la dose de bon sens
relatif que donnent les études classiques*. »
L'archevêque joignait à ces grâces extérieures de réelles ver-
tus : une sincère piété, une inépuisable charité. Mais ses allures
aristocratiques le rendirent très impopulaire; les Parisiens
l'accusaient, sans motif du reste, d'avoir contribué à la promul-
gation des fameuses ordonnances de i83o; pendant les journées
de juillet, la furie révolutionnaire s'acharna contre lui. Et Con-
flansy que M. de Quélen avait destiné à être le lieu de son
repos, devait être pour lui un continuel sujet de tristesse. Déjà,
par une sorte de pressentiment, à peine l'avait-il acheté qu'il y
avait fait enterrer la présidente Hocquart, sa tante et pour ainsi
dire sa seconde mère, morte par accident le 17 août 1825^. Le
tombeau de cette dame se voit encore dans la crypte de la
chapelle.
En juillet i83o, l'archevêque était à Conflans, fort calme, à
peine instruit des événements politiques. Le 29, il allait se
mettre à table pour déjeûner, lorsque arrive M. Gaillard, méde-
cin de l'Hôtel-Dieu, son médecin et son ami.
« Un couvert pour M. Gaillard, dit le prélat.
« Monseigneur, reprend aussitôt celui-ci, il ne s'agit pas de
déjeûner, mais de vous sauver, et sur-le-champ. Voici ce que
j'ai entendu à l'Hôtel-Dieu : on veut vous tuer, on vous cherche,
et comme on sait le chemin de Gonflans, on y sera peut-être
bientôt*. »
Le maire de Charenton, M. Ventenat, survient et confirme
ces alarmantes nouvelles : des bandes d'insurgés sont à Bercy
et se dirigent vers Gonflans. Le long du quai, les marchands
de vins roulent précipitamment les tonneaux vers leurs caves,
pour les soustraire à la soif des patriotes qui pillent les
guinguettes'*.
1. Renan, Souvenirs d'enfance et de jeunesse ^ i885, p. 166.
2. D'Exauvillez, Vie de M. de Quélen, 1840, t. 1/ p. i23.
3. Ibid., t. Il, p. 21.
4. Ibid., p. 20,. 22.
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I SO CONFLANS.
Après quelque hésitation, M. de Quélen revêt une redingote
et monte dans une calèche de voyage, sans armoiries, qui, par
les ponts de Charenton et d'Ivry, gagne la barrière de la gare.
Pendant quinze jours| il erre dans Paris, se cachant à la Salpê-
trière, k la Pitié, puis au Jardin des Plantes, chez Geoffroy
Saint-Hilaire*.
Une heure après que l'archevêque eut quitté Conflans, une
troupe de trois cents révolutionnaires venant d'Alfort, et ren-
fermant dans ses rangs un certain nombre d'élèves de l'école
vétérinaire, envahit le château, cherchant partout M. de Qué-
len pour le conduire prisonnier à Vincennes. Ne trouvant per-
sonne, ils burent le vin de la cave, forcèrent les armoires,
emportèrent un télescope^ et des papiers et laissèrent la mai-
son dans le plus grand désordre. Après leur départ, le maire
de Charenton, pour assurer la conservation du mobilier, fit
apposer les scellés, qui furent levés trois semaines après à la
requête de l'archevêque'.
A la même heure, la foule mettait à sac l'archevêché de
Paris; les pillards brisèrent ou jetèrent à la Seine tout ce qu'ils
ne purent emporter. Là disparurent les archives du diocèse,
et avec elles quelques titres de propriété de Conflans. Pour
toutes les pertes qu'il subit en cette journée, l'archevêque n'ob-
tint aucune indemnité.
La Révolution était achevée, l'archevêque avait repris ses
fonctions pastorales lorsque eut lieu, le 14 février i83i, à
l'église Saint-Germain-l'Auxerrois, un service anniversaire
I. D'Exauyillez, t. II, p. 23 et suiv.; Henrion, Vie et travaux aposto-
liques de M, de Quélen, 1S40, p. 3i5 et suiv.
3. Voici l'histoire de ce télescope, racontée par M. de Bellemare (M. de
Quélen pendant dix ans, 1840, p. 162} : « Dans Tété de i83o, et peut-être
deux mois avant la Révolution de juillet, j'allai lui faire visite à sa mai-
son de Conflans. Comme il aimait beaucoup l'exercice, il me promena
pendant deux heures de bas en haut et dans tous les coins et recoins de
sa propriété. Étant sur le belvédère de son château, d'où l'on découvrait
les plus belles perspectives, je m'étonnai de ne pas lui voir un bon téles-
cope, et j'insistai de toute ma force sur l'agrément qu'il y aurait pour lui
à multiplier par là les jouissances d'une vue aussi étendue et aussi déli-
cieuse. » L'archevêque se laissa convaincre et acheta le télescope. Quand
il apprit que les révolutionnaires l'avaient emporté, il dit simplement :
« Pourvu qu'il ne leur serve pas à me dénicher I »
3. D'Exauvillez, p. 29, 3o; Henrion, p. 224.
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GONFLAN8. l5l
pour le duc de Berry. Ce fut le signal d'une nouvelle émeute :
rarchevêché de Paris est envahi, incendié; M. de Quélen se
réfugie chez un ami; le lendemain, Conflans est pillé à son
tour, la chapelle est profanée, les meubles, les tableaux, les
livres sont entassés dans la cour et brûlés. Dans le jardin, « un
monsieur bien mis, armé d'une badine, s'amusait à casser les
cloches et les carreaux des châssis » ; le pavillon de rocailles et
la salle de billard meublée à l'orientale furent entièrement
détruits. Le pillage continua pendant trois jours; le maire de
Charenton réclamait vainement des secours : ce ne fut que le
i8 février qu'on lui envoya 1 5o hommes qui rétablirent l'ordre ' .
Nous allons voir à présent comment l'archevêque prit sa
revanche.
Vers la fin de l'été i83i, se répandît en France une épidémie
de choléra demeurée tristement célèbre. Dès les premières
manifestations du fléau, M. de Quélen transforma son château
de Conflans en ambulance : « Deux salles séparées de six lits
chacune, l'une pour leis hommes, l'autre pour les femmes,
furent si promptement préparées que le deuxième individu qui
fut pris du choléra put y être reçu. La sollicitude de M. l'ar-
chevêque avait tout prévu; non seulement, par ses soins, les
réparations et constructions nécessaires pour rendre le local
propre à sa destination furent faites avec la plus grande célé-
rité, mais tout le mobilier et le personnel se trouvèrent orga-
nisés comme s'il se fût agi d'un hôpital permanent. Des sœurs
de Saint-Vincent-de-Paul exercées au service des malades furent
chargées de cette ambulance. De jeunes séminaristes qui, dès le
début de l'épidémie, s'étaient consacrés au service des malades,
remplissaient les fonctions d'infirmiers, pour les hommes, avec
un zèle et un courage exemplaires ; ils avaient organisé entre
!• D'Exauvillez, p. 67; Henrion, p. 3i6. Nous possédons une lettre que
M. de Quélen écrivit de sa main au préfet de la Seine pour demander
décharge de ses impositions à la suite de ces événements : < Expose le
soussigné propriétaire, à Conflans, commune de Charenton, que par suite
<*e l'envahissement de sa maison qui a eu lieu le i5 février, présente année,
par des brigands qui ont brisé et détruit son mobilier, cassé les fenêtres et
les portes, détérioré la dite maison par la démolition des cheminées, la
dévastation des boiseries, des poêles, calorifères, marbres et les dommages
de la couverture évalués par devis reconnus par M. le maire de la com-
Qiune à plus de 3,000 francs, la dite maison est devenue et restée inhabi-
^blc » (19 septembre i83i).
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l52 CONFLANS.
eux un service de garde, se relevaient à tour de rôle, et le plus
souvent ils ne quittaient l'ambulance de Conflans que pour
aller remplir les mêmes fonctions dans les hôpitaux tempo-
raires établis à Paris ^ » Il se passa dans cette ambulance une
scène émouvante que la tradition a conservée ; Tarchevêque y
visitait les malades ; arrivé au lit d'un agonisant, il levait sur
lui ses mains pour le bénir, lorsque celui-ci s'écria : « Retirez-
vous de moi, )e suis un des pillards de l'archevêché. » Le pré-
lat, sans paraître troublé, continua sur la tête du moribond la
bénédiction commencée : « Mon frère, dit-il, c'est une raison
de plus pour moi de me réconcilier avec vous et de vous
réconcilier avec Dieu*. » L'épidémie terminée, l'archevêque
installe dans son château un orphelinat pour les enfants des
victimes du choléra '.
Cette charité ne désarma point les ennemis de M. de Quélen
qui, poursuivi par les calomnies'*, mourut dans la tristesse le
3i décembre iSSg, au couvent du Sacré-Cœur à Paris. Le curé
de Conflans, l'abbé Chossard, son ami et son secrétaire parti-
culier, l'assistait à ses derniers moments. Il n'avait quitté
qu'au début du mois son séjour préféré, Conflans, où, depuis
les événements relatés ci-dessus, il avait été encore à plusieurs
reprises l'objet de perquisitions arbitraires*.
M. de Quélen avait institué pour son légataire universel un
prêtre qui lui avait été fort attaché, l'abbé Auguste- Alexis
Surat, alors chanoine, depuis vicaire général de Paris, archi-
diacre de Notre-Dame, protonotaire apostolique. M. Surat,
dans ces importantes fonctions, conserva l'estime et la con-
fiance des successeurs de M. de Quélen, particulièrement de
1. Ramon, Description du choléra-morbuSy 1884, p. 21.
2. Henrion, p. BSg. — Cette scène a inspiré deux lithographies, Tune
publiée chez Fonrouge, Tautre chez Lemercier. Voir encore : Anonyme,
V Esprit de Mgr de Quélen^ 1847.
3. Leblanc de Perrière, Annuaire de Paris et des environs, 1837. — Une
curieuse lithographie, oeuvre de « Ducornet, né sans bras », représente
la fondation de l'œuvre des orphelins du choléra (publié chez Roger,
7, rue Richer).
4. Parmi les écrits publiés contre lui, citons : Fournier-Vemeuil, Lettre
à M, Varchevêque de Paris y i83o; abbé Paganel, Mémoires secrets^ i83i.
5. D'Exauvillez, p. i3i ; Henrion, p. 376; VAmi de la religion, i832,
p. 324.
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CONFLANS. l53
Mgr Darboy. Lorsque la Commune éclata, il fut emprisonné
à la Roquette ; il allait réussir à s'évader sous des habits civils,
quand il fut reconnu aux boucles d'argent de ses souliers ecclé-
siastiques qu'il avait gardés; on le fusilla le 26 mai 1871. Il
avait installé à Conflans la Société des jeunes économes, œuvre
d'enseignement.
Par son testament, il léguait sa propriété de Conflans à l'àr-
chevéché de Paris, en exprimant le vœu que la maison de cam-
pagne des archevêques y fût rétablie, ou qu'elle servît à l'un
des établissements diocésains légalement reconnus. On en fit,
après la guerre, une succursale du séminaire Saint-Nicolas-du-
Chardonnet; depuis la loi de séparation des Églises et de l'État,
elle est sous séquestre et inoccupée.
L'ancien couvent des Bénédictines, devenu succursale du
séminaire Saint-Nicolas en 1820, avait été dévasté en i83o et
racheté par M. de Quélen en 1839. Il resta abandonné jusqu'en
1841, année où les dames du Sacré-Cœur l'acquirent moyennant
42,000 francs.
< La maison était petite, mal construite et nue ; mais les
jardins étaient grands. Ils étaient partagés dans toute leur lon-
gueur par une belle allée de marronniers. Sur le penchant de
la colline descendait un petit bois dont les détours conduisaient
à des oratoires champêtres, des représentations sacrées, des
calvaires et des portiques ornés d'inscriptions bibliques'. »
La congrégation des Dames du Sacré-Cœur avait été fondée
sous la Restauration par Magdeleine-Sophie Barat. Celle-ci
était déjà venue à Conflans, en juillet i83o, avec plusieurs de
ses religieuses ; elle habitait à cette époque une maison dépen-
dant du château de l'archevêque. Chassée par la Révolution,
elle avait trouvé un refuge chez M«« Saladin, qui possédait
une autre partie du château*.
Lorsque M. de Quélen fonda l'orphelinat du Choléra à Con-
flans, il en confia précisément la direction aux Dames du Sacré-
Cœur, qui y adjoignirent ensuite un pensionnat. C'est pour
agrandir ce pensionnat et installer à côté leur noviciat qu'elles
I. Baunard, HisU de M** Barat, 1876, t. II, p. aSi, 382.
a. Ibid., p. 6.
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l54 CONFLANS.
achetèrent l'ancien couvent, comme nous l'avons dit plus haut.
Le Conseil municipal de Charenton autorisa cette acquisition
dans sa séance du 24 décembre 1844^
Pendant les années qui suivirent, les Dames firent réparer
l'ancienne maison, alors presque en ruines, et construire les
vastes bâtiments qui dominent aujourd'hui le château de Con-
flans. Elles achetèrent plusieurs maisons voisines, entre autres
celle qui avait appartenu au D<^ Gastaldy. En 18S8, la commune
leur vendit la vieille église Saint-Pierre, le presbytère et le cime-
tière ; l'église fut aussitôt démolie.
La Vie de Madame Barat, par M. Baunard, renferme des
détails ingénus et pittoresques sur les séjours que fit à Conflans
la fondatrice de la congrégation* : « Son arrivée, lisons-nous
dans cet ouvrage édifiant, était une sorte de jubilé pour toute
la basse-cour : le chien était détaché, la chèvre élargie, les
poules visitées, les moutons rendus aux champs. » Les élèves
de M"" Barat ne l'accueillaient pas avec moins d'afifection que
ses bétes; elle réunissait de préférence sa communauté dans une
salle circulaire de verdure qu'elle appelait « la salle des apôtres » .
Là, regardant la vallée à ses pieds, elle dit un jour : a Cela me
rappelle le temps où, pour la première fois, j'arrivai à Paris
par le coche de Joigny, en petit pierrot d'indienne. Je passai
devant cette maison. Qui m'aurait dit alors que je l'achèterais
un jour, au nom de la Société^ ? »
\|me Barat mourut à sa maison de Paris le jour de l'Ascen-
sion de l'année i865 et fut enterrée à Conflans, où sa mémoire
I. État des contmuneSy p. 37. — La congrégation a été reconnue par décret
dn 30 mars i85i.
3. Consulter également la Vie de la vénérable mère Baratj par une
religieuse du Sacré-Cœur, 1884, 2 vol.
3. Parmi les membres du clergé qui vinrent à Conflans au temps de
M"* Barat, on peut citer l'abbé Pie, depuis évoque et cardinal, le Père de
Ravignan et Mgr Dupanloup ; ce dernier y présida, le 36 octobre i863, la
prise d'habit de M"* de Montalembert, ûUe de l'illustre orateur catholique.
Le 17 octobre 1845, Renan, qui n'avait pas encore quitté l'église, écrivait à
sa mère : « M. Baudier est à Conflans, tout près de Paris, comme aumô-
nier des Dames du Sacré-Coeur. C'est une place magnifique; il y est
parfaitement bien ; ce sera un plaisir pour moi d'aller le voir. Il n'est
qu'à une petite demi^ieue de la barrière, dans un fort joli village. Ce
sera un but charmant de promenade pour moi. n
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CONFLANS. l55
est toojours vénérée. Les dames du Sacré-Cœur, atteintes par
la loi sur les congrégations, ont dernièrement transporté les
restes de leur fondatrice à Bruxelles, dans une autre maison de
leur ordres
IV.
On vient de voir comment s'est reformé, après la Révolution,
un Conflans ecclésiastique, conservateur des aspects anciens.
Avant de passer au Conflans moderne, commerçant et indus-
triel, parcourons la description pittoresque de Conflans que
LabédoUière traça vers 1860* :
Uniquement composé jadis de résidences princières qui avaient
terrasse sur la rivière, entrée par le village et, à Tintérieur, approvi-
sionnements de toutes sortes, Conflans, sauf quelques avenues des-
tinées aux équipages, ne possédait que ruelles étroites, ardues et
fangeuses; mais, qui avait affaire en ces chemins difficiles, sinon
valets et manants? Pour ces gens-là, n'était-ce pas bien assez? Une
partie de l'ancien Conflans n'a pas beaucoup changé sous le rapport
de la viabilité intérieure.
A Textrémité du parc de Bercy s'ouvre une de ces voies étroites,
ancienne rigole desséchée sans doute, et qui, du bord de l'eau,
monte en se courbant jusqu'à l'avenue du château, ci-devant demeiu'e
des archevêques de Paris. Cette ruelle n'a d'autres habitations que
quelques maisons nouvellement construites près du quai, un caba-
ret en planches à son point culminant, puis, çà et là, des terres en
friches, avec cette inscription placée de distance en distance : ter-
rains à vendre par lots. Autrefois, cette ruelle s'ouvrait sur la berge
par une arche, comme celles de Marion et de Pépin à Paris ; de là
le nom de rue de l'Arcade qu'elle porte encore aujourd'hui. Cette
arcade était un passage qui, du parc archiépiscopal, communiquait
au potager situé de l'autre côté de la rue. A la limite extrême de ce
jardin était bâti un pavillon de forme ronde qui existe encore aujour-
d'hui ; ce pavillon, maintenant déshonoré par un mur de moellons
1. M"* Barat vient d'être béatifiée par le pape Pie X; la* cérémonie a été
célébrée le 24 mai 1908, avec une grande solennité, dans la basilique de
Saint-Pierre de Rome.
2. Histoire des environs du nouveau Paris, p. 309 (sans date, publié en
1864]. LabédoUière ne fait pas autorité comme^ historien, tant s'en faut;
mais il savait observer et décrire ; sur les choses qu'il a vues, son témoi-
gnage est précieux.
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1 56 CONFLANS.
qui vient s'y rattacher par derrière, confinait au domaine de Bercy,
dont le propriétaire, dit-on, vivait, à certaine époque, en très mau-
vaise intelligence avec l'archevêque*.
Certaine chronique intime rapporte que le seigneur de Bercy,
ayant eu un jour une altercation avec son voisin, poussa l'irrévé-
rence jusqu'à lui dire qu'il se moquait de la calotte. Pour répondre
à cette bravade, le prélat fit immédiatement construire, à l'extré-
mité de son parc, un pavillon avec un sommet en forme de calotte.
Singulière vengeance, et dont nous ne comprenons pas la portée ;
nous avons trop de confiance dans le bon sens de l'archevêque
d^alors (1786) pour ne pas croire que cette histoire est apocryphe.
En 1792, le domaine des archevêques ayant été vendu comme bien
national, la partie potagère en fut abstraite pour y construire une
habitation à part. Toutefois, l'arcade de Conflans a subsisté jusqu'en
1843, et un passage souterrain, qui communiquait également d'une
partie à l'autre de la propriété, a été bouché d'un côté et sert main-
tenant de cave.
De l'avenue seigneuriale, une autre ruelle continue à grimper
entre les murs de vieux jardins, et çà et là ces murailles sont percées
de petites portes discrètes, destinées autrefois aux escapades noc-
turnes, mais devenues chastes aujourd'hui ; la rouille et les arach-
nides y ont depuis plus d'un demi-siècle apposé les scellés, c Quand
le diable devient vieux, il se fait ermite. »
Silencieuses enceintes, vieux arbres débordant par-dessus les
murs chaperonnés de lierre, longues ruelles à peu près désertes,
tout ici a un aspect de grandeur, mais de grandeur déchue, car le
délabrement perce toujours quelque part dans ces demeures trop
vastes pour leurs propriétaires actuels : ces résidences somptueuses
s'accommodent mal du luxe étriqué d'aujourd'hui.
... Tout le long du quai dominé par Conflans, c'est-à-dire depuis
la barrière jusqu'au delà du château des archevêques, on rélargit la
berge aux dépens du fleuve; on emploie à ces terrassements les
déblais du canal Saint-Martin; ces déblais arrivent au bas de la
Bastille par un chemin de fer établi sur les travaux, puis ils sont
transportés par des toues jusqu'au lieu qui nous occupe.
... Les habitations des Carrières, bâties sur la berge du fleuve,
forment comme le rez-de-chaussée du pays dont Conflans occupe
le premier étage et Charenton le sommet. De sorte que les maisons
des Carrières, situées d'un côté de la rue, sont adossées à la mon-
tagne qui les domine, tandis que celles qui sont du côté opposé ont
vue sur la rivière ; du fond d'une sombre boutique de tonnelier où
nous étions allé demander un renseignement, le regard s'échappait
I. Pour Tarcade et pour le pavillon, voir p. 120.
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CONFLANS. iSy
par une lucarne, siir un paysage rempli de soleil, parsemé de vil-
lages et coupé par la Seine ; cette lucarne semblait un verre d'op-
tique au fond d'une chambre obscure.
Du haut de Conflans pour arriver ici, on descend une pente rapide
et tortueuse nommée jadis la rue des Bordeaux ou des bords de
Teau, mais dont le commerce moderne a fait la rue de Bordeaux.
Au sommet de la montagne, on a creusé une tranchée profonde
où passe le chemin de fer ; ce couloir aux pentes boisées, coupé de
distance en distance par des ponts d'une seule arche et de l'archi-
tecture la plus hardie, est la route d'Italie, de l'Afrique et de l'Inde,
c'est la ligne de Lyon, dont l'embarcadère à Charenton occupe une
partie des dépendances de l'ancien séjour du Roi ; près de l'entrée
principale de cet établissement, une propriété particulière porte
encore le nom d'Hôtel du Séjour. Une autre propriété très vaste,
dont les jardins sont arrosés par un moulin à vent campé sur une
tourelle, a été formée également des débris du domaine royal.
Dans la rue de Paris, on voit encastrée dans les hautes murailles
d'une propriété particulière une petite porte vermoulue avec pilastre
d'ordre ionique aux cannelures presque effacées et surmontée d'un
agneau que le temps a dévoré aux deux tiers ; c'est une sortie de
l'ancien séjour royal, celle par où Henri IV avait coutume d'aller
chez la belle Gabrielle dont le château était situé quelques pas plus
loin. Le portrait de Sully, premier ministre, grand maître de l'artil-
lerie, etc., est sculpté au-dessus de cette porte à l'intérieur*.
... Si Ton monte sur le pont qui sert, à Bercy, de viaduc au che-
min de fer de ceintuire, et que de ce pont on regarde la campagne,
on se trouve avoir à gauche la rive droite de la Seine, à droite la
rive gauche^ et l'on est frappé du contraste qui existe entre ces deux
côtés du fleuve. A droite, en effet, des ateliers aux harmonies métal-
liques, des usines estompées par la houille, des cheminées qui vont
jusque dans les nues vomir leur fumée, tout sent le travail et l'acti-
vité, tandis qu'à gauche, sur la rive droite par conséquent, des jar-
dins silencieux, des pavillons fermés, des arbres contemporains de
Louis XIV, des châteaux où la mousse a velouté la pierre, tout
annonce la solitude et l'abandon. D'un côté, c'est le présent qui
marche au progrès par le travail; de l'autre, c'est le passé qui
s'efface.
I. Le bas-relief de Tagneau existe encore rue de Paris, n* Sg, sur une mai-
son qui dépend de l'ancien hôtel Chamillart. Quant au prétendu château
de Gabrielle d'Estrées, nous avons vu, p. 76, quelle en est rorigine. Est-il
nécessaire d'ajouter qu'Henri IV ne passa jamais par la porte en question,
pour la raison que, lorsqu'il vint à Charenton, le séjour royal était depuis
plus de cent ans aliéné ?
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t58 CONFLANS.
Au temps où Vincennes, royale résidence, était dans toute sa
splendeur, la noblesse se portait à l'orient de la capitale et ce
n'étaient alors^ dans les environs, que demetires princières, villas,
castels et séjours; mais quand Saint-Germain, Saint-Cloud et Ver-
sailles eurent détrôné le vieux manoir cher aux premiers Valois, les
courtisans firent volte-face, de sorte que les riants coteaux de Cod-
flans furent abandonnés pour les hauteurs de Passy, les ombrages
d'Auteuil et toute la zone occidentale de la banlieue ^
Avec la mairie et l'église, le centre de la commune s'était
déplacé pendant la première moitié du xix« siècle; Charenton
supplantait Conflans. La construction du chemin de fer de
Lyon, inauguré le 12 août 1849, accentua ce changement en
séparant les deux quartiers. Tandis qu'à Conflans on ne voyait
qu'établissements religieux ou maisons de campagne, Charen-
ton se développait grâce à l'industrie et au commerce. En 181 1
est installée une blanchisserie de toiles. Vers 1826, une fon-
derie est créée dans l'ancien couvent des Carmes ; 600 ouvriers
y travaillent. Fermée en 1828, elle rouvre en 1837, puis est
I. Labëdollière dit ailleurs (p. 3oa) : « Charenton est la terre classique
de la matelote ; de sorte que, tout le long de la berge, pas on traiteur qui
n'ait sur son enseigne quelque poisson qui frétille, pas un cabaret dont
la façade ne soit ornée de filets en draperies ou d'épuisettes, et pas un
Parisien qui passe à Charenton sans y manger pour le moins une fri-
ture ! » A ces souvenirs, on peut joindre un passage du discours que le
conseiller général du canton prononça, le 3 avril 1898, à l'inauguration de
la passerelle de Valmy, qui traverse le chemin de fer P.-L.-M. au-dessus
de Conflans :
« Ce pays, mes chers concitoyens, voilà bientôt vingt-sept ans que j'en
suis révolution progressive. Lorsque j'y vins, après la guerre, la Seine et
la Marne coulaient entre des rives verdoyantes, capricieusement rongées
par les eaux, sur lesquelles toute une population joyeuse venait s'ébattre
le dimanche. Des passeurs transbordaient dans leurs barques vertes,
pavoisées d'un minuscule drapeau tricolore, les flâneurs paresseux qu'ef-
frayait le grand tour par les ponts, notamment par celui d'Ivry, dont le
péage n'était pas encore racheté. A défaut de passagers, ils accompagnaient
en Seine les baigneurs en pleine eau. On canotait aux Carrières, à Alfort-
ville, à Saint-Maurice, à Alfort. De petits omnibus è un cheval faisaient,
sans se presser, le service des barrières, couverts de promeneurs aux
heures d'arrivée ou de retour. Tant pis pour ceux qui manquaient le
coche! »
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CONFLANS. ïSg
eipropriée en 1848 pour le passage du chemin de fer : la gare
de marchandises de Charenton en occupe l'emplacement ^
Mais les transformations de 1860, dont il a été parlé plus
haut : embellissement du bois de Vincennes, agrandissement
de Paris et suppression de la commune de Bercy, amenèrent
une évolution en sens contraire, par la création de deux nou-
veaux quaniers : Tun, composé surtout de villas et de jardins,
sur la lisière du bois de Vincennes; l'autre, quartier commer-
çant, dans les terrains de l'ancien parc de Bercy.
C'est le II janvier 1861 qu'un syndicat de banquiers acheta
à M. le comte de Nicolay le parc de Bercy, contenant
695,085 mètres carrés*. Au mois d'octobre suivant, le superbe
château de Bercy, œuvre de François Le Vau, était complète-
ment démoli. Il reste cependant une partie des communs et le
petit château; bien qu'appropriés à l'industrie, ces bâtiments
sont encore très intéressants ; on remarque surtout les beaux
portails construits par La Guèpière vers 171 5.
Les acquéreurs de Bercy formèrent, le 3o mai i863, une
société anonyme qui s'appela d'abord Compagnie des Maga-
sins généraux de Bercy, puis Compagnie du Parc de Bercy.
Cette société vendit à la Compagnie P. L. M., en 1869, le ter-
rain où est la gare de Bercy-Conflans. Elle exploite aujourd'hui
de vastes entrepôts, autour desquels s'est développé un quar-
tier appelé les Magasins généraux, et qui compte 3,ooo habi-
tants. Le pon qui borde ce quanier, du côté de la Seine, a été
construit en 1884-1885'; il fait suite au port des Carrières,
reconstruit en 1898. Les deux ports sont séparés parle pont de
Conflans.
Au début du xix« siècle, pour passer sur l'autre rive de la
Seine, les habitants de Charenton et de Conflans n'avaient
d'autre moyen que le bac des Carrières. En 1829, ^" construi-
sit entre Ivry et Alfôn un pont droit en fer, œuvre remarquable
I. VIndustriel, 1828, t. V, p. 191. — Leblanc de Perrière, annuaire de
Paris et de ses environs, iSSj. — Mazeret, Panorama des rives de la Seine,
iS36, p. 18. — État des communes.
3. U ne faut pas confondre le parc de Bercy, situé hors Paris, avec Ten-
trepôt de Bercy, qui s'étend à l'intérieur des murs sur des terrains ache-
tés par la ville de Paris à divers particuliers.
3. Au débouché du canal de Saint-Maurice, latéral à la Marne, ouvert
à la navigation en 1864. — État des communes, p. 88, 1 17.
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l60 CONFLANS.
pour l'époque. Mais ce n'était encore qu'une communication
indirecte; dans ces dernières années, un pont reliant Ivry et
Conflans était devenu nécessaire. Le projet fut mis à l'étude en
i883; on décida de faire ce pont à 5oo mètres en aval du con-
fluent de la Marne, en face du chemin de grande communica-
tion n® 5o, à Ivry. La première pierre fut posée le 28 septembre
1890 par M. Yves Guyot, ministre des Travaux publics; le pont
fut livré à la circulation en 1892. Sa longueur totale est de
180 mètres; il est formé de trois arches en fer. On l'appela le
pont de Conflans : ainsi fut remis en usage ce vieux nom de
Conflans, que les habitants du moderne Charenton avaient un
peu oublié.
Le pont, qui aboutissait devant les jardins du château de Con-
flans, n'avait pas de débouché direct. L'avenue de la Liberté,
située à peu près dans le môme axe, s'arrêtait brusquement à
25o mètres plus haut; son prolongement s'imposait; on l'exé-
cuta de 1898 à 1900. La route nouvelle (chemin de grande com-
munication no 5o) gravit en ligne presque droite la pente de la
colline, et sa construction a nécessité d'importants travaux de
terrassement et de maçonnerie. Elle coupe en deux parties la
propriété Hartmann et longe l'aile ouest du château, dont on a
même démoli certaines annexes modernes.
En suivant cette route, depuis le quai jusqu'au chemin de fer
de Lyon, on découvre l'ensemble de Conflans : à l'ouest, le nou-
veau Conflans, magasins aux toits rouges et cheminées d'usines,
et, à l'horizon, Paris, — de la Maison- Blanche à Montmartre, —
à l'est, le vieux Conflans, jardins en terrasses dominés par le
château, derrière lequel le couvent du Sacré-Cœur dresse ses
pignons pointus et la nef élancée de sa chapelle.
Elle a encore fort grand air, l'ancienne demeure des arche-
vêques de Paris, avec ses puissants contreforts et ses hautes
fenêtres. Nous avons vu qu'elle est divisée en deux corps de
bâtiments : l'un renferme des appartements particuliers, l'autre
(aujourd'hui sous séquestre) abritait jusqu'à ces derniers temps
le petit séminaire du diocèse. Les parties qui ont conservé le
plus de caractère sont : dans la propriété Hartmann, l'aile en
bordure de l'avenue de la Liberté, terminée du côté de la
Seine par un massif de pierres de taille surmonté d'une galerie,
— les voûtes de l'ancienne orangerie, transformée en « caves
magnifiques où un charriot flamand, attelé de huit chevaux.
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CONFLANS. l6l
peut descendre pour y être chargé »\ — Tescalîer, et, dans les
appanements, des boiseries du xviii* siècle et du commence-
ment du xix», — la porte d'entrée de la cour avec ses pilastres
couronnés de vases sculptés. Au séminaire, la façade sur le
jardin, le double escalier de la terrasse, la chapelle, Tescalier
intérieur et le salon du directeur, orné de boiseries Louis XVI.
Arrivés au terme de cette étude, et parcourant du regard ces
lieux qui nous sont familiers, et auxquels nous nous sommes
encore davantage attachés à mesure que leur passé se livrait
à nos recherches, nous ne pouvons nous défendre de quelque
regret en constatant combien l'invasion de Findustrie et du
commerce leur ont déjà fait perdre de leur pittoresque d'autre-
fois, et en prévoyant les transformations prochaines, que rend
probables le développement économique de toute la région
environnante.
Mais, s'il est juste de professer pour le passé un culte fidèle,
il faut aussi accepter loyalement les évolutions nécessaires : le
Confians seigneurial n'est plus; le Confians monastique est
destiné à disparaître; un nouveau Conflans va s'élever, moins
intéressant que l'ancien pour l'historien et pour l'artiste, animé
pourtant d'une vie plus laborieuse et plus féconde.
Puisque nous ne pouvons conserver à ce pays, qui forme
aujourd'hui un faubourg populeux, prolongement de la capi-
tale, le caractère de villégiature aristocratique qui le distinguait
jadis, ni lui rendre les hôtes illustres et les fêtes d'aman,
réjouissons-nous .d'y voir se développer une prospérité moins
brillante, mais plus solide. Souhaitons seulement que les géné-
rations futures respectent le vieux château dont les murs épais
bravent les siècles, et qui restera seul pour rappeler de nobles
souvenirs dont le Conflans de l'avenir devra toujours être fier.
I. Mazerety Panorama des rives de la Seine ^ i836, p. i8.
li^M. XXXV
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APPENDICE.
Charte de fondation de la chapelle Saint-Nicolas (i2o3).
Ego et decanus Sancti Marcelli et ejusdem ecclesiae capituliim,
notum fieri volumus universis présentes litteras inspecturis quod,
cum pia devotio Rdelium capellam quandam in honorem beati Nico-
lai aediRcare vellet in parrochia Sancti Martini de Conflans juzta
pontem de Charenton : et nos ex una parte, pro jure parrochiali
ecclesiae nostrae de Charenton : et prior et capitulum Sancti Mar-
tini ex altéra parte, pro gravamine ecclesiae suae de Conflans, prae-
dictam capellam aedificari prohiberemus; tandem, pro cultu religio-
nis augmentando, praedicta prohibitio sopita fîiit in hune modum,
assensi si quidem nostro et totius capituli nostri et assensi prioris
et totius capituli sancti Martini, concessum est ut capella tota in
parrochia de Conflans aedifîcaretur, quia videlicet ibidem locus
promptior erat et amplius competebat : et ne omnium malorum
cupiditas animos sacerdotum de Charenton et de Conflans ad lites
movendas incitaret, pro bono pacis et concordiae statutum est ut in
ipsa capella praedicti sacerdotes quilibet in sua septimana vicissim
ibidem, per se aut per capellanos suos, deserviant, et quidquid eis ex
oblationibus fldelium, aut etiam quibuslibet aliis occasionibus pro-
venerit, in commune deducant, et inter se dividant simulque commu-
nicent. Praeterea adjunctum est quod praedictae capellae donationes
agrorum vel vinearum, aut etiam quorumlibet aliorum redituum
fîerint, duobus praedictis sacerdotibus omnia communia esse
debeant in futurum; ut autem ea quae sunt nostris temporibus tali-
ter ordinata ad futurorum possint notitiam pervenire et firmitatem
perpetuam obtinere, praesentem cartam chîrografî distinctione divi-
sam in hujus rei memoriam conscribi fecimus et sigilli nostri muni-
mine roborari. Actum anno verbi incarnati M© CCo IIIo mense
marci — O • • •
(Parchemin, archives de M. le marquis de Nicolay, série Conflans,
liasse ii. — Une copie existe dans le cartulaire B de Saint-Martin-des-
Champs, Arch. nat., LL i352, fol. loi.)
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GOKPLAMS. l63
IL
Rôle de Conflans pour Saint-Martin-des-Champs (XIV^ siècle)*.
Est le rolle de Conflans.
Et premièrement le prieur de Saint Martin a droit de prendre en
toute la paroisse de Conflans toute la dizme des chaumes, en quelque
terre qu'ils croissent.
Item, led. prieur de Saint Martin a, en lad. paroisse, en toutes les
vignes et plantes du lieu qu'on dit Berciz et du lieu qu'on dit les
Morillons assis vers Paris, la moitié de toute la dixme de vin, c'est
a sçavoir de chacun tonneau de vin trois septiers de la mesure de
Paris.
Et si lesd. vignes estoient en lieu dit arable, led. prieur a la moitié
de tous les grains.
Item, led. prieur a en sa censive et seigneurie de Conflans toute la
dixme de tous les grains et de toutes les choses quelconques, et en
autres lieux la moitié, et en autres la troisième partie, et peut valoir
chacun an quatre muids.
I. Comme nous Texpliquons au chapitre I, p. 9, ce document, rédigé
au XIV* siècle (vers 1340, d'après les noms des personnages cités), nous est
connu par deux copies du xvi* siècle, Tune en français, l'autre en latin,
présentant quelques variantes. Nous publions le texte français et nous
signalons en note les différences du texte latin, dont voici le début :
« Hic incipit titulus censuum, reddituum, avenarum, panum, galinarum
et decimarum et omnium aliorum jurum quorumque in villa et pertinen-
tiis de Confluentio super Secana prope Parisios ad nos seu nostram eccle-
siam Sancti Martini de Campis juxta parisios spectantium.
« Primo.
c Nos habemus in tota parochia de Confluentio totam decimam canabo-
nim in quibuscumque terris crescentium.
« Nos habemus in dicta parochia, in omnibus vineis et plantis de loco qui
dicitur Bercuis et de loco qui dicimr les Morillons sitis versus Parisios,
medietatem totius decimae vini, videlicet de quolibet dolio vini ter septas
ad mensuram parisiensem, et si dicta vinea fuerit in terra arabili nos
habemus medietatem omnium granorum.
« Nos habemus in dicta villa tertiam partem totius decimae agnorum,
porcorum, vitulorum et acenilorum.
« Nos habemus in tota censiva et dominio nostro de Confluentio totam
decimam omnium granorum et aliorum quonimcumque, in pluribusque
aliis locis medietatem, et in aliis tertiam partem, et potest nostra décima
oestimari usque ad valorem annuadm quamor modiorum grani.
« Nos habemus et accipimus in ecclesia de Confluentio in die nativitatis
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164 CONFLANS.
Item, led. prieur, sur tous les hostes et sur tous les lieux assis en
lad. paroisse, a toute justice haute, moyenne et basse.
Ensuivent les cens particuliers appartenants a l'église Saint Mar-
tin en la ville de Conflans dans chacun an a la feste Saint Remy.
Premièrement :
Mons. le conte de Flandres * pour sa salle et cuisine, seans en la
ville de Conflans, tenant d'une part et d'autre au manoir dud. sieur,
au jour Saint Remy. xi den. tournois.
Item, pour une maison enclose dit l'escuerie, séant audit lieu,
laquelle fut Guerin Moquart, tenant d'une part et d'autre aud.
manoir et d'autre au manoir du p^»* de lad. ville, audit jour. 11 sols.
Messire Mathieu de Trie, mareschal de France*, pour sa maison
et jardin, ainsi comme ils se comportent, qui furent a messire
Hugues de Angeron, chevalier, séant devant le moustier dedant la
closture des murs, tenant d'une part a la ruelle de Conflans et
d'autre a la masure qui fut a Mons. de Sully, et d'autre bout a la
rivière de Seine, au jour cy dessus. ^ xxvii den.
Item, et pour une autre maison qui fut Mons. de SuUy^, assise
devant le moustier aud. lieu, tenant d'une part a la masure dud.
M. le Mareschal, qui fut M. Hugues de Augeron, et d'autre a la
masure Jehan Hecelin, aud. joiir. xxv den.
domini, purificationis beatae Mariae, die Pascha et Pentecostes, tertiam
partem omnium oblationum, panis, candelarum, pecuniae et aliorum
quorumcumque ; et in capella régis et in capella comitis Flandriarum,
quae sunt in dicta parochia de Confluentio, similiter totidem.
«c Nos debemus vinum ad communicandum parrochianos dictae villae,
scilicet tertiam partem vini tantummodo.
« Collatio ecclesiae de Confluentio ad nos pertinet.
« Nos habemus super hospites omnes et super omnia loca in tota
parochia et villa de nobis moventia totam justitiam altam, mediam et
bassam.
« Hi sunt termini in quibus habemus census et reditus in dicta villa de
Confluentio, videlicet primo ad festam beati Remigii,ad octavas S" Dio-
nisii, ad octavas nativitatis domini.
tt Sequunmr divisi census quos habemus in villa de Confluentio... »
La suite du texte latin est conforme à celle du texte français,
î I. Louis I" de Nevers, comte de Flandre, mort en 1347.
2. Presbytère.
3. Maréchal de France en i32o, mort le 26 novembre 1344.
4. Henri, sire de Sully, grand bouteiller de France et président des
comptes, vivait encore en i334 (Moréri). Cousin de Mahaut, comtesse
d'Artois, il vint souvent voir celle-ci dans Thôtel qu'elle possédait à Con-
flans (Richard, Mahaut^ p. 128, 146, 238).
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CONFLANS. l65
Regnault, le charpentier, pour sa masure, joignant d'une part la
masure dud. Mons. le conte de Flandres, et d'autre a la maison de
veuve feu Simon, abstinente^, et la maison Colin de Havemeurt.
IV den.
Thomas de Montigny pour sa masure, tenant d'une part a la
masure dud. Mons. le Mareschal, et d'autre a la masure de Jehan
Hecelin. ii den.
Jehanne la Heceline et ses enfants, pour sa masure devant le mous-
tier, tenant d'une part a la masure dud. Mons. le Mareschal, et
d'autre a la masure Guibert le Court. xxziii den.
Charles de Conflans pour sa maison joignant a la masure de
M. le Mareschal et a l'église Saint Martin des Champs d'autre.
u den.
Guibert le Court pour sa masure joignant a la masure messire le
Mareschal d'une part, a la masure des hoirs Hecelin d'autre, m den.
Marie Casele pour sa masure joignant a la masure Nicolas le Nor-
mant d'une part, au jardin du curé de lad. ville d'autre. i den.
Nicolas le Normant pour sa maison joignant d'une part au conte
de Flandres, et a la masure Marie de la Casele d'autre. i den.
Somme des cens Saint Remy : onze sols un denier tournois.
Ensuivent les cens que nous avons en ladite ville de Conflans
danbs chacun an aux octaves Saint Denis.
Messire le Roy de France' pour un arpent de terre assis soubs les
bones^ de Conflans, joignant d'une part a la terre de demoiselle
Marguerite des Quarrieres, et d'autre part a la terre de Denis Havet,
aux octaves Saint Denis. vu den.
Item, pour un arpent de terre assis audit lieu, joignant d'une part
a la terre Jehan Tartarin, et d'autre part a la terre du fils Guibert le
Courte. VII den.
Les hoirs Jehan Petit pour cinq quartiers de terre assis soubs les
bones, joignant aux terres du Roy nostre sire d'une part et d'autre.
X den.
Item', pour la serisoie qui contient cinq quartiers de terre au lieu
que l'on dit chantier, joignant d'une part a la censive de la dame de
I. On lit dans Beroalde de Verville, Le moyen de parvenir^ ch. xxxiii,
édition P.-L. Jacob, 1841, p. 97 : « Ce que je désire me réfectionner d'un
peu de viande et de liqueur est que je crains de perdre le devant et le
derrière, comme cette abstinente de Confolant. »
a. Voir p. 14 et 16.
3. Bornes.
4. Texte latin : Guérin le Noyer, au lieu de Guibert le Court.
5. En marge : M. Girard de Conflans.
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l66 CONFLANS.
la Saussoye*, et d'autre part a la terre du conte de Flandres que
tien Jehan Guinant, aud. jour. x den.
Mons. le conte de Flandres pour cinq quartiers de terre et serisoie
et vigne qui furent Guerin Moquart, assis au chantier^ joignant d'une
part a la serisoie du curé de lad. ville, et d'autre a la serisoie des
hoirs Jehan Petit. x den.
Les hoirs Nicolas Gentian^ pour sa masure avec ses appartenances
qu'il appella la Grange aux Merciers, joignant d'une part au bras de
Bercilx et au grand chemin de Paris, et d'autre part a la terre du
curé de lad. ville et a la terre messire Jehan de Villiers et de fonds
de terre. iv liv. xiv s.
Messire Jehan de Villiers, chevalier, pour son petit pré assis des-
sous Bercilx, joignant le bras dud. Bercilx d'une part, et a la terre
dud. chevalier de l'autre. vu s. vi d.
Hugues de Dampmartin, bourgeois de Paris, pour ii arpents de
terre joignant au bras de Bercy d'une part et d'autre, et d'autre au
chemin de Paris, aud. jour. xvi den.
Le veuve de Jehan d'Avrences * pour quatorze arpents de terre a
la fosse, joignant d'une part a la terre demoiselle Marguerite, et
d'autre part a la terre Mathieu le Mareschal. x den.
Mathieu le Mareschal pour sa masure joignant d'une part a la
masure Charles de Conflans, et d'autre part a la masure des hoirs
Jehan Basin, aud. jour. xi s. iv d.
L^s hoirs Jehan Basin pour leur masure joignant d'une part a la
maison Mathieu le Mareschal, et d'autre a la voirie de ladite ville.
XXXII den.
Le curé de Conflans * pour neuf quartiers de terre a la grosse
pierre, joignant d'une part et d'autre a la terre des hoirs Nicolas
Gencian. xvin den.
Item, pour son jardin auprès le moustier, joignant a la masure
Marie la Caselle, et d'autre a l'église. i den.
X. En i35x, le seigneur de la Saussaye touchait à la Saint-Rémy
i8 deniers de rente sur 3 arpents de terre où était établie la léproserie de
Charenton (Le Grand, Maisons-Dieu et léproseries, dans Mém. Soc. hist.
de PariSy 1897, p. 195), — Cette léproserie se trouvait du côté de Cha-
renton-Saint-Maurice.
2. De la grande famille parisienne des Gentien, dont un membre pos-
sédait la seigneurie du Pont-de-Charenton quelques années plus tard.
3. Jehan d'Avrences ou d'Avranches (Abrincensis) avait, avant i35i,
légué un matelas à la léproserie de Charenton (Le Grand, Maisons-Dieu
et léproseries, Mém, Soc. hist. Paris, 1897, p. 195].
4. « Le 9 août i385, Regnaud Toupet, curé, admodia un arpent de
vignes de son église au lieu dit les Hayes-aux-Demoiselles d (Lebeuf, p. 6,
d'après les Registres de Tofficiaiité).
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CONFLANS. 167
Item, pour un arpent de terre au chemin Saint Denis, joignant
d'une part a la terre de demoiselle Marguerite, et de l'autre a la
veuve de Jehan d'Avrences, aud. jour. vin den.
Item, pour demy arpent de terre aud. lieu, joignant d'une part a
la terre Mons. le Mareschal, et d'autre a la terre de demoiselle Mar-
guerite. IV den.
Somme des cens deus aux octaves Saint Denis : vi liv. m s. xi d.
Cens deus a la feste Saint Martin.
Maistre Etienne Mareschal pour 11 arpents de terre assis derrière
ReuiHy, aud. jour Saint Martin. iv den.
Somme par soy : xv deniers.
Ensuivent les rentes, avoines, pains, chapons, gelines deus en lad.
ville de Conflans a l'église Saint Martin des Champs chacun an aux
octaves de Noél.
Premièrement :
M. le conte de Flandres pour sa salle et cuisine, joignant de toutes
parts a son manoir, aux octaves de Noël, trois mines d'avoine et
geline et demie.
M. Mahieu de Trie, mareschal de France, pour sa maison qui fut
M. Hugues Dangeron, comme il appert cy dessus, aud. jour, trois
septiers d'avoine et trois mines, — sept pains et demy, et vaut cha-
cun pain par an de rente xii deniers, et sept chapons et demy^
Item pour lui, pour sa masure qui fut Mons. de Sully comme dit
est cy dessus, trois septiers d'avoine et trois pains, — et trois cha-
pons et deux gelines et demie *.
Regnault le Charpentier pour sa masure plus a plein déclarée
cy dessus, pour rentes, avoine, chapons et pains, aud. jour. viii. sols
Et doit avoir le selerier de Saint Martin, xvin deniers pour la
quarte partie d'un chapon.
1. Le 5 mai 1397, frère Philippe Lenglais, hôtelier de Saint-Martin,
poursuivit devant le Châtelet de Paris Nicolas Enclet Tatne', qui refusait
de lui donner sept chapons et demi de rente dus par ledit Enclet pour un
hôtel à lui appartenant, en la ville de Conflans, devant le moustier de ladite
ville, lequel hôtel fut jadis Jean de Lille, bourgeois de Paris ; c'est Thôtel
qui appartenait au maréchal de Trie lors de la déclaration ci-dessus.
Nicolas Enclet fut condamné à payer dix sols parisis de rente à chaque
Noël, en échange de ses redevances (Arch. Nie, Conflans, 9).
2. Texte latin, en note : « A présent à Alexandre Desmarets, changeur et
bourgeois de Paris, pour cens dix sols à Mons. et dix sols à rhostellerie
de Saint Martin. »
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l68. CONFLANS.
Thomas de Montigny pour sa maison cy dessus plus a plein
déclarée, pour rente, avoine, chapons et pains. m sols.
Et doit avoir le selerier de Saint Martin, iv deniers oboles pour la
quarte partie d'un chapon.
Jehanne la Heceline et ses enfans, pour leur masure dont cy des-
sus est faite plus ample mention, un septier et im boisel d'avoine a
la mesure du bled et deux gelines, et la quarte partie d'un pain, et
la quarte partie d'un chapon ^
Jehan Guinant pour sa masure ou maison qui fut Guibert le Court,
tenant d'une part a la maison Charles de Confians, et d'autre a la
masure de la fille de Simon le Dain qui souloit devoir a Saint Remy,
pour cens, x sols, et pour la masure qui fut Marie, fille de Simon le
bain, joignant d'une part et d'autre a la masure Guibert le Court,
laquelle souloit devoir x sols au jour Saint Remy, lesquelles deux
masures ont été baillées aud. Jehan a la charge de vui sols par
arpent aux termes des octaves de Noël et Saint Jean, pour ce aux-
dits jours. viii sols.
Somme des rentes d'argent dues aud. jour dessus : xix sols.
Somme de l'avoine due aud. jour : vin septiers ii mines et
I boissel.
Somme de pains : x pains et demi et la quarte partie d'un pain
dont l'un vaut xii deniers.
Somme des chapons : x chapons et demi et la quarte partie d'un.
Somme des gelines : vi gelines.
Cens deus a la nativité Saint Jehan Baptiste.
Premièrement :
Jehan Guinant pour la masure ou maison qui fut Guibert le Court
et pour la masure qui fut Marie, fille Simon le Dain, dont il est fait
plus ample mention au terme de Noël dessus, aud. jour Saint Jehan
Baptiste. vin sols.
Somme par soy : vin sols.
Cens du mplin de Martinet, assiz en l'eaue de Marne devant le lieu
que l'on dit le séjour du Roy, soubz le Pont de Charenton.
Jehanne, veufve de feu Jehan d'Avrences, pour le molin de Marti-
net assis sur la rivière de Marne devant le séjour du Roy soubz
le pont de Charenton, lequel doibt aux quatre termes cy dessus
mentionnés par an x sols, — doibt chacun an xl sols.
(Copie du xvi« siècle sur papier, archives de M. le marquis de Nicolay,
série Confians, liasse 9.)
!• Texte latin, en note : « A présent à Maistre Jehan de Confians. »
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CONFLÀNS. 169
III.
Lettre de Marguerite, comtesse de Flandre (i365).
A tous ceux qui ces lettres verront, Hugues Aubriot, chevalier,
garde de la Prevosté de Paris, salut. — Sçavoir faisons que nous,
l'an de grâce M CGC LXXIV, le lundi xxii jour de janvier, veismes
unes lettres saines et entières scellées du scel de très noble et puis-
sante dame Madame Marguerite, comtesse d'Artois, de Flandres et
de Bourgogne, Palatine et Dame de Salins, contenant la somme qui
s'ensuit.
Marguerite, fille de Roy de France, comtesse de Flandres, d'Ar-
tois et de Bourgogne, Palatine et Dame de Salins, faisons sçavoir a
tous que comme nos bien amés prieur et couvent de l'église Saint
Martin des Champs de Paris se seroient tirés par devers nous, et
nous auroient montré et dit qu'a cause de leur église ont accou-
tumé prendre et deûment avoir sur chacune pièce de nostre maison
et hôtel de Conflans les Paris les rentes qui s'ensuivent, c'est a
sçavoir :
Sur la salle et cuisine dud. hôtel onze deniers et maille tournois
de cens, trois septiers d'avoine et une geline payable chacun an a la
Saint Remy.
Item, sur une maison audit hôtel, laquelle on appelle l'escurie, demi
poule de cens chacun aji a la Saint Remy.
Et nous ayent requis que d'icelles rentes et cens nous les voulus-
sions faire payer, et aussi des arrérages qui deus leur en estoient
pour plusieurs années passées. Et a ce nos gens leur ayant repondu
que nous étions par nous et nos prédécesseurs en possession et sai-
sine de tenir ledit hôtel franc et quitte desd. charges par tel temps
qu'il suffit a bonne possession et saisine avoir acquise et retenir.
En cas qu'ils nous voudroient montrer lettres ou autres renseigne-
ments par quoy il nous appert de leur droit, nous leur ferions tou-
jours en ce raison et ce que nous devrions faire a la fin, nous qui
devons l'augmentation de Sainte Eglise et du divin service, non
veuillants pécher rigoureusement en ce fait, veus premièrement les
anciens et nouveaux écrits et registres de lad. église, et aussi ouy
le serment dudit prieur qu'il a fait en notre présence, lesquelles
choses ont moult emeu notre conscience, et nous avons déclaré et
par ces présentes disons et déclarons lesd. rentes
et tellement bons^
I. Ces blancs sont dans la copie.
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lyO CONFLANS.
a eux par nous et nos successeurs, en la manière et aux termes
cy dessus, et parmy ce nous demeurons quitte des arrérages de tout
le passé; et si ont voulu et nous ont accordé lesd. religieux que en
cas que nous leur baillerons autant de rente autre part, qu'ils la
prendront et recevront en déchargeant notre dit hôtel des choses
dites.
Donné a Paris, le pénultième jour du mois d'avril M CGC LXV.
Et etoient aussi signées en marge par Madame en son conseil auquel
M« de Saint Valier, vous M* Hurault de la Platiere et autres étiez.
Signé : Longuet.
En témoin de ce nous avons mis le scel de la Prevosté de Paris
a ce présent transcript qui fut lan et jour de dessus dit. Signé :
Robin.
(Copie du XVII* siècle sur papier, archives de M. le marquis de Nicolay,
série Conflans, liasse 9.)
IV.
Notes sur Conflans, par M. de GuILHERMY^
Église de Conflans (iS43).
Saint Pierre est le patron de l'église paroissiale de Conflans.
C'était, autrefois, le prieur de Saint-Martin-des-Champs qui nom-
mait à la cure. L'église, gracieusement posée sur un coteau, domine '
le confluent de la Seine et de la Marne; sa structure ne répond
malheureusement pas à la beauté du site. Le clocher devait offrir
une certaine élégance; mais on l'a décapité de sa haute flèche; puis
de laides maçonneries en ont tellement altéré la forme que vous
distinguez à peine, au couronnement de la tour carrée, les quatre
ogives géminées, dont les faces de ce monument étaient percées,
— ___ *
I. M. de Guilhermy, le savant auteur des Inscriptions de la France^ a
parcouru les environs de Paris entre 1840 et i855, prenant au jour le jour
des notes très détaillées que l'on a conservées à la Bibliothèque nationale.
Celles de ces notes qui sont relatives à Conflans (nouv. acq. franc,
vol. 6117, fol. 202 à 206) sont intéressantes par la description qu'elles con-
tiennent de l'ancienne église, détruite depuis, et par les renseignements que
l'érudit chercheur a pu recueillir sur place, à une époque qui est déjà loin
de nous. Dans les Inscriptions de la France^ l'auteur, limité par le cadre
de son ouvrage, n'en a utilisé qu'une petite partie (t. III, p. 5) ; nous les
publions ici textuellement, à la suite les unes des autres, dans l'ordre qui
nous a paru le plus rationnel, mais en supprimant les titres en marge et
les passages qui ne renferment que des références.
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CONFLAN8. 17 1
et les quatre frontons aigus avec les bouquets de feuilles frisées que
le xiv« siècle leur avait donnés pour amortissement.
Un cimetière, avec tombes et inscriptions (zixfi siècle) devant la
façade.
L'édifice a été construit en moellons. Des reprises et des replâ-
trages modernes en ont défiguré tout l'intérieur, surtout la façade.
Dehors insignifiants; fenêtres en ogives simples; toits des bas-
côtés appuyés au corps central, un peu au-dessous de la corniche.
L'extrémité orientale de l'église, qui se clôt par un mur droit, paraît
aussi avoir été remaniée. La tour du clocher date du xiv« siècle; elle
se trouve au bout du bas-côté septentrional.
A la façade, trois portes carrées, celle de droite condamnée; les
deux petites portes toutes simples ; celle du milieu, ornée de deux
pilastres doriques, d'une frise à triglyphes et d'un fronton triangu-
laire interrompu par une petite niche.
A l'intérieur, l'église, divisée en trois nefs et sept travées, accuse
trois époques de construction. Les deux premières travées, à l'ouest,
appartiennent à une époque déjà avancée du xvi^ siècle * ; elles ont
pour appui les deux colonnes doublées dont les chapiteaux doriques
portent, en second ordre, une colonne très courte de même style,
sur laquelle descendent les nervures de la maîtresse voûte. Les
trois travées intermédiaires sont du xv© siècle*, on reconnaît leur
date à leurs piliers ronds, dépourvus de chapiteaux, et à la forme
prismatique de leurs nervures ; l'architecture en est d'ailleurs assez
grossière. Une croix pattée se voit à la clef de voûte de la dernière
de ces travées. Enfin, deux autres travées présentant les caractères
de la deuxième moitié du xiii« siècle (les nervures y sont arrondies).
Il ne reste plus que des traces de sculpture aux chapiteaux des piliers
qui reçoivent les ogives latérales ; mais des chapiteaux à crochets
coiffent les colonnes qui montent vers la voûte centrale. L'enfon-
cement quadrangulaire, dans lequel se trouve placé le maître-autel,
est une addition très moderne. Deux autels secondaires portent les
titres de la Vierge et de saint Nicolas. Le jour n'arrive que par les
ouvertures des collatéraux et des deux extrémités de l'édifice. Les
voûtes des bas-côtés sont en plâtre et disposées en arête, le vaisseau
principal est voûté en pierres, avec nervures croisées. Les ogives
latérales, rudement traitées, ne présentent point de moulures. Dans
quelques parties du bâtiment, les points d'appui fléchissent. Du
côté du nord, un pilier a perdu complètement son aplomb. Les
I. Ces deux travées menacent ruine et sont étayées (renvoi daté de
i853).
3. Dans la note de i853 ci-après, M. de Guilhermy dit que ces travées
étaient du xin* siècle.
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172 GONFLANS.
autels latéraux sont placés au fond des bas-côtés; celui de saint
Nicolas au nord, celui de la Vierge au midi.
Une vieille pierre, gravée de caractères gothiques et encastrée
dans le mur du bas-côté septentrional, fait lire cette inscription * :
Cette présente église fut
dediee lan de grâce mil
CCCC XLVIII le mardi
des /estes de pasques par
Révérend Père en dieu
monseigneur Guillè evesq
de Paris lequel ordonna
ladicte dédicace estre ce
lebree perpétuellement
ledit jour a quelque
jour que pasque soient Et
y donna quarante jours
de pardon.
Le nom de Tévêque de Paris, qui paraît dans l'inscription de la
dédicace de l'église de Conflans, est le célèbre Guillaume Chartier.
Sacristie carrée, moderne, sur le flanc nord de la nef.
Rectifications (juin 18S2),
A la façade, au-dessus des deux petites portes, une baie ogivale ;
au-dessus de la porte médiane, deux petites baies cintrées, entre
lesquelles reparaît une ogive à meneau du xvp siècle qui a été
bouchée avec du plâtre ; un œil-de-bœuf dans le pignon.
Sur une pierre d'un des montants de la petite porte de droite :
Çy Gict le
Corps . de
Mre Nicolle
déc^ 1667 vie.
de cette par*^
pend^ Si ans.
Les trois travées intermédiaires n'appartiennent pas au xvi« siècle,
mais bien au xiii«, comme les deux dernières ; seulement, elles ont
été remaniées et un peu défigurées. Les socles et bases de toutes les
colonnes sont pareils.
X. Pierre haute de 65 centimètres, large de 44, conservée maintenant
(en 1908) au couvent du Sacré-Cœur.
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CONFLANS. 173
De chaque côté du vaisseau central, il y a six colonnes, excepté
cependant du côté du nord, où un pilier tient la place de la colonne
qui aurait été trop faible pour porter un des angles du clocher, sauf
les deux premières colonnes, en groupe de colonnes de chaque côté;
les autres datent du xiii« siècle. Les quatre dernières colonnes au
sud et les trois qui précèdent le dernier pilier au. nord présentent
chacune, vers la nef et le choeur, une autre colonne engagée qui les
dépasse de beaucoup et va recevoir les retombées de la maîtresse
voûte. Au dernier pilier, au nord, s'ajiiste une colonne semblable.
Les chapiteaux des colonnes basses reçoivent les arcs latéraux et les
voûtes des bas-côtés.
Les deux dernières colonnes hautes conservent deux chapiteaux à
crochets; il en reste aussi aux deux colonnes basses, du côté du
sud; celui de Tavant-dernière, composé de feuilles appliquées et de
crochets, est très mutilé ; Tautre, d'un travail élégant et soigné, est
en assez bon état. Les chapiteaux et autres colonnes du xiii^ siècle
n'ont que des moulures.
Les voûtes des trois travées intermédiaires ont été refaites long-
temps après la construction première; elle sont croisées de nervures
équarries.
Une croix pattée à la clef de la troisième de ces clavées.
Les deux dernières travées, seules, ont des voûtes du xiii» siècle;
nervures croisées, formées de deux tores avec un filet intermé-
diaire; une clef feuillagée à la seconde travée; arc condoubleau
composé de trois tores minces.
Le chœur occupe trois travées, non compris l'abside.
Stalles simples du xviiie siècle, autels ordinaires, en boiserie.
Fonts baptismaux en marbre, xviip siècle.
Chaire, xvni« siècle; bas-reliefs représentant la prédication de
saint Jean-Baptiste ; saint Augustin, un cœur à la main ; un évêque
(saint Grégoire) à qui la colombe parle à l'oreille.
Joli tableau sur bois du xvi^ siècle : sainte Catherine à genoux,
couronnée par deux anges ; près d'elle, les instruments de son mar-
tyre et l'empereur terrassé ^.
Plusieurs dalles, sur lesquelles on aperçoit à peine quelques
traces d'épitaphes, peu anciennes du reste.
Près de l'autel de la Vierge, sur une pierre encastrée dans le mur,
tout engluée de badigeon et à moitié cachée par le tableau de la
Congrégation, une inscription gothique, xvi« siècle; en gravure,
au-dessus du texte, Notre-Dame-de-la-Pitié, et les deux défunts
agenouiUés avec leur famille^.
1. Les fonts baptismaux, la chaire et le tableau représentant sainte
Catherine ont été transportés dans l'église moderne de Charenton.
2. M. de Guilhermy rapporte ensuite ce qu'il a pu lire de Pinscription,
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174 CONFLAN8.
Château et couvents (i843).
L'ancien château des archevêques de Paris, dont la presse illibé-
rale et intolérante s'est tant occupée sous la Restauration, n'est
séparé de l'église paroissiale que par une rue. Ce n'a jamais été un
édifice remarquable ; les jardins passent pour avoir été dessinés par
Le Nôtre. Au mois de février i83i, une troupe de bandits dévasta
cette habitation. Depuis que les archevêques de Paris ne sont plus
assez riches pour avoir une aussi chétive mtffson de campagne, le
château de Conflans a été loué par les religieuses du Sacré-Cœur ^
La chapelle, disposée en rotonde, et surmontée d'un petit dôme,
a été construite par M. de Quélen* et dédiée par lui à la Vierge;
elle renferme les sépultures de quelques familles de ce prélat. Les
religieuses du Sacré-Cœur ont quitté cette maison, aujourd'hui
occupée par les sœurs de saint Vincent de Paul qui dirigent l'œuvre
des Jeunes économes.
A quelques pas de la demeure épiscopale, dans l'ancien séjour
des ducs de Bourgogne, il existait un couvent fondé en 1641 par
les Bénédictines dites de la Conception de saint Joseph, qui aban-
donnèrent à cette époque' leur maison de Lagny pour venir s'établir
dont le tableau de Congrégation lui cachait une partie. Il revint à Con-
flans en 1859, au moment de la démolition de l'église, et chercha la pierre
en question; mais il ne la retrouva pas, et, dans son ouvrage précité,
assura qu'elle avait été détruite par les démolisseurs. Elle avait cepen-
dant été conservée au couvent du Sacré-Cœur, où feu M. Tabbé Jacques,
vicaire à Charenton, Ta vue et en a relevé le texte que voici :
Cy devant gist honorable home François Durant, en son vivant mar-
chant h[05t]ellier et charron demt au pont de Charenton. Lequel Durant
et Pasquette P[errier] sa femme ont donné et aulmosné en Veglise de céans
la somme de VIII livres tornoys de rente, a les prendre par chacun an
et sur les sept pars et porcions dont les neuf font le tout d'une maison
contenant troys corps, assise au pont de Charenton,,.
Suit le détail de la fondation, et Tannée : i523.
En bas, à gauche, écusson, deux couperets et un hachoir; en pointe,
une rose.
1 . Le château n'avait pas été loué aux religieuses, mais seulement mis
à leur disposition provisoirement; elles se sont depuis installées à côté,
dans l'ancien couvent des Bénédictines, dont M. de Guilhermy parlera
plus loin.
2. Nous avons vu plus haut que cette chapelle, qui existe toujours, est
aussi ancienne que le château, et que la restauration, qui en avait été
commencée par M. de Juigné, fut seulement achevée par M. de Quélen.
3. Plus exactement en i653.
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CONFLANS. 175
à Conflans. Des religieuses du Sacré-Cœur occupent encore cet
emplacement; elles y ont fait commencer cette année (1843) la cons-
truction d'une chapelle. On lit sur une des portes de leur maison
cette inscription (tirée de saint Augustin) : Domus Dei pcenitendo
preparatur, credendo fundatur, sperando erigitur, diligendo perfi-
eitur.
Anno Domini MDCCCXXV.
La date qui termine Tinscription indique l'époque de fondation du
couvent^ C'est aujourd'hui le noviciat du Sacré-Cœur.
Près de la porte, une image de saint Michel, vainqueur. Habita-
tion charmante.
L'église paroissiale de Confians, la chapelle du manoir épiscopal
et celle des religieuses sont moins éloignées Tune de l'autre que
certaines chapelles de nos grandes cathédrales.
Je visite la chapelle du noviciat (i852). Elle est comprise dans le
bâtiment. Au dehors, elle s'annonce par cinq fenêtres ogivales, trois
nefs, cinq travées, avec des arcs et voûtes en ogives; colonnes en
groupe ; autels en marbre, dont le principal richement sculpté en
style quasi-gothique ; sièges, bancs, balustrades, clôtures en boi-
series de même style ; vitraux et ornements, quelques figures, dont
celle de la Vierge *.
Charles Bailly, seigneur du Séjour du roi à Conflans, président en
la Chambre des comptes à Paris, et Chrétienne Le Clerc, sa femme,
fondèrent, en 161 5, près de Conflans, dans le hameau de Carrières,
sur le bord de la Marne, un monastère de Carmes déchaussés.
L'église conventuelle, dont il subsiste à peine quelques pans de
murs, était d'une jolie architecture, ornée d'arcades, de pilastres et
de statues. Si l'administration avait eu le bon esprit de la conserver,
on en aurait pu faire l'église paroissiale du bourg de Charenton-le-
Pont, qui ne possède aucun édifice religieux, et dont les habitants
dépendent de la paroisse de Conflans.
L'ancien monastère a servi de forgé ; il est maintenant abandonné^.
Charles Bailly avait un mausolée de marbre dans l'église des
Carmes ; des débris de ce monument furent recueillis au musée des
Petits- Augustins. Le catalogue de cette collection de l'an VIII
comprend, sous le no 457, les statues à genoux et en marbre blanc
de Bailly du Séjour et de son épouse ; ces figures, dit M. Lenoir,
I. M. de Guilhermy commet une confusion assez naturelle; cette ins-
cription date de l'époque où le couvent était occupé par le petit sémi-
naire, sous la direction de M. Frère.
3. Cette chapelle, agrandie depuis, existe toujours.
3. Ceci a été écrit en 1843; le monastère a été entièrement démoli
quelques années plus tard.
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176 CONFLANS.
portent un grand caractère de vérité, tant dans l'exécution des
chairs que dans les étoffes; l'auteur est inconnu. Dans un autre
catalogue, daté de 18 10, on ne trouve plus, sous le même numéro,
que le buste du président et la tête de sa femme, figures peu inté-
ressantes, ajouta l'auteur du livre. Enfin, le buste du président
figure seul au catalogue de 1816 ; ce buste est maintenant placé dans
une galerie du musée de Versailles.
J'ai vu, à l'École des beaux-arts, à Paris, au milieu d'un amas de
décombres, l'épitaphe, sur marbre noir, de la famille Bailly; ce
monument, comme tant d'autres, aura sans doute été scié, et,
comme on dit, utilisé.
ICONOGRAPHIE.
CONFLANS.
Vers 1.552. — Plan d'Olivier Truschet et Germain Hoyau, dit
Plan de Bâle.
L'observateur, placé à rouest de Paris, aperçoit à l'horizon-est : U
Pont de Chalanton, avec sa grosse tour, Conflan (figuré par une église
entourée de quelques maisons) et Perd (tour et maisons); en face de
Conflans, tle dans la Seine.
Vers i555, le Plan de Saint-Victor, attribué à Du Cerceau, et,
vers 1575, le Plan de Belleforest donnent des vues cavalières de
Charenton et de Conflans analogues à celles du Plan de Bâle.
1575. — Gravure sur bois de la Cosmographie universelle de The-
vet, illustrant le passage cité, p. 8, note i. — Légende : Colone
iadis eslevée entre les deux rivières.
Vue prise d'Ivry, près du confluent de la Seine et de la Marne. Au pre-
mier plan, isle de Fovée^ et, sur l'emplacement actuel d'Alfortville,
colonne de Mercure. Au second plan, le pont de Charenton avec sa grosse
tour, Charenton entouré de murs, Conflans (église, maisons, moulin sur
la Seine). A l'horizon, le château du Bois de Vincennes et Paris.
Cette vue concorde bien avec les plans décrits plus haut et avec les
autres documents du temps. On peut, croyons-nous, la considérer comme
exacte, à l'exception, bien entendu, de la partie mythologique qu'on y a
ajoutée.
161 5. — Plan de Mathieu Merian.
Vue prise dans la même direction que celle des plans de Bâle et de
Saint- Victor. Les détails sont plus nombreux qu'exacts; le mot Conflan
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CONFLANS. 177
semble placé plutôt sur Bercy. Et, à Charenton, nous ne pouvons identi-
fier ni la maison carrée flanquée de tourelles d'angle, ni l'église (est-ce
celle de Conflans ou celle de Saint-Maurice?), ni l'édifice à droite de
l'église, où M. Franklin a cru reconnaître l'ancien temple protestant.
Cette vue parait avoir inspiré celle du Plan de Tavernier (i63o) et celle
qui fait partie du recueil de vues de villes avec allégories et sentences
morales, publié en 1700, à Nuremberg, par Daniel Meisner, sous le titre :
Politica Politica,
Zeeman, Cqnflan tusschen Parys en Cirranton. Gravure sur cuivre,
commencement du xvii« siècle.
Vue prise de l'ouest, montrant la façade de l'aile du château qui borde
à présent l'avenue de la Liberté. Derrière, à gauche, l'église.
Du même, Veûe de Conflan,
Petite vue difficile à identifier.
A.-B. Flamen, Veuë de Conflan du costé d'Ivry. Gravure sur
cuivre, commencement du xviie siècle.
Vue prise des hauteurs d'Ivry. On distingue bien le chftteau et Téglise
P. Aubry, Un coign du Chardin de Monsieur de Sillerey^ secre-
tair de France. Gravure du commencement du xvnp siècle.
Il faut lire : M. de Villeroy. On aperçoit le pavillon au bord de la
Seine, le moulin de Quiquengrogne et le pont de bois qui reliait le mou-
lin à la berge.
B. Moncornet, Messire Nicolas Le Jay, chevallier, premier pré-
sident, etc. Portrait, vers 1640.
Nous croyons reconnaître Conflans dans la vue du fond : au premier
plan, la Seine, puis le jardin avec ses pavillons, la pompe, le château et
l'église.
Israël Silvestre, Veûe et perspective de la Maison de Conflans, à
une lieûe de Paris. Dédiée à Monseigneur TlUustrissime et Rêve-
rendissime François de Harlay, archevêque de Paris, etc. Par son
très humble serviteur Israël Silvestre. Aux Galleries du Louvre, avec
privilège du Roy. Gravure sur cuivre (grand in-fol.), avant 1680.
Vue prise des bords de la Seine à Ivry, en face Conflans. La plus
exacte et la plus artistique des vues de Conflans gravées à cette époque,
embrassant l'ensemble des terrasses et du château, l'église, le couvent des
Bénédictines.
Aveline, Veûe et perspective du Château de Confient, situé sur les
bords de la Seyne et de la Marne, à une lieûe de Paris, il appartient
à Afr Varcheveque de Paris, Gravure sur cuivre, vers 1680.
Vue prise de la Seine, donnant tous les détails du jardin, des terrasses
uàu. XXXV 12
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tj6 CONFLANS.
et des bâtiments. La nielle à Test n'est pas encore supprimée. Des renvois
signalent la pompe, le salon, la paroisse et Bercy.
Perelle, Conflans est une maison de plaisance à une lieuê de
Paris du coté de Charenton, et proche du concours des rivières de
Seine et de Marne. Elle a tous les avantages qui peuvent rendre un
lieu délicieux et se fait admirer par la beauté de sa situation, par
la propreté de ses appartemens et par Tingenieuse distribution de
ses eaux. Elle appartient aujourd'huy à Monseigr l'archevesque de
Paris. A Paris, chez N. Langlois, rue Saint Jacque, à la Victoire.
Gravure sur cuivre, vers 1690.
Vue de la façade méridionale du château, prise des jardins (on y a
ajouté des embellissements projetés qui n'ont pas été exécutés).
Tableau peint à l'huile, sur toile, vers 1690 (10145 X i™), apparte-
nant à M. G. Hartmann.
Ce tableau est la vue la plus complète de Conflans au temps de M. de
Harlay. Le peintre est supposé placé au-dessus de la Seine; on distingue
toutes les dispositions ornementales des jardins, parterres, bassins, ter-
rasses; les bâtiments sont représentés avec tous leurs détails; adroite de
la toile figure le couvent des Bénédictines, et dans le lointain on aperçoit
le bois de Vincennes et les villages environnants.
Un grand tableau représentant Bercy au commencement du xvm* siècle,
appartenant à M. le marquis de Nicolay et décrit par M. de Boislisle
{Mém, Soc. Hist, de Paris, 1881, p. 16), donne une vue cavalière des envi-
rons, et en particulier de Conflans.
Gueroult du Pas, Veûe de Confiait au dessus de Paris, prés Cha-
renton, présentée à Monsieur de Bercy, conseiller d'Estat, intendant
des Finances. Par son très humble et très obéissant serviteur Gue-
roult du Pas, 1710. Gravure sur cuivre.
Vue prise des bords de la Seine à Ivry, en face des Carrières, dont on
aperçoit les premières maisons, donnant le moulin de Quiquengrogne et,
dans le jardin, le château d'eau.
Il en existe une reproduction grossière, coloriée pour l'optique.
Gueroult du Pas, Veûe du Moulin de Quincangrogney qui fournit
les eaux des jardins de Conflans, aux environs de Paris, près Cha-
ranton. Gravure sur cuivre, 1710 (datée).
Vue prise près du pavillon en bas du jardin en regardant vers Test.
 gauche les Carrières, dans le lointain Âlfort.
Des gravures de Colignon (d'après Stefano, délia Bella) et de Germain
(datée 1769), sans désignations, représentent chacune un moulin ressem-
blant au moulin de Quiquengrogne; il y a un dessin à la sanguine, de
ce moulin, dans la collection Destailleurs (xviii* siècle).
Roussel (Plan de). Ce plan des environs de Paris, dont les éditions
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CONFLANS. 179
se succèdent de ij3o à 1794^ donne la topographie exacte de Con-
flans avec de nombreux détails.
Benoist, Plan général du château, court, jardin, basse court et
dépendances de Confians» appartenant à l'archevêché de Paris, levé
en 1770 par F. Benoist, ingr geogr. (o«n68 X o«45). Au dos figure
cette mention : « Archives de Tarcheveché. Ce plan a été levé en
1770 par le S. Benoit, géographe, pour M. Pousseu, archiviste. »
Ce plan manuscrit, acquis par M. G. Hartmann à la vente Bouvrain
(8 mai 1907), a été établi avec précision, colorié avec soin, et constitue
pour nous le document le plus précis qui existe sur Conflans avant la
Révolution.
Goblain, Vue du Pavillon de Conflans, près de Charenton^ dépar-
iement de la Seine. Goblain del. Nyon jeune, sculp. A Paris, chez
Ostervald l'aîné, éditeur, rue Pavée- Saint- André-des- Arts, n® 5. Gra-
vure sur cuivre, 18 17.
C'est le pavillon construit en 1786 sur le bord de la Seine, à la limite
des parcs de Conflans et de Bercy. On voit les arbres de Bercy, la berge
déserte, et au loin Paris.
Ce pavillon a été souvent reproduit par le dessin ou la gravure. Nous
citerons entre autres :
Deroy, Bercy. Lithographie de C. Motte (i83i).
Orrin Smith, Belveder à Bercy, Gravure sur bois, vers 1840 (on
aperçoit au fond le pont de Charenton et Alfort).
Courson, Pavillon près Bercy. Lithographie, vers 1840.
Une petite gravure sur cuivre, de la même époque, sans nom, repré~
sente Tarcade qui a donné son nom à une rue de Conflans, et le pavillon
chinois qui le surmontait.
Il existe encore une vue de cette arcade et de ce pavillon intitulée :
Jardin à Bercy (lithographie, vers i83o).
Vue du Château de Conflans^ prise d'Ivry, aquarelle (vers 1840).
Bibliothèque de la Société de l'Histoire du Protestantisme, dossier
Read.
Ch. Ransonnette, /'ilncienne église de Conflans en 1^57. Tableau
à Thuile, sur toile (on»3o X om4o), appartenant à M. G. Hartmann.
Cette jolie peinture nous permet de nous représenter Taspect de la
vieille et pittoresque église, aujourd'hui détruite. L'artiste s'est placé près
de la porte du château, dont on voit, à droite, les montants ornés de vases
sculptés, qui existent encore.
Église de Conflans en iSSS. Dessin au crayon, appartenant à
M. G. Hartmann.
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l8o CONFLANS.
La collection de M. Hartmann renferme en outre un grand nombre de
tableaux, aquarelles, dessins, gravures et photographies représentant des
vues de Conflans modernes, avant et après les derniers travaux.
Dans ces dernières années, il a été édité, par les soins de M. l'abbé
Jacques, une fon intéressante série de cartes postales sur Conflans et
Charenton anciens et modernes.
LES CARRIÈRES.
J. Marot, Portail de l'Église des Carmes de Conflans près Paris.
Gravure sur cuivre, époque Louis XIV.
Elévation, profil et plan de ce gracieux portail, orné de colonnes ioniques
et corinthiennes et de statues.
Germain, Vue d'une partie du village des Carrières et de Charen-
ton, prise au bout du pont du côté de l'École vétérinaire, dessiné
par Germain, en 1780, gravé par Decquevauvillers (extrait du Voyage
pittoresque de la France). Paris, imprimerie de Monsieur, 1786.
Des renvois signalent l'église des Carmes et la maison (encore existante)
qui appartenait alors à la comtesse de Périgny.
Gillet, Vue près Carrières y dessiné d'après nature par Gillet, gravé
par Noél, élève de Demarteau; J.-B. Huet, aqua forti (premier
Empire).
Sarazin, Vue du Moulin des Carrières, eau-forte de la même
époque.
C'est ici le confluent de la Seine et de la Marne, gravure extraite
d'un livre pour la jeunesse, époque de la Restauration.
Charenton (confluent}, jolie lithographie de la Restauration, repré-
sentant les Carrières dominées par le château et l'église de Conflans.
Vue près les Carrières, lithographie de la même époque et du
même genre, prise des bords de la Seine, en face de Conflans.
Confluent de la Seine et de la Marne près Charenton. A Paris,
chez Ostervald l'aîné, éditeur, quai des Augustins, n© 37 ; suite au
Voyage pittoresque de France, chez le même. Gravure sur cuivre,
1817.
Turner, Confluence of the Seine and Marne, drawn by J . M. W. Tur-
ner R. A., engraved by J. C. Armytage. London, published for the
Proprietor by Hodgson, Boysand Graves, Pall Mail, Rinner and Co.
Paris, Asher, Berlin (s. d.).
Il serait intéressant de retrouver le tableau original de Turner, dont la
gravure laisse deviner le coloris. Le soleil levant illumine les nuages et
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CONFLANS. l8l
se reâète dans la Seine; au premier plan un bateau à vapeur dresse sa
haute cheminée ; à gauche l'on voit les grands arbres des jardins de Con-
fians, dominés par l'église et par un château plus monumental qu'exact;
au fond, les ponts de Charenton et d'Ivry.
Pinot, Vue du moulin des Carrières près Charenton^ gravure sur
cuivre, vers i85o.
Guillemet, Le quai de Bercy à Charenton, tableau appartenant à
la ville de Paris et exposé au Petit-Palais des Champs-Elysées.
Vue prise du pont de Conflans, en 1892.
Guillemet, Carrières- Charenton, tableau ayant figuré au Salon de
1893 (Champs-Elysées).
Vue prise près de l'embarcadère des bateaux parisiens aux Carrières,
après la construction du pont de Conflans.
CHARENTON,
I. — Pont et bourg de Charenton,
P. Aubry, Charanton, Gravure du commencement du xvii© siècle,
représentant un pont de bois et l'entrée du bourg.
Israël Silvestre, Veiies et perspective du village et du pont de
Charenton. Gravure sur cuivre, milieu du xvip siècle.
Israël Silvestre, Veiies et perspective du Pont et du Temple de Cha-
renton. Id.
P. Mariette, Veiie du Pont et partie du village de Charenton, prise
du costé gauche de la rivière de Marne, up peu au dessous du Pont.
Fin du xvii« siècle.
Gueroult du Pas, Veiie de Charenton sur la Marne au dessus de
PariSy présentée a Monsieur de Bercy, conseiller d'Estat, intendant
des Finances, 17 10.
Germain, Vue du Pont de Charenton au dessus de la jonction de la
Marne et de la Seine, dessiné par Germain, en 1780, gravé par Dec-
quevauvillers (extrait du Voyage pittoresque de la France j 1786).
Girtin, On the Banks of the Marne below the Bridge at Charenton,
drawn and etched by Tho» Girtin, aquatinted byJ. B. Harraden, i8o3.
Gillet, Descente du Pont de Charenton, dessiné d'après nature par
Gillet, gravé par Noôl, élève de Demarteau. J. B. Huet, aqua forti
(premier Empire).
G. Deroy, Vue d'une partie du Pont de Charenton, 1816.
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l82 CONFLANS.
Beaugean, Vue de la Marne à Charenton. A Paris, chez Ostervald,
1817.
Civeton, Pont de Charenton. Civeton del., Couché fils dir., Millet,
se. Restauration.
Goblaîn, Vue du Pavillon de Gabrielle d'Estrée à Charenton.
Goblain del., Nyon aqua forti. Fortier, sculp. A Paris, chez Oster-
vald, 1817.
Rossigneux, Le pont de Charenton, sépia datée du 7 septembre
1820 (collection de M. G. Bourdon).
Vue du Pont de Charenton, suite au plan du canton de Charenton
dressé par Monin, publié par Garnot, i835.
Orrin Smith, Pont de Charenton, Gravure sur bois, vers 1840.
Pavillon Henry IV servant de Mairie à Charenton. Dessin, col-
lection Hartmann, i858.
Tesson, Le Pont de Charenton en 1861. Aquarelle appartenant à
M. G. Hartmann.
V Illustration, journal. Plusieurs gravures représentant la démo-
lition et la reconstruction du pont en 1862.
n. — Moulins et bords de la Marne à Charenton,
Nous ne donnerons pas une énumération détaillée des tableaux et
des gravures représentant les bords de la Marne et les vieux moulins,
aux environs de Charenton ; ces sites pittoresques ont tenté le crayon
ou le pinceau de nombreux artistes; M. G. Hartmann possède une
collection à peu près complète sur ce sujet. Nous citerons particu-
lièrement :
Au xvii« siècle, les vues de Silvestre et Perelle.
Au xvni« siècle, celles de Leclerc, Le Sueur, Boucher, Desfrîche,
Martinet, Sarrazin, Hubert- Robert (l'escalier des laveuses); une
aquarelle de Pérignon (moulin près Charenton) appartenant à
M. Hartmann.
Au xixe siècle, des vues de Langlace, Villeneuve (lithographie de
Lasteyrie), Girtin, Mme Marchand, Deroy, Bellanger, Guérard, Thé-
not, Joly, Léon Jacque.
Dans la collection Destailleurs, au Cabinet des Estampes (Biblio-
thèque nationale), figurent plusieurs vues de Charenton et environs.
Il existe enfin à la bibliothèque de Besançon des dessins repré-
sentant des sites aux environs de Charenton.
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INDEX DES NOMS DE LIEUX.
140,
Alfort, 26, 142. m3, i5o, iSg.
Arcade (rue de 1 ) à Conflans, an-
cien chemin des Meules, 109, 120,
i55, i56, 17Q.
Archevêché dfe Paris (palais de V),
i5o, i5i.
Artois (hôtel d') à Paris, depuis hô-
tel de Bourgogne, 3o n. 2, 41.
— (séjour d'). voir Séjour.
Aumont (hôtel d') à Paris, 23.
Auvers-sur-Oise, 16 n. 3.
Bagnolet, 91.
Bassins (les), lieu dit, 62, 72.
Bastille (la), 5o, io3, ii5 n. 3,
i56.
Beauté (château de), 17 n. 3, 52.
Belleville près Paris, 21.
Bénédictines (monastère de) à Con-
flans, 114, 118, 128, 129, i53, 174,
177, 178.
Bénédictines de Saint - Germain -
des-Prés, à Paris, 128.
Bercy fbras ou rû de), 10 n. i, 20,
22, 106. Voir Ponceau.
— (château et parc de), 118, iSg,
i63, 179.
— {commune de), i39, 144.
— (entrepôt de). 169 n. 2.
— (seigneurie de), 21, 22, 97, 98,
1^7, 166.
— (tour dej, 18, 176.
Bercy-Conflans (gare de), 159.
Billy (tour de), 52.
Bonneuil, 139.
Bon-Pasteur (couvent du), i3o.
Bordeaux (les), lieu dit, actuelle-
ment rue des Bordeaux, i5, 58, 64,
97, i3o, 157.
Bourgogne (fonds de), 144.
— fhôtel de) à Paris, 63, 64.
— (séjour de). Voir Séjour.
Brabant (clos), 58, 59, 64, 98.
Bry-sur-Mame, 139.
Bury, 81 n. 2.
Camille-Mouquet (rue), 148.
Carmes (couvent des) aux Car-
rières, 88, 89, io3, iij. 126, 127,
i32, i34, i36, 140, 144, ibb, 175, 180.
Carmes (monastère de) à Charen-
ton, sous saint Louis, 17 n. 5.
Carrières (les) près Connans, 28,
43, 44, 46, 5o, 58, 68, 86, i3i-i37,
139, 141, i56, 159, 175, 178, 180,
181.
Célestins (couvent des) à Paris, 14
n. I.
Cerisaie (la), lieu dit, i3o.
Champigny, 139.
Chantier, lieu dit, i65, 166.
Charenton (barrière de), 143
n. I, 20,
io3. i3o. i3i
181, 182
de), 12 n. i',' 26, 53, 70,
162, id5, i3o, i3i, 134, 139-144, i58,
— (commune de Conflans, puis de),
, i58, 159.
Saint-Pierre de), 144, 173
n. I.
— (commï
139-1.44,^
— (église i
n. I.
— (pont de) sur la Marne, 7, 16, 17,
18, 26, 27, 40, 48-52, 62 n. 3, 65-71,
io3, 110, i35, 141-143, i5o, 108,
176, 181, 182.
— (Pont-de-), seigneurie, 10 n. i,
lè, 17, 26-28, 58, 96, i3o, i3i n. 2.
— abbaye sous Philippe -Auguste,
— voir Cimetière, Croix, Domaine
royal, Gare, Léproserie, Mairie,
Poste aux chevaux.
Charenton- Saint -Maurice, 11, 12,
26, 28, 5o, 114 n. 2, i39, 143, 147
n. 2.
— asile, 114 n. 2, 148.
— temple protestant, 77, 177.
Charentonneau, 26.
Charonne, 91, q3, 94.
Chaussée (moulin de la), 5o.
Chemin de Paris à Charenton, 20,
5o, 68, 60, 92, 109, 118, 166.
Chemin de Paris à Saint-Maur,
10 n. I, 18, 25 n. 2, 56.
Chemin de Saint-Denis, 10 n. i, 167.
Chemin de fer de Lyon. Voir Paris-
Lyon-Méditerranee.
Cimetière de Conflans, puis de Cha-
renton, 124 n. 2, 143 n. 3, 154.
Conflans, commune. Voir Charen-
ton.
— église, II, 25, 34 n. 2, 61, 79, 96,
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184 CONFLANS.
ii5, 131, 133-136, 140, 143, 144,
ibd. 163-173, 176-179.
Connans, justice, 13, i3, 35 n. 3.
— maison seigneuriale, 34, 35, 73,
— (maison ou château de), 61, 73»
73, 75, 7^5, ^loi, 104.133, i39,
140, 145-153. i55, i56, 160, loi, 174.
— paroisse, 0-13/ 18 n. 3, 65', 79,
97, 135, 136, i3o, 143, 144, 163-
164, 170. 175.
— (pont de), 159, 160.
— seigneurie dépendant de la sei-
gneurie d'Yerres, 31 -35^ 73, 95-98.
— voir Cimetière. Domaine royal,
Monastère, Pavillon, Port, Séjour,
Séminaire.
Cordelières de la rue de Grenelle
à Paris, 138.
Créteil, 17, 40 n. 3, 46, 139.
Croix boisée, 73, i3o.
Croix-de-Charenton, 5o.
Doctrine chrétienne (frères de la) à
la Grange-aux-Merciers, i3o n. i.
Domaine rojal à Conflans et à Cha-
renton, iD, 19, 37, 64, 67, 73, 96.
Echo (l'J, 86-89, io3 n. 3.
Etoile (hôtel de V) à Paris, 59.
Fécan ou Fécamp ^rallée de), 10
•n. I, 35 n. 3, loi. i3q.
Flandre (séjour de). Voir Séjour.
Folie Cornu, 30.
Fossé des trahisons, 56.
Fossé le roi, 57 n. i.
Fovée (île de), 176.
Gabrielle rpavillon de), aujourd'hui
mairie de Charenton. Voir Pa-
villon.
Gare (barrière de la), i5o.
Gare du chemin de fer P.-L.-M. à
Charenton, 17, 137 n. 3, 134 n. 3,
159. Voir Bercy-Conflans.
Garenne royale, 18.
Geôle. 5o, i3o, i3i.
Grande-Pinte, lieu dit, 19. 118, 139.
Grand-Lion fhôtel du) à Paris, 59.
Grange-aux-Merciers, 10 n. i, i3,
19-31, 33, 40, 43, 45, 53, 54, 56, 63
n. 3, 66, 96, i3o n. i, 139, 166.
Grange-aux-Piliers, 87, 89'.
Grange du roi, 56.
Grossepierre, lieu dit, 166.
Haye-aux-Demoisellcs, lieu dit, 166.
Heceline (la), nom d'une vigne, 28.
Hôtel-Dieu de Paris, 116, 117, 149.
Ile au charbon, i3i.
Ivry, 53 n. 7, 160.
— (pont d'), i5o, i58 n. i, 159.
Jardin des plantes à Paris, i5o.
Javeaux (tle des) à Paris, 31.
Jeunes Economes (œuvre des) à
Conflans, i53, 174.
Lazaristes (séminaire des prêtres de
la Mission, dits^, i3o, liô.
Léproserie de Cnarenton, 17 n. 5,
166 n. I et 3.
Liberté (avenue de la), 93, 118 n. 3,
160.
Longchamps (abbajre de), 138 n. 3.
Louviers (île) à Paris, 31.
Louvre, io5.
Magasins généraux de Bercy-Con-
flans, i5q.
Magny-en-Vexin, 78.
Mairie de Charenton, 140. Voir Pa-
villon de Gabrielle.
Maisons- Alfort, 46, 96, i39, 143.
Marché (le), lieu dit, 54.
Marengo (barrière de), 143.
Martinet (île et moulin), i5, 46, 67,
68, i33, i34, 168.
Meudon. io5.
Meules (chemin des), 118, 1 30. Voir
Arcade (rue de 1').
Meunier (clos), 134.
Minimes de la place Royale, 04.
Monastère ou moustier à Conflans,
13, 164, i65, 166, 167 n. I.
Montlhery, 5i.
Morillons (les), i63.
Moulin à vent, 45.
Nicolay (rue de) à Paris, 19.
Nogent-sur-Marne. 139. 142.
Notre-Dame de Metz à Créteil, 40.
OfFémont, 66.
Paris (rue de]. 157. Voir Chemin
de Paris à Cnarenton.
Paris-Lyon-Méditerranée (chemin
de fer), 157, i58, 160.
Pavillon de Connans, près Bercy,
120, i55, i56, 179.
Pavillon de Gabrielle, aujourd'hui
mairie de Charenton, 75, 76, 140,
182.
Petits-Montreuils (les), lieu dit, 13.
Pitié (hôpital de la) à Paris, i5o.
Planchette (chemin de la)* à Cha-
renton, 72, 109, 134.
— (ruelle de la) à Paris, XII* arron-
dissement, 5o.
Plessis-le-Vicomte ou Plessis-Belle-
ville (Oise), 24, 25 n. 2.
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CONFLÀNS.
i85
30 n. 2.
2, 167.
Ponceau du bras de Bercy ou de la
Grange-aux-Merciers, 10 n. i, 65,
66, 72.
Port-à-1' Anglais, 45, 52, 53, 54, 134.
Port de Conflans, 28.
Poste aux chevaux de Charenton,
i3o n. 4.
Pré-Saint-Gervais', 18.
Quatre- Vents (rue des), 140.
Quinquengrogne (moulin de), 62,
66, 98, 121-123, 177, 178.
Râpée (la), 2(
Reuilly, 25 n
Rosny, 18.
Rû de Bercy. Voir Bercy.
Sacré-Cœur (couvent du), 64, 73,
127, 144, 148, i53-i55, 160, 174, 175.
Saint- Antoine (abbaye et porte), 40,
45, 56, 57, 68, 79» 9»-
Saint-Denis, 45, 32.
Saint-Eloi, prieuré à Paris, 10.
Saint-Esprit-en-Grève, hôpital, 28.
Saint-Germain-l'Auxerrois, église,
i5o.
Saint-Jacques-aux-Pèlerins , j hôpi-
tal, 10 n. I, 41 n. 2.
Saint-Leu-Saint-Gilles (fontaine) à
Paris. 62.
Saint-Magloire (abbaye), 28.
Saint-Mandé. 18, 23, 24, 25 n. 2,
28, i37, 143.
Saint-Marcel, monastère à Paris,
II, 128 n. 2, 162.
Saint-Martin (canal) à Paris, i56.
— (fosse) à Conflans, 144, 166.
Sain t-Martin-des- Champs, prieuré
à Paris, 7-1 5, 19, 20, 22, 23, 46,
61, 62. 67, 68^ 72, 96-98, 162-170.
Saint-Maur, 40 n. 5, 52, 56, 71, 139.
Saint - Maurice. Voir Charenton-
Saint-Maurice.
— (canal de), i5q n. 3.
Saint-Nicolas (chapelle de) à Cha-
renton, II, 102.
Saint-Thomas-de-la- Val, 128.
Saint- Victor, abbaye, 17, 53, 55.
Salpêtrière (la), i5o.
Saussaye fia), monastère, 28.
Séjour d'Artois, puis de Flandre,
puis de Bourgogne, 14, 18, 29-44,
5i, 53, 55, 56s §8, 59, 63, 64, 72,
73,128, 129, 164-170, 174
Séjour du roi, i^ 17, 44-48, 67. 68,
72, 87-89, 132-134, 1^7, 104, io5.
Séjour du roi à Paris^ 48.
Séminaire (petit) à Conflans, 118,
11^, i53, 100, 161.
Séminaire Saint-Nicolas à Paris,
147, i53.
Tan (moulin à) sur la Marne, 62,
l32.
Val d'Osne, prieuré, 77.
Valmy (passerelle de), i58 n. i.
Vermandois, 25.
Versailles, io5.
Villeroy près Corbeil, 74, 80 n. i.
Villiers-le-Bel, 56.
Vincennes (bois de), 10, 17, 142,
144, i5o, 178.
— château, 44, 55, 99, i37, i5o, 177.
Vitry, 53.
Voirie, 166.
Yerres, 21-25, 28, 57 n. i, 65, 95-98.
INDEX DES NOMS DE PERSONNES*.
Aigueblanche (Pierre d'), évéque de
Herefort, 26.
Angeron (Hugues d'), 164.
Ancouléme (duc d')^ 128.
Arcnevéques de Pans. Voir Harlay,
Noailles, Vintimille, Beaumont,
Leclerc de Juigné, Quélen. Voir
aussi Evéques de Paris.
Artois (comte d'), 29, 3o, 36. Voir
Séjour d'Artois.
Augier, i33.
Aviat (M"*), 142.
Avrences (Jehan d*), 166-168.
Baillet (famille), 167.
Bailly (famille), 67, 72, 87, 88, 125,
' 127, i33, 175.
Barat (M-), i53-i55.
Barbeau (Claude), 61.
Basin (Jenan), 160.
I. Cet index ne comprend que des noms de seigneurs, de propriétaires
et d'habitants de Conflans ou de Charenton.
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i86
CONFLANS.
Beaumé, 147 n. 2.
Beaumont (Christophe de), arche-
vêque de Paris, 112-118, 122 n. i
et 2, 123.
Beau regard (de). Voir Salo de Beau-
regard.
Bercy (famille de). Voir Malon.
Berry (duc de), oncle de Charles VI,
20, ^3.
Berville, 147 n. 2.
Blanchet (famille). 26. 27, 41 n. 2.
Bongrand et Raimoault, 14b.
Bouchaux (Jean). 58.
Boucher (famille), 10 n. i, 58.
— (François), 137 n. 2.
Boudeu (François), 78.
Boulard (Jehan), 78, 82.
Bouquet (demoiselle), i32.
Bourgogne (ducs de), 38-44, 49* Voir
Séjour de Bourgogne.
Bretagne (ducs de), 43, 44, 49.
Bruc (Suzanne dej. marquise du
Plessis-Bellière. Voir ces mots.
Brunel (Pierre), seigneur de Grigny,
Budé (famille), 24, 06.
Bureau de la Rivière (famille), 21,
22 n. I, 23, 25 n. 2.
Caboche, 49.
Calabre (duc de), 5i-56.
Callias frères et C**,'i45.
Carrette, ido.
Carrières (Marguerite des), 165-167.
Casèle (Marie), i3, i65, 166.
Cenamy fBartnélemy), 76.
Cerisay (famille de), 27, 96.
Chamillart, i35.
Champion (Jacques), i3o n. i.
Champroux, 14b.
Charles IV, roi de France, 18.
Charles V, roi de France, 44, 45.
Charles VI, roi de France, 43.
Charles VIII, roi de France, 58.
Charles le Mauvais, roi de Navarre,
45.
Charles le Téméraire, comte de
Charolais, puis duc de Bour-
gogne, 5i-56, 58, i3i n. 2.
Chastenet, 147.
Chevrier de Saint-Maurice, 87.
Chossard, i52.
Coëtivy (famille de), 20, 21.
Collard, 126, 140 n. 2 et 4.
Colombel, 146.
Conflans (famille de), i3 n. 2, 14
n. I, i5, 23-25, 57 n. i, 62, i65,
166, 168.
Cornu (famille), 20.
Coste, 146.
Courtenay (famille de), 21.
Créqui (maréchale de), loi, iio, i35.
Creté (Jean), 28.
Curés de Conflans, ir, 20, iiS, 116,
125*127, 140, 143, 162, i65, 166.
Cusenier et C**, 146.
Dagoret-Desfranches, ia6.
Dammartin (Hugues de), i3, 166.
Dan^eron. Voir Angerond (d*).
Daniel, 146.
Defaix, 146.
Degosse, 147.
Desmarets (Alexandre), i3, i&i n. 2.
Dionis (famille), 127 n. 2, i33, 134.
Dixhomme (Jacques), 59-61.
Dodieu (Claude), seigneur de Velly,
63-66, 72.
Dodieu ^Guillaume), 63 n. 3.
Doucet (Jehan), 46.
Doulcet, 145.
Dubois (Antoine), 68.
Dumetz (Gédéon), i33.
Dupré (Jehan), 69.
Durant (François), 173 n. 2.
Duras. Voir Durrort.
Durfort (famille de), 129.
Durouchoux frères, 146.
Emeri, seigneur de Ferrières, 61.
Emery, notaire à Conflans, 9b.
Enclet (Nicolas), 167 n. 1.
Entragues (M** d*), 76.
Estrées (Gabrielle d*), 75, 76, 157.
Eudes, comte de Paris, 16, 26.
Evêques de Paris, leurs droits sei-
gneuriaux à Charenton, 9, 17, 26-
28, 96, io3.
Félix (Nicolas), 68.
— 147.
Féron (Pierre), 5o.
Flandre (comtes de), 14, 18, 19, 39-
41. 164-167, 160, 170.
Fonlebon (Charlotte de), épouse du
président de Verdun, 91.
Fontaine, 146, 147.
Fragonard, 132.
François I»% roi de France, 63, 64.
Franqueville d'Abancourt (M—),
146.
Frère, 147.
Gaillard (Charles), 64 n. i.
Gastaldy, 148, 154.
Gauchery (Jean de), 64, 124.
Gazon de Maubuisson, 28.
Gentien (famille), i3, 19, 27, 5o, 166.
Gérard fMarie-Anne), épouse Fra-
gonara, i32.
Giac (famille de), 20, 23, 43.
Gigault de Bellefont (Armande), 64
n. 5.
Gilbert. 116.
Girart (Thomas), 46.
Gironde (comtesse de), 145.
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Gobé (François), 68.
Groucnes (famille de), 3o.
Guérin, 45 n. a.
Guillard (André), 66. 71.
Guinant (Jehan), 160, 168.
Guyct (Philiberte), épouse Chamil-
lart, i35-
Hacques ou Hagues (famille de),
24-26.
Hacqueville (famille de). 67.
Hangest (Jacques de), 48.
Hanot, lis.
Harlay (François de), archevêque
de Pans, 104-110, 122.
Hartmann, i^.
Havemeort (Colin de), i65.
Havet (Denis), i65.
Hécelin ou Hesselin (famille), 12
n. a, i3, 21-33, aS, 164, i63, 168.
Hennequin (famille), 30, 67.
Henri II, roi de France, 64.
Henri IV, roi de France, 70, 71, 7S
Héncourt (famille), i32.
Hérissant. i37 n. 2.
Hôpital (Jean de 1'), 49.
Humbert, 142.
Hurault de Cheverny (famille), 21,
96.
Isa beau de Bavière, 45, 49.
Jacques (abbé), 2.
Jean II, roi de France, 44, 46.
Jean sans Peur, duc de Bourgogne,
43.
Jeanne, comtesse d'Artois, épouse
d'Eudes, duc de Bourgogne, 38,
39.
Jeanne de Bourgogne, épouse de
Philippe le Long, roi de France,
Jeanne de France, épouse de Phi-
lippe, roi de Navarre, 44.
Jeanne, fille de Charles VI, 45.
Jouvenel (Jean), 27, 5o.
Juicné (de), archevêque de Paris.
Voir Leclerc de Juigné.
L'Advocat, maître des comptes, 76.
La Fayette (Anne de), 59.
La Marche (Olivier cfe), 58.
Lança ke, i32.
La Saussaye (dame de), 166.
L'Aubespine (Claude de), 72.
— (Madeleine de), épouse de Nico-
las de Villeroy, 74.
Le Bret (Charlotte), 128.
Leclerc, notaire à Charenton, i34
n. 2.
Leclerc de Juigné, archevêque de
Paris, 117-119, 123, 174 n. 2.
CONFLÀN8. 187
Le Cocq (famille), 20, 96.
Le Coq (Jeanne), épouse de Dix-
homme, 59^1.
Le Court (Guibert), 10 n. i, i65, 168.
Le D a in (Simon). 168.
Le Gendre (Nicolas). Voir Villeroy,
— (Pierre), 68, 73.
Le Jay (Charles), 95.
— (le Président), 92-95, 97, 98, i25,
128, 177.
Leloup (famille), seigneurs de la
Tour de Senlis, 26, 28.
Lemarcis, 145.
Le Masle, 21.
Le Normant (Nicolas), i65.
Le Noyer (Guérin), io5.
Le Picart ou Le Fiquart (famille),
i3, 23, 61, 67.
Le Prévost (Charles), ao.
Lerolle (famille), i3$ n. 3.
Leveau, 126, 139, 143.
Lhomme, i32 n. 3.
Lille (Jean de). 167 n. i.
Lope de Bouraeaux, 76.
Lotin, 128.
Louis IX (saint Louis), roi de France,
Louis XI, roi de France, 5 1-57, 58,
Lucq, 147.
Luiliier (Eustache), seigneur de Gi-
ronvîlle, 67.
Luxembourg (famille de), 30 n. i.
Mahaut, comtesse d'Artois, 11 n. 2,
18,29-37, 164 n. 4.
Mahaut, concierge, 45 n. 0.
Maire de Conflans, puis de Cha-
renton, 139. 140, 149-15 1.
Malon (famille de), seigneurs de
Bercy, i5, 19-22, 25-27, 7a, 95-q8,
106, 109, 122, 124, 12$, 120- i3o,
134. 139.
Mandosse (Diego de), 64.
Marchand, y5.
Mareschal (Etienne), 167.
— (Mathieu le), 160,
Mareuil (marquise de), ia8.
Marguerite de Flandre, duchesse de
Bourgogne, 40-43.
Marguerite de France, comtesse de
Flandre, 14, 18, 38-41. 169, 170.
Marie de Bourgogne, 58.
Marie (AnnedeJ, épouse Spifame,62.
Martin-Despaliières, 145, 148.
Marty, 147 n. 2.
Masson, 126, 139.
Maximiiien d'Autriche, 58, 59.
Mazarelli (demoiselle), i32 n. 3.
Menant, 129, i^.
Mercœur (famille de), 21, 96.
Mile de Noyers, 19, 57.
Minguet, 140.
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l88 CONFLANS.
Miraumont f Jean de), 67.
Mongeot (dy, 70. ^
Montigny (Thomas de), i3, i65, 168.
Montmorency (famille de), 33, 33,
Moquart (Guénn), 164, 166.
Mornay (Nicolas de), seigneur de
Villarceau, 67.
Morvilliers (Pierre de), 5o.
Mouret (Jehan de), 46 n. 3.
Nargonne (Françoise de), 138.
Naudier, i35.
Neuville (Nicolas de). Voir Villeroy.
Nevers (Louis de), comte de Flan-
dre, ^, 41, 164 n. I.
Nicolay (famille de), 3, iSg.
— ses archives, 3, 9.
NicoUe, 173.
Noailles (cardinal de), 110-113.
Noèl, 139, 145, 1^7.
Normant (Colas le), i3.
Northumberland (comtesse de), 107.
Noyers (Mile de). Voir Mile.
Olivier (famille), 37.
Orléans (duchesse d'), 140.
— (Jehan d*), 13 n. 3.
Pacy (Nicolas de), 10 n. i.
Pasté (famille), 26.
Pays de Lathan, 147.
Penicaut, Pelletier et O*, 146.
Perdrier (François), 34.
Pérignv (comtesse de), 180.
Petit (Jehan), i65.
Philippe-Auguste, roi de France,
10 n. 3, 17.
Philippe Ilrie Hardi, roi de France,
18.
Philippe IV le Bel, roi de France,
Philippe V le Long, roi de France,
18, 44.
Philippe VI, roi de France, 18, 19, 44.
Philippe le Bon, duc de Bour-
gogne, 43, 58 n. 3.
Philippe le Hardi, duc de Bour-
gogne,4i-43.
Pigeon (Jean), 143.
Plessis - Belhère (famille du), iio,
i34, i35.
Poin^destre (Robin), 46.
Portier, 145, 146.
Potier, 147 n. 3.
Poupardin, 76.
Pressy (Jean de), 5o.
Quarrières (Marguerite des). Voir
Carrières.
Quélen (Hyacinthe de), archevêque
de Paris, 119, 147-153, 17411. 2.
Quesnay de Saint-Germain, i33.
Regnault le Charpentier, i65, 167.
Ricnelieu (cardinal de), g^ 97.
— (duc de), neveu du caramal, 100,
loi, io5, 109.
— (duc de), sous Louis XV, iio.
Rivière (Eléonore de la), marquise
de Mareuil, 138.
Robertet (Marie), épouse Guillard,
66.
Roi de France, ses biens à Con-
flans et à Charenton. Voir Séjour
du roi, Domaine royal.
Rossiçnol ( Aubin], 67.
Rouge (famille de). Voir Plessis-
Bellière.
Royer (Nicole), 78.
Rueil fMarie de), épouse Dixhom-
me, $9.
Saint-Omer (Jean de), dit Bastard
de Valère Capelle, 58.
Saladin, 146, 134.
Salo de Beauregard, 138.
Salomon, 78.
Saye (de), baron d*Ivry, 30.
Seneçay (Catherine de la Roche-
foucaula, marquise de), 98-100,
io3.
Sforce (duchesse de), 76.
Simon (veuve), i65.
Sixte d'Allemagne, 58.
Spifame (Gaillard). 6i-63.
— (famille), 63 n. 5, 63 n. 3.
Sully (Heni de), 14, 36 n. 5, 164, 167.
Surat, i53, i53.
Tartarin (Jehan), i65.
Toupet (Regnault), 166 n. 4.
Trie (maréchal de), 36 n. 5, 39,
164, i65, 167.
Vandooren, 147.
Varlet, i35.
Vendôme (duc de), 99.
Ventenat, 149.
Verdun ^président de), 90-93, 97,
134, 138.
Vernet, m7 n. 3.
Verneuil (Henriette de Balzac d*En-
tragues, marquise de), 76.
Vienne (Jean de), 76.
Vignacourt (Jean de), seigneur d*A-
vrigny, 67.
Villeroy (Charles de Neuville de),
85, 90.
— (Nicolas, le Gendre de), 71-73, 85,
— (Nicolas de Neuville de), 71-90,
q6, 97, 133, 134, 177.
Villiers (famille de), i3, 30-33, 166.
Vintimille (Gaspard de), archevêque
de Paris, 113.
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LE TRÉSOR
DE
LA SAINTE-CHAPELLE
(Suite *,)
XII.
Inventaire de là grande châsse.
(1534.)
L'inventaire de la grande châsse, dressé le 22 mars 1 534 (n. st.),
fut rédigé à l'occasion de la remise des clefs de ladite châsse, sur
l'ordre du roi, à François de Montmorency, sieur de La Roche-
pot, bailli et concierge du palais, par Michelle Gaillard, qui les
détenait depuis la mort de son mari, Florimond Robertet;
celui-ci les avait reçues en garde du roi Charles VIII.
A cette occasion, il fut fait un récolement des reliques,
d'après un inventaire antérieur, par Pierre Paulmier, arche-
vêque de Vienne, Philippe Babou de La Bourdaisière, évéque
d'Angouléme et trésorier de la Sainte-Chapelle, Pierre Lizet,
premier président au Parlement, Aimard Nicolay, premier
président à la Chambre des comptes, Jean Brinon et Dreux
Hennequin, conseillers maîtres à ladite Chambre, Jean Hame-
lin, notaire et secrétaire du roi, Claude de Sermisy et Denis
Bidault, chanoines de la Sainte-Chapelle, Thibaut Hotman et
Guillaume Chastillon, orfèvres parisiens, et Pierre Chevalier,
notaire. L'énumération des reliques est suivie d'observations
consignées au cours du récolement.
I. Voy. Jkfém. de la Sac. de VHist, de Paris, t. XXXIV, p. 199.
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190 LE TRÉSOR
Le texte de l'inventaire, accompagné de divers mandements,
proc&- verbaux et actes de décharge, se trouvait dans le Mémo-
rial GG de la Chambre des comptes; il est actuellement au
folio 107 du Mémorial reconstitué conservé aux Archives
nationales sous la cote P 23o6. Il a été publié intégralement par
Félibien^ d'après l'ancien Memona/; Morand a édité les pièces
annexes'; M. de Boislisle a, d'après le registre reconstitué,
donné la liste des reliques'. On a joint à celle-ci dans l'édition
ci-après les remarques particulières au récolement de i534^;
c'est à elles que cet inventaire doit d'avoir quelque intérêt.
Quant aux documents annexes de l'opération, on les trouvera
dans Félibien et dans Morand; il en sera, du reste, fait plus
amplement état dans notre Notice sur le trésor.
Déclaration des saintes reliques étants en la Sainte Chapelle
ROYALE A Paris, lesquelles feu monseigneur saint Louis, roy
DE France, fit apporter.
1. La sainte couronne d'espines de Nostre Seigneur Jésus Christ.
2. La sainte Croix.
3. Du sang de nostre sauveur.
4. Les drapeaux d'enfanse de nostre sauveur, esquels il fut enve-
lopé en son jeune aage.
5. Une autre grande partie du bois de la sainte Croix.
6. Du sang qui par miracle merveilleux [fut] distillé d'une image
de Nostre Seigneur, qui avoit esté frapée par un infidelle.
7. La chaisne ou lien de fer faite en manière d'aneau, duquel on
croit que nostre sauveur fut Hé.
8. La saincte trelle insérée à la table [où est la face de Nostre Sei-
gnçur Jésus Christ].
9. Une grande partie de la pierre du sepulchre de Nostre Seigneur
Jésus Christ.
I. Histoire de la ville de PariSy t. III (1725), p. i56.
3. Histoire de la Sainte-Chapelle ^ pièces justificatives, p. 104 et suiv.
3. Chambre des comptes. Choix de documents pour servir à Vhistoire des
premiers présidents^ p. 48, n* Sg.
4. Le texte est donné d'après la copie PaSoô; quelques mots entre cro-
chets sont empruntés à Tédition de Félibien, dont les leçons sont par ail*
leurs souvent défectueuses ou incomplètes.
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DE LA SAINTE-CHAPELLE. I9I
10. Du lait de la benoîte Vierge Marie.
11. Le fer de la sainte lance, duquel fut percé en la croix le costé
de Nostre Seigneur Jésus Christ.
12. Une autre croix moyenne, laquelle les anciens appelloient
triumphale, parce que les empereurs avoient de coustume de la
porter en bataille en espérance de victoire [contre leurs ennemis].
i3. Le mantel de pourpre que les chevaliers baillèrent à Nostre
Seigneur en se mocquant de luy.
14. La runce qu'ils mirent à la main de Nostre Seigneur au Heu
de septre.
i5. L'esponge qu'ils luy baillèrent à la croix plein de vinaigre
quand il dit 51/10.
16. Une partie du suaite auquel fut envelopé son corps au
sepulchre.
17. Le linceul que Nostre Seigneur a voit ceint quand il lava les
pieds de ses disciples, et duquel il essuya leurs pieds.
18. La verge de Moyse.
19. La haute partie du chef du benoit saint Jean Baptiste.
20-22. Les chefs de saint Biaise, saint Clément, saint Simon.
Laquelle copie d'inventaire a esté entièrement vérifiée, et se sont
trouvées toutes les pièces y mentionnées, fors et excepté le 5e article,
contenant une grande partie du bois de la sainte Croix qui n'a été
trouvée; et sur ce dict et déclaré par icelle dame Michelle Gaillard,
veufve dudict feu Robertet, que ladicte croix souloit être en une
longue layette d'argent, mais avoit été ladicte croix demendée par
feu madame, mère du roy, pour nosseigneurs enfans dudict seigneur
et par son ordonnance bailliée et délivrée à icelle dame sa mère, et
n'en estoit demeuré et n'a été trouvée que ladicte layete d'argent ;
fors aussy et excepté le dernier article contenant les chefs de saint
Biaise, saint Clément et saint Simon, qui n'ont esté trouvés, et sur
ce [fut] déclaré par un chapelain de ladite Sainte Chapelle présent
qu'ils estoient en bas en la garde de ceux qui ont la charge des
reliques estans par bas.
Et neantmoins, outre le contenu audict inventaire, a esté trouvé
le voile de Nostre Dame, mère du Rédempteur, en une petite boëte
de fin or, ouvrage neeslé.
En faisant lequel dit recolement, sur le penultiesme article con-
tenant la haute partie du chef du benoist saint Jean Baptiste, a esté
trouvé un coffre rond, d'argent doré, garny de pierrerie, tout vuide,
et où on disoit avoir esté anciennement ledit chef saint Jean, et de
présent est avec lesdites saintes reliques en un grand chef d'or
auquel ladite partie du chef se voit par dessus.
Et au regard du huitième article, contenant la trelle insérée à la
table, après plusieurs difficultés, a esté finallement trouvée en un
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192 'le TRisOR
grand reliquaire et tableau garny d'argent surdoré, où y a apparence
d'une effigie, ladite trelle comme consommée contre ledit tableau,
autour,, envîVon et dans ladite effigie.
Et quant au douziesme article, contenant une autre croix moyenne,
laquelle les anciens appelloient triumphale, parce que les empereurs
avoient de coustume de la porter en bataille en espérance de vic-
toire, a esté trouvée garnie de quatre pointes de diamans et plusieurs
grosses perles tout à l'entour.
Et pour ce qu'en faisant ledit recolement a esté trouvé que defifail-
loit aucunes pièces, a esté regardé partout, et fînablement lesdites
pièces defifaillans à l'entour desdits reliquaires, tant pierres et coupes
d'or que autres ont esté trouvées en une petite boitte d'argent sur-
doré, mesme y a esté trouvé une grande esmeraude cassée.
XIII.
Inventaire de la grande châsse.
(Entre 1 534 et iSyS.)
Cet inventaire, que n'accompagne aucun protocole, est
transcrit en tête de deux des copies de l'inventaire commencé
en iSyS, savoir : Archives nationales, LL637, fol. liminaire non
chiffré, et Bibliothèque nationale, ms. fr. 4609, fol. 1-2.
Le recolement à l'occasion duquel cette liste fut établie est
certainement postérieur à i534, puisqu'il tient compte des
observations faites à cette date au sujet des trois reliquaires de
saint Biaise, saint Simon et saint Clément, qui ne figurent
plus ici, et au sujet du voile de la Vierge, compris dans la pré-
sente énumération. D'autre part, en raison de la place qu'oc-
cupe la notice dans les manuscrits, ce même recolement paraît
être antérieur à iSyS.
L'intérêt de ce texte tient à ce qu'il mentionne l'état de con-
servation des reliquaires.
M.
Inventaire des sainctbs reliques qui sont en la grande châsse
AU dessus du grand autel de la Sainte Chapelle.
I. Et premièrement : la sainte couronne, en laquelle il y a faute
de trois pierres.
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DE Là sainte-chapelle. IqB
2. La sainte Croix double, où il n'y a faute de pierres, mais de
deux cristaulx aux deux costez, lesquels ont esté fourniz.
3. La robe de pourpre, où il y a faulte de deux pierres ; l'une a
esté remise et l'autre est en une boette.
4. Les drapeaux d'enfance, où il y a faulte de trente huict petites
pierres et d'une perle.
5. La croix de victoire, où il n'y a faulte.
6. Le chef de saint Jean d'or, auquel il n'y a eu aucunes pierres.
7. Le sceptre, où il y a faulte de deux pierres.
i. Le saint linceul, auquel il n'y a aucune faulte.
9. De sindone Domini, où il n'y a faulte.
10. L'esponge, où il n'y a faulte.
11. Du sang miraculeux, où il y a faulte d'une pierre.
12. De lacté Virginis, où il n'y a faulte.
i3. De sanguine Christi, où il y a faute d'une pierre.
14. Le carquan, où il y a faute d'une pierre.
i5. Péplum Virginis, où il n'y a aucune pierre.
16. La verge de Moyse, où il n'y a aucune pierre.
17. Le fer de la lance, où il y a faulte d'une pierre.
18. La pierre du sepulchre, où il n'y a eu aucune pierre.
19. La Véronique, où il y a faute de dix pierres.
XIV.
Inventaire de i 573-1 576.
Le 3 décembre 1573, la Chambre des comptes, émue par le
vol d'un ciboire et désirant pourvoir à la sécurité des reliques,
prescrivit d'en faire un récolement général. Cette opération
fut commencée le 16 décembre 1573 et achevée le 3i janvier
1575 par le premier président Antoine de Nicolay, le conseiller
maître Paris Hesselin, le notaire Robert Danès, greffier en la
Chambre des comptes, et par Nicolas Le Mareschal, « com-
mis au contrôle des réparations et menues nécessitez de la
Sainte Chapelle ». Les membres du collège présents furent :
le trésorier Louis de Brézé, évéque de Meaux, le chantre Nico-
las Luillier, le plus ancien chanoine Jacques Belleau, abbé de
Cheminon.
On prît comme base du récolement un inventaire dressé le
6 mars i536 par les conseillers des comptes Jean Brinon et
Dreux Hennequin, assistés de Guillaume Castillon ou Chatil-
uàu, XXXV i3
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194 ^^ TRisOR
Ion, joaillier, et de Thibaut Hotman, orfèvre. Cet inventaire,
dont le texte ne nous est pas parvenu*, se référait en plusieurs
endroits, particulièrement en ce qui concerne les pesées d'or et
d'argent, à un autre inventaire antérieur à i536, mais dépourvu
de date et à la confection duquel avaient coopéré Simon Bar-
bedor, joaillier, et Jean Thivier, orfèvre. L'inventaire de i536
avait, entre Tannée où il fut rédigé et iSji, été annoté à
diverses occasions, fonte d'objets en i562*, récolement en
I566^ acquisitions ou réfections d'objets à des époques variées
ou inconnues.
Au cours du récolement de iSyS-iSyS, les commissaires se
bornèrent à annoter à leur tour l'inventaire de i536, ajoutant
notamment le mot vrajr en face de la plupart des notices
reconnues conformes, marquant au contraire des déficits totaux
ou partiels lorsqu'il y avait lieu. Lorsque le récolement fut
achevé, on rédigea d'après le texte de 1 536, fort surchargé, une
description nouvelle du trésor de la Sainte-Chapelle, descrip-
tion dans laquelle tantôt on transcrivit purement et simple-
ment le texte ancien en reproduisant en marge les notes mar-
ginales de diverses époques, tantôt on amalgama texte et notes
en une relation plus narrative que protocolaire. On poussa le
manque d'originalité jusqu'à reproduire les notices d'objets
dont la destruction avait été déjà constatée dans le récolement
de i566, particularité fort heureuse, car aucun des inventaires
ou procès-verbaux de récolement rédigés entre 1480 et 1673 ne
nous est parvenu, et seule la relation de iSyS nous fournit des
renseignements détaillés sur les acquisitions ou destructions
d'objets entre ces deux dates.
On ne s'étonnera pas toutefois, après ce qui vient d'être dit
de la forme quelque peu complexe de l'inventaire de 1573-1575,
qu'il soit souvent malaisé de déterminer la date et l'origine de
certains fragments rédigés ou simplement transcrits par le
scribe auteur du document. Et ce qui ne contribue pas peu à
accroître les difficultés d'interprétation tant du texte que des
notes, c'est que le manuscrit original jadis conservé à la
Chambre des comptes a disparu*, probablement détruit, dans
I. Le manuscrit comptait VIII'^VIII feuillets.
a. Art. 4 et suiv.
3. Art. 63.
4. Ce manuscrit comptait VI"XI feuillets, non compris des feuillets
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DE LA SAINTE-CHAPELLE. igS
l'un des incendies du zvii« ou du xviii® siècle, et que les copies
que nous en possédons ont aussi reçu ou reproduit des anno-
tations ultérieures.
Ces copies sont au nombre de quatre. La première, conser-
vée aux Archives nationales sous la cote LL636\ est une
expédition faite vers iSyô par le notaire Danès pour être remise
au trésorier de la Sainte-Chapelle. Les leçons qu'elle fournit
ne sont pas toujours correctes; deux scribes intervinrent :
Tun, assez peu sûr, copia le texte proprement dit; l'autre, le
notaire, transcrivit les notes marginales. Il en résulte que
ces notes ont dans le manuscrit l'aspect d'additions posté-
rieures au protocole du texte (iSyS-iSyS), ce qu'elles ne sont
pas en réalité, sauf pour ce qui concerne les remarques de
1576. La seconde et la troisième copie, conservées l'une à la
Bibliothèque nationale sous la cote ms. fr. 4609' et l'autre aux
Archives nationales sous la cote LLôSy^, datent des premières
années du xvii« siècle. Ces copies, qui contiennent des notes
et documents se référant aux années 1 576- 1606, procèdent de
l'original et reproduisent les additions dont il fut l'objet après
que la copie LL636 eut été effectuée. La quatrième copie,
reproduction exacte des deux précédentes, est conservée aux
Archives nationales, sous la cote LL638^, et ne paraît pas anté-
rieure au xviii« siècle.
De ces quatre manuscrits on a utilisé surtout ici celui de la
Bibliothèque nationale, plus facilement accessible que les
autres à l'éditeur d'un document d'une certaine étendue; le
texte en a été toutefois revu de très près sur le registre LL636,
auquel on a emprunté quelques lectures et quelques notes
oubliées par le copiste du ms. fr. 4609.
L'inventaire de i5y3-j5j5 a été jadis publié par Douët
d'Arcq*, et il eût été superflu d'en réimprimer le texte, si,
d'une part, le premier éditeur ne s'était mépris sur le sens des
blancs sur lesquels furent vraisemblablement transcrits les documents
complémentaires énumérés ci-après.
1. Ancien LL625 et 844 A.
2. Ancien 184 et 9480, rel. mar. rouge aux armes de Béthune.
3. Ancien LL 626 et 844 B.
4. Ancien LL627 et 844 C.
5. Remte archéologique^ 1848. Tiré à part sous le titre : Inventaire des
reliques de la Sainte-Chapelle y Paris, 1848, in-8*, 48 p.
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196 LE TRÉSOR
pseudo-additions du registre LL636, ce qui fausse l'interpré-
tation du document, et si, d'autre part, il n'avait considérable-
ment abrégé sa publication en supprimant toutes les indications
concernant les pesées des joyaux et toutes les descriptions de
pierres précieuses dont ces joyaux étaient ornés, renseigne-
ments qui constituent précisément la contribution la plus ori-
ginale fournie par cet inventaire à l'histoire du trésor de la
Sainte-Chapelle. De plus, Douët d'Arcq, qui n'a utilisé que la
copie LL636, a complètement laissé dans l'ombre les notes
complémentaires dont il nous reste à rendre compte.
Les trois dernières copies indiquées ci-dessus, outre les
annotations de iSSô-iSyS, empruntées à la rédaction primitive
de l'original, outre celles mises à propos de récolements, vols,
fontes ou aliénations postérieurs à iSyS, empruntées aux
additions de ce même original, en ont encore tiré le texte de
divers documents transcrits après le protocole final du 3 1 jan-
vier 1575. Ces documents sont les suivants :
lo Procès- verbal de la remise à la Chambre des comptes, le
24 mai i583, de trois clefs des armoires du trésor que détenait
Jacques Belleau, doyen des chanoines décédé, et de la trans-
mission de ces clefs, le 21 juillet i583, à Jean Durante!, devenu
le plus ancien chanoine. Il est fait état de ce document dans
notre Notice.
20 Deux reçus de iSgi et 1594 concernant l'aliénation d'ob-
jets du trésor. Le texte de ces deux actes est compris dans l'ap-
pendice que nous consacrons aux documents divers autres que
les inventaires.
3** Inventaire du i«' février 1575 des ornements confiés à la
garde de Jacques Messier, chasublier. Cet inventaire, qui est
annoncé dans la formule finale de l'inventaire de 1 573-1575,
est complété lui-même par une note du 3o novembre 1576, con-
cernant un achat d'étofifes, par une liste d'ornements offerts le
i5 mai 1584 par la reine-mère à la Sainte-Chapelle, par des
notes concernant des ornements ajoutés le i5 mai i585, le
3i décembre 1587, le 3o mai 1589 et le 3 1 août 1606, par un
mémoire des ornements fournis à la rèine-mère par Claude de
Luz, brodeur, et par le procès-verbal de la remise de ces orne-
ments à la Sainte-Chapelle. Nous avons donné intégralement
cet inventaire et ses annexes, à l'exception des deux dernières,
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DE LA SAINTE-CHAPELLE. I97
qui ne contiennent rien qui ne se trouve déjà dans la liste
même des ornements offerts.
40 Procès-verbal d'un récolemént du trésor fait du 2 sep-
tembre au 6 octobre iSSg, à la suite du décès du trésorier
Arthur de Brézé, par les conseillers des comptes Jean Aymeret
et Jacques de Pleure, assistés du procureur général de la
Chambre, de Robert Danès, greffier, de François Varroquier,
contrôleur de la Sainte-Chapelle, de Jean Vachette et de Jean
Friquet, orfèvres, et en présence du chevecier Morier et des
chanoines La Goupilière et Froger. Au cours de ce récole-
mént, les commissaires constatèrent, en annotant l'inventaire
de 1 573-1 575, l'existence d'une croix qui ne figurait pas audit
inventaire et dont ils insérèrent la description dans leur procès-
verbal. Nous avons reproduit cette description.
50 Des documents de 1589 concernant les clefs de la grande
châsse et le remplacement de ses cadenats à la suite de la mort
de Henri III. Il est fait état de ces documents dans notre
Notice.
6° Procès-verbal du 3o octobre iSSg concernant la prisée,
par les orfèvres, de la croix trouvée lors du récolemént du tré-
sor fait ladite année. Le texte de ce procès-verbal est identique
à celui de la description de l'objet [supra^ 40).
70 Procès-verbal de récolemént du trésor fait du i3 au
i5 juillet 1592 à l'occasion de la transmission des clefs que
détenait Robert Danès, greffier décédé, à son fils Adrien
Danès, également greffier. Ce récolemént fut fait par François
d'Alissos et Antoine Le Coigneux, conseillers des comptes,
assistés d'Adrien Danès, greffier, et de Jean Friquet, orfèvre,
en présence du contrôleur Varroquier, du chevecier Morier et
des chanoines Anselme Caillau et Froger. En coUationnant
l'inventaire de 1575, annoté en 1689, les commissaires ne trou-
vèrent à signaler que la disparition d'un fretelet. On a rappelé
les quelques mots concernant cet objet, en note de l'inventaire
de 1 573-1 575 (an. 18).
80 Procès-verbal concernant l'aliénation du chef de saint
Siméon, d'un ange et d'un calice en 1592. Ce document est
compris dans notre Appendice.
90 Procès-verbal concernant la remise des clefs du trésor au
trésorier Jean Touchard, évêque de Meaux, abbé de Bello-
zanne, après récolemént fait du 5 au 12 août 1596 par les con-
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198 LE TRÉSOR
seillers des comptes Jean Aymeret et Pierre de Pleure, assistés
d'Adrien Danès, greffier, de François Varroquier^ contrôleur,
et de Jean Friquet, orfèvre, en présence du trésorier Jean
Toucbard, du cbevecier Morier et des chanoines Gallois et
La Goupillière. Ce récolement ne donna lieu à aucune obser-
vation.
lo^' Description et estimation par Jean Friquet, orfèvre, d'un
reliquaire non porté à Tinventaire et dont l'existence fut cons-
tatée lors d'un récolement de i S98 mentionné ci-après. Nous
donnons le texte de cette notice à la suite de celle concernant
la croix retrouvée en i SSg.
iio Procès-verbal de la remise des clefs du trésor au tréso-
rier Cbarles de Balzac, évéque de Noyon, après récolement
fait du 3 au S décembre iSgS par Jean Nicolay, premier prési-
dent, et Jacques de Pleure, conseiller des comptes, assistés de
Hugues de La Fontaine et Adrien Danès, greffiers, de Varro-
quier, contrôleur, et de Jean Friquet, orfèvre, en présence du
trésorier, du cbantre et cbevecier Morier, des chanoines Gal-
lois et Delagrange. Ce récolement ne donna lieu à aucune
constatation digne de remarque, sauf la prescription touchant
la prisée du reliquaire visé ci-dessus.
120 Procès-verbal du i3 septembre 160S concernant la grande
châsse. Voyez ci-après, n^ XVL
En résumé, on trouvera ici le texte de Tinventaire de iSyS-
1S75, moins le protocole initial, et, à la suite, l'inventaire des
ornements confiés au chasublier, du i«' février 1575, avec ses
compléments, la description de la croix trouvée en iSSg et du
reliquaire trouvé en iSgS. Le texte du procès-verbal de i6o5 est
placé plus loin à sa date.
Les annotations marginales qui ont paru antérieures à i573-
1575 ou remonter à cette date ont été, autant qu'il a été possible
de les reconnaître, laissées en romain^; celles qui ont paru
I. Voyez sur ce point quelques notes explicatives particulières au bas
du texte. Nous n*avons pas jugé utile de répéter le mot V%'ay mis un
nombre incalculable de fois au cours du récolement de 1 573-1575 sur les
marges de l'inventaire de i536, et reproduit également en marge des
copies de la relation de 1 573-1 575. Il n'y a aucune hésitation à avoir sur
répoque où fut mis ce mot, car il n'a pas été marqué pour les objets
déclarés disparus avant 1573, alors qu'au contraire on le trouve pour
ceux disparus après le i*' janvier 1575.
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DE LA SAINTE-CHAPELLE. I99
postérieures à iSyS ont été imprimées en italique; toutefois,
on a, en raison de leur étendue, laissé en romain les additions
proprement dites qui suivent le texte, corrigeant cette irrégu-
larité par la mention addition en haut de chaque page.
AT.
Déclaration des croix^ reliques^ joyaulx, vaisseaux, tant d'or
que d'argent, estans es grandes armoires seantz au trésor d'en hault
de la Saincte Chapelle, que l'on appelle le Revestiaire, et de la
pierrerie trouvée en iceulx, visitez et estimez dès l'année i536^ par
Guillaume Castillon, joyaillier, et Thibaud Hotman, orfèvre, en la
présence des commissaires à ce députez par la Chambre selon et
ainsy qu'il s'ensuyt.
Et premièrement :
I. De la belle croix qui est couverte de cristal, en laquelle est
enchâssée une partie du bois de la saincte Croix Notre Seigneur,
avec plusieurs autres sainctes reliques, mesmes au hault de la dite
sainte Croix, une espine de la saincte Couronne, et en icelle croix a
quatre fleurons et quatre membres, et au milieu un quarté sur
lequel est le diadesme du crucifix assiz en icelle.
Depuis et le p« may Van i5j5, la dite saincte vraye croix de
Notre Seigneur y dont mention est faite au présent /«' article y avec
l'or sur lequel elle estoit posée seulement, fust desrobée de nuit en la
dite Sainte Chapelle, et au lieu d'icelle a esté mise une autre, à plein
déclarée cy après, fol, p vo*.
Item au fleuron d'en bas il y a une esmeraulde quarrée en son
chatton d'or pour la première pièce, ronde pardessus, qui est la
culasse, prisée et estimée 3o escus.
Item après ladite esmeraulde, un grand saphir rond percé par un
bord dedans son chatton, prisé aussy 3o escus.
Item au costé dudit saphir y a un chatton vuide où souloit avoir
comme il semble une esmeraulde, et de l'autre costé y a une place
vuide où aussy il semble y avoir eu une autre esmeraulde avec son
chatton.
Item au bout dudit fleuron y a une mode de fleur à quatre pampet
siu- le millieu de laquelle il y a une table de balay estimée à
100 escus.
1. Les mss.. disent ici i532, il faut très probablement corriger : i536,
date donnée à plusieurs reprises dans les articles de Tinventaire.
2. Cette référence et les références analogues qu'on trouvera dans les
articles suivants visent Toriginal de ib'jS conservé à la Chambre des
comptes.
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200 LE TRÉSOR
Item et allentour dudit ballay quatre petites esmerauldes avec
leurs chattons d'or, prisées ensemble, l'une portant Tautre, 3o escus.
Item et au dessus de la pièce dessusdite y a un beau saphir de
moyenne grandeur à fondz de cuve, la culasse dessus avec son chat-
ton, prisé 5o escuz.
Item après le dit saphir, une esmeraulde assez grande, en table,
la cullasse dessus, praesmeuse avec son chatton, prisée et estimée à
40 escuz.
Item après ensuyvant, une table de saphir en son chatton, la cul-
lasse dessus, prisée 20 escus.
Item après, une esmeraulde en table avec son chatton, cassée en
quatre lieux, la cullasse dessus, prisée à 40 escus.
Item après, un gros balay caboche en façon d'un cœur dedans son
chaton d'or, percé en deux endroictz vers les bords, prisé 100 escus.
Item après, soubz les jambes du crucifix, un saphir cabochon avec
son chatton, estimé 6 escuz.
Item au diadesme du crucifix estant au millieu de la dite croix y a
soubz la teste un beau gros balay rond en façon de cuve assez plat
dessus, estimé 35o escus.
Item au diadesme il y a trois esmerauldes taillées toutes propres
pour servir à icelluy, prisées ensemble, l'une portant l'autre,
i5o escus.
Item allentour du rond dudit diadesme, huict petits grains de
rubys et quatre petis grains d'esmerauldes, prisez le tout ensemble
6 escus.
Item au dessus dudit diadesme, une esmeraulde en table, demye
ronde dessus, cassée en trois lieux, estant en son chatton, estimée
12 escus.
Item après, un saphir longuet, demy rond dessus, dedans son cha-
ton d'or, estimé 16 escuz.
Item après ledit saphir, une esmeraulde en table, demy ronde des-
sus, dedans son chatton, estimée 5o escuz.
Item après la dite esmeraude, un saphir en table, la cullasse des-
sus, estant en son chatton d'or, assés grand, prisé 40 escus.
Item après, un balay en table, dedans son chatton, assez grand,
assiz sur la dite assembleure ou fleuron d'en hault, estimé 100 escus.
Item dedans la dite assembleure, quatre petites esmerauldes
dedans leurs chattons d'or, estimez ensemble 10 escus.
Item après, dans le fleuron d'en hault, un gros saphir cabochon,
sur façon de lozange, dedans son chaton d'or, estimé i5o escus.
Item allentour dudit saphir, trois esmerauldes en tables, demy
rondes dessus, garnies de leurs chattons, prisées ensemble, l'une
portant l'autre, 70 escuz.
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DE LA SAINTE-CHAPELLE. 201
Item sur le bord dudit fleuron hault, un ruby dedans son
chatton de vieille mine, demy rond dessus, estimé lo escus.
Item sur le bras dextre de la dite croix, près le diadesme, une
table de saphir assez grande dedans son chatton d'or, demy ronde
dessus, estimée 40 escus.
Item après ensuyvant et tirant vers le dict fleuron, une esmeraulde
en façon de lozange dedans son chatton, demye ronde dessus, esti-
mée 3o escuz.
Item une table de saphir en son chatton d'or, assez grande, pri-
sée 25 escus.
Apres ladite table de saphir, une table de balay longuette à haultz
bizeaulz, platte dessus, estant sur l'assembleure du fleuron, prisé
80 escuz.
Item allentour dudit balay, quatre esmeraudes en leurs chat-
tons, prisées ensemble, l'une portant l'autre, 32 escus.
Item un gros saphir cabochon en son chatton, séant sur le
miliieu du fleuron, percé au long, prisé 60 escus.
Item aux deux costez et au dessus dudit saphir, trois esmeraudes
en leurs chattons, prisées ensemble, l'une portant l'autre, la somme
de 60 escus.
Item au bout du dict fleuron, après l'une des dites esmerauldes,
deux places vuides, esquelles souloit avoir deux chattons pour
loger une perle.
Item sur le bras senextre de la dicte croix, près et joignant le
diadesme, une table de saphir louppeuse estant dedans son chat-
ton, prisée 8 escus.
Item sur le dit bras senextre de la dite croix, une table d'esme-
raulde en son chatton, demy ronde dessus, estimée la somme de
70 escuz.
Item après ladite esmeraude, une belle table de saphir lon-
guette, en son chatton à bons biseaulx, prisée 60 escus.
Sur une trèfle à l'assembleure du fleuron dudit bras senextre, une
grande table de balay en son chatton sur bons biseaulx, estimée
100 escus.
Allentour dudit balay, quatre esmerauldes en leurs chattons, pri-
sées ensemble, l'une portant l'autre, 5o escus.
Apres, au miliieu du dict fleuron, un gros saphir cabochon, demy
rond dessus, en son chatton, prisé 70 escuz.
Item aux deux costez dudit saphir et au dessus d'icelluy, trois
esmerauldes en leur chattons, prisées ensemble, l'une portant
l'autre, 90 escuz.
Tout allentour de la pierrerie dessus déclarée estant sur le long
et aux deux costez de la dite croix, ont esté trouvées 49 perles
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202 LE TRÉSOR
grosses telles quelles. — Deffault une des dites perles, le reste vray •.
Item aussy tout allentour de la dite croix, ez souages et es fleu-
rons d'icelles, ont esté trouvées i52 perles petites. — Deffault une
perle, le reste vray.
Item esdits souages ont esté pareillement trouvez 70 petitz grains
d'esmeraudes et 73 petis grains de rubys. — Deffaillent quatre petis
grains de rubys, le reste vray.
Lesquelles perles, grains d*esmerauldes^ rubys contenuz es trois
articles prochains precedentz ne sont cy prisées mais estimées au
poidz d'or avec l'or de ladite croix.
Item au doz de la dite croix ont esté trouvez six vingtz six, tant
grenatz, rubys que saphirs, telsqueles estimez au poidz de For
comme dessus. — Deffault l'un desditz grenatz. — Cet article est le
dos de la croix desrobée mentionnée au premier article.
Pareillement le cristal qui couvre la dite croix, estimé audit poidz
de l'or.
Laquelle croix ainsy spécifiée et déclarée avec le christal et le saint
fust de la vraye croix, le crucifix et toute la pierrerie, le tout prisé
ensemble peze 32 marcz 2 onces et demye d'or.
Déclaration du pied de la dite belle croix.
Le dit pied est d'argent doré, en quarré, ouvré, de demies bosses,
des armes de la passion. Notre Seigneur assis sur quatre lyons, es
quatre coings duquel sont assts les images des quatre evangelistes
qui ont chacun un pulpitre devant eux, sur lequel pied est aussy
mis et assis le plommeau de la dite croix, en façon de lanterne,
auquel il y a deux branches sur îcelles deux images, l'une de Nostre
Dame et l'autre de Mons^ saint Jean, tenant chacune un petit reli-
quaire en façon de livre. Lesquels livres sont d'or, excepté le fondz,
et sont garnis l'un de quatre petites esmerauldes et six saphirs
et l'autre de sept petitz grains d'esmeraudes et sept petis rubis,
avec quatre places vuides, esquelles il n'y a rien. La dite pierrerie
prisée ensemble, l'un portant l'autre, 10 escus. — Deffault l'un des
saphirs, le reste est vray.
Et pèsent les dits pied et lanterne tout ensemble 43 marcs d'ar-
gent doré. — [Cf. K, 337.]
Du jer avril iSyô. Une croix d'argent doré sur laquelle est posé
I. Tomes les annotations marginales, à l'exception de celles que nous
donnons en italiques, paraissent résulter du récolement de 1673 sur l'in-
ventaire de i536. La croix qui fait l'objet de la description ayant été volée
le 9 mai ib'jb, quelques mois après l'achèvement du récolement; les obser-
vations auxquelles elle a pu donner lieu ne sauraient procéder d'une visite
ultérieure. De plus, ces annotations figurent dans le registre LL 636 qui
ne contient pas de notes postérieures à 1576.
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DE LA SAINTE-CHAPELLE. 203
partie du saint fust de la Croix de Notre Seigneur et rédempteur
Jésus Christy fait prendre par le rqy Henry ^ troisiesme de ce nom,
à présent régnant^ de celle estant au lieu et sanctuaire auquel
reposent les sainctes reliques enda dicte Saincte Chapelle, ainsy
qu'il est plus au long déclaré ef lettres patentes de Sa Majesté, don-
nées à Paris au mois de septembre iSyS, registrées en la Chambre
des comptes le troisiesme de décembre ensuivant au livre des Mémo-
riaux, cotte PPP, foL IIIIc LXII, et ce au lieu de celle qui a esté
naguère desrobée, ainsy qu'il est dit au 5^ feuillet du présent inven-
taire sur le premier article. La dicte croix d*argent doré ayant aux
quatre bout!( d'icelle, d'un costé, quatre evangelistes d*or esmaille^,
et, de l'autre costé, les quatre docteurs de l'église, d'argent doré, et
au millieu de la dite croix, un Agnus Dei d'or estant dedans un cha-
peau d'espines, et, au dessoub^ d'iceluy, une pièce aussy d'or, oit
sont les divises du Roy figurées de relief, la dicte croix pesant en
argent 1 2 marcs 6 onces 5 gros et demy, et en or 5 onces 3 gros,
2. Déclaration d'une autre belle croix appellëe comme l'on dit la
croix de Bourbon.
Premièrement :
En la dicte croix, il y a quatre fleurons et quatre membre, et au
millieu un quarré qui se levé, dedans lequel il y a du fust de la
vraye croix Nostre Seigneur.
Item au bout du fleuron d'en bas, un balay longuet percé et mal
net, une partie du trou ouvert par dessus, en un chaston d'or, prisé
4 escus. — Defifaut le dit balay.
Item après le dit balay, au millieu dudit fleuron, un grand saphir
percé, en fondz de cuve, louppeux et de foible couleur, en son chat-
ton d'or, estimé 10 escus.
Item au costé senextre, un saphir, un petit balay longuet, percé,
en son chatton d'or, estimé 3 escus.
Item au costé dudit saphir, une place vuide, où souloit avoir
un balay en son chatton, comme au costé senextre, lequel n'y
est plus.
Item au bout dudit fleuron, une mode de fleur à quatre pampes,
en laquelle il y a un grand balay, percé, fort glaceux, en son chatton,
prisé i5*escus.
Item et allentour dudict balay, quatre esmerauldes, comprise
ime qui est presmeuse, prisés ensemble, l'une portant l'autre,
6 escus. — Deffault l'une des dites esmeraudes et le reste vray.
Item et au dessus dudit balay, un saphir fort chargé de couleur,
percé, fort louppeux, cabochon, prisé 8 escus.
Item au dessus et après ledit saphir, une table de balay telle quelle^
prisée 2 escuz. — Deffault le dit article.
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204 L^ TRÉSOR
Item et au dessus de la dite table, un saphir claret, à fondz de
cuve, plat dessus, prisé lo escus.
Item au dessus dudit saphir, un balay longuet, percé au long et
rond dessus, sur façon de table longuette, prisé la somme de
40 escuz.
Item au dessus dudit balay, un grand saphir longuet, taillé à huict
costez, plat dessus, prisé 80 escus.
Item et au dessus dudit saphir, une table de balay longue, platte
dessus, percée au milieu, prisée 40 escus.
Item audit quarré d'icelle croix qui se levé comme dessus est dît,
y a un gros ruby de vieille mine tirant sur le balay, percé sur le
dessus de petiz trous, prisé 40 escus.
Item allentour dudit ruby, quatre saphirs aux quatre coings, dont
les trois sont en table et l'autre est longuet, demy rond dessus,
prisez ensemble, l'un portant l'autre, 60 escus.
Item entre lesdits saphirs dans ledit quarré, quatre esmerauldes
telles quelles, les aulcunes cassées, prisées ensemble, Tune portant
l'autre, 8 escus.
Item après et au dessus dudit quarré, un balay sur façon de
lozange, cabochon dessus, lequel y a une grande fiesche et est percé
de costé, prisé 40 escus.
Item après ledit balay, un saphir à fonds de cuve, plat dessus,
prisé 100 escus.
Item après ledit saphir, un balay au millieu d'une mode de fleur
à quatre pampes, cabochon, percé du long, prisé 5o escus.
Item allentour dudit balay, dedans ladite fleur, quatre esme-
rauldes telles quelles, prisées ensemble, l'un portant l'autre, 6 escus.
— L'une desdites esmeraudes est cassée par le milieu et la pièce
tombée, le reste vray.
Item au fleuron ensuyvant, après le dit balay, un beau saphir au
millieu dudit fleuron, rond dessus, à fondz de cuve, le tout prisé
200 escus.
Item allentour dudit saphir, dedans ledit fleuron, trois balais,
les deux cabochons et l'autre plat, les cabochons percez, prisés
ensemble, l'un portant l'autre, 3o escus. — Deffault le balay d'en
hault, le reste vray.
Item sur le bras dextre de la dite croix, auprès dudit quarré, un
saphir à fondz de cuve, assez rond dessus, prisé 12 escus.
Item après ledit saphir, une mode de fleur à quatre pampes, au
milUeu de laquelle il y a un balay percé dont les perthuys appa-
roissent sur la face d'un bout à autre, prisé 40 escus.
Item allentour dudict ballay, dedans la dicte fleur, quatre esme-
rauldes, les deux telles quelles, prisées ensemble, l'une por-
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DE LA SAINTE-CHAPELLE. 205
tant l'autre, lo escus. — Deffault l'une desdites esmeraudes, le reste
yray.
Item après, au millieu du fleuron dudit costé, un saphir quarré
fort louppeux, tel quel, prisé aussy lo escus.
Iteift allentour dudit saphir, dedans lequel fleuron, trois balays
tels quels, prisez ensemble, l'un portant l'autre, 8 escuz. — Deffault
le balay du bout.
Item sur le bras senestre d'icelle croix, après ledit quarré, un
saphir longuet à huict costés, prisé 12 escus.
Item après ledit saphir, un grand balay cabochon, longuet et
glacé, assis dedans une mode de fleur, prisé 70 escus.
Item allentour dudit balay, dedans ladite fleur, deux esmeràuldes,
Tune assez belle et l'autre telle quelle, avec un chatton où deffault
un pierre, et la place vuide d'un autre chatton, prisées lesdites
esmeràuldes 6 escus.
Item après ledit balay, au fleuron dudit costé, un saphir lon-
guet en façon de fonds de cuve, percé au long, estimé 3o escus.
Item allentour dudict saphir, dans les dits fleuron, deux balays
et une place vuide d'un autre balay, lesdits balays percez et tels
queles prisez ensemble, l'un portant l'autre, à 4 escus.
En ladite croix, allentour et parmy les dites pierres, vingt quatre
perles telles quelles non prisées cy, mais mises au poidz de l'or de
la dite croix.
Au doz de ladite croix, au fleuron d'en bas, deffaut la moitié du
feuillage dudit fleuron. — Deffaillent deux feuillages du milieu de
ladite croix.
Laquelle croix de Bourbon, ainsy qu'elle est cy dessus spécifiée
et déclarée, peze 10 marcz 4 onces d'or, compris la pierrerie avec le
fust de la vraye croix qui est dedans.
Déclaration du pied de la dite croix :
Le dit pied est d'argent doré, esmaillé d'azur et autres couleurs,
de fleurs de lys et de lyons, à six pands, porté sur quatre lyons, sur
lequel il y a l'image de Mons' sainct Loys, droict avec son dia-
desme, et une royne à genoux ayant une couronne d'or sur sa teste,
garnie de petite pierrerie et de perles et aux branches d'en hault
plusieurs personnages et images, dont deffaillent plusieurs esmaulx
et branches. — Faut noter qu'en l'image sainct Louis n*y a aucun
sceptre. — Deffault de la couronne de la royne neuf pièces, tant
pierres que perles.
Lequel ainsy dessus déclaré pesé 26 marcz 7 onces d'argent doré.
- [Cf. Ky 338.]
3. Ensuyt la déclaration d'une autre belle croix, nommée comme
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206 LE TRÉSOR
l'on dict la croix de Venise, et de la pierrerie estant en icelle, veue,
prisée et estimée par les dits Castillon et Hotman, presens lesdits
commissaires.
Premièrement :
La dite croix de Venise est de bois par dedans, toute couverte de
bon or de vingt deux karatz ou environ, en laquelle y a trois fleu-
rons, quatre branches et un quarré au millieu, dedans lequel quarré
y a un gros saphir rond, environné de quatre grosses perles telles
quelles, ledit saphir prisé 80 escus, et les dites perles 4 escus.
Item au long du costé dextre de ladite croix, un autre saphir
nubileux, prisé 10 escus.
Item, sur le fleuron dudit costé y a un autre gros saphir aussy
nubileux, rond par dessiis, prisé 40 escus.
Item au costé senextre y a un beau saphir à huict costés, dedans
un chatton d'or, prisé aussy 40 escus.
Item sur le fleuron dudit costé senextre, un autre gros saphir
rond, longuet, percé du long, estant dedans son chatton, prisé aussy
40 escus.
Item en la branche d'en hault de la dite croix, un autre saphir à
huict costés, en son chatton auprès dudit quarré, prisé semblable-
ment 40 escus.
Item au fleuron de la dite branche, au bout d'en hault, un
gros saphir longuet et rond dessus, estant dedans son chatton, prisé
25o escus.
Item et en toutes les branches d'icelle croix, vingt sept balays
tels quels, compris un niby, douze saphirs, aussy tels quels, et
trente cinq perles telles quelles, mises et estimées avec le poidz de
l'or de la dite croix. — Defifault l'une desdites perles.
Item en ladite croix, au costé senextre, trois chattons vuides où
dévoient estre deux petis balays et un saphir, pareillement deux
places vuides sans chattons ne pierres.
Item en la branche de en bas, faisant le pied de la dite croix,
neuf places vuides sans chattons ne pierres.
Item au doz de la dite croix, sur le quarré d'icelle, un petit fer-
millet garny d'une perle ayant une petite esmeraulde au sommet,
allentour duquel fermillet il y a unze petis saphirs, nus, et prisez au
poidz de l'or.
Item sur les deux fleurons, des deux costez dudict doz, deux
autres fermilletz, l'un garny de cinq petites esmerauldes et une
perle telle quelle, un grenat au sommet, et l'autre fermillet garny
de quatre esmerauldes et une demye perle au millieu, un grenat
dessus, avec une place vuide, et l'autre branche d'en bas dudit dos
faisant le pied d'icelle croix, un autre fermillet semblable que les
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DE LA SAINTE-CHAPELLE. 207
dessusditz, auquel defifault une pierre, prisez lesdits trois fermilletz
ensemblement 3 escus.
En la branche d'en hault du doz d'icelle croix, sur le fleuron, n'y
a aucune chose et est la place vuide.
Laquelle croix, ainsy qu'elle est cy dessus déclarée, peze, com-
pris le bois et la pierrerie, 6 marcz 6 onces d'or.
Item en ladite croix y a un pied d'argent doré à quatre pans,
porté sur quatre lyons, qui est semblablement à l'œuvre de Venise,
sur lequel pied il y a deux saphirs tels quels dedans deux chattons
d'or et deux autres chattons d'or vuides, pesans ensemble 7 marcs
i5 estellins argent doré. — [Cf. AT, 339.]
Reliquaires.
4. Une image d'or de Nostre Dame tenant son enfant entre ses
bras du costé gauche, et au costé dextre tient un petit vaisseau de
cristal auquel on dit avoir du lait de ladite dame, laquelle est assize
sur un pied d'argent doré d'un pied de hault ou environ à une patte
à six pans porté sur six petitz lyons, laquelle image a sur sa teste
une couronne d'or, et semblablement ledit enfant, en la couronne
duquel deffaillent deux grenadz avec les chattons, l'un devant,
l'autre derrière, et en la couronne de Nostre Dame deffault une
perle entre deux fleurons et un chatton en l'un desdits fleurons,
laquelle couronne est garnie sur le devant d'une esmeraulde ronde
prisée 32 1. — La dite image a esté fondue avec le soubzbassement
par commandement du Roy, comme appert par un procès verbal
signé de Mess. Nicolay, de La Croix, Luillier, Guyot, Marillac,
Fromaget, greffier, en date du 8* juin i562, pour le regard du reli-
quaire et pierrerie, ont esté mises en un coffte fermant à trois clefz,
dont sera fait mention cy après ^
Item en la dite couronne y a sur le costé gauche une esmeraulde
en table, cassée, prisée 3o 1.
Item par derrière il y a une petite esmeraulde esguarrée, pri-
sée 10 1.
Item du costé dextre de la dite couronne y a une esmeraude
cabochonne, ronde, prisée 40 1.
Item autour de la dite couronne, parmy les dites pierres, y a
I. Cette annotation, qui est en marge des copies de Tinventaire de i573-
1575, est évidemment, vu la date de i562, une simple transcription d'une
note ajoutée à l'inventaire de i536; en 1573, l'objet n'existait plus et les
commissaires ne firent pas suivre l'indication de chacune des pièces du
mot Vray,
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208 LE TRÉSOR
unze perles orientales et sept petitz grenadz en chattons, estimez
valloir ensemble lo 1. 1.
Item en la poictrine de ladite image, une belle table d'esmeraulde
à jour, assize sur une fleur à quatre pampes, prisée 400 1. t.
Item es deux costez de ladite aymeraulde, sur les deux bordz de
ladite image, y a deux saphirs en table d'une grandeur et couleur,
prisez ensemble 120 1.
Item en la poictrine de ladite image, une bordure garnie de sept
petits grains d'esmeraulde et de sept petitz grains de grenatz, pri-
sez ensemble 4 1.
Item la ceincture de la dite image, garnie de quatre grains d'es-
meraudes et de quatre grains de grenadz, prisez ensemble 8 1.
Item en la poictrine du petit Dieu, un ruby cabochon de vieille
mine, prisé 12 1.
Item en la couronne d'icelluy petit Dieu, trois petitz grenadz avec
huict perles, prisé le tout ensemble 14 1.
Item sur le fretelet dudit vaissel de cristal, un petit ruby de vieille
mine, prisé 20 s.
Somme de la dicte pierrerie, 681 1.
Et peze l'or de la dite image 5 marcz 2 onces et demye, vallans,
au prix de 120 1. 1. le marc, 687 1. 10 s.
Item ledit pied d'argent doré prisé 3 marcz 7 onces et demye,
vallans, au prix de i5 [1.] t. le marc, 59 1. i s. 3 d.
Somme totalle de la prisée de la dite image, 1,377 1- n s. 3 d. —
[Cf. a:, 340.]
5. Une autre image d'or de Mons. saint Louis de Marseille,
evesque, assis sur un entablement d'argent doré, esmaillé aux armes
de France, tenant en ses mains un reliquaire rond garny de cristal
dans lequel y a de la joincte du dit saint et au dedans d'icelle y a
une table de balay, percée, prisée 12 1. — Pris fondu comme il est
dit cy devant, fol. 12. Pour le regard des pierreries, elles sont cy
après inventoriées fol. i23, mises en une layette cachettée et cot-
tée W<.
Item au dessus dudit balay, une petite esmeraulde en table, ronde
dessus, prisée 3o 1.
Et au dessus de la dite esmeraulde, au haut dudict fleuron, deux
places vuides.
Et auprès d'icelles, une perle qui sera prisée cy après avec les
autres, près de la dite table de balay, une place vuide, auprès de
I. Cette note vise évidemment la fonte de i562 comme pour l'article
précédent. Les commissaires de 1573-1575 n*ont naturellement pas marqué
Vray pour chaque pièce indiquée.
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DE LA SAINTE-CHAPELLE. 209
laquelle souloit avoir une esmeraude ronde rompue, qui estoit pri-
sée 20 1., laquelle n'a esté trouvée et defifault.
Item au dessus de la dite place de la dite esmeraude, sur le fleu-
ron, deux petis balays, une perle et une place vuide, prisez les dits
balaiz 20 s.
Item près de la place de la dite esmeraude, une grosse perle en
une fleur à six pampes, qui sera prisée avec les autres cy après ;
auprès de laquelle perle et au devant dudit reliquaire y a une place
vuide, sur laquelle il y a un fleuron gamy de trois esmerauldes, pri-
sées ensemble ^81.
Item près de ladite place vuide il y a une perle venant sur le costé
deztre, en une fleur à six pampes, qui sera semblablement prisée cy
après avec les autres.
Et auprès de la dicte perle, une table d'esmeraude, plus estroitte
en un bout qu'en l'autre, prisée 160 1.
Et sur la dite esmeraude, audit fleuron, y a une perle, deux petitz
balaiz et une place vuide, prisez lesdits deux balays ensemble 20 s.
Item auprès de la dicte table d'esmeraulde y a encore une grosse
perle en une fleur à six pampes. Lesquelles six perles dessus décla-
rées ont esté prisées, sçavoir est les trois grosses ensemble 24 I. et
les trois petites, aussy l'une avec l'autre, 6 1.
Item sur la mitre dudit image sainct Louis y a plusieurs pierres
comme s'ensuyt.
Premièrement :
Sur le front de la dite image, une esmeraulde longuette, ronde
dessus, prisée 80 1.
Item au dessus de la dite esmeraulde, un balay cabochon,
prisé 24 1.
Item au dessus dudit balay, une esmeraude en lozange, prisée
3oo 1.
Item au dessous de la dite losange, du costé dextre, une esme-
raulde ronde, prisée 80 1.
Item au dessous de la dite esmeraude, un balay cabochon,
prisé 80 1.
Item au dessous de la dite lozange d'esmeraulde, du costé
senextre, une esmeraulde cabochonnée, prisée 160 1.
Item au dessus de la dite esmeraulde, un chatton vuide, sans
pierre.
Et sur le derrière de la dite mitre, auprès dudit chatton vuide, y
a une esmeraude cabochonnée, ronde dessus, prisée 60 1.
Item au dessus de ladite esmeraulde, quatre balays qui font une
croix et le derrière de ladite mitre, prisez ensemble, l'un portant
l'autre, 3o 1.
MÉM. XXXV 14
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210 LE TRÉSOR
Item au millieu desdits quatre balays, une esmeraulde lon-
guette, demye ronde dessus, presmeuse par le bout d'en hault,
prisée 60 1.
Item sur les deux boutz de la dite mitre, deux grosses perles
vieilles, prisées, Tune portant l'autre, 8 1.
Item en la bordeure de ladite mitre et ez pendantz d'icelle, vingt
cinq petitz grains d'esmeraulde et vingt petitz grains de grenatz,
aussy quarante une petites perles, prisez ensemble 24 1.
Item en ladite mitre y a encore douze grossettes perles, prisées
ensemble, l'une portant l'autre, 24 1.
Somme de la dicte pierrerie, 1,126 1.
Item ladicte image, selon l'inventaire précèdent, celluy de ladite
année i536, non signé ny approuvé, pesoit 4 marcs i once d'or, et
neantmoins, après avoir esté pesé par les s» Castillon et Hotman,
orfebvres, presens lesdits comroiissaires, a esté trouvé du poidz de
4 marcs gros d'or, qui, à raison de 120 1. t. le marc, vallent
491 L 5 s.
Item le pied d'argent doré dudit image pesé 4 marcz 4 onces, val-
lans, à raison de i5 1. le marc, 67 1. 10 s.
Somme totalle de la prisée dudit image, 1,684 1* i5 s. [Cf. Ky 341.]
6. Une autre image de Monsieur sainct Thomas de Cantorbye
d'or, d'un pied et quatre doigts de hault ou environ, portée
sur un pied d'argent doré de demy pied de hault, esmaillé à
champ d'azur, fleurs de lys dorées, tenant à main gauche une
petite fioUe de cristal à un pied et couvercle d'or garny de seize
perles et un petit balay. Lequel image a à son col un pallium
d'argent blanc garny de quatre grandes esmerauldes, dont il y
en a deux cassées sur le devant des espaules et cinq petites esme-
rauldes telles qu'elles, chacune d'elles séant au millieu de quatre
perles, avec quatre meschants aussy petitz grenatz seans pareille-
ment au millieu de quatre petites perles chacun, et deux balays,
l'un devant en la poictrine, qui est percé, et l'autre sur l'espaule
gauche, par derrière; auquel pallium y a cinq petites croix d'argent
esmaillées de noir et trois places vuides, Tune sur ladite espaule
droicte et les deux aultres au bas d'icelluy pallium ; tous lesquels
chattons et garnisons des perles sont d'or. Lesquelles perles et pierres
ont esté estimées à 80 escus sol., vallans 160 1. — Pris et fondu
comme il est dit cy devant, fol. 12. Les pierreries mentionnées cy
après sont inventoriées fol. 142 v» et mises en une layette cotée TT^.
Item au col de ladite image y a un collet double garny de sept
petites esmeraudes et sept petitz grenatz, quarante deux perles en
I. Mêmes remarques que pour les deux articles précédents.
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DE LA SAINTE-CHAPELLE. 211
troches et a chacune troche un grain d'esmeraulde et un grain de
grenat; prisé ledit collet 30 escus.
Item sur la teste dudict image sainct Thomas, une mittre d'or
garnie par derrière de six grosses esmerauldes, l'une cassée sur le
costé gauche, avec deux balays, un grenat et cinq grosses perles et
deux moindres, treize petittes perles, septpetiues esmerauldes et sept
grains de grenatz, et ez pendans de la dite mittre, six petitz grains
d'esmerauldes, chacun grain séant au millieu de quatre perles, et
sept petitz grains de grenatz; sur la poincte de laquelle, par le der-
rière, y a un petit balay percé; et au devant d'icelle mitre y a six
belles esmerauldes, dont l'une estant sur le costé dextre, est cassée,
deux balaiz et un ruby clairet, cinq grosses perles, deux moindres
et douze petites, sept petis grains d'esmerauldes et huict petis
grains de grenatz. Et y a quatre places vuydes en la bordeure de la
dicte mittre, et la poincte de devant de la dite mittre vuyde. La
dite mittre prisée, avec ledit fretelet de la dite fioUe, 600 L t.
Ledit image, ainsy qu'il se comporte, tant en or que argent,
pesoit, selon ledit inventaire précèdent, celluy de l'année i536, non
signé, 9 marcz 4 onces, estimez par ceulx qui lors firent la prisée,
nommez Symon Barbedor, joailler, et Jehan Thivier, orfebvre,
à 3 marcz et demy l'argent, et l'or à 6 marcz. Neantmoins, pour
mieux veriffier le poidz et le prix dudit image, lesdits Castillon et
Hotman prisèrent l'or et l'argent ensemblement, et trouvèrent l'ar-
gent peser 4 marcz et l'or 5 marcz 4 onces, qui, au prix de
120 1. pour marc d'or et i5 1. pour marc d'argent, vallent ensemble
720 1.
Somme de la valeur dudit image, i,5ao 1. — [Cf. K, 34a.]
7. Item un reliquaire d'or en façon d'une nef, soustenu par deux
angelz d'or, à l'un desquels deffault des longtempz une aisle, au
hault duquel reliquaire y a un rond de cristal enchâssé en or qui
sert à porter le corps de Notre Seigneur le jour du sacrement,
auquel deffaut aussy une petite fleur de lys qui seoit en un pot
d'or au millieu d'icelluy reliquaire, assiz sur un entablement d'ar-
gent doré garny de deux angels et sur lequel il y a quatre person-
nages, sçavoir est : le Roy, la Royne et deux de leurs enfans, d'ar-
gent, et est la bordeure dudit entablement d'argent, semée de vingt
deux louppes de saphirs et vingt deux grenatz, places vuydes
où deffaillent quatre pierres, pesant ledit reliquaire 9 marcz
7 onces et demye d'or, qui, au prix de 120 1. le marc, vallent
1,192 1. 10 s. t. — Pris et fondu comme il est dit cy devant, fol. 12^
Et l'argent prisé, compris lesdites louppes et grenatz, selon ledit
I. Mêmes remarques que pour les articles précédents.
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212 LE TRÉSOR
précèdent inventaire, 35 marcz ; par celluy de la dite année i536y
selon le poidz que en firent lors lesdictz Castillon et Hotman,
34 marcz 3 onces seulement, vallans, au prix de i5 1. le marc,
5i5 1. 2 s. 6 d. t.
Somme dudit reliquaire, 1,707 1. 12 s. 6 d. — [Cf. K^ 343-344.]
8. Item une image de sainct Louys d'or, séant en une chaize
d'argent doré à claires voyes, tenant un sceptre en sa main,
esmaillé de champ d'azur et fleurs de lys, tenant entre ses mains un
beau fermillet au millieu duquel il y a des ossementz de sainte
Cecille, et un cristal au devant, garny allentour de six esmerauldes,
dont en y a trois cassées qui guères ne vallent, six grenatz et douze
perles, ladite pierrerie prisée 100 1. — Pris et fondu comme il est
dit cy devant et les pierreries cy après inventoriées fol. i23 et mises
en une layette cotté YY*.
Item sur la teste dudict image saint Louis, une couronne d'or
garnye de quatre esmerauldes, dont il y en a deux grosses qui sont
belles et deux autres moindres, estimées c'est assavoir la plus grosse,
3oo 1. 1., et l'autre, 200 1., et les deux autres moindres, ensemble 60 1.,
et quatre grosses perles et un balay sur le front, prisé ledit balay 20 1.
et les perles chacune 4 escus, qui sont 32 1.; monte le tout, 612 1.
Item l'or et l'argent dudit image ensemble avec les petites
perles estant allentour de son diadesme, prisé 1 1 marcz 3 onces
i3 estelins, dont y a pour l'image, qui est d'or, par estimation,
6 marcz d'or, vallans 720 1., et 5 marcz 3 onces i5 estelins d'argent,
aussy par estimation, vallans 76 1. 11 s. 3 d., qui est, pour or et pour
argent, 796 1. 11 s. 4 d.
Somme dudit image, i,5o8 1. 11 s. 4 d. — [Cf. K, 344.]
g. Item un très beau texte d'evangilles ou livre couvert d'une cou-
verture d'or, auquel deffaillent les fermoires, et en l'un des costez de
la dite couverture y a un crucifix de bosse, une image de Nostre
Dame, un saint Jean l'Evangelîste et deux angels de demye bosse,
et commence le second feuillet d'icelluy livre c Joannes ad turbas >
et le dernier feuillet « Jordanem », la croix dudit crucifix garnie
despuis les piedz en bas de plusieurs pierres; c'est assavoir, au
bout d'en bas de ladite croix, d'un gros saphir rond, louppeux
estimé valloir 80 escus.
Item une esmeraulde longuette en table, estimée 40 1.
Item une table de saphir estant au dessus de la dite esmeraulde,
estimée aussy pareille somme de 40 1.
Item au dessus dudit saphir, une autre esmeraulde en table, pri-
sée 3o 1.
Item audessus de ladite esmeraulde, un balay tel quel, estimé 40 s.
I. Mêmes remarques que pour les articles précédents.
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DE LA SAINTE-CHAPELLE. 21 3
Item au diadesme dudit crucifix, un balay, trois petitz grains
d'esmeraudes et trois perles, prisez, l'un portant l'autre, lo 1.
Item au dessus dudit diadesme, une esmeraulde, estroitte d'un
bout, cassée en deux, prisée 24 1.
Item au dessus de la dite esmeraulde, un saphir rond, percé,
estimé 8 1.
Item au dessus d'icelluy saphir y a une esmeraulde ronde, pri-
sée 16 1.
Item au costé dextre de ladicte croix, en joignant le dit diadesme,
une esmeraulde en table, quarrée, prisée 40 1.
Item auprès de ladicte esmeraulde, un balay, prisé 40 1.
Item auprès dudit balay, au bout de la' croisée, une esmeraulde
demye ronde dessus, prisée 80 1.
Item au costé senextre joignant ledit diadesme, une lozange d'es-
merauldes cassée en trois pièces, estimée 6 1.
Item auprès de ladite esmeraulde, faulte d'un chatton.
Au près de la dite place vuide de chatton, au bout dudit costé
senextre, une esmeraulde ronde, prisée 5o 1. '
Item au dessous des piedz de la dite image Nostre Dame et
de sainct Jean y a deux camahyeux d'agathe, en l'un desquels y a
un dain entaillé et en l'autre un aigle, prisez ensemble 6 1.
Item au dessus de la teste dudit image de Nostre Dame, un beau
grand saphir à fondz de cuve, plat dessus, prisé 400 1.
Item au dessus de ladite teste dudit saint Jean y a un autre
gros saphir, demy rond dessus, à deux costez, prisé 200 1.
Item en la bordeure dudit livre, du costé dudit crucifix, au bout
d'en bas, du costé dextre, y a une esmeraulde sur laquelle il y a
un petit grain d'or, prisée 20 1.
Item au dessus de la dite esmeraulde y a faulte d'un chatton, et
au dessus du dit chatton deffaillant, un balay rond, prisé 16 1.
Item au dessus du dict balay, une esmeraulde en table, cassée en
plusieurs lieux, prisée 8 1.
Item au dessus de la dite esmeraulde, un saphir longuet à fondz
de cuve, prisé 40 1.
Item au dessus du dit saphir defTaut un chatton, et au dessus
d'icelluy chatton deffaillant, une esmeraulde en table longuette,
prisé 3o 1.
Item au dessus de la dite esmeraulde, un saphir rond, percé,
prisé 8 1.
Item au dessus du dit saphir, un chatton d'or, sans pierre, et
auprès du dit chatton, une grande table d'esmeraulde longuette,
prisée xoo 1.
Item et auprès de ladite esmeraulde, trois chattons d'or vuydes,
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214 ^^ TRÉSOR
sans pierres, et auprès des dits chattons vuydes, une table de saphir,
prisé 3o 1.
Et après le dit saphir, une place vuyde sur le coing dudit costé
d'icelluy livre par hault.
Item auprès de la dicte place vuyde y a une presme d'esmeraude,
prisée 4 1.
Et près la dite presme y a un chatton d'or sans pierre, et auprès
du dict ch^itton sans pierre y a une place vuyde.
Item au dessous de la dite place vuide y a une grosse presme
d'esmeraulde cassée en deux, prisée 4 1.
Et au dessous de la dite presme y a deux chattons d'or sans pierre.
Et au dessous des dits chattons vuydes y a une esmeraulde cassée
de laquelle deffault une pièce, estimée 12 1.
Item au dessous de la dite esmeraulde, une table de saphir fort
glaceuse, prisée aussy 12 1.
Et au dessous du dit saphir, au coing d'en bas du dict costé du
livre, y a une place vuide, une esmeraulde en table, rompue par un
bout, prisée 20 1.
Item auprès de la dicte esmeraulde y a un saphir a huict costés,
prisé 24 1.
Et auprès du dit saphir et le long du bout d'en bas d'icelluy y a
quatre places vuides.
Item allentour de la dite bordeure selon le dict inventaire précè-
dent devoit avoir vingt six petites perles parmy la dite pierrerie,
mais n'en a esté trouvé que vingt cinq qui sont estimées avec l'or.
Item en l'autre costé du dit livre y a un Dieu de majesté de demye
bosse et quatre evangelistes aux quatre coings d'icelluy, d'or, et allen-
tour du dit Dieu de majesté y a une bordeure en manière de fleur
à quatre pampes, sur laquelle sont assizes plusieurs pierres, et au
bout des piedz d'icelluy Dieu de majesté y a un chatton sans pierre,
vuide.
Item auprès du dit chatton vuide, au costé dextre, y a une esme-
raulde, presme d'esmeraulde, demye ronde, prisée 32 1.
Item au dessus de la dite esmeraulde, un balay longuet, prisé 4 1.
Item au dessus du dit balay y a une table d'esmeraulde longuette,
prisée 12 1.
Item au dessus de la dite esmeraulde, un saphir, prisé 4 1.
Item au dessus du dit saphir y a une esmeraude en table, rompue
en trois lieux, prisée 6 1.
Item au dessus de la dite esmeraulde, un balay, prisé 40 s.
Item au dessus du dit balay, une esmeraude en table, prisée 32 1.
Item au dessus de la dite esmeraulde et au hault de la dite fleur,
un saphir à fondz de cuve, prisé 12 h
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DE LA SAINTE-CHAPELLE. 21 5
Item au dessous du dict saphir, du costé senestre, y a une table
d'esmeraulde, quarrée, demye ronde dessus, prisée 20 1.
Item au dessous de la dite esmeraude y a un balay, prisé 4 1.
Et au dessous du dit balay lors du dit inventaire non signé y
avoit deux chattons d'or vuides sans pierres, et lors de celluy de la
dite année i536 n'y avoit plus que Tun des dits chattons, au dessous
duquel y a une petite esmeraulde ronde cassée, prisée 40 s. t.
Item au dessous de la dite esmeraulde y a un balay tel quel, prisé
20 s.
Et au dessous du dit balay, un chatton d'or vuyde.
Item sur la bordeure du dit livre, au coing d'en bas, y a un saphir
rond cabochon, prisé 16 1.
Item au dessus du dit saphir y a une table d'esmeraulde, prisée
81. — Defifault la dite esmeraulde.
Item au dessus de la dite esmeraulde y a deux places vuides.
Item au dessus des dites deux places, une esmeraulde presmeuse
et guignolée d'un coing, prisée 16 1. — Deffault la dite esmeraulde.
Et au dessus de la dicte esmeraulde, deux places vuydes.
Item au dessus des dictes deux places vuydes, une esmeraulde en
table, cassée en plusieurs lieux, prisée 8 1.
Item au dessus de la dicte esmeraulde, un balay percé, prisé 4 1.
Item au dessus du dit balay, une place vuyde faisant le coing d'en
hault du dit costé, et auprès de la dite place vuyde, une table d'es-
meraulde, prisée 3o 1.
Item auprès de la dite esmeraulde, un balay rond, à huit costez,
prisé 8 1.
Et auprès du dit balay, une place vuyde.
Item auprès de la dite place vuyde, une table d'esmeraude lon-
guette, prisée 5o 1.
Et auprès de la dite esmeraulde y a une place vuyde.
Item auprès d'icelle place vuyde, deux chattons d'or sans pierres.
Item auprès des dits deux chattons, un balay percé, prisé 8 1.
Et auprès du dit balay, une place vuyde.
Item auprès de la dite place vuyde, une table d'esmeraulde lon-
guette, prisée 5o 1.
Et auprès de la dite esmeraude y a une place vuide.
Item auprès d'icelle place vuyde, deux chattons d'or sans pierres.
Item auprès des dits deux chattons, un balay percé, prisé 8 1.
Item auprès du dit balay, un saphir en table, prisé 16 1.
IteiQ au dessous du dit saphir, une table d'esmeraude presmeuse,
prisée 6 1.
Item au dessous de la dite esmeraulde lors du dict inventaire non
signé y avoit une table de balay qui estoit prisé 8 L, laquelle lors
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2l6 LE TRÉSOR
de celluy de la dite année 1 536 defiTailloit et ne s'est à présent trouvée.
Et au dessous de la place du dit balay y a une autre place vuyde,
au dessous de laquelle place vuyde y a une esmeraulde cassée en
plusieurs pièces, prisée 40 s.
Et au dessous de la dite esmeraulde y a ime place vuyde sous
laquelle lors du dit inventaire non signé souloit avoir un chatton
d'or sans pierre qui fesoit un des coings du dit livre, lequel chatton
defiault.
Item auprès du dit chatton y a une esmeraulde en table longuette,
prisée 6 1.
Et auprès de la dicte esmeraulde y a une place vuyde, et près
d'icelle place vuyde un chatton sans pierres.
Item auprès du dit chatton y a une table d'esmeraudes demye
ronde dessus, percée, prisée 3o 1.
Item auprès de la dicte esmeraulde y a une place vuyde.
Item sur les bordeures d'icelluy costé selon le dit inventaire non
signé souloit avoir cinquante trois pierres, toutefois il n'y en a que
cinquante et une qui seront prisées avec le pris de Tor du dit livre.
— De présent il ne se trouve que quarante neuf perles, partant def-
f aillent deux.
Laquelle couverture d'or d'icelluy livre et texte d'evangilles est
prisé par le dit inventaire précèdent non signé 8 marcz d'or, au
pris de 120 1. 1. le marc, vallans 960 1.
Lequel livre prisé ainsy qu'il est compris le livre de parchemia
et bois comme il se comporte, 18 marcz 7 onces.
Et la dite pierrerie montoit au dit précèdent inventaire non signé
1,791 livres, et par celluy delà dite année i536, à cause de aucunes
pierres deffaillans comme il appert cy dessus, 1,783 1. 1.
Somme de la valleur du dit livre tan en or que pierrerie, 2,743 1.
- [Cf. a:, 345.]
10. Item le chef de Monsieur saint Clément estant dans une casse
d'argent doré, quarrée et longuette, à quatre pilliers, sur chacun
desquels il y a un angel, deux desquels n'ont point d'aisles; et au
tour de la dite châsse est figurée la vie du dit saint Clément à
bosses et images tout autour, et en l'un d'iceux images defifault une
teste sur laquelle y a un pavillon aussy d'argent doré, auquel y a
plusieurs pierres telles quelles, qui sont prisées avec l'argent et poidz
d'icelle chasse, laquelle est portée sur quatre lyons d'argent doré ;
pesé ainsy qu'elle est selon l'inventaire précèdent non signé,
36 marcz; par le poidz des dits Castillon et Hotman, 36 marcz
I once qui, au prix de i5 1. t. le marc, vallent 541 1. 17 s. 6 d. —
[Cf. a:, 346.]
1 1 . Item le chef de Monsieur saint Blaize martir, en façon d^un
evesque mittré, d'argent doré, garny de plusieurs pièces de verre de
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DE LA SAINTE-CHAPELLE. 217
diverses couleurs, tant sur la dite mittre, pendans, qu'au collet, assiz
sur un entablement de cuyvre doré avec quatre angels aussy de
cuyvre doré, le tout pesant ensemble par estimacion 80 marcz, dont
il semble en y avoir en argent 5o marcz, et 3o marcz en cuyvre.
Et n'a peu estre pesé, parce qu'il n'y avoit balance qui le peust
porter et aussy qu'on n'en sçavoit rien oster; lequel argent doré
estimé peser 5o marcz comme dit est vaudroit^ au prix de i5 1. t.
le marc, jSo 1. [Cf. K, 347.]
12. Item un chef et reliquaire d'argent doré en façon d'une vierge,
auquel il y a des reliques de Madame Sainte Ursulle, porté sur six
lionceaux, semé de plusieurs armes tant de France que autres;
pesant le tout selon le dit inventaire précèdent non signé, 22 marcz
I once; par le poidz des dits Castillon et Hotman, 22 marcz 2 onces,
qui est, au prix de i5 1. t. le marc, 333 1. i5 s. t. — [Cf. AT, 348.]
i3. Item une image de la Vierge Marie estant sur un pied quarré
à six carreures, en façon d'un calice, portant son fils entre ses bras,
d'argent doré, tenant un saphir blanc percé, auquel sont aucuns
cheveux de la Vierge Marie, prisé le dit saphir, 40 s.
Item sur la poictrine de la dite image y a une esmeraulde et deux
grains de rubys d'un costé et d'autre, prisez 60 1.
Item en la pActrine du dit enfant, un meschant ruby d'Alexandrie
rompu qui ne vault rien.
Item en la couronne d'or assize sur la teste du dit enfant y a
quatre perles telles quelles, huict petis grains d'esmerauldes, quatre
grenatz aussy tels quels, qui ont esté prisez ensemble et avec la dite
couronne, 20 1.
Item sur la teste du dit image de Nostre Dame y a une couronne
d'or, garnye de trois esmeraudes en table, rondes dessus, huict gre-
natz et douze perles telles quelles et une place vuyde par derrière ;
laquelle couronne de Nostre Dame avec les pierres y estant a esté
prisée 5o 1.
Le dit image avec le pied, prisé, en rabattant l'or des dites cou-
ronnes, 7 marcz 5 onces d'argent doré, vallans, à i5 1. t. le marc,
114 1. 7 s. 6 d.
Somme de la valleur du dit image, 246 1. 7 s. 6 d. — [Cf. K, 349.]
14. Item un grand image de Monsieur saint Louis, de deux piedz
de hault ou environ, compris le pied qui est porté sur les trois
lyons, tenant un reliquaire en cristal de l'espaule du dit saint Louis,
le tout d'argent doré pezant ensemble i3 marcz et demy d'argent qui,
au prix de i5 L t. le marc, vallent i52 1. xo s. t.
Item sur la teste dudict image, une couronne d'argent doré, garnye
de chattons d'or rapportez dessus, dedans lesquels chattons y a
neuf esmerauldes telles quelles, plusieurs petits grenatz, avec quatre
parles, la dite couronne prisée 5o 1. t.
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2l8 LE TRÉSOR
Somme du dit image, 252 1. lo s.
Et soit mémoire qu'en la dite couronne y a un des fleurons rompu
et deux chattons vuides, une place vuide et un esmail de plique au
lieu d'une autre pierre, comme par le dit inventaire non signé appa-
roissoit et qu'il fust veu et veriffié lors de celluy de la dite année
i536. — [Cf. K, 35o.]
i5. Item le chef de Monsieur saint Symeon, d'argent doré, en façon
d'un homme vieil et ancien, assis sur un entablement de cuyvre doré,
porté sur quatre angels de cuyvre aussy dorez, lequel chef est coeffé
et couvert d'un coqueluche ou bonnet fermé par dessus avec une
petite verulle esmaillée; esquels angels defailloient trois aisles; le
dit chef estimé peser 35 marcz d'argent ou environ, non compris le
pied et les angels qui sont de cuyvre qui, au prix de i5 1. t.
le marc, vallent 525 1. — Le 12^ décembre i5g2, le dit chef saint
Symeon a esté pris et vendu pour subvenir à l'entretenement et nour-
riture des chappelains de la Sainte Chapelle suyvant Varrest de la
Chambre du 2 du dit moiSy ainsi qu'il est porté par le proceif ver-
bal estant enfin du présent inventaire et signé d'Alesso^ Lecoigneux,
Danes et Varoquier, — Le (sic) test[é\ de saint Symeon a esté mis au
coffre dyvoire mentionné au présent inventaire. — [Cf. Ky 35 1.]
16. Item une image d'yvoire de Nostre Dame estant sur un pied d'ar-
gent doré, aux armes de France, esmaillé, porté sur cinq petits lyons,
tenant son enfant entre ses bras, qui avoit en sa poictrine un cama-
hiet d'agathe, prisé 40 s.
Item sur la teste du dict image Nostre Dame y a une couronne
d'or garnie de six perles rondes et grossettes et quatre petites, pri-
sées ensemble 28 1.
Item sur le devant de la dite couronne y a une esmeraulde glacée,
prisée 16 1.
Item au dessous, à costé gauche, y a une esmeraulde rondette des-
sus et longuette, rompue par l'un des boutz, prisée 20 1.
Item au derrière de la dite couronne de Nostre Dame^ sur le fleu-
ron, y a une esmeraude cabochonne, prisée 60 1.
Et soubz la dite esmeraulde y a une place vuide.
Item près la dite place vuide y a une esmeraulde ronde dessus,
prisée la somme de 80 1.
Et après la dite esmeraulde y a une autre place vuide.
Item en la dite couronne y a encor quatre balays, prisez 16 1.
Item en la poictrine du dict image de Nostre Dame y a une très
belle esmeraulde en un chatton d'or en manière de fleur à quatre
pampes, prisée 800 1.
Lequel image de Nostre Dame ainsy dessus designé, pesé en
argent doré, y voire et l'or de la couronne, ensemble 18 marcz,
estimé le tout valloir 200 1.
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DE LA SAINTE-CHAPELLE. 219
Et la pierrerie qui y est dessus déclarée estimée aux sommes
devant dites monte 1,022 1.
Somme totale du dit image, 1,222 1. [Cf. AT, 352.]
17. Item un ange d'argent doré assiz sur six petis lyons, portant
le chef de Monsieur saint Jean Baptiste en un petit plat d'argent
doré, lequel chef est tout d'or, auquel il y a quelque peu du dit chef
d'icelluy saint, pesant ainsy qu'il se comporte 9 marcz une once et
demye, estimé lors valloir 40 L, et l'argent 1 33 1. 2 s. 6 d., à i5 1. le
marc d'argent.
Somme de la valleur du dit ange, 173 1. 2 s. 6 d. — [Cf. A", 353.]
18. Item une image de la Magdeleine, d'argent doré, tenant entre
ses bras une de ses costes enchâssée de christal, garnie de quatre
bandes d'or à tringles d'or, esquelles bandes y a quatorze esme-
rauldes et dix sept grenatz tels quels et trois places vuides (à pré-
sent quatre places vuides; deffault une esmeraulde des dites XII II) et
en l'un des doigts de la dite image de la main d'icelle pend une
petite lanterne de cristal, dans laquelle il y a des oz de la dite
sainte; et aux deux boutz de la dite coste il y a deux fretelets de
saphirs rondz, percez (l'un des dits fretelets deffault à présent);
l'or d'icelles bandes estimé peser i marc, et l'argent pesé, rabattu
2 marcz pour les dits or et cristal, 9 marcz et demy.
Et la dite pierrerie a esté estimée valloir ensemble 60 escus.
Somme du dit image, tant en or qu'en pierrerie, prisée tout
ensemble, 373 \.K — [Cf. AT, 354-]
19. Item l'image sainte Barbe, d'argent doré, portant de ses reliques,
assize sur un pied à petitz pilliers à jour, porté sur quatre lyons
petitz, desquels en défaillent deux, et aussy deflaut un petit pillier
du reliquaire d'en hault; peze le dit image, ainsy qu'il se comporte,
5 marcs 7 onces, vallant, au prix de i5 1. t. le marc, 118 1. 2 s. 6 d.
— [Cf. a:, 355.]
20. Item une image d'argent doré, en façon d'un evesque, portant
une coste de Monsieur saint Magloire, evesque, lequel image est
assis sur un pied aussy d'argent doré à six quarreures, esmaillé à
fleurs de lys d'or, et, en la bordeure, d'oyseaux, en icelle bordeure
escript « c'est la coste de sainct Magloire », le dit reliquaire
gamy d'un cristal, et pesé selon le dit inventaire non signé 6 marcz,
4 onces«6 gros, et touteflbis par le prix des dits Hotman et Castillon
fust trouvé qu'il pezoit 6 marcz 5 onces 2 gros qui, au prix de i5 1.
le marc, vallent 99 1. 16 s. 10 d. — [Cf. K, 356.]
21. Item un autre semblable image, en façon d'evesque, portant une
des costes de Monsieur saint Spire enchâssée en un cristal, assiz
I. Le récolement de 1592 dit à propos de ce reliquaire : « Avons trouvé
deffaiilir à l'image de It Madeleine un fretelet gamy d'un saphir rond. »
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220 LE TRIÊSOR
sur un pied d'argent esmaillé aux armes de France, pezant 5 marcz
7 onces et demye, vallants au dit prix de i5 1. 1. le marc, 89 1. i s.
3 d. — [Cf. K, 357.]
22. Item une autre image d'argent doré, à façon de evesque, por-
tant des reliques de Monsieur saint Louis de Marseille enchâssées
dedans un cristal rond, assiz sur un pied à six quarreures aussy
d'argent doré, esmaillé à fleurs de lys, sur lequel est escrit : « Crst de
LA jouiNTE SAINT Louis DE MARSEILLE »; pezaut ledit image 4 marcz
5 onces 6 gros, vallant, à i5 1. 1., la somme de 70 1. i5 s. — [Cf. AT, 358.]
23. Item une autre image d'argent doré de monsieur saint Symeon,
assis sur un pied d'argent doré à six quarrés, esmaillé dessus à
fleurs de lys, sur lequel est escrit « c'est le test de saint Symeon, »
le dit image tenant entre ses bras un reliquaire à quatre pampes
garny de cristal, dans lequel y a une croix, pesant icelluy image
4 marcz 5 onces, vallans, au prix de i5 1. 1. le marc, 69 1. 7 s. 6 d.
— [Cf. K, 359.]
24. Item une autre image d'argent doré de saint Pierre de MaroUes
en habit de moyne, portant de ses reliques, séant sur un entablement
esmaillé à fleurs de lys, pezant 4 marcz 3 onces, vallans, au prix
de i5 1. t. le marc, 65 L 12 s. 6 d. — [Cf. AT, 36o.]
25. Item un petit ange d'argent doré, tenant des reliques de Mon-
sieur saint Martin et saint Germain de l'Auxerrois en une table de
cristal, allentour de laquelle est escrit « De Pallio sancti Martini,
De Tunica sancti Germani Altissiodorensis », pezant icelluy ange
I marc 7 onces et demye, vallant, au prix de 1 5 1. 1. le marc, 29 1.
I s. 3 d.— [Cf. a:, 36i.]
26. Item deux angels d'argent doré estant sur entablement aussy
d'argent doré, porté sur quatre lyons pareillement d'argent doré,
lesquels tiennent entre leurs mains un reliquaire de cristal, dedans
lequel y a une des costes de Madame Sainte Elizabeth de Hon-
grie, icelluy reliquaire bandé de bandes d'argent doré en façon
de croissant et garny de pierrerie telle qu'il ensuyt, c'est assavoir
vingt sept saphirs tels quels (deffaut un saphir), vingt cinq grenatz
et quatre vingtz cinq perles (i7 ne se trouve que IIII^ III perles)^
prisées ensemble la somme de 80 1.
En l'un des dits angels defiault une aisle. (Ausdits anges sont leurs
aisles*.) — [Cf. AT, 362.]
27. Et au dessous de la dite coste, sur le dit entablement, y a un
autre reliquaire d'or, aussy en façon d'une coste, soustenu porté
par deux petitz angels, a une lanterne dessus, aussy d'or, semé de
plusieurs armes, petits grenatz, saphirs tels quels, dedans lesquels
l'on dit estre l'une des costes de saint Nicaise ; l'un desquels angels
I. La date des trois notes marginales de cet article est indéterminée.
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DE LA SAINTE-CHAPELLE. 221
d'or a perdu le bout de l'une de ses aisles, et en l'autre deffault l'une
des aisles (ausdits anges estans au dessous de la dite coste ne se sont
trouvées aucunes aisles^)] peze icelluy reliquaire 9 onces et demye
d'or, vallans, au prix de 120 1. le marc^ la somme de 142 1.
Et le dit précèdent reliquaire de cristal, ainsy soustenu par les
dits angelz d'argent doré avec l'entablement aussy d'argent doré,
peze, compris le dit cristal, pierres y estans, 14 marcz i once et
demye, qui vallent, au prix de i5 1. le marc, 212 1. 16 s. 3 d. t. —
[Cf. K, 362.]
28. Item l'image de Monsieur saint Eutrope en façon d'evesque
d'argent doré, de pied et demy de hault avec le pied ou environ,
tenant en un reliquaire quarré, en façon de chapelle, garny de cristal,
dans lequel y a des reliques du dit saint, pesant 5 marcs 5 onces
vallant, au dit prix de i5 l. le marc, 84 1. 7 s. 6 d. — [Cf. AT, 363.]
29. Item une autre image de saint Martin à cheval, d'argent doré,
qui couppe avec une espée son manteau, assis sur entablement
porté sur quatre lyons d'argent doré, esmaillé allentour de fleurs de
lys, tenant en main senextre un reliquaire garny de cristal, dedans
lequel y a de ses os, pezant le dit image par le dit inventaire non
signé 20 marcz 2 onces seulement, estimez au dit prix de i5 1. t.
le marc, 3o3 1. i5 s. t.; toutefois par le poix des dits Cîfetillon et
Hotman a esté trouvé du poix de 20 marcz 2 onces et demye, val-
lantz, au dit prix dessus dit, 304 1. i3 s. 9 d. — [Cf. AT, 364.]
30. Item un ange d'argent doré estant sur un pied [rond] d'argent,
porté sur trois lyons d'argent doré, tenant entre ses mains un petit
reliquaire de christal, dedans lequel y a plusieurs reliques, le tout
d'argent doré et peze i marc 6 onces 7 gros, vallant, au dit prix de
i5 1. le marc, 27 1. 17 s. 6 d. — [Cf. AT, 365.]
3i. Item un autre petit ange aussy assiz sur un pied rond sans
lyons, tenant en sa main un reliquaire garny de cristal, dedans lequel
y a plusieurs reliques garnies d'escriteaux, dont l'un fait mention
des onze mil vierges ; le tout d'argent doré, pezant i marc 3 onces
et demye, vallant, à i5 1. le marc, 21 1. 11 s. 3 d. t. — [Cf. AT, 366.]
32. Item une image de Monsieur saint Michel; l'ange a deux
aesles esmaillées (au dit ange n'y a aucunes aesles, sinon le bout
de l'une d'icelles)y tenant à main dextre une croix, et à la senextre
une targe ou escu, soubz les piedz duquel image y a im dragon ; le
dit image assis sur un pied à six quarrés, esmaillé allentour d'angelz,
porté sur trois lyons ; le tout d'argent doré, lequel image a une aisle
rompue, qui est avec luy, pesant 6 marcz 5 onces, qui vallent, au
dit prix de i5 1. le marc, la somme de 99 1. 7 s. 6 d. — Au dit ange
n'y a aucunes aesles, sinon le bout de l'une d'icelles. — [Cf. AT, 367.]
I. La date de cette note marginale est indéterminée.
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222 LE TRÉSOR
-^ Le 6^ janvier j 5 76 f jour des Rois, de relevée^ fut pris le dit ange
pour fondre et convertir à faire la couverture du bois sur lequel doit
reposer le saint fust de la vraye Croix, presens à ce M^ Anthoine
Nicolay, chevalier, conseiller du rqy en son privé conseil, premier
président des comptes, M« Jacques Belleau, Hierosme de Moulins et
Nicolas Luillier, chanoines de la Sainte Chapelle, de M^ Robert Danes,
notaire et secrétaire dudit seigneur et greffier des dits comptes, et
Nicolas Le Mareschal, contrôleur de la iSainte Chapelle; partant
deffaut à présent la dite image, — Le dit ange payant comme il est
dit au texte, prisé par Afr de Riberolles, gênerai des monnoyes, et
Jean Beaucousin, orfebvre, à ig L 10 s. le marc et 10 s, pour la
façon. — Nota qu'au journal de la dite année iSjô, fol, iS, est
registre un acte faisant mention à qui la dicte vaisselle d'argent a
esté dellivrée et pour quel prix,
33. Item un image de Monsieur saint Christophle, avec son baston,
portant sur son col un petit Dieu qui a un diadesme, esmaillé à un
crucifix, une Nostre Dame et saint Jean l'evangeiiste, porté sur une
terrace esmaillé de verd, assise sur un pied à cinq quarrés, porté sur
cinq lyons, au tour duquel est escrit :
Ghristophori sancti speciem quicumque tuetur
Illo nbmpe die nullo langore tenetur.
Le tout d'argent, pesant 5 marcz i once 2 gros, vallans, au prix
dessus dit de i5 1. 1., la somme de 77 1. 7 s. 6 d. — [Cf. K, 368.]
34. Item un aultre image, en façon d'un enfant d'argent doré, assiz
sur un entablement ou pied quarré, aussy d'argent doré, esmaillé par
le devant à fleurs de lys, autour duquel pied est escrit :
« Le Roy Charles, fils du roy Jean, qui fust duc de Normandie
ET DAUPHIN DE ViENNOIS, A FAIT FAIRE CETTE IMAGE l'aN MIL TROIS
CENS SOIXANTE HUICT. »
Et en un vaissel d'or tenu par le dit enfant y a un pied des Inno-
cens estant dans un reliquaire d'or garny de cristal, estimé peser
l'or 3 onces vallant, au prix de i5 1. l'once, 45 L, et l'argent pesé
6 marcs 3 onces, vallans, au prix dessus dit de 1 5 1. le marc, 93 1.
12 s. 6 d., qui est en somme toutte 140 1. 12 s. 6 d. — [Cf. K, 36g.]
35. Item un texte d'evangilles commenceant au second feuillet
escrit « fructum bonum », et au dernier feuillet < datione », en l'un
des costez duquel y a un crucifix, l'image de la Vierge Marie et
saint Jean, et de l'autre costé, Nostre Seigneur en Majesté en son
jugement et les quatre evangelistes à l'environ, le tout d'argent doré ;
soubz le pied duquel crucifix y a un gros amatiste gravé en façon de
teste d'homme, prisé 40 i.
Item allenviron du dit texte y a plusieurs louppes de saphirs et
grenatz, et quatorze chattons et trois places vuydes, et soubz le dit
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DE LA SAINTE-CHAPELLE. 223
Dieu de Majesté y a une pierre de verre, et en l'un des costez def-
fault une roue en façon d'un trefoil; lequel texte est sans fermouers;
et est le dit livre et texte estimé pezer 20 marcz d'argent doré, val-
lans, au prix de i5 1. le marc, 3oo 1. — Le dit texte a ete refait de
nouveau, auquel il n'y a aucunes pierres fors le dit amateste gravé
qui est mis soubz le pied du crucifix, et de l'autre costé une pierre
verte.
Et la pierrerie estimée 40 1. 1. — Il n'y a aucune pierrerie.
Somme totale du dict livre, 38o 1. — [Cf. K, 370.]
36. Item un autre texte d'evangilles, auquel ne sont toutes les
evangilles, commençant au second feuillet escrit « mo et familia »,
et au dernier feuillet « tur beati », en l'un des costez duquel est la
représentation de la Résurrection nostre Seigneur, et de l'autre costé
y a un crucifix, l'image de la Vierge Marie et saint Jean et deux
angelz au dessus de la Croix, et est le dit livre ou texte garny au
tour d'esmaux de neesleure, sans fermouers, le tout d'argent doré,
lequel est estimé pezer 22 marcz, vallans, au dit prix de i5 1. 1.
le marc, 33o 1.— [Cf. AT, 371.]
37. Item une table d'argent doré qui se clost et ferme à deux cla-
mydes ou guichetz, dedans laquelle il y a plusieurs et diverses
reliques, entre lesquelles de la part d'en hault d'icelle table y a de
la vraye croix. Laquelle table est garnie de plusieurs pierres pré-
cieuses, c'est assavoir de seize perles orientales telles quelles, et à
l'environ de la dite vraye croix de vingt cinq grenatz gros et moyens
(deffault un grenat perdu avec un chatton, restent seulement XXIIII),
soixante petitz grenatz avec leurs chattons, les cinquante et quatre
gamys de saphirs avec leurs chattons, et un chatton sans saphir, et
outre y a un assez gros saphir avec un chatton, et des dessusdits
gros grenatz y en a un rompu de la dite part d'en hault, perdu pour
la plus grande partie. Et est la dite table garnie par dedans de plu-
sieurs esmaux de plicque ; et de la part d'en hault des dits clamides
ou guichetz qui s'ouvrent y a deux angelz d'argent dorez, eslevez de
demy bosse, et aussy la dite table de la partie de dehors insculpée
ou taillée de plusieurs images d'argent doré. De laquelle deffaillent
par dehors deux pilliers de deux costez, aussy defifaillent en la par-
tie d'en hault d'icelle table seize feuillages qui estoient allentour du
pinacle d'icelle et l'esguille dont elle souloit estre fermée; sont le
champ de la dite table et les costez semez de fleurs de lys espargnées ;
et sur le dessus des dits guichetz fermez y a le trespassement de
Nostre Dame et au dessus le couronnement d'icelle; pezant la dite
table avec les dites pierres et pierreries 65 marcz 4 onces, vallans,
au dit prix de i5 1. le marc, 982 1. 10 s. — [Cf. Ky 3j2.]
38. Item un reliquaire d'argent doré garny de cristal, en façon
d'une machouere ou d'un menton, à deux petitz pinacles, sur lequel
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224 ^^ TRÉSOR
il y a vingt quatre perles d'Escosse de petite valleur, aussy dix huict
petits grenatz et vingt trois petitz saphirs de petite valleur, garnis
de leurs chattons. Le dit reliquaire assis sur un entablement d'argent
doré à quatre pattes ou piedz d'argent doré, auquel reliquaire est le
menton de sainte Ursulle, qui peze, avec Içs dits cristal, perles et
pierreries, 6 marcz 7 onces vallant, au dit prix de i5 1. le marc, io3 1.
2 s. 6 d. — [Cf. K, 373.]
39. Item un reliquaire plat ou plane, à façon d'église à deux petitz
clochetz ou pinacles au dessus, garny de deux cristaux et assis sur
un pied quarré porté sur quatre pattes, dedans lequel y a des
reliques saint Pierre, saint Dominique, et au devant du dit plat est
escrit « Sanctus Petrus, Sanctus Dominicus », le tout estant d'ar-
gent doré, pesant 3 marcz 3 onces 2 gros, vallans, au dit prix de
i5 1. le marc, 5i 1. 2 s. 6 d. — [Cf. AT, 374.]
40. Item trois reliquaires du chef Monsieur saint Jacques le
Mineur, dont il y en a deux d'une hauteur et le tiers moindre, tous
d'une façon, lesquels sont faictz en façon d'une fleur à quatre
pampes ou d'une tréfile, assiz sur un pied rond à façon d'un chan-
delier, porté chacun pied sur quatre pattes, pesans ensemble
10 marcz 5 onces vallant, au prix de 12 1. t. le marc, la somme
de 127 1. 10 s. t. — [Cf. K, 375-377.]
41. Item un autre reliquaire en façon d'un clocher ou d'une tour
quarrée, assiz sur un pied quarré garny par devant de cristal, tout
d'argent doré, dedans lequel il y a du genouil de Monsieur saint
Anyan, ainsy qu'il est escrit au devant du dit cristal ou il y a c De
GENU sANCTi Aniani »; pczant le dit reliquaire 7 marcz 3 onces qui
vallent, au prix de i5 1. 1. le marc, la somme de 112 1. 10 s. 6 d.
— [Cf. Ky 378.]
42. Item un autre reliquaire plat, en façon d'église à trois pinacles
à façon de clochers dessus, d'argent doré, garny de trois cristaulx
longuetz sur chacun desquels il y a un escrit, sur le premier « de
SANCTi Maximiani », sur le second « de sancti Lusiani », sur le tiers
« de sancti Juliani », dedans lesquels cristaulx sont les dites
reliques ; et est assis le dit reliquaire sur un pied quarré à quatre
pattes, lequel peze 4 marczs 6 onces et demye, vallans, au dit prix
de i5 1. 1. le marc, la somme de 72 1. 3 s. 3 d. — [Cf. AT, 379.]
43. Item un autre petit reliquaire garny d'un cristal rond, assis sur
un pied rond, sur lequel est escrit « de tunica et Pallio sancti Fran-
cisci ». Le dit cristal garny de douze petits grains de saphirs et dix
petitz grenatz, sur le couvercle duquel y a un petit annelet, le tout
d'argent doré, pesant ensemble 7 onces d'argent, vallans, au prix
de i5 1. 1. le marc, i3 1. 2 s. 6 d. t. — [Cf. AT, 38o.]
44. Item un autre reliquaire d'argent doré, en façon de coste, porté
sur six lyons, garny de cristaulx en trois costez, semez sur les
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DE LA SAINTE-CHAPELLE. 225
bandes de petites perles d'Escosse et de petitz grenatz et de petits
grains de saphirs estimez au poidz d'argent, dedans lequel reliquaire
il y a des reliques de saint Philippes, apostre, plusieurs autres
sainctz; pesoit selon le dit inventaire non signé 3 marcz i once
6 gros; par le poidz, qui en fust pris lors du dit inventaire i536
a esté trouvé pezer 3 marcz i once seulement, vallant, au prix de
14 1. 1. le marc, 43 1. i5 s. t. — [Cf. AT, 38i.l
45. Item un autre petit reliquaire rond et longuet, d'argent doré,
garny d'un cristal rond, nommé vulguairement de l'huile saint Andry,
assiz sur un pied quarré à quatre pattes, aussy d'argent doré, sur
lequel pied y a quatre escussons semez de fleurs de lys, pesant
6 onces 3 gros d'argent, vallant, au prix de 14 1. 1. le marc, la somme
de II 1. 3 s. t. — [Cf. AT, 382.]
46. Item une grosse couppe couverte, faicte par personnages de
bosse, sur le couvercle de laquelle est figurée la Passion de Nostre
Seigneur, sur le pied d'ycelle est le Baptesme et la Résurrection
Nostre Seigneur avec autres misteres, sur le hault de laquelle y a
un fretelet à façon de pomme à huict quarrez; dedans laquelle
couppe y a des costes de Madame sainte Anne ; la dite couppe d'ar-
gent doré et toute vermeille, dorée dedans et dehors, peze 6 marcz
d'argent, vallans, au prix de i5 1. le marc, 90 1. t. — [Cf. Ky 383.]
47. Item un autre reliquaire d'argent doré, où est le mistere de la
Résurrection Nostre Seigneur, sur lequel y a un tabernacle à
quatre pilliers accotté de deux angelz tenans chacun un reliquaire
garniz de cristal, dedans l'un desquels est escrit « De lapide Montis
Calvarjb » et dedans l'autre « De sancta Martha ». Le dit reliquaire
assis sur un pied à huict costés, porté sur quatre lyons, autour
duquel y a trois gendarmes tenans l'un une espée (ladite espée
default)y l'autre une lance et l'autre est appuyé sur son escu. Le
tombeau d'icelluy est de porphire. Lequel Dieu tient une croix en
sa main. Le tout, excepté le dit tombeau, estant de bosse et d'ar-
gent doré, compris le dit porphire, 17 marcz 6 onces selon le dit
inventaire non signé; mais par le poidz qui en a esté pris en pro-
cédant au dit inventaire i536 a esté trouvé pezer 17 marcz 6 onces
et demye d'argent, vallant, au prix de i5 1. 1. le marc, la somme de
266 1. 5 s. t. [sic], — [Cf. a:, 384,]
48. Item un autre reliquaire garny de trois cristaulx longuetz par
devant, dedans lequel est le bras de Monsieur saint Léger en chair
et oz, que tiennent deux anges assis sur un entablement estroict de
deux piedz de long ou environ, porté sur cinq pattes, sur lequel
entablement y a deux escussons esmaillez de fleurs de lys d'or sur
champ d'azur, le tout d'argent doré, et y est escrit ce qui s'ensuyt :
« Le Roy Charles, fils du Roy Jean, qui fust duc de Normandie et
DAUPHIN de Vienne, a fait faire ce joyau, et y a du bras avec la
MÉM. XXXV l5
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2^6 LE TRÉSOR
CHAIR DE Monsieur saint Léger, l'an mil trois cens soixante huict. »
Et peze le dit reliquaire avec les dits cristaulz et reliques, selon le
dit inventaire non signé, i3 marcz demye once d'argent; par le
poidz qui en a esté pris en procédant au dit inventaire i536 a
esté trouvé pezer i3 marcz 2 onces et demye vallans, au prix de
i5 1. 1. le marc, la somme de 199 1. 1 3 s. 9 d.
Au dit reliquaire deffailloit une patte du dit entablement et une
aisle de l'un des dits angelz. — Le dit reliquaire a esté refait, partant
n'y default rien, — [Cf. AT, 385.]
49. Item une châsse d'argent doré, portée sur quatre piedz aussy
d'argent doré, allentour de laquelle il y a plusieurs images de demy
bosses eslevez, garnis de pierres de verre bleu, rouge, vert et de
huict perles telles quelles avec leurs chattons. La dite châsse sou-
loit pezer 5 marcz i once, et en procédant au dit inventaire i536
fust trouvé taré au dit poidz de demye once, qui peut proced-
der à cause que la dite chasse a esté escornée en deux coîngz, aussy
d'un clou et fermoir d'or qui y deffault, pour ce 5 marcz demye
once, vallans, au prix de i5 1. 1. le marc, la somme de yS 1. 18 s. 9 d.
— [Cf. K, 386.]
50. Item un escrain de bois couvert d'argent blanc, d'un pied et
demy de long ou environ, sans serrure ni clef, à un Dieu de Majesté,
croix, fleurs dessus de demye bosse de façon antique, estimé pezer
3 marcz d'argent ou environ vallans, au prix de 11 1. t. le marc,
33 1. - [Cf. K, 387.]
5i. Item un petit reliquaire de cristal rond, rompu en deux boutz,
garny d'argent doré, lequel pend a une petite chaisne à un crochet
aussy d'argent doré, dans lequel y a du bras dextre de Monsieur saint
Victor, martir. Lequel reliquaire et plusieurs autres ossementz et
reliques non enchâssées ont esté trouvées dans le dit escrin cy
devant inventorié, desquelz les escriteaux ensuyvent :
« Cette pierre est de Monte Cauvavriae. >
« Item de la Roche ù li sans Nostre Seigneur despandi quand
Longy[n] le feri, ù senextre costé, ù mont de Calvaire. »
« Hic habet de capite sancti Ludovici de Marcelliaco, de naso
BEATAE HeLENAE VIRGINIS, CUJUS CORPUS IN ECCLESIA ^EATI PeTRI
Trecensis quiescit cum pluribus aliis reliquiis. » — [Cf. AT, 388.]
52. Item un hanap d'argent doré par dedans et par dehors, allen-
tour duquel au dedans il y a un soleil, et au fondz y a un petit reli-
quaire rond garny de cristal et d'un couvercle et de deux pièces,
desquels le dit reliquaire couvert est fermé, lequel couvercle est par
dessus esmaillé d'une image de saint Martin, et par dedans de ruis-
seaux vers. Lequel hanap sied sur un pied long et estroict, aussy
d'argent doré, sur lequel pied sont de deux costez les armes de
France esmaillées, pesant icelluy hanap 2 marcz 5 onces 6 gros, val-
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DE LA SAINTE-CHAPELLE. 227
ians, au prix de i5 1. le marc, la somme de 40 1. 16 s. — [Cf. K, Sgi.]
53. Item un reliquaire en façon d'une coste, à deux petitz pinacles
par dessus, assiz sur un pied quarré, le tout d'argent doré, garnye
la dite coste de cristal par devant et dessus et dessous de deux
esmaux de plicque, quinze grenatz et quinze saphirs, autour de
laquelle coste est escrît « Haec est costa sancti Erlenoindi >,
pesant ensemble avec les dictes pierres estimées au poidz d'argent
4 marcz, vallantz, au prix de i5 1. t. le marc, la somme de 60 1. —
[Cf. K, 392.]
54. Item deux petitz angelz d'argent doré qui ont chacun une
petite vis par dessous, lesquels comme il semble ont autrefois
servy, pèsent 2 marcz 5 onces, vallans, au dit prix de 1 5 1. 1. le marc,
la somme de 39 1. 7 s. 6 d. t.
Et se trouve par les inventaires que les dictz angels ont servy à
la seconde croix cy devant inventoriée. — Les deux angelz ont esté
pris et mis par la relation de Me Pierre Rossignol au porte Dieu
que l'on a fait de nouveau, inventorié ci après. — [Cf. K^ 393.]
55. Item un beau grand camahyeu assiz sur une table quarrée, le
derrière de laquelle et les costez sont d'argent doré, la partie de
devant sur laquelle est assiz le dit camahyeu est d'or, semblablement
la bordure ; sur laquelle bordeure y a plusieurs pierres. La dite table
est assize sur un pied d'argent doré, auquel sont plusieurs reliques
d'un costé, garnies de sept cristaulx et de plusieurs esmaux dessous
les dites reliques. En icelle table y a soixante trois perles de Seyne
avec leiu-s chattons (des dites LXJII perles ne s'en trouve que LVIII)
et six chattons desgarnis des dites perles [se trouvent un^e chattons
desgami^y plus trois gros, saphirs, l'un desquels tire un peu sur
coiieur violet et est percé au long par dedans ; aussy l'un d'iceulx
saphirs, sçavoir celluy qui est au hault de la dite table est rond et
bon de ce qu'il contient au regard des deux autres; plus vingt sept
presmes d'esmeraudes, dont il y en a cinq bonnes, treize rubys de
peu de valleur; et aux quatre coingz de la dite table, du costé du dit
camahyeu, sont quatre potences d'or à images esmaillées et lettres ;
et aux deux boutz d'en hault près les dites potences deux petites
images plattes d'or esmaillé ; semblablement du costé du dit cama-
hyeu, au tour de la bordeure par dedans sont vingt petitz esmaux
d'or, rond. Laquelle table cy dessus designée fust donnée par Charles
le quint, aînsy qu'il appert par l'escriture estant au pied d'icelle ; et
est le dit camahyeu aucunement feelé et rompu tout au long en
trois pièces, estimé ainsy qu'il est 10,000 escus et vaudroit beaucoup
plus n'estoît la dite feesleure. [Pour ce 20,000 1.] — [Cf. K^ 3go.]
56. Item une croix double d'argent doré, de vieille façon, au millieu
de laquelle est un crucifix garny de plusieurs perles menues, seize
saphirs gros et menuz, huict balais et encor de quatre perles plus
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228 LE TRÉSOR
grossettes, et dessus la teste du dit crucifix une presme d'esme-
raulde; lesquelles pierres et perles sont touttes de petitte valleur;
aussy en icelle croix deffaillent plusieurs perles et une pierre. Der-
rière la dite croix sont quatre images, deux evangelistes et un
Agnus Deî enlevez au millieu. Laquelle croix se porte sur un entable-
ment d'argent doré, allentour duquel sont quatre petites tours, à
touttes lesquelles deffaillent leurs couvercles, et au pommeau du
pied de la dite croix deffaut un des piedz des dites tournelles. —
[Cf. ^, 389.]
57. £z vieilz ou precedentz inventaire est escrit ce qui s'ensuyt :
Soit notté que au précèdent inventaire y a un article faisant men-
tion d'une boitte d'yvoire dedans laquelle souloit avoir un petit sac,
auquel estoient plusieurs saphirs, balays et autres pierres précieuses,
desquelles n'est fait inventaire.
Sur ce enquis Jean Payot, desnommé au procedz verbal, estant
au commencement de l'inventaire de la ditte année i536, fist
responce qu'il avoit plusieurs pierres et autres choses qui n'estoient
appliquées aus dites reliques et les monstreroit en leur ordre, et
depuis exiba le dit Payot plusieurs choses qui furent invento-
riées par le menu. — Soit vérifié ce que dessus par cy après. —
[Cf. K, 394.]
58. Item un anneau d'or pontifical, sur lequel il y a un gros fer-
mail garny de balays, c'est assavoir deux gros et deux moyens, et
d'un gros saphir au millieu, et de quatre grosses perles rondes orien-
tales, estimé le tout valloir la somme de 90 escus. — [Cf. Ky 398.]
59. Item un beau baston pastoral en manière d'un croton, d'argent
doré, qui se met en quatre pièces, fermans à une viz, et est tout semé
de fleurs de lys d'argent doré, lequel baston estoit garny par hault
lors des precedentz inventaires de vingtz grenatz, tant gros que
petitz, et de la moitié d'un avec leurs chattons, et lors du dit inven-
taire i536 ne furent trouvez que dix des dits grenatz, dont en y a un
bien gros, aussy y souloit avoir quatre gros saphirs clairetz de peu
de valleur, desquels n'a esté trouvé que un.
Item au dit baston y a trois chattons sans pierres, plusieurs
petites perles aussy avec leurs chattons, dont aucunes defTaillent;
le dit baston est aussy garny de seize esmaulx et images, et au mil-
lieu du croton d'en hault y a un banc à dossier, sur lequel est assis
Dieu et Nostre Dame, et est garny au doz en contre la longueur du
dit crotton ou baston de feuilles d'argent doré, dont il en deffault
deulx tout entières. Lequel peze tout ensemble 19 marcz 2 onces
d'argent doré, estimez, à 14 1. le marc, la somme de 196 1. — Ledit
baston pastoral a esté refait depuis ledit inventaire, qui fut l'an
i536, et ne se trouve en icelluy les pierres contenues audit article.
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DE LA SAINTE-CHAPELLE. 229
et au lieu d'icelles y ont esté mis quelques verres de plusieurs cou-
leurs. — [Cf. Ky 400.]
60. Item un autre petit baston pastoral, couvert d'argent fort tenée,
qui sert, aux Innocens, aux enfants de cœur, et se peut diviser en
quatre pièces, desquelles la pièce de la crosse, alias du crotton, est
de cuivre doré, et y a soubz le dit croton une poignée de cuyvre
doré garnye de six esmaux d'argent, dont les cinq sont neeslez et
l'autre est blanc, et est le bout du dict baston pastoral en façon de
serpent. Laquelle pièce de croton est de deux costez couverte de
bandes d'argent neeslé, sur lesquelles bandes y a plusieurs petites
fleurs de cuyvre doré ; et deflaut en l'une des dites pièces d'icelluy
baston pastoral une pièce d'argent de quatre doigtz ou environ.
Lequel baston, qui pezoit par le dit inventaire non signé, compris
les canons de cuyvre qu'on ne sçavoit séparer ny estimer, 8 marcz
3 onces, fust prisé en la dite année x 536 par les dits Hotmanet Cas-
tillon, orfebvres devant nommez, fust trouvé du poids de 8 marcz
I once et demye seulement. — [Cf. K^ 401.]
61. Item une belle fleur de lys d'argent doré à quatre fleurons,
sur laquelle y a une couronne aussy d'argent doré ; laquelle fleur de
lys sert aux festes solennelles et moyennes à mettre sur le baston
du chantre; icelle fleur de lys pezant i marc 6 onces, prisée 26 1.
— Ladite fleur de lis couronnée a esté depuis ledit inventaire i536
refondue et faicte de neuf, laquelle peyse 3 marcs 3 onces 6 gros
comprins les y enchâssés ^ — [Cf. Ky 411.]
62. Item une belle tablette d'or devant et derrière, qui sert à don-
ner la paix; au millieu de laquelle de la partie de devant y a un beau
camahieu, auquel y a un crucifix, Nostre Dame, saint Jean gravez et
entaillez ; et est le dit camahyeu assis sur un soleil d'or ; et en la partie
d'en hault d'icelluy camahieu et aux deux coingz de dessoubz sont
trois angels d'or eslevez, tenans le dit soleil et le dit camahieu. Et est
la dite table garnie de sept gros balays assez bons, les uns toutefois
meilleurs que les autres, aussy de trois bons gros saphirs et d'un
autre saphir moyen tel quel et de cinq esmerauldes, desquelles
l'une est fort bonne, laquelle est rompue par un coing d'en bas, et
les autres quatre sont de petite valeur, pareillement de quatorze
perles orientales, desquelles les aucunes sont meilleures que les
autres ; toutes lesquelles perles et pierres sont en leurs chattons ; et
oultre les choses dessus dites y a trois gros chattons vuydes; et
semble qu'il y ait eu autrefois au hault du dit camahyeu d'un costé
une perle et un balay qui deflaillent, et au derrière de la dite table
y a une ance d'or à la tenir qui se ferme à une petite vis d'or,
I. Cette note marginale est fournie par le ms. LL636.
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23o LE TRÉSOR
et aussy une esguille d'or, qui sert à la dite table quand elle sert
aux chappes et que l'on la veult appliquer à icelles. Laquelle tablette
peze 4 marcz 2 onces or, perles et pierreries ensemble, qui, à raison
de 120 1. le marc d'or, vallent la somme de 5 lo 1.; et la dite pierre
ainsy dessus déclarée a esté estimée par les dits orfebvres, les perles
ensemble, à la somme de j36 1., qui est pour la totalité de la dite
table, or, pierrerie, la somme de 1,246 1. — [Cf. AT, 414.]
63. Item ime autre petite paix d'argent doré quarrée, à une ance
par derrière, au millieu de laquelle il y a un Agnus Dei entaillé,
laquelle peze 2 onces et demye, vallans, à 14 1. t. le marc, la
somme de 4 1. 7 s. 6 d. — Ces deux paix ont esté prises et fondues
comme il est contenu au dernier recollement qui a esté fait, du
io« décembre i566, fol. 10 vo<. — [Cf. K, 436.]
64. Item une aultre petite paix d'argent blanc et un filet tordz
allentour, dedans laquelle y a un crucifix, la Vierge Marie et sainct
Jean, hachez et dorez, du poidz de 2 onces 3 gros qui, à raison de
35 s. t. l'once, vallent 4 1. 2 s. t. — [Cf. Ky 567.]
65. Item une autre paix en façon de fleurs de lys par devant, aux
armes de France et du Dauphin, esmaillée, et au principal fleuron
est la représentation du crucifix et aux deux autres Nostre Dame et
saint Jean, laquelle est dorée par devant, et par derrière est d'ar-
gent blanc seulement, aussy derrière y a une ance à la tenir; au bout
de laquelle souloit avoir un fleuron qui deflault. Icelle paix, en
plusieurs lieux esmaillée, pesé 2 marcz i5 estelins, vallans, au
prix de 14 1. le marc, la somme de 29 1. 6 s. 3 d. — [Cf. K,
453.] — Cette paix et la subséquente ont esté pareillement fon-
dues, et au lieu d'icelles Ton en a refait deux autres, qui pezent,
ainsy qu'il est dit au susdit recollement, fol. 11, 4 marcz à juste
poidz*. — Les dites deux paix ont esté, le i3 juillet iSgiy prises
et vendues pour subvenir à l'entretien du service divin en la Saincte
Chapelle, suyvant Varrest de la Chambre du 8^ dudit moys, ainsy
qu'il est dit fol. 126,
66. Item une autre petite paix d'argent doré quarrée, à une petite
ance par derrière, en laquelle y a par devant un crucifix entaillé
pezant 6 onces, vallans, au prix de 37 s. 6 d. l'once, la somme de
II 1. 5 s. — [Cf. a:, 454.]
67. Item une fleur de lys d'or qui souloit servir au devant d'une
chappe, laquelle fleur de lys est garnie par devant de quatre gros
saphirs et treize esmerauldes moyennes et petites, et de quinze rubys
1. Il s'agit de la fonte de i562.
2. Note de 1 573-1575 faisant allusion au récolement de i566, et visant la
fonte de i562; à la suite autre note de 1591.
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DE LA SAINTE-CHAPELLE. 23 1
alexandrins moyens et d'un fort gros ruby d'Alexandrie de la vielle
mine, qui est rompu vers le bout d'en bas, et de douze perles
de Seyne moyennes ; et au fleuron d'en hault y a un chatton où sou-
loit estre une esmeraulde; et par derrière est garnie d'esmail de
plicque, lequel esmail est rompu par le bout d'en bas; au pied
aussy y a derrière une esguille d'or par laquelle souloit pendre la
dite fleur, laquelle est mise en un petit escrain de cuyr, prisée, tant
en or qu'en pierrerie, 38o 1. — [Cf. A", 423.]
68. Item un camahyeu entaillé en façon d'un gros homme tenant
en sa main dextre une couronne d'espines d'argent esmaillé de vert
et tanné, et en la main senextre une double croix d'argent doré.
Lequel homme est vestu despuis l'estomach tirant en bas, d'une robe
d'argent doré, et sciz sur une nue d'argent esmaillée d'inde; lesquels
homme et nuée sont portez sur un gros entrepied d'argent doré et
feuillages eslevez en façon de lys ; et sous le dit entrepied y a un gros
pommeau esmaillé de fleurs de lys, et soubz le dit pommeau une
vis d'argent blanc ; dedans lequel est mis un baston pour le porter,
lequel baston est appelle le baston du chantre, qui est d'un bois
nommé hebenne, et est, en la partie d'en hault, d'argent doré,
esmaillé par les quatre costez à esmaulx de fleurs de lys, et au bout
d'en bas y a une vis en laquelle se met le dit camahieu, semé par
entour de feuillages eslevez, et au bout d'iceux esmaulx y a un
pommeau à quatre quarreures aussy esmaillées de fleurs de lys;
soubz le dit pommeau, demy pied plus bas, y a un petit cercle
à quatre esmaulx, aussy de fleurs de lys; soubz le dit cercle,
un pied et demy plus bas, y a un autre semblable cercle. Le dit bas-
ton garny, par bas, de la longueur d'un petit pied, d'argent doré,
où y a semblablement esmaulx de fleurs de lys. Lequel camahieu et
baston du chantre, jusques à la vis du bout d'en bas où il est mis,
peze, ainsy qu'il se comporte, 8 marcz 6 onces et demye, selon le dit
inventaire non signé, et par le poidz qui en fust pris en la dite année
i536, pesé 8 marcz 7 onces et demye, icelluy camayeux compris, val-
lans, au prix de 16 1. t. le marc, la somme de 157 1. Et le surplus du
dit baston peze, avec le bois qui y est, 6 marcz 6 onces, estimé
l'argent à 4 marcz, vallantz, au prix de 14 1. le marc, la somme de
56 1. t., qui est en somme toutte du dit baston pastoral, 2i3 1. —
[Cf. K, 427.]
69. Item une lanterne d'argent doré par dehors, hachée à lettres
et rinsseaux, garnie de petits pilliers et une poignée à la tenir en
façon d'un baston à sept quarreures ; la dite lanterne, servant aux
prelatz quand ils font l'office en hyver, et peze, ainsy déclarée que
dessus, 2 marcz, vallant, au prix de 14 1. le marc, la somme de
28 1. *- La dite lanterne defl*ault et a esté prise par ordonnance de
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232 LE TRÉSOR
M» des comptes pour refaire le reliquaire du Corpus Domini, comme
il est contenu au dernier recollement*. — [Cf. K^ 433.]
70. Item deux lettres en façon d'une M, d'argent doré, à esmaulx,
lesquelles sont par dessus garnies d'un costé de plusieurs perles,
doubletz, saphirs, pierres d'Israël et autres pierres incogneues de
petite valeur, dont en deffault aucunes, pezant ensemble les dittes
deux lettres, ainsy qu'elles sont, 3 marcz 6 onces, qui, au prix de
16 1. t. le marc, vallent la somme de 60 1. t. — [Cf. Ky 439.]
71. Item deux bastons de bois qui se peuvent mettre l'un dedans
l'autre ensemble, couvertz en partie d'argent doré à fleurs de lys et
roses eslevées ; laquelle couverture d'argent contient pour les deux
bastons un pied et demy de long ou environ, lesquels bastons sou-
loient servir à porter la grand croix aux festes solennelles et pèsent
les dits bastons et argent ensemble 6 marcz 5 onces et demye,
estimé le dit argent, au prix de 14 1. 1. le marc, la somme de 93 1.
12 s. 6 d. — Lesdits deux bastons deffaîUent parce que ils ont esté
pris pour refaire le susdit reliquaire du Corpus Domini, comme il
a esté porté audit recollement*. — [Cf. jRT, 432.]
72. Item une croix d'argent doré à fleurs de lys d'or et champ
d'azur esmaillée, sur laquelle y a un crucifix aussy d'argent doré
avec un pommeau et baston à porter la dite croix, qui est de ciprez
couvert d'argent doré, lesquels baston et pommeau sont couvertz
d'argent blanc; et servent les dits croix et baston et pommeau
à tous les jours à l'evangille et aux processions, et sont les dites
choses rompues en aucuns lieux et brisées, et en la dite croix, près
du fleuron d'en bas, souloît avoir un peu de la vraye croix, mais de
présent n'y a plus que la place vuyde ; toutefois, lors du dit inven-
taire i536 fust relaté par M" André de Lusseux et Gobert Des-
loges, chapelains de la dite Sainte Chapelle, que autrefois ils y
avoient veu le dit saint fust, mais il y avoit bien dix ans et plus, et
estoit la dite croix en la garde des marguilliers, prisée par les dits
orfebvres, avec les dits baston et pommeau, le tout ensemble, la
somme de 278 1. — [Cf. Ky 441.]
La dite croix a esté refaite, ensemble le baston d'icelle, depuis le
dit recollement, peze avec son plommeau, non compris le baston
qui est plain, de bois, i5 marcz 5 onces ^.
73. Item une autre croix d'argent doré, où il y a un crucifix aussy
d'argent doré, sur lequel il y a deux angelz pareillement d'argent
X. Note de 1573 faisant allusion au récolement de i566; la réfection du
reliquaire est donc antérieure à cette dernière date,
2. Même remarque que dans la note précédente.
3. Note de x573 faisant allusion au récolement de i566; la réfection de
la croix étant postérieure à cette dernière date.
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DE LA SAINTE-CHAPELLE. 233
doré estant avec aultres besongnes en la garde des dits marguil-
tiers, le tout pezant ensemble 84 marcz 4 onces, vallans, au prix
de 14 1. le marc, la somme de 488 1. 17 s. 6 d. — La dite* croix a
esté refaitte, en laquelle y a un crucifix garny de 4 evangelistes
aux 4 bouts, ainsi qu'il est dit au recollement, fol. 11; et est de
présent la dite croix entre les mains des marguilliers, et peze
27 marcz 5 onces il y a près de xx ans, ainsy que certiffie ledit Ros-
signol. — Et 3 soit notté que les aesles des dits angelz (deffaillent les
aisles desdicts angels, au moyen de la fonte qui en a esté faite^
comme dit est cy dessus) sont joinctes avec deux bastons qui ne
sont d'argent, et neantmoins sont comprises aus dits poidz ; aussy
soit noté que Tun des dits angels souloit tenir une esponge, et
l'autre une lance, comme appareust lors par le vieil inventaire, les-
quels esponge et lance auroient esté adirées quelque temps despuis ;
les dites lances, c'est assavoir celle qui est garnie de son fer, et
l'autre, au bout de laquelle est l'esponge, ont esté trouvées ; sont
d'argent doré, pezans ensemble 3 onces et demye, et ce oultre et
par dessus le poidz de ladite croix, vallans, audit prix de 14 1. le
marc, la somme de 6 1. 2 s. 6 d. t. — [Cf. Ky 45 1.]
74. Deflaut une croix de corne noire, au millieu de laquelle, d'un
costé il y avoit un Agnus Dei d'yvoire, et de l'aultre costé une petite
croix de cuyvre ; servoit icelle croix pour les trespassez. — Il est
ainsy porté parle vieil inventaire fait le dit an iS36. — [Cf. AT, 463.]
75. Item une croix de jaye, rompue en plusieurs lieux, garnie
d'argent doré, avec un crucifix d'yvoire blanc, le pommeau de
cuyvre esmaillé de touttes partz, séparé de la dite croix, qui est
mise en un repositoire de cuyr, et combien que la dite croix soit
rompue en plusieurs lieux, toutefois les pièces ont esté touttes trou-
vées au dit repositoire. — [Cf. Ky 538.]
76. Item fust trouvé un pommeau d'argent doré pour une croix,
lequel sert ordinairement à la croix. — [Cf. AT, 541.] '
77. Item un reliquaire d'argent blanc, d'un costé, et de l'autre
costé il y a un reliquaire incogneu, descouvert, mis et posé sur
poidz, auquel costé d'argent est la représentation de la croix double,
et en l'escriteau IHVS XPVS. — Le dit relliquaire deffaut, comme
il est porté par ledit recollement, fol. 12. — [Cf. AT, 565.]
78. Item une autre grande croix de cristal, de quinze pièces, dont
1. Note marginale vraisemblablement de 1578 puisqu'elle vise un réco-
lement antérieur, probablement celui de x566.
2. Cette observation se réfère à la i~ partie de l'article, à Tobjet fondu ;
la note italique entre parenthèses peut procéder du récolement de 1573,
elle se réfère à la fois à la note de fonte qui précède et à la note sur les
ailes.
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234 ^^ TRÉSOR
l'une, qui est à commencer au pied, est cassée; la dite croix garnie
dedans elle d'une croix de fer qui va de part en part avec son
estuy, prisée par les dits orfèvres loo 1.
79. Item un grand estuy de bois garny d'argent qui souloit servir
à la grande croix double figurée à croix et personnages, pesant,
avec le dit bois et toille de soye tenant au couvercle dudit estuy
par dedans, 63 marcz.
80. Item un reliquaire du chef de Monsieur saint Biaise, d'argent
doré, à huit quarreures, qui est rond par dessus, sur lequel est la
représentation du dit sainct, gisant et eslevée, et y a plusieurs
esmaulx petitz, en façon d'un petit chappel tout allentour, et à
l'environ du dit reliquaire sont plusieurs images eslevées, neant-
moins y deffaillent plusieurs pilliers, esmaulx, pierres de petite
valleur qui y souloient estre. Lequel reliquaire a esté ouvert, et ne
s'est rien trouvé dedans, fors une pièce du chef de saint Blaize
joincte par dedans le dit couvercle, pesant le tout ensemble 1 1 marcs
2 onces, qui, au dit prix de 14 1. le marc, vallent la somme de
157 1. 10 s. t. -- [Cf. AT, 458.] — Le dit reliquaire deffault, parce qu'il
a esté pris par ordonnance du Roy, comme il est dit par le dit recol-
lement, fol. 12. — La dite pièce a esté trouvée enchâssée en une
petite boette d'argent, en façon d'ovalle, ouverte par dessus en
forme de tresfie, laquelle pièce a esté mise au petit coffre fermant à
trois clefz, l'une desquelles est demeurée en la chambre, cotté W.
81. Item un angel d'argent doré, assiz sur un pied de huict quar-
reures, lequel tient en ses mains un petit reliquaire quarré, duquel
la bordeure par dessus est d'or; dedans lequel reliquaire y a une
des espines de la couronne de Nostre Seigneur, et du linge dont il
fust ceinct et circuyt, du suayre, des drapz de l'enfance et du veste-
ment de pourpre ; duquel angel les aesles sont de cuyvre doré, le
tout pezant ensemble 8 marcz i once et demye. — [Cf. Ky 460.] —
Le 12^ de décembre i5g2y le dit ange doré a esté pris et vendu pour
subvenir à l'entretenement du service divin en la Sainte Chapelle,
suyvant Varrest de la Chambre du 2« du dit mois, ainsy qu'il est
porté par le proce^ verbal estant enfin du présent inventaire, signé
Dalessoy Le Coigneux, Danes et Varroquier, — Le reliquaire que
tenoit le dit ange doré a esté mis au coffret d*yvoire mentionné en ce
présent inventaire.
82. Item un aultre ange d'argent doré, qui sied sur un pied
quarré, aussy d'argent doré, lequel tient en sa main un petit reli-
quaire, dedans lequel est une partie de la vraye croix; le tout
pezant ensemble 5 marcs 7 onces. — [Cf. K, 461.]
Au dit ange il n'y a aucunes aesles ny moins la vraye croix, et au
lieu d'icelle, il y a un morceau de la pierre du Sepulchre, comme il
est contenu au dit recollement, fol. 12 verso.
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DE LA SAINTE-CHAPELLE. 235
83. Item un petit vaissel d'argent blanc en façon d'un coffret de
cuyr, dedans lequel sont trois fioUes d'argent, esquelles l'on met le
saint cresme et les autres onctions, pesant ensemble, compris les
huiles estant dedans, 2 marcz. — [Cf. K, 462.]
84. Item une petite couronne d'argent doré à quatre fleurons,
toutte pleine, pour quelqu'image que le Roy a devers soy, et laquelle
couronne le dit sieur a laissée en la dite Sainte Chapelle. — Def-
fault comme il est dit au susdit recollement, fol. 12 vo. — [Cf. AT, 528.]
85. Item, un autre vaissel, quasi rond, d'argent doré, haché et
cizelé, fermant à clef par dehors, pour les saintes onctions, avec
trois ampouUes ou canons d'argent, dorez par dessus, mises au dit
vaissel, pezans ensemble 4 marcz 2 onces. — Deffault le dit vaissel,
lequel a esté pris par commandement du Roy, comme il est con-
tenu au dit recollement, fol. 12 vo, et neantmoins a esté représenté
le petit vaisseau où l'on met les dites saintes huiles qui estoit dedans
le dit vaissel. — [Cf. K, 529.]
86. Item un petit escrain long, couvert de verdure, auquel sont
gardez plusieurs reliques et sanctuaires. — Deffault aussy comme il
est porté par ledit recollement, fol. i3. — [Cf. K, 53o.]
87. Item en un coffre quarré couvert de soye, une bourse de soye
en laquelle est un petit reliquaire d'argent doré, garny de cristal, et
dix pièces de cristal. — [Cf. K^ 532.]
88. Item un reliquaire que l'on dit le bras sainct Georges, donné
par le Roy, estant sur deux piedz doubles, qui en font quatre, d'ar-
gent doré, aux armes du seigneur de Pons, ainsy que l'on dit; le dit
reliquaire estant en un escrain de cuyr noir. — [Cf. K^ 539.]
89. Item un petit cofiret d'yvoire ou bois blanchy, fermant à clef,
garny de bandes de latton, où sont les reliques de saint Jacques
Majeur, apostre, avec les lettres et bulles certifficatoires escrites en
parchemin seellées de deux sceaulx pendans, et sont les dites reliques
en un petit coussin et de tafletaz rouge, et sur icelluy un escriteau
contenant « Sancti Jacobi apostou Majoris » et au dessous « pro
Regb ». — [Cf. K, 543.]
90. Item une petite couronne de cuyvre doré, ornée et parée de
petitz grenatz et pierres de verre, dont plusieurs deffaillent, et ser-
voit anciennement à une image de la saincte chasse. — [Cf. K, 544.]
91. Item un repositoire nommé ciboire, où l'on met le Saint
Sacrement, lequel est dessus le grand autel, pendu au bout d'une
crosse de cuyvre, et est le dit repositoire tout d'or, excepté la mou-
leure et empartement du pied, qui est d'argent doré; au hault
duquel il y a une petite croix d'or, et en chacun costé d'icelluy il y
a im crucifix d'or eslevé et deux tiltres de « Jésus Nazarbnus, rex
JuDBORUM » ; et peze le dit ciboire d'or, compris la dite mouleure et
empartement du pied qui est d'argent doré, 5 marcz 3 onces, qui
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236 LE TRÉSOR
seroit en or 4 marcz 6 onces, vallans, au prix de 72 escus sols le
marc d'or, la somme de 342 escus. — Deffault le dît repositoire,
lequel a esté desrobé en l'an ibjS, et au lieu d'icelluy a esté mise
une couppe d'argent doré, sans lanterne, qui peze 2 marcz 7 onces
2 gros et demy.
Et peut bien pezer la dite mouleure du pied d'argent 5 onces,
valans aussy, au prix de 14 1. t. le marc, la somme de 8 1. 1 5 s. t.
Lequel ciboire est en un repositoire d'argent doré, en façon d'une
lanterne, ayant six pilliers d'argent doré, et souloit icelluy reposi-
toire pendre à trois petittes chaisnes d'argent doré, lesquelles def-
failloient lors du dit inventaire i536, et fust dit que le dit reposi-
toire 22 [marcz] avoit ou environ, fust refondu, et en ce faisant
furent les dites chaisnes confondues en icelluy repositoire, qui
pezent 22 marcz 7 onces, vallans, au dict prix de 14 1. t. le marc,
la somme de 320 1. 5 s. t.
Somme totalle de la valleur du dit cy boire, 1,01 3 1. — [Cf. Ky 563.]
92. Item trois platz d'argent à mettre trois cierges, qui servent au
cœur devant le grand autel, en chacun desquels platz y a une
poincte d'argent pour entrer dedans le pied des dits cierges pour
les tenir ; pezantz iceux platz ensemble x6 marcz i once, vallans, au
prix de 14 1. t. le marc, 226 1. i5 s. — [Cf. AT, 466.]
93. Item cinq lampes aussy d'argent, à quarreures, chacune esmail-
lée aux armes de France, lesquelles pendent au millieu de la nef et
contre le pied du griffon, prisées par les dits Hotman et Castillon,
et trouvées du poidz de 5 marcz justement, vallant, au dit prix de
14 1. t. le marc, la somme de 70 1. t. — [Cf. Ky 467.]
Les dites lampes ont esté fondues par l'ordonnance des commis-
saires depputez par le Roy à la monnoie de cette ville, comme il
est porté par le susdit recollement.
94. Item deux grands bassins d'argent doré dedans et dehors, en
un desquels y a une gargouille à vuyder l'eau, et à chacun d'eux y
a par dedans un grand esmail au millieu en façon de la Saincte
Chapelle, environné de six esmaux moyens aux armes de France et
de Bourgongne ; aussy sont garnys les ditz bassins par les bordz et
extremitez au dedans, et tout allentour, d'esmaulx semblablement
aux armes de France et de Bourgongne, les dits bassins pezans
ensemble avec leurs esmaulx i5 marcz 6 onces justes, vallans, à
14 1. le marc, 220 1. 10 s. t. — [Cf. Ky 425.]
Le i^r juin i5g2y les dits deux bassins ont esté pris et vendus
pour subvenir à Ventretenement du service divin en la Saincte Cha-
pelle, suyvant Varrest de la Chambre du 25^ majr précèdent. Les
dits deux esmaulx des dits deux bassins vendus ont esté mis dans le
petit coffre couvert de cuir fermé à trois clefy, et un papier
cotté -f"h.
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DE LA SAINTE-CHAPELLE. 287
95. Item un plat d'argent doré par dedans et par le dehors au
bord, qui sied sur un pied rond d'argent blanc, lequel pied est doré
par le bord, et est le dit plat haché par dedans aux armes de Mon-
sieur le Dauphin et autres menues choses, au fondz duquel il y a
quelque escriture. Lequel plat sert à mettre la platene à la grand
messe, et peze 4 marcz i once et demye, qui vallent, au prix de
14 1. 10 s. le marc, la somme de 60 1. 14 s. 4 d. — [Cf. K^ 429.]
Despuis et le 6^ janvier iSyô^ le contenu de l'article susdit a esté
pris pour servir à la couverture de la dite vraye croix, comme il
est ci devant dit au feuillet 40, estimé par les dits Riberolles et Beau-
cousin à ig l. 10 s. t, le marc et 10 s. pour la façon,
96. Item deux bassins d'argent veré (vray pour un seulement), au
fond desquels sont les armes de France esmaillées, en l'un desquels
y a un petit biberon à vuider l'eau, et servent à donner à laver au
prestre ; lesquels sont ensemble du poidz de 5 marcz 7 onces justes,
vallans, au prix de 14 1. le marc, la somme de 82 1,5 s. — [Cf. K, 447.]
L'un des dits bassins auquel estoit le dit goulet a esté desrobé,
partans, deffault.
Depuis a esté refait un autre bassin de la façon que celluy des-
sus, veré par les garnisons, pezant, avec une burette ci après inven-
toriée fol. 78, qui auroit esté refaite de nouveau, au lieu d'une
autre, qui auroit aussy esté desrobée, 4 marcs i once i gros et
demy moins.
97. Item une petite tasse d'argent blanc, en façon d'un hanap,
qui sert à mettre le sel pour faire Teau beniste, laquelle peze
6 onces i5 estelins, vallans, au prix de 14 1. t. le marc, la somme
de II 1. i6s. 3d. — [Cf. AT, 452.]
98. Item un grand pot de cuyvre de Dama», qui a un grand bibe-
ron droict, avec son couvercle, lequel sert à mettre l'eau des fondz
pour baptizer les enfantz ; lequel pot aucun tempz précèdent le dict
inventaire i536 fut changé, et au lieu d'icelluy y en a de présent
un d'estain. — Ne se trouve aucun pot d'estain. — [Cf. K, 464.]
99. Item un benoistier d'argent, doré par dedans et par dehors,
avec son esperges aussy doré, sur lequel benoistier y a par dehors
six treffles esmaillées aux armes de France ; lequel est porté sur six
piedz ou pattes d'argent doré ; iceulx benoistier et asperges pesans,
ainsy qu'ils sont comprins les véroles qui sont de laton, 16 marcz
2 onces, estimez à 20 1. t. le marc. Et avoit esté le dit benoistier
refait et refondu nouvellement lors du dit inventaire i536, mesmes
despuis l'inventaire précèdent non signé, au lieu d'un autre pareil
ouvrage et façon fort empiré, lequel ne pezoit que 14 marcz, pour
ce, au dit prix, la somme de 325 1. — [Cf. K, 431 (?).]
100. Item un autre benoistier avec son asperges d'argent blanc,
du poidz ensemble de 9 marcz 6 onces, lequel benoistier a esté
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238 LE TRÉSOR
perdu longtemps a et en fust donné par le feu roy Louys quittance
aux marguilliers qui le perdirent, par quoy deflaut. — Ledit benois*
tier perdu, recours au précèdent inventaire. — [Cf. Ky 445.]
loi. Item quatre chandeliers d^argent veré, c'est assavoir deux
rondz et deux quarrez, les rondz pezans i3 marcz 2 onces, et les
quarrez 14 marcz 2 onces, qui seroit ensemble 27 marcz et demy,
vallans, au prix de i5 1. le marc, la somme de 412 1. 10 s. — [Cf. K^ 444.]
102. DefTault un baston pastoral de lin ou de bois peinct de
diverses couleurs, qui deffailloit aussy dès le précèdent inventaire
non signé. — [Cf. K, 53 ij
io3. DefTault aussy un baston d'argent doré aux armes de France
et de Castille, auquel estoit Pimage de Nostre Dame, et deffailloit
dès les precedens inventaires. — [Cf. Ky 540.]
104. Item un croton d'argent doré, garny de pierres de verre, et
sert pour l'evesque, et y a deux images, c'est assavoir de Nostre
Dame et d'un angel, au pommeau duquel crotton y a deux anneaux
neeslez. — [Cf. K, 548.]
io5. Item un esmouchoir ou esventail de parchemin, peinct aux
armes de France et de Bourgongne, qui est mis et enfermé en un
escrain ou coffre d'yvoire. — [Cf. K^ 457.]
106. Deffault un petit drap d'or de l'œuvre de Damas de diverses
couleurs, fort empiré et consumé, qui servoit à tenir la patène. —
Comme au recollement précèdent et inventaire de Tan i536. —
[Cf. K, 465.]
107. Deffault aussy un coffre de cuyr, auquel souloient estre plu-
sieurs pièces de drapz vieux qui estoient de la sepultvire d'aucuns
saints, lesquelles pièces, lors dudit inventaire i536, auroient esté
pieça bruslées et mises en cendres. — Idem selon le viel inventaire.
— [Cf. K, 526.]
108. Item une estolle garnie de vingt pièces quarrées d'argent
doré, ouvrées dessus à jour, avec le phanon, contenant neuf
pareilles pièces ornées de perles et d'argent doré, comprimez à
lozanges, pezans ensemble avec le taffetas et doubleure, le tout,
ainsy qu'il est, 6 marcz. — [Cf. Ky 527.]
109. Item neuf noetz de toille, en l'un desquels furent trouvez
cinquante et un petitz pendans d'ambre (deffaut Vun des dits pen-
dans) enchâssez en argent doré, et unze autres petitz d'argent doré
ou ambre (lesquels ont esté mis en un coffre fermant à trois clefs) qui
sont ensemble du poidz de 2 onces 17 estelins et demy. — [Cf. AT, 533.]
Et les autres huict noetz ont esté mis ensemble et divisez ez
noetz qui ensuyvent.
no. Premièrement ont esté mis en un, douze saphirs tant gros,
moyens que petitz, pesant ensemble 18 estelins et 3 félins. — Les
dits douze saphirs ont esté mis comme dessus est dit. — [Cf. Ky 533.]
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DE LA SAINTE-CHAPELLE. 239
111. En un aultre plusieurs grenatz, rubys d'Alexandrie, ama-
tistes et une cornaline un peu gravée , qui pezoient ensemble
5 gros. — Dedans le dit noet se trouve un gros saphir et un moyen,
trois grenatz, dont il y en a un rompu, trois pièces de rubys alexan-
drins rompus, une cornaline gravée et deux amatistes, mises comme
dessus dedans le dit cofifre.
112. En un autre, deux petitz balotteaux et aulcunes pièces d'es-
merauldes rompues, pezant ensemble demy gros. — Mises comme
dessus.
11 3. En un autre, huict perles, en l'une desquelles est une petite
potence d'or, pezans ensemble 2 estelins et demy. — Mises comme
dessus.
114. En un autre, plusieurs menues perles de fretin d'or, chattons
et autres pièces menues d'or et pierres enchattonnées, pezans
ensemble i once 5 estelins. — Mises comme dessus.
ii5. En un autre y a une petite pièce en manière de fermail, au
millieu de laquelle y a un moyen saphir, et allentour d'icelle plu-
sieurs menues pierres de petite valeur. — Mises comme dessus.
Plus une autre chose semblable en manière de fermail, au
millieu de laquelle il y a aussy un saphir, et allentour plusieurs
menues pierres.
Plus deux saphirs assez gros en chattons d'argent, un jaspe assez
gros enchatonné en argent, un assez gros amatiste pareillement
enchâssé en argent et un moyen grenat, le tout pezant i once
17 estelins.
116. Item en un autre noet, plusieurs petitz chattons d'argent
verres, une agathe et autres menues pièces, tant argent blanc que
argent doré, pezans ensemble 8 onces et demye et 5 estelins. —
Mises comme dessus. h
117. Item en un autre, cinq boutons de cristal, enchattonnez en
cuyvre doré, qui deffaillent. — DefTaillent selon l'inventaire précè-
dent i536.
Aussy y avoit un fermai! d'argent doré qui defiault.
118. Item en un nouet commun dévoient estre les pièces qui
s'ensuyvent :
Premièrement, une fleur de lys d'or garnye de quatre grenatz, et
une esmeraulde, laquelle n'a esté trouvée et defiault.
Item trois petites perles en trois chattons d'or, et un saphir
moyen, aussy en un chatton d'or, lequel saphir n'a esté trouvé et
defiault. — Defi'aillent les dites trois petites perles. — [Cf. A", 534-535.]
1 19. Item deux petites noetz liez ensemble, en l'un desquels estoient
plusieurs petites perles de verre de couleur d'azur, et en l'autre plu-
sieurs menues perles de semence de peu de valleur. [Cf. Ky 536.]
120. Item deux grandz cornetz d'ivoire anciens ayantz chacun
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240 LE TRÉSOR
deux archeletz de cuyvre doré, aussy une coste et un Dieu d'yvoire
ouvré ou entaillé,, lequel Dieu deffault. — Recours à Tinventaire
i536. [Cf. K, 542.]
121. Item deux morceaux d'argent doré esmaillez, avecles images
de la Vierge Marie, aux armes de France et de Bourgongne; en
Tun desquels deffaut une petite feuille d'argent, pezans ensemble
I marc et demy, vallans, au prix de i5 1. le marc, la somme de 22 1.
10 s. t. — Les dits deux morceaux défaillent et ont esté baillez pour
fondre pour le « Corpus Domini », recours au recollement der-
nier, fol. i3. — [Cf. K, 549.]
122. Item un autre morceau d'argent doré, à vignettes eslevées,
aux armes de Navarre esmaillées, d'où deffaillent deux esmaulx;
lequel morceau est du poidz d'un marc une once et demye, vallant,
au dit prix de i5 1. le marc, la somme de 17 1. 16 s. 3 d. — Pris
pour ce que dessus. — [Cf. Ky 55o.]
123. Item deux morceaux d'argent doré de chappes à images
eslevées, esmaillez iceux morceaux avec armes de Madame la
duchesse, mère de la royne Jeanne de Bourbon, en l'un desquels
deffault une affiche ou afficquet, auquel il pend avec le bout d'une
feuille, et en l'autre deffaut une feuille avec le bout de l'autre feuille,
pezans ensemble 2 marcz 3 onces 5 estelins, valans, au dit prix de
i5 1. le marc, 36 1. 1 s. 6 d. ob. — [Cf. K^ 555.] — Pris comme dessus.
124. Item quatre boutons de menues perles servans pour les
chapperons des chappes, dont les deux sont enclos de cercles
d'argent dorez, desquels deux l'un est rompu, et en iceux sont
quatre t roches de perles complettes, au millieu desquelles, mes-
mement de celles qui font le tour, il y a en chacune une esme-
raulde, dont en deffault une, et en la troche de dessus un grenat,
esquelles troches deffaut aussy un rang et demy de petites perles,
et les deux autres boutons sont sans garniture, bien couvertz de
petites perles. — Et soit notté qu'en l'un des boutons dessus dictz y
a faulte d'un nœud qui servoit à afficher ou fermer la chappe. —
Mis comme dessus. — [Cf. K^ 556.]
125. Item deux autres bouttons de perles, esquels ne sont aucuns
cercles d'argent ne de troches de perles, esquels du temps de feu
maistre Philippes de RuUy deffaut un bouton. — Mis comme des-
sus dedans le dit coffre. — [Cf. AT, 557.]
126. Item six absconces d'airain à tenir les chandelles aux
matines. — Le dit Rossignol a dit qu'il ne les avoit veues, recours au
recollement dernier, fol. i3. — [Cf. Ky 56i.]
Calices.
127. Un beau calice d'or, fort riche, avec sa pattene, laquelle est
toutte esmaillée d'esmaulx de plicque, par où on veoit le jour; et
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DE LA SAINTE-CHAPELLE. 24 1
est semblablement le dit calice esmaillé par dehors. Lequel, avec sa
dite pattene et les esmaulx, peze 9 inarcz 4 onces et demye d'or
justement, estimé le dit or à 200 1. t. le marc, eu esgard à la façon
et esmail de plique avec l'ouvrage, prisé par les dessus dictz la
somme de 1,925 1. — En la dite pathene s'est trouvé un petit coing
de Tun des triangles de l'esmail cassé de longtemps. -~ [Cf. AT, 415.]
128. Item une arche assez longue et large, ferrée en plusieurs
lieux, qui n'a point de pied, laquelle souloit estre mise dessous le
triangle, et meintenant est mise dessous l'autel du trésor où sont
mises les chappes. — [Cf. Ky 421.]
129. Entre autres choses fùst aussy trouvé un autre grand calice
tout d'or, avec sa pathene aussy d'or, qui est ordonné pour les
grandes festes, et a le dit calice un pommeau garny de trois saphirs
et trois balays assez gros, et de douze perles orientales moyennes,
et de douze escuz esmaillez aux armes de France; sur le pied
duquel y a douze esmaulx d'or, desquels les six sont aux armes
de France et six à images; et est la dite pathene garnie d'un costé
par dedans de douze esmaulx semblables aux autres douze esmaulx
qui sont au pied d'icelluy calice, et au millieu y a un grand esmail
de la Trinité. Lequel calice, ensemble avec sa pathene, pierres et
perles, peze, selon le dit inventaire précèdent non signé, 6 marcz
5 estelins; toutefois, en la dite année i536, fust trouvé du poidz
de 6 marcz demye once, et a esté estimé or, pierrerie et perles
ensemble à la sompie de 764 1« — [Cf. K, 422.]
Le dit calice contenu au susdit article sera inventorié cy après,
fol. 73 verso, pour seconde foys, comme il est contenu et dit au
recollement dernier, fait en l'an i566, fol. 14.
i3o. Item un aultre calice rpnd d'argent doré et de pleine façon, qui
sert ordinairement, duquel le pommeau est esmaillé à fleurs de lys,
et sur le pied d'icelluy y a un crucifix couché ou abaissé, et escrit
sur le dit pied « Ludovicus », et sur la pathene y a un agnus Dei. Les-
quels calice et pathene sont du poidz de 2 marcz 3 onces i5 estelins,
vallans, au prix de i5 1. t. le marc, 37 1. 7 d. ob. t. — [Cf. AT, 435.]
Le dit calice, par la certiffication du. dit Rossignol, a esté fondu,
et en son lieu refait un autre, qui sert ordinairement, de façon d'un
soleil, sur la couppe, et pied d'icelluy garny de deux esmaulx, l'un
aux armes de France et l'autre d'un crucifix, et en la pathene d'icel-
luy il y a deux esmaux, l'un d'un Dieu de pitié et l'autre de mesme,
pesant 3 marcz 5 onces 6 gros.
i3i. Item un autre calice à un pied rond, avec sa pathene d'ar-
gent doré, qui est ouvré par dehors à images eslevées, et la dite
pathene, ouvrée à images taillez, et se divise le dîct calice par pièces
quand on veut, lequel est mis en un petit escrain (deffault le dit
escrain) ou repositoire, et peze le dit calice avec sa pathene 5 marcz
M^H. XXXV 16
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242 LE TRlésOft
I once, qui, au prix de i5 1. 1. le marc, vallent 76 L 17 s. 6 cL t. —
[Cf. K, 438.]
Le 12^ décembre i5g2 le calice a esté pris et vendu pour suintenir
à Venir etenement du service divin en la Sainte ChapellCy suyyant
Varrest de la Chambre du 2« du dit mois, ainsy qu'il est porté par
le proced^ verbal estant en fin du présent inventaire, signé Dalesso
Le CoigneuXy Danes et Varoquier,
Le mardy i3« avril i535, après Pasques, en recelant et veriffiant
le nombre des calices qui deyoient estre en la dicte Sainte Chapelle,
fust trouvé au lieu de deux articles contenus au dit précèdent inven-
taire non signé qui s'ensuyvent :
1 32. Item un calice d'argent avec sa pathene, duquel le pied est rond,
et audit pied y a voit un crucifix, [sur la pathene] Jésus Christ monstrant
ses playes, et au do« de la dite pathene un Agnus Dei. — [Cf. K, 455.]
i33. Item un calice d'argent doré par dedans et par dehors,
duquel le pommeau est esmaillé, et y a un Dieu de pitié esmaillé
sur la pathene du dit calice, et sur le pied d'icelluy y a un crucifix
aussy esmaillé. Lesquelles platene et calice pezent ensemble 2 marcs
5 estelins. — [Cf. AT, 456.]
Que les dits deux calices, selon la déclaration au texte des dits
deux articles, défaillent, mais au lieu d'iceulx furent trouvez deux
autres calices :
L'un d'or {est inventorié cy devant foL 72 t^» les dits deux
articles ne servent que d'un), ayant la couppe pleine et ronde et le
pied [rond], garny sur le dit pied de six grands esmaulx, six petitz,
dont, aux six grandz, sont six apostres taillez et esmaillez basse
taille, et aux six petitz esmaulx sont les armes de France esmatl-
lées d'azur, et au dessus des dictz esmaulx haché de feuîlletz et de
couronnes espargnées, et au souage du dit pied est escrit en forme
de lettre espargnée :
HuNc CAUCBM Carolum Rxgbm nostrum statuisse
Pro cultu solum majoris nostrae missae
FiLius HIC Rbois Jo. Dblphinusque Viennab
Da qui cuncta rbgis dbcus huic souumqub perbnnb.
Le thuyau du dit calice est à six quarrés, et y a un pom-
meau auquel sont les armes du Roy en douze esmaulx, aux armes
de France, et six lozanges, dont les trois esmaillés de blanc et les
trots autres de rouge clair, semé de petitz K [al, lys] couronnez et
petitz trèfles, le tout espargné, et au millieu des ditz lozanges trois
saphirs et trois balays avec six troches de perles, à chacune troche
deux perles. Icelluy calice garny de sa plateine, au fond de laquelle
est rimage de la Trinité esmaillée de rouge clair, de basse taille, et
au tour du bord six esmaulx, esquels sont six apostres, aussy
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DE LA SAINTE-CHAPELLE. 243
de bass« taille et six autres esmaux, esquels sont les arnxes de
France, les unes à champ de fleurs et les autres à trois fleurs
de lys; le derrière des dits esmaulx sont couronnes taillées et
espargnées sans esmail. Et peze le dit calice avec sa platene 6 marcz
demye once^ vallans, au prix de 72 escus le marc, la somme de
436 escus et demy, vallans 873 1.
Et les pierres et perles dessus dites estimées 40 escus, pour ce, 80 1.
L'autre des dits deux calices est verre, à huict pands, et au pom-
meau, des estoilles, la couppe pleine, icelluy garny de sa platene, en
laquelle y a une main taillée, pezantz ensemble le dit calice et pla-
tene 2 marcz i once, vallans, au prix de i5 1. 1. le marc, la somme
de 3i 1. 17 s. 6 d. t.
Le dit calice et l'autre ont esté fondus, recours au recollement du dit
inventaire, fol. 14 verso, et au lieu d'iceulx en ont esté refaictz deux
autres tout pleins et blancs, horsmis le dedans de la couppe, et le
pommeau d'iceulx à cette fin représentez, l'un desquels > tout
plein, de façon toute unie, peze 3 marcz moins 2 gros, et l'autre
3 marcz moins i once.
Le 1 3^ juillet i5gj^ l'un des dits calices a esté prins et vendu pour
subvenir à Ventretenetnent du service divin en la Saincte Chapelley
sujrvant Varrest de la chambre du S^ du dit moiSy ainsy qu'il est dit
fol. 126*
Addition d'inventajrb.
134. Fust aussy veu un aultre petit calice d'argent veré; le pied a
dix pandz, et sur l'un des pandz y a un esmail de basse taille, et en
icelluy un crucifix, Nostre Dame et saint Jean, et de l'autre co^té les
armes de feue la damoyselle laquelle donna le dit calice à la dite
Sainte Chapelle dix ans y avoit ou environ lors du dit inventaire
i536; le pommeau du dit calice, rond et a escailles et petits esmaulx
de basse taille, à teste d'apostre esmaillée, et, à la platene du dit
calice, un petit Dieu de majesté esmaillé d'azur; le tuyau du dit
calice remply par dedans de plomb, pezant, compris le dit plomb,
3 marcz 6 onces et demye, vallans par estimation la somme de 42 1. 1.
i35. Item un autre calice cizelé par la couppe, et le pommeau fait
à jour, et le pied à esmaux, avec sa platine aussy garnie d'esmaulx,
pesant ensemble 4 marcz 3 onces et demye, le tout d'argent
doré, vallant, au prix de i5 1. le marc, la somme de 66 1. 11 s. 3 d.
Burettes.
i36. Une burette d'argent blane^ à un petit biberon, au bout d'en
hault de laquelle y a uae main 4'argent peincte en couleur de chair
vive, qui sert à l'ange au jour de Pentecoste pour servir le prestre
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244 ^^ TRÉSOR
qui célèbre la grand messe au maitre autel, pezant i marc i once
et 5 estelins, vallans, à 12 1. t. le marc, la somme de i3 1. 17 s.
6 d. t. — [Cf. K, 395.]
137. Item deux burettes, dont le corpz est de cristal, garnies d'ar-
gent doré, desquelles les ances sont en façon de lézardes, et
au hault de chacune d'icelles y a deux boutons esmaillez; lesquelles
burettes ainsy qu'elles sont pezent i marc 7 onces, prisées ensemble
cristal et argent 25 1. t. — [Cf. A", 420.]
i38. Item deux autres burettes d'argent doré qui souloient estre
sans ances, au hault de chacune desquelles le couvercle est un
petit esmail, en l'un desquels esmaulx est la lettre V, et est le dit
esmail rompu, et en l'autre est la lettre A, qui estoient fort desdor-
rez lors du dit inventaire i536, redorées, et ayant ances, et sont
ensemble du poidz d'un marc 6 onces 5 gros, qui vallent, au prix
de 16 1. 1. le marc, la somme de 29 1. 5 s. t. — [Cf. K^ 426.]
139. Item deux autres burettes d'argent doré, en façon d'un coq
et d'une geline, qui ont soubz leurs piedz une terrace aussy d'ar-
gent doré en façon d'une fleur, et a la dite geline le bec rompu, et le
bec du dit coq est aucunement rompu; lesquelles burettes peizent
ensemble 3 marcs 3 onces, qui, au dit prix de 14 1. 10 s. t. le marc,
vallent la somme de 48 1. 18 s. 9 d. t. — [Cf. Ky 428.] — Despuis le
6^ janvier i5H6 [lis. i5y6\y les dites deux burettes ont esté prises
pour servir à la couverture de la vraye croix, comme il est dit cy
devant au feuillet 40, à la prisée portée au dit feuillet.
140. Item deux petites burettes d'argent en façon d'une poire, un
peu verrées par les bordz et extremitez, du poidz de 3 onces et
i5 estelins, ensemble au dit prix^ vallans 14 livres 10 sols t. le marc,
la somme de 6 1. 1 5 s. 11 d. pite t. — [Cf. K, 566.]
Au lieu de la dessus dite burette perdue en a esté refaite une
autre semblable, pezant, avec un bassin, dont mention est faite
cy devant au feuillet 66, 4 marcz i once i gros et demy moins.
141. Item deux autres burettes d'argent veré, pezans, selon les
anciens ou precedens inventaires, i marc 2 onces et demye ; toute-
fois, à cause que les ministres d'icelle_S&inte Chapelle, lors du dit
inventaire i536, disrent qu'elles avoient plusieurs foys esté refaites
et que les orfeuvres en les refesant se payoient de leur façon, icelles
burettes furent pezées et trouvées neantmoins du poidz de 2 marcz,
qui, au prix de 14 1. 10 s. t. le marc, vallent 29 1. — [Cf. Ky 449.]
Encensouers.
142. Un encensoir d'or, garny de quatre chaisnes, avec deux
anneaux, l'un grand, l'autre petit, avec un petit couvercle, les-
quelles chaisnes, aneaux et couvercle sont d'argent doré, et peze
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DE LÀ SAINTE-CHAPELLE. 24$
l'or du dit encensoir 6 marcz 4 onces 14 estelins et obole, et les
dites chaisnes, anneaux et couvercle pezent 12 onces et 3 oboles
d'argent; et est à notter que des dites chaisnes y en a trois qui
tiennent le pied du dit encensoir et pendent à trois petitz tenons,
dont les deux sont d'or, qui sont compris au dit poidz d'or, et le
tiers tenon est d'argent ; vault l'or dessus dit, au prix de 72 escuz,
474 escuz un quart, vallans 948 1. 10 s.
Et les dites 12 onces 3 obolles d'argent, au prix de 14 1. 10 s. t. le
marc, 21 1. 17 s. 6 d. t.
Somme de la valleur du dit encensouer, 970 1. 7 s. 6 d. t. —
[Cf. K, 397.]
Le dit encensouer a esté pris et fondu par ordonnance du Roy et
des commissaires à ce par luy deputtez du 3^ juin i562, comme il
est dit par le dit recolement fol. i5.
143. Item un autre encensouer d'argent blanc, garny de ses
chaisnes aussy d'argent, du poidz ensemble, compris le fer qui est
au fondz, de 5 marcz 2 onces, dont l'argent auroit esté estimé
4 marcz, vallant, au dit prix de 14 1. 1. le marc, la somme de 56 1. 1.
— [Cf. a:, 446.]
Le dit encensoir a esté fondu et en a esté refait un autre qui a
esté représenté 5 marcz 2 onces, lequel il est besoing de refondre.
144. Item un autre encensoir d'argent doré, garny de chesnes et
de deux anneaux d'argent blanc, et est la fleur où pendent les dites
chaisnes d'argent doré, qui pezent, ensemble avec le fer, 8 marcz
3 onces, dont l'argent a esté estimé à 7 marcz, vallans, au prix de
14 1. le marc, la somme de 98 1. 1. — [Cf. K^ 412.]
Le dit encensouer a esté fondu et changé en un aultre, ainsy
qu'il est dit par le dit dernier recollement, fol. i5 verso.
145. Item une petite nef à mettre l'encens, avec une petite cuillier
d'argent blanc, du poidz ensemble de 2 marcz 5 estelins,* vallant,
au prix de 14 1. 1. le marc, la somme de 28 1. 8 s. 9 d. t. — [Cf. K^ 45o.]
AUTELZ PORTATIFZ KT CORPORALLIERS.
146. Un autel portatif de marbre verd, bordé tout allentour d'ar-
gent doré, dedans laquelle bordeure sont plusieurs et diverses .
reliques en quatorze lieux, et est doublé par dessous de drap d'or
et de soye; lequel autel est mis en un repositoire ou escrin de cuyr
estimé la somme de 25 1. — [Cf. AT, 416.]
147. Item fust trouvé un autel portatif qui n'estoit contenu en
l'inventaire précèdent l'année i536, lequel est de jaspe rouge bordé
allentour d'argent doré, et semé tout autour de la dite bordeure de
grenatz et yeux de chat, estimé la somme de 5o 1. t.
148. Item un grand autel portatif de marbre blanc, rompu en
plusieurs lieux, lequel est enveloppé et enchâssé en bois doré du
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246 LK TRÉSOR
costé du dit marbre, et de l'autre costé il est peinct de verd, lequel
ne vault gueres et ne sçauroit senrîr. — [Cf. JT, 417.]
149. Item un autre autel portatif de marbre rouge, enchâssé ou
enveloppé de bois peinct, lequel bois est rompu en deux pièces; et
est gamy de son escrain de cuyr, non estimé, quia parvi valoris ut
supra. — [Cf. /T, 418.]
i5o. Defiault un autre autel portatif de marbre noir, enchâssé en
bois, lequel estoit rompu d'un costé, non estimé comme dessus. —
Il est ainsy porté par le dit inventaire i536. — [Cf. Ky 419.]
i5i. Item un vieux repositoire ou corporallier pour les corpo-
raux, tout couvert de perles et petitz chatons à pierres de verre,
desquelles pierres et verres en delTaillent plusieurs; lequel est si
rompu que s'il n'est reparé il ne pourra plus servir, prisé, ainsy qu'il
est, la somme de 10 1. — Deffault le dit repositoire. — [Cf. Ky 424.]
i52. Item un beau corporallier de haulte lice, gamy de deux cos-
tez de plusieurs perles, tant de semence que aoltres un petit plus
grosses; en l'un des boutz duquel y a un crucifix avec Nostre Dame
et saint Jean, du dit ouvrage de haulte lice, et de l'autre costé y
a une image de Nostre Dame qui tient son filz, et en l'autre main
tient un petit ruisseau de perles, ez coingz duquel y a cinq bou-
tons de petites perles de semence. Lequel corporallier est aussy
garny par dedans des dits corporaulx qui y appartiennent. Et
es dits boutons deffaillent plusieurs perles. Icelluy corporallier
donna à la Sainte Chapelle Madame Marie de France, fille du feu
roy Charles sixiesme, religieuse à Poissy, prisé, ainsy qu'il est, la
somme de 3o 1. 1. — [Cf. Ky 430.]
i53. Un autre corporallier, garny par dessus de haulte lice, au
millieu duquel y a une véronique et quatre evangelistes, et illec
sont plusieurs menues perles, et aussy trois boutons de perles de
semence ez trois coingz d'icelluy corporallier, qui est garny de ses
corporaulx, lequel lors du dit inventaire i536 estoit vieil et ancien,
et par ce estimé seulement la somme de 20 s. t. — [Cf. Ky 434.]
154. Item une boette d'argent doré, couverte de cristal, qui sert à
mettre les osties et pain à chanter pour célébrer les messes, et se
ferme avec un petit leoncel, qui peze, ensemble avec le dit cristal,
I marc *3 onces et demye, vallans, au prix de 16 h le marc, la
somme de 23 1. — [Cf. AT, 440.]
i55. Item un corporallier pour mettre et garder les corporaux,
qui est par dessus et tout allentour par les costez, d'argent doré, et,
par dessoubz, d'argent blanc, et a, par hault, un escu aux armes de
France, et à Tenviron du costé, deux autres escus. Lequel corporal-
lier peze 5 marcz justement, et est celluy qui sert ordinairement sur
le grand autel, vallant, au prix de i5 1. t. le marc, la somme de
75 1. 1. — [Cf. Ky 448.]
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DE LA SAINTE-'CIIAPELLE. 247
i56. Item un« grosse boette d'yvoire avec son couvercle pour
mettre le pain à chanter, les fermoires de laquelle sont à coup-
plieres d'argent, avec un anneau d'argent par dessus. — Nota qu'il
n'y a point de fond2 en ladite boette. •— [Cf. AT, 459.]
iSy. Item un autel portatif de marbre ou de jaspe, orné d'argent
doré, avec quatre esmaulx de ply et quatre aultres esmaulx à fleurs
de lys, aussy de plusieurs grenats avec leurs chattons, desquelles
pierres et chattons ne deffault qu'une pierre et son chatton, et se
met le dit autel en un repositoire de cuyr. — [Cf. AT, 537.]
Le dit article ne sert d'aucune chose, d'autant que le dit autel a
esté inventorié cy devant, ainsy qu'il est dit par le dit recollement,
fol. i5 verso.
i58. Item une autre table d'autel, d'alyotroppe, de 8 poulces de
longueur et 6 de large, garnie d'argent par les bordz, ouvrez de
quatorze fleurs à jour, dedans lesquelles y a des reliquaires, et est
la dite bordeure, d'argent, taillée à images, entre les dictes fleurs, et
le dessoubz de la dite table est de broderie d'or de Chipre, garnie
d'estuy, prisée 160 1.
Le dit article n'est d'aucun eflect, d'autant qu'il a esté inventorié
deux fois, ainsi qu'il est dit au dit recollement, fol. i5 verso.
iSg. Item une autre table d'autel de jaspe rouge, d'un pied de long
ou environ, enchâssé en bois, prisée 40 1.
Le dit article ne sert à rien, comme est dit cy dessus, recours au
dit recollement.
160. Item une autre table d'autel de marbre (inventorié cy devant),
ayant un coing perdu, et rompue en plusieurs endroictz, enchâssée
en bois doré, prisé 6 1. — [Cf. K, 4.]
161. Item un corporallier, de broderie par les costez, semé
d'Y grecz et de petites couronnes garnies de perles au dessus, un
couronnement Nostre Dame, deux angelz tenans les armes de
France, aux deux costez d'iceulx angels, deux pélicans et deux
Agnus Dei, le tout garny de perles et or de Chipre. — [Cf. K, 11.]
162. Item une boôtte de six pandz servant à mettre le pain à
chanter, cillée allentour et dessus, et dedans à images de taille
d'espargne, de champ d'azur, pesant 9 onces et demye d'argent,
valians, au prix de 14 1. le marc, la somme de 16 1. 12 s. 6 d. t.
La dite boôtte a esté prise et fondue pour servir au reliquaire
du Corpus domini, comme il est dit au dit recollement, fol. 16
verso.
i63. Item une couppe d'or en forme de cyboire, au hault de
laquelle X a une croix garnie de trois petites perles de peu de val-
leur^ le tout pesant 2 marc^ demye once, qui a esté, au mois de may
iSyj, donnée et présentée en la dite église de la Saincte Chapelle
par personne dont Von ne sçait le nom. Laquelle a esté mise avec les
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248 LE TRÉSOR
autres reliques cy dessus en la charge et garde du dict trésorier.
Le 3^ de juillet iSgiy la dicte couppe a esté prise et vendue pour
subvenir à Ventretenement du service divin de la Sainte Chapelle^
suyyant Varrest de la chambre du 8^ du dit moisy ainsy qu'il est dit
fol. 126,
Myttrbs.
164. Une belle myttre, toutte semée de petites perles de compte,
au bout d'en hault de laquelle, par devant, y a un beau balay dit
amatiste d'Orient, en façon de..., et au bout d'en hault, par derrière,
y a un beau saphir, et devant et derrière sont en tout vingt huict fer-
maux garniz de pierres précieuses; c'est assavoir de dix grosses
presmes d'esmerauldes, douze gros rubys alexandrins (deffaut un
ruby) [cent treize autres petiz et moyens rubis alexandrins] et cent
unze moyens et petits presmes d'esmerauldes ; et autour de la bordeure
de la dite mittre y a soixante cinq petitz et moyens rubys d'Alexan-
drie (ne se trouve que LXI rubys) et soixante cinq presmes d'esme-
rauldes petites et moyennes (de ff aillent cinq presmes d'esmerauldes).
Item allentour de la dite myttre, par en hault, en tant que con-
tiennent les poinctes des deux costez, sont plusieurs trèfles de
perles de compte joinctz ensemble à petitz filetz d'or, dont en def-
faillent lors du dit inventaire i536 plusieurs. Icelle myttre gamye
par dedans de vieil velours rouge, où y a plusieurs menues perles.
Item en la dite myttre y a deux pendans par derrière, semez tota-
lement d'un costé de petites perles de compte, ainsy que la dite
myttre, lesquels pendans sont garnis de douze fermaulx, esquels
sont les pierres qui ensuy vent, c'est assavoir : cinquante trois presmes
d'esmeraudes gros et petits (défaillent trois presmes d'esmerauldes),
un moyen saphir, cinquante deux rubys alexandrins, tant gros que
petitz (deffault un ruby)\ esquels pendans et boutz d'en haut y
a deux pathenes d'or; sur lesquels pendans sont neuf rubys petitz
(deffaut un ruby) et trois presmes d'esmerauldes, et de la part de
derrière d'iceux pendans y a aussy deux pathenes d'or garnies d'un
gros rubys alexandrin, d'un gros grenat et d'une grosse presme
d'esmerauldes ; aussy en la dite partie de derrière d'iceulx pendans
y a huict saphirs moyens percez qui pendent à huict petites chaisnes.
Et es dits mitre et pendans sont, tant es dits fermaulx qu'autre
part, quatorze chattons grandz et petitz, où les pierres defifaillent
(nota qu'au lieu desdit^ quatorze chattons s'en trouvent à présent dix
huit vuides. — Et par le dernier recollement s'en trouvent XIX vuides).
Laquelle mytre a esté estimée pouvoir valloir, compris les pierres
telles quelles, excepté le saphir et le balay, la somme de 600 1. 1.
Desquels saphir et balay ont esté par les dits joailliers estimez,
sçavoir est le saphir 3oo 1. et le balay 200 1., cy 5oo 1.
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DE LA SAINTE-CHAPELLE. 249
Et soit nottë qu'au bas des fanons de la dite mittre y a sept
saphirs et demy pendans en des bellieres, aussy y a faulte de deux
chattons sans pierre. — Cest article sus dit ne sert d'aucune chose,
d'autant que ce qui est escrit et contenu en icelluy est dit cy
dessus. — [Cf. AT, 396.]
i65. Item deux vieilles myttres pour les enfantz de cœur, des-
quelles l'une est garnie de plusieurs pierres de petitte valleur, et
l'autre de perles de semence, dont deffaillent plusieurs d'icelles
pierres et perles et sont de petite valleur. — [Cf. A", 402.]
166. Item une belle myttre de broderie garnye de plusieurs
menues perles de semence et de petites pierres de verre, en
laquelle, vers la partie d'en hault, y a le couronnement Nostre
Dame avec plusieurs autres images, et en la partie de derrière l'An-
nonciation de Nostre Dame, aussy avec plusieurs images. Laquelle
myttre est garnie de deux pendans aussy de broderie, où y a plu-
sieurs ymages semées de petites perles et petitz verres ; et est la dite
myttre garnie à l'environ et par les extremitez de plusieurs petitz
esmaulx de ply et de plusieurs petitz verres et perles, dont plusieurs
des dits esmaulx deffaillent et des perles aussy, et en la partie d'en
hault de la dite mittre, es deux boutz, y a des freteletz d'argent doré,
dont chacun d'eulx est garny d'un verre en façon d'un saphir; esti-
mée valloir icelle mittre 25 1. t. — La dite mitre se trouve sans
aucuns esmaulx, ayant les deux fretellets au bout d'en hault garnys
d'argent doré allentour. — [Cf. AT, 408.]
La dite myttre a esté, par ordonnance de messieurs et de plusieurs
commissaires et deppute^ pour faire le recollement des saintes
reliques, mise e^ mains de AT* Honoré Morier, chevecier, le 14 oc-
tobre i5Sg>
167. Item une autre belle mitre d'argent doré, semée devant et der-
rière de perles de semence, et en chacun costé de la dite myttre
sont deux grandz esmaux de ply et six autres petitz esmaux d'ar-
gent doré en façon de treffle; laquelle myttre et esmaux sont garnis
de plusieurs pierres de diverses couleurs, grosses et menues, c'est
assavoir : grenatz, saphirs, presmes d'esmeraudes, perydo et aucunes
de verre, dont plusieurs en deffaillent, sçavoir est des pierres
et perles ; pareillement de chacun costé il y a deux roses d'argent
doré; aussy il y a entre les dites pierres un camahieu en façon de
visage de petite valleur ; et en la partie d'en hault d'icelle myttre
sont deux fretteletz, chacun garny d'un gros saphir percé, de petite
valleur, lesquels saphirs sont environnez de perles de compte,
dont les aucuns defiailloient lors du dit inventaire i536; aussy est
garnye la dite mitre de deux pendans, semez d'un costé de perles de
semence, ainsy que la dite myttre, sur lesquels pendans sont plu-
sieurs roses d'argent doré garnies de pierres semblables aux devant
dictes, entre lesquelles deffault un grenat; et en chacun d'iceulx
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250 LE TftisOR
pendants y a un camahieu de petite valleur, desquels toutefois fiist,
lors du dit inventaire iSSô, trouvé faulte de l'un d'iceux ^amayeux;
et en chacun pendant par bas sont cinq petits florins d'argent
doré pendans à petites chaisnes aussy d'argent doré, esquels flo-
rins sont plusieurs esmaulx et pierres de petitte valleur, dont en
défaillent aucunes. Et pesé la dite mittre, ainsy qu'elle est, i6 marcz
I once, dont en faut oster, pour la doubleure et garniture, environ
4 marcz, estimée valloir par les dits )oailliers 200 1. — [Cf. Ky 4o5.]
168. DefTault une belle mittre de broderie, en laquelle, du costéde
devant, estoit figurée la Nativité de Nostre Seigneur, et dessus un
crucifix, Nostre Dame et saint Jean, avec plusieurs autres images,
et de l'autre costé l'Annonciation de Nostre Dame et l'Adoration des
trois Roys avec plusieurs autres images, et avoit icelle myttre deux
pendans, esquels y avoit deux angels dessus, et dessous l'image
Nostre Dame et un evesque. Lesquelles myttre et pendans estoient
garnys de plusieurs menues perles de semence, aussy de petiz
esmaulx de ply ; en la partie d'en hault estoient deux freteletz gar-
nys de deux verres percez en façon de saphirs; et estoit la dite
myttre vieille et usée, estimée seulement 6 1. — La dite myttre s'est
retrouvée, horsmis qu'il ne s'y est trouvé aucun esmail. -*• f Cf. K, 406.]
169. Item fust veue une autre mitre blanche garnie de deux pen-
dans, en l'un des deux costez de laquelle est la Résurrection peincte
de neuf, et de l'autre costé la sépulture Nostre Seigneur, et es dits
pendans sont semblablement aucuns images qui sont aussy peinctz
de nouveau, laquelle ne vault quasi rien, et par ce n'a esté estimée
ne prisée. — [Cf. K, 407.]
170. Item en l'inventaire précèdent celluy de la dicte année i536,
defifailloit une autre mittre de baugran blanc, laquelle neantmoins
fust lors d'icelluy inventaire inventoriée, trouvée et monstrée. —
DefTault la dite myttre. — [Cf. K^ 408.]
171. Defliaiult une paire de vieux gandz de laine pontificaux, bor-
dez par bas, de large de quatre doigtz ou environ, de broderie à plu-
sieurs images, lesquels images sont garniz de plusieurs menues
perles de semence, dont deflaillent plusieurs ; et à chacun des dits
gandz y a un fermail rond à un esmail au millieu, chacun fermail
garny de trois presmes d'esmerauldes, de trois rubys allexandrins
avec leurs chattons et plusieurs menues petites perles, desquelles
perles plusieurs deffailloient avec leurs tenons, et y avoit en l'un
des dits fermaux une place vuyde de l'une des pierres dessus dites.
— Deffaillent les dits gands, suyvant le recollement du vieil inven-
taire cy devant fait. — [Cf. AT, 404.]
17a. Item en l'inventaire précèdent est faicte mention de deux fer-
maux servans à gandz pontificaux, esmaillez aux armes de saint
Pierre et saint Paul, lesquels ne furent trouvez lorsque le dit inven-
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DE LA SAINTE-CHAPELLE. 25 1
taire fust fait {ne se trouvent suyvant ledit recollement)^ mais ont
esté trouvez à présent et monstrez par le chevecier, qui a exhibé
trois fermaux d'argent rond et pezant environ 2 onces, prisez
4 1. t. -^ Lesquelz deux fermaulx n'ont esté trouvez mentionnez et
deffaillent. — [Cf. AT, 409.]
173. Aussy defifault un des mauvais fermaulx ou de petite valleur
des gandz des petitz enfans, et ne se trouvèrent point, fors un qui
est de nulle valleur, et en teste sur cet article est escrit ce qui s'en-
suyt : « Ce fermail a esté trouvé et est compriz ez trois fermaulx
precedens. » — Lesquels fermaulx n'ont esté trouvez et deffaillent,
comme dit est. — [Cf. /T, 410.]
Oultre le contenu cy devant furent, lors du dit inventaire i536,
trouvées et représentées par les dits Payot et Ledenois cy devant
nommez, plusieurs choses cy après déclarées ez inventaires, comme
il ensuyt :
174. Deux petite bassins de chapelle, au fondz de chacun desquels
il y a sept esmaulx de plicque, pesant ensemble 4 marcz 2 onces et
demye d'argent, vallans, au prix de 14 1. le marc, la somme de 60 1.
7 s. 6 d. — [Cf. K, 24.]
Despuis le 6^ janvier îSjG^ les dit^ deux bassins ont esté pris pour
servir à la couverture de la vraye croix, dont il est cy devant dit
fol. 40.
175. Item quatre boutons de cristal à goderons garnis de petites
feuillettes de cuyvre doré, et un autre petit bouton de cristal, prisez
ensemble 8 1. t. — Sont dans un estuy couvert de cuyr fait en
forme de myttre.
176. Item deux petitz chandeliers d'argent doré neeslez, qui sou-
loient servir à l'oratoire du Roy, garnys de treffles à goderons, et a
chacun d'eux trois petitz serpens eslevez, pezens ensemble 4 marcz
3 onces, vallans, à i5 1. t. le marc, la somme de 65 1. 12 s. 6 d. t. —
[Cf. AT, 28.]
177. Item une bannière aux armes de France, lozangée de petites
perles, garnie par les poinctes de lozanges de petitz verres, houppée
par les franges de quinze hyacinthes garnis d'argent à façon de brans-
lans [et plusieurs autres petis branlans d'argent] ; la dite bannière avec
son estuy, gamy par dedans de taffetas, prisé 20 1. t. — [Cf. AT, 3oi.]
178. Item une autre bannière, de pareille grandeur que la précé-
dente, d'or traict, à L (?) lozanges et semées de fleurs de lys, sept en
nombre, de menues perles, et de deux roses au millieu, garnies
de perles et boutons d'argent, et aussy les fleurs de lys semblable-
ment houppez de petitz nœudz de perles, et séant au dit estuy de la
précédente, prisée loo s. t. — [Cf. AT, 3oi.]
Les dites deux bannières sont en un estuy en l'armoire d'en bas.
179. Item une cloche d'argent blanc, marquée de fleurs de lys,
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252 LE TRÉSOR
garnie de son marteau, qui est aussy d'argent, pezant i marc
5 onces, vallant, au prix de 14 1. t. le marc, la somme de 22 1. i5 s.
Deffaut la dite cloche pour ce qu'elle a esté fondue pour le reli-
quaire du porte Dieu, comme il est dit par le dernier recollement,
fol. 17 verso. — [Cf. K, 3i.]
180. Item un voUet à quatre pendans de menues perles et menus
grains de corail et menus grains de verre pers (?), et, au milieu dudit
vollet, un bouton de perles en façon de houppe, aux quatre coingz,
quatre autres boutons, aussy une feuille d'argent doré, d'un costé;
fort despecé en plusieurs lieux, prisé 8 1.
181. Item une lance, une espée, un pied de griffon servantz à un
reliquaire, un chapiteau, quatre aesles rompues, trois pièces d'une
fleur de lys, deux boutons massifz, une clef rompue (deffault la dite
clef), une pièce d'une bannière, deux demy poires, le pied d'un
reliquaire à quatre pampes, une tourelle, un encensier, un bout
d'aisle, cinq pièces d'argent esmaillées d'azur, semé de fleurs de lys,
avec plusieurs autres pièces de fretin, le tout d'argent doré, pezant
le tout ensemble 2 marcz, vallans, au prix de 14 1. 10 s. le marc, la
somme de 29 1.
La dite lance, le pied de griffon, les trois pièces de fleurs de lis
et les deux boutons ont esté fonduz pour refaire la croix qui est
ordinairement sur l'autel.
Lesquelles pièces contenues au susdit article, trouvées ainsy
qu'il est dit, ont esté mises en un coffre couvert de cuyr fer-
mant à trois clefz, l'une desquelles est demeurée par devers la
Chambre.
182. Item en une boette de bois blanc furent aussy trouvées et
représentées les choses qui s'ensuyvent, sçavoir est :
Un balay longuet, percé, prisé par les dits joailliers 25 escus, cy 5o 1.
Item un autre balay dedans un chatton d'or, du prix de 6 escus,
vallant 20 1.
Deffaut et a esté pris pour mettre au pied de la vraye croix double
de Nostre Seigneur le 1 1 mars iSyô.
Item un petit chatton garny d'une vis au bout et d'une esme-
raulde en cœur, prisé 3 escus, vallans 6 1.
Item un autre petit chatton quarré, garny d'une petite esme-
raulde, prisé i escu, cy 40 s.
Item un petit chatton d'or garny d'un meschant ruby, prisé
I escu, cy 40 s.
Item deux potences garnies de deux perles rondes, prisées
ensemble 12 escus, cy 24 1.
Item un petit esclat d'esmeraulde, prizé 2 escus, cy 4 1.
Item deux autres petites garnisons d'or servans à mettre perles,
en l'une desquelles y a une perle, prisées ensemble i escu et demy,
vallant 60 s. — Deffault la garnison en laquelle y a une perle.
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DE LA SAINTE-CHAPELLE. 253
Item une perle mal ronde en laquelle il y a une potance, prisée
demy escu, cy 20 s.
Item une teste de cornaline antique, prisée 2 escus, vallans 4 1. —
[Cf. K, 48.]
Item deux grenatz hors œuvre et un meschant verre vert, le tout
prisé ensemble demy escu, vallant 20 s.
Item un grand chatton rond auquel y a un doublet; une garnison
où y a une perle telle quelle ; six chattons, aucuns d'iceulx garnis
de grenatz à revers et les autres de verres; et une petite cor-
nalie quarrée, le tout prisé ensemble 2 escus, vallans 4 1. — Vray
quand au chatton, le surplus dudit article deffault.
i83. Item en une autre boette de bois fut aussy trouvé un petit
papier, et en icelluy des perles de plusieurs sortes, menues et
moyennes, avec un esclat d'esmerauldes, le tout prisé 6 escus, val-
lans 12 1.
Item plusieurs pièces d'argent rompues, dont y a un fleuron
rompu, un petit dauphin, une petite vis garnie d'une esmeraude au
bout et un petit diadesme mis sur soye, le tout prisé 3 escus, val-
lans 6 1. — Defifaillent.
Item un chatton d'or, garny d'un verre, un petit bout d'or auquel
y a un petit ruby, prisez ensemble 3 escus, vallans 6 1.
Item une presme d'esmeraude, prisée 2 escus, cy 4 1. — Deffault.
Item douze chattons d'or, tant moyens que petitz, dont y en
a deux garnys de deux balays quarrez, trois presmes d'esmeraudes
et autres petitz balais et petites esmerauldes, le tout prisé 8 escus,
cy i6 1. — Deffaillent.
Item trois perles assizes sur trois troches d'or, prisées 4 escus, cy
8 1. — Deffaillent.
Item deux autres meschantes perles garnies de leurs potences
d'or, prisées i escu, pour ce 40 s. — Deffaillent.
Item deux vieulx chattons avec plusieures pièces et lopins d'or,
aussy un esmail de plique rond, prisé le tout ensemble 3 escus,
vallans 61. — Deffaillent.
Item un chatton d'argent, auquel y a un grand doublet rouge, et
plusieurs autres chattons, entre lesquels il y a pierres de verre, et
plusieurs boutz d'argent rompu, le tout estimé par les dits orfeuves
ensemble 3 escus, vallans 6 1. — Vray et mis comme dessus dans le
coffre M.
Item une petite aesle d'ange qui est d'or, prisée i escu, vallant
40 s. — Deffaut, et a esté dit par le dit Rossignol qu'elle a esté mise
au reliquaire de Madame saincte Elizabeth, recours au dit recolle-
ment, fol. 18 verso.
Item quatre esmaulx d'argent, de basse taille, esmaillez d'azur
et autres couleurs, dont a l'un un Dieu le père, et a l'autre une
Nostre Dame, assiz sur toille et bordez de menues perles, et aux
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254 ^^ TluâSOE
deux autres saint Pierre et saint Paul, sans bordeure, le tout prisé
4 escus, cy 8 1. — Vray et mis dans le dit cofifre.
Item quatre saphirs, dont l'un enchâssé en un chatton d'or à six
pans et un grenat hors œuvre, prisé 6 escus, pour ce i2 1. — Vray
et mis dans le dit coffre.
Item un perido à six quarrés et en cœur, avec plusieurs grenatz
tels quels, prisez ensemble i escu, vallant 40 s. — Defifault, ainsy
qu'il est dit par le dit recollement, fol. 18 verso.
Item un autre chatton d'or à six quarrés, auquel y a une esme-
raulde mal nette, prisée 3 escus, vallans 6 1.-* Vray et mis dans le
dit coffre.
184. Item une petite boette en laquelle ont esté trouvées plusieurs
menues perles de semence, un verre pers, et un lopin d'argent
quarré, le tout prisé i escu, vallant 40 s. — Defiault le dit verre
et mise au dit coffre.
Item un fermoir d'argent, auquel y a deux clefz, taillées dessus
deux fleurs de lys un A et une R, et à icelluy fermoir tient un bout
de cuyr, prisé i escu, pour ce 40 s.
Item cinq petites aesles d'angels de cuyvre doré, prisez 20 s. t.
i85. Item un grand oreiller de velours cramoysy violet, remply de
plume. — Le dit oreiller est usé.
186. Item une pièce de velours cramoisy rouge, contenant demye
aulne.
£>effault le dit velours cramoisy pour ce qu'il en a esté fait un
oreiller qui sert à la vraye croix, recours au susdit recollement.
187. Item une pièce de drap d'or frizé à figures de velours cramoisy
rouge, contenant cinq quartiers et demy ou environ, avec un mor-
ceau de drap d'or rez frizé de cramoisy rouge, contenant un pied en
quarré, et semble qu'il ait esté couppé pour servir à couvrir un cor-
poralier.
Partie de la dite pièce de drap d'or a esté employée pour racous-
trer aucuns ornemens de la dite Saincte Chapelle, et du reste en a
esté fait deux petis paremens servans aux sainctes reliques quand
elles sont ouvertes.
188. Item six pièces appellées devant de chappes, de fil d'or de bro-
derie, trois desquelles ont chacun un angel tenant un escusson aux
armes de France, soubz lequel est escrit « Carolus septocus », deux
autres des dites pièces où sont aussy les armes de France en escus-
son, fait à quarrés, figurez de lozanges blanches, rouges et vertes
sur la dite broderie. -* Défaillent.
189. Item trente trois pièces à façon de roses faites de broderie, ayant
chacun un escusson aux armes de France, qui sont vieilles et ont
servy à des chappes. — Défaillent et ont esté bruslées, comme il
est contenu au dit recollement.
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DE LA SAINTE-CHAPELLE. 255
190. Item nne pièce de treillis de soye aux armes de France et de
Tourraine, frangée d'un costé de couleur blanche, rouge, jaulne,
noire et tannée; la dite pièce longue d'un pied ou environ et
large de quatre doigtz, doublé de taffetaz rouge. — Defifault la dite
pièce.
191. Item trois pièces de broderie tenans ensemble, servans de
brodeure de tunique, lesquelles deffaillent, ainsy qu'il est dict par le
dit recollement, fol. 19.
Item la pièce de devant d'une petite robe servant à l'image de
Nostre Dame de l'autel de derrière.
192. Item deux pièces de taffetas changeant, tirant sur le violet,
contenant chacune de longueur sept quartiers ou environ, pour ser-
vir à mettre sur les selles aux grandes festes pour mettre les
reliques.
Item en Tarmoire de dessous, les saînctes reliques furent, lors du
dit inventaire i536, aussy trouvées les choses qui s'ensuyvent :
Deffaillent les articles ensuyvantz jusques à la déclaration de
l'effigie saint Louis, d'aultant que partie des ornementz ont esté
pourris et gastez, les aultres baillez aux Quinze Vingtz, comme il est
porté par le dit recollement.
193. Item une grande custode de taffetas tané ou enfumé, garnie
d'anneaux.
194. Deux tuniques de damas noir servant au prélat quand il officie
pour les trespassez.
195. Item un parement d'autel de satin pers, semé d'estoilles d'or,
doublé de taffetas rouge.
196. Item un autre parement de damas blanc, semé de petites
rosettes, où est l'histoire des trois Roys, faictz à broderie; le dit
parement doublé de sental rouge.
197. Item un autre parement de velours pers, semé de petitz ron-
deaux faitz de fil d'or, doublé de santal rouge, avec les paremens
d'un aube et d'un amy et de semblable cootexture que les velours
pers et rondeaux, doublez seulement de thoille.
198. Item deux paremens de damas vert de vieilles figures, dou-
blez de toille perse.
199. Item deux boutz de nappe de broderie faite à l'esguille.
200. Item une chemise de taffetas blanc, à bandes de fil d'or par
dessus les espaules, servant aux Innocens.
201. Item un grand rondeau de thoille de crespe contenant neuf
aulnes. N
202. Item six poignets d'aube, de broderie d'or de Chippre, doublé
de santal rouge, garnis des armoiries de France, Navarre, Bour-
gongne et autres, ayant fermeures d'argent doré, prisez les six 20 1.
203. Item deux fanons de la contexture et aux armoiries que des-
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256 LE TRÉSOR
SUS, garniz chacun de deux [al. trois] boutons de perles pendans au
bout de deux cordons violletz garnis de houppes de la dite couleur,
les dits fanons doublez aussy de sental, prisez ensemble 8 1., en
l'un desquels boutons deffault une rangée de perles, cy 8 1.
Tous les articles cy devant, tant ceux qui sont que ceulx qui def-
faillent, ont esté cottez 238 ^ parce que ceulx qui ne defifaillent sont
dans le dict cofilre, et les autres qui deffaillent y devroient estre.
Déclaration de l'effigie du chef du Roy.
204. Un chef d'or appelle l'effigie du roy nostre sire François,
premier de ce nom, donné et présenté par le dit sieur à la Sainte
Chapelle en l'an i5... Lequel chef est assiz sur un entrepied ou
entablement d'argent doré à six pans, auquel entablement y a
Tordre du Roy, et les armes qui sont d'or, et aux six coingz des
ditz six pans y a à chacun une F, les unes d'un sens et les aultres
d'autres, selon les costez qu'elles sont assizes; icelluy chef mis
aussy dedans un couronnement faict de fleurs de lys et de trèfles; et
peze avec les dites armes 19 marcz 7 onces d'or, vallantz, au prix de
144 1. 1. le marc, la somme de 2,862 1. t.
Et le dit entrepied ou entablement d'argent doré par tout, des-
sus et dessous, excepté ce que le chef en couvre, prizé 23 marcz
2 onces, vallans, au prix de 20 1. t. le marc, la somme de 462 1. 10 s.
Somme totalle de la valleur de la dite effigie, 3,324 1. 10 s. t.
Le dit chef deffault, parce qu'il a esté pris et fondu pour les
affaires du Roy par les commissaires à ce députez par le dit sei-
gneur, comme il est contenu au recollement, fol. 19.
Déclaration du chef de Monsieur saint Louys.
205. En la chasse séant sur l'entablement du grand autel repose
le chef de Monsieur saint Louis dedans un chef d'or garny de
sa couronne et enrichy comme il s'ensuyt, c'est assavoir :
En la dite couronne y a quatre fleurons et quatre balays en
branche. Au premier desquels fleurons, du costé de devant, y a un
gros balay {les dits balays en branche sont cy après prise^), et au
dessus d'icelluy une esmeraulde estroitte par un bout et longuette,
ronde par dessus et en table ; du costé dextre d'icelluy fleuron y a
une aultre esmeraulde à fondz de cuve, et de l'aultre costé senextre
une aultre esmeraulde, aussy de fondz de cuve, ayant l'un des boutz
i. Ce chiffre est en marge de l'inventaire pour les art. 181 à 2o3 de la
présente édition.
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DE LA SAINTE-CHAPELLE. 257
un peu longuet, le dît balay avec les trois esmerauldes dessus dictes
estimez six cens escus, cy 1,200 1.
Item au fleuron dextre de la dite couronne y a pareillement un
aultre balay cabochon mal rond avec trois esmerauldes, dont celle
de dessus est en table demye ronde dessus, celle du costé dextre est
tirant sur la lozange, et celle du costé senextre en triangle, prisées
les dites quatre pièces, balay et trois esmerauldes, ensemble
400 escus, cy 800 1.
Item au fleuron senextre y a semblablement un gros balay à six
pandz, demy rond dessus, avec trois esmerauldes, dont celle dessus
est en table demy ronde dessus et estroitte par un bout, celle du
costé dextre est en cœur, feellée, et celle du costé senextre est
partie ronde, et a deux pans par dessus les dits quatre pans, par
dessus les dites quatre pièces du dit fleuron senextre, prisées
pareille somme de 400 escus, vallans 800 1.
Item au fleuron de derrière y a un balay longuet à huict pandz,
garny aussy comme les precedens de trois esmerauldes allentour
d'icelluy, celle de dessus est en table estroitte par un bout, demye
ronde dessus et cassée en trois pièces; celle du costé dextre est
mal ronde, et l'aultre du costé senextre est cabochonne; prisées
les dites quatre pièces, comme elles sont, 3oo escus, vallans 600 1.
Item au dessous de chacun des dits fleurons y a quatre perles et
un ruby petit, au millîeu d'icelles perles qui sont quatre rubys et
seize perles, prisées ensemble 16 escus, cy 32 1.
Item le cerceau de la dite couronne est garny de seize gros balays,
dont les dix cabochons et les six platz par dessus et à pandz, esti-
mez ensemble 320 escus, vallans 640 1.
Au dit cerceau de la dite couronne y a quatre gros saphirs, dont
n'est fait aucune mention en Tinventaire précèdent.
Item aussy est garny de trois grandes esmeraudes, dont y en a
deux grandes et une moyenne, les deux grandes sont en tables
demy rondes dessus, Tune desquelles est cassée, et la dite moyenne
à fondz de cuve, l'une des dites grandes esmerauldes séant au costé
senextre du fleuron de devant du dict cerceau, prisées i .000 escus,
pour ce 2.000 1.
L'autre, appellée cy dessus, moyenne et à fondz de cuve, séant
au costé dextre, prisée 3oo escus, pour ce 900 1.
Et l'autre grande qui est cassée, séant au dit cerceau sur le der-
rière, prisé 400 escus, cy 800 1.
Item outre les dites esmeraudes y a une fleur de quatre pièces
d'esmeraudes à quatre pampes séant sur l'un des costez du derrière,
prisée 100 escus, vallans 200 1.
Item au dessus des dictes quatre esmerauldes cy devant déclarées
U&M, xxxv ly
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258 LE TIUÉ80R
y a sur chacune un gros balay mouvant qui sont quatre balaya, pri-
sez ensemble 700 escus, vallans 1400 1.
Le collier du dit chef est figuré et orné de cinq fleurs à quatre
pampes, lesquelles pampes sont d'esmaux de plique entre deux
bordeures, et au millieu de chacune fleur y a un gros balay, et
autour d'icelluy, en chacune d'icelles pampes, quatre moyens
balays qui sont en nombre es dits cinq fleurs, cinq gros balays et
vingt moyens, estimez, c'est assavoir :
Le gros balay séant en la fleur du costé dextre, qui est cabo-
chonné, 400 escus, cy 800 1.
Les quatre moyens d'environ icelluy, lao escus, cy 240 1.
Le gros balay séant en la fleur senextre, 35o escus, cy 700 1.
Les quatre moyens d'environ icelluy, 100 escus, cy 200 1.
Le gros balay du millieu de la fleur séant sur le derrière de l'es-
paule droicte, lequel est rond et percé, prisez 72 escus, cy 144 1.
Les quatre moyens d'environ icelluy, 40 escus, cy 80 1.
Le gros balay de la fleur de l'espaule senextre tirant sur le der-
rière, qui est à fondz de cuve demy rond, 100 escus, cy 200 1.
Les quatre moyens qui sont autour d'icelluy, 60 escus, cy 120 1.
— Deflault un des quatre moyens.
L'autre dernier des cinq gros balais qui sied au millieu de la
fleur de derrière en cabochon, 400 escus, vallans 800 1.
Les quatre moyens de l'environ prisez 60 escus, cy 120 1.
Au dit collier, aussy entre les bordeures et entre chacune des
dites fleurs de plicque, y a encores une fleur d'or, qui sont cinq
fleurs d'or, au millieu desquelles et en chacune y a une petite fleur
à quatre pampes, à chacune desquelles petites fleurs y a une grande
esmeraulde, qui sont cinq grandes esmerauldes {deux desquelles
esmerauldes au fleur de derrière sont cassées et de Pune ficelles une
grande pièce emportée)^ et allentour de chacune grande esmeraulde
quatre moyennes esmerauldes (des dites quatre moyennes s'en
trouvent trois feellées).
La grande esmeraulde séant en la fleur d'or qui viendroit sur le
devant est cabochonne, estroicte et longuette par un bout, prisée
i.ooo escus, valans 2.000 1.
Les quatre moyennes de l'environ sont bonnes, dont l'une du
costé dextre en la partie d'en hault est en la table longuette, demye
ronde dessus, prisée 5oo escus, vallans 1.000 L
Celle qui sied soubz elle est en cœur poinctu, prisée 25o escuz,
vallans 5oo 1.
L'autre, du costé senextre, en la partie d'en hault, est cabochonne
ronde dessus, avec une flache faulse de la pierre, prisée aussy
25o escuz, cy 5oo 1.
Celle qui sied soubz elle est en triangle poinctue, dont Tune des
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DE LA SAINTE-CHAPELLE. 2S9
pginctes uo peu longueur, tirant v«rs bai, pris^ wo eicus, yal-
lans 400 1.
La gmnde esnoerAuld^ séant au millUu d^ la flçiv d'or qui est
$ur Tespaule droiçtç est en table çstroicte par le bout d'eu bas, pri-
sée 900 escusy vallans i,8oû 1.
La première de§ quatre moyennes de l'environ séant an costé
dextre en la partie d'en hault câbochonne» ronde par dessus, prisée
3oo escus, cy 600 1.
Gelie de dessous du dit coeté est longuette, le bout d'en bas
poinctu, prisée i5o escus, cy 3oo 1.
L'aukre du costé senextre en la partie d'en faault est en table lon-
guette, demye ronde dessus, prisée 200 escus, cy 400 1.
Celle de dessous est longuette et cabochonne, prisée 120 escus,
vallans 240 1.
La grande esmeraulde séant au millîeu de la fleur d'or qui est sur
Tespaule senextre est en table estroitte par le bout d'en bas, prisée
700 escus, vallans 1.490 1.
La première des quatre moyennes de Tenviron faisant le dessus
de la partie dextre est en table demye ronde dessus, escornée d'un
coing, prisée i5o escus, vallans 3oo 1.
CeUe de dessous est quarrée et estressissant vers le bout d'en
bas, prisée aussy i5o escus, cy 3oo 1.
L'autre du costé senextre du bout d'^n hault est cabochonne,
tirant sur le quarré, estroicte par l'un des boutz, et prisée 140 escus,
vallans 280 1.
Celle de dessous est à peu prez quarrée, demye ronde dessus,
prisée 160 escus, cy 32o 1.
La grande esmeraulde séant au miliieu de la fleur d'or, tirant sur
le dit costé senextre, est approchant sur le quarré, estroicte par
l'un des boutZf et au miliieu d'icelle une petite flache, prisée
600 escus, pour ce, cy 1.200 1.
La premier^ des qiiatre moyennes de l'environ séant au costé
dextre en la partie d'en hault est à peu près rondç, prisée 60 escus,
vallans 120 1.
Celle de dessous tient du rond et en façon de cœur, prisée
80 escus, vallans 160 1.
L'autre d'en hault au costé et coing de la partie senextre de
la dite fleur est longuette, est estroitte par l'un des boutz, cassée en
trois pièces, prisée 120 esçus, vallans 240 1.
CeUe de dessous est en table mal quarrée, demye roiïde dessus,
prisée 25o escus, cy 5oo 1.
La grande esmeraulde séant au miliieu de la fleur d'or qui est der-
rière le dit chef, en le tournant du costé dextre, dernière des dites
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26o LE TRÉSOR
fleurs d'or, est en table longuette, cassée en trois pièces, prisée
3oo escus, vallans 600 1.
La première des quatre moyennes de Tenviron en la partie dextre
est en fondz de cuve, demye ronde dessus, prisée 120 escus, cy 240 1.
Celle de dessoubz est à six pans, prisée 60 escus, cy 120 1.
L'autre moyenne, du costé senextre d'en hault, est en table,
escornée d'un coing et cassée en quatre pièces, prisée 3o escus, val-
lans 60 1.
Celle de dessous est en table longuette, demye ronde dessus,
prisée 5o escus, cy 100 1.
Item le dit collier garny de deux bordeures, en celle d'en hault,
sur le devant, il y a un balay cabochon, prisé 25 escus, vallants 5o 1.
Au près du dit balay, tirant au costé dextre, y a une esmeraude à
six pans, prisée 200 escus, vallans 400 1.
Apres la dite esmeraulde, un petit balay cabochon, prisé i5 escus,
pour ce 3o 1.
Apres le dit petit balay, une esmeraulde longuette, estroitte par un
bout, prisée 120 escus, vallans 240 1.
Item après la dite esmeraulde, un aultre petit balay en table, prisé
10 escus, cy 20 1.
Item après le dit petit balay, une esmeraulde quarrée, demye ronde
dessus, prisée i5o escus, vallans 3oo 1.
Apres la dite esmeraulde, un autre petit balay quarré, hault, eslevé,
prisé 20 escus, vallans 40 1.
Apres ledit balay, une esmeraulde, en façon de cœur, assez mal
nette, prisée 60 escus, vallans 120 1.
Apres la dite esmeraulde, un petit balay cabochon, prisé 10 escus,
vallans 20 1.
Item après le dit balay, une petite esmeraulde ronde, prisée 60 escus,
vallans 120 1.
Item après la dite esmeraude, un petit balay percé, prisé 6 escus,
vallans 12 1.
Item après le dit balay, une esmeraulde cabochonne, prisée
60 escus, vallans 120 1.
Item après la dite esmeraude, un autre petit balay cabochon,
prisé 5 escus, vallans 10 1.
Apres icelluy balay y a une petite esmeraude en table, demy
ronde dessus, escornée d'un coing, prisée 60 escus, vallans 120 1.
Apres la dite esmeraude, un autre petit balay cabochon^ demy
rond par dessus, prisé 10 escus, vallans 20 1.
Item après le dit balay, une autre esmeraulde à six pans, ayant
une flasche sur un des pans, prisée 70 escus, vallans 140 1.
Item après la dicte esmeraulde, un aultre balay, en table par un
bout et poinctu par l'autre, prisé 6 escus, vallans 12 1.
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DE LA SAINTE-CHAPELLE. 20 1
Item après le dit balay, une esmeraulde à six pans, demye ronde
dessus, prisée 80 escus, vallans 160 1.
Item encores un petit balay cabochon, prisé 10 escus, vallans 20 1.
Item après icelluy balay, une esmeraulde en table longuette,
demye ronde dessus, prisée 100 escus, vallans 200 1.
Et en la basse bordure du dit collier, sur le devant droict, des-
sous la grande esmeraulde cy devant inventoriée, y a une petite
esmeraulde en cœur, prisée 80 escuz, vallans 160 1.
Au près d'elle, tirant vers le costé dextre, y a un balay cabochon,
prisé 10 escus, vallans 20 1.
Item après, une esmeraude en table, longuette, demy ronde dessus,
prisée 100 escus, vallans 200 1.
Item' après, un petit balay en cœur, poinctu par un bout, prisé
8 escuz, vallans 16 1.
Item après, une petite esmeraulde demye ronde, fort estroitte,
prisée 5o escus, vallans 100 1.
Item après, un petit balay percé, prisé 8 escus, vallans 16 1.
Item après, une esmeraulde estroitte par l'un des boutz, platte par
dessus, prisée 5o escus, vallans 100 1.
Item après, un petit balay cabochon, prisé 8 escus, vallans 16 1.
Item après, une petite esmeraulde ronde, à fondz de cuve, prisée
60 escus, vallans 120 1.
Item après, un petit balay en table, quarré, prisé 10 escus, vallans
Sol.
Item une petite esmeraulde à trois pans, demy ronde dessus,
prisée 5o escus, vallans 100 1.
Item après, un petit balay poinctu par un bout et percé, prisé
6 escus, pour ce 12 1.
Item une aultre petite esmeraulde ronde en fondz de cuve, prisée
5o escus, vallans 100 1.
Item après, une place vuyde sans chatton où n'y a rien.
Et après la dite place, un chatton sans pierre, auquel souloit avoir
une esmeraulde.
Item après le dit chatton, un petit balay percé, prisé 5 escus, val-
lans 10 1.
Item après le dit balay, une esmeraulde en cœur, prisée 3o escus,
vallans 60 1.
Item après icelle, un petit balay rond, longuet, prisé 8 escus, val-
lans 16 1.
Item après, une petite esmeraulde en triangle, hault eslevée, prisée
40 escus, vallans 80 1.
Et après la dite esmeraulde, un autre petit balay cabochon assez
hault eslevé, prizé 5 escus, vallans 10 1.
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±6% LE tlUÎSOlt
Itetn apfés icélluy balay, une aultre petite esmerauldd en Ctttir,
platte par dessus, prisée 40 escus, vallâfis 80 L
Item après, un aultfe petit balay cabochon, percé, prisé 5 escus,
vallans 10 I.
Item une aultre esmeraulde, demy ronde dessus, à trois quarrés,
prisée 40 escus, vallans 80 I.
Item après, un autre balay cabochon, percé par un bout, prisé
12 escus, vallans 24 1.
Item aptes, une petitte esmeraulde longuette, estroitte par un bout,
prisée 40 escus, vallans 80 1.
Et après icelle, un balay cabochon tirant sur le rond, prisé 10 escus,
pour ce 20 1.
Item une esmeraulde longuette, estroitte d*un bout, prisée Soescus,
vallans 60 1.
Apres elle, un autre petit balay hault eslevé et cabochon, prisé
8 escus, vallans 16 1.
Item après, une aultre esmeraude en table, ronde par dessus,
prisée 70 escu2, vallantis 140 1.
Et après la dite esmeraude un aultre petit balay cabochon, prisé
10 escus, vallant 20 1.
Item soubz le dit chef, auprès des mains des angels, en un soubz-
bassement d'argent doré auquel y a un fermillet au millieu servant
de vis fermant la fermeture du chef, y a en icelluy fermîllet une
grosse presme d'esmeraulde en fondz de cuve et allenviron d'icellc
douze petits chattons, dont huict grenatz et quatre saphirs, prisé le
dit fermillet 8 escus, vallans 16 1.
Et allentour du dit sousbas^ement, sur le champ, y a quatre balays
cabochons et quatre louppes de saphirs, prisez ensemble 5o escus,
vallans 100 l.
Touttes lesquelles pierres estant es dite couronne, collier, soubz-
bassement et fermeture du dict chef, ainsy qu'il est cy devant déclaré,
sont garnies de chattons.
Le dit chef de Monsieur saint Louis est soustenu par quatre
grandz angels d'argent doré, port ans le dit chef en un chef d'or, des-
quels angels l'un porte en sa main un grand baston d'argent doré,
au bout d'en hault duquel y a un sceptre, et l'autre des dits angels,
qui est en la partie de devant de l'aultre costé, tient un petit thuyau
du long de quatre doigts ou environ, d'argent doré, à sa main senextre.
Icelluy chef assiz sur un grand entablement, soubzbassement et
entrepied porté sur quatre leonceaulx, à double pillîers par les encoi-
gneures, et dix pilliers d'arreste par voye, semé, entre les pilliers, de
fleurs â quatre pampes garnies de leurs esmaulx, esquels sont figu-
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DE LA BAINTS-GHAPELLE. 263
rez les Roys de France^ et dessous deux lignes d'escriture en tringle
esmaiUées d'azur, à la première escrit ce qui s'ensuit :
RxGNANTE Philippo, Dei gratia Rege francorum genitoque
BONAE RECORDATIONIS PhILIPPI QUONDAM FrANCIAE ReGIS FIUIQUE
SANCTISSIMAE MEMORIAE BEATISSIMI ReGIS FrANCIAE LuDOVICI, FAC-
TUM ET COMPLETUM EXTFTIT OPUS PRAESENS PER GuiLLELMUM JUL-
UANI, PRAEDICTI TUNC REGNANTIS AURIFABRUM, PRO EJUS ANIMA, UT SUO-
RUM VENIAM DBLICTORUM OBTIMEAT, IMPLORANTES AD AETERNAM GLORIAM
MERITIS SUIS VALEANT PERVENIRE, AD HONOREM DeI ET BeATAE ViRGI-
NIS MaRIAE, BEATI LuDOVICI et OMNIUM SANCTORUM ANNO DOMINI
MILLESIMO TRECENTESIMO SEXTO, MENSE MAIL
Et à l'autre seconde ligne de dessoubz est escrit aussy ce qui
s'ensuyt :
Clovis, Glotaire, Ghillebert, Glotaire, Dagobert, Glovis,
Glotaire, Theodoirbs, Glovis, Ghillebert, Dagobert, Glotaire,
Theodoires, Gharles Martel, Pépin, Gharlemaigne, Loys, Gharles
LE grand, Loys ly baubes, Gharles le simple, Louys, Lothaire,
Hue Gapet, Robert, Henry, Philippës, Louis le gros, Loys, Phi-
lippes de Gonnesse, Louis père li Philippës, li fils sainct Louis,
Philippës.
Et sur chacun pillier y a des bastions à platte forme où posent
les dits angels et à grands carreaux à six pans esmaillez d'azur, où
sont les armes de France et celles de Navarre, esmaillées de gueules
et semées de bastions en champ de gueules ; le dit fondz ou soubz-
bassement soustenu par dessous d'un gros treillis d'argent, le tout
argent doré pezant 79 marcz et deipy qui, au prix de 20 1. le marc,
vallent 1.590 1.
La dite chasse ou tabernacle, séant sur le dit entablement du
grand autel de la dite saincte chapelle où repose le dit chef Monsieur
sainct Louis, est faicte à treilliz ou guichetz d'argent.
Le premier guichet de devant l'autel est à façon de petites mous-
leures à quatre pans, contenant huict pièces d'argent tant grandes
que petites, la première desquelles est marquée à un A et pezent
ensemble les dites huict pièces avec deux boucles pour tirer le dit
guichet, 21 marcs 6 onces 2 gros.
Le second guichet, donnant derrière le dossier, de pareille gran-
deur que le premier guichet de devant, marqué G, auquel il y a six
pièces d'argent tant grandes que petites, sans boucles ; lesquelles six
pièces pèsent ensemblement 23 marcz 3 oboUes moins.
Item un autre guichet de l'un des costez, à façon de portant, formé
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264 LE TRÉSOR
de croix, auquel y a quatre pièces d'argent pezans ensemble
16 marcz 4 onces 3 gros et demy.
Item un autre guichet faisant le quatriesme et dernier, aussy en
façon de portant formé de croix, auquel a semblablement quatre
pièces d'argent pezans ensemble 17 marcz i once i gros et demy.
Somme totalle de ce que pezent les dits quatre guichetz 78 marcz
3 onces 7 gros, vallans, au prix de 14 1. le marc, la somme de
i.ogS 1. i5 s. 7 d. ob.
En visitant lequel tabernacle, en la dite année i536, fust veu qu'en
l'un des pilliers d'icelluy sur le derrière, du costé de l'oratoire, y
avoit une pièce d'argent de la couverture du dict pillier, par le bas,
arrachée de la largeur de trois doigtz.
Les quatre angels d'argent doré portant le dit chef pèsent 56 marcz
I once et demy, vallans, au prix de 20 1. le marc, 1.123 1. i5 s. t.
Et le dessous tenant aux mains des dits angels et soustenant le
dit chef, aussy les vis à fermer les dits angels et chef, compris les
pierres estant au dit dessous, déclarées cy dessus, pezent 7 marcz
5 onces, vallans au dit prix i52 1. 10 s.
Somme totalle de la valleur du dit reliquaire, sans l'or du dit chef,
34.087 1. 7 d. ob. t. — [Cf. Ky 564.]
EnSUYT la DECLARATION DES IMAGES ESTANS EN LA SAINTE CHASSE
AU HAULT TABERNACLE QUI EST SUR LE DIT GRAND AUTEL, EN
LAQUELLE REPOSENT LES SAINCTES REUQUES DONT LE RoY A LES
CLEFZ.
Premièrement :
206. Au front ou en la partie de devant de la dite chasse, y a un
crucifix sur une terrace haulte, au costé duquel sont les images de
Nostre Dame, saint Jean, la représentation de Longis et d'un tyran,
lesquelles images sont d'argent doré et couvertes d'un capitol, auquel
y a quatre angels aussy d'argent doré et ez deux costez sont deux
angelz et deux images, semblablement d'argent doré, représentant
l'Ancienne et Nouvelle Loy.
Item, au costé dextre, au bout de la dite saincte chasse est la
représentation du sepulchre de Nostre Seigneur. L'image de icelluy
Seigneur d'argent doré, et le tombeau de cuyvre, et dessus y a un
ange d'argent doré en une terreste, et à la dextre et senextre parties
d'icelluy image de Nostre Seigneur sont deux angels tous droictz,
d'argent doré, et sur les dits angels, au tour du capitoUe, y a un ange
à genoulx, aussy d'argent doré, et ez deux costez d'icelluy capitolle,
trois autres angels semblablement d'argent doré.
Item au costé senextre, au bout d'icelle chasse, est l'image de
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DE LA SAINTE-CHAPELLE. 205
Nostre Seigneur, d'argent doré, liée à une coulonne de cuyvre, et des-
sus un ange d'argent doré en une nuée, le capitole d'icelluy image
gamy de quatre petitz angelz d'argent doré, dont les aesles sont de
cuyvre, et au costé du dit image de Nostre Seigneur est la représen-
tation d'un tyran, d'argent doré, tenant un fouet ou escorgée, et, à
Tautre costé d'icelluy image de Nostre Seigneur, un autre tyran,
aussy d'argent; et sur toute la dite chasse y a un grand pinacle,
lequel, s'il est d'argent ou non, n'a esté veu.
Et soit entendu que toutes les images et pièces cy devant décla-
rées servans à la dite sainte chasse n'estoient, au moins la plus part,
et ne tenoient à icelle ains estoient au coffre du giste de la dite
Saincte Chapelle lors du dit inventaire i536; auquel giste les 12 et
i5« avril précèdent i534 après Pasques. M» Gabriel de Lafons
naguère chevecier, qui avoit les clefz du dit coffre fermant à deux
serreures, comparust et fist ouverture du dit coffre ; ce fait, furent
visitées et mises hors les dites image, chapiteaux et autres pièces
de la dite chasse par les dits orfebvres et joailliers, presens à
ce les desnommez au dit inventaire i536 pour icelles pièces recol-
ler, adjouster et appliquer à la dite sainte chasse af&n de veoir
* ce qui en pouvoit deffaillir, ce que toutefois n'auroit peu estre fait
au moyen de l'absence du dit Me Pierre Poussin, lors chevecier,
pour laquelle absence n'auroit esté plus oultre procédé es dits jours
de relevée, et furent toutes les dites images et pièces remises au
* dit cofTre jusques à mardy 19e jour de may au dit an i533 [al. i534],
auquel jour comparant le dit Poussin, chevecier, au dit lieu du
giste par devant les dits commissaires pareillement le dit de Lafons,
^ aussy les dits orfèvres exécuteurs du dit feu Du Val et autres
atu-oient derechef esté tirées du coffre les dites images et pièces
portées et appliquées sur la dite sainte chasse et en ce faisant véri-
fié les deffaillances d'aucunes des dites pièces servans à icelle chasse
c'est assavoir :
D'un chapiteau à six pans de cuyvre.
Item des angels à chapiteaux, qui sont en nombre douze sur
la dite chasse, en deffailloit deux, et quand aux aultres en y avoit
trois où y avoit aucunes brèches rompues par bas.
Item sur le devant de la dite sainte chasse deffailloient trois des
pilliers appliquez contre.
Toutes lesquelles images et pièces prises au dict coffre du giste
après avoir esté recolées et adjoustées sur la dite chasse furent rap-
portées au dict coffre, baillées et délaissées en la dicte chambre du
giste en la garde du dict M« Pierre Poussin, chevecier, devant nommé,
qui les auroit acceptées et en ce faisant pris et receu les clefz du
ditcoflfre. — [Cf. A", 55i.]
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266 LE TRÉSOR
LlVRK5.
207. Un texte d'Evangilles communément nommé PApocalipse,
escrit totalement de lettres d'or, et en icelluy plusieurs histoires,
lequel se met en un repositoire de cuyr (Deffault le dit repositoire) et
commence le dit texte au dernier feuillet de l'escriture c Petro Jhe-
sus », finissant au dit feuillet c nova et vetera >, et est le dit texte
d'Evangilles couvert d'or de deux costez, au costé de devant y a au
millieu un crucifix, Nostre Dame et saint Jean, tous d'or, eslevez, et
la croix du dit crucifix garnie de plusieurs petits feuillages d'or, sur
lesquels sont vingt trois esmerauldes moyens et petis, dix balaiz
aussy tant menus que petitz, et un autre petit balay que Ton ne peut
veoir que bien peu soubz la main du dit crucifix [tel quel, et en la
bordure du dit livre du costé du dit crucifix] y a sept gros saphirs
et sept louppes de saphirs et huict rubys balaiz, tant gros que
petis, cinq esmerauldes et une presme d'esmeraulde grosse.
Item quarante six perles moyennes avec leurs chattons, tant orien-
tales que d'Escosse, restant de cinquante et une, qui seroit sept
perles de faulte (ne s^est trouvé que quarante trois perles, comme il
est dit au dessus dit recollement, foL 20 v»), et en la bordeure de la
table sur laquelle siet le dit crucifix, Nostre Dame et saint Jean, sont
neuf tant de saphirs que louppes de saphirs, tels quels avec leurs
chattons, trois balays, trois esmerauldes, aussy tels quels, et qua-
rante perles moyennes tant orientales que d'Escosse avec leurs
chattons.
Sur le fondz de la dite table, dix assez gros saphirs moyennement
boas, et cinq tant saphirs que louppes de saphirs de petite valleur,
et sept tant balays que rubys d'Alexandrie, aussy de petite valleur, et
trente deux perles semblables aux précédentes avec leurs chattons.
De l'autre costé du dit texte de l'Evangille est la semblance des
quatre evangelistes, l'image de saint Jean au millieu d'eux escrivant
en un livre, et au haut des dits evangelistes un ange tenant un roole
auquel est escrit « Vbrbum caro factum est »; lesquels images
devant ditz sont tous neeslez.
Lequel livre ou texte d'Evangilles fust donné par le roy Charles
le Quinct, ainsy qu'il appert par lettre escritte sur icelluy livre,
bordé tout allentour de platenes ou tringles d'or, aussy garny de
deux fermouers d'or à deux platenes entretenans à une couppliere,
sur lesquels fermouers sont deux esmaulx de neesleure et quatre
petites turquoises avec trois petitz grenatz (ausdits fermoirs^ à cel-
luy desrompu deffault une turquqyse et à Vautre fermoir un gre-
nat) et pend au dit fermoir une houppe à un boutton garny de
petites perlettes, dont plusieurs defFaillent, et un fermoir semblable,
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D£ LA SAINTE-CHâPELLE. T&f
lequel n'y auroit esté veu, toutefois depuis fust trouvé et btUlé au
dit Me Pierre Poussin, cherecier; au dit fermoir retrouvé deâault
une petite pathene ou tringle d'or sur laquelle on ryve sur le livre.
Le dit texte, prisé par estimation, selon l'inventaire précèdent,
cettuy %% marcz d'or ou environ qui, au prix de loo L t. le marc,
vallent 2.200 1. t.
Et la pierrerie qui y est f .040 1. — [Cf* AT, 41 3.]
206. Item un autre texte d'Evangilles couvert des deux costez
d'argent doré, lequel a d'un costé un crucifix, Nostre Dame et
saint Jean, eslevez, aussy d'argent doré, et de l'autre costé l'image de
Dieu le père, aussy d'argent doré, eslevé et ez quatre coingz d'en
hault en chacun d'iceux un cloud d'argent doré. Le dit livre garny
de deux fermouers d'argent doré, en façon de pied de butor, et com-
mence au second feuillet « lumpnia faciatis » et au dernier ifeuillet
€ in illo tempore ». «^ [Cf. K^ 442.]
Les dits deux textes, tant d'Apostres que d'Evangilles, ont esté
refondus et refaits tels qu'ils sont à présent estant ez mains et charge
des marguilliers, comme il est contenu au recollement de l'année
i336, foL 21.
209. Item un texte d'Epistres couvert dessus et dessous d^argent
doré, d'un costé l'image saint Pierre et de l'autre saint Paul, eslevez,
d'argent doré, garny ez quatre coingz du dit image saint Pierre de
quatre cloudz d'argent doré, et de l'autre costé deux cloudz seule-
ment et a semblables fermouers que ceux du précèdent livre, toute-
fois en deffailloit un, et commence le dit texte d'Epistres au second
feuillet < dixit laetamini 9 et au dernier feuillet « te armaturam ».
— [Cf. Ky 443.]
210. Item le Psaultier de Monsieur saint Louis, couvert d'une che-
mise de taffetaz pers semé de fleurs de lys, doublé de sandal rouge,
avec ses deux fermouers d'or, semez d'un costé de fleurs de lys, qui
sont rompus du dit livre et mis au coffret pour ce destiné. -^
[Cf. K, 33.]
211. Item une boette d'yvoire, dedans laquelle sont les escourgées
saint Louis, mis dedans le coffret cy après déclaré.
212. Item un petit coffre couvert d'yvoire rompu en plusieurs cos»
tez, dedans lequel est la chemise de Monsieur sainct Louis, de
laquelle deffault une manche. -^ [Cf. K^ 3oo.] -» Le dit coffre est
dans les armoires.
21 3. Item un petit Oreal, commençant au second feuillet < mani-
feste », et finissant en penultiesme en lettre rouge « Philippi », avec
deux fermouers d'argent dorez d'un costé, et esmaillez aux armes de
France de l'autre costé, couvert d'une thoille blanche. — [Cf. AT, 55a.]
214. Item un livre plat de la Représentation de Nostre Dame,
commençant au second feuillet « nostrum îpse cepit » et finissant
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268 LE TRJÊSOR
au penultiesme « ne dicent », fermé avec deux crochetz d'argent
doré, et couvert de velours, sur la quelle couverture il y a quatre
fleurs de lys d'argent. — [Cf. Ky 554.]
21 5. Item un Messel qui sert pour les prelatz aux festes solen-
nelles, couvert de satin canele, noté et enluminé, au commencement
duquel sont peinctes les armoiries de France ; fermant à deux fer-
moirs d'argent semez de fleurs de lys par dehors. — [Cf. K^ 5 18.]
216. Item en un petit noue de tafetas rouge se sont trouvez trois
louppes de saphirs, lesquels ont esté mis au dit coffre pour ce
destiné.
217. Item s'est trouvé un petit reliquaire d'argent en forme d'es-
cusson, façonné par derrière d'une double croix, dedans lequel reli-
quaire il y a un os, mis au dit cofire.
218. Item mis les pièces qui s'ensuyvent au susdit coffre, pre-
mièrement : deux petites vis d'or, au bout desquelles il y a deux petis
rubys qui sont du reliquaire de la vraye croix, comme il a esté cer-
tiflîé ; plus le bout d'une fleur de lys d'or, en laquelle sont enchâssez
trois petis rubys, une esmeraulde au millieu ; plus trois petites pièces
d'un rubys allexandrin rompu ; plus une pierre quarrée de couleur
de jacinthe ; plus un petit grenat cheue par le dessous et deux aultre
brusques, l'un desquels est gravé.
219. Item en un noet de drappeau s'est trouvé cinq presmes d'es-
meraude avec un grenat.
Item neuf esmeraudes, tant moyennes que petites, enchattonnées,
en deux desquelles il y a deux petites treffles de perles au bout,
partie desquelles deffaillent; plusieurs rubys, tant moyens que petis,
enchattonnez, en l'un desquels il y a une petite trèfle de perles
entières ; et un ruby balay de moyenne grosseur dedans un chatton
d'or quarré, le tout mis au dessus dit coffret.
Le dit article ne s'est trouvé lors du recollement fait en Vannée
iSgj. — Le dit article s'est trouvé.
220. Item en un enveloppe de papier a esté mis sept perles orien-
tales, dont six avec leurs chattons, ensemble un petit rubys enchat-
tonné avec une petite esmeraulde enchattonnée, mise au dit coffret.
— AA.
221. En un autre a esté mis une petite lame d'argent, doré d'un
costé, sur laquelle sont quatre chattons de grenatz et trois saphirs ;
deux autres chattons entretenantz ensemble, enchâssez en argent ;
plus un autre grenat non enchâssé et cinq autres petitz ; plus une
amatiste assez grosse, enchâssée en or. — BB.
222. Item en un aultre enveloppe de papier a esté mis quatre petit
rubys en leurs chattons d'or ; un balay rubys et un grenat aussy en
leurs chattons d'or; et quatre petitz grenatz sans chatton, mis comme
dessus. — ce.
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DE LA SAINTE-CHAPELLE. 269
223. Item deux roses d'argent doré servant pour le devant de
chappesy garniz de plusieurs verres et perles enchâssées en argent
doré, mises comme dessus, enveloppées en un petit fermouer d'ar-
gent. — DD.
224. Item en un autre enveloppe mis cinq chattons d'or, en l'un
desquels est enchâssé un verre vert ; et un chatton d'argent, dedans
lequel est enchâssé une cornaline taillée; plus un petit grenat; deux
petitz saphirs; et une louppe de saphir; et un morceau de presme
d'esmeraulde, le tout mis dedans le dit coffre. — [EE,]
225. Item ime boette de bois blanc, dedans laquelle il y a plusieurs
perles, entre lesquelles il y en a six enchattonnées et huict petitz
trèfles servans à une myttre avec deux gros boutons, l'un desquels
est demy couvert de perles et l'autre où il y en a peu, avec un autre
petit bouton de pareilles perles, mises le tout dedans le dit coffre
comme dessus. — [FF.]
226. Item deux fermoirs d'argent du livre intitulé le texte de
TEvangille du feuillet 536 (sic), fol. 45, cotté HH.
227. Item trois perles avec trois chattons du livre inventorié au
dit inventaire, fol. 109, cotté JJ.
228. Item trois balays, dont deux hors œuvre et l'autre en un chat-
ton d'or, avec deux petites esmeraudes enchattonnées d'or, avec un
chatton, dedans lequel il y a un rubys balay, six esmaulx tant grandz
que petitz et deux feuillages d'or, le tout sorty de la croix de Bour-
bon inventorié au sus dit inventaire, cotté KK.
229. Item un grand branchage et deux autres petites pièces sorties
du reliquaire de la résurrection, fol. 5o, cottées LL.
230. Item quinze louppes de saphirs et dix esclatz de grenatz con-
tenuz en un enveloppe cottez MM.
23 1. Item une esmeraulde du texte d'Evangilles cheutte, cottée NN.
232. Item une pièce d'esmerauldes cheutte du chef saint Louys,
cottée 00.
233. Item une pommette d'argent doré sortye du reliquaire du
Corpus domini, cottée PP.
234. Item six pièces d'argent façon de fleur de lys, sorties du
tabernacle du chef de Monsieur sainct Louis, cottées QQ.
235. Item un enveloppe dedans lequel il y a une tringle d'or à
trois fleurs de lys en champ d'azur avec trois morceaux d'esmaulx
de plicque enchâssez en or, cotté RR.
236. Item du chef de Monsieur saint Blaize inventorié cy devant,
fol. 53, cy cotté SS.
237. Item une layette cachettée, l'inscription de laquelle ensuyt
« la mittre et autres ornemens de saint Thomas de Cantorbie »,
signé : « Formaget, de l'ordonnance de Messieurs des comptes »,
cottée TT, mise au sus dit cofire.
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ZyO LB TRÉSOft
23i8. lum una aultre layette cadietée comme dessiu, intitulée
f les pierreries, mitre et autres joyaulx de saint Louis de Mar-
seille »9 sigillé comme dessus. ^ VV.
239. Item une autre petite boette cachetée comme dessus, inti-
tulée « les pierreries, couronnes et autres pièces retirées de l'image
de Nostre Dame i, signé comme dessus « Fromaget », cottée XX,
mise comme dessus.
240. Item une autre petite boette cachetée comme dessus, inti-
tulée « de l'image saint Louis, ornemente », signée « Fromaget »,
cottée YY, mise comme dessus.
241. Item quatre esmaulx sortys de la crois double, cotté ZZ.
242. Item ont esté mises plusieurs pierres, tant grandes que
pedttes, les unes enchattonnées en verre, le tout pecant S onces
5 gros, procédantes des defficit des reliquaires cy devant inyentoriex.
Le dit article ne s'est peu veriffier lors du recollement fait le
1 5^ juillet i5g2.
Lequel sus dit coffre fermant à trots cLefz a esté mis dans les
armoires neufves en présence de M« Hesselin.
243. Item un beau parement de nappe d'autel, servant aux grandes
et solennelles fastes, auquel pendent plusi^Burs fimbrins et franges
d'or et de soye, et est le dit parement semé de perles de semence
blanches, grains, indes et rouges; sur lequel parement y a seiee
grandz esmaulx de ply et soixante et quatre autres petitz esmatilx
en coingz aussy de ply, sur lesquels grands esmaulx sont plusieurs
images, et allentour de huict des dits grandz esmaulx, allenviron
d'un chacun, y a quatre grenatz avec leurs chattons, et au tour des
autres huict grandz esmaulx y a, allentour d'un chacun, quatre
saphirs avec leurs chattons; esquels grandz esmaulx deffailloient les
choses qui s'ensuyvent, c'est assavoir en l'un toutes les images d'or
qui y souloient estre, en l'autre deffault une image d'or entière, et
en un autre deffault un aultre image aussy entière, excepté la teste.
Item en un autre defiaut une t<este des dites images.
Item es dits grandz esmaulx deffailloient huict pierres avec leurs '
chattons et trois autres pierres sans leurs chattons {defficit encore
une), et sur soixante deux des dits soixante quatre petitz esmaulx
aussy de ply souloient estre sur chacun d'iceulx quatre tant grenatz
que saphirs, dont en deffailloient trente deux avec leurs chattons
(defficit encore sept), et oultre en deffailloient deux esmaulx entiers
d'iceux petitz esmaux en coing ; et est le dit parement totalement
doublé de thoille inde. Lequel peze avec l'acoustr^nent sur lequel il
est assis, con^>ris franges, tout 17 marcs, dont il peut avoir par esti-
mation, selou l'opinion des orfebvres qui l'ont prisé 17 marcs d'or
en ymages et autres choses d'or attachez k la dite toilie, et le surplus
estoit semé de petite semence de perles. -* [Cf. AT, 399.]
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DE LA SAINTE-CHAPELLE. 271
Et pour le regard des autres livres contenus en l'inventaire pré-
cèdent de l'année i536, depuis le feuillet m verso jusques à 124
n'en est cy fait aucune mention, d'autant que les aucuns d'iceulxse
sont trouvez perdus, adhirez, les autres uzez et deschirez, et les
aultres restans et servant ordinairement en la dite église sont
demeurez en la dite église et charge des marguilliers d'icelle, ainsy
qu'il a esté de tout temps et jusques à meintenant observé, joinct
qu'en iceulx ne s'est trouvé aucuns enricbissemens.
Et quand aux omementz et autres choses à plain spécifiées et
déclarées au dit inventaire i536, despuis le feuillet laS jusques
au dernier d'icelluy costé 168 n'en est semblablement cy fait
aucune mention au moyen que la pluspart des chappes, chasubles et
linge qui despuis le dit an i536 jusques à présent, s'est usé et dont
l'on ne s'est plus voulu servir en la dite Sainte Chapelle a esté
donné à l'église des Quinze Vingts de cette dite ville, comme il est
accoustumé faire, et pour le regard des bonnes chappes, chasubles
et aultres ornemenu estant de présent en la dite Sainte Chapelle en
a esté fait l'inventaire cy après transcript et la garde d'iceulx baillée
à Jacques Messier, marchand bourgeois de Paris et chasublier de
la dite Saincte Chapelle, qui en est chargé par son récépissé estant
en fin d'icelluy.
Inventaire des ornementz de la Saincte Chapelle du palais
ROYAL A Paris estans dans les armoires neufves de la dicte
Saincte Chapelle dont Jacques Messier, chasublier, a les
clefz, faicte le i^' jour de febvrier isys.
Premièrement :
244. Une chapelle de six habitz, assavoir une chasuble, diacre,
sousdiacre et trois chappes avec deux paremens d'autel, le tout fait
de broderie à histoires de plusieurs sainctz et sainctes, appellée la
Grand Chapelle, et n'est doublée que de thoille blanche et n'y a
aucunes es toiles ny phanons.
245. Item une chapelle de six habitz de drap d'or rouge à poil,
assavoir trois chappes, deux diacres et hà chasuble, deux estoUes
et trois fanons, ayant les orfrois d'or fin, de broderie à image simple.
246. Item deux parementz d'autelz tous faictz de broderie, au hault
y a une histoire de la Trinité, et à celluy d'en bas y a un Crucifiement
avec les histoires de la Passion.
247» Plus une chapelle de six habitz» assavoir : trois chappes^ deux
diacres, la chasuble, deux estolles et deux fanons et un qui de&ult
;
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272 LE TRÉSOR /
à cause qu'il a esté brusié par cy devant ; la dicte chapelle est de
drap d'or frizé, semé de chapeaux d'espines faitz de tailleures de
toille d'argent, et les orfrois estans de broderie d'or fin à histoires
et armoiries de Madame la Régente et deux paremens d'autels de
mesme drap d'or et semez de mesmes chapeaulx d'espines.
248. Item une chappe, une chasuble, deux diacres et deux pare-
mentz d'autelz faictz de velours violet, rayé et broché d'or fin, a les
orfrois faictz de broderie d'or fin, et sur les paremens, il y a un cru-
cifix, Nostre Dame, saint Jean, et au baz, une Nostre Dame de pitié
tout d'or fin.
249. Item une chapelle de six habitz, assavoir trois chappes de
diacres, une chazuble, deux estoilles et trois fanons de drap d'or
frizé sur champ rouge, ayant les orfrois à champ d'or fin avec deux
parementz d'autels de mesme drap d'or, sur quoy il y a un crucifix,
Nostre Dame, sainct Jean et en bas une Nostre Dame de pitié, et le
tout armoirié aux armes de la Royne de France Elizabeth.
250. Item une chapelle de sept habitz, assavoir quatre chappes,
deux diacres et la chazuble, deux estolles et trois fanons de toille
d'argent et d'or damacé à deux endroictz, et le dict drap fust donné
par le roy Charles neufviesme provenant des biens de l'admirai de
Chastillon. Les orfroys de la dicte chapelle sont historiés de la vie
de Nostre Dame, tous faictz d'or nus et n'y a point de parement de
mesme.
25 1. Item une chapelle de sept habitz, assavoir : quatre chappes,
deux diacres, la chazuble de toille d'or frizé sur champ gris, le dict
drap a esté donné par le roy Charles neufviesme provenant des biens
de feu Tadmiral de Chastillon. Les orfrois de la dicte chapelle sont
faictz d'or nue à rond et moresque, de la vie de la Passion, et n'y a
aucunes estoilles ny phanons ny parementz d'autelz.
252. Item une chapelle de sept habitz, assavoir quatre chappes,
deux diacres, la chazuble, deux estolles et trois fanons de damas
blanc à fleurs d'or fin, ayant les orfroys de broderie d'or fin et deux
parementz d'autels de mesme damaz.
253. Item quatre chappes de satin rouge cramoisy à fleurons d'or
fin et de soye de plusieurs couleurs, les orfrois sont de velours pers
semez de fleurs de lys et de dauphins, le tout d'or fin.
254. Item une chappe seule, de damas blanc, semée d'anges et
d'histoires, les orfrois sont d'or fin, à double image.
255. Item une chappe seule, de drap d'or frizé sur champ rouge,
les orfrois d'or fin à double image.
256. Item une chappe seule, de drap d'or fin sur champ de rouge
et verd, les orfrois d'or fin à simple ymage.
257. Item un grand parement d'autel fait de tapisserie d'or et d'ar-
gent fin, à hystoires de la Passion.
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DE LA SAIKTE-CHAPELLE. 2^3
2%. Item une chasuble de taffetaz picqué de soye cramoisy, les
orfroys d'or Rn, là où il y a au derrière un crucifix.
259. Item deux parementz d'autel de velours pers, où il y a au
hault un saint Louys au mitan, et aux deux costez un Roy et une
Reyne, et au bas im saint Louis en evesque, et au deux costez un Roy
et une Reyne, le tout semé de roses et fleurs, le tout d'or et d'argent
fin; en aucuns fleurons desquelles roses y a quelque semence de
perles.
260. Item une chazuble de velours pers, semé de mesmes roses que
le parement cy dessus, orfrois de velours rouge semé de feuillages
et couronnes d'or fin, pourfilez de perles, desquelles perles en est
tombé grande quantité et en reste peu.
261. item une chazuble de satin violet semé de lycornes et oyseaux
faitz de perles et d'or fin, l'orfrois fait à couppons de broderie et
histoires et de velours rouge incarnat semé de perles.
262. Item deux tuniques de satin violet, les orfrois de velours
rouge en graine, semé d'ossementz, testes de mort et larmes, faites de
toille d'or et d'argent.
203. Item un diacre seul de satin rouge semé de roses d'or fin,
lizeré de perles de plusieurs couleurs.
264. Item une dalmatique de satin violet, l'orfrois de ruban d'or
faulx, et la dicte dalmatique est semée de fleurs de lys, sans estolle
et phanon.
265. Item un parement à mettre sur la cyviere quand l'on porte le
Corpus Domini et la vraye croix, fait de drap d'or à pal sur champ
rouge, ayant une bordeure de velours pers semé de fleurs de lys
d*or fin.
266. Item un petit parement de taffetas rouge, semé de bezans
d'or fin.
267. Item un ciel fait par couppons de satin cramoisy rouge et de
velours violet, sur lequel velours sont semées des fleurs de lys de
tailleure de thoille d'or fin, et sur le dit satin cramoisy sont semées
des croix de toille d'argent Rne, garny de son fondz et contrefondz,
lequel ciel sert le jour de la feste Dieii à porter le Corpus Domini.
268. Item un autre ciel dont les pentes sont de drap d'or à pal,
rouge, doublé de damaz rouge, semé d'estoilles d'or fin, et le fondz
est de satin cramoisy à fondz d'or fin et de soye de plusieurs cou-
leurs.
269. Item un petit ciel de damaz changeant rouge et jaulne, le
fond est fait de thoille rouge, qui sert à mettre sur la chaise du pré-
dicateur.
Le dit ciel est demeuré ez mains de M^ Claude Souchet, che-
vecier.
MÂM. XXXV 18
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274 ^^ ntÉsoR
270. Item deux aubes de taffetas blanc garnies d'amis, où sont des
paremens d'or fin et de soye cramoysie.
271. Item deux custodes de damas blanc gamyes de franges et de
crespines d'or par dessus.
272. Item deux custodes de damaz cramoysy rouge, frangé de
frange de soye cramoysy et une crespine d'or fin par dessus.
Lesquels ornementz et autres choses contenues au présent inven-
taire ont esté baillez et mis en la garde de moy Jacques Messîer,
chasublier de la dicte Sainte Chapelle, par Messieurs les comaiis-
saires députez au recollement des reliques et ornementz d'iceile
Sainte Chapelle, et les clefz à moy à cette fin baillez, desquelles je
demeure chargé par le présent mien récépissé que j'ay signé de ma
main, le dit i*r février 1575. Ainsy signé Messier.
Addition de iSjô.
273. Le dernier novembre 1376 a esté acheté par Monsieur le pre-
mier président Nicolai unze aulnes de drap d'or velouté sur champ
cramoisy rouge, pour faire chappes pour la dicte église de la Sainte
Chapelle, a raison de 39 1. 12 s. l'aulne, mis ez mains du dict Messier^
ayant la charge et garde des dicts ornementz. Signé : Messier.
Addition de iS84^
Le i5« jour de may l'an 1584, M« Jean Benyvenni, abbé de Belle-
branche, a, de la part de la Royne, mère du Roy, et en la présence de
M« Anthoine Nicolai, chevallier, conseiller du roy en son conseil,
premier président en sa Chambre des comptes, et Louis de Brezé,
evesque de Meaux, trésorier de la Sainte Chapelle, apporté en la
dicte Saincte Chapelle les ornementz d'église cy après déclarez dont
le dit sieur de Bellebranche a dit que la dicte dame fesoit don et
présent à la dicte église.
Premièrement :
274. Deux parementz d'autel, l'un hault et l'autre bas, tout garnis.
275. Une chasuble garnie de son estoUe et fanon, deux tuniques
garnies d'une estolle et deux phanons.
276. Et une grande chappe, le tout en broderie d'argent fort riches
et montées sur un velours noir figuré de larmes d'argent, chacune
des dictes pièces d'ornemens garnies des armoiries d'iceile dame.
Tous lesquels ornementz ont esté en la présence des dicts sieurs
Nicolai et de Brezé à l'instant mis et délivrez ez mains de Jacques
Messier, chasublier ayant la charge et garde des ornementz d'iceile
Saincte Chapelle, les dicts jour et an. Signé : Messier.
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DE LA SAINTE-CHAPELLE. 2jS
Addition de j585.
Le i5« jour de may, Tan 1585, il a esté mis aux armoires de la
chevecerie de la Sainte Chapelle une chapelle «omplette de velours
noir, assavoir :
277. Un grand poisle ayant la croix de velours cramoysy violet
tout semé de fleurs de lys avec quatre grandes armoiries aux armes
du Roy avec les doubles ordres.
278. Deux parementz d^autel de velours noir.
279. Deux custodes de damaz noir.
280. Une chazuble.
281. Deux tuniques.
282. Quatre grandes chappes.
Le tout de velours noir et les orfrois de velours cramoysy violet
semez de fleurs de lys.
Tous lesquels ornementz ont esté délivrez ez mains de Jacques
Messier, chasublier ayant la charge et garde des ornementz d'icelle
Saincte Chapelle, les dict jour et an. Signé : Messier.
Addition de iSSy,
283. Le dernier jour de décembre 1587, il a esté mis ez armoires
de la dicte chevecerie quatre petites chappes de damaz cramoisy,
ayant les orfroys de thoille d'or damassée pour servir aux enfans
de cheur de la dicte Saincte Chapelle le jour des saints Innocens.
Ainsy signé : Messier.
Addition de i58g.
284. Je, Jacques Messier, m« chasublier à Paris et commis à la
garde des chappes de la Sainte Chapelle au dict palaiz à Paris,
cognois, confesse avoir en ma charge et garde deux pièces de velours
cramoisy brun, Tune contenant 19 aulnes 2 tiers et demy, et l'autre
23 aulnes et demye, nagueres achetées pour faire chappes en la dicte
Saincte Chapelle ; mis aux armoires avec les chappes et ornementz
estant au trésor d'icelle Saincte Chapelle, dont je prometz tenir bon
et loyal compte, par la présente signée de ma main, ce Bo* jour de
may 1589. Signé : Messier.
Addition de 1602.
285. Je, Jean Messier, m« brodeur à Paris, confesse avoir en ma
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276 LE TRÉSOR
charge et garde un tapys de Turquie, qui a cy devant servy, de la
longueur de 5 aulnes moins demy tiers et de 2 aulnes de large,
duquel je prometz tenir compte; fait le dernier jour d'aoust 1602.
Ainsy signé : Jean Messier.
Addition de i58g.
Croix d'or trouvée au cours d'un rbcolement le 3 octobre 1389.
286. Avons trouvé une croix d'or non inventoriée que nous avons
fait veoir par Jean Vachette et Jean Fricquet, m** orfèvres à Paris,
et après leur avoir fait faire le serment de bien et loyaulment en
leur conscience escrire, spécifier et priser selon leur art tout le
contenu d'icelle en ont fait la description et prisée comme s'ensuyt :
Une grande croix d'or avec son soubassement et terrasse, le tout
de la haulteur d'un pied et demy ou environ, en ce compris un grand
fleuron qui est au bout d'en hault d'icelle croix ; la dite croix ouvrant
et fermant par derrière avec un fondz d'or fait en façon de tombeau
enrichy de mouleures fermant avec quatre espingles d'or, tenant
chacune espingle à un bout de chaisne d'or fait en façon de jase-
ran, tenans les dites chaisnes à la dite grande croix, dans laquelle
croix est une aultre croix d'or faite d'une baste, laquelle baste est
foncée, et dans icelle est enchâssée une croix du bois de la saincte
vraye croix de Nostre Seigneur Jésus Christ. Le dit bois de neuf
poulces de hault sur six poulces de creuzée, et a le dit bois un poulce
de large et est de quatre pièces, sçavoir la haulteur de deux pieds, ayant
l'un des coingz recolé par en hault et la creusée de deux pièces, oultre
laquelle haulteur y a apparence avoir esté sié de la dicte vraye croix un
poulce de la dite haulteUr par le bas ; et sur icelle grande croix est
un crucifix d'or esmaillé de blanc, lequel a un chappeau d'espines sur
son chef, le dit chappeau est d'or aussy esmaillé de vert, et la terrasse
sur laquelle est posée la dite grande croix est aussy esmaillée de vert,
sur lequel vert est fait plusieurs tiges d'or moulu, et aussy y est applic-
qué deux testes de mort et plusieurs ossementz au naturel, le tout d'or
esmaillé de blanc; outre plus sur icelle terrasse sont deux figures
d'or esmaillées de plusieurs couleurs, qui sont d'un duc et duchesse
à genoulx en forme de prians, chacun sur un oreiller d'or, taillez de
fleurs de lys d'Espaigne en champ d'azur; et le soubassement et pied
d'icelle grande croix est tout d'or sans esmail en façon de six
pampes, et au coing de chacune pampe est une tourelle d'or, réservé
à l'un des coingz là ou il y en a faulte d'une, laquelle a esté perdue
par le passé; tout ce que dessus supporté de six lyons d'or, aussy
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DE LA SAINTE-CHAPELLE. 277
sans esmail ; sur laquelle croix et au tour d'icelluy pied sont appli-
quées plusieurs pierres et perles comme il s'ensuyt :
Premièrement :
Soubz le fleuron d'en hault de la dite croix et au devant d'icelle
est une roze de six perles empotensées, dans laquelle est un chatton
d'or auquel est en œuvre un rubys valet cabochon en forme de
cœur, prisé le dit rubys 5o escus.
Sur le chef du crucifix, une rose de six perles empotencée comme
dessus, dans laquelle est un chatton d'or auquel est en œuvre un
fort beau rubys valet en forme de cœur, et a le dessus taillé plus plat
que rond, prisé le dict rubys xoo escuz.
Au costé dextre, une pareille rose de six perles comme dessus,
dedans laquelle est un chatton auquel est en œuvre un ruby valet.
Au costé senextre, une pareille rose de six perles comme dessus,
au millieu de laquelle est un chatton, auquel est en œuvre un rubys
valet en table et est de fort belle couleur, prizé le dit ruby 5o escuz.
Au baz de la dicte croix, une pareille roze que dessus, dans laquelle
est un chatton, auquel est en œuvre un rubys valet et cabochon assez
espois, percé au travers, le dit rubis prisé 45 escus.
Aux mains du dit crucifix sont applicquées trois poinctes de dia-
mantz, chacime dans un petit chatton d'or, lesquels servent de trois
clous, prisez les dits trois diamans ensemble 10 escus sol.
Le tour de la bordeure de la dite grande croix est enrichy de plu-
sieurs feuillages d'or et de quarante deux perles de plusieurs sortes
et grosseurs, prisées, Tune portant l'autre, à 3 escus pièce, qui
seroit au dit prix 126 escus.
Et au tour du soubassement de la dite croix sont enchâssez en
chattons d'or dix huict rubys valetz de plusieurs grosseurs, prisez,
l'un portant l'autre, à 6 escuz pièce, qui seroit au dit prix xo8 escus.
Plus, au soubassement entre les dits rubys, sont dix huict trèfles
de perles, à trois perles pour chacune treffle, qui font cinquante
quatre perles, prisées les dites cinquante quatre perles ensemble à
la somme de 60 escuz sol.
Et, pour les trente perles qui font les cinq roses dans lesquelles
sont appliquées les cinq rubys valetz cy dessus mentionnez, les-
quelles perles sont de plusieurs sortes et grosseurs, ont esté prisées,
l'une portant l'autre, à 3oo escus pièce, qui seroit au dict prix
90 escus sol.
La dite croix, ainsy qu'elle est descrite cy dessus avec les dites
pierres et perles, prisée le tout ensemble 14 marcz 5 onces, prisée
l'once 8 escuz, et monte ensemble au dit prix g36 escus sol .
Somme totalle que se monte la dite croix, tant en or que rubys
et perles, i,636 escus sol.
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27^ LE TRÉSOR
Et ayons fait remettre la dite croix en son estuy, et icelle reposer
eh Tarmoire de laquelle elle a esté tirée, laquelle elle a esté refer-
mée par le dit Me Robert Danes, qui a repris les clefz par devers luy.
Addition de i5g8*
Reliquaire trouvé au cours d'un recolement le 5 décembre iSgS.
287. Déclaration d'un reliquaire trouvé dans les armoires scizes
au revestiaire de la dite Sainte Chapelle, lequel neantmoings def-
fault en l'inventaire des sainctes relicques estans en icelle, au
moyen de quoy en auroit esté fait prisée par moy Jean Friquet,
m« orfebvre et joaillier, demeurant sur le pont au change, pour
estre joinct et compris au dict inventaire.
Un reliquaire qui sfert à mettre le Corpus domini, lequel est posé
sur une grande table d'argent doré porté sur quatre lyons, au tour
de laquelle sont apposées plusieurs pierreries de verre de diverses
couleurs, et au dessus dUcelle un autre fond d^argent doré, le bord
d'icelluy semé d'esmaulx taillez de fleurs de lys, le champ esmaillé
d'azur, et sur icelle table sont posées les figures d'un Roy et d'une
Royne et de deux enfantz à genoutz, au millieu desquels est une
forme de clocher, plus deux grandz anges qui supportent une terrace
au tour de laquelle sont aussy plusieurs pierres de verre, lesquelles
ne sont cy speciffiées pour n'estre d'aucune valleur ; stir laquelle
terrasse est posée un arbre de vie au costé duquel sont les figures
d'Adam et Eve et sur icelluy arbre un soleil et un crucifix au des-
sus, et à chascun costé d'icelluy un ange, le tout d'argent vermeil
doré pezant 45 marcz et demy, prisé et estimé par le dit Friquet à
8 escus le marc, eu esgard aux façons, revenant le tout à la somme
de 364 escus. Ainsy signé : Fricquet.
XV.
Inventaire de la grande-châsse.
(8 octobre i575.)
Le titre que porte ce document est assez explicite pour que
nous n'ayons rien à y ajouter. Le texte nous est parvenu en
copie de la fin du xvi^ siècle dans l'un des manuscrits de la
bibliothèque de sir Thomas Phillipps, que les heureuses négo-
ciations de M. Omont ont fait entrer récemment à la Biblio*
thèque nationale (nouv. acq. fr. 10698, fol. 2).
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DE LA SAINTE-CHAPELLE. 279
0.
Inventaire des sainctes relicques de la Sainte Chappelle de
ceste ville de Paris qui ont esté descendues le 8« jour d'octobre
1575 pour la procession du Roy par le $>* reverendissime evesque
d'Auxerre, conseillier dudit sr grand aulmosnier de France es pré-
sences de M«« Jherosme Des Molins, Jehan Durantel et Jehan de
Baugy, tous chanoynes de la dite Sainte Chappelle, et de M« Robert
Danes, notaire secrétaire dudit seigneur et greffier en sa Chambre
des comptes.
Premièrement :
1. La saincte couronne, en laquelle il y a faulte de trois pierres,
et y a une esmeraulde cassée par le milieu, une aultre en laquelle
default la moictyé, et en une autre defifault un quart. — [Cf. Af, i.]
2. La saincte croix double, où y a faulte d'une petite pierre au
dessus de la seconde croisée. — [Cf. M, 2.]
3. La robbe de pourpre, où y a faulte de deux pierres, dont l'une
a esté remise et l'autre est en une boette, et depuis il en a esté osté
trois qui ont esté mises en la dite boette où estoit la dite première.
— [Cf. Af, 3.]
4. Les drappeaulx d'enfance, où il y a faulte de trente huict
pierres et d'une perle. — [Cf. M^ 4.]
5. La croix de Victoire, où n'y a faulte, la dite croix a esté prise
par le Roy. — [Cf. J\f, 5.]
6. Le chef saint Jehan, ouquel n'y a eu aucunes pierres.— [Cf. ilf , 6.]
7. Le sceptre, où il y a faulte de deux pierres et y en a esté remise
une. — [Cf. My 7.]
8. Le sainct linceuil, auquel n'y a aulcune faulte. — [Cf. M, 8.]
9. L'esponge, où n'y a faulte. — [Cf. Af, 10.]
10. Le sang miraculeux, où y a faulte d'une pierre. — [Cf. A/, 11.]
11. Le sindone Domini, où n'y a faulte. — [Cf. Af, 9.]
12. De lacté virginis, où n'y a faulte. — [Cf. M^ 12.]
i3. De sanguine Christi, où y a faulte d'une pierre. >— [Cf. M^ i3.]
14. Le carcan, où il y a faulte d'une pierre, et est tombé un safir
qui a esté mis en la petitte boette dorée. — [Cf. My 14.]
i5. Péplum virginis, où n'y a aucunes pierres. — [Cf. My i5.]
16. La verge de Moyse, où n'y a aucune pierre. — [Cf. M y 16.]
17. Le fer de la lance, où y a faulte d'une pierre au pied d'icelle.
- [Cf. My 17.]
18. La pierre du sepulchre, où n'y a aulcune pierre. — [Cf. M, 18.]
19. La Veronicque, où y a faulte de dix pierres. — [Cf. My 19.J
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280 LE TRÉSOR
XVI.
I
Procès-verbal de visite de la grande chasse.
(i3 septembre i6o5.)
Sur un rappori verbal du procureur général touchant Tenlè-
vement de différentes pièces de la grande châsse, la Chambre
des comptes délégua, le i3 septembre i6o5, le président Bou-
lencouri, le greffier Hugues de La Fontaine, le contrôleur
François Varoquier, pour, avec l'aide de Torfèvre Friquet, pro-
céder à la visite des reliquaires.
Le procès-verbal de cette visite a été transcrit à la suite de
rinventaire de 1 573-1575, dans le manuscrit français 4609 de
la Bibliothèque nationale. Nous en donnons le texte ci-dessous
en reproduisant même les formules; on y trouvera sur l'em-
placement occupé par la grande chflsse et sur les moyens qu'on
avait d'y accéder, des indications précises.
P.
Ce jourd'huy, i3« septembre i6o5, sur ce que le procureur gêne-
rai a remonstré verballement à la Chambre qu'il avoit entendu que
le bruit estoit que l'on avoit furtivement pris quelques images d'ar-
gent de celles appiicquées allentour de la grande chasse qui est
dessous le tabernacle au dessus du grand autel de la Saincte Cha-
pelle, dans laquelle chasse sont les sainctes reliques, requérant à
ces causes qu'il pleust à la dite Chambre en ordonner et, en ce fai-
sant, commettre des maistres pour veoir et faire visiter le tout.
L'affaire mise en délibération, la Chambre a ordonné que Visita-
tion sera faite par Jean Friquet, maistre orfebvre, qui a accoustumé
de ce faire en tel caz, et ce en la présence de messieurs de Boullen-
court, président, [des] conseillers et maistres, qu'elle a, à cette fia,
commis, de Hugues de la Fontaine, greffier en la dite chambre, et de
Me François Varroquier, procureur en icelle et commis au controlle
de ce qui dépend de la dite Sainte Chapelle.
Et à l'heure de dix heures, nous, commissaires sus dits, serions
transportez en la dite église et entrez au revestiaire d'icelle, avons
trouvé plusieurs des chanoines et, après leur avoir dit le motif de
nostre arrivée et commission, nous auroient dit estre assemblez
pour le mesme sujet et adviser à ce qu'ils auroient à faire, et à
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DE LA SAINTE-CHAPELLE. 281
rinstant auroient fait ouvrir Tune des montées pour aller au dit
tabernacle affin de visiter la dite chasse, où estans en leurs présence,
du dit de la Fontaine, greffier, et de Varroquier, controUeur,
aurions fait veoir et visiter par le dit Friquet, orfebvre, la dite
chasse, images et figures cy apposées qui se sont trouvées ainsy
qu'il s'ensuyt au devant de la dite chasse ^
1. Premièrement un crucifix au devant duquel il y a une lune,
un soleil, et à costé d'icelluy une image de la vierge Marie et une
de saint Jean et deux autres figures, dont l'une tient une lance,
et au dessus deux petitz anges à genoulx, garnis de leurs aisles et
de deux places vuides où il appert y avoir eu deux anges pareils,
l'une desquelles deux places paroist avoir esté laissée fraischement
vuide.
Ces deux places sont remplies, en l'inventaire de l'an jSjS, de
deux anges.
Par le recolement du iS octobre 1606, s'est trouvé deffaillir l'un
des dits 2 images du costé senextre, sçavoir celle qui tenoit une
lance,
2. Item au dit devant, entre deux colonnes, du costé dextre, y a
une figure tenant d'une main une croix, Taultre main s'est trouvée
manquer, et au dessus y a un ange tout debout, garny de ses aesles,
et du costé senextre est une Rgure de Moyse tenant d'une main les
tables, ayant les yeux bandez, sur laquelle est pareillement un ange
tout debout, garny de ses aesles.
Deffault la main de la Nouvelle Loy qui est en Finventaire de
1573,
3. Et a costé dextre de la dite chasse, vis à vis du revestiaire, sont
les figures qui ensuyvent.
Assavoir une figure d'un Christ attaché à une coulonne, au costé
duquel est une figure d'un juif tenant un fouet, et de l'aultre costé
y manque pareille figure de semblable haulteur, au dessus desquelles
figures et au cintre d'icelluy costé y a un ange et trois places vuides,
où il y a apparence qu'il y a eu trois pareils anges, plus, au dessus
de la dite figure de Christ, y a un rond vuide et desgarny.
Cet article est cotté en l'inventaire i5j3 un à costé senextre, un
à dextre.
Au dit inventaire, au lieu des trois places vuides, y avoit trois
petit^ angeliç pareils à celluy qui est transcrit à l'article précèdent.
Plus manque un ange d'argent doré sortant d'une nuée et aussy un
grand pinacle,
4. Item au costé senextre est représenté un tombeau dans lequel
y a une figure représentant la Résurrection et aux deux costez deux
I. Pour tous ces articles, cf. le n* 206 de Tlnventaire N,
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282 LE TRÉSOR
anges tout debout, ayans les mains joinctes, garnies de leurs aesles,
et au cyntre d'icelluy costé, y a apparence y avoir eu quatre anges
comme de Pautre costë, lesquels se sont trouvez manqué, et au des-
sus de la dite Résurrection y a aussi un grand rond vuyde.
Du i5 octobre 1606 s'est trouvé un des dits anges susdits, sçavoir
celluy du costé gauche deffaillir par le dit recolement qui en a esté
fait.
Audit inventaire i5y3 Particie est remply de quatre angesy l'un
desquels estoit à genoulx.
Au lieu de ce grand rond vuide en l'inventaire i5j3 se trouve
remply de capitolle.
5. Et au derrière de la dite chasse n'y a apparence qu'il y aye eu
aucune figure de relief, ayant trouvé les cadenatz bien fermez.
Toutes lesquelles figures cy dessus sont d'argent vermeil doré,
comme aussy estoient celles qui sont manque, sauf que les aesles
des dits anges sont de cuivre doré.
Fait par nous, commissaires susdits, les jour et an que dessus,
ainsy signé : Lhuillier, Thibaut, Friquet, Varroquier et de la
Fontaine.
Et plus bas, collationné à l'original, par moy, conseiller, secré-
taire du roy, greffier en sa Chambre des comptes, soubzsigné, signé :
Le Prévost.
XVII.
Inventaire du Trésor conservé dans le revestiaire.
(4 avril 1740.)
Après la mort d'Antoine Bochart de Champigny, trésorier
de la Sainte-Chapelle, la Chambre des comptes fit procéder à
l'apposition des scellés sur tous les effets mobiliers dépendant
de sa succession et se rattachant à son office. Un inventaire
commencé le 9 avril lySg fut terminé le 9 avril 1740. Le procès-
verbal en est conservé aux Archives nationales sous la cote
L 620, no 26. Ce document renvoie, pour le Trésor de la Sainte-
Chapelle, à un état spécial. Cet état, qui nous est également
parvenu (Archives nationales, L 620, n» 27), fut dressé par les
conseillers à la Chambre des comptes, Baron et David-Olivier
Vigny, en présence de Nicolas de Vichy de Chamron, abbé de
Saint-Calais, le nouveau trésorier, de Paul Bochart de Cbam-
pi'gny, capitaine de grenadiers au régiment des Gardes fran-
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DE LA SAINTE-CHAPELLE. 283
çaises, héritier du trésorier décédé et détenteur des clefs des
armoires du revestiaire où était enfermé le Trésor, et de Jean
Miqué, contrôleur de la Sainte-Chapelle. La date, 4 avril 1740,
et le nom de l'expert, Pierre Bourdin, joaillier à Paris, y
demeurant, quai des Orfèvres, paroisse Saint-Barthélémy, sont
fournis par le procès-verbal général dressé du 9 avril 1739 au
9 avril 1740.
D'autre part, l'état particulier du Trésor, reproduit ici, se
réfère expressément au « procès verbal contenant les appo-
sitions et levée des scellés en la maison et sur les effets du dit
sieur Bochart de Champigny, cy devant trésorier, et sur les
susdittes armoires datte, au commencement, du 9 avril 1739»,
et il ne saurait y avoir de doute sur le lien qui unit les deux
documents cotés L 620, n^ 26 et 27. La seconde seulement de
ces pièces est donnée ici. Le texte en a été repris en tout ou en
partie par les rédacteurs d'inventaires ultérieurs, en 1783 et
en 1791 ; ceci nous a permis de faire figurer entre crochets
quelques additions ou corrections correspondant à des erreurs
simplement matérielles dans l'expédition L 620, n^ 27.
Q.
Première armoire.
1. Une grande croix d'argent doré, chargée d'ornemens de pîerre-
rie et d'émaux ; et au milieu est enchâssé le bois de la vraie Croix ;
en observant que le bas est altéré de trois pouces de haut sur un*
demi pouce de large, lequel est remply de cire. Les ornemens qui
renferment et couvrent la totalité de la dite croix, consistans en cinq
pièces formant une croix sur laquelle est un Christ d'or, chargée de
sept rubis balais, treize saphirs d'Orient, trente sept émeraudes,
trente cinq perles, et plusieurs autres petites perles, émeraudes et
rubis, garnissant les bords de la croix. Prisé 10.000 1.
Est à observer qu'il y a plusieurs chatons et pierres qui manquent.
Laquelle croix se pose sur un pied suporté par quatre lions ; aux
quatre angles sont les quatre Évangelistes, ledit pied surmonté d'un
ornement en forme d'architecture d'où sort deux branches fleur-de-
lisées sur lesquelles sont les figures de saint Jean et de la Vierge.
-[Cf. N, I, add.]
2. Un reliquaire qui est une teste représentant le chef de saint
Louis, suporté par quatre anges sur un socle en retable avec quatre
lions qui servent de pied; le chef d'or ayant dessus la teste une cou-
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284 LE TRÉSOR
ronne, garnie de quatre fleurons; garni chaque fleuron d'un gros
saphir, six rubis balais, quatre perles rondes, et plusieurs émeraudes,
au nombre de dix sept. Prisé le tout 38.ooo 1.
Au bas du col du dit chef sont quarante éroeraudes et trente six
rubis balais. Prisé à 3. 000 1.
Et sous le dit chef quatre saphirs, quatre mauvais rubis balais,
une prime d'émeraude entourée de grenas et quatre cristaux. Le tout
prisé 400 1.
Est à observer qu'il se trouve trois chatons dont les pierres sont
otées. — [Cf. N, 2o5.]
3. Item, une autre relique représentant le chef d'un évesque mitre,
le tout d'argent doré, qui est le chef de saint Biaise, suporté par
quatre figures à genoux sur un entablement de cuivre doré, ainsi
que les dites quatre figures; sur la mitre de laquelle sont plusieurs
pierres de verres de diverses couleurs. — [Cf. iV, 11.]
4. Item, une branche qui servoit sur le pied d'un soleil de vermeil,
avec deux anges aux deux cotés, sur une espèce de laurier, aussi de
vermeil.
5. Item, une châsse d'argent doré, carée, à quatre pilliers, sur cha-
cun desquels est un ange, deux desquels n'ont point d'ailes; et
autour de la ditte chasse est figurée la vie de saint Clément ; à une
figure desquels il y a une teste qui manque. La ditte châsse sur-
montée d'un dôme avec deux fleurons d'argent doré, sur lequel sont
enchâssées plusieurs pierres telles quelles. Dans laquelle châsse est
le chef de saint Clément. — [Cf. N, 10.]
6. Item, un chef et reliquaire d'argent doré, représentant la teste
d'une vierge, auquel il y a un os de la teste de sainte Ursule ; porté
sur six lionceaux. — [Cf. N^ 12.]
7. Item, une mitre brodée en or et en soye, représentant plusieurs
figures saintes ; garnie dans les compartimens de semence de perles.
Laquelle mitre est très ancienne et très passée. — [Cf. Ny 166-168.]
8. Item, un étuy de bois, garni d'argent doré, ayant servi pour
apporter la vraie Croix, d'environ trois pieds de hauteur sur dix sept
pouces de large, représentant des croix et des anges. — [Cf. N, 79.]
9. Item, un autre reliquaire, garni de trois cristaux longuets par
devant, dedans lequel est le bras de saint Léger, en chair et os, que
tiennent deux anges à genoux, et porté sur une base étroite d'envi-
ron deux pieds de long, sur lequel il y a deux ecussons émaillés de
fleurs de lys d'or au champ d'azur, le tout d'argent doré, et est écrit
ce qui ensuit : « Le roy Charles, fils du roy Jean, qui fut duc
DE Normandie et dauphin de Vienne, a fait faire ce joyeau, et
IL Y A DU BRAS AVEC LA CHAIR DE M. SAINT LeGER, l'aN i368. » —
[Cf. N, 48.]
10. Item, un os du bras de saint Georges, enchâssé par les deux
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DE LA SAINTE-CHAPELLE. 285
bouts d'argent doré, avec quatre pieds du même métal. — [Cf. N^ 88.]
11. Item, une paix d'argent doré, garnie de son ance, sur laquelle
est représenté un crucifix avec la Vierge et saint Jean aux costés. —
[Cf. N, 64.]
12. Item, un reliquaire de bois d'ébeine en forme de coffret, garni
d'une petite bordure d'argent, dans lequel sont enfermés de la
tunique de lin du roy saint Louis ; d'un autre coté un voile de lin,
dans lequel étoit envelopé de la vraie Croix, qui est à la Sainte
Chapelle, et dans le milieu, le derrière de la teste de saint Simon.
— [Cf. Ny i5, 212.]
i3. Item, un autre petit reliquaire rond et longuet, d'argent doré,
garni d'un cristal rond, dans lequel il y a de l'huile de saint Andry,
porté sur un pied quarré, à quatre pâtes, où il y a quatre écussons
fleurdelisés. — [Cf. N, 45.J
14. Item, un reliquaire, sur son pied quarré, d'argent doré, garny
de trois cristaux par devant, dans lequel est une coste de saint Ede-
vinde, garni en dessus de plusieurs pierres. — [Cf. iV, 53.]
i5. Item, une figure d'argent doré de saint Eutrope, de quinze
pouces de haut, sur son pied, tenant un reliquaire quarré en façon
de chapelle, garni de cristal, dans lequel il y a des reliques du dit
saint ; la dite figure représentant un évesque mitre. — [Cf. N, 28.]
16. Item, un reliquaire d'argent doré, garni de cristal, en forme de
mâchoire ou d'un menton, à deux petits pinacles; sur lequel il y a
vingt quatre perles de peu de valeur et vingt trois petits saphirs,
aussi de peu de valeur ; le dit reliquaire monté sur un pied à quatre
pattes, d'argent doré; dans lequel reliquaire est le menton de sainte
Ursule. — [Cf. iV, 38.]
17. Item, un autre reliquaire d'argent doré, assis sur un pied rond,
sans pattes, garni de saphirs et de grenats de peu de valeur, et sur
lequel est écrit : « De tunica et pallio sancti Francisci. » — [Cf.
N, 43.1
18. Item, une figure d'argent doré, représentant un évesque por-
tant des reliques de saint Louis de Marseille, enchâssées dans un
cristal rond, suportée sur un pied à six pans, d'argent doré, émaillé,
à fleurs de lys, sur lequel pied est une écriture gotique. — [Cf. N, 22.]
19. Item, un reliquaire d'argent doré, qui est une coupe ou hanape
d'argent doré, les ornemens en rayons ou soleil, au milieu duquel
est un reliquaire, où est ufi morceau de la tasse (?) de saint Martin,
sur son pied, aussi d'argent doré, auquel sont deux écussons remplis
de fleurs de lys. — [Cf. N, 52.]
20. Item, un autre reliquaire de bois d'ébeine, en forme de coflret,
contenant plusieurs reliques.
21. Item, un autre reliquaire d'argent doré, en forme de coste,
porté sur six petits lions, garnis de cristaux à trois costés, garnis de
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286 LE TRESOR
grenats et de perles de peu de valeur, ainsi que de saphirs tels
quels, auquel reliquaire il y a des reliques de saint Philippes et
autres saints. — [Cf. iV, 44.]
22. Item, une custode d'argent doré, garnie de cristal au dessus,
servant à mettre le corps de Notre Seigneur.
23. Item, une burette d'argent, ou petit vase, à laquelle est soudée
une main d'argent. — [Cf. TV, i36.]
24. Item, une figure d'argent doré, sur son socle, émaillé aux
armes de France, représentant un évêque portant entre ses mains un
reliquaire de cristal enchâssé dans du vermeil, dans lequel est une
coste de saint Spire. — [Cf. iV, 21.]
25. Item une autre figure de saint Martin à cheval, d'argent doré,
qui couppe avec une epée son manteau, posée sur un socle d'argent
doré, soutenu de quatre lions d'argent doré ; le dit socle emaillé de
fleurs de lys d'or; [la figure] tenant en main gauche un reliquaire,
garni de cristal, dans lequel il y a des os du dit saint. — [Cf. Ny 29.]
26. Item, un reliquaire plat, en façon d'église, à deux petits clo*
chers, garnis de leurs cristaux, sur un pied quarré, porté de quatre
pattes, dans lequel il y a des reliques de saint Pierre^et de saint
Dominique, au devant duquel est écrit : « Samctus Pbtrus, Sanctus
DoMiNicus » ; le tout d'argent doré. — [Cf. Ny 39.]
27. Item, une figure de la Vierge, sur un pied d'estal à six pans,
tenans d'une main l'Enfant Jésus, et de l'autre un saphir blanc,
percé, dans lequel sont des cheveux de la Vierge, la figure d'argent
doré ; sur la poitrine de la Vierge est une émeraude et deux grains
de rubis ; sur la poitrine de l'Enfanf Jésus, un rubis d'Alexandrie ; à
la couronne qui est sur la teste de l'Enfant Jésus quatre perles, huit
émeraudes et quatre grenats, et sur la couronne de la Vierge, trois
émeraudes, huit grenats et onze perles. — [Cf. iV, i3.]
28. Item, une autre figure d'argent doré, représentant saint Siméon,
sur un pied aussi d|argent doré, à six pans émaillés à fleurs de lys,
sur lequel est écrit : « C'bst la tbstb db sawt SimAon » ; tenant entre
ses bras un reliquaire à quatre portions de cercle, garnis de cristal,
dans lequel il y a une croix. — [Cf. iV, 23.]
29. Item, une autre figure d'argent doré, représentant un ange, por-
tant dans un plat un chef d'or, dans lequel est un morceau du chef
de saint Jean Baptiste ; la dite figure sur un socle suporté de six
lions, aussi d'argent doré. — [Cf. iV, 17.]
30. Item, une figure représentant saint Louis sur un socle, suporté
par trois lions, le tout d'argent doré, et la base du socle émaillé ; sur
la teste de la figure est une couronne, garnie de quelques pierres ;
[la dite figure] tenant en ses mains un reliquaire de cristal, dans
lequel est un morceau de l'épaule de saint Louis, avec observation
qu'un des fieurons de la couronne est rompu. — [Cf. N, 14.]
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DE LA SAINTE-CHAPELLE. 287
3i. Item, une figure d'argent doré, représentant sainte Barbe, sur
un socle suporté de quatre lions, tenant en ses mains un reliquaire
d'argent doré, contenant des reliques de la dite sainte. — [Cf. iV, 19.]
32. Item, une autre figure représentant un évêque sur un socle, le
tout d'argent doré, et le pied émaillé, tenant entre ses mains un reli-
quaire de cristal, enchâssé de vermeil doré, dans lequel sont des
reliques de saint Magloire évesque. — [Cf. iV, 20.]
33. Item, une table d'argent doré, qui se ferme à deux guichets,
dans laquelle il y a plusieurs et diverses reliques, entre lesquelles et
au haut de la dite table il y a de la vraie Croix, laquelle table est
garnie de plusieurs grenats de médiocre valeur et de plusieurs
perles. Aux environs de la dite croix, dans les costés, il y a deux
anges de relief en bas relief, le dehors de la dite table est couvert de
plusieurs figures sur argent doré. — [Cf. N, 37.]
34. Item, une figure d'enfant d'argent doré, debout, sur un pied
quarré, aussi d'argent doré, émaillé par le devant, à fleurs de lys ;
autour duquel pied est écrit :
Le ROY Charles, fils du roy Jean, qui fut duc de Normandie
ET dauphin de Viennois, a fait faire cette image ;
en un reliquaire d'or, tenu par le dit enfant, il y a un pied des Inno-
cens. — [Cf. iV, 34.]
35. Item, un reliquaire en façon de tour ou clocher quarré, porté
sur un pied quarré, garni au devant de cristal, le tout d'argent doré,
dans lequel il y a du genouil de saint Aignan, ainsi qu'il est écrit au
devant du cristal, il y a : « De genu sancti [Aniani]. » — [Cf. Ny 41.]
36. Item, trois reliquaires du chef de saint Jacques le Mineur, dont
deux d'une même hauteur et le troisième d'une moindre hauteur ;
lesquels sont faits en façon de trèfles sur un pied rond en façon de
chandellier, porté sur quatre pattes, le tout d'argent doré. —
[Cf. iV, 40.]
37. Item, une figure représentant saint Cristophle, d'argent doré,
avec son bâton, portant Jésus Christ sur ses épaules, porté sur une
terrasse émaillée de verre, monté sur un pied à cinq pans, porté sur
cinq lions, autour duquel est écrit :
Christophori sancti specibm quicumqub tuetur,
Illo nempe die nullo langore tenbtur. [Cf. N, 33.]
38. Item, un reliquaire en façon d'église à trois clochers d'argent
doré, garni de trois cristaux doré, sur chacun desquels est écrit,
sçavoir, sur le premier : « Sancti Maximiani » ; sur le second :
« Sancti Luciani » ; sur le troisième : « Sancti Juliani ». Dans
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288 LE TRÉSOR
lequel sont des reliques des dits saints, et est assis le dit reliquaire
sur un pied à quatre pattes. — [Cf. Ny 42.]
39. Item, une croix double de vermeil doré, à six fleurons, avec
son Christ à figures de bosses, sur son pied à quatre pans, soutenu
de quatre tourelles, au dos de laquelle est un Agnus Dei, avec les
attributs des quatre Evangelistes ; la dite croix ornée par devant de
plusieurs perles fines, sçavoir : seize saphirs, neuf rubis et plu-
sieurs petites perles, toutes les dites pierres estimées 3oo 1. —
[Cf. N, 56.J
^o. Item, un livre en vélain, sur lequel sont écrits des textes
d'Evangiles, avec une vignette, dont la couverture est de bois, garny
d'argent doré, renfoncé dans le milieu, où sont, d'un coté la figure
d'une Résurection de Notre Seigneur et deux anges à ses cotés, et
dessous des soldats dormans ; et de l'autre coté un christ avec deux
figures de la Vierge et de saint Jean, les bords et bordures émaiilées
et cizelés. — [Cf. N, 36.J
Deuxième armoire.
41. Item, un livre d'Évangiles, couvert d'une couverture à plaques
d'or, sans fermoir, sur l'un des cotés duquel est un crucifix, en
bosse, une image de Notre Dame, un saint Jean l'Évangeliste et
deux anges de demi bosse ; la croix du dit crucifix garnie de plu-
sieurs pierres; et sur le revers est une figure de Notre Seigneur en
bosse et les quatre Evangelistes; la couverture du livre, garnie de
douze saphirs, vingt six émeraudes, dix rubis balais, deux agatonix
et soixante perles. Estimé le tout 10.000 1. — [Cf. iV, 9.]
Est à observer qu'il y a plusieurs chatons et places vuides.
42. Item, un texte entier des quatre Évangiles, dont la couverture
est d'or en entier en plein [al. en plaque], sans fermoir, sur un des
cotés duquel est représenté saint Jean avec les attributs des quatre
Evangelistes, et au haut une inscription, que ce livre a esté donné
par Charles cinq, roy de France, fils du roy Jean, en 1379. L'autre
coté de la couverture du dit texte, aussi d'or en plaque, avec un
christ relevé, et deux figures aux deux costés, aussi d'or, et enrichi
au pourtour de plusieurs pierres fines, sçavoir : trente cinq saphirs
d'Orient, vingt quatre [rubis balais, trente et une émeraudes et cent
quatre] perles, les dites pierres évaluées 4.600 1. — [Cf. N, 207.J
43. Item, une croix d'or, nommée la Croix de Bourbon, sur son
pied, en forme de balustre à crénaux, à six pans, suporté par six
animaux, et au dessus six tourelles avec une terrasse et deux figures
représentant un roy et une reine à genoux; la dite terrasse, les deux
figures et le christ, d'or émaillé, et la croix, ornée de quatre fleurons
dans les quatre extrémités, dans laquelle est enfermée du bois de
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DE LA SAINTE-CHAPELLE. 289
la vraye Croix. Dans les quatre fleurons et au dessus de la teste du
christ sont cinq rubis balais, de valeur de 2.000 1.
Sur le pied sont enchâssés^ dix huit rubis balais, de moindre
valeur et de différentes sortes, estimés 400 [aL 1.200] 1.
Est à observer que les trois clouds sont trois diamans taillés en
pointe de valeur d'environ 5o 1. — [Cf. Ny 2.]
44. Item, une croix appelée la Croix de Venise, de bois en dedans,
couvert d'or, sur spn pied d'argent doré, quarré, à laquelle il y a
trois [al. quatre] fleurons, quatre branches garnis de filigranes d'or ;
sur lequel pied sont deux saphirs de peu de valeur, et sur la dite
croix sont enchâssés quatre gros saphirs, estimés 8.000 1.
Plus vingt sept rubis spinelle, estimés 600 1.
Et trente cinq perles rondes, telles qu'elles sont; il y a trois cha-
tons sans pierre et quinze places vuides sans chaton. — [Cf. N, 3.]
45. Item, une figure d'yvoire représentant la Vierge tenant l'En-
fant Jésus entre ses bras, sur un pied d'argent doré, émaillé aux
armes de France, suporté de cinq petits lions ; sur la poitrine de
l'Enfant Jésus est un camayeu d'agathe; sur la teste de la Vierge
sont plusieurs perles et pierres, et sur sa poitrine est une émeraude.
- [Cf. N, i6.]
46. Item, une autre figure d'argent doré, représentant la Madeleine,
tenant en ses mains un reliquaire de cristal enchâssé d'argent doré
et garni de plusieurs pierres fines, dans lequel est un morceau de la
coste de la Madeleine. A un des doigts de la figure pend une lan-
terne de cristal dans laquelle il y a des os de la sainte. A l'autre
bras de la dite figure est une autre lanterne enfermant pareillement
des os de la sainte. — [Cf. N, 18.]
47. Item, une croix d'or, nommée la Croix de Bavierre, à quatre
fleurons, avec un quarré au milieu; garnie de quinze rubis balais,
treize saphirs d'Orient, seize émeraudes, vingt quatre perles. Les
dittes pierreries estimées 6.000 1.
Et derrière la croix est un quarré, où il y a un Agnus Dei, et aux
quatre coins les quatre Évangelistes.
48. Item, un grand camayeu ou agatonix, représentant l'Apotéose
d'Auguste, assis sur un pied quarré long, au dessus duquel sont plu-
sieurs reliquaires à quatorze petits portiques, et sept reliquaires au
dessus; au dessus desquels reliquaires est écrit ce qui suit : « Ce
CAMAYEU BAILLA A LA SaINTE ChAPELLE DU PALAIS ChARLBS LE CIN-
QUISME DE CE NOM, ROY DE FrANCE, QUI FUT FILS DU ROY JeAN, l'aN
I. Sont enchâssées cinquante-quatre perles d'Orient, partie ronde, esti-
mées 3oo 1.; sur la dite croix sont encore enchâssées soixante-douze
perles d'Orient, partie ronde, estimées 400 1. {Invent, de 178/t et de 1 79/).
MÉM. xxxv 19
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d90 LE TRÉSOR
1379. > Lequel pied est surmonté d'une table garnie d'or, dans
^aquelle est enchâssé le dit camayeu. — [Cf. AT, 55.]
49. Item, un anneau pontifical d'or, garni de quatre rubis spinelle,
un saphir d'Orient, quatre perles rondes, les dites pieres estimées
3oo 1. — [Cf. N, 58.]
50. Item, une fleur de lys d'or, émaillée par derrière, et garnie par
devant de seize rubis balaits, quatre saphirs, treize émeraudes,
douze perles; évaluées les dittes pierres 600 1.
Pour servir d'agraphe à un pluvial. — [Cf. iV, 67.]
5i. Item, un reliquaire, soutenu par deux anges, d'argent doré, sur
son pied, aussi d'argent doré, soutenu par quatre lionceaux, renfer-
mant une coste de sainte Elisabeth, reine d'Hongrie, et une coste
de saint Nicaise; la dite relique, garnie de cristal et pierres fines,
sçavoir : vingt trois saphirs, vingt trois rubis spinelle, quatre vingt
perles, évaluées 600 l. — [Cf. iV, 26-27.J
52. Item, une paix d'or, au milieu de laquelle est un christ
d'agathe, aux costés duquel sont la Vierge et saint Jean, aussi
d'agathe; la dite paix, enrichie de pierres fines, sçavoir : quatre
saphirs, six rubis balais, quatre émeraudes, quatorze perles, le tout
évalué 1.200 1. — [Cf. Ny 62.]
53. Item, un reliquaire de vermeil doré, au dessus duquel est une
croix, sur son pied oval, garni de huit rubis balais, avec une glace
devant; dans lequel reliquaire sont renfermés un peu du manteau de
pourpre de Notre Seigneur et du suaire et autres. — [Cf. N, 81.]
54. Item, un calice d'or émaillé, avec sa patenne aussi émaillée, au
milieu de laquelle est l'image de Notre Seigneur ; avec observation
qu'il manque un morceau d'émail. — [Cf. AT, 127.]
55. Item, un autre calice d'or, émaillé à la poignée et au pied, et
sur son pied et sa poignée, garni de trois saphirs, trois rubis et douze
pierres : les pierres évaluées 200 L, la patène du dit calice aussi
d'or*. — [Cf. N, 129.]
56. Item, deux burettes de cristal de roche, garnies d'argent doré,
avec leurs couvercles et ances dorés, sur un pied d'argent doré. —
[Cf. N, 137.]
57. Item, deux figures d'argent doré, représentant Adam et Eve ; un
pied du soleil, aussi d'argent doré, garni de pierres fausses au pour-
tour, et un petit clocher du même metail ; hors d'usage. — [Cf. N,
287.]
58. Item, s'est trouvé dans une boette plusieurs pierres fines déta-
chées des reliques du dit trésor, sçavoir : huit saphirs d'Orient,
quatre rubis balais, à l'un desquels est attaché une perle, six éme-
I. Les pierres évaluées 200 1. (Invent, de 17 83).
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DE LA SAINTE-CHAPELLE. tgi
raudes et cinq mauvais rubis, quatre grosses perles rondes et plu-
sieurs autres petites perles, le tout évalué 800 1.
Plus ^ dans la mesme boete, un chaton d'émeraude, une perle, un
saphir d'Orient, un rubis balais, une émeraude et une perle ronde
entourée de petits saphirs ; le tout évalué 200 1.
59. Item, un soleil de vermeil doré, monté sur un pied aussi de
vermeil doré, semé dans une cartelure de pierres fausses et de nule
valeur, emaillé, sur le quardron de fleurs de lys ; sur lequel pied sont
deux anges soutenant le dit soleil, avec quatre petites figures en
état d'adoration, au dessous du dit soleil.
60. Item, un manuscrit en vélin, qui renferme plusieurs textes de
l'Évangile, commençant par ces mots : « Secundum Matheum. In
iilo tempore », et finissant par ceux cy : a Ibi eum videbitis, sicut
predixit vobis. » La couverture dudit livre de bois, revêtue de ver-
meil d'argent doré, qui remonte sur les bords et bordure. D'un coté
est représenté un Christ avec les figures de la Vierge et de saint Jean,
et au haut de la croix un soleil et une lune, et de l'autre côté est un
Sauveur enseignant, et aux quatre coins sont les attributs des quatre
Évangelistes ; le tout relevé de bosse gravée et cizelée. Au pied de la
croix est une grosse agathe représentant une teste gravée et enchâs-
sée dans un chatton d'argent doré, et de l'autre côté, au pied du
Sauveur, est une pierre verte, enchâssé de même. Nous avons
observé que les fermoirs du dit livre sont rompus. — [Cf. iV, 35.]
60 bis. Item, un Missel manuscrit, orné en dedans de vignetes,
mignature, commençant par ces mots : « Puer natus est nobis », et
finissant par ces mots : « Et non amittamur seternum », garny de
ses fermoirs d'argent doré, relié en veau [Cf. N, 21 5J. — Une étole
et un manipule brodés en semences de perles, garny de vingt neuf
plaques d'argent doré, sept pièces apellées plages, dont cinq garnis
de fermoirs de vermeil, brodées d'or et semées de fleurs de lys et
autres armes.
Troisième armoire.
61. Item, une croix d'argent, de quatre pieds de haut, sur son
pied, une consolle à trois pans, avec trois fleurs de lys aux extrémi-
tés de la croix, le pied garny de plusieurs ornemens et de fleurs de
lys sans nombre, et au milieu, sur les dites trois faces du pied, sont
d'un costé les figures de saint Louis, de l'autre les armes du roy, et
sur la troisième les armes de la Sainte Chapelle, pesant 56 marcs
2 onces.
I. Cet alinéa n*est pas reproduit dans V Invent» de ij83.
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292 LE TRÉSOR
62. Item, six chandeliers, de trois pieds de haut chacun, d'argent,
de même structure et figure que la croix, sur le pied de chacim
desquels sont les figures et armes de même qu'à la croix cy dessus,
pesant ensemble 170 marcs 4 onces.
63. Item, une lampe d'argent, avec ses chaînons et sa couronne,
dans laquelle couronne sont des morceaux de fer en croix servant
de soutien et de tenans aux chaînons, dans lesquels il y a pareille-
ment des branches de cuivre ; la dite lampe pesant, y compris le fer
et le fil de latton, 129 marcs.
64. Item, un ciboire avec son couvercle surmonté d'une croix d'ar-
gent doré, pesant 2 marcs 7 onces 6 gros.
65. Item, un calice avec sa patène d'argent, le dedans de la coupe
et de la patène doré, pesant ensemble 6 marcs 6 onces.
66. Item, deux burettes d'argent, avec leurs plateaux ovale, pesant
ensemble 9 marcs 5 onces.
67. Item, un réchaut d'argent pour mettre sur l'autel, pesant
4 marcs 4 onces.
68. Item, au dessus de l'autel est une chasse de vermeil doré, de
vingt six pouces de haut, surmontée de deux tourelles en forme de
cloches, et au milieu des cloches, représentant la basse* de la
Sainte Chapelle, et renfermant un coffre, où il y a des reliques de
plusieurs saints, dont la clef a esté représentée par le dit M. de
Champigny ; sur le devant de laquelle chasse est l'inscription qui
suit :
Hec arca in qua multa reconduntur [multae] sanctorum reli-
QULE FABRICATA [bST] DE CONSILIO ET AUTORITATE REGIS FIDELISSIMiB
COMPOTORUM CAMERiE, ANNO l63o A NATO ChRISTO, REGNANTIS LuDO-
VICI DECIMI TERTII VICESIMO PRIMO.
Ce fait, ne s'estant plus trouvé aucunes autres reliques, vases
sacrés, argenterie, pierreries et autres pièces précieuses dans les
dites armoires à décrire et inventorier, nous avons, en présence et
assisté commç dessus, procédé au récolement d'iceux et fait remettre
toutes les dites reliques, argenterie, pierreries et autres pièces pré-
cieuses en la possession du sieur Vichy de Chamron, ensemble les
clefs des dites trois armoires à nous à cet efilet rendues par le dit
sieur Bochart de Champigny, dont et de tout ce que dessus le dit
sieur Vichy de Chamron, trésorier, s'est chargé sur notre procès
verbal de scellé et sur le présent inventaire, et de lés représenter
toutes fois et quantes qu'il apartiendra.
I. La basse et la haute Sainte-Chapelle {Invent, de jy83).
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DE LA SAINTE-CHAPELLE. 2^3
XVIII.
Inventaire des reliquaires de la grande chasse.
(3o août 1740.)
L'inventaire du Trésor dressé à la suite de la mort du tré-
sorier Antoine Bochart de Cbampigny fut suivi à quelques
mois de distance de l'inventaire des reliques et reliquaires
conservés dans la grande châsse. Cet inventaire, auquel pro-
cédèrent le 3o août 1740, en vertu d'un arrêt de la Chambre
des comptes du 25 juin 1739, le premier président de la
Chambre des comptes, Aymar-Jean Nicolay, marquis de Gous-
sainville, le président en la même Chambre Anne-César-Fran-
çois de Paris La Brosse, marquis de Pontceaux-sous-Mon-
treuil-sur-Bresche, sieur de Campreny, les conseillers maîtres
Jean-Baptiste-Robert Auget, baron de Monthion, et Jean Gas-
chier, commissaires à ce délégués, fut établi avec le concours
de deux greffiers, Charles Ducornet et Armand-Anselme Dor-
villiers, de deux huissiers de la Chambre, Michel-Nicolas Clé-
ment et Symphorien Gallissot, de deux chanoines de la Sainte-
Chapelle, Bence et Thomas, du chevecier Varroquier et de
deux marguilliers. Charles Mauvoisin, serrurier, et Etienne
Mauvoisin, orfèvre, prêtèrent également leur concours.
Le document est conservé en original aux Archives natio-
nales sous la cote L620, n^^ 28.
R.
Étans montez avec les dits sieurs chanoines de la Sainte Chapelle
dans la tribune où est la ditte châsse, au dessus du grand autel,
ayant laissé aux portes des deux escalliers qui conduisent à la ditte
tribune lesdits Clément et Galissot, huissiers, à la garde des dittes
portes, en présence du procureur général du Roy, du dit sieur
Ducornet, greffier en chef, et assistez du dit Dorvilliers, nous avons
fait faire l'ouverture de la ditte châsse par Charles Mauvoisin, ser-
rurier, et par Estienne Mauvoisin, orfèvre, pour ce par nous man-
dez ; les clefs, au nombre de dix, qui sont en la garde de Monsieur le
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294 ^^ TRÉSOR
Premier Président, ayant esté à cet effet par iuy représentées et
remises aux ditz serrurier et orfèvre, qui ont ouvert les serrures des
portes et treillages, fermant la ditte châsse, et les ditz marguilliers
ayant posez deux cierges allumez aux costez de la ditte chasse, les
ditz sieurs Bence et Thomas, revestus de leurs habits d'église et
estolles, aydez des marguilliers de la ditte Sainte Chapelle, auroient
tirez de la ditte chasse les dittes précieuses reliques et les ont posés
les unes après les autres sur une table couverte d'un tapis estant au
devant de la ditte châsse. Les dits marguilliers ont netoyez les dites
reliques, et le dedans de la châsse, d'une grande quantité de pous-
sière qui s'y est trouvé ; après quoy nous avons procédé à l'inven-
taire des dittes précieuses reliques, ainsy qu'il ensuit :
1. Un vaze de cristal de roche, d'environ quinze pouces de dia-
mettre, formé par plusieurs cercles et enchassures d'or, représentant
une couronne ornée de quatre grands fleurons d'or et de quatre
plus petits, chacun desquels fleurons est garny de huit pierres pré-
cieuses, dont il y a quatre grandes hors de leurs chatons et qui se
sont trouvées en déficit. Le contour de la couronne garny pareille-
ment de plusieurs pierres précieuses, et de huit figures, qui semblent
supporter le haut de la couronne, servant de couvercle au vaze, sur
lequel couvercle sont pareillement vingt pierres précieuses; au pied
du vaze sont attachez deux anses d'or qui servent à le porter. Dans
lequel vaze est renfermé une relique qui est la sainte Couronne
d'épines de Notre Seigneur ; et est le dit vaze supporté par un pied
rond en forme de guéridon de cuivre doré, d'environ deux pieds et
demy de haut, ayant dessus un plateau de vermeil d'or. — [Cf. O, i.]
2. Une croix, aussy de cristal de roche, formée par des montures,
enchassures et certissures d'or, sur un pied carré de cuivre doré ;
la ditte croix de deux pieds et demy de haut, ou environ, ayant
double traverse. La première plus petite et garnye de plusieurs
pierres précieuses, dont seize sont détachées de leurs chatons et
parroissent faire partie de ceux qui se sont trouvez dans une boeste
cy après désignée; dans les cristaux qui forment la ditte croix est
enchâssée une partye considérable de la vraye croix de Notre Sei-
gneur, en figure de croix, aussy avec deux traverses. — [Cf. O, 2.]
3. Un reliquaire d'or, d'environ quinze à seize pouces de long sur
six à sept de large, sur le devant duquel sont des cristaux de roche,
qui servent de fermeture, enchâssez en six partyes par des certis-
sures d'or, garnis autour de vingt pierres précieuses, dont une est
ostée de son chaton et paroist faire partie de celles qui se trouvent
dans la boeste cy après désignée; sur les costez du reliquaire sont
des bas reliefs en cizelure, ornez d'émaux, et sur le derrière est
représenté en cizelure Notre Seigneur, ayant à ses costez deux sol-
dats; le dit reliquaire supporté sur une espèce de pied d'argent
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DE LA SAINTE-CHAPELLE. igS
doré, dans lequel reliquaire est enfermé un morceau de la robbe de
pourpre de Notre Seigneur. — [Cf. O, 3.]
4. Un autre reliquaire d'or à peu près de même forme que le pré-
cédent, le dessus pareillement garny de cristaux de roche qui
servent de fermeture, enchâssez en douze partyes par des montures
et certissures d'or. Le tout garny de plusieurs pierres précieuses et
perles, et le dessus surmonté de cinq fleurons d'argent doré, dont
quatre se sont trouvez hors de place, dans une boeste d'argent, avec
une éguille d'or. Les costez du dit reliquaire ornez pareillement de
bas reliefs et d'esmaux, et sur le derrière est représenté en relief la
Vierge tenant l'enfant Jésus ; le dit reliquaire posé sur un pied d'ar-
gent doré et renfermant des reliques, qui sont les dr appeaux d'en-
fance de Notre Seigneur Jésus Christ. — [Cf. O, 4.]
5. Une croix, appellée la croix de Victoire, montée en or, de trois
pouces ou environ de haut sur pareille largeur dans la croisée, le
tout garny de vingt sept belles perles orîentalles et de plusieurs
amétistes; le derrière de la croix qui s'ouvre renfermant plusieurs
reliques; laquelle croix pend à une chaîne avec son anneau d'or.
— [Cf. O, 5.]
6. Un buste d'or représentant le chef saint Jean, ayant une cou-
ronne d'or sur la teste, garnie de fleurons, et derrière la teste un
limbe ou gloire, le dit buste supporté par quatre pieds, formés par
des figures de moutons couchez. — [Cf. 0, 6.]
7. Un reliquaire d'or, de figure oblongue, de seize pouces de long
sur six de large, le devant duquel est fermé par deux cristaux de
roche, avec des enchassures et certissures d'or, garnis de seize
pierres précieuses, dont une est ostée de son chaton et paroist faire
partie de celles qui seront trouvez dans la boeste cy après désignée;
les costez du reliquaire aussy garnis de bas reliefs, cizelés et émail-
lez, et sur le derrière est représenté en cizelure une figure de Notre
Seigneur, tenant en ses mains un sceptre ; le dit reliquaire renfer-
mant un rozeau qui a servy de sceptre à Notre Seigneur. — [Cf. O, 7.]
8. Un autre reliquaire de même forme, presque quarrée, de neuf
à dix pouces de long et de large, le dessus fermé par quatre cristaux
de roche, avec des enchassures et certissures d'or, garny de dix
neuf pierres précieuses, les costez ornez de bas reliefs cizelés, et
sur le derrière en figure est représenté Notre Seigneur lavant les
pieds aux apostres. Dans lequel reliquaire est un morceau du lin-
ceul qui a servy au lavement des pieds des apostres. — [Cf. O, 8.]
9. Un autre reliquaire de forme presque quarrée, de neuf à dix
pouces de long et de large, le dessus fermé par quatre cristaux de
roche, avec des enchassures et certissures d'or, les costez et le der-
rière de vermeil doré, ornés de bas reliefs émaillez, et sur le derrière
est représenté en reliefs le tombeau de Notre Seigneur ; dans lequel
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296 LE TRÉSOR
reliquaire sont des reliques, avec cette inscription : « De sindone
DOMINI. » —[Cf. O, II.]
10. Un vaze de cristal de roche, de figure ronde, le haut en forme
de dôme, avec des montures, enchâssures et certissures d*or gamys
de plusieurs pierres précieuses, lequel vase est supporté par trois
petits pieds, au haut du dôme est un très beau saphir figurant un
anneau, auquel est attaché une chaîne d'or, à laquelle tient une
petite lame d'or, où est une inscription, qui dénote que ce vaze
renferme un morceau de l'éponge qui fut présentée à Notre Sei-
gneur, laquelle relique est dans [le dit vase], et y est attaché un
gros rubis. — [Cf. O, 9.]
11. Un autre vaze, aussy de cristal de roche, de même forme et
hauteur que le précédent, mais dont le diamettre est plus petit,
orné de montures, enchâssures et certissures d'or, garny de pierres
précieuses et perles, aussy supporté par trois petits pieds, le dessus
surmonté d'un gros rubis, qui tient lieu d'anneau, auquel est atta-
ché une chaîne d'or, à laquelle pend une lame d'or, avec une ins-
cription, qui dénotte que ce vaze renferme une portion du Sang
miraculeux de Notre Seigneur. Dans le dit vaze est un autre petit
vaze de cristal de roche, dans lequel est une petitte fioUe renfermant
ladite relique. — [Cf. O, 10.]
12. Un autre vaze de cristal de roche, de même forme que le pré-
cédent, orné de montures, enchâssures et certissures d'or, garny de
pierres précieuses, aussy supporté par trois petits pieds et surmonté
d'une fort belle émeraude, qui tient lieu d'anneau, à laquelle est
attaché une chaîne d'or, où pend une lame d'or, avec cette inscrip-
tion : « De LACTE ViRGiNis »; laquelle relique est enfermée dans le
dit vaze dans une phiolle aussy de cristal de roche. — [Cf. O, 12.]
i3. Un semblable vaze de cristal de roche, à peu près de sem-
blable hauteur, et forme des précédans, orné de montures, enchâs-
sures, certissures d'or, garny de plusieurs pierres précieuses, aussy
suporté par trois petits pieds et surmonté d'un chaton dans lequel
paraît avoir été enchâssé une pierre précieuse, auquel chaton est
une chaîne d'or, à laquelle est attachée une petitte lame d'or avec
cette inscription : a De sanguine Christi. » Laquelle relique est
enfermée dans le dit vaze, dans une phiolle aussy de cristal de
roche. —[Cf. O, i3.J
14. Un autre vaze de cristal de roche de pareille forme que les
précédens, d'environ huit pouces de haut, orné de pierres pré-
cieuses, orné de montures et enchâssures et certissures d*or, sup-
porté par trois petits pieds, le haut du vaze surmonté d'un très beau
saphir, qui tient lieu d'anneau, auquel est attaché une chaîne d'or à
laquelle pend une petitte lame d'or, avec cette inscription : « De
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DE LA SAINTE-CHAPELLE. 297
CATENA QUA LiGATUs EST CHRisTus »; laquelle relique est enfermée
dans le dit vaze. — [Cf. O, 14.]
i5. Une boette d'or ronde, de six pouces de haut sur environ
quinze pouces de diamettre, le dessus du couvercle de forme ronde,
le tout chargé d'ornement, de cizelures, gravures et d'esmaux, dans
laquelle boette est enfermé quelque partie du voile de la Vierge, —
[Cf. O, i5.]
16. Une croix de bois, de quatorze à quinze pouces de haut, gar-
nye dans les bouts, de vermeil doré, sur une pièce aussy de vermeil
doré, la dilte croix appellée la Verge de Moyse. — [Cf. O, 16.]
17. Un reliquaire fait en figure de croix, garny sur les devant,
derrière et les costez de cristaux de roche, orné de montures,
enchâssures et certissures d'or, garnys de quatorze grosses pierres
précieuses et de plusieurs autres plus petittes; la ditte croix sup-
portée par un pied d'argent doré, dans lequel reliquaire est enfermé
un morceau du fer de la lance qui a percé le costé de Notre Seigneur.
- [Cf. O, 17.]
18. Une boette, de quinze à seize pouces de long sur douze pouces
de large, couverte de lames d'argent, avec figures en reliefs et cize-
lures, représentant la Résurrection de Notre Seigneur, et autour
sont plusieurs caractères grecs [et au dedans de la dite boite est une
couverture de lames d'or s'ouvrant par le milieu en deux parties
figurant un treillage d'or]; sous lequel treillage est enchâssé un
morceau de la pierre du sépulcre de Notre Seigneur. — [Cf. 0, 18.]
19. Une autre boette, de vingt deux pouces de long sur quinze
pouces de large, aussy couverte de lames d'argent et garnye de
quelques pierres précieuses; au dedans de la ditte boette, le fond
est revêtu de lames d'or dans tout le contour, et dans le milieu est
la représentation de la sainte face de Notre Seigneur, ou la Véro-
nique. — [Cf. O, 19.]
20. Une boette de vermeil doré, de figure ronde, avec son cou-
vercle, de sept pouces de diamettre, garnye dessus et dans le contour
de plusieurs pierres précieuses et ornée d'esmaux, dans laquelle
boeste sont enfermées des reliques que Ton croit être des cheveux
de la sainte Vierge.
21. Plus s'est trouvé dans une boette un petit vase d'argent doré,
en forme de dosme sur le couvercle, qui est surmonté d'une croix,
dans laquelle boette sont plusieurs petittes perles, pierres et petits
morceaux d'or. Plus dans la ditte boette se sont encore trouvez neuf
gros saphirs et trois plus petits, cinq gros rubis, deux grosses éme-
raudes et trois plus petittes.
Qui sont touttes les précieuses reliques qui se sont trouvées dans
la ditte chasse. Et les dits sieurs Bence et Thomas, aydés des dits
marguilliers, ayant réunis touttes les dittes reliques dans la ditte
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298 LE TRÉSOR
châsse» nous y avons pareillement fait remettre la boette où sont
enfermés les pierres précieuses et perles cy dessus désignées^ et fait
refermer par les dits serrurier et orfèvre les serrures des treillages
et portes fermant la ditte châsse. Ce fait, les dix clefs des dittes
serrures ont esté remises à mon dit sieur le Premier Président,
auquel elles sont demeurées.
XIX.
Inventaire des objets remis aux harguilliërs.
(Avrîl-mai 1783.)
Cet inventaire, rédigé en lySS par le conseiller à la
Chambre des comptes Paul-François Lourdet, est conservé
aux Archives nationales sous la cote L 620, n^ 32. Il contient
la liste des objets confiés à la garde des marguilliers, Jean-
Baptiste Lays, Adrien-François Thomas et Jean-François
Boulay. Ces objets figuraient déjà, au témoignage même du
rédacteur de l'inventaire, dans deux autres documents ana-
logues, savoir un inventaire d'avril 1740, dont le texte est
donné ci-dessus, et un procès-verbal du 12 avril 1783, dont
nous n'avons pas retrouvé le texte, mais qu'il faut évidemment
identifier avec le procès-verbal d'apposition de scellés dressé à
cette date après la mort du trésorier Nicolas de Vichy-Chamron
et avant l'inventaire des objets du Trésor remis à son succes-
seur De Moy, dressé le 24 mai. Le document L 620, m 32
étant nécessairement compris entre ces deux dates, la mention :
17 mars 1783, qui se trouve en chiffres dans l'angle supérieur et
en toutes lettres à la fin de la pièce, est certainement erronée.
Il a paru inutile de donner intégralement les descriptions
empruntées à l'inventaire de 1740, et l'on n'a reproduit que les
premiers mots des articles correspondants; celles au contraire
qui ont été empruntées au procès-verbal perdu ont dû être
reproduites. Quand bien même ce texte ne nous eût pas fait
défaut, il n'eût pas été superflu de reproduire ici au moins en
abrégé celui daté du 17 mars 1783, car, d'une part, comme celui
du 24 mai de la même année, il contribue à rendre compte
d'une nouvelle répartition du Trésor, et, d'autre part, comme
ce même document, il a servi de base au premier récolement
de l'époque révolutionnaire.
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DE LA SAINTE-CHAPELLE. 299
S.
1. Premièrement, une croix d'argent, e/c; cet article faisant le 61^
de l'inventaire du Trésor de la Sainte Chapelle du 9 avril 1740.
2. Item, six chandeliers, etc.; ledit article faisant le 62* de l'inven-
taire ci-dessus indiqué.
3. Item, une lampe d'argent, etc.; cet article faisant le 63« dudit
inventaire ci -dessus.
4. Item, un calice, etc.; cet article faisant le 65« dudit inventaire
sus énoncé.
5. Item, deux burettes d'argent, etc.; cet article faisant le 66» de
l'inventaire.
6. Item, un réchaud d'argent, etc.; cet article faisant le 67^ de l'in-
ventaire susdit.
Lesquels objets ci-dessus ont été distraits de l'inventaire du
Trésor et laissés à la garde et charge des marguilliers de la dite
Sainte Chapelle comme étant d'une utilité journalière.
7. Item, deux chandeliers d'argent énoncés sous le no 10 de notre
procès verbal d'apposition de scellés en la vacation du 12 avril 1788
[51c], pesant 10 marcs 6 onces 4 gros.
8. Item, deux autres chandeliers d'argent, quatre autres chande-
liers garnis de fleurs de lys et anciennement dorés et une petite
croix aussi d'argent, pesant le tout ensemble 54 marcs 7 onces
6 gros ; les dits objets énoncés sous le no 20 de notre dit procès
verbal.
9. Item, deux encensoirs et deux navettes et leurs petites cuillers
d'argent, faisant les nos 4 et 5 de notre dit procès verbal, pesant
ensemble i5 marcs.
10. Item, deux bénitiers et leurs goupillons, faisant les no» 6 et 23
de notre dit procès verbal d'apposition de scellés, pesant ensemble
II marcs.
11. Item, denx burettes couvertes, une cuvette, une coquille et
deux autres burettes couvertes, pesant ensemble 8 marcs, et portés
dans notre dit procès verbal sous les no* 8, 11, i3 et 14.
12. Item, quatre calices et quatre patènes, dont trois de vermeil et
une d'argent, énoncés sous le no i5 de notre dit procès verbal,
pesant ensemble 21 marcs 2 onces.
i3. Item, une grande croix d'autel de vermeil sur son pied, faisant
le no 16 de notre dit procès verbal, pesant 22 marcs i once.
14. Item, deux livres d'Épitres et Évangiles, garnis de plaques
d'argent énoncés sous le no 17 de notre dit procès verbal.
i5. Item, un réchaud d'argent compris sous le no 24 de notre dit
procès verbal, pesant 2 marcs et i once.
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300 LE TRÉSOR
i6. Item, un ciboire de vermeil énoncé sous le no 25 de notre dit
procès verbal, pesant 2 marcs 6 onces 4 gros.
XX.
Extrait de l'inventaire des effets de la chevecerie.
(Avril-mai 1783.)
Cet inventaire (Archives nationales, L620, n*» 34) fut rédigé
par le maître des comptes Lourdet, en 1783, à Toccasion de
la nomination d'Adrien-François Thomas comme chevecîer.
Le document porte comme le précédent la date : 17 mars 1783,
qui paraît devoir être écartée pour les raisons précédemment
indiquées. Le récolement comporte quarante-six articles d'un
intérêt très inégal. Il suffira d'y relever les suivants :
r.
25. Un bâton couvert d'argent doré servant pour le chantre.
26. Un camaïeu d'agathe enchâssé dans du vermeil, représentant
Constantin tenant en mains une croix et une couronne d'épines,
servant à mettre en haut du bâton de chantre. — [Cf. N, 6S.]
27. La lanterne de vermeil doré couverte d'une couronne, dans
laquelle est une image de saint Louis aussi de vermeil, servant
pareillement à mettre au haut du bâton du chantre.
3i. L'ongle de griffon.
39. Une grande croix de plusieurs morceaux de cristal de roche,
à laquelle il manque un morceau de cristal, la dite croix dans
son étui.
40. Un grand chandelier de cuivre de cinq pieds de hauteur envi-
ron, et son pied en triangle, sur les trois faces duquel sont les armes
du Roi, servant à mettre le cierge pascal.
41. Une crosse d'argent, dans laquelle est une espèce d'ornement
en relief avec son bâton en trois morceaux semé de fleurs de lys et
d'émaux, ayant anciennement servi aux trésoriers qui étoient revêtus
de la dignité episcopale; le dit bâton de la crosse a depuis esté
emploie à la grande croix de vermeil servant aux processions, et le
bâton couvert d'argent de la dite croix a esté emploie pour servir à
l'autre croix d'argent servant journellement. — [Cf. N, 59?]
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DE LA SAINTE-CHAPELLE. 3oi
XXI.
Inventaire du Trésor conservé dans le re vestiaire.
(24 mai 1783.)
Après la mort du trésorier Nicolas de Vichy-Cbamron, la
Chambre des comptes fit, le 12 avril 1783, apposer les scellés
sur les armoires du revestiaire, et, le 24 mai suivant, le conseil-
ler maître en la Chambre des comptes Paul-François Lourdet
procéda à l'inventaire de ces armoires en présence de De Moy,
nouveau trésorier, et de diverses personnes.
Le procès-verbal de cet inventaire, conservé aux Archives
nationales sous la cote L620, n° 35, est pour la description des
objets, identique sauf de très légères variantes, avec les des-
criptions correspondantes de Tinventaire du 4 avril 1740. Aussi
n'a-t-on reproduit ici que les premiers mots de chaque article.
Il eût été vain de donner, même sous cette forme abrégée,
le sommaire de cet inventaire si, à partir de l'article 61, il ne
présentait pour la série des objets décrits une notable différence
avec l'inventaire de 1740*, et s'il n'avait servi de base au pre-
mier récolement de la période révolutionnaire, celui du
27 novembre 1789.
U.
Première armoire.
I '. Une grande croix d'argent doré, etc.
2. Un reliquaire qui est une tête représentant le chef saint
Louis, etc.
3. Item, une autre relique représentant le chef d'un évéque, etc.
I. Dans le protocole final, on renvoie pour les articles qui, portés à
V Inventaire de 1740, ne se retrouvent plus ici aux inventaires spéciaux
des objets confiés aux marguilliers et au chevecier; ce sont les deux
documents publiés ici sous les n" XIX et XX.
3. Les numéros des articles sont, à l'exception du n* 40 bis^ qui est nou-
veau, jusqu'au n* 61, les mêmes que dans Tinventaire du 4 avril 1740;
nous représentons par le mot etc» les descriptions qui sont empruntées
textuellement à ce document; l'identité des numéros est telle qu'une
concordance analogue à celle que Ton a établie pour les autres inven-
taires eût été superflue.
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302 LE* TRÉSOR
4. Item, une branche qui servait sur le pied d'un soleil, etc,
5. Item, une châsse d'argent doré, etc,
6. Item, un chef et reliquaire d*argent doré, etc.
7. Item, une mitre brodée, etc.
8. Item, un étui de bois, etc,
9. Item, un autre reliquaire garni de trois cristaux, etc,
10. Item, un os du bras de saint Georges, etc.
11. Item, une paix d'argent doré, etc.
12. Item, un reliquaire de bois d'ébène, etc,
i3. Item, un autre petit reliquaire, etc,
14. Item, un reliquaire sur son pied quarré, etc,
i5. Item, une figure d'argent doré de saint Eutrope, etc,
16. Item, un reliquaire d'argent doré garni de cristal, etc,
17. Item, un autre reliquaire d'argent doré, etc.
18. Item, une figure d'argent doré représentant un évêque, etc,
19. Item, un reliquaire d'argent doré qui est une coupe, etc,
20. Item, un autre reliquaire de bois d'ébène, etc.
21. Item, un autre reliquaire d'argent doré, etc,
22. Item, une custode d'argent doré, etc,
23. Item, une burette d'argent, etc,
24. Item, une figure d'argent doré, etc,
23. Item, une autre figure, etc,
26. Item, un reliquaire plat en façon d'église, etc.
27. Item, une figure de la Vierge, etc.
28. Item, une autre figure d'argent doré, etc.
29. Item, une autre figure d'argent doré, etc.
30. Item, une figure représentant saint Louis, etc.
3i. Item, une figure d'argent doré, etc.
32. Item, une autre figure représentant un évêque, etc.
33. Item, une table d'argent doré, etc,
34. Une figure d'enfant d'argent doré, etc,
35. Item, un reliquaire en façon de tour, etc,
36. Item, trois reliquaires du chef de saint Jacques le Mineur, etc,
37. Item, une figure représentant saint Christophe, etc.
38. Item, un reliquaire en façon d'église, etc.
39. Item, une croix double de vermeil doré, etc.
40. Item, un livre en vélin, etc.
40 bis. Item, avons compris dans notre procès verbal de récolement
deux espèces de cornets que l'on présume avoir anciennement servi
à appeller les fidèles à l'office, à défaut de cloches, lesquels ne sont
point énoncés dans l'inventaire du 9 avril 1740^
I. Cette date est celle de la clôture du procès-verbal; l'inventaire lui-
même fut fait le 4 avril.
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DE LA SAINTE-CHAPELLE. 3o3
Seconde armoire.
41. Item, un livre d'évangiles, etc,
42. Item, un texte entier des quatre évangiles, etc.
43. Item, une croix d'or nommée la croix de Bourbon, etc.
Sur le pied sont enchâssés cinquante-quatre perles d'Orient partie
ronde, estimées 3oo 1.
Sur la dite croix sont encore enchâssées soixante-douze perles
d'Orient, partie ronde, estimées 400 1.
Est à observer que les trois clouds sont trois diamants taillés en
pointe de valeur d'environ 5o 1.
44. Item, une croix appellée la croix de Venise, etc.
45. Item, une figure d'yvoir, etc.
46. Item, une autre figure d'argent doré, etc.
47. Item, une croix d'or nommée la croix de Bavière, etc.
48. Item, un grand camaïeu, etc.
49. Item, un anneau pontifical, etc.
50. Item, une fleur de lys d'or, etc.
5i. Item, un reliquaire soutenu par deux anges, etc.
52. Item, une paix d'or, etc.
53. Item, un reliquaire de vermeil doré, etc.
54. Item, un calice d'or, etc.
55. Item, un autre calice d'or, etc. Les pierres évaluées 200 1.
56. Item, deux burettes de cristal de roche, etc.
57. Item, deux figures d'argent doré, etc.
58. ftem, s'est trouvé dans une boete plusieurs pierres fines, etc.
59. Item, un soleil de vermeil doré, etc.
Go. Item, un manuscrit en vélin, etc.
61. Item, un Missel manuscrit, etc. — [Cf. Q, 60 bis.]
62. Item, un ciboire avec son couvercle, etc. — [Cf. Q, 64.]
63. Item, au dessus de l'autel est une chasse de vermeil, etc. —
[Cf. Q, 68.]
XXII.
Recolement du Trésor
PAR LES OFFICIERS DE LA ChaMBRE DES COMPTES.
(27 novembre 1789.)
Le 27 novembre 1789, le premier président de la Chambre
des comptes Charles-Marie de Nicolay, les conseillers à la
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304 LE TRIÊSOR
même Chambre Auguste-Jean Le Boulanger et Paul-François
Lourdet, délégués par arrêt de la Chambre du 23 du même
mois, intervenu sur une lettre de cachet du roi, se rendirent à
la Sainte-Chapelle.
L'objet de leur mission était de dresser un état des pièces
d'or et d'argent renfermées dans le Trésor. Ils se bornèrent en
fait à procéder, en présence du trésorier Louis-Joseph De Moy,
des marguilliers Lays et Boulay et des chanoines Legras et
Morand, à un récolement sur les inventaires antérieurs, savoir :
lo l'inventaire des objets confiés aux marguilliers, dressé par
le conseiller Lourdet en 1788; 2° l'inventaire du Trésor con-
servé dans les « trois armoires du revestiaire »*, dressé par
le même conseiller le 24 mai 1783 ; 3° l'inventaire de la grande
châsse, dressé le 3o août 1740.
Les commissaires de la Chambre, ayant constaté que le
local de la sacristie ou revestiaire était changé et que le Trésor
n'était plus renfermé qu'en deux armoires*, trouvèrent l'état
des objets conforme aux deux inventaires de 1783; ils y ajou-
tèrent toutefois les deux articles dont on trouvera le texte
ci-après.
Quant à la grande châsse du « grand Trésor », le premier
président muni des dix clefs ayant procédé à son ouverture
avec l'assistance du maître serrurier Favé, le contenu en fut
également trouvé conforme à l'inventaire. Les reliquaires
furent remis dans la châsse et les clefs restèrent entre les mains
du premier président.
Les procès-verbaux de ce récolement sont conservés aux
Archives nationales sous les cotes L 620, n®* 38 et 39, le pre-
mier visant le Trésor proprement dit et le second la grande
châsse.
V.
1, Nous avons reconnu qu*il existoit encore une croix à proces-
sion, le bâton du chantre et deux chapiteaux pour mettre au haut
1. Il y a là une inexactitude, Tinventaire du 24 mai xySS correspond à
une nouvelle répartition en deux armoires; cf. la note suivante.
2. Cette constatation, expressément énoncée, permet de supposer que
les commissaires firent moins état de l'inventaire de 1783 que de l'inven-
taire du trésor de 1740, qui offrait encore la division en trois armoires;
cf. la note précédente.
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DE LA SAINTE*GHAPELLE. 3o5
de ce bâton, le tout en argent doré, lesquels n'etoient point compris
dans les inventaires ci dessus.
2. Les dits marguilliers nous ont encore représenté un soleil en
argent sur son pied de même métal qui venait d'être fait pour être
placé sur l'autel de la Sainte Chapelle et qui n'avoit point encore
servi, représentant un autel d'où il sort des rayons, au bas duquel
est la figure de saint Louis mourans dans les bras de la religion
qui lui fait envisager un ange qui lui montre la gloire qui est au
dessus ; sur le pied se trouvent jettes les attributs de la royauté.
XXIII.
Inventaire -DU mobilier de la Sainte-Chapelle.
(22 novembre 1790-16 juillet 1791.)
Le 22 novembre 1790, les officiers municipaux Jacques-
Joseph Hardy et Nicolas-Jean Lardin, en présence du trésorier
LrOuis-Joseph De Moy, du chevecier J.-fi. Lais, de Melchior
Boisel, chanoine, et de Nicolas Edme, prêtre sacristain de la
Sainte-Chapelle, et avec le concours d'Auguste Martin, huis-
sier, faisant fonction de commissaire-priseur, procédèrent à
l'apposition de scellés et inventaires de tous les effets mobiliers
dépendant de la Sainte-Chapelle. Le procès-verbal de ces opé-
rations, clos seulement le 16 juillet 1791, est conservé aux
Archives nationales en minute et en copie dans le carton S 943 a.
Ce document, qui est assez étendu, ne laisse pas que de pré-
senter assez de confusion.
Au point de vue de Tordre des opérations, on remarquera
que le procès-verbal consigne deux séries de vacations séparées
par un assez long intervalle de temps, les premières, des 22,
27 novembre et i«' décembre 1790, furent consacrées à des
inventaires et à des appositions de scellés ; les secondes, qui
commencèrent le 24 février 1 791, ne devinrent régulières qu'à
partir du 14 avril; elles durèrent jusqu'au 19 mai et furent
consacrées non seulement à l'inventaire, mais aussi au démé-
nagement de tout le mobilier. Le 14 avril et le 3 mai, les objets
précieux furent portés à la Monnaie. Le 3 mai encore, on trans-
porta deux voitures de meubles et effets aux Petits-Augustins
et l'on remit à l'Hôtel de ville divers objets appartenant à la
Confrérie des garçons merciers fondée en la basse Sainte-Cha-
UÛU, ZXXV 20
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3o6 LE TiuisoR
pelle. Du 9 au 19 mai, après avoir procédé à l'inveataire de la
maîtrise, qui forme un état spécial où les articles sont numé-
rotés i35 à 181, et ramassé divers objets sans grande valeur,
qui furent marqués 182 à 184, on fit des paquets et Ton condui-
sit quinze charrettes aux Petits-Augustins. Lorsque Tinventaire
fut clos le 16 juillet par Jean-Nicolas Fallet, officier municipal,
il ne restait plus dans la Sainte-Chapelle que les objets scellés
et cloués.
Dans le texte imprimé ci-après, où la numérotation des
articles telle qu'elle se trouve dans l'original est conservée, on
a retranché presque toutes les formules, les indications inté-
ressantes qu'elles fournissent étant consignées soit dans notre
Notice historique, soit dans les lignes qui précèdent; on a
aussi abrégé de longues énumérations d'objets sans valeur qui
ne faisaient pas partie du Trésor ou de vêtements liturgiques,
dont les inventaires antérieurs nous ont fourni des descrip-
tions infiniment plus détaillées; mais l'on a reproduit, quoique
ne concernant pas le Trésor, les articles relatifs au mobilier
proprement dit, en raison de l'intérêt qu'ils présentent pour
qui veut connaître l'aspect que présentait alors l'intérieur de
la Sainte-Chapelle et les locaux qui en dépendaient. Ces
objets mobiliers sont précisément ceux qui n'ont pas été enle-
vés par les commissaires, ils sont désignés par une croix dans
les marges du procès-verbal. Nous avons reproduit ces croix.
On notera enfin aux articles 10, n , 23, 5j la mention enlevés
ajoutée après coup ; il s'agit d'objets qui, vus au cours des pre-
mières vacations, ne se trouvaient plus là lors de la clôture du
procès-verbal, parce qu'entre-temps ils avaient été soit récla-
més par le roi, soit retirés par la Chambre des comptes.
X.
22 novembre ijgo*
Sacristie ayant vue sur la cour de May.
I. + Une face d'autel en bois de chesne, avec marchepied, garni de
deux petites armoires sur les cotés ; deux placards de bas d'armoire
aussi de chêne pratiqués dans les embrasures des croisées; deux
grandes armoires en bois de chêne à deux battans, chacune surmon-
tée de fronton.
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DE LA «AINTB-CHAPELLE. 307
I bis. + Une vieille armoire de chêae h deux battans, un marche-
pieds, une petite table ployante, une autre table de chesne sur ses
quatre pieds, deux feuilles de table en sapin, deux fauteuils, quatre
chaises, quatre tabourets de velours d'Utrecht cramoisi, une ban-
quette couverte de moquette.
Ornements trouvés en évidence dans la dite piicB.
1-2 bis (sic). Quatre chappes, etc.^,
9. + Un cbrist en bois, posé sur sa croix aussi de bois.
Dans les armoires dudit autel [de la sacristie].
10. Une croix processionnelle, un encensoir avec sa chêne, un
porte encens avec sa cuillière et chaîne, deux chandelliers d'acco-
Htte, deux burettes et un plateau, le tout d'argent. — Enlevés. —
[Cf. 7,1; 5, 7, 9, II.]
11. Deux livres d'autd appelles Évangiles et Épitre, garnis de
plaques et agraphes d'argent, deux autres livres d'autel à plaques de
cuivre doré. — Enlevés. — [Cf. 5, 14.]
II bis. + Six autres livres d'autel très communs.
Dans les bas d'armoires.
12. Trois chasubles, etc.^.
19. Deux chandelliers argentés, un martinet de cuivre jaune, six
burettes et une sous couppe d'etain.
Linge laissé en évidence dans la dite sacristie.
20. Vingt aubes, etc.'.
Petite sacristie des basses messes attenante a la précédente.
21. + Un coffre en forme d'autel en chêne, garni d'un volet et
I. Les n" 1-8 sont des chapes au nombre de quarante-cinq, des
tuniques, des chasubles, etc., le tout violet, rouge, blanc, noir ou vert.
3. Les n*' 12* 18 sont des chasubles, au nombre de dix, trois poêles mor-
tuaires, une chape et divers autres effets du culte de couleur blanche,
roQ^e, violette, noire.
3. Les scellés furent apposés alors dans la sacristie.
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3o8 LE TRisOR
marchepied, surmonté de neuf petites armoires aussi en chêne, et
fermant à clef, une boiserie aussi en chêne au pourtour formant
deux armoires.
Dans les dites armoires et coffres.
22. Douze chasubles, etc,
23. Trois calices d'argent avec leurs patènes. — Enlevés. — [Cf.
5, 12.]
23 bis, 4- Plus une vi^eille armoire de bois de chêne à deux battans,
trois petites armoires en placage de bois peint, une poêle à feu, de
cuivre, sur son trépied de fer, quatre petits chandeliers et deux
martinets, etc.
Dans les armoires.
24. Six garnitures d'autel en rideaux et pentes de diverses couleurs.
25. + Deux pots à Teau, etc.
Haute Sainte Chapelle.
Nous étant transportés dans la Chapelle derrière le maître autel,
où d'après la déclaration qui nous a esté faite par le garçon de
sacristie qu'il y avoit une armoire dans laquelle se trouvoient de
vieux livres revêtus de plaques d'or ou d'argent, nous avons apposé
deux scellés, le premier sur la pierre d'autel, le second sur la porte
fermée par un cadenas et une barre de fer.
Effets en évidence dans la chapelle.
26. + Une table de maître autel en chêne, surmontée d'une face
d'autel aussi en chêne, une châsse en bois doré, douze coquilles en
cuivre servans de chandellier d'autel posées sur une barre de fer,
une suspensoire en bois doré pour recevoir le ciboire, quatre fiits
de colonne en marbre sur socles de cuivre susmontés de quatre
figures de bronze, un chandelier paschal en cmvre, un pupitre de
fer bronzé posé sur un pied de bois en forme de coffre, quarante-
trois vieux livres à usage d'église, de différentes grosseurs, deux
banquettes couvertes de panne rouge, un tapis de pieds, deux
doubles rangées de stales, huit escabeaux, dix bobèches de cuivre
autour de l'église, un buffet d'orgue, deux escaliers en bois et fer
montant au grand trésor pratiqué derrière le maître autel, quatre
pupitres de stales montés en fer.
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DE LA SAINTE-CHAPELLE. 309
27. + Etant montés au haut des dits escaliers, nous y avons trouvé
une grande chftsse revêtue de plaques de cuivre doré fermant à clef
et à laquelle il y a six entrées de serrures.
Nous avons mis et apposé le scellé sur les bouts et extrémités de
deux bandes de ruban de fil blanc traversant d'un volet à l'autre de
la dite châsse du coté de l'ouverture.
Déclare mond. sieur De Moy que les clefs de la dite châsse sont
entre les mains de M. de Nicolaï, premier président de la Chambre
des comptes.
Dans la neffb.
28. + Une chaire à prêcher, en bois, une balustrade en bois de
chêne formant colonnes servant de séparation du chœur à la neffe,
deux autels aussi en bois appliqués contre la dite balustrade.
Dans un placard d'armoire au bas de la neffb.
29. Plus une bannière de velours cramoisy bordé en or avec son
bâton, etc. y une bande de velours noir à fleur de lys d'or servant au
dessus des stalles du chœur.
30. 4- Il s'est encore trouvé dans la neffe une table d'autel en
pierre de liarre, une coquille en pierre garnie de plomb % trois troncs
en bois, cinq bans de bois.
3i. Il y a aussi dans le chœur un morceau de tapisserie en soie,
or et laine.
27 novembre.
Salle de la paie, logis des enfants de chœur*.
jer décembre.
Sacristie de la basse Sainte Chapelle.
34. + Un bas d'armoire en bois de chêne, en forme d'autel, ouvrant
à un volet, garni de tablettes en dedans avec deux crédences sur les
côtés, aussi de bois de chêne, ouvrant à un guichet, le tout couvert
t. Cette coquille servait de bénitier.
2. Les commissaires enregistrèrent d'abord une protestation des cha-
noines contre une opération qu'ils considéraient comme le premier acte
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3lO LE TRÉSOR
de drap verd; un marchepied aussi de bois de chêne; la boiserie en
menuiserie de bois d'Hollande fesant le pourtour de la dite sacristie,
dans laquelle sont pratiquées deux armoires, l'une à deux battans
et l'autre à un battant; sur laquelle boiserie sont attachées six
pommes de fer servant de porte manteau, sept planches en tablettes
dans le dedans des armoires, une banquette et deux chaises cou-
vertes de cuir verd, un christ en bois sur sa croix aussi de bois, posé
sur son pied en forme de tabernacle aussi en bois.
Dans le passage conduisant a la dite sacristie.
35. + Une fontaine à laver les mains et sa cuvette de cuivre rouge,
tne petite sonnette de métail pour les messes.
Dans l'église de la basse Sainte Chapelle.
36. -!- Un autel en marbre couvert d'un tapis de moquette à fleurs,
deux colonnes aux deux cotés de Tautel avec le tableau d'autel, le
tout en bois peint et doré; le marchepied dudit autel en bois de
chêne, une croix et six chandeliers d'autel en cuivre en couleur,
deux autres petits chandeliers d'autel de cuivre jeaune, un pulpitre
et les canons d'autel, une grille de fer peint et doré fermant l'inté-
rieur du chœur, deux confessionaux en bois de chêne pratiqués
derrière l'autel, un autre autel derrière le précédent en bois de chêne,
avec son marchepieds en bois peint, un grand Christ sur sa croix de
bois, un grand chandelier paschal de bois doré, un fauteuil et deux
chaises couvertes de damas verd, avec leurs housses de toile à car-
reaux, une grande armoire, à droite du chœur, en bois de chêne à
deux battants fermants à clef, garnie en dedans de six tablettes à
coulisses; un placard et armoire aussi en bois de chêne à quatre
guichets avec une banquette au dessous, une autre petite armoire
en sappin à gauche du chœur, à un volet ; une lampe de cuivre cy
devant argentée, et armoriée avec cordons, poulie et cœur de plomb ;
un pulpitre en bois, ployant, couvert de tapisserie de gros points à
l'éguille ; trois escabelles pour les chantres, une chaire de prédica-
teur en bois de chêne avec son escalier et sa rampe de fer, deux
doubles rangées de bans aux cotés du chœur avec leurs dossiers de
bois de chêne, une grille de fer peinte en blanc, séparant la nèfle
de la destruction de leur église; on fit ensuite un récolement sur un
procès-verbal de la Chambre des comptes du 26 septembre, avec addi-
tion de plusieurs objets formant les n** 32 et 33. Sont ensuite mentionnés
divers objets à usage du culte qui, rapportés de la Chambre des comptes,
avaient été déposés dans la grande sacristie; on en retira quelques orne-
ments pour servir au culte paroissial dans la basse Sainte-Chapelle.
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DE LA SAINTE-CHAPELLE. 3ll
du chœur, une chapelle à droite du chœur composée d'un autel
avec la boiserie en chêne, un marchepied et deux bans, un devant
d'autel à pents de camelot rouge et blanc, un tapis d'autel de vieux
damas, un petit Christ d'ivoire sur sa croix de bois, deux chandel-
liers de cuivre jaune, les canons en carton, un tableau d*autel repré-
sentant une vierge, et un tapis de pieds ; la grille de fer fermant la
dite chapelle, un petit bas d'armoire en bois de chêne à un volet
renfermant trois antiphoniers et missels.
Dans la neffe.
37. + Plus un réverbère à deux mèches en fer blanc, quatre autels
de chapelles en bois avec leurs marchepieds garnis de leurs tableaux,
une grille de fer fermant l'une des dites chapelles, une petite armoire
de chêne à un guichet servant à serrer les clefs, le tambour pour
l'entrée de la neffe, en bois de chêne et à deux graads battants et
petites portes sur les côtés; un bénitier de marbre, le châssis d'un
petit dais garni d'un ciel en soie brochée en argent renfermé dans
une boete de bois à deux volets, un lutrain de fer ployant, une
représentation pour les services, en bois.
Dans le coffre de l'une des quatre chapelles.
38. Plus une grande et une petite pelle de bois, une pince de fer,
une tournée, deux cordages, le tout servant pour les enterrements.
39. Plus quatre morceaux de vieux plomb provenant d'un cercueil,
du poids d'environ 40 1.
Dans la neffe de l'église.
40. + Il s'est trouvé un grand coffre de bois de chêne fermant à
deux serrures que mondit sieur Roussineau déclare appartenir à
MM. les officiers de la Chambre des comptes.
41. + Plus un coffre fort paroissant ne fermer qu'à une serrure et
par une barre de fer traversant orizontallement le dit coffre et arres-
tée par un cadenas fermant à clef, le dit coffre fort en bois de chêne
et scellé dans le mur par une forte barre de fer qui l'attache*.
Au dessus de la VOUTE de l'église de la Sainte Chapelle.
42. + Plus un réservoir en bois de chêne doublé en plomb avec
I. Ce coÔre appartenait à la confrérie des garçons marchands érigée
en l'église de la Sainte-Chapelle.
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3 12 LE TRÉSOR
plusieurs tuyaux de plomb conduisant dans le dit réservoir les eaux
du comble de la dite église.
43. + Plus une horloge renfermée par une clouaison de bois, gar-
nie de ses poids et cordages.
Dans la flèche du clocher de la dite Sainte Chapelle.
44. 4. Plus cinq cloches de différents poids et grosseurs avec leurs
battans, garnies de leurs mantons de bois et de leurs cordages; les
dites cloches supportées dans le becfroid en charpente et deux mar-
teaux en fer pour sonner l'heure par les ressorts communicant au
dit horloge.
Dans les armoires cy devant décrites tant dans la sacristie
que dans le chœur de la dite basse Sainte Chapelle.
45. Deux ornements blans, etc.*,
56. Un bénitier de cuivre argenté avec son goupillon, une paix
aussi de cuivre argenté, une petite lampe de cuivre jaune, une niche
pour exposer le Saint Sacrement, garnie en étoffe, avec deux giran-
dolles à double bobèche de cuivre de couleur,, deux plats et deux
burettes d'étain.
Argenterie trouvée tant dans les armoires
que dans le tabernacle du maître autel.
57. Trois calices, dont un vermeil, avec leurs patennes, un ciboire
et sa robe, trois petits vases pour les sacrements renfermés dans
deux boetes d'argent, un soleil garni d'un cercle pour Thostie, en
argent doré, un encensoir avec sa navette, et une coquille pour les
baptêmes, le tout d'argent. — Enlevé. — [Cf. 5, 12, Q, 64.]
Déclarent lesdits sn Rousseau et Paris qu'ils ont connaissance
qu'il y a environ cinq semaines qu'il a été remis par MM. les offi-
ciers de la Chambre des comptes entre les mains de M. Pévêque
de Senlis un soleil avec trois figures représentant saint Louis mou-
rant dans les bras de la religion et un ange, le tout adhérant et en
argent, avec une hostençoire d'argent doré. Ces objets dépendent des
ornements de la Sainte Chapelle haute*... — [Cf. V, 2.]
1. Les n*' 45 à 55 sont des effets à usage du culte en très grand nombre
et de diverses couleurs. On y remarque seulement au n» 53 aun poil {sic)
blanc pour les mariages, trois antiphoniers, deux missels romains ».
2. Suivent d'autres déclarations touchant l'effraction des troncs de la
basse Sainte-Chapelle et le cierge pascal.
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DE LA SAINTE-CHAPELLE. 3l3
Déclare, en outre, le s^ Rousseau qu'il a connaissance que le 24
de ce mois^, à 11 heures du matin, MM. les officiers de la Chambre
des comptes ont fait enlever de l'une des armoires étant dans la
sacristie de la basse Sainte Chapelle une croix d'autel, deux chan-
deliers, un bénitier et son goupillon, deux grandes burettes à anses
et leur plat, une forte sonnette, le tout d'argent; le dit plat des
burettes armorié aux armes de la Chambre des comptes; plus un
calice avec la patenne d'argent doré, le tout renfermé dans un étui
de cuir rouge...
14 février.
Basse Saintb-Chapellb.
Trois calices, dont un de vermeil, avec leurs patennes, un ciboire
d'argent, un soleil d'argent garni de son cercle, trois petits vases
pour les saintes huiles, renfermés dans deux boetes d'argent, une
encensoire et sa burette d'argent garni de sa cuillère, une coquille
au pied d'argent, pesant ensemble 38 marcs, 7 onces, 4 gros avec les
corps étrangers.
14 avril ijgi.
Armoires de la sacristie >.
58. Premièrement une grande châsse d'argent doré, représentant
le modèle en petit de l'église de la Sainte Chapelle, garnie de diffé-
rentes pierreries de couleur telles que saphirs, glacieuz, mauvaises
émeraudes, rubis ballais percés et cabochons. — [Cf. Q, 68, £/, 63.]
59. Plus cinq calices, dont trois de vermeille et deux d'argent
blanc avec leur patène.
60. Plus une grande croix d'autel et son Christ doré.
61. Plus une croix processionnelle et son bâton garni d'ar-
gent doré.
6a. Plus une autre croix d'argent blanc pour les services des morts.
63. Plus deux bénitiers et leurs goupillons en argent. — [Cf. 5, 10.]
64. Plus deux encensoirs et leurs navettes.
65. Plus quatre burettes, deux bassins et une coquille pour les
baptêmes.
66. Plus deux rechots, dont un grand et un petit. — [Cf. Q, 67 ;
5, i5.]
1. On est au i*' décembre, il faut évidemment entendre le 24 novembre.
2. L'inventaire des armoires fut fait avec Taide de Jean-Marie Masson,
orfèvre- joaillier.
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3 14 LE TRÉSOR
67. Plus une crosse antique et son bato» en argent doré et la
crosse émaillée. — [Cf. T,^ï,]
68. Plus une croix d'autel antique garnie de mauvaises pierres de
couleurs et mauvaises perles baroques avec son Christ.
69. Plus une petite croix de célébrant en argent blanc.
70. Plus huit chandeliers d'autel, dont quatre dorés.
71. Plus une vierge d'ivoire portant TEnfant Jésus sur son soc
d'argent, portée sur cinq lions aussi d'argent, entourée d'émeraudes
sur la basse (sic) [cf. Q, Uy 45], une très ancienne mirte [cf. Q,
Z7, 7], deux anciennes ceintures, cinq brassières, un manipule,
une très ancienne étoile garnie de plaques d'argent doré et de
perles, rouge, brune et blanche, sur un ancien fond rouge d'étoffe
de soye, la ceinture garnie de glands et perles fines, et leur cou-
lants et les brassières d'argent doré ; laquelle vierge et ses dépen-
dances, ainsi que la mirthe, les ceintures, les brassières, le mani-
pule et étole ont esté à l'instant par nous remises entre les mains
de M. Gabriel François Doyen, peintre du Roy, pour ce présent
et intervenant, lequel s'en est chargé pour le placer au dépôt
des Petits Augustins de la reine Marguerite, et a signé : Doyen.
72. Plus un chef de saint Nicaise^ supporté par quatre figures de
cuivre, sur son pied de cuivre garni de différentes mauvaises pierres
de couleurs.
73. Plus un ciboire d'argent doré antique avec son couvercle.
74. Plus un baisé de paix doré et une custode, et à dessus de
glasse. — [Cf. Q, Z7, 11.]
75. Plus un saint Christophe et l'Enfant Jésus sur son pied d'estal
en argent doré. — [Cf. Q, t/, 37.]
76. Plus une petite éguière d'argent avec une main painte couleur
de chaire. — [Cf. Q, U, 23.]
77. Plus un bâton cantoral d'argent doré pareil à celui de la crosse.
- [Cf. r, 25.]
78. Plus un arbre et deux anges de support qui servoit au Saint
Sacrement, en argent doré, avec deux figures au dessous représen-
tant Adam et Eve. — [Cf. Q, î/, 57.]
79. Plus une fleur de lys en argent doré emaillé par derrière,
garnie de perles fines, saphirs, émeraudes, rubis ballets de peu de
valeur, le tout servant d'agraphe. — [Cf. Q, Uy 5o.]
80. Plus un pied de support orné de différentes mauvaises pierres
de couleur et garni de deux anges et quatre petites figures, le tout
d'argent doré. — [Cf. Q, U, Sg.]
I. Il faut probablement corriger saint Biaise^ c'est le reliquaire qui
figure dam les inventaires de 1740 et de 1783 (Q et U) sous le n* 3; cet
objet n'avait pas été réclamé par le roi le 10 mars 1791 pour être trans-
porté à Saint-Denis; cf. pour saint Nicaise VInvenU CCy 34.
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DE LA SAINTE-CHAPELLE. 3l5
8i. Plus uneboete de sapin renfermant différentes perles tels que
perles percées, saphirs > rubis ballet, émeraudes, grenats vermeille,
contenante dix chetoins {sic) d'emeraudes cabochons, trois de saphirs
aussi cabochons, trois œuvres (?) de grenat et saphir, œuvre (?) d'en-
tourage de onze petits saphirs et une grosse perle percée, dix cha-
tons, rubis ballet, cabochon, six chatons de grosses perles, six
moyennes et plusieurs petites perles fines. — [Cf. Q, U, 58.]
82. Plus enfin différents fragments d'argent doré détachés des dif-
férents vases et ustenciles ci devant décrits.
Nous avons fait placer tous les objets ci dessus décrits dans un
grand panier d'osier, nous les avons fait descendre par la cour du
Palais et poser dans une voiture pour être conduits à l'hôtel de la
Monnoie.
18 avril,
83. -I- Dans la pièce destinée aux Archives, à droite de la sachris-
tie de la haute Sainte Chapelle, un grand corps d'armoire de bois
de chêne ouvrant à deux battans au milieu, et de quatre battants à
chaque coté, une boiserie d'hauteur aussi en bois de chêne dans le
reste du pourtour de la dite pièce, une petite échelle, un marche-
pied, quatre chaises couvertes de cuir rouge, deux escabots de bois.
83 bis. Plus six bâtons du grand dais, peints à fleurs de lis ; quatre
bâtons du petit dais, aussi peints.
84. Trois chapes de damas, etc.*.
go. Les étoffes du grand dais en damas, fond blanc à fleurs de
soie et or, avec franche d'or, composé d'un ciel et de quatre pentes.
91. Les étoffes du petit dais en satin, cramoisi d'un coté et blanc
de l'autre, à broderie et franche d'or, composé d'un ciel et de quatre
pentes.
92. Un tapis qui servoit à porter le chef saint Louis en velours
siselé, fond or avec frange or et argent.
93. Étoffes qui servoient au tabernacle du Saint Sacrement, com-
posées de cinq pièces à fleurs de soie et or.
94. Une grande pente de velours qui servoit à l'exposition de la
vraie croix, avec un dossier de vieux damas rouge à fleurs d'or, le
tapis en moquette et les deux rideaux en vieux taffetas cramoisi.
I. Les n*' 84 à gS bis sont de vieilles chapes brodées et galonnées, des
tapis et étoiles qui n'étaient pas d'un usage courant; nous n'avons repro-
duit que quelques-uns de ces articles rappelant les décorations ou usages
dans les cérémonies particulières à la Sainte-Chapelle.
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3l6 LE nuÊSOR
Dans un dbs bas d*armoire cy dbtant DnrsNTORii
DANS LA SACHRISTIS DE LA HAUTE SaINTE ChAPELLE.
96. Une petite pente d'étoffe, etc.*.
98. Le tapis de la châsse en vieux velours violet avec riche bro-
derie en or et argent.
104. Une petite boite contenant une paire de soulier à broderie
d'or, une paire de bas de soie blanc aussi avec broderie d'or, ete
io5. Une autre petite boete contenant une paire de soulier cra-
moisie à broderie d'or, une paire de bas à damas cramoisi à brode-
rie d'or, etc
21 avril.
Dans la pièce a gauche de la sachristie faisant face
A LA piicE des Archives.
106. Premièrement une boiserie d'hauteur en bois de chêne pra-
tiquée dans le pourtour de la dite pièce, formant neuf armoires,
garnie de tablettes en dedans.
107. Un lampadaire de fer pour les ténèbres, un autre de cuivre
doré à huit branches, etc.
Dans les armoires de la dfte pièce.
108. Un poêle de vieux velours, etc.K
Ornements rapportés de la Chambre des comptes et de chez
M. LE Premier Président de la dite Chambre.
III. Une chasuble, etc.^
Dans une petite pièce appellée POratoire Saint Louis à droite
I. Les n** 96 à io5 sont des tapis, riches étoffes et effets d'un usage peu
courant ; même remarque que dans la note précédente.
3. Les n** 108 à 1 10 sont diverses étoffes et des vêtements à usage du
culte sans intérêt particulier.
3. Les n** m à ii3 sont des chapes, chasubles, devant d'autel, etc.
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DE LA SAINTE-CHAPELLE. 3l7
du maître autel de la haute Sainte Chapelle ayant vu sur la cour
du Palais :
1 14. + Plus un autel de bois de chêne, une cloison aussi de bois
de chêne séparant la dite pièce en deux, garni d'une porte aussi de
chêne, une vieille boiserie aussi de chêne dans le pourtour de la
dite pièce, avec un planché aussi de chaine.
ii5. + Deux bras de fer, un petit Christ d'ivoir sur sa croix de
bois noirci, une vieille chaise ployante, etc,
116. Treize couvertures, etc,*.
Lingerie.
120. Un fauteuil couvert de vieux velours, etc., un corps d*arnioire
de chêne peint en gris à trois volets, garni de tablettes en dedans.
Dans le corps d* armoire.
121. Deux draps, etcX
124. + Il s'est encore trouvé plusieurs paquets de vieux papier
noté de plein chant et vieux livres hors de service.
125. Un devant d'autel, etc.
126. Un tapis de velours rouge pour la stalle du trésorier, etc,
127. Une étole, etc,
128. Dans l'armoire à gauche de la sacristie un soleil de vermeil
garni de vingt deux pierres, dont seize topazes grosses et diamants
rose. — Enlevé,
129. Une croix de cristal d'environ dix-huit pouces de haut sur
treize de largeur, composée de quatorze pièces de cristal, dans un
étui de cuir bouilli. — fCf. T, 3g.]
2 mai.
Armoires de la sacristie 3.
i3i. Une vieille mithre d'étoffe brodé en or, enrichie de petites
1. Les n** 116 et 117 sont des couvertures et housses pour les ornements
et sculptures; les n" 118-119 le linge trouvé dans roratoire Saint-Louis,
en assez grande quantité pour qu'on suppose qu'il servait de dépôt pour
le linge conjointement avec la lingerie.
2. Le linge forme les n*' 121 à ia3.
3. Objets retirés de Tarmoire du mattre-autel (cf. ci-dessus le para-
graphe compris entre les articles 25 et 26 du présent procès-verbal) et
placés le matin de ce jour dans les armoires de la sacristie.
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3l8 LE TRÉSOR
perles; une autre mitre d'étoffe rouge, ornée de petites plaques de
vermeille; une autre mitre à broderie d'or; deux autres mitres
galonnées en or; deux autres mithres d'étoffe peinte; un couvre
ciboire de vieille étoffe garni en perle» un sac à ouvrage de drap
d'or enrichi de perle ; deux petites boetes couverte de tapisserie et
garnie de plusieurs petites perles.
i32. Le volume des Psaumes de David en vélin, enrichi de figures,
couvert d'un petit tapis de soie bleue à fleurs de lys d'or; trois
marbre monté en cuivre.
i33. Plus une petite boete de bois couverte de cuir, renfermant
deux guidons, l'un à petite fleur de lys, garnis de petites perles avec
des pierres de couleur, et l'autre garni de petites perles; un coffret
en forme de châsse de bois, garni en ivoir, renfermant quatre
plaques de brasselets en ëmaille monté en vermeille, dont deux gar-
nis de petites perles, un pâté de petits morceaux d'émail bleu, quatre
petits morceaux de marbre garni de trois plaques d'ecussons de
cuivre emaillé avec des fleurs de lis de vermeille et un bout de
frange; deux coffrets de bois couvert de cuivre, l'un desquelles
renfermant plusieurs morceaux de cuivre.
i33 bis. Une petite tête d'argent doré.
134. Un livre de chant à agrafle et fleurs de lys de vermeil, douze
livres d'église de différentes grandeurs, la pluspart en vélin.
3 mai.
tt Nous avons retiré de l'armoire à gauche de la sachristie le soleil
de vermeil garni de six roses et de seize amétistes composant
l'art. 128 de l'inventaire et la petite tète d'argent doré composant
l'art. i33 bis, dont nous nous sommes chargés pour les porter à la
monnoie de cette ville. »
XXIV.
Inventaires des peintures et sculptures
DE LA Sainte-Chapelle.
(23 novembre 1790-24 février 1791.)
Le 23 novembre 1790, le peintre Doyen dressa l'inventaire
des peintures et tableaux, et le sculpteur Mouchy celui des
sculptures et statues conservés dans la haute Sainte-Chapelle.
La même double opération eut lieu le 24 février 1791 par les
soins des mêmes artistes pour la basse Sainte-Chapelle. Ces
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DE LA SAINTE-CHAPELLE. SlQ
documents ont été publiés précédemment par M. Stein^ Les
textes ci-après sont établis d'après les originaux conservés aux
Archives nationales dans le carton S 943 a.
y.
Inventaire des peintures et tableaux de la haute Sainte Cha-
pelle DE Paris fait par M. Doyen le 23 novembre 1790.
Sur les autels tenant à la grille du chœur,
1. D'un coté, un tableau à compartiment peint en émail, représen-
tant plusieurs sujets, savoir dans le milieu de la totalité, un grand
oval représentant un calvaire composé par plusieurs grouppes ; cet
oval est entouré de diverses arabesques représentans plusieurs ver-
tus, quatre anges portant les attributs de la Passion accompagnent
Toval du milieu, deux médaillons sont au dessus de Toval, Tun
représentant un portement de croix et l'autre Jésus au jardin des
Oliviers, deux autres grouppent le bas du tableau, l'un représente le
portrait de François !««■ qui, dit on, les donna à cette église, l'autre
représente le portrait de sa femme.
2. De l'autre coté, un grand tableau idem, peint en émail ; le grand
oval du'milieu représente la Résurrection; l'arabesque qui l'entoure
représente des lettres, des arts et des lauriés ; les deux médaillons
du haut represente[nt] l'un un Christ porté au tombeau, et l'autre
Jésus en jardinier apparaissant à la Magdeleine; les quatre an^es
qui entourent le milieu portent des attributs de la Passion ; les deux
médaillons d'en bas représentent le portrait de François !««" et celui
de son épouse. Ces émaux paroissent peints par Parmesan ; ils sont
très précieusement soignés, d'un goût et d'un dessin digne de
Raphaël ; ils sont d'autant plus rares qu'ils sont très grands et qu'ils
sont peut être les seuls qui existent de ce maître et de cette taille ;
ils sont recouverts par deux portes sur lesquelles sont peints d'un
coté saint Denis et sainte Barbe dans le goût de Lallement, et, de
l'autre coté, saint Pierre et saint Paul, peints par le même.
Oratoire de saint Louis,
3. Un tableau représentant saint Louis en contemplation devant
le trésor de la Sainte Chapelle, peint médiocrement par un auteur
inconnu.
I. H. Stein, État des objets d*art placés dans les monuments religieux
et civils de Paris au début de la Révolution française, I (Paris, 1S90, in-8*),
p. iio-ii5.
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320 LE TRÉSOIt
Sur le même autel.
4. Un calvaire peint sur bois, composé de cinq figures, savoir :
le Christ en croix, la Vierge et saint Jean; les deux autres sont
saint Louis et Clovis ; auteur inconnu.
5. Deux pots de fleurs peints aussi sur bois.
Ce 28 février 1791.
Doyen.
Inventaire des sculptures et statues de la haute Sainte Cha-
pelle DE Paris fait par M. Mouchi le 23 novembre 1790.
Sanctuaire.
i. Deux bas reliefs sculptés en pierre représentant les sujets de la
Passion très gothiques pour le goût et la manière.
Dans la nef.
2. Les douze apôtres en pierre, sculptés en gothique.
3. Une mère de douleur, sculptée en pierre, de grandeur naturelle,
par Germain Pilon.
Dans le chœur.
4. Quatre anges en bronze, sculptés par Jean Goujon ; Us sont por-
tés sur des colonnes de marbre noir ; les chapitaux sont en bronze
ornés de têtes de chérubins par Goujon ou plutôt par Germain
Pilon.
Oratoire.
5. Une chaise ployante qui servoit à saint Louis. Sa forme peut
être utile aux artistes.
Sacristie.
6. Un fameux camée antique ; sa composition est de vingt cinq
figures. Elles représentent le Triomphe de Tibère ; les princes et les
princesses de la famille d'Auguste raccompagnent; les princes de
son sang morts sont placés dans le ciel. Ce sublime bas relief
antique est sculpté sur une sardonyxe et porte i pied de haut sur
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DE LA SAINTE-CHAPELLE. 321
10 pouces de large. Rubens, pendant son séjour en France, le des-
sina et le fit graver à son arrivée en Flandre.
7. Une madone sculptée en ivoire portant l'Enfant Jésus, sur la
poitrine de l'Enfant est une petite tête d'enfant sculptée sur une
agathe ; cette vierge est un gothique.
Au dessus d'une grille.
8. Un christ en croix, la Vierge et saint Jean; au dessous un
grouppe représentant Jésus au tombeau, sculptés en bois par Pilon ;
il paroît que le maître a travaillé beaucoup à l'ornement de cette
église.
9. Une petite fontaine de marbre.
Fonts.
10. Les fonts sont en cuivre d'un genre gothique.
Sur les portes extérieures.
11. Plusieurs gothiques, groupes ou statues sculptées en pierre,
d'un bon genre pour le tems.
J. MOUCHY.
AA.
Inventaire des tableaux et peintures de la Sainte Chapelle basse
FAIT PAR M. Doyen le 24 février 1791.
Dans une chapelle,
1. La Vierge, l'Enfant Jésus et saint Jean enfant. Ce tableau est
une médiocre copie d'après Raphaël. L'original appartenoit au roi
et étoit au cabinet du Luxembourg.
Autre chapelle.
2. Un tableau représentant la Penthecote, peint médiocrement sur
bois.
Autre chapelle,
3. Un tableau représentant un prêtre allant à l'autel pour sacrifier
M^M. XXXV 21
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322 LE TRÉSOR
en présence d'un ëvèque et du Père éternel, grouppé dans une gloire.
Il est peint dans le goût de Vignon.
Autre chapelle.
4. Un tableau peint sur bois représentant la Résurrection de
Jésus. On voit dans ce tableau le portrait d'un chanoine de la dite
Sainte Chapelle. Ce tableau est sans doute ex voto et est peint dans
le goût de Lallemant.
Doyen.
BB.
Inventaire des sculptures et statues de la Sainte Chapelle basse
fait par m. mouchy le 24 février i79i.
Sanctuaire.
1. Le maître autel est en forme de sarcophage, en marbre de
Flandres rouge ; dans une gloire au dessus, des groupes d*anges et
de chérubins sculptés médiocrement en plâtre.
2. Derrière l'autel, un christ en croix, médiocrement sculpté en
bois, grandeur naturelle.
3. Près Tautel, un cénotafe orné de marbre, plaqué d'armoiries,
têtes de chérubins et d'une grande plaque marbre noir inscritte en
l'honneur d'un chanoine de la ditte chapelle.
4. Autre plaque de marbre blanc, encadrée par du noir, inscritte
en l'honneur de Charles d'Armenouville, mort en 1694.
Chapelle.
5. Deux plaques de marbre blanc encadrées par du marbre noir,
inscrittes en l'honneur de deux chanoines de la dite chapelle.
Nef.
6. Un petit cénotafe en marbre blanc orné d'armoiries, d'une tête
de mort ailée et fleurons en plomb doré et d'une plaque de marbre
noir pour fondation, etc.
7. Autre idem en pierre ornée de marbre blanc plaqué et d'une
grande plaque de marbre noir inscrite.
8. Autre cénotafe en pierre, garni de plaques de marbre, de têtes
de chérubins, d'armoiries, têtes de mort et d'une grande plaque
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BE LA SAIKTË-CHAPELLE. 323
marbre noir, inscritte en l'honneur du fils de Germain Pison {sic),
nommé Antoine Pison (sic),
9. Autre cénotafe en pierre garni de marbre plaqué et d'une
grande plaque noire inscritte pour fondation.
10. Autre cénotafe en pierre garni de marbre plaqué et d'une
grande idem noire inscritte en l'honneur de Guillotin, etc.
11. Autre cénotafe en pierre garni de marbre, d'une tête de mort
et d'attributs funèbres, d'une grande plaque noire inscritte pour
fondation, et orné d'une tête de chérubin en marbre blanc.
Sur le pavé.
12. Une plaque simple en pierre, inscritte en l'honneur de Boileau
Despréauz, enterré précisément sous ce fameux lutrin qu'il a si bien
chanté.
i3. Une grande plaque de marbre noir encadrée par du blanc et
armoiries en calque, inscritte en l'honneur d'un chanoine de la ditte
chapelle.
14. Un bénitier en marbre blanc.
i5. Sur la porte extérieure, plusieurs statues gothiques en pierre.
MOUCHY.
XXV.
État des objets du Trésor RécLAinÉs par le Roi pour être
TRANSFÉRÉS A SaINT-DeNIS AU CaBINET DES MÉDAILLES ET A LA
BiBLÏOTHèQtJE DU Roi.
(10 mars 1791.)
Des objets du Trésor de la Sainte-Chapelle réclamés par le
Roi pour être conservés furent remis le 10 mars 1791 par les
représentants de la municipalité J.-S. Bailly, J. Viguer et
J. Hardy au commissaire du Roi Charles-Gilbert de La Cha-
pelle. Le procès-verbal rédigé à cette occasion est conservé en
original aux Archives nationales dans le carton S 943 a; il en
existe aussi une expédition dans le carton O* 607.
Ce document comprend deux parties : dans la première sont
énumérés les reliques de la grande châsse (vingt articles) et les
objets du Trésor (cinquante-quatre articles) réclamés ; dans la
seconde, ces mêmes objets énumérés de nouveau en termes
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324 LE TRÉSOR
identiques sont mentionnés comme pris en charge par le com-
missaire du Roi.
En raison de l'importance des protocoles de ce document,
nous en avons reproduit le texte.
ce.
L'an 1791, le jeudi 10 mars, 9 heures du matin, nous, Jean Silvain
Bailly, sire Jacques Viguer et Jacques Joseph Hardy, maire et offi-
ciers municipaux de la ville de Paris, nous sommes transportés en
réglise de la Sainte Chapelle, sise cour du Palais, où étant, s'est pré-
senté M. Charles Gilbert de La Chapelle, commissaire général de la
Maison du Roy, demeurant au Louvre, pavillon de Tlnfante, lequel
a dit être chargé par le Roy de nous remettre la clef du trésor, et de
réclamer en son nom, lors de la levée des scellés apposés par la
municipalité de Paris, les reliques, une agathonix, plusieurs objets
précieux et quelques beaux livres de prières, manuscrits, tous
objets provenants des dons de ses pères, que l'intention du Roy est
de faire placer à titre de dépôt seulement et jusqu'à ce qu'il ait été
statué ultérieurement à cet égard, les reliques avec les reliquaires
dans le trésor de la ci devant abbaye de Saint Denis en France^ les
pierres précieuses au Cabinet des Médailles, et les manuscrits à la
Bibliothèque du Roy, et à l'instant il nous a remis une lettre signée
Louis, et plus bas Delessart, en datte du 25 février 1791, portant
mandat de réclamer les reliques, pierres précieuses et manuscrits
renfermés sous les scellés apposés par la municipalité de Paris, en
exécution des décrets de l'Assemblée nationale, l'original de la dite
lettre est demeuré annexé à la minute des présentes pour y avoir
recours au besoin; en conséquence, il nous requiert de lui présen-
tement remettre les objets cy après détaillés, savoir :
Dans le grand trésor, renfermé dans une chftsse placée au dessus
de l'autel :
1. La couronne d'épine de Jésus Christ. — [Cf. /?, i.]
2. Une grande partie du bois de la croix. — [Cf. /?, 2.]
3. Un morceau de fer de la lance. — [Cf. /?, 17.]
4. Du manteau de pourpre. — [Cf. /?, 3.]
5. Du roseau. — [Cf. R, 7.]
6. De l'éponge. — [Cf. R, 10.]
7. Les menottes. — [Cf. /?, 14.]
8. La croix de Victoire. — [Cf. /?, 5.]
9. Du sang de Notre Seigneur. — [Cf. R^ i3.]
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DE LA SAINTE-CHAPELLE. 325
10. Du sang miraculeux sorti d'une image de Notre Seigneur,
frappé par un infîdelle. — [Cf. R, ii.]
11. Des drapeaux de son enfance. — [Cf. R, 4.]
12. Du linge dont il se servoit au lavement des pieds. — [Cf. R, 8.]
i3. Du lait de la Vierge. — [Cf. /?, 12.]
14. De ses cheveux. — [Cf. /?, 20.]
i5. De son voile. — [Cf. /?, i5.]
16. Le haut du chef de Jean Baptiste. — [Cf. R, 6.]
17. Du saint suaire. — [Cf. /?, 9.]
18. Une sainte face. — [Cf. /?, 19.]
19. Un morceau de la pierre du sépulcre. — [Cf. R, 18.]
20. La verge de Moyse. — [Cf. R. 16.]
Et dans la grande sacristie :
Premièrement, une croix d'argent dorée, chargée d'ornements, de
pierreries et d'émaux, au milieu de laquelle est enchâssé du bois de
la vraie croix. — [Cf. Q, U, i.]
2. Un reliquaire représentant le chef de saint Louis. — [Cf. Q, £7, 2.]
3. Un reliquaire d'argent doré représentant la tête de sainte
Ursule. — [Cf. Q, U, 6.]
4. Une châsse d'argent doré contenant le chef de saint Clément. —
[Cf. Q, U, 5.]
5. Un étui garni d'argent doré ayant servi pour apporter la vraie
croix. — [Cf. Q, Z7, 8.]
6. Un reliquaire dans lequel est le bras de saint Léger. — [Cf. Q,
U,g.]
7. Un reliquaire contenant un os du bras de saint George. —
[Cf. Q, U, 10.]
8. Un reliquaire contenant de la tunique de saint Louis et un voile
qui envelopoit la vraie croix. — [Cf. Q, U, 12.]
9. Un petit reliquaire d'argent doré garni d'un cristal dans lequel
il y a de l'huile de saint André. - [Cf. Q, U, i3.]
10. Un reliquaire d'argent doré dans lequel est une côte de saint
Edevinde. — [Cf. Q, U, 14.]
11. Une figure de sainte Eutrope contenant des reliques de ce
saint. — [Cf. Q, U, i5.]
12. Un reliquaire d'argent doré renfermant le menton de sainte
Ursule. — [Cf. Q, U, 16.]
i3. Un idem renfermant un morceau de manteau de saint François.
- [Cf. Q, U, 17.]
14. Une figure d'argent doré représentant saint Louis de Marseille
et contenant ses reliques. — [Cf. Q, Z7, 18.]
i5. Un reliquaire où est un morceau de la tasse (?) de saint Martin,
- [Cf. Q, U, 19.]
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326 LE TRÉSOR
i6. Un co£fret de bois d'ébeine, contenant plusieurs reliques, et un
autre coffret aussi d'ébeine contenant les reliques de saint Philippe
et autres saints. — [Cf. Q, U^ 20-21.]
17. Un idem dans lequel est une cote de saint Spire. — [Cf. Q,
U, 24.]
18. Un idem contenant des os de saint Martin. — [Cf. Q, U, 25.]
19. Un idem, en façon d*église, contenant les reliques de saint
Pierre et de saint Dominique. — [Cf. Q, Z7, 26J
20. Une figure de la Vierge tenant un saphire dans lequel sont de
ses cheveux. — [Cf. Q, U, 27.]
21. Une figure de saint Siméon tenant en ses mains un reliquaire.
— [Cf. Q, U, 28.]
22. Une figure représentant un ange portant un morceau du chef
de saint Jean Baptiste. — [Cf. Q, t/, 29.]
23. Une figure de saint Louis dans les mains de laquelle est un
morceau de l'épaule de ce saint. — [Cf. Q, C/, 3o.]
24. Un reliquaire de sainte Barbe. — [Cf. Q, t/, 3i.]
25. Un reliquaire de saint Magloire. — [Cf. Q, Uy 32.]
26. Une table d'argent doré contenant de la vraie croix et diffé-
rentes reliques. — [Cf. Q, Uy 33.]
27. Un reliquaire contenant un pied des Innocens. — [Cf. Q, (/, 34.]
28. Un reliquaire de saint Ainian. — [Cf. Q, Z7, 35.]
29. Trois reliquaires de saint Jacques le Mineur. — [Cf. Q, Z7, 36.]
30. Un idem de saint Maximien, saint Lucien et saint Julien. —
[Cf. Q, U, 38.]
3i. Une croix d'or dite la croix de Bourbon, dans laquelle est du
bois de la vraie croix. — [Cf. Q, Uy 43.]
[32. Une croix appellée la croix de Venise <.] — [Cf. Q, £/, 44.]
32 [lis, 33.] Une idem dite la croix de Bavière. — [Cf. Q, i/, 47.]
34. Un reliquaire renfermant une côte de sainte Elisabeth de Hon-
grie et une côte de saint Nicaise. — [Cf. Q, Z7, 5i.]
35. Un idem renfermant un peu du manteau de Notre Seigneur et
du saint suaire. — [Cf. Q, Z7, 53.]
36. Un coffret de bois contenant diverses reliques'.
37. Un manuscrit en vailin contenant le texte des Évangiles avec
vignettes. — [Cf. Q, U, 40.]
1. Restitué d'après la seconde partie de l'acte où cette croix est indi-
quée comme reçue; elle figure également dans l'état descriptif des objets
déposés à Saint-Denis {EE),
2. Ce coffret, d'après Tétat descriptif des objets déposés à Saint-Denis
{EE)y était enfermé dans la châsse en forme de sainte chapelle, il ne pou-
vait donc figurer dans les inventaires de 1740 (Q) et de 1783 (£/).
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DE LA SAINTE-CHAPELLE. ilj
38. Un livre d'Évangiles enrichi de pierres précieuses. — fCf. Q,
U, 41.]
Pg. Un idem^J donné par Charles V. — [Cf. Q, U, 42.]
40. Un livre renfermant plusieurs textes des Évangiles. — [Cf. Q,
Z7, 60.J
41. Un manuscrit missel orné de vignette et mignature. — [Cf. Q,
60 bis; Uy 61. J
42. Un grand carnet représentant l'apothéose d'Auguste et donné
par Charles V. — [Cf. Q, U, 48.]
43. Une paix d*or au milieu de laquelle est un Christ d'agathe.—
[Cf. Q, U, 52.]
44. Deux calices d'or ornés d'émaux et semés de fleurs de lys. —
[Cf. Q, U, 54-55.]
45. Deux burettes de cristal de roche. — [Cf. Q, Uy 56.]
46. Un grand soleil d'argent au bas duquel est une figure repré-
sentant saint Louis expirant dans les bras de la religion, les attributs
de la royauté éparts aux bas de l'autel. — [Cf. F, 2; X, 57.]
47. Une croix, six chandeliers et une lampe d'argent semées de
fleurs de lys et ornements analogues; la croix pesant 56 marcs, la
lampe 129 marcs. — [Cf. Q, 6i-63; 5, i-3.].
48. Deux burettes et leurs plateaux d'argent, pesant ensemble
9 marcs 5 onces. — [Cf. Qy66; 5, 5.]
49. Un ciboire d'argent avec son ostansoire d'argent. — [Cf. Q,
64; ^,62.]
50. Deux livres d'Évangiles et d'Épitre manuscrits, avec placques,
agraffes et coins d'argent. — [Cf. 5, 14.]
5i. Un buste de Néron, d'agate, surmontant le bâton du chantre.
— [Cf. r, 26.]
52. Le sceau de la Sainte Chapelle en argent.
53. Un anneau pontifical orné de pierres et estimé 3oo livres. —
[Cf. Q, Uy 49.]
[54]. Plus un tableau dans l'oratoire de saint Louis, représentant
ce saint roy prosterné devant les reliques du grand Trésor [cf. Y 3]
qui sont tous les objets qu'il nous a dit réclamer.
A quoi obtempérant, nous, maire et officiers municipaux sus
nommés, en présence de M. Louis De Moy, conseiller du Roy en
tous ses Conseils et ci devant trésorier de la Sainte Chapelle et
dépositaire du Trésor, de s»" Nicolas Edme Paris, prêtre mar-
guillier de la dite Sainte Chapelle, y demeurant, et du sieur Jean
Pierre Lançon, garçon de sacristie, constitué gardien des scellés ; le
I. Restitué d'après la seconde partie de l'acte.
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328 LE TRESOR
lundy 22 novembre 1790, après avoir reconnu seins et entiers, levés
et otés les scellés apposés par la municipalité avons remis et délivré
à nous dit sieur de La Chapelle sus nommés qu*il le reconnoit et s'en
charge, le tout pour opérer la décharge du dit sieur trésorier et du
gardien.
I. La couronne d'épine de Notre Seigneur Jésus Christ, etc*.
Pour être, conformément aux ordres du Roy, transportés à l'ins-
tant à titre de dépôt seulement, savoir les reliques avec leurs reli-
quaires dans la cy devant abbaye de Saint Denis, les pierres pré-
cieuses au Cabinet des Médailles et les manuscrits à la Bibliothèque
du Roi, à quoi il se soumet.
Dont le tout ce que dessus, etc..
XX VL
Procès-verbal du dépôt du Trésor de la Sainte-Chapelle
A Saint- Denis.
(12 mars 1791.)
Ce procès-verbal ne nous est connu que par une copie faite
pour Morand et insérée par lui dans son exemplaire de l'/fw-
toire de la Sainte^Chapelle conservé à la Bibliothèque natio-
nale (Imprimés, Rés. Lk^. 7202).
Il existe aux Archives nationales, dans le carton O* 607, un
état descriptif détaillé des objets transportés à Saint- Denis.
Ce document n'est pas en forme authentique. Les notices qu'il
donne sont empruntées aux inventaires de 1740; nous n'avons
reproduit que les premiers mots de chaque article.
DD.
Copie du procès verbal de l'apport des reliques qui étaient
déposées au Trésor de la Sainte Chapelle du palais a Paris,
AU Trésor de l'abbaye de Saint Denis, par ordre du roy
Louis seize.
L'an de grâce 1791, le i2« jour de mars, 11 heures du matin, nous,
"Charles Gilbert de La Chapelle, conseiller du Roy en ses conseils,
I. L'énumération faite dans la première partie du document est reprise
en termes identiques, sauf que le poids des n" 47 et 48 et la valeur
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DE LA SAINTE-CHAPELLE. 829
commissaire général de sa maison, demeurant au Louvre, pavillon
de rinfante, en exécution de sa commission dont le Roy nous a
honoré par sa lettre en date du 25 février de la présente année 1791,
signée Louis, et plus bas Delessart, à nous adressée, portant
mandat de réclamer, de la part de Sa Majesté, lors de la levée des
scelés apposés par la municipalité de Paris, sur le Trésor de la
Sainte Chapelle, sise cour du Palais, des reliques qui y étoient ren-
fermées et de les faire placer au Trésor de la cy devant abbaye de
Saint Denis en France, à titre de dépôt seulement et jusqu'à ce
qu'il ait été statué ultérieurement à cet égard, nous sommes rendus
en la ditte cy devant abbaye de Saint -Denis accompagnant les
saintes reliques, conduites par messire François Joseph de Salignac
Fénelon, aumônier du Roy, nommé par Sa Majesté à cet effet. Là
se sont présentés les révérends pères dom Charles Verneuil, grand
prieur, et dom Pierre Dieuzy, trésorier de la ditte abbaye, lesquels,
assistés de plusieurs religieux de leur maison, ont retiré les reliques
du carosse du Roy qui a servi à leur transport et de suite les ont
portées au Trésor de Téglise et en notre présence elles ont été
placées et reconnues par les dits prieur et trésorier, ainsi qu'il suit^ :
1. La couronne d'épines de Jésus Christ. — [Cf. CCy i.]
2. Une grande partie de la vraie croix. — [Cf. CC, 2.]
3. Un morceau de fer de la lance. — [Cf. CC, 3.]
4. Du manteau de pourpre. — [Cf. CC^ 4.]
5. Du roseau. — [Cf. CC, 5.]
6. De l'éponge. — [Cf. CCy 6.]
7. Les menottes. -^ [Cf. CC, 7.]
8. La croix de victoire de Constantin. — [Cf. CCy 8.]
9. Du sang de Notre Seigneur. — [Cf. CC, 9.]
10. Du sang miraculeux sorti d'une image de Notre Seigneur
frappée par un infidèle. — [Cf. CCj 10.]
11. Des drapaux qui ont servi à Jésus Christ dans son enfance. —
[Cf. CCy II.]
12. Un linge dont il se servi au lavement des pieds de ses apôtres.
— [Cf. CCy 12.]
i3. Du lait de la Vierge. — [Cf. CC, 13.]
14. De ses cheveux. — [Cf. CCy 14.]
i5. De son voile. — [Cf. CCy i5.]
estimative du n* 53 ne sont pas indiqués; tous les articles réclamés sont
sans exception indiqués comme reçus par le commissaire du roi.
I. Nous donnons article par article la concordance avec le bordereau
des objets réclamés et remis au commissaire du roi {CC), afin de bien
déterminer quels objets sortis de la Sainte-Chapelle le 10 mars 1791 ne
furent pas déposés à Saint-Denis le surlendemain.
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330 LE TRÉSOR
i6. Le haut du chef de saint Jean Baptiste. — [Cf. CC^ 16.]
17. Du saint suaire. — [Cf. CCy 17.]
18. Une sainte face. — [Cf. CC, 18.]
19. Un morceau de la pierre du saint sépulcre. — [Cf. CC^ 19.]
20. La verge de Moyse. — [Cf. CC, 20.]
21. Une croix d'argent doré chargée d*ornemens, de pierres et
d'émaux, au milieu de laquelle est enchâssé du bois de la vraie croix.
— [Cf. ce, I.]
22. Un reliquaire de saint Louis représentant et contenant le chef
de saint Louis. — [Cf. CC, 2.]
[23. Un reliquaire contenant un os de sainte Ursule.] — [Cf. CC, 3.]
23 [lis. 24]. Un reliquaire d'argent doré contenant le chef de saint
Clément. — [Cf. CCy 4.]
25. Un étui garni d'argent doré ayant servi pour apporter la vraie
croix. — [Cf. CCy 5.]
26. Un reliquaire dans lequel est le bras de saint Léger, évêque
d'Autun. — [Cf. CCy 6.]
27. Un reliquaire dans lequel est un os du bras de saint George.
-[Cf. ce, 7.]
28. Un reliquaire contenant la tunique de saint Louis et un voile
qui enveloppoit la vraie croix. — [Cf. CC, 8.]
29. Un idem d'argent doré garni d'un cristal dans lequel est de
l'huile de saint André. — [Cf. CC, 9.]
30. Un reliquaire d'argent doré dans lequel est une côte de saint
Edviende. — [Cf. CC, 10.]
3i. La figure de saint Eutrope, contenant des reliques de ce saint.
— [Cf. CC, II.]
32. Un reliquaire d'argent doré renfermant du menton de sainte
Ursule. — [Cf. CC, 12.]
33. Un idem renfermant du manteau de saint François. — [Cf.
CC, i3.]
34. Une figure d'argent doré représentant saint Louis de Marseille
et contenant des reliques. — [Cf. CC, 14.]
35. Un reliquaire où est un morceau de la tase{?) de saint ^^artin.
— [Cf. CC, i5.]
36. Un coffret de bois d'ébenne, contenant plusieurs reliques, et un
autre coff'ret, aussi de bois d'ébenne, contenant des reliques de
saint Philippe et autres saints. — [Cf. CC, 16. J
37. Un reliquaire dans lequel est une côte de saint Spire. — [Cf.
CC, 17.]
38. Un idem contenant des os de saint Martin. — [Cf. CC, 18.]
39. Un idem en forme d'église contenant des reliques de saint
Pierre et de saint Dominique. — [Cf. CC, 19.]
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DE LA SAINTE-CHAPELLE. 33 1
40. Une figure de la sainte Vierge tenant un saphir dans lequel
sont de ses cheveux. — [Cf. CC, 20.]
41. Une figure de saint Siméon tenant un reliquaire dans ses mains.
- [Cf. ce, 21.]
42. Une figure représentant un ange portant un morceau du chef
de saint Jean Baptiste. — [Cf. CC, 22.]
43. Une figure de saint Louis, dans les mains de laquelle est un
morceau de l'épaule de ce saint. — [Cf. CC, 23.]
44. Un reliquaire de sainte Barbe. — [Cf. CC, 24.]
45. Un reliquaire de saint Magloire, évêque de Paris. — [Cf. CC, 25.]
46. Une table d'argent doré contenant de la vraie croix et de dif-
férentes reliques. — [Cf. CCy 26.]
47. Un reliquaire contenant un pied des saints Innocents. — [Cf.
ce, 27.]
48. Un reliquaire de saint Anseniie [lis. Aignan]. — [Cf. CC, 28.]
49. Trois reliquaires de saint Jacques le Mineur. — [Cf. CC, 29.]
50. Un idem, saint Lucien, saint Julien, saint Maxient. — [Cf.
ce, 3o.]
5i. Une croix d'or dite la croix de Bourbon, dans laquelle est du
bois de la vraie croix. — [Cf. CC, 3i.]
52. Un idem< dilte la croix de Bavière. — [Cf. CC, 33.]
53. Un reliquaire renfermant une côte de sainte Elisabeth, reine
de Hongrie, et une côte de saint Nicaise. — [Cf. CC, 34.]
54. Un idem renfermant un peu du manteau de Notre Seigneur et
du suaire. — [Cf. CC, 35.]
55. Un coffre de bois contenant diverses reliques. — [Cf. CC, 36.]
Des quelles susdittes reliques les susnommés prieur et trésorier
de la maison de Saint-Denis ont déclaré se rendre dépositaires con-
formément aux intentions du Roy, provisoirement et jusqu'à ce qu'il
ait été statué par Sa Majesté ultérieurement à cet égard, promettant
tant pour eux que pour leurs successeurs aux dittes places en faire
pieuses, fidèle et sûre garde, ainsy que des reliquaires, et les assis-
tans ayant adoré les saintes reliques, de tout ce que dessus il a été
dressé procès verbal que les dits comparants ont signé avec nous
et dont il a été sur le champ remis un double aux sus nommés révé-
rends pères prieur et trésorier, et ont signé ainsi : fr. Verneuïl,
fr. Pierre Dieuzy, trésorier, fr. Joseph de Salignac Fenelon.
Pour copie conforme à l'original que dom Dieuzy, cy devant tré-
I. Il faut très vraisemblablement ajouter ici la croix de Venise qui,
oubliée dans le bordereau par le commissaire du roi, figure dans celui
des objets reçus par lui (CC 32), ainsi que dans l'état descriptif des objets
en dépôt à Saint-Denis {EE, 32).
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332 LE TRÉSOR
sorier de l'abbaye de Saint Denis, a bien voulu me prêter en consi-
dération de ce que dans le temps j'avois assisté au susdit dépôt des
reliques de la Sainte Chapelle de Paris au Trésor de Saint Denis, et
auquel dom Dieuzy j'ay remis le dit original après en avoir pris la
présente copie que j'ay donnée à M. Cotteret, prêtre du diocèse, et
cy devant avocat au Parlement de Paris, qui me Tavoit demandé,
ce jourd'huy i5 may 1797. Pelletier, ancien maire de la ville de
Saint-Denis.
Pour copie par triplicata (en ayant déjà donné une par duplicata
à M. Villers, membre de la Commission de treillage des titres de
présent séante au Louvre à Paris, qui me Pa demandé pour l'insérer,
m*a-t-il dit, à la collection des archives de la Sainte Chapelle de
Paris), la présente copie donnée par moi, soussigné, à M. Morand,
auteur de l'Histoire de la Sainte Chapelle, et cy devant chanoine de
la ditte église, qui me l'a demandée pour Pinsérer dans un ouvrage
qu'il projette. A Paris, ce 20 février 1799.
Signé : J. C. Coterkt.
EE.
Etat obs reliques provenantes de la Sainte Chapelle du palais
A Paris, que lb Roi a fait transporter au TrAsor de Saint Denis,
pour y rester déposées jusqu'à ce que Sa Majesté ait statué
ultérieurement a leur EGARD.
Reliques apportées de la Terre Sainte par saint Louis, qui étoient
déposées dans une grande châsse construite au dessus de l'autel et
fermée par dix clefs dont la Chambre des comptes avoit la gardée
i. Un vase de cristal de roche [etc. y R, i].
2. Une croix aussi de cristal de roche [etc., R, 2]'.
3. Un reliquaire fait en figure de croix [etc., R, 17].
4. Un reliquaire d'or [etc., R, 3]*.
1. Nous renvoyons à Tinventaire R pour le texte qui est identique^ une
concordance article par article avec le procès-verbal DD est inutile, tous
les objets étant énumérés dans le même ordre; la différence dans le
nombre total des articles 55 d'une part et 56 de l'autre (20 + 36) tient à
Tomission, purement accidentelle, dans le premier document de la croix
de Venise (cf. la note de la page précédente).
2. Les mots « et paroissent faire partie de ceux qui se sont trouvez
dans une boeste cy après designée » n'ont pas été reproduits.
3. Les mots « et paroist faire partie de celles qui se trouvent dans la
boeste cy après designée » n'ont pas été reproduits.
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DE LA SAINTE-CHAPELLE. 333
5. Un reliquaire d'or, de figure oblongue [etc., R, 7].
6. Un vase de cristal de roche [etc. y R, 10].
7. Un autre vase de cristal de roche [etCy R, 14].
8. Une croix appellée la croix de Victoire [e/c, Ry 5],
9. Un vase de cristal de roche [etc., Ry i3].
10. Un autre vase, aussi de cristal de roche [etCy Ry 11].
11. Un autre reliquaire d'or [etc. y Ry 4].
12. Un autre reliquaire de même forme [etc. y Ry 8].
i3. Un autre vase de cristal de roche [etc. y R, 12].
14. Une boite de vermeil [etc. y Ry 20].
i5. Une boite d'or [etc.y Ry i5J.
16. Un buste d'or renfermant le chef de saint Jean [etc.y Ry 6].
17. Un autre reliquaire de forme presque quarrée [etc., R g].
18. Une autre boite de 22 pouces de long [etc.y Ry 19].
19. Une autre boite de i5 à 16 pouces de long [etc.y Ry 18].
20. Une croix de bois [etc., Ry 16].
Reliques composant le Trésor de la Sainte Chapelle confié à la
garde du trésorier et des chanoines.
1. Une grande croix d'argent doré [etc.y Q, 1].
2. Un reliquaire qui est une tête représentant le chef de saint
Louis [etc.y Qy 2].
3. Un chef et reliquaire d'argent doré [etc., Q, 6].
4. Une châsse d'argent doré [etc.y Qy 5].
5. Un étui de bois [etc.y Q, 8].
6. Un autre reliquaire [etc.y Q, 9].
7. Un os du bras de saint Georges [etc., Q, 10].
8. Un reliquaire de bois d'ébène [etc., Q, 12].
9. Un autre petit reliquaire d'argent doré [etc.y Q, i3].
10. Un reliquaire sur son pied quarré [etc.y Q, 14].
11. Une figure d'argent doré de saint Eutrope [etc.y Q, i5].
12. Un reliquaire d'argent doré [etc., Q, 16].
i3. Un autre reliquaire d'argent doré [etc.y Q, 17].
14. Une figure d'argent doré [etCy Q, 18].
i5. Un reliquaire d'argent doré [etc., Q, 19].
16. Un autre reliquaire de bois d'ébène, etc., et un autre reli-
quaire d'argent doré [etc.y Q, 20-21].
17. Une figure d'argent doré [etc., Q, 24].
18. Une autre figure d'argent doré [e/c, Q, 25].
19. Un reliquaire plat [e/c, Q, 26].
20. Une figure de la Vierge [etc., Q, 27].
21. Une figure d'argent doré [etc.y Q, 28].
22. Une figure d'argent doré [etc.y Q, 29].
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334 L^ TRÉSOR
23. Une figure représentant saint Louis [etc^ Q, 3o].
24. Une figure d* argent doré représentant sainte Barbe [etc., Q, 3z].
25. Une autre figure représentant un évêque [etc., Q, 32].
26. Une table d'argent doré [etc., Q, 33].
27. Une figure d'enfant [etc., Q, 34].
28. Un reliquaire en façon de tour [etc, Q, 35].
29. Trois reliquaires du chef de saint Jacques le Mineur [etc., Q, 36].
30. Un reliquaire en façon d'église [etc., Q, 38].
3i. Une croix d'or nommée la croix de Bourbon [etc., Q, 43].
32. Une croix appellée la croix de Venise [etc., Q, 44].
33. Une croix d'or nommée la croix de Bavière [etc., Q, 47].
34. Un reliquaire soutenu par deux anges, d'argent doré [etc., Q,Si].
35. Un reliquaire de vermeil [etc., Q, 53.]
36. Un coffre revêtu de velours cramoisi, contenant les reliques
de plusieurs saints, etc»
Ce coffre étoit cy devant renfermé dans une châsse de vermeil de
20 pouces de haut, restée à la disposition de la municipalité de
Paris, représentant la haute et la basse Sainte Chapelle, sur le
devant de la ditte chasse étoit l'inscription suivante : « HiEC arca
IN QUA RECUNDUNTUR UUVTM SANCTORUM REUQULE FABRICATA EST CON-
SILIO KT AUCTORITATK ReGIS FIDBUSSIMiE CoMPUTORUM CAlfERJE
ANNO l630, A NATO ChRISTO REGNANTIS LuDOVICI DECIMI TERTII, VICE*
SIMO PRIMO. » — [Cf. Q, 68.]
XXVII.
État des objets remis au Cabinet des médailles.
(i«r mai 1791.)
Ce document est conservé aux Archives nationales dans le
carton 0*609. Il a été publié précédemment par M. E. Babe-
lon dans son Catalogue des Camées antiques et modernes de
la Bibliothèque nationale^ p. cxlii.
FF.
Je soussigné, garde du Cabinet des Médailles, antiques et pierres
gravées du Roi, reconnois avoir reçu et déposé par ordre du Roi
dans le dit Cabinet :
10 Une grande agathe gravée, de plusieurs couleurs, ayant un pied
moins trois lignes de long et environ dix pouces sur sa plus grande
largeur, connue sous le nom d'agathe de la Sainte Chapelle, et
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DE LA SAINTE-CHAPELLE. 335
montée dans une espèce de reliquaire de vermeil, orné de perles et
de pierres de diverses couleurs. Le tout ayant vingt trois pouces de
long, seize pouces et demie sur sa plus grande largeur et quatorze
sur sa plus petite. — [Cf., CC, 42.]
20 Un buste d'agathe représentant un empereur romain, ayant trois
pouces sept lignes et demi de hauteur, posé sur une espèce de chaire
de vermeil, ayant servi de couronnement au bâton de chantre de la
Sainte Chapelle. — [Cf. CC, 5i.]
30 Un sceau en argent de la Sainte Chapelle ayant deux pouces
dix lignes de diamètre. — [Cf. CC, 52.]
Fait à Paris, le i« may 1791.
Barthélémy.
D'Ormesson,
Bibliothécaire du Roi.
XXVIII.
État des manuscrits remis a la Bibliothèque du Roi.
(9 mai 1791.)
Ce document est conservé aux Archives nationales dans le
carton O^ 609.
GG.
Manuscrits transportés de la Sainte Chapelle du palais
a la Bibliothèque du Roy.
[i.] Le Nouveau Testament en latin, in-fol. de 142 feuillets,
manuscrit sur vélin, écrit en lettres d'or du ix« au x« siècle, la cou-
verture est de bois, recouvert d'une plaque d'or ; on y voit d'un coté
cette inscription : « Ce livre bailla à sa Sainte Chappele du palais
Charles le Ve de ce nom, roi de France, qui fu filz du roi Jehan,
Tan mil trois cens lxxix. »
De l'autre coté est un christ entre deux figures, et tout autour,
3i saphirs d'Orient de différentes grosseurs, 24 rubis balais, 29 éme-
raudes et 98 perles.
Il y a plusieurs chatons et places vuides. — [Cf. CC, 3g»]
[2.] Evangiles en latin, manuscrit du xive siècle sur velin, in-fol.
de 182 feuillets orné de vignettes et de miniatures, garni d'une cou-
verture à plaque d'or enrichie de 12 saphirs, 29 émeraudes, 10 rubis
balais, une agathe onix et 58 perles.
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336 LE TRÉSOR
Il y a plusieurs chatons et places vides. — [Cf. CC, 38.J
[3.] Évangiles en latin, manuscrit in-fol. de 29 feuillets sur vélin,
du xive siècle, orné de vignettes, sur la couverture, qui est de
bois, recouvert d'une plaque d'argent doré, est représenté, d'un
coté, la résurrection de Jésus Christ, et de l'autre, un crucifix. —
[Cf. ce, 37.]
[4.] Évangiles en latin, manuscrit du xiv« siècle sur vélin, in-fol.
de i3i feuillets, la couverture est de bois revêtu d'argent doré, d'un
coté on y voit un crucifix, au dessous duquel est une grosse amé-
thyste représentant la tête de l'empereur Caracalla, de l'autre coté
est une figure de Jésus Christ au dessous de laquelle est une pierre
de verre. — [Cf. CC, 4q.]
[5.] Missel latin orné de vignettes et miniatures, manuscrit du
xye siècle, in-fol. de 86 feuillets, relié de veau et garni de fermoirs
d'argent doré. — [Cf. CC, 41.]
Je soussigné, garde des manuscrits de la Bibliothèque du Roy,
reconnois que les manuscrits cy dessus m'ont été remis pour être
réunis à ceux de la Bibliothèque du Roy.
A Paris, ce 9 mai 1791.
Caussin de Perceval.
D'Ormesson,
Bibliothécaire du Roi.
XXIX.
État des pierres tombales et sculptures remises
A LA Commission des savants.
(6 août 1792.)
Le procès-verbal de la remise par la municipalité à la Com-
mission des savants de pierres tombales et sculptures et d'une
châsse destinées au dépôt des Petits- Augustins est conservé aux
Archives nationales dans le carton S 943 a.
HH.
L'an 1792, le 4« de la liberté, le lundi 6 août, environ les
cinq heures de relevée, nous , officier municipal et administra-
teur des domaines nationaux ecclésiastiques nationaux [sic), rem-
plissant en cette partie les fonctions de directoire de district, nous
nous sommes transportés en l'église de la Sainte Chapelle, cour du
Palais à Paris, suivant et aux termes d'une délibération prise et
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DE LA SAINTE-CHAPELLE. BBy
arrêtée au Comité de la dite administration par laquelle nous
sommes autorisés à laisser enlever sous notre surveillance et en
notre présence à MM. de la Commission des sçavans et en présence
de deux de ses membres, pour être transportés au dépôt général éta-
bli en la maison des ci-devant Petits Augustins, copie de laquelle
délibération, extrait délivré conforme à la minute, signée P. Borie et
paraphée, a été cy devant annexé aux précédents procès verbaux
dressés en exécution d'icelui. Et accompagné des sieurs Le Blond et
Montgez étant arrivés à la porte de la dite Sainte Chapelle, nous
nous sommes adressés au portier qui nous a dit avoir les clefs de
la dite Sainte Chapelle tant haute que basse et auquel, après lui
avoir déclaré le sujet de notre transport, l'avons prié de nous ouvrir
les portes au dit effet, ce qu'il a fait et, étant entrés, nous avons
d'abord dans la chapelle basse mis en possession mes dits sieurs de
la Commission des sçavans :
[i.] Des épitaphes de Boileau et Germain Pilon et de Antoine
Pilon, à la charge par eux de les faire enlever et transporter au dépôt
ci devant dénommé.
Et de suite nous sommes montés dans la chapelle haute où nos
dits messieurs de la Commission nous ont demandé de leur laisser
enlever :
[2.] Une madone en terre cuite à gauche en entrant, par Germain
Pilon.
[3.] Le Christ et les deux figures à costé.
[4.] Ainsi qu'une Mater dolorosa accompagnée de deux autres
figures sculptées en bois, par Germain Pilon, et formant chapiteau
à la grille séparant la nef du chœur.
[5.] Quelques figures des apostres étantes dans le pourtour de
la dite église.
[6.] Quatre colonnes de marbre noir étant en avant du maître
autel et n'en faisant point partie.
[7.] Ainsi qu'une chasse de cuiVre antique étant sur le derrière de
l'autel dans une espèce de jubé.
Du tout quoi avons mis nos dits sieurs de la dite Commission
des sçavans en possession, à la charge aussi par eux de les faire
enlever et transporter au même dépôt, par quoi avons fait et rédigé
le présent procès verbal pour servir et valoir ce que de raison, et
avons fait signer avec nous les dits sieurs Leblond, Montgez et
Cabourdet (jic), portier.
Cabordelle (sic), Roard, Mongbz, Le Blond.
kilt. XXXV
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338 LE TRÉSOR
XXX.
Inventaire des objets provenant du TRiésoR
DE LA Sainte-Chapelle transportés de Saint-Denis a Paris.
(i8 novembre 1793.)
A la suite du transfert à Paris le 1 1 novembre 1793 du Trésor
de Tabbaye de Saint-Denis et de la partie du Trésor de la
Sainte-Chapelle qui y avait été adjointe le 12 mars 1791, deux
membres de la Convention, Sergent et Jean de Bry, faisant
partie du Comité des inspecteurs de la salle, des secrétariats
et de l'imprimerie, assistés d'un membre de la Commission
des monuments, dom Poirier, procédèrent en présence de
deux commissaires de Franciade à la reconnaissance des objets
offerts à la nation par la municipalité et la Société populaire
de Saint-Denis. C'est le 28 brumaire an II (18 novembre 1793)
que vérification fut faite du Trésor de la Sainte-Chapelle
déposé au garde-meuble national. La vérification terminée, les
députés réapposèrent leurs scellés « sur les caisses où nous
avons enfermé les différents objets propres à être portés à
la fonte. »
Le texte du procès-verbal de récolement est, débarrassé de
ses protocoles du début et de la fin, emprunté à un recueil de
documents sur la destruction du trésor de Saint-Denis en 1793
qu'a publié P. Lacroix dans la Revue universelle des Arts
(t. IV, i856, p. i36), sans en préciser l'origine.
//.
1. Une grande croix d'or, à deux croisillons garnis de pierres, un
pied de vermeil.
2. Une grande croix fleurdelisée, couverte d'une croix d'or, garnie
de pierres, deux petites figures à coté et quatre anges sur le pied.
3* Une autre grande croix à croisillon court, garnie de pierres.
4. Une petite croix d'or garnie de pierres et de perles, avec une
figure d'émail sur un pied orné de deux figures pareillement d'émail.
5. Une autre croix antique sur laquelle sont des animaux en fili-
granes.
6. Deux chefs de vermeil d'homme et femme.
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DE LA SAINTE-CHAPELLE. 339
7. Dix figures d'argent doré portant des reliquaires.
8. Deux boite d'ébène garnies en argent.
9. Sept reliquaires en forme de petites églises ou croix gothiques,
montées sur des pieds.
10. Deux grands reliquaires soutenus par des anges.
11. Un reliquaire en forme d'église, orné de figures et de pierres.
12. Un morceau de bois couvert d'étoffe brodée.
i3. Quatre cofïres plats en vermeil, garnis en pierres.
14. Une grosse boite à serrure et garnie de pierres.
i5. Cinq bocaux en cristal garnis en pierres.
16. Une boite en forme d'église à deux vantaux en vermeil.
17. Une autre boite fermant à coulisse, contenant trois cases à
croix.
18. Une autre boite à coulisse contenant un portrait.
19. Une boite fermant à coulisse, dans laquel il y avait une pierre.
20. Une croix d'or garnie de grosses perles et de pierres avec une
chaîne et son anneau.
21. Un os de jambe monté en vermeil.
22. Une boite longue et ronde avec son couvercle en or et gravée.
23. Une autre boite dont le couvercle est terminé en pointe.
24. Un morceau de bois monté sur un pied de vermeil.
25. Deux petits reliquaires dont un en cristal, montés sur pied.
26. Une grande boite en cristal, en forme de grande couronne,
montée sur un pied; la boite et son couvercle en or, le pied et son
dessous en vermeil.
27. Une boite carrée garnie en pierres et en émail.
28. Un reliquaire en forme de soucoupe monté sur un pied.
29. Un autre reliquaire en cristal garni de petites pierres.
30. Une croix d'or en filigranes et pierreries.
3i. Une figure d'évêque, en vermeil, portant une relique idem.
32. Une mâchoire et une côte enchâssées chacune dans un reli-
quaire de vermeil monté sur un pied.
33. Un bande d'argent.
34. Un petit couvercle de vermeil.
35. Trois ailes de vermeil provenant d'une chasse dite de saint
Louis et déposées dans une salle du Comité des inspecteurs de la
salle.
A. ViDIER.
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TABLE DES MATIÈRES.
Pages.
Conflans près Paris; par P. Hartmann i
Le Trésor de la Sainte-Chapelle (5Mi/e); par A. Vidier . . . 189
ERRATUM.
P. 5i, 1. 3, lire Charles VII au lieu de Charles VI.
P. 56, 1. 14, lire 5 octobre 1465 au lieu de 5 novembre 1465.
Nogent-le-Rotrou, imprimerie Daupblbt-Gouybrnbur.
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